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Alex. Agassiz.
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OF
COMPARATIVE ZOOLOGY,
AT BAMARD COllEïE, CAMBRIDGE, MASS.
JFountie)) fin prtbate subscïfptfon, fit 1861.
Deposited by Alex. Agassiz
fromthe Library of LOUIS AGASSIZ.
iO^MUaA.
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A30^
RECHERCHES
SUR LES
^^
^ I
RECHERCHES
SUR LES
POISSO]\S FOSSILES,
COMPRENANT
Une introduction à l'étude de ces animaux ; l'anatoniie comparée des systèmes organiques qui peuvent
contribuer à faciliter la détermination des espèces fossiles ; une nouvelle classification des poissons ,
exprimant leurs rapports avec la série des formations ; l'exposition des lois de leur succession et de
leur développement durant toutes les métamorphoses du globe terrestre, accompagnée de considéra-
tions géologiques générales; enfin , la description d'environ mille espèces qui n'existent plus et dont
on a rétabli les caractères d'après les débris qui sont contenus dans les couches de la terre ;
Par louis AGASSIZ ,
Membre des Académies et Sociétés royales des sciences de Londres, de Paris, de Berlin, d'Edimbourg, de Stockholm, de Turin, des Lyucées
de Rome, de l'Académie impériale des curieux de la nature, de la Société philomatique de Paris, des Sociétés géologiques de Londres
et de France, de TAssociation britannique pour l'avancement des sciences, delà Société philosophique américaine, de la Société impé-
riale des naturalistes de Moscou , des Académies de Philadelphie et du Val-d'Arno, du Lycée de New-York , des Instituts de Bristol et
de Leeds, de la Société helvétique des sciences naturelles, des Sociétés d'histoire naturelle, de physique et de médecine de Berlin, de
Vienne, d'Irlande, de Francfort, de Prague, de Florence, de Heidelberg, de Strasbourg, de Silésie, de Halle, du Palatinat , de
Fribourg , de St-Louis (Etats-Unis), de Hambourg , de Northumberland , de Durham , de New-Castle, de Genève, de Zurich, de
Bàle, etc., etc.; docteur en droit des universités d'Edimbourg et de Dublin ; docteur en yiliilosophie , médecine et chirurgie ; chevalier
de l'aigle rouge de Prusse ; professeur honoraire à l'académie de Lausanne, et professeur d'histoire naturelle à celle de Neuchàtel.
^iwutae/ coiLWUiie L■^a^ la CVoovete (./c'oloatqiK;' Do ivou-Dt-ett .
TOME II,
Contenant l'Histoire de l'Ordre des Ganoïdes.
NEUCHATEL (Suisse),
affO! r}"aeà as iau^Mf-r.
IMPRIMERIE DE PETITPIERRE.
'^1835 — 45.
PREFACE.
Ce volume renferme l'Histoire d'une grande division de la classe des poissons qui a été en-
tièrement méconnue des naturalistes jusqu'ici et dont la plupart des genres n'existent qu'à
l'état fossile. Avant d'avoir appris à connaître tous ces types si remarquables , dont les feuilles
suivantes contiennent la description, il m'aurait été bien difficile, sinon impossible, de saisir les
vrais rapports des familles que je réunis maintenant dans cet ordre. Conmient en effet sup-
poser à première vue que le Lepidostée et le Bichir que l'on range parmi les Malacoptéry-
giens abdominaux sont très-voisins des Balistes , des ColTres , des Diodons et des Syngnathus ,
et que même les Esturgeons , que l'on a toujours associés aux Chondroptérygiens , font partie
du même groupe? Et cependant j'espère démontrer qu'il existe des liens assez étroits entre tous
ces poissons. Les rapprochemens que j'ai établis n'ont, il est vrai , été entrevus que successive-
ment , et c'est très à la longue seulement que j'ai pu fixer les rapports naturels de ces diverses
familles. Tout en reconnaissant cependant que les difficultés contre lescpielles j'ai eu à lutter
pour y parvenir sont inhérentes au sujet que j'avais à traiter, je crois pouvoir affirmer que
l'étude des poissons fossiles pouvait seule mettre sur la voie d'une classification naturelle de
la classe, et que sans la connaissance des nombreuses espèces, des genres et même des familles
qui n'existent plus , il aurait été à tout jamais impossible de se faire une juste idée des affini-
tés qui lient tous ces poissons entre eux. Si je suis parvenu à saisir des relations plus ou
moins intimes entre des familles que l'on avait jusqu'ici l'habitude de placer à de grandes dis-
tances les unes des autres dans les classifications ; si j'ai pu démontrer que les familles qui
existent de nos jours, et qui prévalent sur d'autres types par le nombre de leurs représentans
dans les mers actuelles, se sont développées successivement en reniplacement d'autres groupes
qui existent maintenant en très-petit nombre ou qui sont complètement éteints, c'est à l'étude
des poissons fossiles que je le dois. Sous ce point de vue, l'étude des Ganoïdes est surtout in-
téressante , parce que dans cet ordre nous voyons, d'une manière plus évidente peut-être que
dans aucun autre , comment les dififérentes familles ont dominé aux différentes époques et
TOM. II.
comment elles se sont succédé dans leur apparition. Il n'y a que les Placoïdes qui puissent
rivaliser d'importance à cet égard avec l'ordre qui nous occupe spécialement ici. Mais abstrac-
tion faite de cet intérêt spécial , qui se rattache à l'étude de l'histoire de la vie en général , les
Ganoïdes fossiles sont si nombreux ; ils renferment des types si difïérens de ceux qui existent
maintenant , et nous offrent des combinaisons de caractères si inusitées parmi les poissons
vivans , que leur connaissance est en elle-même indispensable au zoologiste qui veut se fami-
liariser avec toute la série des formes que peuvent alîecter les poissons. D'un autre côté , les
géologues apprécient tous les jours mieux l'importance d'une connaissance approfondie de
l'ensemble des fossiles qui sont ensevelis dans la série des terrains dont se compose lécorce
stratiliée de notre globe , et sous ce point de vue, les poissons fossiles de l'ordre des Ganoïdes
ofifrent d'autant plus d'intérêt, qu'on en a trouvé des débris dans toutes les formations géolo-
giques fossilifères, depuis les plus anciennes jusqu'aux plus récentes. Mais il y a plus, ces
débris sont partout assez fréquens pour servir de guides sûrs dans l'appréciation de l'âge
relatif des terrains ; car, comme les espèces ne parcourent pas une série bien étendue de
couches , et que les genres eux-mêmes se reproduisent au plus dans d(;ux ou trois for-
mations successives, tandis que toutes les espèces connues sont limitées successivement à une
seule formation . il en résulte que les espèces les plus répandues peuvent être envisagées
comme d'excellens caractères pour les foraiations et qu'elles déterminent même des horizons
géologiques plus précis que la plupart des autres fossiles. A ce titre, les poissons fossiles en
général et les Ganoïdes en particulier réclameront de plus en plus l'attention des géologues.
Déjà le nombre des cas où la comparaison des espèces de différentes localités a servi à pré-
ciser l'âge géologique auquel elles ont appartenu , s'est considérablement accru , et je ne
doute pas que lorsque les poissons fossiles des autres continens seront aussi bien connus que
ceux d'Europe, leur comparaison ne conduise aux résultats les plus importans. En attendant,
je ne saurais trop recommander à ceux qui possèdent de ces précieux débris, de chercher à
compléter les descriptions des espèces dont je n'ai connu que des fragmens incomplets. En
recueillant avec soin tous les fragmens de toutes les espèces , et même de celles dont on pos-
sède des exemplaires entiers, on parviendra sans doute aussi à découvrir des parties de la char-
pente intérieure , et à déterminer ainsi la forme des vertèbres , des côtes et des osselets in-
terapophysaires qui portent les nageoires. L'examen comparatif de la plaque caudale qui porte
la nageoire caudale, conduira vraisemblablement à la connaissance de diverses particularités
distinctes dans plusieurs genres. Il ne serait pas moins intéressant de recueillir les os détachés
VII
(le la tête . loiiles les fois (jue l'on pourra déterminer les espèces auxquelles ils ont appartenu;
car c'est le seul moyen d'arriver à la connaissance de toutes les modifications qu'offre la
charpente solide du crâne et de la face dans les diverses combinaisons des os dont elle est
composée. Enfin l'examen microscopique de la structure des dents est devenu une nécessité,
depuis que les belles recherches de M. Owen nous ont appris combien leur structure est variée.
.L"a])plication que j'ai faite de ce procédé à l'étude de plusieurs familles , m'a convaincu qu'on
ne saurait pousser trop loin ce genre de comparaison J'ai même acquis la conviction que la
■ structure microscopique des écailles varie beaucoup plus qu'on n'aurait pu le supposer et que
les caractères qu'elle offre peuvent acquérir une nouvelle valeur par un examen détaillé. Il n'y
a pas jusqu'aux plaques osseuses qui recouvrent la tète, dont l'analyse microscopique ne puisse
fournir d'excellens caractères ; mais elles exigeront des recherches multipliées et plus étendues
que celles que l'on a faites jusqu'ici, avant qu'on en retire tout le parti qu'elles peuvent offrir
au zoologiste, à l'anatomiste et au paléontologiste.
Il me reste à dire un mot de l'ordonnation de ce volume. Commencé il y a plus de dix ans,
il ne se "ressent que trop du défaut d'unité inhérent à toutes les publications fragmentaires,
et qui doit nécessairement être d'autant plus sensible que les progrès de la science qu'on traite
sont plus rapides. Or, il est certainement peu de branches des sciences naturelles dont le dé-
veloppement ait été aussi prodigieux que celui de l'étude de ces curieux poissons dont la race
s'est perdue. C'est ce que prouve suffisamment le tableau additionnel qui termine ce volume.
Non seulement le nombre des espèces s'est plus que triplé depuis la publication du tableau
primitif (Chap. I), mais une foule de genres nouveaux et même des familles entières sont
venus prendre rang dans ce cadre. .l'ai ainsi été à même de préciser d'une manière toujours
plus rigoureuse les caractères distinclifs des différentes divisions que j'avais établies précé-
demment. C'est ce qui explique les additions et les modifications que j'ai été dans le cas de
faire successivement à des chapitres déjà traités antérieurement. Si par cela même la première
partie de ce volume qui est consacrée ex<;lusivemenl à l'histoire de la famille des Lépidoïdes,
peut paraître indigeste à certains égards , elle est, d'un autre côté , l'expression fidèle des pro-
grès que l'étude de ces fossiles a faits depuis la publication des premières livraisons jusqu'à ce
jour : et j'aime à me persuader que quelques naturalistes me sauront gré de lui avoir con-
servé sa forme primitive.
.l'aurais désiré pouvoir traiter avec autant de détail la seconde partie de ce volume, qui
comprend les familles des Sauroïdes , des Célacanthes , des Pycnodontes , des Sclérodermes ,
— vni —
des Lophobranches et des Acipenserides. Mais ici aussi les matériaux se sont accrus dans une
«
proportion si inattendue , que pour ne pas retarder indéfiniment la clôture de cet ouvrage ,
j'ai dû souvent me borner à ne décrire que quelques espèces de tel ou tel genre très-nom-
breux. Il y a même une foule de genres nouveaux qui sont simplement mentionnés, et dont
j'ai été obligé de renvoyer la publication à une autre époque. Ces indications ne seront pas
sans utilité , parce qu'elles donnent par anticipation une sorte de sanction aux citations qui
pourraient être faites de ces espèces par les géologues dans les collections desquels je les ai
observées. D'un autre côté , je n'ai pas voulu m'en attribuer dès à présent la propriété scien-
tifique par la publication de simples diagnoses , qui seraient insuffisantes pour les faire recon-
naître , afin de ne détourner personne d'une étude qui réclame le concours d'un plus grand
nombre de cultivateurs. Malgré ces lacunes, j'ai cependant la conviction que, tel qu'il est, ce
volume suffira pour donner une idée du caractère propre du type des Ganoïdes aux différentes
époques , et des modifications qu'il a subies dans le cours des âges géologiques.
Les mêmes considérations s'appliquent aux trois autres volumes de cet ouvrage , en parti-
culier au troisième volume qui renferme l'histoire de l'ordre des Placoïdes.
Il me reste encore à faire une remarque sur la manière de compter les vertèbres , que j'ai
suivie dans cet ouvrage. Toutes les fois que les exemplaires étaient assez bien conservés pour
le permettre, j'ai appelé première vertèbre la vertèbre nuchale qui s'articule avec le crâne, et
j'ai continué l'énumération en marchant vers l'extrémité postérieure de la colonne vertébrale ;
mais lorsque la portion caudale était seule bien conservée , j'ai suivi un ordre inverse , en ap-
pelant première vertèbre celle qui porte la caudale ; enfin lorsque le milieu du tronc était
seul bien conservé, j'ai dû partir de la réunion de la queue au tronc et compter les vertè-
bre* caudales en allant d'avant en arrière , et les vertèbres abdominales en allant d'arrière
en avant. En faisant attention aux figures il sera toujours facile de s'y reconnaître.
IVeuchâtel , en Novembre 1843.
L. AGASSIZ.
IX
DE L'ORDRE
DES GAIVOIDES
Lélablissemenl de l'ordre des Ganoïdes est à mes yeux le progrès le plus iniporlant que
j'ai fail faire à l'iclilhyologie. Dès les premières recherches auxquelles je me suis livré sur les
poissons fossiles , j'avais remarqué que tous les types dont les débris sont ensevelis dans des
couches de l'écorce de notre globe antérieures à la déposition des terrains crétacés, différaient
trop généralement des genres de la création actuelle pour pouvoir leur être associés. J'avais
en même temps reconnu qu'ils avaient tous des caractères communs qui permettaient de les
grouper dans une même division. Je fus ainsi amené à les considérer dans leur ensemble
comme formant une grande famille, à laquelle je n'ai pendant longtemps rapporté que deux
genres de notre époque , le Lépidostée et le Polyptère. Mais en cherchant à me rendre
compte des affinités de ce groupe, j'ai bientôt senti qu'il se rattachait d'assez près à d'autres
familles de la création actuelle dont la classification a de tout temps offert de grandes dif-
ficultés aux auteurs systématiques; je veux parler des Sclérodermes , des Gymnodontes , des
Lophobranches et surtout des Esturgeons , dont les caractères bizarres cadrent aussi mal avec
la forme régulière des poissons osseux ordinaires qu'avec les particularités distinctives des pois-
sons cartilagineux. Déjà bien longtemps avant d'avoir trouvé un caractère qui leur fût propre à
tous, j'avais acquis la conviction que tous ces poissons formaient un ordre très-naturel, lors-
qu'on poursuivant les études que j'avais commencées sur la structure des écailles, à l'occasion
de la publication des poissons du Brésil de Spix, je découvris enfin que, chez tous, les légu-
niens différaient notablement , par la nature de leurs productions , de ce que l'on observai!
tant chez les Chondroptérygiens que chez les poissons osseux. Il n'en fallut pas davantage
pour me démontrer que la base fondamentale de toutes les classifications proposées jusqu'à
ce jour pour les poissons ne pouvait pas être maintenue dans sa généralité, car les Estur-
geons , qui ont un squelette véritablement cartilagineux , devaient , d'après cela , être déta-
chés des vrais Chondroptérygiens pour être associés à des poissons osseux. J'avais en effet
trouvé le moyen de réunir clans une même grande divison (rois familles, les Sclérodermes ,
les Gymnodontes el les Lophobranches , que Cuvier lui-même s'était borné à éloigner des
poissons osseux ordinaires, sans leur assigner un caractère commun, et je leur avais associé un
petit groupe de poissons cartilagineux, les Esturgeons, qui n'ont d'autre rapport avec les vrais
cartilagineux que la mollesse de leur squelette , mais qui en diffèrent complètement par l'en-
semble de leur organisation et en particulier par la composition de la tête, par la conforma-
tion des mâchoires, par l'arrangement des branchies, par le développement de l'opercule
et par les larges plaques écailleuses dont leur corps est garni. La comparaison des Loricaires
avec les Esturgeons et les Silures m'avait de plus conduit à envisager ces trois familles
comme intimement liées entre elles, malgré la différence qui existe dans la consistance
de leur squelette. A mesure que j'étendais ainsi mes rapprochemens entre les poissons
vivans, je fus conduit par une étude plus approfondie des fossiles de cette même grande di-
vision à les distinguer en plusieurs familles auxquelles j'ai donné les noms de Lépidoïdes ,
de Sauroïdes, de Célacanlhes et de Pycnodontes. Dès-lors, cette division s'agrandit au point
de me paraître équivaloir à celles que j'avais établies , d'après des considérations semblables
parmi les poissons osseux, et je divisai définitivement la classe des poissons en quatre ordres :
les Placoïdes, qui correspondent aux Chondroptérygiens des auteurs, à l'exclusion des Estur-
geons ; les Ganoïdes, dont ce volume renferme l'histoire; les Cténoïdes, comprenant les pois-
sons osseux à écailles pectinées au bord postérieur, qui correspondent en grande partie aux
Acantlîoptérygiens d'Artedi, à l'exclusion cependant de la grande famille des Scombéroïdes, de
celle des Labroïdes et de quelques autres petits groupes, et qui embrassent en outre les Pleu-
ronectes; enfin les Cycloides, qui embrassent tous les Malacoptérygiens , à l'exception des
Pleuronectes, des Acanthoptérygiens que je viens de citer, qui ne rentrent pas dans l'ordre des
Cténoïdes et de deux familles qui ne sont proprement ni des Acanthoptérygiens, ni des Mala-
coptérygiens, les Blennioïdes (4 les Lophioïdes.
Le caractère essentiel des Ganoïdes est tiré de leurs écailles qui sont toujours formées de
deux substances différentes et bien distinctes , savoir de lames osseuses superposées comme
celles de toutes les écailles des poissons ordinaires , et d'émail qui recouvre la partie de l'écaillé
qui est visible à l'extérieur. La forme des écailles est généralement rhomboïdale ; cependant
il existe de nombreuses variations dans leur disposition. C'est ainsi que chez les Lépidoïdes, chez
les Sauroïdes et chez les Pycnodontes, les bords antérieur et postérieur des écailles sont paral-
lèles aux contours du dos et du ventre ou du moins dirigés dans le même sens ; tandis que
chez les Sclérodermes, les écailles forment desl osanges transversales aux flancs; ou bien elles
sont polygonales, ou enfin elles affectent, comme chez les Gymnodontes, la forme de piquans.
Le s([uelette des Ganoïdes est moins complètement osseux que celui des poissons ordi-
naires. Il est cartilagineux chez les Esturgeons, où la colonne vertébrale offre une disposi-
tion analogue à celle qu'on trouve chez les embryons des poissons osseux , et qui consiste
dans la présence d'une corde dorsale, autour de lacjuelle il ne se forme pas de corps de ver-
XI
(èbres ; les apophyses seules se solidilient , mais elles restent cartilagineuses. Chez la plupart
des Lépidoïdes, des Célacaulhes et des Pycnodontes, il n'y a pas non plus de corps de vertèbres
ossifiés ; ces poissons qui sont tous fossiles paraissent avoir conservé la corde dorsale pendant
toute leur vie. tandis (|ue le reste du squelette qui était osseux est souvent très-bien conservé.
Dans quelques genres dont les corps de vertèbres se solidiliaient , ils offrent la structure des
vertèbres de Squales. Chez les Sauroïdes, où le squelette est complètement osseux, les apophyses
restent séparées des corps de vertèbres. Chez les Sclérodermes , les Gymnodontes et les Lo-
phobranches enfin , où les apophyses font corps avec le centre de la vertèbre , l'ossification est
généralement moinscomplèle.
Les familles que je range dans l'ordre des Ganoïdes ne sont pas apparentées entre elles au
même degré. Les rapports d'organisation qui lient les Lépidoïdes , les Sauro'ides et les Pycno-
dontes, sont plus étroits que les relations qui existent entre ces mêmes familles et les Scléro-
dermes, les Gymnodontes et les Lophobranches. Ce fait, qui coïncide avec l'époque de l'ap-
parition de tous ces types est très-significatif pour l'étude du développement de la classe en-
tière. Remarquons d'abord que l'existence de la souche principale des Ganoïdes remonte à une
époque bien antérieure à la création des reptiles, et que les familles qui composent cette pre-
mière souche sont justement celles qui ont les affinités les plus nombreuses avec les reptiles.
Ces affinités, surtout sensibles chez les Sauroïdes, ne sont cependant pas limitées à cette seule
famille ; les Lépido'ides et les Pycnodontes en otïrent aussi des traces plus ou moins nom-
breuses. Mais elles s'effacent succes^sivenlent à mesure que les reptiles acquièrent une plus
grande importance dans la série des créations. A cet égard , il n'est pas sans intérêt de rap-
peler que c'est parmi les reptiles les plus anciens que l'on a reconnu les .types qui offrent le
plus de caractères communs avec la classe des poissons. La famille des Célacanthes , enclore
imparfaitement connue, semble se rattacher plus directement aux Esturgeons. Un autre fait
digne de remai'que , c'est que tous ces poissons anciens ont des formes très-régulières ; la
classe entière parait ne pas avoir encore assez de consistance en elle-même pour se jouer dans
les extrêmes les plus discordans, comme on le remarque plus tard. Leurs membres pairs
sont espacés sur les côtés de la cavité abdominale , comme c'est toujours le cas chez les rep-
tiles ; on dirait que, précurseurs d'un développement qui doit se terminer avec l'apparition
de l'homme auquel il a été donné d'élever la face au ciel , ces animaux , encore étroitement
liés à l'élément dans lequel ils vivent , annoncent déjà une tendance vers cet ordre de choses ,
en nous montrant un acheminement vers l'organisation des quadrupèdes. Ce n'est que beau-
coup plus tard, à une époque où les poissons ne participent pour ainsi dire plus directement
aux progrès qui doivent se réaliser dans l'embranchement des vertébrés, lorsque la classe des
reptiles a acquis son plus grand développement et prépare la venue des oiseaux et des mam-
mifères, que nous voyons les poissons se diversifier à l'infini, et même reproduire dans des
limites très-restreintes des formes qui rappellent par leur régularité, et même jusqu'à un cer-
tain point par leurs caractères , les types primitifs de la classe. C'est alors aussi qu'apparais-
— xir —
sent les souches collatérales de l'ordre des Ganoïdes, les Scléroderines , les Gymnodontes et
les Lophobranches qui nous présentent dans leurs formes autant de diversité que les ordres
des Cténoïdes et des Cycloïdes leurs contemporains. C'est alors aussi que s'éteignent les der-
niers représentans des familles qui ont précédé toutes les autres dans leur apparition.
Tous les poissons osseux antérieurs à la craie appartiennent sans exception à l'ordre des
Ganoïdes , et même on ne rencontre dans ces formations anciennes que des genres et des fa-
milles qui n'ont plus ou trés-peu de représentans de nos jours. Dans les terrains crétacés et ter-
tiaires, au contraire, ces types disparaissent presque entièrement pour faire place à des genres de
familles qui sont encore amplement représentées dans la création actuelle, bien qu'elles y figu-
rent en petit nombre comparativement à la prépondérance que les Cténoïdes et les Cycloïdes
y acquièrent. On peut donc dire que les Ganoïdes présentent dans leur développement une
gradation très-marquée à partir des Lepidoïdes , des Sauroïdes, des Célacanthes et des Pyc-
nodontes qui caractérisent les formations antérieures à la craie jusqu'aux Esturgeons , aux
Sclérodermes , aux Gymnodontes et aux Lophobranches qui leur succèdent dans les forma-
tions plus récentes, pour se perpétuer dans l'époque actuelle, tandis que les Loricaires et les
Silures qui sont très-abondans dans les eaux douces des régions tropicales n'ont pas de repré-
sentans fossiles. Les motifs qui m'ont engagé à associer les Loricaires et les Silures aux Ga-
noïdes sont faciles à saisir. Les Loricaires se lient trop étroitement aux Esturgeons par le
genre Scaphirhynchx(s , pour qu'il soit possible de ranger ces poissons dans des ordres diffé-
rens. Les Loricaires ont en effet des écailles conformées de la même manière que celles des
(ianoïdes ordinaires , et nous avons vu que le squelette des Esturgeons offre tous les caractères
des Ganoïdes. On pourrait même dire que les Esturgeons sont des Lepidoïdes cartilagineux ,
recouverts d'écaillés semblables à celles des Gymnodontes ; tandis que les Silures sont des Lo-
ricaires qui n'ont plus d'écaillés, et chez lesquels on ne rencontre plus que par-ci par-là quel-
ques écussons semblables à ceux des Esturgeons.
Pour donner une idée plus complète de ces familles éteintes , dont je n'ai souvent étudié
les espèces que sur des fragmens très-imparfaits, j'ai reproduit , tom. I, Tab. A-G, les con-
tours restaurés de la plupart des genres que j'ai pu rétablir. Ces ligures ne sont donc pas des
représentations d'exemplaires trouvés entiers , mais bien des reproductions idéales des carac-
tères distinctifs de ces types, comparables aux dessins que Cuvier a donnés des formes des Pa-
léothériums et des Anoplothériums de Montmartre , et qui ont peut-être cet avantage sur
celles du fondateur de la paléontologie , que le corps des poissons étant entouré de parties so-
lides sur toute sa surface, j'ai pu préciser bien plus nettement les contours de mes poissons,
que si j'avais été réduit à les reconstruire d'après leur charpente osseuse seulement.
CHAPITRE r .
TABLEAU SYNOPTIQUE DES FAMILLES, DES GENRES ET DES ESPÈCES DE L'ORDRE
DES GANOIDES.
1" ordre. GAIVOIDES Agass. (Goniolcpldoti Agass).
Je place l'ordre des Ganoïdes en tête de la classe des poissons , parce qu'ils s'éloignent beaucoup du type
des familles actuellement prédominantes. Cependant l'ordre des Placoïdes s'en éloigne davantage encore ; mais
jusqu'ici je n'ai pas eu occasion d'en étudier les espèces , en général très mal conservées , assez soigneusement
pour pouvoir exposer la marche de son organisation à travers toutes les formations géologiques , d'une manière
aussi complète que pour Tordre des Ganoïdes. Jai cru dès lors devoir commencer par cette division , dont les
espèces remontent jusqu'au terrain houiller.
Quoique je n'en aie pas encore vu un seul fragment, je présume que les débris renfermés dans les
couches antérieures au terrain houiller , devront être rapportés à des genres de l'ordre des Placoïdes , qui , en
harmonie avec les différences d'organisation, remonteraient plus haut que celui des Ganoïdes. Du reste,
voyez à ce sujet le chapitre sur la classification des poissons , contenu dans le premier volume de cet ouvrage.
Ecailles anguleuses, rliomboïdales ou polygones, formées de lames osseuses ou cor-
nées, recouvertes d'émail. — Les familles des Lépidoïdes, des Sauroïdes, des Pycno-
dontes, des Sclérodcrmes , des Gymnodontes, des Lopliobranches , etc., etc.
1" famille. LEPIDOÏDES Agass. (Lepldostei Agass.)
Dents en brosse sur plusieurs rangées ou une seule rangée de petites dents obtuses.
Ecailles plates, rliomboïdales, parallèles au corps qui en est tout couvert. Squelette
osseux.
A. Corps allongé, fusiforme; lobe supérieur de la queue vertébré et plus long que
le lobe inférieur ; toutes les dents en brosse : Acanthodes. Catopteiiis. Ambljptenis.
Palœoniscus. Osteolepis.
B. Corps plat, large :
1° lobe supérieur de la queue vertébré : Platjsomus. Gjrolepis.
2° queue régulière : Tetragonolepis. Dapedius.
C. Corps allongé, fusiforme; queue fourcbue ou arrondie : Semionotus. Lepidotus.
Pholidoplionis. Microps. JYotagogus.
TOM. II. 1
— 2 —
2^ fam. SAUROIDES Agass.
Dents coniques, pointues, alternant avec de petites dents en brosse. Ecailles plates,
rliomboïdales , parallèles au corps qui en est tout couvert. Squelette osseux.
A. Corps allongé, fusiforme^ lobe supérieur de la queue vertébré et plus long que
l'inférieur : Pjgopterus. Acrolepis.
B. Corps allongé, fusiforme^ caudale régulière : Ptjcholepis. Sauropsis. Pachj-
cormus. Thrissops. Urœus. Leptolepis. Alegalunis. Macropoma.
C. Corps très-allongé, cylindrique; caudale régulière j mâchoires prolongées :
Saurostomus. Aspidorhjnchus.
^^ fam. PYCNODONTES Agass.
Dents aplaties ou arrondies, sur plusieurs rangées. Ecailles plates, rhomboïdales ,
parallèles au corps qui en est tout couvert. Squelette osseux. Corps plat, large :
Placodus. Sphœrodus. Pjcnodus. Gjrodus. Microdon.
4= fam. SCLERODERMES Cm .
Arcade palatine immolîile; museau saillant, armé de quelques dents distinctes.
Ecailles plates, en forme de larges plaques rliomboïdales ou polygones, obliques au corps
qui en est tout couvert. Squelette fibreux; ossification tardive.
Ostracion.-^
5-= fam. GYMNODONTES Cuv.
Arcade palatine immobile •, mâclioires recouvertes d'une gaîne d'ivoire , formée de
dents réunies. Ecailles saillantes, en pointes ou piquans, obliques au corps qui en
est tout couvert. Squelette fibreux; ossification tardive.
Diodon .
6= fam. LOPHOBRANCHES Cuv.
Branchies réunies en petites houppes rondes. Corps allongé, anguleux, recouvert
de plaques anguleuses; museau tubuleux, terminé par de petites mâchoires libres.
Squelette osseux.
Ccdamostoma. Sjngnatlms.
Je pense que c'est à la suite de ces familles qu'il faudra ranger, dans cet ordre, quelques familles de
poissons vivans, savoir : les Goniodontes Agass. , les Siluroïdes Cuv. et les Acipenserides Agass.
— o
1--^fiimillc. LEPIDOIDES.
Tous les genres de celte famille, dont le lobe supérieur de la caudale est plus allongé que l'inférieur et
porté sur une longue série de vertèbres (les hétérocerques) se trouvent dans les terrains antérieurs aux
dépôts jurassiques , savoir les Acanthodes , Catopterus , Amblypterus , Palteoniscus et Platysomus. Ceux qui
sont terminés par une caudale régulière (les homocerques) sont de formation plus récente. Cette famille
n a plus de représentant dans la création actuelle.
1" genre. Acanthodes Agass. (Acanlhoessus Agass.)
Vol. i.Tab. A. fig. I.
Dents en brosse, écailles extrêmement petites. D. (*) oppose'e à l'A.; point de V.;
P. grandes; premier rayon des P. de la D. et de l'A. épais, fort, roide; les rayons
suivans et ceux de la C. très-fins, à peine distincts. Mâchoire inférieure plus allongée
que la supérieure; gueule très-fendue.
I. Acanthodes Bronni Agass. Houille : Saarbriïck.
2" genre. Catopterus Agass. (Dipterus Sedgw. et Murch.)
Vol. I. Tab. A. f. 2. (Geol. Trans. s'user, vol. 3. tab. i5, f. 4.)
D. longue, opposée à l'A. ; les deux très-rapprocliées de l'extrémité de la queue; la
D. paraît formée de deux parties séparées. Probablement que des rayons cassés ont
fait croire à cette séparation; dans ce cas il faut changer le nom du genre, que je
propose d'appeler Catopterus. V. douteuses; P. petites. Ecailles moyennes.
Tous les exemplaires qui ont été décrits proviennent des schistes de Caithness.
Sedgwick et Murchison en distinguent quatre espèces :
1. Dipterus macropygopterus (tab. i5. f. i, 2 et 3.) A. longue.
2. Dipt enis brachjpjgopterus (idih. 17. f. 1,2 et 3.) A. courte.
3. Diptenis macrolepidotus (tab. 16. f. 2.) Ecailles grosses.
4. Dipterus Valenciennesi (tab. 16. f. i.) Ecailles petites.
Ce qui prouve évidemment que ces espèces n'ont pas été examinées très-attentive-
ment, c'est qu'une des figures (tab. i5. f. 2.) est tournée sens dessus dessous. Je crois
que ces quatre poissons ne sont que les différens âges d'une seule espèce, qu'on pour-
rait nommer Catopterus analis.
3" genre. Amblypterus Agass.
Vol. I. Tab. A. fig. 3.
Toutes les nageoires très-larges et composées de nombreux rayons. P. très-grandes;
A. large; D. opposée à l'intervalle entre les V. et l'A.; point de petits rayons sur le
bord des nageoires, excepté au lobe supérieur de la queue. Ecailles médiocres.
(*) D. désigne la nageoire dorsale, A. l'anale, C. la caudale, V. les ventrales, P. les pectorales.
_- 4 —
1. Ambljpterus macropterus Agass. (Palceonisciim macropterum Bronn). Ecailles
petites, striées-, corps assez large. Houille : Saarbriick. Lebacli. Boerschweiler.
2. ^7?2Ô/j/??eni5ez<;??erjgf«<5Agass. Corps plus allongé. Houille: Saarbriick. Lebach.
3. Ambljptems lateralis Agass. Corps ovale; écailles plus grandes. Houille :
Saarbriick.
4. Ambljptems latus Agass. Corps très-large 5 écailles lisses, grandes surtout sur
les flancs de l'abdomen. Houille : Saarbriick.
5. Ambljptems Olfersi Agass. Espèce de Ceara au Brésil , qui n'a pas encore
été examinée avec assez de soin, mais dont les écailles sont cependant plus étroites
que dans les espèces d'Europe.
4' genre. Pal,eoniscus Agass.
Vol. I. Tab. A. f. 4 et 5.
Toutes les nageoires médiocres; de petits rayons sur leurs bords; D. opposée à
l'espace entre les Y. et l'A. Ecailles médiocres; quelques espèces en ont d'assez
grandes et le corps plus large et plus court que les autres. H y a toujours de grosses
écailles impaires en avant de la D. et de l'A.
Ce genre comprend les Palœoniscum et les Palœothrissum de Bl.
1. Palœoniscics fultus Agass. (Hitchcock. Americ. Journ. of scienc. vol. 6.) Ca-
ractérisé par les gros osselets qui s'étendent sur les bords antérieurs de toutes les
nageoires. Houille : Sunderland. (Massachussets) . Westfield. (Connecticut). .
2. Palœoniscus Duvernoj Agass. ( Palœothrissum phractonotum Ag. dans un
précédent catalogue) (*). Dos voûté, largement cuirassé; queue allongée. Houille :
Munster-Appel.
3. Palœoniscus minutiis. Agass. Très-allongé, nageoires grandes. Houille :
Munster- Appel.
4. Palœoniscus angustus Agass. Etroit ; écailles petites. Houille : Muse près d'Autun.
5. Palœoniscus Blaini>illei A^ass. (Palœothrissum inaequilobum de Bl. , mais non
pas le P. inaequilobum de quelques géologues qui est synonyme du P. Freieslebeni.
C'est aussi le Palœothrissum parvum de Bl. ; mais qui ne se trouve pas dans le Mansfeld ;
les exemplaires de cette localité, que l'on aainsinommés, sontde jeunes P. Freieslebeni).
Corps large, trapu. Muse près d'Autun. v
(*) Dans un catalogue manuscrit de tous les poissons fossiles que je connaissais déjà il y a deux ans , et que j ai com-
muniqué alors à plusieurs amis, j'avais introduit plusieurs noms provisoires que j'ai dû changer plus tard. J ai cru
nécessaire de les rappeler ici , pour éviter toute confusion dans la synonymie , parce que ces jioms ont passé dans
plusieurs manuels de géologie.
— 5 —
G. Palœoniscus f^ol t zii A^ass. Corps plus étroit; écailles plus grandes. Muse près
d'Autun.
7. Palœoniscus macropomus Agass. ( Palœothrissum Gigas Ag. précédemment).
Opercule plus large que dans les autres espèces. Ecailles sculptées de quelcpies stries.
Zechstein : Mansfeld.
8 Palœoniscus Freieslebeni A^ass. (Wolfart. tab. 12. f. i; tab. i/j.- f. 2. 3 et 4,
tab. 16, 17 et 20. — Palœoniscum Freieslebense de El 5 mais les exemplaires que
de Blainville indique dans les mines de mercure du Palatinat appartiennent au P. Du-
vernoy. — Palajotlirissum macroceplialum de Bl, — Palœothrissum œquilobum Iluot.
PalcBothrissum vulgatissimum Agass. , dans un catalogue communiqué précédemment.
— Palœothrissum inaequilobum de quelques géologues dans leurs catalogues de fossiles
caractéristiques. — Clupea Lametherii de Bl. — Acipenser bituminosus Germar. — Je
pense que le Palœothrissum blennioïdes HoU est aussi synonyme de cette espèce , mais
je n'ai pas vu d'exemplaires originaux pour pouvoir l'affirmer). Ecailles sculptées de
nombreuses lignes ondulées. Zechstein : Mansfeld. Hesse.
9. Palœoniscus magnus Agass. (Wolfart. tab. i5). Corps large, dos bombé;
écailles sculptées. Zechstein : Mansfeld. Ce n'est pas le Palœothrissum magnum de Bl.
qui appartient au genre Pygopterus de la famille des Sauroïdes.
10. Palœoniscus elegans Sedgw (Geol. Trans. 1" ser. vol. 3. tab. 9. f. i). 31agne-
sian Limestone : East-Thickley. Il reste à examiner si cette espèce diffère du P. Freies-
lebeni de Mansfeld, et à voir si le Palœothrissum macroceplialum de Sedgw. tab 9 f. 2.
et le P. magnum Sedgw. tab. 8. f. i et 2 n'appartiennent pas à la même espèce; car
certainement son P. magnum n'est pas le P. magnum de Bl. , malgré l'assertion posi-
tive de ce dernier à cet égard, du moins ce n'est pas le P. magnum décrit dans le Nouv.
Dict. des se. nat. article Ichthyolithes.
Toutes les espèces de Palœoniscus appartenant au terrain houiller ont les écailles
lisses: telles sont les P. fultus, Duvernoy, minutus, angustus, Blainvillei et Yoltzii, tan-
dis que celles du Zechstein les ont striées; tels sont les P. macropomus, Freieslebenij
magnus et elegans.
Le genre Osteolepis indiqué par Sedgwick et Mftrchison dans les schistes de
Caithness, comprend des poissons qui diffèrent génériquement du Catopterus (Dipterus
Sedgw.), et que Yalenciennes a proposé d'appeler Osteolepis macrolepidotus et Osteo-
lepis microlepidotus. Je ne les ai pas vus. Ne sont-ce point des espèces d'Amblypterus
ou de Palœoniscus?
— 6 —
5'' genre. Platysomus Agass.
Vol. I. Tab. B. f. I.
Corps plat, ti'ès-élevé, court; dents en bi'osse; lobe supérieur de la queue allongé,
vertébré, portant de petits rayons à son bord. D et A opposées l'une à l'autre, s'éten-
dant depuis le milieu du corps juscpi'au rétrécissement de la queue; Y. douteuses; P.
petites. De Blainville range les espèces qu'il a décrites dans le genre Stromateus.
I. Platysomus gibbosus Agass. (Stromateus gibbosus de Bl. — Stromateus angu-
latus Germar. — Rbombus diluvianus minor Wolfart tab. i!\, f. i). Dos très-élevé,
anguleux. Zechstein : Mansfeld.
■1. Platysomus Rhombus Agass. (Stromateus major de Bl. — Stromateus Rnorrii
Germar. — Rhombus diluvianus major Wolfart tab. i3). Dos arrondi; corps un peu
plus allongé. Zecbstein : Mansfeld.
3. Platysomus striatus Agass. (Geol. Trans. 2" ser. vol. 3. tab. 1 ; sans nom — Urop-
teryx striatus Agass. dans un précédent catalogue). Corps très-court et très-large;
écailles striées obliquement. Magnesian Limestone : East Thickley.
4. Platysomus macrurus Agass. (Geol. Trans. 2" ser. vol. 3. tab. 2; sans nom.
— Uropteryx undulatus Agass. dans un précédent catalogue). Corps plus étroit;
A. plus courte, à rayons antérieurs plus allongés. Queue très-grande. Magnesian Lime-
stone : East-Thickley.
5. Platysomus parvus Agass. (Geol. Trans. 1" ser. tab. 2; sous le nom de Chaeto-
don). Partie postérieure du corps arrondie; queue petite. Tête allongée. Magnesian
Limestone : Pallion. .
Le genre Gyrolepis Agass. n'étant établi que sur quelques écailles est encore douteux.
Ce qui le distingue , c'est que les stries d'accroissement des écailles forment des saillies
concentriques à leur surface- Les différences observées font supposer 4 espèces.
1. Gyrolepis ma jcimus A^ass. Muschelkalk : Lunéville.
2. Gyrolepis tenuistriatus Agass. Muschelkalk : Lunéville.
3. Gyrolepis Albeii:ii Agass. Muschelkalk : Schwenningen . Lunéville.
4. Gyrolepis asper Agass. (de Blainv. Ichthyol. pag. 19. n° 11). Zechstein :
Mansfeld.
6° genre. Tetragonolepis Bronn.
Vol. i.Tab. B. f. 2.
Corps plat, très-élevé, court; queue symétrique. D. et A. opposées l'une à l'autre,
s'étendant depuis le milieu du coips jusqu'au rétrécissement de la queue; P. et V.
petites ; C. coupée presque carrément. Dents arrondies en massue, sur une seule rangée.
— 7 —
Généralement on a confondu toutes les espèces de Tetragonolepis avec le Dapediuni
politum de la Bèclie, parce qu'on n'a tenu aucun compte de la position de la D. et des
dilTérenccs dans la forme des écailles. Du reste l'onglet qui lie les écailles du Dapcdium
n'est pas im caractère particulier de ce genre; on le retrouve, plus ou moins développé,
dans tous les genres de l'ordre des Ganoïdes.
1. Tetragonolepis Traill i A^ass. Ecailles des flancs très-grosses, presque aussi
larges que hautes. Lias : Angleterre.
2. Tetragonolepis Leachi Agass. Ecailles des flancs beaucoup plus hautes que
larges. Lias : Lyme Régis.
3. Tetragonolepis pholidotus Agass. Ecailles des flancs étroites, beaucoup plus
hautes que larges. Lias : BoU.
4- Tetragonolepis semicinctus Bronn. Ecailles de plus en plus grandes du dos vers
le ventre. Lias : Neidingen.
5. Tetragonolepis Bouéi Agass. Ecailles de la même largeur depuis le dos jusqu'au
ventre. Lias : Seefeld.
Quoique je n'aie pas examiné moi-même le gisement de Seefeld, et malgré l'avis
contraire des géologues les plus distingués, je ne balance pas à rapporter au Lias ces
schistes bitumineux, à cause de la structure des poissons qu'on y trouve. Il en est de
même des schistes de Glaris qu'on avait placés dans les terrains de transition, mais que
je crois plus jeunes que les dépôts jurassiques les plus récens, peut-être même posté-
rieurs à la craie. Yoyez à cet égard la géologie de Walchner (pag. 643 et 644)? auquel
j'avais fait part de mon opinion que je développerai plus en détail en son lieu.
Si cette induction tirée de la seule organisation du petit nombre de poissons que j'ai
observés, se confirme par les recherches géologiques, elle sera luie forte preuve de l'im-
portance de mes recherches sur les rapports qu'il y a entre la structure des êtres orga-
nisés et l'époque de leur apparition à la surface du globe.
6. Tetragonolepis heterodenna Agass. Ecailles plus larges que dans les autres
espèces, finement dentelées sur leur bord postérieur. Lias : Boll.
7. Tetragonolepis Magneville Agass. Ecailles portant de petits piquans à leur
surface extérieure. Oolithe inférieure : Caen.
7" genre. Dapedius de la B.
vol. i.Tab. B. f. 3.
Dents sur une seule rangée, échancrées à leur pointe. D. commençant près de la
nuque. A. plus courte, un peu plus reculée et plus petite; C. fourchue, très-petite;
P. plus grandes.
— 8 —
1 . Dapedius politus de la Bêche. D. peu élevée, plus haute dans sa partie antérieure.
Lias : Lyme Pvegis.
2. Dapedius cdtivelis Agass. D. très-élevée dans sa partie antérieure. Gisement
inconnu. Structure jurassique.
8^ genre. Semionotus Agass.
Vol. I. Tab. Cf. 3.
D. longue, commençant un peu en avant des V. , s'étendant jusque vis-à-vis de l'A. ;
P. médiocres 5 Y. petites; A. pointue, allongée; C. fourchue; lobe supérieur plus
grand , cependant formé de rayons insérés tous sur la dernière vertèbre caudale , paral-
lèles entr'eux. Les écailles seulement se prolongent sur les rayons externes du lobe
supérieur, qui sont les plus grands de la caudale, tandis que dans les Palœoniscus,
ils deviennent de plus en plus courts. De petits rayons sur les rayons externes antérieurs
des nageoires.
1. Semionotus leptocephalus Agass. Tête allongée. Lias : Boll.
2. Semionotus Bergeri Agass. (Palceoniscum arenaceum Berger : Verst. der
Roburger Gegend tab. i, f. i.). Plus large, écailles plus grosses. Keuper : Robourg.
N'est-ce pas plutôt un grès du Lias?
3. Semionotus latus Agass. Corps élevé, trapu. Lias : Seefeld.
4- Semionotus S pi x i A^ass. Esp. du Brésil, à examiner plus exactement.
9' genre. Lepidotus Agass.
Vol. I. Tab. C. f. 4.
D. opposée au commencement de l'A., de même forme que celle-ci; C. fourchue,
lobe supérieur un peu plus grand; P. et V. médiocres. De petits rayons sur le bord
antérieur de toutes les nageoires. Dents obtuses.
1. Lepidotus Gigas Agass. (Cj^prinus elvensis de Bl). Jusqu'à deux et trois pieds
de long. Forme de la carpe. Dos et ventre bombés. Ecailles à bords entièrement
lisses, aussi larges que hautes. Lias : Boll. Elve (Aveiron). Northampton.
2. Lepidotus latissimus Agass. Au Musée de Paris il y a quelques écailles
de plus d'un pouce de diamètre, dont la surface est légèrement concave , et qui paraissent
provenir d'une espèce différente du L. Gigas. Lias d'Angleterre.
3. Lepidotus umboîiatus A^ass. D'autres écailles de la collection de M. Régley sont
rehaussées sur le milieu.
4- Lepidotus frondosus A^diss. Ecailles sculptées sur leur bord antérieur. Ce
poisson est très large dans sa partie antérieure. Lias : Zell près de Boll.
— 9 —
5. Lepidotus omatus Agass. Rayons divergens sur les l)ords postérieurs des écailles.
Lias : Seefeld. Wurtemberg?
6. Lepidotus radiatus Agass. Ecailles fortement sillonnées sur toute leur surface ; les
sillons se dirigent vers un centre commun. Gisement inconnu: mais les écailles ont la
structure des espèces jurassiques.
7. Lepidotus subdenticulatus Agass. Ecailles dentelées dans la partie inférieure de
leur bord postérieur. Hastingssand : Ilastings.
8. Lepidotus undatus Agass. Bord postérieur des écailles évasé, terminé en pointe
aiguë dans l'angle inférieur. Gisement inconnu. Structure jurassique.
9. Lepidotus unguiculatus Agass. Quelques onglets au bord postérieur des écailles.
Sohlenliofen. Envisagé par plusieurs naturalistes comme un saurien, appelé Lepido-
saurus par H. de Meyer. Un géologue a pris ses écailles pour des algues.
10. Lepidotus minor Agass. Ecailles petites, à bord entièrement lisses. Portland
et Stonesfield.
11. Lepidotus Mantelli K^p^ss. (Mantell, Tilgate forest tab. V. f. 3, 4? ^^ ^t 16,
pag. 58.). Ecailles très-grandes, plissées dans la partie antérieure de l'émail, quel-
quefois même jusqu'au bord postérieur. Grès vert : Tilgate forest.
12. Lepidotus f^i/ieti A^ass. Mêmes dimensions ; écailles lisses. Grès vert de Morée.
i3. Lepidotus striatus Agass. Ecailles striées obliquement. Grès vert : Vaches
noires. N'est-ce point un Semionotus?
i4- Lepidotus Maximiliani K^diss. Cale, grossier de Paris.
Il se pourrcdt bien que quelques espèces, parmi celles dont je n'ai vu que les écailles, n'appartinssent pas
à ce genre.
10^ genre. Pholidophorus Agass.
Vol. I. Tab. Cf. 2.
Corps allongé. D. opposée aux V., petite; C. fourchue , à lobes égaux. Ecailles
s'étendant un peu sur la base du lobe supérieur. Dents en brosse.
1 . Pholidophorus Umbatus Agass. Ecailles frangées à leur bord postérieur. Corps
très-allongé. Lias : Lyme Régis.
2. Pholidophonis dorsalis Agass. Caractérisé par de longs chevrons sur le bord du
premier rayon de la dorsale. Lias : Seefeld.
3. Pholidophonis latiusculus Agass. Plus court; écailles plus grandes. Seefeld.
4. Pholidophorus pusillus Agass. Ecailles très-petites. Seefeld.
5. Pholidophonis microps Agass. Tête petite; écailles en scie fine à leur bord
postérieur, plus hautes que larges. Sohlenhofen.
ToM. II. 2
— 10 —
M. Walchner a trouvé dans le Lias de l'Oberland badois des fragmens d'une sixième
espèce de Pholidophorus.
1 1 ' genre. Microps Agass.
Vol. I. Tab. C. f. 5.
Ne diffère du genre Pholidophorus que par la forme entièrement régulière des
écailles à la base de la G. Dents en brosse.
I. Microps furcatus A^SiSS. Lias : Seefeld.
12" oeiu-e. NoTAGOGus Agass.
Vol. I. Tab. Cf. I.
Rayons des osselets interapophysaires du dos formant deux nageoires distinctes.
Dents en brosse.
1. Notagogus Zieteni A^ass. Corps très-large et court. Sohlenhofen.
2. Notagogus Pentlandi A^^ss. Corps allongé, étroit. Naples : Torre Orlando.
3. Notagogus latior Agass. Plus large, ventre formant une saillie. Même localité.
2' famille. SAUROIDES.
Les genres à queue prolongée dans le lobe supérieur de la C. (les hétérocerques) ont vécu avant le dépôt des
terrains jurassiques ; ceux à C. régulière (les homocerques), plus tard. Cette famille n'est représentée dans la
création actuelle que par deux genres, les Lepidosteus et les Polypterus.
\" genre. Pygopterus Agass.
Vol. I. Tab. D. f. 3.
A . très-allongée j D . opposée à l'intervalle entre l'A . et les V . . La mâchoire supérieure
déborde l'inférieure. De petits rayons le long des rayons extérieurs des nageoires.
1. Pjgopterus Humboldti A^SiSS. (Palœothriss. magnumdeBlainv.-Wolfart.tab. i8
et 19. — EsoxeislebensisRriiger). C. grande^D. très-élevée dans sa partie antérieure ^
P. portant un gros rayon au bord antérieur. Ecailles proportionnellement petites. Le
plus grand et le plus beau des poissons fossiles du Zechstein : Mansfeld. Nendershausen.
Riegelsdorf.
2. Pygopterus Liicius Agass. Une tête seulement, dont la mâchoire supérieure
est plus allongée. Houille : Saarbriick.
3. Pjgoptems scoticus Agass. (Geol. Trans. 2' ser. vol. 3, pi. 10 et 11, sans
nom. Nemopteryx mandibularis Ag. ou Sauropsis scoticus Ag. dans un précédent
X catalogue). P. à rayons très-déliés et à articulations nombreuses^ D. plus courte.
Magnesian Limestone : East-Thickley.
— n —
4. PY^opterua Bonnardi Agass. Un fragment du tronc avec l'anale, dont les ver-
tèbres sont plus grosses que dans les espièces du Zechstein. Muse près d'Autun.
2" genre. Acrolepis Agass.
Vol. I. Tab. D. f. I.
A. courte. Chacpie écaille surmontée d'une quille.
I. yicrolepis Sedgwicki A^ASS. (Geol. Trans. -2." ser. vol. 3, pi. 8.). Magnesian.
Limestone : East-Tliickley.
3° genre. Ptycholepis Agass.
Yol. I. Tab. D. f. 2.
Ecailles plus longues que hautes, plissées longitudinalement. P. arrondies. Le reste
encore inconnu.
I. Ptydiolepis bollensis Agass. Lias : Boll.
4" genre. Sauropsis Agass. ^
Vol. I. Tab. D. f. I.
Vertèbres très-courtes et très-nombreuses. Ecailles très-petites et très-nonil)reuses.
Rayons de toutes les nageoires très-rapprochés. A. allongée j D. opposée au commen-
cement de l'A..
1. Sauropsis longimanus Agass. P. très-allongées, pointues. Corps allongé, tout
d'une venue. Solilenhofen.
2. Sauropsis latus Agass. Apophyses épineuses plus courtes; os interapophysaires
plus longs. Lias : Wurtemberg et Baden.
La f. 2. tab. i. de l'ouvrage de Berger, sur les fossiles de Roburg, me paraît être un
fragment de Sauropsis.
5^ genre. Pachycormus Agass.
Vol. I. Tab. E. f. I. •
Vertèbres ordinaires. P. grandes; D. opposées aux V.. Corps renflé dans sa partie
moyenne.
I. Pachycormus furcatus Agass. Queue très-grande, fourchue; tête petite propor-
tionnellement. Solilenhofen.
— 12 —
2. Pachj cormiis macropterus A^ass. (Elops macropterus de Bl.) P. et tête pro-
portionnellement beaucoup plus grandes. Lias : Beaune en Bourgogne.
3. Pachy connus gracilis Agass. (Uraeus gracilis Ag. catal.). Queue plus allongée.
Lias : Wurtemberg.
6° genre. Thrissops Agass.
Vol. I. Tab. E. f. 2.
Forme de hareng j écailles grandes et très-minces. D. petite, opposée à l'A. qui est
très-longue; C. fourchue.
1. Thrissops salmoneus Agass. (Clupea salmonea de Bl.). Corps étroit, tout d'une
venue. Tous les os sont grêles. Sohlenhofen.
2. Thrissops fonnosus Agass. (Alosa formosa Agass. dans un précédent catalogue).
Osselets interapophysaires très-allongés, donnantau dos une forme voûtée. Sohlenhofen?
3. Thrissops micropodius A^ass. (Esox incognitus de Bl.). P. courtes. Gisement
inconnu. Structure jurassique.
7' genre. Ur^us Agass.
Vol. I. Tab. E. f. 3.
Grande D. opposée aux V.; P. grandes 5 C. fourchue. Tête grande. Mâchoires
très-grandes, armées de grosses dents coniques, alternant avec de plus petites en
brosses. Apophyses épineuses des veitèbres caudales fortement inclinées et rapprochées
des corps de vertèbres.
1. Urœus nuchalis Agass. Nuque voûtée, portant des écailles plus grandes que les
autres parties du tronc. Corps se rétrécissant vers la queue. Sohlenhofen.
2. Urœus pachjurus Agass. Queue épaisse. Corps tout d'une venue. Sohlenhofen.
3. Urœus macro cephalus Agass. (Pholidophorus macrocephalus Agass. dans un
précédent catalogue). Tête grande 5 corps trapu. Ecailles d'égale grandeur partout.
Sohlenhofen.
4. Urœus microlepidotus A^diss. Tête très-grande 5 écailles beaucoup plus petites
proportionnellement que dans les autres espèces. Sohlenhofen.
5. Urœus macrurus Agass. Petit poisson à queue proportionnellement très-grande et
très-fourchue . Sohlenhofen .
— 15 —
8" genre. Leptolepis Agass.
Vol. i.Tab. E. f. 5.
Ecailles très-minces. D. opposée aux V.; C. fourchue. Gueule fendue. Pièces opcr-
culaires larges. Subopercule grand; ce qui prouve que ces poissons ne sont pas des
harengs, comme de Blainville Tavait supposé. Dents en brosse, en avant des mâ-
choires -, de plus grosses dans leur partie postérieure.
1 . Leptolepis Bronni Agass. Petit poisson dont les os des vertèbres sont extrê-
mement grêles. Corps court, proportionnellement aux dimensions de la tête. Lias :
Neidingen. Caen : Amayé sur Orne.
2. Leptolepis Jœgeri Agass. Court, trapu et large. Corps des vertèbres plus gros.
Lias : Boll.
3. Leptolepis longus Agass. Plus long. Lias : Boll.
4. Leptolepis tenellus Agass. Lias de l'Oberland badois. Apophyses et corps des
vertèbres très-grêles.
5. Leptolepis sprattiformis Agass. (Clupea sprattiformis de Bl.) Forme de l'anchois.
Gueule grande. Petit poisson grêle, à dorsale assez allongée. Sohlenhofen.
6. Leptolepis Knorri Agass. (Clupea Knorrii de Bl.) Elancé. Gueule plus petite.
D, grande; C. grande et moins fourchue. Sohlenhofen.
7. Leptolepis dubius Agass. (Clupea dubia de Bl.) Corps large. D. étroite ; C. petite.
Le Clupea Davilei de Bl. appartient peut-être aussi à ce genre, mais je n'ai pu en
retrouver l'original.
9" genre. Megalupus Agass.
Vol. I. Tab. E.f. 4.
C. très-grande et arrondie; D. opposée à l'intervalle entre les V. et l'A.. Nageoires
arrondies; laC. surtout, qui a des rayons grêles et allongés. Tête grande. Mâchoires
armées de grosses dents coniques, entremêlées de plus petites.
I. Megalurus lepidotus k^diss. Ecailles grandes. Sohlenhofen.
Le genre Macropoma Agass. Quoique je n'aie pas vu d'exemplaires de l'Amia lewe-
siensis de Mantell et que je ne la connaisse que par la figure qu'il en a donnée, je
crois cependant que ce poisson constitue un genre particulier voisin du Megalurus,
et que je propose d'appeler Macropoma.
— 14 —
10" genre. Saurostomus Agass.
Une mâchoire inférieure allongée, armée d'une longue série de dents triangulaires,
comprimées et tranchantes, ne peut provenir que d'un poisson différant génériquement
de ceux qui précèdent, mais qui appartient certainement à cette famille.
I. Saurostomus esocinus Agass. Lias : Oberland badois.
Il faut peut-être aussi rapporter à ce genre quelques mâchoires figurées dans les
Geol. Trans. i" sér. , v. 2. t. 4? et un poisson de la collection du comte de Munster cité
dans un précédent catalogue comme une Sphyrène.
N'ayant point examiné moi-même les mâchoires de Sarigue de Stonesfield, il m'est
encore permis de demander si elles n'appartiennent point à un genre de la famille
des Sauroïdes.
11" genre. Aspidorhynchus Agass.
Vol. I. Tab. F.f. I.
Corps très-allongé j mâchoire supérieure prolongée en un long bec qui dépasse la
mâchoire inférieure. P. et V. arrondies j D. très-reculée et opposée à l'A; C. fourchue.
Ecailles plus hautes que longues, surtout dans la partie moyenne. H y a également
des dents à la partie supérieure du bec qui dépasse la mâchoire inférieure.
1. Aspidorhjnchus fVal chneri A^ass. Mâchoire inférieure très-courte et beaucoup
plus grosse que la supérieure dont le bec est très-grêle. Lias : Oberland badois.
2. Aspidorhjnchus acutirostris A^slss. Mâchoire supérieure du double plus longue
que l'inférieure. Poisson très-grand. Sohlenhofen.
3. Aspidorhjnchus teriuirostris A^ass. (Belonetenuirostris Agass. dans un précédent
catalogue.) Mâchoire supérieure à peine d'un tiers plus longue que l'inférieure ; bec
plus grêle. Sohlenhofen.
Î\I. le comte de Munster m'a envoyé récemment un grand nombre d'esquisses de poissons fossiles , parmi
lesquels il y a plusieurs espèces nouvelles, et les types d'un ou deux genres de cette famille qui ne sont pas
encore mentionnés dans ce tableau. Je les ferai connaître plus tard , lorsque je les aiu-ai examinés plus
exactement. "^
— lo —
3' famille. PYCNODONTES.
Cette famille n'a plus aucun représentant dans la création actuelle. Par analogie je suppose un lobe supé-
rieur de la caudale allongé et vertébré dans les genres qui sont antérieurs au Jura-, mais je n'en connais
encore que des dents.
1" genre. Pla.codus Agass.
Dents polygones, à angles arrondis, dont la surface est aplatie et entièrement
lisse. Rangé par induction dans l'ordre des Ganoïdes; car je n'ai jamais vu les écailles
d'aucun poisson de ce genre.
1. Placodus impressiis Agass. Un enfoncement sur le milieu des dents. Grès
bigarré : Deux-Ponts.
2. Placodus Gigas Agass. (Brochure du comte de Munster sur les dents de poissons
fossilesdu Musclielkalk de Bayreuth.) Dents à surfaces planes. Muschelkalk : Bayreuth.
2° genre. Sph.erodus Agass.
Vol. I. Tab. G. f. 2.
Dents complètement hémisphériques. Corps aplati. D. et A. longues, opposées
l'une à l'autre, atteignant prescpie la C. qui est fourchue.
Les dents de ces poissons sont vulgairement appelées Bufonites. Quelques natura-
listes les rapportent au genre Anarrhichas ; d'autres en font des Spares , ou des Labres.
1. Sphœrodus minimus Agass. Partie moyenne de la dent saillante. Tubingen.
2. Sphœrodus Gigas A^diss. (Mercatide Bufonite, p. i84)- Dents très-larges , peu
élevées, émail mince. Jura super. : Suisse.
3. Sphœrodus rhomboïdalis Agass. (Microdon Gigas Agass. dans un précédent
catalogue). Dents ii-régulièrement arrondies, de moyenne grandeur. Sohlenhofen.
4. Sphœrodus crassus A^ass. (Faujas tab. 19. f. 3. 5. — Burtin tab. i. T.). Même
forme de dents que le Sphaerodus Gigas ^ émail du double plus épais. Craie : Belgique.
5. Sphœrodus mammillaris Agass. Dents petites, élevées et légèrement resserrées
à leur base. Craie : Lewis.
6. Sphœrodus oculus serpeniis Agass. Dents plutôt en cônes qu'en hémisphères.
Tertiaire : Aix.
7. Sphœrodus parvus k^diSS,/{ys^o\iaYiidi\). 21., n° 21, 22, 23, 24, 25?). Dents
petites, semblables à celles du Sph. mammillaris, mais dont le sommet est excentrique.
Tertiaire : Lonjumeau. Hesse?
— 16 —
3^ genre. Gyrodus Agass.
Dents à surface irrégulièrement sillonnée.
1. Gjrodus jurassiens Agass. Dents à sillons arrondis. Jura super. : Soleure.
2. Gfrodus Ciwieri Agass. Dents à sillons aplatis. Jura moyen : Boulogne sur mer.
3. Gjrodus Umbilicus Agass. Dents ayant entre les sillons un enfoncement sur leur
milieu. Gale, de Caen. Baden.
4- Gjrodus runcinatus Agass. Dents légèrement arquées, sillons granuleux; le
sillon principal suit la courbure de la dent. Gisement inconnu.
5. Gjrodus minor Agass. (Phillips, Geol. of York). Dents petites, à sillons nom-
breux, très-rapprachés. Speeton Glay : Yorkshire.
¥ genre. Microdon Agass.
Vol. I. Tab. G. f. 3.
Corps aplati, très-élevé, court, et comprimé. D. et A. très-longues et opposées
l'une à l'autre, prolongées jusqu'à la base de la C. qui est fortement écliancrée et
fourchue. Petites dents aplaties, anguleuses, sur plusieurs rangées.
1. Microdon hexagonus Agass. (Stromateus hexagonus de Bl.) Forme du tronc
hexagonale. Sohlenhofen,
2. Microdon abdoniinalis Agass. Cavité abdominale plus allongée, mais moins
élevée. Corps des vertèbres moins haut. Sohlenhofen.
3. Microdon analis Agass. Cavité abdominale saillante, insertion de l'A. droite.
Sohlenhofen.
4- Microdon platurus Agass. Portion caudale très-courte*, insertion de l'A. et
de la D. presque perpendiculaire. Sohlenhofen.
5. Microdon elegans Agass. Partie antéi'ieure de la D. et de l'A. très-élevée.
Sohlenhofen.
5* genre. Pycnodus Agass.
Vol. I. Tab. G. fig. I.
Partie antérieure du corps tronquée ou renflée, partie postérieure plus allongée.
C. légèrement écliancrée. Dents plus ou moins allongées, bombées, à surface lisse.
1 . Pjcnodus uinbonatus Agass. Un enfoncement sur le milieu de la surface bombée
des dents. Jura moyen : Yorkshire. Normandie.
2. Pjcnodus Bucklandi Agass. (Prévost, an. des se. nat. tab. 4- pl- i8, n" i8.).
Dents presque arrondies ou ovales. Stonesfield. Cale, de Caen.
— 17 —
3. Pjcnodus Gigas Agass. (Traite des pétrifications tab. 57. n" 396.). Dents du
donble plus larges que longues, fortement bombées. Jura super. : Suisse.
4. Pfcnodus niicrodon A^ass. (MantcU Tilg. for. tab. 17. f. 266127.). Dents
très-allongées. Tilgate forest : Sussex.
5. Pyciwdus Hugii Agass. Dents petites. Jura supérieur : Soleure.
G. Pjcnodus depressus Agass. Surface légèrement déprimée. Craie : Gand.
7. Pjaiodus latior A^SLSS. (Faujas tab. 19. f. 2.). Dents une fois et demie plus
longues que larges. Craie : Belgique.
8. Pjcnodus subclavatus Agass. (Faujas tab. 18, f. 8.). Dents plus larges d'un
côté que de l'autre. Craie : Mont, de Maëstricbt.
9. Pjcnodus an gustus A^ass. (Faujas tab. 19. f. 4-)- Dents étroites , légèrement
arquées. Craie : Kent. Maëstricbt.
10. Pjcnodus orbicularis A^ass. (Diodon orbicularis Volt. tab. 4o. — Palœobalistum
orbiculatum de Bl. ). Gros poisson qui a des dents dont les extrémités sont très-arrondies
et un peu arquées. Mte. Bolca.
1 1 . Pycnodus Platessus Agass. (Corypbœna apoda Volt. tab. 35. f. i . et 2.). Corps
moins élevé que dans les autres espèces; dents petites. Mte. Bolca.
b gibbus\ c 01 bis Agass. jeunes.
Les Pycnodus antérieurs à la craie ont des dents symétriques; ceux de la craie
et des terrains postérieurs les ont plus étroites d'un côté et souvent arquées.
4' fam. 6YMN0D0NTES Cuv.
Les espèces de ceUe famille appartiennent à des genres de la création actuelle; il n'y a qu'un genre qui en
compte des fossiles.
I"' genre. Diodon Lin.
Corps orbiculaire, allongé ou sphérique, tout recouvert de piquants.
I. Diodon tenuispinus A^ass. (Volt. tab. 8. f. 2 et 3.) Piquants grêles. Mte. Bolca.
5° fam. SCLERODERMES Cuv.
Les espèces de cette famille appartiennent à des genres de la création actuelle; il n'y a qu'un genre qui
en compte des fossiles.
<• 1^' genre. Ostracion Lin.
Corps carré, triangulaire ou pentagone, recouvert de grosses plaques bexagones.
I. Ostracion micmnis A^asa. (Volt. tab. 42.)- Mte. Bolca.
ToM. II. 3
— 18 —
6' fam. LOPHOBRANGHES Cuv.
Parmi les espèces fossiles , il y en a une qui constitue un genre éteint ; les autres se .rapportent à des
genres dont* les espèces vivantes sont nombreuses.
/jer genre. Calamostoma Agass.
Corps court. Dorsale commençant immédiatement à la nuque. Tube des mâchoires
étroit.
I. Calamostoma breviculum Agass. (Volt. tab. 5. f. 3.). Mte. Bolca.
2" genre. Syngnathus Cuv.
Corps très-allongé ^ tube des mâchoires très-long , terminé par une petite bouche ,
dont la mâchoire inférieure est perpendiculaire. D. sur le milieu du dos. Queue ter-
minée par une petite nageoire arrondie.
I. Syngnathus opisthopterus A^ASS. (Volt. tab. 58. f. i.). Mte. Bolca.
— 19 —
CHAPITRE II.
DU GENRE ACANTIIODES:
Ce genre est peut-être le plus singulier de tous ceux qui ont disparu de la surface
du globe. Il appartient à la famille des Lépidoïdes, et quoiqu'il ne nous en reste que
des empreintes bien incomplètes, elles suffisent cependant pour reconstruire cet animal
et rétablir ses formes et ses proportions. Comme cliezles Palaeoniscus et les Amblypterus,
dont il se rapproche le plus , son corps est entièrement recouvert de plaques rliomboi-
dales, mais qui sont si petites qu'on peut à peine les distinguer à l'œil nu 5 la peau
présente alors tout au plus l'aspect d'un chagrin très-fm. Sa forme générale est à peu
près celle d'un Palœoniscus, avec cette différence que la tête est plus grosse, qu'elle
paraît dépi'imée, et que c'est la mâchoire inférieure qui est proéminente. L'abdomen
est très-gros et pendant ; les plaques qui le recouvrent deviennent insensiblement plus
petites vers le milieu du ventre et semblent enfin disparaître en dessous. La queue,
relevée comme dans les Palaeoniscus et les Esturgeons, se termine également en un
lobe supérieur allongé, recouvert d'écaillés dans son bord supérieur, et dont les rayons
sont insérés sur ime série de petites vertèbres qui s'étendent jusqu'à l'extrémité de cette
partie de la queue. Le lobe inférieur est plus large, mais plus court et plus petit.
Ce qui caractérise surtout ce genre , et ce qui , outre la petitesse des plaques , son
gros ventre et la mâchoire inférieure proéminente, le distingue essentiellement des
Palîeoniscus , c'est la nature et la disposition des nageoires, La caudale dont nous
avons déjà parlé, est formée d'une série innombrable de rayons simples, très-grêles,
dont les plus longs forment son lobe inférieur, et qui vont en diminuant vers l'extrémité
du lobe supérieur. Les autres nageoires, c'est-à-dire, les pectorales, la dorsale et
l'anale, ont cela de commun que leur bord antérieur est soutenu par un gros rayon
simple qui s'étend jusqu'à l'extrémité de la nageoire et qui lui sert de point d'appui^ il
est précédé d'un autre rayon simple plus petit et plus court. Les ventrales manquent
entièrement. La dorsale est très-reculée et très-rapprochée de la caudale; l'anale est
un peu plus en avant.. Ces deux nageoires paraissent avoir la même forme. Les pec-
torales sont les plus grandes de toutes les nageoires ; elles sont placées sur les côtés et
vers le bas de la tête. Yoyez la Tab. A. du premier volume.
Je ne connais encore qu'une seule espèce de ce genre, que j'ai nommée Acanthodes
Bronni.
— 20 —
I. AcANTHODES Bronni Agass.
Vol. 1. Tab. I.
Dansle Zeitschnftfnr Minéralogie de Leonhard et Brorm, 1829, vol. 2, pag. 483. ,
Bronn cite ce poisson comme un Acanthoptérygien. — Dans le 2' caliier de 1882 du
même journal, je l'ai désigné à la page 149 sous le nom d'Acanthoessus Bronnii, que
je crois convenable de changer en Acantliodes.
Les plus beaux exemplaires de cette espèce que j'aie vus jusqu'ici, se trouvent dans
la collection de 31. le professeur Bronn à Heidelberg^ ce sont les originaux de mes
dessins; j'en ai vu plusieurs autres , également bien conservés, dans le comptoir miné-
ralogique de la même ville. Tous ont été trouvés à Bœrscliweiler près de Saarbriick,
avec plusieurs centaines d'Amblypterus macropterus, dans des boules de fer oxydé
carbonate.
Les deux plaques que j'ai fait figurer (vol. 2. tab. i.) se complètent mutuellement.
L'individu de la fig. i paraît avoir conservé sa position naturelle, mais l'extrémité de
la caudale et la tête entière lui manquent. L'autre (f. 2.), au contraire, est arqué ver-
ticalement dans sa partie postérieure; il a la tête tellement contournée, qu'elle se
présente par sa face inférieure ; des deux pectorales que l'on voit par dessous , celle de
gauche est au dessus de celle de droite. Cette position confirme l'opinion énoncée dans
les caractères du genre, que la tête est déprimée et que c'est le bord proéminent de
la mâchoire inférieure qui termine le contour semicirculaire antérieur de cette em-
preinte. L'interruption de la ligne latérale, dans la partie où le corps paraît être ployé
sur lui-même ; un pli dans la peau au même endroit ; l'extrême petitesse des plaques
dans l'espace entre les rayons épineux et le pli cité ; le rapprochement des deux pecto-
rales de la dorsale et de l'anale ; leur position en avant et entre ces deux dernières ;
enfin, la continuité du bord de la tête; tout cela confirme cette manière de voir, sur
laquelle il est indispensable de s'entendre d'abord pour apprécier exactement les
rapports des parties entr'elles, et pour comprendre comment il se peut que ces deux
empreintes représentent la même espèce.
Je ne saurais donner une idée plus nette de la forme de ce poisson, qu'en plaçant
sur le corps du Silurus Glanis, les nageoires que je viens de décrire et la peau chagrinée
de certains Balistes.
L'épaisseur du corps en arrière des pectorales est à peu près égale à la distance
qu'il y a entre l'extrémité de l'anale et de la dorsale , lorsqu'elles sont dressées. La
distance des pectorales à l'anale est à peu près égale à celle entre l'insertion de l'anale
et l'extrémité du lobe inférieur de la caudale ; car les deux exemplaires figurés ayant la
même taille, l'un peut servir de point de comparaison pour l'autre. La tête paraît de
la longueur du gros rayon pectoral ; l'épaisseur de la queue entre la dorsale et la caudale
— 21 —
égale la longueur du gros rayon anal. Les nageoires pectorales, la dorsale et l'anale,
paraissent toutes avoir la même forme, c'est-à-dire que, soutenues en avant par de
forts rayons simples et articulées par une base étroite , elles se dilatent d'abord et vont
ensuite se terminer en pointe arrondie. Devant cbacun de ces gros rayons, chacune
des nageoires en a un plus faible et plus court, mais également simple, qui en aug-
mente la force. Dans la dorsale de l'exemplaire fig. i. l'on distingue parfaitement bien
des osselets interapopliysaires ; ce qui permet de supposer à ce poisson un squelette
osseux. Au reste les nageoires paraissent avoir été entièrement adipeuses, ou bien sem-
blables à celles de certains Hétérobranches qui ont une nageoire fibreuse , ou bien enfin
les rayons poux-raient avoir disparu en se pétrifiant. Ce qui pourrait le faire présumer
c'est que, dans la pectorale de gauche du poisson fig. 2, on voit quelques traces de
rayons.
Le lobe inférieur de la caudale (f. 2. ) est parfaitement conservé : on y voit distinc-
tement les rayons simples et innombrables dont elle est composée; ils sont tous articulés,
et cela si fréquemment qu'ils paraissent être composés d'une série de petites plaques,
semblables à celles du corps. C'est une structure semblable des rayons, qui a fait dire,
en général, des Palaeoniscus , que leurs nageoires sont écailleuses. Les rayons du lobe
supérieur sont si fins et si rapprochés, qu'à peine on peut les distinguer. Ce n'est
que par analogie que l'on peut conclure la longueur de ce lobe, qui n'est entier dans
aucun des individus que j'ai eu occasion de voir.
Le croissant qui borde la partie antérieure de la fig. 2 est certainement l'empreinte
de la mâchoire inférieure ; mais toute la tête est trop mutilée pour qu'on puisse dé-
terminer la forme de ses autres parties.
Je ne saurais indiquer quelle est la nature des écailles de la ligne latérale, puisque
je n'en trouve pas une seule, par où elle passe, assez bien conservée pour cela; mais
l'empreinte qu'elles ont laissée est assez distincte pour pouvoir en indiquer la direction.
Elle s'étend sur le côté du poisson tout le long du corps , parallèlement au dos dont
elle est un peu plus rapprochée que du ventre.
Les écailles du reste du corps (fig, 3.) sont de petites plaques rhomboïdales et presque
carrées, disposées par rangées obliques, de manière à former autour du corps du poisson
des ceintures transverses, dirigées d'avant en arrière , depuis le dos vers la partie
inférieure de l'abdomen. Ces plaques ont à leur surface extérieure une légère impres-
sion centrale, qui les fait paraître concaves. Cette forme résvdte de ce que chaque
nouvelle lamelle dont une semblable plaque est composée , déborde les précédentes par
son bord renflé et qui est plus relevé que dans les antécédentes. L'empreinte que laissent
les çcailles sur la pierre est parfaitement lisse et légèrement concave. Lorsque les
lamelles les plus anciennes d'une plaque se détachent des nouvelles, il en résulte un
22
creux plus profond sur le milieu de chaque plaque : elles se vident quelquefois entière-
ment de cette manière. 11 ne reste alors de chaque plaque, que la dernière lamelle avec
ses bords relevés et qui , réunis à ceux des voisines , forment des cellules semblables à
celles d'un rayon de miel.
31. Hermann de 31eyer m'a communiqué l'esquisse d'un poisson fossile du Musée de
Bonn, que lui a fait voir Goldfuss, et qui est certainement aussi mon Acanthodes
Bronni. Il provient des mines houillères de Lebach près de Saarbrûck, et gît dans
une boule de fer oxydé carbonate. Il en existe aussi un exemplaire dans le Musée de
Francfort. Dechcn dit qu'il se trouve aussi à Liège dans les couches inférieures de
la houille.
Declien,dan§ la traduction du Manuel géologique de de la Bêche, suppose que ce poisson
a quelque analogie avec les Chipes. Je ne sais trop sur quoi repose cette assertion , car
il n'existe pas de genre dans toute la classe des poissons avec lequel l'Acanthodes ait
moins de ressemblance. En général, on verra figurer comme synonymes, dans le cours
de cet ouvrage, des poissons fossiles de presque toutes les familles et des genres les plus
différens, cités jusqu'ici indistinctement sous les noms de Clupea, Cyprinus, Esox et
Perça, quelquefois même des individus d'une seule espèce mentionnés en même temps
dans plusieurs genres.
La fig. I. tab. A. du i" vol., faite d'après tous les exemplaires que j'ai examinés et
rapportés les uns aux autres en les réduisant aux mêmes dimensions, peut donner
une idée de ce qu'a du être ce poisson.
Au reste, il n'y a rien dans sa structure qui puisse le faire prendre pour un
Acanthoptérygien , comme l'a fait Bronn (l. c). Car si la présence d'un seul gros
rayon dans l'une ou l'autre des nageoires suffisait pour faire ranger un poisson parmi
les Acanthoptérygiens , il n'y aurait pas de famille dans toute la classe qui ne comptât
quelque genre de cette division, pour peu que l'on voulût suivre rigoureusement une
méthode basée sur cette considération. Mais c'est en attachant ainsi une arande im-
portance à l'organisation d'une partie peu essentielle que l'on rompt toutes les affinités
naturelles. C'est par cette raison aussi que les systèmes zoologiques, actuellement en
vogue, pour toutes les classes du règne animal, s'accordent si peu avec la succession
des fossiles dans la série des formations, et masquent constamment les lois de cette
succession. Je crois déjà entrevoir une réforme complète de cette partie des sciences
naturelles ; quoique je sois encore bien loin de pouvoir développer en détail mes idées sur
ce sujet. Je m'attends déjà à une vive opposition contre les principes que j'ai posés pour
la classe des poissons-, en définitive, il en jaillira plus de lumière sur une matière que
je ne prétends pas même avoir épuisée dans ma spécialité.
25
CHAPITRE II]
DU GENRE CATOPTERUS.
Ce qui caractérise surtout ce genre , c'est la grandeur de la dorsale qui est opposée
à l'anale ; puis la position reculée de ces deux nageoires qui sont très-rapprochées de
l'extrémité de la queue. La structure de la caudale n'est pas un caractère qui lui soit
particulier. On retrouve la même disposition dans tous les poissons de l'ordre des
Ganoïdes antérieurs aux dépôts jurassiques, savoir, dans les genres : Acanthodes,
Amblypterus, Palasoniscus , Platysomus, Pygopterus et Acrolepis. Il n'est pas exact
non plus de prétendre que tous les rayons sont sur le côté inférieur de la queue, et
qu'il n'y a rien d'analogue parmi les poissons vivans, excepté dans les genres Lepi-
dosteus et Acipenser. Il est vrai que tous les rayons du lobe inférieur de la caudale sont
articulés sur l'extrémité des apophyses épineuses inférieures j d'un assez grand nombre
des dernières vertèbres caudales; mais les rayons du lobe supérieur sont articulés sur
de petits osselets particuliers, qui sont des vertèbres peu développées et insérées en
série oblique le long de l'apophyse épineuse supérieure de la dernière vertèbre régu-
lière; comme cela a lieu non seulement dans le Lepidosteus, mais encore parmi les
poissons bien connus, dans les genres Esox, Salmo, Thymalus, etc. Les apophyses
épineuses supérieures qui correspondent à celles sur lesquelles sont articulés les rayons
du lobe inférieur, ne portent point de rayons, ou bien seulement de très-petits accolés
le long du grand rayon externe du lobe supérieur de la nageoire. Il n'est même presque
aucun poisson qui ait un nombre égal de rayons dans le lobe supérieur et dans le
►lobe inférieur de la caudale. Voyez à cet égard le chapitre sur l'ostéologie des pois-
sons, inséré dans le premier volume de cet ouvrage.
Cuvier donne à ce genre une nageoire dorsale double, comme caractère distinctif
des Palaeoniscus ; cependant il m'a été impossible de me convaincre de cette diffé-
rence sur les pièces que j'ai examinées. J'ai cru voir au contraire que des rayons
cassés dans la partie antérieure de la dorsale pouvaient seuls avoir donné lieu à la
supposition d'une séparation en deux nageoires, dont les rayons seraient du reste
de la même nature. Dans tous les cas, cette dorsale est beaucoup plus grande et
surtout plus large que dans les Palseoniscus ; elle est de plus opposée à l'anale , tandis
que dans les Palaeoniscus elle est opposée à l'espace qu'il y a entre l'anale et les
ventrales. Les pectorales sont petites. La présence des ventrales est encore douteuse.
— 24 —
Tout le corps est recouvert d'écaillés rhomboïdales , émaillées, de moyenne grandeur.
Je n'ai pu recueillir aucun document sur la structure de la tête.
L'incertitude qui reste encore sur la présence de deux dorsales m'a fait préférer
au nom générique Dipterus, proposé pour les poissons dont il s'agit, celui de Catop-
terus qui désigne la position reculée de la dorsale et de l'anale^ ces nageoires étant
plus rapprochées de la caudale que dans aucun autre genre de la famille.
Jusqu'à présent je n'ai vu de ce genre que quelques fragments qui m'ont été com-
muniqués à Paris par M. Pentland. L'examen que j'en ai fait m'a convaincu qu'ils
doivent être rangés dans la famille des Lépidoïdes , qui , quoi qu'on en dise , n'a
rien de commun avec les Malacoptérygiens , si ce n'est le plus souvent des rayons mous
dans les nageoires. Mais cette distinction des poissons en Malacoptérygiens et en Acan-
thoptérygiens comme divisions primaires n'est pas fondée sur des différences bien
essentielles dans la structure du squelette , et elle rompt trop violemment les affinités
naturelles pour que j'aie pu la conserver. Les écailles des Dipterus n'ont pas non
plus la forme arrondie que Cuvier leur a donnée dans la figure restaurée qu'il en a
esquissée (Geol. Trans. 2'= ser. vol. 3. tab. 14. f- 4-)' quoiqu'elles soient bien repré-
sentées dans quelques-unes des figures qui l'accompagnent. J'ai cherché à le recons-
truire d'après ce que j'en ai vu dans la tab, A. f. 2. du premier volume de cet ouvrage.
N'ayant du reste rien à ajouter à ce qu'ont dit (dans leur mémoire sur la structure et
les rapports des dépôts contenus entre les roches primitives et la série oolithique
dans le nord de l'Ecosse) Sedgwick et Murchison sur ces fossiles, d'après les ren-
seignements de Cuvier, Valenciennes et Pentland, je me bornerai à traduire leur
description, en faisant remarquer cependant que je ne crois pas possible de distinguer
quatre espèces, comme ils l'ont fait. Peut-être y en a-t-il deux, si les différences in-
diquées dans la grandeur des écailles ne proviennent pas d'un changement dans leur
position relative , par l'affaissement du corps suivant la position qu'il a prise dans la
roche qui le contient. Les différentes plaques figurées dans le mémoire susmentionné
me paraissent plutôt les différents âges d'une même espèce que je propose d'appeler
Catoptenis analis. Yoici ce qu'en disent Sedgwick et Murchison, Geol. Trans. 1" ser.
vol. 3. p. 125 et suivantes :
u Lorsque l'attention des géologues se porta pour la première fois sur ces ich-
)) thyolithes, on ignorait qu'on en eût trouvé des exemplaires dans d'autres carrières
j) que dans celles de Banniskirk. Les auteurs de ce mémoire ont cependant depuis
» lors découvert que de semblables débris sont abondamment, et on pourrait même
» dire généralement, répandus dans les dépôts de Caithness , et que leur présence
» n'est pas limitée à une seule couche particulière , mais qu'elle est caractéristique
n pour cette vaste formation schisteuse , depuis les assises les plus élevées jusqu'aux
2o
plus profondes. Dans les assises supérieures, les poissons ou leurs fragmcns se
trouvent abondamment près de Uowburn Head, au nord de Tliurso, de même
en divers lieux le long de la côte de Pentland Firtli, sur le revers septentrional
de laquelle des couches contenant le même poisson, se prolongent jusqu'aux îles
d'Orkney qui sont vis-à-vis. Sur une section transverse, dans l'intérieur de Caithness,
ces ichthyolithes ont été successivement découverts dans les carrières de schistes
de Widel, à trois milles au sud-est de Thurso, à Banniskirk, à Clythe, à Lybster,
et enfin à Latheron Wheele , près de la base de cette formation.
» On trouve ce poisson constamment dans des assises de schistes calcaires d'un gris
foncé , très-bitumineux et micacé , dont les couches à Banniskirk et dans plusieurs
des autres localités susmentionnées , recouvrent immédiatement les meilleures et les
plus larges ardoises à couvrir les toits. En général, les débris de l'animal se dis-
tinguent aisément de la roche qui les contient, par leur teinte plus foncée j mais
à Banniskirk ils sont aussi remarquables parce qu'ils changent de reflet, lorsqu'ils
sont exposés à l'air. Leur couleur ordinaire, qui est d'un gris foncé, passe alors
à un bleu pourpré , comme cela a été remarqué déjà précédemment. Quant à leur
composition chimique , ces ichthyolithes diffèrent sensiblement les uns des autres.
La proportion de magnésie est très-faible ; la matière bleue du poisson est un
phosphate de fer ; toute la pierre contient de l'acide phosphorique dans la pro-
portion d'un quart pour cent, et un peu d'une matière carbonée et bitumineuse.
Le fer étant un protoxyde, la cassure fraîche est noire \ mais en absorbant l'oxygène
elle devient jaune, et le phosphate qui passe à un perphosphate devient bleu. Ainsi
le poisson est distinctement dessiné en traits bleus sur un fond jaune.
» Quant à la classification systématique de ces fossiles, M. le baron Cuvier nous a
communiqué une description intéressante de ceux de Banniskirk, qui lui furent
envoyés, en 1827, pour les examiner. » La voici :
»» Pour décrire les caractères du poisson fossile, sur lequel M. Murchison m'a
» demandé mon opinion, j'ai cherché à en tracer au complet les formes, en réunissant
» les parties que j'ai vues dans les différens exemplaires. Le résultat de ce travail
)) est l'esquisse de la tab. i5. f. 4-5 *ï*^i montre comme caractère essentiel une
» caudale pointue dont tous les rayons sont insérés sur le côté inférieur de la queue.
» Ce caractère se retrouve dans les poissons du schiste cuivreux de Mansfeld et d'Eis-
» leben. Parmi les espèces vivantes je ne connais aucun poisson qui ait ce caractère,
« excepté leLépisostée (EsoxosseusL.) et à un moindre degré l'Esturgeon (Acipenser);
» mais comme ces poissons fossiles ont de fortes écailles , je les classerais plus volontiers
» parmi les Lépisostées. Ils ne sont cependant pas du même genre, n'ayant pas un
» museau aussi allongé. Les poissons de Mansfeld et d'Eisleben sont en conséquence,
ToM. II. 4
_ 26 —
» M à très-peu près, du même genre que ceux de Banniskirk , excepté que les derniers ont
»» une nageoire dorsale double, tandis que ceux de Thuringe n'en ont qu'une simple
» » qui est placée plus en avant. Il ne manque que les nageoires pectorales et les ven-
»)) traies pour compléter la détermination de ces individus. On trouve bien quelques
)))) restes des pectorales, mais je n'ai pas encore pu découvrir un seul vestige des
«)) ventrales. Je suis cependant d'avis qu'elles sont placées assez loin des pectorales,
)) » pour que ce genre soit de l'ordre des Malacoptérygiens abdominaux et par consé-
»« quent analogue du Lépisostée. »»
» Depuis que les exemplaires décrits ci-dessus ont été envoyés à Paris, on en a
» découvert de plus parfaits. Les ayant examinés attentivement , MM. Valenciennes
» et Pentland ont non-seulement confirmé l'opinion du baron Cuvier, mais encore ils
y) nous ont mis à même d'ajouter les détails suivans :
» Les poissons de Caithness appartiennent à l'ordre des Malacoptérygiens abdominaux
» et forment deux nouveaux genres. On propose d'en nommer un Diptenis à cause de
)) sa nageoii'e dorsale double. L'autre a été appelé Osteolepis.
» On connaît les espèces suivantes de Dipterus :
» La première et la plus commune (tab. 17. f. i. 2. 3.) est reconnaissable à son anale
» qui est très-courte et qui ne dépasse pas la moitié de la longueur du lobe inférieur
» de la caudale. Cette espèce, qu'on peut appeler D. bracJijpjgopteniSj paraît avoir
» atteint parfois une grandeur considérable, car les écailles mesurent un peu plus d'un
}) sixième de pouce.
» Une seconde espèce (tab. i5. f. i. 2. (*) 3.) que l'on peut nommer Z>. macropj-
» gopterusj égale par sa grandeur la précédente dont on la distingue cependant aisé-
» ment par la longueur de l'anale qui se termine en pointe aiguë et se prolonge sous
» la caudale presque aussi loin que son lobe inférieur. Les écailles de cette espèce sont
» plus grandes que celles de l'espèce précédente 5 elles ont un quart de pouce de large.
» Une troisième espèce semble n'avoir jamais atteint la grandeur des précédentes ,
» quoiqu'elle soit remarquable par les dimensions beaucoup plus consi'dérables de ses
" écailles. La nageoire anale, quoique longue , n'égale pas celje du Dipterus macropy-
>) gopterus, dont elle diffère aussi bien que du Dipterus bracliypygopterus par sa cau-
» dale arrondie. »
» Une quatrième espèce (tab. 16. f. i. 3.) qui est beaucoup plus petite, a été
>i nommée D. Valenciennesii d'après l'observateur ingénieux qui, le premier, en a
» découvert les caractères distinctifs. »
» Parmi les fragmens il y a une plaque recouverte de grosses écailles , qui ne
» montre aucune trace de la tête, ni des nageoires, mais qui présente, comme un autre
(*) La fig. 2 est tournée sens dessus dessous Agass.
27
>i -exeniplaire (tah. iG. f. 5.) des débris qui paraissent avoir clé les os de la tète et des
» opercules. D'après cela il est impossible de déterminer avec certitude si ces fragments
)i sont d'un Dipterus. L'analogie cependant conduirait à cette conclusion ; car les écailles
)) sont rondes , imbriquées et couvertes de granulations , caractères par lesquels ils res-
» semblent au Dipterus. En attendant que de nouvelles observations fournissent des ma-
» tériaux pour prononcer d'une manière définitive à quel genre ce poisson appartient,
» il peut être nommé provisoirement D. macrolepidotus. L'exemplaire représente
» tab. i6. f. 1. paraît être un jeune individu de la même espèce. »
Cette dernière observation nous apprend donc, je pense, le nom de la troisième
espèce mentionnée plus haut.
J'ai fait copier les plaques les plus complètes de ces poissons, sur la tab. i. du vol. 2.
La tig. I . représente le Dipterus macropygoptenis des auteurs susmentionnés \ la fig. 2.
leurZ>. micropjgoptems; la fig. 3. leur Z). macrolepidotus, et la fig. 4- leur D. Va-
lenciennesii.
diï
— 28 —
CHAPITRE IV.
DU GENRE AMBLYPTERUS. -
A bien des égards les poissons qui forment ce groupe se rapprochent des Catopterus ;
cependant ils en diffèrent essentiellement par la disposition des nageoires , et surtout
par la position de la dorsale vis-à-vis le bord antérieur de l'anale et l'espace qu'il y a
entre celle-ci et les ventrales. Ils ressemblent davantage encore aux Palaeoniscus par
leur forme et par les rapports de position des nageoires entr'elles ; mais ils en diffèrent
aussi par la structure de leurs rayons et par la conformation des nageoires dans leur
ensemble. Bronn, qui en a décrit une espèce , l'a réunie aux Palœoniscus, parmi les-
quels je rangeais aussi précédemment, dans mon catalogue manuscrit, les espèces que
je connaissais alors. Des recherches ultérieures me les ont fait envisager comme le
type d'un genre particulier, que je nomme AmbljpteruSj à cause de l'immense gran-
deur relative de leurs nageoires, et dont j'ai tracé les caractères génériques vol. i.
tab. A. f. 3.
La succession des êtres, dans la série des formations, est un fait trop important pour
qu'il ne faille pas insister sur toutes les circonstances qui peuvent nous mettre sur ses
traces et nous en faire entrevoir la nature. Il n'est donc pas superflu de rappeler que
ce genre n'existe plus dans la création actuelle, ni même dans les terrains tertiaires,
crayeux ou jurassiques. Les Amblypterus ont en effet uhe organisation si singulière
qu'on a de la peine à se familiariser avec leurs traits et à les rapporter à ce que l'on
connaît des poissons; aussi ont-ils dû naître dans des circonstances bien différentes de
celles qui régissent maintenant le monde. Ils paraissent être circonscrits dans le terrain
houiller \ avec quelques Palaeoniscus qui , comme eux , ont des caractères tout parti-
culiers. *
Les Amblypterus ont le corps fusiforme , plus ou moins renflé sur le dos et entre
les ventrales et les pectorales. La queue est courte et proportionnellement très-grosse;
son extrémité se prolonge tout le long du lobe supérieur de la caudale , dont les prin-
cipaux rayons sont insérés sur son côté inférieur. Tout le corps est recouvert d'écaillés
émaillées , rhomboïdales et de moyenne grandeur. L'émail est lisse dans quelques
espèces, dans d'autres il est plissé de manière à former, à la surface extérieure des
écailles, des stries plus ou moins saillantes. Ce qu'il y a de plus particulier dans ces pois-
sons, c'est la conformation de leurs nageoires qui sont toutes très-grandes et surtout très-
_- 29 —
larges. Elles sont composées de rayons nombreux, très-fins, presque tous simples ou seu-
lement un peu fendus à leur extrémité, mais constamment divisés sur toute leur étendue
par de nombreuses articulations ; celles-ci sont très-rapprocbées , comme les rayons le
sont aussi entr'eux. L'examen que j'ai fait d'un grand nombre de poissons pour re-
chercher l'importance du nombre des rayons, comme caractère spécifique, m'a conduit
à les envisager bien plutôt comme des caractères génériques; c'est pourquoi je m'abs-
tiendrai presque constamment d'indiquer le nombre des rayons des nageoires en dé-
crivant les espèces. En revanche, j'en indiquerai la formule générique toutes les fois
qu'elle me paraîtra pouvoir contribuer à la détermination des caractères d'un genre.
Pour les Amblypterus, la voici : D, 3o à 5o ; A. 3o à 5o; G. lobe inférieur, sSà 3o;
lobe supérieur, de 80 à 100 et même au-delà; P. 20 à 3o; V. 20 à 3o. La dorsale et
l'anale ont à peu près la même forme ; ce sont de grandes nageoires plus hautes en
avant qu'en arrière, et plus étendues, plus larges que leurs plus grands rayons ne sont
longs ; elles sont aux dimensions du corps à peu près comme l'anale des espèces les plus
allongées des Abramis. La caudale a une forme très-caractéristique ; sur le côté inférieur
du prolongement de la queu€ sont insérés les plus grands rayons, ceux qui forment
proprement la caudale. Leur longueur proportionnelle et leur point d'insertion sont
tels qu'il en résulte une nageoire à deux lobes, dont l'inférieur, quoique le plus court,
est cependant composé des plus grands rayons, qui vont en diminuant de longueur
depuis l'angle inférieur de la caudale jusqu'à son milieu. Delà les rayons du lobe
supérieur, à peu près tous de la même longueur, s'étendent parallèlement entr'eux
jusqu'à la fin de la nageoire. Sur le côté supérieur de ce prolongement il y a une
série de petits rayons qui commencent au pédicule de la queue , et qui , accolés le long
de son bord supérieur, s'étendent jusqu'à son extrémité. Il ne paraît point y avoir de
ces petits rayons sur le bord externe des autres nageoires ; cependant ils existent ,
mais ils sont si extraordinairement petits, qu'on peut à peine les entrevoir à l'œil
nu. Il y en a au bord inférieur du lobe inférieur de la caudale, au bord antérieur
de l'anale, de la dorsale , des ventrales et des pectorales. Des écailles en forme de
lozange plus allongé s'étendent tout le long du lobe supérieur de la caudale. Il y en a
de plus grosses, très-larges et impaires sur le bord antérieur des nageoires impaires et
au point d'insertion des ventrales. Les nageoires paires, c'est-à-dire les pectorales et
les ventrales, sont de grandes nageoires, larges et très-arrondies. La position relative
des nageoires est aussi un caractère générique important. La dorsale n'est pas pré-
cisément sur le milieu du dos; elle est un peu plus reculée et placée au point où le
tronc commence à se rétrécir pour former la queue. Elle se trouve ainsi opposée au
bord antérieur de l'anale et à l'intervalle entre les ventrales et l'anale. L'anale com-
mence vis-à-vis le milieu de la dorsale ou un peu plus en arrière , et s'étend presque
— 50 —
jusqu'aux rayons antérieurs du lobe inférieur de la caudale. Les ventrales sont in-
sérées en avant du bord antérieur de la dorsale 5 les pectorales dans la partie inférieure
de la ceinture thoracique. Mais comme celles-ci sont très-grandes, en se reployant
en arrière elles atteignent le point d'insertion des ventrales , qui atteignent elles-mêmes
la base de l'anale j ensorte que tout le bord inférieur du corps a l'air garni de rayons
de nageoires.
Quant au squelette des Amblypterus, j'ai peu de choses à en dire. Les plaques de
ces espèces ne présentent ordinairement que l'enveloppe extérieure du poisson , c'est-
à-dire les écailles qui recouvrent le corps, les rayons des nageoires et la tête plus ou
moins bien conservée. Cependant l'état des os de la tête de quelques exemplaires
et les traces, assez rares il est vrai, que l'on rencontre du squelette intérieur, ne laissent
aucun doute sur sa nature osseuse. La tête est de moyenne grandeur , proportionnel-
lement au corps ; elle paraît plutôt grande <{ue petite. Le crâne est très-petit com-
parativement au reste de la tête, à l'opercule, par exemple, mais surtout aux mâchoires,
qui sont très-grandes. Les os paraissent lisses ou à peine surmontés de faibles arêtes.
L'orbite est grande et entovirée d'un cercle de sous-orbitaires assez étroits. Les pièces
operculaires , sans être très-grandes , sont cependant foiniées d'os assez forts et plats ,
peu allongés vers le bas et qui recouvrent en partie l'extrémité supérieure de la cein-
ture thoracique, dont l'humérus est très-large et arrondi au-dessus de l'insertion des
pectorales, et dont le suprascapulaire, dilaté et aplati, forme une saillie en arrière de
l'occiput. L'arcade palatine paraît avoir été très-raccourcie. La gueule est énorme ,
formée par des mâchoires disproportionnément grandes, qui sont garnies, sur tout leur
bord, de dents en brosse extrêmement fines. La partie du museau (l'éthmoïde) où
sont insérés les os de la mâchoire supérieure, ne forme pas de saillie en avant des mâ-
choires comme dans les Palaeoniscus. Les os de la mâchoire inférieure sont très-gros
et très-forts; entre leurs branches de droite et de gauche se trouve placé l'os hyoïde
avec ses quatorze rayons branchiostègues , qui sont très-larges et plats, courts en avant
vers la symphyse de la mâchoire inférieure, mais plus en arrière assez allongés pour
recouvrir la partie inférieure de la ceinture thoracique. (Vol. 2. tab. 3. f. 3 et 4-)'
On peut comparer ces caractères généraux avec les fig. A. B. et C. du vol. 2. qui re-
présentent les genres Lepidosteus et Polypterus.
Il y a deux espèces de ce genre dont les écailles sont lisses et en même temps pro-
portionnellement plus grosses ; les articulations transverses des rayons des nageoires
sont aussi plus nombreuses et plus rapprochées, les raypns eux-mêmes sont plus gros
et moins nombreux ; ce sont V Ambljptenis lateralis et V Aniblyptenis latus. Deux
autres espèces ont des écailles proportionnellement plus petites \ l'émail qui les recouvre
est finement plissé et forme des stries obliques sur leur surface externe; les rayons de
— 51 —
leurs nageoires sont plus nombreux, plus fins, et leurs articulations plus distantes; ce
sont V Amhljptenis macropterus et V Amhljptenis eupterjgius. Enfin une cinquième
espèce a des écailles plus étroites, mais plus hautes que les précédentes; c'est VAm-
bljpterns Olfersi .
I. Amblyptekus macropterus Agass.
O"
Vol. 2. Tab. 3. f. T. 2. 3. et 4. — Tab. i. f. 4. 5. 6. et 7.
Palœothrissum dorsale Agass. Catal. manusc. — Palaîoniscum macropterum Bronn
Jahrb. fiir Minéralogie 1829. vol. 2. pag. 483.
Cette espèce a été décrite, il y a quelques années, par Bronn, qui la rangeait parmi
les Palœoniscus. C'est à Heidelberg que j'en ai vu le plus grand nombre d'exemplaires ,
(environ cinquante). M. le professeur Bronn, qui en a examiné quelques cents et qui en
possède encore quelques beaux exemplaires dans sa collection , m'a, en outre, remis
une esquisse sur laquelle il avait rapporté très-exactement les proportions des nageoires
entr'elles , et de plus la disposition et le nombre des rayons de chacune d'elles en par-
ticulier ; tels qu'il les avait observés sur tous les exemplaires réunis susmentionnés , et
qui ont été distribués aux souscripteurs des collections géologiques du comptoir mi-
néralogique de Heidelberg. M. le chevalier de Léonhard en possède également plusieurs,
dont l'un m'a surtout servi à rétablir les parties de la tête , leurs formes et leurs con-
nexions. C'est aussi sur cet exemplaire que j'ai découvert les dents que, dès-lors, j'ai
retrouvées dans un très-grand nombre de plaques. Mon ami, M. Alex. Braun, à Carls-
rulie , en possède un échantillon, du reste assez insignifiant, mais oh l'on voit la mâchoire
inférieure par sa face inférieure, et entre ses branches latérales les rayons branchios-
tègues antérieurs dans leur position naturelle. Il y en a également plusieurs très-
beaux au Musée de Strasbourg, qui m'ont été communiqués par M. Voltz. Il
s'en trouve de même quelques échantillons au Musée de Munich. Ce sont ceux que
j'avais désignés sous le nom de Palaeothrissum dorsale, lorsque je rangeais encore ce
poisson parmi les Palaîothrissum , avant d'avoir reconnu les caractères du genre Am-
blypterus , dont je ne connaissais alors que cette espèce, frappé que j'étais de la grandeur
considérable de la dorsale. Mais les plus complets que j'aie vus sont ceux de la col-
lection de M. le professeur Walclmer, à Carlsruhe; ce sont les originaux de mes
figures. Dans l'un, surtout, les nageoires sont dans leur position naturelle, et l'on
peut parfaitement en étudier la nature; de plus l'on y voit les osselets interapophy-
saires de la dorsale, le scapulaire, l'humérus, les mâchoires et les dents.
Au Musée de Paris il y en a plusieurs exemplaires ; entr'autres une paire de plaques
donnée par M. de Férussac, dans luie boule d'argile ocreuse de Lebach. Une autre
— 52 —
paire, d'un très-grand individu, provenant aussi de Lebach; et enfin deux paires
de petits exemplaires bien conservés, provenant encore de Lebacli, dans le duché de
Saarbriick.
Cette espèce paraît très-commune dans les lieux où on la trouve. Tous les exemplaires
que j'ai vus sont renfermés dans des boules de fer oxydé carbonate, très-fissiles, quel-
quefois ocreuses, et dont les fissures sont parfois remplies de cristaux de Quarz. Ces
boules sont disposées par bancs dans un grès du terrain houiller des environs de
Saarbriick , qui alterne avec des couches d'argile schisteuse et de calcaire noir. C'est
à Lebach et à Bœrschweiler qu'on en a trouvé le plus grand nombre. Dechen compte
aussi ce poisson parmi ceux du Zechstein, mais tous les exemplaires que j'ai vus pro-
viennent du terrain houiller de Bœrschweiler et de Lebach.
Comme aucune autre espèce ne m'a présenté aussi nettement tous les caractères qui
peuvent contribuer à préciser le genre et à lui assigner sa véritable place dans le système
des poissons, je m'arrêterai encore un momentà considérer ses caractères généraux, avant
de passer à la description de l'espèce. La première question que nous soulèverons ne
sera pas de savoir si c'est un Chondroptérygien , ou un poisson osseux j nous avons déjà
fait voir ailleurs combien cette distinction est peu physiologique , et combien il est souvent
difficile de décider la question dans un cas particulier ; par exemple pour les Diodon ,
les Lophius , les Stromateus, etc.; enfin combien d'affinités naturelles on rompt en
faisant cette distinction et en séparant ainsi les poissons en deux grandes coupes primi-
tives. Cependant je dirai, en passant, que les Amblypterus, malgré l'état de pétrifi-
cation dans lequel on les trouve ordinairement, ont encore tous les caractères nécessaires
pour reconnaître évidemment la nature osseuse de leur squelette.
Il nous importe davantage de savoir si l'on peut ranger ces poissons et les Paleeoniscus
parmi les Malacoptérygiens abdominaux , comme on l'a fait généralement jusqu'à
présent. Tous les ichthyologues devront concéder d'abord que ce n'est du moins pas
à un genre actuellement existant qu'on peiit rapporter ces ichthyolithes. La forme et
la structure des nageoires, mais surtout le prolongement de la queue en un lobe asymé-
trique et recouvert d'écailles sur toute sa longueur, sont trop frappants pour que tout
le monde ne soit pas d'accord sur ce point. Il reste donc seulement à examiner si l'on
ne pourrait pas ranger ces deux genres dans quelque /«miZ/e des Malacoptérygiens
abdominaux ; car il est incontestable que les Amblypterus et les Palaeoniscus ont des
rayons articulés dans toutes leurs nageoires, et que les ventrales, postérieures aux
pectorales , sont insérées sur le milieu du ventre. Il est également incontestable que
les genres Lepisdosteus et Polypterus, que Cuvier range maintenant dans la famille
des Chipes, ont beaucoup d'analogie avec les ichthyolithes dont il s'agit. Mais ce n'est
pas exclusivement sur les considérations tirées des rayons de la dorsale et de l'anale
oo
que Cuvier a basé sa classification, ou du moins il n'est pas toujours resté fidèle à ce
principe ; car il range parmi les Acanthoptérygiens des poissons dont tous les rayons
sont articulés et mous, par exemple plusieurs Scombéroïdes , queUpies Squamipennes,
des Tœnioides et des Gobioïdes; tandis qu'un assez grand nombre de genres, qu'il
place dans différentes familles des Malacoptérygiens , ont des rayons épineux aussi
gros et même plus gros et aussi nombreux que maint Acanthoptérygiens par exemple ,
certains Cyprins, quelques Salmones, quelques Silures et quelques Gadoïdes. Quant
à la réunion des Lepidosteus et des Polypterus avec les Chipes , je ne sais trop sur
quoi elle est fondée 5 la structure de leurs mâchoires diffère complètement. Leurs
écailles n'ont aucun rapport ni de forme, ni d'organisation ; et cependant ailleurs , les
caractères tirés de ces parties ont paru assez importans , même à M. Cuvier, pour
qu'il s'en servît comme caractères de famille , par exemple pour les Scombéroïdes.
Il résulte de là : 1° que les Lepidosteus et les Polypterus ne sauraient être réunis
aux dupes s comme les Amblypterus et les Palaeoniscus , ils forment une famille dis-
tincte, dont presque tous les genres sont fossiles; 2° que la classification de Cuvier,
qui est à bien des égards, et surtout pour les premières grandes divisions, parfaitement
la même que celle d'Artedi , ne saurait être conservée , parce qu'elle est basée sur des
considérations qui sont souvent en opposition directe avec les affinités naturelles des
familles, et en même temps tirées de parties d'une importance trop secondaire. Si au
premier abord l'on était tenté de faire aussi cette dernière objection à la classification
que je propose , je ferais remarquer que j'ai développé, dans le premier volume de
cet ouvrage, jusqu'à quel point les écailles traduisent au dehors l'ensemble de l'orga-
nisation des poissons, et comment elles peuvent, par conséquent, servir à exprimer en
général leurs affinités naturelles.
De toutes les espèces du genre, c'est l'Amblypterus macropterus qui a les dimen-
sions les plus considérables : ordinairement les exemplaires ont cinq à six pouces de
longs j^'^ ^^ ^^^ cependant qui atteignaient à près d'un pied. Son corps, un peu trapu,
a une forme très-bien prise j relevé sur la nuque , il se rétrécit insensiblement vers la
queue, qui est assez large ; rehaussé, pour ainsi dire, de toutes parts par des nageoires
très-amples, il rappelle, à certains égards, les Cyprins, notamment le C. Gibelio et
la Tanche (Tinca chrysitis Agass.). Cette allure, ces formes, cette vigueur empreinte
dans tous ses traits , conduisent tout naturellement à supposer que ce poisson vivait
dans les bas-fonds, sur les rivages, peut-être le plus souvent caché dans la fange, ou
entre les plantes aquatiques riveraines , suçant les substances organiques en putré-
faction. Ce n'était certainement pas un poisson vorace; il n'a ni la gueule armée
de fortes dents , ni les formes dégagées , ni les nageoires vigoureuses , ni enfin la spa-
cieuse cavité abdominale , capable de contenir une proie souvent disproportionnellement
ToM. II. 5
— 54 —
grande. Si l'on me demandait encore dans quelle espèce d'eau je pense que ce poisson
a vécu, je répondrais que je ne le crois pas plus habitant des eaux salées que de l'eau
douce, dans le sens antithétique que l'on donne maintenant à ces expressions 5 mais
que je suis plutôt disposé à admettre que les eaux qui recouvraient la plus grande partie
du globe à l'époque où ce poisson vivait, étaient d'une nature différente de celles de
nos mers et de nos lacs, et que c'est à l'action des soulèvements que sont dûs les chan-
gements qu'elles ont subis. Voyez sur ce point les considérations géologiques générales
contenues dans le premier volume.
Les écailles de cette espèce sont proportionnellement plus petites que celles des autres
espèces du genre ; elles sont à peu près de même taille sur toute la surface du poisson.
Sur le milieu des flancs surtout , la partie émaillée et qui est visible extérieurement ,
est parfaitement équilatérale (tab. i. f. 4- el 5.) ; mais vers le dos et vers la partie
inférieure de l'abdomen (tab. i. f. 6.), comme le long de l'insertion de l'anale, les
écailles sont plus étroites , c'est-à-dire qu'elles sont plus longues que hautes. Celles qui re-
couvrent le prolongement de la cjueue sont oblongues en sens inverse (tab. i. f. 7.)
à cause du changement de direction des séries qui s'étendent sur cette partie du corps.
A l'insertion de la caudale , les écailles finissent sur la base des rayons, se prolongent
un peu sur la partie moyenne de son lobe inférieur et présentent une légère échancrure
correspondant au milieu de la nageoire. En avant de la dorsale , de l'anale et sur les
bords du pédicule il y a quelques écailles voûtées , plus larges que les autres , échancrées
à leur point d'insertion, et terminées en pointes plus ou moins allongées ; elles sont sur-
tout saillantes au bord supérieur du prolongement de la queue, en dessous des petits
rayons qui s'étendent sur tout son bord. La partie basale des écailles, par laquelle
chacune d'elles est fixée dans la peau, est coupée carrément et n'est pas recouverte
d'émail. Comparez, quant à leur disposition générale, celles du Lepidosteus repré-
sentées vol. 2. tab. B. Mais ce qui caractérise plus particulièrement l'Amblypterus
macropterus , ce sont les rides qui s'étendent sur l'émail des écailles depuis leur angle
supérieur antérieur à l'angle inférieur postérieur. Ces rides sont presque parallèles et
légèrement ondulées.
Les nageoires ont aussi quelques traits particuliers auxquels il est également très-
facile de reconnaître cette espèce. Tous leurs rayons sont extrêmement grêles, très-
rapprochés; beaucoup plus fins, par exemple, que ceux de l'Amblypterus latus; leurs
articulations transverses , plus distantes , ne sont pas aussi nettement visibles ; elles sont
obliques au diamètre longitudinal des rayons , dont l'extrémité est à peine bifurquée
jusqu'au tiers de leur longueur. Ces rayons sont si intimement unis à leur extrémité,
que les nageoires ressemblent plutôt à la dorsale fibreuse de quelques ïiétérobranches.
55
qu'à des nageoires formées de rayons osseux bien distincts; cependant ils le sont
tous assez vers leur insertion pour qu'il soit possible de les compter.
La dorsale est aussi large que l'anale, son milieu correspond au bord antérieur de
cette dernière; son bord antérieur est forme d'une dizaine de rayons qui vont en gran-
dissant, et le long desquels sont accolés de petits rayons en V inverse, à peine visibles
à l'œil nu. Cette nageoire n'est pas aussi haute que large ; depuis sa partie la plus
élevée , les rayons vont en diminuant de longueur ; les derniers ont à peine la moitié
des plus grands. Il y a environ cinquante rayons en tout; ils sont portés sur de petits
osselets interapopbysaires, de forme toute particulière. Ils sont aplatis à leurs deux
extrémités, et dilatés en forme triangulaire; leur partie moyenne est plus arrondie
et beaucoup plus étroite. On retrouve une disposition semblable de ces parties dans le
genre Pycnodus de la famille des Pycnodontes. Yoyez la tab. 35. f. i et 3 de l'Ittio-
litologia veronese. Chacun de ces osselets porte plusieurs rayons; mais je ne puis en dé-
terminer exactement le nombre , parce que dans aucun exemplaire ils ne sont tous à
découvert , et qu'ils sont ordinairement séparés de leurs rayons ; cependant il me paraît
y avoir généralement un osselet pour deux rayons.
L'anale a exactement la même forme et la même structure que la dorsale ; ses rayons
sont aussi portés par des osselets inlerapophysaires de même nature , mais un peu
plus courts.
La caudale n'a rien de particulier, si ce n'est un nombre de rayons plus considé-
rable que dans les autres espèces ; leurs articulations transverses sont aussi plus rap-
prochées que dans les autres nageoires. Le lobe inférieur a une douzaine de petits
rayons à son bord externe ; ils vont en grandissant jusqu'à l'extrémité de la nageoire
et portent aussi de petits rayons en V à peine visibles; il y a, en outre, vingt-cinq
ravons au lobe inférieur (on ne peut en préciser le nombre plus rigoureusement, parce
que la séparation de la caudale en deux lobes n'est marquée que par une échancrure
très-évasée) ; le lobe supérieur compte au moins cent rayons.
Les pectorales et les ventrales sont très-grandes et très-larges, tant à leur insertion
qu'à leur extrémité libre et arrondie.
La tête ne présentant aucune particularité spécifique, je renvoie, pour sa description,
aux caractères du genre.
Cette espèce, très-voisine de l'Amblypterus eupterygius, en diffère par des écailles
plus petites, et parce que le tronc est plus large et moins élancé.
— 36 —
II. Amblypterus eupterygius Agass.
Yol. 2. Tab. 3. f. 5 et 6. — Tab. i. f. 8.
Palseothrissum eupterygium Agass. Catalog. manusc.
Au Musée de Stuttgardt, il y a un petit exemplaire de cette espèce, contenu dans
une boule de fer oxydé carbonate, et qui m'a été adressé par M. le professeur Jœger.
C'est l'original de ma fig. 5. M. Voltz m'en a remis deux autres, dont l'un surtout,
l'original de ma fig. 6. , est remarquable parce qu'il se trouve dans une argile
schisteuse toute rouge; il provient des environs de Saarbriïck. Il y en a aussi un
exemplaire dans la collection de M. Régley à Paris, et un au Muséum de Munich.
Quoiqueassez voisinede l'Amblypterus macropterus, cette espèce en diffère cependant
par des caractères bien tranchés. Son tronc est plus allongé, moins large, le dos moins
voûté, le ventre plus droit; mais le pédicule de la queue est proportionnellement plus
gros. La tête est plus grande, surtout plus allongée et moins distincte du tronc. Les
dimensions sont en général celles d'un poisson plus grêle. La position des nageoires, et
même leur forme, présente aussi quelques différences; la dorsale est plus avancée sur le
milieu du dos , elle est exactement opposée à l'espace qu'il y a entre l'anale et les ven-
trales, plus étroite à sa base, elle ne s'étend pas beaucoup au-delà du commencement
de l'anale, tandis que dans l'Amblypterus macropterus, c'est le milieu de la dorsale qui
correspond au bord antérieur de l'anale. La dorsale de l'eupterygius est aussi plus petite
que son anale, qui, par ses dimensions, ne cède en rien à celle du maci'optei'us. Les
ventrales sont un peu en avant du bord antérieur de la dorsale ; les pectorales, qui sont
très-grandes, dépassent l'insertion des ventiales, lorsqu'elles sont repliées en arrière;
leurs rayons antérieurs sont plus gros que les suivans. Outre ces différences dans leur
position relative, toutes les nageoires présentent encore celle d'être composées de rayons
moins fins et moins rapprochés, mais dont les articulations transverses ne sont pas plus
distinctes, ni plus distantes. Tous ces rayons sont fendus à leur extrémité à plusieurs
reprises, jusqu'au tiers de leur longueur. Comme dans l'Amblypterus macropterus, on
distingue à la base de la dorsale et de l'anale les osselets interapophysaires sur lesquels
ces nageoires sont articulées; ils sont également dilatés à leurs deux extrémités, et plus
minces au milieu.
Tous les os du crâne, dont on voit assez nettement l'impression dans la fig. 6, sont
marqués comme les écailles de stries très-rapprochées , mais divergentes du point d'ossi-
fication de chaque os vers son bord. L'impression des dents est également visible, comme
celle des larges rayons branchiostègues antérieurs.
Les écailles, dont l'empreinte est représentée tab. i . , f. 8. , sont striées obliquement
comme celles du macropterus; cependant elles en diffèrent par leur forme. Leurs côtés
— 37 —
élant tous égaux, elles sont aussi hautes que longues, tandis que celles de l'espèce avec
laquelle nous les comparons, sont plus étroites, mais plus longues. On peut dire encore
que dans l'Amblyptçrus eupterygius, les écailles ont des dimensions plus égales sur
toutes les parties du corps. Si l'on objectait que toutes les différences qui viennent d'être
indiquées peuvent provenir de l'état de conservation des empreintes, il serait difficile
de concevoir alors comment ces caractères se retrouvent dans quatre exemplaires dont
la position est très-différente.
Cette espèce se trouve, avec l'Amblypterus macropterus, dans le terrain houiller de
Saarbriick et de Lebach ; mais elle paraît y être très-rare.
III. Amblypterus latus Agass.
Vol. 2. Tab. 4. f. 2. 3. 4. 5 et 6.
Palœothrissum latum Agass. Catalog. manuscr.
Il y a , au Musée de Strasbourg , deux plaques correspondantes de cette espèce , qui
m'ont été confiées par M. Voltz. Ce sont les originaux de mes figures. Leur état de
conservation est si parfait, qu'elles ne laissent rien à désirer, excepté quelques détails
sur les os du crâne. Elles proviennent du terrain houiller des environs de Saarbriick.
Au Musée de Paris, on en voit aussi une plaque, provenant des houilles de Lebach, dans
le duché de Saarbriick.
Ces exemplaires sont renfermés dans des boules marneuses de fer oxydé carbonate.
L'Amblypterus latus ressemble beaucoup au macropterus par sa forme, et par les
proportions relatives de ses parties. C'est un gros poisson trapu, court, très-large dans
la partie antérieure du tronc , rétréci sur le pédicule de la queue, qui est proportionnel-
lement plus mince que dans les autres espèces du genre.
La tète est aussi plus courte et plus étroite, à cause de la chute rapide de son profil.
Les os sont plus lisses; on y voit bien aussi quelques stries, mais outre qu'elles sont
moins marquées , elles proviennent des lames d'accroissement des os , et sont par consé-
quent concentriques les unes aux autres; tandis que dans l'Amblypterus eupterygius,
ce sont les rayons d'ossification divergens les uns des autres, qui sont plus saillans. Les
os supérieurs de la ceinture thoracique, le suprascapulaire et le scapulaire sont très-
larges; il en est de même de l'humérus qui forme une faible saillie arrondie au-dessus
de l'insertion des pectorales. L'opercule, en revanche, est étroit, mais le subopercule
est très-haut. L'os maxillaire inférieur, sifr le bord supérieur duquel on voit quelques
traces des dents, est plus étroit que dans les autres espèces; tandis que les rayons
branchiostègues sont plus longs et plus larges.
On voit distinctement le point d'insertion des pectorales, au bas de l'angle inférieur
de l'humérus, sans qu'il soit cependant possible d'en compter les rayons. Ce qu'il y a
— 38 -.
de certain, c'est qu'ils sont plus minces que ceux des autres nageoires, et notamment
plus fins et à articulations plus rapprochées que ceux de l'anale et de la dorsale; ces
pectorales paraissent n'avoir pas atteint tout-à-fait l'insertion des ventrales en se repliant
en arrière. Celles-ci ont une base très-large, et comme toutes les autres nageoires elles
sont formées de rayons moins grêles que ceux des Amblypterus macropterus et eupte-
rygius; mais leurs articulations transverses sont beaucoup plus rapprochées, et les
divisions longitudinales de leurs extrémités moins nombreuses que celles de l'eup-
terygius. Un autre caractère frappant, c'est que tous les rayons sont plus distincts
et évidemment osseux , tandis que ceux des espèces citées se fondent en quelque sorte
dans la membrane qui les lie. L'anale et la dorsale ont exactement la même forme et la
même grandeur ; le milieu de cette dernière correspond exactement au bord antérieur
de la première. En avant de chacune d'elles, il y a quelques grosses écailles impaires,
échancrées à leur bord postérieur, et accolées contre la base des nageoires. Sur le point
d'insertion des ventrales il y a ime longue écaille lancéolée, comme on en voit chez
quelques genres de la famille des Chipes, des Cyprins et surtout des Salmones. Le lobe
inférieur de la caudale est plus étroit , et formé de moins de rayons que dans les autres
Amblypterus. Les petits rayons en V, accolés sur le bord antérieur de toutes les na-
geoires, le long de leur rayon externe, sont visibles à l'œil nu.
Les écailles fournissent encore un caractère important de cette espèce. Les flg. 4 et 5
représentent celles des flancs, la fig. 6. celles du lobe de la caudale. Elles sont toutes
parfaitement lisses, et beaucoup plus grandes que celles des autres espèces; c'est à peine
si l'on distingue, sur le bord, les lignes concentriques des dernières lames d'accroissement.
Cependant elles diffèrent considérablement de grandeur entr'elles, suivant la place
qu'elles occupent sur le corps : celles du dos et de la queue sont plus petites , celles qui
s'étendent sur le lobe supérieur de la caudale sont, en outre, en forme de losange plus
allongée; mais celles qui recouvrent les parois de la cavité abdominale, et qui sont aussi
hautes que larges sont de beaucoup les plus grandes. Les séries d'écaillés vont donc en
s'élargissant du dos vers la partie inférieure de l'abdomen. La ligne latérale s'étend dans
toute sa longueur, à peu près sur le milieu du corps. L'Amblypterus lateralis a aussi de
grandes écailles lisses; mais il suffit, pour distinguer cette espèce, de faire remarquer
qu'elles sont presque égales sur toutes les parties du corps, et un peu moins hautes
que longues.
Le caractère des grandes écailles lisses rapproche ces deux espèces d'Amblypterus de
celles du genre Palœoniscus, que l'on trouve dans le schiste marno-bitumineux de la
montagne de Muse près d'Autun.
— 39 —
IV. Amblypterus lateralis Agass.
Vol. 2. Tab. 4. f. I. 7. 8 et 9.
Palœothrissum latérale Agass. Catalog. manuscr.
M. Yoltz m'a remis vine plaque de cette espèce, qui se trouve au Musée de Strasbourg ,
et que j'ai fait repi'ésenter fig. i . Elle a été trouvée dans le terrain bouiller des environs
de Saarbriick. Au 3Iusée de Paris, il y en a deux paires, provenant des mines de bouille
de Lebacb. Depuis que j'ai examiné ces exemplaires, M. Landau, élève des mines à
Paris , m'a communiqué une paire de plaques de la même espèce , qui sont dans un état
de conservation plus parfait à bien des égards, et qui complètent les caractères exprimés
dans ma figure. Tous ces exemplaires se trouvent dans des boules de fer oxydé carbonate.
Cette espèce ressemble beaucoup à l' Amblypterus latus , par son aspect et par les
dispositions générales de toutes ses parties ; elle en diffère seulement par des particula-
rités de détail. Ainsi^ elle est également très-large, et recouverte de grosses écailles
lisses ; ses nageoires occupent la même position relative ; leurs rayons sont également plus
gros et plus distincts que ceux des Amblypterus macropterus et eupterygius 5 cependant
ils sont plus rapprochés que dans le latus, et surtout ils sont fendus à leur extrémité à
plusieurs reprises , ce qui les fait paraître beaucoup plus fins lorsqu'on ne voit que le
bout des nageoires. Ce qui distingue essentiellement l' Amblypterus lateralis des autres
espèces de ce genre , c'est la disposition de ses écailles , qui ont presque rigoureuseinent
la même grandeur sur tout le corps ; car c'est à peine si celles de l'extrémité de la queue
sont un peu plus petites que celles qui recouvrent la partie antérieure du tronc, et
certainement, sur ks séries qui s'étendent du dos à l'abdomen , elles ne vont pas en gran-
dissant rapidement comme dans TAmblypterus latus. La fig. 7. représente celles de
la partie antérieure du tronc ; la fig. 8. celle du milieu ; la fig. 9. celles du lobe supérieur
de la caudale. En général, elles sont aussi moins larges que celles de l'Amblypterus
latus. En avant de la dorsale et de l'anale, il y a aussi de grosses écailles impaires,
mais qui sont terminées en pointes arrondies; il y en a un plus grand nombre encore
au bord du lobe supérieur de la caudale. La ligne latérale s'étend presque directement
de l'angle de l'opercule au milieu de la queue, ce qui la rapproche un peu plus du dos
que de l'abdomen. C'est à cause de cette particularité, que j'ai donné le nom d'Am-
blypterus lateralis à l'espèce dont il s'agit maintenant. Les petits layons en V qui
lx>rdent les nageoires sont à peine visibles.
Tous les os du crâne sont parfaitement lisses; les pièces operculaires sont étroites; il
en est de même des maxillaires inférieurs qui sont garnis de dents en brosse très-serrées,
et que l'on voit surtout très-distinctement dans l'exemplaire de M. Landau. L'orbitaire
est petite et placée en arrière et immédiatement au-dessus de l'articulation postérieure
de la mâchoire inférieure.
— 40 —
V. Amblypterus Olfersi Agass.
Les exemplaires de cette espèce que j'ai examinés jusqu'ici, quoique assez nombreux,
ne sont pas assez bien conservés pour que j'aie pu en faire représenter convenablement
tous les caractères. Il y en a eu plusieurs au 3Iusée de Munich, qui ont été rapportés
du Brésil par Spix et Martius. 31. d'Olfers m'a dit qu'on en conserve aussi au Musée
de Rio - Janeiro , et qu'à Tienne il y en a vm dessin fait par M. Frick, et acheté ,
après sa mort, par la légation d'Autriche.
Ces poissons proviennent de Ceara, dans les plaines du Brésil. Les schistes marneux
dans lesquels on trouve les boules qui contiennent ces ichthyolithes sont rapportés à
la formation du Zechstein.
Les plaques sur lesquelles j'ai observé les restes de ce poisson, ne présentent dis-
tinctement que la tête et la partie antérieure du tronc; dans aucune je n'ai vu la cau-
dale , ni même le pédicule de la queue*, ensorte qu'il reste encore à lever quelques doutes
sur la place que doit occuper ce fossile dans la série des genres cités plus haut. L'al-
ternative me semble restreinte aux genres Amblypterus et Palœoniscus ; mais je penche
plutôt pour les Amblypterus, à cause de la ténuité des rayons de la dorsale. Ce qu'il
y a de certain, c'est que l'espèce diffère de toutes celles que je connais déjà.
La forme générale du poisson, à en juger par sa partie antérieure, paraît avoir été
intermédiaire entre l'Amblypterus eupterygius et le lateralis; le tronc est moins large
que dans ce dernier, mais le dos est plus voûté que dans le premier. La tête est grande
proportionnellement ; car l'espace qui s'étend du bord postérieur de l'opercule au bord
antérieur de la dorsale, n'est pas plus grand que la moitié de la longueur de la tête.
Son profil est fortement arqué. L'orbite, de moyenne grandeur, est placée au-dessus
du milieu de la mâchoire supérieure, dont les os sont étroits comme le maxillaire in-
férieur. Je ne puis découvrir aucune trace des dents. L'opercule est plus grand que
dans les autres espèces de ce genre •, il est presque aussi large que haut ; le suboper-
cule est à peine de moitié plus petit. Les pectorales, la dorsale et l'anale, qui sont les
seules nageoires visibles , sont formées de rayons aussi grêles que ceux de l'Amblyp-
terus lateralis. Ce qui distingue surtout TOlfersi, c'est que ses écailles sont considéra-
blement plus hautes que longues et paraissent par conséquent étroites ; mais en sens
inverse de ce qu'elles sont dans les autres espèces du genre. Il faut espérer que bientôt
des exemplaires plus complets permettront de fixer définitivement la coupe générique
dans laquelle doit être rangée cette espèce , d'autant plus intéressante qu'elle provient
d'un pays dont les fossiles sont encore si peu connus.
41
CHAPITRE V.
DU GENRE PAL^ONISCUS.
Quoique les espèces de ce genre soient généralement connues sous le nom de Pa-
lœothrissum, proposé par de Biainville, pour indiquer les rapports qui existent, suivant
lui, entre nos Clupes et ces poissons fossiles, je ne saurais cependant leur conserver ce
nom, parce que je ne partage nullement l'opinion de de Blainville sur cette prétendue
aflinité des Palœothrissum. 31ais il y a ime raison plus puissante encore qui m'oblige
à changer le nom reçu pour cette coupe générique , c'est que le genre Palœoniscum de
de Blainville ne diffère en rien de son Palaeothrissum. Cette observation a, du reste,
déjà été faite par M. Cuvier. Devant donc nécessairement supprimer un des noms gé-
nériques, j'ai pi'éféré conserver celui qui n'exprime pas de fausse idée. Cette réunion
est d'autant plus nécessaire que l'existence du genre Palœoniscum de de Blainville (son
P. Freieslebense) ne repose que sur de mauvais exemplaires de l'espèce qu'il appelle
aussi Palœothrissum macrocephahnii , et dont il a placé d'autres exemplaires dans le
genre des Clupes, sous le nom de Clupea Lametherii. Comme je l'ai fait voir dans le
chapitre précédent, il n'est pas même possible de réunir les Palaeoniscus à la famille
des Clupes, ou à quelle autre que ce soit de l'ordi'e des Malacoptérygiens abdominaux.
Dire qu'ils appartiennent à la famille des Lépidoïdes, c'est rappeler que leur corps est
recouvert d'écaillés rhomboïdales et émaillées, et que les dents de leurs mâchoires sont
en line brosse. Ils ont, de plus, une queue prolongée en longue pointe asymétrique.
Après avoir ainsi tracé les limites natui-elles du genre Palaeoniscus, je dois lui
assigner ses caractères particuliers. La forme du corps des espèces diffère suivant la
grandeur des écailles dont elles sont recouvertes : les imes, qui ont de petites écailles,
ont le corps svelte , élancé, étroit ; les autres , plus larges et plus courtes, ont le dos voûté
et sont recouvertes d'écaillés considérablement plus grosses. On observe encore une autre
différence dans la nature des écailles, c'est que les espèces qui appartiennent au terrain
houiller les ont parfaitement lisses; tandis que celles du Zechstein les ont striées. Ces
stries résultent des plis ou des enfoncemens qui se forment dans l'émail. Sur la tab. A.
du vol. I. , les fig. 4 et 5 représentent les formes extrêmes de deux espèces de ce genre,
d'après tous les fragmens que j'ai observés.
Le genre Palaeoniscus est, à bien des égards, tout à fait semblable à celui des Am-
blypterus; cependant il en diffère par la forme et la composition des nageoires qui
ToM. II. 6
— 42 —
sont toutes de moyenne grandeur, petites même, et formées d'un nombre de rayons
beaucoup moins considérable ; sur le bord externe de toutes, l'on voit distinctement des
rayons en V beaucoup plus gros que sur les nageoires des Amblypterus. La dorsale est
toujours opposée à l'espace qu'il y a entre les ventrales et l'anale, elle ne s'étend jamais
beaucoup au-delà du bord antérieur de celle-ci. Les pectorales et les ventrales sont gé-
néralement petites, celles-ci surtout; la ceinture tboracique, cependant, est formée d'os
forts et vigoureux. L'anale est rarement aussi grande que la dorsale, quoique propor-
tionnellement ces deux nageoires soient petites aussi ; il y a toujours de grosses écailles
impaires en avant de leur bord antérieur. La caudale enfin est formée comme dans les
Amblypterus , de deux lobes, dont l'inférieur, plus large et plus court, est composé
de rayons plus longs que ceux qui s'étendent en dessous du prolongement de la queue
et qui forment le lobe supérieur de la nageoire.
Les Paleeoniscusontlatête assez singulièrement conformée ; surtout dans la partie anté-
rieure de la face, qui forme une saillie arrondie au-dessus et en avant de la mâchoire su-
périeure, occasionnée par le renflement et le prolongement de l'ethmoïde et du frontal
antérieur. Le profil du nez ressemble assez à celui de certains Sciaenoïdes à museau
saillant. Une série de petits osselets étroits entoure le bord inférieur de l'orbite. La
gueule est très-fendue dans la plupart des espèces, mais les dents sont si excessivement
petites qu'il est très-rare de pouvoir les distinguer 5 elles sont en brosse. Les mâchoires
sont assez fortes, l'inférieure surtout, qui est plus large que la supérieure. Les rayons
delà membrane branchiostègue , placés entre les deux os mandibulaires, présentent
une série de larges plaques imbriquées les unes sur les autres. Les pièces operculaires
sont plus ou moins larges suivant les espèces, mais toujours formées de quatre os, le
préopercule, l'opercule, le subopercule et l'interopercule ; l'opercule est constamment
le plus grand et le plus large , tandis que le préopercule , fortement arqué , ferme en
arrière la fosse temporale. Tous les os du crâne et de la face sont lisses, dans quelques
espèces •, dans d'autres ils sontsculptés d'une granehire ou de stries plus ou moins serrées.
Quelquefois l'on a indiqué, comme caractère de ce genre, des nageoires complètement
recouvertes d'écaillés jusqu'à l'extrémité des rayons. 11 semble que rien ne devrait être
plus facile à décider que la nature,, ou seulement la présence ou l'absence de parties qui
ne sont pas même très-petites, et cependant on éprouve de grandes difficultés en
examinant cette question , et l'on est insensiblement conduit à des considérations d'une
portée toute différente. Pour les Amblypterus, l'affaire me parait décidée 5 les divi-
sions transverses que l'on voit sur les rayons sont bien les articulations de ceux-ci,
placées bout à bout les unes à la suite des autres ; c'est surtout visible dans les espèces
à rayons moins fins, par exemple, dans l'Amblypterus latus. Mais pour les Palœoniscus ,
il paraît que la structure des nageoires n'est pas la même dans toutes les espèces; dans
— 45 —
les Palîeoniscus Blainvillei et Voltzii, du moins, il est e'vidcut que les divisions trans-
verses que Ton voit sur les nageoires proviennent des séries d'écaillés qui en recouvrent
les rayons, et qui même sont placées de manière à reposer sur les bords avoisinans de
deux rayons, et à se recouvrir sur le milieu de chacun d'eux ^ car en enlevant soigneu-
sement ces petites plaques, on voit en dessous celles du côté opposé alterner avec
l'empreinte des rayons, comme l'écaillé des tortues alterne avec les sutures des côtes.
Dans d'autres espèces de ce genre, en revanche, ces divisions paraissent formées
comme dans les Amblypterus, et placées sans imbrication, bout-à-bout à la suite les
unes des autres^ c'est le cas du Palœoniscus Freieslebeni. Cependant les grosses écailles
impaires , placées au bord antérieur des nageoires verticales passent si insensiblement
aux rayons articulés, que l'on est à se demander si, sur ces points et dans ce cas, il n'y
a pas une transition insensible entre les tégumens extérieurs et le squelette interne.
Cette transition est déjà incontestable pour quelques parties de la tête , comme je l'ai
fait voir au chapitre sur l'ostéologie ; par exemple, pour les os surtemporaux qui sont
tantôt de véritables os, tantôt de véritables écailles, faisant suite à celles de la ligne
latérale. Il en est de même des osselets sous-orbitaires, suprascapulaires et de l'opercule,
quoiqu'ils soient quelquefois eux-mêmes recouverts d'écaillés.
Je connais déjà dix espèces de ce genre, qui paraît être circonscrit dans les limites
du terrain houiller et du Zechstein. Il ne serait cependant pas impossible qu'on en
découvrît des traces dans le grès bigarré, le Muschelkalk et le Reuper; mais ce que je
crois pouvoir affirmer, c'est qu'il ne remonte pas aux terrains jurassiques, dont les
nombreux représentans de l'ordre des Ganoïdes ont tous la queue régulière , et jamais
prolongée en une longue pointe formant le lobe supérieur de la caudale, comme cela a
lieu constamment pour les genres des terrains antérieurs. J'ignore quelles étaient les
dispositions de la nature qui ont produit ces singulières différences, mais il est certain
qu'elles existent, et que ce serait méconnaître notre tâche que de les ignorer, ou
d'attribuer peu d'importance à un fait, aussi général et aussi constant. Ce sont les
Pholidophorus qui remplacent dans les terrains jurassiques le genre dont il s'agit dans
ce chapitre.
I. Pal,eoniscus fultus Agass.
Yol. 2.Tab.8f. 4et5.
C'est dans la collection de M. Brongniart que j'ai vu les seuls exemplaires de cette
espèce que je connaisse. Ils proviennent du terrain houiller de Sunderland (Massa-
chussets). On cite le même poisson à Westfield (Connecticut), et Hitchcock (Americ.
Journ. of scienc. vol. 6), parle d'une espèce de Palœothrissum semblable à ceux du
Mansfeld, qui très-probablement est encore notre fossile. Cependant il serait possible
— 44 —
qu'on trouvât plusieurs espèces dans les localités susmentionnées, et que toutes ces
indications ne se rapportassent pas à la même.
Le Palseoniscus fultus ressemble assez par sa forme générale à l'espèce commune du
Mansfeld, mais il appartient à la division de ceux dont les écailles sont lisses; il est
même un peu plus large et plus trapu que le PalœoniscusFreieslebeni. Ce qui caracté-
rise surtout les fragmens que j'ai vus , ce sont les grosses écailles et les forts osselets qui
s'étendent sur le bord antérieur de toutes les nageoires. Sur la fig. 4» on voit une partie
de la tête, et les rapports de position qui existent entre les pectorales, les ventrales,
l'anale et le lobe inférieur de la caudale. Au dessus on voit un indice de l'extrémité de la
dorsale, correspondant au bord antérieur de l'anale. Sur la fig. 5, on voit le pédicule
de la queue tout entier, l'anale et une partie des ventrales; les écailles des parois
abdominales sont disloquées.
La ceinture tlioracique est très-prononcée; son angle inférieur renflé porte les
pectorales, dont les rayons antérieurs paraissent beaucoup plus allongés que les suivans.
En général, toutes les espèces du genre Palœoniscus ont les nageoires moins arrondies
que celle du genre Amblypterus; leur bord antérieur plus élevé leur donne une forme
qui les rapproche davantage, pour l'aspect extérieur, des poissons ordinaires. Les ven-
trales de cette espèce sont plus petites que les pectorales, et plus rapprochées de l'anale
que des nageoires antérieures. L'anale, dont l'insertion est éti'oite, a ses rayons an-
térieurs beaucoup plus longs que les derniers, et sur leur bord, des osselets en V.
infiniment plus grands que ceux d'aucune autre espèce du genre, ce qui lui a valu
le nom de Palaeoniscus fultus, par lequel j'ai voulu exprimer la force des nageoires
soutenues en avant par des rayons plus gros , qui sont eux-mêmes appuyés de forts
soutiens. Je ne puis rien dire de la forme des lobes de la caudale, puisqu'on ne voit que
son lïord inférieur et la base de quelques rayons assez épais.
Toutes les écailles sont parfaitement lisses ; celles des séries antérieures, qui suivent
immédiatement la ceinture tlioracique, sont plus étroites que les suivantes, c'est-à-dire,
plus hautes que longues; celles du milieu des flancs presque carrées, et tant soit peu
obliques, sont les plus grandes; elles vont en diminuant insensiblement de grandeur
vers l'extrémité du tronc; sur le pédicule de la queue et surtout sur le prolongement
qui sert d'insertion au lobe supérieur de la caudale , elles sont plus petites et en forme
de losanges, inclinées dans le sens de ce prolongement.
— 4o —
II. P.VL.EONiscus DuvERNov Agass.
Vol. 2. Tal). 7. f. I. •>. 3. 4 et 5.
Palœotlirissum brève Agass. Catal. maniiscr., (d'après un mauvais exemplaire). —
Palœotlirissum phractonotum Agass. Catal. mamiscr. J'ai supprimé ce nom qui dé-
signe un caractère que j'ai retrouvé dans toutes les espèces du genre, pour lui substituer
celui de M. Duvernoy à qui je dois le premier exemplaii-e complet que j'aie examiné.
— De Blainville rapporte les exemplaires qu'il a vus, au Palœoniscus Freieslebeni;
mais c'est à tort. Le P. Duvernoy a les écailles lisses et ne se trouve que dans le
terrain houiller des environs de Rreutznach, tandis que le P. Freieslebeni a les
écailles sculptées et se trouve dans le Zechstein du Mansfeld,
La fig. I. représente un exemplaire qui se trouve au Musée de Munich et sur lequel
on voit assez distinctement la ligne latérale, quoiqu'il ne reste aucune trace des écailles
et qu'elles n'aient laissé que leur empreinte sur la plaque. L'exemplaire de la collection
deM. le professeur Broun, à Heidelberg, représenté dans la fig. 2. , est surtout instructif,
parce qu'il lui est resté une bonne partie de ses écailles, et parce qu'on peut les étudier
par leurs deux faces. C'est le plus grand de tous ceux qiie j'ai vus. Au Musée de Stras-
bourg, il y en a aussi un, très-bien conservé. 3Ion ami, M. Alex. Braun, à Carlsruhe,
en possède un petit, qui peut donner une idée exacte des formes de cette espèce, quoi-
qu'il ne reste absolument que l'empreinte de ses parties. J'ignorais d'où provient ce
fossile jusqu'à ce que j'en aie trouvé, au Muséum de Paris, plusieurs plaques, dont
deux correspondantes , portant l'étiquette de « Poissons fossiles pénétrés de mercure ,
» renfermés dans un schiste bitumineux de la commune de 31unster-Appel , dans le
» duché de Deux-Ponts; » Du reste, ils ne m'ont rien présenté de neuf, si ce n'est
qu'en les voyant, j'ai acquis la conviction que l'exemplaire de ma fig. 2. , celui de M.
Bronn, est un peu trop arqué et plus large que dans son état naturel, et que sa véri-
table forme est plutôt celle de l'exemplaire de 3Iunich, fig. i.
C'est, en effet, des mines de mercure de Munster- Appel, à quelques lieues de Rreutz-
nach, que proviennent tous ces poissons. M. Bronn, qui m'en a de nouveau adressé
plusieurs, en automne 1882, s'en est assuré, en voyant dans la collection de 31. le con-
seiller Geiger, à Rreutznach, un exemplaire de cette espèce en tout semblable aux siens.
Les mines d'où ils proviennent se trouvent dans le terrain houiller ; elles ont été décrites
par Beurard dans le Journal des mines , et sont mentionnées dans Leonhard Taschen-
buch 1807. ï- P- ^9-
Le Palaeoniscus Duvernoy est caractérisé par des proportions peu communes dans
les espèces de ce genre. La forme du tronc est, en général, celle d'un fuseau fortement
renflé dans sa partie antérieure. Le dos est plus arrondi que dans les autres et l'ab-
— 46 —
domenplus saillant, tandis que la queue, considérablement rétrécie, est plus allongée.
Les écailles impaires, placées en avant des nageoires verticales et surtout devant la
dorsale, forment une voûte plus étendue. La tête proportionnellement petite, courte
et obtuse, a le profil très-élevé et arrondi. La gueule est assez grande et s'étend jus-
qu'au dessous de l'œil, qui paraît avoir été plus petit que dans les autres espèces.
Dans la fig. 2., on distingue très-bien la mâchoire inférieure, le maxillaire supérieur,
et plus haut, en arrière de ces pièces, on voit des fragmens d'os de l'arcade temporale
et palatine qui occupent le milieu de la tête. Quant aux rayons branchiostègues qui,
dans ce genre, acquièrent un développement prodigieux, il n'en est resté que l'em-
preinte qui borde la partie inférieure et postérieure de la tête; ces rayons sont très-
courts, mais très-larges, et, d'après l'impression qu'ils ont laissée, ils paraissent éga-
lement avoir été très-gros. Jusqu'ici je n'ai vu aucune partie de la colonne vertébrale
de cette espèce; il n'est resté du système osseux que les os de la tête, dont il vient
d'être fait mention, la ceinture thoracique et les rayons des nageoires.
La ceinture thoracique forme un demi-cercle qui borde la partie postérieure et su-
périeure de la tête ; on voit distinctement l'empreinte du suprascapulaire et en dessous
l'humérus; il est peu échancré au-dessus de l'insertion des pectorales ^ mais il a un
léger prolongement arrondi en arrière d'elles. C'est à peine si l'on distingue cette in-
sertion des pectorales, parce qu'elles sont presque entièrement enlevées et froissées.
Dans l'exemplaire de M. Braun, elles n'atteignent pas , à beaucoup près, les ventrales.
Celles-ci, assez reculées _, ne sont bien conservées que dans l'exemplaire fig. 2., encore
y sont-elles en partie disloquées; il paraît qu'elles ont cinq rayons antérieurs suivis
d'une quinzaine d'autres plus longs, et qui deviennent insensiblement plus petits, vers
l'extrémité postérieure de la nageoire. De toutes les espèces du genre, le P. Duvernoy
est celle qui ressemble le plus aux Amblypterus. La dorsale est très-reculée ; son
extrémité postérieure est même , en partie , opposée à l'anale ; mais sa partie an-
térieure correspond à l'espace qu'il y a entre l'anale et les ventrales; elle a, à son bord
antérieur, sept rayons insensiblement plus grands, avant celui qui atteint son extrémité
supérieure ; elle paraît du reste avoir vingt-quatre à vingt-cinq rayons, dont les derniers
vont en diminuant. L'anale qui est très-large aussi, dont le bord postérieur s'étend
jusqu'à l'insertion de la caudale, et dont les rayons jjaraissent même plus allongés
que ceux de la dorsale, a cinq ou six rayons courts à son bord antérieur, suivis de
vingt-cinq à vingt-six autres, dont les premiers sont les plus longs, et qui vont en
diminuant de taille. La caudale, dont les lobes sont très-inégaux, est de plus caracté-
risée par l'insertion très-oblique de ses nombreux rayons. Le lobe inférieur en a, à la
base de son bord, une douzaine de petits, qui s'étendent insensiblement vers sa pointe,
et qui sont suivis d'une quinzaine de grands rayons, fendus et refendus à l'infini à leur
— 47 —
extrémité; le lobe supérieur en a plus de cinquante. Quant à la disposition des
nageoires, la ressemblance des poissons de ce genre avec les Esturgeons est frappante;
aussi ne doit-on pas être surpris de ce que Germar a fait un Acipenser du Palœoniscus
Freieslebeni.
On ne voit distinctement la ligne latérale que dans la fig. i , et dans l'exemplaire de
M. Alex. Braun; elle s'étend de l'angle supérieur de l'opercule, en ligne droite, vers le
milieu de la caudale. Les écailles, de forme très-variée suivant la place qu'elles occupent
sur le poisson , sont en proportion plus grandes dans cette espèce que dans les autres
du même genre. Elles sont constamment rhomboïdales ; mais plus on moins allongées
ou plus on moins raccourcies, suivant qu'elles sont insérées sur la partie la plus effilée
ou la plus large du ti'onc. Voyez les fig. 3. 4 et 5. Comme les écailles de tous les poissons ,
elles s'accroissent par lamelles superposées; mais ce qu'elles ont de particulier dans cette
espèce , c'est qu'elles forment sur leur surface extérieure des lignes rhomboïdales concen-
triques, visibles à l'œil nu. Dans la partie antérieure du tronc, les écailles sont dis-
posées par séries presque perpendiculaires, mais qui deviennent toujours plus inclinées
en s'approchant de la queue, oii elles sont entièrement horizontales le long du lobe
supérieur de la caudale. Celles des séries antérieures sont presque carrées et légèrement
recouvertes, dans leur bord antérieur, par celles des séries qui précèdent ; maisenarrière,
plus les séries s'inclinent et plus les écailles s'allongent, et le bord qui dans une série
antérieure est dirigé droit en avant, devient le bord inférieur dans celles des dernières
rangées. Leur imbrication reste la même, avec cette seule différence, qu'en arrière le
bord supérieur est également tant soit peu recouvert, ensorte qu'une écaille postérieure
paraît enchâssée entre et sous deux écailles antérieures. La surface des écailles est
légèrement bombée sur leur milieu, ce qui fait que l'empreinte qu'elles laissent sur la
pierre, là oli elles se détachent entièrement, est lisse, et présente au milieu un léger
enfoncement.
Cette espèce a beaucoup de rapports de détail avec le Palœoniscus minutus.
III. Pal;eoniscus minutus Agass.
Vol. 2. Tab. 8. f. I. 2. et 3.
Palœothrissum minutum Agass. Catal. manuscr.
Le seul exemplaire de cette espèce que j'aie vu, se trouve au Musée de Strasbourg;
ce sont deux plaques correspondantes, très-bien conservées et qui ne laisseraient rien
à désirer si la tête avait conservé sa position naturelle ; mais elle s'est détachée de la
colonne vertébrale et a glissé un peu plus bas , ensorte qu'elle se trouve continue à la
cavité abdominale , et que la mâchoire inférieure est placée en avant et en dessous du
hord du ventre. Il provient des mines de mercure de Munster- Appel. Frappé des
— 48 —
nombreuses ressemblances de détail qu'il a avec le P. Duvernoy , j'avais cru d'abord
que c'était un jeune individu de cette espèce j cependant il présente des particularités
qui obligent à le distinguer spécifiquement , aussi long-temps du moins qu'on n'aura
pas reconnu, dans une série d'exemplaires, la possibilité de rattacher aux cliange-
mens qui surviennent pendant son accroissement toutes les différences que présentent
ces deux poissons 5 ce qui ne serait pas impossible, puisque c'est surtout par les dimen-
sions des parties entre elles qu'ils se distinguent.
Le Palœoniscus minutus a le corps moins large dans sa partie antérieure ; la queue
ne présente par conséquent pas im rétrécissement aussi considérable. La ligne latérale
parallèle au contour supérieur du tronc est beaucoup plus rapprochée du dos que du
bord du ventre. Ce qui me fait surtout penser que cet ichtliyolithe constitue une es-
pèce particulière , c'est que les écailles ont à peu près la même grandeur et la même
forme dans toutes les parties du corps ; elles sont rhomboïdales, aussi hautes que longues,
celles du prolongement de la queue seulement sont un peu plus allongées. Toutes les
nageoires sont composées de rayons très-fins , dont les articulations transverses sont
très-éloignées et dont les divisions terminales sont moins nombreuses que dans le P.
Duvernoy; la dorsale et l'anale sont grandes, considérablement plus élevées dans leur
bord antérieur qu'à leur extrémité : la dorsale, qui commence immédiatement en arrière
des ventrales, finit vis-à-vis de la partie de l'anale où se trouvent ses plus longs rayons.
Les ventrales paraissent aussi grandes que les pectorales et sont placées exactement au
milieu , entre celles-ci et l'anale. Les rayons qui s'étendent le long du bord supérieur
du prolongement de la queue sont plus gros que ceux qui constituent la caudale même.
Quant à la tête, non-seulement elle est déplacée, mais encore sa partie antérieure
est enlevée j on voit cependant distinctement les mâchoires et quelques-uns des courts
et larges rayons branchiostègues qui sont placés entre les brandies du maxillaire in-
férieur. Dans cette espèce, la gueule paraît avoir été très-fendue, au-delà même de
l'orbite qui est plus grande que dans le P. Duvernoy. Les pièces operculaires sont
grandes, lisses, et, comme les autres os de la tête que l'on peut voir, marquées seu-
lement de quelques lignes concentriques peu saillantes. La fig. i. et 2. représente les
deux plaques correspondantes; la fig. 3. les écailles du milieu du tronc.
IV. Paleomscus Blainvillei Aoass.
Yol. 2. Tab. 5. f. I. 2. 3. 4- 5. 6. et 7.
Palaeothrissum inœquilobum de Bl. Ichthyol. p. 17. — P. parvum de Bl. Id. p. 17.
Ce poisson n'a aucun rapport avec le Palœoniscus Freieslebeni , avec lequel il a ce-
pendant été confondu par plusieurs géologues, dans leurs catalogues des fossiles carac-
téristiques. Le Palœoniscus Blainvillei ne se trouve jamais dans le Zechstein du Mansfeld ,
— 49 —
mais il est très-coinmiin dans les environs d'Autun. J'en ai vu un très-grand nombre
d'exemplaires aux Musées de Strasbourg et de Paris, dans les collections de MM.
Brongniart et Régley, à Paris, et dans les cabinets d'histoire naturelle de Lausanne
et de Neucliâtel. Les originaux de mes figurejs m'ont été communiqués par M. Voltz
et se trouvent au Musée de Strasbourg ; les magasins du Muséum d'histoire naturelle
de Paris contiennent un si grand nombre d'exemplaires de cette espèce, qui ont été
donnés par M. de Bonnard, que l'on pourrait en orner toutes les collections géolo-
giques.
La forme générale du corps de cette espèce est un ovale allongé et rétréci dans
sa partie postérieure^ c'est le plus large Palœoniscus que je connaisse, et cependant
c'est l'un de ceux qui ont l'aspect le plus élégant et la tournure la plus gracieuse. Sa
petite tète , ses larges écailles qui , siu' le milieu du dos , s'élèvent insensiblement le
long de la dorsale , sa queue doucement redressée , son anale et ses nageoires paires
bien proportionnées à sa taille, et placées k égale distance les unes des autres, lui
prêtent cet ensemble qui , sans avoir rien de frappant , fait le charme de toutes les
formes régulières.
La tête égale environ la cinquième partie de la longueur totale du poisson ; l'oper-
cule est petit et repose sur une large et grosse ceinture thoracique, qui présente un
renflement considérable à l'angle où les pectorales sont insérées. La surface extéxieure
de l'opercule est ornée d'une sculpture en sillons rayonnans qui semblent diverger dans
tous les sens, du milieu de son bord antérieur. Pour les détails de la tête, voyez lesfîg. i.
2 et 3. Lorbite est grande, située droit au-dessus de l'articulation de la mâchoire
inférieure , et entourée de sous-orbitaires dont la surface est aussi ornée de quelques
saillies irrégulières. Le sommet de la tête est légèrement arqué et la nuque se continue
avec le dos sur une ligne également voûtée; la surface extérieure des os du crâne
présente aussi quelques traits saillans disposés en rayons, suivant les progrès de
l'ossification de chaque os. La bouche paraît avoir été petite et la mâchoire supérieure
étroite; mais le maxillaire inférieur est large, surtout en avant de son articulation,
vers l'apophyse coronoïde; sa surface extérieure est sillonnée longitudinalement.
Entre les deux branches de la mâchoire inférieure se trouvent fixés les rayons bran-
chiostègues qui occupent tout l'espace de la gorge ; ce sont de larges plaques , presque
aussi larges que longues, sur lesqifelles on A^oit distinctement des saillies qui parais-
sent quelquefois des rides concentriques : il y a, dans différens exemplaires, cinq
ou six de ces rayons; mais il est possible que leur nombre soit plus considérable,
puisque je n'ai encore jamais vu de plaque dans laquelle le poisson fût placé sur son
dos , de manière à laisser voir distinctement la nature de sa surface ventrale , quoique
j'aie examiné plus de cent exemplaires de cette espèce. Je crois quil est permis de
ToM. II. 7
— 50 -^
conclure de ce fait que ce poisson était très-comprimé , et que c'est pour cela que, dans
les couches qui le contiennent, il s'est toujours déposé sur son flanc. Il est une autre
observation qui tend encore à confirmer cette supposition, c'est que presque tous les
exemplaires que l'on trouve sont dans un état de conservation qui ne laisse rien à
désirer sur la position relative de leurs parties; les parois écailleuses du flanc droit et
du flanc gauche reposant immédiatement l'une sur l'autre par leur surface interne,
Reparaissent cependant pas disloquées, et leurs bords supérieur et inférieur ont rare-
ment glissé l'un sur l'autre , ce qui devrait nécessairement avoir lieu dans un poisson
arrondi, chez lequel les nageoires verticales auraient conservé leur position; car
l'insertion de leurs rayons indiquant le véritable contour, et leurs interapophysaires
étant liés aux apophyses épineuses de la colonne vertébrale , il est impossible de sup-
poser qu'en s'aplatissant, les côtés arrondis se soient étendus par le dos et le ventre.
Cette dilatation aurait amené une autre pertuxbation dans la position des écailles , dont
les séries dorso-ventrales auraient dû, dans plusieurs points, glisser les unes sur
les autres et se recouvrir, ou, dans d'autres cas, se détacher et se séparer les
unes des autres; ce qui n'a pas lieu : l'on voit, au contraire, qu'elles ont conservé
une position bien régulière sur toute la surface du corps dans la plupart des exem-
plaires.
Ce qu'il y a cependant de bien surprenant dans l'état de conservation de tous les
Paléonisques, mais surtout de ceux de Muse, c'est que les os de la tête, des mâ-
choires, de la ceinture thoracique, et les rayons branchiostègues étant ordinairement
très-bien conservés et ayant laissé des traces indubitables de leur nature osseuse , il
ne reste généralement aucune trace des os de la colonne vertébrale , quoique les parois
écailleuses des deux côtés du poisson soient superposées l'une à l'autre dans une
position qui paraît naturelle, et quoique l'on ne trouve auciuie trace d'une lésion
par laquelle les vertèbres (que l'on pourrait supposer peu cohérentes entre elles)
auraient pu sortir de dessous la peau. Cette obsei'vation n'est pas seulement appli-
cable aux Pala3oniscus ; presque tous les Ganoïdes sont dans ce cas ; et cependant il
est impossible d'admettre que , malgré la nature osseuse des os de la tête , la colonne
vertébrale soit cartilagineuse; car dans quelques cas rares l'on trouve des traces de
véritables os entre les deux plaques d'écaillés. J'en ai observé dans les Palœoniscus
qui m'ont éclairé sur la véritable nature de leur squelette , dans les genres Platy-
somus, Tetragonolepis et Semionotus; ceux du genre Lepidotus, quoique très-rare-
ment présens, dans les exemplaires en apparence les plus complets sont même très-
massifs. On les trouve plus fréquemment dans les genres de la famille des Sauroïdes
et des Pycnodontes que chez les Lépidoïdes ; mais ils manquent souvent aussi chez
les premiers, et, dans tous les cas, leur disparition est aussi inexplicable que pour les
— 51 — <
Palnconiscus. Le fait le plus surprenant est celui oîi les côtes et les apophyses épi-
neuses existent clans leur position respective naturelle, mais où les corps des vertèbres
ont entièrement disparu , sans aucune trace de lésion extérieure , comme on le A^oit
souvent dans les Gaturus , et comme je l'ai aussi observé dans un Palaeoniscus de
Muse. L'articulation des apophyses avec les corps de vertèbres, auxquels elles
ne sont point soudées, rend la chose plus facile, mais n'explique pas, pour ce cas,
la disparition des corps de vertèbres^ pas plus que, pour d'autres cas, la disparition
complète des os du tronc. Il paraît donc qu'il y a eu quelque action physique encore
inconnue qui les a détruits , puisque leur absence ne peut pas être expliquée méca-
niquement.
Quant aux écailles de cette espèce , elles ont xm caractère qui leur est commun
à toutes ; c'est d'être parfaitement lisses à leur suiface extérieure et recouvertes d'une
couche d'émail si opaque et si homogène que l'on n'entrevoit pas même de traces des
lignes concentriques d'accroissement, sans les briser. Les écailles qui recouvrent le
tronc sont de moyenne grandeur, et plus hautes ou plus larges que longues (fig. 5.);
les plus grandes occupent les côtés de la partie antérieure de l'abdomen; vers le
rétrécissement de la queue elles deviennent insensiblement plus petites et en même
temps plus longues que larges (fig. 6.); sur le prolongement du lobe supérieur de la
caudale, elles changent de direction (fig. 'y.) et vont en diminuant encore jusqu'à
son extrémité où elles deviennent imperceptibles (fig. 4-) Sous le ventre et vers son
bord inférieur , les écailles sont aussi plus longues que hautes. La position des écailles
et leur imbrication sont telles que l'on distingue seulement des séries dorso-ventrales
continues, légèrement inclinées d'avant en arrière, et presque droites 5 au bord du dos
seulement elles sont un peu arquées en avant, et, au bord du ventre, légèrement déviées
en arrière; cette disposition est constante, même sur le rétrécissement de la queue,
jusqu'aux séries qui finissent à Tinsertion des rayons du lobe inférieur de la cau-
dale, et sur lesquels elles forment une saillie arrondie (fig. i.) ; plus loin elles se
dirigent dans le sens du prolongement de la colonne vertébrale que forme le lobe
supérieur de la caudale. Ce changement s'opère par l'intercalation de quelques
écailles à l'extrémité inférieure des séries, qui se bifurquent même et qui, formées
alors de plus d'écaillés dans leur partie inférieure, s'incUnent davantage en arrière;
les bords des écailles, qui, dans la partie extérieure du corps , apparaissaient comme
bord antérieur et postérieur, deviennent supérieur et inférieur; les supérieur et in-
férieur deviennent, par la même laison, antérieur et postérieur, et Fimbrication est
telle alors que les séries formées par les bords supérieur et inférieur devenant plus
visibles , les écailles semblent suivre une autre disposition , quoique l'on remarque
encore un peu les séries qui correspondent à celles de la partie antérieure du corps ,
— 52 ~
comme ici déjà l'on entrevoit celles qui prédominent sur le prolongement de la queue.
Cette différence, dans l'aspect des écailles, résulte aussi de ce que, dans la partie
antérieure du corps, les bords supérieur et inférieur d'une écaille ne sont pas direc-
tement placés à la suite des mêmes bords des écailles de la série voisine, mais qu'ils
aboutissent à la partie supériem-e de leurs bords postérieurs (fig. 5.); tandis que,
sur le prolongement de la queue , tous les bords des écailles sont plus directement
continus.
La ligne latérale ne se distingue pas sensiblement; elle s'étend du bord supérieur
de l'opercule au milieu de l'écbancrure de la caudale, légèrement arquée vers le
ventre dans la partie antérieure du tronc; sur le prolongement de la queue , ce sont*
les écailles de son bord inférieur qui portent les trous du canal muqueux ; ses écailles
sont un peu plus liantes que celles des séries avoisinantes.
Excepté la caudale, les nageoires de ce poisson ont à peu près les mêmes dimen-
sions; la dorsale, placée un peu plus en arrière que le milieu du dos, occupe exac-
tement l'espace qu'il y a vis-à-vis l'intervalle qui sépare les ventrales et 'l'anale ;
celle-ci a exactement la même forme que la dorsale ; les ventrales diffèrent des mêmes
nageoires dans les poissons ordinaires, parce qu'elles sont insérées au corps par une
large base, comme dans les Esturgeons, et en général dans les Ganoïdes; il en
est de même des pectorales qui sont rarement conservées. La caudale est conformée
comme dans tous les Ganoïdes hétérocerqUes ; la colonne vertébrale, se prolongeant
considérablement au-delà des premiers rayons du lobe inférieur de la nageoire ,
donne naissance à un lobe supérieur asymétrique , dont les rayons vont en diminuant
successivement de grandeur. Les nageoires ont quelque cliose de très-particulier dans
leur aspect extérieur ; «lies sont toutes recouvertes d'écaillés qui ont la même struc-
ture que celles du corps, mais qui en diffèrent par leur forme et leur position. Elles
sont très-petites, souvent beaucoup plus longues que larges, disposées le long des
rayons des nageoires , mais fixées sur le milieu des rayons de manière à s'étendre
sur le rayon voisin postérieur et à en recouvrir le bord antérieur ; du reste , leur
forme est toujours rhomboïdale, et elles sont liées entre elles par leurs bords su-
périeur et inférieur ; sur les rayons antérieurs de cliaque nageoire , elles sont ha-
bituellement plus longues que sur les rayons postérieurs. On remarque encore cette
particulai'ité dansées écailles, c'est que là oii les rayons se bifuiquent, les séries
d'écaillés se doublent aussi de manière à suivre toujours la disposition des rayons,
leurs divisions, et à les recouvrir sur toute leur étendue comme à leur base. Il résulte
de là que les nageoires sont autant de rames cuirassées, dont les plaques ont dû être,
mobiles les unes sur les autres dans leur imbrication antéro-postérieure , afin de
permettre aux nageoires tous les mouvemens dont elles doivent être susceptibles
5o
en général, et chaque rayon en particulier, pour soutenir le poisson dans ses mou-
vemens de progression et les modifier à l'infini. Enfin , en avant de chaque nageoire,
l'on remarque de grosses écailles qui protègent le bord antérieur de l'insertion des
rayons ; en avant de la dorsale , sur le milieu du dos , il y en a quatre impaires , im-
briquées à la suite les unes des autres j elles deviennent de plus en plus pointues,
et les deux dernières se relèvent même insensiblement et se dressent le long du bord
antérieur de la nageoire^ il y «i même une série de ces écailles de plus en plus
petites sur tout le bord antérieur des grands rayons, et c'est ici que l'on peut voir
distinctement les rapports intimes et même les transitions insensibles qu'il y a entre
ces écailles et les rayons des nageoires , car souvent l'on voit une de ces écailles prendre
rang entre les rayons et s'articuler avec les interapophysaires comme les vrais rayons
osseux, dont les antérieurs, du reste, dans toutes les nageoires de la plupart des pois-
sons, sont fort semblables à des écailles allongées du milieu du dos. Comparez, pour
plus de détails, la description des Semionotus, des Lepidotus, et surtout celle des
Caturus. Il y a également quelques grosses écailles en arrière de la dorsale; mais
c'est surtout le long du bord supérieur du prolongement de la queue qu'elles sont
très-développées ; elles commencent au plus fort du rétrécissement de la qiieue, là
où les séries transverses des écailles, changeant de direction, s'inclinent davantage
en arrière; les premières sont plus arrondies, les suivantes deviennent de plus en
plus pointues jusqu'à l'extrémité de la queue, où elles sont à peine perceptibles; elles
correspondent à des écailles impaires , plus petites il est vrai , mais disposées d'une
manière analogue le long du bord inférieur du lobe inférieur de la caudale. Cette na-
geoire a encore cela de particulier , que les écailles qui recouvrent les rayons de son
lobe inférieur sont beaucoup plus longues que larges , et en même temps plus longues
que celles qui sont attachées aux rayons du lobe supérieur et qui ont plutôt des
dimensions inverses. En avant de l'anale, il y a seulement deux écailles plus grandes
et qui sont arrondies , et une rangée de très-petites sur son bord antérieur ; celles qui ,
de chaque côté du poisson , sont placées à la base de l'insertion des ventrales , sont
aussi plus grandes , étroites et arrondies à leur bord inférieur. Ces écailles des na-
geoires, celles du moins qui recouvrent la surface extérieure des rayons, sont, en
général , trop petites pour que l'on ait pu représenter leur disposition dans les figures
d'ensemble; cependant, il est facile de les reconnaître à la loupe, et l'on peut s'as-
surer de leurs rapports de position avec les rayons, en recherchant des empreintes
oïl les écailles soient visibles par leur surface interne, sur laquelle on voit alors dis-
tinctement les traces de la position des rayons ; on les reconnaît aussi à la saillie
qu'ils forment sur les écailles lorsqu'on examine celles-ci par leur surface extérieure.
Le Palœoniscus Blainvillei est très-commun au Pont de Muse, à deux lieues au
— M —
N. 0. d' Autun , dans un schiste niarno-bitumineux , qui en contient un si grand nombre
d'exemplaires qu'on en découvre toujours plusieurs entre les feuillets, même les plus
minces, de ses couches. M. Boue croit que ce schiste est très-probablement identique
avec la partie inférieure du Zechstein; tandis que M. de Bonnard croit qu'il appar-
tient à un terrain houiller, quoiqu'on ne trouve dans cette localité ni psammite houil-
1er , ni schiste des houillères , mais seulement un schiste très-bitumineux avec de
véritables fougères; cette opinion est aussi celle de M. Elie de Beaumont. C'est dans
les notes de M. Cuvier que j'ai trouvé ces renseignemens sur le gisement des poissons
d' Autun. On trouve encore, dans cette intéressante localité, deux autres espèces du
même genre : les Palaeoniscus Yoltzii et angustus et le Pygopterus Bonnardi , dont
on ti'ouvera la description plus loin.
La présence de plusieurs espèces, souvent très-semblables, quoique bien distinctes,
dans une même localité, entremêlées dans les mêmes couches, mais limitées à des
dépôts de peu d'étendue, est un fait géologique et de géographie des êtres organisés
très-sui'prenant. Nous voyons, par exemple, dans certaines localités, deux ou trois
espèces d'un même genre, que Ton a de la peine à distinguer, comme à Solenhofen,
à Eichstœdt et à Daiting , plusieurs Leptolepis , à Muse trois Palaeoniscus , dans plu-
sieurs de nos lacs quelques Leuciscus très-voisins, tandis que dans des localités
correspondantes, soit à cause de leur position ou de l'âge des couches, on trouve un
nombre moins considérable d'espèces plus différentes entr'elles , ou même d'un
autre genre , mais dont l'ensemble rappelle involontairement dans notre esprit l'im-
pression qu'y ont laissé les premières. En présence de pareilles circonstances, l'on
est à se demander si ces espèces très -conformes ne sont pas dans leur ensemble
l'analogue d'espèces plus différentes que l'on trouve dans d'autres localités; si la
nature n'a pas formé dans certains cas sur un même moule de certain aspect, ce que
dans d'autres cas elle a atteint par quelques modifications peu variées d'un autre
moule analogue. Dès à présent il suffit de parcourir les catalogues des fossiles carac-
téristiques de différens dépôts contemporains pour trouver, dans les créations suc-
cessives de nombreux exemples de cette analogie compensative, qui deviendra d'au-
tant plus frappante , que dans nos registres les espèces seront mieux rangées d'après
leurs aflînités naturelles.
En comparant ainsi les Palaeoniscus de Muse, qui n'ont encore été trouvés nulle
part ailleurs, avec ceux de Munster-Appel, de Sunderland, de Silésie et du Mansfeld,
on leur trouve en général plus de ressemblance dans l'aspect extérieur, et puis en-
suite jusque dans les plus petits détails, avec les espèces des dépôts houillers qu'avec
celles du Zechstein, dont les écailles sont ornées de différens dessins à leur surface
extérieure. Quant aux poissons des environs de Saarbriïck , et que l'on trouve surtout
oo
près de Lébach, nous avons vu, au chapitre précédent, qu'ils appartiennent au genre
Amblypterus; ils gisent dans les couches supérieures du terrain houiller, au milieu
de minerais de fer : leurs empreintes sont pyriteuses , et on les trouve au milieu de
rognons arrondis, se décomposant par couches concentriques. Quoique ressortissant
d'un genre assez différent des Pah-eoniscus , il est certain, cependant, que les pois-
sons de Lébach rappellent aussi ceux d'Autun. Par leur état de conservation, les
poissons d'Autun ressemblent encore à ceux de Munster-Appel , qui ne sont jamais
conteinis dans des masses sphéroïdales , mais qui sont déposés dans des schistes
souvent aussi feuilletés que ceux du Pont de Muse ; ceux de Munster-Appel sont de
plus pénétrés de mercure sulfuré. Les deux espèces de Palseoniscus que M. de Dechen
vient de découvrir, entre la Bohême et la Silésie, dans des couches de calcaire su-
bordonné au Rothes Todtliegendes , sont celles qui ressemblent le plus aux poissons
de Muse, et en même temps k l'espèce de Sunderland. Mais, dans aucun de ces
divers gisemens, je n'ai trouvé des espèces identiques.
M. de Blainville a décrit ce poisson sous le nom de Palœothrissum inœquilobum ,
dénomination qui convient également à toutes les espèces du genre; son Palœothris-
sum parvum est établi d'après de jeunes individus de la même espèce. 31. de Blain-
ville n'a pas connu les P. Voltzii et angustus qui ne se trouvaient pas dans la col-
lection de M. Brongniart.
V. Pal.eoniscus Voltzii Agass.
Yol. 1. Tab. 6. f. i. i. 3. 4.5. 6 et 7.
Je dois à M. Voltz la communication des deux plus belles plaques que j'aie vues
de cette espèce, et qui sont représentées par les figures i et 2 de la table citée. Ce
sont deux plaques correspondantes du même indiAàdu qui s'est détaché de manière
à être visible, sur la fig. 2, par toute sa surface droite qui est en relief; surlafig. i,
il* n'a laissé qu'une empreinte creuse de cette même surface, mais si nette qu'elle en
présente tous les caractères. Ces exemplaires sont dans l'état de conservation le plus
parfait, à l'exception de la caudale qui est brisée; ils sont conservés au Musée de
Strasbourg. Au Muséum d'histoire naturelle, il y a également plusieurs beaux
exemplaires de cette espèce , parmi lesquels se trouve celui qui est représenté par la
fig. 3, et dont la caudale surtout est bien conservée.
Cette espèce diffère considérablement du P. Blainvillei par sa forme allongée, par
ses grosses écailles et par les proportions de ses parties. La tête paraît plus grande,
parce qu'elle est presque aussi large que le tronc ; elle n'égale pourtant pas le quart
de la longueur totale du poisson. L'opercule est plus large et plus grand; sa surface
extérieure est lisse , comme en général tous les os de la tête , sur lesquels on ne re-
~ o6 —
marque pas les ornemens en relief qui distinguent le P. Blainvillei; sur les rayons
hranchiostègues qui sont très-larges et fort gi'os , et au bord des maxillaires inférieurs
seulement , on aperçoit quelques traces des lignes d'accroissement de leurs feuillets
osseux. L'orbite est fort grande et occupe exactement le milieu des côtés de la tcte.
Dans l'original de la fig. 2 , on voit distinctement la ceinture tboracique formée d'un
scapidaire arrondi à son bord postérieur, qui a une forte impression transverse sur
son milieu et qui est placé au-dessus de l'opercule; d'un humérus arqué en forme
de croissant dessous l'opercule , et dont le côté antérieur est creux et considérable-
ment dilaté: les autres os du bas ne sont pas visibles. Cette dilatation interne de la
lame antérieure de l'humérus et le dérangement que l'on observe dans la position
des écailles de presque tous les exemplaires , me font penser que cette espèce était
non-seulement plus étroite, mais aussi plus épaisse et plus arrondie, vers le dos
surtout; car, de ce côté du corps, toutes les séries d'écaillés ont glissé les unes sur
les autres, de manière à se recouvrir sur plus de la moitié de leur longueur, comme
cela devrait nécessairement avoir lieu si l'on comprimait sur un plan un poisson ar-
rondi et à grosses écailles, sans que, dans sa position , il pût se dilater sur les côtés.
Les écailles du P. Voltzii sont considérablement plus grandes que celles de l'espèce
précédente; elles sont surtout plus carrées (fig. 5.), c'est-à-dire que la partie des
écailles qui est visible extérieurement est généralement aussi longue que haute ; la
différence dans les dimensions des écailles de la région antérieure du corps où elles
sont surtout grandes, et de celles du pédicule delà queue oii' elles sont beaucoup plus
petites , est plus sensible dans cette espèce que dans le P. Blainvillei , parce que dans
celui-ci, malgré l'élévation considérable des écailles de la partie antérieure du corps,
les séries dorso-ventrales n'en paraissaient pas plus larges , et ces séries étant les
plus visibles (tandis que l'on remarque à peine les bords supérieur et inférieur de
chaque écaille) , il résulte de ces différences de forme , dans les écailles de chaque
série, des aspects fort différens dans les deux poissons. Du reste , toutes les écailles
sont parfaitement lisses ; leurs bords supérievu's et les inférieurs sont presque continus ,
ils dévient fort peu sur le bord postérieur des séries précédentes. Les écailles de la
ligne latérale (fig. 4-) n'ont rien de remarquable dans leur forme; elles sont percpes
d'un très-petit tube qui s'ouvre vers la partie moyenne de leur surface extérieure ;
la série que forment ces écailles est légèrement arquée vers le dos. La fig. 6 re-
présente quelques écailles du rétrécissement de la queue, et la fig. 7 celles de son
prolongement, sur lequel elles changent de direction comme dans les autres espèces
du genre.
Les dimensions des nageoires et leur position présentent aussi des différences
notables : la dorsale est plus grande; placée plus avant sur le milieu du dos, ses grands
67
rayons antérieurs sont considérablement plus allongés que les derniers de la na-
geoire; le long de son bord antérieur, et en avant de ses rayons, il s'élève un nombre
plus considérable de grosses plaques écailleuses, que l'on voit surtout bien dans la
fig. 3 et en profil dans l'empreinte de la fig. i ; il y en a de très-petites tout le long
du bord de la nageoire; les écailles qui recouvrent les rayons antérieurs sont très-
larges et beaucoup plus grandes que celles qui sont attachées sur les rayons posté-
rieurs, et qui sont en même temps très-courtes. L'anale est plus petite que la dorsale ,
sa base du moins est plus étroite, et à son bord antérieur on voit quelques écailles
plus grosses et très-arrondics; il y en a de très-petites et de très-pointues le long
de son bord antérieur; celles qui recouvrent les rayons antérieurs sont plus grandes
que celles qu'il y a sur les rayons postérieurs , mais elles ne sont pas sensiblement
plus allongées. La caudale est remarquable parles grosses écailles allongées qui pro-
tègent le bord supérieur du prolongement de la queue et qui sont plus pointues que
celles du P. Blainvillei; tous les rayons de la nageoire sont recouverts d'écaillés qui
deviennent extrêmement petites à l'extrémité des rayons; celles qui recouvrent le
lobe inférieur sont les plus grandes et aussi plus allongées; celles du lobe supérieur
présentent des dimensions inverses. Sur le bord inférieur de la nageoire, il y a de
petites écailles pointues, plus grandes à sa base, mais dont les premières ne sont
pas aussi avancées que celles du bord supérieur du rétrécissement de la queue. Les
ventrales n'occupent pas exactement le milieu de l'abdomen comme dans le P. Blain-
villei; elles sont plus reculées et plus rapprochées de l'anale ; il résulte aussi de là des
rapports différens vis-à-vis de la dorsale, au tiers antérieur de laquelle elles coitcs-
pondent, tandis que dans le P. Blainvillei elles sont en avant de son bord antérieur,
ou tout au moins vis-à-vis du commencement de son insertion. D'après les fragmens
qu'il est resté de ces nageoires, elles étaient aussi plus grandes. Je n'ai vu aucune
trace des pectorales, à l'exception de quelques rayons brisés au point de leur insertion.
Cette espèce n'a encore été trouvée qu'au Pont de Muse, près d'Autun, pêle-
mcle avec le P. Blainvillei; mais elle est plus rare.
VI. Pal.eoniscus angustus Agass.
Vol. 2. Tab. 9. f. I. 2.3. 4 et 5.
C'est la plus petite des espèces de Palaeoniscus que l'on trouve près d'Autun.
Comme pour les autres du genre, et comme en général pour tous les poissons repré-
sentés dans cet ouvi'age, je l'ai fait figurer de grandeur naturelle; c'est pour cette
raison que j'entre rarement dans des détails nombreux sur les dimensions des pois-
sons que je décris. Après avoir dit quelle est la longueur des plus grands exemplaiz'es
que j'aie vus, les figures qui représentent l'espèce dont il s'agit expriment le reste,
ToM. II. 8
— 58 —
et l'on conçoit aisément que l'on trouve des individus de toutes les dimensions infé-
rieures, par lesquelles le poisson a dû nécessairement passer pour acquérir sa plus
grande taille. J'ai toujours recherché avec soin des exemplaires de différentes dimen-
sions pour étudier les caractèi'cs spécifiques des poissons fossiles , et toutes les fois
que j'ai pu m'en procurer plusieurs, j'ai constaté les différences qui peuvent résulter,
dans Taspect des espèces, des changemens qu'elles subissent durant leur développe-
ment. L'on peut donc être persuadé que, lorsque je décris une espèce qui, au premier
abord, paraît ne différer d'une autre du même gisement que par la petitesse de sa
taille, j'ai pris auparavant toutes les précautions possibles pour m'assurer si je n'avais
pas sous les yeux quelque jeune exemplaire d'une espèce déjà mentionnée.
L'observation que j'ai faite plus haut sur l'analogie compensative en comparant les
caractères d'organisation de plusieurs espèces de différentes formations, s'étend aussi
à la taille relative des espèces; car non seulement les espèces analogues de différens
âges ou de différentes localités se compensent, dans les circonstances où elles sont
placées , par les particularités de leurs caractères anatomiques et zoologiques , mais
encore il y a , à certains égards , compensation pour la taille , soit par le nombre des
espèces qui en remplacent une autre, soit par le nombre plus ou moins considérable
des individus de chaque espèce. Il serait enfin possible qu'il y eût encore compensa-
tion à l'égard de l'âge qu'atteignaient les individus de chaque espèce, ou quant à la
rapidité de leur développement; mais il est impossible de recueillir assez de matériaux
pour arriver, sous ce point de vue , à des résultats dans l'étude des fossiles ; il faudra
donc commencer ces recherches par l'examen comparatif du cours de la vie des espèces
analogues de la création actuelle, dans différentes localités et sous des influences cli-
matiques très-variées.
Quant au Palaeoniscus angustus, j'en ai vu un assez grand nombre, bien conseï'-
vés , et qui tous m'ont présenté des caractères particuliers que je n'ai retrouvés ni dans
le Palaeoniscus Blainvillei, ni dans le Palaeoniscus Yoltzii, lors même que j'avais soin
de choisir les plus petits exemplaires de ces espèces pour les comparer entre elles. Il
y a plusieurs plaques du Palaeoniscus angustus au Muséum d'histoire naturelle de
Paris, entr'autres les originaux de mes figures; M. Auguste de Montmollin en a aussi
donné quelques-uiies au cabinet de la ville de Neuchâtel.
Par sa forme , le Palaeoniscus angustus ressemble assez au Yoltzii ; par la position
relative -des nageoires et par leurs dimensions, plutôt au Blainvillei. C'est un petit
poisson allongé , dont le dos est doucement voûté, et dont le pédicule de la queue, peu
rétréci, porte une caudale de grandeur assez considérable. Sa tête est proportion-
nellement aussi longue que celle du Yoltzii et plus grande que celle du Blainvillei ;
les os du crâne, ceux de la face et les mâchoires sont lisses à leur surface extérieure;
_ 59 —
lorbite est de moyenne grandeur; l'opercule est grand, large, cependant un peu plus
élevé que long; on n'y voit aucune trace de rayons divergens; les os de la mâchoire
inférieure, armés de petites dents en brosse rude, et les rayons brancliiostègues pa-
raissent plus étroits que dans les deux espèces citées plus haut. On aperçoit dans plu-
.sieurs exemplaires des traces d os vigoureux formant la ceinture thoracique. Toutes
les écailles sont parfaitement lisses , rhomboïdales , aussi longues que hautes sur le
tronc; elles sont plus grandes sur les flancs, dans la partie antérieure du corps (fig. 3),
et vont en diminuant jusqu'au rétrécissement de la queue"(fig. 4) ? où elles s'inclinent
plus en arrière, pour prendre la direction du prolongement de la queue (fig. 5). La
ligne latérale est très-marquée; elle commence à l'angle supérieur de l'opercule, et
s'étend jusqu'au bord inférieur du prolongement de la queue, le long duquel elle se
continue, restant toujours parallèle à la courbe du dos, et par conséquent légèrement
arquée vers le dos dans sa partie antérieure ; les écailles qui en font partie sont per-
cées d'un long gros tube qui s'ouvre vers leur bord antérieur (fig. 3). Un caractère
particulier dans l'imbrication des écailles de cette espèce, qui la distingue des autres,
c'est que les grandes écailles des côtés ne correspondent pas les unes aux autres par
leurs bords supérieurs et inférieurs , mais que ces bords aboutissent sur le milieu , ou
à peu près, du bord postérieur de la série précédente.
Les nageoires présentent un caractère plus particulier encore dans le recouvrement
de leurs rayons. Il faut remarquer que la dorsale, dont la grandeur égale l'anale, à
peu près , est plus reculée que le milieu du dos , et correspond de cette manière exac-
tement à l'intervalle qu'il y a entre les ventrales et l'anale ; les ventrales occupent le
milieu de l'abdomen, elles sont passablement grandes (fig. i). En avant de la dorsale
il y a quelques écailles impaires plus grosses, et de très-petites sur le bord antérieur
de la nageoire , à peine visibles à l'œil nu ; il y en a également de semblables sur le
bord antérieur des autres nageoires avec quelques plaques plus grosses en avant de
l'anale et du lobe inférieur de la caudale ; mais c'est surtout le long du bord supérieur
du prolongement de la queue qu'il y en a de plus grandes, et surtout ti'ès-allongées
et pointues, qui vont en diminuant de grandeur jusqu'à son extrémité. Ce qui dis-
tingue surtout cette espèce, c'est que les rayons des nageoires sont beaucoup plus
grêles, articulés à des distances plus considérables, et surtout recouverts de très-
longues écailles fort étroites, qui forment, sur toutes les nageoires, des séries trans-
verses assez larges, se rétrécissant peu vers leur bord postérieur; on les voit même
distinctement à l'œil nu (fig. i). Ce mode de recouvrement des rayons diffère si
considérablement de celui des Palaeoniscus Blainvillei et Voltzii , que les nageoires du
Palœoniscus angustus paraissent nues à côté de celles des deux autres espèces , tant
les écailles qui les recouvrent sont étroites et allongées , et ressemblent par là à des
_ 60 —
articles de rayons articulés. La caudale est proportionnellement très-grande; son
lobe supérieur est surtout beaucoup plus long et plus large que le lobe inférieur.
Cette espèce n'a encore été trouvée qu'au Pont de Muse, près d'Autun.
A^II. PaL.EONISCUS VR.4TISLAVIENS1S Agass.
Vol. 2. Tab. 10. f. I. 2. /|. 5. et 6. (^)
Lorsque dans ma première livraison j'ai fait imprimer le tableau synoptique
des Ganoïdes, dans lequel j'indique dix espèces de Palaeoniscus, j'étais loin de
supposer que sitôt après j'aurais deux espèces très-remarquables à ajouter à ce sin-
gulier genre. L'une d'elles m'a été signalée par M. Bronn, qui m'en avait envoyé
inie esquisse, en juillet de l'année dernière; j'ai trouvé la seconde parmi les exem-
plaires que m'a remis M. de Decben.
Les originaux des figures du P. vratislaviensis, que je publie maintenant, m'ont
été communiqués par M. de Decben, conseiller supérieur des mines à Berlin, qui les
avait adressés a la section géologique des naturalistes allemands réunis, en i833, à
Breslau, et par M. le professeur Otto , qui a recueilli une fort belle collection des fos-
siles de la Silésie. A la même époque, j'en ai vu un grand nombre d'exemplaix'es
dans la collection de M. le professeur Otto, à Breslau, et dans celles de 3IM. de Mie-
lenzki et Bockscb à Waldenbourg, qui m'ont servi à compléter les caractères de
l'espèce. M. de Decben a déjà donné des renseignemens sur le gisement de ces pois-
sons dans le quatrième volume de la nouvelle série de l' Archive de Rarsten, page g3 ;
on les trouve dans un calcaire rougeâtre schisteux, subordonné au grès rouge inter-
médiaire ancien (Rotbes ïodtliegendes) , qui affleure sur la frontière de la Bohême et
de la Silésie, à Ruppersdorf, au N. 0. de Braunau en Bohème. Comme on trouve
aussi cette espèce sur le sol silésien, et que, pendant la réunion des naturalistes à
Breslau, elle a été le sujet de plusieurs discussions, j'ai cru devoir l'appeler Palaeo-
niscus vratislaviensis. Cette espèce ressemble beaucoup à deux de celles que j'ai déjà
décrites, au P. Blainvillei et au P. fultus: cependant ses caractères particuliers sont
si frappans qu'il est très-facile de la reconnaître; il n'est même aucune espèce du
genre qui soit plus distincte des autres par les proportions de ses parties. Son corps
est trapu, passablement large, im peu voûté sur le dos; il va en se rétrécissant très-
insensiblement jusqu'au pédicule de la queue, qui est encore fort large, et c'est à
cause de l'épaisseur considérable de la partie postérieure du tronc que ce poisson a
(*) Je dois les jolies figures de ce poisson et de l'espèce suivante qui composent la Tab. 10, à M. le ministre
Monvert, littératem- distingué et grand amateur des beaux arts, qui a souvent poussé envers moi l'obligeance jusqu'à
revoir mes épreuves, et même à mettre au net mon manuscrit, lorsque, fatigués par des recherches trop suivies,
mes yeux m'interdisaient un pareil travail.
— fil —
l'aspect plus large qu'il n'est en eflet. La tcte, qui est proportionnellement petite,
contribue encore à le faire paraître plus trapu; elle égale environ la cinquième partie
de la longueur totale du poisson. Ce qu'il a de plus caractéristique, c'est que les
ventrales n'occupent pas exactement le milieu du ventre et sont plus rapprochées de
l'anale que des pectorales; mais surtout que la dorsale est considérablement plus
reculée que le milieu du dos, opposée à l'intervalle qui sépare les ventrales et
l'anale; son bord postérieur s'étend même au-delà du bord antérieur de l'anale.
Du reste ces deux nageoires paraissent avoir les mêmes dimensions et sont de
moyenne grandeur. La caudale est grande aussi, surtout les rayons de son lobe infé-
rieur sont plus longs que dans les autres espèces. Toutes les nageoires sont formées
de rayons très-grêles et fort serrés.
Il est assez singulier que, dans aucun exemplaire de cette espèce, les os de la tête
ne soient assez bien conservés pour pouvoir être déterminés avec précision ; on voit
seulement dîlns l'un des exemplaires le contour d'une petite orbite , et quelques traces
des os du crâne; dans un autre de la collection de M. Otto (fig. 2) on voit distincte-
ment les deux branches de la mâchoire inférieure qui ont un peu glissé l'une sur
l'autre et qui sont plus étroites que dans les autres espèces ; en dessous l'os hyoïde
qui est très-pointu , et sur les côtés de la partie postérieure duquel on voit c]uelques
traces des rayons branchiostègues ; enfin l'on remarque encore, au bord inférieur de
la tête, l'empreinte de la saillie antérieure de l'humérus, mais toutes ces parties sont
recouvertes d'une couche de matière ferrugineuse si abondante et si tenace , qu'il est
impossible d'en débarrasser les os et de décrire leurs formes. Sur un des côtés de la
mâchoire inférieure d'un autre exemplaire de la collection de M. Otto, l'on voit
quelques dents très-grêles , légèrement arquées en arrière. Dans la fig. i , faite d'apïès
l'exemplaire de M. de Dechen , on remarque tout autour du poisson une bande jau-
nâtre ou rougeâtre, provenant probablement de ses parties molles qui se seront in-
filtrées dans le calcaire. En arrière de la tête, il y a vuie large fossette qui provient
de l'insertion des pectorales , dont il n'est resté des vestiges que sur un seul exem-
plaire , celui où l'on voit les dents ; leurs rayons sont très-grêles et paraissent avoir
formé une grande nageoire , car ils débordent le contour de l'empreinte et pourraient
bien avoir atteint les ventrales, dont on ne voit aussi distinctement que l'insertion et
quelques rayons brisés.
Un caractère bien marquant de cette espèce est la disposition de ses écailles, qui
forment des séries dorso-ventrales légèrement obliques et peu courbées à leurs extré-
mités, en avant au bord du dos, et en arrière au bord du ventre; ces séries ont exac-
tement la même largeur sur tout le poisson , parce que les écailles de sa partie posté-
rieure (fig. 5) sont aussi longues que celles des côtés de l'abdomen (fig. 4) ; sur tout
— 62 — .
le corps elles ont la même forme, seulement dans.la partie antérieure du tronc, elles
sont un peu plus hautes que longues, ce qui n'est cependant pas très-visible, leur
imbrication étant telle , que l'on remarque à peine les bords supérieurs et les infé-
rieurs des écailles de différentes séries, parce qu'ils alternent régulièrement (fig, 4),
tandis que les bords postérieurs forment des séries dorso-ventrales qui sont très-
visibles. La ligne latérale, légèrement arquée vers le dos avec lequel elle est parallèle,
s'étend presque directement de l'angle supérieur de l'opercule à la base du prolonge-
ment de la queue ; ses écailles ne diffèrent à l'extérieur des autres que par une saillie
oblique qui se dirige du bord antérieur et supérieur de chaque écaille à son bord pos-
térieur et inférieur, où se trouve l'ouverture du tube qui la traverse. Autant les
écailles du tronc sont iniiformes, autant celles du prolongement de la queue (fig. 6)
diffèrent, parce qu'elles changent brusquement de direction, et par là même de forme
et d'aspect; mais aussi dans aucune espèce je n'ai vu plus distinctement la succession
des écailles intercalées au bord inférieur des séries régulières que cfens celle-ci.
Tous les rayons du lobe inférieur de la caudale aboutissent même aux ramifications
d'une série d'écaillés, qui est simple depuis le bord du dos jusqu'à l'écaillé de la ligne
latérale; c'est la neuvième dans la série qui est déjà considérablement plus longue;
en dessous il y en a deux très-grosses qui communiquent à son bord inférieur , des-
sous ces deux quatre autres, puis six, puis huit, puis dix, etc., de plus en plus pe-
tites, formant une surface triangulaire, à la base de laquelle sont insérés les rayons
du lobe inférieur de la caudale. Les séries suivantes, déviées de cette manière de leur
direction ordinaii'e, suivent alors celle du prolongement de la queue et forment des
séries dont les bords les plus apparens sont dirigés en sens inverse de celles du tronc ;
ces écailles deviennent de plus en plus petites jusqu'au bout de la queue, oîi elles
sont imperceptibles à l'œil nu. En avant des nageoires impaires il y a aussi des
écailles de forme particulière, plus grandes que celles des autres parties du corps;
sur le milieu du dos , au bord antérieur de la dorsale , il y en a quatre très-larges ,
dont le bord postérieur est arrondi ; celle qui touche la nageoire est la plus grande ,
les suivantes , qui sont accolées le long du bord même des rayons de la nageoire , sont
infiniment plus petites et vont en diminuant jusqu'à l'extrémité de la nageoire; la
surface extérieure latérale des rayons est complètement recouverte d'écaillés très-
petites, très-étroites surtout, du double plus longues que larges sur la base des
rayons, plus courtes à leur extrémité, et qui, insérées dans leur sens longitudinal le
long des rayons, forment sur la nageoire des séries transverses plus larges que les
petites plaques perpendiculaires qui les composent. Il en est de même de l'anale, en
avant de laquelle on remarque seulement deux très-grandes écailles; sur cette na-
geoire les écailles sont généralement moins longues que sur les rayons de la dor-
— 65 —
sale 5 elles sont presque aussi larges cpie longues, du moins vers l'extre'mlté des
rayons. La caudale de cette espèce est assez remarcpiable par le nombre considé-
rable de petits rayons qu'il y a en avant du bord antérieur de son lobe inférieur,
mais surtout par la longueur considérable des rayons moyens de ce lobe, qui , malgré
leur ténuité, atteignent des dimensions presque aussi considérables que le prolonge-
ment supérieur de la queue. En avant des petits rayons, il y a , au bord inférieur du
pédicule de la queue, quelques grosses écailles impaires qui correspondent à celles
beaucoup plus nombreuses du bord supérieur; celles-ci, d'abord très-larges et ar-
rondies, deviennent de plus en plus pointues le long du prolongement de la queue,
qui , étant lui-même plus étroit que dans les autres espèces de ce genre , contribue
encore à faire paraître la partie supérieure de la caudale petite en comparaison de sa
partie inférieure, quoique au fond elle soit considérablement plus longue et même
plus large, mais en apparence plus grêle, tous ses rayons étant plus courts que ceux du
lobe inférievu' et le devenant de plus en plus le long du prolongement caudal, à mesure
que celui-ci diminue lui-même d'épaisseur. Toute cette nageoire est également recou-
verte de très-petites écailles, rangées par séries longitudinales le long des rayons, se
bifurquant avec eux et recouvrant, probablement comme dans le P. Blainvillei, en
même temps les bords antérieur et postérieur de deux rayons voisins j le long des
rayons du lobe inférieur de la nageoii^e , ces écailles sont plus longues que sur les
rayons du lobe supérieur.
Ce qui distingue surtout le P. vratislaviensis du fultus, c'est la petitesse des écailles
qui bordent les rayons antérieurs de toutes les nageoires, et qui sont très-grandes
dans l'espèce de Sunderland; il diffère encore du P. Blainvillei par des écailles moins
hautes dans la partie antérieure du tronc, et par la position de ses nageoires.
Il est important de faire remarquer encore que les écailles de toutes les parties du
corps sont parfaitement lisses à leur surface extérieure, qu'elles sont minces et se
lèvent aisément par feuillets incoliérens , enfin que les bords supérieur et inférieur
de deux écailles voisines paraissent seulement accolés l'un contre l'autre ; car dans
aucun des nombreux exemplaires que j'ai vus je n'ai découvert des traces de ces on-
glets qui lient fréquemment les écailles des Ganoïdes.
Il serait possible que le poisson de Visé, indiqué par M. Davreux dans les Annales
de l'Académie de Bruxelles, tome 9% appartînt à la même espèce; mais je ne l'ai pas
vu : je ne connais avec certitude que la localité mentionnée plus haut, dans laquelle
on trouve le Palœoniscus vratislaviensis.
^ 64 —
VIII. Pal^eoniscus lepidurus Agass.
Vol. 2. Tab. 10. f. 3. 7. 8. et g,
M. de Bechen cite cette espèce dans le mémoire qu'il a fait insérer dans l'Arclilve
de Rarsten, nouvelle série, vol. 4, pag. g5. Elle se trouve à Scharfeneck , au S. S. 0.
de Neurode dans le comté de Glatz, dans un gisement semblable à celui du P. vratls-
laviensis. L'exemplaire que j'ai fait représenter est dans un calcaire schisteux noir
et fétide. C'est le seul que j'aie vu; il appartient à M. de Dechen, qui a bien voulu
me le confier avec plusieurs plaques de l'espèce précédente.
Au premier aspect l'on pourrait croire cette espèce identique avec la précédente,
quoique elle en diffère considérablement, mais par des caractères trop peu saillans
pour être aperçus au premier coup-d'oeil; peut-être même ne les aurais-je pas décou-
verts dans un exemplaire mieux conservé, et qui n'aurait laissé voir ni la surface in-
terne des écailles, ni leur liaison, ni leur épaisseur, car la partie antérieure du tronc
et toute la tête est enlevée. Il n'est resté de bien conservé que la partie du tronc à
laquelle sont insérées la dorsale et l'anale, le pédicule de la queue et l'insertion de la
caudale ; on ne voit à l'abdomen que la surface intérieure des écailles du flanc gauche,
et l'insertion des ventrales avec quelques rayons d'une de ces nageoires. Cependant
malgré ces mutilations, il est assez facile de se faire une juste idée des formes de ce
poisson et des proportions de ses parties, parce qu'il est évident que toutes celles qui
sont conservées ont été maintenues dans leur position naturelle ; dès lors les contours
se tracent d'eux-mêmes, en suivant la direction des lignes qui bordent les portions
intactes du corps. La partie antérieure du tronc paraît avoir été considérablement
plus large que la partie caudale; du moins les écailles de la paroi abdominale, qui
sont encore réunies par leurs onglets articulaires , présentent le contour d'un ventre
saillant et arrondi, tandis que le corps va en se rétrécissant rapidement depuis l'in-
sertion de l'anale; il diminue aussi, mais moins rapidement, en arrière de la dorsale.
La caudale, qui doit avoir été grande proportionnellement, a une insertion très-
oblique ; le prolongement de la queue, le long de son lobe supéi'ieur, étant assez étroit,
est recouvert par conséquent d'écaillés comparativement plus allongées , plus pointues
et plus étroites que celles du tronc. Celles qui bordent son profd supérieur sont très-
grandes, très-allongées et ti'ès-pointues , surtout vis-à-vis de l'insertion des premiers
rayons du lobe inférieur, en avant ducpiel il rie paraît pas y avoir eu de grosses
écailles ; quoiqu'il y en ait de très-petites impaires , imbriquées tout le long du bord
des grands rayons extérieurs de la nageoire. Comme dans la plupart des espèces de
ce genre, le P. lepidurus a, en général et dans la caudale en particvdier, des rayons
grêles , très-rapprochés , articulés et divisés quelquefois à leur extrémité ; mais ce qui
— 6o —
le distingue surtout , c'est la disposition des petites écailles qui recouvrent cette na-
geoire : le long de l'insertion de tous les rayons, il y a, à leur base, ime rangée d'é-
cailles plus grandes que les suivantes, toutes très-allongées et disposées dans le sens
mcme des rayons, qu'elles recouvrent, et tout le long desquels il y a une infinité
d'autres écailles de plus en plus petites; mais qui, plus loin sur les rayons, sont
bientôt à peine aussi longues que larges, et suivent, dans leurs séries longitudinales,
toutes les divisions des rayons. Malbeureusenient cette nageoire n'est pas très-bien
conservée ; elle est brisée à son extrémité et présente une cassure transverse sur son
lobe inférieur, qui est du reste assez large, mais beaucoup plus court que le supé-
rieur.
La dorsale et l'anale sont l'une et l'autre très-reculées; le bord postérieur de la
dorsale est même vis-à-vis du milieu de l'anale; elles ont les deux la même forme et la
même grandeur , avec cette seule différence que les écailles qui recouvrent la surface
extérieure de la dorsale sont un peu plus longues, surtout vers la base des rayons,
que celles de l'anale. Au bord antérieur de cbacune, il y a quelques grosses écailles
impaires , larges et arrondies , qui en protègent les petits rayons suivans , assez nom-
breux dans la dorsale, où il y en a six ou sept, et entre lextrémité desquels sont in-
sérées quelques petites écailles impaires, comme celles qui existent tout le long de
la nageoire. Les rayons antérieurs de ces nageoires sont environ le double plus longs
que les derniers , qui sont en même temps beaucoup plus grêles et moins serrés les
uns contre les autres. Le caractère le plus distinctif de cette espèce est l'épaisseur
considérable de toutes les écailles et la grande uniformité dans leurs dimensions sur
toutes les parties du tronc où elles sont visibles : la partie émaillée de leur surface
extérieure a une forme rliomboïdale très-régulière ; sa hauteur est égale à sa longueur;
leur bord antérievu', qui est recouvert dans l'imbrication, les fait paraître plus
longues là où elles sont entièrement à découvert. Les écailles qui avoisinent les côtés
de l'insertion de la dorsale et de l'anale , sont plus petites que les suivantes des séries
dont elles font partie; de même les écailles du bord de l'abdomen sont aussi plus
étroites , sans que cependant ces légères différences influent sur l'aspect général du
poisson ; les écailles de la ligne latérale enfin n'ont rien de particulier ni dans leur
forme, ni dans leur grandeur; on les distingue des autres seulement à cause d'une
saillie peu marquée qui s'étend obliquement d'avant en arrière et du haut en bas sur
le milieu de chacune d'elles, et qui est occasionnée par le tube qui les traverse et qui
s'ouvre vers leur bord postérieur : cette série est parfaitement droite; plus rapprochée
du dos, dans la partie antérieure du tronc, elle est plus près du bord inférieur du
pédicule de la queue que de son bord supérieur.
A la surface intérieure des écailles de ce poisson l'on observe une particularité
ToM. II. , 9
^ 66 ^
dans le mode d'union des séries dorso-ventrales , qui n'a encore été remarquée chez
aucune des espèces qui précèdent. Non seulement les écailles se recouvrent avec leur
bord postérieur qui cache une partie du bord antérieur de celles qui suivent, mais
encore les bords supérieurs et les inférieurs de deux écailles avoisinantes dans la
même série transverse, sont soudés l'un à l'autre par vin onglet fixé dans un enfon-
cement propre à le recevoir et disposé de la manière suivante : vers le milieu du bord
inférieur de chaque écaille , dans la partie interne de son épaisseur , il y a une fossette
triangulaire, taillée en biseau, mais qui n'atteint pas la surface extérieure; dans la
partie correspondante du bord supérieur il y a en revanche une saillie analogue qui
déborde ce côté, mais qui n'étant formée que par l'amincissement du bord supérieur
sans atteindre la surface extérieure, peut s'engrener exactement dans l'enfoncement
de récaille supérieure, sans former d'éminence sur la surface interne de la plaque des
écailles, et sans empêcher que leurs bords extérieurs, qvii sont droits, ne s'appliquent
directement les uns contre les autres. Jusqu'à présent cette liaison des bords supé-
rieur et inférieur de deux écailles voisines a passé pour un caractère générique dis-
tinctif du Dapedium de la Bêche; c'est même pour ne l'avoir pas remarquée que
M. Bronn a fait un genre particulier (du reste très-bon) des Tetragonolepis ; mais
cette disposition se retrouve dans presque tous les Ganoïdes, d'une manière plus ou
moins sensible ; elle est surtout frappante dans quelques espèces de Lepidotus ,
comme on peut le voir à la Tab. 3o de ce volume. Dès lors cette disposition,
quelque surprenante qu'elle soit, ne peut plus passer, comme telle, pour un carac-
tère générique. Nous verrons ailleurs ce que différens genres et ce que les espèces
présentent de particulier à cet égard.
IX. Pal.eoniscus Fkeieslebem Aoass.
n
y ol . 2 . Tab . 1 1 et 1 2 .
Cette espèce est connue depuis plus d'un siècle sous le nom d'Ichthyolithus eisle-
bensis; elle est si commune qu'il n'y a pas de collection dans laquelle on n'en trouve
quelques exemplaires , pas de vieil ouvrage sur les fossiles qui n'en fasse mention ou
n'en donne quelque figure. Pour ceux qui les ont représentés, ces poissons étaient
ou des objets de simple curiosité, ou tout au plus des exemples surprenans d'animaux
aquatiques dans des couches solides de l'écorce de notre globe ; mais au lieu de cher-
cher à les déterminer rigoureusement, ils se contentaient de les comparer vaguement
avec le petit nombre d'espèces de poissons vivans qu'ils avaient sous les yeux. Ce-
pendant quelques-unes de ces planches sont assez bien faites et rendent même les
caractères particuliers de leurs écailles, la forme irrégulière de leur caudale et la
disposition générale des nageoires , d'une manière beaucoup plus conforme à la
— 67 —
nature , que les descriptions des premiers auteurs qui ont cherche à les déterminer
systématiquement.
Les meilleures figures du Palaeoniscus Freieslebeni sont celles de Wolfart Ilist.
nat. IIassia> infer. parsl. pi. 12. f. i. pi. \(\. f. 2. 3. et 4- pi- ï6, 17 et 20.^ celles
de Mylius 31emorab. Saxoniœ subter. pars I. pi. l\. ; et celles de Schenclizer^\%Q\\m\
quer. et vindic. pi. 2. f. i. et pi. 4- f- 2. On en trouve encore d'autres dans Lan^
Hist. lapid. iîgur. Helvetiœ pi. 6. f. 3. , et pi. 7. f. 4- 5 dans Leihnitz protogœa, dans
BiittneiYwAerdi diluvii testes pi. 18. f. 2.; dAns Liebknecht llassioe subterran. spéci-
men pi. 5. f. I.; dans Knorr et TValcli Natur. der Yersteiner. pi. 17. f. i. et 2,
pi. 18. f. 2., pi, 19. f. I. et 2., et pi. 20. f. 2. et 3.j dans les Rariora Musei Besle-
riani pi. 32. f. i. et 4- ? etc.
Avant de pouvoir tenter , avec quelque espérance de succès , une comparaison dé-
taillée des poissons fossiles avec les espèces vivantes , il a nécessairement fallu
attendre une époque qui pût fournir à l'observateur assez de matériaux sur l'organi-
sation des animaux en général et sur celle des poissons en particulier, pour que des
parties d'un être organisé on parvînt à conclure à son ensemble, et, à moins de créer
toute la science paléontologique , attendre également des antécédens assez nom-
breux sur la disparition de la surface du globe des grandes espèces terrestres de ver-
tébrés quadrupèdes, pour que les conséquences analogues déduites de l'étude des
poissons, venant dévoiler quels ont été les changemens survenus dans les eaux
pour que des espèces aquatiques aient également disparu de leur sein , ne fussent
plus qu'une confirmation ou une extension de lois en partie déjà connues. Car
quelque exactes qu'eussent été les descriptions des poissons fossiles , quelque consi-
dérables qu'eussent paru les différences que l'on trouve dans leur organisation, en les
comparant avec les poissons de nos mers, lorsqu'on aurait avancé que ces espèces ont
disparu de la surface du globe, pour s'ensevelir sous les différens feuillets de son
écorce, on aurait toujours eu à combattre la supposition possible qu'ils vivent encore
dans quelque parage lointain jusqu'ici inaccessible à nos recherches ; tandis que les
faits connus sur la distribution géographique des grands mammifères, et la régularité
du gisement des fossiles met hors de doute qu'il en est de même pour toutes les
classes du règne qui ont eu leurs représentans d'autrefois, comme elles ont ceux
d'aujourd'hui, différents les uns des autres. Le fait, d'abord négatif, que l'on ne
retrouve nulle part dans la mer les espèces que l'on trouve à l'état fossile, devient dès
lors positif pour prouver l'analogie dans l'ordre de succession des animaux de toutes
les classes. Tout le lîionde sait que la science est redevable à Cuvier des immenses
progrès qu'elle a faits et qu'elle fait encore dans les deux directions que j'ai signalées
plus haut.
— 68 _
Quant aux poissons, de Blainville, dans un article sur les Ichthyolites , inséré
dans le Nouveau dictionnaire d'histoire naturelle, vol. 28% a le premier reconnu que
ceux du Zechstein ne peuvent pas tous être rapportés aux genres existans maintenant,
puisqu'il en désigne plusieurs sous les noms de Palaeoniscum Freieslebenense et de
Palœothrissum macrocephalum ; mais, trompé par l'état de conservation des plaques
qu'il a examinées , il a établi ces deux genres (sans précisément les caractériser) sur
des individus d'vine même espèce , tandis qu'il en a reporté d'autres de la même es-
pèce encore (mais moins marqués sur la pierre) au genre Clupca , sous le nom de
Clupea Lametherii.
Par l'examen des originaux sur lesquels elles ont été établies, je me suis assuré de
l'identité de ces espèces, que je réunis ici sous le nom de Paleeoniscus Freieslebeni.
11 faut encore ranger ici, comme synonymes, le Palaeothrissum œquilobum Huot,
qui est un exemplaire dont le lobe caudal supérieur replié sur lui-même, et par
là raccourci d'autant qu'il est naturellement plus long, forme avec le lobe infé-
rieur, en dessous duquel il se trouve placé par ce ploiement, une nageoire cau-
dale fourchue à lobes égaux , caractère qui , s'il était vrai , exclurait ce poisson du
genre où on l'a placé. Dans un catalogue manuscrit, j'avais indiqué successivement
ce poisson sous les noms de Palaeothrissum vulgatissum, ouornatum, ourhynchœum,
voulant éviter par un changement de dénomination la confusion de sa synonymie; et
ne m'étant pas encore arrêté pour un de ces noms spécifiques, j'ai étiqueté de ces
différens noms , dans difféi'entes collections , des exemplaires de l'espèce dont il s'agit
ici. Dans quelques catalogues des fossiles caractéristiques du Zechstein, entre autres
dans la traduction allemande de Dechen du Manuel de géologie de de la Bêche, le Pa-
laeoniscus Freieslebeni, qui ne se trouve que dans le Zechstein d'Allemagne, a été
confondu avec le Palaeothrissum inaequilobum de Bl. (mon P. Blainvillei) , qui ne se
trouve qu'à Autun, et on lui attribue à tort les gisemens de ces deux espèces. Il en
est de même dans le Manuel de géologie de Walchner. De Blainville attribue aussi à
tort le Palaeoniscus des mines de mercure du Palatinat (que j'ai appelé P. Duvernoy)
à son Pal. Freieslebenense. N'ayant pas vu d'exemplaires originaux du Palaeothris-
sum blennioïdes HoU, je ne puis lui assigner sa place avec certitude; cependant je
le crois aussi synonyme du P. Freieslebeni. Germar enfin, frappé sans doute de
l'inégalité des lobes de la caudale de ce poisson, l'appelle Acipenser bituminosus.
Quant au gisement de ces ichthyolithes , les renseignemens donnés par M. Freies-
leben, dans son Beitrag zur Renntniss des Rupferschiefergebirges , ne laissent rien à
désirer. Cependant le Palaeoniscus Freieslebeni n'est pas la seule espèce de poissons
que l'on trouve dans le Zechstein d'Allemagne; il y en a encore plusieurs autres,
mais qui ont été mal distingués jusqu'à présent, et sur lesquels je donnerai, avec le
— G9 ~
temps, tous les renseignemens que j'ai pu recueillir. En les indiquant ici, par antici-
pation sur Tordre systématique, je désire seulement faire disparaître les erreurs
nombreuses qu'il y a dans les catalogues des ouvrages géologiques et demander des
renseignemens précis sur leur distribution géographique. Les espèces que je connais
sont une seconde et une troisième espèce de Palœoniscus , désignés dans le Tableau
synoptique, page 5, sous les noms de Pal. macropomus et de Pal. magnus. Les Pa-
lœothrissum macropterum Bronn et P. parvum de Bl., indiqués dans le Manuel de
de la Bêche , traduction de Dechen , comme provenant de ïhuringen , ne s'y trouvent
jamais. Les autres espèces du Zechstein sont deux Platysomus, les Platysomus gib-
bosus Agass. et Platysomus Rhombus Agass. , tabl. syn. p. 6., rapportés au genre
Stromateus par de Blainville et Germar; mais je ne sais sur quoi repose cette réu-
nion; et enfin le Pygopterus Humboldti Agass. , tabl. syn. p. lo. , qui est en même
temps le Palœothrissum magnum de Bl. et l'Esox eislebensis de Rriiger. Quant au
Gyrolepis asper Agass., tabl. syn. p. 6., il est encore douteux. Malgré le nombre
prodigieux d'exemplaires que j'ai vus de ces six espèces, il m'est impossible d'indi-
quer avec quelque certitude les diiïérentes localités où l'on trouve chacune d'elles ;
et pourtant il serait intéressant de savoir comment elles sont distribviées dans les
couches de la formation qu'elles caractérisent. La seule collection que j'aie vue,
dont tous les exemplaires portassent l'indication de leur gisement, est celle que 31. de
Humboldt a donnée au Muséum d'histoire naturelle de Paris : c'est en même temps
la plus belle que je connaisse; elle contient toutes les espèces sus-mentionnées, et
chacune s'y trouve en plusieurs exemplaires de différentes grandeurs, mais tous sont
des mines de Rothenbourg. Wolfart indique en outre le Pygopterus Humboldti à
Nendershausen et à Riegelsdorf , et un fragment de la collection du comte de Munster
provient de Glucksbrunn près de Lœwenstein. Les deux Platysomus paraissent se
trouver plutôt dans le Mansfeld. Le Palaeoniscus macropomus ne s'est encore trouvé
qu'à Rothenbourg; le Palœoniscus magnus est indiqué par Wolfart à Nendershausen,
tandis que le Palaeoniscus Freieslebeni est cité à Riegelsdorf, à Thaliter , à Nenders-
hausen , à Willengenrode , à Eisleben ; mais toutes ces indications méritent confir-
mation et surtout un nouvel examen basé sur la connaissance des espèces.
Je ne puis rien aflîrmer encore sur 1 identité ou la différence des espèces de Midd-
leridge et d'East-Thickley comparées à celles du Zechstein d'Allemagne; mais les
géologues anglais, M. Sedgwick surtout, qui a si bien décrit la structure de cette
formation, nous apprendront sûrement en quoi diffèrent les Palœothrissum elegans,
macrocephalum et magnum représentés dans les Géolog. Transact. ; si en effet ce sont
des espèces distinctes, car je ne trouve aucune différence dans les figures. Et puis
une comparaison directe de ces empreintes avec celles d'Allemagne devient d'autant
— 70 —
plus nécessaire, que l'assertion positive de de Blainville sur l'identité du Palœothris-
sum magnum des Trans. Géol. , avec l'espèce à laquelle il a donné ce nom est plus
que douteuse , ces deux poissons appartenant évidemment à des genres différens. L'ins-
pection des figures me porte assez à croire que toutes les empreintes de Palaeothrissum
du 3Iagnesian-Liniestone appartiennent à une seule et même espèce différente de celle
du Mansfeld. Du reste, les autres espèces d'East-Thickley appartiennent aux deux
autres genres qui ont aussi des représentans dans le Zechstein d' Allemagne: ce sont
les Platysomus striatus, macrurus et parvus, et le Pygopterus scoticus Agass.
J'ai vu plusieurs centaines de plaques du Palaeoniscus Freieslebeni dans les musées
de Munich, de Carlsruhe, de Stuttgardt, de Strasbourg, de Paris, de Bxeslau, de
Vienne et de Pragues, et dans les collections particidières de MM. Bronn, Walcliner,
Braun, de Haber, de Munster, Brongniart et Régley. Ceux du Muséum d'histoire
naturelle de Paris et ceux de la collection de M. Brongniart, qui renferme les origi-
naux des descriptions de M. de Blainville, encore étiquetés de sa main, ont été les
plus précieux pour moi , parce qu'ils m'ont mis en état d'établir la synonymie de cette
espèce avec la plus grande certitude. Quant aux originaux de mes planches, le petit
exemplaire de la tab. ii. f. i. appartient à mon ami M. Alex. Braun à Carlsruhe;
celui de la f . 2. se trouve au Musée de Stuttgardt, et m'a été communiqué par M. le
professeur Jceger; celui de la f . 3. et le i" de la tab. 12 ont été donnés au Muséum de
Paris par M. Alex, de Humboldt, avec une collection choisie de toutes les espèces que
l'on trouve dans le Zechstein du Mansfeld •, enfin l'exemplaire de la fig. 2. tab. 12. se
trouvait déjà au Muséum de Paris. Il est rare de trouver des exemplaires de cette
espèce qui soient parfaitement droits et dans un état de conservation aussi favorable
à leur examen que ceux qui sont représentés sur ces deux planches. Pour la plupart
ils sont fortement arqués, en demi-cercles plus ou moins ouverts suivant la taille des
individus-, les jeunes sont ordinairement plus courbés que les vieux, mais toujours
leur courbure est telle que sa convexité est formée par ie bord du ventre, et que le
dos est concave. Il est assez rare de trouver des exemplaires complètement déprimés
dans toute leur étendue ; ce n'est guères que la tête et la partie antérieure du tronc
qui l'est quelquefois, comme dans l'exemplaire de la fig. 2. tab. 11. : on voit plus
souvent des individus dont l'un des côtés paraît avoir un peu glissé sur l'autre , tandis
que la tête est déprimée et se présente soit par sa surface supérieure, soit par sa
surface inférieure.
Ce que l'on a dit sur l'état de ces poissons , sur les positions violentes qu'ils sem-
blent avoir, sur les contorsions qu'ils ont dû faire, et sur les mouvemens convulsifs
dans lesquels on les a fait expirer, au moment où le sulphure de cuivre, contenu dans
les roches qui les recèlent, a pénétré les eaux qui les contenaient; tout cela s'explique
— 71 —
sans dillicultc lorsque l'on fait attention à la manière dont meurent la plupart des
poissons et lorsqu'on tient compte de leurs formes naturelles. En luttant contre la
mort, les poissons consument le peu de force qui leur reste dans la tentative de con-
server leur position horizontale et de rester debout entre deux eaux; lorsqu'ils sont
épuisés, ils viennent flotter à la surface de l'eau, le ventre en Tair. Leur agonie est
en général courte et paisible; je n'ai jamais vu qu'elle fût accompagnée de mouvemens
Aiolens ; ils font tout au plus encore quelques essais impuissans pour se redresser et
s'endorment enfin. Lorsque la raideur cadavérique s'empare de leur corps, il est tout
naturel que ce soient les régions les plus musculeuses qui se retirent le plus; aussi
tout le dos se contracte-t-il , il devient d'abord droit , puis concave , et enfin l'abdomen
se voûte plus ou moins, à mesure que le dos se courbe davantage (*) . C'est dans cet
état que le poisson tombe au fond de l'eau, où il reste jusqu'à ce que la putréfaction
et le dégagement des gaz qui se forment dans son abdomen , changent de nouveau
ses formes et le fassent encore flotter à la surface de l'eau.
Il est tout naturel aussi et conforme aux lois de la gravitation , que sur le fond
d'un bassin, (que ce soit un lac, une rivière ou la mer, peu importe,) les poissons
péris se déposent suivant leurs formes naturelles, tantôt sur les flancs, sur le dos ou
sur le ventre. De la position qu'affectent *'la plupart des exemplaires du Paleeoniscus
Freieslebeni, l'on est donc bien plutôt en droit de conclure qu'ils sont fort comprimés
dans la partie caudale de leur corps, plus arrondi dans sa partie antérieure, et peut-
être légèrement déprimé sur la tête, comme les Lottes, du moins lorsqu'elles sont
maigres, que d'attribuer cette position, dont la régularité devient alors inexplicable,
à des mouvemens violens qu'aurait faits le poisson, en luttant contre les matières dans
lesquelles il se sentait envelopper. En général je ne crois pas à une mort violente, du
moins pas par des causes mécaniques , pour la plupart des fossiles ; il y en a certai-
nement bien peu qui aient succombé au choc des matières charriées. Il faut bien
plutôt attribuer leur mort à la tension électrique de l'atmosphère, à la pression
quecelle-ci a dû exercer à la surface du globe etaux changemens de température survenus
à l'approche de bouleversemens capables de changer son aspect et d'occasionner la for-
mation de nouvelles couches solides , dans lesquelles les êtres organisés flottans dans
les eaux ou gisans sur la terre, ont été ensevelis dans toutes les positions possibles^
suivant leur nature et les lieux qu'ils habitaient durant leur vie. On trouvera plus de
détails sur ce sujet à la fin du premier volume.
(*) Tous les poissons allongés subissent de cette manière des cliangemens de forme plus ou moins considérables,
immédiatement après leur mort ; voilà pourquoi la plupart des figures de poissons qui existent, représentent des con-
torsions que l'animal vivant est incapable de produire. La courbure des corps morts est en général d'autant plus
forte que les os du squelette sont plus grêles, ou que les individus plus jeunes les ont moins solides.
— 72 -.
Il est impossible d'apprécier tous les changemens que les substances animales
peuvent avoir subis depuis qu'elles gisent dans la roche. Cependant je m'occupe
maintenant à réunir des matériaux assez nombreux pour que , de leur analyse chi-
mique et de leur comparaison avec les tégumens des espèces vivantes , du Lépidostée
entre autres, on puisse tirer des conséquences probables sur les changemens de com-
position des tissus organiques fossiles. M. Mitscherlich m'a assuré qu'il serait dis-
posé à les analyser; ainsi j'espère pouvoir communiquer à mes lecteurs, avec le temps,
des observations importantes sur un sujet encore si peu élaboré. Je ne puis m'ex-
pliquer comment on a cru voir ordinairement, dans l'empreinte de ces poissons, leur
chair, et même leur peau, à moins de supposer que l'on ait confondu leurs écailles
rectilignes avec des fibres musculaires, qui, dans les poissons, ont la forme de feuil-
lets à surface et à bords droits. Quant à la substance blanche du cristallin, dont
parle Mylius, je suis porté à croire, d'après ce que j'ai vu, qu'il a pris un effet de
lumière produit au bord de l'enfoncement de l'orbite, pour une réalité matérielle.
En étudiant en détail les caractères du Palseoniscus Freieslebeni , j'ai acquis la
conviction que , pour bien connaître les espèces de ce genre , il ne faut pas sevdement
en avoir vu des exemplaires dans toutes les positions possibles; mais que, pour bien
saisir tous les rapports de leurs parties entre elles et les différences qu'elles présen-
tent dans les diverses positions du corps, il faut encore en avoir vu à différens degrés
de dégradation, surtout si l'on veut apprécier toutes les variations de leurs formes
sous tous leurs aspects. Par exemple, on ne peut, dans ce genre, être bien sûr de
ne pas prendre des exemplaires d'une même espèce pour des espèces différentes, que
lorsqu'on a pu voir les écailles , non-seulement par leur face extérieure et dans leur
position relative naturelle, mais encore par leur face interne, et, si possible, à diffé-
rentes parties du tronc, en avant et en arrière. Il y a même plus; lorsque l'on n'a
pas une très-grande habitude de se représenter l'empreinte creuse que pourrait pro-
duire une partie que l'on examine, ou le relief d'une empreinte bien conservée, il
faut les mouler pour s'en assurer et pour pouvoir les comparer avec les autres parties,
soit creuses, soit en relief, qui sont conservées dans différentes régions du fossile.
Dans tous les cas , avant de décrire une espèce , il faut chercher à se rendre un compte
exact de la position de toutes les parties que l'on voit, de la face qu'elles présentent
à notre examen , et enfin s'assurer si l'on voit l'objet lui-même , ou bien si ce n'est
que son empreinte qui est restée. Tout ceci est de la plus haute importance, si l'on
ne veut pas s'exposer à décrire différentes faces des mêmes parties comme apparte-
nant à un même côté. Ces précautions sont surtout nécessaires lorsqu'on décrit les
écailles, les parties de la tête et les nageoires paires; la colonne vertébrale et les na-
geoires verticales exigent moins de précautions, puisque leur imparité les rend par-
— 75 —
faitemcnt égales des deux côtés. Pour faciliter la comparaison de différentes faces
des écailles d'une même région, il faut, autant que possible, chercher à mettre à côté
l'une de l'autre la face externe des écailles du côté gauche avec la face interne des
écailles du côté droit, ou vice-versa, et alors elles auront au moins la même direc-
tion. Il est fort utile aussi de tâcher de voir quelque exemplaire déprimé dans sa
hauteur, pour s'assurer s'il n'offre pas quelque particularité sur le dos, sur le crâne
ou le long du ventre; c'est dans de semblables exemplaires que l'on voit le mieux les
rayons branchiostègues et les nageoires ventrales. On a commis une erreur en affa-
mant que les plaques correspondantes, sur lesquelles l'on voit cette espèce, sont
toujours fendues de manière à présenter tout le poisson en relief d'un côté et en creux
de l'autre. Parmi les nombreux exemplaires que M. de Humboldt a donnés au Mu-
séum de Paris , il y en a plusieurs doubles très-diversement partagés et présentant
alternativement des lambeaux en relief et en creux des deux côtés du poisson.
J'ai cru nécessaire de m'étendre ici sur l'état de conservation des exemplaires de
cette espèce et sur les précautions à prendre pour les examiner avec fruit, d'abord
parce qu'elle est très-commune et qu'elle pourra servir à faire des exercices dans ce
genre de recherches, et puis surtout, parce que les exemplaires ont des aspects si dif-
férens que l'on pourrait aisément être tenté d'en faire une dixaine d'espèces si l'on
n'était pas prévenu de toutes les difficultés que ces distinctions obligeraient d'em-
brasser.
La figure i de la 2" Table nous représente un petit exemplaire de cette espèce dans
sa position naturelle , mais fendu de manière à ce que l'on ne voie toutes ses parties
que par leur siuface interne ; les écailles de ses flancs sont celles du côté droit vues
par leur surface interne; le long de l'abdomen jusque vers l'insertion de la caudale,
on ne voit même que l'empreinte de leur surface externe. Sous l'insertion de la dor-
sale et sur le pédicule de la queue seulement , l'on voit quelques écailles du côté gauche
par leur surface extérieure. Quant à la tête, elle est fendue de manière à faire voir
la surface interne de l'opercule et de la ceinture thoracique du côté droit ; mais dans
sa partie antérieure, depuis l'articulation des mâchoires jusqu'à l'extrémité du nez ,
c'est le côté gauche que l'on voit. La figure 2 en représente un qui est très-courbé,
plus ou moins déprimé dans toute sa longueur et sur lequel on voit une partie des os
de la tête par leur surface supérieure , à droite et à gauche les deux pectorales , en
dessus celle de droite, et en dessous celle de gauche; sur le milieu de la courbure,
on distingue trois nageoires; au milieu c'est la dorsale, en avant de laquelle on voit
plusieurs grosses écailles impaires, adossées contre le bord antérieur de ses petits
rayons; en dessus de cette nageoire se trouve la ventrale de droite et en dessous
celle de gauche. Cette position résulte de l'aplatissement considérable du tronc qui
ToM. II. 10
— 74 —
a pressé les deux pans des écailles sur deux côtés opposés; cependant celles du côté
droit sont plus en évidence. L'extrémité de la queue est verticale ; mais déjà l'insertion
de la caudale est biaisée et l'on reconnaît distinctement les grosses écailles qui s'éten-
dent en avant du lobe supérieur dans la direction de la dorsale. Cet exemplaire, tout
mutilé du reste , est d'autant plus intéressant qu'il montre encore combien les écailles
du milieu du dos, surtout entre la nuque et la dorsale, sont plus petites que celles
des flancs. L'exemplaire de la 3' fig. est surtout intéressant à cause de l'état de par-
faite conservation de la queue et de la tête , oîi l'on distingue nettement les mâchoires
et les rayons branchiostègues ; du reste , presque toutes ses parties se voient par leur
surface intérieure. Dans la table 12, la figure i nous fait voir un exemplaire ayant,
sur le milieu de ses flancs, un lambeau des écailles de son côté droit, et du reste,
montrant la surface interne de celles de son côté gauche; celui de la fig. 2 , au con-
traire, nous représente, dans toute son étendue, la simple empreinte des écailles du
côté droit, et seulement vers le dos et vers le bord de l'abdomen, ces mêmes écailles,
vues par leur surface interne. Les écailles de la fig. 3 sont de la partie antérieure,
du côté droit et vues par leur surface interne, sur laquelle on remarque leur onglet
articulaire; celles de la fig. 4 sont du même côté, mais prises plus en arrière, vers la
dorsale, là où elles n'ont plus d'onglet- la fig. 5 représente l'empreinte de la surface
interne d'écaillés semblables à celles de la fig. 3, et la fig. 6 l'empreinte de leur sur-
face extérieure, mais non pas l'écaillé elle-même.
Le Palcconiscus Freieslebeni est l'espèce la plus allongée du genre; son abdomen
n'est pas assez renflé pour faire paraître la partie antérieure du tronc sensiblement
plus grosse que la queue; la tête, également allongée dans les exemplaires oîi elle a
conservé les rapports naturels de ses parties, comme dans la fig. i. tab. 11, n'égale
pas même le quart de la longueur totale, ensorte que le nom de Palaeothrissum ma-
crocephalum ne lui convient pas précisément. Ce qui distingue surtout cette espèce,
c'est la petitesse de ses nageoires et la position reculée des ventrales, de la dorsale
et de l'anale. Les ventrales sont bien placées au milieu du tronc, mais comme la ca-
vité abdominale se termine en avant de l'anale, elles ne se trouvent pas sur le milieu
du ventre et sont considérablement plus rapprochées de l'anale que des pectorales;
l'anale occupe le milieu de l'espace qu'il y a entre les ventrales et le commencement
de l'insertion de la caudale ; la dorsale est opposée à l'intervalle qui sépare les ven-
trales et l'anale, de sorte qu'elle est plus rapprochée de la caudale que de la tête.
• Les pectorales sont rarement bien conservées, cependant on en voit des traces
dans la fig. 2. de la table 11. et de la table 12., leur bord extérieur renferme des
rayons plus allongés que les internes; le long du premier rayon il y a une série
de très-petites écailles pointues qui s'étend jusqu'à son extrémité; elles sont du reste
— 75 —
de mOA'^enne grandeur. Je n'ai pas pu déterminer la nature des écailles qui paraissent
recouvrir la surface extérieure des rayons. Les ventrales, fig. i. tab. ii., sont plus
petites que la dorsale et que l'anale; elles ont une insertion assez large, protégée, en
dessous surtout , par des écailles très-étroites ; leur bord antérieur porte une série de
très-petites écailles, tandis que leur surface est recouverte de plusieurs rangées
d'écaillés allongées, à peu près du double plus longues que larges, et disposées dans
leur sens longitudinal le long des rayons, qui se bifurquent quelquefois à leur extré-
mité, en même temps que les séries d'écaillés se multiplient. L'anale est un peu plus
petite à son insertion, du moins un peu plus étroite que la dorsale; ses rayons anté-
rieurs sont environ du double plus longs que les derniers; tous sont fendus à plusieurs
reprises, d'abord jusque vers le milieu de leur longueur, et puis moins : leur surface
est recouverte, comme celle des ventrales, d'écaillés allongées formant à la base de la
nageoire des séries transverses malgré leur disposition longitudinale sur les rayons,
mais ces séries deviennent moins continues vers l'extrémité des rayons et à mesure
que, suivant leurs bifurcations, elles se multiplient aussi; tout le long de son bord
antérieur il y a de très-petites écailles pointues, et en avant de son insertion quelques
rangées de plaques plus allongées et plus grandes que celles des côtés de sa base
(fig. I. tab. 1:2). La dorsale, quoique ayant une insertion plus longue, n'est cepen-
dant pas grande non plus (fig. i . tab. 11 et 12); son boid antérieur est beaucoup plus
élevé que le postérieur, dont les rayons sont au moins de moitié plus courts; tous
sont recouverts d'écaillés allongées et étroites, formant des rangées transverses très-
visibles à la base de la nageoire, mais qui se confondent vers son bord supérieur à
mesure que les rayons se bifurquent; le long des rayons du boid antérieur de cette
nageoire il y a aussi de très-petites écailles pointues, mais très-accolées contre les
rayons qui les portent et souvent à peine visibles. La caudale de cette espèce (fig. i
et 3 de la table 11 , et fig. 2 de la table 12) est certainement celle de tout le genre
qu'il serait le plus facile de reconnaître, lors même qu'elle serait complètement sé-
parée des autres parties du corps. Son insertion est très-oblique, et c'est à peine si
on aperçoit une légère courbure du bord sur lequel les rayons du lobe inférieur sont
articulés, tandis que dans les autres espèces elle est souvent très-arquée : il résulte
de là que le prolongement du lobe supérieur se rétrécit plus insensiblement, mais
comme les rayons du lobe inférieur sont nombreux et qu'ils s'étendent jusqu'au
milieu de la bauteur de la cjueue, ce lobe paraît aussi large que le supérieur, ses
rayons inférieurs étant aussi très-longs, la différence dans les dimensions des lobes
est moins frappante.
Depuis le milieu de la caudale, les rayons du lobe supérieur vont en diminuant
graduellement de longueur jusqu'à l'extrémité de la nageoire où ils sont très-courts.
— 76 —
Il faut aussi remarquer que, dans cette espèce, les rayons inférieurs, qui sont les
plus épais, depuis les petits qui bordent le côté inférieur de la nageoire jusqu'à ceux
de son extrémité , vont en diminuant de grosseur d'une manière beaucoup plus sen-
sible que dans aucune autre ; tous ces rayons sont fendus à leur extrémité , à plusieurs
reprises, mais cette bifurcation s'étend à peine jusque sur leur milieu. La surface
extérieure de la nageoire est évidemment aussi recouverte d'écaillés proportionnelle-
ment beaucoup plus petites que celles des autres nageoires , surtout sur les rayons
du lobe supérieur- mais ces écailles sont disposées si régulièrement les unes à la
suite des autres le long des rayons, qu'elles paraissent d'abord être les articles même
des rayons : on ne parvient à les reconnaître comme des écailles que là où leur im-
brication est visible d'un rayon à l'autre, ou là où les exemplaires sont fendus de ma-
nière à m.ettre en évidence les rayons ou leur empreinte entre les écailles qui les
recouvrent des deux côtés du corps. Les bords de cette nageoire sont également re-
couverts de petites écailles impaires , allongées et pointues, et qui sont adossées tout
le long de ses rayons externes ; celles du lobe inférieur sont très-grêles , fortement
accolées aux rayons qui les portent et fort courtes vers l'extrémité de la nageoire.
Celles du lobe supérieur sont plus caractéristiques : depuis le rétrécissement du pédi-
cule de la queue, sur lequel se trouA^ent quelques grosses écailles impaires, que l'on
voit surtout bien sur la fig. 2 de la table 11, il y a une série d'écaillés pointues, très-
allongées et très-grosses, qui font suite à celles du pédicule, fig. i. tab, 1 1 , et qui
se distinguent surtout dans cette espèce (fig. i et 2) par leur longueur, leur ténuité
et la direction qu'elles ont sur le bord du prolongement de la queue , contre lequel
elles sont moins fortement accolées, et par conséquent plus divergentes que dans les
autres espèces.
Les écailles présentent des formes très-variées suivant la région du corps où on
les observe, et cependant les séries dorso-ventrales ont à peu près la même largeur
partout. Cette disposition, qui paraît impliquer contradiction, résulte de ce que les
écailles ont bien à peu près la même longueur , dans la partie postérieure du tronc ,
comme dans sa partie antérieure j mais leur hauteur variant considérablement, il en
résulte tantôt des écailles plus hautes que longues, tantôt des losanges équilatéraux,
tantôt des plaques plus longues que hautes. Malgré ces différences très-marquées,
elles ont cependant toutes cela de commun que leur surface extérieure est ornée
d'une sculpture plus ou moins variée, suivant la région qu'elles occupent; celles des
flancs sont traversées de rides obliques, disposées comme des rayons sur le bord
antérieur des écailles, et qui finissent à leur bord postérieur, de manièrp à former une
espèce de franges à leur surface; vers l'extrémité postérieure du tronc, ces lignes
sont moins nombreuses. Sur les grosses écailles impaires du milieu du dos qui se
7 /
trouvent en avant de la dorsale et du lobe supérieur de la caudale, ces rides vont en
divergeant du bord antérieur aux bords latéraux et postérieur, et forment ainsi un
large éventail dont les rayons sont plus rapprocbés et plus continus à leur point de dé-
part ; vers les bords ils sont interrompus et forment même des rangées de points plus ou
moins saillans. Ces écailles elles-mêmes sont triangulaires, terminées en arrière par
une pointe arrondie plus ou moins allongée. Du reste, les autres écailles du milieu
du dos, en avant de la dorsale, jusqu'à la nuque et en arrière jusque vers la caudale,
sont beaucoup plus petites que celles des flancs et plus étroites que longues, fig. 2.
table 1 1 ; il en est de même de celles du bord de l'abdomen qui sont aussi très-étroites
fig. I tab. II , et fig. 2 tab. 12. Celles des flancs, surtout des parois de l'abdomen,
sont beaucoup plus liantes que longues 5 elles ont, en outre, cela de particulier, que
leurs bords supérieurs et les inférieurs s'engrènent les uns dans les autres et se lient
intimement au moyen d'onglets articulaires formés au bord supérieur de chaque
écaille et qui s'enfoncent dans une fossette correspondante du bord inférieur, comme
on le voit dans la f. 3 de la tab. 12 et même au bord supérieur de la f. 2. Plus en
arrière, ces bords ne sont vniis que par des saillies moins marquées et enfin seule-
ment par leur coupe oblique qui devient de plus en plus droite vers l'extrémité de la
queue; vers son létiécissement , les écailles sont exactement rhomboïdales, mais sur
son prolongement, lorsqu'elles ont changé de direction, elles sont beaucoup plus
étroites et sensiblement plus longues que hautes. Ce qui rend surtout visibles les séries
dorso-ventrales des écailles, c'est que les bords supérieur et inférieur de celles d'une
série antérieure correspondent exactement au milieu des bords antérieurs de celles
de la série suivante , tandis que les bords antérieurs et les bords postérieurs .de toutes
les écailles d'une série se suivent dans une même direction. La ligne latérale n'a rien
de particulier*, elle s'étend sur le milieu du tronc, à peu près en ligne droite depuis
l'angle supérieur de l'opercule, en arrière duquel elle fléchit un peu vers l'abdomen,
jusqu'au milieu de la caudale (f. i. t. 11.)
Les os de la tête méritent aussi une attention particulière ; toute leur surface est
sillonnée de rides concentriques, provenant sûrement de leur mode d'accroissement;
seulement les os plats du crâne présentent des rayons divergens du centre vers leurs
bords. L'ethmoïde paraît avoir été très-renflé , car il forme , dans tous les exemplaires
qui ne sont pas trop mutilés, une forte saillie arrondie au-dessus et en avant des mâ-
choires (f. I et 3, t. II). L'orbite est petite et placée au-dessus de l'extrémité anté-
rieure de la mâchoire inférieure; la gueule est très-fendue (f. i et 3, t. 11.); la mâ-
choire inférieure étroite , surtout vers la symphyse dt ses branches , et la supérieure
dilatée en spatuleau-dessus de rarticulationdel'inférieure(f. 3.) présentent à leurs bords
des dents en brosse extrêmement petites. L'opercule est étroit et plus élevé que long;
— . 78 —
en arrière de son bord anguleux l'on voit la ceinture thoracique dont le scapulaire
forme avec l'humérus un angle à peu près droit (fig. i.). Les rayons branchiostègues
sont très-évidens sur la fig. 3; ils sont courts, mais très-larges, et recouvrent tout
l'espace qu'il y a entre les deux branches des mâchoires ^ on en voit huit ou neuf.
D'après un fort bel exemplaire du Musée de Stuttgardt , qui m'a été envoyé par M. le
professeur Jaeger, il paraît que les joues sont recouvertes d'écaillés.
X. PALiEONlSCUS MAGNUS AgaSS.
Vol. 2. Tab. i3 et i4-
Ce poisson a été confondu jusqu'à présent avec le P. Freieslebeni auquel il res-
semble beaucoup, et dont il ne diffère que par quelques particularités de la forme de
ses écailles et par son allure. Cependant il existe déjà plusieurs figures où il est assez
bien représenté 5 entre autres : Scheuchzer pisc. quer. et vindic. pi. 4- f- i et 3 ^
Wolfart Hist. nat. Hassiae infer. pars I. pi. i3. 14. f- i et i5; Mylius memor.
Saxonia? subterran. pars II. pi. 85 ; Walch et Knorr Natur. der Versteiner. Tom. I.
pi. 20. f. I ; sans cependant que ces auteurs aient cherché à le déterminer , ou seu-
lement à le distinguer de l'espèce commune que l'on trouve dans les mêmes lieux.
N'ayant point encore vu d'exemplaires des poissons fossiles d'East-Thickley que
M. Sedgwick a si bien représentés dans les Géol. Transact. , je ne puis affirmer pré-
cisément si et en quoi l'espèce à laquelle il a donné le nom de Palœothrissum magnum
diffère de celui du Zechstein d'Allemagne auquel j'ai donné le même nom spéci-
fique ^ mais ce qui est certain , c'est que l'espèce que de Blainville a nommée
Palaeothrissum magnum, d'après un exemplaire de la collection de M. Alex. Bron-
gniart, n'est pas du tout la même que celle à laquelle il a donné le même nom , d'après
des exemplaires qui lui ont été communiqués par 31. Sedgwick. Carie Palaeothrissum
magnum Sedgwick est bien du genre Palaîothrissum, mais le Palaeothrissum magnum
de Blainville de la collection de M. Brongniart appartient à un autre genre, auquel
j'ai donné le nom de Pygopterus et à l'espèce celui de Pygopterus Humboldti. Si
M. Sedgwick avait décrit la nature de la surface extérieure des écailles de l'espèce
qu'il représente, il eût été facile de décider la question de l'identité ou de la diffé-
rence des ichthyolithes d'East-Thickley et du Mansfeld. L'inspection des figures me
fait supposer que tous les Palœoniscus représentés dans les Transactions géologiques
sous les noms de P. macrocephalus, magnuset elegans, ne sont que des exemplaires
plus ou moins bien conservés d'une même espèce à laquelle on pourra conserver le
nom de P. elegans, si elle diffère de celles du Zechstein d'Allemagne.
Le Pala'oniscus magnus, tel qvie je l'ai établi, est une espèce très-distincte du P.
Freieslebeni par ses écailles plus larges et moins élevées, par ses dimensions moins
— 70 —
cflîlées et enfin par des rides moins nombreuses à la surfaee extérieure des écailles.
Quoique j'aie vu des exemplaires du P. Freieslebeni de tous les âges, présentant tou-
jours les mêmes caractères que je lui ai assignés plus haut, j'avoue cependant n'avoir
.vu encore que de grands exemplaires du Palaeoniscus magnus, à l'exception pourtant
de deux petits individus qui se trouvent au Muséum de Paris. L'on pourrait donc
penser que ces exemplaires ne sont que de vieux P. Freieslebeni (quoique j'en aie
vu un grand nombre de plus petits que les grands exemplaires du Freieslebeni que
j'ai figurés) , et cette objection serait majeure si la différence spécifique de ces deux
espèces ne consistait que dans les rides moins nombreuses à la surface des écailles
du magnus, puisqu'elles pourraient s'émousser avec l'âge : mais j'ai constaté, par
l'examen d'un assez grand nombre d'individus, que les différences dans les dimen-
sions des écailles ne sont point apparentes et ne sauraient provenir d'un déplacement
de leur position naturelle-, tout comme la largeur plus considérable du tronc ne pro-
vient point de l'aplatissement des exemplaires qui présentent ce caractère, les séries
des écailles étant trop régulières dans toute leur étendue pour qu'on puisse le sup-
poser. Les plus beaux exemplaires de cette espèce que j'aie vus se trouvent aux Musées
de Municb et de Paris. Les originaux des tables i3 et i4 sont de la collection donnée
au Muséum de Paris par M. de Humboldt; tous les deux nous font voir le poisson
par la surface interne des écailles du côté gaucbe : dans celui de la table i3, il y a
un lambeau d'écaillés du côté droit au-dessus de l'anale. La différence qu'il y a dans
l'état de conservation des nageoires de ces deux individus m'a engagé à les faire
figurer les deux; dans la table i4 on voit les écailles qui recouvrent les nageoires,
et dans la table i3 les articulations des rayons eux-mêmes.
Le Palœoniscus magnus atteint des dimensions assez considérables; la plupart des
exemplaires qui se trouvent dans les collections ont plus d'un pied de long. Il est
considérablement plus large que le P. Freieslebeni; son dos est voûté par une courbe
semblable à celle du ventre, qui lui donne un aspect fusiforme à cause du rétrécisse-
ment considérable de la partie du tronc postérieur à la dorsale et à l'anale. La tête
est médiocre ; plutôt petite que grande comparativement à la masse totale du poisson :
le museau forme aussi une saillie au-dessus et en avant de la mâchoire supérieure ;
l'orbite est également petite et très-avancée sur la tête; les pièces operculaires pa-
raissent plus grandes; mais la mâchoire inférieure est certainement plus grande et
ses branches plus élevées que dans le P. Freieslebeni. La ceintui'e thoracique est
très-forte et forme une saillie anguleuse au-dessus de l'insertion des pectorales, dont
on voit quelques rayons dans la table i3. Les ventrales sont en avant du bord an-
térieur de la dorsale ; elles paraissent généralement plus rapprochées du milieu de
l'abdomen, c'est-à-dire, du moins plus éloignées de l'anale que dans le P. Freiesle-
^ 80 —
béni; elles sont aussi plus grandes que dans cette espèce. La doisale n'en est pas
moins un peu en arrière du milieu du tronc; sa base est plus large, et toute la na-
geoire par conséquent plus grande aussi que dans l'espèce ci-dessus mentionnée.
L'anale insérée sur le bord oblique du rétrécissement de la queue est un peu plus ,
petite que la dorsale ; elle est plus rapprocbée du bord du lobe inférieur de la cau-
dale que des ventrales : les nageoires ont des rayons fendus à plusieurs reprises au
delà du milieu de leur longueur, et articulés à des espaces plus éloignés que les ar-
ticles ne sont larges ou que les rayons ne sont épais ; tandis que les écailles qui les
recouvrent sont plus petites, plus courtes du moins que ces articulations, et rangées
par séries régulières le long des rayons de manière à les recouvrir; tout le long du
bord antérieur de la dorsale , de l'anale et des ventrales il y a de petites écailles poin-
tues, allongées et très-grêles, accolées fortement contre les rayons qui les portent et
qui s'étendent jusqu'à l'extrémité des nageoires. La caudale a cela de particulier que
son lobe inférieur, étant moins large, paraît plus petit à côté du supérieur; cette
différence devient d'autant plus frappante que le prolongement de la queue, le long
du lobe supérieur, est moins étroit, les écailles qui le recouvrent moins allongées, et
les plaques impaires de son bord supérieur plus grandes et plus redressées ; le long
du lobe inférieur elles sont beaucoup plus petites. Les rayons mêmes de la nageoire
sont très-brancbus à leur extrémité et recouverts de très-petites écailles. Un des ca-
ractères les plus marqués de cette espèce, c'est la disposition et la forme des écailles;
les séries dorso-ventrales sont très-arquées en avant sur le dos, et droites, mais un
peu obliques sur les flancs jusqu'au bord de l'abdomen, où elles se tournent un peu en
arrière ; celles de la partie antérieure du tronc , dans lesquelles on compte plus de
trente écailles, tandis qu'il n'y en a qu'une vingtaine dans celles du P. Freieslebeni,
sont aussi plus larges que celles de son extrémité caudale, Toutes les écailles sont
moins élevées que celles du Freieslebeni; leurs côtés, par conséquent plus égaux,
ont des bords équilatéraux sur toute la surface du poisson jusqu'au prolongement de
la queue, où elles sont plus longues que hautes; en avant du tronc elles sont plus
grandes cependant que vers la queue. Leur surface extérieure est sculptée de rides
moins marquées et moins nombreuses, tandis que l'on distingue les rides d'accroisse-
ment concentrique, f. 2 et 3. tab. i3. ; leur surface interne ondulée présente à son bord
postérieur une sorte d'éventail , résultant de ces ondulations , f . 4 et 5. tab. i3. On voit
quelquefois des exemplaires de cette espèce qui ne paraissent pas plus larges que le
P. Freieslebeni; mais qui, du reste, ont tous les caractères que je viens d'indiquer;
ce sont surtout ceux qui sont fortement arqués par le ventre et dont le milieu du dos
est enfoncé.
— ai —
XI. Pal.eoniscus macropomus Agass.
Vol. 2. Tab. 9. f. G. et 7.
Palaeolhrissuin Gigas Agass. Cat. Msc.
Je ne connais pas de planche qui représente cette espèce, quoique les iclitliyolillies
du Zeclistein aient été si souvent figurés par les oryctographes. Il est vrai que celle-
ci est la plus rare et que l'on en trouve peu d'exemplaires bien conservés dans les
collections. Ceux que j'ai vus se trouvent aux Musées de Strasbourg et de Paris et
dans les collections particulières de MM. Scheitlin, Régley et Zieten. Les originaux
de mes figures sont de la collection de M. Piégley.
Cette espèce est très-distincte de toutes les autres. La forme est très-allongée j le
tronc, tout d'une venue, se rétrécit à peine vers la queue-, la tète est très-grande
proportionnellement, et de même très-allongée, elle égale ou dépasse même en
giandeur le quart de la longueur totale du poisson. Les écailles, parfaitement de
même dimension sur toute sa surface, sont de jjIus équilatérales , c'est-à-dire, que la
partie émaillée du moins , et qui est visible extérieurement , est aussi large que
haute; leur surface extérieure n'est pas entièrement lisse; l'on observe au contraire
des rides obliques de haut en bas , plus prononcées vers le bord antérieur des écailles ,
là où elles sont recouvertes par celles de la série précédente : cependant ces rides
sont peu nombreuses, et ne sont pas aussi rapprochées que dans l'Amblypterus ma-
cropterus, dont elles rappellent pourtant l'aspect. Les nageoires sont très-petites; la
dorsale, très-reculée, est opposée à l'intervalle qu'il y a entre l'anale et les ventrales;
ces dernières sont beaucoup plus rapprochées de l'anale que des pectorales, et par
conséquent aussi en arrière du milieu de l'abdomen , comme la dorsale est en arrière
du milieu du dos; les pectorales semblent plus grandes et même proportionnellement
plus allongées que dans les autres espèces. Le caractère le plus frappant de cette es-
pèce est la grandeur considérable des pièces operculaires et de l'opercule en particu-
lier, qui forme en arrière de la tête une saillie anguleuse qui s'avance sur la ceinture
thoracique. L'orbite, f. 7., est considérablement plus grande que dans le P. Freies-
lebeni, avec lequel ce poisson a quelques rapports de formes; les rayons branchios-
tègues sont aussi beaucoup plus allongés et plus étroits; on les voit distinctement
dans la fig. 6. C'est à cause de la grandeur des pièces opei'culaires que je l'ai appelé
P. macropomus.
Dans le 31usée de Strasbourg, il y a un fragment de queue d'un très-grand exem-
plaire, qui me paraît également appartenir à cette espèce et que j'avais d'abord
nommé P. Gigas. Ces ichthyolithes se trouvent ordinairement dans des géodes ovales.
L'exemplaire que j'ai représenté est fendu de manière à ce que l'on voit sur une des
TOM. II. 11
— 82 —
plaques (fig. 6.) les écailles du côté droit par leur surface extérieure au bord du dos,
et tout le long du ventre celles du côté gauche par leur face interne , et vice versa ,
sur la fig. 7 . , qui est la plaque opposée du même individu.
XII. Pal.eoniscus elegans Sedo-vv.
Cette espèce est représentée dans les Trans. Géol. 2" sér. vol. 3. tab. 9. f. i.
M. Sedgwick lui assigne pour caractères une tête plus petite qu'à ses P. magnus et ma-
croceplialus, et des lobes de la caudale plus égaux. Du reste elle est plus rare et se
trouve, avec les précédens, dans le calcaire magnésien d'East Tliickley. Voyez, en
outre, les détails qui se trouvent à pages 6g et 76, sur les rapports de cette espèce
avec celles d'Allemagne.
Les espèces du genre Palœoniscus sur lesquelles il importe de recueillir de nou-
veaux renseignemens sont :
1° Celle de Yisé, représentée dans les Annales de l'Académie de Bruxelles, t. 9. ,
par M. Davreux. Je crois que cette figure est tournée sens dessus dessous.
2° Celles d'East-Thickley, représentées par M. Sedgwick dans les Trans. Géol.
2*" série, vol. 3., tab. 8. et 9.
3° Celle qui est esquissée dans la Géol. du Yorksbire de Young, PI. 16. f. 7. et 8.
La figure 8 est renversée. Il provient d'un schiste alunifère.
4" Celle enfin dont il y a une figure dans le portefeuille de M. Cuvier, et dont
l'original appartient à M. Gibson,
Quant au genre Osteolepisj indiqué dans les schistes de Caithness par MM. Sedgwick
et Murchison, d'après l'examen que M. Yalenciennes a fait de deux espèces aux-
quelles il donne les noms d'Osteolepis macrolepidotus et d'Osteolepis microlepido-
tus, je ne le connais pas du tout. Je n'ai pas encore vu le plus petit fragment de ces
fossiles; mais il faut espérer que MM. Sedgwick et Murchison les feront bientôt
connaître.
— 83 —
J'ai déjà fait remarquer plus haut combien il est rare de trouver des traces du sque-
lette des Gauoïdcs, mais surtout du genre PaU-coniscus^ cependant, parmi les exem-
plaires de Muse, donnés au cabinet d'histoire naturelle de Neuchàtel , par M. Auguste
de MontnioUin , il s'est trouvé un fragment du Palœoniscus Voltzii oii l'on voit une
série de vertèbres caudales qui méritent d'être décrites. (Voyez la table D. du 2'' vol.
fig. I.). La colonne vertébrale est bien distincte depuis le bord antérieur de l'anale;
plus en avant on voit à peine l'empreinte de cinq ou six vertèbres qui n'ont laissé
dans le schiste qu'un léger enfoncement; en arrière, elle s'étend jusqu'au point où
le lobe supérieur de la caudale se sépare de l'inférieur. Au bord antérieur de ce der-
nier , il y a quelques grosses écailles cpii bordaient de ce côté le pédicule de la queue ;
il y en a quelques autres au-dessus du lobe même qui se trouvaient au bord supé-
rieur du prolongement caudal. Le corps des vertèbres n'a laissé aucune trace de son
existence; il n'y a- que les apophyses épineuses qui soient bien conservées. Mais cet
état de conservation est tel et en même temps si parfait qu'il laisse entrevoir une struc^
ture des vertèbres fort différente de ce que l'on connaît chez les poissons A'ivans. Ces
apophyses épineuses sont de véritables os en V, égaux dans la partie supérieure et dans
la partie inférieure de la colonne vertébrale; ils sont certainement détachés du corps
des vertèbres, puisque l'extrémité de leurs fourches , égale dans tous les os que l'on voit ,
ne montre aucune trace de fi-acture. La fourche est formée de deux os qui paraissent
aplatis à leur surface interne et arrondis extérieurement, inclinés l'un vers l'autre sous
un angle de quarante-cinq degrés; l'apophyse épineuse, qui naît de leur réunion,
est un peu plus longue que les côtés de la fourche et plus mince à sa base, mais
un peu renflée à son extrémité. Ces os ressemblent d'une manière frappante, en petit,
aux os en Y de la queue des reptiles et des cétacés. Les osselets interapophysaires de
l'anale, que l'on voit tous, sont arrondis et minces dans leur partie moyenne,
dilatés et comprimés latéi'alement à leurs deux extrémités, mais surtout à leur ex-
trémité inférieure, celle qui porte les rayons. Ceux du bord antérieur de la nageoire
sont plus longs que les apophyses épineuses des vertèbres de leur région , mais les
derniers sont très-courts. Les rayons du lobe inférieur de la caudale, dont on voit
l'empreinte, sont articulés sur les apophyses épineuses et sur les interapophysaires
qui les soutiennent, par une base très-rétrécie, se dilatant plus bas pour former les
articles des rayons.
Le mode d'insertion des apophyses épineuses que je viens de décrire, se retrouve
dans beaucoup de Ganoïdes, surtout dans les Caturus et les Thrissops. Av^c cette
disposition des vertèbres, l'on conçoit plus facilement la séparation des apophyses et
des corps de vertèbres, mais leur entière disparition, dans tant d'exemplaires, n'en
reste pas moins surprenante. Pour me rendre compte de ce fait, je suis obligé de
— 84 —
supposer que , lorsque le poisson flottait à la surface de l'eau par suite de la dé-
composition de ses parties molles, les corps des vertèbres se sont détachés des apo-
physes et ont été expulsés avec les intestins , lorsque les gaz qui se sont dégagés ,
ont fait rompre les parois abdominales 5 tandis que les apophyses épineuses ont pu
rester en place entre les muscles , ou bien disparaître aussi avec tout ce qui était con-
tenu entre les deux pans d'écaillés. On conçoit beaucoup mieux que ces cuirasses
émaillées ne se soient pas décomposées aussi vite , puisque les écailles sont souvent
engrenées les unes dans les autres par leurs bords , et si intimement liées qu'elles
pouvaient résister même à des chocs très-violens.
Comme tous les poissons osseux antérieurs à la Craie , ont des tégiunens semblables ,
il est très-naturel que l'on retrouve plus généralement leur enveloppe que leur sque-
lette. Dans les poissons des dépôts tertiaires, au contraire, dont les écailles ont une
disposition très-différente , qui leur permet de se détacher facilement du corps , on
retrouve plus fréquemment le squelette entier, dont toutes les parties, en revanche,
sont plus intimement soudées.
— IVo —
ADDITIONS AUX CHAPITllES PRECEDEI^S.
Dans le grand nombre d'espèces nouvelles de poissons fossiles que, grâce à la
libéralité des Savans anglais, j'ai pu observer pendant mon séjour en Angleterre en
1834, il s'en est trouvé plusieurs qui appartiennent aux genres dont j'ai déjà traité
dans les cbapitres précédens. Ne voulant cependant pas multiplier à l'infini les sup-
plémens, je préfère intercaler immédiatement à la suite des Palœoniscus toutes les
espèces de la famille des Lépidoïdes qui se rapportent aux genres Acantliodes , Ca-
topterusj Amblypterus et Palœoniscus j et faire suivre également quelques genres
nouveaux de cette famille, qui s'en rapprochent aussi plus ou moins.
/. Des espèces noiwelles du genre Pal^eointscus, et additions a celles qui sont
déjà écrites.
Outre les espèces du calcaire magnésien d'East-Tbickley, seulement indiquées à
la page 82 (xii et n" 2), et dont j'ai pu compléter les caractères, j'ai appris à en
connaître plusieurs qui sont absolument nouvelles. J'ai également pu rectifier une
indication relative aux espèces encore douteuses de ce genre : c'est que le poisson
figuré par M. Young, et mentionné au n" 3, page 82, n'est pas un Palcconiscus ,
mais bien une grande espèce nouvelle de LepidotuSj trouvée dans les schistes aluni-
fères du Lias de Witby. J'ai retrouvé de plus l'original du poisson indiqué au n° 4 :
c'est un vrai Palœoniscus du musée d'York, Enfin, le genre Osteolepis ne m'est
plus inconnu; j'ai vu dans la collection de M. Murchison les exemplaires originaux
des deux espèces qui ont été décrites.
J'examinerai d'abord les espèces nouvelles du calcaire de Burdie-House, qui sont
certainement celles qui présentent le plus d'intérêt, tant à cause de leur gisement,
qu'à cause de leurs caractères particuliers. Les travaux géologiques de M. Hibbert ont
déjà rendu cette localité classique, en même temps que les fossiles qui s'y trouvent
ont fait naître des discussions du plus haut intérêt pour la paléontologie. Aussi me
paraît-il important de rapporter sommairement ici les résultats auxquels M. Ilibbert
est arrivé, et qu'il a consignés dans son Mémoire sur le calcaire d'eaii douce de
Burdie-House dans le voisinage d Edimbourg, (Trans. de la Soc. R. d'Edimb.
Vol. xTii). Quant aux fossiles de cette localité, je m'attends encore à une vive oppo-
sition contre les idées générales que j'ai émises à l'occasion des poissons. Ces idées
ToM. II. ' 12
— 86 —
m'avaient été suggérées précédemment par l'examen de plusieurs genres dont les
espèces se trouvent dans différens musées d'Allemagne (*) ; je les ai reproduites aux
pages 62 et 63 de mon l\apport sur les poissons fossiles nouvellement découverts en
Angleterre, Je crois cependant que ma manière de voir n'a pas toujours été bien
comprise; du moins n'a-t-elle pas toujours été bien rendue par les auteurs^qui en ont
parlé. C'est pourquoi je désire présenter dans tous leurs détails les faits qui y sont
relatifs. Je suis persuadé que ces idées deviendront encore plus fécondes pour la
science lorsqu'elles seront plus répandues, et qu'elles ne seront plus abandonnées
avant d'avoir réagi sur tout le domaine de la Paléontologie. Cependant mon intention
n'est point d'entamer maintenant une controverse à ce sujet; je veux seulement ap-
peler l'attention des Géologues sur l'importance de cette question, qui est une ques-
tion tout-à-fait générale pour la Paléontologie , et engager ceux qui se livrent k des
travaux spéciaux sur d'autres classes de fossiles, à l'avoir présente à l'esprit dans
leurs recherches.
Le calcaire de Burdie-House doit être rapporté à l'étage inférieur du système car-
bonifère. Ses teintes varient beaucoup : souvent il paraît d'un gris bleuâtre ou
noirâtre, à cause des matières bitumineuses ou végétales qu'il contient en abon-
dance ; mais ordinairement il est brun. Il affecte très-rarement la structure cristalline
du calcaire de montagne des carrières voisines. Cependant, malgré son aspect ter-
reux, il est compact et très-dur; sa cassure est quelquefois schisteuse, surtout lors-
qu'il contient des lits très-minces de matières végétales ou bitumineuses; sans cela
il se brise en fragmens irréguliers à surface conchoïde, à peu près comme le Muschel-
kalk d'Allemagne. Sur place, ce calcaire présente des couches régulières, chacune
d'environ quatre pieds et demi d'épaisseur, s'inclinant au sud-est sous un angle de
23 à 23°. — 'Le calcaire de Burdie-House est très-pur; à l'exception des substances
organiques, il contient peu de matières étrangères; ce qui fait qu'on l'exploite avec
avantage pour faire de la chaux. Ici et là il est traversé par de petites veines de spath
calcaire. Il contient aussi une très-petite quantité de matière siliceuse, et quelquefois
du sulfure de fer entre ses couches.
Cette formation est surtout remarquable par les débris organiques qu'elle renferme,
et qui l'ont fait envisager comme un dépôt d'origine plutôt lacustre que marine. La
quantité de matière végétale répandue dans tout le calcaire de Burdie-House, forme
un de ses traits caractéristiques particuliers. Dans quelques couches, surtout dans
les supérieures , il y a même une quantité si extraordinaire de matière carbonisée ,
que tout le calcaire en prend une apparence bitumineuse; tandis que sur d'autres
(*) Voir enti'auties le Jahrbuch de Leonliaid et Broim, 1834, page 386.
— 87 —
points où celte matière est moins abondante , la roclie conserve sa couleur ordinaire
grise ou brune.
La plante la plus abondante dans les carrières de Burdie-House, est le Splieno-
pteris af finis de la Flore fossile anglaise de MM. Lindleyet llutton^ on ytrouve aussi,
mais plus rarement , le Sphcnopteris hifula et le ^pli. linearis. Parmi les antres plantes
on remarque des tiges de Lepidendron selaginoides j de L. ohovatum et de L. Stern-
ber"ii^ les feuilles du Lepidophjllwn intennedium y sont associées avec le Cjpevites
hicarinata; enfin on y trouve également les Lepidostrobus variabilis et ornatus. Ce
sont ces petites fougères et ces fragmens de Lycopodiacées qui prédominent dans le
calcaire de Burdie-House; cependant on y a découvert aussi des débris de Stiginaria
fîcoides et d'espèces moins communes des genres Sigillaria ^ Erpcisetum j Calamités
et Cj'clopteris.
On n'a point trouvé de grandes coquilles dans cette formation; en revancbe M. le
D' Hibbert y a découvert une immense quantité d'Entomostracés microscopiques,
qu'il a décrits et représentés sous les noms de Cypris scoto-burdigalensis et de
Daphnidia. Il y a également observé de petites coquilles enroulées comme les
Planorbes et les Spirorbes, et qui constituent peut-être un nouveau genre. De ces
faits et d'autres circonstances détaillées avec beaucoup de soin dans son Mémoire,
M. Hibbert a conclu que le calcaire de Burdie-House est d'origine lacustre.
Cependant ce sont les poissons trouvés à Burdie-House qui constituent la plus
belle découverte paléontologique due à M. Hibbert. Les espèces qu'il a recueillies
dans cette localité s'élèvent déjà au nombre de sept; l'une d'entr'elles appartient à
l'ordre des Placoïdes : c'est mon Gjracajiihus formosus _, dont on ne connaît encore
que des rayons dorsaux. M. Hibbert les a représentés dans son Mémoire, pi. 1 1, fig. i .
Je ne connais point d'analyse eliimique des gros rayons qui soutiennent les nageoires
de quelques Squales ; mais ce qu'il y a de certain , c'est que leur aspect n'est point celui
du reste du squelette des Cbondi^optérygiens ; aussi les différences chimiques signa-
lées par M. Connell entre ces rayons et les vertèbres des Squales, n'ont rien de sur-
prenant. Cependant il serait fort curieux de confirmer par l'analyse chimique des
rayons d'une espèce vivante, les rapports intimes que M. Connell a trouvés entre les
rayons d'une espèce fossile et les os du brochet. Et s'il est permis d'en juger par la
structure fibreuse de ces rayons, l'analogie sera complète, — Les six autres espèces
sont des Ganoïdes : le plus remarquable de tous est sans contredit le Megalichthjs
lîibberti Ag. , sur lequel M. Hibbert donne des renseignemens très -étendus,
pag. 24 — 45 tle son Mémoire, accompagnés de plusieurs figures, pi. 8, 9, 10 et 11.
Mais comme le Megalichthys appartient à la famille des Sauroïdes, je dois renvoyer
la publication de mes notes concernant cet énorme poisson jusqu'à ce que je sois
— 88 —
arrivé à la partie de ce volume qui contiendra tous les détails relatifs à cette famille.
Je dois seulement faire remarquer en passant, que l'on comprendrait mal les carac-
tères que j'ai assignés à ces poissons, si l'on pensait qu'ils forment une famille inter-
médiaire entre les poissons ordinaires et les reptiles. La manière dont M. Hibbert a
présenté les observations que je lui avais communiquées sur le MegalichthjSj prê-
tera peut-être un peu à cette méprise, quoique nulle pai't cependant il ne méconnaisse
sa place dans la classe des Poissons. En effet, mes Sauroïdes sont de vrais poissons;
ce sont les premiers poissons voraces qui aient vécu dans les mers d'autrefois, et,
comme tels, ils participent des caractères des Sauriens, qui n'apparaissent que plus
tard dans la série des formations. Du reste j'exposerai au long dans le i" volume de
cet ouvrage mes idées générales sur la succession génétique des êtres organisés et sur
les rapports que présentent les différentes classes du règne animal dans leur déve-
loppement progressif. — Un autre Sauroïde de Burdie-House est le Pjgoptenis
Bucklandi K^. , figuré pi. 7, f. 2 du Mémoire de M. Hibbert.
Trois autres espèces de Burdie-House appartiennent au genre Palœoniscus , qui
fait le sujet de cet article. La septième constitue un nouveau genre de la famille des
Lépidoïdes, genre intermédiaii'e entre les Palœoniscus et les Platysomus, et que
j'appelle Euiynotus. Pour prévenir toute confusion, je préviendrai ici mes Lecteurs
que Y Ambljptems auquel M. Hibbert fait allusion, page 24, est le même poisson que
mon Eurynotus, dont il parle du reste aussi au même endroit.
1. Pal.eoniscus RoBisoiM Hibbert.
Vol. 2. Tab. 10 a j fig. i et 2.
La plus petite des espèces de Burdie-House appartient au genre PalceonisciiSj tel
que je l'ai circonscrit, ayant de petites pectorales et de petites ventrales, et le bord
antérieur de la dorsale opposé, ou à peu près, à celles-ci. Ce qui la caractérise sur-
tout, c'est sa forme allongée et la ténuité de son corps, par où elle se rapproche le
plus du P. angustus d'Autun; mais ce en quoi elle diffère de toutes les autres espèces
du genre, c'est par la longueur beaucoup plus considérable des rayons antérieurs de
ses nageoires dorsale et anale, et par la grandeur de sa queue. En m'annonçant, il y
a plus d'un an, la découverte qu'il venait de faire à Burdie-House de divers ossemens
de grands animaux et de plusieurs espèces de poissons, M. Hibbert rapportait déjà ce
fossile au genre Palœoniscus. En lui donnant depuis le nom spécifique de P. Rohisoni^
M. Hibbert a voulu témoigner publiquement à M. Robison, secrétaire perpétuel de la
Société Royale d'Edimbourg, sa gratitude et celle de tous les géologues pour les soins
qu'il a pris de conserver les précieuses découvertes qui se font journellement dans les
— «9 —
carrières de Burdie-Ilouse, et d'empêcher surtout la dispcision des pièces détache'es
qu'on y rencontre, et qui seraient perdues pour la science si elles étaient disséminées
dans plusieurs collections éloignées. En acquiesçant aux mesures qui ont été prises,
la Société Royale d Edimbourg a bien mérité de la Paléontologie.
M. Ilibbert a aussi représenté cette espèce; lafig. 7 de la pi. G de son mémoire et la
fig. 3 de la pi. 7 en donnent une juste idée. Dans l'atlas de cet ouvrage, je me suis borné
à reproduire un dessin de l'exemplaire le plus complet , qui est celui de la fig. 7 , pi. 6
du 31émoire de 31. Ilibbert, et qui porte le n° 89 du Musée de la Société Royale
d'Edimbourg. M. Hibbert, LordGreenock et M. le professeur Jameson en possèdent
aussi des exemplaires. Lorsque j'ai visité Burdie-Ilouse avec M. Buckland, j'ai aussi
eu le plaisir d'en acquérir un. Cette espèce est la plus commtnie de celles de Burdie-
House.
Quoique ce ne soit pas ici le lieu de parler des nombreux coprolithes que l'on trouve
dans les couches de Burdie-House , puisqu'il est probable qu'ils proviennent du Me-
galichthys ou du Gyracanthus, je dirai cependant, en passant, qu'ils contiennent fré-
quemment de petites écailles rhomboïdales, à surface lisse, qui me paraissent être
celles du Palœoiiiscus Hobisoni; du moins je n'ai pu découvrir aucune différence
entre les écailles détachées de cette espèce que l'on trouve quelquefois éparses dans
le calcaire, et celles qui sont contenues dans les coprolithes. M. Hibbert donne,
page 53 de son Mémoire, des renseignemens très-importans sur la nature et la
conservation de ces substances fécales.
Cette espèce se distingue facilement de toutes celles du genre qui sont déjà connues j
elle est si élancée, que sa tête n'égale pas même le quart de la longueur totale du corps.
Les os de la tête ont leurs sxu faces lisses ; ceux du crâne seulement présentent quelques
stries peu marquées. La forme allongée de la tête et sa ténuité lui donnent un aspect
particulier que n'ont pas les autres espèces, dont le museau est ordinairement renflé
à cause de leur gros ethmoïde, tandis que le museau de celle-ci va en s'amincissant
jusqu'à son extrémité. Le tronc est^rèle aussi et tout d'une venue; il est légèrement
renflé en avant de l'insertion de la dorsale, et s'amincit insensiblement vers l'insertion
de la caudale. La dorsale occupe exactement le milieu du dos; les premiers petits
rayons de son bord antérieur sont vis-à-vis des ventrales, tandis que son bord posté-
rieur s'étend jusqu'au dessus de l'insertion de l'anale. Celle-ci est aussi grande que
la dorsale , et se termine un peu avant les premiers rayons du lobe inférieur de la
caudale. Ce qui distingue surtout la dorsale et l'anale dans cette espèce, c'est la
disposition de leurs rayons, dont les premiers, ou du moins ceux qui forment l'angle
antérieur saillant de la nageoire, sont considérablement plus longs que les suivans,
qui vont en diminuant insensiblement et finissent par n'avoir plus que le huitième de
— 90 —
la longueur des plus grands rayons. Cette disposition fait paraître ces nageoires très-
échancrées', à leur bord antérieur il y a de très-petits rayons accolés le long des plus
grands, et qui s'étendent jusqu'à leur extrémité. Les rayons de ces deux nageoires ne
sont pas très-grèles et se bifurquent à plusieurs reprises, mais à leur extrémité seule-
ment ] leurs divisions transverses sont assez éloignées pour que cbaque article paraisse
plus long que large. Les pectorales et les ventrales sont très-petites , composées de
rayons beaucoup plus courts, et même un peu plus grêles que ceux de la dorsale et de
l'anale ; leurs articulations transverses sont aussi plus éloignées que les rayons ne
sont larges. Malgré la ténuité de son corps, ce poisson se termine par une grosse
queue bordée d'une caudale également grande, eu égard aux petites dimensions de
l'animal qu'elle devait aider à se mouvoir. Le lobe supérieur de la caudale surtout est
vigoureux, et beaucoup plus long que l'inférieur. Tous les rayons de la caudale pa-
raissent un peu plus grêles que ceux de la dorsale et de l'anale^ ils sont aussi bifur-
ques plus profondément, et leurs divisions transverses sont un peu plus rapprocbées,
surtout au bord antérieur du lobe inférieur, qui se termine par une série de petits
rayons accolés tout le long des plus grands rayons. Ces petits rayons marginaux
sont cependant plus gros que ceux de la dorsale et de l'anale, et que ceux qui s'éten-
dent tout le long du bord supérieur du pédicule de la queue, qui porte les rayons du
lobe supérieur de la caudale. Tout le corps est recouvert d'écaillés rliomboïdales ,
mais dont la forme et les dimensions diffèrent suivant leur position; elles sont en
général petites; celles qui protègent les flancs sont les plus grosses et à peu près
équilatérales ; vers la queue et surtout sur le prolongement du corps qui porte la cau-
dale, elles sont plus allongées et considérablement plus petites. Leur surface exté-
l'ieure est complètement lisse dans toute la partie postérieure du corps ; sur celles des
flancs seulement , et en avant de la dorsale et des ventrales , on y remarque quelques
stries très-fines, vers leur bord postérieur du moins. A leur surface interne toutes
les écailles sont réunies les unes aux autres par de très-petits onglets articulaires,
correspondant à des fossettes semblables dans leurs bords supérieur et inférieur.
Cette surface des écailles n'est pas plane; car sur le milieu de cbacune d'elles il y a
luie quille verticale, qui, s'étendant d'un onglet articulaire à l'autre, forme des
saillies transversales parallèles aux séries d'écaillés. -
Cette espèce n'a encore été trouvée que dans le calcaire de Burdie-House,
- 91 - "
II. PaLEONISCUS STRIOL/VTUS Ag.
Yol. 2, Tab. lofi, fig. 3et4-
Le premier exemplaire complet que j'aie vu de celte espèce, et qui m'a fait re-
connaître ses caractères distinctifs, se trouve au Musée de la Société Royale d'Edim-
bourg, n" 82. M. le D' Ilibbert en possède de moins parfaits, qui sont figurés dans
son Mémoire, pi. 6, fig. 6, et pi. 7, fig. i, et quej'aA'ais pris d'abord pour le P. Ro-
hisoni. Plus tard, M. le Prof. Jameson m'en a communiqué un second exemplaire
plus entier et beaucoup plus grand. Ce qui distingue surtout cette espèce de la pré-
cédente, c'est sa forme moins élancée, ses écailles proportionnellement plus grosses,
satêle plus courte, et surtout la surface extérieure de ses écailles, qui, dans toutes,
est plus ou moins sillonnée de stries et de points irréguliers.
Le P. striolatus a le tronc fusiforme; la tête, moins large que le milieu du coips^
est comprise pi'ès de cinq fois dans sa longueur totale 5 l'orbite est petite, et les mâ-
choires paraissent très-fendues; cependant toute l'ossature de la tête est tellement
empâtée dans la roche, qu'il est impossible de distinguer chaque os en particulier;
leur surface extérieure n'est visible nulle part. La ceinture thoracique et les pecto-
rales ont complètement disparu, même dans l'exemplaire figuré, qui est le mieux
conservé de tous. Ceux que M. Hibbert a représentés et celui de M. le Prof. Jameson
n'ont pas même de tête. Les nageoires, dans cette espèce, diffèrent passablement de
celles du P. Pvobisoni. Les ventrales , un peu plus grandes , sont plus rapprochées de l'a-
nale ; celle-ci et la dorsale ont des rayons également très-allongés dans leur bord anté-
rieur ; ceux du bord postérieur cependant sont moins courts que dans le P. Robisoni, en
sorte que ces deux nageoires paraissent moins échancrées. Les articulations transverses
de leurs rayons sont rapprochées de manière à ce que les articles paraissent plus courts
que larges. Les bifurcations de l'extrémité des rayons sont plus profondes que dans l'es-
pèce précédente. Au bord antérieur de l'anale on voit encore quelques traces des petites
écailles qui recouvrent ordinairement les nageoires. Le lobe supérieur de la caudale
est très-allongé; il paraît avoir été infiniment plus long que le lobe inférieur- ses
rayons sont considérablement plus grêles et plus fendus que ceux des autres naoeoires.
Les écailles de ce poisson sont de moyenne grandeur, mais proportionnellement plus
grandes que celles du P. Robisoni; toute leur surface est ornée de sillons irré<yuliers
qui s'étendent sous la forme de stries interrompues par des points creux; ces sillons
sont sinueux; plus rapprochés et plus marqués au bord antérieur de chaque écaille
ils vont en divergeant vers son bord postérieur. Les écailles de la partie antérieure
du corps paraissent un peu plus grandes que celles de la partie postérieure ; elles sont
toutes rhomboïdales , équilatérales sur les flancs, et plus étroites vers le dos et vers
~ 92 —
les bords du ventre. Celles du pédicule de la queue, et surtout celles du prolonge-
ment de son lobe supérieur, sont beaucoup plus petites et plus allongées. Au bord
antérieur de la dorsale et de l'anale, on remarque de très-petits rayons courts et
serrés contre les grands rayons antérieurs de ces nageoires; il y en a de semblables
au bord inférieur du lobe inférieur de la caudale , qui ne sont cependant visibles que
dans l'exemplaire figuré par M. Hibbert, pi. 6, lig. 6. Au bord supérieur du prolon-
gement de la queue , il y en a de beaucoup plus grands et plus allongés ; ce sont pro-
prement des écailles qui se relèvent sur le milieu du pédicule de la queue et qui
s'étendent jusqu'à son extrémité. Au milieu du dos on remarque une série impaire
d'écaillés semblables, mais plus grandes, et qui se terminent en pointe moins allon-
gée. Sur l'exemplaire de ma figure, on en voit distinctement une qui a été délacbée
du tronc, et qui a été transportée sur la partie écbancrée de la caudale. La surface in-
terne des écailles porte des quilles moins saillantes et moins larges que le P. Robisoni.
III. Paleoniscus oknatissimus a g.
Vol. 2, Tab. 10 a j fig. 5, 6, 7 et 8.
Ce poisson m'a d'abord été communiqué par M. Jameson Torrie, qui l'avait trouvé
près de Burntisland en Fifesliire, dans un calcaire compact très-noir, appartenant,
comme celui de Burdie-llouse, à la formation bouillère. Dans le second envoi de
fossiles de Biirdie-House qui i^i'a été adressé par M. Hibbert, j'en ai trouvé deux
exemplaires. 11 serait dès-lors très-intéressant de connaître exactement les rapports
géologiques de ces deux localités. Dans le SvqDplément à son 3Iémoire sur Burdie-
House, à page iio, M. Hibbert nous promet une description détaillée du calcaire de
Burntisland.
Cette espèce se rapproche davantage du P. Robisoni que du striolatus; non seule-
ment elle est encore plus grêle que le P. Robisoni, mais c'est avec le P. longissimus ,
la plus allongée du genre. Les trois exemplaires que j'en ai vus sont représentés dans
les figures indiquées ci-dessus. La fig. 6 donne une idée exacte des dimensions de ce
poisson, tandis que dans la fig. 5 on voit distinctement la position respective des na-
geoires. Dans la fig. 7, ce sont les écailles qui sont le mieux conservées; on voit sur
toute leur surface et sur tous les os de la tête, des stries ondulées très-marquées.
Dans la fig. 8 on a représenté quelques écailles détachées de la partie antérieure du
tronc. La tête, quoique fort allongée, égale cependant le quart de la longueur totale;
sa partie antérieure va en s'aniincissant insensiblement jusqu'à l'extrémité des mâ-
choires ; la gueule paraît avoir été très-fendue. L'orbite est aussi proportionnellement
très-grande; elle est placée au bord supérieur de la tête. La surface de tous les os de
la tête est marquée de sillons irréguliers très-prononcés , et dont la direction est en
_ 95 -^
général longiludinale. Le corps est fort grcle, plus même que celui du P. Rohisoni.
Les pectorales sont plus grandes que les autres nageoires. Les ventrales occupent
exactement le milieu entre les pectorales et l'anale; celle-ci est aussi éloignée du lobe
inférieur de la caudale que des ventiales. L'égalité de la distance qui sépare les na-
geoires du côté inférieur du corps, donne à cette espèce un caractère particulier. La
dorsale est placée entre les ventrales et l'anale; ses rayons sont plus gros, quoique
plus courts, que ceux des pectorales et des ventrales. Le lobe supérieur de la caudale
paraît considérablement plus gros que son lobe inférieur; cependant cette nageoire
n'est bien conservée dans aucun des exemplaires que j'ai vus. Les écailles de la partie
antérieure du corps sont un peu plus grandes que celles de sa partie postérieure; les
stries sinueuses de leur surface y sont aussi plus marquées.
On a trouvé cette espèce dans le calcaire de Burdie-House et dans celui de Burnt-
island.
Jusqu'ici j'avais remarqué que les espèces de Palœonisciis du terrain houiller
avaient toutes leurs écailles complètement lisses ; celles de Burdie-House les ont ce-
pendant plus ou moins striées.
Les Palœonisciis du calcaire magnésien d'Angleterre sont déjà en partie très-bien
connus par les publications de M. le Prof. Sedgwick, qui en a donné d'excellentes
ligures à la suite de son Mémoire sur les relations géologiques et la structure inté-
rieure du calcaire magnésien, etc., inséré dans les Transactions géologiques, -ï^" sé-
rie, vol. 3, p. 37. Il est maintenant démontré que le calcaire magnésien est l'équiva-
lent géologique du Zechstein d'Allemagne. Après avoir décrit la structure, la posi- .
tion et l'ordre de succession des couches de cette formation, M. Sedgwick en fait
connaître les fossiles , sur lesquels il s'exprime comme suit : « Les excavations exé-
cutées pour l'établissement du nouveau chemin de fer de Stockton ont conduit à une
découverte d'un grand intérêt géologique. Dans les marnes schisteuses décrites pré-
cédemment, on a trouvé une grande quantité d'empreintes de plantes et de poissons.
Malheureusement beaucoup d'exemplaires des premières ont été détruits par les ou-
vriers ; les seuls que j'aie vus paraissent être des fougères. Cependant on a conservé
un grand nombre de bons exemplaires de poissons, parmi lesquels j'ai distingué des
parties de sept espèces au moins. Le genre Palœothrissiun de Blainv. est celui qui en
comprend le plus, et dont les espèces sont les plus communes. Ce savant naturaliste
a reconnu l'identité de deux de ces espèces avec le P. magnum et le P. macroce-:
'phalumj qui sont si communs dans les schistes de Thuringe. Il est peut-être encore
digne de remarque que, parleur état de conservation et leur position, qui dénote une
ToM. II. 13
— . 94 —
jnort convulsive, les exemplaires de Durham ressemblent exactement à ceux d'Alle-
magne. » Plus loin il ajoute : « Il paraît que beaucoup de ces fossiles ont été détruits
avant que l'on connût toute leur valeur. Cependant, ceux qui ont été conservés ayant
été dispersés dans diverses collections, ce n'est qu'à l'obligeance et aux communica-
tions de plusieurs personnes du comté de Durbam (parmi lesquelles je nommerai
surtout lord Barrington, le révérend T. Austin, le révérend S. Gamlin, MM. E. Pease
et H. T. Smitli de Darlington, et T. Piandyl de Stockton) , que j'ai dû de pouvoir re-
connaître les caractères distinctifs de ces fossiles. D'autres beaux exemplaires qui
m'ont été communiqués par MM. Blansbard, de Londres, et H. Witliam, d'Edim-
bourg, ont complété cette série, et m'ont mis à même de publier des figures plus ou
moins parfaites de toutes les espèces découvertes jusqu'ici. Dès le premier abord il
m'a paru évident que plusieurs de ces fossiles, malgré leur état de mutilation, res-
semblaient beaucoup aux célèbres poissons des schistes cuivreux d'Allemagne. Le
plus grand nombre d'entr'eux appartient sans aucun doute au genre Palœothrissiwij,
de l'ordre des Malacoptérygiens abdominaux,' qui est caractérisé par une caudale
fourcliue dont tous les rayons sont articulés sur son bord inférieur, et dont le lobe
supérieur, qui excède en longueur le lobe inféi'ieur, est couvert d'écaHles : ce genre
n'a qu'une dorsale, entre l'anale et les ventrales. On peut ajouter que toutes les es-
pèces qui offrent ces caractères paraissent avoLr eu des écailles très-dures , en partie
imbriquées et en partie juxta-posées , et rangées par séries obliques. Ces derniers ca-
ractères les rapprochent, en quelque sorte, de VEsojc osseus de Linné. Cependant,
comme il me paraissait très-difficile de préciser les cai'actères de ces fossiles, je sou-
mis plusieurs des premiers exemplaires trouvés dans ces fouilles, à Texamen de M.
de Blainville, qui a reconnu l'identité de deux de ces espèces avec celles de Mannsfeld,
que précédemment il avait établies sous les noms de P al œothrissum magnum et ma-
cro cephalum. >) —
Dans le voyage que j'ai fait en Angleterre en 1 834, j'ai eu occasion de visiter la
plupart des collections mentionnées par M. Sedgwick, parmi lesquelles j'ai surtout
distingué celle de M. Witham, et d'examiner en outre un grand nombre d'exemplaires
de ces poissons contenus dans les collections de la Société Géologique de Londres,
du Musée du Service uni de l'armée et de la marine, de M. Murchison, du Musée
d'Oxford, de la Société Royale d'Edimbourg, de M. le Prof. Jobnston de Durham,
de M. Trevelyan, du Musée de Newcastle sur Tyne, de celui de Witby et d'Yorck,
et de M'^'= Anne Surtees de Mainsforth. Par cet examen, j'ai pu m'assurer de l'exac-
titude des observations de M. Sedgwick, et j'ai eu plus d'une occasion d'admirer la
netteté des figures qu'il a publiées, et dont j'ai retrouvé presque tous les originaux.
Les espèces figurées par M. Sedgwick sont : i" Acrolepis Sedgwickii Ag., pi. 8,
fig. 3 du 3™"^ vol. de la 2™'= Série des Trans. de la Soc. Géol.j 2" Pygopterus mandi-
— 9o —
bularis Ag., ibid. pi. lo, fig. i , 2 et 3, et pi. 1 1 , (indiqué dans la Géologie de
Walcliner sous les noms de JSemopterjx mandibularis et de Sauropsis scoticits);
3° Plaiysomus striatus Ag., ibid. pi. 12, fig. 3 et 4 (sous le nom d'Uropteryx stria-
tus dans la Géol. de V^ alchner) \ 4° Pl^fj'soinus macrarusA^., ibid. pi. 12, fig. i et 2;
5° Platysomus pa/vus Ag., ibid. i" Série, vol. 4j pl- 2? et Ami. of Philos, vol. 6,
p. ii5. Il ne me reste à ajouter que quelques obseivations critiques sur les espèees
de Palœonisciis mentionnées par M. Sedgwick, auxquelles je joindrai la descrip-
tion de trois espèces nouvelles qu'il n'a point connues.
I. Palsoniscus elegans Sedg\^-.
Vol. 2, pi. 10 b, fig. 4 et 5.
Paleeothrissum elegans, Géol. Trans. 2""^ Série, vol. 3, pi. 9, fig. i.
Sur plusieurs centaines d'exemplaires de Palaeoniscus du Zeclistein d'Allemagne
que j'ai examinés, je n'ai reconnu que trois espèces, qui sont le P. Freieslebenii et
mes P. maçropomus et magnus. En les comparant maintenant avec celles du calcaire
magnésien d'Angleterre, je trouve que, malgré leurs nombreux rapports, les espèces
de ces différentes localités ne sauraient être envisagées comme identiques. En effet,
comme l'a déjà fort bien remarqué M. Sedgwick, son P. elegans est une espèce par-
ticulière, différant du P. Freieslebeni par des formes plus élancées, et surtout par
la plus grande uniformité des écailles sur toute la surface du corps. Le P. magnus de
Mannsfeld n'existe pas non plus en Angleterre 5 car l'espèce du calcaire magnésien à
laquelle M. de Blainville a cru pouvoir donner ce nom spécifique, et qui est la même
que son Palœothrissum macrocephalum d'Angleterre, diffère également des espèces
de 3Iannsfeld, en ce que ses écailles ont leurs bords supérieur et inférieur arqués , et
en ce que, à l'inverse du P. magnus d'Allemagne, celles des flancs sont beaucoup plus
hautes et plus grandes que celles de la queue, je l'appelle P. comtus. Parmi les exem-
plaires de Palœoniscus du calcaire magnésien que j'ai vus en Angleterre, j'ai re-
connu en outre trois espèces qu il est très-facile de distinguer de tous leurs congé-
nères ; je les ai appelées P. glaphyrus , P. macrophthahnus et P, longissimus. Les
différentes localités où l'on a trouvé ces poissons, sont : Midderidge, E. Thickley,
Darlington , Clarence Pvailway près de Mainsforth , AVest-Bolden , Ilougliton le
Spring, Witley près de Shields, et Rushyford. Elles paraissent se trouver également
sur ces différens points.
Le P. elegans est réellement, comme l'observe M. Sedgwick, l'une des espèces les
plus rares du calcaire magnésien. Il se distingue des autres espèces de ce genre par
ses formes élégantes et se^ dimensions bien proportionnées ; ^ussi mérite-t-il à tous
— 96 —
égards le nom spécifique qui lui a été donné. Sa tête égale environ un cinquième de la
longueur totale du corps ; mais elle est mal conservée dans l'exemplaire figuré dans
cet ouvrage. La surface de tous ses os est ornée de sillons divergeant dans le sens de
leur accroissement ; ces sillons sont plus larges et plus éloignés que dans le P.
Freieslebeni. L'ossature de la ceinture tlioracique paraît forte proportionellement ;
du moins l'on voit un large scapulaire dans l'original de ma figure. La forme géné-
rale du corps est celle d'un ovale très-allongé, de telle sorte que le milieu du dos est
à peine plus élevé que la nuque et le fort de la queue. Dans cet exemplaire, cette es-
pèce paraît encore plus large qu'elle n'est réellement, parce que les écailles du côté
gauche ont glissé le long du dos, et s'étendent visiblement au-delà de l'insertion de
la dorsale. Les pectorales, les ventrales, la dorsale et l'anale sont proportionnelle-
ment petites j les articulations transversales de la dorsale et de l'anale surtout sont
très-distantes ; cependant elles ne paraissent pas l'être, parce que les divisions alter-
nent d'un rayon à l'autre. L'extrémité des rayons est bifurquée jusqu'à la moitié en-
viron de leur longueur totale. Au bord antérieur de ces nageoires, on remarque de
très-petits rayons accolés aux plus longs. La caudale a exactement la forme de celle
du P. Freieslebeni ; cependant le prolongement de son pédicule, qui forme son lobe
supérieur, est plus étroit. Le lobe inférieur est aussi plus long que dans l'espèce sus-
mentionnée; c'est ce qui a fait dire à M. Sedgwick que les lobes de cette nageoire
étaient moins inégaux dans cette espèce que dans les autres. Ses rayons sont toustrès-
grèles, bifurques à plusieurs reprises jusque près de leur base, ce qui les fait pa-
raître encore plus minces ; les articulations transversales des rayons du lobe supé-
rieur sont si rapprochées, que les articles paraissent à peine plus longs que larges;
celles du lobe inférieur sont plus éloignées. Le long du bord inférieur de ce lobe il y
a de très-petits rayons qui ne sont visibles à l'œil nu qu'à sa base, tandis que sur le
bord supérieur du pédicule du lobe allongé, il y en a de très-grands qui sont moins
inclinés, et qui reposent sur les petites écailles atténuées de ce prolongement de la
queue. Les écailles ont à peu près la même forme par tout le coi'ps; elles sont cepen-
dant un peu plus grandes dans sa partie antérieure, mais elles n'y sont pas de beau-
coup plus hautes que longues, comme on le remarque dans le P. Freieslebeni. (Ce
caractère rapproche ini peu le P. elegans du P. magnus de Mannsfeld ; mais la forme
générale et les proportions du corps de ces deux espèces les distinguent sufîisam-
ment.) Leur surface est aussi plus lisse ; on voit seulement quelques stries vers leur
bord antérieur, et de petites échancrures serrées en forme de dentelure à leur bord
postérieur. Yers le bout de la queue, ces stries et cette dentelure disparaissent de plus
en plus , et manquent complètement sur les petites écailles allongées qui recouvrent
le prolongement du pédicule de la queue. On aperçoit à travers les écailles de la ligne
— 97 >-
latérale les petits tubes qui se prolongent dans le milieu de leur épaisseur, de leur
bord antérieur à leur bord postérieur, oîi ils s'ouvrent entre les dentelures de ce der-
nier. La fig. 4 représente quelques écailles de ce poisson, prises autour de la ligne la-
térale en avant et au-dessus des ventrales. Il est à remarquer que les bords supérieur
et inférieur de ces écailles, surtout de celles de la queue, sont aussi droits que leur
bord postérieur, tandis que dans le P. comtiis ils sont sensiblement arqués. Comme
dans toutes les espèces du genre, on remarque sur le milieu du dos une série d'é-
cailles impaires, dont le bord postérieur est arrondi j celles qui avoisinent le bord an-
térieur des nageoires sont plus grandes que les autres ; cependant elles le sont moins
que dans le P. Freiesleheni, et leur surface est marquée de moins de stries. M.
Sedgwick a déjà fait la remarque qu'une partie de ces écailles sont imbriquées, tandis
que les autres sont juxta-posées ; cela est vrai, en tant que le bord postérieur d'une
série antérieure d'écaillés repose davantage sur le bord antérieur d'une série suivante
dans toute la région antérieure du corps, et que, dans sa région postérieure, les sé-
ries d'écaillés qui se touchent ne reposent les unes sur les autres que par des bords
obliques, sans se recouvrir partiellement les unes les autres. Les bords supérieurs
des écailles antérieures du corps sont en outre munis d'un petit onglet articulaii'e qui
s'engrène dans une fossette du bord inférieur de l'écaillé voisine. Du reste leur surface
intérieure est lisse, et les onglets articulaires forment sur leur milieu des quilles à
peine perceptibles, tant elles sont déprimées.
Cette espèce^i'a encore été observée que dans le Calcaire magnésien d'Angleterre.
II. Pal^oniscus comtus Agass.
Vol. 2, tab. 10 i, fig. I, 2 et 3.
Palœotbrissum magninn, Géol. Trans. 2""' Séiûe, vol. 3, pi. 8, fig. i et 2. — Palœo-
thrissum macrocephalum , Géol. Trans. 2™" Série, vol. 3, pi. 9, fig. 2.
Malgré la grande imperfection de l'exemplaire dont je donne ici une figure, je l'ai
préféré à maint autre dont les contours, quoique plus parfaits, donneraient une idée
moins exacte des caractères dfstinctifs de cette espèce. Les allures du genre Palœo-
niscus sont maintenant assez connues pour que l'on puisse se représenter exactement
une espèce de ce genre dont on ne voit qu'une partie du corps. J'ai cependant exa-
miné un grand nombre d'exemplaires de ce poisson, qui est le plus commun de tous
ceux que l'on trouve dans le Calcaire magnésien. Son corps est proportionnellement
aussi large que celui du P. magnus de Mannsfeld. Sa tête égale le quart de sa lon-
gueur totale 5 tous ses os ont leur surface marquée de points disposés en séries irré-
gulières. Les pectorales sont de moyenne grandeur, proportionnellement plus grandes
— 98 —
que les ventrales, l'anale et la dorsale; la caudale est grande, mais ses rayons sont
moins grêles et moins bifurques que ceux du P. elegans; leiu's articulations trans-
versales sont aussi plus éloignées , tandis que celles de la dorsale et de l'anale le sont
moins. Les écailles varient considérablement de grandeur et de forme, suivant la
place qu'elles occupent; celles des flancs sont les plus grandes, elles sont plus hautes
que longues , et toute leur surface est ornée de sillons et de points très-serrés , à peu
près parallèles entre eux, et qui se terminent au bord postérieur par une dentelure
assez fine. Leur bord supérieur est concave, et leur bord inférieur convexe; vers le
milieu du corps ces bords sont à peu près droits , tandis que dans sa partie posté-
rieure , oïl les écailles sont beaucoup plus petites et aussi longues que hautes , leur
bord supérieur est convexe, et se prolonge dans le bord postérieur; en sorte que
l'angle supérieur et postérieur de ces écailles est sensiblement arrondi ; leur bord in-
férieur est concave. La surface de ces écailles n'est plus sillonnée que de quelques
stries irrégulières, et la dentelure du bord postérieur à peine distincte. Les écailles
du prolongement du pédicule de la queue sont très-petites , et d'autant plus allongées
qu'elles approchent davantage de son extrémité. Les tubes qui traversent les écailles
de la ligne latérale ne se trouvent pas exactement au milieu de ces écailles , comme
dans le P. elegans; ils sont plus rapprochés de leur bord supérieur, et obliques aux
écailles dans la partie postérieure du corps, tandis que dans le P. elegans , ils sont
parallèles à leurs bords supérieur et inférieur. Les onglets articidaires qui unissent
les écailles sont plus allongés et plus grands que dans l'espèce précédente, et les
quilles qu'ils forment à leur surface intérieure sont plus marquées.
A ces caractères, il sera toujours facile de reconnaître cette espèce, qui, par ses
traits saillans et sa fréquence dans les localités indiquées , doit être envisagée comme
une espèce caractéristique.
III. Palsoniscus glaphyrus Agass.
Vol. 2, tab. 10 Cj fig. I et 2.
Cette petite espèce n'a point encore été figurée ; cependant j'en avais déjà vu un
dessin dans le portefeuille de Cuvier : c'est l'espèce que j'ai citée à la page 21 du i"
volume de cet ouvrage. L'original de ma figure se trouve au Musée d'York ; il m'a été
communiqué par M. le Prof. Phillips.
Les traits les plus caractéristiques de ce poisson sont ses grandes écailles et la
brièveté de son corps. Sa forme extérieure est à peu près celle du P. Voltzii ou du
P. fidtus; mais il diffère des deux par la grosse dentelure du bord postérieur de ses
écailles. Cette espèce a la tête proportionnellement très-petite, égalant à peine la cin-
— 90 —
quièmc partie de sa longueur totale, et beaucoup moins large que le tronc- quoiqu'elle
soit très-mal conservée dans l'original de ma figure, on peut s'assurer cependant
qu'elle est entière , car on distingue l'extrémité des mâchoires cpii forme une houclie
très-petite. On aperçoit en dessus l'orbite, qui est proportionnellement beaucoup plus
grande. Les pièces opercnlaires sont aussi fort petites. En dessous et en arrière de la
mâchoire inférieure, ou distingue des traces de sept rayons branchiostègues. Les
pectorales ont entièrement disparu; mais on voit distinctement l'insertion des autres
nageoires. La dorsale occupe le milieu du dos ; son bord antérieur se trouve cepen-
dant un j>eu en arrière des ventrales. Les rayons de toutes les nageoires sont moins
rapprochés les uns des autres que dans les autres espèce* du calcaire magnésien 5 et
par ce caractère, cette espèce se rapproche davantage de celles d'Autun, comme elle
leur ressemble aussi beaucoup par sa forme trapue. Tous les rayons sont très-fendus,
mais leurs bifurcations sont moins nombreuses que dans la plupart des autres espèces
du genre. Au bord antérieur des nageoires, on distingue facilement les petits rayons,
qui sont accolés contre les plus grands ; ils diffèrent de ceux des autres espèces en ce
qu'ils sont plus allongés et moins serrés contre le bord des nageoires. Les écailles
(fig. 2) sont proportionnellement très-grandes sur toute la surface du corps ; celles
des côtés de la queue seulement sont un peu plus petites ; leur surface extérieure est
complètement lisse -, tous leurs bords sont droits ; au bord postérieur, on distingue une
dentelure très-marquée, dont les pointes, très-distinctes les unes des autres, sont
proportionnellement très-allongées. Toutes les écailles sont fort minces; on distingue
à leur surface intérieure de gros onglets articulaires qui s'engrènent dans de larges
fossettes triangulaires ; d'une écaille à l'autre on voit s'étendre une quille très-étroite,
mais très-marquée. La ligne latérale s'étend directement de l'angle supérieur de l'o-
percule à l'extrémité de la queue.
Cette espèce provient du calcaire magnésien d'Angleterre,
ÏV. Pal-egniscus macrophthalmus Agass.
Vol. 2, Tab. 10 c, fig. 3.
Autant le P. glaphjrus se distingue de ses congénères par la petitesse de sa tête,
par la largeur de son corps et par la grosseur de ses écailles, autant il est facile de
reconnaître le P. macrophthalmus à des caractères directement opposés. En effet,
cette espèce a la tête très-grande , et, proportionnellement aux dimensions du tronc,
elle est aussi très-grosse; sa longueur n'est comprise que trois fois et demie dans la
longueur totale du poisson; sa largeur paraît avoir été plus considérable même que
celle du milieu du tronc. L'orbite est très-grande, placée immédiatement au dessus
— 100 —
de la mâchoire et à la partie antérieure de la tête, qui se termine par un museau très-
obtus, arrondi et plus saillant que la mâchoire inférieure, dont les branches sont
étroites. En dessous de la mâdioire inférieure, on voit des traces de neuf rayons bran-
chiostègues au moins, dont le premier est fort large; les suivans, qui sont beaucoup
plus étroits, s'allongent insensiblement. La surface des os du crâne est ornée de stries
et de points irréguliers. La ceinture thoracique est très-vigoureuse ; l'humérus, qui
est le plus large de ses os, forme à peu près un angle droit avec le scapulaire. Le
corps est très-étroit, tout d'une venue ; le milieu du dos n'est pas plus élevé que la
nuque ; le pédicule de la queue seulement se rétrécit un peu avant de se prolonger le
long du lobe supérieur de la caudale. La dorsale est un peu plus rapprochée de la cau-
dale que de la tête ; elle occupe l'intervalle qu'il y a entre l'anale et les ventrales.
Celles-ci sont beaucoup plus rapprochées de l'anale que des pectorales. Toutes ces na^
geoires sont petites ; leurs rayons, extrêmement grêles, sont à peine bifurques à leur
extrémité 5 leurs articulations transversales sont très-distantes ; à leur bord antéi-ieur
on distingue, à l'aide de la loupe seulement, de très-petits rayons accolés aux plus
grands. La caudale présente également quelques particularités : ses rayons sont un
peu moins grêles que ceux des autres nageoires du tronc 5 sOn lobe inférieur est presque
aussi large et aussi long que son lobe supérieur. A son bord inférieur, on distingue à
peine de petits rayons accolés le long du plus grand , tandis qu'il y en a de très-visi-
bles et de très-allongés tout le long du bord du lobe supérieur. Les écailles sont très-
petites ; celles de la partie postéi'ieure du corps ne le sont pas sensiblement plus que
celles de la partie antérieure 5 celles du prolongement du pédicule de la queue seule-
ment sont plus allongées et plus étroites ; leur surface extérieure est sillonnée par
quelques stries irrégulières. Je n'ai point aperçu de dentelure à leur bord postérieur;
les onglets articulaires de leur surface intérieure sont à peine visibles ; cependant on
y distingue des quilles très-plates qui traversent les écailles.
Du Calcaire magnésien d'Angleterre.
L'exemplaire original de ma ligure, qui est le plus beau que j'aie vu de cet espèce,
appartient à M. Riepley de Witby .
V. PaL^EONISCUS LONGISSIMUS Agass.
Yol. 2, tab. 10 c, fig. 4-
Le P. longissimiis diffère tellement de toutes les espèces déjà décrites, que peu de
mots suffiront pour le caractériser nettement. 11 paraît ne pas être très-rare, car j'en
ai vu plusieurs exemplaires dans les collections de M. Witham et de M. Randyll,
ainsi qu'au Musée d'Yorck. L'original de ma figure appartient à M. Witham. L'un
— 101 —
de ceux de M. Kandyll est surtout instructif, en ce qu'il prosente ce poisson par sa
face supérieure^ il montre évidemment que c'est une espèce plus arrondie que toutes
les autres de ce genre j sa longueur est même plus considérable, proportionucllcment
à sa largeur.
Les poissons fossiles auxquels on peut, d'après les détails de leur ostéologie,
supposer un corps plat, plus ou moins large, ne se présentent jamais autrement
dans les roches que couchés sur le flanc , tandis que ceux dont le corps est plus ou
moins arrondi, présentent tantôt les flancs, tantôt les faces supérieure ou inférieure.
Ceux dont la tête est déprimée ou comprimée, et dont le corps est arrondi, sont fré-
quemment tordus à la nuque ; il en est de même de ceux dont la tête est plus ou moins
arrondie, et dont le corps est plat.
Dans le P. longissimus _, la tête paraît avoir été arrondie comme le tronc; la sur-
face des os du crâne est granulée, c'est-à-dire qu'elle est ornée de points saillans,
plus ou moins allongés et en séries sur les fi'ontaux, et formant des stries irrégulières
sur les plaques operculaires et sur les os de la ceinture thoracique. La tête égale en-
viron un sixième de la longueur totale du corps. 11 est diflîcile de s'en faire une juste
idée d'après l'exemplaire de ma figure, tant ses os sont disloqués; mais on en voit
nettement plusieurs parties dans celui de 31. Pxandyll, dont je viens de parler.
Les nageoires sont proportionnellement petites, et, vu la longueur considérable du
poisson, elles paraissent fort éloignées les unes des autres. La dorsale, qui est op-
posée aux ventrales, occupe le milieu du dos. L'anale est un peu plus rapprochée du
lobe inférieur de la caudale que des ventrales. Je n'ai vu les pectorales que dans l'exem-
plaire de M. Randyll; leurs rayons paraissent être plats, ils ne sont bifurques que
jusqu'au tiers de leur longueur ; leurs articulations transversales sont assez éloignées
pour que chaque division d'un rayon paraisse beaucoup plus longue que large. Il en
est de même des rayons de la dorsale, de l'anale et des ventrales. Les rayons du lobe
inférieur de la caudale sont sensiblement plus gros que ceux de son lobe supérieur ;
les premiers ne sont bifurques qu'à leur extrémité. Tous ces rayons ont des articu-
lations transversales très-rapprochées. Les petits raj^ons du bord inférieur de la na-
geoire sont très-courts; ceux de son bord supérieur sont beaucoup plus grands, très-
allongés et pointus ; ils deviennent successivement plus petits jusqu'à l'extrémité du
prolongement du pédicule de la queue.
Comme dans tous les poissons arrondis, les écailles ont été disloquées en s'aplatis-
sant avec le corps ; elles sont de moyenne grandeur, généralement plus longues que
hautes ; celles du milieu des flancs seulement sont équilatérales. Leur surface est mar-
quée de stries et de points irréguliers, plus nombreux dans celles de la partie anté-
ToM. II. 14
-^ 102 —
rieure du corps ; le bord postérieur de celles-ci présente une fine dentelure, qui est
à peine visible dans celles de la queue. Toutes ces écailles sont très-épaisses.
Le P. longissinius n'a encore été trouvé que dans le Calcaire magnésien d'An-
gleterre.
Dans son rapport sur la Géologie, la Minéralogie, la Botanique et la Zoologie de.
Massacbussets, publié en i833, M. llitchcok a donné de nouveaux détails sur le gi-
sement du poisson que j'ai décrit sous le nom de Palœoniscus fultiis , vol. 2, p. 43,
tab. 8, fig. 4 et 5. Il en a également donné une figui'e dans son Atlas, Tab. i4,
fig. 46. L'original de ma fig. 4? qui se trouve à Paris dans la collection de M. Alex.
Brongniart, me paraît être la contr'empreinte de l'exemplaire publié par M. Hitcbcok;
du moins le sommet de la tête et ses côtés présentent- ils exactement les mêmes sail-
lies accidentelles et la même dislocation des os du crâne. Les pectorales, les ven-
trales et l'anale présentent aussi absolument la même position. Il ne peut donc y
avoir aucun doute sur l'identité de ces deux poissons ; aussi suis-je convaincu que
c'est par inadvertance que la partie inférieure et la partie supérieure de la caudale
ont été rendues symétriques dans le dessin de l'ouvrage américain. J'aurai plus tard
occasion de parler des autres espèces figurées par M. Ilitcbcok. D'après les rensei-
gnemens donnés par cet auteur, il paraît que les scbistes bitumineux de Middletown
(Sunderland, Mass.) et ceux de West-Springfield appartiennent au terrain du grès
bigarré ; M. Ilitcbcok ajoute « que Sunderland est la seule localité où l'on puisse se
procurer encore de ces fossiles. Là les scbistes forment les bords de la rivière, à une
bauteur de plusieurs pieds \ cependant les icbtbyolitbes sont le plus abondans dans la
partie inférieure des coucbes, qui correspond environ au niveau des basses eaux. J'en
ai exploité, dit-il, des centaines d'exemplaires dans cet endroit; cependant il est fort
rare d'en trouver de parfaits. Sur une plaque de scbiste, large de i5 pouces sur 3
pieds de long, que je possède, on voit distinctement l'empreinte de sept poissons. Il
m'est même arrivé assez souvent de rencontrer vin poisson coucbé en travers sur un
autre, sans en être séparé par la plus mince couclie de rocbe. Aussi , d'après ces exem-
plaires , est-il facile de concevoir comment l'on a pu commettre la méprise de croire
que , parmi les poissons de Monte-Bolca , on en ait trouvé un dans l'acte même d'en
avaler un autre. Une couche mince de matière carbonifère indique ordinairement la
place oîi il se trouve un poisson ; cependant les contours de la tête ne se distinguent
le plus souvent que par des rides irrégulières. Quelquefois on rencontre ime couche
— 105 —
très-mince de chaux carbonatéo fibreuse, qui, ayant une couleur cVun gris lustré,
donne à ces exemplaires Taspcct de poissons qui viennent de sortir de l'eau. Souvent
les exemplaires sont très-mutilés, tellement même que la forme du poisson est entiè-
rement détruite , et que les écailles et les nageoires sont pêle-mêle , et cela à côté
d'autres exemplaires qui sont entiers. Cette circonstance ne nous permet pas d'attri-
buer ces mutilations, comme on a coutume de le faire, à une force destructive agis-
sant sur la roche lorsque le poisson y a été déposé , ou plus tard -, mais si nous sup-
posons que les poissons, lorsqu'ils périrent, furent successivement enveloppés de
limon, on conçoit aisément comment quelques-uns d'entr'eux ont pu se décomposer
et tomber en pièces avant d'être enterrés assez profondément pour être préservés. Il
se pourrait aussi que plusieurs de ces poissons eussent été dévorés par d'autres ani-
maux; et, dans ces deux cas, nous devons nous attendre à n'en trouver que des frag-
mens fossiles. La grande ressemblance de ces fossiles avec ceux des schistes bitumi-
neux de 3Iannsfeld a déjà été remarquée ; il est probable qu'ils appartiennent tous au
genre Palœothrissum. »
L'espèce dont il s'agit ici est fort rare en Amérique ; elle n'a pas encore été trou-
vée ailleurs. Ce que M. ïlitchcok rapporte de son état de conservation, est parfaite-
ment d'accord avec ce que j'ai dit des Palœoniscus de Mannsfeld, à la page 70 et suiv.
de ce volume.
Dans les collections de Lord Cole et de Sir Ph. Egerton, j'ai encore observé plu-
sieurs beaux exemplaires du Palœoniscus Diwenioj, également de Munster-Appel,
comme ceux qui sont décrits pag. 45 et suiv. Parmi les exemplaires de Lord Cole^
j'en ai remarqué un dont la forme est plus large, le corps plus court, les écailles plus
grandes et l'anale plus longue que dans les auti^es. Cependant cet exemplaire n'est pas
assez bien conservé pour qu'il soit possible de décider si ces différences résultent de
son état de conservation , ou si ce sont des indices de l'existence d'une seconde espèce
dans cette localité. En les signalant ici, j'ai voulu fixer l'attention des paléontologues
qui pourraient avoir l'occasion d'observer un grand nombre d'exemplaires de ces
fossiles.
Dans ces mêmes collections, j'ai aii un plus grand nombre d'exemplaires du Pa-
lœoniscus macropomus j tous provenant dllmenau, qui confirment pleinement les
différences indiquées entre cette espèce et les P. Freieslehenietmagnus. M. le comte
— 104 -^
de Munster m'écrit aussi que tous les exemplaires qu'il a vus proviennent des mines
abandonnées d'Ilmenau, que ce poisson y était assez commun, mais qu'il est difficile
de s'en procurer maintenant, et qu'il s'y trouve toujours dans des géodes nommées
Schwielen par les mineurs, et jamais dans les schistes proprement dits. On trouve
aussi dans ces géodes de beaux fucus. A Eisleben, à Mannsfeld et à Riegelsdorf, M.
le comte de Munster n'a nulle part trouvé le P. macropomus .
Le Palœoniscus de New-Haven, indiqué dans les Proceedings of the 4 Meeting
Brit. Ass. pag. 76, est ime espèce que je ne connais encore qu'imparfaitement j je la
désignerai provisoirement sous le nom de
PaL.CONISCUS CARINATUS Ag.
Yol. 2, Tab. 4^^fig. I et 2.
Je ne connais encore qu'un seul exemplaire de cette espèce, qui se trouve dans la
collection de Lord Greenock, mais dans un état de conservation tel, qu'il est impos-
sible de reconnaître tous ses caractères. On ne voit de la tête qu'une partie des pièces
operculaires, et un fragment de la mâchoire inférieure, dont le bord est armé de très-
petites dents en brosse rude ; le tronc est entier, il est vrai , mais les rayons des na-
geoires manquent complètement, excepté la base de ceux de la caudale, qui sont très-
fins. On voit aussi de grosses écailles acuminées en forme de petits rayons le long du
prolongement du pédicule de la queue; à son bord inférieur, on aperçoit la base de
quelques rayons de l'anale. Les dimensions de ce poisson le rapprochent du P.fultus
et du macropomus ; mais il me j^araît différer de toutes les espèces du genre par la
grosseur plus considérable des écailles qui recouvrent les parois abdominales, et qui
sont beaucoup plus grandes que celles de la queue , du bord du dos et du milieu du
ventre, où l'on n'aperçoit que des écailles très-étroites, dont la longueur est au moins
double de leur largeur. Ce qui rend surtout difficile l'appréciation des caractères de
cette espèce, c'est que l'on voit toutes les écailles du côté droit seulement par leur sur-
face interne ; on ne peut se faire qu'une idée incomplète de leur surface extérieure
d'après le petit nombre de celles qui sont tombées. Comme ces empreintes sont assez
distinctes et parfaitement lisses, il est probable que la surface extérieure des écailles
n'était ornée d'aucun dessin particulier. Quant à leur surface interne, elle est égale-
ment lisse ; sur son milieu s'élève une quille plate, qui, au bord supérieur de l'écaillé,
— lori —
se prolonge en un gros onglet articulaire très-pointu. Au bord inférieur, on observe , en ar-
rière de cette quille , une dépression triangulaire assez grande pour loger l'onglet articulaire
de l'écaille inférieure. A l'angle postérieur de l'opercule, on aperçoit sur les six premières
écailles un tube étroit, qui les traverse complètement d'avant en arrière. A en juger seule-
ment d'après les dimensions des écailles des flancs, il ne serait pas impossible que ce poisson
appartint au afenre Àmblyplerm. De meilleurs exemplaires, sur lesquels on pourra distinguer
nettement la structure des nageoires , décideront de sa position générique. L'exemplaire qui
vient d'être décrit a été trouvé dans une géode de fer hydraté carbonate de Nevi'-Haven près
de Leith.
Je dois ajouter encore, pour compléter ces additions au chapitre des Pala?oniscus, quelques
indications sur deux des espèces qui viennent d'être décrites.
1) Il existe dans la collection de M. le professeur Jameson des échantillons de calcaire de
Rutherford Inn, à 17 milles au sud d'Edimbourg, sur lesquels on remarque des écailles du
P. Robisoni, avec de petites coquilles qu'on envisage généralement comme des Planorbes.
2) Il existe dans la collection de New-Castle un échantillon du Palœoniscus comttis , sur
lequel on distingue les apophyses épineuses des vertèbres abdominales , qui sont courtes , di-
latées à leur extrémité et tronquées. Elles sont assez distantes l'une de l'autre, ce qui prouve
que les corps de vertèbres étaient au moins de moyenne longueur.
3) Un exemplaire de la même espèce , dans la collection de M. Witham , fait voir que les
écailles de la face inférieure du corps sont beaucoup plus petites, plus étroites et plus allon-
gées que celles des côtés. En revanche, il y en a plusieurs très-grandes à la racine de l'anale.
//. Nouvelles espèces dv genre Amblypterus.
Avant de passer aux nouvelles espèces que j'ai reconnues dans les collections d'Angleterre,
je dois mentionner ici une espèce du Muschelkalk d'Allemagne, dont la découverte est due à
M. le comte de Munster, c'est le
Amblypterus Agassizu Munst.
Sous ce nom, M. le comte de Miinster m'a communiqué plusieurs dessins d'une espèce de
poisson fossile trouvée dans le Muschelkalk d'Esperstaedt en Thuringe. Cette espèce a tous les
caractères des Amblypterus : la forme et la position des nageoires, la ténuité de leurs rayons,
l'aspect des écailles et la configuration générale du tronc sont les mêmes ; elle se rapproche
même à plusieurs égards de V À . macropterus , décrit ci-dessus, pag. ol. Mais, d'un autre
côté , le museau est plus allongé , et la mâchoire supérieure forme une saillie arrondie au
Carton ToM. II.
— 106 —
dessus de la mâchoire inférieure, saillie qui résulte probablement, comme dans les Palaeo-
niscus , du développement considérable de Telhmoïde. Jusqu'ici j'avais cru ce caractère ex-
clusivement propre aux Palseoniscus , n'ayant vu que peu d'exemplaires du genre Amblyp-
terus dont la tête fût assez bien conservée pour ne me laisser aucun doute sur sa forme.
La dorsale et l'anale sont également grandes, mais leurs derniers rayons sont fort courts ,
ce qui fait paraître ces deux nageoires très-échancrées. Le bord antérieur de la dorsale est
sensiblement plus rapproché de la tète que celui de l'anale ; les ventrales et les pectorales sont
plus petites que dans \'.4. macropterus. Les rayons des pectorales sont plus allongés que ceux
des ventrales. Les écailles sont très-petites ; on les voit en grande partie par leur face exté-
rieure, qui est finement striée vers le milieu du corps ; ces stries sont à-peu-près parallèles aux
bords supérieur et inférieur des écailles ; vers le dos , elles divergent plutôt en éventail , et
vers la queue, elles redeviennent plutôt parallèles. Leur face interne est entièrement lisse,
avec un onglet articulaire au milieu du bord supérieur et une fossette correspondante à son
bord inférieur. Dans la tête , on distingue nettement la saillie que forme le bord antérieur du
museau au dessus du maxillaire supérieur ; le maxillaire inférieur est proportionnellement
grand et vigoureux ; les pièces operculaires sont étroites et se dirigent obliquement vers l'in-
sertion de la pectorale ; à leur bord on aperçoit quelques franges qui pourraient bien être des
traces des branchies.
L'espèce n'est encore connue que par un seul exemplaire qui se trouve dans la collection
de M. le comte de Munster. Il est à-peu-près complet, car il ne manque que la caudale et
une partie du pédicule de la queue. Ses dimensions sont à-peu-j)rès celles de notre Spirlin.
C'est, jusqu'à présent, la seule espèce d'Amblypterus que l'on ait signalée dans le Muschel-
kalk, et à cette occasion je dois rendre un juste tribut de reconnaissance au zèle de mon sa-
vant ami M. le comte de Miinster. Il ne s'est pas seulement borné à enrichir la paléontologie
d'une foule de matériaux précieux. Depuis que j'ai déterminé les poissons de sa superbe col-
lection , il s'est livré avec un soin si particulier à l'étude des poissons fossiles, qu'il distingue
maintenant facilement leurs différences spécifiques, même sur des fragmens incomplets." Il a
souvent l'attention de m'envoyer des descriptions et des croquis des espèces nouvelles dont il
enrichit tous les jours l'ichtliyologie.
En poursuivant ses recherches sur la formation houillère d'Ecosse , lord Greenock
a fait une découverte fort importante pour l'avancement de nos connaissances sur les
poissons fossiles. Dans les schistes bitumineux de Wardie , qui contiennent une im-
mense quantité de géodes de fer hydraté carbonate , il a remarqué que ces masses -,
presque toutes arrondies et déforme plus ou moins régulière, contiennent comme noyau
— 107 —
quelque débris organique, soit un coprolithe, soit une portion plus ou moins consi-
dérable de poisson fossile. Les eaux de la nier, qui baignent ces couches, détachent
facilement ces géodes que l'on trouve en grande aljondance à New-llaven près de
Leith. C'est là que lord Greenock a ramassé ses beaux Ichthyolithes ; on en a égale-
ment trouvé sur la côte opposée et à Inchkeith. La collection de lord Greenock con-
tient le plus grand nombre de fossiles de ces localités , parmi lesquels j'ai distingué au
moins huit espèces de poissons, et entr'autres plusieurs Ainbljptcrus. D'autres es-
pèces appartiennent au genre Pjgopterus de la famille des Sauroïdes ; c'est proba-
blement de celles-ci que proviennent les nombreux coprolithes que l'on trouve aussi
dans ces géodes , et qui contiennent fréquemment des écailles de ces mêmes Ambly-
pterus. D'autres poissons, des genres lùirjnoùis et Acantliodes j n'ont été trouvés
jusqu'ici que par fragmens incomplets ; en sorte que l'on doit s'attendre encore à de
nouvelles découvertes intéressantes, qui enrichiront la Faune de la formation houil-
lère. Parmi ces fragmens, il y a des traces certaines de Placoïdes , que je décrirai
plus tard. M. W. Trevelyan m'a également communiqué de beaux exemplaires de
ces poissons. J'en ai vu d'autres au musée d'Oxford, qui m'ont été communiqués par
M. le professeur Buckland. — ■ Les espèces du genre Ambljpterus trouvées à New-
Haven , sont :
i, Amblypterus nemopterus Ag.
Yol. 2. Tab. 4 Jfj fig- I et 2.
Cette espèce ressemble beaucoup à VA. macroptenis de Saarbriick ; et si je n'en avais
pas vu des exemplaires très-complets, je n'aurais pas osé me prononcer sur la diffé-
rence spécifique bien caractérisée qui les distingue. La forme générale de V Ambly-
pterus nemopterus est la même que celle du macroptenis : la partie antérieure du tronc
est environ du double plus large que le pédicule de la queue, et le dos est uniformé-
ment arqué. Les rayons des nageoires sont grêles, et ceux du bord antérieur de la
dorsale et de lanale considérablement plus allongés que ceux du bord postérieur de
ces nageoires. Les pectorales et les ventrales sont également acuminées. Ce sont ces
caractères surtout qui distinguent l'espèce de New-Haven d'avec celle de Saarbriick ,
dont les larges pectorales et les ventrales sont très-arrondies, et dont la dorsale et
l'anale n'ont pas de rayons très-allongés à leur bord antérieur.
La tête de cette espèce est petite , égalant environ un cinquième de la longueur
totale du corps; l'œil, également petit, est placé tout-à-fait au bout du museau. Les
mâchoires sont assez bien conservées pour que l'on puisse reconnaître qu'elles sont
fortes, garnies à leur bord de très-petites dents coniques, peut-être en brosse. La
— 108 —
gueule est très-fendue. Du reste, les os de la tête sont trop mal conservés pour cpi'il
soit possible de décrire leur forme. Les pièces operculaires paraissent avoir été très-
étroites 5 et à en juger d'après l'empreinte de quelques fragmens, leur surface exté-
rieure était striée. Les os de la ceinture tlioracique l'étaient certainement, dans leur
sens longitudinal. Les rayons de toutes les nageoires sont grêles, et ont des articula-
tions assez distantes. La dorsale n'occupe pas exactement le milieu du dos ; elle est
un peu plus rapprochée de la caudale que de la tête; sa base est large, ses rayons
antérieurs très-développés et au moins six fois plus longs que ses rayons postérieurs 5
ils sont tous bifurques à plusieurs reprises jusque vers leur milieu ; leurs articulations
transverses sont au moins du double plus longues que les rayons ne sont larges. En
avant de la dorsale , les écailles du dos s'élèvent insensiblement le long de son bord
antérieur, et finissent par former de petits rayons qui s'étendent jusqu'à l'extrémité
des plus grands. L'anale a sa base encore plus large , et à-peu-près de la même forme
que la dorsale ; les rayons de son bord antérieur sont également très-allongés , tous
bifurques à plusieurs reprises ; mais les articulations transversales sont un peu plus
rapprochées. La caudale n'est entière dans aucun des exemplaires que j'ai vus ; ce-
pendant l'on peut s'assurer sur celui que j'ai figuré, que son lobe inférieur est plus
allongé qu'il ne l'est en général dans les Amblyptcnis. Tous les rayons de cette
nageoire sont grêles, profondément bifurques; leurs articulations transversales,
quoique plus longues que larges, sont cependant plus rapprochées que dans les autres
nageoires. Le long du prolongement de la queue, les écailles impaires qui le bordent
ne sont pas beaucoup plus grandes que celles de ses côtés. Les pectorales et les ven-
trales sont plus petites , c'est-à-dire, plus étroites que dans VA. macvopterus ^ mais
les rayons de leur bord antérieur sont beaucoup plus allongés; ce qui donne à ces
nageoires une forme très-différente, plutôt semblable à une faucille qu'à une large
rame. Les écailles sont généralement de grandeur médiocre, plutôt petites; propor-
tionnellement à la taille du poisson ; elles sont presque de même forme et de même
grandeur sur tout le corps ; celles de la partie antérieure des flancs sont seulement
un peu plus hautes et plus grandes que celles des côtés de la queue ; sur le prolon-
gement de celles-ci elles sont un peu plus longues que larges. Leur surface extérieure
est ornée de petites rides saillantes, disposées, à-peu-près comme les lignes d'accrois-
sement , en losanges concentriques plus ou moins régulières et un peu oblicjues , de
telle sorte que leurs angles aigus sont tournés vers les angles supérieur-antérieur et
inférieur-postérieur de chaque écaille. 11 faut être sur ses gardes pour ne pas con-
fondre ces rides de l'émail qui orne la surface des écailles, avec les stries d'accrois-
sement que l'on voit en dessous dans les écailles brisées. La ligne latérale s'étend
directement de l'angle supérieur de l'operculé au milieu de la queue ; on distingue à
— 109 —
travers ses écailles de petits tubes obliques, qui forment, à raison de leur direction
inclinée , une série comparable à des hachures obliques , parallèles entre elles à la par-
tie antérieure du corps , mais qui sont placées de plus en plus bout à bout vers son ex-
trémité postérieure.
Celte espèce et la suivante paraissent être très-fréquentes à New-Haven ; la moitié
des poissons que l'on trouve dans cette localité appartiennent à l'une ou à l'autre.
Lord Greenock et 31. Trevelyan possèdent plusieurs exemplaires de VA. nemopterus ;
l'original de ma figure appartient à M. Trevelyan.
2. Amblypterus punctatus Ag.
Vol. 2. Tab. 4 c, fig. 3, 4, 5, 6, 7 et 8.
Cette espèce a le corps considérablement plus large que VA. nemopterus ; du reste
elle en diffère encore par tant de particularités de détail , qu'il serait difficile de les
confondre. Cependant, et quelque commune que soit cette espèce à New-Haven, je
n'en ai point encore vu d'exemplaire complètement entier •, les originaux de toutes
mes figures 4 et 5, sont de la collection de lord Greenock, qui en possède encore plu-
sieurs autres. La fig. 4 donne une idée des proportions de la tête, et de ses dimen-
sions comparées à celles du tronc. La fig. 5 représente un très-beau fragment du
tronc, avec la dorsale, l'anale, une portion de la caudale et les ventrales. Dans l'exem-
plaire de la fig. 3, les nageoires impaires sont encore mieux conservées.
La tête de VA. punctatus paraît proportionnellement encore plus petite que celle du
nemopterus j à cause de la largeur considérable de la partie antérieure du tronc; sa
hauteur, entre l'occiput et l'articulation de la mâchoire inférieure , est presque deux
fois comprise dans la hauteur du corps en avant de la dorsale. La surface des os du
crâne est sillonnée de rides confluentes, comme les pièces operculaires du Dapedium
politum. Les os pariétaux sont quadrangulaires , tandis que les frontaux sont très-
allongés ; au milieu du bord intérieur de celui de droite , on remarque une saillie ar-
rondie qui avance sur le bord avoisinant du frontal gauche. En dehors de celui-ci, et
sur le côté du pariétal gauche, on voit un grand mastoïdien formant un triangle très-
allongé, dont la surface extérieure est couverte d'une grosse granulation. L'orbite est
proportionnellement plus grande que dans le nemopterus y elle est placée immédia-
tement au-dessus du milieu de la mâchoire supérieure. La plaque cornée qui soute-
nait la sclérotique du bulbe de l'oeil a conservé sa forme arrondie dans la partie su-
périeure de l'orbite. La gueule est très-fendue, et la juâchoire inférieure surtout
vigoureuse ; on remarque sur son bord et sur celui de la mâchoire* supérieure , une
série de petites dents en cônes oljtus , qui paraissent avoir été disposées siu" plusieurs
ToM. II. 15
— 110 —
rangées, à en juger du moins d'après l'extrémité de cette mâchoire, qui est brisée
obliquement, et sur la tranche de laquelle on distingue encore des traces de dents en
arrière de celles que l'on voit sur son bord. Les pièces operculaires sont assez élevées,
et paraissent plus hautes que longues ; leur surface extérieure est ornée de grosses
rides qui s'étendent un peu obliquement du bord antérieur au bord postérieur. Les
joues sont recouvertes, comme dans les Dapedium et les Tetragonolepis j de grosses
plaques anguleuses et allongées, qui s'étendent au-dessous des sous-orbitaires jus-
qu'au préopercule. En dessous de la mâchoire inférieure on remarque des traces de
sept ou huit rayons branchiostègues , dont le premier est le plus court et en même
temps le plus large. Dans l'exemplaire de la fig. 4? on distingue l'insertion de la pec-
torale gauche, en dessous de l'angle saillant que forme l'humérus dans cette région.
Les ventrales sont opposées au bord antérieur de la dorsale ; celle-ci et l'anale ont à
peu près la même forme ; leurs rayons antérieurs sont beaucoup plus allongés que les
postérieurs, et comme ils diminuent insensiblement de longueur, ces nageoires ont à
peu près une forme triangulaire , l'étendue de leur base égalant presque la longueur
de leurs rayons antérieurs. Tous les rayons sont bifurques à plusieurs reprises, à leur
extrémité seulement 5 leurs divisions transversales ne sont pas très-rapprochées , en
sorte que les articles paraissent encore plus longs que larges. La caudale a des rayons
ulus grêles , et dont les bifurcations sont plus profondes 5 leurs articulations trans-
versales sont aussi plus rapprochées. La forme des écailles varie suivant leur posi-
tion : celles de la partie antérieure du corps sont plus grandes, et plus hautes que lon-
gues j leur bord supérieur est concave, et leur bord inférieur convexe. Celles de la
région anale et des côtés de la queue ont leurs bords droits et à peu près égaux; elles
sont aussi plus petites que celles de la région antérieure ; les plus petites de toutes
sont celles qui recouvrent le prolongement de la queue ; elles ont la forme de losanges
plus allongées. La surface de toutes ces écailles est ornée d'un dessin creux, qui varie
un peu dans les différentes régions du corps : sur les écailles antérieures, fig. 6, ce
sont des lignes ondulées obliques et plus serrées au bord antérieur de chaque écaille ,
entremêlées de quelques points plus nombreux au bord postérieur ; sur les écailles
postérieures, fig. 7, ces lignes sont moins serrées, et les points plus nombreux ; enfin
sur celles du pédicule de la caudale, les lignes disparaissent complètement, et l'on
n'aperçoit que quelques points épars. La surface intérieure des écailles est lisse ; les
onglets articulaires et les fossettes qui les reçoivent sont plus petits que dans le Pa~
lœonisciis carinaUis j que l'on trouve dans les mêmes localités. La quille transverse
est moins marquée et moins rapprochée de la fossette articulaire.
Les exemplaires de mes fig. 4 et 5 sont de la collection de lord Greenock 5 celui de
ma fig. 3, appartient à M. Buckland. Ils ont tous été trouvés dans des géodes de fer
hydraté carbonate de New-llaven.
^ 111 —
3. Amblypterus striatus Ag.
Vol. 2. Tab. /^Z'.fig. 3, 4, 5et6.
Au premier aspect, et lorsqu'on ne possède pas des exemplaires complets de cette
espèce, l'on se douterait à peine qu'elle appartient au genre Ambljptenis. Les pre-
miers exemplaires que j'ai vus m'avaient fait supposer que c'était une espèce d'un
genre encore inconnu. C'est ainsi qu'elle se trouve désignée dans les Proceedwgs of
the 4 Meeting of the Br. Ass.j pag. 76. Mais en l'examinant plus en détail, surtout
sur des exemplaires où les nageoires sont conservées, et en comparant la structure
et la position de ses nageoires avec celles des genres dont elle me paraissait du reste
se rapprocher, j'ai reconnu que, malgré la grandeur extraordinaire de ses écailles, elle
devait rentrer dans le genre Ambljpierus. En effet, tous ses caractères génériques
coïncident parfaitement avec ceux des Amblypterus. Son aspect particulier provient
seulement de ce que les écailles, fig. 4 et 6, sont au moins du double plus grandes
dans cette espèce que dans les autres du genre. Leur surface extérieure est couverte
de grosses rides très-saillantes, qui s'étendent obliquement du bord antérieur au bord
postérieur, se confondant quelquefois entre elles. Le bord antérieur des écailles, qui
est recouvert par la série précédente, est parfaitement lisse ; l'onglet articulaire de
leur bord supérieur est petit, proportionnellement à leur taille. Tous ces caractères
tirés des écailles pourraient faire supposer que mes Gjrolepisj dont je ne connais pas
les nageoires, mais qui ont aussi de grosses écailles ridées obliquement, sont des es-
pèces à^ Amblypterus ; cependant la dentition de ces deux genres est très-différente,
les Gyiolepis ayant les dents en cônes arrondis , serrées sur plusieurs rangées , tan-
dis que les Amblypterus les ont en fine brosse.
L'espèce dont il s'agit ici est très-large , proportionnellement à sa grandeur ; sa
forme générale est celle d'un fuseau raccourci. La tête est énorme, car elle est à peine
comprise quatre fois dans la longueur totale \ elle est allongée , se terminant en pointe
en avant. L'orbite est très-petite, placée très en avant. La gueule est extrêmement
fendue; la mâchoire inférieuie paraît un peu plus courte que la supérieure. Les pièces
operculaires sont étroites et placées obliquement sur la partie postérieure de la tête.
Les nageoires sont immenses , proportionnellement à la petite taille du poisson 5 elles
sont même plus grandes que dans VA. macroptenis. La dorsale est placée en arrière
du milieu du dos ; son bord antérieur est même plus reculé que le bord antérieur des
ventrales ; et son bord postéiieur s'étend presque jusque vis-à-vis le bord antérieur de
l'anale. Les rayons de cette nageoire, comme ceux de toutes les autres, sonttrès-grèles,
bifurques à plusieurs reprises à leur extrémité seulement ; leurs divisions transversales
— 112 —
sont très-éloignées ; en sorte que les articles des rayons paraissent beaucoup plus longs
que larges. Ses rayons antérieurs sont beaucoup plus longs que les postérieurs : les
premiers de son bord ne s'élèvent cependant que très-insensiblement. L'anale a à peu
près la même forme que la dorsale. Les pectorales, fig. 3, sont extrêmement al-
longées ) leur extrémité s'étend jusque vers le milieu de l'insertion des ventrales.
Celles-ci, fig. 5 et 3, ont des rayons moins allongés 5 mais leur base est très-large et
s'insère, comme chez les Esturgeons, dans toute son étendue. La caudale manque
complètement.
Tous les exemplaires que j'ai vus de cette intéressante espèce proviennent de New-
Haven , et se trouvent dans la collection de Lord Greenock.
De nombreux exemplaires des Ainblypterus macropterus ^ eupterygiuSj lateralis
et latuSj que j'ai examinés dans les collections de M. le comte de Munster, de Sir Ph.
Egerton et de Lord Cole, ont confirmé les caractères assignés précédemment à ces
espèces.
III. Additions au genre Dipterus Sedgw. et Murch., ou Catopterus Agass., et
au genre Osteolepis Tal. et Peut. 5 et Notice sur le nouveau genre Diplopterus
Agass.
Je n'ai point encore examiné de poissons fossiles dont j'aie eu plus de peine à recon-
naître les caractères, que ceux dont MM. Sedgwick et Murchison ont fait leur genre
Dipterus. Au chapitre 3 , pag. 23 de ce volume , j'ai donné un extrait de leurs obser-
vations et de celles de Cuvier et de 31M. Valenciennes et Pentland, sur le gisement
et les caractères de ces poissons, dont je n'aAais vu jusqu'alors que quelques fragmens
qui m'avaient été communiqués à Paris par M. Pentland. Croyant que la séparation
des rayons supérieurs du corps en deux nageoires dorsales , telles qu'elles sont repré-
sentées dans la figure restaurée par Cuvier, pourrait bien être le résultat d'une dis-
location violente, je les avais réunies au trait dans ma fig. 2 , Tab. A, vol. i , et j'a-
vais attaché plus d'importance à la position reculée des rayons dorsaux et à leur op-
position à l'anale, et changé le nom générique de DipteniSj qui me paraissait impropre,
en celui de Catopterus. Cependant la présence de deux dorsales bien distinctes s'est
— 115 —
trouvée pleinement confirmée par rinspeclion que j'ai faite à Londres des exemplaires
originaux des ligures de MM. Sedgwick et Murchison, et qui se trouvent déposés
dans la collection de la Société Géologique. La présence des ventrales n'est également
plus douteuse maintenant; elles se trouvent en avant de la dorsale antérieure. Les
caractères assignés au genre Dipterus se trouvant ainsi confirmés, je dois le faire ren-
trer dans tous ses droits. Cependant, en examinant à Edimbourg la belle collection
de poissons fossiles recueillis par M. Traill, dans l'île de Pomona, la plus grande des
Orkney, et dont les couches sont un prolongement de celles de Caitliness, j'ai trouvé
des exemplaires parfaitement bien conservés , semblables aux Dipteius en ce qu'ils
avaient aussi deux dorsales, mais qui paraissaient en différer par la présence simulta-
née de deux anales, tantôt opposées aux dorsales, tantôt alternant avec elles. J'ai cru
pouvoir en faire deux nouveaux genres sous les noms de Diplopterus et de Pleiopte-
rusj indiqués dans les Proceedings Brit. Ass. pag. 7 5. — De retour à Londres, j'ai
dû comparer ces poissons avec les Diptenis, dans l'intention de découvrir dans les
écailles quelque caractère qui permît de les distinguer encore, alors même que les
nageoires auraient entièrement disparu. Mais j'ai été très-surpris de trouver que les
Diptenis avaient aussi deux anales, dont la présence, rappelée, il est vrai, par des
rayons bien mutilés, m'avait échappé précédemment, ainsi qu'aux observateurs qui
les avaient examinés avant moi. Et pourtant ces deux anales sont représentées distinc-
tement dans une des figures des Trans. de la Soc. Géol. , Tab. i5, fig. 3 ; on en voit
même aussi des traces, Tab. i5, fig. i. Seulement la première anale est refoulée sur
les écailles, auxquelles elle donne un aspect strié. Dès-lors le genre Dipterus doit
avoir pour caractère générique distinctif deux dorsales opposées à deux anales sem^
blables j avec une caudale conformée comme celle du genre Palœoniscus.
Mon genre Diplopterus a aussi deux dorsales opposées à deux anales semblables 5
mais la caudale a une forme très-particulière ; la gueule est très-grande et les mâ-
choires sont ai-mées de grosses dents coniques. Il appartient à la famille des Sau-
roïdes. MM. Sedgwick et Murchison en ont représenté des fragmens, Géol. Trans.
vol. 3, Planche 16, fig. 4, 5 et 7. *
Quant aux espèces chez lesquelles les deux dorsales et les deux anales ne sont pas
opposées les unes aux autres, et qui constituent mon genre Pleiopterus ^ établi sur
des exemplaires très-complets, je me suis convaincu dans la collection de M. Mur-
chison, par l'examen de leurs écailles, qu'elles sont synonymes de celles dont
MM. Valenciennes et Pentland ont fait leur genre Osteolepis j et dont ils n'ont connu
que des fragmens très-incomplets de la cuirasse écailleuse. Je leur conserverai cepen-
dant le nom à'Osteolepis ^ parce que , guidés par ce sentiment qui, dans l'étude des fos-
siles, fait souvent apercevoir des différences importantes alors même qu'on ne peut
— 114 —
pas les exprimer, ces savans observateurs ont distingué très-à-propos les Osteolepis
des Dipterus , quoique d'après des exemplaires où les caractères génériques distinctifs
n'étaient nullement visibles.
Des espèces du genre Dipterus.
Plus j'examine les exemplaires originaux sur lesquels les quatre espèces de Dip-
terus décrites et figurées dans le 3""" vol. des Trans. de la Soc. Géol. de Londres
ont été établies, moins il me paraît plausible de distinguer ces différentes formes
comme des espèces particulières. J'ai sous les yeux toutes ces plaques, et en outre
plusieurs autres qui m'ont été communiquées par M. Witham, par M. le D' Hibbert
et par M. Jameson Torrie , et qui me paraissent présenter une série non interrom-
pue des différentes phases de développement de la même espèce. Les plus jeunes ont
été décrits sous le nom de Dipterus Valenciennesii^ Géol. Trans. pi. i6, fig. i et 3.
J'ai reproduit la fig. i dans la fig. 3 de ma Tab. 2. Le Z>. macrolepidotus^ pi. 16, fig. 2,
et le D. brachjpjgopterus j pi. 17, fig. 1,2 et 3, sont des individus de moyenne
taille, que l'on trouve le plus communément j ils ne diffèrent l'un de l'autre que par
leur état de conservation. Le macrolepidotus paraît avoir de plus grosses écailles,
parce que leur émail étant en partie resté intact, elles ont conservé leur forme natu-
relle rliomboïdale ; tandis que dans le brachjpj gopterus j dont la surface est forte-
ment usée , les écailles sont arrondies, et paraissent proportionnellement plus petites.
Cependant, dans l'exemplaire de la fig. i , pi. 16, Géol. Trans., oii la partie posté-
rieure du corps est enlevée, on voit des empreintes d'écaillés rhomboïdales qui pa-
raissent plus grandes que les écailles arrondies de la partie antérieure du corps. J'ai
reproduit cette figure dans ma Tab. 2 , fig. 2 , et celle du macrolepidotus même Tab.
fig. 4- C'est également de l'usure que provient la différence de longueur entre les
rayons du D. bracbypy gopterus , et ceux des autres espèces nominales de ce
genre. Le D. macropj gopterus des Géol. Trans. pi. i5, fig. i, 2 et 3, dont j'ai re-
produit la fig. I dans ma Tab. 2 , fig. i , représente les plus grands exemplaires de ces
poissons, qui me paraissent seulement être de vieux individus de cette même espèce,
à laquelle le nom de D, macrolepidotus conviendrait le mieux sous tous les rapports.
Je vais ajouter encore quelques détails sur les caractères particuliers qui distinguent
ce poisson des autres espèces trouvées dans les schistes de Caithness et de Pomona.
— llo —
DiPTKRUS MACROLEPiDOTus Seclgw. et MuTch.
n
Vol. 2, Tab. 2 fig. I, 2, 3, 4j et Tab. 2 «^ fig. i , 2, 3, 4 et 5.
Diplci'us niacropyfjopterus Sedgw. et Murcli. , Geol. Trans. pi. i5, fig. i , 2 et 3 ; Poiss. foss. Ag. VoJ. 2 ,
Tab. 2, fig. I. — Dipterus brachypygoptcrus Sedgw. et Murch. Geol. Trans. pi. 17, fig. 1 , 2 et 3 -,
Poiss. foss. Ag. Vol. 2 , Tab. 2 , fig. 2. — Dipterus macrolepidotus Sedgw. et Murch. , Geol. Trans. pi.
iG, fig. 2 ; Poiss. foss. Ag. , vol. 2 , Tab. 2 , fig. 4. — Dipterus Valenciennesii , Geol. Trans. , pi. 16, fig.
j et 3 ; Poiss. foss. Ag. , vol. 2, Tab. 2, fig. 3. — Catopterus analis Ag. Poiss. foss. vol. 2 , pag. 23 — 27.
Toutes les figures des Trans. de la Soc. Géol. n'ayant pas été dessinées au miroir,
sont renversées ; il en est de mênie de mes figures Tab. 2 , qui en sont des copies faites
avant que j'eusse vu les originaux 5 (j'en ai fait dessiner de nouveau quelques-uns,
Tab. 2 rt. ) Cette circonstance et celles que j'ai indiquées plus liant, expliquent com-
ment il se fait que ce poisson ait été indiqué à différentes reprises sous différens noms.
La tête de ce Dipterus j qui maintenant paraît être l'unique du genre , est petite
proportionnellement à sa taille • elle égale environ un cinquième de la longueiu" to-
tale du poisson, Tab. 2 a^ fig. 2. Sa forme est arrondie, le museau obtus, la gueule
peu fendue, les mâclioires étroites, l'orbile de moyenne grandeur, entourée d un cercle
de sous-orbitaires étroits; les pièces operculaires sont larges , l'opercule surtout. En
dessous de la mâclioire inférieure on aperçoit quelques i-ayons brancbiostègues très-
larges. La ceinture tlioracique est vigoureuse; l'angle de i'bumérus est arrondi; les
pectorales, insérées sur son angle inférieur, sont étroites. La forme générale du corps,
lig. I , est élancée ; la partie antérieure de la nuque est la région du corps la pins
grosse. Depuis le milieu du dos en arrière, le tronc se rétrécit insensiblement. Le
pédicule de la queue , en avant de la caudale , égale à peine en épaisseur la moitié de
celle du tronc. Les écailles sont plus grandes , proportionnellement, que dans les Pa-
lœoniscus, quoique ce soit avec les espèces élancées de ce genre que le genre Dipterus
ait le plus de ressemblance dans son port. La surface extérieure des écailles est lisse ;
mais il est rare de trouver des exemplaires où l'émail soit encore conservé. Lorsqu'elles
sont intactes, fig. 5, elles ont une forme rhomboïdale et sont disposées en séries
transversales très-obliques ; en sorte que les bords supérieur et inférieur de chaque
écaille sont presque perpendiculaires, c'est-à-dire, parallèles à une section transver-
sale du corps, tandis que leur bord postérieur est dirigé en arrière et en haut. Lorsque
l'émail est enlevé, les lames qui constituent le corps des écailles s'usent facilement; et
alors leurs bords s'arrondissent par le frottement, de manière à ce que , par suite de
leur position naturelle, leur angle inférieur et postérieur disparaissant insensiblement,
elles prennent dans cet état l'aspect d'écaillés cycloïdes arrondies, et imbriquées
comme dans les poissons ordinaires, fig. 4 ;. tandis qu'en y regardant de près, on peut
— 116 —
s'assurer qu'elles sont soudées les unes aux autres par leurs bords supérieur et infé-
rieur. La ligne latérale est très-rapprochée du dos, avec le bord ducpiel elle est pa-
rallèle j c'est-à-dire, qu'elle est arquée en liaut à sa partie antérieure. Les écailles qui
recouvrent le prolongement du pédicule de la queue, sont beaucoup plus petites que
celles du reste du corps.
La structure et la position des nageoires, fig. 3, sont les traits les plus caractéris-
tiques de ce poisson. Il y a deux dorsales rapprochées l'une de l'autre, et placées im-
médiatement en avant de la caudale ; deux anales à peu près semblables correspon-
dent aux deux dorsales, auxquelles elles sont opposées 5 tandis que les ventrales sont
placées lui peu en avant de la première anale et de la première dorsale. Dans aucun
des exemplaires que j'ai vus, les ventrales n'étaient entières; cependant leur exis-
tence dans la position indiquée n'est point douteuse. A en juger d'après la manière
dont les écailles du ventre ont fréquemment glissé les unes sur les autres , il est pro-
bable que le corps de ce poisson était arrondi, et qu'en se comprimant, les ventrales et
les pectorales ont ordinairement disparu. La première dorsale se trouve placée au
tiers postérieur du corps ; elle est beaucoup plus étroite et plus courte que la seconde,
dont les rayons antérieurs sont assez allongés pour que, ployée en arrière, l'extré-
mité de cette nageoire dépasse l'insertion du lobe inférieur de la caudale. Au bord an-
térieur de ces deux nageoires, surtout à leur base, on remarque de petits rayons ac-
colés le long des plus grands ; leur présence prouve incontestablement qu'il y a réel-
lement deux dorsales. La seconde dorsale est au moins du double plus large que la
première, et formée de rayons plus nombreux ; elle est également plus large que la se-
conde anale qui se trouve vis-à-vis, quoique celle-ci ait des rayons aussi longs qu'elle.
Cependant, comme l'anale est opposée au milieu de la dorsale, ses rayons atteignent
ciu moins le milieu du lobe inférieur de la caudale. L'anale antérieure est plus grande
que la première dorsale, à laquelle elle est opposée; ses rayons surtout sont plus allon-
gés. Au bord antérieur des deux anales il y a de petits rayons imbriqués, accolés le long
des plus grands. La caudale a à peu près la même forme que dans les espèces du genre
PalœoniscuSj avec cette différence seulement, que les rayons antérieurs de son lobe
inférieur étant moins allongés, cette nageoire est moins échancrée que dans les Pa-
léoniscus. En s'approchant de l'extrémité de la queue, ces rayons deviennent in-
sensiblement plus petits. Au bord supérieur du prolongement du pédicule de la
queue, il y a aussi de petits rayons plus lins que dans les autres genres de cette fa-
mille, accolés jusqu'à son extrémité. Les rayons de toutes les nageoires sont très-
grèles, et profondément bifurques à plusieurs reprises ; leurs articulations transver-
sales sont très-éloignées , en sorte que tous les articles sont beaucoup plus longs que
larges.
— 117 —
Pour les détails relatifs an gisement et à l'état de conservalion de ce poisson, je ren-
voie aux renseigneniens publiés par MM. Sedgwick etMurchison, et que j'ai rappor-
tés au cliap. 3, p. 23 et suiv. de ce volume. J'ajouterai seulement que M. Murchisou
en a aussi trouvé un fragment dans le vieux giès-rouge à Downton-Ilall.
Du genre Osteolepis Yal. et Pent.
En établissant ce genre d'après les fragmens que MM. Segdwick et Murcliison avaient
trouvés dans les carrières de Widel, M3I. Valenciennes et Pentland lui ont assi-
gné pour caractères des écailles de la nature de celles du Lépidostée, des ventrales
très-reculées et une anale en arrière de la dorsale. Cependant, comme on le verra plus
bas , le genre Osteolepis n'est point suffisamment caractérisé par ces indications ,
quoiqu il diffère essentiellement du genre Diptenis. On n'en possède point encore de
figures ; il est seulement indiqué dans le mémoire de MM. Sedgwick et Murcbison
sur les schistes bitumineux de Caithness, vol. 3 de la 2™" série des Transact. de la
Soc. Géol. de Londres, pag. i44* Les espèces y sont désignées sous les noms d'O. ,
macrolepidotus et d'O. microlepidotus . ( Dans les Proceedings of £ Brit. Ass. je , A^/ve-
les ai indiquées sous le nom générique de Pleioptenis. ) Les naturalistes qui les ont ^
examinées ont cru que c'étaient des poissons d'eau douce ; cette conjecture paraissait
confirmée par la présence, dans les mêmes couches, de fragmens d'os fossiles qui
ont été envisagés comme provenant d'une tortue voisine des Tryonix. Cependant
l'examen que j'ai fait de ces plaques, et la découverte d'exemplaires plus complets,
m'ont convaincu que ces os provenaient d'un grand poisson qui avait probablemenl
quelques rapports avec celui de VVitby. Je les décrirai dans mon 3'°'' volume.
Les exemplaires à'Osteolepis d'après lesquels j'ai fait les descriptions suivantes ,
ont été trouvés par M. le Prof. Traill dans l'île de Pomona \ ils sont beaucoup plus
complets que ceux qui avaient été recueillis auparavant dans les carrières de AVidel.
M. Traill a aussi trouvé en même temps plusieurs espèces de différens genres, dont
on n'a point encore vu de traces à Caithness, et qui seront décrites ci-après.
Lors de la réunion des naturalistes à Edimbourg, M. Traill a exposé à la Section
de Géologie une esquisse de la structure des îles Orkney, de laquelle il résulte que tout
ce groupe est formé de roches schisteuses, semblables à celles qui contiennent les
poissons. Ce sont des grès et des schistes argileux, qui paraissent appartenir à la
formation du vieux grès-rouge (Old-Red). La carrière où l'on ti'ouve les poissons est
près de Skaill , dans l'île de Pomona, à environ deux milles anglais au nord du granité
qui traverse la partie sud-ouest de l'île, sur une étendue d'environ six milles. On y
ToM. II. , 16
— 118 —
trouve les poissons dans les couches les plus profondes que l'on ait atteintes jusqu'ici;
les couches superficielles n'en contiennent point. 31. Traill y a observé d'abord en-
viron trois pieds de débris de roche, puis neuf pieds de roche schisteuse solide, et
enfin deux bancs, chacun d'environ douze pouces d'épaisseur, contenant les pois-
sons. Le premier de ces deux bancs, qui seuls renferment des débris organiques,
abonde en poissons des genres Osteolepis j Cheirolepis ^ Cheiracantlms et Diplopte-
rns ; tandis que dans les schistes de Caithness on trouve surtout des Diptenis. Le
banc inférieur en contient peu; mais M. Tiaill y a trouvé en revanche des poissons
plats, longs d'environ lui pied et de quatre à cinq pouces de large, terminés par une
queue grêle de près de sept pouces. Je n'en ai pas vu d'exemplaires complets,
M. Traill ayant malheureusement perdu ceux qu'il avait recueillis. Je pense que c'est
à ce poisson qu'il faudra rapporter les fragmens qui ont été pris pour des os de Tryo-
nix, et qui certainement n'appartiennent pas à la classe des Reptiles. Dans cette car-
rière, la présence des poissons est toujours indiquée par une couleur plus foncée de la
roche; chauffée dans un tube de verre, celle-ci donne du bitume. On trouve égale-
ment avec les poissons de petits fragmens brillans d'asphalte très-pure. Les débris
organiques sont très-rares dans les couches de calcaire, qui alternent quelquefois avec
les roches schisteuses des Orkney; et ce calcaire est souvent très-argileux.
Le genre Osteolepîs est surtout caractérisé par la structure et par la position de ses
nageoires ; il a deux dorsales, plus éloignées l'une de l'autre que dans le genre Di-
pterus, et dont la première est placée au milieu du dos, tandis que la seconde se trouve
au milieu de l'espace qu'il y a entre la première et la caudale. Les deux anales ne
sont point opposées aux deux dorsales, comme dans le genre Dipterus ; au contraire,
elles alternent avec elles , la première étant placée vis-a-vis de l'intervalle qui sépare
les deux dorsales , et la seconde en arrière de la seconde dorsale , immédiatement en
avant du lobe inférieur de la cavidale. Celle-ci a à-peu-près la même forme que dans le
genre Palœoniscus. Les pectorales sont grandes et arrondies; les ventrales, qui pa-
raissent avoir été beaucoup plus petites, sont opposées au bord antéz'ieur de la pre-
mière dorsale. Dans ce genre les écailles sont proportionnellement plus grandes que
dans le genre Palœoniscus ; la gueule est aussi plus fendue et armée de très-petites
dents pointues. On connaît déjà trois espèces à' Osteolepîs j, dont deux proviennent
des schistes de Caithness, et la troisième de Gamrie et de Pomona. Leur aspect et cer-
taines ressemblances avec le genre Cephalaspis du vieux grès-rouge, me pai-aissent
indiquer pour elles une époque antérieure à la houille, ou du moins aussi ancienne
que cette formation.
— 119 —
1. OSTEOLEPIS MACROLEPIDOTUS Val. Cl Petit.
Vol. ■2, Tal). 2 bj fig. 1 , 2, 3 et 4 ; et Tab. n Cj fig. 5 et 6.
Cette espèce diffère moins de la suivante par la grandeur de ses écailles, que par
la forme allongée de son corps, qui est peu renflé dans sa partie antérieure, et dont le
pédicule de la queue n'est pas sensiblement aminci. Les différences obsei-vées dans les
dimensions des écailles par MM. Valenciennes et Pentland, me paraissent plutôt
provenir de la différence de taille des individus dont ils ont examiné des fragmens.
La fig. I , Tab. 2 bj donne une juste idée de ses proportions, et en même temps la
représentation la plus complète des caractères génériques. Dans la fig. 2, on voit
surtout bien la partie supérieure de la tête, la forme des os du crâne en particulier;
la mâchoire inférieure du côté droit y est également conservée. La fig. 3 représente
les os du crâne grossis, et la fig. 4 quelques écailles de la ligne latérale, prises à la
partie antérieure du corps. La fig. 5 de la Tab. 2 c représente l'extrémité caudale
d'un plus grand exemplaire, et la fig. 6 quelques écailles du pédicule de la queue.
La tête est petite , proportionnellement ; elle excède à peine un cinquième de la
longueur totale. Son extrémité antérieure est arrondie; la partie antérieure du museau
est renflée, exactement comme dans le genre Poljpterus ; d'où j'infère que ce ren-
flement est dû au développement de l'ethmoïde réuni à l'intermaxillaire, Tab. 2 Z>,
lig. 3 a. Sur le côté de ce renflement, en bj l'on voit une partie du bord de l'orbite,
qui dans ce genre est aussi placée exactement comme dans le BicJiir. Plus en arrière,
en Cj l'on voit à droite et à gauche les frontaux postérieurs , qui embrassent les pro-
longemens des frontaux principaux d d ,- ceux-ci ont une forme très-particulière :
coupés carrément à leur jonction avec les pariétaux, leur partie supérieure est con-
sidérablement plus dilatée que leur extrémité antérieure, qui s'allonge en avant sur
le milieu du crâne ; celui de droite est plus large que celui de gauche , qu'il recouvre
en partie. Les osselets e e me paraissent être de petits mastoïdiens. La plaque impaire o
est probablement l'occipital supérieur, tandis que les os désignés par la lettre / sem-
blent plutôt correspondre aux pariétaux. Dans la fig. 2 de la même planche, on voit
en arrière et à gauche de la tête une partie de l'opercule, et à son bord inférieur, à
droite, la branche droite de la mâchoire inférieure , dont le bord est armé de très-pe-
tites dents pointues, et dont les deux antérieures seulement sont un peu plus grandes.
Au côté opposé de la tête on voit un fragment de la mâchoire supérieure, qui porte
des dents semblables. Les fragmens d'os épars des deux côtés du crâne font supposer
que les joues étaient entièrement cuirassées. En avant de la tête, dans la même fi-
gure , on voit deux plaques inclinées l'iuie contre l'autre ; ce sont les empreintes de
deux larges os qui , dans ce genre comme dans les genres Megalichthjs et Poljpte-
— 120 —
rusj, tiennent lieu de rayons brancliiostègues et recouvrent l'espace compris entre les
deux branches de la mâchoire inférieure. La surface de tous ces os est couverte d'un
émail parfaitement lisse, sur lequel on remarque à un fort grossissement les traces
d'une fine granulation creuse.
Tout le corps est couvert d'écaillés rhomboïdales , un peu plus grandes sur les cô-
tés de l'abdomen, et qui vont en diminuant de taille sur le prolongement du pédicule
de la queue. Dans toute la partie antérieure du corps, jusque vers la seconde anale,
ces écailles sont plus hautes que longues ; leur bord supérieur est légèrement con-
cave, et leur bord inférieur convexe sur les parois abdominales ; plus en arrière ces
bords sont droits, ainsi que le bord postérieur. Sur le prolongement du pédicule de
la queue, les écailles sont aussi longues que hautes, et paraissent équilatérales; ce que
ces écailles ont de particulier, c'est qu'elles forment sur la caudale même un prolon-
gement écailleux, bordé en haut comme en bas par des rayons, et résultant de ce que
les petits rayons, qui sont ordinairement placés au bord supéi^eur de ce pédicule,
sont beaucoup plus développés dans cette espèce que dans celles des autres genres de
cette famille, et ont en même temps plus d'analogie avec les rayons qui s'insèrent
en dessous de cette série d'écajiUés et qui constituent proprement la caudale. La
lig. 5, Tab. 2 Cj fait bien voir ces relations. Du reste, la surface de toutes les écailles
est parfaitement lisse ; cependant à l'aide d'un fort grossissement on y remarque la
même granulation pointillée que sur les os du crâne. La ligne latérale s'étend sur le
milieu du corps ; à sa partie antérieure elle est légèrement courbée vers le ventre; les
tubes qui la rendent apparente traversent obliquement les écailles, et s'ouvrent en
dessous de leur bord postérieur. Sur différons points du corps on remarque des écailles
de forme particulière. Il y en a ime série impaire sur le milieu du dos, qui sont à-peu-
près triangulaires , mais dont le bord postérieur est cependant arrondi , comme dans
quelques espèces du genre Lepidosteus. Sur les côtés de la première dorsale il y a une
grande écaille longitudinale, qui forme le long de la base de ses rayons une espèce
de gaine, dans laquelle la nageoire peut se reployer ; il en existe de semblables dans
la plupart des Sparoïdes. On voit très-bien ces deux écailles dans la fig. i de la Tab.
2 6; il y en a une semblable, mais moins allongée, sur les côtés et en arrière de la
seconde dorsale et de la seconde anale, au. bord antérieur desquelles s'élèvent aussi
quelques grosses écailles impaires. On les voit surtout bien dans la fig. 5 de la Tab.
■1 c. Au bord antérieur de la première anale il y a aussi quelques gros&es écailles im-
paires dressées contre ses premiers rayons ; mais dans aucun exemplaire je n'ai aperçu
sur les côtés de cette nageoire de grosses écailles allongées. La surface intérieure
des écailles est traversée par une quille étroite, qui se termine au bord supérieur en
un petit onglet articulaire, et en avant de laquelle il y a au boid inférieur une petite
fossette qui reçoit l'onglet de l'écaiile iiiféricure.
— 121 —
Les rayons de toutes les nageoires sont grêles, bifurques à plusieurs reprises jus-
qu'à la moitié de leur longueur et au delà 5 leurs articulations transversales sont éloi-
gnées, en sorte que les articles des rayons sont beaucoup plus longs que larges. Les
rayons antérieurs de toutes les nageoires sont un peu plus gros que les suivans ; le
long de leur bord antérieur il y a de très-petits rayons imbriqués et accolés aux plus
longs. Les deux dorsales et les deux anales ont à-peu-près la même grandeur ; la
première dorsale paraît seulement un peu plus petite. Le lobe inférieur de la cau-
dale a, même à son bord, des rayons qui ne sont pas très-allongés ; en sorte que cette
nageoire est peu écbancrée, les rayons du lobe supérieur diminuant très-insensible-
ment de longueur. Les pectorales sont sensiblement plus grandes que les nageoires
impaires; leur bord est arrondi, et leurs rayons, aussi grêles que ceux des autres
nageoires, ont ime large base d'insertion. Dans aucun exemplaire les ventrales ne
sont assez bien conservées pour pouvoir être décrites.
Ce poisson provient des scbistes de Caithness et de Pomona ; il est très-commun
dans cette dernière localité.
2. OSTEOLEPIS MICR0LEPID0TU3 Val. Ct Peilt,
Yol. 1, Tab. 2 Cj fig. I, 2, 3 et 4-
Il est facile de distinguer cette espèce de la précédente, à sa forme plus trapue et
à ses nageoires plus petites. Sa tête est proportionnellement plus grosse, mais elle
n'est bien conservée dans aucun des exemplaires que j'ai vus. La partie antérieure
du corps est beaucoup plus large que la queue, dont le pédicule se rétrécit insensible-
ment. Il paraît qu'il existe aussi des gaînes écailleuses à la base des nageoires im-
paires; du moins en voit-on des traces dans quelques exemplaires. Les nageoires elles-
mêmes paraissent plus étroites ; ce qui les rend plus distantes les unes des autres. Ce-
pendant la seconde anale est très-rapprochée du lobe inférieur de la caudale. Les
rayons de toutes les nageoires sont très-grèles ; à leur bord antérieur il y a de pe-
tits rayons très-fins, accolés aux plus grands. Ceux du bord supérieur du prolonge-
ment de la queue sont encore plus longs que dans l'O. macrolepidotus .
Les écailles de la partie antérieure du tronc sont sensiblement plus grandes que
celles de la queue , et en même temps plus liantes que longues ; sur tout le corps leurs
bords sont droits ; celles qui recouvrent le prolongement du pédicule de la queue sont
plus longues que hautes. La ligne latérale est légèrement arquée sur le milieu des
flancs. Sur le milieu du dos il y a, comme dans l'espèce précédente, une série d'é-
cailles impaires, triangulaires entre les deux dorsales, mais à-peu-près carrées sur
la partie antérieure du dos. La surface extérieure de toutes les écailles est lisse; à l'aide
— 122 —
(l'un grossissement considérable on y remarque cependant une fine granulation poin-
tillée, comme dans l'espèce précédente; mais les onglets articulaires de leur surface
intérieure sont plus gros et plus saillans, quoique les quilles qui les traversent ne
soient pas plus larges.
Cette espèce se trouve aussi à Caithness et à Pomona. Cependant elle y est moins
abondante que la précédente.
3. OSTEOLEPIS ARENATUS AgaSS.
Yol. 2. Tab. 2 dj fig. I, 2, 3 et 4-
M. Pentland, à qui les géologues doivent plusieurs notices très-intéressantes sur
les poissons fossiles d'Angleterre, a aussi mentionné cette espèce dans les observations
qu'il a communiquées à 31. Murchison sur les poissons de Ganirie , près de Troup-
Head, BanfFshire, en Ecosse; il la place dans la famille des Esoces, à cause de la
position reculée de la dorsale placée près dé l'anale, et parce qu'il a reconnu la pré-
sence des ventrales au milieu de l'abdomen. Il ajoute que ce poisson a de grandes
écailles pentagones, et la forme particulière de la caudale des poissons de Gaitbness.
(V. lesTrans. de la Soc. Géol. de Londres, 2™" série, vol. 2, p. 364.) Les poissons
de Gamrie se trouvent dans des géodes de calcaire marneux, qui présentent à leur
pourtour une structure cristalline, fibreuse, dont les rayons sont divergens vers leur
surface. Ces géodes se trouvent dans une marne bleuâtre d'environ 4o pieds d'épais-
seur, au fond d'un ravin dont les flancs sont de vieux grès-rouge. Elles contiennent
plusieurs espèces de poissons appartenant à différens genres ; j'en ai examiné un très-
grand nombre d'exemplaires qui^m'ont été communiqués par M. le D' Rnigbt, d'A-
berdeen, et par M. Murchison, qui les devait lui-même aussi à M. Rnigbt. M. le
D' Scouler de Dublin , et M. ïorrie, m'en ont aussi communiqué des exemplaires très-
instructifs. Les mieux conservés de tous ceux que j'ai vus sont des espèces nouvelles
des genres Cheirolepis et Cheiracanthus. Les exemplaires de l'espèce dont il s'agit
dans cet article sont moins bien conservés : j'ai pu avec peine m'assurer qu'ils ap-
partiennent réellement au genre Osteolepis. N'ayant pas d'abord reconnu la présence
des deux dorsales et des deux anales, je pensais que ce poisson devait appartenir au
genre Palœoniscus.
Il ne m'est pas possible de déterminer exactement la forme de V Osteolepis arena-
tus ; les exemplaires les mieux conseivés, et que j'ai fait représenter dans la Tab. 2 dj
n'en donnent pas une idée parfaite. Celui de la fig. i est aplati de haut en bas ; la
tête est complètement écrasée ; en avant seulement on voit le contour de la mâchoire
inférieure droite et les deux plaques branchiostègues. En arrière de la tête, on voit
— 123 —
étalées à droite et à gauche les deux pectorales, qui sont arrondies comme dans les
antres espèces de ce genre, et dont les rayons sont très-grèles et trcs-bifurqués ; en
avant de celle du côté droit on voit une impression de la branche horizontale infé-
rieure de rhumérus, à l'angle duquel les pectorales sont insérées. Plus en arrière,
le tronc doit avoir subi des mutilations plus considérables encore ; car à l'extrémité
de cette empreinte on voit la première dorsale et la première anale en profd 5 ce qui
prouve évidemment que l'espace entre la tête et ces nageoires est tordu sur lui-
même, et en conséquence fait paraître le corps moins large qu'il n'a dû l'être. Ces
deux nageoires ont à-peu-près la même forme et la même grandeur -, leurs rayons an-
térieurs, surtout les petits rayons accolés à leur bord, sont un peu plus gros que les
suivans, qui sont très-grèles. La longueur totale de la tête est comprise une fois et
demie dans l'espace qu'il y a entre l'occiput et la première dorsale. Dans l'exemplaire
de la figure 3 , on reconnaît certainement la présence des deux dorsales et des deux
anales •, cependant la dislocation générale des écailles fait encore voir ici que le tronc
n'a pas son épaisseur naturelle, mais qu'il est allongé; car le bord de toutes les écailles <■
des flancs est fortement incliné en arrière. Sur le pédicule de la queue on voit quel-
ques belles écailles, dont la surface émaillée est couverte de petits points creux très-
distincts, ressemblant cependant à des grains de sable qui y seraient épars, quand on
les examine sous un faible grossissement. J'en ai fait représenter une séparément
dans la lig. L\. L'exemplaire de la fig. 2 indique, je crois, les proportions naturelles
de cette espèce ; du moins les séries des écailles ne sont-elles pas disloquées , et l'on
voit distinctement comment, en avant de la première anale, le tronc se dilate insensi-
blement. Dans cet exemplaire la seconde dorsale est très-distincte ; elle est placée vis-
à-vis de l'espace qui sépare les deux anales, que l'on voit également bien les deux,
quoiqu'elles soient moins distinctes que la seconde dorsale. La caudale se voit égale-
ment dans la fig. 2 et dans la lig. 3 -, ses rayons grêles vont en diminuant de longueur
le long du bord inférieur du prolongement du pédicule de la queue ; ceux du lobe in-
férieur sont les plus longs. Cependant cette nageoire paraît peu échancrée. Les écailles
qui recouvrent le pédicule sont beaucoup plus petites que celles des flancs. Au dessus
des séries d'écaillés qui s'étendent jusqu'à l'extrémité de la queue, il y a aussi de pe-
tits rayons, mais moins grêles que dans les espèces précédentes et plus accolés contre
le pédicule caudal.
A en juger par des fragmens moins parfaits encore, cependant assez distincts pour
servir de terme de comparaison , cette espèce atteignait des dimensions plus considé-
l'ables que ne l'indiquent les exemplaires figurés. Il en est entr'autres un dans la col-
lection de M. Murchison, qui provient d'un individu d'environ i5 pouces de long.
Cette espèce n'a encore été trouvée que dans les géodes de Gamrie.
— 124 —
IV. Additions au genre Acanthodes, et description des nouveaux genres
Cheiraca]nthus et Cheirolepis.
1" De f AcANTHODES Bronnii Ag'ass.
Vol. 2,Tab. I. , •
Lorsque j'ai décrit \ Acanthodes Bronnii, au chap. i , pag. 20 de ce volume, je ne
connaissais que les exemplaires qui m'avaient été communiqués par M. le Prof.
Bronn, et qui étaient suffîsans pour donner une juste idée de la forme et des carac-
tères généraux de cette espèce. Mais depuis j'en ai examiné plusieurs autres dans la
collection de M. le comte de Munster, qui me permettent de faire quelques additions
de détail à ma description. Je dois de plus à l'obligeance de M. Hermann de Meyer
la communication d'un exemplaire parfaitement bien conservé , et qui modifie même
un peu les caractères génériques de ce poisson. Je croyais le genre Acanthodes dé-
pourvu de ventrales; mais l'exemplaire de M. de 3Ieyer m'a convaincu qu'elles existent
également dans ce genre. Seulement elles sont très-petites et placées en avant du
milieu de l'abdomen, environ au tiers antérieur de l'espace compris entre l'anale et
l'insertion des pectorales. Leur bord antérieur est soutenu par un rayon épineux,
comme celui des pectorales, de l'anale et de la dorsale ; seulement ce rayon est beau-
coup plus court ; il n'égale même pas en longueur la moitié de ceux de la dorsale et
de l'anale. Ces gros rayons sont évidemment osseux dans toutes les nageoires ; ils
sont beaucoup mieux conservés dans cet exemplaire que dans aucun de ceux que j'avais
vus auparavant. Au bord intérieur du grand rayon pectoral on voit quelques traces
des rayons mous, qui sont très-grèles. Malgré la petitesse extrême des écailles, il est
facile de reconnaître encore dans cet exemplaire, que celles du dos et de la partie infé-
rieure du ventre sont plus petites que celles des flancs , et qu'elles sont toutes incli-
nées de manière que leurs bords supérieur et inférieur sont dirigés en avant et en ar-
rière, et que l'angle inférieur postérieur est tourné directement vers la partie posté-
rieure du corps. Les os de la tête paraissent avoir eu moins de consistance que dans
les autres genres de cette famille ; car dans tous les exemplaires que j'ai vus, la tête
est marquée par un contour noir, sans que son ossature soit distincte.
Tous ces nouveaux exemplaires proviennent également du terrain houiller des en-
virons de Saarbriick, et sont contenus dans des géodes de fer hydraté carbonate. (*)
C) En énumérant les fossiles du terrain houiller, M. H. de Meyer cite dans son Palœologica, p. 302, plusieurs lo-
calités qui me sont encore inconnues , et où l'on trouve aussi des poissons fossiles. En général , cet ouvrage rapporte
dans un petit volume une niasse énorme de faits. L'énumération des animaux vertébrés fossiles est le cadre le plus
complet de tout ce qui a été fait dans cette partie ; aucun paléontologue ne saurait s'en passer, car elle remplace à elle
seule une bibliothèque entière. Ce serait un avantage immense pour la science , si l'on possédait de semblables tableaux
poiu: les autres classes du règne animal.
— 126 —
2. ACANTHODES SUIXATUS AgaSS.
Vol. 2, Tab. I Cj fig. I et 2.
Je place sans hésiter dans le genre Acantliodes cette nonvelle espèce , quoique je
n'en aie vu que des fragmens très-incomplets , dans lesquels il n'existe aucune trace
ni des nageoires ni de la tête. L'original de ma figure est l'une de deux plaques corres-
pondantes de la portion caudale d'un individu d'assez grande taille, tellement tron-
quée à son pourtour, qu'il n'en reste qu'un gros placard de très-petites écailles, aux-
quelles il est pourtant possible de reconnaître le genre Acantliodes. Ces écailles sont
plutôt rhomboïdales que carrées, et diffèrent par là de celles de VA. Bronnii ; elles
paraissent proportionnellement aussi petites; et si dans l'exemplaire de ma figure elles
sont plus grandes, c'est que l'individu était beaucoup plus grand. La partie émaillée
de chaque écaille est voûtée et porte sur son milieu un large sillon diagonal, parallèle
à une section transversale du corps , et qui s'étend de l'angle supérieur postérieur à
l'angle inférieur antérieur de chaque écaille. Ce caractère distingue suffisamment les
deux espèces d' Acantliodes connues maintenant. On voit cependant par là que la po-
sition des écailles dans VA. sulcatus est semblable à celle qu'elles ont dans VA. Broji~
niij où leur angle postérieur inférieur est aussi tourné directement vers l'extrémité cau-
dale du poisson. Il va sans dire que ces détails de structure des écailles ne sont vi-
sibles qu'avec une forte loupe.
Lord Greenock a découvert ce poisson dans les géodes de New-Haven. Le meilleur
des fragmens qu'il en possède est l'exemplaire que je viens de décrire, et dont la contre-
empreinte est dans la collection de M. Buckland.
Du genre Cheiracainthus Agass.
En Ichthyologie la position des nageoires est un caractère trop important , pour
qu'il ne faille pas distinguer génériquement des poissons qui, malgré des rapports
intimes dans les détails de leur organisation , diffèrent par la position relative de leurs
nageoires. C'est ainsi que l'espèce qui m'a servi de type pour le genre Cheiracan-
tliiis, présente une affinité remarquable avec les espèces du genre Acantliodes : tout
le corps est pareillement couvert de très-petites écailles \ les pectorales, les ventrales,
l'anale et la dorsale sont soutenues par un gros rayon épineux ; mais la position de
la dorsale me paraît constituer un caractère générique important. Cette nageoire est
placée au milieu du dos , vis-à-vis de l'intervalle qui sépare les ventrales de l'anale ;
tandis que dans le genre Acantliodes la dorsale est même en arrière de l'anale sur le
pédicule de la queue. Les os de la tête paraissent aussi avoir eu plus de consistance dans
ToM. II. 17
— 126 —
le genre CJieiracmithus ; car dans tous les exemplaires que j'ai eus sous les yeux , on
en voit quelques traces. La gueule est grande, très-fendue ; les mâchoires sont armées
de très-petites dents pointues, qui paraissent disposées sur plusieurs rangs. Les
rayons branchiostègues sont très-nombreux et minces. L'ossature de la ceinture tlio-
racique est forte ; cependant ces os ne sont pas assez bien conservés pour qu'on puisse
décrire leur forme.
1. Cheiracanthus Murchisoni Agass. .
Yol. 2, Tab. I c^fig. 3 et 4.
J'ai dédié cette espèce, qui est le type du genre, à M. Murchison, à qui les géo-
logues doivent les premiers renseignemens que l'on ait eus sur le gîte de Gamrie.
Elle est caractéristique pour cette formation ; car les trois quarts des poissons trou-
vés à Gamrie appartiennent à cette espèce, ou à VOsteolepis arenatus y cependant elle
n'est point mentionnée dans la notice de M. Pentland sur les fossiles de cette localité ,
tandis qu'il y décrit très-exactement vine autre espèce beaucoup plus rare , à laquelle
j'ai donné le nom de Cheirolepis Uragus.
Les exemplaires du Cheiracanthus Murchisoni c^\\e']^d\ examinés, se trouvent dans
la collection de MM. Murchison et Torrie, mais surtout dans celle de M. Rnight, qui
en possède de fort beaux, et du nombre desquels est l'original de ma figure. La tête
de ce poisson est de moyenne grandeur, elle n'égale pas le quart de sa longueur to-
tale ; cependant elle en excède la cinquième partie. A en juger d'après un petit exem-
plaire déprimé, et qui se trouve également dans la collection de M. Knight, elle était
arrondie, et moins large que celle des Acanihodes. Les yeux, de moyenne gx'andeur,
sont placés au tiers antérieur de la face j plus éloignés l'un de l'autre que l'orbite n'est
large , et un peu au dessus de la mâchoire. Le maxillaire inférieur est vigoureux, plus
court que la mâchoire supérieure , dont il'extrémité paraît former en avant de la tête
une saillie arrondie, comme dans les Paléonisques. Les pièces operculaires étaient
aussi étroites ^ cependant elles sont trop mal conservées pour qu'il soit possible de
déterminer leur foime. La ceinture thoracique forme au dessus de l'insertion des pec-
torales une saillie, à laquelle ces nageoires sont attachées. Leur premier rayon est os-
seux et beaucoup plus gros et plus long que ceux qui soutiennent les autres nageoires.
Ces détails ne sont pas visibles dans Toriginal de ma figure , où l'on n'aperçoit qu'une
trace de la ceinture thoracique , et auquel la tête manque complètement. Cependant
j'ai cru ne pas devoir multiplier les figuies pour représenter des caractères que j'ai
dû recueillir successivement sur plusieurs exemplaires, sans qu'ils soient réunis dis-
tinctement dans aucun.
— 127 —
La forme générale du tronc est celle d'un fuseau fortement renflé dans sa partie an-
térieure ; Tabdomen paraît même pendant, et la largeur du corps, en avant des ven-
trales, égale une fois et demie la hauteur de la tête. Les ventrales sont un peu plus
rapprochées des pectorales que de l'anale ; leur bord antérieur est soutenu par un
rayon épineux, qui est proportionnellement plus grand que dans V Acanthodes Bron-
nii. La distance qui sépare l'anale du lobe inférieur de la caudale , égale environ la
moitié de celle qui la sépare des ventrales. La dorsale occupe exactement le milieu
du dos j son rayon épineux est un peu plus grand que celui de l'anale 5 et dans au-
cune de ces nageoires on ne voit de traces d'autres rayons, qui existaient pourtant
très-probablement, à en juger du moins par ce qui a été observé dans le genre Acan-
thodes. La caudale n'est entière dans aucun des exemplaires-, cependant elle est as-
sez distincte pour qu'on puisse s'assurer qu'elle s'étend, comme dans tous les genres
hétérocerques de cette famille, en dessous du prolongement du pédicule de la queue.
Ses rayons sont très-grèles ; les antérieurs sont les plus grands, et forment un lobe
inférieur qui se détache par une échancrure des rayons plus courts qui s'étendent
jusqu'à l'extrémité de la queue. Leurs articulations transversales sont très-rappro-
chées, et les articles sont si petits, que la nageoire entière en paraît granulée. Tout le
corps est recouvert d'écaillés extrêmement petites, qui, à l'œil nu, paraissent semblables
à des points d'une fine granulation, du moins au milieu du dos et du ventre, et sur
leurs bords. Les écailles des flancs sont un peu plus grandes; elles sont disposées
par séries moins obliques que dans les Acanthodes ; leur surface extérieure est cou-
verte de stries extrêmement fines , obliques aux bords des écailles dans le sens longi-
tudinal du poisson.
2. Cheiracanthus minor Agass.
Vol. 2. Tab. I c, fig. 5.
Parmi les poissons de Pomona, j'ai trouvé dans la collection de M. Traill un seul
exemplaire d'ime seconde espèce de Cheiracanthus , qui est même très-incomplet,
puisque l'on n'y voit que la tête et une partie du tronc. Le grand rayon de la pecto-
rale droite y est très-distinct; cependant, les autres nageoires n'étant pas bien visi-
bles, on pourrait être dans l'incertitude sur la position générique de ce poisson, si
l'on ne voyait pas un fragment de l épineux d'une des ventrales et de celui de la dorsale
à la partie moyenne du tronc. Ces indices ne sont pourtant pas concluans, car la sub-
stance du poisson étant sur plusieurs points carbonisée en plaques homogènes qui
ont complètement perdu leur structure organique, il se pourrait que les deux barres
a G\. bj qui paraissent être des fragmens de rayons épineux, ne fussent en effet que
— 128 —
des stries de matière carbonisée. Néanmoins, la structure de la tète paraît indiquer
positivement le genre Cheiracanthus j plutôt que le genre Acanthodes j dans lequel
les os de la tète ne sont jamais distincts. La partie visible du tronc est presque com-
plètement une simple empreinte en creux.
L'individu dont il s'agit ici est couché sur le dos dans sa partie antérieure; on y voit
la tête qui est ployée sur le côté gauche , par sa surface inférieure 5 les branches de
la mâchoire inférieure forment le contour de l'arc ouvert qui teiunine la tête. A l'angle
postérieur de la gueule, du côté gauche , l'on voit distinctement i3 rayons branchio-
stègues, étroits et arrondis vers leur base, aplatis et dilatés à leur extrémité, et insé-
rés sur un os transverse que l'on aperçoit mieux au côté opposé de la tête , oii les
rayons branchiostègues ne sont qu'en partie visibles. Cet os transverse est la corne
latérale de l'os hyoïde. L'extrémité du grand rayon de la pectorale droite est très-bien
conservée et se termine en pointe acérée ; on voit aussi distinctement l'impression
seulement de sa base ; sa longueur totale égale celle d'une des branches de la mâchoire
inférieure : il est par conséquent plus court et moins gros que dans le Ch. Murclii^
sojii. On ne voit sur toute la surface du tronc que l'empreinte des écailles, en forme
de petits creux; ce qui oblige d'admettre que leur surface extérieure était convexe. Du
reste, ces écailles sont aussi petites que celle de l'espèce précédente, et paraissent
avoir été complètement lisses; du moins je n'ai pu découvrir aucune trace de stries,
ni dans l'empreinte des écailles, ni à la surface du petit nombre de celles qui sont
conservées.
Je n'ai encore vu qu'un seul exemplaire de cette espèce , provenant des schistes de
l'île Pomona, et qui se trouve dans la collection de M. Traill.
Du genre Cheirolepis Agass.
Nous venons de voir deux genres dont toutes les espèces ont des écailles extrême-
ment petites, semblables à une fine granulation. En voici un troisième qui a le même
caractère de squamation, mais qui en diffère surtout par la structure, de ses na-
geoires.
A l'occasion de ces écailles si petites des genres AcantliodeSj Cheiracanthus et
Cheirolepis J je ne puis m'empêcher d'ajouter encore une obseivation générale sur
l'uniformité constante dans la nature des tégumens des poissons qui peuplaient jadis
les eaux de notre globe. Il est en effet très-surprenant que ces petites écailles mêmes
diffèrent complètement, quant à leur structure, de celles des poissons vivans qui les
ont également grenues; qu'au lieu d'être arrondies, elles aient la forme rhomboïdale
des autres Lépidoïdes, et que leur surface soit pareillement recouverte d'émail. Ces
— 129 —
écailles sont si petites, que les dilït'rences mentionnées m'auraient peut-être échappé,
si je n'avais pas connu les caractères invariables que présentent les grandes espèces-
Mais voyant le peu d'importance que quelques naturalistes attachent aux caractères
sur lesquels j'insiste, j'ai examiné de plus près les poissons qui font le sujet de cet ar-
ticle ; je les ai comparés avec les poissons vivans à petites écailles. Dans toutes les
espèces connues des trois genres dont nous parlons, j'ai pu m'assurer que les écailles
n'ont aucun rapport avec celles des poissons vivans, mais qu'elles ont, au contraire,
réellement la structure des Lépidoïdes ordinaires ; il est même toujours facile de s'en
convaincre, car il est rare de trouver un exemplaire qui n'ait pas quelques écailles
brisées, sur la cassure desquelles on aperçoit aisément la différence de substance entre
les lames de l'écaillé et sa couche d'émail. Cela étant, il ne me paraît pas raisonnable
de prétendre que les écailles soient des organes peu significatifs en général, ni même
dans la classe des poissons en particulier ; surtout lorsqu'on les voit conserver aussi
invariablement la même structure pendant une époque aussi longue du développe-
ment de la vie organique sur la terre. Cependant les écailles du genre Cheirolcpis
ont quelque chose de particulier : le milieu de leur surface est convexe, et orné de
différente manière dans les différentes espèces.
Les nageoires caractérisent suitout ce genre ; elles sont placées à-peu-près comme
dans le genre Acanthocles : c'est-à-dire, que la dorsale est très-reculée et opposée à la
partie postérieure de l'anale. Celle-ci est placée en avant du tiers postérieur du tronc.
Les ventrales occupent le milieu entre les pectorales et l'anale. Toutes ces nageoires
ont des rayons très-grèles, profondément bifurques à plusieurs reprises ; ils sont cer-
tainement osseux, puisqu'ils sont si bien conservés dans tous les exemplaires que j'ai
vus. Par ce caractère, les nageoires du genre Cheirolepis diffèrent déjà considéra-
blement de celles des genres Acanthocles et Cheiracanthus ^ chez lesquels toutes ces
nageoires, excepté leurs rayons épineux, disparaissent, même dans les exemplaires
aussi bien conservés que les Cheirolepis ^ et que l'on trouve dans les mêmes couches.
Comme ceci a lieu pour tous les exemplaires de quatre espèces appartenant à diffé-
rentes formations , il est évident que c'est le résultat d'une différence essentielle de
structure. Mais en quoi les nageoires des Cheirolepis s'en distinguent encore davan-
tage, c'est qu'elles n'ont point de rayon épineux à leur bord antérieur; de petits
rayons grêles, très-serrés les uns contre les autres et imbriqués comme des écailles
le long des grands rayons antérieurs de ces nageoires, remplacent ici les rayons épi-
neux qui soutiennent les nageoires dans les deux autres genres. C'est à raison de
cette structure des nageoires que j'ai donné à ce genre le nom de Cheirolepis. La
caudale est exactement conformée comme dans les Palœoniscus.
Ce genre est en outre remarquable par la grandeur considérable de la gueule 5 les
— 150 -.
dents des mâchoires sont très-petites en général ^ cependant il y en a parmi quel-
ques-unes* qui sont un peu plus grandes et qui rappellent la dentition de quelques
genres de la famille des Sauroïdes. J'ai cru néanmoins devoir placer ce genre ici,
parce que les formes trapues de ses espèces l'associent plutôt aux Acanthodes qu'aux
Pygoptères.
Je connais déjà deux espèces de ce genre , dont l'une a été découverte récemment
dans les schistes de l'île de Pomona, tandis que l'autre se trouve dans les géodes de
Gamrie. Cette dernière a déjà été indiquée par M. Pentland, Géol. Trans.j vol. 2,
p. 364- C'est son second ichthyolithe de Gamrie.
1 . Cheirolepis Traillii Agass.
Yol. 2 , Tab. I cl et Tab. i e, fig. 4.
Tous les exemplaires que j'ai vus de cet intéressant poisson ont été trouvés par M. Traill
.dans les schistes de l'île de Pomona, où il paraît ne pas être très-rare. Les deux
exemplaires représentés dans mes planches en donnent une idée complète. Le corps
est large , dans sa partie antérieure surtout , et se rétrécit très-insensiblement vers son
extrémité caudale. La position très-reculée de la dorsale et de l'anale contribue encore
à lui donner un air plus lourd. La tête est de moyenne grandeur, elle égale presque le
quart de la longueur totale. Dans l'exemplaire Tab. i dj elle est très-mal conservée et
complètement aplatie ^ on n'y voit distinctemement que l'angle de la ceinture thora-
cique, auquel est insérée la pectorale , qui est elle-même réduite en une masse carbo-
nisée confuse. Plus en avant et en dessous on remarque deux larges plaques, qui
pourraient avoir été démembrées de la branche horizontale de l'humérus, à en juger
du moins d'après ce que l'on peut observer sur la tête du Ch. UraguSj, Tab. i Cj
fig. I . En revanche, dans l'exemplaire de la fig. 4? l'oii voit quelques autres détails de
la tête du CJi. Traillii : la mâchoire inférieure du côté gauche y est très-distincte ; elle
est bordée de très-petites dents en brosse , entre lesquelles il s'en trouve quelques-
unes plus grandes, en forme de cônes aigus. Les autres os de la tête sont brisés et
déplacés. Les nageoires paires sont proportionnellement moins grandes que les im-
paires ; les pectorales sont arrondies, formées de rayons très-grèles, fréquemment bi-
furques à leur extrémité , et divisés transversalement par des articulations qui ne sont
pas très-rapprochées. Le bord antérieur de la nageoire est soutenu par de petits rayons
très-grèles et très-serrés, qui s'étendent jusqu'à son extrémité. Les ventrales sont
plus petites encore; elles sont insérées par une large base, comme dans les Estur-
geons , et placées exactement au milieu entre les pectorales et l'anale ; leurs rayons
sont semblables à ceux des pectorales, et la lisière de pelits rayons à leur bord anté-
— 151 —
rieui' est encore plus marquée. L'anale et la dorsale sont trcs-reculées, beaucoup
plus étendues que les nagcbires paires, et formées de rayons plus allongés. Cette es-
pèce diffère de la suivante, non-seulement par la position plus reculée de ces deux
nageoires , mais encore en ce que la dorsale est aussi visiblement plus en arrière que
l'anale. Les rayons de ces deux nageoires sont très-grèles ; leurs bifurcations sont
plus nombreuses, et leurs articulations transversales plus rapprochées que dans les
autres ; ceux de leur bord antérieur sont beaucoup plus allongés 5 en sorte que le bord
extérieur des nageoires est écbancré, leurs rayons postérieurs diminuant rapidement
dé longueur. Le bord antérieur de ces deux nageoires est muni de petits rayons imbri-
qués, qui s'élèvent insensiblement à sa base, et qui s'étendent jusqu'à son extrémité.
La dorsale est un peu plus petite que l'anale ; son bord antérieur correspond environ
au milieu de celle-ci. Les rayons de la caudale sont plus gros que ceux des autres na-
geoires ; leurs bifurcations sont aussi moins profondes et moins nombreuses , et leurs
divisions transversales un peu moins rapprochées. La lîg. 4 f^it voir évidemment
que le lobe inférieur est écbancré, et que son bord antérieur est soutenu par de petits
rayons semblables à ceux qui sont en devant de l'anale. La pai'tie allongée du pédicule
de la queue qui porte la caudale , est plus large que dans la plupart des Hétérocer-
ques ; à son bord supérieur il y a de grosses écailles acuminées en forme de rayons,
qui s'étendent jusqu'à son extrémité, et que l'on voit surtout bien dans l'exemplaire
de la Tab. i d.
Les écailles sont très-petites, disposées en séries obliques , et peu inclinées sur les
flancs du poisson 5 elles paraissent exactement de même dimension sur toute la surface
du corps; celles des bords du dos et du ventre, et du pédicule de la queue, sont à
peine plus petites. Dans l'exemplaire de la T^ab. i d^ elles sont en creux seulement,
tandis que dans celui de la fig. 4, Tab. i e_, elles sont en relief partout où la cuirasse
écailleuse n'est pas complètement carbonisée. Leur forme est rhomboïdale 5 et par
suite de leur inclinaison, leurs bords supérieur et inférieur sont obliques au diamètre
longitudinal du poisson. Leur surface extérieure est surmontée dans son milieu d\inc
éminence qui s'étend du haut en bas de chaque écaille, parallèlement à ses bords
antérieur et postérieur, sans cependant atteindre les bords de l'écaillé, et par con-
séquent sans former des quilles continues; Tab. i d^ fig. 2. Ces éminences forment
sur toute la surface du corps comme une granulation en séi'ies interrompues; on ne
l'aperçoit que dans les parties parfaitement bien conservées du poisson. Dans les
empreintes en creux , elles ont laissé une rainure très-distincte au milieu de chaque
écaille, Tab. i d, fig. 3.
Cette espèce n'a encore été trouvée que dans les schistes de l'île de Poniona.
— 132 —
2. Cheirolepis Uragus Agass.
Vol. 2, Tab. I e j fîg. i , 2 et 3.
Si l'on possédait de toutes les espèces de poissons fossiles des exemplaires aussi
complets que ceux que j'ai fait figurer pour représenter celle-ci, les descriptions que
j'en donne ne laisseraient pas si souvent à désirer des détails plus précis sur leur
structure. Cependant, quelque bien conservées que soient toutes les parties du tronc
dans l'exemplaire de la lig. 2 , et quelque distincts que soient les os des côtés infé-
rieurs de la tête dans la fîg. i , je n'ai pu décrire les os du crâne dans aucun des
exemplaires que j'ai vus. La tête est proportionnellement plus petite que dans le
Ch. Traillii; elle forme environ un cinquième de la longueur totale du corps. Dans
l'original de la fîg. 2, elle est relevée et reployée sur la nuque ; en sorte que la gorge
est saillante, tandis que la partie supérieure du tronc est concave. On voit pourtant
distinctement la mâchoire inférieure du côté gauche par sa surface extérieure, et
plus haut la mâchoire supérieure du côté droit par sa surface intérieure. La ceinture
thoracique droite forme une saillie triangulaire qui borde en arrière la partie visible
de la tête. En dessous de cette saillie on distingue deux os cassés, dont la pointe est
dirigée en bas, et qui paraissent être des pièces de la ceinture thoracique gauche.
Enfin, vers la jonction de ces os on distingue quelques rayons des pectorales, sans
qu'il soit possible de déterminer de quel côté du poisson ils étaient attachés. Dans
l'original de la fîg. i, la structure de cette partie du corps est plus distincte 5 ce
poisson est couché sur la tête, en sorte que l'on y voit très-distinctement la mâ-
choire inférieure, l'appareil hyoïde avec les rayons branchiostègues , et en arrière la
jonction des branches horizontales de l'humérus, à l'angle extérieur desquelles
sont insérées les pectorales. Du côté gauche on voit distinctement cette nageoire,
dont la base est très -large et dont le bord est arrondi. La surface extérieure
de tous ceux des os de la tête que l'on aperçoit, est ornée d'une granulation en-
relief, comme dans le Dapedhim politum et tant d'autres poissons fossiles de cette
famille. La mâchoire inférieure est plus large en arrière que vers sa symphyse 5 sa
branche droite est très-distincte au côté inférieur de la fîg. i ; en dessous l'on re-
marque une partie de la mâchoire supérieure qui la déborde. Entre les deux mâchoires
on aperçoit plusieurs rangées de très-petites dents, toutes de même grandeur. Au
côté supérieur de la figure, la mâchoire inférieure est moins distincte et davantage
recouverte par la mâchoire supérieure; cependant on voit aussi quelques petits dents
dans l'entre-deux. Les rayons branchiostègues sont très-bien conservés sur les deux
côtés de la tête ; les antérieurs sont plus courts et plus larges 5 on les voit bien sur
— 153 —
le côlc qauclic. Les postérieurs, qui sont mieux eonservés sur le côté droit, sont plus
étroits et plus allongés^ j'en distingue au moins dix. Les hrancles horizontales de
riuunérus sont très-larges et paraissent s'étendre eu arrière de l'insertion des pec-
torales , à en juger du moins d'après la plaque, qui s'étend, dans cet exemplaire, sur
le côté gauche en dessous de cette nageoire. En a l'on aperçoit une partie des branches
montantes de cet os.
La forme du tronc de cette espèce diffère considérablement de celle du Ch. Traîlliii
sa partie antérieure est également large, il est vrai; mais sa partie postérieure, de-
puis l'insertion de l'anale, se rétrécit considérablement, en sorte que la queue est
proportionnellement plus étroite et en même temps sensiblement plus allongée ; d'où
il résulte aussi que les nageoires anale et dorsale sont beaucoup moins rapprochées
de la caudale. Le bord antérieur de la dorsale est aussi moins reculé, relativement à
l'anale, que dans le Cheirolepis TraiUii ; il est opposé au tiers antérieur de l'anale.
Quant aux ventrales, elles sont un peu plus rapprochées des pectorales que de l'anale.
Toutes les nageoires sont formées de rayons également grêles et fréquemment bifur-
ques à leur extrémité ; ceux du lobe inférieur de la caudale seulement sont un peu plus
gros. Les articulations transversales des rayons ne sont pas très-rapprochées, en sorte
que leurs articles paraissent plus longs que larges. En avant de toutes les nageoires il
V a une lisière de petits rayons imbriqués, qui s'étendent tout le long de leur bord
antérieur. On voit distinctement cjue la surface des nageoires n'est point recouverte
d'écaillés, comme cela a lieu dans quelques espèces de différens genres de cette fa-
mille ; mais qu'ici leur aspect écailleux provient de la ténuité des rayons et de leurs
articulations transversales, qui la font ressembler à la surface écaillée du corps. Le
prolongement du pédicule de la queue qui porte la caudale est très-allongé, et la base
d'insertion de cette nageoire par conséquent très-étendue. Les petits rayons de son
lobe inférieur commencent en effet bien en avant de ceux qui atteignent la plus grande
longueur, et s'allongent très-insensiblement devant ceux-ci. La base de cette nageoire
est dès-lors beaucoup plus oblique que dans tous les autres Hétérocerques -, son lobe
inférieur est plus court que le supérieur ; cependant il en est séparé par une forte
échancrure. Au bord supérieur du prolongement du pédicule caudal, il y a de très-
grosses écailles acuminées et imbriquées dans toute la partie qui correspond aux petits
rayons du lobe inférieur; tandis que, vers l'extrémité de la nageoire, elles s'amin-
cissent insensiblement et finissent par devenir très-grèles. Toutes les écailles sont
rlîomboïdales , très-petites et de même grandeur sur tout le corps, disposées en sé-
ries plus obliques que dans le Ch. Traillii; leur surface est convexe et ornée, vers
leur bord antérieur surtout, de rides convergentes et obliques à 1 écaille, fig. 3.
M. Pentland a déjà très-bien décrit cette espèce dans sa notice sur les poissons
ToM. II. 18
— 134 —
fossiles de Gamrie, Géol. Trans. 2'"' série, vol. 2, p. 364, sous le N° 2. Cependant
il s'est trompé en disant que les nageoires étaient couvertes d'écaillés. En revanche,
il a très-bien reconnu que cette espèce diffère de toutes les espèces de poissons fos-
siles déjà décrits, et que même elle ne peut être rapportée à aucun des genres de
poissons vivans ou fossiles mentionnés jusqu'ici dans les ouvrages d'iclithyologie.
Tous les exemplaires de cette espèce ont été trouvés dans des géodes de structuie
cristalline à Gamrie. L'original de ma fig. i se trouve dans la collection de M. Mur-
chison ; celui de la fig. 2, qui est le plus complet que j'aie vu, appartient à M. Rniglit.
Comme la formation géologique à laquelle l'argile de Gamrie appartient, n'est point
encore déterminée avec certitude , je ne crois pas superflu d'ajouter que les rapports
intimes qui existent entre les espèces de cette localité et celles de Pomona me pa-
raissent indiquer à-peu-près la même époque. 11 est vrai que les espèces de Gamrie
et de Pomona ne sont point identiques 5 mais elles appartiennent exactement aux
mêmes genres, qui, du reste, n'ont point encore été trouvés ailleurs. J'infère de cette
circonstance, que ces dépôts sont à-peu-près contemporains, mais qu'ils se sont for-
més dans des circonstances locales différentes. Les caractères particuliers de ces pois-
sons me paraissent indiquer une époque antérieure à la houille, ou du moins aussi
ancienne que cette formation.
— lôîî —
CHAPITRE YI.
DU GENRE CÉPHALASPIS.
Si je Tavais connu plus tôt, j'aurais placé ce genre en tête de la famille des Lépi-
doïdcs, tant il diffère de tous les poissons connus. Il comprend les animaux les plus
curieux que j'aie jamais observés ; leurs caractères sont même si extraordinaires , qu'il
m'a fallu l'examen le plus attentif et le plus scrupuleux, et les preuves les plus évi-
dentes, pour me convaincre que ces êtres mystérieux étaient réellement des poissons.
En jetant un coup-d'œil sur la Tab. i h^ quel est en effet le naturaliste qui penserait
que ces écussons en forme de croissant sont réellement des têtes de poissons, et qui
n'aurait pas bien plutôt l'idée que ce sont des boucliers de Trilobites ? Us ont même
généralement été pris pour tels. Cependant, dans la Tab. i a, nous voyons ces mêmes
boucliers terminer la partie antérieure d'un corps couvert d'écaillés et portant des
nageoires. Il est donc évident que ces fossiles appartiennent à la classe des Poissons ;
et ce qui paraîtrait incroyable aussi long-temps qu'on ne verrait que les figures de la
Tab. I h , devient tout-à-coup certain lorsque l'on jette les yeux sur la Tab. i a. Con-
vaincu alors par l'évidence, on se familiarise bientôt avec l'idée que les fig. i , 2, 3,
4 et 5 sont réellement des parties de poisson; on entrevoit peut-être aussi la possibi-
lité que les fig. 6 et 7 soient également des têtes de poissons. Mais en regardant de près
les fig. 8, g, 10 et II , il paraît cependant moins vraisemblable que cette détermina-
tion leur soit aussi applicable, tant la nature de ces dernières pièces s'éloigne de recbef
de celle des premières. Pour résoudre ces énigmes, je vais d'abord cbercher à déter-
miner exactement les caractères du genre Ceplialaspis , d'après les exemplaires sur la
nature desquels il ne peut rester aucun doute 5 puis il sera plus facile de décider jus-
qu à quel point tous ces fossiles appartiennent au même genre. Dans tous les cas il
ressortira de cet examen, que même les fig. 8, 9 et 10 ne sont point des coquilles
comme elles en ont l'air, ni des écailles de la queue d'un crustacé, comme on -pour-
rait aussi le supposer; mais que ce sont réellement des parties de têtes de poissons ,
qu'il faudra probablement séparer génériquement des Ceplialaspis, quand on les con-
naîtra plus complètement.
La tête est la partie la plus extraordinaire du corps des Ceplialaspis. C'est un écus-
son plus -ou moins large, dont les côtés se prolongent en arrière comme les cornes
d'un croissant. La fig. i de la Tab. i a fait voir évidemment que la tête est beau-
^ 136 —
coup plus large que haute, cl que ses prolongemens latéi-aux débordaient consldcra-
blement les côtés du tronc. Toute la tète paraît être formée d'une seule pièce , tant
ses os sont intimement soudés les uns aux autres. Dans aucun des exemplaires que
j'ai examinés , je n'ai pu découvrir la moindre trace de suture ; en sorte qu'il m'est im-
possible de déterminer quels sont les os qui forment la partie dilatée de l'écusson et
ses prolongemens latéraux. Il est probable que ce sont les pièces operculaires, sou-
dées aux sous-orbilaires, comme dans les Trigles, et notamment dans le genre Dac-
tjlopterus j ou comme dans les Loricaires et les Hypostomes, et que la bouche était
placée en dessous de cet écusson ; du moins je n'ai rien remarqué autour de ce crois-
sant, qui rappelât l'ouverture d'une bouche et qui pût faire supposer que les os maxil-
laires soient compris dans cette dilatation de la tête. Toutes les pièces que j'ai en mains
présentent la tête par sa surface supérieure ; dans aucune je n'ai pu mettre à décou-
vert sa surface inférieure. Il reste donc ici bien des caractères à déterminer, et qu'il
est réservé à des recherches ultérieures de faire connaître. Les yeux sont placés vers le
milieu du disque de la tête, et très-rapprochés l'un de l'autre ; ils sont très-petits, et
tournés en haut , comme dans les Uranoscopes. Les os du crâne proprement dit parais-
sent très-peu développés, et n'occuper que l'espace compris entre les yeux jusqu'à
l'occiput, qui est plus ou moins saillant. S'il en est ainsi, ce sont les os de la face seu"
lement qui forment toivt le disque de la tête \ à moins que l'ethmoïde ne s'étende jusqu'à
l'extrémité du museau j ce qu'il m'est absolument impossible de déterminer. En dé-
crivant les diverses espèces de ce genre, j'aurai occasion d'ajouter encore quelques
détails sur la structure de la tête et sur ses tégumens, qui sont dans les unes de vé-
ritables écailles juxta-posées , et dans les autres une cuirasse uniforme d'émail fine-
ment strié. Je discuterai alors aussi la position générique de chacune d'elles.
Le corps est proportionnellement beaucoup moins gros que la tête. Le dos est
voûté et plus élevé à la nuque que sur tout le reste de son étendue; la queue est con-
sidérablement rétrécie et se prolonge, comme dans tous les Ganoïdes hétérocerques,
en un long pédicule qui porto la caudale. Celle-ci a la forme ordinaire de la caudale
des poissons antérieurs aux terrains jurassiques, c'est-à-dire, que le lobe inférieur
est formé par la partie antérieure de cette nageoire qui est plus allongée que celle qui
forme le lobe supérieur et qui s'étend jusqu'à l'extrémité du pédicule. Il y a évidemment
deux dorsales, dont on ne voit distinctement que la base de leurs rayons antérieurs; ce-
pendant la fig. I de la Tab. i a ne laisse aucun doute sur leur existence. La première
est placée immédiatement en arrière de la nuque, oii l'on distingue quelques traces du
gros rayon de son bord antérieur ; elle s'étend presque jusqu'au milieu du dos. La se-
conde est placée sur le pédicule de la queue; son gros rayon antérieur indique exacte-
ment sa position. L'anale est plus reculée que la seconde dorsale ; son bord antérieur est
— 157 —
oppose au milieu de celle nageoire. Toutes ces nageoires paraissent n'avoir eu de
rayons vraiment osseux qu'à leur bord antérieur, tandis que le reste de la nageoire
était plutôt fibreux, comme dans les génies Acanthodes et Clieiracanllms ^ que
composé de rayons distincts , articulés et bifurques. Dans aucun des exemplaires que
j'ai examinés, l'on n'aperçoit la moindre trace de ventrales ni de pectorales. Tout le
corps est couvert d'écailles disposées en séries verticales sur le milieu des flancs , et
obliques au bord du dos et de l'abdomen, et qui sont réunies de manière à faire
ressortir plutôt leur bord postérieur que leurs bords supérieur et inférieur 5 tellement
qu il ne paraît y avoir de cbaque côté que trois rangées d'écailles beaucoup plus
bautes que longues, et qui donnent à ce poisson un aspect cuirassé comme au genre
CaUichthys. En effet, en examinant de près cette cuirasse écailleuse, on reconnaît
qu'il y a au bord du dos une première rangée d'écailles très-élevées, beaucoup plus
hautes que longues , et qui s'étend obliquement d'avant en arrière jusqu'au tiers su-
périeur du poisson; puis sur le milieu des flancs une seconde rangée beaucoup plus large
encore et verticale^ qui s'étend jusque vers le bord inférieur de l'abdomen; enfin sur
les côtés de l'abdomen une troisième rangée moins élevée , et qui se dirige oblique-
ment en arrière depuis l'extrémité inférieure de la rangée transversale. Cependant il
parait que ces rangées ne sont pas uniformément composées de pièces simples ; car,
du moins dans la rangée du bord du dos, on remarque que cbaque lame oblique se
compose de plusieurs écailles. Il en est de même de la série oblique du bord du ventre,
où, dans cbaque lame, on découvre au moins deux écailles. Mais la rangée latérale
paraît être composée de pièces simples , quelque hautes qu'elles soient. Les côtés du
pédicule de la queue sont complètement couverts de petites écailles en forme de
losanges allongées, qui s'étendent jusque vers le milieu de la seconde dorsale. Au
bord supérieur du prolongement de ce pédicule, il y a de plus grosses écailles,
imbriquées, qui s'étendent jusqu'à son extrémité.
Les caractères bizarres de ce genre me fournissent une nouvelle occasion de faire
remarquer combien les parties du corps des animaux des époques les plus anciennes
présentent d'unifoimité dans leur structure, en même temps que les types du règne
animal y sont moins différenciés. Ici, par exemple, les os de la tête sont tous con-
fondus, les écailles sont réunies en bandes très-élevées, et les rayons des nageoires
demeurent encore immergés dans la membrane qui les entoure ailleurs ; tandis que
l'animal entier rappelle de la manière la plus étonnante les Trilobites , qui ont précédé
de peu les Cephalaspis dans la série des créations. Cet exemple seul suflîrait pour
rappeler les lois constantes qui régissent la succession des êtres et leur développe-
ment progressif, si la classe des poissons tout entière n'en était pas une continuelle
démonstration.
— 158 —
Toutes les espèces du genre Cephalaspis ont été trouvées dans le vieux grès-rouge
(Old-Red Sandstone) d'Angleterre et d'Ecosse. Ce n'est donc point dans le calcaire
carbonifère (Mountain Limestone), et par conséquent encore moins dans le Zechstein,
que l'on trouve les vestiges des poissons les plus anciens qui aient existé, comme on
l'a prétendu. Leur présence remonte à une époque plus reculée-, car il est maintenant
certain que l'on en trouve un assez grand nombre dans le vieux grès-rouge. Cependant
cette formation même n'est pas la plus ancienne dans laquelle on ait découvert des
poissons fossiles. Mais comme les Cephalaspis appartiennent déjà à une époque si
reculée, et qu'il est de la plus baute importance pour la Paléontologie de préciser
exactement la formation dans laquelle se trouAent les premières traces de poissons,
je crois utile d'entrer ici déjà dans quelques détails sur toutes les espèces de poissons
fossiles dont on a découvert des Jébris dans les coucbes les plas anciennes de l'écorce
de notre globe , quand bien même leur organisation m'oblige à en renvoyer en partie
la description au 3^ volume de cet ouvrage.
Afin de pouvoir mieux préciser mes indications sur les coucbes dans lesquelles se
trouvent les poissons les plus anciens, et afin qu'il ne puisse rester aucune incer-
titude sur l'âge géologique de ces localités, je crois utile de transcrire sommairement
ici les résultats des recberclies de M. Murcbison sur les rocbes stratifiées fossilifères,
inférieures à la formation bouillère. Ces indications seront d'autant plus exactes, que
c'est à M. Murcbison lui-même que je suis redevable de la plupart des exemplaires
de poissons fossiles que j'ai examinés , provenant des formations inférieures à la
houille, et que ce sont également ses communications obligeantes qui m'ont mis en
état de rédiger cette notice. Dans le tableau synoptique que M. Murcbison a publié
de ces terrains, il part du calcaire carbonifère et descend successivement jusqu'au
système schisteux de la partie méridionale du Pays de Galles. Le vieux grès-rouge, Old-
Red des Anglais, est la formation la plus récente dont les couches soient examinées
en détail dans ce tableau. L'étage supérieur de cette formation- est entièrement dé-
pourvu de débris organiques; l'ensemble de ses couches, formé d'un conglomérat
rouge et de différens grès, a une épaisseur de plusieurs mille pieds, comme on peut
s'en assurer en visitant les escarpemens des comtés de Brecknock et de Caermarthen ;
elles supportent la formation houillère dans le sud du Pays de Galles. L'étage moyen
de l'Old-Red se compose de marnes rouges et vertes, avec de nombreux lits d'un cal-
caire concrétionné appelé Comstone et quelques couches d'un grès très-dur; c'est
cette partie de la formation qui contient les débris de Cephalaspis. On n'a pas dé-
couvert la moindre trace d'aucune autre espèce de corps organisés dans cet étage de
la formation, à l'exception de ces fragmens de poissons, qui la caractérisent d'une
manière toute particulière. Ils ont été trouvés par M. Murcbison lui-même, sur
— 159 —
diffcrens points de cet étage, dans les comtés de Salop, llercford, Worccslcr, Mon-
moutli et Biccknock , sur une étendue d'environ 3ooo milles carrés, occupant toujours
le même horizon géologique. Ce groupe des Cornstones a aussi une épaisseur consi-
dérable , égalant probablement celle des grès de l'étage supérieur. Cependant
M. Murchison pense que les débris de poissons sont surtout abondans dans la partie
inférieure de cet étage moyen. Dans l'étage inférieur de l'Old-Red , en dessous de
l'horizon des CephalaspiSj, M. Murchison n'a trouvé à Downlon-Ilall près de Ludlow,
qu'un fragment de tête avec une portion de cuirasse écaillée, appartenant évidemment
au Diptenis macrolepidotus ^ et à Tinmill près du château de Dowton, que de petits
Ichthyodorulithes, accompagnés d'une nouvelle espèce de Pileopsis et d'une nouvelle
espèce à^Avicule. Dans ce dernier endroit, l'on voit très-bien le passage du vieux
grès-rouge au roc gris de Ludlow , qu'il recouvre. Les localités où les fossiles de cette
formation sont les plus communs, sont: Whitbach près de Ludlow, The Whyle,
la route de Bromyard, Sutton-Hill, Downton-Hall , Menaibridge et Abergavenny.
M. 31urchison pense que la nature concrétionnée des calcaires de l'Old-Red, et leur
désaggrégation en petits morceaux qui quelquefois ressemblent à une roche conglo-
mératique, a empêché jusqu'ici d'y trouver des poissons entiers; mais il ne désespère
point d'en découvrir dans les grès compacts. Il n'en a jamais trovivé non plus dans
les grands amas de concrétions ayant la structure sous-cristalline et une épaisseur
quelquefois de 20 pieds. En Ecosse cependant, entr'autres à Glammis dans le For-
farshire, on a déjà découvert quelques exemplaires de Cephalaspîs très-bien conservés
et presque entiers, qui m'ont été communiqués par M. Lyell et par M. le professeur
Jameson. Enfin, les écailles du vieux grès-rouge de Fifeshire, décrites par M. le
D"^ Fleming, appartiennent à une espèce gigantesque de Gjrolepis. — ■ Ainsi le vieux
grès-rouge renferme des débris de plusieurs espèces de Cephalaspis j d'une espèce de
Diptenis et d'une espèce de Gjrolepis j, (trois genres par conséquent qui appartiennent
à l'ordre des Ganoïdes) ^ et plusieurs espèces à^IchthjodoiulitheSj qui sont des rayons
osseux de différens poissons de l'ordre des Placoïdes. Ces rayons présentent des dif-
férences telles, qu'il est impossible de supposer qu'ils aient appartenu au même genre,
ni à quelqu'un des genres don,t il se trouve des rayons dans les formations géologi-
ques supérieures. Je décrirai les uns sous la dénomination de Ctenacanthus oniaîus j
et les autres sous celle d'Ojichus Murchisoni et d'O. erectus.
En descendant dans le groupe de la Grauwacke, on trouve encore à différentes hau-
teurs des débris de poissons fossiles; mais comme les recherches de M. Murchison
l'ont conduit à subdiviser de nouveau cette série de dépôts en plusieurs formations, je
crois encore devoir indiquer ici les limites de ces subdivisions, afin de pouvoir préciser
l'étage qui renferme les premières traces de la présence des poissons sur la terre.
— 140 —
Immédiatement au-dessous du vieux grès-rouge se trouve la partie supérieure de
la série de la Grauwacke, dont M. Murchison fait sa première formation, et qu'il
appelle Rocs de Ludlow. Ce système est caractérisé dans sa partie supérieure, que
M. Murchison appelle Rocs de Ludlow supérieurs j par une nouvelle espèce à^Aviculc,
et par YAvicula retroflexa His. , par une nouvelle espèce à^ Airypa, une nouvelle
espèce de Cypricardia j V Homonolotus Rnightii (nouveau genre de 31. Rnigt), le
Leptœnalata de Buch, plusieurs espèces nouvelles d'OrtJiis, deux nouvelles espèces
à' Orbicula j différentes nouvelles espèces diOrthocera, deux de Pleurotomariaj une
nouvelle espèce de Turbo, et des corps semblables à des Serpules gigantesques. Ces
fossiles, qui seront décrits et figurés dans l'ouvrage que prépare M. Murchison, sont
contenus dans un grès gris peu micacé, déposé en couches minces. Les environs du
château de Ludlow, en Shropshire, ceux du château de Croft en Herefordshire , les
flancs ouest des collines de Malvern et d'Abberley en Worcestershire , le versant
occidental des collines de May, le château de Pain en Radnorshire, et les collines de
Trewerne, appartiennent à cet étage. Dans sa partie moyenne, la formation des
Ixocs de Ludlow comprend les Calcaires d' Aymestry et de Sedgley, calcaires cxùs-
tallins ou argileux gris et bleus, caractérisés par le Pentamerus Knigthii Sow., le
Pileopsis vetusta Sow., une nouvelle espèce de BellerophoUj une de Liiigula, une
^ Atrjpa, le Terehratula TVilsoni Sow., le Calamopora fibrosa Goldf. , et quelques
autres coraux. Cet étage est surtout développé près d' Aymestry en Herefordshire,
dans quelques localités de Shropshire, et à Sedgley en Staffordshire. Le troisième
étage est celui des Rocs de Ludlow inférieurs : ce sont des calcaires concrétionnés
ou terreux, et des schistes arénacés de couleur très-foncée, développés surtout dans
les escarpemens de Mocktree et de Brindgwood, dans la vallée de Woolhope en
Herefordshire, et dans les escarpemens de Montgomery et de la forêt de Radnor, et
caractérisés par trois espèces de Phragmoceras (nouveau genre de M. Broderip), par
VAsaphus caudatus Brong., deux espèces de Cardiola (nouveau genre de M. Broderip),,
ime nouvelle espèce de Nautile j deux de Spiridithe , un Pentamerus , lAtrypa ga-
leata Daim., une nouvelle espèce de ce même genre, une de Pleurotomaria , lOrtlio-
cera pyrifonnis et plusieurs autres fossiles. Dans cette formation on a aussi trouvé
des défenses de poissons, mais en petit nombre; elles sont plus communes dans les
Rocs de Ludlow supérieurs. On n'y avait jamais trouvé la moindre portion du corps
d'un poisson jusqu'à cette année, oîi les couches supérieures ayant été enlevées à
Ludford, en creusant les fondemens de quelques maisons, on a découvert une masse
d'écaillés, de rayons de nageoires et de dents toutes fracturées, gisant pêle-mêle et
formant un lit entre les couches de grès qui sont profusément chargées de grandes
Serpules , de Leptœna lata et d'autres fossiles caractéristiques de cette formation.
— 141 —
Ces fragmens sont trop incomplets pour qu'il soit déjà possible de les enregistrer
dans le cadre d'une classilication systématique; ce qu'il y a cependant de certain, c'est
qu'ils ne présentent aucune analogie spécifique avec les poissons du vieux grès-rouge.
Les débris de nageoires appartiennent à dilTérentes espèces d'Ichtliyodorulitlies; les
écailles paraissent provenir de divers poissons de la famille des Lépidoïdes, car leur
aspect est très-varié; les dents sont moins nombreuses, et nulle part entières. La
nature de ces couches, leur état fragmentaire, et les fossiles qu'elles renferment, tout
cela fait supposer à M. Murcliison qu'elles ont été déposées dans des eaux peu pro-
fondes. On n'a trouvé qu'un très-petit nombre d'Ichthyodorulithes dans les Rocs de
Ludlow inférieurs; cependant M. Murcliison ne les ayant pas recueillis lui-même, il
pense que leur présence dans cet étage doit être admis avec d'autant plus de circon-
spection, qu'il n'en a point trouvé dans le Calcaire d'Aymestry, qui renferme une
si grande quantité de débris organiques et entr'autres de Pentamenis.
La seconde formation, née du démembrement de la Grauwacke, se compose des
Rocs de Diidley et de TVenlock, qui fourmillent de Coraux, de Coquilles et de Trilo-
bites. M. 31urcliison la divise en deux étages : le supérieur comprend le Calcaire de
Wenlock et de Dudley, qui est sous-cristallin, très-concrétionné et d'une couleur
grise et bleue ; il contient une immense quantité de coraux et de crinoïdes^ le Bellero-
phon tenuifascia Sow., V Evomphalus rugosus et discors Sow., le Conularia quadri-
sulcata Sow. , une nouvelle espèce de Pentamenis j une de Natica , les Natica spîrata
Sow., Leptœna eugljpha Daim. , Spirifer Uneatus Sow., et une nouvelle espèce de
ce dernier genre, le Terehratula cuneata Daim. , le Producta depressa Sow., plu-
sieurs espèces d'Orthocères, \ Asaphus caudatus Bron^., le Caljmene Bluinenbachii
Brong., et autres Trilobites. Cet étage s'étend surtout dans les environs de Wenlock
en Sliropsbire, dans le Caermartben, à Dudley et en Gloucestei'shire. Le second étage
comprend les Schistes argileux de Wenlock et de Dudley, qui ont une couleur d'un
gris foncé brunâtre, sont rarement micacés, renferment des nodules d'un calcaire
terreux, et dans lesquels on trouve surtout une variété ^ Asaplius caudatus , le Càlj-
mene Bliunenbacliii j une nouvelle espèce de Lingulttj une nouvelle espèce à^Oithis ,
le Cyrtia trapezoidalis Daim., mie nouvelle espèce de Deltliyris, une dHOrthocera,
lOrthocera annulata Sow., des Crinoïdes, etc. M. Murcliison n'a pas trouvé la
moindre trace de poisson dans cette formation; cependant, à York, M. Allis m'a
communiqué un bel Ichtliyodorulithe, différent de tous ceux que je connaissais,, et
qu'il m'a assuré provenir des Piocs de Dudley.
La troisième formation de M. Murchison est celle des Rocs d^Horderley et des Col-
lines de May, qui descend jusqu'aux Pvocs noirs de Llandeilo et de Builth ; elle est
entièrement dépourvue de débris de poissons, et surtout caractérisée par le Penta-
ToM. II. J9
— 142 —
menis Icevis Sow. , le P. ohlongus Murch. , une nouvelle espèce de Leptcena^ une de Pi-
leopsisj une nouvelle Téi'ébratule, beaucoup de Crinoïdes, quelques Coraux, des Tri-
lobites inédites, le genre Cijptolithus , qui a été découvert dans l'Amérique septen-
trionale, et quatorze espèces d'Orthisj différentes de celles qu'on a trouvées dans les
foi'mations supérieures, y compris VOrthis callactis de Daim, et son O. aperturatus.
UAsaphus Buchii Brong., son genre Agnostus , et d'autres espèces inédites de Tri-
lobites, caractérisent les Rocs de Builth et de Llandeilo.
En descendant encore plus bas , on arrive au système schisteux de la partie méri-
dionale du Pays de Galles, que 31. le professeur Sedgwick a également analysé en
détail, mais dans lequel on n'a jamais rencontré la moindre trace de poisson. Ainsi
nous avons au dessous du vieux grès-rouge une échelle géologique de plusieurs mille
pieds, dont les degrés ont été examinés avec soin par les géologues les plus distin-
gués, et sur laquelle le commencement de l'histoire des Poissons peut être inscrit
avec certitude à la hauteur de la formation des Rocs de Ludlow, et peut-être même
déjà à celle de la formation de Dudley. Mais, dans tous les cas, c'est dans la série de
la Grauwacke que commencent les poissons.
Ces faits ne sont pas de nature à accréditer les idées les plus généralement reçues sur
la succession des êtres organisés et sur l'apparition consécutive des animaux rayonnes ,
des Mollusques, des Articulés et des Vertébrés, puisque nous les trouvons ici ensemble.
Leur développement progressif présente au contraire des phases particulières dans
chacun de ces embranchemens, et est exprimé par les métamorphoses qu'ils Subissent
chacun dans leurs caractères et dans leurs relations mutuelles.
Après cette digression, je reviens aux espèces du genre Cephalaspis.
I. Cephalaspis Lyellh Agass.
Yol. ">-., Tab. X a, fig. i , 5, 3, 4 et 5; et Tab. i Z»_, (ig. i , 2, 3, 4 ^t 5.
Cette espèce étant celle dont je possède les exemplaires les plus complets, je crois
devoir la décrire la première, afin d'avoir pour les autres un terme de comparaison
plus sûr. Des têtes semblables à celles représentées dans les fig. 3 et 5 de la Tab i bj
sont les parties de ce poisson que l'on trouve le plus communément. M. 3Iurchison en
possède un assez grand nombre d'exemplaires , trouvés dans les Cornstones du vieux
grès-rouge dans les comtés de Hereford et Brecknock , à Whitbach près de Ludlow ,
et dans les environs de Ridderminster. M. le Prof. Jameson m'en a communiqué une
tête beaucoup mieux conservée , et dont la surface est couverte d'écaillés très-singu-
lières *, cet exemplaire a été trouvé dans le vieux grès-rouge à Glammis en Ecosse
( Forfarshire ) . Les exemplaires les plus parfaits que j'aie vus sont ceux de la col-
— 143 —
lection de M. Lyell ; ils proviennent également de Glanimis. Celui de la fig. 2 , Tab.
I Uj se présente par sa surface dorsale ; on y voit la tète par sa surface supérieure ,
avec ses prolongemens latéraux. Cet exemplaire est surtout instructif en ce que l'on
y distingue la jonction de la tète et du tronc , la disposition des écailles sur la nuque et
sur le milieu du dos, et les points d'insertion des deux dorsales. L'original de la fig. i,
même planche, appartient aussi à M. Lyell : c'est un individu entier, divisé en deux
plaques; l'une d'elles, en relief, fait voir la convexité du disque de la tête, dont la
pointe latérale du côté gauche est restée sur la plaque creuse, qui est celle que j'ai
fait représenter.
La tête de ce poisson a des dimensions considérables, proportionnellement à la pe-
titesse du corps 5 elle forme environ le tiers de la longueur totale. Son pourtour est
arrondi en forme d'un croissant dont les cornes latérales seraient rapprochées, et dont
la partie antérieure et moyenne serait très-saillante. En effet , ses prolongemens la-
téraux sont moins éloignés l'un de l'autre, que leur extrémité ne l'est de la partie
arrondie du museau. Le milieu de la tête, c'est-à-dire, la région où se trouvent les
yeux , le crâne et surtout la crête occipitale , est relevé , comme on le voit en profil dans
la fig. 4? Tab. \ h ; tandis que ses côtés et son bord antérieur sont considérablement
dilatés et étalés horizontalement, de manière que le prolongement bicorne de la tête
déborde les côtés du tronc et s'étend librement en arrière, comme on le voit fig. i,
Tab. I a, où la tête ne paraît probablement s'étendre autant en dessous du tronc,
que parce que l'aile gauche de son disque aura été refoulée dans une position plus
verticale qu'elle ne l'était naturellement. Les yeux, très-rapprochés l'un de l'autre,
sont placés vers le milieu de l'écusson que forme la tête, un peu plus près du bout du
museau que de la crête occipitale; ils paraissent avoir été dirigés directement en haut,
comme dans les Uranoscopes ; du moins c'est leur position dans les exemplaires les
mieux conservés et qui sont complètement étalés dans leur état naturel, fig. i , Tab.
I h. Dans la fig. 3, dont les côtés paraissent avoir été tant soit peu resserrés, (à en
juger du moins par une fissure longitudinale sur le bord gauche de cette empreinte ),
les yeux sont un peu inclinés sur les côtés. Entre eux, et en avant des orbites, il v
a une dépression ti'iangulaire qui me paraît avoir été occupée par les fosses nasales.
En arrière des orbites se trouve une autre dépression longitudinale, étroite, du double
plus longue que large, et bordée par deux crêtes saillantes que je crois être les crêtes
pariéto-frontales ; en sorte que cette dépression se trouverait à la jonction des fron-
taux. En arrière, ces crêtes se rapprochent l'une de l'autre , et s'élèvent pour former
la crête occipitale, qui est très-saillante, comme on le voit surtout dans les fig. 3
et 4; tandis que dans la fig. i, elles sont en grande partie enlevées. La partie pos-
térieure et moyenne de la tête est coupée presque carrément, et bordée par la pre-
— 144 —
niière série d'écaillés ^ tandis que les côtés sont fortement échancrés, et forment le
bord intérieur du prolongement latéral du disque de la tête, fig. 3, Tab. i h^ et fig. i ,
Tab I a. Le pourtour de ce disque est entouré d'une lame osseuse, qui, réflécbie sur
elle-même, forme en même temps dessous la tête son bord inférieur et latéral. Ne pou-
vant pas, à cause de l'état particulier de conservation de la tête ( qui résulte probable-
ment de sa structure ) , déterminer la forme et les connexions des os du crâne , je vais du
moins indiquer encore ce qu'il m'a été possible de recueillir dans différens exemplaires
sur l'aspect de ces os. Dans la fig. i , Tab. i bj on voit en grande partie leur surface
extérieure recouverte d'écaillés irrégulières, de forme plus ou moins arrondie, et dont
les bords, qui sont cependant plus ou moins droits, se réunissent par juxta-position, de
manière à former lui pavé d'écaillés tout-à-fait semblable à celui qui recouvre la tête
des Ostracions. Chacune de ces écailles, fig. ij est convexe à son centre, et présente
des sillons creux, divergens vers ses bords, où ils forment une dentelure qui s'engrène
d'une écaille à l'autre. La forme de ces différentes écailles varie beaucoup; la plu-
part dentr'elles sont arrondies, il est vrai, mais il y en a aussi d'anguleuses, qui
alors s'appliquent contre lur bord droit d'une écaille du reste arrondie ; et par-ci par-là
il y en a de petites qui remplissent les intervalles entre les plus grandes. Du reste, ces
écailles paraissent être osseuses, et leur surface extérieure émaillée. Au pourtour du
disque elles se confondent davantage, et leur émail présente des rides parallèles à son
bord. Cette disposition se voit assez bien dans un fragment, du reste très-imparfait,
de la collection de 31. Murcbison, qui n'a pas été figuré 5 on en distingue aussi quel-
ques traces dans l'exemplaire de M. Jaiueson, Tab. i h_, fig. i , et dans un de ceux de
M. Lyell, Tab. i a^ fig. 2. Les os même de la tête avaient une structure fibreuse ,
que l'on reconnaît encore dans tous les exemplaires où il en est resté quelques frag-
mens; on voit surtout bien cette structure fibreuse à la surface interne du disque,
telle qu'elle se présente dans la fig. i , Tab i a. On la retrouve aussi Tab. i bj fig. i,
là où les écailles sont enlevées, et même dans les exemplaires qui ne sont que de
simples empreintes, comme dans la lig. 3, où elle se reconnaît encore au relief de la
roche , sur lequel les sinuosités de la surface intérieure des os de la tête sont moulées.
Dans la partie anléiùeure du disque, les fibres osseuses sont dirigées droit en avant;
sur les côtés elles sont obliques, puis transverses, et enfin, dans les prolongemens
latéraux du croissant de la tête, elles suivent la direction de ces parties proéminentes,
et semblent en général aller en divergeant dans tous les sens, depuis les côtés du
crâne. Les os du crâne eux-mêmes présentent une irradiation semblable entre les
crêtes pariéto-frontales , comme on le voit dans la fig. i , Tab i b. Les prolongemens
latéraux de la tête, sont du reste plus épais que ses parois osseuses, et se rétrécissent
insensiblement jusqu'à former une pointe compacte et ai'rondie , qui s'étend plus en
î^'
— 14î> — .
arrière que la crête occipitale, fig. 3, et qui se détache d'autant mieux du tronc, que
récliancrure du bord postérieur du disque est plus évasée en seloignant des flancs
du poisson. La diflerence de forme que l'on peut remarquer entre les iîg. i, 3 et 5,
Tab. I h, et les fig. i et 2, Tab. i a, me paraît provenir seulement de l'état de con-
servation des exemplaires, et surtout de ce que, dans les uns , fig. i , Tab. i a, et Tab.
I h, les os de la tête étaient aussi complètement étalés que leurs articulations le per-
mettaient, lorsqu'ils ont été entourés par la matière qui a formé la roche dans la-
quelle ils se ti'ouvent maintenant, tandis que dans les autres ils étaient plus resser-
rés; ce qui leur a donné une forme plus étroite et moins arrondie. L'exemplaire de
la fig. 5 a un aspect très-particulier : sa surface est entièrement lisse ; mais cette diffé-
rence se conçoit en voyant qu'ici la surface extérieure des os est complètement enle-
vée, et qu'il n'en est resté qu'une lame inférieure, sans que l'on aperçoive sa surface
interne , que nous avons vue être cannelée dans les exemplaiies oîi elle est à décou-
vert. Il me paraît très-probable que la cause pour laquelle on trouve le plus souvent
ces têtes détachées du corps du poisson , doit être cherchée dans la grande différence
qu'il y a entre leur structure et celle du tronc , et surtout dans la dispropoi'tion de leurs
dimensions et de leurs formes, puisqu'ils ont dû résister différemment à différentes
pressions et aux chocs auxquels ils ont pu être exposés. Si, d'un autre côté, toutes
les têtes se présentent ordinairement par leur surface extérieure , c'est que leur surface
inférieure, la cavité de la bouche , les arcs branchiaux et les sinuosités des os inférieurs
du crâne, sont des points d'appui bien plus solides pour les matières qui s'y sont in-
filtrées , qu'une large surface légèrement convexe qui doit natui'ellement se détacher
maintenant plus facilement de la roche, lorsqu'il s'y forme une fente.
Le tronc rappelle davantage celui des poissons qui constituent les genres déjà dé-
crits de la famille des Lépidoïdes ; mais il en diffère surtout par ses deux dorsales ,
son anale très-reculée et les singulières écailles qui le recouvrent. Sa forme est celle
d'un fuseau allongé, renflé à sa partie antérieure, et qui va en se rétrécissant insensi-
blement jusqu'au pédicule de la queue, qui est proportionnellement très-grèle, puis-
que son diamètre n'excède pas le quart de la hauteur du tronc vers la nuque.
La première dorsale est placée sur la partie la plus élevée du dos, immédiatement
en arrière de la crête occipitale. Son existence est rappelée seulement par l'empreinte
de la base des rayons dont elle était formée ; à son bord antérieur on remarque deux
rainures un peu plus larges que les suivantes , qui sont certainement les empreintes de
deux rayons plus gros, dont le premier peut avoir été court et accolé le long du se-
cond, qui s'étendait probablement jusqu'à l'extrémité de la nageoire. Il n'est pas pos-
sible de s'assurer s'il y avait de petits rayons imbriqués. Les autres rayons étaient
très-minces , et n'ont laissé d'autres traces de leur présence que l'aspect strié du bord
— 146 —
de cette partie du dos; ils s'étendaient jusqu'à son milieu. La seconde dorsale est
plus distincte; son bord antérieur est soutenu par un très-gros rayon , dont les articula-
tions transversales sont assez rapprochées, et au bord duquel on remarque de très-
petits rayons imbriqués et très-serrés contre le plus gros. Le reste de la nageoire,
qui paraît s'être étendue jusqu'à la partie la plus mince du pédicule de la queue, n'est
rappelé que par une tache striée parallèlement au rayon antérieur, et dont les stries
étaient les petits rayons mous du fort de la nageoire. La position relative des deux
dorsales est indiquée exactement dans l'exemplaire de la fig. 2 , Tab. i a, où l'on voit
qu'en arrière de la nuque et à la partie postérieure du dos, les écailles ne se joignaient
pas et laissaient entr'elles un intervalle dans lequel les rayons de la nageoire étaient
insérés. L'anale n'a pas même laissé une trace aussi distincte de sa présence ; on re-
connaît seulement , en comparant les deux plaques de l'exemplaire représenté dans
la fig. I, Tab. i a^ qu'elle était placée plus en arrière que la seconde dorsale, et que
même son bord antérieur correspondait au milieu de cette dorsale. Sa position est
aussi indiquée par l'interruption que l'on remarque dans les écailles du bord du ventre.
La caudale n'avait point de gros rayon ; ses lobes ne sont indiqués que par la cou-
leur particulière de la roche ; l'inférieur s'étend jusqu'au milieu du supérieur. Leur
insertion est très-oblique ; en sorte que le prolongement du pédicule de la queue est
proportionnellement très-long. Son bord supérieur porte une large lisière de rayons
imbriqués, très-gros proportionnellement à la taille de ce poisson, qui vont en gran-
dissant depuis le bord postérieur de la seconde dorsale jusqu'au milieu du pédicule,
et qui diminuent de nouveau insensiblement jusqu'à son extrémité. Ces petits rayons
sont fort épais , proportionnellement à leur longueur ; ils sont moins accolés contre le
bord du pédicule , et moins inclinés vers son extrémité que dans la plupart des autres
genres de cette famille.
Les écailles ont une conformation si particulière, qu'on ne retrouve rien de semblable
dans aucun autre genre ; les Callichthjs seulement ont aussi sur les flancs des séries
de lames écailleuses très-élevées ; mais dans le genre Cephalaspis il n'y a de chaque
côté qu'un rangée de plaques hautes et étroites, insérées transversalement sur le
milieu des flancs ; tandis que, au bord du dos et au bord du ventre, il y a des séries
de petites écailles disposées obliquement aux extrémités de celles des flancs. Sur le
pédicule de la queue et sur son prolongement, les écailles ont toutes la même forme;
elles sont rhomboïdales et de plus en plus petites. Celles du milieu des flancs, Tab. i a^
fig., 3, sont si hautes, que leur largeur excède huit à dix fois leur longueur, et qu'elles
occupent plus de la moitié de la hauteur totale du poisson, dans sa partie antérieure du
moins. Yers le milieivdu tronc elles sont moins hautes , et en dessous de la seconde dor-
sale elles finissent par se confondre avec les petites écailles des bords du dos et du ventre;
— 147 —
en sorte que les côtés de la queue et de son prolongement ne présentent plus cette
disproportion frappante qu'il y a en avant entre les écailles des flancs et celles du dos
et du ventre. Le bord postérieur de ces liantes plaques est droit, perpendiculaire au
diamètre longitudinal du poisson, tandis que le bord supérieur est taillé en biseau;
son angle postérieur est beaucoup plus élevé que l'angle antérieur. Au bord inférieur,
qui est parallèle au supérieur, l'obliquité des angles est inverse. La surface extérieure
de ces écailles est ornée de rides ondulées et disposées dans le sens de leur plus grand
diamètre. Il y a 26 à 3o de ces plaques sur les flancs. Les séries d'écaillés du bord
du dos sont placées obliquement à l'extrémité des hautes écailles des flancs, et se di-
rigent du haut en bas et d'avant en arrière; en sorte que l'ouverture de l'angle obtus
qu'elles forment ensemble est tournée vers la tête, et son sommet vers la queue.
Dans la fig. 2, Tab. i «^ on voit d'en haut la disposition de ces séries et leur jonction
avec les plaques des flancs; chacune d'elles se compose de plusieurs écailles, aussi
longues, dans la partie antérieure du dos, que les lisières des flancs sont larges, mais
qui deviennent plus petites à mesure que celles-ci, diminuant de hauteur, se con-
fondent davantage avec les écailles des bords. Dans chacune de ces séries il paraît y
avoir quatre à cinq écailles, lig. 4- Au bord du ventre, les écailles sont dirigées obli-
quement en arrière, à l'extrémité des grandes lames transversales. Ces séries sont
beaucoup plus étroites que celles du dos, et ne paraissent formées que de deux écailles.
Vers le milieu de la seconde dorsale, toutes les écailles ont à-peu-près la même
grandeur; celles des flancs seulement sont encore un peu plus hautes que longues;
mais vers l'extrémité de la queue , elles deviennent de plus en plus équilatérales , et
finissent par être, sur le prolongement du pédicule, des losanges, fig. 5, dont les
angles aigus sont dans le sens longitudinal du poisson. Toutes ces petites écailles
paraissent lisses.
L'analogie qu'il y a dans la structure des écailles entre les Callichthys et les Cé-
phalaspis, me paraît confirmer la position que j'ai assignée aux Goniodontes et aux
Siluroïdes dans l'ordre des Ganoïdes, après les Acipenser,
" — !,e-fr«^i^
— 148 —
II, Cephalaspis rostratus Agass.
Vol. 2, Tab. I h j fig. 6 et 7.
Cette espèce appartient évidemment au genre Cephalaspisj tel qu'il a été carac-
térisé d'après la précédente, dont elle ne diffère essentiellement que par la forme de
la tète , qui est étroite et beaucoup plus allongée. Je n'en ai encore vu qu'un seul bon
exemplaire, dans la collection de M. 3Iui'cliison; il est représenté par sa surface su-
périeure dans la fig. 6, et en profil dans la fig. 7. C'est une tête, dans un état de
conservation semblable à celle de la fig. 3 du C. Ljellii, et dont l'empreinte seulement
rappelle les formes particulières, sans que les os aient été conservés. Cependant on y
aperçoit quelques détails qui ont trait aux caractères génériques , et que je n'ai pas
vus dans l'espèce précédente. J'ai appelé ce poisson Cephalaspis rostratus ^ parce que
la partie antérieure de la tête se prolonge en un museau pointu. Les yeux sont placés
beaucoup plus en arrière sur le disque de la tête, à-peu-près à son tiers postérieur,
tournés directement en haut, et encore plus rapprochés l'un de l'autre que dans le
C. Lyellii; ils paraissent aussi avoir eu une forme oblongue , à en juger du moins par
la légère empreinte des orbites. En arrière de celles-ci se trouvent aussi les crêtes pa-
riéto-frontales, qui sont très-rapprochées et moins saillantes que celles du C. Lyellii^
et entre lesquelles s'élève déjà la crête occipitale. Cette tête est beaucoup plus longue
que large, et ses côtés se resserrant rapidement sont plus arqués que la ligne qui va
de l'extrémité du museau à la nuque , et qui s'élève en crête médiane depuis le tiers
antérieur de la tête jusques entre les orbites. A l'extiémité antérieure de cette crête il
y a une dépression triangulaire, longitudinale, qui pourrait avoir été occupée par les
narines, lesquelles seraient alors bien plus rapprochées du bout du museau, et très-
éloignées des yeux. Sur les côtés de cette dépression l'on voit deux petits mamelons,
fig. 6. cCj qui me font supposer que les os maxillaires supérievu's étaient détachés de
la tête, comme dans le genre Hypoplithahnus et dans quelques autres de la famille
des Silures, que peut-être même ils se prolongeaient en forme de barbillons sur les
côtés de la tête, et qu'ils étaient insérés dans la cavité formée par ces mamelons.
La pièce o me paraît être l'os ethmoïde, arrondi à son bord antérieur, et en avant
duquel l'intermaxillaire formerait le bout du museau et le bord réfléchi des côtés de
la tête. Dans cette partie de l'empreinte on voit quelques tiaces de cet os, dont la
surface est striée longitudinalement, tandis que sa cassure présente une structure
granuleuse. J'insiste sur cette particularité, et surtout sur ce que cette surface striée
se voit distinctement, avec la structure granuleuse de l'os, dans un exemplaire qui
appartient évidemment au genre Cephalaspis. Celte circonstance^ jointe à celle que
— 149 —
les bords latéraux de la tête sont repliés vers sa surface inférieure , rendra plus facile
la détermination des antres espèces. Vers la région des yeux l'on voit encore, en a a,
deux prolongcmcns latéraux, qui me paraissent être les équivalens des cornes du
croissant du C. Lyellii. Sur le côté droit de la tête on voit évidemment que sa surface
inférieure est striée longitudinalement; sur le côté gauche il y a une portion de l'os
dont la surface extérieure est striée également; des deux côtés on voit la structure gra-
nuleuse de l'épaisseur de l'os. Enfin, au bord postérieur du côté gauche, il y a vuie
portion des parois latérales de la tête intacte , sur la surface extérieure de laquelle on
remarque encore de semblables stries longitudinales, comme sur l'empreinte de la
surface inférieure au bord de sa cassure. Entre ces deux surfaces on retrouve la
structure granuleuse de l'os, et l'on voit évidemment que les surfaces striées sont d'une
substance différente 5 que c'est une couche d'émail qui recouvre les os de la tête.
Cette espèce n'a encore été trouvée qu'à Whitbach, dans le vieux grès-rouge.
Tous les exemplaires que j'ai vus sont de la collection de M. Murchison.
III. Cephalaspis Lewisii Agass.
Toi. 2, Tab. I ^^fig. 8. ■
L'exemplaire que j'ai fait figurer est le seul que je connaisse de cette espèce; c'est
une simple empreinte en relief de la tête , sur l'un des côtés de laquelle il y a encore
quelques traces de substance organique. Cette empreinte est même si peu caractéris-
tique, qu'il serait impossible d'avoir une opinion arrêtée sur le genre auquel elle ap-
partient, si elle ne présentait, dans quelques-unes de ses parties, des rapports
frappans avec le C. rostratus : ainsi, à son extrémité antérieure, on retrouve exacte-
ment la même pièce que celle que j'ai désignée comme étant l'ethmoïde, avec cette
différence, qu'ici l'empreinte de cet os est coupée carrément à son bord antérieur,
que ses bords latéraux sont droits et parallèles entr'eux, et que son bord postérieur
s'avance vers le disque du crâne par un pédicule plus étroit. Le bord postérieur de la
tête est tronqué , comme dans le C. Lyellii., fig. 3 ; mais il est dirigé plus obliquement en
avant, et se relève de chaque côté de manière à former une espèce de gond, comme
on en voit fréquemment sur les bords articulaires des anneaux de certains Crustacés.
Cependant ces bords relevés ne se joignent pas à la nuque, qui est déprimée. En pré-
sentant ce fossile à la lumière, de manière à faire ressortir toutes ses inégalités, on
aperçoit sur son milieu une ligne proéminente qui s'étend de l'ethmoïde à la partie
du crâne la plus élevée, dont la surface est complètement arrondie. Sur les côtés du
disque on remarque un sillon sinueux , qui se perd en avant dans le bord même de
l'empreinte, environ à l'endroit où, dans le C. rostratus j, on aperçoit les deux mame-
ToM. II. 20
— iso-
lons latéraux. Les bords latéraux de la tête, surtout à sa partie postérieure, sont
rabattus de la même manière que dans le C. rostratus; avec cette différence seule-
ment, que dans le C. Lewisii ils sont perpendiculaires vers la jonction de la tête et
du tronc, et inclinés en dehors dans leur partie moyenne et antérieure. Sur le côté
gauche on voit encore quelques traces de la surface inférieure des os du crâne; et
même, immédiatement à son bord et à l'angle postérieur et inférieur de la tête, il en
est resté un fragment qui fait voir la structure granuleuse de sa substance, et qui
présente une identité parfaite d'organisation avec le C. rostratus. Cependant dans
le C. Lewisii ]e n'ai remarqué aucune trace de prolongement latéral en forme de
corne.
La forme de la tête du C. Lewisii a quelque chose de très-particulier : sa partie
postérieure est rétrécie et plus voûtée que sa partie moyenne, qui est aplatie et dilatée
latéralement; le museau est aussi aplati ; le disque entier a une forme ovale, tronquée
aux deux extrémités.
Cette espèce a été trouvée à Whitbach, dans le vieux grès-rouge; je l'ai dédiée
au Révérend M. Lewis, qui étudie avec zèle la géologie de cette pai'tie de l'An-
gleterre. L'exemplaire figuré se trouve dans la collection de M. Murchison.
IV. Cephalaspis Lloydii Agass.
Vol. 2, Tab. I bj fig. 9, 10 et ii.
Celte espèce ressemble beaucoup à la précédente ; la forme générale de la tête (qui
est aussi la seule partie conservée dans les nombreux exemplaires que j'ai vus) est la
même; seulement son bord antérieur est plus arrondi, et son extrémité postérieure
moins rétrécie. Des quatre espèces c'est celle-ci dont la tête, au premier coup-d'œil,
ressemble le moins à la tête d'un poisson. Dans les exemplaires dont la surface supé-
rieure est conservée, on a de la peine à se défendre de l'idée que ces fossiles ne sont
que des coquilles de Mollusques; tant leurs sti'ies extérieures sont régulières, et rap-
pellent les stries d'accroissement des Testacés. Cependant, en examinant de près ces
stries , on reconnaît qu'elles sont disposées autrement que dans tous les Mollusques ;
car lors même que l'on partirait de la supposition que ces disques sont des tests de
3IoHusques univalves patelliformes , ou même de bivalves, la disposition des stries
contredirait l'une et l'autre de ces hypothèses. En effet, ces stries sont disposées sur
les côtés d'une ligne médiane dirigée d'avant en arrière du disque , et présentent dans
leur partie postérieure un parallélisme presque parfait; tandis que , a,u bord antérieur,
elles suivent sa courbure, et ne rappellent nulle part les lignes concentriques que
forment les nouvelles lames des coquilles dans le sens de leur accroissement. Par la
— 151 —
comparaison de plusieurs exemplaires brisés de ces fossiles, il devient évident que
cette surface striée est une couche d'émail, distincte de la substance qui forme la
partie consistante du disque, que ces stries sont des rainures dans la couche super-
licielle des plaques, et non point des bords relevés de lames d'accroissement succes-
sives. Ce qui le prouve évidemment, c'est que, d'un côté, sur une coupe transversale
de tout le test, on n'aperçoit que de petites fentes perpendiculaires qui finissent
brusquement, et que, d'un auti'e côté, malgré la régularité de ces stries, on les voit
quelquefois distinctement se bifurquer; enfin, leur parité sur les deux côtés du disque,
sans que dans les couches inférieures de sa substance il y ait la moindre trace d'une
division longitudinale, est un caractère qui ne s'accorde nullement avec ce que nous
connaissons de l'accroissement des Mollusques et des écailles de la queue des Crus-
tacés; tandis que l'analogie de ces disques avec les têtes de Cephalaspis qui viennent
d'être décrites, est d'autant plus frappante qu'on les examine plus en détail.
L'ovale de la tête de cette espèce est plus obtus que celui de la précédente ; son bord
antérieur est complètement arrondi; cependant on y remarque évidemment- l'em-
preinte d'un ethmoïde semblable à celui du C. Lev^'isiij mais beaucoup plus étroit et
plus allongé; il était même certainement plus long qu'il ne le paraît dans la fig. lo,
dont l'original est brisé à son bord antérieur. Le bord postérieur du disque de la tête
est tronqué obliquement, comme dans le C. Lewisii; mais il n'est pas relevé en
bourrelet. Les bords latéraux sont inclinés uniformément de côté, et suivent la cour-
bure générale de la voûte de la tête, qui n'est nulle part déprimée dans sa partie an-
térieure comme celle de l'espèce précédente. Outre la couche d'émail qui forme la
surface extérieure du disque , et que l'on voit surtout bien au bord droit et antérieur
de la fig. lo, ainsi que sur vm lambeau conservé vers le bord postérieur de ce même
exemplaire, on distingue encore deux couches de structure différente : l'une, qui est
la moyenne du test, a une structure granuleuse semblable à celle des os des poissons
Chondroptérygiens, et parfaitement identique avec celle des lambeaux que nous avons
aperçus dans le C. rostratus^ l'autre, qui est la couche inférieure, se décompose en
feuillets superposés les uns aux autres comme les lames d'accroissement des coquilles
des Mollusques. Cette dernière couche est la plus épaisse des trois. Dans l'exemplaire
de la fig. 9, qui est celui dont les formes sont le mieux conservées, on ne voit des
lames que de cette troisième couche, qui recouvre en partie l'empreinte en relief de la
surface inférieure de la tête. Dans la fig. 10, au contraire, on reconnaît au bord de
son disque, d'abord la couche extérieure, sous laquelle la couche moyenne est cachée,
et un peu plus en avant dans l'intérieur du moule, des lambeaux de la couche infé-
rieure. Enfin, dans la fig. 11 on voit un fragment cassé de manière à présenter ces
trois couches dans leur superposition naturelle. Sur les côtés de la tête l'on n'aperçoit
— 132 —
aucune trace d'un prolongement latéral en forme de corne, pas plus que dans le
C. Lewîsii; en sorte qu'il me paraît probable qu'un jour, lorsqu'on les connaîtra
mieux, ces deux espèces devront être séparées génériquement des C. Ljelli et
rostratus.
Ce qui vient d'être dit sur la structure de la tête des Ceplialaspis rappelle singu-
lièrement le test des Crustacés, qui a aussi une couche extérieure colorée, sous
laquelle se trouve d'abord une couche de structure granuleuse , puis une couche la-
melleuse; et ce n'est pas sans avoir hésité long-temps, que je me suis décidé à en-
visager les fossiles représentés dans mes fig. 8, 9 et 10, comme des têtes de
Cephalaspis j plutôt que comme des écailles terminales de quelque Crustacé inconnu.
Il est, en effet, fort extraordinaire que des écussons dont les caractères ichthyologiques
ne peuvent être révoqués en doute dans les espèces représentées fig. i, 3, 5 et 6,
l'une desquelles, du moins, a été trouvée avec son tronc et ses nageoii-es, aient exac-
tement la même structure que d'autres disques que Ton pourrait prendre aussi pour
des queues de Trilobite. La difficulté d'ari'êter son opinion sur ces fossiles est d'autant
plus grande, que le bouclier et la queue de plusieurs espèces de la famille des Tri-
lobites ont aussi la couche extérieure de leur test ornée de sillons semblables à ceux
delà tête des Cephalaspis, et leurs bords quelquefois relevés en bourrelet, comme le
bord postérieur du disque du C. Lewisii. Cependant, la présence constante de la
pièce qui me paraît être Tethmoïde, et l'arête longitudinale sur le milieu du disque,
semblent trancher la question et nous obliger à placer définitivement toutes ces
lilaques dans la classe des Poissons, et à les envisager comme des têtes de Cephalaspis
ou d'uu genre voisin. Leur structure particulière exige la plus grande circonspection
dans l'établissement des espèces, pour ne pas s'exposer à envisager comme des espèces
particulières des empreintes dont les couches extérieures seraient enlevées, et don-
neraient à la sui'face du disque un aspect tout différent. Déjà de pareilles méprises ont
eu .lieu dans la classe des Crustacés, chez lesquels la surface inférieure du test a fré-
quemment u\\ aspect tout différent de celui de la surface supérieure , en sorte que leurs
empreintes ne se ressemblent point du tout.
Le C. Llojdiij dont j'ai vu un grand nombre d'exemplaires dans la collection de
M. Murchison, paraît être très-commun dans le vieux grès-rouge, et se trouver dans
le Pays de Galles dans toutes les localités oii l'on trouve le C. Lyellii. Ces deux
espèces devront donc être envisagées comme caractéristiques pour cette formation.
J'ai dédié cette espèce à 31. Lloyd, médecin à Ludlow, qui le premier a fait
connaître à M. Murchison l'existence de ces curieux fossiles dans le vieux grès-rouge.
— ioô
CHAPITRE YII.
DU GENRE EURYNOTUS.
Mon attention a été appelée sur ce genre pour la première fois lorsque j ai examiné
à Edimbourg les fossiles du Calcaire d'eau douce de Burdie-House, dans le Musée de
la Société Royale , où j'ai trouvé quelques exemplaires d'une espèce qu'il m'a d'abord
été impossible de ranger dans aucun des genres que j'avais déjà établis alors.
Depuis, M. le professeur Jameson m'en a communiqué des exemplaires si bien conser-
vés , que j'ai pu en constituer définitivement un nouveau genre auquel j'ai donné le nom
à'EurjnotuSj et dont tous les caractères ont pu être déterminés exactement. Sa po-
sition dans ma classification est naturellement à côté des Amhljptenxs^ entre ce genre
et le genre Platysomus , c'est-à-dire, dans la famille des Lépidoïdes, section des
Hétérocerques. La forme de son corps et de sa nageoire dorsale le rapproche même
davantage des genres à corps plat, tandis que la forme des nageoires paires rappelle
le genre Amhljpterus. Dans le cadre de l'ordre des Ganoïdes qui précède la description
des genres de la famille des Lépidoïdes, il faudra le placer immédiatement avant le
genre Platysomus.
Ce genre est très-bien caractérisé par sa grande dorsale, qui occupe tout le dos
comme dans les Platysomes, et dont les rayons antérieurs sont très-allongés. L'anale,
opposée à la partie postérieure de la dorsale , a aussi son bord antérieur formé par des
rayons beaucoup plus longs que les suivans. La caudale n'est pas aussi développée,
proportionnellement, que les autres nageoires. Les ventrales sont très-grandes, et
placées au milieu de l'abdomen; les pectorales sont plus grandes encore, et si dé-
veloppées, que leur bord postérieur atteint l'insertion des ventrales. Cependant les
nageoires paires ont moins de rayons que dans le genre Amblyptenis. La tête est
petite, et les mâchoires sont armées de très-petites dents obtuses. Les écailles sont de
moyenne grandeur.
Je connais maintenant trois espèces A'' Eurynotus j provenant, l'une du calcaire de
Burdie-House, la seconde de New-Haven près de Leith, et la troisième de Sunder-
land (Massachusetts).
— 154 —
I. EURYNOTUS CRENATUS AgaSS.
Yol. 1, Tab. i4 (ij et i4 b.
Cette espèce est celle qui m'a servi de type pour établir le genre 5 pendant quelque
temps elle a même été la seule que je connusse. Elle paraît ne pas être très-rare dans
le calcaire de Burdie-House; car j'en ai vu plusieurs exemplaires dans la collection de
la Société R. d'Edimbourg, dans celle de M. le D' Hibbert, et un plus grand nombre
encore dans celle de M. le professeur Jameson. Les originaux des fig. i, 2 et 3, Tab.
i/f. ttj appartiennent à la Société Royale^ ceux de la fig. 4 5 et de la Tab. i4 hj appar-
tiennent à M. Jameson. La fig. i, Tab. i4 «j donne l'idée la plus complète de la forme
du tronc de ce poisson et de la structure de sa caudale. Dans la fig. 2, on distingue
quelques détails de la structure de la tête; dans lajig. 3, la position relative de la
dorsale, de l'anale et des ventrales, ainsi que la direction de la ligne latérale. La fig. 4
fait encore mieux voir la dorsale, la longueur de ses rayons antéiieurs, et même de
ceux de l'anale. Dans la Tab. il^ bj fig. i , on voit surtout bien le bord antérieur de
la dorsale, et la manière dont les rayons s'allongent insensiblement depuis le dos
jusqu'à l'extrémité de la nageoire 5 c'est aussi de tous les exemplaires celui où les
écailles sont le mieux conservées. On y voit encore quelques os du crâne, par leur
surface extérieure. Enfin, la fig. 2 de cette planche montre toute l'extension des na-
geoires paires. Avant d'avoir vu les exemplaires de la collection de M. Jameson, et.
surtout ceux de la Tab. 14 b^ il me restait des doutes sur la validité de ce genre,
doutes qui me paraissaient surtout justifiés par la grande ressemblance que l'original
de la fig. I, Tab. 14 a^ présentait avec le genre Platjsomus. Cette ressemblance était
d'autant plus embarrassante, que cet exemplaire ne laisse apercevoir aucune trace de
l'anale et des nageoires paires. La vue d'exemplaires évidemment de la même espèce,
comme celui de la fig. i, Tab. i4 b^, et dont la dorsale a un aspect si différent de ce
qu'elle paraît être dans la fig. i, Tab. 14 «j a fait disparaître à mes yeux les rapports
si intimes que je croyais exister entre cette espèce et les Platysomes. Elle présente
aussi un type de squamalion très-différent de celui des Ambljterus et des Platfsomus.
La forme générale du corps est élégante, quoique ce poisson soit passablement
large proportionnellement à sa longueur. La tête est petite, car elle excède à peine le
cinquième de la longueur totale. La hauteur extraordinaire du bord antérieur de la
dorsale, qui égale à-peu-près celle du corps, donne à cette espèce un aspect tout parti-
culier qui rappelle les Platax. Dans ses détails elle présente quelques traits re-
marquables ; la tête surtout diffère singulièrement des autres genres de cette famille ,
par le développement extraordinaire de quelques-uns de ses os. L'orbite est très-
grande, proportionnellement à la petitesse de la tête; l'opercule, au contraire, est
— 135 —
très-étroit, et le suboperciile très-élevé, mais e'galement étroit. En dessous de l'or-
bite, la joue est couverte par une large plaque triangulaire qui me paraît être un sous-
orbitaire. Dans la lîg. 2, Tab. i4 0.3 on voit l'empreinte de tous ces os sillonnée de
rides concentriques dans le sens de leur accroissement ; et a« bord inférieur de la
tête, une des branches du maxillaire inférieur dont l'extrémité est dirigée en bas, et
dont le bord est armé de plusieurs rangées de dents extrêmement fines et obtuses.
Il est évident que, dans cet exemplaire, c'est la branche droite de la mâchoire infé-
rieure que Ton Aoit par sa surface extérieure ; tandis que ce sont les os de la face du
côté gauche qui y ont laissé leur empreinte. Ceci explique la position extraordinaire
que la mâchoire inférieure semble avoir au dessous des sous-orbitaires. Dans la fig. i ,
Tab. i4 h , on voit encore distinctement les sillons de la surface extérieure de l'o-
percule. Les écailles ont un aspect très-particulier : elles sont beaucovip plus hautes
que longues dans la partie antérieure du tronc et sur les flancs jusque vers le milieu
de la queue, oii elles deviennent de plus en plus équilatérales 5 tandis que sur le pro-
longement du pédicule de la queue , elles prennent la forme de losanges allongées ,
dont les angles aigus sont tournés en avant et en arrière. La surface extérieure de
toutes les écailles du tronc est parfaitement lisse, excepté dans celles des premières
séries qui suivent la ceinture thoracique , et dont le bord antérieur est pointillé et orné
de rides qui se perdent vers le bord postérieur, fig. 3, Tab. i4 h. Ce bord posté-
rieur est fortement crénelé dans toutes les écailles, jusque sur le prolongement du
pédicule, où leur dentelure disparaît. Cette dentelure est surtout marquée dans les
hautes écailles de la moitié antérieure du tronc, fig. 4; on voit même encore, à travers
l'émail qui les recouvre , la dentelure de plusieurs lames d'accroissement qui ont pré-
cédé celle dont les dents forment maintenant le bord crénelé de chaque écaille. Dans
la fig. 3, on voit la ligne latérale qui s'étend sur le milieu du corps, en partant de
l'angle supérieur et postérieur de l'opercule ; elle est légèrement arquée vers le
ventre. Quant aux écailles en général, il est à remarquer encore que celles des bords
du dos et du ventre sont plus petites que celles des flancs. Le bord supérieur de cha-
cune d'elles est droit , tandis que , dans la partie antérieure du tronc , le bord supérieur
est convexe et le bord inférieur concave. Yers le milieu du tronc, seulement, et sur les
côtés de la queue, ils deviennent également droits. Leur surface intérieure est partout
lisse , avec un gros onglet articulaire à son bord supérieur , et une fossette correspon-
dante à son bord inférieur; de l'une à l'autre on remarque une quille aplatie.
Quoique le bord antérieur de la dorsale soit extrêmement élevé, ce ne sont ce-
pendant pas ses rayons antérieurs qui sont les plus longs; au contraire, les pre-
miers sont très-courts, et les suivans vont en s'allongeant insensiblement jusqu'au
dix-huitième, qui est celui qui atteint la partie la plus élevée de la nageoire, et qui
— 156 —
est aussi long que le corps est large. Les rayons qui viennent ensuite diminuent rapi-
dement de longueur jusqu'au trente-cinquième, en sorte que l'extrémité de la nageoire
est très-échancrée. La partie de la nageoire qui occupe la seconde moitié du dos, se
compose de rayons à-peu-près de même longueur, jusqu'aux derniers qui se raccour-
cissent encore un peu. Cette conformation de la dorsale se voit surtout bien dans la
fig. 4) Tab. i4 Cl, et dans la fig. i, Tab. \l\ bj où l'on remarque en outre, surtout
dans cette dernière, luie particularité de la structure des nageoires, très-fréquente
dans l'ordre des Ganoïdes, mais qui est plus évidente ici à cause du développement
prodigieux de la nageoire, et qui rappelle ce que j'ai dit au chapitre des Palœoniscus
du passage insensible des écailles aux rayons des nageoires : c'est que, dans la série
impaire des écailles du milieu du dos, celles qui se trouvent en avant de la nageoire
se i-edressent insensiblement et passent à la forme de rayon par des transitions gi-a-
duelles, en s'articulant sur les osselets interapopbysaires supérieurs. Mais ce qu'il y
a de plus curieux dans cette espèce, c'est de voir, fig. i , Tab. ït\ bj comment les
dix premiers de ces petits rayons sont simples , sans porter à leur bord antérieur de
ces petits osselets qui , dans la plupart des genres , sont accolés dès la base de la na-
geoire contre ses plus longs rayons 5 tandis qu'ici ils s'interposent successivement
entre leurs exti'émités, depuis le dixième rayon jusqu'au dix-huitième, qui atteint
l'extrémité de la nageoire. Ces osselets peuvent donc être envisagés, ou comme des
articulations obliques, détachées du bord antérieur des rayons, ou comme des écailles
accolées contre ce bord et qui seraient interposées entre les extrémités des rayons.
Dans les grandes espèces du genre Lepidotus j ces transitions des écailles aux rayons
antérieurs des nageoires seront encore plus évidentes. On ne les remarque pas seu-
lement en avant de la dorsale , elles ont encore lieu au bord antérieur de l'anale , de la
caudale, et même des nageoires paires. Du reste, la dorsale de VE. crenatus paraît
avoir environ 80 rayons, sans qu'il soit possible de les compter exactement, à cause
du mauvais état de conservation de son bord postérieur. Leurs articulations transver-
sales sont très-éloignées, surtout celles des petits rayons antérieurs. Depuis le plus long
jusqu'au dernier, leur extrémité est bifurquée à plusieurs reprises , et les articulations
transversales sont un peu plus rapprochées. La caudale n'est pas très-grande , pro-
portionnellement aux autres nageoires 5 mais le pédicule qui la porte est considéra-
blement rétréci, en sorte qu'en avant des rayons, la largeur de la queue égale à
peine le tiers de la largeur du tronc dans sa partie la plus élevée. Le prolongement
du pédicule caudal se rétrécit tout d'un coup, et diminue ensuite très-insensiblement
jusqu'à son extrémité, Tab. i4 «j, fig. i ; ses côtés sont couverts d'écailles en forme
de losanges très-allongées. Le long de son bord supérieiu' il y a de longues écailles
imbriquées, qui sont très-grosses en arrière de la dorsale, Tab. i4 bj, fig. 2. La eau-
— 157 —
dale elle-même est peu ccliancrée, les rayons antériems de sou lobe inférieur n'étant
pas très-allongés j ceux du lobe supérieur diminuent très-insensiblement de longueur
jusqu'à son extrémité. Tous ces rayons ont des articulations transversales beaucoup
plus rapprocbées que celles des rayons de la dorsale. L'anale, qui est surtout l)ien
conservée dans les fig. 3 et 4 de la ïab. i4 n, est étroite, et ses rayons antérieiu^s
sont si allongés, qu'ils dépassent l'insertion du lobe inférieur de la caudale. Ses rayons
sont un peu plus gros que ceux de la dorsale, et bifurques seulement jusqu'au tiers
de leur longueur ; et quoique leurs articulations transversales soient plus rappro-
chées , elles sont cependant encore assez éloignées pour que les articles soient plus
longs que larges. Le milieu de cette nageoire est opposé à l'extrémité postérieure de
la dorsale 5 à son bord antérieur il y a une série de petits rayons accolés aux plus
grands jusqu'à leur extrémité. Les ventrales et les pectorales ne sont distinctes que
dans la fig. 2 de la Tab. i4 h ; ces deux nageoires sont grandes, proportionnellement
à la taille du poisson. Ce qui les distingue surtout de celles des Amblypterus j avec
lesquelles elles ont le plus de rapport par leur grandeur, c'est qu'au lieu d'être arron-
dies elles sont acuminées, et composées de rayons beaucoup plus gros, dont les ar-
ticulations transversales ne sont pas très-rapprochées, et dont l'extrémité est bifur-
quée à plusieui's repiises jusqu'à la moitié de leur longueur dans les ventrales, et
jusque près de leur insertion dans les pectorales. A leur bord antérieur il y a une
série de petits rayons allongés et fortement accolés aux plus grands. Cependant les
ventrales sont plus petites que les pectorales, dont l'extrémité déborde l'insertion des
ventrales.
Cette espèce n'a encore été trouvée que dans le Calcaire de Burdie-House.
II. EURYNOTUS FIMBRIATUS AgaSS.
Vol. 2, Tab. i4 Cj fig. 1 , 2 et 3.
Lés exemplaires que j'ai vus jusqu'ici de cette espèce ne sont pas assez bien con-
servés pour en donner une idée complète; cependant ils le sont assez pour indiquer
une espèce différente de la précédente, surtout par ses écailles plus petites, moins
hautes , et dont le bord postérieur est orné de franges plus fines que la dentelure de
celles de VE. crenatus. Les originaux de mes figures ont été trouvés à New-Haven
près de Leith, dans des géodes de fer hydraté carbonate : celui de la fig. i , qui re-
présente la plus grande partie du tronc et une portion de la tête, appartient à M. Buck-
land; celui de la fig. 2 est de la collection de Lord Greenock, qui en a trouvé encore
quelques fragmens moins complets.
La largeur du corps pourrait faire supposer que cette espèce appartient au genre
ToM. II. 21
— 158 —
Platjsomus ; mais envoyant ses nageoires, dans l'original de la fig. i, il est impossible
de méconnaître les caractères distinctifs du genre Eurjnotus. Car_, si sa grande dor-
sale rappelle le genre Platjsomus j d'un autre côté la présence d'une ventrale opposée
à la partie antérieure de la dorsale prouve évidemment que l'anale ne pouvait pas
s'étendre parallèlement à la dorsale tout le long de la queue j et quoiqu'on n'en voie
aucune trace dans ces exemplaires, il est plus que piobable qu'elle était aussi opposée
à l'extrémité de la dorsale, comme dans VE. crenatus. Dans la fig. i, on voit seulement
l'empreinte de la partie postérieure de la tête et de la ceinture thoracique , sans qu'il
soit possible d'en distinguer les différentes pièces ; on y reconnaît cependant les stries
concentriques de leur surface extérieure, qui sont semblables à celles que l'on observe
sur ces os dans VE. crenatus.
Les écailles qui recouvrent tout le tronc sont plus uniformes que celles de l'espèce
précédente ; dans la partie antérieure du tronc elles sont cependant plus hautes que
longues, mais moins disproportionnées; et en général toutes les écailles sont plus
petites relativement à la grandeur du poisson. Nulle part on ne voit leur surface
extérieure; mais sur plusieurs points de la fig. i leur empreinte est assez nette pour
qu'on puisse être sûr qu'elles étaient lisses. Leur bord postérieur, fig. 3, est orné
d'une frange dont les pointes sont beaucoup plus fines et plus longues que celles de la
dentelure de l'^". crenatus. Leur surface intérieure est parfaitement lisse, et convexe
dans le s:ns transversal de l'écaillé, sans qu'il y ait de quilles distinctes; leurs onglets
articulaires sont très-gros. Les écailles des côtés de la queue sont équilatérales; leur
bord est également frangé. Cependant, n'ayant vu nulle part le prolongement du
pédicule de la queue^ j'ignore comment ses écailles sont conformées. Dans la fig. i,
on voit à son bord supérieur quelques rayons épars de la dorsale; tandis que dans la
fig. 2 , on distingue une grande portion de cette nageoire , dont le bord antérieur se
compose, comme dans VE. crenatuSj de rayons simples qui vont en s'allongeant in-
sensiblement. Par l'examen de cet exemplaire on acquiert la certitude que la
partie antérieure de cette nageoii-e, vers son douzième ou quinzième rayon, est
beaucoup plus élevée que sa partie postérieure , quoique l'extrémité de ces rayons
antérieurs soit enlevée. Mais comme on voit évidemment qu'ils ont été brisés, et que
malgré cela ils sont encore de moitié plus longs que les postérieurs, dont on aperçoit
l'extrémité bifurquce, il est incontestable que cette nageoire était à-peu-près con-
formée comme celle àeVE. crenatus. Ses rayons sont plus gros que dans l'espèce de
Burdie-House , et leurs articidations transversales beaucoup plus rapprochées. Vis-à-
vis du fort de la dorsale on aperçoit encore, dans la fig. 2, l'insertion d'une nageoire,
qui , vu sa conformation et sa position oblique , me paraît être la ventrale du côté
gauche. Sa base est plus large que celle des ventrales de l'^". crenatus; ses articu-
lations transversales sont très-rapprochées, et leurs articles par conséquent plus
159 —
larges que longs; leur extrémité est bifurquée à plusieurs reprises jusqu'à la moitié
de leur longueur.
Cette espèce n'a encore été trouvée qu'à New-Haven près de ijdïih.
III. EURYNOTUS TENUICEPS Ao'aSS.
is'
Vol. 2 , Tab. i4 Cj fig. 4 et 5.
Je ne connais encore qu'un exemplaire de cette espèce, l'original de ma fig. 4^ q"i
a été déposé par M. Murcbison dans la collection de la Société Géologique de Londres.
M. Hitchcock, dans son rapport sur la géologie de Massachusetts, en a déjà repré-
senté deux exemplaires qui étaient beaucoup plus parfaits que celui que j'ai vu,
quoique ses figures laissent à désirer bien des détails sans lesquels il est impossible
de bien déterminer une espèce. La fig. 5 de ma planche est une copie de la fig, 48,
pi. i4, de l'ouvrage de M. Hitchcock, qui paraît faite d'après un exemplaire dont
toutes les nageoires étaient bien conservées. Sa fig. l[5 représente un autre individu
de la même espèce, dont les écailles sont encore toutes visibles et dans leur position
naturelle. M. Hitchcock dit que, sur 5o exemplaires de poissons fossiles trouvés dans
le schiste bitumineux de Sunderland, 49 appartiennent à cette espèce. Dans l'exem-
plaire que j'ai sous les yeux , la tête est la partie la mieux conservée 5 on y voit en outre
l'empreinte d'une grande partie des écailles du côté droit, et quelques écailles du côté
gauche par leur surface extérieure. H n'est resté des nageoires qu'une partie du lobe
inférieur de la caudale , quelques rayons de l'anale et des pectorales , et un vestige
des ventrales; la dorsale est complètement enlevée. Si dans les exemplaires figurés
par M. Hitchcock les nageoires étaient intactes, la dorsale différerait considérablement
de celle des Eurjnotus : car dans ses figures ce sont les rayons postérieurs de cette
nageoire qui sont les plus longs; ils excèdent même de beaucoup les rayons antérieurs.
Cependant, comme ceux-ci paraissent avoir été brisés, il est très-possible qu'ils étaient
les plus longs dans leur état naturel. Je crois la chose d'autant plus probable , que je ne
connais pas un seul poisson de cette famille qui ait, proportionnellement à sa largeur,
une dorsale composée de rayons aussi courts que le seraient ceux de cette espèce, s'ils
n'avaient pas été beaucoup plus longs qu'ils ne paraissent dans les figures citées. Par-
tant de là, il m'a paru que ce poisson devait rentrer dans le genre Eurjnotus j
puisque son anale est étroite, et qu'il appartient à la section des Lépidoïdes Hétéro-
cerques. En effet, le prolongement du pédicule de la queue s'étend obliquement au-
delà des rayons antérieurs du lobe inférieur de la caudale , de manière à ne laisser
aucun doute sur son extension jusqu'à l'extrémité de la nageoire. Cette assertion est
en contradiction avec les figures de l'ouvrage de M. Hitchcock; mais, comme j'en ai
— 160 —
déjà fait la remarque à l'occasion du Palajoniscus fultuSj, dont j'ai examiné une
plaque originale , je n'en crois pas moins que tous les poissons de Sunderland sont des
Hétérocerques ; et je pense qu'il aura paru plus naturel à M. Hitchcock de rétablir la
queue d'un poisson très-régulier, en lui donnant une caudale à lobes pairs, et de
supposer ses exemplaires mal conservés dans cette partie , que d'admettre que le corps
se terminait par une nageoire à lobes impairs , dont le supérieur aurait été sensible-
ment plus long que l'inférieur. Ce qu'il est resté de la caudale dans l'exemplaire de
ma fig. 4j fait voir, en avant de son lobe inférieur, de petits rayons simples, accolés
aux suivans qui sont beaucoup plus larges, et dont les articulations transversales, très-
rapprocliées , s'étendent jusque vers leur base. Il paraît que l'anale était très-étroite;
cependant, à son bord antérieur il y a d'assez gros osselets imbriqués le long du plus
grand rayon. D'après quelques rayons des ventrales, que l'on aperçoit entre les
écailles disloquées du bord du ventre , ces nageoires auraient été un peu plus rap-
prochées de l'anale que des pectorales •, tandis que dans la fig. 48 de M. Hitchcock elles
se trouvent droit au milieu de l'abdomen.
J'ai donné à cette espèce le nom de tenuiceps j parce que la hauteur de la tête est
peu considérable, proportionnellement à sa longueur et à la largeur du tronc. Dans
les figures de M. Hitchcock il semble, au premier coup-d'œil, que la tête doit avoir
été beaucoup plus large qu'elle ne le paraît; cependant, l'exemplaire que j'ai sous les
yeux confirme ses dimensions exiguës. Le museau surtout est allongé et étroit; et la
gueule, peu fendue, présente au bord de ses mâchoires de petites dents arrondies,
semblables à celles de YE. crenatus. L'orbite, qui paraît avoir été passablement
grande, se trouvait en arrière des mâchoires. Au bord supérieur de cette empreinte
on voit un os frontal long et étroit, qui, par sa position, donne probablement à la
tête plus de largeur qu'elle n'avait réellement. L'opercule est court, mais haut; en
dessous l'on voit une empreinte du sous-opercule et de l'inter-opercule, qui sont
moins hauts que dans l'espèce de Burdie-House. On ne voit que la surface intérieure
de ces pièces, qui sont celles du côté gauche.
Par leur forme, les écailles de cette espèce ressemblent davantage à celles de VE.
ûmhriatus qu'à celles du crenatus; mais elles sont beaucoup plus grandes , propor-
tionnellement à la taille du poisson. Celles de la partie antérieure sont plus hautes
que longues; mais depuis le milieu du tronc déjà, elles deviennent équilatérales. Sur
la plus grande partie de cet exemplaire on ne voit que l'empreinte lisse de celles du
côté gauche; celles du côté droit, que l'on voit au bord du ventre par leur surface
extérieure, sont également lisses; mais il m'est impossible d'affirmer si leur bord
postérieur est entier ou dentelé.
Cette espèce est commune dans un schiste bitumineux de la formation du grès-bi-
garré, à Sundei'land dans le Massachusetts.
161
CHAPITRE YIII.
DU GENRE PLATYSOMUS.
Autant il est facile de saisir les traits saillans du caractère de ce genre, autant il
est difficile de rendre un compte exact et clair de toutes les particularités de son or-
ganisation, tant à raison de l'état de conservation des exemplaires, qu'à cause des
combinaisons singulières du squelette et des écailles. Les espèces de ce genre sont
certainement plus remarquables, sous le point de vue zoologique et anatomique, que
toutes celles que j'ai déjà décrites. Le corps très-élevé, de forme plus ou moins tra-
pézoïde, est presque aussi haut que long; c'est ce qui a fait envisager ces poissons
par MM. de Blainville et Germar comme des Stromatées, avec lesquels ils n'ont du
reste aucun rapport. Je ne crois pas que les flancs aient été très-bombés j il me pa-
raît plutôt, d'après la position des écailles au bord du dos et du ventile, que c'étaient
des poissons plats. Ce genre paraît appartenir exclusivement à la formation du Zech-
stein et à ses équivalens.
La tête des Platjsomus est proportionnellement grande , quoiqu'elle ne soit pas
aussi large que le tronc. Le bout du museau forme une saillie arrondie peu apparente ;
la gueule est petite et peu fendue ; les mâchoires sont armées de petites dents en
brosse très-pointues; l'inférieure, lui peu plus courte que la supérieure, est très-large
à proportion ; l'opercule est étroit et très-élevé. Sur l'occiput s'élève une crête qui,
formant le bord supérieur de la tête, se continue insensiblement avec la nuque.
Toute la surface du corps est couverte de grosses écailles rhomboïdales , beaucoup
plus hautes que longues, et qui forment ainsi en travers du tronc des séries dorso-
ventrales très-visibles 5 mais à peine peut-on distinguer les bords supérieur et infé-
l'ieur de chaque écaille. Ce qui rend cet examen plus difficile dans ce genre que dans
d'autres , ce sont les longs prolongemens de leur bord antérieur dans la partie qui est
recouverte par l'imbrication des séries successives, et les grands onglets articulaires
du bord supérieur. La ceinture thoracique est très-vigoureuse et porte des pectorales
qui paraissent être de moyenne grandeur. D'après l'état de conservation de la région
moyenne de l'abdomen , où je suppose qu'étaient les ventrales, je ne doute pas de leur
existence, quoique jeu' en aie jamais vu de traces. Laforme de la dorsale etdel'anale dis-
tingue surtout ce genre : ces deux nageoires , opposées l'une à l'autre, s'étendent de-
puis le milieu du dos et du bord inférieur du corps jusqu'à la partie la plus rétrécie de la
— 162 —
queue j leurs rayons antérieurs sont beaucoup plus longs que les suivans, qui vont
en se raccourcissant insensiblement jusqu'aux derniers. La caudale a la même sti'uc-
ture que celle des Palœoniscus ; son lobe inférieur est formé des plus longs rayons
de la nageoire, et cependant il est plus court que le lobe supérieur, dont les rayons,
de plus en plus petits vers son extrémité, sont insérés le long d'un prolongement de la
colonne vertébrale, qui s'étend au delà de l'extrémité du lobe inférieur. 11 est certai-
nement très-surprenant de voir dans ce genre une caudale asymétrique, comme dans
tous les Ganoïdes antérieurs au Jura, quand on sait que les poissons vivans à corps
plat, court et très-élevé, comme les Stromatées, les Yomers, etc. , ont tous une cau-
dale très-fourcliue et à grands lobes égaux.
Le squelette des Platjsomus présente aussi, quant à la disposition des osselets
interapopbj^saires , des particularités que je n'ai encore observées que chez quelques
Ganoïdes. La colonne vertébrale et les apophyses épineuses qui s'élèvent sur les
corps de vertèbres, ne sont pas très-grandes; c'est plutôt par le développement des
osselets interapophysaires, que le corps prend ses formes larges. Les apophyses épi-
neuses ne paraissent pas non plus aussi complètement détachées des corps de vertèbres
que dans les Palœoniscus et les Caturus: elles se rapprochent davantage de la
structure des Pjcnodus et des GjroduSj car l'on voit distinctement sur quelques
vertèbres la saillie oblique, qui, du bord de l'apophyse épineuse supérieure, s'étend
jusqu'à la base de l'apophyse épineuse inférieure. La première étant vers le bord
postérieur de la vertèbre, et celle-ci au bord antérieur, la saillie qui les joint se
dirige naturellement d'arrière en avant et de haut en bas, ou bien, suivant qu'on
l'envisage, de bas en haut et d'avant en arrière. On ne saurait confondre ces saillies
avec les bords antérieurs et postérieurs des séries dorso-ventrales des écailles, puisque
leurs directions se croisent ; il importe seulement de faire remarquer que dans la partie
antérieure de la colonne vertébrale elles sont presque perpendiculaires, et se rappro-
chent alors davantage de la direction des écailles. Je compte dans le Platjsomus gib-
bosus i8 vertèbres abdominales, i4 caudales jusqu'au plus grand rétrécissement de
la queue , là oii finissent les nageoires dorsale et anale ; puis il y a trois ou quatre
vertèbres sans rayons, et enfin viennent celles qui portent la caudale, mais dont le
nombre n'est pas appréciable dans les exemplaires que j'ai vus. Les apophyses épi-
neuses supérieures sont en général courtes; les plus grandes n'ont pas en longueur le
double de la hauteur du corps des vertèbres . Celles de la nuque so:it les plus inclinées ;
puis elles se redressent insensiblement jusque vers le milieu du dos et dans la partie
antérieure de la queue ; celles de la partie postérieure du tronc , vers le rétrécissement
de la queue surtout, s'inclinent de nouveau en arrière vers le corps de la vertèbre,
auquel elles sont accolées tout le long du prolongement du lobe supérieur de la eau-
— 165 —
dale. Toutes ces apophyses sont arquées en avant à leur base, rétrécies au milieu, et
légèrement dilatées et comprimées à leur extrémité. Les apophyses épineuses infé-
rieures sont beaucoup moins distinctes que les supérieures ; l'on ne distingue bien
nettement que letu' articulation avec le corps des vertèbres. Depuis l'extrémité de la
cavité abdominale jusqu'au rétrécissement de la queue, elles suivent exactement la
même direction que les supérieures; elles ont aussi la même inclinaison et les mêmes
dimensions. Quant aux côtes, elles ont dû être bien grêles, puisque, à leur insertion
près, elles n'ont laissé que de très-légères empreintes qui ne s'étendent pas même
jusqu'à la moitié de la hauteur de la cavité abdominale. Les osselets interapophysaires
supérieurs commencent à la nuque j immédiatement derrière l'os occipital supérieur;
mais les premiers ont une direction si différente de celle des apophyses épineuses
supérieures, qu'au lieu d'être placés à l'extrémité de celles-ci et d'en paraître en
quelque sorte la continuation, comme dans la plupart des poissons, ils forment avec
elles un angle presque droit. Du bord antérieur de la partie montante du dos , a a fig. 2,
Tab. D. du vol. 2, ils se dirigent en arrière et sont à-peu-près perpendiculaires sur le
contour de la nuque; mais plus ils s'élèvent, plus aussi ils s'inclinent vers les ver-
tèbres; ils ne correspondent cependant aux extrémités des apophyses épineuses que
vis-à-vis le milieu de la cavité abdominale , où ils sont perpendiculaires à la colonne
vertébrale. Les 10 premiers de ces osselets sont dilatés en forme de massue et com-
primés à leurs deux extrémités, mais plus étroits au milieu de leur longueur; les 3
qui avoisinent l'occiput sont droits, les 5 suivans sont légèrement arqués en arrière,
les 9'' et 10"= se redressent de nouveau; ils sont aussi plus longs, mais moins larges
que les précédens. Les 11'' et 12'' se terminent déjà en pointe à leur extrémité in-
férieure. Plus en arrière , b b bj les osselets interapoph} saires n'atteignent plus le
bord du dos, et ne sont plus soutenus qu'entre les chairs et à l'extrémité des apophyses
épineuses. Depuis là, il s'établit un ordre de choses dont je ne connais aucun exemple
parmi les poissons vivans : ces os continuent à correspondre tout le long du dos à la
nageoire, quoique ce ne soit pas eux qui portent les rayons de la dorsale; car il y a
encore au-dessus d'eux un étage de pièces impaires, qui sont les pièces à l'extrémité
supérieure desquelles les rayons de la dorsale sont articulés, et que j'appellerai osse-
lets surapopiiysairesj c ce. On pourrait penser que les pièces bbbne sont point des
osselets interapophysaires, mais plutôt des arêtes musculaires^ et que ce sont les
pièces ccc qui sont les véritables interapophysaires ; mais il ne peut point en être
ainsi, car les pièces b sont impaires et placées à l'extrémité des apophyses épineuses.
La forme de ces osselets interapophysaires varie suivant la position qu'ils occupent :
les premiers sont presque droits, tandis que les suivans ont la forme d'un ^5' peu
courbé, mais d'autant plus incliné qu'il se rapproche davantage de l'extrémité de la
— 164 —
queue; leur inclinaison est de gauche à droite. Tous ces osselets se terminent en
pointe à leurs deux bouts; les 22 premiers correspondent à autant d'apophyses épi-
neuses des vertèbres abdominales et caudales; plus en arrière, il y en a davantage
que de vertèbres. Quant aux osselets surapophysaires , les premiers sont les plus longs
et portent les rayons antérieurs de la dorsale; les suivans deviennent de plus en plus
petits, jusqu'à l'extrémité de la nageoire. Ils sont tous droits ^ les premiers dirigés
obliquement en avant, les moyens perpendiculaires , et les derniers inclinés en arrière.
A l'extrémité des apophyses épineuses inférieures, on remarque un appareil semblable
à celui qui porte la dorsale; mais ici les osselets interapophysaires Z»_, sont plutôt en
crochets, dont la pointe inférieure est tournée en arrière. Les surapophysaires, c ^
sont beaucoup plus petits que ceux de la dorsale. Le.premier de tous ces osselets, qui
borde en arrière la cavité abdominale, p, était le plus grand ; à son extrémité inférieure
il se dilate en vuie large plaque qui avance vers les ventrales.
Tous ces détails sur l'ostéologie desPlatysomes n'étant pas également distincts dans
les exemplaires que j'ai choisis pour représenter les caractères spécifiques des diffé-
rentes espèces^ je les ai réunis dans une même figure, vol. 2, Tab. D, fig. i, où j'ai
fait représenter au trait tous les os que j'ai pu voir distinctement; tandis que les con-
tours de ceux qui ne sont conservés qu'en partie y sont simplement ponctués. Ce
squelette rendra plus sensibles les différences que j'ai signalées entre l'ostéologie des
poissons vivans et la structure particulière des os de ce genre.
D'après de mauvais exemplaires, j'avais d'abord assigné au genre Platysomus une
caudale fourchue à lobes égaux; et j'en avais distingué, sous le nom à^UropteryXj
les espèces dans lesquelles j'avais reconnu une caudale à lobe supérieur prolongé.
Mais ces deux genres se trouvent maintenant coïncider exactement; des exemplaires
parfaits des espèces que je croyais homocerques , déposés au Muséum de Paris
par M. de Humboldt, m'ont convaincu que même celles-ci sont hétérocerques.
Je connais déjà cinq espèces de Platysomus j dont deux proviennent du Zechstein
d'Allemagne, et trois du Calcaire magnésien d'Angleterre.
I. Platysomus gibbosus Agass.
Vol. 2, Tab. i5, fig. I, 2, 3 et 4-
Slromateus gibbosus de Blainv. Icht. p. 18. — La meilleure figure qui ait été publiée est celle de
Wohlfart, Tab. 14, fig. i, et deMyliusTab. lo, p. 85. Il y en a de moins correctes dans Scheuchzcr
et dans Knorr et Walch. Il est également mentionné dans plusieurs autres ouvrages anciens.
J'ai vu un assez grand nombre d'exemplaires de cette espèce au Musée de Munich,
dans la collection de M. le comte de Munster, dans celle de M. Piégley , qui appartient
— 165 —
maintenant à M. Carterct, dans celle de Lord Cole, et surtout au Muséum d'histoire
naturelle de Paris, où M. de Humboldt a déposé la plus belle collection de poissons du
Zechstein que j'aie vue jusqu'ici. L'original de ma fig. i se trouve dans la collection
de M. Carteret; il est surtout instructiC à cause de l'état de conservation de ses na-
geoires. L'original de ma fig. i appartient au Musée de Munich; il a été trouvé à
Riegelsdorf en Hesse. C'est surtout d'après cet exemplaire que j'ai pu reconstruire
une grande paitie du squelette. Les exemplaires de M. le comte de Munster sont
de Gliicksbrunn; ceux du Musée de Paris proviennent du district de Ralkberg.
31'étant déjà étendu sur les caractères ostéologiques de ce poisson , je me boi-nerai
à indiquer ici les différences spécifiques qui le distinguent de ses congénères. Sa tête
est très-petite, proportionnellement à la grande hauteur de son corps plat; son profil^
presque droit, se continue directement avec la nuque, et forme jusqu'au bord anté-
rieur de la dorsale une ligne très-peu arquée. En avant, le museau se termine par une
saillie arrondie, due sans doute à la forme de l'ethmoïde. L'orbite est grande, propor-
tionnellement aux dimensions de la tète ; la crête occipitale est très-élevée, et sa surface
finement granulée. Les pariétaux et les frontaux sont également granulés; cependant,
sur le bord des os, cette granulation se confond en stries ondulées. La bouche est petite,
le maxillaire inférieur est un peu plus court que le supérieur , et très-large vers son arti-
culation. On aperçoit quelques petites dents au bord du maxillaire supérieur. Les pièces
operculaires étaient de moyenne grandeur, plus hautes que larges, et toute leur surface
extérieure, ainsi que celle des os de la face, finement striée. La ceinture thoracique est
très-forte ; la surface extérieure de l'humérus est finement striée dans le sens longitudinal
de l'os ; son angle inférieur fait une saillie en arrière sur les flancs; en dessous l'on aperçoit
quelques traces des rayons de la pectorale droite, fig. 2. Dans la fig. i, celle du côté
gauche est entière; sa forme est arrondie, ses rayons sont d'égale épaisseur, et ceux du
milieu de la nageoire les plus longs. En avant. Ton voit encore quelques rayons de la
pectorale droite. Les corps des vertèbres sont hauts, mais très-courts, les apophyses
épineuses proportionnellement petites, les côtes faibles; les osselets interapophysaires,
qui s'étendent de la crête occipitale jusqu'à la partie la plus élevée du dos, expliquent
les singulières saillies que l'on voit sur la nuque de quelques espèces du genre Pjcno-
dusj et qui sont en rapport intime avec les écailles.
La forme générale de ce poisson est rhomboïdale ; ses côtés étant presque droits , les
angles du corps sont très-saillans , le milieu du dos surtout, où la ligne droite que pré-
sente l'insertion de la dorsale se confond avec le prolongement de la nuque. Le côté
inférieur offre également une ligne brisée, dont la partie antérieure, légèrement ar-
quée, s'étend de l'extrémité de la mâchoire à l'anus; tandis que la ligne d'insertion
de l'anale s'élève plus directement jusqu'au pédicule de la queue, qui est très-rétréci.
ToM. II. 22
— 166 — .
La dorsale et l'anale ont exactement la même structure ^ la partie antérieure de ces
deux nageoires se compose de rayons un peu plus allongés que leur extrémité ; ce qui
donne à tout le corps un aspect encore plus anguleux; leur partie saillante se trouvant
placée justement aux angles des bords du tronc, et à-peu-près également éloignée du
pédicule de la queue. Cependant l'anale s'étend un peu moins en avant. Leurs rayons
sont grêles , proportionnellement à la grandeur du poisson , les postérieurs surtout ,
qui sont encore plus fins que les antérieurs ; à leur extrémité ils sont bifurques, mais
pas très-profondément. Leurs articulations transversales s'étendent jusque vers leur
base ; elles ne sont pas très-éloignées ; cependant les articles sont un peu plus longs
que larges. Les premiers rayons du bord antérieur de ces nageoires sont courts, et
s'allongent insensiblement ; ce n'est qu'au 5'""'ou ô""" qu'ils atteignent l'extrémité de
la nageoire. Il n'y a pas de petits rayons accolés à leur bord antérieur. La caudale a
disparu dans l'original de la fig. 2 ; dans celui de la fig. i, son lobe inférieur est encore
assez bien conservé. C'est dans un des exemplaires du Musée de Paris .( dont je n'ai
pas fait litliographier le dessin ), qu'on la voit le mieux. Immédiatement en arrière de
l'extrémité postérieure de la dorsale et de l'anale, le pédicule de la queue est tellement
rétréci, qu'il n'excède pas le diamètre de l'orbite; son prolongement, jusqu'à l'ex-
trémité de la caudale s'amincit encore plus, mais très-insensiblement, et même un peu
moins que ne l'indique la fig. i , dans l'original de laquelle la série extérieure des
écailles du pédicule a disparu. Les rayons du lobe inférieur de cette nageoire sont'
très-allongés; ce qui la fait paraître très-écbancrée. Cependant cette espèce diffère
surtout de la suivante, en ce que les lobes de sa caudale sont plus inégaux, et en par-
ticulier le lobe supérieur plus allongé et moins rapidement rétréci.
Les écailles se voient surtout bien dans la fig. i , par leur surface extérieure; dans
la fig. 2, on voit seulement l'empreinte de celles du côté gauche, et par ci par là
quelques traces de leur surface intérieure. Celles du milieu des flancs, à la partie ain-
térieure du tronc , sont beaucoup plus hautes que longues ; mais vers les bords du dos
et du ventre et sur les côtés de la queue , elles deviennent insensiblement plus petites
et moins disproportionnées en hauteur ; le long de l'insertion de la dorsale et de l'a-
nale il y en a même plusieurs rangées d'étroites, semblables à celles qui se trouvent
sur le pédicule de la queue ; le long de son prolongement elles sont en forme de lo-
sanges étroites, dont les angles aigus sont dirigés en avant et en arrière. La surface
extérieure de toutes les écailles, fig. 3 et 4 5 est ornée de stries ondulées, qui sont
à-peu-près parallèles à leurs bords antérieur et postérieur ; leur surface intérieure est
complètement lisse ; à leur bord supérieur il y a d'énormes onglets articulaires, sem-
blables à ceux des Microdoji et des Gjrodus, et à leur bord inférieur des fossettes
correspondantes .
— 167 —
Cette espèce n'a encore été trouvée que dans le Zechstein d'Allemagne. Elle dif-
fère surtout de celles du Calcaire magnésien d'Angleterre ( chez lesquelles la caudale
est beaucoup plus grande et plus développée ), par la petitesse de sa tète, et en ce
que l'anale est moins reculée , ainsi que par quelques autres particularités de détail,
II. Platysomus Rhombus Agass.
Vol. 2, Tab. i6.
Stromateus major de Blainv. Icht. p. 18. — Rhombus diluvianus major Wolfart, Tab. i5.
Cette espèce paraît être beaucoup plus rare que la précédente ; je n'en ai vu moi-
même que les exemplaires donnés au Musée de Paris par M. de Huniboldt, et dont le
plus beau est l'original de ma figure. 31. le comte de Munster m'écrit qu'il en a reçu
récemment d'Eisleben un très-grand exemplaire, et qu'il en a vu d'autres au Musée
de Halle. Ce poisson paraît atteindre des dimensions beaucoup plus considérables que
le précédent, dont il diffère surtout par sa forme arrondie, par la plus grande luii-
formité de ses écailles 1, par le rétrécissement rapide du prolongement de sa queue,
qui rend les lobes de la caudale presque égaux, et enfin par une tête plus grosse. Le
profil du crâne est rectiligne, comme dans le P. gtbbosus ; mais depuis la nuque le
dos est fortement arqué, et sa partie moyenne, entièrement arrondie, ne forme point
d'angle au bord antérieur de la dorsale. Il en est de même du bord inférieur du ventre,
qui est arqué, et sur lequel le bord antérieur de l'anale n'est pas saillant. Dans la
partie antérieure de la tête on voit le maxillaire supérieur gauche qui est déplacé, et
dont l'extrémité postérieure est dilatée en forme de spatule. L'orbite paraît être moins
grande que dans le P. gibbosus ; on voit en dessous une partie des arcs branchiaux.
Les pièces operculaires étaient aussi moins élevées, et l'angle inférieur de l'humérus
descend moins bas sur le côté de la tête. Toutes les écailles qui. recouvrent le tronc
sont plus uniformes; celles de la partie antérieure sont moins hautes et moins étroites,
et diminuent plus insensiblement de taille A^ers les bords du dos et du ventre et sur le pé-
dicule de la queue. Cependant sur son prolongement elles ont la forme de losanges, mais
elles sont moins allongées que dans l'espèce précédente. Leur surface extérieure est
striée verticalement. Le long du bord supérieur du pédicule, il y a de petites écailles
imbriquées qui se continuent jusques à sou extrémité. Les nageoires dorsale et anale
ne sont pas assez bien conservées pour pouvoir être décrites en détail ; on voit seule-
ment que leurs rayons sont aussi grêles que dans le P. gibbosus. Les osselets surapo-
physaires sur lesquels ils sont insérés, sont plus courts; en revanche les apophvses
épineuses sont plus allongées. La caudale est très-bien conservée ; ses rayons sont
— 168 —
bifurques à plusieurs reprises, mais à leur extrémité seulement. Les antérieurs du lobe
inférieur sont tellement allongés, que leur extrémité atteint presque celle du lobe
supérieur ; ce qui rend cette nageoire fourchue , sans que pour cela elle en ait moins
les caractères des Hétérocerques.
Les teintes variées de cet exemplaire proviennent, comme dans toutes les espèces
du Zechstein d'Allemagne, de la grande quantité de cuivre pyriteux hépatique qu'il
contient. Cette espèce n'a encore été trouvée que dans le Mansfeld.
III. PlATYSOMUS STRIATUS Agass.
Yol. 2, Tab. 17, fig. I, 2, 3 et4.
Uropteryx striatus Ag. Cat. msc. — Walchner Geol. pag. 720. Sedgwick, Geol. Trans. 2' série,
vol. 3, Tab. 12, fig. 3 et 4-
Je n'ai encore vu que deux petits exemplaires de cette espèce, dont l'un se trouve au
Musée de New-Castle sur Tyne , et provient du Calcaire magnésien de Whitley, près
de Shields, et dont l'autre, qui appartient à M. le Prof. Johnston, a été trouvé dans
les environs de Durham. Celui-ci est l'original de ma fig. i. La fig. 1 est une copie de
celle que M. Sedgwick a publiée. dans les Transactions de la Soc. Géol. de Londres, et
dont il m'a été jusqu'ici impossible de retrouver l'original.
Cette espèce est très-bien caractérisée par sa forme et par quelques particularités de
détail. La partie la plus élevée du tronc se trouve en arrière du milieu de la longueur
totale du poisson j ce qui fait que ses bords se rapprochent plus rapidement vers le pé-
dicule de la queue que vers le museau. Le profil de la partie antérieure et supérieure
du corps s'élève insensiblement en forme d'arc peu courbé , depuis le bout du museau
jusqu'au bord antérieur de la dorsale , qui est la partie la plus saillante du corps ; le
bord inférieur est moins anguleux, l'arc que forme l'abdomen étant plus ouvert et
passant insensiblement au bord inférieur de la queue. La tête est proportionnellement
plus grande que dans le P. gibbosuSj, avec lequel cette espèce a le plus de ressemblance.
L'ossature de la tote présente exactement les mêmes caractères de détail ; avec cette
seule différence, que la surface extérieure, même celle des os du crâne, est plus ré-
gulièrement striée. Les apophyses épineuses des vertèbres abdominales antérieures
sont moins inclinées que dans le gibbosuSj comme la fig. i le fait très-bien voir. On
voit également bien les osselets interapophysaires supérieurs et inférieurs dans la
partie du tronc qui correspond aux nageoires dorsale et anale. La pectorale gauche
est très-bien conservée dans l'exemplaire de cette figure ; tous ses rayons sont égale-
ment grêles , mais aplatis , et ont cette apparence cornée que l'on observe dans les na-
— 1G9 —
geoires de beaucoup de poissons de Solenhofen , et qui rend les articulations transver-
sales des rayons imperceptibles ; ceux-ci sont bifurques a leur extrémité seulement.
La manière dont les écailles sont disloquées au bord inférieur de l'abdomen, ne per-
met pas de douter qu'il n'y ait eu des ventrales. La dorsale et l'anale sont composées
de rayons semblables, sensiblement plus grêles que ceux des autres nageoires, sim-
plement bifurques à leur extrémité , et divisés transversalement de manière que les ar-
ticles de cbaque rayon sont du double plus longs que larges, ceux du bord antérieur de
ces deux nageoires sont un peu plus allongés que les suivans. L'anale est un peu moins
étendue que la dorsale, elle se prolonge aussi loin sur le pédicule de la queue, qui est
très-rétréci , mais son bord antérieur n'avance pas autant que celui de la dorsale. La
caudale est proportionnellement moiais grande que celle de l'espèce suivante ; cepen-
dant son lobe inférieur est plus large que dans les Platjsomus de Mansfeld , tandis que
son lobe supérieur est plus étroit. Les rayons antérieurs du lobe inférieur sont les plus
gros; les articulations de leur base, ainsi que celles des rayons suivans, sont plus
rapprocbées qu'à leur extrémité, qui seule est bifurquée. Les écailles caractérisent
très-nettement cette espèce ; par leur forme elles se rapprochent le plus de celles du
P. gibbosiis. Celles des flancs de la partie antérieure du tronc sont beaucoup plus
hautes que longues ; mais sur la queue elles deviennent insensiblement plus équila-
térales, et vers les bords du dos et du ventre de plus en plus petites; celles qui re-
couvrent l'insertion de la dorsale et de l'anale et le pédicule de la queue , sont les plus
petites. Toute leur surface extérieure est striée, mais en différentes directions. Sur les
écailles les plus hautes et les plus étroites , ces stries sont parallèles à leui's bords an-
térieur et postérieur, fig. 3 \ vers le milieu des flancs et au bord du ventre, elles s'incli-
nent vers le bord postérieur, tandis que vers le bord du dos et sur les côtés de la queue
elles se dirigent en sens inverse et se perdent le long du bord antérieur, fig, 4- Les
onglets articulaires qui unissent toutes ces écailles sont longs et minces. Les écailles qui
bordent le prolongement du pédicule de la queue, sont plus petites que dans les autres
espèces. La ligne latérale s'étend directement de l'angle supérieur de l'opercule à la
base du pédicule de la queue. La fig. 4 des Trans. de la Soc. Géol. pourrait faire sup-
poser qu'il y a une différence énorme dans la forme des écailles de cette espèce et de
celles du P. macrurus ; mais les différences qu'on remarque proviennent de ce que,
dans cette fig. 4, on les voit par leur surface extérieure, et que les onglets articulaires
y sont cachés, tandis que, dans la fig. i de M. Sedgw^ick, les écailles du P. macnirus
sont représentées par leur surface intérieure , avec les onglets articulaires qui y sont
très-distincts.
Cette espèce n'a encore été trouvée que dans le Calcaire magnésien d'Angleterre.
— 170 —
IV. Platysomus macrurus Agass.
Vol. 2, Tab, i8, fig. I et 2.
SedgAv. Geol. Trans, 2" série, vol. 3, Tab. 12, fig. i et 2. — Uropteryx undulatus Ag, Cat. msc. —
Walchner Géol. pag. 720.
N'ayant point encore vu moi-même d'exemplaire de celte espèce, je me vois obligé
de borner ma description à l'indication des caractères qui ressortent des figures publiées
par M. Sedgwick, et dont l'original a été trouvé dans un schiste marneux près d'East-
Tliickley. Les figures de ma planche sont des copies de celles de 31. Sedgwick.
Il paraît que le corps de ce poisson est moins large, et surtout moins voûté dans sa
partie antérieure, que celui des autres espèces du genre. La dorsale, mais surtout l'a-
nale, s'étendent moins en avant ; la partie antérieure de celle-ci est formée de rayons
proportionnellement beaucoup plus allongés. Le pédicule de la queue est moins rétréci;
sa largeur égale environ le tiers de celle du tronc en avant de rinsertion de l'anale,
tandis que dans les autres espèces elle en égale à peine la cinquième partie. Ce qui dis-
tingue encore très-bien cette espèce de toutes les autres , c'est la grandeur considé-
rable de la caudale , dont le lobe supérieur est beaucoup plus gros que l'inférieur ;
le prolongement du pédicule de la queue y est en outre bordé de très-grosses écailles
imbriquées , qui s'étendent jusqu'à son extrémité. Les écailles qui recouvrent le tronc
paraissent être proportionnellement plus petites que dans les autres espèces, et avoir
des onglets articulaires plus larges.
Du Calcaire magnésien d'Angleterre.
V. Platysomus parvus Agass.
Yol. 2, Tab. 18, fig. 3.
Chtetodon, D" Clanny, Annals of Philos. Vol. 6, p. 11 5. — Chœtodon, M. Winch, Geol. Trans.
i" série, vol. 4j Tab. 2.
Ma figure de cette espèce n'est non plus qu'une copie de celle publiée dans les Trans.
de la Soc. Géol. de Londres, et dont l'original a été trouvé dans le Calcaire magnésien
à Low-Pallion dans le Northumberland.
Ce poisson paraît différer des précédens par la forme arrondie de la partie posté-
rieure du tronc , par une queue proportionnellement très-petite , par des rayons
courts dans la dorsale et dans l'anale , dont les bords antérieurs correspondent l'un
— 171 —
à l'autre. La tête est beaucoup plus allongée que dans les espèces précédentes. Les
écailles de la partie supérieure du tronc sont beaucoup plus petites que celles qui
recouvrent les flancs ; celles-ci paraissent avoir été proportionnellement plus larqes
que dans les autres espèces d'Angleterre , et se rapprocher de la forme de celles du
P. Rliombus.
— 172 —
CHAPITRE IX.
DU GENRE GYROLEPIS.
Mes recherches sur ce genre ne m'ont point encore conduit à un résultat définitif.
Partout je n'ai trouvé que des fragmens détachés , des écailles incohérentes et même
rarement entières ; en sorte que les caractères particuliers de ce genre ne sont point
encore étahlis d'une manière satisfaisante. La première écaille que j'en ai vue m'a
été communiquée par M. le Prof. Jœger de Stuttgart : j'ai bien reconnu d'abord qu'elle
sortait du type des genres que je connaissais ; mais mon espoir de réunir des pièces
suffisantes pour établir les caractères d'un nouveau genre, ne s'est point encore réa-
lisé. J'ai vu, il est vrai, un nombre immense de fragmens appartenant tous évidem-
ment à différentes espèces de ce genre ; mais dans aucune des collections que j'ai exa-
minées, je n'ai trouvé parmi ces fragmens la moindre trace de nageoire, ni même
aucune portion de tronc qui eût pu donner quelque idée des proportions du corps.
Cependant l'aspect de ces écailles est tel, qu'il serait impossible de les rapprocher
d'aucun des genres que j'ai déjà décrits. La surface extérieure des écailles est ornée
de grosses rides, tantôt concentriques et parallèles aux lames d'accroissement, tan-
tôt obliques et irrégulièrement ramifiées. J'ai cru pendant quelque temps que ces rides
étaient toujours concentriques ; mais plus tard je me suis assuré qu'elles étaient sou-
vent aussi disposées en peignes irréguliers. Les collections qui contiennent le plus
grand nombre de ces fragmens, sont celles de feu M. le D"^ Gaillardot de Lunéville,
de M. d'Alberti, de M. le comte de Munster et de M. le Prof. Otto. Dans les collec-
tions de M. Gaillardot et de 31. le comte de Munster, j'ai observé, outre ces écailles,
deux fragmens de mâchoire avec des dents , qui me paraissent devoir être rapportés à
ce genre, puisqu'ils ont été trouvés avec les écailles et qu'ils ne sauraient appartenir
à aucun des autres fossiles de la même formation. Ce sont de petites dents en forme
de cônes obtus , dont l'extrémité est arrondie , et qui sont disposées , comme dans la
famille des Pycnodontes , sur toute la surface des os qui les portent. Les premières es-
pèces que j'ai connues de ce genre proviennent exclusivement du grès bigarré, du
Muschelkalk et du Reuper. Pendant mon séjour en Angleterre, en 1 834, j'en ai ob-
servé une autre espèce provenant du vieux grès-rouge, et dont les écailles ont déjà
été décrites par M. le D"^ Fleming; et j'ai retrouvé dans les environs de Bristol une
partie de celles qui caractérisent sur le continent la formation triasique de M. d'Al-
— 175 —
berti. Celles de la collection de M. Gaillardot ont été présentées à la Réunion tlet.
Géologues français à Strasbourg, et décrites par M. Mougeot, Bulletin de la Soc.
Géolog. de France j Tom. VI, p. 20, sous le nonr de Ptjcholepis que je leur avais
d'abord donné , mais que depuis j'ai consacré à un genre particulier au Lias. M. Mou-
geot me faisant espérer un envoi considérable de poissons fossiles du Muschelkalk
des Vosges et de la Meurtbe, dans lequel j'espère trouver quelques complémens aux
espèces de cette formation , je m'abstiendrai pour le moment de citer les figures de ces
espèces, que je réunirai dans ma planche 19 , qui leur est consacrée, et qui fera partie
d'une prochaine livraison. Ce genre deviendra important, je crois, parce que plusieurs
de ses espèces, étant très-répandues, peuvent être envisagées comme caractéristi-
ques. Le G. asper de mon Tableau synoptique des Ganoïdes, p. 6, appartient au
genre Acrolepis (Voy. aussi page 69 de ce volume.)
. I. GvuoLEPis Albertii Agass.
Vol. 2, Tab. 19.
Cette espèce est la plus commune et la plus répandue du genre, et celle que j'ai
connue la première. En Allemagne , on la trouve dans le Muschelkalk, dans les loca-
lités suivantes : à Friedrichshall, à Rottweil, dans le lignite argileux de Rietheim et
de Biberfeld, dans une brèche osseuse de ce lignite à Rottenmiinster, dans la Dolo-
mie qui le recouvre , et dans les environs de Bayreutli et de Breslau ; en France , dans
les départemens des Vosges et de la IMeurthe ; enfin en Angleterre, à Wickwarr près
de Bristol , dans une brèche osseuse très-semblable à celle du Wurtemberg qui vient
d'être mentionnée.
Ces écailles ont une forme rhomboïdale -, leur partie émaillée est équilatézale, leurs
bords sont droits, excepté dans la pai'tie cachée qui fait un angle très-obtus avec la
partie émaillée. Les rides de la surface extérieure de ces écailles sont assez éloignées,
dirigées obliquement du bord antérieur au bord postérieur 5 elles forment de temps
en temps des anastomoses, ce qui les rend sinueuses, et se terminent au bord posté-
rieur sans faire de saillie et sans y produire par conséquent de dentelure. Dans les
exemplaires dont l'émail est en partie détruit, on voit très-distinctement au bord des
lames d'accroissement de petits bourrelets. La surface intérieure de ces écailles est
parfaitement lisse, surmontée vers son milieu d'une quille transversale plate, qui se
termine au bord supérieur par un onglet articulaire obtus et proportionnellement très-
court. Au bord inférieur se trouve une fossette, dont les dimensions correspondent à
celles de l'onglet.
On conçoit que ce n'est qu'avec la plus grande réserve que l'on doit se laisser aller
Tom. II. 23
— 174 —
à des suppositions sur les formes d'animaux dont on ne possède que des fragmens si
incomplets. Cependant, ayant fait à l'égard des Ganoïdes la remarque, qu'en géné-
ral les espèces dont les écailles sont proportionnellement plus hautes que longues, ont
le corps très-large; que celles dont les écailles sont équilatérales sont plutôt fusiformes,
et enfin que celles dont les écailles sont plus longues que larges , ont ordinairement une
forme plus élancée, il me paraît probable que les espèces du genre Gjrolepis avaient
à-peu-près la forme et les proportions des espèces trapues du genre Ambljpterus^
comme je l'ai fait observer dans les additions à ce genre qui se trouvent à la suite du
chapitre des Palœoniscus. Il reste pourtant ici encore une difficulté à résoudre : c'est
celle de la pluralité des espèces trouvées sur le Continent. J'ai déjà fait remarquer à
différentes reprises que les écailles n'avaient pas sur toute la surface du corps exac-
tement la même forme ; il ne serait donc pas impossible que toutes ces écailles du Mu-
schelkalk et du Reuper eussent appartenu à une même espèce , et que leurs différences
ne résultassent que de leur position. Je ne le pense cependant pas, et je crois que l'on
ne doit envisager comme appartenant au G. Alhertii que les écailles dont les rides on-
dulées , mais continues, ne sont pas extrêmement rapprochées. Car, si même les écailles
changent de forme dans différentes régions du corps, il est rare que la nature du re-
lief de leur surface extérieure présente des différences bien notables. Je pense donc
que les écailles qui vont être encore décrites proviennent de deux espèces qui diffèrent
réellement du G. Alhertii.
Quant à la formation dans laquelle on trouve toutes ces écailles, je ferai remarquer
encore que sur le Continent c'est dans le Muschelkalk et le Reuper, dépôts que M. d'Al-
berti envisage comme différens étages d'une même formation qu'il appelle Trias. Cette
dénomination que M. d'Omalius d'Halloy a changée en celle de terrain triasique j en
admettant la réunion du grès-bigarré, du Muschelkalk et du Reuper, proposée par
M. d' Alberti , et qui est confirmée par tous les fossiles trouvés dans ses différens étages,
et en particulier par les espèces de poissons suivantes : les Placodus impressus et G/-
f'as, trois espèces de Gjrolepis j, les Psammodus Elytra^ angustissimus ^ lieteromor-
plius et reticulatus j, les Acrodus Braunii et Gaillardotij et les Hjbodus plicatilisj
obliquus et sublœvis.
II. GVROLEPIS TENUISTRIATUS AgaSS.
Yol. 2, Tab. 19.
Cette espèce est aussi répandue que la précédente ; on la trouve en Allemagne dans
les schistes du Lignite marneux de Rottweil ( Primtlial ) , dans le grès de Rietheim et
de Biberfeld, dans celui de Ta;bingen, dans les environs de Bayreuth et de Bresîau ;
— 175 —
en France, dans le Muscheikalk des environs de Lunéville ; et en Angleterre, dans la
brèche osseuse de Wickwarr. (Voy. d' Albert! , Monographie etc., pag. lao.)
La surface extérieure de ces écailles présente des stries très-fines et très-rappro-
chées, fréquemment parallèles, mais se confondant quelquefois ensemble , et obliques
à leurs bords supérieur et inférieur. Leur forme est un peu plus allongée que dans le
G. Albertiij et fait présumer que le poisson était un peu plus étroit. Leurs bords sont
munis d'onglets articulaires encore moins marqués, et la quille de leur surface intérieure
est moins saillante que dans l'espèce précédente.
III. Gyrolepis maximus Aoass.
Vol. 2, Tab. 19.
Je ne connais encore que quelques exemplaires de cette espèce, qui se trouvent
dans les collections de M. Gaillardot, de M. d'Alberti, de M. le comte de Munster et
de M. le Prof. Otto. Elle a été trouvée dans le Calcaire de Friedrichshall, dans la
brèche osseuse de Rottenmunster, et dans le Muscheikalk de Bayreuth, de Breslau
et de Lunéville. Je n'en ai point trouvé de traces certaines dans la brèche de Wick-
warr. (Voy. d'Alberti Monographie j etc., pag. 89.)
Ces écailles sont beaucoup plus rares que celles des deux espèces précédentes ; elles
se distinguent d'abord par leurs dimensions plus considérables, mais surtout par la
nature des rides de leur surface extérieure, qui sont beaucoup plus grosses et inter-
rompues à leur bord antérieur, de manière à former une grosse granulation en séries
continues. En se réunissant, ces rides se dirigent en éventail vers les bords postérieiu'
et inférieur des écailles. Les onglets articulaires sont proportionnellement plus gros,
et les écailles plus épaisses que dans le G. Albertii.
IV. Gyrolepis giganteus Agass.
Vol. 2, Tab. 19.
J'ai établi cette espèce d'après d'immenses écailles qui ont été découvertes dans le
vieux grès-rouge d'Ecosse par M. Spence, et décrites par M. le D"^ Fleming, dans
VEdinb. Jouni. of natural. et geogr. Scien. nouv. série, N° 2, pi. i. Elles ont été
trouvées, d'abord dans la carrière de Drumdryan au sud de Cupar, et plus tard à
Clashbinnie près d'Errol en Perthshire 5 j'en ai vu des exemplaires dans les collections
de M. le D' Buckland et de M. le Prof. Jameson. Ce sont les plus grandes écailles de
poissons que je connaisse : elles ont souvent plus de deux pouces de diamètre 5 mais
— 176 —
leur épaisseur n'est pas proportionnée à leur grandeur, car elle n'excède guère trois
lignes. La partie de ces écailles qui n'était pas recouverte par leur imbrication est sil-
lonnée de rides profondes et très-larges, qui présentent de fréquentes anastomoses,
et qui sont généralement dirigées obliquement d'avant en arrière. La partie de l'é-
caille cachée par la série antérieure égale environ le quart de la longueur totale ; elle
est complètement lisse.
Tous ces caractères se rapprochent assez de ceux qui ont été assignés aux Gyrole-
pis du terrain triasique j, pour que j'aie cru pouvoir ranger ces écailles dans le même
genre. Je ne connais non plus encore du G. giganteus que des écailles détachées.
— 177 —
QUELQUES OBSERVATIOIXS
SUR LES
HETÉROCERQUES.
3Iaintenant que j'ai achevé la description des espèces de la première section de la
famille des Lépidoïdes, il ne me paraît pas hors de propos de rappeler ce qu'elles ont
de commun , et de faire ressortir les différences qui existent entr'elles et les espèces
des genres suivans. En comparant le contenu des chapitres précédens, qui se trouve
en tête de ce volume, et qui a été publié dans la i" livraison , on s'apercevra aisé-
ment que non-seulement leiiombre des espèces, mais aussi celui des genres s'est con-
sidérablement accru pendant la publication des 5 premières livraisons. Au lieu de
renfermer dans 7 genres (dont 2 douteux) 3i espèces ( dont 5 douteuses) , cette sec-
tion comprend maintenant 55 espèces bien déterminées dans 1 1 genres, dont un seul
est resté douteux. Il me paraît naturel de les distribuer comme on le voit dans le ta-
bleau ci-joint.
Outre les caractères qui constituent la famille des Lépidoïdes , tous ces genres ont
ceci de commun, que leur caudale est formée de deux lobes impairs, dont l'inférieur,
quoique plus court, a les plus longs rayons, tandis que le supérieur a ses rayons plus
courts et attachés le long du prolongement du pédicule de la queue, qui s'étend jus-
qu'au bout de la nageoire, comme dans les Esturgeons. Les côtés de ce prolongement
sont toujours recouverts d'écaillés en forme de losanges allongées. A cause de cette
singulière structure de la caudale, j'ai réuni ces genres dans une section particulière
de la famille des Lépidoïdes, sous le nom de Lépidoïdes HétérocerqiieSj, et je com-
prendrai dans une autre section ceux dont les lobes de la caudale. sont symétriques,
sous la dénomination de Lépidoïdes Homocerques. Les Lépidoïdes hétérocerques se
subdivisent en deux groupes, d'après la forme du corps. Le premier comprend les
genres dont les espèces ont le corps fusiforme : ce sont les Cephalaspis , Dipterus j Os-
teolepis j Acanthodes ^ Cheiracanthus j, Cheirolepis j Ambljpterus j Gyrolepis et Pa-
lœoniscus. Le second groupe comprend ceux qui ont le coips aplati, savoir : les Eu-
rynotus et les Platjsomus.
— 178 —
LEPIDOIDES HÉTÉROCERQUES.
I" Groupe : Fusiformes.
a; à deux dorsales :
Cephalaspis Agass.
C. Lyellii Ag.
C. ro stratus Ag.
C. Lewisii Ag.
C. Lloydii Ag.
DiPTERus Seclg"\v. et Murch.
D. macrolepidotus Sedgw. et Murch.
OsTEOLEPis Val. et Pentl.
O. macrolepidotus V. et P.
0. microlepidotus V. et P.
O. arenatus Ag.
P; à écailles granulées
AcANTHODES Agass.
A. Bronnii Ag.
A. sulcatus Ag.
Cheiracanthus Agass.
Ch. Murchisoni Ag.
Ch. minor Ag.
Cheirolepis Agass.
Ch. Traillii Ag.
Ch. Uragus Ag.
à une dorsale
Amblypterus Agass.
A. macropterus Ag.
A. eupterygius Ag.
A. la tus Ag.
A. lateralis Ag.
A. Olfersii Ag.
A. Agassizii de Munst.
A. nemopterus Ag.
A. punctatus Ag.
A. striatus Ag.
GvhoLEPis Agass.
G. giganteus Ag.
G. Albertii Ag.
G. tenuistriatus A g.
G. niaximus Ag.
— 179 —
Pal,eon:sciis Agass.
1 ° à écailles lisses
1° à écailles striées
P.
vratislaviensis Ag.
P. Robisoni Hibbert.
p.
lepidurus Ag.
P. striolatus Ag.
p.
Duvernoy Ag.
P. ornatissimus Ag.
p.
niinutus Ag.
P. elegans Ag.
p.
Blainvillei Ag.
P. comtus Ag.
p.
Yoltzii Ag.
P. macrophthalmus A g
p.
angustus Ag.
P. longissimus Ag.
p.
fullus Ag.
P. macropomus Ag.
p.
carinatus Ag.
P. magnus Ag.
p.
glaphyrus Ag.
P. Freieslebeni Ag.
11™^ Groupe : Plats et larges.
Platysomus Ai^ass.
EuRYNOTus Agass.
P. gibbosus Ag.
P. Rhombiis Ag.
P. striatus Ag.
P. macrurus Ag.
P. parvus Ag.
E. crenatus Ag,
E. fimbriatus Ag.
E. tenuiceps Ag.
11 est un fait bien remarquable dans les rapports de ces genres avec les formations
géologiques qu'ils caractérisent : c'est que toutes les espèces connues, sans exception,
ont été découvertes dans des terrains antérieurs à la formation du Lias. Cette circon-
stance n'est point accidentelle; elle se reproduit encore, dans les mêmes limites et
sur un nombre d'espèces presque aussi considérable, dans la famille des Sauroïdes, en.
même temps que tous les poissons de l'ordre des Placoïdes qui les accompagnent dans
les mêmes terrains avaient aussi une structure semblable de la queue. Quelque condi-
tion inconnue d'existence a donc agi dans ces temps reculés sur le développement de
la vie organique , et déterminé une conformation aussi singulière et aussi générale ;
car il ne nous serait pas permis d'envisager des pbénomènes aussi constans comme
de simples exceptions, que la nature, dans ses productions, n'admet nulle part sur
une échelle aussi étendue. On ne peut considérer ces formes que comme des antécé-
— 180 —
dens nécessaires de celles qui ont suivi, et les traits qui les caractérisent et les dis-
tinguent, que comme des différences dans un développement progressif. Ces différences
consistent surtout en une transition d'une structure asymétrique à une structure d'une
symétrie de plus en plus parfaite, qui a prévalu dans les époques subséquentes, dans
lesquelles les formes asymétriques ont successivement disparu. Chercher à indiquer
les causes d'un pareil état de choses, ce serait prétendre pénétrer les motifs du Créa-
teur ; cependant il nous sera permis de présenter quelques conjectures sur les rela-
tions de forme de ces poissons avec le monde extérieur dans lequel ils étaient appe-
lés à vivre.
Si nous jetons un coup-d'œil sur l'ensemble des êtres organisés qui ont vécu simul-
tanément avec les Lépidoïdes llétérocerques, nous remarquerons qu'ils étaient pour
la plupart fixés au fond des eaux, ou que du moins ils y rampaient sans pouvoir s'é-
lever librement et à leur gré vers la surface et se mouvoir au loin. A l'exception de
quelques reptiles, dont l'apparition sur la terre est de beaucoup postérieure à celle des
poissons, tous ces animaux étaient aquatiques j et le sol ne portait encore que des
plantes analogues à celles des grands archipels ou des plaines basses. Les poissons sont
donc les premiers animaux auxquels il ait été donné de franchir spontanément l'es-
pace entre deux eaux dans toutes les directions ; tandis que les mouvemens des Crus-
tacés ne sont que des mouvemens irréguliers et peu soutenus. Parmi les Mollusques,
les Céphalopodes, qui sont les plus mobiles, voguent à la surface des eaux, et restent
le jouet des vents dans leurs ascensions aquatiques j les Gastéropodes sont déjà plus
liés au sol, et les Acéphales et Brachiopodes y sont fréquemment fixés. Tous les
Polypes et les Crinoïdes de ces temps-là sont attachés par leur base à différens corps
solides. Cependant les poissons, avec leur caudale asymétrique, ne pouvaient exé-
cuter des mouvemens aussi précis que les poissons symétriques de l'époque suivante ;
et leurs mouvemens progressifs devaient encore être vacillans. Tous ces animaux,, res-
pirant par des branchies, ne pouvaient encore proférer aucun cri, et vivaient dans le
silence le plus absolu. Il y a certes loin de là aux temps où la surface de la terre s'est
peuplée d'oiseaux et de mammifères, et où l'homme a pu réfléchir sur les événemens
qui ont amené ces changemens dans la vie organique. L'on conçoit à peine qu'en pré-
sence de pareils faits il soit possible de méconnaître un ordre de succession régulier,
une progression constante dans la création.
— 181 —
CHAPITRE X.
DES GENRES DAPEDIUS ET TETRAGONOLEPIS.
Lorsque j'ai introduit le genre Dapedîus (i) dans mon tableau synoptique des Ga-
noïdes, je n'en avais point encore examiné moi-même d'exemplaire ^ aussi les carac-
tères que je lui ai assignés ne sont-ils pas très-exacts ; en effet , il a plusieurs ran-
gées de dents, et sa dorsale ne s'étend pas jusqu'à la nuque. En indiquant que la
dorsale commence si près de la tête, et que l'anale est plus courte, je m'en étais sim-
plement rapporté à la figure publiée par M. de la Bèclie dans les Trans. de la Soc.
Géol. de Londres, en tenant compte des rayons ponctués que je croyais avoir été ob-
servés dans d'autres exemplaires. La figure restaurée que j'ai donnée de ce genre,
vol. I , Tab. B, fig. 3, est donc défectueuse en ce point; car en étudiant les fossiles
des collections d'Angleterre, je n'ai vu aucun Dapedius oîi ce caractère existât. Mais
je me suis bientôt convaincu qu'il y avait plusieurs espèces de ce genre, et que ses ca-
ractères devaient être fixés autrement qu'on ne l'avait fait jusqu'ici. Ceux mêmes du
genre Tetragonolepis j dont je connaissais déjà plusieurs espèces, ne sont pas encore
bien déterminés dans le tableau synoptique; car ses dents sont disposées sur plusieurs
rangées, et non pas sur une seule, comme je le croyais. Toutes les espèces de ces
deux genres ont long-temps été confondues et prises pour le Dapediuni politum de
M. de la Bêche. Ce qu'il y a de plus difificile, et ce qui me paraissait d'abord le plus fa-
cile, c'est maintenant de reconnaître les caractères génériques qui peuvent servir à
distinguer les Tetragojiolepis^ et les Dapedius, .
En établissant le genre Tetragonolepis ^ M. Bronn l'a cru si différent du genre
Dapedius de M. de la Bèclie , qu'il lui a paru à peine nécessaire de discuter la valeur de
leurs différences; et pourtant je suis encore à me demander si ces différences sont réel-
lement suffisantes pour maintenir ces deux coupes génériques. Le seul caractère constant
qui les distingue, consiste dans la forme des dents, qui sont échancrées dans le genre
DapediuSj et pointues dans le genre Tetragonolepis . En m'arrêtant à ce caractère
distinctif des Dapedius et des Tetragonolepis j, j'ai tenu compte de toutes les possi-
bilités, pour pouvoir apprécier exactement la véritable nature de leurs dents. Les dif-
('*)M. de la Bccbe voudra bien me pardonner le léger changement que j'ai fait au nom de ce genre, en l'appelant
Dapedius au lieu de Dapcdium, après avoir adopté une terminaison masculine pour tous mes autres genres.
ToM. II. 24
— 182 —
férences que l'on y remai'que ne proviennent pas de l'usure, puisque alors les pointes
de la bifurcation des dents du Dapedius ne seraient pas aussi acérées : elles ne pro-
viennent pas non plus de la compression ; car alors les dents , au lieu d'être compri-
mées dans le sens du contour des mâchoires , de manière à avoir leur tranchant tou-
jours parallèle au diamètre longitudinal des os maxillaires, le seraient toutes dans le
même sens , et les dents antérieures seraient aplaties latéralement , au lieu de l'être
d'avant en arrière. Toutes les dents de toutes les rangées participent simultanément
à ces différences; ce qui ne serait guère possible, si leur forme était accidentelle.
Ayant détaché complètement quelques dents, et les ayant isolées, j'ai pu confirmer
ces caractères dans plusieurs espèces. Elles sont, dans les deux genres, disposées sur
plusieurs rangées; mais celles de la rangée extérieure sont les plus grandes. Une autre
différence indiquée par M. Bronn entre les Tetragonolepis et les Dapedius j, et qui con-
sisterait dans la structure des écailles , n'est pas réelle : d'après M. Bronn, les Dapedius
seuls auraient des onglets articulaires au bord supérieur et des fossettes correspondantes
au bord inférieur de chaque écaille, comme l'indique M. de la Bêche, tandis que les
Tetragonolepis n'en auraient pas. Cette différence est illusoire; car, vus par leur surface
extérieure, non-seulement les Tetragonolepisj, mais aussi tous les poissons à écailles
émaillées et rhomboïdales ne paraissent point avoir d'onglet articulaire à leurs écailles ,
parce que cet onglet est caché par le bord des écailles voisines supérieures, lorsque les
écailles ont conservé leur position naturelle ; et c'était le cas de l'exemplaire d'après le-
quel M. Bronn a établi le genre Te//Yzg'o/zoZe/?w.Vuespar leursurface interne, les écailles
des Tetragonolepis , comme celles de la plupart des genres des familles des Lépidoïdes,
des Sauroïdes et des Pycnodontes, ont ce mode d'articulation. Les espèces qui n'ont
pas cet onglet, ont du moins toutes un bord oblique par lequel les écailles s'attachent
les unes aux autres plus intimement que dans les poissons ordinaires. Le caractère
tiré de la différence entre la dorsale et l'anale et leur position respective , n'est pas con-
stant; car il y a des espèces de Dapedius et de Tetragonolepis chez lesquelles l'anale
est plus courte que la dorsale. Cependant, je n'en connais point où la dorsale s'étende
jusqu'à la nuque, comme la fig. i, pi. 6, des Trans. de la Soc. Géol. pourrait le faire
supposer pour le Dapedium politum.
L'ostéologie du genre Dapedius est des plus intéressantes. Dans l'exemplaire qui a
été figuré par Lord Cole sur une feuille volante, et dont j'ai reproduit un dessin, Tab.
20 bj fig. I , on voit une grande partie du squelette, dont l'examen que j'en ai fait a
contribué considérablement à m'éclairer sur l'anatomie de toute la famille. Les corps
des vertèbres manquent , comme dans tous les Lépidoïdes dont j'ai vu quelque partie
du squelette ; mais les côtes et tout l'appareil des apophyses épineuses supérieures sont
très-bien conservés. Les côtes sont dilatées en spatule à leur insertion, fig. 2, dj elles
— 185 -^
sont du reste grêles et arrondies, et ne paraissent pas atteindre plus bas qu'à la moitié
de la hauteur de la cavité abdominale. Les apophyses épineuses supérieures sont compo-
sées de plusieurs pièces, fig. 2 et 3, comme dans les Catunis ; à leur base elles étaient
réunies aux corps de vertèbres par deux petites pièces courtes, Uj a, a, qui étaient sur-
montées d'autres pièces beaucoup plus allongées et plus grêles , h^ h, bj et dont les extré-
mités se réunissaient en une apophyse épineuse qui elle-même se terminait par un os
supérieur impair, c , dont la longueur excédait de beaucoup ( même jusqu'à 3 ou 4
fois ) celle des pièces inférieures, suivant la partie du squelette où on les compare. Ceux
de la nuque sont les plus gros, mais ils sont moins allongés que ceux qui précèdent
immédiatement la nageoire dorsale, et qui sont les plus longs; leur extrémité supé-
rieure est aplatie 5 plus en arrière ils sont de nouveau moins allongés, et en même
temps plus vigoureux. Ces osselets rappellent les interapophysaires du genre Platjso-
muSj avec cette différence, qu'ici ils sont accolés aux apophyses épineuses. Les osse-
lets qui portent les rayons de la dorsale sont très-allongés, proportionnellement à leur
ténuité.
De la tête on dislingue l'opercule, le subopercule et le préopercule, qui ont glissé
sur les flancs de l'abdomen ; la ceinture thoracique , le temporal , le jugal et la mâ-
choire inférieure avec ses nombreuses rangées de dents échancrées; le ptérygoïde avec
des dents en brosse sur toute sa surface, et le palatin avec quelques dents bifurquées ;
le frontal se voit par sa surface intérieure. Les os de l'occiput sont brisés. Les os de la
tête des Dapedius ont des formes si particulières , qu'il est toujours facile de les recon-
naître , même lorsqu'ils sont épars. Les mâchoires sont très-courtes ; la mâchoire
inférieure, en particulier, est fort large et presque aussi haute que longue 5 sa partie
antérieure est renflée, mais vers le milieu elle est déprimée pour recevoir la plaque
dilatée de l'extrémité postérieure de la mâchoire supérieure. Le bord de celle-ci se
compose en avant des intermaxillaires, qui sont très-courts, mais épais; le maxillaire
supérieur, qui ne forme qu'un arc avec eux, est mince en avant, et se dilate en ar-
rière en une plaque spatuliforme. Le premier de ces os, et en arrière le palatin, portent
à leur bord extérieur une rangée de dents plus fortes, il est vrai, que celles qui sont
plus à l'intérieur sur la surface interne des mâchoires ; cependant je suis sûr, mainte-
nant, qu'il y a svu' les mâchoires jusqu'à cinq ou six rangées de dents, de plus en plus
petites de dehors en dedans. Les palatins sont en outre garnis de dents en brosse, dans
la partie postérieure de leur surface interne. Tous les os du crâne, Tab. 20, fig. i , et
Tab. 20 cij sont intimement réunis par des sutures ; aussi les distingue-t-on à peine les
uns des autres, aux rainures plus ou moins profondes qu'il y a quelquefois entr'eux.
Les pièces occipitales sont plus nombreuses que dans les poissons ordinaires, comme
chez les Lepidosieus et les Poljpierus. L'orbite est assez petite et entourée d'un
— 184 —
double cercle de pièces détachées \ le cercle extérieur, qui est le plus grand et qui est
composé d'un plus grand nombre de pièces, recouvre entièrement le préopercule, en
sorte qu'on n'en voit que le bord inférieur au dessus de l'interopercule et du sub-
opercule; quelquefois même il est entièrement caché. Ce cercle paraît au premier aspect
représenter les sous-orbitaires des autres poissons, ou le zygomatique des autres ani-
maux vertébrés, mais non pas le jugal de Cuvier ; car l'os que Cuvier appelle jugal est
certainement l'os carré. Le cercle intérieur qui entoure l'orbite paraît plutôt repré-
senter le lacrymal. Cependant il est plus plausible d'envisager le cercle extérieur de
ces pièces comme de grandes écailles buccales, et le cercle intérieur comme le ju-
gal; quoique cette supposition semble contredite par la nature vraiment osseuse des
deux cercles de plaques buccales. Les pièces operculaires forment un cercle continu
en arrière des autres os de la face. L'opercule, quoique le plus grand de ces os, est
cependant le plus petit, proportionnellement à la grandeur de l'animal et à ce que l'on
observe dans les autres poissons; le subopercule n'est pas beaucoup plus petit, mais
il est aussi haut que long; l'interopercule est plus allongé et plus étroit. Les rayons
branchiostègues sont très-grands, très-larges et très-forts, l'antérieur surtout, qui
forme une grosse plaque sous le bord de l'angle postérieur du maxillaire inférieur. La
ceinture thoracique n'est pas aussi vigoureuse; l'humérus, du moins, est étroit et
grêle, proportionnellement à la force des os de la tète.
D'après ce que j'en ai vu jusqu'ici, l'ostéologie des Tetragonolepis ne paraît pas dif-
férer essentiellement de celle des Dapedius. La tête surtout présente la plus grande
analogie dans les deux genres. .J'en ai examiné une de Tetragonolepis qui est dans l'é-
tat de conservation le plus parfait, dans la collection de M""' Murchison. Tous ses os
présentent les mêmes connexions que ceux des Dapedius ; les mâchoires ont aussi la
même forme, seulement les dents sont pointues au lieu d'être échancrées à leur extrémité.
Ce qui vient d'être dit de ces deux genres semblerait les rapprocher beaucoup des
Platysomes, dont ils ont aussi la forme; cependant il est un caractère très-important
qui les en éloigne considérablement : les Platysomes sont hétérocerques, tandis que les
Dapedius et les Tetragoiiolepis j sans avoir la caudale bifurquée, sont cependant ho-
mocerques; c'est-à-dire, que tous les rayons de cette nageoire sont insérés symétri-
quement sur l'arc plus ou moins ouvert que forment les extrémités des apophyses épi-
neuses des dernières vertèbres caudales, qui ne se prolongent pas le long du bord de
son lobe supérieur.
Il reste maintenant à examiner les espèces de ces deux genres. Dans les caractères
qui leur sont assignés, on reconnaîtra peut-être avec le temps des traits qui résultent
plutôt de changcmens survenus dans les individus avec l'âge; mais jusqu'ici il m'a
été impossible de préciser pour toutes les espèces les différences d'âge et celles qui
— UV6 —
sont vraiment spécifiques. Je suis persuadé qu'en général l'on a eu trop peu égard aux
métamorphoses des animaux de toutes les classes , lorsqu'on a établi un grand nombre
d'espèces dans le même genre. Cependant, quoique j'aie toujours cherché à recueillir
des séries d'individus de dilïerentes grandeurs, et que par là j'aie souvent évité
d'établir des espèces purement nominales, je crains encore d'en avoir adopté quelques-
unes. S'il en était ainsi, j'espère être le premier à les découvrir et à rectifier moi-même
les erreurs involontaires que je pourrais avoir commises.
Toutes les espèces du genre Dapedius ont à-peu-près la même forme : elles sont
très-larges, se rétrécissent rapidement jusqu'au pédicule de la queue qui est gros; la
tête est arrondie, les nageoires sont de moyenne grandeur; la caudale est la plus
grande.
I. Dapedius politus de la Bêche.
Yol. 2, Tab. 25, fig. I.
De la Bêche, Trans. de la Soc. Géol. 2™" série, vol. i, pi. 6, fig. i — 4*
Comme la figure de M. de la Bêche donne une idée exacte de la plupart des carac-
tères de ce poisson, et surtout de sa forme, j'ai cru pouvoir m'abstenir de le repro-
duire en entier, et je me suis contenté d'en faire figurer un fragment de la collection
de M"'' Philpot, sur lequel on voit distinctement ses caractères spécifiques. C'est une
tête visible par le côté droit, avec une portion des écailles de la partie antérieure du
tronc.
Les caractères distinctifs du D. politus ^ et ceux par lesquels il diffère particulière-
ment des espèces nouvelles de ce genre que j'ai observées dans les collections anglaises,
consistent surtout dans la grosse granulation confluente qui recouvre la surface ex-
térieure de tous les os de la tête, mais qui, sur le tronc, ne s'étend que sur les écailles
antérieures de la nuque , tandis que toutes les autres écailles paraissent être parfai-
tement lisses; quoique, en les examinant à la loupe, on découvre à leur surface ex-
térieure, surtout sur celles des bords du corps, des stries ondulées extrêmement
fines, divergeant de l'angle supérieur et antérieur vers les bords postérieur et in-
férieur. La surface des écailles de la nuque est ornée d'aspérités saillantes, réunies
en lignes ondulées au bord supérieur des écailles, et en forme de grains irréguliers
au bord inférieur. Par leur structure et par leur aspect, les os du crâne se rapprochent
beaucoup de ceux du Polypterus Bichir; avee cette différence seulement , que la tête
étant moins allongée, ces os sont aussi plus courts. Les os occipitaux ne sont pas non
plus visibles à l'extérieur; ils sont remplacés par cinq pièces osseuses allongées.
— 186 —
qui sont articulées au bord postérieur des pariétaux. Celles du milieu de l'occiput
sont les plus petites; elles vont en s'élargissant jusqu'au bord supérieur de l'opercule,
oii se trouve la plus grande. En arrière de ces pièces l'on voit un os triangulaire
allongé, qui me paraît être le surscapulaire , et à son bord inférieur une autre pièce
un peu plus grande, qui est le scapulaire. La surface extérieure de ces os porte une
granulation moins grosse que celle des autres os de la tête. L'os pariétal droit et le
mastoïdien forment ensemble la zone postérieure du crâne; ils ne sont séparés l'un
de l'autre que par une ligne sinueuse à peine distincte. Sur la partie postérieure de
ces os on voit une saillie transversale, qui s'étend du pariétal au bord inférieur du
mastoïdien. Leur suture avec les frontaux est presque entièrement cachée par la gra-
nulation de leur surface extérieure, qui est irrégulière, formée de saillies longitudi-
nales sur le pariétal et plus arrondies sur le mastoïdien. Le frontal principal est
très-court et aussi large que long ; sa granulation est plus grosse que celle du pariétal ;
son bord antérieur est coupé carrément. 11 ne faut pas confondre les sutures qui
unissent ces os, avec deux cassures longitudinales, qui, dans cet exemplaire,
s'étendent du bord postérieur du pariétal jusqu'au milieu du frontal. En avant du
frontal principal se trouve le frontal antérieur, brisé en quatre dans cet exemplaire,
et dont la granulation est aussi plus grosse que celle des os postérieurs. La dépression
qui se voit au bord inférieur de ces pièces , paraît avoir été la cavité des fosses na-
sales; je prends pour le nasal même l'os triangulaire qui se trouve immédiatement
au-dessous de cette dépression, et j'envisage l'os triangulaire qui se trouve plus bas,
au bord supérieur de l'os maxillaire supérieur, comme un os lacrymal, ou comme le
premier sous-orbitaire. L'os qui forme la partie antérieure de la mâchoire supérieure,
est l'intermaxillaire ; son bord est armé de quatre grosses dents bifurquées ,
entre lesquelles on en aperçoit quelques-unes des séries intérieures. Les dents que l'on
distingue plus en arrière, en dessous du maxillaire supérieur, sont implantées sur
le palatin. Le maxillaire supérieur lui-même ne porte pas de dents; son extrémité
postérieure se dilate en forme de spatule arrondie, et repose dans une dépression du
maxillaire inférieur. Au bord inférieur de l'orbite on aperçoit encore quelques traces
des os de l'arcade palatine. Le maxillaire inférieur est un peu plus long qu'il n'est
large à son bord postérieur; mais sa granulation ne s'étend que sur la partie de sa
surface extérieure qui n'est pas recouverte par l'extrémité du maxillaire supérieur
lorsque l'animal a la gueule fermée. A son bord supérieur on remarque 8 grosses dents
échancrées,, derrière lesquellesapparaissentlesrangéesintérieures. Dans cet exemplaire,
la branche gauche du maxillaire inférieur ayant glissé en avant on aperçoit la surface
de sa symphyse, et l'on voit en profil quelques dents disposées, sur quatre rangées au
moins. Il est évident par là , que toutes les dents des DapecUus sont implantées, comme
— ia7 —
dans les genres Poîjpterus et LepidosteuSj sur les intermaxillaires, les palatins et les pte'-
rygoïdes, et la mâchoire inférieure. Le bord supérieur de l'orbite est entouré de quelques
pièces osseuses, articulées avec les frontaux , que l'on peut appeler os snrobitairesj et qui
sont trcs-développés dans le genre Lepidosteus. Son bord inférieur est formé par les sous-
orbitaires, qui s'attachent en arrière au bord antérieur du mastoïdien. Cinq pièces plus
grandes forment un second cercle autour des sous-orbitaires: la première , qui est la plus
considérable, est attachée en arrière au mastoïdien -, son bord supérieur est plus étroit
que son bord inférieur, sur le milieu duquel se trouve une saillie arrondie. Dans le
genre PoljpteruSj cette pièce recouvre la plus grande partie de la joue 5 tandis que
dans le genre Lepidosteus j, il y a un plus grand nombre de petites pièces sur toute la
surface des joues. La seconde de ces pièces est plus longue que haute ; la troisième est
presque aussi grande que la première, mais son côté étroit est tourné en avant; la qua-
trième est la plus petite ; la cinquième est .plus haute que longue , son bord antérieur
correspond à l'extrémité du maxillaire supérieur et recouvre en même temps l'articu-
lation du maxillaire inférieur. La granulation de la surface extérieure de ces pièces
est écailleuse et confluente. Les pièces operculaires ont une granulation semblable ,
mais un peu plus grosse, à leur surface extérieure. Le préopercule est presque entière-
ment caché par les pièces buccales , comme dans les genres Lepidosteus et Poljpterus y
on ne voit que son bord inférieur, en dessous des deux pièces antérieures. Le subopercule
est beaucoup plus étroit que les autres pièces operculaires , et s'étend au bord inférieur
de la tête, en arrière du maxillaire inférieur. L'interopercule a une forme triangulaire;
son angle montant est dirigé en avant et en haut, et son bord postérieur est arrondi.
L'opercule est plus haut que long , et son bord postérieur s'arrondit vers l'angle supé-
rieur. Dans cet exemplaire on voit aussi très-distinctement les rayons branchiostègues;
leur surface extérieure est granulée, comme celle des autres os de la tête. Le premier,
qui est le plus gros de tous, forme une large plaque au dessous de l'angle postérieur du
maxillaire inférieur; les suivans, beaucoup plus étroits, sont un peu plus allongés et
plus dilatés à leur extrémité que vers leur insertion. 11 paraît y en avoir eu 10 en
tout.
Cette espèce est caractéristique pour le Lias de Lyme-Regis. Cependant on trouve
dans cette localité un beaucoup plus grand nombre de poissons fossiles qu'on ne l'a
cru jusqu'ici ; car, outre le Pholidophorus et les dents et rayons de Cestraciontes et
dH Hjbodontes représentés par M. de la Bêche dans les Trans. de la Soc. Géol. de
Londres, j'ai observé une trentaine d'espèces nouvelles de cette seule localité dans la
collection de 31"'= Philpot à Lyme-Regis, parmi lesquelles se sont tx'ouvés les types de
plusieurs genres nouveaux. Ainsi le Lias est maintenant la formation la plus riche en
poissons fossiles ; et comme ordinairement les exemplaires s'y trouvent dans l'état de
— 188 —
conservation le plus parfait, leur examen contribuera beaucoup à faire connaître plus
exactement l'organisation des genres et des familles auxquelles ils se rapportent. Les
collections de Lord Cole, de Sir Ph. Egerton, de M. le Prof, Buckland, de M. Mur-
cbison, de M. Stockes, de M'^" Baker, de M. Weaver, de M. Cumberland, de M. John-
son, et celles des Musées de Bristol, d'York, de Witby et de Scarborougli, contiennent
en outre plusieurs espèces inédiles du Lias de différentes localités. L'exemplaire du
Dapedius politus représenté dans ma planche 20, fig. i , se trouve dans la collection
de M"" Philpot. Cette espèce n'a point encore été trouvée en Allemagne ni en France.
En réfléchissant à l'état de conservation de ces ichthyolithes, je ne puis m'empêcher
de faii'e en passant une observation : c'est qu'il me paraît impossible que des poissons
qui ont conservé leur forme et leur attitude naturelle, dont toutes les écailles sont sou-
A^ent encore en place, et dont les rayons frêles des nageoires sont restés intacts, n'aient
pas péri subitement, et n'aient pas été enveloppés immédiatement par le limon qui a
formé les couches dans lesquelles on les trouve maintenant. Tous les géologues pa-
raissent d'accord sur ce point, que les fossiles de Lyme-Regis doivent avoir péri d'une
mort subite ; mais tous n'admettent pas également que l'ensemble de ces couches se
soit déposé tout à la fois, dans toute son épaisseur, à la suite d'une seule et même ca-
tastrophe. Au contraire, plusieurs de ceux qui ont étudié cette localité avec le plus
de soin, croient y avoir observé des marques évidentes d'une série successive de dé-
pôts qui auraient eu lieu en partie durant un état de tranquillité comparative , et en
partie par suite de petites catastrophes qui faisaient périr tout-à-coup les animaux
qui existaient alors sur des points particuliers, et à la suite desquelles il s'opérait des
changemens dans la nature des êtres organisés qui vivaient à la même place, et qui
sont maintenant renfermés dans différentes couches. Dans cette hypothèse, on insiste
sur la différence qui se voit entre les fossiles de la partie supérieure de ce terrain et ceux
que l'on trouve dans sa partie inférieure , et sur l'abondance de certains débris orga-
niques dans quelques couches, tandis que les autres fossiles y sont extrêmement rares ;
on cite également les masses de Coprolithes que l'on trouve dans ces couches, comme
une preuve que les grands Sauriens dont ils proviennent ont vécu successivement à
leur surface. Ces faits me paraissent s'expliquer plus naturellement, en admettant la
déposition instantanée de toute la masse du Lias. Je ne puis m'empêcher de croire que
la catastrophe qui a occasionné la déposition du Lias a produit dans l'atmosphère une
tension extraordinaire, et dans les mers qui bordaient alors la terre ferme une agitation
d'une violence inconcevable de nos jours, qui ont dû anéantir tous les êtres organisés;
que les ondes de l'Océan, refoulées par les flancs de quelque montagne surgissante, ont
entraîné dans la même direction tous les amas de limon , de plantes et d'animaux , qui
se sont successivement déposés à différente hauteur dans les couches du Lias, mais
— 189 —
aussi que pendant cette tourmente tous les bancs de cette formation ont été déposés
simultanément, ou du moins aussi promptement que de nos jours une tempête accu-
mule sur la plage le limon et les sables. En admettant cette explication, il est facile
de concevoir le parallélisme parfait d'un grand nombre de coucbes superposées les
unes aux autres, et qui auraient dû être disloquées si leur déposition était le résultat
de catastrophes successives. L'accumulation sur un même point d'un nombre immense
d'individus des espèces qui vivaient en troupes, s'explique aussi par là, puisqu'ils ont
dû être charriés ensemble ; et la répétition de ces accumulations à différentes liaviteurs
est une conséquence naturelle de cette supposition , ainsi que la dispersion dans tous
les bancs des espèces dont les individus vivaient plus isolés. Il en est de même de la
présence dans certaines couches d'espèces que l'on ne trouve pas dans d'autres , et qui
ont pu y être amenées de différentes distances des localités particulières qu'elles ha-
bitaient 5 elle se conçoit très-bien de cette manière , ainsi que la position constante du
corps des grands Sauriens dans la même direction, et l'accumulation autour d'eux de
leurs excrémens rendus dans les angoisses de la mort. Si ces animaux avaient vécu
seulement quelque temps en place, ils devraient être entourés de débris de substances
minérales roulées ; et la conservation même de ces coprolithes ( qui auraient dû se
décomposer s'ils avaient été exposés pendant quelque temps au mouvement des eaux
ou à l'influence de l'atmosphère), parle encore en faveur de cet ensevelissement subit.
Ces considérations me portent naturellement à admettre que toutes les couches d'une
formation ont été déposées instantanément, que même là où les fossiles sont moins
bien conservés qu'à Lyme Régis, les couches qui les contiennent ne se sont pas for-
mées à de longs intervalles, et que l'état particulier des fossiles de différentes lo-
calités provient de la durée de leur suspension dans l'eau et du frottement qu'ils ont
dû éprouver pendant qu'ils étaient ainsi ballotés. Le nombre des fossiles qui se trou-
vent en place est bien moins considérable qu'on ne l'admet généralement. Aujour-
d'hui l'on conteste même de plus en plus que les arbres debout dans la houille se
trouvent réellement à la place où ils ont crû. Le fait qu'ils traversent fréquemment
plusieurs assises dans la même direction me paraît aussi prouver évidemment qu'ils
n'ontpasétélong-tempsexposésàl'actiondel'eaujmaisqu'ilsontétéensevelissubitement.
Vouloir attribuer à des causes locales et accidentelles la mort des êtres organisés
dont les espèces ont disparu de la surface du globe, ce serait méconnaître complète-
ment la nature des changemens qui se sont successivement manifestés dans l'ensemble
des animaux et des plantes qui caractérisent chaque époque. Des accidens locaux ne
sauraient avoir produit des phénomènes généraux ; et comme nous voyons que les fos-
siles diffèrent en masse d'une formation à l'autre, et que dans leur succession il y a
une progression appréciable, je ne puis me résoudre à envisager les catastrophes qui
ToM. II. 25
^ 190 —
les ont ensevelis comme des événemens accidentels, mais bien plutôt comme des ré-
volutions organiques générales j qui ont modifié partout les conditions d'existence et
les manifestations de la vie, après avoir anéanti les animaux et les plantes de l'époque
antérieure. Le prétendu passage de certaines espèces d'une formation à une autre
n'est point une objection valable ; car outre que les cas que l'on en cite sont très-peu
nombreux, je crois que la présence de ces espèces dans différentes formations n'est
qu'apparente et résulte fréquemment de ce que l'identité des espèces, ou la différence
des terrains auxquels on les rapporte, n'a pas été constatée avec toutes les précautions,
nécessaires.
D'un autre côté , il ne faut pas perdre de vue que notre terre , depuis qu'elle existe ,
a aussi subi des changemens (moins importans, il -est vrai), durant les périodes de
repos relatif comprises entre deux grandes catastrophes. C'est, je crois, pour n'avoir
pas suffisamment distingué les changemens occasionnés par les grandes révolutions
de ceux qui se sont opérés pendant les temps de repos relatif, que les géologues sont
si peu d'accord sur les causes des différons phénomènes géologiques et sur leur éten-
due. Ceux qui attribuent tous les changemens survenus sur la terre à des causes ac-
tuellement encore agissantes , semblent méconnaître entièrement les grandes catas-
trophes, pour ne tenir compte que de ce qui a pu se passer dans leur intervalle. Ceux
qui rapportent tous les phénomènes géologiques à des causes différentes de celles qui
régissent maintenant la nature, semblent oublier que s'il y a eu de grandes révolu-
tions sur la terre , elles ont été très-éloignées les unes des autres , et qu'il y a eu de
bien longs momens de repos entr'elles. — Tenir compte des phénomènes géologiques
dûs en particulier à chacune de ces différentes séries d'action , est une tâche que la
Géologie n'a encore remplie que bien imparfaitement.
II. Dapedius granulatus Agass.
Toi. 2, Tab. 25, fig. 2, 3, 4? 5 ^' 6^ fit è.
Tous les exemplaires que j'ai observés de cette espèce et qui sont les originaux de
mes figures, se trouvent dans la collection de M'^*" E. Philpot, à Lyme Régis.
Le D. granulatus diffèi'e du politus par l'aspect de ses écailles, par sa forme plus
trapue et par la structure de ses dents , qui sont considérablement dilatées à leur ex-
trémité. La fig. 2 représente une grande portion de la partie antérieure du tronc et
toute la tête en profd. Dans la fig. 3, on voit la tête en profil dans sa partie infé-
rieure , et déprimée dans sa partie supérieure , de manière à présenter le crâne en face.
Dans la fig. 4, on distingue très-bien les écailles de la partie antérieure et inférieure
du tronc, et la nageoire pectorale droite, dont les rayons sont cependant brisés à leur
— 191 —
extrémité. A en juger d'après les originaux des flg. 2 et 4? la forme du corps de cette
espèce était plus arrondie que dans le D. politus. En effet, le bord supérieur de la
tête et la nuque forment avec le bord antérieur de l'abdomen un angle beaucoup plus
ouvert. La surface de toutes les écailles est ornée d'une granulation aplatie, qui s'é-
tend sur tout le bord antérieur de chacune d'elles, fig. 2, excepté vers la nuque, oii
une granulation plus fine s'étend sur toute leur surface. Sur les écailles qui bordent
le ventre , la granulation est plus grossière , plus saillante , quoique également aplatie ,
et confluente à leur bord inférieur. Quant aux écailles elles-mêmes, fig. 5, elles sont
plus hautes et plus étroites que celles du D. politus ; leur onglet articulaire est beau-
coup plus large, mais plus court; et la partie des écailles recouverte par l'imbrica-
tion est plus large aussi. Dans la fig. 2, on voit quelques fragmens de côtes, dont l'ex-
trémité s'étend jusqu'à la hauteur des pectorales. Ces nageoires sont les seules dont
il soit resté quelques traces ; leur base est très-large , et les rayons qui les composent
sont grêles, proportionnellement à la taille de ces exemplaires. Ces rayons sont long-
temps simples, et ne se bifurquent que vers leur extrémité ; j'en distingue 26 dans l'o-
riginal de la fig. 4j sans compter la série de petits osselets acuminés qui s'étendent
tout le long du premier rayon, et qui sont accolés moins fortement contre son bord
que dans la plupart des autres poissons de cette famille.
La surface extérieure de tous les os du crâne est granulée ; mais outre que cette
granulation est beaucoup plus fine que dans le D. politus j elle en diffère encore par
sa nature : ses grains sont de petites saillies arrondies, séparées les unes des autres,
et qui ne recouvrent pas même toute la surface des pièces operculaires. Ceux du bout
du museau sont cependant plus gros que ceux du reste de la tête. Ces os présentent
exactement les mêmes connexions que dans l'espèce précédente, avec cette seule
différence qu'ils sont plus raccourcis encore , et que la partie antérieure du museau
est plus arrondie. Quant aux plaques buccales, il est à remarquer que la région qui
correspond à la quatrième plaque du D. politus est occupée, dans le granulatus, par
trois pièces beaucoup plus étroites. Tout le bord extérieur et la moitié inférieure de
l'opercule , et près des deux tiers du subopercule , sont parfaitement lisses ; il en est de
même du bord de l'intezopercule et de l'extrémité des rayons branchiostègues. On ne
voit que quatre de ces derniers, en arrière de la grande plaque qui se trouve entre
les deux branches de la mâchoire inférieure. Cette plaque, qui est impaire, ou plutôt
formée de deux pièces soudées par leur bord interne, est traversée obliquement de
chaque côté par deux lignes saillantes qui se réunissent sur son milieu de manière
à former un V très-ouvert. La branche horizontale du préopercule est en grande
partie visible , parce que les plaques buccales ont un peu glissé sur le bord antérieur
de l'opercule et du subopercule. Les deux mâchoires sont d'égale longueur; les in-
termaxiliaires occupent tout le bord antérieur de la mâchoire supérieure ; chacun d'eux
— 192 —
est armé de quatre dents plus grosses que les correspondantes de la mâchoire infé-
rieure. Le maxillaire supérieur est plus fortement dilaté à son extrémité que dans le
D. polituSj et recouvre une plus grande portion du maxillaire inférieur. Quant aux
dents, elles diffèrent beaucoup de celles de l'espèce précédente : non-seulement elles
sont échancrées , mais encore considérablement dilatées à leur extrémité. Leur surface
extérieure présente un sillon vertical qui se termine à l'échancrure , dans les dents
de la mâchoire inférieure, fig. 6 a^ et qui, dans les dents antérieures de la mâchoire
supérieure, aboutit à une quille qui se termine à l'échancrure de la dent par une
pointe obtuse, fig. 6 b; tandis que dans le D. polituSj la surface extérieure des dents
est arrondie jusque vers l'échancrure, où elle est comprimée, fig. 6 c.
Cette espèce de Dapedius paraît être la plus rare de celles qu'on trouve à Lyme-
Regis.
III. Dapedius punctatus Agass,
Vol. 2, Tab. aS a; et Tab. aS, fig. 6 d, 7, 8 et g.
L'original de la pi. 25 a^ qui représente le poisson tout entier, est le pins bel
exemplaire de poisson fossile que j'aie jamais vu; il est aussi de la collection de
M'^'' Philpot, et provient du Lias de Lyme Régis.
Par sa forme générale, cette espèce se rapproche davantage du D. politiis que du
granulatus; mais elle en diffère par la finesse de la granulation des os de la tête. Ses
contours présentent la forme d'un ovale presque parfait; seulement la nuque et la
base de l'anale sont un peu plus arquées que le bord du Acntre et la partie postérieure
du dos. La largeur du pédicule de la queue égale environ le tiers de la plus grande
largeur du corps. La tête forme le quart de la longueur totale, y compris la caudale;
elle est plus arrondie que dans le D. poliluSj mais moins haute "que dans le granu-
latus. La surface extérieure de tous les os de la tête est couverte d'une granulation
aplatie, beaucoup plus fine que celle du D. politus. C'est sur le scapulaire et le sur-
scapidaire,, et sur les écailles de la nuque , que ces grains sont les plus fins et le plus
arrondis; sur les pariétaux ils sont disposés- en séries longitudinales; ceux des bords
des os maxillaires sont les plus gros; mais c'est sur les plaques buccales et sur les
pièces operculaires qu'ils sont le plus aplatis. Ils ont l'aspect de petites écailles im-
briquées, qui deviennent de plus en plus petites vers le bord postérieur de ces os. Il
y a six pièces buccales, dont les trois postéi'ieures , qui sont les plus gi-andes, ont la
même forme que dans les espèces précédentes; les trois inférieures sont sensiblement
plus petites. Nous avons vu que dans le D. politus il n'y a que deux de ces pièces
inférieures, et qu'il y en a quatre dans le granulatus. L'opercule paraît être plus
— 193 —
large que dans les espèces préce'dentes. Par leur forme, les dents tiennent le milieu
entre celles du D. politus et du granulatiis: leur base n'est pas sensiblement rétréciej
leur surface extérieure est arrondie , et la bifurcation de leur extrémité trcs-marquée,
Tab. 25, fig. 6 d.
Comme toutes les écailles ont conservé leur position naturelle , on ne voit du sque-
lette que deux apophyses épineuses supérieures des vertèbres de la nuque, qui sont
très- vigoureuses. En arrière de Topercule, on distingue aussi une portion de l'hu-
mérus, dont le bord antérieur présente des sillons obliques, et dont la surface exté-
rieure est ornée d'une granulation en séries transversales au diamètre longitudinal de
l'os. Toutes les écailles paraissent parfaitement lisses à leur surface, excepté celles
de la nuque, qui sont visiblement couvertes d'une granulation ponctuée. Celles qui re-
couvrent les flancs sont les plus grandes. Celles du bord du dos et des côtés de la queue
ont à-peu-près les mêmes dimensions. Leur bord postérieur est légèrement arqué,
et présente une dentelure presque imperceptible, qui existe certainement dans toute
la partie supérieure et moyenne du tronc, mais qui paraît manquer aux plus grosses
écailles des flancs et à celles qui recouvrent le pédicule de la queue. Vue à la loupe,
la surface extérieure paraît ornée de petits points creux épars, distribués irrégulière-
ment et prolongés en sillons linéaires. Quant aux bords supérieur et inférieur des
écailles, ils sont parfaitement droits au bas de l'abdomen et sur les côtés de la queue ;
mais dans les grandes écailles des flancs, le bord supérieur est légèrement convexe et le
bord inférieur légèrement concave ^ et dans celles du bord du dos , surtout le long de la
dorsale, la partie antérieure du bord supérieur est concave et sa partie postérieure con-
vexe, le bord inférieur ayant une courbure correspondante. A la base de l'insertion des
nageoires impaires, il y a des écailles de forme particulière ^ le long de la dorsale surtout
elles sont très-étroites, inclinées de manière à ce que leur diamètre longitudinal se trouve
dans la direction des rayons, lorsque ceux-ci sont debout; c'est-à-dire, que ces écailles
sont à-peu-près verticales à l'extrémité des séries qui couvrent les côtés du tronc ^ et for-
ment une espèce dégaine à la base de la nageoire, qui paraît pou voir s'y cacher en partie. Le
bord libre de ces écailles est évidemment dentelé. A la base de l'anale, les écailles sont
plus irrégulières et moins allongées. Le long de l'insertion de la caudale il y a des
écailles allongées, semblables à celles de la base de la dorsale, mais qui se dirigent dans
le sens longitudinal du poisson. Il n'y a pas de ligne latérale continue; on remarque
seulement sur une série qui s'étend de l'angle supérieur de l'opercule jusqu'au milieu
de la caudale, en fléchissant un peu vers le bord postérieur de l'anale , quelques écailles
percées d'un trou en forme de croissant très-ouvert. Ces écailles perforées sont tantôt
consécutives, tantôt séparées par une ou plusieurs écailles qui ne le sont pas. En
dessous de la dorsale , on voit à la hauteur de la sixième écaille de chaque série des
— 194 —
traces d'une seconde ligne latérale, qui rappellent ce que l'on observe dans le genre
Poljpterus.
Les pectorales sont plus petites que celles du D. granulatus; leurs rayons sont pro-
portionnellement beaucoup plus grêles que ceux des ventrales, au bord antérieur des-
quelles il y a de petits rayons imbriqués , très-acuminés et plus grands que ceux des
pectorales. Le bord antérieur de la dorsale se trouve vis-à-vis des ventrales, c'est-à-
dire qu'il est un peu plus rapproché de la tête que de la caudale \ ses rayons ont à-peu-
près l'épaisseur de ceux des ventrales , mais ils sont moins gros que ceux de la caudale \,
simples à leur base, ils présentent vers le milieu des articulations transversales assez
rapprochées, et sont bifurques à plusieurs reprises à leur extrémité. Cette nageoire
s'étend jusqu'au pédicule de la queue ; son extrémité postérieure est aussi éloignée de
l'insertion de la caudale, que les rayons de celle-ci ne sont longs; elle se termine à la
même hauteur que l'anale. 3Iais celle-ci ne se prolonge en avant que jusque vers le
milieu de la dorsale; ses rayons sont tant soit peu plus gros, et articulés jusque plus
près de leur base. La caudale présente des particularités très-intéressantes pour l'étude
de l'ostéologie des poissons anciens. Il est évident que celui-ci est homocerque, c'est-à-
dire, que la partie svqjérieure' de la caudale et sa partie inférieure sont composées de
rayons égaux, quoique cette nageoire ne soit pas bifurquée, mais plutôt coupée carré-
ment ; et cependant l'extrémité de la colonne vertébrale n'aboutit pas au milieu de la
caudale ; elle se dirige bien encore vers le bord supérieur de la nageoire , comme dans
les Hétérocerques, mais elle se termine à la base des rayons. Tous les rayons de la
nageoire sont donc aussi insérés sur les apophyses épineuses inférieures des dernières
vertèbres; et la structure de la caudale des Lépidoïdes Homocerques ne diffère donc de
celle des Hétérocerques, (malgré la grande différence de leur aspect) qu'en ce que
toutes les apophyses qui portent les rayons s'étendent également en arrière, de manière
à former pour l'insertion des rayons un arc vertical. On retrouve encore la même
structure dans quelques Homocerques dont la caudale est très-bifurquée , par exemple,
dans le genre CaturuSj dont la Tab. D, vol. 2, présente un squelette restauré. Quant
aux rayons mêmes de la caudale du Dapedius punctatuSj je ferai remarquer qu'ils sont
proportionnellement très-gros, et articulés transversalement jusquà leur base, de si
près, que les articles sont au moins du double plus larges que longs. Tous ceux de la
partie moyenne de la nageoire sont bifurques profondément un grand nombre de fois,
tandis que ceux des bords sont de plus en plus simples, et que les extrêmes ne repré-
sentent qu'une série d'articulations transversales un peu moins rapprochées que celles
des rayons du centie. Le long des bords supérieur et inférieur de la nageoire, il y a
une série de pièces acuminécs assez grosses, qui s'étendent jusqu'à ses extrémités
latérales. L'examen attentif de ces pièces ^ telles qu'on les voit dans ce poisson , fixera,
^ 195 --
je pense, l'opinion qu'on doit se faire de leur nature. II s'agit de savoir si ce sont des
rayons de forme particulière, ou bien des écailles. En examinant leur position au bord
supérieur de la caudale, il est évident que ce sont les écailles impaires du milieu du
dos, qui s'allongent de plus en plus, se dressent le long des rayons simples de la na-
geoire, et s'étendent en devenant insensiblement plus petites jusqu'à leur extrémité;
tandis qu'au bord inférieur de la nageoire on voit que , si même la première de ces
pièces est encore une écaille redressée , les seconde et troisième prennent rang parmi
les rayons simpleset sont comme eux articulées transversalement, et qu'en outre toutes
les autres pièces de la série sont imbriquées le long du troisième rayon simple, et
s'étendent jusqu'à son extrémité, comme celles du bord supérieur de la nageoire. Il
est donc évident que les écailles et le squelette osseux présentent fréquemment des
transitions de l'un à l'autre, comme je l'ai déjà fait remarquer dans plusieurs occasions;
et que ces petites pièces qui bordent les nageoires sont tantôt des écailles affectant la
forme et l'aspect de rayons, et tantôt des rayons squamiformes.
Le Dapedius punctatus est particulier au Lias de Lyme-Regis,
IV. Dapedius Colei Agass.
Yol.. 2, Tab. aS bj fig. i,2,3,4>5,Get7.
Dapedium politum Cole (non de la Bêche); PI. in-folio,
La figure que Lord Cole a publiée dans une planche in-folio détachée, sous le nom
de Dapedium politum j représente bien une espèce de Dapedius ^ mais non pas le
D. politus de la Bêche. C'est une espèce nouvelle ^ à laquelle j'ai donné le nom de
celui qui l'a le premier observée.
Le D. Colei se distingue facilement des espèces précédentes, par l'aspect de la sur-
face extérieure des os de la tête, qui sont presque complètement lisses: au bord antérieur
de l'opercule et du subopercule seulement, et sur l'occiput et les côtés de la mâchoire
inférieure , il y a quelques petits grains arrondis d'une granulation très-peu serrée , et
qui s'étend sur le bord antérieur des écailles de la nuque et de celles du bord du ventre.
Du reste, toutes les écailles sont parfaitement lisses; on ne remarque pas même à leur
surface les petits points creux qui cai-actérisent le D. punctatus. En revanche on dis-
tingue assez nettement les lignes concentriques que forment leurs lames d'accroissement.
La fig. 4 représente de grosses écailles des flancs, dont les bords supérieur et inférieur
sont plus droits que dans celles des côtés de la queue, fig. 5. La fig. 6 représente
quelques écailles de la nuque, avec leur granulation marginale; et la fig. 7 une écaille
des flancs avec son gros onglet et sa fossette aiticiilaire, entre lesquels s'étend une
— 196 —
large quille aplatie. Les fig. 2 et 3 font voir la structure des apophyses des vertèbres,
en profil dans la première et en face dans la seconde ; elles ont été décrites à la suite des
caractères génériques, en tête de ce chapitre.
L'exemplaire de cette espèce que j'ai fait représenter, est le plus intéressant de tous
les poissons fossiles appartenant à l'ordre entier des Ganoïdes, que j'aie vu jusqu'ici;
il laisse voir une grande partie du squelette, et en particulier les apophyses supérieures
de toutes les vertèbres abdominales, ainsi que les cotes. C'est le même que Lord Cole
a fait figui'er; il fait partie de sa magnifique collection.
Le D. altivelis indiqué dans le tableau synoptique de ce volume, page 8, est syno-
nime ànSemionotus latus^ comme je l'ai déjà dit dans le feuilleton, page 9. Il sera décrit
dans un des chapitres suivans.
Quant au D . fimhriatus , indiqué dans le feuilleton, page 9, je pense qu'il appartient
plutôt au genre Lepidotus ; c'est du moins ce que me fait supposer l'examen que j'ai
fait d'un exemplaire qui se trouve au Musée d'Oxford. J'en renvoie donc la description
au chapitre oîi il sera question de ce genre.
Les espèces du genre Tetragonolepis sont beaucoup plus nombreuses que celles du
genre Dapedius; elles appartiennent également à la formation du Lias. Il y en a une
seule qui provient de TOolithe inférieure.
I. Tetragonolepis SEMiemcTus Bronn.
Vol. 2, Tab. 22, fig. 2 et 3.
On ne cojinait encore de cette jolie espèce qu'un seul exemplaire qui se trouve dans
la collection de 31. le baron d'Althaus à Durheim. Je l'ai examiné à plusieurs reprises,
et en ai fait dessiner les deux empreintes ; ce sont les originaux de mes deux figures.
M. le Professeur Bronn, lorsqu'il a établi le genre Tetragonolepis ^ en a publié une
figure au trait dans le Jahrbuchfur Minéralogie etc., année i83o, accompagnée d'une
description très-détaillée et que je me plais à reproduire, parce qu'elle laisse peu
de chose à désirer, et que je pourrai y intercaller encore quelques observations né-
cessaires.
« Ce sont deux plaques correspondantes d'un poisson dont il ne manque que la partie
antérieure de la tête et la partie antérieure et inférieure du tronc. Il a de très-grosses
écailles et une forme toute particulière; il est très-court et très-large; sa partie infé-
rieure surtout est très-saillante, tandis que le dos est peu arqué. L'extrême régularité
des écailles et la position des nageoires impaires immédiatement au bord du contour du
— 197 —
poisson , montrent évidemment qu'il était naturellement très-plat et nullement
renflé. La longueur du tronc, depuis l'angle postérieur de l'opercule jusqu'à l'insertion
de la caudale, est de 35 millimètres 5 il en a /p jusqu'à l'extrémité de cette nageoire.
La partie conservée de la tête a 19 millimètres de longueur; mais étant entière elle
a dû en avoir au moins 2'3. La largeur du tronc, en avant de la dorsale, est de 44 ^^^^~
limètres ; et la colonne vertébrale se trouve environ au quart supérieur de cette largeur.
Le bord inférieur de la tête descend à peine à la moitié de la hauteur totale. Les
écailles sont toutes conservées ». Dans la fig. 3, on les voit par leur surface extérieure;
dans quelques points seulement, à la partie antérieure et supérieure du dos et vers le
bord du ventre, elles sont enlevées; et l'on voit en dessous les écailles du côté droit par
leur surface intérieure. Dans la fig. 2, on ne voit que l'empreinte de la surface exté-
rieure des écailles du côté gauche, et la surface intérieure de celles qui ont été enlevées
sur la plaque opposée. « On ne découvre aucune trace des os de la colonne vertébrale;
mais les écailles sont légèrement relevées sur une ligne longitudinale qui a du être
occupée par elle. Dans sa partie moyenne elle est un peu arquée vers le ventre, puis elle
devient horizontale. Les écailles forment des séries obliques, qui vont en divergeant
de plus en plus du bord du dos au bord inférieur dé l'abdomen; il y a 28 séries sem-
blables en ai'rière de la tête, et 5 perpendiculaires sous son bord inférieur. Les écailles
elles-mêmes vont en grandissant dans chaque série du haut en bas ; celles du dos sont
aussi hautes que longues, et ont environ un millimètre; tandis que celles du milieu des
flancs ont 5 à 6 millimètres de hauteur sur 2 de longeur » . Dans la partie postérieure
du poisson , elles deviennent de plus en plus petites , et sur les côtés de la queue elles
sont équilatérales et rhomboïdales. « Dans la région moyenne du tronc, les bords supé-
rieur et inférieur des écailles sont à-peu-près parallèles au diamètre longitudinal du
poisson; tandis que dans sa partie supérieure ils deviennent de plus en plus obliques,
en se dirigeant vei'S le bord du dos. Cependant ces bords supérieur et inférieur, loin
d'être rectilignes eux-mêmes, ont la forme d'un S très-ouvert ». Il paraît que la cavité
abdominale était très-spacieuse, car on voit en arrière, à la hauteur du bord antérieur
de l'anale, des indices de ses limites. Au bord inférieur du ventre on aperçoit une série
d'écaillés impaires et saillantes, qui rappelleraient la dentelure abdominale du genre
Pristigaster-j s'il n'y avait pas lieu de croire qu'ici les saillies qu'elles forment sont ac-
cidentelles et résultent de la compression de l'abdomen. « La dorsale commence à i3 ou
i4 millimètres de Tangle postérieur de l'opercule ; elle a 20 millimètres de long; son
bord antérieur en a 7, et ses rayons vont en diminuant insensiblement jusque vers
l'insertion des rayons de la caudale, sans cependant se confondre avec eux. Ces
derniers rayons n'ont que 2 millimètres de longueur. L'anale se termine aussi immé-
diatement en avant de la caudale, et s'étend sous la queue jusqu'à 16 millimètres de
ToM. II. 26
— 198 —
son insertion -, les rayons de son bord antérieur ont 4 millimètres , ceux de son bord
poste'rieur n'en ont que 2 » . On voit des traces des petites pectorales en dessous de
l'angle de l'humérus, qui forme en arrière une saillie arrondie. Les pièces operculaires
sont étroites et petites , comme toute la tête l'est proportionnellement aux larges di-
mensions du corps. On ne voit pas de trace des ventrales; cependant je ne puis
admettre la supposition de 31. Bronn, que si elles existaient, elles étaient insérées en
avant des pectorales ; car elles sont placées au milieu de l'abdomen dans plusieurs
espèces oii elles sont très-bien conservées. Il me paraît donc plus probable d'admettre
qu'elles ont été enlevées sans laisser de traces de leur existence , comme cela arrive
si souvent dans les Ganoïdes. « La caudale a 9 millimètres de longueur; son bord
postérieur est coupé presque carrément, ou plutôt légèrement arrondi; ses deux
extrémités sont distantes l'une de l'autre de 19 millimètres ». Mais la largeur appa-
rente de la nageoire dépendant du rapprochement et de l'éloignement des rayons, il
ne faut pas attacher d'importance à ce caractère.
Plus loin, M. Bronn compare ce poisson avec les espèces fossiles déjà connues. Il
ne lui trouve de ressemblance qu'avec le Dapedius du Lias, dont il croit pouvoir le
distinguer par l'absence des dents bifurquées, des onglets articulaires des écailles, et
par la position des ventrales, qu'il croit jugulaires. J'ai déjà fait remarquer qu'il était
probable que ce poisson avait ses ventrales dans la même situation que les Dapedius.
Quant aux écailles, leur structure est parfaitement semblable dans les deux genres,
et les onglets articulaires existent dans toutes les espèces de Tetragonolepis aussi
bien que dans les Dapedius; comme on l'a vu plus haut dans la discussion de la valeur
relative de leurs -caractères génériques. Les dents du Tetragonolepis semicinctus
n'ayant point encore été observées, la position générique de cette espèce pourrait
paraître douteuse , si la disposition des écailles et la grande différence de dimension
entre celles du dos et celles des flancs ne rappelaient plutôt les Tetragonolepis que
les Dapedius. Lorsque M. Bronn a cherché ensuite à déterminer la position de son
genre Tetragonolepis dans la classe des poissons, il a éprouvé la même difficulté que
l'on éprouverait maintenant si l'on voulait s'efforcer d'encadrer dans les familles déjà
établies les nouveaux genres dont j'ai formé mes Lépidoïdes, mes Sauroïdes et mes
Pycnodontes , et dont toutes les espèces sont fossiles. Ils forment évidemment
ensemble une grande division naturelle, dont je rappellerai, dans les généralités de
ce volume, toutes les particularités d'organisation, et qui a dû rester inconnue aux
zoologistes aussi long-temps que les poissons des terrains anciens n'avaient pas été
soumis à un examen très-détaillé.
I
— 199 —
II. Tetragonolepis confluens Agass.
Vol. 2, Tab. 23 a j fig. i.
Cette espèce est une de celles qui atteint les plus grandes dimensions. Je n'en con-
nais cependant encore qu'un exemplaire incomplet, qui se trouve dans la collection de
Lord Cole , et qui provient du Lias de Lyme Régis : c'est une tête complète , avec la
partie antérieure du tronc, où l'on voit aussi les pectorales ; mais les ventrales et le
commencement de la dorsale manquent, ainsi que toute la partie postérieure du tronc.
La tête est parfaitement bien conservée , et se distingue de celle de toutes les autres
espèces du genre par les grosses gi^anelures qui hérissent ses os. Ce sont des saillies
de forme très-irrégulière, plus ou moins larges, souvent interrompues ou formant
entr'elles des anastomoses ondulées. C'est surtout sur les pièces opereulaires, sur les
os de la joue et sur les mâchoires, que ces dessins sont les plus variés ; sur le crâne les
saillies sont moins allongées, et ressemblent plutôt à des pustules confluentes, di-
A^ergeant irrégulièrement vers les bords des os. En arrière du frontal principal, il y a
une espèce de ligne de démarcation transversale au bord postérieur de l'os, résultant
d'une saillie continue de ces crêtes. Cette granulation des os s'étend sur les écailles
de la nuque ; mais là elle devient de plus en plus fine et rare , et a plutôt l'apparence
de petits piquans émoussés, épars sur les écailles. Sur les rayons branchiostègues et
sur les écailles inférieures aux pectorales, ce sont plutôt des arêtes confluentes. Du
reste, la surface de toutes les écailles visibles est parfaitement lisse. On n'aperçoit
aucune trace de ces points creux qui distinguent le Tetragonolepis Leachii. Le bord
postérieur des écailles est finement dentelé. Quelques écailles de la nuque, qui sont dé-
placées, montrent un onglet articulaire étroit, mais pointu et fort; elles ont près d'tuie
ligne d'épaisseur. On voit distinctement sept rayons branchiostègues, et en avant du
premier l'empreinte du plus large qui a disparu. La nageoire pectorale est de moyenne
grandeur 5 ses rayons sont faibles , articulés seulement depuis leur milieu , et peu di-
visés à leur extrémité : le long de son bord extérieur il y a de petits osselets imbri-
qués, courts et proportionnellement plus massifs que les rayons de la nageoire même.
Les écailles des flancs sont beaucoup plus étroites que hautes.
III. Tetragonolepis speciosus Agass.
Yol. 2, Tab. 23 5.
L'original de cette planche est l'exemplaire le plus complet que j'aie vu du genre
Tetragonolepis. Il provient du Lias de Lyme Régis, et se trouve dans la collection
— 200 —
de Lord Cole, Cette espèce a atteint à-peu-près les mêmes dimensions que le T. con-
Jluens, auquel elle ressemble le plus. Malgré cette affinité, ses caractères sont très-
tranchés et très-faciles à saisir. Tous les os du crâne, les pièces operculaires, les pla-
ques buccales, les rayons branchiostègues et les mâclioires, sont recouverts d'une gra-
nulation squameuse presque uniforme : ce sont de petites saillies obtuses, distinctes,
déprimées, et qui ont en quelque sorte l'apparence de petites écailles imbriquées;
celles des os intermaxillaires et de l'etlimoïde seulement, sont un peu plus grosses.
Sur les écailles de la nuque et du milieu du. dos, jusqu'en avant de la dorsale, il y a
une semblable granulation, mais dont les saillies sont confluentes, et plutôt linéaires
que squameuses au centre du dos. Du reste, la surface de toutes les écailles est parfai-
tement lisse; le bord postérieur seulement est orné d'une dentelure très-fine, qui de-
vient pres'que imperceptible sur les écailles postérieures de la queue. Celles des flânes
de l'abdomen sont beaucoup plus hautes que larges ; sur les côtés de la queue et au
bord du dos, elles sont rhomboïdales et équilatérales. Les pectorales sont de moyenne
grandeur; leurs rayons sont faibles, tandis que les osselets de leur bord extérieur sont
plus forts, comme dans le T. confluens. Les rayons des ventrales sont beaucoup plus
épais que ceux des pectorales, et plus souvent divisés; les onglets marginaux sont aussi
plus gros. Il est assez singulier que les rayons de l'anale soient aussi plus épais que
ceux de la dorsale ; leurs articulations sont très-rapprochées , depuis le quart inférieur
de leur longueur, et les divisions premières aussi profondes que les articulations. On
entrevoit une vingtaine de rayons. La partie antérieure de la dorsale est complètement
enlevée. La caudale est très-vigoureuse, fort large et composée de gros rayons, qui
sont proportionnellement beaucoup plus épais que longs ; toute la partie visible des
rayons est articulée de très-près, mais leurs divisions longitudinales sont lyoins pio-
fondes, surtout celles des rayons extérieurs, qui ne dépassent pas la moitié de leur lon-
gueur ; tandis que ceux du centre sont fendus jusqu'à leur tiers inférieur. Les osse-
lets imbriqués du lobe supérieur sont un peu plus gros que ceux du lobe inférieur; ils
deviennent de plus en plus petits, et sont en général plus inclinés que ceux des pec-
torales et des ventrales. Il y a ^3 rayons dans cette nageoire.
— 201 —
IV. Tetragonolepis pustulatus Agass.
Vol. 2. Tab. 23 c.
Cette espèce est sans contredit la plus grande du genre j les exemplaires que j'en ai vus,
quelque imparfaits qu'ils soient en général, indiquent un poisson très-grand, plus grand
même que le T. angiilifer (Tab. 23 ) , auquel il ressemble par plusieurs caractères. Le
meilleur fragment que j'en connaisse se trouve dans la collection de Lord Cole; il a en-
viron un pied de longueur. C'est l'original de ma figure. On y voit clairement que tous
les os des côtés de la tête sont couverts de saillies obtuses, déprimées, ressemblant à
de gros grains de sable, de forme irrégulière, dont leur surface serait parsemée. Les
écailles sont très-finement dentelées à leur bord postérieur; leur surface extérieure a
un aspect très-particulier, en ce que son milieu, ainsi que la partie comprise entre
deux lignes que l'on tirerait de ce milieu aux angles postérieurs, quoique lisse en ap-
parence, offre, quand on l'examine de près, des stries peu profondes qui se dirigent ir-
régulièrement vers le bord postérieur de l'écaillé. Les angles antérieurs, supérieur et
inférieur , sont couverts de saillies en forme de pustules , semblables à celles des os du
crâne, mais plus grosses, plus irrégulières et plus déprimées encore; ensorte que les
plus grandes ressemblent à de petites écailles coucliées svir les écailles. Celles du voi-
sinage de la tête et celles de la nuque sont presque entièrement couvertes de ces pus-
tules.
On ne voit dans cet exemplaire aucune trace des nageoires, non plus que des os
du crâne ; on y distingue seulement les pièces operculaires _, la mâchoire inférieure , les
rayons branchiostègues et les pièces sous-orbitaires , avec une portion du tronc cou-
vert de ses écailles. M. Jobnston, à Bristol, en possède un, de dimension à-peu-près
double, mais qui n'est pas mieux conservé.
Ces fossiles ont été trouvés dans des rognons calcaréo-marneux du Lias de Lyme-
Regis.
V. Tetragonolepis radutus Agass.
Vol. 2. Tab. 23 a j fig. 2.
Je ne connais que la moitié antérieure du corps de ce poisson ; la queue et les na-
geoires manquent entièrement dans le seul exemplaire que j'en ai vu, et qui est de la
collection de Sir Phil. Egerton.
La granulation de la tête est très-distincte; elle est arrondie sur le crâne et sur les
écailles antérieures delà nuque, écailleuse, plate et plus grosse sur les sous-orbitaires,
sur les plaques buccales, sur les rayons branchiostègues, mais surtout sur l'opercule.
ToM. II. 27
— 202 —
Les écailles sont complètement lisses, c'est-à-dire, sans granulation, à l'exception de
quelques-unes de celles de la nuque ; mais elles sont ornées de plis qui forment une
dentelure à leur bord postérieur, et qui s'étendent en forme d'éventail peu conver-
gent sur plus de la moitié de leur surface dans celles du milieu du corps, mais qui sont
moins développés sur celles du dos et de la partie inférieure de l'abdomen. Toutes les
écailles ont cependant la dentelure marginale. Leurs bords supérieur et inférieur sont
fortement arqués; celles des rangées inférieures de l'abdomen seulement, et celles qui
avoisinent le milieu, du dos, ont ces bords plus droits. Ces dernières, et en général
celles qui sont au dessus de la ligne latérale, sont beaucoup plus petites que celles des
flancs et des parois abdominales inférieures, qui sont aussi les plus lisses. Il y a deux
lignes latérales: l'une droite, sur le milieu du corps, partant de l'angle supérieur de
l'opercule et sautant d'écaillé en écaille, ouverte en croissans tournés en arrière;
l'autre parallèle au dos, dont elle est très-rapprocliée , et ouverte longitudinalement.
Les rayons des nageoires paraissent avoir été très-fins, à en juger par les fragmens
que l'on en voit au bord du corps du poisson, et qui sont extrêmement grêles, peu
fendus , et à articulations distantes.
Ce poisson a été trouvé tout récemment dans le Lias de Lyme Régis; c'est une des
nouvelles acquisitions dues au zèle avec lequel Lord Cole et Sir Pli. Egerton pour-
suivent maintenant leurs fouilles géologiques, dans l'intérêt de l'étude des Icbthyo-
litlies.
VI. Tetragonolepis leiosomus Agass.
Yol. 2. Tab. 23 «^ fig. 3.
C'est un assez petit poisson, pi'ovenant du Lias de Lyme Régis, mais qui n'est cer-
tainement pas un jeune de quelqu'une des espèces que l'on a trouvées avec lui dans
cette formation ; car il offre des caractères très-particuliers dans la granulation de sa
tête, dans ses écailles parfaitement lisses et sans dentelure à leur bord, et dans les
rayons plus grêles et à articulations moins rapprochées de ses nageoires.
Sa forme est intermédiaire entre les grands et larges Tetragonolepis et ceux de la
forme de Voi^alis et du dorsalis; c'est-à-dire, qu'elle présente un large ovale régulier,
qui n'est pas dilaté au bord antérieur de la dorsale et de l'anale. Les os de la tête sont
ornés d'une granulation très-prononcée, en grains arrondis et de moyenne grandeur
sur les intermaxillaires, et les mandibulaires, un peu plus petits et plus aplatis sur la
tête ,* un peu plus grands et écailleux sur les sous-orbitaires et sur les plaques buccales,
et plus grands encore, allongés et irréguliers sur l'opercule, dont le bord inférieur est
strié. Le sous-opercule est aussi strié, et presque entièrement lisse; l'interopercule et
le préopercule ont la granulation écailleuse de la joue; le suprascapulaire celle du crâne.
Les rayons brancliiostègues offrent quelques petits grains aplatis.
— 205 -^
Les pectorales sont enlevées; on n'en voit que la base. Leurs rayons étaient très-
grèles. On distingue en partie les deux ventrales, dont les rayons sont également
grêles; il y en a de petits très-allongés tout le long de leur bord. Les rayons de la
dorsale (dont le bord antérieur est opposé aux ventrales) et ceux de l'anale sont exac-
tement semblables; c'est à dire, qu'ils sont grêles, articulés dès leur milieu seulement,
et peu bifurques, avec de petits rayons allongés et peu serrés le long du bord anté-
rieur du premier grand rayon. La caudale est surtout caractéristique : elle est plutôt
arrondie vers le milieu que tronquée carrément; ses petits rayons latéraux sont allon-
gés et peu serrés; les rayons inférieurs sont simples dans jîlus de la moitié de leur lon-
gueur ; leurs articles sont plus longs que larges ; les rayons moyens et supérieurs, seu-
lement, sont bifurques fréquemment dans leurs deux tiers extérieurs, et ont leurs
articulations plus courtes que larges.
Toutes les écailles sont parfaitement lisses, à bords entiers et non dentelés ; celles des
bords du dos, seulement, ont une apparence de crénelure ; leur bord postérieur est
légèrement arqué; le bord supérieur des écailles moyennes du dos l'est aussi; mais
toutes les autres l'ont droit. Les écailles des flancs et de la partie inférieure du corps
sont de beaucoup les plus grandes; elles sont plus hautes que longues. Celles du pour-
tour du tronc sont rhomboïdales ; c'est le long de la dorsale qu "elles sont les plus pe-
tites. On distingue deux lignes latérales : l'une, dont les tubes sont très-saillans et
ouverts en haut, est très-rapprochée du dos et suit sa courbure; l'autre est droite,
sur le milieu du tronc, et ses ouvertures sont en forme de croissans ouverts en ar-
rière. Les onglets articulaires sont proportionnellement gros.
Je ne connais qu'un seul exemplaire de cette espèce remarquable; il se trouve dans
la collection de Sir Phil. Egerton à Oulton-Park.
VII. Tetragonolepis Leachii Agass.
Vol. 2. Tab. 2?>d.
Cette espèce de Tetragonolepis paraît être la plus commune de celles que l'on trouve
à Lyme Régis; j'en ai vu un grand nombre d'exemplaires et de fragmens dans les col-
lections de Sir Phil. Egerton, de Lord Cole, de Miss Philpot et des Musées d'Oxford
et de Pai'is. Je regrette beaucoup que la masse énorme de matériaux nouveaux que j'ai
recueillis, et la résolution que j'ai prise de publier, s'il m'est possible, tous ces maté-
riaux dans des limites qui originairement devaient en contenir au plus la moitié, m'o-
bligent à écarter pour le moment plusieurs grandes figures qui auraient donné une
idée très-complète des formes de cette espèce. Je me suis borné, en conséquence, à
faire représenter les détails des écailles , et une tête entièrement détachée de la roche,
— 204 —
qiii fait partie de la collection de M™" Murchison, et sur laquelle j'ai pu étudier l'os-
téologie du crâne et de la face beaucoup mieux que sur aucun autre exemplaire.
Cette espèce est très-caractérisée par sa forme arrondie, par la structure de ses
écailles, et par la granulation qui recouvre les os de la tête. Tous les exemplaires que
j'en connais proviennent de Lyme Régis ; je n'en ai point encore vu d'autres loca-
lités.
Tous les Tetragonolepis et Dapedius ont à-peu-près la même forme, c'est-à-dire,
le corps aplati et formant un ovale plus ou moins large. L'espèce présente est des
plus larges, et la forme de sa tête prouve évidemment que ces poissons n'avaient pas
le tronc aussi aplati que la plupart de nos poissons vivans de même conformation.
Dans l'exemplaire de M'"'' Murchison , on peut s'assurer que la partie antérieure des
flancs était légèrement bombée, et que la tête, dont les os n'ont presque pas été dislo-
qués, proportionnellement très-large, n'était pas plus épaisse que le tronc. La fig. i
représente le côté droit de cette tête ; on y voit le crâne , les plaques suroccipitales , le
suprascapulaire , le scapulaire, une partie de l'humérus, les pièces operculaires, les
plaques buccales , les sous - orbitaires et les mâchoires. Tous ces os, ainsi que les
écailles antérieures de la nuque , portent une grosse granelure en grains très-saillans,
comparable aussi à de petites pointes obtuses. Dans la fig. 2, on voit le côté gauche
de cette même tête j les pièces operculaires y sont disloquées; l'opercule, surtout, qui
a glissé en arrière sur les écailles, a mis à découvert, à son bord inférieur et en ar-
rière du subopercule, une partie de la branche descendante de l'humérus, dont le
dessin est plus achevé dans cette figure que celui des autres parties. Ce dernier os est
strié longitudinalement et ne porte que quelques grains saillans, tandis que les grandes
écailles post-humérales sont fortement granulées. On voit aussi le temporal mis à dé-
couvert par l'enlèvement des plaques buccales. La partie supérieure de la ceinture
thoracique y est aussi plus fortement exprimée. Dans la fig. 3, le crâne se voit par sa
face supérieure; cette figure montre surtout combien la tête est large, et combien peu
les os du crâne sont symétriques , non qu'ils soient disloqués , mais parce que les os
pairs des deux côtés n'ont exactement ni la même forme ni la même grandeur. Le
frontal gauche est plus large et plus long que le droit. Quant aux pariétaux, c'est
l'inverse : le droit est sensiblement plus grand que le gauche , et la suture moyenne
qui les sépare , au lieu de faire suite à celle des frontaux , se porte sur le côté gauche,
sans que l'on puisse supposer que cela provienne d'ime dislocation, puisque les sutures
pariéto-frontales ne sont pas déjointes. Le grand os qui borde de chaque côté les pa-
. riétaux, me paraît êtie le soi-disant mastoïdien , que j'envisage comme l'écaillé tem-
porale. En arrière de cet os et du pariétal, on aperçoit, fig, i et 3, une série de plaques
semblables à des écailles, qui recouvrent les os de l'occiput: je les désigne sous le nom
— 205 —
àe plaques siiroccipitales ; on les retrouve dans plusieurs genres, même dans les Lé-
pidostées. La surface du suprascapulaire et du scapulaire est granulée, comme celle
de tous les os de la tête. L'opercule est proportionnellement petit, beaucoup plus haut
que long. Le subopercule est triangulaire; son angle antérieur supérieur se prolonge
en avant de l'opercule. L'interopercule est étroit et allongé; à son bord supérieur on
distingue quelques trace du préopercule, qui, du reste, est entièrement caché par
de larges plaques buccales occupant tout l'espace compris entre les pièces operculaires
et les sous-orbitaires. Ceux-ci sont beaucoup plus petits que ces plaques. Dans quel-
ques exemplaires j'ai remarqué que l'opercule et le subopercule étaient striés sur la
plus grande partie de leur surface, et granulés sur quelques points seulement ; mais
cette différence résulte de l'état de conservation de ces os et de l'ablation d'une partie
des lames d'accroissement dont ils se composent. La mâchoire inférieure est très-
courte et très-large, armée de plusieurs rangées de dents coniques et obtuses, dont
les extérieures sont les plus grandes, les plus pointues, et même légèrement arquées
en arrière. La mâchoire supérieure offre des dents semblables, qui sont insérées sur
l'intermaxillaire ; tandis que le maxillaire supérieur, dépourvu de dents, se dilate en
arrière en forme de spatule, et recouvre le côté de la mâchoire inférieure. Il y a 6
rayons branchiostègues , au moins.
Les écailles, quelle que soit leur forme, sont très-finement dentelées à leur bord
postérieur; cette serrature est même si fine, qu'on ne l'aperçoit pas dans toutes les
inflexions de la lumière. Leur surface extérieure est parfaitement lisse, avec de petits
points creux peu nombreux, épars, ressemblant à des piqûres. Sur les écailles des
bords du dos et en avant de la dorsale, se voit une granelure plus fine et moins ser-
rée que celle des os de la tête. La forme des écailles varie beaucoup, selon leur posi-
tion : celles de la partie antérieure des flancs sont beaucoup plus hautes que larges ;
mais vers les bords du dos et du ventre et vers le bout de la queue, leurs côtés de-
viennent de plus en plus égaux , et leur forme se rapproche par là même de plus en
plus d'un rhombe régulier. Le bord postérieur de toutes les écailles est droit; il n'y a
que les plus hautes des flancs qui l'ont faiblement arqué. Le bord supérieur de
toutes celles de la partie antérieure du tronc est aussi légèrement arqué vers le dos,
et incliné obliquement de bas en haut et en arrière ; il en est de même du bord infé-
rieur, qui est faiblement concave. L'onglet articulaire est de moyenne grandeur, et
placé au bord de la partie émaillee des écailles ; dans celles qui avoisinent la ceinture
thoracique, il est à moitié sur leur racine. Ces bords supérieur et inférieur des
écailles, sont droits dans celles du milieu du tronc, de la queue et des bords du dos et
du ventre. Autour de l'insertion de l'anale, de la dorsale et de la caudale, il y a
quelques rangées d'écaillés plus petites, plus étroites et plus longues que larges, qui
— 206 —
formaient probablement, sur les côtés de la dorsale et de l'anale, du moins, une gaîne
pour la nageoire, comme dans les Lepidosteus.
Eu égard à quelques différences qu'offrent les écailles de divers exemplaires , on
pourrait être tenté de distinguer deux variétés de cette espèce j dont l'une aurait les
écailles lisses, comme dans les fig. 5 et 6, tandis que l'autre les aurait striées, comme
celles delà fig. 4- Mais j'ai reconnu que ces stries étaient produites par des fissures
plus ou moins régulières de l'émail, et qu'elles ne tenaient pas à sa structure. Aussi,
les exemplaires que j'ai étiquetés du nom de T. striatus, dans quelques collections,
doivent tous être rapportés au T. Leachii.
Les rayons des nageoires sont en général de moyenne grandeur; ce sont ceux des
ventrales qui paraissent être les plus gros; les petits rayons de leur bord surtout sont
très-massifs. Les rayons de l'anale ne sont ni fendus jusqu'à leur base, ni même arti-
culés dans leur partie inférieure, tandis que ceux de la caudale le sont jusque vers
leur insertion. Ceux du milieu de la nageoire sont en outre divisés très-profondément
et à plusieurs reprises; mais ceux des bords du lobe supérieur et du lobe inférieur
sont simples jusques environ le milieu de leur longueur. Quant aux petits rayons des
bords, ils sont plus allongés et plus grêles que dans les ventrales. Les rayons de la
dorsale sont, à ce qu'il paraît, les plus faibles, et les petits rayons de son bord anté-
rieur les plus grêles et les plus longs.
Miss Marie Anning m'a fait voir à Lyme Régis le dessin d'un Tetragonolepis qu'elle
a cédé au Musée de Bath, et qui paraît appartenir au T. Leachii. Cependant l'anale
est beaucoup moins étendue et n'a de longueur qu'environ la moitié de celle de la
dorsale. N'ayant pas vu l'original, je ne puis dire si cette différence ne proviendrait
point d'une dislocation. Je me borne donc à signaler ce poisson à l'attention des natu-
ralistes qui auront occasion de l'examiner.
VIII. Tetragonolepis heteroderma Agass.
Vol. 2. Tab. 23 ^j fig. I.
Le premier exemplaire que j'ai vu de cette espèce se trouve dans la collection de
M. le D'. Hartmann à Gœppingen; c'est une plaque d'écaillés au bord desquelles on
ne voit aucune trace des nageoires, ni de la tête. Cet exemplaire, qui provient du Lias
des environs de BoU dans le Wurtemberg, et que j'ai examiné en i83i , a été long-
temps le seul que je connusse. En revoyant mes notes relatives au genre Tetragono-
lepis j je commençai même par douter de l'existence réelle de cette espèce, dont je
n'avais rencontré aucune trace dans le Lias d'Angleterre, lors de mon premier
voyage. Depuis lors, cependant, Sir Pbil. Egerton et Lord Cole en ont trouvé, dans
— 207 —
le Lias de Lyme Régis, un assez bon exemplaire, qui confirme l'existence de cette es-
pèce, en même temps qu'il indique une espèce identique de plus pour le Lias en An-
gleterre et en Allemagne. Il existe aussi un fragment de ce poisson au Musée Bri-
tannique. Il est assez curieux que la plaque de Lyme Régis soit à-peu-prcs dans le
même état de conservation que celle de Boll j elle présente très-bien la surface exté-
rieure des écailles de tout le corps , mais la tête et les nageoires y manquent complè-
tement.
Le caractère le plus saillant que je puisse indiquer maintenant pour cette espèce,
c'est la grandeur considérable des écailles de la partie latérale du tronc qui avoisinent
la ceinture thoracique et qui recouvrent les parois de la cavité abdominale; tandis que
dans la partie postérieure du tronc, et vers ses bords supérieur et inférieur, elles de-
viennent rapidement beaucoup plus petites. Leur surface extérieure est lisse, mais
ornée de points creux et d'un grand nombre de stries ondulées et confluentes qui
partent du bord antérieur. Il n'y a de granulation en relief que sur quelques écailles
de la nuque, vers leur bord antérieur et sur les grandes écailles post-humérales. Le
bord postérieur de toutes les écailles a une fiïie dentelure ; les bords supérieur et in-
férieur des grandes écailles sont droits, mais celles du dos et de la queue ont le bord
siipérieur arqué, et l'angle qu'il forme avec le bord postérieur, arrondi; tandis que
le bord inférieur est concave et l'angle inférieur très-saillant. L'onglet articulaire des
grandes écailles est très-gros et très-acéré.
Du Lias de Boll et de Lyme Régis.
IX. Tetragonolepis pholidotus Agass.
Yol. 2. Tab. 23 e_, fîg. 2.
Cette jolie espèce ne paraît pas avoir atteint des dimensions bien considérables; la
plupart des exemplaires que j'en ai vus avaient de 6 à 10 pouces de long. On en a
trouvé un assez grand nombre dans le Lias du Wurtemberg, aux environs de Boll;
les plus complets sont conservés au Musée de Stuttgart et dans la collection de M. le
D^ Hartmann à Gœppingen. On en a découvert aussi quelques exemplaires dans le
Lias d'Angleterre, où cette espèce paraît être beaucoup plus rare que sur le Conti-
nent. J'en ai vu un presque parfait dans la collection de Lord Cole, et un autre dans
celle de M™" Murcliison. Enfin, M. le comte de Munster possède une tête et des écailles
d'un Tetragonolepis du Lias d'Altdorf, qui me paraît appartenir aussi à cette espèce.
L'original de ma figure est déposé au Musée de Stuttgart.
La forme générale du corps de ce poisson est assez particulière : c'est un ovale très-
large et très-obtus, terminé en arrière par un rétrécissement considérable et subit, qui
— 208 —
forme le pédicule de la caudale ; ce qui fait que le diamètre longitudinal excède encore
de beaucoup le diamètre transversal. Ce qui distingue siutout cette espèce, c'est que la
surface des os de la tête est seule granulée ; tandis que la surface de toutes les écailles
est lisse. Cette granulation a même quelque chose de très-particulier, et qui éloigne
davantage cette espèce du T. Leachii, qu'on ne serait tenté de le supposer au premier
coup-d'œil : tous les os sont hérissés d'aspérités allongées, confluentes et divergeant
vers les bords j tandis que dans le T. Leachii ce sont des points saillans isolés. Ce
caractère rapproche un peu le T. pholidotus des espèces du genre Dapedius; il ne
serait même pas impossible qu'il dût y être rapporté; car, n'ayant pu examiner d'une
manière satisfaisante la dentition de ce poisson, je ne l'ai laissé dans le genre Tetra-
gonolepis que parce que c'est sous ce nom que je l'ai décrit en i83i dans le Journal
deLéonhard et Bronn, à une époque oîi je ne connaissais point encore précisément les
caractères du genre Dapedius. Cependant je lui conserverai sa place aussi long-temps
qu'il n'y aura pas de raison suflîsante pour la changer, ou pour confondre les deux
genres en un seul.
Le bord postérieur des écailles des flancs et de la nuque est entier ; il n'y a que
celles de l'extrémité de la queue qui soient ornés d'une dentelure, laquelle est très-
fine. Toutes les écailles, excepté celles du pédicule de la queue, ont le bord supérieur
convexe et le bord inférieur concave. Leur surface extérieure présente , surtout vers le
bord antérieur, de fines stries irrégulières et confluentes, entre lesquelles on re-
marque quelques points creux; mais il n'y a aucune granulation en relief. Celles des
flancs, ou plutôt , celles qui recouvrent les parois de la cavité abdominale, sont étroites,
c'est-à-dire beaucoup plus hautes que longues.
Les rayons des nageoires dorsale et anale sont courts , plus grêles que dans aucune
autre espèce de ce genre , bifurques à plusieurs reprises à leur extrémité , et articulés
de très-près. Le long de ces nageoires, il y â de très-petits rayons allongés, serrés et
accolés au bord des plus grands. La dorsale commence au milieu du dos, et s'étend
jusqu'au plus fort du rétrécissement du pédicule de la queue. L'anale commence beau-
coup plus en arrière , et est par conséquent au moins d'un tiers plus courte que la
dorsale; mais elle se termine à la même hauteur. La caudale est formée de rayons
proportionnellement plus allongés, mais également grêles, et porte à son bord des
fulcres un peu plus grands que ceux de la dorsale et de l'anale. Les ventrales sont
insérées un peu plus en avant que le bord antérieur de la dorsale. Les pectorales sont
placées assez haut sur les flancs; leurs rayons sont très-fins, mais leurs fulcres sont
moins rapprochés que ceux des autres nageoires.
Les traces d'os que j'ai remarquées dans quelques exemplaires indiquent une co-
lonne vertébrale assez forte ; les apophyses inférieures de la queue sont plus allongées
à son extrémité, où elles servent de points d'insertion aux rayons de la caudale.
— 209 —
Cette espèce se trouve également dans le Lias d'Allemagne et d'Angleterre, mais
elle paraît être moins rare sur le Continent.
X. Tetkagonolepis ovalis Agass.
Vol. 2. Tab. 21, fig. 3.
Cette espèce n'a encore été trouvée que dans le Lias des environs de BoU; tous les
exemplaires que j'en ai vus sont de la collection de M. le D' Hartmann à Gœppingen ,
à qui la découverte en est due. Les différences qui la distinguent de la précédente
sont plutôt des différences de forme générale que des caractères de détail particuliers.
C'est la plus allongée de toutes les espèces du genre à moi connues ; elle forme un ovale
qui se réti'écit insensiblement à sa partie postérieure. La tète est proportionnellement
plus petite et surtout considérablement plus allongée que celle de ses congénères. Sa
gueule est aussi un peu plus fendue; ses dents ont du être également plus longues,
puisqu'elles le paraissent autant que celles de toutes les espèces connues, quoiqu'elles
aient toutes la pointe brisée. Ce qu'il reste des os de la tête, dans l'exemplaire que j'ai
fait graver, appartient au côté gaucbe et n'est visible que par sa face interne. Au bord
inférieur de l'interopercule et du subopercule on voit 7 rayons brancbiostègues larges
et aplatis. Ce qu'il y a de très-curieux dans cet exemplaire, c'est qu'une partie des arcs
branchiaux et des peignes des branchies elles-mêmes est parfaitement bien conservée ,
et visible entre les rayons brancbiostègues et l'orbite. Il n'est pas possible de recon-
naître dans la structure des branchies la moindre différence d'avec les branchies pec-
tinées des poissons ordinaires de notre époque. L'orbite est entourée de sous-or-
bitaires étroits. Presque tous les os du crâne sont enlevés; cependant l'on remarque en
avant un fragment de l'ethmoïde et du frontal antérieur, dont la surface porte de petits
tubercules arrondis, et en arrière les plaques suroccipitales au nombre de [\ , qui per-
mettent de reconnaître la forme et les dimensions de la tête. Dans d'autres exemplaires
j'ai reconnu que tous les os du crâne et surtout les pièces operculaires portent une
granulation tuberculeuse, très-peu serrée.
Tout le tronc présente à découvert sa face extérieure gauche ; vers la queue , seule-
ment, et le long de la dorsale et de l'anale, on voit un petit espace où les pai'ties so-
lides du corps ont entièrement disparu et n'ont laissé que leur empreinte. Les écailles
sont très-petites le long du dos et sur les côtés de la queue; celles des flancs sont beau-
coup plus grandes, et surtout beaucoup plus hautes que longues, excepté vers la gorge
et en dessous des pectorales, où elles sont à-peu-près équilatérales. Leur surface à
toutes est parsemée d'aspérités irrégulières, tantôt en forme de petits tubercules ar-
ToM. II 28
— 210 —
rondis, tantôt en lignes sinueuses peu saillantes. Tous leurs bords sont droits, et leurs
onglets articulaires assez gros. «
La dorsale commence bien en avant du milieu du dos , et se termine à ime distance
de la caudale égalant la largeur du pédicule de la queue. L'anale est beaucoup plus
comte, son étendue égale à peine la moitié de celle de la dorsale; mais ces deux na-
geoires se terminent vis-à-vis l'une de l'autre. Elles sont formées de rayons grêles,
bifurques seulement à leur extrémité , et dont les articulations transversales sont très-
rapprocbées; à leur bord antérieur il y a une série de petits fulcres peu serrés. Les
ventrales, qui sont très-petites, sont placées vis-à-vis du bord antérieur de la dorsale.
Les pectorales, également petites, ont des rayons proportionnellement grêles. La cau-
dale est passablement grande , pour la taille de ce poisson ; son insertion est légère-
ment oblique , parce que les rayons du lobe inférieur sont insérés à l'extrémité
d'apophyses épineuses qui s'étendent moins en arrière que la base des rayons du lobe
supérieur. Tous ces rayons sont proportionnellement plus grêles que dans la plupart
des autres TetragOTiolepis ; ils sont bifurques à plusieurs reprises jusque vers le mi-
lieu de leur longueur, et articulés de très-près jusque vers leur insertion. Les fulcres
qui bordent le lobe supérieur sont assez gros aux points d'insertion des rayons de la
nageoire, mais ils vont en diminuant rapidement jusqu'à son extrémité; ceux qui s'é-
tendent le long du lobe inférieur sont très-petits dès la base de la nageoire.
XI. Tetragonolepis Bouei Agass.
Yol. 2. Tab. 22, fig. I.
Cette espèce n'est point encore suffisamment connue; le meilleur exemplaire que
j'en aie vu, et qui est 1 original de ma figure, se trouvait, il y a quelques années, dans
la collection de la Société Géologique de France, où je Tai décrit et fait dessiner en
i832. Ayant dès lors découvert plusieurs espèces de Tetragonolepis j avec lesquelles
il devenait nécessaire de le comparer, j'ai cherché à le retrouver lors de mon dernier
séjour à Paris en i835; mais c'est en vain que j'ai parcouru pour cela toute la collec-
tion, aidé de M. Dry-Dupré, agent de la Société. Je suis donc obligé maintenant de me
borner à signaler cette espèce à l'attention des naturalistes, en ajoutant que le carac-
tère le plus frappant que j'y ai remarqué consiste dans l'uniformité de grandeur des
écailles depuis le dos jusqu'au ventre; d'ailleurs, ces écailles sont visibles par leur
face interne, et l'on remarque à leur bord supérieur un large onglet articulaire.
Cet exemplaire provient des Schistes bitumineux de Seefeld en Tyrol, que je crois
pouvoir rapporter au Lias, à cause delà grande analogie de tous les poissons qui s'y
trouvent avec ceux du Lias d'autres contrées, et à cause de l'identité de l'un d'en-
i^ 211 —
tr'eux avec une espèce de Lyme Régis qui sera décrite dans un des chapitres suivans,
et que j'ai nommce Pholidophorus latiiisculus.
Au Musée de Carlsruhe il y a aussi un fragment de Tetragonolepis de Seefeld qui
paraît appartenir à l'espèce dont il s'agit, mais qui est trop incomplet pour offrir des
détails plus précis.
Cette espèce n'est point signalée parmi celles que M. Murchison indique dans sa
notice sur les schistes de Seefeld.
XII. Tetragonolepis dorsalis Agass.
Vol. 2. Tab. 21 , fig. I et 2 ; Tab. 21 a j fig. i.
L'original de la pi. 21 « se trouve dans la collection de M. Stockes; celui de la pi. 21
est au 31usée Britannique. Ils proviennent tous deux du Lias blanc de Byrford dans le
Comté de Gloucester. Ce sont les seuls exemplaires de cette espèce que j'aie vus jus-
qu'ici ; elle est très-caractérisée par sa forme ovale oblongue , et par les rayons allon-
gés du bord antérieur de la dorsale. La tête est courte, mais large; à la surface de ses
os on remarque quelques rides et une granulation peu serrée , sur l'opercule surtout.
La ceinture thoracique est également granulée, mais les écailles sont parfaitement
lisses; l'émail qui les recouvre est assez mince pour que l'on aperçoive les bords de
leurs lames d'accroissement. Elles sont passablement grandes, surtout sur les côtés
des parois abdominales, mais beaucoup plus petites sur la queue et le long du dos.
Leurs bords sont droits et entiers; il n'y a pas de dentelure à leur bord postérieur.
La ligne latérale est très-visible; elle s'étend presque directement, avec une légère
flexion vers le dos, de l'angle supérieur et postérieur de l'opercule jusqu'au milieu du
pédicule de la queue. La dorsale commence un peu en avant du milieu du dos, et se
termine vis-à-vis l'extrémité postérieure de l'anale, qui est presque de moitié plus
courte. Le bord antérieur de ces deux nageoires est plus élevé que leur extrémité. Les
rayons antérieurs de la dorsale, surtout, sont environ du double plus longs que les
postérieurs; les plus grands sont cependant précédés de quelques autres petits qui
s'allongent insensiblement. Les rayons de ces deux nageoires sont grêles, bifurques
dans leur moitié supérieure, et ont des articulations transversales assez distantes.
La caudale est proportionnellement grande; son insertion paraît oblique, et les rayons
de sa partie supérieure paraissent sensiblement plus courts, leur base étant recou-
verte par les écailles du pédicule de la queue, qui s'étendent plus loin dans sa partie
supérieure que dans sa partie inférieure. Les rayons de cette nageoire sont assez
grêles, bifurques à plusieurs reprises depuis leur milieu, et divisés par des articula-
tions transversales plus rapprochées que celles des rayons de la dorsale et de l'anale.
— 212 —
Le long de ses bords supérieur et inférieur l'on distingue une série de petits fulcres
grêles; son bord postérieiu- est coupé presque carrément, et n'a qu'une légère échan-
crure. Les ventrales sont placées vis-à-vis le bord antérieur de la dorsale, et les pec-
torales assez bas en dessous du subopercule. Il n'est resté de ces nageoires que des
traces peu distinctes.
XIII. Tetragonolepis monilifer Agass.
Vol. 2. Tab. 21 a j fig. a, 3, 4? 5.
L'original de ma figure provient du Lias blanc de Banwell, et appartient à M. le
D' Fox de Bristol. M. le Prof. Sedgwick a aussi recueilli plusieurs exemplaires de
cette espèce dans le Lias de Barrow sur la Soar, où elle paraît n'être pas très-rare.
Sa forme est presque circulaire; c'est la plus large de toutes les espèces connues de
ce genre. Le pédicule de la queue est très-court; la dorsale s'étend depuis le milieu
du dos jusqu'à sa partie la plus étroite. L'anale, qui est de moitié plus courte, se ter-
mine à la même hauteur . La caudale est proportionnellement beaucoup plus grande,
et coupée carrément. Les rayons de ces trois nageoires sont grêles; leurs articulations
transversales ne sont pas très-rapprocliées ; cependant les articles ne sont guère plus
longs que larges. Les rayons de la dorsale sont les plus courts; ceux de l'anale, sur-
tout à son bord antérieur, sont plus allongés et moins serrés. Les plus longs et les
plus distans sont ceux du milieu de la caudale; aux bords supérieur et inférieur de
cette nageoire, il y a des fulcres allongés et peu serrés; on en voit de semblables en
avant de la dorsale et de l'anale. Les ventrales sont très-petites, à rayons fort grêles,
et opposées au bord antérieur de la dorsale. Les pectorales sont .entièrement enlevées.
Les écailles de la partie supérieure du corps sont beaucoup plus petites que celles
des flancs; elles sont équilatéraleset romboïdales; il y en a de semblables sur le pédi-
cule de la queue, qui sont ti'ès-uniformes. Celles qui bordent les nageoires, surtout
le long de l'insertion de la caudale, sont les plus petites de toutes, et un peu plus al-
longées que celles qui sont plus avancées sur le tronc. Celles qui recouvrent les parois
abdominales sont les plus grandes; elles sont plus hautes que longues. Les bords de
toutes ces écailles sont droits, sans dentelure; leur onglet articulaire est allongé et
pointu; leur surface extérieure est entièrement lisse, excepté vers la base de l'émail à
son bord antérieur , où l'on remarque des points saillans disposés en séries comme les
grains d'un chapelet (fig. 3 et 4) ? mais qui manquent aux écailles du pédicule de la
queue (fig. 5.) Le centre des écailles est légèrement déprimé. La ligne latérale va di-
rectement de l'angle supérieur de l'opercule au milieu du pédicule de la queue.
— 213 —
On ne volt de la têle que la partie postérieure du crâne et une partie des pièces
operculaireSj trop brisées pour que leur forme puisse être décrite.
XIV. Tetragonolepis angulifer Agass.
I
Vol. 2. Tab. 23.
Je ne connais encore qu'un seul exemplaire de cette espèce, appartenantà M. Greaves,
et qui est exposé dans le Musée de M. Weaver à Birmingbam. C'est le plus beau de
tous les poissons fossiles que j'aie jamais vus*, aussi n'ai-je pu résister à la tentation de
le faire figurer en grandeur naturelle dans toute sa magnificence. Il provient du Lias
de Stratford sur l'Avon.
Il est peu d'espèces du genre Tetragonolepis j qu'il soit aussi facile de caractériser
que celle-ci, ses écailles étant ornées de stries disposées de manière à former un
triangle dont le sommet est dirigé vers le milieu de leur bord antérieur, et dont la base
occupe leur bord postérieur (fig. 3). Les écailles des côtés de la nuque ont une grosse
granulation arrondie qui cacbe de plus en plus ces triangles, jusqu'au bord du dos, oii,
devenant plus nombreux, les grains recouvrent toute leur surface (fig. 2). La ligne
latérale, partant de l'angle supérieur de l'opercule, est légèrement courbée vers le
dos dans sa partie antérieure, puis redescend vers le milieu du corps, et se termine
ensuite en ligne droite sur le milieu du pédicule de la queue. Les écailles supérieures
à la ligne latérale et celles des côtés de la queue sont sensiblement plus petites que
celles des parois abdominales, qui sont les plus grandes, et en même temps presque
aussi longues que hautes ; tandis que dans la plupart des autres espèces elles sont beau-
coup plus hautes que longues. Au bord inférieur du ventre, surtout entre l'anale et
les ventrales et en dessous de l'insertion des pectorales, elles sont aussi petites, mais
plus longues que hautes.
La dorsale commence au milieu du dos et se termine à une distance de l'insertion
des rayons de la caudale, égalant la largeur du pédicule. L'anale, de moitié plus
courte, se termine à la même hauteur; les rayons de cette nageoire sont plus allongés
et un peu plus gros que ceux de la dorsale, bifurques à plusieurs reprises jusque vers
leur base, et aiticulés transversalement de très-près. Le long de son bord antérieur
il y a des fulcres très-serrés. L'extrémité des rayons de la partie antérieure de la dor-
sale ayant disparu, il n'est pas possible de savoir si son bord antérieur n'était pas plus
élevé que sa partie moyenne, comme cela paraît probable, puisqu'il en est ainsi de
l'anale. Ce qu'il y a de certain, c'est que la dorsale commence par plusieurs très-pe-
. — 214 —
tits rayons," qui s'allongent insensiblement; tous les autres sont profondément bifur-
ques à plusieurs reprises, et leurs articulations transversales sont très-rapprocliées.
Les rayons de la caudale sont très-gros et très-larges, surtout à leur extrémité, fré-
quemment bifurques, et divisés par des articulations transversales très-serrées. Les
fulcres du bord supérieur dé cette nageoire sont moins serrés et surtout plus allongés
que ceux de son bord inférieur. Les ventrales sont placées plus en avant que le bord
antérieur de la dorsale; leurs rayons sont aussi gros que ceux de l'anale; au bord an-
térieur du premier il y a des fulcres très-serrés. Les pectorales ont entièrement dis-
paru; leur point d'insertion est à la hauteur de l'articulation de la mâchoire infé-
rieure.
La tête est proportionnellement petite et très-obtuse ; les mâchoires, seulement,
forment une légère saillie ; on voit à leur bord une rangée de dents coniques et obtuses.
La mâchoire inférieure est très-courte et proportionnellement très-large ; au dessous
l'on voit un large écusson impair, semblable à celui que j'ai observé chez les Dapedius
en avant des rayons branchiostègues. Ceux-ci, dans notre poisson, sont très-larges,
mais en partie enlevés. Les pièces operculaires sont proportionnellement ti-ès-petites,
l'opercule surtout. L'orbite est grande ; elle est placée immédiatement au dessus et en
arrière de la symphyse des mâchoires. Tous ceux des os de la tête dont la face exté-
rieure est visible sont ornés d'une granulation semblable à celle des écailles de la
nuque.
D'après un dessin réduit qui m'avait été envoyé par M. le D"^ Traill, en i83o, j'a-
vais inséré cette espèce sous le nom de T. Traillii dans le tableau synoptique qui se
trouve en tête de ce volume, à la page 7. Ce n'est qu'après avoir fait graver la planche
que j'en ai publiée dans la S" livraison sous le nom de T. anguliferj que j'ai reconnu
l'identité des deux dessins. Ce dernier nom exprimant un des caractères essentiels de
l'espèce, me paraît devoir être conservé, d'autant plus que M. Traill a des titres plus
valables à la reconnaissance des savans.
XV. Tetragonolepis Magneville Agass.
Vol. 2, Tab. 24.
Espèce très-caractéristique par sa grande largeur, par la petitesse de sa tête, par
la ténuité du pédicule de la queue, par l'extension de la dorsale et de l'anale, et par
la granulation des écailles. Ce poisson a été découvert par M. de Magneville dans
rOolithe inférieure des environs de Caen. Je n'en connais encore que ce seul exem-
plaire, qui se trouve au Musée de Caen.
— 215 —
Les caractères qui distinguent cette espèce sont si tranchés, qu'il est impossible de
la confondre avec aucune des espèces précédentes. La tête est proportionnellement
petite; les mâchoires seules, qui forment une saillie arrondie, sont aussi grandes que
dans les autres espèces. En dessous de la mâchoire inférieure l'on remarque l'em-
preinte d'un écusson impair, moins grand que dans le T. angidifer. En arrière on voit
"7 rayons branchiostègues, dont les antérieurs sont plus courts et plus larges que les
suivans qui vont en s'allongeant insensiblement. Les pièces operculaires sont petites.
Les plaques buccales et les sous-orbitaires ont dû être beaucoup plus petits que dans
les autres espèces; car l'orbite occupe presque tout l'espace entre les mâchoires et les
pièces operculaires. C'est le crâne qui est la moins développée des régions de la tête.
Tous les os de la tête ont leur surface couverte de points saillans. Ceux de la cein-
ture thoracique s'aperçoivent comme une lisière étroite en arrière de la tête.
La forme et la grandeur des écailles varie extrêmement suivant leur position. Celles
qui recouvrent les parois de la cavité abdominale sont les plus grandes, et en même
temps beaucoup plus hautes que longues; celles de la nuque et des côtés de la queue
deviennent insensiblement plus petites, et sont à-peu-près équilatérales. Sur le pédi-
cule de la queue, elles sont beaucoup plus petites encore que dans le voisinage de la
dorsale et de l'anale. Le long de l'insertion de ces deux nageoires, il y a une série de
petites écailles oblongues, qui suivent la direction des rayons et qui ont dû former une
espèce de gaîne autour de leur base. La ligne latérale, légèrement arquée vers le dos,
s'étend presque directement de l'angle supérieur de l'opercule au milieu delà caudale.
Toutes les écailles ont leur surface ornée de petits points saillans, ou de petits tuber-
cules en forme de piquans.
La nageoire dorsale commence un peu en avant du milieu du dos, qui est fortement
voûté, et s'étend jusque près des fulcres qui bordent le lobe supérieur de la caudale.
Ses rayons sont si profondément bifurques, qu'ils se sont divisés en filets parallèles,
sur lesquels on aperçoit des articulations transversales très-rapprochées. L'anale
s'étend encore plus en arrière que la dorsale, et jusque vers la base de la caudale;
mais son extrémité antérieure a été enlevée avec le bord inférieur du ventre. Cepen-
dant, d'après ce qu'il en reste, il est évident que cette nageoire était très-longue.
Sa base est droite, tandis que la partie correspondante de la dorsale forme un arc.
Ses rayons sont décomposés en filets, comme ceux de la dorsale; la base des premiers,
qui sont mieux conservés, indique qu'ils étaient assez larges, et qu'ils avaient des
articulations transversales très-rapprochées. Les rayons de la caudale sont moins
larges à leur base; mais ils vont en se dilatant à leur extrémité, à mesure qu'ils se
subdivisent en un plus grand nombre de filets. Leurs articulations transversales sont
assez rapprochées pour que les articles ne soient pas plus longs que larges. Le long
— 216 — .
du bord supérieur de cette nageoire, il y a de grands fulcres allongés-, ceux de sou
bord inférieur sont plus petits. Les ventrales ont été enlevées avec la partie inférieure
du ventre. Il n'est non plus i^esté aucune trace des pectorales, qui paraissent cepen-
dant avoir occupé une dépression qui se voit à la hauteur du bord de la mâchoire in-
férieure.
XVI. Tetragonolepis mastodonteus Agass.
Vol. 2. Tab. 23e^fig. 3, 4 et 5.
Je ne connais encore de cette espèce que la branche gauche d'une mâchoire infé-
rieure qui se trouve dans la collection de M. Cumberland à Bristol; ce n'est même
qu'un os dentaire, les pièces articulaires étant détruites. Ce fossile provient des Weal-
den, et a été trouvé à Hastings; il y a dans les Transactions de la Société Géologique
de Londres (2'' Série, Yol. 2. Tab. VI) une figure faite d'après ce même exemplaire.
Si la mienne en diffère considérablement, c'est qu'avant de la faire dessiner j'ai mis
à nu plusieurs dents qui étaient complètement cachées dans la roche.
La forme de l'os dentaire et celle des dents caractérisent aisément cette espèce. L'os
est étroit, échancré vers son milieu -, sa face externe est marquée de deux séries de pores
muqueux, dont l'inférieure est pai'allèle à la courbure de l'os; tandis que la supérieure,
d'abord parallèle à l'insertion des dents, se courbe ensuite à la partie postérieure de
l'os, dans la même direction que la série inférieure. Les dents font corps par leur base
avec la mâchoire, en même temps que leur intérieur est creux; et c'est-là ce qui dis-
tingue ces dents de Ganoïdes, et surtout celles des Lepidotus , des dents de Labres et
de Spares auxquelles on a voulu les comparer.
Les dents de cette espèce se distinguent facilement à ce que leur partie inférieure
est un peu rétrécie, et leur extrémité renflée et arrondie, et surmontée d'une pointe
d'émail conique (fig. 4-)
J'ai vu dans la collection de M. Mantell, à Brighton, une plaque osseuse provenant
également des Wealden , dont la surface est hérissée de tubercules sinueux , et qui me
paraît être une plaque buccale d un Tetragonolepis. Elle pourrait bien avoir appartenu
à l'espèce dont il s'agit ici. En attendant que l'on possède sur ces fossiles des ren-
seignemens plus précis, j'ai jugé convenable de la faire figurer aussi dans cette pi. 23";
c'est l'original de lafig. 5.
— 217 —
Dans son ouvrage sur les plantes et les poissons fossiles des environs de Cobourg,
M. le D' Berger indique un poisson du Muschelkalk qni se trouve au Musée de Co-
bourg, et qui, d'après le peu qu'en dit M. Berger, me paraît ne pouvoir appartenir
qu'au genre Tetragonolepis ou aux genres Platjsomus ou Gjrolepis. Yu le très-petit
nombre de poissons entiers que l'on possède du Muschelkalk, il serait bien précieux
d'avoir une description détaillée et une figure exacte de celui de Cobourg.
Avant de terminer ce chapitre, je dois encore ajouter ici la description d'une es-
pèce de Dapediiis découverte depuis que j'ai publié les détails relatifs à ce genre, ainsi
que quelques nouveaux renseignemens sur le D. Colei, qui a été décrit à la page iqS
de ce volume.
Outre ce premier exemplaire de D. Colei, j'en ai vu un autre très-complet au Mu-
sée Britannique à Londres, que j'ai fait figurer Tab. iSc, et d'après lequel je puis
compléter ma description de cette espèce en ce qui concerne sa forme générale et ses
nageoires, qui sont complètement enlevées dans l'exemplaire de Lord Cole.
Ce poisson est très-large; le bord inférieur de son corps est très-arrondi, et pré-
sente une courbure vuiiforme; le dos est également très-voûté, surtout en avant de la
dorsale, tandis que, le long de cette nageoire, il est presque en ligne droite. La tête et
la ceintui'e thoracique se voient par la face interne des os du côté gauche, mais la pec-
torale visible est celle du côté droit. Sur le milieu de la tête, entre la ceinture thora-
ciqne et l'orbite, on voit des fragmens de quatre arcs branchiaux auxquels les peignes
des branchies sont encore attachés. Du reste les os du crâne sont très-mal conservés
dans cet exemplaire. Les pectorales paraissent avoir été très-grandes, à en juger du
moins par la largeur de leur base. Les ventrales sont insérées vis-à-vis du bord anté-
rieur de la dorsale; leurs rayons sont aussi longs que les plus longs de cette nageoire.
L'anale se termine en arrière vis-à-vis de la dorsale; mais son bord antérieur ne s'é-
tendait certainement pas aussi en avant, quoiqu'il ne soit guère possible de détermi-
ner rigoureusement la longueur de cette nageoire, vu que sa partie antéi'ieure est
enlevée. Il y a cependant au milieu de l'espace compris entre les ventrales et l'extré-
mité postérieure de l'anale, une saillie qui ne peut être attribuée qu'au premier inteia-
pophysaire inférieur, et qui doit indiquer la place où commençait l'anale. Ses rayons
sont assez gros, bifurques profondément et à plusieurs reprises, et articulés de très-
près. La dorsale commence un peu en avant du milieu du dos; ses rayons sont sem-
blables à ceux de l'anale. A son bord antérieur il y a de très-gros fulcres, qui vont
en diminuant de grandeur jusqu'à l'extrémité du premier rayon. La caudale est légè-
rement échancrée en forme de croissant; ses rayons sont très-subdivisés à leur extré-
ToM. IL .29
— 218 —
mité, et articulés de près jusque vers leur base; le long de ses bords il y a des fulcres
courts et épais, qui deviennent de plus en plus petits vers l'extrémité de ses lobes.
Une particularité assez remarquable que présente cette espèce, c'est que les écailles
du pédicule de la queue s'étendent le long du bord supérieur de la caudale, et re-
couvrent en partie ses grands rayons extérieurs. Ces écailles sont beaucoup plus pe-
tites que toutes les autres, et ont une forme lancéolée.
Il y a sur le bord antérieur des écailles nuchales quelques points d'une fine granu-
lation, de même que sur quelques-unes des écailles du bord du ventre. Du reste, elles
sont toutes parfaitement lisses. On voit distinctement à leur surface les bords des
lames d'accroissement. Les bords supérieur et inférieur des grandes écailles des flancs
sont droits; ceux des écailles de la région supérieure du tronc sont évasés.
Ce bel exemplaire a été trouvé à Lyme Régis, comme le premier.
' Dapedics Orbis Agass.
Vol. 2. Tab. i^d.
Cette espèce se trouve fréquemment en Angleterre, dans certaines couclies du Lias,
surtout à Barrow sur la Soar, d'oîi proviennent la plupart des exemplaires que j'ai
examinés: il paraît même que c'est la plus commune du genre; c'est du moins celle
dont on a trouvé jusqu'ici le plus grand nombre d'exemplaires. J'en ai vu plusieurs
doubles plaques très-bien conservées dans la collection de M. le Prof. Sedgwick; au
Musée Britannique il y en a aussi plusieurs, dans l'un desquels les dents sont très-
distinctes. L'un des exemplaires du Musée d'York qui m'ont été communiqués par
M. le prof. Pbilipps, est le plus grand de tous ceux que j'ai vus; il a environ i6 pouces
de longueur, sur lo de largeur. A Scarborougb, j'en ai vu un exemplaire au Musée,
et un autre, qui est l'original de ma figure, dans la collection de M. le D' Murray.
Tous ces exemplaires sont contenus dans des géodes de calcaire marneux, et pro-
viennent de Barrow. Cependant on en a trouvé aussi ailleurs. Le Rév. M. Williams en
a exposé à Dublin, à la Section de Géologie de l'Association britannique pour l'avan-
cement des sciences, deux très-beaux exemplaires provenant des scbistes du Lias de
AVbitby.
La forme de ce poisson est très-caractéristique, presque circulaire, si l'on fait abs-
traction de la queue, qui manque d'ailleurs dans l'original de ma figure. Le ventre et
le dos sont également voûtés. La tête est petite, proportionnellement, à peine aussi
haute que longue, la partie supérieure du crâne et la crête occipitale surtout étant peu
développées; ensorte que les écailles de la nuque s'étendent jusqu'au dessus de l'or-
bite, qui est passablement grande. Les pièces operculaires, le subopercule et l'intero-
-^ 219 —
percule surtout, sont plus développés que dans les autres Dapediu s. Les rayons bran-
chiostègues sont très-gros; on distingue entr'eux et la mâchoire inférieure un large
écusson impair. Cette mâchoire est très-large ; les dents cpie l'on voit à son bord sont,
comme celles de la mâchoire supérieure , fortement dilatées et comprimées d'avant en
arrière à leur sommet, en forme de ciseau à tranchant échancré. La surface de tous les
os de la tête est ornée d'une granulation en forme de petits points saillans. On re-
marque une semblable granulation sur les écailles de la nuque (fig. 4). Les écailles
des flancs j qui sont beaucoup plus grandes que celles du dos et de la queue, et en
même temps plus hautes que longues, ont leur surface très-finement striée, avec quel-
ques points creux. Ces deux derniers caractères ne se trouvent pas exprimés dans la
fig. 2, qui a été dessinée d'après un exemplaire dont les écailles avaient perdu leur
émail, avant que j'en eusse vu de complètes. L'onglet articulaire est très-fort, et la
fossette correspondante très-profonde. Toutes les écailles sont très-épaisses 5 celles de
la queue j fig. 3, sont équilatérales et complètement lisses.
La dorsale commence au milieu du dos, et se termine à une distance de la caudale
égalant la moitié de la largeur du pédicule, qui est beaucoup moins étroit que dans la
plupart des autres espèces de Dapedius. Les rayons de cette nageoire sont très-gros,
bifurques seulement dans la moitié de leur longueur, avec des articulations transver-
sales très-serrées jusque près de leur base; ils ne sont pas eux-mêmes très-rapprochés
les uns des autres. Au bord antérieur de la nageoire il y a de très-gros fulcres, et sur
les côtés de sa base, des écailles beaucoup plus petites que celles du milieu du tronc,
et qui forment une espèce de gaîne autour des rayons. L'anale, beaucoup plus courte
que la dorsale, finit en arrière à la même hauteur, mais s'étend moins en avant; ses
rayons sont également peu nombreux, plats, larges, très-bifurqués à leur extrémité,
avec des articulations transversales très-rapprochées. Les fulcres de son bord antérieur
sont très-serrés, mais un peu moins gros que ceux de la dorsale. La caudale est très-
large, composée de gros rayons aplatis , à articulations très-rapprochées jusqu'à leur
base, et bifurques à plusieurs reprises à leur extrémité. Les fulcres de ses bords sont
très-serrés, moins inclinés qu'à l'ordinaire; ils ne sont pas fort grands, pas même ceux
de la base de la nageoire. Les ventrales sont placées vis-à-vis le bord antérieur de la
dorsale; leurs rayons sont très-bifurqués, et les fulcres de leurs bords très-serrés.
Les pectorales sont insérées à la hauteur de l'écusson qui se trouve en avant des rayons
branchiostègues.
Cette espèce est la plus grande du genre ; elle n'a point encore été découverte sur
le Continent.
— 220 —
CHAPITRE XI.
DU GENRE AlVIBLYURUS.
Ce nouveau genre, qui n'est point indiqué dans le Tableau synoptique de la fa-
mille des Lépidoïdes, à laquelle il appartient, doit être placé immédiatement après
les Tetragonolepis , avec lesquels il a beaucoup de rapports; cependant il en diffère
suffisamment pour constituer une coupe distincte, intermédiaire entre eux et les Se-
niionotus. Par la forme de la tête et de la caudale il se rapproche des Tetragonolepisj
tandis que les autres nageoires, la forme des mâchori-es et la dentition le rapprochent
davantage des S emionotus. Ses caractères principaux sont : vme longue dorsale, qui
commence vis-à-vis des ventrales ; une petite anale étroite, et une large caudale tron-
quée. Le corps est large et aplati, la gueule très-fendue, armée de petites dents poin-
tues 5 les mâchoires sont étroites. Je n'en connais encore qu'une seule espèce.
Amblyurus macrostomus AgasSk
Vol. 2. Tab. 25e.
Tous les exemplaires que j'ai vus de cette espèce proviennent du Lias de Lyme
Régis, et se trouvent dans la collection de Miss Philpot.
Ils donnent à peine une juste idée des formes de ce poisson. Le corps est beaucoup
plus large qu'il ne paraît, la partie inférieure du ventre étant repliée sur les flancs.
Le pédicule de la queue est proportionnellement gros , et se termine par une caudale
de grandeur considéi'able , et dont les rayons sont moins bifurques et moins articulés
que dans les Tetragonolepis . L'anale est étroite et petite, et diffère ainsi notablement
de celle des Tetragonolepis- Cependant la dorsale paraît être assez étendue. Les ven-
trales et les pectorales ont des rayons grêles. Les os de la tête sont granulés, comme
ceux du Dapedius granulatus. Par l'aspect de quelques parties des os j'ai pu m'assurer
qu'une tête, qui se trouve aussi chez Miss Philpot, appartient à ce genre, malgré
quelque ressemblance avec les EiignatJms. Je l'ai fait représenter dans la fig. 3. La
gueule est proportionnellement très-grande 5 le bord des mâchoires est armé de dents
beaucoup plus grêles et plus allongées que celles des Tetragonolepis, au moins à la
mâchoire supérieure j celles de la mâchoire inférieure sont en cônes plus courts. Ce
— 221 —
qui distingue encore ce genre des Tetra gonol epîs j et le rapproche des SemionotuSj
c'est que les os maxillaires sont très-étroits et considérablement allongés. Il y a
aussi une différence notable dans la disposition des rayons branchiostègues, dont
le premier est large et plat, il est vrai, mais placé horizontalement entre les deux
branches de la mâchoire inférieure 5 tandis que les suivans sont courts et très-étroits.
( fig. I. ) Les os du crâne et les pièces operculaires sont finement striés en lignes
ondulées, et ornés d'une grosse granulation distante, comme dans le Dapedius gra~
nulatus ; au bord postérieur de l'opercule, les stries deviennent rayonnantes et plus
distinctes.
L'individu, dont on voit une partie de la tête (fig. i ), donne aussi à-peu-près une
juste idée de la forme du corps ; seulement il paraît un peu trop étroit, parce que le
milieu du dos est déprimé. On y voit quelques-unes des apophyses épineuses dorsales
de la colonne vertébrale, qui sont grêles et légèrement courbées en S. La dorsale pa-
l'aît s'étendre environ depuis le milieu du dos jusqu'en avant de l'anale. Ses rayons,
ainsi que ceux de l'anale, sont peu fourchus, proportionnellement faibles et articu-
lés de manière que les articles sont plus longs que larges. Il en est de même des pec-»
torales et des ventrales, dont les rayons sont très-peu divisés. Au bord extérieur de
ces dernières il y a quelques fulcres grêles et distans. La caudale est très-caractéris-
tique (fig. 2); ses rayons sont beaucoup moins profondément et moins souvent bi-
furques que ceux des Dapedius et des Tetragonolepis ; leurs articulations transver-
sales sont aussi moins rapprochées, en sorte que les articles de chaque rayon sont plus
longs que larges. Leur tiers ou leur quart inférieur est ^simple; le bord postérieur de
la nageoire est tronqué et légèrement arrondi au milieu. Le bord inférieur est garni de
fulcres assez grands, proportionnellement aux rayons, mais grêles. Au bord supérieur
il y a, comme dans le Dapedius Coleij une série d'écaillés étroites en dessous des
fulcres jusque vers la moitié de la longueur du plus grand rayon.
Les écailles qui recouvrent tout le corps sont proportionnellement assez grandes,
celles des flancs et du ventre surtout (fig. 4)5 qui le sont beaucoup plus que celles
qui recouvrent le pédicule de la queue (fig. 5). La surface et les bords de ces écailles
sont lisses, et les bords droits ; celles de la nuque seulement ont quelques points sail-
lans en forme de granulation très-rare. Sur les écailles des flancs, en revanche, on
remarque par-ci par-là quelques points creux, et dans l'émail quelques traces de stries
d'accroissement , ainsi que de très-petites rides irrégulières , quelquefois rayonnantes,
vers les bords des écailles 5 les petites écailles du pédicule de la queue sont seules par-
faitement lisses. Les onglets et les fossettes articulaires paraissent fort peu dévelop-
pées 5 du moins il m'a été impossible de les découvrir. En avant de l'anale il y a quel-
ques grandes écailles, en forme de quille. Celles des côtés de l'abdomen sont les plu^
grandes de toutes, et celles qui bordent l'insertion des nageoires, les plus petites.
— 222 -.
CHAPITRE XII.
DU GENRE SEMIONOTUS.
Les poissons de ce genre sont caractérisés par des formes élégantes, intermé-
diaires entre les Tetragonolepis et les Lepidotus ; c'est-à-dire que leur corps est moins
large que celui des Tetragonolepis j et cependant généralement moins svelte que ce-
lui des Lepidotus j qui atteignent ordinairement de plus grandes dimensions. Leur
tête est allongée; les mâchoires sont étroites, beaucoup plus longues que hautes, et
armées de dents en brosse plus ou moins fines. Par la dentition et par la forme des
mâchoires, ils diffèrent considérablement des Lepidotus et des Tetragonolepis . La
dorsale est longue ; elle commence environ vis-à-vis des ventrales, et se prolonge jus-
que vis-à-vis de l'anale. Les pectorales sont de moyenne grandeur, les ventrales pe-
tites, l'anale étroite ; les rayons antérieurs de celles-ci sont beaucoup plus longs que
les suivans, comme à la dorsale. La caudale est fourchue, et son lobe supérieur un peu
plus allongé que l'inférieur ; cependant le pédicule de la queue se prolonge oblique-
ment au-delà de l'insertion des premiers rayons, et les écailles recouvrent en partie
la base des rayons externes du lobe supérieur ; ce qui donne à cette nageoire quelque
ressemblance avec la caudale des Hétérocerques. Mais ici les rayons externes du lobe
supérieur ne vont point en diminuant graduellement jusqu'à l'extrémité de la na-
geoire, comme, par exemple, dans les Paléonisques ; mais leur raccourcissement ap-
parent et partiel n'est dû qu'à la position oblique des écailles de l'extrémité de la queue
et à leur extension jusque sur la partie supérieure de la nageoire. H y a des fulcres
le long des rayons antérieurs de chaque nageoire.
L'espèce type de ce genre est le Semionotus leptocephalus j du Lias de Boll. J'en ai
Vil d'autres provenant du Lias de Lyme Régis, des schistes bitumineux de Seefeld et
du grès de Cobourg. Le gisement d'une sixième espèce ne m'est pas connu.
I. Semionotus leptocephalus Agass.
Yol. 2. Tab. 26, fig. I.
Je ne connais encore qu'un seul exemplaire de ce joli poisson ; il se trouve dans la
collection de la Société d'Agriculture du Wurtemberg à Stuttgart, et provient du Lias
de Boll.
— 223 —
Cette espèce est très-bien caractérisée par la forme allongée de sa tête , qui diminue
insensiblement de largeur jusqu'à son extrémité qui est pointue. L'orbite est grande,
placée tout-à-fait au bord du crâne. La gueule est petite, et paraît avoir été protractile.
Les os des màcboires sont grêles -, en arrière de la mâcboire inférieure on voit ?
rayons brancbiostègues grêles et allongés. Les pièces operculaires sont petites j
l'opercule surtout est étroit. Les sous-orbitaires sont passablement grands. Les os
de la ceinture tboracique sont larges , surtout riiumérus au-dessus de l'insertion
des pectorales ; celles-ci se composent d'un assez grand nombre de fins rayons ;
j'en compte 19 à la pectorale gaucbe. L'on ne voit que l'insertion de 17 rayons à
celle du côté droit. Les ventrales paraissent avoir été très-petites j leurs rayons
sont en grande partie détruits. La dorsale est très-élevée à son bord antérieur,
qui semble avancer au-delà de l'insertion des ventrales, parce que, en avant de
ses plus grands rayons , il y en a encore 5 ou 6 petits qui finissent par se confondre
avec les grosses écailles impaires du milieu du dos, accolées à la base de la nageoire.
Le nombre des rayons bifurques est de 28 ; ils sont grêles , fendus à plusieurs re-
prises à leur extrémité, et articulés de très-près jusque vers leur base. L'anale com-
mence par 5 petits rayons qui s'allongent insensiblement et qui se continuent en fulcres
le long du plus grand 5 les suivans vont en diminuant successivement de longueur ;
ils sont au nombre de 1 2 , assez grêles et fréquemment bifurques à leur extrémité.
Lorsque cette nageoire est flécbie en arrière , son extrémité atteint et dépasse même
l'insertion des rayons du lobe inférieur de la caudale. Le tronc est passablement large
dans sa partie moyenne ; le dos et le ventre sont légèrement arqués , ce qui lui donne
la forme d'un fuseau rétréci vers la tête et surtout vers le pédicule de la queue,
dont la largeur égale à peine la moitié de celle du milieu du corps. La caudale n'est
pas très-grande , mais son lobe supérieur est beaucoup plus développé que l'inférieur,
dont les rayons cependant sont un peu plus gros. Tout le long de son bord supéiieur
les fulcres sont grêles et longs.
Les écailles sont toutes parfaitement lisses, et leurs bords droits. Celles de la partie
antérieure des flancs sont un peu plus liantes que longues ; celles des côtés du dos sont
équilatérales ; sur le pédicule de la queue elles sont un peu plus allongées ; à son bord
supérieur elles prennent la forme de lozanges très-allongées, qui s'étendent oblique-
ment jusqu'à la moitié de la longueur de la caudale, en recouvrant la base des rayons
de son lobe supérieur.
Par sa forme cette espèce ressemble un peu au Lepidotus mînor.
— 224 —
II. Semionotus Bergeri Agass.
Vol. 2. Tab. 26, fig. 2 et 3.
Palœoniscum àrenaceum Berger Verstein der Cohurger Gegend, p. 18. T. i ; F. i. — Semionotus
Spixli Agass. Tahl. synopt. du 2"'' vol. p. 8.
Dans le Quadersandstein des environs de Cobourg, on trouve, outre des plantes,
des poissons fossiles qui ont été décrits par M. le D' Bei'ger. 11 paraît cependant que
l'on ne trouve les poissons que dans les couches supérieures de cette formation. On
en a découvert dans les carrières de Seidmannsdorf, de Gruberstein et de Neuses,
à un niveau de 1049 ^^ ^^ ^^94 pieds au-dessus de la mer. Ces fossiles sont connus
depuis long-temps ; du moins M. le D' Hornscbuh rapporte-t-il dans le Johrhuch de
Léonard ( i83o, 2"" Cah. ), que l'on trouva il y a environ 3o ans dans le grès de la
carrière de Retscliendorf, un très-bel exemplaire d'un poisson semblable au Barbeau.
Il ajoute que les empreintes de onze poissons de la grandeur et de la forme des Leu-
cisques se voyaient sur une plaque d'un grès friable provenant de la carrière de Neuses,
dans le cabinet du prince héréditaire. Cette même plaque se trouve maintenant dans
la collection du Gymnase de Cobourg. Depuis, M. le D'' Berger en a encore trouvé
plusieurs exemplaires, qu'il a décrits dans son ouvrage sur les plantes et les poissons
fossiles du grès des environs de Cobourg.
N'ayant encore eu occasion de voir moi-même qu'un seul exemplaire assez incom^-
plet de ce poisson qui se trouve au Musée de Munich, je crois devoir rapporter d'abord
les intéressans détails donnés par M. Berger, auxquels je n'aurai que quelques mots
à ajouter.
La ligure que M. Berger a publiée représente un exemplaire beaucoup plus par-
fait que celui de ma planche. La forme du poisson est ovale ; sa longueur totale est
de 6 pouces 3 lignes, sa plus grande largeur à l'insertion des ventrales d'un pouce
10 lignes ; derrière l'anale sa largeur n'est que de Y* de pouce On distingue trois na-
geoires au côté abdominal, et seulement une au côté dorsal. La pectorale est petite,
faible , et se trouve placée en dessous du bord postérieur de la tête j cette aageoire étant
très-mal conservée, on ne peut reconnaître ni le nombre ni la nature de ses rayons.
La ventrale est à 11 lignes en arrière de la pectorale ; elle a 5 rayons, tous divisés
et articulés. Sa longueur est de 7 7= lignes, et sa largeur de 4 j le long du premier
de ses rayons, l'on voit plusieurs petits fulcres. L'anale, qui a 6 rayons dont le pre-
mier est long d'un pouce , présente aussi de semblables fulcres ; sa distance de la
ventrale est d'un pouce, et de la caudale de 6 lignes. La dorsale, inclinée oblique-
— 225 —
ment en arrière, ne commence qu'à 5 lignes en avant de l'anale \ sa plus grande lon-
gueur est de i4V' lignes, et sa largeur de i4 lignes j elle a i6 rayons, qui vont
en diminuant de grandeur d'avant en arrière ; le premier est garni de fulcres le long
de son bord, il en a même trois ou quatre devant lui. La queue continue d'être
charnue à sa partie supérieure , comme chez les Acipenser et VEsox osseus. Les
rayons de la caudale, articulés et bifurques, vont en s'allongeant de haut en bas, et
cette nageoire a une forme passablement tronquée. A son bord antérieur l'on voit
aussi, comme en avant de la dorsale, quelques petits fulcres j le plus long de ses
rayons a i pouce 3 V^ lignes.
La tête, dont les parties ne sont guère reconnaissables , n'est que médiocrement
large et se rétrécit à sa partie antérieure. Elle a i6 lignes de largeur à la région de l'o-
percule. On n'aperçoit aucune trace de dents. Les écailles conservées ici et là sont de
forme rhomboïdale ; leur bord supérieur est légèrement concave et leur bord inférieur
légèrement convexe ; les angles antérieur-inférieur et postérieur-supérieur sont ar-
rondis. Les écailles de la queue s'allongent davantage. Sur le dos, derrière la tête et
jusqu'à la dorsale, on en voit d'oblongues, dont la pointe est tournée en arrière. 11
y a aussi sur le haut de la queue des écailles scutiformes, mais plus étroites. On ne
peut pas distinguer si parmi les écailles du ventre il s'en trouve aussi d'oblongues.
Il faut que ce poisson, avant d'être enveloppé dans les matières qui ont formé la
roche , fût déjà en partie décomposé, et qu'il ait été charrié j car ses écailles sont en
partie dérangées.
Un autre exemplaire, dont M. Berger possède les deux plaques, n'a que 4 pouces
II lignes de long, et i pouce i V^ ligne de large derrière la tête. On y voit un grand
opercule. La pectorale est plus distincte que dans le premier exemplaire j il y a aussi
des fulcres le long de son plus grand rayon. Les ventrales sont plus en arrière, et
opposées au bord antérieur de la dorsale. La caudale est mieux conservée aussi ;
elle est fourchue , mais la base de son lobe supérieur est oblique , à cause du prolon-
gement du pédicule. La ligne latérale est un peu enfoncée , en arrière de l'oper-
cule , et éloignée de 7 lignes du bord du dos ; vis-à-vis du bord antérieur de la dor-
sale elle en est à 8 lignes , et sur la queue à 3 lignes seulement.
Un troisième exemplaire, dont M. Berger a pareillement les deux plaques, est
moins bien conservé que les précédens, mais appartient à un plus grand individu j
sa largeur est de 2 pouces 5 lignes. Les écailles sont assez épaisses ^ leur surface est
lisse. Les ventrales sont aussi opposées au bord antérieur de la dorsale. Le dia-
mètre de l'orbite est de 6 lignes. L'opercule est grand, lisse; on n'y remarque ni
écailles, ni granulation, ni épines, ni rayons divergens. M. Berger possède en outre
trois petits exemplaires de 2 pouces environ, qui ne présentent rien de particulier.
ToM. H. • 30
— 226 —
Dans un autre exemplaire de M. Berger, désigné dans son ouvrage sous le ]\° 5,
on voit distinctement la ligne latérale passant environ par le milieu du corps, et
une pectorale plus large et mieux conservée que dans les autres exemplaires ; elle offre
10 rayons articulés, dont le plus grand a des fulcres le long de son bord. Les ven-
trales sont placées un peu plus en avant que le bord antérieur de la dorsale. L'ex-
trémité de la dorsale est opposée au bord antérieur de l'anale.
La plaque qui se trouve dans la collection du Gymnase de Cobourg, et qui a en-
viron un pied carré, est la même que celle dont M. Hornscbuh fait mention, quoique
M. Berger y ait reconnu i3 poissons, au lieu de ii qu'indique le premier. Ils sont
très-mal conservés, et toute leur substance est carbonisée ; on ne distingue que l'em-
preinte des écailles, qui paraissent former environ 36 séries obliques entre la tête et la
caudale. Le plus grand de ces poissons n'a que 5 7^ pouces de long et 20 lignes de
large ; dans l'un d'eux l'une des pectorales présente 12 rayons.
Enfin, dans un exemplaire de Gruber-Stein, M. Berger a pu reconnaître que les
écailles de la queue sont rbomboïdales et sensiblement plus petites que celle des flancs,
qui sont plus hautes que longues.
M. Berger croit devoir rapporter ce poisson au genre Palœonîscuin j à cause de l'in-
égalité des lobes de la caudale. Je ferai remarquer cependant que la colonne verté-
brale ne s'étend point, comme dans ce genre, jusqu'à l'extrémité du lobe supérieur de
cette nageoire , mais qu'elle se prolonge seulement un peu vers ce côté , de manière
à rendre l'insertion de la nageoire oblique. L'on ne voit pas non plus, tout le long de
ce prolongement, de nouveaux petits rayons s'intercaler entre les précédens et l'ex-
trémité du lobe. En un mot, ce poisson n'est pas un vrai Hétérocerque 5 il a seulement
la base de sa caudale oblique, et les rayons extérieurs de son lobe supérieur plus courts
que ceux du lobe inférieur, comme cela se voit dans beaucoup d'autres Ilomocerques.
C'est à raison de cette différence, et parce que la forme de la dorsale et ses rapports
avec les autres nageoires présentent des caractères particuliers, que j'ai établi le genre
SemiojiotuSj qui ne comprend jusqu'ici que des poissons du Lias; car je pense, et
c'est aussi l'opinion de plusieurs géologues et entr'autres de M. le comte de Miinster,
que le grès de Cobourg qui contient ces poissons appartient au Lias plutôt qu'au
Reuper. C'est du moins ce que paraît indiquer la forme de leur caudale.
L'exemplaire que j'ai fait figurer se trouve au Musée de Munich. Il m'avait été in-
diqué comme originaire du Brésil, d'oii il aurait été rapporté par MM. Spix et 3Iar-
tius ; aussi l'avais-je désigné dans mon Tableau synoptique sous le nom de Semiono-
tus Spixii. Mais en le comparant attentivement avec la description et la figure que
M. Berger a publiées des poissons de Cobourg, j'ai reconnu leur parfaite identité 5
et pendant le séjour que j'ai fait à Munich en i833, j'ai même découvert à l'un des
— 227 —
angles de la plaque le nom de Cobourg inscrit à la plume sur la roche même, mais
presque entièrement effacé. On distingue dans cet exemplaire quelques traces des
côtes, qui étaient assez grosses. La position relative des nageoires. est comme dans les
autres espèces du genre Seniionotiis ,• les ventrales, seulement, sont placées vm peu
plus en avant de la dorsale. Il se pourrait cependant, comme l'a très-bien fait re-
marquer M. Berger, que les différences que l'on observe à cet égard dans différens
exemplaires , indiquassent des espèces distinctes , dont les caractères particuliers ne
pourront être précisés que lorsqu'on connaîtra un plus grand nombre d'exemplaires
mieux conservés. — Les écailles sont de moyenne grandeur ; la fig. 3 en représente
une, prise sur les côtés de la queue, oii elles sont plus allongées que sur les flancs.
Ces dernières sont même plus hautes que longues.
III. Semionotus LA.TUS Agass.
Vol. 2. Tab. 27.
Dapedius altivelis Agass. Tahl. syn. Vol. 2, p. 8.
En 1829, par conséquent long-temps avant d'avoir vu un seul Semionotus entier,
j'avais inscrit dans mes notes, sou s le nom àe Dapedius altivelis j un poisson qui se trouve
au Musée de Munich, et que j'ai fait représenter dans la fig. i de cette planche. Son
gisement m'était inconnu; mais la ressemblance de ses écailles avec celles du Dapedius
politus de la Bêche, me fit penser qu'il pourrait bien provenir de quelque couche ju-
rassique. Après avoir établi le genre Semionotus, d'après l'exemplaire que j'ai décrit
sous le nom de ^5". leptocepJialuSj et que M. le Prof. Jœger m'avait fait voir à Stuttgart,
en i83i , je ne me doutai point encore que mon Dapedius altivelis pût appartenir à ce
genre. Ce n'est qu'après en avoir vu des exemplaires plus complets , déposés dans la
collection de la Société Géologique de France par M. Boue, et après avoir revu celui
de 3Iunich en i833, que j'ai reconnu les vrais rapports génériques de ce poisson. La
fig. 2 de ma planche représente un des exemplaires de la Société Géologique de France.
J'ai appris en même temps de M. Boue, que ces exemplaires provenaient des schistes
bitumineux de Seefeld, qui doivent être rapportés au Lias. La roche qui contient
l'exemplaire de Munich ne diffère de celle des exemplaires de Paris que par une teinte
un peu moins foncée. Depuis, j'en ai vu encore de tout semblables à Londres, dans
la eoUection de M. Murchison.
Cette espèce est la plus large du genre ; la forme de son corps est trapue. Le dos est for-
tement voûté; mais le bord de l'abdomen est presque droit. La dorsale commence environ
au milieu du dos , et s'étend jusque vis-à-vis de l'anale ; son bord antérieur est beaucoup
— 228 —
plus élevé que sa partie postérieure ; ses rayons sont fréquemment bifurques à leur ex-
trémité , et articulés de très-près jusque vers leur base en lignes transversales brisées.
Le long de son premier rayon il y a de gros fulcres. Les venti-ales avancent vm peu
plus que le bord antérieur de la dorsale. Le pédicule de la queue n'a pas à beaucoup
près la moitié de la largeur du tronc. La caudale est large, et son insertion oblique;
ses rayons sont moins bifurques que ceux de la dorsale; elle est peu échancrée. Le
long de son bord supérieur il y a des fulcres très-serrés. Les pectorales sont petites.
Les écailles sont proportionnellement assez grandes ; celles des séries antérieures ,
surtout sur les côtés de la cavité abdominale, sont un peu plus hautes que longues.
En arrière et le long du dos , elles sont presque équilatérales, fig. 3. Celles de la partie
supérieure du pédicule de la queue sont sensiblement plus petites et en forme de lo-
zange allongée. Leurs bords supérieur et inférieur sont légèrement arqués ; le bord
postérieur paraît avoir été partout parfaitement droit et lisse ; leur surface est pareil-
lement lisse.
IV. Semionotus rhombifer Ag.
Vol. 2. Tab. 26 a.
Je n'ai encore eu occasion d'examiner jusqu'ici que la portion du corps de ce poisson
qui est représentée dans la planche 26 a!, et qui se trouve dans la collection de
Lord Cole , et deux petits fragmens de queue qui m'ont été communiqués par Miss
M. Anning. Cette espèce a été trouvée dans les schistes du Lias de Lyme Régis. Elle pa-
raît avoir une forme plus trapue que les espèces déjà décrites. Ses écailles sont rhomboï-
dales et très-uniformes sur toute la partie de la surface du corps qui est conservée dans
cet exemplaire ; leur face extérieure est parfaitement lisse ; sur les flancs où leurs côtés
sont égaux (fig. 2)j le bord postérieur est finement dentelé. La ligne latérale est
marquée par des trous en forme de petits croissans très-ouverts. Vers le bord infé-
rieur du poisson , les écailles sont plus étroites ; elles le sont beaucoup plus encore
autour des ventrales, qui manquent dans l'exemplaire figuré. Vers le dos elles sont lé-
gèrement allongées , et ont le bord postérieur lisse ; sur le milieu du dos , il y en a
une série impaire , de forme trapézoïde. Les bords supérieur et inférieur de chaque
écaille sont droits vers le dos, et légèrement arqués en forme de S sur les flancs. Vers
l'extrémité du tronc , les écailles sont un peu plus petites , et leur bord postérieur n'a
point de dentelure (fig. 3).
On aperçoit en arrière du dos quelques rayons brisés du bord antérieur de la dor-
sale ; mais toutes les autres nageoires sont enlevées. La face extérieure des os de la
ceinture thoracique est lisse ; les grandes écailles qui sont en arrière de la ceinture
thoracique le sont également.
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On voit assez distinctement les os du crâne par leur face supérieure. Les fronteaux ,
assez allongés, sont réunis par une suture inégale ; celui du côté droit faisant en arrière
une forte saillie vers celui de gauche, qui présente une échancrure correspondante.
La surface des mastoïdiens est tant soit peu rugueuse. Les pariétaux sont petits. Les
os de l'arcade palatine se présentent par leur face extérieure ; ensorte qu'il n'est pas
possible de s'assurer s'ils portent des dents. On distingue sur l'opercule quelques sillons
granuleux.
J'avais d'abord cru devoir rapporter cette espèce au genre Tetragonolepis. Mais
ayant appris depuis à connaître plus en détail les caractères du genre Semionotus j
je me suis convaincu que c'est à ce dernier qu'elle appartient. En effet, la mâchoire
inférieure , qui , quoique déplacée et renversée au dessous de la tête , est très-bien
conservée , fait voir à son bord supérieur une bande assez large de petites dents en
brosse, dont les extérieures sont les plus grandes, et est en même temps beaucoup plus
allongée que chez les Tetragonolepis , qui portent au bord de leurs mâchoires une
rangée de dents obtuses, plus ou moins coniques.
V. Semionotus Nilssoni k^.
Yol. 2. Tab. 27 a 3 fig. i, 2, 3, 4 et 5. fCah. suppl. *)
Faute de renseignemens sur l'origine de ce poisson, que je reçus de Suède déjà
vers la fin de i834 , et qui se trouve mentionné dans le Feuilleton, page ^7, j'avais
dû suspendre la publication de mes notes sur les autres espèces de ce genre. M. Nilsson,
à qui j'en étais redevable sans le savoir, m'a appris depuis, que, comme je l'avais sup-
posé d'après ses affinités avec les autres Lépidoïdes, il provient du Lias. C'est dans
les couches houillères du Lias de Schonen , près de Bosarp et de Hœganœs, que l'on
trouve cette espèce; elle a même déjà été décrite et figurée par M. Nilsson dans les
Transactions de l'Académie des Sciences de Stockholm, 1824 , p.io3 à iô5, tab. 2,
fig. I, 2 et 3. Comme M. Nilsson ne lui a pas donné de nom , je m'empresse de la dé-
dier au savant à qui la science doit de si précieux documens sur les fossiles de la Suède.
Le S. Nilssoni est une espèce facile à distinguer ; elle est très-bien caractérisée
par ses grandes écailles lisses et par la largeur assez considérable du tronc. La tête
est proportionnellement assez petite. Quoique ses os soient en grande partie enlevés
dans l'exemplaire représenté fig. i , il est cependant possible d'en déterminer la forme
(*) En donnant aux planches des Cahiers supplémentaires des N"' qui font suite à ceux des planches du corps de l'ou-
vrage, j'ai pour but d'en faciliter l'arrangement systématique. Quant aux personnes qui n'en feront pas l'acqui-
sition, elles seront toujours prévenues par la parenthèse qui suit les citations, qu'elles ne trouveront pas ces
planches dans leurs portefeuilles.
— 230 —
assez exactement, tant leur empreinte est distincte. Comme la tête^ dans cette figure ,
se présente plutôt de profil qu'en face , je l'ai fait aussi dessiner (fig. 2) par sa face
supérieure , de manière à représenter les os du crâne et la mâchoire supérieure , au
bord de laquelle on aperçoit très-distinctement la rangée extérieure des dents. Les
fronteaux , a, a, sont fort allongés \ leur prolongement antérieur ne se rétrécit pas
très-considérablement; en sorte que la tête est moins effilée dans cette espèce que
dans les autres. La suture qui les unit, est inégale , le frontal gauche étant plus large
que le droit , et faisant saillie sur lui à sa partie postérieure. Les pariétaux , bj b, sont
petits; le droit est cependant un peu plus grand que le gauche . Le mastoïdien gauche ,
en partie conservé, c, montre à sa surface de très-petits tubercules pointus. L'orbite
est assez petite ; les sous-orbitaires qui l'entourent sont étroits et granuleux à leur sur-
face. Les plaques buccales, d, considérablement plus larges, semblent complètement
lisses, à en juger du moins par un fragment dont la surface est visible. L'opercule
est beaucoup plus haut que large ; les autres pièces operculaires sont enlevées. La
forme de la gueule est assez particulière, peu allongée, fendue transversalement; les
os maxillaires sont courts, mais assez développés en travers. L'on ne peut distinguer
que la rangée extérieure des dents , où elles sont toutes imiformes , grêles , cylindracées ,
terminées en pointe obtuse. Le milieu de la mâchoire supérieure est formé par les
intermaxillaires , sur le côté desquels les maxillaires supérieurs sont disposés de
manière à ne former qu'un seul arc avec eux.
La partie antérieure du tronc, qui seule est bien conservée, présente une cour-
bure uniforme de la nuque au bord antérieur de la nageoire dorsale; les contours du
ventre sont plus droits. La queue est complètement cachée, et la partie de la roche
dans laquelle elle gît est trop mince pour qu'il ait été possible de la mettre à découvert.
Les écailles sont très-grandes , proportionnellenient aux dimensions du poisson , sur-
tout celles du milieu des flancs, fig. 4; leur face extérieure est lisse, et leurs bords sont
entiers et droits; l'angle inférieur et postérieur, seulement, fait une saillie assez vive,
qui est même bifurquée dans quelques écailles de la partie iiîférieure du tronc. Cette
pointe n'est pas un simple prolongement de l'angle de l'écaillé , mais paraît produite
par un épaississement de ses lames ; eusorte qu'elle forme comme une quille obtuse
qui avance diagonalement vers le milieu de sa surface. On distingue aussi un petit
sillon au bord inférieur des écailles qui recouvrent la partie inférieure des flancs. Vers
le dos et le ventre , les écailles sont un peu plus petites que sur le milieu du corps ; leurs
bords supérieur et inférieur se dirigent obliquement en haut jusque vers la dorsale; là
(fig. 5) ils deviennent de plus en plus horizontaux, jusque dans la partie de la queue
qui est encore visible. Les écailles de la ligne latérale sont percées d'un tube qui
s'ouvre dans une échancrure de leur bord postérieur, environ à la moitié de leur
hauteur.
— 251 —
Les pectorales, insérées au dessous de l'opercule et près du bord inférieur du corps ,
sont entièrement enlevées j cependant la structure de la base des rayons de celle du côté
gauclie , que l'on voit assez distinctement , prouA^e que ces nageoires étaient formées
de rayons grêles. La ventrale du même côté est très-bien conservée; mais celle du
côté droit est cachée; on y distingue 6 rayons assez grêles, simples jusqu'à la moitié
de leur longueur, et de là bifurques et articulés transversalement; leurs côtés sont
recouverts d'émail. Le premier d'entr'eux est plus large à sa base que les autres ; il
est précédé d'une écaille acuminée. Cette nageoire est placée beaucoup en avant du
bord antérieur de la dorsale. Celle-ci a à son bord antérieur des rayons simples assez
larges à leur base , et qui augmentent insensiblement de longueur : viennent ensuite
des rayons plus effilés , simples environ jusqu'à la moitié de leur longueur , puis bi-
furques et articulés transversalement. Tous ces rayons ont leurs côtés recouverts d'é-
mail ; il n'est pas possible d'en indiquer exactement le nombre, l'extrémité de la na-
geoire étant très-endommagée.
VI. Semionotus striatus Ag.
Yol. 2. Tab. 2'] ttj fîg. 6 et 7. (Cah. suppl.J
Dans les collections de Lord Cole et de Sir Phil. Egerton, j'ai observé une petite
espèce de Semionotus de Seefeld, très-semblable par sa forme au S. leptocephalus
représenté tab. 26, fig. i, mais qui en diffère par plusieurs caractères assez pronon-
cés pour en faire une espèce distincte. En effet, ses écailles sont d'une dimension plus
uniforme ; celles des flancs sont à peine plus grandes que celles du pédicule de la queue
et des bords du dos et du ventre. Leur surface n'est pas complètement lisse : on dis-
tingue quelques stries à sa partie antérieure, là où elle est recouverte par les écailles
antérieures. Leur angle inférieur postérieur est plus saillant, et l'on remarque à la
moitié inférieure de leur bord postérieur quelques dentelures dont la pointe est dirigée
en bas. A la face interne des écailles on aperçoit une quille éti'oite, qui, passant d'une
écaille à l'autre , forme dans chaque rangéed'écailles une série transversale au poisson.
Les bords supérieur et inférieur des écailles sont simplement obliques, sans onglet
ni fossette articulaire. Les pièces operculaires sont striées dans le sens longitudinal
des os ; il en est de même du maxillaire inférieur. Les autres os du crâne sont trop peu
distincts pour pouvoir être décrits, d'après les exemplaires que j'ai examinés. La
ceinture tlioracique paraît lisse. Je n'ai aperçu aucune trace ni des pectorales ni des
ventrales; cependant le point d'insertion de ces dernières paraît avoir été plus en avant
que le bord antérieur de la dorsale. La dorsale, l'anale et la caudale sont assez bien
conservées. Les rayons de ces nageoires sont assez minces, et articulés jusque vers
— 252 —
leur base ; les articles sont un peu plus longs que larges. Les rayons de l'anale ne sont
bifurques que vers leur extrémité ; à son bord antérieur se trouvent des fulcres assez
gros. La caudale se compose de rayons également plus gros que dans le S. leptocepha-
lus; elle est en outre bordée des deux côtés , mais surtout du côté supérieur, de fulcres
sensiblement plus gros et moins inclinés. L'anale, enfin, est placée un peu en arrière
du bord postérieur de la dorsale; tandis que dans le S. leptocephalus , les rayons de
la dorsale s'étendent visiblement plus en arrière que l'insertion de l'anale.
-=s^j@«gy;
— 253 —
CHAPITRE XÏII.
DU GENRE LEPIDOTUS.
Nous voici arrivés à l'un des genres les plus intéressans de la famille des Lépidoïdes ,
à un genre dont les nombreuses espèces caractérisent surtout la formation jurassique ,
et dont les débris sont faciles à reconnaître et à caractériser ; ensorte que leur con-
naissance sera d'une haute importance pour les géologues. Il renferme de très-grands
poissons , que Ion trouve , il est vrai , rarement entiers, mais dont différentes parties,
surtout les écailles et les dents , sont généralement très-bien conservées et assez com-
munes. Ce sont des poissons oblongs , épais et corpulens. Dans les exemplaires en-
tiers que j'ai pu observer , j'ai généralement trouvé que leur largeur est à leur longueur
comme i est à 4 ou à 5. Leur forme générale rappelle celle des grands Cyprins, dont
ils n'ont cependant aucun des caractères anatomiques. La tête est de moyenne gran-
deur, mais large 5 la plus grande épaisseur du corps est en arrière des branches de la
ceinture thoracique, environ à la hauteur de la colonne vertébrale. Le dos et le ventre
sont légèrement bombés. La queue se rétrécit insensiblement ; mais au point d'inser-
tion de la caudale, elle a encore au moins le tiers de la plus grande largeur du tronc.
Les nageoires sont de moyenne grandeur^ la dorsale est placée en arrière du fort de la
courbure du dos, vis-à-vis de l'espace compris entre les ventrales et l'anale; elle
s'étend même quelquefois un peu plus loin que le bord antérieur de celte dernière.
La caudale , coupée plus ou moins carrément , mais échancrée dans son milieu , a son
lobe supérieur un peu plus long que l'inférieur; cependant ses deux bords ont de gros
rayons simples, auxquels sont accolés jusqu'à leur extrémité des fulcres vigoureux.
Les rayons du milieu de la nageoire sont bifurques profondément et à plusieurs re-
prises , et articulés de très-près. L'anale a ordinairement la même forme que la dor^-
sale; elle est cependant souvent plus faible et plus allongée à son bord antérieur. Ces
deux nageoires ont de très-gros fulcres à leur bord antéi'ieur. Tous les rayons, d'ail-
leurs, sont articulés et bifurques. Les ventrales et les pectorales sont proportionnelle-
ment les nageoires les plus petites; les fulcres de leur bord extérieur, surtout, sont
sensiblement plus courts. Tout le corps est recouvert de grandes écailles rhomboïdales,
très-épaisses, dont la partie visible est couverte d'une forte couche d'émail. La ligne
ToM. II. 31
— 234 —
latérale, peu arquée, va presque directement de l'opercule au milieu de l'insertion de
la caudale , le long de laquelle elle se relève jusqu'à son bord supérieur. Les écailles
s'avancent plus loin sur la base des rayons, au lobe supérieur de la caudale qu'à son
lobe inférieur; ce qui augmente l'obliquité naturelle de l'insertion de cette nageoire,
sans cependant qu'elle ait le caractère ostéologique de celle des Hétérocerques.
La ceinture tlioracique est forte ; l'angle de l'humérus, quoiqu arrondi , est cependant
assez saillant. En arrière de cet os , et au dessus de l'insertion des pectorales , il y a
quelques plaques écailleuses. Toute la tête , même la face , est cuirassée de pièces os-
seuses etémaillées. Les sous-orbitaires forment un lai'ge cercle autour de l'orbite j et
les plaques buccales , plus larges encore , recouvrent l'espace compris entre ces os, le
préopercule et les mâchoires. Les pièces operculaires sont de moyennne grandeur j le
subopercule et l'interopercvde sont cependant proportionnellement plus grands que
dans les autres Lépidoïdes. Les os de la surface du crâne sont très-larges et réunis
par des sutures sinueuses. Les mâchoires sont courtes et arrondies, et la gueule
proportionnellement peu fendue j le bord de la mâchoire supérieure est formé dans
le milieu par les intermaxillaires , et sur les côtés par les maxillaires supérieurs ; le
bord de ces os est armé de petites dents en cônes obtus , que l'on voit seules lorsque
les mâchoires sont rapprochées 5 mais leur face intérieure est garnie en outre de
plusieurs rangées de dents hémisphériques sessiles , plus ou moins étranglées à leur
base , ou portées sur un pédicule très-court qui fait corps avec l'os.
Un point qu'il ne m'a pas encore été possible d'éclaircir complètement, c'est jusqu'à
quel point les Sphcerodus devront être réunis aux Lepidotus , à raison des grosses
dents arrondies que les deux genres ont à l'intérieur de leurs mâchoires. Déjà je me
suis convaincu qu'une partie de celles que j'ai indiquées dans mon Tableau synoptique
sous le nom de Sphœrodus , appartiennent au genre Lepidotiis , dont je ne connaissais
alors qu'imparfaitement la dentition. D'un autre côté cependant , j'ai vu des fragmens
de mâchoires portant aussi des dents arrondies , mais dont les caractères ostéologiques
n'étaient point d'ailleurs ceux des Lepidotus. C'est sur ces pièces que j'avais établi
mon genre Sphcerodus , qui devra donc être conservé, mais purgé de quelques
espèces qui lui avaient été réunies à tort.
Le seul caractère distinctif que je puisse indiquer maintenant, entre les dents ar-
rondies des Lepidotus et celles des Sphcerodus j c'est que les premières ont un étran-
glement à la base de l'émail. Mais la forme des mâchoires des Lépidotes présentant
d'ailleurs des caractères particuliers, il n'y aura que les dents «o/ee^que l'on pourra
être embarrassé de classer.
Une connaissance approfondie des caractères du genre Lepidotus me fait ainsi
entrevoir de nouvelles difficultés dans la détermination des espèces de l'ordre des
— 235 —
Ganoïdes. A moins de trouver des mâclioires presque entières, il deviendra peut-
être impossible de rapporter certaines dents à leur ve'ritable place, soit dans la fa-
mille des Lcpidokles, soit dans celle des Pycnodontes ; et pourtant, les exemplaires
complets que j'ai vu de ces derniers, m'ont prouvé qu'ils différaient considérablement
des premiers dans leur ensemble. On tirera probablement aussi de ce fait quelques
nouvelles inductions contre la méthode établie par Cuvier et généralement adoptée
aujourd'hui, de rapprocher des fragmens et de les réunir, suivant leur analogie avec
d'autres trouvés réunis ; mais je pense que loin de nous porter à abandonner cette
voie , ces faits épars doivent au contraire nous exciter de plus en plus à rechercher
leurs lois particulières. Car je ne puis me ranger à l'avis de ceux qui pensent qu'il y a
des combinaisons déréglées dans la nature : elles ne nous paraissent telles, qu'au-
tant que nous n'avons pas bien saisi tous leurs rapports.
I. Lepidotus G1GA.S Agass.
Vol. 2. Tab. 28 et 2g.
Cyprinus elvensis de Blainv. Ichth. p. 90.
Cette espèce, qui a été trouvée dans le Lias de France, d'Allemagne et d'Angle-
terre, est l'une de celles que je connais le mieux, et dont j'ai vu le pins grand nombre
d'exemplaires. Il en existe en effet plusieurs de fort beaux et presque entiers dans la
collection de M. le D' Hartmann à Gôppingen \, c'est là que se trouve l'original de ma
pi. 29. Les nombreux fragmens qu'il en possède d'ailleurs, m'ont permis d'étudier en
détail la structure des écailles et des nageoires. Au Musée de Stuttgart, il y en a aussi
quelques-uns, et surtout une portion antérieure du tronc, où l'on peut étudier pres-
que tous les détails de l'ostéologie de la tête-, cet exemplaire, qui m'a été communi-
qué par M. le Prof. Jœger, est représenté dans ma pi. 28. Il provient du Lias
des environs de Boll, ainsi que tous ceux de M. Hartmann. M. Weltrich, à Culm-
bach, en possède un trouvé dans le Lias à Schwarzach. M. le comte de Munster en
a des fragmens provenant du Lias de Mistelbacli près de Baireuth. On en a également
trouvé des débris dans le Lias de Banz et d'Altorf. Au Musée du Jardin des Plantes
à Paris, il en existe un fort bel exemplaire, provenant d'Elve près de Yillefranche ,
Dépt. de l'Aveyron , et contenu dans une immense géode de calcaire marneux :
c'est cet exemplaire que M. de Blainville a décrit sous le nom Ae Cyprinus el-
vensis. Miss Baker en possède un exemplaire environ de la taille de celui du Musée
de Paris , trouvé dans le Lias près de Stowe-nine-churches ( Northampton ) 5 on y
distingue surtout bien les pièces operculaires , les plaques buccales, les sous-or-
— 256 —
bitaires , les frontaux , les pectorales , et toutes les écailles de la partie antérieure du
tronc. Enfin, j'en ai vu quelques débris de cette espèce au Musée de Prague.
La forme générale de ce poisson est celle d'une grande carpe ; et c'est sans doute
cette ressemblance extérieure qui l'a fait ranger par M. de Blainville dans le genre
CyprinuSj dont il n'a d'ailleurs aucun des caractères anatomiques. Les différens exem-
plaires plus ou moins complets et les fragmens que j'ai pu examiner, indiquent des
individus de différente taille, dont les plus petits avaient à peine un pied de long,
et les plus grands au moins trois pieds. Le plus grand nombre des exemplaires
que j'ai vus, avaient la taille de ceux que j'ai fait figurer pi. 28 et 29. Bien que le
nom de gigas convienne parfaitement à cette espèce, dont les dimensions excèdent
de beaucoup celles des Lépidoïdes ordinaires, j'en ai cependant découvert de plus
grandes encore depuis que celle-ci a été caractérisée dans mon Tableau synoptique.
Les dimensions du tronc annoncent un poisson dont les mouvemens devaient être
ordinairement assez lents ; le tronc est en effet large ; la longueur totale du corps
égale à peine trois fois sa plus grande largeur. La tête, de moyenne grandeur, et
même petite proportionnellement à la grosseur du tronc, est large et arrondie ; le pé-
dicule de la queue est fortement rétréci 5 il excède à peine en largeur le tiers de la
partie la plus large du tronc ; et bien que la caudale soit assez grande , cette partie
du corps est trop faible, et les nageoires dorsale et anale sont trop petites et placées
trop défavorablement , pour avoir pu imprimer à la masse qui est en avant d'elles
une impulsion bien rapide. La structure des mâchoires, et les dents dont elles sont
armées , viennent encore confirmer cette supposition ; elles indiquent un poisson om-
nivore, ou se nourrissant de substances organiques en décomposition et de petits
animaux faciles à saisir. On peut donc admettre que ce poisson était un habitant des
côtes, trop mauvais nageur pour s'avancer vers la haute mer. Et en effet, la plupart
des espèces du genre Lepidotus se trouvent dans des dépôts riverains.
Tout le corps est couvert de grosses écailles rhomboïdales très-épaisses , assez uni-
formes , recouvertes d'une couche épaisse d'émail. Elles forment des séries dorso-
ventrales bien distinctes et obliques. Vers le milieu du dos, sur la nuque, au bord
du ventre , le long de la dorsale et de l'anale, et à l'extrémité du pédicule de la queue,
les écailles sont cependant sensiblement plus petites et plus allongées que sur le
milieu des flancs, où se trouvent les plus grandes. Sur tout le côté du tronc, leur
partie émaillée et visible est aussi haute que longue , quoique leur racine , qui est
très-échancrée , égale presque en longueur la partie émaillée (tab. 28, f. 2 et 3); de
telle sorte que les écailles qui sont entièrement à découvert, sont presque du double
plus longues que hautes. Les onglets articulaires sont peu développés, courts et
obtus j et il n'y en a qu'aux grandes écailles des flancs : celles des bords du tronc et
— 257 —
celles de la queue en sont dépourvues, et ne s'unissent que par leurs bords supérieur
et inférieur, qui sont obliques et imbriqués. La face interne de toutes les écailles est
bombée dans son milieu, tandis que la face extérieure est parfaitement lisse. Les
bords sont entiers et droits, même les bords supérieur et inférieur des plus grandes.
La ligne latérale s'étend de l'angle supérieur de l'opercule jusqu'au milieu du pédi-
cule de la queue; elle est légèrement arquée vers le ventre jusque vis-à-vis de la
dorsale, et presque droite de là en arrière. Ses écailles sont percées dans leur milieu
d'un petit trou en forme de croissant. Lorsque l'émail est enlevé, on aperçoit à la
surface de la partie osseuse les bords des lames d'accroissement dont se composent
les écailles, et de distance en distance des lignes plus marquées , indiquant des inter-
ruptions dans l'accroissement; elles sont causées par l'usure des bords des dernières
lames qui ont précédé un nouveau développement. Je me suis assuré, par l'examen
des poissons vivans, que ces interruptions étaient périodiques et annuelles; ensorte
que l'on peut conclure par analogie, que l'écaillé de la fig. 4? t^b- 28, où l'on voit cinq
de ces rliombes concentriques, avait atteint sa cinquième année. Or cette écaille, qui
est considérablement grossie, provient d'un individu qui était de même taille que
celui de la pi. 29; d'où je dois naturellement conclure, qu'à l'âge de cinq ans ces
poissons avaient au moins deux pieds de long. L'écaillé de la fig. 3, provenant du
côté gauche, est grossie du double en diamètre; celles de la fig. 2, qui proviennent
du côté droit, sont de grandeur naturelle. Au dessus de l'insertion des pectorales,
et en, arrière de la ceinture tlioracique, l'on voit deux grandes écailles plus hautes
que longues j dont la surface est rugueuse vers ses bords, et se termine en une dente-
lure irrégulière. On les voit surtout bien dans la fig. i de la pi. 28. Elles sont en
partie enlevées dans l'exemplaire de la pL 29.
Je n'ai vu que quelques traces du squelette dans un exemplaire de la collection de
M. Hartmann, savoir : quelques apophyses épineuses inférieures de l'extrémité de
la queue, qui sont assez grosses et très-rapprochées. Dans l'exemplaire du Musée de
Paris, on voit quelques côtes de moyenne grandeur sur un espace des flancs où les
écailles sont enlevées; elles indiquent évidemment, de même que la structure de la
tête, un poisson osseux dont les autres parties du squelette seront probablement con-
nues un jour, cette espèce n'étant pas très-rare. Yu la largeur du tronc et son
épaisseur, que décèle la forme arrondie de ses flancs, il est à pi'ésumer que la
colonne vertébrale présentera des vertèbres courtes et épaisses, avec de fortes apo-
physes épineuses, dont les plus longues devront se trouver en avant de la dorsale et
à la partie antérieure de la queue vis-à-vis de l'anale ; tandis que celles de la nuque
seront les plus courtes et les plus épaisses.
La ceinture thoracique n'est pas très-large; dans la fig. i de la pi. 28, on en voit
-. 258 —
distinctement la partie inférieure, qui forme une saillie arrondie au dessus de l'in-
sertion des pectorales, tandis que sa partie supérieure est presque entièrement cachée
sous l'opercule. Les pectorales sont de moyenne grandeur; on aperçoit dans la fig. i
de la pi. 28 sept des rayons extérieurs de celle du côté gauche, et le point d'inser-
tion de quelques-uns des petits rayons de son bord intérieur , qui sont mieux con-
servés dans l'exemplaire de la collection de Miss Baker, où l'on reconnaît au moins
12 rayons à cette nageoire. Ils sont simples sur les deux tiers inférieurs de leur
longueur, et articulés et bifurques seulement à leur extrémité. Tout le long du bord
antérieur de la nageoire, il y a des fulcres courts mais épais, et faiblement inclinés
contre les rayons. Les ventrales sont un peu plus en arrière que le milieu de l'abdo-
men , et en avant du bord antérieur de la dorsale ; une échancrure au bord du ventre
de l'exemplaire de la pi. 29, dans lequel elles manquent, indique quelle était leur
position. Dans l'exemplaire de Miss Baker, elles sont en place et se composent de
rayons un peu plus courts et plus grêles que ceux des pectorales ; à leur bord anté-
rieur il y a aussi une rangée de petits fulcres. Quant au nombre des rayons de cette
nageoire, je ne puis l'indiquer exactement. La dorsale et l'anale ont la même struc-
ture et à-peu-près la même forme et les mêmes dimensions; la seule différence
qu'elles présentent, c'est que la dorsale est un peu plus courte et coupée carrément
à son bord supérieur, tandis que, dans l'anale, le bord antérieur est un peu plus
allonge, et la nageoire par conséquent acuminée. Le bord antérieur de l'anale est
inséré vis-à-vis de l'extrémité de la dorsale. Les rayons de ces deux nageoires sont
plus gros que ceux des pectorales et des ventrales, articulés de très-près jusque vers
leur base, et profondément bifurques à plusieurs reprises. On en compte 8 à chacune
de ces deux nageoires. Tout le long de leur bord antérieur il y a de gros fulcres,
plus allongés et plus inclinés que ceux des pectorales. En avant de la base de l'anale
on remarque une grosse écaille impaire, dont l'angle se relève contre les premiers
fulcres, de la même manière que les écailles impaires du milieu du dos se termi-
nent au bord antérieur de la dorsale. Quoique la dorsale et l'anale soient très-dis-
tinctes dans l'exemplaire de la pi. 29, elles sont cependant encore mieux conservées
dans celui du Musée de Paris. La caudale, la plus grande de toutes les nageoires, est
légèrement échancrée au milieu; son lobe supérieur est un peu plus long, mais aussi
plus étroit que son lobe inférieur. Elle est très-distincte dans l'exemplaire de la
pi. 29, où seulement l'extrémité de son lobe supérieur est en partie enlevée. Dans
plusieurs autres fragmens de la collection de M. Hartmann, on en voit différentes
parties très-bien conservées. Plusieurs petits exemplaires du Musée de Stuttgart la
présentent également bien. Dans l'exemplaire du Musée de Paris, tout le lobe su-
périeur est enlevé , mais les rayons du lobe inférieur sont dans un état parfait de con-
— 239 —
servation. L'insertion des rayons de celte nageoire a quelque chose de particulier:
ceux du lobe infe'rieur, au nombre de 9, sont implantés à-peu-prcs à la même hau-
teur, et leur base est recouverte d'écaillés plus petites, en forme de lozanges allon-
gées , qui terminent la cuirassé que forment les écailles, par une saillie arrondie sur
ces rayons. Ceux du lobe supérieur, au contraire, également au nombre de 9, au
moins, sont insérés successivement un peu plus en arrière les uns que les autres, et
sont recouverts à leur base par de petites écailles semblables à celles du lobe inférieur,
mais formant des lignes obliques qui s'étendent en arrière sur la base du lobe su-
périeur. Les rayons du milieu de cette nageoire sont les plus courts; ils deviennent
insensiblement plus longs vers ses bords. Tous sont articulés de très-près jusques
vers leur base, et profondément divisés à plusieurs reprises. Le rayon extérieur,
cependant , tant au lobe supérieur qu'au lobe inférieur, est simple, quoique articulé
comme les autres; sur toute son étendue se voient des deux côtés de la nageoire de
gros fulcres allongés, qui diminuent insensiblement vers l'extrémité du rayon, mais
dont les premiers, qui sont les plus gros, commencent en avant de sa base, au lobe
inféi'ieur. Ils sont précédés de quelques écailles acuminées, qui se redressent con-
tre eux. Le lobe supérieur présente quelque chose de particulier : les fulcres sont
enclavés dans une gaîne que forment les écailles du prolongement supérieur du pédi-
cule de la queue , et finissent par se confondre avec les écailles impaires du milieu du
dos. Dans les jeunes individus, les rayons de cette nageoire sont plus grêles que
dans les vieux , où ils sont fort épais.
Quanta la tête, c'est dans l'exemplaire de la pi. 28, mais surtout dans celui de
Miss Baker, que j'ai pu l'étudier. Les os du crâne sont les moins distincts; cependant
l'on voit que les frontaux sont très-allongés et passablement larges ; leur surface pré-
sente des rugosités divergeant vers les bords. Les pariétaux sont proportionnelle-
ment ti'ès-petits ; et derrière eux est ime rangée transverse de plaques nuchales plus
grandes que les écailles, et dont la surface est également rugueuse. L'orbite est de
moyenne grandeur ; elle est entourée de 6 sous-orbitaires , à-peu-près de même gran-
deur, trapézoïdes, et dont le plus petit côté est tourné vers le bord de l'orbite. On n'en
voit que l'empreinte dans l'exemplaire de la pi. 28; mais dans celui de Miss Baker,
leur surface présente des rugosités disposées comme des rayons divergens autour de
l'orbite. L'espace compris entre les mâchoires, le préopercule et les sous-orbitaires,
est recouvert par d'autres plaques osseuses, semblables aux sous-orbitaires, mais plus
larges et différant de grandeur entr'elles. Celle qui tient au crâne est beaucoup plus
petite que la suivante , qui est la plus grande de toutes ; celles du bord inférieur sont
plus petites et plus uniformes ; elles sont toutes rugueuses, comme les sous-orbitaires,
et portent en outre quelques tubercules. On n'en voit que l'empreinte dans l'exem-
— 240 —
plaire de la pi. 28. Le préopercule a la forme d'un croissant étroit, dont la partie
moyenne fait saillie en arrière ; sa branche montante est plus longue que sa branche
horizontale; sa surface est lisse. Les autres pièces operculaires sont également lisses;
l'opercule , qui est la plus grande , a la forme d'un carré long , dont le grand dia-
mètre est vertical. Le subopercule a également la forme d'un carré long, mais son
grand diamètre est horizontal, et son angle postérieur et inférieur est arrondi, tandis
que son angle supérieur et antérieur s'élève en forme d'apophyse enchâssée entre le
préopercule et l'opercule. L'interopercule, placé au dessous de la branche horizontale
du préopercule, a la forme d'un demi-croissant tronqué en arrière, et s'atténuant
vers l'insertion des mâchoires. Tous ces os ont leur surface recouverte d'une couche
d'émail, comme celle des écailles. Dans l'exemplaire de Miss Baker, on voit au des-
sous de l'interopercule les traces de cinq rayons branchiostègues au moins, dont les
supérieurs sont les plus gros. Le grand os des cornes latérales de l'os hyoïde est
aplati à ses extrémités. M. le comte de Munster possède aussi un fragment où l'on
voit une partie de l'os hyoïde et quelques-uns des rayons branchiostègues. Les mâ-
choires sont courtes et étroites; dans l'exemplaire de la pi. 28, on distingue les
deux branches de la mâchoire , ainsi que l'intermaxillaire et le maxillaire supérieur
gauche, placés à la suite l'un de l'autre de manière à former un seul arc. Le long du
bord de la mâchoire supérieure et de la mâchoire inférieure, on aperçoit une rangée
de petites dents coniques et obtuses, peu serrées. Je n'ai pu découvrir dans aucun
exemplaire de cette espèce la face interne et supérieure des os maxillaires; ensorte
que j'ignore si elle portait d'autres dents, et quelle était leur forme.
Il y a cinq ou six ans que je plaçais encore ce poisson dans le genre Tetragono-
lepis; il est même indiqué sous le nom de Tetragonolepis gigas dans un catalogue
manuscrit que je communiquai à cette époque à plusieurs amis; je les prie de recti-
fier ce nom , pour qu'il ne fasse pas plus tard double emploi dans quelque ouvrage
où les fossiles caractéristiques du Lias pourraient être cités d'après cette première
indication.
II. LePIDOTUS SEMISERRATUS Ag.
Vol. 2. Tab. 29 a ei 29 è ( Cah. suppl. )
Lepidotus latissimns et umbonatus Ag. Tahl. synopt. p. 8. — Figuré en petit dans la Géologie du
Yorksldre de M. Young, pi. 16, fig. 7 et 8. (Dans cette dernière fîg. le poisson est renversé. )
— Mentionné ég;dement parmi les espèces douteuses de Palœoniscus, à la page 82 de ce 2""° vol.,
d'après les figures de M. Young.
Le premier indice que j'ai eu de l'existence de celte espèce, a été une plaque de
grosses écailles provenant du Lias d'Angleterre, qui se trouve au Muséum de Paris,
— 241 —
et que j'avais inscrite dans mon Tableau synoptique sous le nom de L. latissimus,
sans me douter que les figures de l'ouvrage de M. Young que j'ai citées à la suite des
espèces du genre Palœoniscus, sur lesquelles j'invoquais de nouveaux rcnseignemens,
représentassent la même espèce. Ces rcnseignemens, je les ai trouvés moi-même au
Musée de Whitby , où M. Young a eu l'obligeance de me faire voir les originaux de
ses figures, et plusieurs autres exemplaires découverts depuis la publication de son
ouvrage, tant par lui que par M. H. Belclier et par M. Ripley. Ces pièces m'ont
fait connaître presque tous les détails de la structure des parties solides de ce poisson,
et m'ont engagé à changer le nom de latissimus que je lui avais d'abord donné en
celui de semiserratus.
Cette espèce paraît être très-commune dans le Lias des environs de Wliitby et de
Scarborough ; du moins j'en ai vu un grand nombre d'exemplaires provenant de ces
localités, dans les Musées de Scarborougli, d'York, de New-Castle , d'Oxford, et
dans la collection de M. Randyl à Stockton. Lord Fitz-William en possède aussi du
Lias de Loftus. L'exemplaire figuré pi. 29 a, est le même que celui de la fig. 8,
pi. 16 de l'ouvrage de M. Young. Celui de la fig. i de ma pi. 29 è, se trouve au
Musée de Scarborougli; et celui des fig. -2 et 3 de la même planche appartient à M.
Randyl.
Les dimensions de ce poisson sont à-peu-près les mêmes que celles du L. gigas;
seulement son corps est plus allongé, plus arrondi et proportionnellement moins
large; en sorte que sa plus grande largeur n'est que du quart de la longueur totale.
La tête est aussi plus allongée et moins arrondie en avant; mais elle est plus large en
dessus, et le diamètre transversal du corps paraît avoir été plus considérable, pro-
portionnellement à sa hauteur.
Une circonstance particulière m'a singulièrement facilité l'examen de cette espèce.
La plupart des exemplaires que j'ai vus ont été trouvés dans des schistes marneux du
Lias, contenant beaucoup de pyrites qui ayant pénétré la masse de tout le poisson,
ont rendu sa séjiaration des couches environnantes très-facile. Aussi existe-t-il aux
Musées de Whitby et de Scarborough surtout, des exemplaires entièrement dégagés
de la roche, et qui ont conservé leurs formes naturelles.
La tête, de moyenne grandeur, présente un profil à-peu-près droit, et formant à
la nuque un angle très-obtus avec le bord du dos, qui est très-peu voûté. Le museau
forme une saillie conique et arrondie; le bord inférieur est également droit; ce qui
donne à toute la tête la forme d'un large cône tronqué. La surface du crâne est très-
large, légèrement arrondie, de même que les plaques buccales supérieures et la partie
supérieure de l'opercule; ce qui donne au diamètre transversal de la tête une dimen-
sidn presque aussi considérable qu'à son diamètre vertical. De larges frontaux et
ToM., II. 32
— 242 —
de grands pariétaux forment la plus grande partie de sa voûte. On les voit très-bien
dans l'exemplaire de la fig. 3, pi. 29 ô^ qui se trouve dans la collection de
M. Bandyl. Mais, chose assez curieuse, ces os ne sont pas égaux sur les deux
côtés du crâne : le frontal gauche est sensiblement plus court et plus étroit que celui
du côté droit; et la suture qui les unit est sinueuse, le bord interne du frontal gauche
formant une saillie arrondie qui avance sur le milieu du bord correspondant du
frontal droit; tandis que plus en arrière, le bord interne du frontal droit avance sur
le frontal gauche. Ces deux os sont à-peu-près du double plus longs que larges ; leur
extrémité antérieure est sensiblement rétrécie, et se termine par plusieurs dentations
profondes dans lesquelles s'engrène l'ethmoïde; leur extrémité postérieure, surtout
celle du frontal droit, est notablement plus large. Les pariétaux sont aussi larges que
les frontaux, mais beaucoup plus courts; et à l'inverse de ces derniers, celui du côté
gauche est plus grand que celui du côté droit , et forme une saillie entre le frontal
droit et le pariétal du même côté.
Cette inégalité des os du crâne n'est point accidentelle : dans tous les exemplaires
où j'ai pu examiner ces os, je leur ai retrouvé cette même disposition. Dans la fig. 5,
j'ai fait représenter ces os très-en petit, d'après un exemplaire dans lequel ils sont
très-bien conservés, qui a été déposé au Musée de Whitby par M. Belcher.
En arrière des pariétaux, l'on distingue une ceinture étroite, formée par ces
plaques particulières que j'ai appelées 7ZMcA«Ze5^ et qui s'étendent jusqu'au bord su-
périeur de l'opercule. Sur les côtés des pariétaux se voient les mastoïdiens, qui sont
étroits, mais aussi longs qu'eux. L'orbite est plus petite, proportionnellement, que
dans le Z. gigcis. Les sous-orbitaires , qui l'entourent en arrière, en dessous et en
avant, sont beaucoup plus petits que les plaques buccales ; mais à son bord supérieur,
le long du frontal, on remarque trois plaques osseuses, qui s'unissent aux sous-orbi-
taires pour entourer l'orbite comme un cercle, et qui paraissent être des démem-
biemens du frontal. Ces trois plaques se voient très-distinctement dans la fig. 3.
Tous les os de la surface du «âne sont lisses, et n'offrent que quelques sinuosités
évasées, qui deviennent plus fiéquentes sur les pariétaux^ et qui^ sur les plaques
nuchales , se resserrent de manière à leur donner un aspect rugueux. Les plaques
buccales sont très-développées : elles recouvrent entièrement les joues, et occupent
tout l'espace compris entre les mâchoires, les sous-orbitaires et le préopercule; leur
surface ne présente que quelques inégalités. Quant aux pièces operculaires, elles sont
très-larges et occupent environ la moitié du côté de la tête ; leur surface est complète-
ment lisse; il n'y a que le préopercule et le subopercule, qui présentent quelques
rugosités à leur bord postérieur. L'opercule est le plus grand de ces os ; sa forme est
celle d'un carré long, dont le côté supérieur est un peu plus étroit, et dont le bord
— 243 —
postérieur est légèrement arrondi. Le subopercule est aussi très-grand; son bord
postérieur est arrondi ; tandis que son angle supérieur et antérieur se prolonge en
une apopbyse étroite, qui s'élève assez haut entre l'opercule et le préopercule. La
branche montante de ce dernier est très-longue et étroite, et son angle arrondi.
L'interopercule est petit et de forme triangulaire. Dans la fig. 4? ces pièces opercu-
laires sont représentées en petit, d'après un exemplaire oii l'on voit surtout bien
l'apopliyse montante du subopercule.
Les mâchoires sont plus allongées dans cette espèce que dans le Z. gigas ; la mâ-
choire inférieure, surtout, s'étend plus en arrière, et son extrémité postérieure est
plus haute. Leur bord ne m'a non plus présenté que de petites dents coniques et
obtuses. La fig. i de la pi. 29 b représente un exemplaire très-instructif du Musée de
Scarborough, qui m'a été communiqué par M. WiUiamson, et dans lequel on voit ^
distinctement les deux branches de la mâchoire inférieure par leur face inférieure.
On y reconnaît la forme particulière de ces os, qui donne au museau son aspect tron-
qué. En effet, l'extrémité antérieure des deux branches de la mâchoire inférieure
se recourbe presque à angle droit, et s'attéiuie avant que leur réunion ait lieu à la
symphyse du menton. Dans l'intervalle compris entr' elles, on voit distinctement
le grand os des deux cornes latérales de l'os hyoïde, à l'extrémité duquel on dis-
tingue de chaque côté la partie antérieure de sept rayons branchiostègues. Ce nombre
paraît être normal pour le genre Lepidotus j bien que je n'aie pas vu ces rayons dans
toutes les espèces. Dans celles où j'en ai trouvé moins, j'ai toujours remarqué qu'il
en manquait, ou que leur position ne permettait pas de les voir tous.
La forme générale du tronc indique im poisson plus allongé et plus arrondi que le
L. gigas; comme on peut s'en convaincre en comparant les fig. i des pi. 29 a et 29 b.
Ses mouvemens devaient être par conséquent plus rapides et plus dégagés. Les di-
mensions de ses mâchoires, plus fortes et plus allongées, et qui font présumer que
ce poisson était plus vorace que le premier, confirment ce que la vue du tronc seul
ferait déjà supposer.
La ceinture thoracique est étroite, quoique assez vigoureuse; l'angle de l'humérus
est arrondi, et ne forme point de saillie au dessus de l'insertion des pectorales. Ces
nageoires se voient très-bien les deux dans la fig. i de la pi. 29 1>; elles sont beaucoup
plus allongées que celles du L. gigas. Celle du côté droit, surtout, laisse deviner ses
dimensions : elle s'étend au-delà de la moitié de l'espace compris entre les pectorales
et les ventrales. Elles ont 1 5 rayons de moyenne épaisseur, arqués à leur base, simples
jusqu'à la moitié de leur longueur, articulés et bifurques à plusieurs reprises de là jus-
qu'à leur extrémité. Le long de leur bord extérieur, il y a de petits fulcres, dont on
voit quelques traces sur le côté de celle de gauche dans la figure citée. Je les ai vus plus
— 244 —
distinctement dans d'autres exemplaires. Les ventrales ne sont bien conservées dans
aucun des exemplaires que j'ai examinés^ cependant, danscelui de la fig. i, pi. 29 h, on
voit la base de ces deux nageoires; on distingue même 10 rayons à celle du côté droit.
La partie qui en est conservée est simple et sans articulations. Dans celle du côté
gauche, où il n'y a que 9 rayons de conservés, on voit que ceux du bord interne, qui sont
entiers, se bifurquent depuis leur milieu ; leur dimension et celle des rayons extérieurs
brisés, prouve que ces nageoires étaient beaucoup plus petites que les pectorales. Dans
les nombreux exemplaires que j'ai vus, je n'ai d'ailleurs remarqué aucune trace des
autres nageoires; sans doute à cause de l'état de conservation même du tronc, qui, de-
venu plus compact par la masse de pyrites qu'il contient ordinairement, s'est toujours
séparé en même temps delà roche et des nageoires verticales, qui ont du rester dans
la masse environnante; tandis que les nageoires paires, accolées au tronc, ont été plus
fréquemment préservées d'une dislocation complète. Cependant, à l'extrémité posté-
rieure de la fig. I, pi. 29 by on aperçoit deux grosses écailles impaires, qui indiquent
quelle était la position de l'anale , et qui font voir que cette nageoire était plus rap-
prochée des ventrales que celles-ci ne le sont des pectorales.
Les écailles forment des séries dorso-ventrales très-distinctes. Celles qui recou-
vrent les parois delà cavité abdominale sont les plus grandes; le long du dos, sur le
pédicule de la queue et sous le ventre, elles sont sensiblement plus petites. Toutes
ont une forme rhomboïdale. Leurs bords supérieur et inférieur sont droits; mais la
moitié inférieure du bord postérieur présente quelques grosses dents , ou simplement
un prolongement de l'angle inférieur. Ce sont les écailles de la partie antérieure du
tronc, qui ont le plus grand nombre de ces dents ; celles qui suivent immédiatement
la ceinture thoracique au-dessus de l'insertion des pectorales, en ont cinq ou six;
celles des flancs, trois ou quatre; celles du commencement de la queue, deux; celles
de son pédicule, des bords du dos et de dessous le ventre , ont simplement leur angle
inférieur et postérieur allongé. La pi. 29^ donne une juste idée de toutes ces diffé-
rences. Ces écailles sont très-épaisses, toutes articulées par des onglets covirts et
larges. Ija partie émaillée est beaucoup plus grande que la racine, qui est cachée dans
l'imbrication, et dont le bord est moins échancré que dans les écailles du Z. gîgas.
Dans la fig. i de la pi. 29 Z>^ on voit que toutes les écailles de dessous le ventre sont
plus uniformes et en lozanges plus allongées que celles des flancs. La ligne latérale
n'est marquée que par une légère protubérance sur le milieu de chacune de ses
écailles. La fig. i de la pi. 3o représente une de ces écailles détachées, de la partie
postérieure du tronc, qui se trouvait dans la collection de feu M. Régley , et à laquelle
j'avais d'abord donné le nom de L. umhonatus. (i)
(1) N'ayant jamais eu à ma disposition les poissons fossiles que j'avais examinés antérieurement lorsque j'étudiais de
— 245 —
Cette espèce remarquable n'a point encore été trouvée sur le continent.
III. Lepidotus undatus Ag.
Yol. 2. Tab. 33.
11 existe au Muséum d'Histoire naturelle de Paris une plaque d'un calcaire scbis-
teux, sur laquelle se trouve toute la partie postérieure du tronc de ce poisson figu-
rée dans la planclie indiquée, et dans un état de conservation parfaite. Malbeureuse-
ment son origine est inconnue. Cependant, un fragment contenant quelques écailles
de la même espèce , et qui est déposé au Muséum à côté de la grande plaque , porte
l'indication de Caen ; ce qui me fait présumer que ce poisson provient du calcaire à
Bélemnites des environs de cette ville. Bien que la tête et. la partie antérieure du
tronc soient enlevées, ce qui reste est si complet, qu'il est facile de caractériser cette
espèce j d'autant plus que la présence des pectorales ne laisse aucun doute sur sa lon-
gueur et sur ses auties dimensions -
Le tronc est proiîortionnellement très-large ; le pédicule de la queue se rétrécit
considérablement, et les écailles sont généralement plus petites que dans les espèces
de cette taille. Les pectorales sont larges, et leurs rayons très-divisés; à leur bord
extérieur se voient de petits fulcres ; elles ne sont pas plus éloignées des ventrales
que celles-ci de l'anale. Les ventrales paraissent avoir été sensiblement plus petites;
du moins les rayons qu'il en reste vers le milieu du ventre sont-ils plus grêles.
L'anale est beaucoup plus grande ; quoiqu'elle soit très-disloquée, on voit cependant
que ses rayons, simples à leur base, sont plats et très- bifurques à leur extrémité.
Le long du bord antérieur de cette nageoire, il y a de grands fulcres très-inclinés,
en avant desquels se trouve une grosse écaille impaire, allongée. La dorsale est plus
grande encore , et ses fulcres sont beaucoup plus gros 5 le quart inférieur des rayons
antérieurs est simple ; vers leur extrémité ils s'aplatissent et se dilatent considérable-
ment, en se bifurquant fréquemment; c'est surtout le cas des rayons postérieurs,
qui se divisent jusque vers leur base. H y a en tout 8 ou 9 rayons. Cette nageoire
est très-reculée et placée presque vis-à-vis de l'anale. Dans aucune espèce du genre
je n'ai vu la caudale aussi bien conservée ; elle donne une idée très-juste de la struc-
ture de cette nageoire dans les poissons de ce groupe. L'insertion de ses rayons
forme une ligne oblique, masquée par une rangée d'écaillés de forme particulière,
beaucoup plus allongées, disposées en forme de croissant, et plus petites sur les
nouvelles collections, il m'est arrivé quelquefois de prendre pour nouvelles des espèces que j'avais déjà décrites. Ce
n'est qu'en retravaillant mes notes, que j'ai pu découvrir de pareilles erreurs; je m'empresse de les signaler, afin que
les propriétaires de ces diflerens exemplaires puissent les étiqueter du nom que je leur conserve définitivement.
— 246 —
rayons du lobe inférieur que sur ceux du lobe supérieur, oîi elles suivent en arrière
en ligne oblique de bas en haut , et finissent par se confondre avec les dernières
écailles du prolongement du pédicule de la queue. Le lobe supérieur de cette nageoire
est un peu plus allongé que son lobe inférieur; on y voit lo rayons, tandis que le
lobe inférieur n'en a que 8. La forme et la structure de ces rayons varie aussi con-
sidérablement : ceux du milieu de la nageoire sont les plus courts, mais aussi les plus
larges; ils sont articulés de très-près jusqu'à leur base. Sur les côtés de la nageoire,
la base des rayons est d'abord simple ; ils ne se bifurquent et ne s'aplatissent con-
sidérablement que depuis le tiers, et plus en dehors que depuis la moitié de leur lon-
gueur; aux bords extérieurs, ils sont simplement bifurques; if y en a même deux au
lobe supérieur, qui sont entièrement simples et sensiblement plus grêles que les rayons
internes voisins, et un semblable au lobe inférieur, qui cependant est aussi gros que
ceux qui le précèdent. Tous ces rayons, indépendamment de leurs bifurcations, sont
articulés de très-pi'ès. Le long de ces rayons simples, on remarque une rangée de
gros fulcres peu inclinés, qui deviennent insensiblement plus petits vers l'extrémité
des lobes, et dont les premiers, qui sont les plus gros, se confondent à leur base avec
les écailles allongées impaires du milieu du dos et du bord inférieur de la queue.
Toutes les écailles ont leur surface lisse et leurs bords entiers; mais leur forme est
très-caractéristique : dans toutes l'angle inférieur et postérieur est allongé; on le
voit surtout bien dans trois écailles disloquées, placées au dessous de la dorsale.
Celles des flancs sont plus hautes que longues; leurs bords supérieur et inférieur sont
légèrement sinueux, en forme d'S très-ouvert. Celles des bords du dos et du ventre
sont plus petites. Entre la dorsale et l'anale, leur hauteur égale à-peu-près leur lon-
gueur, tandis que celles du pédicule de la queue sont plus longues que hautes; les
plus petites et les plus longues sont celles qui recouvrent les côtés de son prolonge-
ment supérieur. La ligne latérale est droite, marquée par des trous semi-lunaires,
percés dans le centre des écailles d'une série qui occupe à-peu-près le milieu de la
largeur du corps sur la queue, et qui s'élève presque aux deux tiers de sa hauteur
sur les flancs.
Les seuls exemplaires que je connaisse de cette espèce, sont ceux du Musée de
Paris.
IV. Lepidotus rugosus Ag.
Yol. 1. Tab. 33 «, fig. i — 8. ÇCah. suppl.)
Je ne connais encore que des fragmens détachés de cette espèce, provenant du
Lias de Lyme Régis et de Whitby, et qui se trouvent dans les collections de Miss
Philpot, de M. Johnson et de M. Bowerbank. Ces fragmens sont cependant très-carac-
— 247 —
léristiques, et indiquent une espèce fort différente de celles que l'on trouve dans
cette formation, tant ailleurs que dans ces mêmes localités.
Ce qui caractérise surtout le L. rugosuSj c'est que toute sa surface est rugueuse,
celle des écailles comme celle des os. La fig. i, dont l'original est au Musée de
Whitby, représente une partie de la voûte du crâne; on y voit les deux frontaux,
brisés à leur extrémité antérieure. Celui de gauche, qui est le plus petit, forme à
son bord postérieur une saillie arrondie qui avance sur celui de droite. Du centre
d'ossification de ces os partent des arêtes rugueuses et même tuberculées, qui se
dirigent dans tous les sens. Les traces indistinctes des pariétaux et des mastoïdiens
qui se voient en arrière, laissent également apercevoir une surface rugueuse. La
fig. 2 représente les pièces operculaires et une partie des plaques buccales. Ce frag-
ment se trouve dans la collection de Miss Pliilpot. La branche montante du préoper-
cule est très-étroite , striée obliquement du bord au centre de l'os vers sa partie in-
férieure, où l'on distingue quelques pores muqueux. L'opercule est très-large,
presque carré; sa face extérieure est légèrement grenue, tandis que sa face interne
est lisse et striée en forme d'éventail; on n'en voit que l'angle inférieur et antérieur
dans cette figure, mais sa forme y est indiquée par l'empreinte qu'il a laissée sur la
roche. Le subopercule est plus fortement rugueux; son apophyse montante est beau-
coup plus courte que dans le L. semi'serratus. Les deux plaques buccales que l'on
voit en avant du préopercule , sont assez giandes ; la supérieure est fortement échan-
crée à son bord antérieur. Leur surface est rugueuse au centre, et plus lisse vers les
bords, où ses aspérités sont disposées en rayons divergens.
Les écailles sont très-rugueuses, et leurs bords fortement dentelés; les rugosités
de leur surface résultent des dentelures des lames d'accroissement successives. Dans
celles de la partie antérieure du tronc (fig. 3 et 7), qui sont les plus grandes, les
rugosités sont disposées en éventail, et se terminent au bord postérieur par une
dentelure assez serrée, mais peu profonde. Les bords supérieur et inférieur de ces
écailles sont en forme d'S. L'onglet articulaire est très-grand.
V. LePIDOTUS FIMBRIATUS Ag.
Vol. 2. Tab. 33 b. ( Cah. suppl.)
Dapedius fimbriatus Ag. Feuillet, p. g. '
Je ne connais encore de cette espèce que quelques exemplaires très-imparfaits, qui
présentent même des différences assez sensibles pour que je conserve quelques doutes
sur leur identité et même sur leur position générique. L'exemplaire du Musée de
— 248 —
Munich, (flg. i) contenu dans une géode de calcaire marneux, y est indiqué comme
provenant de Hâring en Tyrol. On n'y voit aucune trace des nageoires ni de la tête;
les écailles des flancs sont seules conservées ; elles ont à-peu-près toutes les mêmes
dimensions et la même foi'nie • celles des rangées antérieures seulement, sont un peu
plus hautes que longues. Elles ont toutes un caractère commun, bien particulier:
c'est que la partie inférieure de leur bord postérieur présente vmé fine dentelure , dont
les pointes sont très-acérées. Dans les rangées antérieures, cette dentelure com-
mence au moins au milieu du bord postérieur (fig. 2); dans les rangées moyennes,
elle commence plus bas; et dans les rangées postérieures, elle n'occupe que l'angle
inférieur de l'écaillé. Ce qui m'a déterminé à ranger maintenant le poisson dont pro-
vient cette plaque écailleuse dans le genre Lepidotus plutôt que dans le genre Dape-
diuSj c'est que sur la coupe transversale de la géode qui le contient (fig. 3) , j'ai re-
connu que son tronc présentait un pourtour ovale , comme les espèces du genre Lepi-
dotus j tandis que les Dapedius ont le corps très-aplati. J'ignore de quelle formation
provient cet exemplaire ; mais j'ai tout lieu de croire que c'est dans le Lias qu'il a été
trouvé. M. le D' Berger m'a communiqué un dessin de quelques écailles du Keuper
de Cobovu'g (fig. 4 et 5) , qui paraissent provenir de la même espèce : dans ce dessin ,
cependant , les dents du bord postérieur des écailles sont moins rapprochées et moins
acérées que dans celles de l'exemplaire de Haring, quoique dans sa lettre M. Berger
me marque que ce qui caractérise surtout ces écailles, ce sont des dents pointues et
assez serrées. M. Buckland m'a communiqué de son côté un grand fragment de Lepi-
dotus (fig. 6) , dont les écailles ressemblent beaucoup par leur forme et leurs dimen-
sions à celles de l'exemplaire de Hâring, mais dont la dentelure du bord postérieur
présente des pointes plus courtes et plus obtuses (fig. 7 et 8). Ce fossile provient du
Lias de Lyme Régis. La petitesse de ses écailles prouve évidemment que ce fragment
n'appartient pas au L. semiserratus , puisque dans l'exemplaire de cette dernière es-
pèce représenté tab. 29 «, et qui provient d'un individu environ de même taille, elles
sont au moins du double plus grandes. Dans l'exemplaire de M. Buckland; on aper-
çoit une partie des rayons de la dorsale, qui sont de moyenne grandeur. Les gros
fulcres que l'on remaïque au bord antérieur de cette nageoire, ressemblent davantage
à ceux des Lepidotus qu'à ceux des Dapedius. La surface des écailles de tous ces
fragmens est lisse, bien qu'on distingue les lames d'accroissement à travers l'émail.
Dans la collection de Sir Phil. Egerton, il y a aussi quelques écailles, provenant de
Lyme Régis, qui appartiennent à la même espèce que l'exemplaire du D"^ Buckland.
Des recherches ultérieures devront apprendre positivement si je n'ai point confondu
ici des espèces différentes.
— "2119 —
VI. Lepidotus ornatus Ag.
Vol. 2, ïal). 32.
Les deux grands fragmeiis figurés dans celle planche se trouvenl à Slullgart , dans la col-
leclion de la Société d'Agricullure du royaume de Wurlemberg. Leur origine n'est pas con-
nue : mais la nature de la roche qui les contient ne me permet pas de douter qu'ils ne pro-
viennent des schistes bitumineux du Lias de Seefeld en Tyrol ; d'autant plus que M, Boue a
déposé dans la collection de la Société Géologique de France deux fragmens de poissons de
cette localité, qui appartiennent à la même espèce, bien qu'ils soient assez imparfaits. La
plus petite des plaques de Stuttgart offre plusieurs rangées d'écaillés de la partie antérieure
du côté droit. Au bord antérieur de cette même plaque, on remarque quelques écailles dont
la racine est mise à découvert par l'ablation d'une série antérieure ; cette racine est aussi
grande que la partie émaillée de l'écaillé et fortement échancrée ; l'angle supérieur surtout
est très-saillant. En avant de ces écailles, on voit distinctement l'empreinte de plusieurs de
celles du côté gauche, dont la surface est ornée de sillons divergeant du centre au bord pos-
térieur. Les bords supérieur et inférieur de toutes ces écailles sont parallèles; le supérieur est
d'ordinaire un peu concave; l'inférieur plus ou moins convexe et onduleux. Le bord posté-
rieur est muni de fortes dentelures, qui cependant sont plus accusées à la face interne qu'à la
face externe.
Dans la plus grande des plaques , on ne voit que l'empreinte des écailles du côté droit , et
une partie de leur bord poslérieiu', par leur face interne. La ceinture thoracique est conservée
presque en entier ; ses os sont larges et vigoureux , mais l'humérus ne forme pas de saillie à
son angle inférieur. En arrière de cet os , dont la surface paraît avoir été striée longitudinale-
nient, on distingue plusieurs grosses écailles, de forme irrégulière et beaucoup plus hautes
que longues. La pectorale droite, dont la partie inférieure est assez bien conservée, est très-
large ; on y compte 2.5 rayons de moyenne grosseur. On distingue également quelques os de
la tête par leur face intérieure, entre autres l'opercule, qui est beaucoup plus haut que long,
et dont la partie supérieure est sensiblement plus étroite que l'inférieure. Le subopercule est
plus étroit que dans aucune autre espèce du genre ; mais sa branche montante est proportion-
nellement très-large. La partie supérieure du préopercule est très-étroite. Les sous-orbitaires
sont conservés en partie ; ceux qui aboutissent au préopercule sont plus étroits que les anté-
rieurs. Tous ces os, ainsi que le scapulaire et les écailles de la nuque, étaient sans doute
granulés à leur surface, comme l'indique l'empreinte visible des parties qui sont détruites.
\u bord inférieur de la tête , on distingue des fragmens de six rayons branchiostègues.
Carton. Tom. il. " 33
— 2S0
VII. Lepidotus serrulaths Agass.
Vol. 2, Tab. 3i.
Celte espèce , originaire du Lias de Whilby, où elle se trouve empâtée dans des nodules , a
beaucoup de rapports, par sa taille comme par sa forme, avec le Lepidotus Gùjas et peut être
envisagée comme l'un des plus beaux Lepidotus connus. Nous y retrouvons en effet cette
forme régulière et en même temps trapue qui est le propre des vrais Lepidotus et qui rap-
pelle un peu les grandes Carpes de nos jours. La plus grande largeur est en avant de la dor-
sale : or, en supposant que la caudale , qui manque dans notre exemplaire , égalait la longueur
de la tête, la hauteur du poisson aurait été à sa longueur comme 1 à 3 et demi. Les écailles
sont petites, eu égard à la taille du poisson. Les séries dorso-venlrales sont d'autant plus dis-
tinctes, qu'elles sont séparées l'une de l'autre par des espaces assez larges, comme si le pois-
son avait subi une dilatation notable après sa mort. Or, comme les Lepidotus étaient en
général des poissons assez gros, cet écartement des séries d'écaillés n'a rien que de très-natu-
rel, du moment que nous savons que le poisson a été soumis à une pression. Ces séries sont
en outre obliques, de manière à former un angle d'à-peu-près US° avec la verticale.
Celles du pédicule de la queue affectent une forme un peu plus arquée , dont la con-
vexité est tournée en avant. Le bord supérieur des écailles est en général un peu échancré et
le bord inférieur plus ou moins convexe. Par la même raison, l'angle antéro-supérieur de l'é-
caille est d'ordinaire saillant et pointu , tandis que l'angle antéro-inférieur est arrondi. Mais
les écailles ne conservent pas leur même forme sur toute la largeur du corps ; elles devien-
nent de plus en plus étroites vers le bord ventral , où leur largeur n'égale pas même la
moitié de leur longueur. C'est là une particularité très-rare chez les Lepidotus et qui sert sur-
tout à distinguer notre espèce de la plupart de ses congénères.
Les nageoires n'offrent rien de bien particulier, si ce n'est que la dorsale est précédée d'une
série d'écaillés érectes qui font comme le passage entre les rayons et les écailles. Les grands
rayons sont bifurques. Il en est de même de ceux de l'anale et des pectorales, dont le pre-
mier rayon est en outre garni de petits fulcres très -distincts. Les ventrales n'ont laissé
que des traces imparfaites en face de l'extrémité de la dorsale ; elles paraissent avoir été pe-
tites. La tête est courte et obtuse. 'Les mâchoires sont d'égale longueur, vigoureuses, et
armées de dents verticales très-émoussées.
L'appareil operculaire n'est pas parfaitement conservé; cependant on voit que l'opercule était
plus large dans sa partie supérieure que dans sa partie inférieure. La fig. 2 est une écaille
grossie du milieu des flancs, montrant l'onglet articulaire qui est très-fort et les plis du bord
postérieur de l'émail , qui donnent lieu à une dentelure très-peu marquée. La fig. 3 est un
fragment de mâchoire que j'ai tout lieu de croire provenir de la même espèce et qui montre
la forme et la disposition des dents , de grandeur naturelle.
Dans les collections de lord Enniskillen et de sir Philipp Egerton.
— 251 —
VIII. LePIDOTUS UNGUICULA.TUS Ag.
Vol. 2. Tab. 3o, fig. 7, 8 et 9. ( et Cah. siippl. T. 29 Cj f . i. )
Ruppell Jbhild. u. Beschr. einiger Versteinerungen , p. 11, tab. 4-
M. Ruppell est le premier naturaliste qui ait connu et décrit ce fossile \ il en
a même publié une planche, en 1829, dans la brochure que je viens de citer. Sa
description, quoique très-exacte, rappelle cependant si bien l'ignorance complète où
Ton était à cette époque, sur une grande division du règne animal dont nous con-
naissons maintenant des centaines d'espèces, que je ne puis m'empêcher d'en donner
ici la traduction complète.
« Cuirasse remarquable (Vun animal fossile indéterminable j probablement de la
« classe des reptiles.
« J'ai reçu de la carrière de Deutingen une partie de la couverture écailleuse du
" corps d'un animal de fornie si remarquable, que l'on y reconnaît aussitôt un type
« différent de celui de tous les animaux connus, sans que l'on puisse pourtant déter-
« miner à quelle classe de Vertébrés a pu appartenir l'animal qui était jadis cou-
« vert d'une semblable cuirasse. Dans toute la pierre qui contient cette pièce cu-
« rieuse, on ne découvre absolument aucune trace de squelette ; et même la forme
<( générale de cette couche d'écaillés n'est pas de nature à jeter le moindre jour
« sur ce point. Chacune de ces écailles est de forme rhomboïdale, et leurs bords
« ont environ 8 lignes chacun. La coupe transversale de chaque écaille est ellip-
(f tiqiie, de manière que l'on peut les comparer à des cylindres comprimés. Les
t< séries que forment ces écailles se recouvrent comme des tuiles, par imbrication;
« le bord libre de chaque écaille, qui est aminci, se prolonge à l'angle latéral en une
« pointe mousse qui forme avec celle de l'écaillé avoisinante une saillie pyramidale.
« Chaque écaille présente, en outre, à l'un de ses bords latéraux elliptiques, un
« prolongement conique , et au liord opposé une échancrure de même grandeur ; au
<( moyen de quoi toutes les écailles sont articulées les unes aux autres. La surface
(f des écailles est complètement lisse, luisante, de couleur gris clair, et leur cas-
« sure foliacée et écailleuse. Sur toute la pièce les écailles sont à-peu-près de même
« grandeur ; plusieurs se sont détachées lorsqu'on a fendu cette plaque ; il me man-
'< que aussi tout un morceau de la contr'empreinte. On pourrait comparer la forme
" générale de cette peau écailleuse à la nageoire de quelque Chélonien ; et dans ce
« cas, une série isolée d'écaillés, divergeant latéralement, et se terminant en s'ar-
" rondissant, pourrait être envisagée comme un membre distinct, peut-être comme
— 252 —
« un orteil. Mais la grandeur presque uniforme de toutes les écailles rend cette
« hypotlièse très-incertaine. — Tous mes efforts pour découvrir d'autres fragmens
« de cet animal, ont été infructueux. »
En i832, M. Hermann de Meyer, dans son ouvrage intitulé Palœologicaj, a fait
aussi mention de ce fossile (page 208. ) Il en fait un genre à part, sous le nom de
Lepidosaurus , qu'il place avec doute dans sa première division des Sauriens. Yoici
comment il s'exprime à ce sujet (page 208) : « J'ai découvert en 1829, avec mon
'< Racheosaurus j des écailles si grandes et si fortes, qu'il est possible qu'elles aient
« fait partie des tégumens d'un grand saurien. C'est ce qui, toutefois, demeure
(' incertain, jusqu'à ce que l'on ait découvert des ossemens accompagnés d'écaillés
ff semblables, d'après lesquelles on pourra mieux juger de l'animal 5 car il est pos-
« sible aussi que ces écailles aient appartenu à un poisson. En attendant, je désigne-
« rai du nom de Lépiclosaure l'animal qui portait ces belles écailles -, sans rien pré-
(f juger, du reste, de la classe à laquelle il appartient. Krûger ÇJahrb. fur wis-
« senchaftl. Kritikj i83i, p. 191 ) a cru même reconnaître dans ces écailles une
« espèce de fucus, voisine, quoique différente, du Fucoides Brardii Al. Brogn.*
« ce qui n'est guère possible. »
A cette même époque , mes recherches sur les fossiles m'avaient déjà fait re-
connaître la classe, l'ordre et la famille auxquels l'animal dont il s'agit doit appar-
tenir. Dans un mémoire inséré dans le Jahrbuch de Leonh. et Bronn., ( i832, 2™''
cah. ) et que M. H. de Meyer cite dans les additions à la fin de son livre, j'avais
même déjà caractérisé le genre Lepidotus , auquel il appartient. Mais tels sont les ca-
ractères particuliers de ces anciens poissons dont j'ai fait plusieurs familles de mon
ordre des Ganoïdes, qu'il n'est pas surprenant qu'on ait souvent cru reconnaître des
reptiles dans le petit nombre de ceux qui avaient déjà alors attiré l'attention des
naturalistes.
La figure du fossile qui nous occupe maintenant , publiée par Ruppell , est si exacte
que je ne la reproduirai pas, bien qu'elle représente l'exemplaire le plus parfait
que je connaisse de cette espèce. Cependant, pour s'en faire une juste idée, il faut
la placer autrement qu'elle ne se présente en ouvrant le livre de mon savant ami. L'ex-
trémité de cette plaque comprise entre le N° de la planche et la signature du litho-
graphe, doit être tournée en bas, de manière à ce que les trois écailles hors de
série se trouvent en haut et sur la droite. De cette façon, les écailles se présentent
en séries obliques, comme on les voit dans leur position naturelle dans le Lepi-
dotus gigas représenté dans ma pi. 29, ou dans le L. semiserratiis de ma pi. 29 a.
En comparant ces figures entr'elles, on reconnaîtra bientôt la grande analogie que
présentent les trois poissons. Dans les deux tiers inférieurs de la planche de Ruppell,
— 255 —
on voit, comme dans les deux de mon ouvrage que je viens de citer, la face exté-
rieure de plusieurs rangées d'écaillés du côté droit du corps ; tandis que dans le tiers
supérieur on voit des écailles du côté gauclie par leur face intérieure. C'est dans
ces dernières seulement, que l'on distingue à leur bord supérieur les onglets ar-
ticulaires qui lient entr'elles toutes les écailles d'une même série. Plusieurs de ces
onglets étant brisés, on aperçoit en outre à leur bord inférieur les fossettes dans les-
quelles ils s'adaptent. Comme ces onglets articulaires surgissent de la partie interne
du bord supérieur, et que les fossettes correspondantes sont aussi à la face interne
du bord inférieur, il est naturel que l'on n'en voie aucune trace dans toutes les écailles
du côté droit qui se présentent sur cette plaque dans leur réunion naturelle. Il n'en
est pas de même des saillies obtuses que l'on voit tant en baut qu'en bas , au bord
postérieur de toutes les écailles , lorsque la série antérieure qui les recouvre en partie
dans l'imbrication est enlevée, comme c'est le cas de celles du bord droit dans la
figure de Piuppell. En effet, le bord antérieur des écailles de ce poisson est plus ou
moins écbancré, et ses angles supérieur et inférieur forment alors des saillies plus
ou moins prolongées et fléchies vers le côté supérieur du corps , et qui , par leur
juxta-position , forment les pyramides obtuses mentionnées par Ruppell. Chacune de
ces pyramides se compose d'un angle supérieur et d'un angle inférieur de deux écailles
contiguës. Dans ma pi. 3o, je n'ai représenté qu'une écaille détachée de ce poisson,
dont je dois le dessin au crayon habile de M. de Meyer ; dans la lig. 8, elle est re-
présentée par sa face intérieure, de manière à faire voir son onglet articulaire et
la fossette de son bord inférieur, et sa partie moyenne offre une quille arrondie
peu saillante, qui s'étend transversalement de l'onglet à la fossette, et qui forme
ainsi une arête mousse sur toutes les écailles d'une même série. Dans la fig. 7, on voit
cette écaille par sa face extérieure , et l'onglet articulaire y est également visible ,
parce que l'écaillé supérieure qui le recouvx'ait n'est pas représentée. Cette face exté-
rieure est recouverte d'émail dans toute la partie de son étendue qui n'était pas ca-
chée par l'imbrication. Dans la fig. 9, la ligne noire qui borde la coupe transversale
de l'écaillé, indique l'étendue et l'épaisseur de cet émail. Le bord postérieur des
écailles présente deux ou trois ondulations, surtout vers son angle inférieur; une
partie de la face extérieure de ce côté de l'écaillé, participe aussi à cette inégalité.
C'est ce qui m'a fait choisir le nom de h. unguiculatus pour désigner cette espèce.
Quant à la structure intérieure de ces écailles, elle présente des lames osseuses
assez minces, mais nombreuses, déposées les unes sous les autres comme les lames
cornées des écailles de la plupart des poissons vivans, et qui se détachent incom-
plètement lorsqu'on les brise. L'épaisseur ordinaire des écailles est d'une ligne à
une figue et demie.
— 254 —
Cette espèce ne se trouve pas seulement dans les schistes de Solenhofen ^ j'en ai
vu de nombreuses e'cailles détachées provenant de Stonesfield , dans les collections du
D'' Buckland, du comte de Munster, de Lord Cole et de Sir Phil. Egerton. J'en
ai même fait figurer une de cette dernière collection , appartenant à un individu con-
sidérablement plus grand que celui de Deutingen ; elle se trouve dans mes cahiers
supplémentaires jiab. agc^fig. i.
IX. LePIDOTUS LyEVIS Ag.
4
Vol. 2. Tab. 29 Cj fig. 4? 5 et 6. ( Cah. suppl. )
Je ne connais encore que deux fragmens de cette espèce, savoir, une écaille et une
partie d'un rayon de nageoire, qui m'ont été communiqués par Mr. le Prof. Hugi,
et qui proviennent du calcaire portlandien des environs de Soleure, des mêmes
couches que celles qui contiennent de si nombreux débris de tortues, dont le Musée
de Soleure possède le plus belle collection qui existe. Cette espèce se rapproche à
bien des égards du L. iinguiculatus ; cependant, parmi les nombreuses écailles que
j'ai vues de ce dernier , n'en ayant trouvé aucune qui fût identique avec celle de
Soleure, je me crois autorisé à l'envisager comme une espèce particulière.
Le caractère le plus saillant que présente cette écaille (fig. 4) j c'est que la partie
de sa surface qui est recouverte d'émail est sensiblement plus large que longue ;
l'écaillé tout entière est même plus haute que ne le sont ordinairement celles des
Lepidotus. Sa face extérieure est complètement lisse et très-polie; au bord antérieur
seulement, on aperçoit quelques rugosités granuleuses. Tous les bords extérieurs
sont droits ; le bord postérieur même est parfaitement lisse sans la moindre trace
d'ondulation; ce qui distingue surtout cette espèce du L. imguicidatus. L'onglet
articulé est très-en arrière, environ à la hauteur de la limite de l'émail. Celui-ci,
comme toute l'écaillé, est épais (fig. 5). La partie osseuse de l'écaillé qui était re-
couverte dans l'imbrication, est fortement échancrée.
La fig. 6 représente un fragment de rayon de nageoire, qui a été trouvé avec
récaille que je viens de décrire. Comme ce rayon offre tous les caractères des rayons
de Lepidotus j on peut envisager comme certain qu'il provient du même poisson que
l'écaillé. Malheureusement ce n'est pas un rayon entier; il n'y a même de conservé
que la moitié droite de sa pavtie inférieure. Je crois cependant pouvoir affirmer que
c'est un rayon de la dorsale, assez semblable à ceux du bord antérieur de cette
nageoire que j'ai observés chez le L. Fittoni. Son extrémité articulaire est arrondie;
sa face extérieure est convexe et recouverte d'une large bande d'émail à sa partie an-
térieure, tandis que sa face interne est plate.
Ces deux fragmens ont été déposés au Musée de Soleure par Mr. Hugi.
— 2o5 —
X. Lepidotus palliatus Ag.
Vol. 2. Tab. 29 Cj fig. 2 et 3. fCah. suppl.J
Lord Cole possède dans sa collection deux écailles de Lepidotus _, très-difïérentes
de toutes celles que j'ai déjà décrites, et qui doivent avoir appartenu à une espèce
gigantesque. Elles ont été trouvées dans la glaise, sur la plage entre la tour d'ordre
et le moulin Hubert, à Boulogne-sur-mer. Leur forme est rhomboïdale; la plus
grande (fig. 3), qui provenait sans doute du milieu des flancs, est plus carrée que
la petite (fig. 2), qui provient probablement du pédicule de la queue. Quoique ces
deux écailles différent passablement dans leur aspect, j'ai cependant la conviction
qu'elles appartiennent à la même espèce, non point seulement parce qu'elles ont
été trouvées ensemble, mais encore parce que la surface de leur émail présente
vers son milieu de très-petits tubercules semblables. D'ailleurs, la petite écaille
est lisse ; mais il n'en est pas de même de la grande : bien que rugueuse vers son
centre, elle présente des arctcs arrondies, scparccs par des sillons peu pi'ofonds,
divergeant vers le bord postérieur en s'élargissant, et formant comme un faisceau
pyramidal de baguettes faisant corps avec la surface de l'écaillé. Ces rayons ne
s'étendent cependant pas jusqu'aux angles postérieurs de l'écaillé, qui sont lisses et
arrondis-, mais ils forment une espèce de feston au milieu du bord postérieur. Le
reste de la surface de l'émail est lisse, comme dans la petite écaille. Au bord su-
périeur de la grande, on voit à la hauteur de la limite de l'émail la partie inférieure
d'un grand onglet articulaire brisé. Son bord antérieur est également endommagé;
ensorte qu'il n'est pas possible de s'assurer comment il était échancré. Dans la
petite écaille, ce bord est droit; ce qui confirme mon opinion qu'elle était placée sur
le pédicule de la queue.
A en juger par les dimensions de ces écailles, comparées à celles des espèces de ce
genre dont je connais des exemplaires entiers, et en tenant compte des légères dif-
férences que présentent les écailles chez différentes espèces dans leurs proportions
avec la grandeur du corps, on peut en conclure que le L. palliatus avait au moins
deux pieds de large sur huit pieds de long ; dimensions auxquelles les plus grands
Lépidostées sont loin d'atteindre.
— 256 —
LePIDOTUS RADIITUS Ag.
Vol. 2. Tab. 3o, fig. 2 et 3.
Je ne connais encore de cette espèce que les fragmens représentés dans la pi. citée, et
qui sont déposés au Musée de Paris, sans indication de gisement ni d'origine. Ce-
pendant ils ressemblent trop aux espèces suprajurassiques de ce genre, pour qu'il
soit permis de douter qu'ils proviennent de la même formation. A certains égards,
le L. radiatus se rapproche beaucoup du palliatus : la face extérieure de ses écailles-
présente également des sillons divergens vers le bord postérieur. Mais ce en quoi
cette espèce diffère considérablement, c'est que ces sillons sont de simples rainures
dans l'émail, qui, loin de partir d'un même point pour diverger insensiblement,
vont en augmentant de nombre ^ vers le bord postérieur, et que les côtes comprises
entre ces rainures sont plates. Cependant le bord postérieur est aussi ondulé; mais
la surface de l'émail est parfaitement lisse, même à son bord antérieur et sur le
milieu. Une autre différence notable qui existe entre le L. palliatus et le radiatus,
c'est que dans celui-ci la surface émaillée de l'écaillé est équilatérale , et la partie
recouverte par l'imbrication très-allongée ; ce qui donne au diamètre longitudinal
des écailles une dimension beaucoup plus considérable qu'à leur diamètre trans-
versal. Cette partie cachée est fortement échancrée, et se termine en avant en deux
grosses pointes mousses ; on les voit très-bien à l'écaillé détachée que représente
la lig. 3, et aux écailles inférieures et postérieures du fragment, fig. 2. Au bord
supérieur de l'écaillé de la fig. 3, on remarque vm très-gros onglet articulaire, court
et très-large à sa base, et placé de manière qu'il se trouve moitié en avant et moitié
en arrière de la limite de l'émail. Cette pièce est la plus grande que j'aie vue de
ce poisson; les écailles qu'elle contient indiquent un poisson de plus d'un pied de
large, et dont la longueur était probablement plus considérable, à proportion, que
celle des autres espèces du genre.
Ces fragmens proviennent probablement de quelque terrain jurassique du nord
de la France.
XII. Lepidotus tuberculatus a g.
Vol. 2. Tab. 29 Cj fig. 7. (Cah. suppl.)
L'écaillé que représente cette figure est la seule que je connaisse de cette espèce;
elle a été trouvée à Stonesfield par M. le Prof. Buckland, et est déposée au Musée
d'Oxford. Sa forme singulière me fait supposer qu'elle provient de la série qui suit
— 237 —
immédiatement la ceinture thoracique, et même que c'est l'une de ces écailles
dift'ormes de la série qui se trouve au dessus des pectorales , près de leur in-
sertion, et qu'elle était recouverte en avant par l'angle de l'humérus. Ce qu'il y
a de certain, c'est que c'est une écaille du côté gauche du tronc. Sa partie anté-
rieure, qui n'est pas émaillée, est fortement échancrée, et son angle inférieur se
prolonge en une longue apophyse obtuse. Sa partie émaillée est courte, proportionnel-
lement à la hauteur considérable de l'écaillé; et bien que son bord postérieur soit
endommagé, la courbure assez régulière de sa partie supérieure fait assez présumer
quelle était sa forme complète. Son angle postérieur formait probablement une
saillie obtuse, semblable à celle des grandes écailles analogues que nous avons
appris à connaître dans le h. gigas (tab. 28). L'épaisseur de ces plaques écail-
leuses est en général moins considérable, proportionnellement, que celle des écailles
des flancs; aussi n'est-il point surprenant que malgré ses dimensions gigantesques,
la pièce que je viens de décrire ne soit pas sensiblement plus épaisse que la plupart
des écailles des grands Lepidotus. Toute la surface de l'émail est couverte de tuber-
cules inégaux et irréguliers.
D'après les dimensions de cette écaille , il est probable que le poisson auquel elle
a appartenu avait une dizaine de pieds de long, sur plus de deux pieds de large.
M. Buckland possède encore une autre grande plaque semblable, provenant du
Lias de Lyme Régis, mais appartenant probablement à une autre espèce. Si je
parviens à m'en procurer un exemplaire mieux conservé, j'en donnerai plus tard
la description.
XIII. Lepidotus notopterus Ag,
Vol. 2. Tab. 35.
Sir Phil. Egerton et Lord Cole possèdent dans leurs collections les deux plaques
du seul exemplaire complet que je connaisse de cette espèce. Celle que j^'ai fait figurer
appartient à Sir Phil. Egerton. Il en existe aussi des fragmens de tête au Musée de
Baie. Ce poisson paraît être fort rare, puisque je n'en ai trouvé aucune trace dans
les diverses collections d'Allemagne. Pourtant il provient des schistes de Solenhofen.
C'est du L. minor de Purbeck, que cette espèce se rapproche le plus, tant par sa
forme que par sa taille ; cependant elle en diffère beaucoup dans les détails.
Cette espèce est intéressante à plus d'un égard ; et l'exemplaire figuré m'a fait con-
naître en particulier plusieurs caractères génériques que je n'avais point remarqués
dans d'autres espèces. Tous les os de la face étant disloqués, et la plupart se présen-
tant par leur face interne, j'ai reconnu qu'il y avait des dents sur tous ceux qui
forment les parois de la cavité buccale. La tête paraît être de moyenne grandeur;
ToM. II. 34
— 258 —
son profil fait suite à la nuque en formant avec elle une ligne peu arquée. Le museau
paraît avoir été arrondi. La surface des os du crâne est complètement lisse. L'orbite
est proportionnellement très-grande. Les sous-orbitaires et les plaques buccales,
qui sont refoulées au dessus du cr^ne , sont assez étroites et assez petites. L'oper-
cule , refoulé au dessus de la nuque , se présente par sa face interne; il est étroit et
beaucoup plus haut que long. On voit à son extrémité deux larges rayons branchiostè-
gues. Le vomer , qui forme la saillie arrondie du bout du museau, est garni à sa face
inférieure de petites dents arrondies. En arrière et au dessous de cet os, on aperçoit
le palatin gauche, dont la surface est armée de dents toutes semblables; il y en a
aussi de pareilles sur les intermaxillaires. L'un de ces os se voit en avant et au des-
sous du vomer, qu'il déborde. Les maxillaires supérieures en offrent de plus grandes
le long de leur bord; ces deux os sont brisés, et leurs fragmens ont glissé en avant.
Les deux maxillaires inférieurs sont mieux conservés ; on les voit les deux par leur
face interne ; celui de droite est en arrière et en dessous du plus grand fragment des
maxillaires supérieurs; celui de gauche, placé verticalement, est en arrière de celui
de droite. A la face interne de ces deux os se voient plusieurs rangées de dents ar-
rondies, généralement plus grandes que celles delà mâchoire supérieure, mais dont
les externes sont cependant plus petites que les internes. Derrière la tête on voit
une portion de l'opercule et l'humérus gauche, parleur face interne; et sous l'angle
arrondi de celui-ci , une partie des écailles du côté gauche , aussi par leur face interne ;
l'angle supérieur de leur racine est très-allongé. A la nuque oii voit également plu-
sieurs rangées d'écaillés par leur face interne, et l'on y remarque de gros onglets ar-
ticulaires obtus. Du reste, tout le poisson présente la surface extérieure de son côté
droit. La partie antérieure du tronc est très-large; mais le pédicule de la queue se
rétrécit considérablement. Les écailles des flancs sont plus grandes que celles de la
queue, et un peu plus hautes que longues ; celles des bords du ventre sont plus allon-
gées. La surface de toutes les écailles est parfaitement lisse, et leurs bords sont
entiers. Leur angle inférieur et postérieur est pointu, tandis que le supérieur est
arrondi.
Ce qui caractérise surtout cette espèce, c'est la série de très-grands fulcres qu'il
y a au bord antérieur de la dorsale ; ce qui lui a valu de ma part le nom de Notopter
rus. Les rayons de la dorsale sont d'ailleurs de moyenne grandeur, fréquemment
divisés et articulés de très-près. La caudale est fourchue ; tandis que dans les au-
tres espèces elle n'est que plus ou moins échancrée; ses rayons sont plus gros que
ceux de la dorsale; les fulcres de son bord supérieur sont beaucoup plus petits que
ceux de son bord inférieur. On ne voit de l'anale que quelques rayons très-divisés ;
elle est plus reculée que la dorsale. Vis-à-A'is du bord antérieur de la dorsale, on
— 259 —
distingue quelques rayons brisés, qui indiquent le point d'insertion des ventrales.
La pectorale droite, qui est refoulée sous le ventre, montre que les nageoires tliora-
ciqucs étaient très-allongées^ ses rayons sont plus gros que ceux de la dorsale; mais
les lulcres qui s'étendent le long de son bord extérieur sont plus petits.
XIV. Lepidotus oblongus Ag.
Vol. 2. Tab. 34 a, (Cah. siippl.^
Il existe au Musée cle Munich plusieurs grands fragmens d'un Lepidotus provenant
de Solenliofen, et qui diffère beaucoup du L. notopterus de la même localité. Mais
comme aucun de ces exemplaires n'est assez bien conservé pour donner une juste idée
de ses formes, je me suis borné pour le moment à en faire représenter quelques par-
ties, dans l'espoir que les reclierclies assidues de M. le comte de Munster me four-
niront plus tard les moyens d'en publier une bonne figure dans un de mes Cahiers
supplémentaires.
Cette espèce atteignait des dimensions considérables, comme le prouvent deux
plaques correspondantes du Musée de Munich, où le tronc, depuis la tête jusqu'à
l'insertion de la caudale, mesure plus de deux pieds. On y distingue les deux ven-
trales, qui sont très-grandes; le long de leur bord extérieur se voient de gros fulcres;
les os du bassin auxquels elles s'attachent, ont la forme d'un triangle très-allongé.
On y voit aussi quelques traces de l'anale. D'autres fragmens montrent que la dor-
sale était formée de gros rayons , de même que les pectorales, dont les fulcres sont
gros et courts. Les os de la ceinture thoracique sont fortement striés longitudinale-
ment. La caudale (fig. 3) est large et fourchue; son lobe inférieur est très-développé,
il est même plus grand que le sxqDérieur; ses rayons sont de moyenne grandeur, très-
bifurqués jusque vers le milieu de leur longueur; il y en a i/j. au lobe infériexu', et
i5 au lobe supérieur. Les fulcres des bords de cette nageoire sont très-serrés, assez
gros à sa base, mais très-fins à l'extrémité de ses rayons extérieurs. Cette queue est
très-intéressante, en ce qu'elle fait voir comment les apophyses épineuses inférieures
sont développées dans les Ganoïdes homocerques, chez lesquels la colonne verté-
brale se prolonge dans le lobe supérieur de la caudale. On remarque en effet, que les
apophyses épineuses inférieures d'une dizaine des dernières vertèbres caudales sont
tellement allongées, que leurs extrémités forment un arc vertical auquel s'attachent
tous les rayons du lobe inférieur de la nageoire; tandis que les rayoï^s du lobe su-
périeur sont articulés sur des apophyses épineuses de plus en plus courtes. L'extré-
mité de toutes ces apophyses est aplatie et dilatée en forme de spatule. Ce n'est ce-
pendant qu'avec doute que je rapporte cette caudale au L. oblongus, n'ayant trouvé
— 260 —
sur ce fragment aucune écaille , ni aucune autre pièce qui ait pu me donner la certi-
tude qu'elle appartient à la même espèce que les autres fragmens susmentionnés. Il
serait donc encore possible qu'elle appartînt à une autre espèce de ce genre.
Les écailles du Z. oblongus sont petites, proportionnellement à sa taille; j'en ai
compté 35 dans une série dorso-ventrale du grand exemplaire de Munich. Elles sont
généralement plus longues que hautes; leurs bords supérieur et inférieur sont droits,
ainsi que le bord postérieur qui est finement dentelé. La fig. i en représente plu-
sieurs de grandeur naturelle, et la fig. 2 une grossie.
L'opercule est grand, à-peu-près carré. Le subopercule a aussi des dimensions con-
sidérables. Il m'a été impossible d'étudier les autres os de la tête.
Cette espèce est déjà mentionnée au Feuilleton, page 10. ^
XV. Lepidotus MmoR Ag.
Vol. 2. Tab. 34.
Ce poisson est très-commun à Swanage dans l'île de Purbeck, dans les couches qui
portent le nom de calcaire de Purbeck. Tout récemment M. Roemer en a découvert
des fragmens dans les environs d'Hildesheim. J'en ai vu un très-grand nombre d'exem-
plaires presque parfaits, au Musée Britannique, dans la collection de la Société Géo-
logique de Londres, au Musée d'Oxford, et dans la collection de M. Strickland.
L'exemplaire que j'ai fait dessiner avant mon premier voyage en Angleterre, et qui
est représenté tab. 34, se trouve dans la collection de l'Ecole des Mines à Paris; il
ne donne pas une idée complète de cette espèce; la dislocation des écailles le fait pa-
raître plus large qu'il n'est réellement. Les os de la tête et les écailles qu'on y voit
ne se montrent que par leur face interne; et la plupart des écailles n'ont laissé que
leur empreinte. La plupart des exemplaires que j'ai vus ont environ un pied à quinze
pouces de long.
Sa forme est celle de la plupart des Lepidotus; il est oblong et presque fusiforme
à cause du rétrécissement du pédicule de la queue et parce que la tête est moins grosse
que le tronc n'est large dans sa partie la plus élevée. C'est des espèces sveltes du
genre qu'il se rapproche plutôt que des trapues. La tête a quelque chose de particulier
dans son aspect; elle paraît moins obtuse que celle des grands Lepidotus du Lias,
parce que les mâchoires sont moins arrondies ; la mâchoire inférieure surtout dont
l'apophyse coronale est très-élevée, se rétrécit considérablement vers la symphyse
mentale. Les dents que l'on remarque à son bord sont allongées, cylindracées et ob-
tuses. L'orbite est de moyenne grandeur, entourée de sous-orbitaires plus petits que
les plaques qui recouvrent les joues. Le front est très-voûté, surtout au-dessus de
— 261 —
l'orbite. Le préopercule est étroit, l'opercule très-élevé, le subopercule est beaucoup
plus petit, surtout plus étroit proportionnellement, et offre une longue brandie mon-
tante fort étroite entre le préopercule et l'opercule; l'interopercule est aussi petit.
La surface de tous ces os, ainsi que celle des plaques buccales, des sous-orbitaires
et des os du crâne est ornée de petits tubercules arrondis et très-peu rapprochés les
mis des autres; c'est plutôt une granulation clairsemée. Comme on ne voit que la
surface interne des os de la tête dans l'exemplaire de ma planche, ils y paraissent
naturellement tous parfaitement lisses. La ceinture thoracique est très-vigoureuse,
l'humérus surtout qui forme une large saillie au-dessus de l'insertion des pectorales;
sa surface est complètement lisse.
Toutes les écailles sont lisses, elles sont toutes à-peu-près aussi hautes que longues;
celles du pédicule de la queue seulement sont un peu plus longues que hautes, fig. 3,
et en forme de losanges; leurs bords sont tous entiers, il n'y pas même d'onglets ni
de fossettes articulaires , elles se tiennent seulement par des bords obliques les unes
aux autres ; celles des côtés au dessous de la dorsale sont équilatéraleSj leur bord
antérieur caché par l'imbrication est légèrement échancré et les bords supérieurs
et inférieurs ont de petits onglets articulaires correspondant à des fossettes aussi peu
marquées; mais celles de la partie antérieure du tronc et surtout des côtés du ventre
fig 2 et 4 sont très-échancrées à leur bord antérieur, de manière à former deux cornes
obliqueSj et leurs onglets et fossettes articulaires sont très-développés : leur partie
émaillée et visible est plus haute que longue; mais mises entièrement à découvert,
toutes ces écailles sont cependant plus longues que hautes. Le long du milieu du dos
on remarque une série d'écaillés impaires oblongues, arrondies à leur bord postérieur
et plus ou moins échancrées à leur bord antéi'ieur. Sous les écailles des flancs on
aperçoit souvent des traces de côtes qui sont assez grêles, mais longues.
Les nageoires sont proportionnellement très-gi-andes, les ventrales excepté qui sont
très-petites ; la dorsale surtout est très-développée , les rayons sont même plus gros
que ceux des autres nageoires; à son bord antérieur il y adesfulcres immenses, dont
les premiers passent en écailles impaires du milieu du dos et dont les suivans sont in-
sérés le long du plus grand des rayons bifurques. Ces fulcres sont plus grands qu'au-
cun des rayons proprement dits de la nageoire; ceux-ci, au nombre de lo à i2j sont
profondément bifurques et se subdivisent à leur extrémité. Je n'ai vu dans aucun
exemplaire la caudale bien développée. L'anale a la même structure que la dorsale, seu-
lement elle est plus petite; ces deux nageoires ont une position très-reculée, cepen-
dant l'anale est plus en arrière que la dorsale , c'est-à-dire qu'elle commence environ
vis-à-vis de son milieu. Les pectorales sont très-grandes, leurs rayons sont long-
temps simples et ont des articulations transversales très-rapprochées ; les fulcres de
— 262 —
leur bord sont très-développés , cependant ils sont beaucoup plus petits que ceux des
nageoires impaires.
J'ai vu à l'école des mines de Paris et chez M. Vollz des écailles détachées prove-
nant de Stonesfield qui ne m'ont paru différer en rien de celles du Lepidotus minor
de Purbeck. J'ai également vu dans les collections dii P. Buckland et de M. Strickland
des mâchoires inférieures provenant du calcaire de l'île de Portland qui ressemblent
beaucoup à celles du Lepidotus minor; mais comme elles sont de dimensions assez
considérables et que je n'ai pu y découvrir de dents, j'hésite à les rapporter à cette
espèce. J'en ai fait représenter un exemplaire, celui de M. Strickland, Tab. 27, fig. 8.
L'apophyse coronale est arrondie et fait saillie en arrière ; mais on voit mieux cette
partie dans l'exemplaire de M. Buckland; sur le milieu du côté de l'os dentaire il y a
une saillie arrondie et longitudinale qui se rétrécit vers la symphyse mentale qui se
perd du côté de l'os articulaii'e qui n'existe pas dans l'exemplaire figuré : enfin vers le
bord inféi'ieur on remarque une série de trous obliques dont les antérieurs sont les
plus petits et les plus courts et dont les suivans sont plus longs et plus étroits, qui sei'-
vaient d'issue à la branche mandibulaire du canal muqueux.
XVI. Lepidotus mantei.lii Agass.
Vol. 2. Tab. 3o, fig. 10 à i5, Tab. 3o c. Fig. i à 7; Tab. 3o Z> fig. 2, et Tab. 3o<7.
fig. 4? 5 et 6.
Cette espèce est une des plus intéressantes que je connaisse ; c'est du moins celle
à laquelle j'attache le plus d'importance parce qu'elle a été pour moi la pierre de
touche de la validité des inductions que l'on peut tirer de l'analogie , dans la classe des
poissons. En effet, lorsque je publiai ma seconde livraison en février 1834, j^ ^^ con-
naissais encore que quelques écailles de cette espèce que j'avais vues au Musée de
Stuttgardt et qui sont représentées Tab. 3o, fig. lo à i5. Je ne connaissais également
aloi's qu'une seule espèce bien conservée du genre Lepidotus, le L. Gigas du Lias de
BoU, et cependant je n'avais pas hésité un instant à établir dans mon tableau synop-
tique des Ganoïdes, i"^ livraison, septembre i833, plusieurs espèces de Lepidotus
distinctes d'après des fragmens, souvent très-incomplets, qui toutes ont été confir-
mées depuis par la découverte d'exemplaires .plus ou moins bien conservés. Mais
c'est sur le Lepidotus Mantellii que je possédais alors le moins de renseignemens ,
puisque je n'en avais vu que cinq ou six écailles détachées , dont les plus parfaites
sont celles que j'ai figurées dans la planche citée. Quoique je ne possède point encore
maintenant d'exemplaire entier de cette espèce, j'en ai cependant vu a-peu-près toutes
^ les parties détachées, et il est évident même déjà d'après les pièces que j'ai repré-
— 263 —
sentées Tab. 30c, et d'après d'autres que j'ai observées dans la collection de M. Mantell .
que la position que je lui avais assignée de prime abord lui est définitivement acquise. Mes
prévisions se sont même si bien confirmées à cet égard , que j'ai tout lieu de regretter dans
celte circonstance, comme dans une foule d'autres encore, que la lenteur, avec laquelle je
suis obligé de publier mon ouvrage ne m'ait pas permis de faire connaître les résultats de mes
premières investigations . avant que les rapprocbemens que j'avais établis ne fussent confir-
més par des pièces plus parfaites. C'eût été fréquemment un triomphe pour les lois d'induction
tirées de l'observation consciencieuse des analogues, lois que l'on cherche maintenant si fré-
(juemment à décréditer à cause de l'abus qu'on en a fait.
Le Lepidotus Mantellii est une espèce qui atteint des dimensions très-considérables. Le
fragment représenté Tab. 30 c, fig. i indique un individu de très-grande taille, car il a
plus d'un pied de haut et trois à quatre pieds de long. M. Mantell possède une portion d'un
autre exenq)laire bien plus grand encore , dont le pédicule de la queue a environ un pied de
largeur à la naissance de la caudale , ce qui suppose un poisson de la largeur de trois pieds sur
une longueur de dix à douze pieds. Le squelette est en rapport avec la taille du poisson. Les
os sont tous très-robustes et les écailles très-épaisses. Des circonstances favorables m'ayant
permis de comparer toutes les parties que je possède de cette espèce avec les pièces corres-
pondantes du L. Fittoni, que l'on trouve dans la même formation et dans les mêmes localités,
j'aurai soin de les décrire comparativement, afin de prévenir toute confusion.
La tête du Lepidotus Mantellii est proportionnellement plus grande et surtout plus large
que celle du Lepidotus Fittoni. Les pièces operculaires , en particulier, Tab. 30 c, fig. i ,
ont une forme très'-difïerente ; l'opercule qui est beaucoup plus haut que large, a son bord
antérieur presque droit, tandis que dans le Lepidotus Fittoni il est fortement échancré; son
bord inférieur qui est également droit et qui ne s'arrondit qu'à l'angle postérieur, est beau-
coup plus long que le bord supérieur. Toute la surface de cet os est ornée d'une grosse
granulation en forme de petits tubercules détachés. Il en est de même du subopercule qui
est comparativement étroit, mais dont la branche montante est très-grosse, pointue et lé-
gèrement inclinée vers le bord supérieur de cet os, tandis que dans le Lepidotus Fittoni , elle
est plus courte et forme un angle droit avec le bord supérieur. L'interopercule est également
étroit et tuberculeux. Le préopercule est lisse sur toute sa surface, sauf à son angle postérieur,
où l'on remarque quelques petits sillons verticaux assez rapprochés; sa branche montante,
qui se rétrécit un peu dans la partie supérieure , forme presque un angle droit avec la
branche horizontale , ce qui rend l'angle postérieur assez saillant , tandis que dans le Lepi-
dotus Fittoni tout cet os est plus arqué et l'angle de ses branches plus ouvert. Le temporal
a la forme d'un coin qui se rétrécit insensiblement à sa partie inférieure ; les os de l'arcade
palatine ne sont pas assez bien conservés pour que j'aie pu en étudier les formes. En re-
vanche, nous sommes à même d'établir une comparaison directe entre le frontal des deux
espèces, d'après les deux pièces figurées dans notre Tab. 50 6, dont l'une (fig. 2) re-
TOM. H. l"^" PARTIE.
— 264 —
présente le frontal gauche du L. Mantellii, tandis que l'autre (fig. 3), représente le frontal
droit du L. Fittoni. Dans le premier, le bord interne (inférieur dans la figure) n'est pas
aussi droit que celui du Lepidotus Fittoni (supérieur dans la figure); il présente en outre
une large sinuosité en arrière et deux échancrures vers sa partie antérieure , ce qui prouve
évidemment que les deux frontaux n'étaient pas aussi égaux que ceux du Lepidotus Fittoni.
Son bord externe (supérieur de la figure) au contraire, est beaucoup plus uniforme que
celui du Lepidotus Fittoni; il n'y a qu'une légère échancrure, tandis que cette même échan-
crure est beaucoup plus marquée dans l'autre espèce (fig. 3); enfin l'extrémité antérieure
du frontal est lacérée dans le Lepidotus Mantellii, tandis qu'elle est tronquée dans le Lepi-
dotus Fittoni.
Les fragmens de mâchoires (Tab. 30c fig. 2 et 3) que j'ai remarqués dans la collection de
iVI. Mantell, confirment encore les différences que j'ai reconnues entre le L. Mantellii et le
L. Fittoni. Les dents du L. Mantellii ont une forme particulière; au lieu d'être hémisphé-
riques , elles sont terminées en pointe à leur sommet , ce qui leur donne une apparence mu-
cronée, qui en rend la détermination très-facile et qui permet surtout de les distinguer des
dents isolées de Pycnodontes. Le fragment de mâchoire figuré représente «ne portion de
la mâchoire inférieure gauche, que j'ai tout lieu de croire identique avec le tronc de fig. 1,
car il a été trouvé dans la même localité. Je rapporte également à cette espèce les fig. U , 5
et 6 de Tab, 30a, bien qu'elles soient moins pointues.
Les écailles sont grandes et en forme de parallélogrammes assez réguliers sur toute la
partie antérieure des flancs. Celles qui avoisinent la ceinture thoraeique ont leur surface dis-
tinctement plissée (fig. U), tandis que celles qui recouvrent les flancs un peu plus loin sont
parfaitement lisses. D'après cela, il faut envisager les écailles isolées de Tab. 30 fig. 12, 13
et il, comme provenant de la région de la ceinture thoraeique, et celles de fig. fO et H
de la même planche comme provenant des flancs. Ces deux dernières écailles nous montrent
une partie de leur racine ou de cette portion qui est recouverte par la superposition des
autres écailles, et qui est ici très-considérable. Les fig. S , 6 et 7 de Tab. 30c représentent
également plusieurs écailles des flancs a\ec leur racine.
Tous les fragmens figui'és font partie de la collection de M. Mantell. Ils proviennent tous
sans exception des couches de Hastings, qui font partie de la formation weldienne d'Angle-
terre. Lors de la publication de son ouvrage sur les fossiles de Tilgate, M. Mantell n'^i
connaissait que quelques écailles et quelques dents qu'il a représenté PI. S et PI. dO de son
livre. Ce n'est que plus tard qu'il a découvert à Darvel's Wood près de Battel, à Hastings,
à Cooksbridge , à Tunbridge Wells , etc. , les beaux fragmens que nous venons de décrire.
— 265 —
XVII. Lepidotits Fittoni Agass,
Vol. 2, Tab. 30fl (excl. fig. 4, 5 et 6) ïab. 306 ; (excl. Hg. 2), et Tab. 50, fig. 4, 5 et 6 ,
(sous le nom de L. subdenticulatus).
Au premier abord , cette espèce paraît identique avec le L. Mantellii que nous venons de
décrire. Nous avons déjà fait ressortir , à propos de cette dernière espèce , quelques-unes des
différences qui les distinguent , entre autres celles qu'on découvre dans la forme des os de
la tète et de l'appareil operculaire (voy. p. 264). Mais ces parties du corps sont rarement
conservées; il importe par conséquent de rechercher s'il n'existe pas dans les parties moins
destructibles , telles que les écailles et les nageoires , des différences qui puissent servir à ca-
ractériser l'espèce. Dans l'origine , je ne connaissais de ce poisson que les quelques frag-
mens qui se trouvent dans la collection du Muséum de Paris, et voyant qu'elles différaient
de toutes les espèces connues , je les fis représenter sous le nom de Lepidotus subdenticulatus
(Tab. 50 fig. k, ^ et 6), envisageant le petit nombre de dentelures qui se trouvent à
la partie inférieiu'e du bord postérieur , comme un caractère spécifique. Plus tard je
trouvai dans la collection de M. Cumberland un exemplaire qui présentait la plus grande
ressemblance avec mes fragmens, mais qui en différait, en ce que les écailles étaient den-
telées tout le long de leur bord postérieur. Je ne tardai cependant pas à me rendre compte
de ces différences, car j'avais appris par l'étude d'autres espèces de Lepidoïdes, qu'il existait
souvent des différences encore plus frappantes entre les écailles d'un seul et même poisson ,
suivant la région du corps d'où elles proviennent. Je vis dans l'échantillon de M. Cumber-
land un fragment provenant des côtés de la région moyenne du corps, et dans celui du
l\Iusée de Paris une portion de la région caudale. Il me paraissait même assez probable,
d'après l'état de conservation de ces fragmens et la nature de la roche qui les entoure ,
que c'étaient des lambeaux d'un même individu, d'autant plus que je croyais me rappeler que
M. Cumberland avait fourni à Cuvier une partie de ses doubles.
Ces prévisions devaient recevoir une éclatante confirmation par un exemplaire d'une rare
perfection qui montre ces diverses formes d'écaillés sur un même individu. Aussi je n'ai pas
craint de lui consacrer deux planches, en le représentant de profil (Tab. 50 «) et par la face
supérieure (Tab. 50 6). On voit par là que le poisson qui nous occupe n'était pas seulement
large et grand, mais qu'il avait aussi une épaisseur considérable. Les écailles des flancs qui
avoisinent l'appareil operculaire sont sensiblement plus hautes que longues et fortement den-
telées, surtout leur bord postérieur. Plus en arrière, ces dentelures deviennent moins nom-
breuses , plus irrégulières et s'effacent même complètement. Les écailles de la région dor-
sale sont en général moins grandes que celles des flancs ; celles de la rangée médiane du dos
ont une forme tout-à-fait particulière : les premières sont circulaires et usées , mais il se dé-
ToM. II. 35
— 266 —
veloppe bientôt sur les suivantes une carène longitudinale qui donne lieu à un prolongement
en forme d'éperon de plus en plus saillant (Tab. 306 iig. 1). Enfin l'appareil operculaire , au
lieu d'être tuberculeux , comme celui du L. Mantelli, est parfaitement lisse.
Il existe à la Société géologique de Londres un autre fragment très-intéressant , qui con-
tient la partie antérieure de la dorsale , et qui m'a servi à compléter la description de ce
poisson. Le nombre des rayons dorsaux que l'on voit est de cinq seulement; le premier est
le plus simple, les autres sont de plus en plus dichotomés. Les articulations transversales
sont fort rapprochées proportionnellement à l'épaisseur et à la grandeur des rayons. Mais ce
qu'il y a de plus intéressant , ce sont douze gros rayons raides, situés en avant du premier
rayon articulé et dont les cinq premiers, qui sont les plus gros, sont implantés dans la ligne
dorsale de la même manière que les rayons ordinaires ; les sept autres sont placés comme
de simples fulcres sur le premier rayon dichotomé. Les uns et les autres sont composés,
comme les rayons eux-mêmes, de deux parties latérales, paires. Leur base est arrondie et
non émaillée ; le cinquième est le plus long. Je donnerai une figure de cette nageoire re-
marquable dans l'un de mes premiers Supplémens.
Quant aux dents, nous avons vu qu'elles différent de celles du L. Manlellii , en ce qu'elles
sont à-peu-près hémisphériques. Elles sont, en revanche, d'autant plus difficiles à distinguer
de certaines espèces de Sphaîrodus. Les difficultés à cet égard ne pourront être résolues que
par une étude microscopique du tissu de ces dents. Je dois cependant faire remarquer que
la plupart des dents de Sphœrodus qu'on trouve dans le Jura sont plus grandes que celles
de notre L. Fittoni (Tab. 30c fig. 2-6). Les fig. 4 , y et 6 de Tab. SOft sont des dents du
L. Manlellii.
C'est, comme le L. Mantellii, une espèce propre aux sables de Hastings. Le magnifique
exemplaire de Tab. 30a et Tab. 30 6 se trouve en la possession de M. Mantin , à Londres.
XVIIL Lepidotus sPECiosus Mnstr.
Vol. 2, Tab. 3ia, fig. S-7.
Je ne connais cette espèce que par des dessins que je dois à l'obligeance de M. le comte de
Miinster. La forme et la nature des écailles ne permettent pas de douter que ce ne soit un vrai
Lepidotus , voisin du L. minor. Mais ce qu'elle a de particulier, c'est la structure des rayons
de la caudale qui, vus à la loupe , ressemblent à des entonnoirs placés les unes dans les autres
(fig. 6). Aussi loin qu'on aperçoit cette structure, les rayons ne sont point dichotomés, ou
du moins s'ils le sont, leurs divisions ne sont pas visibles à l'extérieur. Le rayon extérieur des
deux lobes est en outre garni de fulcres , qui s'étendent jusqu'auprès de son extrémité.
Le fragment figuré représente la partie postérieure du tronc d'un individu d'assez grande
— 207 —
taille , et j'ai pu m'assurer par d'autres dessins , que la partie antérieure du corps atteint jus-
qu'à six pouces de largeur. Outre la caudale qui est échancrée et dont le lobe supérieur est
un peu plus allongé que le lobe inférieur, on remarque aussi dans notre exemplaire une
partie de l'anale . dont les rayons sont articulés de très-près , mais sans présenter au même
degré cette forme d'entonnoirs ind)riqués qui est propre à la caudale. Chacun de ses rayons
se bifurque un granil nombre de fois , au point que les dernières ramifications ressemblent a
de lins filets . ainsi que le montre la fig. 7, qui représente un rayon grossi de l'anale , pris sur
un autre individu. Le premier rayon est garni de fulcres nombreux et plus gros que ceux des
rayons externes de la caudale. Les écailles ne paraissent irrégulières que parce qu'elles sont
•oblitérées. A l'état intact, elles sont en forme de rhombes très-réguliers, comme on en voit
quelques-unes en avant du lobe supérieur de la caudale. Leur surface est lisse et leur bord
postérieur non dentelé.
Il existe plusieurs exemplaires de cette espèce dans la collection de M. le comte de Miinster.
Ils proviennent selon toute apparence des schistes liasiques de Seefeld.
XIX. Lepidotus parvulus Mnstr.
Vol. 2, Tab. ôka, %. 8 et 9.
C'est encore à l'obligeance de M. le comje de Miinster que je dois la connaissance de
cette espèce. Ce savant l'avait d'abord prise pour un Semionotus ; mais ayant reconnu que les
écailles étaient assez épaisses , et ayant en outre découvert de petites dents circulaires sur
les mâchoires , il la reporta avec raison dans le genre Lepidotus. Il n'y a enelîet que les Lepi-
dotus, dans la famille des Lépidoides qui aient de pareilles dents. Leur petitesse n'est pas hors
de proportion avec le corps , comme on pourrait le croire au premier abord , puisque le
L. Fitt07ii , qui atteint trois à quatre pieds de longueur, a des dents de la grandeur d'une len-
tille. Dès-lors qu'y a-t-il d'étonnant que notre L. parvulus qui n'a qu'un demi-pied de long
en ait de la grosseur d'une tête d'épingle ! Examinées à la loupe, ces petites dents sont à peu-
près hémisphériques avec un bouton au sommet (fig. 9). Les écailles sont lisses, très-ser-
rées et assez régulièrement rhomboïdales ; leur bord postérieur est uni. Notre poisson n'a
conservé de ses nageoires qu'une partie de la dorsale ; les premiers rayons sont assez longs et
présentent des articulations renflées. Les derniers sont beaucoup plus courts et plus grêles.
Cette espèce provient des schistes liasiques de Seefeld ; l'original se trouve dans la collection
de M. le comte de Miinster.
268 —
XX. Lepidotus sTRiATUS Agass.
Vol. 2, Tab. Siafig. 4.
C'est l'une des petites espèces du genre. Je l'ai appelée striattts , parce que les écailles bien
conservées présentent à leur bord postérieur de fines stries longitudinales. Les écailles sont
en général très-serrées et à-peu-près toutes d'égales forme et dimension , représentant des
carrés allongés, dans le sens de la largeur du poisson.
C'est jusqu'ici le seul Lepidotus crétacé connu. Le fragment figuré représente une partie
du flanc droit. Il faisait partie de la collection de M. Regley, et provient de la craie des
Vaches-Noires, en Normandie. 11 se trouve aujourd'hui au Muséum d'histoire naturelle de
Paris.
XXL Lepidotus Maximiliani Agass.
VoL 2, Tab. 29 c fig. 8-H.
M. Max Braun a découvert dans les marnes du calcaire grossier , près de la barrière des
Fourneaux, à Paris, quelques écailles qui appartiennent évidemment au genre Lepidotus.
Ce sont jusqu'ici les seuls débris de ce genre qui aient été signalés dans les terrains tertiaires.
Bien qu'il soit difficile de déterminer rigoureusement des débris aussi imparfaits , j'ai cepen-
dant la conviction qu'ils proviennent d'une espèce différente de toutes celles que nous venons
de décrire dans les pages qui précèdent ; peut-être est-ce du L. (jigas que l'espèce se rapprochait
le plus. Les fig. 8 et 9 représentent deux écailles du côté gauche, l'une des flancs (fig. 8 ), et
l'autre de la région caudale (fig. 9). La fig. 10 est une écaille du côté droit; fig. 11 est pro*
bablement une de ces petites écailles qui entourent d'ordinaire la base des nageoires. Toutes
sont lisses et ont le bord postérieur uni.
Outre les espèces que nous venons de décrire , j'en connais encore plusieurs sur lesquelles
j'attends de plus amples informations pour les publier. Ce sont, entre autres :
1" Le LEPmoTiTs Virleti Ag. , dont l'original se trouve en la possession de M. Théodore Virlet,
à Paris; c'est un fragment avec plusieurs grandes écailles, de la taille des écailles du Lepi-
dotus Mantellii , provenant du grès vert supérieur, sous-jacent à la craie tufau des environs
de Modon , en Morée. '
2° LEPmoTUS FRONDOsus Ag. Deux grandes plaques correspondantes, de la collection de
M. Hartmann, à Goppingen, provenant du lias de Zell, près de Boll. C'est un poisson de la
taille du L. Gigas , mais qui en diffère cependant par la plus grande largeur de la partie
antérieure du tronc. Un caractère particulier de cette espèce, c'est que la partie antérieure
— 2G9 —
de l'émail des écailles, est ornée de petites arêtes sinueuses qui vont en divergeant vers le
milieu de l'écaillé.
3° Une espèce de la collection de M. James Johnston , à Bristol , provenant de l'oolite de
Purbeck. C'est un poisson entier, de la taille du L. undatus. Les écailles de la partie antérieure
du tronc ont deux ou trois gros plis longitudinaux à leur surface , tandis que ceux de la
partie postérieure n'en ont qu'un.
Obseïrations sur le squelette du Lepidotus minor.
Vol. 2, Tab. 29c, %. 12.
Depuis que je m'occupe de poissons fossiles, j'ai toujours recherché, avec le plus grand
soin, les occasions d'étudier plus particulièrement les détails relatifs à l'organisation des
espèces que je parvenais à déterminer. Mais jusqu'à présent je n'avais pu réussir à me pro-
curer un squelette de Ganoïde avec les corps de ses vertèbres. Ceux que j'ai décrits et
figurés (vol. 2, Tab. D, et pag. 50 et 162), ne m'avaient offert que les os de la tête et de
la ceinture thoracique , puis les apophyses épineuses des vertèbres , les côtes et enfin
les nageoires et les osselets qui les portent ; mais jamais je n'avais rencontré les corps mêmes
des vertèbres dans un Ganoïde fossile. C'est au zèle persévérant de lord Enniskillen ,
ci-devant lord Cole, que j'ai dû le premier exemplaire de la colonne vertébrale d'un de
ces poissons; et bien que ce squelette soit loin d'être entier, j'ai cependant pu reconnaître
qu'il appartient au Lepidotus minor, décrit plus haut, pag. 260. II est adhérent à une
plaque de calcaire de Purbeck; on y distingue la tête, qui est très-mutilée, mais où l'un des
arcs branchiaux est bien en vue , et les corps de seize vertèbres abdominales dont les côtes
ont disparu , mais dont les apophyses épineuses sont en partie conservées.
Je m'attendais si peu à voir chez des poissons osseux des corps de vertèbres conformés
comme ceux de ce squelette , qu'au lieu de le ranger parmi les Ganoïdes, j'avais placé dans
mon portefeuille des Placoïdes le dessin que lord Enniskillen m'en avait envoyé , tant les
corps de vertèbres ressemblent a ceux d'un Squale; et ce n'est qu'après avoir examiné le
fossile même , au mois d'octobre \ 840 , que j'ai reconnu que c'était im Lepidotus, Ce qui
frappe d'abord dans ce squelette, c'est la hauteur des vertèbres comparativement à leur lon-
gueur , et l'apparence fibreuse de leur surface extérieure , qui est dépourvue , sur les côtés ,
de ces fossettes plus ou moins nombreuses que l'on remarque chez tous les poissons osseux.
En revanche, on observe de grandes fossettes vers les bords supérieur et inférieur des ver-
tèbres, servant à l'insertion des côtes et des apophyses épineuses supérieures. Ces fossettes
sont plus arrondies et moins profondes que chez la plupart des Squales; mais elles ressemblent
beaucoup à celles des Ichthyosaures et des Plésiosaures ; il y en a deux en dessus et deux en
dessous de chaque vertèbre, qui sont assez distantes l'une de l'autre. Les surfaces articulaires
_ 270 —
des vertèbres sont en foraie de cône creux évasé, tandis que leurs bords forment des bour-
relets lisses, entre lesquels les plis extérieurs longitudinaux de la surface extérieure sont
comme tendus d'avant en arrière. Je ne serais point surpris que parmi les vertèbres déta-
chées d'Ichthyosaures et de Plésiosaures, qui sont maintenant entassées dans tant de collec-
tions, il ne se trouvât des vertèbres de grandes espèces de Lepidotus du lias que l'on trouve
dans les mêmes localités. Aussi, avant d'admettre définitivement (jue les ïchthyosaures et les
Plésiosaures se mangeaient les uns les autres , il importera de comparer attentivement les ver-
tèbres que l'on trouve dans les coprolithes, avec celles des Lepidotus, examen que je n'ai
pas encore eu occasion de faire depuis que je connais ces dernières. Je crois même qu'il ne
sera pas toujours facile de distinguer des vertèbres isolées de ces divers genres ; car plus j'ap-
prends à les connaître , et plus je sens combien est grande l'affinité qui lie les Ganoïdes
aux anciens Sauriens. Cette affinité ressort surtout de la comparaison du mode d'insertion des
côtes et des apophyses épineuses , qui rappelle bien plutôt les ïchthyosaures que les Squales.
Quant à comparer ces vertèbres à celles des poissons osseux de l'ordre des Cténoides et des
Cycloides , c'est chose superflue , puisque nulle part chez ces derniers, les apophyses des ver-
tèbres ne sont insérées dans des fossettes profondes des centres des vertèbres , comme c'est
le cas dans le genre Lepidotus et chez une partie des Squales , mais font plutôt corps avec
eux. 11 en est de même des Gymnodontes, des Sclérodermes , des Lophobranches , etc., qui
font aussi partie de l'ordre des Ganoïdes, mais qui n'appartiennent pas à cette division de
l'ordre qui est caractérisée, comme les Lepidotus, par de grandes écailles, en forme de lo-
sange, et dont les bords supérieur et inférieur sont parallèles aux contours du poisson.
Dans le squelette figuré , les apophyses des vertèbres , quoique conservées en partie , sont
cependant trop mutilées pour pouvoir être décrites. Dans la tète on distingue , en revanche ,
assez bien la mâchoire inférieure et les os impairs qui forment la base du crâne , savoir : le
vomer, le sphénoïde et le basilaire. Quelques-uns des rayons branchiostègues sont aussi con-
servés; ils sont fixés à des os hyo'ides plats, très-larges et surtout dilatés en arrière. Le bord
interne de l'arc branchial, qui est en vue, porte de fortes pièces osseuses dirigées en avant et
à l'intérieur , et qui formaient, sans doute , un puissant râtelier sur les côtés de l'avaloir.
271 —
CHAPITRE XIV.
DU GENRE PHOLIDOPHORUS Agass.
Si le genre Lepidotus comprend en général des poissons de grande taille , le genre Pholi-
dophorus n'est, par contre, composé que de petites espèces, qui constituent en quelque sorte
la plèbe de la faune ichthyologique de l'époque jurassique. Les espèces en sont nombreuses,
et ce sont elles qui servaient en grande partie de pjUure aux poissons voraces ; car on trouve
une quantité de leurs écailles dans les coprolithes des grands Sauriens du lias.
Les Pholidophores sont, comme les Lepidotus , des poissons réguliers, tantôt élancés, tantôt
plus ou moins trapus , mais ne présentant jamais de ces formes bizarres qui caractérisent d'au-
tres genres. Ils devaient avoir à-peu-près la physionomie de nos Harengs, aux écailles près,
qui sont émaillées et de forme rhomboïdale. La fig. 2 de Tab. C , Vol. I , représente ce type, tel
que j'ai essayé de le restaurer d'après les débris fossiles. La position des nageoires est à-peu-prés
la même que dans le genre Lepidotus. La dorsale , de moyenne grandeur, est opposée aux
ventrales ou à l'espace compris entre les ventrales et l'anale. La caudale est largement échan-
crée , à lobes égaux , supportés par un pédicule d'ordinaire large et vigoureux. Les rayons
extérieurs des lobes supérieur et inférieur sont garnis de fulcres plus ou moins développés.
Les écailles sont assez uniformes , conformées de la même manière que celles des Lepidotus ,
avec cette différence cependant qu'elles sont souvent plus serrées dans leur superposition. Les
mâchoires sont armées de petites dents en brosse. Je n'ai rencontré jusqu'ici aucune espèce
de ce genre munie de grosses dents en cônes obtus , comme en montrent les Lepidotus. J'i'
gnore également si l'intérieur de la gueule est armé de dents en pavé , conMne c'est le cas
chez les Lepidotus ; mais j'en doute fort.
On comprend que dans un genre aussi uniforme que celui des Pholidophores , il soit difficile
de distinguer les espèces , surtout si le nombre en est considérable. Il faut souvent avoir égard
à des détails en apparence très-insignifians et comparer minutieusement toutes les parties du
corps. Les écailles sont ici de la plus haute importance , parce que leur substance les rend
propres à résister à la décomposition. Il y en a de plusieurs types, que l'on distingue facile-
ment , malgré les variations individuelles et locales auxquelles les écailles en général sont assu-
jéties. La plupart des espèces ont des écailles anguleuses, carrées ou rhomboïdales, mais il y
en a aussi chez lesquelles les écailles sont plus ou moins arrondies en arrière , par exemple le
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Vh. Stricklandi. Parmi les anguleuses, les unes ont le bord postérieur lisse, les autres l'ont
dentelé. Il est probable que cette structure, différente selon les espèces, correspond à d'au-
tres particularités de l'organisation , et que les espèces qui présentent cette particularité ap-
partiennent à un genre différent; mais ce qui m'a empêché jusqu'ici de séparer les Pliolido-
|)hores à écailles anguleuses de ceux à écailles arrondies , c'est l'état de conservation de ces
derniers, qui ne m'a pas encore permis d'en faire une étude détaillée.
Les caractères particuliers des espèces résident en grande partie dans les détails de la struc-
ture des écailles ; mais pour que ces distinctions aient une valeur réelle , il faut avoir soin
de prendre les écailles des espèces qu'on veut comparer sur la même partie du corps ; car,
de même que dans les Lepidotus, il existe des différences considérables d'après les régions
du tronc. Les dentelures du bord postérieur des écailles, dans les espèces à écailles anguleu-
ses, sont surtout soumises à des variations notables, et il peut arriver qu'elles soient très-
grosses mais peu nombreuses dans la région de la queue , tandis qu'elles seront fines et serrées
dans la région antérieure du corps. L'articulation des séries dorso-ventrales a lieu au moyen
d'onglets dont les dimensions varient suivant les espèces.
Le genre Pholidophorus prédomine , comme le genre Lepidotus , dans l'époque jurassique.
Le nombre des espèces en est considérable, depuis le lias jusqu'au portlandien inclusive-
ment ; elles vivaient probablement en grandes troupes ; leur fréquence dans tous les ter-
rains jurassiques et l'occurrence simultanée d'un grand nombre d'exemplaires dans chacune
des diverses localités où l'on en a découvert, nous donnent du moins la certitude que nulle part
les Pholidophores ne vivaient isolés. C'est du reste un fait assez général que la fréquence des
individus dans les genres qui comptent de nombreuses espèces.
M. le comte de Miinster vient d'établir dans ses Beitrâge zur Petrefactenkunde , S" cahier,
p. 60, 1842 , un nouveau genre sous le nom d\4ethalion, qu'il caractérise de la manière
suivante : « Dents en brosse ; dorsale opposée à l'espace compris entre l'anale et les ventrales;
caudale fourchue. Apophyses des vertèbres caudales distantes des corps de vertèbres et non
accolées. » Cette diagnose ne me paraît pas suffisante pour distinguer les poissons de ce type
des vrais Pholidophores.
l. Pholidophorus Bechei Ag.
Vol. 2, Tab. 39, fig. 1-4.
Transactions of the Geological Society. 2" sér. Tom. I, Tab. 7, fig. 1.
La connaissance de cette espèce est due à M. De La Bêche, qui le premier l'a décrite et figu-
rée dans les Transactions de la Société géologique de Londres. Elle est de taille moyenne et
moins élancée que la plupart des autres Pholidophores ; l'exemplaire de M. De la Bêche en
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particulier est très-trapu , et comme le corps est forlemenl courbé , et que les écailles sont pour
la plupart disloquées , il en résulte que le poisson parait plus large (pi'il n'est réellement. Les
écailles des flancs sont grandes , carrées et plus hautes que longues , surtout dans la partie
antérieure du corps ; elles sont proportionnellement assez épaisses, et surtout plus massives que
celles du Ph. onychius. Leur surface est lisse et unie ; aucun de leurs bords n'est dentelé. Cha-
que écaille est munie à sa face inférieure d'une quille plate , qui s'étend d'un onglet a l'autre,
ou plutôt du bord supérieur au bord inférieur. Les onglets eux-mêmes qui en sont le prolon-
gement sont gros et courts (fig. 2.) Les écailles du dos et du ventre sont beaucoup plus pe-
tites que celles des flancs. On remarque entre autres sur le milieu du dos , en arrière de la
dorsale , une série impaire d'écaillés lancéolées , dont le bord postérieur est arrondi. La ligne
latérale est très-difficile à reconnaître , car les écailles de cette série n'ont pas toutes des ou-
vertures muqueuses; il y en a ordinairement une perforée qui alterne avec une imperforée ;
mais quelquefois aussi il y en a deux ou trois non perforées, pour une perforée. L'ouverture
muqueuse est un très-petit trou en forme de croissant, ouvert du côté postérieur du corps. J'ai
indiqué dans ma figure par des points blancs les écailles perforées. Les fig. 2 , 3 et 4 repré-
sentent des écailles grossies , dont plusieurs de la ligne latérale , sur lesquelles on distingue
l'ouverture muqueuse. Les os de la tête, et en particulier les frontaux, sont parsemés de fines
granules qui parlent du centre d'ossification et rayonnent vers les bords. La face supérieure
du crâne est plate ; très-large en arrière des orbites , elle se rétrécit rapidement vers le bout
du museau , ensorte que ses contours paraissent triangulaires dans les exemplaires où la tête
se voit d'en haut. Le bord de l'orbite est à peine indiqué par une échancrure très-fortement
évasée.
Les nageoires ne sont qu'imparfaitement conservées dans tous les exemplaires connus.
Leurs rayons sont en général grêles ; toutefois le rayon externe des pectorales est un peu plus
fort et porte de très-petits fulcres. La caudale est assez profondément échancrée. Ses rayons
extérieurs sont simples sur plus de la moitié de leur longueur, tandis que ceux du centre
sont bifurques jusque vers leur base. Leurs divisions transversales sont rapprochées , mais ce-
pendant de manière que les articles sont encore un peu plus longs que larges. L'extrémité de
tous ces rayons est finement bifurquée à plusieurs reprises. Les fulcres du lobe supérieur sont
»plus forts , plus gros et moins inclinés que ceux du lobe inférieur ; ils sont aussi plus intime-
ment soudés aux écailles. Dans un exemplaire de la collection de sir Phillip Egerton, dont
tout le squelette est disloqué et décomposé, j'ai pu m'assurer que les corps des vertèbres ne
sont pas complètement osseux ; la partie ossifiée est seulement à l'extérieur et forme une
sorte de gaine autour du centre des vertèbres, ensorte que les fragmens des corps de vertè-
bres qui sont épars sur cette plaque apparaissent comme des segmens de cylindres.
Le Ph. Bechei est une espèce assez fréquente dans le lias de Lyme-Regis; jusqu'ici elle n'a
été trouvée que dans cette seule localité. L'exemplaire figuré par M. De la Bêche se trouve
dans la collection de la Société géologique de Londres. L'original de ma figure fait partie de
ToM. II ■ .36
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la collection de miss Philpot à Lyme-Regis. Il y en a d'autres exemplaires très-bien conservés
dans les collections de sir Philipp Egerton, de lord Enniskillen et de M. le D"^ Buckland. On
trouve aussi dans les coprolithes de cette localité des écailles de ce poisson ; d'où nous con-
cluons qu'il formait , avec les Pholidophoriis onychivs et Ihnbatus , les Tetragonolepis et les
Dapedius , la pâture ordinaire des grands Sauriens de cette époque.
Il se pourrait que j'eusse étiqueté dans quelques collections cette espèce du nom de Ph. lim-
batns. Dans ce cas, l'erreur pourra maintenant être facilement redressée.
II. Pholidophorus onychuts Agass.
Vol. 2, Tab. 39, fig. o-7.
Ce poisson ressemble beaucoup par son aspect général au Ph. Bechei ; mais il en diffère par
quelques détails, qu'il importe de constater. Ses écailles surtout sont plus minces que celles de
l'espèce précédente, au point que l'on aperçoit au travers de l'émail les stries concentriques des
lames cornées, ainsi que l'onglet qui les unit à leurs voisines (fig. 6). La forme des écailles
est soumise à des variations assez notables ; celles des flancs sont beaucoup plus hautes que lon-
gues, et leur onglet articulaire est beaucoup plus long que dans l'espèce précédente. Les bords
des écailles sont généralement droits , mais ils s'arrondissent dans celles du pédicule de la
queue ; leur bord postérieur n'est jamais dentelé. Les ouvertures du canal muqueux sont de
petites fentes à- peu-près transversales au corps.
Les nageoires présentent une autre différence , c'est que les articulations des rayons exté-
rieurs des deux lobes de la caudale sont beaucoup plus éloignées que dans le Ph. Bechei; en-
sorte que les articles sont près du double plus longs que larges. Les os de la tête sont sculp-
tés , comme ceux du Ph. Bechei.
C'est encore une espèce liasique. L'original de ma figure se trouve dans la collection de
miss Philpot à Lyrae-Regis. Un autre fragment , du lias de Chernock , se voit dans la collec-
tion de M. Cumberland. Sir Philipp Egerton , lord Enniskillen et le ]y Buckland en possèdent
également de beaux exemplaires de Lyme-Regis.
«
III. Pholidophorus macrocephalus Agass.
Vol. 2 , Tab. 40.
Le caractère distinctif de celte espèce réside, ainsi que l'indique son nom, dans les dimen-
sions considérables de la tète. Elle est à la longueur totale du corps , en faisant abstraction de
la caudale , comme un à trois , tandis que , dans la plupart des espèces , cette proportion est
bien moindre. Les écailles sont très-régulières et de grandeur moyenne. Celles du milieu du
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corps sont en forme de rhonibes réguliers ; celles de la région anlérienre sont au contraire beau-
coup plus hautes que longues. En les examinant à la loupe , on trouve que le côté postérieur
est orné de stries qui rayonnent du centre en arrière. Ces stries , quoi(|ue distinctes , ne sont
cependant j)as très-nombreuses , car l'on n'en compte guère que huit ou dix sur une écaille
( lig 2 ). La face interne des écailles est lisse , mais munie d'une carène très-forte dont l'onglet
articulaire est un prolongement ( (ig. 3). Dans les endroits où les écailles sont enlevées, on
remarque de profonds rayons verticaux et obliques , qui indiquent la superposition des dif-
férentes séries dorso- ventrales. L'onglet est assez court ; le bord opposé est muni d'une cavité
destinée à recevoir l'onglet de lécaille voisine (fig. 3). Le bord postérieur des écailles n'est
dentelé sur aucune partie du corps.
Les rayons des nageoires sont très-gros et se divisent près de leur sommet en une infinité
de petits filets. Cette particularité semble surtout être propre aux rayons moyens de la caudale,
qui sont excessivement larges. En revanche , ils n'ont pas l'air d'être très-serrés. Il est à re-
gretter que l'exemplaire figuré n'ait conservé aucune de ses nageoires intactes ; il n'en existe
que des rayons épars. Cependant , d'après ce que Ion peut conclure de ce qu'il en reste, il pa-
raîtrait que les ventrales sont plus rapprochées de la caudale que dans la plupart des autres
espèces. La ceinture thoracique est large. Les os de la tête sont en partie conservés et l'on
peut reconnaître le maxillaire inférieur, qui est grêle , l'appareil operculaire et quelques-uns
des rayons branchiostègues. L'orbite est grande.
L'original de cette espèce se trouve au Musée de Munich , et provient du calcaire lithogra-
phique de Solenhpfen.
II en existe aussi un exemplaire dans la collection de M. le comte de Mimsler, sur lequel
les nageoires sont en partie conservées. Les rayons de la dorsale sont très-grèles; mais portés
par des osselets robustes. Les rayons antérieurs et les ventrales sont assez gros et portent de
tout petits fulcres , ainsi que les rayons externes de la caudale.
IV. Pholidophorus microps Agass.
Vol. 2, Tab. 58, fig. I.
Cette espèce est allongée et grêle. Les écailles sont assez grandes proportionnellement à la
taille du poisson ; celles de la partie antérieure du tronc sont beaucoup plus hautes que longues ,
tandis que celles de la partie postérieure sont constamment plus petites et plus irrégulières.
Examinées à la loupe, leur bord postérieur est distinctement dentelé. Leur surface présente de
fines stries qui aboutissent aux dentelures; mais ces stries ne partent pas d'un centre commun,
comme c'est le cas du Ph. macrocephalus : elles ne sont pas non plus parallèles, comme dans
les espèces suivantes; leur direction est intermédiaire entre les deux types; elles sont moins
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nombreuses que les dentelures marginales , car il y a au moins deux dentelures pour un pli
(fig. ib). i-.liijï yljj *jti Jkbu;!.
La dorsale et la caudale sont seules conservées. La première est bien fournie ; ses rayons
sont disposés comme suit : k, 1,8. Les rayons principaux sont larges et bifurques plusieurs
fois ; leurs articulations sont nombreuses et distinctes. Les cinq rayons antérieurs sont petits
et indivis ; de petits fulores leur succèdent le long du bord supérieur du premier grand rayon .
La caudale est parfaitement symétrique, et ses rayons sont proportionnellement moins dé-
veloppés que ceux de l'anale; les principaux sont ramifiés à plusieurs reprises et articulés sur
toute leur longueur. Les articulations sont uniformes et serrées. J'ai vu sur certains exemplaires
des traces des pectorales et des ventrales , mais elles ne sont nulle part bien conservées. J'ai
également reconnu, sur un exemplaire du Musée de Munich, des côtes qui sont très-grèles.
Il existe des exemplaires de cette espèce dans plusieurs collections. L'original de mon
dessin se trouve au Musée de Munich. Un autre, également bien conservé, fait partie de la
collection de M. le comte de Miinster. Un troisième se trouve dans la collection du Musée de
Leyde. Tous proviennent du calcaire lithographique de Solenhofen.
' V. PuoriDOPUORUS TENUISERRATUS MlJUStr.
M'JOLl '
Vol. 2 , Tab. 38 , fig. 5 , et Tab. 42 , fi^. k.
Je dois la connaissance de cette espèce à M. le comte de Miinster. Son principal caractère
réside dans les écailles qui . quoique grosses , sont munies de très-fines dentelures au bord
postérieur, ainsi que le représente la fig. k de Tab. 4^2, en a , et la fig. 3' de Tab. 38.
Ces mêmes écailles sont en outre marquées, à leur face externe, d'une carène droite et très-
distincte même à l'œil nu, et qui est indiquée par la limite des ombres dans ces mêmes
figures. La face interne des écailles n'est pas moins remarquable (Tab. 42, fig. kh). L'on-
glet articulaire est court ; mais ce qui mérite surtout de fixer l'attention , c'est que la carène
médiane, au lieu d'être au milieu de l'écailIe, est rejetée du côté postérieur. Les pectorales
sont larges et composées de gros rayons distinctement bifurques. On en compte au moins
douze qui tous sont divisés à plusieurs reprises. Les ventrales sont plus petites et composées
de rayons plus grêles. Il en est de même de l'anale. La dorsale n'est qu'imparfaitement con-
servée dans les originaux de mes figures. La caudale est fortement échancrée et portée par
un pédicule fort large. En avant du premier rayon se voient un grand nombre de petits rayons
indivis. Il y en a au moins dix au lobe supérieur et un peu moins au lobe inférieur ; le rayon
extérieur de chacun des lobes est en outre hérissé d'une quantité de petits fulcres, qui en
sont comme les prolongemens. Les rayons du milieu de la caudale sont dichotomés jusque
près de leur insertion ; les articulations transverses y sont, par contre , d'autant plus vagues ;
les articles sont plus longs que larges.
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Plusieurs os de la tête sont conservés. On distingue surtout les rayons branchiostègues ,
qui vont en diminuant de grosseur, d'avant en arrière. On remarque aussi des vestiges
des dents à la mâchoire supérieure et à la mâchoire inférieure ; elles sont très-fines et co-
niques.
Les deux exemplaires figurés se trouvent dans la collection de M. le comte de Munster ,
et proviennent du calcaire lithographique de Kehlheim. i-oi- >
-yl* -iinom Ju'jiiwlbnaoi.'ioqo^q i
^,,. -^1 , VI. Pholidophorus longisérratus Miinstr.
'jo)
Vol.,2,Tab. 38,fig.,2,
i':>umifc yi) nomii ici) 8"iiiiauirjZ9 Wi 'H, vMti'H'i
"f^-
Cette espèce, découverte et nommée par M. le comte de Mlinster , a la plus grande ressem-
blance avec le Pholidophonis tenuiserratus décrit ci-dessus. Elle n'en diffère que par un seul
caractère , la structure de ses écailles. Tandis que les écailles du Ph. tenuiserratus sont assez
épaisses et très-finement dentelées au bord postérieur , celles du Ph. longisérratus Miinstr. sont
fort minces et munies de dentelures plus profondes et moins nombreuses (fig. 2'). Si, comme
j'ai tout lieu de le croire, M. le comte de Miinster a établi cette distinction d'après des
écailles prises sur la même l'égion du corps , dans les deux poissons , il n'y a pas de doute
que l'on ne doive conserver cette espèce , bien que sous tous les autres rapports la ressem-
blance avec le Ph. tenuiserratus soit complète. La dorsale est à-peu-près intacte dans l'exem-
plaire figuré ; les rayons sont assez longs et bifurques une ou deux fois seulement ; le rayon
principal est précédé de petits fulcres indivis.
C'est une espèce propre au calcaire lithographique de Kehlheim. L'original se trouve dans
la collection de M. le comte de Miinster.
VIL Pholidophorus striolaris Miinstr,
Vol. 2, Tab. 38,fig. ^.
M. le comte de Miinster a encore distingué cette espèce d'après la structure de ses écailles,
qui sont en effet très-hautes et munies de stries très-fines , à-peu-près comme les écailles du
Ph. tenuiserratus. Mais ce qui est surtout digne de remarque, c'est que ces stries dépassent
la carène médiane pour s'étendre jusqu'à la base des écailles (fig. k'). Les écailles sont bien
moins hautes dans la région caudale qu'ailleurs, et leurs stries et leurs dentelures sont moins
fines (fig. li"). Cette différence ne se remarque pas au même degré dans les Ph. tenuiser-
ratus et longisérratus , en sorte qu'à cet égard aussi notre espèce est bien caractérisée.
Les nageoires ne sont qu'imjparfaitement conservées ; cependant la caudale est fortement
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échancrée; ses rayons extérieurs ne sont pas dichotomés à leur base; ils sont composés
d'articles plus longs que larges, qui vus à la loupe, présentent l'aspect de fig. k '".
Du calcaire de Solenhofen. L'original se trouve dans la collection de M. le comte de Miins-
ter : il ne m'est connu que par un dessin que je dois à l'obligeance de mon savant ami.
VIII, Pholidophorus latus Agass.
Vol. 2, Tab. hi.
L'exemplaire original de cette espèce est un poisson , très-bien conservé , de l'an-
cienne collection Bartli, qui est maintenant incorporée à celle de M. le comte de Munster.
Ce qui le distingue entre tous ses congénères, c'est la largeur considérable de son abdomen.
La hauteur du corps en avant de la dorsale est beaucoup plus considérable que la tête n'est
longue ; mais derrière cette nageoire , le tronc se rétrécit sensiblement et d'une manière fort
régulière. La caudale est grande, largement et profondément échancrée. Les rayons en sont
très-gros, articulés d'assez près et divisés à leur extrémité en une infinité de filets minces.
Cette composition de filets multiples ne se remarque nulle part mieux que dans les rayons
du milieu de la nageoire. La formule de la caudale est : 1 , 13 , 12 , I. La dorsale , ainsi que
les vertèbres, ne sont quimparfaitement conservées. On voit cependant que leurs rayons
étaient gros et larges. Les pectorales sont petites, mais au rebours des précédentes, elles
sont composées de rayons très-fins et très-nombreux ; il y en a au moins vingt dans l'exem-
plaire figuré , et cependant la nageoire n'a pas un demi-pouce de large. La fig. k montre deux
rayons de la caudale, grossis, pour faire voir les articulations des rayons.
Les écailles de la partie postérieure du tronc sont rhomboïdales , tandis que celles de la
partie antérieure sont allongées et en forme de losange. Les unes et les autres sont
épaisses ; vues à la loupe, leur bord postérieur est légèrement plissé ou frangé, les plis
sont parallèles et s'étendent rarement jusqu'à la moitié de la largeur de l'écaillé (fig. 2).
La face interne des écailles est lisse et ne montre d'autre sillon que la rainure destinée à
loger l'onglet. Ce dernier est très-long. La fig. 3 nous montre la manière dont les écailles
s'engrènent les unes dans les autres. On remarque une échancrure assez notable de chaque
côté de l'onglet.
Les os de la tête sont trop mutilés pour fournir des caractères spécifiques. Il n'y a de bien
conservés que les rayons branchiostègues , qui forment un arc sous l'articulation de la mâ-
choire inféi'ieure; les postérieurs sont, comme d'ordinaire, plus larges que les antérieurs.
La plaque qui porte ce poisson provient du calcaire d'Eichst»dt. L'original se trouve dans
la collection de M. le comte de Munster.
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IX. Pholidopuorus micronyx Agass.
Vol. 2, Tab. aâ, %. 1.
Le poisson que je désigne sous ce nom est remarquable par sa forme régulière et fusi-
forme ; sa plus grande hauteur est au milieu de la longueur. Il se rétrécit quelque peu en
avant, et un peu plus en arrière. La colonne vertébrale est assez forte, mais les apophyses
sont grêles, courtes et fortement arquées en arrière, surtout celles des vertèbres caudales.
Les nageoires ont disparu, à l'exception de la caudale; celle-ci est fortement échancrée et
composée de rayons très-minces et bifurques à plusieurs reprises.
Les écailles ne sont conservées qu'en quelques endroits. Elles sont plus hautes que lon-
gues , et lorsqu'on les examine à la loupe , on trouve (ju'elles sont légèrement crénelées à
leur bord postérieur (o).
Cette espèce provient du calcaire lithographique de Kehlheim. L'original se trouve dans
la collection de M. le comte de Miinster. On ne saurait disconvenir qu'il n'existe une cer-
taine ressemblance entre ce poisson et le Ph. latus décrit ci-dessus. Il ne serait pas impossible
que ce fût le jeune âge de cette espèce.
X. Pholidophorus intermedius Miinstr.
Vol. 2, Tab. ^2, fig. .3.
Cette espèce est voisine du Ph. micronyx , et je n'aurais pas hésité à l'identifier si ce n'é-
taient les différences que présentent les écailles. M. le comte de Munster, à qui je dois la
figure ci-jointe, m'observe qu'elles sont toutes très-uniformes, et que leur bord postérieur est
muni de dentelures si fines, qu'on a de la peine à les apercevoir à la loupe. La fig. 3 a repré-
sente quelques-unes de ces écailles dans leur position respective ; seulement c'est à tort que le
bord dentelé se trouve en haut , il devrait être incliné obliquement en arrière , et les rangées
devraient être placées horizontalement, comme dans la fig. 6. La colonne vertébrale est visible
sur une partie du tronc. Les apophyses des vertèbres sont plus fortes et plus crochues que
dans le Ph. micronyx , surtout celles des vertèbres caudales. La caudale est grêle et com-
posée de rayons minces et profondément bifurques. Les autres nageoires sont trop impar-
faites pour pouvoir être décrites.
L'original se trouve dans la collection de M. le comte de Munster. Il provient du calcaire
lithographique de Kehlheim.
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XI. Pholidophorus LATiMAKus Agass.
Vol. 2, Tab. 43.
Cette espèce se fait remarquer par un caractère particulier auquel il est fait allusion dans le
nom spécifique , la largeur considérable des pectorales. Elles sont non-seulement très-
lai'ges , mais leurs rayons sont encore fort gros , articulés de très-près , et divisés seulement
un petit nombre de fois. Les ventrales sont petites. L'anale au contraire est grande , fort dis-
tante de la caudale et presque opposée à la dorsale. Ses rayons sont longs , minces , dichotomés
nombre de fois et articulés de très-près jusqu'au de-là de la moitié de leur longueur. La dor-
sale a également des rayons minces et dichotomés à plusieurs reprises ; en avant du premier
rayon se voient en outre plusieurs petits rayons indivis. La caudale est largement échancrée ;
ses rayons sont courts, comparés à leurs dimensions dans d'autres espèces. Les extérieurs sont
serrés ; ceux du milieu au contraire sont distans ; tous sont articulés de près et divisés nombre
de fois. Les petits rayons indivis de la caudale sont nombreux , mais ils sont limités à
l'origine de la nageoire et ne s'étendent pas sur le rayon externe , comme cela a lieu dans la
plupart des autres espèces (fig. 2). Le squelette est visible en partie dans l'exemplaire de fig. 1 .
Ses apophyses sont petites, courtes et minces.
Les écailles frappent par leur uniformité sur tout le corps ; elles sont épaisses , un peu plus
hautes que longues et très-régulières. Examinées à la loupe, leur surface est lisse et unie ;
mais leur bord postérieur est marqué de dentelures très-accusées , uniformes , inclinées et
crochues (fig. k). La face interne des écailles (fig. S ) est munie d'une forte carène médiane
qui forme l'onglet en haut et qui se divise en deux bras en bas , pour recevoir l'onglet de
l'écaillé précédente. Les dentelures marginales ne sont pas visibles par cette face.
J'ai tout lieu de croire que les trois exemplaires figurés sont de la même espèce. Ils pro-
viennent tous de Solenhofen, et se trouvent dans la collection de M. le comte de Miinster. Il
en existe un autre dans la collection de M. Grasegger, à Neuburg.
XII. Pholidophorus ornatus Agass.
Vol. 2, Tab. 37, fig. 6 et 7.
Le poisson que je décris sous ce nom ne m'est connu que par un fragment comprenant
la partie supérieure du tronc avec la caudale et une portion de la dorsale et de l'anale . Ce
qu'il y a de plus frappant dans ce fragment, ce sont les écailles qui sont distinctement plis-
sées et sillonnées dans le sens de leur largeur , et qui , examinées à la loupe , se présentent
sous la forme de fig. 7. Leur bord postérieur est dentelé, et ces dentelures correspondent
— 284 —
à des sillons qui ont l'air de rayonner du milieu de Técaille ; le côté antérieur de l'écaillé est
muni dun ap|)endice assez proéminent, qui rappelle les écailles de certains Lepidotus. Une
autre particularité de notre espèce consiste dans la position très-reculée de la dorsale et de
l'anale, (]ni sont toutes deux très-rapprochées de la caudale. Si les autres nageoires étaient
rapprochées dans la même proportion , il faudrait admettre que le poisson était très-trapu.
En elTet , l'espace entre l'insertion des premiers rayons de l'anale et l'origine de la caudale
égale à peine la longueur du plus grand rayon de la caudale. L'espace entre la dorsale et
l'origine de la caudale est encore plus court. Or il n'est certainement aucune autre espèce de
Pholidophore qui présente de pareils rapports. La caudale elle-même est bien fournie ; elle
est. largement échancrée et tous ses rayons sont dichotomés nombre de fois. Les rayons
externes sont munis de petits fulcres qui s'étendent jusque près de leur extrémité. Le pédi-
cule de la queue est grêle.
L'original se trouve dans la collection de M. Mantell ; il provient du calcaire de Purbeck.
Xin. Pholidophorus Flesherii Agass.
Vol. 2, Tab. 37, fig. 8.
Je désigne sous ce nom un poisson très-allongé, et qui est presque tout d'une venue depuis
la tête jusqu'à la queue. Il n'y a du moins aucune espèce dont la largeur soit si peu variable.
La hauteur du corps , à l'endroit le plus large , en avant des ventrales , dépasse à peine celle
de la tête ; et la partie du corps qui est la plus rétrécie , à l'origine de la caudale , égale
encore plus de la moitié de la plus grande hauteur. La dorsale est très-fournie ; ses princi-
paux rayons sont précédés d'un nombre considérable de plus petits rayons , qui vont en dé-
croissant d'arrière en avant. L'insertion des ventrales n'est pas exactement opposée à celle
de la dorsale ; elle est un peu plus reculée. Je ne compte que cinq rayons principaux ,
fourchus, précédés de cinq petits rayons simples. Les pectorales sont beaucoup plus fournies ;
leurs rayons sont aussi plus longs et plus épais; il y en a au moins une douzaine. La caudale,
enfin , mérite une attention toute particulière. Au premier coup d'œil , ses deux lobes parais-
sent égaux, ou du moins le lobe supérieur ne déborde que très-insensiblement le lobe infé-
rieur; mais par le fait, ce dernier est cependant le plus long, attendu que la partie supé-
rieure de la queue, à laquelle s'attache le lobe supérieur, est beaucoup plus avancée. La
formule de la caudale est I, 8,7, L Les rayons du lobe inférieur sont non -seulement
plus longs , mais aussi plus gros que ceux du lobe supérieur. Les fulcres du lobe supérieur
sont nombreux, ils commencent fort avant sur le dos et s'étendent presque tout le long du
rayon principal. Tous les rayons sont subdivisés nombre de fois; mais les plus grands le sont
proportionnellement moins que ceux du milieu de la nageoire. En revanche , leurs articula-
tions transversales sont plus distinctes.
TOM. II. 37
— 282 —
J'ai représenté sous chacune des nageoires un de ses rayons isolés. C'est au fond le même
type, soumis aux variations que commande la position du rayon dans la nageoire. Il est à
remarquer que les pectorales et la caudale ont les plus longs ; ceux de la dorsale et des ven-
trales sont sensiblement plus petits.
Les écailles sont toutes rhomboïdales , avec cette différence , que celles de la partie posté-
rieure du corps sont plus longues que hautes, tandis que celles de la partie antérieure sont
sensiblement plus hautes que longues. On aperçoit au milieu de la surface de chaque écaille
un petit renflement tuberculeux, qui rappelle un peu les écailles des Acrolepis, de la famille
des Sauroïdes. On ne saurait non plus méconnaître dans la physionomie générale de ce pois-
son une certaine ressemblance avec les Ophiopsis, et je ne serais pas étonné que l'on re-
connût par la suite qu'il appartient réellement à ce genre et non pas au genre Pholidopho-
rus; d'ailleurs les dents sont aussi un peu grosses pour un Pholidophorus. Je regrette de n'a-
voir à ma disposition qu'un dessin de ce poisson ; je n'ai même jamais vu l'original , ensorte
que je ne puis me prononcer d'une manière catégorique sur les vraies affinités de ce fossile,
La ligne latérale se reconnaît à une série d'écaillés plus foncées , situées au milieu du corps.
La têle est bien conservée ; on y reconnaît distinctement plusieurs des pièces operculaires ,
entre autres l'opercule , qui est grand et arqué , et la mâchoire inférieure , sur laquelle sont
implantées les dents. L'œil est petit. Le profil de la tête forme un angle d'environ k^° avec
la verticale.
Je ne connais ce poisson que par un dessin que je dois à l'obligeance de M. le D" Buck-
land. L'original se trouve dans la collection de M. Flesher de Towcester ; il a été trouvé dans
une marne schisteuse jaune de l'oolite inférieure, lorsque l'on creusa le tunnel de Blissworth,
près de Northampton.
XIV. Pholidophorus limbatus Âgass.
Vol. 2, Tab. 37, fig. 1-5.
Cette espèce , dont on trouve rarement des exemplaires entiers , mais plus communément
des écailles détachées et des os démembrés, appartient à la section du genre dont le corps
est élancé et étroit. Dans l'exemplaire de fig. I , le plus parfait que je connaisse , la longueur
du corps , depuis l'insertion des pectorales jusqu'à l'origine de la caudale, est plus que triple de
la plus grande hauteur, sans compter la tête , ni la nageoire caudale. Les écailles sont de
moyenne grandeur, et lisses à leur surface extérieure. Elles varient considérablement, sui-
vant leur position : celles du milieu du corps sont plus hautes que longues et finement den-
telées à leur bord postérieur (fig. k); celles de la région postérieure du corps sont au contraire
profondément frangées, et les extrémités des dentelures sont inclinées en bas (fig. 3). Il n'est
pas difficile de distinguer ce caractère des fractures accidentelles qui se rencontrent assez
fréquemment dans des écailles isolées d'autres espèces du même terrain , telles qu'on les trouve,
\
_ 283 —
par exemple, souvent pèle-inèle, dans les coprolilhcs du Lias de Lyme-Regis. Toutes les fois tjue
le bord postérieur de l'écaillé est trés-niince et (ju'il présente une dentelure régulière , on
peut être sûr que les écailles sont entières et qu'elles appartiennent au Ph. Ihnhnlus; tandis
que si le bord de l'écaillé est tronqué ou présente une coupe épaisse , on devra le rapporter
à une autre espèce. Les écailles de la partie antérieure du tronc sont les plus grandes; celles
du pédicule de la queue , les plus petites ; elles sont en outre équilatérales et à bords droits ,
et ont le bord supérieur convexe, tandis que le bord inférieur correspondant est concave.
L'onglet articulaire qui les unit est petit et pointu ; la partie de l'écaillé recouverte par l'im-
brication est peu considérable.
La ligne latérale est très-marquée : le tube , qui traverse les écailles , est oblique , assez
ample, et s'ouvre au bord postérieur de l'écaillé entre les pointes inférieures. C'est à ce ca-
ractère en particulier qu'il m'a été possible de déterminer les écailles détachées d'un Pholi-
dophorus limhatus empâtées dans le coprolithe que M. le D"^ Buckland a représenté dans son
Traité de minéralogie et de géologie, vol. II, Tab. XV, fig. 3'. Une étude minutieuse de ces
matières fécales deviendra de plus en plus intéressante, parce qu'elle nous fournira les moyens
de déterminer la nature des alimens dont se nourrissaient les grands Sauriens de l'époque
jurassique. Nous pourrons aussi arriver par là à quelques données sur leur manière de vivre.
Il est incontestable, par exemple , que pour pouvoir se nourrir de poissons dont on trouve de
si fréquens débris dans leurs intestins , les Ichthyosaures et les Plésiosaures devaient être plus
agiles que si leur nourriture avait consisté uniquement en Mollusques et en Crustacés qui sont
généralement moins agiles.
Les rayons de toutes les nageoires sont grêles, fendus seulement une ou deux fois jusqu'à
la moitié de leur longueur et articulés transversalement, de manière que les articles sont
environ du double plus longs que larges. La caudale paraît plus forte que les autres na-
geoires; son lobe supérieur a douze rayons ; son lobe inférieur paraît en avoir deux de plus
(fig. 1 ). Les premiers fulcres du lobe supérieur sont allongés et ont l'aspect de rayons; mais
insensiblement ils se raccourcissent et se relèvent de plus en plus sur le bord du rayon exté-
rieur du lobe supérieur, ainsi que le montre la fig. d, qui représente la partie externe du lobe
supérieur de la caudale, grossi. L'insertion de la nageoire étant passablement oblique, les
fulcres de la base du lobe inférieur se trouvent en avant de ceux du lobe supérieur. Les
rayons de l'anale sont encore plus grêles que ceux de la caudale et moins profondément bifur-
ques; mais les fulcres extérieurs sont moins serrés et plus inclinés. Les rayons des centrales
sont un peu plus longs, mais dans vm état de dégradation qui ne permet pas de les étudier
en détail. Je nai vu ni les pectorales ni la tête.
C'est une espèce propre au lias de Lyme Régis. Il en existe des exemplaires dans plusieurs
collections d'Angleterre , entre autres au Musée d'Oxford , dans les collections de lord Ennis-
killen et de sir Pliilipp Egerton. Les écailles sont fréquentes dans les coprolithes. M. Buckland
en a recueilli un grand nombre dans des coprolithes de Lyme-Regis.
— 28i —
XV. Pholidophorus Stricklandi Agass.
Vol. 2, Tab. ^2 a, fig. 5 et ?i. •"">>'
Cette petite espèce est plutôt trapue qu'élancée. Sa partie abdominale surtout est assez large,
et le corps se rétrécit sensiblement en arrière, vers l'origine de la caudale, qui est assez
étroite. Les écailles sont en général plus hautes que longues, surtout celles des rangées mé-
dianes; mais ce qui les caractérise surtout, c'est leur forme arrondie; leur bord postérieur
ne montre aucune trace d'entailles ni de plis sur quelque partie du corps qu'elles se trouvent;
mais en les examinant à la loupe, on y reconnaît des lignes concentriques distinctes, qui in-
diquent sans doute les termes d'accroissement de l'écaillé. La forme particulière des écailles
de cette espèce avait fait penser à M. Strickland que ce poisson était un Cycloïde , et que je
m'étais trompé en affirmant que les poissons de cet oi-dre n'apparaissent qu'avec la série des
terrains crétacés. Un examen attentif de ce fossile m'a cependant prouvé que ses écailles sont
émaillées et qu'elles sont articulées entre elles comme chez les Ganoïdes en général. 11 ne
saurait donc y avoir de doute sur la classification de ce poisson. La ligne latérale se reconnaît
à un renflement médian de ces écailles (fig. ^ «) , le tube muqueux s'ouvrant sous le bord pos-
térieur. La caudale est la seule nageoire qui soit complètement conservée dans les exemplaires
connus jusqu'ici. Elle est courte et peu profondément entaillée. Ses rayons sont grêles et
dichotomés nombre de fois. La tète est assez bien conservée dans l'exemplaire de fig. k. On
y reconnaît distinctement les mâchoires, ainsi que l'appareil operculaire, entre autres l'opercule
et le préopercule. Les rayons branchiostègues sont également visibles au-dessous des mâchoi-
res. L'orbite est de grandeur moyenne.
La connaissance de cette espèce est due à M. Strickland, qui l'a recueillie dans les schistes
du lias de Barrow. L'exemplaire de fig. k se trouve dans sa collection ; celui de fig. 5 fait
partie de la collection de lord Enniskillen.
XVL Pholidophorus Hastiisgsiae Agass.
Vol. 2, Tab. 42 a, fig. I.
Je désigne sous ce nom un petit poisson de la collection de lord Enniskillen , que je croi;»
être une espèce particulière. C'est de tous les Pholidophores connus jusqu'ici le plus élancé.
Son corps est tout d'une venue et le tronc en arrière des ventrales est à peine plus large que
le pédicule de la queue. La ligne latérale est remarquable , en ce qu'elle part de l'angle su-
périeur de la nuque et descend par une pente continue et régulière jusqu'au milieu de la eau-
— 28S —
dalc , tandis que dans la plupart des autres espèces, elle part du milieu de la ceinture thoraci-
que et suit une direction à-j)eu-près horizontale. Les écailles n'ont laissé (jue leurs empreintes,
qui sont en forme de losanges assez réguliers , du moins dans la partie antérieure du tronc .
d'où sont prises les écailles grossies de iîg. i a.
Il existe des rudimens de la caudale , de l'anale , des ventrales et des pectorales. Toutes ces
nageoires sont composées de rayons fins et grêles ; la caudale surtout frappe par le peu de
développement de ses lobes qui sont à peine plus larges que le pédicule de la queue. La tête
n'est pas conservée, mais le contour de la ceinture thoracique est nettement indiqué.
Cette espèce a été découverte par Lady Haslings, dans le lias de Barrow.
XVIL Pholidophorus aîsghstus Agass.
Vol. 2, Tab. k^a, fig. 2.
Cette espèce a dans sa forme extérieure la plus grande ressemblance avec le Ph. Hastingsiœ
que nous venons de décrire ; elle est même, si possible , encore plus grêle , car la largeur du
corps n'excède nulle part celle de la tête. Quoique l'exemplaire que nous avons pris pour le type
de cette espèce , soit très-fruste , on y reconnaît cependant quelques vestiges des nageoires
paires , en particulier les ventrales , dont la position est tout-à-fait normale. Les écailles n'ont
laissé que leurs empreintes, mais elles sont assez distinctes pour permettre d'en reconnaître
les principaux caractères. Celles du milieu du corps sont sensiblement plus hautes que longues,
mais du reste régulièrement carrées. La ligne latérale est très-distincte ; mais , au lieu de par-
tir de l'angle supérieur de la nuque, comme dans le Pholidophorus Hastinysiœ , elle prend son
origine à-peu-près au milieu du corps , derrière la ceinture thoracique. Les contours de la tête
sont assez bien conservés ; on y découvre un caractère particulier, qui ne se retrouve pas dans
d'autres espèces ; c'est la présence d'une série de petites erénelures sur la nuque , qui rappel-
lent un peu les épines qu'on rencontre sur la tète de certains Cyprins. Je suis cependant dis-
posé à croire que ces erénelures ne proviennent ici que de l'empreinte d'écaillés disjointes.
Je ne connais qu'un seul exemplaire de cette espèce, que je dois à l'obligeance de M. le
professeur Pusch, de Varsovie. L'original se trouve dans la collection de M. Puseh et provient
du grès rouge jurassique de Pologne»
XVIII. Phoudophorus gracilis Mùnslr^
Vol. 2 , Tab. 42 , fig. 2.
M. leccrmte de Munster désigne sous ce nom un petit poisson du calcaire de Kehiheim ,
qui fait partie de sa collection. Ce savant, qui a bien voulu m'en communiquer !e dessin .
observe positivement que les écailles , qui sont petites et minces , ne montrent aucune trace
— 286 —
de dentelure. L'original est couché sur le dos, de manière qu'on reconnaît, près de la tête,
les deux pectorales. Le tronc est d'égale largeur, et la colonne vertébrale est grêle et com-
posée d'un grand nombre de vertèbres. La tète a dû être assez large. Les fig. « et 6 repré-
sentent des écailles grossies d'après le dessin que m'en a communiqué M. le comte de
Miinster. Il est probable que la fig. h indique la face externe, la fig. a, la face interne. La
forme pentagonale de ces écailles est encore un problème pour moi.
XL\. PlIOLIDOPHORUS MINOR AgaSS.
Vol. 2, Tab. 42«, fig. 5.
Il existe dans la collection de lord Enniskillen une portion du crâne d'un petit poisson, que
je crois être un Pholidophore. On y reconnaît distinctement les deux frontaux, qui, réunis ,
ont à-peu-près la forme d'une courte massue, leur partie postérieure étant élargie, la partie
antérieure, au contraire, très-atténuée. Ne connaissant pas d'espèce à laquelle on puisse rap-
porter ce fragment, je le désigne provisoirement sous le nom de Ph. minor. Il provient
de l'oolite de Stonesfield.
XX. Phol'dophobits furcatus Agass.
Vol. 2, Tab. 36, fig. i (sous le nom de Microps furcatus Agass.).
Dans l'origine, j'avais séparé ce poisson des autres Pholidophores , pour en faire un genre
à part , sous le nom de Microps , dont j'ai même donné une figure restaurée dans le Vol. I ,
Tab. C, fig. 5. Je basais cette distinction sur le fait que la caudale est parfaitement sy-
métrique, et que les écailles ne remontent pas plus loin sur le lobe supérieur que sur
le lobe inférieur. Mais par la suite, je me suis convaincu que ce caractère n'a pas l'impor-
tance que je lui prêtais. Je supprime par conséquent Te genre Microps, pour réintégrer notre
poisson dans le genre Pholidophorus. Les écailles sont d'une grande régularité ; elles ont
partout la même forme, sur quelque partie du tronc qu'on les prenne; et celles de la région
caudale en particulier ne diffèrent en rien de celles de la région antérieure. Toutes sont très-
lisses à leur surface ; mais je n'ai pas pu m'assurer si le bord postérieur était dentelé ou non.
La ligne latérale occupe à-peu-près le milieu des flancs. La dorsale n'est pas tout -à-fait
médiane, mais plus rapprochée de la queue que de la tête ; elle est composée de rayons grêles,
mais assez longs. Il en est de même de l'anale, qui est un peu plus reculée que la dorsale.
La caudale est grande et fortement échancrée ; ses deux lobes sont d'égale longueur ; mais le
supérieur est un peu moins fourni que Tinférieur. Il existe aussi quelque traces des ventrales,
dont les rayons sont aussi longs et très-fins.
— 287 —
C'est une espèce liasîque. L'original de ma figure provient de Seefeld enTyroI ; il se trouve
dans la collection de la Société géologique de F'rance. M. le comte de Munster en possède aussi
des exemplaires qui proviennent de la même localité.
Outre les espèces décrites dans ce chapitre , il en est encore plusieurs autres qui méritent
également de fixer l'attention. N'ayant pu les faire entrer dans mes planches, faute d'es-
pace, je me bornerai à en indiquer ici les principaux caractères, me réservant de les publier
plus tard dans mes Supplémens. Ce sont les :
i° Pholidophorus dobsalis Agass. Espèce du lias de Seefeld. Elle a quelque ressemblance
avec le Ph. Bechei, mais elle est plus petite et plus trapue. La dorsale est aussi plus reculée ;
les écailles sont plus petites et plus rhomboïdales ; aussi forment-elles un bien plus grand
nombre de séries longitudinales sur les flancs.
2° Pholidophorus latiusculus Agass. Du lias de Seefeld et de Lyme-Regis. Espèce très-voi-
sine de la précédente , mais plus petite , ayant la dorsale moins reculée ; elle n'a guère que
deux à trois pouces de long.
3° Pholidophorus pusillus Agass. Du lias de Seefeld , où elle est assez fréquente. C'est jus-
qu'ici la plus petite espèce du genre ; elle est très-élancée. La dorsale est au milieu du dos.
Les écailles ont le bord postérieur lisse.
4° Pholidophorus Taxis Agass. Du calcaire lithographique de Solenhofen. Espèce très-voi-
sine du Ph. striolaris Mstr. , mais beaucoup plus large ; peut-être n'en est-elle cependant
qu'une variété.
5'" Pholidophorus radians Agass. Du calcaire lithographique de Solenhofen , de Kehiheim,
de Weltenburg et de Langenaltheim. Grande espèce voisine du Ph. macrocephalus, mais dont
les écailles sont encore plus grandes et surtout plus hautes. Les rides de leur surface différent
également , en ce qu'elles rayonnent dans tous les sens , tandis qu'elles sont seulement diri-
gées en arrière dans le Ph. macrocephalus. Je l'avais d'abord rangée dans le genre Caturus.
6° Pholidophorus uraeoidks Agass. Du calcaire lithographique de Solenhofen, d'Eichstaedt,
et de la carrière de Moritzbrunn. Espèce à tête large et courte; ses écailles sont minces,
grandes et ornées de rayons divergens , avec onglets articulaires très-larges et très-longs.
7° Pholidophorus radiato-punctatus Agass. Du calcaire lithographique de Solenhofen.
Grande espèce caractérisée par ses écailles , dont la partie émaillée, au lieu d'être lisse, est
recouverte de tubercules très-serrés.
8° Pholidophorus maximus Agass. Du calcaire lithographique de Solenhofen. Très-grande
espèce, dont les écailles sont également granuleuses ; mais les granules , au lieu d'être arron-
dies comme dans le Ph. radiato-pxinctatas , sont en forme de petits plis saillans , formant un
réseau irrégulier. La caudale est très-grande et largement fourchue. Je l'avais d'abord ran-
gée dans le genre Caturus , mais ayant reconnu plus tard que ses écailles sont beaucoup plus
épaisses que celles de ce dernier genre, je ne doute plus qu'elle n'appartienne au genre Pholi-
— 288 — .
dophorus , si toutefois les espèces à écailles lisses et celles à écailles rugueuses n'offrent pas
d'autres différences plus importantes dans les parties du corps qui ne sont pas encore com-
plètement connues. Dans ce cas, il conviendrait de les séparer et de faire un genre à part des
deux espèces que j'ai désignées sous les noms de Ph. radiato-punctatus et maocimus.
11 existe en outre dans le lias de Lyme-Regis une espèce très-voisine du Ph. dorsalis.
par la forme de ses écailles , mais qui en diffère par ses nageoires plus grandes , et en ce que
sa dorsale est plus reculée. M. le professeur Walchner a aussi trouvé des fragmens d'une
espèce de Pliolidophore dans le lias de l'Oberland badois.
Enfin, Sir Philipp Egerton vient de communiquer à la Société géologique de Londres la des-
cription de plusieurs espèces nouvelles de Pholidophores que je n'ai pas encore eu occasion
de comparer, mais que je suis tout disposé à considérer comme des espèces particulières, d'a-
près ce que mon savant ami m'écrit de leurs caractères; tels sont en particulier son Ph. pa-
chysomus de Lyme-Regis, son Ph. crenulatus de Lyme-Regis et son Ph. Hartmanni d'Ohra-
den. J'ai également distingué deux autres espèces de la collection de sir Philipp Egerton, que
je décrirai aussi dans mes Supplémens avec les précédentes ; ce sont les Ph. fusifonnis de Cas-
tellamare et le Ph. leptocephalus du lias de Street.
Le poisson que j'ai désigné sous le nom de Pholidophorus laevissimiis dans la collection de
M. le comte de Munster, fait partie du genre que j'ai distingué récemment sous le nom de
Nothosomus,
— 289 —
CHAPITRE Xy
DU GENRE OPHIOPSIS Agass.
Ce genre est voisin , à bien des égards , des Pholidophores que nous venons de décrire ;
mais il s'en éloigne d'un autre côté par plusieurs particularités de structure, dont l'importance
ne saurait être contestée. Au premier abord , on est tenté de le ranger dans la division des
Hétérocerques , parce que les lobes de la caudale sont effectivement inégaux; mais cette
inégalité n'a pas la même valeur ; car, en réalité , la colonne vertébrale ne se prolonge p^s
comme dans les Hétérocerques, dans le lobe supérieur ; ce dernier est seulement placé un peu
plus en arrière et déborde ^ar conséquent le lobe inférieur. Le principal caractère réside dans
la dorsale, qui est très-longue et continue; elle n'occupe pas moins de la moitié de la lon-
gueur du dos; ce qui n'a lieu dans aucun autre genre de ce groupe de la famille des Lépi-
doïdes ; ses rayons n'ont rien de particulier ; ils sont assez grêles , articulés et dichotomés ,
comme ceux de tous les Lépidoïdes. Les écailles sont rhomboïdales et très-régulières sur
tout le corps ; leur surface est lisse et leur bord postérieur uni. Le squelette est assez robuste.
Les vertèbres surtout sont fortes , plus longues que larges et à articulations très-saillantes. La
gueule est armée de petites dents coniques, qui sont proportionnellement plus développées
que celles des Pholidophores.
Les espèces connues jusqu'à présent sont toutes de l'époque jurassique.
L Ophiopsis procerus Agass.
Vol. 2, Tab. hS. .
C'est d'après cette espèce que j'ai établi le genre Ophiopsis. C'est un poisson de taille
moyenne , plutôt élancé que trapu ; la tête , en revanche , est courte , car elle est contenue
près de cinq fois dans la longueur totale. La plus grande largeur du tronc , à l'origine de la
dorsale , égale exactement la longueur de la tête ; de-là le corps se rétrécit très-insensible-
ment jusqu'à l'origine de la caudale, qui est encore assez large. La dorsale, qui constitue à
la fois le caractère essentiel du genre et de l'espèce, est très-vigoureuse; elle occupe près de
ToM. II 38
— 290 —
la moitié du dos. Ses rayons sont très-gros et fort espacés ; aussi n'en compte-t-on que vingt-
quatre ou vingt-cinq dans toute l'étendue de la nageoire ; tous se bifurquent à quelque dis-
tance de leur insertion , et les derniers se divisent même en une quantité de petits filets à leur
extrémité. La caudale ne paraît être qu'imparfaitement bilobée; la limite des écailles décrit,
à l'origine des rayons, une ligne oblique légèrement arquée, qui résulte de ce que les rayons
du lobe supérieur avancent beaucoup plus que ceux du lobe inférieur ; ils sont tous sans excep-
tion bifurques. Les pectorales sont composées de rayons minces, assez longs, très-serrés et
divisés nombre de fois. Les ventrales sont petites, situées à l'opposite du milieu de la dorsale.
Les écailles sont grandes, rliomboïdales et très-uniformes; celles du pédicule de la queue
sont à peine plus petites que celles de la partie antérieur du tronc ; elles sont en outre épaisses;
leur surface est lisse et leur bord postérieur paraît être uni. Dans notre exemplaire (fig. i),
les écailles elles-mêmes ne sont conservées que dans la partie antérieure du corps , en avant
de la dorsale et des ventrales ; ce qui est au-delà ne sont que des empreintes des écailles du
côté gauche. Le squelette n'est pas visible , mais il paraît que la colonne vertébrale était assez
large, à en juger d'après la ligne foncée, qui en indique la direction, le long du dos. La
gueule est petite. Les deux mâchoires, mais particulièrement l'inférieure, sont munies de très-
lines dents coniques.
Je rapporte à la même espèce un petit poisson du Musée de Carisruhe (fig. 2), que je crois
être le jeune de notre Oph. procerits. C'est la même forme générale , la même coupe des
écailles, la même disposition des nageoires, et si les rayons en sont plus fins, c'est à l'âge
qu'il faut l'attribuer. La tête n'est si large que parce qu'elle est aplatie.
Les deux poissons figurés proviennent du calcaire lithographique de Solenhofen. L'exem-
plaire de fig. i se trouve en la possession de M. le comte de Miinster.
IL Ophiopsis PENiciLiATUS Agass.
Vol. 2, Tab. 36, fig. 2-4.
La tête de cette espèce est proportionnellement très-grande ; elle occupe plus du quart
de la longueur totale du poisson , et sa largeur le cède à peine à celle du tronc. Les mâchoires
sont robustes ; la gueule est largement fendue ; on distingue à la mâchoire supérieure plu-
sieurs rangées de-fines dents assez robustes et coniques. L'orbite n'est pas très-grande; en
revanche, l'appareil operculaire est très-développé , ainsi que la ceinture thoracique , à la-
quelle sont attachées les pectorales. La dorsale commence au tiers antérieur du dos et s'étend
jusques près de l'origine de la caudale ; le premier grand rayon est précédé de trois rayons
plus petits et indivis. La caudale est très-inéquilobe ; le lobe supérieur est plus long, plus
avancé, mais en somme plus grêle que le lobe inférieur; il est supporté par l'extrémité de
la colonne vertébrale ; le lobe inférieur, au contraire, est suspendu au-dessous. Les rayons
— 291 —
de l'un el de l'aulre sont gros et composés d'articles assez disions ; leur extrémité seule
est finement diohotomée. Les pectorales sont assez grandes, mais composées de rayons très-
grêles. Les ventrales sont très-petites , beaucoup plus rapprochées de ianale que des pectorales.
L'anale est encore plus grêle. Les écailles sont remarquables à cause de leur grande unifor-
mité ; celles de l'arrière du tronc sont de même dimension et de même forme que celles de
la partie antérieure , sauf quelques légères différences dans le contour des bords supérieur et
inférieur ; elles sont toutes lisses à leur surface , et leur bord postérieur ne présente aucune
trace de dentelures. Fig. 3 représente quelques écailles de la partie antérieure du tronc ,
et fig. 4, quelques-unes de la partie postérieure, les unes et les autres grossies à la loupe. On
aperçoit au-dessous de la dorsale une portion de la colonne vertébrale; les vertèbres sont
grosses et plus longues que hautes. La ligne latérale tient le milieu du corps.
L'original de cette espèce provient du calcaire de Purbeck et fait partie de la collection de
sir Philipp Egerton.
III. OpHIOPSIS DORSAtlS Affass.
, Vol. 2, Tab. 36, fig. d.
Cette espèce est beaucoup plus élancée que VOph. peniciUatm que nous venons de décrire.
La tête surtout est bien moins prépondérante , car elle n'égale guère que la cinquième partie
de la longueur totale du corps. Le tronc est presque tout d'une venue, jusqu'à l'origine de l'a-
nale. La caudale est moins inéquilobe, cependant le lobe supérieur déborde encore sensiblement
le lobe inférieur. Le premier rayon du lobe supérieur est garni de fulcres très-fins ; mais au
lobe inférieur, on distingue seulement de petits rayons indivis en avant du rayon principal.
L'anale et les ventrales sont moins rapprochées que dans l'espèce précédente ; elles sont pe-
tites et composées de rayons très-fins. Les pectorales ont des rayons un peu plus longs, mais
non moins grêles. La dorsale est très-grande; ses rayons vont en décroissant insensiblement
vers l'origine de la caudale ; ils sont distinctement dichotomés tout du long. Les écailles sont
grandes et très-régulières; mais on ne les voit que parleur face interne, qui est relevée d'une
quille obtuse, terminée par un onglet articulaire assez court. Les écailles de la queue présen-
tent une fine granulation en relief. La ligne latérale s'étend en droite ligne , du milieu de la
ceinture thoracique au milieu de la caudale.
L'exemplaire figuré est le seul que je connaisse jusqu'à présent. Il fait partie de la collec-
tion de sir Philipp Egerton, et provient de l'oolite inférieure de Northampton.
— 292 —
Je me réserve de décrire ultérieui-ement :
L'Ophiopsis Munsteri Agass., grande espèce du calcaire lithographique de Kehlheim. Elle
est beaucoup plus grêle et plus allongée que VO. procerus; la tête est très-courte ; la caudale
est étroite et distinctement bilobée. Les pectorales sont aussi longues que la tète. Les écailles
sont grandes; on les voit en plusieurs endroits , par la face interne; ce qui m'a démontré
que les séries dorso-ventrales sont articulées au moyen d'un onglet assez vigoureux , comme
dans les Pholidophores.
11 faudra ranger à la suite du genre Ophiopsis, le nouveau type généri([ue que j'ai distingué
sous le nom de Nothosomus , et qui est caractérisé par sa longue dorsale et ses écailles plus
hautes que longues. J'en connais deux espèces , l'une du lias de Lyme-Regis, que je nomme
^V. oclostychius, l'autre de Solenhofen , que j'avais rangée, dans l'origine, dans le genre Pho-
lidopfwrus, sous le nom de Ph. lœi-issiimts ^ et qui devra à l'avenir s'appeler Nothosotmia ke-
vissiDiiis.
— 295
CHAPITRE XVI.
DES GENRES NOTAGOGUS ET PROPTERUS:
1° Du GENRE NOTAGOGUS AgaSS.
Les poissons que je réunis dans le genre Notayogus sont de petite taille. Ils ont tous les ca-
ractères du genre Pholidophorus, avec cette différence que les rayons de la dorsale, au
lieu d'être continus , se divisent en deux lobes qui forment deux nageoires dorsales distinctes,
sans que l'on remarque pour cela, la moindre différence dans leur structure. Ce sont jus-
qu'ici, avec le genre Propterus, les seuls Lépidoïdes chez lesquels la dorsale soit divisée.
Sous tous les autres rapports, l'analogie est complète entre les Notagogus et les Pholidophorus.
J'ai essayé de rendre la physionomie générale de ce genre, dans la fig. i de laTab. C du Vol. I.
Toutes les espèces proviennent des dépôts supérieurs de la formation jurassique,
I. Notagogus Zietenii Agass^.
Vol. 2, ïab. 19, fig. 1.
L'espèce que je dé^e à M. de Zieten est de petite taille et cfe forme trapue. Les écailles sont
assez grandes ; leur partie visible est plus haute que longue ; leur bord postérieur est plutôt
arrondi que tronqué obliquement; et de là vient que les séries d'écaillés n'ont pas l'air de
former des bandes obliques excessivement régulières. Il existe dans notre exemplaire des
traces des deux dorsales; mais l'antérieure seule est bien conservée. Ses rayons sont assez
nombreux ; son bord postérieur paraît tronqué à-peu-près verticalement. L'anale n'a laissé
également que des traces imparfaites de sa présence. La caudale en revanche est très-bien
conservée ; ses lobes sont à-peu-près égaux ; elle est en outre fortement écbancrée. La tête
est assez grosse ; elle occupe plus du quart de la longueur totale du poisson , y compris la
caudale. Les écailles sont grandes et de forme variable, suivant la région du corps;, celles
qui sont situées immédiatement derrière la ceinture thoracique sont les plus développées ; elles
sont plus hautes que longues, arrondies en arriére ou du moins émoussées à leurs angles. Le
bord postérieur est uni.
L'espèce est propre au calcaire lithographique de Solenhofen, L'original de ma figure se
trouve dans la collection de M, de Zieten , à Stuttijart,
— 294 —
H. NoTAGOGUs Pentlandi Agass.
Vol. 2, Tab. 49, fig. 2.
Il existe dans le calcaire de Torre d'Orlando , prés de Naples , une petite espèce de poisson
qui, pour peu qu'elle soit conservée, se reconnaît facilement pour un Notagogus, en ce que
sa dorsale est divisée en deux lobes très-distincts. Ces deux lobes occupent ensemble à-peu-
prés toute la longueur du dos ; le premier commence à une petite distance de la ceinture tho-
racique, et s'étend jusqu'en face de l'anale. Il est beaucoup plus long que le second lobe;
mais, d'un autre côté, les rayons de ce dernier sont un peu plus allongés. La caudale est
grêle et peu échancrée. L'anale est petite et très-reculée. Les écailles sont grandes relative-
ment à la taille du poisson et plus hautes que longues ; leur bord postérieur est sensiblement
arrondi. La ligne latérale s'étend en ligne droite depuis le milieu de la ceinture thoracique
jusqu'au milieu de la caudale.
Cette espèce m'a été communiquée par M. Pentland, qui l'a recueillie à Torre d'Orlando ,
avec plusieurs exemplaires du Pycnodus rhombus , que nous décrirons plus bas. L'original de
ma figure est maintenant déposé au Muséum d'histoire naturelle de Paris.
m. Notagogus latior Agass.
Vol. 2, Tab. 49,fig.3.
J'ai distingué cette espèce du N. Pentlandi , à cause de sa forme plus large. L'exemplaire
(jui en est le type a en effet l'abdomen très-renflé , et contraste sous ce rapport d'une ma-
nière frappante avec l'espèce que nous venons de décrire. Sous tous les autres rapports ,
l'identité est complète ; ensorte qu'il se pourrait néanmoins que cette espèce ne fût qu'une
variété du N. Pentlandi , d'autant plus qu'elle provient de la même couche , du calcaire de
Torre d'Orlando. La présence de deux dorsales distinctes dans notre exemplaire ne permet
pas de douter que nous n'ayons à faire à un véritable Notagogus.
Ce poisson m'a été communiqué par M. Pentland, ainsi que le précédent. Loriginal se
trouve au Muséum de Paris.
IV. Notagogus denticulatus Agass.
Vol. 2,Tab. 50,fig. 1-S.
Dans la collection de M. le comte de Miinster, j'ai reconnu une petite espèce de Notagogus
du calcaire de Solenhofen , qui est distincte du N. Zietenii , par sa forme moins trapue et par
l)lusieurs détails de sa structure. La dorsale est sans doute double comme dans les espèces
— 29K —
précédentes , mais les deux lobes sont plus rapprochés et séparés seulement par une échan-
crure du bord supérieur de la nageoire. Le lobe antérieur est plus considérable que le lobe
postérieur. En revanche, ses rayons sont moins serrés; ils sont d'ailleurs distinctement bifur-
ques dans les deux. La caudale se fait surtout remarquer par son échancrure trés-faible ; ses
rayons sont peu nombreux ; je n'en compte que sept au lobe inférieur ; le lobe supérieur en
a encore moins. Il existe aussi quelques rudimens des autres nageoires, mais ils sont très-in-
complets. L'anale est opposée au milieu du second lobe de la dorsale. Les ventrales sont en
face de l'extrémité du premier lobe. Les pectorales sont situées sous le bord de la branche
horizontale de la ceinture thoracique. Le caractère le plus important que je puisse signaler,
et qui a valu à l'espèce son nom spécifique, c'est que le bord postérieur des écailles, au
lieu d'être lisse et arqué, comme dans les espèces précédentes, est au contraire distinc-
tement dentelé. La figure 2 montre deux séries d'écaillés prises sur le milieu du corps. La
i'ig. 3 représente ces mêmes écailles par la face interne. On reconnaît au milieu de chaque
série une carène distincte, dont l'onglet articulaire, qui en est le prolongement, va se loger
dans une échancrure de l'écaillé adjacente. La fig. h montre quelques écailles de la partie
postérieure du corps ; elles sont moins hautes et plus fortement dentelées au bord postérieur
que celles du milieu du corps. La fig. S, enfin, représente un rayon de la caudale, grossi pour
faire voir la manière dont il se dichotome.
La tête est assez bien conservée ; elle se fait remarquer par sa forme pointue. Les mâ-
choires sont garnies de dents en brosse très-bien conservées. L'appareil operculaire est éga-
lement très-reconnaissable , et l'on dislingue surtout bien l'opercule , qui est long et étroit ;
l'orbite est de moyenne grandeur.
L'original de mes figures se trouve dans la collection de M. le comte de Miinster ; il pro-
^ ient du calcaire lithographique de Kehlheim.
2° Du GENRE Proptertjs Agass.
Ce genre a deux dorsales comme le genre Notagogus, dont il a le port et la forme générale ;
mais ce qui le distingue, c'est que les rayons de la première dorsale, particulièrement les pre-
miers, sont beaucoup plus longs que ceux de la seconde. La charpente osseuse est massive ; les
vertèbres sont grosses et courtes, c'est-à-dire plus hautes que longues. Les osselets interapo-
physaires sont vigoureux. Les écailles sont façonnées comme dans la plupart desPholidophorus
et des Notagogus, c'est-à-dire qu'elles sont rhomboïdales et finement dentelées au bord posté-
rieur. L'anale est située un peu en arrière de la seconde dorsale, et les ventrales correspondent
à l'extrémité de la première. La caudale est assez grêle.
.le ne connais encore que deux espèces de ce type ; l'une et l'autre proviennent du calcaire
lithographique de Kehlheim.
— 296 —
Propterus microstomus Agass.
Vol. 2, Tab. SO, %. 6-8.
Cette espèce se distingue par sa forme courte et trapue. La plus grande hauteur est en
avant de la première dorsale ; le profil du front est arrondi ; l'œil est très-haut ; la bouche est
petite et garnie de fines dents en brosse. Les deux dorsales sont à-peu-près de même éten-
due, séparées seulement par un petit espace; mais la première a des rayons beaucoup
plus longs que la suivante; le second rayon surtout dépasse de beaucoup les autres; il est
indivis, ainsi que le premier, tandis que les suivans sont dichotomés. La caudale n'est con-
servée qu'en partie; mais l'on voit, d'après ce qu'il en reste, qu'elle a dû être grêle, courte
et probablement peu échancrée ; le lobe inférieur se compose de huit rayons articulés et di-
chotomés , précédés de quelques petits rayons indivis. Le lobe supérieur est recouvert d'é-
cailles rhomboïdales aussi loin qu'il est conservé. Il se pourrait, par conséquent , qu'il appar-
tint à la division des Lépidoïdes hétérocerques. C'est ce qu'on ne pourra décider que lors-
qu'on possédera des exemplaires dont la caudale sera entièrement conservée. L'anale est un
peu plus reculée que la seconde dorsale. Les ventrales et les pectorales sont longues et grêles.
Quant aux écailles du corps, elles ont en grande partie disparu, ensorte que je ne puis
savoir si elles se distinguent par quelque caractère particulier. Le squelette est robuste ; les
vertèbres, en particulier, sont grosses et courtes. Les osselets interapophysaires de la dorsale
sont également vigoureux; il y en a un pour chaque rayon. La fig. 8 représente l'un des
rayons de la première dorsale grossi , la fig. 9 montre les articles de deux rayons sous un
grossissement plus fort, pour faire voir la forme exacte des articles.
Je ne connais encore qu'un exemplaire de cette espèce ; il fait partie de la collection de
M. le comte de Munster, et provient du calcaii*e de Kehlheim.
Il existe au cabinet de Berlin une seconde espèce de ce genre, à laquelle M. le comte de
Miinster a donné le nom de P. serratus, parce que ses écailles ont le bord postérieur fine-
ment dentelé; elle est plus grande que notre P. microstomus . et provient également du cal-
caire de Kehlheim. Je la décrirai dans mes Supplémens.
— 297 —
QUELQUES OBSERVATIOIVS
SUR LES
LEPIDOIDES HOMOCERQUES.
Les Lépidoïdes homocerqoes ne présentent pas une grande variété de forme : ce sont tous
des poissons réguliers , qui ne frappent par aucun de ces caractères bizarres qu'on retrouve
dans d'autres familles. Tout est proportionné entre les différentes parties du corps, et la diffé-
rence des espèces ne se trahit que par des variations très-insensibles dans la forme de ces di-
verses parties. Cependant, malgré cette uniformité, on reconnaît dans les Lépidoïdes homocer-
ques deux groupes assez distincts , comme dans les Lépidoïdes hétérocerques , dont l'un com-
prend les genres à corps plus ou moins court, large et comprimé [Dapedius, Tetragonolepis),
tandis que l'autre est composé de genres à corps plus allongé (Àmblytirus, Semionotus , Lepido-
tus, PhoUdophorus . Ophiopsis, ISotagogus et Propterus). Ce dernier groupe se divise en
deux sections, dont l'une comprend les genres à une dorsale (Lepidotus , Pholidophorus ,
Ophiopsis, Semionotus et Amhhjurus), et l'autre les genres à deux dorsales (^Notagogus et
Propterus).
Lépidoïdes homocerques.
P' Groupe : Corps court et plat.
Dapbdios de la Bêche.
D. politus de la B.
D. granulatus Ag.
D. punctatus Ag.
D. Colei Ag.
D. orbis Ag.
Tetragonolepis Bronn.
T. semicinctus Bronn.
T. confluons Ag.
T. speciosus Ag.
T. pustulatus Ag.
T. radiatus Ag.
T. leiosomus Ag.
T. Leachii Ag.
T. heteroderma Ag.
T. pholidotus Ag.
T. ovalis Ag.
T. Bouei Ag.
T. dorsalis Ag.
T. monilifer Ag.
T. angulifer Ag.
T. Magneville Ag.
T. maslodonteus Ag.
TOM. II.
39
— 298 —
11™° Groupe : Corps allongé, plus ou moins fusiforme.
A. macrostomus Ag.
Espèces à une dorsale.
Amblyurds Agass.
Semionotus Agass.
S. leptocephalus Ag.
S. Bergeri Ag.
S. latus Ag.
S. rhonibifer Ag.
S. Nilssoni Ag.
S. stria tus Ag.
Lepidotus Agass.
L. gigas Ag.
L. semiserratus Ag.
L. undatus Ag.
L. rugosus Ag.
L. fîmbrialus Ag.
L. ornatus Ag.
L. frondosus Ag.
L. unguiculalus Ag
L. lœvis Ag.
L, palliatus Ag.
L. radiatus Ag.
L. tuberculatus Ag.
L. notopterus Ag.
L. oblongus Ag.
L. minor Ag.
L. Mantellii Ag.
L. Fittoni Ag.
L. speciosus Mstr.
L. parvulus Mstr.
L. strialus Ag.
L. Maximlliani Ag.
L. Virleti Ag.
L. frondosus \s.
Pholidophorus Agass.
P. Bechei Ag.
P. macrocephalus Ag.
P. tenuiserra tus Mstr.
striolaris Mstr.
micronyx Ag.
latimanus Ag.
Flesherii Ag.
Stricklandi Ag.
angustus Ag.
minor Ag.
P. latiusculus Ag.
P. Taxis Ag.
P. onychius Ag.
P. microps Ag.
P. longiserratus Mstr.
latus Ag.
intermedius Mstr.
ornatus Ag.
linibatus Ag.
Hastingsise Ag.
P. gracilis Mslr.
P. furcatus Ag.
P. dorsalis Ag.
P. pusillus Ag.
— 209 —
Pholidophoris Agass.
P. uracoïtles Ag. P. radians Ag.
P. maxinius Ag. P. radiato-punctatus Ag.
P. pacliysonnis Egerl. P. fusiformis Ag.
P. crenulalus Egeit. P. leptocephalus Ag.
P. Hartmanni Egerl.
Ophiopsis Ag.
0. penicillatus Ag. 0. dor.salis Ag.
(). procerus Ag. 0. Miinsteri Ag. »
p. Espèces à deux dorsales.
NoTAGOGiis Agass. Propterus Agass.
N. Zietenii Ag. P. niicrostomus Ag.
N. Pentlandi Ag.
N. làtior Ag.
N. denticulalus Ag.
On voit par ce tableau , que le second groupe compte un nombre d'espèces beaucoup plus
considérable que le premier. Tandis que les Lépidoïdes hétérocerques prédominent dans les
époques antérieures à la formation jurassique , ce sont au contraire les Lépidoïdes homocer-
ques qui se développent de préférence dans l'époque jurassique. On les retrouve dans tous les
étages de cette formation, et ce qui mérite surtout d'être remarqué, c'est qu'après avoir été
si nombreux durant cette époque , ils disparaissent à-peu-près complètement pendant les épo-
ques crétacée et tertiaire. Jusqu'ici, du moins, nous n'avons rencontré qu'un petit nombre
d'espèces dans la craie, et seulement quelques écailles isolées dans les terrains tertiaires; et
comme il n'y a pas dans l'époque jurassique d'autres espèces, dont la physionomie trahisse
un caractère aussi inoffensif, que celui de ces Lépidoïdes, nous en concluons qu'ils formaient
à-peu-près seuls la pâture des grands Sauriens, des Sauroïdes et des Requins de cette époque,
ainsi que cela résulte d'ailleurs de l'étude que l'on a faite des coprolithes.
La différence entre les homocerques et les hétérocerques n'est cependant pas aussi tran-
chée à l'extérieur qu'on pourrait être tenté de le ci'oire , d'après la nature des squelettes ;
dans les homocerques eux-mêmes le lobe supérieur de la caudale déborde, souvent le lobe
inférieur, alors même que la colonne vertébrale ne se prolonge pas dans son intérieur. Il peut
aussi arriver que les deux lobes se terminent à la même hauteur, sans que pour cela ils soient
parfaitement égaux ; dans ce cas , les rayons du lobe inférieur , dont la base est plus en
retrait, sont plus longs que ceux du lobe supérieur. Dans beaucoup d'espèces, ce même
lobe inférieur est aussi plus ample et compte un plus grand nombre de gros rayons que le
lobe supérieur.
300
ADDITION AUX LEPIDOIDES HETÉROCERQUES.
Du GENRE COCCOLEPIS AgaSS.
Depuis la publication de mes descriptions des Lépidoïdes hétérocerques , dans les premiers
chapitres de ce volume, j'ai reçu en communication de la part de M. le D"^ Buckland un petit
poisson qui a d'autant plus d'intérêt qu'il est une exception à la règle générale que j'ai éta-
blie sur la répartition des Lépidoïdes dans les couches de la terre, savoir, que les hétérocerques
sont , en thèse générale , limités aux formations antérieures au Jura , tandis que les homo-
cerques se trouvent dans toute la série des terrains plus l'écens. Or, le poisson dont il est ici
question est évidemment hétérocerque , et cependant il provient des schistes lithographiques
de Solenhofen. Il se distingue en même temps des autres genres de cette division par plu-
sieurs caractères importans qui m'engagent à en faire un genre à part que j'appelle Cocco-
lepis , à cause des granulations de la surface de ses écailles.
CoCCOLEPlS BUCKLANDI AgasS.
Vol. 2, Tab. 36, fig. 6 et 7.
L'espèce que je décris sous ce nom est jusqu'à présent la seule de ce type. C'est un des
plus petits poissons de toute la famille des Lépidoïdes ; car il n'a guère que deux pouces de
long et un et demi de haut. La tète est de moyenne grandeur, mais pas assez bien conservée
pour fournir des caractères précis. Le corps est couvert d'écaillés très-petites , régulières et
très-uniformes , mais elles ont disparu sur tout le tronc et n'ont laissé que leurs empreintes ,
qui, examinées à la loupe, sont finement pointillées et présentent l'aspect de fig. 7. Il est
probable que ce pointillé résulte de petites aspérités qui existaient à la face extérieure des
écailles. Les écailles elles-mêmes ne sont conservées que sur le lobe supérieur de la caudale,
où elles se voient par leur face intérieure. La dorsale est très-grande et tronquée vertica-
lement en arrière , ce qui lui donne la forme d'un triangle rectangle. Ses rayons sont nom-
breux, très-fins et indivis. Leurs articulations sont d'autant plus distinctes, qu'elles sont fort
distantes et disposées de manière à former des séries transversales. Les ventrales sont petites ,
mais très-rapprochées de l'anale ; celle-ci est un peu plus grande que les ventrales; son inser-
tion est opposée à l'extrémité de la dorsale. La caudale n'est pas très-vigoureuse; le lobe in-
férieur est le mieux garni ; on voit sur ce dernier des articulations formant entre elles des
lignes transversales , absolument comme sur la dorsale. Les rayons du lobe supérieur ne sont
pas visibles. En revanche, on voit distinctement sur l'original la colonne vertébrale se pro-
— 301 —
longer dans l'intérieur du lobe supérieur (a). Il n'existe que des traces très-imparfaites des
pectorales. Les osselets interapophysaires qui se voient dans la région, de la dorsale et de
l'anale sont grêles ; ils sont limités à ces nageoires, ensorte qu'il est probable qu'il n'y en a pas
d'inermes.
L'original fait partie de la collection de M. Buckland. C'est un fossile extrêmement rare .
car je ne sache pas que l'on en ait trouvé un second exemplaire à Solenhofen.
Tableau synoptique de la famille des Lépidoïdes.
Old-Red.
Diptei'us macrolepidotm {Catopterm A.g.). — Caithness, Banniskirk, Widel, Clythe. Pomona.
Osteolepis macrolepidotns (Pleiopterus) . — Caithness, Pomona et Cromarty.
» microlepidotiis. — Caithness, Pomona.
» arenatus. — Géodes de Gamrie.
* » major. — Lethen Bar.
* Acanthodes pusillus. — Gordon Castle.
* Diplacanthus striatiis. — Cromarty.
* » striatidus. — Lethen Bar.
* » Jongispinus — Lethen Bar et Cromarty.
* » crassipinus — Caithness.
Cheiracanihus Murchisoni. — Gamrie.
* » microlepidotus — Lethen Bar et Cromarty.
» mhwr. — Pomona.
Cheirolepis TvailJi. — Pomona.
» uragus. — Gamrie.
* » Cummingiœ, — Lethen Bar et Cromarty.
Ceplialaspis Lyelli. — Hereford, Brecknock, Whitbach , etc.
» rostratus — Whitbach.
» Lewisii. — Whitbach.
» Lloydii. — Pays de Galles. Whitbach.
(a) A cause de la petitesse du poisson , ce caractère n'a pas pu être indiqué avec précision dans notre figure.
(') Outre les espèces déjà décrites dans les chapitres précédens , j'ai compris dans ce tableau toutes les espèces
nouvelles que j'ai distinguées depuis et dont je donnerai plus tard la description. J'ai pensé qu'il pourrait être utile
de faire figurer ici ces nouvelles acquisitions, parce qu'elles seront sans doute mentionnées dans divers mémoires
géologiques, d'après mes déterminations, avant que je puisse les décrire, et qu'il ne sera pas ■sans intérêt de voir
la place que je leur ai assignée, et de savoir à l'avance que je tes ai étudiées et comparées. Toutes ces espèces poi'-
tent un astérisque '.
— 302 —
* Pterichthys Milleri. — Cromarty.
* » proditctus. — Lethen Bar.
* » latus. — Lethen Bar,
* » cornutus. — Lethen Bar.
* » testudinariiis. — Cromarty.
* » oblongus. — Cromarty et Gamrie.
* » cancriformis. — Orkney.
* » Hydrophilus. — Dura-Den.
* Coccosteus decipietis (latus). — Caithness et Orkney.
* » oblongus. — Lethen Bar.
* w ciispidatiis. — Cromarty et Gamrie.
* Chelonichthys Asmusii. — Riga.
* » minor. — Riga.
N. B. L'espèce que j'ai décrite sous le nom de Gyrolepis giganteus , pag. 175 , appartient au genre Holoptychius ,
de la famille de Cœlacanthes .
Houille.
Acanthodes Bronnii. — Saarbriick.
» sulcatus. — New-Haven .
Amhlypterus macropterus. — Saarbriick.
» eupterygius. — Saarbriick, Lebach.
» latus. — Saarbriick, Lebach, St-Ingbert.
> lateralis. — Saarbriick , Lebach.
» iiemoptenis . — New-Haven, Inchkeith, Wardie.
» punctatus. — New-Haven.
» striatus. — New-Haven.
Palœoniscus fulius. — Sunderland ( Massachussets ) ; Westiield ( Connecliciit).
* » Agassizii. Redf. — New-Jersey.
* » macropterus Keàî. — Sunderland (Etats-Unis).
* » Egertoni — Houiile-Staffordshire.
* » moncnsis Egerl. — Houille-Anglesea.
» Duvernoy. — Miinster- Appel, près Kreutznach.
» minutus. — Miinster- Appel.
» Blahwillei. — Muse, près d'Autun.
» Foltzii. — Muse, près d'Autun.
» anguslus. — Muse, près d'Autun.
» Robisoni. — Burdie-House.
» striolatus. — Burdie-House.
— 303 —
Pa/œoniscus ormtissimiis. — Burntisiand (Fifesliire).
» carinatus. — New-Haven.
» vratislaviensis. — Riippersdorf ( Bohême ) .
» lepidurus. — Scharfeneck , Ruppersdorf.
* Catopterus gracilis. Redf. — Durham (Etats-Unis).
* » parvulus Redf. — New-Jersey.
* » anyuilliformis Redf. — Middletown (Etats-Unis).
Eurynotus crenahis. — Burdie-House.
» fimbriatus. — New-Haven.
» tenuiceps (Palœoniscm latus Redf. ). — Sunderland (Massachussets).
* Plasysomiis parvulus. — Leeds.
* Gyrolepis RanJiinei. — Leeds.
Zechstein.
Amhlypterus Olfersii. — Ceara (Brésil).
PalœoniscusFreieslebeni. — Mansfeld, Hesse.
» macjnus. — Mansfeld.
•» macropomiis. — Mansfeld, II menau.
» elegans. — Cale, magnésien (Magn. Limestone) : East-Tliickley.
» comtus. — Cale, magnésien d'Angleterre.
» glaphyrus. — Cale, magnésien d'Angleterre.
» longisshmis. — Cale, magnésien d'Agleterre.
» macrophthalmiis. — Cale, magnésien d'Angleterre.
Platysonms gibhosus. — Zechslein d'Allemagne.
» rhombus. — Mansfeld.
» striatus. — Cale, magnésien d'Angleterre.
» macrurus. — Cale, magnésien d'Angleterre.
» parvus. - — Cale, magnésien de Low-Pallion (Northumberland ).
Trias. (Grès bigarré, Muschelhalk et Keuper).
Palœoniscus catopterus. — Grès bigarré : Tyrone, Roan-Hill.
Amblypterus Àgassizii Mùnstr. — Muschelkalk : Esperstsedt (Thuringe).
Gyrolepis Alberlii. — Muschelkalk : Schwenningen , Lunéville , Wickwarr , Axmoiifh.
» tenuistriatus. — Muschelkalk : Lunéville, Wickwarr, Axmouth.
» maxinms. — Muschelkalk : Lunéville, Wickwarr.
— 301 —
Formation jurassique.
a). Lias. , ..,,
Dapedius politus. — Lyme-Regis. l'ilCi v,u\> .
» gramdatus. — Lyme-Regis. m..)-- - .xmaMm »
» punctatiis. — Lyme-Regis. i..>>.t .,^... .,
» Colei. — Lyme-Regis.
» orbis. — Lias de Barrow , Whitby.
* » arenatus. — Lyme-Regis.
* » micans. — Whitby.
Tetragonolepis semicinctus Bronn. — Neidingen.
» confluens. — Lyme-Regis.
» speciosus. — Lyme-Regis.
« pustulatns. — Lyme-Regis.
» radia tus. — Lyme-Regis.
» leiosomiis. — Lyme-Regis.
» Leachii. — Lyme-Regis.
» heteroderma. — Lias de Boil ( Wurtemberg ): Lyme-Regis.
» pholidotus. — Lias de Boll et d'Angleterre.
» ovalis. — Lias de BolL
» Bouei. — Seefeld.
» dorsalis. — Lias de Byrford (Gloucestershire ).
» monilifer. — Lias de Banwell et de Barrow.
» angxdifer. — Lias de Stratford-sur-Avon .
* » striotatus. — Barrow.
Amhlyurus macrostomus. — Lyme-Regis, Street.
Senu'onotiis leptocephalus. — Lias de BoH.
» Bergeri. — Lias ? Koburg.
» latus. — Seefeld.
» rhombifer. — Lyme-Regis.
» Nilsonii. — Lias de Scanie.
» striatiis. — Seefeld.
* Centrolepis asper Egert. — Lyme-Regis.
Lepidotus gigas. — Lias de France, d'Allemagne et d'Angleterre.
» semiserratus. — Whitby et Scarborough.
» undatus. — Lyme-Regis.
» rugosus. — Whitby ; Lyme-Regis.
— 30S —
Lopidottis finhn'atus. — Lias de Lymc-Rei>is ; Haring (Tvrol). Coboiiri,'.
» ornotus. — Sccfeld.
» froixlosiis. — Lias de Zell, près do Boll.
» sprciosits Mûiisfr. — Setfold.
» paixiilus Mùnslv. — Seefeld.
* » sornilatus. — Barrow.
* » pecfinatiisEgevL — Wliitbv.
Pholidophorus Kechci. — Lyme-Regis.
» onychius. — Lyme-Regis ; Chernock.
» dorsal is. — SeeFeld. :
1 limbatus. • — Lyme Reiris.
» Stricklandi. — Lias de Barrow.
» HastiiHjsiœ. — Lias de Bari'ow.
» latiusculi(s. — Seefeld.
» pusilhis. — Seefeld.
» furcatus. — Seefeld.
» leptocephalus. — Street.
» p:;chysomns Egert. — Lyme-Regis.
» cremdatus Egert. — Lyme-Regis.
* » Harfmamii Egerl. — Ohmden.
* .\o(hoso7mis octosfychius. — Street.
bj Jura proprement dit.
Teirayonolepis Magneville. — Oolite inférieure de Caen.
» mastodoHteiis. — Weaiden : Hasliiiffs.
*Sei)iionotm Pentlandi Egert. — CasLellamare.
* » mina tus Egevi — Castellamare.
* » pKstidi fer Egerl. — Castellamare.
Lepidolus lœvis. — Portlandien de Soleiire.
» umjuicidatiis. — Solenhofen, Stonestield.
» radiatus. — Jura français.
» paUiatus. — Argile de Kimmeridge : Boulogne-siir-Mer,
» tuherculutus. — Stonesfield.
» notopterus. — Solenhofen.
» ohlomjus. — Solenhofen.
» minor. — Calcaire de Purbeck, Portlandien Hildesheini.
T> Fittoni fsuhdenticidatusj. — Hastings-Sand : Tilgale.
» Mantellil. — Weaiden : Tilffate.
» latimamis Egert. — Oxfordien de Chippenhani.
TtJM. II. ^g
— 306 —
Pholidophorus macrocephalus. — Cale, de Solenhofen.
» microps. — Cale, de Solenhofen.
» tenuiserratus. — Cale, de Kehllieim.
» longiserratus. — Cale, de Kehlheim.
» striolaris. — Cale, de Solenhofen.
» Taxis. — Cale, de Solenhofen.
» lattis. — Cale. d'Eichstaedt.
» micronyx. — Cale, de Kehlheim.
» intermedius . — Cale . de Kehlheim .
» latimanus. — Cale, de Solenhofen.
» ornatus. — Cale, de Purbeck.
» Flesheri. — Oolite inférieure.
» angustus. — Grès rouge jurassique de Pologne.
» gracilis. — Cale, de Kehlheim.
» minor. — Oolite de Slonesfield.
» radians. — Cale, de Solenhofen.
» uraeoïdes. — Cale, de Solenhofen.
» radiato-punctatiis. — Cale, de Solenhofen.
» maximiis. — Cale, de Solenhofen.
* » fiisiformis. — Castellamare.
* » Nothosotnus lœvissimus. — Cale, de Solenhofen.
Ophiopsis penicillatus. — Cale, de Purbeek.
» dorsalis. — Cale, de Purbeck.
» procerus. — Cale, de Solenhofen.
» Mitnsteri. — Cale, de Kehlheim.
Notagogus Zietenii. — Cale, de Solenhofen.
» Pentlandi. — Torre d'Orlando.
» latior. — Torre d'Orlando.
» denticidatiis. — Cale, de Kehlheim.
Propterus microstomvs. — Cale, de Kehlheim.
Coccolepis Bucklandi. — Cale, de Solenhofen.
Craie.
Lepidotus striatus. — Craie : Vaches-Noires (Normandie).
* » punctatus. — Craie blanche de Kent.
* » iemnurus. — Brésil.
* r> Cottœ. — Hohenstein. p. Schandau
» Firleti. — Grès-vert supérieur de Modon (Morée).
Tertiaibe.
Lepidotus Maximiliani. — Cale, grossier de Paris.
A page 303, ligne 12, ajoutez : * Plectrolepis rugosus — Carluke
— 307
QUELQUES REMARQUES
SUR LES LEPIDOIDES EIV GENERAL.
Les genres nombreux que nous venons de décrire dans la première partie de ce volume ,
ont pour caractère commun d'être abdominaux , d'avoir le corps revêtu d'écaillés émail-
lées , et les mâchoires armées de dents obtuses ou en velours ras. Or, n'est-il pas surprenant
que tous les poissons auxquels on peut appliquer cette diagnose , qui ne laisse pas que d'être
assez vague, appartiennent, sans exception, à des types éteints, dont pas un seul n'a de re-
présentant dans l'époque actuelle? C'est là un des faits les plus curieux de la zoologie compa-
rée , qui nous explique en même temps les nombreuses acquisitions que l'ichthyologie a faites
dans ce domaine , depuis que l'attention des naturalistes a commencé à se porter sur les pois-
sons fossiles. Depuis la publication du tableau synoptique qui est en tête de ce volume , le
nombre des espèces s'est considérablement accru , et un grand nombre de genres nouveaux
sont également venus prendre rang dans cette grande famille , de manière que le nombre des
espèces, qui était alors de soixante-quatre, répartis dans quatorze genres, est aujourd'hui
d'environ deux cents , répartis dans vingt-huit genres. Je n'avais pas plutôt reconnu et circon-
scrit la famille des Lépidoïdes , que je me vis forcé de la diviser en deux grands groupes ,
d'après la structure de leur nageoire caudale. Le premier de ces groupes, celui des Lépidoïdes
hétérocerques , comprend les Lépidoïdes chez lesquels la colonne vertébrale s'étend jusqu'à
l'extrémité du lobe supérieur de la caudale. Ce lobe , toujours plus long que le lobe inférieur,
est muni de rayons qui vont en diminuant graduellement du milieu de la nageoire jusqu'à
son extrémité , tandis que le lobe inférieur, qui s'attache sous la colonne vertébrale, est tou-
jours moins saillant, alors même que ses rayons sont plus longs. Le groupe des Lépidoïdes
homocerques est composé de poissons qui ont la même physionomie générale , mais chez les-
quels la caudale est en général équilobe , en ce sens , que les deux lobes sont articulés de la
même manière à l'extrémité de la colonne vertébrale, de façon que lors même que l'un des
lobes déborde plus ou moins l'autre , cette inégalité ne peut être envisagée que comme un
caractère secondaire. J'attache d'autant plus d'importance à cette distinction , qu'elle corres-
pond à l'âge géologique des couches qui recèlentles ichthyolites de ces différens types, si bien
que tous les Lépidoïdes hétérocerques , à une seule exception près , sont antérieurs à la for-
— 308 —
nialion jurassique , lundis ((ue les Lépidoïdes homocerques ne commencent à paraître qu'avec
léjioque du Lias,
Dans chacun de ces deux groupes se trouvent des genres à corps plus ou moins fusifornie ,
et d'autres à corps plat. Le rapport numérique de ces différens groupes se trouve indiqué
dans les tableaux ci-dessus, page 4 78 et page 297, avec les remarques relatives à leur
gisement.
Chacune de ces grandes divisions renferme en outre plusieurs types distincts. Il régne sur-
tout une grande dissemblance entre les genres des hétérocerques , où nous distinguons des
poissons à écailles très-petites et granulées (les genres Acanthodes , Cheiracanthus et Chei-
rolepis) , et d'autres à grandes écailles rhomboïdales, [Dipterus , Osteolepis , Amhlyplerus,
Gijrolepis , Platysomus , Eioy notas. La seconde de ces sections peut encore se subdiviser
d'après la forme de la dorsale, qui est tantôt double (Dipterus, Osteolepis) , et tantôt simple
.imhhjptevKs , Gyrolepis, Pidœoniscus ^ Platysonius et Earynotiis). Enfin le genre C<'/)/m/e-
pis forme à lui seul un type particulier dont les caractères sont très-tranchés. Maintenant qiie
je connais un plus grand nombre d'espèces et de genres que ceux qui sont décrits ci-dessus ,
je serais disposé à en faire quatre familles distinctes. La première , celle des Cephalmpides ,
embrasserait, outre le genre Cephalaspis , les genres inédits des Ptericlithys , des Pam-
phractiis , des Coccosteus et des Chelonkhthys ; la seconde, ou celle des Diptériens , compren-
drait les genres Dipterus et Osteolepis ; la troisième , ou celle des Acanthodiens , comprendrait
les genres Acunthodes, Cheirolepis , Cheiracanthus et le genre inédit des Diplacanthus. Enfin
les autres genres, savoir les Amblyptenis , Gyrolepis , Palœoniscus , Platysomus , Eurynotus,
formeraient, avec les Homocerques, la famille des Lépidoïdes proprement dits, qui com-
prendrait en outre plusieurs genres inédits. Je crois devoir me borner ici à ces simples in-
dications, en attendant que des matériaux plus complets me permettent de discuter plus
amplement la valeur relative des ditïérences que j'ai remarquées entre ces divers types.
Le groupe des Homocerques , quoique aussi nombreux que celui des Hétérocerques , est
bien moins varié. Le passage des espèces plaies aux espèces fusiformes est plus insensible.
Les écailles sont surtout bien plus uniformes , ce qui fait qu'il est souvent difficile de connaître
le genre de certaines espèces dont on ne possède que des fragmens de la cuirasse émaillée.
Nous retrouvons aussi dans ce groupe des genres à une seule dorsale et d'autres à deux dor-
sales ; mais ces derniers sont relativement bien moins nombreux que dans les Hétérocerques,
et les Notagogus et les Proplerus sont bien plus voisins des Pholidophores et des Ophiopsisit
que les Dipterus et les Osteolepis ne le sont des PaloDoniscus et des Platysomus.
Les Lépidoïdes nous offrent dans leur généralité plusieurs points de ressemblance avec
leurs contemporains , les Sauroïdes et les Pycnodontes. L'émail dont leurs écailles sont re-
couvertes est de tous les traits qu'ils, ont en commun le plus saillant, et il faut convenir que,
sous ce rapport, ils sont plus uniformes que les poissons de nos mers actuelles. 11 existe bien
des différences dans la forme, la grandeur et l'arrangement de ces plaques émaillées, mais
— 309 —
ces différences ne conslituent guère que des caractères génériques, car nous rencontrons sou-
vent sous ce rapport des diff'éren<x's plus notables entre les genres d'une même faïuilie
qu'entre certains genres appartenant à des familles différentes. Lu autre caractère commun
à ces différentes familles et qui parait être intimement lié à celui des écailles , consiste dans
la présence de fulcres ou de petits rayons roides , tout le long du bord externe du premier
grand rayon des nageoires. Les fulcres qui ne sont en réalité que des écailles modifiées se
retrouvent sur toutes les nageoires ; mais ils sont surtout très-développés au bord du lobe su-
périeur de la caudale , notamment dans les Hélérocerques et dans les Homocerques du Lias^
On rencontre , il est vrai , une quantité de Lépidoïdes , où les fulcres manquent partiellement ;
et l'on pourrait dès-lors être tenté d'envisager leur absence comme un caractère géologique ;
ce qui serait une erreur, car je crois m'être assuré que lorsqu'ils manquent, c'est à l'état de
conservation de l'individu qu'il faut attribuer leur absence, du moins dans la famille des Lé-
pidoïdes. Il y a certains terrains, le calcaire lithograpbique de Solenhofen , par exemple, où il
est assez rare de les rencontrer intacts, tandis qu'ils sont ordinairement bien conservés dans
le Lias.
■ 1.
Mais à côté de ces caractères que les Lépidoïdes ont en commun avec les Sauroïdes et les
Pycnodontes , nous leur en avons reconnu d'autres , qui leur sont exclusivement propres ; la
forme du corps et la grandeur relative des nageoires, jointes à l'armure des mâchoires, nous
fournissent entre autres des moyens sûrs de distinguer leurs débris de ceux de leurs contem^
porains et notamment des Sauroïdes et des Célacanthes. En effet , ce sont généralement des
poissons trapus , d'une allure peu dégagée ; et connue leur caudale est en même temps peu
développée relativement à la masse de leur corps , nous en concluons ([u'ils étaient pour la
plupart assez mauvais nageurs. Leur dentition est assez uniforme et annonce des poissons
omnivores destinés à se nourrir d'animaux mous ou en décomposition , et de substances vé-
gétales qu'ils broyaient facilement entre leurs petites dents. Ils sont bien différons , sous ce
rapport, des Sauroïdes, qui tout en étant revêtus, comme eux, d'une cuirasse émaillée, étaient
munis de dents formidables, et se distinguaient en outre par une taille plus élancée et plus
appropriée à une natation rapide. Aussi sont-ce pour la plupart des poissons voraces, et il
est probable que les Lépidoïdes formaient en grande partie leur pâture. J'ai du moins re-
connu des écailles de ces derniers dans les coprolithes de plusieurs espèces de Sauro'ides.
La limite est plus difficile à tracer entre les Lépidoïdes et les Pycnodontes, qui étaient aussi
des poissons essentiellement broyeurs. Il y a surtout une très-grande analogie entre les vrais
Lepidolus et les Pycnodus , et il serait souvent fort difficile de savoir auquel des deux groupes
tel ichthyolite que l'on a sous les yeux appartient, si l'âge relatif des terrains ne venait en aide
à la détermination zoologique. En effet, les Lepidotus appartiennent à-peu-près exclusivement
aux preujiers dépôts de l'époque jurassique , et en particulier au Lias. Les Pycnodontes, au
contraire, sont surtout nombreux dans les dépôts récens de l'époque jurassique, et même, à
l'exception du genre Placodus, dont les affinités sont encore très-peu connues , tous les Pyc-
— 310 —
nodontes dont on possède des débris caractéristiques sont plus récens que le Lias. Il v a sans
doute des Lépidoïdes dans les étages récens de la formation jurassique, mais ils sont d'une
forme particulière , et pour la plupart plus élancés que les vrais Lepidotus ; tels sont en par-
ticulier les Pholidophores , dont les espèces , quoique très-nombreuses , se distinguent par
leur petite taille et différens autres caractères de détail que nous avons mentionnés en trai-
tant de ces genres en particulier.
Le tableau qui précède, dans lequel j'ai compris toutes les espèces qui n'ont pas pu trouver
place dans ce volume , donnera une idée de la distribution géologique de cette famille et de
sa fréquence relative aux différentes époques de l'histoire du globe.
IP PARTIE.
CONTENANT
LES FAMILLES DES SAUROIDES , DES CÉlACANTHES , DES PYCNODONTES , DES SCLÉroDERMES ,
DES GYMNODONTES , DES LOPHOBRANCHES ET DES ACIPENSERIDES.
CHAPITRE I.
DES SAUROIDES VIVANS.
L'intérêt toujours croissant qui se rattache aux poissons fossiles de la famille des Sauroïdes
m'engage à réunir Ici tous les renseignemens que j'ai pu recueillir sur l'organisation des
espèces vivantes de ce groupe qui constituent les genres Lepidosteus et Polypterus. Avant
que les poissons fossiles eussent fixé l'attention des naturalistes , les deux genres que je viens de
nommer n'avaient aucune importance particulière dans la classe des poissons. Leur position
dans la méthode naturelle n'avait pas même été arrêtée d'une manière précise. Linné, qui n'en
connaissait qu'une espèce, la rangeait dans le genre Esox , sous le nom A'Esox osseus. Lacé-
pède fut le premier à distinguer ce poisson comme genre à part sous le nom de Lepisosteus (*) ,
et il décrivit une seconde espèce sous le nom de Lep. Spatula. Rafmesque en ajouta plu-
sieurs nouvelles dans son Ichthyologia ohiensls. Cuvier plaça plus tard ce genre et le genre
Polypterus dans la famille des Clupes. Il paraît que les espèces du genre Lepidosteus sont
nombreuses dans les grands fleuves de l'Amérique. Rafinesque suppose que les Etats-Unis en
nourrissent à eux seuls une dixaine d'espèces et que l'Amérique du sud en compte encore
plusieurs autres. Il serait bien important pour la paléontologie de posséder des renseigne-
mens détaillés sur tous ces poissons, qui paraissent différer notablement les uns des autres ,
puisque Rafinesque les divise en trois genres ou sous-genres, qu'il nomme: 1° Cylindrosteus,
avec les espèces platostomus , albus , oxyurus et lonyirostris ; 2° Atractosteus , avec l'espèce
ferox, et 3" Litholepis , avec l'espèce adamantlnus. Dans cette énumération ne sont point
compris les Lepidosteus osseus, spatula et indicus, que cet auteur envisage comme suf-
fisamment connus. Malheureusement il n'existe point dans les musées d'Europe de maté-
riaux suffisans pour vérifier les indications de Rafinesque. Je n'ai pu examiner moi-même que
cinq espèces de ce genre, les Lep. osseus, spatula, deux espèces voisines de Vosseus qui se
rapportent probablement aux espèces de Rafinesque , mais que je n'ai cependant pas pu dé-
terminer d'après ses descriptions, et une espèce voisine du Spatula (**).
(°) L'étymologie de ce nom composé aurait dû engager Lacépède à écrire Lepidosteus , conformément à la décli-
naison grecque. J'ai corrigé cette petite erreur de l'élégant écrivain français , sans avoir jamais songé à m'attribuer
l'établissement de ce genre, comme on me l'a imputé. J'en fais la remarque expresse pour rappeler que je suis con-
séquent dans l'application de mes principes de nomenclature.
("') Les deux espèces les mieux connues jusqu'à présent du genre Lepidosteus sont le Lep. osseus et le Lep. Spa-
TO.M. II, 2'PART. 1
Le genre Polypterus est moins nombreux ; on n'en connaît même encore que deux es-
pèces ; celle qui a été décrite par M, Geoffroy-St-Hilaire , Fauteur du genre, sous le nom
de Polypferm Bichir, et qui provient du Nil , est la mieux connue ; celle du Sénégal est fort
tula , qui (.lifTèrciit rime Je l'autre par la longueur de leurs mâchoires et par la surface des écailles, et que l'on peut
considérer coninio les types de denx sections de ce genre.
Je connais maintenant cinq espèces de ce genre , sans pouvoir cependant les rapporter aux espèces de Rafinesquc ,
qui, comme on le sait généralement, n'indique pas toujours les caractères d'une manière bien précise. Ces espèces
peuvent se grouper en deux sections , qui se distinguent par la forme de la tète.
La première section comprend les espèces dont la partie antérieure de la tète et les mâchoires sont très-prolongées,
ensorte que l'ouverture de la gueule est beaucoup jikis longue que le crâne. «
1° Lepidosteus osseus Lacép. — An Mus«''e de Paris ; j'en possède une tête.
2° Lepidosteus semiradiatus Ag. — Au Musée de Paris.
3° Lepidosteus gracilis Ag. — Au Musée britannicjue.
La seconde section compi-end celles dont le museau n'est pas plus long que le crâne , et dont la lèlc est géné-
ralement déprimée et arrondie à son extrémité.
4" Lepidosteus Spatula Lacép. — An Musée de Paris, au Musée britannique et au Jardin zoologique de M. Cross.
3" Lepidosteus Giayi Ag. — Au Musée britannique.
1" Dans le Lepidosteus osseus {Tab. A. fig. inf. et sup. Tab. B. fig. 15-20), le bord postérieur des écailles est presque
droit , le bord supérieur concave dans les séries antérieures , convexe sur le milieu des flancs , et droit dans la partie
postérieure du corps; le bord inférieur, qui est parallèle avec lui, est donc convexe dans la région antérieure,
concave vers le milieu et droit sur la queue. Leur surface , légèrement convexe au milieu , présente des rayons
peu saillans , il est vrai , mais divergens vers le bord dans tous les sens. Cette granelure est beaucoup pins marquée
dans la partie anléi'ieure du corps ; dans la moitié postérieure , les écailles sont complètement lisses , excepté vers la
partie inférieure de leur bord postérieur, oii l'on dislingue encore quelques traces de dentelure. Il y a des écailles de
forme |)articnlière près de l'inseriion des pectorales, où elles sont irrégulières ; à la nuque, oîi elles sont carrées; tout le
long du milieu ilu dos , où elles sont arrondies avec une échancrure senùlunaire à leur bord postérieur ; elles for-
ment une gaine de plaques acuminées plus petites vers l'insertion de la dorsale et de l'anale , et deviennent de plus
en plus petites vers la fin de la queue et sous le venti'c. Toutes les séries dorso-ventrales des écailles naissent sur les
côtés d'une écaille impaire, au milieu du dos, et finissent à une écaille impaire au milieu du ventre. La ligne laté-
rale est pcLi distincte. On ne voit que rorifice des tubes de la série latérale, au bord inférieur subdenliculé des écailles.
Il y a des fulcres au Ijord de toutes les nageoires , qui sont courts , forts , mais pas très-fortement accolés au pre-
mier rayon.
Ce qui distingue surtout la tête dans cette espèce , c'est le prolongement considérable de tous ses os , mais surtout
des mâchoires, qui sont foitement armées de plusieiu's rangées de dents de dilférente forme. Sur le bord externe des mâ-
choires, il y a de très-petites dents fines, et en dedans une rangée de grosses dents coniijues et plus distantes , très-
pointues et droites , disposées régulièi'cment en série simple et uniformément espacées , comme à la mâchoire inlérieure
dont le bord interne porte deux bandes de petites dents en râpe ; il y en a également de petites au bord externe et sm*
tous les os qui forment le palais , savoir, le vomer, les palatins , et le grand sphénoïde. Les rayons des nageoires
sont vigoureux comme dans toutes les espèces, articulés de près jusqu'à leur base, et divisés irès-fréciuenunent dans
leur moitié externe. La surface des os du crâne et la surface supérieure des mâchoires est beaucoup plus lisse ([ne
dans les autres espèces; on n'y voit qu'une fine granelure, rayonnant du centre de tous les os à leur bord.
2° La seconde espèce est le L^epidosteus semiradiatus Ag. (Tab. A. fig. med. B. fig. 1-14.) Elle se rapproche le plus
du Lepid. osseus, et a généralement été confondue avec lui. Ses dents sont phis inégales et plus droites, mais du
reste disposées connue dans l'espèce précédente ; les os de la tète sont pins fortement sillonnés ; les fulcres des na-
geoires sont plus petits , et les rayons plus courts. Cette espèce se distingue facilement des autres aux ornemens des
rare; Ciivior lindiciiic dans la seconde édition du Rèyne animal sous le nom de P. srne-
galu><. J"ai eu occasion de les voir les deux.
De ces indications à une connaissance approfondie de l'organisation des genres Lepidosteus
et Polypterus il v a encore loin. Cependant leur anatoniie est de la plus haute importance
pour les paléontologistes ; on me saura dès-lors gré sans doute d'entrer dans quelques détails
ccaillos clos flancs, qui ont des sillons disposés en ('venlail et dont le bord postérieur est dentelé, tandis que les écailles du
dos et du ventre sont lisses. J'ai décrit lonjjuement la forme de ces diverses écailles à la fin de ce chapitre.
3° Lepidosteiis gracilis Ag. Cette espèce a les rayons de toutes ses nageoires beaucoup plus grêles et articulés .i
des distances plus considérables que les autres ; lesfulcres des bords sont plus grands , plus grêles et plus distans,
accolés de près le long des rayons externes des nageoires, il en est ainsi de la dorsale et de l'anale, des ventrales cl des
pectorales. Tout le cor|)S et la tète ont le même asp cet grêle. Cette disposition des nageoires rap])elle complètement les
pinnules du Bidiir, par la manière dont elles s'interposent entre les fulcres, qui sont, jusqu'à un certain point, comparables
aux rayons du Polypterus. La surface des écailles de celte espèce est granulée , sans présenter précisément des radia-
tions ; leiu' centre est légèrement déprimé , et les bords parfaitement lisses : sur tout le corps , le bord supérieur est
concave et le bord inférieur convexe : à l'extrémité de la (pieue seulement les bords sont droits, les tubes de la série la-
térale sont saillans et très-visibles ; les écailles impaires du milieu du dos ont aussi une autre forme ; elles sont sub-
trigonales ; leur bord postérieur arqué est échancré au milieu ; les os du crâne , de l'opercule et de la face sont
marqués d'une grosse granulation rayonnée. La surface des mâchoires est lisse. La tète est encore plus grêle , et
les mâchoires plus longues que dans le Lep. osseus.
C'est de toutes les es|)èces celle qui a les mâchoires les plus grêles et les plus allongées ; en même temps l'extré-
mitt' de la mâchoire supérieure est la plus saillante. Il y a , à la mâchoire supéi'ieure , deux rangées externes de
grosses dents, assez distantes sur les bords des deux mâchoires, et qui sont droites, coniques et très-acérées. Les
écailles de l'extrémité de la queue sont très-acuminées. Toutes les séries dorso-venlrales naissent à une écaille impaire
et finissent à une écaille impaire.
4" Lepidosteus spatnla Lacép. Cette espèce devient très-grande. J'en ai vu des exemplaires de sept pieds de
long et au-delà. Ses caractères les plus saillans consistent dans la forme singulière de ses mâchoires et dans la
jiosition de ses dents. Outre les grandes dents coniques dans l'os ethmoide et le maxillaire supérieur et le maxil-
laire inférieur, il y en a encore de semblables dans le palatin , à son bord interne. Ces dents ont de gros plis à
leur base inférieure , et une dépression lanciforme à leur pointe. La mâchoire inféiieure n'est réellement pas plus large
que la supérieure;. elle ne paraît ainsi (jue lorsqu'on ouvrant la gueule on force les branches de ses côtés à s'éloi-
gner. Les dents sont même reçues dans une gaîne de la mâchoire supérieure , au bord interne de ses dents. A mesure
que les exemplaires grandissent , les écailles deviennent plus rugueuses ; différens exemplaires que j'ai vus à Londres
au Musée Britannique et à Surrey au jardin zoologitiue de M. Cross, m'en ont donné la preuve; et l'exemplaire du
Musée de Paris dont j'ai représenté une écaille Tab. B, fig. 13, a moins de rugosité que celui du Musée britannique,
qui est beaucoup plus grand.
5" Le Lepidosteus Grayi Ag. est très-différent : la surface de toutes ses écailles est complètement lisse ; le bord pos-
térieur de celles de la région antérieure du corps est plus ou moins arrondi. La série moyenne des écailles du dos est à
peine distincte à la nuque , et se confond complètement en plusieurs points sur le milieu du dos ; du reste ses écailles
sont échancrécs sur la nuque , et cuspidées en arrière. On observe des séries particulières transverses sous la gorge.
Le bec n'est pas plus long que le reste de la tête ensemble ; toute sa surface est granulée. Les dents sont pointues , très-
acérées , presque droites , légèrement arquées en dedans. Il n'y a qu'une rangée de grandes dents à la mâchoire su-
périeure. Les rayons des nageoires sont plus longs et plus grêles , les fulcres moins nombreux (iiie dans les autres
espèces. Le tube de la hgne latérale s'ouvre dans une échancrure , et il résulte de là une pointe détachée au bord infé-
rieur de l'écaillé. Toutes les écailles de la partie antérieure du tronc ont le bord supérieur échancré et le bord in-
férieur convexe ; ils ne deviennent droits qu'à l'extrémité de la queue.
— u —
sur leur ostéologie, sur leur dentition et sur leurs écailles, qui sont, pour ainsi dire, les
seuls points de leur organisation que j'aie pu étudier d'une manière satisfaisante. Une étude
complète de ces poissons deviendra toujours plus indispensable à mesure que l'on étudiera
davantage leurs rapports variés avec les reptiles. Je ne crois pas qu'il y ait dans toute la classe
des poissons des types plus intéressans à choisir pour sujets de monographies anatomiques
que ces deux genres. Ce sont en effet les seuls représentans qui existent de nos jours de ces
poissons féroces des faunes les plus anciennes qui ont jadis peuplé l'Océan et que l'on a si
souvent confondus avec les reptiles ou même décrits comme de vrais Sauriens ou comme
des Batraciens sauroïdes. L'incertitude qui a long-temps régné et qui règne encore sur les
vrais rapports de plusieurs de ces curieux fossiles, rend l'étude de leurs analogues vivans
d'autant plus intéressante. Je regrette seulement de ne pouvoir donner à leur égard des ren-
seignemens plus complets ; car ces genres sont aux poissons fossiles ce que les Eléphans et les
Tapirs sont aux Mastodons, aux Palœotherium , aux Anoplotherium , etc. ; ils rappellent les
Aspidorhynchus , les Megalichthys , les Saurichthys , les Saurostomes et tant d'autres genres
éteints , comme notre Nautile et nos Seiches rappellent les Ammonites et les Belemnites , ou
nos Comatules les innombrables Crinoïdes des terrains secondaires et de transition.
I. Du GENRE LePIDOSTEUS.
Disons d'abord quelques mots sur les caractères génériques des Lepidostées. Les mâchoires
sont très-allongées , même dans les espèces où elles ne sont pas plus longues que le crâne ;
la mâchoire inférieure est un peu plus courte que la supérieure , et lorsque la gueule est
fermée, elle est encaissée entre les maxillaires supérieurs, les intermaxillaires, les palatins,
les ptérygoïdes, le vomer et une échancrure de Tethmoïde. L'os latéral, l'operculaire et l'an-
gulaire de la mâchoire inférieure sont très-distincts. La composition de la mâchoire supé-
rieure est très-difficile à comprendre à cause de l'allongement de ses os. La partie antérieure
et émarginée du rostre est formée de la réunion des vomers et de l'ethmoïde ; le bord supé-
rieur de toute la mâchoire supérieure est formé par une série d'os articulés les uns à la
suite des autres , que nous considérons comme les maxillaires , et qui sont armés extérieure-
ment d'une série de très-petites dents, et au bord interne de grosses dents coniques, plus
une bande de très-petites dents à leur face interne. Ces os sont peut-être des intermaxillaires,
et alors le maxillaire supérieur serait réduit à un ou deux petits osselets sur les côtés de la
commissure des deux mâchoires. On remarque en outre sur la voûte du palais trois bandes
de petites dents en brosse , qui s'étendent de la partie antérieure du bec à la commissure
des mâchoires , et qui sont insérées sur les vomers, sur les palatins et sur des plaques den-
taires particulières, dont nous examinerons la position en étudiant l'ostéologie de ce genre.
Dans quelques espèces, le bord des palatins porte, outre les petites dents, une rangée de
— 5 —
grosses dents oonH|uos : tels sont le Lop. Spatula et le Lep. gradlis. H y a trois rayons bran-
chiostèaines cachés sous le préopercule et le subopercule , et dont l'interne est très-court ; les
autres sont plus larges et plus plats. L'opercule n'est composé que de trois pièces , comme
dans le genre Polypterus; il est petit et presque carré; le subopercule est plus grand que
dans la plupart des genres vivans, et se prolonge en un onglet, entre l'opercule et le préo-
percule , dont la branche montante est enlièrement cachée par les grosses écailles qui recou-
vrent la joue : en revanche , la branche horizontale du préopercule est très-développée , et
forme tout le bord de la tète en arrière de la mâchoire inférieure ; son angle postérieur est
prolongé en arrière et tient lieu d'interopercule , que l'on ne trouve pas dans ce genre. L'oi'-
bite est entourée d'un cercle de grosses écailles, dont les antérieures forment une série droite
qui s'étend jusqu'aux mâchoires. Les os du crâne ont leur surface émaillée , rugueuse et ornée
de sillons plus ou moins réguliers.
L'estomac du Lepidosteus gracilis , dont j'ai eu l'occasion d'examiner les intestins, grâce
à l'obligeance de M. Ed. Gray, est une vaste poche allongée , qui occupe toute la cavité ab-
dominale jusqu'en arrière des ventrales; là le tube intestinal se rétrécit considérablement: il
se plie ensuite en avant , puis se replie de nouveau en arrière. Avant cette seconde flexion il
subit un nouveau rétrécissement très-notable qui ressemble à un étranglement. La partie dti
canal alimentaire qui suit est la plus étroite ; c'est à elle que sont attachés les nombreux ap-
pendices pyloriques qui caractérisent ce genre et qui forment une sorte de houpe semblable
aux paquets de cololithes que l'on voit souvent fossiles à Solenhofen. L'extrémité postérieure
du canal est un colon assez spacieux ; mais , avant de se dilater de nouveau pour former le
colon , le tube digestif fait deux plis courts entre les appendices pyloriques ; ces plis sont
courbés de telle sorte, que le commencement du cécum, dans la position naturelle des intes-
tins, a l'air de faire suite au bout de l'estomac. Le pli du pylore, les appendices pyloriques et
les deux plis de l'intestin grêle sont situés sur les côtés de l'extrémité inférieure de l'estomac
au bout du foie, et sur les côtés de l'extrémité supérieure du colon.
Le foie est très-allongé , simple et s'étend tout le long de l'estomac jusqu'aux appendices
pyloriques ; dans sa partie antérieure, il est fixé à une espèce de diaphragme. Son aspect est
celui d'une feuille de saule noircie. Le cœur est plus charnu qu'à l'ordinaire chez les pois-
sons ; le bulbe aortique n'est qu'un tube musculaire sans renflement ; les oreillettes sont plus
épaisses, et leur cavité plus petite que dans les autres poissons.
La vessie natatoire est celluleuse comme le poumon des Couleuvres , des Caméléons et de
tant d'autres reptiles; elle forme une longue masse effilée le long de la moelle allongée. La
trachée-artère s'ouvre par une fente longitudinale au fond de la bouche , dans la paroi su-
périeure de l'ésophage ; c'est une petite glotte , dont les bords sont subcartilagineux ; l'orifice ,
en est droit , comme dans les oiseaux . Cependant les parties molles qui l'entourent sont tumô^ ""
fiées et ressemblent à un larynx suspendu par un pli de la voûte du palais en arrière des pha-
ryngiens supérieurs. ;
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Les organes sexuels sont de très-petites glandes, sur les côtés du milieu du poumon.
Les reins sont une longue glande, étroite et simple, sur les deux côtés de la colonne ver-
tébrale.
J"ai trouvé dans l'estomac de ce poisson deux exemplaires d'une espèce de Cyprinodonte ,
Pœcilîa vivipara.
Ces détails prouvent évidemment que la vessie natatoire est l'analogue du poumon , et que
l'organisation entière des Lepidostées se rapproche plus de celle des reptiles que de celle des
autres poissons ; et c'est ce qui me fait si vivement regretter de n'avoir pas pu en faire l'a-
natoniie d'une manière plus complète (*).
La tête du Lepidosteus est remarquable par sa forme allongée , qui est due principalement
au développement excessif des mâchoires, qui forment un rostre ou bec assez grêle. Le
crâne lui-même ne participe point à cette formation ; il est au contraire presque carré. La
plus grande largeur de la tète est près de l'articulation de l'opercule, et elle se maintient
lelle jusque vers les yeux ; c'est ici que commence le bec , qui va en se rétrécissant insen-
siblement jusqu'au bout du nez, où les narines occasionnent une petite impression latérale.
La sm'face supérieure de la fête est presque plane , le front ne s'élevant que très-peu au-des-
sus de la mâchoire supérieure. La face inférieure s'incline davantage, à partir de sa plus
grande hauteur, qui se trouve également près de l'articulation de l'opercule , et qui égale
à-peu-près la largeur de la tète. La tête ressemble ainsi dans son ensemble à une massue à
base carrée et à manche allongé.
Ce qui frappe à la première inspection de la tête , c'est le caractère particulier des os , qui
en forment le revêtement extérieur. La surface de tous ces os, de l'opercule aussi bien que
des frontaux, des maxillaires, etc., est recouverte d'une couche d'émail absolument iden-
tique avec celui qui recouvre aussi les écailles, et dont les rides et les aspérités forment des
dessins assez réguliers qui paraissent caractéristiques pour chaque os en particulier. C'est en
(*) Depuis que j'ai comniuni(|nc ces remarques sur la vessie natatoire du Lepidosteus à la société zoologiqiie de Lon-
dres en 1834 (voir les ProceecUngs of the zoological society of London H, p. 119), il a parti plusieurs mémoires re-
niartiuablcs sur ce sujet, auxquels je renvoie mes lecteurs, ne pouvant me prononcer sur les points en litige faute
de matériaux pour les examiner de nouveau. Ces mémoires sont :
1" Owen, Description of Lepidosiren annectens. Linncan Transact. Tom. XVIIL
2° Th. Bischoff , Lepidosiren paradoxa. 4°. 1840.
3" Valentin, Ueber die Organisation der Trabeculaî carnese in der Schwimmblase des Lepidosteus Spatula Lacép.
Repei'tor. Y, p. 392.
4" Van der Hoeven, Ueber die zellige Schwimmblase des Lepisosteus. Miiller's .\rclnv. 1841, p. 221.
S" Joh. Millier, Ueber Lungen und Schwimmlilasen. Arcliiv 1841, p. 223.
fi" Joh. Millier, Ueber zellige Scliwimmblasen und Liuigen. Ârcliivl842, p. 307.
U parait, d'après ces reclierclics, cjuc, ciuoiquc l'analogie de l'orme soit très-grande entre les poumons de certains
reptiles et la vessie natatoire de divers poissons], il y a pourtant des dissemblances notables , et que l'aspect celluleux
de la vessie natatoire est dû au développement de fibres charnues , se croisant en divers sens , et que les vaisseaux san-
guins sont arrangés comme dans les antres parties du corps, et non pas comme dans un organe respiratoire.
— 7 —
général lo centre dossillcalion qui sert- aussi de centre aux dessins rayonnans des aspérités
de cet émail. Sur (juelques os. comme par exemple sur la mâchoire inférieure, l'émail ne
revêt que les faces qui sont enliérenient libres , mais il ne se conliiuie pas là où d'autres
organes que la peau recouvrent l'os. Pour tout le reste, la substance osseuse est exactement
la même que celle (|ue nous trouvons aussi dans les écailles , et cette coïncidence de struc-
ture dans des os dont les uns appartiennent évidemment au squelette proprement dit , tandis
<pie les autres relèvent de la peau , démontre combien est peu naturelle cette manière de
trancher entre le squelette nerveux et le squelette peaucier.
Nous présenterons l'ostéologie de la tète telle qu'un examen attentif nous l'a fait con-
naître , sans entrer dans des comparaisons de détail . qui ne feraient qu'endjrouiller la des-
cription ; mais, comme les Sauroïdes forment un passage fort intéressant entre les reptiles d'un
côté et les poissons de l'autre, nous chercherons dans un chapitre à part à ramener, en faisant
ressortir leurs particularités , les os du Lepidosteus et ceux du Polypterus aux os connus de
ces deux arandes classes d'animaux.
Cl
Au milieu de la voûte du crâne se voient deux grandes plaques osseuses, 1. I, (Tab. B',
tig. i, et Tab. B", lig. 3), séparées au milieu par une fente longitudinale. Elles occupent la
place entre les orbites, dont elles forment presque à elles seules la voûte, descendent, en
se rétrécissant d'abord, et en s'élargissant ensuite, vers le bec, et se terminent à-peu-près au
milieu de ce dernier, en formant, sur la ligne médiane, un angle aigu dans lequel l'os désigné
par le chiffre 3 est enchâssé. Nul doute que ces plaques ne soient les frontaux principaux.
Ils n'offrent rien de particulier dans leur forme, ni processus ni autres prolongemens ; ils ne
fournissent pas non plus des piliers pour contenir ou fermer l'orbite, dont ils n'atteignent pas
même le bord , cette dernière étant entourée de toutes parts d'une chaîne de plaques osseuses ,
qui n'entrent pas dans le plan général de la formation de la tête chez les vertébrés , et dont
nous traiterons plus tard. En revanche, les plaques frontales recouATent les orbites d'en haut,
et, en se prolongeant , elles prennent une bonne part à la formation du bec , formant en par-
ticulier le canal pour les nerfs olfactifs qui se rendent du cerveau au nez.
Derrière les frontaux se voient deux autres plaques, également réunies par une suture
médiane de forme oblongue, formant ensemble presque un carré. Elles sont désignées par
le chiffre 7 (Tab. B', fig. i et 3 ; Tab. B", fîg. 2 et 3). Ces deux os sont plats comme les
précédens et ferment la boîte cérébrale d'en haut ; ce sont les pariétaux , qui , par une par-
ticularité exceptionnelle chez les poissons, se touchent au milieu.
A côté des pariétaux se trouvent deux autres os également plats. Ils se réunissent en avant
aux frontaux, n" I , en dedans aux pariétaux, n° 7, complètent en dehors le bord extérieur
du crâne, et supportent les écailles osseuses, qui recouvrent la joue et ferment le bord de
l'orbite. Ces deux os, n° 12 (Tab. B'. fig. 1, 2 et 3 ; Tab. B", fig. 2 et 3) sont de forme
oblongue et présentent au milieu de leur bord extérieur une pointe, qui s'avance latérale-
ment sur la joue et au-dessous de laquelle l'os n" h est attaché. Ces os touchent par con-
— 8 —
séquent aux pariétaux en dedans , aux frontaux en avant , aux osselets de la joue en dehors ,
et à l'os n" 9 (l'occipital latéral) en arrière , complétant la voûte du crâne et couvrant princi-
palement les parties antérieures de l'oreille. Ils correspondent aux os nommés par Cuvier
mastoïdiens.
En arrière des pariétaux, séparés comme eux par la ligne médiane, se trouvent deux pe-
tites plaques osseuses transverses, ayant à-peu-près la largeur des pariétaux et formant le
milieu du bord postérieur du crâne, n° 8 (Tab. B', fig. 1 . Tab. B", fig. 1 et 3 ). Ce sont sans
doute les os inter pariétaux ou occipitaux supérieurs de Cuvier. La preuve que leur division
sur la ligne médiane n'est pas une objection contre cette interprétation nous est fournie par
l'exemplaire du Lépidostée que j'ai sous les yeux, où l'os de gauche est même divisé en deux
parties, tandis que celui du côté droit est simple.
En dehors de ces occipitaux supérieurs se trouvent encore deux plaques osseuses presque
carrées, avançant en une pointe émoussée en arrière, et formant les arêtes postérieures du crâne,
n" 9 (Tab. B', fig. i 2 et 3 ; Tab. B", fig. d, 2 et 3). Ces plaques sont, comme les autres,
émaillées en haut, et présentent en arrière une partie osseuse, de forme presque triangulaire,
au moyen de laquelle elles prennent part à la formation de la paroi postérieure du crâne ,
en bouchant l'angle supérieur et externe de cette dernière. Nous envisageons ces os, dont le
gauche est également divisé dans notre exemplaire , comme V occipital externe de Cuvier.
La couverture externe de la boite crânienne est par conséquent formée par les frontaux ,
les pariétaux , les mastoïdiens , les occipitaux supérieurs et les occipitaux externes.
Si nous passons maintenant à la face postérieure du crâne , nous remarquons d'abord le
grand trou occipital (Tab. B'', fig. I), qui donne passage à la moelle épinière. Il est pres-
que rond et entièrement fermé , sauf en haut , où une petite fente médiane se prolonge
entre les deux os, n° 10. Le trou repose immédiatement sur la cavité articulaire, par laquelle
la tête se meut sur la première vertèbre. Cette cavité articulaire est peu profonde et transverse ;
sa largeur mesure presque le double de sa hauteur ; elle est déprimée au milieu et ne permet
par conséquent d'autre mouvement que celui d'un ginglyme de haut en bas. L'os, n° S,
(Tab. B", fig. 1 , 2 et 4) , qui porte cette cavité articulaire, et au travers duquel le grand trou
occipital est creusé , est celui appelé par Cuvier occipital inférieur ou basilaire. Outre cette
face postérieure , il présente deux branches latérales montantes , entourant la moelle épinière ,
et percées de plusieurs trous pour le passage des nerfs des huitième et dixième paires. Le
plancher de la cavité crânienne , sur lequel repose la moelle épinière , est formé par le corps
un peu évasé d'en haut de cet os. Mais il ne paraît pas à la surface inférieure de la boîte
crânienne ; il est couvert ici par l'os n° 6 , le sphénoïde principal , sur lequel tout le corps de
Tos repose (Tab. B', fig. 3).
Au-dessus de cet os , et reposant sur ses branches montantes , apparaissent deux grandes
pièces osseuses séparées au milieu, n° 10 (Tab. B'', fig. I, 2 et 4). Elles forment les arêtes
extérieures de l'occiput, touchent en haut aux occipitaux supérieurs et latéraux et forment en
— 9 —
môme temps la pai-lie posléricuro du toit de la boite cràniemie. Ce sont les occipitaux la-
téraux. Kéuiiis de manière à former une lar£>e cavité à Finlérieur ponr loger les lobes posté-
rieurs du cerveau . ces os paraissent composés de deux parties presque (piadrangulaires ,
soudés ensemble à angle droit, et présentant une de leurs faces sur l'arrière (fig. 4, 7), et
l'autre sur le dessus du crâne (fig. 5). Leur base repose, comme je viens de dire, sur le
basilaire ; ils touchent en haut aux occipitaux externes et supérieurs , et leur face externe
est en partie soudée à l'os n° 1 1 . Ils sont percés de plusieurs trous , dont l'un , très-consi-
dérable , donne passage au nerf vague , tandis que les autres servent probablement aux
artères de la tète.
La face postérieure du crâne serait ainsi formée par les os suivans : le basilaire , au-des-
sous duquel on aperçoit une petite partie de la tranche terminale du sphénoide principal;
les occipitaux laléraux , auxquels se joignent en haut les occipitaux supérieurs, et à l'angle
externe et supérieur, les occipitaux externes. Mais ces os ne présentent pas, comme ceux de la
voûte du crâne , une continuité non interrompue. On y remarque d'abord le grand trou
occipital qui traverse le basilaire, une large fente médiane, qui sépare les occipitaux laté-
raux, et en haut un grand espace entre les latéraux et les supérieurs qui ne se touchent
nulle part. Ces lacunes sont comblées sur le vivant par des cartilages qui disparaissent par la
macération .
Cette ossiHcation incomplète est encore plus frappante sur la face latérale du crâne. La
partie postérieure de cette face est formée par la branche latérale de l'occipital latéral , et en
dessous par la branche montante du basilaire. En avant de l'occipital latéral et joint à lui par
une petite suture au milieu , se montre un autre os de grandeur assez considérable et de
structure très-compliquée, n° 1 1 (Tab. B, fig. .3 ; Tab. B", fig. d , 2 et 1). Cet os présente à l'ex-
térieur une face diversement contournée. Une aile qui s'en détache, se réunit en haut à l'os
n° k , et en arrière à l'occipital latéral , complétant ainsi la partie antérieure de cette face de
la boîte crânienne, tout en étant percée d'un large trou pour le passage de la cinquième paire
de nerfs cérébraux. Celte aile est concave en dehors et un peu évasée en dedans , où elle
donne lieu à des cavités dans lesquelles le sac du labyrinthe et les deux canaux semi-circu-
laires antérieurs sont en partie logés. L'os lui-même repose par une face assez large sur le
sphéno'ide principal , n° 6 , qui présente ici un trou pour le passage des branches antérieures
de la cinquième paire de nerfs , tout en prenant part en avant à la formation de l'articulation
ptérygo'idienne. Cette articulation, par laquelle tout l'appareil palatin et notamment l'os n°5,
se meut sur le crâne, est un ginglyme horizontal (lig. o, S), qui permet seulement un mou-
vement vertical des parties. La face convexe de l'articulation est formée moitié par l'os n° Id ,
moitié par un processus du sphénoide principal, n*" 6. C'est cette articulation et l'arête tran-
chante et évasée qui se continue vers le haut , qui forment l'arête antérieure du crâne. Mais
l'os n" il présente encore une face assez régulière en avant , en déterminant un manque de
continuité assez simple, là où la cinquième paire traverse l'os. Cet os, intercalé entre le sphé-
TOM. II . 2' PART. 2
— 10 —
noïde principal en dessous, l'occipital latéral en arrière, l'os n° 4 (frontal postérieur) en haut,
et formant avec l'os n° d 4 la paroi postérieure de l'orbite , n'est autre chose que l'os désigné
par Cuvier sous le nom de la grande aile du sphénoïde.
Cette grande aile ne touche cependant pas immédiatement au mastoïdien de manière à fer-
mer l'angle antérieur supérieur de la boîte crânienne et l'angle postérieur de l'orbite. Un
petit os plat et vertical, de forme triangulaire, if h (Tab. B', fig. 3; Tab. B", fig. 3), est
intercalé entre ces deux os, et forme ainsi le pilier postérieur de l'orbite ; c'est le frontal posté-
rieur de Cuvier.
Un autre petit os complète la face latérale de la boîte crânienne; c'est l'os n° 13 (Tab. B",
fig. 3). Il est attaché à la face interne du mastoïdien et de l'occipital externe, situé en avant
de la branche descendante de ce dernier, et en arrière de la grande aile ; il présente la forme
d'une capsule ronde , avec une large excavation au milieu , destinée à loger la partie posté-
rieure des canaux semi-circulaires. Cet os ne paraît à la surface de la boîte crânienne que sur
la tête macérée , la solution de continuité qui existe entre la grande aile , l'occipital latéral et
le mastoïdien , étant remplie , à létat frais , par des cartilages ; c'est le rocher de Cuvier.
La base du crâne étant beaucoup moins large que le toit , les faces latérales sont inclinées
de manière à pouvoir être vues d'en bas. Elles sont composées , d'après l'énumération ci-des-
sus des occipitaux latéraux , des grandes ailes du sphénoïde , du sphénoïde principal , qui pa-
raît à la base, des frontaux postérieurs , des rochers, et le couvercle est formé par les fron-
taux principaux, les mastoïdiens et les occipitaux externes. Outre les trous destinés au passage
de nerfs ( dont l'un , pour la dixième paire , est percé à travers l'occipital latéral , les deux
autres , pour la cinquième paire , à travers la grande aile ) , il existe encore d'autres solutions
de continuité très-notables à cette face du crâne ; c'est ainsi que ses deux parties prin-
cipales, l'occipital latéral et la grande aile, ne se touchent que par une très-minime partie. Il
en résulte deux grands trous de forme presque triangulaire , l'un en bas , bordé par ces deux
os et le sphénoïde principal , dans lequel se loge le sac du labyrinthe , enveloppé d'une boîte
cartilagineuse ; l'autre en haut , qui n'est que très-imparfaitement bouché en dedans par le
rocher.
La face inférieure du crâne est entièrement formée par l'os n" 6 , le sphénoïde principal de
Cuvier (Tab. B', fig. 5 ; Tab. B ', fig. 1,2,3,4). C'est un os plat et élargi en arrière, cylindrique
au milieu et comprimé latéralement en avant , où il entre dans la formation du bec. C'est lui
qui forme en entier le plancher du crâne en donnant un appui à tous les autres os ; dans la
cavité du crâne, il se montre en arrière, entre les deux cavités du sac du labyrinthe et en
avant, dans la fosse de l'hypophyse. Tout le reste est caché par les occipitaux latéraux en ar-
rière et par les grandes ailes qui lui sont superposées, en avant. Sur le côté antérieur du crâne ,
le sphénoïde envoie deux processus latéraux qui , s'unissant à la grande aile , forment avec
elle l'articulation palatine. Ce sont ces deux processus qui donnent à cet os cette forme en
croix qui est connue même des personnes entièrement étrangères à l'ichthyologie. Tout le
— 11 —
monde sait ([uon se plaisait autrefois à retrouver dans les os de la tête du Brochet tous les ins-
trumens qui ont ser\i au martyr de Jésus-Christ. Nous parlerons de la partie antérieure du
sphénoïde en traitant de la composition du bec, •
Il nous reste encore à traiter de la face antérieure du crâne. Elle est composée en bas par
le sphénofde principal et ses deux ailes en croix qtii forment la moitié intérieure de l'articula-
tion palatine. Ment ensuite, à côté, la face antérieure de la grande aile, dont nous avons déjà
parlé, et qui donne passage aux branches antérieures de la cinquième paire des nerfs céré-
braux, ainsi qu'aux artères et aux veines de l'œil.
La voûte antérieure est complétée, sur les côtés, par deux os plats, n° 14 (Tab. B", (îg. k) .
courbés, con^exes vers l'extérieur, et reposant sur le processus antérieur de la grande aile. Ils
touchent en haut au frontal principal, et convergent vers la ligne médiane, de manière à laisser
entre eux un espace en forme d'ogive. C'est entre eux, le sphénoïde principal et l'os n° 15 ,
que passent les nerfs olfactifs et optiques et les autres nerfs accessoires de l'œil , et c'est ce
passage aussi qui donne à ces os leur véritable signification ; ce sont les ailes orbitaires de
Cuvier.
L'ogi^•e formée par la convergence de ces deux os est en partie fermée en avant par une
pièce presque ronde , plate , qui repose verticalement sur le sphénoïde principal , et forme
une partie de la cloison interorbitaire qui , plus en avant , reste cartilagineuse et membra-
neuse. En arrière, sur la tranche tournée vers la cavité cérébrale, cet os est évasé en haut, de
manière à former un entonnoir creux, qui finit en avant par deux trous, donnant passage à la
quatrième paire de nerfs cérébraux. L'os touche en haut au frontal principal, en bas au sphé-
noïde principal ; il n'est en contact directe avec aucune des autres pièces du crâne. C'est le
sphénoïde antérieur de Cuvier, n° IS (Tab. B", fig. 2 et 4).
Les os qui concourent à la formation de la boite cérébrale ou du crâne proprement dit , se-
raient ainsi cliez le Lépidostée les os suivans :
Trois os impairs, le sphénoïde principal, (n° 6), le sphénoïde antérieur, (n" 15) et V occipital
basilaire {n" \î); et vingt os pairs, savoir : les occipitaux supérieurs (n° 8) , les occipitaux laté-
raux ( n° 1 0 ) , les occipitaux externes ( n° 9 ) , les frontaux principaux (n" 1 ) , les frontaux
postérieurs ( n° i ) , les pariétaux ( n" 7) , les mastoïdiens ( n° 12), les rochers ( n° 13), les
grandes ailes (n°H), et les ailes orbitaires (n" ik). Les autres os que l'on cite ordinai-
rement comme prenant part à la formation du crâne chez les poissons, savoir le vomer, l'eth-
moïde et les frontaux antérieurs existent aussi chez le Lépidostée , comme nous le verrons par
la suite , mais ils ne participent nullement à la formation de la boîte crânienne : ce sont des os
de la face , et c'est sans doute par suite de la longueur disproportionnée du bec qu'ils sont
rejetés si loin en avant.
La constitution de la face et des os qui servent d'appui aux organes des sens , ainsi qu'aux
parties destinées aux fonctions digestives, dépendantes du crâne, est assez remarquable. Nous
distinguerons dans l'ensemble de ces os deux groupes principaux , les os qui entrent dans la
— là —
formation du bec et du palais, et ceux qui forment la cuirasse des joues et qui se joignent à
l'appareil operculaire.
La pièce osseuse du crâne qui se continue- en avant pour cou\ rir la partie postérieure du
bec, est, comme nous l'avons dit plus haut, le frontal principal, n° d (Tab. B', fig. 1 2 et 3:
Tab. B'/, fig. 2 et 3). Etranglé au-dessus de l'endroit où la mâchoire inférieure entre sous
l'appareil tegumentaire, s'élargissant ensuite de manière à occuper presque toute la lar-
geur du bec, il se rétrécit après insensiblement et forme, à son extrémité, un angle rentrant,
dans lequel l'os n° 2 est enchâssé. Chacun des frontaux présente à sa face inférieure, près de
la ligne médiane , une forte arête , faisant saillie vers le bas , et formant , avec celle de l'autre
côté, une gouttière ouverte vers le bas , qui est fermée par une autre gouttière sous-jacente ,
que le sphénoïde présente à sa face supérieure. Il en résulte par conséquent un canal médian .
qui longe tout le bec jusqu'en avant ; les autres os situés en avant et donnant passage aux
nerfs olfactifs présentent la même structure.
En a^ ant du frontal principal , la couverture du bec nous offre deux os plats et peu larges ,
qui s'avancent jusque tout près de l'extrémité du museau. Ces os, n° 3 (Tab. B', fig. 1 et 2 ;
Tab. B", fig. 2 ) , forment la continuation du museau dans le même plan que les frontaux ,
et prolongent par des arêtes inférieures la gouttière des nerfs olfactifs jusqu'à l'extrémité du
museau ; c'est au-dessous deux que sont creusées les fosses nasales. Ils correspondent sans
doute aux os nonmiés par Cuvier etlunoules chez les poissons, mais dont la signification paraît
encore douteuse et que nous nonmierons nasaux. Le fait qu'ils sont doubles, serait étonnant,
s'il s'agissait de l'ethmoïde ; mais il n'a rien ([ue de naturel dès qu'il s'agit de nasaux.
Mais ces os ne foi*menl pas rextrémité du museau. Au-dessous de leur pointe un peu élar-
gie, s'adaptent d'abord deux pièces presque triangulaires, n° 1 7 (Tab. B , iig. 2 et 3 ; Tab. B".
fig. 2 et 3 ) ayant à leurs bords inférieurs une simple i*angée de dents , derrière laquelle
sont placées plusieurs dents plus grandes , situées un peu en dedans des extérieures plus pe-
tites , et en môme temps deux grandes fosses latérales à la face inférieure , pour l'eceA oir les
premières grandes dents des mâchoires inférieures. La surface extérieure de ces os est pres-
que plane , un peu évasée , et c'est dans cette excavation , peu profonde du reste , qu'est logé
l'organe olfactif et que s'ouvre le canal du nerf olfactif. C'est sans doute Vintermaxillaire de
Cuvier. Ce qu'il y a de remarquable dans les rapports de ces intermaxillaires, c'est qu'ils
sont tellement soudés aux nasaux , que chacun d'eux ne forme qu'un seul os avec le nasal du
même côté. La séparation n'est indiquée que par un sillon peu profond.
L'intermaxillaire ne parait pas à la" surface externe du bec. Il est couvert par une espèce
de capuchon osseux, formé par deux paires de petits osselets plats et un autre os moyen. Le
premier de ces os, n" 20 (Tab. B', fig. 1 et 2 ) , touche par sa face supérieure aux nasaux,
et par sa face inférieure à l'intermaxillaire ; sa face antérieure présente deux échancrures .
qui répondent aux deux ouvertures nasales. Ces échancrures se transforment en trous,
la supérieure, au moyen d'une pièce à-peu-près triangulaire, qui touche celle de l'autre côté
— 1.-) —
(M) liaul el forme avec elle la pointe du museau, n" 20' (Tab. B', fig. 2 et 3 ) , riiiférieure en
haut, au moyen de celte même pièce, et en bas, au moyen d'une pièce impaire, n" 20'
(Tab. B", fig. 2 et 5), qui recouvre la face inférieure de la pointe du museau.
Quelle est la sii^iiilicatii^i de ces os ? Il faut a\ ouer qu'il est difficile de leur trouver des
analogues. Ce sont ou les nasaux démend)rès en plusieurs pièces , ou bien des os labiaux ,
dont nous trouvons des exemples si fréquens dans les poissons de toutes les divisions , et qui
remplacent les cartilages mobiles du nez des animaux supérieurs. Nous préférons admettre
cette dernière interprétation, vu (ju'il se présente assez de raisons, comme nous le verrons
plus tard , pour rapprocher les ethmoïdes (n° .")) du Lépidoslée des véritables nasaux des Cro-
codiles et d'autres reptiles.
Jusqu'ici la détermination des os ne nous a offert presque aucune difficulté , mais mnis
voilà arrivés au point où elles commencent. La face inférieure du bec s'oppose en quelque
sorte à tout rapprocheinent qu'on pourrait tenter à cet égard entre le Lépidoslée et les autres
vertébrés.
Les deux côtés du bec sont garnis d'une rangée d'osselets cylindriques , qui . réunis , for-
meraient ensemble un os long en forme de bâton n° 18 (Tab. B', fig. i et 2 ). Le nombre
de ces osselets, réunis par des sutures, varie, à ce qu'il paraît, non-seulement chez les es-
pèces, mais aussi chez les différens individus et même sur les deux côtés du même poisson.
C'est ainsi que j'ai compté dans mon exemplaire huit pièces d'un côté et neuf de l'autre. Ces
osselets portent une double rangée de dents ; les unes, purement extérieures, sont de simples
produits de la couche d'émail qui recouvre la face extérieure , aussi sont-elles composées
uniquement d'émail. Mais les dents intérieures sont de véritables dents, presque droites,
coniques, pointues et rayées de fines stries longitudinales à leur base. Elles sont implan-
tées dans une gouttière peu profonde et reposent dans des alvéoles , dont le fond présente de
très-belles stries rayonnantes , se rattachant à un centre percé , par lequel les vaisseaux et les
nerfs de la dent montent dans la cavité pulpaire. Les osselets situés en arrière ont à leur face
interne une gouttière , destinée à loger les ^ aisseaux et nerfs dentaires. Cette gouttière se
change petit'à petit en un véritable canal, creusé le long des osselets , au-dessous des dents.
Ces os , qui portent les dents principales de la mâchoire supérieure , longent le bec dans
tonte sa largeur, forment le bord extérieur de la gueule en haut, et succèdent immédiatement
aux intermaxillaires , que peuvent-ils être sinon les maxillaires supérieurs , divisés en plusieurs
parties? Mais une telle division réitérée est sans exemple dans la série des vertébrés. Il y a
bien quelques poissons , notamment les Truites , dont le maxillaire est divisé en deux parties ;
mais ce démembrement ne porte point de dents et paraît plutôt un os labial , fixé au-dessus
du maxillaire. Il n'y a que certains poissons fossiles provenant de l'Old-red , les Dendrodus .
dont on ait trouvé jusqu'ici des pièces semblables , portant chacune une ou deux , tout aji
plus trois dents. Si l'on se refusait à admettre cette interprétation, on pourrait envisager l'os que
nous avons désigné sous le nom d'intermaxillaire, comme l'ethmoide; alors les pièces maxi-
— ik —
laires détachées représenteraient l'intermaxillaire , et le maxillaire se retrouverait dans la
branche inférieure du chaînon des osselets sous-orbitaires , dont les trois pièces portent les
lettres a,b,c (Tab. B', fig. i et 2).
Les difficultés sont encore plus grandes quand on arrive à la face inférieure du bec. Nous
examinerons les différentes pièces qui la composent d'arrière en avant.
L'os qui forme le milieu et la base de la cloison interorbitaire est le sphénoïde principal ,
if 6 (Tab. B'', fig. 2 et 3), qui, comme nous l'avons vu plus haut, est cylindracé aussi loin
qu'il s'étend entre les orbites. Plus loin , là où les carènes du frontal principal commencent,
il détache deux feuillets minces et plats en haut, qui s'appliquent sur les carènes du frontal et
complètent ainsi le canal des nerfs olfactifs.
Le sphénoïde s'étend à-peu-près jusqu'au premier quart de la longueur du bec , où il
s'engrène avec deux os pairs , séparés par une fente sur la ligne médiane ; ces os , par leur
réunion au milieu, soutiennent la gouttière formée par la partie antérieure du sphénoïde.
Chacun d'eux a la forme d'une feuille mince et longue , qui touche l'os voisin par son bord
inférieur un peu épaisi , et forme avec lui une gouttière évasée en haut. Ces os portent le
chiffre n° 16 (Tab. B", fig. 2 et o). Chacun d'eux présente en arrière une rangée longitu-
dinale d'aspérités , espèce de dents en brosse qui se perdent en avant. Quoique ces os for^
ment les trois quarts extérieurs du bec , en remplissant tout l'espace entre le sphénoïde et les
intermaxillaires, ils ne paraissent pourtant à la surface que par une partie très-minime de leur
étendue , présentant seulement deux petites bandes le long de la ligne médiane , aux deux
tiers antérieurs du bec. Ils sont recouverts en arrière par l'appareil osseux du palais, et en avant
par deux plaques dentaires auxquelles ils sont soudés de manière à former corps avec elles.
Nous nommerons ces os, avec Cuvier, les vomers. Simples dans la plupart des poissons, ils
sont ici divisés en deux par une suture médiane. Ils se continuent en avant par deux pla-
ques minces et longues , formant le tiers antérieur de la face inférieure du bec , et portant
chacune deux rangées de dents en brosse le long de leurs bords ; mais comme les bords in-
ternes de ces plaques se touchent sur la ligne médiane, il en résulte que leurs rangées de
dents se confondent en une seule , et que les deux plaques réunies ne présentent que trois
rangées d'aspérités , une médiane et deux latérales ; les plaques dentaires reposent sur la face
inférieure du canal des nerfs olfactifs, qui, en cet endroit, est formé entièrement par les
arêtes inférieures des nasaux.
La partie antérieure du bec est donc formée d'abord par le capuchon des ciiuf os labiaux,
puis ]iar les intey-maxillaires , les maxillaires, les nasaux, les vomers, ou, d'après l'autre
version, mentionnée plus haut, par Vethmoide, les intermaxillaires , les nasaux et les corners.
Mais en arrière il y a encore d'autres os qui prennent part à la formation du palais.
Un long os spatuliforme, n" 22 (Tab. B', fig. 3 ; Tab. B'', fig. 2 et 3) , est appliqué contre le
flanc du vomer et du sphénoïde dans les deux tiers postérieurs du bec. D'abord ce n'est qu'une
lame mince, placée verticalement, qui recouvre le flanc extérieur du canal olfactif, enchàs-
— Il) —
sée enlre celui-ci et les i)ièoes maxillaires; mais bientôt il gagne en épaisseur, recouvre tout
le sphénoïde de manière à n'en laisser qu'une mince bande à découvert le long de la ligne
médiane ; s'élargissant ensuite horizontalement , il forme , avec celui de l'autre côté , tout
le plafond de la gueule au dessous des orbites. C'est cet os et les pièces qui sont adaptées à
ses faces supérieure et inférieure , qui forment le plancher de l'orbite e( séparent celles-ci de
la cavité buccale. Il s'étend en arrière jusque vers l'articulation palatine du sphénoïde ; mais
ce n'est cependant pas lui qui fournit cette articulation ; il finit , au contraire, en s'arrondis-
sant; c'est un autre os, n" 26, implanté sur sa face supérieure, qui fornje l'articulation.
A la racine du bec , cet os forme une saillie assez ronde et considérable contre la ca^ ité
buccale . hérissée d'aspérités en forme de dents en brosse ou plutôt en râpe. Une rangée
longitudinale d'aspérités se voit aussi le long de son bord intérieur. L'os est entièrement
lisse, là où il forme le plancher des orbites. Ce plancher n'est pas horizontal, mais incliné
en dedans, de sorte que le plafond du palais a ici la forme d'un toit.
Le bord extérieur de la face inférieure de cet os est revêtu, aussi loin qu'il prend part à la
formation du bec, d'une lame dentaire très-mince, longue et plate n" 22' (Tab. B", fig. 2 et 3j,
qui , au tiers moyen du bec , est assez large pour revêtir toute la face inférieure de l'os et
pour toucher par son bord intérieur au vomer, tandis que plus en arrière, la plaque ne couvre
que le bord extérieur. Une rangée de dents en brosse longe le bord extérieur de cette lame
dentaire.
Sur la face supérieure de l'os n° 22 , qui est tournée vers l'orbite , sont implantés deux os
particuliers, qui servent aux deux articulations importantes que l'appareil palatin possède. L'un
de ces os, l'antérieur, n" 26 (Tab. B', fig. 2 et 3) , repose par une base plate et triangulaire
sur la face supérieure de l'os n° 22, et présente en dehors une facette articulaire arrondie,
sur laquelle la mâchoire inférieure se meut. Cette facette articulaire est plus large que haute
et formée de manière qu'elle ne permet que le mouvement vertical de la mâchoire.
L'os postérieur n° 2o (Tab. B', fig. 3; Tab. B", fig. 2 et 3 ) , repose aussi sur la face su-
périeure de l'os n° 22 , mais par une base triangulaire , moins massive que celle du précédent ,
et passant par un col étroit, qui pousse une épine en arrière, il va former à l'extrémité un ren-
flement creusé par une excavation gleno'idale assez plate , qui joue sur la face articulaire four-
nie par le sphénoïde principal et la grande aile. Le bord intérieur de cet os articulaire, comme
aussi celui de l'os n° 2o , est accompagné , dans sa moitié postérieure , d'une petite esquille
osseuse, n° 2.5 (Tab. B', fig. 3; Tab. B', fig. 2 et 3 ) , qui est fortement soudée à ces deux os.
et ne présente rien de particulier.
Nous ne traiterons de la signification des os du palais qu'après avoir décrit la cuirasse os-
seuse des joues et les os de l'appareil operculaire , dont les emplaceinens nous aideront à éclair-
cir certains doutes sur la détermination et les rapprochemens à faire entre ces os et ceux des
autres animaux.
Tout le côté de la tête du Lépidostée est recouvert de plaques osseuses , soudées de telle
— 16 —
manière les unes aux autres, qu'il n'y a qu'un pelil espace pour la cornée de l'œil qui ne
soit pas cachée. Nous les décrirons d'arrière en avant, pour arriver ainsi par des pièces in-
contestables à la détermination de celles plus voisines du palais et qui participent à la con-
fusion qui parait y régner.
L'opercule, n" 28 (Tab. B', fig. 1,2 et 3: Tab. B", fig. 5 et 6), a cette forme triangulaire à
angles arrondis, qu'on lui connaît dans la plupart des poissons réguliers. Il est un peu bombé
en dehors, creux en dedans, où il présente une face articulaire tournée contre l'os n'*2.5, sur
lequel il se meut comme un battant de porte.
Au-dessous de l'opercule et soudé avec lui au milieu, se trouve l'os n" .32 (Tab. B', fig. 2 et 3;
Tab. B", fig. .5 et 6), complétant la plaque qui couvre l'ouverture des branchies. Il présente
une branche montante , qui s'insinue sur le bord antérieur de l'opercule , entre lui et l'os
n° 30, et qui s'étend jusque près de l'articulation operculaire. Cet os, qui doit donc participer à
tous les mouvemens de l'opercule est sans doute l'os désigné par Cuvier sous le nom de
.sousopercule.
Devant le battant formé par ces deux os , se trouve un autre os en forme d'équerre ,
n" 30 (Tab. B', hg. 2 et 3; Tab. B'', fig. S et 6), dont la branche inférieure seule parait à la
surface extérieure , revêtue d'émail , tandis que sa branche montante , dont le bord postérieur
s'adapte contre les opercules, est cachée par les écailles de la joue. La branche montante est
en outre soudée par sa face intérieure sur l'os n° 23, tandis qu'à la face interne de la branche
horizontale sont fixés les os n° 27 en arrière, et n** 31 en avant. Cet os est sans doute le
préopercule de Cuvier.
En dedans du préopercule, et articulé avec l'opercule, se voit un os d'une forme quadran-
gulaire oblongue, n° 23 (Tab. B'', fig. 5 et 6 ) , qui, par son bord supérieur arrondi, pé-
nètre dans une cavité glenoïdale de la face inférieure du mastoïdien , n° 12. Sur son bord
intérieur, en haut, se voit une autre face articulaire, qui touche au frontal postérieur, n° k. Cet
os se fait en outre remarquer par un trou assez considérable au milieu, trou par lequel passe
l'artère hyoïde du premier arc branchial, pour se rendre à la fausse branchie. C'est sur la
face externe de cet os que le grand muscle temporal prend ses insertions principales. A
sa configuration et à ses liaisons on reconnaît cet os pour le teniporal de Cuvier.
Entre les os que nous venons de décrire et l'appareil palatin se trouvent encore deux
os, n° 27 et n° 31 (Tab. B", fig. 5 et 6). Le premier repose par une base triangulaire sur
le préopercule, et se recourbe avec un crochet vertical vers l'os temporal, n° 23. L'autre est
long , cylindrique , très-intimement soudé par sa face extérieure sur la branche horizontale
du préopercule, de manière à dépasser cette dernière par son extrémité antérieure. Cette
extrémité touche par une face articulée à l'os n° 26 , et complète l'articulation de la mâchoire
inférieure et des branches de l'os hyoïde.
Il nous reste encore à dire quelques mots sur les parties osseuses qui constituent la cuirasse
des joues. La chaîne de ces plaques, n" 19 (Tab. B', fig. 1 et 2, et Tab. B", fig. 5), commence
— i7 —
au-dessus de rarliculafion de la mâchoire inférieure, derrière le maxillaire, el se di\ise de
suite en deux branches. Lune, l'inférieure, est composée de trois osselets plats, situés l'un
derrière l'autre et s'appliciuant sur la face extérieure de la pièce x de la mâchoire inférieure ;
dans les autres poissons, ces osselets sont remplacés par un fort ligament tendineux. Nous les
avons désignés par les lettres a, b el c. On pourrait, comme nous l'avons dit plus haut, les
envisager comme les représentans de l'os maxillaire supérieur qui offrent une disposition sem-
blable chez quelques Salmonidés exotiques, et en particulier dans le genre A'iphoslome.
La branche supérieure est d'abord composée de deux os simples , appliqués au bord exté-
rieur du frontal principal d et e ; vient ensuite un anneau entourant l'orbite , composé de huit
osselets f à n, plus ou moins trapézo'ides , dont les petits bords sont tournés vers l'espace
intérieur qu'ils laissent libre. La pièce formant le milieu du bord supérieur de l'orbite, n° i ,
(Tab. B', fig. i et 2 ; Tab. B", lig. 5 ) pourrait être envisagée comme l'analogue de l'os que
Cuvier appelle frontal antérieur; le reste compose ce chaînon d'os nommés par lui sous-orbi-
taires, qui est plus ou moins complet chez tous les poissons, et qui atteint son plus grand
développement dans notre Lépidostée, touchant en haut au frontal principal et au mastoï-
dien, en avant au maxillaire supérieur, et en bas au préopercule et à l'os n° 31.
Derrière ce chaînon , la cuirasse est complétée par une paroi composée d'une vingtaine
de petites écailles osseuses o o (Tab. B", fig. 2), de forme très-variable, qui recouvrent le
grand muscle temporal dans toute sa largeur, et s'étendent entre le mastoïdien en haut, le
chaînon sous-orbitaire en avant, le préopercule en bas, l'opercule et le sous-opercule en
arrière. Ces os n'ont rien qui les dislingue des véritables écailles qui recouvrent le reste
du corps.
Entre le chaînon sous-orbitaire et le mastoïdien , il y a encore une rangée de très-petits
osselets p p (Tab. B'', fig. i et 2) très-variables par leur nombre et leur étendue, qui recou-
vrent en cet endroit le trajet du canal muqueux de la tête.
Après avoir ainsi décrit les différentes pièces qui composent les parties faciales de la tête , on
me demandera quelle est la valeur que je leur assigne , soit relativement aux autres poissons ,
soit relativement aux vertébrés en général. C'est à quoi nous allons essayer de répondre. Nous
chercherons pour cela à ramener les os du Lépidostée à ceux des autres poissons , en em-
ployant les dénominations établies par Cu> ier dans son Histoire naturelle des Poissons ; nous
traiterons ensuite de leur analogie avec les autres vertébrés , quand nous aurons exposé l'os-
téologie du Polypterus, non moins riche en particularités peu connues.
Si , dans cette interprétation , nous partons d'un point irrévocablement fixé , de l'opercule
n° 28 ( Tab. B", fig. 5 et 6 ) , nous trouverons en bas le sous-opercule , n° 32 , qui est ici ac-
colé à l'opercule , et en avant un os en équerre , le préopercule n" 30 , qui se maintient dans
les mêmes rapports que chez les autres poissons. L'interopercule n° 33 , qui complète chez
les autres poissons l'angle entre le sous-opercule et le préopercule , manque ; il est remplacé
par l'angle postérieur de ce dernier os. Ces os une fois fixés, nous retrouverons dans l'os
TOM. II, 2= P.\RT. 3
— 18 —
II" 23 le même os que Cuvier a nommé temporal, et qui est caractérisé dans tous les poissons,
d'une part, par son articulation avec le frontal postérieur (k) et le mastoïdien (12) (Tab. B",
tig. 2) en haut, ce qui facilite le mouvement de toutes les parties faciales du crâne, et,
d'autre part , par son articulation avec l'opercule en arrière , ainsi que par le trou de pas-
sage pour l'artère pseudobranchiale.
En avant du temporal , recouvrant en partie sa face antérieiu'c , mais ne s'étendant pas aussi
haut que celui-ci, se trouve une autre pièce osseuse, de forme très-variable chez les différens
poissons (27) (Tab. B", lig. 5 et 6) ; elle complète le plancher de l'orbite en s'intercalant
entre le temporal et le ptérygoïdien, et ne touche d'autres os que ces deux, chez la plupart des
poissons. Nous retrouvons cet os dans le crochet recourbé ( n° 27 ) , qui se rapproche, en effet,
du temporal par son extrémité supérieure , et qui touche par son bord antérieur à l'os que
nous reconnaissons être le ptérygoïdien ; c'est le tympannl de Cuvier, qui, il est vrai, présente
ici une anomalie, c'est d'être fixé sur le préopercule, tandis qu'il en est séparé dans les poissons
à museau moins pointu par plusieurs autres os, notamment par le jugal et le symplectique de
Cuvier. Mais si l'on considère la forme excessivement allongée de tout l'appareil masticatoire
du Lépidostée et la forme déprimée du crâne, on ne s'étonnera pas de trouver les os, que l'on
voit superposés les uns aux autres dans les poissons à tête trapue, alignés horizontalement
d'après leur ordre successif dans le Lépidostée.
C'est l'os nommé par Ciwierjiigal , qui porte la facette articulaire de la mâchoire inférieure.
Cette fonction est évidente et d'une valeur telle , qu'elle doit l'emporter sur toutes les autres
considérations dans la dénomination à choisir. Nous reconnaissons donc \e jiujal de Cuvier dans
l'os n° 26 (Tab. B", fig. 2 et 5) qui est l'os articulaire de la mâchoire inférieure. Chez les pois-
sons ordinaires, le jugal touche par son bord inférieur au préopercule, ([ui s'étend jusque
vers l'articulation. En haut, un petit os cunéiforme est intercalé entre les deux os, et s'étend
aussi sur la face intérieure, jusque vers l'articulation de la mâchoire; c'est cette fonction de
lier ensemble le jugal et le préopercule qui lui a valu le nom de symplectique de la part de
Cuvier. Nous ne doutons pas que chez le Lépidostée, cet os ne soit le n" 31 , qui, appliqué par
toute sa face externe sur la face interne du préopercule, s'étend horizontalement au-delà de
l'extrémité de ce dernier, vers le jugal, et forme le coin postérieur de l'articulation. Sa gran-
deur, sa position horizontale s'explicjuent d'une manière satisfaisante, à mon avis, par le dé-
veloppement longitudinal du bec.
En suivant ce même système , nous pourrons aussi résoudre les difficultés que présentent
les os du palais proprement dit, qui forment le plancher de l'orbite et s'avancent pour faire
partie du bec.
La pointe postérieure de l'arcade palatine est formée par l'os n° 26 (Tab. B", fig. 2 et 3),
qui s'articule avec la face glénoïdale du crâne , au moyen du sphénoïde principal et de la
grande aile. Quoique cet os soit assez différent de ce qu'il est dans les autres poissons, nous
ne saurions pourtant méconnaître en lui le ptérygoïdien . Il forme la partie postérieure du
— 19 —
plancher de lorbilo, lout en s'arliculaiit avec le sphénoïde, arliculalion qui manque enliè-
lemenl chez tous les autres poissons. Enfin , si nous vouHons anticiper sur les déductions
qui suivront plus tard , notre détermination se trouverait encore justiliée par les Crocodiles ,
chez lesquels le ptérygoïdien , tout-à-fait immobile , touche aussi au sphénoïde principal
d'un côté, et à l'os palatin de l'autre. Une semblable articulation se trouve chez les oiseaux.
Nous reconnaissons dans le grand os n° 22 , le palatin qui acquiert ici un développement
extraordinaire. Situé en dedans du maxillaire, entre celui-ci, le sphéno'ide principal et le
vomer, en avant du plérygoïdien , il forme la principale partie du plancher de l'orbite et pré-
sente, outre ces rapports qui lui sont communs avec le palatin des autres poissons, des parti-
cularités trés-frappantes. Et d'abord , le jugal , qui , dans les autres poissons , en est séparé par
l'os transverse et le ptérygoïdien , lui est ici contigu et le palatin s'étend encore loin derrière
lui. De plus, il s'avance tellement , qu'il recouvre non-seulement la plus grande partie des vo-
mers , mais qu'il entre aussi en rapport avec le frontal principal et les nasaux , bien que les
pièces maxillaires soient soudées d'une manière fixe sur sa face extérieui'c. On le voit , le
développeuient excessif de la mâchoire supérieure a nécessité un agrandissement semblable
de tous les os appartenant à la face proprement dite, tandis que les os qui sont en rap-
port plus intime avec le crâne, comme, par exemple , les ptérygoïdiens , restent dans les li-
mites d'un développement ordinaire.
Si la signilication des os mentionnés jusqu'ici est réellement celle que nous leur avons
assignée , nous ne serons pas embarrassés pour déterminer quelques pièces que nous n'a-
vons pas encore touchées (Tab. B', fig. 2 et 3). Et d'abord, les lames dentaires, longues
et minces , dont nous avons fait mention dans la description du bec, et qui se trouvent sur la
partie antérieure du palatin, des deux côtés n" 22', ne seront pour nous que des pièces sur-
numéraires , développées sur la face buccale de ces os , comme il se développe aussi très-
souvent sur la face des os hyo'ides, pharyngiens et autres, des plaques dentaires qui prennent
part à la formation de la gueule.
Nous veiTons alors dans les os n° 16, placés en avant des palatins , et cachés en partie
par eux , de véritables vomers , armés de dents dans leur partie antérieure , comme presque
chez tous les poissons , et ne présentant des difféi'ences essentielles qu'en ce qu'ils sont sépa-
rés au milieu, tandis qu'ils ne forment qu'un seul os chez les autres poissons.
Quant à la partie antérieure du bec , qui n'est composée que de deux pièces divisées au
milieu , en faisant abstraction du capuchon des os labiaux , nous y reconnaîtrons les nasaux
en haut et les intermaxillaires en bas , soudés ensemble , et peut-être même dans la partie
osseuse qui enveloppe les nerfs olfactifs, ïethmoide, réuni à ces deux os de manière à ne
former qu'une seule pièce osseuse très-forte , connue il en fallait à l'extrémité effilée d'une
mâchoire si excessivement longue.
Il résulte de cette énumération que la tête du Lépidostée est composée des mêmes os que
celle de la plupart des poissons , sauf l'interoperculaire et l'os nommé par Cuvier transi^erse.
— 20 —
J'aurais voulu pouvoir reconnaître ce dernier os dans la petite esquille osseuse, n° 25'. qui
longe le bord interne du ptérygoïde et du palatin , mais sa position s'y oppose. Le trans-
verse, en effet, est situé sur le bord externe du palatin, unissant ce dernier au jugal, tan-
dis que notre n" 22' est situé sur le bord interne du palatin. Nous sommes donc forcé de
voir en lui un démembrement du ptérygoïde , et de convenir par conséquent que l'os trans-
verse manque au Lépidostée.
La mâchoire inférieure (Tab, B', fîg. 2 et .5 ; Tab. B", fig. 7 et 8 ) est allongée comme la
mâchoire supérieure , quoique cette dernière la dépasse plus ou moins en avant , suivant les
espèces. Elle est composée de plusieurs pièces, dans lesquelles on retrouve, comme Cuvier
l'a déjà fait observer, le même arrangement que dans la mâchoire des Crocodiles, arrange-
ment qui est fort différent de celui des autres poissons.
La pièce principale (Tab. B', fig. 2 et 3 ; Tab. B'', fîg. 7) est celle appelée par Cuvier
dentaire. Elle forme seule la mâchoire, aussi loin que celle-ci porte des dents, et s'étend même
en dehors jusque vers l'articulation. Elle est soudée à la pièce de l'autre côté à peu près
jusque vers la moitié du bec ; après quoi , les deux pièces s'écartent latéralement. Outre
la grande gouttière, dans laquelle sont placées les dents alvéolaires, et dont nous parlerons
plus tard , chaque pièce dentaire porte encore trois rangées de dents beaucoup plus petites .
l'une en dehors des grandes dents, qui est la continuation en forme de scie de la couche d'é-
mail , qui recouvre la face extérieure de la mâchoire , les deux autres en dedans , paral-
lèles aux deux bords extérieurs , et répondant aux rangées de dents en brosse qui se trou-
vent sur la mâchoire supérieure et sur les plaques dentaires du palatin et du vomer.
En arrière , vers l'articulation , l'angle inférieur de la mâchoire est formé par une pièce
pyramidale v (Tab. B', fig. 2 et 3 ; Tab. B", fig. 7 et 8), dont la base, petite et creuse, forme la
partie inférieure de l'articulation (fîg. 8) , tandis que le côté s'adapte à la face extérieure du
dentaire, dont il continue le bord. Le même os se trouve non-seulement dans les Crocodiles .
mais aussi dans les poissons , où Cuvier l'a nommé angulaire.
La place que l'angulaire occupe à la face extérieure , est occupée à l'intérieur par un
os triangulaire semblable (Tab. B", fîg. 7 et 8) ; seulement cet os ne prend aucune part à
l'articulation , mais il s'étend par une branche arrondie , en haut , pour former la paroi
interne du creux situé en dessus de l'articulation , creux par lequel les nerfs et vaisseaux
des dents passent pour s'engager dans le canal creusé le long du dentaire, où se fîxe aussi le
tendon du grand muscle temporal. Cet os a été nommé fort mal à propos operculaire par Cam-
per, dénomination que Cuvier lui a conservée.
Le creux pour le tendon du temporal et les nerfs et vaisseaux est complété en dehors
par une pièce plate, écailleuse, x (Tab. B', fig. 2 ; Tab. B", fig. 7 et 8) , qui n'offre rien de
remarquable , et que Cuvier nomme surangulaire.
Dans l'espace triangulaire compris entre le surangulaire en dehors , l'operculaire en de-
dans , et l'angulaire en bas . est enchâssé un cinquième os cunéiforme , qui porte la partie
— "li —
])rinci|)ale do la cavité glénoïdalo , par la(juelle la niàclioire inférieure sarlicule avec le ju-
gal . Il" "20 . Cel os. if (Tab. B' , fig. 7 et 8) , est V articulaire , qui ne parait être là que pour
former Tarticulation.
L'os connu chez les Crocodiles sous le nom de complémenlaire mancjue au Lépidostée.
Chez la plupart des autres poissons, on ne trouve que le dentaire, l'angulaire et une pièce ar-
ticulaire , qui parait formée de la fusion de l'articulaire , du surangulaire et de l'operculaire
en une seule pièce.
La forme de la tête mérite encore une attention toute particulière.
La forme de la ca^-ité cérébrale s'aperçoit fort bien dans la préparation que nous avons
représentée Tab. B", fig. i, où, après l'enlèvement de la couvertui'e du crâne, cette cavité
reste à découvert. On y voit un espace principal moyen, rempli par le cerveau et la graisse qui
le recouvre , et au milieu de cet espace , un enfoncement lenticulaire , dans lequel se loge
l'hypophyse du cerveau. En avant, la cavité se rétrécit entre les ailes orbitaires (il), et le
sphénoïde antérieur, n° 1d, sépare son ouverture antérieure en deux trous latéraux dont
chacun aboutit à une orbite. A côté de cette cavité cérébrale proprement dite, se voient les
grands espaces destinés à loger les organes auditifs, et on distingue même sur le crâne os-
seux, lorsque les parties cartilagineuses sont enlevées, les deux enfoncemens latéraux pour
les sacs du labyrinthe (qui percent même le sphénoïde) , et les larges boites pour les canaux
semi-circulaires. La cavité crânienne a, de cette manière, à-peu-près la forme d'une croix,
avec une nef médiane et deux ailes latérales très-considérables.
Les orbites ne sont pas circonscrites en arrière , ou du moins elles le sont moins que chez
les autres poissons, et communiquent librement avec le grand espace de la joue , où se cache
le grand muscle temporal. En revanche, les os palatins les ferment presque entièrement vers
le bas , et les osselets sous-orbitaires avec le reste des pièces temporales les entourent si bien .
qu'il n'y a que le petit trou presque rond pour la cornée qui ne soit pas couvert. La cloison
interorbilaire n'est pas complète; on y trouve en arrière le sphénoïde antérieur, mais en avant
les os manquent, et il n'y a que des cartilages. Les oi'bites s'étendent jusqu'à la racine du bec.
et il parait , d'après leur longueur , que les muscles moteurs de l'œil sont très-puissans chez
le Lépidostée.
Plus en avant, les orbites se continuent dans les canaux pour les nerfs olfactifs, qui méritent
une attention toute particulière , depuis que l'on a trouvé dans des fossiles d'anciennes forma-
tions une conformation qui se rapproche à cet égard de celle du Lépidostée. Ce canal pour les
nerfs olfactifs est d'abord simple, aussi long-temps qu'il est formé par les deux gouttières
emboîtées des frontaux principaux en haut et du sphénoïde principal en bas. Mais du moment
que ce dernier est remplacé par les deux vomers ( os pairs ) , le canal simple se transforme
en deux canaux parallèles, séparés sur la ligne médiane par les carènes des deux vomers. Ces
canaux sont assez larges et spacieux , et s'ouvrent sur la tête osseuse, exactement dans la fente
nasale. Or, si l'on n'avait pas la preuve certaine que ces deux canaux ne sont pas ouverts
— 22 —
dans le palais, et que l'on renconlràt un fragment mutilé d'un bec, composé de la même ma-
nière que celui du Lepidostée , mais où l'on ne pût se convaincre de l'absence d'ouvertures
nasales dans la cavité buccale , certes on prendrait ce fragment pour le reste d'un batracien
à cavités nasales s'ouvrant au fond de la gueule , et l'on déterminerait les canaux des nerfs
olfactifs pour de véritables cavités nasales , tant l'analogie est grande , et l'on en trouverait
une preuve certaine dans l'existence d'un double vomer, qui, comme on sait , ne se trouve
que chez les Batraciens. Mais il n'en serait plus de même du moment que l'on connaîtrait le
Lepidostée, ou que l'on aurait étudié à fond la structure du Polypterus dans lequel les canaux
des nerfs olfactifs présentent encore d'autres particularités très- remarquables, et il faudrait
d'autres preuves que celle d'un double \ omer ou d'un canal nasal pour la nature batracienne
d'un fossile. Nous reviendrons sur ce sujet dans le chapitre du Polypterus et dans celui des
Labyrinthodontes .
L'os hyoïde avec ses appendices présente plusieurs particularités très-remarquables. Et d'a-
bord l'os lingual , n° k^ (Tab. B', fig. 3) , est très-développé , très-long, large et aplati ; il
présente une entaille à son extrémité antérieure , et est orné de rides transversales très-mar-
quées , mais il n'a point de dents.
Les branches latérales de l'os hyoïde sont composées chacune de trois os, n" 39, 38. 57
(Tab. B', fig. 3); la première, qui sert de pièce articulaire avec le lingual et le corps de
l'hyo'ide, est d'une forme à-peu-près ronde, et parait correspondre aux deux os n° 39 et kO .
que l'on trouve chez les autres poissons ; la seconde pièce est longue, cylindrique, et ne présente
point cette gouttière caractéristique qui , chez les autres poissons , longe sa face externe et
sert de canal à l'artère hyo'ide ; la troisième est courbée en équerre , forte et épaisse , soudée
à la seconde et présentant une tête glénoïdale, par laquelle la branche s'articule sur l'extrémité
antérieure du symplectique , n° 31. Outre cette grande tête articulaire , l'os présente, à son
angle, une face sur laquelle se meut le principal des trois rayons branchiostègues que le Lepi-
dostée possède ; car l'os appelé par Cuvier styloïde , qui sert à rattacher l'hyo'ide à l'appareil
operculaire, manque complètement. Ce rayon branchiostègue, n°k'ô, a la forme d'un sabre à
lame élargie. Il s'applique en dedans contre le bord du préopercule n° 30.
Le reste du corps de l'hyo'ide , les arcs branchiaux et les os pharyngiens , qui portent
deux grandes plaques dentaires situées sur les côtés de l'ouverture de la vessie natatoire, dans
l'ésophage , ainsi que la ceinture thoracique , ne présentent rien de remarquable dans notre
genre ; on y trouA e les mêmes pièces , et , à quelques légères modifications près , les mêmes
formes que chez le Brochet. Nous ne nous arrêterons pas aux détails.
Passant à l'étude de la colonne vertébrale , nous ferons d'abord remarquer que le nombre
des vertèbres , comme on devait s'y attendre , n'est pas égal chez les différentes espèces du
genre ; mais leur structure est par contre très-semblable et très-différente de celles des autres
poissons.
Les corps des vertèbres antérieures., qui se trouvent au-dessus de la cavité abdominale et qui
— 2Ô —
portent des côtes (Tab. B', fig. iO-lk) , sont allongés, mais fort peu dépiiniés. Peut-être
paraîtraient-ils entièrement ronds, silny a\aitpasdes deux côtés une arête horizontale, qui,
vers la partie antérieure de la vertèbre , s'allonge laféraleujent pour former un processus plat
et assez grêle, sur lequel sont fixées les côtes. La vertèbre montre à sa face inférieure, (lig. I U).
une arête assez prononcée , longitudinale , à côté de laquelle se remarquent des enfoncemens
considérables, qui quelquefois sont assez grands pour se réunir et pénétrer la vertèbre de part
en part. En haut , le corps de la vertèbre est surmonté par les deux processus supérieurs , qui se
réunissent en ogive pour former le canal pour la moelle épinière. Ce canal est assez large, de
forme presque arrondie, mais à base plus large. Les parois osseuses qui le forment, sont très-
minces et transparentes. Après s'être réunies pour former le toit du canal, les processus épineux
s'écartent de nouveau et se continuent obrujuement en arrière en deux arêtes, qui s'applicjuenl
sur le bord antérieur et supérieur du canal rhachidien de la vertèbre suivante (Tab. A, fig. 2) :
ensorte qu'on dirait que chaque pièce latérale des apophyses épineuses est formée de deux parties,
une antérieure et une postérieure, qui sont soudées ensemble, mais que sépare pourtant un creux
assez profond sur le côté (fig. 10). Il n'existe ni apophyses épineuses inférieures, ni articulaires,
ni canaux inférieurs pour le passage de l'aorte. Mais ce qu'il y a de plus étrange dans les
vertèbres , ce sont leurs surfaces articulaires , qui , loin d'être creusées en double cônes ,
connue celles de tous les autres poissons , présentent en avant une surface articulaire arrondie
(fig. H) et en arrière une véritable cavité glénoïdale (fig. 12). Ces articulations sont un peu
déprimées , plus larges que hautes , mais assez marquées pour qu'il ne puisse pas y avoir de
doute sur la réalité du fait que nous avançons. Les vertèbres du Lépidoslée sont donc de
véritables vertèbres de reptiles. Nous présenterons plus loin quelques réflexions à ce sujet.
Les côtes sont grêles , minces , aplaties , soudées aux apophyses transe ersales et ne présen-
tent rien de particulier.
Les vertèbres de la partie postérieure du corps ne diffèrent pas beaucoup de celles qui
portent des côtes. Les apophyses supérieures, les arcs médullaires, les surfaces articulaires sont
absolument les mêmes. Mais les apophyses transverses se recourbent davantage en bas , for-
mant ainsi des arcs pour l'aorte , semblables à ceux qui entourent la moelle épinière , et c'est
sur ces pièces que sont fixées les apophyses épineuses inférieures, dont chacune a, en haut,
deux piliers, par lesquels elle repose sur l'apophyse transverse de chaque côté.
On trouve des osselets interapophysaires sur toute la longueur de la colonne vertébrale ;
ils sont libres , petits et appliqués par leur base contre les apophyses épineuses.
La manière dont les nageoires verticales sont implantées ne présente rien de particulier ; il
en est de même des ventrales. Ce n'est que l'exti'émité postérieure de la queue qui réclame
d'une manière particulière notre attention par la courbe qu'elle présente en haut. La colonne
vertébrale ne se continue pas en droite ligne pour se terminer en une large pla(pie osseuse ver-
ticale au bord de laquelle les rayons de la caudale sont fixés , comme c'est le cas chez la plupart
des autres poissons osseux ; elle se recourbe au contraire légèrement en haut, et c'est sur la face
— 2i —
inférieure des vertèbres que sont implantés les osselets qui portent les rayons de la caudale.
J'ai déjà plusieurs fois appelé l'attention des anatomistes et des paléontologistes sur ce fail
important, que tous les poissons que nous trouvons dans les couches des terrains anciens, jusqu'à
l'époque triasique , ont la caudale implantée de cette manière sur la face inférieure de l'extrémité
relevée de la colonne vertébrale ; j'ai démontré par des comparaisons réitérées de ces anciens
fossiles avec les poissons vivans , qu'ils appartiennent tous à mes deux ordres des Ganoïdes et
des Placoides , et que la plupart de leurs représentans dans l'époque actuelle participent plus
ou moins de la même structure : mais ce qui a surtout fortifié mes vues à cet égard , c'est le
fait que les poissons des ordres des Cycloïdes et des Cténo'ides, dans une époque peu avancée
<le leur vie , à l'état embryonique et peu de temps après leur éclosion , montrent la même
structure de la caudale , et que ce n'est que plus tard que leur colonne a ertébrale de\ lent
droite et que la pièce terminale qui porte la caudale se développe à son extrémité. Je crois
que ce fait n'est pas sans valeur pour des rapprochemens à faire entre le développement des
créations successives de la terre et celui des êtres organisés comme individus ; car il paraît
«lémontré que certaines classes du règne animal ont parcouru dans l'histoire de la terre des
phases de développement semblables à celles que l'individu parcourt en s'élevant de l'état em-
bryonique à celui d'un être parfait, ou, en d'autres termes, que l'idée qui a présidé à la créa-
lion de ces êtres que nous appelons, par exemple, poissons, a subi des perfectionnemens réi-
térés à travers les diverses époques géologiques , et que ces perfectionnemens successifs ne
sont pas sans écho dans le développement embryonique des êtres de l'époque actuelle.
Avant d'aborder la description de l'arrangement et de la structure des écailles du Lépidos-
tée . je vais ajouter, pour compléter l'étude des parties dures de ce poisson , quelques obser-
vations sur la dentition de l'animal et la structure des dents, étude qui nous fournira de nou-
velles preuves . je l'espère , de la nécessité urgente pour les paléontologistes , d'avoir conti-
nuellement recours à un examen scrupuleux , anatomique et microscopique des êtres vivans .
pour pouvoir établir des comparaisons rigoureuses et pour pénétrer dans la nature intime des
êtres dont les couches de la terre recèlent les débris.
Nous avons déjà plusieurs fois mentionné l'existence de deux espèces de dents dans la gueule
du Lépidosiée. Les petites dents en râpe ou en brosse se trouvent aussi bien sur les bords des
deux mâchoires que sur presque tous les os qui prennent part à la formation de la cavité
buccale ; le vomer, le palatin , le sphéno'ide et le pharyngien en portent un grand nombre ,
tantôt réunies en groupes . tantôt alignées sur un ou plusieurs rangs. Ces petites dents ne
sont pas implantées dans des alvéoles . ni portées par des supports osseux propres ; elles re-
posent sur la surface même des os , et sont formées uniquement d'un émail dur, cassant et
semi-transparent, dont nous étudierons les détails de structure dans la description des écailles.
Les grandes dents, par contre, dont chaque mâchoire porte une rangée de chaque côté,
diffèrent très-notablement des petites dents. Elles sont coniques, très - pointues , cylindri-
(pies et parfaitement droites ou bien recourbées en arrière , mais d'une manière très-peu
— 25 —
sensible. Elles présenlent des stries loiigihulinales , linéaires , (jni sont très-niarquces à la
base et se perdent insensiblement vers la njoilié de lenr hauteur. Leur mode d'implantation
est très-curieux. Elles reposent, tout le long du bord de la mâchoire, dans une gouttière assez
profonde . protégée en dehors par le bord relevé de la mâchoire , et en dedans par une saillie
de même nature. Dans cette gouttière osseuse, qui est assez profonde pour contenir plus
d'un tiers de la dent entière , sont en outre creusées des alvéoles rondes , mais peu mar-
quées , dans lesquelles les dents reposent sur des supports osseux. On trouve toujours chez
le Lépidostée beaucoup de dents mutilées , cassées ou enfoncées , et presque la moitié des
alvéoles vides. Les supports osseux se remarquent alors au fond des alvéoles entourés d'une
rigole et présentant une très-belle structure en étoile. Ils sont percés d'un trou au centre qui
communique avec le canal maxillaire, et par lequel les nerfs et les vaisseaux de la dent montent
dans la cavité pulpaire. De ce centre partent un nombre plus ou moins considérable de rayons
étroits là où ils conuuuniquent avec les trous du centre , et qui s'élargissent vers la périphé-
rie ; ce sont des gouttières creuses , qui sans doute sont remplies par des prolongemens
latéraux de la membrane pulpaire. Chacun de ces rayons correspond à un de ces retraits
latéraux de la cavité pulpaire , dont l'examen microscopique de la dent nous révélera
l'existence , et qui alternent avec les stries ou enfoncemens de dehors. En se représentant la
substance osseuse entre les rayons prolongée en haut et convergente en cône, on aura une idée
de la dent telle qu'elle est réellement.
En examinant la manière dont les dents se renouvellent , il est facile de se convaincre que
ces supports osseux ne sont pas antérieurs à la dent , mais qu'ils se forment , au contraire .
après les dents, dans les endroits où celles-ci viennent de naître. Le renouvellement des dents
du Lépidostée fait aussi exception à la règle générale chez les animaux inférieurs. On sait, en
effet, que le nombre des dents ne saurait changer avec l'âge chez les Crocodiles ou chez les
Chrysophrys ( Sparoïdes ) , par exemple , parce que les dents nouvelles apparaissent toujours
verticalement sous les anciennes, entamant la cavité de celles-ci et les soulevant ensuite comme
un capuchon. Chez le Lépidostée , au contraire, les alvéoles et les supports osseux des dents
perdues persistent ; la nouvelle dent ne vient pas s'implanter sur l'ancien support ; mais elle
est formée à côté, dans une nouvelle alvéole. Celle-ci se présente d'abord sous la forme d'une
fente très-étroite entre deux alvéoles ou deux dents formées ; la nouvelle dent qu'elle ren-
ferme est très-petite, pointue, et ne se compose d'abord que ô'énutil. La pointe de la denl
se forme la première et à mesure que la denl s'accroît et qu'elle gagne en largeur par l'effet
de l'agrandissement de la base , l'alvéole s'élargit aussi , les anciennes alvéoles à côté sont
déprimées et résorbées , un support osseux se développe dans la nouvelle alvéole , et ainsi
la dent tombée se trouve remplacée par une nouvelle , à côté de l'ancienne. On rencontre
constamment un nombre plus ou moins considérable de ces dents nouvelles dans les mâ-
choires du Lépidostée , et il suflit d'en examiner une seule pour y constater tous les degrés
de développement que je viens de décrire.
Ton. II. 2' PART. 4
— 26 —
La structure intime des dents offre des particularités fort curieuses. Ce sont les grandes
dents de la rangée interne des mâchoires qui présentent , comme je viens de le dire , des
stries fines , longitudinales et parallèles , qui sont surtout visibles à la base des dents et se
perdent insensiblement vers la pointe , de manière que dès le milieu de sa longueur, la dent
paraît entièrement lisse. En faisant des coupes transversales à différentes hauteurs , telles
que les représentent les fig. i — 6 , il est facile de se rendre compte de la structure inté-
rieure. Les dents des Lépidostées appartiennent à celles que nous avons désignées sous le nom
de dents à dentine plissée , où la cavité pulpaire , quoique simple , parait divisée par les plis-
semens de la dentine en branches longitudinales et parallèles. Elles rentrent sous ce rap-
port dans la même catégorie que les dents de Rhizodus, de Labyrinthodon et d'ichthyosaurus.
La dentine est très-dure et en même temps très-transparente ; elle est composée d'un nombre
infini de canaux calcifères simples , presque rectilignes , sans ondulations marquées , sans l'a-
mifications et beaucotip plus fins que ceux du Polypterus. Ces canaux sont à angle droit
avec la cavité pulpaire a ers la surface extérieure de la dent. Ils sont beaucoup plus serrés au
sommet que vers la racine , et l'on n'en voit presque point du tout dans la base même de
la dent. La dentine présente ici une substance parfaitement homogène , d'apparence vitrée ,
très-transparente et sans structure quelconque.
Les plis de la dentine , qui occasionnent , à la moitié inférieure de la dent , cette appa-
rence striée dont nous avons parlé , sont assez profonds pour donner à la coupe transver-
sale l'apparence d'une rosette. L'arête peu marquée , qui longe la face postérieure des dents,
est formée, comme on peut le voir sur les coupes transversales, par une saillie plus con-
sidérable de la dentine , à laquelle répond une anse profonde et même ramifiée de la ca-
vité pulpaire. La cavité pulpaire elle-même est assez considérable, et autour d'elle se montre
la dentine , plissée comme une grosse étoffe , de manière qu'à chaque rentrée de la surface
correspond une saillie à l'intérieur, à chaque bosse de l'extérieur un prolongement latéi*al de
la cavité pulpaire. Les canaux calcifères conservent dans ces ondulations du bord de la cavité
pulpaire , les mêmes dispositions que dans la cavité toute entière ; ils partent à angle
droit, et sont souvent très-gracieusement courbés en S, de manière que chaque baie de la
cavité pulpaire présente un faisceau de canaux comme la barbe d'une plume. En faisant une
coupe longitudinale de la dent , de manière à toucher la caA ité pulpaire , sans l'ouvrir, les
divers plis apparaissent comme autant de canaux longitudinaux qui sont à angle droit avec
les canalicules calcifères, ensorte qu'à défaut de coupes transversales, on iwurrail être tenté de
croire que la cavité dentaire, ainsi que la dentine qui l'entoure , n'est pas une dentine simple ,
mais qu'elle est plissée et composée d'un système de canaux pulpaires parallèles, ayant chacun
leur système de canalicules calcifères propre. Une conséquence naturelle de cette disposition,
c'est que la dentine intermédiaire entre ces plis s'amincit de plus en plus , à mesure que les plis
eux-mêmes en s'élargissant et en devenant plus profonds vers la racine , se dessinent sur la
coupe longitudinale sous la forme de canaux . Mais comme ces plis ne sont pas tout-a-fait rec-
— 27 —
lilignes, mais un pou ondulés, el en plus grand nombre >ers la base de la dont, celU; base a
l'air d'être implantée sur le support osseux qui la porte , par un grand nombre de racines
entrelacées entre elles. Nous le répétons cependant , ces racines ne sont autre cbose que la
dentine plissée , et les canaux longitudinaux ne sont que les plis de la cavité pulpaiie coupés
dans toute leur longueur.
Les dents sont recouvertes , comme celles du Polypterus et de beaucoup d'autres Sauroïdcs .
d'un capuchon d'émail , caractérisé par les prolongemens très-effilés des canaux calcifères
et par une structure homogène d'apparence vitrée.
Les dents reposent sur de petits supports osseux , formés de la même substance osseuse
dont sont composés les os et les écailles des Lepidosteus , et par laquelle ces poissons se dis-
tinguent d'une manière si frappante de tous les autres animaux connus. Nous traiterons en
détail de cette substance osseuse en examinant la structure des écailles.
Par ces plissemens de la dentine , la formation des dents du Lepidosteus se rapproche sin-
gulièrement de celle de plusieurs reptiles, notamment des Ichthyosaurus , des Labyrintho-
dons et de quelques autres Sauroïdes fossiles. En efïet, n'étaient des différences dans la gran-
deur et la7orme extérieure de la dent, dans le cours des tubes calcifères, etc., on pourrait
prendre une section transversale de la dent d'un Ichthyosaure , telle qu'elle a été représentée
par M. Owen(*). pour celle d'un Lepidosteus. Et si l'on se représente ces plis multipliés
et contournés en différons sens , de manière à présenter des méandres ondulés , et que l'on
réduise en même temps la proportion de la cavité pulpaire, on aura cette élégante structure,
qui a engagé M. Owen à donner au reptile douteux nommé par M. Jager, Maslodonsau-
rus, le nom de Labijrinthodon. Il y a même des espèces de Labyrinlhodontes dans lesquelles
ces ondulations des plis sont si peu marquées , qu'elles se rapprochent de celles des Lepi-
dosteus. Le genre éteint des Rhizodus et ceux de plusieurs autres Sauro'ides fossiles forment
aussi , par le nombre considérable , la plus grande profondeur et la moindre largeur de ces
ondulations, autant de passages entre l'arrangement si simple des Polyptei'us et la structure si
compli({née des Labyrinlhodontes. Mais il nous importe ici de relever une erreur que l'au-
teur de l'Odontographie , M. Owen, nous parait avoir commise. En traitant (**) en détail de
la structure du Rhizodus , il compare les particularités de la base de ces dents à la structure
que l'on observe dans plusieurs poissons, tels que les Myliobales, les Chimères et même dans
rOrycteropus , où la dent est formée d'un grand nombre de canaux pulpaires, étroits, paral-
lèles et longitudinaux, dont chacun a son système séparé de tubes calcifères. Or, rien de
semblable n'a lieu dans les Sauroïdes , ni dans les reptiles cités (***) ; il n'existe qu'une
seule cavité pulpaire , présentant des anses et des plis , et si la coupe longitudinale des dents
n Odonlography , Pi. 64 B, fig. 3.
("") Odontography, pag. 74 et suivantes.
('*") Odontography , Pi. 63 B: 64 : 64 A: 64 B , fig. 2.
— 28 —
des Sauroïdes est assez semblal)le à celle d'un Myliobate par exemple , la coupe transver-
sale trahira toujours sa véritable structure par le fait que, dans les Myliobates , etc.. les
canaux pulpaires sont entièrement isolés et entourés par les tubes calcifères qui rayonnent
en cercle , tandis que dans les dents plissées ces tubes sont disposés en barbe de plume , et
les ouvertures latérales ne sont pas isolées, mais communiquent par des détroits avec la ca-
vité pulpaire principale.
L'arrangement des écailles offre des particularités très-remarquables dans les genres Le-
pidosteus et Polypterus , que l'on n'observe parmi les poissons vivans que chez eux seuls ;
tandis que cette disposition est la règle chez tous les poissons osseux des terrains antérieurs à
la craie. On comprendra dès-lors rimportance que j'ai pu attacher, dès l'origine de mes
recherches sur les poissons fossiles , à l'étude des écailles eu général dans cette classe des
vertébrés , lorsqu'on saura que je n'ai pas tardé à reconnaître que les nombreux genres de
poissons fossiles osseux , dont les caractères généraux , en dehors des écailles , sont encore
ceux des Polypterus et des Lepidosteus , ont formé seuls avec des Chondroptérygiens de fa-
milles particulières, la population principale des Océans, durant toute l'époque de transition
et pendant la déposition des ditïérens terrains secondaires , jusqu'au commencement de l'é-
poque crétacée qui a amené un ordre de choses tout nouveau pour la classe des poissons. C'est
un fait curieux, que les époques de grands changemens dans les représentans des différentes
classes d'animaux ne coïncident pas entre elles. Le grand développement des Crinoïdes , par
exemple , finit avec la formation jurassique , tandis que celui des Ammonites , des Nautiles et
des Belemnites embrasse encore la craie ; celui des Trilobites , au contraire , ne dépasse pas
les terrains de transition , etc. Pour les poissons il y a deux époques de grands change-
mens ; celle qui est la plus tranchée coïncide avec l'apparition des Cténoïdes et des Cycloïdes
dans les mers crétacées les plus anciennes ; l'autre indique des modifications un peu moins
notables au commencement de l'époque jurassique, ou plutôt à l'époque du lias, où les pois-
sons osseux perdent cette forme asymétrique de la queue qu'ils avaient jusqu'alors. Mais qu'ils
eussent la queue symétrique ou que son lobe supérieur se prolongeât considérablement en
arrière , toujours est-il que tous les poissons osseux qui ont existé avant la grande époque
crétacée ou avant l'apparition des premiers Cténoïdes et des premiers Cycloïdes , étaient cou-
verts d'écaillés semblables à celles des Lepidostées et des Bichir de notre époque. Aussi me
paraît-il utile d'entrer dans quelques détails circonstanciés sur la squammation de ces poissons.
Les écailles du genre Lepidosteus, dont nous nous occuperons d'abord , ont toutes la forme
de losanges plus ou moins obliques et forment des rangées dorso-ventrales très-distinctes. Ces
rangées apparaissent sur les côtés , comme des bandes ou ceintures obliques , imbriquées les
unes sur les autres et inclinées d'avant en arrière , du dos vers le ventre ; elles sont compo-
sées d'un nombre variable d'écaillés , suivant les espèces et suivant la région du corps où on
les compte ; mais il y en a ordinairement une trentaine sur les côtés du milieu du corps. La
liaison des écailles entre elles nous explique pourquoi les rangées transverses paraissent plus
— 29 —
(lislinctos dans ce genre que chez les poissons ordinaires, et pourcjuni en même temps il ne pa-
rait pas y avoir toujours des séries entrecroisées d'avant en arrière , et d'arrière en avant ,
comme c'est le cas chez la plupart de nos poissons. Les bords supérieur et inférieur de cha-
que écaille étant à-peu-près droits , ou du moins parallèles entre eux , s'appliquent étroite-
ment les uns contre les autres d'une écaille à l'autre , et cela de telle façon que les bords pos-
térieurs de toutes les écailles d'une même bande forment une ligne droite et continue , ré-
sidlant de l'alignenjent de ces bords qui sont eux-mêmes plus ou moins rectilignes, La forme
générale des écailles ne laissant aucun espace libre entre leurs bords postérieurs , il est na-
turel que les bandes ou ceintures transverses que forment ces écailles , soient très-distinctes
et qu'elles sautent aux yeux plutôt que les autres effets de leurs combinaisons. Mais il y a
plus encore ; les écailles d'une même série sont réellement articulées entre elles , en sorte que
ces bandes transversales, loin de n'être qu'apparentes, ont une consistance très-réelle. En
examinant attentivement les bords supérieur et inférieur de chaque écaille , on aperçoit faci-
lement que les inégalités de ces bords se correspondent d'une écaille à l'autre, que les dé-
pressions des bords inférieurs, par exemple , s'engrènent dans certaines saillies des bords su-
périeurs des écailles voisines. Cet engrenage est même quelquefois très-compliqué et ressemble
à une véritable charnière, soutenue par des ligamens, comme on le voit Tab. B, fig. 16-20.
chez le Lepidosteiis osseus , où les écailles ont une apophyse montante à la face interne de leur
bord supérieur qui s'engrène dans une fossette du bord inférieur de l'écaillé supérieure et
où cet engrenage est protégé par des ligamens (fig. 17). Dans d'autres espèces, les écailles
sont simplement liées par leurs bords taillés en biseau et empiètent les unes sur les autres .
comme chez le Lepidosteus semiradiatus (fig. 4 et o.) Dans l'un et l'autre cas, le milieu de lé-
caille est plus épais à l'intérieur que ses bords. Il en résulte à la face interne des écailles des
espèces de côtes (fig. 3) , qui suivent le milieu des bandes d'écaillés du dos au ventre et qui
sont parfois très en relief. Mais que ces articulations soient plus ou moins compliquées .
toujours est-il que les bords supérieur et inférieur de toutes les écailles d'une bande trans-
versale forment comme autant de charnières qui facilitent les mouvemens latéraux du corps.
La facilité avec laquelle toutes les séries glissent les unes sur les autres lorsque l'on courbe
ces poissons latéralement, prouve que malgré leur cuirasse osseuse leurs mouvemens n'étaient
point gênés.
La manière dont les écailles tiennent à la peau ne diffère pas de ce que l'on observe chez
les poissons ordinaires ; elles sont toutes contenues dans des poches distinctes , formées par
des plis de l'épiderme qui embrassent la partie des écailles visible à l'extérieur, tandis que
leur bord antérieur s'avance librement dans une cavité muqueuse (Tab. B, fig. ik.) Mais
il est à remarquer que cette partie visible à l'extérieur est couverte d'une couche d'émail ,
tandis que la partie cachée de l'écaillc est simplement osseuse.
Quant à la forme des écailles , je dirai encore que , malgré leur grande uniformité , elles
présentent cependant de légères différences sur les différens points de la surface du corps.
— 30 —
Une séi"ie complète d'écaillés du Lepidosteiis semiradiatus prises du milieu du dos jus-
qu'au milieu du ventre, telle que je l'ai représentée déroulée ((ig. 1), fera voir toutes ces
différences. Celles des flancs sont les plus grandes, elles sont en même temps plus larges
proportionnellement à leur longueur, que celles des bords du ventre ou de l'extrémité de la
queue {ûg. 10). Sous le ventre, et près de l'insertion de la caudale elles sont le plus
allongées. On en remarque ordinairement une rangée de forme particulière, plus ou moins
arrondies ou pentagonales sur la ligne médiane, tout le long du dos (fig. 1) et sous le ventre:
il y eu a aussi de forme irrégulière , mais plus petites que les autres aux points d'insertion
des nageoires ou autour de leur base. Des écailles de forme très-irrégulière recouvrent les
joues, mais le reste de la tète en est dépourvu. Enfin, il est digne de reiuarque qu'il y a une
double rangée d'écaillés acuminées , disposées par paires au bord antérieur de toutes les
nageoires paires, de la dorsale et de l'anale et aux bords supérieur et inférieur de la caudale.
Ces écailles ou osselets, que j'ai appelés des fulcres , parce qu'ils ressemblent à des arc-
boutans appuyés le long des rayons antérieurs , comme pour les soutenir , donnent aux
nageoires un aspect tout particulier, dont les poissons de notre époque ne fournissent d'ail-
leurs aucun autre exemple , tandis que les nageoires de la plupart des poissons fossiles anté-
rieurs à la craie en étaient munis.
La surface et les bords des écailles n'ont pas non plus toujours le même aspect dans le
même poisson ; c'est ainsi que dans le Lepidosteus semiradiatus, nous voyons les écailles du
dos et du ventre lisses et à bords entiers (lig. d), tandis que celles des flancs ont des plis dis-
posés en rayons divergens à leur surface et des dentelures à leur bord postérieur (fig. 2 , k
et 8) ; mais ces ornemens ne s'observent que sur la partie antérieure du tronc ; sur les côtés
de la queue, les écailles sont complètement lisses (fig. iO). Enfin le bord antérieur, qui est ca-
ché dans les cavités muqueuses, est aussi plus droit dans les écailles dorsales et ventrales
(]ue dans les écailles des flancs . où il est échancré (fig. 1 , 2 , 3 , 4 , S , 8 et 9).
Cet arrangement des écailles des Lépidostées est déjà intéressant à connaître en lui-même ,
jmisqu'il nous offre des particularités que l'on chercherait en vain chez d'autres poissons;
mais il acquiert une importance très-grande quand nous le comparons à ce que l'on observe
chez les poissons fossiles ; car il nous explique d'une manière très-simple la raison pour
laquelle on trouve si fréquemment , parmi les fossiles des terrains anciens, de grandes plaques
écailleuses entières , tandis que chez les poissons de l'époque de la craie ou chez les espèces
tertiaires on ne trouve jamais que des écailles détachées. C'est que les écailles des poissons
osseux antérieurs à la craie sont toujours réunies entr'elles comme celles du Lépidostée , et
forment une vigoureuse cotte de mailles , qui résiste à la décomposition , tandis que les
écailles de nos poissons actuels sont imbriquées comme les tuiles d'un toit, et se désagrègent
dès que le poisson commence à se décomposer.
Si nous en venons à examiner la structure microscopique des écailles du genre Lepidosteus
(Tab. G . fig. 8-fO) , nous devrons dabord faire remarquer que la substance principale de
— ôi —
récaillc consiste dans une substance osseuse, et évidemnienl disposée en lames superposées.
Ces lii>iies lanielleuses (lig. S) sonl liorizonlales au plan de lécaille, et on voit par là que dans
les écailles osseuses, la nutrition et l'accroissement se font également par l'adjonction de nou-
velles lames à la partie intérieure de l'écaillé, bien que celle-ci soit entièrement en>eloppée dans
une poche épidermo'idale. Ces couches se replient , faisant un angle très-aigu tout le long du
bord antérieur de lécaille, là où elle est recouverte par la partie postérieure de l'écaillé pré-
cédente. Il parait même évident par cette disposition , qu'un accroissement de l'écaillé ne se
fait que là où la peau même est adjacente à l'écaillé ; car nous savons qu'une prolongation
du derme proprement dit s'insinue entre les deux faces des écailles superposées.
Déjà en regardant l'écaillé à l'œil nu , on est frappé de voir à la surface supérieure .
presqu'au milieu de l'écaillé, plusieurs ouvertures remplies d'un tissu fibreux (probablement
de vaisseaux sanguins) ( Tab. B, lîg. 4, 8). En faisant des coupes verticales sur le plan de
l'écaillé , on reconnaît que ces trous sont des ouvertures de plusieurs grands canaux , tra-
versant l'épaisseur de l'écaillé , et conduisant probablement le sang dans la couche épider-
moïdale qui recouvre l'écaillé (Tab. G, fig. 8). Ces canaux sont presque droits, sans ra-
mifications, et paraissent par là moins importans pour la nutrition de l'écailIe même que
pour celle de l'enveloppe.
Outre ces grands canaux , qui répondent exactement aux réseaux médullaires des os et des
écailles du Polypterus , il y a dans la substance osseuse du Lepidosteus un second système de
petits tubes , qui se trouvent non-seulement dans l'écaille , mais dans tous les os, et dont nous
avons iiguré la conformation dans la coupe longitudinale de la dent (fig. 7), comme dans
celles des écailles (fig. 8-10). Ce sont des tubes cylindriques, ne présentant aucune diminu-
tion sensible dans tout leur cours , et disposés de manière à percer à angle droit les lames con-
centriques et parallèles de la substance osseuse. Dans les os, ces tubes rayonnent en
divergeant et en se ramifiant depuis les grands canaux médullaires , d'où ils prennent nais-
sance ; dans l'écaille , ils montent à travers la substance osseuse , et tandis que les grands
canaux du centre, que nous venons de mentionner, traversent aussi la couche d'émail , pour
s'ouvrir à la surface, ces tubes vont mourir à la limite de la substance osseuse, et jamais on
ne les voit entrer dans la couche émaillée. Dans l'écaille, ils sont presque rectilignes , paral-
lèles, rarement ramifiés; jamais ils ne présentent une disposition dendritique, ni des anasta-
moses, comme dans la substance des os même. Ces tubes paraissent en outre ou vides, ou
remplis de matières calcaires, comme les tubes dentaires ; et quoiqu'ils soient beaucoup plus
considérables en épaisseur, jamais je n'ai pu apercevoir quelque chose d'organique dans leur
intérieur, qui aurait pu trahir un remplissage par des vaisseaux capillaires. Je serais plutôt
disposé à croire que ces tubes ont une destination analogue à celle des corpuscules os-
seux et des tubes dentaires, savoir, de servir de dépôts de matière calcaire. Les cor-
puscules osseux , avec leurs ramifications , ne manquent pas pour cela dans l'écaille, ni dans
les os du Lepidosteus ; ils sont au contraire très-nombreux , quoique petits , et leurs ramili-
— 32 —
calions sont très-petites et minces. Ils sont, comme toujours, disposés d'après l'arrangement
des lamelles osseuses, ce qui fait qu'ils ne paraissent que fusiformes sur les coupes de l'écaillé.
L'émail qui recouvre la plus grande partie de la surface extérieure de l'écaillé est le même
(jue celui des écailles du Polypterus, avec cette seule différence, que dans ce dernier il est
étendu en une couche unie sur toute la surface , tandis que chez le Lepidosteus son accumu-
lation plus considérable forme çà et là les rugosités dont nous parlions tout à l'heure.
II. Du GENRE Polypterus.
Le genre Polypterus est encore une de ces formes exceptionnelles parmi les êtres vivans,
dont le type ne semble avoir été conservé sur la terre que pour nous éclairer sur les espèces
<jui peuplaient jadis notre globe. Les rapports que ce poisson a avec les espèces fossiles des
terrains secondaires et de transition , sont si frappans , que les détails les plus minutieux sur
son organisation ne peuvent que compléter les notions acquises par les fossiles sur le singulier
ordre des Ganoïdes, auquel il appartient, et dont il est, avec le Lepidostée , l'unique repré-
sentant dans la famille des Sauroïdes. M. Geoffroy-St-Hilaire qui a décrit et représenté le
premier l'espèce qui habite le Nil et établi le genre sous le nom qu'il porte maintenant , a rap-
porté au Musée de Paris les exemplaires sur lesquels j'ai puisé mes premières notices sur ce
singulier poisson. Le Musée de Francfort en possède aussi plusieurs exemplaires provenant
des voyages de l'infatigable Rûppell, dans un très-bel état de conservation et qui m'ont servi
à compléter ma description.
Ce genre est surtout caractérisé par les rayons détachés de forme particulière qui tiennent
lieu de dorsales , par une large plaque branchiostégale au lieu de rayons étroits , comme
en portent la plupart des poissons, et par les valves mobiles ou évens qui s'ouvrent au-des-
sus de la cavité des branchies.
Le squelette de ce genre , mieux connu que les autres détails de son organisation , diffère
si notablement de celui de tous les autres poissons vivans, que l'on conçoit à peine comment
le genre Polypterus a pu successivement être placé dans les familles des Esoces et des Chipes,
La tête , par la disposition de ses os , par la forme arrondie de ses contours et par la position
des veux qui sont placés très en avant , et le tronc par la forme des vertèbres et le mode d'in-
sertion de côtes , rappellent à bien des égards le squelette des reptiles , et surtout celui des
Sauriens. Ce sont même ces analogies, vagues du reste, mais très-significatives pour la zoo-
logie génétique , qui m'ont engagé à donner le nom de Sauroïdes à la famille à laquelle je
rapporte les genres Polypterus et Lepidosteus. Ces rapports avec les reptiles n'existent ce-
pendant pas seulement dans les deux genres de cette famille qui ont des représentans dans
répoque actuelle : ils se retrouvent aussi , et souvent même encore plus prononcés dans une
foule lie genres de l'ordre des Ganoïdes que l'on ne connaît encore (jue par des espèces
fossiles.
Comme poisson vorace. le Polyptents Bichir a le corps iMancé; sa tête, proportionnellement
petite', n'a pas toul-à-fait le cinquième de la longueur totale du corps, qui est arrondi cl
faiblement comprimé ; la queue est très-courte et comprimée.
Les intestins, d'après ce que M. Geoffroy en rapporte, ne paraissent pas différer notablement
de ceux du genre Lepidosteus. Cependant une remarque du savant membre de l'institut d'Fgvple
mérite de fixer l'attention des géologues aussi bien que des anatomisles : c'est que l'intestin
présente à l'intérieur une vaLve en spirale , comme on en connaît chez un grand nond)re de
Plagiostomes. Ce fait nous servira à expliquer la formation des coprolithes en spirale que
l'on trouA e dans les terrains houillers à côté des débris de divers Sauro'ides gigantesques .
cnlr'autres du genre Megaliehlliys, et la présence de ceux que j'ai trouvés dans la cavité abdo-
minale même du genre Macropoma de la craie de Kent. On ne saurait dès-lors plus douter
que les coprolithes des terrains secondaires et de transition ne proviennent tantôt de reptiles et
en particulier d'Ichthyosaures et de Plésiosaures, tantôt de Sauro'ides et notamment des Mega-
iiclithys , des Dendrodus , des Labyrinthodontes et des Macropoma , comme aussi de divers
Cestraciontes , et en particulier des Orodus , des Psammodus , des Acrodus, etc.
Cette analogie entre l'organisation des Ganoïdes et des Placo'ides est d'un haut intérêt quand
on considère que toutes les espèces de poissons fossiles qui ont existé avant la craie ont appar-
tenu exclusivement à ces deux ordres, et que les représentans des ordres des Cténo'ides et des
Cyclo'îdes n'ont commencé à exister qu'à l'époque de la déposition des terrains crétacés ; ce
qui prouve qu'indépendamment des caractères de familles et de genres, il existe dans 1rs êtres
organisés des caractères d'époque plus ou moins marqués, comme nous reconnaissons aussi
dans la création actuelle des caractères de localité dans les diverses faunes. Pour s'en convaincre,
il suffit de songer à la Nouvelle-Hollande.
Un fait également important à signaler, c'est que tous les Gano'ides de ces temps anciens
sont abdominmix , comme les Placo'ides, avec lesquels ils vivaient, c'est-à-dire qu'ils ont tous
les A'entrales sous le milieu du ventre, et n'offrent dans aucun cas un déplacement bizarre de
ces nageoires , comme on le remarque chez les poissons thoraciques , et surtout chez les jugu-
laires. Ce n'est qu'après l'apparition des reptiles, chez lesquels les extrémités prennent un dé-
veloppement normal plus grand et plus indépendant que chez les poissons, que l'on aperçoit
en quelque sorte une réaction dans les rapports des membres locomoteurs pairs des poissons
(jui affectent des positions étranges parmi les Cténo'ides et les Cycloides dès l'époque de la craie.
Ces faits et ceux auxquels j'ai déjà fait allusion ailleurs prouvent que les Gano'ides en gé-
néral et les Sauro'ides en particulier, ont une certaine analogie avec les vrais Sauriens ; ce qui
donne un nouvel intérêt aux rapprochemens, exagérés, il est vrai, qui ont été proposés par plu-
sieurs auteurs systématiques anciens et notamment par Linné , entre les Chondroptérigiens et
les reptiles. Il serait très-important pour la paléontologie qu'un anatomiste habile reprît toutes
TOM. II . 2' PART. 5
— 3i —
ces questions sous le point de vue que je viens de signaler ici , afin de préciser davantage ces
analogies encore beaucoup trop vagues pour permettre des conclusions rigoureuses. Déjà
M. J. Miiller a publié dans ses Archives d' Anatomie des remarques très-intéressantes sur la
vessie natatoire du Polypterus et sur son ouverture dans la paroi ventrale de l'ésophage , qui
offre ainsi une analogie remarquable avec les reptiles ; mais son but ayant été de signaler
plutôt les différences qui existent entre les poumons et les vessies natatoires , il s'est moins
attaché à faire des rapprochemens entre les genres que je viens de nommer. Quoi qu'il en
soit des idées que je viens d'émettre, il sera toujours curieux de voir que les limites des dif-
férences que l'on cherche à établir, d'une manière plus ou moins tranchée , entre les or-
ganes qui doivent caractériser les classes et les familles , viennent justement aboutir à ces
mêmes genres que j'ai mis en conctact dans mes rapprochemens.
Le squelette du Polypterus représente un type non moins remarquable dans la classe des
poissons que celui des Lépidostées. J'ai même été tenté, à cause des particularités de sa struc-
ture , d'ériger ce genre extraordinaire en une famille à part : si je ne l'ai pas encore fait ,
c'est parce que j'ai éprouvé de la répugnance à créer une nouvelle famille pour un genre
qui en serait probablement toujours resté l'unique représentant dans la création actuelle ,
tandis que toutes ses affinités paraissent se rattacher aux êtres éteints , dont nous trouvons les
débris dans les couches de la terre. D'un autre côté, si les nombreuses particularités qu'on
obser^e dans la structure des opercules, des mâchoires, des organes de la locomotion et dans
la composition du squelette paraissent éloigner ce genre de celui des Lépidostées , il présente
sous d'autres rapports de grandes affinités avec lui, notamment dans la structure des écailles.
La tête du Bichir est large, aplatie et courte. Les mâchoires ne sont pas allongées en
bec , comme c'est le cas des Lépidostées ; elles sont au contraire sensiblement arrondies , à
peu près comme les mâchoires de la Lote ou du Silure. La tête est recouverte sur toutes ses
faces d'un émail vitré , dur et cassant , dont la structure est absolument semblable à celle de
l'émail qui recouvre aussi les écailles. Cet émail ne forme pas une couche imiforme , mais il
présente ici partout de petites aspérités relevées en forme de grains , qui paraissent réparties
sans ordre apparent sur les grandes plaques de la tête , tandis que les petites plaques ont
ordinairement , au milieu , des grains a'ssez développés, autour desquels d'autres grains plus
petits sont disposés en cercle. La grandeur et la disposition plus ou moins serrée des granules
diffèrent sur les différens os , mais il n'y en a jamais sur les surfaces qui ne sont pas ex-
ternes. Quelques os extérieurs, comme la mâchoire inférieure, en sont môme entièrement
dépourvus.
Nous procéderons dans la description des os du Polypterus de la même manière que nous
l'avons fait pour le Lépidostée , en les répartissant en plusieurs groupes , et en examinant
l'un après l'autre les os tels qu'ils se présentent dans la nature. Cette description étant
destinée à résumer le peu de notions que nous pouvons tirer des représentans vivans de la
grande famille des Sauroïdes, on fera bien de suivre, les figures à la main , les différens os que
nous analyserons, afin de juger jusqu'à quel point sont fondées les interprétations que nous
en donnerons lorsque nous essayerons de les ramener dans un autre chapitre , dune part ,
au type des poissons ordinaires, et de l'autre, à celui des autres vertébrés, et nolanuuent des
reptiles.
A la face supérieure du crâne se présentent d'abord deux grandes plaques éniaillées , réunies
sur la ligne médiane par une suture , et occupant le milieu du crâne. Ce sont elles qui for-
ment le toit supérieur des orbites, tout eu montrant en cet endroit une légère écbancrure ;
elles s'élargissent davantage derrière les orbites , pour se rétrécir de nouveau vers le milieu
delà longueur du crâne où elles louchent aux os n °7 ; ces os, n° i (Tab. C , %. 1, 2, a et 6)
sont sans doute les frontaux principaux de Cuvier; ils sont plats à leur surface extérieure, et
se distinguent chez le Polypterus par plusieurs particularités de leur surface inférieure. Et
d'abord ils montrent en arrière une petite pointe placée verticalement , de forme triangu-
laire (Tab, C', fig. 5), qui forme le pilier postérieur de l'orbite et touche presque le sphé-
no'ide principal. Cette arête, quoique réunie sans suture au frontal principal, a été désignée
dans les figures par le chilTre k ; elle correspond en effet par sa forme et par sa position au
frontal postérieur auquel nous avons donné ce même chiflre. Le frontal est en outre remar-
quable par ses arêtes inférieures, qui forment le canal pour les nerfs olfactifs (fig. 7, 12 et
13). Chacun de ces os latéraux porte, dans toute sa longueur, une arête mince, mais haute,
qui forme, avec celle de l'autre côté, une gouttière très-profonde, et d'une largeur considé-
rable. Cette gouttière, transformée en bas en un canal, par le sphéno'ide principal n" 6, tra-
verse toute la longueur des orbites , de telle manière que chez le Bichir , la cloison interor-
bitaîre, au lieu d'être formée d'une simple paroi médiane et d'une ossification imparfaite,
comme c'est le cas chez la plupart des poissons , est au contraire formée de deux parois
très-complètes, enclavant entre elles un canal médian, qui égale presque en largeur la pro-
fondeur d'une orbite, de manière qu'une coupe à travers les orbites montre trois espaces
de largeur presque égale , deux ouverts sur les côtés , les orbites , et un troisième au milieu ,
entièrement fermé, pour les .nerfs olfactifs.
Derrière les frontaux se trouvent deux plaques émaillées oblongues , soudées au milieu et
affectant dans leur réunion une forme presque carrée, n° 7 (fig. 1 , 2 et 7), Une longue épine
osseuse part du coin extérieur de chaque os , pour se porter en arrière et servir d'appui aux
écailles qui couvrent l'occiput. Ces os sont soudés en avant aux frontaux, en bas et sur les côtés
à l'os n° 12, et en arrière, ils forment la limite postérieure du toit crânien. Ce sont les parié-
taux de Cuvier.
Il n'y a , chez le Bichir , que ces deux paires d'os , les frontaux et les pariétaux , qui
forment la couverture supérieure de la boîte crânienne; tous les autres os de la partie su-
périeure de la tête doivent être considérés comme des os de la face, puisqu'ils ne prennent
aucune part active à la formation de la cavité cérébrale. Le crâne même est très-petit et
surtout très-étroi! : il ne paraît aussi spacieux qu'à cause des grandes voûtes osseuses que les
»
— 36 —
expansions latérales des os du crâne forment avec ceux de la face. A cet égard le Bichir res-
semble beaucoup aux Chéloniens.
La face postérieure du crâne (fig. k et 10) est formée d'une manière tout aussi simple. Un
grandes, n° 5 (fig. k, 5, 6, 10), en forme la masse principale. Cet os contient d'abord la cavité
giénoïdale pour l'articulation de la tète avec la première vertèbre, cavité qui est très-large, mais
très-basse et creusée en croissant. Les deux arêtes qui la bordent latéralement sont tellement
saillantes en arrière , [qu'elles ont presque l'air d'apophyses articulaires ; et Ion pourrait croire
que la cavité giénoïdale, ordinairement simple, est changée en deux tètes articulaires latérales,
séparées par un enfoncement médian. Pour mieux faire voir ces rapports du canal olfactif,
nous avons représenté quelques coupes faites à travers de la tète, (fig. 10 — 13) : la pre-
mière représente la partie postérieure, et la seconde la partie antérieure de la boite crâ-
nienne, vue en dedans; fig. 12 est la même coupe vue depuis les orbites, et fig. 10, la
partie antérieure des orbites et du canal olfactif. Au-dessus de cette cavité giénoïdale , los
est percé par le grand trou occipital pour le passage de la moelle épinière ; ce trou est en
forme d'ogive. De là, l'os forme un plan incliné, s"élevant très-doucement vers le toit du
crâne , de sorte que toute la face postérieure du crâne , au lieu d'être verticale , se rapproche
tellement de l'horizontale , qu'elle est a isible d'en haut , aussi bien ou même mieux que par
derrière. Mais l'os ne touche nullement les pariétaux: il y a entre lui et ces os, au milieu,
un espace carré vide , qui est rempli sur le frais par du cartilage , tandis que latéralement
se voient les parties postérieures de l'os n° 12.
Notre os n" 5 s'étend aussi sur la face latérale , et il est même visible sur la face infé-
rieure du crâne. La face latérale (fig. d) est triangulaire, verticale, et soudée à la partie
latérale de l'os n° 12. Un sillon profond marque cette face tout le long de son bord supérieur,
et dans ce sillon sont creusés plusieurs trous pour le passage des nerfs du crâne. Le plus grand
de ces trous, situé en haut, et destiné au nerf vague, se trouve formé moitié par cet os,
moitié par celui n° 1 2 ; les deux autres plus petits (pour les nerfs hypoglosse et glosso-pha-
ryngien ) ne traversent que l'os n° o .
Une petite facette triangulaire est encore visible sur le dessous du crâne (fig. 3 et 6).
entre l'écartement des arêtes postérieures du sphénoïde. Elle est percée d'un trou assez con-
sidérable, qui conduit dans un canal, longeant tout le corps de l'os qui forme le plancher
pour la moelle épinière, et qui donne probablement passage à des vaisseaux sanguins.
En somme notre os n° 5 a la forme d'un entonnoir à ouverture carrée (fig. 10), et c'est
dans sa cavité qu'est logée la moelle épinière. 11 n'entre en contact qu'avec le sphénoïde n° 6
en bas, et avec le mastoïdien n° 12 en haut. Cet os est donc un véritable herniaire ou occi-
pital ; on y trouve réunies en une seule pièce toutes ces parties démembrées de l'occipital .
que nous connaissons chez les autres poissons sous les noms d'occipitaux latéraux , externes ,
supérieurs et basilaires. La forme tubuleuse de la région occipitale du crâne que nous menons
— a/ —
de sisfiialer ooiniuo une pai-licularité de la lèle du Bichir, s'observe de la niêuie manière dans
le genre Trionvx. de Tordre des Chéloniens; mais elle n'existe chez aucun autre poisson.
Les angles supérieurs des faces latérale et postérieure du crâne sont complétés par un
os de forme pyramidale , qui s'avance en une arête particulière située en dessous et en
dehors de celle formée par le pariétal n° 7. Entre cet os, n° 12 (fig. k et 5), et l'occipital
u" 5 est creusé le grand trou pour le nerf vague. La face de cet os , qui est tournée vers la
cavité crânienne, contient les cavités pour les canaux semicirculaires postérieurs. L'os louche
en haut aux pariétaux n" 7, en arrière et en bas â l'occipital n° 5 , en avant, par deux poinis
très-peu considérables, au sphénoïde n° 6. 11 est évident que si l'on tient compte de ces liai-
sons, et en outre, du fait que c'est sur la face externe de ces os que se fixe l'appareil opercu-
laire, et si l'on prend en considération que cet os forme l'arête postérieure externe du crâne,
et qu'il contient, dans sa partie intérieure, la plus grande partie des canaux semicirculaires
postérieurs , il est évident , dis-je , que cet os ne pourra être envisagé autrement que comme
formé de la fusion des deux os que Cuvier a désignés , chez les poissons , sous les noms de
inastoklien et de rocher ; et, en effet, ses rapports extérieurs répondent aux particularités du
premier os, tandis que les fonctions de la partie du crâne à laquelle il correspond, sont
en général celles qu'on assigne à ce dernier. Nous le nommerons mastoïdien.
La face extérieure du crâne est complétée par une aile latérale du sphénoïde principal n° 6 .
Cette aile a une forme triangulaire , et elle présente en dehors un plan incliné vers l'orbite.
En arrière, elle se joint par deux processus courts au mastoïdien, et forme ainsi un grand trou
de forme oblongue, destiné au passage du nerf vague. En avant, l'aile se joint par une suture
au processus du frontal , que nous avons dit correspondre au frontal postérieur. Nul doute
que cette aile du sphénoïde ne corresponde à celle qui , chez les autres poissons , forme im
os particulier sous le nom de la grande aile.
La face extérieure du crâne est, comme on peut le voir par cette description , loin d'être
complètement ossifiée. Outre les trous pour le passage des nerfs , on y remarque encore deux
grands espaces, qui, sur le crâne frais, tel que nous l'avons dessiné fig. 3, sont remplis par du
cartilage, mais qui desséchés sur le crâne, sont complètement vides. L'inférieur de ces espaces
est compris entre le sphénoïde en bas et en avant, le mastoïdien en haut et l'occipital en arrière;
il est irrégulièrement quadrangulaire , oblong , et le sac du labyrinthe est enfermé dans la
masse cartilagineuse qui le couvre. L'autre se trouve en haut et plus en avant, enti'e le pa-
riétal en haut , le frontal postérieur en avant , le sphéno'ide en bas et le mastoïdien en ar-
rière. Il est d'une forme irrégulièrement triangulaire.
Il n'existe proprement pas de face extérieure de la boîte cérébrale , et il ne s'y trouve
aucun os particulier. Nous avons déjà fait remarquer que la cavité cérébrale se continue im-
médiatement dans le grand canal médian destiné aux nerfs olfactifs, situé entre les arêtes in-
férieures du frontal, et â côté duquel se trouvent les orbites. Le trou irrégulier, en forme de
croissant vertical, par lequel les orbites conmiuniquent avec la cavité cérébrale (fig. H et 12).
— 38 — •
est bordé en dedans par l'arête inférieure , en haut par la plaque émaillée , en dehors par
le processus postérieur du frontal, et en bas par le sphénoïde.
La face inférieure du crâne , qui sert de plafond à la cavité buccale , n'est formée que pai-
un seul os, sauf un petit espace triangulaire à l'extrémité , où le basilaire paraît à sa surface.
Tout le reste est couvert par l'os n° 6 , le sphénoïde , qui acquiert dans le Bichir un déve-
loppement très-considérable. Rétréci en arrière, où il forme le plancher de la cavité céré-
brale , l'os s'élarg^it latéralement derrière les orbites , où il détache les deux ailes que nous
a^'ons décrites plus haut , se rétrécit de nouveau entre les orbites , où il forme , avec deux
petites carènes supérieures, le plancher du canal olfactif, et se continue en avant entre
les cavités nasales, où il finit près de l'extrémité du museau en un bord arrondi. La forme
générale de l'os est celle d'une croix. Mais ce qu'il y a de remarquable, c'est que le sphénoïde
porte de petites aspérités, en forme de dents, comme du chagrin. Cette plaque de dents en
\ elours commence sur les deux ailes latérales , converge vers la ligne médiane , forme , entre
les orbites , une bande très-mince , qui laisse les deux bords à découvert , mais qui s'élargit
insensiblement jusqu'à envahir toute la surface de l'os , à l'endroit où les orbites finissent.
La lame dentaire est séparée de l'os en-dessus par une profonde rainure, qui me fait croire
que ces deux os sont entièrement séparés dans les jeunes individus et que la lame dentaire
correspond au vomer. Nous reviendrons sur cette question en examinant la composition de
la face.
Le crâne du Polyptère est donc, d'après nos recherches, d'une étonnante simplicité. Nous
n'y avons trouvé que deux frontaux., n" d , deux pariétaux, n" 7, deux mastoïdiens, n" 12,
un basilaire, n° .5 , et nn sphénoïde, n" 6. Tous les autres os qu'on a signalés dans le crâne
des poissons , savoir : le sphénoïde antérieur , les occipitaux supérieurs , externes et latéraux ,
les frontaux antérieurs et postérieurs , les rochers , les grandes ailes et les ailes orbitaires ,
îuanquent complètement, ou sont réunis aux os principaux, dont ils ne sont que des démem-
bremens.
La face, qui est fixée au crâne d'une manière immobile, participe à la simplicité de ce der-
nier. Nous remarquons d'abord ici deux plaques émaillées à la surface supérieure, qui sont
séparées par une suture médiane et soudées à l'extrémité antérieure du frontal. Ces plaques,
n" 5 (fig. f , 2 , 5) , sont ovales et couvrent les cavités nasales d'en haut. Elles correspondent à
los nommé par Cuvier elhmoïde , chez les autres poissons.
Sur le bord extérieur de ces plaques, là où elles présentent une petite échancrure au
dessus des cavités nasales, est appliqué un petit os lenticulaire , n° 20 (fig. 1 , 2, S), qui par
son mouvement ouvre et bouche en partie les narines ; c'est le nasal de Cuvier.
Le pourtour extérieur du museau est formé par un seul os , n° 1 7 (fig. 1 , 2 , S , 6 , 7) , sur
le milieu duquel on aperçoit les traces d'une suture. Il porte une rangée de fortes dents cour-
bées en arrière, et représente les intermaxilluires , réunis par le milieu. Du côté externe, une
apophyse assez forte se recourbe en arrière, pour aller se joindre à l'extrémité antérieure de
— 59 —
l'arête inférioure du frontal et au bord extérieur de Fethmoïdc. Cet arc ferme ainsi la cavité
nasale, qui a en haut une ouverture lenticulaire. La suture médiane de l'os est très-distincte
sur sa face inférieure ; elle s'élargit même à l'extrémité antérieure du museau , et forme une
petite lacune. Chaque os a une partie horizontale inférieure, qui concourt à former la partie
antérieure du plafond de la cavité buccale , en se joignant au vomer. Mais un espace consi-
dérable entre cette partie horizontale et le vomer en dedans, l'arc extérieur de l'intcrmaxillaire
en dehors et l'arête inférieure du frontal en arrière , reste vide , et laisse le canal olfactif de
chaque côté à découvert ; sur la tête fraîche cette lacune est bouchée par du cartilage.
Plus en arrière , le plafond de la bouche est formé par la lame dentaire n" i 6 (fîg. 6 , 7) du
sphénoïde n°6, qui, comme nous l'avons dit, i-eprésente le vomer. Cette lame porte une arête
supérieure médiane qui divise le grand canal olfactif en deux canaux latéraux , qui viennent
aboutir dans les cavités nasales.
La partie immobile de la face est donc formée par deux os pairs , les ethmoïdes n" 3 (d'a-
près nous les nasaux), les nasaux n° 20 (d'après nous un os propre correspondant aux carti-
lages du nez), et deux os impairs, l'intennaxillaire, n° 17, et le vomer, n° 16, qui est ici fondu
(Ml un seul os avec le sphénoïde n° 6.
Si nous nous appliquons maintenant à rechercher quelle est la composition des appareils mo-
biles de la tête , qui servent à la nutrition et à la respiration , nous trouverons d'un côté des
difficultés analogues à celles que nous a offertes le Lépidostée , plus celles qui résultent des
différences notables qui distinguent le Bichir du Lépidostée et de tous les autres poissons
connus.
L'appareil operculaire, les os tégumentaires des joues, l'arcade palatine et le maxillaire su-
périeur forment un seul battant mobile, dont toutes les parties sont réunies d'une manière
fixe par des sutures, sauf l'opercule, qui peut seul exercer des mouvemens propres. Nous
allons décrire ces différens os dans leur succession naturelle d'arrière en avant , en prenant
l'opercule pour point de départ.
U opercule n° 28 (fig. 1, 2, 6, 8, 9) ne peut être révoqué en doute. De grandeur
moyenne, il a une forme triangulaire, à angles arrondis. Sa face intérieure est lisse, un
peu creuse, et sur l'angle supérieur se trouve la face articulaire.
Au-dessous de l'opercule , complétant son angle inférieur , se trouve une petite plaque
émaillée, n° 32, le sous-opercule (iig. 1 , 5, 6,8, 9).
Ces deux os forment ensemble le battant operculaire, qui cependant ne jouit pas, chez le
Bichir , d'une aussi grande mobilité que chez les autres poissons , étant garni d'une forte et
épaisse membrane, qui le serre sous la gorge.
Mais si ces deux pièces operculaires sont faciles à déterminer , il n'en est pas de même des
divers autres os qui y touchent. Nous trouvons ici d'abord un grand os plat , de forme
presque quadrangulaire , qui s'applique tout le long du battant operculaire, et s'étend en
avant sur la joue, la recouvrant dans toute son étendue. Cet os, n" 30 (fig. 1 , 2, 8, 9j,
— hO —
touche en haut à la chaîne des osselets muqueux, et porte en particuh'er les deux osselets de la
soupape branchiale, dont nous parlerons plus bas. En avant, le maxillaire supérieur est soudé
fixement à la face interne de cet os; en bas, deux petits os squanimeux sont appli({ués contre son
bord inférieur ; en dehors l'os est recouvert par une couche d'émail granulé , sauf une bande
le long du bord postérieur , qui en est dépourvue , et qui fait saillie en-dedans par sa face
interne. On est assez naturellement porté à prendre cette plaque osseuse pour le préopercule,
et c'est en effet comme telle qu'il faudra l'envisager, quoique ses rapports soient des plus
étranges. N'est-il pas surprenant, en effet, de Aoir un préopercule, qui non-seulement re-
couvre de sa partie antérieure la fosse temporale et le grand muscle masticateur, mais qui
est en outre soudé au maxillaire supérieur ? Pour expliquer cette singulière disposition , on
doit admettre que les parties écadieuses, qui, par exemple, chez les Joues cuirassées et le
Lépidostée, couvrent les tempes, se sont fondues en im seul os et réunies au préopercule.
Dans cette manière de voir, il n'y aurait que la partie dépourvue d'émail qui correspondrait
au véritable préopercule, tandis que le reste représenterait les plaques squammeuses de la joue.
Sur la face interne du préopercule, et en particulier sur la limite entre celui-ci et le bat-
tant operculaire, est appliqué un os plat, courbé en croissant, n° 23 (fig. 6, 8,9), surmonté
en haut d'un petit osselet triangulaire, n° 2.5', qui forme tellement corps avec lui. qu'il
faut beaucoup d'attention pour ne pas laisser inaperçue la suture qui les sépare. L'os n° 2.1
porle en arrière une tèle articulaire , qui forme , de concert avec la cavité glénoïdale de l'o-
percule, l'articulation operculaire; sur le bord antérieur du préopercule, est appliqué, tout
en bas, l'os n° 27, et à son extrémité inférieure l'os carré n° 26. Le petit os triangulaire
n° 23' forme une articulation avec le bord externe du mastoïdien n° i2 et du pariétal n" 7.
Comme c'est le temporal de Cuvier qui porte l'articulation de l'opercule , nous ne pouvons
refuser à notre os n° 23 cette désignation, et nous devons regarder l'os triangulaire n° 23'
comme une partie démembrée du temporal.
L'os cylindrique n" 26 (fig. 2, 3, 8), par lequel la branche de l'os hyoïde s'attache au
préopercide et au temporal , ne peut être méconnu , à cause de sa nature particulière , bien
qu'il ait changé considérablement de forme. Cet os porte à son extrémité inférieure une
face articulaire arrondie, sur laquelle la mâchoire inférieure se meut. Il représente par con-
séquent, d'après ce caractère essentiel, \e jiigal de Cuvier, qui, chose très-remanpiable ,
est ici mobile sur le temporal, et correspond à un véritable os carré.
Au-devant du temporal , à la face interne du préopercule , et formant le plancher de l'or-
bite, se montre l'arcade palatine, composée de quatre os qui sont soudés ensemble, et qui se
lient d'une manière intime d'un côté au temporal, de l'autre au maxillaire supérieur . Ce der-
nier . n" 1 8 ( fig. 2,3,6,8, 9 ) forme le bord extérieur de la gueule en arrière , et est armé
d'une rangée de fortes dents coniques, placées dans une rigole alvéolaire commune et peu pro-
fonde. C'est dans cette rigole qu'est contenue la rangée de fortes dents dont l'intermaxillaire est
armé. Le maxillaire possède en outre une lame dentaire qui s'avance à l'intérieur vers la ligne
médiane, recouvrant en grande partie les échancrures palalino-nasales de l'interniaxillaire,
et qui . anpiée en cercle , doiuie insertion à une seconde rangée intérieure de dents en
brosse, séparée de la rangée externe par une rigole profonde.
Cette seconde rangée se continue en arrière sur l'os n° 22 ( lig. 3 , 6 , 8 ) . Cet os est plat , plus
large en arrière qu'en avant ; il forme la partie extérieure du plancher incliné de l'orbite et soudé
d'abord par sa partie antérieure au maxillaire, il s'en sépare ensuite, occasionnant ainsi une
large ouverture carrée, bordée en arrière par l'os n" 2i et en dehors j)ar le préopercule et, ses
deux appendices écailleux. C'est par cette ouverture que passe le grand muscle temporal ,
pour s'insérer sur la mâchoire inférieure. Par sa situation, sa forme, ses liaisons d'un côté
avec le maxillaire supérieur, de l'autre avec l'os n° 24 , cet os se caractérise comme le véri-
table ^w/rti/y; ; c'est pour tel qu'il a aussi été reconnu par Cuvier.
Le bord interne de cet os est bordé par une autre plaque oblongue n° 25 (fîg. 6, 8), qui
forme le bord intérieur du plancher des orbites, occupe par son bord interne la rainure
entre le sphénoïde et le vomer, se soude encore par «sa partie postérieure sur l'os n° 27, et
porte en outre sur sa face buccale de petites aspérités , qui cependant ne sont pas développées
en véritables dents. Il est évident que cet os ne peut être autre que le ptéryyoïdien interne
de Cuvier.
Les deux os qui réunissent le palatin et le ptérygoïdien au temporal paraissent plus diffi-
ciles à déterminer. L'inférieur, qui est le plus petit , n° 2i (fig. 6, 8) , noITre cependant pas,
en réalité, de bien grandes difficultés. C'est une plaque mince et creuse, de forme carrée,
qui touche par son angle antérieur supérieur au palatin, qui est fixée par sa partie postérieure
au préopercule, et soudée par tout son bord supérieur à l'os n° 27. Cet os ne paraît être là que
pour unir entre eux les os ci-dessus mentionnés , et pour protéger en avant l'articulation de
la mâchoire en formant au-dessus une espèce de capsule. Or, comme c'est le caractère dis-
linctif du transverse de Cuvier, de réunir les os qu'il désigne sous les noms de palatin et de
jugal , nous n'hésitons pas un instant à lui donner ce nom.
Quant à la plaque quadrangulaire et plate , n° 27 , (fig. 6,8), qui occupe l'espace entre le
ptérygoïde en dedans , le palatin en avant , le transverse en bas et le temporal en arrière ,
elle est envisagée par Cm ier dans tous les autres poissons réguliers comme l'os tympanal.
Pour compléter cette description des os, nous parlerons encore des parties tégumentaires et
écailleuses qui sont développées sur la tète du Bichir. Une rangée longitudinale d'os, a. a
(fig. 1,2), recouvre la ligne de séparation entre le frontal, le pariétal et le préopercule, et
s'étend encore plus en arrière, entre l'opercule et les plaques émaillées qui recouvrent l'oc-
ciput. Celte rangée commence au coin postérieur de l'orbite , et se continue , accompagnée
d'un nombre variable de petits osselets, pour la plupart de forme carrée, jusqu'à la suture,
entre le frontal et le pariétal. Ici se trouvent deux plaques oblongues plus grandes, h. h
(fig. 1,2), qui forment une valve fixée sur le préopercule , laquelle peut se lever et s'a-
baisser sur le pariétal. Cette valve recouvre l'ouverture d'une large fente, qui conduit en
TOM. II. 2'PART. 6
~ h2 —
bas dans la cavité branchiale. 11 ii y a pas de muscle propre pour la soulever, mais au lieu
de cela un fort ligament élastique, qui tient la valve serrée contre le pariétal. Il est dès-lors
évident que le mécanisme de la respiration doit se faire d'une autre manière chez le Po-
lyptère que chez les autres poissons qui aspirent l'eau par la bouche et la font sortir par la
fente des ouïes. Ici cette fente est presque fermée par la forte membrane qui est accolée au
bord postérieur de l'opercule, et c'est la forte compression de l'eau contenue dans la cavité
' branchiale qui ouvre la valve pour se frayer une issue. M. Geoffroy a fort bien observé cette
formation toute particulière.
La série des osselets se continue encore en arrière par quatre pièces c. c (fig. 1 , 2), qui
longent le bord supérieur de l'opercule. L'occiput est en outre couvert de quelques plaques
irrégulières ff (fig. I), qui se distinguent des écailles imiquement par le fait que quelques
unes, celles qui touchent le pariétal , sont creusées d'un canal muqueux.
Les canaux muqueux en général sont très-développés sur la tète du Bichir ; on en dis-
tingue deux principaux , l'un longeant la chaîne des osselets que nous venons de décrire et
s- avançant à travers le frontal et l'ethmoïdc vers le nez, l'autre qui descend entre l'oper-
cule et le préopercule vers la mâchoire inférieure.
La mâchoire inférieure est composée de quatre pièces emboîtées les unes dans les autres.
Le de)daiye, u (fig. 2, 3, ik), porte une rangée simple de dents coniques et implantées dans
une rigole peu pi'ofonde. A son extrémité antérieure, là où il se réunit à celui de Tauti'e
côté, se trouve un petit amas de dents en brosses plus petites et plus serrées que celles
de la rangée externe.
L'angle postérieur de la mâchoire est complété par l'os angulaire v (fig. 2, 3, 14), qui est
long, tronqué obliquement, et apparaît aussi un peu à la face interne de la mâchoire.
Cette face interne est garnie tout du long par une pièce mince, très-effilée en avant ^ for-
mant la paroi interne du canal maxillaire , et portant sur son bord supérieur une rangée de
petites dents en velours. Cette pièce operculaire &: (fig. 3, 1 i), est remarquable par une branche
montante très-considérable , qui s'élève à angle droit sur la mâchoire et s'engrène dans le
ti'ou temporal formé par l'arc palatin. Cet os offre la même conformation dans plusieurs
genres fossiles, et en particulier chez les SaHrichthys et les Emjnathiis.
Entre lui et l'angulaire est engrené l'os articulaire y (fig. 3 , Ik) , de forme presque
triangulaire , ayant une fossette articulaire horizontale , peu profonde , en arrière de laquelle
se continue un processus horizontal.
Les pièces surangulaires et complémentaires que l'on trouve chez plusieurs reptiles , man-
quent au Bichir.
Quant à leur forme générale, les maxillaires inférieurs sontétroits; ils dépassent en longueur la
mâchoire supéi'ieure ; leur bord extérieur est armé d'une série de dents coniques, portées par
le dentaire, et semblables à celles de la mâchoire supérieure : le bord interne est aussi armé de
dents, mais elles sont beaucoup plus petites , et forment en ariière des mâchoires une brosse
— ^i3 —
rude elfino. portée par r(»perculairc ; il y en a en outre un plus grand nombre entre leur
symphyse; les plus internes sont les plus grandes. Une rainure assez spacieuse se voit entre
ces deux bords, dans laquelle les dents de la mâchoire supérieure sont reçues, lorsque l'animal
ferme la "-ueule.
La structure des dents esl très-simple. Elles présentent dans leur intérieur une seule cavité
pulpaire (ïab. G, fig. 11 , 12, 1.3 o) assez considérable, qui se rétrécit insensiblement vers
la pointe et imite parfaitement la forme conique et courbée des dents. Cette cavité pulpaire,
dont la grandeur respective se montre sur la coupe transversale de la dent (Tab. G , tig. H) ,
est entourée d'un cône creux de dentine (d), composé de canaux calciféres assez fins, mais
ramifiés , qui tous sont disposés de manière à atteindre par le chemin le plus court la surface
extérieure de la dent (fig. H, 12, 15). Les tubes sont simplement ramifiés, mais légèrement
ondulés dans leur cours. Les ramifications extérieures sont plus fines et plus serrées que les
insertions des tubes dans la cavité médullaire. En faisant une coupe longitudinale, qui n'en-
tame pas précisément la cavité médullaire , mais qui s'en approche assez pour permettre de
distinguer les insertions des canaux (fig. 15), on voit que ces derniers sont disposés en
séries longitudinales et assez régulières , de sorte que la paroi de la cavité pulpaire est criblée
de petits trous, disposés d'une manière régulière, et non pas épars au hasard, comme cela se
voit dans beaucoup d'autres animaux. Quelquefois on parvient aussi à découvrir, sur la face
extérieure de la dent, les innombrables ouvertures des ramifications des canaux calciféres:
mais elles sont tellement fines et serrées, que même sous un grossissement considérable,
elles n'apparaissent que comme un léger pointillage (fig. 15). Cette dentine forme la plus
grande partie de la dent ; elle n'est recouverte qu'au sommet par un petit capuchon d'émail
très-dur . e, dans lequel je n'ai pu reconnaître ces fibres composées de petits cubes super-
posés, telles qu'on les a reconnues chez les mammifères. L'émail du Polypterus (fig. 12) est
transparent comme du cristal, sans trace de structure, et ce n'est que dans sa base que pé-
nètrent les dernières extrémités effilées des canaux calciféres de la dentine ; les canaux eux-
mêmes ne sont plus ramifiés dans l'émail , mais tout-à-fait simples , un peu courbés , mais
sans ondulations ; ils n'arrivent pas à la surface extérieure de la dent , mais s'arrêtent dans
la substance même de l'émail.
La dent est implantée sur un petit support osseux de la mâchoire (fig. 15), qui fait
presque corps avec elle. La substance de ce cône est une véritable substance osseuse , carac-
térisée comme telle par ses canaux médullaires en réseau et ses nombreux corpuscules ramifiés.
La présence d'une simple cavité pulpaire sans ramifications et de canaux calciféres presque
rectilignes et dirigés directement vers l'extérieur, éloigne évidemment notre Polypterus,
ainsi que plusieurs autres genres, de la plupart des autres poissons, et les rapproche davan-
tage des reptiles. Cependant c'est encore avec son analogue des rivières américaines, le Lépi-
dostée , que le Polj'ptère a aussi sous ce rapport la plus grande analogie. '
L'appareil hyoïde et branchial (fig. 5) est très-simple: les cornes antéi'ieures de l'os
— kk —
hyoïde ressemblent aux tires branchiaux; leur bord inlerne est armé de petits faisceaux de
dents en brosse; la corne latérale est attachée par son extrémité postérieure au jugal n° 26.
Il n'existe pas d'hyoïde impair antérieur ou d'os lingual , mais bien une langue très-charnue .
dépourvue de dents et soutenue par deux petites plaques latérales.
Au lieu de rayons branchiostègues, on remarque , entre les branches de la mâchoire infé-
rieure, deux larges plaques,' k'ô (lig. 3), qui en tiennent lieu , et qui se retrouvent avec une
conformation semblable dans plusieurs genres de Ganoïdes fossiles, entre autres dans les
genres Mecjalichthys et Chelonkhthys.
Les fosses du crâne sont très-remarquables , et distinguent d'une manière frappante le Bi-
chir de tous les autres poissons connus,
La cavité cérébrale commence par un long canal cylindrique , creusé le long de l'occipital ,
qui reçoit la moelle épinière. La position inclinée et prolongée en arrière de l'occipital est la
cause de cette anomalie. La cavité s'élargit considérablement en avant de l'occipital , où elle
est renfermée entre les parois incomplètes que forment le mastoïdien , le pariétal et le sphé-
noïde. La longueur de cet élargissement est juste celle du pariétal ; sa forme est quadrant
gulaire ; sur les côtés postérieurs se voient des creux pour loger les organes auditifs. La
cavité cérébrale finit avec la suture entre le pariétal et le frontal ; c'est ici que commence le
grand canal olfactif (fig. 7) formant la continuation directe de la cavité cérébrale. Plus haut que
large , ce canal se continue tout le long du frontal entre les orbites , occupant à peu près le
tiers de la largeur moyenne du crâne , sans s'ouvrir sur le palais , et sans être divisé par une
carène. La carène médiane ne commence que près de l'endroit où les ethmoïdes de Cuvier
(nos nasaux) se réunissent aux frontaux, ou plutôt là où le vomer se détache plus sensible-
ment du sphénoïde ; elle s'avance jusqu'à l'extrémité du vomer , divisant ainsi le canal en
deux cavités latérales qui s'ouvrent largement en dehors par les ouvertui*es nasales, et qui
montrent en même temps deux larges trous palatino-nasaux qui , sur le vivant , sont bouchés
par du cartilage. La carène médiane ne s'avance pas sur l'intermaxillaire , et c'est pourquoi
les deux cavités nasales se confondent ici de nouveau en une seule, de sorte qu'en tenant le
crâne de profil, on voit jour à travers les deux ouvertures nasales extérieures.
On pourrait donc dire que le crâne du Polypterus ne présente qu'une seule longue boîte,
cylindrique en arrière, qui s'évase ensuite et se continue jusque vers l'extrémité antérieure, où
elle se divise en deux canaux latéraux pour se réunir de nouveau en une seule cavité.
Les orbites {i\g. 5) dépouillées des appareils mobiles, sont très-longues, mais basses, et s'éten-
dent sur les deux côtés du crâne tout le long du frontal, étant séparées par les deux arêtes
interorbilaires du frontal, qui comprennent entre elles le canal nasal. Elles sont par conséquent
peu profondes. L'appareil palatin leur sert de plancher assez incliné, et les mâchoires supérieures
et le préopercule les ferment tellement en dehors qu'il ne reste qu'une assez petite ouverture
extérieure. Elles communiquent librement en arrière avec la fosse temporale destinée à recevoir
le grand muscle masticateur.
— Mi —
L'étmh» de la tète de ce poisson ouvre . comme on vient de le voir, un champ entièrement
neuf à lichlliyologie.
La ceinture tlioracique (Tab. C) est également très-remarquable. Elle est attachée au crâne par
une série de petites plaques, que l'on ne saurait pas plus en\isag'cr comme des os que comme des
écailles : il y en a deux au bord postérieiu" des pariétaux, une le long des plaques supraoperculai-
res. La grande pièce qui vient ensuite peut être envisagée comme lesuprascapulaire, puisqu'elle
se termine en une pointe osseuse. Le scapulaire est assez court, plus étroit en haut qu'en bas ;
il se termine à son bord interne en une apophyse transverse. L'humérus est surmonté à son
angle postérieur de deux pièces surnuméraires; du reste, il s'allonge en pointe étroite, avec
une carène à sa face interne, jusqu'à la symphyse moyenne des deux pièces de droite et de
gauche, où il est recouvert par une large plaque triangulaire osseuse, composée de deux pièces.
En dessous de l'angle postérieur de l'immérus , il y a deux os très-anguleux, qu'il faut en-
visager connue le radius et le cubitus. Le carpe est plus développé que dans aucun poisson :
et ce qu'il y a de plus extraordinaire dans ce genre , c'est que ses os forment une articula-
tion extérieure de cette nageoire, dont le moignon est complètement séparé delà masse du corps;
le carpe est composé de trois os de forme et de grandeur différentes: l'externe ou supérieur et
l'interne ont la même forme , mais celui-ci est beaucoup plus long ; arrondis au milieu , ils
sont légèrement dilatés à leurs extrémités où ils vont en divergeant, embrassant entre eux
une plaqué arrondie ; à leur extrémité il y a une rangée de dix-sept petits os métacarpiens,
formant un bord arrondi, et dont les moyens, qui sont les plus longs, portent les rayons.
La surface externe du moignon est recouverte de petites écailles irrégulières , caractère qui
rapproche les nageoires du Polypterus des pattes de plusieurs Sauriens de la famille des Seps.
Les poissons fossiles de l'ordre des Ganoïdes nous foiu'uissent plusieurs exemples remar-
quables d'une structure semblable, surtout dans les genres iMeyalicIithys et Glyptosteus.
Les extrémités pelviqi(es (Tab. C) rappellent également, par la singulière conformation des os
du bassin, l'organisation des reptiles, plutôt que celle des poissons; et c'est cette forme de
l'os pelvique qui est la plus fréquente parmi les Ganoïdes ; on la retrouve surtout chez les
Caturiis. C'est un os arrondi au milieu et plus ou moins dilaté et aplati à ses extrémités ; la
partie antérieure de chacun d'eux, de celui de droite et de celui de gauche, est moins large
et converge en s'unissant par des ligamens , de manière à former un angle aigu, mais assez
ouvert; la partie postérieure, qui est la plus dilatée, porte, le long de son bord, quatre ou
cinq osselets métacarpiens , dont l'extérieur est le plus petit ; réduit à un cartilage , il dispa-
raît souvent dans les squelettes ; les quatre principaux vont en grandissant vers le bord in-
terne , et c'est le dernier qui est le plus gros. C'est à l'extrémité de ces osselets que sont
insérés les rayons des nageoires ventrales ; ceux des bords sont simples , ceux de la partie la
plus longue de la nageoire sont bifurques à plusieurs reprises à leur extrémité ; les articula-
tions sont si rapprochées qu'elles paraissent plus distinctes que les articles eux-mêmes , qui
sont plus larges que longs. Il y a quatre rayons simples au bord externe , dont les premiers
— llQ —
sont très-petits ; il y en a en outre onze qui vont en diminuant de grandeur , à partir du
dixième ou onzième. .
hdi colonne vertébrale (Tab.C) est composée de soixante-sept vertèbres dont cinquante et une
abdominales et seize caudales: toutes les vertèbres sont distinctes; dans aucune partie du sque-
lette, on ne remarque des sutures intimes entre elles. Cependant les articulations interverté-
brales et apophysaires établissent des liaisons très-solides entre toutes les pièces de la colonne.
Les vertèbres de la partie antérieure du tronc, et celles de l'extrémité de la queue surtout, sont
un peu plus courtes que celles du milieu du ventre. Les parties {(ui forment l'arc destiné à
loger la moelle épinière sont très-simples; ce sont de larges piliers aplatis, à peine échancrés
sur leurs bords, qui sont accolés les uns contre les autres , de telle sorte que la petite saillie
de l'apophyse antérieure remplit exactement l'excavation semiplane de lapophyse postérieure
de deux vertèbres voisines. Il résulte de cette disposition, que le côté supérieur des corps de
vertèbres est surmonté de deux pla([ues osseuses continues, convergentes par leur bord supé-
rieur, et qui forment entre elles un canal dans lequel git la moelle épinière. Les apophyses
épineuses des vertèbres ne sont nullement soudées avec le corps des vertèbres; elles y adhèrent
simplement par une articulation ligamenteuse. C'est une conformation très- singulière , que je
n"ai du reste observée dans aucun poisson vivant, mais qui se retrouve fréquemment dans les
poissons fossiles de l'ordre des Ganoïdes, et qui rapproche ces animaux des Sauriens chez qui
les apophyses sont séparées du corps des vertèbres sous la forme d'os en V, comme chez les Cro-
codiles, sous la queue. Du reste, ces apophyses épineuses sont comprimées latéralement et beau-
coup plus larges dans la moitié antérieure du tronc que vers la queue ; les plus longues sont
celles qui correspondent aux vingtième et vingt-cinquième vertèbres ; celles-ci et les précédentes
sont légèrement arquées en avant , celles de la queue sont grêles et droites ; dans la partie
supérieure des vertèbres, il n'y en a que jusqu'à la dixième vertèbre caudale ; les six dernières
A ertèbres en sont entièrement dépourvues ; en revanche , le dernier interapophysaire dorsal
est couché le long des corps de vertèbres.
Cette singulière structure nous met en quelque sorte sur la voie pour expliquer un fait
extraordinaire que l'on remarque chez la plupart des Ganoïdes fossiles. Quelque surpre-
nante que soit la disparition complète des corps des vertèbres dans un si grand nombre de ces
espèces, il est bien probable que c'est dans cette singulière disposition des apophyses épi-
et dans leur séparation d'avec les corps des vertèbres, qu'il faut en chercher la possibilité.
Ce qui peut avoir contribué à favoriser cette disparition des corps des vertèbres , c'est proba-
blement la nature de ces os mêmes , peut-être plus friables ou moins osseux que les apo-
physes. Il est possible aussi , qu'au lieu de vertèbres , il existât une corde dorsale cartilagi-
neuse. La structure du squelette du genre Lepidosiren, que je considère, avec MM. Owen et
J. Millier, comme appartenant à la classe des poissons , nous offre parmi les types vivans un
exemple frappant de ce que je suppose avoir existé chez la plupart des Ganoïdes fossiles. Les
squelettes restaurés des genres Platysomus, Caturus et Macrosemius , que j'ai publiés Vol. 2,
— hl —
Tab. I). long-lenips avant que Ion connût la charpente osseuse du genre Lepidosiren , sem-
blent cal(|ués sur lépine dorsale de ce singulier animal ; et les observations <[ue Ion vient
de lire . écrites il y a plus de div ans . reçoivent maintenant une éclatante confirmation. Dans
le Polypterus , les corps des vertèbres ont de très-fortes impressions , ou plutôt de nombreuses
excavations latérales , surtout très-accusées dans la partie inférieure des corps de vertèbres .
et dans lesquelles gisent les reins ; la série la plus marquée de ces enfoncemens se trou\ c
sur le milieu du côté inférieur du corps des vertèbres ; vers la tête , ils sont moins profonds :
mais ceux dont la concaA ité est la plus spacieuse , sont ceux du milieu du ventre , surtout de
la vingtième à la quarantième ^ ertèbre : ils diminuent de nouveau jusque sous la queue. Sur
les côtés des vertèbres , mais encore en dessous des apophyses transverses , il existe une se-
conde série dexcavalions également plus grandes et même divisées encore en deux par une
saillie osseuse ; sur les côtés, en dessus des apophyses transverses, depuis la dixième vertèbre
environ , et surtout vers la trentième , il y a des impressions semblables , mais plus arrondies
et plus petites. Sur les côtés de la queue , où les apophyses transverses disparaissent , il n'y
a plus qu'une cavité arrondie en dessus et en dessous de la saillie qui correspond aux apophyses
transverses ; les quatre dernières vertèbres sont entièrement lisses. Les apophyses trans-
verses sont si singulières , qu'en les voyant sur le côté de vertèbres séparées, on les prendrait
plutôt pour des parties du squelette d'un Crocodile que pour des vertèbres de poisson. Inti-
mement soudées au corps des vertèbres , et sans aucune trace de séparation , ces apophvses
forment, sur les côtés des vertèbres, des saillies horizontales aussi longues et même plus lon-
gues que les corps de vertèbres ne sont larges : celles des premières vertèbres sont, il est vrai,
sensiblement plus courtes ; mais, depuis la dixième vertèbre, elles ont cette grandeur, et sont
tournées directement en dehors , tandis que vers la trentième vertèbre environ , elles s'in-
clinent légèrement vers l'abdomen , tout en diminuant insensiblement de longueur. Depuis
la première vertèbre caudale , elles ne forment plus qu'une légère saillie sur le milieu de
la base latérale des corps *de vertèbres. A l'extrémité de toutes ces apophyses, depuis la pre-
mière jusqu'à la dernière, il y a des côtes, dont les antérieures, qui sont les plus grosses, sont
en même temps droites et roides comme des massues , avec lesquelles elles ont quelque rap-
port de forme, par le renflement de leurs extrémités. Depuis la quinzième vertèbre environ ,
les côtes sont un peu plus grêles , et elles le deviennent de plus en plus jusqu'au conuuence-
ment de la queue ; elles perdent en même temps de leur roideur, et se courbent d'abord
légèrement , puis de plus en plus . jusque vers rextrémilé de la cavité abdominale . où elles
commencent à converger toujours plus fortement. On dirait que toutes les singularités os-
téologi([ues se trouvent réunies dans cette espèce ; car entre les côtes que je viens de décrire,
les apophyses transverses portent encore une seconde rangée d'osselets allongés , espèces d'a-
rêtes intermusculaires ou de côtes accessoires, qui sont fixées par des ligamens aux apo-
physes transverses. Dans la partie antérieure du squelette, ces osselets sont insérés vers la
base et au bord antérieur des apophyses transverses; là ils sont aussi beaucoup plus courts et
— 48 —
plus grêles que les côtes; mais, à mesure que les côtés diminuent d'épaisseur, depuis la tren-
tième vertèbre surtout, ils s'allongent toujours davantage; leur point d'insertion s'avance
d'abord vers le milieu , puis vers l'extrémité des apophyses transverses ; depuis la trente-cin-
quième vertèbre environ , leur longueur égale celle des côtes ; plus loin , ils les dépassent
même en longueur et en épaisseur ; enfin celui de la quarante-huitième vertèbre est même
articulé vers son tiers supérieur, et converge, de manière à présenter une transition insen-
sible aux apophyses épineuses inférieures de la queue , par ceux des quarante-neuvième et
cinquantième vertèbres. C'est en effet encore une des singularités les plus surprenantes de ces
osselets , que , loin d'être insérés à la surface extérieure des apophyses transverses , comme
les arêtes musculaires surcostales des Perches , ils sont accolés à la face inférieure de ces apo-
physes , ensorte qu'ici l'on est tenté d'envisager ces pièces comme des côtes doubles , dont les
inférieures passent insensiblement aux apophyses épineuses inférieures. Quant à ces apo-
physes épineuses inférieures , elles ne sont pas plus soudées aux corps des vertèbres que les
apophyses supérieures qui leur correspondent ; mais elles sont beaucoup plus longues et sur-
tout plus fortes , et il y en a jusqu'à la dernière vertèbre ; les cinquième et sixième sont les
plus fortes ; leur base forme un canal dans lequel est logée la continuation de l'aorte , et qui
est plus large dans sa partie antérieure qu'en arrière.
L'insertion de la caudale présente des particularités frappantes qui, je l'avoue à regret, pour-
raient être mieux représentées dans notre figure : ses rayons , au lieu d'être insérés sur de
simples osselets interapophysaires , comme dans la plupart des poissons, sont articulés à l'ex-
trémité d'une double rangée d'osselets mobiles les uns sur les autres par leurs extrémités.
La première série de ces pièces , celle qui s'attache directement aux apophyses épineuses in-
férieures, est composée de cinq osselets coniques , placés en avant les uns des autres , mais
devant la première apophyse épineuse et dont la pointe est tournée vers les corps des vertèbres ,
tandis que leur base plus large et légèrement comprimée, sert d'attache aux six osselets de la
seconde série ; ceux-ci sont plus longs que les supérieurs , renflés à leurs deux extrémités qui
sont comprimées et arrondies au milieu; le dernier des six est le plus long, mais aussi le plus
grêle. C'est à l'extrémité de ces osselets que sont insérés les nombreux rayons de cette petite
nageoire. N'est-il pas étonnant en effet qu'une nageoire dont la base est aussi étroite compte
autant de rayons ? 11 y en a seize, dont le huitième seulement atteint la plus grande longueur
de la nageoire ; les suivans vont de nouveau en diminuant insensiblement. Tous ces rayons
sont simples, mais articulés jusque vers leur base ; la longueur des articles égale leur largeur.
Quant aux autres nageoires impaires , il est impossible de les distinguer les unes des autres ,
tant la dorsale et la caudale sont confondues. Notre poisson nous offre ainsi un exemple con-
cluant de l'identité de formation de ces deux nageoires et de leurs appuis , alors même que
leurs rayons ne sont pas insérés de la même manière , puisque ici la portion inférieure de la
caudale est insérée directement sur les apophyses épineuses , tandis que la partie correspon-
dante supérieure est insérée sur des osselets interapophysaires. dont le dernier n'est pas même
— 'i9 —
soutenu enire des apophyses épineuses , mais repose sur le corps des dernières vertèbres. \
Enfin , les rayons épars de la dorsale passent si insensiblement à la caudale , qu'on ne saurait
tracer entre elles que des limites arbitraires. Les cinq rayons extérieurs et inférieurs de la
caudale , qui vont insensiblement en grandissant ( le premier petit manque dans la figure ) ,
sont simples et plus courts que les deux suivans, dont l'extrémité est seulement bifurquée ; les
divisions vont en augmentant juscju'aux onzième et treizième qui en ont le plus ; cependant
le douzième est moins divisé que ceux qui lavoisinent. Ces rayons forment la partie la plus
saillante de l'extrémité de la queue et sont encore insérés le long de la dernière apophyse
épineuse inférieure ; les suivans sont portés sur des osselets interapopliysaires ( c'est entre ces
deux espèces de rayons que finit la ligne latérale). Il y en a huit non fulcrés, qui sont portés
sur huit osselets interapophysaires, et dont les divisions sont d'autant moins nombreuses qu'ils
sont plus rapprochés des rayons fulcrés ; tous ces rayons sont articulés d'assez près pour
que les articles soient plus larges que longs dans toute la portion inférieure de la caudale.
Les articulations s'étendent sur toute la partie visible des rayons; leiîr base , en revanche, est
cachée par les muscles , et embrasse les côtés de l'extrémité des apophyses épineuses . sans
former avec eux de charnière; tandis que les rayons de la portion supérieure de la caudale
dont la base n'est pas articulée, forment des ginglymes avec les osselets interapophysaires.
Il en est de même de l'articulation de tous les rayons de la dorsale ; chaque rayon a deux
capitules articulaires à sa base sur ses côtés, et reçoit entre eux le capitule arrondi de l'extré-
mité supérieure des osselets interapophysaires ; on compte quinze ou seize de ces osselets suivant
les individus; mais les rayons eux-mêmes ont une structure si particulière, que leur disposition
est le seul exemple de cette structure dans toute la classe des poissons. Le fort des rayons,
ou la partie inférieure , est un os simple , comprimé d'avant en arrière, mais dilaté sur les
flancs , de telle sorte cependant , que sa face antérieure est légèrement voûtée , tandis que
sa face postérieure est concave et présente une rainure étroite , dans laquelle sont insérés
plusieurs rayons ou filets secondaires articulés et mobiles sur le fond de cette cannelure.
L'extrémité supérieure des rayons est fortement échancrée , et par conséquent bifurquée. Les
filets ou rayons secondaires sont conformés comme tous les rayons, et composés de deux par-
ties latérales paires et articulées à plusieurs reprises sur toute leur longueur ; leur nombre
varie suivant la position des rayons principaux , il est de trois ou quatre au premier , de qua-
tre à cinq et même six aux douze ou treize suivans , et de trois ou quatre aux deux derniers;
leur largeur est plus considérable que la partie du rayon principal au delà de l'échancrure.
Le premier des rayons ordinaires de la caudale est très-remarquable , en ce qu'on observe
dans sa portion inféro-postérieure ime tendance à s'articuler plus distinctement et à se séparer
encore de la plaque que forme vers sa base la portion antérieure du rayon ; il forme même
quelquefois encore une plaque simple , accolée contre un rayon ordinaire. La description que
M. Geofïroy de St-Hilaire a donnée dans le premier volume des Annales du Muséum, des
rapports des rayons des nageoires verticales avec les apophyses épineuses des vertèbres, est
TOM. II, 2" PART. 7
— 50 —
très-incomplète. Chaque rayon est enclavé à sa base entre deux écailles acuminées , échan-
crées à leur bord interne , et formant ainsi ensemble une demi-lune qui embrasse la base du
rayon. Entre ces écailles il y en a de plus petites qui remplissent l'espace entre deux rayons.
Les écailles du corps présentent cette disposition en séries dorso-ventrales, très-saillantes et
obliques d'avant en arrière , qui est commune à tous les Ganoïdes. Cependant nous remar-
quons aussi ici des différences notables qui contribueront à nous expliquer plusieurs points
obscurs de la squammation des genres fossiles. De l'écaillé basale ambiante de chaque rayon
naît une de ces séries ; toutes sont d'abord fortement arquées en ari-ière ; sur le milieu des
flancs elles sont simplement obliques , et vers le ventre elles s'arquent de nouveau , mais
tout en conservant leur direction oblique en arrière. Sur le milieu du- dos ces séries se
rencontrent en une écaille impaire, médiane et triangulaire, sous un angle aigu, dont le
sommet est dirigé en avant ; les séries nuchales s'enclavent de cette manière entre les bran-
ches droite et gauche de la ceinture thoracique. Les séries se rencontrent de la même manière
sous le ventre, mais sous un angle un peu plus aigu, et dont le sommet est dirigé en arrière.
Cette différence dans le degré de convergence des séries provient de ce qu'elles sont plus
fortement inclinées en arrière à partir de la courbure inférieure ; il en résulte aussi que les
écailles inférieures sont plus étroites que celles du dos. Ces séries se perdent entre les ven-
trales , en avant de l'anale et sur la caudale ; en revanche , il naît de nouvelles séries entre
les pectorales , sur le bord de la ceinture thoracique , jusqu'à une écaille impaire entre les
symphyses.
La direction de la ligne latérale est aussi très-remarquable : naissant en arrière du trou
nmqueux suprascapulaire, elle ne passe que par quelques écailles à cette hauteur, et descend
à la série moyenne sur laquelle elle se prolonge jusqu'à la caudale ; cependant, jusqu'à la hau-
teur de l'insertion des pectorales , toutes les écailles qui avoisinent la ceinture thoracique sont ,
percées de semblables pores. Il existe de plus une seconde série de ces pores, qui s'étend du
pore muqueux occipital supérieur sur les côtés de la nageoire dorsale jusqu'à la ligne laté-
rale. On remarque en outre sur les flancs quelques pores épars et dispersés irrégulièrement
entre ces deux séries continues.
Les ventrales ne sont pas accompagnées d'écaillés particulières au dessus de leur inser-
tion ; mais il y en a quatre petites hors de série, en avant de leur bord antérieur, qui font
une légère saillie ; en revanche , la surface inférieure est recouverte de petites saillies sur le
premier quart de la longueur des rayons.
Les écailles se comportent d'une manière toute particulière sur les rayons de la cau-
dale. Les divisions transverses que l'on remarque sur ces rayons ne proviennent pas de
leurs articulations , comme on l'a dit et comme on pourrait môme le croire d'après les
exemplaires sur lesquels mes figures ont été prises. Ayant eu en mains les exemplaires que
Riippel a rapportés du Nil , et qui sont conservés dans l'esprit de vin , j'ai été frappé de la
mobilité de ces séries, et j'ai reconnu que toutes ces divisions, visibles extérieurement,
— 51 —
proviennent de séries d'écaillcs, qui longent les rayons, et donnent à la caudale son aspect
particulier.
On sait ([ue chez tous les Ganoïdes , les écailles qui recouvrent l'extrémité de la queue ,
près de la caudale , ont une physionomie particulière , et semblent suivre une règle à part
dans leur distribution, bien quelles soient toujours rangées par séries. Dans le Bichir. les
séries dorso-ventrales conser^ ent leiu- continuité ; mais ce qui leur donne ce singulier aspect,
c'est que les écailles de la partie supérieure des séries se tournent davantage en- haut , et font
paraître dune manière plus tranchée les séries médio-dorsales que les séries médio-ven-
trales; mais ici aussi, la division des séries ne provoque pas de nouvelles rangées, comme
dans plusieurs genres fossiles.
De petites écailles recouvrent le bord antérieur de l'anale, qui est très-charnu. Ces
écailles sont d'autant plus petites qu'elles sont plus rapprochées du bord même de la na-
geoire ; le long de la base de la nageoire , la première rangée est la plus grosse ; la base
même est comprise entre les deux séries d'écaillés particulières qui la bordent , comme entre
deux valves formant une gaine mobile. Il y a, sur les rayons, onze séries d'écaillés qui
suivent leur direction ; elles sont imbriquées les unes sur les autres , de manière que le bord
postérieur des unes recouvre le bord antérieur des suivantes, comme dans les écailles du
tronc. Chaque série est composée d'un grand nombre d'écaillés , beaucoup plus longues que
larges; mais comme la moitié de la longueur des écailles est toujours recouverte par
la série suivante, il en résulte qu'elles paraissent extérieurement presque équilatérales. Il
y a en outre au-dessus de l'insertion de l'anale un grand nombre de petites écailles inter-
posées entre l'extrémité des séries principales qui aboutissent ici.
Les écailles de tout le corps sont en général rhomboïdales ; leur bord postérieur est cons-
tamment droit , ou légèrement voûté dans les séries antérieures ; le bord inférieur est très-
légèrement convexe, tandis que le supérieur présente une faible concavité correspondante. On
peut remarquer encore qu'en général les écailles des séries postérieures sont plus anguleuses ,
tandis que celles des séries antérieures sont plus obtuses. Malgré leur solidité, elles sont assez
mobiles pour n'entraver en aucune manière les mouvemens du corps.
Examinées au microscope, les écailles du Polyptère montrent à leur surface extérieure une
quantité de petits trous qui conduisent dans l'intérieur de l'écaillé. En les usant, principale-
ment du côté inférieur , de manière à les rendre transparentes , et en les plaçant alors sous le
microscope (Tab. G, fig. H) , on découvre un réseau assez serré de canaux médullaires, déve-
loppé sous toute la superficie de l'écaillé , et s'ouvrant par une quantité de petits trous vers
l'extérieur. Les canaux médullaires dont se compose le réseau, sont assez égaux en largeur,
les mailles assez serrées, et les anastomoses par conséquent assez fréquentes. Dans quelque
direction que l'on examine une coupe ainsi préparée (Tab. G, fig. fo) , on aperçoit toujours
ce réseau médullaire au milieu de l'écaillé, à peu près à égale distance des deux surfaces, et
l'on voit que ce réseau naît de quelques canaux montant depuis la peau dans la substance
— Sa-
de l'écaillé ; on découvre aussi par-ci et par-là des canaux montant depuis le réseau vers la
surface extérieure de l'écaillé, qui s'ouvrent en dehors. N'ayant pas à ma disposition des
poissons conservés à l'esprit de vin, je ne me suis servi pour mes recherches que d'écaillés
sèches. Je n'en ai pas moins découvert des traces des membranes qui tapissaient les canaux,
et très-souvent j'ai aussi vu des débris fibreux sortir des trous à l'extérieur, et s'insérer dans
la couche mince et membraneuse qui recouvre la surface extérieure de l'écaillé. Nul doute
que ces canaux et réseaux médullaires ne soient les canaux conducteurs des vaisseaux ca-
pillaires présidant à la nutrition des écailles , et se continuant jusque dans la couche épithé-
liale, qui couvre l'écaillé à l'extérieur,
La substance principale de l'écaillé , dans laquelle ces réseaux médullaires se développent .
est de l'os , parfaitement caractérisé par la présence de corpuscules osseux , à ramilica-
tions calcifères, disséminées dans toute la masse sans ordre apparent. Ces corpuscules sont
les plus nombreux vers la surface interne de l'écaillé ; ils deviennent plus rares vers l'exté-
rieur, et au dessus du réseau médullaire, la substance osseuse en est presque entièrement
dépourvue, de manière que l'on pourrait la confondre avec l'émail. Mise en contact avec
de l'acide , la substance osseuse développe beaucoup de gaz carbonique ; la chaux carbonatée
se dissout , et les corpuscules et leurs ramilications calcifères disparaissent presque complè-
tement.
A l'extérieur de la substance osseuse se trouve une couche assez mince , mais uniforme ,
d'une substance très-dure, cassante comme du cristal et presque transparente. C'est cette
substance qui donne à l'écaillé cet aspect luisant qui caractérise également les écailles des
Ganoïdes fossiles. Nous n'avons pu découvrir dans cet émail aucune trace de prismes ou de
fibres, non plus que dans celui des dents. Nous ferons remarquer à ce sujet qu'en préparant
les coupes des écailles, il faut avoir soin de ne pas les user trop rapidement, et d'éAiter toute
espèce de choc; car l'émail est tellement cassant, qu'il saute et s'enlève très-facilement, en-
sorte que l'on pourrait méconnaître sa présence.
— s 3
CHAPITRE II.
COMPARAISON ENTRE LES SAUROIDES ET LES REPTILES. CONFORMATION DE LA TÊTE EN PARTICULIER.
Un livre qui traite essentiellement du squelette des poissons conservés à l'état fossile dans
les couches de la terre, ^ doit contenir, comme corollaire, une étude comparative de la
t<3te des dilTérens types de vertébrés, afin de donner au lecteur le moyen de juger de
la valeur des caractères sur lesquels sont établies les déterminations des espèces, des genres
et des familles. Cette étude comparative sera d'autant plus utile qu'elle sera plus détaillée.
Je pense dès lors qu'indépendamment de l'aperçu que j'en ai rédigé pour les généralités du
premier volume , une analyse exacte de ces mêmes parties ne sera pas déplacée à la suite de
la description que nous venons de donner du squelette des Sauroïdes vivans ; d'autant plus
que ce sont de tous les poissons ceux qui offrent le plus de rapport avec les reptiles. Les
Sauroïdes sont même en quelque sorte intermédiaires entre les poissons normaux et la classe
des reptiles , qui se trouve placée immédiatement au-dessus d'eux dans l'échelle des êtres or-
ganisés.
Le temps n'est pas fort éloigné où le monde savant était tout en émoi à la suite des con-
troverses suscitées par l'étude de la composition de la tête. D'un côté, l'école des philosophes
de la nature , composée d'hommes éminens , tels que Spix , Bojanus , Oken , Geoffroy St-Hi-
laire, Carus et autres, soutenaient, avec tout l'ascendant de leur talent, l'unité de plan dans la
structure et le nombre de ces os , et prétendaient que la tête n'était qu'une réunion de ver-
tèbres: ils cherchaient ainsi à ramener à un plan général et commun les différentes pièces de la
tête , et allaient même jusqu'à prétendre que le nombre de pièces qui forment l'ensemble de la
tête, devait être égal dans tous les vertébrés sans exception. Les adversaires, ayant à leur
tête Cuvier, en France, et Meckel, en Allemagne, opposaient à cette théorie toutes les res-
sources de leur immense savoir , et cherchaient à en faire ressortir toutes les difficultés. Cette
lutte vive et prolongée a eu les plus heureux effets; car si les uns, partant d'un principe «
priori, en ont tiré parfois des conséquences trop hardies , ou ont été conduits à des résultats
exagérés, leurs adversaires n'ont jamais manqué de leur opposer l'état vrai des choses et les
exceptions à la règle, veillant constamment à ce que les faits ne fussent pas dénaturés. En
— u —
cherchant ahisl de part et d'autre des appuis pour son opinion, on a été conduit à une étude
approfondie , qui a eu pour résultat de nous faire connaître la construction de la tète mieux
que ne l'auraient pu faire des recherches plus paisibles. Je n'entrerai pas ici dans le détail
des argumens qui ont été avancés par les parties militantes ; je m'en tiendrai à la discussion
des faits et des conséquences immédiates qui découlent des nouvelles observations qui ont
été faites depuis (*).
Le principe qui m'a guidé dans la détermination des os est celui de la fonction physiolo-
gique que l'on peut leur assigner; et, en effet, il paraît que c'est dans la fonction que
chaque pièce a à remplir, qu'il faut chercher la clef des singulières variations auxquelles
elles sont souvent assujetties. Je ne m'embarrasserai donc pas du nombre des pièces, ni des
liaisons qu'elles contractent entre elles , convaincu que je suis que ce sont là des accessoires ,
importans sans doute , mais qui ne sauraient servir de guide sûr , lorsque la manière de
vivre et la constitution d'un animal lui font subir des changemens notables.
Je n'accorderai pas non plus une valeur exagérée à l'embryologie , qu'on a trop souvent
invoquée comme un argument sans réplique dans les débats dont il vient d'être question ,
bien qu'on la connût alors d'une manière beaucoup moins parfaite que de nos jours. 11 existe
sans doute un type général de conformation embryonique dans toute la série des vertébrés;
mais nous savons aussi que le type particulier de chaque espèce entre de très-bonne heure en
conflit avec le plan général , et qu'on ne trouve dans les embryons des divers types de cet
embranchement , ni le même nombre de points d'ossification , ni la même forme de la tête et
de ses différentes parties constitutives. Je crois en revanche que, dans l'appréciation des
parties du squelette , il faut placer au premier rang la fonction physiologique ; je m'en tien-
drai dès-lors , pour les déterminer, principalement aux rapports des différentes pièces avec
les parties molles, qu'elles entourent et soutiennent.
En effet, si les os du crâne sont là pour protéger les centres du système nerveux et les
organes des sens , qui en dépendent , en formant autour d'eux une enveloppe plus ou moins
solide ; ainsi que , si les ossemens de la face sont réellement destinés à prêter des appuis so-
lides aux fonctions de la nutrition et de la respiration , qu'y a-t-il de plus naturel que d'ad-
mettre que c'est d'après ces centres nerveux, d'après le développement des fonctions respi-
ratoires et de la déglutition, que doivent s'arranger les os qui protègent et qui contiennent
ces organes? Doit-on s'étonner de l'absence de l'orbite et des parties dures qui la forment,
si l'animal est dépourvu d'yeux? de l'absence d'un vomer, s'il n'a pas de palais? de l'absence
d'un lacrymal, si la glande lacrymale et son canal excrétoire n'existent pas?
(') Il ne sera pas inulile de faire remarquer ici qu'une étude détaillée du développement de l'embryon , loin d'être
fovorable à la théorie de la structure vertébrale du crâne, lui est tout à fait contraire. M. Vogt, qui a étudié spéciale-
ment cette question chez les reptiles et les poissons, s'est prononcé positivement contre cette manière de voir, dans ses
recherches sur VAlyles ohstetricans , pag. 98 , et dans V Embryologie des Salmones , qu'il a écrite pour mon Histoire
iKituielle des Poissons d'eau douce de l'Europe centrale , vol. I, pag. 121.
o5
Mais quand même on admottrait ce principe , on pourrait encore se demander s'il est réel-
lement possible d'assigner à chaque os, ou plutôt à chaque groupe d'os, une fonction parti-
culière, qu'il doive remplir dans toute la série des vertèbres, ou s'il n'arrive pas au contraire
que les fonctions de l'un soient transmises à un autre. On pourrait en effet, en examinant
pour la première fois diverses têtes, croire à de semblables migrations. C'est ainsi que, par
exemple , l'os temporal de l'homme a quatre parties douées de quatre fonctions distinctes et
bien tranchées. Le rocher constitue l'enveloppe du labyrinthe, le mastoïdien celle des cellules
tympaniques ; l'anneau tympanique forme le cadre de la membrane tympanique , et l'écaillé
complète la paroi crânienne. Si ces fonctions étaient aussi exclusives et aussi tranchées dans les
autres animaux que dans l'homme, il faudrait envisager presque tout le crâne des poissons
comme un rocher, puisque le labyrinthe est presque libre dans la cavité encéphalique ; il fau-
drait de plus croire que le tympanal et le mastoïdien se perdent complètement, puisque la ca-
vité tympanique et sa membrane manquent à la dite classe. Mais ici l'embryologie, aussi bien
que l'étude des affinités des os, des liaisons qu'ils contractent, et de leurs emplacemens, nous
vient en aide, en nous apprenant que, dans le principe, la vessie de l'oreille primitive n'est
point séparée si. strictement du cerveau , que ce n'est que peu à peu qu'elle s'en détache et
acquiert une enveloppe solide propi*e ; que la cavité tympanique ne fait pas partie intégrante
de l'appareil auditif; qu'elle est une fente branchiale, c'est-à-dire une formation essen-
tiellement cutanée , qui s'est réunie à l'oreille primitive chez les animaux supérieurs , et que
c'est dès lors en dehors de la boîte crânienne , aux alentours de cette fente branchiale, qu'on
doit chercher , chez les animaux inférieurs , les pièces qui par suite de leur transformation
sont venues se souder chez les animaux supérieurs, à des parties auxquelles elles étaient en-
tièrement étrangères dans le principe.
Désireux d'appliquer les principes que nous venons de poser à la déterminaison des os de
la tête en général , nous examinerons plus en détail les points sur lesquels nous nous trou-
vons en contradiction avec nos prédécesseurs, et nous en prendrons occasion de développer
toutes les raisons qui nous ont engagé à abandonner quelques dénominations assez généra-
lement admises ; par contre nous serons d'autant plus bref sur les points à l'égard desquels
nous sommes d'accord avec tout le monde. Nous nous appliquerons surtout à comparer notre
manière de voir avec celles de Cuvier et de Meckel et avec le travail de Hallmann , pour ce
qui concerne les rapports du temporal et de ses démembremens. Outre les nombreux faits
qu'il contient sur l'ostéologie du temporal , ce dernier ouvrage renferme aussi des vues gé-
nérales fort ingénieuses , mais malheureusement empreintes d'un certain esprit de système
qui a fait quelquefois dévier son auteur de la bonne voie.
L'occipital avec ses parties constitutives, a la mission, dans toute la série des vertèbres, de
donner passage à la moelle épinière et de protéger la partie postérieure du cerveau, l'épencé-
phale. Cette fonction est si évidente, qu'elle n'a été révoquée en doute par aucun anato-
miste, et si quelques-uns ont voulu voir dans les démembremens externes de cet os d'autres
— 56 —
pièces , ce n'était que pour obéir à des vues théorétiques , qui n'ont plus aucune valeur de
nos jours. Les occipitaux latéraux, supérieurs et le basilaire ont donc partout la même si-
gnification. Il n'y a de dissidence que sur l'occipital extérieur, que Hallmann regarde comme
un véritable mastoïdien. Nous dirons plus tard, en parlant du temporal, les raisons qui nous
empêchent d'adopter cette dénomination , et pourquoi un os qui , chez les poissons , forme la
crête extérieure du crâne , ne peut être regardé comme un mastoïdien , dont la fonction es-
sentielle est déterminée par la fente tympano-branchiale. Nous adoptons donc pleinement
l'occipital de Cuvier avec ses démembremens, en faisant remarquer de plus que déjà les Sau-
roïdes montrent une grande affinité avec les reptiles et les animaux supérieurs , puisque l'oc-
cipital du Polyptère montre la même conformation que celui des poissons ordinaires, bien
qu'il soit unique , représentant en un seul os ses parties constitutives, ordinairement séparées
dans cette classe.
Les pariétaux sont aussi tout à fait hors de doute ; appelés à protéger les parties moyennes
du cerveau d'en haut , ils sont plus ou moins développés chez tous les vertébrés , et leur
grandeur dépend de la grandeur du toit cérébral.
Le frontal avec ses démembremens extérieurs et postérieurs est chargé, de protéger la
partie antérieure du cerveau et de former un toit fixe au dessus des orbites. Sa signifi-
cation nest plus méconnue par aucun naturaliste, et l'inspection du Polyptère, où les fron-
taux postérieurs et antérieurs ont la même forme que chez les autres poissons, avec cette dif-
férence qu'ils sont à l'état de processus , au lieu de représenter des os séparés, pourra servir à
battre en brèche les derniers partisans de l'opinion de Meckel, qui voulait que le frontal anté-
rieur fût une partie de l'ethmoïde.
Le corps du sphénoïde est la base sur laquelle reposent les parties moyenne et antérieure
de la voûte crânienne. Dès lors il n'est pas étonnant de voir que cet os diminue à me-
sure que nous remontons l'échelle des vertébrés , et qu'il atteigne ses plus grandes dimen-
sions relatives dans les poissons. Cette disposition s'explique parfaitement par le fait que les
parties du cerveau, qui, chez les animaux inférieurs, sont alignées les unes derrière les
autres , s'entassent chez les animaux supérieurs , de manière que la base du cerveau , et par
conséquent, celle du crâne , se raccourcit par rapport aux parties supérieures.
Le sphénoïde du Polyptère, tout en présentant une grande analogie avec celui des Batra-
ciens, tient cependant le milieu entre le sphénoïde de ces derniers et celui des poissons; il
est allongé comme celui du Lépidostée.
On le voit, les parties qui recouvrent le cerveau d'en haut et d'en bas, présentent une
assez grande uniformité dans les vertébrés, et, quoique leurs formes varient à l'infini, elles
sont pourtant toujours très-reconnaissables à leurs liaisons et aux fonctions qu'elles rem-
plissent. Il n'en est pas de même des parties latérales du crâne, des ailes du sphénoïde et du
temporal , qui offrent de grandes difficultés et peuvent en quelque sorte servir d'argumens à
toutes les opinions. Il nest donc 'pas étonnant que des dissidences profondes régnent à leur
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égard ; et les débats que ces difTérentes ^opinions ont suscitées , ont naturellement dû être
d'autant plus vifs, que l'inceiiitude était plus grande. Nous parlerons d'abord des ailes du
sphénoïde . parct; que ces parties restent toujours attachées au crâne , tandis que le temporal
est rejeté sur la face extérieure de la tête, et ne prend pas toujours part à la formation de la
boite cérébrale.
L'os auquel nous avons donné le chiffre H dans les descriptions précédentes , le désignant,
avec Cuvier, sous le nom de grande aile du sphénoïde, nous fournit le premier pomt litigieux.
Repoussant les argumens de Cuvier , MM. Meckel et Hallmann le prennent pour le rocher,
qui serait venu se placer en avant sur le corps du sphénoïde. Il y a quelque chose de vrai
dans cette manière de voir ; la grande aile reçoit, en effet, presque toujours une partie des
canaux antérieurs de l'organe auditif dans sa masse, et très-souvent la cavité pour le sac du
labyrinthe y 'est creusée. Le nerf glossopharyngien passe très-souvent sur le bord postérieur
de cet os; quelquefois môme son issue s'y trouve en entier, et le nerf facial (la branche
operculaire du trijumeau) en sort toujours. Mais voilà à quoi se bornent toutes les raisons
que peuvent alléguer les partisans de l'opinion qui prend cet os pour le rocher. Il nous sera
facile de montrer combien ces considérations sont illusoires. Il est vrai que les canaux semi-
circulaires , aussi bien que le reste du labyrinthe , ne sont enveloppés que par le rocher
dans les mammifères; mais l'on tomberait dans une étrange erreur, si l'on voulait conclure
de là que tout os enveloppant une partie du labyrinthe dût par là môme être un rocher.
C'est que^ l'organe auditif interne est réduit, chez l'homme , à la proportion la plus minime
vis-à-vis du cerveau et de l'oreille externe , et plus nous descendons dans l'échelle , plus nous
voyons cette dernière se rapetisser et l'oreille interne gagner en extension. Chez les poissons,
où l'oreille externe manque complètement , les canaux semicirculaircs sont énormes , s'éten-
dant depuis le cervelet jusque vers le prosencéphale; d'après l'état d'ossification plus ou moins
complète du crâne , ils sont enveloppés tantôt en grande partie par des cartilages , tantôt par
un nombre plus ou moins considérable d'os. Ainsi l'on voit chez tel poisson la grande aile
n" 1 1 , le maslo'idien n^lâ , le rocher n° 13 , l'occipital latéral n" 10 , l'occipital externe n° 9 ,
l'occipital basilaire n" 5 , et le corps du sphénoïde n" 6 prendre part à cette enveloppe du
labyrinthe et de ses parties ; mais est-ce une raison pour envisager tous ces os comme des
rochers ? A cette condition , on convertirait toute la portion postérieure et moyenne du Crâne
en rocher. L'analogie en réalité se borne à ce que ces os joignent à leurs fonctions parti-
culières celles que le rocher exerce exclusivement chez les vertébrés supérieurs.
L'autre point litigieux, l'issue des nerfs, est en rapport direct avec l'arrangement de l'oreille.
Le facial, l'acoustique et le glossopharyngien constituent en effet un groupe, dont les racines
sont voisines et forment même des anastomoses plus ou moins directes. Les deux premiers
ont chez les animaux supérieurs , leurs canaux creusés dans le rocher ; le dernier passe tout
près. Mais il faut ici considérer , que si le glossopharyngien est étroitement lié au vague
dans les animaux supérieurs et éloigné de l'acoustique , il n'en est pas de même chez les
TOM. Il, 2' PART. S
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poissons et les reptiles. Quoique collé au vague , dès qu'il est hors du crâne , le glosso-
pharyngien a pourtant sa racine tellement près de l'acoustique , que très-souvent on peut
à peine l'en séparer. Le facial, au contraire, qui, dans les mammifères, est très-distinct
du trijumeau, se confond tellement avec lui dans les poissons et les reptiles, qu'il faut
beaucoup d'attention pour le reconnaître , et que môme il a été méconnu jusque dans ces
derniers temps (*). Sa liaison avec le nerf auditif est en revancbe aussi intime que dans
les autres animaux. On sait donc que le nerf auditif forme, d'un côté, un centre d'attraction
pour le glossopharyngien , de l'autre pour le facial, et que, par lélroite liaison de ce dernier
avec le trijumeau, il se rapproche lui-même du trijumeau. Il n'y a donc rien d'étonnant à ce
que des nerfs qui sont si étroitement unis passent aussi par le même os , celui qui enve-
loppe le centre du labyrinthe , et qui est ici la grande aile , et chez les mammifères le rocher.
Cette manière de voir est encore confirmée par la sortie des branches antérieures et moyennes
du trijumeau. Celles-ci passent toujours par une dépendance du sphénoïde , quels que soient
leur arrangement et leur nombre , et notamment par la grande aile. Mais leur sortie est dé-
terminée en quelque sorte par les organes auxquels ils se rendent ; elle se trouve toujours
près du trou orbital , et l'on devra par conséquent regarder Tos qui donne passage au triju-
meau comme une partie du sphénoïde. Mais si , comme nous l'avons démontré plus haut , le
facial , l'acoustique et le glossopharyngien se rapprochent du trijimieau dans les poissons
et les reptiles , qu'y a-t-il de plus simple qu'ils passent aussi par le même os , d'autant plus que
la sortie du trijumeau ne saurait être reportée plus en arrière, à cause de la situation des
organes qu'il doit servir, tandis que ces autres nerfs, n'ayant pas de rapports intimes avec les
organes des sens chez les poissons , ne jouent qu'un rôle secondaire dans cette classe.
Une autre preuve que c'est réellement la grande aile du sphénoïde dont nous traitons ici ,
nous est fournie par le Polyptère. Il n'existe dans ce poisson qu'un seul sphénoïde sans dé-
membremens , et c'est par une aile de cet os que passe le trijumeau ; cest dans une ex-
cavation de cette aile que sont logés les canaux semicirculaires antérieurs ; c'est une aile
de cet os qui protège latéralement les parties du cerveau qui se trouvent autour de Ihypo-
physe cérébrale , emplacement qui est aussi réservé à la grande aile des mammifères et des
oiseaux , où on la reconnaît aisément.
Los donc , qui protège latéralement le cerveau autour de l'hypophyse ( le mésencéphale )
et qui donne passage aux branches postérieures du trijumeau , est la (jrande aile du sphé-
noïde , qui tantôt forme un os particulier, tantôt est intimement soudée au sphénoïde.
La grande aile une fois reconnue comme telle , nous n'éprouvons plus aucune difficulté pour
l'os n" 13, que nous prenons pour un simple rudiment de rocher, tandis que pour les parti-
(*) M. Vogt a donné des renseignemens très-précis sur la distribulion des nerfs cérébraux des reptiles dans ses Bcy-
trœge sur Nevrologie der Reptilien , insérés dans le 4"" volume des Nouveaux Mémoires de la Société helvétique
des Sciences naturelles , et qui ont puissamment contiibué à débrouiller la nevrologie des poissons.
— S9 —
sans de l'opinion contraire , il est (antôt un os ^^ ormien , tantôt un démonibrcmont du j)arié-
tal. En elTot , si nous suivons la série des vertébrés sur des animaux frais, et non pas sur
des os macérés et séchés , qui ont perdu leurs cartilages, nous verrons d'abord que, chez
les poissons cartilagineux , tout l'organe auditif est entouré de cartilage ; qu'il y a beau-
coup de poissons osseux , qui , quoique possédant des os en dehors , montrent , à l'intérieur,
une boîte cartilagineuse , sur laquelle les os du crâne sont appliqués , de telle sorte qu'on peut
enlever presque tous les os du crâne , sans ouvrir la boite crânienne. Petit à petit les os em-
piètent sur l'intérieur, et au haut de l'échelle , on ne voit plus de cartilage à l'intérieur de la
cavité crânienne. Eh bien ! dans les tètes, qui ont encore beaucoup de cartilage, on ne verra
jamais trace de rocher ; et c'est ainsi qu'il n'existe pas chez le Brochet, comme nous l'avons dit
au chapitre de ce genre (*) ; mais là où la substance osseuse commence à pénétrer en plus
grande masse dans l'intérieur du crâne, et où l'organe auditif commence en même temps à
perdre de l'extension , nous voyons un petit noyau osseux isolé , qui d'abord ne fait qu'en-
velopper une partie des canaux médullaires, mais qui. en gagnant toujours plus en grandeur,
finit par envahir tout l'organe auditif. Cet os ne paraît jamais à la surface extérieure du crâne ,
jamais il ne forme une partie intégrante des parois de la boîte cérébrale. Il n'est là que pour
envelopper le labyrinthe et ses parties , mais il n'y parvient que peu à peu. On ne s'étonnera
donc pas , d'après ce qui précède , que cet os puisse manquer à beaucoup de poissons , qu'il
n'existe pas non plus chez le Polyptère, mais que le Lépidostée le possède sous la forme d'une
petite cuvette creuse, qui enveloppe l'extrémité postérieure du canal semicirculaire postérieur.
Pour compléter notre tableau des démembremens du sphénoïde , il nous reste encore à
parler de Valle orbitaire , n° Ik. Ceux qui voient dans la grande aile le rocher, prennent l'aile
orbitaire pour la grande aile.; d'autres veulent même y voir une partie de l'ethmoïde. Il pa-
raît en effet assez difficile de trouver une fonction particulière à cet os. Tantôt il manque
entièrement , et le nerf optique passe entre la grande aile et le corps du sphénoïde ; dans
d'autres cas , il est très-développé et occupe une bonne et large part de la paroi antérieure
de la boîte crânienne. C'est surtout dans les têtes à cavité crânienne haute et élevée , que
l'aile orbitaire se trouve , par exemple , chez le Lépidostée , tandis que dans les têtes larges et
déprimées , elle disparaît souvent complètement. Ce qui démontre que c'est un lUincmbremenl
du sphénoïde, c'est que, dans le Polyptère, le petit morceau qui lui correspond, n'est qu'une
partie intégrante du sphénoïde. On ne peut cependant envisager cet os , lorsqu'il est détaché,
que comme un os complémentaire, qui se développe à la face antérieure de la voûte crânienne,
là où celle-ci est très-haute et large.
Il en est de même du sphénoïde antérieur n" 15. Lorsque les orbites ont une cloison
développée, cet os est très-considérable; mais lorsque cette cloison n'est que rudimeritaire ,
(') Cette circonstance m'avait même fait nier absolument l'existence du rocher chez les poissons ; je crois cepen-
dant que lorsque l'osselet n. 13 existe, on peut l'envisager comme un rocher rudimentaire.
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il s'efface complètement. 11 y a pourtant une distinction à faire ici entre les animaux supé-
rieurs et inférieurs. Chez ces derniers, les orbites sont placées entre les narines et le cerveau,
de manière que les nerfs olfactifs doivent traverser l'espace des orbites avant d'arriver à la
muqueuse, sur laquelle ils déploient leur action. Chez les oiseaux et les mammifères, il n'en
est pas de même. La cavité revêtue de la muqueuse olfactive s'avance ici jusque vers le
cerveau , tantôt entre les yeux , tantôt au dessus. Il n'y a par conséquent qu'une seule pièce
osseuse qui sépare la cavité nasale de la cavité crânienne , et c'est à travers celle-ci que le
nerf olfactif se fraie un passage. Il ne saurait en être ainsi chez les animaux inférieurs , où
le nerf est obligé de parcourir les orbites avant d'entrer dans la cavité nasale. Qu'il fasse ce
trajet étant enfermé dans un canal complet et osseux, comme chez le Polyptère , ou qu'il le
fasse étant appliqué sur les côtés d'une cloison interorbitaire , cela ne change rien à l'interca-
lation des orbites entre le cerveau et le nez , qui ne se retrouve pas chez les mammifères ni
chez les oiseaux. Il en résulte que si nous envisageons comme caractère distinctif de l'eth-
moïde, chez les animaux supérieurs, la fonction de servir de séparation entre le cerveau et le
nez, il faudrait admettre que l'elhmoïde des animaux inférieurs est déchiré en deux morceaux,
dont l'un serait resté appliqué contre la boite crânienne ( la pièce correspondant à la lame
criblée de l'elhmoïde ), tandis que l'autre aurait été reporté en avant, derrière la cavité na-
sale , et serait ainsi im os entièrement facial correspondant à cette partie de Tethmoïde qui
se trouve chez les mammifères dans la cavité nasale même , et qui reste môme cartilagineuse
dans beaucoup de maminifères. Il n'y a dès lors rien d'étonnant à ce que nous regardions le
cartilage qui entoure le fond des cavités nasales chez les poissons comme le véritable repré-
sentant de cet ethmoïde antérieur ou nasal , et le sphénoïde antérieur, n" 1 5 , connue un eth-
moïde postérieur ou crânien attaché à la face antérieure du crâne.
Celte manière d'envisager l'ethmoïde est encore corroborée par l'étude comparative des na-
saux. En effet, où que nous rencontrions les nasaux dans les trois classes supérieures des ver-
tébrés, nous les voyons toujours enchâssés d'une manière fixe dans les frontaux, formant le toit
extérieur et supérieur des cavités nasales, tandis que l'ethmoïde, qui est fixé en dessous,
ne parait jamais extérieurement à la surface supérieure de la tête , et rarement sur le plafond
de la bouche. Malgré ces relations constantes et très-nettement caractérisées, on s'est obstiné,
en suivant l'opinion de Cuvier, de voir un ethmo'ide dans un os externe immobile , réuni
par une suture au frontal et formant le toit supérieur de la cavité nasale des poissons (*) ,
et l'on a voulu conserver la dénomination de nasaux aux petits os mobiles qui se trouvent en
dessus des ouvertures du nez , et qui servent par leur jeu au mécanisme de l'odorat , en
formant une valve qui s'ouvre et se ferme à volonté. Mais ce jeu qui cause une fluctuation
continuelle à travers la cavité nasale , est une fonction entièrement étrangère aux nasaux .
(*) Il est vrai de dire que la forme ordinaire de cet os est bien faite pour donner le change sur sa véritable signi-
fication , et que le type du Lépidostée pouvait seul mettre sur la bonne voie , comme nous le verrons plus bas.
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"et réservée, dans les aiiiniaux qui respirent de Fair, aux cartilages du nez, qui, nuis par
des muscles plus ou moins puissans , forment un capuchon élastique au devant des na-
saux innnobilcs , capuchon qui , par ses mouvemens , facilite la respiration et la percep-
tion des odeurs. On aurait sans doute retrouvé cette fonction dans les petits ossicules du
nez des poissons, qui restent, chez beaucoup de genres, à l'état cartilagineux, si l'on n'a-
vait craint de ne pas trouver un elhmoïde dans le museau , quoique l'exenqîle du Croco-
dile démontre jusqu'à l'évidence , qu'à côté d'un sphénoïde antérieur, il peut aussi exister
un ethmoïde osseux situé dans le museau. Ne trouvant donc aucune autre pièce osseuse dans
la face des poissons qui aurait pu correspondre à l'ethmoïde, on envisagea comme tel cette
plaque externe qui est enchâssée en avant des frontaux, et l'on se vit forcé de reconnaître des
nasaux dans les petits ossicules du nez. Pour nous , une pareille nécessité n'existe pas. Nous
savons que la tête de chaiiue embryon est d'abord cartilagineuse , que l'ossification se fait
de dehors en dedans, en ce sens, qu'il se forme d'abord des plaques protectrices osseuses, au
dessous desquelles on trouve une capsule cartilagineuse , et que ce n'est que petit à petit
que les os empiètent sur les cartilages. Nous ne serons dès lors pas étonnés de trouver dans
la face des poissons un noyau cartilagineux , remplaçant l'ethmoïde antérieur autour duquel
se placent les nasaux , le vomer , les maxillaires et les autres os qui forment la partie anté-
rieure de la face. Si, indépendamment de ces raisons, tirées des rapports et des fonctions
générales des os que nous venons de mentionner, il fallait encore alléguer des preuves
particulières , nous dirions que la comparaison de la face supérieure du Lépidostée avec
celle d'un Crocodile ou d'un Gavial est de nature à lever tous les doutes à cet égai^d. En
effet, au lieu d'une seule plaque large qui existe chez la plupart des poissons, et sur
laquelle on voit toujours des traces d'une suture médiane , on voit chez le Lépidostée deux
os longs , séparés au milieu et tellement semblables aux véritables nasaux des Crocodiles ,
qu'il est impossible de ne pas les prendre pour les mêmes os. Chez les Lépidostées , il y
a en outre , au lieu de deux petits ossicules latéraux au-dessus des cavités nasales , un ca-
puchon très-mobile, composé d'une pièce mitoyenne et de deux os latéraux de chaque
côté. Voudrait-on aussi paralléliser ce capuchon avec les véritables nasaux? Nous nous résu-
mons en disant que l'os n" 3 de Cuvier , appelé par lui ethmo'kle , est pour nous le nasal ;
que l'os n° 20 , appelé par lui 7iasal , représente pour nous les cartilages mobiles du nez ;
que l'os n° 1 S , le sphénoïde antérieur de Cuvier, est pour nous l'ethmoïde crânien , et qu'au
lieu d'un ethmoïde antérieur ou nastd , il ne se trouve chez les poissons qu'un cartilage
mitoyen.
Nous n'avons que peu de mots à ajouter sur les os qui composent l'arcade palatine. Rien
de plus variable quant à la forme et aux dimensions , rien de plus constant quant à l'empla-
cement de ces os. Le vomer, en avant, pénètre tantôt jusqu'à la face buccale du museau,
tantôt il est caché sous les maxillaires , les infermaxillaires et les palatins , partagé en deux
chez les uns, impair chez les autres. Derrière lui sont \es palatins , tantôt grands et larges,
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séparant entièrement les orbites et les cavités nasales de la bouche , tantôt rapetisses , et
laissant une .large communication entre la bouche et l'orbite : plus en arrière encore , les
pténjyoidiens , soumis aux mêmes variations de taille , souvent soudés et confondus avec le
sphénoïde, souvent libres et articulés sur le crâne ou sur le palatin, et enfin le tramverse,
qui ne jouit d'un certain développement que chez les reptiles , où il établit une jonction
postérieure entre le maxillaire , le jugal et le ptérygoïde ; tandis que dans les poissons , il se
trouve déjà fort réduit et manque même quelquefois entièrement , comme chez les animaux
supérieurs. La destination de tous ces os est évidemment de former un plafond plus ou
moins complet, qui sépare le canal nutritif des deux organes antérieurs des sens, de l'œil et du
nez , et c'est suivant l'emplacement respectif de ces organes , et suivant le développement
si variable du museau et de la bouche, que leur forme et leur grandeur se modifient.
INous arrivons maintenant au temporal et à ses démembremens ; ici il nous sera moins fa-
cile d'établir l'accord entre la conformation si variée de ces os dans les différons vertébrés.
J'espère néanmoins , qu'en suivant notre méthode, et en étudiant soigneusement les fonctions
de ces os, nous arriverons à une solution satisfaisante du problème.
Rappelons-nous d'abord qu'il existe plusieurs parties très-distinctes dans le temporal .
parties qui remplissent des fonctions fort diverses , et dont la réunion en un seul et même os
s'opère chez les vertébrés supérieurs par une des transformations les plus remarquables qui
existent dans tout le développement des êtres organisés. Nous avons déjà déterminé le rocher
comme la capsule osseuse du labyrinthe interne , et nous l'avons retrouvé jusque dans les pois-
sons avec la même signification, quoique dans un état rudimentaire. Nous distinguons encore
dans le temporal complet les parties suivantes : VécaUle , servant de complément à la paroi la-
térale du crâne dans sa partie postérieure ; le mastoïdien , servant de rempart postérieur à la
cavité tympanale ; la caisse, logeant les parties principales de la cavité tympanale ; Vanneau
tympanique, servant d'appui à la membrane du tympan; V apophyse jugale , formant l'appui
postérieur de l'arcade zygomatique ; Y apophyse styloïde , offrant une insertion à l'os hyoïde ,
par laquelle ce dernier se fixe au crâne, et enfin l'os carré, formant la surface articulaire
sur laquelle la mâchoire inférieure exerce ses mouvemens. La manière variée dont ces diffé-
rentes pièces se soudent ensemble, se séparent et se combinent, occasionnent ces innom-
brables variations auxquelles le temporal est sujet dans son ensemble.
U écaille du temporal est destinée , comme nous venons de le voir, à proléger les parties cé-
rébrales postérieures de la tête, sur la face latérale du crâne. Sa grandeur, la part qu'elle
prend à la formation de la surface interne et externe de la boîte crânienne , dépendent essen-
tiellement du degré de développement des frontaux, des pariétaux et des occipitaux. C'est,
en outre, sur elle que se fixe l'apophyse jugale , qu'elle soit mobile ou non; c'est contre elle
que se dirige l'apophyse styloïde ; c'est enfin , sauf le rocher, la seule partie du temporal qui
prenne une part directe à la boite crânienne. D'après ces considérations , il est impossible
de prendre l'os n" 12. que Cuvier a nommé mastoïdien, pour autre chose que pour la
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vérilablc écaille du temporal. 11 prend part à la formation de la boîte cérébrale, il donne
insertion à l'arcade zygomaticjne , enfin , il prête une articulation au préopercule , que nous
regardons maintenant comme le vérilablc représentant de l'apophyse styloïde du temporal.
Toute l'oreille externe , telle qu'elle existe dans les trois classes supérieures des vertébrés ,
nianque entièrement au poisson. Les orifices externes, que l'on a trouvés chez la plupart des
poissons carlilagineux et dans quelques genres des poissons osseux, n'ont rien qui ressemble^
à une cavité tynq)anale, et on a démontré depuis long-temps qu'on chercherait en vain leurs
analogues dans la cavité tympanale des mammifères. Cette absence coînplète s'explique par
la manière dont se forme la cavité tympanique. En effet, elle n'est autre chose que l'ex-
trémité céphalique de la première fente branchiale de l'embryon, de cette fente branchiale
qui se trouve entre le maxillaire inférieur et l'os hyoïde. Cette fente se transforme, se ferme
et s'arrondit en plusieurs canaux et cavités , dans les animaux supérieurs , tandis que chez
les poissons, elle persiste en grande partie dans son état primitif, et les deux arcs branchiaux
qui la bordent, quoique transformés, se reconnaissent encore d'une manière distincte. L'arc
osseux postérieur est formé par l'os hyo'ide et ses diverses dépendances , le préopercule et
le temporal, n" 2.5 de Cuvier ; l'arc antérieur par la mâchoire inférieure, le jugal 26, le sym-
plectique ôi, et le tympanal 21 de Cuvier. Ce qui corrobore encore cette interprétation, ré-
sultat do l'étude embryologique, c'est le trajet de l'artère hyoïde et l'emplacement de la fausse
branchie qui, d'après le développement de l'embryon, est effectivement la branchie dégé-
nérée de l'arc hyoïdal. Cette pseudobranchie, lorsqu'elle existe, se trouve toujours au fond de la
cavité branchiale commune, appliquée sur la face interne de l'os n° 23, et l'artère hyoïde,
faible reste d'un puissant arc vasculaire de l'embryon, passe toujours entre les os n° 2.5 et 27
pour s'y rendre. D'un autre côté, il est facile de se convaincre par l'inspection des manmii-
fères , <jue l'apophyse styloïde , qui sert d'attache à l'os hyoïde , n'est soudée au temporal
que chez l'homme , mais qu'il s'en détache et forme une partie intégrante de l'hyoïde chez
tous les autres mammifères. Donc la série des os composant l'arc branchial hyoïdien , qui
borde en arrière la première fente branchiale ( transformée en cavité tympanique ) , serait
composée des cornes de l'hyoïde, de l'apophyse styloïde et du mastoïdien, qui tous se trou-
vent placés derrière l'ouverture de la cavité tympanale (*).
Il est dès lors facile de faire des rapprochemens entre les poissons , d'un côté , et les ani-
maux supérieurs, de l'autre. L'os Injoi de est le môme partout, et n'est méconnaissable dans
aucun cas. L'os qui l'attache au temporal, est Vapophyse styloïde, qui se retrouve chez les
poissons dans le préopercule. C'est en effet cet os à la face interne duquel l'os hyo'ide des
poissons est suspendu, qui s'articule en haut avec le mastoïdien et très-souvent même sur
l'écaillé du temporal. Le développement considérable que le préopercule prend chez beau-
(*) Voyez de plus amples détails sur le développement de ces parties, à pag. 125 de VEmhitjolorjie dfs Sut moues,
citée ci-dessus.
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coup de poissons , ne doit pas nous surprendre. La fente branchiale est une formation es-
sentiellement cutanée, et le préopercule s'étend quelquefois dans la peau , pour aider à former
ce puissant appareil operculaire destiné à recouvrir les branchies en dehors , et dont les dif-
férentes pièces , depuis les rayons branchiostègues jusqu'à l'opercule', qui n'est autre chose
qu'un rayon branchiostègue plus développé , sont attachées au l)ord postérieur de l'arc bran-
chial de l'hyoïde. L'embryologie nous prouve , en effet , que la formation de l'appareil oper-
culaire n'est qu'un simple produit de la peau, qui peu-à-peu s'étend par dessus les branchies,
d'abord entièrement dégagées dans l'embryon ; aussi le préopercule a-t-il, dans les premiers
temps de son existence , une forme presque cylindracée ; mais à mesure que le repli de la
peau qui forme la première trace de l'appareil operculaire , s'étend en arrière , la partie ex-
térieure du préopercule se développe aussi , et forme cette plaque large, de forme si variée ,
que l'on retrouve dans beaucoup de genres. L'on peut, en effet, presque toujours distinguer
dans le préopercule deux parties bien distinctes ; l'une cachée sous la peau , et passant der-
rière l'os n° 2.5; l'autre, extérieure, paraissant en dehors comme une écaille, et présentant
les liaisons les plus variées avec les os environnans. C'est ainsi qu'en se soudant intimement
au jugal et aux écailles et en couvrant les joues , le préoperculc devient , chez le Polyptère et
chez les Joues cuirassées , une large plaque recouvrant tout l'intérieur de la fosse temporale ;
comme c'est en s'étalant en sens inverse qu'il forme ces piquans dont il est hérissé dans beau-
coup d'espèces de Cténoides. Mais, au fond, ces formes sont étrangères à sa véritable voca-
tion , qui est de servir de pièce d'attache entre le premier arc branchial ( l'arc hyoidal ) et le
temporal.
Cette analogie une fois fixée , on n'éprouve plus de difficulté pour l'os n° 20 , que Cuvier
prenait pour le temporal , et dont Hallmann fait l'os carré. C'est le mastoïdien , ou bien ,
si l'on tient rigoureusement compte de l'insertion de l'apophyse styloïde chez l'homme, un os
formé par la fusion du mastoïdien et de l'anneau tympanique. On sait, en effet, que le mas-
to'idien n'est creux que dans le plus petit nombre des mammifères, qu'il acquiert une grande
solidité chez la plupart d'entre eux , et qu'en outre, le caractère tiré de ce fait, que des dé-
pendances de la cavité tympanale s'y logent, ne saurait être un trait distinctif, du moment
que des dépendances semblables se logent aussi dans d'autres os. Mais toujours est-il que le
niasto'idien forme un rempart solide derrière l'ouverture tympanale, qui donne attache aux
muscles de la langue et aux abaisseurs de la mâchoire inférieure. Le mastoïdien n'est nulle
part séparé du temporal écailleux dans les autres animaux , et nulle part il n'est aussi dé-
veloppé que chez- les poissons. Mais ceci n'est pas une raison pour méconnaître sa nature ; car,
comme nous l'avons dit plus haut , c'est chez les poissons qu'il faut chercher les pièces fonda-
mentales qui constituent l'ensemble de la fente branchiale tympanique , et c'est chez les ani-
maux supérieurs que l'on peut , au besoin , retrouver ces pièces , soudées et défigurées
sous la forme d'apophyses du temporal. Quant à Vanneau tympanique, je ne crois pas qu'on
puisse le retrouver ni en entier ni en partie dans notre pièce n° 23 , attendu qu'il doit plutôt
à
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èlre envisagé comme un os propre aux animaux siipéi-ieurs , servant d'appui à une formation
enlièrement nouvelle , la membrane du tympan. Or, une pièce qui fermerait l'ouverturt?
d'une fente branchiale ne peut exister, tant elle serait contraire à la fonction qu'une fente
branchiale doit exercer.
L"arc aniérieur , formé par la mâchoire inférieure, l'os carré et la caisse, est maintenant
susceptible dètre déterminé avec la même facilité. L'os qui porte l'articulation de la mà-
cJioire, qu'il soit libre et mobile, qu'il soit fixé à la caisse par une suture, ou entièrement
confondu avec cetic dernière et aAec l'apophyse jugale, sera toujours l'os carré. Il n'y a rien
d'étonnant qu'il soit plus considérable chez les poissons, les reptiles et les oiseaux, où les
fonctions digestives sont si développées, que chez les mammifères, où les parties faisant cette
fonction sont subordonnées au développement plus considérable du crâne. La suture intime
de la face articulaire du temporal avec la caisse, chez les Tortues, démontre jusqu'à l'évidence
que c'est dans l'os n" 27 , le tympanal de Cuvier, qu'il faut chercher le véritable représentant
de la caisse (*), qui est, comme le mastoïdien, une pièce plate chez les poissons, puisqu'elle
ne borde , comme ce dernier, qu'une fente longitudinale. Qu'on suppose maintenant que ces
deux pièces soient destinées à se rapprocher pour former une cavité close des deux côtés ; ils
se creuseront, se rapprocheront, et formeront un tout, dans lequel la partie antérieure de la
voûte représentera l'ancienne lame antérieure, la caisse, et la paroi postérieure, le masto'idien.
Le dernier os qui reste encore à déterminer, c'est le n" 31 , le symplectique de Cuvier. Dans
l'embryon , toute la face interne de l'arc maxillaire est longée par im cylindre cartilagineux
qui, chez les animaux supérieurs, part du marteau de l'oreille, mais dont le manche collé
au marteau manque aux poissons, puisqu'ils n'ont point d'osselets de l'ouïe. Le cylindre car-
tilagineux se retrouve à la face interne de la mâchoire inférieure chez beaucoup de poissons
osseux même d'âge adulte. Il se divise en deux parties ; la supérieure qui longe la face interne
de l'os carré s'ossifie et devient le symplectique ; l'inférieure reste cartilagineuse , et n'a pas
même été reconnue par nos prédécesseurs, quoiqu'elle soit fort grosse. Ce cj^lindre, à moitié
ossifié , est celui que l'on connaît en embryologie sous la dénomination de Y apophyse de Mec-
kel, et que Dugès, dans sa description du développement des os des Batraciens, a nommé
tympano-malléal . Dans l'embryon, il forme, ainsi que nous venons de le dire, la pièce d'ap-
pui, autour de laquelle viennent se développer les os de l'are maxillaire.
L'arcade zygoinatiqne enfin est le dernier des appareils dont nous avons à nous occuper
dans cette énumération. Sa mission est de fournir une liaison entre la mâchoire supérieure
et l'arc maxillaire inférieur, au moyen d'une série d'os, qui tantôt sont mobiles, tantôt fixés
d'une manière immobile. Précisée de cette manière, elle doit se trouver dans le chaînon
(') Je regarde la caisse , ou l'os clans lequel est logée la cavité tympanale , comme un os distinct de l'anneau tympa-
nique, qui n'est que le cadre de la membrane du tympan. Ces deux os, presque toujours soudés ensemble, ont été
confondus sous la dénomination de tympanal ou[de la caisse.
TOM. !I, 1' PART. 9
— 66 —
d'osselets plus ou moins complets qui forme le bord intérieur de l'orbite chez les poissons,
et qui , dans beaucoup de genres , forme , avec les écailles de la joue et le préopercule , une
seule plaque, qui recouvre toute la joue, et au-dedans de laquelle sont cachés les grands
muscles masticateurs. La même chose a lieu chez les animaux supérieurs; le muscle tem-
poral passe sous l'arcade zygomatique, le masseter s'attache à sa face interne. Les sousor-
bitaires n° 19 répondent donc à V arcade zygomatique, composée, lorsqu'elle est complète,
de Y apophyse jmjale du temporal, du quadratomaxillaire , du jugal et de l'apophyse jugale du
maxillaire supérieur.
En étudiant l'ostéologie du Brochet à l'occasion des espèces fossiles de ce genre (Vol. V,
2® part. , pag. 68), j'avais été conduit à envisager les pièces operculaires mobiles comme de
véritables rayons branchiostègues ; j'avais même signalé la liaison de l'os hyoïde avec le préo-
percule , comme une preuve de cette analogie ; mais je m'étais arrêté là , sans faire de retour
sur les autres os et sans rechercher les autres rapprochemens auxquels on pourrait arriver en
partant de cette nouvelle manière de voir. M. Vogt en examinant plus tard, de son côté, cette
question lui fit faire un autre pas également important. Il eut l'heureuse idée de paralléliser
le préopercule avec l'apophyse styloïde du temporal , à laquelle les cornes de l'os hyoïde s'at-
tachent chez les vertébrés supérieurs. Ce rapprochement devint un nouveau point de dépari
pour d'autres comparaisons qui m'ont permis de paralléliser enfin d'une manière plus rigou-
reuse que précédemment les divers démembremens du temporal. Dès lors j'ai dû modifier
de nouveau, dans ce qu'elles me paraissent maintenant avoir d'erroné, plusieurs des déter-
minations de mes devanciers que j'admettais encore dans le chapitre du Brochet, pour fixer
définitivement la nomenclature des os de la tête des poissons de la manière dont je viens de
l'exposer.
Pour mieux faire ressortir l'importance des changemens que nous proposons dans la déno-
mination des os , et pour en faciliter la comparaison avec les dénominations de mes prédé-
cesseurs, je joins ici un tableau comparatif, comprenant les noms de Cuvier, les chiffres
qu'il a donnés aux différons os dans son Histoire naturelle des poissons , et mes propres dé-
terminations. Le lecteur pourra ainsi facilement se faire une idée des points sur lesquels je
diffère de Cuvier et des autres anatomistes ; car on sait que Cuvier a mis le plus grand soin ,
à rapporter, dans son histoire naturelle des poissons, vol. I, toutes les opinions des diffé-
rons anatomistes sur la détermination des os.
NUMÉROS DÉSIGNATIONS DE CUVIER. MES PROPRES DENOMINATIONS,
des os.
1. Frontaux principaux Frontaux principaux.
2. Frontaux antérieurs Frontaux antérieurs.
3. Ethmoïde Nasaux.
U. Frontaux postérieurs Frontaux postérieurs.
3. Basilaire Basilaire.
I
— 67 —
NiriMÉROS DÉSIGNATIOISS DE CUVIER. MES PROPRES DENOMINATIONS.
des os.
6. Sphénoïde principal Sphénoïde principal.
7. Pariétaux Pariétaux.
8. Occipitaux supérieurs Occipitaux supérieurs.
9. Occipitaux externes Occipitaux externes.
10. Occipitaux latéraux Occipitaux latéraux.
i i . Grandes ailes du sphénoïde .... Grandes ailes du sphénoïde.
12. Mastoïdiens Écailles du temporal.
13. Rochers Rochers rudimenlaires.
ik. Ailes orbitaires Ailes orbitaires.
15. Sphénoïde antérieur Ethmoïde crânien.
16. Vomer . Vonier.
17. Interniaxillaires Intermaxillaires.
18. Maxillaires supérieurs Maxillaires supérieurs.
19. Sous-orbitaires Juiraux.
20. Nasaux Cartilages mobiles du nez.
21. Surtemporaux Surtemporaux.
22. Palatins Palatins.
23. Temporaux Mastoïdiens.
24. Transverses Transverses.
2d. Ptérygoïdes internes Pterygoïdes internes.
26. Jugaux Os carrés.
27. Tympanaux Caisses.
28. Operculaires Operculaires.
29. Styloïdes Styloïdes de l'os hyoïde.
30. Préopercules Apophyses styloïdes du temporal.
31. Symplcctiques Tympano-malléaux.
Après ces considérations générales , une discussion approfondie de tous les caractères dis-
tinctifs des poissons et des reptiles en général serait sans doute fort à désirer , mais c'est chose
impossible avec les matériaux dont nous disposons, les points en litige exigeant des re-
cherches anatomiques sur les parties molles d'animaux qui sont encore trop rares. Nous
croyons néanmoins devoir exposer nos idées sur les dilïérences et les affinités que présente
Tostéologie , puisque c'est dans ces seules limites que peuvent se discuter les caractères qu'of-
frent les fossiles douteux. En elïet, si l'on considère, d'un côté, les longs débals qui ont eu
lieu , et qui se reproduisent encore tous les jours sur la nature d'animaux vivans que l'on a
eus entiers sous la main, et que l'on peut examiner à loisir, et si Ton tient compte d'un autre
côté, des nombreuses difficultés que soulève l'étude des fossiles, où l'on n'a souvent à sa
— 68 —
disposition que des morceaux brisés , mutilés et défigurés , on ne s'étonnera pas qu'il reste
encore beaucoup de doutes sur un grand nombre de fossiles , que les auteurs ont peut-être
placés avec trop de précipitation dans l'une ou l'autre classe des vertébrés.
Et d'abord, ce qui est évident, c'est qu'à l'avenir l'existence d'un double voma^el même
d'un canal nasal spacieux, ne suffit plus pour envisager un animal comme appartenant de
droit à la classe des amphibiens. M. Owen , en parlant des Labyrinthodontcs , a voulu tirer
de ces deux caractères un argument en faveur de la nature batracienne de ces fossiles. Il
dit : (*) « A l'opposile du bord alvéolaire , le bord fracturé laisse apercevoir le tranchant d'une
plaque osseuse mince , non interrompue dans son extension longitudinale , et formant le plan-
cher d'une cavité nasale large , mais peu profonde ; ce qui est une indication que le Laby-
rinthodon respirait l'air comme les autres reptiles. » Le Polyptère nous prouve au contraire
que l'existence d'un canal nasal très-haut et très-large , et certainement beaucoup plus spa-
cieux que dans la plupart des reptiles connus, n'implique pas nécessairement ime respiration
de l'air, puisque le Polyptère est sous ce rapport aussi poisson que les autres poissons ; et ce-
pendant, personne ne contestera la grande analogie qui existe entre l'arrangement du pla-
fond palatin, tel que nous le trouvons chez le Polyptère, et celui d'un Batracien; il n'y a
pas jusqu'aux solutions de continuité que Ton observe chez le premier, qui ne ressemblent
beaucoup aux ouvertures naso-palatines des Batraciens. Les Myxinoïdes ont d'ailleurs de vé-
ritables ouvertures naso-palatines, qui ne sont pas fermées, même sur l'animal vivant. Le
double vomer ne saurait pas non plus décider la (piestion en litige depuis que le Lépidostée
nous montre qu'il existe aussi dans la classe des poissons. Mais l'étude des Sauroïdes, en in-
firmant ainsi la valeur des caractères que l'on croyait tranchés , a eu un autre résultat , c'est
de nous apprendre que c'est par la présence de ces mêmes caractères que les Sauroïdes se
rapprochent des reptiles, et forment une sorte d'intermédiaire entre les deux classes.
Si nous étudions attentivement la série des animaux placés entre les reptiles et les pois-
sons , nous verrons qu'ils se divisent en deux lignes qui se touchent en plusieurs points. La
tribu des Sauroïdes avec ses nombreux genres fossiles , dans lesquels sont aussi compris les
Dendrodes et leurs deux représentans vivans, le Lépidostée et le Polyptère, lient de trop près
aux poissoiis, pom- que l'on puisse avoir de doutes sur sa véritable nature. Les Labyrintho-
dontes s'en rapprochent le plus, et forment le passage aux Batraciens, qu'ils lient d'une ma-
nière étroite aux poissons par le Polyptère , tandis que le Lépidostée se rapproche davantage
des Sauriens, et notamment du Crocodile. Les Labyrinthodontcs sont, en effet, tellement voi-
sins des poissons , qu'il n'y aurait plus aucune raison de les éloigner de ces derniers, du mo-
ment que l'on aurait démontré qu'un poisson peut avoir une double tête articulaire à l'occiput.
Mais c'est entre les êtres vivans que l'on trouve la combinaison la plus étrange des caractères
des poissons et des Batraciens perennibranches. Le Lépidosiren réunit à des canaux muciques
(*) Odontograpliy, pag. 208.
— 69 —
et à une osléogenèsc complètement analogue à celle des poissons les plus grandes affinités avec
le Protée et les Sirènes en général, dans l'arrangement des poumons et de la circulation:
on dirait que les parties dures du poisson sont combinées avec les parties molles d'un Ba-
tracien. D"un autre côté, nous avons dans les Ichthyosaures une tête de Saurien, combinée
avec la colonne vertébrale et les nageoires d'un poisson; or l'Iclithyosaure est aussi sûrement
un reptile que le Lépidostée est un poisson ; mais il n'est pas aussi facile de prononcer sur les
Lépidosirens et les Labyrintliodontes.
11 parait, d'après l'étude ostéologique de. ces différens êtres, que, dans l'état actuel de nos
connaissances . on ne peut fixer comme caractères distinclifs que les suivans , qui tous
sont tirés de lostéologie ; de l'aveu même de nos anatomistes les plus distingués, les parties
molles n'oflVenl aucun caractère trancbant.
M. Jean Millier ne signale, dans son Ostéologie des Myxinoïdes (*), qu'un seul caractère qui
soit propre à toute la classe des poissons ; tous les autres que nous allons énumérer ci-après ,
ne s'appliquant en général qu'à certaines divisions. Ce caractère consiste dans l'existence
de pièces vertébrales inférieures , qui partent des apophyses transversales , sur lesquelles sont
fixées les côtes, et qui sont fort différentes des véritables apophyses transverses, (jui se
trouvent en-dessus. L'existence de ces apophyses transverses inférieures insérées le long de
la région dorsale, portant seules les côtes, prouve, d'après M. J. Millier, que l'animal es!
un poisson , puisque ce n'est que sous la queue des autres vertébrés , mais jamais sous la
partie dorsale , que l'on trouve de pareilles apophyses transversales inférieures. Ces apophyses
se recourbent en bas et deviennent les supports des apophyses épineuses inférieures. Il y a
des poissons , par exemple lePolyptère, qui ont, à côté des apophyses transverses inférieures,
des apophyses transverses latérales aux vertèbres delà queue, comme les amphibies, et ceci
constitue encore l'une des nombreuses analogies que notre sauroïde présente avec les rep-
tiles. 11 paraît en effet que la généralité de ce fait est assez bien établie. On a retrouvé ces
pièces vertébrales inférieures, munies d'apophyses transverses, qui portent les côtes, chez
tous les poissons , même chez les cartilagineux , tandis que la région dorsale n'en montre
que chez les reptiles. Chez la plupart des Sauriens fossiles et chez beaucoup d'autres Ganoïdes
anciens ces îîj)ophyses inférieures et supérieures sont même seules ossifiées , tandis qu'au lieu
de vertèbres , il se trouve une corde dorsale qui , dans les fossiles , a entièrement disparu ;
cette organisation se retrouve aussi, comme on sait, dans le Lépidosiren. Même l'Iclithyo-
saure, dont les vertèbres ont les plus grandes affinités avec celles des poissons par leurs
doubles facettes excavées en cône, n'a pas ces pièces inférieures à la région dorsale, et les côtes
sont articulées sur la partie supérieure des corps de vertèbres. Les poissons cartilagineux,
à vertèbres distinctes, ceux à corde dorsale permanente, y compris le Lépidosiren, ne font
pas exception à la règle ; tous présentent les mêmes pièces inférieures , et il paraît ainsi que
(*) Page 94 et suivantes.
— 70 —
l'on peut regarder l'existence d'apophyses transversales inférieures dans la région dorsale comme
un caractère distinctif général de première valeur, sauf à modifier celte manière de voir
si des découvertes ultérieures conduisent à d'autres résultats.
La colonne vertébrale du poisson n'offre, en effet, aucun autre caractère tranché. Pen-
dant longtemps . il est vrai , les vertèbres à doubles facettes creusées en cônes ont été envisagées
comme caractéristiques pour les poissons, et elles se retrouvent en effet chez la plupart des
poissons. Mais si l'Ichthyosaure prouve qu'il peut exister des reptiles avec de pareilles ver-
tèbres, le Lépidostée, d'un autre côté, montre jusqu'à l'évidence que des vertèbres à facettes
articulaires bombées ou arrondies à tète yléno/dale antérieure , ne sont pas une preuve de la
nature amphibienne de l'être auquel elles appartiennent. Les facettes articulaires, de quelque
manière qu'elles soient disposées , ne peuvent donc pas être considérées comme caractères
distinctifs d'une classe, mais n'ont qu'une valeur secondaire.
Il n'en est pas de môme de la corde dorsale. On sait maintenant par les recherches des
embryologistes que cette corde, qui se continue sans séparation visible chez beaucoup de
poissons cartilagineux, par exemple chez les Esturgeons, les Cyclostomes, le Lépidosiren,
est la base commune autour de laquelle se forme la colonne vertébrale , et qu'il n'existe
aucun vertébré qui ne possède, pendant sa vie embryonaire, une pareille corde dorsale.
Jusqu'ici on ne connaît aucun reptile chez lequel cette corde dorsale persiste dans l'état
adulte; elle disparait partout pour faire place à des vertèbres séparées et distinctes. Chez les
poissons, cette persistance de la corde dorsale est au contraire fréquente, et l'on pourra désor-
mais admettre avec une parfaite sécurité, qu'un animal chez lequel on trouve une corde
dorsale persistante pendant toute sa vie , doit nécessairement rentrer dans la classe des pois-
sons. Malheureusement il n'y a parmi les êtres douteux qui nous occupent que le genre Lépi-
dosiren , et peut-être quelques poissons fossiles voisins des reptiles , qui aient une corde pa-
reille, tandis que tous les autres genres problématiques ont des vertèbres bien distinctes et
très-nettement développées , qui , comme nous l'avons dit plus haut , ne sauraient constituer
à elles seules un caractère de classe.
Un autre caractère distinctif des reptiles, qui tient de près à la conformation de la colonne
vertébrale, c'est la conformation de la /"«ce articulaire de l'occipital. Partout où il existe une
articulation entre la tête et la colonne vertébrale chez les poissons, cette articulation est
creuse, jamais bombée. Les poissons à corde dorsale persistante ne possèdent point d'arti-
culation dans cet endroit, la corde se continuant sans interruption dans la base du crâne, et
chez les autres, la fosse articulaire de l'occipital correspond ou à un cône creux de la première
vertèbre, ou bien, chez le Lépidostée, à une tête glénoïdale bombée de l'atlas. Les reptiles
présentent deux variations notables à ce sujet; les uns n'ont qu'une face articulaire (les Sau-
riens, etc.), les autres en ont deux latérales (les Batraciens); mais ces faces sont toujours
bombées ; ce sont de véritables têtes glénoïdales , auxquelles correspondent des fosses articu-
laires sur le devant de l'atlas. Jusqu'ici, nous ne connaissons aucun fait qui contredise cette
I
— 1{ —
conformation de la face articulaire des reptiles, de même que nous n'avons pas encore trouvé
un seul poisson qui présentât une face articulaire bombée. Nous devons pourtant faire re-
marquer que chez nos Sauroïdes vivans , et notanniient chez le Polyptère , la face articulaire
est tellement déprimée et élargie , et ses deux angles latéraux si saillans , qu'il ne faudrait
que peu de chose pour changer cette face articulaire transverse avec ses deux arêtes latérales
en deux tètes articulaires distinctes. Quant aux Labyrinlhodontes, nous n'avons pas vu leur
colonne vertébrale en nature, et nous ne pouvons par conséquent pas juger jusqu'à quel
point la double tète articulaire se l'approche de la conformation du Bichir ; mais toujours
est-il que l'existence de deux faces glénoïdales bombées est le seul caractère qui parle en fa-
veur de la nafture batracienne de ces curieux fossiles, dont les autres caractères se rapprochent
plutôt des poissons.
Un dernier caractère des poissons c'est l'existence de canaux- mucifères de la peau ,
qui s'ouvrent au dehors et dont les ouvertures pénètrent très-souvent les écailles, sur la
tète comme sur le corps. Ces canaux manquent, il est vrai, à quelques poissons de la classe
des Cyclostomes, tandis qu'ils existent généralement chez le reste de la classe. Mais leur
absence est un fait général chez les reptiles : au moins n'a-t-on encore signalé aucun rep-
tile sur lequel de pareils canaux eussent été découverts. On peut donc dire en toute sûreté
qu'un animal sur lequel on trouve des canaux mucifères, appartient à la classe des
poissons, tandis que le manque de cet appareil n'implique pas nécessairement son éloi-
gnement de la même classe. Les canaux mucifères de la tête des poissons offrent une
autre particularité dont il importe de tenir compte ; ils sont très-souvent recouverts de
parties dures, écailleuses , destinées à les envelopper et à les protéger. Dans le Bichir.
les canaux muqueux sont garnis , dans tout leur trajet , de pareilles pièces osseuses ; chez
d'autres , les canaux sont creusés dans les os mêmes du crâne et de la face , et les écailles
manquent complètement. Il va sans dire que ces os ne se retrouvent nulle part sur la
tête des reptiles, puisque l'appareil mucifère qu'ils doivent protéger manque lui-même.
Dès lors, les animaux qui ont la tête garnie dé pièces perforées pour le passage de canaux
mucifères, doivent être rangés parmi les poissons.
L'appareil operculaire est l'un des appareils les plus indispensables pour le genre de
vie des poissons. Aussi existe-t-il assez généralement chez tous les poissons osseux ; il n'y
a que ceux des poissons cartilagineux qui n'ont pas de pièces osseuses dans la peau , qui
en soient dépourvus. 11 manque entièrement aux reptiles, et l'on peut donc dire, d'après
l'état actuel de nos connaissances , que sa présence est une preuve que l'animal appartient
à la classe des poissons, tandis que son absence n'est pas un motif pour placer un
animal dans la classe des reptiles.
Nous n'avons que peu de mots à ajouter sur les organes locomoteurs et sur la valeur
qu'on doit assigner à leur formation. Nous voyons les pieds se rapetisser beaucoup dans
la classe des reptiles , principalement dans les Sauriens et dans les Serpens , où ils sont
— 72 — -
inôinc réduits à de petits stylets placés sur les côtés de l'anus. Une formation analogue
s'observe chez les Lépidosirens , dont les pieds de devant, aussi bien que ceux de derrière,
ne forment que des cylindres pointus , sans articulation quelconque. Les Lophius , les
Mallhés et quelques autres genres de poissons de forme baroque , ont sans doute des na-
geoires pectorales développées comme des bras et des mains , dont ils se servent aussi de la
même manière que certains reptiles pour s'appuyer ou pour ramper sur la terre. D'un autre
côté, les Ichthyosaures et les Plésiosaures ont des nageoires complètes qui se rapprochent
sensiblement de celles des poissons. L'existence de bras et de mains ne peut donc pas être
envisagée comme une preuve que l'animal qui en est muni est un reptile , de même que
l'existence de nageoires ne saurait le faire rentrer dans la classe des poissons.
La structure et V implantation des dents se présentent au premier abord comme très-essen-
tielles sous le point de vue que nous traitons. Mais une étude plus approfondie nous a appris
qu'il est impossible de fonder un caractère de classe tranché sur la structure microscopique ,
ou sur la condition extérieure des dents, et que les transitions que l'on observe dans d'autres
systèmes d'organes , se reproduisent aussi dans l'armure de la bouche. Quant à la manière
dont les dents sont réparties , on sait fort bien qu'aucun os servant à la formation du pla-
fond de la bouche, n'est exempt de dents chez certains Batraciens, et que le vomer, le
sphénoïde , les palatins , les plérygoïdiens , portent aussi bien des dents chez les reptiles nus
que chez les poissons. Il en est autrement de la mâchoire inférieure ; la grande majorité des
reptiles n'a qu'une simple rangée de dents à la mâchoire inférieure, et il n'y a même qu'une
seule famille, les Cécilies, qui en montrent une double. Chez les poissons, au contraire, il
n'est pas rare de trouver plusieurs rangées de dents dans la mâchoire inférieure l'une derrière
l'autre; l'on rencontre même, chez plusieurs poissons , chez le Polyptère, par exemple, une
large lame dentaire au point de réunion des deux mâchoires , sur laquelle un grand nombre
de dents sont implantées. Les Labyrinthodontes montrent la même conformation. Loin de
présenter une simple rangée secondaire en arrière de la principale , ils montrent , au con-
traire , un très-grand nombre de dents irrégulièrement disséminées dans l'angle de réunion
des deux mâchoires, et ce fait, quoiqu'il ne soit pas exclusif, devra toujours être considéré
comme très-important dans l'appréciation des caractères de cette curieuse famille.
La structure microscopique des dents n'est pas plus concluante. 11 est vrai qu'on n'a pas
encore trouvé de dents de reptiles présentant des canaux médullaires isolés et ramifiés, sans
(pi'il y ait une cavité pulpaire commune dans le centre de la dent ; et le Lepidosiren qui
présente cette structure, se montre aussi sous ce point comme un véritable poisson. Mais
quant aux autres genres douteux , leurs dents appartiennent toutes à un groupe , que nous
avons désigné dans les généralités sur la dentition, vol. I, sous le nom de dents à dentine
plissée ; c'est-à-dire qu'elles présentent une cavité pulpaire centrale avec des processus laté-
raux. déterminés par des plissemens de la dentine. Ces plissemens sont souvent tellement
compliqués que l'on pourrait les confondre avec ceux des canaux médullaires isolés. Le degré
— 7.- —
le plus simple de ces plissemens nous est offert par le Lépidostée et les genres éteints des
Megalichtliys et des Ichihyosaures; les Rhizodus, les Saurostomus montrent une conforma-
tion déjà plus compliquée; les Labyrinthodons et en dernier lieu les Dendrodus se placent
au haut de l'échelle et présentent des plissemens tellement tortueux , que l'œil a de la peine
à les suivre dans les coupes transversales des dents.
Lu structure des écailles ofïvail , avant que l'on connût les Cécilies , un très-bon caractère
Les écailles des Ganoïdes , il est vrai , se rapprochent sous beaucoup de rapports des plaques
osseuses dont les Crocodiles et les autres Sauriens sont recouverts. Mais il est facile de s'as-
surer, par une étude microscopique , que l'analogie n'est qu'extérieure , que le revêtement
émaillé des écailles ne se trouve jamais chez les reptiles, et que les écadles de ces derniers
sont toujours composées d'une seule substance, la substance osseuse. Dès-lors, si une écaille
qui est couverte d'une couche d'émail , doit par-là même être envisagée comme provenant
d'un poisson , il ne s'ensuit pas que les plaques composées uniquement de substance osseuse
appartiennent nécessairement à des reptiles ; car certains poissons , et notamment les Estur-
geons et quelques genres fossiles , ont des plaques osseuses tout-à-fait semblables à celles des
Crocodiles et des Labyrinthodons.
Nous nous résumons en disant que nous n'avons trouvé qu'un seul caractère général et dis-
tinctif de la classe des poissons , savoir l'existence de pièces vertébrales et d'apophyses trans-
versales inférieures, dans la région du dos ; qu'il n'existe de même qu'un seul caractère gé-
néral pour la nature amphibienne d'un animal , savoir l'existence de facettes articulaires bom-
bées à l'occiput ; que la présence d'une corde dorsale persistante , de canaux muqueux ouverts
à l'extérieur et d'un appareil operculaire , sont des preuves certaines que l'animal qui en est
muni est un poisson, quoique leur absence ne prouve pas du tout qu'il doive être éloigné de
cette classe; et enfin , que l'existence de doubles vomers, d'ouvertures naso-palatines , la con-
formation des organes locomoteurs , les dents et les vertèbres, n'ont qu'une valeur secondaire
dans l'appréciation des caractères d'un animal douteux.
TOM. II, rPAKT. " 10
— 74 —
CHAPITRE III.
DU GENRE PYGOPTERUS Agass.
Le développement excessif des nageoires est un caractère qui frappe au premier coup-d'œil
dans ce genre. La caudale en particulier est très-robuste, à lobes inégaux , largement échan-
crée et portée par un pédicule ^igoureux. Ce caractère, il est vrai, se retrouve également,
quoique à un moindre degré , chez les Acrolepis. Mais ce qui caractérise plus particulière-
ment les Pygopterus , c'est qu'à celte caudale inéquilobe se joint une anale fort longue qui
garnit le bord inférieur du corps sur une grande étendue. La dorsale est opposée à l'es-
pace entre les ventrales et l'anale , mais de manière à être plus rapprochée de cette dernière.
Les nageoires paires sont moins développées. Il existe en avant de toutes les nageoires une
série de petits rayons qui se prolongent sous la forme de fulcres de plus en plus petits jus-
qu'à l'extrémité du rayon antérieur. Le squelette est robuste , et les vertèbres sont en
général plus larges que longues. La mâchoire supérieure déborde la mâchoire inférieure ;
l'une et l'autre sont armées de dents coniques très-pointues. Les écailles sont petites propor-
tionnellement à la taille du poissoji ; elles sont lisses , rhomboïdales et s'étendent non-seu-
lement sur le corps , mais encore sur l'origine des nageoires et recouvrent même tout le lobe
supérieur de la caudale , jusque près de son extrémité. En restaurant ce type d'après les débris
qu'on en possède , j'ai trouvé qu'il devait avoir à-peu-près la forme et la physionomie que je
lui ai données dans ma Tab.B, fig. 3 du Vol. i. Seulement ses dimensions étaient beaucoup
plus considérables. Il parait surtout avoir dominé dans les formations anciennes , et particu-
lièrement à l'époque du Zechstein et de la houille, où il représentait les Eugnalhus et les Ca-
turus de l'époque jurassique.
L Pygopterus Humeoldti Agass.
Vol. 2,Tab. SI et ^5.
SVN. Palceothrissum magnum Blaiiiv. Ichtliyolitlies in nouv. Dict. des se. nat. Tom. 28.
Pygopterus Hum-holdti Ag. Munster Beytrage zùr Petrefaktenlv. Heft 5. p. 48. Tab. S, fig. 1.
Palœoniscus exsculptus Germar die Versteiner. des Mansfelder Kupferscli. Halle 1840. — Kiirtze coramentatio de jie-
trefaclis qiiœ in schislo Ijitiim. Mansf. reper. Hallse 1839.
Esox eislebensis Blainv. Ichtliyol. in Nouv. Dict. des se. nat. Tom. 28. — Wolfart Hassia subterranea. Tab. 18 et 19.
C'est ce poisson que M. de Blainville a décrit sous le nom de Palœothrissum magnum. La
plaque d'après laquelle cet auteur a établi son espèce , se trouve dans la collection de M. Alex.
— 7S —
Brougniart. ol comme elle est très-incomplète . il n'est pas étonnant qu'il ait pris le change sur
sa véritable nature. Ce qui est certain, c'est que ce n'est pas un Pal.Tothrissum, mais bien un
Sauroïde du genre Pygopterus. Ce qui aura sans doute contribué à le faire envisager par M. de
Blainville connue un Pala'olhrissum , c'est le fait que le lobe supérieur de la caudale est abon-
damment couvert d'écaillés, absolument comme dans les vrais Pala'Othrissum.
Comme espèce , ce poisson est facile à distinguer. Il est très-élancé , et semble avoir été fu-
siforme. Toutes ses nageoires, sans exception , sont larges et bien fournies. Les pectorales ont
près de deux pouces de long ; leurs rayons sont gros, articulés de près et divisés en un grand
nombre de petits fdets ; il n'y a que le premier grand rayon qui soit indivis. Les ventrales
sont beaucoup plus petites et ont des rayons plus gi'èles. La dorsale a à-peu-près les dimen-
sions des pectorales , mais ses rayons sont aussi moins gros et plus nombreux. Mais c'est
l'anale qui mérite surtout de fixer l'attention ; elle est tellement développée , qu'elle s'étend
sur le tiers de la longueur du poisson. Ses rayons , d'abord aussi larges que ceux de la dor-
sale se raccourcissent de plus en plus d'avant en arrière et les derniers ne sont plus que de très-
petites soies (Tab. ok). Il est assez difficile d'en indiquer le nombre total , mais il est de près
de cinquante , qui tous se dichotoment plus ou moins , à l'exception des cinq premiers qui
sont petits et indivis. La caudale n'est pas conservée dans les deux exemplaires que j'ai fait
figurer; mais je l'ai trouvée très-complète sur un exemplaire du Muséum de Paris. Elle
est très-grande et largement échancrée. Le lobe supérieur est beaucoup plus long que l'infé-
rieur, et recouvert d'écaillés jusqu'à son sommet et dans la moitié de sa largeur. Les fulcres
du bord sont très-gros et s'étendent également jusqu'au sommet. Le lobe inférieur n'est pas
garni d'écaillés et les fulcres de son bord sont beaucoup plus petits. Le nombre total des
rayons est d'au moins vingt au lobe inférieur ; ceux du lobe supérieur sont bien plus nom-
breux. Les écailles varient peu d'après leur position sur le corps ; elles sont en forme de lo-
sanges très-réguliers ; elles ne deviennent irrégulières que sur le dos et sur le ventre. Leur
petitesse relative est d'ailleurs un caractère qui contribuera toujours à les faire reconnaître
quelque part qu'on les trouve.
La tête a dû être considérable d'après ce qu'on en voit dans l'exemplaire de Tab. 5-3 , qui
représente notre poisson par la face inférieure , un peu tourné sur le côté. La mâchoire supé-
rieure déborde évidemment la mâchoire inférieure ; toutes deux sont hérissées de petites dents
très-espacées , mais fort acérées. L'exemplaire de Tab. oi permet de reconnaître ({uelques
parties du squelette , entre autres certaines apophyses et une partie des osselets interapopby-
saires destinés à soutenir l'anale. Les uns et les autres sont gros et massifs. 11 est surtout
digne de remarque que les osselets soient bien moins nombreux que les rayons qu'ils portent,
car il y a au moins deux rayons pour un osselet , sinon davantage.
C'est l'un des plus beaux poissons que nous ait fournis jusqu'ici le Zechstein ; aussi me suis-
je fait un plaisir de le dédier au savant physicien dont l'Allemagne s'honore. L'espèce a été
trouvée en plusieurs endroits , entre autres à Mansfeld , à Nendershausen , à Rigelsdorf et à
— 76 —
Gliicksbi'iinn. Les originaux de mes planches font tous deux partie de la collection du Mu-
séum de Paris. Celui de Tab. 5i y est en double plaque.
II. PyGOPïERUS MANDIBULARIS AgaSS.
Vol. 2, Tab. 53 et 53 a.
Syn. Sedgwick, On tlie geological relations and internai structure of the magnesian Limestone. — Trans. Geol. Soc. Lond.
2'=ser. vol. 3, Tab. 10 et 11.
Sauropsis scoticus Ag. msc. — Pygopterus scoticus Ag. niSC. — Nemopteryx mandibularis Ag. msc. — J'ai étiqueté
mon Pygopterus mandibularis de ces divers noms dans quelques collections avant de m'êti-e arrêté à celui que
je lui conserve ici.
Cette espèce a été figurée pour la première fois par M. Sedgwick, dans les Transactions de la
société géologique de Londres. Lorsque j'en vis pour la première fois des fragmens en na-
ture , je les rapprochai de mon genre Sauropsis en le désignant sous le nom de Sauropsis sco-
ticus. Plus tard, après avoir appris à connaître le genre Pygopterus dont le P. Humboldti
est le type , je reconnus que le poisson dont il est ici question avait les plus grands rapports
avec ce nouveau genre , et comme il n'en différait que par quelques particularités secondaires ,
je l'inscrivis dans mes notes sous le nom de P. mandibularis. On retrouve en effet dans
cette espèce la même physionomie et les mêmes traits généraux qui caractérisent le P.
Humboldti. C'est un poisson de grande taille , de forme élancée , et remarquable par le dé-
veloppement extraordinaire de ses nageoires, qui ne diffèrent qu'en ce que l'anale est en-
core plus directement opposée à la dorsale que dans l'autre espèce. L'exemplaire de Tab. 53
a conservé sa caudale dans un rare état de perfection ; elle est très-grande , largement éva-
sée et composée d'un nombre considérable de rayons dont ceux du milieu se subdivisent en
un très-grand nombre de petits filets. Le lobe supérieur de la caudale est recouvert d'écaillés
jusque prés de son extrémité. Son bord externe est garni de très-gros fulcres qui sont encore
plus développés que dans le P. Humboldti. On ne peut guère douter, en voyant leur pas-
sage aux écailles et la manière dont celles-ci s'allongent près de la base des nageoires , que
les fulcres en général ne soient des écailles modifiées. Le lobe inférieur n'en a que de très-
petits , ainsi que la dorsale et l'anale.
Un autre caractère de cette espèce c'est l'extrême uniformité des écailles qui ont la même
forme et les mêmes dimensions près de la ceinture thoracique que sur le pédicule de la
queue. Il n'y a que celles qui recouvrent le lobe supérieur de la caudale et celles de la par-
tie inférieure et centrale du ventre qui fassent exception , les premières étant un peu plus al-
longées , les autres étant lancéolées. La ligne latérale est rapprochée du dos et à-peu-près pa-
rallèle à la courbe dorsale , du moins dans la partie antérieure du tronc. Les séries des
écailles sont articulées d'une manière très-solide entre elles, au moyen de deux cornes qui
existent au bord supérieur de l'écaillé et se logent sous la surface émaillée de l'écaillé voi-
— 11 —
sine (lig. S). La surface des écailles est finement pointillée , mais les points sont si petits qu'on
ne les aperçoit qu'à la loupe. Aucun des bords n'est dentelé. La fig. 6 représente quelques
écailles de la ligne latérale, qui se fait remarquer par un sillon assez large, lequel se rétrécit
insensiblement en arrière.
J'ai rencontré dans la collection de Miss Surtees et dans celle de M. William quelques
exemplaires qui contiennent des parties détachées de la tête ; mais il n'y a que celui de la
collection de Miss Surtees dans lequel les mâchoires soient bien visibles (Tab. S3 , fig. 2). Le
maxillaire supérieur est plus étroit que l'inférieur ; on voit à son extrémité l'intermaxil-
laire , qui s'unit au maxillaire par une ligne oblique : mais en arrière , près de l'articula-
lion , la partie postérieure du maxillaire supérieur se courbe en bas et prend une forme spa-
tulifornîe. Le maxillaire inférieur, de son côté , devient de plus en plus large d'avant en
arrière. La surface entière de ces os est couverte de fines rides obliques. Le bord des mâ-
choires est armé de grosses dents coniques distantes , plus ou moins allongées , à pointes
très-acérées , entre lesquelles il y en a d'autres plus petites , placées sur le bord interne de
l'os. La disposition de ces dents n'a rien de bien régulier ; les fig. 3 et 4 en représentent
deux , vues à la loupe , pour montrer leur forme rigoureuse. Les os de la ceinture thora-
cique sont ridés irrégulièrement dans le sens longitudinal , comme chez les Eugnalhus.
Le poisson de Tab. 53 provient du calcaire magnésien ( maghesian limestone ) d'Angleterre.
L'original se trouve dans la collection de Miss Surtees, à Mainsforth.
La Tab. S3 a représente un fragment du tronc d'un exemplaire beaucoup plus grand , de
la collection de M. Buckland , provenant du même terrain.
Ce qui me fait supposer que ce poisson est réellement identique avec celui de Tab. 53,
c'est la grande uniformité des écailles sur tout le corps. Il a en outre le grand avantage de
nous donner une idée du squelette, qui est très-robuste. Les vertèbres sont courtes et grosses ,
les apophyses épineuses sont vigoureuses, surtout dans la partie postérieure du corps ; celles
de la partie antérieure sont beaucoup plus grêles. Mais ce qu'il y a de plus remarquable ,
c'est une série d'osselets clavellés au-dessus de l'anale, qui sont évidemment des osselets intera-
pophysaires ; il n'y a que les derniers qui affectent cette forme ; les premiers sont normaux.
Je connais encore plusieurs autres espèces de Pygopterus , dont Je suis obligé de renvoyer
la publication à une autre époque. Ce sont :
1" Pygoptebus sculptus Agass. Cette espèce provient du même terrain que le P. mandi-
bularis , mais elle en diffère par les ornemens de ses écailles, qui sont sculptées. Ses formes
sont trapues.
2° Pygopterus Bucklandi Agass. Espèce caractérisée par la petitesse et la forme allongée
de ses écailles et par son anale très-rapprochée de la caudale. Elle est à-peu-près de la taille
du Pygopterus mandibularis et provient du calcaire de Burdie-House en Ecosse. L'original
se trouve dans la collection de la Société royale d'Edimbourg.
— 78 —
5" Pygopterus Jamesom Agass. Sous ce nom j'ai distingué une seconde espèce de Burdie-
House , dont je ne connais encore que la mâchoire inférieure , qui diffère de celle du P. mandi-
bularis , en ce qu'elle est proportionnellement plus courte.
k° Pygopterus Lonisardi Agass. Espèce caractérisée par ses grosses vertèbres et par son anale
d'une longueur démesurée et composée de très-gros rayons bifurques et articulés , dont les
articles sont très-serrés. Je ne connais encore qu'un fragment du tronc : il provient des
schistes à poissons de Muse près d'Autun.
^'' Pygopterus Luaus Agass. Une tête avec des dénis très-acérées ; de la houille de Saar-
briick. L'original se trouve au Musée de Stuttgart.
6" Pygopterus Greenockii Agass. Espèce très-distincte sous le rapport spécifique , mais
douteuse sous le rapport générique. Les fragmens connus ne sont guère que des têtes avec la
partie antérieure du tronc. Les écailles qui recouvrent cette partie du corps, sont plus hautes
que longues et diffèrent par-là de celles de tous les autres Pygopterus. Du terrain houiller de
New-Haven. 11 en exisie plusieurs exemplaires dans la collection de lord (ireenock , qui sont
tous contenus dans des géodes de fer hydraté carbonate.
79 —
CHAPITRE lY
DL GENRE ACROLEPIS Agass.
J'ai établi ce genre d'après un fragment qui se trouve dans la collection de M. William, et qui
comprend la partie postérieure du corps avec la dorsale, l'anale, la caudale et une partie des
ventrales. J'avais conclu, d'après cet échantillon , que le poisson dont il provient devait être très-
élancé , et. comme les nageoires sont très-développés et qu'elles font, par conséquent, sup-
poser un excellent nageur, je n'avais pas hésité à le ranger parmi les Sauroïdes, qui, comme
l'on sait, se distinguent par leur appareil natatoire vigoureux. Ces prévisions ont été pleine-
ment justifiées par la découverte qu'on a faite depuis d'une autre espèce , dont le corps entier, est
admirablement conservé, et que nous décrirons plus bas, sous le nom d'y4. asper. Mais ce qui
caractérise plus particulièrement ce type, c'est la structure de ses écailles. Elles sont rhom-
boïdales et à-peu-près d'égale grandeur sur tout le corps, et leur surface, au lieu d'être
lisse, est ornée d'une ou de plusieurs grosses rides longitudinales et irrégulières qui se com-
binent de diverse n^anière entre elles, et qui, lorsqu'elles sont peu nombreuses et très-sail-
lantes , peuvent facilement induire en erreur; car on les prend alors pour les contours des
écailles. A cet égard, il n'y a parmi la famille des Sauroïdes que le genre Ptycholepis qui se
rapproche du genre Acrolepis. Cette structure ridée se trouve également sur les os de la tête ,
avec cette dilTérence que les rides ne sont pas circonscrites ici de la même manière que sur
les écailles, ensorte qu'elles forment un réseau plus continu et plus compliqué, d'une appa-
rence toute particulière.
L'arrangement des nageoires est à-peu-près le même que dans le genre Pygopterus. La
dorsale est opposée à l'espace entre l'anale et les ventrales. L'anale de son côté occupe le
milieu de l'espace entre les ventrales et la caudale; mais elle n'est pas aussi étendue que dans le
genre Pygopterus; sa forme est semblable à celle de la dorsale. Les ventrales sont situées au
milieu du corps et partant beaucoup plus rapprochées de l'anale que des pectorales. La caudale
est inéquilobe : le lobe supérieur diffère du lobe inférieur , non-seulement par sa grandeur , mais
aussi par sa squammation : enfin il est un dernier caractère qu'il m'importe d'autant plus de
signaler, qu'il m'a échappé lorsque j'ai examiné pour la première fois ce type , c'est que le
lobe inférieur est garni d'écaillés comme le lobe supérieur. Sous ce rapport, la figure
restaurée que j'ai donnée du genre Acrolepis, dans la Tab. H du Tom. i , a besoin d'être cor-
— 80 —
rigée. A part cela , elle est exacte , car les erreurs que M. Quenstedt a cru remarquer dans
les détails , proviennent de ce que j'ai emprunté les proportions de mon poisson à l'espèce
anglaise , tandis qu'il a eu sous les yeux l'espèce de Mansfeld. Or, ces deux espèces diffèrent
justement l'une de l'autre par les particularités que M. Quenstedt relève comme des inexac-
titudes dans ma figure.
La tête est grosse et courte ; le museau est assez pointu ; les mâchoires sont armées de
fortes dents coniques très-serrées. On ne connaît point encore la charpente osseuse, mais j'ai
tout lieu de croire qu'elle est vigoureuse.
Les espèces connues jusqu'ici ne se montent qu'à deux, qui proviennent l'une et l'autre du
Zechstein ou calcaire magnésien.
L AcROLEPis Sedgwickii Agass.
Vol. 2, Tab. 52.
Sedgwick Geological Transactions , 2™^ Série, Vol. 3, Tab. 8.
Cette espèce a été figurée pour la première fois par M. Sedgwick , d'après un exemplaire
de la collection de M. Witham , que l'on avait pris pour un Palœoniscus et que j'ai repro-
duit dans ma planche. C'est le seul fragment de cette espèce qui soit connu jusqu'ici. Je ne
m'arrêterai point à démontrer que ce fossile n'est point un Palœoniscus et qu'il n'appartient
pas môme à la même famille. Ce qui frappe au premier abord dans notre À. Sedxjivickii ., c'est
sa forme très-élancée , jointe à des nageoires très-dé veloppées. La caudale , en particulier, est
très-grande et profondément échancrée , le lobe supérieur est notablement plus grand que le
lobe inférieur ; il est recouvert sur la moitié de sa largeur d'écaillés dont les unes , celles des
rangées externes , sont tout-à-fait semblables à celles du tronc , tandis que celles des rangées
internes sont beaucoup plus étroites et plus allongées. Les rayons , dont on ne voit que les
extrémités , sont dicholomés et forment un angle aigu avec la direction des écailles allongées
qui les bordent. Il en est à-peu-près de môme du lobe inférieur, mais avec cette différence
qu'ici les écailles sont plus petites, plus uniformes et rhomboïdales. Les bords externes des
devlx lobes sont munis de rayons ou de fulcres roides ; ceux du lobe supérieur sont très-gros
et s'étendent jusqu'à l'extrémité de la nageoire ; j'en compte seize. Ceux du lobe inférieur
sont beaucoup plus petits et paraissent même limités à la base du lobe. La dorsale est étroite,
mais composée de rayons assez longs. Le premier rayon est probablement garni de fulcres ,
du moins en aperçoit-on plusieurs à sa base. L'anale est beaucoup plus grande; mais ses
rayons décroissent rapidement en arrière , et les derniers ne sont pas plus gros que les petits
rayons indivis du bord antérieur. Les fulcres du premier rayon sont très-petits et ils s'é-
tendent jusqu'au sommet de la nageoire. Les ventrales sont à-peu-près de la grandeur de la
dorsale. Ces trois nageoires (la dorsale, l'anale et les ventrales) sont composées de rayons
— 81 —
assez grêles , articulés et distinctement dicliotomés ; mais comme toute la surface de la na-
geoire est garnie d'écailles , on n'aperçoit les articles que lorsque ces dernières sont enle-
vées, ensorte qu'il faut être sur ses gardes pour ne pas les confondre ; car les écailles ont ordi-
nairement les mêtnes dimensions que les articles, seulement elles sont orientées dans un
autre sens , ainsi qu'on peut le voir sur la dorsale de notre exemplaire.
Les écailles constituent à la fois le caractère générique et spécifique essentiel de ce poisson.
Elles sont en général rhomboïdales et ne s'allongent un peu que sur le pédicule de la queue
et sur le lobe supérieur de la caudale. Leur surface est marquée de deux et quelquefois de
trois rides qui convergent à leur extrémité , de manière à former une sorte d'épine allongée ,
que l'on est tenté de prendre, au premier coup d'œil, pour l'écaillé elle-même (fig. 3). Les
écailles des nageoires font cependant aussi ici une exception à la règle : celles du lobe infé--
rieur de la caudale et probablement aussi celles de l'anale n'ont qu'une seule ride ; il en est
de même de celles des rangées internes du lobe supérieur de la caudale. Par contre, celles
des rangées externes qui sont beaucoup plus larges , ont quatre et cinq rides et davantage
(fig. 2 et 4). Lorsque le poisson n'a laissé que son empreinte, ces rides se dessinent en creux
sur la roche ambiante, comme cela se voit dans notre exemplaire au-dessus des ventrales.
La racine des écailles est courte et simple, les séries ne sont réunies que par des bords obli-
ques; je n'ai du moins pas remarqué d'onglet articulaire.
Cette espèce provient du calcaire magnésifère ; lord Enniskillen et sir Philipp Egerton en
possèdent divers fragmens fort intéressans.
IL AcROLEPis ASPER Agass.
SvN. Acrolepis Sedgwichii Owew&itài inWicgman Arcliiv. 1835. vol. 2. p. 92.
Acrolepis asper Agass. Poiss. foss. II , p. 6 et 69.
Palœoniscus Duiikeri Germar Versteiiieriingen des MansfeMer Kupferscliiefers.
Acrolepis Dunkeri Miinst. Beitrœge zur Petrefactenkunde. Heft 4.
Je donne ce nom à l'un des plus beaux poissons qui aient été trouvés dans les terrains an-
térieurs à l'époque jurassique , et dont l'original , recueilli dans le Zechstein de Mansfeld ,
fait l'ornement de la collection de lord Enniskillen. Il a deux pieds de long, en évaluant le
bout de la queue qui manque à un pouce. Sa plus graiule largeur, qui est à l'origine des
pectorales, est de quatre pouces et demi. ha. tête est contenue quatre fois dans la longueur
du corps; elle est à-peu-près aussi large que longue (comme k à 5). Le corps va en se ré-
trécissant graduellement, depuis la ceinture thoracique , jusqu'à l'origine de la caudale.
Il n'y a qu'un seul endroit, derrière l'anale, où il se resserre un peu plus brusquement.
La dorsale est située au-deKà du milieu de la longueur , entre l'anale et les ventrales; elle est
de moyenne grandeur , composée de trente-deux à trente-trois rayons distinctement articulés,
TOM. II. 2= Part. 11
— 82 —
mais peu divisés. Les articles sont plus longs que larges; les premiers surtout ont à-peu-prés
le double de la longueur des autres ; ensorte que l'on en est à se demander si ce sont bien
réellement des articles. L'anale offre absolument la même structure; mais ses rayons, sans
être moins longs, sont plus fins et plus nombreux ; j'en compte de quarante-cinq à cinquante.
Les ventrales sont un peu plus courtes et plus étroites ; en avant du rayon principal , il y en
a six ou sept plus petits , qui s'allongent graduellement ; tous sont distinctement articulés , mais
les derniers seuls sont divisés à plusieurs reprises. Les pectorales sont longues et composées
de rayons très-grèles , qui ne se dicliotoment qu'à leur extrémité. La caudale est inéquilobe;
le lobe supérieur est recouvert, sur la moitié de sa longueur , d'écaillés semblables à celles du
tronc , et l'on ne découvre les rayons que dans leur partie terminale , où ils sont très-divisés
et distinctement articulés. Les écailles du lobe inférieur sont fort différentes de celles du lobe
supérieur ; ce ne sont plus les écailles du tronc qui se continuent directement sur la nageoire ;
il y a au contraire une limite distincte entre les deux formes , et celles de la nageoire ne son''
plus, dans cette partie, que de petites écailles carrées comme les articles des rayons. De même
que dans l'anale et la dorsale , celles qui recouvrent la base de la nageoire sont sensiblement
plus longues que les autres. A cet égard , il existe par conséquent une grande dilTérence entre
cette espèce et VA. Seclywickii , où les écailles du lobe inférieur conservent, à quelques pe-
tites modifications près, le caractère des écailles du tronc. Si ces différences se retrouvaient à
l'avenir aussi tranchées sur un plus grand nombre d'espèces, il serait peut-être convenable
de séparer les deux types et d'en faire deux sections distinctes. Pour le moment, je crois de-
voir me borner à signaler le fait, afin de fixer sur lui l'attention des paléontologistes. Le
lobe supérieur est en outre garni de très-gros fulcres , qui ont jusqu'à quatre ou cinq lignes
de long et près de deux lignes de large. Le lobe inférieur n'en a que de très-petits.
Les écailles sont d'une grande uniformité, quant à leur forme et à leur grandeur; mais les
rides qui ornent leur surface ne sont pas semblables sur toutes les parties du corps; elles sont
en général moins grosses et moins saillantes que dans l'espèce précédente ; les écailles de la
partie antérieure du corps en ont en outre de plus fines et de plus nombreuses que celles de
la partie postérieure et du pédicule de la queue. On en compte jusqu'à cinq et six sur une
écaille , mais elles sont ordinairement assez irrégulières.
Les os de la tête sont en grande partie conservés dans notre exemplaire. On y distingue
très-bien les deux mâchoires, qui sont armées l'une et l'autre de dents coniques très-uni-
formes. La surface des os maxillaires et des plaques buccales, qui sont en partie conservées,
est finement sculptée, c'est-à-dire, ornée d'une granulation confluenle, qui donne à ces
pièces une apparence semblable à celles des écailles du dos. Le préopercule est étroit, et son
bord postérieur droit ; l'opercule est proportionnellement très-petit et de forme carrée; au-
dessous se voit un subopercule allongé et une dixaine de rayons branchiostègues , dont les su-
périeurs sont les plus grands et les plus larges. La partie visible de la ceinture thoracique est
presque aussi large que l'opercule. La surface de tous ces os est ornée comme celle des mâ-
choires.
— 83 —
J'ai tout lieu de croire (jue c'est la même espèce ([ue M. Germar a décrite sous le nom de
Palœomscus Dioikeri, el M. le comte de Mi'mster sous celui A' Acrolepis Dunkeri. Je l'ai moi-
même, dans l'origine, réunie à tort aux Gyrolepis , sous le nom de G. «.s/jey. L'espace ne me
permettant pas de joindre ici la (îguro de ce poisson, je me réserve de la publier plus tard.
A la suite de ces genres . il faut ranger plusieurs types nouveaux de la famille des Sau-
roïdes, que je désigne sous les noms de Diplopterus , Orognathus , Graptolepis et Pododus.
qui constituent des genres à part et dont je donnerai la description dans ma monographie
des poissons fossiles du système dévoni^n et dans d'autres Supplémens.
— 84 —
CHAPITRE V.
DU GENRE SAURICHTHYS Agass.
Ce type n'est guère connu que par quelques fragmens de mâchoires et par quelques deîits
isolées. Le nom que je lui donne a trait à sa grande affinité avec les Sauriens, Les dents sur-
tout ressemblent si fort à celles de différons Sauriens des terrains secondaires, que je les con-
fondis dans l'origine, et il est probable que plusieurs naturalistes les ont rangés et les rangent
encore dans cet ordre des Reptiles, dans leurs collections. C'est une erreur d'autant plus
pardonnable , que ces dents sont munies de plis verticaux et logées dans des rainures sem-
blables à celles des Plésiosaures ; elles sont en outre placées à dislances inégales et diffèrent
considérablement de grandeur entre elles ; le plus souvent elles sont légèrement comprimées
sur les côtés. L'os qui porte la couronne d'émail est finement strié dans le sens de la lon-
gueur des dents. Ce n'est qu'après aAoir fait une étude minutieuse de plusieurs fragmens de
mâchoires munies de leurs dents, que j'ai acquis la certitude que l'animal qui les portait
n'était pas un Saurien , mais bien réellement un poisson ; et aujourd'hui que les recherches
microscopiques sont venues compléter d'une manière si inattendue les caraclères de la den-
tition propre à chaque classe, il ne peut plus exister de doutes, même sur les dents isolées.
Il suffit de faire une coupe transversale ou longitudinale et de l'examiner au microscope, pour
y reconnaître aussitôt le caractère de la famille des Sauroides. La ressemblance est même si
grande à cet égard entre ce genre et les Pygopterus, qu'il est assez difficile de les distinguer
génériquement (voy. plus bas sur la structure microscopique des dents des Sauro'ides).
Un caractère commun à toutes ces dents , c'est d'avoir un cône d'émail lisse au sommet ,
supporté par une racine plissée. Quelquefois, il est vrai, les plis s'étendent aussi sur l'é-
mail ; mais c'est une exception que je n'ai pas pu examiner au microscope. Le capuchon
d'émail est d'ordinaire séparé de la racine par un étranglement assez prononcé, qui ne se
retrou^e pas dans le genre Pygopterus.
D'après les dimensions des dents, on pourrait croire que les Saurichthys étaient des pois-
sons de très-petite taille ; mais quand on a vu ces dents en place, implantées dans la mâchoire ,
et que l'on a constaté le développement extrême de la racine , comparé à celui de la cou-
ronne, on change complètement d'idée sur ce point, et la supposition que les cônes émaillés,
qui n'ont guère plus d'une ligne de haut , puissent provenir de poissons dont la mâchoire a
quatre ou cinq pouces de long , n'a plus rien de surprenant.
— 85 —
Les espèces connues jusqu'à ce jour sont en petit nombre, et ce type, qui parait être
propre à la formation (riasique, ne s'étend pas, à ce qu'il paraît, dans l'époque jurassique.
Je le place à la suite des genres Acrolcpis et Pygopterus , à cause de la ressemblance de ses
dents avec celles de ce dernier, et parce qu'étant originaire de la formation triasique, il est
probable qu'il était hétérocerque . comme tous les poissons antérieurs à la formation jurassique.
I. Saurichthys apicalis Agass.
Vol. 2,Tab. 55a, fig. 6-11.
Mûnstev Beitrâge zur Petrefactenkunde , 1*"" cahier, p. 116, Tab. ik, fig. 1 et 2.
Cette espèce a servi de type à mon genre Saurichthys. Ce que j'en connais de plus parfait
est un fragment de mâchoire de la collection de M' le comte de Munster, que ce savant a
figuré dans ses Beitruge , et que je reproduis ici (fig. 7). On y distingue un certain nombre
de dents, grandes et petites, qui alternent entre elles et sont placées à des distances irrégu-
lières. Toutes sont coniques, un peu recourbées en arrière, légèrement comprimées, à base
plissée et à sommet lisse et émaillé ; mais l'éniail est très-petit , relativement à la racine , qui
occupe les deux tiers de la longueur de la dent et davantage. Les plis disparaissent d'ordinaire
avec l'émail ; mais ce n'est pas là une règle sans exception ; et il y a des dents où elles s'é-
tendent également sur le cône lisse. L'os de la mâchoire est fort étroit et devait par consé-
quent former un museau très-allongé et pointu. La surface est striée longitudinalement, et
si on l'examine à la loupe, on voit qu'elle est finement granulée, ainsi que le montre la
fig. 8. Le fragment de mâchoire de fig. 6 appartient à la même espèce, quoique les dents
soient un peu plus longues proporlionnellement à la largeur de l'os. La fig. 6« représente
une de ces dents grossies. Les fig. 9, 10 et 11 sont des dents isolées, représentées sous un
grossissement de plusieurs diamètres dans les fig. 9fl, 10« et H a.
Cette espèce est propre au Muschelkalk de Bayreuth.
II. Salirichtuys Mougeoti Agass.
Vol. 2, Tab. 55«, fig. 12-15.
J'ai appelé, du nom du savant botaniste M. Mougeot, de Bruyères, un fragment de mâ-
choire inférieure qui a conservé plusieurs de ses dents. La principale différence entre cette
espèce et le S. apicalis consiste dans la largeur bien plus considérable de la mâchoire et
dans sa forme proporlionnellement bien plus courte (comparez les fig. 12 et 13 avec la
fig. 7). La base des dents l'emporte de beaucoup sur la partie émaillée ; celte dernière n'a
guère plus du tiers de la hauteur totale dans les dents du milieu de h mâchoire. Il en est un
— 86 —
peu autrement dans les dents antérieures, dont la couronne et la racine sont à-peu-près d'é-
4>ale hauteur.
En voyant cette mâchoire, une question se présente naturellement, c'est celle de savoir
si toute la partie que nous avons appelée racine, et qui est distinctement séparée de la cou-
ronne émaillée par un col ou une dépression annulaire , et d'ordinaire par une teinte toute
différente, ainsi que par l'absence d'émail, si, dis-je, cette portion était enveloppée dans les
chairs, de manière à ne laisser surgir que la couronne, ou bien si la racine s'élevait aussi
au-dessus de la gencive. Cette dernière opinion me paraît la plus vraisemblable , à raison de
la hauteur extraordinaire des racines. Ce qui est certain, c'est qu'une pareille mâchoire n'a pu
appartenir qu'à un poisson de très-grande taille. Les iig. 15« et 136 représentent deux
dents légèrement grossies.
C'est une espèce propre aux terrains triasiques. L'original de la fig. 13 se trouve dans la
collection de M. Perrin. Une autre mâdioire (fig. 12), un peu plus petite, sur laquelle on
distingue cinq dents, se trouve dans la collection de M. Gaillardot , à Lunéville. L'une et
l'autre proviennent du Muschelkalk compacte de cette contrée.
Les fig. ii et lo représentent deux dents isolées du Muschelkalk de Bayreuth , que je rap-
porte à cette espèce , à cause de l'étranglement marqué qui sépare la racine du cône émaillé.
Cependant on ne pourra avoir une entière certitude à leur égard qu'autant qu'on les aura
trouvées sur une mâchoire. L'une d'elles est fortement comprimée sur les côtés (fig. ik).
Les fig. ika, ik h, 1 4 c et 1 S rt, 1 S 6 sont grossies.
Il existe aussi une quantité de dents isolées dans le Keuper de Rottweil , en Wurtemberg ,
qui sont très-voisines de cette espèce, si même elles ne sont pas identiques avec elle. C'est
une question qu'il est d'autant plus difficile de décider, que la plupart de ces dents sont bri-
sées ou n'ont conservé que leur pointe émaillée. La forme de cette pointe et l'étranglement
très-prononcé qui la sépare de la racine, me portent cependant à croire qu'elles se rapprochent
plutôt du S. Hloiujeoti que du S. acuminatxs. J'en fais la remarque expresse, parce que je
me rappelle avoir étiqueté ces dents dans plusieurs collections sous le nom de S. acuminatus.
in, Satirichthys acuminatus.
Vol. 2,Tab. S5a,fig. 1-5.
Je désigne sous ce nom plusieurs dents voisines du S. Mougeoti, mais qui m'ont paru
en différer par un caractère constant ; c'est que la base ou le pédicule de la dent est
plus court. L'émail en est séparé par un étranglement surmonté d'un léger renflement. La
couronne est ordinairement lisse , quelquefois aussi elle est plissée , surtout près de la
base, mais les plis ne s'étendent jamais jusqu'au sommet. J'ignore jusqu'à quel point l'ab-
sence ou la présence de ces plis et de la racine indioue' des différences spécifiques ; je dois
J
— 87 —
par conséquent nrabstenir d'énieltre une opinion motivée à cet égard , n'ayant pas les origi-
naux sous les yeux.
Les originaux de mes figures se trouvent dans la collection de l'Institut philosophique de
Bristol. Ils proviennent du Muschelkalk d'Aust-Cliff. Les fig. 2 a, 3a, ka et ^a sont grossies.
La lig. 56 est une coupe de la racine de fig. iî , pour montrer la cavité de cette dernière.
Autrefois on envisageait ce terrain d'Aust-Cliff comme faisant partie du Lias. Mais je crois
avoir démontré, par la détermination des poissons fossiles qu'il renferme, que c'est au Mus-
chelkalk qu'il doit être rapporté ; et la présence de dents du type des Saurichlhys corrobore
encore celte découverte. Peut-être reconnaîtra-t-on même un jour , lorsqu'on possédera de
meilleurs exemplaires , que notre S. acuminatus n'est qu'une variété du S. MouyeotL
IV. Saurichthys semi-costatus Mûnst.
Vol. 2, Tab. 55 a, %. 16.
Syn. iMiinster Beitrœge sur Petrefactenkunde , 1er cahier, p. 119.
M, le comte de Miinster décrit dans ses Beitrœge certaines dents du Muschelkalk de Benk
et de Laineck , qui diffèrent de la plupart des autres dents isolées qu'on trouve dans cette
formation , par leur base large et leurs dimensions plus considérables ; la dent figurée a plus
de trois quarts de pouce de haut ; le cône émaillé est excessivement petit , et légèrement
comprimé. La base est plissée , mais les plis ne sont bien distincts que dans sa partie supé-
rieure, près de l'émail; ils sont assez fins, mais irréguliers. J"ai représenté la môme dent
de trois côtés, d'après un dessin que je dois à l'obligeance de M. le comte de Munster.
La même espèce se retrouve également dans le Muschelkalk de la Saxe et du Hanovre. Il
se pourrait qu'elle ne fût qu'une variété du S. Moiujeoti.
V. Saurichthys LONoroENS Agass.
Vol. 2, Tab. 55«,fig. 17 et 18.
Je donne ce nom à quelques dents du Muschelkalk d'Aust-Cliff, qui me paraissent prove-
nir d'une espèce particulière. Du moins ne peut-on guère les associer au S. acuminatus ,
à cause de leur forme très'-grèle. Le cône émaillé occupe un peu plus du tiers de la dent. La
base est marquée de fines stries assez régulières.
M. le comte de Munster décrit en outre plusieurs autres espèces dont je me bornerai à si-
gnaler les principaux caractères.
— 88 —
1) Saurichthys tenuirostris Mnst. {Beitràcje zur Petrefactenkunde, P' cahier , p. H 8, Tab.
I 4, fig. 3). C'est un crâne avec la mâchoire supérieure, qui est très-grèle et tellement allongée
(ju'elle ressemble à un bec de bécasse. Les os maxillaires sont lisses , mais ceux du crâne
sont granulés et l'auteur remarque que la granulation est beaucoup plus grossière que dans
le S. apicalis. Les dents ne sont pas visibles. — Du Muschelkalk de Bavière.
2) Saurichthys costatus Mnst. (Beitmge, etc., p. H8). Ce sont des dents assez sem-
blables à celles du S. apicalis , mais dont les dimensions sont doubles et triples. Elles diffè-
rent des dents du S. semicostat{is par leurs rides longitudinales qui sont beaucoup plus
fortes. — Du Muschelkalk de Laineck et de Benk , près de Bayreuth.
Cette dernière espèce n'est peut-être qu'une variété du S. MoïKjeoti.
Enfin M. le comte de Miinster signale encore une autre espèce de dents plus petite , à
base moins large , qu'il désigne sous \h nom de Saurichthys amjustiis , mais sans en indi-
((uer autrement les caractères. — Du Muschelkalk.
— 89 —
CHAPITRE VJ.
DU GEXRE MEGALICHTHYS Agass.
■ «^■- —
C'est à la Réunion de l'Association britannique pour l'avancement des sciences réunie à
Edimbourg, en 1831, que j'ai vu les premiers débris de ce genre remarquable. M. le D'
Hibbert avait recueilli dans un calcaire de l'époque bouillère, à Burdie-House , près d'Edim-
bourg, une quantité de fossiles très-curieux , et il en avait fait le sujet dun mémoire qui fut lu
dans la section de géologie, où se trouvaient étalées toutes les pièces originales décrites dans son
travail. Dans le nombre il y avait des Gyracanthes , des Pahneoniscus , des Eurynotus , des
Pygoptères et une série considérable de grands os , d'écaillés et de dents , remarquables pav
leurs dimensions et par leur bel état de conservation. Le but de l'auteur avait été non-seule-
ment de décrire le terrain d'où proviennent ces fossiles , mais encore de démontrer qu'indé-
pendamment des plantes , des mollusques et des poissons que l'on trouve dans cette localité ,
on y rencontre aussi des reptiles et en particulier des Tortues et des Sauriens de taille gigan-
tesque. Il inférait de-là que les géologues avaient eu tort de nier l'existence de cette classe d'ani-
maux dans les couches inférieures au Zechstein et que les inductions tirées de la nature de la
végétation , sur la constitution de l'atmosphère , durant l'époque houillère , et sur l'impossibi-
lité qu'il y aurait eu pour des animaux respirant l'air de vivre alors, à raison de la composition
même de l'air, étaient pour le moins prématurées. Appelé de la section de Zoologie à venir
donner mon opinion sur les poissons fossiles contenus dans cette collection , j'ignorais complè-
tement ce qui venait d'être dit sur l'ensemble de ces fossiles. Aussi , après avoir indiqué les
caractères des espèces et des genres que je pus reconnaître à première vue , lorsque je passai
à l'examen des grands fragmens d'os , et surtout des dents colossales que j'avais sous les yeux ,
pour faire ressortir les rapports que je leur trouvais avec les débris de Sauroïdes que je con-
naissais déjà alors , et que je déclarai qu'ils devaient constituer un genre nouveau de cette fa-
mille remarquable , quelle ne fut pas ma surprise d'apprendre par M. Jameson , président de
la section , que ces mêmes débris venaient d'être décrits comme des fragmens de Sauriens et
de Tortues. Cette divergeance d'opinion était trop flagrante pour ne pas exciter de vives dis-
cussions et elle avait été émise d'une manière trop explicite pour ne pas nécessiter un nouvel
examen , dans l'intérêt même de la paléontologie ; aussi demandai-je de pouvoir faire quel-
ques jours plus tard un rapport circonstancié à la section , sur l'ensemble de la question. M. le
D"^ Hibbert , eut la générosité , bien rare en pareilles circonstances , de me confier toutes les
ToM. II, 2' Part. 12
— 90 —
pièces qu'il avait examinées auparavant pour établir ses conclusions , et de m'assister durant
l'examen approfondi que j'en fis les jours suivans de concert avec lui et M. le D"^ Buckland. Je
compterai toujours au nombre des plus beaux momens de ma vie les entretiens que j'ai eus
avec ce modeste savant à ce sujet. Les recherches que nous fîmes en commun sur cette ques-
tion , et dont les résultats furent proclamés dans la section de Géologie , amenèrent M. Hib-
bert lui-même à adopter ma manière de voir, comme on peut s'en convaincre en lisant le rap-
port détaillé qu'il a fait sur ces fossiles dans son Mémoire sur le calcaire d'eau douce (Je Burdie-
House , inséré dans le 13'' vol. des Transactions de la Société royale dEdimbourg. Cependant
les pièces que nous avions eues à notre disposition alors n'avaient pas encore été déterminées
toutes avec la même précision , lorsque quelques semaines plus tard j'eus la bonne fortune de
rencontrer au Musée de Leeds une tète entière très-bien conservée , et une grande portion du
tronc de ce singulier animal , qui me mirent en état de lever tous les doutes qu'il me restait
sur les fragmens de Burdie-House. Ce sont ces pièces du Musée de Leeds que j'ai représentées,
réduites de moitié , sur Tab. 63 et sur Tab. 6U , pour illustrer le genre Megalichthys.
Quoique j'eusse reconnu la véritable nature d'une partie des fossiles de Burdie-House , je
coi^mis pourtant aussi une erreur à celle occasion , dans mon rapport à la section de Géo-
logie ; ce fut de confondre avec le Megalichthys un second type générique auquel j'ai donné
plus tard le nom d'Holoptychius et que je me hâtai de distinguer tôt après avoir vu les exem-
plaires du Musée de Leeds. M. le D"^ Buckland a également déjà donné , en 1837, quelques
renseignemens dans son traité de Minéralogie et de Géologie, sur ces deux genres Meyalkhthys
et //o/o;9<(/c/«»s d'après les indications que je lui ai fournies. Je reviendrai plus tard sur le genre
Holoptychius , et me bornerai à exposer ici les caractères du Megalichthys , en faisant connaître
tout d'abord les particularités que j'ai remarquées dans les exemplaires de Leeds.
Megalichthys Hibberti Âgass.
Vol. 2, Tab. 63, 63 a et 64.
Pour rendre ma description de cet animal plus complète , j'examinerai successivement
les différentes régions du corps et les pièces dont elles se composent. Je m'arrêterai d'abord
au crâne ; je décrirai ensuite les os sous-orbitaires et ceux qui recouvrent la joue , puis les
pièces opcrculaires , et les mâchoires : savoir la mâchoire supérieure avec le prolongement
ethmoïdal , les intermaxillaires et maxillaires supérieurs , et la mâchoire inférieure avec ses
appendices et l'appareil branchiostègue. Je passerai ensuite aux écailles et aux fragmens d'os ;
après quoi il me restera à faire quelques observations sur la [structure de ces os et sur la
couche d'émail qui les recouvre. Malheureusement le grand nombre de fractures qui sil-
lonnent les os en tous sens en rendent souvent la détermination difficile. Pour faciliter à cet
égard l'intelligence de la description, j'ai fait dessiner (Tab. 63.) le crâne tel qu'il est avec
— 91 —
toutes ses fractures , mais réduit de moitié et j'y ai ajouté une planche au trait (Tab. 63 a),
en indiquant par des lettres les contours des dilTérens os.
Les frontaux (a) sont parfaitement conservés dans leur partie antérieure et moyenne ; ils se
rétrécissent considérablement en avant, et se terminent par un bord étroit et lacéré. Dans
la suture médiane , celui de droite repose sur celui de gauche , et c'est ce qui le fait pa-
raître plus large ; en arrière , ils aboutissent à une forte dépression , qui rend leur limite
très-incertaine. Toute la surface de l'os est finement pointillée. En avant de la pointe , il -
y a , du côté droit, un petit os(j') qui paraît être le nasal , et qui est enlevé du côté gauche.
Les ethinoides (b) sont divisés longitudinalement par le milieu ; leur bord interne est le
plus long ; leur suture médiane est sinueuse. Ils s'encaissent dans une échancrure oblique des
intermaxillaires , et se rétrécissent au bord antérieur ; le bord postérieur est tronqué , et abou-
tit à un trou que l'on doit , je pense , envisager comme les fosses nasales (y). Leur surface est
pointillée comme celle des frontaux. Cette partie ethmoïdale est très-arrondie sur ses côtés;
de telle sorte qu'elle forme pour ainsi dire le pédicule des intermaxillaires, lesquels son
renflés , comme le bout du museau de certains Crocodiles.
Le iiioiynon inlermaxilhiire (c) paraît être d'une seule pièce ; mais comme toute sa surface
est fracturée il est difficile de s'en assurer d'une manière positive. Il est très-arrondi , surtout
en avant , et plus large que les ethmoïdes réunis. Son bord externe est droit au contact du
sous-orbitaire inférieur ; plus en avant il y a une échancrure arrondie , terminée par une
saillie, également arrondie, qui forme l'angle inférieur et postérieur de cet os. Le côté anté-
rieur du mufle est élégamment échancré au milieu et renflé en un bec très-obtus , qui porte
dans notre exemplaire une grosse dent canine. La fig. k de Tab. 63 , montre le contour de
cette partie du museau , vue en face. On voit en outre , sur les côtés, quelques-unes des pe-
tites dents qui bordent les mâchoires. Le pointillé de la surface est bien moins serré que sur
les autres os ; le milieu et le devant de l'os en sont même complètement dépourvus. M. Kœ-
nig possède une pièce détachée qui paraît être le même os.
Sur les côtés des frontaux, il y a à droite et à gauche deux os particuliers (d, e), qui for-
ment une large bande en parallélogramme, évasée à son bord interne pour loger le coude
du frontal. L'os antérieur (d) est parfaitement conservé du côté droit ; son bord antérieur est
fortement échancré au milieu . et cette échancrure forme avec le bord du nasal et de l'eth-
moïde une cavité arrondie , qui me paraît avoir contenu l'organe de l'odorat. Les angles anté-
rieurs de cet os sont obliquement tronqués ; ses bords interne et externe sont à-peu-près droits :
mais son bord postérieur est en S ouvert. L'os postérieur (e) est plus allongé ; son bord interne
embrasse la partie dilatée du frontal ; son bord postérieur est échancré au milieu et tronqué
carrément sur le côté. Ces os qu'on ne distingue bien que du côté droit , me paraissent corres-
pondre à cette série de petits os que l'on observe dans le genre Polypterus, sur les côtés du
frontal et des pariétaux. lissent , comme les précédens, couverts de petits points creux épars.
Il y a trois sous-orbitaires (f, g, h), qui paraissent n'intercepter qu'une très-petite ca-
— 92 —
vite orbitale dont la position est très-extraordinaire , en ce qu'elle est placée très-avant dans
la tête , comme chez le Bichir, et plus encore , en ce qu'elle se trouve en avant des fosses
nasales. Le bord supérieur de l'orbite est formé par l'ethmoïde ; le bord antérieur par l'angle
de l'intermaxillaire ; les bords inférieur et postérieur par les sous-orbitaires.
Le sous-orbitaire supérieur (/") est presque carré ; il forme à lui seul le côté postérieur de
l'orbite; son bord antérieur est le plus étroit. Dans notre exemplaire, il n'est pas visible,
du côté droit , parce qu'il est en raccourci perpendiculaire ; mais on le voit parfaitement
dans la fig. de profil ( fig. 5).
Le sous-orbitaire moyen (g) est à-peu-près triangulaire ; sa pointe antérieure et supérieure
qui est tronquée forme une partie de l'orbite. Le côté antérieur est presque à angle droit avec
le côté inférieur. Le côté interne est le plus long , il est ondulé et forme en arrière avec le côté
postérieur et inférieur une pointe tronquée. Le bord inférieur est adjacent à la partie supé-
rieure postérieure du maxillaire supérieur. Dans la fig. 1, cet os se voit des deux côtés ; mais
dans la fig. 3 il n'est visible qu'à demi , à cause de sa formé renflée.
Le sous-orbitaire inférieur (/*) est en forme de triangle allongé ; son bord supérieur, adja-
cent à l'intermaxillaire est oblique ; son bord postérieur qui touche au sous-orbitaire moyen
l'est également , mais un peu moins ; enfin le bord inférieur, qui est plus long , s'unit au
maxillaire supérieur, et forme en avant une suture oblique. On le voit très-bien d'en haut sur
le côté droit , mais il est fracturé du côté gauche.
Les trois sous-orbitaires ont leur surface parsemée de petits points creux ; mais ces points
sont plus rares sur le sous-orbitaire antérieur.
La joue est revêtue de trois grands os plats («', k, l). Le plus grand (/) ressemble beaucoup
à celui du Bichir. On le voit parfaitement du côté gauche dans la fîg. 1 . Celui du côté droit
est très-endommagé et refoulé sur le côté du crâne ; mais on le voit dans la figure de profil.
Son bord antérieur, qui est sinueux , était sans doute soudé au bord postérieur des sous-or-
bitaires supérieur et moyen ; son angle supérieur antérieur est saillant. Les autres côtés sont
droits ; le côté supérieur s'unit aux os latéraux du crâne. Le bord inférieur, qui présente quel-
ques sinuosités , touche à un os (A) , qui repose sur le maxillaire supérieur, comme la petite
pièces des Salmones et des Clupes , et qui paraît être l'analogue de cette pièce. Cet os se voit
très-bien sur le côté gauche de fig. 1 , et de profil sur le côté droit ; mais il est ici moins
bien conservé. Il se termine en pointe en aAant ; son bord inférieur s'unit au maxillaire su-
périeur ; son bord supérieur qui est parallèle au bord inférieur est accolé au grand os facial ;
son bord postérieur est arrondi. Le troisième os de la joue (/) placé en arrière des deux pré-
cédens , entre eux et l'opercule , pourrait bien être un préopercule semblable à celui du
Bichir. Il est carré ; ses angles sont arrondis et ses bords ondulés. Sa surface , ainsi que celle
du grand facial , est parsemée de points creux. Il est brisé dans sa partie inférieure. On le
voit très-distinctement dans la fig. I , du côté gauche.
L'opercule (»«) est très-grand ; celui du côté gauche est très-bien conservé ; il n'y a que son
— 93 —
bord inféi-icur qui soil brisé. Son angle antérieur est saillant et arrondi ; ses bords antérieur et
supérieur sont tous deux élégamment évasés , mais le premier Test plus que le second ; son
bord postérieur est uniformément arqué. Toute la surface de cet os est lisse et ne laisse aper-
cevoir que la fine granulation de sa structure , sans points creux. Celui de droite est très-
fracturé ; on n'en voit que des fragmens dans la fig. 3.
Au-dessus de l'opercule gauche , entre celui-ci et l'opercule du côté opposé , il y a trois os ,
qui sont encore en partie énigmatiques pour moi. On ne les voit que dans la fig, 1 ; le mieux
conservé est celui qui se trou\e au-dessus de l'opercule gauche («). C'est un os pair, dont le
correspondant , très-fracturé , est refoulé contre l'opercule droit. Son bord supérieur est pres-
que à angle droit avec le bord antérieur ; le bord inférieur est d'abord droit , mais il s'arrondit
en arrière. Toute la surface est parsemée de points creux. Cet os me parait être un grand mas-
toïdien ; s'il en est ainsi , les pariétaux étaient sans doute très-petits et ils auront disparu dans
la fracture qui sépare cet os des frontaux.
L'os moyen (o) est inqiair : il a la forme d'un triangle isocèle, dont la base, échancrée au mi-
lieu , est étroite , à angles arrondis ; les côtés , légèrement échancrés , se terminent en une
pointe aiTondie. Toute sa surface est également pointillée. Cet os me parait être l'occipital su-
périeur (crête occipitale). En arrière de son extrémité, sur le côté droit postérieur, on voit
encore quelques débris d'os (p) qui pourraient être des écailles suroccipitales , et entre eux et
le bord de l'opercule droit , des fragmens d'os allongés dépourvus de leur émail , et qui étaient
probablement les supra-scapulaires. Plus en avant il y a quelques écailles brisées, le long du
bord antérieur et supérieur de l'opercule.
Le maxillaire supérieur (q) est petit , proportionnellement aux dimensions de la gueule ; il
est surtout plus étroit que le maxillaire inférieur, et se prolonge en avant en une longue pointe
qui s'étend sous le sous-orbitaire antérieur jusqu'à l'intermaxillaire. Il est armé de petites dents
coniques , pointues , lisses , ornées de quelques stries seulement à leur base.
La gueule est très-grande et fendue jusque vers le bord antérieur de l'opercule. La partie
antérieure du maxillaire supérieur est compacte , mais sa partie moyenne est creuse. On aper-
çoit la cavité ouverte du côté gauche , où elle est remplie de la même substance qui entoure
tout le poisson , et qui est une marne houillère. Au fond de cette cavité , un peu en avant du
milieu de l'os , il y a une éminence arrondie qui paraît être le fond de l'alvéole de quelque
grande dent.
La face inférieure de la tête ( fig. 2 ) , nous ofïre des particularités de structure non moins
importantes. Les parois du maxillaire inférieur (r) sont bien conservées du côté droit ; la ca-
vité intérieure n'y est ouverte que dans la partie postérieure de l'os , à son bord interne ; mais
sa surface n'est pointillée qu'à son extrémité postérieure ; quelques sillons obliques se voient
sur son milieu. L'os maxillaire supérieur est parfaitement lisse.
Entre les deux branches des maxillaires inférieurs est une échancrure arrondie , dans la-
quelle se trouve une grosse écaille (.s). L'appareil lingual et branchiosfègue est très-remar-
— 91 —
quable. Comme dans le genre Pohjpterus , le milieu de l'espace entre les maxillaires inférieurs
est occupé par deux grandes plaques allongées (?) , qui se recouvrent au milieu et dont le bord
externe qui est caché par la roche , passe sous une série de plaques latérales. Le contour appa-
rent indique la limite de la partie plane de ces os , qui s'incline de-là sous les plaques latérales.
Leur bord antérieur est tronqué obliquement de dehors en dedans. Leur bord interne est
droit ; leur bord postérieur est arrondi du milieu au bord extérieur en forme de faucille. La
longueur de ces plaques égale trois fois leur largeur.
L'espace compris entre l'angle du bord antérieur des plaques et la symphyse de la mâchoire
inférieure est occupé par une large plaque rhomboïdale qui est comme enclavée dans les
grandes plaques (m).
La série de plaques (v) qui se trouvent entre le maxillaire inférieur et les grandes plaques ,
paraît appartenir aux cornes latérales de l'os hj'oïde , puisqu'on trouve à leur extrémité les
rayons branchiostégues , <pii sont au nombre de trois. Cette série est composée de huit pièces
du côté droit , et de sept du côté gauche. Leur forme diffère un peu des deux côtés ; elles vont
cependant généralement en s'élargissant d'avant en arrière. Les quatre antérieures se res-
semblent le plus ; mais celles du côté gauche sont un peu plus allongées. Les deux extrêmes
de gauche sont en partie cachées ; la première est la plus petite ; la cinquième de droite , ^sl
beaucoup plus étroite que la cinquième de gauche ; mais il se pourrait que les cinquième et
sixième réunies de droite correspondissent ensemble à la sixième de gauche, qui est plus
petite que les deux réunies , mais plus grande que chacune d'elles séparément.
ArriA'ons maintenant au tronc. Je ne doute pas que le fragment de Tab. 6i qui a été trouvé
avec la tète que nous venons de décrire , ne provienne du même poisson. Les écailles sont des
plus remarquables. Elles ont, comme dans les autres Ganoides , deux régions différentes,
l'une visible à l'extérieur, qui est de forme rhomboïdale et dont les angles sont plus ou moins
arrondis , l'autre osseuse , qui sert à les fixer. Cette dernière région consiste en un bord supé-
rieur plus ou moins oblique , sur lequel repose le bord inférieur de l'écaillé voisine , et en un
bord antérieur qui pénètre plus ou moins dans la peau , et qui est recouvert par le bord pos-
térieur des écailles de la série qui précède. Ce type général des Gano'ides se retrouve dans le
genre MegaUchthijs ; mais ce qu'il y a de singulier, c'est que l'émail , au lieu d'être lisse et
poli comme du verre , est finement granulé , toute sa surface paraissant comme couverte de
grains de sable si fins qu'il est à peine possible de les distinguer à l'œil nu. On ne les voit bien
que dans la fig. 3 , qui représente une écaille grossie. Ce sont de petits points creux extrême-
ment rapprochés , et dont les intervalles en relief forment un réseau de mailles. Les bords des
écailles sont amincis, mais le milieu est plus épais, comme on le voit par les coupes de fig. k, .5
et 6 , de Tab. 6i. Par suite d'une inadvertance , ces figures sont renversées et l'émail est
en bas au lieu d'être en haut. Ce qui distingue le mode d'insertion de ces écailles , c'est qu'en
dehors du bord supérieur et antérieur de l'émail, l'os est entouré d'un large sillon qui forme
une ceinture sur les deux côtés des écailles. Le bord de ce sillon est très-marqué et tranchant ;
de-là l'os va en s'amincissant insensiblement.
— 9o —
Il n'est pas douteux que le morceau écailleux , Tab. 6U , fig. 1 , ne soit clans sa position na-
turelle ; les écailles antérieures dont on voit en partie la racine , le prouvent évidemment. Mais
il faut que ce poisson ait eu le corps tres-arrondi , pour que toutes ses écailles soient ainsi re-
foulées les unes sur les autres. Elles paraissent disposées sur les côtés d'une série médiane
peu marquée , et appartenir probablement à la région intermédiaire entre les ventrales et
l'anale.
Ce que Ion voit des nageoires est très-insignifiant ; ce sont uniquement quelques articles
en série de l'extrémité de plusieurs rayons qui paraissent en place et dont la base a disparu. Il
n'est resté de la nageoire supérieure que quelques articles épars et perdus tout le long du dos.
Il est fâcheux que la grande écaille du côté gauche ne soit pas entière , et surtout qu'une
grande partie de sa surface et de ses bords ait disparu. Cette pièce expliquerait bien des os
énigmatiques de Burdie-House. La présence d'une écaille de cette grandeur près des ven-
trales est un fait très-curieux ; car dans les Gano'ides , les écailles qui avoisinent les nageoires
deviennent ordinairement de plus en plus petites. Il existe en outre des fragmens d'os dans dif-
férentes régions du corps ; dans la coupe de fig. 2 , on voit une section d'un corps de ver-
tèbre surmonté de fragmens des apophyses articulaires et épineuses. Le tissu de cet os a de
très-grosses mailles plus lâches que celui de l'os des écailles. Sa forme en cercle brisé provient
sans doute de ce que la coupe passe par le bord articulaire et non par le milieu de la vertèbre.
On aperçoit encore quelques traces des vertèbres en arrière de l'occiput , mais elles sont telle-
ment déformées qu'il est impossible de reconnaître leur forme primitive. On distingue pareille-
ment quelques restes de la substance osseuse des pièces suprascapulaires (et scapulaires), mais
qui sont très-mal conservés. Le bord supérieur de l'opercule droit est aussi visible dans la
coupe de fig. 2. C'est en particulier sur cet os . comme sur tous ceux dont l'intérieur est mis
à découvert par quelque fracture , que l'on peut s'assurer de la ressemblance extrême que
présentent les os de ce singulier poisson avec ses écailles. En effet , les os sont tous recouverts
d'une mince couche d'émail parfaitement semblable à celle qui recouvre les écailles, et comme
sur celles-ci , l'émail est finement granulé ou orné de petits points osseux formant un sablé
plus ou moins serré. Le tissu osseux des os du crâne est plus serré et plus fibreux que celui
des vertèbres ; dans tous les os plats il est exactement comme dans les écailles , plus lâche
au point de contact avec l'émail et très-compact à la surface inférieure, où l'accroissement s'o-
père par de nouvelles couches superposées.
Depuis quelques années les localités qui ont fourni des débris de Megalichthys se sont con-
sidérablement multipliées : on en a découvert dans le pays de Galles , dans les environs de
Manchester, près de StafTord et dans les environs de Glasgow. Dans la plupart de ces loca-
lités , ces débris sont accompagnés de gros coprolithes assez semblables à ceux des Sauriens ,
par leurs formes et par la manière dont ils sont enroulés. Cette coïncidence me paraît prouver
que c'est à ce grand forban des eaux de l'époque houillère qu'il faut les rapporter.
Les exemplaires de Megalichthys recueillis par M. Rankine, à Carluke, dans les environs
— 96 —
de Glasgow, m'ont fait connaître diverses particularités sur ce genre, que je me borne pour le
moment à signaler , en attendant que je puisse exposer en détail , à l'aide de planches plus
nombreuses , tout ce que j'ai observé jusqu'ici sur l'osléologie de ce poisson remarquable. Les
corps de vertèbres sont beaucoup plus courts que hauts , c'est-à-dire discoïdes . à-peu-prés
comme les grandes vertèbres du genre Lamna. Les dents sont trés-élancées , plissées à la
base elles s'effdent en un cône parfaitement lisse ; il y en a de très-grandes qui alternent
avec d'autres moins grandes . entre lesquelles il s'en trouve un grand nombre de très-petites :
celles de la mâchoire inférieure sont les plus grandes.
Il paraît que le genre Megalichthys renferme plusieurs espèces ; du moins j'ai observé au
Musée de Leeds une tête assez bien conservée , dont la mâchoire inférieure est plus large que
celle du M. Hibberti , et que je désigne provisoirement sous le nom de Megalichthys
MAXiLLAKis. J'ai aussi reconnu , parmi les fossiles des îles Orkney , des plaques écailleuses
que je crois pouvoir rapporter au genre Megalichthys , et que je désigne sous le nom de
Megalichthys priscus.
97
CHAPITRE VII.
DU GEIVRE EUGNATHUS âgass.
Parmi les Saiiroïdes jurassiques , il n'en est aucun qui rappelle plus les genres des époques
antérieures , en particulier les Pygopterus et les Acrolepis , que les espèces du genre Eugna-
tlius. C'est la même forme générale et la même disposition des nageoires ; la caudale est en
particulier inéquilobe , car la base du lobe supérieur est bien plus reculée que celle du lobe
inférieur, et la limite des écailles est en forme de S, comme dans les Lepidolus. Malgré cela,
ce ne sont pas des Hélérocerques ; car ce qui caractérise les Hétérocerques , c'est moins l'iné-
galité des lobes de la caudale , que le prolongement de la colonne vertébrale jusqu'à l'ex-
trémité du lobe supérieur de la caudale. Or, rien de semblable n'a lieu chez les Eugnathus ;
ce sont tout simplement des Homocerques à caudale inéquilobe.
Les nageoires en général sont grandes et bien fournies de rayons. Le lobe inférieur de la
caudale, quoique moins proéminent que le lobe supérieur, a des rayons plus gros et plus nom-
breux. La dorsale se distingue également par des rayons très-vigoureux ; elle est opposée à
l'espace compris entre les ventrales et l'anale et forme une nageoire très-haute et très-éten-
due. L'anale est plus petite et composée de rayons plus grêles. Ces trois nageoires ( la caudale,
la dorsale et l'anale) , ont leur rayon principal ou premier rayon garni de fulcres jusqu'à son
extrémité ; quant à la caudale, ceux du lobe supérieur sont, comme d'ordinaire , plus dévelop-
pés que ceux du lobe inférieur. Les pectorales et les ventrales sont en général assez grêles.
Sous le rapport des écailles , notre genre Eugnathus se rapproche davantage des Lépidoïdes
que des Sauroïdes. Les écailles sont grandes, rhomboïdales , et assez variables suivant leur
position sur le corps ; cependant leur longueur l'emporte en général sur leur hauteur. Elles
se rétrécissent notablement sur la région abdominale , où elles sont du double plus longues
que hautes. Mais un caractère qui les distingue entre toutes les écailles de Sauroïdes et qui per-
met de reconnaître le type du genre même sur des fragments très-incomplets , ce sont les sil-
lons et les dentelures toutes particulières du bord postérieur ; ces dernières ne sont qu'une
conséquence des premiers , car chaque sillon donne lieu à une dentelure et les uns et les autres
sont assez accusés pour être toujours très-reconnaissables à l'œil nu. On les retrouve en géné-
ral sur les écailles de toutes les parties du corps ; mais ils sont cependant plus distincts sur
TOM. II , 2» Part. 13
— 98 —
le devant que sur le derrière du tronc. Leur forme et leur disposition variées servent à distin-
guer les espèces entre elles.
La dentition ne laisse aucun doute sur les mœurs carnivores de ces poissons. Je ne connais
aucun genre dans lequel elle soit plus développée, et c'est ce qui m'a engagé à leur donner le
nom d'Eufjnathus. Ce qui les distingue en outre, c'est l'inégalité des- dents : on voit sur
chaque mâchoire de très-grosses dents coniques et d'autres plus petites ; les plus grosses occu-
pent de préférence le milieu de la mâchoire où elles forment parfois un contraste assez frap-
pant avec celles de ^a^ant et de l'arrière , surtout à la mâchoire inférieure. Le museau est al-
longé et pointu. La gueule est profondément fendue.
Le type des Eugnathus paraît avoir prédominé à l'époque du lias ; c'est du moins dans cette
formation qu'on en a trouvé jusqu'ici le plus grand nombre.
L Eugnathus orthostomus Agass.
Vol. 2, Tab. 57 rt.
Le poisson que je désigne sous ce nom, résume à un haut degré tous les caractères du genre
Eugnathus tel que nous venons de l'esquisser. Sa forme élancée , ses mâchoires robustes
et sa caudale très-ample, indiquent assez un poisson vorace et un bon nageur. La tête ,
sensiblement plus longue que le corps n'est haut , est contenue trois et demi fois dans la lon-
gueur totale du poisson. La mâchoire inférieure est très-droite et armée en arrière de trois
fortes dents coniques , précédées d'une quantité de dents plus petites qui occupent sa partie
antérieure. Le maxillaire supérieur a des dents plus uniformes et il n'y en a que quelques-
unes au milieu dont les dimensions l'emportent un peu sur les autres. A en juger d'après la
direction du profd de la tête , il parait que la mâchoire supérieure est plus courte que linfé-
rieure ; cependant il se pourrait que cette différence dût être attribuée à l'absence de l'inter-
maxillaire. Nous verrons du moins que, dans VE. speciosus Tab. o7, où cet os est bien con^
serve , les deux mâchoires sont égales. On remarque en outre parmi les os de la tête ,
l'opercule qui se distingue par son bord postérieur arrondi ; le subopercule est plus large que
le préopercule, qui a la forme d'un croissant étroit. Les rayons branchiostègues, au nombre de
huit ou neuf, sont très-distincts : les plus rapprochés des pièces operculaires sont les plus larges
et les plus grands, et semblent passer insensiblement au sous-opei'cule. L'orbite est de moyenne
grandeur ; les os de la face qui l'entourent sont trop fracturés pour pouvoir être décrits isolé-
ment. La ceinture thoracique est assez bien conservée ; on remarque à l'humérus une forte
saillie arrondie au-dessus de l'insertion des pectorales.
Les nageoires sont toutes conservées , ou du moins il en existe des rudimens. La dorsale est
grande , située à-peu-près au milieu du dos ; ses rayons sont forts , gros , articulés jusqu'à la
base et divisés en un grand nombre de lilels à leur extrémité ; j'en compte dix-sept, qui vont
— 99 —
en décroissant d'avant en arrière. Le premier est hérissé d'un nonibi'e considérable de fulcres
(jiii en garnissent le bord externe , jusqu'à son extrémité ; mais il n'y a pas d'autres petits
rayons en avant. La caudale est plus intéressante encore ; le lobe supérieur déborde le lobe in-
férieur : non pas que ses rayons soient plus longs ; mais parce que la queue ou plutôt la par-
tie couverte d'écaillés se prolonge beaucoup plus en haut qu'en bas. Le rayon externe du lobe
supérieur est en outre garni de fulcres très-longs , notamment vis-à-vis de l'endroit où les
écailles cessent. Au lobe inférieur ces fulcres n'existent pas, mais les rayons d'abord petits
croissent insensiblement jusqu'aux plus grands et décroissent de nouveau vers le milieu de la
nageoire. Tous sont articulés , mais il n'y a que ceux qui sont en delà du plus long rayon qui
soient dichotomés. Ceux qui sont en deçà , sont simples. La caudale est distinctement fourchue
et, connue d'ordinaire, les rayons du milieu sont les plus divisés. L'insertion de l'anale est un
peu en arrière de l'extrémité de la dorsale ; ses rayons sont plus grêles et plus courts que ceux
de cette dernière nageoire. Le premier rayon est garni de fulcres distincts ; les autres sont
profondément divisés. Les ventrales sont très-petites , un peu plus avancées que la dorsale ; il
n'en reste que des débris incomplets dans notre exemplaire , mais parmi ces débris se trouve
im rayon en apparence garni d'épines qui était probablement le premier rayon de la nageoire.
Les pectorales ont de gros rayons et il parait, d'après tout ce qu'il en reste, qu'elles étaient
beaucoup plus développées que les ventrales.
Les écailles méritent une attention toute particulière. Celles qui revêtent la partie antérieure
et supérieure des flancs sont en forme de parallélipédes à-peu-près réguliers ; leur surface
est ornée de stries qui se terminent en dentelures au bord postérieur et ([ui convergent
légèrement vers le centre d'accroissement de l'écaille qui est rapproché du bord postérieur
(fig. a). L'articulation des écailles entre elles s'opère par la simple superposition des bords
onduleux , qui ne sont point garnis d'émail ; du moins n'ai-je point remarqué d'onglet dans
les écailles que j'ai pu examiner. Par contre l'angle antéro-supérieur est très-saillant.
Près du bord ventral , les écailles se rétrécissent singulièrement , au point que leur longueur
égale plus du double de leur hauteur ; mais elles n'en sont pas moins dentelées en ar-
rière (iig. h). Les écailles de l'arrière du corps difïèrent de celles de la partie antérieure en ce
qu'elles sont entièrement lisses et unies et que leur bord postérieur est dépourvu de dente-
lures (fig. c). Leur forme est du reste assez régulière et elles ne deviennent irrégulières que
dans le voisinage de l'anale et de la caudale.
Le magnifique poisson dont notre planche retrace la figure . se trouve dans la collection de
sir Philipp Egerton. Il provient du lias de Lyme-Regis.
— 100 —
II. EuGNATHUS spEciosus Agass.
Vol. 2 , Tab. 57.
Syn. Lepidosteus? dentosus Kœnig Scones sectiles. Tab. XII. fig. 140.
Cette espèce, quoique connue seulement par des fragmens. nous fournit un exemple frappant
de la netteté avec laquelle les os peuvent se conserver intacts dans leur position naturelle. La
tête est allongée , le museau est saillant , la gueule est profondément fendue. On distingue fort
bien parmi les os de la tête les frontaux , les maxillaires supérieur et inférieur, l'intermaxil-
laire et les pièces des appareils ptérygopalatin et operculaire. Le maxillaire supérieur est large
en arrière et se termine en pointe très-effilée en avant. L'intermaxillaire qui lui succède pour
former l'extrémité du museau, est beaucoup plus petit, et d'après la manière dont il repose sur
l'extrémité antérieure de l'intermaxillaire , il n'y a pas lieu de s'étonner qu'il soit si rarement
conservé dans ces poissons. Le maxillaire inférieur est beaucoup plus large que le supérieur.
On reconnaît distinctement la manière dont il s'articule en arrière à l'os carré. Les dents du
maxillaire supérieur sont les plus uniformes ; cependant les antérieures sont en somme un
peu plus développées que les postérieures. Les dents implantées dans l'intermaxillaire sont
sensiblement plus fortes et plus crochues. Mais c'est à la mâchoire inférieure qu'on remarque
la plus grande variété dans les dimensions des dents ; celles du milieu de la mâchoire , sur-
tout, sont les plus grosses de toutes. J'ai représenté dans les fig. 3 et 4 deux dents, dont
l'une (fig. 3) est de la mâchoire supérieure, et l'autre (fig. h), de la mâchoire inférieure.
L'appareil operculaire est admirablement conservé. Le préopercule est presque droit, en quoi
il diffère de celui de l'espèce précédente qui est sensiblement arqué ; l'opercule est anguleux
et fait saillie en arrière , l'interopercule a sa branche montante très-haute , tandis que la
branche horizontale s'étend sous le préopercule et sous le subopercule. Les rayons branchios-
tègues sont très-développés ; on en distingue une dizaine qui vont en se raccourcissant d'ar-
rière en avant. La plaque temporale et palatine est également très-bien conservée , mais il
n'est pas possible d'y reconnaître le contour des différens os dont elle est composée. On
remarque seulement les contours de l'os carré en contact avec le maxillaire inférieur, qui
forme avec lui une vigoureuse articulation.
Le fragment de fig. 2 qui a été trouvé avec la tête que nous venons de décrire , et qui
provient sans doute de la même espèce , nous montre d'une manière très-complète la forme
et la structure des écailles. C'est un fragment de la partie antérieure du corps. Les écailles
supérieures sont plus allongées que celles d'aucune autre espèce. Leur surface est marquée de
plis longitudinaux très-distincts , qui aboutissent au bord postérieur à des dentelures très-
prononcées (fig.. 5). Le bord antérieur, ou la racine de l'écaillé, est parfaitement lisse. Il
paraît que les diverses écailles d'une rangée étaient simplement juxtaposées ; on ne voit du
— 101 —
moins aucune trace d'un onglet articulaire au bord supérieur. Vers la région ventrale , les
écailles deviennent toujours plus étroites , mais elles sont du reste conformées comme les
autres (lig. 6),
Les deux exemplaires figurés ont été trouvés dans le lias de Lyme-Regis , et font Tun et
l'autre partie de la collection de miss Philpot à Lyme-Regis.
III. EuGNATHUS Philpotlve Affass.
s*-
Vol. 2, Tab. 58.
Cette espèce ressemble à certains égards à VEuxjn. orthostomus, que nous avons décrite plus
haut ; cependant elle est plus trapue et sa forme générale est si régulière , qu'elle rappelle
les poissons les plus réguliers de notre époque. Quoique le museau ne sQJt pas conservé , je
ne doute cependant pas que ce ne soit un véritable Eugnathus. Ce qui le distingue entre tous
ses congénères , c'est la forme particulière de ses écailles, dont les antérieures sont plus hautes
que longues. Les stries longitudinales dont elles sont ornées , sont aussi plus marquées ; elles
sont parallèles , commencent à-peu-près au tiers antérieur de l'écaillé et aboutissent au bord
postérieur, sans cependant occasionner une dentelure bien accusée. Le bord antérieur, qui en
est dépourvu est entièrement lisse. L'articulation des séries dorso-ventrales a lieu au moyen
d'un onglet articulaire assez obtus (fig. 2). Les stries longitudinales s'effacent de plus en plus
vers la région caudale , à mesure que les écailles s'allongent davantage. Aux environs de la
dorsale , là où les écailles sont sensiblement plus longues que hautes , les stries sont déjà bien
moins longues et moins accusées (fig. 3). Enfin, au-delà de la dorsale, les stries disparais-
sent complètement et la surface des écailles est tout-à-fait lisse. En même temps la forme
des écailles se rapproche toujours plus du losange. La ligne latérale est très-distincte dans
notre espèce ; elle est à-peu-près parallèle à la ligne du dos et se reconnaît à une ouver-
ture transversale située au milieu des écailles. Ces écailles n'ont au reste rien de particulier
dans leur structure : elles sont striées dans la partie antérieure et lisses dans la partie posté-
rieure du corps. La fig. k représente deux écailles de la ligne latérale, dans leur juxtaposi-
tion avec d'autres écailles , telles qu'elles se voient sur la partie postérieure du tronc. Les na-
geoires ont la même forme et la même disposition que celles de VEug. orthostomus. La dor-
sale est grande , composée de rayons profondément dichotomés et articulés. Le premier rayon
est hérissé de fulcres roides qui s'étendent de la liase jusqu'au sommet. La caudale est large-
ment échancrée , ses rayons sont plus gros et moins nombreux que dans l'espèce citée , et
leurs articulations sont plus distantes. En revanche , les fulcres qui bordent le premier rayon
du lobe supérieur et du lobe inférieur, sont plus petits. L'extrémité de la queue qui supporte la
caudale est en forme de S , et comme le lobe inférieur de la caudale est plus reculé , il en ré-
sulte que pour égaler à leur extrémité ceux du lobe supérieur, ses rayons doivent être plus
— 102 —
longs que ceux du lobe supérieur. L'anale est petite et opposée à l'extrémité de la dorsale.
Les pectorales ont les rayons les plus grêles.
Les os de la tète sont en partie assez bien conservés , au museau près. On distingue surtout
les plaques du pariétal et du mastoïdien, dont la surface est granulée comme dans les Dapedius
et les Tetragonolepis. La ceinture thoracique en revanche est lisse ; l'humérus en particulier
est très-bien conservé ; faiblement arqué , il ne forme qu'une saillie peu marquée au-dessus
de l'insertion des pectorales.
En dédiant cette espèce à Miss Philpot , je me fais un plaisir de reconnaître publiquement les
services qu'elle a rendus à la paléontologie et notamment à l'ichlhyologie fossile , par les soins
([u'elle atnis à recueillir les débris fossiles du lias de Lyme-Regis. L'espèce que nous venons
de décrire et qui fait partie de sa collection , peut être envisagé comme l'un des beaux pois-
sons de celte formation.
l\. EUGNATHUS CumoTES Affass. .
S'
Vol. 2, Tab. S7 6.
C'est la plus grande espèce du genre. L'exemplaire ligure doit avoir eu près de trois pieds
de longueur, à en juger d'après ce qui est conservé. Un caractère qui frapj)c au premier coup-
d'oeil dans ce poisson , c'est sa tête courte et son museau obtus, qui contraste fortement avec
le museau allongé des E. orthostomus et speciosus décrits ci-dessus. La tête n'a que sept pouces
de long, ensorte qu'en évaluant la longueur totale du poisson à trois pieds, elle n'en égale que
la cinquième partie. Les dents sont coniques , robustes , de grandeur inégale et plus ou moins
recourbées en arrière. Les plus grosses occupent le milieu et le devant de la gueule. Les na-
geoires sont grandes , les pectorales surtout sont très-développées et composées de rayons fort
gros. Le rayon externe , qui est le plus grand , est muni de fulcres très-distincts. Les autres
ne sont articulés et divisés qu'à partir du milieu de leur longueur. Les ventrales se font égale-
ment remarquer par de très-gros rayons, et ici aussi le rayon antérieur est garni de fulcres. La
dorsale est grande ; ses rayons paraissent avoir été nombreux et articulés jusqu'à la base. Sa
position est peut-être déplacée dans notre dessin ; du moins , les osselets interapophysaires
qui correspondent aux rayons , sont-ils plus reculés que les rayons eux-mêmes.
Le squelette nous offre de très-grosses vertèbres , plus hautes que longues. En revanche,
leurs apophyses sont très-grêles, ainsi que les côtes. Il existe des osselets interapophysaires
tout le long du dos ; et bien que ceux qui précèdent la dorsale soient tous inermes, ils ne cè-
dent cependant pas en grosseur à ceux qui portent la dorsale ; les uns et les autres sont très-
vigoureux. Le seul caractère qui distingue ces derniers , c'est qu'ils sont terminés par une fêle
articulaire. On reconnaît presque tous les os de la tête; la base du crâne paraît recouverte d'une
(ine brosse de dents. Les palatins sont étroits : les os de la face et des pièces opère u laires ,
— 103 —
minces. L'orbite esl grande , le scapiilairc large et lisse, l'humérus strie et plissé longitudî-
nalement.
Ces ditTérences très-considérables entre cette espèce et les autres Eugnathus sont de nature
à faire naitre des doutes sur son identité générique. J'ai moi-même été dans l'incertitude à
cet égard ; mais la découverte que jai faite, dans la collection de lord Enniskillen, d'un second
exemplaire de même taille à-peu-près , et sur lequel une partie des écailles s'est conservée ,
m"a convaincu ((ue je ne m'étais pas tronq)é en rapportant malgré cela cette espèce au genre
Eugnathus. Ces écailles qui proviennent des environs de la ceinture thoracique , sont armées
de sillons ou stries longitudinales absolument comme dans les autres espèces , avec cette seule
différence qu'elles sont un peu plus lînes et plus irrégulières. Les os de la tête sont finement
granulés.
C'est encore une espèce propre au lias de Lyme-Regis. Lord Enniskillen en possède plu-
sieurs exemplaires, entre autres l'original de notre planche. Un autre, non moins remarquable,
se trouve dans la collection de Miss Philpot à Lyme-Regis. Ce dernier a l'avantage de nous
faire voir une partie des écailles par la face inférieure ; et je me suis convaincu par là , à n'en
plus douter, que l'articulation des séries dorso-ventrales ne se fait pas au moyen d'onglets sail-
lans , mais seulement par les sinuosités des bords des écailles.
V. Eugnathus minor Agass,
Vol. 2, Tab. S8a, %. 1.
Le poisson que j'appelle de ce nom est bien certainement un Eugnathus , quoiqu'il soit
beaucoup plus petit que les autres espèces. La dentition ne laisse aucun doute à cet égard. La
mâchoire inférieure surtout présente celte disposition des dents que nous avons signalée
comme caractéristique du genre ; savoir, que les premières et les dernières dents sont pe-
tites , tandis que celles du milieu sont sensiblement plus grandes. Les dents de la mâchoire
supérieure sont assez uniformes ; les mâchoires elles-mêmes sont très-grèles. Les écailles, de
leur côté , sont évidemment des écailles d'Eugnathus : elles sont en forme de rhombes régu-
liers , et leur surface est distinctement striée, ainsi que le montre la fig. i' qui représente une
écaille voisine de la région ventrale. A cet égard , les écailles ont la plus grande ressemblance
avec celles de YEwjn. Philpot iœ. Aussi se pourrait-il que ce poisson ne fût autre chose que le
jeune de cette espèce. Ce qui m'a empêché jusqu'à présent de les identifier, c'est que ne con-
naissant pas les mâchoires de celte dernière , jç n'ai pas voulu les identifier sur la foi des
seules écailles.
L'exemplaire figuré provient du lias de Lyme-Regis , et se trouve dans hi collection de
miss Philpot. Je rapporte à la même espèce un fragment de tronc qui se trouve dans la collec-
tion de lord Enniskillen.
— iOh —
VI. EuGNATHtTS POLYODON AgaSS.
Vol.2,Tab. 58a,fig. 2.
Quoique je ne connaisse que la tête et des fragmens de mâchoire de ce poisson , je n'hé-
site cependant pas à le distinguer spécifiquement de ses congénères. La disposition des dents
est , en efïet , des pkis extraordinaires , par la manière étrange dont les grosses et les petites
sont entremêlées. Tandis que dans les autres espèces, les dents du milieu de la mâchoire sont
ordinairement très-grosses , et vont en décroissant d'avant en arrière , nous voyons ici une
petite dent alterner avec une grosse et former ainsi une armure des plus singulières. La
mâchoire inférieure est assez grêle , cependant elle se dilate sensiblement en arrière. L'ex-
trême largeur de la tête dans notre exemplaire ne me paraît pas naturelle , et il est probable
qu'elle n'est ainsi dilatée que par accident. On distingue aussi une partie des rayons bran-
chiostègues au-dessous de la mâchoire inférieure. Ils sont d'assez petite taille et renflés en
forme de massue du côté interne. Notre exemplaire a également conservé une portion de ses
pectorales , car nous voyons que cette nageoire était composée de rayons nombreux , mais
assez grêles et très-serrés.
C'est encore une espèce du lias de Lyme-Regis ; l'original se trouve en la possession de miss
Philpot. Il existe plusieurs fragmens de mâchoire dans la collection de lord Enniskillen , que
je serais assez tenté de rapporter à cette espèce. Ce qu'il y a de remarquable , c'est que les
dents sont striées longitudinalement.
Je renvoie à une autre occasion la description des espèces suivantes :
1° EuGNATHus oPERCULARis Agass. Du lias de Lyme-Regis. Grande espèce, de la taille
de VE. Philpotiœ ; remarquable par son museau obtus, ses dents très-uniformes , et par son
appareil operculairetrès-développé. Les pectorales sont très-grandes, mais articulées seulement
dans leur partie postérieure. Les écailles sont plus longues que hautes, striées et dentelées
au bord postérieur.
2° EuGNATHUS MiCROLEPiDOTUS Agass.C'cst l'espèce que j'ai signalée précédemment sous le
nom à'Urœus microlepidotus. Les dents sont très-grosses , coniques et uniformes. Je me suis
assuré que les écailles sont distinctement sillonnées et dentelées , ensorte qu'il ne peut y
avoir de doute sur le genre. C'est un vrai Eugnathus du calcaire lithographique de Solenhofen.
C'est jusqu'ici le seul qu'on ait trouvé dans le Jura supérieur.
3° Eugnathus gigaîsteus Agass. Lord Enniskillen possède un poisson colossal du lias de
Boll que j'avais rapporté au genre Pachycormus, sous le nom de P. giganteus: mais en étu-
diant plus tard attentivement l'ostéologie des Eugnathes , des Pachycormes et des Catures , je
— 105 —
me suis convaincu que ce poisson offrait, clans l'ensemble de ses caraclères, une aflinilé plus
marquée avec les Eugnathes qu'avec les Pachycormes ; c'est pourquoi je les décrirai plus tard
sous le nom iVE. yigauteiis.
J'ai encore distingué une espèce du lias de Whitby, sous le nom d'E. fasciculatus : une
du lias de Street, sous le nom d'E. tenuideks, et quatre autres de Lyme-Regis, sous les noms
d'E. oRXATus, scABRiuscuLus , LEPTODUs et MANDiBULARis. Je décHraï toutes ces espèces dans
mes Supplémens.
Le genre Conodus , que je décrirai également dans mes Supplémens , doit être rangé à la
suite des Eugnathes , dont il ne diffère que par quelques particularités dans la dentition. L'es-
pèce unique de ce genre portera le nom de Conodus ferox Agass.
C'est probablement à la suite de ce genre, et peut-être mieux encore à la suite du genre Me-
galichthys, qu'il faut placer plusieurs types encore imparfaitement connus, dont je donnerai
la description plus tai'd. En les énumérant ici par les noms que je leur ai donnés, mon inten-
tion est simplement d'attirer l'attention des géologues sur l'existence de genres fort remarqua-
bles, que des recherches ultérieures et des fouilles plus heureuses pourront seules faire connaître
d'une manière satisfaisante. Le genre Dendrodus établi par M. Owen mérite cependant déjà
une mention spéciale. La bizarre structure microscopique de ses dents le font facilement re-
connaître. C'est un type jusqu'ici exclusivement propre au système des terrains dévoniens.
J'ai représenté dans ma Tab. oS a, fig. 19 et 20. deux fragments de mâchoire d'une espèce de
ce genre qui sont remarquables à cause de leur ressemblance avec les mâchoires du Lepidos-
teus décrites plus haut. Comme dans ce dernier genre la mâchoire est divisée en un certain
nombre de pièces qui portent les dents. Seulement dans le genre Dendrodus les dents sont
proportionnellement plus grandes relativement à la mâchoire et une pièce ne porte ordinaire-
ment qu'une dent ou deux au plus. Les exemplaires figurés proviennent du vieux grès-rouge
de Riga. Fig. 19 est une pièce maxillaire vue par la face externe; fig 19rt représente cette
même pièce vue par la face interne et montrant la base de la dent, ennn la fig. 19 6 la pré-
représente de profil pour montrer les rapports relatifs de hauteur et d'épaisseur de la dent et
du bord externe. Fig. 20 est un autre fragment, peut-être d'une espèce à part, avec deux
dents qui montrent l'une et l'autre leur cavité médullaire. M, Owen a décrit et figuré plusieurs
espèces de ce genre dans son Odontographie et dans le Journal microscopique de M. Cooper.
De mon côté, j'ai distingué des Dendrodus, les genres Lamnodus, PlatyCtNAThus et Cricodus ;
les deux premiers sont exclusivement propres aux terrains dévoniens, tandis que le troisième
se trouve également dans les terrains dévoniens et dans les terrains houillers. On n'a décou-
vert jusqu'ici que des fragments de mâchoires ou des dents isolées de ces curieux poissons.
C'est encore d'après des fragmens de mâchoires que j'ai établi mes genres Orognathus et
ToM. II. 2' Part. 14
— i06 —
PoDODUs que j'ai déjà mentionnés à page 83 et dont je ne connais jusqu'à présent que des
espèces du terrain houiller. Enfin le genre Gbaptolepis que j'ai établi sur une plaque écail-
leuse du terrain houiller des environs de Glascow devra probablement être rapproché des
Aspidorhynchus. C'était très-probablement un poisson à longues mâchoires que je sup-
poserais volontiers hétérocerque ainsi que les autres genres que je viens d'énumérer, à
cause de l'ancienneté des terrains dont ils proviennent.
Je publierai une description détaillée de tous les fragmens que je possède de ces différens
genres dans les supplémens à cet ouvrage ou dans ma Monographie des poissons du vieux
grès rouge.
— <07
CHAPITRE VIII.
DU GENRE PTYCHOLEPIS Agass.
J'ai été long-temps indécis si je laisserais ce type réuni aux Eugnathus , ou si j'en ferais un
genre à part. Au premier abord , la différence entre les tégumens des deux types est des plus
frappantes , les Eugnathus étant revêtus d'une cuirasse très-régulière et uniforme , tandis que
notre Ptycholepis , au contraire , a l'air de n'être hérissé que de petites plaquettes irrégulières
et acérées. Mais cette différence est plus apparente que réelle ; car, en y regardant de près ,
on découvre bientôt que l'irrégularité de la cuirasse des Ptycholepis est occasionnée essentiel-
lement par les stries longitudinales des écailles. Or, les Eugnathus ont égalementMes écailles
marquées de petits sillons , seulement ils sont moins accusés. Dans les Ptycholepis , ces sillons
sont au contraire très-profonds , et comme on ne les distingue pas toujours très-bien des lignes
de séparation des écailles , il en résulte cette apparence irrégulière qui frappe si fort au pre-
mier coup-d'œil. Il suffirait de creuser et d'allonger davantage les sillons des écailles de VE.
Philpotiœ , par exemple , ou de toute autre espèce de ce genre , pour obtenir le même aspect.
Cependant les différences ne se bornent pas aux écailles , et la découverte qui a été faite, il y
a quelques années , d'un exemplaire dont tout le corps , y compris la tête et les nageoires , est
conservé , ne permet plus guère de douter que mon genre Ptycholepis ne soit bien fondé , et
différent des Eugnathus. La tête est beaucoup plus courte, et les dents, tout en étant assez
grosses et coniques , sont loin d'être aussi irrégulières. La caudale est beaucoup plus grêle ,
et ses rayons fort minces, ne rappellent nullement la caudale vigoureuse des Eugnathus. La
dorsale paraît aussi être plus rapprochée de la tête que de la queue , ce qui est le contraire de
ce que nous avons reconnu dans le genre Eugnathus.
C'est un type propre au lias ; du moins la seule espèce qui soit connue, le Ptych. bollensis,
ne se trouve que dans cette formation.
— 108 —
Ptycholepis bollensis Agass.
Vol. 2, Tab. 58 6.
Cette espèce est assez fréquente clans le lias d'Allemagne et d'Angleterre. C'est à Boll en
Wurtemberg , que j'en ai rencontré les premiers exemplaires , ce qui m'a engagé à l'ap-
peler Pt. bollensis. Ordinairement on n'en trouve que des fragmens plus ou moins bien con-
servés. La plaque figurée est la seule à ma connaissance qui contienne un poisson entier ;
et c'est cet exemplaire qui m'a permis de fixer définitivement mes idées sur le genre. La
g ande irrégularité qu'on remarque dans les écailles , n'est pas un caractère accidentel comme
on pourrait le croire si l'on ne possédait que ce seul exemplaire. Je l'ai retrouvée plus ou
moins prononcé sur tous les exemplaires connus jusqu'à ce jour. Il parait que non-seule-
ment les écailles se désarticulent facilement , mais encore quelles se brisent souvent dans
le sens des sillons ; de-là cette apparence bouleversée qui frappe si fort au premier abord. Du
reste, toutes les écailles ne sont pas d'égale largeur et celles de la partie antérieure du corps
sont comme d'ordinaire les plus grandes. Elles sont surtout plus larges que les autres ; dans
aucun cas cependant , leur largeur n'égale leur longueur. Celles qui avoisinent la région
caudale sont, par contre, très-étroites (fig. 3). Les unes et les autres sont garnies de plis qui
s'étendent sur toute la surface de l'émail , jusqu'à la racine , c'est-à-dire jusqu'à cette partie
du bord antérieur qui étant recouvert par l'imbrication , est parfaitement lisse. On remar-
que aussi que ces plis sont plus irréguliers sur les écailles de la partie antérieure du tronc
que sur celles de la queue ; ils sont môme souvent anastomosés (fig. 2). Il résulte de cette di-
versité que suivant que le poisson sera coucbé sur le dos ou sur le ventre , on devra s'attendre
à trouver des écailles tout-à-fait différentes. La tête est grosse et courte ; elle est contenue
à-peu-près quatre fois dans la longueur totale du poisson. Les os du crâne ainsi que les mâ-
choires sont recouverts de rides irrégulières mais très-saillantes , formant un réseau des plus
caractéristiques. Il n'y a que l'opercule et le préopercule qui soient lisses ; encore le premier
est-il distinctement strié à son bord supérieur et postérieur. L'orbite est petite. Les mâchoires
sont larges et les quelques dents que l'on aperçoit à la mâchoire inférieure sont longues , co-
niques et uniformes. Il n'existe à-peu-près aucune différence dans la structure des différentes
nageoires. Les pectorales sont assez larges , composées de rayons fins et très-serrés ; le rayon
antérieur est simple et muni de petits fulcres jusqu'à son extrémité. Les deux nageoires sont
conservées dans notre exemplaire. Les ventrales ont disparu. L'anale compte une vingtaine
de rayons à-peu-près d'égale grosseur et tous dichotomés et articulés , le premier seul est in-
divis et garni de fulcres à son bord. La caudale est très-petite et, à ce qu'il paraît , indistinc-
tement bilobée. Les deux lobes réunis n'ont pas la largeur d'un lobe d'un Eugnathus quel-
conque. Les rayons sont grêles , dichotomés et articulés , et l'on remarque que là où ils sont
— 109 —
conserM's , les arlicles sont sensiblement plus longs que larges. La limite des écailles repré-
sente une ligne inclinée d'arrière en avant. Le pédi(;n!e de la (jueue qui supporte cette nageoire
si grêle , est lui-même três-étroit. La dorsale n'est pas conservée dans notre exemplaire, mais
d'après ce que j'en ai vu dans d'autres fragmens , elle est plus développée que les autres na-
geoires et très-rapprochée de la tête.
L'exemplaire iiguré se trouve dans la collection de lord Enniskillen , il provient du lias (Je
NMiitby ; il y en a un autre dans la collection de M. de Zieten à Stuttgart. C'est celui d'après
lequel j'ai établi le genre en 1831 . Le Musée de \\ hitby en possède aussi plusieurs fragmens.
Il en existe également des exemplaires dans la collection de sir Philipp Egerfon. Enfin , M. le
D"" Schmidt de Metzingen , près d'Urach en Wurtemberg , vient de m'envoyer le dessin d'un
fragment , représentant cette même espèce par la face supérieure , de manière à montrer les
sculptures linéaires dont sont ornées les plaques qui recouvrent la tête. Cette espèce se trouve
aussi à Lvme-Reffis.
— no —
CHAPITRE IX.
DU GENRE PACHYCORMUS Agass.
Ce genre se distingue par son corps très-renflé qui contraste avec la forme élancée de
la plupart des autres Sauroïdes. La caudale est très-large , et ce qui la fait encore ressortir da-
vantage , c'est qu'elle est supportée par un pédicule très-grèle. Une autre particularité de cette
nageoire, consiste dans l'arrangement de ses rayons. Les lobes, au lieu d'être limités à l'ex- j
térieur par un grand rayon garni de fulcres , sont au contraire précédés d'un grand nombre
de rayons indivis , qui vont en s'allongeant insensiblement et donnent ainsi à la caudale une
forme arrondie des plus caractéristiques , qui sert surtout à distinguer notre genre , du genre
Caturus qui en est très-voisin. La dorsale est située au-delà du milieu du dos ; elle est d'or-
dinaire peu développée et opposée à l'espace compris entre l'anale et les ventrales ; celles-ci
sont aussi l'une et l'autre assez grêle. Les pectorales , en revanche , sont très-grandes. Je
n'ai remarqué sur aucune nageoire des fulcres bordant le rayon externe , comme il en existe
dans les genres précédons.
Les écailles sont excessivement minces et contrastent sous ce rapport avec les écailles des
Eugnalhus et de la plupart des autres Sauroïdes du lias.
Le squelette est plutôt grêle que vigoureux. La colonne vertébrale se compose de vertèbres
très-courtes, ce qui fait que les apophyses et les côtes sont très-serrées. Il y a des osselets in-
terapophysaires tout le long du dos. Les mâchoires sont assez robustes, mais les dents sont
proportionnellement petites. Les rayons branchiôstègues sont nombreux et serrés.
Le genre Pachycormus est un type jurassique et plus particulièrement liasique. Or, conmie
les Sauroïdes qui se rapprochent le plus de notre genre par leurs écailles , notamment les Ca-
turus, sont presque tous d'une époque plus récente (des étages supérieurs de la formation ju-
rassique) , cette circonstance facilite la détermination de certains fragmens qu'on peut rap-
porter au genre Pachycormus , sans craindre de les confondre avec les Caturus, lorsqu'ils sont
liasiques.
— i\i —
1. Pachycorwus macropterus Agass.
Vol. 2, Tab. 59fl.
Ce poisson a une physionomie (rès-accusée , qui résulte de la réunion de plusieurs ca-
ractères très-contrastans , entre autres du renflement du tronc combiné avec un pédicule cau-
dal très-grèle supportant une caudale fort large ; ces contrastes sont d'autant plus frappans
que l'espèce atteint des dimensions considérables. Notre exemplaire a en effet plus d'un pied et
demi de long. La tète est assez petite proportionnellement au corps allongé ; dans son ensemble,
elle l'essembleun peu à une tète de Saumon. Le museau est pointu. L'orbite est très-rapprochée
du profil de la tète. La gueule est très-fendue, mais les mcâchoires sont assez grêles ; la mâchoire
inférieure est cependant plus dilatée que la supérieure. Les dents sont petites, et c'est à peine
si les plus grandes ont une ligne de haut. La ceinture thoracique est large et forte , et si l'oper-
cule est petit, le préopercule est en revanche très-grand. A son bord inférieur, et tout le long
des os hyoïdes , se voient une série de plus de quarante rayons branchioslègues qui vont en
décroissant d'arrière en avant. Leur disposition est surtout distincte dans la fig. 2 , qui repré-
sente la tête de notre exemplaire vu par la face inférieure. Le temporal est grand et très-di-
laté à ses extrémités. La queue de l'os hyoïde, enfin, paraît présenter un large disque, en
avant des rayons branchiostègues , vers la symphyse de la mâchoire inférieure (fig. 3).
Les nageoires nous offrent aussi de bons caractères spécifiques. Les pectorales sont Irès-
développées ; leurs rayons principaux sont p\us longs que les plus grands de la caudale ,
mais ils décroissent rapidement à partir des neuvième et dixième , et les derniers sont très-
petits. Les grands rayons sont en outre fort gros , mais ils ne présentent d'articulations que
vers leur extrémité. La caudale est excessivement dilatée. Ses premiers rayons sont très-petits ;
mais ils vont en grandissant jusqu'au quatorzième ou quinzième qui est le plus grand. Ceux du
milieu sont beaucoup plus divisés que ceux des côtés. Les petits sont même tout-à-fait indivis.
La hauteur de la caudale, de l'une de ses extrémité à l'autre , égale à-peu-près la plus grande
largeur du corps. L'anale est très-reculée ; elle n'est composée que de très-petits rayons qui
présentent de nombreuses divisions.
Quant aux écailles , il est assez difficile de les étudier sur notre exemplaire , par la raison
que le rognon qui contient le poisson , en se brisant , les a enlevées d'une manière inégale ,
de telle sorte que celles qui restent montrent tantôt leur face extérieure , plus ou moins mu-
tilée , et tantôt sont complètement enlevées , ou bien n'ont laissé que l'empreinte plus ou moins
complète de leur face interne. Malgré ces difficultés , on y reconnaît cependant le type des
Ganoïdes. Les écailles sont en général très-petites, et leurs bords paraissent être entiers.
Le squelette n'est visible qu'en partie , mais ce que l'on en voit , nous montre assez qu'il
est robuste. Les vertèbres sont très-courtes. Les apophyses des vertèbres caudales sont lon-
gues et fortement inclinées en arrière.
— 112 —
Cette espèce ne parait pas être très-rare. L'original de ma planche se trouve au Muséum de
Paris ; il provient du lias de Beaune en Bourgogne. M. le professeur Walchner , à Carlsruhe ,
en possède un autre exemplaire ; un troisième, dont la caudale est admirablement conservée,
se voit au Musée de Prague. Enfin , on la trouve aussi dans le lias de Gœppingen , d'où
M. Hartmann possède un exemplaire. Je l'ai étiquetée du nom de gradlis dans quelques
collections ; mais depuis j'ai dû distinguer deux espèces, dont je nomme l'une macropterm et
l'autre (jracilis.
II. Pachycormus curtus Agass.
Vol. 2, Tab. o9.
Les contours généraux de cette espèce sont bien les mêmes que ceux du Pach. macropte-
rus : l'abdomen est très-renflé , la tête proportionnellement petite , le pédicule de la queue
grêle , supportant une caudale largement échancrée. Mais les dimensions du poisson sont beau-
coup plus petites. Il n'a guère que neuf pouces de long , sur deux pouces et trois quarts de
large. Tout ce qui reste des nageoires est excessivement grêle. La dorsale et l'anale surtout
sont composées de rayons très-fins et nombreux. La caudale elle-même participe de cette
structure ; car ses rayons sont aussi très-grêles. Il y en a aussi un grand nombre de petits
indivis en avant du rayon principal de chaque lobe. Les rayons-du milieu sont, comme d'or-
dinaire , les plus divisés. Ce que l'on voit du squelette contraste d'une manière frappante avec
la minceur des nageoires. Les apophyses dés vertèbres de la région caudale sont surtout très-
fortes , longues et très-inclinées en arrière. Celles des vertèbres abdominales sont beaucoujt
plus grêles. Les oslelets interapophysaires de l'anale sont encore plus larges que les apo-
physes des vertèbres caudales. Aussi y a-t-il plusieurs rayons pour un osselet. On voit encore à
l'extrémité de la queue quelques osselets larges , qui supportent les rayons du lobe inférieur
de la caudale et qui se distinguent également par leur forme massive. La tête est plus longue
que large, quoique en somme moins effilée que chez l'espèce précédente. La gueule est très-fen-
due ; les dents , dont on ne voit qu'un petit nombre à l'extrémité de la mâchoire inférieure .
sont proportionnellement beaucoup plus grosses. Les écailles sont minces et très-uniformes
sur tout le corps. Leur forme est rhomboïdale. C'est à peine si celles de l'extrémité de la queue
sont plus petites que celles de la partie antérieure du tronc.
L'espèce se trouve dans le lias du Yorkshire. L'exemplaire de ma planche est empâté dans
un rognon. Il fait partie de la collection du Musée de Scarborough. La contre-plaque se trouve
en la possession de M. Beane à Scarborough. Il en existe un autre exemplaire au Musée
de Whitby.
— ^^3 —
IH. Pachycormtts ? MACRURUS Agass.
Vol. 2, Tab. 58a, fig. 3.
Le nom spécifique de cette espèce en indique le caractère saillant , qui consiste dans le dé-
veloppement extraordinaire de la caudale. C'est à-peu-près tout ce qu'il reste de cette espèce;
mais cette nageoire est si différente de ce qu'elle est dans les autres Pachycormes connus ,
que je ne me fais aucun scrupule de la prendre pour base de la diagnose de cette espèce.
Et d'abord elle est inéquilobe et la limite extrême des écailles est en forme de S , comme dans
les Eugnathus. Ses rayons sont énormes , articulés de très-près , et cependant divisés un grand
nombre de fois. Le rayon extérieur est hérissé de fulcres très-fins et fort inclinés. Outre cela,
il y a , en avant du rayon principal , une série de rayons plus petits et également articulés , du
moins au lobe inférieur. Quant au lobe supérieur, il n'est pas entièrement conservé ; ses
rayons sont un peu plus courts , mais tout aussi gros que ceux du lobe inférieur. La nageoire
est au reste distinctement fourchue. Chaque rayon a l'air de s'articuler sur un osselet parti-
culier, au moins au lobe inférieur. Peut-être fera-t-on quelque jour de cette espèce le type
d'un genre à part , intermédiaire entre les vrais Pachycormes et les Eugnathes , lorsqu'on con-
naîtra toutes les parties de l'animal.
Du lias de Lyme-Regis. L'original se trouve dans la collection de Miss Philpot.
1\ . Pachycormus? heterurus Agass.
Vol. 2, Tab. 58a, fig. 4 et 5.
En rangeant cette espèce dans le genre Pachycormus , je dois convenir qu'il me reste sur
sa véritable position générique les mêmes doutes qu'à l'égard de la précédente. Il est vrai
que la forme de la caudale et la structure des rayons rappellent tout-à-fait notre genre. Mais
d'un autre côté, les écailles en diffèrent notablement, en ce qu'au lieu d'être anguleuses, elles
sont arrondies en arrière. Examinées à la loupe, 'elles présentent l'aspect de fig. 5 , c'est-à-
dire , que l'on aperçoit un renflement longitudinal au milieu de chaque écaille. Les stries
d'accroissement y sont en outre très-distinctes , et l'on voit au bord postérieur quelques plis
ou rides transversales très-marquées. La queue elle-même a quelque chose de particulier,
en ce qu'au lieu d'être droite ou en forme de S , elle se termine en une seule pointe obtuse
qui correspond au milieu de la nageoire caudale. Les rayons de cette nageoire sont gros et
articulés jusqu'à leur base , mais les articulations sont très-distantes , et les articles au moins
aussi longs ([ue larges. Le lobe supérieur est garni de très-gros |"ulcres qui se transforment
peu-à-peu en filets plus fins ; et à la base des fulcres , on découvre un certain nombre d'écaillés
allongées et légèrement redressées. Au lobe inférieur, les fulcres semblent transformés en pe-
tits rayons simples qui s'articulent à la base de la nageoire où ils sont très-nombreux.
ToM. H. 2' Part. 15
— nu —
L'exemplaire figuré est jusqu'ici le seul que je connaisse. Il provient du lias de Lyme-Regis
et se trouve dans la collection de Miss Philpot. On ne manquera sans doute pas de trouver un
jour des exemplaires plus complets , qui permettront de décider si notre espèce est bien réel-
lement un Pachycornms , ou s'il faut la reporter dans un autre genre.
•
Outre les deux espèces ci-dessus décrites , qui peuvent être envisagées comme les types du
genre , j'en connais plusieurs autres , qui méritent la même attention.
i" Pachycormus LATiROSTRisAgass. Très-grande espècc, plus grande que le P. macropterus,
mais à tête courte et à museau pointu. Du lias de Whitby.
2° Pachycormus gracilis Agass. Espèce très-voisine du P. ciirtus , mais plus grêle. La
caudale a des rayons très-grêles ; elle est largement fourchue. Du lias de Whitby.
3° Pachycormus latipennis Agass. Espèce assez voisine du P. latirostris, mais plus petite ,
à pectorales très-large. Du lias de Lyme-Regis.
k" Pachycormus latus Agass. Espèce très-large el trapue , à tête courte et petite. Du lias de
Whitby. L'exemplaire de la collection de lord Enniskillen est précieux en ce qu'on y voit tous
les détails du squelette.
5° Pachycormus macropomus Agass. Espèce à tête très.-haute , à dents proportionnellement
petites , à opercule énorme. L'original se trouve dans la collection de M. Constant Prévost , et
provient des Vaches-Noires , en Normandie.
6" Pachycormus acutirostris Agass. Espèce à museau pointu , à dents fines et très-acérées.
Du lias de Whitby.
Mon Pachycormus leptosteus est une espèce encore douteuse du lias de Lyme-Regis.
L'espèce que j'ai citée à plusieurs reprises dans mon ouvrage , sous le nom de Pachycor-
mus furcatus , doit être reportée dans le genre Caturus.
J'ai étiqueté du nom de Pachycormus (jiganteus, une grande espèce qui me parait plutôt un
Eugnathus, d'après la comparaison que j'ai faite de la charpente osseuse des deux genres.
— M 5 —
CHAPITRE X.
DU GEXRE CATURUS Agass.
Dans l'origine , j'avais appelé ce genre Urœus: mais comme ce nom avait été affecté anté-
rieurement à un genre de la classe des reptiles, je le changeai par la suite en celui de Caturus,
qu'il porte maintenant. C'est un type très-régulier qui rappelle les poissons les mieux propor-
tionnés de notre époque, tels que les Salmones d'eau douce et les Clupes. On pourrait même
avoir des doutes sur la famille à laquelle il appartient si sa dentition ne nous disait assez haute-
ment que c'est un vrai Sauroïde. 11 se rapproche à bien des égards du genre Pachycormus que
nous venons de décrire, entre autres par sa forme générale, par son squelette trapu et par ses
écailles qui sont d'une minceur extrême. Mais a côté de ces ressemblances nous reconnaissons
en lui des dissemblances non moins frappantes. Les principales résident dans les nageoires : la
caudale est grande, équilobe, anguleuse et largement échancrée et le premier rayon est garni
jusqu'à son extrémité de petits fulcres , qui n'existent pas , à ma connaissance dans le genre
Pachycormus. D'un autre côté, les rayons indivis situés en avant du rayon principal sont bien
moins longs. La dorsale est très-avancée, opposée aux ventrales; elle est de moyenne grandeur,
ainsi que l'anale et les ventrales. Les pectorales sont beaucoup plus petites que dans le genre
précédent : les vertèbres sont courtes et fort larges , surmontées d'apophyses vigoureuses qui
s'inclinent considérablement en arrière dans la partie caudale du tronc. Les côtes sont grêles;
en revanche les osselets interapophysaires sont robustes. Les écailles sont très-minces et fort
rarement conservées; leur forme est rhomboïdale ; leur surface quelquefois légèrement striée.
Les mâchoires sont armées de grosses dents coniques, très-serrées. En résumé on peut dire
que le caractère prépondérant de notre genre c'est de n'en point avoir de saillant. Aussi pour
le bien circonscrire, faut-il nécessairement procéder par voie d'exclusion. Une conséquence de
cet état de choses, c'est qu'il est très-difficile de distinguer les espèces, d'autant plus que les
fragmens que l'on connaît, sont pour l'ordinaire très-détériorés ; ensorte qu'à cet égard un cer-
tain nombre de déterminations ne peuvent être envisagées que comme provisoires.
Ce genre est propre aux terrains jurassiques; il prédomine surtout dans les dépôts récens de
cette formation.
— 116 —
I. Caturus fiircatus Agass.
Vol. 2, Tab. S6a.
Syn. Vrœus nuchalis Agass. insc. — Pachycormus furcatus Agass. nisc.
Cette espèce a d'abord été rangée dans le genre Pachycormus , à cause de sa caudale forte-
ment échancrée. Mais un examen plus attentif m'a appris que c'est au genre Caturus qu'il
convient de la rapporter. L'espèce est l'une des plus grandes du genre ; l'exemplaire figuré n'a
pas moins d'un pied quatre pouces de long, sur près de quatre pouces de large. La tète est
courte ; car elle n'égale que le cinquième de la longueur totale. Quoique l'abdomen soit la
partie la plus large du corps, il est cependant bien moins prépondérant que chez les Pachycor-
mus et, d'un autre coté, le pédicule de la queue est loin d'être aussi grêle. Ce qui frappe sur-
tout dans notre poisson, ce sont ses apophyses épineuses, qui sont très-robustes , surtout les
supérieures ; les plus longues sont au dessus de l'anale ; elles égalent même en longueur les
côtes qui sont excessivement grêles. Les apophyses des dernières vertèbres abdominales, près
de la ceinture thoracique, sont sensiblement plus courtes et très-serrées, ce qui fait supposer
que les vertèbres qui les portaient, étaient très-étroites ; celles de la l'égion caudale sont très-
inclinées comme dans toutes les espèces de ce genre. Les osselets interapophysaires, ceux de la
dorsale, comme ceux de l'anale, sont assez larges et très-serrés. A part la caudale , les autres
nageoires ne sont pas très-développées , mais elles sont toutes composées de rayons très-divi-
sés et articulés. La caudale compte un grand nombre de rayons; mais comme elle est très-
échancrée, il n'y en a qu'un petit nombre de très-allongés. Les fulcres du premier rayon sont
très-distincts : ceux du lobe supérieur s'étendent même au-delà du rayon , sur la ligne dor-
sale, où l'on en compte une douzaine. Les rayons du milieu de la nageoire sont comme d'or-
dinaire les plus divisés. Tous, à l'exception des fulcres, sont articulés ; les articles sont en gé-
néral plus longs que larges , mais ils ne s'étendent pas jusqu'à la base des rayons. La gueule
est profondément fendue et les mâchoires , supérieure et inférieure , sont armées de grosses
dents coniques , très-uniformes , qui forment un i*atelier très-serré. On distingue , sous la mâ-
choire inférieure , une série de rayons branchiostêgues très bien conservés, mais assez petits
et arqués en arrière. L'orbite est grande , les écailles sont rhomboïdales , assez petites , fort
minces et à bord lisse. M. le comte de Miinster possède un exemplaire dans lequel l'intes-
tin est conservé. Il est reconnaissable à un dessin enzig-zag très-particulier.
Celte espèce est fréquente dans le calcaire lithographique de Solenhofen. L'original de ma
planche est une double plaque qui a été déposée au musée de Prague par feu M. le comte de
Sternberg. Il en existe aussi des exemplaires dans la collection de M. le comte de Munster,
dans celles de Lord Enniskillen et de sir Philipp Egerfon, ainsi qu'au musée de Munich.
L'espèce que j'ai étiquetée, dans plusieurs collections, du nom à'Urœus nuchalis, n'est
autre que notre C. furcatus.
— U7 —
W. Catitkus LATiTs Miinst.
Vol. 2, Tab. ^6.
Cette espèce est le type d'un poisson régulier. Sa plus grande largeur, qui égale à-peu-près
le quart de sa longueur, est en avant de la dorsale, d'où le corps se rétrécit insensiblement jus-
qu'à l'origine de la caudale. Ses nageoires sont très-régulières. La caudale est vigoureuse,
profondément et largement échancrée , et parfaitement symétrique. La seule différence qu'on
remarque entre les deux lobes , c'est que les fulcres du premier rayon sont un peu plus déve-
loppés au lobe supérieur qu'au lobe inférieur. Tous les rayons sont articulés jusque près de
leur base et divisés un grand nombre de fois. Les articles sont plus longs que larges, du moins
à la base des rayons. La dorsale est composée d'une douzaine de rayons qui vont en décrois-
sant d'avant en arrière , de manière que le bord postérieur a l'air d'être tronqué verticale-
ment ; son premier rayon est garni de petits fulcres jusqu'au sommet. L'anale a beaucoup de
ressemblance avec la dorsale, ; seulement elle est un peu plus petite. Les pectorales sont com-
posées d'une douzaine de rayons , tous très-gros , divisés nombre de fois et articulés jusqu'à
leur base. Ici aussi les articles sont plus longs que larges. Les ventrales ne sont qu'imparfai-
tement conservées dans notre exemplaire; mais l'on voit, par ce qu'il en reste, qu'elles étaient
très-grèles. Les vertèbres sojit très-grosses surtout celles de la région abdominale, et quoi-
qu'elles ne soient pas parfaitement intactes, on peut juger, par la position des apophyses supé-
rieures, qu'elles étaient notablement plus larges que longues. Les cotes sont plus longues, mais
aussi plus grêles que les apophyses. Ces dernières sont le plus vigoureuses dans la région ab-
dominale. Celles de la queue sont beaucoup plus grêles et tellement inclinées sur les corps de
vertèbres, qu'elles paraissent n'en être que des fulcres latéraux. Ce n'est qu^à l'extrémité infé-
rieure delà colonne vertébrale que l'on voit aparaitre de nouveau quelques grosses apophyses,
destinées à supporter le lobe inférieur de la caudale. La tête est petite, un peu plus longue que
haute ; elle est contenue à-peu-près cinq fois dans la longueur du corps. L'œil est petit. La
gueule est profondément fendue et armée d'un nombre considérable de dents très-fortes et
coniques. Les écailles n'ont laissé que leurs empreintes , et d'après ce que l'on peut en juger,
il paraît qu'elles étaient lisses et à bords unis.
En combinant tous ces caractères, on trouve une très-grande ressemblance entre cette es-
pèce et mon Caturus furcatus décrit ci-dessus ; ensorte qu'il se pourrait très-bien qu'elle ne
fût qu'une variété d'âge de ce dernier. L'original d'après lequel M. le comte de Miinster a
établi cette espèce est un magnifique exemplaire provenant de Solenhofen et faisant partie de
sa collection.
— H8 —
III. Caturus similis Agass.
.Vol. 2, Tab. 66 a, %. 9.
.l' ai fait représenter un fragment de mâchoire d'une espèce de la craie blanche de Kent qui
se trouve dans la collection de M. Mantell et que je crois appartenir au genre Caturus. Il se
distingue par l'uniformité de ses dents qui sont assez régulièrement espacées et proportionnel-
lement plus courtes que dans les autres espèces du genre.
Les espèces qui restent à décrire sont :
1° Caturus PACHYURUS Agass. Espèce à queue épaisse et dont le corps est tout d'une venue.
La caudale est grande et profondément échancrée. Du calcaire lithographique de Solenhofen.
2° Caturus macrurus Agass. Petite espèce d'environ quatre pouces de long, trapue , et
dont le squelette est vigoureux. Du calcaire lithographique de Soienhofen.
3° Caturus maximus Agass. Espèce remarquable par lé prolongement démesuré des lobes
de la caudale qui ont quelquefois jusqu'à un pied de long. Les fulcres qui bordent le rayon
principal sont plus dégagés que ceux du Caturus furcatus.
U° Caturits angustus Agass. Espèce très-allongée, remarquable par le développement exces-
sif des fulcres du lobe supérieur de la caudale. Du portlandien de (iarsington près d'Oxford.
5° Caturus microchirus Agass. Petite espèce à pectorales larges, mais courtes. Les dents de
la mâchoire inférieure sont plus grandes et plus distantes les unes des ajitres que celles de la
mâchoire supérieure. Du calcaire lithographique de Solenhofen.
6° Caturus branchiostegus Agass. Petite espèce à mâchoires courtes et à dents très-rap-
prochées. Les rayons branchiostègues antérieurs sont plus larges que les suivans. Du calcaire
lithographique de Solenhofen.
7° Caturus elongatus Agass. Espèce allongée , à-peu-près tout d'une venue , à tête
grosse , à caudale très-développée et largeujent échancrée. Du calcaire lithographique de
Solenhofen .
8° Caturus macrodus Agass. Grande espèce à dents très-fortes et irrégulières; peut-être
n'est-elle cependant qu'une variété du Caturus furcatus.
9° Caturus Meyeri Miinst. Grande espèce , trapue et renflée. Elle est surtout remarquable
par son squelette très-grèle et par ses apophyses vertébrales très-resserrées qui ne permettent
pas de la confondre avec aucune de ses congénères. Des schistes noirs (Lias) de Werthern
dans le Rawensberg.
10° Caturus pleiodus Agass. De l'oolite de Stonesfield. Quoique je ne connaisse que la
mâchoire supérieure de cette espèce , je crois cependant pouvoir affirmer qu'elle diffère de ses
congénères par le nombre et la forme de ses dents.
— H9 —
1 1° Caturus BucKLAiNiu Agass. Du Lias de Lyme-Regis. Je ne connais que la partie anté-
rieure du tronc et la tête de cette espèce. Les formes trapues de la tête lui assignent invaria-
blement une place dans ce genre.
L'espèce que j'ai citée et étiquetée à plusieurs reprises sous le nom d'Urœus ou Caturus
macrorephol us esl un Pholidophore. (Voyez plus haut T^ partie p. 274.) C'est maintenant mon
Pholidophonis itmcrocephalus .
Le genre Amblysemius que je ne connais encore que très-imparfaitement doit prendre place
à la suite des Caturus. Il se distingue par sa forme élancée , par des vertèbres moins massi-
ves et des apophyses épineuses plus grêles que celles des Caturus. L'extrémité de la colonne
vertébrale est fortement relevée, et cependant la caudale est très-régulière et fourchue. La
dorsale est la plus large des nageoires ; c'est ce qui a valu à ce genre le nom que je lui ai
donné.
■ rM^OO-fe'^ai
— 120 —
CHAPITRE XI.
DU GENRE SAUROPSIS âgass.
Ce genre est l'un des mieux caractérisés de toute la famille des Sauroïdes , par son sque-
lette aussi bien que par ses tégumens et ses nageoires. Quant au squelette , il n'est aucun
Sauroïde qui ait des vertèbres aussi courtes ; leur longueur n'égale pas la moitié de leur
hauteur, et comme, jnalgré cela, ces poissons ne sont pas très-trapus, le nombre des a ertèbres
doit par-là même être très-considérable. Aussi les apophyses , quoique grêles , sont tellement
rapprochées qu'elles se touchent en quelque sorte ; et comme le dos est en outre garni d'os-
selets interapophysaires inermes , le tout forme une grille osseuse très-serrée. Les côtes sont
grêles , plus longues et moins arquées que les apophyses.
Les écailles sont d'une petitesse extrême , au point de n'avoir parfois que la grandeur d'une
tête d'épingle ; leur forme est rhomboïdale , autant que j'ai pu m'en assurer jusqu'ici. Mais
comme elles sont en même temps très-minces , il en résulte qu'elles sont rarement conservées ;
aussi ne sont-elles pas ordinairement d'un bien grand secours pour la détermination géné-
rique.
Un autre caractère générique réside dans les pectorales, qui sont excessivement développées ,
au point qu'elles débordent de beaucoup l'origine des ventrales. Celles-ci sont mésogastriques
et par conséquent également rapprochées de l'anale et des pectorales. La dorsale est opposée à
l'anale; la première est assez petite; l'anale, au contraire, est fort large et s'étend jusque près de
''origine de la caudale. La caudale elle-même est équilobe , très-dilatée , et largement four-
chue ; il y a , à la base de chaque lobe , un certain nombre de petits rayons indivis ; mais le
•rayon principal n'est pas hérissé de fulcres. Les rayons de toutes les nageoires sont très-fins.
La tête est courte et grosse ; les mâchoires sont armées de dents coniques, très-acérées et as-
sez espacées.
D'après cette diagnose , il est assez facile de déterminer le genre Sauropsis , soit que l'on
ait sous les yeux une portion du squelette ou quelque partie de la cuirasse tégumentaire
avec les nageoires.
C'est un genre propre à la formation jurassique. Je n'en connais jusqu'ici que trois espèces.
Ce sont des poissons d'assez grande taille et de forme régulière. '
I
— i2\ —
Sauropsis longimanus Agass,
Vol. 2 , Tab. 60.
J'envisage oeUe espèce comme le type de mon genre Sauropsis. C'est un poisson très-bien
proportionné , d'un pied de long sur deux pouces et demi de large. La tète est contenue plus
de cinq fois dans la longueur totale ; elle est par conséquent très-courte. Mais ce qui frappe au
premier coup-d'œil , c'est l'énorme quantité d'apophyses épineuses , de côtes et d'osselets in-
terapophysaires qui entrent dans la composition du squelette. Le nombre des apophyses, de-
puis la nuque jusque un peu au-delà de la dorsale , n'est pas moins de quatre-vingt dix ,
ensorte qu'en évaluant à quarante celles qui occupent l'espace entre la dorsale et l'anale (d'après
la manière dont elles sont serrées en quelques endroits) , ce poisson n'aurait pas moins de
cent et quarante vertèbres. Sur ce nombre il y en aurait environ trente-cinq d'abdominales et
par conséquent autant de paires de côtes , à supposer que toutes les vertèbres en portaient une
paire. Les vertèbres elles-mêmes ne sont pas conservées , ce qui me fait présumer qu'elles n'é-
taient qu'imparfaitement ossifiées. On ne les reconnaît qu'aux empreintes qu'elles ont occa-
sionnées , et qui sont tellement étroites que leur longueur n'égale pas même le quart de leur
hauteur. Les apophyses , ainsi que les côtes, sont excessivement grêles. Les premières sont d'a-
bord presque droites , mais elles s'inclinent insensiblement en arrière , et celles de la région
postérieure sont surtout fortement recourbées. Les osselets inlerapophysaires sont longs, mais
également minces. Ceux de l'anale , qui sont le plus en vue dans notre exemplaire , sont pres-
que aussi grands que les apophyses auxquelles ils correspondent. Le premier surtout est fort
allongé et recourbé en avant d'une manière toute particulière. Ceux de la partie postérieure
de la nageoire deviennent de plus en plus courts. Quoique les apophyses vertébrales soient
très-serrées, il me paraît cependant que les osselets interapophysaires le sont encore davantage,
et qu'il y en a parfois plus d'un par apophyse. Les nageoires reflètent en quelque sorte à
l'extérieur cette forme grêle du squelette , car leurs rayons sont tous sans exception excessi-
vement fins. Les pectorales qui ont valu à l'espèce son nom sont très-dévcloppées , fort lon-
gues et en même temps très-larges. Les plus grands rayons débordent beaucoup l'insertion
des ventrales. Autant les pectorales sont grandes, autant les ventrales sont petites. Nous
avons déjà indiqué comme un caractère générique leur position mésogastrique qui les rap-
proche également des pectorales et de l'anale. La dorsale occupe une position assez reculée ; elle
est peu large, mais ses rayons sont assez longs, surtout les premiers. L'anale occupe un es-
pace considérable. Son insertion est un peu en arrière de celle de la dorsale. Ses premiers
rayons ont environ un pouce de long , mais ils décroissent rapidement et les derniers sont fort
courts. La caudale est grande , équilobe et profondément échancrée ; ses rayons qui sont déjà
très-fins par eux-mêmes , se dichotoment encore à plusieurs reprises. Au milieu de cette quan-
ToM. II. 2' Part. 16
— i22 —
tité de rayons si fins et si homogènes, il est curieux d'en voir au milieu six qui se distinguent
par une forme toute particulière. Ils sont courts , ondulés et très-espaces et appartiennent selon
toute apparence au lobe supérieur. Les rayons indivis de la base des lobes s'allongent insen-
siblement le long du premier grand rayon. Il n'y a aucune trace de fulcres tels qu'ils existent
dans la plupart des autres genres. Par-là les Sauropsis se rapprochent du genre Pachycormus.
On ne distingue point non plus d'articulations aux rayons ; mais c'est sans doute une consé-
quence de l'état de conservation de notre exemplaire , dont les rayons ne sont généralement
reconnaissables qu'à leurs empreintes.
Les écailles sont très-petites , en forme de losanges réguliers et en général uniformes. Si on
vient à les examiner à la loupe , on trouve qu'elles sont finement striées dans le sens longitu-
dinal. La ligne latérale est distincte dans noti'e exemplaire , elle suit assez régulièrement la co-
lonne vertébrale.
La tête est courte , à-peu-près aussi haute que longue. Aucun de ses appareils n'est bien
robuste , à l'exception de la ceinture thoracique qui supporte les pectorales. Les dents sont
très-acérées , mais en même temps assez distantes les unes des autres.
L'original de ma planche se trouve au Musée de Munich. Il provient des schistes de So-
lenhofen. Il en existe un autre exemplaire dans la collection de M. le comte de Miinster.
Le Sauropsis LATus est une espèce également très-remarquable ; ses dimensions sont un peu
plus considérables que celles du S. longimanus ; elle est surtout plus large ; la dorsale est plus
reculée. Les apophyses sont tout aussi grêles ; mais les vertèbres ne paraissent pas être tout-
à-fait aussi courtes. Elle se trouve dans le lias deGoppingen, de l'Oberland badois et de Lyme-
Regis. Je décrirai cette espèce dans mes Supplémens , avec une troisième espèce provenant de
Stonesfield que j'appelle Sauropsis mordax.
i
— 125 —
CHAPITRE XII.
DU GENRE TimiSSOPS Agass.
Ce genre est voisin à certains égards du genre Sauropsis décrit ci-dessus. C'est la même
forme générale du corps et le même squelette grêle et délicat , mais avec cette différence
que les vertèbres sont bien moins courtes et les apophyses par conséquent bien moins rappro-
chées. La longueur des vertèbres est à-peu-près égale à leur hauteur dans presque toutes les
espèces ; leur nombre ne dépasse pas soixante , tandis que nous avons vu qu'il est de plus
du double dans le Sauropsis lonyimanus. Les côtes et même les apophyses se font remar-
quer par leur longueur, surtout dans les espèces de Solenhofen.
La disposition des nageoires est un caractère important de ce genre. Les pectorales sont
grandes , étroites et composées d'un petit nombre de gros rayons ; les ventrales sont petites ;
l'anale est de nouveau très-grande et s'étend souvent jusqu'à l'origine de la caudale , oc-
cupant parfois le quart de la longueur totale du corps. La caudale est inéquilobe. Les rayons
de toutes les nageoires sont dicliotomés et articulés ; les articles sont d'ordinaire plus longs
que larges. La tête est courte et ramassée , il est rare qu'elle égale plus du cinquième de la
longueur totale. Les mâchoires sont grêles ; les dents petites et très-acérées.
Lorsque jétablis le genre Thrissops sur ces caractères , je n'en connaissais que quelques
espèces ; mais depuis lors il s'est trouvé , parmi les poissons auxquels cette diagnose peut
s'appliquer, des espèces d'aspect si différent que je ne puis me dispenser de les diviser en
plusieurs groupes , dont l'on fera probablement par la suite des genres distincts lorsqu'on
connaîtra mieux tous les détails de leur organisation.
Je range dans le premier de ces groupes , dont le Thrissops formosus est le type , les espèces
à caudale très-large et profondément échancrée. Les côtes et les apophyses sont très-longues ;
les écailles grandes , minces et plus hautes que longues. Toutes les espèces de Solenhofen ap-
partienYient à ce groupe.
Le second groupe a pour type le Thrissops micropodius. La caudale est beaucoup plus pe-
tite et moins échancrée. La dorsale correspond au milieu de l'anale. Les écailles sont petites ,
rhomboïdales et épaisses. Le corps est plus élancé et l'abdomen moins renflé. Considérés au
point de vue géologique, tous les Thrissops, ou Sauroïdes à grande anale et à dorsale très-recu-
lée, paraissent être essentiellement jurassiques , soit qu'on les envisage comme un seul genre
ou qu'on les divise en deux.
— 124 —
I. Thrissops roRMosus Agass.
Vol. 2, Tab. 6Sfl.
Cette espèce est celle que j'envisage comme le vrai type du genre Thrissops. L'exemplaire
figuré est l'un des plus beaux poissons fossiles que l'on puisse voir ; aussi rien n'est plus facile
que d'en étudier en détail tous les caractères. La tête est très-petite ; elle est contenue presque
sept fois dans la longueur du corps. La plus grande largeur est au milieu du corps près des
ventrales ; de-là le tronc se rétrécit insensiblement jusqu'au pédicule de la queue. Les na-
geoires présentent plusieurs particularités dignes de remarque ; les pectorales , de moyenne
grandeiu' mais peu larges , sont composées d'un petit nombre de rayons , bifurques nombre de
fois. Les ventrales , situées au milieu de l'espace entre l'anale et les pectorales , sont très-pe-
tites , et ne comptent guère que quatre ou cinq rayons. L'anale commence par un lobe très-
proéminent mais peu large, et se termine par de très-petits rayons qui sont tous bifurques et dis-
tinctement articulés. La dorsale n'est pas conservée dans notre exemplaire , on n'en reconnaît
que les contours ; mais je me suis assuré par l'étude d'autres exemplaires qu'elle n'est pas très-
développée ; elle a à-peu-près la forme et les dimensions du lobe antérieur de l'anale. La cau-
dale est très-grande, équilobe ou à-peu-près, largement et profondément échancrée; ses rayons
qui sont assez grêles , sont tous articulés et dicholomés à leur extrémité ; ceux du milieu sont
même très-ramifiés. Les articles sont sensiblement plus longs que larges. Les grands rayons
qui sont au moins au nombre de douze dans chaque lobe , sont précédés de plusieurs rayons
indivis, assez longs. La nageoire est supportée par les trois dernières vertèbres caudales. La
dernière qui est très-dilatée porte les rayons du milieu ; l'avant-dernière et l'antépénultième
servent de soutien aux grands rayons et aux petits rayons simples du bord.
Les écailles sont très-grandes ; aussi n'en compte-t-on que douze rangées longitudinales dans
la partie la plus élargie du poisson. Il est difticile de s'en faire une idée exacte d'après notre
exemplaire , par la raison qu'on ne les voit que par la face interne et que leur contour posté-
rieur reste caché ; ensorte que la figure 2 ne représente que le bord antérieur qui est arrondi.
Tout ce que j'ai pu voir c'est qu'elles sont très-minces.
C'est le squelette qui mérite le plus de fixer l'attention de l'ichtliyologisle , d'abord à cause
de sa structure , et ensuite parce qu'étant ordinairement seul conservé , il est d'un intérêt plus
pratique pour le géologue. Toutes les parties, jusqu'aux arêtes musculaires sont conservées avec
la plus grande netteté. La colonne vertébrale est plutôt grêle que massive. Le nombre des
vertèbres est de cinquante-quatre , dont vingt-huit caudales et vingt-six abdominales. Ces der-
nières sont à-peu-près toutes intactes. Les vertèbres caudales , au contraire, sont divisées par
le milieu , ensorte que l'on voit la ca\ ité à double cône de l'intérieur des vertèbres ; elles sont
en outre plus longues et plus grêles que les vertèbres abdominales. Les côtes sont longues et
— 125 —
grêles ; les premières surtout sont fort minces. Les apophyses sont moins développées cl toutes
régulièrement anpiées. Celles de la région caudale s'articulent siu' le milieu des corps de ver-
tèbres ; celles de la région abdominale , au contraire , près du bord postérieur ; la base des
apophyses supérieures est surmontée d'un double crochet ou rendement longitudinal. Les apo-
physes inférieures , au contraire , n'ont qu'un léger renflement en avant. La fig. 3 représente
une vertèbre caudale grossie, d'un grand exemplaire, pour faire voir ce mode d'insertion.
Les arêtes musculaires sont fines , à-peu-près aussi longues que les apophyses , mais beau-
coup plus inclinées ; elles sont attachées au bord antérieur articulaire des vertèbres abdomi-
nales. Les osselets interapophysaires sont grêles et petits , comparativement aux autres parties
du squelette ; il y en a un pour chacun des rayons de la dorsale et de l'anale. La grande net-
teté de tons ces os et leur bel état de conservation , me font supposer que ce poisson n'avait
point d'osselets inermes ; car dans ce cas il en serait resté quelques traces sur l'un ou l'autre
des exemplaires que je connais. Les rayons branchioslègues sont courts et nombreux. La
gueule est très-peu fendue. Les dents ne sont qu'imparfaitement conservées , mais il parait
quelles étaient petites ; en général , je crois que les Thrissops et surtout ceux de Solenhofen .
étaient peut-être les moins voraces de tous les Sauroïdes.
L'original de ma planche est l'un des ornemens de la collection de M. le comte de Munster.
Il provient du calcaire de Kehiheim , ainsi que plusieurs autres exemplaires également fort
beaux, qui se trouvent dans la même collection. 11 en existe un autre non moins parfait au Mu-
sée de Munich , provenant de Solenhofen.
IL TiiRissops Cephaius Agass.
Vol. 2, Tab. 61, fig. 1-5.
Quoique cette espèce soit très-petite , relativement à l'espèce décrite ci-dessus , je ne doute
cependant pas qu'elle n'appartienne au genre Thrissops , et au groupe du Th. formosus. Si au
premier coup-d'œil , on peut être induit en erreur et la prendre pour un Leptolepis , il suffit
d'examiner avec quelque attention la disposition des nageoires , et en particulier de l'anale ,
pour reconnaître ses véritables affinités. Or, pour peu que l'on accorde quelque importance à
ce caractère , on ne pourra laisser réunies dans un même genre des espèces chez lesquelles la
dorsale est plus reculée que l'anale , et d'autres chez lesquelles elle est opposée aux ventrales ,
comme dans les Leptolepis macrolepidotus et polyspondylus (fig. 4-6 et 7 et 8). Les écailles
n'étant pas conservées ne peuvent nous fournir aucun indice. Le squelette , en revanche , est
très-distinct ; les vertèbres sont grosses ; les apophyses épineuses sont longues , relativement
à la taille du poisson; en revanche, il m'a été impossible de découvrir des osselets interapophy-
saires inermes, ensorte que sous ce rapport , il y a une différence importante à signaler entre
notre espèce et le T. interinedhis. Quant anx nageoires, on ne saurait nier leur grande affinité
— 126 —
avec les nageoires des autres Thrissops : les pectorales sont grandes; les ventrales sont petites ;
plus rapprochées de l'anale que des pectorales ; l'anale occupe une assez grande étendue ; la
caudale est équilobe et profondément fourchue ; la dorsale est petite. La tête est grande propor-
tionnellement au tronc ; l'œil est énorme.
C'est une espèce propre au calcaire de Solenhofen. Les originaux se trouvent dans la col-
lection de M. le comte de Miinster.
II L Thrissops micropoduis Agass.
Vol. 2, Tab. m.
Le caractère dominant de cette espèce consiste dans sa forme très-élancée, qui rappelle un
peu les Brochets de nos jours; aussi M. de Blainville Ta-t-il désignée sous le nom d\Esox
incognitm. Cette erreur est d'autant plus excusable que les écailles sont ordinairement émous-
sées à leurs angles , ce qui fait que l'on est naturellement tenté d'y reconnaître le type ordi-
naire des écailles de Cycloïdes. Ayant examiné le même exemplaire que celui que décrit M. de
Blainville, j'ai cependant découvert, le long de la ligne latérale, et près de la ceinture thora-
cique, quelques endroits où les écailles sont mieux conservées et où elles trahissent leur forme
rhomboïdale. Ce qui prouve d'ailleurs que c'est bien là la forme normale des écailles, c'est que
dans la partie postérieure du corps, qui n'a laissé que son empreinte sur la pierre, le contour
des écailles est réellement anguleux et non pas arrondi. La tète est petite proportionnel-
lement au corps , elle n'égale guère que le sixième de sa longueur totale , mais toutes ses par-
ties sont bien conservées ; l'on reconnaft entre autres l'opercule qui est large et à bords droits
en arrière; le préopercule qui est étroit et dentelé en avant, et plusieurs os du crâne, ainsi que
les mâchoires. L'orbite est grande. Les mâchoires ne sont pas très-robustes. Les dents sont
coniques et entremêlées de dents plus petites , comme dans le genre Jspidorhtjnchus. Sous
la mâchoire inférieure , on remarque une série de rayons branchiostègues qui ne sont pas
très-serrés.
Les nageoires sont en général petites, surtout les ventrales qui sont plus rapprochées des pec-
torales que de l'anale. Les pectorales sont beaucoup plus grandes ; elles ont au moins douze
rayons, dont le premier, qui est le plus grand , a près d'un pouce et demi de long. L'anale
s'étend jusqu'à l'origine de la caudale , et , comme ses rayons vont en décroissant d'avant en
arrière, il en résulte que les derniers sont très-petits. Le nombre total des rayons est très-consi-
dérable. La dorsale correspond par son bord antérieur au milieu de l'anale; ses rayons sont
un peu plus longs que ceux de cette dernière nageoire et se divisent en un très-grand nombre
de lilets à leur extrémité. La caudale est très-i'égulière et largement échancrée ; en avant du
rayon principal , on remarque une quantité de petits rayons fourchus et indivis. Les rayons
du milieu de la caudale sont courts, fort larges à leur base et divisés un très-grand nombre de
— 127 —
fois, de manière qu'ils représentent chacun un faisceau de très-pelils filets. Les articles dos
grands rayons sont fort longs et leurs articulations forment sur chacun des lobes des séries
obliques régulières. Le rayon principal des deux lobes est en outre hérissé de fulcres jus-
qu'à son extrémité.
Le poisson que je viens de décrire se trouve dans la collection du Muséum de Paris. Son
origine n'est pas connue d'une manière précise ; mais il parait cependant, d'après tous les in-
dices, que c'est un poisson jurassique. Il est renfermé dans une sorte de rognon argileux.
C'est jusqu'ici la seule espèce de ce groupe.
IV. ThRISSOPS IISTERMEDIUS MilUSt.
Vol. 2, Tab. 66.
M. le comte de Munster appelle cette espèce Th. intermedius sans doute par ce qu'elle est à
plusieurs égards intermédiaire entre les Thrissops et les Sauropsis. Je dois cependant conve-
nir que depuis que j'ai soumis ces deux genres à une nouvelle révision, je lui trouve plus de
ressemblance avec le dernier. Elle n'a en réalité des Thrissops que la dorsale reculée et oppo-
sée à l'anale. Mais par la nature de son squelette , elle se rapproche beaucoup plus du genre
Sauropsis. Ses vertèbres sont J)eaucoup plus hautes que longues : ses côtes et ses apophyses
sont courtes et grêles ; enfin elle est pourvue d'osselets interapophysaires inermes tout le long
du dos. Ceux qui portent les rayons sont un peu plus vigoureux ; leur nombre correspond
exactement à celui des apophyses ; mais ils sont luoins nombreux que les rayons , et le plus
souvent un osselet porte deux rayons. Ce sont là autant de caractères qui ne se retrouvent
dans aucun Thrissops, du groupe du Th. formosm. J'ajouterai encore qu'il y a au milieu de
la caudale, à la base des derniers rayons du lobe supérieur, quatre apophyses d'une forme par-
ticulière, absolument comme celles que nous avons signalées dans le Sauro/js/s longimani(s. La
caudale est au reste largement et profondément échancrée. La dorsale est longue et étroite .
l'anale occupe ime bonne partie du bord inférieur; ses premiers rayons forment un lobe sail-
lant , les suivans sont beaucoup plus courts , ils sont tous très-fins, ainsi que ceux de la dor-
sale. L'anale est très-petite et fort rapprochée des pectorales ; ensorte que sous ce rapport
aussi l'analogie est plus grande avec les Sauropsis. Les pectorales sont beaucoup plus dévelop-
pées et ont des rayons notablement plus longs et plus vigoureux.
Il existe quelques traces des écailles derrière l'anale et sur la caudale; elles sont petites,
rhomboïdales et assez semblables à celles du Th.micropodius. On voit également entre les ven-
trales et l'anale des lignes obliques, presque verticales, qui indiquent les bords des séries dorso-
ventrales. La tête est comprise à-peu-près cinq fois dans la longueur totale du corps. La plus
grande largeur du tronc est en avant des ventrales , mais celui-ci se rétrécit assez brusque-
ment à partir de l'extrémité de la dorsale , et le pédicule de la queue est assez étroit.
— 128 —
Je dqis la communication de cette espèce à M. le comte de Miinster. Elle provient du Jura
supérieur. Il est à regretter que le squelette du Th. micropodius ne soit pas connu; car il
est très-probable qu'il se rapproche davantage de notre espèce que du Th. formosiis; dans ce
cas ces deux espèces devraient sans doute être réunies dans un genre particulier.
Je dois l'envoyer à une autre occasion la description des espèces suivantes :
1° Thrissops salmoneus Agass. Espèce du type du Th. formosus, mais beaucoup plus petite
et plus grêle. Les côtes et les apophyses sont très-minces. La caudale est ample, mais peu pro-
fondément échancrée. Du calcaire lithographique de Solenhofen et de Kehiheim.
2° Thrissops subovatus Miinst. Espèce voisine du Th. salmoneus mais plus trapue; les na-
geoires sont aussi plus développées. Du calcaire lithographique de Kehiheim.
3° Thrissops mesogaster Agass. J'ai désigné sous ce nom, dans quelques collections , une es-
pèce très-voisine du Th. salmoneus. mais un peu plus allongée et dont les ventrales sont plus
éloignées de l'anale. Peut-être n'en est-elle qu'une variété grêle. Du calcaire lithographique
de Sohienhofen.
Le genre Thrissonotus est en quelque sorte intermédiaire entre les Sauropsis et les Thris-
sops. Par son aspect général il tient aussi des Pachycormes . mais c'est décidément un type
particulier, car il a la dorsale au milieu du dos et cependant l'anale allongée des Thrissops. Je
n'en connais qu'une espèce du lias de Lyme Régis; c'est mon Thrissoisotus Colei.
129
CHAPITRE XIII.
DU GENRE LEPTOLEPIS Agass
Lorsqu'on voit pour la première fois des poissons de ce genre , on ne songe guère à les
ranger parmi les Sauroïdes , tant ils ressemblent peu à celte fanuUe de poissons voraces qui
peuplaient les Océans des anciennes époques. Nous ne nous étonnons donc pas que les auteurs
en aient fait des Clupes. Les écailles , il est vrai , ne ressemblent en rien à celles des Harengs ,
puisqu'elles sont revêtues d'émail, ce qui prouve que le genre appartient à un tout autre ordre,
à celui des Ganoïdes. Mais il est à remarquer que les écailles sont rarement conservées et en
outre si minces , qu'il est souvent assez difficile de reconnaître l'émail. Un autre caractère plus
généralement accessible consiste dans le squelette qui est dépourvu de ces côtes sternales, qui
sont si caractéristiques pour les Clupes. Il est plus difficile de distinguer nos Leptolepis de cer-
tains genres de Lépidoïdes , entre autres des Pholidophores. Ce sont . comme ces derniers ,
des poissons réguliers , fusiformes , en général de petite taille et doués de nageoires assez
faibles. Ils se trouvent ordinairement réunis en assez grand nombre dans la même localité.
Avec cela , ils ont des mâchoires armées de dents coniques , absolument comme les Sauroïdes.
Or, ce seul caractère est plus que suffisant pour les éloigner des Lépidoïdes, et les faire rentrer
dans la famille qui nous occupe. Par le fait , il ne peut donc y avoir des doutes sur le genre,
que lorsque les dents ne sont pas conservées; et alors je conviens qu'il est assez difficile, dans
certains cas. de distinguer un Leptolepis d'un Pholidophore. Une fois qu'il fut reconnu que
les Leptolepis étaient des Sauroïdes , il devint urgent d'en faire un genre à part , dont la forme
grêle et Faspect inoffensif sont l'un des principaux caractères. Les nageoires sont disposées
comme dans les Caturus. La dorsale est opposée aux ventrales ; l'anale est d'ordinaire un peu
plus rapprochée des ventrales que de la caudale. Aucune de ces nageoires n'est très-dévelop-
j)ée , non plus que les pectorales , ni même la caudale. Cette dernière est équilobe , très-échan-
crée , mais peu large. Il y a loin d'une nageoire pareille à la caudale puissante des Caturus :
mais un caractère qui lui est commun , à ce qu'il paraît , avec ce dernier genre , c'est que le
premier grand rayon n'est pas hérissé de fulcres. Les rayons eu général sont fins , mais ce-
pendant dichotomés et articulés , à l'exception des petits rayons situés à la base de la caudale,
qui sont indivis. La tête est de moyenne grandeur: mais ce qui mérite d'être mentionné, c'est
TOM. II, 2' Part. 17
— 130 —
que ses os sont en général lisses et non sculptés , comme dans la plupart des Pliolidophores.
La colonne vertébrale est composée de vertèbres courtes et grosses ; mais les côtes et les apo-
physes sont excessivement grêles. Ces dernières ne deviennent un peu vigoureuses que dans
la partie postérieure du corps. Les écailles sont ordinairement arrondies au bord postérieur
comme des écailles de Cycloïdes , mais leur minceur extrême est cause qu'elles sont rarement
conservées.
Toutes les espèces conques jusqu'à ce jour proviennent des terrains jurassiques ; mais elles
dominent surtout dans les étages supérieurs de cette formation. A en juger d'après leur fré-
quence , ces poissons vivaient probablement en troupes, à la manière des Anchois , auxquels ils
ressemblent à bien des égards. On pourrait dire qu'ils sont aux Pholidophores ce que les An-
chois sont aux Harengs ou aux Aloses , c'est-à-dire , qu'ils ont des dents acérées , tandis que
les autres n'en ont qu'en brosse ou pas du tout.
L Leptolkpis sPRATTiroKMis Agass.
Vol. 2, Tab. 61 «, lig. i. ,
Syn. Cliipea sprattiformis Blainv. Iclitli. — Knorr Toni. I, Tab. 23, tig. 2 et 3 ; Tab. 260, lig. 1-4; Tab. 2f>,
fig. 3, et Tab. 29, fig. 2> 3 et 4.
Cette espèce est très-commune dans le calcaire lithographique de Pappenheim et de Solen-
hofen ; aussi en trouve-t-on des exemplaires dans une foule de collections publiques et parti-
culières. C'est un petit poisson de trois, tout au plus quatre pouces de long. La tête occupe
environ le quart de la longueur ; elle est à-peu-près aussi large que le corps. L'orbite est très-
grande. La colonne vertébrale est composée de vertèbres courtes et grosses. J'en ai compté
quarante-deux dans un exemplaire du IMusée de Munich , dont vingt-cinq caudales et dix-sept
abdominales. Les apophyses des vertèbres sont de moyenne grandeur, mais très-peu inclinées,
même près de la caudale. Les côtes sont beaucoup plus longues et plus grêles. Les osselets
interapophysaires sont excessivement minces et petits ; il n'y en a guère qu'un inerme , les
autres supportent chacun un rayon. L'os du bassin est assez robuste. Les rayons branchios-
tègues sont courts. Quant aux rayons des nageoires ils sont très-serrés ; il y en a une douzaine
à la dorsale et à-peu-près autant à l'anale ; ceux de la dorsale sont plus longs et plus gros que
ceux de l'anale ; les uns et les autres sont dichotomés. Les rayons des ventrales et surtout des
pectorales sont plus longs, mais également très-grèles. La caudale est profondément échancrée ;
ses lobes sont égaux, mais peu fournis ; il y a , en avant du rayon principal , plusieurs petits
rayons indivis , qu'il est souvent difficile de compter à cause de leur finesse.
Il existe un grand nombre d'exemplaires de cette espèce au Musée de Munich , dans la col-
lection du comte de Munster, dans celle de M. Lavater, à Zurich , dans celle du Muséum de
Paris et dans plusieurs autres encore. Tous proviennent des schistes de Pappenheim et de So-
lenhofen .
— {Z\ —
II. Leptolepis VoiTHii Agass.
Vol. 2,Tab. 61», «g. 2-4.
Celte espèce diffère plas(iu'on ne le pense au premier coup-d'œil , du Leptolepis spratlifor-
mis, décrit ci-dessus. Elle a sans doute la niêoie forme générale et la même disposition des
nageoires, mais elle est bien moins élancée; et ce qui mérite surtout d'être remarqué, les ver-
tèbres sont plus allongées , et par conséquent moins nombreuses. Je n'en compte que trente-
quatre dans les deux exemplaires de fig. 2 et 3 , dont dix-neuf caudales et quinze abdominales.
Les apophyses sont très-grèles, surtout dans la région abdominale; et elles ne prennent un peu
de développement que dans la région caudale en face de l'anale. Les côtes sont grêles et lon-
gues. Les écailles sont sensiblement plus grandes que celles du L. sprattiformis ; mais le plus
souvent elles ne sont pas conservées, et il faut alors s'en rapporter au squelette. Parmi les exem-
plaires figurés , celui de fig. k est le seul dans lequel elles soient visibles , entre l'anale et la
caudale. La tête est contenue environ quatre fois dans la longueur totale. La gueule n'est pas
Irês-fendue. L'orbite est grande. Les rayons branchiostègues sont petits et nombreux. Les pec-
torales qui sont très-bien conservées dans l'exemplaire de fig. k, sont plus longues que les ven-
trales et composées de rayons très-grèles. L'anale est très-petite. La caudale est étroite ^ mais
profondément échancrée. Les rayons principaux sont portés par la dernière vertèbre qui est
très-dilatée ; il n'y a que les petits rayons indivis qui s'appuient sur les apophyses de l'avant-
dernière vertèbre (fig. 2).
Cette espèce provient du calcaire lithographique de Kehlheim. Les originaux de mes figures
faisaient autrefois partie de la collection de M. Voith , qui maintenant est incorporée à celle de
M. le comte de Munster.
III. Leptolepis crassus Agass.
Vol. 2, Tab. 6Ia, fig. K.
Comparée aux autres espèces , celle-ci mérite bien le nom de crassm; car son squelette , à
l'exception des apophyses, est notablement plus vigoureux. La tête est grande et large , compo-
sée d'os assez robystes parmi lesquels les maxillaires se font remarquer par leur belle conser-
vation. Les dents ne sont visibles , dans notre exemplaire, qu'à la mâchoire inférieure; mais
elles sont si petites , que ce sont presque des dents en brosse. A cet égard l'on pourrait même
conserver des doutes sur le genre auquel il convient de le rapporter, d'autant plus que la posi-
tion de la dorsale est bien plus reculée que dans les autres Leptolepis , et rappelle davantage le
type des Pholidophores.
— 152 —
La colonne vertébrale est composée de vertèbres très-courtes, mais grosses, fortement étran-
glées et montrant distinctement leurs fossettes longitudinales. J'en compte cinquante et une ,
dont trente caudales et vingt et une abdominales. Les côtes sont longues , mais assez grêles.
Les apophyses sont excessivement minces et contrastent sous ce rapport avec les côtes et avec
les vertèbres. Notre exemplaire a conservé toutes ses nageoires. Les pectorales et les ventrales
sont à-peu-près d'égale longueur, mais les premières ont des rayons plus nombreux et plus
serrés. L'anale est un peu moins longue , et plus rapprochée de la caudale que des ventrales.
La caudale est assez largement échancrée , ses rayons sont distribués de la manière suivante :
6,1, 8, 7, 1,5. La dorsale n'a laissé que quelques débris informes, qui cependant indi-
quent une nageoire articulée et dichotomée.
L'original de cette espèce se trouve au Musée d'Erlangen. !1 provient du calcaire lithogra-
phique de Solenhofen.
IV. IjEptolepis MACROLEPiDOTus Agass.
Vol. 2,Tab. 61,lig. i-6.
Cette espèce nous fournit un exemple frappant de l'importance qu'il faut attacher à tous les
détails du squelette , lorsque l'on veut déterminer rigoureusement un poisson fossile. Ne
croirait-on pas en effet , lorsque l'on compare cette espèce avec le poisson qui est figuré sur
la même planche sous le nom de Thrissops Cephalus , qu'il existe à peine une différence spé-
cifique entre ces deux espèces. Mais en les examinant de près , on reconnaît qu'en réalité elles
appartiennent à deux genres différens , attendu que le Thrissops a la dorsale opposée à l'anale
et même plus reculée, tandis que, dans notre espèce, cette nageoire est opposée aux ventrales.
Ce qui distingue notre espèce du Leptolepis sprattiformis et de ses analogues , c'est que la tête
est proportionnellement grosse ; elle n'égale pas seulement la largeur du tronc , elle le dépasse
même , et quant à sa longueur elle n'est contenue que trois fois et demie dans la longueur to-
tale. L'orbite est grande et Irès-rapprochée du profil. L'appareil operculaire est très-large ;
on y distingue surtout l'opercule et le préopercule. Le premier est à-peu-près carré , le se-
cond est allongé et arqué en avant. La colonne vertébrale est de moyenne grosseur. Les
apophyses, d'abord courtes et droites, s'allongent et s'inclinent insensiblement dans la région
caudale. Les osselets interapophysaires sont très-grêles , mais longs. Ceux de la dorsale attei-
gnent presque les vertèbres. Les nageoires sont peu fournies , à l'exception de la caudale, qui
est assez grande , largement et profondément échancrée ; elle compte dix rayons au lobe su-
périeur et au moins autant au lobe inférieur. Les écailles sont plus hautes que longues, et
leur bord postérieur est arrondi , ainsi que le montre la fig. 6 , qui représente le contour de
(juelques écailles grossies.
— ^ô5 —
C'est une espèce propre au calcaire de Solenhofen, Les originaux existent dans la collection
de M. le comte de Munster.
\. Leptolepis polyspondylus Agass.
Vol. 2. Tab. 61, fig. 7 et 8.
(Quoique celte espèce ait la plus grande ressemblance avec le L. inacrolepidotKs ligure
sur la même planche . je la crois cependant différente , parce que les vertèbres sont excessi-
vement serrées , beaucoup plus larges que longues et en même temps plus robustes que dans
l'autre espèce. J'en compte (juarante dans l'exemplaire de fig. 7, dont au moins trente
caudales. Les côtes ainsi que les apophyses des vertèbres , sont très-fines, notamment celles de
la région antérieure. Enfin . il est un dernier caractère qu'il importe de mentionner , c'est la
disposition des nageoires : l'anale est excessivement rapprochée des ventrales . tandis que dans
l'espèce précédente , c'est tout le contraire qui a lieu ; la dorsale aussi est un peu plus re-
culée. Toutes les nageoires sont assez bien fournies. Les pectorales surtout sont grandes et à
rayons très-grèles. La caudale est longue, étroite et profondément échancrée.
Du calcaire porllandien de Solenhofen. Les originaux, qui faisaient autrefois partie de la col-
lection Barth . se trouvent maintenant dans celle de M. le comte de Munster.
Les espèces qui me restent à décrire sont :
1° Leptolepis Bro>mi Agass, (Cyprimis coryphœndides Bronn in Leonh. etBr. Jahrb. fur
Min. 1850 , Tab. 1, fig. 1). Petite espèce de la taille du L. sprattifonnis et lui ressemblant à
bien des égards. Cependant elle se distingue par ses écailles plus grandes et par la structure
de la caudale ; les rayons ne sont pas seulement supportés par les apophyses des deux dernières
vertèbres caudales : mais celles de l'antépénultième et même de la quatrième vertèbre se
prolongent également pour servij* de support à la nageoire. Du lias de Neidingen . d'Ober-
schwiitz près de Bayreuth , de Lyme-Regis, de l'Oberland badois , de iNormandie et d' Amayé
sur \onne.
2° Leptolepis caudalis Agass. Espèce très-voisine du L. Bronnii , mais dont les écailles
sont beaucoup plus petites. Du lias d'Angleterre.
3° Leptolepis J.vegebi Agass. Espèce très-voisine du L. Knorrii , mais plus trapue. Les ver-
tèbres sont aussi plus massives. Les apophyses des dernières vertèbres caudales sont très-in-
clinées. Du lias de BoU.
h° Leptolepis lo>gus Agass. Espèce très-allongée ; la tête est très-haute et courte ; elle
n'égale pas même le cinquième de la longueur totale. La colonne vertébrale est robuste : les
vertèbres sont plus hautes que longues. Du lias de Boll.
_ 15?i —
5° LEPTOLEPisKiNORmi Agass. (Clnpea knorrii de Bl. Ich th.) Espèce très-élancée. La tête est
contenue près de six fois dans la longueur du corps. La largeur du corps, à l'origine de la dor-
sale, est plus considérable que celle de la tête. La caudale est grêle. Les vertèbres sont au
moins aussi longues que hautes. Les apophyses des dernières vertèbres caudales sont très-in-
clinées. Cette espèce est très-fréquente dans le calcaire lithographique de Solenhofen.
6° Leptolepis DUBiiîs Agass. (Clnpea diibiu de Bl. Ichlh.) Espèce très-voisine du L. Knorrii ,
mais dont la dorsale est plus petite. Du calcaire lithographique de Solenhofen.
7° Leptolepis coîsïractus Agass. Espèce très-voisine du L. / oitltii : peut-être même n'en
est-elle quune variété. Du calcaire lithographique de Solenhofen.
J'ai encore distingué un Leptolepis filtpenms du lias de Street , un L. latus d'Eichstadt ,
un L. PAUCISPOKDYLUS de Kehlheim , un L. pusillus de Kehlheim , et un L. temellus du lias
de rOberland badois. Sir Philipp Egerton a distingué de son côté une espèce de l'argile
d'Oxford de Christian Malton , qu'il a nommée Leptolepis macrophthalmls.
130 —
CHAPITRE XIV.
DU GENRE ASPIDORHYNCIinS Agass.
Les poissons de ce genre sont faciles à reconnaître , car ils se distinguent par plusieurs ca-
ractères très-tranchés. Ils sont en général très-allongés et tout d'une venue. La tète présente
une conformation toute particulière. La mâchoire supérieure déborde de beaucoup la mâchoire
inférieure , et forme ainsi un rostre très-pointu semblable à un dard ; de-là le nom <\\hpido-
rhynchus. Les deux mâchoires sont garnies de dents coniques , d'inégale grosseur, qui rap-
pellent par leur variété les dents des Eugnathus ; la conformation du squelette tégumentaire
n'étant pas moins remarquable. Les écailles ont une forme toute particulière ; elles sont en gé-
néral très-grandes , mais très-variables suivant les régions du corps , quoi([ue disposées avec
une grande régularité. La rangée sous-jacente à la ligne latérale est ordinairement la plus dé-
veloppée. Les écailles sont souvent deux fois aussi hautes que longues. Vient ensuite la rangée
de la ligne latérale , dont les écailles le cèdent à peine en dimensions à cette première rangée.
Les autres sont toutes sensiblement plus petites et particulièrement les inférieures.
Les nageoires n'ont rien de bien remarquable , elles sont plus grêles que dans la plupart
des autres genres. Ce qui mérite cependant d'être remarqué, c'est la position très-reculée de la
dorsale, qui est opposée à l'anale. La caudale est équilobe et composée de rayons dichotomés
un bon nombre de fois. La même structure des rayons s'aperçoit aussi dans les autres nageoires.
Le squelette est robuste, d'après tout ce que j'ai pu en découvrir. Les vertèbres du moins
sont aussi hautes que larges.
La position reculée de la dorsale a fait envisager jusqu'ici ces poissons comme des Esoces ;
mais les naturalistes qui les ont décrits sous cette dénomination , n'ont tenu aucun compte de
la structure particulière des écailles , qui sont tout-à-fait conformées comme chez les autres Ga-
noïdes ; si l'on fait abstraction de quelques légères modifications dans leur arrangement , qui
se retrouvent aussi dans d'autres genres.
La forme de la tête rappelle à certains égards celle des genres Belone et Hemiramphus; mais
contrairement à ce que l'on observe dans ce dernier genre , c'est la mâchoire inférieure qui
est la plus courte.
Ce genre paraît être propre aux différens terrains de la formation jurassique et à la craie. La
plupart des espèces connues jusqu'à ce jour proviennent du calcaire lithographique de Solen-
hofen et de Kehiheim.
— 136 —
I. ASPIDORHYNCHUS ACUTIROSTRIS AgaSS.
Vol. 2 , Tab. U6.
Syn. £sox acutirostris de Blainv. Ichtli. p. 28. ^ KnoiT. Tom. I. Tab. 23 et 29.
Cette espèce que j'envisage comme le type du genre Aspidorhynchus a été décrite pour la
première fois par M. de Blainville, qui la range parmi les Brochets. C'est un poisson Irès-élancé
dont la longueur est de deux pieJs sur une hauteur d'à peine trois pouces. Parmi les exem-
plaires connus, il en est plusieurs dont la tête est très-bien conservée, ensorte que nous som-
mes à même d'en donner une description détaillée. Le maxillaire supérieur déborde le maxil-
laire inférieur d'au moins un pouce et demi à deux pouces , formant une espèce de dard
très-pointu et très-grèle, même à sa base. Le maxillaire inférieur est sensiblement plus
large, surtout en arrière, où il prend une forme arquée. Les deux mâchoires sont armées
de dents coniques de grandeur variable et très-acérées; cependant il paraît que celles du fond
de la gueule sont les plus grandes et qu'elles diminuent sensiblement d'arrière en avant. Je
n'ai pas pu m'assurer d'une manière positive si la partie du maxillaire qui déborde la mâ-
choire inférieure est garnie de dents ou non. Cependant je crois qu'il y en a de très-petites
au bord inférieur du rostre. Une autre particularité de cette espèce consiste dans l'orbite,
qui est très-grande et plus rapprochée de l'angle de la bouche que du bord supérieur de la
tête. On distingue, dans la plupart des exemplaires, des traces des rayons branchiostègues qui
sont très-petits et très-grèles en avant, mais qui vont eh s'allongeant et en sélargissant e^n ar-
rière ; leur nombre est considérable. L'opercule se fait remarquer par sa largeur. Le préoper-
cule a une forme presque rhomboïdale. La disposition des écailles mérite une attention toute
particulière. Au milieu des flancs se trouve la rangée delà ligne latérale dont les écailles, quoi-
que fort hautes, n'atteignent cependant pas tout-à-fait les dimensions de la rangée qui est au-
dessous. Cette dernière frappe d'autant plus qu'elle est adjacente à plusieurs séries de très-pe-
tites écailles qui forment avec elle un contraste frappant. Au-dessus de la ligne latérale se
trouvent deux rangées de moyenne grandeur, dont les écailles ont à-peu-près la moitié des di-
mensions qu'acquièrent celles de la ligne latérale. Pour mieux faire ressortir ce singulier ar-
rangement, j'ai représenté au-dessus de la figure principale deux groupes d'écaillés . mon-
trant la manière dont elles se combinent entre elles ; l'une des figures représente leur face
interne et l'autre leur face externe. A côté se voient deux écailles isolées de la rangée princi-
pale : l'une montre la face interne avec la carène longitudinale dont l'onglet est le prolon-
gement et l'entaille destinée à recevoir le crochet de l'écaillé sous-jacente ; l'autre se voit
par la face externe, on la reconnaît facilement aux rugosités de sa surface. Il est digne de
remarque que , tandis que le bord inférieur est plus ou moins arrondi, le bord supérieur pré-
sente, à côté de l'onglet, une pointe très-allongée; ce qui nous explique pourquoi la rangée
_ 137 —
principale au-dessous de la ligne latérale, est troncpiée en bas et pointue en haut. Les écailles
du dos et celles du ventre ne se font pas seulement remarquer par leur petitesse ; elles se dis-
tinguent encore par un autre caractère non moins frappant; c'est d'être marquées de fortes
rides longitudinales qui sont surtout développées vers la région caudale et qu'on distingue
d'une manière très-nette dans le grand exemplaire de notre planche. Ce même exem-
plaire est le seul aussi qui ait conservé ses nageoires dans toute leur intégrité. La caudale est
largement fourchue ; ses rayons sont plus divisés que dans beaucoup d'autres genres et très-
rapprochés. à lexceplion des cinq rayons qui se ti-ouvent au milieu de la nageoire et qui sont
plus espacés et flabelliformes. La dorsale est très-petite , tronquée verticalement en arrière; ses
rayons sont grêles et nombreux. L'anale qui leur est directement opposée a des rayons plus
gros et en général plus vigoureux. Les ventrales sont beaucoup plus rapprochées de l'anale
que des pectorales, mais également petites. Les pectorales sont un peu plus longues et com-
posées de gros rayons divisés un grand nombre de fois.
Tous les exemplaires connus proviennent de Solenhofen. Les deux beaux exemplaires repré-
sentés sur ma planche se trouvent au musée de Munich ; la tête séparée qui est placée sur le
second rang s'y trouve également ; celle de l'angle supérieur m'a été communiquée par
M. Hermann de Meyer et se trouve au musée de Francfort.
IL AsPmORHYNCHUS SPECIOSUS x\gass.
Vol. 2, Tab.45.
Nous retrouvons dans cette espèce une disposition des écailles analogue à celle que nous
avons décrite dans l'espèce précédente. La rangée de la ligne latérale et celle qui lui est immé-
médialement sous-jacente ont aussi ici les plus grandes écailles ; leur hauteur égale deux fois
leur largeur. Les rangées supérieures, au contraire, ont des écailles à-peu-près aussi longues
que hautes et à l'origine de la caudale toutes les écailles , à quelques rangées qu'elles appar-
tiennent, sont à-peu-près égales. Mais ce qui distingue surtout notre espèce, ce sont les rides
ondulées dont toutes ces écailles sont ornées et dont l'empreinte se reproduit distinctement sur
la roche , lorsque les écailles sont enlevées. Ces rides sont obliques et presques verticales sur
les écailles de la partie antérieure du tronc; sur celles de la partie postérieure, elles sont pres-
que longitudinales. Il est en outre à remarquer que le nombre des séries ventrales, à écailles
étroites, est moins considérable que dans VJ. acutirostris. Les nageoires sont assez grêles. La
caudale est composée de rayons fins , divisés jusqu'à la base , mais dont les articulations ne
s'étendent pas jusqu'à l'origine. La dorsale et l'anale sont à-peu-près d'égale grandeur; mais
les rayons de cette dernière sont plus nombreux. Les ventrales sont très-étroites et ne comptent
qu'un petit nombre de gros rayons.
C'est un poisson du calcaire lithographique de Kehiheim. L'original se trouve dans la col-
lection de M. le comte de Munster.
TOM. II. 2^ Part. ** 18
— 138 —
m. ASPIDORHYNCHUS ORNATISSIMUS AgaSS.
Vol. 2, Tab. hl.
Le caractère des Aspidorhynchus se trahit au premier coup-d'fieil dans la squammation de
cette espèce. C'est la même forme des écailles et la même disposition des rangées principales,
relativement aux rangées secondaires. Les <>cailles de la ligne latérale sont aussi ici les plus
grandes ; celles de la rangée adjacente inférieure ne sont qu'un peu plus petites. Celles en re-
vanche des rangées ultérieures, près du bord inférieur, sont beaucoup plus étroites. Les ran-
gées supérieures à la ligne latérale décroissent d'une manière plus graduelle vers le bord dor-
sal , ce qui fait que celles du dos sont bien moins étroites que celles du ventre ; elles sont à-peu-
près aussi hautes que larges. Mais ce qui caractérise surtout ces écailles , c'est la structure de
leur émail qui , au lieu d'être lisse, présente un réseau très-serré de rides entrelacées qui ont
valu à l'espèce le nom d'oriiatissimus. Cette structure ridée des écailles se voit également bien
sur toutes les parties du corps ; sur le devant comme sur le derrière , sur le dos comme sur
le ventre.
Quoique l'exemplaire figuré soit loin d'être complet , on voit cependant p*ar ce qu'il en reste,
qu'il provient d'un poisson élancé , puisque la partie du tronc située en avant de la dorsale
est triple de' la largeur du corps , abstraction faite de la tête et de ce qui peut manquer du tronc
en avant. Si nous cherchons à reconstruire notre poisson d'api'ès VJ. acutirostris , nous trou-
verons que VAsp. ornatissimiis devait atteindre une longueur égale, sinon supérieure à celle
de cette dernière espèce et qu'il était en tout cas plus large. Il n'est resté des nageoires que
la dorsale et l'anale qui sont opposées comme dans les autres espèces du genre. L'une et l'autre
sont composées de rayons fort larges qui se divisent un grand nombre de fois. Il n'y a que le
premier rayon de l'anale qui soit indivis. Le nombre total des rayons est de dix dans l'anale
et d'à-peu-près autant dans la dorsale. On voit sous l'abdomen une nageoire détachée, com-
posée de cinq rayons très-divisés , qui , d'après sa position et sa forme , est probablement
l'une des ventrales.
C'est une espèce propre au calcaire lithographique de Kehlheim. L'original se trouve dans
la collection de M. le comte de Munster.
J'aurai encore à décrire et à figurer par la suite les espèces suivantes :
1° Aspidorhynchus mandibularis Agass. Espèce voisine de VA.speciosus , mais plus élancée
et à écailles lisses. La mâchoire inférieure est sensiblement plus étroite que dans VJsp. acu-
tirostris. Les écailles du ventre sont si étroites qu'elles ressemblent à de fines stries. Les dents
sont longues , irrégulières et très-acérées. Du calcaire lithographique d'Eichslsedt.
— 139 —
2" AsPiDORHYNciius LEPTURUS Agass. Espèce voisine de VA. manitihidaris , mais plus petite;
peut-être n'est-ce qu'une variété d'âge. Du calcaire lithograpliique de Kehliieini.
3" AspiiH)RHYNCHUS, ANGLicus Agass. Espèce du lias de Whitby.
k° AspiDORHYNOHus EUODUS Egert. Espèce découverte par sir Philipp Egerton dans l'argih;
d'Oxford de Chippenham.
5° AsPiDURHYNCHUs Walchneri Agass. Espèce du lias de l'Oberland badois.
6° Asph)(>rhynchus Comptoisi /Vgass. Grande espèce de la collection de M. le marquis de
Norfhampton. Les écailles qui contiennent la ligne latérale sont de beaucoup les plus grandes.
La surface des écailles est ornée de petites granulations coniques. Elle provient d'un terrain
probablement crétacé de l'Amérique du sud ; M. Gardner en a rapporté de nombreux exem-
plaires en Angleterre ; j'en ai du d'autres à l'obligeance de M. Elie de Beaumont. M. Célestin
JNicolet en a aussi reçu quelques fragmens de Fernambouc.
ikO —
CHAPITRE XV.
DU GENRE BELOXOSTOMUS Agass.
Ce genre est évidemment trés-voisin du genre Aspidorhynchus. Sa forme générale est la
même, et son squelette tégumentaire présente à peine quelques légères variations. Mais ce qui
le distingue surtout, c'est que les deux mâchoires sont d'égale longueur ou à-peu-près, et que la
mâchoire supérieure n'a pas d'échancrure dans laquelle s'engaine l'inférieure. J'ai été long-
temps sans me douter de cette différence , et je rangeais alors les Bélonostomes parmi les As-
pidorhynchus. Mais du moment que j'ai reconnu ce caractère important, j'ai dû séparer les es-
pèces de ce type des vrais Aspidorhynchus, pour en faire un genre à part auquel je donne le
nom de Belonostomus. Aujourd'hui que je connais plusieurs espèces dont la lète est conservée ,
j'ai pu me convaincre que les Bélonostomes sont en général plus grêles et plus élancés que les
vrais Aspidorhynchus, ensorte qu'alors même que la tête manque, on peut encore savoir, d'a-
près les dimensions relatives du corps , auquel des deux genres il faut rapporter tel ou tel
poisson. La gueule est profondément fendue. Les mâchoires sont armées de dents acérées ,
mais d'inégale grosseur. L'orbite est très-grande. Le squelette est vigoureux ; il ne diffère de
celui des Aspidorhynchus que par la plus grande longueur des corps de vertèbres, proportion-
nellement à leur hauteur. La disposition des nageoires est la'Tnême. Enfin , j'ai pu m'assurer
sur une espèce que les séries dorso-ventrales des écailles s'engrènent entre elles au moyen
d'onglets assez robustes , comme cela a lieu dans la plupart des autres Sauroïdes.
Les Bélonostomes ont existé, pour la plupart , simultanément avec les Aspidorhynchus: on
les trouve depuis le lias jusqu'au portlandien et même dans la craie. Le nom du genre est
emprunté à la ressemblance extérieure que ces fossiles ont avec le genre Bélone de la famille
des Esoces , avec lequel on les a confondus jusqu'ici. On les a aussi quelquefois pris pour
des Sphy rênes.
!. Belonostomus sph\raf,koides Agass.
Vol. 2, Tab. h7a, fig. 5\
Cette espèce a été déterminée à plusieurs reprises comme une Sphyrène ; et l'on ne saurait
disconvenir qu'elle n'ait une certaine ressemblance avec ce genre de poissons vivans. C'est un
poisson très-élancé. La tête égale presque le tiers de la longueur totale, mais elle n'est pas plus
— ikl —
large que le corps. Les mâchoires sont d'égale longueur , très-robusles , et ne s'atténuent <jue
d'une njanière très-insensible vers la pointe ; ensorte que tout en étant fort longues , elles sont
cependant vigoureuses. On remarque dans notre exemplaire quelques-unes des dents de la
mâchoire inférieure; elles sont petites, irrégulières et assez espacées; les canines se distinguent
par leurs dimensions plus fortes. Toutes les nageoires sont conservées ; les pectorales sont assez
longues , mais fort étroites. La dorsale est très-reculée et opposée à l'anale ; l'une et l'autre
sont petites. Les ventrales sont un peu plus grandes et plus triangulaires ; elles sont encore
plus rapprochées de l'anale que celle-ci ne l'est de la caudale. La caudale elle-même est profon-
dément échancrée , du reste de moyenne grandeur, et à-peu-près équilobe. Ses rayons sont
très-grèles. La colonne vertébrale doit être assez robuste ; les vertèbres sont plus hautes que
longues. Les écailles ne s'aperçoivent dans notre exemplaire que par la face interne; aussi sont-
elles assez confuses ; cependant on voit q\ie les deux séries du milieu des flancs sont les plus
considérables. Au-dessus sont deux rangées d'écaillés à-peu-près carrées, et au-dessous une
suite de rangées très-étroites qui recouvrent la région abdominale.
C'est une espèce propre au calcaire lithographique de Solenhofen. L'original se trouve dans
la collection de M. le comte de Miinster. J'ai reconnu que l'espèce que j'ai désignée dans le
Feuilleton jde l'une de mes précédentes livraisons sous le nom de B, bnichysomus, n'est qu'une
variété du B. sphyrcenoides.
II. Belokostomus Munsteri Âgass.
Vol. 2, Tab. 47a, fîg. 2.
Cette espèce est fréquente dans le calcaire lithographique de Bavière; c'est l'une des grandes
espèces de ce genre , car elle a ordinairement au moins un pied de long. La tête est allongée ,
mais proportionnellement moins longue que dans l'espèce précédente. Les mâchoires sont
égales , très-grèles , armées de dents sur toute leur longueur ; mais ce qui est surtout remar-
quable, c'est que la gueule est fendue jusque sous l'orbite. Les dents qui les bordent sont très-
uniformes et beaucoup plus serrées que dans le B. sphyraoïoides; il n'y a qu'un petit nombre
de canines saillantes, encore se distinguent-t-elles peu par leurs dimensions. L'appareil oper-
culaire est fort large ; le préopercule en particulier a la forme d'mi triangle rectangle , tandis
que l'opercule a son bord postérieur arrondi. La ceinture thoracique en revanclie est faible.
La colonne vertébrale est aussi ici très-rapprocliée du bord dorsal ; elle est robuste , et ce
qui la dislingue surtout , c'est que ses vertèbres sont plus longues que hautes , du moins vers
la région caudale. La disposition des écailles n'a rien de particulier ; il y a sur les flancs deux
séries d'écaillés principales à-peu-près de mêmes dimensions et du double plus hautes que lon-
gues. Celles qui recouvrent le ventre sont , par contre , très-étroites au point que leur hau-
teur égale à peine le quart de leur longueur.
— 142 —
Les nageoires ne sont pas conservées dans notre exemplaire , mais j'ai pu m'assurer sur
d'autres exemplaires, qu'elles sont toutes petites, excepté les pectorales, qui sont assez grandes
et dont il reste aussi quelques rudimens dans notre figure. Toutes sont composées de rayons
très-fins.
L'original se trouve en la possession de sir Philipp Egerton. La contre-plaque se voit dans
la collection de lord Enniskillen. M. le comte de Munster en possède aussi des exemplaires
dans sa collection. J'en ai vu d'autres au Musée de Prague.
IIL Belonostomits acutus Agass.
Vol. 2, Tab. kl a, fig. 3 et U.
.le ne connais de cette espèce que la tête ; mais elle est assez bien conservée pour ne
laisser aucun doute sur le genre auquel il faut la rapporter, et sous le rapport géologique
elle a un intérêt tout particulier, parce que c'est la première espèce que l'on ait trouvée dans
le lias. Le bec est très-allongé , plus grêle que dans aucune autre espèce , et surtout atténué
d'une manière plus graduée que celui du Belonoslomus Mûnsteri. La mâchoire sujîérieure est
armée jusqu'à son extrémité de dents très-acérées (fig. k). Celles de la mâchoire inférieure
sont très-développées au milieu du maxillaire, assez espacées et irrégulières (fig. 3). Les os
que l'on voit derrière l'orbite (fig. 't ) , et qui sont probablement les frontaux et les pariétaux ,
sont finement granulés.
Les deux exemplaires figurés se trouvent dans la collection de lord Enniskillen et de sir
Philipp Egerton et proviennent du lias de Whitby.
IV. Belonostomus cinctus Agass.
Vol. 2, Tab. 66a, fig. 10-13.
.Je rapporte au genre Belonoslomus, un fragment de la collection de M. Mantell, dont' les
écailles présentent à-peu-près le même arrangement que nous avons reconnu dans les espèces
précédentes. Ce sont d'énormes écailles , ayant un pouce de long et au-delà, sur un quart de
pouce de large. Or pour peu qu'il y ait une seconde rangée d'écaillés pareilles, comme elles
existent dans toutes les espèces connues jusqu'à ce jour, il faut admettre que le poisson dont
proviennent ces fragmens, était de taille colossale; car en évaluant ses dimensions d'après ses
écailles, il devait avoir au moins trois à quatre pieds de long. La partie du tronc qui est con-
servée est recouverte d'écaillés très-uniformes, dont les bords antérieur et postérieur sont
parallèles, tandis que leur sommet se termine en une pointe obtuse en arrière (fig. 13). Les
lig. 10, 11 et 12 représentent des mâchoires isolées qui ont été trouvées avec le fragment de
— I'i5 —
lîg. i3. La figure H est une mâchoire inférieure qui a tous les caractères que nous avons re-
connus aux mâchoires des Bélonostomes. D'un autre côté, le fragment de tig. 13 ne pouvan
provenir que d'un Bélonostome ou d'un Aspidorhynchus , rien de plus naturel que de le rap-
porter au premier de ces genres, attendu (jue la mâchoire en question ne saurait être une mâ-
choire d'Aspidorhynchus. On ne saurait méconnaître la grande analogie qui existe entre celte
mâchoire et celle du Lepidosteus vivant que nous avons décrit en détail, au commencement de
la seconde partie de ce volume, page k. Les dents sont inqjlantées dans une rainure du bord
extérieur de la mâchoire , et chaque dent est en outre enfoncée dans une alvéole particulière
de manière que lorsque les dents sont tombées , le fond de la rainure présente une série de
creux des plus remarquables (fig 12). A côté de ces dents principales se voit une rangée de pe-
tites dents en brosse qui régnent tout le long du bord interne de la mâchoire (fîg. H) et qui
se retrouvent également dans le Lépidostée (Tab. B', fig. 3).
La fig. 10 représente les deux branches d'une mâchoire inférieure. Si, comme j'ai tout lieu
de le croire, ce fragment provient de la même espèce que ceux de fig. 11, 12 et 13, ce se-
rait une autre preuve que notre poisson est bien réellement un Bélonostome ; car il n'y a
aucun Aspidorhynchus qui ait une mâchoire inférieure aussi allongée.
Tous ces fragmens proviennent de la craie de Lewes.
Espèces qui seront décrites par la suite :
1° Belonostomus Anningiae Agass. (B. tenellus dans quelques collections). Du Lias de
Lyme-Regis.
2° Belonostomlts tenuirostris Agass. Espèce à bec très-long , égalant le tiers de la lon-
gueur totale et plus grêle que le bec du B. sphyraenoides. La mâchoire supérieure est plus
longue que l'inférieure. Les vertèbres sont plus longues que hautes. Les dents sont acérées,
irrégulières et espacées. Du calcaire lithographique de Solenhofen. C'est l'espèce que j'ai éti-
quetée dans quelques collections du nom d\hpi(lorhynchus temdrostris et de Belone temiirostris.
3° Belonostomus subulatus Agass. Espèce très-grêle, voisine du B.Munsleri. La mâchoire su-
périeure d'un cinquième plus longue que l'inférieure. Du calcaire lithographique de Solenhofen.
h" Belonostomus ventralis Agass. Espèce très-allongée, à tête grosse et large. Rayons des
ventrales courts et larges. Cette nageoire est très-reculée.. Du calcaire lithographique de So-
lenhofen.
5° Belonostomus Kochii Miinst. Espèce voisine à certains égards du B. Munsteri, mais moins
allongée, à mâchoires grêles et d'égale longueur; la tête est comprise quatre fois dans la lon-
gueur totale. Du calcaire lithographique de Kehlheim.
6° Belonostomus leptosteus Agass. Espèce de Stonesfield , dont je ne connais encore que
des os détachés de la tête.
7° Belonostomus brachysomus Agass. N'est qu'une variété du B. spityrcenoïdes. (Voir celte
espèce ci-dessus.) ,
— m —
CHAPITRE XVI.
DU GENRE SAUROSTOMUS Agass.
M, le professeur Walchner de Cqrlsruhe a découvert dans le lias de l'Oberland badois une
mâchoire armée d'une longue série de dents comprimées et tranchantes, assez semblables à
des dents de Saurien , mais qui cependant appartiennent évidemment à la classe des poissons
et dont j'ai fait le type de mon genre Saurostonius. On n'en connaît encore qu'une seule es-
pèce, le Saurostomus esocinm. Peut-être faut-il rapporter à ce genre quelques mâchoires figu-
rées dans les Transactions de la société géologique de Londres, seconde série, vol. 2, Tab. k,
et qui proviennent du Lias de Lincolnshire.
Saurostomus esocinus Agass.
Vol. 2, Tab. S8 6,fîg. 4.
Tout ce que l'on connaît jusqu'ici de cette espèce se borne à la pièce figurée, qui est une
mâchoire inférieure. Le poisson dont elle provient devait être de grande taille et avoir le mu-
seau très-allongé. Cependant l'os qui porte les dents est trop vigoureux pour provenir d'une
espèce de Bélonostome , et trop allongé pour appartenir au genre Eugnathe , sans compter que
les dents sont beaucoup plus uniformes que dans ce dernier type. Du reste on reconnaît bien
évidemment la famille des Sauroïdes à la forme des dents, ainsi qu'à la manière dont elles
sont implantées. A ce dernier égard, elles rappellent même d'une manière frappante les dents
du genre Lépidostée, car elles sont implantées dans une gouttière qui est bordée par le bord
de la mâchoire; de façon que lorsque ce bord est intact, il n'y a guère que la pointe émaillée
des dents qui la dépasse. A l'intérieur des dents de la rangée principale, on en découvre de
plus petites qui garnissent probablement le bord interne de la mâchoire et que l'on reconnaît à
travers les intervalles des dents principales.
La plaque qui porte cette mâchoire provient d'un massif du lias de l'Oberland badois, bien
caractérisé par son aspect particulier et par les fossiles qu'il renferme. Elle fait partie de la
collection de M. Walchner,
'l :j
CHAPITRE XVII.
DU GENRE MEGALL'RUS Agass.
Le nom de ce genre en indique le caractère essentiel , qtii consiste dans une queue très-
ample, jointe a un squelette assez trapu, ce qui lui donne une apparence très-massive. La
caudale, au lieu d'être bilobée comme dans la plupart des genres que nous venons d'exami-
ner, est à-peu-près uniformément arrondie ; elle rappelle à cet égard le Polyptère du Nil que
nous avons décrit ci-dessus. Cependant cette ressemblance est plus apparente que réelle , at-
tendu que dans le Sauroïde du Nil, les rayons qui s'attachent aux apophyses inférieures des
vertèbres caudales sont aussi nombreux et aussi considérables que ceux qui dépendent des
apophyses supérieures. Dans notre genre , au contraire, la colonne vertébrale, au lieu d'être
droite, se relève sensiblement à son extrémité, et la portion la plus notable de la caudale est
supportée par les apophyses inférieures. Les rayons de cette nageoire sont aussi en général
plus grêles et moins divisés. Ceux du lobe supérieur sont même souvent indivis. La dorsale
est assez grande , composée de rayons également grêles et peu divisés. Son insertion est oppo-
sée à celle des ventrales qui sont elles-mêmes beaucoup plus rapprochées de l'anale que des
pectorales. L'anale ne compte qu'un petit nombre de rayons, mais ils sont assez allongés et
semblables aux rayons de la dorsale. Le squelette est très-robuste ; la colonne vertébrale sur-
tout est forte , composée de vertèbres très-grosses et beaucoup plus hautes que longues, du
moins dans la partie antérieure du tronc. Les apophyses et notamment les côtes sont courtes
ci grosses. Les apophyses supérieures ne s'articulent pas directement avec les corps de vertèbre;
mais elles sont supportées par des processus très-distincts et fort gros , et comme elles s'arti-
culent à l'angle postérieur de ces processus, il en résulte qu'elles sont inclinées en arrière dès
les premières vertèbres abdominales. Toutefois on n'en reconnaît pas moins les vertèbres cau-
dales à leurs apophyses qui s'allongent de plus en plus vers la queue. Il y a des osselets inter-
apophysaires tout le long du dos ; mais les inermes qui précèdent la dorsale sont bien moins
développés que les autres; et ils sont loin d'atteindre le bord dorsal. La tête est assez courte ;
la gueule n'est pas très-fendue , mais les mâchoires sont armées de grosses dents coniques qui
prouvent assez que nous avons à faire à un genre particulier de la famille des Sauroïdes. Les
écailles sont lisses, et leur bord postérieur uni et arrondi , ensorte qu'elles ressemblent beau-
TOM. IJ , 2" Part. 19
— ikQ —
coup à des écailles de Cycloïdes avec lesquelles elles pourraient en effet être confondues si
elles n'étaient recouvertes d'émail.
Les espèces connues jusqu'ici proviennent toutes des étages récens de la formation juras-
sique.
I. Megaliirus LEPiDOTUs Agass.
Vol. 2,Tab. Si a.
On reconnaît facilement celte espèce à la grandeur de ses écailles , qui sont réellement ar-
rondies et plus hautes que longues , de manière qu'elles ressemblent à des écailles de Carpe ;
celles qui sont bien conservées , laissent même apercevoir à travers leur émail les lignes d'ac-
croissement , ainsi que le montre le petit groupe d'écaillés dessiné au trait à côté de la figure
principale. Le disque circulaire qui est à côté , représente le contour d'une écaille isolée . vue
à la loupe. On ne remarque aucune difTérence de forme entre les écailles do la partie cau-
dale du tronc et celles de la partie abdominale. La colonne vertébrale , qu'on voit îlans notre
exemplaire depuis son origine jusqu'à son extrémité , est très-robuste dans tout son trajet ; et
il n'y a que les dernières vertèbres caudales qui se rappetissent subitement. Les vertèbres ab-
dominales sont surtout très-grosses et beaucoup plus hautes que longues. Les côtes qui s'y
rattachent sont en revanche très-courtes. Les apophyses supérieures sont très-inclinées dès les
premières vertèbres, et fixées à l'angle postérieur des neurapophyses. Entre ces apophyses
viennent s'interposer des osselets interapophysaires inermes, plus longs que les apophyses, mais
qui cependant sont loin d'atteindre le bord dorsal. Ils ont cela de particulier, c'est qu'ils
sont onduleux comme s'ils avaient été mous durant la vie. Les osselets qui correspondent aux
rayons de la dorsale sont longs et roides. A partir de la dorsale, les apophyses s'allongent in-
sensiblement vers la queue ; mais ce qu'il y a de très-intéressant , c'est la manière dont elles
concourent à la formation de la caudale. Déjà les apophyses de la treizième vertèbre caudale
( à compter d'arrière en avant) servent de soutien à cette nageoire en supportant ses premiers
rayons. Il faut pour cela qu'elles soient très-allongées , surtout les inférieures , et cet allonge-
ment contraste singulièrement avec l'extrême brièveté des côtes et des apophyses antérieures.
Les apophyses suivantes, c'est-à-dire celles des 10", 9*, 8^, 7® vertèbres, etc., correspondent
à-peu-près chacune à un rayon. Ces rapports entre les apophyses des dernières vertèbres
et les rayons de la caudale paraissent être les mêmes dans le lobe supérieur ; seulement ,
comme ce lobe est refoulé en haut par la courbure de l'extrémité de la colonne vertébrale , il
en résulte que ses rayons , ainsi que les apophyses qui les supportent , sont beaucoup plus ser-
rés. Les premières vertèbres caudales sont excessivement grêles et comme atrophiées ; elles
n'acquièrent leurs vraies dimensions qu'à partir de la septième vertèbre. Le lobe inférieur de
la caudale compte treize grands rayons fort espacés , très-grêles , articulés à distance , et di-
— i'i7 —
chotomés deux ou tout au plus trois fois. Les articles s'étendent jusqu'à la base des rayons et
sont sensiblement plus longs que larges. Le lobe supérieur n'a ([ue deux ou trois rayons prin-
cipaux . (pii sont précédés d'un nombre considérable de rayons inermes ; ensorte que le lobe
supérieur, ou cette partie de la caudale qui est supportée par les apophyses supérieures , n"a
guère que le <piarl de la largeur du lobe inférieur. L'extrémité des rayons supérieurs étant
enlevée dans notre exemplaire , il est difficile de dire quelle a été la forme précise de son con-
tour, mais j'ai tout lieu de croire qu'il était arrondi. La dorsale est reculée ; son insertion ne
commence guère quau milieu du dos; elle est grande et composée, comme la caudale, de
rayons grêles , très-peu espacés et peu divisés. Il y en a en tout quinze à seize ; les six pre-
miers sont indivis. L'anale est bien moins longue ; mais ses rayons sont tout aussi robustes , si-
non plus développés. Les osselets interapophysaires qui supportent cette nageoire sont longs et
bien accusés. J'en compte en tout sept, et il est probable que le nombre des rayons était à-peu-
près le même. Il n'est resté dans notre exemplaire que quelques traces des ventrales , en face
de l'insertion de la dorsale. Ce sont des fragmens de rayons assez mutilés, mais qui nous prou-
vent cependant que les rayons , loin d'être aussi grêles que ceux de la dorsale et de la cau-
dale , étaient au contraire beaucoup plus larges et composés d'un grand nombre de ramifica-
tions. Les os de la tète sont mutilés , cependant on reconnaît assez distinctement les rayons
branchioslègues, qui sont nombreux et robustes. La mâchoire inférieure est très-bien conser-
vée et armée d'une douzaine de grosses dents coniques , dont les plus reculées sont les plus
longues.
C'est une espèce propre au portlandien de Solenhofeiî ; l'original se trouve en double plaque
dans la collection du Musée de Munich. Un autre exemplaire de plus petite taille , mais égale-
ment bieii conservé, se voit dans la collection de M. Bronn à Heidelberg. Enfin M. le comte de
Munster en possède aussi des vertèbres et des écailles détachées.
II. MkCtAlurus brevicostatus Agass.
Vol. 2. Tab. .^I. fig. 3.
Nous retrouvons dans ce petit poisson à-peu-près toutes les particularités de structure que
nous avons reconnues dans le squelette de l'espèce précédente , mais dans des proportions fort
différentes . car il est de bien plus petite taille. Les côtes sont d'une brièveté remanjuable ,
à-peu-près de moitié moins longues que les apophyses inférieures de la région caudale. Les
apophyses supérieures correspondant aux côtes sont également courtes et grêles ; elles ne
prennent un certain développement que dans la région caudale, et, ce qui est surtout digne de
remarque, c'est que les dernières sont dichotomées. Les osselets interapophysaires de la dor-
sale et de l'anale sont aussi longs que les osselets des apophyses correspondantes . mais plus
grêles. Les osselets inermes en avant de la dorsale sont beaucoup plus fins et plus petits, mnis
— 148 —
je ne remarque pas qu'ils soient ondulés comme ceux du M. lepidotus. Les écailles n'ont laissé
que des empreintes très-indécises , par lesquelles on voit cependant qu'elles étaient assez
grandes , minces , circulaires et probablement arrondies. Ce qu'il y a de plus remarquable ,
c'est la ligne latérale qui, au lieu de courir parallèlement à la colonne vertébrale, remonte vers
la nuque à partir de l'anale. Quant aux nageoires , il n'y a que les pectorales qui soient conser-
vées. Elles §ont assez longues et composées de rayons très-fins. La tête est courte ; l'orbite est
grande et très-rapprochée du profil. Les mâchoires sont armées de dents très-aiguës. Les
rayons branchiostègues se voient aussi d'une manière très-distincte , ils vont en augmentant
de dimensions d'avant en arrière.
C'est aussi une espèce propre au calcaire lithographique de Kehlheim. L'original se trouve
dans la collection de M. le comte de Miinster.
IH. Megalurus elongatus Miinstr.
Vol. 2 , Tab. 51 , fig. 1 et 2.
M. le comte de Miinster a distingué cette espèce du/ff. brevicostatus, parce qu'elle est beau-
coup plus élancée. La largeur est contenue quatre fois dans la longueur, tandis que dans l'es-
pèce précédente, la largeur comprend plus du tiers de la longueur. A tous les autres égards,
la ressemblance est à-peu-près parfaite entre les deux espèces. La dorsale est grande; ses
rayons sont au nombre de vingt-un ; les deux premiers sont plus petits que les autres. Les
ventrales et les pectorales ont également des rayons assez longs, mais peu nombreux. L'a-
nale n'est qu'imparfaitement conservée dans notre exemplaire ; cependant les rayons que
j'envisage comme tels , sont aussi très-allongés. La caudale nous présente les mêmes rapports
que nous avons remarqués dans le M. lepidotus , c'est-à-dire que le lobe inférieur est
beaucoup plus large que le lobe supérieur et composé de rayons plus gros et plus distinctement
espacés. Ce qui est remarquable, en outre, c'est le grand nombre de petits rayons qui précè-
dent les grands rayons du lobe inférieur, et qui s'étendent jusqu'à l'extrémité de l'anale. On
dirait de petites soies, tant ils sont courts. La tête est assez bien conservée; on y reconnaît les
rayons branchiostègues qui sont à-peu-près aussi serrés que les rayons d'une nageoire; les
derniers sont beaucoup plus larges que les premiers. Les dents sont aussi assez bien conser-
vées, surtout à la mâchoire supérieure. L'orbite est grande et rapprochée du bord supérieur.
Enfin il existe aussi derrière la dorsale et au-dessus de l'anale quelques séries d'écaillés; elles
sont plus longues que hautes , arrondies en arrière, et vues à la loupe, elles présentent l'aspect
de fig. 2.
Cette espèce, dont l'original se trouve dans la collection de M. le comte de Miinster, pro-
vient du calcaire lithographique de Kehlheim.
— \li9 —
IV. Megalurus parvus Mùnst.
Vol. 2, Tab. 51, fig. U.
Le poisson que M. le comte de Munster appelle de ce nom, est beaucoup plus petit que les
autres, et c'est sans doute pour cette raison qu'il l'a distingué du M. elonyatus. Il est aussi un
peu plus trapu, mais du reste il présente toutes les particularités que nous venons d'indiquer
dans cette dernière espèce. Les côtes et les apophyses sont excessivement grêles et la colonne
vertébrale est tellement dilatée par la pression, qu'elle paraît beaucoup plus large que les apo-
physes ne sont hautes. Mais il ne faut pas prendre le change sur ce caractère, car il est évi-
dent que cette largeur démesurée n'est qu'accidentelle.
L'exemplaire figuré se trouve dans la collection de M. le comte de Munster et provient du
calcaire lithographique de Solenhofen.
11 se pourrait qu'en définitive ces trois espèces , le M. brencostatus , le M. elongatus et le
M. parvus ne fussent que les variétés d'un seul et même poisson. Elles ont du moins toutes la
même physionomie, les mêmes caractères de détails, et comme elles proviennent toutes du
même terrain, la supposition de leur identité n'en paraît que plus vraisemblable.
150
CHAPITRE XVIII.
DU GENRE MACROSEMIUS \gass.
J'ai établi ce genre pour un petit poisson de la famille des Sauroïdes qui présente plusieurs
particularités très-remarquables parmi lesquelles il faut placer en première ligne la forme de la
dorsale qui s'étend sur toute la longueur du dos et dont les rayons sont très-grands. La cau-
dale n'est pas fourchue , mais arrondie, comme dans le genre Megahirus; son lobe supérieur,
A ers lequel se courbe la colonne vertébrale, est plus faible que le lobe inférieur. Les pectorales
sont grandes ; les ventrales et l'anale au contraire sont petites. La tète est grosse et la gueule
peu fendue , mais armée de dents robustes , dont la forme conique révèle assez un vrai Sau-
roïde. J'ai essayé de restaurer ce type d'après ces caractères , dans la figure 3, de Tab. D, Vol. 2.
G'est évidemment de tous les Sauroïdes fossiles celui qui se rapproche le plus du Polyplerus
Bichir (Voy. Tab. C. dé ce volume. ) D'un autre côté les différences sont cependant encore
considérables , et il suffit de comparer les deux figures citées, pour s'en convaincre-
Je ne connais encore qu'une seule espèce de ce genre , le :
Macbosemius rostratus Agass.
Vol. 2, Tab. h7 a, fig. 1.
Ce poisson est plutôt trapu qu'élancé, et celte apparence résulte notamment de la grosseur
de la tête combinée avec la hauteur et la grandeur de la dorsale. La tète est en effet très-dé-
veloppée ; on y reconnaît les frontaux, qui sont fort larges, l'occipital et les maxillaires. L'ap-
pareil operculaire n'est pas aussi développé qu'on devrait s'y attendre, d'après la largeur du
crâne. On dislingue l'opercule .et le préopercule. Le premier est très-arrondi en arrière, mais
du reste assez petit. La ceinture thoracique , à laquelle s'attachent les pectorales, est robuste.
La charpente osseuse du tronc est faible, comparativement à celle de la tète ; les côtes et les
apophyses épineuses sont grêles ; ces dernières sont en outre très-courtes. En revanche , les
osselets interapophysaires et notamment ceux de la dorsale sont fort longs et touchent tous
sans exception aux apophyses. Ceux de l'anale sont plus grêles et peu nombreux, l'anale étant
elle même très-reculée. La colonne vertébrale se recourbe sensiblement en haut près de la
I
— irii —
taudale, mais sans pénétrer dans la nageoire elle-niênie, qui est en grande partie soutenue par
les apophyses inférieures des dernières vertè})res caudales, à-peu-près comme chez les Mega-
Uu'us. Quant aux autres nageoires, nous savons déjà que la dorsale s'étend sur toute la lon-
gueur du dos. Ses rayons sont longs, très-uniformes et bifurques seulement à leur extrémité.
Il n'y a que les derniers, près de la caudale , qui sont sensiblement plus petits que les autres.
Les pectorales sont larges , formées de rayons à-peu-près aussi longs que ceux de la dorsale,
mais beaucoup plus faibles et plus divisés. Les ventrales sont petites et grêles, situées à-peu-
près au milieu du corps et beaucoup plus rapprochées de l'anale (jue des pectorales. L'anale
est de nouveau composée de rayons assez gros et fort semblables à ceux de la dorsale. Ceux
de la caudale enfin sont assez longs et divisés nombre de fois à leur extrémité. Les plus grands
correspondent au lobe inférieur. Il n'y en a qu'un petit nombre d'indivis en avant des rayons
principaux. Les écailles ne sont conservées, dans notre exemplaire, que sur une petite partie
du corps, au-dessous de l'anale; elles sont rhomboïdales, à surface lisse et ne me paraissent
pas différer notablement de celles de la plupart des autres Sauroïdes.
C'est une espèce propre au calcaire lithographique de Solenhofen. L'exemplaire figuré se
trouve au musée de Prague ; un autre , de même dimension, fait partie du musée de Munich.
— ^52 —
CHAPITRE XIX.
DE LA STRIJCTORE MICROSCOPIOUE DES DEiïïS DES SAIJROIDES FOSSILES.
Je n'ai pu étudier jusqu'ici la structure microscopique des dents de cette famille que sur un
petit nombre de genres. J'y ai cependant reconnu deux types distincts, dont l'un rappelle la
structure des dents du Polypterus, et l'autre celle des dents du Lepidosteus, Dans la première
catégorie se rangent les genres Pygopterus , Saurichlhys et Megalichthys ; dans la seconde ,
les genres Saurostomus et Cricodus.
1° Genres analogues, par la structure de leurs dents, au genre Polypterus.
Du GENRE Pygopterus.
Vol. 2, Tab. H, fig. 1.
Les dents des Pygopterus sont petites, coniques, effilées, très-pointues et un peu renflées au
milieu, là où elles dépassent le bord de la mâchoire. Elles sont placées le long de la mâchoire ,
régulièrement espacées, et ne forment pas une brosse ou râpe comme les dents du Polypterus.
Elles sont enfoncées dans de petits creux de la mâchoire et reposent, à l'état fossile, sur
un petit cône pierreux , qui a remplacé la pulpe qui se trouvait chez le vivant. On ne voit à
l'extérieur aucune trace de rainures ni de stries, mais toute la dent est lisse de la base jusqu'au
sommet. Examinées au microscope, elles présentent à l'intérieur «ne cavité pulpaire conique
qui se rétrécit de bas en haut , parallèlement à la forme extérieure de la dent. Un cône de
dentine entoure cette cavité pulpaire de tous côtés ; il est plus massif au milieu , là où se voit le
renflement extérieur , plus mince vers la base et vers le sommet, et recouvert en haut d'un ca-
puchon en émail , qui occupe à-peu-près le tiers de la dent et forme à lui seul toute la pointe.
En examinant la dent à la loupe , on reconnaît au plus fort du renflement extérieur une ligne
circulaire qui indique la limite du capuchon émaillé et de la dentine. La dentine elle-même
n'ofîre rien de remarquable. Les tubes calcifères sont assez serrés et rayonnent aussi di-
rectement que possible vers l'extérieur de la dent , en formant une courbe assez élégante ;
ils ne se ramifient que tout près du bord extérieur de la dentine où leurs branches, excessive-
ment fines, forment un réseau presque inextricable. Ceux du sommet se continuent , comme
chez le Polypterus , dans l'émail , où ils paraissent plus roides , mais en même temps plus fins
— 153 —
et moins régulièreinenl disposés que dans la dentine. J"ai très-bien pu apercevoir leurs ou-
vertures sur la surface extérieure de l'émail ; elles sont assez grandes et au moins six fois plus
larges que les tubes qui y aboutissent. Leur contour est rond ; très-souvent on voit le prolon-
gement d'un pareil tube jusque dans l'ouverture. Il est probable qu'elles ne paraissaient ici
si visibles . que parce qu'elles étaient remplies d'une matière noire pierreuse , provenant de la
fossilisation ; tandis que chez les poissons vivans . ces ouvertures forment de petits creux vides
qui échappent très-facilement à l'observation.
Fig. 1 est une coupe longitudinale de la dent, grossie 100 fois.
Du GENRE SauRICHTHYS.
. Vol. 2, Tab. H, fig. 2 et .3. .
Les dents de ce genre diffèrent de celles du genre précédent par plusieurs particularités.
Elles paraissent plus courtes , plus ramassées et beaucoup plus épaisses relativement à leur
hauteur. Leur forme est en général conique , un peu comprimée de côté. Mais la dent n'est
pas toute d'une venue comme chez les autres Sauroïdes ; on la dirait plutôt composée de
deux parties très-nettement séparées , savoir d'un socle presque cylindrique , indistinctement
strié, par lequel la dent repose sur la mâchoire, et qui forme à-peu-près la moitié de toute la
dent, et d'un sommet pointu, très-lisse, parfaitement droit et enfoncé sur le socle, de manière
que ce dernier occasionne un petit bourrelet autour de la dent, à l'endroit où les deux pièces se
touchent. Cette différence entre le socle et le sommet est encore plus frappante , lorsqu'on
examine leur structure au microscope ; le premier est composé de dentine, le dernier d'émail.
La cavité pulpaire est un cône creux entouré d'un cône de dentine massive, sur lequel repose
le capuchon émaillé comme dans les dents du Polyptère. Les tubes calcifères sont fins et ser-
rés. Il n'y a de difîérence que dans l'émail dont les tubes calcifères sont beaucoup plus nom-
breux, plus serrés , et plus épais que dans les autres genres, et n'y eùt-il la dentine qui en-
toure immédiatement la cavité pulpaire , et la ligne de démarcation si nette entre les deux
substances , on pourrait prendre l'émail pour la dentine , tant la disposition des tubes calci-
fères est régulière. Sur une coupe transversale , les tubes calcifères de la dentine ne sont point
ramiflés , mais droits jusqu'au bord extérieur, où ils commencent à former de fins réseaux.
Cette zone de réseaux se continue encore dans l'émail ; c'est là où prennent naissance les
nouveaux tubes calcifères de l'émail qui paraissent plus épais et plus ramifiés (jue ceux de la
dentine.
Fig. 2 est une coupe longitudinale.
Fig. 3 , une coupe transversale , prise prés du sommet de la dentine.
Tm. II , 2' Part. 20
— isa —
Du GEISRE MeGALICHTHYS.
Vol. 2, Tab. H, fig. a et 5.
La dent dont j'ai examiné la structure , est une grande dent arquée et très- finement striée,
provenant de la houille et appartenant au MecjaUchlhys Hibberti.
La dent elle-même est assez compacte ; la coupe en est à peine ovalaire et près de la base
la cavité occupe à peine le quart du diamètre. Cette cavité simple , conique , à parois tout-à-
fait lisses , va en se rétrécissant jusque près de la pointe de la dent ; elle est entourée d'une
dentine très-épaisse à tubes calcifères parallèles et très-serrés. On ne peut rien voir de plus
régulier que le cours de ces tubes sur une tranche parfaitement horizontale (fig. 4 et 5). Tous
suivent une direction rayonnante vers le contour de la dent. Ils ne paraissent pas avoir de ra-
mifications, ou du moins, s'il en existe, elles sont très-serrées et tout-à-fait parallèles. La den-
tine est tout-à-fait simple dans sa forme ; elle ne présente aucune trace de plissemens. Les
stries si fines et si serrées , que l'on remarque à la surface de la dent , proviennent uniquement
de petites carènes de l'émail. La couche d'émail est , comme d'ordinaire, plus mince à la base
de la dent que vers la pointe ; c'est en bas que ces raies sont les plus profondes , mais elles di-
minuent de bas en haut. La coupe transversale de la dent est d'un aspect très-élégant , res-
semblant à une roue dentelée de montre (fig. h). L'émail se distingue par une grande masse
de tubes calcifères rayonnant assez irrégulièrement de l'intérieur à la surface de la dent, et en
général beaucoup plus gros que les tubes de la dentine. Ils n'atteignent pas le bord de l'émail.
On y voit, en outre , un grand nombre de points parfaitement noirs et opaques; j'ignore si ce
sont des cellules calcifères disséminées dans le cément, ou bien des matières charbonneuses in-
troduites par la fossilisation. Je penche cependant vers cette dernière opinion, parla raison que
ces points ne montrent aucune espèce de ramification ; or l'on sait que les cellules calcifères ont
toujours de semblables branches , à-peu-près comme les corpuscules osseux. ,
Fig. k est une coupe transversale prise au premier tiers de la dent.
Fig. 0, une portion d'une coupe prise près du sommet.
— 155 —
2° Genres luntloyues au Lepidosteus.
Du GENRE SaITROSTOMUS.
Vol. 2: Tab. H. lig. 6-8.
Les denfs de ce genre sont petites , pointues , un peu comprimées latéralement et faible-
ment courbées en arrière. La dent est implantée sur la mâchoire , de manière à faire corps
avec elle ; il est fort difficile de dire où la substance osseuse de la mâchoire finit et où la
dentine commence. On ne remarque point de stries le long de la dent.
La coupe transversale (lig. 6) offre une cavité pulpaire de forme en général ovale , mais ra-
mifiée, qui envoie dans toutes les directions des processus qui se prolongent dans la dentine
quelquefois jusque tout près de son bord extérieur. Ces prolongemens latéraux de la cavité ,
ces anses et baies sont moins saillanset moins nombreux vers le sommet de la dent , où petit à
petit le contour de la cavité devient plus uni , plus arrêté et prend la forme d'un ovale pres-
que parfait. Sur une coupe longitudinale , ces anses se présentent naturellement comme des
canaux plus ou moins verticaux ou ramifiés , et les promontoires de la dentine vers la cavité ,
comme des piliers plus ou moins branchus sur lesquels la dent repose. La cavité pulpaire étant
remplie dans mes exemplaires d'un spath calcaire très-blanc et la dentine ayant une teinte noi-
râtre , les deux substances se distinguent surtout bien à la lumière d'en haut ; moins bien par
le passage de la lumière à travers la tranche. Uiie coupe longitudinale, passant près de la ca-
vité pulpaire centrale sans pourtant l'entamer, offre à la lumière directe l'aspect de fig. 7. En
haut la dentine paraît compacte ; on remarque même, sur les bords, les traces d'une mince
couche d'émail. En bas, la dentine commence à former des bandes longitudinales, qui se rami-
fient de plus en plus vers la base , de manière qu'elles ressemblent aux racines d'un buisson.
C'est par ces racines de dentine, s'effilant et se ramifiant de plus en plus , que la dent s'en-
chevêtre dans la mâchoire , l'os de celle-ci envoyant des processus correspondans qui s'entre-
lacent avec les racines de la dentine. Un grossissement plus considérable (fig. 8 ) à la lumière
transmise , montre les prolongemens et les branches de la cavité pulpaire remplis d'une ma-
tière opaque ; les piliers de la dentine sont transparens et présentent des tubes oalcifères droits,
rayonnant depuis les canaux en dehors . mais bien rares et fins. Vers le sommet de la dent .
les tubes se multiplient. Une faible couche d'émail bien transparente est étendue sur les deux
tiers supérieurs de la dent.
Nous verrons que cette structure des dents de Saurostomus s'accorde parfaitement avec un
autre gem-e fossile, le Rhizodus ou Holoptychius , et que, n'était la différence extérieure des
dents, l'on pourrait bien prendre ces deux genres pour des espèces différentes d'un mênie type.
— 156 —
Fig, 6 est une coupe transversale.
Fig. 7, une coupe longitudinale passant près du centre.
Fig. 8 représente la même coupe que fig. 7, plus fortement grossie.
Du GENRE CrICODUS.
Vol. 2,Tab. H, fig. 9-12.
Je n'ai pu examiner jusqu'ici que deux fragmens de ces dents, provenant de la même for-
mation, de rOld-red Sandstone, mais de localités très-différentes, l'un étant originaire de
l'Ecosse, l'autre de Riga. Celui d'Ecosse n'était qu'un morceau informe, cassé aux deux bouts,
mais il provenait d'une dent énorme, car il avait la grosseur d'un doigt. La cavité pulpaire
était remplie d'une pierre noire, la substance dentaire était d'un beau jaune de paille. La dent
était sensiblement comprimée , cependant le fragment n'était pas assez long pour qu'on pût
juger de la forme générale de la dent. De profondes rides longitudinales se voyaient à sa
surface. Le fragment russe était bien mieux conservé; fig. 9 en montre la figure de grandeur
naturelle, et fig. 10, les contours grossis. La dent était conique, courbée en arrière, et légè-
rement comprimée. Le sommet en était cassé, mais il avait dû être assez pointu d'après la
convergence des contours. Des stries longitudinales se prolongeaient jusqu'au dernier tiers
de la dent où elles s'effaçaient insensiblement; la pointe seule était lisse. Les stries étaient
très-visibles, plus profondes et plus larges que dans aucun poisson, et les carènes qui s'élevaient
entre deux stries étaient larges et arrondies. Ces stries se répétaient même à la face intérieure
de la dent sur la cavité pulpaire (qui, dans notre exemplaire, était vide) mais elles y étaient
bien moins apparentes , moins larges et moins profondes qu'à l'extérieur.
Ce qui frappe au premier abord , c'est, à la base de la dent, la grandeur relative de la cavité
pulpaire comparée à la couche mince de dentine qui l'enveloppe. Cette dentine représente une
espèce de rosette dont les siniis sont si profonds qu'ils vont presque jusqu'à isoler les carènes
longitudinales ; car la bande de substance dentaire par laquelle ces carènes communiquent en-
tre elles n'est que très-mince. On dirait une épaisse membrane plissée autour de la cavité in-
terne. C'est absolument l'inverse de la structure du Lepidosteus , où, comme nous l'avons
montré plus haut, les prolongemens latéraux de la cavité pulpaire, qui correspondent aux im-
pressions de l'extérieur et alternent avec elles , sont beaucoup plus considérables que ces im-
pressions. Ici, au contraire, les impressions extérieures sont très-profondes, mais les prolon-
gemens latéraux de la cavité pulpaire qui lejir correspondent sont réduits à de faibles
dentelures.
La dentine est assez dure et se brise facilement en morceaux prismatiques le long des rai-
nures. Elle est traversée par des tubes calcifères très-fins, simples, parallèles et presque sans
ondulations dans leur course. Ces tubes rayonnent en éventail à travers la dentine des carè-
nes, et se montrent sur la coupe transversale à-peu-près courbés comme les barbes terminales
— 157 —
d'une plume de paon (lig. là.) Ladentine est entourée d'une faible couche d'émail transparent,
sans structure apparente, qui fait le contour extérieur de toutes les sinuosités. Cette couche
d'émail devient plus considérable vers le sommet de la dent.
La denline du Cricodus se distingue en outre par la grande facilité avec laquelle elle se
fendille en couches concentriques. On dirait que les couches successives dont elle se compose
n'adhèrent pas aussi intimement aux précédentes, conutie c'est le cas dans d'autres dents.
Le sonmiet de la dent rentre dans les mêmes conditions que les dents simples. La cavité
pulpaire se rétrécit petit-à-petit et offre une coupe régulièrement ovalaire. Les stries s'effa-
cent; les tubes calcifères, plus gros qu'à la base , rayoïmenl de la cavité pulpaire vers l'exté-
rieur, et la couche d'émail qui recouvre le tout, est plus apparente.
Fig. 9. Représente une dent de Riga de grandeur naturelle. Fig. 9«, une coupe de la base.
Fig. 10. Contours grossis. Fig. 10 a, coupe de la base.
Fig. 1 1 . Coupe de la dent d'Ecosse, grossie 16 fois.
Fig. 1:2. Coupe d'une carène, grossie 1.^0 fois.
— i58
REMARQUES
SUR LES SALIROIDES EN GÉNÉRAL.
On a pu voir par la description des genres et des espèces qui précèdent, que tous les Sau-
roïdes ont une physionomie particulière, appropriée à leur genre de vie. Ce sont des poissons
ordinairement élancés, à charpente osseuse robuste, et munis d'un appareil locomoteur vi-
goureux très-approprié à une natation rapide. Ici, comme chez tous les poissons voraces, c'est
la caudale (jui joue le plus grand rôle ; car plus cette nageoire frappe l'eau avec force, et plus le
poisson progresse rapidement. Aussi voyons-nous que cette nageoire est très-développée , dans
tous les Sauroïdes. Les deux genres vivans, le Lepidostée et le Polyptère sont peut-être, à cet
égard, les moins favorisés, car il n'est aucun autre genre chez lequel celte nageoire soit aussi
réduite. La forme de la caudale n'est pas non plus sans importance pour l'acte de la natation ;
nous remarquons à cet égard des ditTérences très-tranchées entre les genres, et ces différences
méritent d'autant plus d'être prises en considération qu'elles caractérisent en quelque sorte les
différentes époques de la création et cela d'une manière bien plus précise que les costumes ne
caractérisent les époques de l'histoire des nations. Les Sauroïdes comme les Lépidoïdes peu-
vent à cet égard se diviser en deux groupes. Les uns à caudale inéquilobe , c'est-à-dire qui
ont le lobe supérieur plus allongé que le lobe inférieur et garni d'écaillés semblables à celles
du tronc, avec cette particularité que la colonne vertébrale s'étend jusqu'à son extrémité. Tel
est le caractère de tous les Sauroïdes antérieurs à la formation jurassique. Le second groupe
a la caudale plus ou moins équilobe , et si les rayons ne s'articulent pas toujours sur la même
ligne verticale, du moins la colonne vertébrale ne s'étend pas dans le lobe supérieur et celui-
ci n'est pas garni d'écaillés. Ce groupe peut se subdiviser en deux sections, dont l'une com-
prend les genres à caudale distinctement fourchue, et les autres ceux dont la caudale est plus
ou moins arrondie comme dans le Lepidostée et le Polyptère. 11 est digne de remarque que
les genres fossiles de celte dernière catégorie soient les plus récens ; on ne les rencontre que
dans les derniers dépôts de la formation jurassique; tandis que ceux de la première section
dominent plus particulièrement dans le Lias. A cet égard nous voyons que la nature a pro-
gressé, comme dans une foule d'autres cas, des formes composées et asymétriques, aux for-
mes plus simples et uniformes. Un tableau de toutes les espèces de cette famille rangées
d'après leurs aflinités et un second où elles ligurent dans l'ordre des formations auxquelles
elles appartiennent, fera mieux ressortir ces résultats.
159 —
Tableau des affinités des genres et des espèces de la fatnille
des Sauroïdes.
SAIROIDES HETEROCERQIIES.
DiPLOPTF.Rus Agass.
D. affinis Ag.
D. macroceplialus Ag.
D. Robertsoni Ag.
D. borcalis Ag.
D, carbonarius Aer.
Megalichthys Agass.
M. Hibberli Ag.
M. priscus Ag.
M. maxillaris Ag.
PlATYGNATHUS AgasS.
p. paucidens Ag.
P. minor Ag.
P. Jamesoni Aa:.
Dendrodus Owen.
D. la tus Ow.
D. sigmoideus Ow,
D. strigatus Ow.
Lamnodiis Agass.
L. Panderi As:.
L. biporcatus Ag.
Cricodus Agass.
C. incurvus ks.
Pygopterus Agass.
P. Bonnardi Asr.
P. Lucius Ag.
P. Greenockii Ag.
P. mandibularis.
P. Bucklandi Ag.
P. Jamesoni Ag.
P. Huniboldti Ag.
P. sculptus Ag.
AcROLEPis Affass,
A. Sedgwickii Ag.
A. aculiroslris Ag.
A. asper Ag.
Saurichthys Agass.
S. apicalis Ag.
S. acuminatus Ag.
S. semi-costatus Miinst.
S. costatus Miinst.
S. Mougeoti Ag.
S. longidens Ag.
S. tenuirosfris Miinst.
S. anguslus Miinst.
Graptolepis Agass.
ornalus Ag.
Or(x>nathus Agass.
G.
0.
P. capitatiis Ag
conidens Ag.
PoDODUs Asrass.
160 —
SALROIDES HOMOCERQUES.
r*^ Groupe : Caudale fourchui:.
EuGNATHUs Agass.
C. elongatus Ag.
E. Chiroles Ag.
C. pleiodus Ag.
E. orthoslomus Ag.
C. similis Ag.
E. leptodus Ag.
Pachycormus Agass.
E. giganteus Ag.
"^ P. macropterus Ag.
E. fasciculatus Ag.
P. curtus Ag.
E. Philpotise Ag.
•y P. heterurus Asf.
E. mandibularis Ag.
P. acutirostris Ag.
E. minor Ag.
P. gracilis Ag.
E. ornatus Ag.
V P. lalipennis Ag.
E. scabriusculus Ag.
P. latirostris Ae.
E. tenuidens Ag.
' P. leptosteiis Ag.
E. opercularis Ag.
P. macroponius Ag.
E. polyodon Ag.
P. latus Ag.
E. speciosus Ag.
- P. macrurus Ae.
E. microlepidolus Ag.
Amblysemius Agass.
CoNODUs Agass.
A. gracilis Ag.
C. ferox Ag.
C7
Sauropsis Agass.
Ptycholepis Agass.
P. boUensis Ag.
S. latus Ag.
c?
S. mordax Ag.
Caturus Agass.
S. lone:imanus.
C. Bucklandi Ag.
s
C. furcatus Ag.
Thrissops Agass.
C. pachyurus Ag.
T. formosus Ag.
C. maximus Ag.
T. micropodius Ag.
C. branchioslegus Ag.
T. salmoneus Ag.
C. macrodus Ag.
T. mesogaster Ag.
C. anguslus Ag,
T. Cephalus Ag.
C. Meyeri Mûnst.
T. intermedius Mûnst.
C. latus Mûnst.
T. subovatus Mûnst.
C. macrurus Ag.
Thrissonotus Agass
C. microchirus Ag.
T. Colei Ag.
161
Leptolepis Agass.
L. Bi'onnii Ag.
L. longus Ag.
L. caudalis Ag.
L. Jîvgeri Ag.
L. tenelliis Ag.
L. iîlipennis Ag.
L. spratliformis Ag.
L. crassus Ag.
L. polyspondylus Ag.
L. dubius Ag.
L. latus Asf.
L. pusillus Ag.
L. Voithii Ag.
L. macrolepidotus Ag.
L. Knorrii A».
L. contractus Ag.
L. paucispondylus Ag.
L. iiiacrophthalmus Egert
AspiDOBHYNCHUS Agass.
A. angliciis Ag. .
A. acutirostris Ag.
A. ornatissimus Ag.
A. leplurus Ag.
A. Comptoni Ag.
A. Walchneri Ag.
A. speciosus Ag.
A. mandibularis Ag.
A. euodus Egert.
Belonostomus Agass.
B. Anningiaî Ag.
B. sphyrfenoides Ag.
B. tenuirostris Ag.
B. ventralis Ag.
B. leptosteus Ag.
B. acutus Ag.
B. Mùnsteri Ag.
B. subulatus Mûnst.
B. Kochii Ag.
B. cinctus Ag.
Saurostomus Agass.
S. esocinns Ag.
spec.
ined.
Il""" Groupe : Caudale plus ou moins arrondie
Megalurus Agass.
M. lepidotus Ag.
M. elongatus Miinst.
M. brevicostalus Ag.
M. parvus Mûnst.
Macrosemius Agass.
M. rostratiis Ag.
M. brevirostris Ag.
Lepidosteus Lacép.
L. osseus Lac.
L. gracilis Ag.
L. Grayi Ag.
L. spatula Lac.
L. semiradiatus Ag.
PoLYPTERus GeofFr.
P. Bichir Geoffr.
ToM. II. 2' Part.
21
— 162
Tableau synoptique de la fcunille des Sauroides ,
RANGE PAR ORDRE DES TERRAINS.
I. Old-Red.
* Diplopterus af finis. — Gararie.
* » horealis. — Orkney, Stromness.
* » macrocephalus. — Lethen-Bar ( Printschka).
* Platygnathus paucidens. — Caithness.
* » Jamesoni. — Duraden.
* » minor. — Duraden.
* Dendrodus latus Ow. — Murrayshire.
* » strigaUis Ow. — Murrayshire (Riga).
* » sigmoidetis Ow. — Murrayshire.
* Lamnodtis biporcatus (Dendr. biporcatus Ow.) — Murrayshire ( Riga).
* » Panderi (Dendr. compressus s. hastatus Ow.) — Murrayshire (Riga
* Cricodus incunnis (Dendr. incurvus Ow.) — Murrayshire (Riga ).
* Megalichthys priscus. — Orkney.
II. Houille.
Pygopterm Bonnardi. — Muse , prés d'Autun,
» BucMandi. — Burdie-House.
» Lucius.- — Saarbrûck.
» Jamesoni. — Burdie-House.
» Greenockii. — New-Haven.
Megalichthys Hibherti. — Glasgow, Cariuke.
» maxillaris. — Leeds.
* Diplopterus carbonariiis. — Stafford.
* » Robertsoni. — Burdie-House.
* Acrolepis acutirostris . — Cariuke.
* Orognathus conidens. — Cariuke.
(*) Voyez la note , pag. 301 ,1" partie.
— <63 —
* Graptolepis ornatus. — Carluke.
* PododKH capi talus. — Carluke.
III. Zechstein.
Pyyopterus Humhohlli. — Mansfeld . Nendersliausen , Kigelsdorf, Glùcksbriiun.
« niaiulibidaris. — Cale, magnésien : East-Trickley, Terry-Hill.
» scidptm — Cale, magnésien : East Trickley, Terry-Hill.
Acrolepis Sedyivickii. — Cale, magnésien : East Trickley, Terry-Hill.
» asper. — Mansfeld.
IV. Trias ( Grès bigarré , Muschelkalk et Keuper).
Saurichthys apicalis. — Bonebed, Axmouth ; Museheikalk , Bayreuth , Laineck , Benk , Gottin-
gen , Hildesheim , Jena.
» Mougeoti. — Muschelkalk, Lunéville , Bayreuth.
« acuminatus (eonicus). — Bonebed : Aust-Cliff. *
» longidens. — Bonebed : Aust-Cliff, Pyrton on Severn.
» semi-costatusMnn^l. — Muschelkalk, Benk, Laineck, Saxe et Hanovre.
» <e«?<^Vo.s^^/s Miinst. — Muschelkalk de Bavière.
» costatus Mùnst. — Muschelkalk : Benk. Laineck, Bayreuth.
* » a ngustus Mûnst. — Muschelkalk.
V. Jura.
a) Lias.
Eugnathm Chirotes. — Lyme-Regis.
» orthostonius. — Lyme-Regis.
» Philpotiœ. — Lyme-Regis.
» minor. — Lyme-Regis.
» opercidaris. — Lyme-Regis.
» polyodon. — Lyme-Regis.
» speciosus. — Lyme-Regis.
* » fasciculatiis. — Whitby.
* » leptodus. — Lyme-Regis.
* » mandibularis. — Lyme-Regis.
* » ornatm. — Lyme-Regis.
* » scabriusciili(s. — Lyme-Regis.
* » temddens. — Street.
* » giganteus. — Lias de Boll.
Ptychotepis boUensis. — Lyme-Regis, Whitby, Boll.
* Conodus ferox. — Lyme-Regis.
Pachycormns macropterits. — Lias de Bourgogne.
» aatthostris. — Whitby.
*
— i6k —
Pachycormus curhis. — Whitby.
» gracilis. — Whitby, Wurtemberg.
» heterunis. — Lyme-Regis.
» latipennis. — Lyme-Regis.
» latirostris. — Whitby.
» latus. — Whitby.
» macrurus. — Lyme-Regis.
* » leptosteiis. — Lyme-Regis.
Catunis Bucklandi. — Lyme-Regis.
» Meyeri Munst. — Schistes noirs de Wethern , (Rawensberg. )
Thrissonotus Colei. — Lyme-Regis.
Saiiropsis latus. — Lyme-Regis, Wurtemberg, Baden.
Leptolepis Bronnii. — Lyme-Regis , Neidingen , Bayreuth , Caen , Oberland badois.
» Jœgeri. — Lias de Boll.
» longus. — Lias de Boll.
» candalis. — Lyme-Regis.
* » tenellus. — Lias de Bade.
* » pUpennis. — Street.
* Aspidorhynchus miglicus. — Whitby.
* » fValchneri. — Oberland badois.
Belonostomus acutus. — Whitby.
* » Ànningiœ (teneilus). — Lyme-Regis.
Saurostomus esocinus. — Oberland badois.
* » spec. ined. — Lincolnshire.
b). Jura proprement dit.
Eugnathus microlepidotns . — Cale, de Solenhofen.
Pachycormus macropomus. — Vaches-Noires ( Normandie ).
Caturus furcatus. — Cale, de Solenhofen.
« latus. — Cale, de Solenhofen.
» pachyurus. — Cale, de Solenhofen.
» macrurus. — Cale, de Solenhofen.
» maximus. — Cale, de Solenhofen.
)) microchirus. — Cale, de Solenhofen.
» branchiostegus . — ^ Cale, de Solenhofen.
X elongatus. — Cale, de Solenhofen.
» macrodus. — Cale, de Solenhofen.
— 165 —
Caturus pleiodus. — Oolite de Stonesfield.
» angustus. ( Padiyconmis angustus olim ). — Portl. Garsinglon.
A»iblysemiiis gracilis. — Oolite deNorlhampton.
Sauropsis longimamis. — Cale, de Solenhofen.
* » mordajc. — Oolite de Stonesfield.
Thrissops formosus. — Cale, de Kehlheim.
» cephalus. — Cale, de Solenhofen.
» micropodius. — Localité indéterminée.
» intermedius Munst. — Jura supérieur de Wethern.
» salmoneus. — Cale, de Solenhofen et de Kehlheim
» subovatus. Mûnst. — Cale, de Kehlheim.
» mesogaster. — Cale, de Solenhofen.
Leptolepis sprattiformis. — Schistes de Pappenheim et de Solenhofen.
» Foithii. — Cale, de Kehlheim.
» crassiis. — Cale, de Solenhofen.
» macrolepidotus. — Cale, de Solenhofen.
» pohjspondylîis. — Cale, de Solenhofen.
» Knorrii. — Cale, de Solenhofen.
» dubius. — Cale, de Solenhofen.
» contractus. — Cale, de Solenhofen.
* » latus. — Cale. d'Eiehstfedt.
* paucispondylus . — Cale, de Kehlheim.
* » pusillus. — Cale, de Kehlheim.
* » macrophtiudnms Egert. — Argile d'Oxford , Chippenham.
Aspidorhynchus acutirostris. — Cale, de Solenhofen.
» speciosus. — Cale, de Kehlheim.
» ornatissimus. — Cale, de Kehlheim.
» mandibularis. — Cale. d'Eiehstsedt.
» lepturus, — Cale, de Kehlheim.
* » euodus Egert. — Argile d'Oxford , Chippenham.
Belonostomus sphyrœnoides. — Cale, de Solenhofen.
» Mûnsteri. — Cale, lithographique de Bavière.
» tenuirostris. — Cale, de Solenhofen.
» subulatus. — Cale, de Solenhofen.
» ventralis. — Cale, de Solenhofen.
» Kochii. Miinst. — Cale, de Kehlheim.
» leptosteus. — Oolite de Stonesfield.
» brachysomus. — Cale, de Solenhofen.
— 166 —
Megalurus lepidotus. — Caic. de Solenhofeii.
» hi'evicostalvs. — Cale, de Kehlheim.
» elongatus Miinst. — Cale, de Kelilheini.
» panms Mûnst. — Cale, de Kehlheim.
Macrosemius rostratus. — Cale, de Solenhofen.
* » hmirostrk. — Oolite de Stoneslield.
VI. Craie.
Cattirtis similis. — Craie blanche de Kent el de Leewes.
Aspidorhynchus Comptoni. — Amérique du sud.
Bplonostomus cinctus. — Lewes.
Une remarque qui ne peut échapper quand on parcourt ce dernier tableau , c'est le petit
nombre de Sauroïdes dans les dépôts de craie et leur absence complète dans les dépôts ter-
tiaires. Evidemment cela ne peut être dû au hasard ; car comment concevoir que si ce type
avait réellement abondé à ces époques, on ne l'eût pas rencontré dans l'un ou dans l'autre de ces
gîtes à poissons, si remarquables par l'abondance des espèces et des individus qu'ils renferment
et en particulier à Monte-Bolea? C'est d'ailleurs un fait sur lequel j'ai insisté souvent dans cet
ouvrage , que la révolution complète qui s'est opérée dans la faune ichthyologique à la (in de
l'époque jurassique. Non-seulement les espèces, mais même les genres, les familles et les ordres
ont été soumis à un anéantissement complet : les uns pour ne plus reparaître à la surface de la
terre, les autres pour être remplacés long-temps après et sous une autre forme. C'est ce qui
est entre autres arrivé à la famille des Sauroïdes qui, après avoir dominé les mers pendant les
époques antérieures à la Craie, depuis la Houille jusqu'au Jura, ont été rayés du nombre des
vivans pendant une longue époque , pour n'être représentés dans le monde actuel que d'une
manière incomplète par les deux genres Lépidoslée et Polyptère.
Il est bien difficile de dire si les modifications qu'on remarque dans la famille des Sauroï-
des, depuis l'époque de leur apparition jusqu'à nos jours, indiquent un perfectionnement ou une
dégénérescence. Ce n'est pas là non plus que gît l'importance de la question ; ce qu'il importe
de connaître, ce sont bien plutôt les rapports d'affinités qu'on peut établir entre les différens
groupes et les conditions dans lesquelles ils ont vécu. Il est évident que ce sont des poissons
voraces : leur conformation , leur allure et les dents vigoureuses dont la nature les a doués le
proclament suffisamment. Dès-lors on ne doit pas s'attendre à les trouver en troupes nom-
breuses, puisque c'est un caractère de tous les poissons chasseurs de vivre plus ou moins isolés,
excepté à l'époque du frai. On doit au contraire les trouver avec les espèces dont ils faisaient
leur pâture ; or nous rencontrons en effet d'ordinaire les Pygopterus de la houille avec des Pa-
— ^67 —
hfoniscus ot des Eurynotus ; les \crolepis du Zechsteiii avec des Paheoniscus : les Saurichlliys
du Miisoheikalk a^ ec des Gyrolepis ; les Eugnathus et les Pachycornius du lias , les Caturus du
porllandien avec des Pholidophores , des Semionolus , des Lepidotus, etc.
llne circonstance qui a lieu d'étonner quand on songe à ces associations, c'est le fait (|ue les
deux genres vivans de notre époque, le Lépidostée et le Polyptére, sont l'un et l'autre des
poissons d'eau douce ; tandis que leurs alliés des formations antérieures se rencontrent tous
dans les dépôts marins. Ce fait vient à l'appui de l'opinion que j'ai conçue, que dans les épo-
ques géologiques anciennes, les eaux qui recouvraient la surface du globe, n'olTraient point
encore dans leur salure ces différences si tranchées qui distinguent de nos jours les eaux péla-
giques des eaux terrestres.
— 168 —
DE LA FAMILLE DES GELACANTHES.
CHAPITRE I.
DES CÉLACAIVTHES EN GÉNÉRAL.
Je réunis dans celte famille plusieurs genres d'une physionomie tout-à-fait particulière ,
mais dont les vraies affinités ne sont encore connues que d'une manière très-imparfaite, Lîne
particularité remarquable qui m'a frappé chez la plupart de ces poissons , c'est le fait que leurs
os et notamment leurs rayons sont tous creux à l'intérieur, circonstance qui ne se retrouve point
dans les autres Ganoïdes , et qui a valu à la famille le nom de Célacanthes , qu'elle porte
maintenant. Ce caractère est surtout frappant dans le genre des vrais Cœlacanthus. A cette
singulière structure des os se joint un autre caractère plus apparent et plus extérieur, savoir
la forme et la disposition des nageoires et le mode d'articulation des rayons. Et d'abord , la
plupart des rayons sont roides ou seulement articulés à leur extrémité. Leur combinaison
avec les apophyses et les osselets interapophysaires est des plus étranges , notamment dans la
caudale , dont les rayons sont soutenus par des osselets interapophysaires , ce qui , chez les
autres poissons, n'a lieu d'ordinaire que pour l'anale et la caudale. Enfin la colonne vertébrale
se prolonge plus ou moins distinctement entre les deux lobes principaux de la caudale , de
manière à former un appendice médian effilé.
Prenant ces caractères , et en particulier la forme creuse des os et la disposition bizarre des
nageoires pour point de départ , j'ai été tenté de rapprocher de ce type remarquable le genre
Macropoma de la craie blanche , qui présente de frappantes analogies avec les Célacanthes
dans la disposition , la forme et la structure de ses nageoires et partant dans sa physionomie
générale. Mais je dois convenir qu'à côté de ces ressemblances , il existe entre les deux types
de profondes différences , que nous signalerons en traitant de chaque genre en particulier, et
qui nécessiteront peut-être par la suite une autre classification , lorsqu'on connaîtra mieux
toutes les particularités de ce type remarquable.
Si l'on tient compte du développement extraordinaire du système dentaire dans quelques
genres de cette famille et en particulier chez les Holoptychius , on sera tenté de rapprocher les
Célacanthes des Sauroïdes , tandis que la dentition du genre Undina, telle qu'elle a été décrite
par M. le comte de Munster, semblerait établir une plus grande affinité avec les Pycnodontes.
— 169 —
D'un autre côté , le système ccailleux offre des particularités que l'on ne rencontre dans au-
cune autre famille ; c'est ce qui m'a engagé à ranger provisoirement les C(elacanthes entre les
Sauroïdes et les Pycnodontes. Il se pourrait cependant que leur véritable place fut plutôt dans
le voisinage des Sclérodermes et des Acipenserides.
La famille des Célacanthes est une de celles qui exigera encore les recherches les plus nom-
breuses avant de pourvoir être envisagée comme suffisamment connue et convenablement dé-
limitée. L'état fragmentaire des débris qu'on trouve le plus fréquemment , et qui résulte
de la ténuité des écailles et des os de ces poissons , est en lui-même déjà un obstacle à leur
étude , et l'absence d'un représentant dans la création actuelle , qui puisse servir de terme de
comparaison avec les espèces fossiles, rend cet examen encore plus difficile. Il est probable dès-
lors qu'on ne parviendra que très à la longue à saisir tous les caractères des divers genres que
je vais signaler à l'attention des paléontologistes ; de même que je n'ai reconnu moi-même
(jue très-tard l'existence de cette famille, long-temps après avoir établi celles des Lépidoïdes,
des Sauroïdes et des Pycnodontes. Le bel état de conservation de la plupart des Lépidoïdes et
des Sauroïdes des terrains secondaires m'avait fait prendre le change sur l'importance de bien
des fragmens appartenant à ce nouveau groupe que je négligeai , jusqu'à ce que la vue d'une
portion assez considérable de la queue d'un Célacanthe vint me révéler l'existence de toute
une famille ignorée jusqu'alors.
TOM. Il . 'z' Part 22
170 —
CHAPITRE II.
DU GENRE COELACAÎVTHUS Agass.
Ce genre , que j'envisage comme le type de la famille , ne m'a été long-temps connu que
par des fragmens ; mais je les trouvai si différens de la plupart des autres ichlhyolites que je
n'hésitai pas à en faire un genre à part. Ce qui me frappa surtout , ce fut la forme et la struc-
ture des nageoires , leur rapport avec les osselets interapophysaires et la manière dont les apo-
physes se combinent d'une part avec les corps des vertèbres , et d'autre part avec les osselets
interapophysaires. Les apophyses se divisent à leur base en deux branches, formant une
fourche qui embrasse le corps de la vertèbre. A cette apophyse succède un osselet qui , au
lieu de s'interposer entre deux apophyses , lui est contigu bout à bout , de manière à en for-
mer le prolongement direct. Le rayon proprement dit , la plus longue des trois pièces , est
également fourchue à sa base ; son extrémité seule est articulée, mais jamais bifurquée. Ces
trois pièces , l'apophyse, l'osselet interapophysaire et le rayon , sont à-peu-près d'égale largeur
et creuses toutes les trois. L'esquisse de fig. 5 , de Tab. 62 , donnera une idée exacte de cette
structure : a a indiquent la fourche apophysaire embrassant le corps de la vertèbre qui est re-
présenté par un cercle pointé : bb les deux branches de la fourche réunies, lesquelles continuent
d'être creuses ; c l'osselet interapophysaire, qui est également creux ; dd \ei fourche du rayon,
embrassant la pointe de l'osselet ; e la partie articulée du rayon, la seule qui ne soit pas creuse.
Cette structure singulière est propre à la plupart des rayons qui garnissent la partie postérieure
du corps ; or, comme d'ordinaire il n'y a guère que l'anale et la dorsale qui aient des osselets
interapophysaires , j'en avais conclu , dans l'origine , que ces deux nageoires devaient être ex-
cessivement développées ; et ce qui contribuait encore à me fortifier dans cette idée, c'était le
fait que la colonne vertébrale semblait se continuer au-delà de ces deux nageoires impaires
pour former plus loin un faisceau de très-petits rayons articulés , implantés directement sur les
vertèbres. Mais la découverte qu'a faite lord Enniskillen d'un exemplaire entier de ce type
remarquable , a modifié complètement mes idées à cet égard. 11 se trouve maintenant
qu'outre les nageoires de structure si bizarre que j'envisageais comme l'anale et la dorsale ,
ce poisson a une anale et deux dorsales normales très-distinctes. Or, à moins d'admettre trois
dorsales et deux anales de structure entièrement différente , ce qui n'existe dans aucun genre
de poisson , on est bien forcé d'envisager la nageoire de l'extrémité du corps comme une eau-
— 171 —
dale. Au reste , ce n'est pas là le seul exemple (pie l'on connaisse d'une caudale supportée par
des osselets interapophysaires, et nous avons vu que la caudale du Polypterus Bichir est en par-
tie soutenue par de pareils osselets, au moins dans son lobe supérieur. Ce qu'il y a de vraiment
exceptionnel , c'est le prolongement de la queue au-delà de ces rayons , et le petit faisceau
de rayons articulés qui entourent son extrémité. Sous ce rapport , mon genre Cœlacanthus se
rapproche fort d'un type de poisson du calcaire lithographique de Kehlheim , pour lequel
M. le comte de Munster a proposé le nom générique d'Undino. Mais malgré celte analogie et la
disposition tout-à-fait semblable des autres nageoires, le poisson du calcaire lithographique se dis-
tingue par plusieurs particularités , qui ne permettent pas de le confondre avec le genre Cœla-
canthus. La différence la plus importante consiste dans la dentition. Le genre Undina a, d'après
M. le comte de Miinster, des dents en pavé assez semblables aux dents de certains Pycnodontes.
Le genre Cœlacanthus a au contraire des dents coniques , comme les Sauroïdes, et tout porte
à croire que c'est un poisson carnassier, ensorte que loin d'appartenir au même genre , il est
douteux qu'il soit de la même famille. A part la caudale , les autres nageoires du genre Cœla-
canthus sont d'une structure très-simple , composées de rayons très-grèles , mais non dichoto-
més. La première dorsale correspond à l'extrémité des pectorales ; la seconde est opposée à
l'espace entre les ventrales et l'anale. L'anale elle-même est très-rapprochée de la caudale.
Cette dernière nageoire , y compris le faisceau de rayons articulés qui garnit l'extrémité de la
colonne vertébrale, égale à-peu-près le tiers de la longueur totale du poisson. Les vertèbres
sont beaucoup plus hautes que longues vers la partie antérieure du tronc , mais elles s'al-
longent sensiblement en arrière. Il en est de même des apophyses qui, très-grèles dans la ré-
gion abdominale, prennent un développement beaucoup plus considérable dans la région cau-
dale. Les écailles , d'après ce que j'ai pu en juger par un fragment du C yramilosiis , sont
grandes , allongées, et ont leur bord postérieur arrondi. Je n'ai pas pu m'assurer si elles sont
émaillées ; mais le fait qu'elles se trouvent dans un terrain antérieur au Jura, me fait présumer
qu'elles étaient revêtues d'une couche d'émail, comme tous les poissons de cette époque. Leur
grande ténuité les a sans doute rendues trop cassantes pour qu'elles soient habituellement con-
servées.
Je conclus de cette description que le genre Cœlacanthus , quoique voisin du genre Undina
de M. le comte de Munster, en est cependant différent et que ce dernier devra être main-
tenu comme un type à part de la famille des Célacanthes. En conséquence il faudra exclure
du genre Cœlacanthus et reporter dans le genre Undina les espèces si remarquables que
M. le comte de Munster a décrites et figurées dans ses Beytràge, 4"°* livr., sous les noms de Cœ-
lacanthus striolaris et Kohleri. Le genre des vrais Célacanthes se trouve pour le moment li-
mité aux formations de la Houille . du Zechstein et du Muschelkalk. J'en connais maintenant
six espèces.
— 172 —
I. COELACANTHUS GRANULOSUS AgaSS.
Vol. 2, Tab. 62.
L'espèce à laquelle je donne ce nom a été long-temps la seule connue du genre, et les deux
fragmens figurés composaient alors les seuls matériaux que l'on possédât sur cette famille
remarquable. L'un et l'autre représentent la partie postérieure d'un poisson d'assez grande
taille qui, à en juger d'après la position relative de ses nageoires, devait avoir au moins deux
pieds de long. Il suffit, pour caractériser l'espèce, d'indiquer les rapports des différentes par-
ties du squelette entre elles, et surtout les dimensions relatives des apophyses, des osselets
interapophysaires et des rayons. Or ces rapports se trouvent exprimés d'une manière assez
exacte dans la fig. 3, qui représente les différentes parties d'un rayon. En thèse générale, les
apophyses et les osselets interapophysaires sont d'égale longueur. Les rayons , en revanche,
sont un peu plus longs, mais ils ne sont jamais articulés jusqu'à la base. La fourche du rayon
dans laquelle s'insinue la pointe de l'osselet est beaucoup plus étroite que celle de l'apophyse
qui embrasse la colonne vertébrale. Il est probable, d'après tout ce que j'ai pu voir, qu'en
réalité, ces rayons si bizarres sont composés de filets , comme dans la plupart des autres pois-
sons ; seulement , ces fdets ne se séparent pas. Les rayons qui garnissent l'extrémité de la cau-
dale font exception à la règle, en ce qu'ils s'attachent directement à la colonne vertébrale sans
être portés par un osselet ni par une apophyse. Ils sont articulés et j'ai cru remarquer qu'ils
étaient divisés à leur sommet. Ce sont ces petits rayons que j'envisageai , dans l'origine ,
•comme la véritable caudale. J'ai dit plus haut, à l'article du genre, les raisons qui m'ont fait
revenir de cette opinion, lorsque j'eus le bonheur de rencontrer un exemplaire complet de ce
type dans la collection de lord Enniskillen. Grâce à cette découverte, j'ai pu m'enquérir éga-
lement de la forme des vertèbres que j'ai trouvées assez massives, ainsi que le reste de la co-
lonne vertébrale. J'ai dès-lors dû envisager comme appartenant à la caudale toute cette grande
nageoire portée par des osselets interapophysaires, au-dessus et au-dessous de l'extrémité de
la queue, et comme une anale, la nageoire simple qui les précède, en bas (fig. 1). Cette anale
est composée de rayons beaucoup plus grêles, mais qui présentent également cette particula-
rité, de n'être bifurques et articulés qu'à l'extrémité des rayons. Les premiers sont complète-
ment indivis.
Les taches granulées que l'on remarque çà et là sur nos exemplaires sont des restes de
l'enveloppe tégumenlaire. J'ai vu des débris des écailles sur un fragment d'une autre espèce
de Célacanthe , et je ne doute pas , d'après leur structure , que notre Cœlacanthus granulosiis
n'ait été revêtu d'écaillés pareilles. Elles sont (rès-minces et l'on y distingue fort bien les an-
neaux concentriques. Les granulations en relief qui ornent leur surface ont valu à oetfe es-
pèce le nom de C. yranulosiis que je lui ai donné.
— 175 —
C'est une espèce propre au calcaire magnésien de East-Thickley . Les originaux de ma plan-
che se Irouvent dans la colleclion de M. W itham.
Les espèces que je me réserve de décrire ultérieurement sont les :
1° CoELACANTHTJs PmLLiPSii Agass. La caudale est plus arrondie que dans le C. rjranniosus ;
ses rayons sont plus serrés et articulés de plus près à leur extrémité. Les apophyses des ver-
tèbres caudales sont très-longues et grêles. Les écailles sont grandes et arrondies en arrière.
— Du terrain houiller d'Halifax.
2° CoELACAKTHUs MiNOR Agass. Très-petite espèce , remarquable par des osselets interapo-
physaires fort courts. Les articles des rayons proprement dits sont plus longs que larges. La
caudale tout entière n'a guère plus d'un pouce de long. — Du muschelkalk de Lunéville.
3° CoELACAKTHUs GRACiLis Agass. Espècc d'çHgine inconnue, caractérisée par sa forme al-
longée ; le pédicule de la queue en particulier est tout d'une venue et ses rayons sont moins
serrés que dans les autres espèces.
k" CoELACA^THus LF.PTUKUS Agass. Dc la houille de Leeds. Cette espèce est encore plus pe-
tite que le C. minor; les écailles ont la surface rugueuse.
5° CoELACANTHus MuNSTERi Agass. Belle espèce de la Houille de Lebach , découverte par
Lord Enniskillen et caractérisée par ses formes trapues. C'est dans cette espèce que j'ai vu
pour la première fois les dents coniques et crochues du genre Cœlacanthus.
— 174
CHAPITRE III.
DU GENRE MAGROPOMA Agass
[| est incontestable que ce genre a des affinités frappantes avec le genre Cœlacanthus. Nous
y retrouvons la même forme trapue du corps et la même disposition des nageoires. Il y a,
comme dans le genre Cœlacanthus , deux dorsales dont l'une est opposée à l'espace compris
entre les pectorales et les ventrales , et l'autre à l'espace entre les ventrales et l'anale. La se-
conde dorsale est supportée par un os trés-vigoureux, que l'on retrouve également dans plu-
sieurs autres genres de la famille. La caudale acquiert un développement considérable et l'em-
porte de beaucoup sur toutes les autres nageoires. Les écailles, de leur côté, présentent aussi
une certaine ressemblance avec celles du genre Cœlacanthus par leurs dimensions aussi bien
que par leur forme. Mais d'un autre côté il existe une différence profonde dans la structure
des rayons, qui sont hérissés d'épines sur leur tranche et qui servaient sans doute à l'animal
d'armes protectrices , tandis que ceux des Célacanlhes sont inermes. Le squelette est robuste .
d'après tout ce que j'ai pu voir jusqu'ici ; mais je n'ai pas encore pu nj'assurer si les os sont
creux ou non.
Comme je n'ai encore rencontré qu'une espèce de ce genre , il suffira d'en donner une
description détaillée pour faire ressortir en même temps les principaux traits du genre. Sir
Philipp Egerton en a découvert dans ces derniers temps une seconde espèce qui diffère du
M. Mantellii par des écailles plus uniformes et par quelques autres particularités dans la
conformation de la tête. Je nommerai cette espèce M. Egertoni. Elle provient du Gault de
Folkstone ; ensorte que ce genre Màcropoma est circonscrit dans la formation crétacée.
Macropoma Mantellii Agass.
Vol. 2 , Tab. 65 a , 65 6 , 65 c et 65 d.
C'est au zèle infatigable de M. Mantell que nous devons la connaissance de cet intéressant pois-
son. Grâce aux soins que ce savant a mis à en recueillir tous les fragmens et à dégager de la
roche les exemplaires entiers qu'il possédait , je suis à même de donner une description dé-
taillée de toutes les parties de ce curieux ichthyolite ; et je ne saurais mieux reconnaître le
service que M. Mantell a rendu par-là à l'ichthyologie fossile . qu'en lui dédiant cette espèce.
— 17S —
Quoique les débris de ce poisson soient coniiiinns dans la craie de Lcwes , les exemplaires
entiers y sont cependant fort rares. La Tab. 65 a représente le plus parfait , entre tous ceux
qu'on a découverts jusqu'à présent. Il est en effet d'une rare conservation et très-propre à nous
donner une idée nette de sa physionomie. C'est un poisson vigoureux. Au premier abord, sa
forme courte et trapue rappelle un peu les grandes Carpes de notre époque ; mais il suffit de
s'arrêter un instant aux détails , pour s'assurer qu'il est construit sur un plan très-différent.
Sa charpente entière indique un type bien autrement robuste , et, selon toute apparence , un
genre de vie fort différent de celui de nos inoffensifs Cyprins ; car une dentition et des na-
geoires pareilles ne peuvent convenir qu'à un poisson vorace destiné à chasser sa proie.
Examinons maintenant en détail les particularités de son organisation. La tête est très-
grosse ; elle égale plus du quart de la longueur totale du corps ; les os en sent robustes et leui-
surface finement pointillée. Dans l'exemplaire de Tab. Gda, on distingue très-bien la voûte
du crâne , les os qui entourent l'orbite , les mâchoires , une partie des pièces operculaires , les
arcs branchiaux et une partie de la ceinture thoracique, dans leurs rapports naturels.
Pour compléter ces détails , j'ai représenté sur les Tab. 6^d, 6Sa, fig. 2, et 65 c, fig. 2,
cinq autres têtes de la même espèce , qui montrent chacune quelques parties du crâne on de
la face d'une manière très-distincte. La mâchoire inférieure a une coupe assez singulière j son
bord dentaire est échancré en avant , et va en s'abaissant vers son articulation avec l'os carré.
L'arcade ptéry go-palatine est très-large , surtout en arrière. Ce sont les palatins et le vomer
qui portent les plus grosses dents ; en revanche le maxillaire supérieur qui forme le bord de
la mâchoire supérieure en est dépourvu. Le front est concave et se relève en forme de saillie
arrondie au-dessus de l'orbite. Le sous-orbitaire postérieur est une large plaque osseuse , gra-
nulée à sa surface comme le crâne ; les antérieurs sont allongés. L'opercule est arrondi à
son bord postérieur. Les arcs branchiaux sont très-grands et vigoureux ; tandis que la ceinture
thoracique est proportionnellement faible. Il en est à cet égard comme du Brochet , et celte
disposition est sans doute calculée pour faciliter la déglutition d'une grosse proie.
Les écailles sont grandes , elles enveloppent tout le corps d'une épaisse cuirasse qui parait
s'étendre fort loin sur la caudale , d'après les empreintes qu'on remarque sur le lobe inférieur
de la queue (Tab. 6S a). Toutes les écailles sont granulées à leur surface, et cette granulation
est si persistante qu'elle se reconnaît encore lorsque l'écaillé est très-usée. J'ai représenté sur
la Tab. 65 6, fig. i, une portion du corps d'un poisson que je crois être un jeune de la même
espèce et dont les écailles sont dans un état de conservation si parfait, qu'on peut en étudier en
détail la structure intime. Elles sont en général de forme rhomboïdale ; c'est du moins ainsi
qu'elles se présentent dans leur superposition. Isolées, elles ont une forme fort différente,
lorsque la racine est conservée, comme le montre la fig. 3 de Tab. 65 b. En examinant les
écailles à la loupe , on reconnaît que les rugosités de leur surface sont occasionnées par une
quantité de petits tubercules allongés, ou plutôt de petits cylindres pointus , qui recouvrent toute
la partie visible des écailles. Les plus gros et les plus longs sont au milieu de l'écaillé ; ceux des
— 176 —
bords sont plus courts et plus grêles. La partie cachée des écailles en est complètement dé-
pourvue ; elle est lisse et ne laisse apercevoir que les lignes d'accroissement (Tab. 65 b, fig. 3).
11 n'y a au reste pas de différence bien sensible entre les écailles des différentes parties du
corps. La fig. 2 , de Tab. 65 b , représente quelques écailles de la région dorsale ; la lîg. 3 ,
une écaille du milieu du corps ; fig. k , plusieurs écailles de la région abdominale. Je n'ai pas
réussi à découvrir des traces de la ligne latérale ; ce sont sans doute les tubercules de la sur-
face qui empêchent de reconnaître les canaux muqueux.
Les nageoires présentent des particularités non moins curieuses que les écailles. Tous les
rayons sont roides et fort gros ; ils ne se dichotoment pas et ne sont pas non plus articulés ;
en revanche, ils sont hérissés de chaque côté d'une rangée de fortes épines, inclinées vers l'ex-
trémité du rayon. Leur base est divisée en deux branches qui forment une fourche qui em-
brasse le sonuTiet des osselets interapophysaires. C'est du moins de cette manière que sont con-
formés les rayons de la dorsale (Tab. 65 c, fig. h). La fig. 5 de cette même planche représente
l'un de ces rayons grossis à la loupe.
11 y a deux dorsales ; la première est située immédiatement derrière la ceinture thoracique :
ses rayons sont longs et très-vigoureux. La seconde située en face de l'anale ( Tab. 65 «) a
des rayons moins robustes , plus courts et plus nombreux , portés sur un gros interapophy-
saire bifurqué ; cette nageoire n'a pas moins de treize rayons dans notre exemplaire. Les ven-
trales et l'anale sont à-peu-prês d'égale dimension ; les ventrales sont opposées au milieu de
lespace compris entre les deux dorsales ; l'anale est un peu plus reculée que la seconde dor-
sale. Elles sont toutes deux composées de rayons fort courts , mais cependant vigoureux.
La caudale est excessivement large , et si , comme tout semble l'indiquer , elle est entière
dans notre exemplaire (Tab. 65a) , nous aurions ici un type des plus curieux , une sorte de
grand éventail dont tous les rayons paraissent être égaux. 11 est probable qu'elle était arron-
die , comme dans certains Sauroïdes ; du moins ne remarque-t-on aucune différence entre
les rayons supérieurs et les inférieurs. Cette nageoire est en outre supportée d'une ma-
nière égale par les apophyses supérieures et inférieures des vertèbres caudales , et la co-
lonne vertébrale n'est en aucune façon recourbée en haut , comme c'est le cas de tous les Ga-
noïdes inéquilobes. Ses rayons sont très-vigoureux. J'en compte une vingtaine au lobe inférieur
et quelques-uns de plus au lobe supérieur ; tous sont à-peu-près égaux, et il n'y a que les pre-
miers, situés à la base de la nageoire, qui soient un peu plus courts. Leur structure est la
même que dans les autres nageoires, c'est-à-dire que la partie visible du rayon est supportée
par un rayon plus court , qui lui-même s'appuie sur les apophyses épineuses des vertèbres.
La plus grande partie des vertèbres caudales sert ainsi d'appui à la caudale, et c'est ce qui
donne à la nageoire sa grande largeur.
Le squelette intérieur de notre /!/. Mantellii est en général robuste. Les apophyses sont cour-
tes mais grosses, du moins dans le voisinage de la queue. Celles des vertèbres abdominales
sont plus longues et moins inclinées en arrière. Les vertèbres sont en revanche petites et grêles
relativement à la taille du poisson.
— (n —
Mais notre connaissance de ce poisson remarquable ne se borne pas seulement au squelette.
Plusieurs des parties molles sont également conservées. Il existe entre autres dans la collection
de M. Mantell plusieurs exemplaires du tronc dans lequels on reconnaît distinctement l'estomac
(Tab. 65 c. fig. 1 etTab. 6S</, fig. 1). 11 ressemble à un cylindre squammeux, et cet aspect
est évidemment le résultat des changemens survenus dans les difïérentes membranes qui en
composaient les parois. On y aperçoit même des troncs de vaisseaux.
On trouve ordinairement ces débris accompagnés de coprolithes qui évidemment ont été for-
més dans les intestins. Ils ressemblent en général à ceux des Sauriens et sont parfois contour-
nés de la même manière. J'en ai représenté toute une série sur la Tab. 6Sa, pour montrer les
différentes formes qu'ils affectent. Ce sont ces mêmes coprolithes qui ont été décrits par plu-
sieurs auteurs comme des cônes de sapin pétrifiés.
Pour faciliter l'étude de cette espèce, je crois utile d'ajouter à la fin de cette description l'ex-
plication détaillée de toutes les figures qui s'y rapportent.
Tab. 65 o. — Fig. \. Poisson entier, le plus grand exemplaire connu.
Fig. 2. Portion de la tête montrant la ceinture thoracique, la partie supérieure de l'oper-
cule, les arcs brancliiostègues, la mâchoire inférieure et une partie de l'arcade ptéry go-pala-
tine.
Fig. 3-11. Coprolithes de difïérentes formes.
Tab. 6d h. — Fig. I. Tronc d'un petit exemplaire , probablement d'un jeune, montrant
les écailles dans une rare perfection. — Fig. 2. Ecailles grossies du dos. — Fig. 3. Ecaille
grossie du milieu des flancs. — Fig. k. Ecailles grossies de la région abdominale.
Tab. 65 c. — Fig. I . Portion du tronc avec l'estomac , la portion caudale de la colonne
vertébrale, le bassin et derrière, en 6, un coprolithe encore contenu dans la cavité abdominale.
— Fig. 2. Portion de la mâchoire inférieure et du palatin avec les dents. — Fig. 3. Portion
de la mâchoire inférieure. — Fig. k. Portion de la nageoire caudale. — Fig. 5. Un rayon de
la nageoire caudale grossi pour faire voir l'insertion des rayons.
Tab. 65 rf. — Fig. I. Tête de Macropoma vue par la face inférieure, avec l'estomac. On
distingue une partie des arcs branchiaux, la plaque qui tient lieu de rayons brancliiostègues
et le bord inférieur de la branche gauche du maxillaire inférieur. — Fig. 2. Autre tête vue
de profil, montrant la forme et la disposition du maxillaire inférieur et de l'arcade ptérygo-
palatine.
Fig. 3. Autre tête montrant la mâchoire inférieure, l'intermaxillaire avec ses grosses dents,
le palatin qui en est également fourni et une partie de l'appareil operculaire et de la ceinture
thoracique.
Tous ces exemplaires se trouvent dans la collection de M. Mantell, dont ils sont l'un des
principaux ornemens. Us proviennent tous sans exception de la craie blanche de Lewes. Il en
existe aussi des exemplaires dans les collections de Lord Enniskillen et de sir Philipp Egertoii
et plusieurs écailles isolées au musée d'Oxford.
ToM. II, 2' Part. 23
— 1^8
CHAPITRE IV.
DE OUEIODES GENRES VOISINS DES CÉLACANTllES, ET TABLEAU mm\m M LA FAMILLE.
Je place provisoirement dans le voisinage du genre Cœlacanthus.le genre Undina de M. le
comCe de Munster dont j'ai indiqué les principaux caractères en les comparant au Cœlacanthus
page 171 (2""" Part. ). Ce genre n'est encore connu que par deux seules espèces du calcaire
lithographique de Bavière, les Undina striolaris v. Mûnst. et Undina Kohleri v. Miinsl. décrits
et figurés par M. le comte de Miinster sous les noms de Cœlacanthus siriola^Hs et C. Kohleri,
dans ses Beytrmje zuv Petrefactenhmde, 18i2, cahier k, page 56-60. M. le comte de Miinster
paraît croire que j'ai eu l'intention de supprimer le nom de son genre Undina pour lui subs-
tituer celui de Cœlacanthus. Mais un pareil rapprochement était si loin de ma pensée que ce
n'est qu'après avoir lu les remarques renfermées dans son ouvrage que j'ai remarqué Taffinité
qu'il y a entre nos deux genres.
Il faut également placer dans la famille des Célacanthes , dans le voisinage du genre Cœla-
canthus, un petit poisson de la collection de M. Binney , provenant de la houille des environs
de Manchester et auquel j'ai donné le nom de Hoplopygus. La caudale n'est point fourchue,
mais en quelque sorte trilobée , le lambeau principal et terminal étant précédé de deux autres
qu'on pourrait prendre pour la dorsale et l'anale si ces deux nageoires ne se voyaient pas
d'une manière distincte un peu en avant. Elles ont d'ailleurs un caractère particulier qui con-
siste en un gros rayon épineux en avant des rayons grêles. La tête est fort large ; les écailles
sont grandes et ressemblent un peu à celles du genre Cœlacanthus. J'appelle l'espèce Hoplo-
pygus Binney i.
Le genre Uronemus se distingue par sa longue dorsale, qui commence presque à la nuque
et se continue sans interruption jusqu'à la caudale ; l'anale n'est pas non plus séparée de la
caudale. Ce genre ne renferme que de petits poissons de l'époque houillère. J'en connais assez
bien une espèce du calcaire de Burdie-House , à laquelle j'ai donné le nom â' Uronemus
lohatus.
Je rapporte en outre à la famille des Célacanthes plusieurs autres types génériques encore
fort peu connus et dont je donnerai la description dans ma monographie des poissons fossiles
du système dévonien et. dans les supplénients à mes Recherches.
Tels sont le genre Holoptychius, caractérisé par ses grandes écailles rugueuses , ses os du
— 179 —
crâne sculplés comme ceux des Crocodiles et ses dents coniques qui excèdent par leiu' taille
celles des Sauriens les plus gigantesques. Les espèces de ce genre abondent dans les terrains
houillers et dévoniens. J'en connais déjà une douzaine d'espèces qui remplacent sans-doute
dans les formations les plus anciennes les grands Sauriens des terrains secondaires. Les gen-
res Glyptosteus et Giaptolepis sont propres aux terrains dévoniens et S(; rapprochent beau-
coup des Holoptychius. J'en coimais plusieurs espèces.
Le genre Phyllolepis est également représenté dans le système dévonicn et dans le sys-
tème houiller. Je ne connais encore que des écailles détachées de ce singulier type ; elles ont
jusqu'à trois pouces de diamètre et sont malgré cela d'une ténuité extrême.
Les genres Ctenolepis et Gyrosteus sont circonscrits dans les terrains oolitiques . le pre-
mier dans les étages supérieurs, le second dans le lias. Le Gyrosteus mirahilis esl probable-
ment le plus grand poisson fossile dont on ait trouvé jusqu'ici des traces.
Comme il me faudrait consacrer au moins une livraison entière à illustrer les espèces de ces
genres que je connais maintenant, je me vois réduit à n'en donner ici qu'un tableau synopti-
que ; me réservant de les décrire et de les figurer en temps plus opportun.
Tableau synoptique des Célacanthes.
l. Système dévonien (Old Red.)
* Holoptychius giganteus. — Ecosse ; Glammis , Gamrie , Clashbeimie.
* » Flemingii. — Dura-Den,
* » nobilissimus. — Clashbennie.
* )' Andersoni. — Dura-Den.
* B Murchisoni. — Clashbennie.
» Omaliusii. — Liège.
Glyptosteus fm-osus. — Elgin (Printschka.)
» reticulatiis . — Clashbennie. Elgin (Printschka.)
Phyllolepis concentricus. Clashbennie.
Glyptolepis elegans. — Gamrie.
» leptopterus. — Lethen-Bar.
Psammolepis paradoxus. — Riga.
(') Voyez la note à page 301, 1" Part.
— <80 —
^ II. Houille.
* Holoptychius Hibberli Ow. (Rhizodus) — Burdie-House.
* » sauroïdes. — Edimbourg.
* » falcatus. — Greenside près de Glasgow.
* y> Portlockii. — Irlande.
* » Garneri Murch. — Lanesfield.
* » granulatus. — Manchester.
* » striatiis. — Millstone great (Edimbourg.)
* » minor. — Nord du comté de Stafford.
* PhyUolepis tenuissimus. — Burdie-House.
Co'lacanthus Phillipsii. — Halifax.
» leptiirus. — Leeds , Manchester.
» Munsteri. — Lebach (Bavière rhénane).
* Hoplopygus Binneyi. — Manchester.
* Vrotietmis lohatxis. — Burdie-House.
III. Zechstein.
Cœlacanthus granulatus. — Cale. magn. Durham , Ferry Hil! . East-Thickley,
» gracilis. —
fV. Terrains triasiques.
Cœlacanthus minor. — Muschelkalk de Lunéville.
V. Terrains ooutiques.
llndina striolaris. v. Miinst. — Cale, lithographique de Bavière.
)> Kohleri. v. Miinst. — Calcaire lithographique de Bavière.
* Ctenolepis Cycliis. — Oolite de Stonesfield.
* Gyrostem mirabilis. — Lias : Whitby, Lyme-Regis.
VI. Craie.
Macropoma Mantelli. — Cr. bl. Lewes , Susses, Cambridge. Chiinay.
* » Egertoni. — Gault : Speeton.
— <81 —
DE LA FAMILLE DES PTGNODONTES.
CHAPITRE I.
DES PYCÎVODONTES EN GÉIVÉRAL.
Cette famille n'est composée que de genres et d'espèces éteints. Aussi ai-je éprouvé, dans
l'origine, les plus grandes difficultés à classer les poissons de ce type. Après m'être assuré
que le Coryphaena apoda de l'Ichthyologie véronaise (mon Pycnodus Platessus) ne rentrait
dans aucun des genres connus, je l'érigeai en un genre à part sous le nom de Pycnodus.
Recherchant ensuite quels étaient les autres poissons fossiles qui lui ressemblaient le plus , je
trouvai , comme l'avait déjà indiqué M. de Blaînville , que le petit poisson de Torre d'Orlando,
près de ISapIes , qu'on envisage dans le pays comme identique avec le Sparus quadracinns ,
s'en approchait beaucoup, et qu'il appartenait réellement au même genre. Plus tard, je re-
connus que le Diodon orhkularis de Volta ( Paleobalistum orbiculare de M. de Blainville) en
était très-voisin , ainsi que la plupart des soi-disant Stomatées de Solenhofen.
Tou's ces poissons ont non-seulement la même physionomie et le même squelette , mais ils
se distinguent encore par une dentition particulière des plus remarquables , qui m'a permis
de rapporter à ce type un certain nombre de mâchoires et de dents isolées qui n'avaient pu être
déterminées auparavant. Cependant cette dentition, toute caractéristique qu'elle est, n'est pas
stéréotype ; elle présente au contraire certaines variations de forme qui ne laissent pas que d'être
d'une certaine portée , à cause de leur constance , et qui m'ont servi à faire plusieurs coupes que
j'envisage comme des genres d'une même famille. J'ai distingué ainsi les trois genres Pycno-
dus , Microdon et Gyrodus , qui ne diffèrent entre eux absolument que par la forme de leurs
dents. Je range dans le genre Pycnodus proprement dit les espèces à dents allongées en forme
de fèves; dans le genre Microdon, les espèces à petites dents oblongues ou subcirculaires;
et j'appelle Gyrodus les espèces dont les dents sont circonscrites par un sillon circulaire ; ce
qui leur donne l'aspect de grosses papilles cerclées. Outre ces trois genres, dont on connaît le
squelette et en partie les tégumens , on a rencontré dans les couches de la terre des dents et des
fragmens de mâchoires qui se rapprochent plus ou moins de ce type de dentition, et que j'as-
socie pour celte raison à la famille des Pycnodonles , quoique je n'en connaisse ni le squelette ni
les écailles: tels sont les genres Sphœrodus, Placodtis, Periodus , Gyronchus, Acrotemnus . etc.
— 182 —
Il importe d'autant plus d'avoir égard à ces caractères, que sans cela on pourrait courir le
risque de prendre pour des Pycnodontes certaines espèces de Requins dont les dents ont ex-
térieurement la même forme, entre autres les dents de Psammodusetd'Acrodus. Un caractère
facile à saisir pourra dans tous les cas servir à les distinguer : les Pycnodontes ont la racine de
leurs dents creuse et adhérente aux mâchoires , tandis que , chez les Cestraciontes , les dents
ont une racine compacte à l'intérieur , arrondie à l'extérieur et sans liaison directe avec les
mâchoires sur lesquelles elles sont fixées par les gencives. Aussi trouve-t-on toujours les dents
isolées de Pynodonte brisées parla racine, tandis que, chez les Cestraciontes, la racine est or-
dinairement intacte. A ces caractères de la dentition, nous pouvons ajouter, d'après ce que
nous savons des genres Pycnodus, Microdon et Gyrodus, que ce sont des poissons de grande
etde moyenne taille, d'une charpente très-solide, qui se distinguent par la présence d'une sorte de
sternum à l'extérieur des côtes , semblable à celui de certaines Clupes et de certains Sal-
mones , par de singulières pièces osseuses que l'on aperçoit à la nuque , et que nous décrirons
en détail en traitant du genre Pycnodus , et par l'absence complète de rayons épineux à la
dorsale et à l'anale.
Il est hors de doute que les Pycnodontes étaient des poissons broyeurs ; l'usure de leurs
dents le prouve. Il est dès-lors probable qu'ils se nourrissaient de coquillages et de crustacés
qu'ils écrasaient entre leurs larges dents. Les dimensions considérables auxquelles plusieurs
espèces ont dû atteindre , à en juger d'après ce que l'on connaît de leurs dents et de diverses
parties de leur squelette, les rendaient sans doute redoutables à ces animaux, dont ils faisaient
vraisemblablement une forte consommation.
Il est assez curieux que la famille des Pycnodontes dont l'existence ne paraît pas remonter
aux terrains de transition , ait eu si peu de représentans dans les terrains tertiaires et qu'il
n'en existe plus aucune trace dans la création actuelle. Mais on se rend facilement compte de
cette extinction complète , quand on considère que l'office de broyeurs déféré parmi les pois-
sons de l'époque secondaire aux Cestraciontes et aux Pycnodontes , a passé dans l'époque ter-
tiaire à d'autres types , et se trouve maintenant dévolu à plusieurs familles très-ditïérentes ,
telles que les Plectognathes , certains Sparoïdes , Labroïdes , une partie des Cyprins , etc., etc.
— 183 —
CHAPITRE II.
DU GENRE PYCNODIJ^ Agass.
Dans l'origine, je rangeais dans ce genre toutes les espèces qui aujourd'hui se trouvent
réparties dans les divers genres qui constituent la famille des Pycnodontes. Les vrais Pycnodns,
circonscrits dans leurs limites les plus récentes, sont faciles à reconnaître aux particularités
suivantes. Leur mâchoire inférieure est entièrement tapissée de grosses dents à couronne
aplatie, disposées de chaque côté sur trois ou cinq rangs, et alTectant la forme de fèves ou de
demi-cylindres arrondis à leurs extrémités. Lorsqu'il y a cinq rangées de dents , c'est la se-
conde . à partir du bord externe de la mâchoire , qui est la plus développée : les dents des
trois rangées internes sont alors sensiblement plus petites et semblables à celles de la rangée
externe , c'est-à-dire plus ou moins rugueuses à leur surface. Lorsqu'il n'y a que trois ran-
gées de dents , ce sont les rangées qui correspondraient à l'externe et à l'interne qui man-
quent , et alors les plus grosses dénis forment la rangée externe , sans contraster d'une ma-
nière aussi sensible avec les rangées internes. Au bout du museau , il y a deux ou plusieurs
larges dents en forme de ciseau tranchant. Le devant de la mâchoire supérieure porte des in-
cisives semblables à celles de la mâchoire inférieure , mais moins larges , insérées probable-
ment dans les intermaxillaires. Les maxillaires supérieurs n'ont que quelques dents à leur bord
antérieur, ou en sont complètement dépourvus. Le vomer est armé de cinq rangs de dents ob-
tuses à couronne aplatie et en forme de fèves, (out-à-fait semblables à celles de la mâchoire
inférieure. Les dents de la rangée médiane sont plus grosses que celles des rangées externes ,
qui sont quelquefois rugueuses comme les rangées secondaires de la mâchoire supérieure.
La forme du corps de ces poissons est trapue; cependant ils sont en somme peut-être moins
ramassés que les Microdons. Ils ont le profil de la tête très-haut et presque vertical ; la tête
elle-même est grosse; les yeux sont situés à son bord supérieur; la gueule à son bord in-
férieur.
Le squelette présente une foule de caractères remarquables, dont la plupart sont également
propres aux genres Microdon et Gyrodus. Les vertèbres sont courtes et massives ; les apo-
physes sont très-vigoureuses et munies de crêtes ou de prolongemens osseux qui , devenant
toujours plus larges vers la cavité abdominale , forment à la iîn une cloison osseuse continue
entre les muscles des deux côtés. Les côtes sont vigoureuses et insérées sur de fortes apo-
— iSk —
physes transverses ; quoique longues , elles ne forment pas à elles seules l'encadrement de la
cavité abdominale; il y a en outre au bas du ventre un appareil sternal très-vigoureux , à-peu-
près semblable à celui des Clupes et des Serrasalmes , qui forme avec les côtes une large et
forte grille qui n'en protège que mieux la cavité abdominale.
Mais ce qu'il y a de plus remarquable dans le squelette de ces poissons, ce sont ces singu-
lières pièces osseuses que l'on aperçoit derrière la nuque et qui, dans la plupart des exem-
plaires, se prolongent obliquement à travers les apophyses épineuses , quelquefois jusqu'aux
côtes. Il n'existe rien de semblable dans le squelette des poissons vivans, excepté peut-être les
osselets en V, que l'on observe le long de l'abdomen des Clupes , à l'extrémité des côtes, et
dont les symphyses portent des arêtes proéminentes, prolongées en arrière et imbriquées les
unes sur les autres. Ce qui pourrait faire croire que nous avons réellement à faire ici à de pa-
reils os en V, placés le long de la nuque, c'est qu'ils aboutissent en effet à de petites
pointes en avant de la dorsale, entre autres dans le P. Platessus (Tab. 72, fig. 1), et c'est là
sans doute la raison pourquoi M. de Blainville a pris ces pointes pour des rayons de la dor-
sale, elles osselets dont nous parlons, pour les osselets interapophysaires de ces rayons.
Le plus souvent ces osselets sont limités à l'espace compris entre la nuque et l'origine de la
dorsale ; mais nous avons aussi des exemples où ils paraissent s'étendre à toute la longueur
de la région dorsale , entre autres dans le Microdon hexagonus (Tab. 69 e, fig. 1 et 5). Dans
ce cas , la difficulté est d'autant plus grande , que l'on est facilement tenté de voir dans ces
lignes croisées des traces du squelette tégumentaire. Néanmoins je crois que l'explication la
plus probable que l'on puisse donner de ces osselets , pour les Pycnodus du moins (dans les-
quels ils ne dépassent jamais l'origine de la dorsale) , c'est de les envisager comme les ana-
logues des os en V des Clupes.
Les nageoires sont peu développées dans les vrais Pycnodus, à l'exception de la caudale, qui
est large et fourchue. La dorsale est basse; elle commence environ à la moitié de la longueur
du corps , et s'étend jusqu'à l'origine de la caudale ; il en est de même de l'anale , qui a à-
peu-près les mêmes dimensions : ni l'une ni l'autre n'est munie de rayons épineux. Les pec-
torales sont grêles et composées de rayons très-fins. Les ventrales paraissent manquer.
Je n'ai encore rencontré sur aucun Pycnodus toutes les écailles dans leur intégrité; néan-
moins l'analogie de ces poissons avec les Microdon et les Gyrodus me fait supposer qu'ils
étaient revêtus, comme ces derniers, d'écaillés en forme de losanges. On ne trouve ordinaire-
ment chez les Pycnodus que des traces des onglets articulaires qui unissent les écailles, dis-
posés en séries obliques sur les flancs.
Je connais maintenant le squelette de trois espèces de Pycnodus, des P. Platessus, Rhombus
et orbicularis. Les espèces dont on ne possède que des dents et des fragmens de mâchoires
sont bien plus nombreuses. Les dimensions de ces dents et de ces mâchoires font présumer
qu'elles proviennent de poissons de grande taille. La plupart des espèces sont jurassiques ;
quelques-unes sont de Monte-Boica et des terrains tertiaires. On trouve aussi dans le Keuper
petite des dents , qui probablement appartiennent à ce genre.
— isn —
I. Pycnodus Platessus Ayass.
Vol. 2, Tab. 72, fig. 1-Zi.
SyN. Pijcnorfiis Platessus Ag.— Conjphœna apoda Ut. vcr. Tab. 35, fig. 1 el 2.— Zeus Platessus de Bl. Ich. p. a2.
— Diodon reticulatiis Ut. ver. Tab. 20 , fig. 3 (jeune) — Bronii. U. n" 41 et 6(1.
Celle espèce, assez fréquente à Monle-Bolca, a élé décrite et figurée par Voila sous le nom
de Coryphaena apoda. M. de Blainville en fait un Zeus. Mais ces déterminations sont l'une et
laulre également erronnées ; el d'après la forme et la disposition des dents, qui sont assez
bien conservées dans plusieurs exemplaires, il est évident que c'est au genre Pycnodus qu'il
faut la rapporter. L'espèce est facilement reconnaissable à la forme grêle et allongée de sa
partie postérieure, qui contraste d'une manière frappante avec la forme massive et lourde de
la partie antérieure.
Dans l'origine, j'envisageais comme une espèce à part le petit exemplaire que Voila a fi-
guré comme une variété du Coryphaena apoda (Ittiol. veron. Tab.SS, fig. 2), et je le dési-
gnais sous le nom de Pycnodus ijibbus; mais plus lard j'ai reconnu que ce n'est qu'un jeune
individu du Pijcnodus Platessus (Coryphaena apoda), comme l'avait pensé Voila. Le seul
caractère qui les distingue et qui est d'autant plus marqué que les individus sont plus jeunes .
consiste dans une bosse que la nuque forme en avant de la dorsale , el dans la proéminence
qui se voit au dessus de l'œil. Mais il paraît qu'à mesure que le poisson grandissait, ces sail-
lies s'aplanissaient el prenaient insensiblement la forme qu'elles ont chez les adultes.
Le poisson de fig. i , qui se trouve au Musée de Munich, est de tous les exemplaires que je
connais, le plus grand el l'un des plus parfaits. Le squelette tout entier est resté sur la plaque
gauche, de manière que l'on y voit les côtes des deux côlés. La plaque droite n'offre qu'une
empreinte imparfaite, à l'exception des dénis de la mâchoire inférieure, qui sont Irès-dis-
tinctes.
Un caractère qui frappe au premier coup d'œil dans notre poisson , c'est le profd Irès-élevé
et presque vertical de la tête, qui rappelle un peu les Xyrichlhys. La plus grande largeur cor-
respond à l'espace compris entre la nuque el le commencement de la dorsale; elle est de
quatre pouces el demi dans l'exemplaire figuré. A partir de cette nageoire, le corps se rétré-
cit en ligne droite et assez brusquement jusqu'à la caudale, devant laquelle la queue est très-
mince. Les mâchoires font une faible saillie au bas de la tète; l'orbite est très-haute, et par
conséquent à une distance considérable de la gueule.
Si maintenant nous examinons le squelette en détail , nous trouverons que la colonne ver-
tébrale est composée de trente-huit vertèbres, dont vingt-six caudales el douze abdominales,
qui les unes el les autres sont lai'ges . mais courtes el très-intimement liées entre elles. Les
apophyses sont vigoureuses, et munies de lames ou crêtes saillantes à leur bord antérieur,
T(M. Il , -l' Part. 24
— 186 —
qui vont en augmentant de largeur d'avant en arrière. Sur les apophyses des vertèbres abdo-
minales , ces crêtes sont même tellement développées , qu'elles forment une cloison osseuse
continue entre les muscles latéraux. La même cloison existe aussi entre les apophyses infé-
rieures des dernières vertèbres caudales (de la 20" à la SG*" vertèbre).
Les côtes sont très-fortes, larges, aussi épaisses que les apophyses épineuses, et insérées
sur de fortes apophyses transverses. Il y en a dix paires qui vont en s'allongeant d'arrière en
avant ; les onzième et douzième vertèbres abdominales n'en portent pas. Les côtes sternales
sont également très-robustes. J'en compte sept paires , toutes armées de pointes dirigées en
arrière, qui forment, sur le milieu du ventre, une série de pignons imbiiqués. Ces pignons
s'étendent jusqu'à l'anale, devant laquelle il y en a deux plus gros que les autres.
Les osselets derrière la nuque sont au nombre de sept ; ils partent du bord dorsal et se di-
i^igènt obliquement en bas et en arrière, de manière à former des losanges très-réguliers avec
les apophyses des dernières vertèbres abdominales ; quelques-uns semblent atteindre la co-
lonne vertébrale. Au bord dorsal, ils se rattachent à de petits bourrelets ou renflemens angu-
leux. Ces bourrelets sont surtout développés dans le petit exemplaire de fig. 3 ; tandis que les
osselets eux-mêmes y sont bien moins robustes. Dans aucun exemplaire ils ne s'étendent au
delà de l'insertion de la dorsale.
La caudale, de toutes les nageoires la plus dévelopée, est supportée par les neuf premières
vertèbres caudales ; les sept premières portent la fourche et les rayons internes au nombre de
dix-neuf, qui sont tous articulés et fendus à l'infini , surtout les extérieurs. Les S" et 9^ ver-
tèbres portent en haut et en bas une dizaine de petits rayons latéraux , ensorte que la formule
de la caudale est 10. I. 7. 12. L 10. Le pédicule de la queue est long et grêle.
La dorsale est très-basse, mais fort longue, quoique pourtant moins étendue que le pense
M. de Blainville, qui dit « qu'elle commence peu en arrière de la nuque, par une première
partie plus élevée , de six à sept rayons simples , assez longs , et se continue ensuite , fort
basse, jusqu'au pédicule de la queue. » Il est évident que ce naturaliste commet ici une er-
reur, et qu'il prend pour une nageoire les osselets en V que nous venons de décrire. La na-
geoire proprement dite se borne à ce que M. de Blainville appelle la partie basse de la dorsale;
elle s'étend depuis la onzième vertèbre caudale jusqu'à la neuvième abdominale. Ses rayons
sont simplement bifurques à leur extrémité ; il y en a soixante-trois qui sont insérés sur autant
de petits osselets interapophysaires, à-peu-près spatuliformes. On en compte généralement trois
entre deux apophyses, dans toute la partie qui correspond aux vertèbres caudales. Ce rap-
port est un peu différent dans la région des vertèbres abdominales, où il n'y en a guère que
deux ou un entre deux apophyses. Dans les jeunes exemplaires ( lig. 3) , les osselets interapo-
physaires n'atteignent pas les apophyses, et ne commencent qu'aune certaine distance de lex-
trémité de ces dernières.
L'anale est conformée à-peu-près conmie la dorsale ; cependant les rayons antérieurs sont
uu peu plus longs que les suivans. Dans le grand exemplaire de fig. 1 , ils sont brisés au
— iS7 —
luilieu et courbés en arrière. Le nombre total des rayons est ici de ciriquante-trois , qui sont
soutenus par autant d'osselets interapopliysaii-es de la même forme que ceux de la dorsale. Il
y en a pour l'ordinaire trois, quelquefois quatre entre deux apophyses. Quant aux deux gros
crochets qui se voient en avant de la série des osselets interapophysaires, ce ne sont autre
chose que des apophyses des grands interépineux , ou bien des dernières côtes sternales. Je
suis cependant plutôt porté à croire qu'ils sont portés par un grand osselet interapophysaire ,
que par la première paire de côtes sternales.
Les pectorales sont rarement conservées ; elles sont composées de rayons extrêmement fins,
un peu plus longs que les rayons de l'anale et fort nombreux. On en voit un fragment déplacé
dans Texempiaire de fig. i, au-dessus de l'œil. Dans le petit exemplaire de fig. 3 cette na-
geoire est en place, articulée , à l'angle de l'humérus , aux osselets du carpe. Les os du crâne
sont trop détériorés pour qu'il soit possible de les reconnaître tous dans l'exemplaire de fig. i .
Ils sont un peu mieux conservés dans le petit individu de fig. 3 ; mais ils ne sont pas plus
reconnaissables à cause des fractures qui les traversent. Les exemplaires du Musée de Pai'is
sont sous ce rapport plus parfaits. Tous les os sont marqués d'une fine granelure, semblable
à celle des os de la tête des Crocodiles, des Dapedium , des Lepidotus, etc. L'ethmoïde est
très-allongé ; c'est lui qui forme , avec les frontaux , la crête verticale . au-dessous de laquelle
s'attachent les intermaxillaires supérieurs. Je n'ai remarqué aucune trace de l'opercule; mais
l'os temporal est conservé dans une des plaques du Muséum de Paris La plaque correspon-
dante laisse apercevoir distinctement les hautes branches latérales du maxillaire inférieur et
surtout la partie inférieure dilatée de l'humérus et du cubitus , ainsi que la large plaque qui
résulte de leur réunion.
Les dents sont conservées dans les deux exemplaires de fig. i et 3 , et nous avons reconnu
par là que l'espèce appartient au genre Pycnodus. On voit sur la mâchoire inférieure de
l'exemplaire de fig. 1 trois rangées de dents allongées , à-peu-près d'égale dimension ; mais
ii n'y a que la moitié de la mâchoire qui soit visible. Dans le fragment de fig. 2, qui repré-
sente l'autre moitié de la même mâchoire, qui est adhérente à la plaque correspondante . on
reconnaît, outre deux rangées à-peu-prés égales et une troisième rangée latérale, de petites
dents à-peu-près circulaires, mais cependant aplaties comme les grandes. Dans l'individu de
fig. 3, les dents sont beaucoup plus petites, mais elles trahissent la même disposition. La
fig. U les montre grossies. Il existe un exemplaire au Musée de Munich, dont la mâchoire in-
férieure porte également trois rangées de dents , qui sont cependant bien moins régulières
que celles de notre fig. 1 . Les plus grandes sont à-peu-près égales des deux côtés ; celles de
la seconde rangée sont plus petites et pointues en dehors ; et celles de la troisième , encore un
peu plus petites et pointues en dedans. Le même exemplaire est aussi armé d'une dent canine ,
à pointe oblique. H se pourrait que ce fut une espèce ditïérente de notre P. Platessus.
Je n'ai rencontré sur aucun des exemplaires que je connais, des écailles entières: cependant
je ne doute pas, d'après l'analogie d'autres espèces , qu'elles n'aient été émaillées et en forme
— 188 —
tîe losange ; elles étaient du moins réunies les unes aux autres par des onglets articulaires ,
comme c'est ordinairement le cas chez les Ganoïdes.
Il paraît que tous les exemplaires qu'on connaît de cette espèce proviennent de Monte-Bolca.
Il y en a cinq exemplaires au Muséum de Paris, savoir deux grandes plaques correspondantes,
une troisième impaire et trois petites, dont deux se correspondent. Nous avons dit plus haut
que l'original de notre fig. 1 se trouve au Muséum de Munich. Il provient de la collection de
M. Cobres. Celui de fig. -5 fait partie de la collection du D"^ Hartmann à Gœppingen.
II. Pycnodus Rhombus Agass.
Vol. 2, Tab. 72, fig. .5—7.
L'espèce dont il s'agit ici parait être particulière à un dépôt de calcaire fétide deTorre d'Or-
lando, à l'ouest de Castellamare , près de Naples. Elle y est assez fréquente et il parait qu'on
l'envisage généralement à Naples comme l'analogue du Sparus quadracimis . M. de Blainville
a déjà fait voir tout ce que ce rapprochement a d'erronné , et il remarque avec raison que .
quoique beaucoup plus petite, notre espèce se rapproche fort du Coryphœna apocla de l'Ich-
thyologie véronaise (notre Pycnodus Platessus). C'est en effet dans ce genre qu'elle doit être
placée, d'après ses affinités les plus intimes.
Le nom spécifique de Rhomhits indique sa forme générale qui est a-peu-près rhomboïdale.
Cependant, malgré sa brièveté et sa grande hauteur, le profil n'est pas aussi droit que dans le
P. Platessus ; il passe à la nuque d'une manière insensible, par une légère courbure ; dans
quelques exemplaires, la nuque et le profil sont même à-peu-près tout d'une venue et sur la
même ligne. La cavité abdominale, quoique très-bombée, est moins proéminente que le dos:
l'anale arquée comme la dorsale atteint , ainsi que cette dernière , l'extrémité du poisson im-
médiatement à la base de l'insertion de la caudale. On retrouve en outre , dans cette espèce ,
toutes les particularités d'organisation qui nous ont frappé dans le P. Piatessus, les côtes ster-
nales et les os enVen avant de la dorsale, ainsi que les carènes ou lames de la surface anté-
rieure des apophyses épineuses. Ces lames sont d'autant plus élevées et plus larges que les
vertèbres sont plus antérieures.
Le nombre des vertèbres est de trente-deux, dont douze abdominales et vingt caudales. Les
apophyses épineuses, surtout les antérieures, sont très-longues, sans être très-épaisses, et at-
teignent presque le bord dorsal ; les dernières vertèbres caudales vont en se rapetissant , à
mesure qu'elles se rapprochent de l'insertion de la caudale. C'est aux apophyses des sept der-
nières vertèbres que s'attache la caudale , qui est proportionnellement très-grande , et dont le
lobe inférieur est le plus développé ; les petits rayons, au nombre de trois ou quatre, s'attachent
à la septième de ces vertèbres ; les grands simples à la sixième , et les suivans aux cinq
dernières ; il y a par conséquent I. 7. 8. I rayons fourchus et articulés. La dorsale occupe le
— 189 —
bord dorsal depuis le milieu du corps jusque près de l'insertion de la caudale ; et l'anale
s'étend de la aiênie manière le long du ventre; seulement son insertion est un peu plus recu-
lée que celle de la dorsale. Tous les rayons sont articulés , mais simples. Les premiers sont
un peu plus allongés que les suivans. Le nombre des rayons de la dorsale est de trente-six ,
portés sur autant de petits osselets interapophysaires, fixés ordinairement deux à deux entre les
apophyses épineuses des vertèbres; l'anale en a trente disposés de la même manière , entre la
première et la treizième apophyse épineuse caudale. Le premier interapophysaire de l'anale
est très-gros, arqué en avant et terminé par un bourrelet surmonté d'un piquant, qui appar-
tient peut-être à la dernière cote slernale.
Je ne puis distinguer que dix paires de véritables côtes ; elles sont assez grandes , plus épais-
ses même que les apophyses épineuses , et atteignent presque le bord du ventre. Les grandes
côtes sternales remontent très-haut ; elles sont aussi fortes que les véritables côtes, se dilatent
dans leur partie inféi'ieure , et se terminent à leur symphyse en arêtes imbriquées et diri-
gées en arrière. Il y en a douze paires ; les antérieures sont les plus courtes. A la nuque, en
avant de la dorsale , on voit distinctement des os qui se croisent avec les apophyses épineuses
et qui sont, pour ainsi dire, à cheval sur les extrémités de ces dernières. On ne saurait douter
que ce ne soient les os en V, car quelques-uns sont couchés sur le flanc et montrent l'angle
que forment leurs deux branches. Us sont en outre très-grands et très-longs, car ils dépas-
sent les corps de vertèbres ; leurs bourrelets supérieurs et leurs arêtes sont très-développés et
s'imbriquent distinctement d'avant en arrière ; leur pointe est dirigée dans le sens de la partie
libre des écailles. Dans le plus beau des exemplaires que j'ai vus, ces pièces sont un peu rele-
vées ; ce qui occasionne une petite bosse sur le dos.
La tète, sans être très-complète , est suffisamment conservée pour permettre d'y reconnaî-
tre les principaux caractères de son organisation. Les os du crâne et des pièces operculaires
sont finement granulés, le crâne et l'occiput surtout sont très-élevés et terminés en pointe re-
haussée. L'œil est grand et situé à la hauteur de la colonne vertébrale ; l'opercule est très-
large et granulé comme l'humérus . qui forme une proéminence au-dessus de l'insertion de la
pectorale. La pectorale elle-même est composée d'une vingtaine de rayons très-fins, disposés
en demi-cercle et insérés sur cinq osselets carpiens.
liO museau n'est pas allongé, et, malgré les longues apophyses des intermaxillaires, il ne
parait pas être protractile ; il n'est du moins bien proéminent dans aucun des nombreux exem-
plaires que j'ai vus.
Les dents sont disposées exactement comme dans le Pycnodus Platessiis ; elles ont aussi la
même forme; seulement elles sont un tant soit peu plus déprimées à leur surface extérieure.
C'est à l'obligeance de M. Pentland que je dois la première communication des trois exem-
plaires figurés. Depuis, j'en ai vu un assez grand nombre aux Musées de Paris, de Vienne,
de la Société géologique de Londres, et dans les collections de Lord Enniskillen et de sir Phi-
lipp Egerton. M. Auldjo m'a fait voir une plaque sur laquelle se trouvaient réunis plusieurs
— 190 —
exemplaires de cette espèce, très-rapprochés les uns des autres ; ce qui me ferait penser qu'ils
vivaient en troupe.
Le terrain d'où proviennent ces ichthyolithes appartient sous aucun doute à la formation
jurassique, puisque indépendamment du Pycnodus que je viens de décrire, on y a aussi trouvé
des Semionotus, des Pholidophorus, des Notagogus, tous genres exclusivement jurassiques. Il
me serait cependant difficile de me prononcer maintenant sur l'étage jurassique auquel le cal-
caire de Torre d'Orlando doit être rapporté.
111. PyCNODITS ORBICULAKIS Affass.
SvN. Diodon orhicularis Itl. ver. T;ib. 40. Palœobalistum orbiciilatum DeBl: Ich. p. ;Vi. — Bron». It. n* -iô.
Ce beau poisson n'est encore connu que d'après un seul exemplaire qui se trouve au Mu-
séum de Paris, et qui provient de Monte-Bolca. Pour examiner avec tout le soin nécessaire celte
intéressante plaque, il faudrait en déplacer quelques parties qui me paraissent avoir été mal
ajustées. C'est ainsi que toutes les apophyses épineuses supérieures des vertèbres sont dirigées
en avant , sans doute parce qu'on a formé une seule plaque de deux empreintes opposées
de ce poisson. L'empreinte de la colonne vertébrale n'est pas non plus dans toute sa longueur,
dans la même direction ni à la même hauteur, et les fissures ne se correspondent pas. Enfin
les épines nuchales étant dirigées en avant me font également présumer qu'elles ont été trans-
posées. Du reste , tout le tronc est mal conservé; à peine peut-on reconnaître çà et là quel-
que trace de la colonne vertébrale. Les nageoires sont toutes enlevées , à l'exception dune
portion de la caudale et de la partie antérieure de l'anale ; le reste est factice.
Mais malgré ces imperfections , on reconnaît néanmoins dans l'ensemble des parties l'affi-
nité intime de ce poisson avec le soi-disant Corijphœna apoda^ et même leur identité générique.
La tête et les parois de l'abdomen sont assez bien conservées, et les dents presque intactes dé-
montrent évidemment que c'est à ce genre que doivent être rapportées une pai'tie des dents
décrites par les anciens Gryctographes sous les noms de Buffonites ou de Crapaudines.
Les côtes sont très-bien conservées ; on reconnaît aussi les côtes sternales et même leurs
épines imbriquées. Un autre fait très-curieux, c'est qu'on voit sur tout le corps des aspérités
semblables à celles qui existent sur les écailles et sur les os de la tête des Dapedium et des
Lepidotus. Il est très-probable que ce sont ces empreintes que les auteurs de l'ichlliyologie vé-
ronaise auront prises pour des piquans semblables à ceux du Diodon, ce qui les aura engagés à
placer ce fossile parmi les Gymnodontes. J'ignore quels sont les motifs qui ont déterminé M. de
Blainville à en faire un genre particulier. Comme il ne rend pas compte de ce qu'il y a de
controuvé dans la plaque du Musée, on pourrait être tenté de croire que ce savant a pris le
change sur l'aspect singulier qui résulte des transposiîions que nous avons signalées. Du moins.
le fait qu'il en sépare le Coryphœna apoda , fait bien voir qu'il n'a pas reconnu son propre
— 491 —
genre dans les différentes espèces qu'il a examinées. Ce qui est certain, c'est que tout le milieu
du corps, depuis l'occiput jusqu'à la fin des épines dorsales, est entièrement factice. Il se pour-
rait aussi que la queue ait été tronquée et renversée. La portion apopliysaire dorsale est cer-
tainement ajustée à rebours, puisque les apophyses épineuses supérieures et antérieures sont
les plus faibles ; ce qui ne pourrait pas avoir lieu à l'état naturel.
Les plus grosses dents sont parfaitement semi-cylindriques et arrondies à leur extrémité :
les moyennes sont tant soit peu ovales et déprimées au milieu; les plus petites se rapprochent de
la forme hémisphérique déprimée.
IV. Pyckodus gigas Affass.
Vol. 2, Tab. 71 . fig. i^ et Tab. 72a fig. 56-58.
Bourguet, Traité des Pétrilications , Tab. 57, n" 396.
Les dents de cette espèce, dont Bourguet a représenté une dent isolée dans son traité des
Pétrifications, sont ju.squ'ici les plus grandes du genre Pycnodus , et s'il faut en juger d'après
les rapports qui existent dans le P. Platessus , (Tab. 72, fig. 1) entre la dentition et les di-
mensions du corps, elles doivent provenir d'un poisson vraiment gigantesque. Notre Tab. 71 ,
fig. 13, représente un fragment de mâchoire sur lequel on distingue une série de six grosses
dents, flanquées , de chaque côté,- de dents plus petites, qui, sans être disposées par séries ré-
gulières comme les grandes dents, sont cependant plus nombreuses d'un côté que de l'autre.
II est difficile, d'après ces seuls indices, de dire si notre fragment appartient à la mâchoire su-
périeure ou à la mâchoire inférieure. Je crois cependant , à cause de l'inégalité des rangées
secondaires, que c'est plutôt à la mâchoire inférieure qu'il faut le rapporter.
Les grosses dents sont en forme de demi-cylindres plus ou moins réguliers, ordinairement un
peu arquées en avant. Les deux extrémités sont arrondies et d'égale largeur, mais elles n'ont pas
toujours exactement les mêmes contours. Leur hauteur égale à-peu-près le tiers et quelque-
fois près de la moitié de leur longueur , lorsqu'elles sont parfaitement dégagées (Tab. 72 o,
fig. 56 '' et 57 '). La surface de l'émail est assez lisse; mais elle devient luisante par suite de
l'usure. La racine est beaucoup plus étroite que la couronne; elle n'a guère que la moitié de
sa largeur (fig. 56). La couronne s'en détache facilement et alors on voit distinctement la ca-
vité qu'elle occupait , du moins son contour. Les personnes qui ne sont pas encore très-fami-
liarisées avec les dents de poissons fossiles, devront surtout avoir égard à ce caractère, parce
qu'il sert à distinguer les dents de ce type de certaines dents de Requins, telles que les Acrodm
et les Psammodiis, qui ont la même forme, mais dont la racine n'est pas enfoncée dans la cou-
ronne. Les petites dents latérales sont plus irrégulières et en général plus circulaires. Leur sur-
face est souvent très-rugueuse, voire môme plissée. Elles sont aussi bien moins hautes que les
dents principales , et ordinairement déprimées au milieu ; il est rare qu'elles présentent des
— 192 —
traces d'usure, ce qui nous fait penser qu'elles servaient peu à la mastication, mais plutôt à re-
tenir les alimens en présence des grandes dents de trituration.
C'est au Musée de Stuttgart que j'ai vu les premiers exemplaires de cette espèce; c'est là que
se trouve entre autres le fragment de mâchoire de Tab. 71 , fig. 13, ainsi que les dents isolées
de Tab. 72 «, fig. 56-58. Depuis lors, j'en ai vu de nombreux exemplaires dans les collec-
tions suisses, et en particulier au Musée de Soleure. M. C. Nicolet, de la Chaux-de-Fonds, en
a trouvé plusieurs dans le Portlandien de nos montagnes. Je possède moi-même un beau frag-
ment de mâchoire, provenant des environs de Neuchâtel. Il en existe aussi dans plusieurs col-
lections d'Allemagne et d'Angleterre , entre autres dans celles de Lord Enniskillen et de sir
Pliilipp Egerton.
Cette espèce est caractéristique du portlandien du Jura suisse; on en trouve du moins par-
tout des fragmens, alors même que les mâchoires plus ou moins parfaites sont extrêmement
rares.
V. Pycnodus Nicoleti Agass.
Vol. 2, Tab. 74 , fig. U.
Cette espèce est très-voisine du P. gigas: cependant elle me paraît devoir en être distinguée
spécifiquement, par la raison que les dents principales sont proportionnellement plus courtes,
moins hautes et plus plates. Leur largeur égale plus de la moitié de leur longueur, et leur hau-
teur varie d'une demi-ligne à une ligne. Les petites dents montrent des traces d'usure comme
les grandes; il n'y a que le milieu qui n'en soit pas affecté ; ce qui fait qu'il se présente sous
la forme d'un petit creux âpre. La disposition des dents secondaires, qui sont fort nombreuses
d'un côté, tandis qu'il n "y en a qu'une rangée de l'autre côté , me fait présumer que nous
avons à faire à un fragment de mâchoire inférieure du côté gauche.
Cette espèce a été découverte par M. C. Nicolet dans le portlandien du canton de Neuchâtel.
Depuis lors on en a rencontré des dents isolées dans plusieurs localités du même terrain.
VI. Pycnodus Bucklandi Agass.
Vol. 2, Tab. 72«, fig. 15-22.
Prévost Ann. des St- nat. IV. Tab. 18, n" 18. — Laid lithopli. Briton. Ichnogr. 1395 et 1525.
Cette espèce est extraordinairement fréquente dans le calcaire de Stonesfield ; on en connaît
une quantité de dents isolées et de mâchoires ; mais l'on n'a point encore découvert le sque-
lette ni les écailles de l'animal dont elles proviennent. Parmi les exemplaires figurés, il en est
qui appartiennent à la mâchoire inférieure, d'autres à la mâchoire supérieure. La fig. 15 re-
présente probablement une plaque vomérienne. si l'on peut en juger d'après la disposition ré-
gulière des dents des deux rangées latérales. Il existe sans doute du côté droit des rudimens
1
— 19," —
de dents d'une seconde rangée; mais rien n'empêche de supposer qu'une seconde rangée pa-
reille n'ait aussi existé du côté gauche. L'analogie nous force même en quelque sorte à celte
supposition , puisque nous savons qu'il y a ordinairement cinq rangées de dents au vomer.
Un caractère qui ne peut manquer de frapper dans ce fragment, c'est que les dents sont très-
espacées dans tous les sens. Les dents de la rangée médiane sont régulièrement elliptiques,
celles des rangées externes sont plutôt circulaires et en général fort irrégulières. Les dents
isolées de fig, 19, 20 et 21 appartiennent très-probablement à la même espèce.
Je rapporte également au P. Bucklandi les fig. \^, 17 et 18 qui proviennent du calcaire
de Caen. Les dents principales ont absolument la même forme et la même physionomie.
D'après la disposition et les rapports des dents entre elles , le fragment de fig. 1 7 doit appar-
tenir à la branche gauche de la mâchoire inférieure, et celui de fig. 16, probablement à la
branche droite de cette même mâchoire. On remarquera cependant que dans ce dernier frag-
ment les dents des rangées latérales sont proportionnellement plus grandes que dans les autres
exemplaires, tandis que les dents principales sont au contraire un peu plus petites. Je ne pense
cependant pas que l'on doive envisager cette particularité comme un caractère d'espèce. La
dent de fig. 18, quoique plus grande, ressemble trop aux autres pour qu'on doive l'en sé-
parer.
Il me reste des doutes plus sérieux à l'égard de la fig. 22 , qui représente une série de
quatre dents , portées chacune sur un pédicule cylindrique et plus long que la couronne n'est
haute. On voit aussi sur l'une de ces dents , que les pédicules sont creux et qu'ils font corps
avec l'os qui les porte. Je ne puis déterminer quel est cet os ; tout ce que j'ai vu, c'est que son
bord antérieur est arrondi et son bord inférieur droit. Un caractère remarquable de ces dents,
c'est que leur couronne est arrondie et rappelle à cet égard la forme des Sphserodus. L'émail
est distinctement séparé de la racine par un rétrécissement et par une raie colorée en brun.
Cependant , comme les dents des rangées latérales du P. Bucklandi affectent aussi quel-
quefois une forme presque circulaire , je rapporte provisoirement à cette espèce le fragment
en question.
Il existe des exemplaires de cette espèce dans une foule de collections d'Angleterre.
Fig. 15 se trouve dans la collection de M. Buckland ; fig. 16, 17 et 18, au musée de Caen ;
fig. 19, 20 et 21 , dans la collection de l'Ecole des mines de Paris ; fig. 22, dans la collection
de M. Cumberland à Bristol. C'est, avec certaines espèces d'Hybodus, l'un des poissons les plus
fréquens de Stonesfield.
VIL Pycnodus didymus Agass.
Vol. 2 , Tab. 72 a, fig. 24 et 25.
Ce n'est qu'avec doute que j'établis cette espèce , car il se pourrait fort bien qu'elle ne fût
qu'une variété du P. Bucklandi. Cependant il est à remarquer que les dents de la rangée
ToM. II, 2'= Part. 2.5
— 19?i —
principale sont un peu plus allongées et moins elliptiques qu'elles ne le sont ordinairement
dans l'espèce citée. L'exemplaire figuré représente, selon toute apparence , une portion de la
mâchoire inférieure gauche. Il est vrai qu'au lieu de deux rangées latérales internes, nous en
avons ici trois; mais est-ce là un caractère spécifique? Je ne le pense pas, attendu que nous re-
marquons aussi quelque chose de semblable dans le fragment de lig. 17, du P. Bucklandi.
Dans notre espèce, les deux rangées intermédiaires sont très-semblables , cependant la se-
conde a des dents plus petites que la première. Celles de la rangée externe sont beaucoup plus
saillantes et se rapprochent davantage des dents principales , quoiqu'elles soient moins ellipti-
ques que ces dernières. La fig. 2S représente notre mâchoire de profil , montrant l'épaisseur
des dents de la rangée externe.
L'original se trouve dans la collection de Lord Enniskillen , et provient de l'oolite de
Stonesfield.
VIII. Pycnodits rugulosus Agass.
Vol. 2, Tab. 72 «, fig. 23.
Je décris sous ce nom un vomer très-bien conservé avec ses cinq rangées de dents . de la
collection de M. Buckland. Il règne entre les différentes rangées une certaine harmonie que
l'on chercherait vainement dans les autres espèces et qui rappelle un peu les mâchoires des
Gyrodus. Les dents de la rangée médiane ou principale sont régulièrement elliptiques ; celles
des rangées secondaires sont subcirculaires. Les unes et les autres vont en diminuant insen-
siblement d'arrière en avant; toutes offrent de fines rugosités, très-faiblement marquées au
milieu de leur surface, ce qui a valu à cette espèce le nom qu'elle porte. Il est probable que
la rangée principale ainsi que les deux rangées latérales droites, sont complètes. En voyant
la régularité de ces séries de dents , on pourrait être tenté de confondre cette espèce avec cer-
tains Gyrodus, tels que les G. umbilicKS et autres; mais il est à remarquer que dans notre es-
pèce . comme dans tous les vrais Pycnodus , les dents de la rangée médiane sont bien moins
en saillie que dans les Gyrodus ; ce seul caractère peut suffire pour différencier les deux types,
alors même que l'anneau ou sillon caractéristique des Gyrodus a disparu.
Je dois la conmiunication de ce fragment à l'obligeance de M. Buckland ; il provient d'une
oolite sableuse entre Sulgrave et Culworth dans le Northamptonshire.
IX. Pycnodus umbonatus Agass.
Vol. 2. Tab. 72«, fig. I-?i.
J'ai distingué cette espèce parce que ses dents présentent un caractère particulier, celui d'être
légèrement déprimées au milieu. Reste à savoir si ce caractère est suffisant pour constituer
une espèce. Fig. I montre un fragment de la mâchoire inférieure gauche; les dents princi-
— 195 —
pales y sont assez iiiiiforines, plutôt grandes (jue petites et irrégulièrement elliptiques; leur
grand axe forme à-peu-près un angle droit avec celui des dents de la rangée secondaire ; celles
de la rangée externe ont la même apparence que celles de la rangée principale , mais elles
sont un peu plus petites. Fig. 3 représente le même fragment vu en dessous, montrant la struc-
ture rayonnée de l'os ; fig. h le représente de profil pour montrer le relief des dents.
Fig. 2 représente probablement un fragment de la même espèce; cependant je dois faire
remarquer que les dents de la rangée principale sont moins cylindriques que dans Tautre
exemplaire. En revanche, la petite dépression du milieu y est très-sensible.
Les deux exemplaires figurés se trouvent dans la collection de M. Regley, qui appartient au-
jourd'hui à M. Carteret. Leur origine est inconnue. M. Phillips possède une espèce fort sem-
blable. sinon identique , provenant du Forest-Marble.
X. Pycnodus ovalis Agass.
Vol. 2,Tab. 72 «, fig. 5.
Ceci est , selon toute apparence , un fragment de la mâchoire supérieure , c'est-à-dire du
vonier. Les dents de la rangée moyenne sont assez grandes et en forme d'ellipses assez régu-
lières. Les deux rangées latérales que l'on voit de chaque côté sont composées de très-petites
dents, irrégulières et fort rapprochées de la rangée principale. Cette dernière circonstance ma
surtout engagé à distinguer cette espèce du P. Bucklandi , avec lequel elle a d'ailleurs beau-
coup de ressemblance Des recherches ultérieures, sur des exemplaires plus parfaits, nous ap-
prendront sans doute si c'est là un caractère spécifique ou non .
L'original se trouve au musée de Bristol et provient du calcaire de Stonesfield .
XL Pycnodus Hugu Agass.
Vol. 2, Tab. 72 a, fig. 49-54.
Je n'ai aucun doute sur la validité de cette espèce. Son caractère principal consiste dans la
forme anguleuse et rhohiboïdale des dents, surtout des dents principales. La fig. 49 repré-
sente un fragment de la mâchoire inférieure droite , qui montre que même les dents des
rangées secondaires participent de cette forme carrée que nous signalons. La rangée externe
est beaucoup plus déprimée que les deux autres , ainsi que le montrent les deux dessins de
fig. 53 et 54, dont l'un représente notre fragment de profil par devant (fig. 55) et l'autre de
profil par derrière (fig. 54). Fig. 51 représente deux dents réunies, sans doute d'une rangée
principale. Fig. 50 montre une dent isolée vue par la face inférieure, pour montrer la coupe de
la racine.
Quant à la fig. 52, elle représente vraisemblablement une dent antérieure de la même espèce.
' — 196 —
Cependant je dois convenir qne je ne l'ai identifiée que sur la foi de l'identité du gisement,
et parce qu'elle a tout-à-fait la forme des dents antérieures des Pycnodontes.
Du portlandien du Jura suisse : Soleure , le Banné , Neuchàtel. L'espèce a été découverte
par M. Hugi. Les originaux se trouvent au musée de Soleure.
XII. Pycnodus toliapicus Agass.
Vol. 2, Tab. 72 a, fig. 5S.
C'est une des grandes espèces du genre. Le fragment figuré représente une portion de la
mâchoire inférieure gauche. Les dents de la rangée principale sont allongées et arrondies aux
deux extrémités. Les deux rangées secondaires se composent de dents moins longues , mais
très-régulières et relativement à la rangée principale, plus grosses que ne le sont ordinaire-
ment les rangées secondaires. Celles de la rangée adjacente sont alignées dans le même sens
que celles de la rangée principale .
L'exemplaire figuré provient de l'argile de Londres , de Sheppy. C'est jusqu'ici la seule es-
pèce de Pycnodus que l'on ait signalée dans cette formation. L'original se trouve dans la col-
lection de M. le docteur Buckland et un autre fragment de mâchoire dans celle de M. Bo-
werbank.
XIII. Pycnodus Mantellii Agass.
Vol. 2, Tab. 72a, fig. 6-11.
Manfell Illiist. of Uie Geol. of Susses. Tab. XVII, fig. 26 et 27. — Pycnodus microdon Agass. (_Anté.rieiirement).
Les fragmens de mâchoires que je décris sous ce nom ont un certain air de famille qui ne
permet pas de les différencier, et les variétés que l'on remarque dans la forme des dents s'ex-
pliquent sans doute par la différence des mâchoires. Les fig. 7, 8, 9, 12 et 13 sont, selon toute
apparence, des pièces de la mâchoire supérieure, c'est-à-dire des plaques vomériennes ; leurs
dents principales sont allongées et légèrement évasées au bord postérieur, quelquefois aussi
des deux côtés, de manière à paraître étranglées au milieu. Les rangées secondaires sont com-
posées de petites dents irrégulièrement elliptiques , qui contrastent avec les dents de la rangée
principale, par leur forme d'abord , et ensuite en ce qu'elles sont très-serrées. L'aspect parti-
culier de la couronne des dents de fig. 13 est dû à l'usure. Il se pourrait que les pièces des
fig. 9 et 13 fussent des plaques linguales. Les dents dont elles sont couvertes sont du moins
plus serrées que celles des plaques des fig. 7, 8 et 12, que je suis plutôt disposé à envisager
comme des vomers.
Je rapporte à la mâchoire inférieure les fig. 6, 10, H et 14. La forme de ces dents est
tout-à-fait différente ; elles sont plus elliptiques et ne présentent aucune trace d'étranglement
au milieu. La différence de forme entre les dents de la rangée principale et celles des rangées
— i97 —
secondaires est aussi moins frappante ; les unes et les autres sont assez régulièrement ellipti-
ques. Mais l'on peut envisager comme un caractère de l'espèce le fait que les dents sont aussi
ici très- rapprochées , de manière à former un paAé non interrompu.
Tous les exemplaires figurés se trouvent dans la collection de M. Mantell et proviennent
de la forêt de Tilgate.
XIV. Pyckodus MuNSTERi Agass.
Vol. 2,Tab.72.a,fig. 26-39.
Je désigne sous ce nom une série de dents du grés-vert de Ratisbonne , de la collection de
M, le comte de Miinster. On reconnaît au premier abord deux types fort différens parmi les
exemplaires figurés. Il y en a de fort allongés qui appartiennent probablement à la rangée
principale de la mâchoire inférieure ; ce sont les plus caractéristiques ; aussi leur forme grêle
et très-allongée perniet-elle de les reconnaître facilement entre tous les Pycnodus (fig. 26,
27, 28 et 29). Leur largeur n'égale guère que le tiers de leur longueur; leurs bords sont
assez réguliers ; leurs extrémités sont arrondies ; cependant elles ne sont nullement symétri-
ques.
Le second type comprend des dents coniques massives , qui pourraient fort bien être des
dents antérieures de la mâchoire du même poisson. Telles sont surtout les fig. 38 et 39.
Les dents des fig. 30 , 31, 32, 33, Zk, 35 et 36 ont extérieurement beaucoup de rappoi't
avec le P. comphnatus décrit ci-dessous. Je regrette de ne pas posséder des dessins de profil
de ces dents; si elles sont réellement aussi plates, il ne faudra pas hésiter à les identifier avec
cette dernière espèce. Plusieurs exemplaires montrent des traces distinctes d'usure (fig. 31
et 34).
La fig, 37 est encore un autre type dont la détermination présente quelque difficulté. Il
se pourrait que ce fût une dent antérieure de notre espèce ; cependant il faut remarquer qu'elle
est très-grosse, et pourrait par conséquent avoir appartenu à un poisson de plus grande taille.
Fig. 37 ' la montre de profil ; fig. 37 " par la face supérieure.
Ce ne sera que quand on disposera d'un plus grand nombre d'exemplaires que l'on pourra
espérer de déterminer d'une manière précise les véritables rapports de ces dents entre elles.
XV, Pycnodus complanatus Agass.
Vol. 2, Tab. 72a, fig, k^-k^.
Le nom de cette espèce en indique le principal caractère qui consiste dans la forme dé-
primée de la couronne. Ce sont d'ailleurs des dents étroites et allongées , quoique pourtant
moins grêles que le P. Miinsteri. Il y en a même d'à-peu-près circulaires (fig, kk-kQ), qui
— 198 —
probablement proviennent d'une rangée secondaire, si toutefois elles sont de la même espèce.
La dent de fig. kS est probablement une dent antérieure. Je ne connais encore que des dents
isolées de cette espèce. Les tig. 'lO ', k^ ', i2 ', 16', k7 ' et kS ' représentent la face infé-
rieure, montrant le contour de la racine. Les ligures au trait indiquent le profil.
Du grès -vert de Ratisbonne. Les originaux font partie de la collection du Musée de
Prague.
M. Passy dans son ouvrage sur la Seine inférieure a figuré une plaque sur laquelle se voient
des dents de Pycnodus et de Gyrodus. Les Pycnodus sont des dents allongées qui ont beau-
coup de rapport avec notre P, complanatus. Il en existe aussi de très-semblables dans la col-
lection de M, Alex. Brongniart, qui proviennent des environs de Paris. Je ne saurais cepen-
dant décider si elles sont spécifiquement identiques ou non. *
XVI. Pycnodus subclavatus Agass.
Vol. 2, Tab. 72a, fig. 59.
Faujas, Montagne de St Pierre de Maëstrichl. Tab. 18, fig. 8.
Je ne connais encore que les deux dents réunies qui sont représentées sur la plaque figu-
rée, mais leur forme art|uée ne permet guère de douter qu'elles ne proviennent d'une espèce
particulière. Ce sont deux dents très-allongées, à-peu-près comme le P. Mûnsteri, mais cepen-
dant en somme moins grêles, et surtout plus arquées au milieu. Leurs extrémités sont tout-à-
fait asymétriques. L'étiquette de cette espèce indique comme gisenient Maestricht. L'original
fait partie de la collection du Muséum de Paris. C'est probablement la même espèce que
Faujas a figurée dans son ouvrage sur la montagne de Maestricht. Une espèce semblable se
trouve aux environs d'Aix-la-Chapelle.
XVIL Pycnodus cretaceus Agass.
Vol. 2, Tab. 72 a, fig. 60.
Cette espèce, quoique voisine à certains égards des P. Mûnsteri et complanatus, me parait ce-
pendant en différer par la forme un peu plus large de ses dents principales. L'exemplaire
ligure représente trois dents principales et quatre dents secondaires. On dirait que plus les
dents sont allongées et plus elles sont serrées , comme si leur allongement était causé par le
manque d'espace. Dans notre espèce du moins, les dents principales sont si rapprochées qu'elles
paraissent même se recouvrir. Les dents de la rangée secondaire sont également contiguës. Il
est difficile de dire à quelle mâchoire ces dents appartenaient ; cependant il n'y a guère que
les dents de la mâchoire inférieure qui présentent une disposition oblique : je pense dès-lors
qu'on peut envisager notre exemplaire comme un fragment de la mâchoire inférieure gauche.
— 199 —
L'original se trouve dans la collection de M. (^uniberiand à Brislol. Il provient de la craie
de Kent.
Parmi les espèces qu'il me reste encore à décrire , je citerai en particulier les suivantes,
comme les plus intéressantes :
i° PvcNODUs LATiROSTRis Agass. De loolite de Stoneslield. Cette espèce se dislingue par la
largeur de sa mâchoire inférieure, dont les dents sont disposées en forme de triangle à-peu-
près équilatéral. Dans la collection de lord Enniskillen.
2° Pycnodus obtusus Agass. De l'oolite de Stoneslield. Dans la collection de sir Philipp
Ea:erton.
3° Pycnodus parvus Agass. De l'oolite de Stoneslield. Dans les collections de M. le D"^ Buck-
land , de lord Enniskillen et de sir Philipp Egerlon.
k° Pycnodus tristychius Agass. De l'oolite . probablement de Stoneslield. Au Musée de
Bristol.
0° PyciNodus biserialis Agass. De l'oolite de Little Gibraltar, près d'Oxford. Dans la col-
lection de sir Philipp Egerton.
6° Pycnodus DiscomES Agass. De loolite de Little Gibraltar, près d'Oxford. Dans la collec-
tion de sir Philipp Egerton.
7° Pycnodus angustus Agass. De la craie de Kent. L'original se trouve au i\Iusée britan-
nique.
8° Pycnodus elongatus Agass. De la craie blanche de Lewes. Cette espèce pourrait bieii
être identique avec le P. angustus.
9° Pycnodus LATiOR Agass. Espèce encore douteuse, dont l'existence ne m'est indi(|uée
que par des figures de Faujas et de Briickner.
10° Pycnodus depressus Agass. Espèce trouvée à Gand et à Ratisbonne, dans le grès vert.
H** Pycnodus marginaiis Agass. De la craie marneuse de Kent. L'original est au musée
de la Société géologique de Manchester. Je ne suis pas parfaitement sur que cette espèce dif-
fère du P. cretaceus.
12" Pycnodus trigonus Agass. Fig. 3, Tab. 27 c, de Buckland Miner, et Geology. De Sto-
nesfield.
13° Pycnodus latidens Agass. Belle espèce du Portlandien . découverte dans les carrières
de Soleure , par M. Hugi.
ik" Pycnodus priscus Agass. Petites dents découvertes par M. d'Alberti dans les dépôts sa-
bleux supérieurs du Keuper de Taebingen en Wurtemberg et voisines du P. Buckkmdi.
M. le comte de Miinster a en outre distingué dans sa collection deux espèces nouvelles, les
Pycnodus gracilis et P. minutus. L'un et l'autre proviennent du coral-rag de Hoheneggelsen
près de Hildesheim et du Lindenberg près de Hanovre , et ne sont connues que par des dents
isolées. Le P. minutus a la forme allongée du P. complanatus (Tab. 72 a, fig. 40-^8); seu-
— 200 —
lenient il est de moitié plus petit. Le P. gracHîs ressemble davantage aux dents de la rangée
principale du P. Bitcklandi (Tab. 72 a, fig. lS-22j. Il existe aussi dans la collection de M. le
comte de Munster plusieurs dents assez semblables à celles du P. umbonattis, provenant de
la molasse de Bat trinsen .
Le calcaire jaune néocomien des environs de Neuchàtel m'a aussi fourni une série de dents
du genre Pycnodus ; mais elles sont tellement semblables au P. yiyas du Portiandien qu'il est
presque impossible de les distinguer. Le seul caractère constant que j'aie remarqué, c'est que
la couronne est plus plate. J'^ désigné cette espèce sous le nom de P. Couloni , dans mes
notes.
Le Pycnodus minor Agass. de l'argile de Speeton est encore très-douteux.
201
CHAPITRE III.
DES GENRES PERIODUS, GYRONCHUS ET ACROTEMNIIS Agass.
1° Du GENRE Periodus Agass.
C'est encore dans la dentition que réside le caractère distinctif de ce genre. D'après tout ce
que nous en connaissons , les dents ont la disposition et les contours généraux de celles des
Pycnodus ; mais elles en diffèrent en ce que leur couronne est entourée d'un large sillon , de
manière que leur coupe transversale au lieu d'être simplement semi-circulaire , présente au
contraire la forme d'un chapeau à larges bords relevés. Ce sillon ne doit pas être confondu
avec celui des dents de Gyrodus, attendu qu'il se trouve à la base des dents, tandis que celui
des Gyrodus est près du sonmiet. Je ne connais encore qu'une espèce de ce type ; c'est le :
Periodus Koenigii Agass.
Vol. 2, Tab. 72 a, fig. 61 et 62.
Cette espèce, d'après laquelle nous avons établi le genre Periodus , n'est encore connue que
par un fragment de la branche droite de la mâchoire inférieure. A en juger d'après les rap-
ports qui existent , dans les Pycnodontes en général , entre la grandeur des dents et les di-
mensions de l'animal , ce fragment a dû appartenir à un poisson de grande taille. Nous dis-
tinguons trois rangées de dents; la première ou la plus extérieure est composée de quatre dents
très-allongées, à-peu-près toutes d'égale forme, en général deux fois aussi longues que larges.
La seconde rangée est composée de dents plus petites et moins allongées , du reste réguliè-
rement elliptiques. La troisième rangée a des dents encore plus petites et plus irrégulières.
La fig. 62 représente le profil de fig. 61, vu par derrière. On remarque entre le bord de
l'os, qui se présente ici sous la forme d'une arête saillante et la dent de la première rangée,
un sillon large et assez profond qui est tout-à-fait caractéristique. Il ne paraît pas qu'il y ait
eu dans ce sillon une rangée particulière de dents, du moins n'en ai-je remarqué aucune trace
dans l'exemplaire figuré. De cette manière, le nombre des rangées de la mâchoire inférieure se
trouverait réduit à trois, au lieu de quatre de chaque côté; ce qui serait un nouveau caractère
à ajouter à la diagnose du genre. La surface de la couronne est marquée d'un fin pointillé,
qui indique l'extrémité des canaux médullaires mise à découvert par l'usure.
ToM. 11. 2' Paut. 26
— 202 —
L'espèce dont il est ici question provient de l'argile de Londres de Sheppy. L'original se
trouve dans la collection du D"^ Buckland.
2° Du GENRE Gyronchus Agass.
Ce genre dont on ne connaît encore que la mâchoire supérieure, a la plus grande ressem-
blance avec les Pycnodus. On peut le définir de celte manière : c'est un Pycnodus dont les
dents de la rangée principale ou médiane du vomer sont allongées dans le sens du diamètre
longitudinal, au lieu de l'être transversalement. Ce caractère est-il suffisant pour constituer un
genre à part, ou bien ne doit-on y voir qu'une modification peu importante du type des Pyc-
nodus? Telle est la question qui reste à résoudre , et qui ne pourra l'être qu'autant que l'on
découvrira des fragmens plus complets présentant cette disposition remarquable. Je pense ce-
pendant que le genre Gyronchus devra être maintenu, parla raison que la surface de ses dents
a une conformation particulière qui tient en quelque sorte le milieu entre les Pycnodus et les
Gyrodus. Il existe en effet une légère dépression, comme un petit sillon, à la périphérie de la
couronne, et le nfilieu des dents principales est relevé en une sorte de quille dont la pointe est
dirigée en arrière.
Gyronchus oblongus Agass.
Vol. 2-, Tab. 69 a, fig. 10 et H.
Cette espèce était un poisson de petite taille ; c'est ce que l'on peut conclure non-seule-
ment de la petitesse des dents, mais encore de l'espace rétréci qu'elles occupent. Il y a sans
doute des Pycnodus dont la dentition vomérienne n'occupe pas beaucoup plus d'espace, mais
il n'en est aucun dans lecjuel l'espace couvert de dents se rétrécisse d'une manière aussi gra-
duelle. La rangée médiane compte sept dents allongées d'arrière en avant, à l'exception des
deux premières dont la forme est plutôt irrégulièrement carrée. Les rangées secondaires ne
comprennent que de très-petites dents de forme assez irrégulière. La rangée externe est com-
posée de dents à-peu-près aussi grosses que celles de la rangée principale, mais plus serrées
et tronquées au bord extérieur, comme c'est le cas de plusieurs espèces de Pycnodus et de Gy-
rodus. La fig. 11 montre le profil des dents de la rangée extérieure, pour faire voir leur hau-
teur.
C'est une espèce propre, à ce qu'il paraît, au calcaire de Stonesfield. Je n'en connais encore
qu'un exemplaire qui est ici figuré ; il se trouve dans la collection de l'Institut philosophique
de Bristol.
3° Du GENRE ACROTEMNUS AgaSS.
Ce genre n'est encore connu que par quelques dents molaires qui ont la forme de grandes
dents de Pycnodus, mais qui se distinguent par un caractère particulier; c'est que leur surface,
au lieu d'être plane ou régulièrement bombée, présente une arête saillante, semblable à un pli
— 203 —
(ju'on y aurait pincé. Ce caractère qui donne à ces dents une physionomie particulière , tn"a
paru suffisant pour distinguer provisoirement cette forme des autres types de la famille des
Pvcnodontes.
AcROTEMNHS Faba AgasK.
Vol. 2, Tab. 66 fl. lig. 16-18.
D'après leur position oblique , les dents que je désigne ici sous le nom de A. Faba ont dû
faire partie d'une rangée principale de la mâchoire inférieure ; du moins est-ce là un indice de
cette position dans le genre des vrais Pycuodus. L'échantillon de fig. 16 représente quatre
dents ; trois d'entre elles montrent de la manière la plus distincte le pli apicial que nous en-
visageons comme caractéristique du genre et qui s'étend assez uniformément sur toute la lon-
gueur de la dent. La dent antérieure est un peu plus unie, sans doute par l'efTet de l'usure :
cependant on n'en remarque pas moins des traces distinctes d'une quille obtuse au sommet de
la couronne. 11 y a tout lieu de croire , d'après les dimensions des dents que nous venons de
décrire , qu'elles proviennent d'un poisson de grande taille.
Les fig. 1 7 et 18 représentent le profil, de manière à faire voir le pli apicial (fig. 18).
Je ne connais encore que le fragment figuré , il provient de la craie de Kent et se trouve
dans la collection de M. Mantell.
Le genre Scrobodus v. Miinster me parait reposer sur de bons caractères. C'est le premier
Pycnodonte fusiforme qui ait été décrit ; tous ceux que j'ai appris à connaître jusqu'ici étaient
larges et plats. L'espèce appelée Sct'ohodus subovatus par M. le comte de Munster, Beitrœge .
IV. Fasc, Tab. I , fig. U , provient du calcaire lithographique de Solenhofen.
Le genre Globulodusv. Munster et l'espèce G.elexjans pourraient bien n'être fondés que sur
la dentition du genre Platysomus. Nous connaissons du moins dans la famille des Lépido'ides
les genres Tetragonolepis et Dapedius , dont les dents également petites sont plus ou moins
renflées au sommet ; mais je ne connais point de Pvcnodontes qui aient des dents pédiculées
comme celles du genre Globulodus.
204 —
CHAPITRE IV.
DU GEIVRE MICRODON Agass.
Dans Porigine je confondais les Microdon avec les vrais Pycnodus en un seul genre ; et en
effet ils se touchent par bon nombre de points. La forme du corps est ramassée, quelquefois
même presque circulaire. Le profil de la tête est très-haut, presque vertical. La gueule est au
bas de la tête. Les mâchoires sont légèrement proéminentes. L'œil est très-haut et séparé de
la gueule par un espace considérable. Les nageoires présentent le même arrangement que
nous avons décrit dans le genre Pycnodus: la caudale est três-développée, largement fourchue
et supportée par un pédoncule grêle, mais cependant vigoureux. La dorsale et l'anale com-
mencent l'une et l'autre à-peu-près au milieu de la longueur du corps et se prolongent jus-
qu'à l'ongine de la caudale. Leurs rayons sont très-uniformes : cependant ceux de la dorsale
sont d'ordinaire proportionnellement plus longs que dans le genre Pycnodus. Les pectorales
sont petites , à rayons très-fins. Les écailles ne sont que rarement visibles, mais à en juger par
leurs empreintes, il paraît qu'elles étaient d'une certaine épaisseur ; leur forme est celle de lo-
sanges plus ou moins parfaits.
Le squelette est robuste ; les apophyses des vertèbres se font surtout remarquer par leur
forme massive et, d'après ce que nous en avons pu observer, elles étaient garnies de carènes
très-larges qui se réunissaient même pour former une cloison continue. Les côtes sont fortes,
ainsi que les côtes sternales qui , avec ces dernières , étaient destinées à protéger la ca-
vité abdominale. Enfin nous rencontrons aussi ici au devant de la dorsale ces singuliers
osselets en V qui se croisent avec les apophyses des vertèbres abdominales et qui aboutissent
à de petites vexilles très-distinctes au bord dorsal, La même question que nous nous sommes
faite au chapitre du genre Pycnodus se présente donc de nouveau ici. Sont-ce des empreintes
d'os du squelette interne, ou bien ces quilles ne relèvent-elles que du squelette légumentaire ?
Nous avons discuté plus haut (pag. 184) les raisons qu'on peut alléguer en faveur de l'une et
de l'autre explication.
Tous les caractères que nous venons d'énumérer sont aussi propres aux vrais Pycnodus.
Il n'y a que la dentition qui soit dilïérente. Il est vrai que les mâchoires sont rarement bien
conservées surtout lorsqu'une partie des tégumens existe. Cependant comme la dentition est
— 205 —
Irès-distincle, il suffit de quelques dents pour décider avec connaissance de cause. Lorsqu'elles
manquent complètement, la détermination générique reste douteuse.
Voici quels sont les caractères des dents : elles sont beaucoup plus petites que les dents de
Pycnodus. On en compte à la mâchoire supérieure cinq rangées sur le vomer et une rangée
sur chacun des maxillaires. A la mâchoire inférieure nous retrouvons, comme dans les Pvc-
nodus , de chaque côté , quatre rangées de dents , mais elles sont à peu-près toutes d'égale
forme, du moins n'y en a-t-il pas d'allongées et d'autres circulaires. La structure microsco-
pique présente plusieurs particularités remarquables (Voy. chap. IX).
Les Microdon sont, comme les Pycnodus, des poissons essentiellement jurassiques; la plupart
proviennent des terrains récens de cette formation et en particulier du portiandien. J'ai cher-
ché à reproduire les caractères généraux de ce type , dans une figure restaurée au trait ,
Tab. G,fig. 3.
L MicBODOM >LEGAKs Agass.
Vol. 2, Tab. 69 6.
Il existe au Musée de Miinich un charmant exemplaire de cette espèce provenant de So-
lenhofen. On ne saurait méconnaître, en le voyant, la grande analogie qui existe entre ce pois-
son et le Pycnodvs Platessus , (\ue nous avons décrit ci-dessus. Quoique court et trapu , il a
cependant quelque chose d'élégant. Sa hauteur en avant de la dorsale est de cinq pouces. Le
profil de la tête est moins vertical que dans le P. Platessus et rappelle à cet égard le P.
Rhombus. Une conséquence de cette coupe de la tête, c'est que le museau paraît plus pointu ,
et l'espace entre l'œil et la gueule , plus petit. Je dois encore mentionner au nombre des ca-
ractères distinctifs les particularités que présentent les nageoires. La caudale s'attache immé-
diatement au tronc; elle est très-grande, largement échancrée; ses lobes sont pointus; tous
les rayons en sont distincts ; et ceux du milieu un peu plus longs que leurs voisins forment un
renflement assez notable, au milieu de la fourche caudale. Formule : k, I, 9, 10, I, 5,
Ils sont supportés par les apophyses des huit premières vertèbres caudales. Les sept pre-
mières portent de grands rayons articulés, la huitième, les petits rayons externes. La dorsale
et l'anale, à-peu-près symétriques, commencent l'une et l'autre au point le plus élevé du corps
et s'étendent jusqu'à l'origine de la caudale; elles sont composées de rayons très-fins, sup-.
portés par un nombre égal d'osselets interapophysaires. Les premiers rayons de la dorsale
sont petits , puis ils augmentent tout-à-coup et deviennent très-grands , diminuent ensuite,
d'abord brusquement et puis d'une manière insensible jusqu'à la caudale. La même chose se
remarque à l'anale où les grands rayons diminuent encore plus brusquement vers la caudale.
La même dégradation s'observe dans les osselets interapophysaires des deux nageoires, avec
cette difïérence cependant que les premiers ne se ressentent pas de l'infériorité des rayons qu'ils
portent, mais sont aussi grands et même plus grands que les suivans. Il existe quelques rudi-
mens des pectorales; les rayons en sont très-fins et ont à-peu-près un pouce de long.
— 206 —
Le squelette est vigoureux ; les vertèbres sont grosses et courtes; les apophyses sont mu-
nies des mêmes arêtes osseuses qui caractérisent aussi les Pycnodus, Ces arêtes vont en s'é-
largissant de plus en plus dans la région abdominale, où elles finissent par former des cloisons
osseuses continues. Les côtes sont très -grosses ; notre exemplaire les montre des deux côtés
ainsi que les côtes sternales qui cependant sont assez difficiles à distinguer. Enfin l'on remar-
que d'une manière très-distincte les osselets en V en avant de la dorsale; on en compte une
quinzaine qui, à l'exception des deux ou trois derniers, s'étendent jusqu'à la colonne verté-
brale qu'ils ont même l'air de traverser. Ils sont très-fins, parallèles, évidemment superposés
aux apophyses et se terminent au bord du dos en autant de renflemens en croix très-saillans.
Les écailles n'ont laissé des empreintes qu'au bord abdominal, au-dessous des pectorales. Tout
ce que l'on peut conclure de leur présence, c'est qu'elles formaient des losanges très-al-
longés.
J'ai représenté deux autres fragmensde ce même poisson, afin d'en compléter l'étude. L'un
montre la tête avec la ceinture thoracique. On y distingue fort bien l'humérus avec son élar-
gissement elliptique qui recevait sans doute les muscles inférieurs des pectorales. Le préoper-
cule est étroit, l'opercule assez large. La mâchoire inférieure est courte et assez grosse. Enfin
il existe plusieurs séries de dents très-bien conservées qui nous indiquent que c'est réellement
au genre Microdon qu'appartient notre poisson.
La fig. 2 montre une caudale très-bien conservée d'un individu plus grand que celui de
fig. 1 . On y distingue surtout bien les apophyses des dernières vertèbres caudales et la ma-
nière dont elles supportent les rayons de cette nageoire.
IL Microdon hexagonus Agass.»
Vol. 2, Tab. 69 c, fig. 4 et 5.
Cette espèce est voisine à plusieurs égards du Microdon eleyans , mais elle en diffère d'un
autre côté par plusieurs particularités qui ne permettent pas de la confondre spécifiquement.
Elle est plus trapue et son pourtour présente à-peu-près la forme d'un hexagone irrégulier.
.Le profil de la tête paraît être plus vertical et la cavité de l'œil plus grande ; mais ce qui la dis-
tingue surtout, ce sont ses grosses nageoires. L'origine de l'anale et de la dorsale est bien
plus rapprochée de la queue, et au lieu de commencer à l'endroit le plus large du corps, elles
ne commencent guère qu'aux deux tiers de la longueur. La caudale est plus fortement échan-
crée ; ses deux lobes sont excessivement longs et grêles, et ce qui m'a surtout frappé , c'est
qu'elle est supportée par un nombre bien plus considérable de vertèbres. Le lobe supérieur
s'appuye au moins sur une douzaine d'apophyses très-serrées, et le lobe inférieur sur un nombre
à-peu-prés égal.
On éprouve la plus grande difficulté à expliquer dans cette espèce les différentes lignes ver-
— 207 —
ticales et obliques qui traversent le corps. Au premier abord il paraît tout naturel d'envisager
les grosses raies verticales de la partie abdominale , comme des côtes ; d'autant plus qu'elles
présentent . près de la colonne vertébrale , une sorte de renflement à leur sommet , qui rap-
pelle involontairement une surface articulaire ; mais d'un autre côté , comment se fait-il que
les côtes sternales ne soient pas visibles , et pourquoi ces mêmes lignes se continuent-elles, en
suivant la même direction , au-delà de la région abdominale jusqu'à la queue , tandis que les
apophyses ont ordinairement une direction inverse ? Ne pourrait-on pas dès-lors les envisager
comme des empreintes du squelette tégumentaire? Mais alors comment se fait-il que les osselets
interapophysaires de l'anale, qui pourtant appartiennent au squelette proprement dit, soient vi-
sibles ? La partie dorsale présente à-peu-près les mêmes difficultés. Ce qu'il y a de plus pro-
bable , c'est que les lignes croisées sont formées par les apophyses des vertèbres et par les osse-
lets en V. Mais ici se présente un cas particulier : ces osselets s'étendent jusqu'à la caudale, tan-
dis que dans les autres espèces elles ne dépassent jamais l'origine de la dorsale. Pour décider
d'une manière définitive si ces lignes sojit dues au squelette intérieur ou au squelette tégu-
mentaire. il faudrait pouvoir examiner de nouveau la superposition des lignes sur l'original,
et c'est ce qu'il m'a été impossible de faire depuis prés de dix ans que j'ai vu ces fossiles pour
la dernière fois.
La fig. k représente des fragmens de mâchoires que j'ai tout lieu de rapporter à cette es-
pèce, parce qu'elles ont été trouvées dans la même localité et que ce sont de vraies mâchoires
de Microdon.
Les originaux de ces deux figures se trouvent au Musée de Munich et proviennent des car-
rières de Solenhofen. Il en existe en outre deux plaques dans la collection de Sir Philipp
Egerton , et une troisième dans celle de M. le comte de Miinsler.
III. Microdon anaus Aarass.
Vol. 2, Tab. 69 c, fig. 3.
Il se pourrait que cette espécej qui provient comme les précédentes des carrières de Solen-
hofen, ne fût qu'une variété du M. hexagonus. Cependant , elle présente quelques différences
qui m'ont engagé à la décrire provisoirement comme une espèce à part. Ces différences con-
sistent surtout dans la caudale qui , quoique profondément échancrée , a cependant des lobes
plus larges et moins pointus. Les articulations de ses rayons paraissent aussi être plus dis-
tantes. Les vertèbres caudales, dont les apophyses servent de support à cette nageoire, sont
moins nombreuses ; en tout cas leurs apojrtiyses sont moins serrées. Les premiers rayons de
l'anale sont aussi, relativement à la taille du poisson, plus longs que dans le M. hexagonus. On
remarque dans la partie supérieure et postérieure du corps, au-dessous des osselets de la dorsale,
des losanges qui paraissent indiquer les empreintes des écailles. Ici il est évident que ces lignes
— 208 —
croisées n'appartiennent pas à la charpente osseuse, mais relèvent bien réellement du squelette
extérieur. Quant aux lignes qui sont dans la direction des côtes, je suis à leur égard dans une
complète incertitude. Cependant il me paraît naturel de les envisager comme de véritables côtes.
Les larges osselets à-peu-près verticaux que l'on voit au-dessus des premières vertèbres abdo-
minales , me paraissent être des apophyses épineuses munies de crêtes latérales.
Je connais deux plaques de cette espèce qui se trouvent toutes deux au Musée de Munich.
Il en existe une troisième au Musée de Strasbourg.
IV. MlCRODON RADIATl'S AgasS.
Vol. 2,Tab. 69 c, fig. 1 et 2.
Cette petite espèce a des rapports assez intimes avec le M. elegans Sa forme est très-trapue;
son profil très-peu incliné; son museau, pointu. L'insertion des premiers rayons de l'anale et
de la caudale correspond à-peu-près à la plus grande hauteur du corps, mais je doute que la
caudale ail été aussi longue que dans le M. elegans ; en tout cas, les rayons médians de cette
nageoire sont disposés d'une autre manière et paraissent surtout être moins nombreux. Les
apophyses épineuses des vertèbres sont grêles, plus rapprochées que dans d'autres espèces, et
dépourvues de crêtes latérales; du moins n'enai-je remarqué aucune trace dans les deux exem-
plaires figurés. Les lignes obliques que nous avons envisagées comme des osselets en V, repa-
raissent ici avec leur forme habituelle. Elles sont rectilignes , parallèles et s'étendent jusqu'à
la colonne vertébrale, mais ne dépassent pas l'origine de la dorsale. Les portions de mâchoires
qui sont conservées avec leurs dents ne permettent pas de douter que nous n'ayons à faire
à un véritable Microdon. Je lui ai donné le nom de M. radiatus à cause de la disposition des
ornemens de l'opercule , qui sont en forme de lignes rayonnant du bord antérieur de cet os
vers sa périphérie.
Fig. { provient du calcaire de Purbeck et m'a été communiquée par M. Strikiand. L'ori-
ginal de fig. 2 appartient à M. Johnston à Bristol. Il en existe aussi un exemplaire au Musée
d'Oxford. M. Rœmer en a découvert des fragmens assez bien conservés dans un grès schis-
teux de l'Osterwald, près d'EIze, qu'il parallélise avec les couches de Purbeck.
Les deux espèces de Microdon qu'il me reste à décrire se rapprochent beaucoup du .V. hexa-
gonus : je les ai inscrites sous les noms suivans dans mes notes :
i° Microdon abdominalts Agass. — De Solenhofen.
2° Microdon platurits Agass. — De Solenhofen.
209 —
CHAPITRE V.
DU GENRE SPHyERODUS Agass.
Existe-t-il un genre Sphaerodus? C'est une question que je me suis faite bien des fois depuis
que j'ai commencé à me familiariser avec les dilïérens types de poissons broyeurs des épo-
ques antérieures. On trouve dans les terrains du Jura et de la Craie une quantité de dents iso-
lées, à surface lisse, présentant la même structure que les dents devrais Pycnodus, mais qui se
distinguent par leur forme essentiellement circulaire (de là le nom de Sphœrodus). Ne trouvant
parmi les débris de squelettes de ces époques aucun type auquel je pusse les rapporter, j'en
fis un genre à part que je rangeai dans la famille des Pycnodontes, à côté des vrais Pycnodus.
Plus tard ayant reconnu que les grands Lépidolus avaient des dents de forme tout-à-fait sem-
blable , je fus sur le point de supprimer mon genre Sphœrodus pour en reporter les espèces
dans le genre Lépidotus. Cependant une considération m'en retint, c'est que les localités où
l'on trouve ces dents isolées de Sphœrodus ne contiennent aucun squelette de vrais Lépidotus,
tandis que là où ces squelettes se trouvent on ne rencontre point de dents isolées de Sph;erodus
Je fis en outre la remarque que les dents de Lépidotus sont en général moins saillantes que
celles des Sphîerodus et disposées en séries assez irrégulières sur les mâchoires, tandis que celles
des Sphœrodus forment des rangées très-régulières et sont bien espacées, ainsi que j'ai pu m'en
assurer par un fragment de mâchoire du Spli. gi(jas qui a été trouvé récemment dans les
montagnes de Neuchâtel et sur lequel dix-sept dents sont conservées. Enfin , il résulte des ob-
servations de M. Owen , que les dents de Sphœrodus ont une structure différente de celle des
Lépidotus (*). Ces considérations m'engagent à maintenir provisoirement mon genre Sphœro-
dus comme un genre à part de la famille des Pycnodontes, et j"ai par devers moi la conviction
que Ton finira par trouver quelque jour des débris de squelettes qui justifieront mes prévi-
sions en montrant que les poissons dont ces dents proviennent sont réellement des Pycnodontes
et que par conséquent ils n'ont rien de commun avec les Lépidoïdes, quoiqu'une partie de leurs
dents soient semblables. Je suppose au genre Sphœrodus la forme que je lui ai donnée dans
une figure restaurée au trait , Tab. G , fig. 2.
(*) Owen, Odontography p. 70. L'étranglement qu'on remarque à la base des dents de plusieurs espèces de Sphœrodus
n'est pas assez constant pour pouvoir être envisagé comme un caractère générique, comme je le pensais dans Torigino.
1m. Il , 2' Part. 27
— 210 —
Parmi les différentes espèces de dénis deSphaerodus, il y en a de toutes les dimensions, de-
puis la grosseur d'une lentille et même d'une tête d'épingle, jusqu'à celle d'une noix. Elles
sont toutes bombées, souvent même hémisphériques. La couronne est constamment lisse el
supportée par une racine qu'elle déborde plus ou moins, suivant les espèces. On trouve quel-
quefois associées à ces dents circulaires, des dents coniques, que j'envisage, d'après l'analogie
des autres genres de Pycnodonles , comme des dents incisives , d'autant plus qu'elles sont en
très-petit nombre.
Comme ni le squelette ni les écailles de ce genre ne sont connus, il est souvent très-difficile
de distinguer les espèces. Aussi ne cacherai-je pas qu'une partie des espèces que j'ai établies
reposent sur des caractères trop vagues pour qu'elles puissent être envisagées, déjà maintenant,
comme rigoureusement circonscrites. En les distinguant, comme je l'ai fait, je n'ai eu d'au-
tre but que de fixer l'attention des observateurs sur certaines particularités de forme et de
structure qui méritent d'être vérifiées sur le plus grand nombre possible d'exemplaires.
Les premières traces de Spha?rodus apparaissent dans les terrains triasiques. Le plus grand
nombre des espèces est jurassique ; mais il en existe aussi dans les terrains plus récens, jusqu'à
la molasse. Ces fossiles étaient déjà connus des polygraphes anciens, qui les ont décrits sous les
noms bizarres de Buffonites et de Crapaudines , en affirmant que c'étaient des yeux de cra-
pauds pétrifiés.
l. Sphaerodus gigas Agass.
Vol. 2, Tab. 73, fig. 83-94.
Mercati, de ButTonitc, p. 184. — Barrère , Tab. 2, N. 9. — Bruckmann , Epist. 64 , Toni, 1. N. VI et VU. — Par-
hiitson , Org. Rem. Tab. 19, vol. 3, fig 6.
Cette espèce a eu le privilège d'attirer de tout temps l'attention des observateurs à cause de
sa grandeur, et c'est pourquoi nous la trouvons mentionnée et figurée dans plusieurs ouvrages
anciens. Le poisson dont ces dents proviennent doit en effet avoir eu des dimensions considé-
rables , d'après les rapports que nous savons exister entre le corps et la dentition dans les
Pycnodus et les Microdons. Les anciens, qui envisageaient ces dents comme des yeux de cra-
pauds pétrifiés , devaient se faire une idée bien plus grande encore du Batracien , qui avait
de pareils yeux. Toutes les dénis que je rapporte à cette espèce sont en général circulaires ,
quelles que soient leurs dimensions. Elles sont en outre, pour la plupart, régulièrement bom-
bées et à-peu-près hémisphériques ; leur hauteur égalait environ la moitié de leur diamètre ;
mais leur caractère le plus marquant consiste dans la faible épaisseur de leur émail. Ce carac-
tère sert surtout à les distinguer des autres grandes espèces, telles que les Sph. annidaris et
crassus. Pour mieux faire ressortir ce caractère, j'ai eu soin de faire figurer plusieurs dents
par la face inférieure (fig. 86', 89', 91" et 92''). Les figures au trait indiquent le profil. Au
nombre de ces dernières on remarquera surtout la fig. 9i', qui , au lieu d'être circulaire est
_ 2H —
subconique; parliciilaritô qu'il faut probablement attribuer à une position exceptionnelle, à
moins qu'elle n'indique une espèce particulière, ce que je ne crois pas. La lig. 9ô' se fait re-
marquer d'un autre côlé par sa forme plus aplatie.
Les beaux exemplaires de lîg. 75, 86 et 87 se trouvent au Musée de Stuttgart. Fig. S9-9't
au Musée d'Oxford ; ils proviennent de l'argile de Kimmeridge. Les originaux de fig. 85 et
88 se voient au Muséum de Paris. Enfin, celui de fig. 8k m'a été communiqué par M.Tbur-
niann. Il en existe en outre des exemplaires dans plusieurs autres collections de la Suisse,
de l'AngleJerre et de l'Allemagne, et l'on ne peut plus douter aujourd'hui que l'espèce ne soit
propre aux terrains jurassiques supérieurs dont elle est même l'un des fossiles caractéristi-
ques. Jusque dans ces derniers temps on n'a connu que des dents isolées de ce poisson ; au-
jourd'hui M. Auguste de Montmollin possède un fragment de mâchoire sur lequel on remar-
que près d'une vingtaine de dents juxla-posées formant un pavé continu et Irès-serré. Je don-
nerai plus tard la figure de cet échantillon remarquable.
Je dois faire remarquer encore qu'ayant distingué dans l'origine deux espèces que je réunis
aujourd'hui en une, il se pourrait que j'eusse étiqueté dans quelques collections des dents de
cette espèce .sous le nom de Sphœrodusjurassicus.
IL SPHAERODirS ANNULARIS AfifaSS.
Vol. 2, Tab. 73, fig. 95-100.
Le caractère saillant de cette espèce consiste dans une dépression circulaire qui se trou^e
près du bord inférieur de la dent et qui fait qu'elle a l'air d'être entourée d'un anneau. C'est
de toutes les espèces connues jusqu'à présent celle qui, par ses dimensions, se rapproche le
plus du Sph. yigas. Elle est régulièrement bombée et circulaire ; cependant on en trouve aussi
des exemplaires qui sont quelque peu allongés. La hauteur de la dent égale environ le tiers
de son diamètre.
C'est à l'obligeance de M. le comte de Miinster que je dois la communication de cette es-
pèce. D'après l'étiquette du dessin que j'ai sous les yeux , elle serait originaire de Ceylan ;
cette indication est-elle bien certaine? M. d'Alberti a trouvé dans les dépôts sableux supérieurs
du Keuper une dent de même grandeur, pourvue également d'une sorte d'anneau à la base,
et qui pourrait fort bien être notre Sph. annuhtris.
212 —
III. Sphaerodus crassiis Agass.
Vol. 2, Tab. 73, fig. 101-108.
Faujas , Montagne de Si Pierre de Maëstricht , Tab. 19. fig. 3 et 5. — Burtin Tab. 1.
Le nom spécifique de cette espèce en indique le caractère essentiel , qui consiste dans l'é-
paisseur extraordinaire de la couronne. Ce caractère, qui ressort surtout bien des fig. 104" et
106", sert en particulier à distinguer notre espèce du Sph. gigas , dans lequel la couronne est
proportionnellement fort mince (fig. 86). Sous tous les autres rapports, notre Sph. crassus
ressemble fort au Sph. gigas, quoiqu'il soit en général de plus petite taille.
Cette espèce a déjà été mentionnée par plusieurs auteurs , entre autres , par Faujas et par
Burtin. Elle provient, selon toute apparence, de la craie de Maëstricht.
IV. Sph.verodi's lens Âatass.
Vol. 2', Tab. 73. fig. 22-61.
On trouve dans le terrain tertiaire d'Osnabriick une quantité de petites dents qui, bien que
de forme très-variable, ont cependant un certain air de famille qui fait qu'on n'éprouve pas
de répugnance à les identifier ; elles sont en général très-petites et ont toutes une belle teinte
jaune-orangée. Leur forme est communéiîient circulaire ; cependant il y en a aussi dans le
nombre qui sont plus oti moins allongées ; d'autres sont même cylindriques , ce sont sans
doute les dents antérieures (fig. 22, 27 et 28). Au nombre des dents circulaires, il y en a qui
sont très-plates ( fig. 42-4.5 et S2-60 ) et d'autres qui sont , au contraire , coniques et plus ou
moins relevées (fig. 29-31 et 55).
Il est inutile de répéter que ces déterminations ne pourront être envisagées comme défini-
tives que lorsqu'on aura trouvé une mâchoire entière. En attendant, je ne dois pas cacher
que j'ai des doutes sur l'identité des fig. 61-67, à cause de leur grandeur. Je les envisage
provisoirement comme une grande variété du Sph. lens, sauf à en faire plus tard une espèce
particulière, quand nous posséderons de plus amples informations sur ce genre remarquable.
Pour mieux faire ressortir la variété de formes que présentent les petites dents , j'ai donné
des figures grossies d'un certain nombre d'exemplaires, par les faces supérieure, inférieure
et de profil. Les figures au trait indiquent le profil.
— 2i3 —
V. Sphaerodus irregularis Agass.
Vol. 2, Tab. 73, fig. 74-81.
Syh. Pisoodon Coleanus Kaiip, Oss. foss. de Maminif. Tab. IX. — Isis 1834, p. 535.
Parmi les dents que je crois pouvoir rapporter à cette espèce, il en est un certain nombre
qui sont elliptiques, d'autres sont circulaires ; c'est cette variété dans le contour qui m'a en-
gagé à donner à l'espèce le nom spécifique d' irregularis. Les dents sont médiocrement bom-
bées , mais peu élevées ; leur hauteur n'égale guère que le tiers de leur diamètre. La couronne
est fort épaisse (fig. 75") et d'un beau lustre noir.
Je dois la communication de cette espèce à l'obligeance de M. le comte de Munster. Les
originaux de mes figures se trouvent dans la collection de ce savant, et proviennent de la
montagne tertiaire d'Oelingen (Oelingerberg) près d'Osnabriick.
Je rapporte provisoirement à cette espèce quelques dents isolées qu'on a trouvées dans la
molasse suisse et dont il existe des échantillons au Musée de Berne.
Les dents décrites et figurées par M. Kaup sous le nom de Pisoodon Coleanus sont aussi
probablement identiques avec notre Sph. irregularis. Ce sont en tout cas des dents de Sphje-
rodus et nullement des dents d'un Saurien, comme le pensait cet auteur. Elles proviennent du
sable tertiaire d'Eppelsheim , près d'ÂIzey, dans la vallée du Rhin.
VL Sphaerodus depressus Agass.
Vol. 2, Tab. 73, fig. 3-10.
J'appelle cette espèce Sph. depressus , parce que sa couronne est effectivement très-peu bombée
et presque plate dans quelques exemplaires. Sous d'autres rapports elle diffère peu du Sph. ir-
regularis et du Sph. parvus. L'identité de gisement m'engage à réunir ici deux formes très-
distinctes, des dents circulaires ou ovales, qui sont les dents molaires, et d'autres plus coni-
ques et plus hautes (fig. 3), que j'envisage comme des dents antérieures.
Je dois la communication de cette espèce à M. le comte de Mijnster, qui m'apprend quelle
provient de Salzbourg. Le gisement n'en est pas connu. Il ne serait pas impossible qu'elle fût
une variété du Sph. irregularis décrit ci-dessus.
Vn. Sphaerodus parvus Agass.
Vol. 2, Tab. 73, fig. 11-18.
Quoique les dents de cette espèce soient petites, elles l'emportent cependant par leur taille
sur la plupart des exemplaires du Sph. lens. Leur forme est circulaire et très-haute relative-
— ^ih —
ment à leur diamètre ; quelques exemplaires sont plats à leur surface , mais c'est par suite de
l'usure. La couronne est très-épaisse. Il est très-difficile et presque impossible , d'après de
simples dessins , de distinguer cette espèce du Sph. irregularis, dont elle n'est peut-être en
définitive qu'une variété locale. Les fig. 18 et 18' représentent une dent antérieure.
Les originaux de mes figures font partie de la collection de M. le comte de Munster ; ils
proviennent du terrain tertiaire de Cassel. Peut-être faut-il rapporter à cette espèce quelques
petites dents de la collection de M. Brongniart, provenant de Longjumeau.
Vin. Sphaerodus discus Âgass.
Vol. 2, Tab. 73, fig. 62-67.
Cette espèce doit être comptée parmi les moins renflées du genre. Il semble même que plus
les dents sont petites, moins elles ont d'épaisseur (fig. 63'' et 66"). Sa forme est d'ailleurs ré-
gulière. Tous les exemplaires que j'ai vus sont circulaires ; la couronne est très-mince (fig. 66
et 67').
M. le comte de Miïnster, à qui je dois la communication de cette espèce, m'apprend qu'elle
provient des Algarves, en Portugal. Le gisement n'en est pas connu d'une manière précise.
IX. Sphaerodus cinctus Agass.
Vol. 2, Tab. 73, fig. 68-70.
Je réunis sous ce nom trois dents de forme très-différente, mais que je crois cependant
identiques, parce qu'elles proviennent du même gisement, et que d'ailleurs elles ont un carac-
tère commun qui les distingue de toutes les espèces connues jusqu'ici , c'est d'être distincte-
ment plissées à la base (fig. 78 et 79'). J'envisage par conséquent la dent de fig. 68 comme
une dent antérieure, et celles de fig. 69 et 79 comme appartenant au fond de la gueule.
Les originaux de mes figures se trouvent au Musée de Prague , et proviennent de Styrie ,
probablement du calcaire grossier.
X. Sphaerodus mitrula Agass.
Vol. 2, Tab. 73, fig. 71-73.
Je désigne sous ce nom quelques dents de forme assez régulière que j'ai rencontrées au
Musée de Prague. Elles sont de taille moyenne, circulaires, assez plates, mais pourtant plus
bombées que les Pycnodus de même taille. La couronne est assez épaisse (fig. 72' et 73). Sa
teinte est d'un brun foncé.
L'étiquette indique connue origine les environs de Ratisbonne; il est probable que c'est du
grès vert de cette localité que ces dents proviennent.
— 2<ti —
XI. Sphaerodus conicus Agass.
Vol. 2, Tab. 73, fig. 82.
Je distingue provisoirement cette espèce à cause de sa forme élevée et subconique. Elle a
d'ailleurs une teinte particulière qui semble indiquer un gisement différent de celui du Sph.
gigas, dont elle se rapproche d'ailleurs sous plus d'un rapport, entre autres, par ses dimen-
sions.
L'original se trouve dans la collection de M. le comte de Miinster, et provient , selon l'éti-
quette , de l'île de Ceylan.
XII. SpHAERODUS OCITLUS SERPENTIS ÂgaSS.
Vol. 2, Tab. 73, fig. 20 et 21.
Les dents que je range dans cette espèce se font remarquer par une teinte jaune particu-
lière qui rappelle assez les yeux des serpens. Les deux exemplaires que j'ai sous les yeux
ont en outre chacim une entaille assez considérable sur l'un des bords. S'il était démontré que
c'est là un caractère constant , rien ne serait plus facile que de distinguer cette espèce de ses
congénères: mais il se pourrait fort bien que cette entaille ne fût qu'une brisure accidentelle.
La couronne est assez bombée, voire même un peu conique; la hauteur égale au moins la
«loitié du diamètre.
C'est une espèce qui paraît propre au terrain crétacé. Les deux dents figurées font partie
de la collection de M. le comte de Munster, et proviennent , d'après les indications de ce sa-
vant, des Algarves, ainsi que le Sph. discus. Il s'en trouve également des exemplaires dans les
Musées de Paris et de Stuttgart. Dans l'origine , j'avais distingué plusieurs variétés comme
des espèces propres ; il se pourrait que dans quelques collections elle se trouvât étiquetée de
ma main du nom de Sphœrodus flavidus ou de Sph. tenuior. C'est aussi probablement cette
espèce que M. DeLuc a identifiée avec le Loup de mer, Ànarrhichas Lupus.
XIII. Sphaerodus truncatiis Aarass.
E>^
Vol. 2, Tab. 73, fig. 19.
Si cette dent appartient réellement au genre Sphœrodus , ce ne peut être qu'une dent anté-
rieure. Elle est rcn)arquable par sa forme massive et élevée et par conséquent tronquée. On
remarque à la base de la couronne quelques gros plis irréguliers. Ce qui me fait croire que
c'est bien réellement une dent antérieure, c'est sa ressemblance avec les dents antérieures des
Placodus, qui sont en place sur la mâchoire.
— 216 —
L'original se trouve dans la collection de M. le comte de Munster, et provient du terrain
tertiaire d'Osnabruck.
Je décrirai plus tard plusieurs autres espèces, sur lesquelles je ne possède, pour le moment,
que des renseignemens très-incomplets ; telles sont :
i" Sphaerodits MiNiMus Agass. De la brèche coprolitique de Twbingen en Wurtemberg.
2° Sphaerodus NEOCOMENSis Agass. Espèce de la taille du Sph. gigas . provenant du calcaire
néocomien de Neuchàtel et des environs.
Mon Sphaerodus rhomboidalis d'autrefois est un Gyrodus de Solenhofen , de taille très-
considérable , que l'on conserve au Musée de Munich. Ayant pu examiner les dents , je me
suis convaincu qu'il devait passer du genre Sphterodus au genre Gyrodus.
Les dents d'après lesquelles j'ai établi mon Sphaerodus mammillaris proviennent pour la
plupart du Lepidolus Mantelli que j'ai déjà décrit dans la première partie de ce volume. J'ai
en outre confondu sous le nom de Sphœrodus mauimillaris , Tab. 73 , fig. 4 et 2 , quelques
dents à surface légèrement rugueuse , qui proviennent de la craie blanche de Kent et qui sont
peut-être des dents de Gyrodus.
Mon Sphaerodus microdon de Lyme Régis et mon Sph. minor de Stonesfield devront encore
être examinés avec plus de soin que je n'ai pu le faire jusqu'ici.
217 —
CHAPITRIi VI.
DU GENRE PLACODIJS Agass.
La place que j'assigne à ce genre dans la famille des Pycnodonles doit être envisagée en
quelque sorte comme provisoire , attendu que n'en connaissant point le squelette , nous ne
pouvons savoir s'il participe de cette même structure compliquée que nous avons décrite dans
les genres Pycnodus et Mkrodon. Sa dentition elle-même, bien que construite sur le même
plan général , présente des variations notables dans la forme extérieure ; mais d'un autre côté,
la structure microscopique des dents est la même que chez les autres genres . en sorte que je
ne crois pas me tromper en plaçant ce genre aux confins de la famille des Pycnodontes.
Nous avons ici , comme dans le genre Pycnodus , deux sortes de dents , des dents molaires
à couronne large et plate, tapissant le fond de la gueule et des dents incisives destinées à re-
tenir ou à saisir une proie. Les dents molaires présentent ce caractère commun , d'être plates
et peu saillantes ; mais il existe entre elles des différences considérables dans les contours et
dans les dimensions, suivant la position qu'elles occupent. Les plus grandes sont placées au
milieu du plancher dentaire , et accompagnées parfois d'une rangée latérale de chaque côté.
Les incisives, quoique fort différentes des molaires, sont cependant moins acérées et plus
massives que dans beaucoup d'autres genres. Celles de la mâchoire supérieure sont implantées
dans une sorte de rostre élargi. J'ignore quelle est leur position exacte dans la mâchoire in-
férieure, et s'il y en a le même nombre qu'à la mâchoire supérieure. Ce qui est certain, c'est
que la plus grande variété paraît régner à cet égard entre les espèces que nous rapportons à
ce genre. Il y en a même qui paraissent en être complètement dépourvues, le PL Munsteri,
par exemple ; du moins la mâchoire se rétrécit tellement en avant , qu'on comprend à peine
où elles auraient été placées. Si l'on parvient jamais à constater d'une manière directe cette
absence d'incisives, il conviendra peut-être de faire de cette espèce le type d'un genre à part .
d'autant plus que la forme des mâchoires et la disposition des molaires elles-mêmes présen-
tent des différences notables que nous signalerons dans la description spécifique.
Quoi qu'il en soit de ces différences , toujours est-il que les Placodus sont un type très-re-
marquable, et, comme on ne les a trouvés jusqu'ici que dans la formation triasique, on peut,
jusqu'à un certain point, les envisager comme les représentans et les précurseurs des vrais
TOM. II. 2' Part. 2S
— 218 —
Pycnodus , qui , comme nous l'avons vu plus haut , apparaissent pour la première fois dans la
formation jurassique.
Le nombre des espèces connues jusqu'à ce jour est de cinq ; dans ce nombre il y en a quatre
dont on connaît la mâchoire ; la cinquième n'est connue que par des dents isolées.
Je ne puis terminer ces remarques génériques sans ajouter que c'est à l'obligeance de M. le
comte de Miinster que je dois la connaissance des belles mâchoires que j'ai figurées, ainsi que
la plupart des détails que je vais donner sur leurs affinités, n'ayant eu occasion de voir moi-
même que des dents isolées. Les plus remarquables de ces pièces font partie de la collection
de M. le comte de Munster, et ont été décrites dans ses Beytrage.
l. Placodus GiGAs Agass.
Vol. 2, Tab. 70, fig. 14-21.
Syn. Placodus gigas Agnss. — Broun Lelliœa geogn. Tab. 13 , fig. 13.
M. le comte de Miinster a fait connaître cette espèce remarquable dès 1830 ; mais comme il
ne connaissait à cette époque que la mâchoire de fig. 14, il jugea, d'après le contour des
bords, que le museau se terminait en pointe arrondie. Ce n'est que plus tard, après avoir dé-
couvert le PL Andriani, avec ses alvéoles d'incisives, qu'il fut conduit à admettre que l'espèce
dont il est ici question en avait probablement de semblables. Cette supposition fut confirmée
plus tard par la découverte qu'il fit d'une branche de la mâchoire inférieure, dont une des in-
cisives est conservée (fig. IS).
Le PI. gigas est la plus grande espèce du genre. A en juger d'après le fragment du crâne
représenté dans la fig. 14, il a même dû atteindre des dimensions considérables. Le nombre
des dents molaires est de quatorze , formant entre elles quatre rangées dont deux externes
qui compreiment les petites dents , et deux internes qui sont composées de dents beaucoup
plus grandes. Ces dernières sont en outre disposées par paires ayant chacune une forme par-
ticulière. Les dents de la paire postérieure sont en forme de carrés irréguliers, aussi longs
que larges ; celles de la paire du milieu sont rétrécies à l'intérieur, et élargies à l'extérieur ;
celles de la paire antérieure, un peu plus petites, ont à-peu-près la même forme , seulement
elles sont placées obliquement au lieu d'être transversales. Les dents latérales ou externes sont
de moitié plus petites, en forme de carrés irréguliers à angles émoussés. Il y en a quatre de
chaque côté. La première ou l'antérieure, qui est la plus petite, est placée en face de la pre-
mière grande dent ; la seconde , entre la première et la seconde grande dent ; la troisième ,
en face de la seconde grande dent . et la quatrième entre la seconde et la troisième grande
dent. Il est probable que toutes ces dents sont implantées sur les os palatins et sur le vomer.
Les deux branches qui se prolongent en arrière sont sans doute les os ptérygoïdes. La face
supérieure du crâne n'a pas pu èlre dégagée complètement de la roche, ensorte qu'elle
n'offre pas de caractère bien précis.
— 219 —
On ne saurait douter, d'après la forme des dents, que les fig. d5 et 1 6 ne représentent la
même espèce : mais les contours de los cpii les porte nous apprennent en même temps (jue
nous avons à l'aire ici à une mâchoire inférieure. Il est évident, d'après cela, que chaque
branche de la mâchoire n'avait qu'une rangée de larges molaires, et que les rangées externes
manquaient complètement. Du reste , les grandes molaires ont la même forme que celles de
la mâchoire supérieure. Fig. 15 montre, outre ses trois molaires, une incisive; ce qui est
remarquable , c'est que cette dent soit implantée en quelque sorte au bord externe de la mâ-
choire. Elle est très-peu éloignée de la première molaire , d'où nous concluons que le rostre
antérieur de la mâchoire était moins proéminent que dans le PL Andriani.
Les fig. 17-19 représentent des dents incisives isolées. Leur grosseur très-considérable me
fait supposer qu'elles appartiennent à notre espèce ; cependant je n'ai aucune certitude à cet
égard. Toutes ces dents sont très-émoussées. Il y en a de différentes formes : l'une est à-peu-
près cylindrique (fig. 17, 17' et 17"); une autre est longue et arquée au sommet (fig. 18) :
une troisième est conique et trapue (fig. 20) ; une autre encore est petite , courte et très-ar-
quée (fig. 19). Je rapporte également à cette espèce la dent de fig. 21 , qui est l'analogue de
celle de fig. 19. Sa racine est très-longue et en même temps trop grosse pour s'adapter aux
alvéoles de la mâchoire de fig. 8.
Les originaux se trouvent dans la collection de M. le comte de Munster, et proviennent du
Muschelkalk de Laineck, près de Bamberg en Bavière. M. Mougeot a trouvé une grande dent
molaire et une incisive de la même espèce dans le Muschelkalk de Lunéville (Bull, de la Soc.
géol. Tom. VI, pag. 20). La même espèce se trouve aussi dans la collection de M. le profes-
seur Braun , à Bayreuth.
II. Placodus Andriam Miinst.
Vol. 2, Tab. 70, fig. 8-13.
Au premier abord , on est tenté d'envisager cette espèce comme identique avec la précé-
dente. La disposition des dents et la forme générale du crâne et de la mâchoire supérieure
sont à-peu-près les mêmes. Mais en l'examinant de plus près , M. le comte de Miinster n'a pas
tardé à y reconnaître des différences très-importantes. Et d'abord , le crâne est plus allongé ;
les dents sont plus petites ; les incisives, en particulier, sont plus grêles ; et si nous exami-
nons en détail les molaires, nous trouvons que la paire postérieure est proportionnellement
plus large et moins haute que dans le PI. ijujas. Les ptérygoïdes paraissent aussi être plus
étroits ; cependant je n'ajoute pas une bien grande valeur à ce caractère, attendu qu'il se pour-
rait que les vrais contours de ces os plats ne fussent pas à découvert. Le rostre est très-
proéminent. Les incisives ne sont point conservées dans leurs alvéoles; mais il paraît, d'après
les empreintes qu'elles ont laissées, qu'elles étaient au nombre de douze sur deux rangées de
six dents chacune, et que la rangée extérieure était la plus développée. Les fig. 9. 10, 11, 12
— 220 —
et 13 représentent des dents incisives que M. le comte de Miinster rapporte à cette espèce.
Elles proviennent , selon toute apparence , de la rangée extérieure ; du moins le diamètre de
leur lige est-il en harmonie avec celui des alvéoles. Nous avons encore ici des différences de
forme très-notables qui .sont sans doute en rapport avec la position qu'elles occupaient dans la
gueule. II y en a une qui est allongée et à-peu-près d'égale largeur, quoique un peu recour-
bée d'un côté (fig. 9) ; une seconde est plus courte et plus renflée à sa base (fig. 10) ; une
troisième est grêle et tout d'une venue (fig. If) ; une autre encore est petite et très-crochue
(fig. 12). La fig. 13 enfin ne montre qu'un fragment de la couronne d'une incisive. M. le
comte de Miinster a dédié cette espèce à M. le président du district de Bamberg, baron d'An-
drian , dont le zèle scientifique a puissamment contribué à faire connaître la géologie de ces
contrées. L'espèce est propre, comme la précédente, au Muschelkalk des environs de Bam-
berg.
L'original de fig. 8 se trouve dans la collection du district de Bamberg. D'autres fragmens
se trouvent dans la collection de M. le comte de Miinster et dans celle de M. le professeur
Braun , à Bayreuth.
IIL Placodus Mu^STERl Agass.
Vol. 2, Tab. 71, fig. 1-3.
C'est une espèce bien carac(érisée par la largeur considérable du crâne et par son rostre
très-court. Tel qu'il se présente dans l'exemplaire figuré, le crâne est même considérablement
plus large que long; mais le bord est-il entier? C'est ce qu'il s'agit d'examiner. Les contours
du bord antérieur et la disposition des dents molaires seraient de nature à le faire croire. S'il
était démontré qu'il n'y a pas de rostre , et que par conséquent l'espèce dont il est ici question
était dépourvue d'incisives, il faudrait, comme nous l'avons dit à l'article du genre, la sépa-
rer des autres espèces pour en faire un genre à part.
En tout cas, la disposition des dents, telle qu'elle se voit dans notre exemplaire, est plus
que suffisante pour en fixer, d'une manière irrévocable, le caractère spécifique. Nous voyons
d'abord en arrière deux grandes dents elliptiques, dirigées obliquement de dehors en dedans;
puis en avant de celles-là quatre dents un peu allongées et de moitié plus petites, disposées
sur une ligne transversale légèrement arquée en dedans. Devant cette rangée se trouve une
seconde rangée plus arquée , composée également de quatre dents, qui sont plus petites que
les précédentes , surtout les extérieures. Enfin , au bord antérieur se trouvent encore deux
autres dents , les plus petites de toutes. L'os qui porte toutes ces dents , et qui est probable-
ment le vomer réuni aux palatins , est un os fort large , relativement à sa longueur.
La fig. 2 représente la face extérieure du crâne; tout ce qui est coloré en jaune est de la
substance osseuse. Les espaces gris sont de la roche purement et simplement. Il ne faut ce-
pendant pas ajouter trop de valeur à la symétrie de ces espaces, qui pourraient fort bien n'être
qu'accidentelle.
— 22i —
Les fig. 3 , '» et 5 représentent des dents isolées ; la fig. 5 a tout-à-fail la forme des dents
moyennes de la troisième rangée. La dent de fig. 3 et U offre plus de difficultés à cause de sa
forme Irès-allongée , et il se pourrait (fu'elle appartînt à une espèce particulière ; ce qui aurait
d'autant moins lieu de nous étonner, (pi'elle provient d'une localité toute dilïérente . du
Musclielkalk d'EspersIa'dt, près de Querfurlh en Thuringe. Le crâne de fig. 1 et 2 et la dent
de fig. 5 proviennent au contraire du Musclielkalk de Bamberg en Bavière. Tous ces échan-
tillons se trouvent dans la collection de M. le comte de Miinster, à qui je me fais un plaisir de
dédier cette belle espèce.
IV. Placodus rostuatus Mùnst.
Vol. 2, Tab. 7f,fig. 6-12.
Cette espèce, qui a été décrite et figurée pour la première fois par M. le comte de Munster,
est fort différente de toutes celles que nous venons de décrire. S'il pouvait exister des doutes,
ce serait plutôt à l'égard du genre. Les contours du crâne la rapprochent un peu du P.Mûns-
teri : mais il existe cette grande dilTérence , que les dents sont beaucoup plus distantes et dis-
posées différemment. Reste à savoir si elles sont toutes conservées. Ce qui est certain , c'est
qu'elles sont beaucoup plus espacées ; aussi la partie antérieure du crâne forme-t-elle un bec
très-allongé. Nous avons dans le fond deux grandes dents elliptiques, dont l'une, celle du côté
droit, doit être très-ancienne , car sa couronne est complètement usée, et comme elle est en
même temps très-saillante, on ne peut douter que sa saillie ne soit due à la dent de rempla-
cement qui est dessous. La dent du côté gauche est tombée ; il ne reste plus qu'une légère
pellicule noire qui indique sa place. La dent de remplacement est sur le point de percer. Les
quatre dents qui suivent sont beaucoup plus petites et plus circulaires; elles sont toutes très-
bien conservées. Enfin , l'on remarque sur les côtés du rostre quatre dents plus petites encore,
dont la disposition et le nombre ne peuvent cependant pas être envisagés comme rigoureux, à
cause de l'état de conservation de l'os. On découvre en outre, au bord antérieur, quatre pe-
tites taches, qui pourraient bien être, d'après l'élude qu'en a faite M. le comte de Miinster, des
alvéoles de dents incisives.
On le voit, ces caractères sont plus que suffisans pour caractériser l'espèce. On observe en-
core, dit M. le comte de Miinster, « que les dents, lorsqu'elles sont jeunes, sont rugueuses ;
» mais leur surface devient de plus en plus lisse avec l'âge, et présente des sillons concentri-
» ques plus ou moins marqués, comme on en distingue, entre autres, dans la grande dent de
» fig. 8. » Les fig. 9 et 10 représentent deux petites dents molaires antérieures. Quant aux
fig. 11 et 12, il est fort difficile de les déterminer; peut-être sont-elles des dents incisives de
cette espèce. La fig. 7 représente le profil d'un autre fragment de mâchoire, pour montrer le
relief des dents.
— 222 —
Tous ces fragniens proviennent du Muschelkalk de Laineck près de Bamberg. Le crâne de
fig. 6, que M. le comte de Munster a fait mouler, et dont il a envoyé des échantillons à plu-
sieurs établissemens , se trouve dans la collection du district de Bamberg. Les autres fragniens
el dents isolées font partie de la collection de M. le comte de Munster.
V. Placodus impressus Agass.
Vol. 2, Tab. 70. fig. \-7.
Je ne connais encore que des dents isolées de cette espèce ; mais comme elles se font remar-
quer par un caractère particulier, je ne doute nullement qu'elles ne soient spécifiquement
différentes de toutes celles que nous venons de décrire. Ce caractère consiste dans une impres-
sion ou une sorte de sillon longitudinal qui se voit au milieu de la couronne et qui a valu à
l'espèce le nom de PL ùnpressus. D'après l'analogie des autres espèces, nous n'aurions ici que
des dents molaires, des petites ffig. 1 , 2 et 7) et des grandes, qui sans doute étaient situées
plus en arrière (fig. 5, 4 et 5j.
Les originaux proviennent du grès bigarré de Deux-Ponts (Bavière rhénane) et font par-
tie de la collection de M. Alex. Braun , à Carisruhe. La même espèce se trouye aussi dans les
brèches de Ta^bingen en Wurtemberg.
2â3
CHAPITRE YIl
nu GEIVUE GYRODUS Agass.
La forme extérieure de ces poissons rappelle toul-à-fait celle des vrais Pycnodus et Micro-
don. C'est la même forme du corps , la même disposition des nageoires et la même structure
des écailles. Ce qui les distingue, c'est leur dentition. Quant à leur dimension, les dents des
Gyrodus peuvent être envisagées comme intermédiaires entre les dents des Microdons et celles
des vrais Pycnodus. Elles sont elliptiques ou circulaires; mais leur couronne, au lieu d'être
unie, est entourée d'un sillon qui, en séparant le sommet de la dent de son pourtour, lui donne
une apparence ombiliquée très-caractéristique. A mesure que la dent s'use par la mastication ,
le sommet, d'abord plus ou moins saillant , s'élargit, devient lisse, et laisse apercevoir un fin
pointillé qui indique l'issue des canaux médullaires.
A la mâchoire supérieure, les maxillaires et les intermaxillaires ne sont garnis que d'une
seule rangée de dents. Le vomer, en revanche, en compte cinq rangées longitudinales, qui
vont en diminuant de dimension d'arrière en avant , et dont la rangée médiane est toujours
la plus développée. A la mâchoire inférieure , les dents sont plus nombreuses ; on en compte
(jualre rangées de chaque côté ; c'est toujours la troisième rangée, à partir du bord externe ,
qui est la plus développée. Celles des deux autres rangées sont plus petites et plus irrégulières.
Les difïérences spécifiques consistent dans les dimensions , la position et la forme des dif-
férentes rangées et la manière dont elles se combinent entre elles. Il est toujours assez fa-
cile, pour peu que l'on rencontre quelques dents réunies, de déterminer si elles proviennent
de la mâchoire inférieure ou de la mâchoire supérieure. Celles de la mâchoire inférieure sont
ordinairement elliptiques , et toujours implantées obliquement sur l'os, du moins celles des
deux rangées principales ; celles de la mâchoire supérieure sont plus circulaires, et lorsqu'elles
sont allongées, elles sont toujours transversales. Il faut se mettre en garde contre l'apparence
plus ou moins unie des dents, et ne pas lui accorder une valeur qu'elle n'a pas, en la ran-
geant parmi les caractères spécifiques. Je me suis assuré , par l'observation de plusieurs mâ-
choires complètes, que dans l'origine la couronne de toutes les dents est ridée, plissée et ru-
gueuse ; mais celte rugosité disparaît par la mastication, et une dent sera d'autant plus lisse
qu'elle aura servi plus long-temps. C'est ce qui nous explique aussi pourquoi, à la mâchoire
inférieure, la seconde rangée, qui occupe le fond d'une gouttière entre la première et la troi-
— 224 —
sième rangée , a des dents toujours rugueuses , tandis que celles des rangées plus exposées au
frottement ont toujours leur couronne plus ou moins lisse. Une remarque qu'il importe encore
de faire, c'est que les petites dents des rangées secondaires de certains Pyenodus sont sillon-
nées et ridées à-peu-près comme celles des Gyrodus, ensorte qu'il n'est pas toujours facile de
les distinguer. Il m'a cependant paru que les sillons de ces dents étaient toujours moins pro-
fonds que ceux des Gyrodus.
Les Gyrodus sont, comme les Pyenodus et les Microdon , un type essentiellement jurassi-
que. La plupart proviennent des terrains jurassiques supérieurs. Cependant on en connaît
aussi plusieurs espèces dans la craie.
\. Gyrodv's macrophthalmus Agass.
Vol. 2, Tab. 67.
Au premier abord on, est tenté de confondre cette espèce , non seulement sous le rapport
générique , mais même sous le rapport spécifique , avec certains Microdon et notamment
avec le Microdon elegans (Tab. 696). C'est la même forme générale, les mêmes dimensions
et la même position des nageoires. Mais si, au lieu de se borner à ces caractères généraux ,
on entre dans le détail de la structure des différentes parties du corps , on ne tarde pas à re-
connaître des différences notables , que nous allons essayer d'examiner.
Voyons d'abord les nageoires : la caudale est grande , largement fourchue , composée de
deux lobes allongés et étroits; elle n'est pas accolée immédiatement au tronc, comme dans
les Microdon; elle est, au contraire, portée par un pédoncule distinct et très-robuste. Un
nombre assez considérable de vertèbres caudales lui servent d'appui. Les premières portent
les g'rands rayons, et celles qui viennent immédiatement après, les rayons antérieurs ou petits
rayons de la nageoire. En examinant en détail les rayons eux-mêmes, on trouve que leurs
articles se rapprochent insensiblement vers l'extrémité des lobes , ainsi que le montre la
lig. h , qui représente deux fragmens de rayons grossis. 11 ne parait pas que les grands rayons
soient fourchus, tandis que ceux du milieu de la nageoire le sont selon toute apparence.
Une première observation à faire à l'égard de l'exemplaire figuré, que nous prenons pour
type du genre , c'est que ce poisson est vu en grande partie par sa face interne. Le côté droit
étant ainsi appliqué contre la pierre à laquelle les écailles sont restées adhérentes, il en résulte
que les losanges de la région dorsale ne montrent que le revers de la cuirasse émaillée ; ce
qui nous explique pourquoi Ion voit sur le même exemplaire des écailles et des parties du
squelette, (des osselets inlerapophysaires).
La dorsale ne commence pas au milieu du dos , mais un peu en arrière ; elle rappelle a cet
égard la dorsale des Microdon , mais elle est proportionnellement bien moins développée. Les
])remiers rayons sont petits, ils augmentent rapidement jusqu'au quatrième, qui est le plus
— 22 s —
long et qui forme, avec les dix ou douze suivaus, un lobe assez saillant. Les suivans se rac-
courcissent de nouveau brus(|ueinent pour se continuer plus loin sous la forme de petits
rayons très-uniformes, qui s'étendent jusqu'à l'origine de la caudale. L'anale a absolument la
même forme (|ue la dorsale . mais son insertion est encore plus en arrière. J'ai cru remarquer
aussi que les rayons du lobe antérieur étaient plus vigoureux que ceux de la dorsale. Les os-
selets interapopliysaires qui correspondent aux rayons de ces deux nageoires sont assez vigou-
reux . mais cependant en rapport avec la taille des rayons ; les premiers sont assez petits, mais
ils vont en augmentant rapidement en arrière, de manière que les plus grands portent les
rayons les plus longs. Ceux qui leur succèdent diminuent de nouveau , mais d'une manière
insensible jusqu'aux derniers , qui sont très-courts et très-grèles. Les pectorales n'ont laissé
que des traces très-imparfaites, mais cependant suffisantes pour nous faire voir qu'elles étaient
composées de rayons excessivement minces et nombreux.
Les écailles sont conservées en assez grand nombre ; mais , ainsi que nous l'avons dit plus
haut, elles ne sont visibles que par leur face interne. Les losanges qu'elles forment sont plus
grands dans la partie postérieure du corps que vers la nuque. 11 n'y a qu'un endroit , en
avant de la dorsale, où les écailles, s'étant détachées, ont laissé sur la roche une empreinte
de leur face extérieure. La tig. 5 montre quelques écailles grossies à la loupe.
L'appareil operculaire est bien conservé; l'on distingue surtout, en avant de l'humérus,
une pièce en demi-cercle, de structure rayonnée, qui parait être l'opercule.
Les difFérens os du crâne ne sont pas assez distincts pour pouvoir être reconnus ; en re-
vanche , la forme et les contours généraux de la tête sont très-nets, et ce qui frappe surtout ,
c'est la grandeur de l'orbite, qui a valu à l'espèce le nom de G. macrophthahmis. Les côtes
ne sont pas distinctes ; cependant ce que l'on en voit nous montre qu'elles étaient très-vigou-
reuses.
La dentition , qui est le caractère le plus important pour la détermination générique , est
assez bien conservée dans notre exemplaire , et c'est en la comparant avec certains Microdon,
dont le squelette est également conservé , que nous avons acquis la certitude que les Gyrodus,
quoique très-voisins sous tous les rapports, forment néanmoins un type à part. Les dents
maxillaires sont de la grosseur de petites lentilles ; leur couronne présente le sillon caractéris-
tique qui distingue les Gyrodus et sépare en quelque sorte la surface en deux terrasses ou ren-
flemens annulaires qui sont ici ornés de petits sillons transverses. Les fig. 2 et 3 représentent
une de ces dents grossie à la loupe, par la face supérieure (fig. 2) , et de profil (iig. 3). En
avant des molaires on aperçoit, sur chaque mâchoire, une rangée distincte de dents incisives,
petites, cylindriques, et qui paraissent avoir été médiocrement aiguës.
Jusqu'ici cette espèce n'a été trouvée que dans le calcaire lithographique de Kehiheim. L'o-
riginal se trouve dans la collection de M. le comte de Mi'inster. C'est par erreur que l'éti-
quette de la planche indique comme origine Solenhofen.
TtlM. II. -2' l'ART. 29
— 226 —
II. Gyrodus front atus Agass.
Vol. 2. Tab. 68.
Cette espèce ressemble fort à la précédente ; nous pourrons par conséquent nous borner à
indiquer les différences que nous avons remarquées, et qui nous ont engagé à la décrire comme
une espèce à part. Ces particularités consistent essentiellement dans la forme très-élargie du
ventre. On pourrait peut-êlre admettre que le poisson ayant été surpris par la mort au mo-
ment de la plus grande turgescence des ovaires , la cavité abdominale se serait dilatée outre
mesure par la pression ; mais cette supposition toute gratuite nous parait inadmissible , par la
raison que les côtes sternales ont bien l'air de fermer la cavité abdominale. Nous préférons
dès lors allribuer provisoirement cette différence à un caractère spécifique. Tandis que dans
le G. macrophthalmus l'espace entre le bord central et la colonne vertébrale n'égale guère
plus de la moitié de la hauteur totale du corps , cette même partie en occupe près des deux
tiers dans notre espèce. On remarque aussi que le front est sensiblement moins décli\e , et
l'œil plus petit. Quelques parties de l'appareil operculaire sont fort bien conservées, entre
autres l'opercule et une autre pièce en arrière qui pourrait appartenir à la ceinture thoracique.
L'arrangement et la forme des nageoires sont les mêmes que dans le G. macrophthalmus .
Cependant je dois remarquer que les rayons de la caudale ne m'ont pas offert cette inégalité
dans la longueur des articles que nous avons signalée dans cette dernière espèce. Ici tous les
articles sont de même grandeur (fig. 5).
Il est à remarquer que notre exenq)laire est appliqué par le côté gauche contre la roche,
ensorte que nous ne voyons aussi ici les écailles que par le côté intérieur. Ce n'est que là où
elles sont enlevées accidentellement que l'on peut voir l'empreinte de leur surface sur la roche.
La (ig. 2 représente plusieurs impressions semblables. Les petits points creux prouvent assez
que la surface était hérissée de petites aspérités. La face interne est parfaitement unie.
Les dents ont tous les caractères des véritables dents de Gyrodus, ainsi que le montre la
lig. h, qui représente une dent molaire grossie. Le sonmiet , distinctement festonné, est en-
touré d'un sillon plat, qui lui-même est bordé d'un cercle en relief et crénelé. N'ayant pas
l'original sous les yeux, je ne puis affirmer maintenant si les différences qu'on remarque entre
cette dent et celle qui est représentée sur la Tab. 67 indiquent réellement des caractères spé-
ciiiques , ou si elles ne sont dues qu'à l'état de conservation des individus.
C'est encore une espèce de Kehlheim (et non pas de Solenhofen , comme cela est indiqué à
tort sur la planche). L'original se trouve dans la collection de M. le comte de Munster, qui a
bien voulu m'en communiquer le dessin. Ce même savant m'apprend qu'un autre exemplaire
très-bien conservé, provenant de Kehlheim, se trouve dans la collection de M. Koch, à Ra-
tisbonne. Il en existe aussi plusieurs exemplaires au Musée de Prague.
— 227 —
m. Gyrodus uuposus Mûnst.
Vol. 2. Tab. 69.
M. ie comle de Miinster a distingué sous le nom de G. rugosus une espèce voisine à bien
des égards du G. fiotitalus décrit ci-dessus , mais qu'il envisage néanmoins comme spécifi-
quement différente. Elle est en effet plus allongée , et la partie abdominale est moins pré-
pondérante ; mais ce qui la caractérise plus particulièrement , ce sont les fortes rides qu'on
remarque à la face extérieure des écailles et qui ne se retrouvent pas , à ce qu'il parait , dans
les autres espèces. Il est vrai que dans l'exemplaire figuré , toutes les écailles qui sont con-
servées sont vues par la face interne ; mais il y a plusieurs endroits où elles sont tombées ,
ce qui permet de reconnaître distinctement leur empreinte sur la roche. Ces empreintes , vues
à la loupe, présentent l'aspect de fig. 2. La face interne des écailles est, comme d'ordinaire
lisse (fig. .5 ). Les nageoires n'offrent aucun caractère particulier ; les grands rayons de la cau-
dale sont composés d'articles très-uniformes , et l'on ne remarque pas qu'ils décroissent d'une
manière sensible vers le sommet (fig. U). Les os de la tête sont couverts d'une granulation
très-caractéristique , qui est surtout distincte vei's la nuque. L'émail des dents a disparu ; mais
l'on n'en reconnaît pas moins à leur forme le type des Gyrodus.
L'original se trouve dans la collection de M. le comte de Munster, et provient selon toute
apparence de Kehlheim , et non pas de Solenhofen , comme le porte l'inscription qui est jointe
à la figure.
IV. Gyrodus umbilious Agass.
Vol. 2, Tab. 69 a, fig. 27 et 28.
En examinant avec quelque attention ce fragment de mâchoire avec ses cinq rangées de
dents très-bien conservées , on ne peut guère douter que les dents ne soient implantées sur un
os impair, qui n'est autre chose que le vomer. Cette dentition du vomer paraît être commune
à tous les genres de la famille ; tandis que l'os intermaxillaire et la partie antérieure du maxil-
laire supérieur ne portent qu'une rangée de petites dents en forme de cônes obtus , ainsi
que j'ai pu m'en assurer dans les Gijrodm macrophthahmis et frontatiis décrits ci-dessus. Ces
cinq rangées de dents vomériennes , quoique construites sur le même plan . offrent cependant
des différences notables dans leur forme et leurs dimensions. On remarque qu'en général les
dents antérieures sont plus petites et plus irrégulières que les postérieures. Le sillon circulaire
qui entoure le sommet de la couronne et qui constitue le principal caractère du genre est fort
large ; le sonnnet lui-même est étroit et légèrement convexe , mais il s'aplatit souvent par l'u-
sure ; dans ce cas sa surface présente un très-fin pointillé , qui n'existe pas sur les côtés et qui
indique la terminaison des canaux médullaires. Les plus grosses dents se trouvent dans la ran-
— 228 —
gée médiane. Il y en a sept qui vont en décroissant d'arrière en avant. Les postérieures ont les
plus larges sillons ; les antérieures en ont de bien moins accusées ; aussi leur couronne est-elle
beaucoup plus unie. De chaque côté de cette rangée médiane, il y a une autre rangée , com-
posée de dix dents , qui sont à-peu-près de moitié plus petites que celles de la rangée princi-
pale , de forme allongée , ovale , et à couronne moins bombée ; en revanche , les ondulations
de la surface, moins sujettes à l'usure, sont beaucoup plus distinctes; elles ne s'effacent en
partie que sur les deux dents antérieures, qui sont les plus petites. Au bord antérieur, ces
dents commencent à la même hauteur que celles de la rangée médiane , et les débordent un
peu en arrière. Leur position n'est cependant pas symétrique ; car il faudrait pour cela que
leur nombre fût ou égal à celui des dents de la rangée moyenne , ou double ; ce qui n'est
pas. De là vient qu'il y en a qui correspondent à l'espace intermédiaire entre deux dents mé-
dianes, et d'autres qui sont placées côte à côte avec ces dernières. Mais coumie les rangées
médiane et externe sont de beaucoup les plus saillantes , il en résulte que la rangée que nous
venons de décrire s'use moins vite, par cela même qu'elle occupe le fond d'une rainure.
Les dents des rangées externes ont une forme différente. Elles sont fortement tronquées au
bord externe et connue coupées par le milieu . comme si elles s'étaient usées contre les dents
de la mâchoire inférieure ; et ce qui tendrait à prouver que c'est bien de cette manière que
les choses se passent , c'est qu'il existe des mâchoires inférieures où celle des rangées latérales
qui devait rencontrer la rangée externe du vomer dans l'acte de la mastication , est usé de la
même manière , ensorte qu'il y a réellement eu frottement. Mais malgré cela , je ne pense pas
qu'il faille attribuer à l'usure seule cette forme tronquée de la rangée externe ; je pense, au
contraire , qu'elle est originaire chez ces poissons , et qu'elle ne fait que se compléter par l'u-
sure. La surface de la couronne présente au reste des sillons concentriques comme celles des
autres rangées, avec cette particularité cependant, qu'au lieu d'être circulaires, ils ne sont que
semi-circulaires et décurrens au bord externe de chaque dent. Le nombre des dents de ces
rangées latérales est , de chaque côté , de neuf , qui alternent régulièrement avec celles de la
rangée contiguë.
Quant au rapport des dents avec l'os sur lequel elles sont insérées , il est très-difficile, de
s'en faire une juste idée ; et quoique notre exemplaire présente une brisure transverse oblique
entre la dernière et l'avant-dernière grande dent moyenne, toutes les parties osseuses sont
tellement spathisées . que leur structure en devient des plus diffuses. On voit cependant que
chaque couronne dentaire est portée sur un tube osseux creux, qui doit être envisagé comme
la racine de la dent, et dont la base fait corps avec l'os sur lequel elle repose. Les parois de
ce tube, métamorphosées en une substance opalisante, sont faciles à distinguer de la cavité,
ordinairement remplie de spath cristallisé. La couronne émaillée qui repose sur ce tube est
beaucoup plus grosse que le tube lui-même, dont l'extrémité supérieure forme cependant le
noyau osseux de la couronne. Les racines des rangées latérales sont obliques, et c'est ce qui
fait que les couronnes qui les surmontent peuvent être proportionnellement plus grandes, sans
— 229 —
que les racines soient aussi éloignées qu'elles devraient nécessairement l'être, si elles étaient
perpendiculaires. Lorsque la couronne est tombée , on voit à sa place un large enfoncement
dans le calcaire occasionné par la couronne, et à l'intérieur de celui-ci un second cercle moins
étendu , qui est formé par la cassure horizontale de la racine et qui indique le diamètre de
celte dernière.
Le vomer que je >iens de décrire en détail et que j'ai représenté dans la fig. 27, fait partie
de la collection de M. le baron d'AIlhaus. Il provient de l'oolite de Durrhein» , dans le grand
duché de Bade. Fig. 28 représente son pronl vu par derrière. La même espèce se trouve aussi
dans la collection de M. Regley ; elle provient probablement du calcaire de Caen.
V. Gyrodus jurassicus Agass.
Vol. 2, Tab. 69 o, fig 25 et 26.
Il n'est pas difficile de voir que la mâchoire que nous décrivons sous ce nom est une mâ-
choire inférieure, soit qu'on la regarde d'en haut (fig. 26) ou de profil (fig. 25). L'os de la
mâchoire est fort épais et courbé à-peu-près en demi-cercle (fig. 25). Les rapports entre les
dents sont fort difTérens de ce qu'ils sont dans la mâchoire supérieure. Chaque mâchoire
porte quatre rangées parfaitement semblables des deux côtés , de manière à former un pavé
continu. Les dents les plus développées sont celles de la troisième rangée en allant de dehors
en dedans ; elles sont allongées transversalement , légèrement obli(|ues et vont en décrois-
sant d'arrière en avant. Leur longueur est d'environ trois lignes sur deux lignes de large.
Leur nombre est de neuf sur la mâchoire gauche, qui est entière. Toutes ces dénis , depuis
les premières jusqu'aux dernières , sont marquées d'une rigole très-caractérisée , entourant le
sommet, qui est large et plat. Cette rangée pHncipale est flanquée extérieurement d'une ran-
gée de petites dénis qui occupent le fond d'une dépression ou rigole entre la rangée princi-
pale et la rangée externe, et qui n'ont guère que la moitié des dimensions des précédentes :
elles sont en outre très-irrégulières , et quoique , par leur position , elles dussent être plus
protégées que les autres , ce sont cependant celles qui paraissent le plus endommagées dans
notre exemplaire. J'en compte douze sur la branche gauche de noire exemplaire , qui est la
mieux conservée. La série externe a des dents plus régulières, très-semblables à celles de la
rangée principale, mais un peu plus petites et plus inclinées en dedans. Il y en a douze sur
la mâchoire gauche de notre exemplaire. Toutes sont allongées transversalement, très-serrées
et un peu obliques. Leur sommet est assez irrégulier, lorsqu'on examine la mâchoire de profil
(fig. 25). Enfin, il nous reste à mentionner la rangée interne. Ses dents sont moins nom-
breuses que celles des autres rangées ; je n'en compte que sept sur la branche gauche. Elles
sont plus petites que celles de la rangée externe; mais au lieu d'être obliques, elles sont or-
dinairement allongées dans le sens de l'axe longitudinal de la mâchoire ; il est évident aussi
— 230 —
que leur position influe beaucoup sur leur direction , et que lorsque l'espace ne leur permet
pas de se développer dans le sens de la longueur, elles affectent une forme plus ou moins ir-
régulière.
Une particularité qui m'a frappé, c'est que les dents de toutes les rangées sont parfaite-
ment lisses, même dans les endroits où l'on ne peut pas admettre d'usure. Or, quoique je
n'attache pas une grande valeur aux rides de l'émail dans la détermination des espèces, je
crois néanmoins que leur absence complète dans le cas particulier doit être pris en considé-
ration. C'est l'une des raisons qui m'ont empêché d'identifier celte espèce avec le G. Cuvieri
décrit ci-dessous.
Lorsqu'on examine cette mâchoire de profil, on voit que les dents de la rangée externe et
celles de la troisième rangée ou rangée principale sont les principaux instrumens de mastica-
tion ; car elles débordent considérablement celles des autres rangées , et sont en même temps
plus grandes et plus régulières. Toutes les dents d'une rangée sont ordinairement usées d'une
manière uniforme , présentant au milieu une surface plane entourée d'une dépression an-
nulaire.
Fj'original, découvert par M. Hugi dans les carrières du portlandien de Soleure. se trouve
au nuisée de cette ville. Lord Enniskillen possède aussi un fragment de la même espèce, pro-
venant du Jura suisse.
VL (ïYPiODus Cuvieri Agass.
Vol. 2. Tab. 69a, fig. 21-23.
Le fragment figuré représente la branche droite de la mâchoire inférieure d'une espèce
particulière de Gyrodus. Les dents sont en général moins allongées, quelques-unes sont même
presque circulaires ; mais ce qui les dislingue surtout, c'est que leur sillon annulaire est beau-
coup plus développé ; la surface du sommet est en revanche d'autant plus petite ; c'est ce
qui fait que lorsqu'on examine la mâchoire de profil , les dents paraissent en quelque sorte
mucronées (fig. 21). Les dents vont, comme d'ordinaire, en décroissant sensiblement d'ar-
rière en avant , et celles de l'exlrémilé postérieure ont des dimensions au moins doubles de
l'extrémité antérieure. J'en compte douze dans la rangée principale : quoique à-peu-près cir-
culaires , elles sont cependant légèremenl obliques. Les dents de la seconde rangée occupent
une large dépression. La plupart sont circulaires, mais leur position n'a rien de régulier. Les
dents de la rangée externe se distinguent en ce qu'elles sont toutes allongées trans\ersale-
ment, comme si l'espace leur avait manqué pour se développer ; je n'en compte pas moins de
quatorze dans notre exemplaire ; leurs dimensions le cèdent à peine à celles de la rangée prin-
cipale. Lnfin les dents de la quatrième rangée, ou rangée interne, sont les moins nombreuses:
il n'y en a que huit dans notre exemplaire ; aussi cette série n'est-elie que de moitié aussi
— 231 —
longue que la série externe. Leur forme est à-pcu-près circulaire. Leurs dimensions sont su-
périeures à celles des dents de la seconde rangée.
Lorsqu'on examine cette mâchoire de profd, par derrière (fig. 23), on voit que les première
et troisième rangées exercent la principale fonction de la mastication par leur position aussi
bien que par leur taille. La seconde rangée est très-enfoncée.
L'original se trouve dans la collection de Miss Benell ; il a été trouvé par M. le D' Sutlou
Apsiey, à Landford près de Weymouth , en Angleterre. Je ne doute nullement que ce ne soit
un fossile jurassique. Il en existe une autre mâchoire tout aussi bien conservée dans la collec-
tion de M. le D' Buckland ; mais les plus beaux se trouvent dans la collection de M. Bouchard,
à Boulogne-sur-Mer. Ce sont deux branches de la mâchoire inférieure , une droite et une
gauche, qui ont conservé à-peu-près toutes leurs dents, et qui probablement appartenaient
au même animal. Elles proviennent de l'argile de Kimmeridge. Je ne dois pas cacher cepen-
dant que les dents de la rangée principale sont un peu moins allongées que dans le fragment
lîguré ; et à cet égard , elles se rapprochent un peu du G. jurassiens : mais, d'un autre côté,
les rides nombreuses de la couronne empêchent cependant de les confondre.
\ 11. Gyrodvts punctatus Agass.
Vol. 2,Tab. 69rt, fig. 2^.
Le fossile que j'ai figuré sous ce nom est une mâchoire supérieure que j'ai tout lieu de
croire complète, d'après l'analogie du G. umbiliciis. La forme et les dimensions relatives des
dents des différentes rangées suffisent pour nous prouver que c'est une espèce différente de
cette dernière. Je lai appelée G. punctatus, à cause du pointillé très-distinct des dents, qui pro-
vient sans doute de la terminaison des canaux médullaires. La rangée moyenne est encore ici
la rangée principale ; cependant sa prépondérance sur les autres est moins frappante que dans
le G. tmihilicus. Je compte huit dents dans cette rangée; les postérieures, qui sont les plus
grandes, sont un peu allongées transversalement; les antérieures sont presque circulaires.
Les dents de la rangée intermédiaire sont de chaque côté très-irrégulières , mais, en somme ,
allongées longitudinalement ; elles semblent aussi déborder les autres rangées en arrière, si
toutefois les dernières dents ne sont pas enlevées. Les dents de la rangée externe ont le même
caractère que nous avons déjà indiqué en décrivant le G. timhilicus , c'est-à-dire que leur
bord externe est tronqué d'une manière très-uniforme, comme si on les avait toutes rognées
au moyen d'une équerre. Ce sont aussi celles dont les dimensions présentent les variations les
plus considérables. Celles de l'arrière ou du fond de la gueule sont à-peu-près aussi grandes
que celles de la rangée principale, mais elles diminuent au point que les antérieures sont à
peine plus grandes que celles de la rangée intermédiaire.
L'original se trouve au musée de York , sans indication de gisement ; mais je ne doute ce-
pendant pas que ce ne soit un fossile jurassique, probablement de l'oolite de Malton,
— 232 —
Il se pourrait que ce vomer appartînt à la même espèce que la mâchoire inférieure que nous
venons de décrire sous le nom de G. Cmieri. La forme des dents et leur pointillé très-remar-
quable rend même la chose assez probable. Cependant, comme je n'ai pas encore découvert
d'exemplaire dans lequel j'aie pu étudier les dents des deux mâchoires dans leurs rapports ré-
ciproques , je préfère, en attendant de plus amples informés, décrire ces deux mâchoires sous
des noms particuliers.
V^III. Gyrodus trigonus Agass.
Vol. 2,Tab. 69«,fig. 15.
Daprès les rapports qui existent entre les dents de Pycnodontes et la taille des poissons qui
les portaient, l'espèce dont il est ici question devait être de petite taille. Je ne connais encore
que le vomer, qui est remarquable en ce qu'il se rétrécit très-rapidement d'arrière en avant ,
de manière à paraître à-peu-près triangulaire. Les dents de la rangée médiane sont de forme
ovale et transverses , comme dans les Pycnodus : mais on n'en reconnaît pas moins le carac-
tère des Gyrodus aux inégalités et aux rugosités de la couronne. Vn gros pli règne autour de
la plupart des dents principales, et ce n'est que lorsqu'elles ont été usées par la trituration
([u'elles deviennent parfaitement lisses et unies. Dans ce cas, il est quelquefois fort difficile de
distinguer cette espèce de certains petits Pycnodus. Les dents des rangées latérales sont très-
petites et circulaires ; la plupart n'ont guère que la grosseur d'une tête d'épingle ; leur sur-
face est généralement rugueuse , à moins qu'elle n'ait été polie par l'usure.
Cette espèce est propre au calcaire de Slonesfield. L'original se trouve dans la collection de
lord Enniskillen. Il en existe également un fort beau vomer dans celle de sir Philipp Egerton.
IX. Gyrodus radiatus Agass.
Vol. 2, Tab. 69a, fig. 20.
Cette espèce ressembje à plus d'un égard au G. trigonus que nous venons de décrire ; on y
remarque surtout les mêmes rapports entre les dents des différentes rangées du vomer. Les
dents de la rangée principale ou médiane sont grandes , ovales et transversales ; celles des
rangées secondaires sont petites et circulaires ; mais il faut remarquer en même temps que
l'exemplaire que nous décrivons est beaucoup plus grand que le G. trigonus, et suppose par
conséquent un poisson de taille bien supérieure. Les dents de la rangée principale sont aussi
proportionnellement plus larges, et tout le vomer se rétrécit moins en avant.
Quoique les dents soient très-usées dans notre échantillon , on y reconnaît cependant encore
la trace du sillon qui séparait le sommet des flancs , et ce seul caractère nous est une preuve
que nous avons à faire à un Gyrodus et non à un Pycnodus,
— 235 —
L'original fait partie de la collection de M. Régley, et provient, selon toute apparence . du
calcaire jurassique de Caen. Je ne connais que ce seul exemplaire.
X. Gyrodus laemor Agass.
Vol. 2,Tab. 69a, fig. 12.
C'est un fragment de mâchoire inférieure droite que nous décrivons sous ce nom. On y re-
connaît la rangée principale , composée de quatre grosses dents elliptiques , très-rapprochées
et, comme d'ordinaire, un peu obliques ; cinq dents de la seconde rangée, allongées dans le
sens contraire ; enfin , cinq dents de la rangée externe , également elliptiques , un peu obli-
ques et plus petites que celles de la rangée principale. La quatrième rangée, ou la rangée
interne, manque. On ne saurait méconnaître qu'il existe une très-grande ressemblance entre
celte mâchoire et celle que nous avons décrite sous le nom de G. jurassicus (fig. 26). Cepen-
dant il est à remarquer que dans notre G. laevior le sillon apical est plus large , et le sommet
de la couronne proportionnellement plus étroit ; la rangée externe me semble aussi moins dé-
veloppée , et la rangée intermédiaire entre les deux un peu plus régulière.
L'original se trouve dans la collection du Muséum de Paris. Son origine et son gisement ne
sont pas indiqués ; mais lord Enniskillen en possède un exemplaire de Sheppy.
XL Gyrodus cretaceus Agass.
Vol. 2, Tab. 69a, fig. 13.
On pourrait avoir quelques doutes sur la nature de ce fragment, ou du moins sur le genre
auquel il faut le rapporter. La grande uniformité des dents en particulier pourrait faire croire
qu'il provient d'un Microdon ; cependant je ne l'envisage pas moins comme provenant de la
mâchoire supérieure d'un Gyrodus, à cause de la couronne plissée de toutes les dents. 11 est
vrai qu'il n'y en a que trois rangées principales ; mais entre ces rangées on distingue plu-
sieurs petites dents éparses qui pourraient bien représenter les rangées médianes , et dans ce
cas notre espèce rentrerait dans le type ordinaire des Gyrodus. En tout cas, cette particula-
rité est plus que suffisante pour la faire distinguer de toutes ses congénères. Les trois rangées
principales sont à-peu-près d'égale dimension ; leur surface présente des rides rayonnantes ,
du milieu desquelles le sommet s'élève sous la forme d'un bouton saillant.
C'est une espèce propre à la craie. L'original se trouve dans la collection de M. Mantell, et
provient de la craie de Lewes. J'en ai vu un autre exemplaire dans la collection de M. le ca-
pitaine Jones, provenant également de la craie blanche.
ToM. Il , 2" Part. 30
— 23^1 —
XFI. Gyrodus Mantellii Agass.
Vol. 2, Tab. 69a, fig. i8.
II est fort difficile de distinguer ce fragment de mâchoire de celui que nous avons décrit
sous le nom de trigonus. Cependant les dimensions relatives de la rangée moyenne comparée
aux deux rangées latérales sont peut-être encore plus frappantes. Dans la première les dents
sont allongées et très-serrées ; les dents des rangées secondaires sont au contraire excessive-
ment petites et non contiguës. C'est évidemment un fragment de la mâchoire supérieure. Les
dents médianes laissent apercevoir d'une manière distincte le sillon caractéristique des Gyrodus
qui sépare le sommet des flancs. Il parait , à en juger d'après le fragment figuré, que le vomer
se rétrécissait très-rapidement d'arrière en avant.
La plaque qui porte ces quelques dents se trouve dans la collection de M. Mantell , et pro-
vient de la forêt de Tilgale.
XIII. Gyrodus minor Agass.
Vol. 2, Tab. 69a, fig. 14.
M. Phillips a le premier fait connaître cette espèce , mais en l'attribuant à tort à un Sau-
rien. L'exemplaire qu'il figure est évidemment une mâchoire inférieure droite de Gyrodus.
Il est vrai que le nom de minor lui convient peu , en regard des espèces beaucoup
plus petites que nous venons de décrire ; cependant je n'ai pas cru devoir compliquer la
synonymie par cette seule considération. Le poisson qui portait cette mâchoire, loin d'être
petit, devait, au contraire, atteindre des dimensions considérables ; car les dents qu'on peut
citer parmi les plus grandes de ce genre ne sont petites que relativement à certaines dents gi-
gantesques de Pycnodtis et de Placodus.
Une particularité remarquable de cette espèce , c'est que les dents de la rangée externe
sont aussi développées et même plus développées que celles de la rangée principale ; elles
sont en outre fort saillantes. Leur sommet présente un renflement en forme de carène très-
prononcé, qui montre qu'elles sont très-peu usées. Elles sont à-peu-près transversales, tandis
que celles de la rangée principale sont obliques et beaucoup plus plates. Les dents de la se-
conde rangée et celles de la rangée interne sont très-petites et fort irrégulières ; elles n'occu-
pent que les espaces intermédiaires entre les dents des rangées principales. Ces caractères suf-
fisent pour distinguer cette espèce de toutes ses congénères.
J'emprunte ma figure à l'ouvrage de M. Phillipps sur le Yorkshire. C'est un fossile de
l'argile de Speeton.
— 235 —
XIV. GvBODirs ANGusTus Agass. •
Vol. 2, Tab. 660, fig. l/i et 15.
Les dents de cette espèce ne ressemblent à aucune de celles que nous avons décrites ci-
dessus. Elles sont ellij>tiques , un peu élargies au milieu, et rélrécies aux extrémités. Le som-
met de la dent est marqué d'un sillon distinct; mais le sillon annulaire est à peine distinct, si
même il existe. La forme allongée des dents de fig. 15 et leur position oblique ne permettent
pas de douter qu'elles ne proviennent de la mâchoire inférieure. Les dents de fig. ^k n'ont
pas tout-à-fait la même apparence ; aussi n'est-ce pas sans quelque doute que je les rapporte
à la même espèce. Elles sont moins régulières, et plutôt longitudinales qu'obliques ; mais te
sommet de la couronne présente le sillon caractéristique des Gyrodus.
C'est une espèce propre à la craie ; les originaux de mes figures se trouvent dans la collec-
tion de M. Wcekes , et m'ont été communiqués par M. Mantell.
XV. Gyrodus rugulosus Agass.
Vol. 2, Tab. 69a, fig. 16.
Je ne connais celte espèce que par une seule dent ; mais sa structure est si particulière que
je n'hésite pas à en faire le type d'une espèce à part. Non seulement sa couronne est marquée
d"im large et profond sillon qui la divise en deux anneaux concentriques saillans (fig. 16") ;
ces anneaux sont encore entamés par un grand nombre de petits sillons transverses qui en
rendent la surface très-rugueuse. La face inférieure montre distinctement la soudure de la
racine, qui est beaucoup plus étroite que la dent même.
L'original se trouve dans la collection du musée de Prague , et provient , selon toute appa-
rence , du grès vert de Ratisbonne.
Fig. 16 le montre de grandeur naturelle ; fig. 16' le représente grossi de profil ; fig. 16"
par la face supérieure, et fig. 16'' par la face inférieure.
XVI. Gyrodus Munsteri Asass.
S"^
Vol. 2, Tab. 69a, fig. 17.
Comme la précédente , cette espèce ne m'est connue que par une seule dent ; mais elle est
d'une structure si particulière, que je la crois différente de toutes celles que nous avons dé-
crites jusqu'ici. Outre le sillon annulaire, qui est propre à tous les Gyrodus et qui sépare la
circonférence du centre, il existe, au sommet de la couronne, un second sillon également
annulaire, de manière que la surface de la dent se trouve divisée en trois anneaux concenlri-
_ 236 —
ques. Chacun de ces anneaux est marqué de petites crénelures ou impressions transversales
et rayonnantes qui donnent à 4a couronne une apparence sculptée très-remarquable.
Cette jolie dent m'a été communiquée par M. le comte de Miinster, à qui je me fais un
plaisir de dédier l'espèce. Elle provient du grès vert de Ratisbonne. La fig. 17 la représente
légèrement grossie pour mieux faire voir les détails de la surface.
XVII. Gyrodus runcinatus Agass.
Vol. 2, Tab. 69a, fig. 19.
J'appelle de ce nom une dent de très-grande taille , ayant plus d'un demi-pouce de long sur
un tiers de pouce de large. Le sillon annulaire de la couronne est très-évasé, comme le
montre la fig. 19". On remarque en outre au sommet de la couronne un sillon longitudinal
très-distinct qui ne se retrouve pas dans les autres Gyrodus , et que j'envisage par conséquent
comme caractéristique de celte espèce. La dent est au reste plate , plus large et plus renflée
d'un côté que de l'autre.
Je ne connais encore que l'exemplaire figuré , ensorte que je ne puis dire quelle était la
disposition des dents sur la mâchoire , et si c'est au Gyrodus ou à quelque autre genre de la
famille des Pycnodontes qu'il faut le rapporter.
L'original appartient au musée de Stuttgart. Le gisement en est inconnu.
La fig. 19 représente le contour du profil longitudinal; fig. 19'^ le contour du profil
transversal.
Les espèces qu'il reste à décrire sont les suivantes :
1° Gyrodus analis Agass. Feuiil. p. 18. De Kelheim. Musée de Prague.
2° Gyrodus circularis Agass. Feuiil. p. 18. De Solenhofen. Musée de Munich et collection
de M. le comte de Miinster.
3° Gyrodus platurus Agass. Feuiil. p. 16. De Solenhofen.
k° Gyrodus pitinctatissimus Agass. Feuiil. p. 18. De Kelheim.
5° Gyrodus rhomroidalts Agass. Feuiil. p. 18. (Sphaerodus rhomboidalis. — Microdon gi-
gas). Grand exemplaire de Solenhofen. Musée de Munich.
6° Gyrodus macropterus Agass. Feuiil. 18. De Kelheim.
7° Gyrodtts MAMMiLLARis Agass. Tab. 73a, fig. 1 et 2. Sous le nom de Sphœrodus mam-
tnillaris, sous lequel j'avais confondu deux espèces, le Lepidotut Mantellii (les dents) et le Gy-
rodus qui figure ici.
8° Gyrodus OtIrrosus Miinst. Espèce inédite de la collection de M. le comte de Miinster.
9° Gyrodus perlatus Agass. Il existe dans les collections de lord Enniskillen et de sir Phi-
Ijpp Egerton des écailles détachées d'une grande espèce de Gyrodus de Stonesfield , caractéri-
sées par les petits tubercules perlés, dont elles sont ornées à leur surface.
— ^27)7 —
M. le comte de Mûnsler a déjà décrit une espèce de ce genre, de Kelheini , sons le non» de
Gyrodus gracilis, dans ses Beytr. 3" livr. , j). 128 , Tab. 8 , f. 2.
Parmi les débris du Muschelkalk , que MM. Mougeol et Hogard nj'ont confiés, jai reconnu
des indices d'un nouveau genre de Pycnodontes , auquel je donne le nom de Colobodus Ho-
gardi. Ce sont des plaques de dents très-serrées, disposées en pavés irréguliers. Par leur taille
elles tiennent le milieu entre les Microdon et les Spliferodus. De forme arrondie et cylindracées
vers la base,- les dents ont leur couronne renflée en forme de massue , et sur le milieu de la
couronne s'élève encore un petit mammelon tronqué, ce qui a valu à ce genre son nom de Co-
lobodus. Toute la surface des dents est finement striée verticalement.
H se pourrait que certains fragmens de dents que l'on trouve dans des brèches osseuses des
terrains siluriens d'Angleterre provinssent de Pycnodontes ; mais pour les déterminer rigou-
reusement, il faudrait les examiner au microscope, ce que je n'ai pas encore eu le loisir
de faire.
Le genre Pisodus de M. Owen me paraît aussi appartenir à cette famille.
238 —
CHAPITRE ^/n\.
DU GENRE PHYLLODUS Agass.
On trbuve dans les dépôts tertiaires , et notamment dans l'argile de Londres , des plaques
dentaires de poissons qui méritent une attention toute particulière, à cause de la structure
feuilletée des dents qu'elles portent , et que je désigne , pour cette raison , sous le nom de
PhijUodus. A ne considérer que la forme des dents qui garnissent ces plaques et la manière
dont elles sont disposées par séries, on croirait avoir à faire à de vrais Pycnodus. Il y a au
milieu une rangée de grandes dents allongées transversalement, qui vont en diminuant de
grandeur de dehors en dedans , et qui sont entourées de chaque côté de plusieurs séries
de petites dents plus ou moins arrondies. Les dents principales ne sont pas toutes égales ; les
plus grandes occupent ordinairement le milieu de la plaque , qui , dans certains exemplaires ,
est concave, dans d'autres, convexe. Les plaques concaves me paraissent appartenir à l'os hyoïde,
les convexes au vomer. Mais ce qu'il y a de vraiment extraordinaire , c'est que ces mêmes
dents, au lieu d'être d'une seule pièce, comme chez les Pycnodus, sont composées d'une
série de quatre à huit et dix lames superposées qui n'ont guère qu'un quart de ligne d'épais-
seur, et qui se remplacent successivement à mesure que la supérieure s'use par la mastication.
En présence d'une structure si extraordinaire, il est fort difficile de dire à quelle famille ce
curieux genre appartient , d'autant plus qu'on ne connaît encore aucun débri du squelette.
M. Owen, dans son Odontographie, envisage ces dents comme des dents pharyngiennes de
poissons voisins des Scares , et il fonde ce rapprochement sur la structure microscopique , qui
est fort semblable. Cependant la position des lames dont ces plaques sont composées n'est pas
la même que celle des dents pharyngiennes des Scares. Dans le genre Phyllodus, les lames
sont empilées verticalement les unes sur les autres et offrent toute leur surface extérieure à
la mastication , tandis que dans les dents pharyngiennes des Scares la couronne est plus ou
moins tranchante.
Cela posé , nous admettons , d'après l'analogie des genres ci-dessus décrits , que la partie
rétrécie du palais indique le devant, et la partie élargie l'arrière. Jusqu'ici tous les exem-
plaires qu'on connaît de ce singulier type sont des palais entiers ; je n'ai pas encore vu de
dent isolée.
— 239 —
1. PnvLLouiis TOLiAPiciis Agass.
Vol. 2, Tab. 69«, %. 1-5.
Cette espèce se distingue par plusieurs caractères faciles à saisir ; d'abord le nombre dos
grandes dents est moins considérable que dans, aucune autre espèce, puisqu'il n'y en a que
trois; encore la première est-elle très-petite dans notre exemplaire (fig. i). Derrière la se-
conde , qui est la plus grande , il y a trois dents de moyenne taille et de forme presque carrée,
qu'on dirait être une dent principale divisée en trois parties. Les dents secondaires sont très-
irrégulières et ont des dimensions variables. La rangée secondaire, qui entoure immédiate-
ment les dents principales, est composée de dents assez grandes, de forme carrée et plus ou
moins allongées. Les dents de la deuxième rangée secondaire ou de la rangée marginale sont
beaucoup plus petites ; aussi leur nonjbre est-il beaucoup plus considérable (fig. 2).
La face interne a un aspect fort différent de celui de la face externe. La disposition gé-
nérale des dents y est sans doute la même; mais les différentes dents, au lieu d'être con-
vexes, sont ordinairement concaves, et surtout elles n'ont pas le poli de la couronne.
Le nom spécifique de cette espèce indique que c'est à Sheppy qu'elle se trouve. L'exem-
plaire figuré se trouve dans la collection de M. le D"^ Buckland ; il en existe un second dans la
collection de lord Enniskillen.
II. Phyllodus planus Agass.
Vol. 2, Tab. 69a, fig. 4 et S.
Cette espèce n'est ni renflée comme le Phyll. toiiapicus, ni déprimée comme lePhyll. mar-
yinalis . elle est, au contraire, à-peu-près plane. Le vomer n'est pas conservé en entier ; mais
l'on peut néanmoins conclure des rapports qui existent entre les dents secondaires et les dents
principales, que c'est du Phyll. toiiapicus qu'elle se rapproche le plus. Nous avons ici deux
dents principales médianes allongées (fig. k), et en arrière deux dents carrées de moyenne
grandeur qui représentent ensemble une troisième dent principale. Or, comme la même dis-
position se retrouve à la iace inférieure (fig. S), nous avons dans ce fait la preuve que ce n'est
point une brisure accidentelle, puisqu'elle prévaut dans toutes les lames superposées. Quant
aux dents secondaires, il n'y a que la première rangée qui soit conservée, et encore ne se
voit-elle que sur les côtés. Les différentes dents ont des dimensions variables ; la plupart sont
circulaires ou subcirculaires ; mais comme elles ne s'usent pas d'une manière uniforme , il
en résulte que leur contour, ainsi que celui des dents principales, est parfois peu précis, sui-
vant que les dents de remplacement percent d'une manière plus ou moins égalé. C'est de cette
manière qu'il faut s'expliquer les contours en partie diffus de la face extérieure (fig. U). Il en
est tout autrement de la face interne , où les contours sont beaucoup plus arrêtés.
— no —
Cette espèce est également propre à l'argile de Londres de Sheppy- L'original se trouve
dans la collection de M. Buckland.
IIL Phyllodus polyodus Agass.
Vol. 2,Tab, 69a, lig. 6 et 7.
Le caractère saillant de cette espèce consiste dans un très-grand nombre de dents secon-
daires qui lui ont valu le nom spécifique ci-dessus. C'est surtout au bord postérieur qu'elles
sont accumulées en grande quantité ; mais leur forme ainsi que leur disposition n'ont rien de
bien régulier. Les dents principales, au nombre de quatre, sont allongées et proportionnel-
lement plus grêles que dans les autres espèces , surtout la dernière , qui est en même temps
un peu arquée en avant. La première, en revanche, est beaucoup plus petite que les autres ;
c'est 4a troisième qui est la plus grande.
La face inférieure (fig. 7) , tout en présentant la même disposition générale des dents, a
cependant un aspect différent. Les dents y paraissent en général plus régulières , ce qui pro-
vient, comme nous l'avons dit ci-dessus, de ce que n'étant point sujettes à s'user, elles con-
servent toujours leurs rapports primitifs. Ce qui mérite d'être signalé dans notre espèce , c'est
que la première rangée secondaire, qui entoure immédiatement les dents principales, est
composée de dents plus régulières. La face supérieure est en outre légèrement bombée, sur-
tout vers le bord antérieur. La face inférieure est à-peu-près plane.
De l'argile de Londres, de Sheppy. L'original se trouve dans la collection de M. le D"^ Buck-
land. Il en existe un second non moins parfait dans la collection de M. Bowerbank.
Je rapporte à cette espèce les figures que M. Owen a données dans son Odontographie.
IV. Phyllodus marginalis Agass.
Vol. 2, Tab. 69a, fig. 8 et 9.
Cette espèce se distingue des trois précédentes par son contour anguleux ; le bord posté-
rieur se termine en une pointe très-prononcée qui, au" lieu d'être tapissée de petites dents
irrégulières, laisse, au contraire, apercevoir les bords successifs des différentes dents super-
posées. Les dents principales sont au nombre de six; la «luatrième. qui occupe le milieu du
vomer, est à la fois la plus allongée et la plus large ; les autres vont en se rétrécissant insen-
siblement en avant et en arrière. Les postérieures ont en outre cela de particulier, qu'elles
s'arquent plus ou moins en avant. Les dents secondaires sont toutes arrondies , tantôt circu-
laires, tantôt elliptiques ; les externes sont les plus petites. La face inférieure diffère notable-
ment de la face supérieure. Les dents y sont en général plus larges , surtout la dernière des
dents principales, qui occupe au moins la place de deux dents de la face supérieure, et leur
— 2^11 —
surface , au lieu d'être polio par l'usure . est , au coiilraire , unie el d'apparence {)()intlllée ;
les sutures sont en saillie. Cette surface est en outre bombée, tandis que la face extérieure
est concave.
C'est encore une espèce de I "argile de Londres. deSheppy. Elle ne m'est conmie (pie par
un seul exemplaire qui fait partie de la collection de M. le D"^ Buckland.
Je décrirai une autre fois deux espèces nouvelles de ce genre , qui proviennent également
de Sheppy. et que j'ai désignées dans mes notes sous les noms de 1° Phyllodus ibregxtla.ris
et 2° de Ph. médius.
Toti. II, 1' Part. 31
2^2
CHAPITRE IX.
DE LA STRllCTUllE DES DENTS DES PYCNODOiVTES.
Les dents des Pycnodontes ont une structure assez uniforme. Nous avons déjà vu que par
leur forme extérieure, elles ressemblent fort aux dents des poissons cartilagineux broyeurs. Ce
sont comme les dents des Cestraciontes des plaques plus ou moins larges , arrondies, à sur-
faces planes . très-propres à réduire des alimens contenus dans des enveloppes dures , telles
que des carapaces de Crustacés et des coquillages de Mollusques; mais ce qui les distingue
d'une manière tranchée, c'est qu'elles sont complètement dépourvues de ces racines larges et
planes, à réseaux médullaires compliqués, du milieu desquels s'élèvent des canaux ascendans
droits, entourés de tubes calcifères disposés en panache (voy. vol. III , p.lS9 et suiv.). Les
dents des Pycnodontes sont disposées d'après un tout autre plan. Elles forment une voûte
plus ou moins bombée de dentine épaisse et dure, avec une seule cavité centrale dont les con-
tours répètent ceux de la dent elle-même. Des tubes calcifères minces , mais très-serrés, tra-
versent la dentine , se dirigeant à angle droit vers la surface de la dent. Ces tubes, ramifiés
à la manière des peupliers d'Italie, ont leurs branches parallèles au tronc et, comme la déjà
fait remarquer M. Owen , c'est dans cette disposition des tubes calcifères que réside un des
principaux caractères qui distinguent les dents des Lépidotus de celles des Pycnodontes. Chez
les Lépidotus , les dernières branches des tubes calcifères sont contournées en sens divers ,
et même souvent recourbées vers la base de la dent, tandis que, chez les Pycnodontes, elles
sont toujours droites et ne se croisent pas.
Les genres Pymodus (Vol. I,Tab. J.fig. i), Sphœrodm , (fig. 2) et Gyrodus (fig. 3) se res-
semblent tellement dans leur structure qu'il est inutile de les décrire séparément. Le genre
Microdon participe, d'après M. Ovvcn , à la même structure. Chaque dent forme un capuchon
creux, appliqué sur la moelle de la pulpe et divisé en deux couches de dentine distinctes, qui
sentourent Tune l'autre. La couche interne qui forme le noyau , est jaune ou brunâtre , et
se sépare assez facilement de l'autre. Dans le genre Sphserodus surtout, cette séparation s'o-
père si facilement , (ju'il y a beaucoup d'espèces dont nous ne connaissons que le capuchon
qui est formé par la couche externe , tandis que le noyau de la couche interne est inconnu.
Dans les Gyrodus et surtout dans les Pycnodus, les deux couches s'isolent meins facilement.
La couche interne se caractérise , outre sa couleur, par des tubes calcifères beaucoup plus
— 243 —
gros et peu ramifiés qui se continuent dans les tubes plus déliés et plus ramifiés de la couche
externe, où ils se terminent par des ramules excessivement fines. Les aspérités de la surface des
Gyrodus ne dépendent que de la couche externe. Il n'existe point d'émail particulier aucpiel
ces ornemens pourraient être attribués.
Le genre Periodus est d'une structure assez différente de celle que nous venons de signaler.
Cette structure consiste en un noyau de dentine parcouru par des canaux médullaires assez
grands, disposés en réseaux, qui vus sur une coupe, ressemblent à des étoiles, comnumiquant
entre elles. De ces réseaux partent des canaux vermiformes beaucoup plus minces et anasto-
mosés nombre de fois. Les tubes calcifères de la dentine sont excessivement minces et ser-
rés; il partent des grands canaux médullaires et présentent un tissu inextricable, d'un aspect
velouté. Les rebords saillans, qui caractérisent le genre Periodus, sont formés par une den-
tine plus solide et sans canaux médullaires. On voit une colonne de cette dentine plus com-
pacte dans la coupe longitudinale de fig. 5.
Les Phylloclus enfin présentent aussi une structure particulière. Les lames horizontales de
dentine compacte , dont sont formées ces singulières dents, sont séparées par des couches de
tissu osseux, d'un diamètre presque égal aux lames de dentine, et dans lesquelles se trouvent
des canaux médullaires. Les tubes calcifères des lames de dentine ressemblent à ceux des
Periodus ; ils sont très-fins et serrés. Cette structure des différentes lames milite sans doute
en faveur de l'opinion de M. Owen , qui voit dans ces appareils des plaques de dents pharyn-
giennes , semblables à celles des Scares ; mais leur horizontalité et leur superposition les en
éloigne d'un autre côté et me font penser que c'est plutôt des Pycnodontes qu'il faut les rap-
procher.
Fig. i, coupe longitudinale d'une dent de Pyctiodus Gigas ; Fig. 2, une coupe pareille de
Sphœrodus Gigas; Fig. 3, coupe verticale de Gyrodus rhomboidalis; Fig. k, coupe horizon-
tale, et fig. .^ , coupe verticale de Periodus Kœnigii; Fig. 6 , coupe verticale de Phyllodus
toliapicus.
244 —
Tableau synoptique de la famille des Pycnodontes ,
RANGÉS PAR ORDRE DES TERRAINS.
Zechstein.
Glohulodns eletjans. v. Miinst. — Zechstein.
Terrains triasiques.
* Pycnodiis prisais. — Keuper ; Taebingen (Wurtemberg).
Sphœrodi(s anmitaris. — Keuper; Taebingen.
* » minimus. — Brèches coprolitiques de Taebingen (Wurtemberg).
Placodus (jigas. — Muschelkalk ; Laineck près de Bamberg , Lunéville.
» Jndriani Mùnst. — Muschelkalk; Bamberg.
» Mïïnsteri. — Muschelkalk de Bamberg en Bavière et d'Esperstaedt près de Quer-
furt (Thuringe).
» ros<ro<MS Miinst. — Muschelkalk ; Laineck
» impressus. — Grès bigarré ; Deux-Ponts (Bavière rhénane).
*Colobodm Hoyardi. — Muschelkalk; Lunéville.
• Lias.
* Sphœrodus microdon. — De Lyme-Regis.
Terrains j ur assiques .
Pijcnodus rhombus. — Etage inconnu. Torre d'Orlando.
» gigos. — Portlandien de Suisse et d'Allemagne,
» Nicoleti. — Portlandien de Neuchâtel.
» Bucklandi. — Calcaire de Stonesfield.
» didymits. — Calcaire de Stonesfield.
» rugxdosus. — Oolite sableuse de Sulgrave et Culworth (Northamptonshire).
» umbonatus. — Forest-Marble ?
» ovalis. — Calcaire de Stonesfield.
» Hugii. — Portlandien de Soleure.
» MantelU. — Forêt de Tilgate (Jura supérieur) .
* s latirostris. — Oolite de Stonesfield.
* » obtusus. — Oolite de Stonesfield.
— nn —
*Pycnodus pannts. — Oolite de StonesHeld.
* » tristijchius, — Oolite ; probablement de Stonesfîeld.
* » biserialis. — Oolite de Little Gibraltar près d'Oxford.
* » trigonus. — De Stonesfield.
* » lafidens. — Portlandien de Soleure.
* » diacoides. — Oolite de Little Gibraltar près d'Oxford.
» gracilis Miinst. — Coral-rag de Hoheneggelsen près de Hildesheim et du Lin-
denberg (Hanovre).
» minutus Mûnst. — Coral-rag des mêmes localités.
Gyronchus oblomjus. — Calcaire de Stonesfield.
Scfobodus subo^atiis Miinst. — Cale, lithographique de'Solenhofen .
Microdon elegans. — Cale, de Solenhofen.
» hexagonus. — Cale, de Solenhofen.
» analis. — Cale, de Solenhofen.
♦ » radiatus. — Cale, de Purbeck.
" » abdominalis. — Cale, de Solenhofen.
^ » platurus. — Cale, de Solenhofen. ;
Sphœrodus gigas. — Argile de Kimmeridge.
» minor. — De Stonesfîeld.
Gyrodus macrophthalmus. — Cale, de Kehlheim.
» frontatîts. — Cale, de Kehlheim.
» rugosus. — Cale, de Kehlheim.
» umbilicus. — Oolite de Durrheim.
» jurassiens. — Portlandien de Soleure.
»■ Cuvieri. — Boulogne-sur-Mer et Landfont près Weymouth.
» punctatus. — Oolite de Malton.
» trigonus. — Cale, de Stonesfield.
» radiatus. — Cale, de Caen.
» Mantelli. — Forêt de Tilgate.
» gfrao«7/s Miinst. — Calcaire de Kehlheim
» analis. — Cale, de Kehlheim.
» circularis. — Cale, de Solenhofen.
» platurus. — Cale, de Solenhofen.
» punctatissimus. — Cale, de Kehlheim.
« rhomboidalis. — Cale, de Solenhofen.
» macropterus. — De Kehlheim,
» perlatus. — Stonesfield.
» gibbosus Miinst. — Kehlheim.
— 246 —
Tf,rrains crétacés.
Pj/cnodus Mûnsteri. — Grès vert de Ratisbonne.
» cotnplanatus. — Grès vert de Ratisbonne.
» subclavatus. — Craie de Maastricht.
» cretaceus. — Craie de Kent.
'' » angustus. — Craie de Kent.
■ » elongatus. — Craie de Lewes.
^ » depressus. — Grès vert; Gand et Ratisbonne.
•^ » marginalis. — Craie de Kent.
^ » Couloni. — Pierre jaune de Neuchàtei.
*■ « minor. — Argile de Speeton.
Acrotemnus Faba. — Craie de Kent.
Sphœrodus crasstis. — Craie de Maestricht.
» mitrula. — Grès vert de Ratisbonne.
* » neoconiensis. — Pierre jaune de Neuchâtel.
Gyrodus cretaceus. — Craie de Lewes.
■A angustus. — Craie de Maidstone.
» rugulosus. — Grès vert de Ratisbonne ?
» Mûnsteri. — Grès vert de Ratisbonne.
» minor. — Argile de Speeton.
* » mammillaris. — Craie de Kent.
Calcaire de Monte-Bolca.
Pycnodus Platesstis. — Monte-Bolca.
» orbicularis . — Monte-Bolca .
Terrains tertiaires. «
Pycnodus toliapicus. — Argile de Londres, Sheppy.
Periodus Kônigii. — Argile de Londres, Sheppy.
Sphœrodus lens. — Terrains tertiaires d'Osnabruck.
» irregularis. Terrains tertiaires d'OElingen (OElingerberg).
» parvus. — Terrains tertiaires de Cassel.
» cinctus. — Calcaire grossier de Styrie.
» truncatîis. — Terrains tertiaires d'Osnabruck.
Gyrodus lœvior. — Argile de Londres, Sheppy.
PhyUodus toliapicus. — Argile de Londres, Sheppy.
» planus. — Argile de Londres , Sheppy.
» polyodus. — Argile de Londres , Sheppy.
_ 247 —
Phyllodiis inuryiiialiii. — Argile de Londres, Sheppy.
* » irreyulaiis. — Argile de Londres, Shcppy.
* » tnedius. — Argile de Londres , Shcppy.
Pisodus Oicenii. — Argile de Londres . Sheppy.
Espèces dont le liiSEMENT i;st INCON^u ou douteux.
Sphœrodus depressus. — - Salzbourg.
» disctis. — Aigarves en Portugal.
» couicus. — Ile de Ceyian.
« oculus serpentis. — Aigarves en Portugal.
Gyrodnii runcinatus. — ?
— 248 —
DE LA FAMILLE DES SCLERODERMES.
CHAPITRE I.
DES SCLERODERMES EIV GÉIVÉRAL.
Il existe entre les Sclérodermes et les Gymiiodontes des rapports si intimes, que l'on pour-
rait être tenté de les réunir en une seule famille , à laquelle le nom de Plectognathes , que
Cuvier a donné à l'Ordre entier, conviendrait parfaitement bien. Ces poissons ont en effet des
sutures plus intimes entre les os de la tête que la plupart des autres types de la Classe : les
articulations mobiles qui existent entre les appareils solides de la tête sont moins nombreuses ,
et moins lâches , et ce qui est surtout digne de remarque , c'est que l'arcade palatine est
immobile. Un autre trait qui leur est propre, c'est que leur squelette, quoique osseux,
a peu de consistance et ne se consolide que fort tard , que plusieurs vertèbres adjacentes de
différentes régions du corps se confondent en une seule masse , et que toutes les apophyses
épineuses supérieures sont intimement réunies. Cependant je n'envisage pas moins ces deux
groupes comme des familles distinctes , à cause des nombreuses particularités qui les carac-
térisent. Et d'abord , les Sclérodermes ont le museau saillant, armé d'un petit nombre de dents
en forme de ciseaux obliques , qui sont toutes distinctes les unes des autres , tandis que , chez
les Gymnodontes , les mâchoires sont revêtues d'une gaine d'ivoire formée de la réunion d'un
nombre plus ou moins considérable de dents qui se soudent intimement entre elles. Les té-
gumens présentent des différences non moins remarquables. Chez les Gymnodontes, les écailles
affectent la forme de véritables piquans disposés en quinconce sur tout le corps ; ce sont des
épines acérées , assez longues et mobiles , capables de se dresser ou de se coucher au gré du
poisson, comme ceux des Porc-épics, Chez les Sclérodermes, tout le corps est, en revanche,
recouvert de grosses écailles plates, en forme de plaques rhomboïdales ou polygonales, simple-
ment juxtaposées ou faiblement imbriquées. Celles de forme rhomboïdale sont disposées de
manière à paraître obliques au corps, c'est-à-dire que les angles saillans des losanges sont
dirigés vers le dos et vers le ventre , et que les bords forment tous des angles plus ou moins
aigus avec les contours du corps , tandis qu'il en est tout autrement chez les Lépidoïdes , les
— 2^0 —
Sauroïdes el les Pyciiodonles . dont les écailles ont leurs bords sensiblement parallèles aux
diamètres loiii»i(udinal et lrans^ersal du corps. Cette sorte d'antagonisme entre les Plectogna-
thes et les Ganoïdes fossiles des terrains anciens est un fait paléontologique des plus remar-
quables, qui est inscrit dans les registres de nos fossiles caractéristiques des terrains avec une
insistance qui frappera toujours plus, à mesure que l'étude des poissons fossiles se répan-
dra da> antage et que les résultats auxquels ces recherches ont conduit seront plus générale-
ment connus. En etïet, les Sclérodermes , les (iymnodontes et les Lophobranches , qui font
partie de l'ordre des Ganoïdes , n'ont commencé à exister qu'à l'époque de la déposition des
terrains crétacés et tertiaires, pour subsister jusqu'à nos jours, où ils ont encore d'assez nom-
breux représentans ; tandis que les Lépidoïdes, les Sauroïdes et les Pycnodonles ont disparu
successivement depuis l'époque crétacée, pour s'éteindre à-peu-près complètement dans l'épo-
que actuelle. Ainsi, il n'y a pas seulement ici un remplacement graduel et successif d'espèces
différentes à chaque époque ; nous avons encore (ce qui est bien autrement important pour la
question de l'immuabilité ou de la transformation des espèces) un changement d'organisation
tel dans les types qui se succèdent, que les différences qu'ils nous présentent constituent des
caractères de genres , de familles et même d'ordres.
La connaissance du squelette des espèces vivantes importe trop à la paléontologie pour que
je ne donne pas ici la description de celui d"un Baliste avant de passer à l'examen des genres
fossiles de la famille des Sclérodermes, que je connais maintenant.
Ce qui distingue surtout les Balistes (voir Tab.F, le squelette du Ba/istes capriscus), ce sont
les rayons épineux qu'ils portent en avant de la dorsale et qui se meuvent dans un appareil
très-singulier. Le bassin est réduit à une longue pièce impaire. Le cubitus s'étend jusqu'à l'ex-
trémité de l'humérus, comme dans le genre Vomer. Les rayons branchiostègues sont très-ar-
qués. Il existe un os particulier, propre à ce genre, qui va du bord postérieur de la mâchoire
inférieure au bord interne du préopercule. La queue de l'os hyoïde est échancrée en forme de
croissant à son bord postérieur. L'arcade palatine est triangulaire et très-solide ; les mâchoires
sont courtes et armées de grosses dents qui se remplacent par leur face inférieure. L'os palatin
est très-mobile. Tous les os du crâne sont intimement soudés ; mais ce qu'il y a de très-parti-
culier, c'est le prolongement excessif de l'ethmoïde en un long bec, au bout duquel se meut la
mâchoire supérieure. Cet os détermine en même temps une voûte très-arquée sur la lame per-
pendiculaire du sphénoïde , qui forme une paroi osseuse entre les deux côtés de la tète. Les
frontaux et l'occipital supérieur se terminent en arrière par une large facette articulaire, dans
laquelle l'appareil locomoteur de la première dorsale est engaîné. Cet appareil est proprement
une réunion de plusieurs osselets interapophysaires qui forment ensemble une gouttière suspen-
due entre l'occiput et la cinquième vertèbre abdominale, et dans laquelle sont articulés trois
rayons, chacun d'une manière particulière: le premier par un large gond, comme le sont tous
les rayons épineux des poissons osseux : le second rayon est enfourché sur la quille de la gout-
tière ; le troisième, beaucoup plus reculé, se meut sur un os particulier incliné d'avant en ar-
TOM. II. 2' Part. 32
— 250 —
l'ièi-e, et engrené entre l'extrémité postérieure de la gouttière dorsale et l'extrémité supérieure
de la cinquième apophyse épineuse. L'articulation du premier rayon épineux, au moyen d'une
facette articulaire nettement façonnée à cette destination , est le caractère le plus frappant qui
dislingue ces piquans de ceux des Cestraciontes fossiles , qui sont dépourvus de surfaces arti-
culaires , et que l'on a cependant envisagés , à tort, pendant assez long-temps , comme des
rayons de Balistes giganlesciues. Les osselets interapophysaires de la dorsale et de l'anale sont
également développés, larges et plats; ils forment dans leur réunion une plaque continue
entre les masses charnues des flancs. Les rayons de ces nageoires tiennent au bord de ces
plaques par l'intermédiaire d'une masse cartilagineuse, dans laquelle il ne se développe de
petits osselets articulaires que chez les individus très-vieux. Les vertèbres nuchales sont sou-
dées ; les abdominales sont plus courtes que les caudales, qui sont les plus grandes. Il existe
sur les vertèbres abdominales des apophyses transversales d'autant plus grandes et plus incli-
nées en arrière et «en bas, qu'elles sont plus reculées à leur extrémité. Les côtes sont assez
courtes et arrondies.
— 2Di —
CHAPITRE II.
DU GENRE ACANTHODERMA Agass
Ce genre appartient au type des Balistes, avec lesquels il a la plus grande analogie dans
la forme et les détails du squelette. Mais à côté de cela, le corps entier, ou plutôt son epi-
preinte, est criblée d'empreintes creuses qui ne peuvent avoir été produites que par des pointes
saillantes du système dermique. Je ne pense pas que c'étaient des piquans comme ceux des
Diodons , car dans ce cas on verrait quelque part des traces de l'empreinte de la base par la-
quelle ces épines sont ordinairement fixées. C'étaient bien plutôt des pointes surgissant de la
surface des écailles. La charpente du squelette est robuste ; les vertèbres sont en général grosses
et courtes ; les apophyses épineuses sont longues et vigoureuses, surtout les inférieures. La dispo-
sition des osselets interapophysaires rappelle aussi les Balistes. La cavité abdominale est grande,
et fermée par un os du bassin qui est très-vigoureux. La dorsale épineuse n'a qu'un seul grand
épineux ; la dorsale molle et l'anale sont composées de très-fins rayons , beaucoup plus nom-
breux que les apophyses. La caudale est grêle et composée de rayons articulés et dichotomés.
La tête est grande ; la dentition est encore inconnue.
C'est un genre propre aux schistes de Claris.
L ACANTHODERMA OVALE AgaSS.
Vol. 2,Tab. 75,fig. 3.
On reconnaît au premier coup d'oeil , dans cette espèce et dans la suivante , le type des
Balistes. Nous retrouvons ici tous les caractères ostéologiques que nous avons énumérés à l'ar-
ticle du genre. Une immense cavité abdominale bordée par un os du bassin très-vigoureux ;
une colonne vertébrale robuste , renflée en nœuds aux surfaces articulaires et portant des apo-
physes très-vigoureuses. On remarque surtout, à cause de leur grosseur, les apophyses infé-
rieures, qui s'étendent jusqu'au bord abdominal et qui sont d'autant plus distinctes, que les
osselets interapophysaires ont disparu. Les apophyses supérieures sont moins vigoureuses , et
toutes plus ou moins recourbées en arrière ; elles n'atteignent pas tout-à-fait le bord dorsal ,
— 2S2 —
et il y a entre chacune d'elles deux et quelquefois trois osselets interapophysaires. Quant aux
côtes, elles ne sont pas conservées. Le grand rayon épineux de la dorsale est long et robuste.
La caudale est la seule nageoire qui soit conservée dans notre exemplaire ; elle est assez pe-
tite , arrondie , composée de rayons grêles , au nombre d'environ quinze , supportés par des
processus particuliers très-fins de la dernière vertèbre. La tête, qui est très-grosse, occupe
plus du quart de la longueur. La gueule est profondément fendue, mais l'on n'y reconnaît au-
cun vestige des dents. La structure des tégumens est distinctement empreinte sur la roche ;
tout le corps, ainsi que la tête , étaient recouverts des mêmes aspérités.
Des schistes de Claris. L'original se trouve dans la collection du musée de Neuchàtel.
IL ACA^THODEEMA SPINOSUM AgaSS.
Vol. 2, Tab. 7d, lig. 4.
«
Cette espèce est beaucoup plus trapue que la précédente. La tête en particulier est beau-
coup plus petite, le profil du front est surtout plus incliné. La largeur du poisson est à sa lon-
gueur comme deux à trois. La cavité abdominale est , comme d'ordinaire , très-grande, et l'os
du bassin par conséquent fort long. La colonne vertébrale est composée de grosses vertèbres,
très-courtes , mais vigoureuses. Les apophyses ne s'étendent nulle part jusqu'au bord ventral
ou dorsal, niais elles n'en sont pas moins robustes. On remarque entre les apophyses supé-
rieures d'abord un osselet interapophysaire , et plus en arrière deux et même trois, qui de-
viennent de plus en plus grêles, à mesure qu'ils s'approchent de la caudale. Les apophyses
inférieures sont, comme d'ordinaire, plus vigoureuses que les supérieures; il y a, comme
au bord supérieur, plusieurs osselets interapophysaires entre chaque apophyse. La caudale est
petite; ses rayons, assez courts, sont très-distinctement articulés et plus gros que dans l'es-
pèce précédente. Les processus de la dernière vertèbre qui supportent cette nageoire sont
aussi plus courts et moins nombreux. Les os de la tête sont en partie conservés ; on remar-
que surtout l'opercule , qui est très-arqué et presque à angle droit. Les épines tégumentaires
ont laissé des empreintes distinctes sur le dos , entre les apophyses inférieures et surtout sur
la tête.
Des schistes de Claris. L'original se trouve dans la collection de lord Enniskillen et de sir
Philipp Egerton.
2SÔ —
CHAPITRE lll.
DU GENRE ACANTHOPLEÏIRUS Agass.
Ce genre est voisin, à certains égards, des Balisles , et notamment des espèces qui n'ont
qu'un rayon sur le dos. On y retrouve aussi l'os du bassin conformé à-peu-près de la même
manière et très-développé ; mais ce qui le distingue surtout , c'est, outre sa forme plus élan-
cée , la présence d'une forte épine aux ventrales, qui lui a valu le nom d'Acanthopleurus. Il
se rapproche aussi, à certains égards, des Triacanthus ; mais la tête est plus allongée. La
colonne vertébrale est composée de vertèbres de moyenne longueur portant des apophyses
courtes , mais fortes. Je n'ai pas remarqué d'osselets interapophysaires dans les exemplaires
que j'ai eu l'occasion d'examiner, mais je suppose qu'ils sont conformés comme dans les
Balisles. La peau était, selon toute apparence, recouverte d'aspérités qui ont laissé sur la
roche l'empreinte d'une fine granulation. Je ne connais encore qu'une espèce de ce genre,
dont je vais donner la description. Sir Philipp Egerton m'écrit qu'il croit pouvoir en distinguer
une seconde, provenant également de Claris, qu'il propose de nommer Ac. brens , mais que
je n'ai pas encore eu occasion d'examiner,
ACANTHOPLEURUS SEBRATUS AgaSS.
, Vol. 2,Tab. 75, %. 1 et 2.
La forme élancée de ce poisson en constitue le caractère spécifique. La tête est grande, apla-
tie ; le museau est large ; la gueule fendue obliquement de haut en bas. L'orbite est placée au
milieu du bord supérieur de la tète. Au bord postérieur, la tête est limitée par une empreinte
profonde qui provient sans doute d'une forte ceinture thoracique. Le grand épineux de la
dorsale est très-robuste, droit, ou très-légèrement arqué, et muni d'aspérités ou d'entailles à
son bord externe ou antérieur, ce qui a valu à cette espèce le nom de Je. serratm. Les petits
rayons qui lui succèdent sont très-grèles et beaucoup plus courts (fig. i). L'épine des ventralev
est de la même longueur que le grand épineux de la dorsale. L'os ou l'aiguillon du bassin a
à-peu-près la même forme et les mêmes dimensions. La cavité abdominale occupe ainsi pres-
que la moitié de la longueur du tronc. Les vertèbres sont allongées et renflées aux articula-
tions. Les apophyses supérieures s'étendent presque jusqu'au bord dorsal, et les inférieures
à-peu-près jusqu'au bord ventral. Quant aux côtes, le peu qu'il en reste prouve qu'elles étaient
— 2S/i —
égaleiiienl vigoureuses. De toutes les nageoires, la caudale est la moins bien conservée ; elle
est grêle, composée de rayons courts, peu nombreux, mais à-peu-prés égaux. La dorsale
molle paraît s'étendre tout le long du dos, et Tanale jusque versja caudale. Les pectorales
ne sont pas distinctes.
Les plaques qui portent ce poisson trahissent d'elles-mêmes leur origine ; elles proviennent
des schistes de Glaris , et se trouvent en la possession de sir Philipp Egerton et de lord En-
niskillen. Le musée de Neuchâtel en possède aussi des exemplaires.
J'ai changé le nom de Pleuracanthns que j'avais donné primitivement à ce genre , en celui
d'Àcanthopleurus, parce qu'il existe déjà un genre Pleuracanthus parmi les Ichthyodorulithes.
l_i >* ^''
CHAPITRE IV.
M] GENRE BLOCIIIUS Volta.
C'est un des genres les plus remarquables de la classe des poissons, et ses particularités
sont si frappantes, qu'on reconnaît au premier abord en lui un type à part, fort différent de
tous les genres connus ; aussi Volta , qui pensait que tous les poissons fossiles étaient des es-
pèces pétrifiées de notre époque, fut-il très-embarrassé loisqu'il s'agit de cette espèce, et ne
pouvant la rapporter à aucune espèce de la Méditerranée , il lui donna un nom particulier et
l'appela Blochius, du nom du célèbre ichthyologiste Bloch. On ne cormaît encore qu'une seule
espèce de ce genre que nous allons décrire en détail.
BlOCHIUS LONGIROSTRIS Volta.
Vol. 2, Tab. 44.
Syn. Blochiiis longiiostris Volta , lUiol. veron. , Tab. 12 et 70. — Synhranchus immaciilatiis Ut. ver. Tab. 55 , fig. 1 .
— • Eson Belone Fortis.
Ce qui frappe tout d abord dans ce poisson, c'est la longueur extraordinaire de son corps ,
auquel est attachée une tête avec un bec également très-allongé et fort grêle. Les rapports de
la longueur avec la largeur sont à-peu-prês les mêmes que dans notre Anguille commune. A
cet égard , il se rapproche du genre Belonostomus , que nous avons décrit ci-dessus. On pour-
rait même être tenté d'y voir une espèce de ce genre ; cependant il est à remarquer que dans
les Belonostomes les mâchoires, toutes grêles qu'elles sont, sont armées de dents très-acérées,
tandis qu'on ne remarque que des dents en bro.sse dans notre poisson . Ce n'est dès-lors point
un Sauroïde , et loin de l'associer au genre Belonostome , nous sommes obligés de le reporter
dans une toute autre famille , à cause de la nature et de la forme de ses écailles.
Une autre particularité, qui est en opposition directe avec le type des Sauroïdes, c'est la
forme de la colonne vertébrale, qui est composée de vertèbres très-longues et grêles. Quel-
ques-unes ont près d'un pouce de long, tandis que leur partie la plus renflée, près de la
face articulaire,, l'a guère que quelques lignes d'épaisseur. Les côtes sont de petites épines
— 256 —
assez grêles et fortement inclinées en arrière , qui sont attachées au milieu du corps des ver-
tèbres, et moins longues que ces derniers eux-mêmes. On en voit quelques traces dans les
deux exemplaires figurés. J'ai vainement cherché sur ces mêmes vertèbres des vestiges d'au-
tres appendices ; je n'ai trouvé aucune trace d'apophyses épineuses , ni sur les vertèbres
abdominales , ni sur les vertèbres caudales , ensorte que je suis réellement porté à croire que
ce poisson était dépourvu d'apophyses et n'avait que des arcs très-surbaissés autour de la
moelle épinière et des grands vaisseaux de la queue. Les rayons fort espacés qui régnent tout
le long du dos et sur la partie postérieure du bord inférieur, ne sont autres que des rayons de
nageoire ; d'où nous concluons que la dorsale s'étendait depuis la nuque jusque près de la cau-
dale , ne laissant libre qu'un très-petit espace en avant de la caudale. L'anale s'étendait de son
côté depuis la dernière vertèbre abdominale jusque près de la caudale. Il n'y a pas de rapports
numériques rigoureux entre ces rayons et les vertèbres ; en général, tout ce que l'on peut dire,
c'est qu'il y a trois rayons pour une vertèbre. Ce qui prouve du reste qu'ils sont indépendans
de ces dernières , c'est qu'ils s'étendent également sur la nuque , là où les vertèbres ont cessé
(Hg. 1). Il est encore à remarquer que tous ces rayons, ceux de la dorsale comme ceux de
l'anale sont indivis et cornés. Quant aux osselets interapophysaires, ils sont assez sembla-
bles aux côtes et inclinés comme celles-ci , mais avec cette différence, qu'ils n'atteignent pas
les vertèbres. Je ne les ai rencontrés que dans le petit exemplaire de fig. 2 , où ceux de l'anale
s'étendent même jusqu'à l'origine de la caudale. Avec ime dorsale et une anale pareilles on
ne devait guère s'attendre à une caudale haute et distinctement bilobée comme celle qui ter-
mine le corps de ce poisson. Il semble, de prime abord, qu'une nageoire continue et circu-
laire eût mieux convenu à un poisson aussi élancé que notre Blochius. Au lieu de cela, la
caudale est beaucoup plus large que longue , composée de rayons articulés et dichotomés ,
absolument comme chez les poissons les plus réguliers, mais avec cette particularité , que les
rayons, au lieu d'être supportés par les apophyses des vertèbres, sont fixés sur une plaque
large qui n'est autre que la dernière vertèbre aplatie. Le lobe inférieur est plus développé que
le lobe supérieur ; ses rayons sont à la fois plus gros et plus longs. Les articles des rayons
sont un peu plus longs que larges; ils s'étendaient jusqu'à l'origine de la nageoire. Chaque
rayon est en outre divisé nombre de fois, en particulier ceux du milieu de la caudale. Il
parait que c'était un poisson jugulaire; du moins retrouvons-nous, tout près de la tête, des
débris de deux sortes de nageoires, dont les unes, qui ont des rayons assez gros, me parais-
sent être les pectorales, tandis que les ventrales, situées au-dessous, avaient des rayons beau-
coup plus grêles et plus divisés (fig. 3).
La tête est la partie la plus renflée du corps, et l'on comprend qu'elle devait être robuste
pour servir d'appui à un bec aussi vigoureux. Les frontaux paraissent surtout être Irès-dé-
veloppés. L'appareil operculaire est également très-grand, et la ceinture thoracique robuste.
Les deux mâchoires sont d'égale longueur et d'égale épaisseur. L'orbite est de moyenne
grandeur.
— 2^)7 —
Tout le corps du poisson est revêtu d'écaillés éiuaillées qui ne laissent aucun doute sur leur
nature ganoïdale. C'est le même type de revêtement émaillé que nous avons rencontré dans
les familles précédentes. Aussi n'avons-nous pas hésité un instant à rapporter ce poisson à
l'ordre des Ganoïdes. Les écailles sont du reste rhoniboïdales sur quelque partie du corps
qu'on les examine, et il ne paraît pas qu'elles varient sensiblement de dimension, d'après les
différentes parties du corps , si Ion en excepte les écailles qui avoisinenl la base de la dorsale
et de l'anale et une rangée longitudinale le long du ventre , qui est formée d'écussons plus
gros que ceux des flancs. Il est en outre digne de remarque que les losanges des écailles ont
leurs angles saillans dirigés dans le sens des diamètres longitudinal et transversal du poisson ,
et que leurs bords ne sont nullement parallèles à ces axes , connue c'est le cas des Belonos-
tomes. Ce fait a été l'une des raisons qui m'ont engagé à éloigner le genre Blocliius de la fa-
mille des Sauro'ides et à le ranger parmi les Sclérodermes ; il me paraît même avoir quelque
analogie avec les Alutères les plus effilées. Les écailles ne s'étendent ni sur la caudale ni sur
aucune autre nageoire . mais sont limitées au tronc, comme c'est d'ailleurs généralement le
cas des Gano'îdes.
On connaît plusieurs exemplaires de cette espèce remarquable, d'où l'on peut conclure
qu'elle n'était pas excessivement rare à l'époque où se déposaient les terrains de Monte-Bolca.
L'exemplaire de fig. 3 a acquis une certaine réputation , à cause de la réunion accidentelle de
deux individus sur la même plaque , qui se touchent par les têtes ; et comme le plus petit est
dans le même plan que le grand , on en a conclu qu'ils avaient été pétrifiés au moment où le
grand saisissait le petit, et l'on en a tiré toutes sortes de conclusions sur la cause de la mort
de ces poissons. Je ne prétend pas nier d'une manière absolue la possibilité d'une pareille coïn-
cidence ; mais dans le cas particulier, je puis affirmer que ces deux exemplaires sont placés
l'un sur l'autre, et même que, loin de- s'emboîter, le petit déborde les mâchoires du grand.
Il y a plus encore, la cavité abdominale est si petite dans ce genre, que le plus grand exem-
plaire ne pourrait pas seulement contenir la tête du plus petit dans son ventre , et encore
moins l'avaler en entier.
L'espèce paraît propre au terrain de Monte-Bolca.
TOM. II. 2' Pakt. 33
258
CHAPITRE V.
DU GENRE DERCETIS Munst. et Agass.
J'ai donné, de concert avec M. le comte de Munster, ce nom à un type particulier de pois-
son de la craie , qui rentre , selon toute apparence , dans la famille des Sclérodermes de Cu-
vier. Tout le corps est allongé, et il en est de même de la tète, qui se prolonge en un bec
étroit. La mâchoire supérieure est un peu plus longue que l'inférieure ; toutes deux sont ar-
mées de dents coniques trés-élevées , qui alternent avec d'autres plus petites. La charpente
osseuse est composée de vertèbres robustes , plus longues que hautes , grêles au milieu et
três-renflées aux articulations. Les pectorales sont très-grandes ; les ventrales , três-rappro-
chées des pectorales, sont courtes et ne comptent qu'un petit nombre de rayons. La dorsale
occupe à-peu-près toute la ligne du dos , car elle connnence en avant des ventrales et s'étend
jusque près de l'origine de la caudale. L'anale a à-peu-près la moitié de la longueur de la
dorsale et finit au même point. La caudale est grêle et peu échancrée. A tous ces égards, ce
genre se rapproche évidemment du genre Blochms que nous venons de décrire. D'un
autre côté les flancs sont garnis de trois rangées de singuliers écussons , semblables à ceux des
Esturgeons, mais assez grands pour recouvrir toute la surface du corps. Ces écussons, en
forme de cœur de carte , sont osseux, granuleux à leur surface extérieure et surmontés d'une
saillie anguleuse au milieu.
On ne connaît jusqu'ici que deux espèces de ce genre, l'une et l'autre proviennent de la
craie.
\. Dercetis elongatus Agass.
Vol. 2, Tab. G6rt, fig. 1-8.
Quoiqu'on ne possède encore que des fragmens de cette espèce . on reconnaît cependant en
eux le vrai type du genre Dercetis , qui se trahit par ses vertèbres allongées , par sa tète ro-
buste, ses longues mâchoires, ses dents fines et acérées, et enfin par ses écailles ou écussons
osseux d'une structure particulière. J'ai représenté, dans les fig. \ et 2 , deux plaques mon-
trant chacune à-peu-près le squelette entier. On y reconnaît, entre autres, d'une manière
distincte, la structure de la colonne vertébrale, dont les vertèbres s'allongent insensiblement
— 2f)9 —
d'avant en arrière , tout en se rétrécissant au milieu , ce qui fait que tandis que les premièi-es
vertèbres abdominales sont à-peu-près cylindriques, les vertèbres caudales sont du double
plus longues et fortement échancrées au milieu. Les apophyses épineuses sont très-grèles. et
leur longueur ne dépasse guère celle des vertèbres. En revanche, on y découvre trois ran-
gées de crochets robustes qui ne sont autres que les écussons ou écailles des flancs. Vus à la
loupe, ils se présentent en face sous la forme de (ig. 6, et de profil comme fig. 7. Ce sont des
appendices de structure celluleuse, et il n'y a que le sommet du crochet qui soit parfaitement
lisse. La tète est à la fois grosse et longue, et la mâchoire supérieure dépasse un peu la mâ-
choire inférieure. Les dents sont très-serrées , mais d'inégale grandeur ; les plus grandes al-
ternent avec d'autres plus petites.
La fig. 3 représente un fragment de la partie antérieure du tronc, là où les écailles sont
encore courtes. Le bord dorsal est garni de quelques rayons qui frappent par leur grosseur.
La fig. k représente un fragment de la partie postérieure du tronc avec quelques vestiges
incomplets des nageoires.
Fig. 3 est une portion de la colonne vertébrale d'un grand individu qui avait au moins des
dimensions triples et quadruples de celui de fig. i et 2.
La fig. 8 enfin représente une vertèbre isolée avec ses apophyses. On reconnaît à la base
de ces dernières la même structure celluleuse qui caractérise la base des écussons.
Tous ces fragmens font partie de la collection de M. Mantell. Ils proviennent de la craie
blanche des environs de Lewes.
H. Dercetis scutatus Miinst. et Agass.
Il existe dans la collection de M. le comte de Miinster une espèce admirablement conservée,
de la craie de Weslphalie. On y reconnaît surtout bien la forme et la disposition des nageoires,
dont les rayons sont plus ou moins divisés. Ceux de la caudale et des pectorales le sont jus-
qu'à la base ; ceux de la dorsale et de l'anale seulement à leur extrémité. Les dents sont plus
grandes et plus effilées que dans le D. elouyatvs. Les écussons sont ridés à leur surface exté-
térieure, et lorsqu'on examine ces rides à la loupe, on trouve qu'elles sont composées de sé-
ries petites et grandes qui rayonnant du sinus postérieur de l'écaillé vers les flancs.
260 —
CHAPITRh: Yl.
DU GENRE RHINELLUS Agass.
Je place dans un genre particulier de la famille des Sclérodermes. un petit poisson du Liban
qui se dislingue par plusieurs caractères très-remarquables qui sont, entre autres, sa forme
très-allongée et son museau très-effilé. Le squelette est grêle ; les nageoires sont bien dévelop-
pées. J'ai trouvé, en combinant les fragmens que je possède, qu'il devait y avoir deux dor-
sales fort distantes, l'une près de la tête, l'autre près de la caudale ; cependant leur existence
sinmitanée n'est pas démontrée positivement , car il se pourrait que les divers fragmens que
j'ai examinés provinssent de deux poissons différens. La nageoire caudale est assez grande et
fourchue. Enfin, l'enveloppe légumentaire est garnie de trois séries de plaques ou d'écussons
qui rappellent ceux des Dercetis , et c'est ce qui m'a engagé à placer mon nouveau genre à
côté de ce dernier. Je dois néanmoins faire remarquer que ces écussons ne sont pas également
visibles sur tous les fragmens que j'ai eus à ma disposition ; c'est même cette circonstance qui
me fait encore douter de l'existence d'une double dorsale. Si le caractère tiré des écussons est
fondé et s'il existait réellement deux dorsales, le genre Rhinellus ne différerait du genre Derce-
tis que par l'arrangement des rayons du dos.
1. Rhinellus furcatus Agass.
Vol. 2, Tab. 38 6, tig. .5 et 6.
C'est jusqu'ici la seule espèce connue ; elle n'a guère que trois ou quatre pouces de long
sur deux ou trois lignes de large. C'est par conséquent un poisson très-élancé. La tête avec le
museau a environ un pouce de long. Ce dernier est excessivement effdé. Les deux njâchoires
sont, à ce qu'il parait, d'égale longueur. La colonne vertébrale est très-grêle, et il faut que
les vertèbres soient courtes , car les apophyses épineuses, quoique d'une finesse extrême , sont
très- rapprochées. Les pectorales sont de grandeur moyenne et composées d'une vingtaine de
rayons ; il en est de même des ventrales ; cependant elles sont sensiblement plus petites. La
première dorsale est un peu plus en arrière que les ventrales. Le fragment defig. 6 appartient-
— m —
ii réellement au même poisson ? Si cela est , la seconde dorsale , qui est la plus i^rande , est
fort éloignée de la première et compte une douzaine de rayons, tous articulés et légèrement
dicliotomés. à l'exception des premiers qui sont indivis. La caudale est bilobée , mais le lobe
supérieur est un peu plus grand que le lobe inférieur. La pédicule qui supporte cette na-
geoire est très-gréle. Les écussons tégumentaires sont disposés en trois rangées, dont l'une
au milieu . et deux autres au bord ; ils sont triangulaires et très-pointus.
C'est une espèce recueillie au Liban dans un terrain dont l'âge géologique n'est pas déter-
miné rigoureusement , mais qui appartient probablement à l'étage supérieur du Jura ou à l'é-
tage inférieur de la Craie. Les originaux de mes figures se trouvent dans la collection de
M. Amie . à Paris.
Je range aussi , mais provisoirement . dans le genre Rhinellus un poisson de Monte-Boica
que je n'ai pas eu occasion d'examiner moi-même , mais dont il existe une figure dans l'ich-
Ihvolithologie de \ érone , qui s'accorde assez bien quant à la forme générale avec les carac-
tères de l'espèce du Liban ; seulement le fossile de Monle-Boica n'a qu'une seule dorsale et sa
caudale est arrondie. Il se pourrait dès-lors qu'il fallût encore distinguer ce poisson comme un
genre à part. Je l'ai cependant inscrit dans mes notes sous le nom de
11. Rhinellus nasalis Agass.
SY>i. Pegasus lesiniformis Itt. ver. Tab, 39, fig. 1.— De Bl. Ich. p. 36.
Ce fossile est du petit nombre de ceux qui sont figurés dans VIttiolitologia veronese dont je
n'ai pas retrouvé l'original au Muséum de Paris.
— 262 —
CHAPITRE Vil.
DU GENRE OSTRACION Linn.
On connaît la singulière conformation des Ostracions ou Coffres, qui, au lieu d'écaillés,
sont revêtus d'une cuirasse osseuse divisée en compartimens plus ou moins réguliers , de ma-
nière qu'ils n'ont de mobile que la queue, les nageoires et la bouche. Leur squelette n'est
pas moins remarquable. Il est composé d'une substance moins ferme , quoique distinctement
libreuse , moins ossifiée , si je puis m'exprimer ainsi , en revanche plus poreuse , plus cartila-
gineuse que celle d'autres poissons , et qui parait contenir une quantité moins considérable
de phosphate et de carbonate de chaux. C'est assurément des Gymnodontes proprement dits , .
et non des Sclérodermes, comme le pense Cuvier, que ce singulier genre se rapproche le plus.
C'est ce que prouve le squelette entier et son affinité avec les Tetraodon et les Diodon , quoi-
que extérieurement le poisson en diffère par les dents et les tégumens. Cependant comme la
valeur relative de ces difïérens caractères n'a pas encore été suffisamment examinée , je laisse
encore provisoirement le genre Ostracion parmi les Sclérodermes.
Dans V Ostracion turrihis, le squelette est très-simple, composé de quinze vertèbres, bien dif-
férentes entre elles par leur conformation. La dernière est une large plaque tétragone, équi-
latérale , à l'extrémité de laquelle s'insère la caudale , qui est elle-même fort grande , quoique
composée de peu de rayons ; il y en a dix, dont l'externe de part et d'autre est simple et aussi
long que les internes, qui sont fendus très-profondément à plusieurs reprises, mais qui ne
sont articulés que de loin en loin. Les trois vertèbres suivantes, d'arrière en avant, sont très-
petites, presque entièrement cartilagineuses ; elles ont chacune, pour apophyse épineuse, une
petite lame courte, mais aussi large que la vertèbre est longue, et très-haute vers son bord
supérieur ; de plus , de part et d'autre , une crête latérale semblable à une apophyse transverse
dirigée en haut; une pareille crête se voit aussi sur la grande vertèbre qui suit. Du reste,
jusque vers la nuque, la colonne vertébrale est composée de vertèbres assez égales et plus lon-
gues que hautes. La région qui porte la dorsale présente plusieurs particularités dignes de
remarque : les apophyses transverses, qui forment de larges saillies obliques au bord infé-
rieur du corps des vertèbres, sont continues avec les apophyses épineuses, et forment exté-
rieurement une lame oblique à travers le corps des vertèbres ; elles ont laspect de lames super-
— 263 —
posées. Entre ces singulières apophyses, et intinienienl liés à elles, se trouvent les osselets
inlerapopliysaires , tloiil l'extrémité supérieure est renflée en massue, et l'inférieure dilatée laté-
ralement en minces lames. L'osselet postérieur est une large et grosse pièce sublétragone. Il en
est de même de l'anale , qui n'a du reste pas d'apophyses épineuses , et dont les longs osselets
antérieurs sont fort inclinés et disposés connue ceux de la dorsale. La ceinture thoracique
n'est composée que d'un large humérus, qui s'attache au masto'idien et au basilaire. Le cu-
bitus est également très-considérable et porte de petites pectorales. Les os de la tète sont en
partie très-réduits ; le crâne forme une petite boîte relevée de larges et fortes crêtes , une
longitudinale sur les frontaux, une transversale sur le frontal postérieur et le mastoïdien, une
autre transversale sur l'occipital externe. Les frontaux antérieurs forment également de larges
saillies. L'ethmo'ide est très-allongée et à son extrémité s'articulent les petites mâchoires supé-
rieures, composées de la réunion des maxillaires et des intermaxillaires. Les palatins sont arti-
culés avec l'ethmoïde. L'arcade palatine est très-développée ; elle forme une voûte avec le
crâne ; en revanche, l'opercule est très-réduit. L'os hyoïde est fort large et donne insertion
à cinq rayons branchiostègues. Les dents sont en ciseau , et comprimées latéralement.
OsTRAaoK MicRURUS Agass. •
Vol. 2,ïab. 7fi, fig.4-0.
SvN Ostracioii turritus Itt. vcr. Tab. 42, fig. 1. — Cyclopterus lumpus Ut. ver. Tab. 65, fig. 2. — Balistps dibiiis
De Blainv. Icli. p. 33. — Bronn lu. N" 14.
Celte espèce est la seule de ce genre qui soit connue à l'état fossile. Malgré le mauvais état
des deux plaques correspondantes du Musée de Paris , dont je donne ici les figures , on peut
cependant y reconnaître une partie des traits qui caractérisent les Ostracions , entre autres les
dents en ciseau, la petite dorsale, l'anale reculée, et la large plaque de la dernière vertèbre qui
porte la caudale. Cette nageoire est composée de douze (6 et 6) rayons très-courts , propor-
tionnellement à ce qu'ils sont dans d'autres espèces et profondément fourchus, à l'exception du
premier de chaque lobe , lequel paraît être simple. Les rayons de l'anale et de la dorsale sont
plus courts, mais également bifurques. II est probable que c'est à la nature peu consistante du
squelette qu'il faut attribuer le mauvais état de conservation dans lequel se trouvent nos
échantillons. D'un autre côté, la présence incontestable de plaques hexagones au lieu d'écaillés
est un caractère qui ne permet nullement de douter de l'identité du genre auquel nous rap-
portons notre poisson. Enfin un dernier trait, qui, bien que commun à plusieurs espèces,
pourra cependant servir à déterminer notre fossile , s'il est bien précisé , c'est la forme sub-
rhomboïde du corps, relevé sur le dos en forme de pyramide, et le fait que chaque plaque pa-
raît surmontée dans son milieu d'une épine, plus ou moins accusée et dont celle qui couronne
— 264 —
le dos et la plus saillante. Les plaques hexagones ne paraissent pas être parfaitement régu-
lières ; les côtés supérieur et antérieur sont d'ordinaire les plus grands, de même que les pla-
ques qui revêtent la région supérieure et antérieure du corps . sont plus grandes que celles des
régions inférieure et postérieure.
L'espèce est propre au terrain de Monte Bolca.
M. Konig a déposé au Musée britannique la tête d'un grand poisson de Sheppy, auquel il
a donné le nom d'Ephippus Owenii et qui doit être envisagé , à mon avis , comme le type d'un
genre nouveau de la famille des Sclérodermes. Je crois même que ce genre , pour lecjuel je
propose le nom de Glyptocephalus, est très-voisin des Balistes. Il s'en rapproche du moins par
la forme de son crâne , mais les ornemens dont il est couvert diffèrent. Ce sont des tubercules
distincts , disposés en séries régulières qui rayonnent du centre d'accroissement de chaque os
vers ses bords. Je ne connais encore qu'une seule espèce de ce genre, à laquelle j'ai donné le
nom de Gl. radiatus . à cause de l'arrangement des ornemens du crâne.
— 265 —
CHAPITRE Vin.
DE LA STRUCTURE DES ÉCAILLES ET DES DENIS DE LA FAMILLE DES SCLËRODERHES.
Les deux principaux genres de la famille des Sclérodermes, les Coffres et les Balisles, diffè-
rent à tel point, quant à la structure des écailles et des dents, qu'il est impossible de leur
trouver un caractère commun.
IjCS écailles des Coffres sont des plaques, en général hexagonales, soudées ensemble au
moyen d'un tissu fibreux si serré, qu'il est très-difficile de les dégager. Pour en bien con-
naître la structure, il faut examiner des poissons conservés à l'esprit de vin; car dans les
exemplaires séchés , la couche inférieure de l'écaillé est trop raccornie et son tissu est rendu
par là méconnaissable. L'écaillé elle-même est composée de deux couches de substance fort
distincte. La couche supérieure est dure, cassante, semi-transparente, et formée par une den-
tine très-nettement caractérisée. On y reconnaît les mêmes tubes calcifères fins et ramifiés qui
existent dans les dents , et c'est surtout dans les bosses ou collicules dont les écailles sont sou-
vent ornées que ces tubes sont le plus distincts. Ils rayonnent depuis la base de l'écaillé vers
la surface. A la surface de l'écaillé est étendue une membrane mince et très-délicate qu'ali-
mentent des vaisseaux sanguins qui traversent la couche de dentine, en montant depuis un
réseau de vaisseau fort élégant qui se trouve immédiatement au dessous de la couche supé-
rieure, et que l'on découvre facilement au travers de cette dernière. La couche inférieure
des écailles est tout-à-fait différente. C'est une substance cornée, de couleur jaunâtre et dé-
posée en fibres et lames qui se croisent à angle droit. Les lames sont assez minces, et en gé-
néral verticales sur le plan de' l'écaillé , de sorte qu'elles paraissent comme suspendues à la
couche de dentine. Elles sont criblées de nombreux trous, ronds ou ovales, dans lesquels
des faisceaux de fibres s'étendent horizontalement et parallèlement au plan de l'écaillé. Les
fibres de ces faisceaux sont très-minces, roides et cassantes. Les lames elles-mêmes paraissent
composées de pareilles fibres ; car on en voit souvent des traces autour des trous , ils sont
disposés en quinconces assez réguliers.
Les piquans que portent plusieurs Coffres ne sont autre chose que des écailles allongées.
C'est surtout dans VOstracion cornwiMS que j'ai pu me convaincre de cette structure. Le piquant
est formé d'une gaine de dentine qui va en augmentant d'épaisseur, et dont l'intérieur est
rempli par un noyau de substance cornée, dont les fibres courent parallèlement à l'axe du pi-
quant, tandis que les lames sont disposées dans le sens transversal.
ToM. II , 2^^ Part. 34
— 266 —
Les écailles des Balistes montrent aussi deux couches de substances différentes, mais qui
sont beaucoup moins nettement séparées, tes écailles sont ordinairement osseuses et recou-
vertes d'une couche d'émail qui forme à elle seule les dessins variés dont la surface de l'é-
caille est ornée. Cet émail est transparent et dur ; on y découvre d'espace en espace de petits
trous, destinés aux vaisseaux sanguins, qui montent à travers toute l'épaisseur de l'écaillé,
pour se ramifier dans la membrane qui en recouvre la surface externe ; mais on n'y voit au-
cune trace de ces tubes calcifères qui existent dans la couche d'émail des Coffres, La couche
inférieure de l'écaillé est osseuse , et conformée à-peu-près comme les os squameux des ani-
maux supérieurs, avec cette différence, que les petites esquilles et mailles de substance os-
seuse sont ici tellement exiguës, qu'il faut le microscope pour les apercevoir. Les interstices
de ce réseau osseux sont remplis par une pulpe fine qui est composée presque uniquement de
vaisseaux sanguins. Il n'y a aucune trace de la substance cornée qui forme la base des écailles
des Coffres.
Les (hnts des deux genres ne sont pas moins différentes. Celles des Balistes sont larges .
taillées en biseau , et reposent sur une mâchoire creuse, par deux racines plates et verticales,
dont l'une, l'extérieure, est beaucoup plus longue que celle qui repose sur le bord interne de
la mâchoire. La dent est fixée par ces deux racines immédiatement sur la substance osseuse.
Les nouvelles dents se forment dans le creux de la mâchoire, directement au dessous des an-
ciennes, qu'elles soulèvent et font tomber en croissant ; les nouvelles dents prennent alors la
place des anciennes. Ce mode de renouvellement est fort analogue à celui des Crocodiles, el
de cette manière le nombre des dents peut devenir, chez les Balistes , un caractère d'espèce ,
ce qui n'est pas possible chez le plus grand nombre des autres poissons, où les nouvelles dents
se forment à côté, et non pas immédiatement au dessous des anciennes. Les dents des Ba-
listes ont une seule cavité centrale qui répète les contours de la dent. De cette cavité par-
tent des tubes calcifères droits et peu ramifiés qui rayonnent directement vers la surface de la
dent, à travers une dentine très-épaisse et très-dure. On rencontre chez quelques espèces une
couche émaillée qui n'est autre chose qu'une couche de dentine séparée , à tubes calcifères
très-fins el serrés.
Les dents des Coffres, taillées également en biseau vers la pointe, sont moins larges que
celles des Balistes , mais plutôt coniques , de couleur jaunâtre et , à ce qu'il paraît , beaucoup
moins dures que ces dernières ; elles ont une cavité centrale d'une forme assez contournée ,
qui envoie de tous les côtés des ramifications , dont les réseaux sont en général en forme
d'anses dirigées vers le sommet de la dent. La substance dans laquelle cette cavité ramifiée
est creusée est une couche de dentine dure et blanche , sans auciuie trace de tubes calci-
fères. Cette couche est recouverte par un capuchf>n de substance jaunâtre dans lequel on
voit de nombreux tubes calcifères très-fins et très-serrés qui rayonnent vers la surface externe.
Le mode de reproduction des dents n'est pas le même chez les Coffres que chez les Balistes ;
elles reposent dans la muqueuse de la bouche , et les nouvelles dents se forment à côté des
anciennes.
267 —
Tableau synoptique des Sclérodermes.
Terrains crétacés.
Acanthoderma ovale. — Glaris.
» spinosum. — Glaris.
,4canthopletirus serratus. — Glaris.
» hrevis Esfert. — Glaris.
Dercetis elomjatus. — Lewes.
» scutatus Mûnst. et Agass. — Westphalie.
Calcaire de Monte- Bolca.
Blochius loiigirostris. — Monle-Bolca.
Rhinellus nasalis. — Monte-Bolca.
Ostracion micrurus. — Monte-Bolca.
Terrains tertiaires.
Glyptocephalus radiatus. — Argile de Londres. Sheppy.
Gisement douteux.
Rhinellus fiircatus. — Mont Liban.
268
DE LA FAMILLE DES GYMNODONTES.
En exposant plus haut les caractères de la famille des Sclérodermes , j'ai déjà suffisamment
fait connaître les particularités qui les distinguent des Gymnodontes , pour pouvoir me dis-
penser d'y revenir et d'insister de nouveau sur ce qui constitue les caractères distinctifs de ces
derniers. Cependant, comme le nombre des espèces fossiles est très-petit et qu'elles appartien-
nent toutes au genre Diodon , je crois devoir ajouter encore quelques détails sur la conforma-
tion du squelette dans le genre Tetraodon , pour donner une idée plus complète de la famille
entière. Je décrirai également celui d'un Diodon vivant pour servir de comparaison avec les
espèces fossiles que j'ai représentées. Enfin, des indications précises sur la structure des dents
et des piquans des Gymnodontes compléteront ce tableau de leur organisation.
DU SQUFXETTE DES GYMNODONTES.
La colonne vertébrale du Tetraodon perspicUlahis , que j'ai eu occasion d'examiner au mu-
sée de Francfort, où M. Ruppell a déposé un fort beau squelette de ce poisson , n'est com-
posée que de dix-huit vertèbres qui sont assez distinctes ; il y en a huit abdominales et dix cau-
dales ; leur longueur égale environ leur largeur ; la surface de leur corps est irrégulièrement
sinueuse. Les corps de vertèbres sont faiblement comprimés. Il n'y a pas de côtes. Les apo-
physes épineuses qui naissent des différentes régions sont très-différentes entre elles ; les cinq
abdominales antérieures ont même pour norme un type qui se rapproche du Spina bifida, en
ce que les arcs de droite et de gauche des apophyses épineuses ne se réunissent pas ; celles des
trois premières vertèbres divergent même considérablement en dehors , et l'on verrait à nu
la moelle épinière, s'il n'existait pas une masse osseuse transverse entre elles, formant une
espèce de voûte vers la base des apophyses. La quatrième vertèbre a les apophyses moins dis-
tantes ; et dans la cinquième elles sont parallèles et presque accolées l'une à l'autre, sans se
confondre. Cette disposition rappelle une loi générale de l'organisation du squelette des pois-
sons et même des vertébrés en général : c'est que, quelle que soit la forme des apophyses
épineuses, elles sont composées de deux pièces paires. Dans la plupart des poissons osseux
malacoplérygiens , ces deux pièces restent distinctes , quoique très-rapprochées , et le canal
de la moelle allongée se ferme par une petite pièce transverse confondue avec les apophyses ;
mais ici ces parties sont tellement divergentes, que l'on croirait avoir sous les yeux une ano-
malie bifide de la colonne vertébrale. Ces apophyses sont aussi fort larges , la cinquième sur-
tout , qui s'étend au-delà des bords du corps de la vertèbre. Les apophyses épineuses supé-
— 269 —
rieures des cinq vertèbres suivantes, ou des trois dernières abdominales et des deux premières
caudales sont, au contraire, effilées, arrondies et beaucoup plus longues (la dernière exceptée,
qui est fortement inclinée en arrière) ; c'est entre elles que les osselets inlerapophysaires de
la dorsale sont fixés. Le nombre de ces osselets paraît être de huit ; cependant ils sont si inti-
mement liés par leur extrémité supérieure , qu'il est plus facile d'en connaître le nombre par
les crêtes saillantes de leurs côtés, que de les compter directement ; le premier est placé obli-
quement sur la pointe de la sixième et de la septième vertèbre abdominale ; le second, qui est
le plus grand et le plus large, est dilaté à son extrémité supérieure, de manière à former une
crête osseuse en avant de la base de la nageoire ; il occupe la plus grande partie de l'espace
compris entre les septième et huitième vertèbres abdominales ; les rayons de la nageoire sont
insérés sur les onglets suivans par une masse cartilagineuse informe et sans articulation distincte.
Les dix rayons de la nageoire sont assez gros, divisés à plusieurs reprises, maïs surtout arti-
culés de très-près jusqu'au tiers inférieur de leur longueur. Les huit dernières vertèbres ont
de nouveau des apophyses épineuses supérieures courtes , dont la largeur va en augmentant
jusqu'à l'extrémité de la queue, où elles forment, avec les inférieures qui leur correspondent,
une large plaque arrondie sur le bord extrême de laquelle les rayons de la caudale sont insé-
rés. Sur les vertèbres abominales, les apophyses articulaires sont peu distinctes ; mais sur les
caudales elles apparaissent sous la forme de petits mammelons saillans aux bords antérieurs
supérieur et inférieur de chaque vertèbre. Dans la dernière vertèbre caudale, la plaque qui
porte les rayons provient évidemment du développement des six dernières apophyses normales;
cela est surtout évident pour la portion inférieure de la vertèbre, dont les trois rayons apophy-
saires antérieurs sont distincts. Les rayons de la nageoire sont très-gros, fréquemment divisés,
et articulés transversalement et de près ; il n'y a que cinq rayons au lobe supérieur, et six au
lobe inférieur, dont l'externe est court et simple. L'avant-dernière vertèbre a une apophyse
épineuse inférieure très-dilatée, dont l'extrémité s'étend jusqu'aux rayons de la nageoire cau-
dale. Les autres vertèbi'es caudales ont en général les apophyses épineuses inférieures plus
grandes que les supérieures , surtout aux vertèbres antérieures ; la première vertèbre caudale
surtout diffère beaucoup des autres par ses apophyses inférieures, dont les bords internes res-
tent parallèles entre eux, et sont fermés par une lame transverse très-mince , tandis que leurs
extrémités inférieures se dilatent latéralement et forment une arête transverse sous la vertèbre
à laquelle s'attache le premier inlerapophysaire de l'anale. Celui-ci a une conformation tonte
ditïérente de ce qu'on observe ordinairement dans les poissons : comprimé latéralement à sa
partie inférieure, cet os se dilate de plus en plus à son extrémité supérieure qui est fortement
comprimée d'avant en arrière, ensorte qu'il forme une aile saillante sur les côtés de Pos, dont
l'extrémité supérieure tronquée est mobile sur l'arête transverse inférieure de la première
vertèbre caudale. Les deux osselets suivans sont presque de moitié plus courts et simplement
comprimés sur les côtés. La ceinture thoracique est très-curieuse ; le scapulaire est un os très-
simple , triangulaire , à angles arrondis ; l'humérus est large dans sa partie supérieure et pos-
— 270 —
térieure, et va en s'amincissant en pointe comprimée vers la gorge ; de sa surface interne s'é-
lève une crête très-saillante dans la partie horizontale inférieure de cet os. C'est sur le bord
de celte crête que sont fixés le radius et le cubitus ; le premier, qui est le plus petit, est percé
d'un trou ovale qui résulte de la juxta-position de la grande échancrure de son bord , contre
la crête humérale interne ; le cubitus est beaucoup plus grand , mince à son extrémité anté-
rieure , et dilaté en forme de disque hémisphérique en arrière , présentant de cette manière
aussi une échancrure contre la crête humérale. Il y a quatre os métacarpiens, dont les trois
inférieurs sont les plus grands et parallèles entre eux ; dilatés en spatule à leur extrémité et
arrondis au milieu , ils enclavent trois trous de forme ovale. Le bord postérieur de leur réu-
nion est légèrement arqué et porte les dix-huit rayons de la pectorale. En arrière de l'angle
postérieur de l'humérus, il y a deux os styloïdes arrondis, insérés à la suite l'un de l'autre,
et dont l'extrémité dépasse la longueur des pectorales. Il n'existe ni ventrales, ni os du bassin.
Tous les os du crâne sont intimement soudés entre eux , même l'arcade temporale et pala-
tine est immobile ; il n'y a que les mâchoires qui puissent tourner sur leurs gonds, et l'oper-
cule qui soit susceptible de s'écarter et «le se rapprocher de la tête. Vu en dessus, le crâne pa-
raît très-large , à cause de la dilatation extérieure des os mastoïdiens , et surtout de la voûte
qui domine les orbites et qui est formée des frontaux principaux conjointement avec les frontaux
antérieurs et postérieurs. L'opercule est étroit, et se termine en bas en une longue pointe qui
est entourée d'un os bifurqué , représentant le subopercule et l'interopercule. Le préopercule
est une large plaque triangulaire, terminée par devant en une longue pointe qui s'étend jusque
vers l'articulation du jugal. Le temporal est caché derrière le préopercule , l'angle de l'oper-
cule et l'apophyse externe du frontal postérieur. Le jugal est le plus grand os de l'arcade pa-
latine; il a une large rotule articulaire transverse à son extrémité inférieure. L'elhmoïde est
un petit os étroit placé en avant des frontaux principaux et entre les frontaux antérieurs ; en
avant de l'ethmoïde, les palatins sont articulés par une suture osseuse. La mâchoire supérieure
est composée des intermaxillaires et des maxillaires , qui sont soudés en une masse com-
pacte, de telle sorte cependant que l'on reconnaît encore que les dents appartiennent en en-
tier aux intermaxillaires. Ces pièces sont mobiles entre les palatins et rethmoïde. La mâchoire
inférieure est très-courte et armée comme la supérieure. Le vomer est une lame perpendi-
culaire , plate , très-large , et tranchante à son bord inférieur, semblable par sa forme au
vomer de l'homme ; il est placé sous les frontaux entre les deux orbites. Les arcs branchiaux
et le corps de l'os hyoïde n'ont rien de particulier ; mais les cornes antérieures et latérales
sont très-développées et portent des rayons branchiostègues qui sont au nombre de six ; le pre-
mier, qui est énorméiiient large , recouvre une grande partie de la gorge ; sa forme ne laisse
aucun doute sur la nature de la plaque qui recouvre la gorge des Polypterus, et qui y remplace
les rayons branchiostègues. Les cinq suivans sont également très-longs, mais grêles et arrondis.
Le squelette du Diodon Schokie , que j'ai également étudié au Musée de Francfort, est en
général conforme à celui du Tetraodon qui vient d'être décrit , quant au plan de son organi-
— i71 —
salion ; mais il y a des difTérenccs notables dans la forme; la tète est proportionnellement plus
grosse et plus arrondie . la voûte susorbitale plus spacieuse, l'inleropercule plus grand, le
maxillaire supérieur plus développé à son extrémité. D'un autre côté, la partie palatine et man-
dibulaire de la gaine dentaire, qui est plissée à l'intérieur de la bouche , et qui y forme cette
plaque circulaire si connue et que l'on a si faussement comparée à certains palais fossiles . a
ceci de très-particulier et de caractéristique, c'est que l'on voit distinctement sur son milieu
une suture médiane qui prouve la parité des côtés de cette plaque ; tandis que toutes les dents
fossiles qu'on lui a comparées , ne sont que des dents isolées de l'un ou de l'autre côté des
mâchoires. Les plaques des Diodons sont composées de lames obliques qui se forment sur le
bord postérieur de la plaque, et dont le bord antérieur, usé au fur et à mesure, est constam-
ment remplacé par les nouvelles lames qui marchent d'arrière en avant.
Comme dans le Telraodon , le premier rayon branchiostègue est une large plaque ; l'hu-
mérus forme une voûte plus forte en avant de l'insertion de la nageoire. Le nombre des ver-
tèbres abdominales est de onze, et il y en a huit caudales. Depuis la huitième vertèbre jusqu'à
la quatorzième, les apophyses inférieures se dirigent obliquement et pres(|ue horizontalement
en avant sur les côtés du corps de la vertèbre ; et c'est sous le plateau fonné par ces ailes
transverses que sont insérés les osselets interapophysaires qui portent les rayons de l'anale.
Plus loin les apophyses épineuses inférieures semblent former la continuation naturelle des
osselets interapophysaires. Il en est de même de la dorsale : les osselets interapophysaires sont
confondus avec les petites apophyses épineuses jusqu'à la quatorzième vertèbre ; mais plus
loin , il y a de nouveau d'épaisses apophyses ; la dernière est une grosse plaque arrondie.
DE LA STRUCTURE DES DENTS ET DES PIQUANS DES GYMNODONTES.
Extérieurement les piquans des Diodons sont fort différents des écailles larges et plates des
CofTres ; mais ils leur ressemblent pourtant beaucoup par leur structure. J'ai déjà fait voir que
les grands piquans de quelques espèces de Coffres, de VOstracion cornutus , par exemple, ne
sont que des plaques écailleuses allongées. 11 en est de même des piquans des Diodons , qui
sont grêles, acérés, cylindriques vers la pointe, et implantés dans la peau par une base à trois
cornes à laquelle s'attachent des muscles propres à les mouvoir, La substance principale de
ces piquans est une dentine compacte et transparente, qui forme à elle seule toute la pointe,
tandis que vers la base , elle ne forme que la couche supérieure. Cette dentine , déposée en
couches concentriques très-régulières , est traversée par un grand nombre de tubes calcifères
très-fins , droits et très-serrés , qui rayonnent vers la périphérie. Une coupe transversale d'un
picjuant pareil prise près de la pointe ressemble à une coupe d'un tronc d'arbre avec ses nom-
breux anneaux d'accroissement et ses fibres rayonnantes. Une masse presque homogène, jaune
et de nature cornée, s'ajoute à celte dentine, à la base du piquant dont elle remplit le centre.
— 272 —
Quoique cette substance ressemble en tout à celle que nous avons trouvée dans les écailles des
Coflfres , il lui manque pourtant cette élégante disposition en feuillets et fibres qui caractérise
ces derniers. Les piquans des Diodons sont donc des écailles de Coffres transformées, allongées
et isolées , où la couche d'émail ou de dentine a pris le dessus , tandis que la couche cornée
est singulièrement réduite.
Les dents des Gymnodontes sont d'une structure toute particulière , qui est la même dans
tous les genres. On peut y distinguer deux parties , une racine , par laquelle la dent est im-
plantée sur l'os de la mâchoire, et une couronne composée de lames verticales de dentine. La
racine est de dentine homogène , transparente, traversée par un grand nombre de canaux mé-
dullaires, qui forment des réseaux quelquefois très-élégans. Une grande quantité de tubes cal-
cifères partent de ces canaux ; ils. sont courts, très-ramifiés , à la manière des arbres, et diri-
gés dans tous les sens. L'aspect de la racine est le même que chez la plupart des poissons
osseux et une partie des poissons cartilagineux , surtout des Requins , qui n'ont pas de cavité
pulpaire unique.
Au dessus de cette racine s'élèvent des lames verticales d'une dentine tellement dure , que
je la crois même siliceuse; du moins donne-t-elle quelquefois des étincelles au briquet; les
lames font le tour de la mâchoire et sont courbées comme cette dernière. La seule différence
que l'on remarque à cette égard entre les Diodons et les Tétraodons, etc. , c'est que, chez les pre-
miers, chaque lame fait le tour de la mâchoire, tandis que, chez les Tétraodons, il y a une suture
au milieu , où les lames sont enchâssées , comme les dents d'une roue de montre. Les lames
elles-mêmes sont concentriques et s'amincissent vers l'intérieur, ce qui leur donne la forme
d'un ciseau large et tranchant à son bord extérieur vertical, tandis qu'il s'abaisse graduellement
avec chaque lame, jusque vers la muqueuse de la bouche. Les vaisseaux nutritifs de la dent
montent depuis la racine par les interstices des lames , et c'est de ces mêmes interstices que
partent aussi les tubes calcifères ; ces derniers sont excessivement nombreux , fins , serrés , et
dirigés horizontalement, de manière qu'ils sont à angle droit avec le plan des lames. Un fait cu-
rieux c'est que chez les Tétraodons une partie de la racine se recourbe d'arrière en avant, pour
couvrir le sommet des lames postérieures , de manière qu'il n'y a que les lames extérieures
formant le tranchant du biseau qui soient entièrement découvertes. Il paraît qu'à mesure que les
lames externes s'usent , les lames internes les remplacent, et que les lames nouvellement for-
mées (qui sont toujours les postérieures) , sont dans l'origine préservées de l'usure par une
couche de dentine différente.
Il résulte de tout ceci que les dents des Gymnodontes ressemblent beaucoup à celles des
poissons cartilagineux broyeurs . tels que les Callorhynques et les Cestraciontes en général ,
avec cette différence , qu'au lieu de canaux médullaires verticaux et isolés , il y a des fissures
longitudinales, desquelles partent les tubes calcifères. Qu'on place par exemple les canaux de
la dent d'un Callorhynque en ligne droite et qu'on les réunisse par des fissures, et l'on aura
la structure de la dent d'un Gymnodonte.
— 275 —
DU GENRE DIODON EX PARTICULIER.
Ce genre se distingue par une foule de particularités intérieures et extérieures qui en font
l'un des plus curieux types de la faune ichthyologique actuelle. Extérieurement il est facile à
reconnaître aux aiguillons très-pointus dont son enveloppe tégumentaire est hérissée. Le corps
est orbiculaire, allongé ou sphérique, suivant les espèces. La tête est grosse et obtuse ; mais
le caractère le plus important réside dans les mâchoires qui , au lieu de dents , ne portent
qu'une plaque divisée d'avant en arrière par une rainure très-marquée et sillonnée transversa-
lement, qui sert d'instrument de mastication. Les plaques se détachent facilement de la mâ-
choire ; aussi ne sont-elles pas très-rares dans les collections de fossiles. Cependant elles parais-
sent être limitées aux formations récentes.
Je ne connais jusqu'ici que trois espèces fossiles de ce genre , les Diotlon tenuispinus , Eri-
naceus et Scillae.
J'ai pu m'assurer par la comparaison de la première de ces espèces avec les espèces vi-
vantes, que le genre Theralichthys de Kœnig n'est autre chose qu'un Diodon de grande taille.
l. Diodon tenuispinus Âgass.
Vol. 2, Tab. 74,fig. 2-3.
Syn. Tetraodon hispidus Ut. ver. Tab. 8, fig. 3.,— Tetraodon Honckenii Itt. ver. Tab. 8, fig. 2. — De Blainv,
IchUi. p. 34. — Bronn. It. N" 12 et 13.
C'est une espèce de petite taille qui n'a guère qu'un pouce de long. Son corps quelque peu
informe ne ressemble pas mal dans ses contours à un gros têtard de grenouille. Ce qui le dis-
tingue de la plupart des espèces vivantes, ce sont les aiguillons très-fins et très-nombreux de
son enveloppe tégumentaire. La tète est courte et tronquée en avant; la mâchoire inférieure
déborde de beaucoup la supérieure f ce qui m'a permis d'y reconnaître la forme particulière
de la plaque dentaire. Les nageoires sont assez développées ; la caudale en particulier ressort
d'autant plus que le corps se comprime et se rétrécit d'une manière très-brusque immédiate-
ment avant son insertion. On distingue également dans notre exemplaire, la dorsale, les pec-
torales et les ventrales; ces dernières sont surtout développées sur les côtés du ventre
(fig- 2).
Tau. Il , 2' Part. 35
— 274 —
Les premiers exemplaires que j'ai vus de cette espèce se trouvent dans la collection de M.
le Docteur Hartmann à Gœppingen. Il en existe aussi plusieurs plaques au muséum de Paris.
Tous proviennent de Monle-Boica et paraissent être propres à cette localité.
II. DlODON SCILLAE AgaSS.
Cette intéressante espèce, que Scilla a possédée dans sa collection, n'est connue que par des
plaques dentaires isolées de la largeur d'un pouce environ ; ce qui fait supposer qu'elles pro-
viennent d'un poisson d'assez grande taille. Les sillons de la surface sont régulièrement es-
pacés , assez rapprochés et (inement crénelés. Ces fossiles proviennent probablement des ter-
rains tertiaires du midi de lltalie. J'en ai vu des exemplaires dans les collections de lord En-
niskillen et de sir Philipp Egerton et aux Musées de Cambridge et de Soleure.
Mon Diodon Erinaceus est une espèce de trois pouces de long, remarquable par sa forme
ovale et par ses piquans courts, robustes et assez clair-semés. J'en donnerai plus tard une
description détaillée , accompagnée de figures. 11 en existe des exemplaires dans les collec-
tions de Lord Eimiskillen et de Sir Philipp Egerton.
— 275
DE LA FAMILLE DES LOPHOBR ANCHES.
L'absence complète de préparations propres à éclaircir l'histoire de l'organisation de cette
intéressante famille , m'empêche de donner des renseignemens particuliers sur la, conformation
du squelette du genre Syngnathus et des autres genres qui pourraient servir de terme de
compai-aison avec les espèces fossiles. Je me trouve même dans l'impossibilité de suppléer à
cette lacune par les observations d'autres naturalistes sur l'anatomie de ces poissons; car je ne
trouve nulle part une description détaillée du squelette et des écailles des Lophobranches. Je
devrai par conséquent me borner à indiquer leurs caractères extérieurs , en attendant que j'aie
le loisir de m'occuper d'un travail monographique de cette famille, ou que quelque habile
anatomiste dote la science d'un travail complet sur ce sujet.
Cuvier, qui a établi la famille des Lophobranches, la caractérise de la manière suivante (*j :
• Ce sont des poissons à mâchoires complètes et libres , mais qui se distinguent amplement par
leurs branchies, qui, au lieu d'avoir, comme à l'ordinaire, la forme de dents de peigne, se
divisent en petites houppes rondes , disposées par paires le long des arcs branchiaux ; struc-
ture dont aucun autre poisson n'a encore ofifert d'exemple. Elles sont enfermées sous un grand
opercule attaché de toutes parts par une membrane qui ne laisse qu'un petit trou pour la
sortie de l'eau, et ne montre, dans son épaisseur, que quelques vestiges de rayons. Ces pois-
sons se reconnaissent en outre à leur corps cuirassé d'une extrémité à l'autre par des écussons
qui le rendent presque toujours anguleux. Ils sont généralement de petite taille et presque
sans chair. Leur intestin est égal et sans cœcums ; leur vessie natatoire mince . mais assez
grande à proportion. »
Je ne connais encore que deux espèces fossiles de celte famille. La plus remarquable cons-
titue un genre à part , différent des types génériques de notre époque ; c'est mon Calamos-
toma brevicuhim; l'autre appartient au genre Syngnathus. Ces poissons paraissent excessive-
ment rares , car je n'en ai encore vu qu'un exemplaire de chaque , provenant l'un et l'autre
de Monte-Bolca.
(") Cuvier, le Règne Animal , 1829 , lom. H , p. 361.
276
Calamostoma BREvicuLiTM Agass.
Vol. 2, Tab. Ik, %. {.
Syn. Pegasus natans Ut. ver. Tab. 5 , fig. 3. — Syngnathus hreviculus De Blainv. Icli. p. 35.
Ce joli petit poisson , qui est figuré dans l'Ichthyologie véronaise , sous le nom de Peyasus
natans, et dont M. de Blainville a fait son Syngnathus hreviculus, appartient réellement, par
toute son organisation , à la famille des Lophobranches ; mais on ne saurait le réunir au genre
Syngnathus , pas plus qu'à celui des Pégases ; il est le type d'un petit genre à part . auquel
d'autres espèces viendront peut-être se rattacher un jour ; je l'appelle Calamostoma , à cause
de la forme tubuleuse de son rostre. C'est, en définitive, des Hippocampus qu'il se rapproche
le plus ; mais il en diffère , comme genre , par la présence d'une nageoire arrondie à l'extré-
mité de sa queue. L'état de notre exemplaire ne permet pas de préciser la nature des autres
nageoires ; il parait cependant qu'il y a de petites pectorales et que la dorsale commence im-
médiatement à la nuque ; il est probable qu'il y avait à l'anus une saillie semblable à celle de
l'Hippocampus , mais moins prépondérante. Les flancs sont garnis de trois rangées principales
d'écaillés carrées , plus hautes que longues , et qui vont en se rétrécissant de plus en plus vers
la queue. Une quatrième rangée recouvre le ventre, et une cinquième le dos; les écailles de
celte dernière se terminent en petits crochets imbriqués. Le bec est très-effilé, spatuliforme ;
Il occupe à-peu-près le tiers de la longueur totale du poisson.
Du terrain de Monte-Bolca. L'orisinal de ma fic:ure se trouve au muséum de Paris.
Syngnathus opisthoptekus Agass.
Stn. Syngnathus Typhlc Itt. ver. 58 , fig. 1. — De Blainv. Ich. p. 85- — Bronn. II. N" 'J6.
Le genre Syngnathus proprement dit a aussi des représentans dans l'Ichthyologie fossile. Il
existe au muséum de Paris deux plaques correspondantes d'une espèce que je désigne sous le
nom de Syngnathus opislhopterus. Volta, dans l'Ichthyologie véronaise (Tab. 38, fig. i), le
confond , à tort , avec le Syngnathus typhle. C'est une espèce particulière de Monte-Boîca , ap-
partenant à la division des espèces qui ont une caudale, une anale et une dorsale. Celte der-
nière nageoire est très-reculée , ce qui a valu à notre poisson le nom que je lui ai donné. Ce
caractère le distingue suffisamment des espèces vivantes.
— 277 —
DE^LA FAMILLE DES AGCIPENSERIDES.
Quoique la famille des Accipensérides ne soit pas mentionnée dans le tableau des Ganoïdes
fossiles qui se trouve en tête de ce volume, elle a cependant eu ses représentans dans les
époques biologiques antérieures à la nôtre ; mais je n'ai eu occasion d'apprendre à les con-
naître que depuis peu d'années, et je n'en ai figuré aucun dans mes planches. Cependant je
ne saurais terminer cet ouvrage sans annoncer positivement l'existence des Esturgeons dans
les faunes des terrains jurassiques et tertiaires. Je pense même qu'il ne sera pas inutile de
donner ici quelques détails sur la charpente solide de ces poissons pour faciliter les recherches
ultérieures sur cette famille. La connaissance des Esturgeons importe d'ailleurs beaucoup à
l'ichlhyologie systématique, parce qu'ils forment le lien naturel qui rattache les Loricaires et
les Silures aux Ganoïdes des temps anciens.
Par la comparaison que j'en ai faite, j'ai réellement acquis la conviction que le genre Sca-
phirhynchus de Heckcl établit un passage très-insensible des Esturgeons aux Loricaires ; or,
de ceux-ci aux Silures il y a tous les intermédiaires possibles, ensorle que je ne mets plus
en doute la nécessité de réunir les Silures, les Loricaires et les Esturgeons dans un même
ordre avec les Lophobranches , les Plectognathes et les Ganoïdes des terrains anciens que j'ai
décrits comme familles à part sous les noms de Pycnodontes, de Célacanthes, de Sauroïdes et
de Lépidoïdes. Ce qui distingue surtout les Esturgeons, c'est que leur corps est revêtu de plu-
sieurs rangées longitudinales de gros écussons qui recouvrent partiellement sa surface, mais
qui laissent sur les côtés de larges bandes garnies de petites paillettes écailleuses. La bouche
est petite et ouverte sous le rostre; elle est dépourvue de dents. La caudale a une forme très-
inaccoutumée parmi les poissons de forme régulière ; son lobe inférieur est très-développé ,
à la manièrj des Ganoïdes des terrains antérieurs à la formation jurassique ; du reste elle
va en se rétrécissant insensiblement jusqu'à l'extrémité de la queue.
Le squelette des Esturgeons est fort remarquable sous plusieurs points de vue, et de tout
temps il a excité l'intérêt des naturalistes. Ce sont surtout M. de Baer, dans un programme
de l'anatomie de Kœnigsberg, et M. J. Miiller, dans son Anatomie comparée des Myxinoïdes,
qui s'en sont occupés en détail. J'ai fait représenter dans la Tab. E du vol. 2 , un squelette
entier de V^ccipenspr Rifthenus , réduit à la moitié de sa grandeur naturelle , tandis que les
autres figures représentent la tête sous différentes faces , de grandeur naturelle.
— 278 —
Ce qui frappe d'abord en examinant un squelette d'Esturgeon , c'est le développement ex-
cessif des cartilages, relativement aux os. Toute la colonne vertébrale, sauf les côtes et
les apophyses épineuses supérieures, et tout l'intérieur de la tête sont formés de cartilage. La
tête n'est couverte de plaques osseuses qu'à l'extérieur. C'est cette réunion unique dans la
création actuelle d'un squelette presque entièrement cartilagineux avec la forme et les allures
d'un poisson osseux , qui a fait naître depuis long-temps des doutes , chez les ichthyologistes ,
sur la position de cette famille.
La corde dorsale remplace ici les corps des vertèbres. C'est un cordon cylindrique, arrondi,
d'une consistance gélatineuse , enveloppé par une membrane forte et élastique , dans l'inté-
rieur de laquelle se trouve cette gélatine transparente , formée de grandes cellules polygo-
nales, qui caractérise la corde dorsale en général. Cette corde se termine en arrière à l'ex-
trémité de la queue en s'effîlant insensiblement. En avant , elle entre dans la base du crâne
sans qu'il y ait une articulation occipitale ; elle se termine aussi ici en pointe, en se rétrécissant
derrière le creux pour l'hypophyse du cerveau , comme on peut s'en convaincre sur la lîg. 5 ,
qui représente le crâne coupé longitudinalement par la ligne médiane. On n'y découvre pas
la moindre division indiquant les limites des corps de vertèbre ; ce n'est que par les apophyses
supérieures et inférieures que ces divisions sont indiquées. Les apophyses supérieures ou tieu-
rapophyses sont généralement composées de trois pièces , deux latérales à base large et à som-
met plus pointu, de forme triangulaire, qui se réunissent en ogive au dessus de la moelle épi-
nière en l'embrassant de tous les côtés, et qui sont surmontées par une apophyse épineuse im-
paire , assez courte et peu pointue. Les apophyses diminuent insensiblement de hauteur vers
la queue ; les épines cessent complètement avant la caudale , tandis que les neurapophyses
perdent insensiblement de leur forme pyramidale, et finissent par se changer en petites pièces
carrées ou oblongues et très-basses, qui ne forment plus une voûte au dessus de la moelle, en-
sorte que le canal rachidien n'est ici fermé que par une membrane. Les apophyses inférieures,
au nombre de douze à-peu-près , sont arrangées d'après le même plan ; elles sont longues ,
grêles et dirigées en dehors sur le devant de la cavité abdominale , où elles se présentent sous
la forme de côtes , ce qui nous fournit la preuve palpable que les côtes des poissons ne sont
autre chose que des apophyses inférieures allongées et courbées autour de la cavité abdomi-
nale. Les côtes se rapetissent bien vite et font place à de petites pièces triangulaires qui gar-
nissent la corde des deux côtés , laissant entre elles un canal assez large pour l'aorte. Plus
en arrière , elles deviennent quadrangulaires et oblongues, comme les apophyses supérieures
pour se rapetisser de nouveau vers la caudale et dans la caudale elle-même ; en même temps
elles prennent ici des apophyses , comme au bord dorsal.
La conformation de la tête chez les Esturgeons est aussi fort remarquable. Le crâne se com-
pose dune masse cartilagineuse unie et sans divisions, dans laquelle sont creusées les diffé-
rentes cavités pour le cerveau, les oreilles, les yeux et les narines. Cette masse cartilagineuse
remplit tout le bec et entoure de toutes parts le cerveau, les oreilles et les trous destinés au pas-
— 279 —
sage des nerfs ; les pins marqués de ces trous sont surtout ceux pour les cinquième et neuvième
paires. La cavité du cerveau, qui est la continuation immédiate de celle de la moelle épinière,
est beaucoup plus grande que le cerveau lui-môme, et remplie par une graisse liquide (v. fig. S,
la coupe du crâne). La masse cartilagineuse entoure aussi la pointe de la corde qui y est en-
foncée conmie dans un fourreau ; elle n'est pas même entièrement séparée des cartilages dont
les neurapophyses sont formées. Malgré cela, la masse cartilagineuse ne paraît que sur très-
peu de points , par exemple, au fond des narines, et surtout au fond des orbites. Tout le reste
est caché par un grand nombre de plaques osseuses immobiles , et par les appareils osseux et
mobiles de la face, qui sont placés autour de ce noyau cartilagineux. Et d'abord , la face su-
périeure est garnie par un grand nombre de plaques plates , rugueuses à leur surface exté-
rieure , dont la forme , l'arrangement et le nombre varient beaucoup chez les différentes es-
pèces ; preuve certaine que ces plaques, quoique soudées assez intimement sur la face exté-
rieure du cartilage crânien , n'appartiennent pourtant pas au système des os du crâne, mais
sont des dépendances de la peau , et que ce serait par conséquent peine perdue que de vou-
loir les ramener au type des os du crâne en général. On en remarque surtout une en arrière,
qui a au milieu une crête saillante , tout-à-fait semblable aux écussons dont la peau des Es-
turgeons est couverte. De pareilles plaques encaissent aussi le côté du museau et sa face in-
férieure, et il y en a en général deux qui forment une espèce de pont derrière l'orbite, de
manière à limiter cette cavité de la fosse temporale. Chez beaucoup d'espèces, on voit aussi
un processus semblable descendre entre les orbites et les narines pour former une séparation
entre ces cavités (fig. I, 2 et 3).
On ne voit, à la base du crâne (tig. k'), qu'une seule plaque osseuse et mince, très-allongée,
qui recouvre toute la partie centrale de la base du crâne et qui forme le plafond des cavités buc-
cale et branchiale. Cette plaque a tout-à-fait la structure du sphénoïde principal des poissons
osseux ; c'est évidemment son représentant. Nous l'avons appelée dans le premier volume la
plaque buccale. Elle est fendue en arrière et au milieu , de manière à mettre la corde dorsale
à nu ; mais elle s'étend plus loin en arrière sur les flancs de la corde , de manière à ce que
les premières côtes soient encore implantées sur elle.
Telle est l'organisation si simple du crâne des Esturgeons. La face est déjà plus compliquée
dans sa conformation. La bouche est située à la face inférieure du corps, et reculée au-delà
des yeux. C'est une fente transversale, bordée en haut par une plaque mobile et demi osseuse,
composée de plusieurs pièces qui représentent la mâchoire supérieure et les os du palais. Sur
cette plaque s'articule la mâchoire inférieure, qui par un os de forme quadrangulaire, le re-
présentant de l'os carré , est lié à un os long et cylindrique , qui se fixe à la base du crâne
près du trou de sortie pour le nerf trijumeau. Etant fixée de cette manière sur deux balanciers
latéraux, qui embi'assent la cavité buccale , la bouche peut être lancée en avant et retirée par
les muscles qui s'y attachent ; c'est en effet ainsi que les Esturgeons saisissent leur nourri-
ture. Une suite de petits osselets formant le corps de l'os hyoïde s'attachent en arrière au point
— 280 —
de réunion de ces deux balanciers avec les os carrés , et il est fort probable , d'après ce que
nous en avons déjà dit au premier volume , que ces balanciers représentent les parties supé-
rieures des arcs maxillaires et hyoïdaux réunis. Quatre arcs branchiaux s'attachent de la même
manière que chez les poissons osseux, d'un côté au corps de l'os hyoïde, de l'autre au crâne ;
ils sont recouverts par un opercule, suivi d'un interopercule et d'un sous-opercule, qui forment
le battant nécessaire à la respiration. Il n'y a pas de préopercule, l'opercule touche le balan-
cier de la bouche par son bord antérieur.
La ceinture ttioracique est très-forte, composée de plusieurs os , qui s'attachent au bord des
plaques , dont la surface du crâne est couverte. Ils sont réunis sous la gorge par un élargisse-
ment spaluliforme, qui s'avance en pointe en arrière entre les nageoires pectorales. Celles-ci
ont surtout le premier rayon très-fort, osseux, à tête articulaire enflée et fixée par une arti-
culation libre et circulaire. Les nageoires ventrales sont portées par une simple plaque cartilagi-
neuse, qui n'a pas de connexion avec les autres parties du squelette.
Les nageoires impaires n'ont que des rayons mous ; ils sont implantés sur de petits cylin-
dres cartilagineux , qui reposent inmiédiatement sur les apophyses dans la caudale , tandis que
dans la dorsale et l'anale , il y a encore des cylindres cartilagineux interapophysaires assez
longs et grêles, par lesquels ces deux nageoires se fixent sur les apophyses.
Les particularités les plus saillantes du squelette de l'Esturgeon sont donc : l'absence com-
plète de corps de vertèbres et la présence de la corde dorsale , qui persiste pendant toute la
vie , tandis qu'elle n'existe que chez l'embryon dans les poissons osseux ordinaires ; l'absence
d'une articulation occipitale ; l'existence d'apophyses vertébrales séparées , restant en grande
partie cartilagineuses ; la persistance d'un cartilage crânien enveloppant le centre du système
nerveux et les organes des sens ; l'absence d'os du crâne . qui sont remplacés en haut par des
plaques osseuses protectrices dépendant uniquement du système dermique , et en bas par une
seule plaque osseuse, représentant l'os sphénoïde principal et le vomer réunis ; le développe-
ment incomplet des os de la face et enfin cette fusion des caractères d'un poisson osseux à oper-
cule et branchies libres avec la mollesse des parties du squelette des poissons cartilagineux.
Les écailles des Esturgeons sont de simples plaques osseuses recouvertes d'une couche très-
mince d'émail , sans structure appréciable.
Tab. E. Fig. I, représente le squelette d'un Accipenser Ruthenus réduit de moitié ; fig. 2,
le crâne vu de côté , dépouillé des os de la face et de la ceinture thoracique; fig. 3 , le crâne
d'en haut ; fig. k, d'en bas ; fig. S, coupe du crâne dans la ligne médiane.
Je ne connais encore que deux rcpréscntans fossiles de cette famille , que je décrirai plus
tard ; l'un appartient au genre Accipenser proprement dit et provient de l'argile de Londres
de Sheppy ; c'est mon Accipenser toliapicus; l'autre constitue un genre à part qui n'a pas de re-
présentant vivant. Je l'ai nommé Chondrosteus accipenseroides. Il provient du lias de Lyme
Régis. L'existence d'une espèce de cette famille dans le lias, et d'une autre dans un terrain
tertiaire, me fait penser que l'on en découvrira encore d'autres dans les couches intermédiaires.
— 281
Additions et corrections.
Les nombreux matériaux que j'ai eu occasion d'examiner depuis l'impression du tableau
des Ganoïdes, qui est en tête de ce volume, me permettent de le rectifier à quelques égards ,
et surtout de l'augmenter considérablement. Je préfère donner ici de simples supplémens à
ce premier travail plutôt que de le refondre en entier, afin de conserver à mon ouvrage les
traces des imperfections dont il a été marqué dès son origine, et qui rappellent, jusqu'à un
certain point , les progrès que l'Icbthyologie fossile a pu faire depuis l'époque de la publication
des premières feuilles de ce volume en 1833 jusqu'à ce jour, fin 1843.
Pag. 1 , lig. 10 et suivantes. J'ai reconnu l'existence des Ganoïdes jusque dans les terrains
de transition, dans les étages fossilifères les plus anciens; seulement l'état fragmentaire des
débris que j'ai examinés ne m'a pas toujours permis de les déterminer d'une manière rigou-
reuse. Les poissons de cet ordre remontent donc aussi haut que les Placoïdes.
Page 1 , ligne 7 d'en bas : ajoutez les genres Pterichthijs , Coccositeus , Chetonichthys , Cepha-
laspis , Cheiracanthus , Cheirolepis , Diplacanthus , Dipteriis , Coccolepis et Plec-
trolepis.
Pag. 1, lign. k d'en bas: ajoutez le genre Eurynotus.
Pag. 1 , lign. 5 d'en bas : ajoutez le genre Amhlyurus.
Pag. 1, dernière ligne ; ajoutez le genre Pentrolepis après Semionotus, les genres Nothoso-
nius et Ophiopsis après Pholidophorus , et le genre Propterus après Notagogus.
Pag. 2, lig. 5 : après Acrolepis, ajoutez les genres Saurichtliys , Diplopterus, Ulegatichthys ,
Platycjnathus , Dendrodus , Lamnodus , Cricodus , Graptolepis , Orogtiathus , Po-
dodns.
Pag. 2, lign. 7 : substituez le nom de Caturus à celui d'Urœus . ajoutez les genres Eugnathus ,
Conodus , Amblysemius , Thrissonothus et lHacrosemius , et effacez le genre Ma-
cropoma.
Pag. 2 , lign. 9 , ajoutez le genre Belonoslomiis après Aspidorhynchus.
Ajoutez encore la famille des Célacanthes tout entière , avec les genres HolopUj-
chius , Ghjptosteus , Phyllolepis , Glyptolepis , Psammolepis , Cœlacanthus , Hoplo-
pygus , Uroiiemus , Undina, Ctenolepis, Gyrosteiis et Macropoma.
ToM. II. 2» Part. . 36
— 282 —
Pag. 2, lign. 13, ajoutez les genres Globulodus , Colobodus , Scrobodus , Pisodiis , Gyrowhus ,
Acrotemnus , Periodus, et PhtjHodus.
Pag. 2, lign. iS, ajoutez les genres Acanthoderma , Acanthopleurus , Glyptocephahis . Bln-
chius , Dercetis et Rhinelhis après les Ostracions.
Pag. 2, lign. 28, ajoutez la famille des Acipenserides Âgass. avec les genres Acipenser et
Clwndrosteus.
Pag. 3, lig. 9. Le genre Acanthodes a des ventrales.
Pag. 3, lign. 13 : M. Bronn indique le Hundsr'ùcken comme gisement de ses exemplaires de
V Acanthodes Brot})ni. Voir aussi les additions à pag. 12?i.
Après l'Acanthodes Bronnii, ajoutez les espèces suivantes :
2. Acantodes sulcatus Agass., décrit p. 125.
3. Acanthodes pusillus Agass. Mentionné p. 30f.
C'est également ici qu'il faut ranger les genres suivans :
DiPLACANTHUs Agass. Mentionné p. 501 .
1. Diplacunthus striatus Agass. Mentionné p. 501.
2. Diplacanthus striatidus Agass. Mentionné p. 501.
5. Diplacanthus longispiniis Agass. Mentionné p. 501.
h. Diplacanthus crassispinus Agass. Mentionné p. 501.
Cheiracanthus Agass. Décrit p. 12o.
1. Cheiracanthiis Murchisoni Agass. Décrit p. 126.
2. C/»e»r«c«»</ms mîcro/e/9«Wo<t/s Agass. Mentionné p. 501 .
5. Cheiracanthns minor \g<\sii. Décrit p. 127.
Cheirolepis Agass. Décrit p. ^ 28.
1. Cheirolepis Traillii \gass. Décrit p. 130.
2. Cheirolepis Uragiis kgnss. Décrit p. 132.
3. Cheirolepis C ummin y iœ Agass. Mentionné p. 301.
Cephalaspis Agass. Décrit p. 13S.
1. Cephalaspis Lyellii Agass. Décrit p. 142.
2. Cephalaspis rostratus Agass. Décrit p. 148.
3. Cephalaspis Lewisii Agass. Décrit p. 149.
k. Cephalaspis Loydii Agass. Décrit p. 1.50.
Pterichthys Agass. Mentionné p. 302.
1. P<pr<c/*?/i(/s /)////pri Agass. Mentionné p. 302.
2. Pterichthys productus Agass. Mentionné p. 302.
3. Pterichthys latus Agass. Mentionné p. 502.
4. Pterichthys cornutus Agass. Mentionné p. 302.
— 283 —
.'>. Pterichtltys tesludinarim Agass. Mentionné p. 302.
(». Pteric/illiys ohloiiytia Agass. Mentionné p. 302.
7. Pterkhilufs cancriforinis Agass. Mentionné p. 302.
8. Ptericlitliys HydrophUus Agass. Mentionné p. 502.
CoccosTEus Agass. Mentionné p. 302.
1 . Coccosteus decipiens Agass. Mentionné p. 302.
2. Coccosteus ohlongus Agass. Mentionné p. 302.
5. Coccosteus cuspidatus Agass. Mentionné p. 302.
Chelomchthys Agass. Mentionné p. 302.
1. Chelonklilhijs Asmusii Agass. Mentionné p. 302.
2. Chelnnichthys minor Agass. Mentionné p. 302.
Pag. 3, lign. [k: rétablissez le nom de Dipterus au lieu de Catopterus Agass., et lign. 7 d'en
bas : inscrivez Tespèce sous le nom de Dipterus macrolepidotus Sedgw. et Murch.
Pag. k, lign. 1 : ajoutez, comme synonyme de ÏJmblyterus macropterus , le Palaeoniscuiti
dorsale de mon Cat. Msc. et comme nouveau gisement de l'espèce Niederwirtlis-
bach , dans les environs de Sponheim.
Pag. k, lign. 3 ■ ajoutez, comme synonyme de V Amhlypterus evpteryghis , le Palaeoniscum
eupterygium Agass. Cat. Msc. ^
Pag. k, lign. k : ajoutez, comme synonyme de V Amhlyplerus lateralis, le Palœoniscum laté-
rale Açfass. Cat. Msc.
Pag. U. lign. 6 : ajoutez, comme synonyme de V Amhlyplerus latus, le Palœoniscum latum
Agass. Cat. Msc. et comme nouveau gisement de l'espèce , St. Ingbert (Vosges) ,
dans les marnes schisteuses au-dessus de la houille.
Ces synonymes étant cités dans la géologie de Walchner, j'ai dû les mentionner ici.
Pag. U, lign. 8. Amblypterus Olfersii. J'ai reconnu que cette espèce, loin d'appartenir au
genre Amblypterus, doit être envisagée comme le type d'un genre à part, de Tor-
dre des Cténoïdes, auquel j'ai donné le nom de Rhacolepis.
Pag. 4, lign. 10, ajoutez les espèces suivantes : .
6. Amblypterus nemopterus Agass. Décrit p. 107.
7. Amblypterus pimctatus Agass. Décrit p. 109.
8. Amblypterus striatus Agass. Décrit p. 111.
9. Amblypterus Agassizi v. Miinst. Décrit p. lOo.
Pag. k, lign. 31, ajoutez , après le Palœoniscus Blainvillii , les espèces suivantes :
5 fl. Palœoniscus vratislaviensis Agass. Espèce un peu plus étroite que le Pakeoniscus
Blainvillei. recouverte d'écaillés lisses, très-minces, et surtout caractérisée par la position
reculée de sa dorsale, qui est sensiblement plus en arrière que le milieu du corps. Dans un
calcaire schisteux du Rothe Todliegende à Scharfeneck , au S. 0. de Neurode dans le comté
— 281 —
de Glatz, et à Ruppersdorf au N. 0. de Braunau , en Bohème. Voir les Archives de Karsten ,
nouvelle série, vol. IV, pag. 9S.
5 b. Palœoniscus lepidurus Agass. Ressemble un peu au Palseoniscus fultus, dont il dif-
fère cependant considérablement par la ténuité des rayons de ses nageoires. Cette espèce est
surtout caractérisée par des écailles parfaitement lisses , très-épaisses , et par une série de
longues écailles étroites, au point d'insertion de la caudale. Dans un calcaire bitumineux
noir de Ruppersdorf; même gisement que l'espèce précédente.
Pag. 5, lign. 15 : ajoutez aux localités déjà indiquées où l'on trouve le Palœoniscus Freics-
lebetii , celle de Gliicksbrunn , près de Lœwenslein.
Pag. 5, lign. 19 : Le Palœoniscus elegans est une bonne espèce décrite p. 9o.
Pag. 5, lign. 25, ajoutez encore les espèces suivantes :
1 1 . Palœoniscus Robisoni Hibbert. Décrit p. 88.
12. Palœoniscus striolatus Agass. Décrit p. 91 .
13. Palœoniscus ornatissimus Agass. Décrit p. 92.
ik. Palœoniscus comtus Agass. Décrit p. 97.
1§. Palœoniscus glaphyrus Agass. Décrit p. 98.
16. Palœoiiiscus macrophthalmus Agass. Décrit p. 99.
17. Palœoniscus longissimus Agass. Décrit p. 100.
18. Palœoniscus cai'inalus y\gass. Décrit p. 101.
19. Palœoniscus JgassiziiRedf. Mentionné p. 502.
20. Palœoniscus macropterus Redf. Mentionné p. 302.
21. Palœoniscus Egertoni Xgass. Mentionné p. 302.
22. Palœoniscus monensis Egert. Mentionné p. 302.
Le genre Catopterus Redf. (non Agass.) vient se ranger ici. Il est mentionné p. 303.
1. Catopterus gracilis Redf. Menûonné p. 505.
2. Catopterus parmlus Redf. Mentionné p. 303.
3. Catopterus anguilliformisRedf. 3Ientionné p. 303.
Pag. 5, lig. 5 d'en bas. Le genre Osteolepis doit être admis, et outre les deux espèces déjà
désignées , il comprend encore :
3. Osteolepis arenatus Ag., décrit p. 122.
U. Osteolepis major, mentionné p. 301.
Avant de connaître de visu le genre Osteolepis de MM. Valenciennes et Penlland, je
l'avais établi, de mon côté, sous le nom de Pleiopterus. Voir p. 117.
Page 3 , Au bas de la page , ajoutez le genre :
CoccoLF.pis Agass. Décrit p. 300 avec une espèce, le
Coccolepis Bucklandi, de Solenhofen. Décrit p. 300.
Pag. 6, en haut, ajoutez le genre Eurynotus Agass. Décrit p. 133.
— 28ri —
i. Eurynotiis crenatus Agass. Décrit p. IS'j.
2. Eanjnoltts fimhriatus Agass. Décrit p. dS7,
3. Eunjnotus temriceps Xgass. Décrit p. 159.
Pag. 6, lign. 9 : ajoutez aux localités indiquées du Platysomus gibbostis, celle de Gliickshruun.
Pag. 6. lign. 22 , ajoutez l'espèce suivante :
Platijsomus pannim Agass. Mentionné p. 303.
Pag. 6, lign. 23 : les dents du genre Gtjrolepis me sont maintenant coimues, elles sont ob-
tuses et disposées sur plusieurs rangées , et diffèrent ])ar conséquent de celles des
Platysomus. Ce genre doit donc êti-e définitivement admis.
Pag. 6, lign. 26 : Gyrolepis maximus. Ajoutez les localités : Bayreuth , Breslau , Uottweil ,
Rottenmiinster et Axmouth. Ajoutez encore l'espèce suivante :
Crjrolepis Rankinei, mentionné p. 303.
Pag. 6, lign. 27 : Gyrolepis tenuistriatus . Ajoutez les localités : Bayreuth, Breslau. Biber-
feld , Rietheim , Tœbingen , près de Rottweil, Bristol et Axmoulh.
Pag. 6, lign. 28 : Gyrolepis Alhertii. Ajoutez les localités : Bayreuth, Breslau, Biberfeld .
Rottenmiinster, Bristol , Axmouth et Lyme-Regis.
Mon Gyrolepis asper est un Acrolepis. Voir p. 4 75, lign. \ 1 .
L'espèce que j'ai décrite, p. 175 , sous le nom de Gyrolepis giganteus est un Holoptychius :
mon H. giganteus, de la famille des Célacanthes.
Après le genre Gyrolepis , ajoutez le genre :
Plectrolepis Agass. Mentionné p. 303.
i, plectrolepis rugosus Agass. Mentionné p. 303.
Pag. 7, lign. 6, Tetragonolepis Traillii. Agass. Cette espèce est synonyme du Tetragonolepis
angulifer, décrit p. 213.
Pag. 7, lign. 30, ajoutez :
1 a. Tetrogo7iolepis ovalis \gass. Espèce caractérisée par sa forme allongée. Lias : Boll.
Décrite p. 209. et les espèces suivantes :
8. Tetragonolepis speciosus Agass. Décrit p. 199.
9. Tetragonolepis confliiens Agass. Décrit p. 199.
10. Tetragonolepis piistulatus Agass. Décrit p. 201 .
11. Tetragonolepis tnonili fer Agass. Décrit p. 212.
12. Tetragonolepis dorsalis Agass. Décrit p. 211 .
13. Tetragonolepis radiatus Agass. Décrit p. 201.
1 k. Tetragonolepis leiosomus Agass. Décrit p. 202.
15. Tetragonolepis mastodonteiis Agass. Décrili). '^{6.
16. Tetragonolepis striolatus Agass. Mentionné p. 304.
Pag. 8, lig. 1 : Ajoutez après Dapedius politus ., comme citation : (Geol. Transact. ; seconde
série, vol. I , Tab. 6).
— 286 —
Cette espèce est décrite comparativement p. 183. Ajoutez encore les espèces suivantes :
i . Dapedius granulaliis Agass. Décrit p. 190.
"2. Dapedius Co/eî Agass. Décrit p. 195.
3. Dapedius punctattis A-gass. Décrit p. 192.
k. Dapedius orbis Agass. Décrit p. 218.
5. Dapedius arenatus Agass. Mentionné p. ôO'i.
6. Dapedius micans Agass. Mentionné p. 304.
Pag. 8, lign. 3 : le Dapedius altivelis étant synonyme du Semionotus lalus , doit prendre le
nom de ce dernier. La roche dans laquelle il se trouve est la même que celle de
tous les poissons de Seefeld.
Pag. 8, lign. o : Sous le nom de Dapedius fimbriatus Agass., j'avais inscrit dans mon feuil-
leton une espèce nouvelle remarquable par la dentelure du bord de ses écailles ,
mais je me suis assuré plus tard qu'elle appartient au genre Lepidolus. Elle pro-
vient de Hsering en ïyrol. Lias? D'après un dessin de M. Berger, ce poisson paraît
se trouver aussi à Koburg.
A là suite du genre Dapedius, il faut placer le genre suivant :
Amblyurus Agass. décrit p. 220, dont je ne connais encore qu'une espèce :
1 . amblyurus inacrostomus Agass.
Pag. 8, lign. 15 et 19 : le Semionotus Spixii étant synonyme du Semionotus Bergeri , doit être
supprimé. J'ai été induit en erreur sur l'origine de cet ichtliyolithe., et lorsque j'en
ai fait une espèce particulière , je ne connaissais encore le Semionotus Benjeri que
d'après la figure qui se trouve dans l'ouvrage de M. Berger. D'après de nouveaux
renseignemens, c'est en efïet au Lias inférieur qu'il faut rapporter le grès de Ko-
burg, comme je l'avais supposé d'après la structure de ses poissons. Ajoutez Sei-
dingsladt aux localités où l'on trouve cette espèce. Ajoutez aussi les espèces sui-
vantes :
1. Semîo??o<MS »7iom6»/pr Agass. Décrit p. 228.
2. Semionotus Nilsoni Agass. Décrit p. 229.
3. Semionotus striatus Agass. Décrit p. 231 .
U. Semio7wtus Pentlandi Egert. Mentionné p. 305.
■ 5. Semionotus minutus Egert. Mentionné p. 305.
6. Semionotus pustuli fer Egevi. Mentionné f. 50^.
Après le genre Semionotus , placez le genre suivant :
Centrolepis Egert. Ment. p. 304.
1. Centrolepis asper Egerl. Mentionné p. 304.
Pag. 8, lign. 27 : ajoutez aux localités citées, où l'on trouve le Lepidolus Gigas : Mistelbacli
près de Bayreuth, Schwarzach près de Culmbach, Banz et Alforf.
— 287 —
Pag. 8, ligii. 28, les Lepidolus latissimiis et vmbonatus sont synonymes du Lepidolm Hemiacr-
ratus , décrit p. 2?lO.
Pag. 9. lign. 2, effacez : A^ urteniberg , comme gisement du Lepidolus ornatus.
Pag. 9, lig. D. Le Lepidotus radiatus est de Boulogne-sur-Mer, d'après les indications de lord
Enniskillen.
Pag. 9, lign. 7. Le Lepidohis subdenticiilalus esl synonyme dn Lepidotus Fittoni. décrit p. 265.
Pag. 9, lign. 9. Le Lepidotus tindatus provient de Lyme-Regis. Miss Marie Anning a reconnu
l'exemplaire que j'ai figuré pour un de ceux qu'elle avait trouvés elle-même. Un
fragment de la tète se trouve aussi chez M. Johnson , à Bristol , et porte également
l'indication de Lyme-Regis.
Pag. 9, lign. ^2, Ajoutez : Lepidotus oblomjiis Agass. Espèce de Solenhofen , observée
dans le musée de Munich. Elle atteint des dimensions considérables ; j'ai vu des
fragmens d'un exemplaire qui avait environ trois pieds. Les écailles sont propor-
tionnellement plus petites que celles des autres espèces du genre ; elles sont fine-
ment dentelées à leur bord postérieur, et paraissent en général plus longues (|ue
hautes.
Ajoutez aussi les espèces suivantes :
1. Lepidotus semiserratus Agass. Décrit p. 2iO.
2. Lepidotus rugosus Agass. Décrit p. 2^6.
.3. Lepidotus fimbriatus Agass. Décrit p. 247. Voir ci-dessus Dapedius /imbriatus
p. 286 lig. iO.
U. Lepidotus lœvis Agass. Décrit p. 2S4,
5. Lepidotus palliatus Agass. Décrit p.. ^S^.
6. Lepidotus tuberculatus Agass. Décrit p. 256.
7. Lepidotus notopterus Agass Décrit p. 237.
8. Lepidotus speciosus Miinst. Décrit p. 266.
9. Lepidotus parvulus Miinst. Décrit p. 267.
10. Lepidotus serrulatus Agass. Décrit p. 250.
H. Lepidotus pectinatiis Egerl. Mentionné Y>. .304.
- 12. Lepidotus latimanus Egert. Mentionné p. 304.
13. Lepidotus ptmctulatus Agass. Mentionné p. 306.
14. Lepidotus Cottœ Agass. Mentionné p. 306.
15. Lepidotus temnuriis Agass. Mentionné p. 306.
Pag. 9 . lign. 8 d'en bas, ajoutez les espèces suivantes :
1. Pholiphorus Bechei Agass. Décrit p. 272.
2. Pholidophorus onychius Agass. Décrit p. 274.
3. Pholidophorus Strickkmdi Agass. Décrit p. 284.
— 288 —
k. Pholidophorus Hastingsiœ Agass. Décrit p. 284.
5. Pholidophorus angustus Xgass. Décrit p. 285.
Au bas de la page, ajoutez encore les espèces suivantes :
6. Pholidophorus micronyx Agass. Espèce large, à grandes écailles, dont les bords sont
lisses, et qui ont un petit crochet articulaire à leur bord supérieur. Kelheim.
7. Pholiphorus latimamis Agass. Espèce caractérisée par ses larges pectorales arrondies,
et dont les rayons sont articulés très-ptès. Ecailles épaisses, un peu plus longues que hautes,
munies de quelques grosses dentelures à leur bord postérieur. Solenhofen et Mûhlheim.
9. Pholidophorus macrocephalus Agass. Cette espèce et la suivante, dont je n'ai connu
d'abord que des fragmens, se trouvent confondues dans mon tabieau synoptique et placées à
tort dans le genre Urseus, page 12 , n° 3. Je donne maintenant le nom de Pholidophorus ma-
crocephalus à celle dont les écailles , épaisses et peu élevées , sont lisses sur leurs bords , et
dont la surface extérieure est ondulée de manière à réfléchir des rayons vers son bord posté-
rieur. Solenhofen.
10. Pholidophorus urœoides Agass. Tète large et courte; écailles grandes, minces, ornées
de rayons divergens à leur surface extérieure, formées par des séries saillantes de points gra-
nulés. Onglets articulaires très-larges et très-longs, formant , dans leur réunion , des bandes
transverses saillantes. Solenhofen, Eichstaedt et la carrière de Moritzbrunn.
1 1 . Pholidophorus radians Agass. Espèce très-curieuse ; de tout le genre , c'est celle dont
les écailles sont les plus grandes ; les rides de leur surface extérieure forment des rayons di-
vergens dans tous les sens ; elles sont plus hautes que longues , surtout celles de la série laté-
rale. De larges écailles sur les bords du pédicule de la queue. Weltenburg, Kelheim, Solen-
hofen et Langenaltheim.
12. Pholidophorus latus Agass. Espèce très-large dans sa partie antérieure, où les écailles
sont aussi plus élevées que longues ; leur bord postérieur est frangé , et leur surface exté-
rieure légèrement ondulée en lignes rayonnantes. Solenhofen.
13. Pholidophorus Taxis Agass. Espèce que j'ai aussi indiquée dans quelques collections sous
le nom de Pholidophorus striolatus. Tète grande ; les pièces operculaires et les os des mâ-
choires sont granulés et striés ; les écailles deviennent de plus en plus épaisses de la partie
antérieure vers la queue ; elles sont striées extérieurement. Daiting, Solenhofen.
Ajoutez encore les espèces suivantes :
Ik. Pholidophorus tenuiserratus v. Miinst. Décrit p. 276.
15. Pholidophorus longiserratus v. Miinst. Décrit p. 277.
16. Pholidophorus striolaris v. Miinst. Décrit p. 277.
17. Pholidophorus intermedius v. Miinst. Décrit p. 279.
18. Pholidophorus gracilis v. Miinst. Décrit p. 285.
19. Pholidophorus ornatus Agass. Décrit p. 280.
20. Pholidophorus Flesheri Agass. Décrit p. 281.
— 280 —
21. Pholidopliorus minor Agass. Décrit p. 286.
22. PhoUdophorits radiato-punctatus Agass. Signalé p. 287.
23. Pholidophorus maxivws Agass. Signalé p. 287.
2^. Pholidophorus pachysoiiuis Egerl. Signalé \i. 'iSS.
25. Pholidophorus crenulatus Egert. Signalé p. 288.
26. Pholidophorus Harlmamii Egert. Signalé p. 288.
27. Pholidophorus fusiformis Agass. Signalé p. 288.
28. Pholidophorus leptocephalus Agass. Signalé p. 288.
Le poisson que j'ai indiqué dans mon feuilleton, p. 10, n° 8 , sous le nom de Pholidopho-
rus lœvissimus , est une espèce de mon nouveau genre Nothosomus.
Pag. 10, lign. 3 : J'ai cru devoir supprimer le genre Microps pour le réunir aux Pholido-
phores , et j'ai en conséquence changé le nom de Microps furcafus en celui de
Pholidophorus furcatus. Voir p. 286.
Pag. 10, lign. 7 : A la suite des Pholidophores il faut placer un petit genre inédit que je nomme
Ophiopsis Agass. , déci'it p. 289.
Corps allongé, recouvert d'écailles presque toutes de même grandeur, à peine plus petites
vers l'insertion de la caudale , le long du lobe supérieur de laquelle elles s'étendent un peu
obliquement. C. légèrement fourchue; P. très-grandes et allongées; D. très-allongée, mais
peu élevée ; les V. sont vis-à-vis son milieu. La tête est petite ; cependant les pièces opercu-
laires sont fortes et larges.
1 . Ophiopsis Mïinsteri Agass. Toutes les écailles paraissent équilatérales ; leur surface ex-
térieure est ondulée , sans stries marquées ; eljes sont constamment ornées d'une fine dente-
lure à leur bord postérieur ; leur onglet articulaire est court. Kehiheim.
2. Ophiopsis procerus A.gass. Espèce plus allongée que la précédente, et dont les rayons
des nageoires, ceux de la caudale surtout, sont plus grêles. Solenhofen. Décrit p. 289^.
Ajoutez encore : Ophiopsis penicillatus Agass. Décrit p. 290.
Ophiopsis dorsalis Agass. Décrit p. 291 . Cette espèce provient du calcaire
de Purbeck , comme la précédente et non point de loolite inférieure.
C'est encore icf qu'il faut placer un genre nouveau que je décrirai sous le nom de :
Nothosomus Agass. Signalé p. 292.
{ . Nothosomus octostychius Agass. Signalé p. 292.
2. Nothosomus lœvissimus Agass. Signalé pag. 10 du feuilleton, sous le nom de Pholido-
phorus lœi>issimus. Voir ci-dessus lign. 9.
Pag. 10, lign. 14 : ajoutez : Notagogus denticulatus Agass. Ecailles dentelées à leur bord
postérieur ; pédicule de la queue étroit ; la première dorsale est un peu plus éle-
vée que la seconde. Kehiheim. Décrit p. 294.
Je place encore ici le genre suivant :
Proptervs Agass. décrit p. 295.
ToM. II, 2= Part. 37-
— 290 —
Deux dorsales, dont les rayons antérieurs de la première sont allongés ; ceux de la seconde
à-peu-près égaux. A. très-reculée. Lobe supérieur de la caudale un peu plus allongé que l'infé-
rieur. Corps des vertèbres hauts et courts; apophyses épineuses courtes ; osselets interapophy-
saires proportionnellement plus longs.
i. Propteriis microslomus Agass. (Je l'ai étiqueté dans quelques collections du nom d'.^-
rrospondylus , que je suis maintenant obligé de changer en celui de Propterus). Celte espèce
est remarquable par une saillie arrondie de la mâchoire supérieure qui dépasse l'inférieure ;
la bouche est proportionnellement très-petite. Corps large, ovale, recouvert d'écaillés de
moyenne grandeur. L'œil est placé très-haut dans la tête. Kehlheim. Décrit p. 295.
Ajoutez 2. Propterus serratus Miinst. Signalé ]). 296.
Pag. 10, lign. 18 : Placez en tête de la famille des Sauroïdes les genres suivans :
i . DiPLOPTERUs Agass. Mentionné 2^ part. p. 159 et 162.
1. Diplopterus borealis Agass. Indiqué 2^ part. p. 159 et 162.
2. Diplopterus affinis Agass. Indiqué 2*^ part. p. 159 et 162.
3. Diplopterus macrocephalus Agass. Indiqué 2" part. p. 159 et 162.
k. Diplopterus Robertsoni Agass. Indiqué 2^ part. p. 159 et 162.
5. Diplopterus carbonarius Agass. Indiqué 2^ part. p. 159 et 162.
2. Megalichth\s Agass. Décrit 2^ part. p. 89.
«
1 . Megalichthys Hibberti Agass. Décrit 2" part. p. 90.
2. Megalichthys maxillaris Agass. Mentionné 2'' part. p. 96.
3. Megalichthys priscus Agass. Mentionné 2^ part. p. 96.
3. Platygnathus Agass. Indiqué 2" part. p. 159 et 162.
1 . Platyg)iathus paucidens Agass. Indiqué 2^ part. p. 159 et 162.
2. Platygnathus minor Agass. Indiqué 2" part. p. 159 et 162.
3. Platygnathus Jamesoni Agass. Indiqué 2^ part. p. 159 et 162.
k. Dendrodus Owen. Mentionné 2* part. p. 105.
1 . Dendrodus latus Owen. Indiqué T part. p. 159 et 162.
2. Dendrodus sigmoides Owen. Indiqué 2" part. p. 159 et 162.
3. Dendrodus strigatus Owen. Mentionné 2^ part. p. 105.
5. Lamnodus Agass. Indiqué T part. p. 159 et 162.
1 . Lamnodus Panderi Agass. Indiqué 2" part. p. 159 et 162.
2. Lamnodus biporcatus Agass. Indiqué 2" part. p. 159 et 162.
6. Cbicodus Agass. Mentionné 2^ part. p. 156.
1. Cricodus incmvus Agass. Indiqué 2" part. p. 159 et 162.
7. Graptolepis Agass. Mentionné 2" part. p. 106.
1 . Graptolepis ornatus Agass. Indiqué 2^ part. p. 159 et 163.
— 291 —
8. Ohognathus Agass. Mentionné 2® part. p. 105.
1 . Orognolliiis conideiis Agass. Indiqué S*" part. p. 159 et 162.
9. PoDODUs Agass. Mentionné 2" part. p. 106.
2. Pododm capitatus Agass. Indiqué 2" part. p. 159 et 163.
Pag. 10, lign. 27 : ajoutez : GUicksbrunn, aux localités déjà mentionnées, où l'on trouve le
Pygopterus Hiimbuldtii.
Pag. 10, lign. 28 : ajoutez, comme synonyme, au Pygopterus Liiciiis : (Aspidorhynchus Lu-
cius Agass. Cat. Msc.) cité sous ce nom dans la Géologie de Walchner.
Pag. 10, lign. k d'en bas : Changez le nom de Pygopterus scoticus en celui de Pygopterus
mandibularis , et ajoutez les espèces suivantes :
1 . Pygopterus sculptus Agass. Mentionné 2^ part. p. 77.
2. Pygopterus Bucklandi Agass. Mentionné 2" part. p. 77.
3. Pygopterus Jamesotù Agass. Mentionné 2" part. p. 78.
k. Pygopterus Greenockii Agass. Mentionné 2" part. p. 78.
Pag. 1 1 . lign. 2 : ajoutez le genre suivant :
Saukichthys Agass.
Je ne connais encore que quelques fragmens de mâchoires de ce genre, dont les caractères
sont si particuliers, que j'ai été indécis s'il devait rentrer dans la classe des poissons ou prendre
place parmi les reptiles. Les dents sont placées dans une rainure semblable à celles des Plésio-
saures; elles sont rangées à des distances inégales, et diffèrent aussi considérablement de
grandeur entre elles : coniques , légèrement comprimées sur les côtés , elles sont finement
striées à leur base jusqu'au milieu de leur cône ; mais à leur extrémité , qui est subitement
rétrécie, elles sont parfaitement lisses. Je place ce genre dans la division des Hétérocerques ,
à cause de son gisement.
1. Saurichthys apicalis Agass. Dans le Muscheikalk des environs de Bayreuth. Décrit
2" part. p. 85.
2. Sauriclitliys Mougeoti Agass. Décrit 2^ part. p. 85.
3. Saurichthys acuminatus Agass. Décrit 2^ part. p. 86.
k. Saurichthys semicostatus Mûnst. Décrit 2^ part. p. 87.
5. Satirichthys longidens Agass. Décrit 2" part. p. 87.
6. Saurichthys tenuirostris Mûnst. Mentionné 2" part. p. 88.
7. Saurichthys costa'us Mûnst. Mentionné 2" part. p. 88.
8. Saurichthys angustus Mûnst. Mentionné 2" part. p. 88.
Pag. 11, lign. 7, ajoutez les espèces suivantes :
2. Acrolepis asper Agass. Décrit 2" part. p. 81.
3. Acrolepis acutirostris Agass. Indiqué 2^" part. p. 160.
— 292 —
Pag. H, lign. 12, ajoutez comme localités où l'on trouve le Ptycholepis bol I émis , Whitby et
Lyme-Regis.
A la suite du genre Ptycholepis , ajoutez encore les genres suivans :
EuGNATHUS Agass. Décrit â*' part. p. 97.
i . Eugnalhus orthostomus Agass. Décrit 2" part. p. 98.
2. Eugnathtis speciosus Agass. Décrit 2" part. p. 100.
3. Eiiynathus PhUpotiœ Agass. Décrit â'' part. p. iOI.
k. Eugnathus Chirotes Agass. Décrit 2" part. p. 102.
0. Eugnathus minor Agass. Décrit 2" part. p. i03.
6. Eugnathus polyodon Agass. Décrit 2" part. p. 101.
7. Eugnathus opercularis Agass. Décrit 2^ part. p. lO'i.
8. Eugnathus micrblepidolus Agass. Mentionné p. 12 sous le nom d'Urœus microlepidotus
et sous son nom actuel 2" part. p. 104.
9. Eugnathus giganteus Agass. Mentionné 2" part. p. 104.
10. Eugnathus fasciculatus Agass. Indiqué 2^ part. p. 105.
H. Eugnathus tenuidens Agass. Indiqué 2^ part. p. 105.
12. Eugnathus ornatus Agass. Indiqué 2^ part. p. 105.
43. Eugnathus scabriusculus Agass. Indiqué 2*^ part. p. 105.
ik. Eugnathus leptodus Agass. Indiqué 2'' part. p. 105.
15. Eugnathus mandibu lavis Agass. Indiqué 2^ part, p 105.
CoNODUs Agass. Indiqué 2^ part, p. 105.
1 . Conodus ferox Agass. Indiqué 2^ part. p. 105.
Pag. 11, lign. 21 , ajoutez l'espèce suivante : ^
3. Sauropsis mordax Agass. Indiqué 2" part. p. 165.
Page 1 i , au bas de la page : Mon Pachycormus furcatus est un Caturus ( Uraèus ) : il est
même synonyme du Caturus nuchalis, dont je l'avais distingué à tort. On le trouve
aussi à Kehiheim.
Pag. 12, lign. U, ajoutez les espèces suivantes :
1. Pachycormus curtus Agass. Décrit 2*' part. p. 112.
2. Pachijcormus heterurus Agass. Décrit 2^ part. p. 113.
3. Pachycormus acutirostris Agass. Mentionné 2^ part. p. HU.
k. Pachycormtts latipennis Agass. Mentionné 2" part. p. 114.
5. Pac/tyco>-»ms ^fl<2ros<ns Agass. Mentionné 2*" part. p. 114.
fi. Pachycormtis leptosteus Agass. Mentionné 2" part. p. 114.
7. Pachycormus macropomus Agass. Mentionné 2® part. p. 114.
8. Pachycormus latus Agass. Mentionné 2^ part. p. 114.
9. Pachycormus macrurus Agass. Décrit 2* part. p. 113.
— 293 —
Ajoutez encore les genres suivans :
Amblysemius Agass. Mentionné 2" part. p. 119.
1. Amblysemius gracilis Agass. Indiqué ^^ pari. p. IQ^.
Thrissonotus Agass. Mentionné 2*^ part. p. 168.
1 . Thrissonotits Colei Agass. Mentionné 2*^ part. 168.
Page 12 , lign. 9 : Sous le nom de Thrissops salmoneus , j'ai confondu deux espèces :
1 . Celle à laquelle je conserve le nom de Thrissops salmoneus ne s'est encore trouvée tpi'à
Kehlheim et à Eichstaedt. Les ventrales sont plus reculées que le milieu de l'abdomen , et ses
écailles moins grandes que dans l'espèce suivante.
2. Thrissops mesogoster Agass. Ecailles très-grandes; ventrales au milieu de l'abdomen.
Solenhofen, Pappenheim, Daiting.
3. Thrissops Cephalus Agass. Espèce de Solenhofen. Petit poisson à peine de la taille du
Leptolepis sprat liformis , dont la tête est proportionnellement plus grande que dans les
autres espèces du genre; son œil est énorme pour ses petites dimensions. D. très-petite, op-
posée au milieu de l'A., qui est proportionnellement très-grande. Apophyses épineuses de la
partie antérieure de la queue très-arquées ; les dorsales sont droites , et celles de l'extrémité
de la queue fort inclinées. Côtes très-gréles. V. plus rapprochées de l'A. que des P. Ecailles
assez grandes.
Ajoutez encore les espèces suivantes :
k. Thrissops intermedius Mùnst. Décrit 2^ part. pag. 127.
5. Thrissops subovatus Miinst. Mentionné 2" part. pag. 128. . '
Page 12, ligne 11 : Le Thrissops formosus ne se trouve pas à Solenhofen, mais j'en ai vu ré-
cemment plusieurs beaux exemplaires de Kehlheim.
Pag. 12, ligne 15 : Ayant été informé par M. Fitzinger que le genre de Reptiles, nommé
Urœus par Wagler, et que je croyais devoir être supprimé , repose sur des carac-
tères propres à lui conserver ses droits génériques , je ne puis le conserver dans la
classe des poissons et je le remplace ici par le nom de Caturus; il faudra donc chan-
ger, lignes 21, 23, 27 et 29, les noms d'Urœus en Caturus.
La première de ces espèces , le Caturus nuchalis , se trouve aussi à Weltenburg et à
Kehlheim, et la quatrième, \eCaturus microlepidotus , aussi à Miihlheim. Comme
je l'ai déjà fait remarquer plus haut pag. 292, cette espèce doit être reportée dans
mon nouveau genre Eugnathus , sous le nom d' Eugnathus microlepidotus.
D'après une remarque faite plus haut , pag. 288, V Urœus macrocephalus est allé
prendre place , sous deux noms difïérens , dans le genre Pholidophorus , comme
Pholidophorus macrocephalus et Pholidophorus urœoides.
Pag. 12. Au bas de la page, ajoutez les espèces suivantes :
6. Caturus elongatus Agass. (Urœus elongatus dans les collections que j'ai étiquetées.) Corps
— 29^1 —
plus élancé que dans les autres espèces du genre. C. très-grande , très-fourcbue. Â. très-pe-
tite, étroite et courte. D. large, ayant un grand nombre de petits rayons dans son bord an-
térieur. Solenhofen.
7. Catiirus maxinms Agass. (Urœus maximus CoUect.) Remarquable par le prolongement
considérable des rayons extérieurs des deux lobes de la C, qui fait ressembler cette nageoire
à celle des Coryphènes. Solenhofen.
8. Caturus mkrochirus Agass. (Urseus microchirus Collect.) P. à base large, mais à rayons
courts et minces, le premier excepté; rayons branchiostègues antérieurs courts et étroits, in-
sensiblement plus longs et plus larges, au nombre de vingt-quatre à vingt-cinq. Dents de la
mâchoire inférieure plus éloignées et plus grandes que celles de la mâchoire supérieure. So-
lenhofen .
9. Caturus branchiostegus Agass. (Urseus branchiostegus Collect.) Je n'en connais qu'une
mâchoire inférieure avec les rayons branchiostègues. Les dents sont rapprochées, la mâchoire
courte; les rayons branchiostègues antérieurs plus larges que les suivans. Solenhofen.
40. Caturus macr od us \gass. (Urîeus macrodus Collect.) Espèce encore douteuse, ressem-
blant beaucoup au Caturus pachyurus , mais dont les mâchoires paraissent plus courtes . les
dents plus grandes et très-rapprochées les unes des autres. Eichstaîdt.
Ajoutez encore les espèces suivantes :
H. Caturus latus Miinst. Décrit 2^ part. p. 1 17.
12. Caturus similis Agass. Décrit 2*^ part. p. 118.
13. Caturus angustus Agass. Mentionné T part. p. 118.
14. Caturus Meyeri Miinst, Mentionné T part. p. 118.
la. Caturus pleiodus Agass. Mentionné 2*^ part. p. 1 18.
16. Caturus BucMandi Agass. Mentionné 2'' part. p. 119.
Page 13 , ligne 9 : Le Leptolepis Bronnii se trouve aussi à Oberschrsetz , près de Bayreuth.
Pag. 13, ligne {^ : ajoutez: Miihlheim, au gisement indiqué du Leptolepis sprat tiformis.
Outre les caractères indiqués , cette espèce se distingue surtout par les apophyses
épineuses droites et peu inclinées de ses vertèbres caudales.
Pag. 13, ligne 18 : ajoutez à la localité citée du Leptolepis Knorrii : Daiting , Eichstfedt ,
Langenaltlieim , Miïhlheim et Pappenheim. Les apophyses épineuses caudales de
cette espèce sont arquées, et les dernières très-inclinées.
Pag. 13, ligne 19 : Le Leptolepis duhius se trouve à Daiting et à Solenhofen ; ses apophyses
épineuses postérieures sont inclinées, mais droites.
Pag. 13, ligne 21 : Ajoutez les espèces suivantes :
8. Leptolepis contractus Agass. Nombre des vertèbres moins considérables que dans les es-
pèces précédentes ; corps par conséquent plus court, trapu. Apophyses épineuses postérieures
arquées , mais peu inclinées. A. de moyenne grandeur, plus rapprochée des ventrales. Tête
assez grande. Solenhofen.
— 295 —
9. Leptolepis f'oithii Agass. Corps des vertèbres haut cl court ; côtes , apoj)hyses épineuses
et arêtes inlerniusculaires très-minces ; V. grandes , à larges rayons , plus ra|)prochées de l'A.
que celle-ci de la C. ; P. à rayons grêles. Mâchoire inférieure haute; rayons branchiostégues
très-minces. Ecailles grandes. Kehiheim.
10. Leptolepis poiyspomlydus Agass. Corps des vertèbres très-élevés , mais très-serrés:
apophyses épineuses minces et très-inclinées en arrière ; côtes très-minces ; A. plus rappro-
chée des V. que de la C. Tète proportionnellement très-grande. Celle espèce reste pelite.
Solenhofen.
H. Leptolepis macrolepidotus Agass. Espèce très-petite, dont les vertèbres sont allongées,
et les apophyses roides et peu inclinées. A. très-rapprochée de la C. Ecailles disproportionné-
ment grandes. V. dans le milieu de l'espace qu'il y a entre les P. el l'A. Solenhofen.
On ne saurait songer à envisager ces deux dernières comme de jeunes individus des espèces
précédentes, dont j'ai vu des exemplaires de toutes les dimensions, el tout aussi petits (jue
les Leptolepis pohjspondylus et macrolepidotus ordinaires.
Ajoutez encore les espèces suivantes :
12. Leptolepis catidcdis Agass. Mentionné 2" part. p. 133.
13. Leptolepis fdipennis Agass. indiqué 2" part. p. 154.
ik. Leptolepis crassus Agass. Décrit 2" part. p. 131.
15. Leptolepis latus Agass. Indiqué 2" part. p. 134.
16. Leptolepis pusil lus Agass. Indiqué 2" part. p. 134.
17. Leptolepis paucispondyius Agass. Indiqué 2" part. p. 134.
18. Leptolepis macrophthalmus Egert. Indiqué 2" part. p. 134.
Page 12 et 13. Addition aux genres Thrissops et Leptolepis.
Ce qui paraissait peu probable il y a quelques années, est maintenant un fait accompli : on
})eut espérer de recueillir des données sur la disposition des organes intérieurs de quelques-
uns des genres des poissons fossiles qui n'existent plus. Ainsi les corps fossiles que les orycto-
graphes ont décrits et ligures sous le nom de Lumbricaria , dont ils ont fait un genre de la
classe des vers , sont des intestins de poissons. Ils appartiennent aux genres Leptolepis et
Thrissops. Cette observation que j'ai faite sur plusieurs exemplaires du 3Iusée de Prague , où
l'on conserve des ichlhyolithes entre les côtes desquels se trouvent les Lumbricaires, celte ob-
servation que j'ai confirmée dans la collection de M. le comte de Miinsler, qui a établi lui-
même le genre Lumbricaria , prouve aussi jusqu'à l'évidence que mes Thrissops et mes Lep-
tolepis n'ont aucun rapport avec les Chipes , dont les intestins sont plus gros et plus courts
que ceux, de ces genres fossiles. Je pourrais ajouter, de plus, que ni les Leptolepis, ni les
Thrissops n'ont des côtes slernales. Les Thrissops ont de plus des apophyses épineuses qui ne
sont pas soudées aux corps des vertèbres, mais qui leur sont unies par suture.
Page 13, ligne 27 : ajoutez les espèces suivantes au genre Megalurus :
2. Megalurus brevicoslatus Agass. Côtes très-minces et courtes; apophyses épineuses infé-
— 296 —
rieures de l'extrémité de la queue, moins larges que dans le Meg. lepidotus ; ligne latérale ar-
quée vers le dos. Kehlheim.
3. Megalurus elongatus Mùnst. Décrit 2® part. p. 148.
k. Megalurus parvus Miïnst. Décrit 2^ part. p. 149.
Le genre Megalurus doit être placé à la fin de la feuille, à côté du genre Macrosemius.
Pag. 13 , au bas de la page, ajoutez :
Le genre Macropoma doit être reporté dans la famille des Célacanthes. (Voir plus bas.)
J'en connais deux espèces.
1. Macropoma Mantellii Agass. Craie : Sussex. Décrit 2" part. p. 174.
2. Macropoma Egertoni Agass. Mentionné 2" part. p. 174.
Page 14, ligne 7 : Le poisson de la collection du comte de Miïnster cité ici est mon Belonon-
tomus sphyrœnoides , dont les caractères sont indiqués plus bas.
Pag. 14, lign. 9. M. Owen a donné sur l'animal de Stonesfîeld tous les renseignemens que
les matériaux connus pouvaient fournir. Il n'en sera plus question à l'avenir dans
la classe des poissons.
Pag. 14, ligne 21 : ajoutez aux caractères de VÀspidorhynchus acutirostris , que la mâchoire
inférieure est beaucoup plus épaisse que la supérieure , et que son bord inférieur
est arqué.
Ajoutez les espèces suivantes :
3. Aspidorhynchus mamUhularis Agass. Diffère de la précédente par ses allures plus élan-
cées et par la forme de la mâchoire inférieure , qui est étroite , et dont le bord inférieur est
droit. Les nageoires sont aussi plus grêles. Solenhofen.
4. Aspidorhynchus lepturus Agass. Mâchoire inférieure très-courte et large. C. petite et à
rayons grêles. Ecailles lisses. Kehlheim.
5. Aspidorhynchus speciosus Agass. Ecailles ornées de grosses rides, décurrentes à leur
bord supérieur ; celles de la ligne latérale sont les plus élevées , et leurs rides vont aussi finir
au bord inférieur. Kehlheim.
6. Aspidorhynchus ornatissimus Agass. Toute la surface des écailles est ornée de rides (|ui
se ramifient d'avant en arrière , et qui sont réunies par de petites saillies Iransverses. Solen-
hofen et Pappenheim.
Ajoutez les espèces suivantes :
7. Aspidorhynchus anglicus Agass. Indiqué 2" part. p. 139.
8. Aspidorhynchus eiiodus Egert. Indiqué 2" part. p. 139.
9. Aspidorhynchus Comptoni Agass. Mentionné 2* pag. p. 139.
Page 1 4 , ligne 22 : ï Aspidorhynchus temdrostris et quelques espèces nouvelles doivent cons-
tituer un genre particulier , assez différent des Aspidorhynques proprement dits .
auquel je donne le nom de :
— 297 —
Belonostomits Agass.
Toutes les espèces de ce genre sont beaucoup plus allongées que les Aspidorliynchus (dans
quelques collections elles portent encore ce nom); les deux mâchoires sont très-allongées, la
supérieure n'est pas beaucoup plus longue que l'inférieure et n'a pas d'échancrure dans la-
quelle celle-ci s'engrène comme dans les Aspidorliynchus. L'A. est plus étroite.
1 . Belonostomus tenuirostris Agass. ( C'est l'Aspidorhynchus tenuirostris mentionné plus
haut p. 2.) Ecailles complètement lisses; les deux mâchoires très-minces, armées les deux de
dents coniques à-peu-près d'égale grandeur, entre lesquelles il y en a de très-fines.
2. Belonostomus suhulatus Agass. (Sous le nom de Belonostomus tenuis dans quelques col-
lections.) Mâchoire inférieure à peine d'un cinquième plus courte que la supérieure, armées
toutes deux de dents très-iines; écailles lisses : les rayons des ventrales sont courts et étroits.
3. Belonostomus ventralis Agass. Mâchoire également armée de fines dents; écailles lisses,
sur lesquelles on remarque à peine les lignes concentriques d'accroissement, finement rayées
à leur bord ; rayons des ventrales courts, mais larges. Solenhofen.
h. Belonostomus sphyrœnoides Agass. (Sphyrfena Agass. Cat. Msc.) Mâchoires à-peu-près
d'égale longueur; la mâchoire inférieure surtout armée de grosses dents coniques qui alternent
avec des dents très-fines. Solenhofen.
5. Belonostomus bruchysomus Agass. La tête égale presque le tiers de la longueur totale du
poisson. Mâchoire d'égale longueur; quelques dents plus grosses sur leur milieu ; écailles lis-
ses, carénées sur le dos et sur le ventre. Vertèbres élevées. D. V. et A. petites. C. propor-
tionnellement plus grande. Eichslsedt.
6. Belonostomus M'ùnsteri Agass. Toutes les nageoires petites, excepté les P. qui sont lar-
ges ; mâchoire inférieure à peine plus courte que la supérieure ; toutes deux armées de pe-
tites dents , et n'en portent que quelques-unes plus grosses sur leur milieu ; écailles granu-
leuses et striées à leur surface extérieure. Daiting.
Ajoutez encore les espèces suivantes :
7. Belonostomus acutus Agass. Décrit 2*^ part. pag. 142.
8. Belonostomus cinctus Agass. Décrit 2*^ part. pag. 142.
9. Belonostomus Anningiœ Agass. Mentionné 2"^ part. pag. ikZ.
10. Belonostomus Kochii Miinst. Mentionné 2*^ part. pag. 143.
11. Belonostomus leptosteus Agass. Mentionné 2" part. pag. 143.
Pag. 14. Au bas de la page , ajoutez le genre suivant :
Macuosemius Agass.
Intermédiaire entre les Saurostomus et les Aspidorliynchus. Tête plus courte; bec peu al-
longé; mâchoire supérieure à peine plus longue. Rayons branchiostègues de plus en plus
longs d'avant en arrière. P. portées sur un pédicule court ; D. occupant tout le dos ; A. pe-
tite, très-reculée; C. arrondie, plus développée dans sa partie supérieure; V. plus rappro-
chées de l'A. que des P. ; de grosses écailles allongées au bord inférieur de la queue.
ToM. II. 2= Part. 38
— 298 —
i. Macrosemhis rostratus Agass. Petit poisson, qui paraît assez large à cause de sa grande
dorsale et dont la tête est terminée en avant par une sorte de bec obtus formé par les deux
mâchoires. Ecailles de moyenne grandeur. Miihlheim , prés de Solenhofen et Pappenheim.
Ajoutez encore l'espèce suivante :
2. Macrosemius brevirostris Agass. Indiqué 2*^ part. p. lôG.
La famille des (]1EL ACANTHES, instituée depuis la publication du tableau synop-
tique qui est en tête de ce volume , doit venir prendre place entre les Sauroïdes et les Pycno-
dontes. Elle renferme plusieurs genres nouveaux et un nombre assez considérable d'espèces.
Elle est caractérisée T part. p. i68. Voici le tableau des genres et des espèces que j'ai dis-
tingués :
i. CoELACANTHiis Agass. Décrit 2^ part. p. 170.
i. Cœlacanthus granulosus Agass. Décrit 2'' part. p. 172.
2. Cœlacanthus Philippsii Agass. Mentionné 2'' part. p. 173.
3. Cœlacanthus minor Agass. Mentionné 2" part. p. 173.
h. Cœ/aca«<A«s ^r«c//j.s Agass. Mentionné 2" part. p. 173.
3. Cœlacanthus lepturus Agass. Mentionné 2" part. p. 173.
6. Cœlacanthus Mûnsteri Agass. Mentionné 2" part. p. 173.
2. Macropoma Agass. Mentionné p. 13. Décrit 2^ part. p. \7k.
1. Macropoma Mantellii Agass. Décrit 2" part. p. 174.
2. Macropoma Egertoni Agass. Mentionné 2" part. p. 174.
3. HoLOPTYCHius Agass. Mentionné 2" part. p. 178.
1 . Holoptychiiis giganteus Agass. Indiqué 2" part. p. 179.
2. Holoptychius Flemingii Agass. Indiqué 2^ part. p. 179.
3. Holoptychius nobilissimus Agass. Indiqué 2^ part. p. 179.
U. Holoptychius Andersoni Agass. Indiqué 2" part. p. 179.
.5. Holoptychius Murchisoni Agass. Indiqué 2" part. p. 179.
6. Holoptychius Omaliusii Agass. Indiqué 2" part. p. 179.
7. Holoptychius H ibberti Agass. Indiqué 2" part. p. 180.
8. Holoptychius sauroïdes Agass. Indiqué 2^part. p. 180.
9. Holoptychius falcatus Agass. Indiqué 2^ part. p. 180.
10. Holoptychius Portlockii Agass. Indiqué 2" part. p. 180. '
11. Holoptychius Garneri Agass. Indiqué 2'' part. p. 180.
12. Holoptychius gramdatus Agass. Indiqué 2" part. p. 180.
13. Holoptychius striatus Agass. Indiqué 2" part. p. 180.
ik. Holoptychius minor Agass. Indiqué 2*^ part. p. 180.
— 299 —
'i. Glyptosteus Agass. Mentionné 2" part, p. 179.
1. Glyptosteus favosus Agass. Indiqué 2" part. p. 179.
2. Glyptosteus reticulatus Agass. Indiqué 2" part. p. 179.
5. Phyllolepis Agass. Mentionné 2^ part. p. 179.
1. Phyllolepis co^icentricus Agass. Indiqué 2° part. p. 179.
2. Phyllolepis tennissimus Agass. Indiqué 2° part. p. 180.
6. Glyptolepis Agass. Mentionné 2" part. p. 179.
1. Glyptolepis elegans Agass. Indiqué 2" part. p. 179.
2. Glyptolepis leptopterus Agass. Indiqué 2^ part. p. 179.
7. PsAMMOLEPis Agass. Indiqué 2" part. p. 179.
1 . Psammolepis paradoxus Agass. Indiqué 2" part. p. 179.
8. HoPLOPYGus Agass. Mentionné 2* part. p. 178.
1. Hoplopyyiis Binneyi Agass. Indiqué 2^ part. p. 180.
9. Uronemus Agass. Mentionné 2^ part. p. 178.
1. Uronemus lobatus Agass. Indiqué 2" part. p. 180.
10. Undina Miinst, Mentionné 2" part. p. 178.
1. Undina striolaris Miinst. Indiqué 2" part. p. 180.
2. Undina Kohleri Miinst. Indiqué 2*' part. p. 180.
11. Gtenolepis Agass. Mentionné 2'' part. p. 179.
1. Gtenolepis Cyclus x\gass. Indiqué 2* part. p. 180.
12. Gyrosteus Agass. Mentionné 2" part. p. 179.
1. Gyrosteus mirabilis Agass, Indiqué 2^ part, p, 180,
Page 15, ligne 12 : ajoutez au gisement du Plamdus Gigas les localités suivantes : Lunéville ,
Breslau , Rottweil, Marbach et Wilhelmshall,
Ajoutez aussi les espèces suivantes :
3. Placodus Mïmsteri Agass, Espèce dont les dents sont plus arrondies sur leurs angles
que chez le Placodus Gigas. Muschélkalk : Laineck, près de Bayreulh,
k. Placodus Andriani Miinst, Décrit 2" part, p. 219.
5. Placodus rostratus Miinst. Décrit 2" part, p, 221.
Pag. 13, ligne 22 : Mon Sphœrodiis rhomboïdaiis doit être rangé dans le genre Gyrodus. J'en
ai vu toutes les dents sur un exemplaire du musée de Munich , qui ne permet plus
de douter de la véritable position de cette espèce.
Pag, IS, lign, 26. Mon Sphœrodus mammillaris a été établi d'après des dents de Lepidotus
Mantellii , voir T part, p, 216, J'ai confondu sous le même nom une espèce que
j'appelle maintenant Gyrodus mammillaris. Voir 2'' part, p. 236,
— 300 —
Pag. 15. Au bas de la page ajoutez les espèces suivantes :
8. Sphœrodus annularis Agass. Décrit 2" part. p. 12H.
9. Sphœrodus lens Agass. Décrit 2^ part. p. 212.
10. Sphœrodus irregidaris Agass. Décrit 2^ part. p. 213.
1 1 . Sphœrodus depressus Agass. Décrit 2® part. p. 213.
12. Sphœrodus discus Agass. Décrit 2*^ part. p. 214.
13. Sphœrodus cinctus Agass. Décrit 2^ part. p. 214.
14. Sphœrodus mitrula Agass. Décrit 2* part. p. 214.
15. Sphœrodus conicus Agass. Décrit 2*^ part. p. 215.
16. Sphœrodus truncatus Agass. Décrit 2"^ part. p. 215.
17. Sphœrodus neocomensis Agass. Décrit 2^ part. p. 216.
18. Sphœrodus microdon Agass. Décrit 2^ part. p. 216.
19. Sphœrodus minor Agass. Décrit 2" part. p. 216.
Page 16, ligne 10 : Les caractères génériques du genre Gyrodus doivent être complétés comme
suit : Corps large, aplati, court et très-élevé. D. et A. très-longues, opposées l'une
à l'autre depuis le milieu du tronc jusqu^à la base de la C qui est très-fourchue,
et dont les deux lobes, égaux, sont très-allongés. Les V. existent. Ce sont de grands
Microdons, à dents profondément sillonnées. Chez toutes les espèces les écailles sont
unies par de très-gros onglets articulaires.
Ajoutez les espèces suivantes :
6. Gyrodus rhomboidaiis Agass. (Le Spha?rodus rhomboïdalis , cité ci-dessus p. 299).
Ajoutez au gisement connu : Daiting. La surface de ses écailles est ornée d'un réseau de
saillies , ou de rides très-marquées sur les flancs , et plutôt bosselées vers le dos.
7. Gyrodus circularis Agass. Les écailles de cette espèce sont marquées de rides moins
nombreuses et moins saillantes ; les rayons de la caudale ont des articulations très-éloignées
les unes des autres vers leur base , mais qui deviennent de plus en plus nombreuses vers leur
extrémité. Dans ses mâchoires j'ai observé une disposition assez particulière des dents, qui me
parait devoir être générique : la large plaque qui , dans la mâchoire supérieure , est recou-
verte de cinq rangées de dents, dont une moyenne, impaire, est plus grande que les latéra-
les ; c'est le vomer : en avant il y a un petit os qui porte quelques dents coniques , c'est l'in-
termaxillaire ; le côté de la bouche est fermé par une plaque très-dilatée en arrière en forme de
large spatule , c'est le maxillaire supérieur. Quelques dents coniques , à l'extrémité de la mâ-
choire inférieure, correspondent à celles de la mâchoire supérieure. Solenhofen.
8. Gyrodus analis Agass. Le bord antérieur de l'A. est très-allongé et semble former un
lobe particulier, dont les rayons antérieurs sont simples et articulés de loin en loin seulement;
les derniers rayons sont très-courts, larges, fendus et articulés de très-près. Ecailles beaucoup
plus hautes que longues , ornées à leur surface de grosses mailles réticulées ; elles sont lisses
— 301 —
en arrière des ventrales. Premier os interapophysaire de l'anale arqué en avant et prolongé
jusqu'aux ventrales. Kehiheim.
9. Gijrodus frontatus Agass. Les ventrales sont arrondies et composées de six larges rayons;
apophyses épineuses antérieures des vertèbres ventrales très-élevées ; front saillant ; œil petit ;
partie visible des écailles à-peu-près aussi longue que haute ; leur surface extérieure est poin-
tillée ; rayons des nageoires assez grêles. Kehiheim.
10. Gyrodus macrophthatnms Agass. Orbite très-grande; écailles finement ridées à leur
surface extérieure, plus hautes que longues; dents profondément sillonnées. Kehiheim.
i 1 . Gyrodus punctatissimus Agass. Surface extérieure des écailles couverte de petits points
très-rapprochés ; elles sont plus hautes que longues ; l'opercule est aussi pointillé ; rayons des
nageoires larges et articulés de près. Kehiheim.
12. Gyrodus macropterus Agass. La plus petite espèce du genre que je connaisse ; sa D. et
son A. sont formées de rayons si allongés, qu'on la prendrait pour un Platax sans la forme
particulière de ses dents et de ses écailles. C. également très-grande; V. très-petites. Kehiheim.
13. Gyrodus rugulosus Agass. Dents dont les sillons sont eux-mêmes ridés. Grès vert : Ra-
tisbonne.
Ajoutez encore les espèces suivante :
Ik. Gyrodus rucjosus Miinst. Décrit 2" part. p. 217.
1§. Gyrodus punctatus Agass. Décrit 2" part. p. 231.
16. Gyrodus trigonus Agass. Décrit 2^ part. p. 232.
17. Gyrodus radiatus Agass. DécrilT pari. \). 2'5'2. ■
18. Gyrodus lœvior Agass. Décrit 2" part. p. 233.
19. Gyrodus cretaceus Agass. Décrit 2" part. p. 233.
20. Gyrodus Mantellii Agass. Décrit 2" part. p. 23i.
21 . Gyrodus angusfus Agass. Décrit 2" part. p. 23S.
22. Gyrodus rugulosus Agass. Décrit 2" part. p. 23S.
25. Gyrodus M iinsteri Agass. Décrit 2" part. p. 23S.
21. Gyrodus platurus Agass. Indiqué 2" part. p. 236. [
2.5. Gyrodus gibbosus Agass. Indiqué 2" part. p. 236.
26. Gyrodus perlatus Agass. Indiqué 2* part. p. 236.
27. Gy^'odus mammillaris Agass. Indiqué 2^ part. pag. 236.
Pag. 16, lign. 25, ajoutez l'espèce suivante :
Microdon radiatus Agass. Décrite T" part. p. 208.
Page 16, ligne 29 : Ajoutez aux caractères du genre Pycnodus, que les dents de l'intermaxil-
laire et les correspondantes de la mâchoire inférieure sont comprimées en forme de
ciseaux et tranchantes à leur bord.
Page { 7, ligne 3 : Mon Pycnodus microdon est synonyme du Pycnodus Mantellii. Déci'it 2^ part.
p. 196.
— 302 —
Ajoutez l'espèce suivante :
k. Pycnodus complanatus Âgass. Espèce dont les dents ont à-peu-près la forme des précé-
dentes, mais qui sont aplaties à leur surface supérieure. Grès vert de Ratisbonne.
Pag. 17, lign. 6 : ajoutez , comme nouveau gisement de Pycuodus depresstis, le grès vert de
Ratisbonne.
Ajoutez les espèces suivantes :
Pycnodus Rhomhtis Agass. Décrit 2® part. p. 188.
Pycnodus Nicoleti Agass. Décrit 2" part. p. 192.
Pycnodus didytnus Agass. Décrit 2" part. p. 193.
Pycnodus rugidosus Agass. Décrit 2^ part. p. \9U.
Pycnodus ovalis Agass. Décrit 2^ part. p. 195.
Pycnodus toliapicus Agass. Décrit 2" part. p. 196.
Pycnodus Munster i Agass. Décrit 2" part. p. 197.
Pycnodus cretaceus Agass. Décrit 2*^ part. p. 198.
Pycnodus Couloni Agass. Mentionné 2"" part. p. 200.
Pycnodus latirostris Agass. Mentionné 2^ part. p. 199.
Pycnodus obtusus Agass. Mentionné 2" part. p. 199.
Pycnodus parvus Agass. Mentionné 2" part. p. 199.
Pycnodus tristychius Agass. Mentionné 2*^ part. p. 199.
Pycnodus biseriaiis Agass. Mentionné 2'' part. p. 199.
Pycnodus discoïdes Agass. Mentionné 2" part. p. 199.
Pycnodus elongatus Agass. Mentionné 2* part. p. 199.
Pycnodus marginalis Agass. Mentionné 2" part. p. 199.
Pycnodus trigonus Agass. Mentionné 2^ part. p. 199.
Pycnodus latidens Agass. Mentionné 2^ part. p. 199.
Pycnodus priscus Agass. Mentionné 2" part. p. 199.
Pycnodus gracilis Mùnst. Mentionné 2" part. p. 199.
Pycnodus minutus Mûnst. Mentionné 2^ part. p. 199.
Pycnodus niinor Agass. Mentionné 2" part. p. 200.
Pag. 17, lign. 20, ajoutez les genres suivans :
1. Periodus Agass. Décrit 2^ part. p. 201.
1 . Periodus Kœnigii Agass. Décrit 2^ part. p. 201 .
2. AcROTEMNUs Agass. Décrit 2^ part. p. 202.
1 . Àcrotemnus Faba Agass. Décrit 2^ part. p. 205.
3. Gyronchus Agass. Décrit 2" part. p. 202.
1. Gyronchus oblomjus Agass. Décrit 2" part. p. 202.
— 305 —
k. ScROBODUs Miinst. Mentionné 2" part. p. 203.
i. Scrobodîts suboi-atus Mùnst. Mentionné 2" part. p. 203.
5. Globulodus? Miinst. Mentionné 2° part. p. 203.
l. Globulodus elegans Mùnst. Indiqué 2" part. p. 203.
6. CoLOBODUs Agass. Mentionné 2*^ part. p. 237.
1. Colobodus Hogardi Agass. Indiqué 2^^ part. p. 237.
7. PisoDtJS Owen. Indiqué T part. p. 237.
1. Pisodus Owenii Agass. Indiqué 2*^ part. p. 2^17.
8. Phyllodus Agass. Décrit 2* part. p. 238.
i . Phyllodus toliapicus Agass. Décrit 2" part. p. 239.
2. Phyllodus planus Agass. Décrit 2" part. p. 239.
3. Phyllodus polyodus Agass. Décrit 2" part. p. 240.
k. Phyllodus marginalis Agass. Décrit 2" part. p. 240. •
5. Phyllodus irrecjularis Agass. Indiqué 2^ part. p. 241.
6. Phyllodus médius Agass. Indiqué 2" part. p. 241 .
Pag. 17, lign. 26 , ajoutez les espèces suivantes :
2. Diodon Scillœ Agass. Décrit 2'' part. p. 274.
3. Diodon Erinaceus Agass. Mentionné 2" part. p. 274.
Au bas de Ja page , ajoutez les genres suivans :
Blochius Volta.
En comparant ce genre, auquel il n'a point encore été assigné de place dans la classe, avec
les Alutères allongées , on acquiert la conviction qu'il doit être rangé dans la famille des Sclé-
rodermes.
Son corps est très-allongé, étroit, recouvert de petites écailles rhomboïdales , placées obli-
quement au corps ; la tète, également très-allongée, est terminée par un long bec formé par
les deux mâchoires , qui sont d'égale longueur et armées de dents très-fines. De petites ven-
trales insérées en dessous des pectorales ; la dorsale occupe toute l'étendue du dos, et l'anale
la moitié postérieure du bord inférieur ; toutes deux sont formées de rayons très-grêles. La
cavité abdominale est courte.
i. Blochius longirostris \o\lSi. (Ittiolit. veron. Tab. 12 et Tab. 70. — Synbranchus imma-
culatus Ittiolit. veron. Tab. a5. f. f .) Bec très-grêle et très-allongé. Monte-Bolca. L'exem-
plaire du Musée de Paris , qui passe pour en avaler un autre (Iltiol. T. 12. f. I.), est tout
simplement posé sur cet autre ; la petitesse de la cavité abdominale de ce poisson , qui pour-
rait à peine contenir la tête, de plus si solide, de celui qu'on dit être avalé, et qui pourtant
dépasse le bord des mâchoires du glouton , fait déjà voir l'impossibilité d'un fait sur lequel on
a cependant basé une théorie pour expliquer le mode de formation du gîte de Monte-Bolca.
— 301 —
Dercetis Miinst. et Agass.
C'est ici l'un des plus singuliers genres que j'aie observés jusqu'à présent, et dont les carac-
tères sont si frappans qu'ils devront embarrasser tout ichlhyologiste qui cherchera à lui assi-
gner une place dans la classe des poissons. Dans sa collection , M. le comte de Munster lui
avait donné le nom de Dercetis, que je conserve. L'on ne saurait méconnaître sa ressemblance
avec le genre Blochius. Son corps est également très-allongé ; la tète se prolonge aussi en un
bec étroit , mais qui est plus court ; la mâchoire supérieure est un peu plus longue que l'in-
férieure ; toutes deux sont armées de longues dents coniques très-élevées , qui alternent avec
plusieurs rangées de plus petites; les dents du milieu des mâchoires sont les plus longues. P.
très-grandes ; V. abdominales, formées de cinq rayons plus forts que ceux des pectorales, quoi-
que plus courts. La D, commence en avant des V., par des rayons un peu plus longs que les
derniers ; elle s'étend jusque près de la caudale ; l'A. commence plus en arrière , mais elle
finit vis-à-vis la dorsale. C. peu échancrée. Les côtés du poisson sont recouverts de trois ran-
gées de singuliers écussons , semblables à ceux des Esturgeons, mais assez grands dans le Der-
cetis pour recouvrir toute la surface du corps. Ces écussons sont osseux, granuleux à leur sur-
face extérieure, et surmontés d'une saillie anguleuse sur leur milieu.
1 . Dercetis scutatus Agass. Craie de la Westphalie : Baumberge prés de Miinster.
2. Dercetis elongatiis Agass. Décrit 2^ part. p. 2.58,
RmNELLUs Agass. Décrit 2" part. p. 260.
•i . Rhinellus nasalis Agass. Espèce de Monte-Bolca figurée sous le nom de Pegasus lesinifor-
mis dans l'Itt. ver. Tab. 39, f. 1.
2. Rhinellus furcattis Agass. Espèce du Liban. Décrit 2* part. p. 260.
Ajoutez encore les genres suivans :
AcAKTHODERMA Agass. Décrit 2" part. p. 2S1 .
i . Acanthoderma ovale Agass. Décrit 2^ part. p. 25i .
2. ^ca7if/«of?erHm sjo//!os«m Agass. Décrit 2^ part p. 252.
AcAiNTHOPLEURus Agass. Décrit 2* part. p. 2S3.
1. Acanthopleurtis serratus Agass. Décrit 2^" part. p. 253.
2. Acanthopleurus brevis Egert. Indiqué 2^ part. p. 253.
Glyptocephalus Agass. Mentionné 2^ part. p. 261.
1. Ghjtocephalus radiatus Agass. Indiqué 2'' part. p. 264.
Pag. 18, ajoutez encore à la fin du tableau la famille des
ACIPE]\SEÏ11DES Agass. Caractérisé 2" part. p. 277, avec les genres suivans :
C HONDROSTEUS Agass. Mentionné " part. p. 280.
i. Chondrosteus acipenseroides Agass. Indiqué 2^^ part. p. 280.
AciPENSER Linn.
{. Acipenser toliapicus Agass. Mentionné 2'' part. p. 280.
503 —
TABLE DES MATIERES DU 2= VOLUME.
Préface. Le contenu de ce volume est entièrement nouveau pour l'histoire naturelle. Influence de 1 étude des
fossiles sui" l'histoire naturelle des espèces vi^antes; son importance dans l'appréciation des affinités naturelles
des familles; elle nous met sur la \oie du développement génétique du règne animal, dans son ensemble.
Importance des poissons fossiles en particulier pour la géologie pag. v
De l'ordre des GANOIDES en général.
Caractères de l'ordre. Il embrasse de nombreux tjTpes qui n'existent plus et plusieurs familles de notre époque
dont la classification a toujours été très-embarassante pour les auteurs systématiques. Enumération des familles
qui en font partie ; rapports qui existe entr'elles . . pag. vn
Chap. 1. Tableau synoptique des familles, des genres et des espèces de l'ordre des Ganoides. (*)
Caractères diagnostiques de toutes les familles qui ont des représentans fossiles. Enumération des genres et
des espèces avec leurs caractères diagnostiques. LÉPmoiDES : Pterichthys, Coccosteus, Chelonichlhys , Cephalaspis,
Cheirolepis, Cheiracanthus , Diplacanthus , Acanthodes, Dipterus, Osteolepis, Amblypterus, Palseoniscus , Calop-
terus, Coccolepis, Euryîiolus, Platysomus, Gyrolepis, Plectrolepis , Dapedius, Tetragonolepis , Amblyurus ,
Semionotus, Cenlrolepis, Lepidotus, Pholidophorus , Microps, Nothosomus , Ophiopsis, Notagogus, Proplerus. —
SAURomES : Diplopterus, Megalickthys , Plalygnaihus , Dendrodus, Lamnodus, Cricodus, Pygopterus, Acrolepis,
Sauriclithys , Graptolepis , Orognathus, Pododus, Eugnathus, Conodus, Ptycholepis, Caturus (Uraeus) , Pachy-
cormus, Amblysemius, Sauropsis, Thrissops, Thrissonolus, Leptolepis, Aspidorhynchus , Belonostomus, Saurosto-
mus, Megalurus, Macrosemius. — Coelacanthes '■ Boloptychius, Glyptosleus, Phyllolepis, Glyplolepis, Psammolepis ,
Cœlacantkus , Hoplopygus , Uronemus, Undina, Clenolepis, Gy ros^eMs, Macropoma. — Pycnodontes : Globulodus?
Pycnodus, Sphserodus, Placodus, Colobodus, Microdon, Scrobodus, Gyronchus, Gyrodus, Acrotemnus , Periodus,
Phyllodus, Pisodus. — Sclérodermes : Acanlhoderma , Acantliopleurus , Glyptocephalus , Blochius , Dercetis, Rhinel-
lus, Ostracion. — Gymnodontes : Diodon. — Lophobranches : Calamostoma , Syngnathus. — AcjPEmEnwes :
Chondrosteus , Acipetiser ............... pag. i
Chap. II. Du genre Acanthodes , AgASS.
Caractères distinctifs du genre, p. 19. Acanthodes Bronii, p. 20. N'est certainement pas un Acanthoptérygien,
malgré ses rayons épineux. Additions à cette espèce, p. 124. Acanthodes sulcatus, p. 125.
(') Un grand nombre des genres qui me sont connus maintenant, ayanl été déterminés postérieurement à l'impression de ce
chapitre, (iyurcnt seulement dans le texte ou dans les additions; je les reproduis cependant ici pour faire mieux apprécier
leurs affinités naturelles, mais en ilalii/ues , afin de les distinguer de ceux qui sont énumérés dans le tableau primilil'. J'ai
également indiqué a leur place systématique quelques additions éparses dans ce volume.
ToM. II, 2" P.VRT. 39
— 506 —
Du genre Ckeiracanihus , Agass.
Caractères distinclifs du genre, p. 125. Importance de la position relative des nageoires. Cheiracanihus
Murchisoni, p. 126, espèce caractéristique. Cheiracanihus minor, p. 127.
Du genre Cheirolepis, Agass.
Caractères distinctifs du genre, p. 128. Observation sur les écailles granulées de quelques genres de la famille
des Lépidoïdes. Cheirolepis Traillii, p. 150. Cheirolepis Uragus, p. 152. Rapprochement des espèces de Gamrie
et de Pomona, p. 154.
" -"" ij;:.j,.t .-.'JlJpai'jj((-. e::>l'>)i(,ii,J .^^l
■)l-)j (> Chxv. Ul. Du genre Dipterus C\i\. OU Catopterus, Ag^ks'. . 'V'^ .iîUiiiicilJdqoq /il ••!'!••''
' '• • Hjl'i/iiil I I 'inii-ullol^. ^'j|) ;"illi(; l'i i-'il
Caractères distinctifs du genre, p. 25. Renseignemens publiés par MM. Sedgwick et Murchison. Additions.
p. 112. Caractères précis du genre. Des espèces du genre, p. 114. Dipterus macrolepidotus , p. IIS.
Notice sur le genre Diplopterus , Agass. de la famille des Sauroïdes, p. 115.
Du genre Osleolepis, \»\. et Pentl.
Caractères du genre, p. 82 et p. llT.^oiicfe siu- la structure géologique des îles Orkney, et sur les différens
poissons fossiles qu'un y trouve. Osteolepis macrolepidotus y>. ll^J. Osleolepis microlepidotus, p. 121. Osteolepis
arenatus, p. 122. Notice sur les poissons fossiles de Gamrie en général.
. ^^. Chap. IV. DUi.genv? Amblyptfirus, kgASs. 4..
Caractères génériques, P- 28^-51. Structure des nageoires. Nombre des rayons dans les Qageoiresdes poiS*-!
sons en général. Amblypterus macropterus , p. 51 — 58. Considérations sur la classification des poissons en géné-
ral, et rapports des poissons fossiles avec les espèces vivantes. Position des genres Lepidosleus et Polypterus
dans les systèmes dichthyologie. Particularités des nageoires de lAmblypterus macroplei-us. Amt^tylerus
euplerygius, p. 56. Amblypterus lalus, p. 57. Amblypterus lateralis, p. 59. Amblypterus Olfersii, p. 40, rectifié
2° part. p. 28. Additions à ces espèces, p. 112. Amblypterus Agassizii, p. 103. Notice sur les poissons fossiles de
New-Haven en général, p. 106. Amblypterus nemoplerus , p. 107. Amblypterus punctalus, p. 109. Amblypterus
slriatus, p. 111. Rapports des Amblypterus avec les Gyrolepis.
Chap. V. Du genre Palœoniscus, Agasa. ,..,
Cai-actères distinclifs du genre, p. 41. Obser\ations sur les écailles qui s étendent sur les rayons des nageoires.
Palœoniscus j'tdlus, p. 45. Additions, p. 102. Palœoniscus Duvernoy, p. 43. Additions, p. 105. Palœoniscus
minutus, p. 47. Palœmscus Blainvillei, p. 48 — 33. Sur l'état de conservation des Palœoniscus en généraU Inser-
tion des écailles sur le pédicule de la queue. Sur les rapports que présentent des espèces différentes de poissons,
dans différentes localités. Ce que j'entends par analogie compensalive , dont l'étude doit conduire à des résultats
importans pour la Paléontologie, p. 54 et 38. Palœoniscus Voltzii, p. 53. Additions sur son squelette et sur la dis-
position des vertèbres dans la plupart des Ganoides, p. 85. Palœoniscus angustus, p. 57. Palœoniscus vratisla-
viensis, p. 60. Palœoniscus lepidurus, p. 64. Sur l'onglet articulaire qui unit les bords supérieurs et inférieurs
des écailles dans la plapart des Ganoides. Palœoniscus Freieslebeni , p. 66 — 78. Sur la disparition des êtres orga-
nisés qui ont vécu jusqu'ici dans l'eau. Réunion des genres Palaîoniscus et Palaiothrissum. Enumération des
poissons fossiles du Zechslein d'Allemagne. Conqiaraison de ces espèces avec celles du Calcaire magnésien
d'Angleteterre, p. 69, 70 et 78, et Additions, p. 95. Etat de conservation et position de ces poissons dans la roche
qui les contient. Changemens dans la matière organique. Précautions à prendre en décrivant les espèces;
Palœoniscus magnus,]).7S — 80. Palœoniscus macrojWowMs , p. 81, et Additions, p. 105. Palœoniscus carinalus,
p. 104. Palœoniscus elegans, p. 82. Décrit, p. 93. Palœuntscus comlus, p. 97. Palœoniscus ijlaphyrus, p; 98.
Palœoniscus macruphihatmus , p. 99. Palœoniscus longissimus , p. 100. Comment on peut reconnaître les espèces
dont le corps était plat, et celles dont le coi-ps était arrondi. Notice sur les fossiles de Burdie-House en générai ,
et surtout sur les poissons fossiles qu'on y trouve, p. 85. Palœoniscus Robisoni, p. 88. Palœoniscus stnolatus ,
p. 91. Palœoniscus ornatissimus , p. 92.
— 307 —
Chap. VI. Du genre Cephalaspis, Agass.
Caractères génériques, p. lôS. Ressemblance frappanlc de sa tête avec l'écusson des Trilobiles. Uniformité
dans la structure des animaux les plus anciens. Gisement des espèces. Enumcratiou des poissons du vieux grès-
rouge. Subdi\ision de la Grauwacke en plusieurs formations. Les Uocs de Ludlow et leurs fossiles; ils con-
tiennent encore des poissons. Les Uocs de Dudlcy et de ^^ cnlock et leurs fossiles. Les Rocs d'IIorderley et des
Collines de May. Echelle géologiipie propre à apprécier la succession des êtres organisés. Cephalaspis Lyellii, p.
Ihîi. Caractères spécifiques. Rapports a\ec les Callichlhys. Cephnlaspis rnsirnhis, ]). \hS. Comparaison avec le
genre Hypophthalnuis. Ceplialaspi!; Letcisii, p. 149. Cephalaspis Lloydii, p. 150. Comparaison du lest de sa tète
avec les écailles des Mollusques et l'enveloppe solide des Crustacés, et en particulier avec les écussons des
Trilobites.
Chap. VIL Du genre Eurynolus, As,sss. ' 9ilim£j kI ■.»!
\
Caractères distinctifs du genre, p. 155. Eurymtm crenalus, p. iak. ■Ewrynol.uf fimbriatus, p. ISS. Emynol^s
fenuice/»s, p. 159. v4> .a/uonJ v .«ir.<,
Chap. \III. Du genre Plalysomus, Agass.
Caractères génériques, p. 161. Ostéologie complète. Figure restaurée aù^^queleltè. 'P/a/f/somws gibbosus,i}.
164. Plalysomus Rhombus, p. 1()7. Plalysomus strialus , p. 168. Comparaison des Plalysomus d'Allemagne et
d'Angleterre, p. 167 et 169. Platysomus macrurus, p. 170. Plalysomus parvus , p. 170.
w^ Chap. IX. Du genre Gyrolepis, Agass.
Caractères distinctifs du genre, p. 172. Gyrolepis Alberlii, p. 175. Gyrolepis lenuistriatus , p. 174. Gyrolepis
maximus, p. 175. Gyrolepis giganteus, p. 175. Cette espèce appartient au genre Holoplycliius, p. 502.
Du genre Coccolepis, Agass.
Caractères distinctifs du genre , p. 500. Coccolepis Btic/dandi, p. 500. Cette espèce fait seule exception à la
règle que les hétérocerques sont tous antérieurs au Jura.
Observations générales sur les Lépidoides Eélérocerques. Récapitulation des genres et des espèces, p. 177. Ca-
ractères communs. Conditions d'existence des animaux qui ont vécu avec eux. Les poissons sont les premiers
êtres Vivans qui se soient mus librement dans l'eau.
■I -11. - r . ,,,■_.-
' Chap'. X. Des genres Dapedim'dé la Bêche et Tetragonolepis Bronn.
-«ib il v'-
Rectificationdescaractères, p. 181. Particularités distinctives dans la dentition. Ostéologie. Des espèces du
genre Dapedius. Dapedius polilus, p. 185. Etat de conservation des poissons fossiles de Lyme Régis. 3Iode de
déposition. Les fossiles d une même formation ont été ensevelis simultanément. Les changemens survenus dans
l'ensemble des êtres organisés qui caractérisent chaque époque sont dûs à des phénomènes généraux. INature
différente de divers changemens. Dapedius granulatus , p. 190. Dapedius punvlatus , p. 192. Dapedius Colei, \>.
195. Rectification relative aux Dap. allirelis et jimbrialus. Des espèces du genre TelragunoU-pis, p. 196. Tetrago-
nolepis semicinclus , p, 196. Première tentative de lui assigner une place dans un système d Ichlhyologie. l'elru-
gonolepis con/luens, p. 199. Tetragonolepis speciosus, p. 199. Tetragonolepis puslulalus, p. 1{){. Tetragonolepis
radialus, p. Wl. Tetragonolepis leiosomus, y>. 'iO^'l. Tetragonolepis leac/uj, p. 205. Ostéologie de la tète. Tetra-
gonolepis heteroderma, p.'iOl. Tetragonolepis pholidotus, p. 207. Tetragonolepis ovalis, p. 209. Tetragonolepis
Bouéi, p. 210. Tetragonolepis dorsatis, p. 211. Tetragonolepis munilifer, p. 212. Tetragonolepis anguiifer, p. 215.
Tetragonolepis Magnevitle, p. 214. Tetragonolepis mastodonteus, p. 216. Dapedius Colei, p. 217. Additions à la
description contenue p. 195. Dapedius Orbis, p. 218.
— 308 —
Chap. XI. Du genre Ambhjurus Agass.
Caractères distinctifs du genre, p. 220. Amblyurus macrosiomus. p. 220.
Chap. XII. Du genre Semionolus, Agass.
Caractères distinctifs du genre, p. 222. Semionotus kplocephalus , p. 222. Semionolus Bergeri, p. 224.
Remarques sur la forme de la caudale des Palœoniscus et des Semionolus. Rectification au sujet des exem-
plaires du Musée de Munich. Semionolus latus, p. 227. Semionolus rhombifer, p. 228. Différences entre les genres
Semionotus et Tetragonolepis. Semionotus Nilssoni, p. 229. Description détaillée du crâne. Semionolus stria-
tus, p. 231.
Ch.*.p. XIII. Du genre Lepidotus , Agass.
Caractères distinctifs du genre, p. 233. Différence entre les dents de Sphferodus et celles de Lepidotus. Lepi-
dotus Gigas., p. 233. Probablement un poisson riverain. Structure des écailles. Traces du squelette. Détails
sur la composition de la tète. Lepidotus semiserratus, p. 240. Inégalité des os du crâne. Lepidotus undalus, p.
245. Addition 2'' part. p. 287. Lepidotus rugosus, p. 246. Lepidotus fimbrialus, p. 247. Lepidotus ornalus, p. 249.
Lepidotus frondosus, p. 250. Lepidotus unguiculatus, p. 251. Envisagé dabord comme un reptile. Lepidotus
lœvis, p. 254. Lepidotus palliatus, p. 255. Lepidotus radiatus, p. 256. Addition 2" part. p. 287, Lepidotus tuber-
culatus, p. 256. Lepidotus notopterus, p. 237. Détails ostéologiques. Lepidotus oblongus, p. 239. Lepidotus minor,
p. 260. Description du squelette, p. 269. Grande ressemblance des vertèbres avec celles des Squales. Lepidotus
Manlellii, p. 262. Déterminé d'après quelques écailles isolées; maintenant bien connu. Description détaillée de
la plupart des os de la tête. Lepidotus Fittoni, p. 265. Comparaison avec l'espèce précédente. Lepidotus specio-
sus, p. 266. Lepidotus parmilus, p. 267. Lepidotus striatus, p. 268. Lepidotus Maximiliani, p. 268. Indication
des espèces qui ne sont pas encore suffisamment connues, p. 268 et 2" pai-l, p. 287.
Chap. W\ . Du genre Polidophorus , Agass.
Caractères distinctifs du genre, p. 271. Difficulté de distinguer les espèces. Le genre lefAaZîon Miinst ne me
paraît pas différer du genre Pholidophorus. Pholidophorus Bechei, p. 272. Singulière structure des Aertèbres.
Les écailles se trouvent fréquemment dans les coprolilhes du Lias. Pholidophorus onychius, p. 274. Pholidophorus
macrocephalus, p. 274. Pholidophorus microps, p. 273. Pholidophorus lemiiserraîus, p. 276. Pholidophorus longi-
serratus, p. 277. Pholidophorus striolaris, p. 277. Pholidophorus latus, p. 278. Pholidophorus micronyx, p. 279.
Pholidophorus inlermedius, \). 279. Pholidophorus Inlimanus, p. 280. Pholidophorus ornatus, p. 280. Pholidopho-
rus Flesheri, p. 281. Pholidopliorus limhatus, p. 282. Importance des Coprolithes pour arriver à reconnaître la
manière de vivre des animaux fossiles. Pholidophorus Stricklandi, p. 284. A été pris à tort pour un Cycloide.
Pholidophorus Hastingsiœ, p. 284. Pholidophorus angustus, p. 285. Pholidophorus gracilis, p. 285. Pholidophorus
minor, p. 286. Pholidophorus furcalus, p. 286. Précédemment type du genre Microps que j'ai supprimé. Indi-
cation des espèces qu'il me reste à décrire, p. 287 et 2" part. p. 287. Rectification au sv\']eidnPholidophorus lœvis-
simus de mes anciennes notes, p. 288.
Chap. XV. Du genre Ophiopsis, Agass.
Caractères diagnostiques du genre, p. 289, Ophiopsis procerus, p. 289. Ophiopsis penicillaïus, p. 290.
Ophiopsis dorsalis, p. 291. Rectification 2*^ part. p. 289.
Du genre Nothosomus, Agass. p. 292. Nothosomus oclostychius ellœvissimus.
- 309 —
Chap. XVI. Des genres Nutagogus et Propterus, Agass.
Caractères diagnostiques du genre Nolagogus, p. 293. Notagogus Zietenii, p. 293. Notngogus Pentlnndii, p, 294.
Notagogus latior, p. 294. Noiagogus denliculatus, p. 294. Caractères disUntifs du genre Propterus, p. 29S. Prop-
terus microstomus, p. 296. Propterus serratiis, p. 296.
Quelques Obscrcalions sur les Lépidoides homocerques, p. 297.
Leur apparence générale. DiN isés en deux grouppes. Enumération des genres et des espèces. Elles pré-
dominent dans les terrains secondaires à partir du Lias jusqu'à la craie dans laquelle ils paraissent ne pas avoir
été représentés.
Tableau synoptique de la famille des Lépidoides, p. 301. _ .'.\ ,/.m\
Enumération de tous les poissons connus de cette famille , tant des espèces décrites que de celles que je dé-
crirai dans les supplémcns, rangées par ordres des terrains. J'en compte maintenant plus de deux-cents.
Généralités sur la famille des Lépidoides, p. 305. De la famille en général. 11 faut la sul)diviser en plusieurs
groupes distincts, Céphalaspides, Acanthodiens , Diptèriens et Lépidoides proprement dits.
Seconde Partie.
Chap. \. Des Sauroïdes vivons,
Renseignemens sur les espèces connues du genre Lépidosteus . p. l. Description de trois espèces nouvelles.
Note p. 2. Espèces du genres Polypterus , p. 2.
Du genre Lépidosteus en général.
Caractères génériques, p. 4. Description des intestins, p. 5. Caractères particuliers des os de la tête, p. 6.
Description détaillée du squelette, p. 7. Le crâne- Ossification incomplète. Les os de la face. Cuirasse des
joues. — Comparaison des os du Lépidostée avec ceux des autres poissons, p. 17. Forme de la tète, p. 21.
.\ppareil hyoïde, p. 22. La colonne vertébrale, p. 22. La dentition, p. 24. Structure microscopique des
dents, p. 26. Arrangement et structure microscopique des dents , p. 28. ■
Du genre Polypterus en général.
Caractères génériques, p. 32. Analogie du Polypterus avec les Ganoides anciens qui sont tous abdominaux,
p. 33. Squelette du Polypterus Bichir, p. 54. Description du crâne et de la face, p. 34. Structure des dents,
p. 43. Appareil hyoïde et branchial, p. 43. Fosses du crâne, p. 44. Ceinture thoracique, p. 4S. Extrémités
pélviques, p. 4S. Colonne vertébrale, p. 46. Comment il se fait que chez la plupart des Ganoides fossiles on ne
trouve pas les corps des vertèbres, p. 46. Les nageoires, p. 48. Les écailles, p. 50. Leur structure microsco-
pique , p. al.
Chap. II. Comparaison entre les Sauroïdes et des Reptiles. Conformation de la tète en particulier.
Principe de la détermination des os de la tête, p. 54. Comparaison des différens os do la tète, p. 55. Tableau
comparatif des dénominations de Cuvier et de celles que j'ai adoptées, p, 66. Caractères distinctifs des poissons
et des reptiles.
Chap. III. Du genre Pygopterus , .4gass.
Caratères comparatifs du genre, p. 74. Pygopterus Humboldtii, \t.7o. Pygopterus mandibularis, p. 7^. Enu-
mération des espèces qu'il reste à décrire, p. 77.
39*
— 510 —
Chap, IV. Du genre Acrolepis, Agass.
Caractères du genre, p. 79. Acrolepis Sedywickii, p. 80. Acrolepis asper, p. 81. Inscrit dans le tableau
synoptique sous le nom de Gyrolepis asper, p. 83. Enumération de plusieurs genres inédits : Diplopterus, Oro-
gnathus, Graptolepius el Pudodus, p. 83.
Chap. V. Du genre Saurichthys, Agass.
Cai'actères du genre qui n'est encore connu que d'après des fragmens de mâchoires el des dents isolées, p. 84.
Saurichthys apicalis, p. 8o. Saurichthys Mougeoti, p. 85. Saurichthys acuminalus, p. 86. Saurichthys semico status,
p. 87. Saurichthys longidens, p. 87. Enumération des espèces non décrites, p. 88.
Chap. VI. Du genre Megalichthys, Agass.
Historique sur la découverte de ce genre remarqualile , 89. Megalichthys Hibberti, p. 90. Description délaillée
de tous les os de la télé etde l'appareil branchiostègue. Détails sur les écailles. Indication de deux espèces inédites.
Chap. MI. Du genre Eugnathus, Agass.
Caratèresdu genre, p. 97. Eugnathus orthostomus, p. 98. Eugnathus speciosus, p. 100. Eugnathus Philpottiœ,
p. 101. Eugnathus Chirotes, p. 102. Eugnathus minor, p. 103. Eugnathus polyodon, p. iO^. Enumération des
espèces non décrites.
Du genre Conodus, Agass., p. 105.
Du genre Dendrodus, Owen, p. 105. Indication de plusieurs genres voisins inédits, p. 103.
Chap. VIII. Du genre Ptycholepis, Agass.
Caractères du genre, p. 107. Ptycholepis bollensis, p. 108.
Chap. IX. Du genre Pachycormus, Agass.
Caractères du genre , p. 110. Pachycormus macropterus. p. 111. Pachycormus curtus , p. ii'i. Pachycormus?
macrurus, p. 113. Pachycormus? heterurus, p. 115. Enumération des espèces inédites, p. 114.
Chap. X. Du genre Calurus, Agass.
Ce genre est inscrit dans le tableau synoptique sous le nom d'Urseus. Ses caractères distinctifs, p. 115. Caturus
furcatus, p. ll(j. Calurus latus, p. 117. Caturus similis, p. 118. Enumération des espèces inédiles, p. 118.
Du genre Amblysemius, p. 119.
Chap. XI. Du genre Sauropsis, Agass.
Caractères du genre , p. 120. Sauropsis longimanus, p. 121. Structui'e particulière de la colonne \ertébrale.
Indications de deux espèces inédites, p, 122.
Chap. XII. Du genre Thrissops, Agass.
Caractères du genre, p. 125. Les espèces doivent être réparties dans deux groupes distincts, l'hrtssops for-
mosus, p. 124. Thrissops cephalus, p. 125. Thrissops micropodius, p. 126, Thrissops intermedius, p. 127. Indica-
tion des espèces non décrites, p. 128.
Du genre Thrissonotus, Agass., p. 128.
— ôi\ —
Chap. XIII. Du genre Leplokpis, Agass.
Difficulté quil y a à déterminer ces poissons et caractères distinctifs du ftenre, p. 129. Leptolepis sprattiformis,
p. 130. Leplokpis Voilhii, \}. 131. Leplokpis cramts, [). iZi. Leplokpis macrokpidotus, p. \7i'i. Leplokpis poly-
spondtjlus, p. 153. Enuméralion des espèces non décrites, p. 133. ,
Chap. XIV. Du genre Aspidorhynchus, Agass.
Caractères du genre, p. 135. Afpidorhynchus acutirostris, p. 136. Malgré sa forme ce poisson n'a rien de com-
mun avec les Esoces. Aspidorhynchus speciosus, p. 137. Aspidorhynchus ornatissimus, p. 138. Enuméralion des
espèces non décrites, p. 138.
«
Chap. XV. Du genre Belonoslomus, Agass.
Caractères comparatifs du genre, p. 110. Belonoslomus sphyrœnoïdes, p. 140. Belonoslomus Milnsleri, p. 141.
Belonoslomus aculus, p. 142. Belonoslomus cinclus, p. 142. Enumération des espèces non décrites, p. 143.
Chap. XVI. Du genre Saurostomus, Agass.
Ce genre n'est encore connu que d'après une mâchoire inférieure. Saurostomus esocinus, p. 144.
Chap. XVII. Du genre Megalurus, Agass.
Caractères du genre, p. 14S. Analogie avec le Polypterus Bichir. Megalurus lepidotus, p. 146. Megalurus brevi-
costatus, p. 147. Megalurus elongatus, p. 148. Megalurus parvus, p. 149.
Chap XVIlI. Du genre Macrosemius, Agass.
Caractères du genre, p. 150. Macrosemius rostratus, p. 150.
Chap. XIX. De la structure microscopique des dents des Sauroïdes fossiles.
Du genre Pygoplerus, p. 152. Du genre Saurichthys, p. 153. Du genre Megalichthys, p. 154. Du genre Sau-
rostomus, p. 155. Du genre Cricodus, p. 156.
Remarques sur les Sauroïdes en général, p. 158.
Rapports entre la forme et la manière de vivre. Sauroïdes hétérocerques et Sauroïdes homocerques; les deux
groupes se succèdent dans la série des terrains.
Tableau des affinités des genres et des espèces de la famille des Sauroïdes.
Enumération des genres et des espèces de Sauroïdes hétérocerques, p. 159. Enumération des homocerques.
p. 160.
Tableau synoptique de la famille des Sauroïdes, p. 162.
Enumération de toutes les espèces connues, tant de celles qui sont décrites que des inédites, rangée par ordre
des tenains quelles caractérisent. J'en connais maintenant environ cent quarante. Remarques sur la succession
de ces poissons dans la série des formations, p. 166.
— 3i2 —
De la famille des Célacanthes. ^•^'<^- "^"^""'^ ''' • ">'
laarmJifil ; Chap. I. Des Célacanthes en générat^<P<T^ ?-'^^^ ?'^'' <\ûf\h fiU ■Mmmu
Caractères bizarres des os et des nageoires de ces poissons, p. 168. Rapports de la famille avec les Sauroides
el' des Pycnodontes. De plus amples recherches sont nécessaires avant de pou\ oir l'envisager comme définiliN e-
ment constituée. ". i o <4ir
Chap. II. Du genre Cœlacanlhus, Agass.
, Type de la famille. Caractères particuliers du genre, p. 170. Comment il diffère du genre Unfi^^n^^l\ifïsl .
Cœlacanlhus granulosus, p. 172. Enumération des espèces non décrites, p. 173. ,, ,s,,Vn\\(\l
Chap. III. Du genre Macropoma, Agass.
, Caractères distinclifs du genre, p. 174. Macropoma Mantellii, p. 174. Détails ostéologiques , structure , des
vÇicaiUes. L'estomac est conservé dans plusieurs exemplaires, on trouve également des coprolithes dans la.^ç^^yité
abdominale, p. 177. ^i ,m\mL^
Chap. IV. De quelques genres voisins des Célacanthes et tableau synoptique de la famille^ ■*'^" -^I^'*"^^
Enumération de neuf genres encore inédits et tableau synoptique de toutes les espèces connues rai\g^es par
ordre des terrains auxquels elles appartiennent, p. 17.8. J'en compte trente-cinq.
De la famille des Pyctiodontes.
Chap. I. Des Pycnodontes en général.
Caractères comparatifs de la famille, p. 181. Ce sont des poissons broyeurs dont le type n'existe plus dans la
création actuelle.
" ' Chap. II. Du genre Pycnodus, Ag.iss.
- îdÇaractères distinctifs du genre, tirés de la forme et de la disposition des dents, p. 183. Structure du squelette.
Singuliers osselets derrière la nuque, p. 184. Pycnodus P/a/essMS, p. 185. Description détaillée du squelette.
Pycnodus Rhomhis, p. 188. Age du terrain de Torre d'Orlando, p. 190. Pycnodus orbicularis, p. 190. Notes sur
les Buffonites ou Crapaudines, p. 190. Pycnodus gigas, p. 191. Pycnodus Nicoleti, p. 192. Pycnodus Bucklandi,
p. 192. Pycnodus didytnus, p. 195. Pycnodus rugidosus, p. 194. Pycnodus umbonatus, p. 194. Pycnddus ovalis,
p. 193. Pycnodns Uugii, p. 19S. Pycnodus toliapicus, p. 190. Pycnodus Mantellii, p. 196. Pycnodus Miinsteri,
p. 197. Pycnodus complanatus, p. 197. Pycnodus subclavatus, p. 198. Pycnodus cretaceus, p. 198. Enuméptlon
des espèces non encore figurées, p. 199.
Ch.vp. III. Des genres Periodus, Gyronchus et Acrotemnus, Agass.
Du genre Periodus, Agass. p. 201. Caractères distinctifs du genre. Periodus Kœnigii, p. 201. Du genre Gyron-
chus, p. 202. Caratères distinctifs du genre. Gyronchus oUongus, p. 202. Du genre Acrotemnus, p. 202. Acro-
temnus faba, p. 203. Indication des deux genres de M', le Comte de iVIiinsler que je n'ai pas encore eu occasion
d'examiner. .'.Mimiavi ?MA\nD3mu3M
Chap. IV. Du genre Microdon, Agass.
-""Caractères comparatifs du genre, p. 204. Comment il diffère du genre Pycnodus. Microdon ekgHhsi p. 203.
Microdon hexagonus, p. 206, Microdon analis, p. 207. Microdon radiatus, p. 208. Enumération des espèces non
décrites, p. 208. '^■-'''
— 313 -
t
Chap. V. Du genre Sphœrodtis, Agass.
Difficulté de distinguer les dents de ce genre de celles des Lepidotus, p. 209. Genre encore trcs-imparfaitemenl
connu. Sphœrodus gigas, p. 210. Sphœrodus annularis, p. 2H. Spliœrodus crassus, p, 212. Sphœrodus Lens, p. 212.
Sphœrodus irregnlaris, p. 213. Sphœrodus depressus, p. 213. Sphœrodus parvus, p. 213. Sphœrodus Discus, p.
214. Sphœrodus cinctus, p. 214. Sphœrodus mitrula, p. 214. Sphœrodus conicus, p. 215. Sphœrodus oculus-ser-
penlis, p. 21d. Sphœrodus truncatus, p. 215. Enumération des espèces non décrites, p. 216.
Chap. VI. Du genre Placodus, Agass.
Genre très-remarquable et parfaitement caractérisé par sa dentition, p. 217. Placodus Gigas, p. 218 Placodus
Àndriani, p. 219. Placodus Mûnsteri, p. 220. Placodus rostralus, p. 221. Placodus impressus, p. 222.
Chap. VII. Du genre Gyrodus, Agass.
Caractères distinctifs du genre, p. 223. Gyrodus macrophthalmus p. 224. Gyrodus frontalus, p. 'ï'iO. Gyrodus
rugosus, p. 227. Gyrodus Umbilicus,p.111 . Gyrodus jurassiens, p. '2^9. Gyrodus Cuvieri, p, 230. Gyrodus
punctatus, p. 231. Gyrodus Irigonus, p. 232. Gyrodus radiatus, p. 232. Gyrodus lœvior, p. 233. Gyrodus crela-
ceus, p. 233. Gyrodus Manlellii,p. 234. Gyrodus minor, p. 234. Gyrodus anguslus, p. 235. Gyrodus rugulosus,
p. 235. Gyrodus Miinsteri, p. 235. Gyrodus runcinaius, p. 236. Enumération des espèces non décrites, p. 236.
Du genre Colobodus, Agass., p. 237. Colobodus Hogardi, p. 237. "'• '^ '
Chap. VIII. Du genre Phyllodus, Agass.
Singulière structure des plaques dentaires d'après lesquelles j'ai établi ce genre, p. 238. Phyllodus toliapicus,
p. 239. Phyllodus planus, p. 239. Phyllodus polyodus, p. 240. Phyllodus marginalis, p. 240. Indication des espèces
inédites, p. 241.
Chap. IX. De la structure des dents des Pycnodontes.
Caractères généraux, p. 242. Pycnodus, Sphœrodus, Gyrodus et Microdon, p. 242. Periodus et Phyllodus, p. 243.
Tableau synoptique de la famille des Pycnodontes, rangés par ordre des terrains.
Enumération de toutes les espèces connues, même de celles qui ne sont pas décrites, p. 244. J'en compte plus
de cent.
De la famille des Sclérodermes.
Chap. I. Des Sclérodermes en général.
Affinité entre les Sclérodermes et les Gymnodon tes, p. 248. Leurs caractères distinctifs, p. 248. Description
du squelette du Balistes Capriscus, p. 249.
Chap. II. Du genre Acanthoderma, Agass.
Caractères distinctifs du genre, p. 251. Acanthoderma ovale, p. 251. Acanthoderma spinosum, p. 252.
Chap. III. Du genre Acanthopleurus, Agass.
Caractères particuliers du genre, p. 253. Acanthopleurus serratus, p. 253. Je le nommais précédemment
Pleuracanthus serratus. Acanthopleurus brevis, p. 253.
Chap. V. Du genre Blochius, Volta.
Genre très-remarquable, p. 255. Blochius longirostris, p. 'i^^. Comparaison avec d'autres types de forme
allongée. Caractères particuliers. Bizarre coïncidence dans la position de deux exemplaires dont l'un a été
décrit comme avalant l'autre, p. 257.
ToM. II, 2'= Part. 40
— 314 -
Chap. V. Du genre Dercetis, Miinst. et Agass.
Caractères et affinités du genre, p. 2o8. Dercetis elongatus, p. 2S8. Dercetis scutatus, p. 259.
Chap. YI. Du genre Rhinellus, Agass. -^« "1^ \r
Caractères du genre qui n'est pas encore définitivement fixé, p. 260. Rhinellus furcatus, p. 260. Rhinellus
nasalis, p. 261.
Chap. VII. Du genre Ostracion, Linn. «^ijtxijivewï^
Caractères du genre, p. 263. Description du squelette de YOstracion turritus, p. 262. Ostracion micrurus, p. 263.
Du genre Glyplocephalus, Agass.
Chap. VIII. De la structure des écailles et des dents de la famille des Sclérodermes.
Les écailles des Coffres, p. 265. Leurs piquans, p. 265. Les écailles des Balistes , p. 266. Les dents des Ba-
listes , p. 266. Les dents des Coffres, p. 266.
Tableau synoptique des Sclérodermes.
On en compte onze espèces reparties dans les terrains crétacés et tertiaires, p. 267.
De la famille des Gymnodontes,
Description du squelette du Tetraodon perspicillalus,p. WS. De la structure des dents et des piquans des
Gymnodontes, p. 271. Du genre Diodon en particulier, p. 273. Diodon tenuispinus, p. 273. Diodon Scillœ, p. 27^.
Diodon Erinaceus, p. 274.
De la famille des Lophobranches.
Caractères de la famille, p. 275. Cnlamostoma breviculum, p. 276. Syngnathus opisthuplerus, p. 276.
De la famille des Acipenserides.
Caractères de la famille , p. 277. Description du squelette de VAcipenser Ruihenus, p. 277. Singulière confor-
mation de la colonne vertébrale. Acipenser toliapicus, p. 280. Chondrosteus acipenseroïdes, p. 280.
Additions et corrections.
Indication de toutes les espèces qui n'étaient point encore connues lors de la publication du Tableau synop-
tique qui est en tète du volume. Caractères diagnostiques d un grand nombre de ces espèces, p. 281 — 304.
Celles qui sont simplement indiquées seront décrites dans les Supplémens.
- 313
EXPLICATION DES PLANCHES DU 2 VOLUME,
^■ivjjv
1» PLANCHES OSTÉOLOGIQUES ET ODONTOGRAPHIQUES.
Tab. A. — Lepidosteus osseus Lac. Des rivières de l'Amérique septentrionale. La fig. supérieure montre les
contours de ce poisson vu par sa face supérieure, montrant l'insertion des pectorales. La fia;,
moyenne représente le squelette. 2' part. p. k.
Tab. B. — Ecailles de Lepidosteus.
Fig. l. Série dorso-ventrale d'un jeune Lepidosteus spatula Lac. vue par la face extérieure.
Fig. 2. Trois séries verticales d'écaillés, vues parleur face extérieure.
Fig. 3. Les mêmes écailles par leur face interne.
Fig. 4. Trois écailles vues par leur face externe.
Fig. 5. Une écaille détachée vue par sa face externe et par sa face interne.
Fig. 6 et 7. Coupes longitudinale et transversale de la même écaille, montrant les feuillets
d'accroissement, et la couche d'émail à la face supérieure.
Fig. 8. Quatre écailles des côtés du ventre, vues par leur face externe.
Fig. 9. Les mêmes écailles, par leur face interne.
Fig. 10. Deux séries d'écaillés de la partie postérieure de la queue.
Fig. 11. Les mêmes écailles par leur face interne, qui est voûtée au milieu.
Fig. 12. Une écaille détachée , vue par sa face externe et par sa face interne.
Fig. 13. Grosse écaille irrégulière de la base des ventrales.
Fig. 14. Mode d'imbrication des trois écailles du bord de fig. 2, grossies.
Fig. Ib. Série d'écaillés du Lepidosteus osseus, vues par leur face externe.
Fig. 16. Deux écailles d'une autre série , vues par la foce externe.
Fig. 17. Les mêmes écailles , vues par leur face interne.
Fig. 18. Autre écaille, détachée, vue par ses faces interne et externe.
Fig. 19. Autre écaille plus rapprochée de la tête, vue de la même manière.
Fig. 20. Ecaille de la ligne latérale, vue par ses deux faces.
Fig. 21 et 22. Premier rayon des ventrales; vu en face, fig. 21 , et de profil, fig. 22.
Tab. B'. — Lepidosteus osseus; fig. 1, la tête vue d'en haut; fig. 2, de profil, et fig. 3, en-dessous.
Tab. B". — Lepidosteus osseus. Détails ostéologiques.
Fig. 1. Le crâne \u par sa face postérieure. On aperçoit le trou qui donne passage à la tuoclle
épinière.
Fig. 2. Profil d'une portion de la tête pour faire voir les différens os qui composent la boite
cérébrale.
Fig. 3. La même figure vue en dessous.
— 3Ï6 —
Fig. 4. Boite crânienne, vue par sa face inférieure.
Fig, 5. L'orbite et les os orbitaires et operculaires , vus par leur face interne.
Fig. 6 Appareil operculaire.
Fig. 7. Partie postérieure de la mâchoire inférieure.
Fig. 8. Partie articulaire de cette même mâchoire.
Fig. 9. Osselet du bord de la mâchoire, grossi; les dents sont vues d'en haut.
Fig. 10. a. 12. 15 et 1^, Une vertèbre vue par ses différentes faces, montrant ainsi la position des
apophyses.
Tab. C. — Polypierus Bichir Géoffr. Du Nil. — La fig. supérieure donne les contours de ce poisson . celle du
milieu représente le squelette. 2*^ part. p. 52.
Tab. C°. — Détails osléologiques du Polypierus Bichir. 1
Fig. 1. 2 et 3. La tête, vue d'en haut, fig. 1; de profil, fig. 2, et d'en bas, fig. 3.
,'■'. Fig. 4. Base du crâne, vue par sa face postérieure.
Fig. 5. La mâchoire supérieure avec la voûte crânienne, vues de profil.
Fig. G. Les mêmes parties, vues d'en bas.
Fig. 7. Partie antérieure du museau, afin de montrer les intermaxillaires.
Fig. 8. Différens os de la tête dans leur position respective.
Fig. 9. L'appareil operculaire avec le maxillaire supérieur gauche.
Fig. 10. 11. 12 et 13. Différentes coupes verticales du sphénoïde principal prises sur la longueur
de cet os. Fig. 10 est prise à l'extrémité postérieure et fig. 13 à l'extrémité antérieure. Fig. 12 et
13 sont des coupes de la partie médiane.
Fig. 14. Maxillaire inférieur droit.
Tab. D. — Différens squelettes de genres éteins, rétablis d'après des fragmens fossiles.
Fig. 1. Palœoniscus Voltzii, de Muse; fragment de la partie postérieure du tronc. Pag. 85.
Fig. 2. Platysomus, reconstruit d'après le PL gibbosus du Musée de Munich. Pag. 163.
Fig. 3. Macrosem4wsros<ra«us,d'aprèsdesexemplaircsdesMuséesdeMunichetPrague.2=part.p.l50.
Fig. 4 et 5. Caturus, d'après un grand nombre de fragmens de diverses collections d'Allemagne
2"^ part. p. 115.
Tab. E. — Ostéologie de l'Esturgeon. 2' part. p. 277.
Fig. 1 . Squelette complet de VAcipmser Rulhenus.
Fig. 2. Crâne vu du profil.
Fig. 3. Tête vue d'en haut.
Fig. 4. Tète vue par sa face inférieure, les appareils mobiles de la face étant enlevés.
Fig. D. Coupe longitudinale du crâne, vue de profil.
Tab. F. — Squelette du genre Batistes, destiné à faire voir que les Ichthyodorulithes ne sont nullement des dé-
fenses de ce poisson. Pag. 249.
Tab. G. — Détails sur la structure microscopique des dents et des écailles du Lepidosteus osseus et du Polyp-
ierus Bichir.
Fig. 1—6. Coupes horizontales de dents du Lepidosteus osseus montrant les plis de la dentine et la
cavité pulpaire qui est simple.
Fig. 7. Coupe verticale d'une dent de Lep. osseus montrant une partie de la racine et le cône
émaiUé qui est la dent proprement dite. On voit également fort bien la cavité pulpaire ainsi que
le plissement de la dentine. ^
Fi- 8 9 10. Structure des écailles du Lep. osseus. — Fig. 8. Coupe verticale d'une écaille mon-
trant les lignes lamelleuses et horizontales. - Fig. 9 et 10. Portions plus considérablement
grossies de fig. 8. .
Fig. 11. Coupe horizontale d'une dent de Polypierus Bichir montrant la cavité pulpaire au centre
et l'uniformité de la dentine.
— 317 —
Fig. 12eH3. Coupes verticales des dents du même poisson.
Fig. ik. Une écaille du Pohjp. Bicliir, vue d'en haut.
Fig 15. Coupe Ncrlicale de la même écaille.
Tab. H. — Dents de Sauroïdes.
Fig. 1. Dent de Polypterus; coupe longitudinale, grossie cent fois, i u, -nj h.
Fig. 2 et 3. Idcnl àe Saurichthys ; fig. % coupe longitudinale; (ig. 5, coupe transversale près du
' sommet.
Fig. 4 et 5. Coupe transversale d'une dent de Meja/îc/^Ays ; fig. 5, en est une portion fortement
iili ■fd'c I. grossie.
Fig. 0 — 8. Dents dç Satirostomus ; fig. 6, coupe transversale; fig. 7, coupe longitudinale passant
près du centre; fig. 8, une portion de cette coupe fortement grossie.
Fig. 9 — 12. Dents de Cricodus; fig. 9, une dent de grandeur naturelle; fig, 10; contours grossis;
fig. lOf, coupe de la base; fig. U, coupe d'une dent grossie; fig, 12, coupe d'ime carène forte-
ment grossie. .m
Tab. J. — Dents de Pycnodontes.
Fig. 1. Dent de PycnorfMs Gt'gias ,- coupe longitudinale.
Fig. 2. Henl àe Sphœrodus Gigas ; coupe longitudinale.
Fig. 5. Dent de Gyrorfw* r/jomfcoïrfa/js; coupe verticale.
Kfjijgno) «1 Fig. 4 et 5. Dent de Periodus Kœnigii; fig. 4, coupe horizontale; fig. 5, coupe verticale.
Fig. 6. Dent de /'/tJ///odMs fo/tajoicMs; coupe verticale.
2» PLANCHES REPRESENTANT DES FOSSILES.
Tab. 1. — Fig. 1 et 2. Acanthodes Bronnii Ag., terrain houiller du Hundsrùck; p. 20 et 124.
Fig. 5. Ecailles du même, grossies.
Fig. 4 — 7. Ecailles grossies deVAmblypterus macropterus; p. 34.
Fig. 8: Impression des écailles de VAmblyplerus eupterygius; p. 56.
Tab. la. — Cephalaspis Lyellii Ag. p. 142, — Fig. 1, le poisson vu de profil; fig. 2, par sa face supérieure. —
Fig. 5, 4, 5, écailles grossies.
Tab. 16. — Fig. 1 — 5. Cephalaspi.f Lyellii Ag. — Fig. 1, 3 et 5, des têtes vues d'en haut; fig. 2, écailles de la
tète grossies; fig. 4. une tête en profil.
Fig. 6 et 7. Tête du Cephalaspis rostralus Ag. p. 148; face supérieure et profil.
, , , ■ , Fig. 8. Têle du Cephalaspis Lewisii Ag., vue d'en haut, p. 149.
Fig. 9, 10 et 11. Cephalaspis LloydiiXg.p. 150. Fig. 9 et 10, têtes vues d'en haut; fig. H. un
fragment grossi.
Tfll^j.AÇ;-.— .!P\§nii-;r^^""'''orfe.s siilcatus Ag., de New-Hayen; p. 12S. —Fig. 2, écailles grossies.
Fig. 3. Cheiracanihus Murchisoni \^., de Gamrie; p. 126 (tronc sans tête). — Fig. 4, écailles
„,,„,, grossies.
-nom 31 °
"ruir.l.lM M ^'a- ^- Ch^iracanlhus minor Ag., de Pomona; p. 127 (tête et partie antérieure du tronc).
Tab-. id. — Cheirolepis Traillii Ag., de Pomona; p. 130. — Fig. 2 et 3, écailles grossies.
Tab. le. — Fig. 1, 2 et 3. Cheirolepis Uragus Ag., de Gamrie; p. 132. La fig. 3 représente des écailles grossies.
Fig. 4. Une portion de Cheirolepis Traillii.
40*
- S18 —
Tab. 2. — Quatre espèces de Dipterua de MM. Sedwick et Murchison, reconnues depuis n'en former qu'une
seule; D. macrolepidolus; p. 23 et 114. De Caithness,
Tab. :2«. — Dipterus macrolepidoltis Sedw et Murch., p. ilS. — Fig. 1, exemplaire presque complet; iig. 2.
tête avec la ceinture thoracique; fig. 3, queue et nageoires; fig. 4, écailles arrondies par l'usure;
dc '1 ; J il 'J'i-fig. 5, écaille entière. »^o10^^«l
Tab. 26. — Osleolepis macrolepidolus Val. et Penll., de Caithness et Pomona; p. 119: — Fig. 1, exemplaire
sans la tète; fig. 2, exemplaire déprimé et aplati, dont les os du crâne sont ligures à part, fig. 3.
— Fig. 4, écailles de la ligne latérale.
Tab. '2c. ^- Fig. 1 et 2. Osleolepis microkpidolus Val. et Pentl., de Caithness et Pomona; p. 421 (deux troncs
-.un] Mil -iii j ggjjg j^^g^ — pjg ^ écailles de l'extrémité postérieure du corps; fig. 4, une écaille vue par sa
face inférieure. — Fig. S. Queue d' Osleolepis macrolepidolus; fig. 6, autres écailles de ce même
poisson.
Tab. 2d. — Osleolepis arenatus Ag., p. 122; de Gamrie. Fig. 1, exemplaire déprimé à sa partie antérieure , et
dont la queue est en grande partie enlevée: fig. 2, queue d'un autre individu; fig. 3, exemplaire
auquel il ne manque que la tête; fig 4, une écaille grossie.
^'" li'alj.' 3. — Fig. 1 et 2. Amblypterus macroplerus Ag., du terrain houiller des environs de Saarbrûck; p. 31.
— Fig, 3, corne latérale de l'os hyoïde, vue de profil, avec les rayons branchiostègues. — Fig.
4, cornes latérales de droite et de gauche de l'os hyo'ide, vues par leur face inférieure, et de
mênnie avec les rayons branchiostègues. lûl «IkT
Fig. 5 et 6. i4m6/y;j<er«s ewjoferyjiMS Ag., des environ de Saarbriick: p. 36.
Tab. 4. — Fig. 1. Àmblypierus laieralis Ag., de la houille de Saarbrûck; p. 39. — Fig. 7, 8, 9, écailles du
même, grossies.
Fig. 2 et 3. Amblypterus latus Ag., du même gisement; p. 37. — Fig. 4, o, 6, écailles du même ,
(11 n'y a pas de Tab. 4a).
Tab. kb. — Amblypierus nemopterus Ag., de New-Haven; p. 107. — Fig. 2, quatre écailles grossies.
Fig. 3, 4, 5. Amblypterus striatus Ag., de New-Ha\en; p. 111. — Fig. 6, deux de ses écailles
grossies.
Tab. 4c. — Fig. 1. Palœoniscus carinatus Ag., de'^e\\-Uix\en: p. 104. — Fig. 2, écailles du tronc grossies,
\Ties en dessous.
Fig. 3, 4 et o. Amblypierus punctatus Ag., de New-Haven ; p. 109. — Fig 6 et 7, écailles vues par
leur face extérieure, et fig. 8, par leur face interne.
Tab. o. — Fig. 1—4. Palœonisciis Blainviltei Ag., de Muse; p. 48. — Fig. 5—7, écailles du même, grossies.
Tab. (5. — Fig. 1, 2, 3. Pulœotiiscus Volizii Ag., de Muse: p. 3S. — Fig. 4 — 7, écailles du même, grossies.
Tab. 7. — Fig. 1 et 2. Pnlœonisctis Duvernoy Ag., espèce rare du terrain houiller de Kreutznach; p. 43. —
Fig. 3, 4, 3, écailles du même, grossies.
Tab. 8. — Fig. 1 et 2. Empreintes correspondantes du Palœoniscus minutus Ag., de Munster- Appel ; p. 47.
— Fig. 3, écailles du milieu du tronc.
Fig. 4 et 3. Palœoni.^cus fullus Ag.. du terrain houiller de Sunderland (Massach.); p. 43.
Tab. 9.— Fig. Iet2. PateoniscMs «n^MS^ws Ag., espèce de Muse, près Autun; p. 57. — Fig. 3, 4, 3, écailles
du même, grossies.
Fig. (iet7. i'a/œomsci/s macropomMS Ag., du Zechslein de Mansfeld; p. 81.
Tab. 10. — Fig. 1 et 2. Palœoniscus vralislaciensis Ag., de Ruppersdorf; p. 60. — Fig. 4, 5, 6, écailles de ce
même poisson, grossies.
Fig. 3. Palœoniscus lepidurus Ag.. de Scharfeneck; p. 64. — Fig. 7, 8, 9, écailles grossies.
Tab. 10a. —Fig. 1. Palœuniscus liobisoni Hibb., de Burdie-House ; p. 88. — Fig. 2, écailles grossies.
Fig. 3. Palœoniscus sinolalus Ag., de Burdie-House; p. 91. — Fig. 4, écailles.
Fig. 5, 6, 7. Palœoniscus ornatissimus Ag., du calcaire de Burnlisland; p. 92. L'exemplaiie de la
fig. 6 est entier et reployé sur lui-même. — Fig. 8, écailles grossies de ce même poisson.
— 319 —
Tab \0b. — Fig. l. Ptdœoniscus comtus Ag., du calcaire magnésien ilAnglcjlerrc: p. 97. — Fig. 2, écailles de
la |tarli(' aniciieurc de la ligne latérale; fig. 5, écailles des côtés de la queue.
Fig. o. Pulœoin.tvus cicgans Sedw.. esjtèce rare du calcaire uiagnésicu d'Angleterre. — Fig. U,
écailles de lu ligne latérale.
Tab. iOr. — Fig. 1. Palwonifcus glaphyrus Ag., bel exemplaire du calcaire uiagu^sien d'Angleterre; p. 98. —
Fig "2. écailles grossies, vues par leur face intérieure.
Fig. 3. Palaouiscus macroplilhalmus Ag., de ce même calcaire; p. 99.
Fig. !i. Palœoniscus longissimiis A^., même gisemcnl; p. 100.
Tab. H (portant par erreur Vol. 5). — Palœotiimis Freieslebeni Ag., du Zechslein d'Allemagne; p. C6.
T^b. l± — Fig. 1, :2. Grands exemplaiies du Palœoniscus Freieslebeni. — Fig. 3— G, écailles de ce même pois-
MiiKM -Il ■!■ son, grossies.
Tab. 13. — Fig. 1. Palœoniscus magnus Ag., du Zechstein d'Allemagne; p. 78. — Fig. "2 et 4, écailles de
grandeur naturelle; fig. 3 et 5, écailles grossies.
Tab. 14. — Autre exemplaire du Palœoniscus magnus.
Tab. 14a. — Eurynotus crenatus Ag., du calcaire de Burdie-Housc ; p. 154.
Tab. 146. — Fig. 1 et 2. Autres exemplaires de VEurynotus crenatus. — Fig. 3, écailles de la partie antérieure
du tronc; fig. 4, écailles prises sur les côtés de la gueujej Jojutes ces écailles grossies et vues par
leur face extérieure i ., ,■ ;
Tab. 14c. — Fig. 1 et 2. Eurynotus fimbriatus Ag., de New-Haven; p. 157. — Fig. 3, écailles vues par leur
face intérieure et grossies.
Fig. 4. Eurynotus tenuiceps Ag., du schiste bitumineux de Sunderland (Massach.); p. 159. — Fig.
5, contours d'un exemplaire entier, copiés de Hitchcock.
Tab. 15. — Fig. 1 et 2. Platysomus gibbosus Ag., du Zechstein d'Allemagne. — Fig. 3, écailles de grandeur
naturelle; fig. 4, écaille grossie.
Tab. 16. — Platysomus Rhombus Ag., espèce rare du Zechstein de Mansfeld.
Tab. 17. — Fig. Platysomus striatus Ag., p. 168. Du calcaire magnésien. — Fig. 2 et 3, écailles vues par leur
face extérieure.
Tab. 18. — Fig. 1." Platysomus macrurus Ag., d'East-Thickley; p. 170 (copies des figures de M'. Sedgwick).
— Fig. 2, écailles grossies.
Fig. 3. Platysomus parvus Ag., de Low-Pallion (>'orthumb.).
Tab. 19. — Fig. 1—6. Gyrokpis Albertii Asi., du terrain triasique de Wurtemberg e| de Bristol, p. 173.
Fig. 7 — 9. G2/ro/e/)?.s mrtxi'mM* Ag., même gisement, p. , ,
Fig. 10—12. Gyrokpis tenuistriatus. Ag., même gisement, p.
•■ . I <l Fig. 15. Holoptychius giganteus. De l'old Red. d Ecosse, p.
(Il n'y a pas de Tab. 20.)
Tab. 21. — Fig. 1. Tetragonulepis dorsalis Ag., du Lias de Byrford; p. 211. — Fig. 2. écailles.
Fig. 3. Tetragonolepis ovalis Ag., du Lias de Boll; p. 209.
Tab. 21a. — Fig. 1. Tetragonolepis dorsalis Ag., autre exemplaire de la même localité.
Fig. 2. 7'e«rajfono/c^M wîom7t/er Ag., duLias de Banwell: p. 212. — Fig. 3 et 4, écailles de la
partie antérieure du tronc; fig. 5, écailles des côtés de la queue.
Tab. 22. — Fig. 1. Tetragonolepis Bouéi Ag., espèce très-rare de Seefeld; p. 210.
Fig. 2 et 3. Tetragonolepis semicinctus Bronn. du Lias de Neidingen (Bade); p. 196.
Tab. 23. — Tetragonolepis angulifer Ag., du Lias de Strïttford sur rA\on; p. 213.
Tab. 25a. — Fig. 1. Tetragonolepis confluens Ag., du Lias de Lyme-Regis; p. 199.
Fig. 2. Tetragonolepis radiatus Ag., du même gisement ; p. 201 .
Fig. 3. Je/ro^o»io/pjUîs /éiosomMsAg., du même gisement: p. 202.
Tab. 236. — Tetragonolepis speciosus Ag., du Lias de Lyme-Regis; p. 199.
Tab. 23c. — Tetragonolepis pustulatus Ag., du Lias de Lyme-Regis; p. 201.
.>.-,!
- 5%'' —
Tab. ^Sd*.' — pig. 'i et2. Tétragonolepis Lcachii k%., de Lyme-Regis; p. 203 (tête et portion de tronc entière-
inent détachées de la roclic). — Fig. 3, face supérieure des os du crâne. — Fig. 4, écailles de la
»no« 4'ittin\i g'i "■j'^j.^jg antérieure des flancs; fig. 5, de la ligne latérale; fig. 0, des côtés du dos. ' "
Tab. 23<i bis jj)^, erreur 23e sur la planche). — Tétragonolepis Leachii A|,..j Tronc enl,ier,,^çrpvenant aussi du
cl 9b àJô) i(t- >c,iïi.|^s de Lyme-Regis. .<mvi?i«m ïM\oVj(\3i A .giM -^ .oOS dcT
T^f(2.3f. -r,Fi§- l- Tétragonolepis heteroderma Ag., du Lias de Boll; p. 20% j.j j «jj jg^j^yp
Fig. 2. re<ragiono/e/j!.?p/io/irfo«îis Ag., du Lias de Boll; p. 207. ;./ ~\'\^ | ^i'f Af.""- dij'l
Fig. 3. Tétragonolepis mastodonleus kg., (branche gauche de la niâchq^re ipfériç»jii(e) ; dp_>)[e^l-
den de Hastings; p. 216. — Fig. 4, dent; fig. 5, plaque osseuse provenant du ipême gisement
i<l> ru y, -:/;'] ^* '^^^ P*'"^'^ •^'^''*^ ""^ P'^^I"*^ buccale d'un Telragonolep^^ ^^j^ -,!l,i;-,., ,iJ J;, ji .gFi
Tab. 24. — retra^oHo/e;)«s M«3netn7/e Ag., de rOolithe de Caen; p. 214. - i ^ ..i. -..',,.,1/
Tsb. 25. — Fig. 1. Dapedius polilus De laB., fragement de Lyme-Regis offrant le profil d'une tête parfaite-
8i)t 1] ment conservée ; p. 18S. — Fig. 60- dent de. ta mâchoire supérieure, considérablement grossie.
Fig. 2. Dapedins gramdatus AgJ, dii même gisement: p. 190 (tête et partie antérieure du ventre).
»').'.; -rr Fig. 5, partie antérieure de la tète, vue aux trois-quarts de face. — Fig. 4, partie des flancs
ihaing .? gi^ t'Ct duiventreyavec la pectorale droite. — Fig. 5, écailles grossies. — Fig. &a eLGb, deux dents,
l'une de la mâchoire inférieure, l'autre de la mâchoire supérieure. -^ Les fig. Gd, 7, 8 et 9. con-
cernent le Dapedius punctatus; la première est une dent do la mâchoire supérieure de ce pois-
» ffioii')»/ son ; les trois autres représentent des écailles de sa ligne latérale et de son dos.i t
Tab.2So. — Dapedius punetaiiis Ag., de Lyme-Regis; p. 192. Ce magnifique exemplaire faitpartie de la col-
lection de Miss Philpot. lll Wl/OITI l.'l Il/Ull'l jl.'ll
Tab. 236. — Fig. 1. Dapedius Colei Ag. ; p. 195 (tronc et partie delà têtd).' J^' Fîg.'2l, ajièphyées d'une ver-
tèbre abdominale, vues de profil; fig. 3, ces mêmes apophyses vues en face. — Fig. 4,'ëcalllès
^ de la partie antérieure des flancs ; fig. 5, écailles des côtés de là queùe 5 iig.t, écailles des bords
du dos. — La fig. 7 en est une de la partie antérieure dés flatïtSrViië pài' sa face interne.
Tab. 25c. — Autre exemplaire du Dcr/jerf/us Co/ei, du Lias de Lyme-Regis. ''' ' '' "*^" ' "
Tab. 25(/. — Fig. 1. Dapedius Orbis Ag., du Lias d'Angleterre; p. 218. — Fig. ^, écaille^ de ta partie, anté-
rieure des flancs ; fig. 3, écailles des côtés de la queue ; fig. 4 , écailles de la, partie antérieure
au oos, ;,<in'Vi!i •iTiirilc-i J1I1 lirif'i'iIdgfiiKi Ti^/..^^i\iAuv. ,.\ .,-,\ ,r/! iliiT
Tab. 25c. — Fig. 1 et 2. Amblyurus macrostomus Ag., du Lias de LjTfne-Regis; p. 220. — fcxemplajres de-
formés, surtout le second où la partie inférieure du ventre est reployée sur les flancs. V^ Fig 3,
;in. I ).<! ,h i m^^^^ appartenant évidemment aussi à ce genre, et où l'on distingue très-])ien les mâchoires ët'les
., f . " 'è[ents avec une partie des rayons branchiostègues et des os au crâne. — Fig. 4, écailles des
flancs; fig. 5, écailles du bout de la queue. rdbl
Tab. 26 — Fig..l. Semiono<Ms /c/>(oce;)/ia/Ms Ag., du Lias de Boll ; p. 222. ,- ,^.,,.
f.r.;.S '"'"'"' ^-;_;"2"5g^io„oms Bergeri Ag., du grès des environs de Cobourg; p. 224. - Fig. 3, écaille de ce
poisson, grossie,
"Tab. 26a — Fjg. 1. Semionotus rkombifer Ag., de Lyme-Regis; p. 228. (Exemplaire mutilé auquel il manque
'"'' toutes les nageoires.) — Fig. 2, écailles de la partie antérieure de la ligne latérale; fig.3, écailles
de la partie postérieure du tronc. ,/ ^( j , . ,^ . y...,\ \< y.y ,,,.1
Tab. 27.- Fig. let2. Semionotus Mus Xg. , d^^^^è^^ V^ ^ ^ '^^^h^^^^'^
du petit exemplan-e. ,,,,.., ., , -y •>? ,, .•l•
Tab. 27a. - Fjg. 1. Semtono<«sIVi/ssoMiAg.,duLiasdeâcânie; p. 229. - Fig. 2, W'têté dé'de poiséon Ufe
' par sa face supérieure. — Fig. 3, ' nop
Fig. 6 et 7. Semionotus slrialus Ag., de Seefeld; p. 231. * ,
Tab. 28. — Fig. 1. Lepidotus gigas Ag , du Lias de Boll; p. 235. (Tête et partie antérieure du tronc.) -- Fig.
2, quelques écailles avec leur couche d'émail d'une teinte plus foncée. — Fig. 3, grande écaille
— 5-21 —
d'un aulrc iiuU\ icUi . ilonl le boi-d postérieur est brisé. — Fig. U , écaille débarassée de sa
(•ouche d'émail , cl où se voient les stries d'accroissement.
Tab. 20 — Lepidotus gigas Ag. Autre exemplaire presque complet, du Lias de Boll. Les écailles brunes sont
intactes, et, de même que celles qui présentent des stries d'accroissement, se voient par leiu-
face extérieure: celles qui ont une teinte bleuâtre se voient par leur face interne.
Tab. 29a. — Fig. 1. Lepidotus semiserratus Ag., du Lias de Wliitby; p. 240. — Fig. 2, écailles du côté de la
queue ; fig. 3 et 3, écailles du milieu du corps; fig. 4, écaille de la partie antérieure des lianes.
Tab. 29t. — Fig. 1, 2 et 3. Auli-es exemplaires du Lepidotus semiserratus Ag.
Tab. 29c. — Fig. 1. Ecaille du Lepidotus unguiculatus Ag. (v. Tab. 30.)
Fig. 2 et 3, écailles du Lepidotus palliatus Ag., p. 255.
Fig. h et 5, écailles du Lepidotus lœvis Ag., 254. (Les exemplaires figurés ne sont pas ceux du
Musée de Soleure.) '
Fig. 7. Ecaille du Lepidotus tuberculatus Ag., de Stonesfield; p. 256. -UT
Fig. 8 — il. Ecailles du Lepidotus Maximiliani Ag. Du calcaire grossier de Paris: p. 208.
Fig. 12. Squelette du Lepidotus minor Ag, De Purbeck; p. 2(59.
Tab. 30. — Fig. l. Ecaille du Lepidotus semiserratus Ag. [umbonalus], gisement inconnu ; p. 244.
Fig. 2. Plaque décailles du Lepidotus radiatus Ag., de Boulogne-sur-mer; et fig. 3, grande
écaille de ce même poisson, avec l'onglet articulaire; p. 256.
Fig. 4^, 5, 6. Ecailles de Lepidotus Fittoni Ag. (subdenticulalus) p. 265.
Fig. 7 et 8. Ecaille du Lepidotus unguiculatus Ag., de Solenhofcn, vue par sa face extérieure et
par sa face intérieure; fig. 9, coupe longitudinale qui fait voir l'épaisse couche d'émail dont
cette écaille est recouverte.
Fig. dO — 15. Ecailles détachées du Lepidotus Manteliii Ag., de Tilgale; p. 262.
Tab. 30a. — Fig. 1. Lepidotus Fittoni Ag., de la formation Wealdienne: p. 265. ! ; ■
Tab. 306. — Fig. 1. Lepidotus Fittoni Ag.
Fig. 2. Frontal gauche du Lepidotus Manteliii; p. 264.
Fig. 3. Frontal gauche du Lepidotus Fittoni; p. 263.
Tab. 30t. — Lepidotus Manteliii Ag., de liastings; p. 262.
Tab. 31. — Lepidotus serrulatus Ag., du Lias de Boll; p. 250.
Tab. 32. — Lepidotus ornalus Ag., probablement du Lias de Seefeld: p. 249.
Tab. 33. — Lepidotus undatus Ag., probablement du calcaire de Caen: p. 245.
Tab. 33a. — Lepidotus rugosus Ag., du Lias de Lyme-Regis et de W'itby ; p. 246.
Tab. 336. — Lepidotus fimbriaius Ag.; p. 247. — Fig. 1 et 6, deux fragmens du tronc, le premiei- de llierins,
le second de Lyme-Regis. — Fig. 2, 4 et 5, écailles détachées, de grandeur naturelle; fig. 7 et
8, écailles grossies. — Fig. 3, coupe transversale dune géode contenant ce poisson.
Tab. 34. — J^epidotus minor Ag., du Calcaire de Purbeck; p. 260.
Tab. 34a'. — Fig. 1—3. Lepidotus oblongus Ag., de Solenhofen: p. 239. — Fig. 1, écailles de grandeur natu-
relle; fig. 2, écaille grossie. — Fig. 3, caudale et extrémité de la colonne vertébrale.
Fig. 4. Lepidotus siriatus Ag. Des Vaches noires; p. 268.
Fig. 3 — 7. Lepidotus speciosus Mùnsl. De Seefeld; p. 266. — F'ig. 6, fragment de rayon fortement
grossi; fig. 7, rayon de la caudale grossi.
Fig. 8 et 9. Lepidotus parvulus Mùnst. De Seefeld; p. 267; fig. 9, dents grossies.
Tab. 35. — Lepidotus notopterus Ag., de Solenhofen; p. 237.
Tab. 36. — Fig. 1. Microps furatus (maintenant Pholidopliorus furcalus) Ag., du Lias de Seefeld; p. 286. .
Fig. 2, 3 et 4. Ophiopsis pmicillatus Ag., du calcaire de Purbeck; fig. 3 et 4, écailles grossies; p.
290.
Fig. S. Ophiopsis dorsalis Ag., du calcaire de Purbeck; p. 291.
Fig. 6 et 7. Coccokpis Bucklandi Ag., de Solenhofen; fig. 7 écailles grossies; p. 301.
ToM. II, 2' Part. 41
— 322 —
Tab, 37. — Fig. 1, 2, 3, Zi et o. Photidophorus limbahts Aa;., de LjTTie-Regis ; fig. 3. séries d'écaillés grossies;
fig. 4, une écaille détachée également grossie; fig. o, rayons antérieurs du lobe supérieur de la
caudale, grossis pour faire voir les fulcres; p. 282. '\m\ y.i(^>..\,T>>
Fig- 6 et 7. Pholidopkorus omatm Ag., du calcaire de Purbeck; fig. 7, écaille grossie; p. 280.
Fig. 8. PAo/irfo;j/(o;-»s F/esAm Ag., de l'oolite inférieure; on voit deu\ rayons grossis en des-
'■illrt -Vit-^oii - !Sous de la figure: p. 281. ' "■
' Tab. 38. — Fig. 1. Pholidopliorus micrups Ag., de Solenhofen: fig. ii.deux séries d'écaillés; fig.l6,une écaille
détachée, grossie: p. 273.
; rjr.ti ifi Fig. 2. Pholidophorus longiserratus IMiinst., de Kehlheim: fig. 2', écailles grossies; p. 277.
Fig. 3. Pholidophorus tenuiserratus Miinst., de Kehlheim; fig. 5' et 3"', écailles grossies, fig. 3' par
•jifwins*» la face externe; fig. 3", par la face interne; p. 270.
Fig. 4. Pholidophorus striolaris Miinst., de Solenhofen; fig. 4' et h', écailles grossies; p. 277.
Tab. 39 (par erreur Tab. 49 sur la planche). — Fig. l . Pholidophorus Bechei Ag., de Lyme-Regis; p. 272. —
Fig. 2, 3, 4, écailles grossie&i ;>„!ï^ >>' „!,: .fc'i
Fig. 5. PAoMo/j^orws ortj/c^i!js Ag., du même gisement: p. 274. — Fig. 6 et 7, écailles grossies.
Tab. 40. — Fig. 1. Pholidophorus macrocephalus As.. ^ de So\mhoien: p. 274. — Fig. 2, écailles , dont lune
' -I •• est grossie, vues par leur face externe; fig. 3, mêmes écailles vues par leur face intérieure.
Tab. 41. — Pholidophorus latus Ag., d'Eichstàdt: p. 278. — Fig. 2et3, écailles gi'ossies ; fig. 4, quelques ar-
ticulations des rayons de la caudale. ' , ,l! !
Tab. 42 — Fig. 1. P/toMo;)/(orMs wicronyx Ag., de Solenhofen; p. 279. a, cca^lç^ grossies, vue5\,p£VfyJeur
face extérieure , è, par leur intérieure. , ... / ^
'^ .'■ 11,1 !<.. 1 <: <li; 1
Fig. 2. Pholidophorus gracilis Miinst., de Solenhofen; p. 285, a et b, écailles grossies, vues, des
>..l.b'ru;hu. deux côtés.
,.,,,, „. |,,, Fig. 3. /'Ao/irfojo/iorus intermedtMS Miinst., de Solenhofen; p. 279, a, 6, écailles grossies.
Fig. 4. Pholidophorus tenuiserratus Mnml., de Solenhofen; p. 276, a, b, écailles grossies, vues
.,1, ^,|.„ir P^i' leurs deiLxfacees.
Tab. 42o. — Fig. 1. Pholidophorus Hastingsiœ Ag., du Lias de Barrow; fig. la, écailles grossies; p. 284.
Fig. 2. Pholidophorus anguslus Ag., du grès rouge jurassique de Pologne; p. 28S.
VMihRi-jL ""'§■ ^ ^^ ^' ^^olidophorus Stricklandi Ag., du Lias de Barrow; fig. 4a, écailles grossies de fig. 4 :
\n^m^^al'•l p. 284.
Fig. 5. Pholidophorus minor Ag.. de Stonesfield: p. 286.
Tab. 43 (par erreur Tab.. 42 sur la planche). — Fig. 1, 2, 3. Pholidophorus latimanus Ag., de Solenhofen; p.
. , 280. — Fig. 4 et 8, écailles grossies, vue par leur face extérieure et par leur face intérieure.
Tab. 44. — Bloehius longiroslris Volta, de Monte-Bolca; on voit en dessous de fig. 2, une partie du système
■ . ,, épidermique, grossie. 2" part. p. 2d5. — La fig. 3 représente le fameux exemplaire décrit par
"it • -"jiriaup. ïînili^^'^J^*' comme en avalant un autre de la même espèce.
Tab. 45, — Aspidorhynchus speciosus Ag., de Kelheim: 2'= part. p. 157.
Tab. 46. - Aspidorhynchus aculirostris Ag., de Solenhofen; 2" part. p. 156. — La figure supérieure de gauche
représente une tète avec la gueule entr'ouverte ; la figure au-dessous représente une autre
"tète avec les mâchoires rapprochées; les figures du centre représentent plusieurs ecalilles
réunies par leur face interne et par leur face externe et une écaille détachée avec son onglet ar-
<'i^ g'AlU. ticulaire également des deux côtés. Les deux grandes ligures sont des poissons entiers du Musée,
Tab 47. — Aspidorhynchus or^ialissimus Ag., de Solenhofen; 2'' part. p. 158.
Tab. 47o. — Fig. 1. Afaawewtws ros//a/as Ag., de Solenhofen; 2' pari. p. 150.
Fig. 2. Belonostomus MUnsteri Ag., du calcaire lithographique de Bavière; 2* .part. p. 141.
Fig. 5. Belonostomus acutus Ag., du Lias de Whitby ; 2' part. p. 142.
Fig. 4. Belonostomus sphyrœnoïdes Ag., de Solenhofen; 2" part. p. 140.
Tab. 48. — Ophiopsis procerus Afî.. de Solcnhofon : p. "280. — La fig. 2 représente iin jfeune exemplaire (U- la
nu'iue espèce.
Tab. 49. — Fij;. l. Notagogus Zietenii Ag., de Solcnhofen; p. 295.
Fig. 2. Noliigogys Pentlaniii Aa;., d'un ealcaire jiirassi(nie des environs de INaples: p. 294.
Fig. 3. yolagogus lulior As.., du même si\svn\L'nl: [>. "i^h.
Tab. SO. — Fig. i . Noiagngus dcnticulalHs .(Vi;., de Kehlhcim : p. 294. — Fig.2,3 et 4, égailles grossies, celles'
>lliu >■< uni Ai .sil de la fig.S, vues par leur face extérieure. -— Fig. 3. rayon de la partie anlérieut-e de la dorsale,
forfoment grossi.
Fig. (). Proplerm mierostomus k%.,AQ kehlheim: p. 29G. — Fig. 7 et 8, rayons de nageoire,
Ti;H S '_ grossis. nj'.iSin f»1 •■'> i^^.n'/ '\>\ïv i'v--,ivti\r
Tab. SI. — Fig. J. Magalarus elongatus Miinst.. de Keblbeim: 2'part. p. 148. — Fig. 2, éeailles grossies.
Fig. 5. Afrtflo/wn/.'î èretîco.s/rtrw.? Ag.. deSolenhofen: 2°part. p. 147.
Fig. 4. J/e^a/iOMs parrws Mùnst., de Soienhofen; 2" part. p. 149. sT'
Tab. Sla. — Megalurus kpidolus Ag., de Solenhofen; 2" part. p. 146.
'■\\Î9i»^^l\*-- ■ Acrolepis Sedgwickii As;.K à\v'C»\cAm.<\^ d'Angleterre; 2"" part. p. 80j ■'— Fig. 2, 3, 4,
nui 1 i.i''> '-'il écailles grossies. n .i": • ■ ■')' 'f'I
Tab.lH.^- Fygopterusmandihvlaris ko... Aki calcaire magnésien d'Angleterre; 2ppart. p. 76. - Fig. 2,
■us ^9upi;»u|' - les mâchoires': figj 3 et 4, dents grossies; fig.' &et©, éc^ailles grossie»;ii^»\"^«i'>^iH '— fi''fWT'
Tab. 53(7. — .4utre exemplaire du Pygoplerus mandibnlaris Ag.. provenant de la même locaîité; 2' part, p. 76.
'" Tab. 54. — Ptjgopterus HimhoUli Ag., du Zechstein de ÎMansfeld: 2= part. p. 74. ' '' •''
Tab. Sd. — Autre exemplaire du Pygoplerus Humboldli Ag. ; 2" part, p, 74.
' ' Tab. ma. — FÎg. 1— S. Saurichthys acuminatus Ag., du Bonebed d'Aust-Cliff; 2" part. p. 86. Denis détachées.
Fig,^6— j|l. Saurichthys apimlis Ag., fig. 6 et 7, fragmens des mâchoires, fig. 8, surface de l'os
sous un faible grossisement; fig. 9— 11, dents isolées. Du Muschelkalk de Bayreuth; 2M)art.
p. 85.
Fig. 12^15- Saurichthys Mougeuti Ag., du Muschelkalk de Lunéville; fig. 12 et 15, fragmens de
mâchoires: fig. 11 et 13 dents isolées du Muschelkalk de Bayreuth: 2' part. p. 85.
Fig. 16. Saurichthys semicostatus Ag., du Muschelkalk de Benk: 2'^ part. p. S7.
Fig. 17 et 18. Saurichthys longidens Ag., du Bonebed d'Aust-Clin"; 2" part. p. 87. Dents détachées
Fig. 19. Dendrodus strigatus Owen (au lieu d'Ag. lisez Owen), de l'old Red de Riga. Fragment
de mâchoire, vu de quatre cotes. ^_ _
Tab. 56. — Caturus latus Mûnst., de Solenhofen; 2' part. p. 117. ' ' "^ *^
Tab. 36a. — Caturus farcatus Ks.., de Solenhofen: 2* part, p! ifllî. — On voit eîi aies articulations dun por-
tion de rayon
"'''Tafé'.'57. — Eugnathus speciosus"'jî'i.%i Lias de Lymc-Regis: 2^'^wf. p. i'(W).— 'Fl^'filatête; fig. 2, portion
du tronc du même individu, dont tout le reste a été détiuit. — "l^^îg.' 5 et 4, dents grossies: fig.
Tab. 57a. — Eugnathus urthostomus Ag., de Lyme-Regis: 2*^ part. p. 98.
, ^ji'jT^^. £(^j<i, - Eugnathus Ûnrotes Ag., du Lias de Lymc-Regis; 2' pari. p. 102." Partie antérieure du corps, re-
, I ,!,,, marquablc par le dé\eloppement considérable des pectorales.
Tab. o8. — Eugnathus Philpotiœ Ag., du Lias de Lyme-Regis: 2' part. [). 101 . — Fig. 2,5, 4, écailles grossies.
Tab. 58a. — Eugnathus minor Ag.; 2° part. p. 103. Du Lias de Lyme-Regis_ — Fig. 1', écaille de ce poisson
grossie,
lig. 2. Eugnathus polyodon Ag,; 2^ part. p. 104. Du Lias de Lyme-Regis.
' !Fig.!-3. Pachycormus macrurus Ag., du Lias de Lyme-Regis; 2' pjtrt, p. 1 15.
Fig. 4 et 3. Pachycormus heierurus Ag., du Lias de Lyme-Kegis ; 2' part, p. 115. — Fig.5, écailtes
giOssies,
i'C-324 —
:iii Tab. 58è.Hi, Fig. dî-3. Ptycholepis hollenmsk^. i^AnvU^ de Bo\l et(dfe:IL5'«te''Begis!;-^''fpaEt. p. 108. — Fig. 2
et 3, écailles grossies. <'- q !'i .'i ;
g^iasKngêJnab ,cf'iSC'4i;i5««'"o*'o?w"^««i<><'»«««A8-.,W?fhO";e inférieure. Du Lias tjie 1 Obeulaud, badois.: -2<'part.
.■89i«aoTj pilltll'»'- ,'c. .j;H — .i'ji'-'o'ig ,'j(r,J)U«') rd a/) eno/p.'t ?yb r'n liJnloarJnB ,4^ .:9i'ï —
njt .-„,„, T.. F'?!- S et 6. i{Ame«u.s/Mrca(M.<(As„ du Liban: 2' part. p. 260^ ^^^^^^^^'j ^j^ __ gy ^j^j
tab. 59.— Pac%corm!/s cur/««Ag., du Lias de Wliitby; 2'" part. p. U^j, . gjgjoi^ j^gj^) ^
Tab. S9a. — Pachycormus macropterus Ag.,, du Lias de Bovn-gogne : 2* part. p. lil i' Celte' espèce se distingue
par la grandeur de ses pectoi'aies. ^ ^ a • ^-^ •
Tab. oO. — Saiiropsis longimamis Ag., de Solenhoien; 2'^parf. p. 12T;
Tab. 6i. — Fig. 1. 2, 3. Thrissops Cephaliis-k^.:dè Solenhofen : 2' part. p. l^?'^'^ """Q""» "ïcq) »«<> <JcT
Fig. 4, 5, 6. Leptolepis tnacrolepidotus Ag., de Solenhofen; 2" part, p. 1521 '^
Fig. 7 et 8. Leptolepi.0 polyspondylus Ag;; db Solenhofen: 2" part. p. 1Ô5-. -y*
Tab. 61a. — Fig. 1. le/jtofejBM spram/oj-mts Ag., de Solenhofen; 2" part. p. 130. '^ d .sii
<vuB)n'jb ïaijpi^i^g <^J^4; ÉéptblepisVoithii Ag., de kehlhehh ; 2^part. p. 15i.»^^^'^ •« J» « .Jj'''^
Fig. 5. Leptolepis crassus Ag.. de Solenhofen; 2" part, p, 151. ! ''■'S"f''nf, éafi^
Tab. 62. — Fig. 1 et 2. Cce^acanA/jt/s jr(ïH?<?a(î<.'! Ag., du calcaire magnésien d''An^lfeferl^;2«' part. p. 172 (Por-
tion caudale et nageoires). — Fig. 3, une apophyse épineuse avec son rayoït- «
Tab. 63. — Fig. Megalichthys Hibberti Ag., du terrain lioùillcr de Leeds; 2' part. p. SO.^Tète réduite de
moitié, et vue d'en haut, fig. 1 : d'en bas, fig. 2: de profff ; flg."3 èt'de lafacè; fig. h.
Tab. 63a. — Afejra/icMys flîiéem Ag. Contours des os de Tab. 65. > --.m> -,u;,> i'i .ij
Tab. 64. — Megalichthys Hibberti Ag. Portion du tronc, de grandeur naturelle, et écailles grossies: 2'^ part.
p_ gQ_ ,\.4J:^,--;.i.;. .:..'.. -J:,..; - ,: w.l ;ji,' ,.^/. . iji-s. vl iuUo-i^O .vl .gil
Tab. 6S. — 7'An'sso/>s mîcro/jorftM/Ag, d'origine îrit6irtmié;2'pàrl. p. 1^^ ^' -'''
Tab. 65a. — Thrissops formosus Ag., de Kelheim; 2" part. p. 124. — Fig. 2, écailles grossies', fig. 5, vertèbie
caudale grossie. jiij>|ilj ,.jî>i iMSo»i(»t ««boi^ï) A)^ .gi-i
Tab. 6Sa 6ï,s (par erreur Tab, 6oa). — Fig. 1. Macroponia Mâwïe//n Ag, dé làcraiéde'tewes; 2" part. p. 174
(Exemplaire où l'on distingue lestomac avec ses parois). — Fig. 2, profil de la mâchoire infé-
rieure et de l'arcade palatine. — Fig. 3 — 11, divers coi)rolitlies provenant de ce poisson.
Tabî^ôSfi.^— Fig. 1. Partie moyenne dun tronc de Macropoma Mantellii Ai^. — Fig.2^-^4- éraiilies de différentes
parties du corps, considérablement grossies; 2" part. p. 174. ' -'i''
"LTab. 65c. — Fig. 1. Autre partie moyenne du corps d'un Macropoma Mantellii Ag., avec -i^èstomac presque
entier. On voit en a et en b un coprolithc. — Fig. 2, arcade palatine et extrémité postérieure de
•))iin^iJ/K .k .-M'i '* mâchoire inférieure; lig. 5, mâchoire inférieure; fig. 4, portion de nageoire dorsale; fig. 5.
: ' ,' ' rayon détaché de celte nageoire, Irès-grossi.
Tab. 65rf. — Fig. 1. Tète de ;Vac>o/)o?na Man^eWu, vue en dessous, avec les rayons branchiostègues et la
partie antérieure de l'estomac. — Fig. 2 et 3, profils de tètes de ce même poisson ; 2'' part,
p. 174.
Tab. 66 (par erreur 6a sur la planche). — Thrissop^s^injermedim^lm^^.^^ ^eç^^^i^y^oi^ j}jeJ|la,Y^sberg ; 2" part.
Tab. 66a. — Fig. 1 et2. Dercetis elongatus Ag., delà craie déLewes; 2<'part. p. 258. — Fi»! 3 ^ fragmens
du corps de ce poisson; fig. 5, partie de la colonne vertébrale; fig. 6 er7.;^pines dermiques
:i Db ollw ès*>'. „,.ossies: fig. 8, vertèbre détachée, grossie. '"''"'" ^""'' ^^^ '""'' ^•'"3"
Fig. 9. Caturus similis Ag., de la craie de Lèwés; 2^ part. p. 118 (fragment di'm?tchoire avec ses
::-. icq J'j m-VL.pjg io_i3 Belonostomus cinCtus Ag , de la ci^aîë de'LeVdsr'^^pM't*''p?'i4^ïfragmens des mâ-
choires et portion décailles de la partie moyenne du tronc) . ^ 'JJ-^'^J'l"* ^'^^
Fig. 14 et 45. Dents du Gyrodus angintus k%., à\i même gisement, VTiès d'en' hau^; 2*^pairt,p.23t>,
Fis;. 10 — 18. Dents de VAcrotemnus Faba Ag., du même gisement , vues d'en hiiut ôi.dttiijirofil:
•2" pari. p. 203. , . ,-
Tal). 67. — Fig. \ . Gyrodus macrophthalmus Ag., de Kelheim ; 2" part. p. 224. — Fig. 2 et 3, dcnls grossies.
— Fig. U, articulations des rayons de la caudale, grossies. — Fig. 5, écailles grossies.
Tab. (58. — Fig. 1. Gyrodus frontaïus Ag., de Kelheim; 2'' part. p. 226. — ï"i^. 2 et 3, écailles grossies; fig.
4, dent grossie; fig. 5, articulations des rayons d6 la caddalè.^ ' "" '^"'* ' 'V '"'' ' ' ■' '
Tab. 69. — Fig. 1. Gyrodus rugosus Miinst., de Solenhofen ; S^^ part. p. 2^.| — Fia.^S et 3, écailles; lig. U,
articulations de la nageoire caudale. , , , i
o , ,.,..,,.,1,,^.... •! ■ . .:.^s(!v'' ï' M' ',■ "'• 'le!
Tab. 69a (par erreur 60a sur la planche), — Fig. i— 5. Phyllodus toliapicus A§., de 1 arjjile de Lv^;i(^res;
2"= part. p. 259. :vi\o<ii)<U)f'. ■■[> -j/ ^.uv ixu.'^vdwv fcupW)(\iA t) ,fi ,4V .i^i.l
Fig. 4 et a. Phyllodus planus Ag., du même gisemeat j 2° par^- P- ?39. - , :
Fig. 6 et 7. /'/iy//o(iMsj9o/yo(iui Ag., du mèmcgisQment;;^'^ pai't. p.24^. . (;) ,jpi-
Fig. 8 et 9. PAy//odMs warjt'na/ts Ag.,i(^^yJ^^è;ne .giswifiOtj.>i^^(Iîfti;t't Pl»-^'**^- (P/aques dentaires
sans analogie parmi les poissons vi vans.) , ^ ,„>.,, ,.s«.j\oîv,i .c ."i?;
Fig. 10 et 11. %romAMs oWo<»</«s Ag., de $lonqsff}3(^^^^?^R^Çt,,jf^^ ^^i^ _ ^^ fi^j .
Fig. 12. Gyrodus teviw Ag^ d'origine inconftfipi.2«,p,a.^-^,,.p,,,:^P,. ,,[,.|j„^^ ^„j,
-ib 'iihslm Fig. 13. GyrodMscreJqcews Ag., de la craie de Le^ve^; tMK\- P- n^^rtn^Hltl .pj'-f - .00 .dfiT
Fig. 14. Gyrorfus mmor Ag., de l'argile de Speetoo; 2' part., p, ^i^.jy ;,})((,», ,
Fig. 15. Gyrodus triyonus Ag., de Stoneslield; 2' part. p. 252;,^,v,\\ ■,^^u\uh\\m'<\l - »?,« .dfiT
l-rxiq 'L" .-«lieeo fig- i6. Gyrodus rugulosus Ag., du grès-ver^l de liatisbonne; 2',p^rt, p.. 25,d. ^f ,,{) jj^-j-
Fig. 17. Gyroe/wî A/M«s«ert Ag., delà craie blanche de §altzgllter; 2" parl.p. 25u.
Fig. 18. GyrorfKS Man^e/Zu Ag., de Tilgale; 2" part. p. 254- , ,,, ,^, j^l
'rid-t)iyv X î:f^ Fig. 19. Gyrodus rMWcinafMs Ag., dorigine inconnue;, 2" part. p. 356- 'kï
Fig. 20. Gyrodus radiatus Ag., du calcaire de Caen; 2" part. p. 232, . ;,n,i.M
;-l ,j Fig. 21 — 25. Gyjorfi/s Ct<t)î>>t Ag-, de Sandforlprès Weymouth; 2''part. p. 230. Cette niachoiie
..t,,; -, , est vue de profil dans la fig. 21, dcn haut dans la lig. 22, et par demèrfj.dans la fig. 25.
noj-siifxy Fig. 24. Gyrodus puwc^atMS Ag., dorigine inconnue; ;2'= jjant, p* 2p^j, je, .,|,,
-'Inaiùllib Fig. 23 et 26. Gyrodus jurassicus Ag., du calcaire à tortues de SoieurC:; 2'^ pari,. ip. 229. Mâchoire
inférieure complète, vue de profil fig. 2tj, et d'en haut fig. 20. i i^
ooiW!f)T! r.mn! Fig. 27 et 28. Gyrodws umii/iCMs Ag., du terrain jurassique de Durrheiui (Bade); 2* paft. p* 227.
ob 911, C'est un vomer. nilo'iq;;»-; > w nv iiov nO, .-isiJi
Tab. 696. — Microdon elegans Ag., de Solenhofen; 2'" part. p. 205. — Fi^'. î, poisson entier; fig. 2, extrémité
de la colonne vertébrale et disposition des rayons de la cauda'te; Kg. 5, disposition des dents et
k! If» ?'»uî!''»t>fi partie des os de la tête et de la ceinture thoracique. ..\l. ili O/l .1 ; l id .j», j
Tab. 69c. — Fig. 1 et 2. Microdon radiatus Ag., de Purbeck; 2^ part. p. 208.
Fig. 5. Microdon ana/is Ag., de Solenhofen; 2" part. p. 207.
'" " ''- '•■''"'' Fig. 4 et S. Microdon hexagonus Ag., de Solenhofen; 2' part: SÔCl' ''"^
Tab. 70.. — Fis. 1 — 7. Placodus impressus Ag., du grès-bizarré de Deux-Ponts; 2*^ part. p. 222. , ,
r ,' Fia;. 8. Placodus Andriani Mùnst., du Sluschelkalk de Ba\n;ulh: 2" part. p. 219 (mâchoire sup -
- I neure avec ses dents molaires) . — rig, 9— lo' dents mcisives brisées et détachées; celle de la
. , fie. 9, vue par ses deux faces et de profil. ,
Fig. 14. Placodus gigas Ag., même gisement; 2" part. p. 218 (mâchoire supérieure avec ses dénis
. .'_.,. molaires'). — Fis. 15 et 16, branche gauche de la mâchoire inférieure, vue de profil et par sa
-cm îsab «nsnifii, - . : :.„,_',....
face supérieure; fig. 17 — 21, dents incisives.
,-3Pa^. !7;i,,-<r Fig. 1—5. Placodus Mûnsteri Ag., du Muschelkalk de Bayreulh; 2*^ part, p- 220. — Fig. 1. mâ-
choire supérieure, vue en dessous: fig. 2. la même, \ ue d'en haul; li^. 3. 4. 3, dents détachées.
41*
— 026 —
Fig. 6 — 12. Placodus roatratus Mûnst., du même gisement; 2* part. p. 221. — Fig. 6, mâchoire
supérieure, vue par cless^i^j.figjji, grosse arpèrg-mpjaipej • %■, 9 e|,|0^i^Qlaires antérieures;
• fig. 11 et 12. incisivesiif., «j .p^j;,j(_^f_,,,»f cji _.p/, nîTMT>îm nontn\?.0 9 !n iS -^{i
fF4g.;13. Vonieir ^yec ,ses-àents, du Pyowrfws ^ijag Ag.,dUj Jura wûrtembergeois ; 2* part.
p. 191.
Fig. 14. Pycnodus A'ico/e(i .^Ag. ,_ du , ç^lçajre^ pgj-Uandien 4^. ^,te 2' part.
Tal). 72 — Fig. 1. Pycnodus Plaiessus Ag., de Monte Bolca; 2' part. p. 183. — Fig. 2, dents du côté gauche;
fig. 3, jeune individu de cette espèce, avec ses dents grossies, fig. 4.
Fig. b, G, 7. Pycnodus Rhombus Ag., de Torre d'Orlando; 2'= part. p. 188.
Tab. 72n. — Fig. 1 — 4. Fragment de mâchoire inférieure du Pycnodus umbonatus Ag., d'origine inconnue;
2'= part. p. 194. Ce fragment est vu , fig. 1, par sa face supérieure; fig. 2, par sa face inté-
rieur; fig. 5, par sa face extérieure, et fig. 4, par son côté postérieur.
Fig. S. Pycnodus ovalis Ag., de Stonesfield; 2' p. 19b.
Fig. 0—14. Pycnodus Mantellii Ag., de Tilgate; 2' part. p. 196 (fig. 6, 10, 11 , 14, fragmens de
mâchoire; fig. 7, 8, 9, 12, 13, plaques dentaires impaires du vomer et de l'os hyoïde).
Fig. 13 — 22. Pycnodus Buc/dandi Ag., de Stonesfield et de l'oolite de Caen; 2'' part. p. 192 (fig.
ïo, plaque vomérienne; fig. 16, 17, 22, fragmens de mâchoires; fig. 18 — 21, dents détachées).
Fig. 23. Pycnodus rugulosus Ag., de loolite sableuse de ISorthampton; 2'' part. p. 194.
Fig. 24 et 2a. Pycnodus didymus Ag., de Stonesfield; 2' part. p. 193 (fragment de mâchoire infé-
rieure, vu d'en haut. fig. 24, et de profil, fig. 25).
Fig. 26—39. Pycnodus Mûnsteri Ag., du grès-vert de Ratisbonne, 2^ part. p. 197 (Diverses mo-
difications de dents).
Fig. 40—48. Pycnodus complanatus Ag., du grès-vert de Ratisbonne; 2"= part. p. 197.
Fig. 49—54. Pycnodus Hugii Ag., du calcaire portlandien de Suisse; 2' part. p. 195 (fig. 49, 54
et 53, fragment de mâchoire inférieure, vu par sa face supérieure et par ses bords antérieur et
postérieur; fig. 50 et 51, dents molaires détachées; fig. 52 et 52', une dent incisive).
Fig. 53. Pycnodus toliapicus Ag., de Sheppy, 2' part. p. 196.
Fig. 56 — 58. i»ynodMs jijas Ag., du Jura wurtembergeois; 2" part. p. 191.
Fig. 59. Pycnodus subclavatus Ag., de Maastricht; 2'= part. p. 198.
Fig. 60. Pycnodus cretaceus Ag., de la craie blanche de kent; 2^ part. p. 198.
g. 61 et 62. Periodus Kœnigii Ag., de Sheppy; 2' part. p. 201.
g. 1 et 2. Sphœrodus? (Gyrodus) mammillaris Ag., de la craie blanche de Kent; 2« p. 216.
g. 3_10. Sphœrodus depressus Ag., de Salzbourg; "2" part. p. 213.
11—18. Sphœrodus parvus Ag., deCassel; 2' part. p. 213.
19. Sphœrodus iruncalus Ag., d'Osnabrùck ; 2^ part. p. 215.
20 et 21. Sphœrodus Oculus-serpentis Ag., des Algarves; 2'' part. p. 215. \
22—61. Sphœrodus Lens Ag., d'Osnabriick; 2*^ part. p. 212.
(32—67. Sphœrodus Discus Ag., des Algarves; 2' part p. 214.
68—70. Sphœrodus cinclus Ag., deStyrie; 2'" part. p. 214.
71—73. Sphœrodus Mitrula Ag., du grès-vert de Ratisbonne; 2* part. p. 214.
74—81. SjjAœrorfMsinegu/amAg., delà montagne d'Oelingen près d'Osnabriick; 2^ part.
p. 213.
Fig. 82. Sphœrodus conicus Ag., de Ceylan: 2"= part. p. 215.
Fig. 83—94. Sphœrodus gigas Ag., de î'argile de Kimmeridge et du calcaire portlandien; 2" part.
p. 210.
Fig. 93—100. Sphœrodus annularis Ag., de Ceylan; 2' part. p. 211.
Fig. 101—108. S/)/iœro(ius crassMsAg., de la craie de Belgique; 2' part, p, 212. ■
F
Tab. 73. — F
F
F
Fi
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F
F
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f:
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— ^-27"-— -
Ta!) 74. — FIg. \. ('nlamostotna breviculum Ajç., de Monte-liolca ; 2' part. p. 276. '' -'— ^' -' '
Fis;. 2 et 3. Diodon tenuispinus Ag., de IMonte-BoIca ; 2^ part. p. 273. ^''"'•'••'-«I"«
Fig. U et 5. Osiracion micrurus Ag., de Monte-Bolca ; 2" part, p 263. -'''♦' ' ■--"
ïab. 75. — Vig.Ak^^? Aeanthùplenrus serratns Ag., (sous le nom de Pleuracanthus serrâtes \§.) des sclïisles
dedans; 2'- part. p. 253. ■^'•*''.
)iaq ^ Fig. 3. /iMMMof/rnhafrraJc Ag., des schistes de Glaris; 2^ jîàrt.'p. 28!."''*^ ''^ ^'"^
Fig. U. Acanthoderma apinnsum Ag., des srtiistes de Claris; 2* part p. 252.
:3d:)0ti3 'Jiû-JiJbaJn'jb.g jyHo^-tiiài.q.hj*!^ ;i3ylg)lal(lt'i ' ii^d'l
.ii .gil , ■■■ ' '■ y.tfii,0' M. ..,.. 1, ...,.■...■ -1^ .>_, ._..
:6>H .i\ J'i. noTélt uoAft Rui/oinyl .v ,0 ^C .yl
aunnooni anigiio'b f.gA »viiniwjv\niM «wbono^ i/b oiuoi'i'jlfii oiiodiéni oJj Inoinj^Bii .^-r-ï .^i'i — t>tT Mcl
■ >)ni 3)»;l es iBq ,£ .gil ' " W.ufVr:»' \ -Sd .i^l'l .»| J'iiîq '&
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Ml!) i:'i?t .q Jiijq ^1: ;nji;D ob .oJiloo'I ob JoTjl'jUrt'jiioJë yb ,.gA ib«»VA^«îX ^^l^K>l\■^v'i f-
.(eaàriaeJib ffJnab'.lS— »f .§8 li^noàiém ob <:noifi;ccil ,££ ,vl ,0t .gît imn-ih
MV .q .hi:q "2 •jHolqracdho/I ub 9<ii ' •îool ab ,
-stnt'mtiii'.ri»! ifi tifiiMi-i-ni Ti't ..r I'um '•' ■ ! ' U r.f
t vi Ji» iii^i'J — .Gv il' r
— 328
TABLE ALPHABÉTIQUE,
NOMS DES FAMILLES, DES GENRES, DES ESPÈCES ET DES SYNONYMES,
MENTIONNÉS DANS LE 2* VOLUME (*).
ACANTHODERMA Ag. Il, p. 251,
— ovale Ag. II, p. 251, 267.
— spinosUm Ag. II, p. 252, 267.
ACANTHODES Ag. p. a, 19.
— Bronnii Ag. p. 3, 20, 124, 302.
— pusillus Ag. p. 301.
— sulcatus Ag. p. 125, 302.
Acanthœssus Ag. p. 3.
— Bronnii Ag. p. 20.
ACANTHOPLEURUS Ag. II, p. 253.
— brevis Egert. II, p. 267.
— serratus Ag. II, p. 253, 267.
Accipenser (v. Acipenser).
Accipensérides (v. Acipensérides).
Acipenser L. p. 25.
* — Ruthenus II, p. 277, 280.
— toliapicus Ag. II, p. 280.
ACIPENSÉRIDES Ag. p. 2, 147. II, p. 277.
AcROLEPis Ag. II, p. 78.
— acutiroslris Ag. II, p. 162.
— asper Ag. II, p. 81, 163.
— Dunkeri Mùnst. II, p. 81 .
— Sedgwickii Ag. p. 11, 94. II, p. 79,163.
ACROTEMNUS Ag. II, p. 202.
— FaiaAg. II, 203, 246.
Aethalion Miinst. p. 272.
Alosa fonnosa Ag. p. 12.
Amblypterus Ag. p. 28.
Amblypterus Agassizii Miinst. p. 105, 303. •
— euplerygius Ag. p. 4, 36, 302.
— laleralis Ag. p. 4, 39, 302.
— lattis Ag. p. 4, 37, 302.
— macropterus Ag. p. 4, 31, 302.
— nemopterus Ag. p. 107, 302.
— Olfersii Ag. p. 4, 40, 303.
— punclatus Ag. p. 109, 302.
— striatus Ag. p. 111, 302.
Amblysemius Ag. II, p. 119.
— graciiis Ag. II, p. 165.
Amblytjrus Ag. p. 220.
— macroslomus Ag. p. 220, 304.
Amia lewesiensis Manl. p. 13.
ASPIDORHYNCHUS Ag. p. 14. II, p. 135.
— acutiroslris Ag. p. 14. II, p. 136, 165, 296.
— anglicus Ag. II, p. 139, 164.
— Comptoni Ag. II, p. 139, 166.
— euodus Egert. II, p. 139, 165.
— lepturus Ag. II, p. 139, 165, 296.
— Lucius Ag. II, p. 291.
— mandibularis Ag. II, p. 138, 165, 296.
— ornatissimus Ag. II, p. 138, 165, 296.
— speciosus Ag. II, p. 137, 165, 296.
— tenuirostris Ag. p. 14. II, p. 296.
— Walchneri Ag. p. 14. II, 139, 164.
* Atractosteus Raf. II, p. 1.
* Balistes capriscus Ag. II, p. 249.
( ) Les noms des genres nouveaux et dont il n'existe point d'espèces vivantes sont imprimés en petites capitales. Les noms
des espèces Jossiles sont en italiques. Les noms des genres déjà connus, de notre époque, dont je décris des espèces fossiles
dans ce volume sont aussi en italique. Les synonymes sont en caractères romains. Les noms des espèces vivantes et des {jenres
qui n'ont pas de rcprésentans fossiles , mais qui sont mentionnés dans le texte et comparés avec les i'ossiles , sont en romain
et précédés d'une asiérique. Enfin les noms des familles et des grandes divisions sont en capitales. Le chiffré II indique la
Z" part, du volume.
- 329 —
Balistes dubius Blainv. Il, p. 263.
Belone tenuirostris Ag. p. 14.
Belonostomus Ag. II, 140, 297.
— acutus Ag. II. p. 142, 164.
— Anningiœ Ag. II, p. 143, 164.
— brachysomus Ag. II, p 143, 165, 297.
— cinclus Ag. II, p. 142, 166.
— Kochii Munst. II, p. 143, 165.
— leptosleus Ag. II, p. 143, 165.
— Munsteri Ag. II, p. 141, 165, 297.
— sphyrcBfioides Ag. II, p. 140, 165, 297.
— subulatus Mùnst. II, p. 143, 165, 297.
— tenuirostris Ag. II, p. 143, 165, 297.
— ventralis Ag. II, p. 143, 165, 297.
Blochixjs Volta, II, p. 255, 303.
— longirostris Volta, II, p. 255, 267, 303.
Bufonitcs, p. 15.
Calamostobu breviculum Ag. p. 18. II, p. 276.
* Callichthys L. p. 137, 146.
Catopterus Ag. p 23.
— analis Ag. p. 3, 24, 115.
CATOPTERUS Redf. p. 302.
— anguilliformis Redf. p. 302.
— gracilis Redf. p. 302.
— parvulus Redf. p. 302.
Caturus Ag. p. 194. II, p. 115.
— angustus Ag. II, p. 118, 165.
— branchiostegus Ag. II, p. lia, 164, 294.
— Bucklandi Ag. II, p. 119, 164.
— elongatus Ag. II, p. 118, 164, 293.
— furcatus Ag. II, p. 116, 164.
— «a^MsAg. II, p. 117, 164.
— macrocephaius Ag. II, p. 119.
— macrodus Ag. II, p. 118, 164, 294.
— macrurus Ag. II, p. 118, 164.
— maximus Ag. Il, p. 118, 164, 294.
— Meyeri Mûnst. II, p. 118, 164.
— microckirus Ag. II, p. 118, 164, 294.
— microlepidotus Ag. p. 12. II, p. 293.
— nuchalis Ag. p. 12. II, p. 293.
— pachyurus Ag. II, p. 118, 164.
— pleiodus Ag. II, p. US, 165.
— similis Ag. II, p. 118, 116.
CÉLACANTHES Ag. II, p. 168, 178, 298.
Centrolepis asper Egert. p 304.
Cephalaspis Ag. p. 135, 152.
— Lewisii Ag. p. 149, 301.
— Lloydii Ag. p. 150, 301.
ToM. II, 2' Part.
Cephalaspis Lyellii Ag. p. 142, 301
— roslratus Ag. p. 148, 301 .
* Chaîtodon L. p. 170.
Cheiracanthus Ag. p. 125.
— microlepidotus Ag. p. 301.
— minor Ag. p. 127, 301.
— Murchisoni Ag. p. 126, 301.
Cheirolepis Ag. p. 128.
— Cummingiœ Ag. p. 301.
— TrailliiAg.p. 130, 301.
— t/rajMs Ag. p. 132, 301.
Chelonichthys Asmusii Ag. p. 302.
— minor Ag. 302.
Chondrosteus acipenseroides Ag. II, p. 280.
Clupea Davilei Blainv. p. 13.
— dubia Blainv. p. 13.
— Knorii Blainv. p. 13.
— Lamelherii Blainv. p. 41, 68.
— salmonea Blainv p. 12.
— sprattiformis Blainv. p. 13. II, p. 130.
Coccolepis Bucklandi Ag. p. 300, 306.
CoccosTEUs cuspidatus Ag. p. 302.
— decipiens (latus) Ag. p. 302.
— oblongus Ag. p. 302.
Cœlacusthus Ag. II, p. 170.
— gracilis Ag. II, p. 173, 180.
— granulosus Ag. II, p. 173, 180.
— Kohleri Miinst. II, p. 171.
— leplurus Ag. II, p. 173, 180.
— minor Ag. II, 173, 180.
— Munsteri Ag. II, p. 173, 180.
— Phillipsii Ag. II, p. 173, 180.
— striolaris Miinst. II, p. 171.
•Coffres, II, p. 205.
CoLOBODUs Hogardi Ag. II, p. 237, 244.
CoNODUs ferox Ag. II, p. 105, 163.
Coprolithes, p. 89.
Coryphœna apoda, p, 17. II, p. 185.
Cricouus Ag. II, p. 105, 156.
— incurvus Ag. II, p. 162.
Ctenacanthus ornatus Ag. p. 139.
Ctenolepis Ag. II, p. 179.
— Cyclus Ag. II, p. 180.
Cyclopterus lunipus L. II, p. 263.
* CylindrosteusRaf. II, p. 1.
Cyprinus elvensis Blainv. p. 8, 235.
* — Gibelio Blainv. p. 33.
* Dactylopterus Lacép. p. 136.
42
550 -
Dapedium polituin De la B., p. 195. i HOtiOf W'Hi,'.»l
DAPEDiusDe laB. p. 7, 181, 204. ■ '
— altivelis Ag. p. 8, 196, !>27.
— arenatus Ag. p. 304.
— ColeiAg. 195, 217,304.
— fimbriatus Ag. p. 196, 247.
— granulatus Ag. p. 190, 304. ( l( MIIM -
— micans Ag, p. 304.
— OriisAg. p. 218,304.
— politus De la B. p. », 185, 304.. ■ ,
— punctatus Ag. p. 19!2, 304. vi a-ni'iolMqg. '
Dendrodus Ow. II, p. 105.
— biporcatus 0\v. 11, p. 162.
— compressus Ow. U, p. 163. tb —
— incurvus Ow. 11, p. idâii ■>:■'■■'->
— latus Ow. 11, p. 162. • 1. ■
— sigmoideus Ow. II, p. 162.
— strigatus Ow. H, p. 162.
Dents et piquans des Gymnodontes, li,-pt 2l71-r
Dents des Pycnodontes, II, p. 242. : '. > !^- >a(iivl
Denis des Sauroïdes fossiles, U, p.. 153.
Dents et écailles des Sclérodermes, p^ 265^ —
Dercetis Miinst. et Ag. U, p. 258, 304. '. —
— elongatus M. et Ag. U, p. 258, 267.
— scutatus M. et Ag. Il, p. 259, 267, 304.
Diodon L. Il, p. 273.
— Erinaceus Ag. M, p. 274. -^ —
— orbicularis VoUa, p. 17. H, p. 190.
— retieulans Voila, II, p. 185.
* — Schokie 11, p. 270.
— Sciliœ Ag. U, p. 274.
— tenuispinus Ag. p. 47. Il, p. 273.
DiPLAC.VNTHUs crassispijms Ag. p. 301.
— longispinus Ag. p. 301.
— «<na(M/Ms Ag. p. 301»M\n,\iiN
— sfn'atMs Ag. p. 301. '
DiPLOPTERUs Ag. p. 113. U, p. 83.
— affinis Ag. U, p. IbZy lO^ttlanvo
— borealis Ag. Il, p. 162.
— carbonarius Ag. U, p. 162.
— maciocephalus Ag. Il, p. 162.
— Robertsoni Ag. Il, p. 162.
DiPTERUs Sedgw. et Murch. p. 3, 24, 112.
— brachypygopterus, p. 3, 26, 115.
— macrolepidotus Ag. p. 3, 27, 115, 139, SOI.
— niacropygopterus Ag. p. 3, 26, 115.
— Yalenciennesii Ag. p. 3, 26, 115.
Elops niacropterus BlaÏBv. p, 12.
Ephippus Owenii Kon. U, p, 264. ii^J «weHïO
Esox aculirostris Blainv. Il, p. 136.
— Belone Fort. H, p. 255.
— Eislebensis Kriig. p. 10, 69. U, p. 74.
— incognitus Blainv. p. 12.
— osseusLian. p. 25, 94. H, p. 1.
* Esturgeons, U, p. 277.
EUGNATHUS Ag. Il, p. 97.
— Chirotes Ag. U, p. 102, 163.
— fasciculatus Ag. U, p. 105, 163.
— giganteus Ag. H, p. 104, 163.
— leptodus Ag. Il, p. 105, 1G3.
— mav^dibularis Ag. U, p. 105, 163.
— microlepidotus Ag. U, p. 104, 164, 293.
— minor Ag. U, p. 103, 163.
— opertularis Ag. Il, p. 104, 163.
— ornatus Ag. Il, 105, 163.
— w(kosl»mm Ag. Il, p. 98^ 163.. .
— Philpotiœ Ag. U, p. 10 1 , 163.
— polyudon Ag. Il, p. 104, 163.
— scabriuscuius Ag. Il, p. 105, 163.
— sjoecî'osMs Ag. II. p. 99, 163.
— termidem Ag, U, p. 105, 163.
EuRYNOTUS Ag. p. 153,t'.ti n ^
— crenatus Ag. p. 154, 303;,,, •>.»,)«
— fimbriatus Ag. p. 157, 303i\iv»iV
r>- — fenMtce/>s Ag. p. 159, 303v.ïMtn>
GANOIDES Ag. p. 1.
Globulodus elegans Mùnst. II, p. 203, 244.
Glyptocephalus radiatus Ag. Il, p. 264,267,
Glyptolepis elegans Ag. 11, p. 179. Vnjft'tïtn
— leplopterus Ag. U, p. 179a ^'jrllOY^•M^u.)li
Glyptosteus /atJo.fMS Ag. Il, p. 179. v,!tK
— reliculatus Ag. Il, p. 179. ;)b\
GOMODOINÏES Ag. p. 2, 147.i.pms«3\A
Goniolepidoli Ag. p. 1. - 'i
Graptolepis Ag. Il, p. 83, 106.
— ornatus Ag. Il, p. l63i.iM)«j)-\\^
GYMNODOISTES Cuv. p. 2. 17. 11, pi 868.
Gyracanthus formosus Ag. p. 87. i,,',
Gyrodus Ag. p. 16. U, p. 223, 300. viVi
— analis Ag. Il, p. 236, 245, 300.
— anguslus Ag. U, p. 235, 246.
— drcularis Ag. U, p. 236, 245, 300.
crelaceus Ag. U, p. 233, 24C.
— Cuvieri A g. p. 16. Il, p. 230, 245.
— /^»on<a<Ms Ag. U, p. 226, 245, 301.
— gibbosus Miiost. Il, p. 236, 245.
— 531 —
Gyrodus <p-aciUs IMiinst. Il, p. 237, 245. (,» ■<(igqiil»|»^i
— jurassicus Ag. p. 16. Il, p. 229. 215.
— lœrior Ag. 11, p. 233, 246.
— macrophthahnus Ag. 11, p. 224, 245, 301.
— macropterus A g. 11, p. 2o6, 245, 301
— mammillaris Ag. 11, p. 236. 24G, 2t>9.
— Manlellii Ag. 11, p. 234. 245.
— minor Ag. 16. Il, p. 234, 246. iTMnwH
— Miinsteri Ag. 11, p. 235, 246.
— petiaim Ag. Il, p. 236, 245.
— platvrus Ag. H, p. ^36, 245.
— pumialissimus Ag. Il, p. 336, 245, 301.
— punctatus Ag. Il, p. 231, 245.
— radiatus Ag. 11. p. 232, 245. >
— rhomboidalis Ag. Il, p. 236, 245, 3(X).
— rugosus Miinst. H, p. 227, 245.
— rugulosus Ag. 11, p. 235, 246, 301.
— runcinalus Ag. p. 16;. H, p. 236. 247.
— trigonus Ag. H, p. 232, 245.
— Umbilicm Ag. p. 16. Il, p. 227, 245.
Gyrolepis Ag. p. 6, 139, 172. 11, p. 285.
— AlbertiiAg. p. 6, 173, 303. 11, p. 285.
— asper Ag. p. G. 69, 173, 11, p.-83.
— glganteus Ag. p. 175. ^ûi q M z^roma\i'A
— maximus Ag.'p. 6, 175. 303. H, p. 285.
— Rankinei Ag. p. 303.
~ tenuislriatun Ag. p. 6, 174, 303. 11, p. 285.
Gyronchus Ag, 11, p. 202. H^VdlVAl.^)
— oblongus A g. Il, p. 202, 245.
Gyrosteus Ag. 11, p. 179.
— mirabilis Ag. Il, p. 179, 180.
HOLOPTYCHIUS Ag. 11, p. 178. k —
— ilnrfersont Ag. Il, p. 179. .^' ■(-..!
— fakatus Ag. 11, p. 180.
— Flemingii Ag. 11, p. 179^^1 '':«J(iOi/;«JO
— Garneri Mureh. 11, p. l^ft. ilolii(j'jloinoi)
— giganteus Ag. 11, p. 179. , •'. ;"t:»jot'T/ ,'ti>
— gramdalus Ag. 11, p. 180.
— Bibberti (Rhizodus Ow.) Ag. Il, p. 180.
— minor Ag. Il, p. 180.
— Murchiioni Ag. Il, p. 179.
— nobilissimus Ag. Il, p. 179.
— Omaliusii Ag. 11, p. 179.
— Purtlockii Ag. 11. p. 180.
— sautoides Ag. 11, p. 180.
— striatus Ag. 11, p. 180.
HoPLOPYGUS Binnegi Ag. Il, p. 173, 180.
* HypophthalniusSpix p. 148.
ICllTHVODOHUUTHES Buck. cl De la B. p. 139.
Ichlhyolilhus Eislebensis Ag. p. 66.
Labyrinthodon Ow. 11, p. 27.
Lamnodus Ag. 11, p. 105.
— biporcatus Ag. Il, p. 162.
— PanrferiAg. H, p. 162.
LÉPIUOIDES Ag. p. 1,3.
— HÉTÉROCEIIQUES Ag. p. 177, 300.
— HOMOCERQUES Ag. p. 177, 299.
Lepidosaums H. v. M. p. 252.
* Lepidosiren INatt. 11, p. 69.
Lepidostei Ag. p. 1.
* Lepidosteus Ag. p. 34, 187. Il, p. 4.
— dentosus Kon. H, p. 100..
— gracilis Ag. Il, p. 2, Ng nu.'jiu
— GrayiAg. U, p.2, N. v,n»\
— osseus Ag. Il, p. 2. . u.yiv
— semiradiatus Ag. U, p*i?W\Wv\cs
— Spatula Ag. Il, p. 2. i
LEPiDOTUsAg. p. 8, 85, 1?6^233.. ■...-/. i
— Cottœ Ag. p. 406J!--^ol «aLioTu/jÔ feob iUvM
— fimbriatus Ag. p. 247, 305. '; ]«> sitvid
— Fittoni Ag. p. 265, 305. , erraD/iaU
— frondosus Ag. p. 8, 250, 268, 305, _
— Gigas Ag. p. 8, 235, 304. U, p. 286.
— lœvis Ag. p. 254, 405. , v ,q ,n ,a noinM
— latimanus Egert. p. 306/, HMaanm-rtS —
— latissimus Ag. p. Si. iloYîii^Iuiiid'io ■
— Manlellii Ag. p. 9, 262, 305. : ,
— Maximiliani Ag. p. 9, 263, 306. .;v.;
— mmor Ag. p. 9, 260, 269, 305.o,\\V .'4
— notopterus Ag. p. 257, 305. .iiium
— oblongus Ag. p. 259, 305. Il, p. a8i?/..,>.a^iiU
— ornatus Ag. p. 9, 249, 305. —
— />a/ho(Ms Ag. p. 255, 305. .M
— parvulus Munst. p, 267, 305. —
— pectinatus Egert. p. 305. _ A euflaTaoJiKI
— punctulatus Ag.'f.'àOQ. m\i\.y. —
— radiatus Ag. p. 9, 256, 305.
— rugosus Ag. p. 246, 304.
— semiserratus Ag. p" 240, 304.
— serrw/atMsi Ag. p. 305. oiuiA ^
— speciosnn Miinst. p. 266, 305; ' ^ .';'—•"
— striatus Ag. p. 9, 268, 306.
— • subdenticulatus Ag. p. 9, 265.
— lemnurus Ag. p. 306.
— tuberculatus Ag. p. 256, 305.
— uinbonatus Ag. p.àyM ""'.'/«i >iinuu\(jll-i
— 332
Lepidotus undatus Ag. p. 9, 245, 304. II, p. 287.
— unguiculatus Ag. p. 9, 251, 305.
— Virleti Ag. p. 9, 258, 306.
Lepisosteus Lacép. p. 25, 30. Il, p. 1.
— osseus Lacép. 11, p. 1.
— Spatula Lacép. 11, p. 1.
Leptolepis Ag. p. 13. 11, p. 129, 295.
_ Bronnii Ag. p. 13. 11, p. 133, 164, 294.
— caudalis Ag. U, p. 133, 164.
— conlractus Ag. 11, p. 134, 165, 294.
— crassus Ag. 11, p. 131, 165.
_ dubius Ag. 11, p. 13. Il, p. 134, 165, 294.
— filipennis Ag. II, p. 134, 164.
— Jœgeri Ag. p. 13. 11, p. 133, 164.
— Knorrii Ag. p, 13. 11, p. 134, 165, 294.
_ latus Ag. U, p. 134, 165.
— longus Ag. p. 13. 11, p. 133, 164.
— macrolepidotus Ag. II, p. 132, 165, 295.
— macrophthalmus Egert. 11, p. 134, 165.
— paucispondylus Ag. II, p. 134, 165.
■^■■IL. polyspondylus Ag. 11, p. 133, 165, 295.
— pusiUus Ag. U, p. 134, 165.
— spratliformis Ag. p. 13. U, 130, 165.
— tenellus Ag. p. 13. Il, p. 134, 164.
— Voithii Ag. 11, p. 131, 165, 295.
* Litholepis Raf. 11, p. 1.
LOPHOBRANCHES Cuv. p. 2, 18. 11, p. 275.
Lumbricaria Mùnst. 11, p. 295.
Macropoma Ag. p. 13. U, p, 174.
— Egerloni Ag. 11, p. 180.
— Mantelli Ag. II, p. 174, 180.
Macrosemius Ag. 11, p. 150, 297.
— brevirostrù Ag. U, p. 166.
— rostralas Ag. U, p. 166, 298.
Megalichthys Ag. 11, p. 89, 154.
_ Hibberti Ag. p. 87. 11, p. 90, 162.
— maxillaris Ag. U, p. 96, 162.
— priscus Ag. Il, p. 96, 162.
Megalurus Ag. p. 13. U, p, 145.
— brevicoslatus Ag. 11, p, 148, 166, 295.
— elongatus Mùnst. 11, 148, 166.
— lepidotus Ag. 11, p. 146, 166.
— parvus Mùnst. II, p. 149, 166.
MiCRODON Ag. p. 16 U, p. 204.
— abdominalis Ag. p. 16. 11, p. 208, 245.
— analis Ag. p. 16. il, p. 207, 245.
— elegans Ag. p. 16. 11, p. 205, 245.
— hexagonus Ag. p. 16. II, p. 184, 206, 245.
MiCRODON plalurus Ag. p. 16. U, p. 208, 245.
— radiatus Ag. 11, p. 208, 245.
— Gigas Ag. p. 15.
Microps furcatus Ag. p. 286.
* Mj^inoïdes MùU. 11. p. 69.
Nemopteryx mandibularis Ag. p. 10, 95. U, p. 76.
NoTAGOGus Ag. p. 10, 293.
— denticulatus Ag. p. 294, 306. U, p. 289.
— latior Ag. p. 10, 294, 306.
— Pentlandi Ag. p, 10, 294, 306.
— Zietenii Ag. p. 10, 293, 306.
NoTHOsoMus Ag. p. 288.
— lœvissimus Ag. p. 292, 306.
— oclostychius Ag. p. 292, 305.
Onchus erectus Ag. p. 139.
— MurcAisont Ag. p. 139.
Ophiopsis Ag. p. 289. 11, p. 2S9.
— dorsalis Ag. p. 291, 306. Il, p. 289.
— Mûnsteri Ag. p. 292, 306. U, p. 289.
— penicillatus Ag. p. 290, 306.
— procerus Ag. p. 289, 306. U, p. 289.
Oroghathus Ag. U, p. 83, 105.
— conidens Ag. U, p, 162.
Osteolepis Ag. p. 5, 26, 85, 113, 117.
— arenalus Ag. p. 122, 301.
— macrolepidotus Val. p. 5, 82, 119, 301.
— major Ag. p. 301.
— microlepidutus Val. p. 5, 82, 121, 301,
Ostracion Linn. p. 17. 11, p. 262.
— cornutus Ag. U, p. 265.
— micrurus Ag. p. 17, II, p. 263, 267.
— lurritus Volta, 11, p. 263.
P.^^CHYCORMUS Ag. p. 11. 11, p. 110.
— acutirostris Ag. U, p. 114, 163.
— curttis Ag. 11, p. 112, 164.
— furcatus Ag. p. 1 1. U, p. 116, 292.
^ — giganteus Ag. U, p. 104, 114.
— gracilis Ag. p. 12. 11, p. 114, 164.
— heterurus Ag. 11, p. 113, 164.
— latipennis Ag. Il, p. 114, 164.
— latirostris Ag. U, p. 114, 164.
— latus Ag. Il, p. 114, 164.
— leptosteus Ag. Il, p. 114, 164.
— macropomus Ag. U, p. 114, 164.
— macropterus Ag. p. 12. 11, p. 111, 163.
— macrurus Ag 11, p. 113, 164.
Palaîobalistum orbiculatum Blainv. p. 17. II, p. 190.
Palseoniscum arenaceum Bory, p. 8, 224.
— aB3 —
Fala'oniscuni Freitsltbensc Blainvi tp) -6',\ 41î'46i S8.
— macropteniiu l}i'onn,"|»ji84.t •
PalvEoniscus Aa;. p. 4. 23. 41, 85. ■'
— Agassizii Redf. p. 30^. ' ^qoTiiW
— angusius \g.p. 4,b7,S02.
Blainvitlei Ag. p. 4. 48. 302.
— carinatus Ag. p. 104, 303.
— catoptents Ag. p. 303.
— comtus Ag. p. 97, 303.
— Dunkeri Germ. U, p. SI.
— Duvernoy Ag. p. 4, 45, 68, 103, 302.
— Egertuni Ag. p. i02.
— degans Sedg^-. p. 5, 82, 93, 303.
— exsculptus Germ. 11, p. 74.
— Freieslebenii Ag. p. 5', 66, 69, 308 .«-""«^^
— fultus Ag. p. 4, 43, 102, 302;""^^^ —
— ^/a;)/ii/rws A^. p. 98, 303.: ^A zrgioiHiO
— latus Redf. p. 303; JJA ïiSoatob —
— '■^- lepidiirus Ag. p. 64, è03. H, i^.'''284 .
— longisdmus Ag. p. 1(X), 303.' '''
— -macrophthalmns Ag.p.^,'30B. —
— macroponius Ag. p. 5, 69, Si, 103, 3031
— macropterus Redf . ]i. 302. '
— magntcs Àg. p. 5, 69, 78, 30^. ?ii3JoaTe(>
— ornatissimus Ag. p. 92, 303".'^*
'J^' '^^'Roïîsoni mhh. p. 88, 302.
— striolatus Ag. p. 91, 302.
— _^ VoUzii Ag. p. 5, 55, 83, 302.
— ^^'vratislaviensis Ag. p. 60, 303. 11, p. 283.
Palaeothrissum œcpiilobum Hiiot, p.' 5,'68l "^
— blennioides Holl, p. 5,- 68'.^ iJWfloJYH-^ ■ "
— ■ "brève Ag. p. 45.
— dorsiïiyAe'.'p. Si!
—'•' èlègaTis Sedg^v. p. 69, 95.
éiipterygium Ag. p. 36.
— ■^'^^Gigas Ag. p. 5, 87.-'- *'^'»»-
M'
iiicéç'iuilobum Blainv'.'p\^*;'^4é, 68. -
— latérale Ag. p. 39, " ' '^'
— latum Ag. p. 37; ■' '~
— macrocephalum Blainv. p. 5, 41. 93.
— /' — Sedgw. p. 5: 97.
— -^^agnum Blainv. p. 5, 10, 69, 93, 11, p. 74.
^^'"*-'l^-^^Sèdgw.p.5,97.
— minutam Ag. p. 47.
^'^ '' -bmatum Ag. p. 68.
— parvum Blainv. p. 4, ^.••"' wu^^inojKl/i'I
Palitolhrissuin phraclonoUiui Ag. p.'4) 4ô.nrr'VTi^J
— rh} ni'hii'inii Ag. |), 68.
— vulgalissiiniim Ag. p. 5, 68.
Pegasus lesiniforiuis ^ olla, U, p. 261.
— nalans VolUi, 11, p., 276. ( - 1. . -,
Periopus Ag. 11, p. 201. I :
— Kœnigii Ag. U, p. 201, 246.,
Pholidophorus Ag.p; 9, 27^..ri/^, artJ,^^■,a
— angustus Ag. p. 285. 306^.
•fut' Àmechei Ag. p. 272, 305. .
— crenulalus Egert^ p. 288, 305.
tes ,éël .HÀorsalis Ag. p. 0, 287, 305.
— .mesheri Ag. p. 281, 306.
-^01 fiircatus Ag. p. 286, 305.
HÎST«ei ,ifmiformis Ag. p. 288, 306.
— gradlis Mùnst. p. 285, 306.
— iOl Harlmanni Egert. p. 288, 305. .,
.eeS7«91 .lUastingske Ag. p. 284, 305.
.c9^ric.i intennedius Mùnst. p. 279, 306. —
rëOi ,î fcèvissUnus Ag. p. 288. U, p. 289.
des-fèai .iatimanus Ag. p. 280, 306., U, p. 288.
— lâtivsmdvs Ag. p. 9, 211,\a87, 305.
.?M ,0£llatus Ag. p. 278, 306 11, p,288.
— 4bi ,kptocephalus Ag. p. 2-S8, 305.
— f.vditnbdtm Aig.' p. 9, ^2, i'305i
— /ow^îsenv/^Ms Miinst. p. 277, 306.
-b-T macrocephalus Ag. p, 374,-306. il, p. îtjâ.
.288. il .i^aùlf. nhRohdmaJL
— mtfarmîfs Ag. p. 287, 306i •"■■vni)i\f
— micronyx Ag. p. 279, 306. 11, p. 288.
— microps Ag. p. 9, 275, 306.
— minor Ag. p 286, 306. /.vjimaoHOAÏfi.
— onychius Ag. p. 274, 305.x6
— ornatus Ag. p. 280, 306,.i)-t
— packystotnm Egert. p. 288, 305iauA£iHl/!
-^ ,u' pusillus As;, p. 9, 2S7, 305.
— tWr/K^tawA-iAg. p. -287^306. U, p. 288.
— radiato-,puilct.aUi» A^jp, 287 , 306.
— Stricklandii Ag.ip. 28-H; 305. - i«uaAOdW
r.PS-,b()l gtriolarU'Mùnst. p. 277, 306. -
— 'o'^rfaxis Ag. p 287, 306. 11, p. 288.
— àféituiserratus Mûnst. p. 276, 306.
— ■' 'urœoides Ag. (pj-â*?, 306vlJ, p. 288.
Phyllodus Ag, U, p. 238. ■ 'i ,ii ''i 'i '-^A -^nnonvlft
— trreju/am A^.'U, p. 241, 247.
— marginalis Ag. il, p. 240, 247.
— médius Ag. 11, p. 241, 247.
'^^^OOi^planus Ag. U, p. 239, 246,
42*
334 —
VHYLtOBVs polyodus Ag. II, p. 240, 246.
— toliapicus Ag. Il, p. 239. 246.
Phyllolepis Ag. 11, p. 179.
— concenlricus Ag. Il, p. 179.
— tenuissimus Ag. II, p. 180.
PisoDus Ow. Il, p. 237, 247.
Pisoodon Coleanus Kaup, 11, p. 213.
Placodus Ag. p. 15. II, p. 217.
— Andriani Miinst. 11, p. 219, 244.
— Gigas Ag. p. 15. Il, p. 21S, 244, 299.
— impressus Ag. p. 15. II, p. 222, 244.
— Munsteri Ag. 11, p. 220, 244, 299. .
— roslralus Miinst. 11, p. 221, 244. ,
Platygnathus Ag. U, p. 105. ,
— Jamesoni Ag. II, p. 162.
— minor Ag. Il, p. 162.
— paucidens Ag. 11, p. 162.
Platysomus Ag. p. 6, 161. ,,;i{j ■^„n(^^R/.^^
— gibbosus Ag. p. 6, 164, 303.
— macrurus Ag. p. 6, 95, 170, 303.
— parvulus Ag. p. 303. ,,.,Rnr,rti «orionc-fclnYê
— parvus Ag. p. 6, 95, 170, 303. , gMj\,o«ç«^ï
— Rhombus Ag. p. 6, 95. 167, ^Qg.
— iSirialus Ag. p. 6, 168, 303rt-«'sAto
* Plectognathes Cuv, II, p. 248. / 9/,f,r^T
Plectrolepis rugosus Ag^ p„303.„„„i}ï 8,qajoi4..ûAiiTa 1
Pleiopterus Ag. p. 113. , ,^/ v.VVora
Pleuracanthus Ag. II, p. 254. \
PoDODUS Ag. II, p. 83, 106.
— capilatus Ag. 11, p. 163.
* Polypterus Gevffr. II, p. 32.
— Bichir Geoffr. p. 185. U, p. 2. 32.
— senegalus Cfv.,\l, ,p,. y,,, , .
* Pristigaster Ag. p. 197. ^/ .,\v,.,,r,^„i\n
Propterus Ag. p. 295. 11, p. 290.
— microstomus Ag. p. 296, 306. Il, p. 290.
— senalus Miinst. p. 296.
PsAMMOLEPis jBaradoa;us Ag. Il, p. >;179; ^
Pterichthys cancriformis Ag. p. 3^)2..v,,j
— COTOMtMS Ag. p. 302.,jU:„\,V,-(-
— hydrophilus Ag. .p,.v3(^,c<i<)>
— latus Ag. p. 302.
— Milleri Ag. p. 302.
— oblongus Ag. p. 302.
— productus .\g. p. 302
— testudinarius Ag. p. 302.
Ptycholepis Ag. 11, p. 107
— bollensis Ag. p. 11. II, p,.,|i(^S,.,l;63, 292.
\«
PYCNODONTES Ag. p. 2, 15. II, p. 181.
Pycnodus Ag. p. 16. Il, p. 183, 301.
— angustus Ag. p. 17, 246. U, p. 199.
— biserialis Ag. II, p. 199, 244.
— Bucklandi Ag. p. 16. U, p. 192, 244.
— complanatus Ag. U, p. 167, 246, 302.
— Couloni Ag. 11, p. 246.
— cretaceus Ag. II, p. 198, 246.
— depressus Ag. p. 17. II, p. 199, 246.
— didymus Ag. II, p. 193, 244.
— discoïdes Ag. Il, p. 199, 244.
— elongatus Ag. Il, p. 199, 246.
— gibbus Ag. p. 17.
— Gigas Ag. p. 17. II, p. 191, 244.
— gracilis Miinst. 11, p. 199, 245.
— Hugii Ag. p. 17. 11, p. 195, 244.
— lalidens Ag. U, p. 199, 245.
— latior Ag. p. 17. H, p. 199, 246.
— latirostris Ag. II, p. 199, 244.
— Manlellii Ag. Il, p. 196, 244.
— marginalis Ag. II, p. 199, 246.
— microdon Ag. p. 17. II, p. 196.
— minor Ag. U, p. 200, 246.
— minuius Miinst. U, p. 199, 245.
— Munsteri Ag. U, p. 197, 246.
— Mcoleli Ag. II, p. 192, 244.
— oblusus Ag. U, p. 199, 244.
— orbicidaris Ag. p. 17. II, p. 190, 24ii.OMJiDr'
— Orbis Ag. p. 17.
— ovalis Ag. U, p. 195, 244.
— parvus Ag. II, p. 199, 245.i .q .gA auTOHorwa^;
— Platessus Ag. p. 17. II, p. lSâv24)6.
■ — priscus Ag. U, p. 199, 244. . (.\,\m
j — MomiMS Ag. Il, p. 188, 244iJiOfly>\
— rugulosus Ag. II, p. 194, 244uiiui\.
— subclavatus Ag. p. 17. Il, p. 198/246.
— toliapicus Ag. Il, p. 196, 246.- -
i — trigonus Ag. Il, p. 199, 245.Vwi«»t^
— rm<yc/a«s Ag. U, p. 199, 245. •
— umbonatus Ag. p. 16. H, p. I9j4,jè44.
Pygopterus Ag. p. 10. U, p. 74, 152.)sS»'n\i'.
— Bonnardi Ag. p. 11. U, p. 78, lB2jOHIJIr.
" — Bucklandi A§. p. 88. 11, p. 17,>Ltà^ auMiVi't'.
— Greenockii Ag. 11, p. 78. 162. -A ^MoHTi-.mf'.
— ffMm6oWaAg.p.lO,69.II, p.74,16:î, 291.
— Jamesoni Ag. II, p. 78, 162.
— Lucius Ag. p. 10. U, p. 78, IBSi^
— mandibularis Ag. p. 95. 11, p. 76, lt)3.
33K —
PïGOPTERUS SCOticUS Aj?. p. 10. 11. |) 76.
— sculptas Ae;. Il, p. 77, 163.
Rh.\colepis Ag. 11, p. 283.
Rhinellus Ag. 11, p. 260.
— furcatus Ag. 11, p. 260, 267.
— nasalis Ag. Il, p. 261, 267
Rhizodus Hibberli Ow. 11, p. 179.
Rhombus diluv. major Wolf. p. 6, 167.
— minor Wolf. p. 6.
Saurichthys Ag. 11, p. 84, 153, 291:
— acuminalus Ag. 11, p. 86, 163.
— angusfus Mùnst. 11, p. 88, 163.
— apkalis Ag. Il, p. 85. 163.
— coslalm Mûnst. Il, p. 88, 163.
— /owjjrfens Ag. 11, p. 87, 163.
— Mougeoti Ag. 11, p. 86, 163.
— semicostatm Miinsl. 11, p. 87, 163.
— temiiroslris Mùnst. 11, p. 88, 163.
SAUROIDES Ag. p. 2, 10. 11, p. 158.
— vivans, 11, p. 1, 5ir- —
Sauropsis Ag. 11, p. 120. M -H .§A '.'stemçvnw
— latiis Ag. p. 1 1. 11, p. 122, 164. *
— longimanus Ag. p. 11. 11, p. 121, 165.
— mordax As,, p. 11. 11, p. 165.
Saurostomus Ag. p. 14: IT, p. 144, 155. >' '
— esocinus Ag. p. 14. 11, p. 144, 164.
— (Esp. indét.) 11, p. 164.
SCLÉRODERMES Cuv. p. 2, 17. 11, p. 248, 265.
ScROBODus Miinstr. Il, p. 203.
— subovatus Miinsl. Il, p 203, 245.
Semionotus Ag. p. 8, 222.
— Bergeri Ag. p. 8, 224, 304.
— lalus Ag. p. S, 196, 227. 304.
— leptocephalus Ag. p S, 222, 304.
— mm!/<Mis Egert. p. 305. >mïoVmij«\
— Niissvni Ag. p. 229, 304.'M>'i»i3iWt;^
— Peut lundi Egert. p. 305. 'U3m»jio\
— pustulifer Egert. p. 305.' KVl.noçh^
— rhombifer A§. p. 228, 3G4tiViv^?,: •^^
— Spixii Ag. p. 8, 224. Il, p. 286.
— striai us Ag. p. 2 3 1 , 304 .
SILIROIDES Cuvi pi 2j 147.
Silurus Glanis L. p. 20.
Sphverodus Ag. p. 15, 234. 11, p. 209.
•^ ' annularis Ag. 11, p. 2i 1 . 244.
— cinclus Ag. 11. p. 214. 246.<'.imi.\.
— contcus Ag. 11, p. 215. 247. ' '
— > ' crassus Ag. p. 15. 11, p. 212, 246.
SpH/KRodus depressus Ag. Il, p. 213, 247.
— Discus Ag. Il, p. 214. 247.
— Gigas Ag. p. 15. Il, p. 210. 245.
— irregularis Ag. Il, p. 213. 246.
— Lens Ag. 11, p. 212, 246.
— mammillarif: Ag. p. 15. 11. p. 216, 299.
— microdon Ag. 11, p. 216, 244.
— minimus Ag. p. 15. Il, p. 216, 244.
— minor Ag. Il, p. 216. 245.
— Mitrula Ag. 11, 214, 247.
— neocomensis Ag. 11, p. 216, 246.
— Oculus-serpentis Ag. p. 15. 11, p. 215. 247.
— parrns Ag. p. 15. Il, p. 213, 246.
— rhomboidalls Ag. p. 15. Il, p. 216, 299.
— truncatus Ag. 11, p. 215, 246.
Stroinateus angulatus Germ. p. 6.
— gibbosus Blainv. p. 6, 164.
— hexagonus Blainv, p. 16:
^ Knorrii Germ. p. 6.
— major Blainv. p. 6, 167.
Synbranchus inimaculatus Volta, 11, p. 255.
Syngnathus Cuv. p. 18. Il, p. '276.-^- î'»-^-«o»\
— breviculus Blainv. Il, ]>. 2^76. '''^
— opisthopterus Ag. p. 18. H, p. 276.
— Typhle Volta, 11, p. 276.»^ gariJBngoladll
Tetragonolepis Bronn, p. 6, 181, 204. ^
— flni/M/î/cr Ag. p. 213, 304. . ''<
— Bouei Ag. p. 7, 210, 304. ^"liiOBOffiunn
— confluens Ag. p. 199, 304," -r^ e'Juoaoq
— dorsalis Ag. p. 211, 304. '"'"X»» —
— heleroderma Ag. p. 7, 206. 30?;'''r<'< '*
— Leacini Ag. p. 7, 203, 304j
— leiosomus Ag. p. 202, 304.
— Magnerille Ag. p. 7. 214, 305.
— mastodonteus Ag. p. 216, 305.2UJiaTqoHM
'^■^ 'i monilifer Ag. p. 212, 304.
— ora/is Ag. p. 209,304.
— phoHdotus Ag. p. 7. 207, 304. ISJ""""**'*
— pustulatus Ag. p.'20i; 30«? ^'hthoi«3tM
— radiât us Ag. p. 201, 304.'''^
— semicinctus Bronn, p. 7, 196. 304.
— speciusus Ag. ji. 1 99, 304}^' ^
— striolatus Ag. p. 304.*^ '*^*^^
— Traillii Ag. p. 7,.21-4;C"'«^'i"
• Totraodons, 11, p. 272. 'I 8"- «M'^Mi>oi(^
Tetraodon hispidus Volta, 11, pi 273!^'^'^''^*
— Honkenii Vola, 11, p. 273. ' '
— perspicillatus Ag. Il, p. 268.
336
Theratichthys Kon. 11, p. 273.
Thrissonotus Colei Ag. 11, p. 128, 164.
Thrissops Ag. p. 12. 11, 123.295.
— Cephalus Ag. U, p. 125, 163, 293.
— formosus Ag. p. 12. 11, p. 124, 165, 293
— intermedms Miinst. 11, p. 127, 165.
— mesogaster Ag. Il, p. 128, 165, 293.
— micropodius Ag. p. 12. 11, p. 126, 165.
— salmoneus Ag. p. 12. 11, 128, 165, 293.
— subovatus Mùnst. 11, p. 128, 165.
* Tinca chrysitis Ag, p. 33.
UNDiNAMiinst. 11, p. 171.
— Kohleri Mûnst. U, p. 178, 180.
— striolaris Mûnst. U, p. 178, 180.
Urseus Ag. p. 12. 11, p. 293.
'\"\!\1H\!
Urseus branchiostegus Ag. U, p. 294.
— elongatus Ag. U, p. 293.
" gracilis Ag. p. 12.
— macrocepbalus Ag. p. 12. U, p. 293.
— maeruriis Ag. p. 12.
— ma\inuis Ag. 11, p. 294.
— microchirus Ag. 11, p. 294.
— inicrolepidotus Ag. p. 12. 11. p. 104.
— nuchalis Ag. p. 12. U, p. 116, 292.
— pachyiirus Ag. p. 12.
Uronemus lobatus Ag. H, p. 178, 180.
Uropterj'x slriatus Ag. p. 6, 95, 168.
— undulatus Ag. p. 6, 170.
Zeus Platessus Blainv. 11, p. 185.
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FAUTES A CORRIGER.
TOM. II. PREMIERE PARTIE.
Pag. 27, lig. 13; au lieu de D. micropygoplerus lisez : D. brachypygopterus ; au lieu de fig. 3 lisez : fig. 4 et au
lieu de fig. 4 lisez : fig. 3.
Pag. 39, lig. 5 d'en bas; au lieu de L'orbitaire, lisez : L'orbite.
Pag. 50, lig. 8 d'en bas; au lieu de soit cartilagineuse, lisez : soit entièrement cartilagineuse.
Pag. 51, lig. 6 d'en bas; au lieu de extérieure, lisez : antérieure.
Pag. 60, lig. 19; au lieu de M. Dechen, lisez : MM. Zobel et de Carnall.
Pag. 64, lig. 5; au lieu de M. Dechen, lisez : Zobel et de Carnall.
Pag. 73, lig. 21 ; au lieu de la 2"= Table, lisez ; la 11'' Table.
Pag. 77, lig. 15; au lieu de supérieur de la fig. 2, lisez : supérieur de la fig. 5.
Pag. 77, lig. 18; au lieu de vers son rétrécissement, lisez : vers le pédicule de la queue.
Pag. 82, lig. 17. L'espèce signalée sous n" 3 n'est pas un Palœoniscus; c'est mon Lepidoleus semtserratus .
Pag. 82, lig. 9; au lieu de 76, lisez : 78.
Pag. 98, lig. 7 d'en bas; au lieu de page 21, lisez : page 56.
Pag. 104, lig. 11 ; au lieu de Tab. 4 b, lisez : Tab. 4c.
Pag. 114, lig. 7; au lieu de plausible, lisez possible.
Pag. 128, lig. 3; effacez : presque complètement.
Pag. 150, lig. 1; effacez : parmi.
Pag. 136, lig. 17; au lieu de n'occuper, lisez : noccupent.
Pag. 136, lig. 6 d'en bas; au lieu de dont on ne voit, lisez : mais on ne voit.
Pag. 137, lig. 13; au lieu de jusqu'au tiers, lisez : et occupe le tiers.
Pag. 148, lig. 7 d'en bas; au lieu de La pièce o me parait être l'os ethmoïde, arrondi ii son bord antérieur,
et en avant, lisez : A l'intérieur de ces mamelons se voit une pièce arrondie à son bord an-
térieur, que j envisage comme l'ethmoïde, et en a\ ant.
Pag. 149, lig. 2; effacez : encore, en a a,.
Pag. 155, lig. 13 d'en bas; après fig. 3, ajoutez : de Tab. 14a.
Pag. 163. Les lettres aa, bb, ce et p citées pour expliquer divers détails de la structure du squelette ont été
omises dans la fig. 2 de la planche D.
Pag. 164, lig. 16; au lieu de fig. 1, lisez : fig. 2.
Pag. 168, lig. 9; effacez : et 4.
Pag. 174, lig. 10 d'en bas; effacez : et qui.
Pag. 182. lig. 5 den bas; au lieu de 206 fig. 1, lisez : 256 fig. 1.
Pag. 183, lig. 5 d'en bas ; lisez : Tab. 25 au lieu de Tab. 20.
Pag. 183, lig. 4 d'en bas, lisez : Tab.25a au lieu de Tab.20a.
Pag. J85, lig. 13: ajoutez fig. 6 c.
Pag. 188, lig. 7; lisez : ma planche 25, au lieu de ma planche 20.
Pag. 195, lig. 17: ajoutez : et Tab. 25c.
Pag. 203, lig. 26; ajoutez : Tab. 23rf bis. Cette table porte à tort le n" 23p.
Pag. 206, lig. 23; au lieu de proviendrait, lisez : provient.
Pag. 209, lig. 7 d'en bas; au lieu de gauche, lisez: droite.
Pag. 229, lig. 17; effacez : (CaA. sm/)/j/.'; Effacez la note au bas de la page.
Pag. 231,'lig. 16: cifAcez : (Cah. suppl.)
Pag. 240, lig. 7 den bas: effacez : (Cah. stippl.)
Pag. '^!^^i. lig. h d'en bas; effacez : (Cah. sttppl.)
Pag. 247, lig. S d'en bas; effacez : (Cah. suppl.)
Pag. 250, lig. 4; effacez Vol. 2 Tab. 51. Celte espèce n'est pas figurée. Ici un carton.
Pag. 231, lig. 2; effacez : et Cah. suppl. et lisez : Tab. 29c fig. 1.
Pag. 2S4, lig. 8; effacez: (Cah. suppl.) Les écailles figurés ne sont pas celles de Soleure, elles sont plus
petites.
Pag. 25b, lig. 2; eKsicez: (Cah. suppl.)
Pag. 256, lig. 4 d'en bas; effacez : (CaA. sm;)jb/.j
Pag. 259, lig. 6; au lieu de (Cah. suppl.) , lisez : fig. 1—5.
Pag. 262, lig. 9; au lieu de Tab. 27, lisez Tab. 27a.
Pag. 291, lig. 15; au lieu de Sir Philipp Egerton, lisez : M. Mantell.
Pag. 291, lig. 1 den bas; au lieu de : de l'oolite inférieure de Northanipton, lisez : du calcaire de Purbeck.
DEUXIÈME PARTIE.
Pag. 12, lig. 8 : au lieu de n» % lisez : n° 3.
Pag. 17, lig. 18 et lig. 24; au lieu de Tab. B", lisez : Tab. B .
Pag. 18. lig. 4 d'en bas: au lieu de n" 26, lisez : n° 23.
Pag. 20, lig. 4; au lieu de n" 22, lisez : n" 25.
Pag. 20, lig. 12: après : pièce principale, ajoutez : u.
Pag. 26, lig. 0; après : fig. 1—6, ajoutez : de Tab. G.
Pag. 56, lig. 9; au lieu de ces rapports, lisez : les rapports.
Pag. 56, lig. 12; au lieu de fig. 10, lisez : fig. 15.
Pag. 43, lig. 1 d'en bas ; au lieu de (fig. 5), lisez : (Tab. C a fig. 3).
Pag. 48, lig. 18; au lieu de la mM(£a/e, lisez : /'ana/e.
Pag. 49, lig. 9; au lieu de les suivans, lisez: les supérieurs.
Pag. 65, lig. 25; au lieu de mais qu il, lisez : mais qu'elle.
Pag. 64, lig. 22 ; au lieu de n° 20, lisez : n° 25.
Pag. 68, lig. 5; au lieu de suffit, lisez : suffira.
Pag." 78, lig. 4: au lieu de Lonnardi, lisez : Bonnardi.
Pag. 95, lig. 3; au lieu de appartenir, lisez : appartiennent.
Pag. 100, lig. 3: au lieu de Scones, lisez : Jcones.
Pag. 100, lig. 11 ; au lieu de de lintermaxillaire, lisez : du maxillaire
Pag. 155, lig. 9 ; au lieu de n'étant, lisez : n'est.
Pag. 146, lig. 5 den bas: au lieu de Les premières, lisez : Les dernières.
Pag. 147, lig. 2 d'en bas; eflacez : osselets des.
Pag. 174, lig. 6 d'en bas; au lieu de Tab. 65 a, lisez : Tab. 63 a bis,
Pag. 184, lig. 18; au lieu de Tab. 69 e, lisez : 69 c.
Pag. 184, lig. 1 d'en bas; au lieu de petite des dents, lisez : de petites dents.
Pag. 201, lig. 1 d'en bas; au lieu de médullaires, lisez : calcifères.
Pag. 211, lig. 4 ; au lieu de fig. 73, lisez : fig. 85.
Pag. 214, lig. 21 ; au lieu de (fig. 78 et 79'), lisez : (fig. 68 et 69').
Pag. 214, lig. 22; au lieu de 79, lisez : 70.
Pag. 242, lig. 10 d'en bas; au lieu de Vol. 1, lisez : Vol. IF.
Pag. 259, lig. 11 ; au lieu de écailles, lisez : vertèbres.
Pag. 265, lig. 4; au lieu de lanale, lisez : la régiop anale.
Pag. 263, lig. 7; au lieu de ils sont, lisez : qui sont.
Pag. 275, lig. 14; au lieu de Ther.^lichthys, lisez : Theratichthys.
Je n'ai point indiqué dans cet errata, diverses fautes d'impression qui n'allcrenl p.is le sr.n^ , et que le lethiir pourra
facilement corriger lui-même.
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