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Full text of "Recherches sur les principales espèces de Fagopyrum (Sarrasin)"

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: THÈSES 


PRÉSENTÉES P 1 


PAR 
Em, MIÈEGE 


INGÉNIEUR AGRICOLE. — LICENCIÉ ÈS-SCIENCES 


" THÈSE. — RECHERCHES SUR LES PRINCIPALES ESPÈCES DE 
_FaGOPYRUM. (SARRASIN). 


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» THÈSE. — PROPOSITIONS DONNÉES PAR La FACULTÉ. 


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nues le ie 1910, devant la Commission d’Examen 


G. BONNIER, President. 
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G: CHABRIÉ, Examinaleurs. ü 


| RENNES 
_ IMPRIMERIE DES ARTS ET MANUFACTURES, 22, RUE DE N£EMOURS 


1910 


SERIE A, N° 53 


vs  THÈSES 


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PRESENTEES 


A LA FACULTÉ DES SCIENCES DE PARIS 


POUR OBTENIR 
ÉEMMETRE DE DOCTEUR DE, L'UNIVERSITE 
PAR 
Em. MIÈGE 


INGÉNIEUR AGRICOLE. — LICENCIÉ ES- SCIENCES 


PRÉPARATEUR A L'ÉCOLE NATIONALE D AGRICULTURE DE RENNES 


1" THÈSE. — RECHERCHES SUR LES PRINCIPALES ESPÈCES DE 
/ FAGOPYRUM. (SARRASIN . 


2° THÈSE, — PROPOSITIONS DONNÉES PAR LA FACULTÉ. 


L 
Soutenues le | | Décembre 1910, devant la Commission d'Examen 
MM. G. BONNIER, President. 
CHATIN, 


CG. CHABRIÉ R Examinateurs. 


RENNES 
IMPRIMERIE DES ARTS ET MANUFACIURES, 22, RUE DE NEMOURS 


1910 


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Professeurs. lee à 


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FACULTÉ DES SCIENCES DE L'UNIVERSITE DE PARIS 


MM. 


Doyen honoraire... G. DARBOUX. — 


\ L. Troosr. 
Professeurs honoraires : Gh. Worr. 
l J. RiBan. 


L'IRPMANN 2880! 


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KŒxiGs . ... 


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JOANNIS PRE RNCR 


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PAINLEVÉ . . ..: 


Me P. CURE. 
CAULLERY. 
C. CHABRIE.. 


M'ARGHIS IEEE Le 20 
Jean PERRIN ....... 
GAMPRUVOr MAPS 


MICHEL. 


Professeurs-adjoinis. 


Rémy PERRIER . 
MOLLIARD. 


COTTON EL EMEA 


BOUSSINESQ ......., 


sn élie shousetriere 


ANA LTER AN TN ENS PINS 


HAUG EE ARE Re AT 


GRURBAINS IEEE 


eUu ete nhelteielele et.l.te 


| ÉEDUE SERRE" mes 
| M'ATRUCHOT A VER 
/ 


P. Appel, Professeur. Mécanique rationnelle. 


Géométrie supérieure. 


Physique. 

Physique. 

Physique mathé. et calcul des probabilités. 
Analyse supérieure et algèbre supérieure. 
Astronomie mathé. et mécanique céleste. 
Zoologie, anatomie, physiologie comparée. 


. Botanique. 


Physiologie. 
Mécanique physique et expérimentale. 


x Géographie physique. 


Calcul différentiel et calcul intégral. 
Histologie. 


. Chimie organique. 


Chimie (Enseignement P. C. N.) 


. Physique." Id. 


Minéralogie. 


. Astronomie physique. 


Mathématiques générales. 
Géologie. 


.... Zoologie. 
H.' LE CHATELIER.. . 
Gabriel BERTRAND ... 


Chimie. 
Chimie biologique. 


.. Physique générale. 
.. Zoologie (Evolution des êtres organisés). 


Chimie appliquée. 

Chimie. 

Théorie des fonctions. 

Aviation. 

Chimie physique. 

Zoologie, anatomie, physiologie comparée. 
Application de l'analyse à la géométrie. 
Calcul différentiel et calcul intégral. 


Mécanique et astronomie. 
Physique. 
Botanique. 


. Minéralogie. 


Zoologie. 
Géologie. 


. Zoologie (Enseignement P. C. N.) 


Physiologie végétale. 
Physique. 


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A M. Gaston, BONNIER 


Montre de |! Institut, 


: 


Professeur à la Sorbonne 


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Hommage de respectueuse reeonnatssance. 


A M. Lucien DANIEL 


fesseur de Botanique appliquée à la Faculté des Sciences de Rennes 


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Hommage de profonde gratitude. 


INTRODUCTION 


La culture du sarrasin, du Fagopyrum, couvre une superficie 
mondiale d'environ 3.620.000 hectares et on lui en consacre encore 
actuellement en France plus de 500.000, répartis dans 75 départe- 
ments. La valeur marchande de ses produits atteint, approximative- 
ment 430.000.000 de francs par an. 

Malgré l'importance indiscutable de cette plante, 1l n'existe, sur 
elle, aucun travail d'ensemble. De nombreux auteurs s’en sont occu- 
pés, mais en l’envisageant comme moyen et non comme objet de 
leurs recherches. 

Le but du présent travail est une sorte de monographie du sar- 
rasin, dans laquelle j'ai, d’une part, rapproché et coordonné, dans la 
mesure du possible, les données acquises mais disséminées dans de 
nombreux recueils, et, d'autre part, envisagé quelques faits nou- 
veaux, jusqu'ici délaissés. 

Dans les céréales, le produit principalement recherché est le 
grain, qui, par ses applications, atteint une utilité et une valeur 
très élevées ; ce grain, but de la culture, en est également l'origine, 
puisqu'il constitue la semence d’où sortira la récolte future. Or, 
des qualités de cette semence dépendent, en grande partie, la réus- 
site et la valeur de celle-ci. Par conséquent le grain, point initial 
et terme final du végétal, possède, surtout chez les céréales et, 
par suite, chez le sarrasin, une très grande importance. 

C'est pour toutes ces raisons que j'ai crû devoir commencer ce 
travail par l'étude du fruit et de la graine de quelques espèces et 
variétés de Fagopyrum. 


VER D. 


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Cette ctude fait l'objet du premier chapitre. 

La semence, confiée au sol dans des conditions favorables de 
température, d'humidité, de profondeur, etc..., se développe pour 
donner naissance à la jeune plante. Cette transformation. constitue 
un stade important de la vie végétale, par suite de l'influence énorme 
qu'exercent, sur la plantule, les circonstances extérieures pendant la 
sermination, et par le retentissement profond qu'elles ont sur l'évo- 
lution ultérieure de la plante. Enfin, la germination constituant la 
première étape du développement de celle-ci, 1l était naturel que le 
deuxième chapitre fut consacré à son examen et à celui des princi- 
paux facteurs auxquels elle est subordonnée ; la connaissance exacte 
du rôle de chacun d’eux peut, en effet, rendre de grands services à 
la culture. 

Dès que la semence s’est transformée en plantule, celle-ci, placée 
dans un milieu convenable, poursuit son développement, en accom- 
plit les différents stades pour aboutir, finalement, à la maturité, c'est- 
à-dire à la production des graines qui constitue le terme ultime de 
son évolution et le but réel de la culture. 

Il était intéressant de suivre la jeune plante, pas à pas, dans son 
développement, et d'en connaître la morphologie interne et externe, 
depuis la germination jusqu’à la maturité. Le troisième chapitre est 
consacré à cette étude. 

L'ensemble de ces trois chapitres, qui traitent successivement : 
du grain, de la germination et de la plante, forme la première 
partie. 

Mais, le développement de la plante, l'abondance et la qualité 
des produits qu'elle fournit et qu'on en attend, sont soumis à des 
lois biologiques qui, malheureusement, sont encore mal connues. 
C’est par l'ensemble des fonctions physiologiques de ses organes 
que le végétal peut vivre, et laccomplissement optimum de ces 
fonctions est subordonné à certains facteurs dont quelques uns, 
tout au moins, sont sous la dépendance du cultivateur. 

Il importe done de connaitre leur influence exacte et le parti 
qu'on en peut tirer dans la pratique. 

; De plus, on a constaté que le sarrasin, à différents états, était 


susceptible de provoquer une affection particulière, parfois assez 
grave, chez les animaux qui le consommaient. La cause et l'étiologie 
de ces accidents sont encore ignorés, malgré l'intérêt considérable 
qu'il y aurait à les élucider. 

L'examen de toutes ces questions d'ordre biologique constitue 
la deuxième partie de ce travail. 

Comme la première, elle comprend trois chapitres ; le premier 
consacré à la physiologie proprement dite de la plante, c’est-à-dire 

à ses principales fonctions : respiration, assimilation, transpiration; 
le second, réservé à la toxicité et à la recherche de l'acide cyanhy- 
drique, des alcaloïdes et des glucosides; le troisième, enfin, com- 
prend l’action de certains agents extérieurs, notamment celle des 
matières fertilisantes sur la production. 

Malgré leurs imperfections et leurs lacunes trop nombreuses, 
j'ose espérer que ces recherches pourront rendre quelques services 
en faisant mieux connaître les propriétés d'une plante et les prin- 
cipes d'une culture qui possèdent encore une importance indé- 
niable. De plus, ce n'est guère que par l'étude répétée des végétaux 
cultivés, étude difficile entre toutes en ce qu'elle doit s'inspirer des 
méthodes scientifiques tout en tenant un compte rigoureux des faits 
de la pratique agricole, qu'on peut espérer connaître et formuler 
des règles agronomiques plus précises. 

Il me reste à accomplir le devoir le plus agréable : celui de 
remercier les différentes personnes qui, directement ou non, ont 
bien voulu m'aider dans ces recherches. 

Parmi elles je ne saurais oublier M. Séguin, directeur de l'Ecole 
Nationale d'Agriculture de Rennes qui, au point de vue adminis- 
tratif, m'a accordé de grandes facilités de travail. 

Les recherches concernant les alcaloïdes et les glucosides ne 
m'ont été possibles que gràce à la compétence connue et à l'obli- 
geance inlassable de M. Goris, chef de travaux à l'Ecole Supérieure 
de Pharmacie de Paris. 

D'autre part, mon ami, M. Seyot,.chet de travaux à la Faculté 
des Sciences, m'a rendu les plus grands services par ses précieux 
conseils. 

Une grande partie de ce travail a été faite au laboratoire de 


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EM idee Daniel, professeur ia Faculté des Sciences 
qui, avec une bienveillance rare, à mis sans compter, àm 
tion, toutes les ressources de son érudition et celles de so 
toire. Je ne saurai Jamais trop Lui témoigner ma p | 
tueuse reconnaissance. y CE 


HISTORIQUE 


Bien que d'origine exotique et d'introduction récente en 
Europe, le genre Fagopyrum a fait l'objet de nombreux travaux et 
possède une importante bibliographie. Il a, en effet, été choisi, 
parmi les matériaux d'études, par de nombreux savants pour des 
recherches d'ordre général, à cause, sans doute, de son peu d'exi- 
gences et de la rapidité de sa végétation. 

Mais, par contre, il a rarement donne lieu à des études spe- 
ciales et il n'existe pas d'ouvrages, scientifiques ni agricoles, trai- 
tant exclusivement et dans son ensemble, de cette plante importante. 
Il s'en suit que toutes les données qui la concernent sont éparses, 
disséminées, souvent incomplètes et toujours sans aucun lien les 
unes avec les autres. 

De plus, une seule espèce, le Fagopyrum esculentum, à géne- 
ralement retenu l'attention, au détriment des autres. Il est vrai, que 
ces différentes espèces sont mal connues et qu'on ignore Jus- 
qu'à leur nombre exact. La plupart des auteurs n'en signalent que 
trois, seul de Candolle (1) en cite & ; il indique également l’origine 
présumée des trois types principaux cultivés, en même temps que 
les premiers ouvrages qui en font mention, du x° au x siècle de 
l'ère chrétienne. 

En effet, le F'agopyrum était certainement inconnu des Grecs 
et des Romains, de même que des Aryens occidentaux et des Egvp- 
tiens. 

Les écrivains du moyen âge n'en parlent pas, et il faut arriver 
* au xv° siecle, date probable de son introduction en Europe, pour en 


(4) De Canoe. — L'Origine des plantes cultivées, 1896, p. 279. 


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entendre causer. [l en est question pour la première fois dans Îles 
registres de Mecklembourg, en 1436 (1). En France, le sarrasin est 
signalé, vers la même époque, dans une charte de la cure d'Avranches 
de 1460 (2); au xvi° siècle on en vante déjà les mérites et les services 
que sa culture peut rendre ; c'est ainsi que Noël du Fail peut dire, 
en 1587 (3).4 Sans ce grain, qui nous est venu depuis soixante ans. 
les pauvres gens auraient beaucoup à souffrir ». 

Parmi les premiers documents relatifs à son histoire, j'ai trouvé 
un compte-rendu de sa culture dans la # Maison rustique des sieurs 
Ch. Estienne et J. Liébaut (4, >, docteurs en. médecine, qui le défi- 
nissent ainsi, sous le nom de Bled Sarrazin : 

“ C'est un froment assez vulgaire dans toute la France et plus. 
sans comparaison, que le bled de Turquie prédit », ils signalent 
incidemment sa culture en Italie. 

Au début du xvin‘ siècle, Chomel, médecin du ro1(5) mentions 
les usages médécinaux que l’on peut faire du Bled Sarrazin. Duha- 
mel du Monceau (6), un peu plus tard, l'appelle déja blé noir où 
sarrasin, et en constitue le genre Fagopyrum dont il vante les qua- 
lités et préconise la culture. 

Peu après, l'abbé Rozier (7) puis Arthur Young (8)en disent 
également quelques mots. 

Mais c'est au xIx° siècle que la littérature agricole s'occupe 
surtout du Sarrasin, en mème temps que plusieurs savants en entre- 
prennent incidemment l'étude botanique ou chimique. 


(1) Prirzez, Silzungs bericht Naturfortch freunde; su, Berlin, 
1866. 
(2) Heuzk, Les plantes fourragères, t. IT. 


(3) No pu Fair, (Contes d'Eutrapel, 1587. 

(4) Ch. Esrrenxe et J. LiésauT, L’agricullure et maison rustique, 
1653, p. 520. 

5) Canoe, Dictionnaire économique, 743. : 

(5) Dunaumez pu Moxceau, Éléments d'agriculture, t. Il, 1779, 


(7) A. Rozier, Cours complet d'agriculture 1.805. 
‘ (8) A. YounG, Voyages en France, t. IT, I. 787. 


SES 


De nombreux agronomes discutent successivement la pratique et 
les principes de sa culture, sans apporter, d'ailleurs, beaucoup de 
faits inédits. La plupart, Bosc (1), Moll (2), Gossin (3, Bujault (4), 
etc..., reconnaissent ses faibles exigences, la facilité de sa produc- 
tion, la rapidite de son développement ; certains pourtant (Jamet, 5) 
contestent son utilité et les avantages qu'il présente pour les plantes 
qui le suivent dans l'assolement. 

Vers la même époque, des vétérinaires, comme Yvart (6), 
Magne (7) signalent, et les premiers sans doute, les dangers aux- 
quels peut donner lieu la Consommation de la plante verte par les 
animaux. Magne entreprit à ce sujet des expériences, à l'école vété- 
rinaire d'Alfort. Il en conclut que z le sarrasin a le grave incon- 
vénient de produire souvent un gonflement de la tête sur les ani- 
maux qui s’en nourrissent Il exerce sur eux une action spéciale qui 
n'a pu être expliquée, mais qui est analogue à celle que quelques 
plantes exercent sur certains individus de l'espèce humaine ». 

Cette toxicité du Fagopyrum n'a pas toujours été admise ; 
tandis que de nombreux agriculteurs en voyaient des exemples et en 
cherchaient la cause, d’autres en niaient jusqu’à l'existence. 

Ainsi, E. Gayot (8), de Guarta (9), Petit (10), etc.. , dans une 
série d'articles, insistent sur les accidents déterminés par l'ingestion 
du sarrasin sur le bétail de la ferme et même sur d'autres animaux, 
tels que les lièvres et les abeilles ; les causes qu'ils supposent sont 
diverses et parfois orginales. 

Plus tard, Cornevin appuie de sa grande autorité l'existence 


(1) Bosc, Dictionnaire d'agricuture. 

(2) Mo, Encyclopédie de l'agriculture, 1830. 

(3) Gossi, Manuel élémentaire d'agriculture, 1840, p. 108. 

(4) J. Busauzt, Guide des Comices et des propriét., 1843. 

(9) JaMET, Cours d'agriculture, 1846, p. 151. 

(6) YvarT, Cours d'agriculture, 1839. 

(7). MAGxE, Traité d’agricult. prat. et d'hyg. vétér., 1859, p. 335. 
(8) E. Gayort, Journ. agric. prat., 1870, t. II, p. 479. 

(9) DE GuAkTA, Journ. agric. prat., 1870. 

(10) Perirt, Journ. agric. prat. 1870. 


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de ce pouvoir vénéneux et dit, dans un de ses ouvrages (1) : “ On 
donne rarement la farine de sarrasin au cheval, cela tient, vraisem- 
blablement à ce qu'on sait que la graine entière lui réussit mal. En 
effet, quand on la fait entrer dans sa ration et qu’on l’a donnée sans 
discontinuer pendant quelques temps, on voit survenir des pous- 
sières congestives à la peau et des démangeaisons». Em. Thierry (2). 
Dechambre et Curot (3), Omke (4), etc. signalent également cette 
nocivité. 

De même, tout récemment, un savant allemand, Haselhoff (5), 
décrit assez longuemunt cette « maladie du Sarrasin », comme il 
l'appelle, il en note les symptômes et cite l'opinion d'un autre 
observateur, Damman, qui l’attribue à-la présence d'un alcaloïde 
dans les enveloppes du grain. Enfin, une publication périodique, 
Le Progrès argicole, rappelle, en 1909 (6), dans sa correspon- 
dance, cette toxicité légère. Par contre, Lecouteux (7) et Heuzé (8) 
disent n'avoir jamais constaté d'accidents semblables. 

Malgré tant de discussions la question est donc loin d’être 
résolue aussi bien quant à l'existence réelle d’une toxicité qu'a sa 
cause déterminante. 

Par ailleurs, les ouvrages d'agriculture continuent la descrip- 
tion de la plante et l'étude de sa culture, réduite à celle du Fag. 
esculentum, seul utilisé. Parmi eux, celui d'Heuzé (9) en fait un 
exposé assez complet qui inspirera, dans la suite, de très nombreux 


(1) CoRNEvIN, Des risidus indust. dans l'aliment du bétail, 1892, 
p. 389. 

2) Em. Tuierry, Joura. d'agric, prat., 1903. 

(3) DECHAMBRE et Curor, Les aliments du cheval, Paris, 1993. 

(4) OMKE, American Scientifis, N'w-Yorck, 1909. 

(5) Hasecuorr, Buchceisen. Die landw Versuchs. stat. Band. 
LXIII, Berlin, 1906. 

(6) Progrès agricole, 1999. 

(7) Lecoureux, Économie rurale. 

(8) Heuze, Les plantes fourragères, t IT, :903. 

(9) Heczé, Les p'antes fourragères, Paris, t. [T, 185: 


articles, qui n'auront rien d'inédit. et que, par le fait même, je 
néglige de citer. 

Lechartier (r), dans son cours de Chimie agricole, aborde 
quelques points nouveaux, tels que l'importance des prélèvements 
minéraux dans le sol et l’action de quelques engrais, tandis que 
Besnon (2) étudie spécialement la composition chimique du sarra- 
zin, comparée à celle des autres céréales, notamment du maïs, et se 
fait l'apôtre de sa vulgarisation. 

A la même époque, l’on s'occupe de quelques espèces et varie- 
tés de Fagopyrum, mais plutôt au point de vue horticole et orne- 
mental (3), et l'on commence à en entreprendre l'étude vraiment 
scientifique. 

C’est ainsi que G. Kraus (4) donne la description, sommaire il 
est vrai, du péricarpe du Fagopyrum et de quelques genres voisins; 
qu'Ed. de Janczewski(5), dans ses recherches sur la structure et 
l'accroissement des racines des Phanérogames, étudie celle du 
sarrasin, dont il constate l’analogie avec la racine de l’hélranthus ; 
que Schmidt (6) publie ses travaux sur l'anatomie comparée de la 
tige des espèces du genre Polygonum et du Fag. tataricum; c'est 
lui qui signale dans celui-ci, l'existence en ilôts du liber, la présence 
._« d’utricules à tanin >, etc... 

. En mème temps, certains praticiens entreprennent en France la 
culture fourragère d'une espèce nouvelle, le Fag. stenocarpa (6) et 


(4) LEGHARTIER, Journ. agric. (1.-et-V). 1877. CR. Ac. Se.t CVIIT, 
1884. 

(2) BEsnow, Sur la valeur agric. et aliment. du sarrasin, Paris, 
1859. 

(3) Flore des Serres, 186 , 1865. Revue hort., 1858, 189%. Journ. 
Soc. Nat. Hort., 1:57, 1860. 

(4) G. Kraus Heber den Bautrockner Péricarpien, 1866 -67. 

(5) El. pe Janczewski, Accroiss. des rac. dans les phanéroganes, 
in Ann Sc. Nat. bot.,5° série, t. XX, p. 184. 

(6) Scamiot, Eïiniger Beobachtun. zur. anat. der végétativen. 
Inaug. dissert. Bonn, I. 878. 

(7) Journ agric. prat. 


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d'autres proposent l'emploi de la varièté commune comme plante 
potagère ou pour la destruction des insectes. 

Des lors, nombreux sont les expérimentateurs qui, dans des 
recherches diverses, se servent du sarrasin comme échantillon, 
comme moyen d'études. 

Nobbe, Erdmann, Schreder (1) 1 nes dans leurs expériences 
sur l'alimentation des végétaux, et fournissent des renseignements 
précieux sur la sélection de ses semences, l'action des sels de 
potasse, etc... 

Harz (2) étudie à son tour la structure du grain de plusieurs 
polvgonacées, et, entre autres, des lag. esculentum et tataricum, 
dont 1l indique les caractères différentiels. Cette question est d'ail- 
leurs reprise par plusieurs auteurs, parmi lesquels Dammer (5, 
Vogl (4), Emma Sirrine (5), Moeller (6), etc... Villiers et 
Collin (7', l'examinent également, mais surtout au point de vue 
pratique de l'utilisation, des altérations et des falsifications. Enfin, 
Guillaume 8) élargit le problème et étudie le développement du 
tégument séminal et du péricarpe chez les Polygonacées, mais 1l 
n'observe que les Fagopyrum esculentum et tataricum, et le fait un 
un peu brièvement. 

Entre temps, Colomb :9) dans ses # recherches sur les stipules» 
décrit l'ochréa des Polygonacées, qu'il assimile à une ligule stipu- 
laire et axillaire. Il montre également l’analogie de cet organe avec 
celui des Platanées et y voit une des raisons de rapprocher les 


(1) NoBsr, ERDMANN et SCHREDER, Cgemnitz, Facke, 1871. 

2) Harz, Landwirth. Samenkunde, 1. 885. 

(3)-DammEer, Die naturl. Pfanzen. Engler et Pranth, 1893. 

(4) Vocr, Die wichtigst. Nahrungs und Genismittel, 1898, 


(5) Emma SirRiNE, Proc. journ. Acad. sc.,t. XI, 1895, p. 128. 

(6) Moezzer, Nahrvr:gs und Genussmittel, 1905, p. 242. 

7) Vinnieks et Couux, Traité des altérat. falsific. des subst. alim. 
1900, p. 47. 

(8 

(9 


) GUILLAUME, Thèse pharmacie, Paris, 1909. 
) Cocos, in. Ann. Se. Nat, 7° série. T. 6 p.5. 


— 19 que 


Polygonacées des Urticacées. Comme lui, Petit (1) adopte ce 
rapprochement qu'il tire de l'examen de la constitution du pétiole 
des Polygonacées principalement dans ses rapports avec l'anatomie 
comparée et la classification. 

Une autre espèce, le Fag. rolundatum, est étudiée par Van 
Tieghem et Douliot (2) qui montrent que les radicelles sont dispo- 
sées en quatre séries équidistantes, dont deux ccrrespondent aux 
cotylédons, les racines se développant dans la région basilaire de 
l'axe hypocotylé qui présente quatre faisceaux libéro-ligueux ; dans 
la tige adulte, c'est vis à vis des rayons médullaires que les racines 
prennent naissance. 

Puis Prunet (3) examine la structure des nœuds et des entre- 
nœuds de la tige, mais, pour les Polygonacées, au lieu de s'adresser 
au genre Fagopyrum, il choisit diverses espèces du genre voisin, 
Polygonum (Pol. tinctorium, P.cymosum). 

C'est au contraire le Sarrasin qui est choisi par Gain (4) dans 
ses intéressantes recherches sur la transpiration des végétaux deve- 
loppés en sol sec ou en sol humide, recherches qui l'amenent à 
conclure que cette plante évapore environ la moitié plus en terrain 
humide qu'en terrain sec. C’est lui également qui sert à Heinrich (5 
dans ses travaux sur l'influence de la température sur la formation 
de la chlorophylle, il détermine que pour le fag. esculentum les 
températures, minimum et maximum, Sont ÿ° et 40°. 

Dassonville (6) puis Solacolu (7, l'utilisent encore pour étu- 
dier l’action de l'alimentation minérale sur la structure des plantes, 
mais on sait que souvent leurs conclusions sont différentes, sinon 


(1) Perir, in. Ann. Sc. Nat. 7° série. T: 6. p 342. 

(2) VanrIEGHEM et Dourior, in. Ann. Se. Nat. série. T 8. p. 98. 

(3) PRUNET, in. Ann. Sc. Nat. 7 série. T' 13. p. 326. 

4) Gain, Rev Générale de Botanig. 1895. p 125. 

(5) HeisricH, Zwelter Ber. Landw. Vers. Stat. Rostock. 1894. 
p.154. 

(6, Dassoxvizze, Thèse doctorat Se. Nat. Paris. 1895. 

(7) Soracozu, Thèse doctorat Se. Nat. Paris. 1898. 


LOT 


opposées, surtout en ce qui concerne le rôle de la potasse et de 
l'azote. 

La composition chimique du sarrasin est l'objet des recherches 
de Balland (1) qui détermine aussi le poids moyen des graines, la 
proportion des enveloppes, l'importance de la production nationale 
et mondiale, etc... Cette question se retrouve également dans des 
travaux importants entrepris en Allemagne, parmi lesquels il con- 
vient de citer particulièrement ceux de Nobbe (2), de Sudakoff (3), 
de Batalin (4), et surtout, ceux de Konig (5), Wickler (6), Mayer (7), 
Czapeck (8), ete..., qui recherchent la composition des principaux 
organes et tissus de la plante, et ses variations sous l’action de cer- 
tains facteurs. 

Puis de Candolle (9) examine l’origine de l'aire géographique 
du genre et de ses trois espèces principales (esculentum tataricum 
et émarginalum ); 11 montre qu'elles viennent toutes de l'Asie et que 
leur introduction en Europe est de date relativement récente. Il dit, 
de plus, que le Fagopyrum posséde huit espèces, dont trois surtout 
sont importantes en culture, mais il ne désigne pas les autres. 

Perdrigeat (10) ne s'attache qu'à l'anatomie comparée des Poly- 
gonacées dans le but d'établir une classification rationnelle des 
principaux genres et espèces que cette famille possède, et de définir 
les rapports qu'ils présentent entre eux, mais il ne décrit guère que 
Fagopyrum esculentum. Néanmoins, il fixe la place de ce genre, 
qu'il rattache directement au Polygonum, au Rumex et au Polygo- 
nella. 


(1) Bazzanp, C. R. Ace. Sc. t. CXXV, p. 797. 

(2) Nogee, Land. Werts. Bd. XIII, 1871. 

(3) Supakorr, Just. Jaliresber, 18179, I. 

(4) BaTauN, Just Jahresber, 1879, I. 

(5) J. KoniG, Chemie der nahrungs u Genufmittel. Aufe. Teil. 1889. 
(6) WinkLer, Jahrb. f. wiss. Botan. Bd. XXXII, 1898. 

(7, Mayer, Journ f. Land. wirtsch., Bd. XLIX, 1901, p. 41. 

(8) Czarek, Biochemie der Pfanzen, 1905, p. 97, 556, etc... 

(9) pe CaNpoLze, Origine des plantes cultivées, 1894, p. 231. 

(10) PERDRIGEAT, Thèse pharmacie, Bordeaux, 1899. 


— 91 — 


Le Fagopyrum esculentum est choisi par Eberhardt (1) dans 
ses recherches sur l'influence de l'air sec et de l'air humide sur la 
végétation; ses conclusions sont les mêmes que celles adoptées 
par Gain (2) dans un travail du même genre, mais il en attribue les 
causes à l'humidité de l'air et non à celle du sol. 

Puis Amar (3) l'utilise à son tour ; 1l signale à nouveau l'abon- 
dance parfois énorme des cristaux d’oxalate de chaux dans les tissus 
et s'efforce de déterminer les causes qui la provoquent en même 
temps que le rôle que ce corps est appelé à jouer. De même, P. P. 
Richer (4) qui rappelle la forme hétérostylée des fleurs, déjà 
décrite par Hildebrand, Korshinsky et Monteverde (5), etc... Par 
des expériences de pollinisation réciproque, il montre que les deux 
sortes de fleurs (dolicho et brachystylées) sont nécessaires, car elles 
ne sont fertiles que par fécondation croisée hétéromorphe, mais 
non par fécondation directe et mème par fécondation croisée homo- 
morphe. 

Enfin, en Suisse, Déléano (6), puis A. Monnier (7) emploient 
le sarrasin dans leurs recherches sur l'influence des matières miné- 
rales dans l'accroissement des végétaux. Ils arrivent à des conclu- 
sions un peu nouvelles en ce qui concerne le rôle de chacune d'elles 
et la marche des éléments pendant la vie de la plante, et ils mon- 
trent qu’à son terme, se manifeste une désassimilation des principes 
constitutifs. 

A côté de ces travaux purement scientifiques qui intéressent le 
genre Fagopyrum, s'en placent d’autres, également importants, 
mais qui revètent plutôt un caractère agronomique. 

Parmi les principaux, et après ceux qui ont déjà été signalés, il 


(4) EBERHARDT, T'hôse doct , Paris, 1993. 

(2) Garx, loc. cit. 

(3) M, Amar, Thése duoct. Se. Nat., Paris, 1903. 

(4) P. P. Ricer, Thèse doct., Paris, 1905. 

(5) KorsainsxY et MoNTEVERDE, Jard. bot. St-Pétersbourg, 1900. 

(6) 
] 


DÉLÉNAO, Les minéraux dans la vie des Plantes, 1906, Genève. 
(7) A. Moxxier, Hist. Bot. Univ. Genève, 7° série, fasc. III, 4905, 


Ce: Cri 


faut citer les ouvrages classiques de Rieffel (1), le propagateur de la 
variété, aujourd'hui exclusivement adoptée, du sarrasin gris argenté, 
de Joigneaux {2), de Girardin et Dubreuil (3), de Damseaux (4, de 
Barral et Sagnier (5), de Vidalin (6), de Leclere-Thouin (7), etc., 
mais surtout celui de Garola (8). 

Cet auteur, qui a fait une des etudes les meilleures ét les plus 
complètes sur les céréales et surtout sur le blé, a applique à celle du 
sarrasin ses méthodes d'investigation. Il en a calculé les exigences, 
la courbe d'absorption des éléments fertilisants, le travail radicu- 
laire, etc., mais il l’a fait d’une façon ma heureusement beaucoup 
plus sommaire que pour les graminées alimentaires plus impor- 
tantes. 

On admet généralement que le sarrasin est une plante amélio- 
rante, et que les cultures qui le suivent donnent des rendements 
meilleurs et plus certains; on a cru pendant longtemps, et plusieurs 
auteurs s'en sont fait l'écho, entre autres Lechartier (9) que cette 
propriété était due à la faculté que possèderait le Fagopyrum 
d'absorber l'azote de l'air, comme les légumineuses. 

Mais, récemment, Bouilhac et Gustiniant (10) ont montré qu'il 
n'en était rien et que l'amélioration du sol constatée était due à la 
présence, à sa surface, d'algues vertes qui jouissent de ce pouvoir. 

Enfin Haselhoff (11) en Allemagne, J. Stone (12) en Amérique 


(1) Rierrez, L'agriculture de l'Ouest de la France. 

(2) JoiGneaux, Le livre de la ferme, t. If, p. 644. 

(3) Giraron et Dusreuir, Traité d'agriculture. 

(4) Damssaux, Manuel des plantes, 1902. 

(5) BarraL et SAGNIER, Dictionnaire d'agriculture, 1880. 

(6) Vinaun, Agricult. du Centre de la France. 

(7) Leczerc-THouix, Agricuit. de l'Ouest de la France. 

(8) GaroLA, Les Céréales, 1892. 

(9, LECHARTIER, loc. cit. 

(10) BouiLxac et GUSTINIANI, C.R Ac. Se., 1904. 

(11) E. Hasernorr, Buchweisen in Die landverts. Versuchs. Stat. 
Band., LXIII, Berlin 1906. : 

(12) 3. Sroxe, Buckweat. Cornell university agricult. exper. station. 
Coll. of agric. Ithaca Agric., 1906. 


et Omke :1) ont tout dernièrement établi une monographie du 
sarrasin. Le travail d'Haselhoff est le plus intéressant; le premier. 
il cite six espèces de l'agopyrum au lieu des trois généralement 
_ admises par les auteurs agricoles. ; 

Il rapporte aussi les expériences de Wollny sur la mensuration 
des semences et leur sélection, mais c’est surtout sur la composition 
de la plante, des grains, de la farine, des déchets, etc., et leur utili- 
sation qu'il insiste. 

Il rappelle également, mais sans en donner la cause exacte, les 
accidents constatés parfois par la consommation du sarrasin par le 
bétail; à ce sujet, 1l signale seulement plusieurs hypothèses, entre 
autres celle de la présence d’un champignon, d'un alcaloïde, etc. 

Comme on le voit par cet exposé aride et forcément incomplet, 
le Fagopyrum a donné lieu, directement ou non, à de très nom- 
breuses recherches. Mais celles-ci ne s'en sont servi, le plus souvent, 
que comme moyen, et n'ont pas eu comme but son étude spéciale, 
si bien qu'en définitive, et malgré cette abondance, il n'existe encore 
aucun travail d'ensemble sur cette importante question. 


Oc 


se" 


EE 


(413) Ouke, American Scientific New-York 1909, 


PREMIERE PARTIE 


Morphologie 


+ | 


Comme je l'ai indiqué précédemment, j'ai étudié, dans cette 
première partie, la morphologie externe et interne de quatre espèces 
du genre Fagopyrum et de quelques-unes de leurs variétes, 
en commençant, dans le chapitre 1°’, par celle des graines. pour 
continuer dans le second par celle de la germination et finir, dans le 
troisième par celle de la plante en voie de développement. 


GHAPITRE PREMIER 


A. — Étude des Akènes 


J'ai divisé cette étude des akènes en quatre parties. 

J'ai examiné tout d’abord : 1° les caractères extérieurs du grain 
lui-même et ceux de la graine décortiquée, au point de vue de la 
forme, du poids, des dimensions, etc., dans les quatre types; puis: 
2° je les ai soumis à des mesures biométriques pour déterminer 


) 


Le ER" 


leurs variations spécifiques, et celles dues à une nutrition spéciale 
ou à l'hérédité. 

Dans une troisième partie, j'ai envisagé la structure interne de 
l'akène et, dans une quatrième, sa composition chimique. 


1. — Caractères Généraux 


J'ai examiné : 1° les caractères du fruit; 2° ceux de la graine. 


1° CARACTÈRES DU FRUIT 


L'étude morphologique complète du fruit des diverses espèces 
et variétés de Fagopyrum n'a jamais été faite. On se borne généra- 
lement, dans les ouvrages agricoles, à en décrire sommairement les 
caractères dominants ; seuls, quelques auteurs allemands ont un peu 
appronfondi cette question. 

Cette étude présente cependant un réel intérêt, et c’est pourquoi 
j'ai tenu à l’aborder. J'ai envisagé successivement : la forme, les 
dimensions, le poids et la pigmentation du grain dans les quatre 
espèces que j'ai choisies et dans plusieurs variétés du Fagopyrum 
esculentum. 

Le fruit du Fagopyrum, qu'on appelle vulgairement le grain, 
est un akène porté par un très léger pédoncule qui lui reste adhé- 
rent à la maturité. Le péricarpe dur, coriace et coloré, entoure 
complètement la graine qu'il protège, sans lui être soudé ni même 
adhérent, sauf à la base ; c’est lui qui donne au grain ses caractères 
extérieurs. Sa forme, généralement trigone, varie avec les espèces. 

Acuminé à son sommet, il porte à sa base, au-dessus du pédon- 
cule floral, les débris déchiquetés et desséchés du calice persistant, 
qui lui forme une sorte de cupule brun-clair, qui atteint environ le 


cé a 


cinquième de la longueur de l'akène et ne présente aucune forme 
constante et déterminée. 


A. Forme 


À. Fagopyrum esculentum. — Le grain a 
la forme d'une bi-pyramide triangulaire dont 
les faces sont concaves dans l'espèce type et 
convexes dans les variétés améliorées. [diffère, 
d'ailleurs, selon les races considérées (Fig. tr). 

1. Sarrasin gris argenté. — Dans le sar- 
rasin gris argenté, le fruit est réellementtrigone, 
à trois faces bien différenciées et à trois arêtes 


; nettes. Le péricarpe est formé de trois feuilles 
M carpellaires soudées par leurs bords, et ce sont 
les lignes de suture qui constituent les arêtes 


Fig. 1 — Akène de Gi orain. Sur le milieu de chaque face, on dis- 


Fagopyrum escu- : ; 

lentum. tingue la trace de la nervure carpellaire qui se 

présente sous forme d'une crête très lègeère, 

un peu plus accusée à la base de l’akène et s’atténuant vers le som- 
met, pour se terminer même parfois par un sillon superticiel. 

Dans certains fruits, les arêtes, au lieu d’être vives, sont plus ou 
moins émoussées et parfois nulles; le grain présente alors une forme 
conique avec section circulaire. 

D’autres sont de petite taille, soit renflés et comme globuleux, 
soit maigres et chétifs, tandis qu'un certain nombre sont allongés et 
particulierement développés. Le sommet, vers lequel convergent les 
trois arêtes, est ordinairement assez accuminé et, souvent, forme 
une pointe plus ou moins allongée (Fig. 2). 

La forme générale peut ètre comparée à celle de deux pyrami- 
des triangulaires qui seraient accolées par leurs bases ; la supérieure 
est plus allongée que l’inférieure, ce qui fait que la partie la plus 
large du grain, a-b, constituée par la réunion de ces basès, ne se 
trouve pas en son milieu, c’est-à-dire à égale distance des deux 
extrémités, mais vers le tiers inférieur a-d. 


La base du fruit, qui n'est pas accuminée, est vaguement trian- 


Fi 2. — Différents spécimens d’Akènes de Fagopyrum esculentum. 


culaire, un peu convexe, et recouverte complètement par les 
enveloppes calicinales; les trois arêtes de l’akène s’y réunissent, 
mais la saillie qu'elles forment s'y atténue progressivement, jusqu'à 
devenir à peu près nulle en son centre. | 

Si l'on considère les faces 
latérales du grain, on voit qu'’el 
les sont, à l'ordinaire, légèrement 
bombées, en leur milieu seule- 
ment, et qu'elles redeviennent 
planes, et mème un peu conca- 
ves, sur leurs bords, qui sont 


Fi. 3. — Akènes de Fagopyrum à à 
esculentum vus par en-dessous. comme relevés. Cette dispo- 


sition s’accentue dans certains 
grains mal nourris et donne naissance à des ailes membraneuses qu; 
sont toyjours peu développé ?s. 


2. Sarrasin russe. — Le sarrasin russe possède des fruits beau- 
coup plus volumineux et d’une couleur plus foncée (brun noirâtre) 
que ceux de la variété précédente. Leur forme en est également dif- 


Fig. 4. — Sarrasin Russe. 


29 — 


férente (Fig. 4). [Ils possèdent, en 
effet, des faces bien limitées, à 


peine convexes, à arêtes saillan- 
tes; de plus. comme l'amande 


ne remplit pas tout le péricarpe 
— ce qu'on aperçoit assez bien 
par transparence — le grain pré- 
sente ces sortes d'ailes latéra- 
les, formées par deux faces ac- 
colées du péricarpe, qui com- 
mençaient à apparaître dans certains akènes de la variété grise. 


3. Sarrasin allemand. — Le sarrasin allemand ressemble beau- 


coup plus au sarrasin 
argenté qu'au sarrasin 
russe. Ses grains sont 
gris, réguliers, mais plus 
petits, plus ronds et à 
angles moins prononcés 
(Pis, 5): 


4. Sarrasin améri- 


ain.— Cette variété présente aussi 
gris, mais avec des dimensions plus 


Fig. 5. — Sarrasin Allemand. 


Fig. 6 — Sarrasin Américain. 


le mème aspect que le sarrasin 
fortes, et les grains sont plus 


pointus au sommet et 
plus larges à la base 
(Fig. 6). 


(5). Sarrasin japo- 
nais. — Quant aux sar- 
rasins Japonais d'été et 
d'automne, ils se rap- 
prochent davantage de 
la race russe. 


Leurs fruits, à tous deux, sont bruns, relativement volumineux 


et nettément trigones (Fig. 7). 


Léa UE 


FiG. 7. — Sarrasin Japonais. 


B. Fagophyrum emarginatum. — Le Fagophyrum emargina- 
lum possède des akènes de tailles très diverses, toujours bruns noi- 
ratres, avec des arêtes très nettes, à contours droits, sans sinuosités. 
D'une façon générale, ils sont volumineux et larges, mais on y dis- 
tüngue plusieurs formes anormales. 

Dans la majorité des cas, les trois faces du grain sont légère- 
ment convexes, mais il arrive assez souvent cependant, que leur 
partie médiane seule, le soit, et que les bords soient relevés en 
forme d'ailes (fig. &). 


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Fic. 8. — Akènes de Fagopyrum emarginatum. 


Ce qui, par conséquent, était exceptionnel dans la variété grise 
du Fagopyrum esculentum et déjà moins rare dans sa variété russe, 
devient ici, beaucoup plus fréquent. Cette particularité tient surtout 
à ce que la graine est relativement beaucoup plus petite que la 
cavité péricarpique qui la contient et que les faces de l’akène s’apla- 
tissent et même se creuseut dans les endroits où elle n'existe pas. 
On va donc de la forme esculentum à la forme emarginatum en 


One 


passant par la variété russe, qui constitue comme un terme de pas- 


sege entre ces deux espèces. 
Le sommet, et mème 


la base du fruit sont acu- 
minés. 

Parmi lesakènes anor- 
maux du Fagopyrum emar- 
ginatum deux formes sur- 
tout sont à considérer. 


Fic. 8 bis. — Akènes de Fagogyrum 


emarginatum vus par en-dessous. Dans l'une, qu'on ren- 


contre dans la proportion 
de 2 à 4°}, les faces des deux pyramides qui forment le grain, au 
lieu d’être convexes se sont creusées et sont devenues concaves, les 
arêtes ont fait de même et se sont allongées, de telle sorte qu'elles 
se terminent en pointes très aigues, donnant au fruit un aspect très 
particulier (fig. 9.) Cette anomalie se rencontre également quelque- 
fois, mais rarement, dans le sarrasin russe, 


Fic. 9 et 10. — Formes anormales d’Akénes de Fagopyrum emarginatum 


Dans l’autre forme, qui est moins fréquente (4 à 5 °/,)ontrouve 
quatre faces au lieu de trois. De ces quatre faces, correspondant à 
quatre feuilles carpellaires, deux sont plus développées, au détri- 
ment des deux autres qui sont très réduites, et indiqueraient une 
sorte de duplicature de l’une des feuilles carpellaires (fig. 10). Cette 
forme, que j'ai trouvée surtout en 1909, sur des plantes soumises 
à l’action d'engrais variés, est peu fréquente dans le type commun : 
elle est d’ailleurs fertile et donne naissance à des plantes générale- 
ment bien conformées. 


C. — Fagopyrum tataricum. — Cette espèce, encore appelée 
Fagopyrum dentatum, possède des fruits d'aspect rugueux, de 
coloration allant du noir 
au brun jaunâtre. Les con- 
tours en sont irréguliers et 
sinueux ; cependant, il ne 
sont pas véritablement den- 
tés, comme le nom pour- 
rait le faire supposer, mais 
ils forment deux ou trois 

Fis. 11. — Akènes de Fagopyrum lobes plus ou moins pro. 

tataricum noncés, et se terminent en 
pointe au sommet (fig. 11 . 

L'amande remplit rarement tout le péricarpe. toutefois, elle fait 
saillie sur le milieu des faces, qu'elle gonfle pour ainsi dire. Grâce 
à ces particularités, la forme générale du fruit est modifiée et n'est 
plus bipyramidale comme dans les espèces précédentes ; elle est 
plutôt comparable à celle d'un prisme surmonté, à chaque extré- 


mité par une pyramide plus petite. 
La nervure carpellaire, saillante dans le Fagopyrum esculemtum, 
plus réduite et à peine perceptible dans le Fagopvrum emarginatum, 
présente ici la forme d’un léger sillon réunissant le sommet et la 
base du grain. On assiste donc à une atténuation, à une dégradation 
progressive de cette nervure, en passant d'une espèce à l’autre. 
Les trois sillons qu'elle forme ainsi sur le grain se continuent 
sur la base de celui-ci où ils se réunissent. 
De plus, le long de ce sillon et vers 


le tiers de sa hauteur, commence un Ç 
applatissement de l’akène qui, d'abord 
étroit et insensible, va en s'élargissant 
vers la base de celui-ci, sur laquelleil se 
termine en rejoignant ceux des autres 
FiG 12 — Xervures 


aces. en résulte > cha ace : 
faces. Il en résulte que chaque face du carpellaires. 


fruit est divisce en deux parties, dont 
chacune s'accole latéralement avec celle de la lace voisine, de facon 


fo sarl 


à former, dans l'ensemble; trois véritables cones juxtapsés (fig. 12). 


Si on examine le grain par en-dessous on voit, au centre de sa 
base, la trace ou un vestige du pédoncule floral et les enveloppes 
calicinales qui la recouvrent ; elle est formée par trois renflements 
correspondant aux cônes dont 
il vient d’être parlé (fig. 13). 
Sur chacun d'eux se trouve 
une saillie, 4, constituée par 
les arêtes du grain, et ils sont 
séparés les uns des autres par 
Fi 13. — Akènes de Fagopyrum a HÉPAG SN. FRAIS 

tataricum vus par en-dessous. sente le sillon de la nervure 
carpellaire et les régions 


aplaties qui le bordent de chaque côté. 

D. — Fagopyrum stenocarpa. — Les fruits de cette espèce 
ressemblent beaucoup à ceux de l'espèce précédente, mais s'en 
différencient pourtant aisément. 

Leur couleur est uniformément claire, gris jaunâtre, blonde, et 
leurs bords ne sont jamais dentés ni lobés. Les arêtes ont complète- 
ment disparu et il arrive même, qu'à l'endroit 
qu'elles devraient occuper, le grain est comme 
comprimé, aplati. Il s’en suit que l’amande rem- 
plit presque entièrement la cavité pèricarpique 
(fig. 14) et que, d'autre part, la section transver- 
sale de l’akène, au lieu d’être triangulaire, est 
presque circulaire. 

Comme dans le Fagopyrum tataricum, la 
nervure carpellaire est un sillon peu profond, dr 
limité des deux côtés par un aplatissement pro- nale d'unakèue 

gressif de l’akène. HELENE 


stenocarpa. 
Le grain, vu par 
d y en-dessous, ressemble à celui de 
q l'espèce précédente, mais sa base 
KE est plus étroite et les trois renfle- 


ments qui la forment ne présentent 

Fig. 15. — 1\kènes de Fagopy- ,... STE — re 

Eum stenocarpa, vus par en  2UCULE saille par sue de la dis- 
dessous. parition des arêtes (fig. 15). 


te 


B. Dimensions 


Avec la forme et la couleur, les dimensions constituent un des 
principaux caractères des fruits. Elles varient sous l'influence de 
nombreux facteurs, mais pourtaut, elles oscillent entre des limites 
et autour d'une moyenne relativement fixes pour une espèce et une 
variété déterminées, ainsi que j'ai pu le constater dans des recher- 
biométriques qui sont exposées dans un chapitre suivant. 

Les renseignements sur les dimensions des akènes de Fago- 
pyrum sont rares et se rapportent seulement au Fagopyrum escu- 
lentum. 

a). Fagopyrum esculentum. — Wollny a mesuré les trois dia- 
mètres orthogonaux du grain (?), mais on ne sait pas à quoi corres- 
pondent ces éléments qui ne sont pas définis. 

Haselhoff donne comme dimensions moyennes : longueur : 
5,2 0."/%, largeur : 2,8 à 5 "/#, 2, et\J..Stone dit que la loseteur 
varie de 3/16 à 3/8 de pouce et la largeur de 1/8 à 3/16 de pouce. 

De mon côté, j'ai mesuré 1.000 akènes de chacune des variétés 
suivantes de Fagopyrum esculentum et j'ai trouvé, pour les dimen- 
sions les plus fréquentes, les chiffres du tableau ci-dessous (en 
millimètres). 


LONGUEURS LARGEURS 
SE 
à Les plus ; Les plus 
Extrèmes fréquentes Extrèmes fréquentes 
ER EN PRIE DS 
Sarrasin gris argenté..... 2:28: +0,25 4,5 2,25-8,75 2,75 
— I QUSSB SE PIRE BC HAS 9,9 3,29 -9,29 4. 
= japonais d'été 22 «a 3,19-9,10 5, 2,  =3,19 3; 
— —  d’automne....|4,25-6, 41H04 041 3,9 
allemand fes" 3,19-59,25 4,5  |2,5 —-3,79 3, 
— 1 AMÉRICAIN. 2 Men 1,9 -6,0 9,0 3, —4,19 3,9 
TAgLEAU 1. — Dimensions des Akènes des variétés de Fagopyrum 


esculentum (en millimètres). 


Les variations, comme on le voit, sont assez étendues, que l’on 
considère une variété isolée, ou l'espèce toute entière. Pour celle- 


JE 
ci, la longueur oscille de 3 "/" 5 à 7 "/", avec une moyenne de 5, et 
llarseurede 2%/%a 57/25, avec une moyenne de 3,3. 

b) Fagopyrum tataricum. — Haselhoff donne comme dimensions 
Hesnimisede cette espece rilonpueur 5407) larseur 024 
à 5 m /m 5 

1 * 

En mesurant 1.000 akénes j'ai trouvé : pour la longueur : 3"/"5 
à 5,25, avec 4"/" 5 comme plus grande fréquence, et pour la lar- 
geur : 2 "/" 25 à 5, avec 3 comme plus grande fréquence. 

La variation est, par suite, bien moins accusée dans cette espèce 
que dans la précédente, et les dimensions moyennes en sont aussi 
plus faibles. 


c) Fagopyrum stenocarpa. — Pour cette espèce, comne pour 
la suivante, il n'existe pas de données concernant la taille des 
grains. 

J'ai trouvé pour celle-ci, comme longueur : 4 "/" à 5,75, avec 
une fréquence maximum de 4 "/" 5, et comme largeur : 2"/" à 3, 
avec une fréquence maximum de 2 "/" 5. 


C'est la un caractère qui permet de distinguer les fruits du F'a- 
gopyrum stenoearpa de ceux du Fagapyrum tataricum, qui, on l’a 
vu, se ressemblent par plus d'un point. On remarque en effet, par le 
seul examen de ces chiffres, que les akères du Fagopyaum steno- 
carpa sont plus longs et plus étroits que ceux du Fagopyrum tata- 
ricum. 


d) Fagopyrum emarginatum. Pour cette espèce j'ai trouvé des 
dimensions variant, pour la longueur : de 4 "/" 25 à 7,5, avec 
5"/" 5 comme plus grande fréquence et, pour la largeur = de 3 "," 
26,5, avec 4 "/" comme plus grande fréquence. 

La taille des akènes de cette espèce est donc plus élevée que 
dans les autres. 


Résumé. — Si l'on rapproche dans un mème tableau ,2) Îles 
dimensions des grains des quatre espèces, on saisit mieux les diffe- 
rences qu'elles présentent entre elles : 


LONGUEURS LARGEURS 
CR. QU Em 
en Les plus à Les plus 
Extrêmes | fréquentes | ExW'êmes | fréquentes 
Fagopyrum esculentum........[3,5 -—7, 3, 20. =5,25 3,9 
— Latar Cum ee SH MEUEES 4.5 DID Ds 
— stenocarpa . ...... 5970 4,9 DNS 229 
— emarginatum...... 4,25 7,50 9,9 3, 6,9 4, 
Tagceau Il. — Dimensions des Akènes de quatre espèces de Fagopyrum 


(en millimètres). 


On retrouve ici l’analogie, constatée déjà, du Fagopyrum tata 
ricum et du Fagopyrum stenocarpa. Pourtant cette similitude est 
loin d'aller jusqu'à l'identité, et il existe même une différence assez 
grande entre les dimensions des akènes de ces deux formes pour 
qu'on puisse utiliser ce caractère pour les distinguer l'une de 
l’autre. 

Le Fagopyrum esculentum possède des fruits ordinairement 
plus volumineux que les espèces précédentes, mais on constate 
qu'il existe, entre ses variétés, des écarts très sensibles, et que, dans 
une même race, les variations de taille sont plus accentuées que 
dans les espèces précitées. 

Quant au Fagopyrum emarginatum, c’est lui qui présente, en 
même temps que de grandes variations, les dimensions les plus 
élevées. 


C. — Poids 


On peut considérer le poids proprement dit et la densité. 

Il existe entre la taille, la forme et le poids aes grains une 
certaine relation; de plus, malgré la subordination de ce dernier 
caractère à de nombreuses influences (espèce, nutrition, etc.), …l 
présente, dans son ensemble, une relative fixité, qui peut également 
servir à l'identification d'un type déterminé; enfin, la connaissance 
du poids spécifique des grains, pour une plante donnée, n'est pas 
sans importance pour la pratique agricole. 


1. — Poids 


J'ai donc cherché le poids moyen des akènes de Fagopyrum, 
soit par la pesée individuelle de 1.000 grains, soit par la pesée 
globale d’un nombre déterminé d’entre eux. 

A. — Fagopyrum esculentum. — La plupart des auteurs qui 
se sont occupés de sarrasin indiquent simplement le poids de 
l'hectolitre. Cependant plusieurs expérimentateurs fournissent éga- 
lement celui de 1.000 grains. Ainsi Balland donne pour ceux-ci : 
17 gr. 5 à 23 gr. 4; Wollny : 19 gr. 57 à 26 gr. 36, avec une moyenne 
de 22 grammes; Haselhoff adopte la même moyenne, tandis 
qu'Heuzé admet des variations de 17 à 25 grammes, avec une 
moyenne de 20 grammes. 

Londet (1) a compté le nombre de grains contenus dans un 
gramme et a trouvé : 


Pour le sarrasin argenté : 60, ce qui fait 14 gr. 49 °/, grains. 


— commun : 54, — 16 gr. 51 — 


] 


J = 


— russe : 46, — DATE 

En pesant de nombreux lots de 1.000 akènes, j'ai trouvé moi- 
même, pour le sarrasin gris, des variations de 16 gr. 8 à 23 gr. 65, 
avec une moyenne de 20 gr. 82; et, en pesant un à un le même 


UT 


nombre de fruits, j'ai obtenu comme extrêmes 7 et 32 m/mgr., avec 
une fréquence maximum de 22 m/mgr. Toutes ces observations 
présentent entre elles des différences appréciables, ce qui peut être 
imputable à des causes très nombreuses et surtout, sans doute, à la 
nature de la variété considérée, et au milieu dans lequel les grains 
ont été obtenus. 

Néanmoins, on voit qu'on peut admettre, sans grande erreur, 
commé poids moyen de 1.000 grains de sarrasin gris argenté 
22 grammes. 

2.— Sarrasin russe. — J'ai trouvé, comme poids de 1000 akènes 
de cette variété, 22 gr. 03. Londet avait compté 46 grains dans 


(4) LonpeT, Annales agronomiques, Paris 1871, p. 351. 


1 gramme, ce qui faisait 21 gr. 73 comme poids de 1.000 grains. Le 
poids moyen est donc d'environ 22 grammes. 

3. — Sarrasin japonais d'été. — Les akènes de cette variété 
sont les plus lourds de tous. J'ai trouvé, en effet, comme poids de 
1:000!2rAinS : 20/81. 07; 90, 11,90, 476.0 LeMpoids moyen 
atteint donc ordinairement 30 grammes, ce qui ne se rencontre dans 
aucune autre variété. 


4. — Sarrasin japonais d'automne. — Quoique ressemblant 
beaucoup au précédent, ce sarrasin présente des dimensions et un 
poids différents. Les'1.000 akènes ne pèsent, en effet, que 24 gr. 05, 
25 grammes, 18; 26, 42, etc..., soit, en moyenne, 25 gr: 50. Il 
existe, d’ailleurs, d'assez grandes variations selon les échantillons ; 
néamoins, cette variété est toujours une des plus lourdes. 


$. — Sarrasin allemand. — Au contraire, le sarrasin allemand 
compte parmi les plus légers et j'ai trouvé, comme poids de 
1.000 akènes 20 gr. 31. Ses grains, qui ressemblent beaucoup à ceux 
de la variété argentée, sont plus petits; on voit qu'ils sont aussi 
plus légers. 

6. — Sarrasin américain. — Le poids moyen des akènes du 
sarrasin américain est d'environ 20 gr. 12, se rapprochant ainsi 
beaucoup de celui des grains allemands. 

Résumé. — Ainsi, le poids des fruits d'une même espèce varie 
dans de grandes proportions d'une variété à l’autre, passant de 
20 grammes, pour le sarrasin américain, à 30, pour le sarrasin Japo- 
nais d'été. 

Peut-être y aurait-il avantage, pour la pratique agricole, à 
essayer ces races exotiques à grains lourds. 


B. — Fagopyrum tataricum.— Haselhoff donne, comme poids 
de 1.000 akènes de cette espèce : 14 gr. 84 à 20.52, avec une 
moyenne de 17 gr. 41, et Londet trouve qu’un gramme en contient 
59, ce qui fournit, comme poids de 1.000 unités : 16 gr. 90. 

En pesant des lots de 1.000 fruits, j'ai obtenu des variations de 
14 gr. 10 à 21 gr. 80, soit une moyenne de 17 gr. 95. D'autre part, 
des semences sélectionnées pèsent de 18 gr. 85 à 20 gr. os. 


A 
— 99 — 


En cherchant le poids individuel de 1.000 akènes, j'ai obtenu 
des variations beaucoup plus grandes, allant de 8 m/mgr. à 
25 m/mgr., avec une dominante de 18 m/mgr., représentée par 
180 individus sur 1.000. 

Le poids moyen à tirer de toutes ces observations est donc 
assez difficile à fixer. En le représentant par la moyenne arithmé- 
tique des différents chiffres précités, on arrive à celui de 18 gr. 35 
qui doit certainement se rapprocher le plus de la vérité. 

C. Fagopyrum stenocarpa. — Pour cette espèce et la suivante, 
je n’ai trouvé, dans les ouvrages parlant du sarrasin, aucun rensei- 
gnement sur le poids des fruits. 

En suivant la même méthode de pesée, j'ai obtenu, comme 
poids extrêmes, 13 gr. 08 et 24 gr. 40, avec une moyenne de 
19 gr. 24. 

D. Fagopyrum emarginatum.— Le poids global de 1.000 grai- 
nes a varié, dans mes pesées, de 12 gr. 20 à 34 gr. 30, avec une 
moyenne de 23 gr. 25. En les pesant séparément, un à un, j'ai trouvé, 
comme extrème : 10 et 46 m/mgr., avec une fréquence maximum de 
24 £T. 

Le poids moyen des akènes peut donc être représenté par 
20100. 

Késumé. — En prenant, comme types, les moyennes les plus 
fréquentes, on obtient, pour chaque espèce, les résultats suivants : 


EXTRÈMES MOYENNES 
gr gr. gr 
| gris argenté ...... TMARTANSS DD 
| DUS SCALE Re » LD 
japonais d’été..... » 30, 
Fagopyrum esculentum nor ee 25.5 
allemand." » 20,5 
(MAMEerICAIN ee » 20. 
HaATOPYEUMELALALICUN EL NNNANX. Rene S'UHAIL2S, 18,35 
— SÉEDOCAND EEE EL e eee 13,08 à 24,40 19,25 
-— MATE INA Ur. SU AIO ANArTAS, 23,50 
TaBceau IIT. — Poids des Akènes de quatre espèces de Fagopyrum 


(1 000 Akènes — En grammes), 


Îl existe, par conséquent, des différences notables entre ces 
quatre types. IT est d'autant plus légitime d'accorder à ces dissem- 
blances une origine spécifique, que, dans mes pesées, j'ai employé 
des grains récoltés la même année et dans les mêmes conditions de 
culture. 

Il est intéressant de remarquer que le Fagopyrun esculentum, 
espèce la plus améliorée et la plus recherchée pour ses grains, 
possède précisément les akènes les plus lourds, malgré leur taille 
qui, elle, n’est pas toujours la plus forte. 


2. — Densité 


Il n’est fait aucune mention de la densité des akènes de Fago- 
pyrum dans la bibliographie qui le concerne. Nobbe indique seule- 
ment qu'il a employé dans ses essais des semences de Fagopyrum 
tataricum d'une densité de 1,107. 

À vrai dire, je n'ai pas cherché la densité réelle des fruits du 
sarrasin; j'ai préparé des solutions salines (nitrate de soude) de 
densités connues et progressives, et J'ai déterminé la proportion de 
grains immergés et submergés dans chacune d'elles. 

Les bains d'immersion que j'ai utilisés avaient, respectivement, 
une densité de 1,050, 1,100, 1,150, 1,200. Dans une première série 
d'essais (A), j'ai employé, tout d'abord, la solution la plus lourde, 
et, après y avoir plongé une quantité connue de grains, J'ai séparé 
ceux qui surnageaient de ceux qui restaient au fond du vase; je les 
ai séchés en les passant à plusieurs reprises dans des feuilles de 
papier buvard, puis je les ai pesés séparément. 

La durée de l'immersion étant très courte — car la séparation 
des akènes est très rapide — les grains n’ont pas le temps de s'im- 
biber de la solution et un séchage superficiel est suffisant ; d’ailleurs, 
les conditions de l'opération étant toujours les mêmes, elles per- 
mettent des comparaisons satisfaisantes. 

Les grains submergeant dans cette première solution à 1.200 
sont ensuite plongés dans le bain suivant à 1.150, puis, après pesée, 
les nouveaux akènes qui surnagent sont passés, à leur tour, dans le 
troisième bain, à 1.100, et ainsi de suite, 


i2=— 41 — 


Dans uñe seconde série d'essais :B), au lieu d'opérer sur des 
fruits précédemment submergés, j'ai employé pour chaque solution 
des grains n'ayant pas encore servi, que j'ai plongés, par lots diffé- 
rents, dans des bains de BIS en plus denses. 

Voici les résultats que j'ai obtenus pour les quatre espèces de 
Fagopyrum : 


SÉRIE A MP US Pete GRAINS SUBMERGÉS A 
Do iAmes 1.200/1.150/1.100!1.050! 1.000 |1.200/1.150/1.100[1.050/1.000 


 cmmencms | comes | omecemmss | us | nes | nn | mens | mms | em | mes 


Fagopyrum esculentum .| 3,71|71,36/35,07/53,58/100, »1196, 29/28, 64164, 93146, 42, 0, OÙ 
— tataricum....| 7,06163,6:|29,27131,73| 58,981192, 94136, 38 10, 13168, 87141, 02 
— stenocarpa ...|12,71160,70/27,11157, »| 79,65 87.29: 29, 30172, 89143, »120,35 


— emarginatum.| 0,00! #, OS|16, 17/18, 29 69, 7411100, » 195, 92 83. 83181, 71130, 26 
[l 


Tagzeau IV. — Proportions, 0/0 grammes, des Akènes de Fasgopyrum surnageant 
) à = Le Dnd! 140 D 
dans diverses solutions. 


SERIE B GRAINS IMMERGÉS A | cure SUBMEBGÉS À 
DL IL 4 
ee | ee 
| | e- L | 3 | 4 
0/0 grammes 1.200,1.150 1.100! .050/ 1 1.000! t 200 1.150!1.109!1 05011 .000 
RE  — CAIN Le A 
| l 
ee ses | 
Mopyrum esculentnm . 71/71, 36|81, 40/87, 86199, 99 || 96, 29/28, 64 18, 60/12, 14| 0,01 
— tataricum.. 5 06163, 62174, 26,84, 58/90, 84|| 02, 94! 36. 38125, 7 TES 2 42! 9, 16 
— stenocarpa .. | > 71,60, 70,71,31:83, 25188, 97 KO. 29/30! 30/28, 69/16, 75/11, 03 
5 emarginatum. 2:00 4,08] 19 ne 170, 70,100, » 5, 02/80, 41168, 09 29, 30 
| | | l 
TagLEeac 4 bis. — Proportions, 0/9 grammes. des Akènes de Fagopyrum surnageant 


dans diverses solutions. 


La consultation de ces tableaux, et particulièrement du dernier, 
est très intéressante; elle montre, entre les grains des quatre 
espèces, des diflérences souvent considérables et parfois même inat- 
tendues, qu'indiquent nettement les graphiques suivants (fig. 16). 
D'une façon générale, et surtout comparativement à ceux des autres 
céréales, les akènes de Fagopyrum sont tous très denses et, en 
grande partie, plus lourds que l’eau, puisque, suivant les espèces, 
100 °/;, 90, 86, 70 ‘/,, sont immergés dans ce liquide. 


— 4 — 


a) à 1.000. — Par rapport à l'eau pure, c’est le sarrasin gris qui 
tient la tète ; en effet, quelques grains seulement y surnagent, soit 
une proportion, à peine appréciable, de quelques milligrammes 

sur 100 grammes. Le 

sarrasin-seigle et le 
to NC sarrasin de tartarie se 
rapprochent _ encore 
par ce caractère 
comme par beaucoup 
d'autres ; en tee 
90, 8 °/, des grains 
pour le tartarie et 
88, o °/., pour le ser 
sle sont immergés 
dans l’eau pure ; soit 
près des 9/10. Les 
akènes du sarrasin 
émarginé sont beau- 
coup plus légers car 


go 


$o 


6a 


de les 7/10 seulement 


sont immergés. 

b). 4. r.0502€ 
Dans le bain à 1.050 
de densité, l’ordre 
reste le même : sar- 
razin gris, de tatarie, 
seigle, émarginé. 

Pour les trois 
premiers il y a peu 
de différence entre 
la proportion des 
grains immergés à 
1.000 et à 1.050. La 
FF 12 plupart des akènes 


Fic 16. — Densité des Akènes de quatre dépasse EnCOrEERS 
espèces de Fagopyrum. te. densiteS METRE 


30 


4 


1 1 0ÿ 11 


— 49 — 


pour le sarrazin gris, 84,5 et 85,2 °/, pour le tatarie et le seigle. 
Mais, pour l'émarginé il en est autrement; la proportion, qui était 
de 70 ‘/, dans le bain à 1.000, baisse de plus de moitié et descend 
à 31 °/,, pas même le tiers du poids total. 

La densité moyenne de cette espèce est donc comprise entre 
Het 1.050. | 

c) à 1.100. — Dans le bain à 1.100, on observe encore le même 
classement, et, pour les trois premières espèces, la diminution des 
grains immergés est encore très faible. En effet, on compte, pour le 


sarrasin gris 61 °/, de grains immergés, 74 et 71 °/, pour le tatarie 
etle Seigle. Par contre, il n’y en a plus que 19 °/, pour l’émar- 
giné. 

d)à r.150.— Le même ordre subsiste et il existe encore une 


proportion élevée de grains plus lourds que la solution : 71°/, pour 
le sarrazin gris, 63 pour le tatarie, 60 °/, pour le seigle. Par contre, 
le sarrasin émarginé se comporte bien différemment, on ne compte 
plus que 4 °/, de grains restant an fond du bain. 

e)a 1.200. — Enfin à 1.200, tous les grains du Fagopyrum 
emarginatum Surnagent, tandis qu'il en existe encore. une certaine 
quantité d’immergés pour les autres espèces. Mais cette proportion 
n'est plus que tres faible et, d'autre part, l'ordre de classement 
d’après la densité est modifié. 

C'est, en effet, le Fagopyrum stenocarpa qui présente la plus 
grande proportion de grains immergés dans la solution à 1.200, 
soit 212,7 °/, puis le Fagopyrum tataricum : 7°|,, et enfin le 
Fagopyrum esculentum : 5,7 °! 


ë: 

La densité moyenne des akènes de ces trois espèces est donc 
comprise entre 1.150 et 1.200, et plus voisine du premier chiffre 
que du second. 


Résumé. — Dans l'ensemble, ce sont les grains du sarrasin gris 
qui sont les plus lourds, puis viennent ceux du sarrasin-seigle et du 
sarrasin de tartarie, dont la densité respective est très voisine, et, 
enfin, ceux du sarrasin émarginé qui sont beaucoup plus légers. 

Ces constatations ont, évidemment, des conséquences pra- 
tiques très importantes, car elles permettent de réaliser une sélection 


— A4 = — 


rationnelle des semences de Fagopyrum, grâce à laquelle on 
pourra obtenir, et d'une facon très économique, des récoltes 
meilleures et plus abondantes. 

Nous verrons d’ailleurs plus loin l'influence de ce choix des 
semences d'après leur densité, sur leur germination, et sur les 
produits qu'elles fournissent. 


D. Pigmentation 


La coloration du grain est, comme les caractères précédents, 
assez variable. Cependant dans une mème espèce et variété, elle est 
relativement fixe et Caractéristique. 

Ainsi le sarrasin gris amélioré est, comme son nom l'indique, 
cris argenté, le sarrasin seigle est blond, le sarrasin de Tartarie brun 
HOMALTENELE. 

Mais, si l'on examine attentivement les akènes des Fagopyrum 
esculentum et emarginalum, on constate, à leur surface, des taches, 
des panachures foncées dans le premier, claires dans le second. 
Tous les grains ne les possèdent pas et la majorité présente, au con- 
traire, une coloration uniforme. 

Ces taches, qui ressemblent à des mouchetures, à des pana- 
chures, de formes et de dimensions variables sont ordinairement 
transversales et disséminées en plus ou moins grand nombre sur les 
trois faces du fruit. J'ai profité des mesures biométriques que j'a vais 
entreprises, et qui m'astreignaient à examiner, un à un et au micros- 
cope une grande quantité de grains, pour rechercher le pourcentage 
de ces akènes tachetés. 

Dans le sarrasin gris argenté J'en ai compté près de 10 °/,, 
198 °/, répandus indifféremment sur les gros et les petits grains, 
et dans le sarrasin émarginé, plus de 20°/.. 

Résumé. — Je n'ai pu déterminer la nature de ces taches, et je. 
ne leur ai trouvé aucun caractère corrélatif ni-aucune importance 
physiologique. 
ermaient normale- 

des plantes iden- 


Semés à part, les grains qui les présentaient 


[ex 
© 
ment, comme les autres, donnaient naissance à 


RDA 


tiques, et on ne remarquait aucune particularité dans leur descen- 
dance. 

Ils donnaient naissance, tantôt a des fruits également panachés, 
tantôt à des fruits de teinte uniforme. Le mème pied, la mème inflo- 
rescence peuvent, d’ailleurs, porter les deux sortes d’akènes, dont 
la répartition ne semble obéir à aucune règle précise. Il se pourrait 
pourtant que ce caractère soit susceptible de s’accentuer par sélec- 
tion continue, et il y aurait la des recherches biométriques intéres- 
santes à entreprendre. 


20 CARACTÈRES DE LA GRAINE 


Si, au lieu d'examiner le fruit de Fagopyrum, on observe la 
graine elle-même, on constate encore, entre chaque espèce, des 
différences. qui, pour ètre beaucoup moins sensibles que celles 
existant dans les akènes, n'en sont pas moins appréciables. 

La décortication, assez facile pour les Fagopyrum esculentum 
et emarginatum, l'est beaucoup moins pour les deux autres espèces 
étudiées; mais, malgré les difficultés qu'elle présente, on peut 
néanmoins arriver à obtenir des graines intactes. 

Les figures 17, 18, 19 et 20 représentent les graines des quatre 
espèces de Fagopyrum, vues sur leurs trois faces. J'ai examiné 
spécialement la forme, les dimensions et le poids de ces graines. 


A. — Forme 


La forme des graines se rapproche toujours, plus ou moins, de 
celle des akènes dont elles font partie et qui leur empruntent géné- 
ralement leurs contours. Elle devra donc varier selon les espèces 
considérées. 

À. — FAGOPYRUM ESCULENTUM. — 1. — Sarrasin gris argenté. 
— Les graines ont une coloration jaune verdâtre ou crème. 'avec. 
parfois, des lavures vertes qui sont dües à la présence de la chloro- 
phylle dans les cotylédons sous-jacents; en effet, lorsqu'on en fait 


MORE 


macérer un certain nombre dans l'alcool, celui-ci dissout eette 
matière colorante et devient vert. 

La forme est assez régulière. Le sommet, plus foncé, très 
acumincé, présente une sorte de bec plus ou moins allongé. C'est à 
cette pointe, correspondante à celle de l’akène, que se trouve la 
radicule. 


ÉrG AL 7 


Graines décortiquées de Fago- 


pyrum esculentum. 


La graine, élargie à la base, présente des arêtes comme le 
fruit, mais elles sont beaucoup plus atténuées et parfois même elles 
disparaissent ; la graine, alors, n'est presque plus trigone, mais on 
y reconnait pourtant encore trois faces. Sur chacune de celles-ci se 
trouve un sillon peu profond, réunissant le sommet à la base, et 
correspondant à la nervure de la feuille séminale. Les faces de la 
graine sont légèrement convexes (fig. 17) ; la base est large, aplatie, 
relativement triangulaire, elle présente une coloration d’un brun 
rouge, tranchant nettement sur la teinte crème générale, et due 
vraisemblablement au contact du péricarpe coloré. En son milieu 
se trouve la cicatrice du hile ; c'est à cette tache, également brune 
et généralement circulaire, qu'aboutissent les trois arêtes laté- 
rales, 


2. Sarrasin américain. — Les graines de cette variété sont 
beaucoup plus volumineuses que les précédentes ; elles présentent, 
en outre, une coloration plus foncée, rouge orangé. 

Les arêtes sont bien marquées et les sillons latéraux très nets. 
Les faces sont plus triangulaires et plus plates (fig. 17.) 


3. Sarrasin allemand. —- De dimensions plus réduites, ces 
graines sont aussi plus globuleuses, d’une coloration intermédiaire 
entre celle du sarrasin américain et du gris. Les arêtes sont très 
atténuées et les sillons à peine visibles. Les faces sont plus con- 
vexes, en même temps que la base est plus étroite, à bords beau- 
coup plus arrondis (fig. 17.) 

4. Sarrasin russe. — Les graines de cette variété ressemblent 
à celles du sarrasin argenté, mais elles sont plus volumineuses, plus 
renflées dans leur partie inférieure ; les sillons et les arêtes sont 
assez bien marqués; la coloration est plus foncée. 

5. Sarrasin japonais d'éle.— La forme de ces graines est régu- 
lière, les dimensions en sont élevées, la coloration roussâtre; la 
base en est élargie. L'aspect général rappelle celui du sarrasin amé- 
ricain. 

6. Sarrasin japonais d’automne.— Les graines de cette variété 
sont plus petites que les précédentes, elles sont également d'un 
jaune foncé, acuminées au sommet et larges à la base; celle-ci pré” 
sente des bords mousses et arrondis. 


B. — FAGOPYRUM EMARGINATUM. — Les graines de cette espèce 
sont assez bien caractérisées. Elles sont beaucoup plus volumi- 
neuses que celles du Fagopyrum esculentum ; leur longueur est à 
peu près la même, mais leur largeur est bien plus grande. La colo- 
ration en est également différente ; au lieu d’être pâle et verdâtre, 
elle devient jaune roussâtre. 

On trouve ici trois arêtes saillantes, nettes, délimitant, de ce 
fait, trois faces bien distinctes et plus plates que dans l'espèce 
précédente. 

La graine cest courte, large, et souvent très acuminée, et à base 
triangulaire, relativement ctroite. Par suite de l'amincissement du 


HA as 


sommet et de la base, et, aussi de l'élargissement de la partie 
médiane, les arêtes sont droites, jusque vers leur tiers inférieur, 
mais deviennent courbes ensuite. 

Chaque face, considérée isolément, est nettement triangu- 
laire, mais les angles inférieurs et la base de ce triangle sont 
arrondis (fig. 16). 


Fic. 18. — Graines décortiquées de Fagopyrum emarginatum. 


La base du grain est rougeûtre et porte également en son centre 
la cicatrice arrondie du hile. 


Enfin, on voit également les sillons latéraux ou nervures sémi- 


nales. 


C. — FAGOPYRUM TATARICUM. — Dans le Fagopyrum tataricum 
la graine, sauf le long des arêtes, remplit presque toute la cavité du 
péricarpe, auquel elle est presque adhérente, ce qui rend la décors 
tication très difficile. 

La forme de la graine est différente de celle des deux espèces 
précédentes. Elle est plus allongée et les arêtes ont, pour ainsi dire, 
tout à fait disparu. 

La coloration rappelle celle du sarrasin émarginé, elle est éga- 
lement jaunätre, mais plus rousse et souvent plus foncée. De plus, 
son tégument est a il présente en petit nombre des espaces 
incolores et des espaces verdâtres, nettement délimités et de sur- 
faces équivalentes. 

Le sommet de la graine est très allongé et acuminé, formant 
fréquemment une pointe très nette; mais, la partie médiane de la 
graine étant beaucoup moins large que dans les espèces précé- 
dentes, il s’en suit que la configuration générale est différente; de 


LE 


— 49 — 


plus, comme les arêtes ont le plus souvent disparu, les faces sont, 
dans certains cas, peu différenciées. Dans leur ensemble, elles sont 
à peu près triangulaires, bien que leurs bords soient rarement recti- 
lignes, mais sinueux; elles sont le plus souvent plates, rarement 
convexes, et elles présentent, en leur milieu, le sillon longitudinal 
de la nervure du tégument séminal (fig. 19). 


Fi. 19. — Graines décortiquées de Fagopyrum tataricum. 


Comme dans l’akène, la base — plus large et moins convexe 
que dans les espèces précédentes — est formée de trois renflements 
accolés ; elle est, aussi, colorée et porte, en son centre, la cicatrice 
du hile et, parfois, un très court pédoncule. 


D. — FAGOoPyYRUM STENOCARPA. — Les graines du Fagopyrum 
stenocarpa ressemblent beaucoup à celles du Fagopyrum tataricum; 
et plus encore que les akènes de ces deux espèces ne se ressemblent 
entre eux. 

Elles sont également allongées, sans arètes latérales, à faces 
vaguement triangulaires, à base peu convexe, à pigmentation verte, 
etc... Mais on trouve cependant dans le sarrasin-seigle quelques 
particularités. C'est ainsi que la teinte est plus claire, l'extrémité 
supérieure plus allongée, plus brune ; la base surtout, est moins 
aplatie (fig. 20). 


Fig. 20. 


Graines décortiquées du 


Fagopyrum stenocarpa. 


LA 


Les bords des faces latérales sont plus réguliers, moins 
sinueux, la pigmentation est plus fréquente, la graine plus longue et 
plus étroite. 

Mais on distingue aussi sur la base trois renflements sphériques, 
ct au centre, la cicatrice du hile. 


Résumé. — S'il existe, entre la forme des akènes des quatre 
espèces de Fagopyrum, des différences très nettes, permettant 
aisément leur distinction, on voit qu'il en est de même pour leurs 
graines, bien, qu'ici, ces différences soient atténuées, particulière- 
ment en ce qui concerne les F'agopyrum tataricum et stenocarpa 


B. Dimensions 


La graine ne remplit presque jamais la cavité pericarpique de 
l'akène ; 1l s'en suit qu'il peut y avoir entre les dimensions de ces 
déux éléments, de très grandes différences, et que celles de la graine 
ne sont pas toujours en rapport avec celles de l'akène qui la ren- 
ferme. 

De plus, la taille des graines est variable selon les espèces. 

Aussi j'ai décortiqné et mesuré au microscope, dans le sens 
longitudinal et le sens transversal, 100 graines des quatre espèces 
de Fagopyrum étudiées. 


À. — FAGOPYRUM ESCULENTUM, — 1. Sarrasin gris argenté. — 
Les longueurs extrêmes atteignent 3 ,/" 25 et 5 "/", avec, comme 


m /m m /m 


plus grande fréquence 4 ; les largeurs extrêmes sont 2 ”/" et 


A mm 


9"/" 25 avec, comme plus AN iréquence : 120); 51Les/dimen 
sions dominantes sont 4 "/" x 2,5. Or, celles de l’akène étaient : 
"XX S3,3, avec des extrêmes de 3,5 <7 pour la longueur, et 


X 5,25 pour la largeur. 


WA 


t) 


Sarrasin américain. — Les graines de cette variété sont 
beaucoup plus volumineuses que celles du sarrasin gris. En effet, 
les longueurs extrêmes atteignent 4 "/" et 6,25 et les largeurs : 3 et 


4"/"75, au lieu de 5,25 à 5 et 2 à 3,25. Les dimensions dominantes 
SONt 42< 5,29. 


3. Sarrasin allemand. — Par contre, le sarrasin allemand se 
rapproche par sa taille, comme par sa forme, du sarrasin argenté. 
Les longueurs extrêmes oscillent de 3 "/"25 à 5,25 et les largeursde 
2 "/" 25 à 5,75. Les dimensions les plus fréquentes sont 3 >X< 4,25. 

4. Sarrasin russe. — Ces graines ont une taille plus élevée. la 
longueur varie entre 4 et 6"/" et la largeur entre 5 et 5 "/”. 

Les dominantes sont 3,5 >< 5. 

5. Sarrasin japonais d'été. — Les dimensions des graines dé cette 
variété se rapprochent de celles de la précédente. 

Les longueurs extrêmes atteignent : 3 et 5 "/" 5; les largeurs : 
2 et 5,75, les dominantes étant 3 >< 5. 

La graine est donc aussi longue mais plus étroite. 

6. Sarrasin japonais d'automne. — Ici, au contraire, les graines 
sont plus courtes et plus larges. En effet, la longueur varie entre 
Damoieto,)etlanlareur entre 27/1 et4,25; mais les dimensions 
les plus fréquentes sont 3,5 X 4 au lieu de 3 X5. 

Comme on le voit, il existe entre les dimensions des graines de 
ces variétés des différences sensibles, mais elles ne sont pas tou- 
jours du mème ordre que celles que l’on avait constatées dans leurs 
akènes. 


B. — FAGOPYRUM EMARGINATUM. — Les dimensions des graines 
atteignent : pour la longueur : 5,25 et 5 "/", avec une dominante 
de pour la larseur : 2 /5%et 417 )l #aveciune dommante 
de )/25. 

La taille la plus fréquente est celle de 4>x< 5,25, tandis que 
cellerderlakène était de :5,5 ><#4, avec destextrémes de 4, 25et 7,9 


pour la longueur, et 3 et 6,5 pour la largeur. 


C.— FAGOPYRUM TATARICUM. — La longeur des graines varie entre 
3 et 4 "/", avec une fréquence maximum de 3,75 et 4; et la largeur 
Entreset5#/}ayec une fréquence maximum de2,5.et 2,75. 
Les formes dominantes sont : 3,75 >= 2,5 et 
AGENTS 


Celles des akènes étaient : 4,5 X 3, avec des extrêmes de 3,5 à 


°5,25 pour la longueur, et 2,25 à 5 pour la largeur. 


or 


D. — FAGoPyYRUM STENOCARPA. — La longueur atteint 3,5 à 5 "/”, 
avec, comme plus grandes fréquences, 4 et 4,25; et la largeur : 2 à 
3 "/", avec, comme plus grandes fréquences, 2,5 et 2,75. 

Les dominantes sont : 4,25 XX 2,5. 

AC 29: 

Celles des akènes étaient : 4,5 X 2,5, avec des extrêmes de 4 à 

5,75 pour la longueur, et 2 à 5 pour la largeur. 


Résumé. — Si l'on rapproche, dans un même tableau (tableau 5) 
les dimensions extrèmes et dominantes des graines et des akènes des 
quatre espèces de Fagopyrum étudiées, on se rend un compte 
beaucoup plus exact des différences qui les rapprochent ou les sé- 
parent. 

On voit ainsi que les graines de Fagopyrum tataricum sont les 
moins longues, mais elles ne sont pas les moins larges, que celles 
des trois autres espèces ont, ordinairement des longueurs voisines, 
mais que celles du Fagopyrum emarginatum sont beaucoup plus 
larges. 


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On remarque aussi que les sarrasins russe et américain se rap- 
proclient beaucoup du sarrasin émargine. 

Le type de chaque catégorie pourrait ètre défini par la formule 
suivante, exprimant, en millimètres, les longueurs et les largeurs les 
plus fréquentes. / 

Fagopyrum esculentum : 4 x 2,5. 

Fagopyrum tataricum : 5,75 X 2,75. 

Fagopyrum stenocarpa : 4 x 2,5. 

Fagopyrum emarginatum : 4 x 3,25. 

On voit également que les dimensions des graines s'éloignent 
parfois beaucoup de celles des akènes, ce qui indique l'existence 
d'un espace plus ou moins grand entre les graines et les parois de 
l'akène. 

Cet espace très faible dans le Fagopyrum stenocarpa (b), aug- 
mente dans le Fagopyrum tataricum id), pour devenir plus impor- 
tant dans le Fagopyrum esculentum (a), et beaucoup plus grand en- 
core (c) dans le Fagopyrum emarginatum. (Fig. 21). 


Tous les dessins des 
Akènes e des 
Graines ont été pris 
à la chambre claire 


et au 
grossissement 
de 5,9 


C D 
Fiac. 21. — Akènes de Fagopyrum, avec leurs graines en place : 
A. — Fagopyrum esculentum, | C. — Fagopyrum emarginatum. 
B. — Fagopyrum stenocarpa. D. — Fagopyrum tataricum. 


| 


x 


1 


< 


5 En 


C. — Poids 


La graine est entourée par un tégument péricarpique plus ou 
moins important, selon les espèces et les variétés considérées. Il s'en 
suit que son poids, dans un lot donné, peut être très différent de 
celui de l'akène. Or, comme, en définitive, Ja graine cons- 
titue la partie réellement utile du fruit, il était intéressant d’es- 
sayer de déterminer son poids. 


À. — FAGOPYRUM ESCULENTUM. — 1. Sarrasin gris argenté. — 
1.000 graines de sarrasin gris argenté pèsent en moyenne, 16 gr.00. 


2. Sarrasin allemand. — Le poids de 1.000 graines de sarrasin 
allemand est d'environ 16 gr. 10. 


3. Sarrasin américain. 1.000 graines de cette variété atteignent 
le poids de 24 grammes. 


4. Sarrasin russe. — Le poids du même nombre d'akènes 
débarrassés de leurs enveloppes est, en moyenne, de 15 gr.go. 


5. Sarrasin japonais d'été. — 1.000 graines de sarrasin Japo- 
nais d'été pèsent environ 24 grammes. 

6. Sarrasin japonais d'automne. — Le poids de 1.000 graines 
de cette variété est de 20 gr. 90. 

Le poids moyen des graines est donc très différent selon les 
races considérées, puisqu'il varie de 15,90 à 24 grammes. 


B. — FAGOPYRUM TATARICUM. — 1.000 graines de cette espèce 
ne pèsent, en moyenne, que 13 gr. 99, beaucoup moins, par consé- 
quent, que celles du Fagopyrum esculentum. 


C. — FAGoPpyRuM STENOCARPA. — Le poids de 1.000 graines 
n'atteint que 13 gr. 60. 


D. - FAGOPYRUM EMARGINATUM. — 1.000 graines pèsent, envi- 
fon 17 gr. 60. On remarque de suite, la grande différence qui existe 
entre ce poids et celui des fruits correspondants. 


Resumé. — Si l'on compare le poids des graines des principaux 


TARA 


types examinés, on constate, tout d’abord, entre eux, des différences 
spécifiques très sensibles; puis, en second lieu la divergence qui 
existe fréquemment entre ce poids et celui des fruits du mème 
échantillon. Cette divergence, comme nous le verrons plus loin, est 
en rapport avec l'importance plus ou moins grande des enveloppes, 
qui varie également avec l'espèce ou la variété considérée, 


3° ENVELOPPES Tégument péricarpique) 


Les enveloppes du grain, ou tégument péricarpique, formées 
par les trois feuilles carpellaires soudées, tiennent une place impor- 
tante dans la constitution de l’akène. C’est elles qui lui donnent son 
aspect extérieur, ses dimensions, sa coloration, etc., ainsi qu’une 
partie de son poids. Par leur structure et leur composition elles 
influent sur ia valeur intrinsèque et le rendement en matières utiles 
du grain. 

Leur proportion varie avec les espèces et les variétés, ainsi 
qu'avec les conditions de culture. Elle a été déterminée, pour deux 
espèces seulement, par un certain nombre d'auteurs qui sont, d’ail- 
leurs, arrivés à des résultats très différents. 


À.— FAGOPYRUM ESCULENTUM. — 1,— Sarrasin gris ar genté.— 
D'après Bibra, les écales ou enveloppes représentent 40 à 45 °/, du 
poids du grain entier, elles n'atteignent que 19 à 21 °,, d'apres 
Balland. 20 °/, d'après O’Kellner, 25 à 26 °/, d'après Haselhof, 
28 °|, pour d’autres, etc... 

Ces grandes différences doivent tenir, vraisemblablement, et en 
dehors de la nature particulière de chaque échantillon, à ce que les 
observateurs précités ont cherché les écales dans le son débarrasse 
plus ou moins complètement de la farine adhérente et, par suite, à la 
proportion plus ou moins élevée de celle-ci restée sur les envelop- 
pes. Pour obtenir des résultats précis il est absolument nécessaire 
de décortiquer les grains à la main et d'opérer sur un grand nombre 
d'échantillons, 


En opérant ainsi j'ai trouvé pour cette variété 25 ‘/, d'enve- 


loppes ex moyenne. 

2. — Sarrasin russe. — Pour cette variété, comme pour les 
suivantes, la détermination du rapport des écales à la graine n’a pas 
été faite. J'ai trouvé que la proportion des enveloppes était d’envi- 
1012770 |. 

3. — Sarrasin allemand. — Le poids du tégument péricarpi- 
que, dans cetfe variété, est, en moyenne : 21,40 °/, de celui de 
l’akène. 


4. — Sarrasin américain. — La proportion des enveloppes est 
d'environ 19°/.. 

5. — Sarrazin japonais d'été. — Elle atteint 20°/° dans cette 
variété. 

6. — Sarrasin japonais d'automne. — Le rapport des écales 


Oo o 


au grain ne dépasse guère 16 °/, dans le sarrasin japonais d'automne. 
L'importance pondérale du tégument péricarpique varie, comme 
on le voit, dans de grandes limites, pour une même espèce, selon 
les variétés considérées, allant de 15 à 27,7 °/, du poids du grain. 
Si on représente cette proportion des enveloppes pour l'espèce 
entière, en prenant la moyenne de celle constatée dans chaque va- 
riété, on arrive au chiffre de 21,55 °/,, qui se rapproche de ceux 
obtenus par plusieurs expérimentateurs (Balland, O’Kellner, etc...). 


B. — FAGOPYRUM TATARICUM. — Dans cette espèce les enve- 
loppes atteignent, en moyenne, une proportion de 24 à 25°. 


C. — FAGOPYRUM STENOCARPA. — Le poids du tégument péri- 
carpique atteint, dans le. Fagopyrum stenocarpa, environ 30°, de 
celui de l’akène. 


D. -- FAGOPYRUM EMARGINATUM. — Le poids des écales est 
d'environ 25 à 26°, dans les grains de cette espèce. 


Résumé. — Le poids de la graine débarassée de ses enveloppes, 
ordinairement inutiles, et la proportion de celles-ci, constituent une 
connaissance précieuse pour la pratique agricole, puisque, en 


# 


somme, le grain recherché par la culture, n’a de valeur que par les 
matières alimentaires qu'il renferme. 

En mettant en regard (Tableau 6) le poidsmoyen des akènes, 
des graines et des enveloppes, dans les espèces et variétés exami 
nées, on se rendra un compte plus exact des différences qui les 
séparent et, en mème temps, de la valeur intrinsèque de chacune 
d'elles. 


l’akène |]a graine qe 
ART MELLE HS 
| 
m/mer. [m/mer. 
| 
PLIS AT SENTE. 0102 TRE UD | 16,9 25: 
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Fasopyrum ANeMANTÉE EE EEE ARReURS 16,1 24,4 
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= STENOCAr Da M'A AE A0 25 43 60 930, 
_ Maria LUE REC se | 123,50 17, 40 26, 
Tarzeau VI. — Poids moyen des Akènes et des graines, et proportion des 


enveloppes dans différentes espèces et variétés de Fagopyrum. 


On remarque ainsi que ce sont les sarrasins américain et Japo- 
nais qui possèdent les graines les plus volumineuses et les plus 
lourdes, en même temps, que la proportion la plus faible d’enve- 
loppes. Par ces qualités, ces variétés doivent se recommander à 
l'attention des cultivateurs. 


à 
A 


° 


= 
— 909 — 


II. — Etude biométrique des Akènes 


L'étude biométrique d'une plante ou de l’un de ses organes, en 
imposant l'examen minutieux et suivi d'un ou plusieurs caractères, 
tournit la possibilité d'en connaître la valeur exacte en même temps 
que sa fixité, absolue ou relative, et, par suite, d’en suivre la varia- 
tion et l'hérédité. 

Ses enseignements sont donc précieux à plus d’un titre et sus- 
ceptibles de recevoir d'utiles applications. 

C'est pourquoi, il y a quelques années, je me suis proposé 
d'étudier, par cette méthode, les fruits de quelques espèces et 
variétés de F'agopyrum (1). 

Puis, partant de ce fait que des variations dans la nutrition ont 
des retentissements profonds dans la structure des végétaux qui en 
sont l’objet, j'ai effectué des mesures biométriques sur les grains 
de divers Fagopyrum soumis à une alimentation différente. 

Entin j'ai appliqué la mème méthode à l'étude de la descen- 
dance de ces premières semences. 


Espèces et variétés étudiées 


J'ai ainsi examiné 4 espèces du genre Fagopyrum : 
Le Fagopyrum esculentum où sarrasin ordinaire. 


— emaroinatum —  émargine. 
— tataricum — de Tartarie. 
— stenocarpa — seigle. 


(1) Congrès des Sociétés Savantes, Rennes, 1909. 


— 60 — 


cultivées dans le mème champ (1) dans des conditions aussi identi- 
ques que possible. 

Quant aux variétés indigènes de ces espèces, elles sont rares 
a culture du Sarra- 
sin est importante. On ne connaît guère que le sarrasin dit commun, 


€ 
et très mal définies, même dans les régions où 1 


oris argenté, le breton, le petit prussien. Encore est-il difficile de 
se les procurer et elles disparaissent de plus en plus pour faire 
place exclusivement au sarrasin argenté, qui est plus amélioré. 
C'est pour cette raison, que, en dehors de celle-ci, j'ai étudié 
de préférence, des variétés étrangères du Fagopyrum esculentum. 
Je les ai désignées, d’après leur origine, sous le nom de 
sarrasin russe, allemand, américain, japonais d'été et japonais 


d'automne. 


Méthode 


J'ai détermine successivement les dimensionslinéairesdesakènes 
(longueur et largeur), leur surface (produit de ces deux dimensions) 
et leur poids, en opérant sur 1.000 grains bien conformés, prélevés 
dans les lots d’après la méthode des stations d'essais de semences 
et représentant bien un échantillon moyen. 

La chambre claire du microscope projetait leur image, grossie 
20 fois (fig. 22), sur une feuille de papier divisée en carrés de 5 m/m 
de côté, réunis eux-mèmes, par des traits colo- 
riés, en carrés de 25 m/m, et ceux-ci en carrés 
de 50 m/m. Grâce à ce quadrillage les dimen- 
sions m'étaient facilement et immédiatement 


fournies, la longueur par le nombre de carrés 


couverts dans le sens longitudinal, la largeur 


par celui des carrés couverts dans le sens trans- 


versal, et la surface par le nombre total des 


carrés cachés par les akènes. 
Fia 22. — Mensu- à RAR ; 
El Pour compter les grains d’après leur taille 


1) En 1908, à l'Ecole Nationale d'Agriculture de Rennes. 


OR ER 


et pour les conserver, séparés, en vue d'un semis ultérieur, je les 
ai répartis, au fur et à mesure de leur mensuration, dans de petites 
boîtes correspondant chacune à une dimension déterminée. Pour la 
facilité du calcul et du langage, j'ai exprimé les dimensions attein- 
tes en nombre de carrés couverts et non en parties de millimètres. 

"Par exemple, un fruit recouvrant, dans sa longueur, 20 petits 
carrés de 5 m/m de côté, et 12 dans largeur, était catalogué 
20 X 12. 

Puis, à l’aide des chiffres obtenus, j'ai tracé, pour chaque 
espèce ou variété, le polygone de variation, en portant, en abcis- 
ses, les dimensions ou variantes et, en ordonnées, le nombre de 
grains ressortissant à chacune d'elles, c'est-à-dire les fréquences. 

Le grossissement employé étant égal à 20 et les carrés ayant 
5 m/m de côté, 1l suffit, pour obtenir les dimensions réelles des 
akènes, de diviser les chiffres conventionnels qui les expriment 
par 4. Ainsi un grain désigné par la formule 20 X 12 aura, comme 


12 


20 

mesures réelles, — —5 m/m de longueur ie — 3 m/m de largeur, 
> ; L 21 € PRE D > K 

Un grain 21 >< 15 aura — — 5 m/m de longueur 25 et — — 35 m/m 75 

4 4 

de largeur. 


Surface. — Avant de déterminer la surface des akènes et de 
rechercher ses variations, j'ai tenu à m'assurer si les trois faces d’un 
même grain étaient semblables ou présentaient, entre elles, des 
différences sensibles. Pour cela, j'ai marqué à l'encre rouge et 
verte, deux des faces, la troisième restant indemne, et je les ai 
mesurées dans les deux sens, sur une cinquantaine de fruits dans 
chaque espèce. Les figures 2, 8, 11, 14, représentent un grain de ces 
quatre types, vu sur les trois faces. 

En laissant naturellement de côté les akènes anormaux, je n'ai 
trouvé que très peu de différences entre chacune d'elles ; évidem- 
ment, elles ne sont pas identiques, surtout quant à leur forme, mais 
s'il existe dans leur dimensions des nuances parfois perceptibles, 
elles sont rarement susceptibles d'être évaluées avec une aPpPTOXI- 
mation suffisante. 


FÉoEe 


Ceci étant ctabli,les valeurs des surface sont été obtenues par le 
produit des deux dimensions linéaires (longueur et largeur) précé- 
demment obtenues ; puis elles ont été rassemblées, pour permettre 
le tracé des graphiques, en classes de dizaines. 

Aussi, des grains mesurant 
14 X 12, ont une suface de 168, ramenée à 170, ou 17 dizaines. 


10e; — 192, — 190, OÙ 19 — 
17 OIL = TU 7e = 110, OU 19  — 
Poids. — Enfin, pour obtenir le poids des akènes, j'ai pesé, un 


à un, à l’aide d'une balance de précision sensible au dixième de 
milligramme, 1.000 grains de Fagopyum esculentum de Fagopy- 
rum emarginatum, et de Fagopyrum tataricum. 

C'est là une tâche longue, délicate et quelque peu fastidieuse, 
mais qui pouvait fournir d'intéressantes indications. 

Les résultats de toutes ces mensurations sont consignés dans des 
tableaux individuels, parliculiers à chaque catégorie examinée, et 
dans des tableaux récapitulatifs A.B.C. ainsi que dans les graphi- 
ques représentatifs de chaque espèce et variété. Pour chacune. 
d'elles nous examinerons successivement les variations constatées : 

1° Dans la longueur ; |: | 
2° Dans la largeur ; 
3° Dans la surface ; 


4° Dans le poids des akènes. 


L'ordre adopte sera le suivant 


I. — Espèces et variétés. 
II. — Influence de l'alimentation minérale. 
II. — Akènes de deuxième génération. 


I. ESPÈCES ET VARIÉTÉS 
1° Variations de la longueur 


A. — Fagopyrum esculentum 
a) Sarrasin gris argenté. — Si l'on examine le tableau r du 
Fagopyrum esculentum, Var. gris argenté (gris n° 1) on voit que les 


Re. V2 FE = 


akènes ont des dimensions très variables, allant presque du simple 
au double, exactement de 14 à 25 (3 m/m 5 à 6 m/m 25). 

En partant de ces deuxextrèmes, onarriveprogressivementaune 
forme moyenne correspondant à la dimension 20(5 m/m), à peu pres 
également distante des deux limites; on y accède, dans les 
deux sens, par une transition ménagée, sans sauts brusques et sans 
lacunes, puisqu'on part de 14 avec 1 grain pour passer à 15 
AMeC 4, puis 4 16 avec 5,17 axec 51,10, avec 120, .19;4VeC 471, 
20 avec 325, et pour redescendre à 21 avec 187 grains, 22 avec 116, 
23 avec 20, 24 avec II, 25 avec I. | 

Cette variété est donc régulière, homogène, et c'est ce qu'indi- 
que nettement la courbe qui la représente et au besoin la définit 
(fig. 23). En effet, après un coude un peu bref, mais n'affectant qu'un 
nombre insignifiant d'akènes, elle s'élive et se continue uniformé- 
ment pour présenter un sommet unique et très accusé, et redes- 
cendre avec la même régularité, 

L'on a affaire ici, par conséquent, àaun polygone de variation, 
dit unomial, c'est-à-dire à un seul sommet, indice probable d'une 
race pure et déjà bien fixée. 

J'ai. en outre, calculé et tracé la courbe (1) théorique de cette 
variété (fig. 23)au moyen des formules : 


VER ss EME ss ES pes A 


x = déviation de la moyenne. 
y = fréquence correspondante. 
5 — indice de variabilité. 
À = moyenne. 
n — somme des fréquences. 
y° = fréquence maximum. 
On peut voir que, dans son ensemble, elle coïncide avec la 
courbe pratique précédemment définie. 


(1) CHopar, Principe de Botanique, Genève, 1907. 


— 64 — 


b) Sarrasin russe. — La longueur varie de 18 à 28 (4 m/m 5 à 
7 m/m) au lieu de 14 à 25 3,5 à 6,25) dans la variété argentée, avec 
prédominance du type 22 (5 m/m 50) mais, si on examine le polygone 
de variation (fig. 25) on voit qu'il présente deux sommets, corres- 
pondant aux modules 20 et 22. Partant de 18 avec 6 grains seule- 
ment, il s'élève régulièrement jusqu'à 20 avec 166, pour redescendre 


= Courbe pratique LE Ce Courbe théorique 
Fi 23. — Courbe théorique et pratique des variations de longueur du 
grain dans le Fagopyrum esculentum. 


FPS 
à 21 (avec 48) et remonter ensuite et définitivement à 22 avec 267. 


Entre les deux longueurs 20 et 22, il existe donc un fléchissement 


très accusé de la courbe. D'autre part 51°/, des grains ont des 
dimensions supérieures à la moyenne (22 — 5 m/m 50) et 21 °/, des 


dimensions plus faibles. 


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Fic. 24 et 25 — Variations de la longueur des Akènes du 


Fagopyrum esculentum. 


DÉC AA 


c) Sarrasin allemand. La longueur des grains présente moins 
d'écarts que dans la variété argentée puisqu'elle est comprise seule- 
ment entre 15 et 21 (5 m/m 75 à 5,25) et leurs variations sont, elles- 
mêmes, très régulières. On trouve, en effet de chaque côté du som- 
met, qui ne correspond ici qu'au module 18, (4 m/m 5) au lieu de 20 
dans le sarrasin argenté, trois variantes de valeur à peu près iden- 
tique, deux à deux. 

17 avec 104 grains et 19 avec 177 
LOST SN TAC NE DR OTOT 
PS RAS UE AA PNR D DIE ALSS 

De ce fait, l'on a une courbe très droite, très resserrée (fig. 24) 
et tout à fait caractéristique, qui semble indiquer une variété bien 
homogène, bien stable, n'ayant même pas montré d’affolement par 
un milieu nouveau et une culture différente. 

Sur 1.000 grains, 352 ont une longueur de 4 m/m 5, 529 sont 
plus grands et 519 plus petits, épars uniformément de chaque côté 
de la ligne médiane, montrant ainsi une très grande régularité dans 


© 


le type et dans la variation. 


d) Sarrasin américain. - Le sarrasin américain ressemble éga- 
lement à la variété indigène, mais avec des dimensions plus fortes, 
puisqu'elles varient de 18 à:26 (4 m/m 5 à 6 m/m 5) et avec un 
maximum de 22 (5 m/m 50) et un autre de 24 (6 m/m). 

La forme et la coloration des grains semblent donc rapprocher 
seules ces deux sortes qui se différencient nettement par ailleurs 
(fig. 6). 

La courbe (fig. 25) présente deux sommets comme dans le sar- 
rasin russe, un correspondant à 22 (5 m/m 5) avec 213 grains, et un 
autre à 24 (6 m/m) avec 166. Entre eux deux, à la largeur 21, elle 
subit une dépression peu profonde : 147 grains. 


o / 
1o 


36 °/, sont plus grands qu'elle; parmi eux 10 °/, sont d’une taille su- 


21 °/, des akènes sont plus petits que la première dominante et 
périeure à la seconde dominante. 


e) Sarrasin japonais. — J'ai reçu du Japon sous les noms de 
Naïsu soba et aki soba, deux variétés de Fagopyrum, le sarrasin 


d'été et le sarrasin d'automn2. Leurs grains, a tous deux, sont bruns, 
volumineux, nettement trigones (fig. 7\, à péricarpe non rempli. 

Les dimensions des fruits de chaque sorte sont assez variables 
et, par suite, donnent naissance à des polygones figuratifs d’allure 
différente. 

Le sarrasin japonais d'automne, plus grand que l’autre, pos- 
sède des akènes dont les dimensions passent de 17 à 24 (4 mm 25 a 6) 
avec deux dominantes : 19 (4 m/m 75) avec une fréquence de 35 °/,, 


o | 


et2r (5 m/m 25) avec une fréquence de 22 °/.. 

Ces deux formes représentent donc à elles seules plus de la 
moitié des grains (58 °/,) ; elles sont séparées par la forme interme- 
diaire 21, qui en comprend 14 °/.. Sur les 276 fruits restants, 18°}, 
sont plus grands que la plus forte dominante, et 9°/, sont plus 
plus petits que la plus faible. 

On voit que le type caractéristique de la variété correspond à 
la longueur 19 (4 m/m 75) qui constitue, dans la courbe, un premier 
sommet très accusé (fig. 24). 

Dans le sarrasin japonais d'été les akènes sont plus petits; 
leurs dimensions extrêmes atteignent en effet 15 et 23 (3 m/m 75 et 
Srolratieuder7et24 

La courbe des variations (fig. 24) présente: encore deux som- 
mets, un premier représenté par la longueur 16 (4 m/m 5) avec 257 
grains, et le deuxième, plus élevé que lui, et occupé par la longueur 
20 (5 m/m) avec 264 grains. C’est donc ce second type qui domine 
légèrement. Les deux dominantes ne sont d'ailleurs séparées que 
par une faible différence, la longueur intermédiaire 19 Comprenant 
230 grains, 1l n'y a pas entre elles un écart considérable. 

Ces deux sous-variétes du sarrasin japonais sont, par le fait. 
assez voisines ; d’ailleurs, la coloration, la forme et les particulari- 
tés de leurs akènes sont les mèmes (fig. 7). 


B. — Fagopyrum emarginatum 


Les variations de longueur du Fagopyrum emarginatum sont 
très accentuées puisqu'elles oscillent entre 17 et 50 (4,25 à 7,50). 
Il existe cependant un type moyen 22 ou 5 m/m 5 bien défini et 


Ho0 


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+ 


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— 68 — 


Fig. 26.— Variations de la longueur des Akènes 
dans les différentes espèces de Fagopyrum. 


——— — Fagopyrum esculentum. 


++++ — tataricum. 
APT GE —— stenocarpa. 
— emarginatum. 


COMITE 


— 69 — 


assez important, puisqu'il est représenté par 21 °/, des grains, et 
le reste se répartissant sur douze dimensions différentes (fig. 26) 
38 °/, des akènes ont une longueur supérieure à cette moyenne et 
40, à) , Sont plus petits ; leur distribution de ch ne côté de la domi- 
nante est très uniforme. Par suite, la courbe de cette espèce est, elle- 
même régulière bien qu'étalée et comme surbaissée. À gauche du 
sommet on trouve successivement : 13, 32, 76, 107, 179 grains, et, 
ATOITÉ 1,/14; 20, 09, LL7, te 


C. — Fagopyrum tataricum 


La longueur varie dans des limites assez étroites = 14 à 21 
(3 m/m 50 à 5,25), et elle paraît d'autant plus régulière qu'une forme, 
à elle seule, comprend plus de la moitié des individus = 516 °/,,, ce 
qui n'existe chez aucune autre espèce de Fagopyrum. Celle-ci pos- 
sède, par conséquent, un type très caractéristique et très prépon- 
dérant. L'autre moitié des akènes se distribue à peu près également 
à droite et à gauche de ce sommet très élevé (fig. 26), 26 °/, sont plus 
grands et 22 °/, plus petits que la forme movenne. La courbe pré- 
sente une irrégularité, un léger crochet, dont la pointe correspond 
à la longueur 16 (4 m/m) mais ce second sommet est relativement 
insignifiant. 

D. Fagopyrum stenocarpa 


« 


Les variations de longueur, de même sens que dans l'espèce 
précitée, ont comme limites 16 et 23 (4 m/m à 5,75 
La légère irrégularité signalée dans la courbe du Fagopyrum 
tataricum, Se retrouve ici, mais située en sens inverse, c'est-à-dire à 


droite du sommet au lieu d’être à sa gauche. Partant de la longueur 
16 (4m/m), cette courbe s'élève DHSATEMENR au-premier sommet 16 
(4 m/m 5) auquel correspondent 40 °/, des akènes, elle re 
ensuite pour la longueur 19 à 197 grains, pour revenir (longueur 20) 
à 201, et enfin redescendre rapidement jusqu'à la longueur 
maximum 23. On remarque que le premier sommet est particulhère- 
ment accentué, d'une hauteur, et par suite d'une importance doubles 
de celles du second sommet qui ne représente, lui, que 20 °/, de 
grains au lieu de 40 °/, fig. 26). | 


(2 p] 


En fait, la dominante réelle est la longueur 18 (4 m/m 5) comme 
dans l'espèce précédente. 
7 ‘/, des akènes sont plus petits que ce type moyen et 13°}, 


sont plus grands que celui du second sommet. 


Résumé des variations de la longueur. — Si l'on compare les 
dimensions longitudinales, et les courbes qui en représentent les 
variations, dans les quatre espèces, on constate que, eu égard à ce 
caractère, celles-ci sont très différentes les unes des autres, saul 
les deux dernières. 

Le Fagopyrum esculentum a comme longueur dominante 
20 (5 m/m) avec des extrêmes de 14 à 25. 

Le Fagopyrum emarginatum a comme longueur dominante 22 
(5,5), avec des extrêmes de 17 à 28. 

Le Fagopyrum tataricum a comme longueur dominante 18 (4,5): 
avec des extrêmes de 14 à 22. 

Le Fagopyrum stenocarpa a commelongueur dominante 16 (4,5), 
avec des extrèmes de 16 à 23. 

Les courbes des deux premières sont relativement très régu- 
lières avec un sommet franchement accusé dans le Fagopyrum 
esculentum. 

Quant aux deux dernières espèces, elles offrent, entre elles, 
beaucoup d’analogie — leur dominante est la même, l'amplitude de 
leurs variations est voisine, la courbe présente un léger crochet 
identique, sauf dans sa situation. 

Quant aux variétés du Fagopyrum esculentum, elles présentent 
également entre elles des différences importantes. 

Le Sarrasin argenté a comme longueur dominante 20 (4m/m 50), 
avec des extrêmes de 14 à 25. 

Le Sarrasin russe a comme longueur dominante 22 (5 m/m), 
avec des extrèmes de 16 à 28. 

Le Sarrasin allemand a comme longueur dominante 18 (4 m/m 50), 
avec des extrêmes de 15 à 21. 

Le Sarrasin japonais d'automne a comme longueur dominante 
19 (4 m/m 75), avec des extrêmes de 17 à 24. 


— T7] — 


Le Sarrasin japonais d'été a comme longueur dominante 

20 (5 m/m), avec des extrèmes de 15 à 25. 
Le Sarrasin américain a comme longueur dominante 22 

(5 m/m 50), avec des extrèmes de 18 à 26. 


2° Variations de la largeur 


A. — Fagopyrum esculentum 
a) Sarrasin gris argenté. — Comme nous l'avons, vu, Îles 


grains du Fagopyrum esculentum sont toujours plus longs que 
larges. Tandis, que la longueur oscille entre 14 et 25 (5 m/m et 
6,25),)la largeur reste limitée entre 9 et 15 (2 m/m 25 et 3,75). De 
plus, et comme l’indiquent ces chiffres, les variations de cette 
dimension présentent beaucoup moins d'amplitude. 

D'autre part il n'y a pas toujours relation entre les deux 
dimensions linéaires des akènes, c’est-à-dire qu'un grain court peut- 
être large, et inversement ; mais, pourtant, jamais la largeur ne 
dépasse la longueur comme cela arrive parfois dans d’autres 
variétés. 

La largeur moyenne, analogue, sinon identique sur les trois 
faces du fruit, est de 11 (2 m/m 75). 

En examinant la courbe figurative de ce Sarrasin argenté et les 
chiffres qui ont servi à l'établir, on remarque que, partant de 10 
(2 m/m 5) elle monte DUREE pour atteindre immédiatement 
son point culminant — 11 (2 m/m 75) qui correspond à 356 indi- 
vidus. Puis elle redescend tres ei iomen. mais moins vite et 
progressivement, à 12 (3 m/m) avec 238 grains, puis 15 avec 159, 
BHAVOCILIDIEU TS AVEC 25: 

Le graphique dans son ensemble est unomial, très allongé et en 
même temps très rétréci, attestant une variation limitée, mais très 
franche et très régulière (fig. 20). 


b\ Sarrasin russe (fig. 4). — Dans cette variété la largeur des 
akènes est très grande en même temps que très variable. Elle se 


Es 


€ 


déplace, en effet, entre 13 et 21 (3 m/m 25 et 5,25) au lieu de 10 et 


15 (2 m/m 5 à 5,75) dans le Sarrasin gris. Elle est pourtant, sauf 


dans des cas peu fréquents, plus faible que la longueur, qui atteint 
18 à 28 (4 m/m5 à 7). 

La largeur dominante est de 16 (4 m/m) avec 26 °/, des grains 
et elle est placée plus près du minimum 15 que du maximum 21. 
Mais 25 °/, des fruits ont une taille inférieure à cette moyenne, tandis 
que 49 °/, la dépassent ; d'autre part, entre les dimensions 15 et 18 
(3 m/m 75 et 4,5) on en trouve 80 °/,, dont la moitié localisés dans 
les formes 17 et 18, qui ont une importance à peu près égale (fig. 28). 

c) Sarrasin allemand (tig. 27°. — Les dimensions latérales des 
orains sont ici beaucoup plus réduites et plus stables ; elles varient 
seulement entre 10 et 15 (2 m/m 5 et 3,75) comme dans le sarrasin 
argente. 

Mais la dominante est 12 (3 m/m) avec 355 individus au lieu de 
11 dans la variété grise. Ses fruits sont donc moins longs et plus 
larges, plus renflés aussi et mieux remplis que ceux du sarrasin 


) o 


indigène : 23 °/, sont plus petits et 41 


/ 


/, plus grands que les grains 
moyens. 

La courbe est tres one étroite, avec un seul sommet 
élevé : la largeur de 94 °/, des grains varie seulement de 11 à 14. 

d) Sarrasin M ne — Le sarrasin Japonais d'automne à 
des akènes bien développés, d'une largeur allant de 12 à 18 (3 m/m 
à 4,5) et dominant à 14 avec 51 Le es grains (3 m/m 5), 20 ‘}, ont 
des dimensions supérieures et 45°/, des dimensions inférieures à 
cette taille moyenne qui se trouve, par suite, plus rapprochée du 
minimum (fig. 27), 03 ?/, des grains sont répartis entre les largeurs 
13 et 16 ce qui donne une idée de leur taille et de leurs variations: 

Quant au sarrasin japonais d'été, ilest plus petit puisque ses 
dimensions latérales n'atteignent que 8 et 15 (2 m/m et 3,75 

La dominante est 12 (3 m/m) avec 55 °/, des grains au lieu de 14, 
et la forme 11 est presque aussi importante qu'elle, puisque sa fré- 
quence est de 347 contre 354. Ces deux largeurs, 11 et 12, à elles 
seules comprennent 70 ?/, des ns et les 50 °/, restants se distri- 
buent également de chaque côté du sommet qu'elles représentent. 


RO 


La courbe (fig. 27) affecte, de ce fait, une allure particulière ; 
au lieu d'un sommet élevé, aigu, bien net, comme dans les variétés 


précédentes, elle présente un palier à peine oblique et très court 
indiquant l’'équivalence approchée des deux modules 11 et 12. 


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355,354 


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Fig. 27 et 28. — Variations de la largeur des Akènes dans différentes 
variétés de Fagopyrum esculentum, 
ÿ 


e) Sarrasin américain. … Ce dernier type ressemble beaucoup, 
comme taille, au sarrasin japonais d'automne. Ses variations 
extrêmes sont les mêmes, 12 et 16. La dominante est également 
14(3 m/m 59) mais sa fréquence tombe de 345 à 269. 19 °/, des grains 
sont plus petits et 53°, plus grands que cette dimension et Ia 
grande majorité, 88 °/, sont aussi répartis sur les largeurs 13 et 10. 

Pourtant, le polygone est différent, à cause surtout de la valeur 
plus faible de la dominante, mais il est encore bien régulier (fig. 28). 


B. — Fagopyrum émarginatum 


Cette espèce possède des grains ordinairement beaucoup plus 
larges que ceux de l'espèce précédente fig. 8); de plus, le rap- 
port entre la longueur et la largeur est plus étroit que dans celle-ci. 
Il arrive même parfois qu'il est inférieur à l'unité et que les fruits 
sont plus larges que longs, montrant ainsi trois sommets au lieu 
d'un ; dans ce cas les arêtes se prolongent en forme d'ailes mem- 
braneuses, les trois faces sont semblables et la position du calice 
permet seule de distinguer, extérieurement, la base véritable de 
lakene. 

La largeur des grains normaux oscille entre 12 et 25 (3 à 
6 m/m 25) et varie, au moins, du simple au double ; tandis que la 
longueur était confinée entre 17 et 27 (4,25 à 6,75) 

L'examen de la courbe montre que la dominante: est 16 (4 m/m) 
ce qui prouve bien qu'habituellement l'akène est plus long que 
large puisque la longueur moyenne est 22 (5 m/m 5). 

Ce frult type a donc comme mesures 22 X 16, c'est-à-dire 
5 m/m 5 %< 4. 

La largeur suit des oscillations régulières et arrive progressi- 
vement et uniformément à la moyenne 16, qui est représentée par 
300 individus ; elle redescend ensuite, mais plus lentement et par 
étapes plus nombreuses 
25 (fig. 29). 

La dominante 16 se rapproche davantage du minimum 12 que 
du maximum 25 ; on y accède, d’ailleurs rapidement et en ligne 


, 


droite, tandis qu'on s'en éloigne moins régulièrement. Enfin, on 


SC 
jusqu'à 24 et remonte très légèrement à 


29 


Fic 


l4% 


CSS EE OUT EE AO ! 


Variation de la largeur des Akènes de quatre 


vrum. 


- 


espèces de Fagop 


SATA 4 +444 + + , 


dhr ++ + 1.4 


———— Fagopyrum esculentum. 


+44 
ASS AU AC AU UNE A DDILIE Be ? 


stenocar pa. 


emarginatum. 
tataricum. 


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… 
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, 


remarque que 28 °/, des grains sont plus petits et 42 °/, plus grands 


que le type spécifique 16. 
C. — Fagopyrum tataricum 


Les akènes du Fagopyrum fataricum sont, individuellement 
plus irréguliers que ceux des espèces précédentes, en raison des 
saillies de leur tégcument péricarpique, analogues à des dents 
mousses fig. 11. Mais leur ensemble est homogène. Jamais la lar- 
geur n'est supérieure à la longueur; elle oscille entre 9 et 20 (tandis 
que cette dernière atteint 11 et 22) mais, en réalité on peut dire 
qu'elle est limitée entre 10 et 14 puisqu'on ne trouve que 2 °/, des 
grains en dehors de ces dimensions, ce qui.est insignifiant et ce qui 
restreint considérablement la puissance de variation de ce 
caractère. 

La moitié des akènes a la même largeur, 12 (3 m/m) et l'autre 
moitié se trouve, en parties égales, 24 et 25 °/,, de chaque côté de 
cette dominante. Il en résulte une courbe d’une rare régularité, à 
sommet très élevé, donnant l'impression d’une race très homogène, 
stable, à type spécifique bien distinct et très important (fig. 29) 


D. — Fagopyrum stenocarpa. 


Le Fagopyrum stenocar pa, où sarrasin seigle, a des grains longs 
et relativement étroits, bien remplis et à contours arrondis et sans 
arètes. Ici les faces sont à peine marquées, si ce n’est par leurs 
sillons latéraux, et il n'y en a jamais plus de trois (fig. 14). Jamais, 
dans les 5.000 observations effectuées, la largeur n'a surpassé ni 
même atteint la longueur. 

Elle ne varie d’ailleurs que dans des limites-très étroites, de 
8 à 12 (2 à 3 m/m), tandis que la longueur, qui possède une valeur 
beaucoup plus grande, est moins fixe = 16 à 23 (4 m/m à 5,75). 


La courbe qui indique les variations de largeur des grains 


(fig. 20) est très frappante à cet égard. Partant de 8 avec 11 fruits, 
elle s'élève rapidement à O, avec 164, puis à 10, qui représente la 
dominante, avec 477 ; elle redescend ensuite, avec autant d’unitor- 
mité, à 13 avec 304, puis à 12 qui est le maximum atteint, 


3 
| 


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La dominante 10 (2 m/m 5) est donc placée exactement à égale 
distance des deux extrêmes, et occupe un sommet excessivement 
net, qui représente près de la moitié des individus (47,7 °/). À 
sa droite, on compte 35°/, des grains, et à sa gauche 17°/, seulement, 
c’est-à-dire la moitié; les grains plus larges sont donc plus 
nombreux. 

La courbe, uniforme, élancée, rétrécie, semble indiquer une 
faculté de variation peu développée et la présence, comme dans 
l'espèce précédente, d'une forme nettement prépondérante. 


Résumé des variations de la largeur. — En rapprochant les 
chiffres de largeur afférents à chaque catégorie, on voit qu'il existe 
entre les espèces et variétés du genre Fagopyrum d'assez grandes 
différences (Tableau B). 

On constate également que cette dimension, si elle subit parfois 
de notables variations (Fag. emarginatum, par exemple) reste dans. 
chaque type et dans l’ensemble, relativement homogène. 

La plupart des courbes qui la représentent sont très resserrées 
et très régulières et toutes ne possèdent qu'un sommet unique. 

Pour chaque espèce les largeurs extrêmes sont : 

Fagopyrum esculentum : 9 et 15 (2 m/m 25 à 3,75) et la domi- 
nante 11 (2 m/m 75). 

Fagopyrum émarginatum : 12 et 26 (3 m/m à 6,50) et la domi- 
nante 16 (4 m/m). 

Fagopyrum tataricum : 9 et 20(2 m/m 25 à 5) et la dominante 
12 (3 m/m). 

Fagopyrum stenocarpa : 8 et 12(2 m/m à 3) et la dominante 
10 (2 m/m 5). 

Et pour les variétés : 


Sarrasin russe : 13 et 21 (3 m/m 25 à 5,25) et la dominante 
16 (4 m/m). 

Sarrasin allemand : 10 et 15 (2,5 à 3,75) et la dominante 
12 (3 m/m). 

Sarrasin japonais d'automne : 12 et 18 (3 à 4,5) et la domi- 
nantes 14 (3 m/m 5). 


So e 


è 

Sarrasin japonais d'été: 8 et 15 (2 a 3,75) et la dominante 
12 (3 m/m). 

Sarrasin américain : 12 et 19 (3 à 4,75) et la dominante 
14 (3 m/m 5). 

Il est plus intéressant encore de comparer les variations de la 
largeur avec celles de la longueur. 


Les caractéristiques de chaque catégorie peuvent être ainsi 
déterminées : 


Pourle Fagopyrum esculentum (Sarr. arg.). 20x11 (5m/mXx<2,75) 
—- ÉMArCINAUME er 22X16 (5,5><4) 
ta ATICUMIE RER 16<121(4,9<0) 
— STÉROCATPA sem rmuee 1810 (4,5 ><2,9) 
Pour AÉSATASIN USSR PRE PERLE 22% 10 
— allemand sa ae ee 18X< 12 
— japonais d'automne ...... 19><14 
— Aer HR TO CI2 
— AMÉTICAINR ES 2 Étvmeee 2214 


L'examen de ces dimensions et des graphiques qui les figurent 
peuvent servir, en quelque sorte, au diagnostic de chacun de ces 
types qui, on le voit, sont assez différents les uns des autres. 


. 3° Variations de la surface 


A. — Fagopyrum esculentum 


J'ai indiqué, au début, comment la surface comparative des 
akènes (et non la surface réelle) avait été établie. 

Dans cette espèce, elle varie de 150 à 380 et, traduite en 
dizaines, de 15 à 36. 

La courbe qui en représente les variations (fig. 30) est très 
mouvementée. On y distingue au moins 4 sommets importants 24, 
6, 28,, 30. correspondant, respectivement, à 106, .\179,3104%er 
106 grains. Ils sont comparables deux à deux 106 et 108, 164 et 173, 
et suivent une progression arithmétique de raison 2 : 24, 26, 28, 30; 


at, 


ABS 


il y a donc un certain ordre dans cette irrégularité, qu'ilest d’ailleurs 
difficile d'expliquer. 

Cette courbe, au lieu de s'élever en ligne directe jusqu'à un 
summum déterminé, arrive à un palier, 173-164, par une série de 
marches, de crochets, puis redescend de la même façon. 


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Q- 
— 0O — 


En réalité, il existe deux formes vraiment dominantes et très 
voisines, celles qui correspondent à 26 et 28. 


B. — Fagopyrum emarginatum 


Ici, la surface des akènes est comprise entre 190 et 570, soit 
entre 19-et 57. Les oscillations ont, par conséquent, une envergure 
beaucoup plus considérable, puisqu'elles varient du simple au 
triple. 

La courbe représentative (fig. 30) est également très accidentée, 
il existe des lacunes, certaines surfaces n'étant représentées par 
aucun grain. Elle possède plusieurssommets, dont trois surtout sont 
importants et correspondent aux modules : 

5 28 > 39 39 43 46 avec 
) 133 MD: 7172 92 85 22 individus, mais 
c'est la forme 32 qui domine. 

On n'y trouve plus la régularité relative constatée précédem- 
ment, la variation est désordonnée. 


D 
2 
Q 
À 


C. — Fagopyrum tataricum 


Les surfaces extrêmes sont 10 et 36, variant dans la proportion, 
jusqu'ici la plus forte, de 1 à 3,6. Le polygone (fig. 30) est encore 
irrégulier, avec plusieurs sommets, dont le plus élevé correspond 
à 21 et se trouve à égale distance des deux extrèmes importants, 10 
et 32 (les dernières surfaces n'étant représentées que par quelques 
grains). 

Cette dominante correspond à une fréquence élevée. 


D — Fagopyrum stenocarpa. 


Les variations de surface sont beaucoup moins importantes et 
ne se déplacent qu'entre 11 et 29. Leur allure est cependant diffe- 
rente de celle qu'on a pu constater dans les courbes des espèces 
précitées. 

Au début (fig. 50) la courbe s'élève assez régulièrement pou 
atteindre un premier sommet correspondant à la forme 16, puis elle 


l 


1 
: 


* 


À 


Ro 


redescend très légèrement pour dominer de nouveau à 20, elle fléchit 
ensuite brusquement pour remonter définitivement à 22, et aboutir 
enfin avec assez d’uniformité. 

Les sommets principaux sont très voisins, 16, 20, 22, régulière- 
ment distants, et correspondent à des fréquences assez semblables, 
164, 161, 172. Cés sommets sont plus rapprochés du minimum de 
surface que du maximum. 


Résumé des variations de la surface. — La valeur de la surface 
des akènes est donc très différente dans les quatre espèces et subit 
des variations considérables. 

Elle oscille de 15 à 38 pour le Fagopyrum esculentum. 


— 19 à 57 — emarginatum. 
= 11 à 29 — stenocarpa. 
— 10 à 36 (32) -— tataricum. 
avec, comme dominantes, 26 (et 28) pour le premier. 
— 32 (35) — second. 
— 22 (28) — troisième. 
— 21 — quatrième. 


Aucun de ces caractères (minima, maxima et moyennes) n'est 
semblable chez ces quatre types, mais on constate une certaine cor- 
rélation entre la valeur de cette surface et celle de ses deux compo- 
santes (longueur et largeur), quoique cela n'ait rien de fatal, puisque 
à une faible longueur peut correspondre une forte largeur et inver- 
sement. On voit également, qu'ici encore, c’est le Fagopyrum émar- 
ginatum, qui possède les akènes les plus volumineux et la plus 
grande amplitude de variation. 

Que le Fagopyrum tataricum et le Fagopyrum stenocarpa pré- 
sentent aussi de fréquentes analogies, tant par la valeur de leurs 
surfaces extrèmes, que par celle de leurs dominantes respectives qui 
restent très voisines. 


4° Variations du poids. 


Je n'ai examiné ces variations que dans trois espèces, le Fago- 


— 82 —. 


" 


pyrum esculentum, le Fagopyrum emarginatum et le Fagopyrum 
tataricum. 


A. — Fagopyrum esculentum (Sarasin gris argenté). 


La courbe fournie par celles de cette espèce est très irrégulière 
Elle présente de nombreuses lacunes, des retours à zéro, dont la 
présence s'explique mal, car les pesées ont été faites lentement et 
minutieusement, et tous les grains examinés étaient bien confor- 
més. 

Les poids extrèmes atteints par les akènes sont 7 et 32 milli- 
grammes, variant dans la proportion énorme de 1 à 4,5, mais c’est 
entre 17 et 25 m/mgr qu'on trouve le plus grand nombre de grains : 
pres de 60/5 ; 

La courbe présente cinq sommets, 16, 18, 20, 22, 24 (fig. 31) 
dont deux dominent de beaucoup et correspondent à 20 et 22 m/mgr. 
particulièrement, celui de 20 m/m (162 grains}. Celui-ci se trouve 
situé à peu près à égale distance des extrèmes 7 et 32. 

Or, le poids d'un grain de cette variété, obtenu simplement en 
divisant celui d'un litre par le nombre d’akènes qu'il contient est 
. d'environ : 

14 m/mpgr à 26 d’après Wollny soit (1) une moyenne de 20 m/mgr. 
17,0 A DITONE AN ne TE SRE EN ER à 40,0 
er TRS Re Heuzé (2). 


Cet auteur admet une moyenne de 20 m/mgr et Haselhoff (3'une 
moyenne de 22 m/mgr. 

Malgré l'irrégularité de la courbe obtenue par les pesées indi- 
viduelles, il y a par conséquent, concordance entre les poids moyens 
obtenus par les deux méthodes. 


(1) Wouiny. Landw. Versuchs Stationen. Band LXIII. 
(2) HEUZÉ, loc. ctl. 
(3) HaseLHorr, loc. cit. 


D 272 
— R— 
= 
. 
o 
È 3 
—  fasopyrum esculentum.  .:--°..- Fagopyrum tataricum 
Fic. 31. — Variation du poids des Akènes des Fagopyrum esculentum 


et tataricum. 


ny 


B. — Fagopyrum tataricum. 


Malgré les dimensions des fruits de cette espèce, leur poids 
n'est pas plus élevé que celui des akènes du Fagopyrum esculentum- 
Il oscille seulement entre 8 et 25 m/mgr., soit dans une propor- 
tion de 1 à 3. 

Sa courbe n'est d'ailleurs pas plus régulière et présente six 
sommets, correspondant aux modules 14, 16, 16, 20, 22 et 24 m/megr. 
fci, pourtant, il n'y a pas de lacunes, et à chaque unité de aude on 
trouve, au moins, quelques grains (Hg. 31). 

Tous les sommets se déplacent uniformément deux par deux. 


La dominante 18 m/mer. est plus près du maximum 25 que du 


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33 
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Fic. 31 bis. — Variation du poids des Akènes de Fagopyrum emarginatum 


| 
| 


minimum &, et la courbe toute entière est plus élevée dans sa 
deuxième partie, puisqu'on y trouve 429 grains au lieu de 385 dans 
la première. Les sommets y sont aussi plus élevés : 123, 78 et 75 au 
lieu de 00, 67 et 56. 
A la dominante 16, représentée par 169 akènes, succède le type 
20 Mm/mgeT. avec 125. 
Les auteurs qui ont donné le poids moyen du Fagopyrum 
esculentum ne mentionnent pas celui du Fagopyrum tataricum 
et il est impossible, dans ce cas, de se référer à leurs données. 


C. Fagopyrum emarginatum 


Le poids des akènes de cette espèce varie dans de grandes 
proportions, entre 10 et 46 m/mgr., c'est-à-dire du simple au quin- 
tuple. La courbe qui le représente est, comme les précédentes, très 
mouvementée, mais elle ne montre pas de retour à zéro. 

Il existe trois sommets principaux, correspondant aux modules 
20, 25 et 30; le premier, celui de 20, est le plus important et est 
représenté par 134 individus sur 1.009. À droite de ce sommet se 
trouve 28 °/, des grains qui sont, par conséquent, de taille inférieure 
à la dominante 20, tandis que 58 °/, sont plus grands qu'elle. Il est 
à remarquer que les sommets secondaires correspondent aux modu- 
les 15 et 35, de telle sorte que tous les sommets suivent une progres- 
sion très régulière, comme précédemment, mais dont la raison est 
plus forte. 

On constate aussi que 41-°/, des grains sont compris entre 25 
et 30 m/mgr. Donc, malgré la situation de la dominante, on peut 
considérer les akènes de Fagopyrum emarginatun comme ayant un 
poids supérieur à 20 m/mgr. et plutôt voisin de 24. 


Résumé des variations de poids. — Si l'on compare les trois 
espèces examinées, on voit que le poids de leurs akènes est très 
variäble et très différent. Les limites inférieures sont à peu près les 
mêmes : 7, 6 et 10 m/mgr., mais les limites supérieures sont très 
éloignées : 25, 32, 48 m/mer. L'amplitude de la variation est surtout 
étendue dans les Fagopyrum emarginatum et esculentum. 


le] 
— 0 — 


Le poids dominant n'est pas le même non plus dans les trois 
esp pèces : 18 m/mer. dans le sarrasin de Tartarie, 20 et 22 dans le 
oris, 24 dans l’'émarginé. 

Les variations de cet élément sont assez semblables dans 
les trois cas. Elles affectent toujours une allure mouvementée, 
irrégulière, donnant naissance à un polygone plurinomial qui pré- 
sente un sommet principal, de chaque côté duquel dégradent des 
sommets de moins en moins élevés, si bien qu’en les joignant tous 
on obtient une nouvelle courbe parabolique, relativement homogène, 
et dont le point culminant correspond au poids moyen de l'espèce. 


Résumé général des mesures biométriques. — L'examen récapi- <a 
tulatif de toutes ces mesures biométriques intéressant l’ensemble 
des caractères (longueur, largeur, surface et poids) des akènes des 
quatre ie ces de Fagopyrum étudiées, montre que chacune d'elles 
se trouve en quelque sorte définie par leur réunion (Tableau D). 4 


LONGUEUR LARGEUR SURFACE POIDS 


ESPÈCES Re RSS 2e PRES 


Extr | Moyenne |Eur. | Moyenne | Ext: | M | Extrêmes | M 


2 de 75115,38| 26 | 7,32 "mgr. | 20 4 
24 


Fagopyr. escalentum.. [14,25] 18—4 mm 5 EL 9,15/11—2 
—— émarginatum.ft7,27| 22—5 — 5 |11,26/16—-4 1957 32 [10,48 # 
— sténocarpa ... 16. 231 18—4 — ‘5 | 8,12110—2 — 5111,29! 22 — 4 
— tataricum ....114 14,22) er, COUDES qe 10,32 248 95 a 
TaBceau D. — Carastères biométriques des Akènes de quatre espèces 3 


de Fagopyrum. 


Le Fagopyrum esculentum, par exemple, sera caractérisé par 
une longueur moyenne L de 18 (4m/m 5), une largeur /de 11 
(2 m/m 75), une surface S de 26, et un poids p de 20 m/mgr.; où 
TO >,220, 2017 LS D: 

La formule L'</, s, p du Fagopyrum émarginatum type serait 
22 10,92) 247010, 


re 

Grâce à ce faisceau de caractères, chaque espèce est pour ainsi 
dire établie, identifiée et sans confusion avec les formes voisines. 

Si, maintenant, on compare, dans une mème espé èce ces quatre 
éléments, on constate que la longueur varie plus facilement que la 
largeur, ce dernier caractère étant, d'une façon générale, moins 
affecté par la variation; que dans la majorité et même la presque 
unanimité des cas, les grains sont plus longs que larges, et que c'est 
le Fagopyrum émarginatum qui présente les dimensions les plus 
fortes et aussi les moins fixes. 

Qu'au contraire, le Fagopyrum tataricum et le Fagopyrum 

stenocarpa sont deux formes voisines, ne formant peut-être que 

deux variétés d'une même race; ce qui est d’ailleurs corroboré par 
l'étude plus complète de ces deux plantes. 


II. — INFLUENCE DE LA NUTRITION MINÉRALE 


Il m'a paru intéressant, aussi bien au point de vue pratique que 
théorique, de rechercher quelle pouvait être l’action de l'alimenta- 
tion minérale, c'est-à-dire des engrais, sur les variations des akènes 
de Fagopyrum (1). | 

Sur d'égales surfaces d'un même champ, J'ai semé, dans des 
conditions aussi identiques que possible, trois espèces de Fago- 
pyrum (F.esculentum, F.emarginatum, F.sténocarpa). Les parcelles 
de ce terrain, cultivées de la même facon, ne différaient entre elles 
que par la nature ou l'abondance relative des éléments qui y ont été 
apportés. Pour chaque espèce, il existait une parcelle sans engrais 
ou témoin, une avec engrais complet, c'est-à-dire avec nitrate de 
soude (à 15,3 d'azote), chloruie de potassium (à 48,5 de potasse) et 
superphosphate (16-18 d'acide phosphorique), aux doses respectives 
de 100, 150 et 250 kgr. à l'hectare ; une troisième avec chlorure et 
superphosphate seuls, sans nitrate; une quatrième avec chlorure et 


(1) L'influence des engrais sur les rendements et la composition des plantes a 
été traitée dans un autre chapitre, qui donne également ia composition du sol, 


ROOMS 


nitrate sans phosphate et une cinquième avec superphosphate et 
nitrate, sans chlorure. 

Les graines de chaque lot ont été récoltées séparément pour 
servir, par la suite, aux mesures biométriques dont il est question. 
Comme, dans cet essai cultural, tous les éléments étaient les mêmes 
et qu'un seul, l’engrais, a varié, il paraît juste d’attribuer à celui-ci 
les modifications observées. 

Comme dans les recherches précédentes, les chiffres obtenus 
ont servi à la construction des polygones de variations de chaque 
catégorie. 


A. — Fagopyrum esculentum 

Dans le Sarrasin gris, j'ai examiné les grains d'une parcelle 
supplémentaire ayant reçu de la chaux. C'est, qu'en effet, cette 
variété est de beaucoup la plus importante en France et mérite plus 
d'attention et que, d'autre part, le rôle de la chaux pour cette plante 
a été et est encore très controversé. Ainsi, pour certains auteurs 
comme Garola (1), cet élément est indispensable, tandis que pour 
d’autres, comme de Vilmorin (2), il est inutile. 


1° Variations de la longueur 


A) Sans engrais. Témoin. — La longueur des akènes du Fago- 
pyrum esculentum cultivé sans engrais varie de 15 à 24(5 m/m 75 
à 6), mais les formes extrêmes sont peu importantes et le plus grand 
nombre 75 °/, est compris entre 18 et 20 (4 m/m 5 et 5) ce qui indi- 
que une grande homogéneité. 


La dominante est 18 (4 m/m 5) avec une fréquence de 202, et 
elle se trouve située beaucoup plus près du minimum 15 que du 


mauimum 25. Mais, par contre, 60 °/, des grains ont des dimensions 


(1) GaroLA. — Loc. cit. 
(2) Bull. Soc. Nat, Agric. de France, 1895, 


PT OU 


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0 


supérieures à cette moyenne 16, tandis que 10 °/, sont plus petits. 
D'ailleurs, la figure 33 indique bien les variations subies ; les 3/4 
des akènes ont comme variantes 18, 19, 20 (avec respectivement 
292, 238, 214 grains) qui ont une importance voisine, la forme 21 
est encore assez bien représentée (100), puis la courbe descend 
très rapidement. Elle présente un seul sommet peu différencié, 
avec un palier long et peu incliné indiquant des modificayions peu 
sensibles. 


B) Avec engrais complet. — Le polygone est absolument diffé- 
rent avec l’engrais complet. La longueur oscille entre 14 et 2 
(3 m/m 5 à 6,25) mais les dimensions 18 à 22 (4 m/m 5 à 5,5) 


_ 


comprennent à elles seules 936 grains sur 1.000 et sont donc seules 
à considérer. 

Le sommet est ici complètement déplacé et rejeté vers la droite, 
puisqu'il correspond au module 20 (5 m/m) avec 325, au lieu du 
module 18. Autour de lui, les grains se répartissent à peu près éga- 
lement, 551 à gauche et 355 à droite. 

La courbe (fig. 52) est donc plus symétrique, avec un sommet 
beaucoup plus accusé que précédemment. Il en résulte que la lon- 
gueur, par le fait d'une nutrition plus abondante, s'est accrue dans 
d'assez grandes proportions (10 °/, environ de sa longueur moyenne). 
De plus, l’amplitude de la variation est augmentée : 14 à 25 au lieu 
de 15 à 24, les extrèmes sont plus éloignés. 

La masse des akènes, au lieu d’être rassemblée sur des lon- 
gueurs voisines, et à gauche de la dominante, s’est étalée pour 
ainsi dire, régulièrement et latéralement par rapport à celle-ci. 


C) Avec fumure phospho-potassique, sans azote. — Avec une 
fumure phospho-potassique, en l'absence de l'élément azoté, on 
obtient une courbe nouvelle, différente des deux premières, mais se 
rapprochant de celle obtenue par l’engrais complet (fig. 33). 

Les extrêmes sont 15 et 24 (3 m/m 75 et 6) comme dans le 
témoin, mais la dominante, comme avec la fumure intégrale, atteint 
20 (5 m/m) avec 550 grains, au lieu de 16. Il y a donc accroissement 
très net de la longueur des grains, mème sans azote; mais tandis 


L (e] 


160 


RO 


rr OOr 


qu'à droite de ce module on ne trouve que 180 fruits, on en compte 
500 vers la gauche, c’est-à-dire vers le minimum. 

La majorité des akènes a, de ce fait, une dimension inférieure à 
la moyenne 20 (5 m/m). D'ailleurs, sur 1.000 grains, 700 sont repré- 
sentés par les trois dimensions 18, 19 et 20, avec des fréquences 
respectines derro7 2201000: 


ES 


! ! 
AOUS 2 a 
\ OU 4 DIE : 


Pic. 32 et 33. — Variations de la Zongueur des Akènes de Fagopyrum 
esculentum, sous l’ivfluence d’une nutrition différente. 


RER 


En somme, avec cette alimentation, la variation est moins 
intense qu'avec l’engrais complet; la longueur est encore aug- 
mentée; mais bien que la dominante soit la même, 20, que dans ce 
dernier cas, son accroissement est en réalité beaucoup moins 
important, montrant par là l'influence de l'azote. 


D) Avec fumure azoto-potassique, sans acide phosphorique. — 
L'absence d'acide phosphorique se fait beaucoup plus sentir que 
l'absence d'azote. En effet (fig. 33), les longueurs extrêmes sont 15 
et 23 (3 m/m 75 et 5,75), et le sommet du polygone est au module 19 
(4 m/m 75) avec 275 grains, c’est-à-dire exactement au milieu de la 
variation ; mais tandis qu'il n'existe que 24 °/, des fruits à sa droite, 


O o 


il y en a 48 °/,, juste le double, vers la gauche. Les plus grandes 
fréquences ont, de ce fait, des dimensions inférieures à la moyenne, 
et la variante 18 (4 m/m 5) est presque aussi importante que la 
dominante 19 (243 grains au lieu de 275). 

Par le fait même, la courbe possède une allure particulière, la 
plupart des grains (69 °/,) étant rassemblés entre les quatre dimen- 
sions 17 à 20, et, tandis que la forme suivante 21 est très peu 
saillante (42 grains), pour la première fois la forme 17 acquiert une 
grande valeur (182 akènes). 

On voit, par cela, que l'apport combiné d’azote et de potasse 
s'est manifesté par une augmentation de la longueur du fruit, 19 
(4 m/m 75) au lieu de 18 (4 m/m 5), mais celle-ci est plus faible que 
dans les cas précédents, et elle l’est d'autant plus que la majorité 
des grains sont plus petits que le type moyen exprimé par la domi- 
nante, montrant par suite l'utilité de la fumure azoto-potassique en 
mème temps que l'importance de l'acide phosphorique. 


E) Avec fumure phospho-azotée, sans potasse. — Lorsque c'est 
la potasse qui manque dans la fumure, l'effet est encore plus 
marqué. Les extrêmes sont plus rapprochés : 15 et 22, et la domi- 
nante s'abaisse à 18 (4 m/m 5', devenant égale à celle obtenue dans 
le témoin. 

Non seulement la longueur n’est pas augmentée, mais elle aurait 
plutôt diminué dans l’ensemble, car il y a un peu plus de grains d'une 
dimension inférieure à sa moyenne que dans le lot sans engrais, 


O2 Pret 


La courbe montre encore d'autres particularités, elle présenta 
un palier comme dans ce dernier cas, mais il se répartit sur quatre 
modules au lieu de trois (fig. 32). 

En somme il y a peu de différences entre les akènes de cette 
catégorie et ceux de la parcelle témoin ; le groupe est simplement 
moins compact, moins homogène, par suite, sans doute, du désée- 
quilibre nutritif. L’azote et l'acide phosphorique ont vu leur action 
diminuer lorsque la potasse faisait défaut, cet élément possédant 
une influence très importante. 


f) Avec chaux. — Enfin l'adjonction de chaux au sol se traduit 
dans la variation des akènes récoltés, les extrêmes passent de 15 à 25 
avec une dominante de 20 (5 m/m) comme avec l’engrais complet et la 
fumure phospho-potassique, 350 grains la représentent, mais ici, on 
n’en trouve que 15 °/, à sa droite contre 50 °/, à sa gauche (fig. 32). 

Il n'y a plus, comme avec la fumure intégrale, une égale répar- 
tition des fruits autour d’un sommet bien net, la plupart se trouvant 
vers le minimum. De plus, au lieu d’être compris dans quatre 
modules principaux, ils ne le sont plus que dans trois (20, 10, 18), 
avec des fréquences relativement rapprochées, mais néanmoins 
décroissantes. 

Par conséquent, l’engrais calcique a eu une action favorable qui 
s'est traduite par un accroissement de longueur presque égal à celui 
fourni par l'engrais complet, ou tout au moins par la fumure phos- 
pho-potassique, ce qui tendrait à démontrer l'utilité de la chaux 
dans la culture du sarrasin. 


Résumé des variations de longueur. — En comparant les 
résultats obtenus dans les mensurations des akènes, on constate que 
l'apport d'une fumure, même incomplète, se traduit généralement 
par l'accroissement de la longueur des grains du Fagopyrum escu- 
lentum. La valeur de cette augmentation est subordonnée à la 
nature de l'élément apporté, de même que l'intensité et la régularité 
des variations constatées. 

C'est la potasse qui semble jouer le rôle le plus actif car, 
lorsqu'elle fait défaut, l'apport d'acide phosphorique et d'azote ne 


suflit pas pour modifier la taille des fruits. Après elle, vient l'acide 
phosphorique, et enfin l'azote. L'absence de ce dernier corps 
diminue peu l'action des deux autres, qui affectent encore sensible- 
ment la longueur du grain. 
Enfin, l'engrais complet possède une influence très nettement 
amélioratrice. 
B. — Fagopyrum emarginatum 


a) Sans engrais. — Les fruits de cette espèce, cultivée sans 


engrais, ont des dimensions longitudinales variant de 17 à 27 
(4 m/m 25 à 6,75) c'est-à-dire dans de grandes proportions. La 
dominante est 22 (5 m/m 5) et se trouve exactement à égale distance 
des deux extrêmes. Sa fréquence est 211, et, par suite, peu élevée ; 
à droite de ce sommet on compte 38 °/, des grains et 40 °/, à gauche; 
les akènes se répartissent donc à peu près également de chaque 
côté de leur dominante et d'une façon régulière qu'indique la courbe 


représentative de ce lot (fig. 34). 


o 


1 


b) Sans azote. — Les limites de variation des akènes de cette 
catégorie sont 17 et 28 (4 m/m 25 et 7) et la longueur moyenne 
atteint 23 (5 m/m 75) ; mais 828 grains, plus des 4/5, sont compris 
entre 20 et 24/5 et 6 m/m). D'ailleurs, 52 °/, ont des dimensions 
inférieures à la moyenne, et 19 °/, des dimensions supérieures, il en 
résulte une courbe peu symétrique (fig. 35). 

La longueur du grain, sous l'influence d’une fumure paospho- 
potassique se trouve, comme on le voit, augmentée, sa dominante 
est aussi beaucoup mieux représentée que la précédente (500 grains 
au lieu de 211), elle est, d’ailleurs bien plus nette, plus distincte des 
formes avoisinantes, et l'allure du polygone en devient différente. 


c) Avec engrais complet. — Les dimensions des akènes attel- 
gnent 17 et 28 (4 m/m25 et7, et la dominante est 23 (5 m/m 75) 
comme dans le cas précédent. Sa fréquence est de 310 (au lieu de 
300), mais le nombre des grains de dimensions supérieures est de 
379 au lieu de 190, et celui de dimensions plus faibles descend 
à 331 au lieu de 520 Ils sont donc plus grands dans l’ensemble que 
ceux de la parcelle sans azote. 


De plus on remarque qu'ils se répartissent en trois groupes 
assez voisins 321, 310, 379 (le dernier un peu plus important), indi- 


quant une certaine uniformité dans la variation. 


DUREE 


t+s. aude ML $ 


HIT AT TE a | 9) 


Fig. 34. — Variations de la longueur des Akènes 
de Fagopyrum emarginatum. 


La longueur 
des akènes est 
donc: acciue 
par l’adjonc- 
tion d’une fu- 


mure complè- 


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d'une façon ab- 
solue, par le 
fait d’une do- 
minante plus 
élevée, etid’une 
façon relative, 
car la majorité 
des fruits ont 
une longueur 
supérieure à 
cette dernière, 
et surtout à cel- 
le des grains du 
témoin (ceux-ci 
avaient, en ef- 
fet une domi- 
nante de 22). 


La courbe fi- 
ourative(fig.34) 
s'élève unifor- 
mement et ra- 


pidement jusqu'à un sommet élevé, situé plus près du maximum 


que du minimum, puis elle redescend de même. 


d) Sans acide phosphorique (fig. 34). — Les extrèmes sont 16 
et 28 (4 et 7 m/m)et la dominante est 22 (5 m/m 5) également dis- 


tante de chacun d'eux. Mais la variation est ici plus diffuse et répar- 
tie surtout entre les dimensions 18 et 24 (4 m/m 5 et 6. 

Le sommet 22, peu élevé, ne correspond qu'à 242 orains (le 
quart environ du total); d'autre part, on ne trouve que 24 tAde 
30 grains plus 

longs que la 
an moyenne qu'il 
représente,con- 
tre sa) plus 
courts. Il existe 
240 Es ainsi peu de dif- 
férence entre 
ces résultats et 
ceux obtenus 
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——— dau ajeu ! 


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ec les grains 


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de la parcelle 
témoin; la do- 
minante est la 


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même, 22, la 
répartition des 
akènes est sem- 
blable, l'allure 
de la courbe, 
de même natu- 
ren liRyeanCe 
pendant, une 
légère amélio- 
ration qui se 
traduit par la 


Fig. 35. — Variations de la longueur des Akènes de ,]},4 orande 
Fagopyrum emarginatum, sous l'influence d’une PF T° Re 
nutrition différente. rHiréquence de 


la longueur 

moyenne et un nombre plus élevé de grains de dimensions sup£- 
rieures à celle-ci. 

En définitive, la fumure azoto-potassique a eu une légèr 

influence sur l'accroissement de la longueur des akènes, mais cette 


© 


2. Co 


influence a été très faible et l'absence de l’acide phosphorique s’est 
fait nettement sentir. 


e) Sans potasse. — Enfin les grains venus sans potasse ont des 
dimensions qui oscillent entre 17 et 24 (4 m/m 25 et 6,75) et une 
dominante qui ne correspond qu'à 21 (5 m/m 25). C’est là le fait le 
plus frappant. 

Cette diminution de la longueur est, 1l est vrai, atténuée par la 
répartition des autres grains dont 47 °/, possèdent une taille plus 
élevée que la moyenne, tandis que 25 °/, seulement ont une taille 
plus faible; la majorité des grains sont par suite, à gauche du som- 
met de la courbe, pendant qu'ils s'étageaient à peu près également 
de chaque côté pour la parcelle sans engrais. Il y a même ici, plus 
de grains d'une longueur de 22 (5 m/m 5) que dans le témoin (217 
contre 211) bien que, dans le premier cas, la dominante ne soit 
querdesze 

Avec cette fumure phospho-azotée, sans potasse, la courbe des 
variations (fig. 35) est encore régulière, à sommet bien défini, mais 
rapproché du minimum; il y a déviation de ce sommet et légère 
diminution de la longueur, mais cet affaiblissement est, comme on 
l'a vu par la répartition des grains, plus apparent que réel. 

Il n’en ressort pas moins que la potasse joue un rôle très 
important dans la formation des akènes de cette espece. 


Résumé. — La diversité des fumures paraît avoir eu moins 
d'action sur cette espèce que sur la précédente; l'amplitude des 
variations est à peine modifiée. Mais on retrouve les mêmes faits : 

L'engrais complet a augmenté franchement la longueur, et, 
parmi les éléments fertilisants qui le composaient, c'est la potasse, 

tal 


puis l'acide phosphorique et enfin l'azote qui jouent le rôle le plus 


utile. 
C. — Fagopyruim stenocarpa 
a) Sans engrais. — Les graines de Fagopyrum stenocarpa, 


obtenues par une culture sans engrais, présentent des dimensions 
longitudinales variant entre 16 et 23 (4 et 5 m/m 75). Les 2/5 n'ont 


A. 


que 4 m/m 5 de longueur (18), mais 53 °/, sont plus grands qu'eux, 
et 7 °/, seulement leur sont inférieurs. 

Le polygone (fig. 36) est binomial, avec un premier sommet cor- 
respondant à cette dimension de 4 m/m 5, et un second, beaucoup 
plus bas, ei Don à 20 (5 m/m) avec 201 grains, soit 1/5. 

702 grains °/,,, soit les 4/5 sont concentrés sur trois longueurs 
seulement, 18, 19, 20. Aussi, malgré l'irrégularité de la courbe, le 
type spécifique peut-il être considéré comme assez homogène. 


b) Avec enorais complet. — L'apport d'une fumure complète 
transforme absolument ces résultats; on remarque d’abord que la 
variation est accentuée, puisque les dimensions extrêmes sont 
reportées à 14 et 24 (3 m/m 5 et 6), au lieu de 16 et 23 ‘4 m/met 
5,75). De plus, la courbe est considérablement modifiée. Elle pré- 
sente encore deux sommets, mais qui se sont tout à fait déplacés. 
Le plus élevé ne correspond plus à la longueur 18 (4,5), mais à 21 
:5 m/m 25), accusant ainsi une différence énorme; le plus petit 
sommet, au lieu de se trouver en arrière du premier, se trouv?, au 
contraire, en avant, et correspond à la longueur 19 (4 m/m 75 . 

Tandis que précédemment 13 °/, seulement des fruits étaient 
plus longs que 5 m/m, il y en a ici 478, soit près de 50 °/, qui dépas- 
sent cette taille (fig. 36). 

La courbe présente, par suite, une allure très différente; non 
seulement elle est déviée et ses sommets rejetés vers la droite, mais 
elle est, en quelque sorte, opposable à la première, son premier 
sommet, primitivement le plus bas (542) est ici le plus important 
(394) et son deuxième, qui était le plus élevé (356) descend à 201. 

L'engrais complet a eu une influence marquée, qui se manifeste 
par un pouvoir de variation plus étendu, par un accroissement très 
important de la longueur, et par une déformation très nette de la 
courbe figurative. 


c) Sans azote. —- Par l'absence d'azote dans la fumure on obtient 
une courbe nouvelle. Ses limites sont les mêmes que sans engrais: 
16 et 23(4 m/met 5,75), d'où même faculté, même puissance de 
variation ; les deux sommets correspondent aux mêmes dominantes 


LU 
18 et 20 (4 m/m 5 et 5), n'impliquant jusqu'ici aucune différence, 
malgré l'apport de potasse et d'acide phosphorique. Mais ces deux 


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Fig. 36 et 57. — Variations de la Zongueur des Akènes de Fagopyrum À 
stenocarpa, sous l'influence d'une nutrition différente. | 4 


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sommets sont, pour ainsi dire, intervertis : tandis que chez le témoin, 
le premier sommet, correspondant à 16, était le plus élevé, c’est ici 
le second, correspondant à 20, qui est le plus important. 

La fréquence de la dominante 18, qui était dans le premier cas, 
de 394, n'est plus ici que 247, tandis que le module 20 qui était 
représenté par 201 grains, l’est ici par 340( fig. 36). 

La forme 20 domine, tandis que c'était la forme 18 quil'empor- 
tait dans la parcelle sans engrais. De plus 135 akènes seulement dé- 
passent 5 m/m dans cette dernière, tandis qu'avec potasse et acide 
phosphorique, on en compte 228. 

Comme on le voit, l’action de cette fumure s’est traduite par un 
accroissement réel de la longueur du grain, accroissement moins 
sensible qu'avec l’engrais complet, mais néanmoins évident. 


d) Sans acide phosphorique — Avec ces grains, peu de chan- 
gement : variation à peu près identique 16 et 24 {4 m/m à 6) au lieu 
de 16 à 23 (4 m/m à 5,75), mêmes dominantes 18 et 20 (4 m/m 5 et 5) 
même position des deux sommets le plus bas à 18, le plus élevé à 20 
(fig. 37). 

La seule différence appréciable se résume dans la faible accen- 
tuation de l'accroissement de longueur qui s'exprime par une fré- 
quence un peu plus basse du premier sommet (226 contre 247) et, au 
contraire, une fréquence un peu plus élevée du sommet supérieur 
(358 contre 340). Par ailleurs, même nombre de grains (224 contre 
228) dépassant la longueur moyenne de 5 m/m. 

En définitive, les fumures phospho-potassique et azoto-potas- 
sique ont eu, à peu près, la même action, la dernière se montrant un 
peu plus favorable. 


e) Sans potasse. — En l'absence de potasse, on obtient des 
résultats à peu près identiques à ceux fournis par la parcelle témoin ; 
la variation est un peu plus étendue, mais les sommets sont iden- 
tiqueset de même importance : 18 et 20 (4 m/m 5 et 5), nombre 
semblable de grains atteignant cett: dernière longueur (146 contre 
135) et de ceux n'atteignant pas la première (81 contre 73). 


AUOOR 


La seule modification consiste dans la différence des fréquences. 
Tandis que sans engrais on trouve 304 grains de 4 m/m 5 et 201 de 
5 m/m, on compte ici 350 de 4 m/m 5 et 250 de 5 m/m, ce qui fait, 
qu'en somme, la longueur a été tres légèrement accrue (fig. 37). 

La potasse est donc très importante, puisque lorsqu'elle fait 
défaut, on obtient des résultats à peu près identiques à ceux four- 
nis par la culture sans engrais. Sans elle, l’acide phosphorique et 
l’azote ont des effets très diminués. 


Résumé. — Dans cette espèce, l'influence de la fumure a été 
très grande. L’engrais complet a augmenté très notablement la 
longueur des akènes; puis c’est la potasse, l'acide phosphorique 
et l'azote, dans l’ordre, qui ont joué le rôle le plus important. 


Comparaison des trois espèces. — Si l'on rapproche les résul- 
tats obtenus dans les trois espèces, on constate qu'ils sont concor- 
dants et semblabies. Chez toutes, surtout sur le Fagopyrum escu- 
lentum, une fumure complète (phospho-azoto-potassique) a eu des 
effets évidents, sc traduisant par une accentuation de la variation 
et un accroissement, très appréciable, de la longueur des akènes. 

Par la suppression d'un des éléments constitutifs de la fumure, 
cette action s’atténue et va même jusqu'à disparaître. 

Dans les trois cas c'est l'absence de potasse qui s’est fait davan- 
tage sentir, allant jusqu'à annihiler presque le rôle des deux autres 
principes fertilisants. 

L'absence d'acide phosphorique et enfin d'azote a eu une 
influence moins marquée ; parfois même, dans ce dernier cas, on 
obtenait des résultats à peu près égaux à ceux fournis par l’engrais 


complet. 
2° Variations de la largeur 
A. — Fagopyrum esculentum 
a) Sans engrais. — La largeur des akènes de Fagopyrum 


esculentum cultivé sans engrais oscille entre 10 et 15 (2 m/ms5à 


= OU p— 


3,75). La dominante est 11 (2 m/m 75), avec 356 grains (plus du 1/3) 
et tout près du minimum. La courbe de variation fig. 38) s'élève 
d’un seul coup à son point culminant pour redescendre ensuite 

régulièrement et progressivement jusqu'au maximum. 
10 °/, des grains sont plus petits que la moyenne et 54°/, sont 
plus larges qu'elle; d’autre part, 85 °/, ont des largeurs comprises 
, 


entre 11 et 14 (2 m/m 75 à 5,50). Le type est donc très homogène. 


b) Avec engrais complet. — La fertilisation du sol s'est manifes- 
tée par l’amplification de la variation et, surtout, par une augmen- 
tation considérable de la largeur des grains. En effet, les limites 
passent de 10 et 15 (2 m/m 5 à 3,75) à 10 et 17(2 m/m5 à 4 m/m 25, 
et la dominante, de 11 (2 m/m 75) à 13 (1 m/m 75). 

Tandis que chez le témoin, plus de 700 grains avaient moins 
de 3 m/m 25 (13), ici, près de la moitié atteignent ou dépassent 
cette dimension, et la largeur 11, précédemment dominante avec 
356 akènes, n’en comprend plus maintenant que 60. 

La courbe (fig. 38) est, par suite, très différente. Le sommet, 
au lieu d’être près du minimum, s’est complètement déplacé vers la 
droite et rapproché du maximum. Il est d’ailleurs moins élevé et on 
y accède par étapes successives. 


c; Sans azote. — La fumure phospho-potassique accroît aussi 
la largeur des akènes dont la dominante, de 11, passe à 12(2,75 à3); 
la variation est également amplifiée puisqu'elle oscille entre 9 et 16 
(2,25 et 4) au lieu de 10 et 15 (fig. 58). 

Pourtant l'absence d'azote se fait sentir, car l'augmentation de 
largeur est bien plus faible qu'avec l'engrais complet. 

La courbe a un sommet très net et présente une allure très ré- 
gulière mais elle s’est étalée; le type primitif occupe principalement 
quatre dimensions, de 10 à 13, au lieu d’être rassemblé sur trois 
(11 à 15) 726 grains °/,, ont plus de 2 m/m 75 au lieu de 499 dans le 
témoin, mais 90 seulement atteignent ou dépassent 14 (3 m/m 5) au 
lieu de 444. 

Les deux actions, celle positive, de la présence d'acide phos- 
phorique et de potasse et celle, négative, de l'absence d'azote, ont 


été, par conséquent très perceptibles. 


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Fic. 38 et 39, — Variations de la largeur des Akènes de 
Fagopyrum esculeutum. 


+ + ++ Sans acide phosphorique. ——— Sans potasse. 


2 
— 103 — 


d) Sans acide phosphorique. — En supprimant l'acide phospho- 
rique dans la fumure, on obtient une courbe homologue de celle du 
témoin : variation semblable, 9 à 14 (au lieu de 9 à 15), même domi- 
nante, 12, (2 m/m 75) et répartition analogue des grains, mais le 
sommet est plus accentué 458 au lieu de 356. Donc, action faible de 
cette fumure, ce qui est dù à l'absence de l'acide phosphorique 


(fig. 39). 


e) Sans potasse. — La fumure phospho-azotée a donné des ré- 
sultats voisins de ceux obtenus par l'acide phosphorique et la po- 
tasse, c'est-à-dire en d’autres termes que l'absence de potasse a eu 
une action semblable à l'absence d'azote. 

La variation est de mème ordre, 9 à 15 au lieu de 9 à 16, etla 
plus grande partie des grains, 900 sur 1000, sont réunis sur trois 
dimensions voisines 11, 12 et 13 (2 m/m 75 à 3,25:. Le sommet de la 
courbe en occupe exactement le milieu, et correspond à la largeur 
12 (3 m/m) comme dans le lot sans azote, au lieu de 11 (2,75) dans le 
témoin, et 13 (3,25) avec l’engrais complet (fig. 38). 

Cette dominante est représentée par un peu plus du tiers des 
akènes, 345, mais les largeurs adjacentes sont presque aussi impor- 
tantes, 322 et 231. Comparée à celle du témoin, la courbe de cette 
parcelle est différente, le sommet est déplacé vers la droite: au lieu 
de s'élever d'un seul coup, elle y parvient progressivement pour 
s'en éloigner de même; tandis que 499 akènes ont une longueur 
supérieur à 11 dans la première, il y a 610 dans la seconde. 

L'apport de cette fumure se traduit par une augmentation de 
largeur dans le mème sens que celle fournie par la fumure phospho- 
potassique, mais non pas identique. En effet, sans azote, le som- 
met est plus élevé, 403 au lieu de 345 ; de plus, il y a égale réparti- 
tion des grains, 323 et 321, autour de ce sommet. Ici, au contraire, 
le sommet est plus bas et on trouve plus de grains de dimensions 
inférieures à la moyenne que des grains plus grands : 590 contre 
269, la largeur 11 est particulièrement importante et presque autant 
que dans le temoin, 322 contre 356. 

Tout cela indique que l'augmentation de largeur, obtenue par 
l'apport d'acide phosphorique et d'azote, existe réellement, mais 


est plus faible que celle qui résulte de l'emploi d'acide phospho- 
rique et de potasse. 


Résumé. — L'influence des engrais se fait donc sentir sur les 
variations dela largeur des grains comme sur celles de la lon- 
gueur. 

L'engrais complet possède une action très efficace, puisqu'il 
peut accroître largement cette dimension. La suppression d'un des 
éléments dans la fumure primitive a des effets immédiats et très 
marqués, variables avec la nature de cet élément. Leur ordre 
d'importance paraît être ici : acide phosphorique et azote. 


b) Fagopyrum emarginatum 


a) Sans engrais. — La largeur des akènes varie de 12 à 26 
(3 m/m à 6,5), avec une dominante de 16 (4 m/m), située beaucoup 
plus près du minimum que du maximum. On trouve pourtant 41°/, 
des grains à dimensions supérieures et 28 °/, des akènes ne sont 
répartis que sur quatre largeurs de 15 à 19, le quart restant s'éta- 
lant sur 11 largeurs (fig. 40). 

On a une courbe régulière, unomiale, asymétrique et très 


étalée (fig. 40). 


b) Avec engrais complet. — La largeur moyenne passe de 16 à 
18 (4 m/m à 4/5); les extrèmes sont à peu près les mêmes; mais la 
répartition des grains est plus uniforme, on en trouve en effet 311 à 
gauche et 343 à droite du sommet, égal lui-même à 346 (fig. 40). 

Le polygone de variation est, par suite, plus régulier, plus 
symétrique; les grains sont répartis principalement sur cinq largeurs 
89 °/, de 16 à 20 (4 à 5 m/m). Il ya comme un étalement régulier 
autour d’un point très nettement culminant. 


c) Sans azote. — Sans azote, on constate une variation assez 
réduite, 14à 24 3m/m 5 à 0) au lieu de 12 à 26 (3 à 6,5) ; la domi- 
nante est la même, 18, qu'avec une fumure intégrale, mais la courbe 
est bien différente. 


1 einen. >: 


7 7 


— 105 — 


Le sommet est bas, 206 grains, ou 1/5 seulement; et près des 
3/5 (573) sont à sa gauche, c'est-à-dire plus petits, et répartis surtout 
sur les trois dimensions, 15 à 17 (527 grains . 

Il n’en reste que 1/5 ayant des dimensions supérieures et ils 
sont répartis sur 6 largeurs (fig. 41). 

Il y a, de ce fait, augmentation de la largeur, 18 au lieu de 16 
(4 m/m 5 au lieu de 4), mais elle est très atténuée par la répartition 
des grains dont les 3/5 sont plus petits que la moyenne et 1/5 seule- 
ment plus grands. La courbe est très différente, le sommet est très 
bas et les quatre modules, 15, 16, 17 et 18, ont des fréquences très 
voisines, 142, 180, 199 et 206. 


d) Sans acide phosphorique. — Il y a encore accroissement de 
la largeur, mais il se réduit beaucoup. De plus 43 °/, des grains sont 
plus petits que le type moyen et 34°/, sont plus grands. Le som- 
met 17 (4 m/m 25) est peu élevé, 232, et situé plus près du minimum 
que du maximum; de chaque côté, les largeurs adjacentes ont des 
dimensions très voisines, 16, 17, 18, qui sont également représen- 
FÉ6S1(203, 232, 207). 

À la gauche de la courbe, il existe plusieurs lacunes, les 
largeurs 23 à 27 n'étant représentées par aucun grain (fig. 40). 

La fumure azoto-potassique détermine, en résumé, une augmen- 
tation, mais réduite, de la largeur, avec prédominance des grains de 
taille inférieure à la moyenne et prédominance également des trois 
dimensions 16, 17, 18 de fréquence équivalente. 


e) Sans potasse. — Ici, même amplitude de variation, mais 
courbe très particulière. Il y a presque deux dominantes, 17 et 18 
(4 m/m 25 et 4,5). En réalité, c'est le module 18 qui a la priorité, car 
sa fréquence est 257, contre, 245 à la forme 17. De plus, 33 °/, des 
grains ont des dimensions inférieures à 17, et 17 °/, des dimensions 
supérieures à 18 (fig. 40). 

L'augmentation de la largeur est, par suite évidente, les deux 
formes 17 et 18 représentant à elles seules plus de la moitié des 
grains. 

Autour du sommet jumelé qu'elles représentent, les autres 


Ÿ) 


TO 


akènes se répartissent, pour 1/6 à droite et 1/3, le double, à gauche, 
atténuant ainsi l'accroissement apparent constaté. 


Résumé. — En définitive, l'engrais complet a accru notablement 
la largeur des akènes du Fagopyrum emarginatum, tout en mainte- 
nant un type homogène. 


13 


40 


———— Sans ac. phosphorique. 


EC Sans potasse. 


160 


go 


Fig. 40. — Variations de la largeur des Akènes de Fagopyrum emargi- 


natum sous l'influence d’une nutrition différente. 


La fumure phospho-potassique a agi de la même façon, mais 
l'absence d'azote a ralenti, atténué cette augmentation des dimen- 
sions latérales du grain. L'absence d'acide phosphorique a été bien 


= O7 


sensible et l'accroissement a encore été réduit. Quant au défaut de « 
potasse, il s’est manifesté dans le même sens que le manque d'azote, 


mais la plante en a pourtant été plus affectée. 


sué 
30 
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ARC RES DRE MENT AM ACCTEE Sans engrais 
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Fic. Al. — Variation de la largeur des Akènes de Fagopyrum 
emarginatum, sous l’influence d’une nutrition différente. 


— 108 — 


D'après leur influence sur la largeur des akènes on peut, par 
suite, classer les éléments fertilisants dans l’ordre décroissant sui- 
vant : acide phosphorique, potasse et azote. 


C. — Fagopyrum stenocarpa 


a) Sans engrais. — La largeur est toujours faible dans cette 
espèce et ne subit que très peu de variations, 8 à 12(2 à 3 m/m). 
D'ailleurs 94 °/, des grains sont compris entre 9 et 11 (2 m/m 25 à 
2,75). La largeur moyenne 10 (2 m/m 5) représente, à elle seule, 
près de 40 °/, des fruits et les 3/4 du reste ont des dimensions plus 
élevées. 

Le sommet de la courbe, se trouve à égale distance des deux 
extrémités et est très accentué (fig. 42). 


b) Avec engrais complet. — L'addition de principes fertilisants 


au sol, augmente la variation qui atteint 8 et 14 (2 à 3,5) au lieu de 


8 et 12 ; elle augmente aussi la largeur moyenne. Les dimensions 
extrêmes, 6, O, 14 sont très mal représentées (66 grains seule- 
ment °/,.) et celles comprises entre 10 et 13 sont seules importantes. 
40 °/, des akènes sont plus grands que le type moyen 12 (3 m/m) et 
21 °/, sont plus petits (fig. 42). 

La largeur 13 (3 m/m 25) a une fréquence presque égale (365) à 
celle de la dominante (3 m/m) représentée par 389 akènes. La lar- 
geur est donc accrue de près du tiers de la taille normale. Le 
sommet de la courbe, qui devient asymétrique, est rejeté vers la 
droite. 


Sans azote. — Avec acide phosphorique et potasse, la largeur 
du grain est augmentée et la dominante passe de 10 à 12 (2 m/m 5 
à 3 m/m) mais l'accroissement réel est cependant plus faible qu'avec 
l'engrais complet. En effet, si la dominante est la même, on trouve, 
par contre, 47 °/, des akènes d’une largeur plus petite que la 
moyenne, au lieu de 21 °/, pour la parcelle à fumure intégrale 


(fig. 42). 


CON "47 


BTE) 


+00 


Er LE ———— Sans acide 
hi |: phosphorique. 
RE UT ee DRE Sans potasse. 


ÿ20 


quo 


184 


yo 


8 3 (0 12206 740 


Fig. 42 et 43. — Variations de la largeur des Akènes de Fagopyrum 
Stenocarpa sous l’influence d’une nutrition différente. 


RO 


De plus, sans azote, la largeur 11 a une fréquence presque 


égale à celle de la largeur 12 (381 contre 410) et par Suite une 


importance de même ordre. 
L’accroissement réel en est diminué, ce qu'on peut imputer à 
l'absence de l'azote dans la fumure. 


Sans acide phosphorique. — Le manque d'acide phosphorique 
s'est manifesté encore davantage. Les limites de variation sont 
encore 9 et 13 (2 m/m 25 à 3,25), mais la dominante, qui est ici très 
nette et occupe dans la courbe (fig. 43) un sommet trés élevé, le 
plus élevé de tous(497), n'est que 11 (2 m/m 75) au lieu de 12 dans 
les lots précédents, et de 10 (2 m/m 5) dans le témoin. 

La moitié des akènes (49,7 °/.) présente cette dimension; de 
plus, on constate que 16°/, sont plus petits qu'elle et 34 °/, plus 
grands. Si bien qu’en fait, il ne subsiste que peu de différence dans 
la largeur des grains de cette parcelle et celle des grains obtenus 
sans azote ; l'accroissement de taille s’est fait sentir dans des pro- 
portions à peu près équivalentes, mais la courbe des variations a 
une allure un peu différente. 

Sans potasse. — Enfin, lorsque la potasse fait défaut, l’accrois- 
sement de largeur du grain est beaucoup atténué et la dominante 
descend à 10 (2 m/m 5} comme dans le témoin. Néanmoins, l'apport 
d'azote et d'acide phosphorique n'a pas été indifférent. En effet, la 
fréquence de la dominante 10, qui atteint 477 dans le lot sans 
engrais, descend ici à 413 et la différence se retrouve dans les 
dimensions plus élevées ; tandis que 34 °/° de grains ont une 
largeur supérieure à la moyenne dans le témoin, 46 °/, sont dans ce 
cas pour la parcelle sans potasse. D'autre part, comme l'indique la 
courbe, la forme 11 (2 m/m 75) est ici presque aussi importante que 
la dominante 10, 381 akènes contre 413 (fig. 43). 

Il y a donc tout de même augmentation de l'épaisseur des fruits, 
mais elle est plus faible qu'avec les autres fumures. 


Résumé de la largeur. — La largeur des grains a été modifiée 
dans cette espèce aussi, par l'apport des engrais. Comme il était à 
prévoir, la fumure complète a eu l’action la plus considérable, qui 


Re de 


ue 0 LA (5 A 


s'est traduite par un accroissement d'environ 1/4 de l'épaisseur 
moyenne. 

L'absence d’un principe fertilisant s’est manifestée par une 
atténuation plus ou moins grande de cette action améliorante. A cet 
égard, c’est la potasse qui semble la plus importante, puis l'acide 
phosphorique et enfin l'azote, dans l'ordre, l'influence de ces 
deux derniers corps étant à peu près équivalente. 


Résumé de la largeur dans les trois espèces. — Si l'on compare 
les variations de largeur des trois espèces sous l'influence d’une 
nutrition différente, on voit que, dans tous les cas, l’engrais complet 
a joué un rôle très manifeste, augmentant cette dimension dans des 
proportions très sensibles. 

L'ordre d'importance des principes fertilisants, tiré de leur 
action sur l'épaisseur des grains se trouve être : 

Pour le Fagopyrum esculentum : acide phosphorique, potasse, 
azote. 

Pour le Fagopvrum emarginatum : acide phosphorique, potasse, 

azote. 

Et, pour le Fagopyrum stenocarpa : potasse, acide phospho- 
rique, azote. 

D’après leur action sur la longueur des akènes, cet ordre serait: 

Pour le Fagopyrum esculentum : potasse, acide phosphorique, 
azote. 

Pour le Fagopyrum emarginatum : potasse, acide phospho- 
rique, azote. 

Pour le Fagopyrum stenocarpa : potasse, acide phosphorique, 
azote. 


Comparaison des variations de longueur et de largeur dans les 
6 trois espèces 


Si l’on compare les variations de la longueur et de la largeur dans 


. les trois espèces, on a une idée plus précise des modifications d’en- 


semble de ces dimensions sous l'influence d’une nutrition diffé- 
rente. 


Le tableau suivant (1) indique, pour chaque espèce, les domi- 


— 112 — 
LA 
nantes de longueur et de largeur correspondantes à chaque fumure, 
ainsi que leur fréquence; le tableau (2) donne, en outre, le pourcen- 
tage des grains de taille inférieure et de taille supérieure à chacune 
de ces dominantes. 
TABLEAU 1 
So 
4 
Fagopyrum esculeotum}Fagopyrum emaiginat.|  Fagopyrum sténocarpa 
Ge SE 1 
Long. | Larg. | Long. | Larg. | Longueur | Larg. 1 
| PT à 
s|8|£)81£|8)2/8rs 3 1218 
SA MEME PS Pa PER PE | 
Sd Siret eue l'eulte EME 5. LENIRES 
AREA REINE EMI PEN ES = D° 
= | 2 = | © = |-© = |-® = D 8 | © 
Slélé)slélé als) | 20e 
HÉMOM MERS ERANR AE RACE TRS 18 |292] 11 [3561 22 [211] 16 |300{18-20|201-394| 10 [471 
ÉReLAlStCOMmpIe  EREMEPo ARr ..120 1325/1413 12631 23 [310] 18 1346121.191336-242| 12 |389 
SADS A0 DTA TRE TA .[20 1350! 12 |403[ 23 [299! 18 |206[20 18]340-247| 12 |410 
Sans acide phosphorique.......... 19 1275] 11 4381 22 |242; 17 |232120 181358 226| 11497 
SANS ÉDOLASSO EP AEMSLMENE ENNRE TT AUS 18 1300! 12 |345[ 22 [261! 18 |247118-20[350-250| 10 1413 
AVE CC HAE ER ER PAT ELAELEe 20 13911 1213931 —|—|—|—-1 — UN 


TABLEAU 2 


Fagopyrum esculentumiFagopyrum émarginat | Fagopyrum sténocarpa 
EEE EE | a 2 


Longueur | Largeur | Longueur | Largeur Longueur Largeur 


AT fe ne. ue) Re. 0 0 | 
E Grains % 2 | Grains | 2 |Grainsss | 2 |Grams% | © |Gransx | 2 | Grains 
: ES È LS Ê | TE Ë TL AS Ê TS AS Ë is 
E | E E £ E £ 
de PE A ee ER 
TT MRONCTETCEIRIEEUUR 
MÉMOINP, FACE 18 | A0 60 MIN MOL 5310222101 5811M161028/42 18-201 7103 MOMIE 
Engrais complet! 20 14 | 55 13 | 28 | 45 29 | 33 38 | 18 | 31 | 24 [21-19] 52 | 14 |M2.244h39 
Sans azote... 0 | 51 | 18 | 12 | 29 | 20 | 23 | 52 | 19 | 18 | 57 | 22 120 18] 43 | 22 | 12 | 39 |20 
Sans ac. phosph. | 19 1481/24/11 118 | 38122152 24 | 17 | 43 | 34 2018 41 22 | 41 47/34 
Sans potasse . | 18 | 30 | 50 | 12 | 39 | 26 | 22 | 25 | 47 | 18 | 57 | 17 18-20) 8 | 58 | 10 | 17 | 46 
Avec chaux. | 20 | 0 151142 Rs —V—|{—|——|—Ù - —|—|—|— | — 


— 113 — 


L'examen de ces tableaux récapitulatifs des principales modifi- 
cations subies par les akènes des trois espèces, résume aussi claire- 
ment que possible l’action propre à chaque principe fertilisant, 
son sens en même temps que sa mesure. 


Caractères corrélatifs 


Si l’on examine 1.000 grains de Fagopyrum, non seulement on 
constate qu'ils ont des dimensions différentes, mais encore que tous 
ceux qui possèdent une même longueur ne présentent pas une lar- 
geur identique (Tableau E, page 116). 

Si l’on prend, par exemple, le sarrasin gris n° 1, on voit que sur 
1.200 akènes, 325 atteignent la longueur 20, mais en outre, que ces 
325 fruits, semblables, communs par la longueur, se différencient par 
leur largeur respective. En effet sur 325 grains de longueur uni- 


forme 20, 
26 ont unelargeurde 11 


DRM EL Ne 12 
LODEL NOT DE 13 
ORNE RARES ETS NEA D: 
HO RME Be PURES 
LP DCR AP RS LE Me 1810 


et l’on peut tracer, pour 
une longueur déterminée, 
la courbe de variation des 
largeurs correspondantes, 
en portant, en abcisses, ces 
largeurs et, en ordonnées, 
les fréquences qu'elles at- 
teignent. On obtiendra ain- 
si un sommet, une domi- 


nante qui représentera, 


pour la dimension longitu- 
Fic. 44. — Variations de la largeur des 


dinale considérée, la lar- 
Alkènes de longueur 20. ; 


geur corrélative la plus fré- 
quente. Pour la longueur 20, la largeur dominante serait 13 avec 
une fréquence de 109 grains (fig. 44). 


Si l'on construit de cette facon les polygones de variation des 
largeurs correspondantes à chaque module de longueur, on voit, 
pour le Sarrasin gris n° 1, par exemple, que pour les modules 15, 
16 et 17 la largeur dominante est 12, qu’elle passe à 15 pour les lon- 
gueurs 18, 19, 20, et à 14 pour les longueurs 22, 25 et 24. Il existe 
donc une corrélation relativement étroite entre les deux dimensions 
linéaires d’un même grain, les grains courts étant généralement plus 
étroits que les grains longs et inversement. 

Pour l’ensemble des longueurs 14 à 25 atteintes par les 1.000 
akènes de cette variété, il existe donc trois largeurs dominantes, 12, 
13 et 14, parmi lesquelles, celle qui possède la fréquence la plus 
élevée est la largeur 13, qui correspond à la longueur 20, comme 
l'indique le tableau suivant : 


NOMBRE LARGEURS FRÉQUENCE 
LONGUEURS DE GRAINS °/o DOMINANTES de ces 
qui les atteignent | correspondantes LARGEURS 

15 4 12 2 

10 5 12 SAN 
17 31 12 12 
18 128 13 50 
19 LG 13 71 
20 325 13 109 
21 187 13 57 
22 116 14 43 
23 20 14 ï 
24 11 14 6 
25 I 12 I 

NOMBRE LARGEURS FREQUENCE 
LARGEURS DE GRAINS Ch DOMINANTES de ces 
qui les atteignent | correspondantes LARGEURS 

9 2 17 2 
10 9 17 3 
11 43 20 20 
12 202 20 51 
13 331 20 109 
14 257 20 87 
15 113 20 38 
16 36 20 14 
17 2 22 2 


AO TN PT Pet 


& 


x x x 6. 
ER ON PT RER 


5 


À - L 


» 


3 
1 
À 
4 


— 115 — 


De même, si l’on cherche la longueur dominante quicorrespond 
aux différentes largeurs des akènes, on obtient la répartition 
suivante, qui établit la même corrélation (Tableau précédent). 


Par conséquent, non seulement pour la totalité des individus 
mesurés, les dominantes de longueur et de largeur sont 20 et 13 
mais encore il y a correspondance, coïncidence entre ces dimensions, 
dans chaque catégorie considérée. 


Pour le même sarrasin gris n° 1, 325 grains °/, ont une lon- 
gueur 20, avec des largeurs variant de 11 à 16; d’autre part, 531 °/,, 
ont une largeur de 13 avec des longueurs variant de 15 à 23, maisle 
plus grand nombre d’akènes qui ont, à la fois, les mêmes dimen- 
sions, longitudinales ef transversales, correspondent à 20 et à 13, 
comme l’indiquent nettement les deux tableaux précédents ; 109,sur 
325 et sur 331, ont, stmullanément, la longueur 20 et la largeur 13, et 


ce sont eux qui représentent et caractérisent le mieux l'échantillon 
examiné. 


Les tailles 20 et 13 qui constituent les dominantes absolues de 
celui-ci, peuvent en outre être considérées comme les dominantes 
relatives du type moyen, dont elles sont un des critérium. On peut 
également les envisager comme deux caractères corrélatifs dont 
l'examen confirme et accentue les déductions tirées des observations 
précédentes. 


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MAINS 


Résumé. — Je crois que la concordance de tous les résultats 
précédemment développés permet d'en tirer les conclusions sui- 
vantes : 

1° La nutrition minérale joue un rôle important dans la fluc- 
tuation, dans la variation des caracteres des akenes du Fagopyrum. 

2° Cette influence est subordonnée à la nature de l'élément 
nutritif : L’engrais complet, même dans un sol en bon état de 
culture, est susceptible d'augmenter, dans une assez large mesure, 
les dimensions du grain et, par suite, la quantité et, sans doute la 
valeur du produit. 

Des éléments fertilisants considérés séparement, c’est, dans le 
cas présent, la potasse qui montre l’action la plus nette, puis l’acide 
phosphorique, qui la suit de près, et enfin l'azote. 

Ces constatations viennent confirmer les notions agricoles que 
l'on possède déjà sur la fertilisation, en culture, du sarrasin. On 
admet, en effet, que cette plante est surtout exigeante en potasse et 
se trouve particulièrement bien de l’apport de ce principe. 


Akènes de deuxième génération 


Comme je l’ai indiqué au début, j'ai recherché l'influence de 
l’hérédité sur la variation des akènes. Voici comment j'ai opéré. 

1° J'ai repris une certaine quantité des grains de Fagopyrum 
esculentum provenant de la parcelle témoin, d'une part, et de la 
parcelle ayant reçu l'engrais complet, d'autre part, et je les ai semés, 
aussi comparablement que possible, dans un même sol non fumé. 

2° En mesurant les akènes du lot à engrais complet, comme je 
l'ai expliqué précédemment, j'avais mis à part, dans de petites 
boîtes, tous ceux qui présentaient les mêmes dimensions et j'avais 
ainsi obtenu 48 catégories. J'ai semé séparément, et toujours dans 
le même sol, les grains de deux quelconques d’entre elles, celles 
correspondant aux dimensions 20 X 12 (5 m/m ><3m/m)et19 x t1 
(4 m/m 75 X 2,75). 

Ces cultures en pleine terre ont été faites pendant l'été 1909. 
Après la récolte, j'ai mesuré les fruits provenant de chacune d'elles 
et représentant, par conséquent, la descendance des akènes. 


— 118 — 


Du Fagop. escul. 
1° Obtenussans engrais ( de dimensions quelconques 
2°Avec engrais complet — 
3° — LOC 
A° — 201 >< 12 

Il est certain que, dans les résultats obtenus, sont intervenus 
différents facteurs dont il n’est pas possible de délimiter l’action. 
La nature du sol, l'époque du semis, et, surtout les conditions 
climatériques, si importantes pour le sarrasin, ont joué évidemment 
un rôle effectif. 

Néanmoins, l’hérédité s’est aussi manifestée, et je crois qu'il est 
possible de retrouver son empreinte. 


| cultivés 
sans 
engrais 


Fra. 45 


Variations de la longueur des 
Akènes dans la descendance du 
Fagopyrum esculentum. 


—,—.— Sans engrais. 

+ +++ Engrais complet. 
RE RES —  19%x11. 
———  —  20>%<12. 


— 119 — 


1° Descendance du lot sans engrais 


Les grains de semence avaient été obtenus sur un terrain sans 
engrais (parcelle témoin, précédente) et ils ont été confiés à un sol 
où l'on n'a pas apporté, non plus, de matières fertilisantes. La 
culture s’est donc faite, pendant trois ans, sur un sol non fumé. 


. a) Longueur. — Les akènes récoltés sont restés à peu près 
semblables à leurs parents, leurs variations sont de mème valeur et 
leurs caractères peu différents. 

La dominante est la même : 18 (4 m/m 5), mais sa fréquence est 
plus élevée : 319, au lieu de 292. Il y a, de plus, une légère dimi- 
nution du nombre des grains de dimensions supérieures à 16, 530 au 
lieu de 611, et augmentation concomitante de celui des grains plus 
petits : 15 °/, au lieu de ro °/, (fig. 45). 


b) Largeur. — De même, on constate pour la largeur une 
importance un peu plus grande de la dominante 11 qui est ici repré- 
sentée par 384 grains, contre 356, chez l’ascendant (fig. 47). 

Ces grains de seconde génération, obtenus sans engrais comme 
ceux de la première, sont donc caractérisés par l’accentuation, par 
le développement du type moyen et par un abaissement général de 
la taille. En même temps qu'une apparence de fixation, 1l semble y 
avoir une diminution, un affaiblissement des dimensions de l’ensem- 
ble des grains. 


2° Descendance du lot à engrais complet 


Parmi les akènes provenant du lot à engrais complet, j'ai pris 
comme semence: 1° ceux présentant les dimensions 19>X 11 ; 2° ceux 
à dimensions 20 %X 12, et 3° des grains mélangés et, partant, de 
taille quelconque. Tous ont été cultivés dans le même terrain et 
sans engrais. 


À) Grains de toutes dimensions. — Ils ont donné naissance à de 
nouveaux akènes, un peu différenciés. 


— 120 — 


a) Longueur. — T1 convient de rappeler tout d’abord Îles carac- 
tères de ces grains de première génération. Les longueurs extrèmes 
atteignent 14 et 25, la dominante est 20, à peu près autant de grains 
de taille supérieure que de taille inférieure à cette dimension. 
Courbe régulière, à sommet bien accusé (fig. 45). | 

Ici, dans les produits de deuxième génération, l'allure du poly- 
gone de variation est peu modifiée, la dominante reste la même, 20. 
Mais sa fréquence maximum diminue légèrement et n'est plus que 
de 310. De plus, le nombre d’akènes plus petits que le type moyen 

20 est de beaucoup augmenté : 45 °/, au lieu de 35 °/. 


10 328 
3U 
35? 
i || 4% Fic. 46 — Variations de la lar- 
AE ee geur des akènes 
s Ex 5 
M Dre . de Fagopyrum esculentum. 
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4 


Pr e 


b) Largeur. — Mèmes constatations pour la largeur : 65 ?/, de 
grains inférieurs à la moyenne 15 au lieu de 51°, 7 °/, de grains 
plus grands au lieu de 22 °/.. 

L'absence de fumure dans la nouvelle culture tend à réduire les 
dimensions du grain; néanmoins, celles-ci restent supérieures à celle 
des fruits de la première parcelle témoin, ce qui montre que l'in- 
fluence de l’engrais s’est maintenue, s’est encore fait sentir sur la 
seconde récolte, bien que la cause efficiente ait disparu (fig. 47). 

Si l’on rapproche ces résultats de ceux obtenus dans le cas pré- 
cédent, on voit qu'en définitive, les akènes de deuxième génération 
ne diffèrent pas énormément de ceux de première génération. Lors- 
qu'ils proviennent d'une culture identique à celle qui a produit leurs 
parents (parcelle témoin), les caractères de ceux-ci sont développés 
et accentués, la courbe de variation se-rétrécit et s’allonge, semblant 
indiquer une tendance à la fixation. Lorsque, au contraire, ils éma- 
nent d’une culture différente (lot primitif à engrais complet et des- 
cendance sans engrais) les différences grandissent. Les dimensions 
des grains, accrues par une première culture en milieu riche, sont 
diminuées dans un sol non fumé, mais elles conservent cependant et 
nettement une partie du gain qu'elles ont subi précédemment. 

I] paraît y avoir lutte entre deux facteurs antagonistes, l'influence 
du milieu nouveau, déprimant, et l’hérédité, conservatrice d’une 
amélioration acquise. 


B) Grains de dimensions 19 X 11. — Ces semences provien- 
nent, comme il a été dit, de la parcelle à engrais complet, et elles 
présentent toutes les dimensions 19 x 11. Elles ont été semées 
comme les précédentes, dans un terrrain non fumé. 

Les caractères du lot dont elles ont été tirées ont été indiqués 
plus haut : dominantes, 20 X 13, longueurs extrêmes 14 — 25, lar- 
geurs extrêmes 9 — 17; c’est-à-dire qu'il est constitué par un 
mélange d’'akènes de tailles diverses; mais à tendances 20 >%x 13, 
tandis qu'’elles-mêmes ont été sélectionnées et ont toutes les dimen- 
sions identiques 19 X 11. 

On se trouve donc en présence de graines [à dominantes 
19 X 11, issues de parents à dominantes 20 X 13. On peut donc 


8 


— 122 — 


prévoir, dans leur descendance, une opposition à ces deux 
tendances, à la prédominance simultanée de ces deux types diffé- 
rents, ces semences possédant, en quelque sorte, un cumul, une 
dualité de caractères antagomistes. 


a) Longueur. — Le polygone de variations de ces akènes 
19 x 11 montre que leurs dimensions varient dans des limites plus 
rapprochées que dans le type originel = 15 à 23 (3 m/m 75 à 5,75) 
au lieu de 14 à 25 (3 m/m 50 à 6,25). La dominante atteint 20 
(5 m/m), mais 14 °/, des grains la dépassent, au lieu de 33 °/,, dans 
le lot primitif, et 55 °/, lui sont inférieurs au lieu de 35 °/,, plus de 
la moitié sont donc plus petits que la moyenne. De plus, la 
longueur 19 (4 m/m 75) est représentée par 305 grains et se trouve 
presque égale à la dominante, tandis qu’elle n'atteignait aupara- 
vant que 17 °/, (fig. 46). 

Donc 1.000 akènes de longueur 19 ont fourni 30 °/, de même 
taille 19, 32 °/, de longueur 20 et le reste, 38 °/,, se répartit sur les 
sept autres longueurs atteintes. Par la sélection et la deuxième 
culture sans engrais, on a presque doublé la forme 19, sélectionnée, 
dont l'importance s’est trouvé considérablement accrue, mais, en 
même temps les autres formes subsistaient (sauf quelques-unes : 
14, 23, 24, 25)et, en particulier, la forme 20, qui dominait chez 
les ascendants. 


b) Largeur. — La dominante des akènes de première généra- 
tion était 13 avec des extrèmes 9 à 17. Les grains obtenus par la 
seconde culture varient de 9 à 15, la dominante devient 12 avec 
350 akènes (plus du tiers) 30 °/, dépassent cette taille et 34 °/, lui 
sont inférieurs. 

La forme 11, presque insignifiante dans le produit de première 
culture (où elle n’atteint que 6 °/.) atteint ici 28 °/,, tandis que la 
fréquence de la forme 13, qui, originellement dominait avec 
331 grains, est rabaissée à 231 seulement (fig. 47). 

On constate donc, comme pour la longueur, le développe- 
ment de la forme sélectionnée 11; pourtant ce n’est pas elle qui 


- 


# 


à Gti ble. 


— 123 — 


domine mais une forme supérieure 12, intermédiaire entre celle-ci 
et la forme 13 qui dominait chez les ascendants. 


C) Grains de dimensions 20 >< 12. — Cette semence provient, 
comme je l'ai déjà mentionné, d’une sélection des akènes compo- 
sites du lot à engrais complet. Les 1.000 grains qui la constituent 
ont tous la même longueur 20 (5 m/m) et la même largeur : 12 
(3 m/m), et on peut leur appliquer les mêmes considérations qu'aux 
précédents. 


a) Longueur. — On constate aussi une atténuation de la 
puissance de variation : 16 à 24 au lieu de 14 à 25, mais la répar- 
tition des grains change. 

La dominante (20 dans la première génération et 20 dans la 
semence) passe à 21; cette forme qui n'était primitivement repré- 
sente quenpar io Pordes akènes,nlestsici par 26%); par.Contre, 
l’ancienne dominante 20 est ici rabaissée, sa fréquence passe de 
325 à 255. Un fait également intéressant consiste dans l’augmen- 
tation générale de la taille. En effet, à l'origine, 33 °/, des akèn:s 
dépassait la moyenne 20, tandis qu'ici on en compte 53 °/, (fig. 46). 
Il y a augmentation de la dominante qui passe de 20 à 21, et accrois- 
sement général de la longueur; mais ce qui est curieux, c’est que 
l’ancienne dominante 20, au lieu d’être renforcée, diminue d'impor- 
tance, puisque sa fréquence, égale à 325 dans le lot primitif, descend 
ici à 255. Par conséquent ici 1l n'y a pas accentuation, fixation, 
mais déviation générale flu type vers la droite, c’est-à-dire vers 
l'amélioration. 


b) Largeur. — Les résultats sont de même nature en ce qui 
concerne la largeur des akènes. Egale à 13 dans le lot originel et à 
12 dans la semence sélectionnée, elle reste à 12 (3 m/m), mais, tandis 
que cette forme avait primitivement une fréquence de 20 °/,, elle 
atteint 1c1 près de 40 °/,; de plus, les tailles supérieures à cette 
moyenne sont beaucoup mieux représentées que les tailles infé- 
rieures. Il y a également tendance à l'augmentation de la largeur 
(fig. 48). 


1} 
Fi. 47 


———— Sans engrais. ———— 20 X12. 
++++ Engrais complet. 
DRE AE 19>< 11: 


+ +++ 18, deuxième récolte. 
Variations de la largeur des Akènes dans la descendance du 


2 p, deuxième récolte. 
Fagopyrum esculentum. 


— 325 — 


Résumé. — En somme, et si l’on considère les deux dimensions 
linéaires des grains obtenus et de leurs ascendants, on voit que la 
semence sélectionnée employée représentait, exclusivement, les 
tailles 20 et 12, qu'elle dérivait directement d’un type où les tailles 
20 et 13 dominaient et que celui-ci (obtenu par l'emploi d’une fumure 
complète) était lui-même issu d’une race où les formes 18 et 11 
étaient prédominantes. 

La forme primitive était donc représentée par 18 X11. 

Celle qui en est issue de première génération (obtenue avec 
engrais complet) par 20% 13. 

Celle issue de cette dernière par sélection (et employée comme 
semence) par 20% 12. 

Enfin celle obtenue par culture de cette dernière (sans fumure) ou 
de deuxième génération par 21 X 12 (presque 15). 

Or les résultats obtenus avec les akènes des dimensions 19x11 
et développés précédemment, montrent que : 

La forme primitive était représentée par 18x11. 

Celle qui en est issue par culture avec engrais complet (première 
génération), 20X 13. 

Celle issue de cette dernière par sélection et employée comme 
semence, 19 X 12. 

Enfin, la forme obtenue par culture de cette dernière (sans 
fumure) ou deuxième génération, 20 >< 12. 

Notons, en outre, l'augmentation souvent très sensible du 
nombre de grains plus grands que ces moyennes. 


En résumé, dans les deux cas, par sélection d’une forme, on a 
obtenu une augmentation de taille de l’ensemble, conséquence de la 
tendance à l'accroissement, primitivement acquise, et, simultané- 
ment, une plus grande importance de cette forme choisie qui paraît 
tendre à se fixer. [l n'y a pas antagonisme entre ces deux tendances, 
et il en résulte une épuration et une amélioration de la race. La 
sélection, au lieu d’être sculement conservatrice, a été aussi 
améliorante. 

Ce serait là un argument en faveur de la doctrine néo- 
lamarkienne, d’après laquelle la sélection d'une espèce, soutenue 


4 


— 126 — 


pendant un certain temps, peut arriver à créer une nouvelle forme, 
en accentuant et fixant une déviation, latente ou déjà manifestée. 

Evidemment, dans le cas présent, on ne sait nullement ce que 
deviendraient, reprises isolément et livrées à elles-mêmes, les nou- 
velles formes 19% 12 et 20>X<12 obtenues en deuxième génération, 
l'expérience seule pourra le dire. 


Résumé des recherches biométriques 


Quelles conclusions est-il permis de tirer de ces recherches 
biométriques ? 

1° Qu'il existe de grandes différences dans les dimensions. des 
akènes des diverses espèces et variétes de Fagopyrum. Mais que 
chacune d'elles correspond à un type bien défini, qu'on ne peut 
confondre avec les autres et qui peut être caractérisé par les dimen- 
sions linéaires L, 1, la surface S et au besoin le poids P dont les 
fréquences dominent. 

C'est ainsi que la formule du Fagopyrum esculentum 
LxX1%XS$ p, tirée de ces caractères des grains serait : 

LOS 2020! 

Celle du Fagopyrum émargitum : 22 X 16 X 32% 18, dont les 
ermes sont bien différents, etc. 

2° Qu'il est difficile de dire, pour certaines sortes tout au 
moins, si l'on se trouve en présence d’une race pure ou d'un 
mélange de races. 

3° Que l'alimentation minérale a une influence certaine et rela- 
tivement grande sur les dimensions des akènes, et variable avec la 
natnre de l'élément fertilisant considéré. 

Qu'ainsi l'apport d'un engrais complet (Az, K?O, P? Of) fait 
passer la longueur du Fagopyrum esculentnm de 18 à 20, et leur 
largeur de 11 à 13, tandis qu'en l'absence de potasse, par exemple, 
la longueur reste 18 et la largeur passe à 12. S 

4° Que l'hérédité intervient, ainsi que le milieu, dans la varia- 
tion et la fixation de ces caractères et que, dans une espèce qui 
paraît pure comme le Fagopyrum esculentum, la sélection semble 
pouvoir jouer un rôle important dans l'amélioration du type primitif. 


PRE SLR a 


TARLEAU A 


Longueurs |44115116117| 18 | 19 | 20 | 21 | 22 | 23 | 24 | 25 | 26 | 27 | 28 | 30 

| 

| | RAS 
LES 1} 4] 5] 4|128, 171)326| 187] 116) 20) 11) 1) » |» |» |» 
nn » | 40] 11] 82,292 238] 214] 100! 49] 2 2» |» |»1|»1|» 

en » | 3] 32] 59] 170 2261350! 97| 45] 13] 5)» |» |», 

L'ESANEE » | 2] 57/1482] 243,275] 18| 42] 6] 2} » | »|»|»|5»1|,» 
5. /J EUR » | 6! 60/132/300; 248] 198] 42! 44] » | » |» |» |»|,1| 
LES » | 41 22! 42) 1821 2461351] e9| 53] 5] 6, 1 » |» |» |» 
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Russe... | nl» l»l»|l 6! 38166 48l267| 190! 166! sol 45! 25) 8l » 
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| ARR |» | 2! 29) 45) 153| 237|310| 427| 88] 161 7| 3l » | » | » |» 
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— 129 — 


III. — Structure de l’'Akène 


La constitution anatomique du fruit de Fagopyrum a été 
décrite par de nombreux auteurs, en particulier par Krauss, E. Sir- 
rine, Villiers et Collin, Guillaume, etc... Mais, outre que les résul- 
tats obtenus par ces différents observateurs ne sont pas toujours 
absolument concordants, ils ne concernent presque tous que les 
akènes du Fagopyrum esculentum. 

Aussi ai-je repris brièvement cette étude en l'appliquant au 
fruit des quatre espèces que j'ai choisies. Pour lui donner plus d£ 
clarté, j'examinerai séparément, aux points de vue macroscopique 
et microscopique, la structure des téguments et celle de la graine 
qu'ils entourent. 


À. — Examen macroscopique 


Des coupes en séries faites dans des fruits inclus dans la paraf- 
fine permettent de se rendre compte de la structure de l’akène. 
Celui-ci comprend, de l'extérieur vers l'intérieur : 

1° Les enveloppes du fruit ; 

2° La graine proprement dite, composée, elle-même : 

(a) Du tégument séminal, {b) de l’albumen farineux, (c) de 
l’embyron. 

1° Les enveloppes du fruit sont dures, coriaces, épaisses et 
colorées, non adhérentes à la graine sous-jacente, sauf, à la base, où 
celle-ci s’y rattache par un court funicule ; 

2° (a) Le tégument séminal est formé par une membrane mince 
et jaunâtre, montrant, au sommet de la graine, un micropyle tres 
petit. 

(b) L'albumen est constitué par une masse volumineuse de 
matière très blanche, homogène et non ruminée. 


— 130 — : 


(c) On peut considérer dans l'embryon : 1° l'embryon propre- 
ment dit, c’est-à-dire l’ensemble de la radicule, de la tigelle et de la 
gemmule, et, 2° les cotylédons. 

L'embryon proprement dit est petit, droit, renversé et axial, 
dans la masse de l’albumen, à l'extrémité supérieure duquel il est 
situé, la pointe de la radicule se trouvant près du micropyle. 


Fig. 49, — Üoupes transversales d'akènes de Fagopyrum. 


Il est enveloppé complètement par les deux cotylédons qui 
s’enroulent autour de lui, et se replient ensuite deux fois sur eux- 
mêmes. L'extrémité de la radicule, seule, est libre, et les cotylédons 
sont beaucoup plus longs que le reste de l'embryon; de telle sorte 
qu'une coupe transversale du sommet de la graine ne montre que la 
section de la radicule, qu'une coupe moyenne passe à la fois par 
l'embryon proprement dit et les cotylédons, et qu'une coupe de la 
base de la graine n'intéresse plus que ces derniers. (Fig.49et50). La 
tigelle et la gemmule sont très courtes. J'ai pu constater que cette 
constitution de l'akène est identique dans toutes les espèces de 
Fagopyrum. En résumé, le fruit du Fagopyrum est un akène dans 
lequel l'embryon est droit. La radicule, voisine du sommet et du 
micropyle de la graine, se continue par une tigelle et une gemmule 
courtes. Mais l’ensemble de l'embryon proprement dit n’atteint pas 
la moitié de la longueur de la graine. ‘ 

Il est entouré complètement, à partir de la tigelle (qui les sup- 
porte) par les deux cotylédons qui s’enroulent autour d'elle, 
chacun sur une moitié, en partant des deux extrémités d’une même 
génératrice. 


M 


B. — Examen microscopique 


Pour faire l'examen microscopique de l’akène, j'ai envisagé 
successivement : 1° les enveloppes péricarpiques; 2° les enveloppes 
séminales; 3° l’albumen; 4° l'embryon proprement dit et les cotylé- 
dons. 


1° ENVELOPPES PÉRICARPIQUES. — Comme dans tous les fruits, le 
péricarpe doit être constitué, fondamentalement, par trois éléments 
distincts, qui sont, de l'extérieur vers l'intérieur : l’épicarpe, le 
mésocarpe et l’endocarpe. On retrouve en effet, ici, ces trois parties 
plus ou moins différenciées. 


À. Fagopyrum esculentum.— L'épicarpe est formé d'une assise 
externe épidermique, composée de longues cellules aplaties, environ 
quatre à cinq fois plus longues que larges et relativement régulières. 


Fiac. 50 


Coupes longitudinales de graines 
de Fagopyrum. 


Elles sont épaissies et striées sur leur pourtour, et ne présen- 
tent qu'un lumen assez étroit ; il n'y a pas de méats intercellu- 
laires. 


— 132 — 


2) Sous l'épiderme, se trouve une assise assez épaisse de 
sclérenchyme, qui constitue le tissu de soutien du tégument. Elle 
est formée de plusieurs rangées de fibres très caractéristiques. 
Celles-ci ont en effet de grandes dimensions (120.150 uw X 10.23 u.) 
avec des parois excessivement épaisses et sclérifiées, et une ouver- 
ture très étroite. allongée et comme ramifiée. 


Ces fibres sont allongées longitudinalement, de forme assez 
irrégulière, mais généralement fusiformes et onduleuses, et de 
direction assez variable, laissant parfois entre elles de petits 
méats. 

Cette assise sclérenchymateuse, faisant partie, selon certains 
auteurs, de l’épicarpe, et d’après d’autres, du mésocarpe a été aussi 
désignée sous le nom d’hypoderme. 


3) Le mésocarpe est très différent. C’est une véritable assise 
parenchymateuse, formée de plusieurs rangées de cellules, dont le 
nombre varie, d’ailleurs, selon la région considérée. Réduites à 
deux ou trois en effet, dans les parties minces de l'enveloppe péri- 
carpique, elles sont plus nombreuses (5 à 6), au voisinage des 
arêtes et des faisceaux vasculaires (nervures). 

La forme de ces cellules n’est pas invariable. Cependant, elles 
sont plutôt rectangulaires, parfois polyédriques, mais en tout cas, 
presque toujours plus longues que larges ; leurs parois sont minces 
et cellulosiques. C’est là qu'est localisée la matière colorante jaune 
brunâtre qui donne à l'enveloppe sa coloration. On rencontre dans 
ce tissu des méats intercellulaires. 


4) Nervures. —-- Le tégument péricarpique, résultant de la sou- 
dure des feuilles carpellaires, on y trouve, comme on l'a vu précé- 
demment, des nervures, qui sont constituées par des faisceaux 
libéro-ligneux. Ceux-ci sont* plus volumineux à l’endroit des arêtes 
du grain et sont entourés par les cellules de mésocarpe, qui sont 
plus nombreuses, plus serrées et souvent plus régulières à leur con- 
tact que dans les intervalles qui les séparent. 

Les éléments du liber sont situés vers l'extérieur et formés de 
cellules nombreuses mais de petites dimensions. 


} 


#3 


_ à 
SÉMEd n f:« 


SL RG y, 


dla € otenbut 6 dun de) 2 


— 133 — 


Quant aux vaisseaux du bois, ils sont cylindriques et en nombre 
réduit (7 à 8), 6 grands et 2 petits généralement. 

Les dimensions du bois sont d'environ 20 », chaque vaisseau 
mesurant en moyenne 5 w. Celles du faisceau libéro-ligneux total 


atteignent approximativement 45 1. : 
5) Enfin, l’erdocarpe, si- 


tué immédiatement sousle mé- 
socarpe, ressemble beaucoup 
= A TX à ce dernier, mais il n’est or- 
2 dinairement formé que d’une 


seule rangée de cellules qui 
sont grandes, allongées, apla- 


ties et serrées les unes con- 
tre les autres. Leurs parois 


Coupe de l’écale du Fagopyrum sont également minces et on 
esculentum (gros. 125). 


Fc. 51 


y constate la présence de ma- 
tière colorante. 

Quand on recherche la structure du tégument de l'ovaire, et la 
transformation de celui-ci en tégument péricarpique, on voit qu'elle 
comprend un nombre plus grand d'assises cellulaires, surtout vers 
la partie interne. C’est, qu'en effet, pendant le développement de 
l'ovaire en fruit, les cellules profondes, c’est-à-dire celles du futür 
endocarpe, sont en grande partie détruites et résorbées et qu'il n’en 
reste plus, habituellement, qu'une assise, au moment de la maturité 
du fruit. Les autres tissus ne subissent, eux, que peu de moditica- 
tions, tout au moins quant à leur importance cellulaire. 


B. — Fagopyuum emarginatum. — La structure des enve- 
loppes péricarpiques de l’akène du Fagopyrum emarginalum est 
analogue à celle du Fagopyrum esculentum. La constitution des 
tissus qui les composent est la même et ils ne se différencient que 
par leurs dimensions relatives qui ne sont pas identiques. C’est 
ainsi que les cellules de l’épicarpe sont plus grandes et que les 
faisceaux libéro-ligneux sont également plus développés (65 x envi- 
ron au lieu de 45). 


C. — Fagopyrum tataricum. — Par contre, la structure estun 


peu différente chez le Fagopyrum tataricum. Ici l'épicarpe est plus 
développé. Les cellules de l’épiderme ont des dimensions plus 
grandes ; leurs parois, épaisses, paraissent lisses et l’extérieure est 
plus développée. L'épicarpe mesure environ 120-1304 au lieu de 
80 dans l'espèce précédente. 

L'hypoderme se distingue aisément. Les fibres qui le consti- 
tuent — au lieu d’être toutes sensiblement parallèles et transver- 
sales, comme dans les Fagopyrum esculentum et emargiaatum — 
forment deux assises bien distinctes. Dans l’une, les fibres sont 
verticales, tandis que dans l’autre elles sont longitudinales. Cette 
importance du tissu fibreux explique l'épaisseur et la dureté plus 
grandes de l’écale dans le sarrasin de tatarie 
| Les cellules du 
mésocarpe et de l’en- 
docarpe sont peu dif- 
férentes. Quant aux 
Y Q) faisceaux libéro-li- 
= gneux, ils ne sont 
guère modifiés non 
plus et leurs dimen- 
sions sont à peu près 


À 


Fig. 52. — Coupe de l’écale du Fagopyrum 
P S0P) 
stenocarpa (gros. 125). 

les mèmes, bien que 


peut-être un peu plus faibles, que dans le sarrasin argenté. 


D. — Fagopyrum stenocarpa. — On remarque entre la struc- 
ture du tégument péricarpique de cette espèce et celle du Fagopy- 
rum tataricum, l'analogie qu'on avait constatée dans la constitution 
anatomique de l’écale chez les Fagopyrum esculentum etemargina- 
tum. Eu égard à ce caractère, ces quatre espèces vont donc deux à 
deux. 

En effet, on trouve ici les mêmes caractères que dans l’enve- 
loppe du sarrasin de tatarie : même forme des cellules, même dis- 
position perpendiculaire des fibres de l'hypoderme, etc... Cepen- 
dant, celles-ci ne forment que deux à trois rangées verticales, 
mesurant en totalité 85 u, tandis que les éléments longifudinaux 
n’atteignent que 35 & environ. Ces derniers sont donc beaucoup 


1 
: 
: 
L 


er dns 1 5 Suds "0 


CORRECTE 


135 — 


plus réduits dans le Fagopyrum stenocarpa, et, malgré l'importance 
parfois plus grande, de l’hypoderme transversal, il en résulte une 
réduction de l’ensemble du tissu sclérifié. On constate, d’ailleurs, à 
l'œil nu, que l’écale est souvent moins dure et moins épaisse dans 
cette espèce que dans la précédente. 

Les autres éléments ne montrent que peu de différences, les 
faisceaux conducteurs sont ordinairement moins développés que 
dans les trois autres types. En effet, un faisceau libero ligneux ne 
mesure guère que 35 uw; le bois surtout, est plus réduit, le 
nombre des vaisseaux est plus petit (15 »), et on n’en compte habi- 
tuellement pas plus de cinq, deux gros et trois petits par suite, 
sans doute de l’atténuation considérable des arêtes de l’écale. 


Résumé. — La structure fondamentale du tégument péricar- 
pique de l’akène de Fagopyrum présente d'assez grandes analogies 
dans les quatre espèces considérées, et peut être admise comme 
caractéristique du genre. 

Elle comprend, somme toute, trois éléments distincts : 

1° L’épicarpe, avec deux régions, l’épiderme renforcé et l'hy- 
poderme fibreux, constituant le tissu protecteur et de soutien. 

2° Le mésocarpe, avec un parenclupne, plus ou moins homo- 
gène, formant le tissu de coloration, et un appareil vasculaire, for- 
mant le tissu conducteur. 

3° L'endocarpe très réduit. 

Les différences qui distinguent les quatre espèces sont peu 
accentuées, et sont telles qu’elles permettent de rapprocher deux à 
deux, le Fagopyrum esculentum de l’emarginatum, et le Fagopyrum 
stenocaipa du Fagopyrum tataricum. 


Tandis que les deux premières ne présentent que des fibres 
longitudinales, les deux autres possèdent un tissu hypodermique, 
non seulement plus développé, mais renforcé, pour ainsi dire, par 
la disposition en deux assises perpendiculaires des fibres scléreuses 
qui le constituent. C’est dans le Fagopyrum stenocarpa que l’appa- 
reil vasculaire est le plus réduit, et dans le Fagopyrum emargina- 
tum qu'il est, au contraire, le plus développé. 


2 of 


2. TÉGUMENT SÉMINAL. — A. Fagopyrum esculentum. — La 
graine résulte, comme on le sait, de la fécondation et de l’accroisse- 
ment de l’ovule fécondé. Celui-ci est constitué par une masse 
centrale ou nucelle, renfermant le sac embryonnaire, et entourée 
d'un tégument plus ou moins complexe. 

Dans le Fagopyrum, ce tégument ovulaire est double ou, en 
d'autres termes, l'ovule est bitégumenté; de plus, le nucelle sous- 
jacent présente une membrane propre ou épiderme. On devrait 
donc retrouver dans la graine ces trois enveloppes primitives. 


Or, d'après Guillaume (1) — qui a étudié le développement de 
l'ovule ch2:z les Polygonacées — les deux téguments ovulaires 


demeurent intacts jusqu'à un stade très avancé du développement 
de la graine 
(différenciation 
de l’assise pro- 
téique), mais, 
par la suite, le 
técumentinter- 
ne (secondine) 
disparaît tota- 
lement, de telle 
sorte qu'à COM- 
plète maturité, 
le técument sé- 
minal est uni- 
quement re- 
présenté par le 
tégument ovu- 
laire externe 
(primine). 


Fra. 53 — Différents tissus constitutifs des téguments D'autre part, 
péricarpique et séminal de l’akène de Fagopyrum.  l'épiderme du 
nucelle persis- 


(1) GUILLAUME, Joe. cit. 


— 137 — 


te pendant très longtemps, ses cellules s’accroissent et se cutini- 
sent, et il ne se résorbe, en partie, qu'à une époque très tardive et 
chez des graines en apparence parfaitement mûres. 

Cette persistance de l’épiderme nucellaire serait caractéristique 
des Polygonacées, bien qu'on la retrouve chez quelques autres 
plantes. 

En réalité, si on examine, à un assez fort grossissement, la 
membrane séminale, on voit qu'elle est constituée par plusieurs 
assises de cellules. 


De l'extérieur vers l’intérieur, on distingue, tout d’abord, des 
cellules très régulières, nettement parallèles et à parois peu épaissies 
et sinueuses. Ces cellules, serrées et sans méats, sont de grande 
taille, rectangulaires, presque carrées. En dedans, se trouvent 
plusieurs rangées de cellules colorées, se reconnaissant, de suite, 
à leur forme plus allongée, plus aplatie, assez régulière, et, surtout, 
à leurs parois minces, ondulées et pourvues de lacunes arrondies, 
dans toute leur étendue. C’est cette assise qui donne à la membrane 
séminale sa coloration jaune roussâtre. 


Enfin apparaît une assise caractérisée par des cellules parallèles 


très allongées, nettement polygonales, trois fois plus longues que 


larges environ, et pourvues de parois minces, rectilignes et sans 
méats (fig. 53). 


B. — Fagopyrum emarginatum. — Il n'existe pas de diffé- 
rences bien appréciables dans la structure du tégument séminal du 
Fagopyrum emarginatum et du Fagopyrum esculentum. L'assise 
moyenne est seulement un peu plus épaisse et plus colorée dans le 
premier. 


C. — Fagopyrum tataricum. — Dans cette espèce l’assise 
externe n'est pas modifiée, mais l’assise moyenne parenchymateuse, 
est formée de cellules plus petites mais plus lacuneuses que dans le 
Fagopyrum esculentunr, et l'assise interne est plus développee, par 
suite (d’après Guillaume) de la persistance de certaines cellules du 
tégument ovulaire interne. 


no 


Résumé. — En résumé, le tégument séminal du Fagopyrum est 
formé de trois assises bien différenciées, à peu près semblables dans 
les quatre espèces étudiées : une assise externe de cellules serrées, 
sinueuses et légèrement épaissies, une assise moyenne d'éléments 
colorés, ondulés et à parois très lacuneuses, et une assise interne 
de longues cellules polygonales, à parois rectilignes. 


3. — ALBUMEN. — a) Fagopyrum esculentum. — On peut con- 
sidérer, dans l’albumen, deux parties : une externe, formée de 
cellules à aleurone et constituant l’assise protéique ; et une interne, 
beaucoup plus volumineuse, composée de cellules parenchyma- 
teuses remplies de grains d’amidon. 


1. — Assise protéique. — L'assise protéique est formée d’une 
seule rangée de cellules de dimensions assez grandes, de forme 
plus ou moins polyédrique, à angles arrondis. Leur paroi est forte, 
épaisse et le contenu des cellules est granuleux. 


2. — Albumen proprement dit. - C'est un albumen amylacé, 
homogène et non ruminé. Il est formé de très grandes cellules, nette- 
ment polyédriques, régulières, parenchymateuses et sans méats, 
présentant un noyau et bourrées de grains d’amidon, sans gluten. 
| Cet amidon est assez caractéristique, 
bien qu'il ressemble, par plus d’un point, à 
celui du riz. Il est composé, à la fois, de 
grains simples, de 
grains composés et 
de grains anormaux, 


ee 


AL) 


ai 


1.— Grains sim- 
ples ou isolés. — Ils 
affectent deux for- 
mes principales ; les 


TT 
\_X 


Fig. 54. — Cellule de l’albumen et grains uns sont polyédri- 
d’amidon (simples et composés) de la graine de ques, les autres ar- 
Fagopyrum. rondis, 


A ble ct) rue de ne à 7 


br 
hp 


)! 
— 139 — 


Les grains polyédriques proviennent généralement des parties 
périphériques de l'albumen. Ils sont irréguliers, à angles, soit 
aigus, soit émoussés, et ils mesurent, en moyenne, 6 à &y, quel- 
ques-uns même 14 à 154. 

Les grains arrondis sont également irréguliers, et proviennent 
des parties centrales de l’albumen. Ils ne mesurent guère que de 4 à 
8 & et sont plus nombreux que les précédents, 

Tous possèdent, en leur centre, un hile, petit et circulaire, très 
nettement visible. 


2. — Grains composés. — Ils résultent de l'agglomération d'une 
certaine quantité de grains simples, et présentent, par suite, des 
formes et des dimensions fort variables. Les éléments qui les com- 
posent ont, assez souvent, conservé leur forme polyédrique. 


3. — Grains anormaux. — Dans les agglomérats, il arrive que 
les contours des grains sont détformés ou que leurs surfaces de 
contact sont devenues invisibles ; on a alors des masses composées 


tout à fait irrégulières. D'autre part, des grains isolés peuvent pré- 


senter égalemeet des formes particulières, très hétérogènes : bos- 
selés, contournés, etc... (Fig. 54). 

Ces anomalies constituent précisément un des caractères dis- 
tinctifs de la farine de sarrasin. A celle-ci sont d’ailleurs presque 
toujours mélangés des débris plus ou moins fins du tégument, 
débris de formes très variables selons les tissus dont ils pro- 
viennent. 


B. — Autres espèces. — Après avoir examiné attentivement de 
nombreux échantillons d’albumen des Fagopyrum esculentum, 
emarginatum, tataricum et stenocarpa, je n'ai pu y découvrir de 
différences appréciables, contrairement à ce que je supposais. 

Les dimensions mêmes des grains d’amidon oscillent dans des 
limites semblables, et je crois qu'il est impossible de pouvoir dis- 
tinguer au microscope, l'origine spécifique de la farine des divers 
Fazopyruin, 


4. — EMBRYON. — a) Embryon proprement dit. — Comme l'a 
montré l'étude macroscopique de l’akène, l'embryon est situé à la 
partie supérieure et dans l'axe de l’albumen. 

Suivant les auteurs, il est sinueux et contourné en S, ou, au 
contraire, axile et droit. 

Ces divergences tiennent, sans doute, à ce que les uns n'ont 
considéré que l'embryon proprement dit, tandis que les autres ont 
envisagé l’ensemble qu'il forme avec les cotylédons. 

Nous avons vu précédemment que, dans les différentes espèces 
de Fagopyrum, il était droit et situé selon l'axe longitudinal de la 
graine, la radicule étant voisine du micropyle ; il est enveloppé par 
les cotylédons enroulés. Isolé, il apparaît sous forme d’un petit 
cylindre, resserré vers sa base et pointu à son extrémité supérieure, 
et de coloration jaune. 

Des coupes en séries permettent de se rendre compte de sa 
structure anatomique. Sa section transversale, qui est plus ou 
moins circulaire, montre, de l'extérieur vers l'intérieur, et à un faible 
grossissement (fig. 55): un épiderme net, une écorce et un cylindre 
central. Celui-ci est limité par une assise concentrique, à contours 
irréguliers. et qui présente quatre renflements importants. 

A un plus fort grossissement (fig. 56) on voit que tout l’en- 
semble est cellulosique. L'épiderme, bien distinct, est formé de 
cellules très régulières, à grand diamètre radial. 


DEEE 
MAX T1 SX 


LCR 
5 oo AE 
ATHENA AN 
Ÿ | |A Il 


Fc. 55 et 56. — Coupe de l'embryon de la graine de Fagopyrum (gros. 125). 


ss 


L'écorce est constituée par six assises de cellules genéralement 
arrondies, comme emboîtées les unes dans les autres de façon à 
laisser entre elles le moins de méats possible et à former un paren- 
chyme homogène et compact. Au sein de celui-ci, et de distance en 
distance, se trouvent de très grandes cellules de forme irrégulière, 
plus ou moins ovoïde,bordées d'éléments plus petits, et toujours 
remplies de matières de réserve. 


Sous l'écorce, apparait une assise concentrique, formée de 
cellules arrondies, toutes semblables et reliées entre elles. Cette 
couche représente, vraisemblablement, la limite interne de l'écorce, 
c'est-à-dire l’'endoderme. Au-dessous, vient une seconde assise, 
également concentrique et plus caractéristique. Elle est constituée 
par des cellules très régulières, serrées, et plus ou moins polyé- 
driques, ce qui les distingue nettement des autres tissus qui, eux. 
sont formés d'éléments arrondis. 


En quatre endroits équidistants, cette assise qui limite le 
cylindre central et représente le péricycle, s'épaissit, se renfle et 
forme ainsi quatre amas volumineux, de cellules également polyé- 
driques et sans méats, qui représentent l’ébauche des futurs fais- 
ceaux. On sait, en effet, que ceux-ci sont toujours au nombre de 
quatre dans le Fagopyrum. L'ensemble de ce tissu donne exacte- 
ment l'impression d’un méristème. 


Enfin, sous ce tissu, se trouve la moelle, abondante, épaisse, 
sans lacune ; elle est formée de cellules régulières, arrondies, de 
fortes dimensions, et de plus en plus grandes au fur et à mesure 
qu'on s'avance vers le centre. 


B. — Cotylédons. — Les deux cotylédons entourent l'embryon 
proprement dit, et affectent, sur une section transversale de l’akeène, 
la forme d'un S plus ou moins allongé. Dans la graine même, ils 
sont déjà verdâtres et pourvus de chlorophylle, et ce sont eux qui, 
par transparence, déterminent les panachures vertes qu'on aperçoit 
sous le tégument séminal et dont il a été question dans un chapitre 
précédent. 


Les deux feuilles cotylédonnaires, pendant leur enroulement, 


— 12 — 


ne sont n1 adhérentes, ni mème contiguës l’une à l’autre dans toute 
leur longueur. Leurs dimensions sont grandes. 

Leur constitution anatomique rappelle essentiellement, la struc- 
ture foliaire (fig. 57). Ils sont formés, en effet, par deux épidermes 
réguliers, un supérieur à plus grandes cellules, et un inférieur plus 
mince. Entre les deux, se trouve un mésophylle homogène, com- 
posé surtout de grandes cellules, allongées, polyédriques, vers la 
face supérieure, et d'éléments plus petits et plus arrondis, vers la 
face inférieure, indiquant déjà la situation des parenchymes palis- 
sadique et lacuneux. 

De distance en dis- 
tance, se voient de pe- 
tits amas de cellules très 
différentes, de dimen- 
sions beaucoup plus ré- 
duites, et paraissant en 
voie de division. C’est 
là, évidemment, l’ébau- 
che des futuresnervures. 

Tous les tissus des cotylédons sont absolument bourrés (comme 
ceux de l’embyron, d'ailleurs) de matières de réserve excessivement 
abondantes. 


Fi. 57. — Coupe d’un cotylédon de la graine 
de Fagopyrum (gros. 125). 


Fat D à 


IV. — Composition de lAkène 


La composition chimique de l'akène et celle de ses parties 
constituantes (écales et graine) sont très intéressantes à connaître, 
puisqu'elles indiquent les ressources alimentaires que la plante est 
susceptible de fournir et, par suite, sa valeur économique. 


Elles ont fait l’objet de nombreuses recherches — qui ne 
s'adressent, d'ailleurs, qu'au Fagopyrum esculentum — et parmi 


lesquelles il faut citer celles de Boussingault, Is. Pierre, Balland, 
Müntz et Girard, Dietrich et Konig, Kühn, Haselhoff, etc. 
Je me bornerai à signaler brièvement les principaux résultats 


. auxquels ces travaux ont abouti, en les faisant suivre de ceux des 


quelques analyses personnelles que j'ai pu effectuer. J'examinerai 
successivement la composition du grain entier et celle de ses 
éléments séparés (c'est-à-dire des enveloppes et de la farine) dans 
les quatre espèces et dans quelques variétés du Fagopyrum esculen- 


tum. Au préalable, j'indiquerai sommairement les méthodes d'ana- 
lyse que j'ai employées. 


MÉTHODES EMPLOYÉES.— Je n’ai pas entrepris l'analyse complète 
de tous les éléments constitutifs du grain; je n'ai recherché dans 
celui-ci que l’eau, la matière grasse, la matière azotée totale, les 


CE 
portions relatives de potasse, de chaux, de magnésie et d'acide 
phosphorique. 


1. Dosage de l’eau. — 20 grammes d'échantillons. finement 
broyés au moulin et tamisés, sont portés à l’étuve à 100, puis à 
110°, Jusqu'à poids constant. La différence de poids 5 indique la 
quantité d’eau °/.. 


2. Dosage des cendres. — 5 grammes de matière pulvérisée et 
desséchée sont placés dans une capsule tarée et portés dans un four 
à moufle que Jon chauffe progressivement au rouge sombre, en 
évitant les projections et jusqu'à ce que les cendres soient blanches. 

L'augmentation de poids de la capsule refroidie >< 20 donne la 
proportion °/, de cendres. 


3. Dosage des matières azotées. — On dose l'azote dans la 
poudre desséchée, et par la méthode de Kjehdall, et on multiplie le 
chiffre trouvé par le facteur 6,25. 


4. — Dosage des matières grasses. — 5 grammes de poudre 
sont placés dans un tube à déplacement fermé par un tampon 
d'ouate (appareil de Soxhlet). On les épuise par des lavages suc- 
cessifs à l’éther qui dissolvent et entraînent la matière grasse. Les 
liquides d'épuisement recueillis sont évaporés à 50-60°, puis à 100°. 
On pèse et le poids obtenu X 20 donne la proportion de matières 


grasses °/,. 


’ \ 


5. — Dosage de la potasse. — La potasse a été dosée à l'état 
de perchlorate. 


6. — Dosage de la chaux. — Traiter par l'acide chlorhydrique. 
Etendre à 100° avec de l’eau distillée. On filtre, on alcalinise par 
l'ammoniaque et on redissout le précipité formé par de l'acide acé- 
tique. On filtre; dans le liquide en ébullition on ajoute un excès 
d'oxalate d'ammoniaque. On filtre sur un filtre Berzélius, on lave à 
l'eau bouillante et, après dessication, on calcine au rouge vif. Le 
poids obtenu et ramené à 100, donne la proportion de chaux. 


7. — Dosage à la magnesie. — Dans le filtrat obtenu précé- 
demment, la magnesie a été précipitée à l’état de phosphate ammo- 


niaco-magnésien et pesée à l’état de pyrophosphate de magnésie. 


&.— Dosage de l'acide phosphorique. — On traite par de l'acide 


chlorhydrique dilué, à l'ébullition, on évapore au bain de sable, . 


puis on reprend par de l'acide chlorhydrique et on filtre en lavant à 


4 


— 145 — 


l'eau bouillante. Ajouter au filtrat du citrate d'ammoniaque ammo- 
niacal, de l’ammoniaque et du réactif magnésien. Agiter vivement 
jusqu'à précipitation du phosphate ammoniaco-magnésien. 

Après un repos de vingt-quatre heures, filtrer sur un filtre 
Berzélius et, après dessication, calciner le précipité, au moufle 
porté au rouge. Peser après refroidissement. Le poids obtenu 
X 0,639 donne la quantité d'acide phosphorique ?/,. 


À. — Composition du Fagopyrum esculentum 
1. — Composition du grain entier. — Le tableau 7 réunit les 


résultats obtenus par un certain nombre d’auteurs. Comme on peut 
le constater, 1ls sont très differents les uns des autres, variant par- 
fois du simple au quadruple, ce qui tient, sans doute, à la nature 
des variétés ou des échantillons étudiés, à leur origine, aux méthodes 
employées, etc... Chacun de ces éléments possède, en effet, une 
influence importante et, pourtant, il est très rare qu'ils soient décrits 
dans les travaux précités. 


| | TS 
2 4 
PA = Ê 2 | : = 
re IÈR= = 2 = EME 
2e HN DRE NL ER PEAR UE 
HS ERA CU Ne 0 EIRE FRAC 
Ps Lo n N 2 See £ PS 
2 MI EE SAN ME MES 
1 ae) :7 2 Crus 
Es, À | 
A | 
13.29 Eau . EN SAT Sy LS SCAN IS28 520 14.640 6 13.2 |14.10113:50/14.14 
9.88! Matières azotées .. ..| 7.8 113.1 | 7.04)°° 9.0 |10.16,10.80|11 32 
2.9.| Matières grasses. ... PONS ROM ON ROME DR EDR OAINORSS DAS 
64.35| Sucres et amidon ...158.0 164.0 72 92161.0 159.5 |61.51/63.01154.86 
9-12 /PCellulose-etlisgneux:117:6 |:3.5.| » 4.0 115.0 |10.19| 8.32/14.35 
DIN CENATRES AMENER RONDS | SAONE 0 RTE ON 20212277 


Tagceau VIT, — Composition du grain entier de Fagopyrum. 


| œ ? CS 
pARS T | ss L= 
© | © o DL | | | (es d o 20 
= ES RENN M EM NE o = |.È SA 
5 RS EURE TSI = 2's ete 
. + + © d » » es) ») .— 1:01 
É LÉMeS < 2x | 58 
= A 5 = NM ee) A = = 
5 5e 
AS DOIR EAN... een ee 13.:20113.4813.79M42:38112:61|| Potasse .." 34.66131.70,65.90 
4.55| Protéine brute.| 4.63] 3.29| 3.49| 4.38| 6.98|| Soude ......... 6.82| 7.81| — 
18 NGraisse, 10, 1:111:0:70/70:63| 2/18) 1-30) Chaux." 17.04/17.07| — 
42.80! Substances non 4201685139 .33137.51 36.28/28.79,56.05|| Magnésie ...... 10.79114.63| — 
40.64! Fibre brute ....[43.50/42.74/43.25152.25]21.35|| Acide . phospho- 
2.31| Cendres..…..... 2 8910 2.24|, 2.56[+2:20/ 42:19 TIQUE 21.04! 6.34119.28| 7:05 
Tagceau VIII. — Composition des écales du grain de Fagopyrum. 


L'examen de tous ces résultats ne donne donc (par suite de 
leur diversité et de l'ignorance des conditions dans lesquelles 1ls 


ont été obtenus) qu'une notion très imparfaite et très vague de la. 


composition du grain de Fagopyrum. Pour essayer de la préciser, 
j'ai fait la moyenne arithmétique de ces différents chiffres (colonne A, 
tableau  ). Elle indique que, dans le grain entier, l'humidité °/, 
atteint 13 environ, la teneur en matières azotées oscille entre 9 et 
10 °/, et celle des matières grasses est voisine de 3. Les sucres et 
amidon sont très abondants et représentent, en moyenne, 64 °/, du 
poids du grain, enfin les matières minérales dépassent rarement 
GS ° fs: 


2.— Composition des écales. — On a vu, dans un chapitre 
précédent, que les enveloppes ou écales du grain étaient plus ou 
moins développées dans les différentes espèces et variétés du genre 
Fagopyrum et que, par le fait même de leur constitution anato- 
mique, elles constituaient un corps épais et dur qui ne devait pos- 
séder qu'une valeur alimentaire très faible. 

L'analyse chimique de cette partie de l’akène confirme cette 
hypothèse, ainsi que le montre le tableau &. 

Les résultats qu'il contient sont loin d’être identiques ; toute- 
fois les écarts qui les séparent sont beaucoup moins importants 
que ceux qu'on avait constatés dans la composition du grain entier. 

La teneur en eau des écales est à peu près la même que celle 


de l’akène, c’est-à-dire voisine de 13°/,, et la proportion des cendres 
est également semblable : 2,3 °/, environ. 

Mais l’analogie, entre le grain complet et ses enveloppes seules, 
s'arrête la. En effet, la proportion des matières azotées et des 
matières grasses est, en particulier, beaucoup plus faible dans ces 
dernières. Elle ne dépasse guère 4,5 en moyenne, pour la protéine 
(au lieu de 9 à 10 dans l’akène) et 1,2 pour la matière grasse (au 
lieu de 3). 

Par contre, la quantité de fibres y est beaueoup plus forte et 
atteint 40,6 °/., au lieu de 0. 


| | 
Balland | | 
= = SRE AN 5 
Senbese Lenne 
© = Eve) 0e AINEE = | 
E # | | 
4 Ds | | 
= re) | 
| | | 
100 EM ... 15.3 113.0 |15.20115.29/11.36114.03 || Potasse. …. . .... 4,39)13. 
Matière azotée . | 9.2 | 9.44111.48| 9.16114.83110.82 || Soude . ........ 15181415 
Matières grasses| 4.8 ! 1.98] 2.82] 1.96) 3.21| 2.95 ||Chaux......... 17.78/14.' 
Substances non | | | || Magnésie ...... 20.95/12. 
azotées. ..... 161.3 |58.90,63.35/61.35 67.24,62.43 || Acide phospho- 
- Cellulose....... 110.0 | -8:60110.56111.29/10.83110.25|| rique........ 39-99123. 
Matières miné- 
LHIÉRERAREES 0.94! 1.50| 2.46| 0.94] 2.53) 1.67 | 


TaëLeau IX. — Composition de la farine du grain de Fagopyrum. 


QE ES TENTE SEEN EE ONE TUE CR EDEN SE GREEN CNE AE NE © ENCEINTE EDP APPEL CIN ME ONE PERS 


Grain en- : 

Ë Ecales Farine 

tier 
BEN S ROSE MERE PERD AE CPR EN IT 18,20) 13.09 14.03 
MATIÈRES AZOLÉE SP RATE EEE 9.88 2255 10.82 
MAHICLES OT ASS eSUE  R Nee Ll ere 2.90 TS 2205 
SUDStANCeS non azote ne. 64.35 42.80 62.43 
CELUI OSCAR SEE PAU AERE ERAOT 9 12 40.64 10.25 
Cendres sa METRE EEE EN ren 2 eil 231 1.67 


TaBcEaU X. — Composition moyenne du grain de Fagopyrum. 


re 
3. — Composition de la farine. — Le tableau 9 indique la 
composition de la farine. Les divergences des résultats qu'il ren- 
ferme ne sont pas considérables et la moyenne que j'en ai tirée 
indique que la teneur en eau atteint 14 °/, (plus grande par consé- 
quent que dans le grain entier et les écales) la matière azotée oscille 
entre 10 et 11, tandis que la matière grasse est voisine de 3 °/,, et 
les matières minérales ne dépassent guère 1,6 °/.. 


Résumé. — Si l’on met en regard la composition moyenne du 
grain entier et celle de ses composants, on a, de suite, une idée 
beaucoup plus nette des différences qu'elles présentent entre elles. 
(Tableau 10). 

La composition de l’akène et celle de la farine montrent de 
grandes analogies ; par contre, la proportion des divers éléments 
chimiques est très différente dans les écales. Dans celles-ci, les 
substances utiles, réellement nutritives (azote, graisse. substances 
non azotées) sont beaucoup moins abondantes que dans la farine et 
même le grain entier, tandis que les corps inutiles (cellulose), y 
deviennent beaucoup plus importants, 

Enfin, si l'on rapproche la composition du grain de sarrasin de 
celle des autres graines alimentaires (céréales) on est alors rensei- 
seilgné, non seulement sur sa valeur absolue, mais encore sur sa 
valeur relative et comparée (tableau 11). On voit ainsi que le sarra- 
sin ne le cède en rien, comme valeur nutritive, aux grains des autres 
céréales qui servent à l'alimentation humaine ou animale. 


B. — Composition de quelques espèces et variétés 


Toutes les analyses précédentes doivent se rapporter (faute 
d'indication) au Fagopyrum esculentum qui est l'espèce de beau- 
coup la plus cultivée. 

Je n'ai trouvé nulle part aucun document relatif à la composi- 
tion chimique de l’akène des autres espèces de Fagopyrum. 

Aussi ai-je crû nécessaire de déterminer cette composition 
dans les Fagopyrum emarginatum, tataricum et stenocarpa, en 


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— 149 — 


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— 150 — 


même temps que dans plusieurs variétés du Fagopyrum esculentum 
(sarrasins argenté, américain, russe et Japonais) (1). 

Je n'ai examiné que le grain entier et les écales, et les résultats 
que j'ai obtenus sont réunis dans les tableaux 12 et 15. 


1. — COMPOSITION DU GRAIN ENTIER. — 4) Fagopyrum emargt- 
natum.— La teneur en eau est un peu plus élevée que dans le Fago- 
pyrum esculentum (13,8 au lieu de 13 °/,); la matière azotée est 
moins abondante, 0,6 au lieu de 11,4, tandis que la proportion des 
matières grasses est légèrement plus forte: 2,9 au lieu de 2,5. Les 
substances non azotées sont également plus importantes, 64 contre 
62, et le taux des cendres est surtout plus élevé, 4,2 contre 5. 

Parmi les éléments minéraux, la potasse est moins abondante, 
tandis que la quantité d’acide phosphorique est à peu près équiva- 
lente et que la chaux et la magnésie atteignent une proportion plus 
forte. (Tableau 12), 


b) Fagopyrum tataricum. — Dans cette espèce, l'humidité °/, 
est plus faible (11, 3) et la matière azotée est aussi abondante ; mais 
la matière grasse est en quantité plus petite (1,75) ainsi que Îles 
cendres (2,7). La proportion de substances non azotées est un peu 
plus élevée, 1 °/, en plus. La quantité de potasse et de chaux est 
abondante, tandis que la richesse en magnésie et en acide phospho- 
rique est plus faible que dans le sarrazin gris. 


c) Fagopyrum stenocarpa. — 11 y a peu de différences entre 
cette espece et la précédente. Elle s’en distingue seulement par une 
proportion de cendres et de matières azotées un peu plus faible, et 
par une légère augmentation du taux de la matière grasse. 

La teneur en chaux est particulièrement élevée (0,37), mais la 
quantité des autres éléments minéraux est plus petite que dans le 
Fagopyrum esculentum. 


(1) Je rappelle que tous les échantillons proviennent de plantes cultivées la 
même année, dans le même sol et de la même façon et qu'ils ont été prélevés et 
traités dans des conditions aussi identiques que possible, 


LÉ TEs 


— ISI — 


Résumé. — Si l'on compare la composition du grain des quatre 
espèces, on voit qu'elles présentent entre elles des différences peu 
considérables. 

Eau. — C'est dans le Fagopyrum emarginatum que la teneur 
en eau est la plus grande et dans le Fagopyrum stenocarpa qu’elle 
est, au contraire, la plus petite, avec une différence de 2,8 °/, entre 
ces deux échantillons. 

Matiére azotée. — C'est le Fagopyrum emarginatum qui ren- 
ferme le moins de matière azotée et le Fagopyrum esculentum 
(plus cultivé et plus amélioré) qui en contient le plus ; l'écart étant 
He 70e 

Matière grasse. — Les différences dans les proportions de la 
matière grasse sont moins élevées. C'est dans le sarrasin émarginé 
qu'elle est la plus abondante et dans le sarrasin de tartarie qu'elle 
l’est le moins, avec une différence de 1,15 °/.. 

Substances non azotées. — C'est le sarrasin émarginé qui ren- 
ferme le plus de substances non azotées, et le sarrasin argenté qui 
en contient le moins, avec un écart faible de 1,55 °/.. 


Cendres. — Enfin c'est dans le sarrasin seigle qu'on trouve le 
moins de cendres, tandis que c’est le sarrasin émarginé qui en ren- 
ferme le plus, avec une différence très grande de 2,15 °/.. 

Potasse. — On trouve le plus de potasse dans le sarrasin de 
tartarie et le moins dans le sarrasin émarginé, l'écart atteignant 
0,22?/?. 

Chaux. — C’est dans le Fagopyrum stenocarpa, que la propor- 
tion de chaux est la plus élevée et dans le Fagopyrum escuientum 


qu’elle est la plus faible, avec une différence de 0,18 °/.. 


Magnésie. — Le sarrasin émarginé renferme le plus de magné- 
sie et le sarrasin de tartarie en contient le moins, l'écart étant de 
O16/.: 

Acide phosphorique. — Enfin, le sarrasin gris est le plus riche 
en acide phosphorique et le sarrasin de tartarie, le plus pauvre en 
cet élément, avec une différence de 0,13 °/°, 


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Sarrasin argenté.. 13.03/11.40| 2.54,62.76! 3 07|| 0.52] 0.19! 0.38] 0.70 
_ japonais . 112.52/11.38, 2.46158.08| 3.24|| 0.60, 0.10! 0.40| 0.62 
— russe.... |13.47110.20| 2.08,61.63| 2 37|| 0.45| 0.24) 0.51! 0.65 
— américain. 13.74/10.86| 2.32162.09| 1.95]! 0.58] 0.43} 0.331 0.50 
Fag. emarginatum |13.82| 9.67] 2.90,64:31| 4 20|| 0.34! 0.29! 0.42) 0.68 
— : tataricum... |11.35/11.10| 1.75163.79| 2.78 || 0.56| 0.31! 0.26| 0.57 
—  stenocarpa.. 11.02) .0.83| 2.006348! 2.05 || 0.47] 0.37) 0.30) 0.61 

\ 


Tagzeau XII. — Composition du grain entier de plusieurs espèces 
et variétés de Fagopyrum. 


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Sté Leg l Sec) es Rens 
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Fa a] 8148) à | 6 same 
= C5 5 = 
Ce = de | Pr 
Sarrasin argenté.. 13.58] 3.81| 0.93[34.35| 2.31|| O0 58] 0.31| 0:30] 0.26 
—— japonais. (12.80) 3.11] 0.71,39.46| 2,73|| 0.52] 0.21| 0.38} 0.18 
— russe.... 113.37| 38.40] 0.80137.22| 2.41|| 0.48] 0.38] 0.261044 
— américain. 13.14) 2.72| 0.57139.31| 2.02|| 0.35] 0.26} 0.45) 010 
Fag. emarginatum |13.06| 3 68| 0.75140 80! 2 91|| 0.38] 0.30) 0.36| 0.15 
—  tataricum... |12.27, 2.80] 0.59/42.05| 3.46|| 0.44] 0.39| 0.27/ 0:08 
— stenocarpa.. |12.55| 2.63] 0.61139.72| 3.14 jee 0.38| 0.32] 0 1% 


Taëzeau XIII. — Composition des écales du grain de plusieurs espèces 
et variétés de Fagopyrum. 


d. — Variétes du Fagopyrum esculentum. — La composition 
du grain, dans les quatre variétés du Fagopyrum esculentum que 
j'ai analysées, n’est pas très variable. (Tableau 12}. 

Le taux d'humidité est le plus élevé daus le sarrasin américain 
et le plus faible dans le sarrasin japonais, avec un écart de;22e 


\% 


= À 
— 19, — 


La matière azotée est la plus abondante dans la variété argen- 
tée, et la moins, dans le sarrasin russe, la différence atteignant 
| RORETNQE 

La proportion de matière grasse est moins variable ; plus petite 
dans la variété russe, elle est la plus grande dans le sarrasin argenté, 
avec un écart de 0,46 ‘/, entre ces deux échantillons. 

C'est le sarrasin japonais qui contient le moins de substances 
non azotées et le sarrasin argenté qui, au contraire, en renferme le 
plus (écart 4,68 °/.). Enfin, c'est dans le sarrasin américain qu'on 
trouve le moins de cendres, et dans le sarrasin japonais qu'on en 
rencontre la plus grande quantité, avec une différence de 1,29 °/,. 

Les différences dans les proportions des éléments minéraux 
sont à peu près de même ordre. Le sarrasin japonais est le plus 
riche en potasse, tandis que le sarrasin russe est le plus pauvre en 
cet élément avec une différence de 0,15 °/,. Par contre, l'américain 
contient plus de chaux que les autres variétés. 

Dans le sarrasin russe, la proportion de magnésie est plus 
élevée, et dans l'américain elle est la plus faible (écart de 0,18 °/,); 
enfin l'acide phosphorique est le plus abondant dans le sarrasin 
argenté, et le moins dans l'américain, la différence atteignant 0,2 °/.. 

On peut représenter la composition moyenne spécifique du 
grain de Fagopyrum esculentum, en faisant la moyenne des propor- 
tions de chaque élément trouvé dans ces quatre variétés. On obtient 
alors °/, : 


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43.19 | 10.96 | 2,35 | 61. 141 2.66 || 0.54 |. 0 24 | 0.40 | 0:62 


2. COMPOSITION DES ÉCALES.— a. Espèces.— C'est dans le Fago- 
pyrum stenocarpa que la teneur en eau est la plus faible, et dans le 


19 


DST 


Fagopyrum esculentum qu’elle est la plus grande, avec un écart de 
LORIE 

La matière azotée est plus abondante dans le sarrasin gris, plus 
rare dans le sarrasin seigle, avec une différence de 1,18 °/,, et la 
matière grasse subit peu de variations, ses proportions sont plus 
faibles dans le Fagopyrum tataricum, et plus élevées dans le Fago- 
pyrum esculentum, l'écart étant de 0,54 °/.. 

La quantité de substances non azotées est plus grande dans le 
Fagopyrum tataricum, et plus petite, au contraire, dans le Fagopy- 
rum esculentum (écart de 7,70 °/,). 

Quant aux cendres, c'est également le Fagopyrum tataricum qui 
en renferme le plus, et le Fagopyrum esculentum qui en contient le 
moins, présentant un écart de 1,15 °/.. 

Dans celles-ci, la potasse est plus abondante dans le sarrasin 
ordinaire, plus rare dans le sarrasin émarginé, avec une différence 
de 0,20 °/,. La chaux existe en plus grande quantité dans le Fagopy- 
rum emarginatum, et en proportion plus faible dans le Fagopyrum 
tataricum (écart de 0,09 °/,). 

C'est, au contraire, le Fagopyrum emarginatum qui renferme le 
plus de magnésie, et le Fagopyrum tataricum qui en contient Île 
moins (0.09 °/, en moins). 

Enfin, la proportion d'acide phosphorique est la plus forte dans 
le Fagopyrum esculentum, et la plus faible dans le Fagopyrum tata- 
ricum, avec une différence de 0,18 °?/,. 


b) Variétés du Fagopyrum esculentum. — On trouve, dans la 
composition des variétés d'une mème espèce, autant de différences 
que dans celle des espèces. 

La proportion d'humidité est la plus petite dans le sarrasin 
japonais et la plus grande dans le sarrasin gris, avec un écart de 
0,78°/, entre ces deux échantillons. La teneur en matière azotée est 
aussi plus forte que dans le sarrasin gris, de même que la 
quantité de matière grasse. Par contre, la première est plus petite 
dans l'américain (écart de 1,09 °/,), et la seconde également (écart 
de 0,36°/.). 

C'est le sarrasin japonais qui contient le plus de substances 


9 — 


hon azotées et de cendres. Le sarrasin gris renferme, au contraire, 
moins des premières (écart de 5,11 °/,) et l'américain qui contient 
moins des secondes (écart de 0,71 °/.). 

Parmi les éléments minéraux, la potasse est plus abondante 
dans le sarrasin gris, plus rare dans l'américain (écart de 0,23°/,), 
tandis que la quantité de chaux est plus grande dans la variété 
russe et plus petite dans le japonais (différence de 0,17 °/,). C'est 
l'américain qui contient le plus de magnésie, et le russe qui en ren- 
ferme le moins (écart de 0,19 °/,, enfin, on trouve plus d'acide 
phosphorique dans le sarrasin argenté et le moins dans l'américain 
(écart de 0:10 °/,). 

La moyenne de ces quatre variétés peut représenter la compo- 
sition spécifique des écales pour le Fagopyrum esculentum. 

Elle donne les chiffres suivants : 


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45:221°3.26 "0.75 | 37:58 °2:3#|IF0:48 | 0:29 1 0.35 | 0117 
Résumé. — Le grain de Fagopyrum (1), très riche en substances 


non azotées (63,3 °/,), renferme une forte proportion de matières 
azotées (10 °/) et une quantité non négligeable de matière grasse 
(2,25 °/.) et de matières minérales (3 °/,). 

Parmi celles-ci, c'est surtout l'acide phosphorique et la po- 
tasse qui dominent. 

Il constitue, par le fait rmème, un aliment complet et très nutri- 
tif, qui ne doit pas être négligé comme ressource alimentaire. Cette 
valeur est localisée et concentrée dans la graine proprement dite, 


(1) Moyenne de toutes les espèces et variétés, 


MSG 


tandis que les écales qui la recouvrent sont beaucoup plus pauvres 
en principes utiles et contiennent une très forte proportion d’élé- 
ments indigestes. 

Les différences entre les quatre espèces examinées ne sont pas 
considérables, mais d'une façon générale le Fagopyrum esculentum 
est plus riche que les autres, sauf pour la chaux. 

Les variétés d'un même type (Fagopyrum esculentum) présentent 
dans leur composition des écarts souvent plus grands que ceux 
constatés entre les espèces. C'est le sarrasin argenté, puis le sarra- 


sin Japonais qui, dans le cas présent, sont les plus riches en éléments 
utiles. 


"as" 


CHAPITRE II 


Germination 


Dans l'étude de la germination du Fagopyrum, j'ai envisagé 
successivement : 1° la germination proprement dite, c’est-à-dire les 
transformations de la graine au cours de son développement ; 2° les 
conditions intrinsèques et extrinsèques de cette germination. 


1° GERMINATION PROPREMENT DITE 


Pour mieux suivre le développement de l'embryon, j'ai scindé 
son étude suivant les phases de son évolution : 


a) Rupture du tégument péricarpique; 
b) Sortie de la radicule ; 
c) Croissance de la radicule et apparition des radicelles ; 


d) Développement de l’axe hypocotyle ; 


e) Déroulement des cotylédons. — Apparition de la première 
feuille. 
a) Rupture du tegument péricarpique. — Comme on l'a vu. le 


fruit, la semence du Fagopyrum étant un akène, la graine, à la 
maturité, reste entourée du tégument péricarpique. 


— 158 — 


Au moment de la germination, et pour livrer passage à l’em- 
bryon en voie de développement, il doit y avoir déhiscence de cette 
gaîne résistante. 

Cette rupture se fait toujours de la même façon pour toutes les 
espèces. C’est au sommet acuminé du grain que les trois faces du 
tégument se séparent légèrement l’une de l’autre, suivant les arêtes 
d'un trièdre, laissant entre elles un très faible espace par où passera 
la radicule. Cette déhiscence est progressive. D'abord insignifiante, 
imperceptible presque, elle s’accroit lentement, au fur et à mesure 
que la radicule, elle-même, augmente de volume; la déchirure 
s'étend alors, toujours selon les trois lignes de suture de l'enveloppe, 
mais sans dépasser, sur chacune d'elles, deux millimètres environ 
de leur longueur, c’est-à-dire que les trois plans qne forme le 
péricarpe restent soudés entre eux dans leur plus grande étendue 
(fig. 58). 

D'ailleurs, les parties libres de l'enveloppe ainsi déchirée ne 
s'écartent que très peu et restent en contact permanent avec la 
radicule, contre laquelle elles restent appliquées. Ce n'est que par 
la suite, et principalement au moment du développement des coty- 
lédons, que, sous la poussée de ces organes, la déhiscence se con- 
tinue, se prolonge sur chaque arèête, jusqu'aux trois quarts environ 
de la longueur de celle-ci. 


b) sortie de la radicule. 


Il est difficile, sur un grain ordinaire, 
de suivre les premiers stades de l’évolution de la radicule, à cause 
du tégument qui en masque l'extrémité ; et 1l est nécessaire d’exami- 
ner, et à certain grossissement, des graines décortiquées. 

Au bout d'un, temps variable suivant les conditions de milieu, 
mais généralement court (deux à trois jours), on voit alors la graine 
s'allonger vers son sommet, en même temps que celui-ci s'arrondit 
lécèrement. Puis, le phénomène s'accentue, l'extrémité supérieure 
s'étire encore, et 1l s'y forme comme une hernie, qui constitue la 
radicule. 

Lorsque celle-ci commence à devenir visible, sous forme d'un 
petit cône blanchâtre, on constate, autour du micropyle, le déchi- 
rement, léger et irrégulier. du tégument séminal. 


vs 


— 159 — 


c) Croissance de la radicule.— Lorsque le germe atteint environ 
trois à quatre millimètres, il se différencie, et deux cas peuvent alors 
se présenter : 

1° Le germe conti- 
nue à s’allonger dans de 
srandes proportions, en 
restant parfaitement lis- 
se et blanc; cette partie 
constituera, plus tard la 
racine principale, le pi- 
vot. Au contraire, la 


Fic. 58. — Germination de la graine de 
de Fagopyrum. 


portion assez courte 
qui est la plus rappro- 
chée de la graine, prend une teinte jaune citron, et, à son extre- 
mité, qui formera le collet, apparaissent des ramifications perpen- 
diculaires à l'axe qui les porte. 


2° Dans la majorité des cas, lorsque le germe mesure trois à 
quatre millimètres de longugur, il n'existe pas encore trace de col- 
let, c'est-à-dire qu'on ne remarque aucun étranglement, aucun 
rétrécissement dans son diamètre. On distingue seulement vers son 
milieu, et par un examen très attentif, un changement de coloration 
et une sorte d'exfoliation très superficielle, la tigelle paraît s'em- 
boîter exactement dans la radicule. Puis, ces différences, d’abord 
très légères, s’accentuent, l'extrémité pointue et blanchâtre de la 
radicule, s'allonge. devient roussätre et comme striée, et l’on voit 
apparaître les premières ramifications. Pendant que l'accroissement 
de l'ensemble continue, le collet devient apparent, en meme temps 
que la radicule devient de plus en plus brune, rugueuse et ne tarde 
pas à cesser de s’accroître. 

Entre temps, les nombreuses et fines radicelles, toutes blanches, 
grandissent rapidement, tandis que la racine principale, elle, s'est 
flétrie. Le système radiculaire, pivotant dans le premier cas, est 
devenu fasciculé dans le second. 


Ces différences très nettes, et dont les conséquences sont très 
importantes pour la culture de la plante, paraissent tenir aux condi- 


— 160 = 


tions de milieu. D'ailleurs, Gain avait déjà, à ce propos, formulé la 


règle suivante : « L’humidité du sol paraît ralentir la croissance des 


ramifications secondaires et tertiaires. La distance des insertions est 
beaucoup diminuée. » 


1 LS 
1 
4 4 a 


GR 


| 


Fiac. 59 à | / 
Germination de la graine de NL 
Fagopyrum \ | LA 
à un stade plus avancé. NN } 


Dans le développement normal de l'embryon, l'apparition et 
l’origine des radicelles ne sont pas quelconques. Elles sont toujours 
disposées selon quatre plans réguliers, et on constate, par la suite, 
lorsque la germination est beaucoup plus avancée que deux de ces 
plans correspondent aux cotylédons. On verra, par l'étude anato- 
mique, que cette disposition quaternaire des ramifications radicu- 
laires est normale et absolument générale. 


Gain, loc. cil. p. 143. 


HO 


d. Développement de l'axe hypocotylé. — Pendant que l'axe 
hypocotylé (constitué par la région du germe située au-dessus du 
collet) grandit, les cotylédons se développent également, tout en 
restant enroulés l’un dans l’autre, dans 
la graine Les enveloppes de l'akène 
subsistent, soudées par leur base, mais 
les déchirures du péricarpe s'étendent, 
toujours en suivant les arêtes. Souvent, 
avant même que la sortie des cotylé- 
dons s'annonce, la tigelle, près du 
fruit, se courbe, devient horizontale, 
et, accentuant ce mouvement de plus 
en plus, s'incline vers le sol, pour se 
redresser ensuite, parcourant ainsi un 
arc de cercle de 120, 150 et même 
180 degrés. 

Il arrive même qu'exagérant cet enroulement — dù vraisembla- 
blement à l’action successivement prédominante de l'hydrotropisme 
et du géotropisme combinés — la tigelle fasse un tour complet sur 
elle-même (fig. 50), en entraînant toujours, dans sa rotation, les 
cotylédons et le tégument qui les coiffe. 

La croissance du système radiculaire et de l'axe hypocotylé 
continue. À la lumière, celui-ci devient verdâtre, puis rougit légère- 
ment, et, lorsqu'il atteint plusieurs centimètres de hauteur (de quatre 
à huit, selon les conditions de milieu), le capuchon, formé par les 
enveloppes de la graine, se dessèche et tombe, et les cotylédons 
apparaissent à l'air libre. 


e. Déroulement des cotylédons. — Les cotylédons ne tardent 
pas alors à verdir complètement ct à prendre mème une teinte mor- 
dorée particulière; puis à se dérouler. En mème temps, leur pétiole 
s'accroît et s'incline horizontalement. 

Ils continuent à grandir et à s'épaissir; leurs nervures palmées 
s'accusent et se colorent en rouge, et, vers la troisième semaine, le 
sommet de l'axe hypocotylé, dégagé, forme un bourrelet qui s’al- 
longe et donnnera naissance à la première feuille. 


— J62 — : 


2° CONDITIONS DE LA GERMINATION 


A. — Conditions intrinsèques 


Pour le cultivateur, la graine doit non seulement pouvoir 
germer, mais encore être susceptible de donner naissance à des 
plantes vigoureuses et productives. Or, pour atteindre ce but, on 
sait qu'elle doit remplir certaines conditions ; c'est ainsi, qu'entre 
autres, elle doit être vivante, complète, müre, saine, jeune, etc... 

L'étude de ces conditions, qui tiennent à la graine elle-même, 
est très importante pour la pratique agricole, car, du choix de la 
semence dépendent, dans une large mesure, le succès et la qualité 
de la récolte future. 

J'ai donc entrepris l'étude (qui n'avait pas encore été faite) de 
l'influence de ces principales conditions sur la germination des 
semences de quatre espèces de Fagopyrum. 


1° Age des semences 


Pour qu'une graine puisse germer normalement il est indispen- 
sable que son embryon ait atteint un développement suffisant et 
qu'il puisse trouver à sa disposition, et sous un état convenable 
d’assimilabilité, les éléments nutritifs dont il a besoin. Pour que ces 
deux conditions (qui caractérisent la maturité physiologique) soient 
satisfaites, 1l est ordinairement nécessaire que la graine ait atteint 
un certain âge minimum. 

D'autre part, lorsque la semence est trop ancienne (et pour des 
raisons diverses et d’ailleurs encore mal connues) elle perd de sa 
vitalité, les plantes qu'elle engendre sont chétives et peu prodnce- 
tives, et ilarrive mème un moment où cette graine ne germe plus du 
tout. Entre ces deux limites d’extrème jeunesse et d’extrème vieil- 
lesse (âges minimum et maximum) où la germination est nulle, tous 
les intermédiaires existent, en mème temps qu'un optimum où la 
germination est la meilleure. 

Je me suis efforce de déterminer, pour les semences de quatre 
espèces de Fagopyrum, comment se manifestait l'influence de l’âge 
snr la germination. 


J'ai employé des graines recueillies sur pied, avant la récolte, 
des graines de l’année, bien müres, et enfin, des graines de 1, 2, 
3,6et8 ans, n'ayant pu me procurer de semences d'âges intermé- 
diaires. 

Dans tous ces échantillons de même origine, j'ai choisi des 
graines bien conformées et, autant que possible, de mêmes dimen- 
sions et de même poids ; j'en ai fait plusieurs lots de 50. qui ont été 
placés ensemble et en plusieurs exemplaires, sous papier humide, à 
22-23°, à l'étuve Schribaux. 

Voici les résultats obtenus : 


1. — GRAINES RECUEILLIES SUR PIED (avant [a récoite). — Ces 
graines, lorsqu'elles ont été recueillies, étaient encore sur pied «et 
adhérentes à l'inflorescence, mais elles présentaient les caractères 
extérieurs de la maturité (dureté, coloration, etc..…). 

Sur 50 semences placées à l’'étuve, on en trouve, à la fin de 
l'expérience : 9 pour le sarrasin gris, 13 pour le sarrasin seigle, 14 
pour le sarrasin de Tartarie, 4 pour le sarrasin emarginé, qui ont 
terme. 

La faculté -cerminative est relativement faible et n'atteint que 
8 à 26 °/,. Les graines, à cet état, ne paraissent donc pas avoir acquis 
leur complète maturité physiologique. 


2. — (GRAINES DE L'ANNÉE (fig. 60) — Ces graines ont été 
essayées deux mois environ après la récolte de la plante. 

a) Sarrasin gris. — Dès le deuxième jour, 55 °/, des semences 
de sarrasin gris ont germé et les plantules mesurent déjà 1 °" 5 de 
longueur. Au huitième jour, les cotylédons commencent à se dérou- 
ler et la totalité des graines sont développées. 

b) Sarrasin seigle. — 36 graines, sur 50, ont germé après deux 
jours, et, au bout de huit jours, elles sont également toutes déve- 
loppées et les cotylédons sont entièrement apparus. La germination 
est encore plus active que dans l'espèce précédente. 

c) Sarrasin de Tartarie. — Au deuxième jour, on compte 10 
plantules seulement, et la germination n'est complète qu'au dou- 
zième. Les cotylédons n'apparaissent qu'après huit jours et à cette 


date, l’axe hypocotylé, au lieu d'atteindre 3 à 4 cm comme dans le 
Fagopyrum esculentum ne dépasse guère 1 à 2 cm. 


d) Sarrasin émarginé. — Au second jour, 40 graines, sur 50, 


se sont développées et ont une plantule d'environ 1 cm. Au cin- 
quième la radicule mesure 3 à 4 cm, l'axe hypocotylé 1,5 et les 
cotylédons, non seulement sont visibles, mais se déroulent déjà. 

La germination, plus rapide au début que dans le sarrasin gris, 


est un peu plus lente par la suite. 


Résumé. — Les semences des diverses espèces de Fagopyrum 
ont donc atteint leur parfaite maturité physiologique et sont sus- 
ceptibles de germer avec vigueur et rapidité, l’année même de leur 
production et peu de temps après la récolte, contrairement à ce 
qu'on a observé chez un certain nombre de plantes cultivées. 


/ ] , 
| | | | 
AE GRIS MP RMRRT AR (ea Eco Ë |28 37 | 46 | 50 | 50 
ST RE | 0] 3110110131! & /36. 45 | 46 | 48 | 48 
a\tDeñtatarier.t evene OMS ON MASON SNS SIA O 
A EMArPiNe CE Dar DROITE AE 46 | 50 
| [l 
SA AN RE RRre 24 | 39 | 45 | 50 | 50 12 | 19 | 35 | 46 | 48 
SENS EN AR EEU RE Rens 27|:7|48|50|50| £ }17 | 22 | 33 | 36 | 44 
M ed Datane ere 0123)127|30/4| 91) 0113 ,27]32135 
areine UNE 131184) 36 | 45 | 50! °° /20 | 30 | 33 “es 
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IIS SEEN RO SEL NARUI) ER eRE 
LE NÉS AURA HAE LS AC AC EN SR NE Se 
S\ De Tatarie .… RO OA NON DO I MRMERCESNE SELS 
Pb cine CNE il HE RINEAINS pèces de Fagopyrum, 
ET MURS DAFT UE "| | se en fonction de leur 


âge, 


A. 7 S 


—, 105 — 


* 


On constate d'ailleurs très fréquemment, au début de l'au- 
tomne, que les grains de sarrasin, provenant de l'égrenage naturel 
de la rècolte qui vient d’être enlevée, ont fourni une nouvelle pro- 
duction qui couvre entièrement le sol. C’est là une preuve manifeste 
de leur précoce vitalité. 

3. — GRAINES DE I AN. 
— a) Sarrasin gris. — 
La faculté et l'énergie ger- 
minatives (c'est-à-dire, 1° le 


taux des graines suscep- 
Dnfunce à l'âge tibles de germer, et 2° la 
des DES 


HO 
rapidité de leur développe- 
ment) sont les mêmes pour 
les semences âgées d’un 
an que pour celles âgées 
de deux mois. 
b) Sarrasin seigle. — 
Au deuxième jour, on com” 
pte 27 graines germées au 
lieu de 36 pour les graines 
de l’année. mais le déve- 
loppement ultérieur est 
Fic. 60. — Germination des graines de Semblable dans les deux 
l’année de quatre espèces de Fagopyrum. cas. [Il y a donc, au début, 
une légère différence en 
faveur des semences de l’année, qui se développent, en effet, plus 
rapidement. 


c) Sarrasin de tatarie. — 18 °/, seulement des graines étaient 
germées au second jour, 70 °/, au cinquième, et 86 °/, à la fin de 
l'essai. 


d) Sarrasin émaroiné. — Au deuxième pour 31 semences sur 50 
se sont développées, et au huitième jour, 45. Ce n’est qu'au dou- 
zième que la totalité a germé. Les graines d’un an se comportent 


par conséquent à peu près de la même façon que les graines toutes 
jeunes. 


bo 


Résumé. — La germination des graines de Fagopyrum âgées 
d’un an est excellente et sensiblement analogue à celle des semences 
plus jeunes. On constate cependant un léger ralentissement dans le 
développement de l'embryon, pour l'ensemble et, en particulier, 
pour le Fagopyrum tatarieum. 

4. — GRAINESDE 2 ANS (fig. 61). 
a) Sarrasin QTr1is, — 12 graines 
5o ont germé après deux Jours, et 


90 °/, après la première semaine. 
A la fin de l’expérience on en comp- 
te 96 °/., au lieu de 100 °/, pour les 


h0 
catégories précédentes. 
30 b) Sarrasin seigle. — On 
compte 17 plantules après deux 
me jours, 36 après huit, et 44 après 
lo £ 4 atau douze, au lieu de 50 et 48 pour les 
A7 ' ter Eng graines de un an et de l’année. 
/} \ NN . . 
/ c) Sarrasin de tatarie. — Au 
0 
CET second Jour aucune semence ne s’est 
| ATU 


encore développée, mais on en 
compte 50 °/, après cinq jourset 
70 °/. à la fin de l'essai. 


Fig. 61. — Germination des grai- d) Sarrasin émarginé. — Au 
pes de quatre espèces de Fa- e 


Te deuxième jour, 40 °/, des semences 
gopyrum âgées de 2 ans. J ; AO NOURS SRE 


ont germé, au huitième, on trouve 


41 plantules et au douzième 46, soit 92 °/.. 


Résumé. — On constate, d'après ces résultats, qu'après deux 
ans de conservation. les semences de Fagopyrum diminuent de 
valeur. Comparées aux graines plus jeunes, elles montrent peu de 
différences chez les Fagopyrum esculentum et stenocarpa, bien que 
la rapidité de leur développement soit sensiblement plus faible. 
Celles du Fagopyrum emarginatum sont encore vigoureuses, mais 
la faculté germinative du sarrasin de tartarie a baissé de plus d’un 


quart. 


Cependant, bien que légèrement affaiblies, ces semences 
possèdent encore, dans leur ensemble, une valeur suffisante pour la 
. culture. 


5. — GRAINES DE 3 ANS fig. 62). 
a) Sarrasin gris. — Après deux 


an Jours on ne compte que 4 graines 


germées, 15 après la première se- 
maine,et 20, soit 58 °/,, après douze 
jours. 


b) Sarrasin seigle. ‘Il existe 
6 plantules au second jour, 17 au 
deuxième, 41 au douzième. La fa- 
culté germinative atteint 82 °/, pour 


éetterespèce, 

c) Sarrasin de Tafarie. — La 
germination ne se manifeste qu'au 
sixième jour. À cette époque 6 grai- 
nes se sont développées. Au hui- 
tième jour on en compte 16, et 30, 


soit 60 °/, au douzième. 


Fia. 62. — Germination des grai- d) Sarrasin émarginé. Au 
nes de quatre espèces de Fa- Sixième Jour, 19 graines ont germé, 
gopyrum àgées de 5 ans. 31 au huitième et 36, soit 72 °/, au 

douzième. 
Résumé. — En somme, à la fin d'essai on comptait : 
58 °/, de graines germées pour le sarrasin cris. 
62 — — — seigle. 
60 HS = — de tatarie. 
72 £ ci — émarginé, 


soit, en moyenne, 68°/,, ou un peu plus des deux tiers, au lieu de 
86,5 pour les semences de deux ans, 07 pour celles de un an, et 98,5 
pour celles de l’année. La dépréciation, déjà observée précédem- 
ment, s’accentue donc assez nettement, et il est légitime d'en 
déduire qu'il faut, pour la culture, préférer des graines plus jeunes. 


— 106 — 


6. — GRAINES DE 6 ANS. — a) Sarrasin gris. — Ce n'est qu'a 
partir du sixième jour que les premiers germes apparaissent, et au 
nombre de 2. Au huitième, on n’en compte encore que 5, et 8 scule- 
ment à la fin de l'essai, soit 16°/,.. 

b) Sarrasin seigle. — Au qua- 
trième jour, 5 graines se sont dévelop- 
pées, 10 au huitième, et 13, soit 26°/., 
au douzième. 


c) Sarrasin de Tatarie. — Les 
trois premiers germes ne se montrent 
qu'au sixième jour ; au huitième,iln'en 
existe que 7, ét'9 S0it 10/4. aude 
zième. 

d) Sarrasin émarginé.— Au sixiè- 
me Jour, 4 germes Ont apparu, 11 au 
huitième, 27, soit 54 °/., au douzième. 


Résumé. — La faculté germinative 
des semences âgées de six ans n'’atteint 
pins, par conséquent, que : 


Fig. 63. — Germination des 16 °/, pour le sarrasin gris. 
graines de Fagopyrum LE | 
esculentum de différents 20 TE a Feet 
âges. 18 — — de tatarie. 

54 — — . émarginé. 


L'atténuation, relativement considérable, de la vigueur des 
graines se manifeste également par un ralentissement de leur déve- 
loppement, c'est-à-dire par une diminution très nette de l'énergie 
germinative. 


7. GRAINES DE 8 ANS. — Deux graines de sarrasin émarginé se 
développent seulement et aucune semence des autres espèces ne 
germe. 

Le pouvoir germinatif a complètement disparu à cet âge; ces 
semences n'ont plus aucune valeur culturale, bien que leur aspect 
cxtérieur ne soit pas modifié et ne révèle aucunement leur infériorité, 


— 169 — 


GE 


FACULTÉS GERMINATIVES ‘0 


Su (de l'année 4 an | 2 à 6 8 
pied | 
| 
BIS AL Lee DÉRSA AE OO NL OO: 96. 98. 16. 
SAUT ERORSERREEER RE 262 1966 HLOU 88. | 82. 26. 0 
Habanie 2.2... 2. PSI EDEN IE EE) 70-60 M8" 
HRATEINÉ) 42. 72e, SP A0 1100. 92: er 54. 4. 
| 
Moyennes....| 20. LA SU 86.5 | 68. 28:5,10 4. 
| 
TaBceau XV. — Faculté germinative °/, des semences de Fagopyrum 


de différents âges. 


Æ jus Résumé général. — En comparant les 
» tableaux et les graphiques ci-contre, on trou- 
1 vera, en quelques sorte synthétisée, l'in- 
É fluence de l’âge sur la valeur germinative 
des graines de Fagopyrum. Le tableau 15 
id et la figure 64 résument l’ensemble des ré- 
sultats obtenus. 
£ Ïs montrent que ila faculté germinative 
moyenne °|, (c'est-à-dire pour le genre tout 
u entier) est successivement de : 
Ê Dee 20 °/, pour les graines récoltées sur pied ; 
96,9 —= de l’année ; 
y 97 — de r an; 
86,5 == PE 
gs X 68 — 3 — 
28,5 — 6 — 
{0 I mn 9 ri 
; diminuant ainsi rapidement à partir de la 
HmmEI 64 troisième année. 
HN 64 Influence de Ils indiquent également : 1° que depuis 


l’âge des semences Ja récolte jusqu'à la seconde année de con- 
de Fagopyrum sur Fe AR UE 
leur germination. servation, les graines de Fagopyrum possè- 


11 


VON 


dent une très grande fécondité et que celle-ci est à peu près iden- 
tique pour les quatre espèces considérées. 

2° Qu'àa partir de la troisième année, leur pouvoir germinatif 
s'affaiblit sensiblement, et que, des la quatrième, les semences ne 
possèdent plus une valeur suffisante pour autoriser leur emploi en 
culture. 

3° Qu'à la sixième année leur vitalité a considérablement dimi- 
nué et, qu'après à ans, elle a complètement disparu. 

Au point de vue pratique et directement utilitaire, on peut 
donc en conclure qu'on pourra utiliser les graines de Fagopyrum, 
comme semences, dès leur récolte, mais qu'on devra éliminer celles 
quiont plus de trois et même deux années de bonne conservation. 
Les graines plus âgées n'ont pas, pour cela, perdu leur valeur 
alimentaire et on pourra les utiliser avec profit pour la nourriture 
du bétail. 


2. — Poids des Semences 


On admet généralement, bien que cette conception ne soit pas 
absolue ni toujours exacte, que les semences les plus grosses et les 
plus lourdes sont toujours les meilleures. 

En ce qui concerne le Fagopyrum les expériences sur ce sujet 
sont très rares. On ne peut guère citer que celles de Wollny qui 
corroborent, d’ailleurs, cette hypothèse. (Tableau 17). 

En fait, dans la pratique agricole, on n’opère aucune sélection 
des semences de sarrasin, malgré l’intérèt possible qu'il pourrait y 
avoir à l’effectuer. Aussi, j'ai profité des nombreuses pesées d’akènes 
de Fagopyrum que j'avais entreprises, dans le but d'en déterminer 
les variations de poids et qui sont rapportées dans un chapitre pré- 
cédent (1) pour rechercher l'influence du poids des semences sur leur 
germination et leur rendement. 

Des lots d'un même nombre de graines de plus en plus lourdes, 
ont été placés ensemble à l’etuve, dans des conditions semblables 


(1) Voir page 40. 


et examinées aux mêmes dates. La même expériences fut entre- 
prise avec des semences de densités différentes ($S 1). Enfin, 
ces deux séries d’essais, l’une se rapportant au poids et l’autre à la 
densité — ont été répétées en pleine terre et poursuivies jusqu’à la 
maturité des plantes. 


1. — Poids 


J'ai choisi, parmi les akènes du sarrasin gris argenté (dont les 
poids extrêmes atteignent, comme on l’a vu, 7 et 32 m/mgr) ceux 
qui pesaient respectivement 12, 15, 18, 22, 25 et 28 m/mgr. 

Je dois dire, de suite, que je n’ai pas trouvé, dans leur dévelop- 
pement, de différences nettes ou susceptibles d’être interprétées. 
D'une façon générale, la germination se conduisait semblablement, 
sauf pour les graines les plus légères, et si, dans certains cas, les 
semences les plus lourdes germaient mieux, dans d’autres l'avantage 
revenait à de plus légères. 

Aussi, pour tâcher de déceler plus facilement et plus justement 
l'influence possible de ce facteur, j'ai opéré différemment. J'ai pesé 
chaque lot au début, puis à la fin de la germination, c'est-à-dire 
douze jours après. Les différences de poids des plantules obtenues 
dans chaque catégorie, ramenées à 100 du poids initial des 
semences, indiquaient approximativement et comparativement, la 
vigueur et le développement plus au moins grands, acquis par cha- 
cune d'elles. 

Le tableau 16 réunit les résultats obtenus pour les trois 
espèces. 

Le poids des plantules croit progressivement, au fur et à 
mesure qu'elles proviennent de semences plus lourdes. 

C’est surtout entre les graines de 15 et 18 m/mgr. que la diffé- 
rence est grande, pour le Fagopyrum esculentum, les poids des 
plantules correspondantes s'écartant de 360 m/mgr, soit d’un quart. 
Pour le Fagopyrum emarginatum, c'est entre les semences de 22 et 
24 m/mgr que cette différence est sensible, et entre celles de r4 et 
16 m/mgr, pour le Fagopyrum tatarieum. 

Les germinations les meilleures, tant comme nombre des 


cermes, que comme poids des plantules obtenues, proviennent donc, 
pour les trois espèces, des semences les plus lourdes. Ce résultat se 
rapproche d'ailleurs de celui obtenu par Wollny, avec le Fagopy- 
rum esculentum récolté à maturité. 

C'est surtout au-dessous d'un certain minimum variable avec 
chaque espèce que l'influence du poids des semences se fait sentir. 


1 gr. 8 pour le Fagopyrum esculentum. 


DORE = emarginatum. 
1107-00 — tataricum. 
EP 
{| 
FAGOPYRUM ESCULENTUM | FAGOPYRUM EMARGINATUM ||  FAGOPYRUM TATARICUM 
| 
BP PQ] PM RE 
3 Dent scan Pere ENS 
AN NE NE A IR RES | | 
ie ul Me Net Emile te Ds | Sre|l pa 5 à 
RCE de RE ISSN TR EEE ss Nes PSE = 
Sos ER NS Meme St ee | EC EEE 
— A | _ | nn 7 (s D) | . | El 
Sul rh 8 Set) Son 7e, MO ES 2 
= =) er | TS El TT 
m/mgr | ; ll} my/mgr Il m/uigr 
| | 
2 + | S = | 1 920 | Ç 4 
240 a) 160 320 | 14 1740 290) 84 70 
300 AI 1310 330 96 2184 NM 280 | 71 1005 
300 MODES 440 OÙ Des T0 88 1170 
440 109: | 1680 ||: /480 0802220000) ES 0D TEE 1120 
500 97 115010 EAU 96 | 2462 400 94 119) 
560 | PRISES | DSÙ 954 24160 4 6D 4 90 1263 
| | | | EL O 90 1250 
| | | 
Tagceau XVI. — Influence du poids des semences de Fagopyrum 


sur leur germination. 


UE PEN ARR Sous = 
= à DM Récolte ee RE E 
Qualité LEE QE LS SN 
SA RERO MONS 8 gd. LS EURE 
d EU UNS Grains | = SUNSET 
Ê se Ah ane Se © | Sa | ea 
= CR SR — 2 — dE re NS 
la semence NE = Lee = Sa .| SSSR 
æ| + | 7 = ce = == = 
d =, | Brut | Net — En PHONNEE E 
"TT œ | | ET lZ Z 


Gros grains... | 2.1%| 2.1 1100. |403.5 401.4 616.4À 


Petits grains..| L 48} 1:5 400. |220:7/219:2,559.2/52 


Tagceau XVII. — Expériences de Wolny. 


179 


2. — Densité 


A certains auteurs, la densité des semences apparait comme le 
meilleur critérium de leur valeur culturale; d'autre part, le mode 
pratique de sélection basé sur ce caractère est l'un des plus simples 
et des plus séduisants, puisque pour l'efectuer, il suffit de plonger 
les grains dans un bain correspondant à la densité optimum, et de 
n'utiliser que les semences immergées. 

J'ai expliqué précédemment (page 40) comment j'avais opéré 
la séparation des akènes de Fagopyrum d’après leurs densités rela- 
tives et, plus loin (page 170) comment ces différentes catégories de 
semences avaient été placées en germination. Les échantillons des 
quatre espèces avaient tous des densités de 1.000, 1.050, 1.100, 
1.150 et 1.200. 

J'ai évalué et exprimé les résultats obtenus dans ces essais de 
la même facon qne ceux fournis par la germination des semences de 
poids différents, c'est-à-dire, d'une part, au moyen de la marche de 
leur germination et, d'autre part, par le poids des plantules qu'elles 
avaient fournies. 


ENSITÉS 


'ABLEAU X VIII. — Influence de la densité des 


| : 3 ; 
Fagop. esculentum |Fagop. emaræinatum Fagop tataricum Fagop. stenocarpa 
EE || ns = S- —  — 
® Æ & o |= | o ® [= & © le: 
ÉPRE S he ssl Se sl e (és 27.7 
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83 330 | 1442 96 580 | 2480 || SOS 040 JAI S 10 
98 381 | 1648 || 100 6651025532 041018069901 101571 M00 1326 
94 400 | 1640 || 101 610 | 2500 96 "| 337 | 1028 92 | 390 
or 3 Fe | — —— = = 
97 448 | 1700 | 94 635 | 2570 9 402 | 1240 || 100 438 
95 466 |. 1725 » do 96 410 | 1236 || 98 440 | 
Î } | [l 


Poids 


des plantules 


be 
© © © 
© + =) 
O0 =1 OT 


semences de Fagopyrum sur leur germination. 


— 174 — 


Comme précédemment, il faut noter que le seul examen de la 
germination est insuffisant à traduire l'influence de la densité des 
grains sur leur développement ; les résultats qu'il fournit sont 
variables et ne donnent pas d'indications susceptibles d'interpréta- 
tion, de plus, comme leur description détaillée, au moins superflue, 
serait plutôt fastidieuse, je me suis borné à réunir dans le tableau 
précédent (tableau 18), les résultats d'ensemble obtenus par les 
quatre espèces. 

Les grains qui ont une densité inférieure à 1.000 se montrent 
très inferieurs, aussi bien par leur faculté germinative que par la 
valeur des produits qu'ils fournissent. 

D'une façon générale, la germination est d'autant meilleure que 
les semences sont plus denses, et cette influence est surtout nette 
pour les Fagopyrum tataricum et stenocarpa. Les diflérences dans 
le poids des plantules obtenues sont bien moins grandes avec le 
Fagopyrum emarginatum. C’est principalement entre 1.100 et 1.150 
que les écarts sont importants. 

D'autre part, on a vu, dans un chapitre précédent que, a. 
pour le sarrasin émarginé, la densité moyenne des grains était pré- 
cisément comprise entre ces deux limites. 

On peut donc en conclure que le cultivateur aura tout avantage 
à sélectionner ses semences de Fagopyrum en les plongeant dans 
un bain d’une densité voisine de 1.100 à 1.150. 


3. — Dimensions des semences 


On admet ordinairement, pour les plantes cultivées, que les 
grosses semences sont les meilleures, sauf, bien entendu, au delà 
d'une certaine limite, qu'indiquent également les considérations 
économiques. 

De cette notion, maintes fois vérifiée, a été tiré un mode de 
sélection des semences, aussi simple qu’avantageux, qui, pourtant, 
n’a été ni utilisé n1 même expérimenté sur le sarrasin. 


ensions | 
des 
semences 


Pot) Din 


re 


" 
ja pp à 
& W 


18 


Nombre 


— 175 — 


Aussi j'ai profité de la séparation et du classement des akènes 
que m'avaient permis de faire les mesures biométriques précédem” 
ment rapportées, pour examiner l'influence de la grosseur ou des 
dimensions des semences de Fagopyrum sur leur gemination. 

Pour chaque espèce, j'ai pris des types nettement définis (par 
leurs deux dimensions linéaires) et je les ai placés, en comparaison, 
à l’étuve. Comme pour la densité, je ne rappellerai pas tous les 
détails du développement, et je me bornerai à l'examen des résultats 
d'ensemble, résumé daus le tableau suivant : 


sur leur germination. 


L'examen de ce tableau montre, comme les précédents, que 
plus les dimensions des graines sont élevées, meilleurs sont les 
résultats obtenus. Il y a une progression constante dans le poids des 
plantules, et parallèle à celle de la taille des semences. 

Pour le Fagopyrum esculentum, c'est surtout à partir de la 
longueur 18, qui correspond à 4 m/m 5, que les différences s'accu- 
sent. C’est à partir de la longueur 22 (5 m/m 5) pour le Fagopyrum 
emarginatum, de 18 (4 m/m 5) pour les Fagopyrum tataricum et 
stenocarpa. 


Poids 
des plantules 


ee | | 
 Fagop. esculentum |Fagop. emarginatum | Fagopyrum tataricum || Fagop. stenocarpa 
bre rie por = Pret em set 
ce 2 | | na lat Poids des | | 4° 
ShnelSre| 8e lee S|ée | | 48 
E [TS |485| 28 128 1485 881 s [SSI 
5 IL I2TéE) 65 | LAÏLTE]| 88 | 2a | Su [278186 
29 = Di | 00 nes | 27 8 [510 EN NC AT 
© Al SUR E © bal SE @ 2 RS SZ eo 
m/mgr | m/mgr || | | 
81 1030 || 14 83 1594 || 12 T5 225 | :900 || {1 89 
80 1208 16 164 1663 || 15 86 220 {4 93 
94 1624 19 89 | 1745 || 17 94 307 | 1141 18 98 
98 |4677| 22 | 96 | 2180 | 18 | 95 | 407 | 1328 | 20 | 98 
98 | 1756 || 24 95. :1°2239 (121 92 398 | 1337 | 22 99 
201418102127 99 | 2407 | | 
96 | 1812 | | | 
TaBzeau XIX. — Influence de la grosseur des semences de Fagopyrum 


4. — Hygroscopicité des semences 


Comme toutes les semences, les graines de Fagopyrum, placées 
dans un milieu humide, peuvent absorber une certaine quantité de 
vapeur d’eau, comme elles sont, au contraire, susceptibles d'en 
perdre, lorsqu'elles se trouvent dans une atmosphère sèche. 

Cette propriété possède une influence sur la faculté germinative 
de la semence. 

Pour en déterminer la valeur, j'ai placé des lots de 10 grammes 
d’akènes de quatre espèces de Fagopyrum et de graines décorti- 
quées de sarrasin gris argenté, obtenus dans des conditions iden- 
tiques, dans des boîtes de Pétri présentant à l'air une assez grande 
surface et déposées sous des cloches reposant successivement sur 
l'acide sulfurique et sur l’eau. L'exposition dans les atmosphères 
sèche et humide a duré jusqu'à ce que la dessication et la saturation 
à peu près absolues soient atteintes, c'est-à-dire jusqu’à ce que 
deux pesées successives d’un échantillon donnent les mêmes 
résultats. 


Voici les résultats obtenus : 


Gr Gr |ISTS F |1GF9 O0 |G69'011C69 07089 OT|08G 0 10896 1069 6 [0172 6 | OF OS FF | 91H10S 7 
08 YT |0E7°T |O8L O |08L OTI0ZL 101 LEZ 011009 O0 |0S86°6 |OL8 6 12896 | OF |09 7 |" "°eleJaeL pp  — 
0808 |020°& |0Y8 0 [08011088 Q1|06L 0H 081: 10c8'8 [0688 |OLF'6 | OF (067 |": QUHHIEUQ  — 
| 06 9F 1069°F |07L O |0ÿL'OFTIGEL OF 00L 07/06 0 |00°6 [Or+'6 106€ °6 (ONDES 27) PAS SES gnb131009p cu 
| 
R 08 LE |OCL'F |079 O |019 1 1|09:07 809 :oTlorr Fr lo6s8 8 |c68 8 |gez'6 | O7 |gr'€r ETS Se à QYUOSIE UISEIIES 
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NOTILNVHLAH] AG SAIOd 


SR 178 LE 28 


1. — Atmosphère sèche. — Dans une atmosphère sèche, les 
akènes de sarrasin gris perdent rapidement une forte proportion 
d’eau. Au bout de cinq jours, la diminution de poids atteint 7,65 °/., 
après treize jours, 11,05 °/,. Puis la dessication se continue très 
faiblement, et, après 24 jours, la perte ne dépasse pas 11,10 °/.. 

La dessication du sarrasin émarginé suit la même marche. Après 
cinq jours, la diminution de poids est de 8,50 °/,, elle est de 11,7°/0 
après 13 jours et de 11,8 °/, après 24 jours. 

De même pour les deux autres espèces où la perte de poids 
atteint après 5 jours : 3,15 °/, pour le sarrasin de tartarie et 2,9 °/, 
pour le sarrasin seigle ; après 13 jours : 6,3 pour le premier et 5,1 
pour le second: et, après 24 jours 6,5 °/, pour le sarrasin de tartarie 
et 5,2 °/, pour le sarrasin seigle. 

Par conséquent, la diminution de poids des akènes placés dans 
une atmosphère sèche varie de 5,2 à 11,8 °/,, avec une moyenne 
de 8,82 °/. Elle est surtout importante dès le début, puis continue 
ensuite faiblement, pour s'arrêter vers le vingt et unième jour où la 
dessication est complete. 

La perte de poids est plus forte pour le sarrasin émarginé, puis 
pour le gris, et bien plus faible pour le sarrasin seigle. 

Dans une même espèce, elle est plus petite pour la graine décor- 
tiquée que pour l’akène. 


2. — Atmosphère humide. — Dès le début du séjour dans une 
atmosphère humide, les grains de sarrasin absorbent une quantité 
de vapeur d’eau très élevée : 6 °/, pour le gris, 7,9 pour l’émarginé, 
7,3 pour le tartarie, et 6,8 pour le seigle. 

Après trois semaines, le poids des akènes a relativement peu 
augmenté. L'augmentation est la même qu'au quatrième Jour pour 
le sarrasin gris, elle atteint 8,2 °/, pour l'émarginé, 7,7 pour le tar- 
tarie et 6,05 pour le seigle. 

Au quarante et unième jour, le gain a peu changé. Il est de : 


6,10 °/, pour le sarrasin gris; 

6,40 — émargine ; 
OO 0 — de tartarie ; 
6,95 — seigle ; 


.. 


LR ES 


7,40 °/, pour les graines décortiquées de sarrasin gris. 

Comme pour la dessication, l'augmentation de poids se fait 
surtout au début, puis elle se continue faiblement, et au vingt et 
unième jour elle peut être considérée comme presque définitive. 

Le gain est plus élevé pour le sarrasin émarginé, puis pour le 
tartarie et le seigle, et plus petit pour le gris, Contrairement à ce 
qu'on avait observé pour la dessication. 

Entre le poids minimum de l'akène (desséché) et le poids 
maximum, il exlste donc un écart relativement considérable qui 
atteint : 


17, 2°), pour le sarrasin gris. 


20, 2 — émarginé. 

14019 — de tartarie. 

DUT — seigle. 
FR 9 — les graines décortiquées. 


Soit en moyenne 16, 19 °/.- 

En définitive, l'hygroscopicité est plus grande pour l'émarginé 
et le gris et plus petite pour le tartarie et le seigle, ce qui tient, pro- 
bablement, à la dimension des akènes et à la nature des téguments, 
ainsi que j'ai pu le constater pour les semences d'un grand nombre 
de plantes (1). 

Influence de l'hygroscopicité sur la faculté germinative. — 
La faculté germinative des graines est impressionnée par leur contact 
plus ou moins prolongé avec une atmosphère humide ou sèche, 
ainsi que l'indique le tableau suivant : 


(1) Annales de l'Ecole Nationale d'Agriculture de Rennes, 1907. 


FACULTE GERMINATIVE ° 


—— — 


$ GRAINES RESTÉES 
UT ner em Te — 
= |5 jours daus | dans une 
| = une atmosphère 
= atmosphère humide 
d és ee 
| à Rue ne | SI 41 
& | mide | SC | jours | jours 
S'ALRASINN PRIS SC AE EE nee Eee 1002/2699 100 89 0 
— ÉTDELAIT EE CE Eee 100 32 99 46 0 
— COLA IE RSR PEUT SCC MR APRES 99 | 96 99 | 87 0 
AOC IARLE PR A Ut 00097 90 98 | GI (Q 
| 
| 
Tagzeau XXI.,— Influence de l’hygroscopicité sur la faculté germinative 


des semences de Fagopyrum. 


Le séjour dans une atmosphère sèche n’a qu'une influence très 
faible sur la germination des semences de Fagopyrum et elle lui 
serait plutôt favorable. 

C'est probablement pourquoi certains auteurs ont préconisé le 
séchage (dans des fours) des semences de sarrasin. 

Par contre, le contact d'une atmosphère humide, dès qu'il 
dépasse une certaine durée, est nettement préjudiciable. Après cinq 
jours seulement, son action défavorable se fait déjà sentir et au bout 
de trois semaines, la faculté germinative est considérablement dimi- 
nuée, surtont chez le sarrasin émarginé où elle a baissé de plus 
deSons | 

Après 41 jours, toutes les semences, couvertes de moisissures, 
sont incapables de germer. 

On peut donc déduire de ces essais la nécessité de conserver 
les semences de sarrasin dans un milieu sec, afin de leur garder toute 
leur valeur primitive. 


; 


EFFET T.- 


M bals : 5 


=—CTOr — 


B. — Conditions extrinsèques 


Si la nature de la semence possède une influence certaine et 
prépondérante sur le succès de la récolte, les circonstances exté- 


! 


rieures, les conditions de milieu jouent un rôle également considé- 


D 


rable dans le développement de la plante et le résultat qu'on attend 


de sa culture. 


A ce point de vue, la température, l'hümidité, la nature du sol 
et la profondeur du semis sont à envisager. 


- = 
tesel 


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Een 148 


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Fig 65. — Influence de 
de la température sur 
la germination des 
quatre espèces de Fa- 
gopyrum. 


Es etoile oui 
D, 13 16 20 25 30 35 0 


1. Température 


Chaque espèce de plante, pour ac- 
complir les différentes phases de son 
évolution, a besoin d’une certaine somme 
de chalenr. En particulier, ses graines ne 
peuvent commencer à germer que lors- 
qu'elles trouvent une température suffi- 
sante, qui constitue la température min1- 
mum de germination. : 

Soumises à une chaleur plus forte, 
leur développement s’accélèr: jusqu’à 
une température dite oplimum, au-dessus 
de laquelle ilse ralentit au contraire, pour 
s'arrêter finalement lorsqu'elle atteint une 
certaine limite, qui représente la tempé- 
rature #2axX1mum de germination. 

La recherche de ces diverses tempé- 
ratures spécifiques du sarrasin, dont la 
connaissance est évidemment très impor- 
tante, n'a pas encore été entreprise jus- 
qu'ici. C’est pourquoi j'ai été amené à 
essayer de les déterminer. 

Pour cela, j'ai mis en germination à 
des températures différentes, qui m'étaient 


— 102 — 


fournies par une étuve Schribaux et par une usine frigorifique, 
dont le gérant m'avait obligeamment accordé l'accès — un certain 
nombre d'échantil ons semblables d'akènes des quatre espèces de 
Fagopyrum. 

Les résultats obtenus, pour les températures de 5, 8, 13, 16, 25, 
30, 35 et 40 degrés centigrades, sont réunis dans le tableau 22 et 
représentés par les courbes 65 et suivantes. 


Gris en 
5°] 8 [13/16 co sens 0 4015 {sale 25130 safe 
RENE 
ONOUTS 0e 0! 0! 0! 7128,30/30/22| 0 ne 0113.25/38124124| 0 
PORES VOER 0! 0} 8/19,31/37|38/30| 0] 2| 3] 6117,40/45|36/29| 1 
SE NA Te re 0! 2/34/30/40/46/39/32| 0] 9,26128/22/41146/40/32| 2 
DR le Te 11241 39:43149140136| 014130133135 461491411384 2 
RER AE 4116,43/44,47159/41137| 011635139136 46/49/45/%5| 4 
RCE ee ie 5117/45/46 4915043137) 0122142/44146 50/49/4538) 5 
| | 
Tatarie Emarginé 
D TU RE 
50] 8 43 20 251301351405 °| 8 DEEE 30/35/40 


\ 


ANJOURS EN Ne 0! 0! 0! 0! 0! 2] 7| 5| 0]! 0] 0! 0! 312013 [40/27] 0 

PORT GREAT Fe .| ol 0! 0! 411312012718] 0! 0| 5126/28132139/43135| 1 

RS ARE rite 0! o! 2121°8137137125| ol! 3137124/40/21143146138| 3 

AE TRE o! 0! 5191/30/28 44131! 2]| 8138146/49/48/47150/40! 3 

RER ANNE TRE E 0112| 8/24/33/40/48135| 2142139/46/49/50/50/50/42! 3 

DEEP REA Le 0113/20/35,39/46/48/41| 314140/47/49/50/50/50/42[ 3 
| 


Tagceau XXII. — Germination des graines de Fagopyrum à diverses 
températures. 


Je tiens à faire remarquer que ces résultats ne présentent pas 
une valeur absolue, car, en effet, il est très difficile, quelles que 
soient les précautions prises, de conserver pendant quinze jours une 
température rigoureusement constante; et, d'autre part, la nature 


k 


CNE 


M TOS UE 


même des semences fait sentir son influence. I] ne faut donc leur 
accorder qu’une valeur relative, mais qui reste cependant suffisante 
pour permettre d'en tirer des indications utiles à la pratique agri- 


cole. 


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DONNE 31 91 15 CL 41 gl (5 
_ Fic. 66. — Germination des graines de Fagopyrum à des températures différentes. 
=. — Fagopyrum esculentum. + | Fagopyrum stenocarpa. 


— tataricum, ++++ — emarginatum, 


CCR 


— 1864 — 
À. — FAGOPYRUM ESCULENTUM. — À $°.— A la fin dela première 


semaine, aucun germe n'estencore apparu, et au quinzième jour, on 
n'en compte que 5. La germination, sans être nulle, est donc insi- 
gnifiante à cette température, qu'on peut considérer comme la tem- 
pérature minimum. 


A 6°. — Ce n'est encore qu'à partir du septième jour que les 
premières plantules apparaissent, réduites, d’ailleurs, à la pointe 
blanchâtre de la radicule, et, à la fin de l'essai, 17 graines, sur 50, 
se sont développées, soit le tiers environ, La germination, quoique 
bien meilleure qu’à 5°, est encore faible et lente. 


A 13°. — À la deuxième semaine, les 9/10 des semences sont 
‘germées, mais leur développement à été relativement lent. Ce n'est, 
en effet, qu'au quatrième jour qu'on aperçoit les premières plan- 
tules (8); cependant, dès le septième, 34 germes étaient apparus, 
indiquant une énergie germinative beaucoup plus grande qu'aux 
températures précédentes. 


A 16°. — A la fin de l'essai on compte à peu près le même 
nombre de graines germées qu'à 13°, soit 46 sur 50, au lieu de 45; 
mais la rapidité de leur évolution a été plus grande, en effet, dès le 
dix-neuvième jour, on aperçoit ; radiculès, et 19 au quatrième jour- 


A 20 et 25°. — La totalité des semences ont germé avant la fin 
de la première quinzaine, manifestant ainsi une faculté germinative 
parfaite. La différence de développement à ces deux températures, 
se traduit seulement par une rapidité plus grande à 25°. 

Au deuxième jour, 56 et 60°/, des graines ont germé dans les 
deux cas. Au quatrième jour, les différences s’accentuent, on compte 
31 plantules à 20°, 37 à 25. Au septième jour : 40 à 20°, 46 à 25, au 
neuvième, 43 à 20°, 49 à 25. 

La germination est donc excellente à ces deux températures, 
mais elle est plus rapide à 25° qu'à 20°. 


A 3o°. — Le début de la germination est très satisfaisant et 
aussi rapide, si ce n’est plus, qu'à 20 et 25°, puisque, au deuxième 
jour, on compte déjà 50 plantules et 38 au quatrième ; mais, par la 
suite, le développement se ralentit considérablement, et, à la fin de 


+ UT CT 


on ile le à 


— 105 — 


l'essai, 43 graines seulement ont germé; le reste, soit 1/7, se 
couvrent de moisissures et ne se développent pas. 


À 30°, par conséquent, la germination, bien qu'encore active, 
est cependant moins bonne qu'à 25°, et c'est aux environs de cette 
dernière température qu'elle paraît la meilleure. 

L'optimum est, de ce fait, situé aux énvirons de 25° et par 


des essais ultérieurs, j'ai crû pouvoir le fixer approximativement 
vers 27°. 


A 35°.— On ne compte plus que 22 plantules au deuxième 
jour, 32 à la première semaine et 37 après quinze jours de séjour à 
l’étuve. La germination, plus lente, est, d’autre part, réduite à 74°/, 
aheu de 80%) "àa507; 10011257; 98/à 20°, etc.» 


A 40°. — Dès qu’on dépasse 35° la faculté germinative diminue 
considérablement ; de plus, les germes qui apparaissent sont bruns 
rougeûtres à leur extrémité et ne tardent pas à périr, et lorsqu'on 
arrive aux environs de 40-41° aucune graine ne se développe. La 
courbe de germination (fig. 65), encore assez élevée à 35°, 
subit, à partir de ce point, une chute très brusque et descend rapi- 
dement à o. 

La température de 40° peut donc être considérée comme la 
température maximum de germination du Fagopyrum esculentum. 


Résumé. — Il résulte de ces essais que la germination des 
akènes n'est possible qu'entre des températures extrèmes voisines 
de 5 et 40°, qui correspondraient ainsi aux températures minimum et 
maximum pour cette espèce. Quant à l'optimum, il se trouverait aux 
environs de 25,27°. 

On en peut tirer également cette déduction pratique : que le 
semis ne doit pas s'effectuer quand la température moyenne ambiante 
n'atteint pas, théoriquement 5°, et pratiquement 13°. 


Lo 


B. —- FAGOPYRUM STENOCARPA. — À 5°. — À la fin de l'essai, 
on compte 22 germes, soit une proportion, relativement très élevée, 
de 44 °.. Il est vrai que leur apparition est lente, et qu'ils sont 


12 


— 186 — 
ig 


différence très appréciable entre le développement de cette espèce 


Li 
il 


petits et d'apparence chétive ; mais on n’en constate pas moins une 


4. Gu 

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t ——-— 3 40 
DÉS batars 


+hétts QU 
1 
. 


F1G. 67. — Germination des graines de Fagopyrum. à diflérentes 
températures. 


dm ie 


bn 2 


7 À... 


celui du Fagopyrum esculentum (5 germes) à cette température. 
A 3-1° quelques graines se développent déjà. 


A 8. — La germination n'est pas encore rapide et il faut 
atteindre la première semaine pour apercevoir quelques plantules; 
au quinzième jour, la presque totalité des akènes ont germé (98 °/°). 
La germination, à cette température relativement basse, se fait donc 


très normalement. 


A 13°. — 28 germes sont apparus à la fin de la première 
semaine et 44 à la fin de la seconde. Le développement se fait, par 
conséquent, à peu près comme à la température précédente, bien 
qu'il existe ici une légère diminution, difficile à expliquer. 


A 16°. — Dès le deuxième jour, on trouve 13 germes, 22 au 
septième et 46 au quinzième. Le total des germinations est donc le 
même, mais le développement est plus rapide et plus régulier 
qu'à 13°. 


A 20°. — Dès le premier jour on aperçoit les pointes blanches 
de quelques radicules ; le deuxième, 50 °/, des graines ont germé ; 
le quatrième, 80°/°, et, à la fin de l'essai, la totalité se sont déve- 
loppées vigoureusement. 


A 25°. — Dès le second jour, 36 germes sont apparus, 90°/, au 
quatrième jour et la presque totalité au septième. 

La germination est donc excellente et très active à ces deux 
températures. 


A 30°. — On compte 24 plantules au deuxième jour, 40 au sep- 
tième, mais 45 seulement au quinzième. L'évolution est encore très 
rapide, mais on constate pourtant une atténuation de la vigueur des 
semences et de la faculté germinative, qui n’est plus ici que 
de oo °/.. 

A 35°. — On trouve également 24 plantules au deuxième jour, 
puis 32 au septième, et 38 au quinzième. L’allure du développement 
est donc à peu près la mème qu'a 30°, mais il n'y a plus que 76°L 


_des graines qui germent à cette température. 


=— 1098 — 


À 40°. — Quelques plantules apparaissent encore à 40-41°, et 
près de 10°/, des akènes se développent encore. Cependant la 


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Fig. 68. — Germination des graines de Fagopyrum, à différentes 
températures. 


LUS. je. 


faculté germinative est considérablement diminuée et, pratiquement 
au moins insignifiante. 


Résumé. — La germination des graines du Fagopyrum steno- 
carpa présente quelques caractères particuliers, parmi lesquels il 
convient de remarquer la possibilité de la germination aux basses 
températures, et la rapidité générale du développement. Ses tempé- : 
ratures limites paraissent un peu plus éloignées que celles du Fago- 
pyrum esculentum, sans toutefois s'en écarter beaucoup, et la tem- 
pérature optimum semble à peu près la même. 


C. — FAGOPYRUM TATARICUM. — À 5°. — Aucune graine ne 
germe. 

A 6°. — Ce n'est que vers le dixième jour que l’on voit appa- 
raître quelques radicules ; d’ailleurs, à la fin de l'essai on n’en compte 
que 13. 

À 13°. — Il faut encore attendre plusieurs jours avant d’aper- 


cevoir les premières plantules, et, à la deuxième semaine, 20 grai- 
nes se sont développées seulement, soit les 2/5. 


À 16°.— Au quatrième jour, 4 germes ont apparu, puis 12 après 
sept jours et 35 après quinze. La germination atteint 70 °/,, et, par 
suite, est bien meilleure qu'aux températures précédentes, sans 
pourtant, être comparable à celle des graines des autres espèces 
placées dans les mêmes conditions. 


À 20°. — Au quatrième jour, on compte, cette fois, 13 germes, 
28 au septième et 39, soit près des 4/5, à la fin de l'essai. 


À 25°. — Au deuxième jour on trouve 2 plantules, 20 au qua- 
trième, 37 au septième et 46, soit 92 °/,, au quinzième. Le dévelop- 
pement, comme on le voit, est d’autant plus régulier et meilleur que 
la température s'élève. 


A 30°. — À 29-30°, la faculté germinative atteint 96 °/,, c'est-à- 
dire son maximum, dès le deuxième jour, tandis qu'elle n'avait pas 
dépassé 0922/3225, 70 420,70 4,10, 40,à 13, etc... 


A 35°. — Au deuxième jour on compte 5 germes, puis 25 au 
septième et 41 à la fin de la deuxième semaine, soit une proportion 


de 82 °/,. A cette température élevée, la germination est donc encore 


très bonne. 


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RTE Non 7451 
Fi. 69. — Germination des graines de Fagopyrum à différentes 


températures. 


À 40°. — Aux environs de 40°. on ne trouve que quelques 
akènes (1/15 environ) qui se développent et, d’ailleurs, très lente- 
ment et très faiblement. 


Résumé. — L'allure du développement des graines de cette 
espèce est, comme on le voit, très spéciale. La germination, impos- 
sible aux basses températures, n'’augmente de valeur que lentement 
et progressivement, pour atteindre son maximum d'énergie près de 
30°, et devenir, à nouveau, très difficile vers 40-41°. 


D. — FAGOPYRUM EMARGINATUM. — À 5°. — Au septième Jour 
on compte 3 germes, et 14, soit 28 °/,, à la fin de la deuxième 
semaine ; 1l est vrai qu'ils sont faibles et que leur apparition est 
assez tardive. 


A 6°. — Dès le neuvième jour, 38 plantules sont apparues et, 
au quinzième, la faculté germinative atteint 78 °/.. 


A 13°, — Au quatrième jour, on trouve déjà 52 °/, des graines 
qui sont développées, et cette proportion s'élève à 88 au septième 
jour et à 94 °/, à la fin de l'essai. Le développement est déjà très 
rapide et très vigoureux à cette température. 


A 16°. — Au deuxième pour 5 plantules sont apparues, puis 28 
au quatrième, 40 au septième et 49 dès le neuvième. La faculté ger- 
minative atteint par conséquent 06 °/.. 


A 20-25°,— La totalité des graines serment à ces températures, 
mais le développement est un peu moins intense à 20° qu'a 25. A 
cette dernière température, plus de 60 °/, des semences sont déve- 
loppées dès le second jour, manifestant ainsi une vitalité consi- 
dérable. 


A 30°. — La totalité des akènes germent encore et avec une 
rapidité non encore constatée. En effet, dès le quatrième jour, 80 °/, 
des plantules sont déjà apparues, et au neuvième, on en compte 
100°/,. C’est par conséquent dans ces conditions que la germination 
semble la meilleure. 


A 35°. — Au deuxième jour, 5 °/, des germes sont visibles, et 
à la fin de l'essai 84 °/, des graines se sont développées. 


À 40° quelques akènes seulement germent péniblement. On en 
compte 3 sur 50, soit 1/17 environ. 


Résumé. — Les graines de Fagopyrum emarginatum semblent 
donc posséder une température minimum de germination légèrement 
inférieure à 5° et une température maximum peu éloignée de 40°. 
Quant à l’optimum, il est difficile à préciser, car de 16 et 32° la 
faculté germinative atteint 100 °/,. Les différences ne se traduisem 
que par une variation de l'énergie germinative, qui paraît la meil- 
leure aux environs de 30° 


FACULTE GERMINATIVE .f° à 


00 48° 1 43° | 46° | 209 | 25,11 30735 


Fagopyrum esculentum ..... 10 |:34 | 90 |°92 |, 98 |100 | 86 | 74 "0 
— emarginatum ...| 28 | 78 | 94 | 98 |100 |100 |100 | 84 6 
— tataricum....... 0 |:26 |:40 | 70 |-78 179296 11"82211me 
— stenocarpa...... 4h | 98 | 88 | 92 1100 | 983 | 90: 76M0 


Moyennes..|20,5| 59 | 78 | 88 | 94 197,5} 93 | 79 15,5 


TasrEau XXII].— Faculté germinative moyenne des graines de Fagopyrum 
à différentes températures. 


RÉSUMÉ GÉNÉRAL. — Si on détermine, pour les quatre espèces 
et à chaque température, le nombre de germinations °/, (tableau 23) 
et que l’on fasse la moyenne de celles-ci, on obtient, pour le genre 
Fagopyrum considéré dans son ensemble, la faculté germinative 
aux diverses températures. 

On peut, par suite, tracer la courbe de l'influence de celles-ci 
sur la vitalité des semences (fig. 70) 

On voit ainsi que dans l’ensemble les températures minimum, 


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optimum et maximum de germination des graines de Fagopyrum 
sont voisines de 5, 25 et 41°. 

Si d'autre part, on compare les germinations des graines des 
quatre espèces, on aperçoit entre elles, en même temps que d'évi- 
dentes corrélations, certaines différences qui apparaissent plus net- 


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Fi. 70. — Températures de germination des graines de Fagopyrum. 


tement par l'examen des courbes figuratives (fig. 65 et suivantes). 
On constate, par exemple, que c'est le sarrasin émarginé et le sarra- 
sin seigle qui germent aux températures les plus basses, tandis 
que le sarrasin de Tartarie possède le minimum le plus élevé; que le 
sarrasin émarginé se développe également bien aux hautes tempé 
ratures, puisque son optimum paraît voisin de 30°, tandis qu'il reste 
aux environs de 25- 27° pour le sarrasin gris, de 23-24 pour le 
sarrasin seigle et de 28-30° pour pour le sarrasin de Tartarie. 

Ces indications présentent un réel intérêt pratique, en permet- 
tant de déterminer approximativement l’époque la plus favorable 
pour le semis, et la zone possible de la culture des différentes espèces 
de F'agopyrum. 

On pourra s'étonner que les températures minima de germination 
soient si basses, en considérant que, dans la pratique agricole, on 
ne sème presque Jamais (dans nos climats) le sarrasin avant la fin de 
mai et, plus souvent, le mois de juin. C’est que cette époque tardive 
du semis tient, non pas à l'impossibilité de la germination des graines, 
mais à d’autres considérations culturales, et, aussi, à la sensibilité 
extème des jeunes plantes aux moindres froids et particulièrement 
aux gelées blanches auxquelles elles ne résistent pas et qui sont fré- 
quentes avant cette date. Si l’on ne tenait compte que des tempéra- 
tures de germination, il paraît certain qu'on pourrait semer le sar- 
rasin beaucoup plus tôt. 


2. — Humidité 


L'eau, par le rôle multiple qu'elle joue, est absolument indispen- 
sable à la germination, mais celle-ci en exige des quantités plus ou 
moins grandes selon les graines considérées, et un excès comme 
une insuffisance d'humidité lui sont également défavorables. 

Comme pour la température, il existe, pour une semence don- 
née, une proportion d'humidité minimum, optimum et maximum, 
qu'il est nécessaire de connaître. | 

Ces proportions, qui ont été déterminées pour un certain 
nombre de graines de plantes cultivées, ne l’ont pas été pour celles 


4 


— 195 — 


du Fagopvrum. Haselhoff dit seulement, en ce qui les concerne : 
« Les graines de sarrasin, pour germer, ne demandent pas tout à 
fait la moitié de leur poids d’eau ». 

J'ai essayé de résoudre cette question de différentes facons : 1 


o 


‘en recherchant la quantité d’eau absorbée par les graines pendant 


o 


leur évolution, 2° en suivant leur développement dans des milieux 
plus ou moins humides ; 3° en déterminant la faculté germinative de 
semences placées dans des sols arrosés plus où moins fréquemment 
et plus ou moins abondamment. 


1° Quantités d’eau absorbées par les graines en germiuation 


J'ai mis 5 graines de poids connu à germer à l’étuve dans Îles 
conditions habituelles, et à intervalles réguliers, je les ai pesées (1) 
de façon à voir la quantité d’eau qu'elles avaient absorbée jusqu’à 
ce que le germe soit nettement apparu. On tenait compte de l'humi- 
dité initiale, qui avait été déterminée préalablement, et des produits 
solubilisés et entrainés. 

Voici les résultats obtenus, ramenés à 100 grammes de semences. 
(Tableau 24). 


| 
| 
| 


2) 


2 nee 
E © APRÈS VAS ne 
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SE ESPÈCES anne en A EE RS 
UE 3 24 48 DR AS £E 
ae heures | heures | heures [jours| #5) © | & 
12/30 PSarrasin gris. 2... 21 .04137.52159.77175.63|15 86159.77)47.47 
13.69 — émarginé .../|50.30[52 90157.30/88.01121.40 66.61 152.96 
10.18 - Selsles rt rer 34.46149.04163-32171 .72 16.41,55 61145.43 
11.94 — de Tartarie . |43.25|44. 17[61.02/7%.17113.15/61.02|49.08 


TaBzeau XXIV. — Augmentation °/, du poids des semences de Fagopyrum 
pendant la s“ermination. 


(1) Après les avoir passées dans du papier buvard, pour enlever l’eau 
adhérente. 
(2) Gain total — humidité initiale. 


— 196 — 


L'augmentation de poids des semences, par endosmose, est très 
importante avant mème que la germination se manifeste extérieure- 
ment; elle s'accroît ensuite rapidement et au quatrième jour, alors 
que les germes sont bien apparents et mesurent 1 à 2 centimètres de 
longueur, elle est relativement considérable, 

Déduction faite des produits solubilisés ou exosmosés, et de 
l'humidité initiale des graines, cette augmentation de poids, résultant 
de l'absorption de l’eau ambiante, varie de 45 à 52 °/, selon les 
espèces, et atteint en moyenne 46,73 °/.. 

Il est à remarquer que ce chiffre est très voisin de celui indiqué 
par Haselhoff (49,76 °/.). 


2° Germination en milieux plus ou moins humides 


Dans cinq séries de vases en verre, remplis d’un poids égal de 
terre siliceuse (500 grammes) préalablement desséchée à l'étuve, j'ai 
apporté, une fois pour toutes et avant le semis, des quantités d’eau, 
croissantes de l’une à l’autre, de facon à obtenir des milieux dont le 
taux d'humidité soit respectivement de 0, 5, 10, 15, 20, 50 °/,. Puis, 
j'y ai semé (à 1 centimètre de profondeur) un même nombre de 
semences (20) des quatre espèces de Fagopyrum, dont j'ai suivi le 
développement. 


Voici les résultats obtenus : 


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(CHIC CAC NS RO SC DS A0 SG) En ST On CS CT EPS eee 
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— 1098 — 
À 0. — Aucune graine ne germe. 
À 5°}. — Seules, 1 semence de sarrasin émarginé et de sarra- 


sin de tartarie se développe. 
À 7,5 °/,. — 2 ou 3 akènes commencent à se développer pour 
chaque espèce, on en compte même 5 pour l'émarginé, mais leur 
germination est lente. 
À 10 °/,. — On compte 7 plantules, au quinzième jour, pour le 
Sarrasin gris, 4 pour le sarrasin seigle, 7 pour le tartarie et 12 pour 
l’'émarginé. Cette espèce se développe particulièrement bien, puis- 


qu'au bout de deux jours on aperçoit déjà une radicule et, qu’au. 


quatrième, le cinquième des graines ont germé. A la fin de l'essai, 
60 °/, se sont développées. 

A 15°. — Au quinzième jour, on compte 12 germes de sarra- 
sin gris, 14 de seigle, 17 de tartarie et 20 d'émarginé. Le dévelop- 
pement est donc d'autant meilleur que l'humidité du sol augmente, 
puisqu'il atteint : 

60 °/, pour le sarrasin gris ; 


70 — seigle ; 

85 — de tartarie ; 

100 — émargine. 
A 20 °/,. — On trouve, a la fin de l'essai, 19 plantules bien 


développées de sarrasin gris, 18 de seigle, 18 de tartarie et 19 
d'émarginé, soit une proportion de 95 ‘/,, 90, 90 et 95 pour les 
différentes espèces. C’est à ce taux d'humidité que la germination 
se fait le mieux. 

À 25°}. — On ne compte plus que 13 graines développées 
pour le sarrasin gris, 18 pour le seigle, 15 pour le tartarie et 14 
pour l’émarginé, soit une faculté germinative de : 65 °/,, 90, 75 et 
70 °jo- 

Le développement est encore rapide, mais moins bon pourtant 
que dans le cas précédent. 

A 50°/,. — Le milieu est très humide; un certain nombre de 
graines moisissent; parmi celles qui se developpent au début, quel- 
ques-unes sc détruisent par la suite, et les autres donnent des 
racines latérales adventives. 


no 


On ne compte plus, à la fin de l'essai, que 6 germes vivants 
pour le sarrasin gris, 19 encore pour le seigle, 13 pour le tartarie 
et 8 pour l’émarginé, soit une proportion de 30 °/,, 95, 65 et 40 °/.. 

A 35°/,. — Aucune graine ne se développe plus. Elles sont 
d’ailleurs placées dans un milieu gorgé d’eau, où l'oxygène est 
forcément insuffisant, et où vraisemblablement les semences meurent 
d'asphyxie, par respiration intra-moléculare. 


Résumé. - La moyenne des germinations °/,, pour l'ensemble 
des quatre espèces, est donc, dans les différents milieux : 


demMomaronrErdnuimidite, 


DORA — 

LOU Au 7,0 —= 
37,9 AIO —— 
78,7 à 19 — 
92,5 à 20 — 

TOME AR2S — 

JAN AIO — 
RON 30 + 


7 
Lorsque l'humidité est de 10 à 30 °/,, la germination des 
semences de Fagopyrum est donc possible, mais on voit qu'elle 
n'est réellement satisfaisante que lorsque la proportion d’eau du 
soltoscille entre 15et.25 ‘(faculté germinative —182,10 en 
moyenne). 

Au-dessous de 10 °/, et au-dessus de 30 ?/,, le développement 
des graines est insignifiant, et c'est lorsque le milieu renferme 
20 °/, de son poids d’eau qu'il est certainement le meilleur. 

D'autre part, il existe certaines différences spécifiques. C'est 
ainsi que le sarrasin émarginé parait exiger moins d'humidité que 
les autres espèces, particulièrement que le sarrasin seigle qui, lui, 
se développe encore bien dans une terre à 50 °/, d’eau. 


3° Influence de la fréquence et de l'abondance des arrosages 


Dans de grands vases remplis de cinq kilos de terre, et où 
avaient été semés à 1 centimètre de profondeur 20 graines de sarra- 


= OO) — 


sin gris, j'ai apporté, tous les 1, 2 et 4 jours, des doses déterminées 
d’eau : 50, 100 et 150 cc, de telle sorte que : 
Le pot 2 recevait tous les jours 50 cc d'eau, 


— 3 — —  — 100 -- 
A = ni. , M90 — 
— 5 — — 2 jours 50 — 
— 6 — — 2 — 100 —- ETES 


De cette façon, on pouvait voir l'influence de l'abondance de 
l’eau, et celle de la fréquence de ses apports, sur la marche de la 
germination. 

Les graines ont été semées le 15 mai, dans une terre dont l’hu- 
midité initiale était de 11°. D'après la répartition indiquée précé- 
demment, on avait dix séries arrosées différemment. 

Le tableau suivant indique le mode de distribution de l’eau dans 
chaque vase, en même temps que les résultats obtenus. 


2 APRÈS 

PE MODE ANNEE ER ENT ASE 
ETS] de distribution de l’eau 6 9 11 15 17 
a jours | jours | jours | jours | jours 


10 DOANAS 17 20 20 20 
9 Tous'les 40urS 7210 100 14 17 18 18 18 
8 150 16 18 18 17 17 


#| 510) 12 14 16 16 16 
6,|PTousles 2 jours... 100 15 15 11 9 9 
D 150 9 8 8 6 o 
4 00 11 10 8 7 “ 
JS 'uTOuS les torse cet 100 8 6) 4 3 3 
2 150 8 4 7 2 Î 
1,21 iTémoin. MR A 0 0 D, *118080 
Tagzeau XXVI. — Marche de la germination des graines de Fagopyrum 


en sols plus ou moins arrosés. 


lé de ices 


= AZ La eve ASE ag APRNIE ARCS AE ve à É * A. El 


“LR MIN 


D'autre part, la quantité fofale d'eau apportée, dans chaque 
vase, aux différentes dates d'observation (6°, 9°, 11° jour, etc...) est 
indiquée dans le tableau 27. 


| 
68 Jour 9° Jour 11° Jour 15° Jour 17e Jour NOMBRE 
- e 
AE 8 E g = 
ao| +5 IE | #2 = = == 
2 E _ s Nes = 5 N°5 | = S Nes = s Nes = 2: germes au 
ESn| ST ST ST ST ST cs 
Slre = l'E = _ 17 jour 
x 
DA | . 
{ Qcc 1 Occ { Occ { Occ { Occ 0 
10 100 || 10 150 || 10 150710716200 "1410:E2::200 20 
7 150 || 7 250 NE SOON OT Per 200: 91% 400 13 
9". 200 || -9 |: 300 p) 450%||8") 20600 || 71500 16 
4#6,8| 300 | 4,8, 450 | 4 | 550 | # | 750 | 8 | 600 17 
DO) 16e 500) 641600!!! 6e|.800 4 | 850 7 
3 | 600 D 790 D 900 5 11.200 G |1.000 9 \ 
2 | 900 3 | 900 | 3 |1.100 | 3 11.500 | 5 |1.500 D ra 
» » 2 11.350 2% 46501! 2:12.250 [23° 1709 D) #4 
» » » » » | » » » 2212590 1 a 
3 
TaBceau XXVITI. -— Quantités d’eau apportées, dans chaque série, e 
aux différentes dates d'observation. %3 
a) Influence de l'abondance de l'eau. — Les quantités d'eau 3 à 
apportées augmente donc d'une série à l'autre. et du commencement 
jusqu'à la fin de l'essai. À cette epoque, elles varient de o à 2,550 cc 
qui ont été fournis à des intervalles plus ou moins rapprochés et par 
. 2 ; Le 
doses plus ou moins élevées. | 


Les différences entre chaque lot sont très grandes, puisque le 
nombre des graines qui se sont développées varie de © à 20, c'est-à- : 
dire de © à 100°/,. | 
_ Si on classe les séries de vases, 1° d'après la quantité /ofale et j; 
| définitive d'eau reçue et 2° d’après le nombre final de germina- | 
_ tions, on constate, entre ces deux éléments, une évidente coïnci- 
_  dence, que montre nettemeut l'examen des deux dernières colonnes 
_ | du tableau précédent. En effet, abstraction faite du témoin qui, non 
arrosé, ne permet le développement d'aucune graine, on voit que la 


13 


série 10, qui a reçu 209 cc d'eau, porte 20 germinations, que | 


qui a recu 2.550 CC, n'en a qu'un. Le 
Cette impression est indiquée plus nettement encore par la : 
courbe que l'on peut tracer, en portant, en abcisses, le volume d’eau 
correspondant aux 10 lots, et, en ordonnées, le nombre des germi- 
nations obtenues dans chacun d'eux. (Fig. 71). 


f: 


On constate | 
ainsi, d'une façon 
très claire, que la 
germinationexige 
une certaine humi- 
dité, puisque dans 7 
les témoins non 
arrosés, aucune 
graine ne s'est dé- 
veloppée.Maison 
voit également ,. 3 
qu'au-dessus de 
ce minimum d'hu- 
miditéindispensa- 
ble, elle se fait 
d'autant mieux que 
Fig. 71 les apports d'eau 
sont moins abon- 


] 1 TES 0 50 dt ke ÿ LD Te ti pl 13 7 4 160 a: ga "#9 


Influence de l’humidité du sol sur la germination 
des graines de Fagopyrum. 


moins fréquents. 
En effet, tandis que dans les pots de la série 10, qui recevaient 
seulement tous les quatre jours, 50 centimètres d’eau, la germination 

atteint SOn maximum 100 ‘/,, le pourcentage des germes diminue 
progressivement, au fur et à mesure que l'humidité augmente, et 
| surtout à partir d'un certain quantum, qui correspond ici à la série 8, 
Se ; ayant reçu 600 centimètres. On compte encore pour ce lot 17 germi- 
nations; mais dès que la quantité d'eau apportée dépasse ce chiffre 


de 600 centimètres cubes, la germination s'abaisse rapidement, et c’est 


ainsi qu'on ne compte plus que 7 germes, lorsqu'on en apporte 
850 centimètrès. 

b. Influence de la fréquence des arrorages. — Dans cette pro-. 
gression décroissante du taux des germinations d'après l'humidité, 
on remarque deux dissidences, correspondant respectivement aux 
séries 7 et 4 qui, bien qu'ayant reçu moins d’eau que celles qui leur 
succèdent, montrent cependant une germination plus faible. En effet, 

dans ces séries 7 et 4, qui ne reçoivent que 500 et 850 centimètres 

d'eau, il n° y a que 16 et 7 graines développées, tandis que dans les 
| lots suivants 8 et 6, qui ont reçu 600 et 1.000 centimètres, il y en a 
7 et 9. 

Ce ralentissement, à priori anormal, de la germination, s'explique 
: lorsqu’ on examine comment cette eau a été distribuée. Pendant que 
_ dans le lot 8, on ne l’apportait que tous les quatre jours, elle était 
versée tous les deux jours dans la série 7. De mème, tandis qne dans 

Je lot 6, on la distribuait tous les deux jours, elle était apportée tous 

les jours dans le lot 4. 

- Aux vases arrosés fréquemment correspondent donc des ger- 
_ minations moins nombreuses. 


Cette influence du mode de distribution de l'eau ressort égale- 
ment de l'examen du tableau suivant : 


> 
2 
dre 
… «2° 
vi 
fa 72 
2 
T 
2) 
© : 
3 
= 
= 
Ca 


IP SENS SEE SEE 


CLASSEMENT 


par ordre décroissant 
MODE re 
de 


distribution de l'eau 


ÿ 


Mode de distribu- 


NomBri 
de germinations 


d’eau 
apportée 
Numéros des 


Séries 


tion de l’eau 


Nombre de 
sermination 


Témoin (EE 
Tous les 4 jours..| 200 
— 400 

Tous les 2 jours..| 3500 
— 4 — ..| 600 
Tous les jours. | 850 
Tous les 2 2 Jon ..|[1.000 
= 51932 b "M4 500 
Tous les jours....!1.700 
— 2:550 


TascEau XXVIII. — Influence de l'abondance et de la fréquence des 
arrosages sur la germination du Fagopyrum. 


Tous les 4 jours... 


Tous les 2 jours... 
Tous les jours. 
Tous les 2 jours... 
Tous les jours. 


Non arrosé 


Woo E DO OR. 
> 19 CO! HS Où 10 © © 


non seulement la quantité d’eau apportée est la plus faible, mais 
encore dans celles où les distributions (pour des doses égales ou. ; 
voisines) ont été les moins fréquentes. Se 
Deux facteurs agissent donc : 1° l'abondance des apports ; 2 
leur fréquence. È Ë 

Une expérience identique, faite en séries, commencée le 13 juin 
et poursuivie jusqu'en septembre, a donné, pour la germination, des 
résultats semblables. 
L'examen de la marche de la germination du 1° au 17° jour. 

corrobore ces faits. Il montre, qu'au début, le développement est 
: beaucoup plus uniforme dans les lots plus ou moins arrosés, et que 
les différences ne s'accusent que par la suite, au fur et à mesure 2 
que les arrosages se multiplient, déterminant la destruction d'une 
certaine quantité de germes, lorsqu'ils deviennent trop nombreux ou 
trop abondants. 


Résumé. — De ces essais il ressort que les meilleurs résultats 
ont été obtenus avec une quantité d'eau de 200cc apportée tous les 
quatre jours. Or, les vases qui la recevaient contenant cinq kilos de 
terre, Ces 200cc représentent un apport de 4 °/, d’eau. 

L'humidité de la terre, qui, avant l'expérience était de 12,14," 
était donc passée, du fait de ces arrosages, à 16 °/, {12,1 + 4), taux, 
qui, dans les conditions de l'expérience, parait le ne favorable à la 
cermination des graines de sarrasin. 

D'autre part, on a vu qu'au-dessus d'un apport de 65oce, la 
germination devenait mauvaise. Or, une telle quantité correspond à 
12°, d'eau qui, ajoutés aux 12 °/, d'humidité initiale de la terre, 


[Oo 


amènent le taux final à 24 °/, (12 + 12). C’est, par conséquent, dans 
un sol contenant de 16 à 24 °/, (soit en moyenne 20 °/,) d'humidité, 
que la germination des akènes de Fagopyrum serait la meilleure. 


RÉSUMÉ GÉNÉRAL. — Dans le premier essai, les semences de 
Fagopyrum ont absorbé, pendant leur germination, qui fut normale, 
de 45,43 à 52,096 °/, de leur poids d'eau,-selon les espèces soit, ès 
moyenne 46,73 °/ 


FA AR 
% 


PR RS à DO UL  M nn  mS 


— 205 — 


La seconde expérience montre que la germination n'est réelle- 
ment bonne que dans un sol pourvu d'une humidité initiale variant 
de 15 à 25 °/,, et qu'elle est la meilleure lorsque celle-ci atteint 
O2 
-_ Au-dessous de 10 °/, et au-dessus de 30, le développement des 
graines est insignifiant. Enfin. la troisième ‘indique que c'est dans 
une terre qui a reçu, par des arrosages peu fréquents, de 16 à 24 °/, 


_ d’eau que la germination se fait le mieux. 


Il y a concordance entre tous ces résultats, obtenus pourtant 
par des méthodes différentes. 

On peut donc dire que les semences de Fagopyrum demandent 
pour germer, environ la moitié de leur poids d’eau, en même temps 
qu'une température et une aération suffisantes. Elles paraissent 
trouver ces conditions favorables à leur développement lorsque le 
sol où elles sont placées possède une humidite voisine de 15 à 25° 
soit en moyenne 20 °/ 

Ces connaissances nouvelles présentent un intérêt pratique 
incontestable, en indiquant quel est le milieu qui convient le mieux 
à la germination des semences, et l'époque où il présentera Îles 
conditions les meilleures. Elles fourniront au cultivateur un rensei- 
gnement précis, et lui permettront de s'assurer le maximum des 
chances de réussite. 


3. — Nature du Sol 


Le sol intervient dans la germination par ses diverses proprie- 
tés physiques : perméabilité, capillarité, pouvoir d'échauffement, 
tenacité, etc, qui créent, par leur ensemble, un milieu plus ou 
moins favorable au développèment des semences. 

Pour essayer de déterminer cette influence complexe de la 


nature du sol, ou tout au moins sa résultante, j'ai opéré de trois 


facons différentes, par des cultures : 1° en pots, 2° en caisses, 3° en 
pleine terre. Les graines étaient confiées à quatre terres : une sili- 
cieuse, une argileuse, une humifère, et une calcaire. 

Pour constituer ces quatre sols, on a apporté, en grande masse, 
dans un champ argilo-silicieux (dont la composition sera indiquée 


Ms a da 
ec D 


CPE RM ÈNTE SI VE MITA ER Et 


EN 


La 
: + 
Nr AE 
MP PR RUE 2 


Ce 


dans un chapitre suivant), du sable grossier, du calcaire et du te 
reau très fait, de façon à constituer quatre parcelles bien hom 
gènes, de cinq mètres carrés, et représentant chacune un BiEES 
Ex PR 


mis en pots et en caisses. 


1. — Culture en pots 


centimètre de profondeur, un mème nombre de graines de cinq 
espèces de Fagopyrum (esculentum, tataricum, emarginatum, ste 
nocarpa et tinctorium), et j'ai suivi attentivement la marche del la : 
germination dans toutes les séries. 
Voici les résultats obtenus, représentant la moyenne (°/,) de troi 
essais. Ë 


1° TERREAU. — a) Sarrasin gris. — Les premières plantules 
sont nettement visibles dès le cinquième jour, et à la première < 
semaine, à de la moitié des graines se sont développées. A la . 
de l'essai 95 °/, ont germe. - De 


b) Sarrasin émarginé. — Au cinquième jour, on compte déj 
25°}, des akènes qui ont germé, mais le développement se ralent 


légèrement par la suite, pour se poursuivre néanmoins régulière- = 
ment, et au dix-septième jour, on compte 85 plantules. 


c) Sarrasin de latarie. — Les premières plantules n'appa- 
raissent à l'air qu'à la première semaine, et, à la fin de la seconde, 
76 graines °/, ont germé. à 


d) Sarrasin seigle. — Le développement est à peu près le … 
même pour cette espèce que pour la précédente, mais il est pour- 
tant un peu plus rapide, et au dix-septième jour, on compte 79 ne à 
tules. Fes 


Résumé.— La germination des quatre espèces, dans le terreau, 
est donc très bonne et très rapide, puisqu'elle atteint 95 °/, pour le 


_ sarrasin gris, 85 ‘/, pour l'émarginé, 76 pour le tartarie, et 79 pour 
_ le seigle, soit un total de 355 grains développés, ou, en moyenne 
se 83,75 ee | + 5 à 


TERREAU SABLE ARGILE CALCAIRE - CE 
RE PERRET RE RS 
= pe FE 
D [=] D = -D £ © £ = 
Az CUP = o |.= ee = ϩ |.= LS | 0 | 1 
une Sale) AE 0 — | < n° \£ ol = l£lla ls Al EXC 
AE AA EEE) AEIREIE De 
Os|S|21S15|1s|S 2 SC lrs|S/21SGls|SI921s A 
AS ILE ÈS DIE SE él ÉlElnIE BA 
| sa] = — = 2 E ea) = PE 


D 
1 


SM TE 
C0 © = me 

OUOIDISNNIS 
CDHUNENS 


ARNNES 


TagzEeau XXIX. — Influence de la nature du sol sur la germination des 
à semences de plusieurs espèces de Fagopyrum. 


2° SABLE. — a) Sarrasin gris. — Au cinquième Jour, quelques 
germes apparaissent, au septième on en compte 50, au 11° 51, et au 
17° jour : 70, au lieu de 95 dans la terre humifere. 


b) Sarrasin émarginé. — On compte 17 plantules au cinquième De: 
jour, 30 au septième, et 77 à la fin de l'essai, au lieu ds 85 précé- 
demment. 


c) Sarrasin de tatarie. — A la première semaine, on trouve 
5 germes ; le développement est surtout rapide à partir du onzième 
jour où l'on en compte 55. Au dix-septième, 88 graines ont germé. 


d) Sarrasin seigle. — Au septième jour, 11 akènes se sont déve- 
loppés; la germination se continue très régulièrement, et au dix- 
septième Jour, on compte 60 plantules. 


Résumé. — Dans le sable, la faculté germinative atteint donc 
84°/, pour le sarrasin gris, 77 pour l'émarginé, 88 pour le tatarie et 
80 pour le seigle soit, au oil 329 graines sets ou, en 
moyenne, GAPPRMEe 


y germent un peu moins bien, mais le seigle et le tatarie y vienn 
mieux. De plus, il est à remarquer que le développement est toujo 
un peu plus rapide dans le terreau. À 


Fi. 72, — Influences de la nature du sol sur la germination des 
graines de l'agopyrum, 


TRA 
#1 


— 200 — 


3° DANS L’ARGILE. — a) Sarrasin gris. — \u septième jour 
2 germes seulement sont apparus et l'évolution reste lente jusqu'au 


M onzième jour où l’on ne compte encore que 25 plantules. Elle s’'ac- 
_  célère par la suite et, à la fin de l'essai, 79 graines se sont déve- 
__ loppées. 


Re 


= 


b Sarrasin émargini. — Au cinquième jour on ne compte que 


… 2 plantules, eto au septième. Le développement ne devient impor- 


tant qu'à partir du onzième jour également, mais tout en restant 
irrégulier et incomplet, puisqu'au dix-septième jour 33 graines seu- 
lement ont germé. 

c) Sarrasin de talarie. — Au septièm> jour, aucune plantule 


n'est encore apparue, au neuvième, on n'en Compte que 10, et 29 au 


onzième. Au dix-septième 62 akènes se sont développss. 


d) Sarrasin seigle. — Comme dans l'espèce précédente, les 


_ premiers germes ne sont visibles qu'au neuvième jour, et, au onzième. 


# 


on n'en trouve que 22. À partir de cette époque l'évolution des 
semences est plus rapide, et, à la fin de l'essai, 8r graines ont 
germé. 

Résumé. — Dans l'argile, le pouvoir germinatit atteint : 79 °/, 
pour le sarrasin gris, 53°/, pour l'émarginé, 62 pour le tatarie et 
81 °/, pour le seigle, soit, au total, 275 graines développées, ou, en 
moyenne, 68,75 °/.. 

On constate : 1° une diminution importante des germinations 
dans ce milieu, diminution qui atteint 15 °/,, et 2° le ralentissement du 
développement. Dans la plupart des cas, en effet, ce n'est qu'à par- 
tir du neuvième jour que les premières plantules apparaissent, de 


_ plus, si l'on compte le nombre de graines développées au onzièm: 


2 


jour dans les trois sols examinés jusqu'ici, on trouve : 


Pour le terreau 210, 
— sable 161, 
— l'argile 96. 
Enfin, seul le sarrasin seigle vient bien dans cette terre argi- 
leuse, tandis que c'est le sarrasin émarginé qui s'y développe le plus 


£ 2: 
ee 


4 


4° DANS LE CALCAIRE.— a. Sarrasin gris. — Au neuvième jour, 
aucune plantule n'est encore visible; au onzième, quelques-unes 
font leur apparition, et, à la fin de l'essai, 27 graines se sont déve- 
loppées. 


b. Sarrasin émarginé. — Ce n'est qu'au neuvième jour que les 
premiers germes se montrent. Les autres apparaissent ensuite assez 4 
régulièrement, quoique lentement, et, au dix-septième jour, on É 
compte 42 graines développées. De 


c. Sarrasin de Tartarie. — Au neuvième jour, on aperçoit 
5 plantules, mais le développement reste très incomplet et peu 
rapide, et, à la fin de la deuxième semaine, 20 semences seulement 


ont germé. 
d. Sarrasin seigle. — Au neuvième jour, on ne voit aucune 
plantule ; quelques-unes, très grêles, apparaissent par la suite, et, au 


dix-septième jour, on compte 25 graines développées. N 


= —— 


TERREAU | SABLE ARGILE |CALCAIRE 


ar. Ddreine ME TN 
ee | ATARI NUE, Mae 76 88 62 20 
24 SENS ARS ee ee APR EURE 79 80 81 25 


0 MOVE ln Obs 188,75. 281.252 PB De ee 

a TaBLEAU XXX. — Germination °/, des semences de Fagopyrum, 

Sa dans des sols de nature différente. 

& Résumé.— Le nombre des germinations dans le calcaire atteint: 
Me: 27 °/, pour le sarrasin gris, 42 °/, pour l'émarginé, 20 pour le tatarie, 

* Pt . . . . 

ca et 25 °/, pour le sarrasin seigle, soit, au total 114 graines dévelop- 

+54 pées, ou, en moyenne, 28.5 ‘/,. Toutes les espèces se développent 

Rue Lee S e ; ME 3 * 4 TE à 
K mal dans ce milieu, et c'est le sarrasin émarginé qui paraît y souffrir 


le moins. La germination y est lente; au neuvième jour, on ne 


: compte, en tout, que 7 plantules, et ce n’est qu'à partir du quator- 
zième qu'elle devient un peu plus active. 
" __ Cette antipathie du sarrasin pour le calcaire est d’ailleurs géné- 
_ ralement admise, et certains auteurs considèrent même cette plante 
_ comme calcifuge. La moyenne des germinations dans les différents 
sols atteint, pour l'ensemble des quatre espèces : 83 °/, dans le 
_ terreau, 81 dans le sable, 68 dans l'argile et 28 dans le calcaire. 
22 Somme toute, c'est dans le terreau et dans le sable que la ger- 
 mination est la meilleure; dans l'argile, elle est moins bonne, surtout: 
_ pour les sarrasins gris et émarginé, et, dans le calcaire, elle est 
_ encore moins satisfaisante. 


II. — Cultures en caisses 


Les mêmes expériences ont été répétées, au mois de novembre 
_ de l'année suivante, dans des caisses en bois de 80c X 50 x 30, 
ccs en terre. 

Les différentes terres employées avaient la même origine, et, 

partant, la même composition que celles utilisées dans les deux 
autres essais. 

La germination s'est effectuée de la même façon générale que 

_ dans les pots, et a conservé la même allure. Comme précédem- 

ment, c'est dans l’humus ou terreau, et dans le sable, qu'elle a été 

Ja plus rapide et la plus complète, et le calcaire a montré la même 

action défavorable. 


III. — Cultures en pleine terre 


Enfin, le Q juin 1909 et le 31 mai 1910, un même nombre 
d’akènes des quatre espèces de Fagopyrum ont été semés, en place, 
dans des parcelles différentes, dont la nature était la même que celle 
des terres employées dans les essais précédents, et dont l'origine a 
été exposée plus haut. 

Les plantes furent laissées en terre jusqu'à maturité, afin qu'on 
puisse juger de l’action du sol sur leur développement total. Quel- 
ques-unes seulement furent strachées, à la fin de la germination, 
pour être mesurées et pesées, 


Ex 
LA 
#7 


Voici le resumé des observations effectuées 


Le semis a été effectué le 9 juin. 


Le 15, on aperçoit dans le sable, quelques germes de sarrasin | 4 
OLIS. 


Ee 16. — Dans les autres sols et pour les autres espèces, la 
levée n'a guère commencé que le 18. A cette date, c'est dans Je 
sable et l’humus, puis dans l'argile, qu'on compte le plus grand 
nombre de germes pour les quatre espèces. Dans le calcaire, l'émar- 

 giné a dix graines développées, le gris 3, le seigle et le tatarie 
aucune. | 


Le 22. — L'ordre reste le même dans le calcaire. 4 
Dans le sable, toutes les espèces sont sorties de terre, et la 
plupart des graines ont leurs cotylédons déroulés. | 


Dans l'argile, c'est le sarrasin gris et le sarrasin seigle qui sont 

le plus vigoureux, l'émarginé se développe mal, reste petit CCR 

# QU : x . 
chétif. : 


Dans l'humus, c'est le sarrasin gris qui est le plus avancéet 
c'est là que l’on compte le plus grand nombre de germinations. 


Le sarrasin seigle et le tatarie sont plus en retard, les cotylé- (rl 
dons ne sont pas déroulés ; l'émarginé est le moins avancé. 

Le 26. — Dans le calcaire, la germination reste mauvaise et 
irrégulière. Les plantules sont rares, disséminées, de dimensions 
très variables mais toujours faibles, la coloration, d'abord très 
verte, foncée, devient jaunâtre, les feuilles se couvrent de mar- 
brures. ; 


Dans l'argile, le sol, durci, s'est fendillé en de nombreux 
endroits, tous les germes sont recourbés. De grandeur assez uni 
forme, ils sont, par contre, répartis très irrégulièrement ; les plan- * 
tules sont toutes de petite taille; les cotylédons, lorsqu'ils sont 
déroulés, sont également de dimensions réduites. L'émarginé paraît 
particulièrement souffrir dans ce milieu. 

Dans le sable, les jeunes plantes sont très belles, d'un vert plus 
clair que dans les autres sols. Tous les cotylédons sont étalés, la 
première feuille même est apparue; l'axe ae lé, rosé, atteint un 


2 grand développement. 


Dans l‘humus, le développement, superbe, est, par contre, très 
irrégulier. Certaines plantes sont énormes, tandis que d'autres 
_ restent de petite taille, parce qu'elles sont apparues beaucoup plus 
_ tard. 
Les dimensions générales sont beaucoup plus fortes que dans 

es trois autres sols et parfois très élevées. C’est ainsi que certains 

_ cotylédons de sarrasin émarginé atteignent 3 centimètres de lon- 

_ sueur, et la première feuille 3 cm 5 >< 4 centimètres. Dans quelques 

_ cas, la deuxième feuille se déroule déja. 

= Les dimensions et le poids moyens d'une plantule (moyenne de 

_ dix échantillons normaux) sont très variables dans chaque terrain, 

_ et viennent corroborer les résultats tirés de l'aspect extéri ur, ainsi 
que l'indique le tableau suivant : 


SABLE TERREAU ARGILE CALCAIKE 


TL 


En 
Fe) 
œ 
— 
= 
Éi 
Ge, 
= 


| Hauteur 


| Hauteur 


Ltd LE 
.100126°m//0.250/12cm|l0 80017 °" 
.890130 19.300112: [10.600120 
500134 110.100! 9 |[0.300|14 
209128 10.500118 |I0.45:115 

| 


_ $Sarrasin gris 
= émarginé 
de Tartarie 


IEU Con 


OCR 
(© OT 


D) 
æ) 
D CO 10 mm 


Hépeau XXL — Développement des plantules de Fagopyrum 


dans différents sols. 


Ils montrent également que c'est dans le terreau, puis dans le 

_ sable, que le déveléppement en hauteur et en poids est le plus 

_ élevé. Celui-ci est plus grand dans le calcaire que dans l'argile, 

mais le nombre des germinations est plus faible dans le premier sol 
que dans le second. 

Ils indiquent aussi que les affinités de chaque espèce pour les 


_ différents sols ne sont pas identiques. 
En tenant compte, d'une part, de la taille et du poids, et, 


lo: 


re 


pr 
Êx: 


d'autre part, du nombre des germinations, on peut, RENE chacune : 
d'elles, Er ordre de préférence suivant : 


1 
RE tnmiminininititnitetisrmnie DS 


| | | 
SARRASIN GRIS | SAR ÉMARGINE |[ISAR. DE TARTARIE!| SARRASIN SEIGLE 
|” 


Poids et Nombre poids et INomire Poids etINombrelpoiqs et|] 

de. de de 1 

taille |SeTMI-|| taille | SerMI-| taille | SETMI-|| taille | SETMI- 
nations nations|| nations nations 


Terreau|Terreau Terreau/Terreau|Sable [Sable [Terreau Argile 

2 [Sable Sable (Sable Sable |Terreau|Terreau/Sable |Sable - 
Calcaire|Argile |Calcaire| CalcairelCalcaire|Argile |Argile |Terreau 
Argile He Argile |Argile |Argile |Calcaire|Calcaire|Calcaire 

À 


On peut, sous une autre forme, noter l'espèce qui se déve- 
loppe relativement le mieux ou le moins mal dans chaque type de 
terrain considéré : 


SABLE TERREAU | ARGILE CALCAIRE 


Sar. de TartarielSar. gris Sar. seigle Sar. émarginé 
Sar. gris Sar. émarginé ||Sar. gris Sar. seigle 
Sar. seigle Sar. selgle Sar. de TartarieSar. de l'artarie 
Sar. émarginé ||Sar. de Tartarie||Sar. émarginé |[Sar. gri 


Résumé. — Par le fait de la multiplicité et de la concordance 
de ces essais, les indications qu'ils fournissent sont très intéres- 
santes au point de vue pratique ; mais il est évident qu'ils doivent 
être complétés par l'étude du développement ultérieur de la plante 
dans ces divers milieux. : 

En ce qui concerne exclusivement la germination, on voit que 
la nature du sol joue un rûle important et que, par suite, le choix 
de celui-ci, pour la culture d'une espèce déterminée de Fagopyrum, 
n'est pas indifférent. Une bonne terre franche, plutôt humifère, et. 
peu riche en calcaire semble celle qui convient le mieux à la germi- 


nation de cette plante, les sols siliceux viennent ensuite. Quant aux 

| terres foites ou nettement calcaires, elles ne paraisgent pas lui 
convenir. Chaque espèce possède des affinités un peu spéciales, 
vis-à-vis de la nature du sol D'une façon générale, les conclusions 

_ prècédentes s'appliquent aux quatre espèces étudiées ; toutes se 
développent mieux dans le terrcau et le sable et assez mal dans 

l'argile et le calcaire. Cependant, le Fagopyrum stenocarpa s'acco- 

mode le mieux des terres argileuses et le Fagopyrum emarginatum 
est celui qui paraît le moins souffrir dans les terrains très calcaires. 


4. — Profondeur du semis 


La profondeur à laquelle les semences sont enfouies dans le sol 
n'est pas sans influence sur leur germination. Au-dessous d'un 
certain niveau, variable avec plusieurs facteurs, l'aération ou l’hu- 

midité deviennent insuffisantes ; le germe a, d'autre part, à vaincre 
_ une résistance trop forte pour arriver jusqu'à la lumière, et, finale- 
_ ment, meurt avant d'y parvenir ou ne donne naissance qu'à des 
_ plantes souffreteuses. é s 
__ Îlexiste ainsi, pour chaque espèce considérée, des profondeurs 
minimum, optimum et maximum, subordonnées surtout à la nature 
_ du sol auquel les graines sont confiées, et qu'il est très important 
de connaître, en culture. 

£ Pour les déterminer, j'ai employé la méthode adoptée par 
_ divers auteurs, et entre autres par Risler (1) dans des recherches 
_ analogues. 

Dans des caisses en bois. de 80c XX 30 50, on place de la 
Hitèrre sur un plan incliné, de telle sorte que la différence de niveau 


# aux deux extrémités soit d'environ 20 centimètres, et que lesgraines, 
_ semées sur ce plan et recouvertes de terre, se trouvent, d'un bout à 
_ l’autre du récipient, à une profondeur progressivement croissante 
_ de o à 20 centimètres (en tenant compte du tassement ultérieur). 


+ 
204 
EE: 


. 
+= 


(1) Riscer, Physiologie du blé, Paris, 1887. 


= 610. — 


Un des grands côtés de ces caisses était mobile et, en placé, 
recouvrait une paroi sous-jacente, en treillage métallique, destinée 
à retenir la terre tout en laissant voir les racines, lorsquele panneau 
de bois était baissé (fig. 73). 

Le sarrasin gris fut semé dans quatre terres différentes (voir 
page 205), tandis que les trois autres espèces : sarrasins émarginé, 
seigle, et de tartarie, furent cultivées seulement dans de la terre 
franche ordinaire. 

Voici les résultats obtenus, ainsi que quelques photographies 
qui s'y rapportent. 


1. SARRASIN GRIS. — Après 7 jours. — Les premiers germes 
apparaissent dans le terreau et dans le sable, sept jours après le 
semis, et chez les graines enfouies de o à 2 centimètres ; plus loin, 
sur les bords de la caisse, quelques semerices sont également déve- 
loppées. Mais on ne voit aucune plantule dans les autres sols. 

A PrES NT E STORE 
Dans le sable et le ter- 


Free D 


| reau, les graines situées 
à 3 c. 5 de profondeur 
montrent leur axe hypo- 
cotylé recourbé, et cel- 
les qui sont enfoules 
moins profondément ont 
des germes qui mesu- 
rent 2à3 centimètres de 
hauteur au-dessus du 
sol. 

Fc. 73. On n'aperçoit rien 
Influence de la profondeur du semis. core danetle cles 
et l'argile, si ce n'est un fendillement du terrain qui est soulevé par 
les graines. 

Après 17 jours. — Les germes des semences enfouies à 5 cen- 
timètres arrivent à la surface dans le sable et le terreau, tandis que 
les premiers apparus atteignent 7 à 8 centimètres de hauteur et 
commencent à perdre leurs enveloppes péricarpiques. 


2— 2'T7 — 


Dans l'argile on aperçoit quelques plantules provenant des 
graines enfoncées jusqu'à 1 C. 5 environ. 

Dans le calcaire, les germes de celles qui se trouvent jusqu'à 
2 centimètres de profondeur arrivent à la surface. 


Après 21 jours. — Dans le terreau, les semences enfoncées 
jusqu’à 10 centimètres ont germé. Les premières plantules atteignent 
une dizaine de centimètres, les cotvlédons sont complètement étalés 
et on voit, entre eux, la pointe de la première feuille, Le développe- 
ment est assez irrégulier, certaines plantes ont jusqu’à 15 centimètres, 
tandis que d’autres mesurent à peine la moitié. 

Dans le sable, seules les semenees enfouies jusqu'a 7 centimètres 
sont développées à cette date, et leurs germes ont environ 6 à 8 cen- 
timètres de hauteur; les cotylédons sont libres, mais non encore 
déroulés. 

Dans le calcaire, les graines enfoncées à moins de 5 c. 5, ont 
seules germé; les premières plantules restent petites, mais très 
vertes. 

Dans l'argile, le développement est à peu près le même que 
dans le calcaire, et les plantes sont également de faibles dimensions. 


Après 25 jours. — Dans le terreau et le sable, l'aspect des 
caisses est très suggestif. Les germinations se font environ jusqu'à 
15 centimètres de profondeur, et, de l'extrémité Jusqu'à cet endroit, 
les plantules ont une taille et une vigueur nettement décroissante 
(fig. 74). Seules, celles qui proviennent des graines semées de oc. 5 
à 4 centimètres environ de profondeur, ont les mêmes dimensions; 
avant et après, la hauteur est plus faible. 

Quelques jours après, l'aspect est encore le même, mais les 
différences s’atténuent par la suite. Les graines enfoncées à plus de 
18 centimètres ne se sont pas développées, En abaissant le côté 
mobile de la caisse, on aperçoit pourtant, à cette profondeur, et 
même jusqu'a 20 centimètres, des germes filiformes, blanchâtres et 
tordus, qui traversent une partie de la terre qui surmonte les graines, 
mais sans avoir pu parvenir Jusqu'à la surface. 

Dans l'argile, les semences enfoncées jusqu'a 6 em se sont déve- 


14 


— 218 — 


veloppées. Les premières plantules ont leurs cotylédons étalés et 


leur première feuille, mais leur hauteur ne dépasse guère 35 em. 


Dans le caicaire, seules les graines enfoncées dans les 5 pre- 
miers centimètres ont germé, les premières plantules sont restées 


chétives et ne mesurent que quelques centimètres. 


Résumé. — La germination des graines de sarrasin est très va- d: 
riable selon la profondeur à laquelle elles sont enfoncées et selon 
1 } x \ e A He 
la nature du sol. Elle s'effectue encore à près de 20 centimètres 


sous terre. | 

Dans l'humus, elle est possible jusqu'a 18 centimètres environ, 
dans le sable jusqu'à 16 centimètres, dans l'argile jusqu'à 8 ou 10 
centimètres, et dans le celcaire jusqu'à 5 à 7 centimètres ; ces limites 


constituant la profondeur maximum de germination pour cette 


espèce. 


De o à o centimètre 5, le développement (quoique plus faible 


que plus profondément) est possible, tout au moins dans un sol 


humide, et cette limite constitue la profondeur minimum. 


Quant à la profondeur optimum, elle varie de 0,5 à 5 centi- : | 


mètres environ. Enfin la germination est d'autant plus tardive que 
l'enfouissement des semences est plus profond. 


2. SARRAZIN ÉMARGINÉ (fig. 74). — De o à 2 centimètres, le déve- 


loppement est rapide et très vigoureux, puis la germination est plus 
lente et plus faible pour les graines enfouies jusqu'à 5 centimètres. 
De 6 à 8 centimètres, la végétation redevient plus belle, quoique 
plus tardive, mais elle décroit ensuite jusqu'aux environs de 16 cen- 
timètres, où elle cesse brusquement. 

3. SARRASIN SEIGLE (fig. 74). — De o à o cent. 5, la germination 
est légèrement plus faible qu'à des profondeurs plus grandes, et de 
o cent. 5 à 4 centimètres, le développement est régulier et intense. 
11 se ralentit un peu ensuite jusqu’à 8 centimètres environ et, passé 
cette limite, par un saut brusque, la végétation décroit jusqu'aux 
environs de 16, 18 centimètres où elle s’arrète tout à fait. 


Fig. 71-79. — Influence de la profondeur du semis sur la germination 
4 du Fagopyrum. 
. j. SARRASIN DE T'ARTARIE (fig. 74). — De o à 2 centimètres, la ger- 


-_  mination est excellente, puis elle est moins bonne jusqu’à 5 ou 
4 6 centimètres. Le développement est ensuite meilleur jusqu'à la 
…_ profondeur de 8 à 9 centimètres, après laquelle il diminue progres- 
à sivement jusqu'aux environs de 16 centimètres. À cé niveau, toute 
…._ végétation cesse. 


à Résumé. — En somme, dans la méme terre franche, les résultats 
sont à peu près identiques pour les quatre espèces. 
Pour toutes, la germination est bonne de o cent. àoc, 5 mais le 
développement ultérieur est plus faible à cette profondeur qu'à des 
niveaux plus inférieurs; c’est de oc 5 à 5 ou 7 centimètres que la 


ce 220 — 


végétation se montre la plus régulière et la plus intense. Au-dessous 
de cette limite, elle devient beaucoup moins vigoureuse et moins 
homogène, et décroit jusqu'aux environs de 15 ou 18 centimètres 
(selon les espèces) où, alors, elle cesse brusquement. D'autre part, 
la germination est d'autant plus rapide que la profondeur du semis 
est plus faible. 

Il est à remarquer également que les diflérences, dans la 
vigueur des plantes provenant de graines plus ou moins enter- 
rées, s'atténue au cours de leur développement, sans disparaitre 
pourtant. 

La nature du sol joue un rôle important. C'est ainsi que dans 
le terreau et le sable la germination est plus hâtive, et possible à 
une profondeur plus grande que dans l'argile et le calcaire. 

Enfin, comme on le verra plus loin avec plus de détails, ces 
essais ont permis de constater que, contrairement à l'opinion cou- 
rante, le développement du système radiculaire des divers Fago- 
pyrum est considérable ; dès l'apparition de la deuxième feuille, 
en effet, les racines dépasent 40 centimètres de profondeur. 


Résumé du Chapitre Il 


La germination des graines de Fagopyrum est épigée. Dans 
des conditions favorables elle est très rapide : dès le premier ou le 
second jour, la radicule peut apparaître, et les poils absorbants se 
montrent dès le troisième ou le quatrième. Vers le cinquième jour, 
le collet est différencié et la racine ne tarde pas à se ranufier suivant 
une disposition quaternaire typique; le système radiculaire devient, 
le plus souvent, fasciculé. Au bout de douze à quinze jours, les 
cotylédons débarassés, de leur coiffe péricarpique, sont déroulés et 
ctales. 

Mais la faculté et l'énergie germinatives sont subordonnées à de 
nombreuses influences. 

Parmi les conditions intrinsèques, l'âge des semences est des 
plus importantes; c’est ainsi que les graines jeunes sont, de beau- 
coup, les meilleures, et qu'à la troisième année, et même dès la 


=" 
ns 
« 


= LRN A 


deuxième, la vitalité des graines diminue, pour disparaître complè- 
tement à huit ans. 

Le poids, la densité et la grosseur des semences interviennent 
également dans leur valeur agricole. D'une façon générale, ce 
sont les plus grosses et les plus lourdes qui sont les meilleures ; 
une densité de 1.100 à 1.150 paraît la plus favorable, et le poids et 
les dimensions correspondant à celles du type spécifique sont à 
conseiller. 

Les grains des diverses espèces de Fagopyrum sont, en outre, 
susceptibles de perdre ou d’absorber, selon le milieu où ils sont 
placés, une grande quantité d’eau. Leur dessication n’est pas pré- 
judiciable à leur bonne germination, au contraire, mais leur conser- 
vation, même de courte durée, dans une atmosphère humide dimi- 
nue considérablement leur faculté germinative. 

Parmi les conditions extrinsèques, tous les facteurs de la culture 
sont importants. Les graines de Fagopyrum possèdent des tempe- 
ratures minimum, optimum et maxinum de germination qui, pour 
l'ensemble du genre, sont voisines de 5°, 25-27°, et 41°. Pour se 
développer, elles absorbent, environ la moitié de leur poids d'eau 
et demandent, de préférence, un sol de 15 à 25 °/, d’eau (20°/4); 
au-dessous de 10°/, et au-dessus de 35 °/,, leur germination est très 
mauvaise. 

La constitution physique du sol où elles sont placées n'est pas 
non plus indifférente à leur développement; c'est dans une terre 
franche, plutôt humifère ou siliceuse et peu riche en chaux que la 
germination est la meilleure. Un terrain nettement calcaire ou argi- 
leux est défavorable, et c'est le sarrasin émarginé qui vient le moins 
mal dans le premier, et le sarrasin seigle qui souffre le moins dans 
le second. 

Enfin, la profondeur du semis est également à considérer. Les 
semences des quatre espèces de Fagopyrum germent encore relati- 
vement bien à 16-18 centimètres de profondeur, mais c'est entre 
0"005 et 0,05 qu'elles se développent le mieux. 

Toutes ces connaissances nouvelles sont susceptibles d'une 
application utile à la culture, 


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RAI ‘4 


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1h d'or { 
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ChERAPITRE TITI 


bide de ia Plante 


I. — Morphologie externe 


La morphologie externe d'une plante fixe ses caractères exté- 
rieurs et sa place dans la classification générale. Elle permet de la 
distinguer des végétaux voisins, en même temps qu’elle renseigne 
approximativement sur ses principales popite et l'utilisation 
dont elle est susceptible. 

L'étude morphologique du genre Fagopyrum a été très rare- 
ment abordée. Les quelques auteurs qui s'en sont occupés ne 
décrivent, et brièvement, que deux de ses espèces : les Fagopyrum 
esculentum et tataricum. C'est pourquoi je l'ai reprise en la com- 
plétant et en examinant la plante à différents états de son dévelop- 
pement. J'envisagerai successivement la place du genre Fagopyrum 
dans la classification végétale et les principales espèces et variétés 


dont il se compose, puis les caractères extérieurs de chacune 
d'elles. 


I. — Place du genre Fagopyrum dans la classification 


Le sarrasin a longtemps fait partie du genre Polygonum dont 


il constituait une espèce : Polygonum Fagopyrrum. C'est ainsi que 
le nommaient Linné et de Jussieu (1) et qu'on le désigne encore 
aujourd'hui dans certains ouvrages, notamment dans les ouvrages 
agricoles. 

Cependant, deja Duhamel du Monceau (2; en avait fait un genre 
spécial sous le nom de Fagopyrum. Dans la classification de Ben- 
tham et Hooker, et dans celle de Dammer qui a été adoptée par 
beaucoup d'auteurs pour l'étude des Polygonacées, entre autres 
par Perdrigeat et Guillaume, le Fagopyrum constitue un genre 
distinct. | 

De même, Le Maout et Decaisne (3), Vesque(4), Van Tieghem(5), 
etc., séparent le sarrasin des divers Polygonum, 

Par contre, d'autres savants, comme H. Coste (6 , G. Bonnier (7). 
etc., le maintiennent dans ce dernier genre. | 

Quand on sépare le Favopirum du Polygonum, on distingue 
ces deux genres par l'embryon, qui est droit et axial dans le premier, 
et arqué et excentrique dans le second, ou (d’après Dammer), qui 
est large et plissé dans le premier, étroit et non plissé dans le 
deuxième. 

Le Fagopyrum est une phanérogame dicotylédone, apétale, de 
Ja famille des Polygonacées. Le mode de division de cette famille 
en tribus est assez variable et basé sur des caracteres différents. 
Mais, quelle qu'elle soit, le genre Fagopyrum (ou l'espèce Polygo- 


num fagopyrum Lin., ou encore Polygonum sagittatum Gilib.) fait 
| toujours partie de la tribu des Polygonées ou des Eupolygonées. 

2 Perdrigeat (1) qui a fait un essai de classification rationnelle des 
__ Polygonacées, basée sur leur anatomie comparée, rapproche le 


__ Fagopyrum des genres Æmex et Rumex, et des genres Polygonum 

et Polygonella. Il rentrerait, au point de vue anatomique, dans la 
tribu des Polygonoïdées, composée en outre de Polygonum, Oxy- 
gonum, Ceratagonum, Polygonellx. 


11. — Espèces et Variétés de Fagopyrum 


1. Espèces. — Le nombre des espèces appartenant au genre 
 Fagopvyrum n’est pas défini. Ordinairement, on n'en admet que deux 
Bentham et Hooker, Dammer, etc.) : le Fagopyrum esculentum et 
_ le Fagopyrum tataricum. Parfois, on en compte trois (G. Bonnier, 

_ J. Stone, etc.) : Fagopyrum esculentum, tatarim et emarginatum. 
Pourtant certains auteurs en citent davantage. C'est ainsi que 
de Candolle (2) dit qu'il en existe huit, toutes originaires d'Asie, 
_ maisil ne nomme que les trois précédentes. Haselhoff distingue six 
Dn <spèces : 
Fagopyrum esculentum : sarrasin commun, ordinaire, vrai. 
Fagopyrum tataricum : sarrasin tatare, sibérien, turc, dentelé. 
Fagopyrum emarginatum : sarrasin ailé, échancré. 


Fagopvrum pyramidatum : sarrasin en pyramide, brun, grande Fe 
espèce. 74 
Fagopyrum rotundatum : sarrasin tatare non dentelé, à grains 2 
ronds ou lisses. x 
Fagopyrum tinctorium : sarrasin indigo, renouée tinctoriale. +4 
On a admis encore d’autres espèces, telles que : 1° le Fagopr- 
rum sieboldi, signalé, entre autres, par Heuzé, et qui, d’après lui, 2 
est cultivé au Japon et en Allemagne, comme fourrage : 2° le Fago- : 


(1) PERDRIGEAT, Loc. cit. 
(2) De CanDoLze, lo6. cit, 


020 


rum cuspidatum (2), introduit du Japon par Siebold et ee 
comme légume, comme plante fourragère ou d'ornement (3). Il es 
signalé par divers auteurs (Van Houtte, Joigneaux, Bois, etc...) 

Il existe certainement des synonymies et des homomymies dans 
toutes ces espèces. Ainsi — d'après M. Constantin, professeur au de 
Muséum d'Histoire Naturelle, qui a bien voulu me fournir très obli- ; 
geamment quelques-uns de ces renseignements — le Fagopyrum Ex. 
steboldi el le Fagopyrum cuspidatum ne feraient qu'une seule et 
même espèce. à 

Quant au Fagopyrum rolundalum, 1] correspond, à.n'en pas 


2 


douter, au Fagopyrum stenocarpa, dont il présente tous les carac- n. 
tères. De même, le Fagopyrum tataricum se confond avec le Fago- < 
pyrum dentatum. 

I existerait donc 8 espèces, comme le disait Candolle : ë 
1. — Fagopyrum esculentum. 

— Fagopyrum tataricum. 

— Fagopyrum emarginatum. 

— Fagopyrum stenocarpa ou rotundatum. 

— Fagopyrum tinctorium. 

— Fagopyrum cymosum. 

— Fagopyrum cuspidatum ou sieboldi. 

— Fagopyrum pyramidatum. + 
Nulle part, je n'ai trouvé de renseignements sur ce Fagopyrum à 

pyramidatum, cité seulement par Haselhoff et je n'ai pu par consé- 

quent en connaître les caractères et les affinités. " 
Quant aux Favopyrum cymosum et cuspidatum, leurs fruits ne 

mürissant pas en Europe, il est à peu près impossible de se pro- 

curer leurs graines. Or, comme le caractère distinctif des genres 

Polygonum et Fagopyrum réside dans l'embryon, je n'ai pu 


COST CRUE ob 


(1) Jacques et HerINcQ. — Manuel général des plantes, T. 5, p. 732 
(2) Verbandl des Vereines qur Bef. d. Garten. 1857. 
(3) Flore des Serres, 1861, vol. 14, p. 148. 


m'assurer si ces deux espèces appartenaient à l’un ou l’autre de ces 
genres. 

En définitive, et en écartant les types litigieux ou insuffisam- 
ment caractérisés, on peut ramener à 5, le nombre des espèces de 
Fagopyrum (esculentum, tataricum, emarginatum, stenocarpa, tinc- 
torium. 


2. VARIÉTÉS. — Chacune de ces espèces possède plusieurs 
variétés, mais c'est le Fagopyrum esculentum qui en compte le 
plus. La confusion, en ce qui les concerne, est encore plus grande 
| que pour les espèces, à cause du défaut de clarté et de précision 
dans la description de chacune d'elles, et par les modifications 
qu'elles subissent dans des milieux différents. Il doit d'ailleurs 
exister, là aussi, de nombreuses homonymies et synonymies. Quoi 
qu'il en soit, voici les principales variétés citées par les auteurs qui 
se sont occupés de cette question. 


a) Fagopyrum esculentum. — Sarrasin commun, gris, carabin, 
bucaille, blé noir, etc... 
_ On distingue dans cette espece : 

1° la variété noire, à grains anguleux ou sarrasin écossais ; 

2° la variété grise ou argentée, dite encore sarrasin suédois. 
sarrasin de Silésie ; 

3° la variété russe ou de Saint-Pétersbourg, ou sarrasin à gros 
fruits ; 

4° la variété japonaise, avec deux sous-variétés : japonais d'été 
on Aki-soba, et japonais d’automne,ou Natsu-soba; | 

5° la variété allemande ; 

6° la variété américaine. 

En France, on distingue quelques sous-variétés, d’ailleurs peu 
importantes, de sarrasin gris, telles que le sarrasin commun, le 
sarrasin argenté, fe petit breton, le petit prussien, etc. Haselhoff 
signale, en outre, le sarrasin français(?). Comme aucune de ces 
variétés n'est décrite, il est impossible de les distinguer l’une de 
l'autre, et même de leur accorder une existence certaine. Aussi 
a-t-on l'habitude de les désigner d’après leur origne : sarrasins alle- 


mand, russe, japonais, ete .. et ce sont ces appellations que j'ai 
moi-même adoptées. | 

A propos de l'étude des akènes et des graines, j'ai donné les 
caractères de ces organes (forme, couleur, dimensions, poids) dans 
les principales variétés précitées. Au cours de l'étude de la mor- 
phologie externe, j'indiquerai ceux de leur appareil végétatif; on 
aura ainsi une description assez complète de chacune d'elles. 

b) Fagopyrum cemarginatum. — Sarrasin émarginé, ailé, 
cchanceré. | 

Cette espèce n'a pas de variétés connues. Elle est, d'alleurs 
parfois, considérée elle-même (entre autres par de Vilmorin) comme 
une variété du Fagopyrum esculentum, à certaines variétés duquel 
elle ressemble en effet (sarrasin russe, par exemple). 


c) Fagopyrum tataricum où Fagopyrum dentatum, sarrasin de 
tartarie ou de tatarie, sibérien, tatare, brun, dentelé. Encore appelé 
Diluska, en russe, constitue une espèce bien distincte qui, d’après 
les uns, n'a pas de variété ou qui, d'après d'autres, en possède 
deux : le sarrasin de tatarie et le sarrasin seigle ou Fagopyrum ste- 
nocarpa. On a déjà vu, dans les chapitres précédents, que ces deux 
types présentent, en effet, de très nombreuses analogies, que l'étude 
morphologique, externe et interne, ne fera que confirmer. 


d) Fagopyrum stenocarpa. — Sarrasin seigle, tatare non den- 
telé, à grains ronds ou lisses. Encore appelé Fagopyrum rotunda- 
tum, n'a pas de variété. Il est même considéré, ainsi qu'il vient 
d'être dit, comme une variété de l'espèce précédente. 


I!I. — Caractères extérieurs du Fagopyrum 


J'examinerai successivement les caractères extérieurs typiques 
1° du système radiculaire, 2° de l'appareil végétatif aérien (tige et 
feuilles), 3° de l'inflorescence et de la fleur, dans les principales 
espèces et variétés. Puis, dansle chapitre suivant, consacré à l'étude 
du développement de la plante, je suivrai les modifications subies 
par ces caractères dans les différents milieux où elle a été placée, 


[a 


z 250 


1° Système radiculaire 


a) Fagopyrum esculentum (sarrasin gris argenté). — On a vu, 
dans l'étude de la germination, que la radicule, après sa sortie de la 
graine, S'enfonçait dans le sol et ne tardait pas à se ramifier, selon 
deux modes differents suivant les conditions de milieu. 

Dans la majorité des cas, la racine principale, ou pivotante, 


qu'elle forme, se flétrit et 1l naît, à sa base, des racines secondaires 
_ qui s'accroissent rapidement et se ramifient, donnant ainsi naissance 


à un système radiculaire fasciculé. 

J'ai indiqué également que l'apparition des radicelles ne se 
faisait pas d'une facon quelconque, mais qu'elle avait toujours lieu 
en des endroits déterminés, situés en face des faisceaux ligneux et, 
par conséquent, au nombre de quatre (puisqu'il y a toujours 4 fais- 
ceaux). 

Les ramifications radiculaires affectent donc une disposition 
quaternaire. 

Le développement des racines est très actif, surtout au début 
de la végétation, et elles atteignent rapidement des dimensions 
relativement considérables, qui atteignent 80 centimètres, et peut- 
être davantage. 

Fréquemment, le système radiculaire se compose d'un certain 
nombre de grandes racines qui sont terminées, ainsi que leurs prin- 
cipales ramifications, par une touffe de fines radicelles, évidemment 
très actives et qui jouent un rôle important dans la nutrition de la 
plante. 

D'autre part, le Fagopyrum développe très fréquemment des 
racines latérales adventives. Celles-ci paraissent se former principa- 
lement dans les sols compacts ou humides, ainsi que j'ai pu le cons- 
tater souvent, et comme Belzung (1) l'avait déjà fait remarquer. Ces 
racines latérales ne naissent pas en des endroits quelconques. Elles 
apparaissent en face des faisceaux ligneux primaires de l'axe hyvpo- 


(1) BELZUNG, Anaiomie el physiologie végétales. Paris, 1900, 


230 — 


cotylé, sur lequel elles se forment, entre les deux portions de 
chacun des quatre faisceaux libériens primaires qui, comme on le 
verra plus loin, se dédoublent en cet endroit. Elles affectent donc, 
comme les radicelles, une disposition quaternaire, qui continue : 
d'ailleurs celle des radicelles, ce qui est naturel, puisque l'axe hypo- 
cotylé possède la structure anatomique radiculaire. Ces racines 
latérales doivent jouer un rôle appréciable dans la fixation et surtout, 
dans l'alimentation de la plante. Elles apparaissent à des époques 
variables, parfois mème au moment de la germination. 

b) Autres espèces et variétés. — La disposition du système radi- 
culaire est la mème dans les autres vatiétés du Fagopyrum esculen- 
tum et dans les trois autres espèces étudiées. 


Résumé. — Le système radiculaire du genre Fagopyrum est un 
système fasciculé, caractérisé par un? disposition quaternaire, cor- 
respondant aux quatre faisceaux ligueux de Ja racine. Il est com- 
posé par des ramifications très nombreuses et tres fines, pouvant 
atteindre de grandes dimensions. Il s'augmente parfois de racines 
latérales adventives, naissant sur l'axe hypocotyle ou le bas de Ja 
tige, et répondent également à la disposition quaternaire. 

Due Celle-ci, ajoutée à l'abondance et à la ténuité des radicelles, 
D: peut, en quelque sorte, caractériser le système radiculaire du 
‘À  Fagopyrum. 


va 2° Tige 


Tous les Fagopyrum que j'ai étudiés sont des plantes annuelles 


414 et herbacées. ‘ 
Er, a) Fagopyrum esculentum.— La tige, qui est toujours dresseé, 
aa _atteint des dimensions variables, selon les conditions de la culture. 
ne Dans un milieu sec et pauvre, elle ne dépasse pas une vingtaine de 
10 centimètres et mème moins, tandis qu'elle atteint 1 m. 80 (école 

Y d'agriculture de Rennes, 1909) dans un terrain plus humide et plus 
2110 riche. 

da D'abord verte, cette tige ne tarde par à rougir, et à maturité, 
RS 

“4 


CL AE 


elle présente, sur une plante encore vivante, une coloration rouge 
violacée, accentuée surtout dans les parties terminales et à la 
lumière. Elle est généralement glabre, sauf aux extrémités flori- 
fères où elle est très légèrement pubescente. 


Chez les plantes vigoureuses, son épaisseur est assez grande et 
atteint plusieurs centimètres de diamètre, tandis qu'elle est beau- 


_ coup plus faible chez les échantillons chétifs, venus en sol sec ou 


en semis très serré. Dans ces dernières conditions, la tige reste ordi- 
nairement peu ramifiée et cylindrique, en s’amincissant progressive- 


_ ment vers le sommet ; au contraire, chez les plantes très dévelop- 


pées, elle devient fusiforme, c'est-à-dire plus étroite à sa base et à 
son sommet, et plus large vers le deuxième et le troisième entre- 
nœuds. 


De section circulaire au début de la végétation, la tige devient 
irrégulière par la suite et généralement quadrangulaire. Elle pre- 
sente alors quatre arètes bien marquées; mais entre celles-ci il 
apparait des arêtes secondaires, des côtes, plus où moins nombreuses 
(au niveau desquelles la tige est renforcée) et qui lui donnent une 
apparence cannelée. 


Dans le jeune âge, la tige est molle et pleine, mais chez la 
plante adulte elle est creuse, moins pourtant à ses extrémités qu’à 
la partie submédiane. Elle présente un certain nombre de nœuds, 


variable avec les conditions biologiques, et des entre-nœuds, de 


dimensions différentes suivant leur situation et le milieu où la plante 
se développe. 


A chaque nœud se trouve une gaine stipulaire ou ochréa, qui 
enserre la tige et la base du pétiole ou du rameau qui se trouvent à 
ce niveau. Cet ochréa, d'apparence parenchymateuse et jaunâtre à 
la maturité, est assez allongé et non cilié : 

L’axe caulinaire se ramifie plus ou moins, toujours selon les 
conditions de nutrition. Dans certains cas, il n'existe qu'un axe pri- 
maire, tandis que dans d’autres, au contraire, à chacun des nœuds 
apparaît un axe secondaire qui porte, parfois, lui-mème, des 


rameaux tertiaires, donnant ainsi à la plante un port tout parti- 
culier. 


tre 


Er ER UE | HAUT 


* 


2 
# 


MS : 


4 


HSE 


b) Espèces el variétés. — Dans les autres variétés du Fagopy: 
rum esculentum. les caractères de la tige sont les mêmes que dans 
le sarrasin argenté. Il en est de même pour le Fagopyrum emargtr 
nabun . 4 
Quant aux sarrasins seigle et de tatarie, ils possèdent une tige À 
généralement plus verte, peu colorée en rouge, pubescente, au x 
moins dans le jeune âge, souvent plus ramifiée, et présentant moins Fa 
d'écarts dans ses Free extrèmes. | 


2 


3° Feuille 

Dans une même espèce et dans une mème variété, la forme des 
feuilles est différente. Elle varie avec les conditions extérieures et, 

aussi, avec l’âge et la place occupée par ces organes, sur la tige. 


a) FAGOPYRUM ESCULENTUM. — 1. Colylédons. — On peut exa- 
miner d'abord les caractères des cotylédons. 4 

Les cotylédons du sarrasin gris ont une forme très irrégulière. 
Ils sont toujours plus longs que larges, et nettement asymétriques ; 
jeur pétiole, qui s'insère dans une échancrure du limbe, ne se trouve 
jamais au milieu de leur longueur, mais environ vers le tiers Lea 
celle-ci. La base du cotylédon, échancrée, est donc divisée en deux 
parties inégales, à bords plus ou moins arrondis; son côté supérieur 
présente souvent aussi un léger sillon. s 

Les dimensions, différentes avec les individus, sont, en 
| moyenne, de 22 m/m, pour la plus grande longueur, et de 16 m/m 
4 pour la largeur maximum. 74 
“ Les pétioles de chaque cotylédon s'insèrent au même niveau 
sur l'axe hypocotylé et sont opposés. Leur longuéur moyenne est : A 
de 2 à 5 centimètres. Les nervures du limbe sont toujours faibles, 
palmées et réduites souvent à deux principales, dont une, plus 6 
grande, qui continue le pétiole; elles ne tardent pas à se colorer en 


rouge. 
Feuilles. — Les feuilles commencent par une pointe, qui 
À apparait à l’aisselle d’un rameau et qui est formée par le limbe, 


2.333 


enroule sur sa face inférieure: elles se déroulent par la suite et 
conservent pendant quelque temps une sorte de gaufrure, résultant 
_de leur enroulement dans le bourgeon. 


+ 


De à B G D 


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Bd 
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LA ve 


3 es 


DU tic 10. Cotylédons de Fagopyrum (grandeur naturelle). ; 


A) Fapopyrum esculentum. C) Fagopyrum tataricum. 
B) _ emarginatum. ND) —— slenocarpa. 


fr 


Les feuilles jeunes ont une coloration plus claire que les “ 
| anciennes, elles sont à peu près aussi larges que longues, l'échan- 
 crure inférieure est peu profonde et les nervures sont peu acten. : 
_ tuées; les bords sont irréguliers (fig. 77). 1x 


a | K d 
à 10 
‘4 Fic. 77. | : 

56 Différentes feuillles de Fagopyrum esculentum. F. 


1x , 15 


Lie 


£ 


fs 


Les feuilles adultes ont des formes et des dimensions variables =. 
selon leur ordre d'apparition sur la tige; celles de la base sont 
pédonculées, parfois longuement (6 à 8 centimètres), les bords sont 
lisses, l'échancrure inférieure profonde, de façon à former deux ailes 
assez écartées l’une de l’autre; la feuille est plus large vers son tiers nt 
inférieur et elle est acuminée au sommet; les nervures sont saillantes : 
à la face inférieure, qui est plus pâle que la supérieure. Le limbe est 
très légèrement et tres finement tomenteux. Les feuilles du sommet, 
ou les dernières apparues, sont beaucoup plus longues et plus 
etroites, les deux ailes de la base sont également plus grandes et 
plus rapprochées l'une de l’autre; la feuille a encore son maximum 
de largeur vers son tiers inférieur, elle est surtout beaucoup plus 
acuminée. Enfin elle est sessile et engainante (fig, 77). 

Très souvent, 1l naît, au cours de la végétation, des feuilles 
nouvelles sur toute la longueur de la tige, à l’aisselle des feuilles 
inférieures pédonculées ou à la base de l'axe floral. Ces feuilles 
restent toujours très petites, très acuminées et d'un vert clair. | 


b. VARIETÉS. — Le sarrasin allemand ressemble beaucoup à la 
variété argentée (fig. 78), ses cotylédons sont semblables, un peu 
plus petits peut-être; les feuilles sont plus nettement cordiformes, 
d'une largeur plus uniforme. 

Le sarrasin japonais d'été se rapproche davantage du Fagopy- : 
rum emarginatum,ses cotylédons sont très développés. Ses feuilles 
ont une forme particulière : elles sont nettement triangulaires, leur “À 
largeur maximum n'est pas au tiers inférieur, mais à la base même 
du limbe; l'échancrure est à peine marquée, et, par suite, les deux 
ailes qu’elle forme sont peu développées et très ccartées, l'angle qui 
les sépare, au lieu d’être très aigu, est absolument obtus et égal 
même à 180° (fig. 78) la feuille, enfin, cst peu acuminée et sa pointe 
peu distincte. 

Le sarrasin Japonais d'automne a des feuilles différentes, bien 
plus cordiformes ; ies ailes inférieures du limbe sont également peu 
accentuées et séparées par un angle nettement obtus; la feuille est 
plus acuminée que dans la variété précédente, mais moins que dans 
les autres (fig. 78), les bords en sont sinueux. 


Le sarrasin russe est caractérisé par des feuilles presque asymé- 
_ métriques, à nervures développées, à échancrure peu profonde et 
_ à angle très obtus ; l'extrémité supérieure de la feuille forme une 


_ pointe très petite. 


Fiac. 78. 


Feuilles de quelques variétés de Fago- 
pyrum escu'entum. 


. — Sarrasin allemand. 

A  apondis diele. 

—  — — d'automne. 
—  — russe. 

— — américain. 


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_ Quant à la variété américaine, ses feuilles ressemblent davañ- 
tage à celles du sarrasin argenté. On y retrouve une échancrure 7 
profonde, déterminant des ailes bien développées séparées par un 4 
angle parfois très aigu; les bords du limbe sont souvent onduleux, 
frisés et celui-ci est nettement acuminé (fig. 78). ÿ 


\ 


c) FAGOPYRUM EMARGINATUM. — La forme des cotylédons rap- 
pelle celle de ces organes dans le Fagopyrum esculentum. Ils sont 
également asymétriques, mais cependant plus réguliers ; ils ont des 

dimensions supérieures, qui atteignent en moyenne : 28 millimètres 
pour la longueur, et 20 millimètres pour la largeur. Ils sont tomen- 


eux: 


La forme des feuilles est un peu différente ; elle est surtout 
moins triangulaire, moins sagittée et plus nettement cordiforme. 
Les bords du limbe sont toujours frisés, gaufrés. L'échancrure (a 
inférieure est très peu profonde et les ailes qu'elle détermine sont a 
peu développées, séparées -par un angle de 180°; souvent elles se ; ; 
fecouvrent l’une l’autre. Le limbe, également large dans sa plus 
grande étendue, se rétrécit brusquement pour former une pointe Fi 
\très fine et très accusée (fig. 70). 

Les feuilles de la base sont pédonculées, et celles du sommet 
sont sessiles, engaînantes. 


Fic. 79, — Feuilles de Fagopyram emarginatum. 


À 
a 
À 
? 

de 


Dans l'ensembre, elles sont moins longues et plus RES que 
celles du Fagopyrum esculentum. 


d) FAGOPYRUM TATARICUM. — Les cotylédons sont très caracté- 
ristiques et ne peuvent être confondus avec ceux des deux espèces 
_ précédentes. Ils sont toujours moins épais et relativement beaucoup 


_ plus petits, leurs dimensions moyennes ne dépassent pas, en effet : 


15m/m pour la longueur et 15 m/m pour la largeur. Leur forme est 
aussi différente ; ils sont encore asymétriques, mais ils sont cepen- 
dant plus réguliers, leur largeur égale presque leur longueur ; leurs 
bords peuvent être rectilignes sur une certaine étendue (fig. 76). 

L'échancrure d'insertion du pétiole cotylédonnaire est pro- 
fonde, et les deux ailes latérales qu'elle détermine sont, de ce fait, 
_ plus accentuées que précédemment. Ces cotylédons sont plus pubes- 
cents que dans les deux espèces déjà décrites. 

Les feuilles sont également caractéristiques (fig. 80) et rappel- 
lent beaucoup plus la forme sagittée que la forme cordiforme. Leurs 
dimensions sont parfois très grandes, et atteignent 15 m/m x 14. 
Elles sont donc larges. L'échancrure inférieure est profonde, déter- 
minant deux ailes à bords plats mais terminées en pointe ; les bords 
du limbe sont rarement sinueux et la largeur de la feuilles diminue 
assez brusquement vers son sommet qui est toujours acuminé. 


Fi. 80, — Feuilles de Fagopyrum tataricum, 


es 
Û 


_ 


eat An cr et à? 


_tataricum. 


Les nervures sont très marquées, mème sur la face supérieure 
du limbe et elles sont rouges à leur base. Les feuilles du sommet 
sont plus ctroites et plus acuminées. 


e) FAGOPYRUM STENOCARPA. — Les differences dans les icuilles 
de ces deux espèces sont très faibles. Les cotylédons ont, à peu te 
près, la même forme, 3 
la même coloration 
et les mêmes dimen- 
sions. Les feuilles se 
ressemblent oi 
ment beaucoup. Ce- 
pendant les bords du. 
limbe sont moins rec 
tilignes, plus arron- | 
dis, surtout à la base 
de la feuille et sur. 
les ailes laterales ; à 
largeur du limbe di- 4 
minue plus régulière- 
EN LEE 


Fia. SI 


Feuilles de Fagopyraum stenoarpa. (1) 


Résumé. — Les feuilles des différentes espèces et variétés de 
Fagopyrum se distinguent par quelques caractères de détail mais, 
dans l’ensemble, elles se ressemblent beaucoup. Elles se rappro- E 
chent plus ou moins de deux types principaux : sagitté et cordiforme. 
Le Fagopyrum esculentum se rapproche du Fagopyrum emargina- É 
tumw, et le Fagopyrum stenocarpa se rapproche du FaS0pSS 


4° Inflorescence et fleur 


A. FAGOPYRUM ESCULENTUM. — 1. Inflorescence. — L'inflores- | 
cence est différente suivant les variétés, mais elle est toujours com- 
plexe. Dans le sarrasin argenté, c’est ordinairement un corymbe de 
grappes. 


(1) Dans toutes les figures les feuilles sont représentées 1/2 grandeur naturelle. 


Ces inflorescences sont terminales ou axillaires, et portées, soit 
par l'axe caulinaire principal, soit par ses ramifications; elles £ont 
parfois réunies par deux ou par trois. Elles ne présentent pas d'in- 
volucre, et leur pédoncule, assez court (2 à 5 centimètres), se trouve 
toujours à l’aisselle d'une feuille, sessile au sommet de la tige, 
pédonculée à un niveau plus inférieur. 

Le nombre des fleurs qui composent les inflorescences est varia- 
ble et voisin d'une dizaine. Celles de la base sont d’ailleurs moins 
fournies. 

Le nombre de ces inflorescences, dont l'apparition sur la tige 
est successive et basipète, n’est pas uniforme. Réduit à une sur les 
plantes chétives, il peut dépasser une douzaine sur les pieds très 

fertiles. 


2. Fleur. — a. Périanthe. — La fleur est apétale, acyclique, 
_hermaphrodite. Elle est toujours composée de 5 sépales pétaloides 
(dont un postérieur), presque toujours rosés, sauf à leur base où ils 
sont verdâtres; ils mesurent environ 3 m/m de longueur sur 1: mm 5 
à 2 de largeur. Ces sépales, de forme assez irrégulière, sont géné- 
ralement acuminés ou carènés, et présentent une nervure médiane 
accentuée. Leur insertion est spiralée et ils se recouvrent plus ou 
moins, comme dans une préfloraison quinconciale. 

M. G. Bonnier a montré que ce calice constituait un terme de 
passage entre la forme florale du type 35 (ou 6) de certaines Polygo- 
nacées, comme le Rheum, et celle du type 5 proprement dit, de cer- 
taines autres, comme le Polygonum amphibium. N se rapproche 
mème davantage du type ÆXheum, duquel il ne diffère que par l’avor- 
tement d'un sépale et d'une étamine correspondante. 

Ce périanthe gamosépale, qui a la forme d’une étoile à cinq 
branches, est persistant et entoure encore le fruit à la maturité, 
sous forme d'une cupule plus ou moins déchiquetée et desséchée. 

À cette époque, les pièces du calice sont toutes érigées, plus 
petites que le fruit, et elles ne sont ni adhérentes ni accrescentes. 

On trouve également, dans la fleur, des nectaires volumineux. 


b. Etamines. — Les étamines sont au nombre de 8 (par avorte- 
ment d'une neuvième) et formées de deux anthères, de coloration 


jaune et même rouge, portées par un filet plus ou moins grand. 
Elles sont, en effet, brachystaminées et dolichostaminées. 


Les cinq plus extérieures 
sont extrorses et les trois | 
plus internes sont introrses. | 
Les externes sont réunies par à 
paires : deux sont placées en À 
face le sépale postérieur n°1 
(fig. 83), deux en face le n° a 
et une seule (au lieu de deux) 
en face le n° 3 Parmi les nu 
étamines internes, qui M 
impaires, une est située en 
face du sépale n° 2, une em 
ce lents meta dernière, 
en face l'axe du pédoncule. | 


Fie. 82 


Fleurs de Fagopyrum esculentum, 


e) Pistil. — 11 existe trois carpelles, dont un postérieur. Ils. 
sont ouverts et soudés, et forment un ovaire libre, uniloculaire, qui k 
contient un seul ovule basilaire, orthotrope, à funicule court. F 

Cet ovule est bi-tégumenté. 

L'ovaire est surmonté de trois styles 
arcqués, terminés chacun par un stigmate 
renflé. Ces styles sont de longueurs diffé- 
rentes suivant les fleurs, qui peuvent être 
brachistylées ou dolichostylécs. Aux étami- 
nes courtes correspondent de longs styles, et 
réciproquement, à des étamines longues cor- 


respondent des styles petits. Fee 
La fécondité de ces deux sortes de Diseramme de le eur 
fleurs est differente. de Fagopyrum. 
B) Espèces ET VARIÉTÉS (fig. 84). — La constitution fondamen- 


tale de la fleur est semblable dans toutes les espèces et variétés, et 
on ne trouve, entre elles, que des différences de détail. 
Ainsi, dans le Fagopyrum emarginatum,linflorescence trapue. 


très large, est constituée par un corymbe de grappes et comprend 
un nombre très variables de fleurs (3 à 20 et plus). Ces fleurs sont 
toujours uniformément blanches, exceptionnellement rosées comme 
dans le Fagopyrum esculentum, et elles sont plus grandes que 
dans cette espèce ; chaque sépale mesure, en effet, 5 millimètres 
environ de longueur, et 2, 2 m/m 5 de largeur. 

Les inflorescences et les fleurs des variétés du Fagopyrum 
esculentum se rapprochent toujours de celles de l’une ou l'autre de 
ces deux espèces, 

Ainsi, les sarrasins allemand et américain ont des fleurs roses 
et ressemblent beaucoup à la variété argentée, tandis que les sarra” 
sins russe, japonais d'automne et japonais d'été ont des fleurs 
blanches et ressemblent davantage au sarrasin émarginé. 


| 2_TARTARIE 


4.7 


F1G. 84. 


Inflorescences de quelques espèces de 


Fagopyrum. 


Dans les Fagopyrum tataricum et stenorcapa, l'inflorescence 
est bien différente. C'est une panicule formée de grappes à longs 


pédoncules et très écartées les unes des autres (fig. 84). Elle peut 
ètre terminale ou axillaire. Ces inflorescences sont généralement 
plus nombreuses que dans les deux espèces précédentes (surtout 
l'émarginé). Les fleurs sont rassemblées par petits groupes, de 2 à 6 
ou 6, sur une hampe, parfois tres longue, surtout dans l’inflores- 
cence terminale. L'aspect de celle-ci est, de ce fait, très particulier. 

Les fleurs sont également différentes de celles des deux autres 
espèces. Le calice reste sépaloïde, c'est-à-dire verdâtre : les éta- 
mines sont jaunètres et plus petites : le périanthe est beaucoup plus 
réduit et ne mesure guère que 2 à 53 m/m de diamiètre. 


4. — Fruit 


Je ne reviendrai pas sur la morphologie du fruit des diverses 
espèces et variétés de Fagopvrum. puisqu'il a été étudie en détail 
précédemment. Je rappellerai seulement que chez toutes, c'est un 
akène, dans lequel l'embyron est droit et axial, à cotvlédons enrou- 
lés, et l'albumen entier et non ruminé. 

Résumé. — Si l'on rassemble tous ces caractères de morpholo- 
gie externe, on voit que le Fagopyrum constitue un genre homo- 
gène, qui peut être défini de la façon suivante : 

Phanérogame, dicotylédone, apétale, de la famille des Polygo- 
nacees, tribu des Eupolygoncées. 

Plante annuelle, herbacée, à système radiculaire ordinairement 
fascicule, présentant la disposition quaternaire, composé de racines 
et de radicelles toujours très fines, mais très nombreuses, très déve- 
loppées et pouvant atteindre une grande profondeur. 

La tige, généralement glabre, parfois pubescente, peut atteindre 
de grandes dimensions {1 m. £0) et devenir plus ou moins rameuse, 
surtout dans les Fagopyrum tataricum et stenocarpa. Quelquefois 
régulièrement cylindrique, elle devient fusiforme quand elle atteint 
une certaine taille, et reste creuse. Elle présente quatre arêtes prin- 
cipales et des côtes moins accentuées; elle porte aux nœuds une 
gaine stipulaire, non ciliée, ou ochréa, et montre souvent une colo- 
ration rouge qui S'accentue vers la maturité. 


Les cotylédons sont toujours asymétriques, de formes et de 
dimensions très différentes avec les espèces. 

Les feuilles, pédonculées à la base, deviennent sessiles et 
engaînantes au sommet. Leur forme est variable avec l'espèce, l'âge, 
leur situation sur la tige, les conditions de milieu. D'une façon géne- 
rale, elles sont cordiformes ou triangulaires, ovales, parfois plus 
ou moins sagittées, toujours acuminées, avec une échancrure basi- 
laire prononcée. 

La nervation est palmée, à cinq nervures principales colorées 
en rouge. Le pétiole présente un sillon ventral. 

L'inflorescence, toujours complexe, peut être une panicule tres : 
lâche, ou un corymbe ou une cyme de petites grappes. Elle est axil- 
laire ou terminals, sans involucre. 

La fleur, hermaphrodite, gamosépale est apetale. Elle est for- 
mée de cinq sépales plus ou moins pétaloides, spiralés, de dimen- 
sions et de couleur variable selon les espèces. Le périanthe persis- 
tant, mais non accrescent, est crige et plus petit que le fruit à 
maturité. Les étamines sont au nombre de huit, 5 introrses et 
5 extrorses, à deux anthères. Il y a trois carpelles ouverts et soudées, 
formant un ovaire libre, uniloculaire et uniovulaire. L'ovule basi- 
laire, dressé est bitégumenté. Il y a trois styles plus ou moins déve- 
loppés et huit nectaires. La fleur, qui se rapproche du type 5, est 
dolicho ou brachystylée et staminée. Elle est très mellifère. 

Le fruit est un akène, à albumen entier, non ruminé, à embryon 
droit et axile, et à cotylédons enroulés et plissés. 


II. — Développement du Fagopyrum 
esculentum 


On a vu, dans un chapitre précédent, comment s'effectuait la 
germination du Fagopyrum esculentum. La radicule sort par le 


tr 


micropyle, dont elle est tres voisine, et écarte les trois faces du 
tégument péricarpique qui restent appliquées contre elle; elle 
s'allonge en s'enfonçant dans le sol et en repoussant vers la surface 
la graine dont elle est issue. 

Pendant ce temps, la tigelle s'accroît également, sort de terre 
et s'élève en se contournant plus ou moins, Lorsqu'elle atteint de 
4 à 10 centimètres, suivant les cas, les cotylédons qu’elle supporte 
se dégagent des enveloppes de l’akène qui les coiffaient, puisse 
déroulent et s'étalent. 

Ils prennent rapidement une coloration verte, pendant que 
leurs pétioles, opposés, grandissent et qu'eux-mêmes augmentent 
leurs dimensions. : 


‘La germination est donc épigée. 
‘On a: vuc/édalement qu'en 
stade, le système radiculaire était 
déjà bien différencie. La radicule, de- 
venue racine principale, s'est ramifiée 
et a donné naissance à des radicelles 
disposées régulièrement, toujours très 
fines, très grèles et très nombreuses. 
Pour arriver à cet état, la plante a mis 
une vingtaine de jours, plus ou moins 
Fic. 85. — Développement Selon les conditions de milieu et la 
de la feuille. vigueur de la semence, ainsi qu'il a 
été indiqué précédemment. 

À cette époque, qu'on peut considérer comme le début du déve- 
loppement de la plante proprement dite, la première feuille apparaît 
entre les deux cotylédons, sous forme d'un bourgeon terminé en 
pointe et de plus en plus grand. Lorsqu'elle atteint deux centimètres 
environ, et qu'elle est entièrement dégagée, cette préfeuille, qui a 
ses deux bords enroulés sur eux-mêmes et vers sa face inférieure 
(fig. 77 et 85), se déroule et en très peu de temps s'étale complètement. 
Pendant quelques jours, elle conserve une faible épaisseur, une 
teinte claire et brillante, et des bords ondulés et légèrement frisés, 
puis son pétiole s'allonge, cependant que les dimensions du limbe 
augmentent, que sa surface devient pubescente, plus foncée et plus 


terne, et que les nervures s'accusent, et de jaunes verdätres, devien- 
nent rouges, au moins à leur base. 

En même temps. l'appareil souterrain s'accroît très rapidement, 
son développement est très actif et il atteint vite des dimensions 
relativement considérables. La plupart des auteurs signalent pour- 
tant que le système radiculaire du sarrasin est très faible et, au point 
de vue agricole, qu'il n’intéresse que les couches superficielles du 
sol (1). 

Cette opinion tient sans doute à ce que les racines et les radi- 
celles, qui s'accroissent énormément en longueur, restent toujours 
excessivement fines. très grêles et très fragiles, et qu'il est, par 
suite, à peu près impossible de les recueillir toutes et surtout inté- 
gralement dans toute leur longueur. Il faut, pour y parvenir, user de 
subterfuges. Une section du sol et son lavage à l’eau, généralement 
utilisés pour étudier le système radiculaire des autres végétaux, ne 
suffisent pas ici, car le poids des plus petites mottes de terre, qui 
s’éboulent sous l’action d'un jet d'eau, mème très léger, suffit à 
briser les racines. 

Après de nombreuses et infructueuses tentatives, je n'ai pu 
arriver à isoler partiellement ces racines dans toute leur longueur 
que par le procédé des caisses à panneau mobile que j'ai indique 
précédemment (page 216). 

La terre étant retenue par le treillage métallique (fig. 86), j'ai 
réussi alors, à isoler à la main et avec d'infinies précautions, une 
partie du système radiculaire, et j'ai constaté que chez une plante 
très jeune, dès l'apparition de la deuxième feuille, il dépassait déjà 
40 centimètres de profondeur, ainsi que le montre la photographie 
ci-contre. Devant ce résultat intéressant et quelque peu inattendu, 


(1) Ainsi, la quantité maximum de racines trouvées par hectare, pour une 
récolte serait de : 3.800 kg. pour l’avoine de printemps. 


1.525 — le blé d'hiver. 
1.155 — le seigle. 
672 — l'orge. 
590 — le maïs, 
et 411 — seulement pour le sarrasin. 


—— 2À0 — 


j'ai opéré un peu différemment. J'ai semé quelques graines de safras 
sin dans ces mêmes caisses en bois, mais disposées cette fois verti- 
calement, de façon à ce qu'elles présentent une épaisseur de terre 
de 80 centimètres, retenue toujours par un treillage métallique qu'on 
pouvait découvrir à volonté. 


Fra. 86. 


Développement du système radiculaire 


Au debut de la floraison, lorsque les plantes avaient six feuilles 
environ, J'ai trouvé, en écartant le panneau mobile, que certaines 
racines atteignaient le fond en bois de la caisse, et qu'à cet endroit, 
elles formaient une touffe de chevelu abondant. J'ai alors essayé 
d'extraire ces plantes et leurs racines, mais celles-ci, malgré toutes 
les précautions, se sont, en grande partie, brisées. Il en est resté, 
néanmoins, une certaine longueur qui donnera une idée du dévelop- 
pement que lappareil souterrain peut atteindre (fig. 87,. Le sys- 
tème radiculaire se compose d’un certain nombre de grandes racines 
qui Sont terminées, ainsi que leurs principales ramifications, par un 
bouquet, une touffe de fines radicelles, évidemment très actives et 
qui doivent Jouer un rùle important dans la nutrition de la plante. 

Cette constatation est, je crois, du plus hant intérêt pour la 
culture, car elle montre que, contrairement à l'opinion courante, le 


Æ 


RS NET UE SU 
PSS MEET SR Te A OP Ep 


Sartasin est susceptible d'exploiter les couches relativement profofi- 
des du sol. Même lorsqu'il atteint, au voisinage de la surface du 
terrain, un assez grand développement, le système radiculaire de 
cette plante envoie des ramifications à des profondeurs beaucoup plus 
crandes, ainsi que le font, d’ailleurs, beaucoup de végétaux à racines 
fasciculées. L'ameublissement et la fertilisation des couches profon- 
des du sol doivent donc donner d'excellents résultats dans la culture 
du sarrasin. Des expériences ultérieures ont, en effet, confirmé cette 
hypothèse. 


à 
4 


SEIGLE À 
PA Zeus 


Fiac. 87. — Développement du système radicalaire. 


À partir de l’étalement de la première feuille, le développement 
de l'appareil aérien, qui avait été Jusqu'ici relativement lent, s'ac- 
célère rapidement. La plante, qui s'est bien enracinée, puise dans le 
sol d’abondants aliments, pendant que les cotylédons et la première 
feuille assimilent activement. 

L'axe hypocotylé ne s’allonge plus, mais il se continue par un 
axe très court portant le sommet végétatif de la tige et la première 
feuille, dont le pétiole paraît être le prolongement immédiat, c'est lui 
qui va S'accroitre en épaisseur et surtout en longueur, et c'est à son 
sommet, situé à la base de ce pétiole et sur sa face interne que naïtra 


FF Ter | 


= 248120 


une seconde feuille identique à la première, mais plus petite et 
située à un niveau inférieur. 


C'est la partie de cet axe, comprise entre l'insertion des cotylé- 
dons et celle de cette deuxième feuille, qui constitue le premier 
entre-nœud. ; 


À peine cette deuxième feuille est-elle déroulée, qu’à la base 
de son pétiole, encore très court (8 à 10 m/m environ), apparaît déjà 
le bourgeon terminal minuscule, d'où sortira la troisième feuille 
(fig. 88); c'est donc l'axe caulinaire situé à la partie basilaire du 
pétiole de la seconde feuille qui formera le deuxième entre-nœud. 

À cet état, l'axe hypocotylé, sur un échantillon moyen, mesure 
environ 10 centimètres. 

Les pétioles cotylédonnaires : 2 cm. 5. 

Le pétiole entier de la première teuille : 2 cm. 

L'axe épicotylé formant le premier entre- 
nœud : Oo cm. 7. | 

Le pétiole entier de la deuxième feuille : 

O cm. 8. 
__ L’axe épicotylé formant le deu- 
xième entre-nœud : o cm.3. 

A chacune de ces in- 
sertions pétiolaires existe 
un ochréa mince et verdà- 
tre, et un nœud déjà net. 
Pendant ce temps, la pre- 
mière feuille a continué son 
développement et elle me- 
SUrer 29 Cm5 >< 20m. 2: 
Elle surmonte la deuxième, 
née au sommet de l'axe situé à la base de son pétiole, et qui, elle, 
ne mesure que 1 em. 5 x 7. Cette deuxième feuille surmonte elle- 
même la troisième, apparue vers la base de son pétiole. 

Les feuilles les plus jeunes sont donc les plus inférieures et le 
développement foliaire paraït étre basipète (fig. 80). 

Mais bientôt le premier et le second entre-nœuds vont s’allonger 


Fia. 88. -— Développement des rameaux et 
des feuilles. * 


_ct s'épaissir dans de grandes proportions, et beaucoup plus que les 
pétioles des feuilles qui les surmontent: en même temps, ils pren- 
_ dront une direction verticale et continueront ainsi l'axe hypocotylé, 
| tandis que les pétioles s’obliqueront à droite et à gauche. 
: Du fait de cette croissance intercalai- 
re très active, la disposition foliaire se 
trouve modifiée : la première feuille, qui 
était la plus élevée, devient la plus in- 
férieure, la deuxième la surmonte, etc., et 
les feuilles se succèdent d’après leur âge, 
les plus anciennes à la base, les plus 
jeunes, au sommet de la tige fig. &9). 
L: développement parait alors basifuge. 
La tige parait terminée par une feuil- 
le, et c'est par le sommet végétatif de 
la tige, située à la base du pétiole de cel- 
le-ci que se fait son accroissement termi- 0 


eh 
Fig. 89. — Disposition des 
feuilles sur la tige. nal. Le developpement aérien est tres ra- ù # 


pide. 

Ainsi : au 4 juin, on compte o entre nœud et une feuille. # 
‘8 — FO 1 SA 2 — 
à ' que 18 — = { 5 ar 1% 
En l'espace de quelques jours seulement, trois feuilles nou- 
_ velles ont apparu, la hauteur de la tige qui était de 6 centimètres au 
4 juin. ct de 7 centimètres au 10 juin, a passe à 50 centimètres au 1&. ù 


La longuenr des entre nœuds était la suivante : = 10 
Axe hypocotylé : 6 em. 5. 
IEnTremŒud:, 12cm 5. | & 

— 4 Cm. } 

= 4 em. 9: 

7: 1 = 2° CHI 

| Les dimensions des feuilles successives sont peu variables, sauf 

_ pour la dernière apparue qui est, évidemment, la plus petite. Les : 

_ autres mesuraient, en moyenne : ‘£ 


Au 4 juin : 40 m/m > 42. 
18 


terminale et prend naissance à la base même du limbe de la dernière 


Au 10 juin 56 m/m % 55. 
Au.18 — 60 m/m * 62. 
Pendant que la tige grandit, sa base s'épaissit et se lignifie, Les. 

entre nœuds présentent des côtes très nettes et sont franchement 

rosés, les organes folaires s'accroissent; le pétiole des premières | 
feuilles continue de s'allonger, et ainsi, s'accentue le contraste entre 

les feuilles les plus âgées, qui deviennent longuement pédonculées u 

et les plus jeunes, qui sont encore sessiles et engaïinantes. 5 4 
C'est à cette époque (r8 juin), lorsque la plante atteint environ 

trente centimètres de hauteur et qu’elle possède trois ou quatre. 


ES 


entre nœuds, qu'apparait la première inflorescence. Elle est toujours 


y 


feuille qui, de ce fait, devient sessile. 

Dans certains cas, l'inflorescence ne naît pas exactement à ( 
base du limbe de la dernière feuille (qui, dès lors, n’est plus sessile), 
mais elle apparait à une certaine distance de ce limbe (10 à 15 m/m. 


environ). é 
Son pédoncule s'allonge alors et il donne naissance, à Ps 
sommet, à une nouvelle feuille qui, elle, sera sessile, et sembiera … 
porter à son aisselle, l'inflorescence terminale. Cette nouvelle feuille : 
peut également exister dans le cas précédent; l'inflorescence sur- | 
monte alors deux feuilles sessiles, une grande, inférieure, et une très à 


petite, supérieure. 5 
Cette inflorescence se montre d’abord sous la forme d'un petit F 


bourgeon, qui grandit rapidement et donne naissance à un pédoncule 
principal portant plusieurs fleurs réunies en cymes ou corymbes de # 
grappes. n 

Ce n'est guère qu'après l'apparition des fleurs que la plante 
commence à se ramifier. Cette ramification, plus ou moins rapide et 
plus ou moins complexe, commence toujours par la base de la tige, 
au premier entre-nœud. À cet endroit, c'est-à-dire à l'aisselle de la 
première feuille (la plus âgée) apparaît, tout d’abord, un bourgeon a. 
foliaire qui donne naissance à une feuille pétiolée. Vers la base de Ée 
ce pétiole apparait bientôt le sommet végétatif du rameau, qui “4 
forme la pointe d'une deuxième feuille. L'axe secondaire grandit e+ 
forme le premier entre-nœud du nouveau rameau. La deuxième 


— 251 — 


feuille se développe simultanément, et, vers la base de son pétiole 
apparait le bourgeon terminal d’où sortira une troisième feuille, et 
ainsi de suite, absolument comme sur la tige principale. 

Ces productions primaires sont toujours piliféres lorsqu'elles 
sont jeunes. À l'insertion des rameaux sur la tige, il arrive fréquem- 
ment que l’ocréa se fende le long de l'axe principal, mais il reste 


- toujours soudé par sa base, qui entoure, à la fois, la tige, le rameau 


et le pétiole de la première feuille. 


Le rameau ainsi produit peut s'allonger plus ou moins et être 
formé de plusieurs entre-nœuds. Au-dessus de lui, à l’aisselle de la 
deuxième feuille de la tige, pourra apparaître un deuxième rameau, 
puis un troisième au niveau du troisième nœud, et ainsi de suite, 

Ces branches débutant vers la base de la tige et se développant 
successivement, c'est-à-dire selon un mode basifuge, leur longueur 
diminue généralement au fur et à mesure qu'on s'élève sur l'axe prin- 
cipal. 


Chacune d'elles peut, comme la tige elle-mème, porter plusieurs 


inflorescences dont le développement est identique à celui qui a été 
décrit précédemment. Ces inflorescences apparaissent d’abord au 
sommet du rameau, dont elles constituent la partie terminale. et 
ensuite, à l’aisselle des feuilles de cet axe secondaire, en même 
temps qu'une feuille plus, ou moins sessile et toujours très réduite, 


qui les accompagne. 


Enfin, ces rameaux peuvent, à leur tour, se ramifier et donner 
naissance à des axes secondaires, dont le mode d'apparition est le 
même que celui des ramitications qui les portent, c’est-à-dire que Île 
point végétatif, situé à la base du pétiole d'une feuille de ces pre- 
mières branches donne naissance à une feuille nouvelle, dont le 
pédoncule s’accroit rapidement, ainsi que l'axe, qui formera le pre- 
mier entre-nœud du rameau secondaire, etc. 

Celui-ci peut également produire des inflorescences, toujours 
selon le mème processus. 

Il arrive très fréquemment que les feuilles primaires les plus 
àgées, situées aux premiers nœuds de la tige principale, se flétris- 
sent et tombent, comme l'ont fait primitivement les cotvlédons: de 


ce fait, il ne reste plus à la partie la plus inférieure de l'axe cauli- 
naire, que les feuilles relativement jeunes des rameaux primaires et 
secondaires. Au contraire, au sommet et à la partie médiane de la 
tige, il reste encore des feuilles adultes et, par suite, de dimensions 
beaucoup plus grandes. 

D'autre part, à l'aisselle des feuilles des ramifications latérales, 
il naît, très tardivement, de nouvelles feuilles qui restent naturelle- 
ment très petites, d'un vert clair, et très faiblement peédonculées. 

De toutes ces transformations morphologiques : ramification de 
la tige, à un ou deux degrès, disparition des feuilles primaires et 


A 


basilaires les plus àgées, conservation, au moins momentanée, des 


Fig. 90. — Développement des Fagopyrum esculentum et emarginatuta 
(6 juin, 15 juin, 22 juin, 4 juillet, 18 juillet, 19 août, 10 septembre). 


.: 


. D 74 


_ feuilles primaires médianes et supérieures, apparition de feuilles 
secondaires et tertiaires à la base des ramifications inféricures, il 
résulte, pour la plante, un port tout particulier et une constitution 
relativement compliquée, assez obscure à première vue. 

Certaines tiges adultes sont composées d'une douzaine d’entre- 

_ nœuds, et d’autres portent, dans certaines conditions, plus de vingt 

_ ramifications d'ordres divers. Mais, d'une façon générale, il y a 

_ antagonisme entre le développement en longueur et la puissance de 
_ramification, c'est-à-dire entre le développement en D de la 
_ plante et Sa Croissance: 

Quant au nombre des feuilles portées par un mème individu, il 
n'est jamais fixe et varie d'un moment à l’autre, soit qu'il apparaisse 


_ des feuilles nouvelles, soit que des feuilles ancienne$ disparaissent. 


n 


En tout cas, il peut ètre très élevé et dépasser une trentaine, 
. chez certains échantillons très ramifies. 


Enfin, comme on l’a vu, le développement des inflorescences 
est successif sur une mème plante, et la tige peut continuer sa 


_ croissance terminale, malgré leur apparition. Leur nombre est aussi 


très variable et subordonné à celui des entre-nœuds de la tige et des 
rameaux. Ainsi, au 24 juillet, le rameau le plus inférieur a six feuilles 
et quatre inflorescences; le suivant a cing feuilles et trois inflores- 


_ cences, ete. Il en résulte que celles des dernières branches apparues 


sont à peine en boutons, lorsque les premières apparues sur la tige 
principale portent des grains mürs depuis longtemps. Cette irrégu- 
_ larité de la floraison et de la maturation constituent un des graves 
inconvénients de la culture du sarrasin. 


+ 


Dans une même inflorescence, les fleurs sont dolicho et brachys- 
_ tylées et staminées. Ce polymorphisme floral joue un rôle important 
dans la fécondation, ainsi que l'ont montré plusieurs auteurs 
” (Darwin, Hildebrant, Monteverde, Korshinsky, etc.), et entre autres 


PP. Richer. 


Ce dernier a montré expérimentalement que le résultat de la - 
fécondation était tres différent selon la nature des fleurs qui y 
avaient coopére. Ainsi les fleurs de Fagopyrum sont toujours com- 
plètement stériles après autopollinisation ou après pollinisation 


RE ne er 7 ON RE 


(2 


A 


indirecte, elles sont très peu fertiles après pollinisation croisée 


homomorphe, elles sont au contraire très fertiles apres pollinisation 
croisée heteromorphe {93 °,, pour la forme dolichostylée et 76 °/, 
pour la forme brachystylée). Les fleurs dolichostylées ne sont 
fécondes qu'à la condition expresse d'être pollinisées avec du pollen 
de Fautre forme, mais les fleurs brachystylées paraissent pouvoir se 
féconder, dans certaines conditions, après pollinisation croisée 
homomorphe. 


PP. Richer a observé la descendance des graines d’origine 
heteromorphe ou homomorphe, et il arrive aux conclusions sui- 
vantes : 

1° Les craines dolichostylées, toutes d'origine heteromorphe, 
ont donné une mäjorité nette de plants brachyvstyles. 

2° Les graines brachvstylées d'origine homomorphe ont toutes 
donné des semis brachvstvlés. 

3° Les plantes d'origine homomorphe et d'origine heteromorphe 
ont une Cgale vigueur. 

La fécondation croisée cest d’ailleurs facilitée par la constitution 
de la fleur et le concours des insectes qui visitent très fréquemment 
cette plante très mellifère. Cependant, elle est souvent irrégulière 
et défectueuse, en raison des influences atmosphériques qui jouent 
un très grand rôle dans cet acte important. 

En résumé, d’après tout ce qui précède, on voit que le dévelop- 
pement des feuilles (en apparence au début basipète), est en réalité 
basifuge, ainsi que celui des rameaux, tandis que celui des inflores- 
cences est au contraire basipète. 

La croissance de la tige et des branches est terminale et inter- 
calaire, mais cette dernière est, de beaucoup la plus importante. 

Les feuilles ont la disposition alterne. 

Dans une inflorescence, le développement des fleurs et des 
graines est nettement basifuge, c'est-à-dire que ce sont les fleurs ou 
les grains situés à la base de l'axe floral qui apparaissent, s'épa- 
nouissent et mürissent les premiers. Il existe même souvent de 
crandes differences dans les diverses parties d'une mème inflores- 
cence; c'est ainsi qu’à la base, on trouve des grains nettement 


2991 


formés, verts, commençant même à brunir, tandis qu'à son sommet, 
on trouve encore des boutons non ouverts. 

Par contre, le développement des diverses inflorescences 
portées sur une mème plante n'est pas basifuge, mais 1l est plutôt 
centrifuge (par rapport à l'axe caulinaire), grâce à l'accroissement 
terminal de la tige ou des rameaux, qui continue après l'apparition 
des premières Inflorescences. Ainsi, au 17 juillet, la plante porte 


11 nœuds: vers le milieu de la tige, au 6° nœud, tous les grains sont 


verts sont apparus, au neuvième, l'inflorescence n'est composée que 


È mûrs, au septième, la moitié sont mürs, au huitième, quelques grains 
: 
3 de fleurs épanouies et de boutons. 


Les grains, blancs dès leur formation, verdissent, d'abord aux 


; arêtes, puis sur toute leur surface: le calice persistant conservant 


seul sa teinté blanche. Puis les arètes se colorent en Lolige Plane | 


che 1) et les faces du grain brunissent. 
Enfin, à la maturité, les grains sont devenus gris ou noirs: 


r dr 


selon la variété à laquelle ils appartiennent, le calice s'est desséché, 
et le pédoncule flétri, s'est incurvé; les grains, pendants, s'en déta- 


chent au moindre choc. 

A cette époque, les feuilles de la base, jaunies, se dessèchent et 
tombent, celles du sommet se couvrent de taches rouges plus ou 
moins irrégulières (Planche 1) et restent un peu plus longtemps 
adhérentes à la tige. 


Quant à celle-ci, presque entièrement rouge, plus violacée à sa 


partie supérieure, elle ne tarde pas non plus à se dessécher . à 
prendre la teinte brune de la paille. 


Les différentes phases de lx végétation du Fagopyrum esculen- 
tum sont assez difliciles à fixer et très variables selon les conditions 


de milieu, D'une façon générale, on!peut dire qu'en pleine terre, 
l'apparition du germe au-dessus du sol demande de 6 à 8 jours, le 
déroulement des cotylédons 12 à 15 jours et l'étalement de la pre- 
mière feuille, trois semaines environ. La floraison commence 5 ou 
6 semaines après le semis, et la maturation des premiers grains 
10 semaines après l'ensemencement. Quant à la maturité complète, 
elle se produit en moyenne après 12 à 15 semaines de végétation. 
C'est d'abord le-système radiculaire qui se développe avec intensité, 
pendant que l'appareil aérien se moditie à peine. Puis dès l'appari- 
uon de la deuxième feuille, celui-ci croît avec une très grande rapi- 
dité, augmentant en quelques ne ses dimensions dans des propor- 
tions considérables et ce, jusqu'à l'apparition des premières fleurs. 
Son développement se ralentit ensuite légèrement, mais il est encore 


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très intense jusqu'à la formation des grains, à partir de laquelle la | 


plante a presque atteint sa taille définitive. 


\ 


— 257 — 


Influence du milieu sur la morpbologie externe et le 
développement. 


Les conditions extérieures jouent un rôle considérable dans le 
développement des plantes. Suivant qu'elles proviennent de semen- 
ces sélectionnées ou quelconques, suivant qu'elles sont cultivées 
dans un climat qui leur convient ou non, dans un sol qui leur est 
favorable ou défavorable, dans un milieu humide ou sec, ou, enfin, 
qu'elles reçoivent certains aliments ou d’autres, leurs caractères 
morphologiques se modifient, et les rendements qu'elles fournissent 
sont plus ou moins élevés. 

Il est donc de la plus grande importance de connaitre l'influence 
de ces différents facteurs de la production, afin de pouvoir profiter 
de leur action favorable et de placer, autant que possible, les végé- 


taux que l’on cultive, dans les conditions que l'on aura reconnu Îles: 


meilleures pour en tirer le maximum de bénéfices. 

Malheureusement, l'étude de ces agents variés est difficile et de 
longue haleine, tant leurs actions particulières sont délicates à 
déterminer avec certitude, et les résultats obtenus jusqu'ici dans cet 
ordre d'idées ne sont encore ni bien nombreux ni très concluants. 

Je l'ai pourtant entreprise en ce qui concerne le sarrasin, mais 
je ne me dissimule nullement que je n'ai fait qu'ébaucher cette 
importante question et que des essais ultérieurs et prolongés sont 
absolument nécessaires pour la résoudre définitivement. 

Les expériences que j'ai faites ont été poursuivies pendant trois 
années consécutives, non seulement dans les champs d'expériences 
de l’école nationale d'agriculture de Rennes, mais encore sur le 
domaine de plusieurs cultivateurs du département qui ont bien 
voulu m'aider dans ces recherches et leur donner, grâce à leur habi- 
leté professionnelle, un caractère pratique qui ne peut qu'en aug- 
menter la valeur relative. 

J'ai examiné successivement l'influence de la nature du sol, des 
engrais, des façons culturales, de l’époque du semis et du choix des 
semences sur le développement du Fagopyrum esculentum, et, dans 
certains cas, sur celui des trois autres espèces. 


Devant l'abondance des renseignements recueillis, pour ne pas 
donner à ce mémoire un développement exagéré et pour diminuer, 
dans la mesure du possible, les redites ou les détails fastidieux, je 
résumerai les résultats obtenus, le plus souvent en des tableaux 
synthétiques, et je me bornerai à leur interprétation. 


Je n'envisagerai ici que les modifications morphologiques 


externes, réservant pour la deuxième partie, l'étude de l'influence 
des facteurs de la production sur les rendements. 


DÉVELOPPEMENT EN LONGUEUR 


Pour déterminer la marche de la croissance du Fagopyrum, 
j'ai arraché, à peu près toutes les semaines, un certain nombre de 
pieds de sarrasin, que j'ai mesurés en les plaçant devant une grande 
planchette graduée, supportée par un pied. 

Pour atténuer le plus possible l'influence de l'individuaïité — 
qui est considérable — j'ai opéré, chaque fois, sur un grand nombre 
d'échantillons (récoltés sur 3 mètres carrés), puis j'ai calculé la 
hauteur la plus fréquente, à chacune de ces mensurations, en suivant 
la méthode indiquée par M"° Stefanowska dans ses « recherches 
statistiques sur l'évolution de la taille des végetaux (1) ». 

J'ai mesuré, de la mème façon, les plantes de trois espèces de 


Fagoprrum, cultivées avec des engrais de nature différente, de 


facon à mettre en relief l'influence de l'espèce et celle de la nutrition. 
Toutes ces mensurations sont condensées dans le tableau 52. 
Le développement du Fagopvrum obéit donc, dans son ensem- 
ble, aux lois, déjà établies, de l'accroissement de la taille des végc- 
taux. Mais il est néanmoins fortement influencé par l'apport d'engrais 
différents, ainsi que le montrent le tableau précédent et la photogra- 
phie ci-tontre (fig. 92). 
Pendant les premiers temps de la végétation l'accroissement 


(1) Me Srrranowska, €. R. Ac, Sc, T. 151, 1905, p. 600, 


} 


e 
* 


est rapide. puis du 1°’ au 10 juillet, il se ralentit, pour redevenir ensuite 


très intense jusqu'à fin de ce mois. A cette époque, la croissance 
continue, mais plus lentement, et s’arrète à peu près définitivement 
vers le 22 août. Si l'on considère le Fagopyrum esculentum témoin, 
par exemple, on voit que du 15 juin au 1°” juillet (soit, pendant 
15 jours), sa taille augmente de 15 centimètres; du 1% au 10 juillet 
(10 jours), elle s'accroît de 15 centimètres; du 10 au 25 (15 jours, 
elle augmente de 18 centimètres, et du 25 juillet au 22 août (26 jours), 
l'accroissement est de 42 centimètres. 


Fia. 92. — Action des evsrais sur le développement dn Fasopyrum. 


= 


De gauche à droite : 


1. Engrais complet. potassium. 
2. Chlorure de potassium. 6. Nitrate de soude et superphos- 


3. Superphosphate de chaux. phate. 
4. Chaux. 1. Nitrate de soude. 


». Nitrate de soude et chlorure de | 8. Sulfate de magnésie. 


L'augmentation de taille journalière correspondante à chaque 
période estidone, en moyenne, de o c. 86; 1 €. 50; 1 C. 20; ne. 5 
062. Plleatteimt, ayec l'engrais complet: 1€. 2; 2 C.3;.1C2 60; 
2C. 1; IC. 25, etc... La croissance de la plante ne suit pas, par con- 
séquent, une marche absolument régulière, mais elle affecte une 


courbe hyperbolique. 


15 juin 


| 
| 


8 août 
17 août 
40 septembre 


95! 95 


| 

MémoinA ie PA orales 4 | 10| 17] 30 48| 70] 80) 90 

Enerais COMplel LAURE AS 7 | 151 25] 48| 55] 76| 9511201435/145)145 
SANS CRAOLE UC APN LEE 4 9! 20] 30! 37] 62] 90! 951120 120/120 
Sans acide pLosphorique...... 7 | 14] 20! 35! 43] 80! 90/1101125/130 1130 
SANS DO LASS EE NAME ne RS 6 | 13} 19] 32] 40! 65) 8011001110 1120120 
AZOLENSEULDE NE CNE MAR RP EU 8 | 15] 24] 37] 42] 57| 8011001130 1301130 
Potassé seules rndi unin 7 | 14] 21! 29! 36] 49] 7511001110/110/110 
Acide RES Seul. 54:44 5 | 12] 18} 26| 30] 42] 65! 90! 95! 5] 95 
Chan ta te ERP 3 | 9! 16] 28] 35] 58] 80/110/120 135,135 
Manganësé, 4,404: Va WE 3 | 8|l 12] 19] 26| 43| 791100,120/120)120 

MA TÉSTe NN Ne Le TA 6 | 13] 20} 31) 35| 47| 80] 90110 1153/1150 
Sulfate dé potassée.:, 441.400 7. | 44] 22] 34! 40! 64! 90/1081110 110/110 | M 
Sulfate d'amimoniaque 6 | 11] 19] 30! 88) 66! 95/H0/130/130135 


FAGOPYRUM EMARGINATUM 
; PU 


: | 
a 
EE 


| 
MÉMOIRE RAC ETC A DE (8) il 17 281 90 ET | solo ie 
BNÉTAÏISICOMPIÉUS FETE 8 | 14123) 42/-50/ 62 5 112] 135138 140 
SAS LOS FUNDS Re APTE 5 | 13) 17| 28] 35 50! 70] 90/115|115415 M 
Sans acide phosphorique...... 6 | 10! 16! 21| 28] 64 35,10011201120)120 a 
ER LS MAS loee 6 | 11) 16! 20| 24! 28| 40 15 60|. 10! 78 000 
FAN SE RAR ARE ARS 8 | 14] 18] 25} 28 + 52] 75) 95) 95 115 
: PolasSetsente ri CRI RENE ES DO LEA A 12 DS 0 PER IP 55 85 141011201125 x 
% Acide phosphorique seul...... 4 | 81 131 19| 26] 28! 40| 65| 90/105/105 le 
"A4 DEAR ANR IN CCULS NE 6411 d 94] 30| 85] 56| 75| 90,100 1150 
4 F'AGOPYRUM STENOCARPA 
(fi | #1 
MT, DÉMO EAN ATEN pe) 71 411:25:.88|440) 55| 70! 901"90 LOT 
Ve EnErA)S COM ETAPE MO CNE 5 | 11] 17| 24 30) 64) 80/109/115/120 ê 
SO a Ne NN AR 7 | 131 21} 26 33| 49) 65| 801100 100 LA 
à Sans acide phosphorique SU 4 | 8| 11| 19 25! 50| 68| 851100/105 De. 
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“ ABOUÉ SORA SR NAT NN Le, 6 | 12! 171 20 —| 45] 65] 75| 85| 95 
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‘US Acide phosphorique seul...... 2 4| 6107, 9) 35 60/70/8548 
‘4e CHAR A NA AN EANE 2 5M91MA2E47| 40:62} 70] :85|*90 
‘+8 
A TaLceau XXXII. — Développement en longueur du Fagopyrum cultivé 
ne, avec des engrais différents (en centimètres). 
x 


É& + 


| 20e 


L'apport d'éléments minéraux divers modifie plus ou moins 
l'évolution de la taille. L’engrais complet augmente la longueur de 
la plante dans de grandes proportions; l'absence d'azote et de 
potasse ralentit la croissance, tandis que la présence de la chaux 
l'active. 

L'action de cet élément est au début peu efficace et paraitrait 
plutôt nuisible; mais, au bout d'un certain temps (6 semaines envi- 


) ron), elle devient au contraire intense et très favorable, sans doute 
| parce que la chaux a eu le temps, aidée par les pluies et la tempeé- 
| rature, d'agir sur la nitrification des matières azotées du sol, de 


descendre jusqu'aux radicelles, déjà profondes, et de jouer dans ja 
terre le rôle multiple qui lui est dévolu. 


Fix. 93. — Influence de la nature du sol sur Le développement du Fagopyrum. 


Il semble en être de même du manganèse, dont le premier effet 
est peu avantageux. Quant au sulfate d'ammoniaque, 1l paraît cons- 
tituer une bonne source d'azote pour le Fagopyrum, mais son action 
est plus lente que celle du nitrate de soude. 


Lés différences de croissance constatées chez le sarrasin cultiv 
avec des engrais variés ne sont, en somme, que la résultante d 
facteurs divers dont l'influence individuelle est à peu près impossi- 
ble à isoler. Un élément minéral ajouté au sol intervient en effet, non Fe 
seulement comme principe nutritif, mais encore en modifiant les 
propriétés chimiques, physiques et physiologiques du sol; en 
faisant varier sa composition, sa structure, son taux d'humidité, ete. 
Or, en considérant seulement ce dernier agent, les travaux de Gain 
ont montré l'influence considérable qu'il possédait sur la croissance 
des végétaux, et du Fagopyrum, en particulier; les autres doivent 
avoir également une action importante. 

Quoi qu'il en soit, ces résultats bruts fournissent, pour la cul- ne 
lure, quelques utiles indications. 


— 


Terre fine 


_SOU=-SOL (30 à 60 cent.) 


Terre complète 


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TaBzeau NXXIII, — De la composition du sol. 


Terre fine 
Terre 
complète 


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TapiEau XXXIV. — De la Composition du sol. (1) 


DÉVELOPPEMENT EN POIDS 


Jai recherché également la marche du développement en 
poids (2) de trois espèces de Fagoprrum, et les variations qu'il 
subit sous l'influence de la nature du sol. 

Les échantillons provenaient des trois terrains : siliceux, humi- 
fère et argileux, précédemment décrits (page 205). 

Le tableau 35 reunit les resultats obtenus : 


(1) Annales de l’Ecole Nat. d’agric. de Rennes, 4907. 
(2) Mie Sreranowsxka, C. R., Ac. Sc., T. 140, 1904. 


| | 
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3 000°GF.006°011000 £Fl008°8 1008 8 [0008 |000°51)00G FF1099° 6 1059 GF/G09 L 000 "01.000" £F 00001 PE IR RNUSE 
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Ainsi qu'on peut le constater, le développement du sarrasin est 
très différent selon le sol dont celui-ci provient. C’est dans l° humus.… 
puis dans le sable que la plante atteint les poids les plus élevés, 1 
tandis que c'est dans l'argile que ces poids restent les plus RES 

L'augmentation du poids frais n'est pas uniforme pendant toute | 
la durée de la végétation. À deux époques, on constate même un 
arrêt de cet accroissement et une diminution de ce poids; la première 
correspond, à peu près, au 15 juillet, et la seconde, à l'approche de 
la maturité, sans doute à cause de la dessication qui commence. 
Ainsi pour le sarrasin émarginé, venu dans le sable, l'augmentation 
journalière du poids atteint, pour chaque période comprise entre 
deux dates d'observations : o gr. 371; © gr. 300; o gr. 535; o gr. 125; Le 
1 ST. 00, — OT. 500; OST. 310; O LT. 277; O ST. 550; OST. 400; 0 2T. 200 SUR “à 
— 0 gr. 146. Le processus du développement est le mème dans le: 
terreau, avec cette seule différence que la valeur de l'accroissement | 
quotidien est plus élevé; elle atteint, en effet, o gr. 377; Oo gr. 20p 
ogr.850; 0 gr. 135; 1 Tr. 140; —Ogr.527;0gTr. 871; 0gTr. 266; 0 gr. 303; \e 
OF 07 0 0E.-200, OCT 177 nelCe #4 

Les mêmes faits se retrouvent dans les variétés de la même 
espèce et dans les autres l'agopyrum. 4 

On constate, d'autre part, quelques différences dans les carac- 
tères morphologiquss externes. C’est ainsi que les plantes sont géne- 
ralement moins ramifiées dans le sol argileux, et plus, au contraire 
dans la terre siliceuse. Dans cette dernière, les feuilles sont ao 
plus accuminées, les inflorescences plus compactes. 


02 


III. — Morphologie interne 


L'étude de la morphologie interne d’une plante fournit, ne 
h aux points de vue théorique et pratique, des renseignements œ 


APE es TANT A Sen dr do Se . 


= 207 — 


itéressants, car, des éléments de sa structure dépend souvent, 
en effet, son mode d'utilisation. D'autre part, des recherches 
nombreuses, entreprises depuis quelques années, ont montré que 
que cette constitution anatomique du végétal — si elle conserve 
toujours un certain nombre de caractères à peu près intangibles, 
et par suite spécifiques — était, par contre, susceptible de varier, 
dans ces limites, et cela principalement sous l’action du milieu. 

Le praticien, en agissant sur ce milieu par les moyens dont 
il dispose (façons culturales, engrais, amendements, etc...) 
pourra donc, e{ dans une certaine mesure, modifer la structure 
des plantes qu’il cultivera et les améliorer en vue d’une utilisa- 
tion particulière. 

J'examinerai dans ce chapitre : 1° la morphologie interne 
des organes du Fagopyrum esculentum; 2° les différences spé- 
cifiques de cette structure; 3° les variations qu’elle subit sous 
l’action de la nature du sol et des engrais. 

C’est Schmidt qui, le prermier, fit une étude anatomique un 
peu complète du genre Fagopyrum, puis Perdrigeat l’entreprit 
à nouveau, au point de vue taxinomique, mais d’une façon très 
brève, en s'adressant seulement aux Fagopyrum cymosum et 
tataricum et sans indiquer n1 l’age, n1 l’origine de ses echan- 
tillons. Plus récemment, Dassonville, et ensuite Solacolu ont 
repris cette question, dans leurs recherches sur l’action des sels 
minéraux dans la végétation, mais on sait combien les résultats 


- qu’ils ont obtenus sont différents, sinon contradictoires. 


J'ai abordé cette étude d’une façon beaucoup plus com- 
plète, en l’étendant à quatre espèces : Fagopyrum esculentum, 
Lataricum, emarginatum et stenocarpa, et à des plantes venues 
dans des sols de nature différente (voir page 203) ou avec des 
engrais différents {page 40) de façon, à déterminer les caractères 
anatomiques véritablement spécifiques, et, d’autre part, à con- 
naître l’influence des facteurs de la culture (sol et alimentation) 
sur la morphologie interne. À 

Comme pour la morphologie externe, j'ai examiné des 
échantillons prélevés régulièrement toutes les semaines, du 
5 juin au 10 septembre, sur des plantes le plus semblables pos- 


— 268 — 


sible; et les coupes intéressaient toutes les mêmes régions 

milieu du premier et du dernier entre-nœuds. Ces échantilions 
étaient d’ailleurs ceux-là mêmes qui avaient servi aux obser- 
vations de morphologie externe. On possède ainsi tous les élé- 


ments de comparaison et d'appréciation. 


J'envisagerai, d’abord, la constitution, à différents âpes, < 


D Es 


tu 
«HE 


de plantes cultivées en sol argilo-siliceux, avec engrais com- 
plet, pendant l’année 1908 ; et, ensuite, en me servant de ce L 


terme de comparaison, de plantes venues dans des conditions 
différentes 


1° FAGOPYRUM ESCULENTUM 


. À — Racine 


ne 


—- RADICULE. — Nous avons vu, dans l'étude de la 
graine et de la germination, quelle était la situation relative 
des différentes parties de l’embryon et la structure de la radi- 


cule. 


Celle-ci est formée : 1° d’un épiderme mince à cellules 
régulières, allongées, à parois cellulosiques; 2° d’un tissu cor- 


tical parenchymateux à cellules arrondies laissant, entre elles, 


peu de méats et formant cinq assises. De distance en distance se 


trouvent de grandes cellules, plus ou moins ovoides et rempliés 3 
d'éléments de réserve. Sous ce parenchyme homogène est une 
assise endodermique formée d’une rangée d’éléments ronds, 
très réguliers, accolés les uns aux autres, puis vient le péricyle 


constitué par une assise de cellules plus petites et polyédriques. % 


ee 


La structure du cylindre central est encore très simple et 
peu différenciée. Limité par le péricycle, on y trouve quatre 


amas de petites cellules, plus ou moins pentagonales, qui cons- 
tituent l’ébauche des futurs faisceaux libériens et ligneux. 


(fig. 94). $ 


Entre ces faisceaux et remplissant tout le reste du cylindre Re 
4 
central, se trouve une moelle abondante, épaisse, formée de 


cellules arrondies, régulières, plus grandes vers le centre qu’à 


. la périphérie. 


dr 


4 (URSS 


4 à 
vo À 


— 209 — 


Germe. — Des coupes transversales et longitudinales, 
faites à différents niveaux, dans des germes plus ou moins 
développés, montrent une différenciation de plus en plus grande 
des tissus, en même temps qu’une activité cellulaire considé- 


rable. 


Germe de O cm $ environ. — Extérieurement, le germe, à 
cet état, se montre sous la forme d’une pointe blanc-jaunûtre, 
très homogène. 

L’épiderme est formé de cellules, à grand axe tangentiel, 
de dimensions irrégulières, mais plutôt grandes, ét non épais- 
sies. L’écorce est constituée par un parenchyme compact, com- 
prenant six à sept assises de grandes cellules, généralement 
arrondies, et ne laissant entre elles que très peu de méats. 
L'’endoderme montre des éléments à parois verticales, mais 
assez irréguliers et moins nets que dans l'embryon. Le péricycle 
est plus distinct et formé de cellules polyédriques, plus grandes 
que leurs homologues de la graine. 

Les faisceaux ne sont encore nullement différenciés. Ils 
sont simplement indiqués par un parenchyme à cellules nette- 
ment polyédriques, de taille variable, formant un véritable 

méristémie épais (six assises environ) et très actif. Ces amas de 
cellules sont reliés par un anneau continu d’éléments également 
Jeunes et en voie de division tangentielle et radiale. La moelle 


a nor 
est constituée par de grandes cellules, mi rondes et mi-polvédri- 
ques, présentant peu de méats. Ft 

La structure du germe un peu plus développé et considéré, 
non plus à son extrénité, mais vers le milieu de sa longueur, est 
à peu près identique : même épiderme à grandes cellules ailon- 
gées radialement. Ecorce formée de six assises de grandes 
cellules arrondies, plus grandes encore vers l’intérieur; endo- 
derme à éléments inégaux et à parois verticales; péricycle plus 
régulier, à cellules de forme plus polyédrique. De même aussi, 
pas de bois nide liber, mais un méristème plus épaissi aux 
angles et très actif, et une moelle formée de grandes cellules 
plus où moins arrondies. (fig. 93). 


A 
4 


Fiac 95. — Structure du germe (65). cas 
Germe de 1 cm 5 environ (partie médiane). — L’assise pill 
fère est maintenant très nette ; elle est formée de cellules à 
grand diamètre radial, irrégulières, d’assez grandes dimensions 


et pourvues de poils absorbants nombreux. L’assise subéreuse 
n’est pas distincte. Le parenchyme cortical comprend six assises; 
les deux plus externes sont formées de cellules plus petites, 
nettement arrondies, mais de grandeur variable; les quatre 
internes sont constituées par des éléments également arrondis, 
mais beaucoup plus grands, plus irréguliers, et ne montrant que 
peu ce méats. L’endoderme est très bien marqué; ses éléments 


oo me— 
CLÉ 


_ sont assez irréguliers, comme forme et comme dimensions, mais 
_ ils sont généralement arrondis et assez grands, leurs parois sont 5 
| verticales, sans méats, et munies des plissements caractéris- 4 
| tiques de cette région ‘fig. 96). 


» CLS œ;: L 
2 #pe 
ADE LÉ) , 


Fi. 95. — Structure du germe (195). 


F_ 


2 Le péricycle est aussi bien visible; ses cellules sont plus 
régulières, plus ou moins polyédriques, à parois toujours verti- à 
7 cales; elles sont toutes étroites, et très allongées dans le‘ sens ‘ttes 
 redial. | 
Quant au cylindre central, il montre des faisceaux ligneux Pr 
déjà nettement différenciés. Au nombre de quatre, confluents D 
_ vers le centre, ils sont formés de six à huit vaisseaux lignifiés, - 00 
trois ou quatre grands, plus internes et réunis en deux séries, #È 
_et trois ou quatre petits, plus externes, qui les continuent, mais 
sont unisériés: 

‘à Les faisceaux libériens, alternes avec ceux du bois, sont 
à constitués par des cellules très régulières, mais encore peu nom- 
_ breuses et dont l’ensemble est peu net. Ils se rattachent latéra- 


_ lement aux faisceaux du bois, par des cellules plus ou moins 
À N - 


us 


internes arrondies et plus grandes. 


RACINE. — au 22 juin. — Il n’y a plus de poils absorbants. 
L’écorce est formée de six assises de grandes cellules, ph IS 
arrondies et moins serrées à la partie interne qu’à la part 
externe. | 
L’endoderme est peu distinct et le péricycle commence 
se sclérifier par petits 1lôts. L’assise génératrice est active. 4 
Dans le cylindre central, on distingue encore les quatre 
faisceaux ligneux primaires formés d’une dizaine de vaisseau 
à parois bien lignifiés, mais à large ouverture, les faisceaux 
libériens, à petites cellules, sont peu nets (fig. 07. Es 


Fi. 97 et 98. — Structure de la racine au ?2? juin et au 18 juillet. 


LA ? 


Il existe un anneau continu de bois, formé de 3 à 5 assi 
d'éléments serrés, bien ligniñés, mais à lumen assez large, et 
entourant des vaisseaux nombreux et d’assez grandes dimen- 
SIONS. Œute 
5 La moelle est constituée par de grandes cellules plus où 
moins arrondies et à parois cellulosiques; sa partie centrale est 
2 résorbée. 


rs 


On trouve dans les tissus de la racine quelques rares cris- 
fe : EL" 
taux d’oxalate de chaux. RO TES sl 


Au 10 septembre. — La racine principale est tout à fait 
fibreuse et dure. L’assise la plus externe, dépourvue de poils, 
est complètement cutinisée; l'écorce est formée de cellules 
allongées, ovales, assez grandes, et comme aplaties. 

_Les fibres péricycliques sont plus nombreuses et surtout plus 
épaisses. 

Les faisceaux primaires de bois et de liber sont peu dis- 
tincts. Par contre les formations secondaires se sont considéra- 
blement accrues (fig. 09). 


Fic. 99, — Structure de la racin2 au 10 septembre (maturité). 


Les production ligneuses ont envahi tout le cylindre central 
et la moelle est complètement lignifiée. La racine a développé 
énormément ses tissus de soutien et de conduction. 

Radicelles. — Tes radicelles de divers ordres ont une 
structure identique à celle de la racine principale. Elles sont 
d'origine pericyclique et naissent exactement en face des quatre 
faisceaux ligneux primaires; l’endoderme leur formant une 
poche digestive qui disparaît à leur sortie de la racine mère. 


B. — Tige 


1. — ÂXE HYPOCOTYLÉ. — a). — 5 juin. — (fig. 100).— 
Cotylédens étalés, la première feuille apparaît. 


” - 


1. — Haut. — A:cet état et à cet endroit, le rayon de l’axe 
hypocotylé mesure 1 "/" 23. L’épiderme, non cutinisé et à peine 
épaissi, est formé de cellules régulières, à grand diamètre 
tangentiel. Il est dépourvu de poils. 


L’écorce comprend six assises; les trois externes sont cons- 
tituées par des cellules arrondies, petites et renforcées, collen- 
chymateuses; les trois internes ont des éléments plus grands, 
plus ou moins arrondis, présentant entre eux des méats, et 
entièrement cellulosiques. Les cristaux d’oxalate de chaux y 
sont nombreux. L’endoderme et le péricycle sont nets et cellu- 
losiques. 


Les faisceaux de bois sont au nombre de 4 et formés seu- 
lement d’une douzaine de vaisseaux lignifñés, mais à parois peu 
épaisses et à large lumen. Chacun des faisceaux est comme 
aplati, étalé, et les éléments qui le constituent sont réunis sur 
une seule rangée tangentielle, et comme séparés en deux portions 
égales. Chacune de ces deux moitiés comprend, par conséquent, 
6 vaisseaux en file, un plus grand à l’extérieur, à l’extrémité de 
celle-ci, et les plus petits, à l’intérieur, réunissant entre elles les 
deux parties du faisceau, qui sont plongées dans un parenchyme 
cellulosique (fig. 1001. 


Le liber est dédoublé et comprend 8 faisceaux. Ceux-ci 
sont situés, deux par deux, au dessus des éléments ligneux 
étalés, un sur chaque portion du faisceau de bois. Les forma- 
tions libériennes ne sont donc pas équidistantes ; elles sont 
rapprochées deux par deux, mais non contigues. Les éléments 
en sont petits et assez réguliers. | 

L’assise génératrice est très active et très développée. La 
zone péri-médullaire est peu distincte, non différenciée et formée 
de cellules, plus petites que celles de la moelle, et polyédriques. 


La moelle, qui est complète et très développée, est consti- 
tuée par des cellules arrondies et de grande taille. 


Les dimensions d’ensemble des différentes parties de l'axe 
hypocotylé sont les suivantes : 


Rayon, "1 /ne3 ; 
Étorce Momie : 
Eibe ROSE 
Bois, 334: 
Moelle, o"/183. 


2. — Bas. — | ’épiderme, non cutinisé, mais épaissi, est 
formé de cellules régulières, à grand diamètre radial. Il est 

3 dépourvu de poils. 

__ L’'écorce comprend cinq ou six assises de cellules régulières, 
arrondies, laissant entre elles peu de méats. Tous les éléments 
en sont cellulosiques et non renforcés. Il n’y a pas trace de 
ccllenchyme. Les cristaux d’oxalate de chaux sont nombreux, 

_ surtout dans les couches internes. 

L’endoderme et le péricycle sont simples, réguliers et cellu- 
losiques. 


HAL 
FL 


Fig 109. — Siructure de l'axe hypocrtylé au 5 juia 


Les faisceaux de bois sont au nombre de 4, formés d’une 
dizaine de vaisseaux. Comme précédemment, ils sont étalés (et 


moins et affectent la forme d’un arc, convexe vers l’intérieur ; 
les vaisseaux les plus larges sont à l'extérieur de la file, et les 
plus petits, qui les continuent, se rejoignent presque. Ils sont 
tous, d’ailleurs, peu épaissis et à grande ouverture. à 
Le liber n’est pas encore dédoublé et forme 4 faisceaux 
seulement. L’assise génératrice est bien développée, quoique Be 
moins qu’au sommet de l'axe hypocotylé, et elle fonctionne 1. 
activement. 4 
La zone périmédullaire est mieux différenciée, surtout sous 4 
les faisceaux ligneux, où elle forme une assise de cellules très 
régulières, nettement polyédriques, à membranes légèrement 
épaissies, mais non lignifiées. ti 
La moelle, qui est compacte, très développée est à 
lacune, est constituée par de grandes cellules, plus ou moins 
polyédriques, sans méats 
Les dimensions sont les suivantes : 
Rayon, 02,%,96 ; 
ÉCorce Worst 
Étber,: 5312 
Bois, 504; 
Moelle, o "/" 68. 


Des 
: 
nr 


Résumé. — La structure à cet âge est, comme on le voit, d 
assez simple. Elle est surtout caractérisée par la présence d’un :4 
épiderme non cutinisé, d’un endoderme et d’un péricycle simples 
et cellulosiques, de quatre faisceaux de bois étalés et d’une ee 
moelle abondante. Elle est d’ailleurs différente selon qu'on 
de examine la partie inférieure ou supérieure de l’axe hypocotylé. + 
ne. Au sommet, on trouve du collenchyme et un liber dédoublé; 
5 à la base, pas de collenchyme et un liber non dédoublé et une 


zone périmédullaire légèrement différenciée. 


b). — 15 juin (2 feuilles). — 1. — Haut. — L'épiderme 
présente les mêmes caractères qu’au 5 juin, mais il est plis 
épaissi, quoique non cutinisé. 


_—. 277 — 


Dans l'écorce, on distingue également un hypoderme cons- 
titué par trois rangées de petites cellules collenchymateuses. Le 
parenchyme cortical comprend trois assises d'eléments cellulosiques 
arrondis et seulement deux assises au dessus des faisceaux. Les 
cristaux d’oxalate sont nombreux, plus grands que précédem- 
ment et localisés surtout dans les quatrième et cinquième assises. 


 L'’endoderme est normal, mais le péricycle parait s’être divisé 


au dessus des faisceaux. Ceux-c1 sont très différenciés. Ils sont 
toujours formés de deux parties confluentes, mais celles-c1 se 
sont très développées et comprennent au moins deux assises de 
vaisseaux, soit, chacune, une dizaine, les plus grands vaisseaux 
: RE Rire 
‘4, en moyenne) étant toujours situés vers l’extérieur du faisceau 
(fig 101). Ces éléments du bois sont plus grands qu’au 5 juin, 
mais 1ls sont encore peu épais et à large ouverture. 


Fra. 101. — Structure de la tige au 15 juin (haut, ? feuilles). 


L’assise génératrice est très nette, épaisse, en voie de cloi- 
sonnement, et formée de plusieurs assises au niveau des fais- 
ceaux. Sous elle et entre les faisceaux on voit apparaître, en 


liste es 


D) 


cértains éndroits dont la situation ne paraît pas déterminée, un + 
large vaisseau, dont la membrane se lignifre peu à peu. 11 
Le liber forme deux îlots au dessus de chaque faisceau 
ligneux, mais 1l en apparaît d’autres, au contact du cambium. 
Ces îlots surnuméraires sont encore très petits et formés de … 
quelques cellules seulement. 
La zone périmédullaire est peu différenciée, et la moelle, 
très abondante, est constituée par de grandes cellules arrondies. 
Les dimersions sont les suivantes : 
Ravonkw2 0/66 
Écorce 10 ?/# 400: 
Liber 066 U 
Bois, 2504: 
Moselle /l 3x6. 


2. — Bas. — L’épiderme est semblable au précédent. 

L’écorce est encore formée de six rangées de grandes 
cellules arrondies, laissant entre elles des méats assez impor- 
tents ; mais 1l n’y a pour ainsi dire pas de collenchyme ; par 
endroits,on vcit seulement l’assise le plus externe renforcer 
légèrement ses membranes. Les mâcles d’oxalate sont très nom- 
breuses. L’endoderme est très net. Le péricycle est en voie de 
différenciation plus avancée au dessus des faisceaux. En cet 
endroit, surplombant exactement les deux paquets de liber, il 
épaissit les cellules qu’il avait primitivement dédoublées, et 
ferme ainsi deux îlots de sclérenchyme, composés chacun de 
8 à 10 fibres, plus ou moins arrondies et à parois peu épaisses. 

Les faiscezux se sont également modifñés et accrus. Ils 
présentent les mêmes caractères qu’au $ juin, mais ils com- 
prennent maintenant cinq grands vaisseaux, à parois beaucoup 
plus épaisses, et cinq petits. De plus, le parenchyme ligneux 
s’est constitué à l’intérieur des faisceaux (c’est-à-dire entre les. 
vaisseaux), et dans les régions interfasciculaires, de telle sorte 
qu’il forme un anneau continu, constitué par trois ou quatre 
assises de cellules ligniñées, encore peu épaisses et à large 
lumen. Dans la masse de ce parenchyme ligneux, se trouvent 


te 
Ve 
* 


, si Fe 3 ie o ., de LOS PR CE 
disséminés de grands vaisseaux de bois isolés. Le bois primaire 
des faisceaux se continue sous ce bois secondaire, mais entre 
ces deux formations, il existe deux ou trois assises de cellules 


non lignifées (fig. 102). 


Fig. 102. — Structure de la tige au 15 juin (bas. 


Le liber est comme étiré et ses éléments sont très petits. 
Entre l’assise génératrice et le péricycle cellulosique, 1l forme 


_ de petits îlots disséminés, d'importance inégale, mais jamais 


bien grands. 


Le cambium est très développé et forme un anneau continu, 
très net, qui comprend plusieurs assises. 

La zone périmédullaire ne commence guère à se différencier 
que sous les faisceaux où elle forme une ou deux assises de 
cellules plus ou moins polyédriques, à grand diamètre radial, 


et non lignifées. 
Quant à la moelle, elle devient lacunaire en son centre et 


Pa . 
x à ée 


elle est constituée par des cellules arrondies, volumineuses, sépa- 
rées par des méats assez grands. Elle renferme quelques màcles 
d’oxalate de calcium. 
Les dimensions sont les suivantes : 
Rayon, 2j" os; 
Écorce, 0 310: S 
Liber et assise génératrice, 83 u ; | “00 
Bois, 66 1; x | fe  : 
Moelle, o ”/" 96 ; 
Pacune otre 


Résumé. — À cette date (15 juin), c’est-à-dire lorsque la 
plante a deux feuilles étalées, la structure est, par conséquent, 
bien différente de celle de Ja plante au 5 juin. Les modifications 
n’intéressent pas l'écorce, mais le cylindre central seulement. 
Le fait le plus intéressant est la formation de 8 îlots de sclé 
renchyme aux dépens du péricycle qui, préalablement se cloi- 

sonne et s'accroît; puis le développement relativement considé- 
rable du bois et du liber qui, aux confins de l’assise génératrice, 
donnent des éléments nouveaux d’abord disséminés, puis réunis 

de façon à former un anneau continu. 


€). — 22 juin. — 1. — Haut. — L'épiderme est formé de 
cellules régulières, à plus grand diamètre radial et très légè- 
rement cutinisées. L’écorce est formée de six assises de cellules 
très régulières, polyédriques, ne laissant entre elles que très peu 
de méats. 10 

Le collenchyme hypodermique est très developpé, mais 
‘#l irrégulièrement ; 1l est formé de deux assises continues et, en 
outre, d’amas disséminés de quatre ou cinq assises formées aux 
dépens de l'écorce qui, à ces endroits, est plus épaisse 
qu'ailleurs. Ce développement du collenchyme se fait surtout 
au niveau et au-dessus des faisceaux secondaires en formation, 
et correspond aux arètes et aux côtes qu’on remarque sur la 
4 | tige. 


— 261 — 


» 


À Les cristaux d’oxalate sont moins nombreux que précé- 
_ demment. L’endoderme est net et bien développé. Le péricycle 
_ n'est pas sclérifñié. Le bois secondaire ne forme pas d’anneau 
continu. Il comprend seulement, entre les faisceaux primaires, 
des vaisseaux disséminés, lignifñés, non plus isolés comme au 
ns $ juin, mais réunis par groupes de 2, 3 ou 4. 


Fiac. 103 et 10% 


Structure de la tige au 22 juin 


(haut). 


F Ces faisceaux secondaires, déjà nombreux (26), sont sépa- 
rés les uns des autres par un parenchyme à larges cellules très 
régulières, plus ou moins polyédriques et entièrement cellulo- 
siques. On aperçoit, en outre, par endroits, des vaisseaux isolés, 
non encore ligniñés (fig. 103). 

# Ils sont tous surmontés par des îlots de liber bien déve- 
loppés et beaucoup plus volumineux que précédemment. Toutes 


18 


ALL VE 


in OX 
as en )2 — 


les formations libériennes se sont, d’ailleurs, considérablément 
accrues, en nombre et en dimensions; en effet, non seulement 
il en existe au-dessus de tous les faisceaux ligneux, primair:s 
ou secondaires, mais encore entre ces éléments. De plus, et 
surtout au niveau du bois primitif, ce liber est très développé, 
bien que ses cellules soient toujours très petites. L’assise géné- 
ratrice est surtout importante au-dessus des régions fascicu- 
laires. 

La zone périmédullaire est nettement différenciée. Sous 
chaque formation ligneuse, même secondaire, elle est formée 
d’un parenchyme d’importance variable avec celle de ces pro- 
ductions ; réduit à une assise sous les vaisseaux isolés, il en 
comprend quatre ou cinq sous les faisceaux plus développés, et 
se termine en pointe dans la moelle. Ses cellules sont très régu- 
hères, polyédriques, à parois légèrement épaissies, mais non 
lhignihées. 

La moelle est constituée par de grandes cellules régulières, 
arrondies, séparées par des méats assez développés. 

Les dimensions atteignent, pour 

Éémayon.- 22/0855; 
Éécorceno vVi85 
Leliber som); 

Le bois, 118 u; 

La moelle, 2 "/" 08. 


2. — Bas. — L’épiderme est formé de cellules allongées, 
à parois épaissies et recouvert d’une mince cuticule. L’hypo- 
derme comprend deux rangées de collenchyme. L’écorce pro- 
prement dite est constituée par de très grandes cellules, ovales, 
allongées, séparées par des méats assez volumineux. Les cris- 
taux d’'oxalate qu'elle renferme sont énormes. L'endoderme est 
formé de cellules allongées sans plissements apparents. Le péricycle 
est sclérifié en deux îlots superposés aux faisceaux ligneux 
primaires, et comprenant huit à dix sclérites larges, disposées 
sur deux rangées. 

Le liber forme un anneau mince, continu, plus ou moins 


7 ’ 


be (CT De . , Û "+1 

irrégulier et séparé du bois par un cambium bien développé. Il & 
_ présente, de distance en distance, des amas plus volumineux. Ke: 
5% La zone périmédullaire forme une assise de grandes cellules . à) 


_ polyédriques lignifiées. Sous les régions fasciculaires, son déve- a 
_ Jloppement s’est accru et elle comprend cinq à six rangs de 


cellules non lignifñiées, dont l’ensemble continue le faisceau ne 
_ Jigneux primaire (fig. 105). / ‘8, 
RICE , P , 

* 
fs 1T 
NZ | 4 
ame d 
w . # 
ù , » 

£ L 


Fic. 105 et 106 
Structure de la tige au 22 juin 


4 (bas). 


ee. 264 — 


La moelle présente une grande lacune centrale et est cons- 
t'tuée par de très grandes cellules, assez irrégulières et plus ou 
moins arrondies. 

Les dimensions sont pour : 

Le rayon, 2 "/" 466 ; 
L'écorcero */1383% 

Le liber (+ cambium), 150 & ; 
Bois, 550 »; 

Moser 2883 


Résumé. — Pendant la période écoulée du 15 au 22 juin, 
les changements apparus dans la structure de la tige sont moins 
profonds que pendant la période précédente. Ils sont surtout 
caractérisés par le développement, en épaisseur, du parenchyme 
ligneux et de la zone périmédullaire, ainsi que par l’accroisse- 
ment des dimensions des éléments de tous les tissus. 


d). — 4 juillet. — 1. — Haut. — La tige est anguleuse et 
quadrangulaire. 

L'’épiderme est formé de cellules régulières, à dimensions 
à peu près égales dans les deux sens (radial et tangentiel) et à 
parois épaissies. Il est nettement cutinisé. Le collenchyme 
comprend de deux à quatre assises de cellules arrondies, très 
fortement épaissies, surtout aux angles. Le parenchyme cortical 
est constitué par des éléments réguliers, cellulosiques, plutôt 
arrondis, séparés par de petits méats. L’endoderme est net, et 


le péricycle non sclérifé. 


Fic. 107 
Structure de la tige au 4 juillet 


(Haut. 


ATOS Re 1 + 


OZ 
io — 


Le bois ne forme pas d’anneau continu. Comme précédem- 
ment, en plus des faisceaux primaires, il comprend des vais- 
seaux larges, isolés ou groupés par deux, trois ou quatre et 
réunis par un parenchyme cellulosique, mais souvent différencié. 
Le liber est disposé en îlots superposés aux vaisseaux ou non. 
L.'assise génératrice est nette. 

La zone périmédullaire est différenciée, mais cellulosique 
sous les régions fasciculaires. La moelle, formée de grandes 
cellules régulières, à méats, présente une lacune centrale et 
quelques cristaux d’oxalate. 

En somme, la structure est identique à celle de la même 
région, au 22 Juin. 

Les dimensions atteignent : 

Rayon, 2 "/" 500 : g 
Ecorce, 166 » ; 

Liber (+ cambium), 133 : 

Bois, 200  : 

Moelle, 2 "/". 


2. — Bas. — L’épiderme est très cutinisé, ses cellules, de 
dimensions variables, ont leur grand diamètre dans le sens 
tangentiel. Le collenchyme est peu développé et comprend, au 
plus, deux assises de cellules allongées, à parois peu renforcées. 
L'écorce comprend quatre rangées de très grandes cellules allon- 
gées, à grand axe tangentiel et à grands méats. Les cristaux 
d’oxalate de chaux sont peu nombreux et surtout localisés dans 
la dernière assise corticale. | 

L’endoderme est très net, à grandes cellules très allongées. 
Le péricycle est sclérifié en deux îlots écartés situés au-dessus 
des faisceaux et comprend de douze à seize fibres larges, dis- 
posées sur deux rangs. 

Les faisceaux de bois primaires sont comme étirés tan- 
gentiellement ; les deux parties latérales qui les constituent sont 
écartées l’une de l’autre et séparées par un parenchyme ligneux 
bien développé. Elles sont reliées, à leur base, par de petits 
vaisseaux disjoints, séparés par des cellules à membrane cellu- 


losique, et dont l’ensemble forme un arc régulier qui embrasse 


et circonscrit uné partie de zone périmédullaire, à éléments trè 
larges et à parois très peu lignifées. 


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Fic. 108. — Structure de la Fic. 109. — Un faisceau au 4 juillet. 
tige au 4 juillet (bas). 


@) 
os 
1 Fic, 110, — Structure de la tige au 22;juin (bas), montrant la formation "4 
ne, à des ilots de liber. 2 
18 ‘ 
È À 


Le bois secondaire forme un anneau continu, d’épaisseur 
variable, mais formé, en moyenne d’une quinzaine d’assises de 
cellules ligneuses et de vaisseaux larges et très nombreux. Les 
éléments du parenchyme ligneux sont plus épais à la partie 
interne qu’à la partie externe. 

Le liber, écrasé sous les îlots sclérenchymateux, forme un 
anneau continu, séparé du bois par l’assise génératrice, encore 
nette et importante. La zone périmédullaire forme également 
un cercle continu de cellules régulières, polyédriques, bien 
hgnifiées qui, grâce à leurs très grandes dimensions, se distin- 
suent nettement du bois secondaire. Au niveau des régions fas- 
ciculaires, cette partie lignifñiée est entourée par les petits 
vaisseaux du bois primaire, réunis eux-mêmes en file tangen- 
tielle, en arc, par des cellules non lignifées de la éme zone. 

La moelle, qui présente une grande lacune, est formée 
d'énormes cellules, de forme irrégulière, plus ou moins arrondie 
ou polyédrique, et séparées par des méats triangulaires. 

Résumé. -— La structure au 22 juin et celle du 4 juillet 
n’offrent donc pas entre elles de différences essentielles et on 
peut émettre , à leur égard, les mêmes considérations que pour 
les constitutions comparées du 13 et du 22 juin. Elles ne se distin- 
guent, en effet, que par un développement beaucoup plus grand 
de tous les tissus de soutien ‘sclérenchyme, bois, zone périmé- 
dullaire) au 4 juillet, et par la diminution du nombre des 
cristaux d’oxalate de chaux. 

L’anatomie du sommet et de la base de la tige offre égale- 
ment les mêmes caractères distinctifs. 


e). .. 18 juillet. — 1. — Haut. — La structure de l’épi- 
derme et celle de l’écorce sont semblables à celles au 4 juillet. 
Les cristaux d’oxalate ne sont pas très nombreux et se trouvent 
principalement de chaque côté des ïilots scléreux. L’endoderme 
est également formé de longues cellules orientées transversale- 
ment. 

Mais, par contre le cylindre central est différent. Le péri- 
cycle s’est considérablement épaissi en face de chaque faisceau 


maintenant une trentaine de fibres larges et épaisses, accumulée 
sur trois ou quatre rangées. De plus, il s’est développé en lar- 
geur et en face de chaque faisceau secondaire, il s’est constitué 


Fig. 111. — Structure de la tige au 48 juillet (haut). 


Les faisceaux ligneux secondaires se sont multipliés, et 5 
on en compte au moins deux ou trois entre chacune des formations 
primaires; celles-ci se reconnaissent encore aisément par l'arc 
de petits vaisseaux qui les termine inférieurement et par le très 
grand développement de la zone périmédullaire et de la région | 
marginale de la moelle, qu’elles surmontent (fig. 112). d. 

A cet endroit, en effet, la zone périmédullaire est nettement 
ligniñée; de plus, les grandes cellules polyédriques et cellulo- % 
siques qui la constituent également, forment cinq ou six assises 
(et même plus), qui continuent le faisceau et s’enfoncent dans 
la moelle, Celle-ci, lacunaire en son centre, comprend de très 
grands éléments de forme irrégulière, séparés par des méats. 


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ci 


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de 
1 
: 
£ 
: 


— 269 — 


2. — Bas. —- L’épiderme est régulier, cutinisé, à cellules 
allongées transversalement. [’hypoderme comprend deux 
assises de collenchyme, et l'écorce, quatre rangées de grandes 
cellules irrégulières. Les cristaux d’oxalate se trouvent, prin- 
cipalement, dans la deuxième et la troisième rangées. 


Fig. 112. — Structure de la tige au 18 juillet (haut). 


Le péricycle forme de nombreux îlots sclériñés, plus grands 
au niveau des régions fasciculaires. Les faisceaux ligneux 
secondaires sont très nombreux et pénètrent dans le parenchyme 
médullaire, moins avant toutefois que les formations primaires. 
Le parenchyme ligneux forme un anneau continu épais ; ses 
fibres sont beaucoup plus épaisses à la partie interne que dans 
la région externe; celle-ci est constituée par des cellules plus ou 
moins rectangulaires, à large ouverture, dont les parois sont à 
peine lignifiées. Le liber est également continu, mais peu épais, 
et comme aplati entre le bois et les îlots de sclérenchyme qui le 
surmontent. 

La zone périmédullaire forme une gaïîne ininterrompue de 
grandes cellules régulières, nettement polyédriques et lignifées, 


— 200 — 


plus nombreuses sous les faisceaux, et principalement, sous les 
faisceaux primaires. 
La moelle présente une très grande lacune centrale. 


Résumé. — Ce qu’il y a de plus caractéristique à ce stade 
du développement, en dehors de l’épaississement et de la ligni- 
fication de plus en plus importants, c’est l’accroissement consi- 
dérable du sclérenchyme péricyclique, accroissement qui se 
taduit, d’une part, par une grande augmentation du nombre 
et de l’épaisseur des fibres situées en face des faisceaux pri- 
maires, et, d’autre part, par la multiplication des ilots scléreux 
qui, Jusqu'ici, n'étaient qu’au nombre de huit. 

De plus, la zone périmédullaire et la région marginale de 
11 moelle augmentent également leur lignihcation. Ainsi s’ac- 
centue le développement du stéréome et la consolidation de la 
tige, déjà constatés précédemment. 


f). —- 19 août. — 1. — Haut. — L’épiderme n’a rien de 
particulier. Très régulier, 1l est cutinisé et formé de cellules à 
grand diamètre transversal. 

L'hypoderme est très développé et comprend, en moyenne 
de trois à quatre assises de collenchyme. Le parenchyme cortical 
se compose de quatre rangées de cellules régulières, assez 
grandes ; les plus internes ont leurs parois légèrement épaissies 
e. lignifiées, formant un anneau interrompu (fig. 113) qui se 
relie au sclérenchyme péricyclique. Le nombre des assises corti- 
cales est beaucoup plus grand aux angles. Les cristaux d’oxa- 
late sont peu nombreux et situés sous le collenchyme. 

On constate, d’autre part, un fait nouveau : la lignification, 
au moins paräelle, de l’endoderme, que j'ai vérifiée par des 
coupes longitudinales. 

Le péricycle, formé de très nombreux îlots scléreux (dont 
[es fibres ont un large lumen) qui sont étirés transversalement 
et arqués, de façon à rejoindre latéralement les formations 
hibériennes lignifées, 


, d'ét 


— 2091 — 


Les faisceaux ligneux sont très nombreux et possèdent de 
larges vaisseaux. Le parenchyme ligneux forme un anneau 
continu, mais relativement peu épais; il ne comprend, en effet 
que douze à quatorze assises environ. Il présente, d’ailleurs, un 
caractère particulier, dû, vraisemblablement, aux conditions 
biologiques à cette époque : les fibres qui le composent ont trois 
épaisseurs différentes; elles sont plus minces du côté interne et 
du cûté externe, et plus épaisses au milieu, formant ainsi, dans 
l’anneau même, trois zones distinctes 


re 
: 
9, eZ 


Fic. 113. — Structure de la tige au 19 août (haut). 


Le liber est toujours en îlots nombreux, de. dimensions 
variables et qui sont, à peu près tous, entourés complètement 
par des productions ligneuses diverses : au-dessous, par le 
parenchyme ligneux, au-dessus, par le péricycle sclérifié et 


‘’écorce plus ou moins lignifée, latéralement par du pareu- 
chyme libérien lignifñié jusqu’à la rencontre du péricycle, iui- 
même arqué en sens inverse. La ligniñication du parenchyme 
lihérien secondaire se fait progressivement et partictiement. 
Elle commence par de grandes cellules, puis se continue par 
les éléments plus petits ; seuls, les tubes criblés ne se lignifient 
pas et restent celiulosicues, dans l’ensemble de toutes les for- 
mations ligneuses (fig 114). 

On ne reconnaît plus l’assise génératrice. 

Il en résulte que l’ensemble ‘présente un aspect tout parti- 
culier. On a un double anneau continu, formé dans sa partie 
interne (de beaucoup la plus épaisse) par le bois proprement dit 
(primaire et secondaire) et la zone périmédullaire, et, dans sa 
partie externe (la plus mince) par du sclérenchyme péricyclique. 
De distance en distance, ce double anneau lignifié, d’origine 
complexe, présente des lacunes, plus ou moins irrégulières, qui 
sont remplies par des productions Hbériennes non modifées. 

La zone périmédullaire est lignifiée toujours formée de 
cellules polyédriques larges — formant plusieurs assises, plus 
nombreuses sous les faisceaux primaires — et à parois de moins 
en moins épaissies et lignifiées au fur et à mesure qu’on s’avance 
dans la moelle. Celle-ci est constituée d’éléments volumineux, 
irréguliers, à grands méats, et elle est lacunaiïre en son centre. 


2. — Bas. — T’épiderme est fortement cutinisé, formé de 
etandes cellules irrégulières, à grand diamètre transversal. Le 
collenchyme est peu important. 

L’écorce est composée de très grandes cellules, de forme et 
de dimensions variables, et cellulosiques, formant cinq assises. 

L’endoderme et le péricycle sont cellulosiques sauf, pour 
c> dernier, en face des faisceaux où il constitue des îlots sclé- 
renchymateux. 

Le bois forme un anneau continu très épais, constitué par 
des fibres à large ouverture, encastrant des vaisseaux également 
tiès larges (fig. 115) PANIER fe | LME TAIEN 

Les faisceaux primaires montrent aussi des es volu- 


t 


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tits vaisseaux. 


114 


dullaire est lhignif 
Fic. 


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Structure de la tige au 19 août (haut, 
lignification de l’écorce) 


A 


ec. 


— 293 = 


da SO 
\ & ie do 


Le liber, peu épais, est en petits îlots très nombreux sur 
l’anneau de bois, donnant, à première vue, l’apparence d’un 


ST a 


mineux, confluents à la base et reliés par de très pe 


anneau libérien continu. La zone p 


&. 115. — Structure de la tige au 19 août (bas) 


2 sOAUEER 


Les dimensions atteignent : 
Rayon, 3 "/"5; 
Écorce ot 
Liber, 66 w.; 
Bois, 300 y; 
Moelle, 2 "/" 95. 


Le] 


3 


Résumé. — La structure, à ce stade, présente donc plu- 
sieurs caractères particulièrement intéressants. C’est, d’abord, 
l’épaississement, à peu près continu , de l’écorce, mais plus 
important aux angles (où 1l intéresse parfois sept ou huit 
assises), et sa légère lignification. C’est, ensuite, l’accroissement 
considérable du péricycle qui arrive presque à former un 
anneau continu. Puis, et surtout, la ligniñhcation de l’endo- 
derme. 

Enfin, le développement énorme du bois, qui atteint une 
très grande épaisseur (300 ), et la lignification du parenchyme 
libérien secondaire. 

Il résulte de ces modifications, que, depuis l’hypoderme 
jusqu'a la moelle, 1l existe toute une série de formations 
ligneuses, d’origine différente, ayant, évidemment pour but la 
consolidation de la tige que la lacune centrale, de plus en plus 
grande, affaiblit considérablement, d'autre part. Le fait 
saillant de cette structure réside donc dans la lignification pro- 
gressive et envahissante de la plupart des tissus de la tige. Il 
est à remarquer que, corrélativement pour ainsi dire, la moelle 
disparaît et le collenchyme diminue. 


£). — 10 septembre. — 1. — Haut. —- T'épiderme, formé 
de longues cellules, est complètement lignifñé. Le collenchyme 
comprend cinq assises d'éléments très renforcés. 

L’écorce est réduite à une ou deux assises de très grandes 
cellules irrégulières à grand diamètre transversal. On n’y voit 
plus d’oxalate. L’endoderme n’est pas ligniñé. Le bois forme 
un anneau continu, relativement peu épais. Les faisceaux sont 


larges. Le 


. 


isseaux 


de grands va 


és 
liber est en îlots allongés, concaves vers l’extérieur. On ne dis- 


breux, très nets, form 


nom 


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dullaire est 


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Structure de la tige au 10 


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C. — Collenchyme. 


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S. — Sclérenchyme. 


O. — Oxalate de chaux. 


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— 296 — 


2. — Bas. — L’épiderme est ligniñé. Le collenchyme est 
peu important et l'écorce présente plusieurs de ses assises inter- 
nes épaissies et lignihées. -# 
Les cristaux d’oxalate sont rares, mais de grandes dimen- 
sions. 


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Fic. 117. — Structure de la tige au 10 septembre (haut). 


L’endoderme est lignifié et le péricycle forme un anneau k 
scléreux continu. mn 


Le bois constitue un anneau continu très épais (316 y) Kx: 
avec des fibres à faible ouverture et des vaisseaux larges, dis- 
posés en file. La zone périmédullaire est très lignifiée. La moelle 


présente une grande lacune centrale et des cristaux d’oxalate 
de chaux. (fig. 116). 


— 297 — 


Les dimensions sont les suivantes : 


Rayon, 4%/"; 
Écorce, 0 PNB r0" 
Liber, 85 uv; 

Bois, 316 u; 
Moelle, 3 "/" 35 : 


Résumé. — En somme, on retrouve à la partie supérieure 
de la tige, la structure primitive, et, dans sa partie inférieure, 
celle de l’échantillon précédent. Le bois est seulement augmenté. 

RÉSUMÉ GÉNÉRAL. — L'étude de la tige de Fagopyrum 
esculentum, considéré à différents stades de son évolution, 
permet d’en suivre nettement le développement anatomique. 

Au début, les tissus sont à peine différenciés ; on ne recon- 
naît guère que l’épiderme, l'écorce et la masse du cylindre 
central; aucun élément n’est lignifié, les faisceaux sont à peine 
marqués et sont représentés seulement par un méristème abon- 
dant. Un peu plus tard, l’endoderme et le péricycle s’accentuent 
et prennent leurs caractères typiques, en même temps que le 
bois et le liber se différencient en 4 faisceaux. 

L’assise génératrice apparaît et fonctionne activement. 

Puis l’écorce donne un hypoderme collenchymateux qui 
s’accroîtra de plus en plus. Les faisceaux se dédoublent, le 
bois se sépare en deux parties qui s’étalent et restent reliées par 
leur base, et le liber se scinde en deux îlots superposés aux 
formations ligneuses. 

L’assise génératrice se développe considérablement. Entre 
les faisceaux primaires, elle donne naissance, sur sa face exté- 
rieure à des îlots de Liber, d’abord petits, puis de plus en plus 
grands et de plus en plus nombreux, et sur sa face interne à des 
vaisseaux de bois isolés qui se lignifient peu à peu et qui se 
groupent ensuite par deux, trois ou quatre, etc... de façon à 
former des faisceaux ligneux secondaires. 

Pendant ce temps, les cellules du parenchyme  cortical 
augmentent de dimensions, l’épiderme s’épaissit et le péricycle, 


19 


— 200 


qui a multiplié ses cellules, se sclérifie en îlots, superposés pat 
deux aux régions fasciculaires primitives. 

La zone périmédullaire commence à se différencier, surtout 
sous ces mêmes régions, mais en restant cellulosique. 

À un stade encore plus avancé, le développement des tissus 
conducteur et de soutien continue et s’accentue. Tous les fais- 
ceaux, primaires et secondaires, sont reliés par du tissu ligneux 
de plus en plus épais. L’épiderme se cutinise et le péricycle 
forme des îlots surnuméraires de sclérenchyme situés au-dessus 
des amas de liber secondaire. 

Enfin, les cellules de l’écorce elles-mêmes se ligniñent, de 
même que l’endoderme et le péricycle. L’assise génératrice dis- 
paraît et la ligrifñication pénètre, progressivement, jusqu’à la 
périphérie du cylindre central; la zone périmédullaire se lignifie 
également. 

De telle sorte, qu’en définitive, certains éléments du liber 
subsistent, enclavés dans des formations ligneuses, constituées 
extérieurement par des assises internes de l'écorce, y compris 
l’endoderme, et par le péricycle, et intérieurement, par le paren- 
chyme libérien secondaire et le bois devenu très épais. Simulta- 
nément, l’épiderme s’est lignifié, et la moelle, formée de 
cellules irrégulières, très volumineuses, a presque disparu. 

À la partie inférieure de la tige, dont le diamètre s’est 
considérablement accru, le stéréome est représenté par le bois 
qui s’est énormément développé et qui assure la conduction 
dans toutes les ramifications. A la partie supérieure, il est repré- 
senté surtout par le péricycle qui y atteint des proportions 
beaucoup plus fortes qu’à la base; tandis que le bois, dont le 
rôle conducteur est, dans cette région, bien moins important, 
ést beaucoup plus réduit. 


3. — Feuille 


a). — COTYLÉDONS.. — 1:— Dans la graine. — On'a vu, à 
propos de l’akène, que les cotylédons embryonnaires avaient 


RNh = 


absolümént la structure foliaire typique, mais encoré peu diffé- 
renciée. On y trouve deux épidermes, un supérieur et un infé- 
rieur, et un parenchyme homogène et compact, au milieu duquel, 
de place en place, existent de petits amas d’un méristème actif 
qui donnera, plus tard, naissance à des nervures (fig. 118: 


b). — Déroulés. — Les cotylédons étalés sont formés d’une 
lame verte ou limbe, portant quelques nervures. 

L’épiderme supérieur est très net, formé de grandes 
cellules régulières, orientées transversalement et à parois verti- 
cales ; leur membrane extérieure est légèrement épaissie. 
Dessous est un tissu palissadique bien développé qui se continue 
par un parenchyme lacuneux irrégulier formé surtout de grands 
éléments plus ou moins arrondis, séparés par des méats peu 
volumineux. 

La nervure principale, peu saillante extérieurement, est 
bien constituée. Le bois y est formé d’une trentaine de vaisseaux 
disposés sans ordre dans un parenchyme cellulosique, les gros 
vaisseaux, moins nombreux (8 à 10) sont situés vers la face 
inférieure. 

Le faisceau est un peu moins large à sa partie supérieure. 
Au dessous du bois, et séparé de lui par quelques grandes 
cellules polyédriques, se trouve le liber. Il est constitué par un 
arc bien développé qui recouvre toute la face supérieure du bois 


et déborde même latéralement. Ses éléments se composent 


d’amas de petites cellules entourant de grands vaisseaux. 

L'ensemble du faisceau libéro-ligneux est entouré par de 
grandes cellules assez irrégulières, mais différentes de celles qui 
composent le mésophylle. Quant à l’épiderme inférieur, il est, 
au niveau de la nervure, fortement consolidé, ses membranes 
sont très épaissies, et l’externe est presque cutinisée. A sa face 
interne, commence à apparaître du collenchyme. 


b). —- FEUILLE. — La structure de la feuille du Fagopyrum 
esculentum n’a rien de bien particulier. Dans le limbe on 


tiouve un épiderme supérieur formé de cellules de dimensions 
variables, les unes petites, les autres grandes, orientées géné- 
ralement dans le sens transversal. Ses membranes sont peu 
épaissies. Dessous vient un tissu palissadique formé de très 
grandes cellules irrégulières, à parois plus ou moins rectilignes, 
et formant ordinairement deux assises. Ce tissu est bourré de … 
grains de chlorophylle et les parois des cellules sont excessi- 
vement minces. 


F'a. 118. 
Structure d’un cotylédon 


dans la graine. 


Fi. 119 et 120, — Structure de la feuille (nervure et limbe), au 15 juin. 
à ë 2 à 4 

Puis se trouve le tissu lacuneux qui comprend de trois à 
14 quatre rangées d’éléments hétérogènes, d’assez grande taille 
et plus ou moins arrondis; la dernière assise est un peu diffé 


rente et se compose de cellules plus grandes, à grand diamètre 


radial. 48 
4) 

C’est dans ce parenchyme que se trouvent, en quantités. 
parfois extraordinaires, des cristaux d’oxalate de chaux. | ÿ 


L’épiderme inférieur n’est pas cutinisé; ses cellules sont 
plus petites que celles de l’épiderme supérieur. On y trouve des 
‘ stomates assez abondants, avec des chambres sous-stomatiques 

volumineuses. | 


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La nervure principale est très importante et saillante à la 
face inférieure du limbe. À cet endroit, l’épiderme supérieur 
est formé de grandes cellules très irrégulières, et munies de 
longs poils coniques ; leurs membranes sont cellulosiques. 
Dessous vient un parenchyme abondant, formé d’éléments plus 
ou moins arrondis, assez homogènes et séparés par des méats. 
Le bois comprend de trente à quarante vaisseaux, à large ouver- 
ture, disposés irrégulièrement et séparés par un parenchyme à 
grandes cellules polyédriques (fig. 21). 


Fia. 121 
Structure de la feuille au niveau 


d’une nervure. 


mea nw:a 
OS 


Le liber est très développé, très abondant, et paraît entou- 
rer complètement les formations ligneuses; il est parenchyma- 
teux et, comme dans le cotylédon, il est composé de petites 
cellules et grands tubes criblés. 

Sous le faisceau libéro-ligneux, dont l’ensemble est plus 
ou moins arrondi ou ovoide (avec, dans ce cas, la partie la plus 
étroite vers la face supérieure), se trouvent quelques cellules de 
parenchyme auquelles succèdent plusieurs assises de collenchyme 
et un épiderme, dont les cellules sont à grand diamètre radial 
et qui ont leurs parois fortement épaissies, mais dépourvues de 
poils. 


—— 902 — 


4. — Détiole 


Le pétiole du fagopyrum esculentum présente peu de 
différences dans ses parties supérieure, médiane et inférieure. 
Ii présente une grande échancrure ventrale. 

L’épiderme est assez régulier, à cellules à grand diamètre 
radial, à parois épaissies et même parfois cutinisées. Dessous, 
se trouve un collenchyme abondant, à petits éléments arrondis, 
épais surtout aux deux angles ventraux, puis l'écorce, cons- 
tituée par plusieurs assises de cellules régulières, arrondies, 
cellulosiques, présentant entre elles de petits méats. Le tissu 
ccnjonctif est également composé de cellules arrondies. 


rc 14122 


Structure du pétiole. 


On trouve ensuite, sur toute la périphérie, un certain nombre 
de faisceaux libéro-ligneux (10 environ) symétriques, de dimen- 
sions décroissantes, de l’axe vers les extrémités; le bois est, 
naturellement, toujours tourné vers l’intérieur. Le nombre des 
faisceaux est d’ailleurs variable suivant l’âge, la position du 
pétiole et l’endroit de la coupe (plus nombreux à la base du 
pétiole qu’au sommet). 

À la face ventrale, assez loin de l’épiderme, se trouvent 
plusieurs faisceaux libéro-ligneux — de nombre et d’importance 
également variables — les uns dorsaux, les autres ventraux ; 
ceux-ci plus volumineux. Tous sont confluents. Un des faisceaux 


sn 
OUR 


ventraux (souvent plus développé que les autres) est médian et 
situé dans le plan longitudinal du pétiole. 

Dans tous les faisceaux, on trouve un péricycle ordinai- 
rement cellulosique, mais qui est pourtant sclériñié, dans certains 
cas, dans les plus grands faisceaux. Le bois est formé d’élé- 
ments à large ouverture, et le liber est constitué de petits élé- 
ments. 

On trouve aussi, dans le pétiole, des mâcles d’oxalate de 
chaux. 


5. — Cchréa 


L’ochréa est une véritable ligule stipulaire et, par suite, 
présente nettement la structure foliaire. Il est formé d’un limbe, 
portant plusieurs nervures, dont une principale saillante. Ce 
limbe est très mince et presque réduit aux deux épidermes 
(fig, 124). 


Fic. 123. — Structure d’un sépale. Fic. 124. — Structure de l'ochréa. 


L’épiderme supérieur est constitué par de grandes cellules 
irrégulières, allongées tangentiellement et à membrane exté- 
rieure épaissie. Il ne porte pas de poils. Dessous vient un paren- 
chyme excessivement réduit et ne se composant que de une ou 
deux assises, sauf au voisinage des nervures où 1l est beaucoup 
plus important. On y trouve, disséminés, les faisceaux des 
nervures, qui sont assez développées; le bois, formé de quelques 
vaisseaux (parfois un ou deux seulement) petits et très ouverts, 
est tourné vers la face supérieure; le liber, également peu abon- 
dant, ne comprend que quelques tubes criblés. 

L’épiderme inférieur a des cellules plus petites que celles 
de l’épiderme supérieur et à grand diamètre transversal; leur 


paroi externe est épaissie, surtout en face des nervures. Sous la 
nervure principale, on trouve des cellules collenchymateuses. 

L’'ochréa renferme également des cristaux d’oxalate de 
chaux, 


B. — FAGOPYRUM EMARGINATUM 


1, —— RACINE. — La constitution et le développement ana- 
tomiques de la racine sont les mêmes dans cette espèce que dans 
la précédente. Les formations ligneuses y sont seulement un 
peu plus importantes (fig. 125). 


2, — TIGE. — à) 5 juin. — L'épiderme est légèrement cuti- 
nisé, formé de grandes cellules régulières, orientées transversa- 
lement. L’hypoderme est formé de deux assises de collenchymé 
mince, et l'écorce comprend quatre rangées de cellules arrondies, 


régulières, séparées par de petits méats. Lies cristaux d’oxalate 
sont très rares (fig. 126). 


Fic, 196, 


Fié. 125, — Racine au 18 juillet. Structure dé la tige au 5 juin (bas). 


He 
— 305 — 


Les faisceaux ligneux, au nombre de 4, sont très étalés et 
formés de nombreux petits vaisseaux, à large ouverture, formant 
un amas étiré, de trois ou quatre assises. Le bois secondaire 
forme un anneau continu, très mince, ne comprenant qu’une seule 
rangée de cellules complètement lignifiées. Le liber est dédoublé 
ct très réduit. Il n’y a pas de sclérenchyme péricyclique, et la 
zone périmédullaire n’est pas différenciée. L’assise génératrice 
est nette et continue. La moelle, non lacunaire, est composée de 
grandes cellules, mi-arrondies, à très petits méats. Il n’y a pas 
d'oxalate. La différenciation, quoique faible encore, est cepen- 
dant plus avancée, à cette date, que dans le Fagopyrum escu- 
lentum. En effet, ici, le parenchyme ligneux possède déjà une 
assise lignifiée, ce qui, n'existait pas dans cette dernière espèce. 


Fic 127 et 128. — Structure de la tige au 15 et au 22 juin (bas). 


b) 4 juillet. — Haut. — L’'épiderme, légèrement cutinisé, 
est formé de petites cellules uniformes, orientées transversale- 
ment ; 1l est dépourvu de poils. L’hypoderme comprend deux 
à trois assises de collenchyme assez épais, plus développé aux 
angles (8 assises), et le parenchyme cortical, très homogène, est 
formé de trois à quatre rangées de cellules polyédriques, sépa: 
iées par de très petits méats. Les cristaux d’oxalate sont peu 
nombreux. 

Les faisceaux de bois secondaires, très nombreux (27), sont 


4 
( 


Re 


formés seulement de quelques vaisseaux, encore peu épaissis et 
parfois non encore lignifiés ; on en compte généralement un ou 
deux, parfois cinq ou six, les plus grands au-dessus des plus 
petits, qui leur sont accolés. Les faisceaux primaires compren- 
nent, au contraire, douze à quinze vaisseaux larges. Le fiber 


forme de nombreux îlots, très nets, sur et entre tous les fais- 


ceaux ligneux primaires et secondaires. 

Le péricycle n’est pas sclérifié. L’ assise génératrice est très 
nette, épaisse surtout au-dessus des régions fasciculaires ; et la 
FAC: / . , / 02 , 
zone périmédullaire n’est pas différenciée. La moelle, épaisse, 
non lacunaire, est constituée par des cellules moyennes, demi- 

polyédriques, à très petits méats mtersticiels. 


Bas (fig. 129). — L’épiderme est constitué de petites cellu- 
ies régulières, allongées et cutinisées. Il n’y a pas de collen- 
chyme, et les cristaux d’oxalate de chaux sont nombreux dans 
les grandes cellules allongées et irrégulières de l’écorce. Les 
faisceaux ligneux primaires, étalés, sont confluents, et leurs 


grands vaisseaux sont reliés, à leur base, par d’autres, beaucoup 


plus petits. 

Le bois secondaire formé un anneau continu, de moyenne 
/ 5 . / 3212 É AS : / 
épaisseur, formé d'éléments très petits, beaucoup plus serrés et 
plus épais vers l’intérieur de l’anneau ; dans celui-ci, sont dissé- 


minés de larges vaisseaux disposés en files. Le liber, peu net, 


paraît continu et mince. 

Le péricycle commence à se sclérifier, et forme, sur chaque 
production libérienne, un petit îlot de quelques fibres (6) petites, 
mais épaisses. La zone périmédullaire commence ézalement à 
se différencier et comprend une assise continue de grandes cel- 
lules polyédriques en voie de lignification sous les faisceaux. 

La moelle est lacunaire en son centre, et formée de cellules 
à demi-polyédriques. 


Résumé. — À ce stade du développement, le sclérenchyme 
est donc beaucoup moins important dans cette espèce que dans 
la précédente, Les autres tissus sont semblables, 


ne 


a] 


c) 18: juillet. — Haut: — L'épiderme, forn'é de cellules ré- 
gulières, est bien cutinisé. Au-dessous, on tro:ve deux à trois 
“angées de collenchyme épais, et le parenchye cortical com- 
prend deux à trois assises de grandes cellules 1--égulières, allon- 
gées transversalement. On n’y rencontre que peu d’oxalate. L’en- 
doderme commence, par endroits, à se hgnifier ; et le péricycle 
est presque complètement sclérifié (parfois 5 à 6 assises). Les 
faisceaux, distincts encore par leur face interre, sont très nom- 
breux (40) ; le parenchyme ligneux forme un anneau continu 
mince, à cellules larges dans les régions interfasciculaires, et 
très étroites et serrées dans les faisceaux. Le liber secondaire 
constitue de très nombreux îlots étalés, très nets, sur tous les 
faisceaux ligneux, et son parenchyme est lignifié. Ils sont entou- 
rés par l’endoderme, le parenchvme libérien, lignifiés, par le 
parenchyme ligneux ct; souvent, par le péricycle sclérifié. Mais 
celui-c1 ne forme pas un anneau continu, et certains îlots de liber 
ne sont pas surmontés de l’are scléreux qui couvre tous les au- 
tres. Ce sclérenchyme péricyclique forme des îlots étalés, con- 
vexes vers l'extérieur, surmontant, généralement, les productions 
hbériennes. 


Fia. 129 
Structure de la tige au 4 juillet 


(bas). 


L’assise génératrice est ligniñée. La moelle présente une 
grande lacune centrale, et des cellules plus ou moins polyédri- 
ques 


(res 


OO 


Résumé. À cet état, toutes les formations ligneuses sont 
développées et la lignification de l’endoderme est plus avancée 
que dans le Fagopyrum esculentum. 


d) 10 septembre. — Haut (fig 130). — La structure est la 
même qu’au 18 juillet ; l'anneau de bois est seulement plus épais 
‘6 à 10 assises). | 


Fi. 130. -- Structure de la tige au 10 septembre (haut). 


Bas. — La constitution anatomique de la base de la tige est 
semblable, mais la zone périmédullaire y est plus différenciée 
encore, le bois a la même épaisseur. La lignification de l’endo. 
derme est complète et celle du parenchyme lbérien secondaire 
est également beaucoup plus avancée. Tous les îlots de tubes 
criblés, restés cellulosiques, sont recouverts entièrement par le 
sclérenchyme péricycle, qui forme un anneau continu, 


a Xi ns 2 À AE QE 
À a Sc pal 4 


HA 2 


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Résumé. — À cette époque, la structure est la même que 
dans l'échantillon précédent, mais le développement et la ligni- 
fcation y sont plus avancés. En somme, la constitution anato- 
mique de la tige du Fagopyrum emarginatuin est très peu diffé- 
rente de celle du Fagopyrum esculentum. La lhignification y est 
généralement plus avancée, mais le péricycle se sclérifie plus 
tardivement. Les cristaux d’oxalate de chaux sont plus rares. 


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e * og © ° ®”, L} 
RS . 


HG rs Fig. 132 
Structure de la feuille au 4 juillet. Structure d’un cotylédon 


3 FEUILLES (fig. 133). Les cotylédons ont la même struc- 
ture foliaire caractéristique (fig. 132). 


Led 
CS 
Le 


Fic. 133 et 134. — Structure de la feuille (45 juin, limbe et nervure. 


io 


À juellet. La face supérieure de la nervuré porte quel- 
ques poils volumineux. Cette région possède un faisceau dédou- 
blé, circulaire, plus grand à la face inférieure, où se trouvent 
également les vaisseaux les plus volumineux. Le limbe présente 
un tissu palissadique très large, à la limite inférieure duquel 
sont localisées de nombreuses mâcles d'oxalate de chaux. 


10 septembre. — On trouve deux faisceaux distincts, mais 

/ NET As û / x S pare 
rapprochés ; le plus grand situé vers la face inférieure et com- 
prenant neuf grands vaisseaux ; le plus petit situé vers la face 
supérieure et comprenant quatre à cinq grands vaisseaux. Les 
cristaux d’oxalate, très volumineux, sont excessivement nom-. 
breux. Le collenchyme est épais. 


Résumé. — La morphologie interne de la feuille du Fago- 
pyrum emarginatum est donc semblable à celle du Fagopyrum 
esculentum. 


C. — FAGDIPYRUM TATARICUM 


1. — RACINE, — [La structure fondamentale de la gaine 
est la même que dans les espèces précédentes. On y trouve, éga- 
iement et primitivement, la disposition quaternaire des fais- 
ceaux, puis la lignification progressive et rapide du conjonctif 
jusqu’au centre (fig. 135). 


2. — TIGE. — Les cellules sont, d’une façon générale, beau- 
coup plus petites que dans les espèces précédentes. 


a) 3 juin. — L’épiderme, pourvu de poils, est formé de cel- 
lules très régulières, légèrement épaissies. L’hypoderme com- 
prend deux assises de collenchyme, et l'écorce, deux à quatre 
rangées de grandes cellules arrondies, à petits mméats Les cris- 
taux d’oxalate sont nombreux. 


Les faisceaux ligneux sont au nombre de 4, très étalés, coni- 
prenant douze vaisseaux (6 de chaque côté). Le bois secondaire 
forme un anneau continu, très mince, ne comprenant, en effet, 
qu’une assise de petites celiules, sauf entre les deux portions 
d'un même faisceau, où 1l se compose de trois à quatre assises 


environ. 


Fic. 136 et 137 


: Structure de Ja tige au © juin et au 
Structure de la racine (4 juillet. 22 juin. 


Fig. 135 


, Le liber est dédoublé et formé de deux îlots au-dessus de 
chaque faisceaux ligneux. Le péricycle est déjà différencié, et 
forme, au-dessus de chaque liber, un amas de sclérenchyme, 
composé de six fibres, placées sur un seul rang ou sur deux. 

La zone périmédullaire comprend une assise de grandes 
cellules régulières, ligmifiées ; et la moelle est constituée par de 
grands éléments polyédriques et n’est pas lacunaire. 


Résumé. — La différenciation paraît plus hâtive dans cette 
espèce. À cette date, le péricycle est déjà sclérifié sur les fais- 
ceaux et la zone périmédullaire Heniiée De plus, l’épiderme 
est pilifère. 


4 juillet. -- Haut. — L'épiderme, pourvu de poils, est très 
net, cutimisé, et formé de grandes cellules à grand diamètre 
transversal. 

Le collenchyme forme des amas de 3-5 assises de cellules, 


petites, mais très épaisses, et l'écorce est constituée de 3 à 4 ran- 
gées d'éléments réguliers et plus ou moins polyédriques, légère- 
ment épaissis. Il y a peu d’oxalate de chaux. Les faisceaux li- 


gneux secondaires sont très nombreux (22), et composés généra- 
lement de 3-4 vaisseaux, 2 grands écartés et un ou deux petits 
au milieu. [ls ne sont pas réunis par du parenchyme ligneux. 


Fia. 138 et 139. — Structure de la tige au 4 juillet (haut et bas), 


Le liber forme de très nombreux îlots allongés, situés au- 
dessus de chaque faisceau de bois primaire et secondaire et 
entre ceux-ci ; on trouve parfois trois îlots de liber entre deux 
faisceaux de bois consécutifs. PS 

La zone périmédullaire commence à se différencier aux ré- 
gions fasciculaires. | 

La moelle, très grande, présente, en son centre, une très 
petite lacune et se compose de cellules polyédriques, régulières, 
à petits méats. On y trouve des mâcles d’oxalate de chaux. 


Bas. — L'épiderme, pourvu de poils, est cutinisé. Sous lui, 
se trouvent trois assises de collenchyme, puis deux rangées de 
cellules arrondies, constituant le parenchyme cortical, dans le- 
quel sont répartis d’abondants cristaux d’oxalate. 

Le bois secondaire forme un anneau continu assez épais. On 


_ ne voit pas de péricycle sclérifié. La zone périmédullaire est bien 
_ différenciée sous les faisceaux, et la moelle, lacunaire, contient 
_ de l’oxalate de chaux. 


} 
1% 
(2e 


t 18 juillet. — Haut. — L’épiderme est semblable. Le collen- 
_ chyme est encore épais et l’écorce peu développée. Les cristaux 
_ d’oxalate sont rares. 

Les faisceaux ligneux sont nombreux, mais ne comprennent 
É parfois qu’un seul vaisseau, quoique, ordinairement, ils en aient 
__ 3 ou 4, deux grands supérieurs et deux petits inférieurs. Le liber 
| torme de très nombreux îlots à petits éléments. Le péricycle 
_ n’est pas sclérifié La zone périmédullaire, non lignifiée, est bien 
_ différenciée. NOR 


Fiac. 140 
Structure d’un cotylédon 


{au 5 juin). 


, Bus. — L'épiderme, pilifère, est bien cutinisé et l'hvpoderme 
__ comprend deux assises collenchymateuses. | 
L'écorce est formée de grandes cellules ovales, remplies de 
cristaux d’oxalate. Le bois forme un anneau très épais, à él£- 
ments très petits et nombreux, à lumen étroit, et dans la masse 
desquels sont disséminés de larges vaisseaux. 

Le liber est en petits îlots, si nombreux qu'ils se touchent 
presque. 


Le péricycle est à peine sclérifñé. La zone périmédullaire 
forme un anneau lignifié, plus développé et très net sous les 


faisceaux. 
La moelle, constituée par des cellules plus ou moins arron- 


Chr 


dies, à petits méats, présente une petite lacune et contient de 


nombreux cristaux d’oxalate de chaux. 


FEUILLE. — Ax $ juin. — Le collenchyme est peu épais 


‘2 assises), le Liber assez développé, le bois comprend 5 grands M; 


vaisseaux et 18 à 20 petits. Les cristaux d’oxalate sont nom- 
breux. 


Au 4 juillet. —— L'épiderme du limbe n’est pas cutinisé, le 
tissu palissadique comprend 2 assises de cellules allongées et 
irrégulières. Aux nervures, le collenchyme est assez épais (4 as- 
sises) et on trouve fréquemment 2 faisceaux, le plus petit vers 


la face supérieure. 
l 


Au 18 juillet. —— Les caractères sont les mêmes, le collen- 


chye es t Hepieut pa développé. 


. — FAGOPYRUM STENOCARPA 


1. RACINE. -_ La constitution anatomique de la racine du 


Fagopyrum stenocarpa est semblable à celle du sarrasin de Ta- 
tarie. 


2, — TIGE. — La strücture de la: tige, à cette date, estila 
même que celle du Fagopyrum tataricum. On y trouve un épider- 
me pubescent, légèrement épaissi, à cellules à grand diamètre ra- 
dial, un hypoderme formé de deux ou trois assises collenchyma- 
teuses et une écorce à trois rangées de cellules petites, arrondies, 
contenant des cristaux d’oxalate de chaux, assez nombreux à la 
partie interne. 


ape 5 # = 


de. hd 


St 


Il y a quatre faisceaux de bois primaire, à deux portions con- 


fluentes, composées de 3 grands vaisseaux, extérieurs, et 7 petits. 


Entre ces faisceaux, quelques vaisseaux de bois secondaire com- 
mencent à se différencier. Le liber, très net, est dédoublé en face 
du bois, et concave vers la partie supérieure. Au-dessus de lui, le 
péricycle est sclérifñié et comprend 5 fibres larges, très peu ligni- 
fées. L’assise génératrice est très nette. 


Fic. 141 Fic. 142 


Structure de la racine (18 juillet). Structure de la tige (5 juin). 


La zone périmédullaire n’est pas différenciée ; elle est formée 
de grandes cellules polyédriques et commence à s’épaissir aux 
régions fasciculaires. La moelle est constituée de grands élé- 
ments, irréguliers, à assez grands méats. On n’y trouve pas d’o- 
xalate. : 


4 juillet. — Haut. — T’épiderme cutinisé, pourvu de poils 
nombreux, est composé de cellules à grand diamètre transver- 
sal. Le collenchyme forme 3 à 4 assises d'éléments petits, mais 
très renforcés ; l’écorce comprend trois rangées de cellules ré- 
gulières, demi-polyédriques, à petits méats. Les mâcles d’oxalate 
sont rares. 

L'endoderme est très net, et formé de grandes cellules ré- 
culières. Les faisceaux ligneux secondaires sont nombreux (19), 


ER Se 


formés de 2 à 3 vaisseaux larges, parfois d’un seul. Le liber est à 


composé de très nombreux îlots épais, à cellules très petites, É 


situés au-dessus des faisceaux et répartis entre eux. On ne voit 
pas de sclérenchyme péricyclique. - 


A Dan 


Fic. 143 et 144. 
Structure de la tige (bas) au 15 et au 22 juin. 


\ | 

La zone périmédullaire est différenciée aux régions fasci- 
culaires. La moelle est formée de cellules polyédriques, régu- 
lières, moyennes, et contient de nombreux cristaux d’oxalate de 


chaux. 


Bas. — L'épiderme est bien cutinisé, le collenchyme peu 
épais, et l’écorce formée de grandes cellules contenant quelques 
cristaux d’oxalate. | 

; À & 

Les faisceaux ligneux sont nombreux (22) et le parenchyme 

hgneux forme un anneau continu épais, contenant des vaisseaux 


larges. 
Le liber se compose d’ilots très nombreux, formant presque De. 
un anneau continu, mais très mince. yA 

Le sclérenchyme péricyclique est peu développé, et ne com- 
prend que quelques fibres très petites. La zone périmédullaire F. 
est bien différenciée aux régions fasciculaires. La moelle, formée 
de grandes cellules arrondies, à petits méats, contient de nom- 
breux cristaux d’oxalate et présente une petite lacune. 


à 
14 


— 317 — 


#4 10 septembre. -— Haut. — L'épiderme est bien cutinisé, à 
cellules orientées transversalement. Il y a trois assises collenchy- 
_ mateuses. L’écorce est parfois ligniñée et contient des mâcles 


d’oxalate (fig. 145). 


ta nd ; d 


Fic. 145. 


Structure de la tige (haut) au 10 septembre. 


Les faisceaux ligneux sont très nombreux, à 3-4 vaisseaux, 
parfois un seul. L’anneau .de bois secondaire est continu mais 
très mince (2, 3 assises). 

Le liber, constitué de cellules très petites, se compose de 
grands îlots, nombreux, surmontés d’un arc de sclérenchyme pé- 
ricyclique, qui rejoint le parenchyme libérien secondaire lignifé 
Parfois cet arc n’est pas complet. La zone périmédullaire est 
bien différenciée sous les faisceaux. La moelle, à cellules polyé- 
driques, très régulières, est grande et lacunaire en son centre. 


Bas. — L’épiderme est très cutinisé et l’écorce, formée de 


Re 


cellules allongées transversalement, contient des cristaux d’oxa- 


jate de chaux. Le bois secondaire forme un anneau très épais. et. 
compact, contenant de larges vaisseaux. Le liber est peu net ct 
surmonté d’un arc de sclérenchyme peu important. me 

La moelle, petite, présente une grande lacune et contient 
des cristaux d’oxalate de chaux. 


Fa F1G. 146, 147, 148. ; 
Structure de la feuille au 4 juillet, 18 juillet et 10 ceptembre. 


FEUILLE. — Au 4 juillet, les caractères du limbe sont 
semblables à ceux du Fagopyrum tataricum. Aux nervures, on 


trouve parfois 1, parfois Jusqu'à 3 faisceaux, le plus grand vers 


la partie inférieure. 
Il en est de même au 10 septembre. Les cristaux d'oxalate 
sont très nombreux (fig. 148). 


B. — VARIATIONS DE LA STRUCTURE 


1. — Influence de la nature du sol 


Les variations de la nature du sol, en modifiant les condi- 


tons biologiques de la végétation, ont une influence, qui a été 


maintes fois constatée, sur le développement et la no 
externe des plantes. 
Il est naturel de penser qu’elles doivent agir ee sur 


leur morphologie interne, mais cette action n'a pas encore, Je 
crois, été étudiée. 


{AS 


r 4 


— 319 — 


J'ai donc examiné la constitution anatomique des diverss 
espèces de Fagopyrum, cultivées, ainsi qu'il a été expliqué pré- 
cédemment, dans des.sols divers : sable, argile et terreau. Les 
quelques différences -- d’ailleurs assez faibles — que J'y ai 
trouvées, étant à peu près de même sens et semblables dans les 
quatre espèces, je me bornerai, pour réduire cet exposé déjà long, 
à décrire celles qui se rapportent au Fagopyrum esculentum, 
considéré le 18 juillet. 


ARGILE. -— Haut. — T'’épiderme est composé de grandes 
cellules régulières, à grand diamètre transversal et peu cutini- 
sées. 

Le collenchyme comprend quatre assises très nettes d’élé- 
ments arrondis et très renforcés, et l'écorce est formée de trois 
rangées de cellules régulières, polyédriques, sans méats. On n’y 
voit pas d’oxalate. 

Les faisceaux de bois sont nombreux {25) et composés de 
I à 3 vaisseaux qui ne sont pas encore tous lignifiés ; il ny a 
pas d’anneau ligneux. 

Le liber est formé de nombreux îlots, situés sur les fais- 
ceaux et entre eux, et se rejoignant presque en un anneau. Il n’y 
a pas de sclérenchyme péricyclique. La zone périmédullaire est 
différenciée aux régions fasciculaires, mais non lignifiée. La 
moelle, sans lacune, est formée de grandes cellules polyédriques, 
à petits méats. 

Les dimensions sont les suivantes 

Rayon, 27/2082; :; 
Ecorce, 160 y; 
Liber, 150 y; 

Bois, 50 y; 

Moellé 2716 


Bas. — L’épiderme est composé de cellules allongées, régu- 
hères, peu cutinisées, et le collenchyme par des cellules très 


grandes, irrégulières, mais peu épaisses et ne formant que deux 


= se 


assises. L'’écorce comprend trois rangées de grands éléments 1r- 


réguliers, à petits méats. On n’y trouve que très peu d’oxalate. 


par de petits vaisseaux, en haut par du parenchyme lignifié. Les : 
faisceaux secondaires sont peu importants. Il existe un anneau 
ligneux, continu mais peu épais (4 assises entre les faisceaux) 
à larges éléments. Des vaisseaux larges y sont disséminés. ; 


Fia. 149. 


Structure de la tige (bas, 


18 juillet), 


dans l'argile. 


sf \ 


Le liber est comme étiré, mais il est régulier et formé de 
petits éléments. Le sclérenchyme péricyclique forme deux îlots 
étalés au-dessus de chaque faisceau de bois primaire, les fibres 
ont un grand lumen. rte 05e 

La moelle, très lacunaire, est formée de très grandes cellu- 
les arrondies. Les dimensions sont les suivantes 

Rayon, 3 MR 10% 
Écorce, 07/5821 
Liber, 66 y; 

Bois, 266 y: 
Moelle, 2 */® 60, 


SABLE. —— Haut. —- L'épiderme est formé de cellules allon- 


_ gées et très bien cutinisées. L’hypoderme comprend deux assi- 
ses collenchymateuses à peine renforcées, et le parenchyme 
__ cortical est composé de 3 rangées de grands éléments ovales, 


à assez grands méats. On y trouve quelques mâcles d’oxalate. 
ÿ L’endoderme est lignifé. 
PR Les faisceaux sont confluents et formés d’un petit nombre 
de vaisseaux :; et il existe un anneau de bois épais et continu 
(12-15 assises), contenant peu de vaisseaux. Le liber forme 
8 îlots, disposés 2 par 2, au-dessus de chaque faisceau ligneux 
primaire et surmontés chacun d’un arc de sclérenchyme péricy- 
clique, très développé, à grandes fibres. 


Fi. 150. 
Structure de la tige (bas, 
18 juillet), 


dans le sable. 


- , 
— 


x 


ge La zone périmédullaire est entièrement ligniñée ; et la 
4 moelle, très lacunaire, est formée de grandes cellules irré- 
gulières, sans oxalate de chaux. 

Les dimensions atteignent : 

A Rayon,:2 2/80 ; 

4 Ecorce, 350 u: 

À He Étberr OO UE 

Ë Bois, 366 y ; 

z Moelle, 366 y; 

Lacune, 1 */" 650, 


Ly 
= 


Bas. '—— L’épiderme, formé de cellules allongées, plus pe- 
tites que dans l'argile, est très cutinisé. Dessous, se trouvent deux 
assises collenchymateuses, à grands éléments peu épais, et 2 à 
3 rangées de très grandes cellules corticales, plus ou moins ar- 
rondies, contenant, en assez grand nombre, de volumineux cris- 
taux d’oxalate de chaux. Les assises internes et l’endoderme se 
ugnihent. 

L’anneau de bois est épais (une douzaine d'assises) ; le 
hber est irrégulier et formé de nombreux petits îlots. Le sclé- 
renchyme péricyclique est moins étalé, mais plus épais que dans 
l'argile ; le lumen des fibres est plus petit. La zone périmédul- 
laire est bien marquée et ligniñée sur tout le pourtour du paren- 
chyme ligneux. 


TERREAU. — Haut. — Les caractères sont à peu près les mêé- 
mes que dans l'argile. L’épiderme n’est pas cutinisé, à cellules 
régulières orientées transversalement. Il y a quatre assises de 
collenchyme assez épais ; le parenchyme cortical est peu déve- 
loppé (2 assises). On compte 26 faisceaux de bois ; la moelle, 
non lacuneuse, est très grande. Les dimensions sont les sui- 
vantes : | 

Rayon, 27/2033 ; 
Ecorce (1101 
Liber, 100 y; 

Bois, 200 y; 
Moelle/et/#610: 


Bas. — L’épiderme est composé de cellules très allongées 
et peu cutinisées. Le collenchyme est assez épais, et l'écorce com 
prend trois rangées de cellules assez irrégulières. Les cristaux 
d'oxalate sont peu abondants. 

Le bois forme un anneau continu très épais, à éléments as. 
sez larges et à vaisseaux peu nombreux. Le liber paraît continu. 
Le sclérenchyme péricyclique est peu important ; il est com- 
posé de 8 ilots, comprenant chacun 8 à 10 fibres assez épaisses. 
La zone périmédullaire est peu hgnihée | | 


 -53— 
Les dimensions atteignent : 
Rayon, 3 */* 550 ; 
HEcorce 1500; 
Liber, 116 y; 
Bois, 916 y; 


0 k:: } Moelle, 2 4" 016. 

‘ | È 

u | 77 
PART au 7) 
HEAR: NS Mu / 7 
ET NK VZ 
(ou ÿ 


Ke Fic. 151. : 

L 

Fo) Structure de la tige (bas, 18 juillet), dans le terreau. 

* Résumé. — Tout en conservant ses caractères essentiels, la 
PA. ee : 

structure du Fagopyrum est donc différente suivant la nature du 


sol dans lequel la plante a été cultivée, ainsi qu’on peut s’en ren- 
dre compte par l’exposé précédent, par le tableau suivant qui 
rapproche les dimensions des tissus, et par les figures ci-contre : 


À 
— 324 — 


Argile Sable Terreau 


PR OS 


Haut | Bas | Haut | Bas | Haut | Bas 


RANONS te MA PA onu 2 083] 3.516! 2.800! » 2.033| 3.550 

ECOrCO LR RARE NS tee 11610581) 250705 , 416] 500 

AY ae) fe DÉS RARE SE MNT 150 66 66! » 100 116 

BOIS AGE EE, de Mae 00[ 266| 366! » 200| 916 

Moelle (2) ER AE Eee 4.716! 2.600! 2.016] » 1.616] 2.016 
1 

Au sommet de la tige. — Dans le sable, l’épiderme est plus 


cutinisé, le collenchyme moins développé, le sclérenchyme pér:- 
cycle plus important ; le bois beaucoup plus abondant. En 
somme, dans ce milieu, les formations ligneuses, les tissus de 
soutien sont bien plus développés que dans les autres terrains. 
Dans l'argile et le terreau, les caractères sont à peu près sembla- 


bles. 


Au bas de la tige. — Dans l'argile, le bois et le sclérenchy- 
me sont peu importants, les vaisseaux et les fibres sont larges, 
à grande ouverture ; dans le sable, au contraire, le stéréome est 
plus développé, les assises internes de l’écorce sont même ligni- 
fiées, le bois plus épais, le lumen des fibres et des vaisseaux est 
plus étroit. Dans le terreau, la lignification n’atteint que l’an- 
neau de bois qui est très épais, mais, par ailleurs, les tissus de 
soutien sont moins importants. Dans le sable, les cristaux d’oxa- 
late de chaux sont plus nombreux et plus volumineux que dans 
les autres milieux. 

En résumé, dans le sable, la lignification est plus avancé: 


(4) Liber + assise génératrice. 
(2) Moelle + lacune, 


À À 

E—— 02e) = 
et plus intense que dans l’argile et le terreau et dans ce dernier 
terrain, le bois secondaire est plus développé que dans Pargile. 


2. — Influence de la nutrition (Engrais) 


Les variations dans la nutrition minérale des plantes ont 
un retentissement profond sur leur évolution, les rendements 
qu’elles fournissent, leurs fonctions, leur morphologie externe 
et interne. 

Leur influence, étudiée par de nombreux auteurs, est au- 
jourd’hui admise comme certaine, bien qu’on ne soit pas encore 
parfaitement renseigné sur l’action propre à chaque élément 
minéral. 

En ce qui concerne le Fagopyrum, les recherches de cet or- 
dre sont plus rares et on ne peut guère citer que celles de 
Nobbe, Schæder et Erdmann sur l’action de la potasse, celles d? 
Dassonville sur le rôle de certains sels, et celles de Solacolu sur 
l'influence de la potasse, du fer et du phosphore. Je rappellerai. 
au début de ce chapitre, les résultats obtenus par ces quelques 
observateurs ; mais on sait qu'ils sont très différents les uns des 


autres, et parfois opposés. 


Ces contradictions légitiment à elles seules de nouvelle: 
études. Mais, d’un autre côté, les expériences dont il vient d’ê- 
tre question paraissent avoir eu surtout pour but de fixer un 
point important de physiologie végétale, elles reposaient sur des 
cultures en solutions aqueuses et l’emploi de sels purs et spé- 
claux, assez rarement utilisés en agriculture. 

C’est pourquoi J'ai crû nécessaire, dans cet essai de mono- 
graphie du sarrasin, de reprendre ces recherches, mais en res- 
tant dans les conditions mêmes de la pratique culturale, c’est- 
a-dire en opérant sur des plantes cultivées en pleine terre par 
les moyens habituels, avec les engrais couramment employés. 
La précision scientifique était peut-être ainsi en partie sacriñée, 
mais elle l'était au profit de l’intérêt agricole qui devait rester 
l'objectif principal de ce travail. 


PTT PP ER 


« a 


Ie == 


C’est donc sur les échantillons prélevés dans les cultures 
avec engrais différents (nitrate de soude, chlorure de potas- 
sium, superphosphate, du commerce, seuls ou combinés) décrites 
dans un autre chapitre, que J'ai examiné les variations de la 
structure du Fagopyrum. | 


Résultats des travaux antérieurs. — Nobbe, Erdmann et 
Schœder, dans leurs travaux sur le « Rôle physiologique du po- 
tassium dans les végétaux », se sont bornés, au point de vue ana- 
tomique, à rechercher la répartition de l’amidon dans les divers 
organes du Fagopyrum talaricum. Celui-ci était cultivé, soit dans 


des solutions aqueuses contenant de la potasse sous différents 


états {azotate, chlorure, etc….), soit dans des liquides où cet élé- 
ment était remplacé par de la soude ou de la lithine. 

Leurs principales conclusions admettent : 1° « que les 
grains de chlorophylle n’engendrent d’amidon autochtone que 
sous l'influence de la potasse, quelle que soit, d’ailleurs, la forme 
sous laquelle cette base se présente » ; 2° que le chlorure de po- 
tassium est la combinaison de potassium la plus favorable à la 
végétation du sarrasin ; 3° que la soude et la lithine ne peuvent 
pas remplacer la potasse. Fès. 

Dassonville a étudié l’action d’un certain nombre de sels 
sur la forme et la structure des végétaux, mais il ne décrit la 
constitution anatomique du sarrasin que sur des plantes venues, 
c’une part dans l’eau distillée et, d’autre part, dans la solution 
de Knop. Il trouve, pour le Fagopyrum comme pour lés autres 
genres qu'il a examinés, que la présence des sels retarde la sclé- 
rification et augmente le nombre et le diamètre des vaisseaux. 
On sait que certaines de ses conclusions générales sont en con: 
tradition avec les notions culturales généralement adoptées, 
particulièrement celles où 1l admet que « c’est la potasse qui re- 
tarde la différenciation des éléments de soutien et que ce retard 
peut être considérable au point d’être la cause de la verse chez 
les graminées (page 372), et celle où il dit qu’en sol naturel, l’a- 
zotate de soude est un sel nuisible. 

Or, non seulement, ces faits sont opposés à de nombreuses 


\ 
! 


PA) 


RE LÉ ide he EN AE AE À 


à 
— 327 — 
0 


constatations agricoles, mais encore ils ont été infirmes en 
partie par les recherches plus récentes de Solacolu. 

J'examinerai successivement la structure, à différentes da- 
tes, du Fagopyrum esculentum, cultivé avec des engrais diffé- 
rents. 


5 a. —- TÉMOIN. -— 75 juin. — Haut. — L’épiderme est légè- 
rement cutinisé, formé de cellules moyennes à grand diamètre 
radial. Il y a trois assises de collenchyme assez épais, et trois 
rangées de cellules corticales, arrondies, movennes, régulières, 
séparées par d’assez grands méats. Les cristaux d'oxalate de 
chaux sont assez abondants. 

Les faisceaux ligneux secondaires sont nombreux (21), à 
deux ou trois vaisseaux larges. Le péricycle n’est pas sclérifié. 

Le liber forme des ilots nombreux, larges, à éléments pe- 
tits. La zone périmédullaire est différenciée sous les régions 


COTTON NT EE AR TEE TAC) EE 


fasciculaires, mais non lignifiée. La. moelle est constituée par de 
grandes cellules, demi-polyédriques, régulières, et contient des | 
macles d’oxalate. Elle n’est pas lacunaire. ; 


d ré 


Bas. — Epiderme à grandes cellules allongées, non cuti- 
nisé. Une seule assise de collenchyme, trois à quatre rangées de 
grandes cellules corticales, arrondies. Cristaux d’oxalate moins 
abendants, mais plus volumineux. 

Quatre faisceaux ligneux primaires étirés, écartés, con- 
fluents et reliés à leur base par de petits vaisseaux. Entre cha- 
cun d’eux, se trouvent un ou deux vaisseaux non lignifés. 

Le bois secondaire forme un anneau continu, mais non li- 
gnihé. Le liber forme de nombreux petits îlots, peu nets. Il n'y 
a pas de sclérenchyme péricyciique. La moelle n'est pas lacu- 
naire. 


O4. — Superphosphate de chaux. — Haut. — Epiderme à 
cellules régulières, à peine cutinisées. Collenchyme à deux assi- 
ses épaisses. Oxalate de chaux abondant. 

Faisceaux de bois primaires nets, confluents, composés de 
neuf à dix vaisseaux, dont 6 grands. Les faisceaux secondaires 


Rd Er ne À nr ee 


LP 0} 
— 920 — 


comprennent de trois à quatre vaisseaux. Le péricycle n’est pas 
sclérifñié. Le liber est dédoublé et la moelle, à grandes cellules 
polyédriques, contient des mâcles d’oxalate. 


Bas. —— Quatre faisceaux ligneux primaires peu développés 
(4 grands vaisseaux et 3 petits). Entre eux, se trouvent quel- 
ques vaisseaux isolés, déjà lignifiés. 

Le liber est dédoublé. Pas de sclérenchyme péricyclique. 
Zone périmédullaire non différenciée. Moelle à grandes cellules 
demi-polyédriques et à oxalate de chaux abondant. 


6 b. —— Chlorure de potassium. — Bas. — Epiderme à gran- 
des cellules allongées, très peu cutinisées. Une ou deux assises 
de collenchyme ; écorce à grandes cellules ovales, oxalate peu 
abondant. 

Faisceaux ligneux secondaires nombreux ; ébauche d’un 
anneau de bois, non encore ligniñé. Le péricycle sclérenchyma- 
teux apparaît et comprend 3 à 4 fibres à peine lignifñées. La 
moelle ne contient pas de mâcles d’oxalate. 


7 a. — Engrais complet. —- Décrit précédemment. 


7 db. — Chaux. — Bas. — Epiderme à grandes cellules al- 
longées, peu cutinisées. Deux assises de collenchyme peu épais 
Ecorce à très grands éléments. Les cristaux d’oxalate de chaux 
sont volumineux, mais peu abondants. 

Sur chaque formation libérienne primaire existe un îlot de 
sclérenchyme péricyclique, net, formé de 5 fibres peu épaisses. 

Le bois secondaire forme un anneau continu, peu épais (5, 
€ assises) à peine lignifié. Le liber secondaire mince est très étalé 
et forme de nombreux petits îlots. La moelle est lacunaire et 
formée de très grandes cellules, demi-polyédriques. 


Résumé -..- Au 15 juin (la plante n’a que 2 à 3 feuilles), il 
existe déja des différences dans la structure des plantes des di- 
verses parcelles. Le collenchyme est plus développé dans le té- 


SE! ! 


— 329 — 


moin, avec la chaux et avec le superphosphate. Les cristaux 
d’oxalate sont plus abondants avec l’engrais phosphaté et le 
témoin, et plus volumineux avec l’engrais calcique. La lignifica- 


_ tion est plus avancée avec la chaux, puis avec le superphos- 


_ phate. 


Le péricycle n’est sclérifié qu'avec la chaux et commence 


avec le chlorure de potassium. La moelle est lacunaire dans la 
Ponrcelle > 2. 


4 juillet. — 5 a. —- Haut. — Epiderme légèrement cutinisé, 


à grandes cellules régulières. Deux ou trois assises de collen- 
 chyme, et deux de parenchyme cortical. 
Une trentaine de faisceaux de bois, secondaires, à 3-4 vais- 


seaux larges ; il se forme un anneau ligneux. Le liber comprend 
de nombreux îlots. 
Il n’y a pas de sclérenchyme péricyclique. La zone périmé- 


 dullaire est différenciée aux régions fasciculaires. La moelle est 


lacunaire, avec très peu d’oxalate. 


_ Bas. —— Epiderme à grandes cellules allongées, légèrement 
cutinisées. Une seule assise de collenchyme ; écorce à 3 rangées 
de grandes cellules irrégulières contenant d’assez nombreux 
cristaux d’oxalate. 

Les faisceaux ligneux primaires sont nets, confluents ; le 
parenchyme fasciculaire n’est pas lignihñé. Le bois secondaire 
forme un anneau continu épais, contenant de larges vaisseaux. 


Le liber paraît continu. Le péricycle sclérenchymateux est net, 


chacun des tlots qu'il forme au-dessus du liber primaire est com- 
posé d’une dizaine de fibres larges et épaisses. La zone périmé- 
dullaire est différenciée, mais à peine lignifiée ; la moelle pré- 
sente une lacune centrale et renferme très peu d’oxalate de 
chaux. 


6 a. — Haut. — Mèmes caractères. Le collenchyme est épais 
aux angles. Les faisceaux de bois sont nombreux, mais il n’y 
a pas d’anneau ligneux, ni de sclérenchyme péricyclique. 


6 b. — Bas. -— Epiderme à cellules allongées transversale- Me 
ment. Deux assises colienchymateuses, très peu d’oxalate. Le Ë 
bois secondaire forme un anneau ligneux continu, à vaisseaux 
jarges, et moyennement épais. Le péricycle sclérifié est très net 
et forme des îlots larges, peu épais, composé de 6 grandes fibres 
et de 4 à 5 petites. 

La zone périmédullaire est bien différenciée, et en partie 5 


lignifiée. La moelle ne contient pas d’oxalate. 


7 a. —- Décrit précédemment. 


7 db. — Haut. — Écorce à cristaux d'oxalate assez nom- Fe 


breux. 

Sur chaque faisceau ligneux, se trouvent deux îlots de sclé- 
renchyme composés de 7 à 8 hbres, très épaisses. 

Le bois RO ES forme un anneau continu, épais, à nom- 
breux vaisseaux. La zone périmédullaire est lignifiée, et la 
_moelle est lacunaire. 


Bas. —— Epiderme à cellules très allongées, peu cutimisées. 
Collenchyme à grands éléments à peine épaissis ; écorce à très 58 
grandes celiules. re 

Sclérenchyme péricyclique en $ îlots, formés chacun de 7 net 
à 8 fibres peu épaisses. Le bois secondaire constitue un anneau 
assez épais. La zone périmédullaire est lignifée. 


Résumé. — Le collenchyme est plus développé dans le té< 
moin et avec le superphosphate. Les cristaux d’oxalate sont plus 
nombreux dans le témoin et avec la chaux, très rares encore 
avec la potasse. La lignification est plus avancée avec l’engrais 
calcique, de même que la sclérification ; vient ensuite le témoin, 
puis la potasse. 

La zone périmédullaire est mieux différenciée aussi avec 
la chaux. Enfin, avec cet élément, la moelle est encore très lacu: 
naire. 


À A 
LOIS 


18 juillet. —- 5 a. — Haut. — Epiderme cutinisé, à cellules 
arrondies, trois assises collenchymateuses, épaisses et régulières. 
Deux rangées de parenchyme cortical à éléments réguliers, sé- 
parés par de petits méats, les plus internes sont légèrement li- 
gniñés. Les cristaux d’oxalate sont assez nombreux. L’endo- 
derme est lignihé. 

Nombreux faisceaux ligneux, reliés par un anneau de bois 
mince (2, 3 assises). Liber en îlots nombreux, convexes en dehors, 
étirés, peu épais, à éléments irréguliers, surmontés tous d’un arc 
de sclérenchyme péricyclique. Zone périmédullaire lignifiée sous 
tous les faisceaux. Moelie à grande lacune centrale ; peu d’oxa- 
late de chaux. 


Bas. —— Epiderme cutinisé, à cellules allongées transversale- 
ment. Deux assises de collenchyme peu épais. L’endoderme com- 
mence à se lignifier, en îlots, sur les faisceaux. Il y a un anneau 
de bois secondaire continu ; le parenchyme libérien secondaire 
commence à se ligniñer. Les îlots de péricycle sclériñé sont très 
nets. La zone périmédullaire forme un anneau lignifié ; la moelle 
présente une grande lacune centrale. 


5 b. — Nitrate de soude. — Bas. — Trois assises de grandes 
cellules collenchymateuses. Peu d’oxalate de chaux. Endoderme 
lignifñié ; lignification du parenchyme libérien secondaire. An- 
neau de bois continu, très épais. Sclérenchyme très net, en îlots, 
formés d’une douzaine de fibres. Zone périmédullaire bien li- 
gnifée. Moelle lacunaire et à grandes cellules. 


# 

6 a. -— Haut. — Epiderme régulier, légèrement cutinisé 
Trois assises de collenchyme trés épais. Ecorce à deux rangées 
de cellules moyennes. Pas d’oxalate. Nombreux îlots de liber, 
entourés complètement de formations ligneuses. La lignification 
de l’endoderme et du parenchyme libérien secondaire est com- 
mencée. Anneau de bois secondaire peu épais {2 assises) à élé- 
ents làches et à larges vaisseaux. 


g 
À 
Y. 
3 
4 
| 
: 


Le sclérenchyme péricyclique est /rès large, très développé 
et chaque îlot comprend 4 ou 5 assises de fibres. La zone périmé- 


dullaire est différenciée, mais peu ligniñée, la moelle présente 


une grande lacune. 


Bas. -— Mêmes caractères, mais l’anneau de bois est plus 
épais. Chaque îlot de péricycle sclérifié comprend une douzaine 


de fibres. La zone périmédullaire est ligniñée ; la moelle pré- 


sente une grande lacune. ‘É 


Le 
A 


6 b. - Haut. — Epiderme cutinisé, à cellules à grand dia- 
mètre transversal. Trois assises collenchymateuses. Très peu de. 
cristaux d’oxalate. Les assises internes de l'écorce se lignifient, 
surtout aux angles et parfois jusqu’au coïlenchyme. Les îlots de. 


100 


liber sont nombreux et complètement entourés de productions 
higneuses. Le bois séPRAnre est épais. La zone périmédullaire 


cst lignifée. 1 i 


4 10 
# 


Bas. —— Epiderime cutimisé, à cellules allongées, irrégulières. 
Les cristaux d’oxalate sont assez abondants. L’endoderme et 
le parenchyme libérien secondaire commencent à se lignifer 50h 
de même que le péricycle qui forme déjà 8 îlots de fibres sclé- 
sen ae e épaisses. Le bois forme un anneau continu as- 
sez épais. 4 

La zone périmédullaire est lignifée, surtout sous les fais. à 


CEaux. La moelle présente une très grande lacune. 


7 a. — Décrit précédemment. 
“ 


7 d. —— Haut, — Epiderme à cellules régulières ; collenchy- 
me très net, à 2 assises. L'écorce comprend 3 rangées d'éléments 
réguliers, arrondis, qui commencent à se lignifier ainsi que l'en. 
doderme. Il y a peu d’oxalate. Le péricycle forme un arc de 
sclérenchyme sur toutes les formations libériennes, et le paren- 
chyme libérien secondaire se lignifie et le rejoint latéralement. | 
Le bois forme un anneau continu, mince, mais à éléments épais. 


nnAn 
— 999 — 


Le liber se compose de très petits flots, étalés, entourés complè- 
tement d'éléments ligniñés. La zone périmédullaire est bien dif- 
férenciée, particulièrement aux régions fasciculaires. 

La moelle est lacunaire et à cellules polyédriques. 


Bas. —— Toutes les assises internes de l'écorce, endoderme 
compris, se lignifent. Les mâcles d’oxalate de chaux sont nom- 
breuses. Le sclérenchyme péricyclique est bien développé, chaque 
ilot comprenant une quinzaine de fibres. Le parenchyme libérien 
commence à se lignifer. 

Le bois forme un anneau épais. La zone périmédullaire est 
lignifée, ainsi que la région marginale de la moelle. 


Résumé. — Au 18 juillet, le collenchyme est plus épais dans 
lé témoin et avec le superphosphate. La ligniñication est plus 
intense avec la chaux, moins avec le nitrate de soude et le sclé- 
renchyme péricyclique est plus important avec l’engrais calci- 
que et l’engrais phosphaté. Les cristaux d’oxalate sont plus 
abondants avec la chaux et dans le témoin, ils sont très rares 
ou absents avec le chlorure de potassium. 


Résumé des variations de structure. — Tes variations de 
structure, que l’on était susceptible de rencontrer dans les plan- 
tes des diverses parcelles, ne pouvaient pas atteindre l’ampleur, 
la valeur de celles que certains observateurs avaient trouvées sur 
des échantillons cultivés en solutions aqueuses et avec des sels 
purs. Il faut faire remarquer, en effet, qu'ici, le milieu, le sol, 
était déjà pourvu de tous les éléments indispensables à la vé- 
gétation, et qu'au point de vue des principes minéraux les par- 
celles ne se distinguaient les unes des autres que par des diffé- 
rences quantitatives et non qualitatives. 

D'autre part, les engrais employés n’apportaient pas qu’ur 
élément actif et leur influence réelle était complexe. 

Néanmoins, on a pu constater certaines modifications dan; 
la constitution anatomique des diverses plantes examinées. C’est 


19 
Tr DAS 


ainsi que le collenchyme a toujours été plus développé dans le 
témoin et par l'apport de superphosphate de chaux, que la ligni- 
fication a été avancée et augmentée par la chaux, puis par l’en- 
grais phosphaté, tandis qu’elle a été plutôt diminuée par le 
nitrate de soude. L’engrais calcique a eu également pour effet 
d'accroître la sclérification du péricycle. 

Enfin, les cristaux d’oxalate de chaux étaient plus abon- 
dants avec la chaux et dans le témoin, tandis qu'ils étaient plus 
rares et parfois absents avec le chlorure de potassium. Dans les 
conditions de l'expérience, c’est donc la chaux, puis l’engrais 
phosphaté et enfin l’engrais potassique, qui ont augmenté l’im- 
portance des tissus de soutien, tandis que l’engrais azoté l’au- 
rait plutôt diminuée. 

L’engrais calcique et le superphosphate ont accru l’abon- 
dance des mâcles d’oxalate. 


IV. — Composition de la Plante. 


Le but de la culture du sarrasin n’est pas /oujours la pro- 
duction des grains. Dans certains cas, ou dans certaines régions, 
c’est la plante entière et verte qui est utilisée, soit comme four- 
rage, soit comme engrais. Il importe donc de connaître sa com- 
position chimique afin de savoir quelles ressources alimentaires 
ou fertilisantes elle est susceptible de fournir. 

À un autre point de vue, la connaissance de cette compo- 
sition est également nécessaire. En effet, quel que soit l’objectif 
de la culture, elle se fait aux dépens des éléments minéraux 
assimilables que le sol renferme et qui se retrouveront dans les 
tissus de la plante. En un mot, celle-ci exporte une certaine 
quantité de principes fertilisants dont la valeur sera indiquée 


par la composition même de la récolte, et représentera les exi- 
gences de celle-ci. D'autre part, il ne suffit pas de restituer au 
sol les matériaux que la récolte y a prélévés, n1 même de lui 
en faire l’avance; il faut les y apporter dans les conditions les 
plus opportunes, aux points de vue physiologique et économi- 
que. Or, ces éléments chimiques ne sont pas répartis indifférem- 
ment dans les diverses parties de la plante, et, de plus, celle-ci 
ne les absorbe pas d’une façon quelconque pendant le cours de 
son développement. Leur absorption suit une marche régulière, 
dont l’allure est particulière à chaque genre de plante consi- 
déré, et que le cultivateur a tout intérêt à connaître. Il faut, en 
effet, pour que le résultat d’une culture soit satisfaisant, qu'aux 
besoins immédiats du végétal, correspondent, dans le sol, des 
ressources égales, immédiatement disponibles, et dont 1l aura 
fellu prévoir et assurer l’existence. 

> C'est, précisément, l’étude de la composition chimique du 
végétal à ses différents états de développement qui indique la 
marche de l’absorption des principaux éléments fertilisants, et 
fournit, par suite, une base précise et rationnelle de fertilisation 
du sol. 

Quelques auteurs ont entrepris ces recherches sur le Fago- 
pyrum esculentum, entre autres Garola et Monnier. J'avais 
pensé la reprendre à mon tour sur les quatre espèces de Fago- 
pyrum, mais cela ne m’a été possible jusqu'ici, et je n’ai pu que 
déterminer la composition des différentes parties de la plante, 
à la maturité. 

Je me bornerai donc à indiquer les résultats auxquels Je 
suis parvenu, et à rappeler les conclusions obtenues par les 
observateurs précédents. 

J'examinerai successivement : 1° la composition de la 
plante entière, verte et sèche, en principes immédiats et en élé- 
ments minéraux ; 2° celle de ses différents organes : sfneelle 
d’une récolte entière et 4° celle de la plante à différents âges. 
Puis j'indiquerai sommairement la composition de quelques 
espèces de Fagopyrum et enfin, les variations qu'elle subit 
sous l'influence de sols différents, 


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— Diétrich % 
et Konig.| 83 72 2.44 0.67 TA 4.37 1.09 Ë 
on Crome..| #2.50 4,25 » 2.60:| 40.0 » 4 
Dr Bæssler.| 73.97 1.84 0.70 | 15.32 6.20 GNT # 
82.6 5 ALe » » » » 46 
Paille, d'après Kühn.) 12.10 4.10 1.40 | 32.90 | 44.30 5.20 1 
— Diétrich 4 
et Konig.| 16 0 4.84 4 18 | 36.96 | 340 1:02 F4 
— Malagutti| 12.0 3.0 |Mgras. Sub nazotées, Fib.brute 81.80) 3.1 h 
—  Grandeau) 12.0 3 10 "84.10| + 3 AUS 
Foin doux iensilé)...| 68.15 1/81 0/72 718.99 17.93 2-3240000 
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Moyennes (Vert)....| 81.48 | 2.58 | 0.69 | 7.98 | 6.22 || 4629 
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Tagcrau XXXVI. — Composition du Fagopyrum esculentum (vert ou sec): 


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AB DEN UN VIL C2 Composition minérale , + Azote) du Fagopyrum esculentum. 


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ni, — 
À. — Fagopyrum esculentum 
1. — COMPOSITION DE LA PLANTE ENTIÈRE. .. @). — Prin- 
cipes immédiats. — Le tableau 36 indique la composition 


du Fagopyrum esculentum, à l’état vert et à l’état sec. Les 
différences sont assez grandes, selon les expérimentateurs. En 
faisant la moyenne des chiffres obtenus par chacun d’eux, on 
trouve que le sarrasin vert contient, environ, 81 d'eatiside 
matières azotées, 0,7 de matières grasses, 8 d’extratifs non 
azotés, 6 de fibre brute et 1,6 de cendres. La valeur alimentaire 
de ce fourrage n’est donc pas négligeable et égale celle des 
plantes généralement destinées à cet usage ; sa valeur comme 
engrais vert dépasse souvent celle des végétaux utilisés à cet 
état. (Wolff). 

A l’état sec, la composition n’est plus la même. L’eau, 
très abondante dans la plante fraiche, a considérablement dimi- 
nué, et sa proportion ne dépasse guère 13 % du poids total. Par 
contre, tous les autres éléments ont, proportionnellement aug- 


menté : La quantité des substances azotées passe à 4 %, celle 


des matières grasses à 1,2, celle des matières non azotées à 35, 


_celle de la fibre brute à 39 %, et celle des cendres dépasse 5 %. 


Cette paille n’ayant aucun usage alimentaire, c’est plutôt sa 
composition minérale qui est intéressante. 


D). — Eléments minéraux. — Dans le sarrasin vert, la pro- 
portion des éléments minéraux est assez élevée (tableau 37). 
Les résultats sont très variables selon les auteurs, mais ils pré- 
sentent, cependant entre eux, certaines analogies très impor- 
tantes. C’est ainsi qu’ils indiquent tous la prédominance, dans 
les cendres, de la potasse et de la chaux, qui existent dans la 
plante en de grandes proportions. 

Cette constatation subsiste pour la paille. Là, on remarque 
que la potasse atteint presque 50 % du poids des cendres 
(48,6 %), et la chaux 18 %, l’acide phosphorique est également 
abondant (11,8 %) quoique en proportion beaucoup plus faible 


que ces deux éléments. Quant aux autres substances, elles sont 


relativement peu importantes ; toutefois, le chlore existe en : 


quantité inusitée. 

Comparée aux pailles des autres céréales, celle du sarrasin 
se caractérise nettement par la surabondance de la potasse, de 
la chaux surtout, puis par celle de l’acide phosphorique et du 
chlore; par contre, elle est beaucoup plus pauvre en silice, en 
alumine et en oxyde de fer. : 


Elle est, par conséquent susceptible de fournir une litière 
et un engrais riches. 


2, — COMPOSITION DES DIFFÉRENTES PARTIES DE LA PLANTE. 
— Garola a montré que la répartition des différents éléments 
minéraux et de l’azoté était variable selon les organes de la 
plante. : à 

C’est ainsi que l’azote existe en quantité légèrement plus 
forte dans les tiges que dans les racines et que la chaux est, à 
toutes les époques. beaucoup plus abondante dans les parties 
aériennes. 

Quant à la potasse et à l’acide phosphorique, ils dominent 
d’abord dans les parties souterraines (avant la floraison), mais, 


par la suite, leur proportion est plus forte dans la tige que dans 
la racine (dès la floraison). 


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grain + paille grain + paille AE à 

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acide phosphorique.… . | 0.850) 1.393! 25.07] 43.50) 12.7 | 15 | 27.20] 31.92 
AUX, AA 2.650| 1.332] 23 97|117.50 » » 25.90] 55.49 
Potasse 25%, 2,080! 3.537] 63.66| 87.30 » 40 || 69.00! 73.32 
Magnésic. Se » 0.706 7.30|  » » » 1:80 7.60 


TABLEAU XXXVII. — Exigences du Fagopyrum esculentum en 
principes fertilisants, 


RAR") 
0 


a a) 
— 990 — 


3. — (COMPOSITION DE LA RÉCOLTE ENTIÈRE (Exigences). — 
Connaissant la composition moyenne d’une plante et le poids 
total de la récolte, il est facile de déterminer la composition de 
celle-ci, et, par suite la quantité d’éléments qu’elle a extraits 
du sol et qu’elle exporte. 

On a vu précédemment que cette connaissance avait une 
très grande importance pratique. Cette quantité de principes 
fertilisants enlevés par la culture du sarrasin a été calculée par 
plusieurs auteurs (tableau 38) qui sont. d'ailleurs arrives à 
des chiffres assez différents les uns des autres. 

La moyenne de ceux-ci atteint : pour l’azote 63 kilos à 
l’hectare (pour une récolte de 30 hectolitres), 32 pour l’acide 
phosphorique, 55 pour la chaux, 73 pour la potasse et 7 pour 
la magnésie. Les exigences du sarrasin sont donc assez grandes. 

On constate ici, encore, l’importance, relativement considé- 
rable de la potasse et de la chaux contrâirement à ce qui se 
passe chez les autres céréales, de la famille des graminées, où 
ces deux éléments, le premier surtout, sont toujours en très petite 
quantite. 

Si tous les auteurs s'accordent à reconnaitre cette prédomi- 
nance de la potasse, 1l n’en est pas de même en ce qui concerne 
la chaux, ainsi que l’indique l’examen du tableau précédent. En 
effet, tandis que Müntz et Girard et Garola, par exemple, trou- 
vent dans le sarrasin, une proportion très élevée de cette base, 
Grandeau n’en rencontre qu’une quantité médiocre. J’ai déjà 
signalé, à propos de l’influence de la nutrition minérale sur la 
taille des akènes de Fagopyrum (page 87) les divergences 
qui existaient au sujet de cet élément, entre les différents obser- 
vateurs. 

L'examen sommaire du développement chimique de ja 
plante va nous fournir quelques éclaircissements sur cette 
question. 

4. — DÉVELOPPEMENT CHIMIQUE DE LA PLANTE. — Garola, 
qui a étudié la composition chimique du sarrasin à trois époques 
différentes (avant la floraison, à la pleine floraison et à la ma- 
turité) a donné quelques indications sur le métabolisme de 
certains éléments minéraux, 


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TABLEAU XL. — Composition du Fagopyrum esculentum 
à differents âges. 


Plus tard, Monnier a examiné cette composition à 14 stades 
de la vie de la plante. Les tableaux 39 et 40, où sont 
brièvement condensés les résultats obtenus par ces deux auteurs, 
donnent une idée de la marche de l'absorption des principes 
minéraux par le “agopyrum, malheureusement il existe certaines 
lacunes dans les analyses. 

Elles montrent néanmoins que la composition de la plante 
varie suivant l’âge auquel on la considère et que l’intensité de 
l’absorption des divers éléments minéraux est loin d’être uni- 
forme pendant le cours de son développement. Très active au 
début de la végétation pour tous ces éléments, elle se ralentit, 
dès la floraison, pour l’azote et l’acide phosphorique, tandis 
que les besoins en potasse et en chaux sont toujours très élevés. 

Ces connaissances sont susceptibles d'applications utiles 
à la fertilisation du sol destiné à la culture du sarrasin. 


B — Autres espèces de Fagopyrum 


Je n’ai trouvé, dans aucun ouvrage, de renseignements 
relatifs à la composition chimique des espèces de Fagopyrum 


autres que le Fagopyrum esculentum. J'ai donc tenu à la déter- 


miner, au moins sur la plante müre. 
Le tableau 41 indique les résultats auxquels je suis par- 
venu. 


Le) 
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Feuilles 


Fagogyrum esculentum 1172 0/4. .980 
—— emarginatum . : 19:13, .220 
— tataricum Gens leo è ‘ 240 
— stenocarpa 3, 0.6, 4. .400 


9 QE 1 


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Acide phosphorique 


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Racines 
Feuilles 
Feuilles 


Racines 


F.esculentum, ..[0.85011.170 2. .760110.815|1.30011. .215/1 .050 1.640 
F. USE 0.795,1.18011. 45|1.560!0.8K0!1 .2 .680/0.900 1.500 
640 
300 


F. ttareum.…. .|0.744 11.30 2.60014 574/1. 480 | 1 :020|0.900|3. 4001. 220/1 . 


2 
100 
2.3 
2.470 


1. StRNOCETPA . [0.900 11.220; .990/11.710,0.970 Fe 1.080!1. 


TABLEAU XLI. — Composition de quelques espèces de Fagopyrum. 


b). —— Fagopyrum emarginatum. — Dans cette espèce la 
proportion de potasse est très élevée et dépasse 7 % ; cet élé- 
ment est surtout abondant dans les tiges; la chaux existe enssi 
en assez grande quantité, mais le sarrazin émarginé en contient 
moins que les autres espèces, 3,8 % ; par contre le taux d’acidé 


10 
90! 
00 


14.900 
4.300 | 
5.460 . 


4.900 


l 


aa 


phosphorique est élevé et presque égal à celui de la chaux, 
3,6 %. Mais ces deux substances sont réparties différemment, 
la chaux domine dans les feuilles et c’est la racine qui en 
contient le moins, tandis que l’acide phosphorique domine au 
contraire dans l’appareil souterrain et que ce sont les feuilles 
qui en referment le moins. Enfin, c’est également cette espèce 
qui est la plus pauvre en azote 4,3 %, cet élément étant surtout 
abondant dans les feuilles. 


c). — Fagopyrum tataricum. — La proportion de cendres 
est élevée dans cette espèce. La potasse domine de beaucoup 
{7 %) et ce sont les tiges qui en renferment le plus, puis les 
feuilles, et enfin les racines. La chaux est plus abondante que 
dans l’espèce précédente, mais moins que dans les deux autres 
(4,5 %), et localisée surtout dans les feuilles qui en contiennent 
deux fois plus que les tiges et trois fois plus que les racines. 
L’acide phosphorique atteint une proportion de 3,4 %, plus 
forte dans l’appareil souterrain que dans les autres parties de 
1 plante. Quant à l’azote, c’est cette espèce qui en renferme la 
plus grande quantité (5,1 %), et on le trouve Surtout dans les 


cunlles(272 95): 


d). — Fagopyrum stenocarpa. — C'est cette espèce qui 
contient le moins d’eau. Le taux de potasse y est toujours 
élevé, mais moins pourtant qu2 dans les autres Fagopyrum 
(6,8 %). On trouve cet élément principalement dans les tiges 
(3,3 %). La chaux est plus abondante dans ce Fagopyrum 
s{enocarpa que dans les autres espèces, et elle atteint presque 
5 %. Ce sont toujours les feuilles qui sont les parties les plus 
riches en ce corps. L’acide phosphorique est également abon- 
dant, 3,7 %, particulièrement dans les racines 1,7 %. La pro- 


portion d’azote est élevée, 4,9 % et domine surtout dans les 
feuilles. 


Résumé. — En somme, il existe entre les quatre espèces de 
Fagopyrum un certain nombre de différences, mais peu consi- 


dérables. Dans toutes c'est la potasse qui domine et de beau 


coup, puis vient la chaux et ensuite l’acide phosphorique. Le 
taux de potasse atteint, en moyenne, pour l’ensemble du genre, 
6,9 , celui de la chaux atteint 4,6, et celui de l’acide phospho- 
rique3,5. 

Ces chiffres diffèrent sensiblement de ceux qui ont été 
obtenus par certains auteurs. C’est ainsi que pour beaucoup 
(Garola, par exemple) c’est la chaux qui domine. Ici, quoique 
abondante, elle ne dépasse pas 4,9 %, tandis que la potasse 
atteint 7,1 %. 

Il existe aussi certaines différences dans la répartition des 
éléments minéraux. Dans toutes les espèces, ce sont les tiges qui 
contiennent le plus de potasse et les racines le moins; et ce sont 
les feuilles qui renferment le plus de chaux. 

En ce qui concerne l’acide phosphorique, la répartition est 
beaucoup plus irrégulière ; tandis que dans le sarrasin gris, 
c'est dans les tiges, puis les feuilles que sa proportion est la 
plus élevée, on constate qu’il n’en est pas de même dans les 
autres Fagopyrum. Ainsi, dans le sarrasin émarginé, c’est la 
tige qui contient le moins d’acide phosphorique et les racines 
qui en renferment le plus, de même dans le sarrasin seigle : 
enfin dans le sarrasin de tatarie c’est encore dans les racines 
qu’on trouve la plus grande proportion de cet élément, mais 
c’est dans les feuilles qu’elle est la plus faible. 


Variations de la composition 


1°. —— Influence de la nature du sol. — La plante puisant 
ses éléments constitutifs dans le sol, 1l est évident que sa com- 
position doit varier avec la nature de celui-ci. C’est, en effet, 
ce que J'ai pu constater dans les cultures en sols variés dont 
j'ai déjà indiqué l’origine. Voici, la composition des plantes 
obtenues. (Tableau 42). 

La quantité de matières minérales totales est plus élevée 
dans l’argile, puis le terreau, et plus faible dans le sable. La 
potasse suit la même progression décroissante, ce qui est assez 


= = 


näturél car, d’une façon générale, les terrains argileux sont plus 
riches en cet élément que les sables siliceux. Par contre, c’est 
dans les plantes du terreau et de l’argile que la proportion de 
chaux est, relativement. la plus faible. 

Quant à l’acide phosphorique, 1l est plus-abondant dans 
le sarrasin venu en sol humifère, et plus rare dans celui qui a 
végété dans un terrain argileux. La nature du sol joue donc un 
rôle incontestable et important dans la composition minérale 
de la plante. 


Acide 


Sarrasin gris cultivé : Cendres | Potasse | Chaux phosphorique 
ans larsable: 2.22 ur 3-1 28.5 39.4 4.6 
lefferreauss. "sur 4.3 31.3 93 8 6.3 
'ÉRAU CNRR RET 9.8 36.1 35.0 3.4 
Tagreau XLII. — Influence de la nature du sol sur la composition 
du Fagopyrum esculentum. 
2°. -- Influence des engrais. -— Il eût été intéressant dé 


déterminer l’influence des engrais sur la composition chimique 
du sarrasin, mais je n’ai pu entreprendre ces recherches. 

D'autre part, les documents relatifs à cette question sont 
excessivement rares. On ne possède, je crois, que les travaux de 
Nobbe, déja cités. Ils n’indiquent, d’ailleurs que la compo- 
sition du Fagopyrum tataricum, cultivé en solutions nutritives 
différentes, l’une, ayant reçu la potasse sous forme de chlorure, 
et l’autre sous forme d’äzotate. Les différences constatées dans 
les deux échantillons y sont assez grandes et portent, non 
seulement sur la potasse totale, mais sur tous les éléments 


minéraux, et sur leur répartition dans les divers organes du 
végétal. 


Résumé. —La composition chimique du genre Fagopyrum 
est subordonnée à de nombreux facteurs, parmi lesquels il faut 


-)) 


placer en premier lieu, la nature du sol et celle des engr 


employés, ainsi que D et l’individualité de la pie è 


considérée. 
D'une façon générale, on peut admettre que la comp: 

sition #oyenne est la suivante : 
Humidité, 13 °°; 
Matières ste 4; 
Matières grasses, 1,2; 
Matières non azotées, 33 ; 
Fibre brute, 39 ; 
Cendres, 445; 
Potasse, 6,9 ; 
CHAUX 40: 
Acide phosphorïique, 3,5 ; 


_ Cette composition varie également avec les organes du Le 


végétal et au cours de leur développement. Eu égard à la 


quantité des éléments qu’il renferme, le sarrasin constitue un a 


fourrage et un engrais vert d’une réelle valeur. 
‘11 faut enfin remarquer l'abondance particulière, dans ses 
tissus, de la potasse, et ensuite de la chaux. 


Conclusions de la Première Partie 


La première partie de ce travail était consacrée à l'étude 
morphologique externe et interne des différents organes de la 
plante, considérés dans plusieurs espèces et variétés de Fago- 
PYrum. . 

Celle du fruit a montré que, pour l’ensemble du genre, cette 
partie était un akène, de forme généralement bi-pyramidale, à 


SET 


2 
Fr 


base plus ou moins élargie et portant les débris desséchés du 
calice persistant. Tous les caractères extérieurs de ce fruit va. 
rient avec la nature de l'espèce ou de la variété considérée. 


Dans le Fagopyrum emarginatum, les faces de la bi-pyra. 
mide sont larges, concaves et leurs bords, membraneux, forment 
des ailes parfois très développées ; il arrive, dans certains cas, 
que l’akéne présente quatre faces au lieu de trois. Dans le }ago- 
pyrum tataricum, les bords du grain sont lobés et sa surface est 
rugueuse ; dans le Fagopyrum stenocarpa, les arêtes du fruit 


ont à peu près disparu et la section est devenue presque circu- 


laire. Sur chaque face se trouve un sillon assez profond se conti- 
nuant jusque sur la base de l’akène. 


Les dimensions et le poids des grains sont très différents 
selon les types examinés. D'une façon générale, c’est le sarrasin 
émarginé qui possède les fruits les plus volumineux et les plu: 
lourds, et le sarrasin seigle qui possède les plus petits et les plus 
légers. Parmi les variétés du Fagopyrum esculentum, c'est le 
sarrasin japonais qui a les akènes les plus développés et le sar- 
rasin allemand qui, au contraire, possède les moins volumineux. 
La densité n’est pas non plus la même dans les quatre espèces. 
Celle des grains du sarrasin émarginé est la plus faible, contrai. 
tement à ce qu'on aurait pu supposer. Pour les autres Fagopy 
rum, elle peut dépasser 1.200, et, en moyenne, atteint 1.100 à 
1.150. | 


Les graines décortiquées présentent, entre elles, les mêmes 
différences que les akènes. Elles sont recouvertes, dans l’akène, 
par un tégument péricarpique plus ou moins important, dont la 


proportion, plus faible dans le sarrasin gris, varie, pour le genre 


GHLIÉF,, deu 04.30%: 

L'étude biométrique des akènes a montré les variations de 
leurs dimensions linéaires et de surface, et celles de leur poids, 
dans les différentes espèces et variétés. Le polygone des varia- 
tions linéaires est généralement unomial, sauf pour les Fago- 
pyrum talaricum et stenocarpa, où il présente deux sommets. 
Mais celui des variations de surface et de poids est très 1rrévu.: 


mr 


lier. On y distingue cependant plusieurs modules importants 
et une forme dominante, dont la valeur et la fréquence varient 
avec chaque type considéré Cette étude a montré aussi lin 
fluence de la nutrition minérale sur les dimensions des fruits. 
Un engrais complet les accroït dans des proportions élevées, et, à 
des divers éléments minéraux c’est, pour l’ensemble, et dans 
l'ordre : la potasse et l’acide phosphorique qui jouent le plus 
srand rôle ; l’azote a une action moins importante. 


La composition chimique du grain entier et de ses parties 
constituantes indique que le sarrasin possède une valeur nutri- 
tive élevée, qui ne le cède en rien à celle des autres céréales ali- Ÿ 
mentaires. C’est le sarrasin gris qui est le plus riche en principes 
utiles, mais le milieu possède sur sa composition une influence 


importante. a 
Si la graine, la farine renferme une grande quantité d’élé- 
ments nutritifs, les écales du grain n’ont par contre qu'une va- 
leur très réduite. T2 


Enfin la morphologie interne de l’akène montre que ces mé- 
mes écales sont constituées par l’ensemble de trois tissus, épi- 
carpe, mésocarpe et endocarpe. Sous le premier se trouve un 
hypoderme fibreux très résistant, surtout développé dans les Fa- 
gopyrum tataricum et stenocarpa où il présente plusieurs assises 
perpendiculaires de fibres très épaissies. La graine est consti- 
tuée par un tégument séminal mince mais complexe, un albumen 
farineux entier, composé d’une assise protéique externe et de 
grains d’amidon simples, composés, et anormaux, plus ou moins 
irréguliers, arrondis et polvédriques, et munis d’un hile central. 
L'embryon est axile et droit, la radicule voisine du micropyle, 
il est entouré par deux cotylédons enroulés et plissés, et pourvus ï 
de chlorophylle. £ 


Cette graine, dans des conditions favorables, germe tape 
dement. La radicule sort la première par le micropyle, en écar- 
tant les trois faces du tégument péricarpique qui se fend pro- 
gressivement suivant les arêtes du grain. Elle s’allonge et en- 
traine la tigelle et se couvre de poils absorbants ; puis, très ra 


x 
É 


— 3549 — 


pidement, elle se ramifie suivant un mode quaternaire, les radi- 
celles naissant dans le péricycie rhizogène, en face des quatre 
faisceaux ligneux, caractéristiques du genre. La tigelle se déve- 
loppe en entrainant les cotylédons et les enveloppes du grain 


- qui les coïifent, et souvent en se contournant plus ou mois. Ce 


capuchon péricarpique tombe ensuite sous la poussée des coty- 
lédons, qui se déroulent et s’étalent. La germination est épigée 

Elle est soumise à de nombreuses influences intrinsèques et 
“extrinsèques. C’est ainsi que l’âge de la semence Joue un rôle 
important. Les graines de l’année possèdent la plus grande fa- 
culté germinative, mais celle-ci s’atténue rapidement et dès la 
troisième année, la faculté germinative est très faible et à huit 
ans, elle a complètement disparu. 

Le poids, les dimensions et la densité des graines jouent 
également un grand rôle dans leur valeur culturale. D’une façor 
générale et pour toutes les espèces, ce sont les plus grosses, les 
plus lourdes et les plus denses qui donnent les meilleurs résultats. 
Ces mêmes semences sont susceptibles, placées dans des milieux 
spéciaux, de perdre ou d’absorber de la vapeur d’eau. L'écart de 
poids résultant de cette propriété peut atteindre 20 0/0 chez le 
sarrasin émarginé, et 1l est en moyenne de 16 % environ. 


Cette hygroscopicité diminue la faculté germimative dans 
de grandes proportions et peut même la détruire. 


Parmi les conditions extrinsèques de la germination, la cha- 
leur a une action très importante. Les températures minima, op- 
tima et maxima sont, en moyenne et pour l’ensemble du genre, 
voisines de + 5°, 27° et 41°. L’humidité joue aussi un grand 
rôle dans le développement des semences. Celles-ci, pour germer, 
absorbent environ la moitié de leur poids d’eau, et se trouvent 
bien d’un milieu qui en renferme, en moyenne 20 % (de 10 à 
35 %). L’abondance de l’eau n'intervient pas seule, mais la fré- 
quence de ses apports fait également sentir son influence ; plus 
ils sont fréquents, moins les résultats sont satisfaisants. 


De même la nature du sol auquel sont confées les graines, 


n'est pas indifférente. C’est dans le terreau et dans le sable que 


Ep el res die dE 


st k 


2 9kg 
N 


la germination est la meilleure, tandis que c’est dans l'argile, èt 
surtout dans le calcaire, qu’elle est la plus mauvaise. Enfin la 
profondeur du semis doit être aussi envisagée. Les semences de 
Fagopyrum donnent encore naissance à des plantes normales, 


lorsqu'elles sont enfouies à 18 centimètres environ de profon- 


deur, mais c’est de © c. 5 à 5 centimètres environ qu’elles se dé- 


veloppent le mieux. 


Après la germination, la plante poursuit son développe- 
ment. Le bourgeon terminal, qui continue l’axe hypocotylé, ap- 
paraît entre les cotylédons, et la première feuille, enroulée sur 
sa face inférieure, se déroule bientôt ; son pétiole s’allonge et, 
au sommet végétatif apparaît une seconde feuille qui s'étale à 
son tour, pendant qu'une troisième pointe à l'extrémité de la 
tige. Comme, pendant ce temps, les pétioles ont augmenté de 
longueur dans de grandes proportions, les premières feuilles 
apparues paraissent situées plus haut que les dernières et le dé- 
veloppement foliaire semble basipète. Mais, ensuite, les entre- 
nœuds, par une croissance intercalaire active, grandissent, et le 
développement des feuilles reprend une apparence basifuge. 


Le système radiculaire, toujours suivant le mode quater- 
naire, s'accroît considérablement ; devenu fasciculé, il donne 
naissance à des ramifhcations très nombreuses, toujours très fines, 
mais qui atteignent, contrairement à l'opinion généralement ad- 
mise, une très grande longueur. Son développement est rapide 
dès le début de la végétation, tandis qu’à cette période, pendant 
les trois ou quatre premières semaines, celui de l’appareil aérien 
est beaucoup plus lent. SE 


Ce n'est qu'à partir de l’apparition de la première feuille 
aue la croissance de celui-ci devient intense et rapide. Vers la 
sixième semaine, lorsque la plante possède cinq à six feuilles, 
la première inflorescence apparaît. La floraison est successive et, 
pour l’ensemble du végétal, centrifuge ; par contre, elle est basi- 
fuge dans une même inflorescence. Le sarrasin, vers la même 
époque, se ramifie, selon un mode généralement basifuge égale- 
ment, et chaque rameau, secondaire ou tertiaire, porte, à son 


Dé entr ee 
+ «hd tef 


tour, des feuilles et des fleurs qui naissent et se développent de 
ja même façon que sur la tige. La plante peut ainsi, et suivant 
les conditions de milieu, présenter un nombre très élevé de ra 
meaux, de feuilles et d’inflorescences. La tige, sous l'influence 
de cette ramification, devient fusiforme, en même temps que 
quadrangulaire ; de plus, entre ces arêtes principales, apparais: 
sent des côtes plus fines. Puis, à l'approche de la maturité, la 
coloration rosée qu’elle avait acquise, surtout du côté de la lu: 
-mière la plus vive, s’accentue, et la tige devient franchement 
‘rouge, et même violacée à son sommet. 

La plante a ainsi acquis, par un développement rapide (90 
à 110 jours environ), ses caractères définitifs et spécifiques. On 
peut alors constater que ce Fagopyrum est une phanérogame, 
dicotylédone, apétale, de la famille des Polygonacées, tribu des 
Eupolygonées. Ses dimensions sont très variables, sa tige at- 
teint en moyenne 80 centimètres à 1 mètre (parfois 1 m. 80), et 
son système radiculaire 80 centimètres et plus. Les feuilles, pé- 
tiolées à la base et sessiles au sommet (et au niveau des inflores- 
cences), ont des formes différentes avec les espèces et les varié- 
tés. Plus ou moins cordiformes, triangulaires et très acuminées 
dans les Fagopyrum esculentum et emarginatum, elles sont plu- 
tôt sagittées dans les deux autres espèces. Leurs nervures, pal- 
mées, sont rouges à leur base et à leur face supérieure. À chaque 
nœud de la tige, se trouve une ligule stipulaire, ou ochréa. Les 
inflorescences complexes sont des corymbes, ou des panicules, ou 
des cymes de grappes. La fleur a 5 sépales pétaloïdes spiralés. 
8 étamines, 3 carpelles ouverts, un ovaire uniloculaire et uniovu- 
laire à ovule bitégumenté, et 3 styles. Elle est hétérostylée et 
hétérostaminée, et ce polymorphisme floral joue un grand rôle 
dans la fécondation, les pollinisations hétéromorphes étant tou 
jours les plus fertiles. Le grain est un akère, entouré par le pé- 
rianthe érigé, persistant, mais non accrescent et plus petit que le 
fruit. Il contient un albumen entier, homogène, et un embryon 
axile et droit, à cotylédons larges et plissés, enroulés autour de 
la plantule. 

Les caractères morphologiques externes et le développe- 


ment de la plante sont soumis à l'influence du milieu (sol, en- 
grais, humidité, etc.) qui les modifie dans de grandes propor 
tions, mais sans leur faire perdre leur spécificité. s" 
De même, les caractères et le développement anatomiques 
sont influencés par les conditions extérieures, mais 1ls conservent 
cependant une certaine fixité qui permet de définir le genre 
et ses espèces. 
Ainsi la racine, dont les tissus sont à peine différenciés 
dans l'embryon, montre par la suite 4 faisceaux ligneux géné- 
ralement unisériés et confluents et 4 faisceaux libériens. Son PÉ ES 
ricycle, rhizogène en face des faisceaux de bois, se sclérifie par- à : 
tiellement par la suite, en même temps que les formations secon- 
daires forment un anneau continu de plus en plus épais de E 
envahit bientôt tout le cylindre central. 3 
La tige se caractérise également par 4 faisceaux primaires 
aui se dédoublent assez rapidement, puis par la formation d’un 
anneau continu qui apparaît d’abord sous forme de faisceaux ‘4 
secondaires, de plus en plus nombreux et de plus en plus volu- 


. . 7 : pe 
nineux, qui sont reliés ensuite par du parenchyme de même 
nature. 2 


À une époque assez avancée du développement de la plante 
ct au sommet de la tige, le péricycle qui, primitivement, s'était 
sclérifié seulement en deux îlots superposés à chaque région 
fasciculaire primaire, multiplie ses cellules, les épaissit et cons- 
titue une gaine scléreuse à peu près ininterrompue. De même 
l’'endoderme, les autres assises inférieures de l’écorce et le pa- 
renchyme libérien secondaire se lignifent, en même temps que 
l’épiderme se cutinise. [axe hvpocotylé ne lignife aucune de 
ces régions, mais le bois secondaire est considérablement déve- : 
loppé et forme un anneau continu très épais formé de fibres 7] 
ligneuses et de vaisseaux très larges. Le soutien et la conduction 
se trouvent ainsi assurés par le bois. Au sormmet, au contraire 
le stéréome est représenté par des tissus divers (écorce, endo- 
derme, péricycle, parenchyme libérien secondaire et bois) qui se 


ei 


sont ligniñés, tandis que le bois qui a un rêle conducteur beau- 


LS 


, 


RS 
a ic 


coup moins important à Jouer, est beaucoup plus réduit qu 
base. 

La feuille est formée d’un limbe plus où moins épais ca- 
ractérisé par un tissu palissadique à grandes cellules et un tis“: 
lacuneux à ceilules irrégulières. Les nervures sont saillantes, 
constituées par un ou plusieurs faisceaux, à vaisseaux de b:i: 
nombreux et larges, de dimensions variables, et par un liber 
très développé, à éléments très petits, et qui recouvre complè’:- 
ment le bois et, parfois même, l’encadre latéralement. 

La feuille est remplie de cristaux d’oxalate de chaux, lecu- 
hsés surtout à la limite des tissus palissadique et lacuneux. L: 
gétiole, à échancrure ventrale, comprend de nombreux faisceaux, 
dont un médian et dorsal, souvent plus développé que les au- 
tres. L’ocréa et le sépale présentent, tous deux, la structure fo- 
liaire. 

La constitution anatomique varie peu avec les espèces et 
variétés. 

Par contre, la composition chimique de la piante est su- 
bordonnée à de nombreux facteurs. Son étude montre que le 
sarrasin peut servir utilement comme fourrage ou comme engrais 
verts, et que les éléments minéraux ne sont pas répartis unifor- 
mément dans tous les organes. Leur répartition varie également 
selon l’âge de la plante et indique la marche de leur absorption 
au cours du développement. Enfin, elle renseigne sur les exigen- 
ces du Fagopyrum en principes fertilisants. Ces notions ont des 
applications pratiques très utiles. Elles montrent, en effet, 
qu'une récolte normale de sarrasin prélève, environ, dans le sol 
117 kilogrammes de chaux, 68 kilogrammes d’azote, 87 kilo- 
grammes de potasse et 43 kilogrammes d’acide phosphorique 
et que ces éléments doivent être apportés sous une forme très 
rapidement assimilable. > 


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DEUXIÈME PARTIE 


d à 


: Physiologie 


CHAPITRE PREMIER 


tude des Fonctions physiolo- 


giques 


La plante, pour élaborer ses principes immédiats et cons- 


tituer ses tissus, puise, dans le sol et dans l’atmosphère, les 
éléments qui lui sont nécessaires. Ces éléments sont le jeu, 
dans les cellules végétales, de réactions nombreuses, dont la 
nature complexe est encore peu connue, et dont les résidus sont 
immobilisés dans la plante ou évacués à l’extérieur. Il existe 
donc, entre le végétal et le milieu qui l’entoure, toute une série 
d'échanges essentiels dont l'intensité mesurera l’activité chimi- 
aue, et par suite, physiologique de la plante. D'autre part, de 
cette même activité, résultera la formation de tissus et de prin- 
cipes plus ou moins abondants, c’est-à-dire qu’elle régira le 
développement du végétal et déterminera ses rendements. 


On conçoit que l’étude de cette activité, c’est-à-dire des 
différentes fonctions de la plante, soit des plus importantes. 
De plus, on pressent qu’elles doivent être sous la dépendance 
étroite et directe du milieu extérieur, puisque celui-ci fournit où 
reçoit les éléments qu’elles mettent en œuvre. 7 

Les recherches physiologiques concernant le genre Fago- 
pyrum sont rares... Elles (seMbornent, à. peu pres, à Celles 
d’Heinrich, qui a déterminé les températures d’apparition et 
de fonctionnement de la chlorophylle du Fagopyrum esculen- 
lum, et à celles de Solacolu, qui a calculé l’influence de quel- 
ques aliments minéraux sur la respiration et l'assimilation de 
la même espèce. 244 

Je les étendues aux quatre Fagopyrum que j'ai choisis, ét 
pour lesquels j'ai cherché : le quotient respiratoire, celui de 
l’assimilation chlorophyllienne et la valeur de la transpiration. 


I, — Respiration 


J'ai déterminé l’intensité de la respiration et la valeur du 
quotient respiratoire des quatre espèces de Fagopyrum au 
début de la floraison, lorsque les plantes possédaient environ 
G feuilles et 4 ou 5 entre-nœudbs. 

J'ai laissé, pendant douze heures, un même poids de feuilles 
de chaque espèce (o gr. 500) dans une éprouvette de capacité 
connue, remplie d’air normal, et renversée sur le mercure; cette 
éprouvette était noircie, et, de plus, placée à l'obscurité. 

J'ai ensuite fait l'analyse, à l’aide de l’appareil Bonnier 
et Mangin, de l’air prélevé à chaque essai. 


Voici les résultats obtenus : 


« CN AT 


Pour le Fagopyrum esculentum. — Un échantillon movyer 
mesurait environ 35 centimètres et pesait 8 gr. 240. 

o gr. 590 de feuilles adultes ont absorbé, pendant 12 heures, 
10 c. c. 20 d'oxygène. 


À 0° 9.80 
Le quotient respiratoire ——=—=- — 0.960. 
0) 10.2 
Pour le Fagopyrum emarginatum. — Un échantillon moyen 


atteignait exviron 32 centimètres et pesait 6 gr. 600. 
0 gr. 500 de feuilles, prélevées au même niveau, ont absorbe, 
en 12 heures, 9 c.'c. 81 d'oxygène. 


Go OR 
de OUT 


Le quotient respiratoire 


Pour le Fagopyruim tataricum. — Un échantillon moyen mesu- 
rait environ 38 à 40 centimètres et pesait 7 gr. 750. 
o gr. 500 de feuilles ont absorbe 12 c. c. 30 d'oxygène. 


A COS 11.08 
Le quotient respiratoire == 0.973. 
() 12.30 ue 
Pour le Fagopvrum stenocarpa. — Un echantillon moyen attei- 


gnait à peu près la même hauteur et pesait, en moyenne, 7 gr. 500 
O gr. 500 de feuilles ont absorbé 12 €. c. o d'oxygène. 


ae ei CO 11.61 
Le quotient respiratoire An 0.968. 
Résumé. — L’intensité de la respiration varie donc avec 


les différentes espèces considérées. On peut en effet admettre 
que les variations observées sont dûes à l'influence spécifique 
car, d’une part tous les échantillons proviennent du même sol; 
ils ont été obtenus dans des conditions aussi semblables que 
possible, et récoltés le n:ême jour; les feuilles ont été prélevées 
au même niveau. D'autre part, en utilisant plusieurs spécimens 
semblables d’une même espèce, on ne constate pas d’écarts 
aussi grands. 

Le quotient respiratoire est toujours inférieur à l'unité, et 


1e 


varie, dans ces essais, de 0,917 à 0,973. C’est donc dans le 
Fagopyrum tataricum qu’il est le plus élevé, puis dans le 
Fagopyrum stenocarpa où il est très voisin. La forme et la 
nature des feuilles de ces deux espèces sont d’ailleurs les : 
mêmes, coime on l’a vu précédemment, et leur développement 
est identique. Dans le Fagopyrum esculentum, ce quotient est 
encore élevé, tandis que c’est dans le Fagopyrum emarginalum, à 
d’ailleurs moins vigoureux, qu’il se montre le plus faible. 


IL. — Assimilation 


Pour déterminer l'intensité de l'assimilation chlorophyi- 
henne et la valeur du quotient assimilateur, j'ai opéré exacte- 
ment comme pour l’étude de la respiration; mais en plaçant les 
échantillons sous des éprouvettes non noircies, contenant du 
mercure, et en les laissant exposer à la lumière solaire une demi- 
heure. L’atmosphère des cloches contenait 8 % de Coz. 


Voici les résultats obtenus : 


Pour le Fagopyrum esculentum. — Pour cette espèce, 
comme pour les suivantes, les plantes sur lesquelles les feuilles 
ont été prélevées, étaient au même état que celles ayant servi à 
l’étude de la respiration. 


Poids de la feuille : 255 m/mr., 
Surface de la feuille : 10 cmq. 750. 
Quantite d'acide carbonique décompose : 6,495. 


É . (e) 6.6; 
. Quotient assimilateur ———= 39 


Co? 6.200 1#0227 


DRE : 


De ee 


Pour le Fagopvrum emarginatum : 
Poids de la feuille : 240 m/msr,. 


“ _ Surface de la feuille : 10 €mq: 44. 
: Quantité d'acide carbonique décomposé : 6.247. 
: DEN 6.310 
| Quotient assimilateur : RPSURE 1.010 
6.247 


Pour le Fagopyrum talaricum : 


Poids de la feuille : 245 m/msr., 
Surface de la feuille : 9 cm4: 780. 
Quantité d’acide carbonique décompose : 6.778. 


= ae a O 7.116 

: uotient assimilateur : === 1 05. 
Q Es Aou Co O TS ? 

3 Pour le Fagopyrum stenocarpa : 


Poids de la feuille : 282 n/mer., 
Surface de la feuille : 11 CMd- 618. 
Quantité d'acide carbonique décompose : 7.147. 


ee Tao 
Quotient assimilateur : == 1.042. 
7-147 
se O0 
Le quotient assimilateur Gor arie donc pour chaque espèce. 


_ Hest le plus élevé chez le Fagopyrum tataricum (1,05) et le plus fai- 
& _ ble chez le Fagopyrum emarginalum (1,01). Le Fagopyrum steno- 
; _ carpa Se comporte comme le Fagopvrum lataricum. 

Ce quotient est toujours plus grand que l’unité. 


IL. — Transpiration 


De: J'avais commencé par étudier la transpiration (ou plutôt 


SER 


la chlorovaporisation) par la méthode employée par mon ami, 


M. Seyot, dans ses recherches sur le cerisier (1), c’est-à- dire 
en immergeant par le pétiole des feuilles isolées, dans l'eau 
d’un flacon qui porte latéralement un tube capillaire gradué. 

Mais j'ai dû renoncer à ce procédé, en raison même de la 
nature des feuilles de Fagopyrum qui se fanent aussitôt qu’elles 
sent détachées de la tige, et j'ai dû opérer sur la plante entière, 
par la méthode des pesées. | 

J'ai utilisé, d’une part, des plantes en place, en pleine 
terre, qui étaient cultivées dans des pots en verre, et, d’autre 
part, des plantes arrachées, le plus délicatement possible, du 
champ où elles se trouvaient, et placées jusqu’au collet, dans 
un flacon rempli d’eau. 

Les échantillons se trouvaient au même état que ceux ayant 
servi précédemmment, à l’étude de la SR EtAdE l’asst- 
milation. 

Les flacons et leurs plantes étaient pesés au début de l’ex- 
périence, puis après 4 heures, et après 2 jours. La différence de 
poids indiquait la perte d’eau subie par la plante entière, et 
celle-ci était ensuite ramenée à l’unité de poids, c’est-à-dire au 
gramme, et à l’unité de temps, c’est-à-dire à l’heure. 

Je me bornerai à indiquer ces derniers résultats qui sont les 
seuls comparatifs, et, par suite, les plus intéressants. 

Pour le Fagopyrum esculentum, la quantité d’eau évaporée 
est égale, par gramme de plante fraîche et par heure, à 
3 gr. 550. 

Pour le Fagopyrum emarginatum, cette quantité n’est que 
de 2 gr. 870. 

Elle atteint 3 gr. 840 pour le Fagopyrum tataricum Et 
3 gr. 425 pour le Fagopyrum stenocar pa. NS 

La moyenne pour les quatre espèces atteint 3 gr. 421. 

La quantité d’eau évaporée par le sarrasin est donc consi- 
dérable. Hellriegel, qui, à ma connaissance, a seul fourni quel- 
ques renseignements sur cette question, avait trouvé que cette 


(1) SEYOT. — Th. doc. Sc. Nat., Paris, 1900. 


OR — 


plante, pour former un gramme de matière sèche exigeait 
363 grammes d’eau, c'est-à-dire plus que tous les autres végé- 
taux cultivés, sauf l’avoine. 

D'un autre côté, si l’on détermine la propcition d’humi- 
dité, renfermée par le sarrasin à différents stades de son déve- 
loppement — comme je l’ai.fait moi-même, et comme l'avait 
déjà entrepris E. Gain — on voit qu’elle est toujours très élevée 
ct supérieure à 80 ‘, et qu’elle atteint parfois 00 %. 

La plante fait donc une consommation d’eau considérable 
et très active ; tous ses tissus en sont gorgés et elle en rejette 
dans l’atmosphère une très grande quantité. 

Cette constatation s'explique, d’ailleurs, par la rapidité du 
développement du Fagopyrum, qui exige une absorption de 
substances alimentaires, et par suite d’eau, excessivement 
active. Ces exigences sont surtout élevées aux moments de Ia 
plus grande croissante du végétal, dont l’un correspond, préci- 
sément, au début de la floraison. 

Cette connaissance présente un grand intérêt pratique. Elle 
indique que, contrairement à ce que l’on croit habituellement, 
le sarrasin demande beaucoup d’eau pour se développer et qu’il 
doit végéter plus activement dans un sol relativement humide. 
C’est, en effet, ce qu’a montré E. Gain, et ce qu’on a constaté 
dans certaines cultures, par exemple, en Espagne, où cette 
plante cultivée dans des terrains marécageux, atteint des 
dimensions énormes. Elle montre également que le sol doit être 
travaillé profondément et convenablement, pour pouvoir accu- 
muler les réserves d’eau considérables que la plante réclame en 
un temps très court. 

Heureusement, par une sorte de compensation, le tissu 
conducteur est très développé dans tous les organes du Fago- 
byrum (racine, tige et feuilles) comme on l’a vu dans l’étude 
anatomique, et, d’autre part, son système radiculaire très déve- 
loppé, formé de longues et nombreuses radicelles, munies d’un 
chevelu très abondant, paraît particulièrement adapté à une 
absorption très active. 


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GHAPITRE II 


Toxicité du Fagopyrum 


Ainsi qu'il a été indiqué tout au début de ce travail (page 
15), le sarrasin est susceptible de provoquer certains accidents 
chez les animaux, et même chez l’homme, qui le consomment 
La nature et la cause de l'affection qu’il engendre sont encore 
_ignorées, malgré tout l’intérèt qu'il y aurait à les déterminer. 
Aussi ai-je tenté, non pas de résoudre définitivement cette ques- 
tion très complexe, mais, tout au moins, de l’éclairer un peu pa: 
des recherches méthodiques. J’examinerai successivement 

1° l'historique de la « maladie du sarrasin » ; 2° les animaux 
qu'elle atteint ; 3° ses symptômes ; 4° ses causes. 


I. — Historique 


Depuis longtemps déjà, on a constaté que l’ingestion lu 
sarrasin à divers états provoquait chez le bétail des accidents 
divers, à l’ensemble desquels on a donné le nom de « Maladie 
du sarrasin », remplacé récemment par celui de « Fagopy- 
risme ». 

M Bien que contestée par certains auteurs Lecouteux), cette 


affection spéciale paraît, grâce aux observations très sérieuse 
et nombreuses dont elle a fait l’objet, indiscutable aujourd’hui. 


C’est ainsi qu'Yvart l’a constatée chez des moutons ; après 
en avoir décrit les symptômes, cet auteur ajoute : « Nous avons 
appris depuis, par Huzard, inspecteur des écoles royales vété- j. 
rinaires, que cet effet du sarrasin en fleurs avait aussi été remar- 
qué sur d’autres animaux », et plus loin : « Il est avéré que S 
l'usage immodéré du sarrasin comme fourrage vert produit des … 
accidents graves, non seulement sur des bêtes ovines, mais ausst L 
sur le gros bétail ». Puis Magne, dans plusieurs de ses ouvrages, “à 
indique les caractères de la maladie et rend compte d'expérien- a 
ces entreprises à ce sujet à l'Ecole vétérinaire d’Alfort ; il con- he 
clut en disant : « Le sarrasin exerce sur les animaux une action 
spéciale qui n’a pu être expliquée, mais qui est analogue à celle 
que quelques plantes exercent sur certains individus de les 
humaine ». 11 l’a d’ailleurs constatée chez de nombreux animaux. à 
Plus tard, Baillet, de Gasparin, de nombreux agriculteurs (Petit, 
Gayot, de Guarta, etc.) signalent, à leur tour, cette maladie [4 
du sarrasin. Plus récemment, Cornevin reconnaît l'existence du 2 
pouvoir vénéneux de cette plante et dit, en particulier : « 2 É 
on fait entrer la graine dans la ration du cheval et qu’on l’a 
donnée sans discontinuer pendant quelque temps, on voit surve- 
nir des poussées congestives à la peau et des démangeaisons ». 


Em. Thierry fait les mêmes observation sur les porcs, et 
elles ont été également contrôlées (par Lavalard) à la Compa- 
gnie générale des Omnibus de Paris et à la Compagnie l’'Ur- 
baie sur les chevaux. pe 

Dechambre et Curot, dans ces dernièressanné®s, sont, si pos 
sible, plus catégoriques encore : « Les sommités fleuries du sar- 
rasin sont vénéneuses, disent-ils, elles occasionnent des acci- … 
dents congestifs parfois mortels. La paille sèche, distribuée 
comme litière dans les bergeries, cause des troubles analogues 
sur les animaux qui la mangent, etc. ». 

Le manuel des officiers de l’armée allemande signale aussi 
cette affection : « Le sarrasin, avec des précautions suffisantes. 


est un aliment de remplacement utilisable. sis au cours de 
consommation du sarrasin, les excrèments deviennent mous € 
acquièrent une mauvaise odeur, ou si des troubles cérébraux 
manifestent, il faut en arrêter immédiatement la distribution ». 
Haselhoff, dont le nom a souvent été cité dans ce mémoire, 
_ parle assez longuement de cette « maladie du sarrasin » et dit, 
_entre autres : « L'emploi du sarrasin et de tout ce qu'on en tire. 
_ dans l’alimentation du bétail, est restreint par les inconvénients 
de ce qu’on appelle la maladie du sarrasin, etc. ». 
- Enfin, un savant américain, le professeur Omke, spécialiste 
_ des maladies de la peau, appelle Fagopyrisme les troubles cu- 
_tanés résultant de l'usage fréquent du sarrasin dans l’alimenta- 
_ tion. Il a entrepris de nombreuses expériences sur des lapins et 
_ des cobayes et il a constaté, au bout de quelques jours, sur la 
peau de ces animaux, des traces très apparentes d’éruption. Il 
_a reconnu également que la consommation du sarrasin compro- 
mettait la blancheur du teint de jeunes filles soumises à ses es- 
Fons. 
Cet ensemble de témoignages autorisés rendent donc indis- 
_cutable, aujourd’hui, la nocivité du sarrasin. 


IT. — Animaux atteints * 


La plupart des animaux qui consomment le sarrasin sous 
différents états, paraissent susceptibles d’être atteints par l’af- 
_fection qu'il détermine. Vvart l’a constatée chez des moutons: 
 Huzard, sur le gros bétail ; Magne, sur des moutons, des porcs 
ct des vaches, | 


On l’a signalée égaiement sur des lièvres et des lapins cal 
chés dans des sarrasinières, et sur les abeilles qui butinaient je 
fleurs de Fagopyrum. Lavalard, Dechambre, Haseloff, etc. l'ont 
reconnue aussi sur les chevaux. Enfin, on a vu précédemment 


que Omke avait déterminé les symptômes du Fagopyrisme sur 
les femmes. 


11 semble pourtant exister quelques différences dans le de-_ 
oré de sensibilié des diverses espèces animales, au fagopyrisme 
C’est ainsi que le mouton serait le plus atteint, puis viendrait le 
porc, ensuite le bœuf, et, enfin, le cheval. +114 

Cette affecion semble atteindre de préférence les animaux 
à robe blanche. Cette opinion déjà émise par Magne en 1847, | 
a été confirmée depuis par plusieurs auteurs. Magne dit en effet : 

En septembre 1853, deux porcs, dont l’un avait les oreilles : 
blanches, et l’autre une seule de cette couleur, sont soumis à l’u- 
sage de cette plante. Huit jours après, les trois oreilles blan- 
ches sont engorgées, couvertes en partie de boutons et de plaies». 
Haselhoff écrit, de son côté : « On a fait cette constatation sin. 
gulière que, surtout les animaux blancs ou tachés de Elanc, sont | 
frappés par cette maladie, tandis que les animaux noirs ne le. 
sont pas », et il essaie d'expliquer cette sensibilité particulièr 
des animaux dépourvus de pigments. Omke a constaté égale- : 
ment dans ses expériences que le fagopyrisme n’atteint que les 
cobayes et lapins blancs ; les noirs, au contraire, restent absolu- 
ment indemnes. Il en A que la lumière joue un rôle dans 
cette affection. Dammann admet, au contraire, que la peau blan- 
che est plus tendre, plus délicate, à réseau capillaire plus déve- 
loppé, et qu'à sa finesse corresponderait une délicatesse des autres 4 
parties du corps, d’où une résistance plus faible de l'organisme. 
De plus, les pigments constitueraient un élément protecteur qui. 
chez les animaux blancs, ferait défaut. 


V à 
ÿ 
Quelle que soit l'explication qu’on en donne, le fait sub-. 
siste, et, en résumé, l'on peut dire que le fagopyrisme peut at- 
tendre toutes les espèces animales qui consomment le Sarrasin, 


et particuhèrement les individus à peau blanche. 


Mere 


Parties de la plante qui sont vénéneuses 


Des constatations faites par tous les auteurs précités, 1l ré- 
sulte que toutes les parties de la plante, verte ou sèche, seraient 
vénéneuses. 

Elles le seraient pourtant à des degrés divers. Pour beau- 
coup, ce sont les sommités fleuries du sarrasin vert qui présente: 
raent la plus grande nocivité, puis viendrait la paille sèche, et 
enfin le grain entier, ses enveloppes et même la farine. 


IL — Symptômes de la maladie 


Tous les observateurs s'accordent pour reconnaître au fa- 
pcopyrisme des symptômes identiques, bien qu’assez variés, par- 
mi lesquels on remarque, lie plus souvent : une sorte d’ivresce, 
de vertige, l’animal titube et tombe, puis le gonflement ñe là 
tête, des démangeaisons violentes, l'apparition de boutons se 
transformant en plaies ulcéreuses, la fixité et la rougeur des 
yeux, de l’anurie, etc, et, parfois même, la mort de l’animal. 

La maladie semble, d’après certains auteurs, se manifester 

. dans des conditions un peu particulières. C’est ainsi qu’elle se 
développerait et s’accuserait surtout, sinon exclusivement, au so: 
leil. 

Magne dit, en effet, à propos des expériences entreprises 
à l’école vétérinaire d’Alfort : « Nous avions fait nourrir quatre 
moutons à la bergerie avec du sarrasin, et aucun effet ne s'était 
montré, quoique pendant treize Jours, ces animaux n’eussent pas 
reçu d'autre nourriture. Ils furent reconduits dans les pâtura 
ges avec Île restant du troupeau, et le lendemain tous éprou- 


F6 


vaient des démangeaisons à la tête, sensibles surtout lorsqu 
étaient au soleil ». | $ 

J'ai tenu à rapporter ces observations parce qu'elles se rap- 
prochent absoïument de celles du professeur Omke. Celui-c, 
après avoir placé dans lobscurité, pendant un certain temps. 
des animaux blancs nourris avec du sarrasin, n’a constaté aucun 
cas de fagopyrisme, tandis que tous ceux qui étaient exposés à 


SR 


Po 


la lumière, étaient atteints. °180 
Ces constatations permettent sans doute d’expliquer l’opi- 1 

\ Ô 4 LEA): 

nion de quelques auteurs, d’après laquelle la maladie ne se ma- 


nifesterait qu’en plein air. 
En définitive, et avant d'examiner les causes probables dei y 


cette affections on peut dire que le sarrasin à divers états De ; 


provoquer, chez les animaux de toute espèce qui le consomment, 

et principalement sur les animaux blancs, une maladie particu. 
lière, appelée Fagopyrisme. Cette affection se manifesterait a 
préférence au soleil et se tradwrait par l'apparition d’éruptions ne 
de la peau, l'œdème de la tête, des troubles généraux, du ver- pe 
tige, et parfois la mort de l’animal. a 


IV. — Causes 


Les causes du Fagopyrisme sont encore ignorées aujour- 
d'hui. On a émis à leur sujet de très nombreuses et parfois in- 
vraisemblables hypothèses. C'est ainsi qu'on a cru d’abord que 
la « Maladie du Sarrasin » était occasionnée par un insecte QUI 
au moment de la floraison, se cachait dans les fleurs et piquait ‘4 
les animaux {de Gasparin, Hue) (1). : 


L3 


(1) DE GASPARIN, —- Cours d'agriculture, t. III, p. 720, 


L 


— 509 — 


Ce qui sembiait autoriser cette opinion, c'est que le bétail 
était plus fréquemment atteint lorsqu'il consommait la plante 
en fleurs, en plein air et sur pied. 

Plus tard, on a attribué cette affection à des causes atmos- 
phériques, et particulièrement à des phénomènes électriques qui 
détermineraient une altération spéciale des inflorescences. Plus 
récemment, on l’a imputée à un champignon, dont l’existence et 
la nature n'ont d’ailleurs Jamais été étudiées ; ce champignon 
ingéré par les animaux occasionnerait les troubles précités, ef 
sa présence sur les tiges servant de litière, déterminerait égale- 
inent des accidents aux extrémités des membres. 

Un auteur allemand, Dammann, voit, au contraire, la cause 
du Fagopyrisme dans un alcaloïde qui, d’après lui, serait loca- 
lisé dans les écales ou téguments péricarpiques du grain ; mais 
la recherche de ce corps n'a Jamais été entreprise. 

Enfin, dernièrement, un professeur américain, Omke, entre 
prit des expériences sur le déterminisme de cette maladie. I! 
l’attribue, tour à tour, à un microbe et à un principe toxique, 
mais il ne définit ni l’un ni l’autre. Il aurait, cependant, trouvé“ 
un vaccin d'emploi plus simple et plus efficace que les rayons 
X, préconisés par d’autres auteurs, pour la guérison des person- 
nes atteintes de fagopyrisme. 

Comme on ie voit par ce bref historique, la question est 
loin d’être résolue. Pour essayer de la solutionner, j'ai recherché, 
successivement, s'il n'existait pas, dans le Fagopyrum, soit un 
principe vénéneux susceptible d’engendrer des troubles chez le 
bétail, soit un parasite capable de les provoquer, par lui-même 
ou par une altération qu'il déterminerait dans la plante. 

J'ai été amené ainsi à entreprendre la recherche 

De lacide cyanhydrique 

D'un alcaloiïde ; 

D'un glucoside. 


1. — Recherche de l'acide cyanhydrique 


Les recherches effectuées depuis plusieurs années, et prin- 


cipalement celles de Guignard et celles de Treub, ayant mon 


tré l'existence de l'acide cyanhydrique dans un très grand nom. 


bre de plantes chez lesquelles on ne le soupçonnait même pas, 
j'ai commencé par rechercher si le Fagopyrum n'en contiendrait 
pas et si, par suite, ce corps ne serait pas la cause de la maladie 
du sarrasin. | 

Pourtant les travaux de Greshoff (1) et la liste complète 
des plantes à acide cyanhydrique donnée par Guérin (2) ne si- 
gnalent d'acide cyanhydrique ni dans le sarrasin, n1 dans au- 
cune Polygonacée. - \ 

J'ai employé d’abord la méthode chimique indiquée par 
Guignard. Mais, comme à l’époque où j'opérais (octobre ‘1908, 
la récolte du sarrasin était partout effectuée, J'ai dû opérer sur 
des plantes provenant de l’égrenage naturel de celui qui avait 
été cultivé cette même année au champ d’expériences d’agricul: 
ture de Fougères. Ces plantes, assez petites (30-50 c.), étaient À 
ce moment en pleine floraison, c’est-à-dire qu’elles présentaient 
environ la moitié des fleurs épanouies et la moitié des grains 
plus ou moins avancés, mais tous encore verts. 

Après dessication à l’air, j'a1 séparé les différentes parties 
de la plante, racines, tiges, feuilles et fleurs, et, à l’aide du pa- 
pier picro-sodé d’abord, puis par le procédé de Denigès, J'ai re- 


cherché la présence de l’acide cyanhydrique. Les réactions ob- k k 


tenues ont été assez caractéristiques et ont indiqué l'existence de 
ce corps. L'été suivant, quand Jj'eus à ma disposition des maté- 
riaux plus abondants (recueillis dans les cultures de l'Ecole Na- 
tionale d'Agriculture), J'ai repris ces recherches. Mais je n’ai pu, 
cette fois, déceler cet acide cyanhydrique, que j'avais recherché 
dans la plante à différents âges. Devant cet insuccès, dont la 
cause m'échappait, J'ai employé la méthode microchimique de 


(1) GRESHOFF, — Pharmac. Weckblad voor nederland, 1906, 


P. 1030. 
(2) GUÉRIN. — Rev. scient., 1907. 


— 371 — 


Treub (1), sur des plantes à différents états de développement 
J'ai vu alors que la réaction n'apparaissait que sur les grains 
jeunes, déjà formés, mais encore blancs, avec seulement les arê- 
tes vertes. La localisation n’a été assez nette que dans ces orga- 


nes et nulle dans les autres parties du végétal. 


L’acide cyanhydrique existerait donc dans le Fagopyrum, 
mais seulement à l’état transitoire, pendant une période très 
courte et dans les enveloppes du grain. Ce fait expliquerait la 
divergence des deux premières séries d'essais que J'avais entre. 
pris. Il pourrait expliquer également pourquoi le sarrasin est 
surtout toxique à l'époque de la pleine floraison. 


2. — Recherche d’un alcaloïde 


La présence, même certaine, de l’acide cyanhydrique dans 
les inflorescences un peu avancées du sarrasin, ne suffirait pas 
cependant à expliquer sa toxicité. En effet, cette présence n’est 
pas générale, puisque dans de nombreux essais ultérieurs effec- 
tués sur les différents organes de plantes d’âges variables, je 
n'ai pu ia caractériser. De plus, la plante est nocive — quoique 
à un degré moins élevé — à d’autres états de développement, 
et même sèche. 

D'autre part, comme Je l’ai indiqué précédemment, l’hypo- 
thèse de l'existence d’un alcaloïide dans le Fagopyrum avait 
été émise par certains auteurs. J'ai donc cru devoir vériñer si 
un de ces corps existait réellement dans le sarrasin. 

Pour cela, J'ai fait macérer pendant plusieurs jours, dans 
de l'alcool tartrique, à une température de 40° environ, diffé- 
rentes parties (farine, écales, fleurs, feuilles, etc.) séparées, de 
plantes sèches et de plantes vertes, pulvérisées ou broyées. Puis, 
après avoir séparé le liquide de macération et pressé le résidu, 
J'ai réuni et filtré les deux solutions alcooliques ; ce mélange a 
été ensuite distillé dans le vide, ou dans un courant de C O2, à 


(1) TREUB, — Ann. /ard. Buitenzorg, 1806, p. 7. 


Es ova ES 


une température de 50-52°, jusqu’à réduction des deux tiers en- 


viron. 

Le résidu, resté dans le balion, et refroidi, a été rendu lé- 
gèrement, mais nettement alcalin par l'addition de petites quan- 
tités de carbonate de soude, puis agité, dans une ampoule à sé- 
paration, avec 70 parties d’éther et 30 de chloroforme, de façon 
à dissoudre les alcaloïdes. Le liquide décanté a été agité à nou- 
veau, dans une ampoule semblable, avec de l'acide chlorhydri- 
que à 2 % pour transformer ces alcaloïides en sels solubles 
dans l’eau. rte" 

Enfin, dans cette solution chlorhydrique, j'ai recherché la 
réaction des alcaloïdes, particulièrement au moyen des réactifs 
de Bouchardat, de Meyer, de Dragendorff, de l’acide silico- 
tungstique, etc. 

Toutes les réactions furent négatives. 

* On doit donc admettre, contrairement à l’hypothèse de 
Dammann, qu'il n'existe aucun alcaloïde dans le sarrasin. 


3. — Recherche des glucosides 


J'ai entrepris alors la recherche des glucosides 

Dans un ballon, muni d’un réfrigérant à reflux, et contenant 
de l’alcool à 90°, bouillant, additionné de 3 % de carbonate 
de chaux, J'ai introduit différentes parties de plantes fraîches. 
venant d'être récoltées et coupées. Après une ébullition régu- 
hère d’une vingtaine de minutes et refroidissement, on filtrait, 
pressait le résidu, filtrait à nouveau et distillait dans le vide 
l'ensemble des filtrats, jusqu’à réduction de moitié environ. 

Le liquide restant dans le ballon était filtré, mis à évapo- 
rer dans le vide et abandonné à lui-même. Au bout d’un temps 
variable, mais ordinairement très court (parfois quelques heures 
seulement), il laissait déposer des cristaux jaunâtres (dans cer- 
tains cas excessivement abondants) qu’on isolait par filtration et 
qu'il suffisait ensuite de purifier et d'identifier. 

Pour la purification, ces cristaux étaient repris et dissous 
dans un mélange d’eau et d'alcool (par moitié), à chaud, puis 


clarifiés au noir animal bien pur (1) et filtrés. La solution était 


placée ensuite dans le vide sulfurique. 

Après cristallisation, on recueille les cristaux et on les pu 
rifie par une nouvelle cristallisation faite dans les mêmes con: 
ditions. On répète ce traitement jusqu'à séparation complète de 
toutes les impuretés. J'ai obtenu ainsi un produit bien pur, léger. 
iaune grisâtre, formé de longues aiguilles fines et très nettes, 
que J'ai pu déterminer par la suite. 

J'ai recherché tout d’abord si ce n’était pas un glucoside 
cyanhydrique. 

Pour cela, J'ai placé à l’étuve à 30°, pendant cinq Jours. 
dans un ballon de 200 cc., d’une part, une certaine quantité du 
glucoside présumé avec de l’eau thymolée (2) et de l’émulsine, 
et, d'autre part, un témoin. 

Puis, après agitation renouvelée du liquide, J'ai déféqué 
25 cc. du mélange, par l’addition de 2 cc. 5; de solution de Cour- 
tonne (3) et filtrations subséquentes, jusqu’à limpidité parfaite 

J'ai ensuite déterminé, au polarimètre, le pouvoir rotatoire 
de chaque échantillon, et dosé le glucose, à la liqueur de Feh. 
ling. En faisant ces opérations sur les deux échantillons, j'ai 
constaté ainsi que l’'émulsine n'avait produit aucune modifica- 
tion. 

Il était possible que ce glucoside, non dédoublable le fût 
par un autre ferment, spécial à la plante et contenu dans 
ses tissus. Pour le vérihñer, j'ai répété l’essai précédent, en 
remplaçant l’émulsine par de la poudre de plante sèche. 

_ Le résultat a été négatif. 

Ce corps, extrait du sarrasin, n’est donc pas un glucoside 
cyanhydrique. 

J'ai alors recherché ses principales propriétés. 


(1) Lavé à l'acide chlorhydrique puis à l'eau distillée, jusqu'à réac- 
tion neutre. 

(2) 3 grammes de thymol pour 1 litre d’eau distillée. 

(3) Acétate de plomb : 150 gr ; acide acétique : Q. S. pour neu- 
traliser H? O : Q. S. pour 500 cc. 


4 pe 


Caractères du glucoside extrait 


Au microscope, ce corps se présente sous la forme de ion- 
gues aiguilles jaunâtres, enchevêtrées et très fines. 

Son point de fusion, déterminé au bloc Maquenne et au 
tube effilé, atteint 190° environ. Avec l’acétate de plomb, il 
donne un produit floconneux orangé, de même avec la baryte ct 
la chaux; il ne réduit pas la liqueur de Fehling. 

L'acétate de cuivre donne une coloration verdâtre et 
l’alun ne produit pas de précipité. Hydrolysé avec de l’acide 
sulfurique au dixième, il donne un précipité de fines aiguilles, 
ec: 

Ce corps se comporte donc comme de la rutine, pentoside 
voisin du quercitrin, et donne, comme lui, par dédoublement, 
un produit jaune, plus brillant, formé également de longues 
aiguilles et qui n’est autre que de la quercétine. 

En recherchant ce qui avait été publié sur cette futine, re 
me suis alors et seulement aperçu qu’elle avait déjà été signalée, 
au mpins hypothétiquement dans le sarrasin, et pour la pre- 
muère fois, par Wischo (1). Depuis, aucun auteur n’est venu 
confirmer ou infirmer les recherches de ce savant; en effet, les 
ouvrages qui, ultérieurement, indiquent la présence de la rutine 
dans le Fagopyrum, ne font, semble-t-il, que renouveler l’hy- 
pothèse de Wischo, sans l’avoir aucunement vérihée. 

Les recherches précitées, que j'ai été amené à entreprendre 
sans connaître ces précédents, confirment pleinement les suppo- 
sitions de l’auteur allemand et démontrent la présence parfois 
relativement abondante, de la rutine dans le Fagopyrum. 

Une fois connue la nature du corps que j'avais isolé, je me 
suis proposé d’en rechercher : 

1° Les principales propriétés ; 

2° La localisation dans la plante; 

3° La toxicité possible. 


(1) F. WISCHO. — Pharmac. Post. Bd., XXIX, 1806, p. 333. 


|. — Propriétés de la Rutlne 


Ces propriétés paraissent encore très mal connues et les 
formules chimiques attribuées à ce pentoside par les quelques 
auteurs qui s’en sont occupés diffèrent considérablement les 
unes des autres ainsi, d’ailleurs, que celles d’un de ses produits 
de dédoublement, la quercétine. Ainsi Maquenne (1), Béhal (2) 
dcnnent, pour la rutine : C5? Hf° + 3 H?O, tandis que Wurtz (3} et 
Wischo indiquent : C* H?° O' +- 3 H° 0. 

Certains savants, comme Hlasivetz l’identiñient au querci- 
trin, tandis que d’autres, teis que Wischo, Zwenger et Dronke, 
les considèrent comme deux corps voisins, mais cependant dis- 
tincts. 

Voici, d’ailleurs, les propriétés générales reconnues à la 
rutine : C’est un pentoside ou pseudo-glucoside, donnant, par 
dédoublement, un pentose (rhamnose) et de la quercétine, 
on le rencontre dans le Ruta graveolens, le Capparis, beaucoup 
de fleurs, etc. D’après Wischo on le trouverait également dans 
le Sophora, et Stein lui attribue une répartition universelle dans 
le règne végétal. 

On admet généralement que la rutine perd son eau à 100”, 
et fond alors à 100°, qu’elle est soluble dans l’eau bouillante, 
l’alcool, les alcalis étendus. Elle se dédouble à chaud, sous 
l'influence de l’acide chlorhydrique en dissolution dans l’alcoo!, 
er: quercétine et isodulcite. L’émulsine ne la dédouble pas. 

D’après Hermann (4) avec l’ammoniaque, Îles alcalis en 
solutions aqueuses caustiques et carbonatées, l’eau de baryte et 
l’eau de chaux, la rutine donne des solutions jaunes qui se 
colorent en brun à l’air en s’oxydant. 


(1) MAQUENNE. — Zes sucres et principaux dérivés, Paris, 1900. 
p. 304. 

(2) BÉHAL. — Traité de chimie organique, Paris, 1902. 

(3) WURTZ. — Dictionnaire de chimie, t. 4, p. 1280. 


(4) HERMANN. — Voch. org. Verbind in veget. Gexw., Leipzig, 1806. 


le NY 


2. — Localisation de la Rutine 


Hermann 2 étudié la localisation de la rutine — seulement … 
dans les tissus de la rue — au moyen des réactifs précédents | 
(ammoniaque, eau de baryte, eau de chaux...) qui donnent, … 
in vitro, à son contact, des solutions Jaunes, se colorant en 
brun, à l’air, par oxydation. Il ne fournit aucun renseignement 
sur sa technique opératoire, et se borne à signaler la répartition 
du glucoside dans les différents organes de la plante. 

On le trouve, d’après lui : 

Dans la racine : 1° Dans les cellules du parenchyme de 
Mécorces à £ 

2° Dans toutes les cellules des rayons du phloème; Nu: 
3° Dans les rayons du xylème, et seulement dans la partie 
limitrophe du tissu cortical ; À 

4% Dans le cambium. *: 

Dans la tige : Dans les cellules du parenchyme de l'écorce, 
les rayons du phloème, et un peu dans les cellules isolées de la 
moelle. | 

Dans les feuilles : Dans les nervures et l’hypoderme. 

Dans toutes ces réactions, la ru‘ine se trouve dans le liquide 
cellulaire, et jamais en sédiment dans les membranes. 

J'ai repris cette question importante, en me familiarisant 
tout d’abord avec la localisation de la rutine dans les tissus du 
Ruta graveolens et du Sophora japonica, et en appliquant 


1e ensuite les procédés employés, au Fagopyrum esculentum qui 
‘10e m'intéressait plus particulièrement. NE 
100 

LES Coloration des organes aériens du Fagopyrum 


Or, en poursuivant cette étude de la localisation du gluco- 
side, j’ai été amené à observer de près la coloration rouge des 
organes aériens du Æagopyrum esculentum. On sait, en effet, 
qu’au moment de la floraison (parfois même dès le début de la 
végétation) mais surtout à l’approche de la maturité, la tige, 


les nervures des feuilles et les arètes des grains encore verts, 
sont colorés d’une teinte rouge de plus en plus foncée et plus 
importante du côté où la lumière est la plus vive. Je me suis 
tout d’abord demandé dans quels tissus cette matière colorante 
était située, et, par des coupes dans les différents organes de la 
plante, j'ai trouvé qu’elle était localisée, irrégulièrement, mais 
presque exclusivement, dans les cellules épidermiques ou sous- 
épidermiques, dans celles de l’endoderme et, rarement, dans 
quelques cellules du parenchyme. (Planche H. 

J'ai constaté également que la répartition de ce pigment 
est assez irrégulière et qu’elle ne forme nullement, une ou plu- 
sieurs assises continues et concentriques. Il se trouve au con- 
traire disséminé, en apparence d’une façon quelconque, dans 
un certain nombre de cellules des tissus précités, et de préfé- 
rence sur les arêtes ou les côtes de la tige, de la feuille et du 
orain. Cette répartition correspond, d’ailleurs, à la coloration 
extérieure de ces organes, qui n’est pas uniforme, mais disposée 
paï bandes, par lignes selon les côtelures qu’on y trouve. 
(Planche l. 


Par contre, c’est le long des sillons de ces mêmes organes 
que se trouve située la chlorophylle. De là résulte l’alternance 
du rouge et du vert, particulièrement nette sur les tiges. 

J'ai remarqué enfin que les cellules épidermiques et collen- 
chymateuses des arêtes présentaient, dans tout leur ensemble, 
une coloration bleue violacée, qui n’affectait que ces régions et 
cdisparaissait, en s’atténuant progressivement, dans les parties 
planes ou concaves des organes considérés. 

Continuant cet examen, J'ai alors recherché qu’elle pouvait 
être l’origine de ces colorations, et s’il n’existait pas quelque 
relation entre elles et certains principes immédiats du Fagopy- 
rum, tels que les tanins, par exemple. 


Localisation des tanins 


Pour cela, j'ai, tout d’abord, déterminé la localisation de 


24 


ceux-ci, au moyen de leurs réactifs habituels (1) : molybdate 
d’ammoniaque, bichromate de potasse, acètate d'’urane, réac- 
tifs de Brœmer, de Carpienne, etc. 
L’acètate d’urane et le bichromate de potasse m'ont donne 
les meilleurs résultats. J'ai trouvé ainsi que les tanins, nou 
seulement existaient, mais encore qu’ils étaient répartis exacte- 
ment dans les mêmes tissus que la matière colorante rouge, 
c’est-à-dire irrégulièrement dans les cellules de l’épiderme, de 
l'hypoderme, de l’endoderme, et rarement du collenchyme. 
J'ai alors repris cette détermination des tanins sur des” 
oiganes verts et entièrement dépourvus de coloration rouge, et 
j'ai pu constater, beaucoup plus nettement encore, l'identité de 
la répartition des deux substances : tanins et matière colorante 
rouge. Comme celle-c1 ne se trouve que chez les plantes et dans 
les organes directement exposés au soleil et à une lumière vive, 
il me semble rationnel de penser qu'elle provient de la transfor- 
mation par oxydation — des matières tanniques renfermées 
primitivement dans les mêmes cellules. Cette hypothèse me 
paraît d’autant plus vraisemblable que j'ai pu déterminer, dans °4 
les organes du Fagopyrum, au moyen des réactifs habituels 
(gaïac et eau oxygénée) la présence d’une aéro-oxydase. 
Enfin, il me restait à rechercher s’il existait dans le Fago- 
Lyrum (comme cela a lieu dans d’autres plantes) une relation 
entre ces tannoïides — générateurs de la matière colorante — et L 
ic glucoside que j'y avais trouvé. 


ES 


Localisation de la Rutine 


Il fallait, pour cela, et connaissant déjà la situation des 
tannins, localiser la rutine. 
Faute de réactifs mieux connus, j'ai employé, à cet effet, 
ceux indiqués par Hermann dans ses recherches sur le Ruta 
graveolins, c'est-à-dire l’ammoniaque, l’eau de chaux et l’eau 
de baryte. Malheureusement cet auteur ne donne aucune indi- 
cation sur sa méthode opératoire, la concentration des réactifs, 
leur mode d'emploi, etc. 
Aussi, ai-je commencé par l’appliquer au Ruwza graveolens, 


4 d = 379 — 


_afin de contrôler les résultats obtenus par l’auteur allemand, de 
voir si réellement les solutions alcalines qu’il préconise carac- 
_térisaient nettement la rutine dans cette plante et si, par suite, 
_ elles étaient susceptibles d’être utilisées avantageusement pour 
_la recherche du glucoside dans le Fagopyrum. 

Les premiers résultats que j'ai obtenus ne furent guère 
satisfaisants. J'avais employé l’eau ammomiacale, l’eau de 
_ baryte et l’eau de chaux normales, c’est-à-dire relativement 
_ concentrées, et j'y plongeais pendant quelques instants les 
coupes à examiner. ñ 

On apercevait alors, au microscope, une coloration Jaunâtre 
qui imprégnait à peu près tous les tissus — y compris le collen- 
_ chyme et les éléments ligneux — et il était impossible de déter- 
_ miner la moindre localisation. J’obtenais des résultats identi- 
_ ques avec le Sophora japonica, plante dans laquelle la rutine « 
_ également été signalée, et avec le Fagopyrum esculentum. 


de. Devant cet échec, j’ai utilisé les mêmes réactifs, mais en 
_ solutions très diluées (telles que 1 goutte de N H# dans 100€: 
_ d’eau, de l’eau de baryte à 1 % etc.) qui, cette fois, furent in- 
_ suffisantes à provoquer aucune coloration. J'ai alors choisi des 
solutions de plus en plus concentrées, à partir de ce minimum, et 
en les utilisant directement sur le porte-objet, de façon à pouvoir 
_ observer la réaction — 2 situ — avant que la diffusion, qui est 
très rapide, se produise. 

| Après une série de tâtonnements inévitables, je suis ainsi 
_ parvenu à mettre en évidence quelques cellules — rares dans 
| l’endoderme et plus nombreuses dans l’épiderme -— où se mani- 
_ festait rapidement une coloration jaune clair, qui ne tardait 
: pas à se diffuser et à s’étendre à l’ensemble des tissus, bien que 


_ les coupes fussent placées dans l’eau salée pour plasmolyser le 
50 SE céllulaire. 


Les meilleurs résultats ont été obtenus par cette méthode 
_ de localisation en place, et avec les concentrations suivantes : 

Ammoniaque, 10 gouttes dans 100°*: d’eau distillée 

Eau de baryte et eau de chaux, étendues des 2/3. 


» 


« 
Lu 


MARO E 


Ces substances fournissent donc des renseignements inté- 
ressants à condition d’être employées avec certaines précautions; 
cependant elles ne paraissent constituer que des réactifs impar- 
faits. 

La Rutine serait par conséquent localisée dans les mêmes 
régions, dans les mêmes tissus que les tannoïdes précités et que 
la matière colorante rouge à laquelle ceux-c1 donnent naissance, 
et 1l existerait une relation fort probable entre ces divers prin- 
cipes. 

Malheureusement, et malgré la netteté relative de ces der- 
nières réactions de localisation, 1l n’est pas possible d’affirmer, 
dès à présent, que la coloration jaune obtenue par les réactifs 
d’Hermann est absolument particulière à la rutine et qu’elle est 
suffisante pour diagnostiquer ce glucoside avec certitude. En 
dehors de l’imperfection même de ces réactions, 1l faut recon- 
naître en effet que beaucoup d’autres principes végétaux sont 
susceptibles de fournir, à leur contact, des réactions semblables. 

Il semble donc absolument nécessaire de rechercher un 
réactif plus précis et véritablement spéciñque de la rutine, qui 
permette d’assurer sans conteste qu’elle est bien localisée dans 
les mêmes cellules que les matières tanniques et que, par suite, 
il existe entre ces deux substances des rapports étroits. 

Mais 1l faut, pour cela, disposer d’une très grande quan- 
tité de ce glucoside et pouvoir reprendre la détermination de sa 
composition exacte, de sa formule chimique et de ses princi- 
pales propriétés. 

En tout cas, et ces restrictions indispensables étant posées, 
les résultats que J'ai acquis jusqu'ici et que je viens d’exposer, 
fournissent déja des notions nouvelles, et autorisent quelques 
hypothèses, à priori vraisemblables. 

La localisation de la matière colorante des organes aériens 
du lagopyrum esculentum exposés à la lumière, et celle des 
matières tanniques, dans des régions identiques, et d’autre part 
la détermination dans la plante d’une aéro-oxydase, permettent 
de voir dans la transformation de ces dernières l’origine de la 


couleur rouge du sarrasin. 


Le 


D — 
D'autre part — s’il était démontré que les réactifs d’Her- 
mann caractérisent réellement la rutine — la localisation de se 


glucoside dans les tissus occupés par les tannoïdes laisserait 
supposer qu’il existe entre ces deux substances les relations 
qu’on a déjà trouvées et établies entre les glucosides et les 
tanins dans d’autres végétaux (1). 


Toxicité de la Rutine 


J'ai tenu à savoir si la Rutine était la cause du fagopy- 
risme et, pour cela, j'ai employé la méthode expérimentale. Je 
me suis servi de lapins, mis obligeamment à ma disposition par 
M. Ledoux, professeur de zootechnie à l’Ecole nationale d’agri- 
culture de Rennes, qui m’a, en outre, aidé de ses précieux con- 
seils et que je suis heureux de remercier 1c1. 

Au début, j'ai préparé une solution aqueuse et saturée de 
rutine, et Je l’ai administrée à deux lapins, en injections hypo- 
dermiques, à la dose de 5° pour l’un, et de 10" pour l’autre. En 
outre, J'ai utilisé comparativement du quercitrin {de quercitron), 
dans les mêmes conditions, sur deux autres lapins, pesés égale- 
ment au début de l’essai. Mais ces pentosides, comme on l’a vu 
précédemment, ne possède qu’une solubilité insigniñante dans 
l’eau (2). Par suite, la solution employée n’en contenait qu’une 
quantité très faible, et les 5 inoculés ne renfermaient qu’une 
dose de rutine absolument insuffisante pour faire sentir son 
action. 

Il yavait donc nécessité de changer de méthode. 

J'ai administré alors la même solution (non plus en injec- 
tions, mais par la voie digestive), mélangée au concassage 
d’orge et d’avoine que recevaient les animaux. Les doses 
employées étaient égales à 20 et à 50". Mais les inconvénients 
précités subsistaient, et ces 50" ne renférmaient, pour ainsi 


(x) GORIS. — Th. doct. Sc. Nat., Paris, 1903. 
(2) La rutine se dissout dans 10.942 p. d'eau froide (WURTZ), 


FU ROR fre À CP PRE AUCUNE 


LS TN PS DUO 


dire, que des traces de rutine. Les résultats furent donc encor 


négatifs. 


Jours. 
Il n’y ee aucune Has 


nisme animal. Les doses employées étaient, en effet, ol 
OP} faibles et ’al un arrêter dir expériences Pratt 


tenés et constatés sur un seul individu, je n’ai pas voulu € 
tenir compte. Us 
Ces essais ne sont donc nullement concluants et demander 


sur les propriétés physiologiques de la rutine, propriétés qu 
sont absolument ignorées et qui, pourtant, seraient intéressantes 

à connaître, indépendamment même de la toxicité possible d 
c: produit et de son rôle éventuel dans le déterminisme du 
fagopyrisme. Mais pour cela, et avant tout, il faut pouvoir 
disposer d’une quantité suffisante de ce corps, dont l’ extraction 
et la purification sont longues à effectuer. Aussi, est-ce par ? 
cette tâche préliminaire que je me propose de continuer ces | 
recherches. 


CHAPITRE III 


Essais culturaux 


Le but de la culture du sarrasin est, le plus habituellement, 
Ja production des grains. 
Si, par conséquent, la connaissance du développement mor: 
phologique, anatomique et chimique de la plante entière est des 
plus ütiles, il n’en est pas moins vrai que celle de la composi- 
tion de ses grains et des rendements qu’elle peut fournir, est, au 
point de vue pratique et directement utilitaire, plus intéressante 


D rngpre. 

La production des grains est soumise, au même titre que 
_ celle des autres parties de la plante, à de nombreuses influences, 
_ toutes importantes, que le cultivateur doit connaître, et parmi 
lesquelles il faut envisager celles du climat, de la nature du 
sol, des façons culturales, du choix des semences, des en- 
ë grais, etc... 

J'ai examiné précédemment l’action de tous ces facteurs 
sur la germination et le développement du végétal. Je n’envisa- 
_ gerai ici que le poids de la récolte totale et celui des 1.006 
_ grains, obtenus dans ces différentes conditions. 


— Sy — 
1, — Influence du Climat 


Chaque espèce végétale a besoin, pour parcourir les diffé. 
rentes phases de son évolution, d’une certaine somme de lumière 
et de chaleur, et chacune de celles-ci possède des températures 
minimum, optimum et maximum. Fa 

Cesconstantes actimométriques et thermiques, comme on les 
nomme ordinairement, n’ont pas été déterminées pour le Sara 
sin. On admet seulement et approximativement qu'il exige ÉnSS F4 
viron de 1.500 à 1.800° daprès Garola, 1.000 à 1.300° d'apres “a 
d’autres auteurs. | F 

Je n’ai fait aucune recherche à ce sujet (sauf en ce qui con-. 4 à 
cerne la germination) et je n'ai pu, davantage, étudier l'action 
de différents climats sur le développement du Fagopyrum. Fa 3 
me suis contenté : 1° de calculer la somme de chaleur (au-dessus 
du minimuin) reçue par la plante depuis la levée jusqu’à la ma- à 
turité, et 2° de faire des semis successifs, à intervalles réguliers, F 

du 15 avril au 23 Juillet 1008. 


L 


1° Constante thermique du Fagopyrum esculentum 


J'ai admis,d’après les recherches que j'avais entreprises sur 
la germination des diverses espèces de Fagopyrum, que la tem- 


pérature initiale, pour cette plante, était de 5 degrés. se 
J'ai donc calculé, en partant de ce minimum, et d’après la. qe 
méthode de Hervé Mangon, la somme des températures né- 5 
cessaires au sarrasin pour arriver à maturité, en me servant des jA. 
observations météorologiques effectuées chaque année à l’Ecol® 
Nationale d'Agriculture de Rennes, sur le domaine de iadue lle À 
les cultures ont été faites. L 408 
J'ai trouvé ainsi, pour l’année 1909, une constante thermi- ; 
que de 1.719°, et, pour l'année 1910, une constante de 1.786°5. 
On peut donc admettre que le sarrasin réclame, pour parcourir 


Las * 


— 595 — 


les différentes phases de son développement, une somme de tem 
pérature d'environ 1.750°. 

J'ai cherché en outre la quantité de chaleur nécessaire au 
Fagopyrum pour parvenir à chacun des stades les plus impor- 
tants de sa végétation, c’est-à-dire : 1° du semis à la levée 
2° du semis au début de la floraison ; 3° du semis à la forma- 
tion des grains ; 4° du semis à la maturité. J’ai trouvé, comme 
moyennes de trois années 

Pour la première période : 1C6° ; 

Pour la seconde période : 477, soit 371° depuis la levée ; 

Pour la troisième période : 1.060, soit 583° depuis la pre: 
mière floraison ; 

Pour la quatrième période : 1.750, soit 1.690° depuis l’appa- 
rition des premiers grains. 

C’est donc principalement pendant la troisième et la qua- 
trième périodes, et surtout pendant la dernière, qui est pourtant 
très courte, que le sarrasin a besoin de la plus grande quantité 
de chaleur. 


2° Influence de l’époque du semis 


Âu point de vue pratique, ce qu'il unporte surtout de con- 
naître, c’est l'influence de l’époque du semis sur le développe- 
ment de la plante et sur ses rendements. 

Pour essayer de la déterminer, j'ai procédé, dans un même 
champ, à des ensemencements successifs, effectués tous les huit 
jours, depuis la mi-avril jusqu’à la fin de Juillet. Les semis ont 
culieu les 15, 23 et 30 avril, puis les 7, 14, 21 et 28 mai, les 4 
11,18 et 25 Juin, les 2, 0. 16 et 23 Juillet, pour les quatre espèces 
de Fagopyrum. 


a) Fagopyrum esculentum. 


Au 16 mai. — La première 
feuille des plantes du second semis se déroule, la hauteur est de 
2 cm. ;.les cotylédons du troisième semis s’étalent, l’axe hypo- 
cotylé est rouge ; le quatrième semis commence à lever, 


roule et la première mesure 3 cm. environ, la hauteur totale est 
de 8 à 10 cm. les plantes sont vigoureuses quoique attaquées par < 
les altises. Dans le troisième semis, la préfeuille pointe, la hau. Ms 
teur est de 4 cm. ; dans le quatrième, les cotylédons se dérou. 
lent. 


Au 26 mai. —- Le premier semis à 4 feuilles ; dans le se. 
cond, la troisième apparaït, la hauteur est de 12 cm, 15 cm. en. 
viron ; dans le troisième, la préfeuille se déroule ; dans le qua- 
trième, les cotylédons sont complètement étalés, la première 
feuille apparaît à peine ; les germes du cinquième sortent de 
terre. à 


Au Q juin. — Les plantes du premier semis mesurent 38 em. 
environ et sont bien développées ; celles du second atteignent 
30 cm., portent 10 à 12 feuilles et 5 à 6 inflorescences axillaires : 


ont 12 à 15 cm. et 3 à 4 feuilles ; dans le cinquième, la pré- 
feuille pointe, la hauteur totale ne dépasse guère 3 à 4 cm.; dans 

le sixième, la seconde feuille apparaît et la hauteur est de 8 à 

10 cm. ; dans le septième (28 mai), les cotylédons sont entière- 
ment déroulés, et la préfeuille pointe ; dans le huitième, on ne 4 
voit rien encore. | 


Au 15 juin. — Le premier semis atteint 60 cm et se montre 
très vigoureux; le deuxième atteint 50 cm, porte 12-15 feuilles 
et 6 inflorescences ; le troisième est tout en fleurs, mais celles-ci ï 
ne sont pas encore épanouies, la hauteur est de 40 cm environ et. 
l’on compte 8 à 10 feuilles; la quatrième mesure 20, 25 cm, on 
compte 6-7 feuilles et les inflorescences sont en boutons encore 
verts; le cinquième semis est mal réussi, on n’y voit que quel- 
ques pieds isolés et dont la hauteur ne dépasse pas 4 à 5 cmet 


MAC T Res 


qui ne portent que deux feuilles ; le sixième est plus beau, 
mesure 8 cm en moyenne et porte trois feuilles ; le septième 
est assez beau, mesure 4 à 5 cm, et la seconde feuille se déroule; 
le huitième est bien développé, les cotylédons y sont entière- 
ment déroulés ; dans le neuvième, on ne voit rien encore. 


Au 22 juin. — Les plantes du premier semis dépassent 
9c cm et leurs inflorescences sont en grains ; celles du second 
atteignent 70, 80 cm, quelques fruits commencent à se former, 
les feuilles mesurent, en moyenne 6 cm x 5,2, et 1l s’en forme 
de nouvelles ; le troisième semis a une hauteur de 60 cm et toutes 
les inflorescences sont en fleurs, on ne voit pas encore de grains; 
le quatrième mesure 35, 40 cm et ses fleurs sont à demi épa- 
nouies; le cinquième porte seulement trois feuilles et les fleurs 
commencent à apparaître; le sixième atteint 15, 20 cm, la troi- 
sième feuille se déroule, les plantes sont vertes et vigoureuses ; 
le septième est à peu près au même état, mesure une douzaine 
de centimètres et la troisième feuille apparaît; dans le huitième, 
la première feuille est déroulée, et la hauteur atteint environ 
8 cm; dans la neuvième, les cotylédons se déroulent. 


Au 3 juillet. — Le premier semis mesure 1 mètre environ, 
la plupart des grains sont formés ; le second semis atteint 90 cm, 
la moitié des grains sont formés et de nouvelles inflorescences 
apparaissent à la base de la tige; le troisième mesure 75, 80 cm, 
les fleurs en sont toutes épanouies; le quatrième atteint 50 cm; 
le cinquième est toujours chétif; le sixième mesure 30 cm, porte 
6 à 7 feuilles et la première inflorescence apparaît; le septième 
atteint 20 cm, la quatrième feuille se déroule en même temps 
qu’on aperçoit le premier bourgeon floral ; le huitième a sa 
première feuille déroulée et la seconde qui pointe; dans le neu- 
vième, tous les cotylédons sont complètement déroulés; dans le 
dixième, les cotylédons commencent à s’étaler et dans le onziè- 
me, les germes apparaissent à la surface. 

Les observations ultérieures montrent, ainsi que les précé- 
dentes, que tous les semis se sont bien développés. 


d 


ALOO 
— J00 —— 


Le développement des autres espèces suit exactement la 
mème marche. Je crois donc superflu de relater les observations 
auxquelles il a donné lieu aux différentes dates. 

Malheureusement, la plupart des grains ont été détruits 
par les oiseaux et 1l n’a pas été possible d’évaluer les différentes 


récoltes avec précision. Aussi, Je ne mentionnerai que les ren- 


dements en paille pour les douze premiers semis ; les autres 


étaient encore verts et en fleurs le 7 octobre. 


16 2x 3e | 4e je CEE ge ge l'OS ANAMENMSE 
| | 
semis | 26 MINE 
mai | juin 
mms | mme | neemes mms | ……… | ea mms | cms | mms me 
Sarrasin gris.| 140 | 300 | 240 » 210 "260: 1154041560 | 400 40 | 440 | 500 
Sarrasin seigle! 360 | 400 | 360 » M SA0UIM250 | 400 IN350M 300 » 200 | 360 
Sar. de Tatarie| 340 | 380 | 360 Dr 2020 NS OUR MS 10300 » 100 | 300 
| 


TagcEau NLIIT. — Influence de l’époque des semis. — Rendements en paille. 


Les premiers semis ont donné des résultats satisfaisants, 
mais les derniers sont plus avantageux. C’est le septième et :e 
huitième, effectués le 28 mai et le 4 juin qui ont fourni les ren- 
dements les plus élevés. 


Il est évident que ces résultats n’ont qu’une valeur relative, 
car 1l est possible et même probable qu’ils auraient été différents 
une autre année, avec d’autres conditions météorologiques. lis 
ne fournissent donc qu’une simple indication. Avec ces restric- 
tions nécessaires, on voit que les trois espèces cultivées ne se 
sont pas comportées de la même façon. Pour les Fagopyrum 
lataricum et slenocarpa, ce sont les premiers semis qui sont les 
plus favorables et les derniers qui le sont le moins, contraire- 
ment à ce qu’on avait constaté pour le Fagopyrum esculentum. 
Ces deux espèces seraient donc plus rustiques et plus précoces 
que la dernière, 


Résumé. — Les exigences calorifiques du Fagopÿrum sont 
relativement faibles. On peut admettre, contrairement à certains 
auteurs qui la fixent à 1.000 ou 1.300°, que sa constante ther- 
mique, c’est-à-dire, la somme de chaleur qui lui est nécessaire 
pour accomplir normalement toutes les phases de son dévelop- 
pement, est voisine de 1.750°. Elle paraît légèrement moins 
élevée (1.500 à 1.600°) pour les trois autres espèces de Fago- 
pyrum, dont la végétation est un peu plus rapide et la tempé- 
rature imitiale plutôt plus basse. 

Du semis à la levée, la chaleur nécessaire serait, en moyenne 
de 105°, du semis au début de la floraison, de 480°, du semis a 
l’apparition des premiers grains de 1I.050°, et, enfin des 
semailles à la récolte, de 1.750°. C’est pour la maturation des 
grains que la quantité de chaleur nécessaire est la plus grande. 

Quant à l’influence de l’époque du semis sur le développe- 
ment et les rendements du sarrasin, elle est subordonnée aux 
conditions météorologiques de l’année considérée et peut être, 
en conséquence très variable. Dans les conditions de l’expé- 
rence, ce sont les semis de la fin mai, commencement de juin, 
qui ont été les meilleurs. Au point de vue comparatif, les 
Fagopyrum stenocarpa et tataricum paraissent plus rustiques ct 
plus précoces, moins exigeants en calorique, que le Fagopyruni 
esculentum. 


11. — Influence de la nature du sol 


La nature du sol joe ur rôle très important dans la ger- 
mination et le développement morphologique et anatomique des 
diverses espèces de Fagopyrum, ainsi qu’on l’a vu précédem- 
ment (page 205 ; elle intervient donc forcément sur leurs ren 


[4 


dements puisque ceux-ci ne sont en somme que la résultante 
développement antérieur de la plante. 

Voici les résultats obtenus dans les différentes parcelles 
de terrain, dont la nature a déjà été indiquée : 


SABLE 
| | RS 


4 É 

© -= © += © -— 

DNS © | Bu a '}|CeNÉ 
Grain! = |.2 Grain & | 5 Gran, = |£ ® 
ASS EL £e [se 

ei S & = 2 = 

— =) ml 


ARGILE 


Sarrasin grs.| 170 | 570 119.700) 135 | 530 |18.600| 105 | 360 119.400! » 
Sar. émarginé| 30 | 520 |22.540] 50 | 580 124.150]! 24 | 230 [24 000! ». 
SarrasIn  Sgle 128 | 630 117.950] 123 | 480 118.300! 109 | 310 |18: 110! » 
Sar de 7a'aïiel 185 | 620 |18.200|| 104 | 460 18.100! 118 | 350 118.000! » 


— Jpfluence de la nature du sol sur les rendements 
de plusieurs espèces de Fagopyrum. 


er A NU IN 


Les résultats sont excessivement variables selon la nature 
du sol dans lequel les plantes se sont développées. D'une façon 
générale, c'est dans le terreau que les rendements, en grains et 
en paille, sont les plus élevés, sauf pourtant pour le sarrasir Ne 
émarginé, dont les grains ont été échaudés dans ce terrain 
et qui se montre plus productif dans le sable. 

C’est ensuite dans le sol siliceux que les résultats sont les 
meilleurs. C’est là que le Fagopyrum emarginatum donne les 
produits les plus abondants. j 

Dans l'argile, les rendements sont encore plus faibles, sur- 
tout en ce qui concerne le sarrasin émarginé qui est resté chétif 
et n’a, pour ainsi dire, pas fourni de grains. Par contre, les sar 
rasins seigle et de Tatarie s'y développent encore assez bien. 

Enfin, dans le calcaire, toutes les espèces sont restées pe- 
tites et grêles, la oraison et la maturation ont été prématurées 
et on n’a récolté que quelques grains mal formés et des débris 
d’inflorescences, qui ne méritaient pas d’être pesés. | 


| Les rendements en paille ont été aussi peu élevés. Là encore 
ce sont les Fagopyrum stenocarpa et tataricum, qui ont le moins 
souffert. 

Par rapport au poids spécifique des akènes obtenus, c’est 

D dans le terreau que les résuitats sont les moins bons, sauf 
pourtant pour le sarrasin gris. À part cette exception, c’est 
dans le sable et l’argile que le poids des 1.000 akènes est .e 
plus élevé. Par suite de l'insuffisance de la récolte dans ie 
calcaire, 1l n’a pas été possible de déterminer ce caractère pour 

_ les plantes venues dans ce terrain. 

En résumé, c’est dans le terreau, puis dans le sable que 
les rendements sont les meilleurs. Pourtant le sarrasin émarginé 
paraît se développer mieux dans le second sol. Dans l’argile, 
les résultats sont médiocres, et ils deviennent très mauvais dans 
le calcaire. D’une façon générale, les Fagopyrum stenocarpa 
et Zataricum semblent plus rustiques que les deux autres espèces 

_ et moins sensibles qu’elles à l’influence du sol. Cette notion 

_ résulte également des recherches précédentes. Enfin, l’analogie 

_ entre ces deux espèces s’affirme encore dans cet essai. 


I. — Influence des façons culturales 


Il est aujourd’hui démontré, en agriculture, que la prépa- 

ration physique du sol possède une influence prépondérante sur 

le développement des végétaux et sur les produits qu’on en 
peut attendre. 

Le mode de travail du sol, indépendamment des règles 

| générales auxquelles 1l est soumis, doit varier avec chaque genre 

‘tR de plante considéré, et, principalement, avec son mode de 

_ développement, ses exigences en eau et en principes fertili- 


— 392 — 


antés, ét là nâture de son système radiculaire. Pratiquément, 
il est encore subordonné aux considérations économiques et avec 
la place que le végétal occupe dans l’assolement. Son étude, 
comme d’ailleurs celle de tous les facteurs de la production, 
est, par conséquent, très complexe. 

En ce qui concerne le Fagopyrum, aucune expérience, à ma 
connaissance, n’a été entreprise sur cette question, que, pour le 
moment, je me suis borné, moi-même, à ébaucher. Je ne m'éten- 
drai donc pas sur ce sujet, dont l’importance est incontestable, 
mais qui dépend surtout du domaine agronomique. 

Le sarrasin, qu’il soit considéré comme une cuiture princi- 
pale ou comme une culture dérobée, ne vient que très rarement 
en tête d’assolement ; de plus, sa culture (quoique enccre imper- 
tante) est très disséminée et, dans une exploitation, ne couvre 
jamais qu’une faible surface ; d’autre part, ses produits sont 
aléatoires, et, enfin, son système radiculaire a toujours été consi- 
déré comme superfciel et peu développé. 

Pour toutes ces raisons, et d’autres encore sans doute, la 
préparation physique des terres destinées à cette plante est 
presque toujours négligée. On se contente, ordinairement, de 
leur donner un labour moyen ou un scarifiage, suivi d’un roulage 
ou d’un hersage avant les semaulles (1). 

Or, lorsque dans les expériences en caisses relatées précé- 
demment (page 215 ) j’eus reconnu que l’appareil souterrain du 
sarrasin atteignait des dimensions relativement considérables, 
et en tout cas insoupçonnées, je pensai qu’un travail du sol plus 
soigné, et surtout plus profond, pourrait — en permettant et 
favorisant le développement intensif du système radiculaire — 
donner d'excellents résultats. D'un autre côté, l’étude du déve- 
loppement de la plante, de sa transpiration et de ses besoins en 
eau, ne fit que renforcer cette hypothèse. 


(1) Il est évident que les façons culturales effectuées pour le sar- 
rasin sont parfois différentes, mais il est impossible de les envasiget 
ici plus complètement. 


A 
— 303 — 


Pour la vérifier, j'ai divisé un terrain bien homogène en 
plusieurs parcelles (de 12 mq) qui furent travaillées différem- 
ment, les autres conditions de la culture restant les mêmes pour 
toutes. 

1. — La première parcelle fut labourée à la bêche, à 45 cm 
de profondeur, à la fin de février, puis à 30 cm au milieu d2 
mai; à ce deuxième labour, on eut soin d’épierrer le sol (d’ail- 
. leurs non caillouteux) et d’émietter les plus grosses mottes de 
terre. 

Elle reçut ensuite deux fourchages énergiques. La veille du 
semis, elle fut roulée, puis fourchée à nouveau, de façon à ce 
que la surface du sol soit bien pulvérisée. 


2. — La deuxième ne reçut que le labour à la bêche de 
50 cm, effectué le même jour, en mai ; puis les mêmes façons 
superficielles. 

3. — [a troisième, outre le même labour (mais non coni- 


3 
plété par l’émiettement des mottes) ne reçut qu’un fourchage ia 


veille du semis. 

4. — Enfin, à la quatrième, on ne donna qu’un fourchage 
très énergique, destiné à remplacer le labour (une huitaine de 
jours avant le semis) et un deuxième, superficiel, la veille de 
l’ensemencement. 

Voici les rendements obtenus sur chacune de ces quatre 


parcelles : 


| 
Parcelle ne 4 || Parcelle n° 2 || Parcelle no à || Parcelle no 4 
LS Arr CR D 
2 -S . n -S a n -S n -< 

2218515. #35. 2615. 8% 

HE PH PAEFIENEE 

ea E— |« Es El e — 

kilog. kilog. kilog. kilog. 

Hauteur moyenne .....| 1"60| » 1:40| > 1229) 1.00! » 
Rendements en grains ..|2*410/2.0002 180|7.850 1.800 1 .500/# 480 14.320 
VE paille ..,3.450/2.870/3.060/2.540 2.440 /2. 0302 400 4.550 

Poids de 1,000 grains. .120£60| » 119.40] » |18.50| » = » 


Tagceau XLV. — Influence du travail du sol sur les rendements du 
Fagopyrum esculentum. 


Ph) 


— 394 — 


Les résultats sont bien différents dans les quatre parcelles, 
et dès la levée on pouvait le constater. À la récolte, chaque 
carré était nettement délimité et d’aspect bien particulier. Dans 
l1 première parcelle, le développement était considérable et 
homogène ; cependant, certaines plantes atteignaient jusqu’à 
100 de hauteur! et, une nouvelle preuve que ce résultat était 
bien dû à la préparation du sol, c’est que sur les bords qui, 
forcément, avaient été moins bien ameublis, le développement 
était légèrement plus faible que dans le reste de la parcelle, 
(contrairement à ce que l’on constate habituellement). 

La hauteur des plantes était décroissante d’un carré a 
l’autre, et les rendements suivaient le même ordre. 


L'influence de la préparation physique s’est fait nettement 
sentir. Il faut dire, il est vrai, que le terrain où les expériences 
avaient lieu, était une terre argilo-siliceuse, compacte, qui 
devait particulièrement profiter d’un travail soigné, et peut- 
être, les résultats auraient-1ils été moins démonstratifs dans une 
terre plus légère. 

Quoi qu’il en soit, le sarrasin n’ayant qu’une très courte 
durée de végétation (900 à 110 jours environ) et réclamant, sur- 
tout à deux époques principales, de fortes réserves d’eau, pos- 
sédant, d’autre part, un système radiculaire développé, très 
ramifñé, mais excessivement grêle et fragile, il s’en suit qu’un 
sol léger ou très bien et profondément ameubli répondra à ses 
exigences. Lui seul emmagasinera assez d’humidité, et, en 
offrant à la plante un volume de terre accessible considérable, 
permettra aux fines et nombreuses radicelles de se développer 
abondamment et de puiser dans son sein, une quantité suffisante 
d’eau et de principes fertilisants assimilables, st, en définitive, 
d'obtenir une récolte abondante. D'ailleurs un proverbe breton 
dit « qu’il faut semer le sarrasin dans de la cendre et avec de 


la cendre ». 


Tous les ouvrages agricoles sont unanimes à dire que le 
sarrasin ne prospère que dans les sols légers ; qui sait si cette 
prédilection ne tient pas, précisément, à ce que c’est là seule- 


INFOS EE 


ment, que la plante peut développer normalement son fin sys- 
tème radiculaire ? 


IV. —- Influence du choix des Semences 


J'ai montré, à propos de la germination des quatre espèces 
de Fagopyrum, quelle avait été l’influence du choix des semen- 
ces, d’après leur poids, leur densité, leur grosseur, leur âge, etc . 
(v. page 162), et J'ai indiqué que la plaupart de ces essais, en- 
trepris en pleine terre, avaient été poursuivis jusqu’à la récolte 
de la plante. Il me reste donc maintenant à examiner les résultats 
obtenus à cette époque. 

J'envisagerai d’abord l'infiuence de la densité, et ensuit>? 
celle des dimensions des semences employées. 


|. — Densité 


Poids de 4.000 grains de la récolte (en grammes) 


DENSITE 


ES A Ne 
; Sie. 5 , £ 5 S 
des Semences employées PME NI Eu à ER e 
CHA Ds ES ENNMEE 
SRE CRE DE De 
A D A Mr 
Hs 0) fn E © | à 
000.2. TRE À ON TT 18.700 D 17 800 18 850 
ND Te ee Me e 18.850 » » 18.000 49 500 
DORA et ee te 200 » » 19.200 19.500 
ALL DIE ARRETE 19.400 28 000 18.700 19.700 
ADO RE. Me 0 dame due 19.500 28.200 19.300 20.400 
ADEME : se 110 20: 800 32,500 19.600 » » 


TaBLeau XLVI. — Influence de la densité des semences sur le poids 
spécifique des grains obtenus, 


Une grande partie de la récolte ayant été la proie des. 
geurs, je n’ai pu tirer aucune indication utile de ce qui restai 
ct je n’ai pu que déterminer le poids de 1.000 grains. 4 

Le poids de 1.000 akènes de la récolte varie donc propc 
HO eNenIARE avec la densité des semences ERpIaÿées Plus « 


stenocarpa ; de 18 gr. 80 à 20 gr. 40 pour le Fagopyrum tata 
cum et de 28 gr. à 22 gr. 50 pour le Fagopyrum M 
soit une She uen deO an k € environ. 


peu coûteux d'augmenter dans de grandes proportions, ii 
quantité des produits (1) tout au moins leur qualité. 


(1) Ce qui est possible, mais n'a pu être démontré ici. 


097% 


2. — Dimensions 


 DIMENSIONS | 
ET Fagopyrum 


| 
Es | 
_ des Semences emar- | ; 
à esculentum | stenocorpa | tataricum 
L 
| 
| 
! 


PAST 
EP | pasopyrum | Fagopyrum 


employées ginatum 


| 


| 


| 
| 


1 


_ TaBzeau XLVIL. — Ilufluence des dimensions des semences sur le poids 
1 TA des grains obtenus. 


= Les rendements varient énormément suivant les dimensions 
des semences dont ils proviennent. D'une façon générale, leur 
accroissement est peu considérable au-dessus des dimensions 
moyennes de l'espèce considérée, tandis qu’ils diminuent énor- 
mément pour des graines qui n’atteignent pas cette taille spéci- 
fique. Ainsi, à la longueur dominante 20 du Fagopyrum escu- 
Lentum correspond un rendement en grains de 1.330, qui ne 
s'élève qu’à 1.580 pour les plus grosses semences, mais qui s'a- 
baisse à 0.320 pour les plus petites. 

De même, à la dominante 22 du Fagopyrum emarginatum 


n’atteint même que 1.660 pour la longueur 27; au contraire, elle 
_de cend à 0.740 pour la longueur 14. 
On constate les mêmes faits pour les autres espèces. 


rable, des rendements. On aura au contraire avantage à e 
ployer celles dont la taille est plus élevée, bien que l’augmen- 
tation des rendements ne soit pas énorme. ‘ | 


= 


Résumé. — L'influence du choix des semences, qui s'était 
déjà fait sentir sur leur germination, s’est donc continuée, et 
en retrouve l’empreinte sur les produits obtenus. Bien que, p 
suite de circonstances accidentelles, 1l ne soit pas possible d’a 
firmer que la sélection a augmenté les rendements, on peut di 
que l'aspect général des récoltes laissait prévoir cet accrois 


grains obtenus, dont le poids spécifique a été accru dans des 
proportions relativement considérables. BE 


V. — Influence de l'espèce et de la variété 


ER - 


Quelle que soit la définition que l’on donne de l’espèce et 
de la variété, et la valeur que l’on accorde à chacun de ces 
termes de la classification, chaque type qu’ils représentent dans 
un genre donné possède des caractères particuliers et des apti- 
tudes spéciales. Il est très important de connaître les qualités 
propres à chacun de ces spécimens distincts, plus ou moins rus 


tiques ou plus ou moins productifs. 

J'ai décrit, précédemment les caractères distinctifs des 
principales espèces et variétés cultivées de Fagopyrum; et prin- 
cipalement ceux du grain, qui en constitue la partie la plu s 


utile. Je vais maintenant indiquer les rendements qu’ils m'ont 
fournis en 1910, 1909 et 1908. 


1910 1909 1908 
7: RG Er 
mn 
= 
Sn hreo [Nue = |, 2 
Grai = = css rain = rein = 
ae £ 5 
Q 
Sarrasin ar- 
genté..... 4.100 .740 | 188000 || 1.100 | 6.200 || 1.230 | 6.180 
Sarrasin alle 
mand 76" 4.040 .470 18.600 1.000 9.600 » » 
Sar. japonais 
d’été (1)...| 2.300 23.600 || 1.100 | 6.400 » » 


Sar. japonais 
d’automne.| 4.500 
Sarrasin rus- 


200 | 24.700 || 1.420 | 7.350 » » 


[ep] 
[RS] 
© 


SORA 3.230 070 1235700 10:950 157220 » » 
Sarras. amé- 

picain.:::.| 2810 700 | 19.200 || 1.200 | 4.500 » » 
Sarras.émar- 

PINCE. 3.790 » 24.000 || 1.290 | 6.460 || 1.300 6.700 
Sarrasin Ssei- | 

Dent rve 3.800 » 182500111370 114:790")114460 1747310 
Sarrasin de 

Tartarie » » 18 300 || 1.410 | 5.330 || 4.190 | 5.100 


TaBLeau XLVIIL — Rendements en grain et paille de quelques espèces 
et variétés de Fagopyrum. 


Les rendements, en grains et en paille, sont assez variables 
selon les espèces et variétés considérées. 

1° Espèces. — En 1910, c’est le Fagopyrum esculentum qui 
a fourmi les plus forts rendements, mais, les années précédentes, 
c'est le Fagopyrum emarginatum qui venait en tête, aussi bien 
pour le grain que pour la paille. Il est vrai, qu’en ce qui con- 


(1) Les grains ont été échaudés, 


ne “€ 2% re En 


we 


y SD Mère 4 ne br TN 


AL 


Cr 


Sr 


Er ne ce E HR 


cerne le grain, cet avantage tient surtout au poids spécifique 
plus élevé des akènes. Quant aux deux autres espèces, leur pro- 
duction est assez semblable ; cependant, le Fagopyrum tataricum 
paraît être un peu plus productif. Sauf l’année 1009, elles 
donnaient, toutes deux, des rendements en grains légèrement 
inférieurs à ceux du sarrasin gris; dans tous les cas, la quantité 
de paille qu’elles ont fournie, a été plus faible que celle donnée 
par le Fagopyrum esculentum. 


2° Variétés. — Il existe, entre les variétés d’une même 
espèce des différences relativement considérables, qui tiennent 
sans doute au défaut d’adaptation au sol et au climat, de 
quelques-unes d’entre elles. 

Quoi qu’il en soit, c’est le sarrasin Japonais d'automne qui 
A donné les meilleurs résultats, pour le grain et pour la paille. 
Le sarrasin argenté vient ensuite, puis le sarrasin allemand. 

Les autres variétés, notamment le sarrasin russe ne se sont 
pas montrées très productives, dans le milieu où elles étaient 
placées. 

La supériorité du sarrasin japonais a d’ailleurs été cons- 
tatée par J. Stone, en Amérique, où 1l est très cultivé, mais cet 
auteur, dans le compte rendu de ses expériences comparatives, 
ne dit pas à quelle sous-varieté, le sarrasin japonais qu'il a uti- 
lisé, appartenait. 

Or, si l’on se reporte aux chapitres précédents, on verra que 
cette variété se faisait remarquer par le poids élevé de ses 
grains, en même temps que par la faible proportion des parties 
inutiles de l’akène, c’est-à-dire des enveloppes. 

Elle se recommande donc, à la fois, par une très grande 
productivité et par les qualités des produits qu’elle fournit. Il 
conviendrait de déterminer la composition chimique de ceux-ci 
et leurs propriétés alimentaires pour être complètement fixé sur 
la valeur de ce sarrasin japonais. Dès maintenant, il mérite 
quelque attention, et son étude et son expérimentation montre- 
ront peut-êre qu’il est susceptible de remplacer avantageusement 


* variété grise,aujourd’hui cultivée, ou de servir à son amélo- 
Ÿ _ ration. 


VIL — Influence des Engrais 


Depuis que l’on connaît le mode véritable de nutrition des 
_ plantes, on est convaincu de la nécessité d’apporter au sol les 
divers éléments que celles-ci y prélèvent; de plus, on a vu pré- 
__ cédemment, que la nature ou l’abondance relative de ces prin- 
_cipes fertilisants avaient une influence certaine sur le dévelop- 
: pement et la composition du végétal et qu’elles doivent, par 
_ suite, en posséder également une sur ses rendements définitifs. 
* Cette question de l’influence des engrais sur les rendements 
_ du sarrasin a préoccupé, sinon les physiologistes, du moins un 
| grand nombre d’observateurs agricoles. Pourtant, malgré les 
_ multiples renseignements obtenus, on ne peut encore songer à 
Ge établir une formule rationnelle de fumure pour cette plante. 
_ C’est, qu’en effet, chaque Sn considérée isolément, ne 
+ pour ainsi dire, qu’une valeur individuelle et locale, et 
_ que les résultats sont excessivement variables selon les condi- 
_ tions où les essais sont effectués (climat, nature du sol, etc.) 
_ D'autre part, depuis quelques années, on a découvert que cer- 
_ tains éléments chimiques — jusqu'ici complètement négligés en 
x raison de leur proportion très faible dans les tissus végétaux 
Se (magnésie, manganèse, zinc, bore, etc.) — possédaient une 
_ influence, parfois considérable quoique encore mal définie, sur 
les rendements que les plantes cultivées pouvaient fournir. 
à Enfin, et indépendamment de récentes théories sur la ferti- 
À _lisation des terres (théories de Withney, etc.), de nouveaux 
4 _ engrais, tels que le nitrate de chaux, la cianamide, etc., sont 


# 7 Fa TOC Ve CT IEC ARE NET ATEN 


apparus dans le commerce et leur action est encore insuffisam- 
ment connue. 

Pour toutes ces raisons, de nouvelles et nombreuses expé- 
riences méthodiques sont absolument nécessaires, et ce n’est que 
par la comparaison et l’interprétation scientiñhique des résultats 
qu’elles auront permis d’accumuler, ainsi que par la connais- 
sance des conditions précises dans lesquelles elles auront été 
entreprises, que l’on pourra connaître les besoins réels d’une 
culture et les moyens les plus propres à les satisfaire. 

Néanmoins, et devant l’importance pratique de cette ques- 
tion — Je crois nécessaire de résumer, au moins brièvement, les 
principaux résultats acquis par un certain nombre d’auteurs, en 
même temps que ceux que J'ai obtenus moi-même. 


Exigences du Fagopyrum en principes fertilisants 


s 


Depuis que le sarrasin est cultivé, on s'accorde à recon- 
naître qu'il est peu exigeant, qu’il s’accomode de terrains 
pauvres et que les prélèvements qu’il fait au sol sont faibles. 
C'est même à ces seules constatations que se résument les publi- 
cations des nombreux auteurs qui s'occupent de cette plante. 
(Duhamel du Monceau, Gossin, Bujault, Rieffel, de Gasparin, 
Joigneaux, Thaër, Leclerc-Thouin, Damseaux, etc...) 

Il faut arriver à 1871 pour voir établir les premières expé- 
riences réellement intéressantes concernant la fertilisation du 
sol destiné au sarrasin. 

À cette époque, en Allemagne, Nobbe, Erdmann et Schræ- 
ber publient leurs recherches sur l’influence de la potasse sur la 
végétation. Ils montrent 1° que cet élément est indispensable 
au développement du Fagopyrum, et, qu’en son absence, il ne 
se forme pas d’amidon dans les grains de chlorophylle, 2° que 
l> chlorure de potassium est la combinaison de potassium la 
plus favorable à la végétation du sarrasin. L’azotate de potasse 
s’en rapproche le plus, mais le sulfate et le phosphate de 
potasse causent, tôt ou tard, une maladie particulière, qui con- 


+ siste dans l’accumulation passive de l’amidon dans les feuilles, 
3° que la soude et la lithine ne peuvent remplacer la potasse, la 
première étant simplement inutile, et la seconde nuisible. Mais 
ces conclusions n’ont par toujours été admises, et déjà, en 1875, 
Vesque (1) tentait de les refuter. De même plus tard, Braasch 
et Rabe trouvaient comme Knop, que le sarrasin prospère et 
müûrit ses graines dans un sol privé de chlorure, et ils n’ont pas 
constaté la maladie particulière, signalée par les auteurs alle- 
 mands; cependant, comme ceux-ci, ils estiment que de tous les 
sels potassiques, le chlorure est le plus favorable au SERRE 
ment du Fagopyrum. 
En même temps, plusieurs savants entreprennent l’analyse 
| chimique du sarrasin, dans le but d’en déterminer les exigences 
en principes fertilisants. On a vu précédemment (pee 339) les 
résultats auxquels 1ls étaient parvenus. 
Puis, Dassonville, dans un travail déjà cité, arrive, en ‘e 
qui concerne l’alimentation minérale du Fagopyrum esculentus, 
aux conclusions suivantes : « À des doses convenables, certains : 
sels sont favorables au développement du sarrasin pendant 
_ toute la durée de la végétation (azotate d’ammoniaque, sulfate 
de chaux, phosphate de potasse, phosphate de fer). 
D'autres sont nuisibles au début, mais fertiles plus tard, 
(sulfate de magnésie, oxalate de potasse), tandis que d’autres, 
favorables au début) sont nuisibles à la fin (chlorure de potas- 
sium. Le nitrate de soude et le chlorure de sodium sont cons- 
tamment nuisibles. D’après leur effet sur la production totale 
de la matière sèche, les sels peuvent être classés ainsi. Utiles 
_ azotate d’ammoniaque, azotate de potasse, sulfate de magnésie, 
___oxalate de potasse, phosphate de potasse, phosphate de fer. 
à Nuisibles : nitrate de soude, chlorure de potassium, chlo- 
rure de sodium. 
Ces conclusions, faites un peu pour surprendre au point d: 


(1) VESQUE. — Annales agronomig., t 


vue purement cultural, sont, d’autre part, en contradiction avec 
celles qui ont été formulées par les auteurs précédents. Peu de 
temps après, Solacolu reprend les mêmes recherches et, pour la 
même plante, arrivent à des résultats bien différents, et qui sont 
beaucoup plus conformes aux observations de la pratique agri 
cole. 

D'un autre côté, l'étude de la composition chimique du Fa. 


gopyrum nous a montré que cette plante était riche surtout en 


potasse, puis en chaux, et qu’elle contenait une proportion éle- 
vée de chlore. Elle nous a indiqué également la répartition des 
principaux éléments. C’est ainsi que l’azote existe en quantité 
légèrement plus forte dans les feuilles et les tiges que dans les” 
racines, que la chaux, à toutes les époques, est plus abondante 
dans les parties aériennes, de même que la potasse. Enfin, elle 
nous a renseigné sur la marche de l’absorption des principes mi. 
néraux et sur les exigences d’une récolte normale. Bi 
Par ailleurs, de très nombreuses expériences culturales ont 
apporté quelques indications nouvelles et dont il est nécessaire 
de résumer brièvement les principales conclusions. Toutes ces 
expériences conduisent dans leur ensemble à admettre que : 
L’azote est indispensable et augmente les rendements, 
mais qu’en excès, il pousse au développement foliacé au détri- 
mens de la production en grains et peut, en outre, déterminer 
la verse ; 


2° L'acide phosphorique est utile, surtout pour le rende- 
ment en grains, dont il augmente le poids ; et cela d’autant plus 
aue les sols où on cultive le sarrasin sont ordinairement pau- 
vres en cet élément ; 


3° La magnésie est utile, et la paille en renferme beaucoup; 

4° Le chlore paraît également utile, contrairement à ce 
qu'on observe pour les autres plantes ; 

5° Le sarrasin est très exigeant en potasse. 

En raison des observations multiples et concordantes dont 
elles résultent, ces notions peuvent être considérées comme les 
plus exactes 


— 405 — 


Par contre, en ce qui concerne l’azote et la chaux, les opi 
nions sont très partagées. 

On croyait autrefois que le sarrasin avait la faculté d’ab 
sorber l’azote atmosphérique. C’est l'avis de savants autorisés, 
tels que de Gasparin, Lechartier, etc, et il confirme, en l’expli- 
_ quant, l’action améliorante de cette plante dans la culture, en 
même temps que son peu d’exigences relatives en cet élément et 
les insuccès parfois constatés, des engrais azotés. C’est ainsi que 
de Gasparin (1) écrit : « Le grand nombre de feuilles qu'étale 
le sarrasin le rendent propre à étouffer les mauvaises herbes, et. 
en même temps, à recueillir abondamment les engrais atmosphé- 
ques ; aussi a-t-on remarqué que cette plante épuise peu le sol. 
Si elle recueille une quantité abondante d'ammontaque atmos- 
phérique, elle a besoin, néanmoins, de trouver la terre pourvue 
d'engrais salins, et principalement de potasse et de magnésie ». 
De même, d’après Burger, le sarrasin tirerait la moitié de 
dr sa nourriture de l’atmosphère. 

Or, il y a quelques années, Bouilhac et Giustiniani (2), en 
étudiant la fixation de l’azote atmosphérique par le sol, ont fait 
des cultures en pots de sarrasin dans du sable, recouvert ou non 
de WNostoc punctiforme et d'Anabæna, porteurs de bactéries, et 


_ mélangé d’une solution nutritive sans azote. 


Ils ont trouvé qu'en présence de cette algue, le sarrasin se 
développait parfaitement. Il contenait 7 gr. 10 de matière sèche 
et 127 m/mgr. 27 d’azote, et atteignait 42 cm. 

Au contraire, le sarrasin, seul, n’augmentait de poids que 
dans des proportions insignifiantes 1 gr. 10 de matière sèche, 


© cm 10 de hauteur, et se montrait par conséquent, incapable 


d'utiliser l’azote de l’air (20 m/mgr. 24 dans la récolte). Ces 

auteurs ne parlent d’ailleurs aucunement de l’action fixatrice du 

 Fagopyrum, dont 1ls paraissent même ignorer la possibilité. 
La question n’est donc pas résolue, et aucune expérience 


(1) DE GaSPaRiN. — Traité d'agriculture, t. 4, p. 721. 
(1) BOUILHAC et GIUSTINIANI. —- C. R. Ac. Sc., t. 137, 1003, D. 1274. 


Un es 


directe n’a d’ailleurs jamais été tentée pour la résoudre, malgré 
l'intérêt scientifique et pratique qu’elle présente. £a 

En ce qui concerne l’influence de la chaux sur le dévelop- 3 
pement du sarrasin, les connaissances actuelles ne sont rs 
plus précises. J'ai déjà indiqué, à plusieurs reprises, les diver- 
gences des auteurs à ce sujet; tandis que certains estiment cet | 
élément indispensable, d’autre le considèrent comme nettement 
nuisible et classent le sarrasin parmi les plantes calcifuges (1). 

Or, il résulte d'observations nombreuses d’une part, et des 
recherches personnelles que j'ai relatées précédemment, d’autre 
part, que cette plante se développe mal dans un terrain franche- 
ment calcaire. ne 

Mais d’un autre côté, le Fagopyrum renferme toujours des 
quantités élevées de chaux, et sa végétation comme ses rende- 
ments sont considérablement favorisés par un apport de cet 
élément. Ii y a la deux faits, en apparence contradictoires. 

Or, M. Amar (2), dans ses recherches sur l’oxalate de cal- ÿ 
cium qui ont porté — entre autres plantes — sur le sarrasin, a, 0 
montré que ce sel existait dans cette plante, quand le milieu où 
elle vivait contenait, au moins, © gr. 15 °/ de nitrate de chaux, 
et qu’il pouvait y être très abondant. 

Dans l’étude que j'ai faite du développement anatomique 
des divers Fagopyrum, j'ai trouvé également de très nombreux 
et volumineux cristaux d’oxalate de calcium, bien que les ch 
tillons que j’observais soient venus dans un sol très pauvre en 
calcaire. AE 

M. Amar a montré que ja chaux était utile au sarrasin 
jusqu’à la dose de 0 gr. 10 où © gr. 15°/% optimum au-dessus 
duquel elle devient inutile et peut être même nuisible, soit par 
une action directe spécifique, soit par une action indirecte, en 
s’opposant, par exemple, à l’assimilation de la potasse. Cette 


jo 


(1) DE VILMORIN, M. VACHER. — C. R. Soc. Nat. d’agric. de France, ÿ 


1805. 
(2) M. AMar. — Th. doct. Sc. Nat., Paris, 1904. 


UN 


dernière hypothèse avait, d’ailleurs, déjà été émise par de 
Gasparin. 

Le sarrasin se développe donc mal dans les terrains nette- 
ment calcaires, soit parce que ceux-c1 sont généralement pauvres 
en potasse ou parce que la chaux s'oppose, au moins partielle- 
ment, à l’absorption suffisante de cet élément, indispensable et 
dominant; soit parce qu’au-dessus d’une certaine quantité, la 
chaux possède sur cette plante, une infiuence spécifique défa- 
vorable. 

Mais, d’autre part, la chaux est nécessaire au développe- 
ment du Fagopyrum: et tout au moins jusqu'a une dose maxi- 
mum qui ne doit pas être dépassée ‘et que M. Amar évalue à 
0 gr. 15°/*° de nitrate de chaux). 

Ainsi, se concilient les deux opinions qui, actuellement, 
considèrent la chaux, l’une, comme un élément indispensable, 
l'autre comme une substance nuisible. 

Il est un fait certain, c'est que s1 dans les terres calcaires 
rapportées que j'ai ufilisées,le sarrasin gris se développait très 
nai, par contre, dans tous les sols d’Ille-et-Vilaine (sols arg1- 
Icux, argilo-siliceux ou de towbières), où j'ai apporté de la 
caux à faible dcse (100 à 300 kilos à l’hectare), les résultats 
ont été surprenants et fcéquemment, plus satisfaisants qu’aves 
un engrais complet. C'est, qu’en dehors de son rôle alimentaire 
proprement dit, la chaux possède, sur le sol, des actions phy- 
sique, chimique et physiologique, complexes et le plus souvent 
très favorables. 

Il existe, d'ailleurs, des différences spécifiques dans cette 
sensibilité au calcaire. C’est le Fagopyrum esculentum et le 
Fagopyrum enrarginatum qui paraîssent souffrir le plus de 
l'abondance de ce corps, tandis que les Fagopyrum tataricum: 
et s/enocarpa, le supportent beaucoup mieux. 


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1909 


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Poids de 1.000 grains 


Ecole 
d’Agricul- 
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Ecole 2 
d’Agricul- | Fougères || 8 
ture ee) 


OR 0 CR. ne 


d'Agriculture 


a 
Verdais | 


.750|4.780/23.0 
ngrais complet .23016.180131.0 
ans azote 1.000,5.800/27.0 

| Sans potasse .920,6.170|30.0 
Sans ac. phosphorique 1 .160!7.020/22.5 .240/6.200|23 2 |32: 
Ch: 1.220/5.780|24.0 .200{5.400/25.00/33.5 
1.130|4.970 » » 18. 20127. 3 


2532228 


.090!/2 840 
.160!4.310 


3.010116 00 
-800/118.50 


0.800/2.400 
1 040,2 660 


.92012.780 


1.520/3.980 


.090/2.810 


-000!4.650 
.300!6 700 


1.000!4.700 


.000!6.500 
.050/6 ,450 


4.180|3.600 


.020/3.800 


SL 
aus 


.820/48.60 
-080/17.70 
50017 .75 
100/47.70 


» » 


2.870|21.05 


» |[24.00 
.00019.50 
.420|118.20 
560!/22.30 


3.480124 30 


» » 


Taëzeau L — Influence des engrais sur les rendements de plusieurs 
espèces de Fayopyrum. 


Le tableau 49 indique les résultats obtenus dans un certain 
nombre d’essais de fertilisation du sol. On pourrait d’ailleurs 


_ les multiplier à 


volonté, mais sans grand avantage, car ils mon- 


E trent simplement que, dans les conditions de l'expérience, l’ap- 


26 


port d'engrais potassiques, phosphatés et azotés a été fav 
Des essais entrepris récemment en Allemagne et au 


ses (50 kilogramme à l’hectare), avantageux. Sestini, en 
a observé, de son côté, que la cyanamide de calcium avai 
cuit de bons effets sur cette culture (1). 

Enfin, J'ai condensé dans le tableau suivant (tableau 5 
résultats auxquels je suis moi-même parvenu, pendant trois 
nées consécutives, sur le domaine de l’école d'agriculture et 
celui de plusieurs cultivateurs de la région. | 


ont été dues précédemment. 

Les rendements obtenus avec un même engrais sont 
variables selon l’année et le milieu considérés. Ils le sont ég | 
ment avec les espèces cultivées. Néanmoins, on voit que, d 
leur ensemble, les résultats sont à peu près concordants. 

L'influence des engrais potassiques s’est fait surtout sent 
sur les rendements en grains, de même que celle de l’acide ph 
phorique. 

L'absence d’azote s'est principalement manifestée par 1 
diminution des rendements en paille. Quant au manganèse (e: 
ployé à l'état de sulfate et à la dose de 30 kilos à l’hectare), il 
s'est montré très légèrement favorable. Par contre, la chaux 4j 
eu une action manifeste, très nettement utile, surtout sur la p 
duction des grains, mais son influence sur les rendements 
paille a été plutôt désavantageuse. 


Le poids spécifique des grains obtenus a également 


d’ailleurs complétés par ceux de l’étude biométrique des ak | 
(page 59), étude qui a montré également l’action améliorat: 


(1) Les résultats obtenus par M. Brioux, en 1909, sont beaucoup 
favorables. : 


te — 


ments minéraux, sur les dimensions des fruits des trois espèces 
de Fagopyrum examinées. 


Résumé. — Comme tous les végétaux, le sarrasin a besoin 
pour vivre et se développer de trouver dans le sol, un certain 
nombre d'éléments indispensables. 

Parmi ceux-ci, c’est la potasse qui paraît jouer le rôle le 
plus actif, probablement sous la forme de chlorure de potas- 
sium; l’acide phosphorique servirait surtout à la production des 
grains. L’azote a également une action marquée, mais on ne 
_ sait pas encore, d’une façon certaine, si le Fagopyrum a la pro- 
_ priété de le prendre dans l’atmosphère, bien que cela paraisse 
_ peu probable. 


La magnésie semble également être importante pur cette 
plante, et sa présence assez abondante dans les sols où celle-ci 
est habituellement cultivée est peut être une des causes de sa 

répartition culturale. Le manganèse paraît également utile. 
__ Quant à la chaux, elle est nécessaire à la bonne végétation du 


sarrasin et à l’obtention de rendements élevés, mais elle ne doit 
_ pas être trop abondante et son excès semble franchement nui- 
sible. - 

En raison du développement rapide du Fagopyrum et de 
la marche de l’absorpion des éléments minéraux, tous les engra 3 
doivent être apportés sous une forme rapidement assimilable. 
Enfin le grand développement du système radiculaire est sans 


doute une des raisons des propriétés, en apparence, peu épui- 
santes de cette plante. 


+ de 
LIFE 


GHAPITRE IV 


Pathologie 


Tous les ouvrages agricoles sont unanimes à déclarer que 
ES n'a ni ennemis, ni maladies. Cette FAR 


"est pas à à l'abri de leur atteinte. 


1. — Parasites végétaux. 


Prillieux (1) signale la présence, sur les feuilles, du 
Jytophtora omnivora et Saccardo (2) mentionne 7 champignons 
rasites du Fagopyrum esculentum : 

Ascochyta Fagopyri. Thün. 
Botrytis vulgaris. Fr. 
Depazea polygonicola. Lasch. 
Didymella Fagopyri. Lamb et Fautr. 
Humaria Patouillardi. Gill et Sacc. 
Puccinia Fagopyri. Barcl. 
Ramularia curvala. Fautr. 
En 1908, j'ai trouvé dans des cultures de sarrasin gris des 


L 


(1) PRILLIEUX. — Maladies des Plantes agricoles, t. 1, p. 72. 
(2) SACCARDO. — Sylloge Fungorum, 18098, vol. XI, p. 460. 


environs de Rennes, des atteintes assez nombreuses de Ramu- 
laria curvala. 

En 1910, dans les champs d’expérience de l’Ecole nationale 
d'agriculture de Rennes, j'ai eu l’occasion de rencontrer deux 
maladies nouvelles, non encore signalées sur le Fagopyrum. 
Sans faire l’étude complète de ces deux affections, j'ai pu 
déterminer qu’elles étaient occasionnées, d’une part, par un 
Peronospora, et d’autre part, par un Æeterosporium. 

À ces deux cryptogames, étaient souvent associés, surtout 
sur les organes très atteints, deux autres champignons : un 
Cladosporium, et un Botrytis. 

Ces maladies ont apparu vers les premiers jours de Juillet, 
et elles se sont étendues très rapidement. 


HG M9? 


Feuilles de divers Fagopyrum atteints de Peronospora et d'Heterosponium 


Dans l’une, les feuilles commencent par se décolorer partiel- 
lement, formant des panachures plus ou moins jaunâtres sur la 
teinte verte du limbe, et, à la face inférieure de celui-ci, on voit 


FA — 415 — 


bientôt apparaître une sorte de poussière grisâtre, de omentum, 
-  quiest formé par l’appareil fructifére du Peronospora. 

Celui-ci, examiné au microscope, montre des fructifications 
- très caractéristiques, et paraît se rapprocher du Peronospora 
polygonii, signalé par Saccardo, non sur le Fagopyrum, mais 
sur certains Polygonurm. Les plantes atteintes, étaient, en effet, 


| en contact avec des Polygonum convolvulus, spontanés et assez 
- nombreux, mais sur lesquels on n’apercevait aucune trace de 
__ maladie. 


: 
L. 
3 
Fi. 153 
Pieds de Fagopyrum emarginatum atteints de Peronospora et 
k d'Heterosporium. 
4 Sur les mêmes individus ou sur d’autres, on trouvait des 


-_ taches plus régulières, mieux délimitées, Jaunâtres, puis brunes, 
surtout à leur péryphérie, et dans lesquelles on distimguait les 
traces d’un Æeferosporium, que je n’ai pu encore identiher. 

Ces maladies ont attaqué les quatre espèces de Fagopyrum, 


be 


qui étaient d’ailleurs cultivées côte à côte. Mais elles ont atteint 
surtout le Fagopyrum emurginatum, puis le Fagopyrum escu- 
lentum; au contraire, les Fagopyrum tataricum et stenocarpa 
ont très peu souffert. D'autre part, c’est dans le sol argileux 
que les dégâts ont été les plus grands et les plus étendus. 


Dans ces conditions, les plantes restent souvent chétives, 
plus ou moins rabougries ; les feuilles restent plus petites et 
sont fréquemment déformées, ainsi que l’indiquent les photo- 
graphies ci-contre. (Fig 152et 153). 

C’est dans le sable que l’affection a été la moins impor- 
tante. Pourtant, 1l est assez rare que les pieds atteints succom- 
bent, quoique le cas se produise quelque fois. 

Vers le 10 juillet, ces maladies ont apparu sur des jeunes 
semis de sarrasins divers, situés à une certaine distance, mais 
à proximité, des cultures précédemment atteintes, et leur dissé- 
mination a été très rapide. 

C’est sur les feuilles qu’elles paraissent localisées, et c’est 
sur ces organes déjà malades, que l’on trouve les traces du 
Cladosporium et du Botrytis, dont l’apparition semble conco- 
mittante et postérieure à celle des deux champignons précédem- 
ment signalés. 

Plus tard, j'ai eu l’occasion de retrouver ces mêmes affec- 
tions sur des cultures de sarrasin situées dans d’autres loca- 
lités. 

2. — Parasites animaux. 


J'ai trouvé également, dans des tiges de Fagopyrum escu- 
lentum, un némathelminthe qui, dans certaines années, occa- 
sionne des dégâts assez sérieux, le T'ylenchus devastatrix. 

La présence de ce ver dans le sarrasin a, d’ailleurs, déjà 
été signalée, entre autres par Darboux et Houard (1) et par 
Guénaux (2). 


(1) DARBOUX et HOUARD. — Catalogue systématique des zoocéci- 
dres, Paris, 1001. 
(2) GUÉNAUX. — Entomologie et parasitologie agricoles, Paris, 1905. 


L 2 


sa “ti 


est capité, et, naturellement, les rendements sont sérieusement 
compromis. Sie 
Ils le sont d’autant plus que ces anguillules sont, ordinai- 
ent, très nombreuses. Les plantes atteintes forment des 
hes, des plages plus ou moins irrégulières, à répartition spo- 
lique, nombreuses mais rarement très étendues. 
J'ai trouvé de préférence ce 7'ylenchus sur du sarrasin qui 
cédait à une culture de trèfle, de carotte ou de navet. Les 
Itivateurs ignorent d’ailleurs totalement l’existence de ce 
arasite, dont, pourtant, on pourrait sans doute, arrêter ou 
iuer les dégâts. | 


— 418 — 


Conclusions de la Deuxième Partie 


L'étude physiologique du Fagopyrum montre que la res- 
piration, l’assimilation et la transpiration y sont très actives. 
Les échanges gazeux sont particulièrement intenses chez les Fa- 
gopyrum tataricum et stenocarpa. Le quotient respiratoire est 
toujours inférieur à l'unité et varie de 0.91 à 0.97, soit en moyen- 
ne 0.94. Le quotient assimilateur est, par contre, toujours supé- 
rieur à l'unité, il varie de 1.02 à 1.05, soit en moyenne 1.04. 

La transpiration est particulièrement active, tout au moins 
à l’époque de la végétation où elle a été calculée. 

La quantité d’eau évaporée varie, pour les différentes espé 
ces de 3 gr. 4 à 3 gr. 8 par gramme et par heure, soit en moyenn: 
3 gr. 6. Hellrieghel a d’ailleurs déterminé que, pour former 
1 gramme de matière sèche, le sarrasin exigeait 363 grammes 
d’eau. 

Cette plante a donc de grandes exigences en eau, et doit 
en trouver dans le sol des réserves d’autant plus abondantes que 
sa végétation est très rapide. Le développement du système ra- 
diculaire, de l’appareil foliacé et du tissu conducteur général 
paraît d’ailleurs assurer cette absorption active. 

Le but essentiel et général de la culture du sarrasin est la 
production des grains, et, accessoirement, de la paille. Cett2 
production est subordonnée à de nombreux facteurs et la con- 
naissance de l'influence réelle de chacun d’eux serait très pré: 
cieuse pour le cultivateur. 

Les conditions climatériques jouent un grand rôle sur le 
développement du sarrasin. Cette plante réclame, pour accom- 
plir toutes les phases de sa végétation (dont la température imi 
tiale est voisine de 5°), une somme de chaleur égale à 1.750? 
environ, soit en moyenne 105° pour la levée, 480° pour la florai- 
con, 1.050° pour la formation des grains, et 1.750° pour la ma: 


turation. C’est donc cette dernière étape qui exige la température 
Ja plus élevée, et cela, d'autant plus, qu’elle est parcourue dans 
un temps relativement très court. 

La nature du sol fait varier les rendements dans de gran- 
des proportions. Comme pour la germination c’est le terreau, 
d puis le sable qui sont les plus favorables à la culture du Fago- 


 pyrum, et l'argile, puis le calcaire qui s'y montrent le moins 
ptes. Pourtant, dans le terreau, les grains sont généralement 
noins lourds que dans les autres terrains. D'ailleurs, la prépa- 
ration physique et chimique de ces terres intervient puissamment 
dans les résultats obtenus. Un ameublissement profond et com- 
_ plet du sol paraît nécessaire au bon développement de l’impor- 
ant mais très frêle système radiculaire de cette plante ; de plus, 
l est indispensable pour permettre l’'emmagasinement des réser- 
s aqueuses abondantes dont la nécessité a été montrée par 
‘étude de la transpiration du Fagopyrum. 
_ La préparation chimique du sol, c’est-à-dire l’apport des 
grais nécessaires à la fertilisation a également une influence 
arquée sur l’abondance et la qualité des produits que la plante 
ut fournir. L'étude, qui a été faite précédemment, de la com. 
osition de celle-ci à différents âges et pour une récolte entièr2, 
vait déjà renseigné sur les exigences de cette culture. Des expé- 
riences comparatives ont montré, de plus, l’influence particulière 
à chaque élément minéral ; elles indiquent que la potasse est 
articulièrement importante, que l’acide phosphorique agit plu 
ôt sur la production des grains et l’azote sur celle de la paille. 
Mais on ne sait pas encore si cet azote est pris dans le sol par 
es racines, ou dans l’atmosphère par les feuilles, comme on 
ladmettait autrefois et comme les recherches de Bouilhac et 
Giustiniani semblent l’infirmer. 
: Quant à la chaux, dont le rôle était jusqu'ici très discuté, 
_ les uns la considérant comme indispensable et les autres comme 
préjudiciable, il est probable qu’elle est absolument nécessaire 
a t sarrasin, Jusqu'à une certaine dose optimum (qui serait de 
gr. 10°/° de nitrate de chaux, soit 0,025°/° env. en chaux) au 
essus de laquelle elle deviendrait nuisible. 


Mais, en dehors de ces conditions de milieu très impor- 
tantes, la plante possède, en elle-même, des aptitudes diverses 
et une productivité spécifique. En effet, toutes les espèces et 
variétés d’un même genre ne sont pas aptes à fournir des rende- 
ments égaux. C’est ainsi que, dans les conditions de nos expé- 
riences, c’est, d’une façon générale, le Fagopyrum esculentum 
qui s’est montré le plus productif, et dans cette espèce, le sarra- 
sin japonais qui a fourni les meilleurs résultats. D'ailleurs, 
cette variété, par ses autres qualités (poids du grain, faible 
proportion des écales, etc.) paraît digne d’attirer l’attention des 
expérimentateurs. Enfin, dans une même race, toutes les graines 
ne sont pas douées de la même fécondité, et 1l résulte, des 
essais relatés précédemment, qu’aussi bien pour la germination 
que pour les rendements obtenus, ce sont les plus volumineuses 
et les plus lourdes qui donnent les meilleurs résultats. 


L'ensemble de tous ces documents paraît donc devoir 
fournir des indications utiles à la culture et permettre d’obtenir, 
dans les meilleures conditions, des résultats plus avantageux. 
Mais les plantes, ainsi obtenues, provoquent chez l’homme ou 
les animaux qui les consomment, certains accidents, généra- 
lement peu graves, mais parfois mortels cependant, qu’on a 
désignés sous le nom de fagopyrisme. 


Cette affection, qui paraît être surtout une maladie cutanée, 
se traduit, en effet, par des éruptions, en même temps que par 
une sorte d’ivresse, l’œdème de la tête, etc. Elle atteint tous les 
animaux, et principalement ceux dont la robe ou la peau sont 
blanches, et ses causes réelles sont encore ignorées. Elle pouvait 
être düe à la présence de l’acide cyanhydrique, d’un alcoloïde, 
d’un glucoside ou d’un micro-organisme. Or, l’existence de 
l'acide cyanhydrique, constatée dans certains cas seulement, ne 
paraît être que transitoire et par conséquent, incapable d’être la 
cause efficiente de la maladie du sarrasin. D’autre part, et con- 
trairement à l’hypothèse de certains savants, tels que Dammann, 
il semble certain qu’il n’existe dans la plante aucun alcaloïde, 
tu aucun glucoside cyanhydrique. Par contre, j'ai déterminé la 


présence certaine, et parfois très abondante dans tous les orga- 
nes, d’un pentoside qui paraît être la Rutine. Des essais de 
Jocalisation de ce corps, essais encore imparfaits par suite de 
l'absence d’un réactif spécifique certain de la rutime, laissent 
supposer qu'il se trouve principalement dans les cellules de 


’épiderme et de l’endoderme. 
_ Or, c’est dans les mêmes régions que J'ai décelé les matiè- 
; res tanniques ; et l’on peut, devant cette coïncidence, émettre 
l'hypothèse qu’il existe entre ces substances et le pentoside, les 
relations qu’on a constatés chez d’autres végétaux, entre les 
tannins et les glucosides. D'autre part, c’est également dans les 
mêmes cellules de l’épiderme et de l’endoderme que se trouve 
11 matière rouge qui donne à la tige, aux nervures des feuilles 
et aux arêtes des grains non mûrs, leur coloration particulière. 
Enfin, il existe, dans ces mêmes organes, une aéro-oxydase. On 
eut donc admettre que ce pigment rouge provient de l’oxyda- 
1on des tannoiïides. 
Des essais d’intoxication d’animaux par la rutine — 
pportée soit par voie hypodermiqué, soit par voie digestive — 
r’ont pas jusqu’ici permis de conclure à la nocivité de ce corps, 
dont les propriétés physiologiques sont d’ailleurs complètement 
‘ignorées. La question du déterminisme du fagopyrisme n’est 
_ donc pas encore résolue. 


5 ne See Lo AR ASS 


Les conclusions générales de ce travail sont les suivantes 
1. — Morphologie 


Les caractères extérieures du fruit du genre Fagopyrum, 
tout en se rapportant à un type commun, sont assez différents 
suivant les espèces et les variétés considérées, quant à la forme, 
aux dimensions, au poids et à la densité. 

Les caractères de la graine décortiquée présentent des va- 
riations sensiblement de même ordre, quoique moins accusées. 

L'étude biométrique des akènes montre que les polygones 
de variations de chaque espèce sont unomiaux (sauf pour quel- 
ques variétés du Fagopyrum esculentum, où ils ont deux som- 
mets) et qu'on a affaire à des types purs et relativement bien 
fixés. La nutrition minérale a une influence sur les dimensions 
des akènes et leur puissance de variation. Un engrais complet 
les augmente dans une grande proportion, et chaque élément 
fertilisant a une action particulière ; c’est ainsi que, dans le cas 
présent, c’est la potasse qui a montré la plus grande influence, 
puis l’acide phosphorique et enfin l'azote. 

Un type spécifique déterminé possède, pour chaque carac- 
tère envisagé, une dominante qui lui est propre, mais qui peut 
varier dans sa descendance. De plus, le milieu modifie cette do- 
minante, et, au moins temporairement, ce type spécifique. Il exis 
tera donc, dans les générations futures, deux tendances anta- 
gonistes, correspondant, l’une à la dominante spécifique, l’autre 
à la dominante acquise sous l’action d’un milieu nouveau. 

L’éude de la descendance des akènes de Fagopyrum cul- 
tivé dans des conditions différentes, montre que l’augmentation 
des dimensions résultant du milieu, se fait encore sentir dans les 


générations ultérieures. Par sélection d’une forme, on obtient 
donc une augmentation de taille de l’ensemble, conséquence de 
la tendance à l'accroissement, primitivement acquise, et, simul- 
tenément, une plus grande importance de cette forme choisie, 
Qui paraît tendre à se fixer. Il n’y a pas antagonisme entre ces 
deux tendances, et il en résulte une épuration et une améliora- 
tion de la race. La sélection, au lieu d’être seulement conserva- 
trice, a été aussi améliorante, et elle permettrait, sans doute, de 
créer une forme nouvelle, en accentuant et fixant une déviation 
latente ou déjà manifestée, conformément aux doctrines néo- 
l:marckiennes. 

La structure de l'akène ne présente rien de bien particulier, 
en dehors de l’hypoderme fibreux qui présente deux dispositions 
différentes suivant les espèces. 


La composition des graines classe le sarrasin dans les cé- 
réales les plus riches en principes nutritifs ; elle varie peu dans 
les différentes espèces et variétés. 

La germination des graines est soumise à de nombreuses 
‘influences, tant intrinsèques (âge, dimensions, poids, densité, 
etc...) qu'extrinsèques (température, humidité, nature du sol, pro: 
fondeur du semis, etc...). 


_ Le développement de la plante est très rapide (90 à 110 
jours) et les inflorescences apparaissent dès la sixième semaine 
Les racines, fasciculées, affectent une disposition quaternaire ; 
elles sont très nombreuses, très fines et aussi très profondes, 
puisqu'elles peuvent dépasser © m. 80 de profondeur, contraire- 
ment à l’opinion courante. 


Sous le rapport de la morphologie externe et de la struc- 
ture, il n’y a que peu de différences entre les quatre espèces 
étudiées du genre Fagopyrum. Les caractères en sont modifiés 
par la nature du sol et par celle des engrais; elles permettent en 
outre de rapprocher les unes des autres certaines espèces êt 
variétés généralement séparées. 

La composition de la plante montre qu’elle peut servir uti- 
lement comme fourrage ou comme engrais vert; elle indique Île 


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rôle prépondérant de la potasse et de la chaux et elle permet de 
comprendre les exigences du sarrasin par rapport à ces subs- 
tances. 


2. — Physiologie 


La respiration, l’assimilation et la transpiration sont très 
actives dans les divers Fagopyrum. Le quotient respiratoire, 
toujours inférieur à l'unité, varie de 0.91 à 0.97 (soit, en 
moyenne 0.94) , et le quotient assimilateur, toujours plus grand 
que l’unité, varie de 1.01 à 1.05 (en moyenne 1.03. La transpi- 
ration est très active et sa valeur atteint 3 gr. 6 par gramme et 
par heure. 

Le sarrasin, à divers états, est parfois toxique pour tous 
les animaux qui le consomment (et même pour l’homme). Il est 
surtout vénéneux pour ceux dont le pelage est blanc et lorsqu’il 
est consommé en plein air. Quelle est la substance nocive à 
laquelle sont dûs les accidents constatés? Je n’ai pu déceler 
dans la plante la présence de glucosides cyanhvdriques ni 
d alcaloïdés. L’acide cyanhydrique s’y trouve accidentellement 
au moment de la floraison, et la rutine existe à toutes les pério- 
des de la végétation; mais, jusqu’à plus amples recherches, on 


ne péut voir dans ces corps la Cause du fagopyrisme. 


L'étude de la matière colorante rouge du sarrasin montre 
qu’elle provient de l'oxydation des matières tanniques, et il 
semble qu’il existe une relation entre ceux-ci et la rutine. 

Les sarrasins peuvent être attaqués par deux maladies 
cryptogamiques, non encore signalées sur cette plante et dûes, 
l’une, à un Peronospora et l’autre, à un Æeterosporium; ils peu- 
vent l’être aussi par un Némathelminthe, le Z'ylenchus devas- 
latrix, beaucoup plus fréquent et dangereux qu’on ne l’admet 
habituellement, 


3, — Culture 


L'étude morphologique et physiologique du sartasin expli- 
Que et justifie diverses méthodes culturales ; elle montre aussi 


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äuc certaines autres, moins rationnéÎles, sont susceptibles d’être 
avantageusement modifiées. En outre, de cette étude, découlent . 


des notions nouvelles, dont la pratique pourra tirer sûrement 
un parti avantageux, Le Fagopyrum emarginatum peut être rap- 
proché de certaines variétés rapportées ordinairement au Fago- 
pyrum esculentum (sarrasins russe, Japonais) ; et les Fagopy: 
run lataricum ct stenocarpa ne constituent qu'une même espèce, 
{tant donnée l’analogie qui existe entre eux. 


le développement, jusqu'ici insoupçonné, du système radi- 


culaire, la rapidité de la végétation et l’intensité de la transpi: 
ration indiquent la nécessité d’un travail du sol plus profona 
ct plus soigné que celui exécuté dans la pratique actuelle. 

Les résultats acquis par les divers modes de sélection des 
semences, l'étude biométrique des akènes et de leur descendance, 
l'examen comparé des principales espèces et variétés montrent 
la possibilité d’obtemir, par une culture rationnelle, des races de 
plus en plus améliorées. 

La composition chimique du sarrasin, l'étude du développs- 
ment et les essais de fertilisation du sol indiquent le rôle des 
engrais, l'importance de la potasse, l'influence, jusqu'ici contro- 
versée, de la chaux et la nécessité de principes rapidement assi- 
milables. | tie 

Enfin, la détermination des courbes de température, des 
constantes thermiques et de l'humidité optimum, ainsi que celle 
de l’influence de la nature du sol et de la profondeur du semis 
fournissent aux agriculteurs des données qui leur manquaient 
Jusqu'ici. 


4 


Planche I 


Feuille jeune. 
Feuille à la maturité. 
Tige jeune. 
- Tige à la maturité (sommet). 
Grain avant la maturité ; 
Localisation de la matière colorante : 
la feuille. 


Localisation des tanins dans la tige jeune. 


Localisation de la matière colorante rouge dans Lo 


tige un peu plus âgée 


AA ee 
PISRS 
RE 


TABLE DES MATIÈRES 


Pages 
EERODUCTION 2. FE AR PR AO 
LE TONNERRE Re ET 13 


PREMIÈRE PARTIE (Morphologie) 
CHAPITRE PREMIER. — ETupE DES AKÈNES ET DES GRAINES 
|. — Caractères extérieurs 


. 1° Caractères du Fruit : 


En PGO NN ARCS EE APE 27 
BE DinenMons 41.14 ..: . ii uv. 34 
D. Lonsetidensité, ni te 36 
DSP ÉMIÉnEATON 223: 4 200 & i. Tu AP a ÉNSINEAA 
2° Caractères de la Graine : 
SR HO DMO NS es ni fées UN ou eut 2 à JAM Te 45 
DE DIE MSIONS ne diese Merise DeR Pere À 50 
D PONS she eu op ep tte No de oo » 0 Mo ee One 25 
RE NE lOB PS Nu Aie MN des AL NN eee 56 
Il. — Étude biométrique 
1° Espèces et variétés..... D TT VE Cet PRE 59 
À. — Variations de la longueur., ......... ..... VERT 62 
B. — — IE O0 N R  e ETe 71 
er — SULIACE. ran e Lre ie MA ete eoiste SE NAO 
D. — — D'OISE Deere re het PE et 
2° Influence de la nutrition minérale : 
D Variations dela longueur: ...:,.:11 723,21. PIS AS 
B. — — TORRES ER ETS RER Rte 100 
D MOPACIÈReS CORTOlAtS ne on Ne Er PR ee ST A 


4° Résumé-des recherches biométriques.. ............ 
I: Strueture de PAKENES TESTER AN SIERRA 
IV. — Composition de l’Akène.............. ea RE 
CHAPITRE Il. — ETUBE DE LA GERMINATION 
1. — Germination proprement dite..................... 
Il. — Conditions de la germination. 
D'ICONATTIONSANITINSELENS EEE RETENUE 
2 A C'ONAMLONSICNITINSCQUES Re LRU. ‘. 
RÉSUMÉ du CRAPUTONRS ESS SRE EN RE RRRERTIA NE Mee 
CHAPITRE III. — ETUDE DE LA PLANTE 


== Morphologie exrerne:.25. 2062 Mere LS MISISN 


he SDévelRpaement: UNE ENTIER RS 
Iluence du niNen tee AMEN ANR RS PAROLE DK PL DEL E 


II. — Morphologie interne...... Ne Ce a ee 


Mnduence dueMilREUN Es ARENA ARR CORRE MENEUNT AR NE 
IV. —- Composition de la plante .......... Pete 


Conclusions de la Première Partie.......2..:..: ILE ARS A AE 


DEUXIÈME PARTIE (Physiologie) 

CHAPITRE PREMIER. — Foxcrions. 

I ReSDITAON SARA RS ER CR ANSE ER RER ReREe 

ST ASSIMAATIONES. ET PR LS RE RARE CE re tate 

NI TrANRSDITATIONE TERRES PATES ET RER NE SRE 
CHAPITRE II. — ToxiCiTÉ DU SARRASIN (FAGOPYRISME)... 
CHAPITRE TES ESSAIS QCULTURAUX: 7200 Tee à 
CHAPITRE TV == "PATHOLOGIE 2720 0e A Mn 
Conclustons dela Deénxième Pare 7 RSR ee 


RESUME: ET CONCLUSIONS GENERALES M NAN PS EN eee 


= DEUXIÈME THÈSE 


ee? Je = : 


_ PROPOSITIONS DONNÉES PAR LA FACULTÉ 


CA 


- té < 
° ZooLoGE. — Le Pancréas des Vertébrés : Anatomie comparée, 

sie Histologie. 

Came. — Les Nitrates : leur origine, leur rôle dans la nutri- 

tion des plantes. 


| à Vu el approuve : 
Res | Paris, le 18 novembre 1910 
Le Doyen de la Faculté des Sciences, 


PAT APP ÉrE 


Vu et permis d'imbrimer : 
Paris, le 18 novembre 1910. 
Le Vice-Recteur de l'Académie de Paris, DE> 


L. LIARD. | | À À 


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998 MADISON AVENUE 
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