Skip to main content

Full text of "Recherches sur les poissons fossiles ..."

See other formats


!?»^' 


:m 


■>,  V 


m 


^^-^^i?. 


Hi 


Vj^-. 


r»<«L 


'T''^ 


^>^iïï^. 


Qfi 


.«^X 


>»^%'.y'' 


Ja^ 


m 


r-T- 


-«-: 


£^t 


,v-..^^.« 


■,.^W 


*-* 


^-*îî; 


^saie 


I* 


4* 


"^^iy 


BIBLIOTHEQUE 


DE 


•**■ 


*  A    è  A    *  ^    6  A    ^   i    A  A    ^   <,     W-    A  <     ^  A 


*^ 


7^7 


Alex.  Agassiz. 

^ibrarg  ai  IIjé 


lusDum 


OF 


COMPARATIVE    ZOOLOGY, 

AT  BAMARD  COllEïE,  CAMBRIDGE,  MASS. 
JFountie))  fin  prtbate  subscïfptfon,  fit  1861. 


Deposited  by  Alex.  Agassiz 
fromthe  Library  of  LOUIS  AGASSIZ. 


iO^MUaA. 


b.l  '^O'î) 


A30^ 


RECHERCHES 


SUR     LES 


^^ 


^    I 


RECHERCHES 


SUR     LES 


POISSO]\S  FOSSILES, 

COMPRENANT 

Une  introduction  à  l'étude  de  ces  animaux  ;  l'anatoniie  comparée  des  systèmes  organiques  qui  peuvent 
contribuer  à  faciliter  la  détermination  des  espèces  fossiles  ;  une  nouvelle  classification  des  poissons , 
exprimant  leurs  rapports  avec  la  série  des  formations  ;  l'exposition  des  lois  de  leur  succession  et  de 
leur  développement  durant  toutes  les  métamorphoses  du  globe  terrestre,  accompagnée  de  considéra- 
tions géologiques  générales;  enfin  ,  la  description  d'environ  mille  espèces  qui  n'existent  plus  et  dont 
on  a  rétabli  les  caractères  d'après  les  débris  qui  sont  contenus  dans  les  couches  de  la  terre  ; 

Par  louis  AGASSIZ  , 

Membre  des  Académies  et  Sociétés  royales  des  sciences  de  Londres,  de  Paris,  de  Berlin,  d'Edimbourg,  de  Stockholm,  de  Turin,  des  Lyucées 
de  Rome,  de  l'Académie  impériale  des  curieux  de  la  nature,  de  la  Société  philomatique  de  Paris,  des  Sociétés  géologiques  de  Londres 
et  de  France,  de  TAssociation  britannique  pour  l'avancement  des  sciences,  delà  Société  philosophique  américaine,  de  la  Société  impé- 
riale des  naturalistes  de  Moscou ,  des  Académies  de  Philadelphie  et  du  Val-d'Arno,  du  Lycée  de  New-York ,  des  Instituts  de  Bristol  et 
de  Leeds,  de  la  Société  helvétique  des  sciences  naturelles,  des  Sociétés  d'histoire  naturelle,  de  physique  et  de  médecine  de  Berlin,  de 
Vienne,  d'Irlande,  de  Francfort,  de  Prague,  de  Florence,  de  Heidelberg,  de  Strasbourg,  de  Silésie,  de  Halle,  du  Palatinat  ,  de 
Fribourg  ,  de  St-Louis  (Etats-Unis),  de  Hambourg  ,  de  Northumberland  ,  de  Durham ,  de  New-Castle,  de  Genève,  de  Zurich,  de 
Bàle,  etc.,  etc.;  docteur  en  droit  des  universités  d'Edimbourg  et  de  Dublin  ;  docteur  en  yiliilosophie  ,  médecine  et  chirurgie  ;  chevalier 
de  l'aigle  rouge  de  Prusse  ;  professeur  honoraire  à  l'académie  de  Lausanne,  et  professeur  d'histoire  naturelle  à  celle  de  Neuchàtel. 


^iwutae/  coiLWUiie  L■^a^  la  CVoovete  (./c'oloatqiK;'  Do  ivou-Dt-ett . 

TOME  II, 
Contenant  l'Histoire  de  l'Ordre  des  Ganoïdes. 


NEUCHATEL  (Suisse), 

affO!  r}"aeà  as  iau^Mf-r. 
IMPRIMERIE    DE    PETITPIERRE. 


'^1835  —  45. 


PREFACE. 


Ce  volume  renferme  l'Histoire  d'une  grande  division  de  la  classe  des  poissons  qui  a  été  en- 
tièrement méconnue  des  naturalistes  jusqu'ici  et  dont  la  plupart  des  genres  n'existent  qu'à 
l'état  fossile.  Avant  d'avoir  appris  à  connaître  tous  ces  types  si  remarquables  ,  dont  les  feuilles 
suivantes  contiennent  la  description,  il  m'aurait  été  bien  difficile,  sinon  impossible,  de  saisir  les 
vrais  rapports  des  familles  que  je  réunis  maintenant  dans  cet  ordre.  Conmient  en  effet  sup- 
poser à  première  vue  que  le  Lepidostée  et  le  Bichir  que  l'on  range  parmi  les  Malacoptéry- 
giens  abdominaux  sont  très-voisins  des  Balistes ,  des  ColTres  ,  des  Diodons  et  des  Syngnathus , 
et  que  même  les  Esturgeons ,  que  l'on  a  toujours  associés  aux  Chondroptérygiens  ,  font  partie 
du  même  groupe?  Et  cependant  j'espère  démontrer  qu'il  existe  des  liens  assez  étroits  entre  tous 
ces  poissons.  Les  rapprochemens  que  j'ai  établis  n'ont,  il  est  vrai ,  été  entrevus  que  successive- 
ment ,  et  c'est  très  à  la  longue  seulement  que  j'ai  pu  fixer  les  rapports  naturels  de  ces  diverses 
familles.  Tout  en  reconnaissant  cependant  que  les  difficultés  contre  lescpielles  j'ai  eu  à  lutter 
pour  y  parvenir  sont  inhérentes  au  sujet  que  j'avais  à  traiter,  je  crois  pouvoir  affirmer  que 
l'étude  des  poissons  fossiles  pouvait  seule  mettre  sur  la  voie  d'une  classification  naturelle  de 
la  classe,  et  que  sans  la  connaissance  des  nombreuses  espèces,  des  genres  et  même  des  familles 
qui  n'existent  plus  ,  il  aurait  été  à  tout  jamais  impossible  de  se  faire  une  juste  idée  des  affini- 
tés qui  lient  tous  ces  poissons  entre  eux.  Si  je  suis  parvenu  à  saisir  des  relations  plus  ou 
moins  intimes  entre  des  familles  que  l'on  avait  jusqu'ici  l'habitude  de  placer  à  de  grandes  dis- 
tances les  unes  des  autres  dans  les  classifications  ;  si  j'ai  pu  démontrer  que  les  familles  qui 
existent  de  nos  jours,  et  qui  prévalent  sur  d'autres  types  par  le  nombre  de  leurs  représentans 
dans  les  mers  actuelles,  se  sont  développées  successivement  en  reniplacement  d'autres  groupes 
qui  existent  maintenant  en  très-petit  nombre  ou  qui  sont  complètement  éteints,  c'est  à  l'étude 
des  poissons  fossiles  que  je  le  dois.  Sous  ce  point  de  vue,  l'étude  des  Ganoïdes  est  surtout  in- 
téressante ,  parce  que  dans  cet  ordre  nous  voyons,  d'une  manière  plus  évidente  peut-être  que 
dans  aucun   autre ,  comment   les  dififérentes  familles  ont  dominé  aux  différentes  époques  et 

TOM.    II. 


comment  elles  se  sont  succédé  dans  leur  apparition.   Il  n'y  a  que  les  Placoïdes  qui  puissent 
rivaliser  d'importance  à  cet  égard  avec  l'ordre  qui  nous  occupe  spécialement  ici.  Mais  abstrac- 
tion faite  de  cet  intérêt  spécial ,  qui  se  rattache  à  l'étude  de  l'histoire  de  la  vie  en  général ,  les 
Ganoïdes  fossiles  sont  si  nombreux  ;  ils  renferment  des  types  si  difïérens  de  ceux  qui  existent 
maintenant ,  et  nous  offrent  des  combinaisons  de  caractères  si  inusitées  parmi  les  poissons 
vivans  ,  que  leur  connaissance  est  en  elle-même  indispensable  au  zoologiste  qui  veut  se  fami- 
liariser avec  toute  la  série  des  formes  que  peuvent  alîecter  les  poissons.  D'un  autre  côté  ,  les 
géologues  apprécient  tous  les  jours  mieux  l'importance  d'une  connaissance  approfondie  de 
l'ensemble  des  fossiles  qui  sont  ensevelis  dans  la  série  des  terrains  dont  se  compose  lécorce 
stratiliée  de  notre  globe  ,  et  sous  ce  point  de  vue,  les  poissons  fossiles  de  l'ordre  des  Ganoïdes 
ofifrent  d'autant  plus  d'intérêt,  qu'on  en  a  trouvé  des  débris  dans  toutes  les  formations  géolo- 
giques fossilifères,  depuis  les  plus  anciennes  jusqu'aux  plus  récentes.   Mais  il  y  a  plus,  ces 
débris  sont  partout  assez  fréquens  pour  servir  de  guides  sûrs  dans  l'appréciation  de  l'âge 
relatif  des  terrains  ;  car,  comme  les  espèces  ne  parcourent  pas  une  série  bien  étendue  de 
couches ,  et  que  les  genres   eux-mêmes  se  reproduisent  au  plus  dans   d(;ux   ou  trois  for- 
mations successives,  tandis  que  toutes  les  espèces  connues  sont  limitées  successivement  à  une 
seule  formation .  il  en  résulte  que  les  espèces  les  plus  répandues  peuvent  être  envisagées 
comme  d'excellens  caractères  pour  les  foraiations  et  qu'elles  déterminent  même  des  horizons 
géologiques  plus  précis  que  la  plupart  des  autres  fossiles.  A  ce  titre,  les  poissons  fossiles  en 
général  et  les  Ganoïdes  en  particulier  réclameront  de  plus  en  plus  l'attention  des  géologues. 
Déjà  le  nombre  des  cas  où  la  comparaison  des  espèces  de  différentes  localités  a  servi  à  pré- 
ciser l'âge  géologique  auquel  elles  ont  appartenu  ,  s'est  considérablement  accru  ,  et  je  ne 
doute  pas  que  lorsque  les  poissons  fossiles  des  autres  continens  seront  aussi  bien  connus  que 
ceux  d'Europe,  leur  comparaison  ne  conduise  aux  résultats  les  plus  importans.  En  attendant, 
je  ne  saurais  trop  recommander  à  ceux  qui  possèdent  de  ces  précieux  débris,  de  chercher  à 
compléter  les  descriptions  des  espèces  dont  je  n'ai  connu  que  des  fragmens  incomplets.  En 
recueillant  avec  soin  tous  les  fragmens  de  toutes  les  espèces ,  et  même  de  celles  dont  on  pos- 
sède des  exemplaires  entiers,  on  parviendra  sans  doute  aussi  à  découvrir  des  parties  de  la  char- 
pente intérieure ,  et  à  déterminer  ainsi  la  forme  des  vertèbres ,  des  côtes  et  des  osselets  in- 
terapophysaires  qui  portent  les  nageoires.  L'examen  comparatif  de  la  plaque  caudale  qui  porte 
la  nageoire  caudale,  conduira  vraisemblablement  à  la  connaissance  de  diverses  particularités 
distinctes  dans  plusieurs  genres.  Il  ne  serait  pas  moins  intéressant  de  recueillir  les  os  détachés 


VII       

(le  la  tête .  loiiles  les  fois  (jue  l'on  pourra  déterminer  les  espèces  auxquelles  ils  ont  appartenu; 
car  c'est  le  seul  moyen  d'arriver  à  la  connaissance  de  toutes  les  modifications  qu'offre  la 
charpente  solide  du  crâne  et  de  la  face  dans  les  diverses  combinaisons  des  os  dont  elle  est 
composée.  Enfin  l'examen  microscopique  de  la  structure  des  dents  est  devenu  une  nécessité, 
depuis  que  les  belles  recherches  de  M.  Owen  nous  ont  appris  combien  leur  structure  est  variée. 
.L"a])plication  que  j'ai  faite  de  ce  procédé  à  l'étude  de  plusieurs  familles  ,  m'a  convaincu  qu'on 
ne  saurait  pousser  trop  loin  ce  genre  de  comparaison  J'ai  même  acquis  la  conviction  que  la 
■  structure  microscopique  des  écailles  varie  beaucoup  plus  qu'on  n'aurait  pu  le  supposer  et  que 
les  caractères  qu'elle  offre  peuvent  acquérir  une  nouvelle  valeur  par  un  examen  détaillé.  Il  n'y 
a  pas  jusqu'aux  plaques  osseuses  qui  recouvrent  la  tète,  dont  l'analyse  microscopique  ne  puisse 
fournir  d'excellens  caractères  ;  mais  elles  exigeront  des  recherches  multipliées  et  plus  étendues 
que  celles  que  l'on  a  faites  jusqu'ici,  avant  qu'on  en  retire  tout  le  parti  qu'elles  peuvent  offrir 
au  zoologiste,  à  l'anatomiste  et  au  paléontologiste. 

Il  me  reste  à  dire  un  mot  de  l'ordonnation  de  ce  volume.  Commencé  il  y  a  plus  de  dix  ans, 
il  ne  se  "ressent  que  trop  du  défaut  d'unité  inhérent  à  toutes  les  publications  fragmentaires, 
et  qui  doit  nécessairement  être  d'autant  plus  sensible  que  les  progrès  de  la  science  qu'on  traite 
sont  plus  rapides.  Or,  il  est  certainement  peu  de  branches  des  sciences  naturelles  dont  le  dé- 
veloppement ait  été  aussi  prodigieux  que  celui  de  l'étude  de  ces  curieux  poissons  dont  la  race 
s'est  perdue.  C'est  ce  que  prouve  suffisamment  le  tableau  additionnel  qui  termine  ce  volume. 
Non  seulement  le  nombre  des  espèces  s'est  plus  que  triplé  depuis  la  publication  du  tableau 
primitif  (Chap.  I),  mais  une  foule  de  genres  nouveaux  et  même  des  familles  entières  sont 
venus  prendre  rang  dans  ce  cadre.  .l'ai  ainsi  été  à  même  de  préciser  d'une  manière  toujours 
plus  rigoureuse  les  caractères  distinclifs  des  différentes  divisions  que  j'avais  établies  précé- 
demment. C'est  ce  qui  explique  les  additions  et  les  modifications  que  j'ai  été  dans  le  cas  de 
faire  successivement  à  des  chapitres  déjà  traités  antérieurement.  Si  par  cela  même  la  première 
partie  de  ce  volume  qui  est  consacrée  ex<;lusivemenl  à  l'histoire  de  la  famille  des  Lépidoïdes, 
peut  paraître  indigeste  à  certains  égards  ,  elle  est,  d'un  autre  côté  ,  l'expression  fidèle  des  pro- 
grès que  l'étude  de  ces  fossiles  a  faits  depuis  la  publication  des  premières  livraisons  jusqu'à  ce 
jour  :  et  j'aime  à  me  persuader  que  quelques  naturalistes  me  sauront  gré  de  lui  avoir  con- 
servé sa  forme  primitive. 

.l'aurais  désiré  pouvoir  traiter  avec  autant  de  détail  la  seconde  partie  de  ce  volume,  qui 
comprend  les  familles  des  Sauroïdes ,  des  Célacanthes ,  des  Pycnodontes ,  des  Sclérodermes , 


—     vni     — 
des  Lophobranches  et  des  Acipenserides.  Mais  ici  aussi  les  matériaux  se  sont  accrus  dans  une 

« 

proportion  si  inattendue  ,  que  pour  ne  pas  retarder  indéfiniment  la  clôture  de  cet  ouvrage , 
j'ai  dû  souvent  me  borner  à  ne  décrire  que  quelques  espèces  de  tel  ou  tel  genre  très-nom- 
breux. Il  y  a  même  une  foule  de  genres  nouveaux  qui  sont  simplement  mentionnés,  et  dont 
j'ai  été  obligé  de  renvoyer  la  publication  à  une  autre  époque.  Ces  indications  ne  seront  pas 
sans  utilité ,  parce  qu'elles  donnent  par  anticipation  une  sorte  de  sanction  aux  citations  qui 
pourraient  être  faites  de  ces  espèces  par  les  géologues  dans  les  collections  desquels  je  les  ai 
observées.  D'un  autre  côté ,  je  n'ai  pas  voulu  m'en  attribuer  dès  à  présent  la  propriété  scien- 
tifique par  la  publication  de  simples  diagnoses  ,  qui  seraient  insuffisantes  pour  les  faire  recon- 
naître ,  afin  de  ne  détourner  personne  d'une  étude  qui  réclame  le  concours  d'un  plus  grand 
nombre  de  cultivateurs.  Malgré  ces  lacunes,  j'ai  cependant  la  conviction  que,  tel  qu'il  est,  ce 
volume  suffira  pour  donner  une  idée  du  caractère  propre  du  type  des  Ganoïdes  aux  différentes 
époques ,  et  des  modifications  qu'il  a  subies  dans  le  cours  des  âges  géologiques. 

Les  mêmes  considérations  s'appliquent  aux  trois  autres  volumes  de  cet  ouvrage ,  en  parti- 
culier au  troisième  volume  qui  renferme  l'histoire  de  l'ordre  des  Placoïdes. 

Il  me  reste  encore  à  faire  une  remarque  sur  la  manière  de  compter  les  vertèbres  ,  que  j'ai 
suivie  dans  cet  ouvrage.  Toutes  les  fois  que  les  exemplaires  étaient  assez  bien  conservés  pour 
le  permettre,  j'ai  appelé  première  vertèbre  la  vertèbre  nuchale  qui  s'articule  avec  le  crâne,  et 
j'ai  continué  l'énumération  en  marchant  vers  l'extrémité  postérieure  de  la  colonne  vertébrale  ; 
mais  lorsque  la  portion  caudale  était  seule  bien  conservée  ,  j'ai  suivi  un  ordre  inverse ,  en  ap- 
pelant première  vertèbre  celle  qui  porte  la  caudale  ;  enfin  lorsque  le  milieu  du  tronc  était 
seul  bien  conservé,  j'ai  dû  partir  de  la  réunion  de  la  queue  au  tronc  et  compter  les  vertè- 
bre* caudales  en  allant  d'avant  en  arrière ,  et  les  vertèbres  abdominales  en  allant  d'arrière 
en  avant.  En  faisant  attention  aux  figures  il  sera  toujours  facile  de  s'y  reconnaître. 

IVeuchâtel ,  en  Novembre  1843. 

L.  AGASSIZ. 


IX 


DE  L'ORDRE 

DES  GAIVOIDES 


Lélablissemenl  de  l'ordre  des  Ganoïdes  est  à  mes  yeux  le  progrès  le  plus  iniporlant  que 
j'ai  fail  faire  à  l'iclilhyologie.  Dès  les  premières  recherches  auxquelles  je  me  suis  livré  sur  les 
poissons  fossiles  ,  j'avais  remarqué  que  tous  les  types  dont  les  débris  sont  ensevelis  dans  des 
couches  de  l'écorce  de  notre  globe  antérieures  à  la  déposition  des  terrains  crétacés,  différaient 
trop  généralement  des  genres  de  la  création  actuelle  pour  pouvoir  leur  être  associés.  J'avais 
en  même  temps  reconnu  qu'ils  avaient  tous  des  caractères  communs  qui  permettaient  de  les 
grouper  dans  une  même  division.  Je  fus  ainsi  amené  à  les  considérer  dans  leur  ensemble 
comme  formant  une  grande  famille,  à  laquelle  je  n'ai  pendant  longtemps  rapporté  que  deux 
genres  de  notre  époque ,  le  Lépidostée  et  le  Polyptère.  Mais  en  cherchant  à  me  rendre 
compte  des  affinités  de  ce  groupe,  j'ai  bientôt  senti  qu'il  se  rattachait  d'assez  près  à  d'autres 
familles  de  la  création  actuelle  dont  la  classification  a  de  tout  temps  offert  de  grandes  dif- 
ficultés aux  auteurs  systématiques;  je  veux  parler  des  Sclérodermes ,  des  Gymnodontes  ,  des 
Lophobranches  et  surtout  des  Esturgeons ,  dont  les  caractères  bizarres  cadrent  aussi  mal  avec 
la  forme  régulière  des  poissons  osseux  ordinaires  qu'avec  les  particularités  distinctives  des  pois- 
sons cartilagineux.  Déjà  bien  longtemps  avant  d'avoir  trouvé  un  caractère  qui  leur  fût  propre  à 
tous,  j'avais  acquis  la  conviction  que  tous  ces  poissons  formaient  un  ordre  très-naturel,  lors- 
qu'on poursuivant  les  études  que  j'avais  commencées  sur  la  structure  des  écailles,  à  l'occasion 
de  la  publication  des  poissons  du  Brésil  de  Spix,  je  découvris  enfin  que,  chez  tous,  les  légu- 
niens  différaient  notablement ,  par  la  nature  de  leurs  productions ,  de  ce  que  l'on  observai! 
tant  chez  les  Chondroptérygiens  que  chez  les  poissons  osseux.  Il  n'en  fallut  pas  davantage 
pour  me  démontrer  que  la  base  fondamentale  de  toutes  les  classifications  proposées  jusqu'à 
ce  jour  pour  les  poissons  ne  pouvait  pas  être  maintenue  dans  sa  généralité,  car  les  Estur- 
geons ,  qui  ont  un  squelette  véritablement  cartilagineux ,  devaient ,  d'après  cela  ,  être  déta- 
chés des  vrais  Chondroptérygiens  pour  être  associés  à  des  poissons  osseux.   J'avais  en  effet 


trouvé  le  moyen  de  réunir  clans  une  même  grande  divison  (rois  familles,  les  Sclérodermes  , 
les  Gymnodontes  el  les  Lophobranches  ,  que  Cuvier  lui-même  s'était  borné  à  éloigner  des 
poissons  osseux  ordinaires,  sans  leur  assigner  un  caractère  commun,  et  je  leur  avais  associé  un 
petit  groupe  de  poissons  cartilagineux,  les  Esturgeons,  qui  n'ont  d'autre  rapport  avec  les  vrais 
cartilagineux  que  la  mollesse  de  leur  squelette ,  mais  qui  en  diffèrent  complètement  par  l'en- 
semble de  leur  organisation  et  en  particulier  par  la  composition  de  la  tête,  par  la  conforma- 
tion des  mâchoires,  par  l'arrangement  des  branchies,  par  le  développement  de  l'opercule 
et  par  les  larges  plaques  écailleuses  dont  leur  corps  est  garni.  La  comparaison  des  Loricaires 
avec  les  Esturgeons  et  les  Silures  m'avait  de  plus  conduit  à  envisager  ces  trois  familles 
comme  intimement  liées  entre  elles,  malgré  la  différence  qui  existe  dans  la  consistance 
de  leur  squelette.  A  mesure  que  j'étendais  ainsi  mes  rapprochemens  entre  les  poissons 
vivans,  je  fus  conduit  par  une  étude  plus  approfondie  des  fossiles  de  cette  même  grande  di- 
vision à  les  distinguer  en  plusieurs  familles  auxquelles  j'ai  donné  les  noms  de  Lépidoïdes , 
de  Sauroïdes,  de  Célacanlhes  et  de  Pycnodontes.  Dès-lors,  cette  division  s'agrandit  au  point 
de  me  paraître  équivaloir  à  celles  que  j'avais  établies  ,  d'après  des  considérations  semblables 
parmi  les  poissons  osseux,  et  je  divisai  définitivement  la  classe  des  poissons  en  quatre  ordres  : 
les  Placoïdes,  qui  correspondent  aux  Chondroptérygiens  des  auteurs,  à  l'exclusion  des  Estur- 
geons ;  les  Ganoïdes,  dont  ce  volume  renferme  l'histoire;  les  Cténoïdes,  comprenant  les  pois- 
sons osseux  à  écailles  pectinées  au  bord  postérieur,  qui  correspondent  en  grande  partie  aux 
Acantlîoptérygiens  d'Artedi,  à  l'exclusion  cependant  de  la  grande  famille  des  Scombéroïdes,  de 
celle  des  Labroïdes  et  de  quelques  autres  petits  groupes,  et  qui  embrassent  en  outre  les  Pleu- 
ronectes;  enfin  les  Cycloides,  qui  embrassent  tous  les  Malacoptérygiens ,  à  l'exception  des 
Pleuronectes,  des  Acanthoptérygiens  que  je  viens  de  citer,  qui  ne  rentrent  pas  dans  l'ordre  des 
Cténoïdes  et  de  deux  familles  qui  ne  sont  proprement  ni  des  Acanthoptérygiens,  ni  des  Mala- 
coptérygiens, les  Blennioïdes  (4  les  Lophioïdes. 

Le  caractère  essentiel  des  Ganoïdes  est  tiré  de  leurs  écailles  qui  sont  toujours  formées  de 
deux  substances  différentes  et  bien  distinctes ,  savoir  de  lames  osseuses  superposées  comme 
celles  de  toutes  les  écailles  des  poissons  ordinaires ,  et  d'émail  qui  recouvre  la  partie  de  l'écaillé 
qui  est  visible  à  l'extérieur.  La  forme  des  écailles  est  généralement  rhomboïdale  ;  cependant 
il  existe  de  nombreuses  variations  dans  leur  disposition.  C'est  ainsi  que  chez  les  Lépidoïdes,  chez 
les  Sauroïdes  et  chez  les  Pycnodontes,  les  bords  antérieur  et  postérieur  des  écailles  sont  paral- 
lèles aux  contours  du  dos  et  du  ventre  ou  du  moins  dirigés  dans  le  même  sens  ;  tandis  que 
chez  les  Sclérodermes,  les  écailles  forment  desl  osanges  transversales  aux  flancs;  ou  bien  elles 
sont  polygonales,  ou  enfin  elles  affectent,  comme  chez  les  Gymnodontes,  la  forme  de  piquans. 

Le  s([uelette  des  Ganoïdes  est  moins  complètement  osseux  que  celui  des  poissons  ordi- 
naires. Il  est  cartilagineux  chez  les  Esturgeons,  où  la  colonne  vertébrale  offre  une  disposi- 
tion analogue  à  celle  qu'on  trouve  chez  les  embryons  des  poissons  osseux  ,  et  qui  consiste 
dans  la  présence  d'une  corde  dorsale,  autour  de  lacjuelle  il  ne  se  forme  pas  de  corps  de  ver- 


XI 


(èbres  ;  les  apophyses  seules  se  solidilient ,  mais  elles  restent  cartilagineuses.  Chez  la  plupart 
des  Lépidoïdes,  des  Célacaulhes  et  des  Pycnodontes,  il  n'y  a  pas  non  plus  de  corps  de  vertèbres 
ossifiés  ;  ces  poissons  qui  sont  tous  fossiles  paraissent  avoir  conservé  la  corde  dorsale  pendant 
toute  leur  vie.  tandis  (|ue  le  reste  du  squelette  qui  était  osseux  est  souvent  très-bien  conservé. 
Dans  quelques  genres  dont  les  corps  de  vertèbres  se  solidiliaient ,  ils  offrent  la  structure  des 
vertèbres  de  Squales.  Chez  les  Sauroïdes,  où  le  squelette  est  complètement  osseux,  les  apophyses 
restent  séparées  des  corps  de  vertèbres.  Chez  les  Sclérodermes ,  les  Gymnodontes  et  les  Lo- 
phobranches  enfin ,  où  les  apophyses  font  corps  avec  le  centre  de  la  vertèbre ,  l'ossification  est 
généralement  moinscomplèle. 

Les  familles  que  je  range  dans  l'ordre  des  Ganoïdes  ne  sont  pas  apparentées  entre  elles  au 
même  degré.  Les  rapports  d'organisation  qui  lient  les  Lépidoïdes ,  les  Sauro'ides  et  les  Pycno- 
dontes, sont  plus  étroits  que  les  relations  qui  existent  entre  ces  mêmes  familles  et  les  Scléro- 
dermes, les  Gymnodontes  et  les  Lophobranches.  Ce  fait,  qui  coïncide  avec  l'époque  de  l'ap- 
parition de  tous  ces  types  est  très-significatif  pour  l'étude  du  développement  de  la  classe  en- 
tière. Remarquons  d'abord  que  l'existence  de  la  souche  principale  des  Ganoïdes  remonte  à  une 
époque  bien  antérieure  à  la  création  des  reptiles,  et  que  les  familles  qui  composent  cette  pre- 
mière souche  sont  justement  celles  qui  ont  les  affinités  les  plus  nombreuses  avec  les  reptiles. 
Ces  affinités,  surtout  sensibles  chez  les  Sauroïdes,  ne  sont  cependant  pas  limitées  à  cette  seule 
famille  ;  les  Lépido'ides  et  les  Pycnodontes  en  otïrent  aussi  des  traces  plus  ou  moins  nom- 
breuses. Mais  elles  s'effacent  succes^sivenlent  à  mesure  que  les  reptiles  acquièrent  une  plus 
grande  importance  dans  la  série  des  créations.  A  cet  égard ,  il  n'est  pas  sans  intérêt  de  rap- 
peler que  c'est  parmi  les  reptiles  les  plus  anciens  que  l'on  a  reconnu  les  .types  qui  offrent  le 
plus  de  caractères  communs  avec  la  classe  des  poissons.  La  famille  des  Célacanthes  ,  enclore 
imparfaitement  connue,  semble  se  rattacher  plus  directement  aux  Esturgeons.  Un  autre  fait 
digne  de  remai'que ,  c'est  que  tous  ces  poissons  anciens  ont  des  formes  très-régulières  ;  la 
classe  entière  parait  ne  pas  avoir  encore  assez  de  consistance  en  elle-même  pour  se  jouer  dans 
les  extrêmes  les  plus  discordans,  comme  on  le  remarque  plus  tard.  Leurs  membres  pairs 
sont  espacés  sur  les  côtés  de  la  cavité  abdominale ,  comme  c'est  toujours  le  cas  chez  les  rep- 
tiles ;  on  dirait  que,  précurseurs  d'un  développement  qui  doit  se  terminer  avec  l'apparition 
de  l'homme  auquel  il  a  été  donné  d'élever  la  face  au  ciel ,  ces  animaux ,  encore  étroitement 
liés  à  l'élément  dans  lequel  ils  vivent ,  annoncent  déjà  une  tendance  vers  cet  ordre  de  choses  , 
en  nous  montrant  un  acheminement  vers  l'organisation  des  quadrupèdes.  Ce  n'est  que  beau- 
coup plus  tard,  à  une  époque  où  les  poissons  ne  participent  pour  ainsi  dire  plus  directement 
aux  progrès  qui  doivent  se  réaliser  dans  l'embranchement  des  vertébrés,  lorsque  la  classe  des 
reptiles  a  acquis  son  plus  grand  développement  et  prépare  la  venue  des  oiseaux  et  des  mam- 
mifères, que  nous  voyons  les  poissons  se  diversifier  à  l'infini,  et  même  reproduire  dans  des 
limites  très-restreintes  des  formes  qui  rappellent  par  leur  régularité,  et  même  jusqu'à  un  cer- 
tain point  par  leurs  caractères ,  les  types  primitifs  de  la  classe.  C'est  alors  aussi  qu'apparais- 


—     xir     — 
sent  les  souches  collatérales  de  l'ordre  des  Ganoïdes,  les  Scléroderines ,  les  Gymnodontes  et 
les  Lophobranches  qui  nous  présentent  dans  leurs  formes  autant  de  diversité  que  les  ordres 
des  Cténoïdes  et  des  Cycloïdes  leurs  contemporains.  C'est  alors  aussi  que  s'éteignent  les  der- 
niers représentans  des  familles  qui  ont  précédé  toutes  les  autres  dans  leur  apparition. 

Tous  les  poissons  osseux  antérieurs  à  la  craie  appartiennent  sans  exception  à  l'ordre  des 
Ganoïdes ,  et  même  on  ne  rencontre  dans  ces  formations  anciennes  que  des  genres  et  des  fa- 
milles qui  n'ont  plus  ou  trés-peu  de  représentans  de  nos  jours.  Dans  les  terrains  crétacés  et  ter- 
tiaires, au  contraire,  ces  types  disparaissent  presque  entièrement  pour  faire  place  à  des  genres  de 
familles  qui  sont  encore  amplement  représentées  dans  la  création  actuelle,  bien  qu'elles  y  figu- 
rent en  petit  nombre  comparativement  à  la  prépondérance  que  les  Cténoïdes  et  les  Cycloïdes 
y  acquièrent.  On  peut  donc  dire  que  les  Ganoïdes  présentent  dans  leur  développement  une 
gradation  très-marquée  à  partir  des  Lepidoïdes  ,  des  Sauroïdes,  des  Célacanthes  et  des  Pyc- 
nodontes  qui  caractérisent  les  formations  antérieures  à  la  craie  jusqu'aux  Esturgeons  ,   aux 
Sclérodermes ,  aux  Gymnodontes  et  aux  Lophobranches  qui  leur  succèdent  dans  les  forma- 
tions plus  récentes,  pour  se  perpétuer  dans  l'époque  actuelle,  tandis  que  les  Loricaires  et  les 
Silures  qui  sont  très-abondans  dans  les  eaux  douces  des  régions  tropicales  n'ont  pas  de  repré- 
sentans fossiles.  Les  motifs  qui  m'ont  engagé  à  associer  les  Loricaires  et  les  Silures  aux  Ga- 
noïdes sont  faciles  à  saisir.  Les  Loricaires  se  lient  trop  étroitement  aux  Esturgeons  par  le 
genre  Scaphirhynchx(s ,  pour  qu'il  soit  possible  de  ranger  ces  poissons  dans  des  ordres  diffé- 
rens.  Les  Loricaires  ont  en  effet  des  écailles  conformées  de  la  même  manière  que  celles  des 
(ianoïdes  ordinaires  ,  et  nous  avons  vu  que  le  squelette  des  Esturgeons  offre  tous  les  caractères 
des  Ganoïdes.  On  pourrait  même  dire  que  les  Esturgeons  sont  des  Lepidoïdes  cartilagineux  , 
recouverts  d'écaillés  semblables  à  celles  des  Gymnodontes  ;  tandis  que  les  Silures  sont  des  Lo- 
ricaires qui  n'ont  plus  d'écaillés,  et  chez  lesquels  on  ne  rencontre  plus  que  par-ci  par-là  quel- 
ques écussons  semblables  à  ceux  des  Esturgeons. 

Pour  donner  une  idée  plus  complète  de  ces  familles  éteintes ,  dont  je  n'ai  souvent  étudié 
les  espèces  que  sur  des  fragmens  très-imparfaits,  j'ai  reproduit  ,  tom.  I,  Tab.  A-G,  les  con- 
tours restaurés  de  la  plupart  des  genres  que  j'ai  pu  rétablir.  Ces  ligures  ne  sont  donc  pas  des 
représentations  d'exemplaires  trouvés  entiers ,  mais  bien  des  reproductions  idéales  des  carac- 
tères distinctifs  de  ces  types,  comparables  aux  dessins  que  Cuvier  a  donnés  des  formes  des  Pa- 
léothériums  et  des  Anoplothériums  de  Montmartre ,  et  qui  ont  peut-être  cet  avantage  sur 
celles  du  fondateur  de  la  paléontologie  ,  que  le  corps  des  poissons  étant  entouré  de  parties  so- 
lides sur  toute  sa  surface,  j'ai  pu  préciser  bien  plus  nettement  les  contours  de  mes  poissons, 
que  si  j'avais  été  réduit  à  les  reconstruire  d'après  leur  charpente  osseuse  seulement. 


CHAPITRE  r  . 

TABLEAU  SYNOPTIQUE  DES  FAMILLES,   DES  GENRES  ET  DES  ESPÈCES  DE  L'ORDRE 

DES  GANOIDES. 


1"  ordre.  GAIVOIDES  Agass.  (Goniolcpldoti  Agass). 

Je  place  l'ordre  des  Ganoïdes  en  tête  de  la  classe  des  poissons ,  parce  qu'ils  s'éloignent  beaucoup  du  type 
des  familles  actuellement  prédominantes.  Cependant  l'ordre  des  Placoïdes  s'en  éloigne  davantage  encore  ;  mais 
jusqu'ici  je  n'ai  pas  eu  occasion  d'en  étudier  les  espèces ,  en  général  très  mal  conservées ,  assez  soigneusement 
pour  pouvoir  exposer  la  marche  de  son  organisation  à  travers  toutes  les  formations  géologiques ,  d'une  manière 
aussi  complète  que  pour  Tordre  des  Ganoïdes.  Jai  cru  dès  lors  devoir  commencer  par  cette  division ,  dont  les 
espèces  remontent  jusqu'au  terrain  houiller. 

Quoique  je  n'en  aie  pas  encore  vu  un  seul  fragment,  je  présume  que  les  débris  renfermés  dans  les 
couches  antérieures  au  terrain  houiller ,  devront  être  rapportés  à  des  genres  de  l'ordre  des  Placoïdes ,  qui ,  en 
harmonie  avec  les  différences  d'organisation,  remonteraient  plus  haut  que  celui  des  Ganoïdes.  Du  reste, 
voyez  à  ce  sujet  le  chapitre  sur  la  classification  des  poissons ,  contenu  dans  le  premier  volume  de  cet  ouvrage. 

Ecailles  anguleuses,  rliomboïdales  ou  polygones,  formées  de  lames  osseuses  ou  cor- 
nées, recouvertes  d'émail.  —  Les  familles  des  Lépidoïdes,  des  Sauroïdes,  des  Pycno- 
dontes,  des  Sclérodcrmes ,  des  Gymnodontes,  des  Lopliobranches ,  etc.,  etc. 

1"  famille.  LEPIDOÏDES  Agass.  (Lepldostei  Agass.) 

Dents  en  brosse  sur  plusieurs  rangées  ou  une  seule  rangée  de  petites  dents  obtuses. 
Ecailles  plates,  rliomboïdales,  parallèles  au  corps  qui  en  est  tout  couvert.  Squelette 
osseux. 

A.  Corps  allongé,  fusiforme;  lobe  supérieur  de  la  queue  vertébré  et  plus  long  que 
le  lobe  inférieur  ;  toutes  les  dents  en  brosse  :  Acanthodes.  Catopteiiis.  Ambljptenis. 
Palœoniscus.  Osteolepis. 

B.  Corps  plat,  large  : 

1°  lobe  supérieur  de  la  queue  vertébré  :  Platjsomus.  Gjrolepis. 
2°  queue  régulière  :  Tetragonolepis.  Dapedius. 

C.  Corps  allongé,  fusiforme;  queue  fourcbue  ou  arrondie  :  Semionotus.  Lepidotus. 
Pholidoplionis.  Microps.  JYotagogus. 

TOM.  II.  1 


—     2     — 

2^  fam.  SAUROIDES  Agass. 
Dents  coniques,  pointues,  alternant  avec  de  petites  dents  en  brosse.  Ecailles  plates, 
rliomboïdales ,  parallèles  au  corps  qui  en  est  tout  couvert.  Squelette  osseux. 

A.  Corps  allongé,  fusiforme^  lobe  supérieur  de  la  queue  vertébré  et  plus  long  que 
l'inférieur  :  Pjgopterus.  Acrolepis. 

B.  Corps  allongé,  fusiforme^  caudale  régulière  :  Ptjcholepis.  Sauropsis.  Pachj- 
cormus.  Thrissops.  Urœus.  Leptolepis.  Alegalunis.  Macropoma. 

C.  Corps  très-allongé,  cylindrique;  caudale  régulière j  mâchoires  prolongées  : 
Saurostomus.  Aspidorhjnchus. 

^^  fam.  PYCNODONTES  Agass. 

Dents  aplaties  ou  arrondies,  sur  plusieurs  rangées.  Ecailles  plates,  rhomboïdales , 
parallèles  au  corps  qui  en  est  tout  couvert.  Squelette  osseux.  Corps  plat,  large  : 
Placodus.  Sphœrodus.  Pjcnodus.  Gjrodus.  Microdon. 

4=  fam.  SCLERODERMES  Cm . 

Arcade  palatine  immolîile;   museau  saillant,  armé  de  quelques  dents  distinctes. 
Ecailles  plates,  en  forme  de  larges  plaques  rliomboïdales  ou  polygones,  obliques  au  corps 
qui  en  est  tout  couvert.  Squelette  fibreux;  ossification  tardive. 
Ostracion.-^ 

5-=  fam.  GYMNODONTES  Cuv. 

Arcade  palatine  immobile  •,  mâclioires  recouvertes  d'une  gaîne  d'ivoire ,  formée  de 
dents   réunies.  Ecailles  saillantes,   en  pointes  ou  piquans,  obliques  au  corps  qui  en 
est  tout  couvert.  Squelette  fibreux;  ossification  tardive. 
Diodon . 

6=  fam.  LOPHOBRANCHES  Cuv. 

Branchies  réunies  en  petites  houppes  rondes.  Corps  allongé,  anguleux,  recouvert 
de  plaques  anguleuses;  museau  tubuleux,  terminé  par  de  petites  mâchoires  libres. 
Squelette  osseux. 

Ccdamostoma.  Sjngnatlms. 

Je  pense  que  c'est  à  la  suite  de  ces  familles  qu'il  faudra  ranger,  dans  cet  ordre,  quelques  familles  de 
poissons  vivans,  savoir  :  les  Goniodontes  Agass. ,  les  Siluroïdes  Cuv.  et  les  Acipenserides  Agass. 


—      o      

1--^fiimillc.  LEPIDOIDES. 

Tous  les  genres  de  celte  famille,  dont  le  lobe  supérieur  de  la  caudale  est  plus  allongé  que  l'inférieur  et 
porté  sur  une  longue  série  de  vertèbres  (les  hétérocerques)  se  trouvent  dans  les  terrains  antérieurs  aux 
dépôts  jurassiques ,  savoir  les  Acanthodes ,  Catopterus ,  Amblypterus ,  Palteoniscus  et  Platysomus.  Ceux  qui 
sont  terminés  par  une  caudale  régulière  (les  homocerques)  sont  de  formation  plus  récente.  Cette  famille 
n  a  plus  de  représentant  dans  la  création  actuelle. 

1"  genre.  Acanthodes  Agass.  (Acanlhoessus  Agass.) 

Vol.  i.Tab.  A.  fig.  I. 

Dents  en  brosse,  écailles  extrêmement  petites.  D.  (*)  oppose'e  à  l'A.;  point  de  V.; 
P.  grandes;  premier  rayon  des  P.  de  la  D.  et  de  l'A.  épais,  fort,  roide;  les  rayons 
suivans  et  ceux  de  la  C.  très-fins,  à  peine  distincts.  Mâchoire  inférieure  plus  allongée 
que  la  supérieure;  gueule  très-fendue. 

I.  Acanthodes  Bronni  Agass.  Houille  :  Saarbriïck. 

2"  genre.  Catopterus  Agass.  (Dipterus  Sedgw.  et  Murch.) 
Vol.  I.  Tab.  A.  f.  2.   (Geol.  Trans.  s'user,  vol.  3.  tab.  i5,  f.  4.) 

D.  longue,  opposée  à  l'A.  ;  les  deux  très-rapprocliées  de  l'extrémité  de  la  queue;  la 
D.  paraît  formée  de  deux  parties  séparées.  Probablement  que  des  rayons  cassés  ont 
fait  croire  à  cette  séparation;  dans  ce  cas  il  faut  changer  le  nom  du  genre,  que  je 
propose  d'appeler  Catopterus.  V.  douteuses;  P.  petites.  Ecailles  moyennes. 

Tous  les  exemplaires  qui  ont  été  décrits  proviennent  des  schistes  de  Caithness. 
Sedgwick  et  Murchison  en  distinguent  quatre  espèces  : 

1.  Dipterus  macropygopterus  (tab.  i5.  f.  i,  2  et  3.)  A.  longue. 

2.  Dipt enis  brachjpjgopterus  (idih.  17.  f.  1,2  et  3.)   A.  courte. 

3.  Diptenis  macrolepidotus  (tab.  16.  f.  2.)  Ecailles  grosses. 

4.  Dipterus  Valenciennesi  (tab.  16.  f.  i.)  Ecailles  petites. 

Ce  qui  prouve  évidemment  que  ces  espèces  n'ont  pas  été  examinées  très-attentive- 
ment, c'est  qu'une  des  figures  (tab.  i5.  f.  2.)  est  tournée  sens  dessus  dessous.  Je  crois 
que  ces  quatre  poissons  ne  sont  que  les  différens  âges  d'une  seule  espèce,  qu'on  pour- 
rait nommer  Catopterus  analis. 

3"  genre.  Amblypterus  Agass. 

Vol.  I.  Tab.  A.  fig.  3. 
Toutes  les  nageoires  très-larges  et  composées  de  nombreux  rayons.  P.  très-grandes; 
A.  large;  D.  opposée  à  l'intervalle  entre  les  V.  et  l'A.;  point  de  petits  rayons  sur  le 
bord  des  nageoires,  excepté  au  lobe  supérieur  de  la  queue.  Ecailles  médiocres. 

(*)  D.  désigne  la  nageoire  dorsale,  A.  l'anale,  C.  la  caudale,  V.  les  ventrales,  P.  les  pectorales. 


_-     4     — 

1.  Ambljpterus  macropterus  Agass.  (Palceonisciim  macropterum  Bronn).  Ecailles 
petites,  striées-,  corps  assez  large.  Houille  :  Saarbriick.  Lebacli.  Boerschweiler. 

2.  ^7?2Ô/j/??eni5ez<;??erjgf«<5Agass.  Corps  plus  allongé.  Houille:  Saarbriick.  Lebach. 

3.  Ambljptems  lateralis  Agass.  Corps  ovale;  écailles  plus  grandes.   Houille  : 

Saarbriick. 

4.  Ambljptems  latus  Agass.  Corps  très-large 5  écailles  lisses,  grandes  surtout  sur 
les  flancs  de  l'abdomen.  Houille  :  Saarbriick. 

5.  Ambljptems  Olfersi  Agass.  Espèce  de  Ceara  au  Brésil ,  qui  n'a  pas  encore 
été  examinée  avec  assez  de  soin,  mais  dont  les  écailles  sont  cependant  plus  étroites 
que  dans  les  espèces  d'Europe. 

4'  genre.  Pal,eoniscus  Agass. 
Vol.  I.  Tab.  A.  f.  4  et  5. 

Toutes  les  nageoires  médiocres;  de  petits  rayons  sur  leurs  bords;  D.  opposée  à 
l'espace  entre  les  Y.  et  l'A.  Ecailles  médiocres;  quelques  espèces  en  ont  d'assez 
grandes  et  le  corps  plus  large  et  plus  court  que  les  autres.  H  y  a  toujours  de  grosses 
écailles  impaires  en  avant  de  la  D.  et  de  l'A. 

Ce  genre  comprend  les  Palœoniscum  et  les  Palœothrissum  de  Bl. 

1.  Palœoniscics  fultus  Agass.  (Hitchcock.  Americ.  Journ.  of  scienc.  vol.  6.)  Ca- 
ractérisé par  les  gros  osselets  qui  s'étendent  sur  les  bords  antérieurs  de  toutes  les 
nageoires.  Houille  :  Sunderland.   (Massachussets) .  Westfield.  (Connecticut).      . 

2.  Palœoniscus  Duvernoj  Agass.  ( Palœothrissum  phractonotum  Ag.  dans  un 
précédent  catalogue)  (*).  Dos  voûté,  largement  cuirassé;  queue  allongée.  Houille  : 
Munster-Appel. 

3.  Palœoniscus  minutiis.  Agass.  Très-allongé,  nageoires  grandes.  Houille  : 
Munster- Appel. 

4.  Palœoniscus  angustus  Agass.  Etroit  ;  écailles  petites.  Houille  :  Muse  près  d'Autun. 

5.  Palœoniscus  Blaini>illei  A^ass.  (Palœothrissum  inaequilobum  de  Bl. ,  mais  non 
pas  le  P.  inaequilobum  de  quelques  géologues  qui  est  synonyme  du  P.  Freieslebeni. 
C'est  aussi  le  Palœothrissum  parvum  de  Bl.  ;  mais  qui  ne  se  trouve  pas  dans  le  Mansfeld  ; 
les  exemplaires  de  cette  localité,  que  l'on  aainsinommés,  sontde  jeunes  P.  Freieslebeni). 
Corps  large,  trapu.  Muse  près  d'Autun.  v 

(*)  Dans  un  catalogue  manuscrit  de  tous  les  poissons  fossiles  que  je  connaissais  déjà  il  y  a  deux  ans ,  et  que  j  ai  com- 
muniqué alors  à  plusieurs  amis,  j'avais  introduit  plusieurs  noms  provisoires  que  j'ai  dû  changer  plus  tard.  J  ai  cru 
nécessaire  de  les  rappeler  ici ,  pour  éviter  toute  confusion  dans  la  synonymie  ,  parce  que  ces  jioms  ont  passé  dans 
plusieurs  manuels  de  géologie. 


—    5    — 

G.  Palœoniscus  f^ol t zii  A^ass.  Corps  plus  étroit;  écailles  plus  grandes.  Muse  près 
d'Autun. 

7.  Palœoniscus  macropomus  Agass.  ( Palœothrissum  Gigas  Ag.  précédemment). 
Opercule  plus  large  que  dans  les  autres  espèces.  Ecailles  sculptées  de  quelcpies  stries. 
Zechstein  :  Mansfeld. 

8  Palœoniscus  Freieslebeni  A^ass.  (Wolfart.  tab.  12.  f.  i;  tab.  i/j.-  f.  2.  3  et  4, 
tab.  16,  17  et  20.  —  Palœoniscum  Freieslebense  de  El 5  mais  les  exemplaires  que 
de  Blainville  indique  dans  les  mines  de  mercure  du  Palatinat  appartiennent  au  P.  Du- 
vernoy.  —  Palajotlirissum  macroceplialum  de  Bl,  —  Palœothrissum  œquilobum  Iluot. 
PalcBothrissum  vulgatissimum  Agass. ,  dans  un  catalogue  communiqué  précédemment. 
—  Palœothrissum  inaequilobum  de  quelques  géologues  dans  leurs  catalogues  de  fossiles 
caractéristiques.  —  Clupea  Lametherii  de  Bl.  — Acipenser  bituminosus  Germar.  — Je 
pense  que  le  Palœothrissum  blennioïdes  HoU  est  aussi  synonyme  de  cette  espèce ,  mais 
je  n'ai  pas  vu  d'exemplaires  originaux  pour  pouvoir  l'affirmer).  Ecailles  sculptées  de 
nombreuses  lignes  ondulées.  Zechstein  :  Mansfeld.  Hesse. 

9.  Palœoniscus  magnus  Agass.  (Wolfart.  tab.  i5).  Corps  large,  dos  bombé; 
écailles  sculptées.  Zechstein  :  Mansfeld.  Ce  n'est  pas  le  Palœothrissum  magnum  de  Bl. 
qui  appartient  au  genre  Pygopterus  de  la  famille  des  Sauroïdes. 

10.  Palœoniscus  elegans  Sedgw  (Geol.  Trans.  1"  ser.  vol.  3.  tab.  9.  f.  i).  31agne- 
sian  Limestone  :  East-Thickley.  Il  reste  à  examiner  si  cette  espèce  diffère  du  P.  Freies- 
lebeni  de  Mansfeld,  et  à  voir  si  le  Palœothrissum  macroceplialum  de  Sedgw.  tab  9  f.  2. 
et  le  P.  magnum  Sedgw.  tab.  8.  f.  i  et  2  n'appartiennent  pas  à  la  même  espèce;  car 
certainement  son  P.  magnum  n'est  pas  le  P.  magnum  de  Bl. ,  malgré  l'assertion  posi- 
tive de  ce  dernier  à  cet  égard,  du  moins  ce  n'est  pas  le  P.  magnum  décrit  dans  le  Nouv. 
Dict.  des  se.  nat.  article  Ichthyolithes. 

Toutes  les  espèces  de  Palœoniscus  appartenant  au  terrain  houiller  ont  les  écailles 
lisses:  telles  sont  les  P.  fultus,  Duvernoy,  minutus,  angustus,  Blainvillei  et  Yoltzii,  tan- 
dis que  celles  du  Zechstein  les  ont  striées;  tels  sont  les  P.  macropomus,  Freieslebenij 
magnus  et  elegans. 

Le  genre  Osteolepis  indiqué  par  Sedgwick  et  Mftrchison  dans  les  schistes  de 
Caithness,  comprend  des  poissons  qui  diffèrent  génériquement  du  Catopterus  (Dipterus 
Sedgw.),  et  que  Yalenciennes  a  proposé  d'appeler  Osteolepis  macrolepidotus  et  Osteo- 
lepis microlepidotus.  Je  ne  les  ai  pas  vus.  Ne  sont-ce  point  des  espèces  d'Amblypterus 
ou  de  Palœoniscus? 


—     6     — 

5''  genre.  Platysomus  Agass. 

Vol.  I.  Tab.  B.  f.  I. 

Corps  plat,  ti'ès-élevé,  court;  dents  en  bi'osse;  lobe  supérieur  de  la  queue  allongé, 
vertébré,  portant  de  petits  rayons  à  son  bord.  D  et  A  opposées  l'une  à  l'autre,  s'éten- 
dant  depuis  le  milieu  du  corps  juscpi'au  rétrécissement  de  la  queue;  Y.  douteuses;  P. 
petites.  De  Blainville  range  les  espèces  qu'il  a  décrites  dans  le  genre  Stromateus. 

I.  Platysomus  gibbosus  Agass.  (Stromateus  gibbosus  de  Bl.  —  Stromateus  angu- 
latus  Germar.  —  Rbombus  diluvianus  minor  Wolfart  tab.  i!\,  f.  i).  Dos  très-élevé, 
anguleux.  Zechstein  :  Mansfeld. 

■1.  Platysomus  Rhombus  Agass.  (Stromateus  major  de  Bl.  —  Stromateus  Rnorrii 
Germar.  —  Rhombus  diluvianus  major  Wolfart  tab.  i3).  Dos  arrondi;  corps  un  peu 
plus  allongé.  Zecbstein  :  Mansfeld. 

3.  Platysomus  striatus  Agass.  (Geol.  Trans.  2"  ser.  vol.  3.  tab.  1  ;  sans  nom — Urop- 
teryx  striatus  Agass.  dans  un  précédent  catalogue).  Corps  très-court  et  très-large; 
écailles  striées  obliquement.  Magnesian  Limestone  :  East  Thickley. 

4.  Platysomus  macrurus  Agass.  (Geol.  Trans.  2"  ser.  vol.  3.  tab.  2;  sans  nom. 
—  Uropteryx  undulatus  Agass.  dans  un  précédent  catalogue).  Corps  plus  étroit; 
A.  plus  courte,  à  rayons  antérieurs  plus  allongés.  Queue  très-grande.  Magnesian  Lime- 
stone :  East-Thickley. 

5.  Platysomus  parvus  Agass.  (Geol.  Trans.  1"  ser.  tab.  2;  sous  le  nom  de  Chaeto- 
don).  Partie  postérieure  du  corps  arrondie;  queue  petite.  Tête  allongée.  Magnesian 
Limestone  :  Pallion.    . 

Le  genre  Gyrolepis  Agass.  n'étant  établi  que  sur  quelques  écailles  est  encore  douteux. 
Ce  qui  le  distingue ,  c'est  que  les  stries  d'accroissement  des  écailles  forment  des  saillies 
concentriques  à  leur  surface-  Les  différences  observées  font  supposer  4  espèces. 

1.  Gyrolepis  ma jcimus  A^ass.  Muschelkalk  :  Lunéville. 

2.  Gyrolepis  tenuistriatus  Agass.  Muschelkalk  :  Lunéville. 

3.  Gyrolepis  Albeii:ii  Agass.  Muschelkalk  :  Schwenningen .  Lunéville. 

4.  Gyrolepis  asper  Agass.    (de   Blainv.   Ichthyol.  pag.   19.  n°  11).  Zechstein  : 
Mansfeld. 

6°  genre.  Tetragonolepis  Bronn. 

Vol.  i.Tab.  B.  f.  2. 

Corps  plat,  très-élevé,  court;  queue  symétrique.  D.  et  A.  opposées  l'une  à  l'autre, 
s'étendant  depuis  le  milieu  du  coips  jusqu'au  rétrécissement  de  la  queue;  P.  et  V. 
petites  ;  C.  coupée  presque  carrément.  Dents  arrondies  en  massue,  sur  une  seule  rangée. 


—     7     — 

Généralement  on  a  confondu  toutes  les  espèces  de  Tetragonolepis  avec  le  Dapediuni 
politum  de  la  Bèclie,  parce  qu'on  n'a  tenu  aucun  compte  de  la  position  de  la  D.  et  des 
dilTérenccs  dans  la  forme  des  écailles.  Du  reste  l'onglet  qui  lie  les  écailles  du  Dapcdium 
n'est  pas  im  caractère  particulier  de  ce  genre;  on  le  retrouve,  plus  ou  moins  développé, 
dans  tous  les  genres  de  l'ordre  des  Ganoïdes. 

1.  Tetragonolepis  Traill i  A^ass.  Ecailles  des  flancs  très-grosses,  presque  aussi 
larges  que  hautes.  Lias  :  Angleterre. 

2.  Tetragonolepis  Leachi  Agass.  Ecailles  des  flancs  beaucoup  plus  hautes  que 
larges.  Lias  :  Lyme  Régis. 

3.  Tetragonolepis  pholidotus  Agass.  Ecailles  des  flancs  étroites,  beaucoup  plus 
hautes  que  larges.  Lias  :  BoU. 

4-  Tetragonolepis  semicinctus  Bronn.  Ecailles  de  plus  en  plus  grandes  du  dos  vers 
le  ventre.  Lias  :  Neidingen. 

5.  Tetragonolepis  Bouéi  Agass.  Ecailles  de  la  même  largeur  depuis  le  dos  jusqu'au 
ventre.  Lias  :  Seefeld. 

Quoique  je  n'aie  pas  examiné  moi-même  le  gisement  de  Seefeld,  et  malgré  l'avis 
contraire  des  géologues  les  plus  distingués,  je  ne  balance  pas  à  rapporter  au  Lias  ces 
schistes  bitumineux,  à  cause  de  la  structure  des  poissons  qu'on  y  trouve.  Il  en  est  de 
même  des  schistes  de  Glaris  qu'on  avait  placés  dans  les  terrains  de  transition,  mais  que 
je  crois  plus  jeunes  que  les  dépôts  jurassiques  les  plus  récens,  peut-être  même  posté- 
rieurs à  la  craie.  Yoyez  à  cet  égard  la  géologie  de  Walchner  (pag.  643  et  644)?  auquel 
j'avais  fait  part  de  mon  opinion  que  je  développerai  plus  en  détail  en  son  lieu. 

Si  cette  induction  tirée  de  la  seule  organisation  du  petit  nombre  de  poissons  que  j'ai 
observés,  se  confirme  par  les  recherches  géologiques,  elle  sera  luie  forte  preuve  de  l'im- 
portance de  mes  recherches  sur  les  rapports  qu'il  y  a  entre  la  structure  des  êtres  orga- 
nisés et  l'époque  de  leur  apparition  à  la  surface  du  globe. 

6.  Tetragonolepis  heterodenna  Agass.  Ecailles  plus  larges  que  dans  les  autres 
espèces,  finement  dentelées  sur  leur  bord  postérieur.  Lias  :  Boll. 

7.  Tetragonolepis  Magneville  Agass.  Ecailles  portant  de  petits  piquans  à  leur 
surface  extérieure.  Oolithe  inférieure  :  Caen. 

7"  genre.  Dapedius  de  la  B. 

vol.  i.Tab.  B.  f.  3. 

Dents  sur  une  seule  rangée,  échancrées  à  leur  pointe.  D.  commençant  près  de  la 
nuque.  A.  plus  courte,  un  peu  plus  reculée  et  plus  petite;  C.  fourchue,  très-petite; 
P.  plus  grandes. 


—     8     — 

1 .  Dapedius politus  de  la  Bêche.  D.  peu  élevée,  plus  haute  dans  sa  partie  antérieure. 
Lias  :  Lyme  Pvegis. 

2.  Dapedius  cdtivelis  Agass.  D.  très-élevée  dans  sa  partie  antérieure.  Gisement 
inconnu.  Structure  jurassique. 

8^  genre.  Semionotus  Agass. 

Vol.  I.  Tab.  Cf.  3. 

D.  longue,  commençant  un  peu  en  avant  des  V. ,  s'étendant  jusque  vis-à-vis  de  l'A.  ; 
P.  médiocres 5  Y.  petites;  A.  pointue,  allongée;  C.  fourchue;  lobe  supérieur  plus 
grand ,  cependant  formé  de  rayons  insérés  tous  sur  la  dernière  vertèbre  caudale ,  paral- 
lèles entr'eux.  Les  écailles  seulement  se  prolongent  sur  les  rayons  externes  du  lobe 
supérieur,  qui  sont  les  plus  grands  de  la  caudale,  tandis  que  dans  les  Palœoniscus, 
ils  deviennent  de  plus  en  plus  courts.  De  petits  rayons  sur  les  rayons  externes  antérieurs 
des  nageoires. 

1.  Semionotus  leptocephalus  Agass.  Tête  allongée.  Lias  :  Boll. 

2.  Semionotus  Bergeri  Agass.  (Palceoniscum  arenaceum  Berger  :  Verst.  der 
Roburger  Gegend  tab.  i,  f.  i.).  Plus  large,  écailles  plus  grosses.  Keuper  :  Robourg. 
N'est-ce  pas  plutôt  un  grès  du  Lias? 

3.  Semionotus  latus  Agass.  Corps  élevé,  trapu.  Lias  :  Seefeld. 

4-  Semionotus  S  pi  x  i  A^ass.  Esp.  du  Brésil,  à  examiner  plus  exactement. 

9'  genre.  Lepidotus  Agass. 

Vol.  I.  Tab.  C.  f.  4. 

D.  opposée  au  commencement  de  l'A.,  de  même  forme  que  celle-ci;  C.  fourchue, 
lobe  supérieur  un  peu  plus  grand;  P.  et  V.  médiocres.  De  petits  rayons  sur  le  bord 
antérieur  de  toutes  les  nageoires.  Dents  obtuses. 

1.  Lepidotus  Gigas  Agass.  (Cj^prinus  elvensis  de  Bl).  Jusqu'à  deux  et  trois  pieds 
de  long.  Forme  de  la  carpe.  Dos  et  ventre  bombés.  Ecailles  à  bords  entièrement 
lisses,  aussi  larges  que  hautes.  Lias  :  Boll.  Elve  (Aveiron).  Northampton. 

2.  Lepidotus  latissimus  Agass.  Au  Musée  de  Paris  il  y  a  quelques  écailles 
de  plus  d'un  pouce  de  diamètre,  dont  la  surface  est  légèrement  concave ,  et  qui  paraissent 
provenir  d'une  espèce  différente  du  L.  Gigas.  Lias  d'Angleterre. 

3.  Lepidotus  umboîiatus  A^ass.  D'autres  écailles  de  la  collection  de  M.  Régley  sont 
rehaussées  sur  le  milieu. 

4-  Lepidotus  frondosus  A^diss.  Ecailles  sculptées  sur  leur  bord  antérieur.  Ce 
poisson  est  très  large  dans  sa  partie  antérieure.  Lias  :  Zell  près  de  Boll. 


—     9     — 

5.  Lepidotus  omatus  Agass.  Rayons  divergens  sur  les  l)ords  postérieurs  des  écailles. 
Lias  :  Seefeld.  Wurtemberg? 

6.  Lepidotus  radiatus  Agass.  Ecailles  fortement  sillonnées  sur  toute  leur  surface  ;  les 
sillons  se  dirigent  vers  un  centre  commun.  Gisement  inconnu:  mais  les  écailles  ont  la 
structure  des  espèces  jurassiques. 

7.  Lepidotus  subdenticulatus  Agass.  Ecailles  dentelées  dans  la  partie  inférieure  de 
leur  bord  postérieur.  Hastingssand  :  Ilastings. 

8.  Lepidotus  undatus  Agass.  Bord  postérieur  des  écailles  évasé,  terminé  en  pointe 
aiguë  dans  l'angle  inférieur.  Gisement  inconnu.  Structure  jurassique. 

9.  Lepidotus  unguiculatus  Agass.  Quelques  onglets  au  bord  postérieur  des  écailles. 
Sohlenliofen.  Envisagé  par  plusieurs  naturalistes  comme  un  saurien,  appelé  Lepido- 
saurus  par  H.  de  Meyer.  Un  géologue  a  pris  ses  écailles  pour  des  algues. 

10.  Lepidotus  minor  Agass.  Ecailles  petites,  à  bord  entièrement  lisses.  Portland 
et  Stonesfield. 

11.  Lepidotus  Mantelli K^p^ss.  (Mantell,  Tilgate  forest  tab.  V.  f.  3,  4?  ^^  ^t  16, 
pag.  58.).  Ecailles  très-grandes,  plissées  dans  la  partie  antérieure  de  l'émail,  quel- 
quefois même  jusqu'au  bord  postérieur.  Grès  vert  :  Tilgate  forest. 

12.  Lepidotus  f^i/ieti  A^ass.  Mêmes  dimensions  ;  écailles  lisses.  Grès  vert  de  Morée. 
i3.  Lepidotus  striatus  Agass.   Ecailles  striées   obliquement.   Grès  vert  :  Vaches 

noires.  N'est-ce  point  un  Semionotus? 

i4-  Lepidotus  Maximiliani  K^diss.  Cale,  grossier  de  Paris. 
Il  se  pourrcdt  bien  que  quelques  espèces,  parmi  celles  dont  je  n'ai  vu  que  les  écailles,  n'appartinssent  pas 
à  ce  genre. 

10^  genre.  Pholidophorus   Agass. 

Vol.  I.  Tab.  Cf.  2. 

Corps  allongé.  D.  opposée  aux  V.,  petite;  C.  fourchue ,  à  lobes  égaux.  Ecailles 
s'étendant  un  peu  sur  la  base  du  lobe  supérieur.  Dents  en  brosse. 

1 .  Pholidophorus  Umbatus  Agass.  Ecailles  frangées  à  leur  bord  postérieur.  Corps 
très-allongé.  Lias  :  Lyme  Régis. 

2.  Pholidophonis  dorsalis  Agass.  Caractérisé  par  de  longs  chevrons  sur  le  bord  du 
premier  rayon  de  la  dorsale.  Lias  :  Seefeld. 

3.  Pholidophonis  latiusculus  Agass.  Plus  court;  écailles  plus  grandes.    Seefeld. 

4.  Pholidophorus  pusillus  Agass.  Ecailles  très-petites.  Seefeld. 

5.  Pholidophonis  microps  Agass.  Tête  petite;  écailles  en  scie  fine  à  leur  bord 
postérieur,  plus  hautes  que  larges.  Sohlenhofen. 

ToM.  II.  2 


—     10    — 

M.  Walchner  a  trouvé  dans  le  Lias  de  l'Oberland  badois  des  fragmens  d'une  sixième 
espèce  de  Pholidophorus. 

1 1  '  genre.  Microps  Agass. 

Vol.  I.  Tab.  C.  f.  5. 
Ne  diffère  du  genre  Pholidophorus  que  par  la  forme  entièrement  régulière  des 
écailles  à  la  base  de  la  G.  Dents  en  brosse. 
I.  Microps  furcatus  A^SiSS.  Lias  :  Seefeld. 

12"  oeiu-e.  NoTAGOGus  Agass. 

Vol.  I.  Tab.  Cf.  I. 
Rayons  des  osselets  interapophysaires  du  dos  formant  deux  nageoires  distinctes. 
Dents  en  brosse. 

1.  Notagogus  Zieteni  A^ass.  Corps  très-large  et  court.  Sohlenhofen. 

2.  Notagogus  Pentlandi  A^^ss.  Corps  allongé,  étroit.  Naples  :  Torre  Orlando. 

3.  Notagogus  latior  Agass.  Plus  large,  ventre  formant  une  saillie.  Même  localité. 

2'  famille.  SAUROIDES. 

Les  genres  à  queue  prolongée  dans  le  lobe  supérieur  de  la  C.  (les  hétérocerques)  ont  vécu  avant  le  dépôt  des 
terrains  jurassiques  ;  ceux  à  C.  régulière  (les  homocerques),  plus  tard.  Cette  famille  n'est  représentée  dans  la 
création  actuelle  que  par  deux  genres,  les  Lepidosteus  et  les  Polypterus. 

\"  genre.  Pygopterus  Agass. 

Vol.  I.  Tab.  D.  f.  3. 
A .  très-allongée  j  D .  opposée  à  l'intervalle  entre  l'A .  et  les  V . .  La  mâchoire  supérieure 
déborde  l'inférieure.  De  petits  rayons  le  long  des  rayons  extérieurs  des  nageoires. 

1.  Pjgopterus Humboldti  A^SiSS.  (Palœothriss.  magnumdeBlainv.-Wolfart.tab.  i8 
et  19. —  EsoxeislebensisRriiger).  C.  grande^D.  très-élevée  dans  sa  partie  antérieure  ^ 
P.  portant  un  gros  rayon  au  bord  antérieur.  Ecailles  proportionnellement  petites.  Le 
plus  grand  et  le  plus  beau  des  poissons  fossiles  du  Zechstein  :  Mansfeld.  Nendershausen. 
Riegelsdorf. 

2.  Pygopterus  Liicius  Agass.  Une  tête  seulement,  dont  la  mâchoire  supérieure 
est  plus  allongée.  Houille  :  Saarbriick. 

3.  Pjgoptems  scoticus  Agass.  (Geol.  Trans.  2'  ser.  vol.  3,  pi.  10  et  11,  sans 
nom.  Nemopteryx  mandibularis  Ag.  ou  Sauropsis  scoticus  Ag.   dans  un  précédent 

X  catalogue).  P.   à  rayons  très-déliés  et  à  articulations  nombreuses^  D.  plus  courte. 
Magnesian  Limestone  :  East-Thickley. 


—    n    — 

4.  PY^opterua  Bonnardi  Agass.  Un  fragment  du  tronc  avec  l'anale,  dont  les  ver- 
tèbres sont  plus  grosses  que  dans  les  espièces  du  Zechstein.  Muse  près  d'Autun. 

2"  genre.  Acrolepis  Agass. 

Vol.  I.  Tab.  D.  f.  I. 

A.  courte.  Chacpie  écaille  surmontée  d'une  quille. 

I.  yicrolepis  Sedgwicki  A^ASS.  (Geol.  Trans.  -2."  ser.  vol.  3,  pi.  8.).  Magnesian. 
Limestone  :  East-Tliickley. 

3°  genre.  Ptycholepis  Agass. 

Yol.  I.  Tab.  D.  f.  2. 

Ecailles  plus  longues  que  hautes,  plissées  longitudinalement.  P.  arrondies.  Le  reste 
encore  inconnu. 

I.   Ptydiolepis  bollensis  Agass.  Lias  :  Boll. 

4"  genre.  Sauropsis  Agass.  ^ 

Vol.  I.  Tab.  D.  f.  I. 

Vertèbres  très-courtes  et  très-nombreuses.  Ecailles  très-petites  et  très-nonil)reuses. 
Rayons  de  toutes  les  nageoires  très-rapprochés.  A.  allongée  j  D.  opposée  au  commen- 
cement de  l'A.. 

1.  Sauropsis  longimanus  Agass.  P.  très-allongées,  pointues.  Corps  allongé,  tout 
d'une  venue.  Solilenhofen. 

2.  Sauropsis  latus  Agass.  Apophyses  épineuses  plus  courtes;  os  interapophysaires 
plus  longs.  Lias  :  Wurtemberg  et  Baden. 

La  f.  2.  tab.  i.  de  l'ouvrage  de  Berger,  sur  les  fossiles  de  Roburg,  me  paraît  être  un 
fragment  de  Sauropsis. 

5^  genre.  Pachycormus  Agass. 

Vol.  I.  Tab.  E.  f.  I.      • 

Vertèbres  ordinaires.  P.  grandes;  D.  opposées  aux  V..  Corps  renflé  dans  sa  partie 
moyenne. 

I.  Pachycormus  furcatus  Agass.  Queue  très-grande,  fourchue;  tête  petite  propor- 
tionnellement. Solilenhofen. 


—     12     — 

2.  Pachj cormiis  macropterus  A^ass.  (Elops  macropterus  de  Bl.)  P.  et  tête  pro- 
portionnellement beaucoup  plus  grandes.  Lias  :  Beaune  en  Bourgogne. 

3.  Pachy connus  gracilis  Agass.  (Uraeus  gracilis  Ag.  catal.).  Queue  plus  allongée. 
Lias  :  Wurtemberg. 

6°  genre.  Thrissops  Agass. 

Vol.  I.  Tab.  E.  f.  2. 

Forme  de  hareng j  écailles  grandes  et  très-minces.  D.  petite,  opposée  à  l'A.  qui  est 
très-longue;  C.  fourchue. 

1.  Thrissops  salmoneus  Agass.  (Clupea  salmonea  de  Bl.).  Corps  étroit,  tout  d'une 
venue.  Tous  les  os  sont  grêles.  Sohlenhofen. 

2.  Thrissops  fonnosus  Agass.  (Alosa  formosa  Agass.  dans  un  précédent  catalogue). 
Osselets  interapophysaires  très-allongés,  donnantau  dos  une  forme  voûtée.  Sohlenhofen? 

3.  Thrissops  micropodius  A^ass.  (Esox  incognitus  de  Bl.).  P.  courtes.  Gisement 
inconnu.  Structure  jurassique. 

7'  genre.  Ur^us  Agass. 

Vol.  I.  Tab.  E.  f.  3. 

Grande  D.  opposée  aux  V.;  P.  grandes  5  C.  fourchue.  Tête  grande.  Mâchoires 
très-grandes,  armées  de  grosses  dents  coniques,  alternant  avec  de  plus  petites  en 
brosses.  Apophyses  épineuses  des  veitèbres  caudales  fortement  inclinées  et  rapprochées 
des  corps  de  vertèbres. 

1.  Urœus  nuchalis  Agass.  Nuque  voûtée,  portant  des  écailles  plus  grandes  que  les 
autres  parties  du  tronc.   Corps  se  rétrécissant  vers  la  queue.  Sohlenhofen. 

2.  Urœus  pachjurus  Agass.  Queue  épaisse.  Corps  tout  d'une  venue.  Sohlenhofen. 

3.  Urœus  macro cephalus  Agass.  (Pholidophorus  macrocephalus  Agass.  dans  un 
précédent  catalogue).  Tête  grande 5  corps  trapu.  Ecailles  d'égale  grandeur  partout. 
Sohlenhofen. 

4.  Urœus  microlepidotus  A^diss.  Tête  très-grande  5  écailles  beaucoup  plus  petites 
proportionnellement  que  dans  les  autres  espèces.  Sohlenhofen. 

5.  Urœus  macrurus  Agass.  Petit  poisson  à  queue  proportionnellement  très-grande  et 
très-fourchue .  Sohlenhofen . 


—     15     — 

8"  genre.  Leptolepis  Agass. 

Vol.  i.Tab.  E.  f.  5. 

Ecailles  très-minces.  D.  opposée  aux  V.;  C.  fourchue.  Gueule  fendue.  Pièces  opcr- 
culaires  larges.  Subopercule  grand;  ce  qui  prouve  que  ces  poissons  ne  sont  pas  des 
harengs,  comme  de  Blainville  Tavait  supposé.  Dents  en  brosse,  en  avant  des  mâ- 
choires -,  de  plus  grosses  dans  leur  partie  postérieure. 

1 .  Leptolepis  Bronni  Agass.  Petit  poisson  dont  les  os  des  vertèbres  sont  extrê- 
mement grêles.  Corps  court,  proportionnellement  aux  dimensions  de  la  tête.  Lias  : 
Neidingen.  Caen  :  Amayé  sur  Orne. 

2.  Leptolepis  Jœgeri  Agass.  Court,  trapu  et  large.  Corps  des  vertèbres  plus  gros. 
Lias  :  Boll. 

3.  Leptolepis  longus  Agass.   Plus  long.  Lias  :  Boll. 

4.  Leptolepis  tenellus  Agass.  Lias  de  l'Oberland  badois.  Apophyses  et  corps  des 
vertèbres  très-grêles. 

5.  Leptolepis  sprattiformis  Agass.  (Clupea  sprattiformis  de  Bl.)  Forme  de  l'anchois. 
Gueule  grande.   Petit  poisson  grêle,  à  dorsale  assez  allongée.  Sohlenhofen. 

6.  Leptolepis  Knorri  Agass.  (Clupea  Knorrii  de  Bl.)  Elancé.  Gueule  plus  petite. 
D,  grande;  C.  grande  et  moins  fourchue.  Sohlenhofen. 

7.  Leptolepis  dubius  Agass.  (Clupea  dubia  de  Bl.)  Corps  large.  D.  étroite  ;  C.  petite. 
Le  Clupea  Davilei  de  Bl.  appartient  peut-être  aussi  à  ce  genre,  mais  je  n'ai  pu  en 

retrouver  l'original. 

9"  genre.  Megalupus  Agass. 
Vol.  I.  Tab.  E.f.  4. 

C.  très-grande  et  arrondie;  D.  opposée  à  l'intervalle  entre  les  V.  et  l'A..  Nageoires 
arrondies;  laC.  surtout,  qui  a  des  rayons  grêles  et  allongés.  Tête  grande.  Mâchoires 
armées  de  grosses  dents  coniques,  entremêlées  de  plus  petites. 

I.  Megalurus  lepidotus  k^diss.  Ecailles  grandes.  Sohlenhofen. 

Le  genre  Macropoma  Agass.  Quoique  je  n'aie  pas  vu  d'exemplaires  de  l'Amia  lewe- 
siensis  de  Mantell  et  que  je  ne  la  connaisse  que  par  la  figure  qu'il  en  a  donnée,  je 
crois  cependant  que  ce  poisson  constitue  un  genre  particulier  voisin  du  Megalurus, 
et  que  je  propose  d'appeler  Macropoma. 


—     14     — 

10"  genre.  Saurostomus  Agass. 

Une  mâchoire  inférieure  allongée,  armée  d'une  longue  série  de  dents  triangulaires, 
comprimées  et  tranchantes,  ne  peut  provenir  que  d'un  poisson  différant  génériquement 
de  ceux  qui  précèdent,  mais  qui  appartient  certainement  à  cette  famille. 

I.  Saurostomus  esocinus  Agass.  Lias  :  Oberland  badois. 

Il  faut  peut-être  aussi  rapporter  à  ce  genre  quelques  mâchoires  figurées  dans  les 
Geol.  Trans.  i"  sér. ,  v.  2.  t.  4?  et  un  poisson  de  la  collection  du  comte  de  Munster  cité 
dans  un  précédent  catalogue  comme  une  Sphyrène. 

N'ayant  point  examiné  moi-même  les  mâchoires  de  Sarigue  de  Stonesfield,  il  m'est 
encore  permis  de  demander  si  elles  n'appartiennent  point  à  un  genre  de  la  famille 
des  Sauroïdes. 

11"  genre.  Aspidorhynchus  Agass. 

Vol.  I.  Tab.  F.f.  I. 

Corps  très-allongé  j  mâchoire  supérieure  prolongée  en  un  long  bec  qui  dépasse  la 
mâchoire  inférieure.  P.  et  V.  arrondies j  D.  très-reculée  et  opposée  à  l'A;  C.  fourchue. 
Ecailles  plus  hautes  que  longues,  surtout  dans  la  partie  moyenne.  H  y  a  également 
des  dents  à  la  partie  supérieure  du  bec  qui  dépasse  la  mâchoire  inférieure. 

1.  Aspidorhjnchus  fVal chneri  A^ass.  Mâchoire  inférieure  très-courte  et  beaucoup 
plus  grosse  que  la  supérieure  dont  le  bec  est  très-grêle.  Lias  :  Oberland  badois. 

2.  Aspidorhjnchus  acutirostris  A^slss.  Mâchoire  supérieure  du  double  plus  longue 
que  l'inférieure.   Poisson  très-grand.   Sohlenhofen. 

3.  Aspidorhjnchus  teriuirostris  A^ass.  (Belonetenuirostris  Agass.  dans  un  précédent 
catalogue.)  Mâchoire  supérieure  à  peine  d'un  tiers  plus  longue  que  l'inférieure  ;  bec 
plus  grêle.  Sohlenhofen. 

Î\I.  le  comte  de  Munster  m'a  envoyé  récemment  un  grand  nombre  d'esquisses  de  poissons  fossiles ,  parmi 
lesquels  il  y  a  plusieurs  espèces  nouvelles,  et  les  types  d'un  ou  deux  genres  de  cette  famille  qui  ne  sont  pas 
encore  mentionnés  dans  ce  tableau.  Je  les  ferai  connaître  plus  tard ,  lorsque  je  les  aiu-ai  examinés  plus 
exactement.  "^ 


—     lo     — 

3'  famille.  PYCNODONTES. 

Cette  famille  n'a  plus  aucun  représentant  dans  la  création  actuelle.  Par  analogie  je  suppose  un  lobe  supé- 
rieur de  la  caudale  allongé  et  vertébré  dans  les  genres  qui  sont  antérieurs  au  Jura-,  mais  je  n'en  connais 
encore  que  des  dents. 

1"  genre.  Pla.codus  Agass. 

Dents  polygones,  à  angles  arrondis,  dont  la  surface  est  aplatie  et  entièrement 
lisse.  Rangé  par  induction  dans  l'ordre  des  Ganoïdes;  car  je  n'ai  jamais  vu  les  écailles 
d'aucun  poisson  de  ce  genre. 

1.  Placodus  impressiis  Agass.  Un  enfoncement  sur  le  milieu  des  dents.  Grès 
bigarré  :  Deux-Ponts. 

2.  Placodus  Gigas  Agass.  (Brochure  du  comte  de  Munster  sur  les  dents  de  poissons 
fossilesdu  Musclielkalk  de  Bayreuth.)  Dents  à  surfaces  planes.  Muschelkalk  :  Bayreuth. 

2°  genre.  Sph.erodus  Agass. 
Vol.  I.  Tab.  G.  f.  2. 

Dents  complètement  hémisphériques.  Corps  aplati.  D.  et  A.  longues,  opposées 
l'une  à  l'autre,  atteignant  prescpie  la  C.  qui  est  fourchue. 

Les  dents  de  ces  poissons  sont  vulgairement  appelées  Bufonites.  Quelques  natura- 
listes les  rapportent  au  genre  Anarrhichas  ;  d'autres  en  font  des  Spares ,  ou  des  Labres. 

1.  Sphœrodus  minimus  Agass.  Partie  moyenne  de  la  dent  saillante.  Tubingen. 

2.  Sphœrodus  Gigas  A^diss.  (Mercatide  Bufonite,  p.  i84)-  Dents  très-larges ,  peu 
élevées,  émail  mince.  Jura  super.  :  Suisse. 

3.  Sphœrodus  rhomboïdalis  Agass.  (Microdon  Gigas  Agass.  dans  un  précédent 
catalogue).  Dents  ii-régulièrement  arrondies,  de  moyenne  grandeur.  Sohlenhofen. 

4.  Sphœrodus  crassus  A^ass.  (Faujas  tab.  19.  f.  3.  5.  —  Burtin  tab.  i.  T.).  Même 
forme  de  dents  que  le  Sphaerodus  Gigas  ^  émail  du  double  plus  épais.  Craie  :  Belgique. 

5.  Sphœrodus  mammillaris  Agass.  Dents  petites,  élevées  et  légèrement  resserrées 
à  leur  base.  Craie  :  Lewis. 

6.  Sphœrodus  oculus  serpeniis  Agass.  Dents  plutôt  en  cônes  qu'en  hémisphères. 
Tertiaire  :  Aix. 

7.  Sphœrodus  parvus  k^diSS,/{ys^o\iaYiidi\).  21.,  n°  21,  22,  23,  24,  25?).  Dents 
petites,  semblables  à  celles  du  Sph.  mammillaris,  mais  dont  le  sommet  est  excentrique. 
Tertiaire  :  Lonjumeau.  Hesse? 


—     16    — 

3^  genre.  Gyrodus  Agass. 

Dents  à  surface  irrégulièrement  sillonnée. 

1.  Gjrodus  jurassiens  Agass.  Dents  à  sillons  arrondis.  Jura  super.  :  Soleure. 

2.  Gfrodus  Ciwieri Agass.  Dents  à  sillons  aplatis.  Jura  moyen  :  Boulogne  sur  mer. 

3.  Gjrodus  Umbilicus  Agass.  Dents  ayant  entre  les  sillons  un  enfoncement  sur  leur 
milieu.  Gale,  de  Caen.  Baden. 

4-  Gjrodus  runcinatus  Agass.  Dents  légèrement  arquées,  sillons  granuleux;  le 
sillon  principal  suit  la  courbure  de  la  dent.  Gisement  inconnu. 

5.  Gjrodus  minor  Agass.  (Phillips,  Geol.  of  York).  Dents  petites,  à  sillons  nom- 
breux, très-rapprachés.  Speeton  Glay  :  Yorkshire. 

¥  genre.  Microdon  Agass. 
Vol.  I.  Tab.  G.  f.  3. 

Corps  aplati,  très-élevé,  court,  et  comprimé.  D.  et  A.  très-longues  et  opposées 
l'une  à  l'autre,  prolongées  jusqu'à  la  base  de  la  C.  qui  est  fortement  écliancrée  et 
fourchue.  Petites  dents  aplaties,  anguleuses,  sur  plusieurs  rangées. 

1.  Microdon  hexagonus  Agass.  (Stromateus  hexagonus  de  Bl.)  Forme  du  tronc 
hexagonale.  Sohlenhofen, 

2.  Microdon  abdoniinalis  Agass.  Cavité  abdominale  plus  allongée,  mais  moins 
élevée.  Corps  des  vertèbres  moins  haut.  Sohlenhofen. 

3.  Microdon  analis  Agass.  Cavité  abdominale  saillante,  insertion  de  l'A.  droite. 
Sohlenhofen. 

4-  Microdon  platurus  Agass.  Portion  caudale  très-courte*,  insertion  de  l'A.  et 
de  la  D.  presque  perpendiculaire.   Sohlenhofen. 

5.  Microdon  elegans  Agass.  Partie  antéi'ieure  de  la  D.  et  de  l'A.  très-élevée. 
Sohlenhofen. 

5*  genre.  Pycnodus  Agass. 

Vol.  I.  Tab.  G.  fig.  I. 

Partie  antérieure  du  corps  tronquée  ou  renflée,  partie  postérieure  plus  allongée. 
C.  légèrement  écliancrée.  Dents  plus  ou  moins  allongées,  bombées,  à  surface  lisse. 

1 .  Pjcnodus  uinbonatus  Agass.  Un  enfoncement  sur  le  milieu  de  la  surface  bombée 
des  dents.    Jura  moyen  :  Yorkshire.  Normandie. 

2.  Pjcnodus  Bucklandi  Agass.  (Prévost,  an.  des  se.  nat.  tab.  4-  pl-  i8,  n"  i8.). 
Dents  presque  arrondies  ou  ovales.  Stonesfield.  Cale,  de  Caen. 


—     17     — 

3.  Pjcnodus  Gigas  Agass.  (Traite  des  pétrifications  tab.  57.  n"  396.).  Dents  du 
donble  plus  larges  que  longues,  fortement  bombées.  Jura  super.  :  Suisse. 

4.  Pfcnodus  niicrodon  A^ass.  (MantcU  Tilg.  for.  tab.  17.  f.  266127.).  Dents 
très-allongées.  Tilgate  forest  :  Sussex. 

5.  Pyciwdus  Hugii  Agass.  Dents  petites.  Jura  supérieur  :  Soleure. 

G.  Pjcnodus  depressus  Agass.  Surface  légèrement  déprimée.   Craie  :  Gand. 

7.  Pjaiodus  latior  A^SLSS.  (Faujas  tab.  19.  f.  2.).  Dents  une  fois  et  demie  plus 
longues  que  larges.   Craie  :  Belgique. 

8.  Pjcnodus  subclavatus  Agass.  (Faujas  tab.  18,  f.  8.).  Dents  plus  larges  d'un 
côté  que  de  l'autre.  Craie  :  Mont,  de  Maëstricbt. 

9.  Pjcnodus  an gustus  A^ass.  (Faujas  tab.  19.  f.  4-)-  Dents  étroites ,  légèrement 
arquées.  Craie  :  Kent.  Maëstricbt. 

10.  Pjcnodus  orbicularis A^ass.  (Diodon  orbicularis  Volt.  tab.  4o. — Palœobalistum 
orbiculatum  de  Bl.  ).  Gros  poisson  qui  a  des  dents  dont  les  extrémités  sont  très-arrondies 
et  un  peu  arquées.  Mte.  Bolca. 

1 1 .  Pycnodus  Platessus  Agass.  (Corypbœna  apoda  Volt.  tab.  35.  f.  i .  et  2.).  Corps 
moins  élevé  que  dans  les  autres  espèces;  dents  petites.  Mte.  Bolca. 

b  gibbus\  c  01  bis  Agass.  jeunes. 

Les  Pycnodus  antérieurs  à  la  craie  ont  des  dents  symétriques;  ceux  de  la  craie 
et  des  terrains  postérieurs  les  ont  plus  étroites  d'un  côté  et  souvent  arquées. 

4'  fam.  6YMN0D0NTES  Cuv. 

Les  espèces  de  ceUe  famille  appartiennent  à  des  genres  de  la  création  actuelle;  il  n'y  a  qu'un  genre  qui  en 
compte  des  fossiles. 

I"'  genre.  Diodon  Lin. 

Corps  orbiculaire,  allongé  ou  sphérique,  tout  recouvert  de  piquants. 

I.  Diodon  tenuispinus  A^ass.  (Volt.  tab.  8.  f.  2  et  3.)  Piquants  grêles.  Mte.  Bolca. 

5°  fam.   SCLERODERMES  Cuv. 

Les  espèces  de  cette  famille  appartiennent  à  des  genres  de  la  création  actuelle;  il  n'y  a  qu'un  genre  qui 
en  compte  des  fossiles. 

<•  1^'  genre.  Ostracion  Lin. 

Corps  carré,  triangulaire  ou  pentagone,  recouvert  de  grosses  plaques  bexagones. 
I.   Ostracion  micmnis  A^asa.  (Volt.  tab.  42.)- Mte.  Bolca. 
ToM.  II.  3 


—     18     — 

6'  fam.  LOPHOBRANGHES  Cuv. 

Parmi  les  espèces  fossiles  ,  il  y  en  a  une  qui  constitue  un  genre  éteint  ;  les  autres  se  .rapportent  à  des 
genres  dont*  les  espèces  vivantes  sont  nombreuses. 

/jer  genre.  Calamostoma  Agass. 

Corps  court.  Dorsale  commençant  immédiatement  à  la  nuque.  Tube  des  mâchoires 
étroit. 

I.   Calamostoma  breviculum  Agass.   (Volt.  tab.  5.  f.  3.).    Mte.  Bolca. 

2"  genre.  Syngnathus  Cuv. 

Corps  très-allongé  ^  tube  des  mâchoires  très-long ,  terminé  par  une  petite  bouche , 
dont  la  mâchoire  inférieure  est  perpendiculaire.  D.  sur  le  milieu  du  dos.  Queue  ter- 
minée par  une  petite  nageoire  arrondie. 

I.  Syngnathus  opisthopterus A^ASS.  (Volt.  tab.  58.  f.  i.).  Mte.  Bolca. 


—     19     — 


CHAPITRE  II. 

DU  GENRE  ACANTIIODES: 


Ce  genre  est  peut-être  le  plus  singulier  de  tous  ceux  qui  ont  disparu  de  la  surface 
du  globe.  Il  appartient  à  la  famille  des  Lépidoïdes,  et  quoiqu'il  ne  nous  en  reste  que 
des  empreintes  bien  incomplètes,  elles  suffisent  cependant  pour  reconstruire  cet  animal 
et  rétablir  ses  formes  et  ses  proportions.  Comme  cliezles  Palaeoniscus  et  les  Amblypterus, 
dont  il  se  rapproche  le  plus ,  son  corps  est  entièrement  recouvert  de  plaques  rliomboi- 
dales,  mais  qui  sont  si  petites  qu'on  peut  à  peine  les  distinguer  à  l'œil  nu  5  la  peau 
présente  alors  tout  au  plus  l'aspect  d'un  chagrin  très-fm.  Sa  forme  générale  est  à  peu 
près  celle  d'un  Palœoniscus,  avec  cette  différence  que  la  tête  est  plus  grosse,  qu'elle 
paraît  dépi'imée,  et  que  c'est  la  mâchoire  inférieure  qui  est  proéminente.  L'abdomen 
est  très-gros  et  pendant  ;  les  plaques  qui  le  recouvrent  deviennent  insensiblement  plus 
petites  vers  le  milieu  du  ventre  et  semblent  enfin  disparaître  en  dessous.  La  queue, 
relevée  comme  dans  les  Palaeoniscus  et  les  Esturgeons,  se  termine  également  en  un 
lobe  supérieur  allongé,  recouvert  d'écaillés  dans  son  bord  supérieur,  et  dont  les  rayons 
sont  insérés  sur  ime  série  de  petites  vertèbres  qui  s'étendent  jusqu'à  l'extrémité  de  cette 
partie  de  la  queue.  Le  lobe  inférieur  est  plus  large,  mais  plus  court  et  plus  petit. 

Ce  qui  caractérise  surtout  ce  genre ,  et  ce  qui ,  outre  la  petitesse  des  plaques ,  son 
gros  ventre  et  la  mâchoire  inférieure  proéminente,  le  distingue  essentiellement  des 
Palîeoniscus ,  c'est  la  nature  et  la  disposition  des  nageoires,  La  caudale  dont  nous 
avons  déjà  parlé,  est  formée  d'une  série  innombrable  de  rayons  simples,  très-grêles, 
dont  les  plus  longs  forment  son  lobe  inférieur,  et  qui  vont  en  diminuant  vers  l'extrémité 
du  lobe  supérieur.  Les  autres  nageoires,  c'est-à-dire,  les  pectorales,  la  dorsale  et 
l'anale,  ont  cela  de  commun  que  leur  bord  antérieur  est  soutenu  par  un  gros  rayon 
simple  qui  s'étend  jusqu'à  l'extrémité  de  la  nageoire  et  qui  lui  sert  de  point  d'appui^  il 
est  précédé  d'un  autre  rayon  simple  plus  petit  et  plus  court.  Les  ventrales  manquent 
entièrement.  La  dorsale  est  très-reculée  et  très-rapprochée  de  la  caudale;  l'anale  est 
un  peu  plus  en  avant..  Ces  deux  nageoires  paraissent  avoir  la  même  forme.  Les  pec- 
torales sont  les  plus  grandes  de  toutes  les  nageoires  ;  elles  sont  placées  sur  les  côtés  et 
vers  le  bas  de  la  tête.  Yoyez  la  Tab.  A.  du  premier  volume. 

Je  ne  connais  encore  qu'une  seule  espèce  de  ce  genre,  que  j'ai  nommée  Acanthodes 
Bronni. 


—     20     — 

I.  AcANTHODES  Bronni  Agass. 

Vol.  1.  Tab.  I. 

Dansle  Zeitschnftfnr  Minéralogie  de  Leonhard  et  Brorm,  1829,  vol.  2,  pag.  483. , 
Bronn  cite  ce  poisson  comme  un  Acanthoptérygien.  —  Dans  le  2'  caliier  de  1882  du 
même  journal,  je  l'ai  désigné  à  la  page  149  sous  le  nom  d'Acanthoessus  Bronnii,  que 
je  crois  convenable  de  changer  en  Acantliodes. 

Les  plus  beaux  exemplaires  de  cette  espèce  que  j'aie  vus  jusqu'ici,  se  trouvent  dans 

la  collection  de  31.  le  professeur  Bronn  à  Heidelberg^  ce  sont  les  originaux  de  mes 

dessins;  j'en  ai  vu  plusieurs  autres ,  également  bien  conservés,  dans  le  comptoir  miné- 

ralogique  de  la  même  ville.  Tous  ont  été  trouvés  à  Bœrscliweiler  près  de  Saarbriick, 

avec  plusieurs  centaines  d'Amblypterus  macropterus,  dans  des  boules  de  fer  oxydé 
carbonate. 

Les  deux  plaques  que  j'ai  fait  figurer  (vol.  2.  tab.  i.)  se  complètent  mutuellement. 
L'individu  de  la  fig.  i  paraît  avoir  conservé  sa  position  naturelle,  mais  l'extrémité  de 
la  caudale  et  la  tête  entière  lui  manquent.  L'autre  (f.  2.),  au  contraire,  est  arqué  ver- 
ticalement dans  sa  partie  postérieure;  il  a  la  tête  tellement  contournée,  qu'elle  se 
présente  par  sa  face  inférieure  ;  des  deux  pectorales  que  l'on  voit  par  dessous ,  celle  de 
gauche  est  au  dessus  de  celle  de  droite.  Cette  position  confirme  l'opinion  énoncée  dans 
les  caractères  du  genre,  que  la  tête  est  déprimée  et  que  c'est  le  bord  proéminent  de 
la  mâchoire  inférieure  qui  termine  le  contour  semicirculaire  antérieur  de  cette  em- 
preinte. L'interruption  de  la  ligne  latérale,  dans  la  partie  où  le  corps  paraît  être  ployé 
sur  lui-même  ;  un  pli  dans  la  peau  au  même  endroit  ;  l'extrême  petitesse  des  plaques 
dans  l'espace  entre  les  rayons  épineux  et  le  pli  cité  ;  le  rapprochement  des  deux  pecto- 
rales de  la  dorsale  et  de  l'anale  ;  leur  position  en  avant  et  entre  ces  deux  dernières  ; 
enfin,  la  continuité  du  bord  de  la  tête;  tout  cela  confirme  cette  manière  de  voir,  sur 
laquelle  il  est  indispensable  de  s'entendre  d'abord  pour  apprécier  exactement  les 
rapports  des  parties  entr'elles,  et  pour  comprendre  comment  il  se  peut  que  ces  deux 
empreintes  représentent  la  même  espèce. 

Je  ne  saurais  donner  une  idée  plus  nette  de  la  forme  de  ce  poisson,  qu'en  plaçant 
sur  le  corps  du  Silurus  Glanis,  les  nageoires  que  je  viens  de  décrire  et  la  peau  chagrinée 
de  certains  Balistes. 

L'épaisseur  du  corps  en  arrière  des  pectorales  est  à  peu  près  égale  à  la  distance 
qu'il  y  a  entre  l'extrémité  de  l'anale  et  de  la  dorsale ,  lorsqu'elles  sont  dressées.  La 
distance  des  pectorales  à  l'anale  est  à  peu  près  égale  à  celle  entre  l'insertion  de  l'anale 
et  l'extrémité  du  lobe  inférieur  de  la  caudale  ;  car  les  deux  exemplaires  figurés  ayant  la 
même  taille,  l'un  peut  servir  de  point  de  comparaison  pour  l'autre.  La  tête  paraît  de 
la  longueur  du  gros  rayon  pectoral  ;  l'épaisseur  de  la  queue  entre  la  dorsale  et  la  caudale 


—    21     — 

égale  la  longueur  du  gros  rayon  anal.  Les  nageoires  pectorales,  la  dorsale  et  l'anale, 
paraissent  toutes  avoir  la  même  forme,  c'est-à-dire  que,  soutenues  en  avant  par  de 
forts  rayons  simples  et  articulées  par  une  base  étroite ,  elles  se  dilatent  d'abord  et  vont 
ensuite  se  terminer  en  pointe  arrondie.  Devant  cbacun  de  ces  gros  rayons,  chacune 
des  nageoires  en  a  un  plus  faible  et  plus  court,  mais  également  simple,  qui  en  aug- 
mente la  force.  Dans  la  dorsale  de  l'exemplaire  fig.  i.  l'on  distingue  parfaitement  bien 
des  osselets  interapopliysaires  ;  ce  qui  permet  de  supposer  à  ce  poisson  un  squelette 
osseux.  Au  reste  les  nageoires  paraissent  avoir  été  entièrement  adipeuses,  ou  bien  sem- 
blables à  celles  de  certains  Hétérobranches  qui  ont  une  nageoire  fibreuse ,  ou  bien  enfin 
les  rayons  poux-raient  avoir  disparu  en  se  pétrifiant.  Ce  qui  pourrait  le  faire  présumer 
c'est  que,  dans  la  pectorale  de  gauche  du  poisson  fig.  2,  on  voit  quelques  traces  de 
rayons. 

Le  lobe  inférieur  de  la  caudale  (f.  2.  )  est  parfaitement  conservé  :  on  y  voit  distinc- 
tement les  rayons  simples  et  innombrables  dont  elle  est  composée;  ils  sont  tous  articulés, 
et  cela  si  fréquemment  qu'ils  paraissent  être  composés  d'une  série  de  petites  plaques, 
semblables  à  celles  du  corps.  C'est  une  structure  semblable  des  rayons,  qui  a  fait  dire, 
en  général,  des  Palaeoniscus ,  que  leurs  nageoires  sont  écailleuses.  Les  rayons  du  lobe 
supérieur  sont  si  fins  et  si  rapprochés,  qu'à  peine  on  peut  les  distinguer.  Ce  n'est 
que  par  analogie  que  l'on  peut  conclure  la  longueur  de  ce  lobe,  qui  n'est  entier  dans 
aucun  des  individus  que  j'ai  eu  occasion  de  voir. 

Le  croissant  qui  borde  la  partie  antérieure  de  la  fig.  2  est  certainement  l'empreinte 
de  la  mâchoire  inférieure  ;  mais  toute  la  tête  est  trop  mutilée  pour  qu'on  puisse  dé- 
terminer la  forme  de  ses  autres  parties. 

Je  ne  saurais  indiquer  quelle  est  la  nature  des  écailles  de  la  ligne  latérale,  puisque 
je  n'en  trouve  pas  une  seule,  par  où  elle  passe,  assez  bien  conservée  pour  cela;  mais 
l'empreinte  qu'elles  ont  laissée  est  assez  distincte  pour  pouvoir  en  indiquer  la  direction. 
Elle  s'étend  sur  le  côté  du  poisson  tout  le  long  du  corps ,  parallèlement  au  dos  dont 
elle  est  un  peu  plus  rapprochée  que  du  ventre. 

Les  écailles  du  reste  du  corps  (fig,  3.)  sont  de  petites  plaques  rhomboïdales  et  presque 
carrées,  disposées  par  rangées  obliques,  de  manière  à  former  autour  du  corps  du  poisson 
des  ceintures  transverses,  dirigées  d'avant  en  arrière  ,  depuis  le  dos  vers  la  partie 
inférieure  de  l'abdomen.  Ces  plaques  ont  à  leur  surface  extérieure  une  légère  impres- 
sion centrale,  qui  les  fait  paraître  concaves.  Cette  forme  résvdte  de  ce  que  chaque 
nouvelle  lamelle  dont  une  semblable  plaque  est  composée ,  déborde  les  précédentes  par 
son  bord  renflé  et  qui  est  plus  relevé  que  dans  les  antécédentes.  L'empreinte  que  laissent 
les  çcailles  sur  la  pierre  est  parfaitement  lisse  et  légèrement  concave.  Lorsque  les 
lamelles  les  plus  anciennes  d'une  plaque  se  détachent  des  nouvelles,  il  en  résulte  un 


22     

creux  plus  profond  sur  le  milieu  de  chaque  plaque  :  elles  se  vident  quelquefois  entière- 
ment de  cette  manière.  11  ne  reste  alors  de  chaque  plaque,  que  la  dernière  lamelle  avec 
ses  bords  relevés  et  qui ,  réunis  à  ceux  des  voisines ,  forment  des  cellules  semblables  à 
celles  d'un  rayon  de  miel. 

31.  Hermann  de  31eyer  m'a  communiqué  l'esquisse  d'un  poisson  fossile  du  Musée  de 
Bonn,  que  lui  a  fait  voir  Goldfuss,  et  qui  est  certainement  aussi  mon  Acanthodes 
Bronni.  Il  provient  des  mines  houillères  de  Lebach  près  de  Saarbrûck,  et  gît  dans 
une  boule  de  fer  oxydé  carbonate.  Il  en  existe  aussi  un  exemplaire  dans  le  Musée  de 
Francfort.  Dechcn  dit  qu'il  se  trouve  aussi  à  Liège  dans  les  couches  inférieures  de 
la  houille. 

Declien,dan§  la  traduction  du  Manuel  géologique  de  de  la  Bêche,  suppose  que  ce  poisson 
a  quelque  analogie  avec  les  Chipes.  Je  ne  sais  trop  sur  quoi  repose  cette  assertion ,  car 
il  n'existe  pas  de  genre  dans  toute  la  classe  des  poissons  avec  lequel  l'Acanthodes  ait 
moins  de  ressemblance.  En  général,  on  verra  figurer  comme  synonymes,  dans  le  cours 
de  cet  ouvrage,  des  poissons  fossiles  de  presque  toutes  les  familles  et  des  genres  les  plus 
différens,  cités  jusqu'ici  indistinctement  sous  les  noms  de  Clupea,  Cyprinus,  Esox  et 
Perça,  quelquefois  même  des  individus  d'une  seule  espèce  mentionnés  en  même  temps 
dans  plusieurs  genres. 

La  fig.  I.  tab.  A.  du  i"  vol.,  faite  d'après  tous  les  exemplaires  que  j'ai  examinés  et 
rapportés  les  uns  aux  autres  en  les  réduisant  aux  mêmes  dimensions,  peut  donner 
une  idée  de  ce  qu'a  du  être  ce  poisson. 

Au  reste,  il  n'y  a  rien  dans  sa  structure  qui  puisse  le  faire  prendre  pour  un 
Acanthoptérygien ,  comme  l'a  fait  Bronn  (l.  c).  Car  si  la  présence  d'un  seul  gros 
rayon  dans  l'une  ou  l'autre  des  nageoires  suffisait  pour  faire  ranger  un  poisson  parmi 
les  Acanthoptérygiens ,  il  n'y  aurait  pas  de  famille  dans  toute  la  classe  qui  ne  comptât 
quelque  genre  de  cette  division,  pour  peu  que  l'on  voulût  suivre  rigoureusement  une 
méthode  basée  sur  cette  considération.  Mais  c'est  en  attachant  ainsi  une  arande  im- 
portance  à  l'organisation  d'une  partie  peu  essentielle  que  l'on  rompt  toutes  les  affinités 
naturelles.  C'est  par  cette  raison  aussi  que  les  systèmes  zoologiques,  actuellement  en 
vogue,  pour  toutes  les  classes  du  règne  animal,  s'accordent  si  peu  avec  la  succession 
des  fossiles  dans  la  série  des  formations,  et  masquent  constamment  les  lois  de  cette 
succession.  Je  crois  déjà  entrevoir  une  réforme  complète  de  cette  partie  des  sciences 
naturelles  ;  quoique  je  sois  encore  bien  loin  de  pouvoir  développer  en  détail  mes  idées  sur 
ce  sujet.  Je  m'attends  déjà  à  une  vive  opposition  contre  les  principes  que  j'ai  posés  pour 
la  classe  des  poissons-,  en  définitive,  il  en  jaillira  plus  de  lumière  sur  une  matière  que 
je  ne  prétends  pas  même  avoir  épuisée  dans  ma  spécialité. 


25 


CHAPITRE  II] 

DU  GENRE  CATOPTERUS. 


Ce  qui  caractérise  surtout  ce  genre ,  c'est  la  grandeur  de  la  dorsale  qui  est  opposée 
à  l'anale  ;  puis  la  position  reculée  de  ces  deux  nageoires  qui  sont  très-rapprochées  de 
l'extrémité  de  la  queue.  La  structure  de  la  caudale  n'est  pas  un  caractère  qui  lui  soit 
particulier.  On  retrouve  la  même  disposition  dans  tous  les  poissons  de  l'ordre  des 
Ganoïdes  antérieurs  aux  dépôts  jurassiques,  savoir,  dans  les  genres  :  Acanthodes, 
Amblypterus,  Palasoniscus ,  Platysomus,  Pygopterus  et  Acrolepis.  Il  n'est  pas  exact 
non  plus  de  prétendre  que  tous  les  rayons  sont  sur  le  côté  inférieur  de  la  queue,  et 
qu'il  n'y  a  rien  d'analogue  parmi  les  poissons  vivans,  excepté  dans  les  genres  Lepi- 
dosteus  et  Acipenser.  Il  est  vrai  que  tous  les  rayons  du  lobe  inférieur  de  la  caudale  sont 
articulés  sur  l'extrémité  des  apophyses  épineuses  inférieures j  d'un  assez  grand  nombre 
des  dernières  vertèbres  caudales;  mais  les  rayons  du  lobe  supérieur  sont  articulés  sur 
de  petits  osselets  particuliers,  qui  sont  des  vertèbres  peu  développées  et  insérées  en 
série  oblique  le  long  de  l'apophyse  épineuse  supérieure  de  la  dernière  vertèbre  régu- 
lière; comme  cela  a  lieu  non  seulement  dans  le  Lepidosteus,  mais  encore  parmi  les 
poissons  bien  connus,  dans  les  genres  Esox,  Salmo,  Thymalus,  etc.  Les  apophyses 
épineuses  supérieures  qui  correspondent  à  celles  sur  lesquelles  sont  articulés  les  rayons 
du  lobe  inférieur,  ne  portent  point  de  rayons,  ou  bien  seulement  de  très-petits  accolés 
le  long  du  grand  rayon  externe  du  lobe  supérieur  de  la  nageoire.  Il  n'est  même  presque 
aucun  poisson  qui  ait  un  nombre  égal  de  rayons  dans  le  lobe  supérieur  et  dans  le 
►lobe  inférieur  de  la  caudale.  Voyez  à  cet  égard  le  chapitre  sur  l'ostéologie  des  pois- 
sons, inséré  dans  le  premier  volume  de  cet  ouvrage. 

Cuvier  donne  à  ce  genre  une  nageoire  dorsale  double,  comme  caractère  distinctif 
des  Palaeoniscus  ;  cependant  il  m'a  été  impossible  de  me  convaincre  de  cette  diffé- 
rence sur  les  pièces  que  j'ai  examinées.  J'ai  cru  voir  au  contraire  que  des  rayons 
cassés  dans  la  partie  antérieure  de  la  dorsale  pouvaient  seuls  avoir  donné  lieu  à  la 
supposition  d'une  séparation  en  deux  nageoires,  dont  les  rayons  seraient  du  reste 
de  la  même  nature.  Dans  tous  les  cas,  cette  dorsale  est  beaucoup  plus  grande  et 
surtout  plus  large  que  dans  les  Palseoniscus  ;  elle  est  de  plus  opposée  à  l'anale ,  tandis 
que  dans  les  Palaeoniscus  elle  est  opposée  à  l'espace  qu'il  y  a  entre  l'anale  et  les 
ventrales.  Les  pectorales  sont  petites.  La  présence  des  ventrales  est  encore  douteuse. 


—    24     — 

Tout  le  corps  est  recouvert  d'écaillés  rhomboïdales ,  émaillées,  de  moyenne  grandeur. 
Je  n'ai  pu  recueillir  aucun  document  sur  la  structure  de  la  tête. 

L'incertitude  qui  reste  encore  sur  la  présence  de  deux  dorsales  m'a  fait  préférer 
au  nom  générique  Dipterus,  proposé  pour  les  poissons  dont  il  s'agit,  celui  de  Catop- 
terus  qui  désigne  la  position  reculée  de  la  dorsale  et  de  l'anale^  ces  nageoires  étant 
plus  rapprochées  de  la  caudale  que  dans  aucun  autre  genre  de  la  famille. 

Jusqu'à  présent  je  n'ai  vu  de  ce  genre  que  quelques  fragments  qui  m'ont  été  com- 
muniqués à  Paris  par  M.  Pentland.  L'examen  que  j'en  ai  fait  m'a  convaincu  qu'ils 
doivent  être  rangés  dans  la  famille  des  Lépidoïdes  ,  qui ,  quoi  qu'on  en  dise  ,  n'a 
rien  de  commun  avec  les  Malacoptérygiens ,  si  ce  n'est  le  plus  souvent  des  rayons  mous 
dans  les  nageoires.  Mais  cette  distinction  des  poissons  en  Malacoptérygiens  et  en  Acan- 
thoptérygiens  comme  divisions  primaires  n'est  pas  fondée  sur  des  différences  bien 
essentielles  dans  la  structure  du  squelette  ,  et  elle  rompt  trop  violemment  les  affinités 
naturelles  pour  que  j'aie  pu  la  conserver.  Les  écailles  des  Dipterus  n'ont  pas  non 
plus  la  forme  arrondie  que  Cuvier  leur  a  donnée  dans  la  figure  restaurée  qu'il  en  a 
esquissée  (Geol.  Trans.  2'=  ser.  vol.  3.  tab.  14.  f-  4-)'  quoiqu'elles  soient  bien  repré- 
sentées dans  quelques-unes  des  figures  qui  l'accompagnent.  J'ai  cherché  à  le  recons- 
truire d'après  ce  que  j'en  ai  vu  dans  la  tab,  A.  f.  2.  du  premier  volume  de  cet  ouvrage. 
N'ayant  du  reste  rien  à  ajouter  à  ce  qu'ont  dit  (dans  leur  mémoire  sur  la  structure  et 
les  rapports  des  dépôts  contenus  entre  les  roches  primitives  et  la  série  oolithique 
dans  le  nord  de  l'Ecosse)  Sedgwick  et  Murchison  sur  ces  fossiles,  d'après  les  ren- 
seignements de  Cuvier,  Valenciennes  et  Pentland,  je  me  bornerai  à  traduire  leur 
description,  en  faisant  remarquer  cependant  que  je  ne  crois  pas  possible  de  distinguer 
quatre  espèces,  comme  ils  l'ont  fait.  Peut-être  y  en  a-t-il  deux,  si  les  différences  in- 
diquées dans  la  grandeur  des  écailles  ne  proviennent  pas  d'un  changement  dans  leur 
position  relative ,  par  l'affaissement  du  corps  suivant  la  position  qu'il  a  prise  dans  la 
roche  qui  le  contient.  Les  différentes  plaques  figurées  dans  le  mémoire  susmentionné 
me  paraissent  plutôt  les  différents  âges  d'une  même  espèce  que  je  propose  d'appeler 
Catoptenis  analis.  Yoici  ce  qu'en  disent  Sedgwick  et  Murchison,  Geol.  Trans.  1"  ser. 
vol.  3.  p.  125  et  suivantes  : 

u  Lorsque  l'attention  des  géologues  se  porta  pour  la  première  fois  sur  ces  ich- 
))  thyolithes,  on  ignorait  qu'on  en  eût  trouvé  des  exemplaires  dans  d'autres  carrières 
j)  que  dans  celles  de  Banniskirk.  Les  auteurs  de  ce  mémoire  ont  cependant  depuis 
»  lors  découvert  que  de  semblables  débris  sont  abondamment,  et  on  pourrait  même 
»  dire  généralement,  répandus  dans  les  dépôts  de  Caithness  ,  et  que  leur  présence 
»  n'est  pas  limitée  à  une  seule  couche  particulière  ,  mais  qu'elle  est  caractéristique 
n  pour  cette  vaste  formation  schisteuse ,  depuis  les  assises  les  plus  élevées  jusqu'aux 


2o 


plus  profondes.  Dans  les  assises  supérieures,  les  poissons  ou  leurs  fragmcns  se 
trouvent  abondamment  près  de  Uowburn  Head,  au  nord  de  Tliurso,  de  même 
en  divers  lieux  le  long  de  la  côte  de  Pentland  Firtli,  sur  le  revers  septentrional 
de  laquelle  des  couches  contenant  le  même  poisson,  se  prolongent  jusqu'aux  îles 
d'Orkney  qui  sont  vis-à-vis.  Sur  une  section  transverse,  dans  l'intérieur  de  Caithness, 
ces  ichthyolithes  ont  été  successivement  découverts  dans  les  carrières  de  schistes 
de  Widel,  à  trois  milles  au  sud-est  de  Thurso,  à  Banniskirk,  à  Clythe,  à  Lybster, 
et  enfin  à  Latheron  Wheele  ,  près  de  la  base  de  cette  formation. 

»  On  trouve  ce  poisson  constamment  dans  des  assises  de  schistes  calcaires  d'un  gris 
foncé ,  très-bitumineux  et  micacé ,  dont  les  couches  à  Banniskirk  et  dans  plusieurs 
des  autres  localités  susmentionnées ,  recouvrent  immédiatement  les  meilleures  et  les 
plus  larges  ardoises  à  couvrir  les  toits.  En  général,  les  débris  de  l'animal  se  dis- 
tinguent aisément  de  la  roche  qui  les  contient,  par  leur  teinte  plus  foncée  j  mais 
à  Banniskirk  ils  sont  aussi  remarquables  parce  qu'ils  changent  de  reflet,  lorsqu'ils 
sont  exposés  à  l'air.  Leur  couleur  ordinaire,  qui  est  d'un  gris  foncé,  passe  alors 
à  un  bleu  pourpré  ,  comme  cela  a  été  remarqué  déjà  précédemment.  Quant  à  leur 
composition  chimique ,  ces  ichthyolithes  diffèrent  sensiblement  les  uns  des  autres. 
La  proportion  de  magnésie  est  très-faible  ;  la  matière  bleue  du  poisson  est  un 
phosphate  de  fer  ;  toute  la  pierre  contient  de  l'acide  phosphorique  dans  la  pro- 
portion d'un  quart  pour  cent,  et  un  peu  d'une  matière  carbonée  et  bitumineuse. 
Le  fer  étant  un  protoxyde,  la  cassure  fraîche  est  noire  \  mais  en  absorbant  l'oxygène 
elle  devient  jaune,  et  le  phosphate  qui  passe  à  un  perphosphate  devient  bleu.  Ainsi 
le  poisson  est  distinctement  dessiné  en  traits  bleus  sur  un  fond  jaune. 

»  Quant  à  la  classification  systématique  de  ces  fossiles,  M.  le  baron  Cuvier  nous  a 
communiqué  une  description  intéressante  de  ceux  de  Banniskirk,  qui  lui  furent 
envoyés,  en  1827,  pour  les  examiner.  »  La  voici  : 

»»  Pour  décrire  les  caractères  du  poisson  fossile,  sur  lequel  M.  Murchison  m'a 
»  demandé  mon  opinion,  j'ai  cherché  à  en  tracer  au  complet  les  formes,  en  réunissant 
»  les  parties  que  j'ai  vues  dans  les  différens  exemplaires.  Le  résultat  de  ce  travail 
))  est  l'esquisse  de  la  tab.  i5.  f.  4-5  *ï*^i  montre  comme  caractère  essentiel  une 
»  caudale  pointue  dont  tous  les  rayons  sont  insérés  sur  le  côté  inférieur  de  la  queue. 
»  Ce  caractère  se  retrouve  dans  les  poissons  du  schiste  cuivreux  de  Mansfeld  et  d'Eis- 
»  leben.  Parmi  les  espèces  vivantes  je  ne  connais  aucun  poisson  qui  ait  ce  caractère, 
«  excepté  leLépisostée  (EsoxosseusL.)  et  à  un  moindre  degré  l'Esturgeon  (Acipenser); 
»  mais  comme  ces  poissons  fossiles  ont  de  fortes  écailles ,  je  les  classerais  plus  volontiers 
»  parmi  les  Lépisostées.  Ils  ne  sont  cependant  pas  du  même  genre,  n'ayant  pas  un 
»  museau  aussi  allongé.  Les  poissons  de  Mansfeld  et  d'Eisleben  sont  en  conséquence, 

ToM.  II.  4 


_    26     — 

»  M  à  très-peu  près,  du  même  genre  que  ceux  de  Banniskirk ,  excepté  que  les  derniers  ont 
»»  une  nageoire  dorsale  double,  tandis  que  ceux  de  Thuringe  n'en  ont  qu'une  simple 
»  »  qui  est  placée  plus  en  avant.  Il  ne  manque  que  les  nageoires  pectorales  et  les  ven- 
»))  traies  pour  compléter  la  détermination  de  ces  individus.  On  trouve  bien  quelques 
))))  restes  des  pectorales,  mais  je  n'ai  pas  encore  pu  découvrir  un  seul  vestige  des 
«))  ventrales.  Je  suis  cependant  d'avis  qu'elles  sont  placées  assez  loin  des  pectorales, 
))  »  pour  que  ce  genre  soit  de  l'ordre  des  Malacoptérygiens  abdominaux  et  par  consé- 
»«  quent  analogue  du  Lépisostée.  »» 

»  Depuis  que  les  exemplaires  décrits  ci-dessus  ont  été  envoyés  à  Paris,  on  en  a 
»  découvert  de  plus  parfaits.  Les  ayant  examinés  attentivement ,  MM.  Valenciennes 
»  et  Pentland  ont  non-seulement  confirmé  l'opinion  du  baron  Cuvier,  mais  encore  ils 
y)  nous  ont  mis  à  même  d'ajouter  les  détails  suivans  : 

»  Les  poissons  de  Caithness  appartiennent  à  l'ordre  des  Malacoptérygiens  abdominaux 
»  et  forment  deux  nouveaux  genres.  On  propose  d'en  nommer  un  Diptenis  à  cause  de 
))  sa  nageoii'e  dorsale  double.   L'autre  a  été  appelé  Osteolepis. 

»  On  connaît  les  espèces  suivantes  de  Dipterus  : 

»  La  première  et  la  plus  commune  (tab.  17.  f.  i.  2.  3.)  est  reconnaissable  à  son  anale 
»  qui  est  très-courte  et  qui  ne  dépasse  pas  la  moitié  de  la  longueur  du  lobe  inférieur 
»  de  la  caudale.  Cette  espèce,  qu'on  peut  appeler  D.  bracJijpjgopteniSj  paraît  avoir 
»  atteint  parfois  une  grandeur  considérable,  car  les  écailles  mesurent  un  peu  plus  d'un 
})  sixième  de  pouce. 

»  Une  seconde  espèce  (tab.  i5.  f.  i.  2.  (*)  3.)  que  l'on  peut  nommer  Z>.  macropj- 
»  gopterusj  égale  par  sa  grandeur  la  précédente  dont  on  la  distingue  cependant  aisé- 
»  ment  par  la  longueur  de  l'anale  qui  se  termine  en  pointe  aiguë  et  se  prolonge  sous 
»  la  caudale  presque  aussi  loin  que  son  lobe  inférieur.  Les  écailles  de  cette  espèce  sont 
»  plus  grandes  que  celles  de  l'espèce  précédente  5  elles  ont  un  quart  de  pouce  de  large. 

»  Une  troisième  espèce  semble  n'avoir  jamais  atteint  la  grandeur  des  précédentes , 
»  quoiqu'elle  soit  remarquable  par  les  dimensions  beaucoup  plus  consi'dérables  de  ses 
"  écailles.  La  nageoire  anale,  quoique  longue ,  n'égale  pas  celje  du  Dipterus  macropy- 
>)  gopterus,  dont  elle  diffère  aussi  bien  que  du  Dipterus  bracliypygopterus  par  sa  cau- 
»  dale  arrondie.  » 

»  Une  quatrième  espèce  (tab.  16.  f.  i.  3.)  qui  est  beaucoup  plus  petite,  a  été 
>i  nommée  D.  Valenciennesii  d'après  l'observateur  ingénieux  qui,  le  premier,  en  a 
»  découvert  les  caractères  distinctifs.  » 

»  Parmi  les  fragmens  il  y  a  une  plaque  recouverte  de  grosses  écailles ,  qui  ne 
»  montre  aucune  trace  de  la  tête,  ni  des  nageoires,  mais  qui  présente,  comme  un  autre 

(*)  La  fig.  2  est  tournée  sens  dessus  dessous  Agass. 


27 


>i  -exeniplaire  (tah.  iG.  f.  5.)  des  débris  qui  paraissent  avoir  clé  les  os  de  la  tète  et  des 
»  opercules.  D'après  cela  il  est  impossible  de  déterminer  avec  certitude  si  ces  fragments 
)i  sont  d'un  Dipterus.  L'analogie  cependant  conduirait  à  cette  conclusion  ;  car  les  écailles 
))  sont  rondes ,  imbriquées  et  couvertes  de  granulations ,  caractères  par  lesquels  ils  res- 
»  semblent  au  Dipterus.  En  attendant  que  de  nouvelles  observations  fournissent  des  ma- 
»  tériaux  pour  prononcer  d'une  manière  définitive  à  quel  genre  ce  poisson  appartient, 
»  il  peut  être  nommé  provisoirement  D.  macrolepidotus.  L'exemplaire  représente 
»  tab.  i6.  f.   1.  paraît  être  un  jeune  individu  de  la  même  espèce.  » 

Cette  dernière  observation  nous  apprend  donc,  je  pense,  le  nom  de  la  troisième 
espèce  mentionnée  plus  haut. 

J'ai  fait  copier  les  plaques  les  plus  complètes  de  ces  poissons,  sur  la  tab.  i.  du  vol.  2. 
La  tig.  I .  représente  le  Dipterus  macropygoptenis  des  auteurs  susmentionnés  \  la  fig.  2. 
leurZ>.  micropjgoptems;  la  fig.  3.  leur  Z).  macrolepidotus,  et  la  fig.  4-  leur  D.  Va- 
lenciennesii. 


diï 


—    28     — 


CHAPITRE    IV. 

DU  GENRE  AMBLYPTERUS.     - 


A  bien  des  égards  les  poissons  qui  forment  ce  groupe  se  rapprochent  des  Catopterus  ; 
cependant  ils  en  diffèrent  essentiellement  par  la  disposition  des  nageoires  ,  et  surtout 
par  la  position  de  la  dorsale  vis-à-vis  le  bord  antérieur  de  l'anale  et  l'espace  qu'il  y  a 
entre  celle-ci  et  les  ventrales.  Ils  ressemblent  davantage  encore  aux  Palaeoniscus  par 
leur  forme  et  par  les  rapports  de  position  des  nageoires  entr'elles  ;  mais  ils  en  diffèrent 
aussi  par  la  structure  de  leurs  rayons  et  par  la  conformation  des  nageoires  dans  leur 
ensemble.  Bronn,  qui  en  a  décrit  une  espèce  ,  l'a  réunie  aux  Palœoniscus,  parmi  les- 
quels je  rangeais  aussi  précédemment,  dans  mon  catalogue  manuscrit,  les  espèces  que 
je  connaissais  alors.  Des  recherches  ultérieures  me  les  ont  fait  envisager  comme  le 
type  d'un  genre  particulier,  que  je  nomme  AmbljpteruSj  à  cause  de  l'immense  gran- 
deur relative  de  leurs  nageoires,  et  dont  j'ai  tracé  les  caractères  génériques  vol.  i. 
tab.  A.  f.  3. 

La  succession  des  êtres,  dans  la  série  des  formations,  est  un  fait  trop  important  pour 
qu'il  ne  faille  pas  insister  sur  toutes  les  circonstances  qui  peuvent  nous  mettre  sur  ses 
traces  et  nous  en  faire  entrevoir  la  nature.  Il  n'est  donc  pas  superflu  de  rappeler  que 
ce  genre  n'existe  plus  dans  la  création  actuelle,  ni  même  dans  les  terrains  tertiaires, 
crayeux  ou  jurassiques.  Les  Amblypterus  ont  en  effet  uhe  organisation  si  singulière 
qu'on  a  de  la  peine  à  se  familiariser  avec  leurs  traits  et  à  les  rapporter  à  ce  que  l'on 
connaît  des  poissons;  aussi  ont-ils  dû  naître  dans  des  circonstances  bien  différentes  de 
celles  qui  régissent  maintenant  le  monde.  Ils  paraissent  être  circonscrits  dans  le  terrain 
houiller  \  avec  quelques  Palaeoniscus  qui ,  comme  eux ,  ont  des  caractères  tout  parti- 
culiers. * 

Les  Amblypterus  ont  le  corps  fusiforme ,  plus  ou  moins  renflé  sur  le  dos  et  entre 
les  ventrales  et  les  pectorales.  La  queue  est  courte  et  proportionnellement  très-grosse; 
son  extrémité  se  prolonge  tout  le  long  du  lobe  supérieur  de  la  caudale ,  dont  les  prin- 
cipaux rayons  sont  insérés  sur  son  côté  inférieur.  Tout  le  corps  est  recouvert  d'écaillés 
émaillées ,  rhomboïdales  et  de  moyenne  grandeur.  L'émail  est  lisse  dans  quelques 
espèces,  dans  d'autres  il  est  plissé  de  manière  à  former,  à  la  surface  extérieure  des 
écailles,  des  stries  plus  ou  moins  saillantes.  Ce  qu'il  y  a  de  plus  particulier  dans  ces  pois- 
sons, c'est  la  conformation  de  leurs  nageoires  qui  sont  toutes  très-grandes  et  surtout  très- 


_-    29     — 

larges.  Elles  sont  composées  de  rayons  nombreux,  très-fins,  presque  tous  simples  ou  seu- 
lement un  peu  fendus  à  leur  extrémité,  mais  constamment  divisés  sur  toute  leur  étendue 
par  de  nombreuses  articulations  ;  celles-ci  sont  très-rapprocbées ,  comme  les  rayons  le 
sont  aussi  entr'eux.  L'examen  que  j'ai  fait  d'un  grand  nombre  de  poissons  pour  re- 
chercher l'importance  du  nombre  des  rayons,  comme  caractère  spécifique,  m'a  conduit 
à  les  envisager  bien  plutôt  comme  des  caractères  génériques;  c'est  pourquoi  je  m'abs- 
tiendrai presque  constamment  d'indiquer  le  nombre  des  rayons  des  nageoires  en  dé- 
crivant les  espèces.  En  revanche,  j'en  indiquerai  la  formule  générique  toutes  les  fois 
qu'elle  me  paraîtra  pouvoir  contribuer  à  la  détermination  des  caractères  d'un  genre. 
Pour  les  Amblypterus,  la  voici  :  D,  3o  à  5o  ;  A.  3o  à  5o;  G.  lobe  inférieur,  sSà  3o; 
lobe  supérieur,  de  80  à  100  et  même  au-delà;  P.  20  à  3o;  V.  20  à  3o.  La  dorsale  et 
l'anale  ont  à  peu  près  la  même  forme  ;  ce  sont  de  grandes  nageoires  plus  hautes  en 
avant  qu'en  arrière,  et  plus  étendues,  plus  larges  que  leurs  plus  grands  rayons  ne  sont 
longs  ;  elles  sont  aux  dimensions  du  corps  à  peu  près  comme  l'anale  des  espèces  les  plus 
allongées  des  Abramis.  La  caudale  a  une  forme  très-caractéristique  ;  sur  le  côté  inférieur 
du  prolongement  de  la  queu€  sont  insérés  les  plus  grands  rayons,  ceux  qui  forment 
proprement  la  caudale.  Leur  longueur  proportionnelle  et  leur  point  d'insertion  sont 
tels  qu'il  en  résulte  une  nageoire  à  deux  lobes,  dont  l'inférieur,  quoique  le  plus  court, 
est  cependant  composé  des  plus  grands  rayons,  qui  vont  en  diminuant  de  longueur 
depuis  l'angle  inférieur  de  la  caudale  jusqu'à  son  milieu.  Delà  les  rayons  du  lobe 
supérieur,  à  peu  près  tous  de  la  même  longueur,  s'étendent  parallèlement  entr'eux 
jusqu'à  la  fin  de  la  nageoire.  Sur  le  côté  supérieur  de  ce  prolongement  il  y  a  une 
série  de  petits  rayons  qui  commencent  au  pédicule  de  la  queue ,  et  qui ,  accolés  le  long 
de  son  bord  supérieur,  s'étendent  jusqu'à  son  extrémité.  Il  ne  paraît  point  y  avoir  de 
ces  petits  rayons  sur  le  bord  externe  des  autres  nageoires  ;  cependant  ils  existent , 
mais  ils  sont  si  extraordinairement  petits,  qu'on  peut  à  peine  les  entrevoir  à  l'œil 
nu.  Il  y  en  a  au  bord  inférieur  du  lobe  inférieur  de  la  caudale,  au  bord  antérieur 
de  l'anale,  de  la  dorsale  ,  des  ventrales  et  des  pectorales.  Des  écailles  en  forme  de 
lozange  plus  allongé  s'étendent  tout  le  long  du  lobe  supérieur  de  la  caudale.  Il  y  en  a 
de  plus  grosses,  très-larges  et  impaires  sur  le  bord  antérieur  des  nageoires  impaires  et 
au  point  d'insertion  des  ventrales.  Les  nageoires  paires,  c'est-à-dire  les  pectorales  et 
les  ventrales,  sont  de  grandes  nageoires,  larges  et  très-arrondies.  La  position  relative 
des  nageoires  est  aussi  un  caractère  générique  important.  La  dorsale  n'est  pas  pré- 
cisément sur  le  milieu  du  dos;  elle  est  un  peu  plus  reculée  et  placée  au  point  où  le 
tronc  commence  à  se  rétrécir  pour  former  la  queue.  Elle  se  trouve  ainsi  opposée  au 
bord  antérieur  de  l'anale  et  à  l'intervalle  entre  les  ventrales  et  l'anale.  L'anale  com- 
mence vis-à-vis  le  milieu  de  la  dorsale  ou  un  peu  plus  en  arrière ,  et  s'étend  presque 


—    50    — 

jusqu'aux  rayons  antérieurs  du  lobe  inférieur  de  la  caudale.  Les  ventrales  sont  in- 
sérées en  avant  du  bord  antérieur  de  la  dorsale  5  les  pectorales  dans  la  partie  inférieure 
de  la  ceinture  thoracique.  Mais  comme  celles-ci  sont  très-grandes,  en  se  reployant 
en  arrière  elles  atteignent  le  point  d'insertion  des  ventrales ,  qui  atteignent  elles-mêmes 
la  base  de  l'anale  j  ensorte  que  tout  le  bord  inférieur  du  corps  a  l'air  garni  de  rayons 
de  nageoires. 

Quant  au  squelette  des  Amblypterus,  j'ai  peu  de  choses  à  en  dire.  Les  plaques  de 
ces  espèces  ne  présentent  ordinairement  que  l'enveloppe  extérieure  du  poisson ,  c'est- 
à-dire  les  écailles  qui  recouvrent  le  corps,  les  rayons  des  nageoires  et  la  tête  plus  ou 
moins  bien  conservée.  Cependant  l'état  des  os  de  la  tête  de  quelques  exemplaires 
et  les  traces,  assez  rares  il  est  vrai,  que  l'on  rencontre  du  squelette  intérieur,  ne  laissent 
aucun  doute  sur  sa  nature  osseuse.  La  tête  est  de  moyenne  grandeur  ,  proportionnel- 
lement au  corps  ;  elle  paraît  plutôt  grande  <{ue  petite.  Le  crâne  est  très-petit  com- 
parativement au  reste  de  la  tête,  à  l'opercule,  par  exemple,  mais  surtout  aux  mâchoires, 
qui  sont  très-grandes.  Les  os  paraissent  lisses  ou  à  peine  surmontés  de  faibles  arêtes. 
L'orbite  est  grande  et  entovirée  d'un  cercle  de  sous-orbitaires  assez  étroits.  Les  pièces 
operculaires ,  sans  être  très-grandes ,  sont  cependant  foiniées  d'os  assez  forts  et  plats , 
peu  allongés  vers  le  bas  et  qui  recouvrent  en  partie  l'extrémité  supérieure  de  la  cein- 
ture thoracique,  dont  l'humérus  est  très-large  et  arrondi  au-dessus  de  l'insertion  des 
pectorales,  et  dont  le  suprascapulaire,  dilaté  et  aplati,  forme  une  saillie  en  arrière  de 
l'occiput.  L'arcade  palatine  paraît  avoir  été  très-raccourcie.  La  gueule  est  énorme , 
formée  par  des  mâchoires  disproportionnément  grandes,  qui  sont  garnies,  sur  tout  leur 
bord,  de  dents  en  brosse  extrêmement  fines.  La  partie  du  museau  (l'éthmoïde)  où 
sont  insérés  les  os  de  la  mâchoire  supérieure,  ne  forme  pas  de  saillie  en  avant  des  mâ- 
choires comme  dans  les  Palaeoniscus.  Les  os  de  la  mâchoire  inférieure  sont  très-gros 
et  très-forts;  entre  leurs  branches  de  droite  et  de  gauche  se  trouve  placé  l'os  hyoïde 
avec  ses  quatorze  rayons  branchiostègues ,  qui  sont  très-larges  et  plats,  courts  en  avant 
vers  la  symphyse  de  la  mâchoire  inférieure,  mais  plus  en  arrière  assez  allongés  pour 
recouvrir  la  partie  inférieure  de  la  ceinture  thoracique.  (Vol.  2.  tab.  3.  f.  3  et  4-)' 

On  peut  comparer  ces  caractères  généraux  avec  les  fig.  A.  B.  et  C.  du  vol.  2.  qui  re- 
présentent les  genres  Lepidosteus  et  Polypterus. 

Il  y  a  deux  espèces  de  ce  genre  dont  les  écailles  sont  lisses  et  en  même  temps  pro- 
portionnellement plus  grosses  ;  les  articulations  transverses  des  rayons  des  nageoires 
sont  aussi  plus  nombreuses  et  plus  rapprochées,  les  raypns  eux-mêmes  sont  plus  gros 
et  moins  nombreux  ;  ce  sont  V Ambljptenis  lateralis  et  V Aniblyptenis  latus.  Deux 
autres  espèces  ont  des  écailles  proportionnellement  plus  petites  \  l'émail  qui  les  recouvre 
est  finement  plissé  et  forme  des  stries  obliques  sur  leur  surface  externe;  les  rayons  de 


—     51     — 


leurs  nageoires  sont  plus  nombreux,  plus  fins,  et  leurs  articulations  plus  distantes;  ce 
sont  V Amhljptenis  macropterus  et  V Amhljptenis  eupterjgius.  Enfin  une  cinquième 
espèce  a  des  écailles  plus  étroites,  mais  plus  hautes  que  les  précédentes;  c'est  VAm- 
bljpterns  Olfersi  . 


I.  Amblyptekus  macropterus  Agass. 


O" 


Vol.  2.  Tab.  3.  f.  T.  2.  3.  et  4.  —  Tab.  i.  f.  4.  5.  6.  et  7. 

Palœothrissum  dorsale  Agass.  Catal.  manusc.  —  Palaîoniscum  macropterum  Bronn 
Jahrb.  fiir  Minéralogie  1829.  vol.  2.  pag.  483. 

Cette  espèce  a  été  décrite,  il  y  a  quelques  années,  par  Bronn,  qui  la  rangeait  parmi 
les  Palœoniscus.  C'est  à  Heidelberg  que  j'en  ai  vu  le  plus  grand  nombre  d'exemplaires , 
(environ  cinquante).  M.  le  professeur  Bronn,  qui  en  a  examiné  quelques  cents  et  qui  en 
possède  encore  quelques  beaux  exemplaires  dans  sa  collection  ,  m'a,  en  outre,  remis 
une  esquisse  sur  laquelle  il  avait  rapporté  très-exactement  les  proportions  des  nageoires 
entr'elles ,  et  de  plus  la  disposition  et  le  nombre  des  rayons  de  chacune  d'elles  en  par- 
ticulier ;  tels  qu'il  les  avait  observés  sur  tous  les  exemplaires  réunis  susmentionnés ,  et 
qui  ont  été  distribués  aux  souscripteurs  des  collections  géologiques  du  comptoir  mi- 
néralogique  de  Heidelberg.  M.  le  chevalier  de  Léonhard  en  possède  également  plusieurs, 
dont  l'un  m'a  surtout  servi  à  rétablir  les  parties  de  la  tête ,  leurs  formes  et  leurs  con- 
nexions. C'est  aussi  sur  cet  exemplaire  que  j'ai  découvert  les  dents  que,  dès-lors,  j'ai 
retrouvées  dans  un  très-grand  nombre  de  plaques.  Mon  ami,  M.  Alex.  Braun,  à  Carls- 
rulie ,  en  possède  un  échantillon,  du  reste  assez  insignifiant,  mais  oh  l'on  voit  la  mâchoire 
inférieure  par  sa  face  inférieure,  et  entre  ses  branches  latérales  les  rayons  branchios- 
tègues  antérieurs  dans  leur  position  naturelle.  Il  y  en  a  également  plusieurs  très- 
beaux   au  Musée   de  Strasbourg,    qui  m'ont    été    communiqués  par   M.  Voltz.    Il 
s'en  trouve  de  même  quelques  échantillons  au  Musée  de  Munich.  Ce  sont  ceux  que 
j'avais  désignés  sous  le  nom  de  Palaeothrissum  dorsale,  lorsque  je  rangeais  encore  ce 
poisson  parmi  les  Palaîothrissum ,  avant  d'avoir  reconnu  les  caractères  du  genre  Am- 
blypterus  ,  dont  je  ne  connaissais  alors  que  cette  espèce,  frappé  que  j'étais  de  la  grandeur 
considérable  de  la  dorsale.  Mais  les  plus  complets  que  j'aie  vus  sont  ceux  de  la  col- 
lection de   M.  le  professeur  Walclmer,  à  Carlsruhe;   ce  sont  les  originaux  de  mes 
figures.  Dans  l'un,  surtout,  les  nageoires  sont  dans  leur  position  naturelle,  et  l'on 
peut  parfaitement  en  étudier  la  nature;  de  plus  l'on  y  voit  les  osselets  interapophy- 
saires  de  la  dorsale,  le  scapulaire,  l'humérus,  les  mâchoires  et  les  dents. 

Au  Musée  de  Paris  il  y  en  a  plusieurs  exemplaires  ;  entr'autres  une  paire  de  plaques 
donnée  par  M.  de  Férussac,  dans  luie  boule  d'argile  ocreuse  de  Lebach.   Une  autre 


—    52    — 

paire,  d'un  très-grand  individu,  provenant  aussi  de  Lebach;  et  enfin  deux  paires 
de  petits  exemplaires  bien  conservés,  provenant  encore  de  Lebacli,  dans  le  duché  de 
Saarbriick. 

Cette  espèce  paraît  très-commune  dans  les  lieux  où  on  la  trouve.  Tous  les  exemplaires 
que  j'ai  vus  sont  renfermés  dans  des  boules  de  fer  oxydé  carbonate,  très-fissiles,  quel- 
quefois ocreuses,  et  dont  les  fissures  sont  parfois  remplies  de  cristaux  de  Quarz.  Ces 
boules  sont  disposées  par  bancs  dans  un  grès  du  terrain  houiller  des  environs  de 
Saarbriick ,  qui  alterne  avec  des  couches  d'argile  schisteuse  et  de  calcaire  noir.  C'est 
à  Lebach  et  à  Bœrschweiler  qu'on  en  a  trouvé  le  plus  grand  nombre.  Dechen  compte 
aussi  ce  poisson  parmi  ceux  du  Zechstein,  mais  tous  les  exemplaires  que  j'ai  vus  pro- 
viennent du  terrain  houiller  de  Bœrschweiler  et  de  Lebach. 

Comme  aucune  autre  espèce  ne  m'a  présenté  aussi  nettement  tous  les  caractères  qui 
peuvent  contribuer  à  préciser  le  genre  et  à  lui  assigner  sa  véritable  place  dans  le  système 
des  poissons,  je  m'arrêterai  encore  un  momentà  considérer  ses  caractères  généraux,  avant 
de  passer  à  la  description  de  l'espèce.  La  première  question  que  nous  soulèverons  ne 
sera  pas  de  savoir  si  c'est  un  Chondroptérygien ,  ou  un  poisson  osseux  j  nous  avons  déjà 
fait  voir  ailleurs  combien  cette  distinction  est  peu  physiologique ,  et  combien  il  est  souvent 
difficile  de  décider  la  question  dans  un  cas  particulier  ;  par  exemple  pour  les  Diodon , 
les  Lophius  ,  les  Stromateus,  etc.;  enfin  combien  d'affinités  naturelles  on  rompt  en 
faisant  cette  distinction  et  en  séparant  ainsi  les  poissons  en  deux  grandes  coupes  primi- 
tives. Cependant  je  dirai,  en  passant,  que  les  Amblypterus,  malgré  l'état  de  pétrifi- 
cation dans  lequel  on  les  trouve  ordinairement,  ont  encore  tous  les  caractères  nécessaires 
pour  reconnaître  évidemment  la  nature  osseuse  de  leur  squelette. 

Il  nous  importe  davantage  de  savoir  si  l'on  peut  ranger  ces  poissons  et  les  Paleeoniscus 
parmi  les  Malacoptérygiens  abdominaux ,  comme  on  l'a  fait  généralement  jusqu'à 
présent.  Tous  les  ichthyologues  devront  concéder  d'abord  que  ce  n'est  du  moins  pas 
à  un  genre  actuellement  existant  qu'on  peiit  rapporter  ces  ichthyolithes.  La  forme  et 
la  structure  des  nageoires,  mais  surtout  le  prolongement  de  la  queue  en  un  lobe  asymé- 
trique et  recouvert  d'écailles  sur  toute  sa  longueur,  sont  trop  frappants  pour  que  tout 
le  monde  ne  soit  pas  d'accord  sur  ce  point.  Il  reste  donc  seulement  à  examiner  si  l'on 
ne  pourrait  pas  ranger  ces  deux  genres  dans  quelque /«miZ/e  des  Malacoptérygiens 
abdominaux  ;  car  il  est  incontestable  que  les  Amblypterus  et  les  Palaeoniscus  ont  des 
rayons  articulés  dans  toutes  leurs  nageoires,  et  que  les  ventrales,  postérieures  aux 
pectorales ,  sont  insérées  sur  le  milieu  du  ventre.  Il  est  également  incontestable  que 
les  genres  Lepisdosteus  et  Polypterus,  que  Cuvier  range  maintenant  dans  la  famille 
des  Chipes,  ont  beaucoup  d'analogie  avec  les  ichthyolithes  dont  il  s'agit.  Mais  ce  n'est 
pas  exclusivement  sur  les  considérations  tirées  des  rayons  de  la  dorsale  et  de  l'anale 


oo 


que  Cuvier  a  basé  sa  classification,  ou  du  moins  il  n'est  pas  toujours  resté  fidèle  à  ce 
principe  ;  car  il  range  parmi  les  Acanthoptérygiens  des  poissons  dont  tous  les  rayons 
sont  articulés  et  mous,  par  exemple  plusieurs  Scombéroïdes ,  queUpies  Squamipennes, 
des  Tœnioides  et  des  Gobioïdes;  tandis  qu'un  assez  grand  nombre  de  genres,  qu'il 
place  dans  différentes  familles  des  Malacoptérygiens  ,  ont  des  rayons  épineux  aussi 
gros  et  même  plus  gros  et  aussi  nombreux  que  maint  Acanthoptérygiens  par  exemple  , 
certains  Cyprins,  quelques  Salmones,  quelques  Silures  et  quelques  Gadoïdes.  Quant 
à  la  réunion  des  Lepidosteus  et  des  Polypterus  avec  les  Chipes ,  je  ne  sais  trop  sur 
quoi  elle  est  fondée  5  la  structure  de  leurs  mâchoires  diffère  complètement.  Leurs 
écailles  n'ont  aucun  rapport  ni  de  forme,  ni  d'organisation  ;  et  cependant  ailleurs  ,  les 
caractères  tirés  de  ces  parties  ont  paru  assez  importans ,  même  à  M.  Cuvier,  pour 
qu'il  s'en  servît  comme  caractères  de  famille  ,  par  exemple  pour  les  Scombéroïdes. 

Il  résulte  de  là  :  1°  que  les  Lepidosteus  et  les  Polypterus  ne  sauraient  être  réunis 
aux  dupes  s  comme  les  Amblypterus  et  les  Palaeoniscus ,  ils  forment  une  famille  dis- 
tincte,  dont  presque  tous  les  genres  sont  fossiles;  2°  que  la  classification  de  Cuvier, 
qui  est  à  bien  des  égards,  et  surtout  pour  les  premières  grandes  divisions,  parfaitement 
la  même  que  celle  d'Artedi ,  ne  saurait  être  conservée ,  parce  qu'elle  est  basée  sur  des 
considérations  qui  sont  souvent  en  opposition  directe  avec  les  affinités  naturelles  des 
familles,  et  en  même  temps  tirées  de  parties  d'une  importance  trop  secondaire.  Si  au 
premier  abord  l'on  était  tenté  de  faire  aussi  cette  dernière  objection  à  la  classification 
que  je  propose  ,  je  ferais  remarquer  que  j'ai  développé,  dans  le  premier  volume  de 
cet  ouvrage,  jusqu'à  quel  point  les  écailles  traduisent  au  dehors  l'ensemble  de  l'orga- 
nisation des  poissons,  et  comment  elles  peuvent,  par  conséquent,  servir  à  exprimer  en 
général  leurs  affinités  naturelles. 

De  toutes  les  espèces  du  genre,  c'est  l'Amblypterus  macropterus  qui  a  les  dimen- 
sions les  plus  considérables  :  ordinairement  les  exemplaires  ont  cinq  à  six  pouces  de 
longs  j^'^  ^^  ^^^  cependant  qui  atteignaient  à  près  d'un  pied.  Son  corps,  un  peu  trapu, 
a  une  forme  très-bien  prise  j  relevé  sur  la  nuque ,  il  se  rétrécit  insensiblement  vers  la 
queue,  qui  est  assez  large  ;  rehaussé,  pour  ainsi  dire,  de  toutes  parts  par  des  nageoires 
très-amples,  il  rappelle,  à  certains  égards,  les  Cyprins,  notamment  le  C.  Gibelio  et 
la  Tanche  (Tinca  chrysitis  Agass.).  Cette  allure,  ces  formes,  cette  vigueur  empreinte 
dans  tous  ses  traits ,  conduisent  tout  naturellement  à  supposer  que  ce  poisson  vivait 
dans  les  bas-fonds,  sur  les  rivages,  peut-être  le  plus  souvent  caché  dans  la  fange,  ou 
entre  les  plantes  aquatiques  riveraines ,  suçant  les  substances  organiques  en  putré- 
faction. Ce  n'était  certainement  pas  un  poisson  vorace;  il  n'a  ni  la  gueule  armée 
de  fortes  dents ,  ni  les  formes  dégagées ,  ni  les  nageoires  vigoureuses ,  ni  enfin  la  spa- 
cieuse cavité  abdominale ,  capable  de  contenir  une  proie  souvent  disproportionnellement 

ToM.  II.  5 


—    54    — 

grande.  Si  l'on  me  demandait  encore  dans  quelle  espèce  d'eau  je  pense  que  ce  poisson 
a  vécu,  je  répondrais  que  je  ne  le  crois  pas  plus  habitant  des  eaux  salées  que  de  l'eau 
douce,  dans  le  sens  antithétique  que  l'on  donne  maintenant  à  ces  expressions  5  mais 
que  je  suis  plutôt  disposé  à  admettre  que  les  eaux  qui  recouvraient  la  plus  grande  partie 
du  globe  à  l'époque  où  ce  poisson  vivait,  étaient  d'une  nature  différente  de  celles  de 
nos  mers  et  de  nos  lacs,  et  que  c'est  à  l'action  des  soulèvements  que  sont  dûs  les  chan- 
gements qu'elles  ont  subis.  Voyez  sur  ce  point  les  considérations  géologiques  générales 
contenues  dans  le  premier  volume. 

Les  écailles  de  cette  espèce  sont  proportionnellement  plus  petites  que  celles  des  autres 
espèces  du  genre  ;  elles  sont  à  peu  près  de  même  taille  sur  toute  la  surface  du  poisson. 
Sur  le  milieu  des  flancs  surtout ,  la  partie  émaillée  et  qui  est  visible  extérieurement , 
est  parfaitement  équilatérale  (tab.  i.  f.  4-  el  5.)  ;  mais  vers  le  dos  et  vers  la  partie 
inférieure  de  l'abdomen  (tab.  i.  f.  6.),  comme  le  long  de  l'insertion  de  l'anale,  les 
écailles  sont  plus  étroites ,  c'est-à-dire  qu'elles  sont  plus  longues  que  hautes.  Celles  qui  re- 
couvrent le  prolongement  de  la  cjueue  sont  oblongues  en  sens  inverse  (tab.  i.  f.  7.) 
à  cause  du  changement  de  direction  des  séries  qui  s'étendent  sur  cette  partie  du  corps. 
A  l'insertion  de  la  caudale ,  les  écailles  finissent  sur  la  base  des  rayons,  se  prolongent 
un  peu  sur  la  partie  moyenne  de  son  lobe  inférieur  et  présentent  une  légère  échancrure 
correspondant  au  milieu  de  la  nageoire.  En  avant  de  la  dorsale  ,  de  l'anale  et  sur  les 
bords  du  pédicule  il  y  a  quelques  écailles  voûtées ,  plus  larges  que  les  autres ,  échancrées 
à  leur  point  d'insertion,  et  terminées  en  pointes  plus  ou  moins  allongées  ;  elles  sont  sur- 
tout saillantes  au  bord  supérieur  du  prolongement  de  la  queue,  en  dessous  des  petits 
rayons  qui  s'étendent  sur  tout  son  bord.  La  partie  basale  des  écailles,  par  laquelle 
chacune  d'elles  est  fixée  dans  la  peau,  est  coupée  carrément  et  n'est  pas  recouverte 
d'émail.  Comparez,  quant  à  leur  disposition  générale,  celles  du  Lepidosteus  repré- 
sentées vol.  2.  tab.  B.  Mais  ce  qui  caractérise  plus  particulièrement  l'Amblypterus 
macropterus ,  ce  sont  les  rides  qui  s'étendent  sur  l'émail  des  écailles  depuis  leur  angle 
supérieur  antérieur  à  l'angle  inférieur  postérieur.  Ces  rides  sont  presque  parallèles  et 
légèrement  ondulées. 

Les  nageoires  ont  aussi  quelques  traits  particuliers  auxquels  il  est  également  très- 
facile  de  reconnaître  cette  espèce.  Tous  leurs  rayons  sont  extrêmement  grêles,  très- 
rapprochés;  beaucoup  plus  fins,  par  exemple,  que  ceux  de  l'Amblypterus  latus;  leurs 
articulations  transverses ,  plus  distantes ,  ne  sont  pas  aussi  nettement  visibles  ;  elles  sont 
obliques  au  diamètre  longitudinal  des  rayons ,  dont  l'extrémité  est  à  peine  bifurquée 
jusqu'au  tiers  de  leur  longueur.  Ces  rayons  sont  si  intimement  unis  à  leur  extrémité, 
que  les  nageoires  ressemblent  plutôt  à  la  dorsale  fibreuse  de  quelques  ïiétérobranches. 


55 


qu'à  des  nageoires  formées  de  rayons  osseux  bien   distincts;  cependant  ils  le  sont 
tous  assez  vers  leur  insertion  pour  qu'il  soit  possible  de  les  compter. 

La  dorsale  est  aussi  large  que  l'anale,  son  milieu  correspond  au  bord  antérieur  de 
cette  dernière;  son  bord  antérieur  est  forme  d'une  dizaine  de  rayons  qui  vont  en  gran- 
dissant, et  le  long  desquels  sont  accolés  de  petits  rayons  en  V  inverse,  à  peine  visibles 
à  l'œil  nu.  Cette  nageoire  n'est  pas  aussi  haute  que  large  ;  depuis  sa  partie  la  plus 
élevée ,  les  rayons  vont  en  diminuant  de  longueur  ;  les  derniers  ont  à  peine  la  moitié 
des  plus  grands.  Il  y  a  environ  cinquante  rayons  en  tout;  ils  sont  portés  sur  de  petits 
osselets  interapopbysaires,  de  forme  toute  particulière.  Ils  sont  aplatis  à  leurs  deux 
extrémités,  et  dilatés  en  forme  triangulaire;  leur  partie  moyenne  est  plus  arrondie 
et  beaucoup  plus  étroite.  On  retrouve  une  disposition  semblable  de  ces  parties  dans  le 
genre  Pycnodus  de  la  famille  des  Pycnodontes.  Yoyez  la  tab.  35.  f.  i  et  3  de  l'Ittio- 
litologia  veronese.  Chacun  de  ces  osselets  porte  plusieurs  rayons;  mais  je  ne  puis  en  dé- 
terminer exactement  le  nombre ,  parce  que  dans  aucun  exemplaire  ils  ne  sont  tous  à 
découvert ,  et  qu'ils  sont  ordinairement  séparés  de  leurs  rayons  ;  cependant  il  me  paraît 
y  avoir  généralement  un  osselet  pour  deux  rayons. 

L'anale  a  exactement  la  même  forme  et  la  même  structure  que  la  dorsale  ;  ses  rayons 
sont  aussi  portés  par  des  osselets  inlerapophysaires  de  même  nature  ,  mais  un  peu 
plus  courts. 

La  caudale  n'a  rien  de  particulier,  si  ce  n'est  un  nombre  de  rayons  plus  considé- 
rable que  dans  les  autres  espèces  ;  leurs  articulations  transverses  sont  aussi  plus  rap- 
prochées que  dans  les  autres  nageoires.  Le  lobe  inférieur  a  une  douzaine  de  petits 
rayons  à  son  bord  externe  ;  ils  vont  en  grandissant  jusqu'à  l'extrémité  de  la  nageoire 
et  portent  aussi  de  petits  rayons  en  V  à  peine  visibles;  il  y  a,  en  outre,  vingt-cinq 
ravons  au  lobe  inférieur  (on  ne  peut  en  préciser  le  nombre  plus  rigoureusement,  parce 
que  la  séparation  de  la  caudale  en  deux  lobes  n'est  marquée  que  par  une  échancrure 
très-évasée)  ;  le  lobe  supérieur  compte  au  moins  cent  rayons. 

Les  pectorales  et  les  ventrales  sont  très-grandes  et  très-larges,  tant  à  leur  insertion 
qu'à  leur  extrémité  libre  et  arrondie. 

La  tête  ne  présentant  aucune  particularité  spécifique,  je  renvoie,  pour  sa  description, 
aux  caractères  du  genre. 

Cette  espèce,  très-voisine  de  l'Amblypterus  eupterygius,  en  diffère  par  des  écailles 
plus  petites,  et  parce  que  le  tronc  est  plus  large  et  moins  élancé. 


—     36     — 

II.  Amblypterus  eupterygius  Agass. 
Yol.  2.  Tab.  3.  f.  5  et  6.  —  Tab.  i.  f.  8. 

Palseothrissum  eupterygium  Agass.  Catalog.  manusc. 

Au  Musée  de  Stuttgardt,  il  y  a  un  petit  exemplaire  de  cette  espèce,  contenu  dans 
une  boule  de  fer  oxydé  carbonate,  et  qui  m'a  été  adressé  par  M.  le  professeur  Jœger. 
C'est  l'original  de  ma  fig.  5.  M.  Voltz  m'en  a  remis  deux  autres,  dont  l'un  surtout, 
l'original  de  ma  fig.  6. ,  est  remarquable  parce  qu'il  se  trouve  dans  une  argile 
schisteuse  toute  rouge;  il  provient  des  environs  de  Saarbriïck.  Il  y  en  a  aussi  un 
exemplaire  dans  la  collection  de  M.  Régley  à  Paris,  et  un  au  Muséum  de  Munich. 

Quoiqueassez  voisinede  l'Amblypterus  macropterus,  cette  espèce  en  diffère  cependant 
par  des  caractères  bien  tranchés.  Son  tronc  est  plus  allongé,  moins  large,  le  dos  moins 
voûté,  le  ventre  plus  droit;  mais  le  pédicule  de  la  queue  est  proportionnellement  plus 
gros.  La  tête  est  plus  grande,  surtout  plus  allongée  et  moins  distincte  du  tronc.  Les 
dimensions  sont  en  général  celles  d'un  poisson  plus  grêle.  La  position  des  nageoires,  et 
même  leur  forme,  présente  aussi  quelques  différences;  la  dorsale  est  plus  avancée  sur  le 
milieu  du  dos ,  elle  est  exactement  opposée  à  l'espace  qu'il  y  a  entre  l'anale  et  les  ven- 
trales, plus  étroite  à  sa  base,  elle  ne  s'étend  pas  beaucoup  au-delà  du  commencement 
de  l'anale,  tandis  que  dans  l'Amblypterus  macropterus,  c'est  le  milieu  de  la  dorsale  qui 
correspond  au  bord  antérieur  de  l'anale.  La  dorsale  de  l'eupterygius  est  aussi  plus  petite 
que  son  anale,  qui,  par  ses  dimensions,  ne  cède  en  rien  à  celle  du  maci'optei'us.  Les 
ventrales  sont  un  peu  en  avant  du  bord  antérieur  de  la  dorsale  ;  les  pectorales,  qui  sont 
très-grandes,  dépassent  l'insertion  des  ventiales,  lorsqu'elles  sont  repliées  en  arrière; 
leurs  rayons  antérieurs  sont  plus  gros  que  les  suivans.  Outre  ces  différences  dans  leur 
position  relative,  toutes  les  nageoires  présentent  encore  celle  d'être  composées  de  rayons 
moins  fins  et  moins  rapprochés,  mais  dont  les  articulations  transverses  ne  sont  pas  plus 
distinctes,  ni  plus  distantes.  Tous  ces  rayons  sont  fendus  à  leur  extrémité  à  plusieurs 
reprises,  jusqu'au  tiers  de  leur  longueur.  Comme  dans  l'Amblypterus  macropterus,  on 
distingue  à  la  base  de  la  dorsale  et  de  l'anale  les  osselets  interapophysaires  sur  lesquels 
ces  nageoires  sont  articulées;  ils  sont  également  dilatés  à  leurs  deux  extrémités,  et  plus 
minces  au  milieu. 

Tous  les  os  du  crâne,  dont  on  voit  assez  nettement  l'impression  dans  la  fig.  6,  sont 
marqués  comme  les  écailles  de  stries  très-rapprochées ,  mais  divergentes  du  point  d'ossi- 
fication de  chaque  os  vers  son  bord.  L'impression  des  dents  est  également  visible,  comme 
celle  des  larges  rayons  branchiostègues  antérieurs. 

Les  écailles,  dont  l'empreinte  est  représentée  tab.  i . ,  f.  8. ,  sont  striées  obliquement 
comme  celles  du  macropterus;  cependant  elles  en  diffèrent  par  leur  forme.  Leurs  côtés 


—     37     — 

élant  tous  égaux,  elles  sont  aussi  hautes  que  longues,  tandis  que  celles  de  l'espèce  avec 
laquelle  nous  les  comparons,  sont  plus  étroites,  mais  plus  longues.  On  peut  dire  encore 
que  dans  l'Amblyptçrus  eupterygius,  les  écailles  ont  des  dimensions  plus  égales  sur 
toutes  les  parties  du  corps.  Si  l'on  objectait  que  toutes  les  différences  qui  viennent  d'être 
indiquées  peuvent  provenir  de  l'état  de  conservation  des  empreintes,  il  serait  difficile 
de  concevoir  alors  comment  ces  caractères  se  retrouvent  dans  quatre  exemplaires  dont 
la  position  est  très-différente. 

Cette  espèce  se  trouve,  avec  l'Amblypterus  macropterus,  dans  le  terrain  houiller  de 
Saarbriick  et  de  Lebach  ;  mais  elle  paraît  y  être  très-rare. 

III.  Amblypterus  latus  Agass. 

Vol.  2.  Tab.  4.  f.  2.  3.  4.  5  et  6. 

Palœothrissum  latum  Agass.  Catalog.  manuscr. 

Il  y  a  ,  au  Musée  de  Strasbourg  ,  deux  plaques  correspondantes  de  cette  espèce ,  qui 
m'ont  été  confiées  par  M.  Voltz.  Ce  sont  les  originaux  de  mes  figures.  Leur  état  de 
conservation  est  si  parfait,  qu'elles  ne  laissent  rien  à  désirer,  excepté  quelques  détails 
sur  les  os  du  crâne.  Elles  proviennent  du  terrain  houiller  des  environs  de  Saarbriick. 
Au  Musée  de  Paris,  on  en  voit  aussi  une  plaque,  provenant  des  houilles  de  Lebach,  dans 
le  duché  de  Saarbriick. 

Ces  exemplaires  sont  renfermés  dans  des  boules  marneuses  de  fer  oxydé  carbonate. 

L'Amblypterus  latus  ressemble  beaucoup  au  macropterus  par  sa  forme,  et  par  les 
proportions  relatives  de  ses  parties.  C'est  un  gros  poisson  trapu,  court,  très-large  dans 
la  partie  antérieure  du  tronc ,  rétréci  sur  le  pédicule  de  la  queue,  qui  est  proportionnel- 
lement plus  mince  que  dans  les  autres  espèces  du  genre. 

La  tète  est  aussi  plus  courte  et  plus  étroite,  à  cause  de  la  chute  rapide  de  son  profil. 
Les  os  sont  plus  lisses;  on  y  voit  bien  aussi  quelques  stries,  mais  outre  qu'elles  sont 
moins  marquées ,  elles  proviennent  des  lames  d'accroissement  des  os ,  et  sont  par  consé- 
quent concentriques  les  unes  aux  autres;  tandis  que  dans  l'Amblypterus  eupterygius, 
ce  sont  les  rayons  d'ossification  divergens  les  uns  des  autres,  qui  sont  plus  saillans.  Les 
os  supérieurs  de  la  ceinture  thoracique,  le  suprascapulaire  et  le  scapulaire  sont  très- 
larges;  il  en  est  de  même  de  l'humérus  qui  forme  une  faible  saillie  arrondie  au-dessus 
de  l'insertion  des  pectorales.  L'opercule,  en  revanche,  est  étroit,  mais  le  subopercule 
est  très-haut.  L'os  maxillaire  inférieur,  sifr  le  bord  supérieur  duquel  on  voit  quelques 
traces  des  dents,  est  plus  étroit  que  dans  les  autres  espèces;  tandis  que  les  rayons 
branchiostègues  sont  plus  longs  et  plus  larges. 

On  voit  distinctement  le  point  d'insertion  des  pectorales,  au  bas  de  l'angle  inférieur 
de  l'humérus,  sans  qu'il  soit  cependant  possible  d'en  compter  les  rayons.  Ce  qu'il  y  a 


—    38     -. 

de  certain,  c'est  qu'ils  sont  plus  minces  que  ceux  des  autres  nageoires,  et  notamment 
plus  fins  et  à  articulations  plus  rapprochées  que  ceux  de  l'anale  et  de  la  dorsale;  ces 
pectorales  paraissent  n'avoir  pas  atteint  tout-à-fait  l'insertion  des  ventrales  en  se  repliant 
en  arrière.  Celles-ci  ont  une  base  très-large,  et  comme  toutes  les  autres  nageoires  elles 
sont  formées  de  rayons  moins  grêles  que  ceux  des  Amblypterus  macropterus  et  eupte- 
rygius;  mais  leurs  articulations  transverses  sont  beaucoup  plus  rapprochées,  et  les 
divisions  longitudinales  de  leurs  extrémités  moins  nombreuses  que  celles  de  l'eup- 
terygius.  Un  autre  caractère  frappant,  c'est  que  tous  les  rayons  sont  plus  distincts 
et  évidemment  osseux ,  tandis  que  ceux  des  espèces  citées  se  fondent  en  quelque  sorte 
dans  la  membrane  qui  les  lie.  L'anale  et  la  dorsale  ont  exactement  la  même  forme  et  la 
même  grandeur  ;  le  milieu  de  cette  dernière  correspond  exactement  au  bord  antérieur 
de  la  première.  En  avant  de  chacune  d'elles,  il  y  a  quelques  grosses  écailles  impaires, 
échancrées  à  leur  bord  postérieur,  et  accolées  contre  la  base  des  nageoires.  Sur  le  point 
d'insertion  des  ventrales  il  y  a  ime  longue  écaille  lancéolée,  comme  on  en  voit  chez 
quelques  genres  de  la  famille  des  Chipes,  des  Cyprins  et  surtout  des  Salmones.  Le  lobe 
inférieur  de  la  caudale  est  plus  étroit ,  et  formé  de  moins  de  rayons  que  dans  les  autres 
Amblypterus.  Les  petits  rayons  en  V,  accolés  sur  le  bord  antérieur  de  toutes  les  na- 
geoires, le  long  de  leur  rayon  externe,  sont  visibles  à  l'œil  nu. 

Les  écailles  fournissent  encore  un  caractère  important  de  cette  espèce.  Les  flg.  4  et  5 
représentent  celles  des  flancs,  la  fig.  6.  celles  du  lobe  de  la  caudale.  Elles  sont  toutes 
parfaitement  lisses,  et  beaucoup  plus  grandes  que  celles  des  autres  espèces;  c'est  à  peine 
si  l'on  distingue,  sur  le  bord,  les  lignes  concentriques  des  dernières  lames  d'accroissement. 
Cependant  elles  diffèrent  considérablement  de  grandeur  entr'elles,  suivant  la  place 
qu'elles  occupent  sur  le  corps  :  celles  du  dos  et  de  la  queue  sont  plus  petites ,  celles  qui 
s'étendent  sur  le  lobe  supérieur  de  la  caudale  sont,  en  outre,  en  forme  de  losange  plus 
allongée;  mais  celles  qui  recouvrent  les  parois  de  la  cavité  abdominale,  et  qui  sont  aussi 
hautes  que  larges  sont  de  beaucoup  les  plus  grandes.  Les  séries  d'écaillés  vont  donc  en 
s'élargissant  du  dos  vers  la  partie  inférieure  de  l'abdomen.  La  ligne  latérale  s'étend  dans 
toute  sa  longueur,  à  peu  près  sur  le  milieu  du  corps.  L'Amblypterus  lateralis  a  aussi  de 
grandes  écailles  lisses;  mais  il  suffit,  pour  distinguer  cette  espèce,  de  faire  remarquer 
qu'elles  sont  presque  égales  sur  toutes  les  parties  du  corps,  et  un  peu  moins  hautes 
que  longues. 

Le  caractère  des  grandes  écailles  lisses  rapproche  ces  deux  espèces  d'Amblypterus  de 
celles  du  genre  Palœoniscus,  que  l'on  trouve  dans  le  schiste  marno-bitumineux  de  la 
montagne  de  Muse  près  d'Autun. 


—    39     — 

IV.  Amblypterus  lateralis  Agass. 
Vol.   2.   Tab.   4.  f.    I.    7.    8  et  9. 

Palœothrissum  latérale  Agass.  Catalog.  manuscr. 

M.  Yoltz  m'a  remis  vine  plaque  de  cette  espèce,  qui  se  trouve  au  Musée  de  Strasbourg , 
et  que  j'ai  fait  repi'ésenter  fig.  i .  Elle  a  été  trouvée  dans  le  terrain  bouiller  des  environs 
de  Saarbriick.  Au  3Iusée  de  Paris,  il  y  en  a  deux  paires,  provenant  des  mines  de  bouille 
de  Lebacb.  Depuis  que  j'ai  examiné  ces  exemplaires,  M.  Landau,  élève  des  mines  à 
Paris ,  m'a  communiqué  une  paire  de  plaques  de  la  même  espèce ,  qui  sont  dans  un  état 
de  conservation  plus  parfait  à  bien  des  égards,  et  qui  complètent  les  caractères  exprimés 
dans  ma  figure.  Tous  ces  exemplaires  se  trouvent  dans  des  boules  de  fer  oxydé  carbonate. 

Cette  espèce  ressemble  beaucoup  à  l' Amblypterus  latus ,  par  son  aspect  et  par  les 
dispositions  générales  de  toutes  ses  parties  ;  elle  en  diffère  seulement  par  des  particula- 
rités de  détail.  Ainsi^  elle  est  également  très-large,  et  recouverte  de  grosses  écailles 
lisses  ;  ses  nageoires  occupent  la  même  position  relative  ;  leurs  rayons  sont  également  plus 
gros  et  plus  distincts  que  ceux  des  Amblypterus  macropterus  et  eupterygius  5  cependant 
ils  sont  plus  rapprochés  que  dans  le  latus,  et  surtout  ils  sont  fendus  à  leur  extrémité  à 
plusieurs  reprises ,  ce  qui  les  fait  paraître  beaucoup  plus  fins  lorsqu'on  ne  voit  que  le 
bout  des  nageoires.  Ce  qui  distingue  essentiellement  l' Amblypterus  lateralis  des  autres 
espèces  de  ce  genre ,  c'est  la  disposition  de  ses  écailles ,  qui  ont  presque  rigoureuseinent 
la  même  grandeur  sur  tout  le  corps  ;  car  c'est  à  peine  si  celles  de  l'extrémité  de  la  queue 
sont  un  peu  plus  petites  que  celles  qui  recouvrent  la  partie  antérieure  du  tronc,  et 
certainement,  sur  ks  séries  qui  s'étendent  du  dos  à  l'abdomen ,  elles  ne  vont  pas  en  gran- 
dissant rapidement  comme  dans  TAmblypterus  latus.  La  fig.  7.  représente  celles  de 
la  partie  antérieure  du  tronc  ;  la  fig.  8.  celle  du  milieu  ;  la  fig.  9.  celles  du  lobe  supérieur 
de  la  caudale.  En  général,  elles  sont  aussi  moins  larges  que  celles  de  l'Amblypterus 
latus.  En  avant  de  la  dorsale  et  de  l'anale,  il  y  a  aussi  de  grosses  écailles  impaires, 
mais  qui  sont  terminées  en  pointes  arrondies;  il  y  en  a  un  plus  grand  nombre  encore 
au  bord  du  lobe  supérieur  de  la  caudale.  La  ligne  latérale  s'étend  presque  directement 
de  l'angle  de  l'opercule  au  milieu  de  la  queue,  ce  qui  la  rapproche  un  peu  plus  du  dos 
que  de  l'abdomen.  C'est  à  cause  de  cette  particularité,  que  j'ai  donné  le  nom  d'Am- 
blypterus  lateralis  à  l'espèce  dont  il  s'agit  maintenant.  Les  petits  layons  en  V  qui 
lx>rdent  les  nageoires  sont  à  peine  visibles. 

Tous  les  os  du  crâne  sont  parfaitement  lisses;  les  pièces  operculaires  sont  étroites;  il 
en  est  de  même  des  maxillaires  inférieurs  qui  sont  garnis  de  dents  en  brosse  très-serrées, 
et  que  l'on  voit  surtout  très-distinctement  dans  l'exemplaire  de  M.  Landau.  L'orbitaire 
est  petite  et  placée  en  arrière  et  immédiatement  au-dessus  de  l'articulation  postérieure 
de  la  mâchoire  inférieure. 


—    40     — 

V.  Amblypterus  Olfersi  Agass. 

Les  exemplaires  de  cette  espèce  que  j'ai  examinés  jusqu'ici,  quoique  assez  nombreux, 
ne  sont  pas  assez  bien  conservés  pour  que  j'aie  pu  en  faire  représenter  convenablement 
tous  les  caractères.  Il  y  en  a  eu  plusieurs  au  3Iusée  de  Munich,  qui  ont  été  rapportés 
du  Brésil  par  Spix  et  Martius.  31.  d'Olfers  m'a  dit  qu'on  en  conserve  aussi  au  Musée 
de  Rio  -  Janeiro ,  et  qu'à  Tienne  il  y  en  a  vm  dessin  fait  par  M.  Frick,  et  acheté  , 
après  sa  mort,  par  la  légation  d'Autriche. 

Ces  poissons  proviennent  de  Ceara,  dans  les  plaines  du  Brésil.  Les  schistes  marneux 
dans  lesquels  on  trouve  les  boules  qui  contiennent  ces  ichthyolithes  sont  rapportés  à 
la  formation  du  Zechstein. 

Les  plaques  sur  lesquelles  j'ai  observé  les  restes  de  ce  poisson,  ne  présentent  dis- 
tinctement que  la  tête  et  la  partie  antérieure  du  tronc;  dans  aucune  je  n'ai  vu  la  cau- 
dale ,  ni  même  le  pédicule  de  la  queue*,  ensorte  qu'il  reste  encore  à  lever  quelques  doutes 
sur  la  place  que  doit  occuper  ce  fossile  dans  la  série  des  genres  cités  plus  haut.  L'al- 
ternative me  semble  restreinte  aux  genres  Amblypterus  et  Palœoniscus  ;  mais  je  penche 
plutôt  pour  les  Amblypterus,  à  cause  de  la  ténuité  des  rayons  de  la  dorsale.  Ce  qu'il 
y  a  de  certain,  c'est  que  l'espèce  diffère  de  toutes  celles  que  je  connais  déjà. 

La  forme  générale  du  poisson,  à  en  juger  par  sa  partie  antérieure,  paraît  avoir  été 
intermédiaire  entre  l'Amblypterus  eupterygius  et  le  lateralis;  le  tronc  est  moins  large 
que  dans  ce  dernier,  mais  le  dos  est  plus  voûté  que  dans  le  premier.  La  tête  est  grande 
proportionnellement  ;  car  l'espace  qui  s'étend  du  bord  postérieur  de  l'opercule  au  bord 
antérieur  de  la  dorsale,  n'est  pas  plus  grand  que  la  moitié  de  la  longueur  de  la  tête. 
Son  profil  est  fortement  arqué.  L'orbite,  de  moyenne  grandeur,  est  placée  au-dessus 
du  milieu  de  la  mâchoire  supérieure,  dont  les  os  sont  étroits  comme  le  maxillaire  in- 
férieur. Je  ne  puis  découvrir  aucune  trace  des  dents.  L'opercule  est  plus  grand  que 
dans  les  autres  espèces  de  ce  genre  •,  il  est  presque  aussi  large  que  haut  ;  le  suboper- 
cule est  à  peine  de  moitié  plus  petit.  Les  pectorales,  la  dorsale  et  l'anale,  qui  sont  les 
seules  nageoires  visibles ,  sont  formées  de  rayons  aussi  grêles  que  ceux  de  l'Amblyp- 
terus lateralis.  Ce  qui  distingue  surtout  TOlfersi,  c'est  que  ses  écailles  sont  considéra- 
blement plus  hautes  que  longues  et  paraissent  par  conséquent  étroites  ;  mais  en  sens 
inverse  de  ce  qu'elles  sont  dans  les  autres  espèces  du  genre.  Il  faut  espérer  que  bientôt 
des  exemplaires  plus  complets  permettront  de  fixer  définitivement  la  coupe  générique 
dans  laquelle  doit  être  rangée  cette  espèce  ,  d'autant  plus  intéressante  qu'elle  provient 
d'un  pays  dont  les  fossiles  sont  encore  si  peu  connus. 


41 


CHAPITRE  V. 

DU  GENRE  PAL^ONISCUS. 


Quoique  les  espèces  de  ce  genre  soient  généralement  connues  sous  le  nom  de  Pa- 
lœothrissum,  proposé  par  de  Biainville,  pour  indiquer  les  rapports  qui  existent,  suivant 
lui,  entre  nos  Clupes  et  ces  poissons  fossiles,  je  ne  saurais  cependant  leur  conserver  ce 
nom,  parce  que  je  ne  partage  nullement  l'opinion  de  de  Blainville  sur  cette  prétendue 
aflinité  des  Palœothrissum.  31ais  il  y  a  ime  raison  plus  puissante  encore  qui  m'oblige 
à  changer  le  nom  reçu  pour  cette  coupe  générique ,  c'est  que  le  genre  Palœoniscum  de 
de  Blainville  ne  diffère  en  rien  de  son  Palaeothrissum.  Cette  observation  a,  du  reste, 
déjà  été  faite  par  M.  Cuvier.  Devant  donc  nécessairement  supprimer  un  des  noms  gé- 
nériques, j'ai  pi'éféré  conserver  celui  qui  n'exprime  pas  de  fausse  idée.  Cette  réunion 
est  d'autant  plus  nécessaire  que  l'existence  du  genre  Palœoniscum  de  de  Blainville  (son 
P.  Freieslebense)  ne  repose  que  sur  de  mauvais  exemplaires  de  l'espèce  qu'il  appelle 
aussi  Palœothrissum  macrocephahnii ,  et  dont  il  a  placé  d'autres  exemplaires  dans  le 
genre  des  Clupes,  sous  le  nom  de  Clupea  Lametherii.  Comme  je  l'ai  fait  voir  dans  le 
chapitre  précédent,  il  n'est  pas  même  possible  de  réunir  les  Palaeoniscus  à  la  famille 
des  Clupes,  ou  à  quelle  autre  que  ce  soit  de  l'ordi'e  des  Malacoptérygiens  abdominaux. 
Dire  qu'ils  appartiennent  à  la  famille  des  Lépidoïdes,  c'est  rappeler  que  leur  corps  est 
recouvert  d'écaillés  rhomboïdales  et  émaillées,  et  que  les  dents  de  leurs  mâchoires  sont 
en  line  brosse.  Ils  ont,  de  plus,  une  queue  prolongée  en  longue  pointe  asymétrique. 

Après  avoir  ainsi  tracé  les  limites  natui-elles  du  genre  Palaeoniscus,  je  dois  lui 
assigner  ses  caractères  particuliers.  La  forme  du  corps  des  espèces  diffère  suivant  la 
grandeur  des  écailles  dont  elles  sont  recouvertes  :  les  imes,  qui  ont  de  petites  écailles, 
ont  le  corps  svelte ,  élancé,  étroit  ;  les  autres ,  plus  larges  et  plus  courtes,  ont  le  dos  voûté 
et  sont  recouvertes  d'écaillés  considérablement  plus  grosses.  On  observe  encore  une  autre 
différence  dans  la  nature  des  écailles,  c'est  que  les  espèces  qui  appartiennent  au  terrain 
houiller  les  ont  parfaitement  lisses;  tandis  que  celles  du  Zechstein  les  ont  striées.  Ces 
stries  résultent  des  plis  ou  des  enfoncemens  qui  se  forment  dans  l'émail.  Sur  la  tab.  A. 
du  vol.  I. ,  les  fig.  4  et  5  représentent  les  formes  extrêmes  de  deux  espèces  de  ce  genre, 
d'après  tous  les  fragmens  que  j'ai  observés. 

Le  genre  Palaeoniscus  est,  à  bien  des  égards,  tout  à  fait  semblable  à  celui  des  Am- 
blypterus;  cependant  il  en  diffère  par  la  forme  et  la  composition  des  nageoires  qui 

ToM.  II.  6 


—    42     — 

sont  toutes  de  moyenne  grandeur,  petites  même,  et  formées  d'un  nombre  de  rayons 
beaucoup  moins  considérable  ;  sur  le  bord  externe  de  toutes,  l'on  voit  distinctement  des 
rayons  en  V  beaucoup  plus  gros  que  sur  les  nageoires  des  Amblypterus.  La  dorsale  est 
toujours  opposée  à  l'espace  qu'il  y  a  entre  les  ventrales  et  l'anale,  elle  ne  s'étend  jamais 
beaucoup  au-delà  du  bord  antérieur  de  celle-ci.  Les  pectorales  et  les  ventrales  sont  gé- 
néralement petites,  celles-ci  surtout;  la  ceinture  tboracique,  cependant,  est  formée  d'os 
forts  et  vigoureux.  L'anale  est  rarement  aussi  grande  que  la  dorsale,  quoique  propor- 
tionnellement ces  deux  nageoires  soient  petites  aussi  ;  il  y  a  toujours  de  grosses  écailles 
impaires  en  avant  de  leur  bord  antérieur.  La  caudale  enfin  est  formée  comme  dans  les 
Amblypterus  ,  de  deux  lobes,  dont  l'inférieur,  plus  large  et  plus  court,  est  composé 
de  rayons  plus  longs  que  ceux  qui  s'étendent  en  dessous  du  prolongement  de  la  queue 
et  qui  forment  le  lobe  supérieur  de  la  nageoire. 

Les  Paleeoniscusontlatête  assez  singulièrement  conformée  ;  surtout  dans  la  partie  anté- 
rieure de  la  face,  qui  forme  une  saillie  arrondie  au-dessus  et  en  avant  de  la  mâchoire  su- 
périeure, occasionnée  par  le  renflement  et  le  prolongement  de  l'ethmoïde  et  du  frontal 
antérieur.  Le  profil  du  nez  ressemble  assez  à  celui  de  certains  Sciaenoïdes  à  museau 
saillant.  Une  série  de  petits  osselets  étroits  entoure  le  bord  inférieur  de  l'orbite.  La 
gueule  est  très-fendue  dans  la  plupart  des  espèces,  mais  les  dents  sont  si  excessivement 
petites  qu'il  est  très-rare  de  pouvoir  les  distinguer  5  elles  sont  en  brosse.  Les  mâchoires 
sont  assez  fortes,  l'inférieure  surtout,  qui  est  plus  large  que  la  supérieure.  Les  rayons 
delà  membrane  branchiostègue ,  placés  entre  les  deux  os  mandibulaires,  présentent 
une  série  de  larges  plaques  imbriquées  les  unes  sur  les  autres.  Les  pièces  operculaires 
sont  plus  ou  moins  larges  suivant  les  espèces,  mais  toujours  formées  de  quatre  os,  le 
préopercule,  l'opercule,  le  subopercule  et  l'interopercule ;  l'opercule  est  constamment 
le  plus  grand  et  le  plus  large ,  tandis  que  le  préopercule ,  fortement  arqué  ,  ferme  en 
arrière  la  fosse  temporale.  Tous  les  os  du  crâne  et  de  la  face  sont  lisses,  dans  quelques 
espèces  •,  dans  d'autres  ils  sontsculptés  d'une  granehire  ou  de  stries  plus  ou  moins  serrées. 

Quelquefois  l'on  a  indiqué,  comme  caractère  de  ce  genre,  des  nageoires  complètement 
recouvertes  d'écaillés  jusqu'à  l'extrémité  des  rayons.  11  semble  que  rien  ne  devrait  être 
plus  facile  à  décider  que  la  nature,,  ou  seulement  la  présence  ou  l'absence  de  parties  qui 
ne  sont  pas  même  très-petites,  et  cependant  on  éprouve  de  grandes  difficultés  en 
examinant  cette  question ,  et  l'on  est  insensiblement  conduit  à  des  considérations  d'une 
portée  toute  différente.  Pour  les  Amblypterus,  l'affaire  me  parait  décidée 5  les  divi- 
sions transverses  que  l'on  voit  sur  les  rayons  sont  bien  les  articulations  de  ceux-ci, 
placées  bout  à  bout  les  unes  à  la  suite  des  autres  ;  c'est  surtout  visible  dans  les  espèces 
à  rayons  moins  fins,  par  exemple,  dans  l'Amblypterus  latus.  Mais  pour  les  Palœoniscus , 
il  paraît  que  la  structure  des  nageoires  n'est  pas  la  même  dans  toutes  les  espèces;  dans 


—    45     — 

les  Palîeoniscus  Blainvillei  et  Voltzii,  du  moins,  il  est  e'vidcut  que  les  divisions  trans- 
verses que  Ton  voit  sur  les  nageoires  proviennent  des  séries  d'écaillés  qui  en  recouvrent 
les  rayons,  et  qui  même  sont  placées  de  manière  à  reposer  sur  les  bords  avoisinans  de 
deux  rayons,  et  à  se  recouvrir  sur  le  milieu  de  chacun  d'eux ^  car  en  enlevant  soigneu- 
sement ces  petites  plaques,  on  voit  en  dessous  celles  du  côté  opposé  alterner  avec 
l'empreinte  des  rayons,  comme  l'écaillé  des  tortues  alterne  avec  les  sutures  des  côtes. 
Dans  d'autres  espèces  de  ce  genre,  en  revanche,  ces  divisions  paraissent  formées 
comme  dans  les  Amblypterus,  et  placées  sans  imbrication,  bout-à-bout  à  la  suite  les 
unes  des  autres^  c'est  le  cas  du  Palœoniscus  Freieslebeni.  Cependant  les  grosses  écailles 
impaires ,  placées  au  bord  antérieur  des  nageoires  verticales  passent  si  insensiblement 
aux  rayons  articulés,  que  l'on  est  à  se  demander  si,  sur  ces  points  et  dans  ce  cas,  il  n'y 
a  pas  une  transition  insensible  entre  les  tégumens  extérieurs  et  le  squelette  interne. 
Cette  transition  est  déjà  incontestable  pour  quelques  parties  de  la  tête ,  comme  je  l'ai 
fait  voir  au  chapitre  sur  l'ostéologie ;  par  exemple,  pour  les  os  surtemporaux  qui  sont 
tantôt  de  véritables  os,  tantôt  de  véritables  écailles,  faisant  suite  à  celles  de  la  ligne 
latérale.  Il  en  est  de  même  des  osselets  sous-orbitaires,  suprascapulaires  et  de  l'opercule, 
quoiqu'ils  soient  quelquefois  eux-mêmes  recouverts  d'écaillés. 

Je  connais  déjà  dix  espèces  de  ce  genre,  qui  paraît  être  circonscrit  dans  les  limites 
du  terrain  houiller  et  du  Zechstein.  Il  ne  serait  cependant  pas  impossible  qu'on  en 
découvrît  des  traces  dans  le  grès  bigarré,  le  Muschelkalk  et  le  Reuper;  mais  ce  que  je 
crois  pouvoir  affirmer,  c'est  qu'il  ne  remonte  pas  aux  terrains  jurassiques,  dont  les 
nombreux  représentans  de  l'ordre  des  Ganoïdes  ont  tous  la  queue  régulière ,  et  jamais 
prolongée  en  une  longue  pointe  formant  le  lobe  supérieur  de  la  caudale,  comme  cela  a 
lieu  constamment  pour  les  genres  des  terrains  antérieurs.  J'ignore  quelles  étaient  les 
dispositions  de  la  nature  qui  ont  produit  ces  singulières  différences,  mais  il  est  certain 
qu'elles  existent,  et  que  ce  serait  méconnaître  notre  tâche  que  de  les  ignorer,  ou 
d'attribuer  peu  d'importance  à  un  fait, aussi  général  et  aussi  constant.  Ce  sont  les 
Pholidophorus  qui  remplacent  dans  les  terrains  jurassiques  le  genre  dont  il  s'agit  dans 
ce  chapitre. 


I.  Pal,eoniscus  fultus  Agass. 


Yol.  2.Tab.8f.  4et5. 

C'est  dans  la  collection  de  M.  Brongniart  que  j'ai  vu  les  seuls  exemplaires  de  cette 
espèce  que  je  connaisse.  Ils  proviennent  du  terrain  houiller  de  Sunderland  (Massa- 
chussets).  On  cite  le  même  poisson  à  Westfield  (Connecticut),  et  Hitchcock  (Americ. 
Journ.  of  scienc.  vol.  6),  parle  d'une  espèce  de  Palœothrissum  semblable  à  ceux  du 
Mansfeld,  qui  très-probablement  est  encore  notre  fossile.  Cependant  il  serait  possible 


—    44     — 

qu'on  trouvât  plusieurs  espèces  dans  les  localités  susmentionnées,  et  que  toutes  ces 
indications  ne  se  rapportassent  pas  à  la  même. 

Le  Palseoniscus  fultus  ressemble  assez  par  sa  forme  générale  à  l'espèce  commune  du 
Mansfeld,  mais  il  appartient  à  la  division  de  ceux  dont  les  écailles  sont  lisses;  il  est 
même  un  peu  plus  large  et  plus  trapu  que  le  PalœoniscusFreieslebeni.  Ce  qui  caracté- 
rise surtout  les  fragmens  que  j'ai  vus ,  ce  sont  les  grosses  écailles  et  les  forts  osselets  qui 
s'étendent  sur  le  bord  antérieur  de  toutes  les  nageoires.  Sur  la  fig.  4»  on  voit  une  partie 
de  la  tête,  et  les  rapports  de  position  qui  existent  entre  les  pectorales,  les  ventrales, 
l'anale  et  le  lobe  inférieur  de  la  caudale.  Au  dessus  on  voit  un  indice  de  l'extrémité  de  la 
dorsale,  correspondant  au  bord  antérieur  de  l'anale.  Sur  la  fig.  5,  on  voit  le  pédicule 
de  la  queue  tout  entier,  l'anale  et  une  partie  des  ventrales;  les  écailles  des  parois 
abdominales  sont  disloquées. 

La  ceinture  tlioracique  est  très-prononcée;  son  angle  inférieur  renflé  porte  les 
pectorales,  dont  les  rayons  antérieurs  paraissent  beaucoup  plus  allongés  que  les  suivans. 
En  général,  toutes  les  espèces  du  genre  Palœoniscus  ont  les  nageoires  moins  arrondies 
que  celle  du  genre  Amblypterus;  leur  bord  antérieur  plus  élevé  leur  donne  une  forme 
qui  les  rapproche  davantage,  pour  l'aspect  extérieur,  des  poissons  ordinaires.  Les  ven- 
trales de  cette  espèce  sont  plus  petites  que  les  pectorales,  et  plus  rapprochées  de  l'anale 
que  des  nageoires  antérieures.  L'anale,  dont  l'insertion  est  éti'oite,  a  ses  rayons  an- 
térieurs beaucoup  plus  longs  que  les  derniers,  et  sur  leur  bord,  des  osselets  en  V. 
infiniment  plus  grands  que  ceux  d'aucune  autre  espèce  du  genre,  ce  qui  lui  a  valu 
le  nom  de  Palaeoniscus  fultus,  par  lequel  j'ai  voulu  exprimer  la  force  des  nageoires 
soutenues  en  avant  par  des  rayons  plus  gros ,  qui  sont  eux-mêmes  appuyés  de  forts 
soutiens.  Je  ne  puis  rien  dire  de  la  forme  des  lobes  de  la  caudale,  puisqu'on  ne  voit  que 
son  lïord  inférieur  et  la  base  de  quelques  rayons  assez  épais. 

Toutes  les  écailles  sont  parfaitement  lisses  ;  celles  des  séries  antérieures,  qui  suivent 
immédiatement  la  ceinture  tlioracique,  sont  plus  étroites  que  les  suivantes,  c'est-à-dire, 
plus  hautes  que  longues;  celles  du  milieu  des  flancs  presque  carrées,  et  tant  soit  peu 
obliques,  sont  les  plus  grandes;  elles  vont  en  diminuant  insensiblement  de  grandeur 
vers  l'extrémité  du  tronc;  sur  le  pédicule  de  la  queue  et  surtout  sur  le  prolongement 
qui  sert  d'insertion  au  lobe  supérieur  de  la  caudale ,  elles  sont  plus  petites  et  en  forme 
de  losanges,  inclinées  dans  le  sens  de  ce  prolongement. 


—     4o     — 

II.  P.VL.EONiscus  DuvERNov  Agass. 
Vol.  2.  Tal).  7.  f.  I.  •>.  3.  4  et  5. 

Palœotlirissum  brève  Agass.  Catal.  maniiscr.,  (d'après  un  mauvais  exemplaire). — 
Palœotlirissum  phractonotum  Agass.  Catal.  mamiscr.  J'ai  supprimé  ce  nom  qui  dé- 
signe un  caractère  que  j'ai  retrouvé  dans  toutes  les  espèces  du  genre,  pour  lui  substituer 
celui  de  M.  Duvernoy  à  qui  je  dois  le  premier  exemplaii-e  complet  que  j'aie  examiné. 
—  De  Blainville  rapporte  les  exemplaires  qu'il  a  vus,  au  Palœoniscus  Freieslebeni; 
mais  c'est  à  tort.  Le  P.  Duvernoy  a  les  écailles  lisses  et  ne  se  trouve  que  dans  le 
terrain  houiller  des  environs  de  Rreutznach,  tandis  que  le  P.  Freieslebeni  a  les 
écailles  sculptées  et  se  trouve  dans  le  Zechstein  du  Mansfeld, 

La  fig.  I.  représente  un  exemplaire  qui  se  trouve  au  Musée  de  Munich  et  sur  lequel 
on  voit  assez  distinctement  la  ligne  latérale,  quoiqu'il  ne  reste  aucune  trace  des  écailles 
et  qu'elles  n'aient  laissé  que  leur  empreinte  sur  la  plaque.  L'exemplaire  de  la  collection 
deM.  le  professeur  Broun,  à  Heidelberg,  représenté  dans  la  fig.  2. ,  est  surtout  instructif, 
parce  qu'il  lui  est  resté  une  bonne  partie  de  ses  écailles,  et  parce  qu'on  peut  les  étudier 
par  leurs  deux  faces.  C'est  le  plus  grand  de  tous  ceux  qiie  j'ai  vus.  Au  Musée  de  Stras- 
bourg, il  y  en  a  aussi  un,  très-bien  conservé.  3Ion  ami,  M.  Alex.  Braun,  à  Carlsruhe, 
en  possède  un  petit,  qui  peut  donner  une  idée  exacte  des  formes  de  cette  espèce,  quoi- 
qu'il ne  reste  absolument  que  l'empreinte  de  ses  parties.  J'ignorais  d'où  provient  ce 
fossile  jusqu'à  ce  que  j'en  aie  trouvé,  au  Muséum  de  Paris,  plusieurs  plaques,  dont 
deux  correspondantes ,  portant  l'étiquette  de  «  Poissons  fossiles  pénétrés  de  mercure , 
»  renfermés  dans  un  schiste  bitumineux  de  la  commune  de  31unster-Appel ,  dans  le 
»  duché  de  Deux-Ponts;  »  Du  reste,  ils  ne  m'ont  rien  présenté  de  neuf,  si  ce  n'est 
qu'en  les  voyant,  j'ai  acquis  la  conviction  que  l'exemplaire  de  ma  fig.  2.  ,  celui  de  M. 
Bronn,  est  un  peu  trop  arqué  et  plus  large  que  dans  son  état  naturel,  et  que  sa  véri- 
table forme  est  plutôt  celle  de  l'exemplaire  de  3Iunich,  fig.  i. 

C'est,  en  effet,  des  mines  de  mercure  de  Munster- Appel,  à  quelques  lieues  de  Rreutz- 
nach, que  proviennent  tous  ces  poissons.  M.  Bronn,  qui  m'en  a  de  nouveau  adressé 
plusieurs,  en  automne  1882,  s'en  est  assuré,  en  voyant  dans  la  collection  de  31.  le  con- 
seiller Geiger,  à  Rreutznach,  un  exemplaire  de  cette  espèce  en  tout  semblable  aux  siens. 
Les  mines  d'où  ils  proviennent  se  trouvent  dans  le  terrain  houiller  ;  elles  ont  été  décrites 
par  Beurard  dans  le  Journal  des  mines ,  et  sont  mentionnées  dans  Leonhard  Taschen- 
buch  1807.  ï-  P-  ^9- 

Le  Palaeoniscus  Duvernoy  est  caractérisé  par  des  proportions  peu  communes  dans 
les  espèces  de  ce  genre.  La  forme  du  tronc  est,  en  général,  celle  d'un  fuseau  fortement 
renflé  dans  sa  partie  antérieure.  Le  dos  est  plus  arrondi  que  dans  les  autres  et  l'ab- 


—     46     — 

domenplus  saillant,  tandis  que  la  queue,  considérablement  rétrécie,  est  plus  allongée. 
Les  écailles  impaires,  placées  en  avant  des  nageoires  verticales  et  surtout  devant  la 
dorsale,  forment  une  voûte  plus  étendue.  La  tête  proportionnellement  petite,  courte 
et  obtuse,  a  le  profil  très-élevé  et  arrondi.  La  gueule  est  assez  grande  et  s'étend  jus- 
qu'au dessous  de  l'œil,  qui  paraît  avoir  été  plus  petit  que  dans  les  autres  espèces. 
Dans  la  fig.  2.,  on  distingue  très-bien  la  mâchoire  inférieure,  le  maxillaire  supérieur, 
et  plus  haut,  en  arrière  de  ces  pièces,  on  voit  des  fragmens  d'os  de  l'arcade  temporale 
et  palatine  qui  occupent  le  milieu  de  la  tête.  Quant  aux  rayons  branchiostègues  qui, 
dans  ce  genre,  acquièrent  un  développement  prodigieux,  il  n'en  est  resté  que  l'em- 
preinte qui  borde  la  partie  inférieure  et  postérieure  de  la  tête;  ces  rayons  sont  très- 
courts,  mais  très-larges,  et,  d'après  l'impression  qu'ils  ont  laissée,  ils  paraissent  éga- 
lement avoir  été  très-gros.  Jusqu'ici  je  n'ai  vu  aucune  partie  de  la  colonne  vertébrale 
de  cette  espèce;  il  n'est  resté  du  système  osseux  que  les  os  de  la  tête,  dont  il  vient 
d'être  fait  mention,  la  ceinture  thoracique  et  les  rayons  des  nageoires. 

La  ceinture  thoracique  forme  un  demi-cercle  qui  borde  la  partie  postérieure  et  su- 
périeure de  la  tête  ;  on  voit  distinctement  l'empreinte  du  suprascapulaire  et  en  dessous 
l'humérus;  il  est  peu  échancré  au-dessus  de  l'insertion  des  pectorales ^  mais  il  a  un 
léger  prolongement  arrondi  en  arrière  d'elles.  C'est  à  peine  si  l'on  distingue  cette  in- 
sertion des  pectorales,  parce  qu'elles  sont  presque  entièrement  enlevées  et  froissées. 
Dans  l'exemplaire  de  M.  Braun,  elles  n'atteignent  pas ,  à  beaucoup  près,  les  ventrales. 
Celles-ci,  assez  reculées _,  ne  sont  bien  conservées  que  dans  l'exemplaire  fig.  2.,  encore 
y  sont-elles  en  partie  disloquées;  il  paraît  qu'elles  ont  cinq  rayons  antérieurs  suivis 
d'une  quinzaine  d'autres  plus  longs,  et  qui  deviennent  insensiblement  plus  petits,  vers 
l'extrémité  postérieure  de  la  nageoire.  De  toutes  les  espèces  du  genre,  le  P.  Duvernoy 
est  celle  qui  ressemble  le  plus  aux  Amblypterus.  La  dorsale  est  très-reculée  ;  son 
extrémité  postérieure  est  même  ,  en  partie ,  opposée  à  l'anale  ;  mais  sa  partie  an- 
térieure correspond  à  l'espace  qu'il  y  a  entre  l'anale  et  les  ventrales;  elle  a,  à  son  bord 
antérieur,  sept  rayons  insensiblement  plus  grands,  avant  celui  qui  atteint  son  extrémité 
supérieure  ;  elle  paraît  du  reste  avoir  vingt-quatre  à  vingt-cinq  rayons,  dont  les  derniers 
vont  en  diminuant.  L'anale  qui  est  très-large  aussi,  dont  le  bord  postérieur  s'étend 
jusqu'à  l'insertion  de  la  caudale,  et  dont  les  rayons  jjaraissent  même  plus  allongés 
que  ceux  de  la  dorsale,  a  cinq  ou  six  rayons  courts  à  son  bord  antérieur,  suivis  de 
vingt-cinq  à  vingt-six  autres,  dont  les  premiers  sont  les  plus  longs,  et  qui  vont  en 
diminuant  de  taille.  La  caudale,  dont  les  lobes  sont  très-inégaux,  est  de  plus  caracté- 
risée par  l'insertion  très-oblique  de  ses  nombreux  rayons.  Le  lobe  inférieur  en  a,  à  la 
base  de  son  bord,  une  douzaine  de  petits,  qui  s'étendent  insensiblement  vers  sa  pointe, 
et  qui  sont  suivis  d'une  quinzaine  de  grands  rayons,  fendus  et  refendus  à  l'infini  à  leur 


—    47     — 

extrémité;  le  lobe  supérieur  en  a  plus  de  cinquante.  Quant  à  la  disposition  des 
nageoires,  la  ressemblance  des  poissons  de  ce  genre  avec  les  Esturgeons  est  frappante; 
aussi  ne  doit-on  pas  être  surpris  de  ce  que  Germar  a  fait  un  Acipenser  du  Palœoniscus 
Freieslebeni. 

On  ne  voit  distinctement  la  ligne  latérale  que  dans  la  fig.  i ,  et  dans  l'exemplaire  de 
M.  Alex.  Braun;  elle  s'étend  de  l'angle  supérieur  de  l'opercule,  en  ligne  droite,  vers  le 
milieu  de  la  caudale.  Les  écailles,  de  forme  très-variée  suivant  la  place  qu'elles  occupent 
sur  le  poisson ,  sont  en  proportion  plus  grandes  dans  cette  espèce  que  dans  les  autres 
du  même  genre.  Elles  sont  constamment  rhomboïdales  ;  mais  plus  on  moins  allongées 
ou  plus  on  moins  raccourcies,  suivant  qu'elles  sont  insérées  sur  la  partie  la  plus  effilée 
ou  la  plus  large  du  ti'onc.  Voyez  les  fig.  3.  4  et  5.  Comme  les  écailles  de  tous  les  poissons , 
elles  s'accroissent  par  lamelles  superposées;  mais  ce  qu'elles  ont  de  particulier  dans  cette 
espèce ,  c'est  qu'elles  forment  sur  leur  surface  extérieure  des  lignes  rhomboïdales  concen- 
triques, visibles  à  l'œil  nu.  Dans  la  partie  antérieure  du  tronc,  les  écailles  sont  dis- 
posées par  séries  presque  perpendiculaires,  mais  qui  deviennent  toujours  plus  inclinées 
en  s'approchant  de  la  queue,  oii  elles  sont  entièrement  horizontales  le  long  du  lobe 
supérieur  de  la  caudale.  Celles  des  séries  antérieures  sont  presque  carrées  et  légèrement 
recouvertes,  dans  leur  bord  antérieur,  par  celles  des  séries  qui  précèdent  ;  maisenarrière, 
plus  les  séries  s'inclinent  et  plus  les  écailles  s'allongent,  et  le  bord  qui  dans  une  série 
antérieure  est  dirigé  droit  en  avant,  devient  le  bord  inférieur  dans  celles  des  dernières 
rangées.  Leur  imbrication  reste  la  même,  avec  cette  seule  différence,  qu'en  arrière  le 
bord  supérieur  est  également  tant  soit  peu  recouvert,  ensorte  qu'une  écaille  postérieure 
paraît  enchâssée  entre  et  sous  deux  écailles  antérieures.  La  surface  des  écailles  est 
légèrement  bombée  sur  leur  milieu,  ce  qui  fait  que  l'empreinte  qu'elles  laissent  sur  la 
pierre,  là  oli  elles  se  détachent  entièrement,  est  lisse,  et  présente  au  milieu  un  léger 
enfoncement. 

Cette  espèce  a  beaucoup  de  rapports  de  détail  avec  le  Palœoniscus  minutus. 

III.  Pal;eoniscus  minutus  Agass. 

Vol.   2.  Tab.  8.  f.    I.   2.   et  3. 

Palœothrissum  minutum  Agass.  Catal.  manuscr. 

Le  seul  exemplaire  de  cette  espèce  que  j'aie  vu,  se  trouve  au  Musée  de  Strasbourg; 
ce  sont  deux  plaques  correspondantes,  très-bien  conservées  et  qui  ne  laisseraient  rien 
à  désirer  si  la  tête  avait  conservé  sa  position  naturelle  ;  mais  elle  s'est  détachée  de  la 
colonne  vertébrale  et  a  glissé  un  peu  plus  bas ,  ensorte  qu'elle  se  trouve  continue  à  la 
cavité  abdominale ,  et  que  la  mâchoire  inférieure  est  placée  en  avant  et  en  dessous  du 
hord  du  ventre.   Il  provient  des  mines  de  mercure  de  Munster- Appel.   Frappé  des 


—     48     — 

nombreuses  ressemblances  de  détail  qu'il  a  avec  le  P.  Duvernoy  ,  j'avais  cru  d'abord 
que  c'était  un  jeune  individu  de  cette  espèce  j  cependant  il  présente  des  particularités 
qui  obligent  à  le  distinguer  spécifiquement ,  aussi  long-temps  du  moins  qu'on  n'aura 
pas  reconnu,  dans  une  série  d'exemplaires,  la  possibilité  de  rattacher  aux  cliange- 
mens  qui  surviennent  pendant  son  accroissement  toutes  les  différences  que  présentent 
ces  deux  poissons 5  ce  qui  ne  serait  pas  impossible,  puisque  c'est  surtout  par  les  dimen- 
sions des  parties  entre  elles  qu'ils  se  distinguent. 

Le  Palœoniscus  minutus  a  le  corps  moins  large  dans  sa  partie  antérieure  ;  la  queue 
ne  présente  par  conséquent  pas  im  rétrécissement  aussi  considérable.  La  ligne  latérale 
parallèle  au  contour  supérieur  du  tronc  est  beaucoup  plus  rapprochée  du  dos  que  du 
bord  du  ventre.  Ce  qui  me  fait  surtout  penser  que  cet  ichtliyolithe  constitue  une  es- 
pèce particulière  ,  c'est  que  les  écailles  ont  à  peu  près  la  même  grandeur  et  la  même 
forme  dans  toutes  les  parties  du  corps  ;  elles  sont  rhomboïdales,  aussi  hautes  que  longues, 
celles  du  prolongement  de  la  queue  seulement  sont  un  peu  plus  allongées.  Toutes  les 
nageoires  sont  composées  de  rayons  très-fins ,  dont  les  articulations  transverses  sont 
très-éloignées  et  dont  les  divisions  terminales  sont  moins  nombreuses  que  dans  le  P. 
Duvernoy;  la  dorsale  et  l'anale  sont  grandes,  considérablement  plus  élevées  dans  leur 
bord  antérieur  qu'à  leur  extrémité  :  la  dorsale,  qui  commence  immédiatement  en  arrière 
des  ventrales,  finit  vis-à-vis  de  la  partie  de  l'anale  où  se  trouvent  ses  plus  longs  rayons. 
Les  ventrales  paraissent  aussi  grandes  que  les  pectorales  et  sont  placées  exactement  au 
milieu  ,  entre  celles-ci  et  l'anale.  Les  rayons  qui  s'étendent  le  long  du  bord  supérieur 
du  prolongement  de  la  queue  sont  plus  gros  que  ceux  qui  constituent  la  caudale  même. 

Quant  à  la  tête,  non-seulement  elle  est  déplacée,  mais  encore  sa  partie  antérieure 
est  enlevée  j  on  voit  cependant  distinctement  les  mâchoires  et  quelques-uns  des  courts 
et  larges  rayons  branchiostègues  qui  sont  placés  entre  les  brandies  du  maxillaire  in- 
férieur. Dans  cette  espèce,  la  gueule  paraît  avoir  été  très-fendue,  au-delà  même  de 
l'orbite  qui  est  plus  grande  que  dans  le  P.  Duvernoy.  Les  pièces  operculaires  sont 
grandes,  lisses,  et,  comme  les  autres  os  de  la  tête  que  l'on  peut  voir,  marquées  seu- 
lement de  quelques  lignes  concentriques  peu  saillantes.  La  fig.  i.  et  2.  représente  les 
deux  plaques  correspondantes;  la  fig.  3.  les  écailles  du  milieu  du  tronc. 

IV.  Paleomscus  Blainvillei  Aoass. 

Yol.  2.  Tab.  5.  f.  I.  2.  3.  4-  5.  6.  et  7. 

Palaeothrissum  inœquilobum  de  Bl.  Ichthyol.  p.  17.  —  P.  parvum  de  Bl.  Id.  p.  17. 

Ce  poisson  n'a  aucun  rapport  avec  le  Palœoniscus  Freieslebeni ,  avec  lequel  il  a  ce- 
pendant été  confondu  par  plusieurs  géologues,  dans  leurs  catalogues  des  fossiles  carac- 
téristiques. Le  Palœoniscus  Blainvillei  ne  se  trouve  jamais  dans  le  Zechstein  du  Mansfeld , 


—    49    — 

mais  il  est  très-coinmiin  dans  les  environs  d'Autun.  J'en  ai  vu  un  très-grand  nombre 
d'exemplaires  aux  Musées  de  Strasbourg  et  de  Paris,  dans  les  collections  de  MM. 
Brongniart  et  Régley,  à  Paris,  et  dans  les  cabinets  d'histoire  naturelle  de  Lausanne 
et  de  Neucliâtel.  Les  originaux  de  mes  figurejs  m'ont  été  communiqués  par  M.  Voltz 
et  se  trouvent  au  Musée  de  Strasbourg  ;  les  magasins  du  Muséum  d'histoire  naturelle 
de  Paris  contiennent  un  si  grand  nombre  d'exemplaires  de  cette  espèce,  qui  ont  été 
donnés  par  M.  de  Bonnard,  que  l'on  pourrait  en  orner  toutes  les  collections  géolo- 
giques. 

La  forme  générale  du  corps  de  cette  espèce  est  un  ovale  allongé  et  rétréci  dans 
sa  partie  postérieure^  c'est  le  plus  large  Palœoniscus  que  je  connaisse,  et  cependant 
c'est  l'un  de  ceux  qui  ont  l'aspect  le  plus  élégant  et  la  tournure  la  plus  gracieuse.  Sa 
petite  tète ,  ses  larges  écailles  qui ,  siu'  le  milieu  du  dos ,  s'élèvent  insensiblement  le 
long  de  la  dorsale ,  sa  queue  doucement  redressée ,  son  anale  et  ses  nageoires  paires 
bien  proportionnées  à  sa  taille,  et  placées  k  égale  distance  les  unes  des  autres,  lui 
prêtent  cet  ensemble  qui ,  sans  avoir  rien  de  frappant ,  fait  le  charme  de  toutes  les 
formes  régulières. 

La  tête  égale  environ  la  cinquième  partie  de  la  longueur  totale  du  poisson  ;  l'oper- 
cule est  petit  et  repose  sur  une  large  et  grosse  ceinture  thoracique,  qui  présente  un 
renflement  considérable  à  l'angle  où  les  pectorales  sont  insérées.  La  surface  extéxieure 
de  l'opercule  est  ornée  d'une  sculpture  en  sillons  rayonnans  qui  semblent  diverger  dans 
tous  les  sens,  du  milieu  de  son  bord  antérieur.  Pour  les  détails  de  la  tête,  voyez  lesfîg.  i. 
2  et  3.  Lorbite  est  grande,  située  droit  au-dessus  de  l'articulation  de  la  mâchoire 
inférieure ,  et  entourée  de  sous-orbitaires  dont  la  surface  est  aussi  ornée  de  quelques 
saillies  irrégulières.  Le  sommet  de  la  tête  est  légèrement  arqué  et  la  nuque  se  continue 
avec  le  dos  sur  une  ligne  également  voûtée;  la  surface  extérieure  des  os  du  crâne 
présente  aussi  quelques  traits  saillans  disposés  en  rayons,  suivant  les  progrès  de 
l'ossification  de  chaque  os.  La  bouche  paraît  avoir  été  petite  et  la  mâchoire  supérieure 
étroite;  mais  le  maxillaire  inférieur  est  large,  surtout  en  avant  de  son  articulation, 
vers  l'apophyse  coronoïde;  sa  surface  extérieure  est  sillonnée  longitudinalement. 
Entre  les  deux  branches  de  la  mâchoire  inférieure  se  trouvent  fixés  les  rayons  bran- 
chiostègues  qui  occupent  tout  l'espace  de  la  gorge  ;  ce  sont  de  larges  plaques ,  presque 
aussi  larges  que  longues,  sur  lesqifelles  on  A^oit  distinctement  des  saillies  qui  parais- 
sent quelquefois  des  rides  concentriques  :  il  y  a,  dans  différens  exemplaires,  cinq 
ou  six  de  ces  rayons;  mais  il  est  possible  que  leur  nombre  soit  plus  considérable, 
puisque  je  n'ai  encore  jamais  vu  de  plaque  dans  laquelle  le  poisson  fût  placé  sur  son 
dos ,  de  manière  à  laisser  voir  distinctement  la  nature  de  sa  surface  ventrale ,  quoique 
j'aie  examiné  plus  de  cent  exemplaires  de  cette  espèce.  Je  crois  quil  est  permis  de 

ToM.  II.  7 


—    50    -^ 

conclure  de  ce  fait  que  ce  poisson  était  très-comprimé ,  et  que  c'est  pour  cela  que,  dans 
les  couches  qui  le  contiennent,  il  s'est  toujours  déposé  sur  son  flanc.  Il  est  une  autre 
observation  qui  tend  encore  à  confirmer  cette  supposition,  c'est  que  presque  tous  les 
exemplaires  que  l'on  trouve  sont  dans  un  état  de  conservation  qui  ne  laisse  rien  à 
désirer  sur  la  position  relative  de  leurs  parties;  les  parois  écailleuses  du  flanc  droit  et 
du  flanc  gauche  reposant  immédiatement  l'une  sur  l'autre  par  leur  surface  interne, 
Reparaissent  cependant  pas  disloquées,  et  leurs  bords  supérieur  et  inférieur  ont  rare- 
ment glissé  l'un  sur  l'autre ,  ce  qui  devrait  nécessairement  avoir  lieu  dans  un  poisson 
arrondi,  chez  lequel  les  nageoires  verticales  auraient  conservé  leur  position;  car 
l'insertion  de  leurs  rayons  indiquant  le  véritable  contour,  et  leurs  interapophysaires 
étant  liés  aux  apophyses  épineuses  de  la  colonne  vertébrale ,  il  est  impossible  de  sup- 
poser qu'en  s'aplatissant,  les  côtés  arrondis  se  soient  étendus  par  le  dos  et  le  ventre. 
Cette  dilatation  aurait  amené  une  autre  pertuxbation  dans  la  position  des  écailles ,  dont 
les  séries  dorso-ventrales  auraient  dû,  dans  plusieurs  points,  glisser  les  unes  sur 
les  autres  et  se  recouvrir,  ou,  dans  d'autres  cas,  se  détacher  et  se  séparer  les 
unes  des  autres;  ce  qui  n'a  pas  lieu  :  l'on  voit,  au  contraire,  qu'elles  ont  conservé 
une  position  bien  régulière  sur  toute  la  surface  du  corps  dans  la  plupart  des  exem- 
plaires. 

Ce  qu'il  y  a  cependant  de  bien  surprenant  dans  l'état  de  conservation  de  tous  les 
Paléonisques,  mais  surtout  de  ceux  de  Muse,  c'est  que  les  os  de  la  tête,  des  mâ- 
choires, de  la  ceinture  thoracique,  et  les  rayons  branchiostègues  étant  ordinairement 
très-bien  conservés  et  ayant  laissé  des  traces  indubitables  de  leur  nature  osseuse ,  il 
ne  reste  généralement  aucune  trace  des  os  de  la  colonne  vertébrale ,  quoique  les  parois 
écailleuses  des  deux  côtés  du  poisson  soient  superposées  l'une  à  l'autre  dans  une 
position  qui  paraît  naturelle,  et  quoique  l'on  ne  trouve  auciuie  trace  d'une  lésion 
par  laquelle  les  vertèbres  (que  l'on  pourrait  supposer  peu  cohérentes  entre  elles) 
auraient  pu  sortir  de  dessous  la  peau.  Cette  obsei'vation  n'est  pas  seulement  appli- 
cable aux  Pala3oniscus  ;  presque  tous  les  Ganoïdes  sont  dans  ce  cas  ;  et  cependant  il 
est  impossible  d'admettre  que ,  malgré  la  nature  osseuse  des  os  de  la  tête ,  la  colonne 
vertébrale  soit  cartilagineuse;  car  dans  quelques  cas  rares  l'on  trouve  des  traces  de 
véritables  os  entre  les  deux  plaques  d'écaillés.  J'en  ai  observé  dans  les  Palœoniscus 
qui  m'ont  éclairé  sur  la  véritable  nature  de  leur  squelette ,  dans  les  genres  Platy- 
somus,  Tetragonolepis  et  Semionotus;  ceux  du  genre  Lepidotus,  quoique  très-rare- 
ment présens,  dans  les  exemplaires  en  apparence  les  plus  complets  sont  même  très- 
massifs.  On  les  trouve  plus  fréquemment  dans  les  genres  de  la  famille  des  Sauroïdes 
et  des  Pycnodontes  que  chez  les  Lépidoïdes  ;  mais  ils  manquent  souvent  aussi  chez 
les  premiers,  et,  dans  tous  les  cas,  leur  disparition  est  aussi  inexplicable  que  pour  les 


—     51     — < 

Palnconiscus.  Le  fait  le  plus  surprenant  est  celui  oîi  les  côtes  et  les  apophyses  épi- 
neuses existent  clans  leur  position  respective  naturelle,  mais  où  les  corps  des  vertèbres 
ont  entièrement  disparu ,  sans  aucune  trace  de  lésion  extérieure ,  comme  on  le  A^oit 
souvent  dans  les  Gaturus ,  et  comme  je  l'ai  aussi  observé  dans  un  Palaeoniscus  de 
Muse.  L'articulation  des  apophyses  avec  les  corps  de  vertèbres,  auxquels  elles 
ne  sont  point  soudées,  rend  la  chose  plus  facile,  mais  n'explique  pas,  pour  ce  cas, 
la  disparition  des  corps  de  vertèbres^  pas  plus  que,  pour  d'autres  cas,  la  disparition 
complète  des  os  du  tronc.  Il  paraît  donc  qu'il  y  a  eu  quelque  action  physique  encore 
inconnue  qui  les  a  détruits ,  puisque  leur  absence  ne  peut  pas  être  expliquée  méca- 
niquement. 

Quant  aux  écailles  de  cette  espèce ,  elles  ont  xm  caractère  qui  leur  est  commun 
à  toutes  ;  c'est  d'être  parfaitement  lisses  à  leur  suiface  extérieure  et  recouvertes  d'une 
couche  d'émail  si  opaque  et  si  homogène  que  l'on  n'entrevoit  pas  même  de  traces  des 
lignes  concentriques  d'accroissement,  sans  les  briser.  Les  écailles  qui  recouvrent  le 
tronc  sont  de  moyenne  grandeur,  et  plus  hautes  ou  plus  larges  que  longues  (fig.  5.); 
les  plus  grandes  occupent  les  côtés  de  la  partie  antérieure  de  l'abdomen;  vers  le 
rétrécissement  de  la  queue  elles  deviennent  insensiblement  plus  petites  et  en  même 
temps  plus  longues  que  larges  (fig.  6.);  sur  le  prolongement  du  lobe  supérieur  de  la 
caudale,  elles  changent  de  direction  (fig.  'y.)  et  vont  en  diminuant  encore  jusqu'à 
son  extrémité  où  elles  deviennent  imperceptibles  (fig.  4-)  Sous  le  ventre  et  vers  son 
bord  inférieur ,  les  écailles  sont  aussi  plus  longues  que  hautes.  La  position  des  écailles 
et  leur  imbrication  sont  telles  que  l'on  distingue  seulement  des  séries  dorso-ventrales 
continues,  légèrement  inclinées  d'avant  en  arrière,  et  presque  droites  5  au  bord  du  dos 
seulement  elles  sont  un  peu  arquées  en  avant,  et,  au  bord  du  ventre,  légèrement  déviées 
en  arrière;  cette  disposition  est  constante,  même  sur  le  rétrécissement  de  la  queue, 
jusqu'aux  séries  qui  finissent  à  Tinsertion  des  rayons  du  lobe  inférieur  de  la  cau- 
dale, et  sur  lesquels  elles  forment  une  saillie  arrondie  (fig.  i.)  ;  plus  loin  elles  se 
dirigent  dans  le  sens  du  prolongement  de  la  colonne  vertébrale  que  forme  le  lobe 
supérieur  de  la  caudale.  Ce  changement  s'opère  par  l'intercalation  de  quelques 
écailles  à  l'extrémité  inférieure  des  séries,  qui  se  bifurquent  même  et  qui,  formées 
alors  de  plus  d'écaillés  dans  leur  partie  inférieure,  s'incUnent  davantage  en  arrière; 
les  bords  des  écailles,  qui,  dans  la  partie  extérieure  du  corps  ,  apparaissaient  comme 
bord  antérieur  et  postérieur,  deviennent  supérieur  et  inférieur;  les  supérieur  et  in- 
férieur deviennent,  par  la  même  laison,  antérieur  et  postérieur,  et  Fimbrication  est 
telle  alors  que  les  séries  formées  par  les  bords  supérieur  et  inférieur  devenant  plus 
visibles ,  les  écailles  semblent  suivre  une  autre  disposition ,  quoique  l'on  remarque 
encore  un  peu  les  séries  qui  correspondent  à  celles  de  la  partie  antérieure  du  corps , 


—    52    ~ 

comme  ici  déjà  l'on  entrevoit  celles  qui  prédominent  sur  le  prolongement  de  la  queue. 
Cette  différence,  dans  l'aspect  des  écailles,  résulte  aussi  de  ce  que,  dans  la  partie 
antérieure  du  corps,  les  bords  supérieur  et  inférieur  d'une  écaille  ne  sont  pas  direc- 
tement placés  à  la  suite  des  mêmes  bords  des  écailles  de  la  série  voisine,  mais  qu'ils 
aboutissent  à  la  partie  supériem-e  de  leurs  bords  postérieurs  (fig.  5.);  tandis  que, 
sur  le  prolongement  de  la  queue ,  tous  les  bords  des  écailles  sont  plus  directement 
continus. 

La  ligne  latérale  ne  se  distingue  pas  sensiblement;  elle  s'étend  du  bord  supérieur 
de  l'opercule  au  milieu  de  l'écbancrure  de  la  caudale,  légèrement  arquée  vers  le 
ventre  dans  la  partie  antérieure  du  tronc;  sur  le  prolongement  de  la  queue ,  ce  sont* 
les  écailles  de  son  bord  inférieur  qui  portent  les  trous  du  canal  muqueux  ;  ses  écailles 
sont  un  peu  plus  liantes  que  celles  des  séries  avoisinantes. 

Excepté  la  caudale,  les  nageoires  de  ce  poisson  ont  à  peu  près  les  mêmes  dimen- 
sions; la  dorsale,  placée  un  peu  plus  en  arrière  que  le  milieu  du  dos,  occupe  exac- 
tement l'espace  qu'il  y  a  vis-à-vis  l'intervalle  qui  sépare  les  ventrales  et  'l'anale  ; 
celle-ci  a  exactement  la  même  forme  que  la  dorsale  ;  les  ventrales  diffèrent  des  mêmes 
nageoires  dans  les  poissons  ordinaires,  parce  qu'elles  sont  insérées  au  corps  par  une 
large  base,  comme  dans  les  Esturgeons,  et  en  général  dans  les  Ganoïdes;  il  en 
est  de  même  des  pectorales  qui  sont  rarement  conservées.  La  caudale  est  conformée 
comme  dans  tous  les  Ganoïdes  hétérocerqUes ;  la  colonne  vertébrale,  se  prolongeant 
considérablement  au-delà  des  premiers  rayons  du  lobe  inférieur  de  la  nageoire , 
donne  naissance  à  un  lobe  supérieur  asymétrique ,  dont  les  rayons  vont  en  diminuant 
successivement  de  grandeur.  Les  nageoires  ont  quelque  cliose  de  très-particulier  dans 
leur  aspect  extérieur  ;  «lies  sont  toutes  recouvertes  d'écaillés  qui  ont  la  même  struc- 
ture que  celles  du  corps,  mais  qui  en  diffèrent  par  leur  forme  et  leur  position.  Elles 
sont  très-petites,  souvent  beaucoup  plus  longues  que  larges,  disposées  le  long  des 
rayons  des  nageoires ,  mais  fixées  sur  le  milieu  des  rayons  de  manière  à  s'étendre 
sur  le  rayon  voisin  postérieur  et  à  en  recouvrir  le  bord  antérieur  ;  du  reste ,  leur 
forme  est  toujours  rhomboïdale,  et  elles  sont  liées  entre  elles  par  leurs  bords  su- 
périeur et  inférieur  ;  sur  les  rayons  antérieurs  de  cliaque  nageoire ,  elles  sont  ha- 
bituellement plus  longues  que  sur  les  rayons  postérieurs.  On  remarque  encore  cette 
particulai'ité  dansées  écailles,  c'est  que  là  oii  les  rayons  se  bifuiquent,  les  séries 
d'écaillés  se  doublent  aussi  de  manière  à  suivre  toujours  la  disposition  des  rayons, 
leurs  divisions,  et  à  les  recouvrir  sur  toute  leur  étendue  comme  à  leur  base.  Il  résulte 
de  là  que  les  nageoires  sont  autant  de  rames  cuirassées,  dont  les  plaques  ont  dû  être, 
mobiles  les  unes  sur  les  autres  dans  leur  imbrication  antéro-postérieure ,  afin  de 
permettre  aux  nageoires  tous  les  mouvemens  dont  elles  doivent  être  susceptibles 


5o 


en  général,  et  chaque  rayon  en  particulier,  pour  soutenir  le  poisson  dans  ses  mou- 
vemens  de  progression  et  les  modifier  à  l'infini.  Enfin ,  en  avant  de  chaque  nageoire, 
l'on  remarque  de  grosses  écailles  qui  protègent  le  bord  antérieur  de  l'insertion  des 
rayons  ;  en  avant  de  la  dorsale ,  sur  le  milieu  du  dos ,  il  y  en  a  quatre  impaires ,  im- 
briquées à  la  suite  les  unes  des  autres  j  elles  deviennent  de  plus  en  plus  pointues, 
et  les  deux  dernières  se  relèvent  même  insensiblement  et  se  dressent  le  long  du  bord 
antérieur  de  la  nageoire^  il  y  «i  même  une  série  de  ces  écailles  de  plus  en  plus 
petites  sur  tout  le  bord  antérieur  des  grands  rayons,  et  c'est  ici  que  l'on  peut  voir 
distinctement  les  rapports  intimes  et  même  les  transitions  insensibles  qu'il  y  a  entre 
ces  écailles  et  les  rayons  des  nageoires ,  car  souvent  l'on  voit  une  de  ces  écailles  prendre 
rang  entre  les  rayons  et  s'articuler  avec  les  interapophysaires  comme  les  vrais  rayons 
osseux,  dont  les  antérieurs,  du  reste,  dans  toutes  les  nageoires  de  la  plupart  des  pois- 
sons, sont  fort  semblables  à  des  écailles  allongées  du  milieu  du  dos.  Comparez,  pour 
plus  de  détails,  la  description  des  Semionotus,  des  Lepidotus,  et  surtout  celle  des 
Caturus.  Il  y  a  également  quelques  grosses  écailles  en  arrière  de  la  dorsale;  mais 
c'est  surtout  le  long  du  bord  supérieur  du  prolongement  de  la  queue  qu'elles  sont 
très-développées  ;  elles  commencent  au  plus  fort  du  rétrécissement  de  la  qiieue,  là 
où  les  séries  transverses  des  écailles,  changeant  de  direction,  s'inclinent  davantage 
en  arrière;  les  premières  sont  plus  arrondies,  les  suivantes  deviennent  de  plus  en 
plus  pointues  jusqu'à  l'extrémité  de  la  queue,  où  elles  sont  à  peine  perceptibles;  elles 
correspondent  à  des  écailles  impaires ,  plus  petites  il  est  vrai ,  mais  disposées  d'une 
manière  analogue  le  long  du  bord  inférieur  du  lobe  inférieur  de  la  caudale.  Cette  na- 
geoire a  encore  cela  de  particulier ,  que  les  écailles  qui  recouvrent  les  rayons  de  son 
lobe  inférieur  sont  beaucoup  plus  longues  que  larges ,  et  en  même  temps  plus  longues 
que  celles  qui  sont  attachées  aux  rayons  du  lobe  supérieur  et  qui  ont  plutôt  des 
dimensions  inverses.  En  avant  de  l'anale,  il  y  a  seulement  deux  écailles  plus  grandes 
et  qui  sont  arrondies ,  et  une  rangée  de  très-petites  sur  son  bord  antérieur  ;  celles  qui , 
de  chaque  côté  du  poisson ,  sont  placées  à  la  base  de  l'insertion  des  ventrales ,  sont 
aussi  plus  grandes ,  étroites  et  arrondies  à  leur  bord  inférieur.  Ces  écailles  des  na- 
geoires, celles  du  moins  qui  recouvrent  la  surface  extérieure  des  rayons,  sont,  en 
général ,  trop  petites  pour  que  l'on  ait  pu  représenter  leur  disposition  dans  les  figures 
d'ensemble;  cependant,  il  est  facile  de  les  reconnaître  à  la  loupe,  et  l'on  peut  s'as- 
surer de  leurs  rapports  de  position  avec  les  rayons,  en  recherchant  des  empreintes 
oïl  les  écailles  soient  visibles  par  leur  surface  interne,  sur  laquelle  on  voit  alors  dis- 
tinctement les  traces  de  la  position  des  rayons  ;  on  les  reconnaît  aussi  à  la  saillie 
qu'ils  forment  sur  les  écailles  lorsqu'on  examine  celles-ci  par  leur  surface  extérieure. 
Le  Palœoniscus  Blainvillei  est  très-commun  au  Pont  de  Muse,  à  deux  lieues  au 


—    M    — 

N.  0.  d' Autun ,  dans  un  schiste  niarno-bitumineux ,  qui  en  contient  un  si  grand  nombre 
d'exemplaires  qu'on  en  découvre  toujours  plusieurs  entre  les  feuillets,  même  les  plus 
minces,  de  ses  couches.  M.  Boue  croit  que  ce  schiste  est  très-probablement  identique 
avec  la  partie  inférieure  du  Zechstein;  tandis  que  M.  de  Bonnard  croit  qu'il  appar- 
tient à  un  terrain  houiller,  quoiqu'on  ne  trouve  dans  cette  localité  ni  psammite  houil- 
1er ,  ni  schiste  des  houillères ,  mais  seulement  un  schiste  très-bitumineux  avec  de 
véritables  fougères;  cette  opinion  est  aussi  celle  de  M.  Elie  de  Beaumont.  C'est  dans 
les  notes  de  M.  Cuvier  que  j'ai  trouvé  ces  renseignemens  sur  le  gisement  des  poissons 
d' Autun.  On  trouve  encore,  dans  cette  intéressante  localité,  deux  autres  espèces  du 
même  genre  :  les  Palaeoniscus  Yoltzii  et  angustus  et  le  Pygopterus  Bonnardi ,  dont 
on  ti'ouvera  la  description  plus  loin. 

La  présence  de  plusieurs  espèces,  souvent  très-semblables,  quoique  bien  distinctes, 
dans  une  même  localité,  entremêlées  dans  les  mêmes  couches,  mais  limitées  à  des 
dépôts  de  peu  d'étendue,  est  un  fait  géologique  et  de  géographie  des  êtres  organisés 
très-sui'prenant.  Nous  voyons,  par  exemple,  dans  certaines  localités,  deux  ou  trois 
espèces  d'un  même  genre,  que  Ton  a  de  la  peine  à  distinguer,  comme  à  Solenhofen, 
à  Eichstœdt  et  à  Daiting ,  plusieurs  Leptolepis ,  à  Muse  trois  Palaeoniscus ,  dans  plu- 
sieurs de  nos  lacs  quelques  Leuciscus  très-voisins,  tandis  que  dans  des  localités 
correspondantes,  soit  à  cause  de  leur  position  ou  de  l'âge  des  couches,  on  trouve  un 
nombre  moins  considérable  d'espèces  plus  différentes  entr'elles ,  ou  même  d'un 
autre  genre ,  mais  dont  l'ensemble  rappelle  involontairement  dans  notre  esprit  l'im- 
pression qu'y  ont  laissé  les  premières.  En  présence  de  pareilles  circonstances,  l'on 
est  à  se  demander  si  ces  espèces  très -conformes  ne  sont  pas  dans  leur  ensemble 
l'analogue  d'espèces  plus  différentes  que  l'on  trouve  dans  d'autres  localités;  si  la 
nature  n'a  pas  formé  dans  certains  cas  sur  un  même  moule  de  certain  aspect,  ce  que 
dans  d'autres  cas  elle  a  atteint  par  quelques  modifications  peu  variées  d'un  autre 
moule  analogue.  Dès  à  présent  il  suffit  de  parcourir  les  catalogues  des  fossiles  carac- 
téristiques de  différens  dépôts  contemporains  pour  trouver,  dans  les  créations  suc- 
cessives de  nombreux  exemples  de  cette  analogie  compensative,  qui  deviendra  d'au- 
tant plus  frappante ,  que  dans  nos  registres  les  espèces  seront  mieux  rangées  d'après 
leurs  aflînités  naturelles. 

En  comparant  ainsi  les  Palaeoniscus  de  Muse,  qui  n'ont  encore  été  trouvés  nulle 
part  ailleurs,  avec  ceux  de  Munster-Appel,  de  Sunderland,  de  Silésie  et  du  Mansfeld, 
on  leur  trouve  en  général  plus  de  ressemblance  dans  l'aspect  extérieur,  et  puis  en- 
suite jusque  dans  les  plus  petits  détails,  avec  les  espèces  des  dépôts  houillers  qu'avec 
celles  du  Zechstein,  dont  les  écailles  sont  ornées  de  différens  dessins  à  leur  surface 
extérieure.  Quant  aux  poissons  des  environs  de  Saarbriïck ,  et  que  l'on  trouve  surtout 


oo 


près  de  Lébach,  nous  avons  vu,  au  chapitre  précédent,  qu'ils  appartiennent  au  genre 
Amblypterus;  ils  gisent  dans  les  couches  supérieures  du  terrain  houiller,  au  milieu 
de  minerais  de  fer  :  leurs  empreintes  sont  pyriteuses ,  et  on  les  trouve  au  milieu  de 
rognons  arrondis,  se  décomposant  par  couches  concentriques.  Quoique  ressortissant 
d'un  genre  assez  différent  des  Pah-eoniscus ,  il  est  certain,  cependant,  que  les  pois- 
sons de  Lébach  rappellent  aussi  ceux  d'Autun.  Par  leur  état  de  conservation,  les 
poissons  d'Autun  ressemblent  encore  à  ceux  de  Munster-Appel ,  qui  ne  sont  jamais 
conteinis  dans  des  masses  sphéroïdales ,  mais  qui  sont  déposés  dans  des  schistes 
souvent  aussi  feuilletés  que  ceux  du  Pont  de  Muse  ;  ceux  de  Munster-Appel  sont  de 
plus  pénétrés  de  mercure  sulfuré.  Les  deux  espèces  de  Palseoniscus  que  M.  de  Dechen 
vient  de  découvrir,  entre  la  Bohême  et  la  Silésie,  dans  des  couches  de  calcaire  su- 
bordonné au  Rothes  Todtliegendes ,  sont  celles  qui  ressemblent  le  plus  aux  poissons 
de  Muse,  et  en  même  temps  k  l'espèce  de  Sunderland.  Mais,  dans  aucun  de  ces 
divers  gisemens,  je  n'ai  trouvé  des  espèces  identiques. 

M.  de  Blainville  a  décrit  ce  poisson  sous  le  nom  de  Palœothrissum  inœquilobum , 
dénomination  qui  convient  également  à  toutes  les  espèces  du  genre;  son  Palœothris- 
sum parvum  est  établi  d'après  de  jeunes  individus  de  la  même  espèce.  31.  de  Blain- 
ville n'a  pas  connu  les  P.  Voltzii  et  angustus  qui  ne  se  trouvaient  pas  dans  la  col- 
lection de  M.  Brongniart. 

V.  Pal.eoniscus  Voltzii  Agass. 
Yol.  1.  Tab.  6.  f.  i.  i.  3.  4.5.  6  et  7. 

Je  dois  à  M.  Voltz  la  communication  des  deux  plus  belles  plaques  que  j'aie  vues 
de  cette  espèce,  et  qui  sont  représentées  par  les  figures  i  et  2  de  la  table  citée.  Ce 
sont  deux  plaques  correspondantes  du  même  indiAàdu  qui  s'est  détaché  de  manière 
à  être  visible,  sur  la  fig.  2,  par  toute  sa  surface  droite  qui  est  en  relief;  surlafig.  i, 
il* n'a  laissé  qu'une  empreinte  creuse  de  cette  même  surface,  mais  si  nette  qu'elle  en 
présente  tous  les  caractères.  Ces  exemplaires  sont  dans  l'état  de  conservation  le  plus 
parfait,  à  l'exception  de  la  caudale  qui  est  brisée;  ils  sont  conservés  au  Musée  de 
Strasbourg.  Au  Muséum  d'histoire  naturelle,  il  y  a  également  plusieurs  beaux 
exemplaires  de  cette  espèce ,  parmi  lesquels  se  trouve  celui  qui  est  représenté  par  la 
fig.  3,  et  dont  la  caudale  surtout  est  bien  conservée. 

Cette  espèce  diffère  considérablement  du  P.  Blainvillei  par  sa  forme  allongée,  par 
ses  grosses  écailles  et  par  les  proportions  de  ses  parties.  La  tête  paraît  plus  grande, 
parce  qu'elle  est  presque  aussi  large  que  le  tronc  ;  elle  n'égale  pourtant  pas  le  quart 
de  la  longueur  totale  du  poisson.  L'opercule  est  plus  large  et  plus  grand;  sa  surface 
extérieure  est  lisse ,  comme  en  général  tous  les  os  de  la  tête ,  sur  lesquels  on  ne  re- 


~     o6     — 

marque  pas  les  ornemens  en  relief  qui  distinguent  le  P.  Blainvillei;  sur  les  rayons 
hranchiostègues  qui  sont  très-larges  et  fort  gi'os ,  et  au  bord  des  maxillaires  inférieurs 
seulement ,  on  aperçoit  quelques  traces  des  lignes  d'accroissement  de  leurs  feuillets 
osseux.  L'orbite  est  fort  grande  et  occupe  exactement  le  milieu  des  côtés  de  la  tcte. 
Dans  l'original  de  la  fig.  2 ,  on  voit  distinctement  la  ceinture  tboracique  formée  d'un 
scapidaire  arrondi  à  son  bord  postérieur,  qui  a  une  forte  impression  transverse  sur 
son  milieu  et  qui  est  placé  au-dessus  de  l'opercule;  d'un  humérus  arqué  en  forme 
de  croissant  dessous  l'opercule ,  et  dont  le  côté  antérieur  est  creux  et  considérable- 
ment dilaté:  les  autres  os  du  bas  ne  sont  pas  visibles.  Cette  dilatation  interne  de  la 
lame  antérieure  de  l'humérus  et  le  dérangement  que  l'on  observe  dans  la  position 
des  écailles  de  presque  tous  les  exemplaires ,  me  font  penser  que  cette  espèce  était 
non-seulement  plus  étroite,  mais  aussi  plus  épaisse  et  plus  arrondie,  vers  le  dos 
surtout;  car,  de  ce  côté  du  corps,  toutes  les  séries  d'écaillés  ont  glissé  les  unes  sur 
les  autres,  de  manière  à  se  recouvrir  sur  plus  de  la  moitié  de  leur  longueur,  comme 
cela  devrait  nécessairement  avoir  lieu  si  l'on  comprimait  sur  un  plan  un  poisson  ar- 
rondi et  à  grosses  écailles,  sans  que,  dans  sa  position  ,  il  pût  se  dilater  sur  les  côtés. 

Les  écailles  du  P.  Voltzii  sont  considérablement  plus  grandes  que  celles  de  l'espèce 
précédente;  elles  sont  surtout  plus  carrées  (fig.  5.),  c'est-à-dire  que  la  partie  des 
écailles  qui  est  visible  extérieurement  est  généralement  aussi  longue  que  haute  ;  la 
différence  dans  les  dimensions  des  écailles  de  la  région  antérieure  du  corps  où  elles 
sont  surtout  grandes,  et  de  celles  du  pédicule  delà  queue  oii' elles  sont  beaucoup  plus 
petites  ,  est  plus  sensible  dans  cette  espèce  que  dans  le  P.  Blainvillei ,  parce  que  dans 
celui-ci,  malgré  l'élévation  considérable  des  écailles  de  la  partie  antérieure  du  corps, 
les  séries  dorso-ventrales  n'en  paraissaient  pas  plus  larges ,  et  ces  séries  étant  les 
plus  visibles  (tandis  que  l'on  remarque  à  peine  les  bords  supérieur  et  inférieur  de 
chaque  écaille) ,  il  résulte  de  ces  différences  de  forme ,  dans  les  écailles  de  chaque 
série,  des  aspects  fort  différens  dans  les  deux  poissons.  Du  reste  ,  toutes  les  écailles 
sont  parfaitement  lisses  ;  leurs  bords  supérievu's  et  les  inférieurs  sont  presque  continus , 
ils  dévient  fort  peu  sur  le  bord  postérieur  des  séries  précédentes.  Les  écailles  de  la 
ligne  latérale  (fig.  4-)  n'ont  rien  de  remarquable  dans  leur  forme;  elles  sont  percpes 
d'un  très-petit  tube  qui  s'ouvre  vers  la  partie  moyenne  de  leur  surface  extérieure  ; 
la  série  que  forment  ces  écailles  est  légèrement  arquée  vers  le  dos.  La  fig.  6  re- 
présente quelques  écailles  du  rétrécissement  de  la  queue,  et  la  fig.  7  celles  de  son 
prolongement,  sur  lequel  elles  changent  de  direction  comme  dans  les  autres  espèces 
du  genre. 

Les  dimensions  des  nageoires  et  leur  position  présentent  aussi  des  différences 
notables  :  la  dorsale  est  plus  grande;  placée  plus  avant  sur  le  milieu  du  dos,  ses  grands 


67 


rayons  antérieurs  sont  considérablement  plus  allongés  que  les  derniers  de  la  na- 
geoire; le  long  de  son  bord  antérieur,  et  en  avant  de  ses  rayons,  il  s'élève  un  nombre 
plus  considérable  de  grosses  plaques  écailleuses,  que  l'on  voit  surtout  bien  dans  la 
fig.  3  et  en  profil  dans  l'empreinte  de  la  fig.  i  ;  il  y  en  a  de  très-petites  tout  le  long 
du  bord  de  la  nageoire;  les  écailles  qui  recouvrent  les  rayons  antérieurs  sont  très- 
larges  et  beaucoup  plus  grandes  que  celles  qui  sont  attachées  sur  les  rayons  posté- 
rieurs, et  qui  sont  en  même  temps  très-courtes.  L'anale  est  plus  petite  que  la  dorsale , 
sa  base  du  moins  est  plus  étroite,  et  à  son  bord  antérieur  on  voit  quelques  écailles 
plus  grosses  et  très-arrondics;  il  y  en  a  de  très-petites  et  de  très-pointues  le  long 
de  son  bord  antérieur;  celles  qui  recouvrent  les  rayons  antérieurs  sont  plus  grandes 
que  celles  qu'il  y  a  sur  les  rayons  postérieurs ,  mais  elles  ne  sont  pas  sensiblement 
plus  allongées.  La  caudale  est  remarquable  parles  grosses  écailles  allongées  qui  pro- 
tègent le  bord  supérieur  du  prolongement  de  la  queue  et  qui  sont  plus  pointues  que 
celles  du  P.  Blainvillei;  tous  les  rayons  de  la  nageoire  sont  recouverts  d'écaillés  qui 
deviennent  extrêmement  petites  à  l'extrémité  des  rayons;  celles  qui  recouvrent  le 
lobe  inférieur  sont  les  plus  grandes  et  aussi  plus  allongées;  celles  du  lobe  supérieur 
présentent  des  dimensions  inverses.  Sur  le  bord  inférieur  de  la  nageoire,  il  y  a  de 
petites  écailles  pointues,  plus  grandes  à  sa  base,  mais  dont  les  premières  ne  sont 
pas  aussi  avancées  que  celles  du  bord  supérieur  du  rétrécissement  de  la  queue.  Les 
ventrales  n'occupent  pas  exactement  le  milieu  de  l'abdomen  comme  dans  le  P.  Blain- 
villei;  elles  sont  plus  reculées  et  plus  rapprochées  de  l'anale  ;  il  résulte  aussi  de  là  des 
rapports  différens  vis-à-vis  de  la  dorsale,  au  tiers  antérieur  de  laquelle  elles  coitcs- 
pondent,  tandis  que  dans  le  P.  Blainvillei  elles  sont  en  avant  de  son  bord  antérieur, 
ou  tout  au  moins  vis-à-vis  du  commencement  de  son  insertion.  D'après  les  fragmens 
qu'il  est  resté  de  ces  nageoires,  elles  étaient  aussi  plus  grandes.  Je  n'ai  vu  aucune 
trace  des  pectorales,  à  l'exception  de  quelques  rayons  brisés  au  point  de  leur  insertion. 
Cette  espèce  n'a  encore  été  trouvée  qu'au  Pont  de  Muse,  près  d'Autun,  pêle- 
mcle  avec  le  P.  Blainvillei;  mais  elle  est  plus  rare. 

VI.  Pal.eoniscus  angustus  Agass. 

Vol.  2.  Tab.  9.  f.  I.  2.3.  4  et  5. 

C'est  la  plus  petite  des  espèces  de  Palaeoniscus  que  l'on  trouve  près  d'Autun. 
Comme  pour  les  autres  du  genre,  et  comme  en  général  pour  tous  les  poissons  repré- 
sentés dans  cet  ouvi'age,  je  l'ai  fait  figurer  de  grandeur  naturelle;  c'est  pour  cette 
raison  que  j'entre  rarement  dans  des  détails  nombreux  sur  les  dimensions  des  pois- 
sons que  je  décris.  Après  avoir  dit  quelle  est  la  longueur  des  plus  grands  exemplaiz'es 
que  j'aie  vus,  les  figures  qui  représentent  l'espèce  dont  il  s'agit  expriment  le  reste, 

ToM.  II.  8 


—    58    — 

et  l'on  conçoit  aisément  que  l'on  trouve  des  individus  de  toutes  les  dimensions  infé- 
rieures, par  lesquelles  le  poisson  a  dû  nécessairement  passer  pour  acquérir  sa  plus 
grande  taille.  J'ai  toujours  recherché  avec  soin  des  exemplaires  de  différentes  dimen- 
sions pour  étudier  les  caractèi'cs  spécifiques  des  poissons  fossiles ,  et  toutes  les  fois 
que  j'ai  pu  m'en  procurer  plusieurs,  j'ai  constaté  les  différences  qui  peuvent  résulter, 
dans  Taspect  des  espèces,  des  changemens  qu'elles  subissent  durant  leur  développe- 
ment. L'on  peut  donc  être  persuadé  que,  lorsque  je  décris  une  espèce  qui,  au  premier 
abord,  paraît  ne  différer  d'une  autre  du  même  gisement  que  par  la  petitesse  de  sa 
taille,  j'ai  pris  auparavant  toutes  les  précautions  possibles  pour  m'assurer  si  je  n'avais 
pas  sous  les  yeux  quelque  jeune  exemplaire  d'une  espèce  déjà  mentionnée. 

L'observation  que  j'ai  faite  plus  haut  sur  l'analogie  compensative  en  comparant  les 
caractères  d'organisation  de  plusieurs  espèces  de  différentes  formations,  s'étend  aussi 
à  la  taille  relative  des  espèces;  car  non  seulement  les  espèces  analogues  de  différens 
âges  ou  de  différentes  localités  se  compensent,  dans  les  circonstances  où  elles  sont 
placées ,  par  les  particularités  de  leurs  caractères  anatomiques  et  zoologiques ,  mais 
encore  il  y  a ,  à  certains  égards ,  compensation  pour  la  taille ,  soit  par  le  nombre  des 
espèces  qui  en  remplacent  une  autre,  soit  par  le  nombre  plus  ou  moins  considérable 
des  individus  de  chaque  espèce.  Il  serait  enfin  possible  qu'il  y  eût  encore  compensa- 
tion à  l'égard  de  l'âge  qu'atteignaient  les  individus  de  chaque  espèce,  ou  quant  à  la 
rapidité  de  leur  développement;  mais  il  est  impossible  de  recueillir  assez  de  matériaux 
pour  arriver,  sous  ce  point  de  vue ,  à  des  résultats  dans  l'étude  des  fossiles  ;  il  faudra 
donc  commencer  ces  recherches  par  l'examen  comparatif  du  cours  de  la  vie  des  espèces 
analogues  de  la  création  actuelle,  dans  différentes  localités  et  sous  des  influences  cli- 
matiques très-variées. 

Quant  au  Palaeoniscus  angustus,  j'en  ai  vu  un  assez  grand  nombre,  bien  conseï'- 
vés ,  et  qui  tous  m'ont  présenté  des  caractères  particuliers  que  je  n'ai  retrouvés  ni  dans 
le  Palaeoniscus  Blainvillei,  ni  dans  le  Palaeoniscus  Yoltzii,  lors  même  que  j'avais  soin 
de  choisir  les  plus  petits  exemplaires  de  ces  espèces  pour  les  comparer  entre  elles.  Il 
y  a  plusieurs  plaques  du  Palaeoniscus  angustus  au  Muséum  d'histoire  naturelle  de 
Paris,  entr'autres  les  originaux  de  mes  figures;  M.  Auguste  de  Montmollin  en  a  aussi 
donné  quelques-uiies  au  cabinet  de  la  ville  de  Neuchâtel. 

Par  sa  forme ,  le  Palaeoniscus  angustus  ressemble  assez  au  Yoltzii  ;  par  la  position 
relative  -des  nageoires  et  par  leurs  dimensions,  plutôt  au  Blainvillei.  C'est  un  petit 
poisson  allongé ,  dont  le  dos  est  doucement  voûté,  et  dont  le  pédicule  de  la  queue,  peu 
rétréci,  porte  une  caudale  de  grandeur  assez  considérable.  Sa  tête  est  proportion- 
nellement aussi  longue  que  celle  du  Yoltzii  et  plus  grande  que  celle  du  Blainvillei  ; 
les  os  du  crâne,  ceux  de  la  face  et  les  mâchoires  sont  lisses  à  leur  surface  extérieure; 


_     59     — 

lorbite  est  de  moyenne  grandeur;  l'opercule  est  grand,  large,  cependant  un  peu  plus 
élevé  que  long;  on  n'y  voit  aucune  trace  de  rayons  divergens;  les  os  de  la  mâchoire 
inférieure,  armés  de  petites  dents  en  brosse  rude,  et  les  rayons  brancliiostègues  pa- 
raissent plus  étroits  que  dans  les  deux  espèces  citées  plus  haut.  On  aperçoit  dans  plu- 
.sieurs  exemplaires  des  traces  d  os  vigoureux  formant  la  ceinture  thoracique.  Toutes 
les  écailles  sont  parfaitement  lisses ,  rhomboïdales ,  aussi  longues  que  hautes  sur  le 
tronc;  elles  sont  plus  grandes  sur  les  flancs,  dans  la  partie  antérieure  du  corps  (fig.  3), 
et  vont  en  diminuant  jusqu'au  rétrécissement  de  la  queue"(fig.  4)  ?  où  elles  s'inclinent 
plus  en  arrière,  pour  prendre  la  direction  du  prolongement  de  la  queue  (fig.  5).  La 
ligne  latérale  est  très-marquée;  elle  commence  à  l'angle  supérieur  de  l'opercule,  et 
s'étend  jusqu'au  bord  inférieur  du  prolongement  de  la  queue,  le  long  duquel  elle  se 
continue,  restant  toujours  parallèle  à  la  courbe  du  dos,  et  par  conséquent  légèrement 
arquée  vers  le  dos  dans  sa  partie  antérieure  ;  les  écailles  qui  en  font  partie  sont  per- 
cées d'un  long  gros  tube  qui  s'ouvre  vers  leur  bord  antérieur  (fig.  3).  Un  caractère 
particulier  dans  l'imbrication  des  écailles  de  cette  espèce,  qui  la  distingue  des  autres, 
c'est  que  les  grandes  écailles  des  côtés  ne  correspondent  pas  les  unes  aux  autres  par 
leurs  bords  supérieurs  et  inférieurs ,  mais  que  ces  bords  aboutissent  sur  le  milieu ,  ou 
à  peu  près,  du  bord  postérieur  de  la  série  précédente. 

Les  nageoires  présentent  un  caractère  plus  particulier  encore  dans  le  recouvrement 
de  leurs  rayons.  Il  faut  remarquer  que  la  dorsale,  dont  la  grandeur  égale  l'anale,  à 
peu  près ,  est  plus  reculée  que  le  milieu  du  dos ,  et  correspond  de  cette  manière  exac- 
tement à  l'intervalle  qu'il  y  a  entre  les  ventrales  et  l'anale  ;  les  ventrales  occupent  le 
milieu  de  l'abdomen,  elles  sont  passablement  grandes  (fig.  i).  En  avant  de  la  dorsale 
il  y  a  quelques  écailles  impaires  plus  grosses,  et  de  très-petites  sur  le  bord  antérieur 
de  la  nageoire ,  à  peine  visibles  à  l'œil  nu  ;  il  y  en  a  également  de  semblables  sur  le 
bord  antérieur  des  autres  nageoires  avec  quelques  plaques  plus  grosses  en  avant  de 
l'anale  et  du  lobe  inférieur  de  la  caudale  ;  mais  c'est  surtout  le  long  du  bord  supérieur 
du  prolongement  de  la  queue  qu'il  y  en  a  de  plus  grandes,  et  surtout  ti'ès-allongées 
et  pointues,  qui  vont  en  diminuant  de  grandeur  jusqu'à  son  extrémité.  Ce  qui  dis- 
tingue surtout  cette  espèce,  c'est  que  les  rayons  des  nageoires  sont  beaucoup  plus 
grêles,  articulés  à  des  distances  plus  considérables,  et  surtout  recouverts  de  très- 
longues  écailles  fort  étroites,  qui  forment,  sur  toutes  les  nageoires,  des  séries  trans- 
verses  assez  larges,  se  rétrécissant  peu  vers  leur  bord  postérieur;  on  les  voit  même 
distinctement  à  l'œil  nu  (fig.  i).  Ce  mode  de  recouvrement  des  rayons  diffère  si 
considérablement  de  celui  des  Palaeoniscus  Blainvillei  et  Voltzii ,  que  les  nageoires  du 
Palœoniscus  angustus  paraissent  nues  à  côté  de  celles  des  deux  autres  espèces ,  tant 
les  écailles  qui  les  recouvrent  sont  étroites  et  allongées ,  et  ressemblent  par  là  à  des 


_     60     — 

articles  de  rayons  articulés.  La  caudale  est  proportionnellement  très-grande;   son 
lobe  supérieur  est  surtout  beaucoup  plus  long  et  plus  large  que  le  lobe  inférieur. 
Cette  espèce  n'a  encore  été  trouvée  qu'au  Pont  de  Muse,  près  d'Autun. 

A^II.    PaL.EONISCUS  VR.4TISLAVIENS1S  Agass. 

Vol.  2.  Tab.  10.  f.  I.  2.  /|.  5.  et  6.  (^) 

Lorsque  dans  ma  première  livraison  j'ai  fait  imprimer  le  tableau  synoptique 
des  Ganoïdes,  dans  lequel  j'indique  dix  espèces  de  Palaeoniscus,  j'étais  loin  de 
supposer  que  sitôt  après  j'aurais  deux  espèces  très-remarquables  à  ajouter  à  ce  sin- 
gulier genre.  L'une  d'elles  m'a  été  signalée  par  M.  Bronn,  qui  m'en  avait  envoyé 
inie  esquisse,  en  juillet  de  l'année  dernière;  j'ai  trouvé  la  seconde  parmi  les  exem- 
plaires que  m'a  remis  M.  de  Decben. 

Les  originaux  des  figures  du  P.  vratislaviensis,  que  je  publie  maintenant,  m'ont 
été  communiqués  par  M.  de  Decben,  conseiller  supérieur  des  mines  à  Berlin,  qui  les 
avait  adressés  a  la  section  géologique  des  naturalistes  allemands  réunis,  en  i833,  à 
Breslau,  et  par  M.  le  professeur  Otto ,  qui  a  recueilli  une  fort  belle  collection  des  fos- 
siles de  la  Silésie.  A  la  même  époque,  j'en  ai  vu  un  grand  nombre  d'exemplaix'es 
dans  la  collection  de  M.  le  professeur  Otto,  à  Breslau,  et  dans  celles  de  3IM.  de  Mie- 
lenzki  et  Bockscb  à  Waldenbourg,  qui  m'ont  servi  à  compléter  les  caractères  de 
l'espèce.  M.  de  Decben  a  déjà  donné  des  renseignemens  sur  le  gisement  de  ces  pois- 
sons dans  le  quatrième  volume  de  la  nouvelle  série  de  l' Archive  de  Rarsten,  page  g3  ; 
on  les  trouve  dans  un  calcaire  rougeâtre  schisteux,  subordonné  au  grès  rouge  inter- 
médiaire ancien  (Rotbes  ïodtliegendes) ,  qui  affleure  sur  la  frontière  de  la  Bohême  et 
de  la  Silésie,  à  Ruppersdorf,  au  N.  0.  de  Braunau  en  Bohème.  Comme  on  trouve 
aussi  cette  espèce  sur  le  sol  silésien,  et  que,  pendant  la  réunion  des  naturalistes  à 
Breslau,  elle  a  été  le  sujet  de  plusieurs  discussions,  j'ai  cru  devoir  l'appeler  Palaeo- 
niscus vratislaviensis.  Cette  espèce  ressemble  beaucoup  à  deux  de  celles  que  j'ai  déjà 
décrites,  au  P.  Blainvillei  et  au  P.  fultus:  cependant  ses  caractères  particuliers  sont 
si  frappans  qu'il  est  très-facile  de  la  reconnaître;  il  n'est  même  aucune  espèce  du 
genre  qui  soit  plus  distincte  des  autres  par  les  proportions  de  ses  parties.  Son  corps 
est  trapu,  passablement  large,  im  peu  voûté  sur  le  dos;  il  va  en  se  rétrécissant  très- 
insensiblement  jusqu'au  pédicule  de  la  queue,  qui  est  encore  fort  large,  et  c'est  à 
cause  de  l'épaisseur  considérable  de  la  partie  postérieure  du  tronc  que  ce  poisson  a 

(*)  Je  dois  les  jolies  figures  de  ce  poisson  et  de  l'espèce  suivante  qui  composent  la  Tab.  10,  à  M.  le  ministre 
Monvert,  littératem- distingué  et  grand  amateur  des  beaux  arts,  qui  a  souvent  poussé  envers  moi  l'obligeance  jusqu'à 
revoir  mes  épreuves,  et  même  à  mettre  au  net  mon  manuscrit,  lorsque,  fatigués  par  des  recherches  trop  suivies, 
mes  yeux  m'interdisaient  un  pareil  travail. 


—   fil    — 

l'aspect  plus  large  qu'il  n'est  en  eflet.  La  tcte,  qui  est  proportionnellement  petite, 
contribue  encore  à  le  faire  paraître  plus  trapu;  elle  égale  environ  la  cinquième  partie 
de  la  longueur  totale  du  poisson.  Ce  qu'il  a  de  plus  caractéristique,  c'est  que  les 
ventrales  n'occupent  pas  exactement  le  milieu  du  ventre  et  sont  plus  rapprochées  de 
l'anale  que  des  pectorales;  mais  surtout  que  la  dorsale  est  considérablement  plus 
reculée  que  le  milieu  du  dos,  opposée  à  l'intervalle  qui  sépare  les  ventrales  et 
l'anale;  son  bord  postérieur  s'étend  même  au-delà  du  bord  antérieur  de  l'anale. 
Du  reste  ces  deux  nageoires  paraissent  avoir  les  mêmes  dimensions  et  sont  de 
moyenne  grandeur.  La  caudale  est  grande  aussi,  surtout  les  rayons  de  son  lobe  infé- 
rieur sont  plus  longs  que  dans  les  autres  espèces.  Toutes  les  nageoires  sont  formées 
de  rayons  très-grêles  et  fort  serrés. 

Il  est  assez  singulier  que,  dans  aucun  exemplaire  de  cette  espèce,  les  os  de  la  tête 
ne  soient  assez  bien  conservés  pour  pouvoir  être  déterminés  avec  précision  ;  on  voit 
seulement  dîlns  l'un  des  exemplaires  le  contour  d'une  petite  orbite ,  et  quelques  traces 
des  os  du  crâne;  dans  un  autre  de  la  collection  de  M.  Otto  (fig.  2)  on  voit  distincte- 
ment les  deux  branches  de  la  mâchoire  inférieure  qui  ont  un  peu  glissé  l'une  sur 
l'autre  et  qui  sont  plus  étroites  que  dans  les  autres  espèces  ;  en  dessous  l'os  hyoïde 
qui  est  très-pointu ,  et  sur  les  côtés  de  la  partie  postérieure  duquel  on  voit  c]uelques 
traces  des  rayons  branchiostègues ;  enfin  l'on  remarque  encore,  au  bord  inférieur  de 
la  tête,  l'empreinte  de  la  saillie  antérieure  de  l'humérus,  mais  toutes  ces  parties  sont 
recouvertes  d'une  couche  de  matière  ferrugineuse  si  abondante  et  si  tenace ,  qu'il  est 
impossible  d'en  débarrasser  les  os  et  de  décrire  leurs  formes.  Sur  un  des  côtés  de  la 
mâchoire  inférieure  d'un  autre  exemplaire  de  la  collection  de  M.  Otto,  l'on  voit 
quelques  dents  très-grêles ,  légèrement  arquées  en  arrière.  Dans  la  fig.  i ,  faite  d'apïès 
l'exemplaire  de  M.  de  Dechen ,  on  remarque  tout  autour  du  poisson  une  bande  jau- 
nâtre ou  rougeâtre,  provenant  probablement  de  ses  parties  molles  qui  se  seront  in- 
filtrées dans  le  calcaire.  En  arrière  de  la  tête,  il  y  a  vuie  large  fossette  qui  provient 
de  l'insertion  des  pectorales ,  dont  il  n'est  resté  des  vestiges  que  sur  un  seul  exem- 
plaire ,  celui  où  l'on  voit  les  dents  ;  leurs  rayons  sont  très-grêles  et  paraissent  avoir 
formé  une  grande  nageoire ,  car  ils  débordent  le  contour  de  l'empreinte  et  pourraient 
bien  avoir  atteint  les  ventrales,  dont  on  ne  voit  aussi  distinctement  que  l'insertion  et 
quelques  rayons  brisés. 

Un  caractère  bien  marquant  de  cette  espèce  est  la  disposition  de  ses  écailles,  qui 
forment  des  séries  dorso-ventrales  légèrement  obliques  et  peu  courbées  à  leurs  extré- 
mités, en  avant  au  bord  du  dos,  et  en  arrière  au  bord  du  ventre;  ces  séries  ont  exac- 
tement la  même  largeur  sur  tout  le  poisson ,  parce  que  les  écailles  de  sa  partie  posté- 
rieure (fig.  5)  sont  aussi  longues  que  celles  des  côtés  de  l'abdomen  (fig.  4)  ;  sur  tout 


—     62     — . 

le  corps  elles  ont  la  même  forme,  seulement  dans.la  partie  antérieure  du  tronc,  elles 
sont  un  peu  plus  hautes  que  longues,  ce  qui  n'est  cependant  pas  très-visible,  leur 
imbrication  étant  telle ,  que  l'on  remarque  à  peine  les  bords  supérieurs  et  les  infé- 
rieurs des  écailles  de  différentes  séries,  parce  qu'ils  alternent  régulièrement  (fig,  4), 
tandis  que  les  bords  postérieurs  forment  des  séries  dorso-ventrales  qui  sont  très- 
visibles.  La  ligne  latérale,  légèrement  arquée  vers  le  dos  avec  lequel  elle  est  parallèle, 
s'étend  presque  directement  de  l'angle  supérieur  de  l'opercule  à  la  base  du  prolonge- 
ment de  la  queue  ;  ses  écailles  ne  diffèrent  à  l'extérieur  des  autres  que  par  une  saillie 
oblique  qui  se  dirige  du  bord  antérieur  et  supérieur  de  chaque  écaille  à  son  bord  pos- 
térieur et  inférieur,  où  se  trouve  l'ouverture  du  tube  qui  la  traverse.  Autant  les 
écailles  du  tronc  sont  iniiformes,  autant  celles  du  prolongement  de  la  queue  (fig.  6) 
diffèrent,  parce  qu'elles  changent  brusquement  de  direction,  et  par  là  même  de  forme 
et  d'aspect;  mais  aussi  dans  aucune  espèce  je  n'ai  vu  plus  distinctement  la  succession 
des  écailles  intercalées  au  bord  inférieur  des  séries  régulières  que  cfens  celle-ci. 
Tous  les  rayons  du  lobe  inférieur  de  la  caudale  aboutissent  même  aux  ramifications 
d'une  série  d'écaillés,  qui  est  simple  depuis  le  bord  du  dos  jusqu'à  l'écaillé  de  la  ligne 
latérale;  c'est  la  neuvième  dans  la  série  qui  est  déjà  considérablement  plus  longue; 
en  dessous  il  y  en  a  deux  très-grosses  qui  communiquent  à  son  bord  inférieur ,  des- 
sous ces  deux  quatre  autres,  puis  six,  puis  huit,  puis  dix,  etc.,  de  plus  en  plus  pe- 
tites, formant  une  surface  triangulaire,  à  la  base  de  laquelle  sont  insérés  les  rayons 
du  lobe  inférieur  de  la  caudale.  Les  séries  suivantes,  déviées  de  cette  manière  de  leur 
direction  ordinaii'e,  suivent  alors  celle  du  prolongement  de  la  queue  et  forment  des 
séries  dont  les  bords  les  plus  apparens  sont  dirigés  en  sens  inverse  de  celles  du  tronc  ; 
ces  écailles  deviennent  de  plus  en  plus  petites  jusqu'au  bout  de  la  queue,  oîi  elles 
sont  imperceptibles  à  l'œil  nu.  En  avant  des  nageoires  impaires  il  y  a  aussi  des 
écailles  de  forme  particulière,  plus  grandes  que  celles  des  autres  parties  du  corps; 
sur  le  milieu  du  dos ,  au  bord  antérieur  de  la  dorsale ,  il  y  en  a  quatre  très-larges , 
dont  le  bord  postérieur  est  arrondi  ;  celle  qui  touche  la  nageoire  est  la  plus  grande , 
les  suivantes ,  qui  sont  accolées  le  long  du  bord  même  des  rayons  de  la  nageoire ,  sont 
infiniment  plus  petites  et  vont  en  diminuant  jusqu'à  l'extrémité  de  la  nageoire;  la 
surface  extérieure  latérale  des  rayons  est  complètement  recouverte  d'écaillés  très- 
petites,  très-étroites  surtout,  du  double  plus  longues  que  larges  sur  la  base  des 
rayons,  plus  courtes  à  leur  extrémité,  et  qui,  insérées  dans  leur  sens  longitudinal  le 
long  des  rayons,  forment  sur  la  nageoire  des  séries  transverses  plus  larges  que  les 
petites  plaques  perpendiculaires  qui  les  composent.  Il  en  est  de  même  de  l'anale,  en 
avant  de  laquelle  on  remarque  seulement  deux  très-grandes  écailles;  sur  cette  na- 
geoire les  écailles  sont  généralement  moins  longues  que  sur  les  rayons  de  la  dor- 


—     65     — 

sale 5  elles  sont  presque  aussi  larges  cpie  longues,  du  moins  vers  l'extre'mlté  des 
rayons.  La  caudale  de  cette  espèce  est  assez  remarcpiable  par  le  nombre  considé- 
rable de  petits  rayons  qu'il  y  a  en  avant  du  bord  antérieur  de  son  lobe  inférieur, 
mais  surtout  par  la  longueur  considérable  des  rayons  moyens  de  ce  lobe,  qui ,  malgré 
leur  ténuité,  atteignent  des  dimensions  presque  aussi  considérables  que  le  prolonge- 
ment supérieur  de  la  queue.  En  avant  des  petits  rayons,  il  y  a ,  au  bord  inférieur  du 
pédicule  de  la  queue,  quelques  grosses  écailles  impaires  qui  correspondent  à  celles 
beaucoup  plus  nombreuses  du  bord  supérieur;  celles-ci,  d'abord  très-larges  et  ar- 
rondies, deviennent  de  plus  en  plus  pointues  le  long  du  prolongement  de  la  queue, 
qui ,  étant  lui-même  plus  étroit  que  dans  les  autres  espèces  de  ce  genre ,  contribue 
encore  à  faire  paraître  la  partie  supérieure  de  la  caudale  petite  en  comparaison  de  sa 
partie  inférieure,  quoique  au  fond  elle  soit  considérablement  plus  longue  et  même 
plus  large,  mais  en  apparence  plus  grêle,  tous  ses  rayons  étant  plus  courts  que  ceux  du 
lobe  inférievu'  et  le  devenant  de  plus  en  plus  le  long  du  prolongement  caudal,  à  mesure 
que  celui-ci  diminue  lui-même  d'épaisseur.  Toute  cette  nageoire  est  également  recou- 
verte de  très-petites  écailles,  rangées  par  séries  longitudinales  le  long  des  rayons,  se 
bifurquant  avec  eux  et  recouvrant,  probablement  comme  dans  le  P.  Blainvillei,  en 
même  temps  les  bords  antérieur  et  postérieur  de  deux  rayons  voisins  j  le  long  des 
rayons  du  lobe  inférieur  de  la  nageoii^e ,  ces  écailles  sont  plus  longues  que  sur  les 
rayons  du  lobe  supérieur. 

Ce  qui  distingue  surtout  le  P.  vratislaviensis  du  fultus,  c'est  la  petitesse  des  écailles 
qui  bordent  les  rayons  antérieurs  de  toutes  les  nageoires,  et  qui  sont  très-grandes 
dans  l'espèce  de  Sunderland;  il  diffère  encore  du  P.  Blainvillei  par  des  écailles  moins 
hautes  dans  la  partie  antérieure  du  tronc,  et  par  la  position  de  ses  nageoires. 

Il  est  important  de  faire  remarquer  encore  que  les  écailles  de  toutes  les  parties  du 
corps  sont  parfaitement  lisses  à  leur  surface  extérieure,  qu'elles  sont  minces  et  se 
lèvent  aisément  par  feuillets  incoliérens ,  enfin  que  les  bords  supérieur  et  inférieur 
de  deux  écailles  voisines  paraissent  seulement  accolés  l'un  contre  l'autre  ;  car  dans 
aucun  des  nombreux  exemplaires  que  j'ai  vus  je  n'ai  découvert  des  traces  de  ces  on- 
glets qui  lient  fréquemment  les  écailles  des  Ganoïdes. 

Il  serait  possible  que  le  poisson  de  Visé,  indiqué  par  M.  Davreux  dans  les  Annales 
de  l'Académie  de  Bruxelles,  tome  9%  appartînt  à  la  même  espèce;  mais  je  ne  l'ai  pas 
vu  :  je  ne  connais  avec  certitude  que  la  localité  mentionnée  plus  haut,  dans  laquelle 
on  trouve  le  Palœoniscus  vratislaviensis. 


^     64     — 

VIII.  Pal^eoniscus  lepidurus  Agass. 

Vol.  2.  Tab.  10.  f.  3.  7.  8.  et  g, 

M.  de  Bechen  cite  cette  espèce  dans  le  mémoire  qu'il  a  fait  insérer  dans  l'Arclilve 
de  Rarsten,  nouvelle  série,  vol.  4,  pag.  g5.  Elle  se  trouve  à  Scharfeneck ,  au  S.  S.  0. 
de  Neurode  dans  le  comté  de  Glatz,  dans  un  gisement  semblable  à  celui  du  P.  vratls- 
laviensis.  L'exemplaire  que  j'ai  fait  représenter  est  dans  un  calcaire  schisteux  noir 
et  fétide.  C'est  le  seul  que  j'aie  vu;  il  appartient  à  M.  de  Dechen,  qui  a  bien  voulu 
me  le  confier  avec  plusieurs  plaques  de  l'espèce  précédente. 

Au  premier  aspect  l'on  pourrait  croire  cette  espèce  identique  avec  la  précédente, 
quoique  elle  en  diffère  considérablement,  mais  par  des  caractères  trop  peu  saillans 
pour  être  aperçus  au  premier  coup-d'oeil;  peut-être  même  ne  les  aurais-je  pas  décou- 
verts dans  un  exemplaire  mieux  conservé,  et  qui  n'aurait  laissé  voir  ni  la  surface  in- 
terne des  écailles,  ni  leur  liaison,  ni  leur  épaisseur,  car  la  partie  antérieure  du  tronc 
et  toute  la  tête  est  enlevée.  Il  n'est  resté  de  bien  conservé  que  la  partie  du  tronc  à 
laquelle  sont  insérées  la  dorsale  et  l'anale,  le  pédicule  de  la  queue  et  l'insertion  de  la 
caudale  ;  on  ne  voit  à  l'abdomen  que  la  surface  intérieure  des  écailles  du  flanc  gauche, 
et  l'insertion  des  ventrales  avec  quelques  rayons  d'une  de  ces  nageoires.  Cependant 
malgré  ces  mutilations,  il  est  assez  facile  de  se  faire  une  juste  idée  des  formes  de  ce 
poisson  et  des  proportions  de  ses  parties,  parce  qu'il  est  évident  que  toutes  celles  qui 
sont  conservées  ont  été  maintenues  dans  leur  position  naturelle  ;  dès  lors  les  contours 
se  tracent  d'eux-mêmes,  en  suivant  la  direction  des  lignes  qui  bordent  les  portions 
intactes  du  corps.  La  partie  antérieure  du  tronc  paraît  avoir  été  considérablement 
plus  large  que  la  partie  caudale;  du  moins  les  écailles  de  la  paroi  abdominale,  qui 
sont  encore  réunies  par  leurs  onglets  articulaires ,  présentent  le  contour  d'un  ventre 
saillant  et  arrondi,  tandis  que  le  corps  va  en  se  rétrécissant  rapidement  depuis  l'in- 
sertion de  l'anale;  il  diminue  aussi,  mais  moins  rapidement,  en  arrière  de  la  dorsale. 
La  caudale,  qui  doit  avoir  été  grande  proportionnellement,  a  une  insertion  très- 
oblique  ;  le  prolongement  de  la  queue,  le  long  de  son  lobe  supéi'ieur,  étant  assez  étroit, 
est  recouvert  par  conséquent  d'écaillés  comparativement  plus  allongées ,  plus  pointues 
et  plus  étroites  que  celles  du  tronc.  Celles  qui  bordent  son  profd  supérieur  sont  très- 
grandes,  très-allongées  et  ti'ès-pointues ,  surtout  vis-à-vis  de  l'insertion  des  premiers 
rayons  du  lobe  inférieur,  en  avant  ducpiel  il  rie  paraît  pas  y  avoir  eu  de  grosses 
écailles  ;  quoiqu'il  y  en  ait  de  très-petites  impaires ,  imbriquées  tout  le  long  du  bord 
des  grands  rayons  extérieurs  de  la  nageoire.  Comme  dans  la  plupart  des  espèces  de 
ce  genre,  le  P.  lepidurus  a,  en  général  et  dans  la  caudale  en  particvdier,  des  rayons 
grêles ,  très-rapprochés ,  articulés  et  divisés  quelquefois  à  leur  extrémité  ;  mais  ce  qui 


—     6o     — 

le  distingue  surtout ,  c'est  la  disposition  des  petites  écailles  qui  recouvrent  cette  na- 
geoire :  le  long  de  l'insertion  de  tous  les  rayons,  il  y  a,  à  leur  base,  ime  rangée  d'é- 
cailles  plus  grandes  que  les  suivantes,  toutes  très-allongées  et  disposées  dans  le  sens 
mcme  des  rayons,  qu'elles  recouvrent,  et  tout  le  long  desquels  il  y  a  une  infinité 
d'autres  écailles  de  plus  en  plus  petites;  mais  qui,  plus  loin  sur  les  rayons,  sont 
bientôt  à  peine  aussi  longues  que  larges,  et  suivent,  dans  leurs  séries  longitudinales, 
toutes  les  divisions  des  rayons.  Malbeureusenient  cette  nageoire  n'est  pas  très-bien 
conservée  ;  elle  est  brisée  à  son  extrémité  et  présente  une  cassure  transverse  sur  son 
lobe  inférieur,  qui  est  du  reste  assez  large,  mais  beaucoup  plus  court  que  le  supé- 
rieur. 

La  dorsale  et  l'anale  sont  l'une  et  l'autre  très-reculées;  le  bord  postérieur  de  la 
dorsale  est  même  vis-à-vis  du  milieu  de  l'anale;  elles  ont  les  deux  la  même  forme  et  la 
même  grandeur ,  avec  cette  seule  différence  que  les  écailles  qui  recouvrent  la  surface 
extérieure  de  la  dorsale  sont  un  peu  plus  longues,  surtout  vers  la  base  des  rayons, 
que  celles  de  l'anale.  Au  bord  antérieur  de  cbacune,  il  y  a  quelques  grosses  écailles 
impaires ,  larges  et  arrondies ,  qui  en  protègent  les  petits  rayons  suivans ,  assez  nom- 
breux dans  la  dorsale,  où  il  y  en  a  six  ou  sept,  et  entre  lextrémité  desquels  sont  in- 
sérées quelques  petites  écailles  impaires,  comme  celles  qui  existent  tout  le  long  de 
la  nageoire.  Les  rayons  antérieurs  de  ces  nageoires  sont  environ  le  double  plus  longs 
que  les  derniers ,  qui  sont  en  même  temps  beaucoup  plus  grêles  et  moins  serrés  les 
uns  contre  les  autres.  Le  caractère  le  plus  distinctif  de  cette  espèce  est  l'épaisseur 
considérable  de  toutes  les  écailles  et  la  grande  uniformité  dans  leurs  dimensions  sur 
toutes  les  parties  du  tronc  où  elles  sont  visibles  :  la  partie  émaillée  de  leur  surface 
extérieure  a  une  forme  rliomboïdale  très-régulière  ;  sa  hauteur  est  égale  à  sa  longueur; 
leur  bord  antérievu',  qui  est  recouvert  dans  l'imbrication,  les  fait  paraître  plus 
longues  là  où  elles  sont  entièrement  à  découvert.  Les  écailles  qui  avoisinent  les  côtés 
de  l'insertion  de  la  dorsale  et  de  l'anale ,  sont  plus  petites  que  les  suivantes  des  séries 
dont  elles  font  partie;  de  même  les  écailles  du  bord  de  l'abdomen  sont  aussi  plus 
étroites ,  sans  que  cependant  ces  légères  différences  influent  sur  l'aspect  général  du 
poisson  ;  les  écailles  de  la  ligne  latérale  enfin  n'ont  rien  de  particulier  ni  dans  leur 
forme,  ni  dans  leur  grandeur;  on  les  distingue  des  autres  seulement  à  cause  d'une 
saillie  peu  marquée  qui  s'étend  obliquement  d'avant  en  arrière  et  du  haut  en  bas  sur 
le  milieu  de  chacune  d'elles,  et  qui  est  occasionnée  par  le  tube  qui  les  traverse  et  qui 
s'ouvre  vers  leur  bord  postérieur  :  cette  série  est  parfaitement  droite;  plus  rapprochée 
du  dos,  dans  la  partie  antérieure  du  tronc,  elle  est  plus  près  du  bord  inférieur  du 
pédicule  de  la  queue  que  de  son  bord  supérieur. 

A  la  surface  intérieure  des  écailles  de  ce  poisson  l'on  observe  une  particularité 
ToM.  II.  ,  9 


^    66    ^ 

dans  le  mode  d'union  des  séries  dorso-ventrales ,  qui  n'a  encore  été  remarquée  chez 
aucune  des  espèces  qui  précèdent.  Non  seulement  les  écailles  se  recouvrent  avec  leur 
bord  postérieur  qui  cache  une  partie  du  bord  antérieur  de  celles  qui  suivent,  mais 
encore  les  bords  supérieurs  et  les  inférieurs  de  deux  écailles  avoisinantes  dans  la 
même  série  transverse,  sont  soudés  l'un  à  l'autre  par  vin  onglet  fixé  dans  un  enfon- 
cement propre  à  le  recevoir  et  disposé  de  la  manière  suivante  :  vers  le  milieu  du  bord 
inférieur  de  chaque  écaille ,  dans  la  partie  interne  de  son  épaisseur ,  il  y  a  une  fossette 
triangulaire,  taillée  en  biseau,  mais  qui  n'atteint  pas  la  surface  extérieure;  dans  la 
partie  correspondante  du  bord  supérieur  il  y  a  en  revanche  une  saillie  analogue  qui 
déborde  ce  côté,  mais  qui  n'étant  formée  que  par  l'amincissement  du  bord  supérieur 
sans  atteindre  la  surface  extérieure,  peut  s'engrener  exactement  dans  l'enfoncement 
de  récaille  supérieure,  sans  former  d'éminence  sur  la  surface  interne  de  la  plaque  des 
écailles,  et  sans  empêcher  que  leurs  bords  extérieurs,  qvii  sont  droits,  ne  s'appliquent 
directement  les  uns  contre  les  autres.  Jusqu'à  présent  cette  liaison  des  bords  supé- 
rieur et  inférieur  de  deux  écailles  voisines  a  passé  pour  un  caractère  générique  dis- 
tinctif  du  Dapedium  de  la  Bêche;  c'est  même  pour  ne  l'avoir  pas  remarquée  que 
M.  Bronn  a  fait  un  genre  particulier  (du  reste  très-bon)  des  Tetragonolepis  ;  mais 
cette  disposition  se  retrouve  dans  presque  tous  les  Ganoïdes,  d'une  manière  plus  ou 
moins  sensible  ;  elle  est  surtout  frappante  dans  quelques  espèces  de  Lepidotus , 
comme  on  peut  le  voir  à  la  Tab.  3o  de  ce  volume.  Dès  lors  cette  disposition, 
quelque  surprenante  qu'elle  soit,  ne  peut  plus  passer,  comme  telle,  pour  un  carac- 
tère générique.  Nous  verrons  ailleurs  ce  que  différens  genres  et  ce  que  les  espèces 
présentent  de  particulier  à  cet  égard. 

IX.  Pal.eoniscus  Fkeieslebem  Aoass. 

n 

y ol .  2 .  Tab .  1 1  et  1 2 . 

Cette  espèce  est  connue  depuis  plus  d'un  siècle  sous  le  nom  d'Ichthyolithus  eisle- 
bensis;  elle  est  si  commune  qu'il  n'y  a  pas  de  collection  dans  laquelle  on  n'en  trouve 
quelques  exemplaires ,  pas  de  vieil  ouvrage  sur  les  fossiles  qui  n'en  fasse  mention  ou 
n'en  donne  quelque  figure.  Pour  ceux  qui  les  ont  représentés,  ces  poissons  étaient 
ou  des  objets  de  simple  curiosité,  ou  tout  au  plus  des  exemples  surprenans  d'animaux 
aquatiques  dans  des  couches  solides  de  l'écorce  de  notre  globe  ;  mais  au  lieu  de  cher- 
cher à  les  déterminer  rigoureusement,  ils  se  contentaient  de  les  comparer  vaguement 
avec  le  petit  nombre  d'espèces  de  poissons  vivans  qu'ils  avaient  sous  les  yeux.  Ce- 
pendant quelques-unes  de  ces  planches  sont  assez  bien  faites  et  rendent  même  les 
caractères  particuliers  de  leurs  écailles,  la  forme  irrégulière  de  leur  caudale  et  la 
disposition  générale  des  nageoires ,    d'une  manière  beaucoup  plus  conforme  à  la 


—     67     — 

nature ,   que  les  descriptions  des  premiers  auteurs  qui  ont  cherche  à  les  déterminer 
systématiquement. 

Les  meilleures  figures  du  Palaeoniscus  Freieslebeni  sont  celles  de  Wolfart  Ilist. 
nat.  IIassia>  infer.  parsl.  pi.  12.  f.  i.  pi.  \(\.  f.  2.  3.  et  4-  pi-  ï6,  17  et  20.^  celles 
de  Mylius  31emorab.  Saxoniœ  subter.  pars  I.  pi.  l\.  ;  et  celles  de  Schenclizer^\%Q\\m\ 
quer.  et  vindic.  pi.  2.  f.  i.  et  pi.  4-  f-  2.  On  en  trouve  encore  d'autres  dans  Lan^ 
Hist.  lapid.  iîgur.  Helvetiœ  pi.  6.  f.  3. ,  et  pi.  7.  f.  4-  5  dans  Leihnitz  protogœa,  dans 
BiittneiYwAerdi  diluvii  testes  pi.  18.  f.  2.;  dAns  Liebknecht  llassioe  subterran.  spéci- 
men pi.  5.  f.  I.;  dans  Knorr  et  TValcli  Natur.  der  Yersteiner.  pi.  17.  f.  i.  et  2, 
pi.  18.  f.  2.,  pi,  19.  f.  I.  et  2.,  et  pi.  20.  f.  2.  et  3.j  dans  les  Rariora  Musei  Besle- 
riani  pi.  32.  f.  i.  et  4-  ?  etc. 

Avant  de  pouvoir  tenter ,  avec  quelque  espérance  de  succès ,  une  comparaison  dé- 
taillée des  poissons  fossiles  avec  les  espèces  vivantes ,  il  a  nécessairement  fallu 
attendre  une  époque  qui  pût  fournir  à  l'observateur  assez  de  matériaux  sur  l'organi- 
sation des  animaux  en  général  et  sur  celle  des  poissons  en  particulier,  pour  que  des 
parties  d'un  être  organisé  on  parvînt  à  conclure  à  son  ensemble,  et,  à  moins  de  créer 
toute  la  science  paléontologique ,  attendre  également  des  antécédens  assez  nom- 
breux sur  la  disparition  de  la  surface  du  globe  des  grandes  espèces  terrestres  de  ver- 
tébrés quadrupèdes,  pour  que  les  conséquences  analogues  déduites  de  l'étude  des 
poissons,  venant  dévoiler  quels  ont  été  les  changemens  survenus  dans  les  eaux 
pour  que  des  espèces  aquatiques  aient  également  disparu  de  leur  sein ,  ne  fussent 
plus  qu'une  confirmation  ou  une  extension  de  lois  en  partie  déjà  connues.  Car 
quelque  exactes  qu'eussent  été  les  descriptions  des  poissons  fossiles ,  quelque  consi- 
dérables qu'eussent  paru  les  différences  que  l'on  trouve  dans  leur  organisation,  en  les 
comparant  avec  les  poissons  de  nos  mers,  lorsqu'on  aurait  avancé  que  ces  espèces  ont 
disparu  de  la  surface  du  globe,  pour  s'ensevelir  sous  les  différens  feuillets  de  son 
écorce,  on  aurait  toujours  eu  à  combattre  la  supposition  possible  qu'ils  vivent  encore 
dans  quelque  parage  lointain  jusqu'ici  inaccessible  à  nos  recherches  ;  tandis  que  les 
faits  connus  sur  la  distribution  géographique  des  grands  mammifères,  et  la  régularité 
du  gisement  des  fossiles  met  hors  de  doute  qu'il  en  est  de  même  pour  toutes  les 
classes  du  règne  qui  ont  eu  leurs  représentans  d'autrefois,  comme  elles  ont  ceux 
d'aujourd'hui,  différents  les  uns  des  autres.  Le  fait,  d'abord  négatif,  que  l'on  ne 
retrouve  nulle  part  dans  la  mer  les  espèces  que  l'on  trouve  à  l'état  fossile,  devient  dès 
lors  positif  pour  prouver  l'analogie  dans  l'ordre  de  succession  des  animaux  de  toutes 
les  classes.  Tout  le  lîionde  sait  que  la  science  est  redevable  à  Cuvier  des  immenses 
progrès  qu'elle  a  faits  et  qu'elle  fait  encore  dans  les  deux  directions  que  j'ai  signalées 
plus  haut. 


—     68     _ 

Quant  aux  poissons,  de  Blainville,  dans  un  article  sur  les  Ichthyolites ,  inséré 
dans  le  Nouveau  dictionnaire  d'histoire  naturelle,  vol.  28%  a  le  premier  reconnu  que 
ceux  du  Zechstein  ne  peuvent  pas  tous  être  rapportés  aux  genres  existans  maintenant, 
puisqu'il  en  désigne  plusieurs  sous  les  noms  de  Palaeoniscum  Freieslebenense  et  de 
Palœothrissum  macrocephalum  ;  mais,  trompé  par  l'état  de  conservation  des  plaques 
qu'il  a  examinées ,  il  a  établi  ces  deux  genres  (sans  précisément  les  caractériser)  sur 
des  individus  d'vine  même  espèce ,  tandis  qu'il  en  a  reporté  d'autres  de  la  même  es- 
pèce encore  (mais  moins  marqués  sur  la  pierre)  au  genre  Clupca ,  sous  le  nom  de 
Clupea  Lametherii. 

Par  l'examen  des  originaux  sur  lesquels  elles  ont  été  établies,  je  me  suis  assuré  de 
l'identité  de  ces  espèces,  que  je  réunis  ici  sous  le  nom  de  Paleeoniscus  Freieslebeni. 
11  faut  encore  ranger  ici,  comme  synonymes,  le  Palaeothrissum  œquilobum  Huot, 
qui  est  un  exemplaire  dont  le  lobe  caudal  supérieur  replié  sur  lui-même,  et  par 
là  raccourci  d'autant  qu'il  est  naturellement  plus  long,  forme  avec  le  lobe  infé- 
rieur, en  dessous  duquel  il  se  trouve  placé  par  ce  ploiement,  une  nageoire  cau- 
dale fourchue  à  lobes  égaux ,  caractère  qui ,  s'il  était  vrai ,  exclurait  ce  poisson  du 
genre  où  on  l'a  placé.  Dans  un  catalogue  manuscrit,  j'avais  indiqué  successivement 
ce  poisson  sous  les  noms  de  Palaeothrissum  vulgatissum,  ouornatum,  ourhynchœum, 
voulant  éviter  par  un  changement  de  dénomination  la  confusion  de  sa  synonymie;  et 
ne  m'étant  pas  encore  arrêté  pour  un  de  ces  noms  spécifiques,  j'ai  étiqueté  de  ces 
différens  noms ,  dans  difféi'entes  collections ,  des  exemplaires  de  l'espèce  dont  il  s'agit 
ici.  Dans  quelques  catalogues  des  fossiles  caractéristiques  du  Zechstein,  entre  autres 
dans  la  traduction  allemande  de  Dechen  du  Manuel  de  géologie  de  de  la  Bêche,  le  Pa- 
laeoniscus  Freieslebeni,  qui  ne  se  trouve  que  dans  le  Zechstein  d'Allemagne,  a  été 
confondu  avec  le  Palaeothrissum  inaequilobum  de  Bl.  (mon  P.  Blainvillei) ,  qui  ne  se 
trouve  qu'à  Autun,  et  on  lui  attribue  à  tort  les  gisemens  de  ces  deux  espèces.  Il  en 
est  de  même  dans  le  Manuel  de  géologie  de  Walchner.  De  Blainville  attribue  aussi  à 
tort  le  Palaeoniscus  des  mines  de  mercure  du  Palatinat  (que  j'ai  appelé  P.  Duvernoy) 
à  son  Pal.  Freieslebenense.  N'ayant  pas  vu  d'exemplaires  originaux  du  Palaeothris- 
sum blennioïdes  HoU,  je  ne  puis  lui  assigner  sa  place  avec  certitude;  cependant  je 
le  crois  aussi  synonyme  du  P.  Freieslebeni.  Germar  enfin,  frappé  sans  doute  de 
l'inégalité  des  lobes  de  la  caudale  de  ce  poisson,  l'appelle  Acipenser  bituminosus. 

Quant  au  gisement  de  ces  ichthyolithes ,  les  renseignemens  donnés  par  M.  Freies- 
leben,  dans  son  Beitrag  zur  Renntniss  des  Rupferschiefergebirges ,  ne  laissent  rien  à 
désirer.  Cependant  le  Palaeoniscus  Freieslebeni  n'est  pas  la  seule  espèce  de  poissons 
que  l'on  trouve  dans  le  Zechstein  d'Allemagne;  il  y  en  a  encore  plusieurs  autres, 
mais  qui  ont  été  mal  distingués  jusqu'à  présent,  et  sur  lesquels  je  donnerai,  avec  le 


—     G9     ~ 

temps,  tous  les  renseignemens  que  j'ai  pu  recueillir.  En  les  indiquant  ici,  par  antici- 
pation sur  Tordre  systématique,  je  désire  seulement  faire  disparaître  les  erreurs 
nombreuses  qu'il  y  a  dans  les  catalogues  des  ouvrages  géologiques  et  demander  des 
renseignemens  précis  sur  leur  distribution  géographique.  Les  espèces  que  je  connais 
sont  une  seconde  et  une  troisième  espèce  de  Palœoniscus ,  désignés  dans  le  Tableau 
synoptique,  page  5,  sous  les  noms  de  Pal.  macropomus  et  de  Pal.  magnus.  Les  Pa- 
lœothrissum  macropterum  Bronn  et  P.  parvum  de  Bl.,  indiqués  dans  le  Manuel  de 
de  la  Bêche ,  traduction  de  Dechen ,  comme  provenant  de  ïhuringen ,  ne  s'y  trouvent 
jamais.  Les  autres  espèces  du  Zechstein  sont  deux  Platysomus,  les  Platysomus  gib- 
bosus  Agass.  et  Platysomus  Rhombus  Agass. ,  tabl.  syn.  p.  6.,  rapportés  au  genre 
Stromateus  par  de  Blainville  et  Germar;  mais  je  ne  sais  sur  quoi  repose  cette  réu- 
nion; et  enfin  le  Pygopterus  Humboldti  Agass. ,  tabl.  syn.  p.  lo. ,  qui  est  en  même 
temps  le  Palœothrissum  magnum  de  Bl.  et  l'Esox  eislebensis  de  Rriiger.  Quant  au 
Gyrolepis  asper  Agass.,  tabl.  syn.  p.  6.,  il  est  encore  douteux.  Malgré  le  nombre 
prodigieux  d'exemplaires  que  j'ai  vus  de  ces  six  espèces,  il  m'est  impossible  d'indi- 
quer avec  quelque  certitude  les  diiïérentes  localités  où  l'on  trouve  chacune  d'elles  ; 
et  pourtant  il  serait  intéressant  de  savoir  comment  elles  sont  distribviées  dans  les 
couches  de  la  formation  qu'elles  caractérisent.  La  seule  collection  que  j'aie  vue, 
dont  tous  les  exemplaires  portassent  l'indication  de  leur  gisement,  est  celle  que  31.  de 
Humboldt  a  donnée  au  Muséum  d'histoire  naturelle  de  Paris  :  c'est  en  même  temps 
la  plus  belle  que  je  connaisse;  elle  contient  toutes  les  espèces  sus-mentionnées,  et 
chacune  s'y  trouve  en  plusieurs  exemplaires  de  différentes  grandeurs,  mais  tous  sont 
des  mines  de  Rothenbourg.  Wolfart  indique  en  outre  le  Pygopterus  Humboldti  à 
Nendershausen  et  à  Riegelsdorf ,  et  un  fragment  de  la  collection  du  comte  de  Munster 
provient  de  Glucksbrunn  près  de  Lœwenstein.  Les  deux  Platysomus  paraissent  se 
trouver  plutôt  dans  le  Mansfeld.  Le  Palaeoniscus  macropomus  ne  s'est  encore  trouvé 
qu'à  Rothenbourg;  le  Palœoniscus  magnus  est  indiqué  par  Wolfart  à  Nendershausen, 
tandis  que  le  Palaeoniscus  Freieslebeni  est  cité  à  Riegelsdorf,  à  Thaliter ,  à  Nenders- 
hausen ,  à  Willengenrode ,  à  Eisleben  ;  mais  toutes  ces  indications  méritent  confir- 
mation et  surtout  un  nouvel  examen  basé  sur  la  connaissance  des  espèces. 

Je  ne  puis  rien  aflîrmer  encore  sur  1  identité  ou  la  différence  des  espèces  de  Midd- 
leridge  et  d'East-Thickley  comparées  à  celles  du  Zechstein  d'Allemagne;  mais  les 
géologues  anglais,  M.  Sedgwick  surtout,  qui  a  si  bien  décrit  la  structure  de  cette 
formation,  nous  apprendront  sûrement  en  quoi  diffèrent  les  Palœothrissum  elegans, 
macrocephalum  et  magnum  représentés  dans  les  Géolog.  Transact.  ;  si  en  effet  ce  sont 
des  espèces  distinctes,  car  je  ne  trouve  aucune  différence  dans  les  figures.  Et  puis 
une  comparaison  directe  de  ces  empreintes  avec  celles  d'Allemagne  devient  d'autant 


—     70    — 

plus  nécessaire,  que  l'assertion  positive  de  de  Blainville  sur  l'identité  du  Palœothris- 
sum  magnum  des  Trans.  Géol. ,  avec  l'espèce  à  laquelle  il  a  donné  ce  nom  est  plus 
que  douteuse ,  ces  deux  poissons  appartenant  évidemment  à  des  genres  différens.  L'ins- 
pection des  figures  me  porte  assez  à  croire  que  toutes  les  empreintes  de  Palaeothrissum 
du  3Iagnesian-Liniestone  appartiennent  à  une  seule  et  même  espèce  différente  de  celle 
du  Mansfeld.  Du  reste,  les  autres  espèces  d'East-Thickley  appartiennent  aux  deux 
autres  genres  qui  ont  aussi  des  représentans  dans  le  Zechstein  d'  Allemagne:  ce  sont 
les  Platysomus  striatus,  macrurus  et  parvus,  et  le  Pygopterus  scoticus  Agass. 

J'ai  vu  plusieurs  centaines  de  plaques  du  Palaeoniscus  Freieslebeni  dans  les  musées 
de  Munich,  de  Carlsruhe,  de  Stuttgardt,  de  Strasbourg,  de  Paris,  de  Bxeslau,  de 
Vienne  et  de  Pragues,  et  dans  les  collections  particidières  de  MM.  Bronn,  Walcliner, 
Braun,  de  Haber,  de  Munster,  Brongniart  et  Régley.  Ceux  du  Muséum  d'histoire 
naturelle  de  Paris  et  ceux  de  la  collection  de  M.  Brongniart,  qui  renferme  les  origi- 
naux des  descriptions  de  M.  de  Blainville,  encore  étiquetés  de  sa  main,  ont  été  les 
plus  précieux  pour  moi ,  parce  qu'ils  m'ont  mis  en  état  d'établir  la  synonymie  de  cette 
espèce  avec  la  plus  grande  certitude.  Quant  aux  originaux  de  mes  planches,  le  petit 
exemplaire  de  la  tab.  ii.  f.  i.  appartient  à  mon  ami  M.  Alex.  Braun  à  Carlsruhe; 
celui  de  la  f .  2.  se  trouve  au  Musée  de  Stuttgardt,  et  m'a  été  communiqué  par  M.  le 
professeur  Jceger;  celui  de  la  f .  3.  et  le  i"  de  la  tab.  12  ont  été  donnés  au  Muséum  de 
Paris  par  M.  Alex,  de  Humboldt,  avec  une  collection  choisie  de  toutes  les  espèces  que 
l'on  trouve  dans  le  Zechstein  du  Mansfeld  •,  enfin  l'exemplaire  de  la  fig.  2.  tab.  12.  se 
trouvait  déjà  au  Muséum  de  Paris.  Il  est  rare  de  trouver  des  exemplaires  de  cette 
espèce  qui  soient  parfaitement  droits  et  dans  un  état  de  conservation  aussi  favorable 
à  leur  examen  que  ceux  qui  sont  représentés  sur  ces  deux  planches.  Pour  la  plupart 
ils  sont  fortement  arqués,  en  demi-cercles  plus  ou  moins  ouverts  suivant  la  taille  des 
individus-,  les  jeunes  sont  ordinairement  plus  courbés  que  les  vieux,  mais  toujours 
leur  courbure  est  telle  que  sa  convexité  est  formée  par  ie  bord  du  ventre,  et  que  le 
dos  est  concave.  Il  est  assez  rare  de  trouver  des  exemplaires  complètement  déprimés 
dans  toute  leur  étendue  ;  ce  n'est  guères  que  la  tête  et  la  partie  antérieure  du  tronc 
qui  l'est  quelquefois,  comme  dans  l'exemplaire  de  la  fig.  2.  tab.  11.  :  on  voit  plus 
souvent  des  individus  dont  l'un  des  côtés  paraît  avoir  un  peu  glissé  sur  l'autre ,  tandis 
que  la  tête  est  déprimée  et  se  présente  soit  par  sa  surface  supérieure,  soit  par  sa 
surface  inférieure. 

Ce  que  l'on  a  dit  sur  l'état  de  ces  poissons ,  sur  les  positions  violentes  qu'ils  sem- 
blent avoir,  sur  les  contorsions  qu'ils  ont  dû  faire,  et  sur  les  mouvemens  convulsifs 
dans  lesquels  on  les  a  fait  expirer,  au  moment  où  le  sulphure  de  cuivre,  contenu  dans 
les  roches  qui  les  recèlent,  a  pénétré  les  eaux  qui  les  contenaient;  tout  cela  s'explique 


—     71     — 

sans  dillicultc  lorsque  l'on  fait  attention  à  la  manière  dont  meurent  la  plupart  des 
poissons  et  lorsqu'on  tient  compte  de  leurs  formes  naturelles.  En  luttant  contre  la 
mort,  les  poissons  consument  le  peu  de  force  qui  leur  reste  dans  la  tentative  de  con- 
server leur  position  horizontale  et  de  rester  debout  entre  deux  eaux;  lorsqu'ils  sont 
épuisés,  ils  viennent  flotter  à  la  surface  de  l'eau,  le  ventre  en  Tair.  Leur  agonie  est 
en  général  courte  et  paisible;  je  n'ai  jamais  vu  qu'elle  fût  accompagnée  de  mouvemens 
Aiolens ;  ils  font  tout  au  plus  encore  quelques  essais  impuissans  pour  se  redresser  et 
s'endorment  enfin.  Lorsque  la  raideur  cadavérique  s'empare  de  leur  corps,  il  est  tout 
naturel  que  ce  soient  les  régions  les  plus  musculeuses  qui  se  retirent  le  plus;  aussi 
tout  le  dos  se  contracte-t-il ,  il  devient  d'abord  droit ,  puis  concave ,  et  enfin  l'abdomen 
se  voûte  plus  ou  moins,  à  mesure  que  le  dos  se  courbe  davantage  (*) .  C'est  dans  cet 
état  que  le  poisson  tombe  au  fond  de  l'eau,  où  il  reste  jusqu'à  ce  que  la  putréfaction 
et  le  dégagement  des  gaz  qui  se  forment  dans  son  abdomen ,  changent  de  nouveau 
ses  formes  et  le  fassent  encore  flotter  à  la  surface  de  l'eau. 

Il  est  tout  naturel  aussi  et  conforme  aux  lois  de  la  gravitation ,  que  sur  le  fond 
d'un  bassin,  (que  ce  soit  un  lac,  une  rivière  ou  la  mer,  peu  importe,)  les  poissons 
péris  se  déposent  suivant  leurs  formes  naturelles,  tantôt  sur  les  flancs,  sur  le  dos  ou 
sur  le  ventre.  De  la  position  qu'affectent *'la  plupart  des  exemplaires  du  Paleeoniscus 
Freieslebeni,  l'on  est  donc  bien  plutôt  en  droit  de  conclure  qu'ils  sont  fort  comprimés 
dans  la  partie  caudale  de  leur  corps,  plus  arrondi  dans  sa  partie  antérieure,  et  peut- 
être  légèrement  déprimé  sur  la  tête,  comme  les  Lottes,  du  moins  lorsqu'elles  sont 
maigres,  que  d'attribuer  cette  position,  dont  la  régularité  devient  alors  inexplicable, 
à  des  mouvemens  violens  qu'aurait  faits  le  poisson,  en  luttant  contre  les  matières  dans 
lesquelles  il  se  sentait  envelopper.  En  général  je  ne  crois  pas  à  une  mort  violente,  du 
moins  pas  par  des  causes  mécaniques ,  pour  la  plupart  des  fossiles  ;  il  y  en  a  certai- 
nement bien  peu  qui  aient  succombé  au  choc  des  matières  charriées.  Il  faut  bien 
plutôt  attribuer  leur  mort  à  la  tension  électrique  de  l'atmosphère,  à  la  pression 
quecelle-ci  a  dû  exercer  à  la  surface  du  globe  etaux  changemens  de  température  survenus 
à  l'approche  de  bouleversemens  capables  de  changer  son  aspect  et  d'occasionner  la  for- 
mation de  nouvelles  couches  solides ,  dans  lesquelles  les  êtres  organisés  flottans  dans 
les  eaux  ou  gisans  sur  la  terre,  ont  été  ensevelis  dans  toutes  les  positions  possibles^ 
suivant  leur  nature  et  les  lieux  qu'ils  habitaient  durant  leur  vie.  On  trouvera  plus  de 
détails  sur  ce  sujet  à  la  fin  du  premier  volume. 

(*)  Tous  les  poissons  allongés  subissent  de  cette  manière  des  cliangemens  de  forme  plus  ou  moins  considérables, 
immédiatement  après  leur  mort  ;  voilà  pourquoi  la  plupart  des  figures  de  poissons  qui  existent,  représentent  des  con- 
torsions que  l'animal  vivant  est  incapable  de  produire.  La  courbure  des  corps  morts  est  en  général  d'autant  plus 
forte  que  les  os  du  squelette  sont  plus  grêles,  ou  que  les  individus  plus  jeunes  les  ont  moins  solides. 


—     72     -. 

Il  est  impossible  d'apprécier  tous  les  changemens  que  les  substances  animales 
peuvent  avoir  subis  depuis  qu'elles  gisent  dans  la  roche.  Cependant  je  m'occupe 
maintenant  à  réunir  des  matériaux  assez  nombreux  pour  que ,  de  leur  analyse  chi- 
mique et  de  leur  comparaison  avec  les  tégumens  des  espèces  vivantes ,  du  Lépidostée 
entre  autres,  on  puisse  tirer  des  conséquences  probables  sur  les  changemens  de  com- 
position des  tissus  organiques  fossiles.  M.  Mitscherlich  m'a  assuré  qu'il  serait  dis- 
posé à  les  analyser;  ainsi  j'espère  pouvoir  communiquer  à  mes  lecteurs,  avec  le  temps, 
des  observations  importantes  sur  un  sujet  encore  si  peu  élaboré.  Je  ne  puis  m'ex- 
pliquer  comment  on  a  cru  voir  ordinairement,  dans  l'empreinte  de  ces  poissons,  leur 
chair,  et  même  leur  peau,  à  moins  de  supposer  que  l'on  ait  confondu  leurs  écailles 
rectilignes  avec  des  fibres  musculaires,  qui,  dans  les  poissons,  ont  la  forme  de  feuil- 
lets à  surface  et  à  bords  droits.  Quant  à  la  substance  blanche  du  cristallin,  dont 
parle  Mylius,  je  suis  porté  à  croire,  d'après  ce  que  j'ai  vu,  qu'il  a  pris  un  effet  de 
lumière  produit  au  bord  de  l'enfoncement  de  l'orbite,  pour  une  réalité  matérielle. 

En  étudiant  en  détail  les  caractères  du  Palseoniscus  Freieslebeni ,  j'ai  acquis  la 
conviction  que ,  pour  bien  connaître  les  espèces  de  ce  genre ,  il  ne  faut  pas  sevdement 
en  avoir  vu  des  exemplaires  dans  toutes  les  positions  possibles;  mais  que,  pour  bien 
saisir  tous  les  rapports  de  leurs  parties  entre  elles  et  les  différences  qu'elles  présen- 
tent dans  les  diverses  positions  du  corps,  il  faut  encore  en  avoir  vu  à  différens  degrés 
de  dégradation,  surtout  si  l'on  veut  apprécier  toutes  les  variations  de  leurs  formes 
sous  tous  leurs  aspects.  Par  exemple,  on  ne  peut,  dans  ce  genre,  être  bien  sûr  de 
ne  pas  prendre  des  exemplaires  d'une  même  espèce  pour  des  espèces  différentes,  que 
lorsqu'on  a  pu  voir  les  écailles ,  non-seulement  par  leur  face  extérieure  et  dans  leur 
position  relative  naturelle,  mais  encore  par  leur  face  interne,  et,  si  possible,  à  diffé- 
rentes parties  du  tronc,  en  avant  et  en  arrière.  Il  y  a  même  plus;  lorsque  l'on  n'a 
pas  une  très-grande  habitude  de  se  représenter  l'empreinte  creuse  que  pourrait  pro- 
duire une  partie  que  l'on  examine,  ou  le  relief  d'une  empreinte  bien  conservée,  il 
faut  les  mouler  pour  s'en  assurer  et  pour  pouvoir  les  comparer  avec  les  autres  parties, 
soit  creuses,  soit  en  relief,  qui  sont  conservées  dans  différentes  régions  du  fossile. 
Dans  tous  les  cas ,  avant  de  décrire  une  espèce ,  il  faut  chercher  à  se  rendre  un  compte 
exact  de  la  position  de  toutes  les  parties  que  l'on  voit,  de  la  face  qu'elles  présentent 
à  notre  examen ,  et  enfin  s'assurer  si  l'on  voit  l'objet  lui-même ,  ou  bien  si  ce  n'est 
que  son  empreinte  qui  est  restée.  Tout  ceci  est  de  la  plus  haute  importance,  si  l'on 
ne  veut  pas  s'exposer  à  décrire  différentes  faces  des  mêmes  parties  comme  apparte- 
nant à  un  même  côté.  Ces  précautions  sont  surtout  nécessaires  lorsqu'on  décrit  les 
écailles,  les  parties  de  la  tête  et  les  nageoires  paires;  la  colonne  vertébrale  et  les  na- 
geoires verticales  exigent  moins  de  précautions,  puisque  leur  imparité  les  rend  par- 


—     75     — 

faitemcnt  égales  des  deux  côtés.  Pour  faciliter  la  comparaison  de  différentes  faces 
des  écailles  d'une  même  région,  il  faut,  autant  que  possible,  chercher  à  mettre  à  côté 
l'une  de  l'autre  la  face  externe  des  écailles  du  côté  gauche  avec  la  face  interne  des 
écailles  du  côté  droit,  ou  vice-versa,  et  alors  elles  auront  au  moins  la  même  direc- 
tion. Il  est  fort  utile  aussi  de  tâcher  de  voir  quelque  exemplaire  déprimé  dans  sa 
hauteur,  pour  s'assurer  s'il  n'offre  pas  quelque  particularité  sur  le  dos,  sur  le  crâne 
ou  le  long  du  ventre;  c'est  dans  de  semblables  exemplaires  que  l'on  voit  le  mieux  les 
rayons  branchiostègues  et  les  nageoires  ventrales.  On  a  commis  une  erreur  en  affa- 
mant que  les  plaques  correspondantes,  sur  lesquelles  l'on  voit  cette  espèce,  sont 
toujours  fendues  de  manière  à  présenter  tout  le  poisson  en  relief  d'un  côté  et  en  creux 
de  l'autre.  Parmi  les  nombreux  exemplaires  que  M.  de  Humboldt  a  donnés  au  Mu- 
séum de  Paris ,  il  y  en  a  plusieurs  doubles  très-diversement  partagés  et  présentant 
alternativement  des  lambeaux  en  relief  et  en  creux  des  deux  côtés  du  poisson. 

J'ai  cru  nécessaire  de  m'étendre  ici  sur  l'état  de  conservation  des  exemplaires  de 
cette  espèce  et  sur  les  précautions  à  prendre  pour  les  examiner  avec  fruit,  d'abord 
parce  qu'elle  est  très-commune  et  qu'elle  pourra  servir  à  faire  des  exercices  dans  ce 
genre  de  recherches,  et  puis  surtout,  parce  que  les  exemplaires  ont  des  aspects  si  dif- 
férens  que  l'on  pourrait  aisément  être  tenté  d'en  faire  une  dixaine  d'espèces  si  l'on 
n'était  pas  prévenu  de  toutes  les  difficultés  que  ces  distinctions  obligeraient  d'em- 
brasser. 

La  figure  i  de  la  2"  Table  nous  représente  un  petit  exemplaire  de  cette  espèce  dans 
sa  position  naturelle ,  mais  fendu  de  manière  à  ce  que  l'on  ne  voie  toutes  ses  parties 
que  par  leur  siuface  interne  ;  les  écailles  de  ses  flancs  sont  celles  du  côté  droit  vues 
par  leur  surface  interne;  le  long  de  l'abdomen  jusque  vers  l'insertion  de  la  caudale, 
on  ne  voit  même  que  l'empreinte  de  leur  surface  externe.  Sous  l'insertion  de  la  dor- 
sale et  sur  le  pédicule  de  la  queue  seulement ,  l'on  voit  quelques  écailles  du  côté  gauche 
par  leur  surface  extérieure.  Quant  à  la  tête,  elle  est  fendue  de  manière  à  faire  voir 
la  surface  interne  de  l'opercule  et  de  la  ceinture  thoracique  du  côté  droit  ;  mais  dans 
sa  partie  antérieure,  depuis  l'articulation  des  mâchoires  jusqu'à  l'extrémité  du  nez  , 
c'est  le  côté  gauche  que  l'on  voit.  La  figure  2  en  représente  un  qui  est  très-courbé, 
plus  ou  moins  déprimé  dans  toute  sa  longueur  et  sur  lequel  on  voit  une  partie  des  os 
de  la  tête  par  leur  surface  supérieure ,  à  droite  et  à  gauche  les  deux  pectorales ,  en 
dessus  celle  de  droite,  et  en  dessous  celle  de  gauche;  sur  le  milieu  de  la  courbure, 
on  distingue  trois  nageoires;  au  milieu  c'est  la  dorsale,  en  avant  de  laquelle  on  voit 
plusieurs  grosses  écailles  impaires,  adossées  contre  le  bord  antérieur  de  ses  petits 
rayons;  en  dessus  de  cette  nageoire  se  trouve  la  ventrale  de  droite  et  en  dessous 
celle  de  gauche.  Cette  position  résulte  de  l'aplatissement  considérable  du  tronc  qui 

ToM.  II.  10 


—     74    — 

a  pressé  les  deux  pans  des  écailles  sur  deux  côtés  opposés;  cependant  celles  du  côté 
droit  sont  plus  en  évidence.  L'extrémité  de  la  queue  est  verticale  ;  mais  déjà  l'insertion 
de  la  caudale  est  biaisée  et  l'on  reconnaît  distinctement  les  grosses  écailles  qui  s'éten- 
dent en  avant  du  lobe  supérieur  dans  la  direction  de  la  dorsale.  Cet  exemplaire,  tout 
mutilé  du  reste  ,  est  d'autant  plus  intéressant  qu'il  montre  encore  combien  les  écailles 
du  milieu  du  dos,  surtout  entre  la  nuque  et  la  dorsale,  sont  plus  petites  que  celles 
des  flancs.  L'exemplaire  de  la  3'  fig.  est  surtout  intéressant  à  cause  de  l'état  de  par- 
faite conservation  de  la  queue  et  de  la  tête ,  oîi  l'on  distingue  nettement  les  mâchoires 
et  les  rayons  branchiostègues  ;  du  reste ,  presque  toutes  ses  parties  se  voient  par  leur 
surface  intérieure.  Dans  la  table  12,  la  figure  i  nous  fait  voir  un  exemplaire  ayant, 
sur  le  milieu  de  ses  flancs,  un  lambeau  des  écailles  de  son  côté  droit,  et  du  reste, 
montrant  la  surface  interne  de  celles  de  son  côté  gauche;  celui  de  la  fig.  2  ,  au  con- 
traire, nous  représente,  dans  toute  son  étendue,  la  simple  empreinte  des  écailles  du 
côté  droit,  et  seulement  vers  le  dos  et  vers  le  bord  de  l'abdomen,  ces  mêmes  écailles, 
vues  par  leur  surface  interne.  Les  écailles  de  la  fig.  3  sont  de  la  partie  antérieure, 
du  côté  droit  et  vues  par  leur  surface  interne,  sur  laquelle  on  remarque  leur  onglet 
articulaire;  celles  de  la  fig.  4  sont  du  même  côté,  mais  prises  plus  en  arrière,  vers  la 
dorsale,  là  où  elles  n'ont  plus  d'onglet-  la  fig.  5  représente  l'empreinte  de  la  surface 
interne  d'écaillés  semblables  à  celles  de  la  fig.  3,  et  la  fig.  6  l'empreinte  de  leur  sur- 
face extérieure,  mais  non  pas  l'écaillé  elle-même. 

Le  Palcconiscus  Freieslebeni  est  l'espèce  la  plus  allongée  du  genre;  son  abdomen 
n'est  pas  assez  renflé  pour  faire  paraître  la  partie  antérieure  du  tronc  sensiblement 
plus  grosse  que  la  queue;  la  tête,  également  allongée  dans  les  exemplaires  oîi  elle  a 
conservé  les  rapports  naturels  de  ses  parties,  comme  dans  la  fig.  i.  tab.  11,  n'égale 
pas  même  le  quart  de  la  longueur  totale,  ensorte  que  le  nom  de  Palaeothrissum  ma- 
crocephalum  ne  lui  convient  pas  précisément.  Ce  qui  distingue  surtout  cette  espèce, 
c'est  la  petitesse  de  ses  nageoires  et  la  position  reculée  des  ventrales,  de  la  dorsale 
et  de  l'anale.  Les  ventrales  sont  bien  placées  au  milieu  du  tronc,  mais  comme  la  ca- 
vité abdominale  se  termine  en  avant  de  l'anale,  elles  ne  se  trouvent  pas  sur  le  milieu 
du  ventre  et  sont  considérablement  plus  rapprochées  de  l'anale  que  des  pectorales; 
l'anale  occupe  le  milieu  de  l'espace  qu'il  y  a  entre  les  ventrales  et  le  commencement 
de  l'insertion  de  la  caudale  ;  la  dorsale  est  opposée  à  l'intervalle  qui  sépare  les  ven- 
trales et  l'anale,  de  sorte  qu'elle  est  plus  rapprochée  de  la  caudale  que  de  la  tête. 
•  Les  pectorales  sont  rarement  bien  conservées,  cependant  on  en  voit  des  traces 
dans  la  fig.  2.  de  la  table  11.  et  de  la  table  12.,  leur  bord  extérieur  renferme  des 
rayons  plus  allongés  que  les  internes;  le  long  du  premier  rayon  il  y  a  une  série 
de  très-petites  écailles  pointues  qui  s'étend  jusqu'à  son  extrémité;  elles  sont  du  reste 


—     75     — 

de  mOA'^enne  grandeur.  Je  n'ai  pas  pu  déterminer  la  nature  des  écailles  qui  paraissent 
recouvrir  la  surface  extérieure  des  rayons.  Les  ventrales,  fig.  i.  tab.  ii.,  sont  plus 
petites  que  la  dorsale  et  que  l'anale;  elles  ont  une  insertion  assez  large,  protégée,  en 
dessous  surtout ,  par  des  écailles  très-étroites  ;  leur  bord  antérieur  porte  une  série  de 
très-petites  écailles,  tandis  que  leur  surface  est  recouverte  de  plusieurs  rangées 
d'écaillés  allongées,  à  peu  près  du  double  plus  longues  que  larges,  et  disposées  dans 
leur  sens  longitudinal  le  long  des  rayons,  qui  se  bifurquent  quelquefois  à  leur  extré- 
mité, en  même  temps  que  les  séries  d'écaillés  se  multiplient.  L'anale  est  un  peu  plus 
petite  à  son  insertion,  du  moins  un  peu  plus  étroite  que  la  dorsale;  ses  rayons  anté- 
rieurs sont  environ  du  double  plus  longs  que  les  derniers;  tous  sont  fendus  à  plusieurs 
reprises,  d'abord  jusque  vers  le  milieu  de  leur  longueur,  et  puis  moins  :  leur  surface 
est  recouverte,  comme  celle  des  ventrales,  d'écaillés  allongées  formant  à  la  base  de  la 
nageoire  des  séries  transverses  malgré  leur  disposition  longitudinale  sur  les  rayons, 
mais  ces  séries  deviennent  moins  continues  vers  l'extrémité  des  rayons  et  à  mesure 
que,  suivant  leurs  bifurcations,  elles  se  multiplient  aussi;  tout  le  long  de  son  bord 
antérieur  il  y  a  de  très-petites  écailles  pointues,  et  en  avant  de  son  insertion  quelques 
rangées  de  plaques  plus  allongées  et  plus  grandes  que  celles  des  côtés  de  sa  base 
(fig.  I.  tab.  1:2).  La  dorsale,  quoique  ayant  une  insertion  plus  longue,  n'est  cepen- 
dant pas  grande  non  plus  (fig.  i .  tab.  11  et  12);  son  boid  antérieur  est  beaucoup  plus 
élevé  que  le  postérieur,   dont  les  rayons  sont  au  moins  de  moitié  plus  courts;  tous 
sont  recouverts  d'écaillés  allongées  et  étroites,  formant  des  rangées  transverses  très- 
visibles  à  la  base  de  la  nageoire,  mais  qui  se  confondent  vers  son  bord  supérieur  à 
mesure  que  les  rayons  se  bifurquent;  le  long  des  rayons  du  boid  antérieur  de  cette 
nageoire  il  y  a  aussi  de  très-petites  écailles  pointues,  mais  très-accolées  contre  les 
rayons  qui  les  portent  et  souvent  à  peine  visibles.  La  caudale  de  cette  espèce  (fig.  i 
et  3  de  la  table  11 ,  et  fig.  2  de  la  table  12)  est  certainement  celle  de  tout  le  genre 
qu'il  serait  le  plus  facile  de  reconnaître,  lors  même  qu'elle  serait  complètement  sé- 
parée des  autres  parties  du  corps.  Son  insertion  est  très-oblique,  et  c'est  à  peine  si 
on  aperçoit  une  légère  courbure  du  bord  sur  lequel  les  rayons  du  lobe  inférieur  sont 
articulés,  tandis  que  dans  les  autres  espèces  elle  est  souvent  très-arquée  :  il  résulte 
de  là  que  le  prolongement  du  lobe  supérieur  se  rétrécit  plus  insensiblement,  mais 
comme  les  rayons  du  lobe  inférieur  sont  nombreux  et  qu'ils  s'étendent  jusqu'au 
milieu  de  la  bauteur  de  la  cjueue,   ce  lobe  paraît  aussi  large  que  le  supérieur,   ses 
rayons  inférieurs  étant  aussi  très-longs,  la  différence  dans  les  dimensions  des  lobes 
est  moins  frappante. 

Depuis  le  milieu  de  la  caudale,  les  rayons  du  lobe  supérieur  vont  en  diminuant 
graduellement  de  longueur  jusqu'à  l'extrémité  de  la  nageoire  où  ils  sont  très-courts. 


—     76     — 

Il  faut  aussi  remarquer  que,  dans  cette  espèce,  les  rayons  inférieurs,  qui  sont  les 
plus  épais,  depuis  les  petits  qui  bordent  le  côté  inférieur  de  la  nageoire  jusqu'à  ceux 
de  son  extrémité ,  vont  en  diminuant  de  grosseur  d'une  manière  beaucoup  plus  sen- 
sible que  dans  aucune  autre  ;  tous  ces  rayons  sont  fendus  à  leur  extrémité ,  à  plusieurs 
reprises,  mais  cette  bifurcation  s'étend  à  peine  jusque  sur  leur  milieu.  La  surface 
extérieure  de  la  nageoire  est  évidemment  aussi  recouverte  d'écaillés  proportionnelle- 
ment beaucoup  plus  petites  que  celles  des  autres  nageoires ,  surtout  sur  les  rayons 
du  lobe  supérieur-  mais  ces  écailles  sont  disposées  si  régulièrement  les  unes  à  la 
suite  des  autres  le  long  des  rayons,  qu'elles  paraissent  d'abord  être  les  articles  même 
des  rayons  :  on  ne  parvient  à  les  reconnaître  comme  des  écailles  que  là  où  leur  im- 
brication est  visible  d'un  rayon  à  l'autre,  ou  là  où  les  exemplaires  sont  fendus  de  ma- 
nière à  m.ettre  en  évidence  les  rayons  ou  leur  empreinte  entre  les  écailles  qui  les 
recouvrent  des  deux  côtés  du  corps.  Les  bords  de  cette  nageoire  sont  également  re- 
couverts de  petites  écailles  impaires  ,  allongées  et  pointues,  et  qui  sont  adossées  tout 
le  long  de  ses  rayons  externes  ;  celles  du  lobe  inférieur  sont  très-grêles ,  fortement 
accolées  aux  rayons  qui  les  portent  et  fort  courtes  vers  l'extrémité  de  la  nageoire. 
Celles  du  lobe  supérieur  sont  plus  caractéristiques  :  depuis  le  rétrécissement  du  pédi- 
cule de  la  queue,  sur  lequel  se  trouA^ent  quelques  grosses  écailles  impaires,  que  l'on 
voit  surtout  bien  sur  la  fig.  2  de  la  table  11,  il  y  a  une  série  d'écaillés  pointues,  très- 
allongées  et  très-grosses,  qui  font  suite  à  celles  du  pédicule,  fig.  i.  tab,  1 1 ,  et  qui 
se  distinguent  surtout  dans  cette  espèce  (fig.  i  et  2)  par  leur  longueur,  leur  ténuité 
et  la  direction  qu'elles  ont  sur  le  bord  du  prolongement  de  la  queue ,  contre  lequel 
elles  sont  moins  fortement  accolées,  et  par  conséquent  plus  divergentes  que  dans  les 
autres  espèces. 

Les  écailles  présentent  des  formes  très-variées  suivant  la  région  du  corps  où  on 
les  observe,  et  cependant  les  séries  dorso-ventrales  ont  à  peu  près  la  même  largeur 
partout.  Cette  disposition,  qui  paraît  impliquer  contradiction,  résulte  de  ce  que  les 
écailles  ont  bien  à  peu  près  la  même  longueur ,  dans  la  partie  postérieure  du  tronc , 
comme  dans  sa  partie  antérieure  j  mais  leur  hauteur  variant  considérablement,  il  en 
résulte  tantôt  des  écailles  plus  hautes  que  longues,  tantôt  des  losanges  équilatéraux, 
tantôt  des  plaques  plus  longues  que  hautes.  Malgré  ces  différences  très-marquées, 
elles  ont  cependant  toutes  cela  de  commun  que  leur  surface  extérieure  est  ornée 
d'une  sculpture  plus  ou  moins  variée,  suivant  la  région  qu'elles  occupent;  celles  des 
flancs  sont  traversées  de  rides  obliques,  disposées  comme  des  rayons  sur  le  bord 
antérieur  des  écailles,  et  qui  finissent  à  leur  bord  postérieur,  de  manièrp  à  former  une 
espèce  de  franges  à  leur  surface;  vers  l'extrémité  postérieure  du  tronc,  ces  lignes 
sont  moins  nombreuses.   Sur  les  grosses  écailles  impaires  du  milieu  du  dos  qui  se 


7  / 


trouvent  en  avant  de  la  dorsale  et  du  lobe  supérieur  de  la  caudale,  ces  rides  vont  en 
divergeant  du  bord  antérieur  aux  bords  latéraux  et  postérieur,  et  forment  ainsi  un 
large  éventail  dont  les  rayons  sont  plus  rapprocbés  et  plus  continus  à  leur  point  de  dé- 
part ;  vers  les  bords  ils  sont  interrompus  et  forment  même  des  rangées  de  points  plus  ou 
moins  saillans.  Ces  écailles  elles-mêmes  sont  triangulaires,  terminées  en  arrière  par 
une  pointe  arrondie  plus  ou  moins  allongée.  Du  reste,  les  autres  écailles  du  milieu 
du  dos,  en  avant  de  la  dorsale,  jusqu'à  la  nuque  et  en  arrière  jusque  vers  la  caudale, 
sont  beaucoup  plus  petites  que  celles  des  flancs  et  plus  étroites  que  longues,  fig.  2. 
table  1 1  ;  il  en  est  de  même  de  celles  du  bord  de  l'abdomen  qui  sont  aussi  très-étroites 
fig.  I  tab.  II ,  et  fig.  2  tab.  12.  Celles  des  flancs,  surtout  des  parois  de  l'abdomen, 
sont  beaucoup  plus  liantes  que  longues 5  elles  ont,  en  outre,  cela  de  particulier,  que 
leurs  bords  supérieurs  et  les  inférieurs  s'engrènent  les  uns  dans  les  autres  et  se  lient 
intimement  au  moyen  d'onglets  articulaires  formés  au  bord  supérieur  de  chaque 
écaille  et  qui  s'enfoncent  dans  une  fossette  correspondante  du  bord  inférieur,  comme 
on  le  voit  dans  la  f.  3  de  la  tab.  12  et  même  au  bord  supérieur  de  la  f.  2.  Plus  en 
arrière,  ces  bords  ne  sont  vniis  que  par  des  saillies  moins  marquées  et  enfin  seule- 
ment par  leur  coupe  oblique  qui  devient  de  plus  en  plus  droite  vers  l'extrémité  de  la 
queue;  vers  son  létiécissement ,  les  écailles  sont  exactement  rhomboïdales,  mais  sur 
son  prolongement,  lorsqu'elles  ont  changé  de  direction,  elles  sont  beaucoup  plus 
étroites  et  sensiblement  plus  longues  que  hautes.  Ce  qui  rend  surtout  visibles  les  séries 
dorso-ventrales  des  écailles,  c'est  que  les  bords  supérieur  et  inférieur  de  celles  d'une 
série  antérieure  correspondent  exactement  au  milieu  des  bords  antérieurs  de  celles 
de  la  série  suivante ,  tandis  que  les  bords  antérieurs  et  les  bords  postérieurs  .de  toutes 
les  écailles  d'une  série  se  suivent  dans  une  même  direction.  La  ligne  latérale  n'a  rien 
de  particulier*,  elle  s'étend  sur  le  milieu  du  tronc,  à  peu  près  en  ligne  droite  depuis 
l'angle  supérieur  de  l'opercule,  en  arrière  duquel  elle  fléchit  un  peu  vers  l'abdomen, 
jusqu'au  milieu  de  la  caudale  (f.  i.  t.  11.) 

Les  os  de  la  tête  méritent  aussi  une  attention  particulière  ;  toute  leur  surface  est 
sillonnée  de  rides  concentriques,  provenant  sûrement  de  leur  mode  d'accroissement; 
seulement  les  os  plats  du  crâne  présentent  des  rayons  divergens  du  centre  vers  leurs 
bords.  L'ethmoïde  paraît  avoir  été  très-renflé ,  car  il  forme ,  dans  tous  les  exemplaires 
qui  ne  sont  pas  trop  mutilés,  une  forte  saillie  arrondie  au-dessus  et  en  avant  des  mâ- 
choires (f.  I  et  3,  t.  II).  L'orbite  est  petite  et  placée  au-dessus  de  l'extrémité  anté- 
rieure de  la  mâchoire  inférieure;  la  gueule  est  très-fendue  (f.  i  et  3,  t.  11.);  la  mâ- 
choire inférieure  étroite  ,  surtout  vers  la  symphyse  dt  ses  branches ,  et  la  supérieure 
dilatée  en  spatuleau-dessus  de  rarticulationdel'inférieure(f.  3.)  présentent  à  leurs  bords 
des  dents  en  brosse  extrêmement  petites.  L'opercule  est  étroit  et  plus  élevé  que  long; 


— .     78    — 

en  arrière  de  son  bord  anguleux  l'on  voit  la  ceinture  thoracique  dont  le  scapulaire 
forme  avec  l'humérus  un  angle  à  peu  près  droit  (fig.  i.).  Les  rayons  branchiostègues 
sont  très-évidens  sur  la  fig.  3;  ils  sont  courts,  mais  très-larges,  et  recouvrent  tout 
l'espace  qu'il  y  a  entre  les  deux  branches  des  mâchoires  ^  on  en  voit  huit  ou  neuf. 
D'après  un  fort  bel  exemplaire  du  Musée  de  Stuttgardt ,  qui  m'a  été  envoyé  par  M.  le 
professeur  Jaeger,  il  paraît  que  les  joues  sont  recouvertes  d'écaillés. 

X.    PALiEONlSCUS  MAGNUS  AgaSS. 

Vol.  2.  Tab.  i3  et  i4- 

Ce  poisson  a  été  confondu  jusqu'à  présent  avec  le  P.  Freieslebeni  auquel  il  res- 
semble beaucoup,  et  dont  il  ne  diffère  que  par  quelques  particularités  de  la  forme  de 
ses  écailles  et  par  son  allure.  Cependant  il  existe  déjà  plusieurs  figures  où  il  est  assez 
bien  représenté  5  entre  autres  :  Scheuchzer  pisc.  quer.  et  vindic.  pi.  4-  f-  i  et  3  ^ 
Wolfart  Hist.  nat.  Hassiae  infer.  pars  I.  pi.  i3.  14.  f-  i  et  i5;  Mylius  memor. 
Saxonia?  subterran.  pars  II.  pi.  85  ;  Walch  et  Knorr  Natur.  der  Versteiner.  Tom.  I. 
pi.  20.  f.  I  ;  sans  cependant  que  ces  auteurs  aient  cherché  à  le  déterminer ,  ou  seu- 
lement à  le  distinguer  de  l'espèce  commune  que  l'on  trouve  dans  les  mêmes  lieux. 

N'ayant  point  encore  vu  d'exemplaires  des  poissons  fossiles  d'East-Thickley  que 
M.  Sedgwick  a  si  bien  représentés  dans  les  Géol.  Transact. ,  je  ne  puis  affirmer  pré- 
cisément si  et  en  quoi  l'espèce  à  laquelle  il  a  donné  le  nom  de  Palœothrissum  magnum 
diffère  de  celui  du  Zechstein  d'Allemagne  auquel  j'ai  donné  le  même  nom  spéci- 
fique ^  mais  ce  qui  est  certain ,  c'est  que  l'espèce  que  de  Blainville  a  nommée 
Palaeothrissum  magnum,  d'après  un  exemplaire  de  la  collection  de  M.  Alex.  Bron- 
gniart,  n'est  pas  du  tout  la  même  que  celle  à  laquelle  il  a  donné  le  même  nom ,  d'après 
des  exemplaires  qui  lui  ont  été  communiqués  par  31.  Sedgwick.  Carie  Palaeothrissum 
magnum  Sedgwick  est  bien  du  genre  Palaîothrissum,  mais  le  Palaeothrissum  magnum 
de  Blainville  de  la  collection  de  M.  Brongniart  appartient  à  un  autre  genre,  auquel 
j'ai  donné  le  nom  de  Pygopterus  et  à  l'espèce  celui  de  Pygopterus  Humboldti.  Si 
M.  Sedgwick  avait  décrit  la  nature  de  la  surface  extérieure  des  écailles  de  l'espèce 
qu'il  représente,  il  eût  été  facile  de  décider  la  question  de  l'identité  ou  de  la  diffé- 
rence des  ichthyolithes  d'East-Thickley  et  du  Mansfeld.  L'inspection  des  figures  me 
fait  supposer  que  tous  les  Palœoniscus  représentés  dans  les  Transactions  géologiques 
sous  les  noms  de  P.  macrocephalus,  magnuset  elegans,  ne  sont  que  des  exemplaires 
plus  ou  moins  bien  conservés  d'une  même  espèce  à  laquelle  on  pourra  conserver  le 
nom  de  P.  elegans,  si  elle  diffère  de  celles  du  Zechstein  d'Allemagne. 

Le  Pala'oniscus  magnus,  tel  qvie  je  l'ai  établi,  est  une  espèce  très-distincte  du  P. 
Freieslebeni  par  ses  écailles  plus  larges  et  moins  élevées,  par  ses  dimensions  moins 


—     70     — 

cflîlées  et  enfin  par  des  rides  moins  nombreuses  à  la  surfaee  extérieure  des  écailles. 
Quoique  j'aie  vu  des  exemplaires  du  P.  Freieslebeni  de  tous  les  âges,  présentant  tou- 
jours les  mêmes  caractères  que  je  lui  ai  assignés  plus  haut,  j'avoue  cependant  n'avoir 
.vu  encore  que  de  grands  exemplaires  du  Palaeoniscus  magnus,  à  l'exception  pourtant 
de  deux  petits  individus  qui  se  trouvent  au  Muséum  de  Paris.  L'on  pourrait  donc 
penser  que  ces  exemplaires  ne  sont  que  de  vieux  P.  Freieslebeni  (quoique  j'en  aie 
vu  un  grand  nombre  de  plus  petits  que  les  grands  exemplaires  du  Freieslebeni  que 
j'ai  figurés) ,  et  cette  objection  serait  majeure  si  la  différence  spécifique  de  ces  deux 
espèces  ne  consistait  que  dans  les  rides  moins  nombreuses  à  la  surface  des  écailles 
du  magnus,  puisqu'elles  pourraient  s'émousser  avec  l'âge  :  mais  j'ai  constaté,  par 
l'examen  d'un  assez  grand  nombre  d'individus,  que  les  différences  dans  les  dimen- 
sions des  écailles  ne  sont  point  apparentes  et  ne  sauraient  provenir  d'un  déplacement 
de  leur  position  naturelle-,  tout  comme  la  largeur  plus  considérable  du  tronc  ne  pro- 
vient point  de  l'aplatissement  des  exemplaires  qui  présentent  ce  caractère,  les  séries 
des  écailles  étant  trop  régulières  dans  toute  leur  étendue  pour  qu'on  puisse  le  sup- 
poser. Les  plus  beaux  exemplaires  de  cette  espèce  que  j'aie  vus  se  trouvent  aux  Musées 
de  Municb  et  de  Paris.  Les  originaux  des  tables  i3  et  i4  sont  de  la  collection  donnée 
au  Muséum  de  Paris  par  M.  de  Humboldt;  tous  les  deux  nous  font  voir  le  poisson 
par  la  surface  interne  des  écailles  du  côté  gaucbe  :  dans  celui  de  la  table  i3,  il  y  a 
un  lambeau  d'écaillés  du  côté  droit  au-dessus  de  l'anale.  La  différence  qu'il  y  a  dans 
l'état  de  conservation  des  nageoires  de  ces  deux  individus  m'a  engagé  à  les  faire 
figurer  les  deux;  dans  la  table  i4  on  voit  les  écailles  qui  recouvrent  les  nageoires, 
et  dans  la  table  i3  les  articulations  des  rayons  eux-mêmes. 

Le  Palœoniscus  magnus  atteint  des  dimensions  assez  considérables;  la  plupart  des 
exemplaires  qui  se  trouvent  dans  les  collections  ont  plus  d'un  pied  de  long.  Il  est 
considérablement  plus  large  que  le  P.  Freieslebeni;  son  dos  est  voûté  par  une  courbe 
semblable  à  celle  du  ventre,  qui  lui  donne  un  aspect  fusiforme  à  cause  du  rétrécisse- 
ment considérable  de  la  partie  du  tronc  postérieur  à  la  dorsale  et  à  l'anale.  La  tête 
est  médiocre  ;  plutôt  petite  que  grande  comparativement  à  la  masse  totale  du  poisson  : 
le  museau  forme  aussi  une  saillie  au-dessus  et  en  avant  de  la  mâchoire  supérieure  ; 
l'orbite  est  également  petite  et  très-avancée  sur  la  tête;  les  pièces  operculaires  pa- 
raissent plus  grandes;  mais  la  mâchoire  inférieure  est  certainement  plus  grande  et 
ses  branches  plus  élevées  que  dans  le  P.  Freieslebeni.  La  ceintui'e  thoracique  est 
très-forte  et  forme  une  saillie  anguleuse  au-dessus  de  l'insertion  des  pectorales,  dont 
on  voit  quelques  rayons  dans  la  table  i3.  Les  ventrales  sont  en  avant  du  bord  an- 
térieur de  la  dorsale  ;  elles  paraissent  généralement  plus  rapprochées  du  milieu  de 
l'abdomen,  c'est-à-dire,  du  moins  plus  éloignées  de  l'anale  que  dans  le  P.  Freiesle- 


^     80     — 

béni;  elles  sont  aussi  plus  grandes  que  dans  cette  espèce.  La  doisale  n'en  est  pas 
moins  un  peu  en  arrière  du  milieu  du  tronc;  sa  base  est  plus  large,  et  toute  la  na- 
geoire par  conséquent  plus  grande  aussi  que  dans  l'espèce  ci-dessus  mentionnée. 
L'anale  insérée  sur  le  bord  oblique  du  rétrécissement  de  la  queue  est  un  peu  plus , 
petite  que  la  dorsale  ;  elle  est  plus  rapprocbée  du  bord  du  lobe  inférieur  de  la  cau- 
dale que  des  ventrales  :  les  nageoires  ont  des  rayons  fendus  à  plusieurs  reprises  au 
delà  du  milieu  de  leur  longueur,  et  articulés  à  des  espaces  plus  éloignés  que  les  ar- 
ticles ne  sont  larges  ou  que  les  rayons  ne  sont  épais  ;  tandis  que  les  écailles  qui  les 
recouvrent  sont  plus  petites,  plus  courtes  du  moins  que  ces  articulations,  et  rangées 
par  séries  régulières  le  long  des  rayons  de  manière  à  les  recouvrir;  tout  le  long  du 
bord  antérieur  de  la  dorsale ,  de  l'anale  et  des  ventrales  il  y  a  de  petites  écailles  poin- 
tues, allongées  et  très-grêles,  accolées  fortement  contre  les  rayons  qui  les  portent  et 
qui  s'étendent  jusqu'à  l'extrémité  des  nageoires.  La  caudale  a  cela  de  particulier  que 
son  lobe  inférieur,  étant  moins  large,  paraît  plus  petit  à  côté  du  supérieur;  cette 
différence  devient  d'autant  plus  frappante  que  le  prolongement  de  la  queue,  le  long 
du  lobe  supérieur,  est  moins  étroit,  les  écailles  qui  le  recouvrent  moins  allongées,  et 
les  plaques  impaires  de  son  bord  supérieur  plus  grandes  et  plus  redressées  ;  le  long 
du  lobe  inférieur  elles  sont  beaucoup  plus  petites.  Les  rayons  mêmes  de  la  nageoire 
sont  très-brancbus  à  leur  extrémité  et  recouverts  de  très-petites  écailles.  Un  des  ca- 
ractères les  plus  marqués  de  cette  espèce,  c'est  la  disposition  et  la  forme  des  écailles; 
les  séries  dorso-ventrales  sont  très-arquées  en  avant  sur  le  dos,  et  droites,  mais  un 
peu  obliques  sur  les  flancs  jusqu'au  bord  de  l'abdomen,  où  elles  se  tournent  un  peu  en 
arrière  ;  celles  de  la  partie  antérieure  du  tronc ,  dans  lesquelles  on  compte  plus  de 
trente  écailles,  tandis  qu'il  n'y  en  a  qu'une  vingtaine  dans  celles  du  P.  Freieslebeni, 
sont  aussi  plus  larges  que  celles  de  son  extrémité  caudale,  Toutes  les  écailles  sont 
moins  élevées  que  celles  du  Freieslebeni;  leurs  côtés,  par  conséquent  plus  égaux, 
ont  des  bords  équilatéraux  sur  toute  la  surface  du  poisson  jusqu'au  prolongement  de 
la  queue,  où  elles  sont  plus  longues  que  hautes;  en  avant  du  tronc  elles  sont  plus 
grandes  cependant  que  vers  la  queue.  Leur  surface  extérieure  est  sculptée  de  rides 
moins  marquées  et  moins  nombreuses,  tandis  que  l'on  distingue  les  rides  d'accroisse- 
ment concentrique,  f.  2  et  3.  tab.  i3.  ;  leur  surface  interne  ondulée  présente  à  son  bord 
postérieur  une  sorte  d'éventail ,  résultant  de  ces  ondulations ,  f .  4  et  5.  tab.  i3.  On  voit 
quelquefois  des  exemplaires  de  cette  espèce  qui  ne  paraissent  pas  plus  larges  que  le 
P.  Freieslebeni;  mais  qui,  du  reste,  ont  tous  les  caractères  que  je  viens  d'indiquer; 
ce  sont  surtout  ceux  qui  sont  fortement  arqués  par  le  ventre  et  dont  le  milieu  du  dos 
est  enfoncé. 


—   ai    — 

XI.  Pal.eoniscus  macropomus  Agass. 
Vol.  2.  Tab.  9.  f.  G.  et  7. 

Palaeolhrissuin  Gigas  Agass.  Cat.  Msc. 

Je  ne  connais  pas  de  planche  qui  représente  cette  espèce,  quoique  les  iclitliyolillies 
du  Zeclistein  aient  été  si  souvent  figurés  par  les  oryctographes.  Il  est  vrai  que  celle- 
ci  est  la  plus  rare  et  que  l'on  en  trouve  peu  d'exemplaires  bien  conservés  dans  les 
collections.  Ceux  que  j'ai  vus  se  trouvent  aux  Musées  de  Strasbourg  et  de  Paris  et 
dans  les  collections  particulières  de  MM.  Scheitlin,  Régley  et  Zieten.  Les  originaux 
de  mes  figures  sont  de  la  collection  de  M.  Piégley. 

Cette  espèce  est  très-distincte  de  toutes  les  autres.  La  forme  est  très-allongée  j  le 
tronc,  tout  d'une  venue,  se  rétrécit  à  peine  vers  la  queue-,  la  tète  est  très-grande 
proportionnellement,  et  de  même  très-allongée,  elle  égale  ou  dépasse  même  en 
giandeur  le  quart  de  la  longueur  totale  du  poisson.  Les  écailles,  parfaitement  de 
même  dimension  sur  toute  sa  surface,  sont  de  jjIus  équilatérales ,  c'est-à-dire,  que  la 
partie  émaillée  du  moins  ,  et  qui  est  visible  extérieurement ,  est  aussi  large  que 
haute;  leur  surface  extérieure  n'est  pas  entièrement  lisse;  l'on  observe  au  contraire 
des  rides  obliques  de  haut  en  bas ,  plus  prononcées  vers  le  bord  antérieur  des  écailles , 
là  où  elles  sont  recouvertes  par  celles  de  la  série  précédente  :  cependant  ces  rides 
sont  peu  nombreuses,  et  ne  sont  pas  aussi  rapprochées  que  dans  l'Amblypterus  ma- 
cropterus,  dont  elles  rappellent  pourtant  l'aspect.  Les  nageoires  sont  très-petites;  la 
dorsale,  très-reculée,  est  opposée  à  l'intervalle  qu'il  y  a  entre  l'anale  et  les  ventrales; 
ces  dernières  sont  beaucoup  plus  rapprochées  de  l'anale  que  des  pectorales,  et  par 
conséquent  aussi  en  arrière  du  milieu  de  l'abdomen ,  comme  la  dorsale  est  en  arrière 
du  milieu  du  dos;  les  pectorales  semblent  plus  grandes  et  même  proportionnellement 
plus  allongées  que  dans  les  autres  espèces.  Le  caractère  le  plus  frappant  de  cette  es- 
pèce est  la  grandeur  considérable  des  pièces  operculaires  et  de  l'opercule  en  particu- 
lier, qui  forme  en  arrière  de  la  tête  une  saillie  anguleuse  qui  s'avance  sur  la  ceinture 
thoracique.  L'orbite,  f.  7.,  est  considérablement  plus  grande  que  dans  le  P.  Freies- 
lebeni,  avec  lequel  ce  poisson  a  quelques  rapports  de  formes;  les  rayons  branchios- 
tègues  sont  aussi  beaucoup  plus  allongés  et  plus  étroits;  on  les  voit  distinctement 
dans  la  fig.  6.  C'est  à  cause  de  la  grandeur  des  pièces  opei'culaires  que  je  l'ai  appelé 
P.  macropomus. 

Dans  le  31usée  de  Strasbourg,  il  y  a  un  fragment  de  queue  d'un  très-grand  exem- 
plaire, qui  me  paraît  également  appartenir  à  cette  espèce  et  que  j'avais  d'abord 
nommé  P.  Gigas.  Ces  ichthyolithes  se  trouvent  ordinairement  dans  des  géodes  ovales. 
L'exemplaire  que  j'ai  représenté  est  fendu  de  manière  à  ce  que  l'on  voit  sur  une  des 

TOM.   II.  11 


—    82    — 

plaques  (fig.  6.)  les  écailles  du  côté  droit  par  leur  surface  extérieure  au  bord  du  dos, 
et  tout  le  long  du  ventre  celles  du  côté  gauche  par  leur  face  interne ,  et  vice  versa , 
sur  la  fig.  7 . ,  qui  est  la  plaque  opposée  du  même  individu. 

XII.  Pal.eoniscus  elegans  Sedo-vv. 

Cette  espèce  est  représentée  dans  les  Trans.  Géol.  2"  sér.  vol.  3.  tab.  9.  f.  i. 
M.  Sedgwick  lui  assigne  pour  caractères  une  tête  plus  petite  qu'à  ses  P.  magnus  et  ma- 
croceplialus,  et  des  lobes  de  la  caudale  plus  égaux.  Du  reste  elle  est  plus  rare  et  se 
trouve,  avec  les  précédens,  dans  le  calcaire  magnésien  d'East  Tliickley.  Voyez,  en 
outre,  les  détails  qui  se  trouvent  à  pages  6g  et  76,  sur  les  rapports  de  cette  espèce 
avec  celles  d'Allemagne. 


Les  espèces  du  genre  Palœoniscus  sur  lesquelles  il  importe  de  recueillir  de  nou- 
veaux renseignemens  sont  : 

1°  Celle  de  Yisé,  représentée  dans  les  Annales  de  l'Académie  de  Bruxelles,  t.  9. , 
par  M.  Davreux.  Je  crois  que  cette  figure  est  tournée  sens  dessus  dessous. 

2°  Celles  d'East-Thickley,  représentées  par  M.  Sedgwick  dans  les  Trans.  Géol. 
2*"  série,  vol.  3.,  tab.  8.  et  9. 

3°  Celle  qui  est  esquissée  dans  la  Géol.  du  Yorksbire  de  Young,  PI.  16.  f.  7.  et  8. 
La  figure  8  est  renversée.  Il  provient  d'un  schiste  alunifère. 

4"  Celle  enfin  dont  il  y  a  une  figure  dans  le  portefeuille  de  M.  Cuvier,  et  dont 
l'original  appartient  à  M.  Gibson, 


Quant  au  genre  Osteolepisj  indiqué  dans  les  schistes  de  Caithness  par  MM.  Sedgwick 
et  Murchison,  d'après  l'examen  que  M.  Yalenciennes  a  fait  de  deux  espèces  aux- 
quelles il  donne  les  noms  d'Osteolepis  macrolepidotus  et  d'Osteolepis  microlepido- 
tus,  je  ne  le  connais  pas  du  tout.  Je  n'ai  pas  encore  vu  le  plus  petit  fragment  de  ces 
fossiles;  mais  il  faut  espérer  que  MM.  Sedgwick  et  Murchison  les  feront  bientôt 
connaître. 


—    83     — 

J'ai  déjà  fait  remarquer  plus  haut  combien  il  est  rare  de  trouver  des  traces  du  sque- 
lette des  Gauoïdcs,  mais  surtout  du  genre  PaU-coniscus^  cependant,  parmi  les  exem- 
plaires de  Muse,  donnés  au  cabinet  d'histoire  naturelle  de  Neuchàtel ,  par  M.  Auguste 
de  MontnioUin ,  il  s'est  trouvé  un  fragment  du  Palœoniscus  Voltzii  oii  l'on  voit  une 
série  de  vertèbres  caudales  qui  méritent  d'être  décrites.  (Voyez  la  table  D.  du  2'' vol. 
fig.  I.).  La  colonne  vertébrale  est  bien  distincte  depuis  le  bord  antérieur  de  l'anale; 
plus  en  avant  on  voit  à  peine  l'empreinte  de  cinq  ou  six  vertèbres  qui  n'ont  laissé 
dans  le  schiste  qu'un  léger  enfoncement;  en  arrière,  elle  s'étend  jusqu'au  point  où 
le  lobe  supérieur  de  la  caudale  se  sépare  de  l'inférieur.  Au  bord  antérieur  de  ce  der- 
nier ,  il  y  a  quelques  grosses  écailles  cpii  bordaient  de  ce  côté  le  pédicule  de  la  queue  ; 
il  y  en  a  quelques  autres  au-dessus  du  lobe  même  qui  se  trouvaient  au  bord  supé- 
rieur du  prolongement  caudal.  Le  corps  des  vertèbres  n'a  laissé  aucune  trace  de  son 
existence;  il  n'y  a- que  les  apophyses  épineuses  qui  soient  bien  conservées.  Mais  cet 
état  de  conservation  est  tel  et  en  même  temps  si  parfait  qu'il  laisse  entrevoir  une  struc^ 
ture  des  vertèbres  fort  différente  de  ce  que  l'on  connaît  chez  les  poissons  A'ivans.  Ces 
apophyses  épineuses  sont  de  véritables  os  en  V,  égaux  dans  la  partie  supérieure  et  dans 
la  partie  inférieure  de  la  colonne  vertébrale;  ils  sont  certainement  détachés  du  corps 
des  vertèbres,  puisque  l'extrémité  de  leurs  fourches ,  égale  dans  tous  les  os  que  l'on  voit , 
ne  montre  aucune  trace  de  fi-acture.  La  fourche  est  formée  de  deux  os  qui  paraissent 
aplatis  à  leur  surface  interne  et  arrondis  extérieurement,  inclinés  l'un  vers  l'autre  sous 
un  angle  de  quarante-cinq  degrés;  l'apophyse  épineuse,  qui  naît  de  leur  réunion, 
est  un  peu  plus  longue  que  les  côtés  de  la  fourche  et  plus  mince  à  sa  base,  mais 
un  peu  renflée  à  son  extrémité.  Ces  os  ressemblent  d'une  manière  frappante,  en  petit, 
aux  os  en  Y  de  la  queue  des  reptiles  et  des  cétacés.  Les  osselets  interapophysaires  de 
l'anale,  que  l'on  voit  tous,  sont  arrondis  et  minces  dans  leur  partie  moyenne, 
dilatés  et  comprimés  latéi'alement  à  leurs  deux  extrémités,  mais  surtout  à  leur  ex- 
trémité inférieure,  celle  qui  porte  les  rayons.  Ceux  du  bord  antérieur  de  la  nageoire 
sont  plus  longs  que  les  apophyses  épineuses  des  vertèbres  de  leur  région ,  mais  les 
derniers  sont  très-courts.  Les  rayons  du  lobe  inférieur  de  la  caudale,  dont  on  voit 
l'empreinte,  sont  articulés  sur  les  apophyses  épineuses  et  sur  les  interapophysaires 
qui  les  soutiennent,  par  une  base  très-rétrécie,  se  dilatant  plus  bas  pour  former  les 
articles  des  rayons. 

Le  mode  d'insertion  des  apophyses  épineuses  que  je  viens  de  décrire,  se  retrouve 
dans  beaucoup  de  Ganoïdes,  surtout  dans  les  Caturus  et  les  Thrissops.  Av^c  cette 
disposition  des  vertèbres,  l'on  conçoit  plus  facilement  la  séparation  des  apophyses  et 
des  corps  de  vertèbres,  mais  leur  entière  disparition,  dans  tant  d'exemplaires,  n'en 
reste  pas  moins  surprenante.  Pour  me  rendre  compte  de  ce  fait,  je  suis  obligé  de 


—    84    — 

supposer  que ,  lorsque  le  poisson  flottait  à  la  surface  de  l'eau  par  suite  de  la  dé- 
composition de  ses  parties  molles,  les  corps  des  vertèbres  se  sont  détachés  des  apo- 
physes et  ont  été  expulsés  avec  les  intestins ,  lorsque  les  gaz  qui  se  sont  dégagés , 
ont  fait  rompre  les  parois  abdominales  5  tandis  que  les  apophyses  épineuses  ont  pu 
rester  en  place  entre  les  muscles ,  ou  bien  disparaître  aussi  avec  tout  ce  qui  était  con- 
tenu entre  les  deux  pans  d'écaillés.  On  conçoit  beaucoup  mieux  que  ces  cuirasses 
émaillées  ne  se  soient  pas  décomposées  aussi  vite ,  puisque  les  écailles  sont  souvent 
engrenées  les  unes  dans  les  autres  par  leurs  bords ,  et  si  intimement  liées  qu'elles 
pouvaient  résister  même  à  des  chocs  très-violens. 

Comme  tous  les  poissons  osseux  antérieurs  à  la  Craie ,  ont  des  tégiunens  semblables , 
il  est  très-naturel  que  l'on  retrouve  plus  généralement  leur  enveloppe  que  leur  sque- 
lette. Dans  les  poissons  des  dépôts  tertiaires,  au  contraire,  dont  les  écailles  ont  une 
disposition  très-différente ,  qui  leur  permet  de  se  détacher  facilement  du  corps ,  on 
retrouve  plus  fréquemment  le  squelette  entier,  dont  toutes  les  parties,  en  revanche, 
sont  plus  intimement  soudées. 


—     IVo     — 


ADDITIONS  AUX  CHAPITllES  PRECEDEI^S. 


Dans  le  grand  nombre  d'espèces  nouvelles  de  poissons  fossiles  que,  grâce  à  la 
libéralité  des  Savans  anglais,  j'ai  pu  observer  pendant  mon  séjour  en  Angleterre  en 
1834,  il  s'en  est  trouvé  plusieurs  qui  appartiennent  aux  genres  dont  j'ai  déjà  traité 
dans  les  cbapitres  précédens.  Ne  voulant  cependant  pas  multiplier  à  l'infini  les  sup- 
plémens,  je  préfère  intercaler  immédiatement  à  la  suite  des  Palœoniscus  toutes  les 
espèces  de  la  famille  des  Lépidoïdes  qui  se  rapportent  aux  genres  Acantliodes ,  Ca- 
topterusj  Amblypterus  et  Palœoniscus j  et  faire  suivre  également  quelques  genres 
nouveaux  de  cette  famille,  qui  s'en  rapprochent  aussi  plus  ou  moins. 

/.  Des  espèces  noiwelles  du  genre  Pal^eointscus,  et  additions  a  celles  qui  sont 

déjà  écrites. 

Outre  les  espèces  du  calcaire  magnésien  d'East-Tbickley,  seulement  indiquées  à 
la  page  82  (xii  et  n"  2),  et  dont  j'ai  pu  compléter  les  caractères,  j'ai  appris  à  en 
connaître  plusieurs  qui  sont  absolument  nouvelles.  J'ai  également  pu  rectifier  une 
indication  relative  aux  espèces  encore  douteuses  de  ce  genre  :  c'est  que  le  poisson 
figuré  par  M.  Young,  et  mentionné  au  n"  3,  page  82,  n'est  pas  un  Palcconiscus , 
mais  bien  une  grande  espèce  nouvelle  de  LepidotuSj  trouvée  dans  les  schistes  aluni- 
fères  du  Lias  de  Witby.  J'ai  retrouvé  de  plus  l'original  du  poisson  indiqué  au  n°  4  : 
c'est  un  vrai  Palœoniscus  du  musée  d'York,  Enfin,  le  genre  Osteolepis  ne  m'est 
plus  inconnu;  j'ai  vu  dans  la  collection  de  M.  Murchison  les  exemplaires  originaux 
des  deux  espèces  qui  ont  été  décrites. 

J'examinerai  d'abord  les  espèces  nouvelles  du  calcaire  de  Burdie-House,  qui  sont 
certainement  celles  qui  présentent  le  plus  d'intérêt,  tant  à  cause  de  leur  gisement, 
qu'à  cause  de  leurs  caractères  particuliers.  Les  travaux  géologiques  de  M.  Hibbert  ont 
déjà  rendu  cette  localité  classique,  en  même  temps  que  les  fossiles  qui  s'y  trouvent 
ont  fait  naître  des  discussions  du  plus  haut  intérêt  pour  la  paléontologie.  Aussi  me 
paraît-il  important  de  rapporter  sommairement  ici  les  résultats  auxquels  M.  Ilibbert 
est  arrivé,  et  qu'il  a  consignés  dans  son  Mémoire  sur  le  calcaire  d'eaii  douce  de 
Burdie-House  dans  le  voisinage  d Edimbourg,  (Trans.  de  la  Soc.  R.  d'Edimb. 
Vol.  xTii).  Quant  aux  fossiles  de  cette  localité,  je  m'attends  encore  à  une  vive  oppo- 
sition contre  les  idées  générales  que  j'ai  émises  à  l'occasion  des  poissons.  Ces  idées 

ToM.  II.  '  12 


—    86     — 

m'avaient  été  suggérées  précédemment  par  l'examen  de  plusieurs  genres  dont  les 
espèces  se  trouvent  dans  différens  musées  d'Allemagne  (*)  ;  je  les  ai  reproduites  aux 
pages  62  et  63  de  mon  l\apport  sur  les  poissons  fossiles  nouvellement  découverts  en 
Angleterre,  Je  crois  cependant  que  ma  manière  de  voir  n'a  pas  toujours  été  bien 
comprise;  du  moins  n'a-t-elle  pas  toujours  été  bien  rendue  par  les  auteurs^qui  en  ont 
parlé.  C'est  pourquoi  je  désire  présenter  dans  tous  leurs  détails  les  faits  qui  y  sont 
relatifs.  Je  suis  persuadé  que  ces  idées  deviendront  encore  plus  fécondes  pour  la 
science  lorsqu'elles  seront  plus  répandues,  et  qu'elles  ne  seront  plus  abandonnées 
avant  d'avoir  réagi  sur  tout  le  domaine  de  la  Paléontologie.  Cependant  mon  intention 
n'est  point  d'entamer  maintenant  une  controverse  à  ce  sujet;  je  veux  seulement  ap- 
peler l'attention  des  Géologues  sur  l'importance  de  cette  question,  qui  est  une  ques- 
tion tout-à-fait  générale  pour  la  Paléontologie ,  et  engager  ceux  qui  se  livrent  k  des 
travaux  spéciaux  sur  d'autres  classes  de  fossiles,  à  l'avoir  présente  à  l'esprit  dans 
leurs  recherches. 

Le  calcaire  de  Burdie-House  doit  être  rapporté  à  l'étage  inférieur  du  système  car- 
bonifère. Ses  teintes  varient  beaucoup  :  souvent  il  paraît  d'un  gris  bleuâtre  ou 
noirâtre,  à  cause  des  matières  bitumineuses  ou  végétales  qu'il  contient  en  abon- 
dance ;  mais  ordinairement  il  est  brun.  Il  affecte  très-rarement  la  structure  cristalline 
du  calcaire  de  montagne  des  carrières  voisines.  Cependant,  malgré  son  aspect  ter- 
reux, il  est  compact  et  très-dur;  sa  cassure  est  quelquefois  schisteuse,  surtout  lors- 
qu'il contient  des  lits  très-minces  de  matières  végétales  ou  bitumineuses;  sans  cela 
il  se  brise  en  fragmens  irréguliers  à  surface  conchoïde,  à  peu  près  comme  le  Muschel- 
kalk  d'Allemagne.  Sur  place,  ce  calcaire  présente  des  couches  régulières,  chacune 
d'environ  quatre  pieds  et  demi  d'épaisseur,  s'inclinant  au  sud-est  sous  un  angle  de 
23  à  23°.  — 'Le  calcaire  de  Burdie-House  est  très-pur;  à  l'exception  des  substances 
organiques,  il  contient  peu  de  matières  étrangères;  ce  qui  fait  qu'on  l'exploite  avec 
avantage  pour  faire  de  la  chaux.  Ici  et  là  il  est  traversé  par  de  petites  veines  de  spath 
calcaire.  Il  contient  aussi  une  très-petite  quantité  de  matière  siliceuse,  et  quelquefois 
du  sulfure  de  fer  entre  ses  couches. 

Cette  formation  est  surtout  remarquable  par  les  débris  organiques  qu'elle  renferme, 
et  qui  l'ont  fait  envisager  comme  un  dépôt  d'origine  plutôt  lacustre  que  marine.  La 
quantité  de  matière  végétale  répandue  dans  tout  le  calcaire  de  Burdie-House,  forme 
un  de  ses  traits  caractéristiques  particuliers.  Dans  quelques  couches,  surtout  dans 
les  supérieures ,  il  y  a  même  une  quantité  si  extraordinaire  de  matière  carbonisée , 
que  tout  le  calcaire  en  prend  une  apparence  bitumineuse;  tandis  que  sur  d'autres 

(*)  Voir  enti'auties  le  Jahrbuch  de  Leonliaid  et  Broim,  1834,  page  386. 


—     87     — 

points  où  celte  matière  est  moins  abondante ,  la  roclie  conserve  sa  couleur  ordinaire 
grise  ou  brune. 

La  plante  la  plus  abondante  dans  les  carrières  de  Burdie-House,  est  le  Splieno- 
pteris  af finis  de  la  Flore  fossile  anglaise  de  MM.  Lindleyet  llutton^  on  ytrouve  aussi, 
mais  plus  rarement ,  le  Sphcnopteris  hifula  et  le  ^pli.  linearis.  Parmi  les  antres  plantes 
on  remarque  des  tiges  de  Lepidendron  selaginoides  j  de  L.  ohovatum  et  de  L.  Stern- 
ber"ii^  les  feuilles  du  Lepidophjllwn  intennedium  y  sont  associées  avec  le  Cjpevites 
hicarinata;  enfin  on  y  trouve  également  les  Lepidostrobus  variabilis  et  ornatus.  Ce 
sont  ces  petites  fougères  et  ces  fragmens  de  Lycopodiacées  qui  prédominent  dans  le 
calcaire  de  Burdie-House;  cependant  on  y  a  découvert  aussi  des  débris  de  Stiginaria 
fîcoides  et  d'espèces  moins  communes  des  genres  Sigillaria ^  Erpcisetum  j  Calamités 
et  Cj'clopteris. 

On  n'a  point  trouvé  de  grandes  coquilles  dans  cette  formation;  en  revancbe  M.  le 
D'  Hibbert  y  a  découvert  une  immense  quantité  d'Entomostracés  microscopiques, 
qu'il  a  décrits  et  représentés  sous  les  noms  de  Cypris  scoto-burdigalensis  et  de 
Daphnidia.  Il  y  a  également  observé  de  petites  coquilles  enroulées  comme  les 
Planorbes  et  les  Spirorbes,  et  qui  constituent  peut-être  un  nouveau  genre.  De  ces 
faits  et  d'autres  circonstances  détaillées  avec  beaucoup  de  soin  dans  son  Mémoire, 
M.  Hibbert  a  conclu  que  le  calcaire  de  Burdie-House  est  d'origine  lacustre. 

Cependant  ce  sont  les  poissons  trouvés  à  Burdie-House  qui  constituent  la  plus 
belle  découverte  paléontologique  due  à  M.  Hibbert.  Les  espèces  qu'il  a  recueillies 
dans  cette  localité  s'élèvent  déjà  au  nombre  de  sept;  l'une  d'entr'elles  appartient  à 
l'ordre  des  Placoïdes  :  c'est  mon  Gjracajiihus  formosus _,  dont  on  ne  connaît  encore 
que  des  rayons  dorsaux.  M.  Hibbert  les  a  représentés  dans  son  Mémoire,  pi.  1 1,  fig.  i . 
Je  ne  connais  point  d'analyse  eliimique  des  gros  rayons  qui  soutiennent  les  nageoires 
de  quelques  Squales  ;  mais  ce  qu'il  y  a  de  certain ,  c'est  que  leur  aspect  n'est  point  celui 
du  reste  du  squelette  des  Cbondi^optérygiens  ;  aussi  les  différences  chimiques  signa- 
lées par  M.  Connell  entre  ces  rayons  et  les  vertèbres  des  Squales,  n'ont  rien  de  sur- 
prenant. Cependant  il  serait  fort  curieux  de  confirmer  par  l'analyse  chimique  des 
rayons  d'une  espèce  vivante,  les  rapports  intimes  que  M.  Connell  a  trouvés  entre  les 
rayons  d'une  espèce  fossile  et  les  os  du  brochet.  Et  s'il  est  permis  d'en  juger  par  la 
structure  fibreuse  de  ces  rayons,  l'analogie  sera  complète,  —  Les  six  autres  espèces 
sont  des  Ganoïdes  :  le  plus  remarquable  de  tous  est  sans  contredit  le  Megalichthjs 
lîibberti  Ag.  ,  sur  lequel  M.  Hibbert  donne  des  renseignemens  très -étendus, 
pag.  24 — 45  tle  son  Mémoire,  accompagnés  de  plusieurs  figures,  pi.  8,  9,  10  et  11. 
Mais  comme  le  Megalichthys  appartient  à  la  famille  des  Sauroïdes,  je  dois  renvoyer 
la  publication  de  mes  notes  concernant  cet  énorme  poisson  jusqu'à  ce  que  je  sois 


—    88     — 

arrivé  à  la  partie  de  ce  volume  qui  contiendra  tous  les  détails  relatifs  à  cette  famille. 
Je  dois  seulement  faire  remarquer  en  passant,  que  l'on  comprendrait  mal  les  carac- 
tères que  j'ai  assignés  à  ces  poissons,  si  l'on  pensait  qu'ils  forment  une  famille  inter- 
médiaire entre  les  poissons  ordinaires  et  les  reptiles.  La  manière  dont  M.  Hibbert  a 
présenté  les  observations  que  je  lui  avais  communiquées  sur  le  MegalichthjSj  prê- 
tera peut-être  un  peu  à  cette  méprise,  quoique  nulle  pai't  cependant  il  ne  méconnaisse 
sa  place  dans  la  classe  des  Poissons.  En  effet,  mes  Sauroïdes  sont  de  vrais  poissons; 
ce  sont  les  premiers  poissons  voraces  qui  aient  vécu  dans  les  mers  d'autrefois,  et, 
comme  tels,  ils  participent  des  caractères  des  Sauriens,  qui  n'apparaissent  que  plus 
tard  dans  la  série  des  formations.  Du  reste  j'exposerai  au  long  dans  le  i"  volume  de 
cet  ouvrage  mes  idées  générales  sur  la  succession  génétique  des  êtres  organisés  et  sur 
les  rapports  que  présentent  les  différentes  classes  du  règne  animal  dans  leur  déve- 
loppement progressif.  —  Un  autre  Sauroïde  de  Burdie-House  est  le  Pjgoptenis 
Bucklandi K^. ,  figuré  pi.  7,  f.  2  du  Mémoire  de  M.  Hibbert. 

Trois  autres  espèces  de  Burdie-House  appartiennent  au  genre  Palœoniscus ,  qui 
fait  le  sujet  de  cet  article.  La  septième  constitue  un  nouveau  genre  de  la  famille  des 
Lépidoïdes,  genre  intermédiaii'e  entre  les  Palœoniscus  et  les  Platysomus,  et  que 
j'appelle  Euiynotus.  Pour  prévenir  toute  confusion,  je  préviendrai  ici  mes  Lecteurs 
que  Y Ambljptems  auquel  M.  Hibbert  fait  allusion,  page  24,  est  le  même  poisson  que 
mon  Eurynotus,  dont  il  parle  du  reste  aussi  au  même  endroit. 

1.  Pal.eoniscus  RoBisoiM  Hibbert. 

Vol.  2.  Tab.  10  a j  fig.  i  et  2. 

La  plus  petite  des  espèces  de  Burdie-House  appartient  au  genre  PalceonisciiSj  tel 
que  je  l'ai  circonscrit,  ayant  de  petites  pectorales  et  de  petites  ventrales,  et  le  bord 
antérieur  de  la  dorsale  opposé,  ou  à  peu  près,  à  celles-ci.  Ce  qui  la  caractérise  sur- 
tout, c'est  sa  forme  allongée  et  la  ténuité  de  son  corps,  par  où  elle  se  rapproche  le 
plus  du  P.  angustus  d'Autun;  mais  ce  en  quoi  elle  diffère  de  toutes  les  autres  espèces 
du  genre,  c'est  par  la  longueur  beaucoup  plus  considérable  des  rayons  antérieurs  de 
ses  nageoires  dorsale  et  anale,  et  par  la  grandeur  de  sa  queue.  En  m'annonçant,  il  y 
a  plus  d'un  an,  la  découverte  qu'il  venait  de  faire  à  Burdie-House  de  divers  ossemens 
de  grands  animaux  et  de  plusieurs  espèces  de  poissons,  M.  Hibbert  rapportait  déjà  ce 
fossile  au  genre  Palœoniscus.  En  lui  donnant  depuis  le  nom  spécifique  de  P.  Rohisoni^ 
M.  Hibbert  a  voulu  témoigner  publiquement  à  M.  Robison,  secrétaire  perpétuel  de  la 
Société  Royale  d'Edimbourg,  sa  gratitude  et  celle  de  tous  les  géologues  pour  les  soins 
qu'il  a  pris  de  conserver  les  précieuses  découvertes  qui  se  font  journellement  dans  les 


—     «9     — 

carrières  de  Burdie-Ilouse,  et  d'empêcher  surtout  la  dispcision  des  pièces  détache'es 
qu'on  y  rencontre,  et  qui  seraient  perdues  pour  la  science  si  elles  étaient  disséminées 
dans  plusieurs  collections  éloignées.  En  acquiesçant  aux  mesures  qui  ont  été  prises, 
la  Société  Royale  d  Edimbourg  a  bien  mérité  de  la  Paléontologie. 

M.  Ilibbert  a  aussi  représenté  cette  espèce;  lafig.  7  de  la  pi.  G  de  son  mémoire  et  la 
fig.  3  de  la  pi.  7  en  donnent  une  juste  idée.  Dans  l'atlas  de  cet  ouvrage,  je  me  suis  borné 
à  reproduire  un  dessin  de  l'exemplaire  le  plus  complet ,  qui  est  celui  de  la  fig.  7  ,  pi.  6 
du  31émoire  de  31.  Ilibbert,  et  qui  porte  le  n°  89  du  Musée  de  la  Société  Royale 
d'Edimbourg.  M.  Hibbert,  LordGreenock  et  M.  le  professeur  Jameson  en  possèdent 
aussi  des  exemplaires.  Lorsque  j'ai  visité  Burdie-Ilouse  avec  M.  Buckland,  j'ai  aussi 
eu  le  plaisir  d'en  acquérir  un.  Cette  espèce  est  la  plus  commtnie  de  celles  de  Burdie- 
House. 

Quoique  ce  ne  soit  pas  ici  le  lieu  de  parler  des  nombreux  coprolithes  que  l'on  trouve 
dans  les  couches  de  Burdie-House ,  puisqu'il  est  probable  qu'ils  proviennent  du  Me- 
galichthys  ou  du  Gyracanthus,  je  dirai  cependant,  en  passant,  qu'ils  contiennent  fré- 
quemment de  petites  écailles  rhomboïdales,  à  surface  lisse,  qui  me  paraissent  être 
celles  du  Palœoiiiscus  Hobisoni;  du  moins  je  n'ai  pu  découvrir  aucune  différence 
entre  les  écailles  détachées  de  cette  espèce  que  l'on  trouve  quelquefois  éparses  dans 
le  calcaire,  et  celles  qui  sont  contenues  dans  les  coprolithes.  M.  Hibbert  donne, 
page  53  de  son  Mémoire,  des  renseignemens  très-importans  sur  la  nature  et  la 
conservation  de  ces  substances  fécales. 

Cette  espèce  se  distingue  facilement  de  toutes  celles  du  genre  qui  sont  déjà  connues  j 
elle  est  si  élancée,  que  sa  tête  n'égale  pas  même  le  quart  de  la  longueur  totale  du  corps. 
Les  os  de  la  tête  ont  leurs  sxu  faces  lisses  ;  ceux  du  crâne  seulement  présentent  quelques 
stries  peu  marquées.  La  forme  allongée  de  la  tête  et  sa  ténuité  lui  donnent  un  aspect 
particulier  que  n'ont  pas  les  autres  espèces,  dont  le  museau  est  ordinairement  renflé 
à  cause  de  leur  gros  ethmoïde,  tandis  que  le  museau  de  celle-ci  va  en  s'amincissant 
jusqu'à  son  extrémité.  Le  tronc  est^rèle  aussi  et  tout  d'une  venue;  il  est  légèrement 
renflé  en  avant  de  l'insertion  de  la  dorsale,  et  s'amincit  insensiblement  vers  l'insertion 
de  la  caudale.  La  dorsale  occupe  exactement  le  milieu  du  dos;  les  premiers  petits 
rayons  de  son  bord  antérieur  sont  vis-à-vis  des  ventrales,  tandis  que  son  bord  posté- 
rieur s'étend  jusqu'au  dessus  de  l'insertion  de  l'anale.  Celle-ci  est  aussi  grande  que 
la  dorsale ,  et  se  termine  un  peu  avant  les  premiers  rayons  du  lobe  inférieur  de  la 
caudale.  Ce  qui  distingue  surtout  la  dorsale  et  l'anale  dans  cette  espèce,  c'est  la 
disposition  de  leurs  rayons,  dont  les  premiers,  ou  du  moins  ceux  qui  forment  l'angle 
antérieur  saillant  de  la  nageoire,  sont  considérablement  plus  longs  que  les  suivans, 
qui  vont  en  diminuant  insensiblement  et  finissent  par  n'avoir  plus  que  le  huitième  de 


—     90     — 

la  longueur  des  plus  grands  rayons.  Cette  disposition  fait  paraître  ces  nageoires  très- 
échancrées',  à  leur  bord  antérieur  il  y  a  de  très-petits  rayons  accolés  le  long  des  plus 
grands,  et  qui  s'étendent  jusqu'à  leur  extrémité.  Les  rayons  de  ces  deux  nageoires  ne 
sont  pas  très-grèles  et  se  bifurquent  à  plusieurs  reprises,  mais  à  leur  extrémité  seule- 
ment ]  leurs  divisions  transverses  sont  assez  éloignées  pour  que  cbaque  article  paraisse 
plus  long  que  large.  Les  pectorales  et  les  ventrales  sont  très-petites ,  composées  de 
rayons  beaucoup  plus  courts,  et  même  un  peu  plus  grêles  que  ceux  de  la  dorsale  et  de 
l'anale  ;  leurs  articulations  transverses  sont  aussi  plus  éloignées  que  les  rayons  ne 
sont  larges.  Malgré  la  ténuité  de  son  corps,  ce  poisson  se  termine  par  une  grosse 
queue  bordée  d'une  caudale  également  grande,  eu  égard  aux  petites  dimensions  de 
l'animal  qu'elle  devait  aider  à  se  mouvoir.  Le  lobe  supérieur  de  la  caudale  surtout  est 
vigoureux,  et  beaucoup  plus  long  que  l'inférieur.  Tous  les  rayons  de  la  caudale  pa- 
raissent un  peu  plus  grêles  que  ceux  de  la  dorsale  et  de  l'anale^  ils  sont  aussi  bifur- 
ques plus  profondément,  et  leurs  divisions  transverses  sont  un  peu  plus  rapprocbées, 
surtout  au  bord  antérieur  du  lobe  inférieur,  qui  se  termine  par  une  série  de  petits 
rayons  accolés  tout  le  long  des  plus  grands  rayons.  Ces  petits  rayons  marginaux 
sont  cependant  plus  gros  que  ceux  de  la  dorsale  et  de  l'anale,  et  que  ceux  qui  s'éten- 
dent tout  le  long  du  bord  supérieur  du  pédicule  de  la  queue,  qui  porte  les  rayons  du 
lobe  supérieur  de  la  caudale.  Tout  le  corps  est  recouvert  d'écaillés  rliomboïdales , 
mais  dont  la  forme  et  les  dimensions  diffèrent  suivant  leur  position;  elles  sont  en 
général  petites;  celles  qui  protègent  les  flancs  sont  les  plus  grosses  et  à  peu  près 
équilatérales  ;  vers  la  queue  et  surtout  sur  le  prolongement  du  corps  qui  porte  la  cau- 
dale, elles  sont  plus  allongées  et  considérablement  plus  petites.  Leur  surface  exté- 
l'ieure  est  complètement  lisse  dans  toute  la  partie  postérieure  du  corps  ;  sur  celles  des 
flancs  seulement ,  et  en  avant  de  la  dorsale  et  des  ventrales ,  on  y  remarque  quelques 
stries  très-fines,  vers  leur  bord  postérieur  du  moins.  A  leur  surface  interne  toutes 
les  écailles  sont  réunies  les  unes  aux  autres  par  de  très-petits  onglets  articulaires, 
correspondant  à  des  fossettes  semblables  dans  leurs  bords  supérieur  et  inférieur. 
Cette  surface  des  écailles  n'est  pas  plane;  car  sur  le  milieu  de  cbacune  d'elles  il  y  a 
luie  quille  verticale,  qui,  s'étendant  d'un  onglet  articulaire  à  l'autre,  forme  des 
saillies  transversales  parallèles  aux  séries  d'écaillés.    - 

Cette  espèce  n'a  encore  été  trouvée  que  dans  le  calcaire  de  Burdie-House, 


-     91     -  " 

II.    PaLEONISCUS  STRIOL/VTUS  Ag. 

Yol.  2,  Tab.  lofi,  fig.  3et4- 

Le  premier  exemplaire  complet  que  j'aie  vu  de  celte  espèce,  et  qui  m'a  fait  re- 
connaître ses  caractères  distinctifs,  se  trouve  au  Musée  de  la  Société  Royale  d'Edim- 
bourg, n"  82.  M.  le  D'  Ilibbert  en  possède  de  moins  parfaits,  qui  sont  figurés  dans 
son  Mémoire,  pi.  6,  fig.  6,  et  pi.  7,  fig.  i,  et  quej'aA'ais  pris  d'abord  pour  le  P.  Ro- 
hisoni.  Plus  tard,  M.  le  Prof.  Jameson  m'en  a  communiqué  un  second  exemplaire 
plus  entier  et  beaucoup  plus  grand.  Ce  qui  distingue  surtout  cette  espèce  de  la  pré- 
cédente, c'est  sa  forme  moins  élancée,  ses  écailles  proportionnellement  plus  grosses, 
satêle  plus  courte,  et  surtout  la  surface  extérieure  de  ses  écailles,  qui,  dans  toutes, 
est  plus  ou  moins  sillonnée  de  stries  et  de  points  irréguliers. 

Le  P.  striolatus  a  le  tronc  fusiforme;  la  tête,  moins  large  que  le  milieu  du  coips^ 
est  comprise  pi'ès  de  cinq  fois  dans  sa  longueur  totale 5  l'orbite  est  petite,  et  les  mâ- 
choires paraissent  très-fendues;  cependant  toute  l'ossature  de  la  tête  est  tellement 
empâtée  dans  la  roche,  qu'il  est  impossible  de  distinguer  chaque  os  en  particulier; 
leur  surface  extérieure  n'est  visible  nulle  part.  La  ceinture  thoracique  et  les  pecto- 
rales ont  complètement  disparu,  même  dans  l'exemplaire  figuré,  qui  est  le  mieux 
conservé  de  tous.  Ceux  que  M.  Hibbert  a  représentés  et  celui  de  M.  le  Prof.  Jameson 
n'ont  pas  même  de  tête.  Les  nageoires,  dans  cette  espèce,  diffèrent  passablement  de 
celles  du  P.  Pvobisoni.  Les  ventrales ,  un  peu  plus  grandes ,  sont  plus  rapprochées  de  l'a- 
nale ;  celle-ci  et  la  dorsale  ont  des  rayons  également  très-allongés  dans  leur  bord  anté- 
rieur ;  ceux  du  bord  postérieur  cependant  sont  moins  courts  que  dans  le  P.  Robisoni,  en 
sorte  que  ces  deux  nageoires  paraissent  moins  échancrées.  Les  articulations  transverses 
de  leurs  rayons  sont  rapprochées  de  manière  à  ce  que  les  articles  paraissent  plus  courts 
que  larges.  Les  bifurcations  de  l'extrémité  des  rayons  sont  plus  profondes  que  dans  l'es- 
pèce précédente.  Au  bord  antérieur  de  l'anale  on  voit  encore  quelques  traces  des  petites 
écailles  qui  recouvrent  ordinairement  les  nageoires.  Le  lobe  supérieur  de  la  caudale 
est  très-allongé;  il  paraît  avoir  été  infiniment  plus  long  que  le  lobe  inférieur-  ses 
rayons  sont  considérablement  plus  grêles  et  plus  fendus  que  ceux  des  autres  naoeoires. 
Les  écailles  de  ce  poisson  sont  de  moyenne  grandeur,  mais  proportionnellement  plus 
grandes  que  celles  du  P.  Robisoni;  toute  leur  surface  est  ornée  de  sillons  irré<yuliers 
qui  s'étendent  sous  la  forme  de  stries  interrompues  par  des  points  creux;  ces  sillons 
sont  sinueux;  plus  rapprochés  et  plus  marqués  au  bord  antérieur  de  chaque  écaille 
ils  vont  en  divergeant  vers  son  bord  postérieur.  Les  écailles  de  la  partie  antérieure 
du  corps  paraissent  un  peu  plus  grandes  que  celles  de  la  partie  postérieure  ;  elles  sont 
toutes  rhomboïdales ,  équilatérales  sur  les  flancs,  et  plus  étroites  vers  le  dos  et  vers 


~    92    — 

les  bords  du  ventre.  Celles  du  pédicule  de  la  queue,  et  surtout  celles  du  prolonge- 
ment de  son  lobe  supérieur,  sont  beaucoup  plus  petites  et  plus  allongées.  Au  bord 
antérieur  de  la  dorsale  et  de  l'anale,  on  remarque  de  très-petits  rayons  courts  et 
serrés  contre  les  grands  rayons  antérieurs  de  ces  nageoires;  il  y  en  a  de  semblables 
au  bord  inférieur  du  lobe  inférieur  de  la  caudale ,  qui  ne  sont  cependant  visibles  que 
dans  l'exemplaire  figuré  par  M.  Hibbert,  pi.  6,  lig.  6.  Au  bord  supérieur  du  prolon- 
gement de  la  queue ,  il  y  en  a  de  beaucoup  plus  grands  et  plus  allongés  ;  ce  sont  pro- 
prement des  écailles  qui  se  relèvent  sur  le  milieu  du  pédicule  de  la  queue  et  qui 
s'étendent  jusqu'à  son  extrémité.  Au  milieu  du  dos  on  remarque  une  série  impaire 
d'écaillés  semblables,  mais  plus  grandes,  et  qui  se  terminent  en  pointe  moins  allon- 
gée. Sur  l'exemplaire  de  ma  figure,  on  en  voit  distinctement  une  qui  a  été  délacbée 
du  tronc,  et  qui  a  été  transportée  sur  la  partie  écbancrée  de  la  caudale.  La  surface  in- 
terne des  écailles  porte  des  quilles  moins  saillantes  et  moins  larges  que  le  P.  Robisoni. 

III.  Paleoniscus  oknatissimus  a  g. 
Vol.  2,  Tab.  10  a j  fig.  5,  6,  7  et  8. 

Ce  poisson  m'a  d'abord  été  communiqué  par  M.  Jameson  Torrie,  qui  l'avait  trouvé 
près  de  Burntisland  en  Fifesliire,  dans  un  calcaire  compact  très-noir,  appartenant, 
comme  celui  de  Burdie-llouse,  à  la  formation  bouillère.  Dans  le  second  envoi  de 
fossiles  de  Biirdie-House  qui  i^i'a  été  adressé  par  M.  Hibbert,  j'en  ai  trouvé  deux 
exemplaires.  11  serait  dès-lors  très-intéressant  de  connaître  exactement  les  rapports 
géologiques  de  ces  deux  localités.  Dans  le  SvqDplément  à  son  3Iémoire  sur  Burdie- 
House,  à  page  iio,  M.  Hibbert  nous  promet  une  description  détaillée  du  calcaire  de 
Burntisland. 

Cette  espèce  se  rapproche  davantage  du  P.  Robisoni  que  du  striolatus;  non  seule- 
ment elle  est  encore  plus  grêle  que  le  P.  Robisoni,  mais  c'est  avec  le  P.  longissimus , 
la  plus  allongée  du  genre.  Les  trois  exemplaires  que  j'en  ai  vus  sont  représentés  dans 
les  figures  indiquées  ci-dessus.  La  fig.  6  donne  une  idée  exacte  des  dimensions  de  ce 
poisson,  tandis  que  dans  la  fig.  5  on  voit  distinctement  la  position  respective  des  na- 
geoires. Dans  la  fig.  7,  ce  sont  les  écailles  qui  sont  le  mieux  conservées;  on  voit  sur 
toute  leur  surface  et  sur  tous  les  os  de  la  tête,  des  stries  ondulées  très-marquées. 
Dans  la  fig.  8  on  a  représenté  quelques  écailles  détachées  de  la  partie  antérieure  du 
tronc.  La  tête,  quoique  fort  allongée,  égale  cependant  le  quart  de  la  longueur  totale; 
sa  partie  antérieure  va  en  s'aniincissant  insensiblement  jusqu'à  l'extrémité  des  mâ- 
choires ;  la  gueule  paraît  avoir  été  très-fendue.  L'orbite  est  aussi  proportionnellement 
très-grande;  elle  est  placée  au  bord  supérieur  de  la  tête.  La  surface  de  tous  les  os  de 
la  tête  est  marquée  de  sillons  irréguliers  très-prononcés ,  et  dont  la  direction  est  en 


_     95     -^ 

général  longiludinale.  Le  corps  est  fort  grcle,  plus  même  que  celui  du  P.  Rohisoni. 
Les  pectorales  sont  plus  grandes  que  les  autres  nageoires.  Les  ventrales  occupent 
exactement  le  milieu  entre  les  pectorales  et  l'anale;  celle-ci  est  aussi  éloignée  du  lobe 
inférieur  de  la  caudale  que  des  ventiales.  L'égalité  de  la  distance  qui  sépare  les  na- 
geoires du  côté  inférieur  du  corps,  donne  à  cette  espèce  un  caractère  particulier.  La 
dorsale  est  placée  entre  les  ventrales  et  l'anale;  ses  rayons  sont  plus  gros,  quoique 
plus  courts,  que  ceux  des  pectorales  et  des  ventrales.  Le  lobe  supérieur  de  la  caudale 
paraît  considérablement  plus  gros  que  son  lobe  inférieur;  cependant  cette  nageoire 
n'est  bien  conservée  dans  aucun  des  exemplaires  que  j'ai  vus.  Les  écailles  de  la  partie 
antérieure  du  corps  sont  un  peu  plus  grandes  que  celles  de  sa  partie  postérieure;  les 
stries  sinueuses  de  leur  surface  y  sont  aussi  plus  marquées. 

On  a  trouvé  cette  espèce  dans  le  calcaire  de  Burdie-House  et  dans  celui  de  Burnt- 
island. 

Jusqu'ici  j'avais  remarqué  que  les  espèces  de  Palœonisciis  du  terrain  houiller 
avaient  toutes  leurs  écailles  complètement  lisses  ;  celles  de  Burdie-House  les  ont  ce- 
pendant plus  ou  moins  striées. 


Les  Palœonisciis  du  calcaire  magnésien  d'Angleterre  sont  déjà  en  partie  très-bien 
connus  par  les  publications  de  M.  le  Prof.  Sedgwick,  qui  en  a  donné  d'excellentes 
ligures  à  la  suite  de  son  Mémoire  sur  les  relations  géologiques  et  la  structure  inté- 
rieure du  calcaire  magnésien,  etc.,  inséré  dans  les  Transactions  géologiques,  -ï^"  sé- 
rie, vol.  3,  p.  37.  Il  est  maintenant  démontré  que  le  calcaire  magnésien  est  l'équiva- 
lent géologique  du  Zechstein  d'Allemagne.  Après  avoir  décrit  la  structure,  la  posi- . 
tion  et  l'ordre  de  succession  des  couches  de  cette  formation,  M.  Sedgwick  en  fait 
connaître  les  fossiles ,  sur  lesquels  il  s'exprime  comme  suit  :  «  Les  excavations  exé- 
cutées pour  l'établissement  du  nouveau  chemin  de  fer  de  Stockton  ont  conduit  à  une 
découverte  d'un  grand  intérêt  géologique.  Dans  les  marnes  schisteuses  décrites  pré- 
cédemment, on  a  trouvé  une  grande  quantité  d'empreintes  de  plantes  et  de  poissons. 
Malheureusement  beaucoup  d'exemplaires  des  premières  ont  été  détruits  par  les  ou- 
vriers ;  les  seuls  que  j'aie  vus  paraissent  être  des  fougères.  Cependant  on  a  conservé 
un  grand  nombre  de  bons  exemplaires  de  poissons,  parmi  lesquels  j'ai  distingué  des 
parties  de  sept  espèces  au  moins.  Le  genre  Palœothrissiun  de  Blainv.  est  celui  qui  en 
comprend  le  plus,  et  dont  les  espèces  sont  les  plus  communes.  Ce  savant  naturaliste 
a  reconnu  l'identité  de  deux  de  ces  espèces  avec  le  P.  magnum  et  le  P.  macroce-: 
'phalumj  qui  sont  si  communs  dans  les  schistes  de  Thuringe.  Il  est  peut-être  encore 

digne  de  remarque  que,  parleur  état  de  conservation  et  leur  position,  qui  dénote  une 
ToM.  II.  13 


— .     94    — 

jnort  convulsive,  les  exemplaires  de  Durham  ressemblent  exactement  à  ceux  d'Alle- 
magne. »  Plus  loin  il  ajoute  :  «  Il  paraît  que  beaucoup  de  ces  fossiles  ont  été  détruits 
avant  que  l'on  connût  toute  leur  valeur.  Cependant,  ceux  qui  ont  été  conservés  ayant 
été  dispersés  dans  diverses  collections,  ce  n'est  qu'à  l'obligeance  et  aux  communica- 
tions de  plusieurs  personnes  du  comté  de  Durbam  (parmi  lesquelles  je  nommerai 
surtout  lord  Barrington,  le  révérend  T.  Austin,  le  révérend  S.  Gamlin,  MM.  E.  Pease 
et  H.  T.  Smitli  de  Darlington,  et  T.  Piandyl  de  Stockton)  ,  que  j'ai  dû  de  pouvoir  re- 
connaître les  caractères  distinctifs  de  ces  fossiles.  D'autres  beaux  exemplaires  qui 
m'ont  été  communiqués  par  MM.  Blansbard,  de  Londres,  et  H.  Witliam,  d'Edim- 
bourg, ont  complété  cette  série,  et  m'ont  mis  à  même  de  publier  des  figures  plus  ou 
moins  parfaites  de  toutes  les  espèces  découvertes  jusqu'ici.  Dès  le  premier  abord  il 
m'a  paru  évident  que  plusieurs  de  ces  fossiles,  malgré  leur  état  de  mutilation,  res- 
semblaient beaucoup  aux  célèbres  poissons  des  schistes  cuivreux  d'Allemagne.  Le 
plus  grand  nombre  d'entr'eux  appartient  sans  aucun  doute  au  genre  Palœothrissiwij, 
de  l'ordre  des  Malacoptérygiens  abdominaux,'  qui  est  caractérisé  par  une  caudale 
fourcliue  dont  tous  les  rayons  sont  articulés  sur  son  bord  inférieur,  et  dont  le  lobe 
supérieur,  qui  excède  en  longueur  le  lobe  inféi'ieur,  est  couvert  d'écaHles  :  ce  genre 
n'a  qu'une  dorsale,  entre  l'anale  et  les  ventrales.  On  peut  ajouter  que  toutes  les  es- 
pèces qui  offrent  ces  caractères  paraissent  avoLr  eu  des  écailles  très-dures ,  en  partie 
imbriquées  et  en  partie  juxta-posées ,  et  rangées  par  séries  obliques.  Ces  derniers  ca- 
ractères les  rapprochent,  en  quelque  sorte,  de  VEsojc  osseus  de  Linné.  Cependant, 
comme  il  me  paraissait  très-difficile  de  préciser  les  cai'actères  de  ces  fossiles,  je  sou- 
mis plusieurs  des  premiers  exemplaires  trouvés  dans  ces  fouilles,  à  Texamen  de  M. 
de  Blainville,  qui  a  reconnu  l'identité  de  deux  de  ces  espèces  avec  celles  de  Mannsfeld, 
que  précédemment  il  avait  établies  sous  les  noms  de  P al œothrissum  magnum  et  ma- 
cro cephalum.  >)  — 

Dans  le  voyage  que  j'ai  fait  en  Angleterre  en  1 834,  j'ai  eu  occasion  de  visiter  la 
plupart  des  collections  mentionnées  par  M.  Sedgwick,  parmi  lesquelles  j'ai  surtout 
distingué  celle  de  M.  Witham,  et  d'examiner  en  outre  un  grand  nombre  d'exemplaires 
de  ces  poissons  contenus  dans  les  collections  de  la  Société  Géologique  de  Londres, 
du  Musée  du  Service  uni  de  l'armée  et  de  la  marine,  de  M.  Murchison,  du  Musée 
d'Oxford,  de  la  Société  Royale  d'Edimbourg,  de  M.  le  Prof.  Jobnston  de  Durham, 
de  M.  Trevelyan,  du  Musée  de  Newcastle  sur  Tyne,  de  celui  de  Witby  et  d'Yorck, 
et  de  M'^'=  Anne  Surtees  de  Mainsforth.  Par  cet  examen,  j'ai  pu  m'assurer  de  l'exac- 
titude des  observations  de  M.  Sedgwick,  et  j'ai  eu  plus  d'une  occasion  d'admirer  la 
netteté  des  figures  qu'il  a  publiées,  et  dont  j'ai  retrouvé  presque  tous  les  originaux. 
Les  espèces  figurées  par  M.  Sedgwick  sont  :  i"  Acrolepis  Sedgwickii  Ag.,  pi.  8, 
fig.  3  du  3™"^  vol.  de  la  2™'=  Série  des  Trans.  de  la  Soc.  Géol.j  2"  Pygopterus  mandi- 


—     9o     — 

bularis  Ag.,  ibid.  pi.  lo,  fig.  i ,  2  et  3,  et  pi.  1 1 ,  (indiqué  dans  la  Géologie  de 
Walcliner  sous  les  noms  de  JSemopterjx  mandibularis  et  de  Sauropsis  scoticits); 
3°  Plaiysomus  striatus  Ag.,  ibid.  pi.  12,  fig.  3  et  4  (sous  le  nom  d'Uropteryx  stria- 
tus  dans  la  Géol.  de  V^  alchner)  \  4°  Pl^fj'soinus  macrarusA^.,  ibid.  pi.  12,  fig.  i  et  2; 
5°  Platysomus  pa/vus  Ag.,  ibid.  i"  Série,  vol.  4j  pl-  2?  et  Ami.  of  Philos,  vol.  6, 
p.  ii5.  Il  ne  me  reste  à  ajouter  que  quelques  obseivations  critiques  sur  les  espèees 
de  Palœonisciis  mentionnées  par  M.  Sedgwick,  auxquelles  je  joindrai  la  descrip- 
tion de  trois  espèces  nouvelles  qu'il  n'a  point  connues. 

I.  Palsoniscus  elegans  Sedg\^-. 

Vol.  2,  pi.  10  b,  fig.  4  et  5. 

Paleeothrissum  elegans,  Géol.  Trans.  2""^  Série,  vol.  3,  pi.  9,  fig.  i. 

Sur  plusieurs  centaines  d'exemplaires  de  Palaeoniscus  du  Zeclistein  d'Allemagne 
que  j'ai  examinés,  je  n'ai  reconnu  que  trois  espèces,  qui  sont  le  P.  Freieslebenii  et 
mes  P.  maçropomus  et  magnus.  En  les  comparant  maintenant  avec  celles  du  calcaire 
magnésien  d'Angleterre,  je  trouve  que,  malgré  leurs  nombreux  rapports,  les  espèces 
de  ces  différentes  localités  ne  sauraient  être  envisagées  comme  identiques.  En  effet, 
comme  l'a  déjà  fort  bien  remarqué  M.  Sedgwick,  son  P.  elegans  est  une  espèce  par- 
ticulière, différant  du  P.  Freieslebeni  par  des  formes  plus  élancées,  et  surtout  par 
la  plus  grande  uniformité  des  écailles  sur  toute  la  surface  du  corps.  Le  P.  magnus  de 
Mannsfeld  n'existe  pas  non  plus  en  Angleterre  5  car  l'espèce  du  calcaire  magnésien  à 
laquelle  M.  de  Blainville  a  cru  pouvoir  donner  ce  nom  spécifique,  et  qui  est  la  même 
que  son  Palœothrissum  macrocephalum  d'Angleterre,  diffère  également  des  espèces 
de  3Iannsfeld,  en  ce  que  ses  écailles  ont  leurs  bords  supérieur  et  inférieur  arqués ,  et 
en  ce  que,  à  l'inverse  du  P.  magnus  d'Allemagne,  celles  des  flancs  sont  beaucoup  plus 
hautes  et  plus  grandes  que  celles  de  la  queue,  je  l'appelle  P.  comtus.  Parmi  les  exem- 
plaires de  Palœoniscus  du  calcaire  magnésien  que  j'ai  vus  en  Angleterre,  j'ai  re- 
connu en  outre  trois  espèces  qu  il  est  très-facile  de  distinguer  de  tous  leurs  congé- 
nères ;  je  les  ai  appelées  P.  glaphyrus ,  P.  macrophthahnus  et  P,  longissimus.  Les 
différentes  localités  où  l'on  a  trouvé  ces  poissons,  sont  :  Midderidge,  E.  Thickley, 
Darlington ,  Clarence  Pvailway  près  de  Mainsforth ,  AVest-Bolden  ,  Ilougliton  le 
Spring,  Witley  près  de  Shields,  et  Rushyford.  Elles  paraissent  se  trouver  également 
sur  ces  différens  points. 

Le  P.  elegans  est  réellement,  comme  l'observe  M.  Sedgwick,  l'une  des  espèces  les 
plus  rares  du  calcaire  magnésien.  Il  se  distingue  des  autres  espèces  de  ce  genre  par 
ses  formes  élégantes  et  se^  dimensions  bien  proportionnées  ;  ^ussi  mérite-t-il  à  tous 


—     96    — 

égards  le  nom  spécifique  qui  lui  a  été  donné.  Sa  tête  égale  environ  un  cinquième  de  la 
longueur  totale  du  corps  ;  mais  elle  est  mal  conservée  dans  l'exemplaire  figuré  dans 
cet  ouvrage.  La  surface  de  tous  ses  os  est  ornée  de  sillons  divergeant  dans  le  sens  de 
leur  accroissement  ;   ces  sillons  sont  plus  larges  et  plus  éloignés  que  dans  le  P. 
Freieslebeni.  L'ossature  de  la  ceinture  tlioracique  paraît  forte  proportionellement  ; 
du  moins  l'on  voit  un  large  scapulaire  dans  l'original  de  ma  figure.  La  forme  géné- 
rale du  corps  est  celle  d'un  ovale  très-allongé,  de  telle  sorte  que  le  milieu  du  dos  est 
à  peine  plus  élevé  que  la  nuque  et  le  fort  de  la  queue.  Dans  cet  exemplaire,  cette  es- 
pèce paraît  encore  plus  large  qu'elle  n'est  réellement,  parce  que  les  écailles  du  côté 
gauche  ont  glissé  le  long  du  dos,  et  s'étendent  visiblement  au-delà  de  l'insertion  de 
la  dorsale.  Les  pectorales,  les  ventrales,  la  dorsale  et  l'anale  sont  proportionnelle- 
ment petites  j  les  articulations  transversales  de  la  dorsale  et  de  l'anale  surtout  sont 
très-distantes  ;  cependant  elles  ne  paraissent  pas  l'être,  parce  que  les  divisions  alter- 
nent d'un  rayon  à  l'autre.  L'extrémité  des  rayons  est  bifurquée  jusqu'à  la  moitié  en- 
viron de  leur  longueur  totale.  Au  bord  antérieur  de  ces  nageoires,  on  remarque  de 
très-petits  rayons  accolés  aux  plus  longs.  La  caudale  a  exactement  la  forme  de  celle 
du  P.  Freieslebeni  ;  cependant  le  prolongement  de  son  pédicule,  qui  forme  son  lobe 
supérieur,  est  plus  étroit.  Le  lobe  inférieur  est  aussi  plus  long  que  dans  l'espèce  sus- 
mentionnée; c'est  ce  qui  a  fait  dire  à  M.  Sedgwick  que  les  lobes  de  cette  nageoire 
étaient  moins  inégaux  dans  cette  espèce  que  dans  les  autres.  Ses  rayons  sont  toustrès- 
grèles,  bifurques  à  plusieurs  reprises  jusque  près  de  leur  base,  ce  qui  les  fait  pa- 
raître encore  plus  minces  ;  les  articulations  transversales  des  rayons  du  lobe  supé- 
rieur sont  si  rapprochées,  que  les  articles  paraissent  à  peine  plus  longs  que  larges; 
celles  du  lobe  inférieur  sont  plus  éloignées.  Le  long  du  bord  inférieur  de  ce  lobe  il  y 
a  de  très-petits  rayons  qui  ne  sont  visibles  à  l'œil  nu  qu'à  sa  base,  tandis  que  sur  le 
bord  supérieur  du  pédicule  du  lobe  allongé,  il  y  en  a  de  très-grands  qui  sont  moins 
inclinés,  et  qui  reposent  sur  les  petites  écailles  atténuées  de  ce  prolongement  de  la 
queue.  Les  écailles  ont  à  peu  près  la  même  forme  par  tout  le  coi'ps;  elles  sont  cepen- 
dant un  peu  plus  grandes  dans  sa  partie  antérieure,  mais  elles  n'y  sont  pas  de  beau- 
coup plus  hautes  que  longues,  comme  on  le  remarque  dans  le  P.  Freieslebeni.    (Ce 
caractère  rapproche  ini  peu  le  P.  elegans  du  P.  magnus  de  Mannsfeld  ;  mais  la  forme 
générale  et  les  proportions  du  corps  de  ces  deux  espèces  les  distinguent  sufîisam- 
ment.)  Leur  surface  est  aussi  plus  lisse  ;  on  voit  seulement  quelques  stries  vers  leur 
bord  antérieur,  et  de  petites  échancrures  serrées  en  forme  de  dentelure  à  leur  bord 
postérieur.  Yers  le  bout  de  la  queue,  ces  stries  et  cette  dentelure  disparaissent  de  plus 
en  plus ,  et  manquent  complètement  sur  les  petites  écailles  allongées  qui  recouvrent 
le  prolongement  du  pédicule  de  la  queue.  On  aperçoit  à  travers  les  écailles  de  la  ligne 


—     97    >- 

latérale  les  petits  tubes  qui  se  prolongent  dans  le  milieu  de  leur  épaisseur,  de  leur 
bord  antérieur  à  leur  bord  postérieur,  oîi  ils  s'ouvrent  entre  les  dentelures  de  ce  der- 
nier. La  fig.  4  représente  quelques  écailles  de  ce  poisson,  prises  autour  de  la  ligne  la- 
térale en  avant  et  au-dessus  des  ventrales.  Il  est  à  remarquer  que  les  bords  supérieur 
et  inférieur  de  ces  écailles,  surtout  de  celles  de  la  queue,  sont  aussi  droits  que  leur 
bord  postérieur,  tandis  que  dans  le  P.  comtiis  ils  sont  sensiblement  arqués.  Comme 
dans  toutes  les  espèces  du  genre,  on  remarque  sur  le  milieu  du  dos  une  série  d'é- 
cailles  impaires,  dont  le  bord  postérieur  est  arrondi  j  celles  qui  avoisinent  le  bord  an- 
térieur des  nageoires  sont  plus  grandes  que  les  autres  ;  cependant  elles  le  sont  moins 
que  dans  le  P.  Freiesleheni,  et  leur  surface  est  marquée  de  moins  de  stries.  M. 
Sedgwick  a  déjà  fait  la  remarque  qu'une  partie  de  ces  écailles  sont  imbriquées,  tandis 
que  les  autres  sont  juxta-posées  ;  cela  est  vrai,  en  tant  que  le  bord  postérieur  d'une 
série  antérieure  d'écaillés  repose  davantage  sur  le  bord  antérieur  d'une  série  suivante 
dans  toute  la  région  antérieure  du  corps,  et  que,  dans  sa  région  postérieure,  les  sé- 
ries d'écaillés  qui  se  touchent  ne  reposent  les  unes  sur  les  autres  que  par  des  bords 
obliques,  sans  se  recouvrir  partiellement  les  unes  les  autres.  Les  bords  supérieurs 
des  écailles  antérieures  du  corps  sont  en  outre  munis  d'un  petit  onglet  articulaii'e  qui 
s'engrène  dans  une  fossette  du  bord  inférieur  de  l'écaillé  voisine.  Du  reste  leur  surface 
intérieure  est  lisse,  et  les  onglets  articulaires  forment  sur  leur  milieu  des  quilles  à 
peine  perceptibles,  tant  elles  sont  déprimées. 

Cette  espèce^i'a  encore  été  observée  que  dans  le  Calcaire  magnésien  d'Angleterre. 

II.  Pal^oniscus  comtus  Agass. 

Vol.  2,  tab.  10  i,  fig.  I,  2  et  3. 

Palœotbrissum  magninn,  Géol.  Trans.  2""'  Séiûe,  vol.  3,  pi.  8,  fig.  i  et  2.  —  Palœo- 
thrissum  macrocephalum ,  Géol.  Trans.  2™"  Série,  vol.  3,  pi.  9,  fig.  2. 

Malgré  la  grande  imperfection  de  l'exemplaire  dont  je  donne  ici  une  figure,  je  l'ai 
préféré  à  maint  autre  dont  les  contours,  quoique  plus  parfaits,  donneraient  une  idée 
moins  exacte  des  caractères  dfstinctifs  de  cette  espèce.  Les  allures  du  genre  Palœo- 
niscus  sont  maintenant  assez  connues  pour  que  l'on  puisse  se  représenter  exactement 
une  espèce  de  ce  genre  dont  on  ne  voit  qu'une  partie  du  corps.  J'ai  cependant  exa- 
miné un  grand  nombre  d'exemplaires  de  ce  poisson,  qui  est  le  plus  commun  de  tous 
ceux  que  l'on  trouve  dans  le  Calcaire  magnésien.  Son  corps  est  proportionnellement 
aussi  large  que  celui  du  P.  magnus  de  Mannsfeld.  Sa  tête  égale  le  quart  de  sa  lon- 
gueur totale  5  tous  ses  os  ont  leur  surface  marquée  de  points  disposés  en  séries  irré- 
gulières. Les  pectorales  sont  de  moyenne  grandeur,  proportionnellement  plus  grandes 


—    98     — 

que  les  ventrales,  l'anale  et  la  dorsale;  la  caudale  est  grande,  mais  ses  rayons  sont 
moins  grêles  et  moins  bifurques  que  ceux  du  P.  elegans;  leiu's  articulations  trans- 
versales sont  aussi  plus  éloignées ,  tandis  que  celles  de  la  dorsale  et  de  l'anale  le  sont 
moins.  Les  écailles  varient  considérablement  de  grandeur  et  de  forme,  suivant  la 
place  qu'elles  occupent;  celles  des  flancs  sont  les  plus  grandes,  elles  sont  plus  hautes 
que  longues ,  et  toute  leur  surface  est  ornée  de  sillons  et  de  points  très-serrés ,  à  peu 
près  parallèles  entre  eux,  et  qui  se  terminent  au  bord  postérieur  par  une  dentelure 
assez  fine.  Leur  bord  supérieur  est  concave,  et  leur  bord  inférieur  convexe;  vers  le 
milieu  du  corps  ces  bords  sont  à  peu  près  droits ,  tandis  que  dans  sa  partie  posté- 
rieure ,  oïl  les  écailles  sont  beaucoup  plus  petites  et  aussi  longues  que  hautes ,  leur 
bord  supérieur  est  convexe,  et  se  prolonge  dans  le  bord  postérieur;  en  sorte  que 
l'angle  supérieur  et  postérieur  de  ces  écailles  est  sensiblement  arrondi  ;  leur  bord  in- 
férieur est  concave.  La  surface  de  ces  écailles  n'est  plus  sillonnée  que  de  quelques 
stries  irrégulières,  et  la  dentelure  du  bord  postérieur  à  peine  distincte.  Les  écailles 
du  prolongement  du  pédicule  de  la  queue  sont  très-petites ,  et  d'autant  plus  allongées 
qu'elles  approchent  davantage  de  son  extrémité.  Les  tubes  qui  traversent  les  écailles 
de  la  ligne  latérale  ne  se  trouvent  pas  exactement  au  milieu  de  ces  écailles ,  comme 
dans  le  P.  elegans;  ils  sont  plus  rapprochés  de  leur  bord  supérieur,  et  obliques  aux 
écailles  dans  la  partie  postérieure  du  corps,  tandis  que  dans  le  P.  elegans ,  ils  sont 
parallèles  à  leurs  bords  supérieur  et  inférieur.  Les  onglets  articidaires  qui  unissent 
les  écailles  sont  plus  allongés  et  plus  grands  que  dans  l'espèce  précédente,  et  les 
quilles  qu'ils  forment  à  leur  surface  intérieure  sont  plus  marquées. 

A  ces  caractères,  il  sera  toujours  facile  de  reconnaître  cette  espèce,  qui,  par  ses 
traits  saillans  et  sa  fréquence  dans  les  localités  indiquées ,  doit  être  envisagée  comme 
une  espèce  caractéristique. 

III.  Palsoniscus  glaphyrus  Agass. 
Vol.  2,  tab.  10  Cj  fig.  I  et  2. 

Cette  petite  espèce  n'a  point  encore  été  figurée  ;  cependant  j'en  avais  déjà  vu  un 
dessin  dans  le  portefeuille  de  Cuvier  :  c'est  l'espèce  que  j'ai  citée  à  la  page  21  du  i" 
volume  de  cet  ouvrage.  L'original  de  ma  figure  se  trouve  au  Musée  d'York  ;  il  m'a  été 
communiqué  par  M.  le  Prof.  Phillips. 

Les  traits  les  plus  caractéristiques  de  ce  poisson  sont  ses  grandes  écailles  et  la 
brièveté  de  son  corps.  Sa  forme  extérieure  est  à  peu  près  celle  du  P.  Voltzii  ou  du 
P.  fidtus;  mais  il  diffère  des  deux  par  la  grosse  dentelure  du  bord  postérieur  de  ses 
écailles.  Cette  espèce  a  la  tête  proportionnellement  très-petite,  égalant  à  peine  la  cin- 


—     90     — 

quièmc  partie  de  sa  longueur  totale,  et  beaucoup  moins  large  que  le  tronc-  quoiqu'elle 
soit  très-mal  conservée  dans  l'original  de  ma  figure,  on  peut  s'assurer  cependant 
qu'elle  est  entière ,  car  on  distingue  l'extrémité  des  mâchoires  cpii  forme  une  houclie 
très-petite.  On  aperçoit  en  dessus  l'orbite,  qui  est  proportionnellement  beaucoup  plus 
grande.  Les  pièces  opercnlaires  sont  aussi  fort  petites.  En  dessous  et  en  arrière  de  la 
mâchoire  inférieure,  ou  distingue  des  traces  de  sept  rayons  branchiostègues.  Les 
pectorales  ont  entièrement  disparu;  mais  on  voit  distinctement  l'insertion  des  autres 
nageoires.  La  dorsale  occupe  le  milieu  du  dos  ;  son  bord  antérieur  se  trouve  cepen- 
dant un  j>eu  en  arrière  des  ventrales.  Les  rayons  de  toutes  les  nageoires  sont  moins 
rapprochés  les  uns  des  autres  que  dans  les  autres  espèce*  du  calcaire  magnésien  5  et 
par  ce  caractère,  cette  espèce  se  rapproche  davantage  de  celles  d'Autun,  comme  elle 
leur  ressemble  aussi  beaucoup  par  sa  forme  trapue.  Tous  les  rayons  sont  très-fendus, 
mais  leurs  bifurcations  sont  moins  nombreuses  que  dans  la  plupart  des  autres  espèces 
du  genre.  Au  bord  antérieur  des  nageoires,  on  distingue  facilement  les  petits  rayons, 
qui  sont  accolés  contre  les  plus  grands  ;  ils  diffèrent  de  ceux  des  autres  espèces  en  ce 
qu'ils  sont  plus  allongés  et  moins  serrés  contre  le  bord  des  nageoires.  Les  écailles 
(fig.  2)  sont  proportionnellement  très-grandes  sur  toute  la  surface  du  corps  ;  celles 
des  côtés  de  la  queue  seulement  sont  un  peu  plus  petites  ;  leur  surface  extérieure  est 
complètement  lisse  -,  tous  leurs  bords  sont  droits  ;  au  bord  postérieur,  on  distingue  une 
dentelure  très-marquée,  dont  les  pointes,  très-distinctes  les  unes  des  autres,  sont 
proportionnellement  très-allongées.  Toutes  les  écailles  sont  fort  minces;  on  distingue 
à  leur  surface  intérieure  de  gros  onglets  articulaires  qui  s'engrènent  dans  de  larges 
fossettes  triangulaires  ;  d'une  écaille  à  l'autre  on  voit  s'étendre  une  quille  très-étroite, 
mais  très-marquée.  La  ligne  latérale  s'étend  directement  de  l'angle  supérieur  de  l'o- 
percule à  l'extrémité  de  la  queue. 

Cette  espèce  provient  du  calcaire  magnésien  d'Angleterre, 

ÏV.  Pal-egniscus  macrophthalmus  Agass. 

Vol.  2,  Tab.  10  c,  fig.  3. 

Autant  le  P.  glaphjrus  se  distingue  de  ses  congénères  par  la  petitesse  de  sa  tête, 
par  la  largeur  de  son  corps  et  par  la  grosseur  de  ses  écailles,  autant  il  est  facile  de 
reconnaître  le  P.  macrophthalmus  à  des  caractères  directement  opposés.  En  effet, 
cette  espèce  a  la  tête  très-grande ,  et,  proportionnellement  aux  dimensions  du  tronc, 
elle  est  aussi  très-grosse;  sa  longueur  n'est  comprise  que  trois  fois  et  demie  dans  la 
longueur  totale  du  poisson;  sa  largeur  paraît  avoir  été  plus  considérable  même  que 
celle  du  milieu  du  tronc.   L'orbite  est  très-grande,  placée  immédiatement  au  dessus 


—     100    — 

de  la  mâchoire  et  à  la  partie  antérieure  de  la  tête,  qui  se  termine  par  un  museau  très- 
obtus,  arrondi  et  plus  saillant  que  la  mâchoire  inférieure,  dont  les  branches  sont 
étroites.  En  dessous  de  la  mâdioire  inférieure,  on  voit  des  traces  de  neuf  rayons  bran- 
chiostègues  au  moins,  dont  le  premier  est  fort  large;  les  suivans,  qui  sont  beaucoup 
plus  étroits,  s'allongent  insensiblement.  La  surface  des  os  du  crâne  est  ornée  de  stries 
et  de  points  irréguliers.  La  ceinture  thoracique  est  très-vigoureuse  ;  l'humérus,  qui 
est  le  plus  large  de  ses  os,  forme  à  peu  près  un  angle  droit  avec  le  scapulaire.  Le 
corps  est  très-étroit,  tout  d'une  venue  ;  le  milieu  du  dos  n'est  pas  plus  élevé  que  la 
nuque  ;  le  pédicule  de  la  queue  seulement  se  rétrécit  un  peu  avant  de  se  prolonger  le 
long  du  lobe  supérieur  de  la  caudale.  La  dorsale  est  un  peu  plus  rapprochée  de  la  cau- 
dale que  de  la  tête  ;  elle  occupe  l'intervalle  qu'il  y  a  entre  l'anale  et  les  ventrales. 
Celles-ci  sont  beaucoup  plus  rapprochées  de  l'anale  que  des  pectorales.  Toutes  ces  na^ 
geoires  sont  petites  ;  leurs  rayons,  extrêmement  grêles,  sont  à  peine  bifurques  à  leur 
extrémité  5  leurs  articulations  transversales  sont  très-distantes  ;  à  leur  bord  antéi-ieur 
on  distingue,  à  l'aide  de  la  loupe  seulement,  de  très-petits  rayons  accolés  aux  plus 
grands.  La  caudale  présente  également  quelques  particularités  :  ses  rayons  sont  un 
peu  moins  grêles  que  ceux  des  autres  nageoires  du  tronc  5  sOn  lobe  inférieur  est  presque 
aussi  large  et  aussi  long  que  son  lobe  supérieur.  A  son  bord  inférieur,  on  distingue  à 
peine  de  petits  rayons  accolés  le  long  du  plus  grand  ,  tandis  qu'il  y  en  a  de  très-visi- 
bles et  de  très-allongés  tout  le  long  du  bord  du  lobe  supérieur.  Les  écailles  sont  très- 
petites  ;  celles  de  la  partie  postéi'ieure  du  corps  ne  le  sont  pas  sensiblement  plus  que 
celles  de  la  partie  antérieure  5  celles  du  prolongement  du  pédicule  de  la  queue  seule- 
ment sont  plus  allongées  et  plus  étroites  ;  leur  surface  extérieure  est  sillonnée  par 
quelques  stries  irrégulières.  Je  n'ai  point  aperçu  de  dentelure  à  leur  bord  postérieur; 
les  onglets  articulaires  de  leur  surface  intérieure  sont  à  peine  visibles  ;  cependant  on 
y  distingue  des  quilles  très-plates  qui  traversent  les  écailles. 

Du  Calcaire  magnésien  d'Angleterre. 

L'exemplaire  original  de  ma  ligure,  qui  est  le  plus  beau  que  j'aie  vu  de  cet  espèce, 
appartient  à  M.  Riepley  de  Witby . 

V.    PaL^EONISCUS   LONGISSIMUS  Agass. 

Yol.  2,  tab.  10  c,  fig.  4- 

Le  P.  longissimiis  diffère  tellement  de  toutes  les  espèces  déjà  décrites,  que  peu  de 
mots  suffiront  pour  le  caractériser  nettement.  11  paraît  ne  pas  être  très-rare,  car  j'en 
ai  vu  plusieurs  exemplaires  dans  les  collections  de  M.  Witham  et  de  M.  Randyll, 
ainsi  qu'au  Musée  d'Yorck.  L'original  de  ma  figure  appartient  à  M.  Witham.  L'un 


—     101     — 

de  ceux  de  M.  Kandyll  est  surtout  instructif,  en  ce  qu'il  prosente  ce  poisson  par  sa 
face  supérieure^  il  montre  évidemment  que  c'est  une  espèce  plus  arrondie  que  toutes 
les  autres  de  ce  genre  j  sa  longueur  est  même  plus  considérable,  proportionucllcment 
à  sa  largeur. 

Les  poissons  fossiles  auxquels  on  peut,  d'après  les  détails  de  leur  ostéologie, 
supposer  un  corps  plat,  plus  ou  moins  large,  ne  se  présentent  jamais  autrement 
dans  les  roches  que  couchés  sur  le  flanc ,  tandis  que  ceux  dont  le  corps  est  plus  ou 
moins  arrondi,  présentent  tantôt  les  flancs,  tantôt  les  faces  supérieure  ou  inférieure. 
Ceux  dont  la  tête  est  déprimée  ou  comprimée,  et  dont  le  corps  est  arrondi,  sont  fré- 
quemment tordus  à  la  nuque  ;  il  en  est  de  même  de  ceux  dont  la  tête  est  plus  ou  moins 
arrondie,  et  dont  le  corps  est  plat. 

Dans  le  P.  longissimus _,  la  tête  paraît  avoir  été  arrondie  comme  le  tronc;  la  sur- 
face des  os  du  crâne  est  granulée,  c'est-à-dire  qu'elle  est  ornée  de  points  saillans, 
plus  ou  moins  allongés  et  en  séries  sur  les  fi'ontaux,  et  formant  des  stries  irrégulières 
sur  les  plaques  operculaires  et  sur  les  os  de  la  ceinture  thoracique.  La  tête  égale  en- 
viron un  sixième  de  la  longueur  totale  du  corps.  11  est  diflîcile  de  s'en  faire  une  juste 
idée  d'après  l'exemplaire  de  ma  figure,  tant  ses  os  sont  disloqués;  mais  on  en  voit 
nettement  plusieurs  parties  dans  celui  de  31.  Pxandyll,  dont  je  viens  de  parler. 

Les  nageoires  sont  proportionnellement  petites,  et,  vu  la  longueur  considérable  du 
poisson,  elles  paraissent  fort  éloignées  les  unes  des  autres.  La  dorsale,  qui  est  op- 
posée aux  ventrales,  occupe  le  milieu  du  dos.  L'anale  est  un  peu  plus  rapprochée  du 
lobe  inférieur  de  la  caudale  que  des  ventrales.  Je  n'ai  vu  les  pectorales  que  dans  l'exem- 
plaire de  M.  Randyll;  leurs  rayons  paraissent  être  plats,  ils  ne  sont  bifurques  que 
jusqu'au  tiers  de  leur  longueur  ;  leurs  articulations  transversales  sont  assez  éloignées 
pour  que  chaque  division  d'un  rayon  paraisse  beaucoup  plus  longue  que  large.  Il  en 
est  de  même  des  rayons  de  la  dorsale,  de  l'anale  et  des  ventrales.  Les  rayons  du  lobe 
inférieur  de  la  caudale  sont  sensiblement  plus  gros  que  ceux  de  son  lobe  supérieur  ; 
les  premiers  ne  sont  bifurques  qu'à  leur  extrémité.  Tous  ces  rayons  ont  des  articu- 
lations transversales  très-rapprochées.  Les  petits  raj^ons  du  bord  inférieur  de  la  na- 
geoire sont  très-courts;  ceux  de  son  bord  supérieur  sont  beaucoup  plus  grands,  très- 
allongés  et  pointus  ;  ils  deviennent  successivement  plus  petits  jusqu'à  l'extrémité  du 
prolongement  du  pédicule  de  la  queue. 

Comme  dans  tous  les  poissons  arrondis,  les  écailles  ont  été  disloquées  en  s'aplatis- 
sant  avec  le  corps  ;  elles  sont  de  moyenne  grandeur,  généralement  plus  longues  que 
hautes  ;  celles  du  milieu  des  flancs  seulement  sont  équilatérales.  Leur  surface  est  mar- 
quée de  stries  et  de  points  irréguliers,  plus  nombreux  dans  celles  de  la  partie  anté- 
ToM.  II.  14 


-^     102     — 

rieure  du  corps  ;  le  bord  postérieur  de  celles-ci  présente  une  fine  dentelure,  qui  est 
à  peine  visible  dans  celles  de  la  queue.  Toutes  ces  écailles  sont  très-épaisses. 

Le  P.  longissinius  n'a  encore  été  trouvé  que  dans  le  Calcaire  magnésien  d'An- 
gleterre. 


Dans  son  rapport  sur  la  Géologie,  la  Minéralogie,  la  Botanique  et  la  Zoologie  de. 
Massacbussets,  publié  en  i833,  M.  llitchcok  a  donné  de  nouveaux  détails  sur  le  gi- 
sement du  poisson  que  j'ai  décrit  sous  le  nom  de  Palœoniscus  fultiis ,  vol.  2,  p.  43, 
tab.  8,  fig.  4  et  5.  Il  en  a  également  donné  une  figui'e  dans  son  Atlas,  Tab.  i4, 
fig.  46.  L'original  de  ma  fig.  4?  qui  se  trouve  à  Paris  dans  la  collection  de  M.  Alex. 
Brongniart,  me  paraît  être  la  contr'empreinte  de  l'exemplaire  publié  par  M.  Hitcbcok; 
du  moins  le  sommet  de  la  tête  et  ses  côtés  présentent- ils  exactement  les  mêmes  sail- 
lies accidentelles  et  la  même  dislocation  des  os  du  crâne.  Les  pectorales,  les  ven- 
trales et  l'anale  présentent  aussi  absolument  la  même  position.  Il  ne  peut  donc  y 
avoir  aucun  doute  sur  l'identité  de  ces  deux  poissons  ;  aussi  suis-je  convaincu  que 
c'est  par  inadvertance  que  la  partie  inférieure  et  la  partie  supérieure  de  la  caudale 
ont  été  rendues  symétriques  dans  le  dessin  de  l'ouvrage  américain.  J'aurai  plus  tard 
occasion  de  parler  des  autres  espèces  figurées  par  M.  Ilitcbcok.  D'après  les  rensei- 
gnemens  donnés  par  cet  auteur,  il  paraît  que  les  scbistes  bitumineux  de  Middletown 
(Sunderland,  Mass.)  et  ceux  de  West-Springfield  appartiennent  au  terrain  du  grès 
bigarré  ;  M.  Ilitcbcok  ajoute  «  que  Sunderland  est  la  seule  localité  où  l'on  puisse  se 
procurer  encore  de  ces  fossiles.  Là  les  scbistes  forment  les  bords  de  la  rivière,  à  une 
bauteur  de  plusieurs  pieds  \  cependant  les  icbtbyolitbes  sont  le  plus  abondans  dans  la 
partie  inférieure  des  coucbes,  qui  correspond  environ  au  niveau  des  basses  eaux.  J'en 
ai  exploité,  dit-il,  des  centaines  d'exemplaires  dans  cet  endroit;  cependant  il  est  fort 
rare  d'en  trouver  de  parfaits.  Sur  une  plaque  de  scbiste,  large  de  i5  pouces  sur  3 
pieds  de  long,  que  je  possède,  on  voit  distinctement  l'empreinte  de  sept  poissons.  Il 
m'est  même  arrivé  assez  souvent  de  rencontrer  vin  poisson  coucbé  en  travers  sur  un 
autre,  sans  en  être  séparé  par  la  plus  mince  couclie  de  rocbe.  Aussi ,  d'après  ces  exem- 
plaires ,  est-il  facile  de  concevoir  comment  l'on  a  pu  commettre  la  méprise  de  croire 
que ,  parmi  les  poissons  de  Monte-Bolca ,  on  en  ait  trouvé  un  dans  l'acte  même  d'en 
avaler  un  autre.  Une  couche  mince  de  matière  carbonifère  indique  ordinairement  la 
place  oîi  il  se  trouve  un  poisson  ;  cependant  les  contours  de  la  tête  ne  se  distinguent 
le  plus  souvent  que  par  des  rides  irrégulières.  Quelquefois  on  rencontre  ime  couche 


—     105     — 

très-mince  de  chaux  carbonatéo  fibreuse,  qui,  ayant  une  couleur  cVun  gris  lustré, 
donne  à  ces  exemplaires  Taspcct  de  poissons  qui  viennent  de  sortir  de  l'eau.  Souvent 
les  exemplaires  sont  très-mutilés,  tellement  même  que  la  forme  du  poisson  est  entiè- 
rement détruite ,  et  que  les  écailles  et  les  nageoires  sont  pêle-mêle ,  et  cela  à  côté 
d'autres  exemplaires  qui  sont  entiers.  Cette  circonstance  ne  nous  permet  pas  d'attri- 
buer ces  mutilations,  comme  on  a  coutume  de  le  faire,  à  une  force  destructive  agis- 
sant sur  la  roche  lorsque  le  poisson  y  a  été  déposé ,  ou  plus  tard  -,  mais  si  nous  sup- 
posons que  les  poissons,  lorsqu'ils  périrent,  furent  successivement  enveloppés  de 
limon,  on  conçoit  aisément  comment  quelques-uns  d'entr'eux  ont  pu  se  décomposer 
et  tomber  en  pièces  avant  d'être  enterrés  assez  profondément  pour  être  préservés.  Il 
se  pourrait  aussi  que  plusieurs  de  ces  poissons  eussent  été  dévorés  par  d'autres  ani- 
maux; et,  dans  ces  deux  cas,  nous  devons  nous  attendre  à  n'en  trouver  que  des  frag- 
mens  fossiles.  La  grande  ressemblance  de  ces  fossiles  avec  ceux  des  schistes  bitumi- 
neux  de  3Iannsfeld  a  déjà  été  remarquée  ;  il  est  probable  qu'ils  appartiennent  tous  au 
genre  Palœothrissum.  » 

L'espèce  dont  il  s'agit  ici  est  fort  rare  en  Amérique  ;  elle  n'a  pas  encore  été  trou- 
vée ailleurs.  Ce  que  M.  ïlitchcok  rapporte  de  son  état  de  conservation,  est  parfaite- 
ment d'accord  avec  ce  que  j'ai  dit  des  Palœoniscus  de  Mannsfeld,  à  la  page  70  et  suiv. 
de  ce  volume. 


Dans  les  collections  de  Lord  Cole  et  de  Sir  Ph.  Egerton,  j'ai  encore  observé  plu- 
sieurs beaux  exemplaires  du  Palœoniscus  Diwenioj,  également  de  Munster-Appel, 
comme  ceux  qui  sont  décrits  pag.  45  et  suiv.  Parmi  les  exemplaires  de  Lord  Cole^ 
j'en  ai  remarqué  un  dont  la  forme  est  plus  large,  le  corps  plus  court,  les  écailles  plus 
grandes  et  l'anale  plus  longue  que  dans  les  auti^es.  Cependant  cet  exemplaire  n'est  pas 
assez  bien  conservé  pour  qu'il  soit  possible  de  décider  si  ces  différences  résultent  de 
son  état  de  conservation ,  ou  si  ce  sont  des  indices  de  l'existence  d'une  seconde  espèce 
dans  cette  localité.  En  les  signalant  ici,  j'ai  voulu  fixer  l'attention  des  paléontologues 
qui  pourraient  avoir  l'occasion  d'observer  un  grand  nombre  d'exemplaires  de  ces 
fossiles. 


Dans  ces  mêmes  collections,  j'ai  aii  un  plus  grand  nombre  d'exemplaires  du  Pa- 
lœoniscus  macropomus j  tous  provenant  dllmenau,  qui  confirment  pleinement  les 
différences  indiquées  entre  cette  espèce  et  les  P.  Freieslehenietmagnus.  M.  le  comte 


—     104    -^ 

de  Munster  m'écrit  aussi  que  tous  les  exemplaires  qu'il  a  vus  proviennent  des  mines 
abandonnées  d'Ilmenau,  que  ce  poisson  y  était  assez  commun,  mais  qu'il  est  difficile 
de  s'en  procurer  maintenant,  et  qu'il  s'y  trouve  toujours  dans  des  géodes  nommées 
Schwielen  par  les  mineurs,  et  jamais  dans  les  schistes  proprement  dits.  On  trouve 
aussi  dans  ces  géodes  de  beaux  fucus.  A  Eisleben,  à  Mannsfeld  et  à  Riegelsdorf,  M. 
le  comte  de  Munster  n'a  nulle  part  trouvé  le  P.  macropomus . 


Le  Palœoniscus  de  New-Haven,  indiqué  dans  les  Proceedings  of  the  4  Meeting 
Brit.  Ass.  pag.  76,  est  ime  espèce  que  je  ne  connais  encore  qu'imparfaitement  j  je  la 
désignerai  provisoirement  sous  le  nom  de 

PaL.CONISCUS    CARINATUS    Ag. 

Yol.  2,  Tab.  4^^fig.  I  et  2. 

Je  ne  connais  encore  qu'un  seul  exemplaire  de  cette  espèce,  qui  se  trouve  dans  la 
collection  de  Lord  Greenock,  mais  dans  un  état  de  conservation  tel,  qu'il  est  impos- 
sible de  reconnaître  tous  ses  caractères.  On  ne  voit  de  la  tête  qu'une  partie  des  pièces 
operculaires,  et  un  fragment  de  la  mâchoire  inférieure,  dont  le  bord  est  armé  de  très- 
petites  dents  en  brosse  rude  ;  le  tronc  est  entier,  il  est  vrai ,  mais  les  rayons  des  na- 
geoires manquent  complètement,  excepté  la  base  de  ceux  de  la  caudale,  qui  sont  très- 
fins.  On  voit  aussi  de  grosses  écailles  acuminées  en  forme  de  petits  rayons  le  long  du 
prolongement  du  pédicule  de  la  queue;  à  son  bord  inférieur,  on  aperçoit  la  base  de 
quelques  rayons  de  l'anale.  Les  dimensions  de  ce  poisson  le  rapprochent  du  P.fultus 
et  du  macropomus  ;  mais  il  me  j^araît  différer  de  toutes  les  espèces  du  genre  par  la 
grosseur  plus  considérable  des  écailles  qui  recouvrent  les  parois  abdominales,  et  qui 
sont  beaucoup  plus  grandes  que  celles  de  la  queue ,  du  bord  du  dos  et  du  milieu  du 
ventre,  où  l'on  n'aperçoit  que  des  écailles  très-étroites,  dont  la  longueur  est  au  moins 
double  de  leur  largeur.  Ce  qui  rend  surtout  difficile  l'appréciation  des  caractères  de 
cette  espèce,  c'est  que  l'on  voit  toutes  les  écailles  du  côté  droit  seulement  par  leur  sur- 
face interne  ;  on  ne  peut  se  faire  qu'une  idée  incomplète  de  leur  surface  extérieure 
d'après  le  petit  nombre  de  celles  qui  sont  tombées.  Comme  ces  empreintes  sont  assez 
distinctes  et  parfaitement  lisses,  il  est  probable  que  la  surface  extérieure  des  écailles 
n'était  ornée  d'aucun  dessin  particulier.  Quant  à  leur  surface  interne,  elle  est  égale- 
ment lisse  ;  sur  son  milieu  s'élève  une  quille  plate,  qui,  au  bord  supérieur  de  l'écaillé, 


—    lori    — 

se  prolonge  en  un  gros  onglet  articulaire  très-pointu.  Au  bord  inférieur,  on  observe  ,  en  ar- 
rière de  cette  quille  ,  une  dépression  triangulaire  assez  grande  pour  loger  l'onglet  articulaire 
de  l'écaille  inférieure.  A  l'angle  postérieur  de  l'opercule,  on  aperçoit  sur  les  six  premières 
écailles  un  tube  étroit,  qui  les  traverse  complètement  d'avant  en  arrière.  A  en  juger  seule- 
ment d'après  les  dimensions  des  écailles  des  flancs,  il  ne  serait  pas  impossible  que  ce  poisson 
appartint  au  afenre  Àmblyplerm.  De  meilleurs  exemplaires,  sur  lesquels  on  pourra  distinguer 
nettement  la  structure  des  nageoires ,  décideront  de  sa  position  générique.  L'exemplaire  qui 
vient  d'être  décrit  a  été  trouvé  dans  une  géode  de  fer  hydraté  carbonate  de  Nevi'-Haven  près 
de  Leith. 

Je  dois  ajouter  encore,  pour  compléter  ces  additions  au  chapitre  des  Pala?oniscus,  quelques 
indications  sur  deux  des  espèces  qui  viennent  d'être  décrites. 

1)  Il  existe  dans  la  collection  de  M.  le  professeur  Jameson  des  échantillons  de  calcaire  de 
Rutherford  Inn,  à  17  milles  au  sud  d'Edimbourg,  sur  lesquels  on  remarque  des  écailles  du 
P.  Robisoni,  avec  de  petites  coquilles  qu'on  envisage  généralement  comme  des  Planorbes. 

2)  Il  existe  dans  la  collection  de  New-Castle  un  échantillon  du  Palœoniscus  comttis ,  sur 
lequel  on  distingue  les  apophyses  épineuses  des  vertèbres  abdominales ,  qui  sont  courtes  ,  di- 
latées à  leur  extrémité  et  tronquées.  Elles  sont  assez  distantes  l'une  de  l'autre,  ce  qui  prouve 
que  les  corps  de  vertèbres  étaient  au  moins  de  moyenne  longueur. 

3)  Un  exemplaire  de  la  même  espèce  ,  dans  la  collection  de  M.  Witham ,  fait  voir  que  les 
écailles  de  la  face  inférieure  du  corps  sont  beaucoup  plus  petites,  plus  étroites  et  plus  allon- 
gées que  celles  des  côtés.  En  revanche,  il  y  en  a  plusieurs  très-grandes  à  la  racine  de  l'anale. 


//.   Nouvelles  espèces  dv  genre  Amblypterus. 

Avant  de  passer  aux  nouvelles  espèces  que  j'ai  reconnues  dans  les  collections  d'Angleterre, 
je  dois  mentionner  ici  une  espèce  du  Muschelkalk  d'Allemagne,  dont  la  découverte  est  due  à 
M.  le  comte  de  Munster,  c'est  le 

Amblypterus  Agassizu  Munst. 

Sous  ce  nom,  M.  le  comte  de  Miinster  m'a  communiqué  plusieurs  dessins  d'une  espèce  de 
poisson  fossile  trouvée  dans  le  Muschelkalk  d'Esperstaedt  en  Thuringe.  Cette  espèce  a  tous  les 
caractères  des  Amblypterus  :  la  forme  et  la  position  des  nageoires,  la  ténuité  de  leurs  rayons, 
l'aspect  des  écailles  et  la  configuration  générale  du  tronc  sont  les  mêmes  ;  elle  se  rapproche 
même  à  plusieurs  égards  de  V À .  macropterus ,  décrit  ci-dessus,  pag.  ol.  Mais,  d'un  autre 
côté ,  le  museau  est  plus  allongé ,  et  la  mâchoire  supérieure  forme  une  saillie  arrondie  au 
Carton  ToM.  II. 


—     106     — 

dessus  de  la  mâchoire  inférieure,  saillie  qui  résulte  probablement,  comme  dans  les  Palaeo- 
niscus ,  du  développement  considérable  de  Telhmoïde.  Jusqu'ici  j'avais  cru  ce  caractère  ex- 
clusivement propre  aux  Palseoniscus ,  n'ayant  vu  que  peu  d'exemplaires  du  genre  Amblyp- 
terus  dont  la  tête  fût  assez  bien  conservée  pour  ne  me  laisser  aucun  doute  sur  sa  forme. 

La  dorsale  et  l'anale  sont  également  grandes,  mais  leurs  derniers  rayons  sont  fort  courts  , 
ce  qui  fait  paraître  ces  deux  nageoires  très-échancrées.  Le  bord  antérieur  de  la  dorsale  est 
sensiblement  plus  rapproché  de  la  tète  que  celui  de  l'anale  ;  les  ventrales  et  les  pectorales  sont 
plus  petites  que  dans  \'.4.  macropterus.  Les  rayons  des  pectorales  sont  plus  allongés  que  ceux 
des  ventrales.  Les  écailles  sont  très-petites  ;  on  les  voit  en  grande  partie  par  leur  face  exté- 
rieure, qui  est  finement  striée  vers  le  milieu  du  corps  ;  ces  stries  sont  à-peu-près  parallèles  aux 
bords  supérieur  et  inférieur  des  écailles  ;  vers  le  dos ,  elles  divergent  plutôt  en  éventail ,  et 
vers  la  queue,  elles  redeviennent  plutôt  parallèles.  Leur  face  interne  est  entièrement  lisse, 
avec  un  onglet  articulaire  au  milieu  du  bord  supérieur  et  une  fossette  correspondante  à  son 
bord  inférieur.  Dans  la  tête ,  on  distingue  nettement  la  saillie  que  forme  le  bord  antérieur  du 
museau  au  dessus  du  maxillaire  supérieur  ;  le  maxillaire  inférieur  est  proportionnellement 
grand  et  vigoureux  ;  les  pièces  operculaires  sont  étroites  et  se  dirigent  obliquement  vers  l'in- 
sertion de  la  pectorale  ;  à  leur  bord  on  aperçoit  quelques  franges  qui  pourraient  bien  être  des 
traces  des  branchies. 

L'espèce  n'est  encore  connue  que  par  un  seul  exemplaire  qui  se  trouve  dans  la  collection 
de  M.  le  comte  de  Munster.  Il  est  à-peu-près  complet,  car  il  ne  manque  que  la  caudale  et 
une  partie  du  pédicule  de  la  queue.  Ses  dimensions  sont  à-peu-j)rès  celles  de  notre  Spirlin. 
C'est,  jusqu'à  présent,  la  seule  espèce  d'Amblypterus  que  l'on  ait  signalée  dans  le  Muschel- 
kalk,  et  à  cette  occasion  je  dois  rendre  un  juste  tribut  de  reconnaissance  au  zèle  de  mon  sa- 
vant ami  M.  le  comte  de  Miinster.  Il  ne  s'est  pas  seulement  borné  à  enrichir  la  paléontologie 
d'une  foule  de  matériaux  précieux.  Depuis  que  j'ai  déterminé  les  poissons  de  sa  superbe  col- 
lection ,  il  s'est  livré  avec  un  soin  si  particulier  à  l'étude  des  poissons  fossiles,  qu'il  distingue 
maintenant  facilement  leurs  différences  spécifiques,  même  sur  des  fragmens  incomplets." Il  a 
souvent  l'attention  de  m'envoyer  des  descriptions  et  des  croquis  des  espèces  nouvelles  dont  il 
enrichit  tous  les  jours  l'ichtliyologie. 


En  poursuivant  ses  recherches  sur  la  formation  houillère  d'Ecosse  ,  lord  Greenock 
a  fait  une  découverte  fort  importante  pour  l'avancement  de  nos  connaissances  sur  les 
poissons  fossiles.  Dans  les  schistes  bitumineux  de  Wardie  ,  qui  contiennent  une  im- 
mense quantité  de  géodes  de  fer  hydraté  carbonate ,  il  a  remarqué  que  ces  masses  -, 
presque  toutes  arrondies  et  déforme  plus  ou  moins  régulière,  contiennent  comme  noyau 


—     107     — 

quelque  débris  organique,  soit  un  coprolithe,  soit  une  portion  plus  ou  moins  consi- 
dérable de  poisson  fossile.  Les  eaux  de  la  nier,  qui  baignent  ces  couches,  détachent 
facilement  ces  géodes  que  l'on  trouve  en  grande  aljondance  à  New-llaven  près  de 
Leith.  C'est  là  que  lord  Greenock  a  ramassé  ses  beaux  Ichthyolithes  ;  on  en  a  égale- 
ment trouvé  sur  la  côte  opposée  et  à  Inchkeith.  La  collection  de  lord  Greenock  con- 
tient le  plus  grand  nombre  de  fossiles  de  ces  localités ,  parmi  lesquels  j'ai  distingué  au 
moins  huit  espèces  de  poissons,  et  entr'autres  plusieurs  Ainbljptcrus.  D'autres  es- 
pèces appartiennent  au  genre  Pjgopterus  de  la  famille  des  Sauroïdes  ;  c'est  proba- 
blement de  celles-ci  que  proviennent  les  nombreux  coprolithes  que  l'on  trouve  aussi 
dans  ces  géodes  ,  et  qui  contiennent  fréquemment  des  écailles  de  ces  mêmes  Ambly- 
pterus.  D'autres  poissons,  des  genres  lùirjnoùis  et  Acantliodes j  n'ont  été  trouvés 
jusqu'ici  que  par  fragmens  incomplets  ;  en  sorte  que  l'on  doit  s'attendre  encore  à  de 
nouvelles  découvertes  intéressantes,  qui  enrichiront  la  Faune  de  la  formation  houil- 
lère. Parmi  ces  fragmens,  il  y  a  des  traces  certaines  de  Placoïdes ,  que  je  décrirai 
plus  tard.  M.  W.  Trevelyan  m'a  également  communiqué  de  beaux  exemplaires  de 
ces  poissons.  J'en  ai  vu  d'autres  au  musée  d'Oxford,  qui  m'ont  été  communiqués  par 
M.  le  professeur  Buckland.  — ■  Les  espèces  du  genre  Ambljpterus  trouvées  à  New- 
Haven ,  sont  : 

i,  Amblypterus  nemopterus  Ag. 

Yol.  2.  Tab.  4  Jfj  fig-  I  et  2. 

Cette  espèce  ressemble  beaucoup  à  VA.  macroptenis  de  Saarbriick  ;  et  si  je  n'en  avais 
pas  vu  des  exemplaires  très-complets,  je  n'aurais  pas  osé  me  prononcer  sur  la  diffé- 
rence spécifique  bien  caractérisée  qui  les  distingue.  La  forme  générale  de  V Ambly- 
pterus nemopterus  est  la  même  que  celle  du  macroptenis  :  la  partie  antérieure  du  tronc 
est  environ  du  double  plus  large  que  le  pédicule  de  la  queue,  et  le  dos  est  uniformé- 
ment arqué.  Les  rayons  des  nageoires  sont  grêles,  et  ceux  du  bord  antérieur  de  la 
dorsale  et  de  lanale  considérablement  plus  allongés  que  ceux  du  bord  postérieur  de 
ces  nageoires.  Les  pectorales  et  les  ventrales  sont  également  acuminées.  Ce  sont  ces 
caractères  surtout  qui  distinguent  l'espèce  de  New-Haven  d'avec  celle  de  Saarbriick , 
dont  les  larges  pectorales  et  les  ventrales  sont  très-arrondies,  et  dont  la  dorsale  et 
l'anale  n'ont  pas  de  rayons  très-allongés  à  leur  bord  antérieur. 

La  tête  de  cette  espèce  est  petite ,  égalant  environ  un  cinquième  de  la  longueur 
totale  du  corps;  l'œil,  également  petit,  est  placé  tout-à-fait  au  bout  du  museau.  Les 
mâchoires  sont  assez  bien  conservées  pour  que  l'on  puisse  reconnaître  qu'elles  sont 
fortes,  garnies  à  leur  bord  de  très-petites  dents  coniques,  peut-être  en  brosse.  La 


—     108     — 

gueule  est  très-fendue.  Du  reste,  les  os  de  la  tête  sont  trop  mal  conservés  pour  cpi'il 
soit  possible  de  décrire  leur  forme.  Les  pièces  operculaires  paraissent  avoir  été  très- 
étroites  5  et  à  en  juger  d'après  l'empreinte  de  quelques  fragmens,  leur  surface  exté- 
rieure était  striée.  Les  os  de  la  ceinture  tlioracique  l'étaient  certainement,  dans  leur 
sens  longitudinal.  Les  rayons  de  toutes  les  nageoires  sont  grêles,  et  ont  des  articula- 
tions assez  distantes.  La  dorsale  n'occupe  pas  exactement  le  milieu  du  dos  ;  elle  est 
un  peu  plus  rapprochée  de  la  caudale  que  de  la  tête;  sa  base  est  large,  ses  rayons 
antérieurs  très-développés  et  au  moins  six  fois  plus  longs  que  ses  rayons  postérieurs  5 
ils  sont  tous  bifurques  à  plusieurs  reprises  jusque  vers  leur  milieu  ;  leurs  articulations 
transverses  sont  au  moins  du  double  plus  longues  que  les  rayons  ne  sont  larges.  En 
avant  de  la  dorsale ,  les  écailles  du  dos  s'élèvent  insensiblement  le  long  de  son  bord 
antérieur,  et  finissent  par  former  de  petits  rayons  qui  s'étendent  jusqu'à  l'extrémité 
des  plus  grands.  L'anale  a  sa  base  encore  plus  large  ,  et  à-peu-près  de  la  même  forme 
que  la  dorsale  ;  les  rayons  de  son  bord  antérieur  sont  également  très-allongés ,  tous 
bifurques  à  plusieurs  reprises  ;  mais  les  articulations  transversales  sont  un  peu  plus 
rapprochées.  La  caudale  n'est  entière  dans  aucun  des  exemplaires  que  j'ai  vus  ;  ce- 
pendant l'on  peut  s'assurer  sur  celui  que  j'ai  figuré,  que  son  lobe  inférieur  est  plus 
allongé  qu'il  ne  l'est  en  général  dans  les  Amblyptcnis.  Tous  les  rayons  de  cette 
nageoire  sont  grêles,  profondément  bifurques;  leurs  articulations  transversales, 
quoique  plus  longues  que  larges,  sont  cependant  plus  rapprochées  que  dans  les  autres 
nageoires.  Le  long  du  prolongement  de  la  queue,  les  écailles  impaires  qui  le  bordent 
ne  sont  pas  beaucoup  plus  grandes  que  celles  de  ses  côtés.  Les  pectorales  et  les  ven- 
trales sont  plus  petites  ,  c'est-à-dire,  plus  étroites  que  dans  VA.  macvopterus ^  mais 
les  rayons  de  leur  bord  antérieur  sont  beaucoup  plus  allongés;  ce  qui  donne  à  ces 
nageoires  une  forme  très-différente,  plutôt  semblable  à  une  faucille  qu'à  une  large 
rame.  Les  écailles  sont  généralement  de  grandeur  médiocre,  plutôt  petites;  propor- 
tionnellement à  la  taille  du  poisson  ;  elles  sont  presque  de  même  forme  et  de  même 
grandeur  sur  tout  le  corps  ;  celles  de  la  partie  antérieure  des  flancs  sont  seulement 
un  peu  plus  hautes  et  plus  grandes  que  celles  des  côtés  de  la  queue  ;  sur  le  prolon- 
gement de  celles-ci  elles  sont  un  peu  plus  longues  que  larges.  Leur  surface  extérieure 
est  ornée  de  petites  rides  saillantes,  disposées,  à-peu-près  comme  les  lignes  d'accrois- 
sement ,  en  losanges  concentriques  plus  ou  moins  régulières  et  un  peu  oblicjues ,  de 
telle  sorte  que  leurs  angles  aigus  sont  tournés  vers  les  angles  supérieur-antérieur  et 
inférieur-postérieur  de  chaque  écaille.  11  faut  être  sur  ses  gardes  pour  ne  pas  con- 
fondre ces  rides  de  l'émail  qui  orne  la  surface  des  écailles,  avec  les  stries  d'accrois- 
sement que  l'on  voit  en  dessous  dans  les  écailles  brisées.  La  ligne  latérale  s'étend 
directement  de  l'angle  supérieur  de  l'operculé  au  milieu  de  la  queue  ;  on  distingue  à 


—     109     — 

travers  ses  écailles  de  petits  tubes  obliques,  qui  forment,  à  raison  de  leur  direction 
inclinée ,  une  série  comparable  à  des  hachures  obliques ,  parallèles  entre  elles  à  la  par- 
tie antérieure  du  corps ,  mais  qui  sont  placées  de  plus  en  plus  bout  à  bout  vers  son  ex- 
trémité postérieure. 

Celte  espèce  et  la  suivante  paraissent  être  très-fréquentes  à  New-Haven  ;  la  moitié 
des  poissons  que  l'on  trouve  dans  cette  localité  appartiennent  à  l'une  ou  à  l'autre. 
Lord  Greenock  et  31.  Trevelyan  possèdent  plusieurs  exemplaires  de  VA.  nemopterus  ; 
l'original  de  ma  figure  appartient  à  M.  Trevelyan. 

2.  Amblypterus  punctatus  Ag. 

Vol.  2.  Tab.  4  c,  fig.  3,  4,  5,  6,  7  et  8. 

Cette  espèce  a  le  corps  considérablement  plus  large  que  VA.  nemopterus  ;  du  reste 
elle  en  diffère  encore  par  tant  de  particularités  de  détail ,  qu'il  serait  difficile  de  les 
confondre.  Cependant,  et  quelque  commune  que  soit  cette  espèce  à  New-Haven,  je 
n'en  ai  point  encore  vu  d'exemplaire  complètement  entier  •,  les  originaux  de  toutes 
mes  figures  4  et  5,  sont  de  la  collection  de  lord  Greenock,  qui  en  possède  encore  plu- 
sieurs autres.  La  fig.  4  donne  une  idée  des  proportions  de  la  tête,  et  de  ses  dimen- 
sions comparées  à  celles  du  tronc.  La  fig.  5  représente  un  très-beau  fragment  du 
tronc,  avec  la  dorsale,  l'anale,  une  portion  de  la  caudale  et  les  ventrales.  Dans  l'exem- 
plaire de  la  fig.  3,  les  nageoires  impaires  sont  encore  mieux  conservées. 

La  tête  de  VA.  punctatus  paraît  proportionnellement  encore  plus  petite  que  celle  du 
nemopterus j  à  cause  de  la  largeur  considérable  de  la  partie  antérieure  du  tronc;  sa 
hauteur,  entre  l'occiput  et  l'articulation  de  la  mâchoire  inférieure ,  est  presque  deux 
fois  comprise  dans  la  hauteur  du  corps  en  avant  de  la  dorsale.  La  surface  des  os  du 
crâne  est  sillonnée  de  rides  confluentes,  comme  les  pièces  operculaires  du  Dapedium 
politum.  Les  os  pariétaux  sont  quadrangulaires ,  tandis  que  les  frontaux  sont  très- 
allongés  ;  au  milieu  du  bord  intérieur  de  celui  de  droite ,  on  remarque  une  saillie  ar- 
rondie qui  avance  sur  le  bord  avoisinant  du  frontal  gauche.  En  dehors  de  celui-ci,  et 
sur  le  côté  du  pariétal  gauche,  on  voit  un  grand  mastoïdien  formant  un  triangle  très- 
allongé,  dont  la  surface  extérieure  est  couverte  d'une  grosse  granulation.  L'orbite  est 
proportionnellement  plus  grande  que  dans  le  nemopterus  y  elle  est  placée  immédia- 
tement au-dessus  du  milieu  de  la  mâchoire  supérieure.  La  plaque  cornée  qui  soute- 
nait la  sclérotique  du  bulbe  de  l'oeil  a  conservé  sa  forme  arrondie  dans  la  partie  su- 
périeure de  l'orbite.  La  gueule  est  très-fendue,  et  la  juâchoire  inférieure  surtout 
vigoureuse  ;  on  remarque  sur  son  bord  et  sur  celui  de  la  mâchoire*  supérieure  ,  une 

série  de  petites  dents  en  cônes  oljtus ,  qui  paraissent  avoir  été  disposées  siu"  plusieurs 
ToM.  II.  15 


—     110     — 

rangées,  à  en  juger  du  moins  d'après  l'extrémité  de  cette  mâchoire,  qui  est  brisée 
obliquement,  et  sur  la  tranche  de  laquelle  on  distingue  encore  des  traces  de  dents  en 
arrière  de  celles  que  l'on  voit  sur  son  bord.  Les  pièces  operculaires  sont  assez  élevées, 
et  paraissent  plus  hautes  que  longues  ;  leur  surface  extérieure  est  ornée  de  grosses 
rides  qui  s'étendent  un  peu  obliquement  du  bord  antérieur  au  bord  postérieur.  Les 
joues  sont  recouvertes,  comme  dans  les  Dapedium  et  les  Tetragonolepis j  de  grosses 
plaques  anguleuses  et  allongées,  qui  s'étendent  au-dessous  des  sous-orbitaires  jus- 
qu'au préopercule.  En  dessous  de  la  mâchoire  inférieure  on  remarque  des  traces  de 
sept  ou  huit  rayons  branchiostègues ,  dont  le  premier  est  le  plus  court  et  en  même 
temps  le  plus  large.  Dans  l'exemplaire  de  la  fig.  4?  on  distingue  l'insertion  de  la  pec- 
torale gauche,  en  dessous  de  l'angle  saillant  que  forme  l'humérus  dans  cette  région. 
Les  ventrales  sont  opposées  au  bord  antérieur  de  la  dorsale  ;  celle-ci  et  l'anale  ont  à 
peu  près  la  même  forme  ;  leurs  rayons  antérieurs  sont  beaucoup  plus  allongés  que  les 
postérieurs,  et  comme  ils  diminuent  insensiblement  de  longueur,  ces  nageoires  ont  à 
peu  près  une  forme  triangulaire ,  l'étendue  de  leur  base  égalant  presque  la  longueur 
de  leurs  rayons  antérieurs.  Tous  les  rayons  sont  bifurques  à  plusieurs  reprises,  à  leur 
extrémité  seulement  5  leurs  divisions  transversales  ne  sont  pas  très-rapprochées ,  en 
sorte  que  les  articles  paraissent  encore  plus  longs  que  larges.  La  caudale  a  des  rayons 
ulus  grêles ,  et  dont  les  bifurcations  sont  plus  profondes  5  leurs  articulations  trans- 
versales sont  aussi  plus  rapprochées.  La  forme  des  écailles  varie  suivant  leur  posi- 
tion :  celles  de  la  partie  antérieure  du  corps  sont  plus  grandes,  et  plus  hautes  que  lon- 
gues j  leur  bord  supérieur  est  concave,  et  leur  bord  inférieur  convexe.  Celles  de  la 
région  anale  et  des  côtés  de  la  queue  ont  leurs  bords  droits  et  à  peu  près  égaux;  elles 
sont  aussi  plus  petites  que  celles  de  la  région  antérieure  ;  les  plus  petites  de  toutes 
sont  celles  qui  recouvrent  le  prolongement  de  la  queue  ;  elles  ont  la  forme  de  losanges 
plus  allongées.  La  surface  de  toutes  ces  écailles  est  ornée  d'un  dessin  creux,  qui  varie 
un  peu  dans  les  différentes  régions  du  corps  :  sur  les  écailles  antérieures,  fig.  6,  ce 
sont  des  lignes  ondulées  obliques  et  plus  serrées  au  bord  antérieur  de  chaque  écaille , 
entremêlées  de  quelques  points  plus  nombreux  au  bord  postérieur  ;  sur  les  écailles 
postérieures,  fig.  7,  ces  lignes  sont  moins  serrées,  et  les  points  plus  nombreux  ;  enfin 
sur  celles  du  pédicule  de  la  caudale,  les  lignes  disparaissent  complètement,  et  l'on 
n'aperçoit  que  quelques  points  épars.  La  surface  intérieure  des  écailles  est  lisse  ;  les 
onglets  articulaires  et  les  fossettes  qui  les  reçoivent  sont  plus  petits  que  dans  le  Pa~ 
lœonisciis  carinaUis  j  que  l'on  trouve  dans  les  mêmes  localités.  La  quille  transverse 
est  moins  marquée  et  moins  rapprochée  de  la  fossette  articulaire. 

Les  exemplaires  de  mes  fig.  4  et  5  sont  de  la  collection  de  lord  Greenock  5  celui  de 
ma  fig.  3,  appartient  à  M.  Buckland.  Ils  ont  tous  été  trouvés  dans  des  géodes  de  fer 
hydraté  carbonate  de  New-llaven. 


^   111   — 

3.  Amblypterus  striatus  Ag. 
Vol.  2.  Tab. /^Z'.fig.  3,  4,  5et6. 

Au  premier  aspect,  et  lorsqu'on  ne  possède  pas  des  exemplaires  complets  de  cette 
espèce,  l'on  se  douterait  à  peine  qu'elle  appartient  au  genre  Ambljptenis.  Les  pre- 
miers exemplaires  que  j'ai  vus  m'avaient  fait  supposer  que  c'était  une  espèce  d'un 
genre  encore  inconnu.  C'est  ainsi  qu'elle  se  trouve  désignée  dans  les  Proceedwgs  of 
the  4  Meeting  of  the  Br.  Ass.j  pag.  76.  Mais  en  l'examinant  plus  en  détail,  surtout 
sur  des  exemplaires  où  les  nageoires  sont  conservées,  et  en  comparant  la  structure 
et  la  position  de  ses  nageoires  avec  celles  des  genres  dont  elle  me  paraissait  du  reste 
se  rapprocher,  j'ai  reconnu  que,  malgré  la  grandeur  extraordinaire  de  ses  écailles,  elle 
devait  rentrer  dans  le  genre  Ambljpierus.  En  effet,  tous  ses  caractères  génériques 
coïncident  parfaitement  avec  ceux  des  Amblypterus.  Son  aspect  particulier  provient 
seulement  de  ce  que  les  écailles,  fig.  4  et  6,  sont  au  moins  du  double  plus  grandes 
dans  cette  espèce  que  dans  les  autres  du  genre.  Leur  surface  extérieure  est  couverte 
de  grosses  rides  très-saillantes,  qui  s'étendent  obliquement  du  bord  antérieur  au  bord 
postérieur,  se  confondant  quelquefois  entre  elles.  Le  bord  antérieur  des  écailles,  qui 
est  recouvert  par  la  série  précédente,  est  parfaitement  lisse  ;  l'onglet  articulaire  de 
leur  bord  supérieur  est  petit,  proportionnellement  à  leur  taille.  Tous  ces  caractères 
tirés  des  écailles  pourraient  faire  supposer  que  mes  Gjrolepisj  dont  je  ne  connais  pas 
les  nageoires,  mais  qui  ont  aussi  de  grosses  écailles  ridées  obliquement,  sont  des  es- 
pèces à^  Amblypterus  ;  cependant  la  dentition  de  ces  deux  genres  est  très-différente, 
les  Gyiolepis  ayant  les  dents  en  cônes  arrondis ,  serrées  sur  plusieurs  rangées ,  tan- 
dis que  les  Amblypterus  les  ont  en  fine  brosse. 

L'espèce  dont  il  s'agit  ici  est  très-large ,  proportionnellement  à  sa  grandeur  ;  sa 
forme  générale  est  celle  d'un  fuseau  raccourci.  La  tête  est  énorme,  car  elle  est  à  peine 
comprise  quatre  fois  dans  la  longueur  totale  \  elle  est  allongée ,  se  terminant  en  pointe 
en  avant.  L'orbite  est  très-petite,  placée  très  en  avant.  La  gueule  est  extrêmement 
fendue;  la  mâchoire  inférieuie  paraît  un  peu  plus  courte  que  la  supérieure.  Les  pièces 
operculaires  sont  étroites  et  placées  obliquement  sur  la  partie  postérieure  de  la  tête. 
Les  nageoires  sont  immenses ,  proportionnellement  à  la  petite  taille  du  poisson  5  elles 
sont  même  plus  grandes  que  dans  VA.  macroptenis.  La  dorsale  est  placée  en  arrière 
du  milieu  du  dos  ;  son  bord  antérieur  est  même  plus  reculé  que  le  bord  antérieur  des 
ventrales  ;  et  son  bord  postéiieur  s'étend  presque  jusque  vis-à-vis  le  bord  antérieur  de 
l'anale.  Les  rayons  de  cette  nageoire,  comme  ceux  de  toutes  les  autres,  sonttrès-grèles, 
bifurques  à  plusieurs  reprises  à  leur  extrémité  seulement  ;  leurs  divisions  transversales 


—     112    — 

sont  très-éloignées  ;  en  sorte  que  les  articles  des  rayons  paraissent  beaucoup  plus  longs 
que  larges.  Ses  rayons  antérieurs  sont  beaucoup  plus  longs  que  les  postérieurs  :  les 
premiers  de  son  bord  ne  s'élèvent  cependant  que  très-insensiblement.  L'anale  a  à  peu 
près  la  même  forme  que  la  dorsale.  Les  pectorales,  fig.  3,  sont  extrêmement  al- 
longées )  leur  extrémité  s'étend  jusque  vers  le  milieu  de  l'insertion  des  ventrales. 
Celles-ci,  fig.  5  et  3,  ont  des  rayons  moins  allongés 5  mais  leur  base  est  très-large  et 
s'insère,  comme  chez  les  Esturgeons,  dans  toute  son  étendue.  La  caudale  manque 
complètement. 

Tous  les  exemplaires  que  j'ai  vus  de  cette  intéressante  espèce  proviennent  de  New- 
Haven ,  et  se  trouvent  dans  la  collection  de  Lord  Greenock. 


De  nombreux  exemplaires  des  Ainblypterus  macropterus  ^  eupterygiuSj  lateralis 
et  latuSj  que  j'ai  examinés  dans  les  collections  de  M.  le  comte  de  Munster,  de  Sir  Ph. 
Egerton  et  de  Lord  Cole,  ont  confirmé  les  caractères  assignés  précédemment  à  ces 
espèces. 


III.  Additions  au  genre  Dipterus  Sedgw.  et  Murch.,  ou  Catopterus  Agass.,  et 
au  genre  Osteolepis  Tal.  et  Peut.  5  et  Notice  sur  le  nouveau  genre  Diplopterus 
Agass. 

Je  n'ai  point  encore  examiné  de  poissons  fossiles  dont  j'aie  eu  plus  de  peine  à  recon- 
naître les  caractères,  que  ceux  dont  MM.  Sedgwick  et  Murchison  ont  fait  leur  genre 
Dipterus.  Au  chapitre  3 ,  pag.  23  de  ce  volume ,  j'ai  donné  un  extrait  de  leurs  obser- 
vations et  de  celles  de  Cuvier  et  de  31M.  Valenciennes  et  Pentland,  sur  le  gisement 
et  les  caractères  de  ces  poissons,  dont  je  n'aAais  vu  jusqu'alors  que  quelques  fragmens 
qui  m'avaient  été  communiqués  à  Paris  par  M.  Pentland.  Croyant  que  la  séparation 
des  rayons  supérieurs  du  corps  en  deux  nageoires  dorsales ,  telles  qu'elles  sont  repré- 
sentées dans  la  figure  restaurée  par  Cuvier,  pourrait  bien  être  le  résultat  d'une  dis- 
location violente,  je  les  avais  réunies  au  trait  dans  ma  fig.  2 ,  Tab.  A,  vol.  i ,  et  j'a- 
vais attaché  plus  d'importance  à  la  position  reculée  des  rayons  dorsaux  et  à  leur  op- 
position à  l'anale,  et  changé  le  nom  générique  de  DipteniSj  qui  me  paraissait  impropre, 
en  celui  de  Catopterus.  Cependant  la  présence  de  deux  dorsales  bien  distinctes  s'est 


—     115     — 

trouvée  pleinement  confirmée  par  rinspeclion  que  j'ai  faite  à  Londres  des  exemplaires 
originaux  des  ligures  de  MM.  Sedgwick  et  Murchison,  et  qui  se  trouvent  déposés 
dans  la  collection  de  la  Société  Géologique.  La  présence  des  ventrales  n'est  également 
plus  douteuse  maintenant;  elles  se  trouvent  en  avant  de  la  dorsale  antérieure.  Les 
caractères  assignés  au  genre  Dipterus  se  trouvant  ainsi  confirmés,  je  dois  le  faire  ren- 
trer dans  tous  ses  droits.  Cependant,  en  examinant  à  Edimbourg  la  belle  collection 
de  poissons  fossiles  recueillis  par  M.  Traill,  dans  l'île  de  Pomona,  la  plus  grande  des 
Orkney,  et  dont  les  couches  sont  un  prolongement  de  celles  de  Caitliness,  j'ai  trouvé 
des  exemplaires  parfaitement  bien  conservés ,  semblables  aux  Dipteius  en  ce  qu'ils 
avaient  aussi  deux  dorsales,  mais  qui  paraissaient  en  différer  par  la  présence  simulta- 
née de  deux  anales,  tantôt  opposées  aux  dorsales,  tantôt  alternant  avec  elles.  J'ai  cru 
pouvoir  en  faire  deux  nouveaux  genres  sous  les  noms  de  Diplopterus  et  de  Pleiopte- 
rusj  indiqués  dans  les  Proceedings  Brit.  Ass.  pag.  7 5.  —  De  retour  à  Londres,  j'ai 
dû  comparer  ces  poissons  avec  les  Diptenis,  dans  l'intention  de  découvrir  dans  les 
écailles  quelque  caractère  qui  permît  de  les  distinguer  encore,  alors  même  que  les 
nageoires  auraient  entièrement  disparu.  Mais  j'ai  été  très-surpris  de  trouver  que  les 
Diptenis  avaient  aussi  deux  anales,  dont  la  présence,  rappelée,  il  est  vrai,  par  des 
rayons  bien  mutilés,  m'avait  échappé  précédemment,  ainsi  qu'aux  observateurs  qui 
les  avaient  examinés  avant  moi.  Et  pourtant  ces  deux  anales  sont  représentées  distinc- 
tement dans  une  des  figures  des  Trans.  de  la  Soc.  Géol. ,  Tab.  i5,  fig.  3  ;  on  en  voit 
même  aussi  des  traces,  Tab.  i5,  fig.  i.  Seulement  la  première  anale  est  refoulée  sur 
les  écailles,  auxquelles  elle  donne  un  aspect  strié.  Dès-lors  le  genre  Dipterus  doit 
avoir  pour  caractère  générique  distinctif  deux  dorsales  opposées  à  deux  anales  sem^ 
blables  j  avec  une  caudale  conformée  comme  celle  du  genre  Palœoniscus. 

Mon  genre  Diplopterus  a  aussi  deux  dorsales  opposées  à  deux  anales  semblables  5 
mais  la  caudale  a  une  forme  très-particulière  ;  la  gueule  est  très-grande  et  les  mâ- 
choires sont  ai-mées  de  grosses  dents  coniques.  Il  appartient  à  la  famille  des  Sau- 
roïdes.  MM.  Sedgwick  et  Murchison  en  ont  représenté  des  fragmens,  Géol.  Trans. 
vol.  3,  Planche  16,  fig.  4,  5  et  7.  * 

Quant  aux  espèces  chez  lesquelles  les  deux  dorsales  et  les  deux  anales  ne  sont  pas 
opposées  les  unes  aux  autres,  et  qui  constituent  mon  genre  Pleiopterus ^  établi  sur 
des  exemplaires  très-complets,  je  me  suis  convaincu  dans  la  collection  de  M.  Mur- 
chison, par  l'examen  de  leurs  écailles,  qu'elles  sont  synonymes  de  celles  dont 
MM.  Valenciennes  et  Pentland  ont  fait  leur  genre  Osteolepis j  et  dont  ils  n'ont  connu 
que  des  fragmens  très-incomplets  de  la  cuirasse  écailleuse.  Je  leur  conserverai  cepen- 
dant le  nom  à'Osteolepis  ^  parce  que ,  guidés  par  ce  sentiment  qui,  dans  l'étude  des  fos- 
siles, fait  souvent  apercevoir  des  différences  importantes  alors  même  qu'on  ne  peut 


—     114     — 

pas  les  exprimer,  ces  savans  observateurs  ont  distingué  très-à-propos  les  Osteolepis 
des  Dipterus ,  quoique  d'après  des  exemplaires  où  les  caractères  génériques  distinctifs 
n'étaient  nullement  visibles. 

Des  espèces  du  genre  Dipterus. 

Plus  j'examine  les  exemplaires  originaux  sur  lesquels  les  quatre  espèces  de  Dip- 
terus décrites  et  figurées  dans  le  3"""  vol.  des  Trans.  de  la  Soc.  Géol.  de  Londres 
ont  été  établies,  moins  il  me  paraît  plausible  de  distinguer  ces  différentes  formes 
comme  des  espèces  particulières.  J'ai  sous  les  yeux  toutes  ces  plaques,  et  en  outre 
plusieurs  autres  qui  m'ont  été  communiquées  par  M.  Witham,  par  M.  le  D'  Hibbert 
et  par  M.  Jameson  Torrie ,  et  qui  me  paraissent  présenter  une  série  non  interrom- 
pue des  différentes  phases  de  développement  de  la  même  espèce.  Les  plus  jeunes  ont 
été  décrits  sous  le  nom  de  Dipterus  Valenciennesii^  Géol.  Trans.  pi.  i6,  fig.  i  et  3. 
J'ai  reproduit  la  fig.  i  dans  la  fig.  3  de  ma  Tab.  2.  Le  Z>.  macrolepidotus^  pi.  16,  fig.  2, 
et  le  D.  brachjpjgopterus  j  pi.  17,  fig.  1,2  et  3,  sont  des  individus  de  moyenne 
taille,  que  l'on  trouve  le  plus  communément  j  ils  ne  diffèrent  l'un  de  l'autre  que  par 
leur  état  de  conservation.  Le  macrolepidotus  paraît  avoir  de  plus  grosses  écailles, 
parce  que  leur  émail  étant  en  partie  resté  intact,  elles  ont  conservé  leur  forme  natu- 
relle rliomboïdale  ;  tandis  que  dans  le  brachjpj gopterus j  dont  la  surface  est  forte- 
ment usée ,  les  écailles  sont  arrondies,  et  paraissent  proportionnellement  plus  petites. 
Cependant,  dans  l'exemplaire  de  la  fig.  i  ,  pi.  16,  Géol.  Trans.,  oii  la  partie  posté- 
rieure du  corps  est  enlevée,  on  voit  des  empreintes  d'écaillés  rhomboïdales  qui  pa- 
raissent plus  grandes  que  les  écailles  arrondies  de  la  partie  antérieure  du  corps.  J'ai 
reproduit  cette  figure  dans  ma  Tab.  2 ,  fig.  2  ,  et  celle  du  macrolepidotus  même  Tab. 
fig.  4-  C'est  également  de  l'usure  que  provient  la  différence  de  longueur  entre  les 
rayons  du  D.  bracbypy gopterus ,  et  ceux  des  autres  espèces  nominales  de  ce 
genre.  Le  D.  macropj gopterus  des  Géol.  Trans.  pi.  i5,  fig.  i,  2  et  3,  dont  j'ai  re- 
produit la  fig.  I  dans  ma  Tab.  2 ,  fig.  i ,  représente  les  plus  grands  exemplaires  de  ces 
poissons,  qui  me  paraissent  seulement  être  de  vieux  individus  de  cette  même  espèce, 
à  laquelle  le  nom  de  D,  macrolepidotus  conviendrait  le  mieux  sous  tous  les  rapports. 

Je  vais  ajouter  encore  quelques  détails  sur  les  caractères  particuliers  qui  distinguent 
ce  poisson  des  autres  espèces  trouvées  dans  les  schistes  de  Caithness  et  de  Pomona. 


—      llo     — 

DiPTKRUS  MACROLEPiDOTus  Seclgw.  et  MuTch. 


n 


Vol.  2,  Tab.  2  fig.  I,  2,  3,  4j  et  Tab.  2  «^  fig.  i ,  2,  3,  4  et  5. 

Diplci'us  niacropyfjopterus  Sedgw.  et  Murcli. ,  Geol.  Trans.  pi.  i5,  fig.  i ,  2  et  3  ;  Poiss.  foss.  Ag.  VoJ.  2 , 
Tab.  2,  fig.  I. —  Dipterus  brachypygoptcrus  Sedgw.  et  Murch.  Geol.  Trans.  pi.  17,  fig.  1  ,  2  et  3 -, 
Poiss.  foss.  Ag.  Vol.  2  ,  Tab.  2  ,  fig.  2.  —  Dipterus  macrolepidotus  Sedgw.  et  Murch. ,  Geol.  Trans.  pi. 
iG,  fig.  2  ;  Poiss.  foss.  Ag. ,  vol.  2 ,  Tab.  2  ,  fig.  4.  —  Dipterus  Valenciennesii ,  Geol.  Trans. ,  pi.  16,  fig. 
j  et  3  ;  Poiss.  foss.  Ag. ,  vol.  2,  Tab.  2,  fig.  3.  —  Catopterus  analis  Ag.  Poiss.  foss.  vol.  2 ,  pag.  23 — 27. 

Toutes  les  figures  des  Trans.  de  la  Soc.  Géol.  n'ayant  pas  été  dessinées  au  miroir, 
sont  renversées  ;  il  en  est  de  mênie  de  mes  figures  Tab.  2 ,  qui  en  sont  des  copies  faites 
avant  que  j'eusse  vu  les  originaux  5  (j'en  ai  fait  dessiner  de  nouveau  quelques-uns, 
Tab.  2  rt.  )  Cette  circonstance  et  celles  que  j'ai  indiquées  plus  liant,  expliquent  com- 
ment il  se  fait  que  ce  poisson  ait  été  indiqué  à  différentes  reprises  sous  différens  noms. 

La  tête  de  ce  Dipterus j  qui  maintenant  paraît  être  l'unique  du  genre ,  est  petite 
proportionnellement  à  sa  taille  •  elle  égale  environ  un  cinquième  de  la  longueiu"  to- 
tale du  poisson,  Tab.  2  a^  fig.  2.  Sa  forme  est  arrondie,  le  museau  obtus,  la  gueule 
peu  fendue,  les  mâclioires  étroites,  l'orbile  de  moyenne  grandeur,  entourée  d  un  cercle 
de  sous-orbitaires  étroits;  les  pièces  operculaires  sont  larges ,  l'opercule  surtout.  En 
dessous  de  la  mâclioire  inférieure  on  aperçoit  quelques  i-ayons  brancbiostègues  très- 
larges.  La  ceinture  tlioracique  est  vigoureuse;  l'angle  de  i'bumérus  est  arrondi;  les 
pectorales,  insérées  sur  son  angle  inférieur,  sont  étroites.  La  forme  générale  du  corps, 
lig.  I ,  est  élancée  ;  la  partie  antérieure  de  la  nuque  est  la  région  du  corps  la  pins 
grosse.  Depuis  le  milieu  du  dos  en  arrière,  le  tronc  se  rétrécit  insensiblement.  Le 
pédicule  de  la  queue ,  en  avant  de  la  caudale ,  égale  à  peine  en  épaisseur  la  moitié  de 
celle  du  tronc.  Les  écailles  sont  plus  grandes ,  proportionnellement,  que  dans  les  Pa- 
lœoniscus,  quoique  ce  soit  avec  les  espèces  élancées  de  ce  genre  que  le  genre  Dipterus 
ait  le  plus  de  ressemblance  dans  son  port.  La  surface  extérieure  des  écailles  est  lisse  ; 
mais  il  est  rare  de  trouver  des  exemplaires  où  l'émail  soit  encore  conservé.  Lorsqu'elles 
sont  intactes,  fig.  5,  elles  ont  une  forme  rhomboïdale  et  sont  disposées  en  séries 
transversales  très-obliques  ;  en  sorte  que  les  bords  supérieur  et  inférieur  de  chaque 
écaille  sont  presque  perpendiculaires,  c'est-à-dire,  parallèles  à  une  section  transver- 
sale du  corps,  tandis  que  leur  bord  postérieur  est  dirigé  en  arrière  et  en  haut.  Lorsque 
l'émail  est  enlevé,  les  lames  qui  constituent  le  corps  des  écailles  s'usent  facilement;  et 
alors  leurs  bords  s'arrondissent  par  le  frottement,  de  manière  à  ce  que ,  par  suite  de 
leur  position  naturelle,  leur  angle  inférieur  et  postérieur  disparaissant  insensiblement, 
elles  prennent  dans  cet  état  l'aspect  d'écaillés  cycloïdes  arrondies,  et  imbriquées 
comme  dans  les  poissons  ordinaires,  fig.  4  ;. tandis  qu'en  y  regardant  de  près,  on  peut 


—     116    — 

s'assurer  qu'elles  sont  soudées  les  unes  aux  autres  par  leurs  bords  supérieur  et  infé- 
rieur. La  ligne  latérale  est  très-rapprochée  du  dos,  avec  le  bord  ducpiel  elle  est  pa- 
rallèle j  c'est-à-dire,  qu'elle  est  arquée  en  liaut  à  sa  partie  antérieure.  Les  écailles  qui 
recouvrent  le  prolongement  du  pédicule  de  la  queue,  sont  beaucoup  plus  petites  que 
celles  du  reste  du  corps. 

La  structure  et  la  position  des  nageoires,  fig.  3,  sont  les  traits  les  plus  caractéris- 
tiques de  ce  poisson.  Il  y  a  deux  dorsales  rapprochées  l'une  de  l'autre,  et  placées  im- 
médiatement en  avant  de  la  caudale  ;  deux  anales  à  peu  près  semblables  correspon- 
dent aux  deux  dorsales,  auxquelles  elles  sont  opposées  5  tandis  que  les  ventrales  sont 
placées  lui  peu  en  avant  de  la  première  anale  et  de  la  première  dorsale.  Dans  aucun 
des  exemplaires  que  j'ai  vus,  les  ventrales  n'étaient  entières;  cependant  leur  exis- 
tence dans  la  position  indiquée  n'est  point  douteuse.  A  en  juger  d'après  la  manière 
dont  les  écailles  du  ventre  ont  fréquemment  glissé  les  unes  sur  les  autres ,  il  est  pro- 
bable que  le  corps  de  ce  poisson  était  arrondi,  et  qu'en  se  comprimant,  les  ventrales  et 
les  pectorales  ont  ordinairement  disparu.  La  première  dorsale  se  trouve  placée  au 
tiers  postérieur  du  corps  ;  elle  est  beaucoup  plus  étroite  et  plus  courte  que  la  seconde, 
dont  les  rayons  antérieurs  sont  assez  allongés  pour  que,  ployée  en  arrière,  l'extré- 
mité de  cette  nageoire  dépasse  l'insertion  du  lobe  inférieur  de  la  caudale.  Au  bord  an- 
térieur de  ces  deux  nageoires,  surtout  à  leur  base,  on  remarque  de  petits  rayons  ac- 
colés le  long  des  plus  grands  ;  leur  présence  prouve  incontestablement  qu'il  y  a  réel- 
lement deux  dorsales.  La  seconde  dorsale  est  au  moins  du  double  plus  large  que  la 
première,  et  formée  de  rayons  plus  nombreux  ;  elle  est  également  plus  large  que  la  se- 
conde anale  qui  se  trouve  vis-à-vis,  quoique  celle-ci  ait  des  rayons  aussi  longs  qu'elle. 
Cependant,  comme  l'anale  est  opposée  au  milieu  de  la  dorsale,  ses  rayons  atteignent 
ciu  moins  le  milieu  du  lobe  inférieur  de  la  caudale.  L'anale  antérieure  est  plus  grande 
que  la  première  dorsale,  à  laquelle  elle  est  opposée;  ses  rayons  surtout  sont  plus  allon- 
gés. Au  bord  antérieur  des  deux  anales  il  y  a  de  petits  rayons  imbriqués,  accolés  le  long 
des  plus  grands.  La  caudale  a  à  peu  près  la  même  forme  que  dans  les  espèces  du  genre 
PalœoniscuSj  avec  cette  différence  seulement,  que  les  rayons  antérieurs  de  son  lobe 
inférieur  étant  moins  allongés,  cette  nageoire  est  moins  échancrée  que  dans  les  Pa- 
léoniscus.  En  s'approchant  de  l'extrémité  de  la  queue,  ces  rayons  deviennent  in- 
sensiblement plus  petits.  Au  bord  supérieur  du  prolongement  du  pédicule  de  la 
queue,  il  y  a  aussi  de  petits  rayons  plus  lins  que  dans  les  autres  genres  de  cette  fa- 
mille, accolés  jusqu'à  son  extrémité.  Les  rayons  de  toutes  les  nageoires  sont  très- 
grèles,  et  profondément  bifurques  à  plusieurs  reprises  ;  leurs  articulations  transver- 
sales sont  très-éloignées ,  en  sorte  que  tous  les  articles  sont  beaucoup  plus  longs  que 
larges. 


—     117     — 

Pour  les  détails  relatifs  an  gisement  et  à  l'état  de  conservalion  de  ce  poisson,  je  ren- 
voie aux  renseigneniens  publiés  par  MM.  Sedgwick  etMurchison,  et  que  j'ai  rappor- 
tés au  cliap.  3,  p.  23  et  suiv.  de  ce  volume.  J'ajouterai  seulement  que  M.  Murchisou 
en  a  aussi  trouvé  un  fragment  dans  le  vieux  giès-rouge  à  Downton-Ilall. 

Du  genre  Osteolepis  Yal.  et  Pent. 

En  établissant  ce  genre  d'après  les  fragmens  que  MM.  Segdwick  et  Murcliison  avaient 
trouvés  dans  les  carrières  de  Widel,  M3I.  Valenciennes  et  Pentland  lui  ont  assi- 
gné pour  caractères  des  écailles  de  la  nature  de  celles  du  Lépidostée,  des  ventrales 
très-reculées  et  une  anale  en  arrière  de  la  dorsale.  Cependant,  comme  on  le  verra  plus 
bas ,  le  genre  Osteolepis  n'est  point  suffisamment  caractérisé  par  ces  indications , 
quoiqu  il  diffère  essentiellement  du  genre  Diptenis.  On  n'en  possède  point  encore  de 
figures  ;  il  est  seulement  indiqué  dans  le  mémoire  de  MM.  Sedgwick  et  Murcbison 
sur  les  schistes  bitumineux  de  Caithness,  vol.  3  de  la  2™"  série  des  Transact.  de  la 
Soc.  Géol.  de  Londres,  pag.  i44*  Les  espèces  y  sont  désignées  sous  les  noms  d'O.  , 
macrolepidotus  et  d'O.  microlepidotus .  (  Dans  les  Proceedings  of  £  Brit.  Ass.  je  ,  A^/ve- 
les  ai  indiquées  sous  le  nom  générique  de  Pleioptenis.  )  Les  naturalistes  qui  les  ont  ^ 
examinées  ont  cru  que  c'étaient  des  poissons  d'eau  douce  ;  cette  conjecture  paraissait 
confirmée  par  la  présence,  dans  les  mêmes  couches,  de  fragmens  d'os  fossiles  qui 
ont  été  envisagés  comme  provenant  d'une  tortue  voisine  des  Tryonix.  Cependant 
l'examen  que  j'ai  fait  de  ces  plaques,  et  la  découverte  d'exemplaires  plus  complets, 
m'ont  convaincu  que  ces  os  provenaient  d'un  grand  poisson  qui  avait  probablemenl 
quelques  rapports  avec  celui  de  VVitby.  Je  les  décrirai  dans  mon  3'°''  volume. 

Les  exemplaires  à'Osteolepis  d'après  lesquels  j'ai  fait  les  descriptions  suivantes , 
ont  été  trouvés  par  M.  le  Prof.  Traill  dans  l'île  de  Pomona  \  ils  sont  beaucoup  plus 
complets  que  ceux  qui  avaient  été  recueillis  auparavant  dans  les  carrières  de  AVidel. 
M.  Traill  a  aussi  trouvé  en  même  temps  plusieurs  espèces  de  différens  genres,  dont 
on  n'a  point  encore  vu  de  traces  à  Caithness,  et  qui  seront  décrites  ci-après. 

Lors  de  la  réunion  des  naturalistes  à  Edimbourg,  M.  Traill  a  exposé  à  la  Section 
de  Géologie  une  esquisse  de  la  structure  des  îles  Orkney,  de  laquelle  il  résulte  que  tout 
ce  groupe  est  formé  de  roches  schisteuses,  semblables  à  celles  qui  contiennent  les 
poissons.  Ce  sont  des  grès  et  des  schistes  argileux,  qui  paraissent  appartenir  à  la 
formation  du  vieux  grès-rouge  (Old-Red).  La  carrière  où  l'on  ti'ouve  les  poissons  est 
près  de  Skaill ,  dans  l'île  de  Pomona,  à  environ  deux  milles  anglais  au  nord  du  granité 
qui  traverse  la  partie  sud-ouest  de  l'île,  sur  une  étendue  d'environ  six  milles.  On  y 

ToM.  II.  ,  16 


—     118     — 

trouve  les  poissons  dans  les  couches  les  plus  profondes  que  l'on  ait  atteintes  jusqu'ici; 
les  couches  superficielles  n'en  contiennent  point.  31.  Traill  y  a  observé  d'abord  en- 
viron trois  pieds  de  débris  de  roche,  puis  neuf  pieds  de  roche  schisteuse  solide,  et 
enfin  deux  bancs,  chacun  d'environ  douze  pouces  d'épaisseur,  contenant  les  pois- 
sons. Le  premier  de  ces  deux  bancs,  qui  seuls  renferment  des  débris  organiques, 
abonde  en  poissons  des  genres  Osteolepis  j  Cheirolepis  ^  Cheiracantlms  et  Diplopte- 
rns  ;  tandis  que  dans  les  schistes  de  Caithness  on  trouve  surtout  des  Diptenis.  Le 
banc  inférieur  en  contient  peu;  mais  M.  Tiaill  y  a  trouvé  en  revanche  des  poissons 
plats,  longs  d'environ  lui  pied  et  de  quatre  à  cinq  pouces  de  large,  terminés  par  une 
queue  grêle  de  près  de  sept  pouces.  Je  n'en  ai  pas  vu  d'exemplaires  complets, 
M.  Traill  ayant  malheureusement  perdu  ceux  qu'il  avait  recueillis.  Je  pense  que  c'est 
à  ce  poisson  qu'il  faudra  rapporter  les  fragmens  qui  ont  été  pris  pour  des  os  de  Tryo- 
nix,  et  qui  certainement  n'appartiennent  pas  à  la  classe  des  Reptiles.  Dans  cette  car- 
rière, la  présence  des  poissons  est  toujours  indiquée  par  une  couleur  plus  foncée  de  la 
roche;  chauffée  dans  un  tube  de  verre,  celle-ci  donne  du  bitume.  On  trouve  égale- 
ment avec  les  poissons  de  petits  fragmens  brillans  d'asphalte  très-pure.  Les  débris 
organiques  sont  très-rares  dans  les  couches  de  calcaire,  qui  alternent  quelquefois  avec 
les  roches  schisteuses  des  Orkney;  et  ce  calcaire  est  souvent  très-argileux. 

Le  genre  Osteolepîs  est  surtout  caractérisé  par  la  structure  et  par  la  position  de  ses 
nageoires  ;  il  a  deux  dorsales,  plus  éloignées  l'une  de  l'autre  que  dans  le  genre  Di- 
pterus,  et  dont  la  première  est  placée  au  milieu  du  dos,  tandis  que  la  seconde  se  trouve 
au  milieu  de  l'espace  qu'il  y  a  entre  la  première  et  la  caudale.  Les  deux  anales  ne 
sont  point  opposées  aux  deux  dorsales,  comme  dans  le  genre  Dipterus ;  au  contraire, 
elles  alternent  avec  elles ,  la  première  étant  placée  vis-a-vis  de  l'intervalle  qui  sépare 
les  deux  dorsales ,  et  la  seconde  en  arrière  de  la  seconde  dorsale ,  immédiatement  en 
avant  du  lobe  inférieur  de  la  cavidale.  Celle-ci  a  à-peu-près  la  même  forme  que  dans  le 
genre  Palœoniscus.  Les  pectorales  sont  grandes  et  arrondies;  les  ventrales,  qui  pa- 
raissent avoir  été  beaucoup  plus  petites,  sont  opposées  au  bord  antéz'ieur  de  la  pre- 
mière dorsale.  Dans  ce  genre  les  écailles  sont  proportionnellement  plus  grandes  que 
dans  le  genre  Palœoniscus  ;  la  gueule  est  aussi  plus  fendue  et  armée  de  très-petites 
dents  pointues.  On  connaît  déjà  trois  espèces  à' Osteolepîs j,  dont  deux  proviennent 
des  schistes  de  Caithness,  et  la  troisième  de  Gamrie  et  de  Pomona.  Leur  aspect  et  cer- 
taines ressemblances  avec  le  genre  Cephalaspis  du  vieux  grès-rouge,  me  pai-aissent 
indiquer  pour  elles  une  époque  antérieure  à  la  houille,  ou  du  moins  aussi  ancienne 
que  cette  formation. 


—     119     — 

1.  OSTEOLEPIS  MACROLEPIDOTUS  Val.  Cl  Petit. 

Vol.  ■2,  Tal).  2  bj  fig.  1 ,  2,  3  et  4  ;  et  Tab.  n  Cj  fig.  5  et  6. 

Cette  espèce  diffère  moins  de  la  suivante  par  la  grandeur  de  ses  écailles,  que  par 
la  forme  allongée  de  son  corps,  qui  est  peu  renflé  dans  sa  partie  antérieure,  et  dont  le 
pédicule  de  la  queue  n'est  pas  sensiblement  aminci.  Les  différences  obsei-vées  dans  les 
dimensions  des  écailles  par  MM.  Valenciennes  et  Pentland,  me  paraissent  plutôt 
provenir  de  la  différence  de  taille  des  individus  dont  ils  ont  examiné  des  fragmens. 
La  fig.  I ,  Tab.  2  bj  donne  une  juste  idée  de  ses  proportions,  et  en  même  temps  la 
représentation  la  plus  complète  des  caractères  génériques.  Dans  la  fig.  2,  on  voit 
surtout  bien  la  partie  supérieure  de  la  tête,  la  forme  des  os  du  crâne  en  particulier; 
la  mâchoire  inférieure  du  côté  droit  y  est  également  conservée.  La  fig.  3  représente 
les  os  du  crâne  grossis,  et  la  fig.  4  quelques  écailles  de  la  ligne  latérale,  prises  à  la 
partie  antérieure  du  corps.  La  fig.  5  de  la  Tab.  2  c  représente  l'extrémité  caudale 
d'un  plus  grand  exemplaire,  et  la  fig.  6  quelques  écailles  du  pédicule  de  la  queue. 

La  tête  est  petite ,  proportionnellement  ;  elle  excède  à  peine  un  cinquième  de  la 
longueur  totale.  Son  extrémité  antérieure  est  arrondie;  la  partie  antérieure  du  museau 
est  renflée,  exactement  comme  dans  le  genre  Poljpterus ;  d'où  j'infère  que  ce  ren- 
flement est  dû  au  développement  de  l'ethmoïde  réuni  à  l'intermaxillaire,  Tab.  2  Z>, 
lig.  3  a.  Sur  le  côté  de  ce  renflement,  en  bj  l'on  voit  une  partie  du  bord  de  l'orbite, 
qui  dans  ce  genre  est  aussi  placée  exactement  comme  dans  le  BicJiir.  Plus  en  arrière, 
en  Cj  l'on  voit  à  droite  et  à  gauche  les  frontaux  postérieurs ,  qui  embrassent  les  pro- 
longemens  des  frontaux  principaux  d  d ,-  ceux-ci  ont  une  forme  très-particulière  : 
coupés  carrément  à  leur  jonction  avec  les  pariétaux,  leur  partie  supérieure  est  con- 
sidérablement plus  dilatée  que  leur  extrémité  antérieure,  qui  s'allonge  en  avant  sur 
le  milieu  du  crâne  ;  celui  de  droite  est  plus  large  que  celui  de  gauche ,  qu'il  recouvre 
en  partie.  Les  osselets  e  e  me  paraissent  être  de  petits  mastoïdiens.  La  plaque  impaire  o 
est  probablement  l'occipital  supérieur,  tandis  que  les  os  désignés  par  la  lettre  /  sem- 
blent plutôt  correspondre  aux  pariétaux.  Dans  la  fig.  2  de  la  même  planche,  on  voit 
en  arrière  et  à  gauche  de  la  tête  une  partie  de  l'opercule,  et  à  son  bord  inférieur,  à 
droite,  la  branche  droite  de  la  mâchoire  inférieure ,  dont  le  bord  est  armé  de  très-pe- 
tites dents  pointues,  et  dont  les  deux  antérieures  seulement  sont  un  peu  plus  grandes. 
Au  côté  opposé  de  la  tête  on  voit  un  fragment  de  la  mâchoire  supérieure,  qui  porte 
des  dents  semblables.  Les  fragmens  d'os  épars  des  deux  côtés  du  crâne  font  supposer 
que  les  joues  étaient  entièrement  cuirassées.  En  avant  de  la  tête,  dans  la  même  fi- 
gure ,  on  voit  deux  plaques  inclinées  l'iuie  contre  l'autre  ;  ce  sont  les  empreintes  de 
deux  larges  os  qui ,  dans  ce  genre  comme  dans  les  genres  Megalichthjs  et  Poljpte- 


—     120     — 

rusj,  tiennent  lieu  de  rayons  brancliiostègues  et  recouvrent  l'espace  compris  entre  les 
deux  branches  de  la  mâchoire  inférieure.  La  surface  de  tous  ces  os  est  couverte  d'un 
émail  parfaitement  lisse,  sur  lequel  on  remarque  à  un  fort  grossissement  les  traces 
d'une  fine  granulation  creuse. 

Tout  le  corps  est  couvert  d'écaillés  rhomboïdales ,  un  peu  plus  grandes  sur  les  cô- 
tés de  l'abdomen,  et  qui  vont  en  diminuant  de  taille  sur  le  prolongement  du  pédicule 
de  la  queue.  Dans  toute  la  partie  antérieure  du  corps,  jusque  vers  la  seconde  anale, 
ces  écailles  sont  plus  hautes  que  longues  ;  leur  bord  supérieur  est  légèrement  con- 
cave, et  leur  bord  inférieur  convexe  sur  les  parois  abdominales  ;  plus  en  arrière  ces 
bords  sont  droits,  ainsi  que  le  bord  postérieur.  Sur  le  prolongement  du  pédicule  de 
la  queue,  les  écailles  sont  aussi  longues  que  hautes,  et  paraissent  équilatérales;  ce  que 
ces  écailles  ont  de  particulier,  c'est  qu'elles  forment  sur  la  caudale  même  un  prolon- 
gement écailleux,  bordé  en  haut  comme  en  bas  par  des  rayons,  et  résultant  de  ce  que 
les  petits  rayons,  qui  sont  ordinairement  placés  au  bord  supéi^eur  de  ce  pédicule, 
sont  beaucoup  plus  développés  dans  cette  espèce  que  dans  celles  des  autres  genres  de 
cette  famille,  et  ont  en  même  temps  plus  d'analogie  avec  les  rayons  qui  s'insèrent 
en  dessous  de  cette  série  d'écajiUés  et  qui  constituent  proprement  la  caudale.  La 
lig.  5,  Tab.  2  Cj  fait  bien  voir  ces  relations.  Du  reste,  la  surface  de  toutes  les  écailles 
est  parfaitement  lisse  ;  cependant  à  l'aide  d'un  fort  grossissement  on  y  remarque  la 
même  granulation  pointillée  que  sur  les  os  du  crâne.  La  ligne  latérale  s'étend  sur  le 
milieu  du  corps  ;  à  sa  partie  antérieure  elle  est  légèrement  courbée  vers  le  ventre;  les 
tubes  qui  la  rendent  apparente  traversent  obliquement  les  écailles,  et  s'ouvrent  en 
dessous  de  leur  bord  postérieur.  Sur  différons  points  du  corps  on  remarque  des  écailles 
de  forme  particulière.  Il  y  en  a  ime  série  impaire  sur  le  milieu  du  dos,  qui  sont  à-peu- 
près  triangulaires ,  mais  dont  le  bord  postérieur  est  cependant  arrondi ,  comme  dans 
quelques  espèces  du  genre  Lepidosteus.  Sur  les  côtés  de  la  première  dorsale  il  y  a  une 
grande  écaille  longitudinale,  qui  forme  le  long  de  la  base  de  ses  rayons  une  espèce 
de  gaine,  dans  laquelle  la  nageoire  peut  se  reployer  ;  il  en  existe  de  semblables  dans 
la  plupart  des  Sparoïdes.  On  voit  très-bien  ces  deux  écailles  dans  la  fig.  i  de  la  Tab. 
2  6;  il  y  en  a  une  semblable,  mais  moins  allongée,  sur  les  côtés  et  en  arrière  de  la 
seconde  dorsale  et  de  la  seconde  anale,  au. bord  antérieur  desquelles  s'élèvent  aussi 
quelques  grosses  écailles  impaires.  On  les  voit  surtout  bien  dans  la  fig.  5  de  la  Tab. 
■1  c.  Au  bord  antérieur  de  la  première  anale  il  y  a  aussi  quelques  gros&es  écailles  im- 
paires dressées  contre  ses  premiers  rayons  ;  mais  dans  aucun  exemplaire  je  n'ai  aperçu 
sur  les  côtés  de  cette  nageoire  de  grosses  écailles  allongées.  La  surface  intérieure 
des  écailles  est  traversée  par  une  quille  étroite,  qui  se  termine  au  bord  supérieur  en 
un  petit  onglet  articulaire,  et  en  avant  de  laquelle  il  y  a  au  boid  inférieur  une  petite 
fossette  qui  reçoit  l'onglet  de  l'écaiile  iiiféricure. 


—     121     — 

Les  rayons  de  toutes  les  nageoires  sont  grêles,  bifurques  à  plusieurs  reprises  jus- 
qu'à la  moitié  de  leur  longueur  et  au  delà  5  leurs  articulations  transversales  sont  éloi- 
gnées, en  sorte  que  les  articles  des  rayons  sont  beaucoup  plus  longs  que  larges.  Les 
rayons  antérieurs  de  toutes  les  nageoires  sont  un  peu  plus  gros  que  les  suivans  ;  le 
long  de  leur  bord  antérieur  il  y  a  de  très-petits  rayons  imbriqués  et  accolés  aux  plus 
longs.  Les  deux  dorsales  et  les  deux  anales  ont  à-peu-près  la  même  grandeur  ;  la 
première  dorsale  paraît  seulement  un  peu  plus  petite.  Le  lobe  inférieur  de  la  cau- 
dale a,  même  à  son  bord,  des  rayons  qui  ne  sont  pas  très-allongés  ;  en  sorte  que  cette 
nageoire  est  peu  écbancrée,  les  rayons  du  lobe  supérieur  diminuant  très-insensible- 
ment de  longueur.  Les  pectorales  sont  sensiblement  plus  grandes  que  les  nageoires 
impaires;  leur  bord  est  arrondi,  et  leurs  rayons,  aussi  grêles  que  ceux  des  autres 
nageoires,  ont  ime  large  base  d'insertion.  Dans  aucun  exemplaire  les  ventrales  ne 
sont  assez  bien  conservées  pour  pouvoir  être  décrites. 

Ce  poisson  provient  des  scbistes  de  Caithness  et  de  Pomona  ;  il  est  très-commun 
dans  cette  dernière  localité. 

2.  OSTEOLEPIS  MICR0LEPID0TU3  Val.  Ct  Peilt, 

Yol.  1,  Tab.  2  Cj  fig.  I,  2,  3  et  4- 

Il  est  facile  de  distinguer  cette  espèce  de  la  précédente,  à  sa  forme  plus  trapue  et 
à  ses  nageoires  plus  petites.  Sa  tête  est  proportionnellement  plus  grosse,  mais  elle 
n'est  bien  conservée  dans  aucun  des  exemplaires  que  j'ai  vus.  La  partie  antérieure 
du  corps  est  beaucoup  plus  large  que  la  queue,  dont  le  pédicule  se  rétrécit  insensible- 
ment. Il  paraît  qu'il  existe  aussi  des  gaînes  écailleuses  à  la  base  des  nageoires  im- 
paires; du  moins  en  voit-on  des  traces  dans  quelques  exemplaires.  Les  nageoires  elles- 
mêmes  paraissent  plus  étroites  ;  ce  qui  les  rend  plus  distantes  les  unes  des  autres.  Ce- 
pendant la  seconde  anale  est  très-rapprochée  du  lobe  inférieur  de  la  caudale.  Les 
rayons  de  toutes  les  nageoires  sont  très-grèles  ;  à  leur  bord  antérieur  il  y  a  de  pe- 
tits rayons  très-fins,  accolés  aux  plus  grands.  Ceux  du  bord  supérieur  du  prolonge- 
ment de  la  queue  sont  encore  plus  longs  que  dans  l'O.  macrolepidotus . 

Les  écailles  de  la  partie  antérieure  du  tronc  sont  sensiblement  plus  grandes  que 
celles  de  la  queue ,  et  en  même  temps  plus  liantes  que  longues  ;  sur  tout  le  corps  leurs 
bords  sont  droits  ;  celles  qui  recouvrent  le  prolongement  du  pédicule  de  la  queue  sont 
plus  longues  que  hautes.  La  ligne  latérale  est  légèrement  arquée  sur  le  milieu  des 
flancs.  Sur  le  milieu  du  dos  il  y  a,  comme  dans  l'espèce  précédente,  une  série  d'é- 
cailles  impaires,  triangulaires  entre  les  deux  dorsales,  mais  à-peu-près  carrées  sur 
la  partie  antérieure  du  dos.  La  surface  extérieure  de  toutes  les  écailles  est  lisse;  à  l'aide 


—     122    — 

(l'un  grossissement  considérable  on  y  remarque  cependant  une  fine  granulation  poin- 
tillée,  comme  dans  l'espèce  précédente;  mais  les  onglets  articulaires  de  leur  surface 
intérieure  sont  plus  gros  et  plus  saillans,  quoique  les  quilles  qui  les  traversent  ne 
soient  pas  plus  larges. 

Cette  espèce  se  trouve  aussi  à  Caithness  et  à  Pomona.  Cependant  elle  y  est  moins 
abondante  que  la  précédente. 

3.   OSTEOLEPIS  ARENATUS  AgaSS. 

Yol.  2.  Tab.  2  dj  fig.  I,  2,  3  et  4- 

M.  Pentland,  à  qui  les  géologues  doivent  plusieurs  notices  très-intéressantes  sur 
les  poissons  fossiles  d'Angleterre,  a  aussi  mentionné  cette  espèce  dans  les  observations 
qu'il  a  communiquées  à  31.  Murchison  sur  les  poissons  de  Ganirie ,  près  de  Troup- 
Head,  BanfFshire,  en  Ecosse;  il  la  place  dans  la  famille  des  Esoces,  à  cause  de  la 
position  reculée  de  la  dorsale  placée  près  dé  l'anale,  et  parce  qu'il  a  reconnu  la  pré- 
sence des  ventrales  au  milieu  de  l'abdomen.  Il  ajoute  que  ce  poisson  a  de  grandes 
écailles  pentagones,  et  la  forme  particulière  de  la  caudale  des  poissons  de  Gaitbness. 
(V.  lesTrans.  de  la  Soc.  Géol.  de  Londres,  2™"  série,  vol.  2,  p.  364.)  Les  poissons 
de  Gamrie  se  trouvent  dans  des  géodes  de  calcaire  marneux,  qui  présentent  à  leur 
pourtour  une  structure  cristalline,  fibreuse,  dont  les  rayons  sont  divergens  vers  leur 
surface.  Ces  géodes  se  trouvent  dans  une  marne  bleuâtre  d'environ  4o  pieds  d'épais- 
seur, au  fond  d'un  ravin  dont  les  flancs  sont  de  vieux  grès-rouge.  Elles  contiennent 
plusieurs  espèces  de  poissons  appartenant  à  différens  genres  ;  j'en  ai  examiné  un  très- 
grand  nombre  d'exemplaires  qui^m'ont  été  communiqués  par  M.  le  D'  Rnigbt,  d'A- 
berdeen,  et  par  M.  Murchison,  qui  les  devait  lui-même  aussi  à  M.  Rnigbt.  M.  le 
D'  Scouler  de  Dublin ,  et  M.  ïorrie,  m'en  ont  aussi  communiqué  des  exemplaires  très- 
instructifs.  Les  mieux  conservés  de  tous  ceux  que  j'ai  vus  sont  des  espèces  nouvelles 
des  genres  Cheirolepis  et  Cheiracanthus.  Les  exemplaires  de  l'espèce  dont  il  s'agit 
dans  cet  article  sont  moins  bien  conservés  :  j'ai  pu  avec  peine  m'assurer  qu'ils  ap- 
partiennent réellement  au  genre  Osteolepis.  N'ayant  pas  d'abord  reconnu  la  présence 
des  deux  dorsales  et  des  deux  anales,  je  pensais  que  ce  poisson  devait  appartenir  au 
genre  Palœoniscus. 

Il  ne  m'est  pas  possible  de  déterminer  exactement  la  forme  de  V  Osteolepis  arena- 
tus  ;  les  exemplaires  les  mieux  conseivés,  et  que  j'ai  fait  représenter  dans  la  Tab.  2  dj 
n'en  donnent  pas  une  idée  parfaite.  Celui  de  la  fig.  i  est  aplati  de  haut  en  bas  ;  la 
tête  est  complètement  écrasée  ;  en  avant  seulement  on  voit  le  contour  de  la  mâchoire 
inférieure  droite  et  les  deux  plaques  branchiostègues.  En  arrière  de  la  tête,  on  voit 


—     123     — 

étalées  à  droite  et  à  gauche  les  deux  pectorales,  qui  sont  arrondies  comme  dans  les 
antres  espèces  de  ce  genre,  et  dont  les  rayons  sont  très-grèles  et  trcs-bifurqués  ;  en 
avant  de  celle  du  côté  droit  on  voit  une  impression  de  la  branche  horizontale  infé- 
rieure de  rhumérus,  à  l'angle  duquel  les  pectorales  sont  insérées.  Plus  en  arrière, 
le  tronc  doit  avoir  subi  des  mutilations  plus  considérables  encore  ;  car  à  l'extrémité 
de  cette  empreinte  on  voit  la  première  dorsale  et  la  première  anale  en  profd  5  ce  qui 
prouve  évidemment  que  l'espace  entre  la  tête  et  ces  nageoires  est  tordu  sur  lui- 
même,  et  en  conséquence  fait  paraître  le  corps  moins  large  qu'il  n'a  dû  l'être.  Ces 
deux  nageoires  ont  à-peu-près  la  même  forme  et  la  même  grandeur  -,  leurs  rayons  an- 
térieurs, surtout  les  petits  rayons  accolés  à  leur  bord,  sont  un  peu  plus  gros  que  les 
suivans,  qui  sont  très-grèles.  La  longueur  totale  de  la  tête  est  comprise  une  fois  et 
demie  dans  l'espace  qu'il  y  a  entre  l'occiput  et  la  première  dorsale.  Dans  l'exemplaire 
de  la  figure  3 ,  on  reconnaît  certainement  la  présence  des  deux  dorsales  et  des  deux 
anales  •,  cependant  la  dislocation  générale  des  écailles  fait  encore  voir  ici  que  le  tronc 
n'a  pas  son  épaisseur  naturelle,  mais  qu'il  est  allongé;  car  le  bord  de  toutes  les  écailles  <■ 
des  flancs  est  fortement  incliné  en  arrière.  Sur  le  pédicule  de  la  queue  on  voit  quel- 
ques belles  écailles,  dont  la  surface  émaillée  est  couverte  de  petits  points  creux  très- 
distincts,  ressemblant  cependant  à  des  grains  de  sable  qui  y  seraient  épars,  quand  on 
les  examine  sous  un  faible  grossissement.  J'en  ai  fait  représenter  une  séparément 
dans  la  lig.  L\.  L'exemplaire  de  la  fig.  2  indique,  je  crois,  les  proportions  naturelles 
de  cette  espèce  ;  du  moins  les  séries  des  écailles  ne  sont-elles  pas  disloquées ,  et  l'on 
voit  distinctement  comment,  en  avant  de  la  première  anale,  le  tronc  se  dilate  insensi- 
blement. Dans  cet  exemplaire  la  seconde  dorsale  est  très-distincte  ;  elle  est  placée  vis- 
à-vis  de  l'espace  qui  sépare  les  deux  anales,  que  l'on  voit  également  bien  les  deux, 
quoiqu'elles  soient  moins  distinctes  que  la  seconde  dorsale.  La  caudale  se  voit  égale- 
ment dans  la  fig.  2  et  dans  la  lig.  3  -,  ses  rayons  grêles  vont  en  diminuant  de  longueur 
le  long  du  bord  inférieur  du  prolongement  du  pédicule  de  la  queue  ;  ceux  du  lobe  in- 
férieur sont  les  plus  longs.  Cependant  cette  nageoire  paraît  peu  échancrée.  Les  écailles 
qui  recouvrent  le  pédicule  sont  beaucoup  plus  petites  que  celles  des  flancs.  Au  dessus 
des  séries  d'écaillés  qui  s'étendent  jusqu'à  l'extrémité  de  la  queue,  il  y  a  aussi  de  pe- 
tits rayons,  mais  moins  grêles  que  dans  les  espèces  précédentes  et  plus  accolés  contre 
le  pédicule  caudal. 

A  en  juger  par  des  fragmens  moins  parfaits  encore,  cependant  assez  distincts  pour 
servir  de  terme  de  comparaison ,  cette  espèce  atteignait  des  dimensions  plus  considé- 
l'ables  que  ne  l'indiquent  les  exemplaires  figurés.  Il  en  est  entr'autres  un  dans  la  col- 
lection de  M.  Murchison,  qui  provient  d'un  individu  d'environ  i5  pouces  de  long. 

Cette  espèce  n'a  encore  été  trouvée  que  dans  les  géodes  de  Gamrie. 


—     124     — 

IV.  Additions  au  genre  Acanthodes,  et  description  des  nouveaux  genres 

Cheiraca]nthus  et  Cheirolepis. 

1"  De  f  AcANTHODES  Bronnii  Ag'ass. 

Vol.  2,Tab.  I.  ,   • 

Lorsque  j'ai  décrit  \ Acanthodes  Bronnii,  au  chap.  i ,  pag.  20  de  ce  volume,  je  ne 
connaissais  que  les  exemplaires  qui  m'avaient  été  communiqués  par  M.  le  Prof. 
Bronn,  et  qui  étaient  suffîsans  pour  donner  une  juste  idée  de  la  forme  et  des  carac- 
tères généraux  de  cette  espèce.  Mais  depuis  j'en  ai  examiné  plusieurs  autres  dans  la 
collection  de  M.  le  comte  de  Munster,  qui  me  permettent  de  faire  quelques  additions 
de  détail  à  ma  description.  Je  dois  de  plus  à  l'obligeance  de  M.  Hermann  de  Meyer 
la  communication  d'un  exemplaire  parfaitement  bien  conservé ,  et  qui  modifie  même 
un  peu  les  caractères  génériques  de  ce  poisson.  Je  croyais  le  genre  Acanthodes  dé- 
pourvu de  ventrales;  mais  l'exemplaire  de  M.  de  3Ieyer  m'a  convaincu  qu'elles  existent 
également  dans  ce  genre.  Seulement  elles  sont  très-petites  et  placées  en  avant  du 
milieu  de  l'abdomen,  environ  au  tiers  antérieur  de  l'espace  compris  entre  l'anale  et 
l'insertion  des  pectorales.  Leur  bord  antérieur  est  soutenu  par  un  rayon  épineux, 
comme  celui  des  pectorales,  de  l'anale  et  de  la  dorsale  ;  seulement  ce  rayon  est  beau- 
coup plus  court  ;  il  n'égale  même  pas  en  longueur  la  moitié  de  ceux  de  la  dorsale  et 
de  l'anale.  Ces  gros  rayons  sont  évidemment  osseux  dans  toutes  les  nageoires  ;  ils 
sont  beaucoup  mieux  conservés  dans  cet  exemplaire  que  dans  aucun  de  ceux  que  j'avais 
vus  auparavant.  Au  bord  intérieur  du  grand  rayon  pectoral  on  voit  quelques  traces 
des  rayons  mous,  qui  sont  très-grèles.  Malgré  la  petitesse  extrême  des  écailles,  il  est 
facile  de  reconnaître  encore  dans  cet  exemplaire,  que  celles  du  dos  et  de  la  partie  infé- 
rieure du  ventre  sont  plus  petites  que  celles  des  flancs ,  et  qu'elles  sont  toutes  incli- 
nées de  manière  que  leurs  bords  supérieur  et  inférieur  sont  dirigés  en  avant  et  en  ar- 
rière, et  que  l'angle  inférieur  postérieur  est  tourné  directement  vers  la  partie  posté- 
rieure du  corps.  Les  os  de  la  tête  paraissent  avoir  eu  moins  de  consistance  que  dans 
les  autres  genres  de  cette  famille  ;  car  dans  tous  les  exemplaires  que  j'ai  vus,  la  tête 
est  marquée  par  un  contour  noir,  sans  que  son  ossature  soit  distincte. 

Tous  ces  nouveaux  exemplaires  proviennent  également  du  terrain  houiller  des  en- 
virons de  Saarbriick,  et  sont  contenus  dans  des  géodes  de  fer  hydraté  carbonate. (*) 

C)  En  énumérant  les  fossiles  du  terrain  houiller,  M.  H.  de  Meyer  cite  dans  son  Palœologica,  p.  302,  plusieurs  lo- 
calités qui  me  sont  encore  inconnues ,  et  où  l'on  trouve  aussi  des  poissons  fossiles.  En  général ,  cet  ouvrage  rapporte 
dans  un  petit  volume  une  niasse  énorme  de  faits.  L'énumération  des  animaux  vertébrés  fossiles  est  le  cadre  le  plus 
complet  de  tout  ce  qui  a  été  fait  dans  cette  partie  ;  aucun  paléontologue  ne  saurait  s'en  passer,  car  elle  remplace  à  elle 
seule  une  bibliothèque  entière.  Ce  serait  un  avantage  immense  pour  la  science ,  si  l'on  possédait  de  semblables  tableaux 
poiu:  les  autres  classes  du  règne  animal. 


—     126    — 

2.    ACANTHODES  SUIXATUS  AgaSS. 

Vol.  2,  Tab.  I  Cj  fig.  I  et  2. 

Je  place  sans  hésiter  dans  le  genre  Acantliodes  cette  nonvelle  espèce ,  quoique  je 
n'en  aie  vu  que  des  fragmens  très-incomplets ,  dans  lesquels  il  n'existe  aucune  trace 
ni  des  nageoires  ni  de  la  tête.  L'original  de  ma  figure  est  l'une  de  deux  plaques  corres- 
pondantes de  la  portion  caudale  d'un  individu  d'assez  grande  taille,  tellement  tron- 
quée à  son  pourtour,  qu'il  n'en  reste  qu'un  gros  placard  de  très-petites  écailles,  aux- 
quelles il  est  pourtant  possible  de  reconnaître  le  genre  Acantliodes.  Ces  écailles  sont 
plutôt  rhomboïdales  que  carrées,  et  diffèrent  par  là  de  celles  de  VA.  Bronnii ;  elles 
paraissent  proportionnellement  aussi  petites;  et  si  dans  l'exemplaire  de  ma  figure  elles 
sont  plus  grandes,  c'est  que  l'individu  était  beaucoup  plus  grand.  La  partie  émaillée 
de  chaque  écaille  est  voûtée  et  porte  sur  son  milieu  un  large  sillon  diagonal,  parallèle 
à  une  section  transversale  du  corps ,  et  qui  s'étend  de  l'angle  supérieur  postérieur  à 
l'angle  inférieur  antérieur  de  chaque  écaille.  Ce  caractère  distingue  suffisamment  les 
deux  espèces  d' Acantliodes  connues  maintenant.  On  voit  cependant  par  là  que  la  po- 
sition des  écailles  dans  VA.  sulcatus  est  semblable  à  celle  qu'elles  ont  dans  VA.  Broji~ 
niij  où  leur  angle  postérieur  inférieur  est  aussi  tourné  directement  vers  l'extrémité  cau- 
dale du  poisson.  Il  va  sans  dire  que  ces  détails  de  structure  des  écailles  ne  sont  vi- 
sibles qu'avec  une  forte  loupe. 

Lord  Greenock  a  découvert  ce  poisson  dans  les  géodes  de  New-Haven.  Le  meilleur 
des  fragmens  qu'il  en  possède  est  l'exemplaire  que  je  viens  de  décrire,  et  dont  la  contre- 
empreinte  est  dans  la  collection  de  M.  Buckland. 

Du  genre  Cheiracainthus  Agass. 

En  Ichthyologie  la  position  des  nageoires  est  un  caractère  trop  important ,  pour 

qu'il  ne  faille  pas  distinguer  génériquement  des  poissons  qui,  malgré  des  rapports 

intimes  dans  les  détails  de  leur  organisation ,  diffèrent  par  la  position  relative  de  leurs 

nageoires.  C'est  ainsi  que  l'espèce  qui  m'a  servi  de  type  pour  le  genre  Cheiracan- 

tliiis,  présente  une  affinité  remarquable  avec  les  espèces  du  genre  Acantliodes  :  tout 

le  corps  est  pareillement  couvert  de  très-petites  écailles  \  les  pectorales,  les  ventrales, 

l'anale  et  la  dorsale  sont  soutenues  par  un  gros  rayon  épineux  ;  mais  la  position  de 

la  dorsale  me  paraît  constituer  un  caractère  générique  important.  Cette  nageoire  est 

placée  au  milieu  du  dos ,  vis-à-vis  de  l'intervalle  qui  sépare  les  ventrales  de  l'anale  ; 

tandis  que  dans  le  genre  Acantliodes  la  dorsale  est  même  en  arrière  de  l'anale  sur  le 

pédicule  de  la  queue.  Les  os  de  la  tête  paraissent  aussi  avoir  eu  plus  de  consistance  dans 
ToM.  II.  17 


—     126     — 

le  genre  CJieiracmithus  ;  car  dans  tous  les  exemplaires  que  j'ai  eus  sous  les  yeux  ,  on 
en  voit  quelques  traces.  La  gueule  est  grande,  très-fendue  ;  les  mâchoires  sont  armées 
de  très-petites  dents  pointues,  qui  paraissent  disposées  sur  plusieurs  rangs.  Les 
rayons  branchiostègues  sont  très-nombreux  et  minces.  L'ossature  de  la  ceinture  tlio- 
racique  est  forte  ;  cependant  ces  os  ne  sont  pas  assez  bien  conservés  pour  qu'on  puisse 
décrire  leur  forme. 

1.  Cheiracanthus  Murchisoni  Agass.    . 
Yol.  2,  Tab.  I  c^fig.  3  et  4. 

J'ai  dédié  cette  espèce,  qui  est  le  type  du  genre,  à  M.  Murchison,  à  qui  les  géo- 
logues doivent  les  premiers  renseignemens  que  l'on  ait  eus  sur  le  gîte  de  Gamrie. 
Elle  est  caractéristique  pour  cette  formation  ;  car  les  trois  quarts  des  poissons  trou- 
vés à  Gamrie  appartiennent  à  cette  espèce,  ou  à  VOsteolepis  arenatus  y  cependant  elle 
n'est  point  mentionnée  dans  la  notice  de  M.  Pentland  sur  les  fossiles  de  cette  localité , 
tandis  qu'il  y  décrit  très-exactement  vine  autre  espèce  beaucoup  plus  rare  ,  à  laquelle 
j'ai  donné  le  nom  de  Cheirolepis  Uragus. 

Les  exemplaires  du  Cheiracanthus  Murchisoni c^\\e']^d\  examinés,  se  trouvent  dans 
la  collection  de  MM.  Murchison  et  Torrie,  mais  surtout  dans  celle  de  M.  Rnight,  qui 
en  possède  de  fort  beaux,  et  du  nombre  desquels  est  l'original  de  ma  figure.  La  tête 
de  ce  poisson  est  de  moyenne  grandeur,  elle  n'égale  pas  le  quart  de  sa  longueur  to- 
tale ;  cependant  elle  en  excède  la  cinquième  partie.  A  en  juger  d'après  un  petit  exem- 
plaire déprimé,  et  qui  se  trouve  également  dans  la  collection  de  M.  Knight,  elle  était 
arrondie,  et  moins  large  que  celle  des  Acanihodes.  Les  yeux,  de  moyenne  gx'andeur, 
sont  placés  au  tiers  antérieur  de  la  face  j  plus  éloignés  l'un  de  l'autre  que  l'orbite  n'est 
large ,  et  un  peu  au  dessus  de  la  mâchoire.  Le  maxillaire  inférieur  est  vigoureux,  plus 
court  que  la  mâchoire  supérieure ,  dont  il'extrémité  paraît  former  en  avant  de  la  tête 
une  saillie  arrondie,  comme  dans  les  Paléonisques.  Les  pièces  operculaires  étaient 
aussi  étroites  ^  cependant  elles  sont  trop  mal  conservées  pour  qu'il  soit  possible  de 
déterminer  leur  foime.  La  ceinture  thoracique  forme  au  dessus  de  l'insertion  des  pec- 
torales une  saillie,  à  laquelle  ces  nageoires  sont  attachées.  Leur  premier  rayon  est  os- 
seux et  beaucoup  plus  gros  et  plus  long  que  ceux  qui  soutiennent  les  autres  nageoires. 
Ces  détails  ne  sont  pas  visibles  dans  Toriginal  de  ma  figure ,  où  l'on  n'aperçoit  qu'une 
trace  de  la  ceinture  thoracique ,  et  auquel  la  tête  manque  complètement.  Cependant 
j'ai  cru  ne  pas  devoir  multiplier  les  figuies  pour  représenter  des  caractères  que  j'ai 
dû  recueillir  successivement  sur  plusieurs  exemplaires,  sans  qu'ils  soient  réunis  dis- 
tinctement dans  aucun. 


—     127     — 

La  forme  générale  du  tronc  est  celle  d'un  fuseau  fortement  renflé  dans  sa  partie  an- 
térieure ;  Tabdomen  paraît  même  pendant,  et  la  largeur  du  corps,  en  avant  des  ven- 
trales, égale  une  fois  et  demie  la  hauteur  de  la  tête.  Les  ventrales  sont  un  peu  plus 
rapprochées  des  pectorales  que  de  l'anale  ;  leur  bord  antérieur  est  soutenu  par  un 
rayon  épineux,  qui  est  proportionnellement  plus  grand  que  dans  V Acanthodes  Bron- 
nii.  La  distance  qui  sépare  l'anale  du  lobe  inférieur  de  la  caudale ,  égale  environ  la 
moitié  de  celle  qui  la  sépare  des  ventrales.  La  dorsale  occupe  exactement  le  milieu 
du  dos  j  son  rayon  épineux  est  un  peu  plus  grand  que  celui  de  l'anale  5  et  dans  au- 
cune de  ces  nageoires  on  ne  voit  de  traces  d'autres  rayons,  qui  existaient  pourtant 
très-probablement,  à  en  juger  du  moins  par  ce  qui  a  été  observé  dans  le  genre  Acan- 
thodes. La  caudale  n'est  entière  dans  aucun  des  exemplaires-,  cependant  elle  est  as- 
sez distincte  pour  qu'on  puisse  s'assurer  qu'elle  s'étend,  comme  dans  tous  les  genres 
hétérocerques  de  cette  famille,  en  dessous  du  prolongement  du  pédicule  de  la  queue. 
Ses  rayons  sont  très-grèles  ;  les  antérieurs  sont  les  plus  grands,  et  forment  un  lobe 
inférieur  qui  se  détache  par  une  échancrure  des  rayons  plus  courts  qui  s'étendent 
jusqu'à  l'extrémité  de  la  queue.  Leurs  articulations  transversales  sont  très-rappro- 
chées,  et  les  articles  sont  si  petits,  que  la  nageoire  entière  en  paraît  granulée.  Tout  le 
corps  est  recouvert  d'écaillés  extrêmement  petites,  qui,  à  l'œil  nu,  paraissent  semblables 
à  des  points  d'une  fine  granulation,  du  moins  au  milieu  du  dos  et  du  ventre,  et  sur 
leurs  bords.  Les  écailles  des  flancs  sont  un  peu  plus  grandes;  elles  sont  disposées 
par  séries  moins  obliques  que  dans  les  Acanthodes  ;  leur  surface  extérieure  est  cou- 
verte de  stries  extrêmement  fines ,  obliques  aux  bords  des  écailles  dans  le  sens  longi- 
tudinal du  poisson. 

2.  Cheiracanthus  minor  Agass. 

Vol.  2.  Tab.  I  c,  fig.  5. 

Parmi  les  poissons  de  Pomona,  j'ai  trouvé  dans  la  collection  de  M.  Traill  un  seul 
exemplaire  d'ime  seconde  espèce  de  Cheiracanthus ,  qui  est  même  très-incomplet, 
puisque  l'on  n'y  voit  que  la  tête  et  une  partie  du  tronc.  Le  grand  rayon  de  la  pecto- 
rale droite  y  est  très-distinct;  cependant,  les  autres  nageoires  n'étant  pas  bien  visi- 
bles, on  pourrait  être  dans  l'incertitude  sur  la  position  générique  de  ce  poisson,  si 
l'on  ne  voyait  pas  un  fragment  de  l  épineux  d'une  des  ventrales  et  de  celui  de  la  dorsale 
à  la  partie  moyenne  du  tronc.  Ces  indices  ne  sont  pourtant  pas  concluans,  car  la  sub- 
stance du  poisson  étant  sur  plusieurs  points  carbonisée  en  plaques  homogènes  qui 
ont  complètement  perdu  leur  structure  organique,  il  se  pourrait  que  les  deux  barres 
a  G\.  bj  qui  paraissent  être  des  fragmens  de  rayons  épineux,  ne  fussent  en  effet  que 


—     128     — 

des  stries  de  matière  carbonisée.  Néanmoins,  la  structure  de  la  tète  paraît  indiquer 
positivement  le  genre  Cheiracanthus  j  plutôt  que  le  genre  Acanthodes  j  dans  lequel 
les  os  de  la  tète  ne  sont  jamais  distincts.  La  partie  visible  du  tronc  est  presque  com- 
plètement une  simple  empreinte  en  creux. 

L'individu  dont  il  s'agit  ici  est  couché  sur  le  dos  dans  sa  partie  antérieure;  on  y  voit 
la  tête  qui  est  ployée  sur  le  côté  gauche ,  par  sa  surface  inférieure  5  les  branches  de 
la  mâchoire  inférieure  forment  le  contour  de  l'arc  ouvert  qui  teiunine  la  tête.  A  l'angle 
postérieur  de  la  gueule,  du  côté  gauche ,  l'on  voit  distinctement  i3  rayons  branchio- 
stègues,  étroits  et  arrondis  vers  leur  base,  aplatis  et  dilatés  à  leur  extrémité,  et  insé- 
rés sur  un  os  transverse  que  l'on  aperçoit  mieux  au  côté  opposé  de  la  tête ,  oii  les 
rayons  branchiostègues  ne  sont  qu'en  partie  visibles.  Cet  os  transverse  est  la  corne 
latérale  de  l'os  hyoïde.  L'extrémité  du  grand  rayon  de  la  pectorale  droite  est  très-bien 
conservée  et  se  termine  en  pointe  acérée  ;  on  voit  aussi  distinctement  l'impression 
seulement  de  sa  base  ;  sa  longueur  totale  égale  celle  d'une  des  branches  de  la  mâchoire 
inférieure  :  il  est  par  conséquent  plus  court  et  moins  gros  que  dans  le  Ch.  Murclii^ 
sojii.  On  ne  voit  sur  toute  la  surface  du  tronc  que  l'empreinte  des  écailles,  en  forme 
de  petits  creux;  ce  qui  oblige  d'admettre  que  leur  surface  extérieure  était  convexe.  Du 
reste,  ces  écailles  sont  aussi  petites  que  celle  de  l'espèce  précédente,  et  paraissent 
avoir  été  complètement  lisses;  du  moins  je  n'ai  pu  découvrir  aucune  trace  de  stries, 
ni  dans  l'empreinte  des  écailles,  ni  à  la  surface  du  petit  nombre  de  celles  qui  sont 
conservées. 

Je  n'ai  encore  vu  qu'un  seul  exemplaire  de  cette  espèce ,  provenant  des  schistes  de 
l'île  Pomona,  et  qui  se  trouve  dans  la  collection  de  M.  Traill. 

Du  genre  Cheirolepis  Agass. 

Nous  venons  de  voir  deux  genres  dont  toutes  les  espèces  ont  des  écailles  extrême- 
ment petites,  semblables  à  une  fine  granulation.  En  voici  un  troisième  qui  a  le  même 
caractère  de  squamation,  mais  qui  en  diffère  surtout  par  la  structure,  de  ses  na- 
geoires. 

A  l'occasion  de  ces  écailles  si  petites  des  genres  AcantliodeSj  Cheiracanthus  et 
Cheirolepis  J  je  ne  puis  m'empêcher  d'ajouter  encore  une  obseivation  générale  sur 
l'uniformité  constante  dans  la  nature  des  tégumens  des  poissons  qui  peuplaient  jadis 
les  eaux  de  notre  globe.  Il  est  en  effet  très-surprenant  que  ces  petites  écailles  mêmes 
diffèrent  complètement,  quant  à  leur  structure,  de  celles  des  poissons  vivans  qui  les 
ont  également  grenues;  qu'au  lieu  d'être  arrondies,  elles  aient  la  forme  rhomboïdale 
des  autres  Lépidoïdes,  et  que  leur  surface  soit  pareillement  recouverte  d'émail.  Ces 


—     129     — 

écailles  sont  si  petites,  que  les dilït'rences  mentionnées  m'auraient  peut-être  échappé, 
si  je  n'avais  pas  connu  les  caractères  invariables  que  présentent  les  grandes  espèces- 
Mais  voyant  le  peu  d'importance  que  quelques  naturalistes  attachent  aux  caractères 
sur  lesquels  j'insiste,  j'ai  examiné  de  plus  près  les  poissons  qui  font  le  sujet  de  cet  ar- 
ticle ;  je  les  ai  comparés  avec  les  poissons  vivans  à  petites  écailles.  Dans  toutes  les 
espèces  connues  des  trois  genres  dont  nous  parlons,  j'ai  pu  m'assurer  que  les  écailles 
n'ont  aucun  rapport  avec  celles  des  poissons  vivans,  mais  qu'elles  ont,  au  contraire, 
réellement  la  structure  des  Lépidoïdes  ordinaires  ;  il  est  même  toujours  facile  de  s'en 
convaincre,  car  il  est  rare  de  trouver  un  exemplaire  qui  n'ait  pas  quelques  écailles 
brisées,  sur  la  cassure  desquelles  on  aperçoit  aisément  la  différence  de  substance  entre 
les  lames  de  l'écaillé  et  sa  couche  d'émail.  Cela  étant,  il  ne  me  paraît  pas  raisonnable 
de  prétendre  que  les  écailles  soient  des  organes  peu  significatifs  en  général,  ni  même 
dans  la  classe  des  poissons  en  particulier  ;  surtout  lorsqu'on  les  voit  conserver  aussi 
invariablement  la  même  structure  pendant  une  époque  aussi  longue  du  développe- 
ment de  la  vie  organique  sur  la  terre.  Cependant  les  écailles  du  genre  Cheirolcpis 
ont  quelque  chose  de  particulier  :  le  milieu  de  leur  surface  est  convexe,  et  orné  de 
différente  manière  dans  les  différentes  espèces. 

Les  nageoires  caractérisent  suitout  ce  genre  ;  elles  sont  placées  à-peu-près  comme 
dans  le  genre  Acanthocles  :  c'est-à-dire,  que  la  dorsale  est  très-reculée  et  opposée  à  la 
partie  postérieure  de  l'anale.  Celle-ci  est  placée  en  avant  du  tiers  postérieur  du  tronc. 
Les  ventrales  occupent  le  milieu  entre  les  pectorales  et  l'anale.  Toutes  ces  nageoires 
ont  des  rayons  très-grèles,  profondément  bifurques  à  plusieurs  reprises  ;  ils  sont  cer- 
tainement osseux,  puisqu'ils  sont  si  bien  conservés  dans  tous  les  exemplaires  que  j'ai 
vus.  Par  ce  caractère,  les  nageoires  du  genre  Cheirolepis  diffèrent  déjà  considéra- 
blement de  celles  des  genres  Acanthocles  et  Cheiracanthus ^  chez  lesquels  toutes  ces 
nageoires,  excepté  leurs  rayons  épineux,  disparaissent,  même  dans  les  exemplaires 
aussi  bien  conservés  que  les  Cheirolepis ^  et  que  l'on  trouve  dans  les  mêmes  couches. 
Comme  ceci  a  lieu  pour  tous  les  exemplaires  de  quatre  espèces  appartenant  à  diffé- 
rentes formations ,  il  est  évident  que  c'est  le  résultat  d'une  différence  essentielle  de 
structure.  Mais  en  quoi  les  nageoires  des  Cheirolepis  s'en  distinguent  encore  davan- 
tage, c'est  qu'elles  n'ont  point  de  rayon  épineux  à  leur  bord  antérieur;  de  petits 
rayons  grêles,  très-serrés  les  uns  contre  les  autres  et  imbriqués  comme  des  écailles 
le  long  des  grands  rayons  antérieurs  de  ces  nageoires,  remplacent  ici  les  rayons  épi- 
neux qui  soutiennent  les  nageoires  dans  les  deux  autres  genres.  C'est  à  raison  de 
cette  structure  des  nageoires  que  j'ai  donné  à  ce  genre  le  nom  de  Cheirolepis.  La 
caudale  est  exactement  conformée  comme  dans  les  Palœoniscus. 

Ce  genre  est  en  outre  remarquable  par  la  grandeur  considérable  de  la  gueule  5  les 


—     150    -. 

dents  des  mâchoires  sont  très-petites  en  général  ^  cependant  il  y  en  a  parmi  quel- 
ques-unes* qui  sont  un  peu  plus  grandes  et  qui  rappellent  la  dentition  de  quelques 
genres  de  la  famille  des  Sauroïdes.  J'ai  cru  néanmoins  devoir  placer  ce  genre  ici, 
parce  que  les  formes  trapues  de  ses  espèces  l'associent  plutôt  aux  Acanthodes  qu'aux 
Pygoptères. 

Je  connais  déjà  deux  espèces  de  ce  genre ,  dont  l'une  a  été  découverte  récemment 
dans  les  schistes  de  l'île  de  Pomona,  tandis  que  l'autre  se  trouve  dans  les  géodes  de 
Gamrie.  Cette  dernière  a  déjà  été  indiquée  par  M.  Pentland,  Géol.  Trans.j  vol.  2, 
p.  364-  C'est  son  second  ichthyolithe  de  Gamrie. 

1 .  Cheirolepis  Traillii  Agass. 

Yol.  2 ,  Tab.  I  cl  et  Tab.  i  e,  fig.  4. 

Tous  les  exemplaires  que  j'ai  vus  de  cet  intéressant  poisson  ont  été  trouvés  par  M.  Traill 
.dans  les  schistes  de  l'île  de  Pomona,  où  il  paraît  ne  pas  être  très-rare.  Les  deux 
exemplaires  représentés  dans  mes  planches  en  donnent  une  idée  complète.  Le  corps 
est  large ,  dans  sa  partie  antérieure  surtout ,  et  se  rétrécit  très-insensiblement  vers  son 
extrémité  caudale.  La  position  très-reculée  de  la  dorsale  et  de  l'anale  contribue  encore 
à  lui  donner  un  air  plus  lourd.  La  tête  est  de  moyenne  grandeur,  elle  égale  presque  le 
quart  de  la  longueur  totale.  Dans  l'exemplaire  Tab.  i  dj  elle  est  très-mal  conservée  et 
complètement  aplatie  ^  on  n'y  voit  distinctemement  que  l'angle  de  la  ceinture  thora- 
cique,  auquel  est  insérée  la  pectorale ,  qui  est  elle-même  réduite  en  une  masse  carbo- 
nisée confuse.  Plus  en  avant  et  en  dessous  on  remarque  deux  larges  plaques,  qui 
pourraient  avoir  été  démembrées  de  la  branche  horizontale  de  l'humérus,  à  en  juger 
du  moins  d'après  ce  que  l'on  peut  observer  sur  la  tête  du  Ch.  UraguSj,  Tab.  i  Cj 
fig.  I .  En  revanche,  dans  l'exemplaire  de  la  fig.  4?  l'oii  voit  quelques  autres  détails  de 
la  tête  du  CJi.  Traillii  :  la  mâchoire  inférieure  du  côté  gauche  y  est  très-distincte  ;  elle 
est  bordée  de  très-petites  dents  en  brosse ,  entre  lesquelles  il  s'en  trouve  quelques- 
unes  plus  grandes,  en  forme  de  cônes  aigus.  Les  autres  os  de  la  tête  sont  brisés  et 
déplacés.  Les  nageoires  paires  sont  proportionnellement  moins  grandes  que  les  im- 
paires ;  les  pectorales  sont  arrondies,  formées  de  rayons  très-grèles,  fréquemment  bi- 
furques à  leur  extrémité ,  et  divisés  transversalement  par  des  articulations  qui  ne  sont 
pas  très-rapprochées.  Le  bord  antérieur  de  la  nageoire  est  soutenu  par  de  petits  rayons 
très-grèles  et  très-serrés,  qui  s'étendent  jusqu'à  son  extrémité.  Les  ventrales  sont 
plus  petites  encore;  elles  sont  insérées  par  une  large  base,  comme  dans  les  Estur- 
geons ,  et  placées  exactement  au  milieu  entre  les  pectorales  et  l'anale  ;  leurs  rayons 
sont  semblables  à  ceux  des  pectorales,  et  la  lisière  de  pelits  rayons  à  leur  bord  anté- 


—     151     — 

rieui'  est  encore  plus  marquée.  L'anale  et  la  dorsale  sont  trcs-reculées,  beaucoup 
plus  étendues  que  les  nagcbires  paires,  et  formées  de  rayons  plus  allongés.  Cette  es- 
pèce diffère  de  la  suivante,  non-seulement  par  la  position  plus  reculée  de  ces  deux 
nageoires ,  mais  encore  en  ce  que  la  dorsale  est  aussi  visiblement  plus  en  arrière  que 
l'anale.  Les  rayons  de  ces  deux  nageoires  sont  très-grèles  ;  leurs  bifurcations  sont 
plus  nombreuses,  et  leurs  articulations  transversales  plus  rapprochées  que  dans  les 
autres  ;  ceux  de  leur  bord  antérieur  sont  beaucoup  plus  allongés  5  en  sorte  que  le  bord 
extérieur  des  nageoires  est  écbancré,  leurs  rayons  postérieurs  diminuant  rapidement 
dé  longueur.  Le  bord  antérieur  de  ces  deux  nageoires  est  muni  de  petits  rayons  imbri- 
qués, qui  s'élèvent  insensiblement  à  sa  base,  et  qui  s'étendent  jusqu'à  son  extrémité. 
La  dorsale  est  un  peu  plus  petite  que  l'anale  ;  son  bord  antérieur  correspond  environ 
au  milieu  de  celle-ci.  Les  rayons  de  la  caudale  sont  plus  gros  que  ceux  des  autres  na- 
geoires ;  leurs  bifurcations  sont  aussi  moins  profondes  et  moins  nombreuses ,  et  leurs 
divisions  transversales  un  peu  moins  rapprochées.  La  lîg.  4  f^it  voir  évidemment 
que  le  lobe  inférieur  est  écbancré,  et  que  son  bord  antérieur  est  soutenu  par  de  petits 
rayons  semblables  à  ceux  qui  sont  en  devant  de  l'anale.  La  pai'tie  allongée  du  pédicule 
de  la  queue  qui  porte  la  caudale ,  est  plus  large  que  dans  la  plupart  des  Hétérocer- 
ques  ;  à  son  bord  supérieur  il  y  a  de  grosses  écailles  acuminées  en  forme  de  rayons, 
qui  s'étendent  jusqu'à  son  extrémité,  et  que  l'on  voit  surtout  bien  dans  l'exemplaire 
de  la  Tab.  i  d. 

Les  écailles  sont  très-petites,  disposées  en  séries  obliques ,  et  peu  inclinées  sur  les 
flancs  du  poisson  5  elles  paraissent  exactement  de  même  dimension  sur  toute  la  surface 
du  corps;  celles  des  bords  du  dos  et  du  ventre,  et  du  pédicule  de  la  queue,  sont  à 
peine  plus  petites.  Dans  l'exemplaire  de  la  T^ab.  i  d^  elles  sont  en  creux  seulement, 
tandis  que  dans  celui  de  la  fig.  4,  Tab.  i  e_,  elles  sont  en  relief  partout  où  la  cuirasse 
écailleuse  n'est  pas  complètement  carbonisée.  Leur  forme  est  rhomboïdale  5  et  par 
suite  de  leur  inclinaison,  leurs  bords  supérieur  et  inférieur  sont  obliques  au  diamètre 
longitudinal  du  poisson.  Leur  surface  extérieure  est  surmontée  dans  son  milieu  d\inc 
éminence  qui  s'étend  du  haut  en  bas  de  chaque  écaille,  parallèlement  à  ses  bords 
antérieur  et  postérieur,  sans  cependant  atteindre  les  bords  de  l'écaillé,  et  par  con- 
séquent sans  former  des  quilles  continues;  Tab.  i  d^  fig.  2.  Ces  éminences  forment 
sur  toute  la  surface  du  corps  comme  une  granulation  en  séi'ies  interrompues;  on  ne 
l'aperçoit  que  dans  les  parties  parfaitement  bien  conservées  du  poisson.  Dans  les 
empreintes  en  creux ,  elles  ont  laissé  une  rainure  très-distincte  au  milieu  de  chaque 
écaille,  Tab.  i  d,  fig.  3. 

Cette  espèce  n'a  encore  été  trouvée  que  dans  les  schistes  de  l'île  de  Poniona. 


—     132    — 

2.  Cheirolepis  Uragus  Agass. 

Vol.  2,  Tab.  I  e j  fîg.  i ,  2  et  3. 

Si  l'on  possédait  de  toutes  les  espèces  de  poissons  fossiles  des  exemplaires  aussi 
complets  que  ceux  que  j'ai  fait  figurer  pour  représenter  celle-ci,  les  descriptions  que 
j'en  donne  ne  laisseraient  pas  si  souvent  à  désirer  des  détails  plus  précis  sur  leur 
structure.  Cependant,  quelque  bien  conservées  que  soient  toutes  les  parties  du  tronc 
dans  l'exemplaire  de  la  lig.  2 ,  et  quelque  distincts  que  soient  les  os  des  côtés  infé- 
rieurs de  la  tête  dans  la  fîg.  i ,  je  n'ai  pu  décrire  les  os  du  crâne  dans  aucun  des 
exemplaires  que  j'ai  vus.  La  tête  est  proportionnellement  plus  petite  que  dans  le 
Ch.  Traillii;  elle  forme  environ  un  cinquième  de  la  longueur  totale  du  corps.  Dans 
l'original  de  la  fîg.  2,  elle  est  relevée  et  reployée  sur  la  nuque  ;  en  sorte  que  la  gorge 
est  saillante,  tandis  que  la  partie  supérieure  du  tronc  est  concave.  On  voit  pourtant 
distinctement  la  mâchoire  inférieure  du  côté  gauche  par  sa  surface  extérieure,  et 
plus  haut  la  mâchoire  supérieure  du  côté  droit  par  sa  surface  intérieure.  La  ceinture 
thoracique  droite  forme  une  saillie  triangulaire  qui  borde  en  arrière  la  partie  visible 
de  la  tête.  En  dessous  de  cette  saillie  on  distingue  deux  os  cassés,  dont  la  pointe  est 
dirigée  en  bas,  et  qui  paraissent  être  des  pièces  de  la  ceinture  thoracique  gauche. 
Enfin,  vers  la  jonction  de  ces  os  on  distingue  quelques  rayons  des  pectorales,  sans 
qu'il  soit  possible  de  déterminer  de  quel  côté  du  poisson  ils  étaient  attachés.  Dans 
l'original  de  la  fîg.  i,  la  structure  de  cette  partie  du  corps  est  plus  distincte  5  ce 
poisson  est  couché  sur  la  tête,  en  sorte  que  l'on  y  voit  très-distinctement  la  mâ- 
choire inférieure,  l'appareil  hyoïde  avec  les  rayons  branchiostègues ,  et  en  arrière  la 
jonction  des  branches  horizontales  de  l'humérus,  à  l'angle  extérieur  desquelles 
sont  insérées  les  pectorales.  Du  côté  gauche  on  voit  distinctement  cette  nageoire, 
dont  la  base  est  très -large  et  dont  le  bord  est  arrondi.  La  surface  extérieure 
de  tous  ceux  des  os  de  la  tête  que  l'on  aperçoit,  est  ornée  d'une  granulation  en- 
relief,  comme  dans  le  Dapedhim  politum  et  tant  d'autres  poissons  fossiles  de  cette 
famille.  La  mâchoire  inférieure  est  plus  large  en  arrière  que  vers  sa  symphyse 5  sa 
branche  droite  est  très-distincte  au  côté  inférieur  de  la  fîg.  i  ;  en  dessous  l'on  re- 
marque une  partie  de  la  mâchoire  supérieure  qui  la  déborde.  Entre  les  deux  mâchoires 
on  aperçoit  plusieurs  rangées  de  très-petites  dents,  toutes  de  même  grandeur.  Au 
côté  supérieur  de  la  figure,  la  mâchoire  inférieure  est  moins  distincte  et  davantage 
recouverte  par  la  mâchoire  supérieure;  cependant  on  voit  aussi  quelques  petits  dents 
dans  l'entre-deux.  Les  rayons  branchiostègues  sont  très-bien  conservés  sur  les  deux 
côtés  de  la  tête  ;  les  antérieurs  sont  plus  courts  et  plus  larges  5  on  les  voit  bien  sur 


—     153    — 

le  côlc  qauclic.  Les  postérieurs,  qui  sont  mieux  eonservés  sur  le  côté  droit,  sont  plus 
étroits  et  plus  allongés^  j'en  distingue  au  moins  dix.  Les  hrancles  horizontales  de 
riuunérus  sont  très-larges  et  paraissent  s'étendre  eu  arrière  de  l'insertion  des  pec- 
torales ,  à  en  juger  du  moins  d'après  la  plaque,  qui  s'étend,  dans  cet  exemplaire,  sur 
le  côté  gauche  en  dessous  de  cette  nageoire.  En  a  l'on  aperçoit  une  partie  des  branches 
montantes  de  cet  os. 

La  forme  du  tronc  de  cette  espèce  diffère  considérablement  de  celle  du  Ch.  Traîlliii 
sa  partie  antérieure  est  également  large,  il  est  vrai;  mais  sa  partie  postérieure,  de- 
puis l'insertion  de  l'anale,  se  rétrécit  considérablement,  en  sorte  que  la  queue  est 
proportionnellement  plus  étroite  et  en  même  temps  sensiblement  plus  allongée  ;  d'où 
il  résulte  aussi  que  les  nageoires  anale  et  dorsale  sont  beaucoup  moins  rapprochées 
de  la  caudale.  Le  bord  antérieur  de  la  dorsale  est  aussi  moins  reculé,  relativement  à 
l'anale,  que  dans  le  Cheirolepis  TraiUii ;  il  est  opposé  au  tiers  antérieur  de  l'anale. 
Quant  aux  ventrales,  elles  sont  un  peu  plus  rapprochées  des  pectorales  que  de  l'anale. 
Toutes  les  nageoires  sont  formées  de  rayons  également  grêles  et  fréquemment  bifur- 
ques à  leur  extrémité  ;  ceux  du  lobe  inférieur  de  la  caudale  seulement  sont  un  peu  plus 
gros.  Les  articulations  transversales  des  rayons  ne  sont  pas  très-rapprochées,  en  sorte 
que  leurs  articles  paraissent  plus  longs  que  larges.  En  avant  de  toutes  les  nageoires  il 
V  a  une  lisière  de  petits  rayons  imbriqués,  qui  s'étendent  tout  le  long  de  leur  bord 
antérieur.  On  voit  distinctement  cjue  la  surface  des  nageoires  n'est  point  recouverte 
d'écaillés,  comme  cela  a  lieu  dans  quelques  espèces  de  différens  genres  de  cette  fa- 
mille ;  mais  qu'ici  leur  aspect  écailleux  provient  de  la  ténuité  des  rayons  et  de  leurs 
articulations  transversales,  qui  la  font  ressembler  à  la  surface  écaillée  du  corps.  Le 
prolongement  du  pédicule  de  la  queue  qui  porte  la  caudale  est  très-allongé,  et  la  base 
d'insertion  de  cette  nageoire  par  conséquent  très-étendue.  Les  petits  rayons  de  son 
lobe  inférieur  commencent  en  effet  bien  en  avant  de  ceux  qui  atteignent  la  plus  grande 
longueur,  et  s'allongent  très-insensiblement  devant  ceux-ci.  La  base  de  cette  nageoire 
est  dès-lors  beaucoup  plus  oblique  que  dans  tous  les  autres  Hétérocerques  -,  son  lobe 
inférieur  est  plus  court  que  le  supérieur  ;  cependant  il  en  est  séparé  par  une  forte 
échancrure.  Au  bord  supérieur  du  prolongement  du  pédicule  caudal,  il  y  a  de  très- 
grosses  écailles  acuminées  et  imbriquées  dans  toute  la  partie  qui  correspond  aux  petits 
rayons  du  lobe  inférieur;  tandis  que,  vers  l'extrémité  de  la  nageoire,  elles  s'amin- 
cissent insensiblement  et  finissent  par  devenir  très-grèles.  Toutes  les  écailles  sont 
rlîomboïdales ,  très-petites  et  de  même  grandeur  sur  tout  le  corps,  disposées  en  sé- 
ries plus  obliques  que  dans  le  Ch.  Traillii;  leur  surface  est  convexe  et  ornée,  vers 
leur  bord  antérieur  surtout,  de  rides  convergentes  et  obliques  à  1  écaille,  fig.  3. 

M.  Pentland  a  déjà  très-bien  décrit  cette  espèce  dans  sa  notice  sur  les  poissons 
ToM.  II.  18 


—     134    — 

fossiles  de  Gamrie,  Géol.  Trans.  2'"'  série,  vol.  2,  p.  364,  sous  le  N°  2.  Cependant 
il  s'est  trompé  en  disant  que  les  nageoires  étaient  couvertes  d'écaillés.  En  revanche, 
il  a  très-bien  reconnu  que  cette  espèce  diffère  de  toutes  les  espèces  de  poissons  fos- 
siles déjà  décrits,  et  que  même  elle  ne  peut  être  rapportée  à  aucun  des  genres  de 
poissons  vivans  ou  fossiles  mentionnés  jusqu'ici  dans  les  ouvrages  d'iclithyologie. 

Tous  les  exemplaires  de  cette  espèce  ont  été  trouvés  dans  des  géodes  de  structuie 
cristalline  à  Gamrie.  L'original  de  ma  fig.  i  se  trouve  dans  la  collection  de  M.  Mur- 
chison  ;  celui  de  la  fig.  2,  qui  est  le  plus  complet  que  j'aie  vu,  appartient  à  M.  Rniglit. 

Comme  la  formation  géologique  à  laquelle  l'argile  de  Gamrie  appartient,  n'est  point 
encore  déterminée  avec  certitude ,  je  ne  crois  pas  superflu  d'ajouter  que  les  rapports 
intimes  qui  existent  entre  les  espèces  de  cette  localité  et  celles  de  Pomona  me  pa- 
raissent indiquer  à-peu-près  la  même  époque.  11  est  vrai  que  les  espèces  de  Gamrie 
et  de  Pomona  ne  sont  point  identiques  5  mais  elles  appartiennent  exactement  aux 
mêmes  genres,  qui,  du  reste,  n'ont  point  encore  été  trouvés  ailleurs.  J'infère  de  cette 
circonstance,  que  ces  dépôts  sont  à-peu-près  contemporains,  mais  qu'ils  se  sont  for- 
més dans  des  circonstances  locales  différentes.  Les  caractères  particuliers  de  ces  pois- 
sons me  paraissent  indiquer  une  époque  antérieure  à  la  houille,  ou  du  moins  aussi 
ancienne  que  cette  formation. 


—      lôîî     — 


CHAPITRE  YI. 

DU  GENRE  CÉPHALASPIS. 

Si  je  Tavais  connu  plus  tôt,  j'aurais  placé  ce  genre  en  tête  de  la  famille  des  Lépi- 
doïdcs,  tant  il  diffère  de  tous  les  poissons  connus.  Il  comprend  les  animaux  les  plus 
curieux  que  j'aie  jamais  observés  ;  leurs  caractères  sont  même  si  extraordinaires ,  qu'il 
m'a  fallu  l'examen  le  plus  attentif  et  le  plus  scrupuleux,  et  les  preuves  les  plus  évi- 
dentes, pour  me  convaincre  que  ces  êtres  mystérieux  étaient  réellement  des  poissons. 
En  jetant  un  coup-d'œil  sur  la  Tab.  i  h^  quel  est  en  effet  le  naturaliste  qui  penserait 
que  ces  écussons  en  forme  de  croissant  sont  réellement  des  têtes  de  poissons,  et  qui 
n'aurait  pas  bien  plutôt  l'idée  que  ce  sont  des  boucliers  de  Trilobites  ?  Us  ont  même 
généralement  été  pris  pour  tels.  Cependant,  dans  la  Tab.  i  a,  nous  voyons  ces  mêmes 
boucliers  terminer  la  partie  antérieure  d'un  corps  couvert  d'écaillés  et  portant  des 
nageoires.  Il  est  donc  évident  que  ces  fossiles  appartiennent  à  la  classe  des  Poissons  ; 
et  ce  qui  paraîtrait  incroyable  aussi  long-temps  qu'on  ne  verrait  que  les  figures  de  la 
Tab.  I  h ,  devient  tout-à-coup  certain  lorsque  l'on  jette  les  yeux  sur  la  Tab.  i  a.  Con- 
vaincu alors  par  l'évidence,  on  se  familiarise  bientôt  avec  l'idée  que  les  fig.  i ,  2,  3, 
4  et  5  sont  réellement  des  parties  de  poisson;  on  entrevoit  peut-être  aussi  la  possibi- 
lité que  les  fig.  6  et  7  soient  également  des  têtes  de  poissons.  Mais  en  regardant  de  près 
les  fig.  8,  g,  10  et  II ,  il  paraît  cependant  moins  vraisemblable  que  cette  détermina- 
tion leur  soit  aussi  applicable,  tant  la  nature  de  ces  dernières  pièces  s'éloigne  de  recbef 
de  celle  des  premières.  Pour  résoudre  ces  énigmes,  je  vais  d'abord  cbercher  à  déter- 
miner exactement  les  caractères  du  genre  Ceplialaspis ,  d'après  les  exemplaires  sur  la 
nature  desquels  il  ne  peut  rester  aucun  doute  5  puis  il  sera  plus  facile  de  décider  jus- 
qu  à  quel  point  tous  ces  fossiles  appartiennent  au  même  genre.  Dans  tous  les  cas  il 
ressortira  de  cet  examen,  que  même  les  fig.  8,  9  et  10  ne  sont  point  des  coquilles 
comme  elles  en  ont  l'air,  ni  des  écailles  de  la  queue  d'un  crustacé,  comme  on -pour- 
rait aussi  le  supposer;  mais  que  ce  sont  réellement  des  parties  de  têtes  de  poissons , 
qu'il  faudra  probablement  séparer  génériquement  des  Ceplialaspis,  quand  on  les  con- 
naîtra plus  complètement. 

La  tête  est  la  partie  la  plus  extraordinaire  du  corps  des  Ceplialaspis.  C'est  un  écus- 
son  plus -ou  moins  large,  dont  les  côtés  se  prolongent  en  arrière  comme  les  cornes 
d'un  croissant.  La  fig.  i  de  la  Tab.  i  a  fait  voir  évidemment  que  la  tête  est  beau- 


^     136     — 

coup  plus  large  que  haute,  cl  que  ses  prolongemens  latéi-aux  débordaient  consldcra- 
blement  les  côtés  du  tronc.  Toute  la  tète  paraît  être  formée  d'une  seule  pièce ,  tant 
ses  os  sont  intimement  soudés  les  uns  aux  autres.  Dans  aucun  des  exemplaires  que 
j'ai  examinés ,  je  n'ai  pu  découvrir  la  moindre  trace  de  suture  ;  en  sorte  qu'il  m'est  im- 
possible de  déterminer  quels  sont  les  os  qui  forment  la  partie  dilatée  de  l'écusson  et 
ses  prolongemens  latéraux.  Il  est  probable  que  ce  sont  les  pièces  operculaires,  sou- 
dées aux  sous-orbilaires,  comme  dans  les  Trigles,  et  notamment  dans  le  genre  Dac- 
tjlopterus j  ou  comme  dans  les  Loricaires  et  les  Hypostomes,  et  que  la  bouche  était 
placée  en  dessous  de  cet  écusson  ;  du  moins  je  n'ai  rien  remarqué  autour  de  ce  crois- 
sant, qui  rappelât  l'ouverture  d'une  bouche  et  qui  pût  faire  supposer  que  les  os  maxil- 
laires soient  compris  dans  cette  dilatation  de  la  tête.  Toutes  les  pièces  que  j'ai  en  mains 
présentent  la  tête  par  sa  surface  supérieure  ;  dans  aucune  je  n'ai  pu  mettre  à  décou- 
vert sa  surface  inférieure.  Il  reste  donc  ici  bien  des  caractères  à  déterminer,  et  qu'il 
est  réservé  à  des  recherches  ultérieures  de  faire  connaître.  Les  yeux  sont  placés  vers  le 
milieu  du  disque  de  la  tête,  et  très-rapprochés  l'un  de  l'autre  ;  ils  sont  très-petits,  et 
tournés  en  haut ,  comme  dans  les  Uranoscopes.  Les  os  du  crâne  proprement  dit  parais- 
sent très-peu  développés,  et  n'occuper  que  l'espace  compris  entre  les  yeux  jusqu'à 
l'occiput,  qui  est  plus  ou  moins  saillant.  S'il  en  est  ainsi,  ce  sont  les  os  de  la  face  seu" 
lement  qui  forment  toivt  le  disque  de  la  tête  \  à  moins  que  l'ethmoïde  ne  s'étende  jusqu'à 
l'extrémité  du  museau  j  ce  qu'il  m'est  absolument  impossible  de  déterminer.  En  dé- 
crivant les  diverses  espèces  de  ce  genre,  j'aurai  occasion  d'ajouter  encore  quelques 
détails  sur  la  structure  de  la  tête  et  sur  ses  tégumens,  qui  sont  dans  les  unes  de  vé- 
ritables écailles  juxta-posées ,  et  dans  les  autres  une  cuirasse  uniforme  d'émail  fine- 
ment strié.  Je  discuterai  alors  aussi  la  position  générique  de  chacune  d'elles. 

Le  corps  est  proportionnellement  beaucoup  moins  gros  que  la  tête.  Le  dos  est 
voûté  et  plus  élevé  à  la  nuque  que  sur  tout  le  reste  de  son  étendue;  la  queue  est  con- 
sidérablement rétrécie  et  se  prolonge,  comme  dans  tous  les  Ganoïdes  hétérocerques, 
en  un  long  pédicule  qui  porto  la  caudale.  Celle-ci  a  la  forme  ordinaire  de  la  caudale 
des  poissons  antérieurs  aux  terrains  jurassiques,  c'est-à-dire,  que  le  lobe  inférieur 
est  formé  par  la  partie  antérieure  de  cette  nageoire  qui  est  plus  allongée  que  celle  qui 
forme  le  lobe  supérieur  et  qui  s'étend  jusqu'à  l'extrémité  du  pédicule.  Il  y  a  évidemment 
deux  dorsales,  dont  on  ne  voit  distinctement  que  la  base  de  leurs  rayons  antérieurs;  ce- 
pendant la  fig.  I  de  la  Tab.  i  a  ne  laisse  aucun  doute  sur  leur  existence.  La  première 
est  placée  immédiatement  en  arrière  de  la  nuque,  oii  l'on  distingue  quelques  traces  du 
gros  rayon  de  son  bord  antérieur  ;  elle  s'étend  presque  jusqu'au  milieu  du  dos.  La  se- 
conde est  placée  sur  le  pédicule  de  la  queue;  son  gros  rayon  antérieur  indique  exacte- 
ment sa  position.  L'anale  est  plus  reculée  que  la  seconde  dorsale  ;  son  bord  antérieur  est 


—     157     — 

oppose  au  milieu  de  celle  nageoire.  Toutes  ces  nageoires  paraissent  n'avoir  eu  de 
rayons  vraiment  osseux  qu'à  leur  bord  antérieur,  tandis  que  le  reste  de  la  nageoire 
était  plutôt  fibreux,  comme  dans  les  génies  Acanthodes  et  Clieiracanllms ^  que 
composé  de  rayons  distincts  ,  articulés  et  bifurques.  Dans  aucun  des  exemplaires  que 
j'ai  examinés,  l'on  n'aperçoit  la  moindre  trace  de  ventrales  ni  de  pectorales.  Tout  le 
corps  est  couvert  d'écailles  disposées  en  séries  verticales  sur  le  milieu  des  flancs ,  et 
obliques  au  bord  du  dos  et  de  l'abdomen,  et  qui  sont  réunies  de  manière  à  faire 
ressortir  plutôt  leur  bord  postérieur  que  leurs  bords  supérieur  et  inférieur 5  tellement 
qu  il  ne  paraît  y  avoir  de  cbaque  côté  que  trois  rangées  d'écailles  beaucoup  plus 
bautes  que  longues,  et  qui  donnent  à  ce  poisson  un  aspect  cuirassé  comme  au  genre 
CaUichthys.  En  effet,  en  examinant  de  près  cette  cuirasse  écailleuse,  on  reconnaît 
qu'il  y  a  au  bord  du  dos  une  première  rangée  d'écailles  très-élevées,  beaucoup  plus 
hautes  que  longues ,  et  qui  s'étend  obliquement  d'avant  en  arrière  jusqu'au  tiers  su- 
périeur du  poisson;  puis  sur  le  milieu  des  flancs  une  seconde  rangée  beaucoup  plus  large 
encore  et  verticale^  qui  s'étend  jusque  vers  le  bord  inférieur  de  l'abdomen;  enfin  sur 
les  côtés  de  l'abdomen  une  troisième  rangée  moins  élevée ,  et  qui  se  dirige  oblique- 
ment en  arrière  depuis  l'extrémité  inférieure  de  la  rangée  transversale.  Cependant  il 
parait  que  ces  rangées  ne  sont  pas  uniformément  composées  de  pièces  simples  ;  car, 
du  moins  dans  la  rangée  du  bord  du  dos,  on  remarque  que  cbaque  lame  oblique  se 
compose  de  plusieurs  écailles.  Il  en  est  de  même  de  la  série  oblique  du  bord  du  ventre, 
où,  dans  cbaque  lame,  on  découvre  au  moins  deux  écailles.  Mais  la  rangée  latérale 
paraît  être  composée  de  pièces  simples ,  quelque  hautes  qu'elles  soient.  Les  côtés  du 
pédicule  de  la  queue  sont  complètement  couverts  de  petites  écailles  en  forme  de 
losanges  allongées,  qui  s'étendent  jusque  vers  le  milieu  de  la  seconde  dorsale.  Au 
bord  supérieur  du  prolongement  de  ce  pédicule,  il  y  a  de  plus  grosses  écailles, 
imbriquées,  qui  s'étendent  jusqu'à  son  extrémité. 

Les  caractères  bizarres  de  ce  genre  me  fournissent  une  nouvelle  occasion  de  faire 
remarquer  combien  les  parties  du  corps  des  animaux  des  époques  les  plus  anciennes 
présentent  d'unifoimité  dans  leur  structure,  en  même  temps  que  les  types  du  règne 
animal  y  sont  moins  différenciés.  Ici,  par  exemple,  les  os  de  la  tête  sont  tous  con- 
fondus, les  écailles  sont  réunies  en  bandes  très-élevées,  et  les  rayons  des  nageoires 
demeurent  encore  immergés  dans  la  membrane  qui  les  entoure  ailleurs  ;  tandis  que 
l'animal  entier  rappelle  de  la  manière  la  plus  étonnante  les  Trilobites ,  qui  ont  précédé 
de  peu  les  Cephalaspis  dans  la  série  des  créations.  Cet  exemple  seul  suflîrait  pour 
rappeler  les  lois  constantes  qui  régissent  la  succession  des  êtres  et  leur  développe- 
ment progressif,  si  la  classe  des  poissons  tout  entière  n'en  était  pas  une  continuelle 
démonstration. 


—     158     — 

Toutes  les  espèces  du  genre  Cephalaspis  ont  été  trouvées  dans  le  vieux  grès-rouge 
(Old-Red  Sandstone)  d'Angleterre  et  d'Ecosse.  Ce  n'est  donc  point  dans  le  calcaire 
carbonifère  (Mountain  Limestone),  et  par  conséquent  encore  moins  dans  le  Zechstein, 
que  l'on  trouve  les  vestiges  des  poissons  les  plus  anciens  qui  aient  existé,  comme  on 
l'a  prétendu.  Leur  présence  remonte  à  une  époque  plus  reculée-,  car  il  est  maintenant 
certain  que  l'on  en  trouve  un  assez  grand  nombre  dans  le  vieux  grès-rouge.  Cependant 
cette  formation  même  n'est  pas  la  plus  ancienne  dans  laquelle  on  ait  découvert  des 
poissons  fossiles.  Mais  comme  les  Cephalaspis  appartiennent  déjà  à  une  époque  si 
reculée,  et  qu'il  est  de  la  plus  baute  importance  pour  la  Paléontologie  de  préciser 
exactement  la  formation  dans  laquelle  se  trouAent  les  premières  traces  de  poissons, 
je  crois  utile  d'entrer  ici  déjà  dans  quelques  détails  sur  toutes  les  espèces  de  poissons 
fossiles  dont  on  a  découvert  des  Jébris  dans  les  coucbes  les  plas  anciennes  de  l'écorce 
de  notre  globe ,  quand  bien  même  leur  organisation  m'oblige  à  en  renvoyer  en  partie 
la  description  au  3^  volume  de  cet  ouvrage. 

Afin  de  pouvoir  mieux  préciser  mes  indications  sur  les  coucbes  dans  lesquelles  se 
trouvent  les  poissons  les  plus  anciens,  et  afin  qu'il  ne  puisse  rester  aucune  incer- 
titude sur  l'âge  géologique  de  ces  localités,  je  crois  utile  de  transcrire  sommairement 
ici  les  résultats  des  recberclies  de  M.  Murcbison  sur  les  rocbes  stratifiées  fossilifères, 
inférieures  à  la  formation  bouillère.  Ces  indications  seront  d'autant  plus  exactes,  que 
c'est  à  M.  Murcbison  lui-même  que  je  suis  redevable  de  la  plupart  des  exemplaires 
de  poissons  fossiles  que  j'ai  examinés ,  provenant  des  formations  inférieures  à  la 
houille,  et  que  ce  sont  également  ses  communications  obligeantes  qui  m'ont  mis  en 
état  de  rédiger  cette  notice.  Dans  le  tableau  synoptique  que  M.  Murcbison  a  publié 
de  ces  terrains,  il  part  du  calcaire  carbonifère  et  descend  successivement  jusqu'au 
système  schisteux  de  la  partie  méridionale  du  Pays  de  Galles.  Le  vieux  grès-rouge,  Old- 
Red  des  Anglais,  est  la  formation  la  plus  récente  dont  les  couches  soient  examinées 
en  détail  dans  ce  tableau.  L'étage  supérieur  de  cette  formation-  est  entièrement  dé- 
pourvu de  débris  organiques;  l'ensemble  de  ses  couches,  formé  d'un  conglomérat 
rouge  et  de  différens  grès,  a  une  épaisseur  de  plusieurs  mille  pieds,  comme  on  peut 
s'en  assurer  en  visitant  les  escarpemens  des  comtés  de  Brecknock  et  de  Caermarthen  ; 
elles  supportent  la  formation  houillère  dans  le  sud  du  Pays  de  Galles.  L'étage  moyen 
de  l'Old-Red  se  compose  de  marnes  rouges  et  vertes,  avec  de  nombreux  lits  d'un  cal- 
caire concrétionné  appelé  Comstone  et  quelques  couches  d'un  grès  très-dur;  c'est 
cette  partie  de  la  formation  qui  contient  les  débris  de  Cephalaspis.  On  n'a  pas  dé- 
couvert la  moindre  trace  d'aucune  autre  espèce  de  corps  organisés  dans  cet  étage  de 
la  formation,  à  l'exception  de  ces  fragmens  de  poissons,  qui  la  caractérisent  d'une 
manière  toute  particulière.    Ils  ont  été  trouvés  par  M.  Murcbison  lui-même,  sur 


—     159     — 

diffcrens  points  de  cet  étage,  dans  les  comtés  de  Salop,  llercford,  Worccslcr,  Mon- 
moutli  et  Biccknock ,  sur  une  étendue  d'environ  3ooo  milles  carrés,  occupant  toujours 
le  même  horizon  géologique.  Ce  groupe  des  Cornstones  a  aussi  une  épaisseur  consi- 
dérable ,    égalant  probablement   celle  des    grès    de    l'étage    supérieur.    Cependant 
M.  Murchison  pense  que  les  débris  de  poissons  sont  surtout  abondans  dans  la  partie 
inférieure  de  cet  étage  moyen.  Dans  l'étage  inférieur  de  l'Old-Red ,  en  dessous  de 
l'horizon  des  CephalaspiSj,  M.  Murchison  n'a  trouvé  à  Downlon-Ilall  près  de  Ludlow, 
qu'un  fragment  de  tête  avec  une  portion  de  cuirasse  écaillée,  appartenant  évidemment 
au  Diptenis  macrolepidotus ^  et  à  Tinmill  près  du  château  de  Dowton,  que  de  petits 
Ichthyodorulithes,  accompagnés  d'une  nouvelle  espèce  de  Pileopsis  et  d'une  nouvelle 
espèce  à^Avicule.  Dans  ce  dernier  endroit,  l'on  voit  très-bien  le  passage  du  vieux 
grès-rouge  au  roc  gris  de  Ludlow ,  qu'il  recouvre.  Les  localités  où  les  fossiles  de  cette 
formation  sont  les  plus  communs,  sont:  Whitbach  près  de  Ludlow,  The  Whyle, 
la  route  de  Bromyard,  Sutton-Hill,  Downton-Hall ,  Menaibridge  et  Abergavenny. 
M.  31urchison  pense  que  la  nature  concrétionnée  des  calcaires  de  l'Old-Red,  et  leur 
désaggrégation  en  petits  morceaux  qui  quelquefois  ressemblent  à  une  roche  conglo- 
mératique,  a  empêché  jusqu'ici  d'y  trouver  des  poissons  entiers;  mais  il  ne  désespère 
point  d'en  découvrir  dans  les  grès  compacts.  Il  n'en  a  jamais  trovivé  non  plus  dans 
les  grands  amas  de  concrétions  ayant  la  structure  sous-cristalline  et  une  épaisseur 
quelquefois  de  20  pieds.  En  Ecosse  cependant,  entr'autres  à  Glammis  dans  le  For- 
farshire,  on  a  déjà  découvert  quelques  exemplaires  de  Cephalaspîs  très-bien  conservés 
et  presque  entiers,  qui  m'ont  été  communiqués  par  M.  Lyell  et  par  M.  le  professeur 
Jameson.  Enfin,  les  écailles  du  vieux  grès-rouge  de  Fifeshire,  décrites  par  M.  le 
D"^  Fleming,  appartiennent  à  une  espèce  gigantesque  de  Gjrolepis.  — ■  Ainsi  le  vieux 
grès-rouge  renferme  des  débris  de  plusieurs  espèces  de  Cephalaspis  j  d'une  espèce  de 
Diptenis  et  d'une  espèce  de  Gjrolepis j,  (trois  genres  par  conséquent  qui  appartiennent 
à  l'ordre  des  Ganoïdes)  ^  et  plusieurs  espèces  à^IchthjodoiulitheSj  qui  sont  des  rayons 
osseux  de  différens  poissons  de  l'ordre  des  Placoïdes.  Ces  rayons  présentent  des  dif- 
férences telles,  qu'il  est  impossible  de  supposer  qu'ils  aient  appartenu  au  même  genre, 
ni  à  quelqu'un  des  genres  don,t  il  se  trouve  des  rayons  dans  les  formations  géologi- 
ques supérieures.  Je  décrirai  les  uns  sous  la  dénomination  de  Ctenacanthus  oniaîus  j 
et  les  autres  sous  celle  d'Ojichus  Murchisoni  et  d'O.  erectus. 

En  descendant  dans  le  groupe  de  la  Grauwacke,  on  trouve  encore  à  différentes  hau- 
teurs des  débris  de  poissons  fossiles;  mais  comme  les  recherches  de  M.  Murchison 
l'ont  conduit  à  subdiviser  de  nouveau  cette  série  de  dépôts  en  plusieurs  formations,  je 
crois  encore  devoir  indiquer  ici  les  limites  de  ces  subdivisions,  afin  de  pouvoir  préciser 
l'étage  qui  renferme  les  premières  traces  de  la  présence  des  poissons  sur  la  terre. 


—     140    — 

Immédiatement  au-dessous  du  vieux  grès-rouge  se  trouve  la  partie  supérieure  de 
la  série  de  la  Grauwacke,  dont  M.  Murchison  fait  sa  première  formation,  et  qu'il 
appelle  Rocs  de  Ludlow.  Ce  système  est  caractérisé  dans  sa  partie  supérieure,  que 
M.  Murchison  appelle  Rocs  de  Ludlow  supérieurs j  par  une  nouvelle  espèce  à^Aviculc, 
et  par  YAvicula  retroflexa  His. ,  par  une  nouvelle  espèce  à^ Airypa,  une  nouvelle 
espèce  de  Cypricardia j  V Homonolotus  Rnightii  (nouveau  genre  de  31.  Rnigt),  le 
Leptœnalata  de  Buch,  plusieurs  espèces  nouvelles  d'OrtJiis,  deux  nouvelles  espèces 
à'  Orbicula  j  différentes  nouvelles  espèces  diOrthocera,  deux  de  Pleurotomariaj  une 
nouvelle  espèce  de  Turbo,  et  des  corps  semblables  à  des  Serpules  gigantesques.  Ces 
fossiles,  qui  seront  décrits  et  figurés  dans  l'ouvrage  que  prépare  M.  Murchison,  sont 
contenus  dans  un  grès  gris  peu  micacé,  déposé  en  couches  minces.  Les  environs  du 
château  de  Ludlow,  en  Shropshire,  ceux  du  château  de  Croft  en  Herefordshire ,  les 
flancs  ouest  des  collines  de  Malvern  et  d'Abberley  en  Worcestershire ,  le  versant 
occidental  des  collines  de  May,  le  château  de  Pain  en  Radnorshire,  et  les  collines  de 
Trewerne,  appartiennent  à  cet  étage.  Dans  sa  partie  moyenne,  la  formation  des 
Ixocs  de  Ludlow  comprend  les  Calcaires  d' Aymestry  et  de  Sedgley,  calcaires  cxùs- 
tallins  ou  argileux  gris  et  bleus,  caractérisés  par  le  Pentamerus  Knigthii  Sow.,  le 
Pileopsis  vetusta  Sow.,  une  nouvelle  espèce  de  BellerophoUj  une  de  Liiigula,  une 
^ Atrjpa,  le  Terehratula  TVilsoni  Sow.,  le  Calamopora  fibrosa  Goldf. ,  et  quelques 
autres  coraux.  Cet  étage  est  surtout  développé  près  d' Aymestry  en  Herefordshire, 
dans  quelques  localités  de  Shropshire,  et  à  Sedgley  en  Staffordshire.  Le  troisième 
étage  est  celui  des  Rocs  de  Ludlow  inférieurs  :  ce  sont  des  calcaires  concrétionnés 
ou  terreux,  et  des  schistes  arénacés  de  couleur  très-foncée,  développés  surtout  dans 
les  escarpemens  de  Mocktree  et  de  Brindgwood,  dans  la  vallée  de  Woolhope  en 
Herefordshire,  et  dans  les  escarpemens  de  Montgomery  et  de  la  forêt  de  Radnor,  et 
caractérisés  par  trois  espèces  de  Phragmoceras  (nouveau  genre  de  M.  Broderip),  par 
VAsaphus  caudatus  Brong.,  deux  espèces  de  Cardiola  (nouveau  genre  de  M.  Broderip),, 
ime  nouvelle  espèce  de  Nautile j  deux  de  Spiridithe ,  un  Pentamerus  ,  lAtrypa  ga- 
leata  Daim.,  une  nouvelle  espèce  de  ce  même  genre,  une  de  Pleurotomaria ,  lOrtlio- 
cera  pyrifonnis  et  plusieurs  autres  fossiles.  Dans  cette  formation  on  a  aussi  trouvé 
des  défenses  de  poissons,  mais  en  petit  nombre;  elles  sont  plus  communes  dans  les 
Rocs  de  Ludlow  supérieurs.  On  n'y  avait  jamais  trouvé  la  moindre  portion  du  corps 
d'un  poisson  jusqu'à  cette  année,  oîi  les  couches  supérieures  ayant  été  enlevées  à 
Ludford,  en  creusant  les  fondemens  de  quelques  maisons,  on  a  découvert  une  masse 
d'écaillés,  de  rayons  de  nageoires  et  de  dents  toutes  fracturées,  gisant  pêle-mêle  et 
formant  un  lit  entre  les  couches  de  grès  qui  sont  profusément  chargées  de  grandes 
Serpules ,  de  Leptœna  lata  et  d'autres  fossiles  caractéristiques  de  cette  formation. 


—     141     — 

Ces  fragmens  sont  trop  incomplets  pour  qu'il  soit  déjà  possible  de  les  enregistrer 
dans  le  cadre  d'une  classilication  systématique;  ce  qu'il  y  a  cependant  de  certain,  c'est 
qu'ils  ne  présentent  aucune  analogie  spécifique  avec  les  poissons  du  vieux  grès-rouge. 
Les  débris  de  nageoires  appartiennent  à  dilTérentes  espèces  d'Ichtliyodorulitlies;  les 
écailles  paraissent  provenir  de  divers  poissons  de  la  famille  des  Lépidoïdes,  car  leur 
aspect  est  très-varié;  les  dents  sont  moins  nombreuses,  et  nulle  part  entières.  La 
nature  de  ces  couches,  leur  état  fragmentaire,  et  les  fossiles  qu'elles  renferment,  tout 
cela  fait  supposer  à  M.  Murcliison  qu'elles  ont  été  déposées  dans  des  eaux  peu  pro- 
fondes. On  n'a  trouvé  qu'un  très-petit  nombre  d'Ichthyodorulithes  dans  les  Rocs  de 
Ludlow  inférieurs;  cependant  M.  Murcliison  ne  les  ayant  pas  recueillis  lui-même,  il 
pense  que  leur  présence  dans  cet  étage  doit  être  admis  avec  d'autant  plus  de  circon- 
spection, qu'il  n'en  a  point  trouvé  dans  le  Calcaire  d'Aymestry,  qui  renferme  une 
si  grande  quantité  de  débris  organiques  et  entr'autres  de  Pentamenis. 

La  seconde  formation,  née  du  démembrement  de  la  Grauwacke,  se  compose  des 
Rocs  de  Diidley  et  de  TVenlock,  qui  fourmillent  de  Coraux,  de  Coquilles  et  de  Trilo- 
bites.  M.  31urcliison  la  divise  en  deux  étages  :  le  supérieur  comprend  le  Calcaire  de 
Wenlock  et  de  Dudley,  qui  est  sous-cristallin,  très-concrétionné  et  d'une  couleur 
grise  et  bleue  ;  il  contient  une  immense  quantité  de  coraux  et  de  crinoïdes^  le  Bellero- 
phon  tenuifascia  Sow.,  V Evomphalus  rugosus  et  discors  Sow.,  le  Conularia  quadri- 
sulcata  Sow. ,  une  nouvelle  espèce  de  Pentamenis j  une  de  Natica ,  les  Natica  spîrata 
Sow.,  Leptœna  eugljpha  Daim. ,  Spirifer  Uneatus  Sow.,  et  une  nouvelle  espèce  de 
ce  dernier  genre,  le  Terehratula  cuneata  Daim. ,  le  Producta  depressa  Sow.,  plu- 
sieurs espèces  d'Orthocères,  \  Asaphus  caudatus  Bron^.,  le  Caljmene  Bluinenbachii 
Brong.,  et  autres  Trilobites.  Cet  étage  s'étend  surtout  dans  les  environs  de  Wenlock 
en  Sliropsbire,  dans  le  Caermartben,  à  Dudley  et  en  Gloucestei'shire.  Le  second  étage 
comprend  les  Schistes  argileux  de  Wenlock  et  de  Dudley,  qui  ont  une  couleur  d'un 
gris  foncé  brunâtre,  sont  rarement  micacés,  renferment  des  nodules  d'un  calcaire 
terreux,  et  dans  lesquels  on  trouve  surtout  une  variété  ^ Asaplius  caudatus ,  le  Càlj- 
mene  Bliunenbacliii  j  une  nouvelle  espèce  de  Lingulttj  une  nouvelle  espèce  à^Oithis , 
le  Cyrtia  trapezoidalis  Daim.,  mie  nouvelle  espèce  de  Deltliyris,  une  dHOrthocera, 
lOrthocera  annulata  Sow.,  des  Crinoïdes,  etc.  M.  Murcliison  n'a  pas  trouvé  la 
moindre  trace  de  poisson  dans  cette  formation;  cependant,  à  York,  M.  Allis  m'a 
communiqué  un  bel  Ichtliyodorulithe,  différent  de  tous  ceux  que  je  connaissais,,  et 
qu'il  m'a  assuré  provenir  des  Piocs  de  Dudley. 

La  troisième  formation  de  M.  Murchison  est  celle  des  Rocs  d^Horderley  et  des  Col- 
lines de  May,  qui  descend  jusqu'aux  Pvocs  noirs  de  Llandeilo  et  de  Builth  ;  elle  est 
entièrement  dépourvue  de  débris  de  poissons,  et  surtout  caractérisée  par  le  Penta- 

ToM.  II.  J9 


—     142     — 

menis  Icevis  Sow. ,  le  P.  ohlongus  Murch. ,  une  nouvelle  espèce  de  Leptcena^  une  de  Pi- 
leopsisj  une  nouvelle  Téi'ébratule,  beaucoup  de  Crinoïdes,  quelques  Coraux,  des  Tri- 
lobites  inédites,  le  genre  Cijptolithus ,  qui  a  été  découvert  dans  l'Amérique  septen- 
trionale, et  quatorze  espèces  d'Orthisj  différentes  de  celles  qu'on  a  trouvées  dans  les 
foi'mations  supérieures,  y  compris  VOrthis  callactis  de  Daim,  et  son  O.  aperturatus. 
UAsaphus  Buchii  Brong.,  son  genre  Agnostus ,  et  d'autres  espèces  inédites  de  Tri- 
lobites,  caractérisent  les  Rocs  de  Builth  et  de  Llandeilo. 

En  descendant  encore  plus  bas ,  on  arrive  au  système  schisteux  de  la  partie  méri- 
dionale du  Pays  de  Galles,  que  31.  le  professeur  Sedgwick  a  également  analysé  en 
détail,  mais  dans  lequel  on  n'a  jamais  rencontré  la  moindre  trace  de  poisson.  Ainsi 
nous  avons  au  dessous  du  vieux  grès-rouge  une  échelle  géologique  de  plusieurs  mille 
pieds,  dont  les  degrés  ont  été  examinés  avec  soin  par  les  géologues  les  plus  distin- 
gués, et  sur  laquelle  le  commencement  de  l'histoire  des  Poissons  peut  être  inscrit 
avec  certitude  à  la  hauteur  de  la  formation  des  Rocs  de  Ludlow,  et  peut-être  même 
déjà  à  celle  de  la  formation  de  Dudley.  Mais,  dans  tous  les  cas,  c'est  dans  la  série  de 
la  Grauwacke  que  commencent  les  poissons. 

Ces  faits  ne  sont  pas  de  nature  à  accréditer  les  idées  les  plus  généralement  reçues  sur 
la  succession  des  êtres  organisés  et  sur  l'apparition  consécutive  des  animaux  rayonnes , 
des  Mollusques,  des  Articulés  et  des  Vertébrés,  puisque  nous  les  trouvons  ici  ensemble. 
Leur  développement  progressif  présente  au  contraire  des  phases  particulières  dans 
chacun  de  ces  embranchemens,  et  est  exprimé  par  les  métamorphoses  qu'ils  Subissent 
chacun  dans  leurs  caractères  et  dans  leurs  relations  mutuelles. 

Après  cette  digression,  je  reviens  aux  espèces  du  genre  Cephalaspis. 

I.  Cephalaspis  Lyellh  Agass. 
Yol.  ">-.,  Tab.  X  a,  fig.  i ,  5,  3,  4  et  5;  et  Tab.  i  Z»_,  (ig.  i ,  2,  3,  4  ^t  5. 

Cette  espèce  étant  celle  dont  je  possède  les  exemplaires  les  plus  complets,  je  crois 
devoir  la  décrire  la  première,  afin  d'avoir  pour  les  autres  un  terme  de  comparaison 
plus  sûr.  Des  têtes  semblables  à  celles  représentées  dans  les  fig.  3  et  5  de  la  Tab  i  bj 
sont  les  parties  de  ce  poisson  que  l'on  trouve  le  plus  communément.  M.  3Iurchison  en 
possède  un  assez  grand  nombre  d'exemplaires ,  trouvés  dans  les  Cornstones  du  vieux 
grès-rouge  dans  les  comtés  de  Hereford  et  Brecknock ,  à  Whitbach  près  de  Ludlow , 
et  dans  les  environs  de  Ridderminster.  M.  le  Prof.  Jameson  m'en  a  communiqué  une 
tête  beaucoup  mieux  conservée ,  et  dont  la  surface  est  couverte  d'écaillés  très-singu- 
lières *,  cet  exemplaire  a  été  trouvé  dans  le  vieux  grès-rouge  à  Glammis  en  Ecosse 
( Forfarshire  ) .  Les  exemplaires  les  plus  parfaits  que  j'aie  vus  sont  ceux  de  la  col- 


—     143    — 

lection  de  M.  Lyell  ;  ils  proviennent  également  de  Glanimis.  Celui  de  la  fig.  2  ,  Tab. 
I  Uj  se  présente  par  sa  surface  dorsale  ;  on  y  voit  la  tète  par  sa  surface  supérieure , 
avec  ses  prolongemens  latéraux.  Cet  exemplaire  est  surtout  instructif  en  ce  que  l'on 
y  distingue  la  jonction  de  la  tète  et  du  tronc ,  la  disposition  des  écailles  sur  la  nuque  et 
sur  le  milieu  du  dos,  et  les  points  d'insertion  des  deux  dorsales.  L'original  de  la  fig.  i, 
même  planche,  appartient  aussi  à  M.  Lyell  :  c'est  un  individu  entier,  divisé  en  deux 
plaques;  l'une  d'elles,  en  relief,  fait  voir  la  convexité  du  disque  de  la  tête,  dont  la 
pointe  latérale  du  côté  gauche  est  restée  sur  la  plaque  creuse,  qui  est  celle  que  j'ai 
fait  représenter. 

La  tête  de  ce  poisson  a  des  dimensions  considérables,  proportionnellement  à  la  pe- 
titesse du  corps  5  elle  forme  environ  le  tiers  de  la  longueur  totale.  Son  pourtour  est 
arrondi  en  forme  d'un  croissant  dont  les  cornes  latérales  seraient  rapprochées,  et  dont 
la  partie  antérieure  et  moyenne  serait  très-saillante.  En  effet ,  ses  prolongemens  la- 
téraux sont  moins  éloignés  l'un  de  l'autre,  que  leur  extrémité  ne  l'est  de  la  partie 
arrondie  du  museau.  Le  milieu  de  la  tête,  c'est-à-dire,  la  région  où  se  trouvent  les 
yeux ,  le  crâne  et  surtout  la  crête  occipitale ,  est  relevé ,  comme  on  le  voit  en  profil  dans 
la  fig.  4?  Tab.  \  h  ;  tandis  que  ses  côtés  et  son  bord  antérieur  sont  considérablement 
dilatés  et  étalés  horizontalement,  de  manière  que  le  prolongement  bicorne  de  la  tête 
déborde  les  côtés  du  tronc  et  s'étend  librement  en  arrière,  comme  on  le  voit  fig.  i, 
Tab.  I  a,  où  la  tête  ne  paraît  probablement  s'étendre  autant  en  dessous  du  tronc, 
que  parce  que  l'aile  gauche  de  son  disque  aura  été  refoulée  dans  une  position  plus 
verticale  qu'elle  ne  l'était  naturellement.  Les  yeux,  très-rapprochés  l'un  de  l'autre, 
sont  placés  vers  le  milieu  de  l'écusson  que  forme  la  tête,  un  peu  plus  près  du  bout  du 
museau  que  de  la  crête  occipitale;  ils  paraissent  avoir  été  dirigés  directement  en  haut, 
comme  dans  les  Uranoscopes  ;  du  moins  c'est  leur  position  dans  les  exemplaires  les 
mieux  conservés  et  qui  sont  complètement  étalés  dans  leur  état  naturel,  fig.  i ,  Tab. 
I  h.  Dans  la  fig.  3,  dont  les  côtés  paraissent  avoir  été  tant  soit  peu  resserrés,  (à  en 
juger  du  moins  par  une  fissure  longitudinale  sur  le  bord  gauche  de  cette  empreinte  ), 
les  yeux  sont  un  peu  inclinés  sur  les  côtés.  Entre  eux,  et  en  avant  des  orbites,  il  v 
a  une  dépression  ti'iangulaire  qui  me  paraît  avoir  été  occupée  par  les  fosses  nasales. 
En  arrière  des  orbites  se  trouve  une  autre  dépression  longitudinale,  étroite,  du  double 
plus  longue  que  large,  et  bordée  par  deux  crêtes  saillantes  que  je  crois  être  les  crêtes 
pariéto-frontales  ;  en  sorte  que  cette  dépression  se  trouverait  à  la  jonction  des  fron- 
taux. En  arrière,  ces  crêtes  se  rapprochent  l'une  de  l'autre ,  et  s'élèvent  pour  former 
la  crête  occipitale,  qui  est  très-saillante,  comme  on  le  voit  surtout  dans  les  fig.  3 
et  4;  tandis  que  dans  la  fig.  i,  elles  sont  en  grande  partie  enlevées.  La  partie  pos- 
térieure et  moyenne  de  la  tête  est  coupée  presque  carrément,  et  bordée  par  la  pre- 


—     144     — 

niière  série  d'écaillés  ^  tandis  que  les  côtés  sont  fortement  échancrés,  et  forment  le 
bord  intérieur  du  prolongement  latéral  du  disque  de  la  tête,  fig.  3,  Tab.  i  h^  et  fig.  i , 
Tab  I  a.  Le  pourtour  de  ce  disque  est  entouré  d'une  lame  osseuse,  qui,  réflécbie  sur 
elle-même,  forme  en  même  temps  dessous  la  tête  son  bord  inférieur  et  latéral.  Ne  pou- 
vant pas,  à  cause  de  l'état  particulier  de  conservation  de  la  tête  (  qui  résulte  probable- 
ment de  sa  structure  ) ,  déterminer  la  forme  et  les  connexions  des  os  du  crâne ,  je  vais  du 
moins  indiquer  encore  ce  qu'il  m'a  été  possible  de  recueillir  dans  différens  exemplaires 
sur  l'aspect  de  ces  os.  Dans  la  fig.  i ,  Tab.  i  bj  on  voit  en  grande  partie  leur  surface 
extérieure  recouverte  d'écaillés  irrégulières,  de  forme  plus  ou  moins  arrondie,  et  dont 
les  bords,  qui  sont  cependant  plus  ou  moins  droits,  se  réunissent  par  juxta-position,  de 
manière  à  former  lui  pavé  d'écaillés  tout-à-fait  semblable  à  celui  qui  recouvre  la  tête 
des  Ostracions.  Chacune  de  ces  écailles,  fig.  ij  est  convexe  à  son  centre,  et  présente 
des  sillons  creux,  divergens  vers  ses  bords,  où  ils  forment  une  dentelure  qui  s'engrène 
d'une  écaille  à  l'autre.  La  forme  de  ces  différentes  écailles  varie  beaucoup;  la  plu- 
part dentr'elles  sont  arrondies,  il  est  vrai,  mais  il  y  en  a  aussi  d'anguleuses,  qui 
alors  s'appliquent  contre  lur  bord  droit  d'une  écaille  du  reste  arrondie  ;  et  par-ci  par-là 
il  y  en  a  de  petites  qui  remplissent  les  intervalles  entre  les  plus  grandes.  Du  reste,  ces 
écailles  paraissent  être  osseuses,  et  leur  surface  extérieure  émaillée.  Au  pourtour  du 
disque  elles  se  confondent  davantage,  et  leur  émail  présente  des  rides  parallèles  à  son 
bord.  Cette  disposition  se  voit  assez  bien  dans  un  fragment,  du  reste  très-imparfait, 
de  la  collection  de  31.  Murcbison,  qui  n'a  pas  été  figuré  5  on  en  distingue  aussi  quel- 
ques traces  dans  l'exemplaire  de  M.  Jaiueson,  Tab.  i  h_,  fig.  i ,  et  dans  un  de  ceux  de 
M.  Lyell,  Tab.  i  a^  fig.  2.  Les  os  même  de  la  tête  avaient  une  structure  fibreuse , 
que  l'on  reconnaît  encore  dans  tous  les  exemplaires  où  il  en  est  resté  quelques  frag- 
mens;  on  voit  surtout  bien  cette  structure  fibreuse  à  la  surface  interne  du  disque, 
telle  qu'elle  se  présente  dans  la  fig.  i ,  Tab  i  a.  On  la  retrouve  aussi  Tab.  i  bj  fig.  i, 
là  où  les  écailles  sont  enlevées,  et  même  dans  les  exemplaires  qui  ne  sont  que  de 
simples  empreintes,  comme  dans  la  lig.  3,  où  elle  se  reconnaît  encore  au  relief  de  la 
roche  ,  sur  lequel  les  sinuosités  de  la  surface  intérieure  des  os  de  la  tête  sont  moulées. 
Dans  la  partie  anléiùeure  du  disque,  les  fibres  osseuses  sont  dirigées  droit  en  avant; 
sur  les  côtés  elles  sont  obliques,  puis  transverses,  et  enfin,  dans  les  prolongemens 
latéraux  du  croissant  de  la  tête,  elles  suivent  la  direction  de  ces  parties  proéminentes, 
et  semblent  en  général  aller  en  divergeant  dans  tous  les  sens,  depuis  les  côtés  du 
crâne.  Les  os  du  crâne  eux-mêmes  présentent  une  irradiation  semblable  entre  les 
crêtes  pariéto-frontales ,  comme  on  le  voit  dans  la  fig.  i ,  Tab  i  b.  Les  prolongemens 
latéraux  de  la  tête,  sont  du  reste  plus  épais  que  ses  parois  osseuses,  et  se  rétrécissent 
insensiblement  jusqu'à  former  une  pointe  compacte  et  ai'rondie ,  qui  s'étend  plus  en 


î^' 


—     14î>    — . 

arrière  que  la  crête  occipitale,  fig.  3,  et  qui  se  détache  d'autant  mieux  du  tronc,  que 
récliancrure  du  bord  postérieur  du  disque  est  plus  évasée  en  seloignant  des  flancs 
du  poisson.  La  diflerence  de  forme  que  l'on  peut  remarquer  entre  les  iîg.  i,  3  et  5, 
Tab.  I  h,  et  les  fig.  i  et  2,  Tab.  i  a,  me  paraît  provenir  seulement  de  l'état  de  con- 
servation des  exemplaires,  et  surtout  de  ce  que,  dans  les  uns ,  fig.  i ,  Tab.  i  a,  et  Tab. 
I  h,  les  os  de  la  tête  étaient  aussi  complètement  étalés  que  leurs  articulations  le  per- 
mettaient, lorsqu'ils  ont  été  entourés  par  la  matière  qui  a  formé  la  roche  dans  la- 
quelle ils  se  ti'ouvent  maintenant,  tandis  que  dans  les  autres  ils  étaient  plus  resser- 
rés; ce  qui  leur  a  donné  une  forme  plus  étroite  et  moins  arrondie.  L'exemplaire  de 
la  fig.  5  a  un  aspect  très-particulier  :  sa  surface  est  entièrement  lisse  ;  mais  cette  diffé- 
rence se  conçoit  en  voyant  qu'ici  la  surface  extérieure  des  os  est  complètement  enle- 
vée, et  qu'il  n'en  est  resté  qu'une  lame  inférieure,  sans  que  l'on  aperçoive  sa  surface 
interne ,  que  nous  avons  vue  être  cannelée  dans  les  exemplaiies  oîi  elle  est  à  décou- 
vert. Il  me  paraît  très-probable  que  la  cause  pour  laquelle  on  trouve  le  plus  souvent 
ces  têtes  détachées  du  corps  du  poisson ,  doit  être  cherchée  dans  la  grande  différence 
qu'il  y  a  entre  leur  structure  et  celle  du  tronc ,  et  surtout  dans  la  dispropoi'tion  de  leurs 
dimensions  et  de  leurs  formes,  puisqu'ils  ont  dû  résister  différemment  à  différentes 
pressions  et  aux  chocs  auxquels  ils  ont  pu  être  exposés.  Si,  d'un  autre  côté,  toutes 
les  têtes  se  présentent  ordinairement  par  leur  surface  extérieure ,  c'est  que  leur  surface 
inférieure,  la  cavité  de  la  bouche ,  les  arcs  branchiaux  et  les  sinuosités  des  os  inférieurs 
du  crâne,  sont  des  points  d'appui  bien  plus  solides  pour  les  matières  qui  s'y  sont  in- 
filtrées ,  qu'une  large  surface  légèrement  convexe  qui  doit  natui'ellement  se  détacher 
maintenant  plus  facilement  de  la  roche,  lorsqu'il  s'y  forme  une  fente. 

Le  tronc  rappelle  davantage  celui  des  poissons  qui  constituent  les  genres  déjà  dé- 
crits de  la  famille  des  Lépidoïdes  ;  mais  il  en  diffère  surtout  par  ses  deux  dorsales , 
son  anale  très-reculée  et  les  singulières  écailles  qui  le  recouvrent.  Sa  forme  est  celle 
d'un  fuseau  allongé,  renflé  à  sa  partie  antérieure,  et  qui  va  en  se  rétrécissant  insensi- 
blement jusqu'au  pédicule  de  la  queue,  qui  est  proportionnellement  très-grèle,  puis- 
que son  diamètre  n'excède  pas  le  quart  de  la  hauteur  du  tronc  vers  la  nuque. 

La  première  dorsale  est  placée  sur  la  partie  la  plus  élevée  du  dos,  immédiatement 
en  arrière  de  la  crête  occipitale.  Son  existence  est  rappelée  seulement  par  l'empreinte 
de  la  base  des  rayons  dont  elle  était  formée  ;  à  son  bord  antérieur  on  remarque  deux 
rainures  un  peu  plus  larges  que  les  suivantes ,  qui  sont  certainement  les  empreintes  de 
deux  rayons  plus  gros,  dont  le  premier  peut  avoir  été  court  et  accolé  le  long  du  se- 
cond, qui  s'étendait  probablement  jusqu'à  l'extrémité  de  la  nageoire.  Il  n'est  pas  pos- 
sible de  s'assurer  s'il  y  avait  de  petits  rayons  imbriqués.  Les  autres  rayons  étaient 
très-minces ,  et  n'ont  laissé  d'autres  traces  de  leur  présence  que  l'aspect  strié  du  bord 


—     146    — 

de  cette  partie  du  dos;  ils  s'étendaient  jusqu'à  son  milieu.  La  seconde  dorsale  est 
plus  distincte;  son  bord  antérieur  est  soutenu  par  un  très-gros  rayon ,  dont  les  articula- 
tions transversales  sont  assez  rapprochées,  et  au  bord  duquel  on  remarque  de  très- 
petits  rayons  imbriqués  et  très-serrés  contre  le  plus  gros.  Le  reste  de  la  nageoire, 
qui  paraît  s'être  étendue  jusqu'à  la  partie  la  plus  mince  du  pédicule  de  la  queue,  n'est 
rappelé  que  par  une  tache  striée  parallèlement  au  rayon  antérieur,  et  dont  les  stries 
étaient  les  petits  rayons  mous  du  fort  de  la  nageoire.  La  position  relative  des  deux 
dorsales  est  indiquée  exactement  dans  l'exemplaire  de  la  fig.  2 ,  Tab.  i  a,  où  l'on  voit 
qu'en  arrière  de  la  nuque  et  à  la  partie  postérieure  du  dos,  les  écailles  ne  se  joignaient 
pas  et  laissaient  entr'elles  un  intervalle  dans  lequel  les  rayons  de  la  nageoire  étaient 
insérés.  L'anale  n'a  pas  même  laissé  une  trace  aussi  distincte  de  sa  présence  ;  on  re- 
connaît seulement ,  en  comparant  les  deux  plaques  de  l'exemplaire  représenté  dans 
la  fig.  I,  Tab.  i  a^  qu'elle  était  placée  plus  en  arrière  que  la  seconde  dorsale,  et  que 
même  son  bord  antérieur  correspondait  au  milieu  de  cette  dorsale.  Sa  position  est 
aussi  indiquée  par  l'interruption  que  l'on  remarque  dans  les  écailles  du  bord  du  ventre. 
La  caudale  n'avait  point  de  gros  rayon  ;  ses  lobes  ne  sont  indiqués  que  par  la  cou- 
leur particulière  de  la  roche  ;  l'inférieur  s'étend  jusqu'au  milieu  du  supérieur.  Leur 
insertion  est  très-oblique  ;  en  sorte  que  le  prolongement  du  pédicule  de  la  queue  est 
proportionnellement  très-long.  Son  bord  supérieur  porte  une  large  lisière  de  rayons 
imbriqués,  très-gros  proportionnellement  à  la  taille  de  ce  poisson,  qui  vont  en  gran- 
dissant depuis  le  bord  postérieur  de  la  seconde  dorsale  jusqu'au  milieu  du  pédicule, 
et  qui  diminuent  de  nouveau  insensiblement  jusqu'à  son  extrémité.  Ces  petits  rayons 
sont  fort  épais ,  proportionnellement  à  leur  longueur  ;  ils  sont  moins  accolés  contre  le 
bord  du  pédicule ,  et  moins  inclinés  vers  son  extrémité  que  dans  la  plupart  des  autres 
genres  de  cette  famille. 

Les  écailles  ont  une  conformation  si  particulière,  qu'on  ne  retrouve  rien  de  semblable 
dans  aucun  autre  genre  ;  les  Callichthjs  seulement  ont  aussi  sur  les  flancs  des  séries 
de  lames  écailleuses  très-élevées  ;  mais  dans  le  genre  Cephalaspis  il  n'y  a  de  chaque 
côté  qu'un  rangée  de  plaques  hautes  et  étroites,  insérées  transversalement  sur  le 
milieu  des  flancs  ;  tandis  que,  au  bord  du  dos  et  au  bord  du  ventre,  il  y  a  des  séries 
de  petites  écailles  disposées  obliquement  aux  extrémités  de  celles  des  flancs.  Sur  le 
pédicule  de  la  queue  et  sur  son  prolongement,  les  écailles  ont  toutes  la  même  forme; 
elles  sont  rhomboïdales  et  de  plus  en  plus  petites.  Celles  du  milieu  des  flancs,  Tab.  i  a^ 
fig.,  3,  sont  si  hautes,  que  leur  largeur  excède  huit  à  dix  fois  leur  longueur,  et  qu'elles 
occupent  plus  de  la  moitié  de  la  hauteur  totale  du  poisson,  dans  sa  partie  antérieure  du 
moins.  Yers  le  milieivdu  tronc  elles  sont  moins  hautes ,  et  en  dessous  de  la  seconde  dor- 
sale elles  finissent  par  se  confondre  avec  les  petites  écailles  des  bords  du  dos  et  du  ventre; 


—     147     — 

en  sorte  que  les  côtés  de  la  queue  et  de  son  prolongement  ne  présentent  plus  cette 
disproportion  frappante  qu'il  y  a  en  avant  entre  les  écailles  des  flancs  et  celles  du  dos 
et  du  ventre.  Le  bord  postérieur  de  ces  liantes  plaques  est  droit,  perpendiculaire  au 
diamètre  longitudinal  du  poisson,  tandis  que  le  bord  supérieur  est  taillé  en  biseau; 
son  angle  postérieur  est  beaucoup  plus  élevé  que  l'angle  antérieur.  Au  bord  inférieur, 
qui  est  parallèle  au  supérieur,  l'obliquité  des  angles  est  inverse.  La  surface  extérieure 
de  ces  écailles  est  ornée  de  rides  ondulées  et  disposées  dans  le  sens  de  leur  plus  grand 
diamètre.  Il  y  a  26  à  3o  de  ces  plaques  sur  les  flancs.  Les  séries  d'écaillés  du  bord 
du  dos  sont  placées  obliquement  à  l'extrémité  des  hautes  écailles  des  flancs,  et  se  di- 
rigent du  haut  en  bas  et  d'avant  en  arrière;  en  sorte  que  l'ouverture  de  l'angle  obtus 
qu'elles  forment  ensemble  est  tournée  vers  la  tête,  et  son  sommet  vers  la  queue. 
Dans  la  fig.  2,  Tab.  i  «^  on  voit  d'en  haut  la  disposition  de  ces  séries  et  leur  jonction 
avec  les  plaques  des  flancs;  chacune  d'elles  se  compose  de  plusieurs  écailles,  aussi 
longues,  dans  la  partie  antérieure  du  dos,  que  les  lisières  des  flancs  sont  larges,  mais 
qui  deviennent  plus  petites  à  mesure  que  celles-ci,  diminuant  de  hauteur,  se  con- 
fondent davantage  avec  les  écailles  des  bords.  Dans  chacune  de  ces  séries  il  paraît  y 
avoir  quatre  à  cinq  écailles,  lig.  4-  Au  bord  du  ventre,  les  écailles  sont  dirigées  obli- 
quement en  arrière,  à  l'extrémité  des  grandes  lames  transversales.  Ces  séries  sont 
beaucoup  plus  étroites  que  celles  du  dos,  et  ne  paraissent  formées  que  de  deux  écailles. 
Vers  le  milieu  de  la  seconde  dorsale,  toutes  les  écailles  ont  à-peu-près  la  même 
grandeur;  celles  des  flancs  seulement  sont  encore  un  peu  plus  hautes  que  longues; 
mais  vers  l'extrémité  de  la  queue ,  elles  deviennent  de  plus  en  plus  équilatérales ,  et 
finissent  par  être,  sur  le  prolongement  du  pédicule,  des  losanges,  fig.  5,  dont  les 
angles  aigus  sont  dans  le  sens  longitudinal  du  poisson.  Toutes  ces  petites  écailles 
paraissent  lisses. 

L'analogie  qu'il  y  a  dans  la  structure  des  écailles  entre  les  Callichthys  et  les  Cé- 
phalaspis,  me  paraît  confirmer  la  position  que  j'ai  assignée  aux  Goniodontes  et  aux 
Siluroïdes  dans  l'ordre  des  Ganoïdes,  après  les  Acipenser, 


" — !,e-fr«^i^ 


—     148     — 

II,  Cephalaspis  rostratus  Agass. 

Vol.  2,  Tab.  I  h j  fig.  6  et  7. 

Cette  espèce  appartient  évidemment  au  genre  Cephalaspisj  tel  qu'il  a  été  carac- 
térisé d'après  la  précédente,  dont  elle  ne  diffère  essentiellement  que  par  la  forme  de 
la  tète  ,  qui  est  étroite  et  beaucoup  plus  allongée.  Je  n'en  ai  encore  vu  qu'un  seul  bon 
exemplaire,  dans  la  collection  de  M.  3Iui'cliison;  il  est  représenté  par  sa  surface  su- 
périeure dans  la  fig.  6,  et  en  profil  dans  la  fig.  7.  C'est  une  tête,  dans  un  état  de 
conservation  semblable  à  celle  de  la  fig.  3  du  C.  Ljellii,  et  dont  l'empreinte  seulement 
rappelle  les  formes  particulières,  sans  que  les  os  aient  été  conservés.  Cependant  on  y 
aperçoit  quelques  détails  qui  ont  trait  aux  caractères  génériques ,  et  que  je  n'ai  pas 
vus  dans  l'espèce  précédente.  J'ai  appelé  ce  poisson  Cephalaspis  rostratus ^  parce  que 
la  partie  antérieure  de  la  tête  se  prolonge  en  un  museau  pointu.  Les  yeux  sont  placés 
beaucoup  plus  en  arrière  sur  le  disque  de  la  tête,  à-peu-près  à  son  tiers  postérieur, 
tournés  directement  en  haut,  et  encore  plus  rapprochés  l'un  de  l'autre  que  dans  le 
C.  Lyellii;  ils  paraissent  aussi  avoir  eu  une  forme  oblongue ,  à  en  juger  du  moins  par 
la  légère  empreinte  des  orbites.  En  arrière  de  celles-ci  se  trouvent  aussi  les  crêtes  pa- 
riéto-frontales,  qui  sont  très-rapprochées  et  moins  saillantes  que  celles  du  C.  Lyellii^ 
et  entre  lesquelles  s'élève  déjà  la  crête  occipitale.  Cette  tête  est  beaucoup  plus  longue 
que  large,  et  ses  côtés  se  resserrant  rapidement  sont  plus  arqués  que  la  ligne  qui  va 
de  l'extrémité  du  museau  à  la  nuque ,  et  qui  s'élève  en  crête  médiane  depuis  le  tiers 
antérieur  de  la  tête  jusques  entre  les  orbites.  A  l'extiémité  antérieure  de  cette  crête  il 
y  a  une  dépression  triangulaire,  longitudinale,  qui  pourrait  avoir  été  occupée  par  les 
narines,  lesquelles  seraient  alors  bien  plus  rapprochées  du  bout  du  museau,  et  très- 
éloignées  des  yeux.  Sur  les  côtés  de  cette  dépression  l'on  voit  deux  petits  mamelons, 
fig.  6.  cCj  qui  me  font  supposer  que  les  os  maxillaires  supérievu's  étaient  détachés  de 
la  tête,  comme  dans  le  genre  Hypoplithahnus  et  dans  quelques  autres  de  la  famille 
des  Silures,  que  peut-être  même  ils  se  prolongeaient  en  forme  de  barbillons  sur  les 
côtés  de  la  tête,  et  qu'ils  étaient  insérés  dans  la  cavité  formée  par  ces  mamelons. 
La  pièce  o  me  paraît  être  l'os  ethmoïde,  arrondi  à  son  bord  antérieur,  et  en  avant 
duquel  l'intermaxillaire  formerait  le  bout  du  museau  et  le  bord  réfléchi  des  côtés  de 
la  tête.  Dans  cette  partie  de  l'empreinte  on  voit  quelques  tiaces  de  cet  os,  dont  la 
surface  est  striée  longitudinalement,  tandis  que  sa  cassure  présente  une  structure 
granuleuse.  J'insiste  sur  cette  particularité,  et  surtout  sur  ce  que  cette  surface  striée 
se  voit  distinctement,  avec  la  structure  granuleuse  de  l'os,  dans  un  exemplaire  qui 
appartient  évidemment  au  genre  Cephalaspis.  Celte  circonstance^  jointe  à  celle  que 


—     149     — 

les  bords  latéraux  de  la  tête  sont  repliés  vers  sa  surface  inférieure ,  rendra  plus  facile 
la  détermination  des  antres  espèces.  Vers  la  région  des  yeux  l'on  voit  encore,  en  a  a, 
deux  prolongcmcns  latéraux,  qui  me  paraissent  être  les  équivalens  des  cornes  du 
croissant  du  C.  Lyellii.  Sur  le  côté  droit  de  la  tête  on  voit  évidemment  que  sa  surface 
inférieure  est  striée  longitudinalement;  sur  le  côté  gauche  il  y  a  une  portion  de  l'os 
dont  la  surface  extérieure  est  striée  également;  des  deux  côtés  on  voit  la  structure  gra- 
nuleuse de  l'épaisseur  de  l'os.  Enfin,  au  bord  postérieur  du  côté  gauche,  il  y  a  vuie 
portion  des  parois  latérales  de  la  tête  intacte ,  sur  la  surface  extérieure  de  laquelle  on 
remarque  encore  de  semblables  stries  longitudinales,  comme  sur  l'empreinte  de  la 
surface  inférieure  au  bord  de  sa  cassure.  Entre  ces  deux  surfaces  on  retrouve  la 
structure  granuleuse  de  l'os,  et  l'on  voit  évidemment  que  les  surfaces  striées  sont  d'une 
substance  différente  5  que  c'est  une  couche  d'émail  qui  recouvre  les  os  de  la  tête. 

Cette  espèce  n'a  encore  été  trouvée  qu'à  Whitbach,  dans  le  vieux  grès-rouge. 
Tous  les  exemplaires  que  j'ai  vus  sont  de  la  collection  de  M.  Murchison. 

III.  Cephalaspis  Lewisii  Agass. 

Toi.  2,  Tab.  I  ^^fig.  8.      ■ 

L'exemplaire  que  j'ai  fait  figurer  est  le  seul  que  je  connaisse  de  cette  espèce;  c'est 
une  simple  empreinte  en  relief  de  la  tête ,  sur  l'un  des  côtés  de  laquelle  il  y  a  encore 
quelques  traces  de  substance  organique.  Cette  empreinte  est  même  si  peu  caractéris- 
tique, qu'il  serait  impossible  d'avoir  une  opinion  arrêtée  sur  le  genre  auquel  elle  ap- 
partient, si  elle  ne  présentait,  dans  quelques-unes  de  ses  parties,  des  rapports 
frappans  avec  le  C.  rostratus  :  ainsi,  à  son  extrémité  antérieure,  on  retrouve  exacte- 
ment la  même  pièce  que  celle  que  j'ai  désignée  comme  étant  l'ethmoïde,  avec  cette 
différence,  qu'ici  l'empreinte  de  cet  os  est  coupée  carrément  à  son  bord  antérieur, 
que  ses  bords  latéraux  sont  droits  et  parallèles  entr'eux,  et  que  son  bord  postérieur 
s'avance  vers  le  disque  du  crâne  par  un  pédicule  plus  étroit.  Le  bord  postérieur  de  la 
tête  est  tronqué ,  comme  dans  le  C.  Lyellii.,  fig.  3  ;  mais  il  est  dirigé  plus  obliquement  en 
avant,  et  se  relève  de  chaque  côté  de  manière  à  former  une  espèce  de  gond,  comme 
on  en  voit  fréquemment  sur  les  bords  articulaires  des  anneaux  de  certains  Crustacés. 
Cependant  ces  bords  relevés  ne  se  joignent  pas  à  la  nuque,  qui  est  déprimée.  En  pré- 
sentant ce  fossile  à  la  lumière,  de  manière  à  faire  ressortir  toutes  ses  inégalités,  on 
aperçoit  sur  son  milieu  une  ligne  proéminente  qui  s'étend  de  l'ethmoïde  à  la  partie 
du  crâne  la  plus  élevée,  dont  la  surface  est  complètement  arrondie.  Sur  les  côtés  du 
disque  on  remarque  un  sillon  sinueux ,  qui  se  perd  en  avant  dans  le  bord  même  de 
l'empreinte,  environ  à  l'endroit  où,  dans  le  C.  rostratus  j,  on  aperçoit  les  deux  mame- 

ToM.  II.  20 


—  iso- 
lons latéraux.  Les  bords  latéraux  de  la  tête,  surtout  à  sa  partie  postérieure,  sont 
rabattus  de  la  même  manière  que  dans  le  C.  rostratus;  avec  cette  différence  seule- 
ment, que  dans  le  C.  Lewisii  ils  sont  perpendiculaires  vers  la  jonction  de  la  tête  et 
du  tronc,  et  inclinés  en  dehors  dans  leur  partie  moyenne  et  antérieure.  Sur  le  côté 
gauche  on  voit  encore  quelques  traces  de  la  surface  inférieure  des  os  du  crâne;  et 
même,  immédiatement  à  son  bord  et  à  l'angle  postérieur  et  inférieur  de  la  tête,  il  en 
est  resté  un  fragment  qui  fait  voir  la  structure  granuleuse  de  sa  substance,  et  qui 
présente  une  identité  parfaite  d'organisation  avec  le  C.  rostratus.  Cependant  dans 
le  C.  Lewisii  ]e  n'ai  remarqué  aucune  trace  de  prolongement  latéral  en  forme  de 
corne. 

La  forme  de  la  tête  du  C.  Lewisii  a  quelque  chose  de  très-particulier  :  sa  partie 
postérieure  est  rétrécie  et  plus  voûtée  que  sa  partie  moyenne,  qui  est  aplatie  et  dilatée 
latéralement;  le  museau  est  aussi  aplati  ;  le  disque  entier  a  une  forme  ovale,  tronquée 
aux  deux  extrémités. 

Cette  espèce  a  été  trouvée  à  Whitbach,  dans  le  vieux  grès-rouge;  je  l'ai  dédiée 
au  Révérend  M.  Lewis,  qui  étudie  avec  zèle  la  géologie  de  cette  pai'tie  de  l'An- 
gleterre. L'exemplaire  figuré  se  trouve  dans  la  collection  de  M.  Murchison. 

IV.  Cephalaspis  Lloydii  Agass. 

Vol.  2,  Tab.  I  bj  fig.  9,  10  et  ii. 

Celte  espèce  ressemble  beaucoup  à  la  précédente  ;  la  forme  générale  de  la  tête  (qui 
est  aussi  la  seule  partie  conservée  dans  les  nombreux  exemplaires  que  j'ai  vus)  est  la 
même;  seulement  son  bord  antérieur  est  plus  arrondi,  et  son  extrémité  postérieure 
moins  rétrécie.  Des  quatre  espèces  c'est  celle-ci  dont  la  tête,  au  premier  coup-d'œil, 
ressemble  le  moins  à  la  tête  d'un  poisson.  Dans  les  exemplaires  dont  la  surface  supé- 
rieure est  conservée,  on  a  de  la  peine  à  se  défendre  de  l'idée  que  ces  fossiles  ne  sont 
que  des  coquilles  de  Mollusques;  tant  leurs  sti'ies  extérieures  sont  régulières,  et  rap- 
pellent les  stries  d'accroissement  des  Testacés.  Cependant,  en  examinant  de  près  ces 
stries ,  on  reconnaît  qu'elles  sont  disposées  autrement  que  dans  tous  les  Mollusques  ; 
car  lors  même  que  l'on  partirait  de  la  supposition  que  ces  disques  sont  des  tests  de 
3IoHusques  univalves  patelliformes ,  ou  même  de  bivalves,  la  disposition  des  stries 
contredirait  l'une  et  l'autre  de  ces  hypothèses.  En  effet,  ces  stries  sont  disposées  sur 
les  côtés  d'une  ligne  médiane  dirigée  d'avant  en  arrière  du  disque ,  et  présentent  dans 
leur  partie  postérieure  un  parallélisme  presque  parfait;  tandis  que ,  a,u  bord  antérieur, 
elles  suivent  sa  courbure,  et  ne  rappellent  nulle  part  les  lignes  concentriques  que 
forment  les  nouvelles  lames  des  coquilles  dans  le  sens  de  leur  accroissement.  Par  la 


—     151     — 

comparaison  de  plusieurs  exemplaires  brisés  de  ces  fossiles,  il  devient  évident  que 
cette  surface  striée  est  une  couche  d'émail,  distincte  de  la  substance  qui  forme  la 
partie  consistante  du  disque,  que  ces  stries  sont  des  rainures  dans  la  couche  super- 
licielle  des  plaques,  et  non  point  des  bords  relevés  de  lames  d'accroissement  succes- 
sives. Ce  qui  le  prouve  évidemment,  c'est  que,  d'un  côté,  sur  une  coupe  transversale 
de  tout  le  test,  on  n'aperçoit  que  de  petites  fentes  perpendiculaires  qui  finissent 
brusquement,  et  que,  d'un  auti'e  côté,  malgré  la  régularité  de  ces  stries,  on  les  voit 
quelquefois  distinctement  se  bifurquer;  enfin,  leur  parité  sur  les  deux  côtés  du  disque, 
sans  que  dans  les  couches  inférieures  de  sa  substance  il  y  ait  la  moindre  trace  d'une 
division  longitudinale,  est  un  caractère  qui  ne  s'accorde  nullement  avec  ce  que  nous 
connaissons  de  l'accroissement  des  Mollusques  et  des  écailles  de  la  queue  des  Crus- 
tacés; tandis  que  l'analogie  de  ces  disques  avec  les  têtes  de  Cephalaspis  qui  viennent 
d'être  décrites,  est  d'autant  plus  frappante  qu'on  les  examine  plus  en  détail. 

L'ovale  de  la  tête  de  cette  espèce  est  plus  obtus  que  celui  de  la  précédente  ;  son  bord 
antérieur  est  complètement  arrondi;  cependant  on  y  remarque  évidemment- l'em- 
preinte d'un  ethmoïde  semblable  à  celui  du  C.  Lev^'isiij  mais  beaucoup  plus  étroit  et 
plus  allongé;  il  était  même  certainement  plus  long  qu'il  ne  le  paraît  dans  la  fig.  lo, 
dont  l'original  est  brisé  à  son  bord  antérieur.  Le  bord  postérieur  du  disque  de  la  tête 
est  tronqué  obliquement,  comme  dans  le  C.  Lewisii;  mais  il  n'est  pas  relevé  en 
bourrelet.  Les  bords  latéraux  sont  inclinés  uniformément  de  côté,  et  suivent  la  cour- 
bure générale  de  la  voûte  de  la  tête,  qui  n'est  nulle  part  déprimée  dans  sa  partie  an- 
térieure comme  celle  de  l'espèce  précédente.  Outre  la  couche  d'émail  qui  forme  la 
surface  extérieure  du  disque ,  et  que  l'on  voit  surtout  bien  au  bord  droit  et  antérieur 
de  la  fig.  lo,  ainsi  que  sur  vm  lambeau  conservé  vers  le  bord  postérieur  de  ce  même 
exemplaire,  on  distingue  encore  deux  couches  de  structure  différente  :  l'une,  qui  est 
la  moyenne  du  test,  a  une  structure  granuleuse  semblable  à  celle  des  os  des  poissons 
Chondroptérygiens,  et  parfaitement  identique  avec  celle  des  lambeaux  que  nous  avons 
aperçus  dans  le  C.  rostratus^  l'autre,  qui  est  la  couche  inférieure,  se  décompose  en 
feuillets  superposés  les  uns  aux  autres  comme  les  lames  d'accroissement  des  coquilles 
des  Mollusques.  Cette  dernière  couche  est  la  plus  épaisse  des  trois.  Dans  l'exemplaire 
de  la  fig.  9,  qui  est  celui  dont  les  formes  sont  le  mieux  conservées,  on  ne  voit  des 
lames  que  de  cette  troisième  couche,  qui  recouvre  en  partie  l'empreinte  en  relief  de  la 
surface  inférieure  de  la  tête.  Dans  la  fig.  10,  au  contraire,  on  reconnaît  au  bord  de 
son  disque,  d'abord  la  couche  extérieure,  sous  laquelle  la  couche  moyenne  est  cachée, 
et  un  peu  plus  en  avant  dans  l'intérieur  du  moule,  des  lambeaux  de  la  couche  infé- 
rieure. Enfin,  dans  la  fig.  11  on  voit  un  fragment  cassé  de  manière  à  présenter  ces 
trois  couches  dans  leur  superposition  naturelle.  Sur  les  côtés  de  la  tête  l'on  n'aperçoit 


—     132    — 

aucune  trace  d'un  prolongement  latéral  en  forme  de  corne,  pas  plus  que  dans  le 
C.  Lewîsii;  en  sorte  qu'il  me  paraît  probable  qu'un  jour,  lorsqu'on  les  connaîtra 
mieux,  ces  deux  espèces  devront  être  séparées  génériquement  des  C.  Ljelli  et 
rostratus. 

Ce  qui  vient  d'être  dit  sur  la  structure  de  la  tête  des  Ceplialaspis  rappelle  singu- 
lièrement le  test  des  Crustacés,  qui  a  aussi  une  couche  extérieure  colorée,  sous 
laquelle  se  trouve  d'abord  une  couche  de  structure  granuleuse ,  puis  une  couche  la- 
melleuse;  et  ce  n'est  pas  sans  avoir  hésité  long-temps,  que  je  me  suis  décidé  à  en- 
visager les  fossiles  représentés  dans  mes  fig.  8,  9  et  10,  comme  des  têtes  de 
Cephalaspis j  plutôt  que  comme  des  écailles  terminales  de  quelque  Crustacé  inconnu. 
Il  est,  en  effet,  fort  extraordinaire  que  des  écussons  dont  les  caractères  ichthyologiques 
ne  peuvent  être  révoqués  en  doute  dans  les  espèces  représentées  fig.  i,  3,  5  et  6, 
l'une  desquelles,  du  moins,  a  été  trouvée  avec  son  tronc  et  ses  nageoii-es,  aient  exac- 
tement la  même  structure  que  d'autres  disques  que  Ton  pourrait  prendre  aussi  pour 
des  queues  de  Trilobite.  La  difficulté  d'ari'êter  son  opinion  sur  ces  fossiles  est  d'autant 
plus  grande,  que  le  bouclier  et  la  queue  de  plusieurs  espèces  de  la  famille  des  Tri- 
lobites  ont  aussi  la  couche  extérieure  de  leur  test  ornée  de  sillons  semblables  à  ceux 
delà  tête  des  Cephalaspis,  et  leurs  bords  quelquefois  relevés  en  bourrelet,  comme  le 
bord  postérieur  du  disque  du  C.  Lewisii.  Cependant,  la  présence  constante  de  la 
pièce  qui  me  paraît  être  Tethmoïde,  et  l'arête  longitudinale  sur  le  milieu  du  disque, 
semblent  trancher  la  question  et  nous  obliger  à  placer  définitivement  toutes  ces 
lilaques  dans  la  classe  des  Poissons,  et  à  les  envisager  comme  des  têtes  de  Cephalaspis 
ou  d'uu  genre  voisin.  Leur  structure  particulière  exige  la  plus  grande  circonspection 
dans  l'établissement  des  espèces,  pour  ne  pas  s'exposer  à  envisager  comme  des  espèces 
particulières  des  empreintes  dont  les  couches  extérieures  seraient  enlevées,  et  don- 
neraient à  la  sui'face  du  disque  un  aspect  tout  différent.  Déjà  de  pareilles  méprises  ont 
eu  .lieu  dans  la  classe  des  Crustacés,  chez  lesquels  la  surface  inférieure  du  test  a  fré- 
quemment u\\  aspect  tout  différent  de  celui  de  la  surface  supérieure ,  en  sorte  que  leurs 
empreintes  ne  se  ressemblent  point  du  tout. 

Le  C.  Llojdiij  dont  j'ai  vu  un  grand  nombre  d'exemplaires  dans  la  collection  de 
M.  Murchison,  paraît  être  très-commun  dans  le  vieux  grès-rouge,  et  se  trouver  dans 
le  Pays  de  Galles  dans  toutes  les  localités  oii  l'on  trouve  le  C.  Lyellii.  Ces  deux 
espèces  devront  donc  être  envisagées  comme  caractéristiques  pour  cette  formation. 

J'ai  dédié  cette  espèce  à  31.  Lloyd,  médecin  à  Ludlow,  qui  le  premier  a  fait 
connaître  à  M.  Murchison  l'existence  de  ces  curieux  fossiles  dans  le  vieux  grès-rouge. 


—     ioô 


CHAPITRE  YII. 


DU   GENRE  EURYNOTUS. 


Mon  attention  a  été  appelée  sur  ce  genre  pour  la  première  fois  lorsque  j  ai  examiné 
à  Edimbourg  les  fossiles  du  Calcaire  d'eau  douce  de  Burdie-House,  dans  le  Musée  de 
la  Société  Royale  ,  où  j'ai  trouvé  quelques  exemplaires  d'une  espèce  qu'il  m'a  d'abord 
été  impossible  de  ranger  dans  aucun  des  genres  que  j'avais  déjà  établis  alors. 
Depuis,  M.  le  professeur  Jameson  m'en  a  communiqué  des  exemplaires  si  bien  conser- 
vés ,  que  j'ai  pu  en  constituer  définitivement  un  nouveau  genre  auquel  j'ai  donné  le  nom 
à'EurjnotuSj  et  dont  tous  les  caractères  ont  pu  être  déterminés  exactement.  Sa  po- 
sition dans  ma  classification  est  naturellement  à  côté  des  Amhljptenxs^  entre  ce  genre 
et  le  genre  Platysomus ,  c'est-à-dire,  dans  la  famille  des  Lépidoïdes,  section  des 
Hétérocerques.  La  forme  de  son  corps  et  de  sa  nageoire  dorsale  le  rapproche  même 
davantage  des  genres  à  corps  plat,  tandis  que  la  forme  des  nageoires  paires  rappelle 
le  genre  Amhljpterus.  Dans  le  cadre  de  l'ordre  des  Ganoïdes  qui  précède  la  description 
des  genres  de  la  famille  des  Lépidoïdes,  il  faudra  le  placer  immédiatement  avant  le 
genre  Platysomus. 

Ce  genre  est  très-bien  caractérisé  par  sa  grande  dorsale,  qui  occupe  tout  le  dos 
comme  dans  les  Platysomes,  et  dont  les  rayons  antérieurs  sont  très-allongés.  L'anale, 
opposée  à  la  partie  postérieure  de  la  dorsale ,  a  aussi  son  bord  antérieur  formé  par  des 
rayons  beaucoup  plus  longs  que  les  suivans.  La  caudale  n'est  pas  aussi  développée, 
proportionnellement,  que  les  autres  nageoires.  Les  ventrales  sont  très-grandes,  et 
placées  au  milieu  de  l'abdomen;  les  pectorales  sont  plus  grandes  encore,  et  si  dé- 
veloppées, que  leur  bord  postérieur  atteint  l'insertion  des  ventrales.  Cependant  les 
nageoires  paires  ont  moins  de  rayons  que  dans  le  genre  Amblyptenis.  La  tête  est 
petite,  et  les  mâchoires  sont  armées  de  très-petites  dents  obtuses.  Les  écailles  sont  de 
moyenne  grandeur. 

Je  connais  maintenant  trois  espèces  A'' Eurynotus  j  provenant,  l'une  du  calcaire  de 
Burdie-House,  la  seconde  de  New-Haven  près  de  Leith,  et  la  troisième  de  Sunder- 
land  (Massachusetts). 


—  154  — 

I.  EURYNOTUS  CRENATUS  AgaSS. 

Yol.  1,  Tab.  i4  (ij  et  i4  b. 

Cette  espèce  est  celle  qui  m'a  servi  de  type  pour  établir  le  genre  5  pendant  quelque 
temps  elle  a  même  été  la  seule  que  je  connusse.  Elle  paraît  ne  pas  être  très-rare  dans 
le  calcaire  de  Burdie-House;  car  j'en  ai  vu  plusieurs  exemplaires  dans  la  collection  de 
la  Société  R.  d'Edimbourg,  dans  celle  de  M.  le  D'  Hibbert,  et  un  plus  grand  nombre 
encore  dans  celle  de  M.  le  professeur  Jameson.  Les  originaux  des  fig.  i,  2  et  3,  Tab. 
i/f.  ttj  appartiennent  à  la  Société  Royale^  ceux  de  la  fig.  4 5  et  de  la  Tab.  i4  hj  appar- 
tiennent à  M.  Jameson.  La  fig.  i,  Tab.  i4  «j  donne  l'idée  la  plus  complète  de  la  forme 
du  tronc  de  ce  poisson  et  de  la  structure  de  sa  caudale.  Dans  la  fig.  2,  on  distingue 
quelques  détails  de  la  structure  de  la  tête;  dans  lajig.  3,  la  position  relative  de  la 
dorsale,  de  l'anale  et  des  ventrales,  ainsi  que  la  direction  de  la  ligne  latérale.  La  fig.  4 
fait  encore  mieux  voir  la  dorsale,  la  longueur  de  ses  rayons  antéiieurs,  et  même  de 
ceux  de  l'anale.  Dans  la  Tab.  il^  bj  fig.  i ,  on  voit  surtout  bien  le  bord  antérieur  de 
la  dorsale,  et  la  manière  dont  les  rayons  s'allongent  insensiblement  depuis  le  dos 
jusqu'à  l'extrémité  de  la  nageoire  5  c'est  aussi  de  tous  les  exemplaires  celui  où  les 
écailles  sont  le  mieux  conservées.  On  y  voit  encore  quelques  os  du  crâne,  par  leur 
surface  extérieure.  Enfin,  la  fig.  2  de  cette  planche  montre  toute  l'extension  des  na- 
geoires paires.  Avant  d'avoir  vu  les  exemplaires  de  la  collection  de  M.  Jameson,  et. 
surtout  ceux  de  la  Tab.  14  b^  il  me  restait  des  doutes  sur  la  validité  de  ce  genre, 
doutes  qui  me  paraissaient  surtout  justifiés  par  la  grande  ressemblance  que  l'original 
de  la  fig.  I,  Tab.  14  a^  présentait  avec  le  genre  Platjsomus.  Cette  ressemblance  était 
d'autant  plus  embarrassante,  que  cet  exemplaire  ne  laisse  apercevoir  aucune  trace  de 
l'anale  et  des  nageoires  paires.  La  vue  d'exemplaires  évidemment  de  la  même  espèce, 
comme  celui  de  la  fig.  i,  Tab.  i4  b^,  et  dont  la  dorsale  a  un  aspect  si  différent  de  ce 
qu'elle  paraît  être  dans  la  fig.  i,  Tab.  14  «j  a  fait  disparaître  à  mes  yeux  les  rapports 
si  intimes  que  je  croyais  exister  entre  cette  espèce  et  les  Platysomes.  Elle  présente 
aussi  un  type  de  squamalion  très-différent  de  celui  des  Ambljterus  et  des  Platfsomus. 

La  forme  générale  du  corps  est  élégante,  quoique  ce  poisson  soit  passablement 
large  proportionnellement  à  sa  longueur.  La  tête  est  petite,  car  elle  excède  à  peine  le 
cinquième  de  la  longueur  totale.  La  hauteur  extraordinaire  du  bord  antérieur  de  la 
dorsale,  qui  égale  à-peu-près  celle  du  corps,  donne  à  cette  espèce  un  aspect  tout  parti- 
culier qui  rappelle  les  Platax.  Dans  ses  détails  elle  présente  quelques  traits  re- 
marquables ;  la  tête  surtout  diffère  singulièrement  des  autres  genres  de  cette  famille , 
par  le  développement  extraordinaire  de  quelques-uns  de  ses  os.  L'orbite  est  très- 
grande,  proportionnellement  à  la  petitesse  de  la  tête;  l'opercule,  au  contraire,  est 


—     135     — 

très-étroit,  et  le  suboperciile  très-élevé,  mais  e'galement  étroit.  En  dessous  de  l'or- 
bite, la  joue  est  couverte  par  une  large  plaque  triangulaire  qui  me  paraît  être  un  sous- 
orbitaire.  Dans  la  lîg.  2,  Tab.  i4  0.3  on  voit  l'empreinte  de  tous  ces  os  sillonnée  de 
rides  concentriques  dans  le  sens  de  leur  accroissement  ;  et  a«  bord  inférieur  de  la 
tête,  une  des  branches  du  maxillaire  inférieur  dont  l'extrémité  est  dirigée  en  bas,  et 
dont  le  bord  est  armé  de  plusieurs  rangées  de  dents  extrêmement  fines  et  obtuses. 
Il  est  évident  que,  dans  cet  exemplaire,  c'est  la  branche  droite  de  la  mâchoire  infé- 
rieure que  Ton  Aoit  par  sa  surface  extérieure  ;  tandis  que  ce  sont  les  os  de  la  face  du 
côté  gauche  qui  y  ont  laissé  leur  empreinte.  Ceci  explique  la  position  extraordinaire 
que  la  mâchoire  inférieure  semble  avoir  au  dessous  des  sous-orbitaires.  Dans  la  fig.  i , 
Tab.  i4  h ,  on  voit  encore  distinctement  les  sillons  de  la  surface  extérieure  de  l'o- 
percule. Les  écailles  ont  un  aspect  très-particulier  :  elles  sont  beaucovip  plus  hautes 
que  longues  dans  la  partie  antérieure  du  tronc  et  sur  les  flancs  jusque  vers  le  milieu 
de  la  queue,  oii  elles  deviennent  de  plus  en  plus  équilatérales  5  tandis  que  sur  le  pro- 
longement du  pédicule  de  la  queue ,  elles  prennent  la  forme  de  losanges  allongées , 
dont  les  angles  aigus  sont  tournés  en  avant  et  en  arrière.  La  surface  extérieure  de 
toutes  les  écailles  du  tronc  est  parfaitement  lisse,  excepté  dans  celles  des  premières 
séries  qui  suivent  la  ceinture  thoracique ,  et  dont  le  bord  antérieur  est  pointillé  et  orné 
de  rides  qui  se  perdent  vers  le  bord  postérieur,  fig.  3,  Tab.  i4  h.  Ce  bord  posté- 
rieur est  fortement  crénelé  dans  toutes  les  écailles,  jusque  sur  le  prolongement  du 
pédicule,  où  leur  dentelure  disparaît.  Cette  dentelure  est  surtout  marquée  dans  les 
hautes  écailles  de  la  moitié  antérieure  du  tronc,  fig.  4;  on  voit  même  encore,  à  travers 
l'émail  qui  les  recouvre ,  la  dentelure  de  plusieurs  lames  d'accroissement  qui  ont  pré- 
cédé celle  dont  les  dents  forment  maintenant  le  bord  crénelé  de  chaque  écaille.  Dans 
la  fig.  3,  on  voit  la  ligne  latérale  qui  s'étend  sur  le  milieu  du  corps,  en  partant  de 
l'angle  supérieur  et  postérieur  de  l'opercule  ;  elle  est  légèrement  arquée  vers  le 
ventre.  Quant  aux  écailles  en  général,  il  est  à  remarquer  encore  que  celles  des  bords 
du  dos  et  du  ventre  sont  plus  petites  que  celles  des  flancs.  Le  bord  supérieur  de  cha- 
cune d'elles  est  droit ,  tandis  que ,  dans  la  partie  antérieure  du  tronc ,  le  bord  supérieur 
est  convexe  et  le  bord  inférieur  concave.  Yers  le  milieu  du  tronc,  seulement,  et  sur  les 
côtés  de  la  queue,  ils  deviennent  également  droits.  Leur  surface  intérieure  est  partout 
lisse ,  avec  un  gros  onglet  articulaire  à  son  bord  supérieur ,  et  une  fossette  correspon- 
dante à  son  bord  inférieur;  de  l'une  à  l'autre  on  remarque  une  quille  aplatie. 

Quoique  le  bord  antérieur  de  la  dorsale  soit  extrêmement  élevé,  ce  ne  sont  ce- 
pendant pas  ses  rayons  antérieurs  qui  sont  les  plus  longs;  au  contraire,  les  pre- 
miers sont  très-courts,  et  les  suivans  vont  en  s'allongeant  insensiblement  jusqu'au 
dix-huitième,  qui  est  celui  qui  atteint  la  partie  la  plus  élevée  de  la  nageoire,  et  qui 


—     156    — 

est  aussi  long  que  le  corps  est  large.  Les  rayons  qui  viennent  ensuite  diminuent  rapi- 
dement de  longueur  jusqu'au  trente-cinquième,  en  sorte  que  l'extrémité  de  la  nageoire 
est  très-échancrée.  La  partie  de  la  nageoire  qui  occupe  la  seconde  moitié  du  dos,  se 
compose  de  rayons  à-peu-près  de  même  longueur,  jusqu'aux  derniers  qui  se  raccour- 
cissent encore  un  peu.  Cette  conformation  de  la  dorsale  se  voit  surtout  bien  dans  la 
fig.  4)  Tab.  i4  Cl,  et  dans  la  fig.  i,  Tab.  \l\  bj  où  l'on  remarque  en  outre,  surtout 
dans  cette  dernière,  luie  particularité  de  la  structure  des  nageoires,  très-fréquente 
dans  l'ordre  des  Ganoïdes,  mais  qui  est  plus  évidente  ici  à  cause  du  développement 
prodigieux  de  la  nageoire,  et  qui  rappelle  ce  que  j'ai  dit  au  chapitre  des  Palœoniscus 
du  passage  insensible  des  écailles  aux  rayons  des  nageoires  :  c'est  que,  dans  la  série 
impaire  des  écailles  du  milieu  du  dos,  celles  qui  se  trouvent  en  avant  de  la  nageoire 
se  i-edressent  insensiblement  et  passent  à  la  forme  de  rayon  par  des  transitions  gi-a- 
duelles,  en  s'articulant  sur  les  osselets  interapopbysaires  supérieurs.  Mais  ce  qu'il  y 
a  de  plus  curieux  dans  cette  espèce,  c'est  de  voir,  fig.  i ,  Tab.  ït\  bj  comment  les 
dix  premiers  de  ces  petits  rayons  sont  simples ,  sans  porter  à  leur  bord  antérieur  de 
ces  petits  osselets  qui ,  dans  la  plupart  des  genres ,  sont  accolés  dès  la  base  de  la  na- 
geoire contre  ses  plus  longs  rayons  5  tandis  qu'ici  ils  s'interposent  successivement 
entre  leurs  exti'émités,  depuis  le  dixième  rayon  jusqu'au  dix-huitième,  qui  atteint 
l'extrémité  de  la  nageoire.  Ces  osselets  peuvent  donc  être  envisagés,  ou  comme  des 
articulations  obliques,  détachées  du  bord  antérieur  des  rayons,  ou  comme  des  écailles 
accolées  contre  ce  bord  et  qui  seraient  interposées  entre  les  extrémités  des  rayons. 
Dans  les  grandes  espèces  du  genre  Lepidotus  j  ces  transitions  des  écailles  aux  rayons 
antérieurs  des  nageoires  seront  encore  plus  évidentes.  On  ne  les  remarque  pas  seu- 
lement en  avant  de  la  dorsale ,  elles  ont  encore  lieu  au  bord  antérieur  de  l'anale ,  de  la 
caudale,  et  même  des  nageoires  paires.  Du  reste,  la  dorsale  de  VE.  crenatus  paraît 
avoir  environ  80  rayons,  sans  qu'il  soit  possible  de  les  compter  exactement,  à  cause 
du  mauvais  état  de  conservation  de  son  bord  postérieur.  Leurs  articulations  transver- 
sales sont  très-éloignées,  surtout  celles  des  petits  rayons  antérieurs.  Depuis  le  plus  long 
jusqu'au  dernier,  leur  extrémité  est  bifurquée  à  plusieurs  reprises ,  et  les  articulations 
transversales  sont  un  peu  plus  rapprochées.  La  caudale  n'est  pas  très-grande ,  pro- 
portionnellement aux  autres  nageoires  5  mais  le  pédicule  qui  la  porte  est  considéra- 
blement rétréci,  en  sorte  qu'en  avant  des  rayons,  la  largeur  de  la  queue  égale  à 
peine  le  tiers  de  la  largeur  du  tronc  dans  sa  partie  la  plus  élevée.  Le  prolongement 
du  pédicule  caudal  se  rétrécit  tout  d'un  coup,  et  diminue  ensuite  très-insensiblement 
jusqu'à  son  extrémité,  Tab.  i4  «j,  fig.  i  ;  ses  côtés  sont  couverts  d'écailles  en  forme 
de  losanges  très-allongées.  Le  long  de  son  bord  supérieiu'  il  y  a  de  longues  écailles 
imbriquées,  qui  sont  très-grosses  en  arrière  de  la  dorsale,  Tab.  i4  bj,  fig.  2.  La  eau- 


—     157    — 

dale  elle-même  est  peu  ccliancrée,  les  rayons  antériems  de  sou  lobe  inférieur  n'étant 
pas  très-allongés  j  ceux  du  lobe  supérieur  diminuent  très-insensiblement  de  longueur 
jusqu'à  son  extrémité.  Tous  ces  rayons  ont  des  articulations  transversales  beaucoup 
plus  rapprocbées  que  celles  des  rayons  de  la  dorsale.  L'anale,  qui  est  surtout  l)ien 
conservée  dans  les  fig.  3  et  4  de  la  ïab.  i4  n,  est  étroite,  et  ses  rayons  antérieiu^s 
sont  si  allongés,  qu'ils  dépassent  l'insertion  du  lobe  inférieur  de  la  caudale.  Ses  rayons 
sont  un  peu  plus  gros  que  ceux  de  la  dorsale,  et  bifurques  seulement  jusqu'au  tiers 
de  leur  longueur  ;  et  quoique  leurs  articulations  transversales  soient  plus  rappro- 
chées ,  elles  sont  cependant  encore  assez  éloignées  pour  que  les  articles  soient  plus 
longs  que  larges.  Le  milieu  de  cette  nageoire  est  opposé  à  l'extrémité  postérieure  de 
la  dorsale  5  à  son  bord  antérieur  il  y  a  une  série  de  petits  rayons  accolés  aux  plus 
grands  jusqu'à  leur  extrémité.  Les  ventrales  et  les  pectorales  ne  sont  distinctes  que 
dans  la  fig.  2  de  la  Tab.  i4  h  ;  ces  deux  nageoires  sont  grandes,  proportionnellement 
à  la  taille  du  poisson.  Ce  qui  les  distingue  surtout  de  celles  des  Amblypterus j  avec 
lesquelles  elles  ont  le  plus  de  rapport  par  leur  grandeur,  c'est  qu'au  lieu  d'être  arron- 
dies elles  sont  acuminées,  et  composées  de  rayons  beaucoup  plus  gros,  dont  les  ar- 
ticulations transversales  ne  sont  pas  très-rapprochées,  et  dont  l'extrémité  est  bifur- 
quée  à  plusieui's  repiises  jusqu'à  la  moitié  de  leur  longueur  dans  les  ventrales,  et 
jusque  près  de  leur  insertion  dans  les  pectorales.  A  leur  bord  antérieur  il  y  a  une 
série  de  petits  rayons  allongés  et  fortement  accolés  aux  plus  grands.  Cependant  les 
ventrales  sont  plus  petites  que  les  pectorales,  dont  l'extrémité  déborde  l'insertion  des 
ventrales. 

Cette  espèce  n'a  encore  été  trouvée  que  dans  le  Calcaire  de  Burdie-House. 

II.   EURYNOTUS  FIMBRIATUS  AgaSS. 

Vol.  2,  Tab.  i4  Cj  fig.  1 ,  2  et  3. 

Lés  exemplaires  que  j'ai  vus  jusqu'ici  de  cette  espèce  ne  sont  pas  assez  bien  con- 
servés pour  en  donner  une  idée  complète;  cependant  ils  le  sont  assez  pour  indiquer 
une  espèce  différente  de  la  précédente,  surtout  par  ses  écailles  plus  petites,  moins 
hautes ,  et  dont  le  bord  postérieur  est  orné  de  franges  plus  fines  que  la  dentelure  de 
celles  de  VE.  crenatus.  Les  originaux  de  mes  figures  ont  été  trouvés  à  New-Haven 
près  de  Leith,  dans  des  géodes  de  fer  hydraté  carbonate  :  celui  de  la  fig.  i ,  qui  re- 
présente la  plus  grande  partie  du  tronc  et  une  portion  de  la  tête,  appartient  à  M.  Buck- 
land;  celui  de  la  fig.  2  est  de  la  collection  de  Lord  Greenock,  qui  en  a  trouvé  encore 
quelques  fragmens  moins  complets. 

La  largeur  du  corps  pourrait  faire  supposer  que  cette  espèce  appartient  au  genre 
ToM.  II.  21 


—     158     — 

Platjsomus  ;  mais  envoyant  ses  nageoires,  dans  l'original  de  la  fig.  i,  il  est  impossible 
de  méconnaître  les  caractères  distinctifs  du  genre  Eurjnotus.  Car_,  si  sa  grande  dor- 
sale rappelle  le  genre  Platjsomus  j  d'un  autre  côté  la  présence  d'une  ventrale  opposée 
à  la  partie  antérieure  de  la  dorsale  prouve  évidemment  que  l'anale  ne  pouvait  pas 
s'étendre  parallèlement  à  la  dorsale  tout  le  long  de  la  queue  j  et  quoiqu'on  n'en  voie 
aucune  trace  dans  ces  exemplaires,  il  est  plus  que  piobable  qu'elle  était  aussi  opposée 
à  l'extrémité  de  la  dorsale,  comme  dans  VE.  crenatus.  Dans  la  fig.  i,  on  voit  seulement 
l'empreinte  de  la  partie  postérieure  de  la  tête  et  de  la  ceinture  thoracique ,  sans  qu'il 
soit  possible  d'en  distinguer  les  différentes  pièces  ;  on  y  reconnaît  cependant  les  stries 
concentriques  de  leur  surface  extérieure,  qui  sont  semblables  à  celles  que  l'on  observe 
sur  ces  os  dans  VE.  crenatus. 

Les  écailles  qui  recouvrent  tout  le  tronc  sont  plus  uniformes  que  celles  de  l'espèce 
précédente  ;  dans  la  partie  antérieure  du  tronc  elles  sont  cependant  plus  hautes  que 
longues,  mais  moins  disproportionnées;  et  en  général  toutes  les  écailles  sont  plus 
petites  relativement  à  la  grandeur  du  poisson.  Nulle  part  on  ne  voit  leur  surface 
extérieure;  mais  sur  plusieurs  points  de  la  fig.  i  leur  empreinte  est  assez  nette  pour 
qu'on  puisse  être  sûr  qu'elles  étaient  lisses.  Leur  bord  postérieur,  fig.  3,  est  orné 
d'une  frange  dont  les  pointes  sont  beaucoup  plus  fines  et  plus  longues  que  celles  de  la 
dentelure  de  l'^".  crenatus.  Leur  surface  intérieure  est  parfaitement  lisse,  et  convexe 
dans  le  s:ns  transversal  de  l'écaillé,  sans  qu'il  y  ait  de  quilles  distinctes;  leurs  onglets 
articulaires  sont  très-gros.  Les  écailles  des  côtés  de  la  queue  sont  équilatérales;  leur 
bord  est  également  frangé.  Cependant,  n'ayant  vu  nulle  part  le  prolongement  du 
pédicule  de  la  queue^  j'ignore  comment  ses  écailles  sont  conformées.  Dans  la  fig.  i, 
on  voit  à  son  bord  supérieur  quelques  rayons  épars  de  la  dorsale;  tandis  que  dans  la 
fig.  2 ,  on  distingue  une  grande  portion  de  cette  nageoire ,  dont  le  bord  antérieur  se 
compose,  comme  dans  VE.  crenatuSj  de  rayons  simples  qui  vont  en  s'allongeant  in- 
sensiblement. Par  l'examen  de  cet  exemplaire  on  acquiert  la  certitude  que  la 
partie  antérieure  de  cette  nageoii-e,  vers  son  douzième  ou  quinzième  rayon,  est 
beaucoup  plus  élevée  que  sa  partie  postérieure ,  quoique  l'extrémité  de  ces  rayons 
antérieurs  soit  enlevée.  Mais  comme  on  voit  évidemment  qu'ils  ont  été  brisés,  et  que 
malgré  cela  ils  sont  encore  de  moitié  plus  longs  que  les  postérieurs,  dont  on  aperçoit 
l'extrémité  bifurquce,  il  est  incontestable  que  cette  nageoire  était  à-peu-près  con- 
formée comme  celle  àeVE.  crenatus.  Ses  rayons  sont  plus  gros  que  dans  l'espèce  de 
Burdie-House ,  et  leurs  articidations  transversales  beaucoup  plus  rapprochées.  Vis-à- 
vis  du  fort  de  la  dorsale  on  aperçoit  encore,  dans  la  fig.  2,  l'insertion  d'une  nageoire, 
qui ,  vu  sa  conformation  et  sa  position  oblique ,  me  paraît  être  la  ventrale  du  côté 
gauche.  Sa  base  est  plus  large  que  celle  des  ventrales  de  l'^".  crenatus;  ses  articu- 
lations transversales  sont  très-rapprochées,  et  leurs  articles  par  conséquent  plus 


159    — 


larges  que  longs;  leur  extrémité  est  bifurquée  à  plusieurs  reprises  jusqu'à  la  moitié 
de  leur  longueur. 

Cette  espèce  n'a  encore  été  trouvée  qu'à  New-Haven  près  de  ijdïih. 


III.  EURYNOTUS  TENUICEPS  Ao'aSS. 


is' 


Vol.  2 ,  Tab.  i4  Cj  fig.  4  et  5. 

Je  ne  connais  encore  qu'un  exemplaire  de  cette  espèce,  l'original  de  ma  fig.  4^  q"i 
a  été  déposé  par  M.  Murcbison  dans  la  collection  de  la  Société  Géologique  de  Londres. 
M.  Hitchcock,  dans  son  rapport  sur  la  géologie  de  Massachusetts,  en  a  déjà  repré- 
senté deux  exemplaires  qui  étaient  beaucoup  plus  parfaits  que  celui  que  j'ai  vu, 
quoique  ses  figures  laissent  à  désirer  bien  des  détails  sans  lesquels  il  est  impossible 
de  bien  déterminer  une  espèce.  La  fig.  5  de  ma  planche  est  une  copie  de  la  fig,  48, 
pi.  i4,  de  l'ouvrage  de  M.  Hitchcock,  qui  paraît  faite  d'après  un  exemplaire  dont 
toutes  les  nageoires  étaient  bien  conservées.  Sa  fig.  l[5  représente  un  autre  individu 
de  la  même  espèce,  dont  les  écailles  sont  encore  toutes  visibles  et  dans  leur  position 
naturelle.  M.  Hitchcock  dit  que,  sur  5o  exemplaires  de  poissons  fossiles  trouvés  dans 
le  schiste  bitumineux  de  Sunderland,  49  appartiennent  à  cette  espèce.  Dans  l'exem- 
plaire que  j'ai  sous  les  yeux ,  la  tête  est  la  partie  la  mieux  conservée  5  on  y  voit  en  outre 
l'empreinte  d'une  grande  partie  des  écailles  du  côté  droit,  et  quelques  écailles  du  côté 
gauche  par  leur  surface  extérieure.  H  n'est  resté  des  nageoires  qu'une  partie  du  lobe 
inférieur  de  la  caudale ,  quelques  rayons  de  l'anale  et  des  pectorales ,  et  un  vestige 
des  ventrales;  la  dorsale  est  complètement  enlevée.  Si  dans  les  exemplaires  figurés 
par  M.  Hitchcock  les  nageoires  étaient  intactes,  la  dorsale  différerait  considérablement 
de  celle  des  Eurjnotus  :  car  dans  ses  figures  ce  sont  les  rayons  postérieurs  de  cette 
nageoire  qui  sont  les  plus  longs;  ils  excèdent  même  de  beaucoup  les  rayons  antérieurs. 
Cependant,  comme  ceux-ci  paraissent  avoir  été  brisés,  il  est  très-possible  qu'ils  étaient 
les  plus  longs  dans  leur  état  naturel.  Je  crois  la  chose  d'autant  plus  probable ,  que  je  ne 
connais  pas  un  seul  poisson  de  cette  famille  qui  ait,  proportionnellement  à  sa  largeur, 
une  dorsale  composée  de  rayons  aussi  courts  que  le  seraient  ceux  de  cette  espèce,  s'ils 
n'avaient  pas  été  beaucoup  plus  longs  qu'ils  ne  paraissent  dans  les  figures  citées.  Par- 
tant de  là,  il  m'a  paru  que  ce  poisson  devait  rentrer  dans  le  genre  Eurjnotus j 
puisque  son  anale  est  étroite,  et  qu'il  appartient  à  la  section  des  Lépidoïdes  Hétéro- 
cerques.  En  effet,  le  prolongement  du  pédicule  de  la  queue  s'étend  obliquement  au- 
delà  des  rayons  antérieurs  du  lobe  inférieur  de  la  caudale ,  de  manière  à  ne  laisser 
aucun  doute  sur  son  extension  jusqu'à  l'extrémité  de  la  nageoire.  Cette  assertion  est 
en  contradiction  avec  les  figures  de  l'ouvrage  de  M.  Hitchcock;  mais,  comme  j'en  ai 


—     160    — 

déjà  fait  la  remarque  à  l'occasion  du  Palajoniscus  fultuSj,  dont  j'ai  examiné  une 
plaque  originale ,  je  n'en  crois  pas  moins  que  tous  les  poissons  de  Sunderland  sont  des 
Hétérocerques  ;  et  je  pense  qu'il  aura  paru  plus  naturel  à  M.  Hitchcock  de  rétablir  la 
queue  d'un  poisson  très-régulier,  en  lui  donnant  une  caudale  à  lobes  pairs,  et  de 
supposer  ses  exemplaires  mal  conservés  dans  cette  partie ,  que  d'admettre  que  le  corps 
se  terminait  par  une  nageoire  à  lobes  impairs ,  dont  le  supérieur  aurait  été  sensible- 
ment plus  long  que  l'inférieur.  Ce  qu'il  est  resté  de  la  caudale  dans  l'exemplaire  de 
ma  fig.  4j  fait  voir,  en  avant  de  son  lobe  inférieur,  de  petits  rayons  simples,  accolés 
aux  suivans  qui  sont  beaucoup  plus  larges,  et  dont  les  articulations  transversales,  très- 
rapprocliées ,  s'étendent  jusque  vers  leur  base.  Il  paraît  que  l'anale  était  très-étroite; 
cependant,  à  son  bord  antérieur  il  y  a  d'assez  gros  osselets  imbriqués  le  long  du  plus 
grand  rayon.  D'après  quelques  rayons  des  ventrales,  que  l'on  aperçoit  entre  les 
écailles  disloquées  du  bord  du  ventre ,  ces  nageoires  auraient  été  un  peu  plus  rap- 
prochées de  l'anale  que  des  pectorales  •,  tandis  que  dans  la  fig.  48  de  M.  Hitchcock  elles 
se  trouvent  droit  au  milieu  de  l'abdomen. 

J'ai  donné  à  cette  espèce  le  nom  de  tenuiceps j  parce  que  la  hauteur  de  la  tête  est 
peu  considérable,  proportionnellement  à  sa  longueur  et  à  la  largeur  du  tronc.  Dans 
les  figures  de  M.  Hitchcock  il  semble,  au  premier  coup-d'œil,  que  la  tête  doit  avoir 
été  beaucoup  plus  large  qu'elle  ne  le  paraît;  cependant,  l'exemplaire  que  j'ai  sous  les 
yeux  confirme  ses  dimensions  exiguës.  Le  museau  surtout  est  allongé  et  étroit;  et  la 
gueule,  peu  fendue,  présente  au  bord  de  ses  mâchoires  de  petites  dents  arrondies, 
semblables  à  celles  de  YE.  crenatus.  L'orbite,  qui  paraît  avoir  été  passablement 
grande,  se  trouvait  en  arrière  des  mâchoires.  Au  bord  supérieur  de  cette  empreinte 
on  voit  un  os  frontal  long  et  étroit,  qui,  par  sa  position,  donne  probablement  à  la 
tête  plus  de  largeur  qu'elle  n'avait  réellement.  L'opercule  est  court,  mais  haut;  en 
dessous  l'on  voit  une  empreinte  du  sous-opercule  et  de  l'inter-opercule,  qui  sont 
moins  hauts  que  dans  l'espèce  de  Burdie-House.  On  ne  voit  que  la  surface  intérieure 
de  ces  pièces,  qui  sont  celles  du  côté  gauche. 

Par  leur  forme,  les  écailles  de  cette  espèce  ressemblent  davantage  à  celles  de  VE. 
ûmhriatus  qu'à  celles  du  crenatus;  mais  elles  sont  beaucoup  plus  grandes ,  propor- 
tionnellement à  la  taille  du  poisson.  Celles  de  la  partie  antérieure  sont  plus  hautes 
que  longues;  mais  depuis  le  milieu  du  tronc  déjà,  elles  deviennent  équilatérales.  Sur 
la  plus  grande  partie  de  cet  exemplaire  on  ne  voit  que  l'empreinte  lisse  de  celles  du 
côté  gauche;  celles  du  côté  droit,  que  l'on  voit  au  bord  du  ventre  par  leur  surface 
extérieure,  sont  également  lisses;  mais  il  m'est  impossible  d'affirmer  si  leur  bord 
postérieur  est  entier  ou  dentelé. 

Cette  espèce  est  commune  dans  un  schiste  bitumineux  de  la  formation  du  grès-bi- 
garré, à  Sundei'land  dans  le  Massachusetts. 


161 


CHAPITRE  YIII. 


DU  GENRE  PLATYSOMUS. 


Autant  il  est  facile  de  saisir  les  traits  saillans  du  caractère  de  ce  genre,  autant  il 
est  difficile  de  rendre  un  compte  exact  et  clair  de  toutes  les  particularités  de  son  or- 
ganisation, tant  à  raison  de  l'état  de  conservation  des  exemplaires,  qu'à  cause  des 
combinaisons  singulières  du  squelette  et  des  écailles.  Les  espèces  de  ce  genre  sont 
certainement  plus  remarquables,  sous  le  point  de  vue  zoologique  et  anatomique,  que 
toutes  celles  que  j'ai  déjà  décrites.  Le  corps  très-élevé,  de  forme  plus  ou  moins  tra- 
pézoïde,  est  presque  aussi  haut  que  long;  c'est  ce  qui  a  fait  envisager  ces  poissons 
par  MM.  de  Blainville  et  Germar  comme  des  Stromatées,  avec  lesquels  ils  n'ont  du 
reste  aucun  rapport.  Je  ne  crois  pas  que  les  flancs  aient  été  très-bombés  j  il  me  pa- 
raît plutôt,  d'après  la  position  des  écailles  au  bord  du  dos  et  du  ventile,  que  c'étaient 
des  poissons  plats.  Ce  genre  paraît  appartenir  exclusivement  à  la  formation  du  Zech- 
stein  et  à  ses  équivalens. 

La  tête  des  Platjsomus  est  proportionnellement  grande ,  quoiqu'elle  ne  soit  pas 
aussi  large  que  le  tronc.  Le  bout  du  museau  forme  une  saillie  arrondie  peu  apparente  ; 
la  gueule  est  petite  et  peu  fendue  ;  les  mâchoires  sont  armées  de  petites  dents  en 
brosse  très-pointues;  l'inférieure,  lui  peu  plus  courte  que  la  supérieure,  est  très-large 
à  proportion  ;  l'opercule  est  étroit  et  très-élevé.  Sur  l'occiput  s'élève  une  crête  qui, 
formant  le  bord  supérieur  de  la  tête,  se  continue  insensiblement  avec  la  nuque. 

Toute  la  surface  du  corps  est  couverte  de  grosses  écailles  rhomboïdales ,  beaucoup 
plus  hautes  que  longues,  et  qui  forment  ainsi  en  travers  du  tronc  des  séries  dorso- 
ventrales  très-visibles  5  mais  à  peine  peut-on  distinguer  les  bords  supérieur  et  infé- 
l'ieur  de  chaque  écaille.  Ce  qui  rend  cet  examen  plus  difficile  dans  ce  genre  que  dans 
d'autres ,  ce  sont  les  longs  prolongemens  de  leur  bord  antérieur  dans  la  partie  qui  est 
recouverte  par  l'imbrication  des  séries  successives,  et  les  grands  onglets  articulaires 
du  bord  supérieur.  La  ceinture  thoracique  est  très-vigoureuse  et  porte  des  pectorales 
qui  paraissent  être  de  moyenne  grandeur.  D'après  l'état  de  conservation  de  la  région 
moyenne  de  l'abdomen ,  où  je  suppose  qu'étaient  les  ventrales,  je  ne  doute  pas  de  leur 
existence,  quoique  jeu' en  aie  jamais  vu  de  traces.  Laforme  de  la  dorsale  etdel'anale  dis- 
tingue surtout  ce  genre  :  ces  deux  nageoires ,  opposées  l'une  à  l'autre,  s'étendent  de- 
puis le  milieu  du  dos  et  du  bord  inférieur  du  corps  jusqu'à  la  partie  la  plus  rétrécie  de  la 


—     162    — 

queue  j  leurs  rayons  antérieurs  sont  beaucoup  plus  longs  que  les  suivans,  qui  vont 
en  se  raccourcissant  insensiblement  jusqu'aux  derniers.  La  caudale  a  la  même  sti'uc- 
ture  que  celle  des  Palœoniscus  ;  son  lobe  inférieur  est  formé  des  plus  longs  rayons 
de  la  nageoire,  et  cependant  il  est  plus  court  que  le  lobe  supérieur,  dont  les  rayons, 
de  plus  en  plus  petits  vers  son  extrémité,  sont  insérés  le  long  d'un  prolongement  de  la 
colonne  vertébrale,  qui  s'étend  au  delà  de  l'extrémité  du  lobe  inférieur.  11  est  certai- 
nement très-surprenant  de  voir  dans  ce  genre  une  caudale  asymétrique,  comme  dans 
tous  les  Ganoïdes  antérieurs  au  Jura,  quand  on  sait  que  les  poissons  vivans  à  corps 
plat,  court  et  très-élevé,  comme  les  Stromatées,  les  Yomers,  etc. ,  ont  tous  une  cau- 
dale très-fourcliue  et  à  grands  lobes  égaux. 

Le  squelette  des  Platjsomus  présente  aussi,  quant  à  la  disposition  des  osselets 
interapopbj^saires ,  des  particularités  que  je  n'ai  encore  observées  que  chez  quelques 
Ganoïdes.  La  colonne  vertébrale  et  les  apophyses  épineuses  qui  s'élèvent  sur  les 
corps  de  vertèbres,  ne  sont  pas  très-grandes;  c'est  plutôt  par  le  développement  des 
osselets  interapophysaires,  que  le  corps  prend  ses  formes  larges.  Les  apophyses  épi- 
neuses ne  paraissent  pas  non  plus  aussi  complètement  détachées  des  corps  de  vertèbres 
que  dans  les  Palœoniscus  et  les  Caturus:  elles  se  rapprochent  davantage  de  la 
structure  des  Pjcnodus  et  des  GjroduSj  car  l'on  voit  distinctement  sur  quelques 
vertèbres  la  saillie  oblique,  qui,  du  bord  de  l'apophyse  épineuse  supérieure,  s'étend 
jusqu'à  la  base  de  l'apophyse  épineuse  inférieure.  La  première  étant  vers  le  bord 
postérieur  de  la  vertèbre,  et  celle-ci  au  bord  antérieur,  la  saillie  qui  les  joint  se 
dirige  naturellement  d'arrière  en  avant  et  de  haut  en  bas,  ou  bien,  suivant  qu'on 
l'envisage,  de  bas  en  haut  et  d'avant  en  arrière.  On  ne  saurait  confondre  ces  saillies 
avec  les  bords  antérieurs  et  postérieurs  des  séries  dorso-ventrales  des  écailles,  puisque 
leurs  directions  se  croisent  ;  il  importe  seulement  de  faire  remarquer  que  dans  la  partie 
antérieure  de  la  colonne  vertébrale  elles  sont  presque  perpendiculaires,  et  se  rappro- 
chent alors  davantage  de  la  direction  des  écailles.  Je  compte  dans  le  Platjsomus  gib- 
bosus  i8  vertèbres  abdominales,  i4  caudales  jusqu'au  plus  grand  rétrécissement  de 
la  queue ,  là  oii  finissent  les  nageoires  dorsale  et  anale  ;  puis  il  y  a  trois  ou  quatre 
vertèbres  sans  rayons,  et  enfin  viennent  celles  qui  portent  la  caudale,  mais  dont  le 
nombre  n'est  pas  appréciable  dans  les  exemplaires  que  j'ai  vus.  Les  apophyses  épi- 
neuses supérieures  sont  en  général  courtes;  les  plus  grandes  n'ont  pas  en  longueur  le 
double  de  la  hauteur  du  corps  des  vertèbres .  Celles  de  la  nuque  so:it  les  plus  inclinées  ; 
puis  elles  se  redressent  insensiblement  jusque  vers  le  milieu  du  dos  et  dans  la  partie 
antérieure  de  la  queue  ;  celles  de  la  partie  postérieure  du  tronc ,  vers  le  rétrécissement 
de  la  queue  surtout,  s'inclinent  de  nouveau  en  arrière  vers  le  corps  de  la  vertèbre, 
auquel  elles  sont  accolées  tout  le  long  du  prolongement  du  lobe  supérieur  de  la  eau- 


—     165     — 

dale.  Toutes  ces  apophyses  sont  arquées  en  avant  à  leur  base,  rétrécies  au  milieu,  et 
légèrement  dilatées  et  comprimées  à  leur  extrémité.  Les  apophyses  épineuses  infé- 
rieures sont  beaucoup  moins  distinctes  que  les  supérieures  ;  l'on  ne  distingue  bien 
nettement  que  letu'  articulation  avec  le  corps  des  vertèbres.  Depuis  l'extrémité  de  la 
cavité  abdominale  jusqu'au  rétrécissement  de  la  queue,  elles  suivent  exactement  la 
même  direction  que  les  supérieures;  elles  ont  aussi  la  même  inclinaison  et  les  mêmes 
dimensions.  Quant  aux  côtes,  elles  ont  dû  être  bien  grêles,  puisque,  à  leur  insertion 
près,  elles  n'ont  laissé  que  de  très-légères  empreintes  qui  ne  s'étendent  pas  même 
jusqu'à  la  moitié  de  la  hauteur  de  la  cavité  abdominale.  Les  osselets  interapophysaires 
supérieurs  commencent  à  la  nuque  j  immédiatement  derrière  l'os  occipital  supérieur; 
mais  les  premiers  ont  une  direction  si  différente  de  celle  des  apophyses  épineuses 
supérieures,  qu'au  lieu  d'être  placés  à  l'extrémité  de  celles-ci  et  d'en  paraître  en 
quelque  sorte  la  continuation,  comme  dans  la  plupart  des  poissons,  ils  forment  avec 
elles  un  angle  presque  droit.  Du  bord  antérieur  de  la  partie  montante  du  dos ,  a  a  fig.  2, 
Tab.  D.  du  vol.  2,  ils  se  dirigent  en  arrière  et  sont  à-peu-près  perpendiculaires  sur  le 
contour  de  la  nuque;  mais  plus  ils  s'élèvent,  plus  aussi  ils  s'inclinent  vers  les  ver- 
tèbres; ils  ne  correspondent  cependant  aux  extrémités  des  apophyses  épineuses  que 
vis-à-vis  le  milieu  de  la  cavité  abdominale ,  où  ils  sont  perpendiculaires  à  la  colonne 
vertébrale.  Les  10  premiers  de  ces  osselets  sont  dilatés  en  forme  de  massue  et  com- 
primés à  leurs  deux  extrémités,  mais  plus  étroits  au  milieu  de  leur  longueur;  les  3 
qui  avoisinent  l'occiput  sont  droits,  les  5  suivans  sont  légèrement  arqués  en  arrière, 
les  9''  et  10"=  se  redressent  de  nouveau;  ils  sont  aussi  plus  longs,  mais  moins  larges 
que  les  précédens.  Les  11''  et  12''  se  terminent  déjà  en  pointe  à  leur  extrémité  in- 
férieure. Plus  en  arrière ,  b  b  bj  les  osselets  interapoph}  saires  n'atteignent  plus  le 
bord  du  dos,  et  ne  sont  plus  soutenus  qu'entre  les  chairs  et  à  l'extrémité  des  apophyses 
épineuses.  Depuis  là,  il  s'établit  un  ordre  de  choses  dont  je  ne  connais  aucun  exemple 
parmi  les  poissons  vivans  :  ces  os  continuent  à  correspondre  tout  le  long  du  dos  à  la 
nageoire,  quoique  ce  ne  soit  pas  eux  qui  portent  les  rayons  de  la  dorsale;  car  il  y  a 
encore  au-dessus  d'eux  un  étage  de  pièces  impaires,  qui  sont  les  pièces  à  l'extrémité 
supérieure  desquelles  les  rayons  de  la  dorsale  sont  articulés,  et  que  j'appellerai  osse- 
lets surapopiiysairesj  c  ce.  On  pourrait  penser  que  les  pièces  bbbne  sont  point  des 
osselets  interapophysaires,  mais  plutôt  des  arêtes  musculaires^  et  que  ce  sont  les 
pièces  ccc  qui  sont  les  véritables  interapophysaires  ;  mais  il  ne  peut  point  en  être 
ainsi,  car  les  pièces  b  sont  impaires  et  placées  à  l'extrémité  des  apophyses  épineuses. 
La  forme  de  ces  osselets  interapophysaires  varie  suivant  la  position  qu'ils  occupent  : 
les  premiers  sont  presque  droits,  tandis  que  les  suivans  ont  la  forme  d'un  ^5'  peu 
courbé,  mais  d'autant  plus  incliné  qu'il  se  rapproche  davantage  de  l'extrémité  de  la 


—     164    — 

queue;  leur  inclinaison  est  de  gauche  à  droite.  Tous  ces  osselets  se  terminent  en 
pointe  à  leurs  deux  bouts;  les  22  premiers  correspondent  à  autant  d'apophyses  épi- 
neuses des  vertèbres  abdominales  et  caudales;  plus  en  arrière,  il  y  en  a  davantage 
que  de  vertèbres.  Quant  aux  osselets  surapophysaires ,  les  premiers  sont  les  plus  longs 
et  portent  les  rayons  antérieurs  de  la  dorsale;  les  suivans  deviennent  de  plus  en  plus 
petits,  jusqu'à  l'extrémité  de  la  nageoire.  Ils  sont  tous  droits ^  les  premiers  dirigés 
obliquement  en  avant,  les  moyens  perpendiculaires ,  et  les  derniers  inclinés  en  arrière. 
A  l'extrémité  des  apophyses  épineuses  inférieures,  on  remarque  un  appareil  semblable 
à  celui  qui  porte  la  dorsale;  mais  ici  les  osselets  interapophysaires  Z»_,  sont  plutôt  en 
crochets,  dont  la  pointe  inférieure  est  tournée  en  arrière.  Les  surapophysaires,  c ^ 
sont  beaucoup  plus  petits  que  ceux  de  la  dorsale.  Le.premier  de  tous  ces  osselets,  qui 
borde  en  arrière  la  cavité  abdominale,  p,  était  le  plus  grand  ;  à  son  extrémité  inférieure 
il  se  dilate  en  vuie  large  plaque  qui  avance  vers  les  ventrales. 

Tous  ces  détails  sur  l'ostéologie  desPlatysomes  n'étant  pas  également  distincts  dans 
les  exemplaires  que  j'ai  choisis  pour  représenter  les  caractères  spécifiques  des  diffé- 
rentes espèces^  je  les  ai  réunis  dans  une  même  figure,  vol.  2,  Tab.  D,  fig.  i,  où  j'ai 
fait  représenter  au  trait  tous  les  os  que  j'ai  pu  voir  distinctement;  tandis  que  les  con- 
tours de  ceux  qui  ne  sont  conservés  qu'en  partie  y  sont  simplement  ponctués.  Ce 
squelette  rendra  plus  sensibles  les  différences  que  j'ai  signalées  entre  l'ostéologie  des 
poissons  vivans  et  la  structure  particulière  des  os  de  ce  genre. 

D'après  de  mauvais  exemplaires,  j'avais  d'abord  assigné  au  genre  Platysomus  une 
caudale  fourchue  à  lobes  égaux;  et  j'en  avais  distingué,  sous  le  nom  à^UropteryXj 
les  espèces  dans  lesquelles  j'avais  reconnu  une  caudale  à  lobe  supérieur  prolongé. 
Mais  ces  deux  genres  se  trouvent  maintenant  coïncider  exactement;  des  exemplaires 
parfaits  des  espèces  que  je  croyais  homocerques ,  déposés  au  Muséum  de  Paris 
par  M.  de  Humboldt,  m'ont  convaincu  que  même  celles-ci  sont  hétérocerques. 

Je  connais  déjà  cinq  espèces  de  Platysomus j  dont  deux  proviennent  du  Zechstein 
d'Allemagne,  et  trois  du  Calcaire  magnésien  d'Angleterre. 

I.  Platysomus  gibbosus  Agass. 

Vol.  2,  Tab.  i5,  fig.  I,  2,  3  et  4- 

Slromateus  gibbosus  de  Blainv.  Icht.  p.  18.  —  La  meilleure  figure  qui  ait  été  publiée  est  celle  de 
Wohlfart,  Tab.  14,  fig.  i,  et  deMyliusTab.  lo,  p.  85.  Il  y  en  a  de  moins  correctes  dans  Scheuchzcr 
et  dans  Knorr  et  Walch.  Il  est  également  mentionné  dans  plusieurs  autres  ouvrages  anciens. 

J'ai  vu  un  assez  grand  nombre  d'exemplaires  de  cette  espèce  au  Musée  de  Munich, 
dans  la  collection  de  M.  le  comte  de  Munster,  dans  celle  de  M.  Piégley ,  qui  appartient 


—     165     — 

maintenant  à  M.  Carterct,  dans  celle  de  Lord  Cole,  et  surtout  au  Muséum  d'histoire 
naturelle  de  Paris,  où  M.  de  Humboldt  a  déposé  la  plus  belle  collection  de  poissons  du 
Zechstein  que  j'aie  vue  jusqu'ici.  L'original  de  ma  fig.  i  se  trouve  dans  la  collection 
de  M.  Carteret;  il  est  surtout  instructiC  à  cause  de  l'état  de  conservation  de  ses  na- 
geoires. L'original  de  ma  fig.  i  appartient  au  Musée  de  Munich;  il  a  été  trouvé  à 
Riegelsdorf  en  Hesse.  C'est  surtout  d'après  cet  exemplaire  que  j'ai  pu  reconstruire 
une  grande  paitie  du  squelette.  Les  exemplaires  de  M.  le  comte  de  Munster  sont 
de  Gliicksbrunn;  ceux  du  Musée  de  Paris  proviennent  du  district  de  Ralkberg. 

31'étant  déjà  étendu  sur  les  caractères  ostéologiques  de  ce  poisson ,  je  me  boi-nerai 
à  indiquer  ici  les  différences  spécifiques  qui  le  distinguent  de  ses  congénères.  Sa  tête 
est  très-petite,  proportionnellement  à  la  grande  hauteur  de  son  corps  plat;  son  profil^ 
presque  droit,  se  continue  directement  avec  la  nuque,  et  forme  jusqu'au  bord  anté- 
rieur de  la  dorsale  une  ligne  très-peu  arquée.  En  avant,  le  museau  se  termine  par  une 
saillie  arrondie,  due  sans  doute  à  la  forme  de  l'ethmoïde.  L'orbite  est  grande,  propor- 
tionnellement aux  dimensions  de  la  tète  ;  la  crête  occipitale  est  très-élevée,  et  sa  surface 
finement  granulée.  Les  pariétaux  et  les  frontaux  sont  également  granulés;  cependant, 
sur  le  bord  des  os,  cette  granulation  se  confond  en  stries  ondulées.  La  bouche  est  petite, 
le  maxillaire  inférieur  est  un  peu  plus  court  que  le  supérieur ,  et  très-large  vers  son  arti- 
culation. On  aperçoit  quelques  petites  dents  au  bord  du  maxillaire  supérieur.  Les  pièces 
operculaires  étaient  de  moyenne  grandeur,  plus  hautes  que  larges,  et  toute  leur  surface 
extérieure,  ainsi  que  celle  des  os  de  la  face,  finement  striée.  La  ceinture  thoracique  est 
très-forte  ;  la  surface  extérieure  de  l'humérus  est  finement  striée  dans  le  sens  longitudinal 
de  l'os  ;  son  angle  inférieur  fait  une  saillie  en  arrière  sur  les  flancs;  en  dessous  l'on  aperçoit 
quelques  traces  des  rayons  de  la  pectorale  droite,  fig.  2.  Dans  la  fig.  i,  celle  du  côté 
gauche  est  entière;  sa  forme  est  arrondie,  ses  rayons  sont  d'égale  épaisseur,  et  ceux  du 
milieu  de  la  nageoire  les  plus  longs.  En  avant.  Ton  voit  encore  quelques  rayons  de  la 
pectorale  droite.  Les  corps  des  vertèbres  sont  hauts,  mais  très-courts,  les  apophyses 
épineuses  proportionnellement  petites,  les  côtes  faibles;  les  osselets  interapophysaires, 
qui  s'étendent  de  la  crête  occipitale  jusqu'à  la  partie  la  plus  élevée  du  dos,  expliquent 
les  singulières  saillies  que  l'on  voit  sur  la  nuque  de  quelques  espèces  du  genre  Pjcno- 
dusj  et  qui  sont  en  rapport  intime  avec  les  écailles. 

La  forme  générale  de  ce  poisson  est  rhomboïdale  ;  ses  côtés  étant  presque  droits ,  les 
angles  du  corps  sont  très-saillans ,  le  milieu  du  dos  surtout,  où  la  ligne  droite  que  pré- 
sente l'insertion  de  la  dorsale  se  confond  avec  le  prolongement  de  la  nuque.  Le  côté 
inférieur  offre  également  une  ligne  brisée,  dont  la  partie  antérieure,  légèrement  ar- 
quée, s'étend  de  l'extrémité  de  la  mâchoire  à  l'anus;  tandis  que  la  ligne  d'insertion 
de  l'anale  s'élève  plus  directement  jusqu'au  pédicule  de  la  queue,  qui  est  très-rétréci. 

ToM.  II.  22 


—     166    — . 

La  dorsale  et  l'anale  ont  exactement  la  même  structure  ^  la  partie  antérieure  de  ces 
deux  nageoires  se  compose  de  rayons  un  peu  plus  allongés  que  leur  extrémité  ;  ce  qui 
donne  à  tout  le  corps  un  aspect  encore  plus  anguleux;  leur  partie  saillante  se  trouvant 
placée  justement  aux  angles  des  bords  du  tronc,  et  à-peu-près  également  éloignée  du 
pédicule  de  la  queue.  Cependant  l'anale  s'étend  un  peu  moins  en  avant.  Leurs  rayons 
sont  grêles ,  proportionnellement  à  la  grandeur  du  poisson ,  les  postérieurs  surtout , 
qui  sont  encore  plus  fins  que  les  antérieurs  ;  à  leur  extrémité  ils  sont  bifurques,  mais 
pas  très-profondément.  Leurs  articulations  transversales  s'étendent  jusque  vers  leur 
base  ;  elles  ne  sont  pas  très-éloignées  ;  cependant  les  articles  sont  un  peu  plus  longs 
que  larges.  Les  premiers  rayons  du  bord  antérieur  de  ces  nageoires  sont  courts,  et 
s'allongent  insensiblement  ;  ce  n'est  qu'au  5'""'ou  ô"""  qu'ils  atteignent  l'extrémité  de 
la  nageoire.  Il  n'y  a  pas  de  petits  rayons  accolés  à  leur  bord  antérieur.  La  caudale  a 
disparu  dans  l'original  de  la  fig.  2  ;  dans  celui  de  la  fig.  i,  son  lobe  inférieur  est  encore 
assez  bien  conservé.  C'est  dans  un  des  exemplaires  du  Musée  de  Paris .(  dont  je  n'ai 
pas  fait  litliographier  le  dessin  ),  qu'on  la  voit  le  mieux.  Immédiatement  en  arrière  de 
l'extrémité  postérieure  de  la  dorsale  et  de  l'anale,  le  pédicule  de  la  queue  est  tellement 
rétréci,  qu'il  n'excède  pas  le  diamètre  de  l'orbite;  son  prolongement,  jusqu'à  l'ex- 
trémité de  la  caudale  s'amincit  encore  plus,  mais  très-insensiblement,  et  même  un  peu 
moins  que  ne  l'indique  la  fig.  i ,  dans  l'original  de  laquelle  la  série  extérieure  des 
écailles  du  pédicule  a  disparu.  Les  rayons  du  lobe  inférieur  de  cette  nageoire  sont' 
très-allongés;  ce  qui  la  fait  paraître  très-écbancrée.  Cependant  cette  espèce  diffère 
surtout  de  la  suivante,  en  ce  que  les  lobes  de  sa  caudale  sont  plus  inégaux,  et  en  par- 
ticulier le  lobe  supérieur  plus  allongé  et  moins  rapidement  rétréci. 

Les  écailles  se  voient  surtout  bien  dans  la  fig.  i ,  par  leur  surface  extérieure;  dans 
la  fig.  2,  on  voit  seulement  l'empreinte  de  celles  du  côté  gauche,  et  par  ci  par  là 
quelques  traces  de  leur  surface  intérieure.  Celles  du  milieu  des  flancs,  à  la  partie  ain- 
térieure  du  tronc ,  sont  beaucoup  plus  hautes  que  longues  ;  mais  vers  les  bords  du  dos 
et  du  ventre  et  sur  les  côtés  de  la  queue ,  elles  deviennent  insensiblement  plus  petites 
et  moins  disproportionnées  en  hauteur  ;  le  long  de  l'insertion  de  la  dorsale  et  de  l'a- 
nale il  y  en  a  même  plusieurs  rangées  d'étroites,  semblables  à  celles  qui  se  trouvent 
sur  le  pédicule  de  la  queue  ;  le  long  de  son  prolongement  elles  sont  en  forme  de  lo- 
sanges étroites,  dont  les  angles  aigus  sont  dirigés  en  avant  et  en  arrière.  La  surface 
extérieure  de  toutes  les  écailles,  fig.  3  et  4 5  est  ornée  de  stries  ondulées,  qui  sont 
à-peu-près  parallèles  à  leurs  bords  antérieur  et  postérieur  ;  leur  surface  intérieure  est 
complètement  lisse  ;  à  leur  bord  supérieur  il  y  a  d'énormes  onglets  articulaires,  sem- 
blables à  ceux  des  Microdoji  et  des  Gjrodus,  et  à  leur  bord  inférieur  des  fossettes 
correspondantes . 


—     167     — 

Cette  espèce  n'a  encore  été  trouvée  que  dans  le  Zechstein  d'Allemagne.  Elle  dif- 
fère surtout  de  celles  du  Calcaire  magnésien  d'Angleterre  (  chez  lesquelles  la  caudale 
est  beaucoup  plus  grande  et  plus  développée  ),  par  la  petitesse  de  sa  tète,  et  en  ce 
que  l'anale  est  moins  reculée ,  ainsi  que  par  quelques  autres  particularités  de  détail, 

II.  Platysomus  Rhombus  Agass. 

Vol.  2,  Tab.  i6. 

Stromateus  major  de  Blainv.  Icht.  p.  18.  —  Rhombus  diluvianus  major  Wolfart,  Tab.  i5. 

Cette  espèce  paraît  être  beaucoup  plus  rare  que  la  précédente  ;  je  n'en  ai  vu  moi- 
même  que  les  exemplaires  donnés  au  Musée  de  Paris  par  M.  de  Huniboldt,  et  dont  le 
plus  beau  est  l'original  de  ma  figure.  31.  le  comte  de  Munster  m'écrit  qu'il  en  a  reçu 
récemment  d'Eisleben  un  très-grand  exemplaire,  et  qu'il  en  a  vu  d'autres  au  Musée 
de  Halle.  Ce  poisson  paraît  atteindre  des  dimensions  beaucoup  plus  considérables  que 
le  précédent,  dont  il  diffère  surtout  par  sa  forme  arrondie,  par  la  plus  grande  luii- 
formité  de  ses  écailles  1,  par  le  rétrécissement  rapide  du  prolongement  de  sa  queue, 
qui  rend  les  lobes  de  la  caudale  presque  égaux,  et  enfin  par  une  tête  plus  grosse.  Le 
profil  du  crâne  est  rectiligne,  comme  dans  le  P.  gtbbosus  ;  mais  depuis  la  nuque  le 
dos  est  fortement  arqué,  et  sa  partie  moyenne,  entièrement  arrondie,  ne  forme  point 
d'angle  au  bord  antérieur  de  la  dorsale.  Il  en  est  de  même  du  bord  inférieur  du  ventre, 
qui  est  arqué,  et  sur  lequel  le  bord  antérieur  de  l'anale  n'est  pas  saillant.  Dans  la 
partie  antérieure  de  la  tête  on  voit  le  maxillaire  supérieur  gauche  qui  est  déplacé,  et 
dont  l'extrémité  postérieure  est  dilatée  en  forme  de  spatule.  L'orbite  paraît  être  moins 
grande  que  dans  le  P.  gibbosus ;  on  voit  en  dessous  une  partie  des  arcs  branchiaux. 
Les  pièces  operculaires  étaient  aussi  moins  élevées,  et  l'angle  inférieur  de  l'humérus 
descend  moins  bas  sur  le  côté  de  la  tête.  Toutes  les  écailles  qui. recouvrent  le  tronc 
sont  plus  uniformes;  celles  de  la  partie  antérieure  sont  moins  hautes  et  moins  étroites, 
et  diminuent  plus  insensiblement  de  taille  A^ers  les  bords  du  dos  et  du  ventre  et  sur  le  pé- 
dicule de  la  queue.  Cependant  sur  son  prolongement  elles  ont  la  forme  de  losanges,  mais 
elles  sont  moins  allongées  que  dans  l'espèce  précédente.  Leur  surface  extérieure  est 
striée  verticalement.  Le  long  du  bord  supérieur  du  pédicule,  il  y  a  de  petites  écailles 
imbriquées  qui  se  continuent  jusques  à  sou  extrémité.  Les  nageoires  dorsale  et  anale 
ne  sont  pas  assez  bien  conservées  pour  pouvoir  être  décrites  en  détail  ;  on  voit  seule- 
ment que  leurs  rayons  sont  aussi  grêles  que  dans  le  P.  gibbosus.  Les  osselets  surapo- 
physaires  sur  lesquels  ils  sont  insérés,  sont  plus  courts;  en  revanche  les  apophvses 
épineuses  sont  plus  allongées.  La  caudale  est  très-bien  conservée  ;  ses  rayons  sont 


—     168     — 

bifurques  à  plusieurs  reprises,  mais  à  leur  extrémité  seulement.  Les  antérieurs  du  lobe 
inférieur  sont  tellement  allongés,  que  leur  extrémité  atteint  presque  celle  du  lobe 
supérieur  ;  ce  qui  rend  cette  nageoire  fourchue ,  sans  que  pour  cela  elle  en  ait  moins 
les  caractères  des  Hétérocerques. 

Les  teintes  variées  de  cet  exemplaire  proviennent,  comme  dans  toutes  les  espèces 
du  Zechstein  d'Allemagne,  de  la  grande  quantité  de  cuivre  pyriteux  hépatique  qu'il 
contient.  Cette  espèce  n'a  encore  été  trouvée  que  dans  le  Mansfeld. 

III.  PlATYSOMUS  STRIATUS  Agass. 

Yol.  2,  Tab.  17,  fig.  I,  2,  3  et4. 

Uropteryx  striatus  Ag.  Cat.  msc.  —  Walchner  Geol.  pag.  720.  Sedgwick,  Geol.  Trans.  2'  série, 

vol.  3,  Tab.  12,  fig.  3  et  4- 

Je  n'ai  encore  vu  que  deux  petits  exemplaires  de  cette  espèce,  dont  l'un  se  trouve  au 
Musée  de  New-Castle  sur  Tyne ,  et  provient  du  Calcaire  magnésien  de  Whitley,  près 
de  Shields,  et  dont  l'autre,  qui  appartient  à  M.  le  Prof.  Johnston,  a  été  trouvé  dans 
les  environs  de  Durham.  Celui-ci  est  l'original  de  ma  fig.  i.  La  fig.  1  est  une  copie  de 
celle  que  M.  Sedgwick  a  publiée. dans  les  Transactions  de  la  Soc.  Géol.  de  Londres,  et 
dont  il  m'a  été  jusqu'ici  impossible  de  retrouver  l'original. 

Cette  espèce  est  très-bien  caractérisée  par  sa  forme  et  par  quelques  particularités  de 
détail.  La  partie  la  plus  élevée  du  tronc  se  trouve  en  arrière  du  milieu  de  la  longueur 
totale  du  poisson  j  ce  qui  fait  que  ses  bords  se  rapprochent  plus  rapidement  vers  le  pé- 
dicule de  la  queue  que  vers  le  museau.  Le  profil  de  la  partie  antérieure  et  supérieure 
du  corps  s'élève  insensiblement  en  forme  d'arc  peu  courbé ,  depuis  le  bout  du  museau 
jusqu'au  bord  antérieur  de  la  dorsale ,  qui  est  la  partie  la  plus  saillante  du  corps  ;  le 
bord  inférieur  est  moins  anguleux,  l'arc  que  forme  l'abdomen  étant  plus  ouvert  et 
passant  insensiblement  au  bord  inférieur  de  la  queue.  La  tête  est  proportionnellement 
plus  grande  que  dans  le  P.  gibbosuSj,  avec  lequel  cette  espèce  a  le  plus  de  ressemblance. 
L'ossature  de  la  tote  présente  exactement  les  mêmes  caractères  de  détail  ;  avec  cette 
seule  différence,  que  la  surface  extérieure,  même  celle  des  os  du  crâne,  est  plus  ré- 
gulièrement striée.  Les  apophyses  épineuses  des  vertèbres  abdominales  antérieures 
sont  moins  inclinées  que  dans  le  gibbosuSj  comme  la  fig.  i  le  fait  très-bien  voir.  On 
voit  également  bien  les  osselets  interapophysaires  supérieurs  et  inférieurs  dans  la 
partie  du  tronc  qui  correspond  aux  nageoires  dorsale  et  anale.  La  pectorale  gauche 
est  très-bien  conservée  dans  l'exemplaire  de  cette  figure  ;  tous  ses  rayons  sont  égale- 
ment grêles ,  mais  aplatis ,  et  ont  cette  apparence  cornée  que  l'on  observe  dans  les  na- 


—     1G9    — 

geoires  de  beaucoup  de  poissons  de  Solenhofen ,  et  qui  rend  les  articulations  transver- 
sales des  rayons  imperceptibles  ;  ceux-ci  sont  bifurques  a  leur  extrémité  seulement. 
La  manière  dont  les  écailles  sont  disloquées  au  bord  inférieur  de  l'abdomen,  ne  per- 
met pas  de  douter  qu'il  n'y  ait  eu  des  ventrales.  La  dorsale  et  l'anale  sont  composées 
de  rayons  semblables,  sensiblement  plus  grêles  que  ceux  des  autres  nageoires,  sim- 
plement bifurques  à  leur  extrémité ,  et  divisés  transversalement  de  manière  que  les  ar- 
ticles de  cbaque  rayon  sont  du  double  plus  longs  que  larges,  ceux  du  bord  antérieur  de 
ces  deux  nageoires  sont  un  peu  plus  allongés  que  les  suivans.  L'anale  est  un  peu  moins 
étendue  que  la  dorsale,  elle  se  prolonge  aussi  loin  sur  le  pédicule  de  la  queue,  qui  est 
très-rétréci ,  mais  son  bord  antérieur  n'avance  pas  autant  que  celui  de  la  dorsale.  La 
caudale  est  proportionnellement  moiais  grande  que  celle  de  l'espèce  suivante  ;  cepen- 
dant son  lobe  inférieur  est  plus  large  que  dans  les  Platjsomus  de  Mansfeld ,  tandis  que 
son  lobe  supérieur  est  plus  étroit.  Les  rayons  antérieurs  du  lobe  inférieur  sont  les  plus 
gros;  les  articulations  de  leur  base,  ainsi  que  celles  des  rayons  suivans,  sont  plus 
rapprocbées  qu'à  leur  extrémité,  qui  seule  est  bifurquée.  Les  écailles  caractérisent 
très-nettement  cette  espèce  ;  par  leur  forme  elles  se  rapprochent  le  plus  de  celles  du 
P.  gibbosiis.  Celles  des  flancs  de  la  partie  antérieure  du  tronc  sont  beaucoup  plus 
hautes  que  longues  ;  mais  sur  la  queue  elles  deviennent  insensiblement  plus  équila- 
térales,  et  vers  les  bords  du  dos  et  du  ventre  de  plus  en  plus  petites;  celles  qui  re- 
couvrent l'insertion  de  la  dorsale  et  de  l'anale  et  le  pédicule  de  la  queue ,  sont  les  plus 
petites.  Toute  leur  surface  extérieure  est  striée,  mais  en  différentes  directions.  Sur  les 
écailles  les  plus  hautes  et  les  plus  étroites ,  ces  stries  sont  parallèles  à  leui's  bords  an- 
térieur et  postérieur,  fig.  3  \  vers  le  milieu  des  flancs  et  au  bord  du  ventre,  elles  s'incli- 
nent vers  le  bord  postérieur,  tandis  que  vers  le  bord  du  dos  et  sur  les  côtés  de  la  queue 
elles  se  dirigent  en  sens  inverse  et  se  perdent  le  long  du  bord  antérieur,  fig,  4-  Les 
onglets  articulaires  qui  unissent  toutes  ces  écailles  sont  longs  et  minces.  Les  écailles  qui 
bordent  le  prolongement  du  pédicule  de  la  queue,  sont  plus  petites  que  dans  les  autres 
espèces.  La  ligne  latérale  s'étend  directement  de  l'angle  supérieur  de  l'opercule  à  la 
base  du  pédicule  de  la  queue.  La  fig.  4  des  Trans.  de  la  Soc.  Géol.  pourrait  faire  sup- 
poser qu'il  y  a  une  différence  énorme  dans  la  forme  des  écailles  de  cette  espèce  et  de 
celles  du  P.  macrurus ;  mais  les  différences  qu'on  remarque  proviennent  de  ce  que, 
dans  cette  fig.  4,  on  les  voit  par  leur  surface  extérieure,  et  que  les  onglets  articulaires 
y  sont  cachés,  tandis  que,  dans  la  fig.  i  de  M.  Sedgw^ick,  les  écailles  du  P.  macnirus 
sont  représentées  par  leur  surface  intérieure ,  avec  les  onglets  articulaires  qui  y  sont 
très-distincts. 

Cette  espèce  n'a  encore  été  trouvée  que  dans  le  Calcaire  magnésien  d'Angleterre. 


—     170     — 

IV.  Platysomus  macrurus  Agass. 
Vol.  2,  Tab,  i8,  fig.  I  et  2. 

SedgAv.  Geol.  Trans,  2"  série,  vol.  3,  Tab.  12,  fig.  i  et  2.  —  Uropteryx  undulatus  Ag,  Cat.  msc. — 

Walchner  Géol.  pag.  720. 

N'ayant  point  encore  vu  moi-même  d'exemplaire  de  celte  espèce,  je  me  vois  obligé 
de  borner  ma  description  à  l'indication  des  caractères  qui  ressortent  des  figures  publiées 
par  M.  Sedgwick,  et  dont  l'original  a  été  trouvé  dans  un  schiste  marneux  près  d'East- 
Tliickley.  Les  figures  de  ma  planche  sont  des  copies  de  celles  de  31.  Sedgwick. 

Il  paraît  que  le  corps  de  ce  poisson  est  moins  large,  et  surtout  moins  voûté  dans  sa 
partie  antérieure,  que  celui  des  autres  espèces  du  genre.  La  dorsale,  mais  surtout  l'a- 
nale, s'étendent  moins  en  avant  ;  la  partie  antérieure  de  celle-ci  est  formée  de  rayons 
proportionnellement  beaucoup  plus  allongés.  Le  pédicule  de  la  queue  est  moins  rétréci; 
sa  largeur  égale  environ  le  tiers  de  celle  du  tronc  en  avant  de  rinsertion  de  l'anale, 
tandis  que  dans  les  autres  espèces  elle  en  égale  à  peine  la  cinquième  partie.  Ce  qui  dis- 
tingue encore  très-bien  cette  espèce  de  toutes  les  autres ,  c'est  la  grandeur  considé- 
rable de  la  caudale  ,  dont  le  lobe  supérieur  est  beaucoup  plus  gros  que  l'inférieur  ; 
le  prolongement  du  pédicule  de  la  queue  y  est  en  outre  bordé  de  très-grosses  écailles 
imbriquées ,  qui  s'étendent  jusqu'à  son  extrémité.  Les  écailles  qui  recouvrent  le  tronc 
paraissent  être  proportionnellement  plus  petites  que  dans  les  autres  espèces,  et  avoir 
des  onglets  articulaires  plus  larges. 

Du  Calcaire  magnésien  d'Angleterre. 

V.  Platysomus  parvus  Agass. 
Yol.  2,  Tab.  18,  fig.  3. 

Chtetodon,  D"  Clanny,  Annals  of  Philos.  Vol.  6,  p.  11 5. —  Chœtodon,  M.  Winch,  Geol.  Trans. 

i"  série,  vol.  4j  Tab.  2. 

Ma  figure  de  cette  espèce  n'est  non  plus  qu'une  copie  de  celle  publiée  dans  les  Trans. 
de  la  Soc.  Géol.  de  Londres,  et  dont  l'original  a  été  trouvé  dans  le  Calcaire  magnésien 
à  Low-Pallion  dans  le  Northumberland. 

Ce  poisson  paraît  différer  des  précédens  par  la  forme  arrondie  de  la  partie  posté- 
rieure du  tronc ,  par  une  queue  proportionnellement  très-petite ,  par  des  rayons 
courts  dans  la  dorsale  et  dans  l'anale ,  dont  les  bords  antérieurs  correspondent  l'un 


—     171     — 


à  l'autre.  La  tête  est  beaucoup  plus  allongée  que  dans  les  espèces  précédentes.  Les 
écailles  de  la  partie  supérieure  du  tronc  sont  beaucoup  plus  petites  que  celles  qui 
recouvrent  les  flancs  ;  celles-ci  paraissent  avoir  été  proportionnellement  plus  larqes 
que  dans  les  autres  espèces  d'Angleterre ,  et  se  rapprocher  de  la  forme  de  celles  du 
P.  Rliombus. 


—     172    — 


CHAPITRE  IX. 


DU  GENRE  GYROLEPIS. 


Mes  recherches  sur  ce  genre  ne  m'ont  point  encore  conduit  à  un  résultat  définitif. 
Partout  je  n'ai  trouvé  que  des  fragmens  détachés ,  des  écailles  incohérentes  et  même 
rarement  entières  ;  en  sorte  que  les  caractères  particuliers  de  ce  genre  ne  sont  point 
encore  étahlis  d'une  manière  satisfaisante.  La  première  écaille  que  j'en  ai  vue  m'a 
été  communiquée  par  M.  le  Prof.  Jœger  de  Stuttgart  :  j'ai  bien  reconnu  d'abord  qu'elle 
sortait  du  type  des  genres  que  je  connaissais  ;  mais  mon  espoir  de  réunir  des  pièces 
suffisantes  pour  établir  les  caractères  d'un  nouveau  genre,  ne  s'est  point  encore  réa- 
lisé. J'ai  vu,  il  est  vrai,  un  nombre  immense  de  fragmens  appartenant  tous  évidem- 
ment à  différentes  espèces  de  ce  genre  ;  mais  dans  aucune  des  collections  que  j'ai  exa- 
minées, je  n'ai  trouvé  parmi  ces  fragmens  la  moindre  trace  de  nageoire,  ni  même 
aucune  portion  de  tronc  qui  eût  pu  donner  quelque  idée  des  proportions  du  corps. 
Cependant  l'aspect  de  ces  écailles  est  tel,  qu'il  serait  impossible  de  les  rapprocher 
d'aucun  des  genres  que  j'ai  déjà  décrits.  La  surface  extérieure  des  écailles  est  ornée 
de  grosses  rides,  tantôt  concentriques  et  parallèles  aux  lames  d'accroissement,  tan- 
tôt obliques  et  irrégulièrement  ramifiées.  J'ai  cru  pendant  quelque  temps  que  ces  rides 
étaient  toujours  concentriques  ;  mais  plus  tard  je  me  suis  assuré  qu'elles  étaient  sou- 
vent aussi  disposées  en  peignes  irréguliers.  Les  collections  qui  contiennent  le  plus 
grand  nombre  de  ces  fragmens,  sont  celles  de  feu  M.  le  D"^  Gaillardot  de  Lunéville, 
de  M.  d'Alberti,  de  M.  le  comte  de  Munster  et  de  M.  le  Prof.  Otto.  Dans  les  collec- 
tions de  M.  Gaillardot  et  de  31.  le  comte  de  Munster,  j'ai  observé,  outre  ces  écailles, 
deux  fragmens  de  mâchoire  avec  des  dents ,  qui  me  paraissent  devoir  être  rapportés  à 
ce  genre,  puisqu'ils  ont  été  trouvés  avec  les  écailles  et  qu'ils  ne  sauraient  appartenir 
à  aucun  des  autres  fossiles  de  la  même  formation.  Ce  sont  de  petites  dents  en  forme 
de  cônes  obtus ,  dont  l'extrémité  est  arrondie ,  et  qui  sont  disposées ,  comme  dans  la 
famille  des  Pycnodontes ,  sur  toute  la  surface  des  os  qui  les  portent.  Les  premières  es- 
pèces que  j'ai  connues  de  ce  genre  proviennent  exclusivement  du  grès  bigarré,  du 
Muschelkalk  et  du  Reuper.  Pendant  mon  séjour  en  Angleterre,  en  1 834,  j'en  ai  ob- 
servé une  autre  espèce  provenant  du  vieux  grès-rouge,  et  dont  les  écailles  ont  déjà 
été  décrites  par  M.  le  D"^  Fleming;  et  j'ai  retrouvé  dans  les  environs  de  Bristol  une 
partie  de  celles  qui  caractérisent  sur  le  continent  la  formation  triasique  de  M.  d'Al- 


—     175    — 

berti.  Celles  de  la  collection  de  M.  Gaillardot  ont  été  présentées  à  la  Réunion  tlet. 
Géologues  français  à  Strasbourg,  et  décrites  par  M.  Mougeot,  Bulletin  de  la  Soc. 
Géolog.  de  France j  Tom.  VI,  p.  20,  sous  le  nonr  de  Ptjcholepis  que  je  leur  avais 
d'abord  donné ,  mais  que  depuis  j'ai  consacré  à  un  genre  particulier  au  Lias.  M.  Mou- 
geot me  faisant  espérer  un  envoi  considérable  de  poissons  fossiles  du  Muschelkalk 
des  Vosges  et  de  la  Meurtbe,  dans  lequel  j'espère  trouver  quelques  complémens  aux 
espèces  de  cette  formation ,  je  m'abstiendrai  pour  le  moment  de  citer  les  figures  de  ces 
espèces,  que  je  réunirai  dans  ma  planche  19 ,  qui  leur  est  consacrée,  et  qui  fera  partie 
d'une  prochaine  livraison.  Ce  genre  deviendra  important,  je  crois,  parce  que  plusieurs 
de  ses  espèces,  étant  très-répandues,  peuvent  être  envisagées  comme  caractéristi- 
ques. Le  G.  asper  de  mon  Tableau  synoptique  des  Ganoïdes,  p.  6,  appartient  au 
genre  Acrolepis  (Voy.  aussi  page  69  de  ce  volume.) 

.  I.  GvuoLEPis  Albertii  Agass. 

Vol.  2,  Tab.  19. 

Cette  espèce  est  la  plus  commune  et  la  plus  répandue  du  genre,  et  celle  que  j'ai 
connue  la  première.  En  Allemagne  ,  on  la  trouve  dans  le  Muschelkalk,  dans  les  loca- 
lités suivantes  :  à  Friedrichshall,  à  Rottweil,  dans  le  lignite  argileux  de  Rietheim  et 
de  Biberfeld,  dans  une  brèche  osseuse  de  ce  lignite  à  Rottenmiinster,  dans  la  Dolo- 
mie  qui  le  recouvre ,  et  dans  les  environs  de  Bayreutli  et  de  Breslau  ;  en  France ,  dans 
les  départemens  des  Vosges  et  de  la  IMeurthe  ;  enfin  en  Angleterre,  à  Wickwarr  près 
de  Bristol ,  dans  une  brèche  osseuse  très-semblable  à  celle  du  Wurtemberg  qui  vient 
d'être  mentionnée. 

Ces  écailles  ont  une  forme  rhomboïdale  -,  leur  partie  émaillée  est  équilatézale,  leurs 
bords  sont  droits,  excepté  dans  la  pai'tie  cachée  qui  fait  un  angle  très-obtus  avec  la 
partie  émaillée.  Les  rides  de  la  surface  extérieure  de  ces  écailles  sont  assez  éloignées, 
dirigées  obliquement  du  bord  antérieur  au  bord  postérieur  5  elles  forment  de  temps 
en  temps  des  anastomoses,  ce  qui  les  rend  sinueuses,  et  se  terminent  au  bord  posté- 
rieur sans  faire  de  saillie  et  sans  y  produire  par  conséquent  de  dentelure.  Dans  les 
exemplaires  dont  l'émail  est  en  partie  détruit,  on  voit  très-distinctement  au  bord  des 
lames  d'accroissement  de  petits  bourrelets.  La  surface  intérieure  de  ces  écailles  est 
parfaitement  lisse,  surmontée  vers  son  milieu  d'une  quille  transversale  plate,  qui  se 
termine  au  bord  supérieur  par  un  onglet  articulaire  obtus  et  proportionnellement  très- 
court.  Au  bord  inférieur  se  trouve  une  fossette,  dont  les  dimensions  correspondent  à 
celles  de  l'onglet. 

On  conçoit  que  ce  n'est  qu'avec  la  plus  grande  réserve  que  l'on  doit  se  laisser  aller 

Tom.  II.  23 


—     174    — 

à  des  suppositions  sur  les  formes  d'animaux  dont  on  ne  possède  que  des  fragmens  si 
incomplets.  Cependant,  ayant  fait  à  l'égard  des  Ganoïdes  la  remarque,  qu'en  géné- 
ral les  espèces  dont  les  écailles  sont  proportionnellement  plus  hautes  que  longues,  ont 
le  corps  très-large;  que  celles  dont  les  écailles  sont  équilatérales  sont  plutôt  fusiformes, 
et  enfin  que  celles  dont  les  écailles  sont  plus  longues  que  larges ,  ont  ordinairement  une 
forme  plus  élancée,  il  me  paraît  probable  que  les  espèces  du  genre  Gjrolepis  avaient 
à-peu-près  la  forme  et  les  proportions  des  espèces  trapues  du  genre  Ambljpterus^ 
comme  je  l'ai  fait  observer  dans  les  additions  à  ce  genre  qui  se  trouvent  à  la  suite  du 
chapitre  des  Palœoniscus.  Il  reste  pourtant  ici  encore  une  difficulté  à  résoudre  :  c'est 
celle  de  la  pluralité  des  espèces  trouvées  sur  le  Continent.  J'ai  déjà  fait  remarquer  à 
différentes  reprises  que  les  écailles  n'avaient  pas  sur  toute  la  surface  du  corps  exac- 
tement la  même  forme  ;  il  ne  serait  donc  pas  impossible  que  toutes  ces  écailles  du  Mu- 
schelkalk  et  du  Reuper  eussent  appartenu  à  une  même  espèce ,  et  que  leurs  différences 
ne  résultassent  que  de  leur  position.  Je  ne  le  pense  cependant  pas,  et  je  crois  que  l'on 
ne  doit  envisager  comme  appartenant  au  G.  Alhertii  que  les  écailles  dont  les  rides  on- 
dulées ,  mais  continues,  ne  sont  pas  extrêmement  rapprochées.  Car,  si  même  les  écailles 
changent  de  forme  dans  différentes  régions  du  corps,  il  est  rare  que  la  nature  du  re- 
lief de  leur  surface  extérieure  présente  des  différences  bien  notables.  Je  pense  donc 
que  les  écailles  qui  vont  être  encore  décrites  proviennent  de  deux  espèces  qui  diffèrent 
réellement  du  G.  Alhertii. 

Quant  à  la  formation  dans  laquelle  on  trouve  toutes  ces  écailles,  je  ferai  remarquer 
encore  que  sur  le  Continent  c'est  dans  le  Muschelkalk  et  le  Reuper,  dépôts  que  M.  d'Al- 
berti  envisage  comme  différens  étages  d'une  même  formation  qu'il  appelle  Trias.  Cette 
dénomination  que  M.  d'Omalius  d'Halloy  a  changée  en  celle  de  terrain  triasique j  en 
admettant  la  réunion  du  grès-bigarré,  du  Muschelkalk  et  du  Reuper,  proposée  par 
M.  d' Alberti ,  et  qui  est  confirmée  par  tous  les  fossiles  trouvés  dans  ses  différens  étages, 
et  en  particulier  par  les  espèces  de  poissons  suivantes  :  les  Placodus  impressus  et  G/- 
f'as,  trois  espèces  de  Gjrolepis j,  les  Psammodus  Elytra^  angustissimus ^  lieteromor- 
plius  et  reticulatus j,  les  Acrodus  Braunii  et  Gaillardotij  et  les  Hjbodus  plicatilisj 
obliquus  et  sublœvis. 

II.  GVROLEPIS  TENUISTRIATUS  AgaSS. 

Yol.  2,  Tab.  19. 

Cette  espèce  est  aussi  répandue  que  la  précédente  ;  on  la  trouve  en  Allemagne  dans 
les  schistes  du  Lignite  marneux  de  Rottweil  (  Primtlial  ) ,  dans  le  grès  de  Rietheim  et 
de  Biberfeld,  dans  celui  de  Ta;bingen,  dans  les  environs  de  Bayreuth  et  de  Bresîau  ; 


—     175    — 

en  France,  dans  le  Muscheikalk  des  environs  de  Lunéville  ;  et  en  Angleterre,  dans  la 
brèche  osseuse  de  Wickwarr.  (Voy.  d' Albert! ,  Monographie  etc.,  pag.  lao.) 

La  surface  extérieure  de  ces  écailles  présente  des  stries  très-fines  et  très-rappro- 
chées,  fréquemment  parallèles,  mais  se  confondant  quelquefois  ensemble ,  et  obliques 
à  leurs  bords  supérieur  et  inférieur.  Leur  forme  est  un  peu  plus  allongée  que  dans  le 
G.  Albertiij  et  fait  présumer  que  le  poisson  était  un  peu  plus  étroit.  Leurs  bords  sont 
munis  d'onglets  articulaires  encore  moins  marqués,  et  la  quille  de  leur  surface  intérieure 
est  moins  saillante  que  dans  l'espèce  précédente. 

III.  Gyrolepis  maximus  Aoass. 

Vol.  2,  Tab.  19. 

Je  ne  connais  encore  que  quelques  exemplaires  de  cette  espèce,  qui  se  trouvent 
dans  les  collections  de  M.  Gaillardot,  de  M.  d'Alberti,  de  M.  le  comte  de  Munster  et 
de  M.  le  Prof.  Otto.  Elle  a  été  trouvée  dans  le  Calcaire  de  Friedrichshall,  dans  la 
brèche  osseuse  de  Rottenmunster,  et  dans  le  Muscheikalk  de  Bayreuth,  de  Breslau 
et  de  Lunéville.  Je  n'en  ai  point  trouvé  de  traces  certaines  dans  la  brèche  de  Wick- 
warr. (Voy.  d'Alberti  Monographie j  etc.,  pag.  89.) 

Ces  écailles  sont  beaucoup  plus  rares  que  celles  des  deux  espèces  précédentes  ;  elles 
se  distinguent  d'abord  par  leurs  dimensions  plus  considérables,  mais  surtout  par  la 
nature  des  rides  de  leur  surface  extérieure,  qui  sont  beaucoup  plus  grosses  et  inter- 
rompues à  leur  bord  antérieur,  de  manière  à  former  une  grosse  granulation  en  séries 
continues.  En  se  réunissant,  ces  rides  se  dirigent  en  éventail  vers  les  bords  postérieiu' 
et  inférieur  des  écailles.  Les  onglets  articulaires  sont  proportionnellement  plus  gros, 
et  les  écailles  plus  épaisses  que  dans  le  G.  Albertii. 

IV.  Gyrolepis  giganteus  Agass. 

Vol.  2,  Tab.  19. 

J'ai  établi  cette  espèce  d'après  d'immenses  écailles  qui  ont  été  découvertes  dans  le 
vieux  grès-rouge  d'Ecosse  par  M.  Spence,  et  décrites  par  M.  le  D"^  Fleming,  dans 
VEdinb.  Jouni.  of  natural.  et  geogr.  Scien.  nouv.  série,  N°  2,  pi.  i.  Elles  ont  été 
trouvées,  d'abord  dans  la  carrière  de  Drumdryan  au  sud  de  Cupar,  et  plus  tard  à 
Clashbinnie  près  d'Errol  en  Perthshire  5  j'en  ai  vu  des  exemplaires  dans  les  collections 
de  M.  le  D'  Buckland  et  de  M.  le  Prof.  Jameson.  Ce  sont  les  plus  grandes  écailles  de 
poissons  que  je  connaisse  :  elles  ont  souvent  plus  de  deux  pouces  de  diamètre  5  mais 


—     176    — 

leur  épaisseur  n'est  pas  proportionnée  à  leur  grandeur,  car  elle  n'excède  guère  trois 
lignes.  La  partie  de  ces  écailles  qui  n'était  pas  recouverte  par  leur  imbrication  est  sil- 
lonnée de  rides  profondes  et  très-larges,  qui  présentent  de  fréquentes  anastomoses, 
et  qui  sont  généralement  dirigées  obliquement  d'avant  en  arrière.  La  partie  de  l'é- 
caille  cachée  par  la  série  antérieure  égale  environ  le  quart  de  la  longueur  totale  ;  elle 
est  complètement  lisse. 

Tous  ces  caractères  se  rapprochent  assez  de  ceux  qui  ont  été  assignés  aux  Gyrole- 
pis  du  terrain  triasique j,  pour  que  j'aie  cru  pouvoir  ranger  ces  écailles  dans  le  même 
genre.  Je  ne  connais  non  plus  encore  du  G.  giganteus  que  des  écailles  détachées. 


—     177    — 


QUELQUES  OBSERVATIOIXS 

SUR  LES 
HETÉROCERQUES. 

3Iaintenant  que  j'ai  achevé  la  description  des  espèces  de  la  première  section  de  la 
famille  des  Lépidoïdes,  il  ne  me  paraît  pas  hors  de  propos  de  rappeler  ce  qu'elles  ont 
de  commun ,  et  de  faire  ressortir  les  différences  qui  existent  entr'elles  et  les  espèces 
des  genres  suivans.  En  comparant  le  contenu  des  chapitres  précédens,  qui  se  trouve 
en  tête  de  ce  volume,  et  qui  a  été  publié  dans  la  i"  livraison  ,  on  s'apercevra  aisé- 
ment que  non-seulement  leiiombre  des  espèces,  mais  aussi  celui  des  genres  s'est  con- 
sidérablement accru  pendant  la  publication  des  5  premières  livraisons.  Au  lieu  de 
renfermer  dans  7  genres  (dont  2  douteux)  3i  espèces  (  dont  5  douteuses)  ,  cette  sec- 
tion comprend  maintenant  55  espèces  bien  déterminées  dans  1 1  genres,  dont  un  seul 
est  resté  douteux.  Il  me  paraît  naturel  de  les  distribuer  comme  on  le  voit  dans  le  ta- 
bleau ci-joint. 

Outre  les  caractères  qui  constituent  la  famille  des  Lépidoïdes ,  tous  ces  genres  ont 
ceci  de  commun,  que  leur  caudale  est  formée  de  deux  lobes  impairs,  dont  l'inférieur, 
quoique  plus  court,  a  les  plus  longs  rayons,  tandis  que  le  supérieur  a  ses  rayons  plus 
courts  et  attachés  le  long  du  prolongement  du  pédicule  de  la  queue,  qui  s'étend  jus- 
qu'au bout  de  la  nageoire,  comme  dans  les  Esturgeons.  Les  côtés  de  ce  prolongement 
sont  toujours  recouverts  d'écaillés  en  forme  de  losanges  allongées.  A  cause  de  cette 
singulière  structure  de  la  caudale,  j'ai  réuni  ces  genres  dans  une  section  particulière 
de  la  famille  des  Lépidoïdes,  sous  le  nom  de  Lépidoïdes  HétérocerqiieSj,  et  je  com- 
prendrai dans  une  autre  section  ceux  dont  les  lobes  de  la  caudale. sont  symétriques, 
sous  la  dénomination  de  Lépidoïdes  Homocerques.  Les  Lépidoïdes  hétérocerques  se 
subdivisent  en  deux  groupes,  d'après  la  forme  du  corps.  Le  premier  comprend  les 
genres  dont  les  espèces  ont  le  corps  fusiforme  :  ce  sont  les  Cephalaspis ,  Dipterus  j  Os- 
teolepis  j  Acanthodes ^  Cheiracanthus j,  Cheirolepis  j  Ambljpterus  j  Gyrolepis  et  Pa- 
lœoniscus.  Le  second  groupe  comprend  ceux  qui  ont  le  coips  aplati,  savoir  :  les  Eu- 
rynotus  et  les  Platjsomus. 


—     178     — 


LEPIDOIDES  HÉTÉROCERQUES. 


I"  Groupe  :  Fusiformes. 


a;  à  deux  dorsales  : 
Cephalaspis  Agass. 

C.  Lyellii  Ag. 

C.  ro stratus  Ag. 
C.  Lewisii  Ag. 

C.  Lloydii  Ag. 

DiPTERus  Seclg"\v.  et  Murch. 

D.  macrolepidotus  Sedgw.  et  Murch. 

OsTEOLEPis  Val.  et  Pentl. 

O.  macrolepidotus  V.  et  P. 
0.  microlepidotus  V.  et  P. 
O.  arenatus  Ag. 


P;  à  écailles  granulées 

AcANTHODES  Agass. 

A.  Bronnii  Ag. 
A.  sulcatus  Ag. 

Cheiracanthus  Agass. 

Ch.  Murchisoni  Ag. 
Ch.  minor  Ag. 

Cheirolepis  Agass. 

Ch.  Traillii  Ag. 
Ch.  Uragus  Ag. 


à  une  dorsale 


Amblypterus  Agass. 


A.  macropterus  Ag. 
A.  eupterygius  Ag. 
A.  la  tus  Ag. 
A.  lateralis  Ag. 
A.  Olfersii  Ag. 


A.  Agassizii  de  Munst. 
A.  nemopterus  Ag. 
A.  punctatus  Ag. 
A.  striatus  Ag. 


GvhoLEPis  Agass. 


G.  giganteus  Ag. 
G.  Albertii  Ag. 


G.  tenuistriatus  A  g. 
G.  niaximus  Ag. 


—     179    — 


Pal,eon:sciis  Agass. 


1  °  à  écailles  lisses 


1°  à  écailles  striées 


P. 

vratislaviensis  Ag. 

P.  Robisoni  Hibbert. 

p. 

lepidurus  Ag. 

P.  striolatus  Ag. 

p. 

Duvernoy  Ag. 

P.  ornatissimus  Ag. 

p. 

niinutus  Ag. 

P.  elegans  Ag. 

p. 

Blainvillei  Ag. 

P.  comtus  Ag. 

p. 

Yoltzii  Ag. 

P.  macrophthalmus  A  g 

p. 

angustus  Ag. 

P.  longissimus  Ag. 

p. 

fullus  Ag. 

P.  macropomus  Ag. 

p. 

carinatus  Ag. 

P.  magnus  Ag. 

p. 

glaphyrus  Ag. 

P.  Freieslebeni  Ag. 
11™^  Groupe  :  Plats  et  larges. 

Platysomus  Ai^ass. 


EuRYNOTus  Agass. 


P.  gibbosus  Ag. 
P.  Rhombiis  Ag. 
P.  striatus  Ag. 
P.  macrurus  Ag. 
P.  parvus  Ag. 


E.  crenatus  Ag, 
E.  fimbriatus  Ag. 
E.  tenuiceps  Ag. 


11  est  un  fait  bien  remarquable  dans  les  rapports  de  ces  genres  avec  les  formations 
géologiques  qu'ils  caractérisent  :  c'est  que  toutes  les  espèces  connues,  sans  exception, 
ont  été  découvertes  dans  des  terrains  antérieurs  à  la  formation  du  Lias.  Cette  circon- 
stance n'est  point  accidentelle;  elle  se  reproduit  encore,  dans  les  mêmes  limites  et 
sur  un  nombre  d'espèces  presque  aussi  considérable,  dans  la  famille  des  Sauroïdes,  en. 
même  temps  que  tous  les  poissons  de  l'ordre  des  Placoïdes  qui  les  accompagnent  dans 
les  mêmes  terrains  avaient  aussi  une  structure  semblable  de  la  queue.  Quelque  condi- 
tion inconnue  d'existence  a  donc  agi  dans  ces  temps  reculés  sur  le  développement  de 
la  vie  organique ,  et  déterminé  une  conformation  aussi  singulière  et  aussi  générale  ; 
car  il  ne  nous  serait  pas  permis  d'envisager  des  pbénomènes  aussi  constans  comme 
de  simples  exceptions,  que  la  nature,  dans  ses  productions,  n'admet  nulle  part  sur 
une  échelle  aussi  étendue.  On  ne  peut  considérer  ces  formes  que  comme  des  antécé- 


—     180    — 

dens  nécessaires  de  celles  qui  ont  suivi,  et  les  traits  qui  les  caractérisent  et  les  dis- 
tinguent, que  comme  des  différences  dans  un  développement  progressif.  Ces  différences 
consistent  surtout  en  une  transition  d'une  structure  asymétrique  à  une  structure  d'une 
symétrie  de  plus  en  plus  parfaite,  qui  a  prévalu  dans  les  époques  subséquentes,  dans 
lesquelles  les  formes  asymétriques  ont  successivement  disparu.  Chercher  à  indiquer 
les  causes  d'un  pareil  état  de  choses,  ce  serait  prétendre  pénétrer  les  motifs  du  Créa- 
teur ;  cependant  il  nous  sera  permis  de  présenter  quelques  conjectures  sur  les  rela- 
tions de  forme  de  ces  poissons  avec  le  monde  extérieur  dans  lequel  ils  étaient  appe- 
lés à  vivre. 

Si  nous  jetons  un  coup-d'œil  sur  l'ensemble  des  êtres  organisés  qui  ont  vécu  simul- 
tanément avec  les  Lépidoïdes  llétérocerques,  nous  remarquerons  qu'ils  étaient  pour 
la  plupart  fixés  au  fond  des  eaux,  ou  que  du  moins  ils  y  rampaient  sans  pouvoir  s'é- 
lever librement  et  à  leur  gré  vers  la  surface  et  se  mouvoir  au  loin.  A  l'exception  de 
quelques  reptiles,  dont  l'apparition  sur  la  terre  est  de  beaucoup  postérieure  à  celle  des 
poissons,  tous  ces  animaux  étaient  aquatiques j  et  le  sol  ne  portait  encore  que  des 
plantes  analogues  à  celles  des  grands  archipels  ou  des  plaines  basses.  Les  poissons  sont 
donc  les  premiers  animaux  auxquels  il  ait  été  donné  de  franchir  spontanément  l'es- 
pace entre  deux  eaux  dans  toutes  les  directions  ;  tandis  que  les  mouvemens  des  Crus- 
tacés ne  sont  que  des  mouvemens  irréguliers  et  peu  soutenus.  Parmi  les  Mollusques, 
les  Céphalopodes,  qui  sont  les  plus  mobiles,  voguent  à  la  surface  des  eaux,  et  restent 
le  jouet  des  vents  dans  leurs  ascensions  aquatiques  j  les  Gastéropodes  sont  déjà  plus 
liés  au  sol,  et  les  Acéphales  et  Brachiopodes  y  sont  fréquemment  fixés.  Tous  les 
Polypes  et  les  Crinoïdes  de  ces  temps-là  sont  attachés  par  leur  base  à  différens  corps 
solides.  Cependant  les  poissons,  avec  leur  caudale  asymétrique,  ne  pouvaient  exé- 
cuter des  mouvemens  aussi  précis  que  les  poissons  symétriques  de  l'époque  suivante  ; 
et  leurs  mouvemens  progressifs  devaient  encore  être  vacillans.  Tous  ces  animaux,,  res- 
pirant par  des  branchies,  ne  pouvaient  encore  proférer  aucun  cri,  et  vivaient  dans  le 
silence  le  plus  absolu.  Il  y  a  certes  loin  de  là  aux  temps  où  la  surface  de  la  terre  s'est 
peuplée  d'oiseaux  et  de  mammifères,  et  où  l'homme  a  pu  réfléchir  sur  les  événemens 
qui  ont  amené  ces  changemens  dans  la  vie  organique.  L'on  conçoit  à  peine  qu'en  pré- 
sence de  pareils  faits  il  soit  possible  de  méconnaître  un  ordre  de  succession  régulier, 
une  progression  constante  dans  la  création. 


—     181     — 


CHAPITRE  X. 


DES  GENRES  DAPEDIUS  ET  TETRAGONOLEPIS. 


Lorsque  j'ai  introduit  le  genre  Dapedîus  (i)  dans  mon  tableau  synoptique  des  Ga- 
noïdes,  je  n'en  avais  point  encore  examiné  moi-même  d'exemplaire  ^  aussi  les  carac- 
tères que  je  lui  ai  assignés  ne  sont-ils  pas  très-exacts  ;  en  effet ,  il  a  plusieurs  ran- 
gées de  dents,  et  sa  dorsale  ne  s'étend  pas  jusqu'à  la  nuque.  En  indiquant  que  la 
dorsale  commence  si  près  de  la  tête,  et  que  l'anale  est  plus  courte,  je  m'en  étais  sim- 
plement rapporté  à  la  figure  publiée  par  M.  de  la  Bèclie  dans  les  Trans.  de  la  Soc. 
Géol.  de  Londres,  en  tenant  compte  des  rayons  ponctués  que  je  croyais  avoir  été  ob- 
servés dans  d'autres  exemplaires.  La  figure  restaurée  que  j'ai  donnée  de  ce  genre, 
vol.  I ,  Tab.  B,  fig.  3,  est  donc  défectueuse  en  ce  point;  car  en  étudiant  les  fossiles 
des  collections  d'Angleterre,  je  n'ai  vu  aucun  Dapedius  oîi  ce  caractère  existât.  Mais 
je  me  suis  bientôt  convaincu  qu'il  y  avait  plusieurs  espèces  de  ce  genre,  et  que  ses  ca- 
ractères devaient  être  fixés  autrement  qu'on  ne  l'avait  fait  jusqu'ici.  Ceux  mêmes  du 
genre  Tetragonolepis  j  dont  je  connaissais  déjà  plusieurs  espèces,  ne  sont  pas  encore 
bien  déterminés  dans  le  tableau  synoptique;  car  ses  dents  sont  disposées  sur  plusieurs 
rangées,  et  non  pas  sur  une  seule,  comme  je  le  croyais.  Toutes  les  espèces  de  ces 
deux  genres  ont  long-temps  été  confondues  et  prises  pour  le  Dapediuni  politum  de 
M.  de  la  Bêche.  Ce  qu'il  y  a  de  plus  difificile,  et  ce  qui  me  paraissait  d'abord  le  plus  fa- 
cile, c'est  maintenant  de  reconnaître  les  caractères  génériques  qui  peuvent  servir  à 
distinguer  les  Tetragojiolepis^  et  les  Dapedius,  . 

En  établissant  le  genre  Tetragonolepis ^  M.  Bronn  l'a  cru  si  différent  du  genre 
Dapedius  de  M.  de  la  Bèclie ,  qu'il  lui  a  paru  à  peine  nécessaire  de  discuter  la  valeur  de 
leurs  différences;  et  pourtant  je  suis  encore  à  me  demander  si  ces  différences  sont  réel- 
lement suffisantes  pour  maintenir  ces  deux  coupes  génériques.  Le  seul  caractère  constant 
qui  les  distingue,  consiste  dans  la  forme  des  dents,  qui  sont  échancrées  dans  le  genre 
DapediuSj  et  pointues  dans  le  genre  Tetragonolepis .  En  m'arrêtant  à  ce  caractère 
distinctif  des  Dapedius  et  des  Tetragonolepis  j,  j'ai  tenu  compte  de  toutes  les  possi- 
bilités, pour  pouvoir  apprécier  exactement  la  véritable  nature  de  leurs  dents.  Les  dif- 

('*)M.  de  la  Bccbe  voudra  bien  me  pardonner  le  léger  changement  que  j'ai  fait  au  nom  de  ce  genre,  en  l'appelant 
Dapedius  au  lieu  de  Dapcdium,  après  avoir  adopté  une  terminaison  masculine  pour  tous  mes  autres  genres. 
ToM.  II.  24 


—     182    — 

férences  que  l'on  y  remai'que  ne  proviennent  pas  de  l'usure,  puisque  alors  les  pointes 
de  la  bifurcation  des  dents  du  Dapedius  ne  seraient  pas  aussi  acérées  :  elles  ne  pro- 
viennent pas  non  plus  de  la  compression  ;  car  alors  les  dents ,  au  lieu  d'être  compri- 
mées dans  le  sens  du  contour  des  mâchoires ,  de  manière  à  avoir  leur  tranchant  tou- 
jours parallèle  au  diamètre  longitudinal  des  os  maxillaires,  le  seraient  toutes  dans  le 
même  sens ,  et  les  dents  antérieures  seraient  aplaties  latéralement ,  au  lieu  de  l'être 
d'avant  en  arrière.  Toutes  les  dents  de  toutes  les  rangées  participent  simultanément 
à  ces  différences;  ce  qui  ne  serait  guère  possible,  si  leur  forme  était  accidentelle. 
Ayant  détaché  complètement  quelques  dents,  et  les  ayant  isolées,  j'ai  pu  confirmer 
ces  caractères  dans  plusieurs  espèces.  Elles  sont,  dans  les  deux  genres,  disposées  sur 
plusieurs  rangées;  mais  celles  de  la  rangée  extérieure  sont  les  plus  grandes.  Une  autre 
différence  indiquée  par  M.  Bronn  entre  les  Tetragonolepis  et  les  Dapedius  j,  et  qui  con- 
sisterait dans  la  structure  des  écailles ,  n'est  pas  réelle  :  d'après  M.  Bronn,  les  Dapedius 
seuls  auraient  des  onglets  articulaires  au  bord  supérieur  et  des  fossettes  correspondantes 
au  bord  inférieur  de  chaque  écaille,  comme  l'indique  M.  de  la  Bêche,  tandis  que  les 
Tetragonolepis  n'en  auraient  pas.  Cette  différence  est  illusoire;  car,  vus  par  leur  surface 
extérieure,  non-seulement  les  Tetragonolepisj,  mais  aussi  tous  les  poissons  à  écailles 
émaillées  et  rhomboïdales  ne  paraissent  point  avoir  d'onglet  articulaire  à  leurs  écailles , 
parce  que  cet  onglet  est  caché  par  le  bord  des  écailles  voisines  supérieures,  lorsque  les 
écailles  ont  conservé  leur  position  naturelle  ;  et  c'était  le  cas  de  l'exemplaire  d'après  le- 
quel M.  Bronn  a  établi  le  genre  Te//Yzg'o/zoZe/?w.Vuespar  leursurface  interne,  les  écailles 
des  Tetragonolepis ,  comme  celles  de  la  plupart  des  genres  des  familles  des  Lépidoïdes, 
des  Sauroïdes  et  des  Pycnodontes,  ont  ce  mode  d'articulation.  Les  espèces  qui  n'ont 
pas  cet  onglet,  ont  du  moins  toutes  un  bord  oblique  par  lequel  les  écailles  s'attachent 
les  unes  aux  autres  plus  intimement  que  dans  les  poissons  ordinaires.  Le  caractère 
tiré  de  la  différence  entre  la  dorsale  et  l'anale  et  leur  position  respective ,  n'est  pas  con- 
stant; car  il  y  a  des  espèces  de  Dapedius  et  de  Tetragonolepis  chez  lesquelles  l'anale 
est  plus  courte  que  la  dorsale.  Cependant,  je  n'en  connais  point  où  la  dorsale  s'étende 
jusqu'à  la  nuque,  comme  la  fig.  i,  pi.  6,  des  Trans.  de  la  Soc.  Géol.  pourrait  le  faire 
supposer  pour  le  Dapedium  politum. 

L'ostéologie  du  genre  Dapedius  est  des  plus  intéressantes.  Dans  l'exemplaire  qui  a 
été  figuré  par  Lord  Cole  sur  une  feuille  volante,  et  dont  j'ai  reproduit  un  dessin,  Tab. 
20  bj  fig.  I ,  on  voit  une  grande  partie  du  squelette,  dont  l'examen  que  j'en  ai  fait  a 
contribué  considérablement  à  m'éclairer  sur  l'anatomie  de  toute  la  famille.  Les  corps 
des  vertèbres  manquent ,  comme  dans  tous  les  Lépidoïdes  dont  j'ai  vu  quelque  partie 
du  squelette  ;  mais  les  côtes  et  tout  l'appareil  des  apophyses  épineuses  supérieures  sont 
très-bien  conservés.  Les  côtes  sont  dilatées  en  spatule  à  leur  insertion,  fig.  2,  dj  elles 


—     185    -^ 

sont  du  reste  grêles  et  arrondies,  et  ne  paraissent  pas  atteindre  plus  bas  qu'à  la  moitié 
de  la  hauteur  de  la  cavité  abdominale.  Les  apophyses  épineuses  supérieures  sont  compo- 
sées de  plusieurs  pièces,  fig.  2  et  3,  comme  dans  les  Catunis  ;  à  leur  base  elles  étaient 
réunies  aux  corps  de  vertèbres  par  deux  petites  pièces  courtes,  Uj  a,  a,  qui  étaient  sur- 
montées d'autres  pièces  beaucoup  plus  allongées  et  plus  grêles ,  h^  h,  bj  et  dont  les  extré- 
mités se  réunissaient  en  une  apophyse  épineuse  qui  elle-même  se  terminait  par  un  os 
supérieur  impair,  c ,  dont  la  longueur  excédait  de  beaucoup  (  même  jusqu'à  3  ou  4 
fois  )  celle  des  pièces  inférieures,  suivant  la  partie  du  squelette  où  on  les  compare.  Ceux 
de  la  nuque  sont  les  plus  gros,  mais  ils  sont  moins  allongés  que  ceux  qui  précèdent 
immédiatement  la  nageoire  dorsale,  et  qui  sont  les  plus  longs;  leur  extrémité  supé- 
rieure est  aplatie  5  plus  en  arrière  ils  sont  de  nouveau  moins  allongés,  et  en  même 
temps  plus  vigoureux.  Ces  osselets  rappellent  les  interapophysaires  du  genre  Platjso- 
muSj  avec  cette  différence,  qu'ici  ils  sont  accolés  aux  apophyses  épineuses.  Les  osse- 
lets qui  portent  les  rayons  de  la  dorsale  sont  très-allongés,  proportionnellement  à  leur 
ténuité. 

De  la  tête  on  dislingue  l'opercule,  le  subopercule  et  le  préopercule,  qui  ont  glissé 
sur  les  flancs  de  l'abdomen  ;  la  ceinture  thoracique ,  le  temporal ,  le  jugal  et  la  mâ- 
choire inférieure  avec  ses  nombreuses  rangées  de  dents  échancrées;  le  ptérygoïde  avec 
des  dents  en  brosse  sur  toute  sa  surface,  et  le  palatin  avec  quelques  dents  bifurquées  ; 
le  frontal  se  voit  par  sa  surface  intérieure.  Les  os  de  l'occiput  sont  brisés.  Les  os  de  la 
tête  des  Dapedius  ont  des  formes  si  particulières ,  qu'il  est  toujours  facile  de  les  recon- 
naître ,  même  lorsqu'ils  sont  épars.  Les  mâchoires  sont  très-courtes  ;  la  mâchoire 
inférieure,  en  particulier,  est  fort  large  et  presque  aussi  haute  que  longue  5  sa  partie 
antérieure  est  renflée,  mais  vers  le  milieu  elle  est  déprimée  pour  recevoir  la  plaque 
dilatée  de  l'extrémité  postérieure  de  la  mâchoire  supérieure.  Le  bord  de  celle-ci  se 
compose  en  avant  des  intermaxillaires,  qui  sont  très-courts,  mais  épais;  le  maxillaire 
supérieur,  qui  ne  forme  qu'un  arc  avec  eux,  est  mince  en  avant,  et  se  dilate  en  ar- 
rière en  une  plaque  spatuliforme.  Le  premier  de  ces  os,  et  en  arrière  le  palatin,  portent 
à  leur  bord  extérieur  une  rangée  de  dents  plus  fortes,  il  est  vrai,  que  celles  qui  sont 
plus  à  l'intérieur  sur  la  surface  interne  des  mâchoires  ;  cependant  je  suis  sûr,  mainte- 
nant, qu'il  y  a  svu'  les  mâchoires  jusqu'à  cinq  ou  six  rangées  de  dents,  de  plus  en  plus 
petites  de  dehors  en  dedans.  Les  palatins  sont  en  outre  garnis  de  dents  en  brosse,  dans 
la  partie  postérieure  de  leur  surface  interne.  Tous  les  os  du  crâne,  Tab.  20,  fig.  i ,  et 
Tab.  20  cij  sont  intimement  réunis  par  des  sutures  ;  aussi  les  distingue-t-on  à  peine  les 
uns  des  autres,  aux  rainures  plus  ou  moins  profondes  qu'il  y  a  quelquefois  entr'eux. 
Les  pièces  occipitales  sont  plus  nombreuses  que  dans  les  poissons  ordinaires,  comme 
chez  les  Lepidosieus  et  les  Poljpierus.  L'orbite  est  assez  petite  et  entourée  d'un 


—     184     — 

double  cercle  de  pièces  détachées  \  le  cercle  extérieur,  qui  est  le  plus  grand  et  qui  est 
composé  d'un  plus  grand  nombre  de  pièces,  recouvre  entièrement  le  préopercule,  en 
sorte  qu'on  n'en  voit  que  le  bord  inférieur  au  dessus  de  l'interopercule  et  du  sub- 
opercule; quelquefois  même  il  est  entièrement  caché.  Ce  cercle  paraît  au  premier  aspect 
représenter  les  sous-orbitaires  des  autres  poissons,  ou  le  zygomatique  des  autres  ani- 
maux vertébrés,  mais  non  pas  le  jugal  de  Cuvier  ;  car  l'os  que  Cuvier  appelle  jugal  est 
certainement  l'os  carré.  Le  cercle  intérieur  qui  entoure  l'orbite  paraît  plutôt  repré- 
senter le  lacrymal.  Cependant  il  est  plus  plausible  d'envisager  le  cercle  extérieur  de 
ces  pièces  comme  de  grandes  écailles  buccales,  et  le  cercle  intérieur  comme  le  ju- 
gal; quoique  cette  supposition  semble  contredite  par  la  nature  vraiment  osseuse  des 
deux  cercles  de  plaques  buccales.  Les  pièces  operculaires  forment  un  cercle  continu 
en  arrière  des  autres  os  de  la  face.  L'opercule,  quoique  le  plus  grand  de  ces  os,  est 
cependant  le  plus  petit,  proportionnellement  à  la  grandeur  de  l'animal  et  à  ce  que  l'on 
observe  dans  les  autres  poissons;  le  subopercule  n'est  pas  beaucoup  plus  petit,  mais 
il  est  aussi  haut  que  long;  l'interopercule  est  plus  allongé  et  plus  étroit.  Les  rayons 
branchiostègues  sont  très-grands,  très-larges  et  très-forts,  l'antérieur  surtout,  qui 
forme  une  grosse  plaque  sous  le  bord  de  l'angle  postérieur  du  maxillaire  inférieur.  La 
ceinture  thoracique  n'est  pas  aussi  vigoureuse;  l'humérus,  du  moins,  est  étroit  et 
grêle,  proportionnellement  à  la  force  des  os  de  la  tète. 

D'après  ce  que  j'en  ai  vu  jusqu'ici,  l'ostéologie  des  Tetragonolepis  ne  paraît  pas  dif- 
férer essentiellement  de  celle  des  Dapedius.  La  tête  surtout  présente  la  plus  grande 
analogie  dans  les  deux  genres.  .J'en  ai  examiné  une  de  Tetragonolepis  qui  est  dans  l'é- 
tat de  conservation  le  plus  parfait,  dans  la  collection  de  M""'  Murchison.  Tous  ses  os 
présentent  les  mêmes  connexions  que  ceux  des  Dapedius  ;  les  mâchoires  ont  aussi  la 
même  forme,  seulement  les  dents  sont  pointues  au  lieu  d'être  échancrées  à  leur  extrémité. 

Ce  qui  vient  d'être  dit  de  ces  deux  genres  semblerait  les  rapprocher  beaucoup  des 
Platysomes,  dont  ils  ont  aussi  la  forme;  cependant  il  est  un  caractère  très-important 
qui  les  en  éloigne  considérablement  :  les  Platysomes  sont  hétérocerques,  tandis  que  les 
Dapedius  et  les  Tetragoiiolepis  j  sans  avoir  la  caudale  bifurquée,  sont  cependant  ho- 
mocerques;  c'est-à-dire,  que  tous  les  rayons  de  cette  nageoire  sont  insérés  symétri- 
quement sur  l'arc  plus  ou  moins  ouvert  que  forment  les  extrémités  des  apophyses  épi- 
neuses des  dernières  vertèbres  caudales,  qui  ne  se  prolongent  pas  le  long  du  bord  de 
son  lobe  supérieur. 

Il  reste  maintenant  à  examiner  les  espèces  de  ces  deux  genres.  Dans  les  caractères 
qui  leur  sont  assignés,  on  reconnaîtra  peut-être  avec  le  temps  des  traits  qui  résultent 
plutôt  de  changcmens  survenus  dans  les  individus  avec  l'âge;  mais  jusqu'ici  il  m'a 
été  impossible  de  préciser  pour  toutes  les  espèces  les  différences  d'âge  et  celles  qui 


—     UV6     — 

sont  vraiment  spécifiques.  Je  suis  persuadé  qu'en  général  l'on  a  eu  trop  peu  égard  aux 
métamorphoses  des  animaux  de  toutes  les  classes ,  lorsqu'on  a  établi  un  grand  nombre 
d'espèces  dans  le  même  genre.  Cependant,  quoique  j'aie  toujours  cherché  à  recueillir 
des  séries  d'individus  de  dilïerentes  grandeurs,  et  que  par  là  j'aie  souvent  évité 
d'établir  des  espèces  purement  nominales,  je  crains  encore  d'en  avoir  adopté  quelques- 
unes.  S'il  en  était  ainsi,  j'espère  être  le  premier  à  les  découvrir  et  à  rectifier  moi-même 
les  erreurs  involontaires  que  je  pourrais  avoir  commises. 

Toutes  les  espèces  du  genre  Dapedius  ont  à-peu-près  la  même  forme  :  elles  sont 
très-larges,  se  rétrécissent  rapidement  jusqu'au  pédicule  de  la  queue  qui  est  gros;  la 
tête  est  arrondie,  les  nageoires  sont  de  moyenne  grandeur;  la  caudale  est  la  plus 
grande. 

I.  Dapedius  politus  de  la  Bêche. 

Yol.  2,  Tab.  25,  fig.  I. 

De  la  Bêche,  Trans.  de  la  Soc.  Géol.  2™"  série,  vol.  i,  pi.  6,  fig.  i — 4* 

Comme  la  figure  de  M.  de  la  Bêche  donne  une  idée  exacte  de  la  plupart  des  carac- 
tères de  ce  poisson,  et  surtout  de  sa  forme,  j'ai  cru  pouvoir  m'abstenir  de  le  repro- 
duire en  entier,  et  je  me  suis  contenté  d'en  faire  figurer  un  fragment  de  la  collection 
de  M"''  Philpot,  sur  lequel  on  voit  distinctement  ses  caractères  spécifiques.  C'est  une 
tête  visible  par  le  côté  droit,  avec  une  portion  des  écailles  de  la  partie  antérieure  du 
tronc. 

Les  caractères  distinctifs  du  D.  politus ^  et  ceux  par  lesquels  il  diffère  particulière- 
ment des  espèces  nouvelles  de  ce  genre  que  j'ai  observées  dans  les  collections  anglaises, 
consistent  surtout  dans  la  grosse  granulation  confluente  qui  recouvre  la  surface  ex- 
térieure de  tous  les  os  de  la  tête,  mais  qui,  sur  le  tronc,  ne  s'étend  que  sur  les  écailles 
antérieures  de  la  nuque ,  tandis  que  toutes  les  autres  écailles  paraissent  être  parfai- 
tement lisses;  quoique,  en  les  examinant  à  la  loupe,  on  découvre  à  leur  surface  ex- 
térieure, surtout  sur  celles  des  bords  du  corps,  des  stries  ondulées  extrêmement 
fines,  divergeant  de  l'angle  supérieur  et  antérieur  vers  les  bords  postérieur  et  in- 
férieur. La  surface  des  écailles  de  la  nuque  est  ornée  d'aspérités  saillantes,  réunies 
en  lignes  ondulées  au  bord  supérieur  des  écailles,  et  en  forme  de  grains  irréguliers 
au  bord  inférieur.  Par  leur  structure  et  par  leur  aspect,  les  os  du  crâne  se  rapprochent 
beaucoup  de  ceux  du  Polypterus  Bichir;  avee  cette  différence  seulement ,  que  la  tête 
étant  moins  allongée,  ces  os  sont  aussi  plus  courts.  Les  os  occipitaux  ne  sont  pas  non 
plus  visibles  à  l'extérieur;  ils  sont  remplacés  par  cinq  pièces  osseuses  allongées. 


—     186     — 

qui  sont  articulées  au  bord  postérieur  des  pariétaux.  Celles  du  milieu  de  l'occiput 
sont  les  plus  petites;  elles  vont  en  s'élargissant  jusqu'au  bord  supérieur  de  l'opercule, 
oii  se  trouve  la  plus  grande.  En  arrière  de  ces  pièces  l'on  voit  un  os  triangulaire 
allongé,  qui  me  paraît  être  le  surscapulaire ,  et  à  son  bord  inférieur  une  autre  pièce 
un  peu  plus  grande,  qui  est  le  scapulaire.  La  surface  extérieure  de  ces  os  porte  une 
granulation  moins  grosse  que  celle  des  autres  os  de  la  tête.  L'os  pariétal  droit  et  le 
mastoïdien  forment  ensemble  la  zone  postérieure  du  crâne;  ils  ne  sont  séparés  l'un 
de  l'autre  que  par  une  ligne  sinueuse  à  peine  distincte.  Sur  la  partie  postérieure  de 
ces  os  on  voit  une  saillie  transversale,  qui  s'étend  du  pariétal  au  bord  inférieur  du 
mastoïdien.  Leur  suture  avec  les  frontaux  est  presque  entièrement  cachée  par  la  gra- 
nulation de  leur  surface  extérieure,  qui  est  irrégulière,  formée  de  saillies  longitudi- 
nales sur  le  pariétal  et  plus  arrondies  sur  le  mastoïdien.  Le  frontal  principal  est 
très-court  et  aussi  large  que  long  ;  sa  granulation  est  plus  grosse  que  celle  du  pariétal  ; 
son  bord  antérieur  est  coupé  carrément.  11  ne  faut  pas  confondre  les  sutures  qui 
unissent  ces  os,  avec  deux  cassures  longitudinales,  qui,  dans  cet  exemplaire, 
s'étendent  du  bord  postérieur  du  pariétal  jusqu'au  milieu  du  frontal.  En  avant  du 
frontal  principal  se  trouve  le  frontal  antérieur,  brisé  en  quatre  dans  cet  exemplaire, 
et  dont  la  granulation  est  aussi  plus  grosse  que  celle  des  os  postérieurs.  La  dépression 
qui  se  voit  au  bord  inférieur  de  ces  pièces ,  paraît  avoir  été  la  cavité  des  fosses  na- 
sales; je  prends  pour  le  nasal  même  l'os  triangulaire  qui  se  trouve  immédiatement 
au-dessous  de  cette  dépression,  et  j'envisage  l'os  triangulaire  qui  se  trouve  plus  bas, 
au  bord  supérieur  de  l'os  maxillaire  supérieur,  comme  un  os  lacrymal,  ou  comme  le 
premier  sous-orbitaire.  L'os  qui  forme  la  partie  antérieure  de  la  mâchoire  supérieure, 
est  l'intermaxillaire  ;  son  bord  est  armé  de  quatre  grosses  dents  bifurquées , 
entre  lesquelles  on  en  aperçoit  quelques-unes  des  séries  intérieures.  Les  dents  que  l'on 
distingue  plus  en  arrière,  en  dessous  du  maxillaire  supérieur,  sont  implantées  sur 
le  palatin.  Le  maxillaire  supérieur  lui-même  ne  porte  pas  de  dents;  son  extrémité 
postérieure  se  dilate  en  forme  de  spatule  arrondie,  et  repose  dans  une  dépression  du 
maxillaire  inférieur.  Au  bord  inférieur  de  l'orbite  on  aperçoit  encore  quelques  traces 
des  os  de  l'arcade  palatine.  Le  maxillaire  inférieur  est  un  peu  plus  long  qu'il  n'est 
large  à  son  bord  postérieur;  mais  sa  granulation  ne  s'étend  que  sur  la  partie  de  sa 
surface  extérieure  qui  n'est  pas  recouverte  par  l'extrémité  du  maxillaire  supérieur 
lorsque  l'animal  a  la  gueule  fermée.  A  son  bord  supérieur  on  remarque  8  grosses  dents 
échancrées,,  derrière  lesquellesapparaissentlesrangéesintérieures.  Dans  cet  exemplaire, 
la  branche  gauche  du  maxillaire  inférieur  ayant  glissé  en  avant  on  aperçoit  la  surface 
de  sa  symphyse,  et  l'on  voit  en  profil  quelques  dents  disposées,  sur  quatre  rangées  au 
moins.  Il  est  évident  par  là ,  que  toutes  les  dents  des  DapecUus  sont  implantées,  comme 


—    ia7   — 

dans  les  genres  Poîjpterus  et  LepidosteuSj  sur  les  intermaxillaires,  les  palatins  et  les  pte'- 
rygoïdes,  et  la  mâchoire  inférieure.  Le  bord  supérieur  de  l'orbite  est  entouré  de  quelques 
pièces  osseuses,  articulées  avec  les  frontaux ,  que  l'on  peut  appeler  os  snrobitairesj  et  qui 
sont  trcs-développés  dans  le  genre  Lepidosteus.  Son  bord  inférieur  est  formé  par  les  sous- 
orbitaires,  qui  s'attachent  en  arrière  au  bord  antérieur  du  mastoïdien.  Cinq  pièces  plus 
grandes  forment  un  second  cercle  autour  des  sous-orbitaires:  la  première ,  qui  est  la  plus 
considérable,  est  attachée  en  arrière  au  mastoïdien  -,  son  bord  supérieur  est  plus  étroit 
que  son  bord  inférieur,  sur  le  milieu  duquel  se  trouve  une  saillie  arrondie.  Dans  le 
genre  PoljpteruSj  cette  pièce  recouvre  la  plus  grande  partie  de  la  joue  5  tandis  que 
dans  le  genre  Lepidosteus j,  il  y  a  un  plus  grand  nombre  de  petites  pièces  sur  toute  la 
surface  des  joues.  La  seconde  de  ces  pièces  est  plus  longue  que  haute  ;  la  troisième  est 
presque  aussi  grande  que  la  première,  mais  son  côté  étroit  est  tourné  en  avant;  la  qua- 
trième est  la  plus  petite  ;  la  cinquième  est  .plus  haute  que  longue ,  son  bord  antérieur 
correspond  à  l'extrémité  du  maxillaire  supérieur  et  recouvre  en  même  temps  l'articu- 
lation du  maxillaire  inférieur.  La  granulation  de  la  surface  extérieure  de  ces  pièces 
est  écailleuse  et  confluente.  Les  pièces  operculaires  ont  une  granulation  semblable , 
mais  un  peu  plus  grosse,  à  leur  surface  extérieure.  Le  préopercule  est  presque  entière- 
ment caché  par  les  pièces  buccales ,  comme  dans  les  genres  Lepidosteus  et  Poljpterus  y 
on  ne  voit  que  son  bord  inférieur,  en  dessous  des  deux  pièces  antérieures.  Le  subopercule 
est  beaucoup  plus  étroit  que  les  autres  pièces  operculaires ,  et  s'étend  au  bord  inférieur 
de  la  tête,  en  arrière  du  maxillaire  inférieur.  L'interopercule  a  une  forme  triangulaire; 
son  angle  montant  est  dirigé  en  avant  et  en  haut,  et  son  bord  postérieur  est  arrondi. 
L'opercule  est  plus  haut  que  long ,  et  son  bord  postérieur  s'arrondit  vers  l'angle  supé- 
rieur. Dans  cet  exemplaire  on  voit  aussi  très-distinctement  les  rayons  branchiostègues; 
leur  surface  extérieure  est  granulée,  comme  celle  des  autres  os  de  la  tête.  Le  premier, 
qui  est  le  plus  gros  de  tous,  forme  une  large  plaque  au  dessous  de  l'angle  postérieur  du 
maxillaire  inférieur;  les  suivans,  beaucoup  plus  étroits,  sont  un  peu  plus  allongés  et 
plus  dilatés  à  leur  extrémité  que  vers  leur  insertion.  11  paraît  y  en  avoir  eu  10  en 
tout. 

Cette  espèce  est  caractéristique  pour  le  Lias  de  Lyme-Regis.  Cependant  on  trouve 
dans  cette  localité  un  beaucoup  plus  grand  nombre  de  poissons  fossiles  qu'on  ne  l'a 
cru  jusqu'ici  ;  car,  outre  le  Pholidophorus  et  les  dents  et  rayons  de  Cestraciontes  et 
dH Hjbodontes  représentés  par  M.  de  la  Bêche  dans  les  Trans.  de  la  Soc.  Géol.  de 
Londres,  j'ai  observé  une  trentaine  d'espèces  nouvelles  de  cette  seule  localité  dans  la 
collection  de  31"'=  Philpot  à  Lyme-Regis,  parmi  lesquelles  se  sont  tx'ouvés  les  types  de 
plusieurs  genres  nouveaux.  Ainsi  le  Lias  est  maintenant  la  formation  la  plus  riche  en 
poissons  fossiles  ;  et  comme  ordinairement  les  exemplaires  s'y  trouvent  dans  l'état  de 


—     188     — 

conservation  le  plus  parfait,  leur  examen  contribuera  beaucoup  à  faire  connaître  plus 
exactement  l'organisation  des  genres  et  des  familles  auxquelles  ils  se  rapportent.  Les 
collections  de  Lord  Cole,  de  Sir  Ph.  Egerton,  de  M.  le  Prof,  Buckland,  de  M.  Mur- 
cbison,  de  M.  Stockes,  de  M'^"  Baker,  de  M.  Weaver,  de  M.  Cumberland,  de  M.  John- 
son, et  celles  des  Musées  de  Bristol,  d'York,  de  Witby  et  de  Scarborougli,  contiennent 
en  outre  plusieurs  espèces  inédiles  du  Lias  de  différentes  localités.  L'exemplaire  du 
Dapedius  politus  représenté  dans  ma  planche  20,  fig.  i ,  se  trouve  dans  la  collection 
de  M""  Philpot.  Cette  espèce  n'a  point  encore  été  trouvée  en  Allemagne  ni  en  France. 
En  réfléchissant  à  l'état  de  conservation  de  ces  ichthyolithes,  je  ne  puis  m'empêcher 
de  faii'e  en  passant  une  observation  :  c'est  qu'il  me  paraît  impossible  que  des  poissons 
qui  ont  conservé  leur  forme  et  leur  attitude  naturelle,  dont  toutes  les  écailles  sont  sou- 
A^ent  encore  en  place,  et  dont  les  rayons  frêles  des  nageoires  sont  restés  intacts,  n'aient 
pas  péri  subitement,  et  n'aient  pas  été  enveloppés  immédiatement  par  le  limon  qui  a 
formé  les  couches  dans  lesquelles  on  les  trouve  maintenant.  Tous  les  géologues  pa- 
raissent d'accord  sur  ce  point,  que  les  fossiles  de  Lyme-Regis  doivent  avoir  péri  d'une 
mort  subite  ;  mais  tous  n'admettent  pas  également  que  l'ensemble  de  ces  couches  se 
soit  déposé  tout  à  la  fois,  dans  toute  son  épaisseur,  à  la  suite  d'une  seule  et  même  ca- 
tastrophe. Au  contraire,  plusieurs  de  ceux  qui  ont  étudié  cette  localité  avec  le  plus 
de  soin,  croient  y  avoir  observé  des  marques  évidentes  d'une  série  successive  de  dé- 
pôts qui  auraient  eu  lieu  en  partie  durant  un  état  de  tranquillité  comparative ,  et  en 
partie  par  suite  de  petites  catastrophes  qui  faisaient  périr  tout-à-coup  les  animaux 
qui  existaient  alors  sur  des  points  particuliers,  et  à  la  suite  desquelles  il  s'opérait  des 
changemens  dans  la  nature  des  êtres  organisés  qui  vivaient  à  la  même  place,  et  qui 
sont  maintenant  renfermés  dans  différentes  couches.  Dans  cette  hypothèse,  on  insiste 
sur  la  différence  qui  se  voit  entre  les  fossiles  de  la  partie  supérieure  de  ce  terrain  et  ceux 
que  l'on  trouve  dans  sa  partie  inférieure ,  et  sur  l'abondance  de  certains  débris  orga- 
niques dans  quelques  couches,  tandis  que  les  autres  fossiles  y  sont  extrêmement  rares  ; 
on  cite  également  les  masses  de  Coprolithes  que  l'on  trouve  dans  ces  couches,  comme 
une  preuve  que  les  grands  Sauriens  dont  ils  proviennent  ont  vécu  successivement  à 
leur  surface.  Ces  faits  me  paraissent  s'expliquer  plus  naturellement,  en  admettant  la 
déposition  instantanée  de  toute  la  masse  du  Lias.  Je  ne  puis  m'empêcher  de  croire  que 
la  catastrophe  qui  a  occasionné  la  déposition  du  Lias  a  produit  dans  l'atmosphère  une 
tension  extraordinaire,  et  dans  les  mers  qui  bordaient  alors  la  terre  ferme  une  agitation 
d'une  violence  inconcevable  de  nos  jours,  qui  ont  dû  anéantir  tous  les  êtres  organisés; 
que  les  ondes  de  l'Océan,  refoulées  par  les  flancs  de  quelque  montagne  surgissante,  ont 
entraîné  dans  la  même  direction  tous  les  amas  de  limon ,  de  plantes  et  d'animaux ,  qui 
se  sont  successivement  déposés  à  différente  hauteur  dans  les  couches  du  Lias,  mais 


—     189     — 

aussi  que  pendant  cette  tourmente  tous  les  bancs  de  cette  formation  ont  été  déposés 
simultanément,  ou  du  moins  aussi  promptement  que  de  nos  jours  une  tempête  accu- 
mule sur  la  plage  le  limon  et  les  sables.  En  admettant  cette  explication,  il  est  facile 
de  concevoir  le  parallélisme  parfait  d'un  grand  nombre  de  coucbes  superposées  les 
unes  aux  autres,  et  qui  auraient  dû  être  disloquées  si  leur  déposition  était  le  résultat 
de  catastrophes  successives.  L'accumulation  sur  un  même  point  d'un  nombre  immense 
d'individus  des  espèces  qui  vivaient  en  troupes,  s'explique  aussi  par  là,  puisqu'ils  ont 
dû  être  charriés  ensemble  ;  et  la  répétition  de  ces  accumulations  à  différentes  liaviteurs 
est  une  conséquence  naturelle  de  cette  supposition ,  ainsi  que  la  dispersion  dans  tous 
les  bancs  des  espèces  dont  les  individus  vivaient  plus  isolés.  Il  en  est  de  même  de  la 
présence  dans  certaines  couches  d'espèces  que  l'on  ne  trouve  pas  dans  d'autres ,  et  qui 
ont  pu  y  être  amenées  de  différentes  distances  des  localités  particulières  qu'elles  ha- 
bitaient 5  elle  se  conçoit  très-bien  de  cette  manière ,  ainsi  que  la  position  constante  du 
corps  des  grands  Sauriens  dans  la  même  direction,  et  l'accumulation  autour  d'eux  de 
leurs  excrémens  rendus  dans  les  angoisses  de  la  mort.  Si  ces  animaux  avaient  vécu 
seulement  quelque  temps  en  place,  ils  devraient  être  entourés  de  débris  de  substances 
minérales  roulées  ;  et  la  conservation  même  de  ces  coprolithes  (  qui  auraient  dû  se 
décomposer  s'ils  avaient  été  exposés  pendant  quelque  temps  au  mouvement  des  eaux 
ou  à  l'influence  de  l'atmosphère),  parle  encore  en  faveur  de  cet  ensevelissement  subit. 
Ces  considérations  me  portent  naturellement  à  admettre  que  toutes  les  couches  d'une 
formation  ont  été  déposées  instantanément,  que  même  là  où  les  fossiles  sont  moins 
bien  conservés  qu'à  Lyme  Régis,  les  couches  qui  les  contiennent  ne  se  sont  pas  for- 
mées à  de  longs  intervalles,  et  que  l'état  particulier  des  fossiles  de  différentes  lo- 
calités provient  de  la  durée  de  leur  suspension  dans  l'eau  et  du  frottement  qu'ils  ont 
dû  éprouver  pendant  qu'ils  étaient  ainsi  ballotés.  Le  nombre  des  fossiles  qui  se  trou- 
vent en  place  est  bien  moins  considérable  qu'on  ne  l'admet  généralement.  Aujour- 
d'hui l'on  conteste  même  de  plus  en  plus  que  les  arbres  debout  dans  la  houille  se 
trouvent  réellement  à  la  place  où  ils  ont  crû.  Le  fait  qu'ils  traversent  fréquemment 
plusieurs  assises  dans  la  même  direction  me  paraît  aussi  prouver  évidemment  qu'ils 
n'ontpasétélong-tempsexposésàl'actiondel'eaujmaisqu'ilsontétéensevelissubitement. 
Vouloir  attribuer  à  des  causes  locales  et  accidentelles  la  mort  des  êtres  organisés 
dont  les  espèces  ont  disparu  de  la  surface  du  globe,  ce  serait  méconnaître  complète- 
ment la  nature  des  changemens  qui  se  sont  successivement  manifestés  dans  l'ensemble 
des  animaux  et  des  plantes  qui  caractérisent  chaque  époque.  Des  accidens  locaux  ne 
sauraient  avoir  produit  des  phénomènes  généraux  ;  et  comme  nous  voyons  que  les  fos- 
siles diffèrent  en  masse  d'une  formation  à  l'autre,  et  que  dans  leur  succession  il  y  a 
une  progression  appréciable,  je  ne  puis  me  résoudre  à  envisager  les  catastrophes  qui 

ToM.  II.  25 


^     190    — 

les  ont  ensevelis  comme  des  événemens  accidentels,  mais  bien  plutôt  comme  des  ré- 
volutions organiques  générales  j  qui  ont  modifié  partout  les  conditions  d'existence  et 
les  manifestations  de  la  vie,  après  avoir  anéanti  les  animaux  et  les  plantes  de  l'époque 
antérieure.  Le  prétendu  passage  de  certaines  espèces  d'une  formation  à  une  autre 
n'est  point  une  objection  valable  ;  car  outre  que  les  cas  que  l'on  en  cite  sont  très-peu 
nombreux,  je  crois  que  la  présence  de  ces  espèces  dans  différentes  formations  n'est 
qu'apparente  et  résulte  fréquemment  de  ce  que  l'identité  des  espèces,  ou  la  différence 
des  terrains  auxquels  on  les  rapporte,  n'a  pas  été  constatée  avec  toutes  les  précautions, 
nécessaires. 

D'un  autre  côté ,  il  ne  faut  pas  perdre  de  vue  que  notre  terre ,  depuis  qu'elle  existe , 
a  aussi  subi  des  changemens  (moins  importans,  il -est  vrai),  durant  les  périodes  de 
repos  relatif  comprises  entre  deux  grandes  catastrophes.  C'est,  je  crois,  pour  n'avoir 
pas  suffisamment  distingué  les  changemens  occasionnés  par  les  grandes  révolutions 
de  ceux  qui  se  sont  opérés  pendant  les  temps  de  repos  relatif,  que  les  géologues  sont 
si  peu  d'accord  sur  les  causes  des  différons  phénomènes  géologiques  et  sur  leur  éten- 
due. Ceux  qui  attribuent  tous  les  changemens  survenus  sur  la  terre  à  des  causes  ac- 
tuellement encore  agissantes ,  semblent  méconnaître  entièrement  les  grandes  catas- 
trophes, pour  ne  tenir  compte  que  de  ce  qui  a  pu  se  passer  dans  leur  intervalle.  Ceux 
qui  rapportent  tous  les  phénomènes  géologiques  à  des  causes  différentes  de  celles  qui 
régissent  maintenant  la  nature,  semblent  oublier  que  s'il  y  a  eu  de  grandes  révolu- 
tions sur  la  terre ,  elles  ont  été  très-éloignées  les  unes  des  autres ,  et  qu'il  y  a  eu  de 
bien  longs  momens  de  repos  entr'elles.  —  Tenir  compte  des  phénomènes  géologiques 
dûs  en  particulier  à  chacune  de  ces  différentes  séries  d'action ,  est  une  tâche  que  la 
Géologie  n'a  encore  remplie  que  bien  imparfaitement. 

II.  Dapedius  granulatus  Agass. 
Toi.  2,  Tab.  25,  fig.  2,  3,  4?  5  ^'  6^  fit  è. 

Tous  les  exemplaires  que  j'ai  observés  de  cette  espèce  et  qui  sont  les  originaux  de 
mes  figures,  se  trouvent  dans  la  collection  de  M'^*"  E.  Philpot,  à  Lyme  Régis. 

Le  D.  granulatus  diffèi'e  du  politus  par  l'aspect  de  ses  écailles,  par  sa  forme  plus 
trapue  et  par  la  structure  de  ses  dents ,  qui  sont  considérablement  dilatées  à  leur  ex- 
trémité. La  fig.  2  représente  une  grande  portion  de  la  partie  antérieure  du  tronc  et 
toute  la  tête  en  profd.  Dans  la  fig.  3,  on  voit  la  tête  en  profil  dans  sa  partie  infé- 
rieure ,  et  déprimée  dans  sa  partie  supérieure ,  de  manière  à  présenter  le  crâne  en  face. 
Dans  la  fig.  4,  on  distingue  très-bien  les  écailles  de  la  partie  antérieure  et  inférieure 
du  tronc,  et  la  nageoire  pectorale  droite,  dont  les  rayons  sont  cependant  brisés  à  leur 


—     191     — 

extrémité.  A  en  juger  d'après  les  originaux  des  flg.  2  et  4?  la  forme  du  corps  de  cette 
espèce  était  plus  arrondie  que  dans  le  D.  politus.  En  effet,  le  bord  supérieur  de  la 
tête  et  la  nuque  forment  avec  le  bord  antérieur  de  l'abdomen  un  angle  beaucoup  plus 
ouvert.  La  surface  de  toutes  les  écailles  est  ornée  d'une  granulation  aplatie,  qui  s'é- 
tend sur  tout  le  bord  antérieur  de  chacune  d'elles,  fig.  2,  excepté  vers  la  nuque,  oii 
une  granulation  plus  fine  s'étend  sur  toute  leur  surface.  Sur  les  écailles  qui  bordent 
le  ventre ,  la  granulation  est  plus  grossière ,  plus  saillante ,  quoique  également  aplatie , 
et  confluente  à  leur  bord  inférieur.  Quant  aux  écailles  elles-mêmes,  fig.  5,  elles  sont 
plus  hautes  et  plus  étroites  que  celles  du  D.  politus  ;  leur  onglet  articulaire  est  beau- 
coup plus  large,  mais  plus  court;  et  la  partie  des  écailles  recouverte  par  l'imbrica- 
tion est  plus  large  aussi.  Dans  la  fig.  2,  on  voit  quelques  fragmens  de  côtes,  dont  l'ex- 
trémité s'étend  jusqu'à  la  hauteur  des  pectorales.  Ces  nageoires  sont  les  seules  dont 
il  soit  resté  quelques  traces  ;  leur  base  est  très-large  ,  et  les  rayons  qui  les  composent 
sont  grêles,  proportionnellement  à  la  taille  de  ces  exemplaires.  Ces  rayons  sont  long- 
temps simples,  et  ne  se  bifurquent  que  vers  leur  extrémité  ;  j'en  distingue  26  dans  l'o- 
riginal de  la  fig.  4j  sans  compter  la  série  de  petits  osselets  acuminés  qui  s'étendent 
tout  le  long  du  premier  rayon,  et  qui  sont  accolés  moins  fortement  contre  son  bord 
que  dans  la  plupart  des  autres  poissons  de  cette  famille. 

La  surface  extérieure  de  tous  les  os  du  crâne  est  granulée  ;  mais  outre  que  cette 
granulation  est  beaucoup  plus  fine  que  dans  le  D.  politus  j  elle  en  diffère  encore  par 
sa  nature  :  ses  grains  sont  de  petites  saillies  arrondies,  séparées  les  unes  des  autres, 
et  qui  ne  recouvrent  pas  même  toute  la  surface  des  pièces  operculaires.  Ceux  du  bout 
du  museau  sont  cependant  plus  gros  que  ceux  du  reste  de  la  tête.  Ces  os  présentent 
exactement  les  mêmes  connexions  que  dans  l'espèce  précédente,  avec  cette  seule 
différence  qu'ils  sont  plus  raccourcis  encore ,  et  que  la  partie  antérieure  du  museau 
est  plus  arrondie.  Quant  aux  plaques  buccales,  il  est  à  remarquer  que  la  région  qui 
correspond  à  la  quatrième  plaque  du  D.  politus  est  occupée,  dans  le  granulatus,  par 
trois  pièces  beaucoup  plus  étroites.  Tout  le  bord  extérieur  et  la  moitié  inférieure  de 
l'opercule ,  et  près  des  deux  tiers  du  subopercule ,  sont  parfaitement  lisses  ;  il  en  est  de 
même  du  bord  de  l'intezopercule  et  de  l'extrémité  des  rayons  branchiostègues.  On  ne 
voit  que  quatre  de  ces  derniers,  en  arrière  de  la  grande  plaque  qui  se  trouve  entre 
les  deux  branches  de  la  mâchoire  inférieure.  Cette  plaque,  qui  est  impaire,  ou  plutôt 
formée  de  deux  pièces  soudées  par  leur  bord  interne,  est  traversée  obliquement  de 
chaque  côté  par  deux  lignes  saillantes  qui  se  réunissent  sur  son  milieu  de  manière 
à  former  un  V  très-ouvert.  La  branche  horizontale  du  préopercule  est  en  grande 
partie  visible ,  parce  que  les  plaques  buccales  ont  un  peu  glissé  sur  le  bord  antérieur 
de  l'opercule  et  du  subopercule.  Les  deux  mâchoires  sont  d'égale  longueur;  les  in- 
termaxiliaires  occupent  tout  le  bord  antérieur  de  la  mâchoire  supérieure  ;  chacun  d'eux 


—     192    — 

est  armé  de  quatre  dents  plus  grosses  que  les  correspondantes  de  la  mâchoire  infé- 
rieure. Le  maxillaire  supérieur  est  plus  fortement  dilaté  à  son  extrémité  que  dans  le 
D.  polituSj  et  recouvre  une  plus  grande  portion  du  maxillaire  inférieur.  Quant  aux 
dents,  elles  diffèrent  beaucoup  de  celles  de  l'espèce  précédente  :  non-seulement  elles 
sont  échancrées ,  mais  encore  considérablement  dilatées  à  leur  extrémité.  Leur  surface 
extérieure  présente  un  sillon  vertical  qui  se  termine  à  l'échancrure ,  dans  les  dents 
de  la  mâchoire  inférieure,  fig.  6  a^  et  qui,  dans  les  dents  antérieures  de  la  mâchoire 
supérieure,  aboutit  à  une  quille  qui  se  termine  à  l'échancrure  de  la  dent  par  une 
pointe  obtuse,  fig.  6  b;  tandis  que  dans  le  D.  polituSj  la  surface  extérieure  des  dents 
est  arrondie  jusque  vers  l'échancrure,  où  elle  est  comprimée,  fig.  6  c. 

Cette  espèce  de  Dapedius  paraît  être  la  plus  rare  de  celles  qu'on  trouve  à  Lyme- 
Regis. 

III.  Dapedius  punctatus  Agass, 
Vol.  2,  Tab.  aS  a;  et  Tab.  aS,  fig.  6  d,  7,  8  et  g. 

L'original  de  la  pi.  25  a^  qui  représente  le  poisson  tout  entier,  est  le  pins  bel 
exemplaire  de  poisson  fossile  que  j'aie  jamais  vu;  il  est  aussi  de  la  collection  de 
M'^''  Philpot,  et  provient  du  Lias  de  Lyme  Régis. 

Par  sa  forme  générale,  cette  espèce  se  rapproche  davantage  du  D.  politiis  que  du 
granulatus;  mais  elle  en  diffère  par  la  finesse  de  la  granulation  des  os  de  la  tête.  Ses 
contours  présentent  la  forme  d'un  ovale  presque  parfait;  seulement  la  nuque  et  la 
base  de  l'anale  sont  un  peu  plus  arquées  que  le  bord  du  Acntre  et  la  partie  postérieure 
du  dos.  La  largeur  du  pédicule  de  la  queue  égale  environ  le  tiers  de  la  plus  grande 
largeur  du  corps.  La  tête  forme  le  quart  de  la  longueur  totale,  y  compris  la  caudale; 
elle  est  plus  arrondie  que  dans  le  D.  poliluSj  mais  moins  haute  "que  dans  le  granu- 
latus. La  surface  extérieure  de  tous  les  os  de  la  tête  est  couverte  d'une  granulation 
aplatie,  beaucoup  plus  fine  que  celle  du  D.  politus.  C'est  sur  le  scapulaire  et  le  sur- 
scapidaire,,  et  sur  les  écailles  de  la  nuque ,  que  ces  grains  sont  les  plus  fins  et  le  plus 
arrondis;  sur  les  pariétaux  ils  sont  disposés- en  séries  longitudinales;  ceux  des  bords 
des  os  maxillaires  sont  les  plus  gros;  mais  c'est  sur  les  plaques  buccales  et  sur  les 
pièces  operculaires  qu'ils  sont  le  plus  aplatis.  Ils  ont  l'aspect  de  petites  écailles  im- 
briquées, qui  deviennent  de  plus  en  plus  petites  vers  le  bord  postérieur  de  ces  os.  Il 
y  a  six  pièces  buccales,  dont  les  trois  postéi'ieures ,  qui  sont  les  plus  gi-andes,  ont  la 
même  forme  que  dans  les  espèces  précédentes;  les  trois  inférieures  sont  sensiblement 
plus  petites.  Nous  avons  vu  que  dans  le  D.  politus  il  n'y  a  que  deux  de  ces  pièces 
inférieures,  et  qu'il  y  en  a  quatre  dans  le  granulatus.  L'opercule  paraît  être  plus 


—     193    — 

large  que  dans  les  espèces  préce'dentes.  Par  leur  forme,  les  dents  tiennent  le  milieu 
entre  celles  du  D.  politus  et  du  granulatiis:  leur  base  n'est  pas  sensiblement  rétréciej 
leur  surface  extérieure  est  arrondie ,  et  la  bifurcation  de  leur  extrémité  trcs-marquée, 
Tab.  25,  fig.  6  d. 

Comme  toutes  les  écailles  ont  conservé  leur  position  naturelle  ,  on  ne  voit  du  sque- 
lette que  deux  apophyses  épineuses  supérieures  des  vertèbres  de  la  nuque,  qui  sont 
très- vigoureuses.  En  arrière  de  Topercule,  on  distingue  aussi  une  portion  de  l'hu- 
mérus, dont  le  bord  antérieur  présente  des  sillons  obliques,  et  dont  la  surface  exté- 
rieure est  ornée  d'une  granulation  en  séries  transversales  au  diamètre  longitudinal  de 
l'os.  Toutes  les  écailles  paraissent  parfaitement  lisses  à  leur  surface,  excepté  celles 
de  la  nuque,  qui  sont  visiblement  couvertes  d'une  granulation  ponctuée.  Celles  qui  re- 
couvrent les  flancs  sont  les  plus  grandes.  Celles  du  bord  du  dos  et  des  côtés  de  la  queue 
ont  à-peu-près  les  mêmes  dimensions.  Leur  bord  postérieur  est  légèrement  arqué, 
et  présente  une  dentelure  presque  imperceptible,  qui  existe  certainement  dans  toute 
la  partie  supérieure  et  moyenne  du  tronc,  mais  qui  paraît  manquer  aux  plus  grosses 
écailles  des  flancs  et  à  celles  qui  recouvrent  le  pédicule  de  la  queue.  Vue  à  la  loupe, 
la  surface  extérieure  paraît  ornée  de  petits  points  creux  épars,  distribués  irrégulière- 
ment et  prolongés  en  sillons  linéaires.  Quant  aux  bords  supérieur  et  inférieur  des 
écailles,  ils  sont  parfaitement  droits  au  bas  de  l'abdomen  et  sur  les  côtés  de  la  queue  ; 
mais  dans  les  grandes  écailles  des  flancs,  le  bord  supérieur  est  légèrement  convexe  et  le 
bord  inférieur  légèrement  concave  ^  et  dans  celles  du  bord  du  dos ,  surtout  le  long  de  la 
dorsale,  la  partie  antérieure  du  bord  supérieur  est  concave  et  sa  partie  postérieure  con- 
vexe, le  bord  inférieur  ayant  une  courbure  correspondante.  A  la  base  de  l'insertion  des 
nageoires  impaires,  il  y  a  des  écailles  de  forme  particulière  ^  le  long  de  la  dorsale  surtout 
elles  sont  très-étroites,  inclinées  de  manière  à  ce  que  leur  diamètre  longitudinal  se  trouve 
dans  la  direction  des  rayons,  lorsque  ceux-ci  sont  debout;  c'est-à-dire,  que  ces  écailles 
sont  à-peu-près  verticales  à  l'extrémité  des  séries  qui  couvrent  les  côtés  du  tronc  ^  et  for- 
ment une  espèce  dégaine  à  la  base  de  la  nageoire,  qui  paraît  pou  voir  s'y  cacher  en  partie.  Le 
bord  libre  de  ces  écailles  est  évidemment  dentelé.  A  la  base  de  l'anale,  les  écailles  sont 
plus  irrégulières  et  moins  allongées.  Le  long  de  l'insertion  de  la  caudale  il  y  a  des 
écailles  allongées,  semblables  à  celles  de  la  base  de  la  dorsale,  mais  qui  se  dirigent  dans 
le  sens  longitudinal  du  poisson.  Il  n'y  a  pas  de  ligne  latérale  continue;  on  remarque 
seulement  sur  une  série  qui  s'étend  de  l'angle  supérieur  de  l'opercule  jusqu'au  milieu 
de  la  caudale,  en  fléchissant  un  peu  vers  le  bord  postérieur  de  l'anale ,  quelques  écailles 
percées  d'un  trou  en  forme  de  croissant  très-ouvert.  Ces  écailles  perforées  sont  tantôt 
consécutives,  tantôt  séparées  par  une  ou  plusieurs  écailles  qui  ne  le  sont  pas.  En 
dessous  de  la  dorsale ,  on  voit  à  la  hauteur  de  la  sixième  écaille  de  chaque  série  des 


—     194    — 

traces  d'une  seconde  ligne  latérale,  qui  rappellent  ce  que  l'on  observe  dans  le  genre 
Poljpterus. 

Les  pectorales  sont  plus  petites  que  celles  du  D.  granulatus;  leurs  rayons  sont  pro- 
portionnellement beaucoup  plus  grêles  que  ceux  des  ventrales,  au  bord  antérieur  des- 
quelles il  y  a  de  petits  rayons  imbriqués ,  très-acuminés  et  plus  grands  que  ceux  des 
pectorales.  Le  bord  antérieur  de  la  dorsale  se  trouve  vis-à-vis  des  ventrales,  c'est-à- 
dire  qu'il  est  un  peu  plus  rapproché  de  la  tête  que  de  la  caudale  \  ses  rayons  ont  à-peu- 
près  l'épaisseur  de  ceux  des  ventrales ,  mais  ils  sont  moins  gros  que  ceux  de  la  caudale  \, 
simples  à  leur  base,  ils  présentent  vers  le  milieu  des  articulations  transversales  assez 
rapprochées,  et  sont  bifurques  à  plusieurs  reprises  à  leur  extrémité.  Cette  nageoire 
s'étend  jusqu'au  pédicule  de  la  queue  ;  son  extrémité  postérieure  est  aussi  éloignée  de 
l'insertion  de  la  caudale,  que  les  rayons  de  celle-ci  ne  sont  longs;  elle  se  termine  à  la 
même  hauteur  que  l'anale.  3Iais  celle-ci  ne  se  prolonge  en  avant  que  jusque  vers  le 
milieu  de  la  dorsale;  ses  rayons  sont  tant  soit  peu  plus  gros,  et  articulés  jusque  plus 
près  de  leur  base.  La  caudale  présente  des  particularités  très-intéressantes  pour  l'étude 
de  l'ostéologie  des  poissons  anciens.  Il  est  évident  que  celui-ci  est  homocerque,  c'est-à- 
dire,  que  la  partie  svqjérieure' de  la  caudale  et  sa  partie  inférieure  sont  composées  de 
rayons  égaux,  quoique  cette  nageoire  ne  soit  pas  bifurquée,  mais  plutôt  coupée  carré- 
ment ;  et  cependant  l'extrémité  de  la  colonne  vertébrale  n'aboutit  pas  au  milieu  de  la 
caudale  ;  elle  se  dirige  bien  encore  vers  le  bord  supérieur  de  la  nageoire ,  comme  dans 
les  Hétérocerques,  mais  elle  se  termine  à  la  base  des  rayons.  Tous  les  rayons  de  la 
nageoire  sont  donc  aussi  insérés  sur  les  apophyses  épineuses  inférieures  des  dernières 
vertèbres;  et  la  structure  de  la  caudale  des  Lépidoïdes  Homocerques  ne  diffère  donc  de 
celle  des  Hétérocerques,  (malgré  la  grande  différence  de  leur  aspect)  qu'en  ce  que 
toutes  les  apophyses  qui  portent  les  rayons  s'étendent  également  en  arrière,  de  manière 
à  former  pour  l'insertion  des  rayons  un  arc  vertical.  On  retrouve  encore  la  même 
structure  dans  quelques  Homocerques  dont  la  caudale  est  très-bifurquée ,  par  exemple, 
dans  le  genre  CaturuSj  dont  la  Tab.  D,  vol.  2,  présente  un  squelette  restauré.  Quant 
aux  rayons  mêmes  de  la  caudale  du  Dapedius  punctatuSj  je  ferai  remarquer  qu'ils  sont 
proportionnellement  très-gros,  et  articulés  transversalement  jusquà  leur  base,  de  si 
près,  que  les  articles  sont  au  moins  du  double  plus  larges  que  longs.  Tous  ceux  de  la 
partie  moyenne  de  la  nageoire  sont  bifurques  profondément  un  grand  nombre  de  fois, 
tandis  que  ceux  des  bords  sont  de  plus  en  plus  simples,  et  que  les  extrêmes  ne  repré- 
sentent qu'une  série  d'articulations  transversales  un  peu  moins  rapprochées  que  celles 
des  rayons  du  centie.  Le  long  des  bords  supérieur  et  inférieur  de  la  nageoire,  il  y  a 
une  série  de  pièces  acuminécs  assez  grosses,  qui  s'étendent  jusqu'à  ses  extrémités 
latérales.  L'examen  attentif  de  ces  pièces ^  telles  qu'on  les  voit  dans  ce  poisson ,  fixera, 


^     195    -- 

je  pense,  l'opinion  qu'on  doit  se  faire  de  leur  nature.  II  s'agit  de  savoir  si  ce  sont  des 
rayons  de  forme  particulière,  ou  bien  des  écailles.  En  examinant  leur  position  au  bord 
supérieur  de  la  caudale,  il  est  évident  que  ce  sont  les  écailles  impaires  du  milieu  du 
dos,  qui  s'allongent  de  plus  en  plus,  se  dressent  le  long  des  rayons  simples  de  la  na- 
geoire, et  s'étendent  en  devenant  insensiblement  plus  petites  jusqu'à  leur  extrémité; 
tandis  qu'au  bord  inférieur  de  la  nageoire  on  voit  que ,  si  même  la  première  de  ces 
pièces  est  encore  une  écaille  redressée ,  les  seconde  et  troisième  prennent  rang  parmi 
les  rayons  simpleset  sont  comme  eux  articulées  transversalement,  et  qu'en  outre  toutes 
les  autres  pièces  de  la  série  sont  imbriquées  le  long  du  troisième  rayon  simple,  et 
s'étendent  jusqu'à  son  extrémité,  comme  celles  du  bord  supérieur  de  la  nageoire.  Il 
est  donc  évident  que  les  écailles  et  le  squelette  osseux  présentent  fréquemment  des 
transitions  de  l'un  à  l'autre,  comme  je  l'ai  déjà  fait  remarquer  dans  plusieurs  occasions; 
et  que  ces  petites  pièces  qui  bordent  les  nageoires  sont  tantôt  des  écailles  affectant  la 
forme  et  l'aspect  de  rayons,  et  tantôt  des  rayons  squamiformes. 
Le  Dapedius  punctatus  est  particulier  au  Lias  de  Lyme-Regis, 

IV.  Dapedius  Colei  Agass. 

Yol..  2,  Tab.  aS  bj  fig.   i,2,3,4>5,Get7. 

Dapedium  politum  Cole  (non  de  la  Bêche);  PI.  in-folio, 

La  figure  que  Lord  Cole  a  publiée  dans  une  planche  in-folio  détachée,  sous  le  nom 
de  Dapedium  politum  j  représente  bien  une  espèce  de  Dapedius ^  mais  non  pas  le 
D.  politus  de  la  Bêche.  C'est  une  espèce  nouvelle ^  à  laquelle  j'ai  donné  le  nom  de 
celui  qui  l'a  le  premier  observée. 

Le  D.  Colei  se  distingue  facilement  des  espèces  précédentes,  par  l'aspect  de  la  sur- 
face extérieure  des  os  de  la  tête,  qui  sont  presque  complètement  lisses:  au  bord  antérieur 
de  l'opercule  et  du  subopercule  seulement,  et  sur  l'occiput  et  les  côtés  de  la  mâchoire 
inférieure ,  il  y  a  quelques  petits  grains  arrondis  d'une  granulation  très-peu  serrée ,  et 
qui  s'étend  sur  le  bord  antérieur  des  écailles  de  la  nuque  et  de  celles  du  bord  du  ventre. 
Du  reste,  toutes  les  écailles  sont  parfaitement  lisses;  on  ne  remarque  pas  même  à  leur 
surface  les  petits  points  creux  qui  cai-actérisent  le  D.  punctatus.  En  revanche  on  dis- 
tingue assez  nettement  les  lignes  concentriques  que  forment  leurs  lames  d'accroissement. 
La  fig.  4  représente  de  grosses  écailles  des  flancs,  dont  les  bords  supérieur  et  inférieur 
sont  plus  droits  que  dans  celles  des  côtés  de  la  queue,  fig.  5.  La  fig.  6  représente 
quelques  écailles  de  la  nuque,  avec  leur  granulation  marginale;  et  la  fig.  7  une  écaille 
des  flancs  avec  son  gros  onglet  et  sa  fossette  aiticiilaire,   entre  lesquels  s'étend  une 


—     196    — 

large  quille  aplatie.  Les  fig.  2  et  3  font  voir  la  structure  des  apophyses  des  vertèbres, 
en  profil  dans  la  première  et  en  face  dans  la  seconde  ;  elles  ont  été  décrites  à  la  suite  des 
caractères  génériques,  en  tête  de  ce  chapitre. 

L'exemplaire  de  cette  espèce  que  j'ai  fait  représenter,  est  le  plus  intéressant  de  tous 
les  poissons  fossiles  appartenant  à  l'ordre  entier  des  Ganoïdes,  que  j'aie  vu  jusqu'ici; 
il  laisse  voir  une  grande  partie  du  squelette,  et  en  particulier  les  apophyses  supérieures 
de  toutes  les  vertèbres  abdominales,  ainsi  que  les  cotes.  C'est  le  même  que  Lord  Cole 
a  fait  figui'er;  il  fait  partie  de  sa  magnifique  collection. 

Le  D.  altivelis  indiqué  dans  le  tableau  synoptique  de  ce  volume,  page 8,  est  syno- 
nime  ànSemionotus  latus^  comme  je  l'ai  déjà  dit  dans  le  feuilleton,  page  9.  Il  sera  décrit 
dans  un  des  chapitres  suivans. 

Quant  au  D .  fimhriatus ,  indiqué  dans  le  feuilleton,  page  9,  je  pense  qu'il  appartient 
plutôt  au  genre  Lepidotus ;  c'est  du  moins  ce  que  me  fait  supposer  l'examen  que  j'ai 
fait  d'un  exemplaire  qui  se  trouve  au  Musée  d'Oxford.  J'en  renvoie  donc  la  description 
au  chapitre  oîi  il  sera  question  de  ce  genre. 


Les  espèces  du  genre  Tetragonolepis  sont  beaucoup  plus  nombreuses  que  celles  du 
genre  Dapedius;  elles  appartiennent  également  à  la  formation  du  Lias.  Il  y  en  a  une 
seule  qui  provient  de  TOolithe  inférieure. 

I.  Tetragonolepis  SEMiemcTus  Bronn. 

Vol.  2,  Tab.  22,  fig.  2  et  3. 

On  ne  cojinait  encore  de  cette  jolie  espèce  qu'un  seul  exemplaire  qui  se  trouve  dans 
la  collection  de  31.  le  baron  d'Althaus  à  Durheim.  Je  l'ai  examiné  à  plusieurs  reprises, 
et  en  ai  fait  dessiner  les  deux  empreintes  ;  ce  sont  les  originaux  de  mes  deux  figures. 
M.  le  Professeur  Bronn,  lorsqu'il  a  établi  le  genre  Tetragonolepis ^  en  a  publié  une 
figure  au  trait  dans  le  Jahrbuchfur  Minéralogie  etc.,  année  i83o,  accompagnée  d'une 
description  très-détaillée  et  que  je  me  plais  à  reproduire,  parce  qu'elle  laisse  peu 
de  chose  à  désirer,  et  que  je  pourrai  y  intercaller  encore  quelques  observations  né- 
cessaires. 

«  Ce  sont  deux  plaques  correspondantes  d'un  poisson  dont  il  ne  manque  que  la  partie 
antérieure  de  la  tête  et  la  partie  antérieure  et  inférieure  du  tronc.  Il  a  de  très-grosses 
écailles  et  une  forme  toute  particulière;  il  est  très-court  et  très-large;  sa  partie  infé- 
rieure surtout  est  très-saillante,  tandis  que  le  dos  est  peu  arqué.  L'extrême  régularité 
des  écailles  et  la  position  des  nageoires  impaires  immédiatement  au  bord  du  contour  du 


—     197     — 

poisson ,  montrent  évidemment  qu'il  était  naturellement  très-plat  et  nullement 
renflé.  La  longueur  du  tronc,  depuis  l'angle  postérieur  de  l'opercule  jusqu'à  l'insertion 
de  la  caudale,  est  de  35  millimètres 5  il  en  a  /p  jusqu'à  l'extrémité  de  cette  nageoire. 
La  partie  conservée  de  la  tête  a  19  millimètres  de  longueur;  mais  étant  entière  elle 
a  dû  en  avoir  au  moins  2'3.  La  largeur  du  tronc,  en  avant  de  la  dorsale,  est  de  44  ^^^^~ 
limètres  ;  et  la  colonne  vertébrale  se  trouve  environ  au  quart  supérieur  de  cette  largeur. 
Le  bord  inférieur  de  la  tête  descend  à  peine  à  la  moitié  de  la  hauteur  totale.  Les 
écailles  sont  toutes  conservées  ».  Dans  la  fig.  3,  on  les  voit  par  leur  surface  extérieure; 
dans  quelques  points  seulement,  à  la  partie  antérieure  et  supérieure  du  dos  et  vers  le 
bord  du  ventre,  elles  sont  enlevées;  et  l'on  voit  en  dessous  les  écailles  du  côté  droit  par 
leur  surface  intérieure.  Dans  la  fig.  2,  on  ne  voit  que  l'empreinte  de  la  surface  exté- 
rieure des  écailles  du  côté  gauche,  et  la  surface  intérieure  de  celles  qui  ont  été  enlevées 
sur  la  plaque  opposée.  «  On  ne  découvre  aucune  trace  des  os  de  la  colonne  vertébrale; 
mais  les  écailles  sont  légèrement  relevées  sur  une  ligne  longitudinale  qui  a  du  être 
occupée  par  elle.  Dans  sa  partie  moyenne  elle  est  un  peu  arquée  vers  le  ventre,  puis  elle 
devient  horizontale.  Les  écailles  forment  des  séries  obliques,  qui  vont  en  divergeant 
de  plus  en  plus  du  bord  du  dos  au  bord  inférieur  dé  l'abdomen;  il  y  a  28  séries  sem- 
blables en  ai'rière  de  la  tête,  et  5  perpendiculaires  sous  son  bord  inférieur.  Les  écailles 
elles-mêmes  vont  en  grandissant  dans  chaque  série  du  haut  en  bas  ;  celles  du  dos  sont 
aussi  hautes  que  longues,  et  ont  environ  un  millimètre;  tandis  que  celles  du  milieu  des 
flancs  ont  5  à  6  millimètres  de  hauteur  sur  2  de  longeur  » .  Dans  la  partie  postérieure 
du  poisson ,  elles  deviennent  de  plus  en  plus  petites ,  et  sur  les  côtés  de  la  queue  elles 
sont  équilatérales  et  rhomboïdales.  «  Dans  la  région  moyenne  du  tronc,  les  bords  supé- 
rieur et  inférieur  des  écailles  sont  à-peu-près  parallèles  au  diamètre  longitudinal  du 
poisson;  tandis  que  dans  sa  partie  supérieure  ils  deviennent  de  plus  en  plus  obliques, 
en  se  dirigeant  vei'S  le  bord  du  dos.  Cependant  ces  bords  supérieur  et  inférieur,  loin 
d'être  rectilignes  eux-mêmes,  ont  la  forme  d'un  S  très-ouvert  ».  Il  paraît  que  la  cavité 
abdominale  était  très-spacieuse,  car  on  voit  en  arrière,  à  la  hauteur  du  bord  antérieur 
de  l'anale,  des  indices  de  ses  limites.  Au  bord  inférieur  du  ventre  on  aperçoit  une  série 
d'écaillés  impaires  et  saillantes,  qui  rappelleraient  la  dentelure  abdominale  du  genre 
Pristigaster-j  s'il  n'y  avait  pas  lieu  de  croire  qu'ici  les  saillies  qu'elles  forment  sont  ac- 
cidentelles et  résultent  de  la  compression  de  l'abdomen.  «  La  dorsale  commence  à  i3  ou 
i4  millimètres  de  Tangle  postérieur  de  l'opercule  ;  elle  a  20  millimètres  de  long;  son 
bord  antérieur  en  a  7,  et  ses  rayons  vont  en  diminuant  insensiblement  jusque  vers 
l'insertion  des  rayons  de  la  caudale,  sans  cependant  se  confondre  avec  eux.  Ces 
derniers  rayons  n'ont  que  2  millimètres  de  longueur.  L'anale  se  termine  aussi  immé- 
diatement en  avant  de  la  caudale,  et  s'étend  sous  la  queue  jusqu'à  16  millimètres  de 

ToM.  II.  26 


—     198     — 

son  insertion  -,  les  rayons  de  son  bord  antérieur  ont  4  millimètres ,  ceux  de  son  bord 
poste'rieur  n'en  ont  que  2  » .  On  voit  des  traces  des  petites  pectorales  en  dessous  de 
l'angle  de  l'humérus,  qui  forme  en  arrière  une  saillie  arrondie.  Les  pièces  operculaires 
sont  étroites  et  petites ,  comme  toute  la  tête  l'est  proportionnellement  aux  larges  di- 
mensions du  corps.  On  ne  voit  pas  de  trace  des  ventrales;  cependant  je  ne  puis 
admettre  la  supposition  de  31.  Bronn,  que  si  elles  existaient,  elles  étaient  insérées  en 
avant  des  pectorales  ;  car  elles  sont  placées  au  milieu  de  l'abdomen  dans  plusieurs 
espèces  oii  elles  sont  très-bien  conservées.  Il  me  paraît  donc  plus  probable  d'admettre 
qu'elles  ont  été  enlevées  sans  laisser  de  traces  de  leur  existence ,  comme  cela  arrive 
si  souvent  dans  les  Ganoïdes.  «  La  caudale  a  9  millimètres  de  longueur;  son  bord 
postérieur  est  coupé  presque  carrément,  ou  plutôt  légèrement  arrondi;  ses  deux 
extrémités  sont  distantes  l'une  de  l'autre  de  19  millimètres  ».  Mais  la  largeur  appa- 
rente de  la  nageoire  dépendant  du  rapprochement  et  de  l'éloignement  des  rayons,  il 
ne  faut  pas  attacher  d'importance  à  ce  caractère. 

Plus  loin,  M.  Bronn  compare  ce  poisson  avec  les  espèces  fossiles  déjà  connues.  Il 
ne  lui  trouve  de  ressemblance  qu'avec  le  Dapedius  du  Lias,  dont  il  croit  pouvoir  le 
distinguer  par  l'absence  des  dents  bifurquées,  des  onglets  articulaires  des  écailles,  et 
par  la  position  des  ventrales,  qu'il  croit  jugulaires.  J'ai  déjà  fait  remarquer  qu'il  était 
probable  que  ce  poisson  avait  ses  ventrales  dans  la  même  situation  que  les  Dapedius. 
Quant  aux  écailles,  leur  structure  est  parfaitement  semblable  dans  les  deux  genres, 
et  les  onglets  articulaires  existent  dans  toutes  les  espèces  de  Tetragonolepis  aussi 
bien  que  dans  les  Dapedius;  comme  on  l'a  vu  plus  haut  dans  la  discussion  de  la  valeur 
relative  de  leurs -caractères  génériques.  Les  dents  du  Tetragonolepis  semicinctus 
n'ayant  point  encore  été  observées,  la  position  générique  de  cette  espèce  pourrait 
paraître  douteuse ,  si  la  disposition  des  écailles  et  la  grande  différence  de  dimension 
entre  celles  du  dos  et  celles  des  flancs  ne  rappelaient  plutôt  les  Tetragonolepis  que 
les  Dapedius.  Lorsque  M.  Bronn  a  cherché  ensuite  à  déterminer  la  position  de  son 
genre  Tetragonolepis  dans  la  classe  des  poissons,  il  a  éprouvé  la  même  difficulté  que 
l'on  éprouverait  maintenant  si  l'on  voulait  s'efforcer  d'encadrer  dans  les  familles  déjà 
établies  les  nouveaux  genres  dont  j'ai  formé  mes  Lépidoïdes,  mes  Sauroïdes  et  mes 
Pycnodontes ,  et  dont  toutes  les  espèces  sont  fossiles.  Ils  forment  évidemment 
ensemble  une  grande  division  naturelle,  dont  je  rappellerai,  dans  les  généralités  de 
ce  volume,  toutes  les  particularités  d'organisation,  et  qui  a  dû  rester  inconnue  aux 
zoologistes  aussi  long-temps  que  les  poissons  des  terrains  anciens  n'avaient  pas  été 
soumis  à  un  examen  très-détaillé. 


I 


—     199    — 

II.  Tetragonolepis  confluens  Agass. 

Vol.  2,  Tab.  23  a j  fig.  i. 

Cette  espèce  est  une  de  celles  qui  atteint  les  plus  grandes  dimensions.  Je  n'en  con- 
nais cependant  encore  qu'un  exemplaire  incomplet,  qui  se  trouve  dans  la  collection  de 
Lord  Cole ,  et  qui  provient  du  Lias  de  Lyme  Régis  :  c'est  une  tête  complète ,  avec  la 
partie  antérieure  du  tronc,  où  l'on  voit  aussi  les  pectorales  ;  mais  les  ventrales  et  le 
commencement  de  la  dorsale  manquent,  ainsi  que  toute  la  partie  postérieure  du  tronc. 
La  tête  est  parfaitement  bien  conservée ,  et  se  distingue  de  celle  de  toutes  les  autres 
espèces  du  genre  par  les  grosses  gi^anelures  qui  hérissent  ses  os.  Ce  sont  des  saillies 
de  forme  très-irrégulière,  plus  ou  moins  larges,  souvent  interrompues  ou  formant 
entr'elles  des  anastomoses  ondulées.  C'est  surtout  sur  les  pièces  opereulaires,  sur  les 
os  de  la  joue  et  sur  les  mâchoires,  que  ces  dessins  sont  les  plus  variés  ;  sur  le  crâne  les 
saillies  sont  moins  allongées,  et  ressemblent  plutôt  à  des  pustules  confluentes,  di- 
A^ergeant  irrégulièrement  vers  les  bords  des  os.  En  arrière  du  frontal  principal,  il  y  a 
une  espèce  de  ligne  de  démarcation  transversale  au  bord  postérieur  de  l'os,  résultant 
d'une  saillie  continue  de  ces  crêtes.  Cette  granulation  des  os  s'étend  sur  les  écailles 
de  la  nuque  ;  mais  là  elle  devient  de  plus  en  plus  fine  et  rare ,  et  a  plutôt  l'apparence 
de  petits  piquans  émoussés,  épars  sur  les  écailles.  Sur  les  rayons  branchiostègues  et 
sur  les  écailles  inférieures  aux  pectorales,  ce  sont  plutôt  des  arêtes  confluentes.  Du 
reste,  la  surface  de  toutes  les  écailles  visibles  est  parfaitement  lisse.  On  n'aperçoit 
aucune  trace  de  ces  points  creux  qui  distinguent  le  Tetragonolepis  Leachii.  Le  bord 
postérieur  des  écailles  est  finement  dentelé.  Quelques  écailles  de  la  nuque,  qui  sont  dé- 
placées, montrent  un  onglet  articulaire  étroit,  mais  pointu  et  fort;  elles  ont  près  d'tuie 
ligne  d'épaisseur.  On  voit  distinctement  sept  rayons  branchiostègues,  et  en  avant  du 
premier  l'empreinte  du  plus  large  qui  a  disparu.  La  nageoire  pectorale  est  de  moyenne 
grandeur  5  ses  rayons  sont  faibles ,  articulés  seulement  depuis  leur  milieu ,  et  peu  di- 
visés à  leur  extrémité  :  le  long  de  son  bord  extérieur  il  y  a  de  petits  osselets  imbri- 
qués, courts  et  proportionnellement  plus  massifs  que  les  rayons  de  la  nageoire  même. 
Les  écailles  des  flancs  sont  beaucoup  plus  étroites  que  hautes. 

III.  Tetragonolepis  speciosus  Agass. 

Yol.  2,  Tab.  23  5. 

L'original  de  cette  planche  est  l'exemplaire  le  plus  complet  que  j'aie  vu  du  genre 
Tetragonolepis.  Il  provient  du  Lias  de  Lyme  Régis,  et  se  trouve  dans  la  collection 


—     200     — 

de  Lord  Cole,  Cette  espèce  a  atteint  à-peu-près  les  mêmes  dimensions  que  le  T.  con- 
Jluens,  auquel  elle  ressemble  le  plus.  Malgré  cette  affinité,  ses  caractères  sont  très- 
tranchés  et  très-faciles  à  saisir.  Tous  les  os  du  crâne,  les  pièces  operculaires,  les  pla- 
ques buccales,  les  rayons  branchiostègues  et  les  mâclioires,  sont  recouverts  d'une  gra- 
nulation squameuse  presque  uniforme  :  ce  sont  de  petites  saillies  obtuses,  distinctes, 
déprimées,  et  qui  ont  en  quelque  sorte  l'apparence  de  petites  écailles  imbriquées; 
celles  des  os  intermaxillaires  et  de  l'etlimoïde  seulement,  sont  un  peu  plus  grosses. 
Sur  les  écailles  de  la  nuque  et  du  milieu  du. dos,  jusqu'en  avant  de  la  dorsale,  il  y  a 
une  semblable  granulation,  mais  dont  les  saillies  sont  confluentes,  et  plutôt  linéaires 
que  squameuses  au  centre  du  dos.  Du  reste,  la  surface  de  toutes  les  écailles  est  parfai- 
tement lisse;  le  bord  postérieur  seulement  est  orné  d'une  dentelure  très-fine,  qui  de- 
vient pres'que  imperceptible  sur  les  écailles  postérieures  de  la  queue.  Celles  des  flânes 
de  l'abdomen  sont  beaucoup  plus  hautes  que  larges  ;  sur  les  côtés  de  la  queue  et  au 
bord  du  dos,  elles  sont  rhomboïdales  et  équilatérales.  Les  pectorales  sont  de  moyenne 
grandeur;  leurs  rayons  sont  faibles,  tandis  que  les  osselets  de  leur  bord  extérieur  sont 
plus  forts,  comme  dans  le  T.  confluens.  Les  rayons  des  ventrales  sont  beaucoup  plus 
épais  que  ceux  des  pectorales,  et  plus  souvent  divisés;  les  onglets  marginaux  sont  aussi 
plus  gros.  Il  est  assez  singulier  que  les  rayons  de  l'anale  soient  aussi  plus  épais  que 
ceux  de  la  dorsale  ;  leurs  articulations  sont  très-rapprochées ,  depuis  le  quart  inférieur 
de  leur  longueur,  et  les  divisions  premières  aussi  profondes  que  les  articulations.  On 
entrevoit  une  vingtaine  de  rayons.  La  partie  antérieure  de  la  dorsale  est  complètement 
enlevée.  La  caudale  est  très-vigoureuse,  fort  large  et  composée  de  gros  rayons,  qui 
sont  proportionnellement  beaucoup  plus  épais  que  longs  ;  toute  la  partie  visible  des 
rayons  est  articulée  de  très-près,  mais  leurs  divisions  longitudinales  sont  lyoins  pio- 
fondes,  surtout  celles  des  rayons  extérieurs,  qui  ne  dépassent  pas  la  moitié  de  leur  lon- 
gueur ;  tandis  que  ceux  du  centre  sont  fendus  jusqu'à  leur  tiers  inférieur.  Les  osse- 
lets imbriqués  du  lobe  supérieur  sont  un  peu  plus  gros  que  ceux  du  lobe  inférieur;  ils 
deviennent  de  plus  en  plus  petits,  et  sont  en  général  plus  inclinés  que  ceux  des  pec- 
torales et  des  ventrales.  Il  y  a  ^3  rayons  dans  cette  nageoire. 


—     201     — 


IV.  Tetragonolepis  pustulatus  Agass. 


Vol.  2.  Tab.  23  c. 


Cette  espèce  est  sans  contredit  la  plus  grande  du  genre  j  les  exemplaires  que  j'en  ai  vus, 
quelque  imparfaits  qu'ils  soient  en  général,  indiquent  un  poisson  très-grand,  plus  grand 
même  que  le  T.  angiilifer  (Tab.  23  ) ,  auquel  il  ressemble  par  plusieurs  caractères.  Le 
meilleur  fragment  que  j'en  connaisse  se  trouve  dans  la  collection  de  Lord  Cole;  il  a  en- 
viron un  pied  de  longueur.  C'est  l'original  de  ma  figure.  On  y  voit  clairement  que  tous 
les  os  des  côtés  de  la  tête  sont  couverts  de  saillies  obtuses,  déprimées,  ressemblant  à 
de  gros  grains  de  sable,  de  forme  irrégulière,  dont  leur  surface  serait  parsemée.  Les 
écailles  sont  très-finement  dentelées  à  leur  bord  postérieur;  leur  surface  extérieure  a 
un  aspect  très-particulier,  en  ce  que  son  milieu,  ainsi  que  la  partie  comprise  entre 
deux  lignes  que  l'on  tirerait  de  ce  milieu  aux  angles  postérieurs,  quoique  lisse  en  ap- 
parence, offre,  quand  on  l'examine  de  près,  des  stries  peu  profondes  qui  se  dirigent  ir- 
régulièrement vers  le  bord  postérieur  de  l'écaillé.  Les  angles  antérieurs,  supérieur  et 
inférieur ,  sont  couverts  de  saillies  en  forme  de  pustules ,  semblables  à  celles  des  os  du 
crâne,  mais  plus  grosses,  plus  irrégulières  et  plus  déprimées  encore;  ensorte  que  les 
plus  grandes  ressemblent  à  de  petites  écailles  coucliées  svir  les  écailles.  Celles  du  voi- 
sinage de  la  tête  et  celles  de  la  nuque  sont  presque  entièrement  couvertes  de  ces  pus- 
tules. 

On  ne  voit  dans  cet  exemplaire  aucune  trace  des  nageoires,  non  plus  que  des  os 
du  crâne  ;  on  y  distingue  seulement  les  pièces  operculaires  _,  la  mâchoire  inférieure ,  les 
rayons  branchiostègues  et  les  pièces  sous-orbitaires ,  avec  une  portion  du  tronc  cou- 
vert de  ses  écailles.  M.  Jobnston,  à  Bristol,  en  possède  un,  de  dimension  à-peu-près 
double,  mais  qui  n'est  pas  mieux  conservé. 

Ces  fossiles  ont  été  trouvés  dans  des  rognons  calcaréo-marneux  du  Lias  de  Lyme- 
Regis. 

V.  Tetragonolepis  radutus  Agass. 

Vol.  2.  Tab.  23  a j  fig.  2. 

Je  ne  connais  que  la  moitié  antérieure  du  corps  de  ce  poisson  ;  la  queue  et  les  na- 
geoires manquent  entièrement  dans  le  seul  exemplaire  que  j'en  ai  vu,  et  qui  est  de  la 
collection  de  Sir  Phil.  Egerton. 

La  granulation  de  la  tête  est  très-distincte;  elle  est  arrondie  sur  le  crâne  et  sur  les 
écailles  antérieures  delà  nuque,  écailleuse,  plate  et  plus  grosse  sur  les  sous-orbitaires, 
sur  les  plaques  buccales,  sur  les  rayons  branchiostègues,  mais  surtout  sur  l'opercule. 

ToM.  II.  27 


—    202    — 

Les  écailles  sont  complètement  lisses,  c'est-à-dire,  sans  granulation,  à  l'exception  de 
quelques-unes  de  celles  de  la  nuque  ;  mais  elles  sont  ornées  de  plis  qui  forment  une 
dentelure  à  leur  bord  postérieur,  et  qui  s'étendent  en  forme  d'éventail  peu  conver- 
gent sur  plus  de  la  moitié  de  leur  surface  dans  celles  du  milieu  du  corps,  mais  qui  sont 
moins  développés  sur  celles  du  dos  et  de  la  partie  inférieure  de  l'abdomen.  Toutes  les 
écailles  ont  cependant  la  dentelure  marginale.  Leurs  bords  supérieur  et  inférieur  sont 
fortement  arqués;  celles  des  rangées  inférieures  de  l'abdomen  seulement,  et  celles  qui 
avoisinent  le  milieu,  du  dos,  ont  ces  bords  plus  droits.  Ces  dernières,  et  en  général 
celles  qui  sont  au  dessus  de  la  ligne  latérale,  sont  beaucoup  plus  petites  que  celles  des 
flancs  et  des  parois  abdominales  inférieures,  qui  sont  aussi  les  plus  lisses.  Il  y  a  deux 
lignes  latérales:  l'une  droite,  sur  le  milieu  du  corps,  partant  de  l'angle  supérieur  de 
l'opercule  et  sautant  d'écaillé  en  écaille,  ouverte  en  croissans  tournés  en  arrière; 
l'autre  parallèle  au  dos,  dont  elle  est  très-rapprocliée ,  et  ouverte  longitudinalement. 

Les  rayons  des  nageoires  paraissent  avoir  été  très-fins,  à  en  juger  par  les  fragmens 
que  l'on  en  voit  au  bord  du  corps  du  poisson,  et  qui  sont  extrêmement  grêles,  peu 
fendus ,  et  à  articulations  distantes. 

Ce  poisson  a  été  trouvé  tout  récemment  dans  le  Lias  de  Lyme  Régis;  c'est  une  des 
nouvelles  acquisitions  dues  au  zèle  avec  lequel  Lord  Cole  et  Sir  Pli.  Egerton  pour- 
suivent maintenant  leurs  fouilles  géologiques,  dans  l'intérêt  de  l'étude  des  Icbthyo- 

litlies. 

VI.  Tetragonolepis  leiosomus  Agass. 

Yol.  2.  Tab.  23  «^  fig.  3. 

C'est  un  assez  petit  poisson,  pi'ovenant  du  Lias  de  Lyme  Régis,  mais  qui  n'est  cer- 
tainement pas  un  jeune  de  quelqu'une  des  espèces  que  l'on  a  trouvées  avec  lui  dans 
cette  formation  ;  car  il  offre  des  caractères  très-particuliers  dans  la  granulation  de  sa 
tête,  dans  ses  écailles  parfaitement  lisses  et  sans  dentelure  à  leur  bord,  et  dans  les 
rayons  plus  grêles  et  à  articulations  moins  rapprochées  de  ses  nageoires. 

Sa  forme  est  intermédiaire  entre  les  grands  et  larges  Tetragonolepis  et  ceux  de  la 
forme  de  Voi^alis  et  du  dorsalis;  c'est-à-dire,  qu'elle  présente  un  large  ovale  régulier, 
qui  n'est  pas  dilaté  au  bord  antérieur  de  la  dorsale  et  de  l'anale.  Les  os  de  la  tête  sont 
ornés  d'une  granulation  très-prononcée,  en  grains  arrondis  et  de  moyenne  grandeur 
sur  les  intermaxillaires,  et  les  mandibulaires,  un  peu  plus  petits  et  plus  aplatis  sur  la 
tête  ,*  un  peu  plus  grands  et  écailleux  sur  les  sous-orbitaires  et  sur  les  plaques  buccales, 
et  plus  grands  encore,  allongés  et  irréguliers  sur  l'opercule,  dont  le  bord  inférieur  est 
strié.  Le  sous-opercule  est  aussi  strié,  et  presque  entièrement  lisse;  l'interopercule  et 
le  préopercule  ont  la  granulation  écailleuse  de  la  joue;  le  suprascapulaire  celle  du  crâne. 
Les  rayons  brancliiostègues  offrent  quelques  petits  grains  aplatis. 


—    205     -^ 

Les  pectorales  sont  enlevées;  on  n'en  voit  que  la  base.  Leurs  rayons  étaient  très- 
grèles.  On  distingue  en  partie  les  deux  ventrales,  dont  les  rayons  sont  également 
grêles;  il  y  en  a  de  petits  très-allongés  tout  le  long  de  leur  bord.  Les  rayons  de  la 
dorsale  (dont  le  bord  antérieur  est  opposé  aux  ventrales)  et  ceux  de  l'anale  sont  exac- 
tement semblables;  c'est  à  dire,  qu'ils  sont  grêles,  articulés  dès  leur  milieu  seulement, 
et  peu  bifurques,  avec  de  petits  rayons  allongés  et  peu  serrés  le  long  du  bord  anté- 
rieur du  premier  grand  rayon.  La  caudale  est  surtout  caractéristique  :  elle  est  plutôt 
arrondie  vers  le  milieu  que  tronquée  carrément;  ses  petits  rayons  latéraux  sont  allon- 
gés et  peu  serrés;  les  rayons  inférieurs  sont  simples  dans  jîlus  de  la  moitié  de  leur  lon- 
gueur ;  leurs  articles  sont  plus  longs  que  larges  ;  les  rayons  moyens  et  supérieurs,  seu- 
lement, sont  bifurques  fréquemment  dans  leurs  deux  tiers  extérieurs,  et  ont  leurs 
articulations  plus  courtes  que  larges. 

Toutes  les  écailles  sont  parfaitement  lisses,  à  bords  entiers  et  non  dentelés  ;  celles  des 
bords  du  dos,  seulement,  ont  une  apparence  de  crénelure  ;  leur  bord  postérieur  est 
légèrement  arqué;  le  bord  supérieur  des  écailles  moyennes  du  dos  l'est  aussi;  mais 
toutes  les  autres  l'ont  droit.  Les  écailles  des  flancs  et  de  la  partie  inférieure  du  corps 
sont  de  beaucoup  les  plus  grandes;  elles  sont  plus  hautes  que  longues.  Celles  du  pour- 
tour du  tronc  sont  rhomboïdales  ;  c'est  le  long  de  la  dorsale  qu "elles  sont  les  plus  pe- 
tites. On  distingue  deux  lignes  latérales  :  l'une,  dont  les  tubes  sont  très-saillans  et 
ouverts  en  haut,  est  très-rapprochée  du  dos  et  suit  sa  courbure;  l'autre  est  droite, 
sur  le  milieu  du  tronc,  et  ses  ouvertures  sont  en  forme  de  croissans  ouverts  en  ar- 
rière. Les  onglets  articulaires  sont  proportionnellement  gros. 

Je  ne  connais  qu'un  seul  exemplaire  de  cette  espèce  remarquable;  il  se  trouve  dans 
la  collection  de  Sir  Phil.  Egerton  à  Oulton-Park. 

VII.  Tetragonolepis  Leachii  Agass. 

Vol.  2.  Tab.  2?>d. 

Cette  espèce  de  Tetragonolepis  paraît  être  la  plus  commune  de  celles  que  l'on  trouve 
à  Lyme  Régis;  j'en  ai  vu  un  grand  nombre  d'exemplaires  et  de  fragmens  dans  les  col- 
lections de  Sir  Phil.  Egerton,  de  Lord  Cole,  de  Miss  Philpot  et  des  Musées  d'Oxford 
et  de  Pai'is.  Je  regrette  beaucoup  que  la  masse  énorme  de  matériaux  nouveaux  que  j'ai 
recueillis,  et  la  résolution  que  j'ai  prise  de  publier,  s'il  m'est  possible,  tous  ces  maté- 
riaux dans  des  limites  qui  originairement  devaient  en  contenir  au  plus  la  moitié,  m'o- 
bligent à  écarter  pour  le  moment  plusieurs  grandes  figures  qui  auraient  donné  une 
idée  très-complète  des  formes  de  cette  espèce.  Je  me  suis  borné,  en  conséquence,  à 
faire  représenter  les  détails  des  écailles ,  et  une  tête  entièrement  détachée  de  la  roche, 


—     204    — 

qiii  fait  partie  de  la  collection  de  M™"  Murchison,  et  sur  laquelle  j'ai  pu  étudier  l'os- 
téologie  du  crâne  et  de  la  face  beaucoup  mieux  que  sur  aucun  autre  exemplaire. 

Cette  espèce  est  très-caractérisée  par  sa  forme  arrondie,  par  la  structure  de  ses 
écailles,  et  par  la  granulation  qui  recouvre  les  os  de  la  tête.  Tous  les  exemplaires  que 
j'en  connais  proviennent  de  Lyme  Régis  ;  je  n'en  ai  point  encore  vu  d'autres  loca- 
lités. 

Tous  les  Tetragonolepis  et  Dapedius  ont  à-peu-près  la  même  forme,  c'est-à-dire, 
le  corps  aplati  et  formant  un  ovale  plus  ou  moins  large.   L'espèce  présente  est  des 
plus  larges,  et  la  forme  de  sa  tête  prouve  évidemment  que  ces  poissons  n'avaient  pas 
le  tronc  aussi  aplati  que  la  plupart  de  nos  poissons  vivans  de  même  conformation. 
Dans  l'exemplaire  de  M'"''  Murchison ,  on  peut  s'assurer  que  la  partie  antérieure  des 
flancs  était  légèrement  bombée,  et  que  la  tête,  dont  les  os  n'ont  presque  pas  été  dislo- 
qués, proportionnellement  très-large,  n'était  pas  plus  épaisse  que  le  tronc.  La  fig.  i 
représente  le  côté  droit  de  cette  tête  ;  on  y  voit  le  crâne ,  les  plaques  suroccipitales ,  le 
suprascapulaire ,  le  scapulaire,  une  partie  de  l'humérus,  les  pièces  operculaires,  les 
plaques  buccales ,   les  sous  -  orbitaires  et  les  mâchoires.  Tous  ces  os,  ainsi  que  les 
écailles  antérieures  de  la  nuque ,  portent  une  grosse  granelure  en  grains  très-saillans, 
comparable  aussi  à  de  petites  pointes  obtuses.  Dans  la  fig.  2,  on  voit  le  côté  gauche 
de  cette  même  tête  j  les  pièces  operculaires  y  sont  disloquées;  l'opercule,  surtout,  qui 
a  glissé  en  arrière  sur  les  écailles,  a  mis  à  découvert,  à  son  bord  inférieur  et  en  ar- 
rière du  subopercule,  une  partie  de  la  branche  descendante  de  l'humérus,  dont  le 
dessin  est  plus  achevé  dans  cette  figure  que  celui  des  autres  parties.  Ce  dernier  os  est 
strié  longitudinalement  et  ne  porte  que  quelques  grains  saillans,  tandis  que  les  grandes 
écailles  post-humérales  sont  fortement  granulées.  On  voit  aussi  le  temporal  mis  à  dé- 
couvert par  l'enlèvement  des  plaques  buccales.  La  partie  supérieure  de  la  ceinture 
thoracique  y  est  aussi  plus  fortement  exprimée.  Dans  la  fig.  3,  le  crâne  se  voit  par  sa 
face  supérieure;  cette  figure  montre  surtout  combien  la  tête  est  large,  et  combien  peu 
les  os  du  crâne  sont  symétriques ,  non  qu'ils  soient  disloqués ,  mais  parce  que  les  os 
pairs  des  deux  côtés  n'ont  exactement  ni  la  même  forme  ni  la  même  grandeur.   Le 
frontal  gauche  est  plus  large  et  plus  long  que  le  droit.  Quant  aux  pariétaux,  c'est 
l'inverse  :  le  droit  est  sensiblement  plus  grand  que  le  gauche ,  et  la  suture  moyenne 
qui  les  sépare ,  au  lieu  de  faire  suite  à  celle  des  frontaux ,  se  porte  sur  le  côté  gauche, 
sans  que  l'on  puisse  supposer  que  cela  provienne  d'ime  dislocation,  puisque  les  sutures 
pariéto-frontales  ne  sont  pas  déjointes.  Le  grand  os  qui  borde  de  chaque  côté  les  pa- 
.  riétaux,  me  paraît  êtie  le  soi-disant  mastoïdien ,  que  j'envisage  comme  l'écaillé  tem- 
porale. En  arrière  de  cet  os  et  du  pariétal,  on  aperçoit,  fig,  i  et  3,  une  série  de  plaques 
semblables  à  des  écailles,  qui  recouvrent  les  os  de  l'occiput:  je  les  désigne  sous  le  nom 


—    205    — 

àe  plaques  siiroccipitales ;  on  les  retrouve  dans  plusieurs  genres,  même  dans  les  Lé- 
pidostées.  La  surface  du  suprascapulaire  et  du  scapulaire  est  granulée,  comme  celle 
de  tous  les  os  de  la  tête.  L'opercule  est  proportionnellement  petit,  beaucoup  plus  haut 
que  long.  Le  subopercule  est  triangulaire;  son  angle  antérieur  supérieur  se  prolonge 
en  avant  de  l'opercule.  L'interopercule  est  étroit  et  allongé;  à  son  bord  supérieur  on 
distingue  quelques  trace  du  préopercule,  qui,  du  reste,  est  entièrement  caché  par 
de  larges  plaques  buccales  occupant  tout  l'espace  compris  entre  les  pièces  operculaires 
et  les  sous-orbitaires.  Ceux-ci  sont  beaucoup  plus  petits  que  ces  plaques.  Dans  quel- 
ques exemplaires  j'ai  remarqué  que  l'opercule  et  le  subopercule  étaient  striés  sur  la 
plus  grande  partie  de  leur  surface,  et  granulés  sur  quelques  points  seulement  ;  mais 
cette  différence  résulte  de  l'état  de  conservation  de  ces  os  et  de  l'ablation  d'une  partie 
des  lames  d'accroissement  dont  ils  se  composent.  La  mâchoire  inférieure  est  très- 
courte  et  très-large,  armée  de  plusieurs  rangées  de  dents  coniques  et  obtuses,  dont 
les  extérieures  sont  les  plus  grandes,  les  plus  pointues,  et  même  légèrement  arquées 
en  arrière.  La  mâchoire  supérieure  offre  des  dents  semblables,  qui  sont  insérées  sur 
l'intermaxillaire ;  tandis  que  le  maxillaire  supérieur,  dépourvu  de  dents,  se  dilate  en 
arrière  en  forme  de  spatule,  et  recouvre  le  côté  de  la  mâchoire  inférieure.  Il  y  a  6 
rayons  branchiostègues ,  au  moins. 

Les  écailles,  quelle  que  soit  leur  forme,  sont  très-finement  dentelées  à  leur  bord 
postérieur;  cette  serrature  est  même  si  fine,  qu'on  ne  l'aperçoit  pas  dans  toutes  les 
inflexions  de  la  lumière.  Leur  surface  extérieure  est  parfaitement  lisse,  avec  de  petits 
points  creux  peu  nombreux,  épars,  ressemblant  à  des  piqûres.  Sur  les  écailles  des 
bords  du  dos  et  en  avant  de  la  dorsale,  se  voit  une  granelure  plus  fine  et  moins  ser- 
rée que  celle  des  os  de  la  tête.  La  forme  des  écailles  varie  beaucoup,  selon  leur  posi- 
tion :  celles  de  la  partie  antérieure  des  flancs  sont  beaucoup  plus  hautes  que  larges  ; 
mais  vers  les  bords  du  dos  et  du  ventre  et  vers  le  bout  de  la  queue,  leurs  côtés  de- 
viennent de  plus  en  plus  égaux ,  et  leur  forme  se  rapproche  par  là  même  de  plus  en 
plus  d'un  rhombe  régulier.  Le  bord  postérieur  de  toutes  les  écailles  est  droit;  il  n'y  a 
que  les  plus  hautes  des  flancs  qui  l'ont  faiblement  arqué.  Le  bord  supérieur  de 
toutes  celles  de  la  partie  antérieure  du  tronc  est  aussi  légèrement  arqué  vers  le  dos, 
et  incliné  obliquement  de  bas  en  haut  et  en  arrière  ;  il  en  est  de  même  du  bord  infé- 
rieur, qui  est  faiblement  concave.  L'onglet  articulaire  est  de  moyenne  grandeur,  et 
placé  au  bord  de  la  partie  émaillee  des  écailles  ;  dans  celles  qui  avoisinent  la  ceinture 
thoracique,  il  est  à  moitié  sur  leur  racine.  Ces  bords  supérieur  et  inférieur  des 
écailles,  sont  droits  dans  celles  du  milieu  du  tronc,  de  la  queue  et  des  bords  du  dos  et 
du  ventre.  Autour  de  l'insertion  de  l'anale,  de  la  dorsale  et  de  la  caudale,  il  y  a 
quelques  rangées  d'écaillés  plus  petites,  plus  étroites  et  plus  longues  que  larges,  qui 


—     206     — 

formaient  probablement,  sur  les  côtés  de  la  dorsale  et  de  l'anale,  du  moins,  une  gaîne 
pour  la  nageoire,  comme  dans  les  Lepidosteus. 

Eu  égard  à  quelques  différences  qu'offrent  les  écailles  de  divers  exemplaires ,  on 
pourrait  être  tenté  de  distinguer  deux  variétés  de  cette  espèce j  dont  l'une  aurait  les 
écailles  lisses,  comme  dans  les  fig.  5  et  6,  tandis  que  l'autre  les  aurait  striées,  comme 
celles  delà  fig.  4-  Mais  j'ai  reconnu  que  ces  stries  étaient  produites  par  des  fissures 
plus  ou  moins  régulières  de  l'émail,  et  qu'elles  ne  tenaient  pas  à  sa  structure.  Aussi, 
les  exemplaires  que  j'ai  étiquetés  du  nom  de  T.  striatus,  dans  quelques  collections, 
doivent  tous  être  rapportés  au  T.  Leachii. 

Les  rayons  des  nageoires  sont  en  général  de  moyenne  grandeur;  ce  sont  ceux  des 
ventrales  qui  paraissent  être  les  plus  gros;  les  petits  rayons  de  leur  bord  surtout  sont 
très-massifs.  Les  rayons  de  l'anale  ne  sont  ni  fendus  jusqu'à  leur  base,  ni  même  arti- 
culés dans  leur  partie  inférieure,  tandis  que  ceux  de  la  caudale  le  sont  jusque  vers 
leur  insertion.  Ceux  du  milieu  de  la  nageoire  sont  en  outre  divisés  très-profondément 
et  à  plusieurs  reprises;  mais  ceux  des  bords  du  lobe  supérieur  et  du  lobe  inférieur 
sont  simples  jusques  environ  le  milieu  de  leur  longueur.  Quant  aux  petits  rayons  des 
bords,  ils  sont  plus  allongés  et  plus  grêles  que  dans  les  ventrales.  Les  rayons  de  la 
dorsale  sont,  à  ce  qu'il  paraît,  les  plus  faibles,  et  les  petits  rayons  de  son  bord  anté- 
rieur les  plus  grêles  et  les  plus  longs. 

Miss  Marie  Anning  m'a  fait  voir  à  Lyme  Régis  le  dessin  d'un  Tetragonolepis  qu'elle 
a  cédé  au  Musée  de  Bath,  et  qui  paraît  appartenir  au  T.  Leachii.  Cependant  l'anale 
est  beaucoup  moins  étendue  et  n'a  de  longueur  qu'environ  la  moitié  de  celle  de  la 
dorsale.  N'ayant  pas  vu  l'original,  je  ne  puis  dire  si  cette  différence  ne  proviendrait 
point  d'une  dislocation.  Je  me  borne  donc  à  signaler  ce  poisson  à  l'attention  des  natu- 
ralistes qui  auront  occasion  de  l'examiner. 

VIII.  Tetragonolepis  heteroderma  Agass. 
Vol.  2.  Tab.  23 ^j  fig.  I. 

Le  premier  exemplaire  que  j'ai  vu  de  cette  espèce  se  trouve  dans  la  collection  de 
M.  le  D'.  Hartmann  à  Gœppingen;  c'est  une  plaque  d'écaillés  au  bord  desquelles  on 
ne  voit  aucune  trace  des  nageoires,  ni  de  la  tête.  Cet  exemplaire,  qui  provient  du  Lias 
des  environs  de  BoU  dans  le  Wurtemberg,  et  que  j'ai  examiné  en  i83i ,  a  été  long- 
temps le  seul  que  je  connusse.  En  revoyant  mes  notes  relatives  au  genre  Tetragono- 
lepis j  je  commençai  même  par  douter  de  l'existence  réelle  de  cette  espèce,  dont  je 
n'avais  rencontré  aucune  trace  dans  le  Lias  d'Angleterre,  lors  de  mon  premier 
voyage.  Depuis  lors,  cependant,  Sir  Pbil.  Egerton  et  Lord  Cole  en  ont  trouvé,  dans 


—     207    — 

le  Lias  de  Lyme  Régis,  un  assez  bon  exemplaire,  qui  confirme  l'existence  de  cette  es- 
pèce, en  même  temps  qu'il  indique  une  espèce  identique  de  plus  pour  le  Lias  en  An- 
gleterre et  en  Allemagne.  Il  existe  aussi  un  fragment  de  ce  poisson  au  Musée  Bri- 
tannique. Il  est  assez  curieux  que  la  plaque  de  Lyme  Régis  soit  à-peu-prcs  dans  le 
même  état  de  conservation  que  celle  de  Boll  j  elle  présente  très-bien  la  surface  exté- 
rieure des  écailles  de  tout  le  corps ,  mais  la  tête  et  les  nageoires  y  manquent  complè- 
tement. 

Le  caractère  le  plus  saillant  que  je  puisse  indiquer  maintenant  pour  cette  espèce, 
c'est  la  grandeur  considérable  des  écailles  de  la  partie  latérale  du  tronc  qui  avoisinent 
la  ceinture  thoracique  et  qui  recouvrent  les  parois  de  la  cavité  abdominale;  tandis  que 
dans  la  partie  postérieure  du  tronc,  et  vers  ses  bords  supérieur  et  inférieur,  elles  de- 
viennent rapidement  beaucoup  plus  petites.  Leur  surface  extérieure  est  lisse,  mais 
ornée  de  points  creux  et  d'un  grand  nombre  de  stries  ondulées  et  confluentes  qui 
partent  du  bord  antérieur.  Il  n'y  a  de  granulation  en  relief  que  sur  quelques  écailles 
de  la  nuque,  vers  leur  bord  antérieur  et  sur  les  grandes  écailles  post-humérales.  Le 
bord  postérieur  de  toutes  les  écailles  a  une  fiïie  dentelure  ;  les  bords  supérieur  et  in- 
férieur des  grandes  écailles  sont  droits,  mais  celles  du  dos  et  de  la  queue  ont  le  bord 
siipérieur  arqué,  et  l'angle  qu'il  forme  avec  le  bord  postérieur,  arrondi;  tandis  que 
le  bord  inférieur  est  concave  et  l'angle  inférieur  très-saillant.  L'onglet  articulaire  des 
grandes  écailles  est  très-gros  et  très-acéré. 

Du  Lias  de  Boll  et  de  Lyme  Régis. 

IX.  Tetragonolepis  pholidotus  Agass. 
Yol.  2.  Tab.  23 e_,  fîg.  2. 

Cette  jolie  espèce  ne  paraît  pas  avoir  atteint  des  dimensions  bien  considérables;  la 
plupart  des  exemplaires  que  j'en  ai  vus  avaient  de  6  à  10  pouces  de  long.  On  en  a 
trouvé  un  assez  grand  nombre  dans  le  Lias  du  Wurtemberg,  aux  environs  de  Boll; 
les  plus  complets  sont  conservés  au  Musée  de  Stuttgart  et  dans  la  collection  de  M.  le 
D^  Hartmann  à  Gœppingen.  On  en  a  découvert  aussi  quelques  exemplaires  dans  le 
Lias  d'Angleterre,  où  cette  espèce  paraît  être  beaucoup  plus  rare  que  sur  le  Conti- 
nent. J'en  ai  vu  un  presque  parfait  dans  la  collection  de  Lord  Cole,  et  un  autre  dans 
celle  de  M™"  Murcliison.  Enfin,  M.  le  comte  de  Munster  possède  une  tête  et  des  écailles 
d'un  Tetragonolepis  du  Lias  d'Altdorf,  qui  me  paraît  appartenir  aussi  à  cette  espèce. 
L'original  de  ma  figure  est  déposé  au  Musée  de  Stuttgart. 

La  forme  générale  du  corps  de  ce  poisson  est  assez  particulière  :  c'est  un  ovale  très- 
large  et  très-obtus,  terminé  en  arrière  par  un  rétrécissement  considérable  et  subit,  qui 


—    208    — 

forme  le  pédicule  de  la  caudale  ;  ce  qui  fait  que  le  diamètre  longitudinal  excède  encore 
de  beaucoup  le  diamètre  transversal.  Ce  qui  distingue  siutout  cette  espèce,  c'est  que  la 
surface  des  os  de  la  tête  est  seule  granulée  ;  tandis  que  la  surface  de  toutes  les  écailles 
est  lisse.  Cette  granulation  a  même  quelque  chose  de  très-particulier,  et  qui  éloigne 
davantage  cette  espèce  du  T.  Leachii,  qu'on  ne  serait  tenté  de  le  supposer  au  premier 
coup-d'œil  :  tous  les  os  sont  hérissés  d'aspérités  allongées,  confluentes  et  divergeant 
vers  les  bords  j  tandis  que  dans  le  T.  Leachii  ce  sont  des  points  saillans  isolés.  Ce 
caractère  rapproche  un  peu  le  T.  pholidotus  des  espèces  du  genre  Dapedius;  il  ne 
serait  même  pas  impossible  qu'il  dût  y  être  rapporté;  car,  n'ayant  pu  examiner  d'une 
manière  satisfaisante  la  dentition  de  ce  poisson,  je  ne  l'ai  laissé  dans  le  genre  Tetra- 
gonolepis  que  parce  que  c'est  sous  ce  nom  que  je  l'ai  décrit  en  i83i  dans  le  Journal 
deLéonhard  et  Bronn,  à  une  époque  oîi  je  ne  connaissais  point  encore  précisément  les 
caractères  du  genre  Dapedius.  Cependant  je  lui  conserverai  sa  place  aussi  long-temps 
qu'il  n'y  aura  pas  de  raison  suflîsante  pour  la  changer,  ou  pour  confondre  les  deux 
genres  en  un  seul. 

Le  bord  postérieur  des  écailles  des  flancs  et  de  la  nuque  est  entier  ;  il  n'y  a  que 
celles  de  l'extrémité  de  la  queue  qui  soient  ornés  d'une  dentelure,  laquelle  est  très- 
fine.  Toutes  les  écailles,  excepté  celles  du  pédicule  de  la  queue,  ont  le  bord  supérieur 
convexe  et  le  bord  inférieur  concave.  Leur  surface  extérieure  présente ,  surtout  vers  le 
bord  antérieur,  de  fines  stries  irrégulières  et  confluentes,  entre  lesquelles  on  re- 
marque quelques  points  creux;  mais  il  n'y  a  aucune  granulation  en  relief.  Celles  des 
flancs,  ou  plutôt ,  celles  qui  recouvrent  les  parois  de  la  cavité  abdominale,  sont  étroites, 
c'est-à-dire  beaucoup  plus  hautes  que  longues. 

Les  rayons  des  nageoires  dorsale  et  anale  sont  courts ,  plus  grêles  que  dans  aucune 
autre  espèce  de  ce  genre ,  bifurques  à  plusieurs  reprises  à  leur  extrémité ,  et  articulés 
de  très-près.  Le  long  de  ces  nageoires,  il  y  â  de  très-petits  rayons  allongés,  serrés  et 
accolés  au  bord  des  plus  grands.  La  dorsale  commence  au  milieu  du  dos,  et  s'étend 
jusqu'au  plus  fort  du  rétrécissement  du  pédicule  de  la  queue.  L'anale  commence  beau- 
coup plus  en  arrière ,  et  est  par  conséquent  au  moins  d'un  tiers  plus  courte  que  la 
dorsale;  mais  elle  se  termine  à  la  même  hauteur.  La  caudale  est  formée  de  rayons 
proportionnellement  plus  allongés,  mais  également  grêles,  et  porte  à  son  bord  des 
fulcres  un  peu  plus  grands  que  ceux  de  la  dorsale  et  de  l'anale.  Les  ventrales  sont 
insérées  un  peu  plus  en  avant  que  le  bord  antérieur  de  la  dorsale.  Les  pectorales  sont 
placées  assez  haut  sur  les  flancs;  leurs  rayons  sont  très-fins,  mais  leurs  fulcres  sont 
moins  rapprochés  que  ceux  des  autres  nageoires. 

Les  traces  d'os  que  j'ai  remarquées  dans  quelques  exemplaires  indiquent  une  co- 
lonne vertébrale  assez  forte  ;  les  apophyses  inférieures  de  la  queue  sont  plus  allongées 
à  son  extrémité,  où  elles  servent  de  points  d'insertion  aux  rayons  de  la  caudale. 


—    209    — 

Cette  espèce  se  trouve  également  dans  le  Lias  d'Allemagne  et  d'Angleterre,  mais 
elle  paraît  être  moins  rare  sur  le  Continent. 


X.  Tetkagonolepis  ovalis  Agass. 


Vol.  2.  Tab.  21,  fig.  3. 


Cette  espèce  n'a  encore  été  trouvée  que  dans  le  Lias  des  environs  de  BoU;  tous  les 
exemplaires  que  j'en  ai  vus  sont  de  la  collection  de  M.  le  D'  Hartmann  à  Gœppingen , 
à  qui  la  découverte  en  est  due.  Les  différences  qui  la  distinguent  de  la  précédente 
sont  plutôt  des  différences  de  forme  générale  que  des  caractères  de  détail  particuliers. 
C'est  la  plus  allongée  de  toutes  les  espèces  du  genre  à  moi  connues  ;  elle  forme  un  ovale 
qui  se  réti'écit  insensiblement  à  sa  partie  postérieure.  La  tète  est  proportionnellement 
plus  petite  et  surtout  considérablement  plus  allongée  que  celle  de  ses  congénères.  Sa 
gueule  est  aussi  un  peu  plus  fendue;  ses  dents  ont  du  être  également  plus  longues, 
puisqu'elles  le  paraissent  autant  que  celles  de  toutes  les  espèces  connues,  quoiqu'elles 
aient  toutes  la  pointe  brisée.  Ce  qu'il  reste  des  os  de  la  tête,  dans  l'exemplaire  que  j'ai 
fait  graver,  appartient  au  côté  gaucbe  et  n'est  visible  que  par  sa  face  interne.  Au  bord 
inférieur  de  l'interopercule  et  du  subopercule  on  voit  7  rayons  brancbiostègues  larges 
et  aplatis.  Ce  qu'il  y  a  de  très-curieux  dans  cet  exemplaire,  c'est  qu'une  partie  des  arcs 
branchiaux  et  des  peignes  des  branchies  elles-mêmes  est  parfaitement  bien  conservée , 
et  visible  entre  les  rayons  brancbiostègues  et  l'orbite.  Il  n'est  pas  possible  de  recon- 
naître dans  la  structure  des  branchies  la  moindre  différence  d'avec  les  branchies  pec- 
tinées  des  poissons  ordinaires  de  notre  époque.  L'orbite  est  entourée  de  sous-or- 
bitaires  étroits.  Presque  tous  les  os  du  crâne  sont  enlevés;  cependant  l'on  remarque  en 
avant  un  fragment  de  l'ethmoïde  et  du  frontal  antérieur,  dont  la  surface  porte  de  petits 
tubercules  arrondis,  et  en  arrière  les  plaques  suroccipitales  au  nombre  de  [\ ,  qui  per- 
mettent de  reconnaître  la  forme  et  les  dimensions  de  la  tête.  Dans  d'autres  exemplaires 
j'ai  reconnu  que  tous  les  os  du  crâne  et  surtout  les  pièces  operculaires  portent  une 
granulation  tuberculeuse,  très-peu  serrée. 

Tout  le  tronc  présente  à  découvert  sa  face  extérieure  gauche  ;  vers  la  queue ,  seule- 
ment, et  le  long  de  la  dorsale  et  de  l'anale,  on  voit  un  petit  espace  où  les  pai'ties  so- 
lides du  corps  ont  entièrement  disparu  et  n'ont  laissé  que  leur  empreinte.  Les  écailles 
sont  très-petites  le  long  du  dos  et  sur  les  côtés  de  la  queue;  celles  des  flancs  sont  beau- 
coup plus  grandes,  et  surtout  beaucoup  plus  hautes  que  longues,  excepté  vers  la  gorge 
et  en  dessous  des  pectorales,  où  elles  sont  à-peu-près  équilatérales.  Leur  surface  à 
toutes  est  parsemée  d'aspérités  irrégulières,  tantôt  en  forme  de  petits  tubercules  ar- 

ToM.  II  28 


—    210    — 

rondis,  tantôt  en  lignes  sinueuses  peu  saillantes.  Tous  leurs  bords  sont  droits,  et  leurs 
onglets  articulaires  assez  gros.  « 

La  dorsale  commence  bien  en  avant  du  milieu  du  dos ,  et  se  termine  à  ime  distance 
de  la  caudale  égalant  la  largeur  du  pédicule  de  la  queue.  L'anale  est  beaucoup  plus 
comte,  son  étendue  égale  à  peine  la  moitié  de  celle  de  la  dorsale;  mais  ces  deux  na- 
geoires se  terminent  vis-à-vis  l'une  de  l'autre.  Elles  sont  formées  de  rayons  grêles, 
bifurques  seulement  à  leur  extrémité ,  et  dont  les  articulations  transversales  sont  très- 
rapprocbées;  à  leur  bord  antérieur  il  y  a  une  série  de  petits  fulcres  peu  serrés.  Les 
ventrales,  qui  sont  très-petites,  sont  placées  vis-à-vis  du  bord  antérieur  de  la  dorsale. 
Les  pectorales,  également  petites,  ont  des  rayons  proportionnellement  grêles.  La  cau- 
dale est  passablement  grande ,  pour  la  taille  de  ce  poisson  ;  son  insertion  est  légère- 
ment oblique  ,  parce  que  les  rayons  du  lobe  inférieur  sont  insérés  à  l'extrémité 
d'apophyses  épineuses  qui  s'étendent  moins  en  arrière  que  la  base  des  rayons  du  lobe 
supérieur.  Tous  ces  rayons  sont  proportionnellement  plus  grêles  que  dans  la  plupart 
des  autres  TetragOTiolepis ;  ils  sont  bifurques  à  plusieurs  reprises  jusque  vers  le  mi- 
lieu de  leur  longueur,  et  articulés  de  très-près  jusque  vers  leur  insertion.  Les  fulcres 
qui  bordent  le  lobe  supérieur  sont  assez  gros  aux  points  d'insertion  des  rayons  de  la 
nageoire,  mais  ils  vont  en  diminuant  rapidement  jusqu'à  son  extrémité;  ceux  qui  s'é- 
tendent le  long  du  lobe  inférieur  sont  très-petits  dès  la  base  de  la  nageoire. 

XI.  Tetragonolepis  Bouei  Agass. 
Yol.  2.  Tab.  22,  fig.  I. 

Cette  espèce  n'est  point  encore  suffisamment  connue;  le  meilleur  exemplaire  que 
j'en  aie  vu,  et  qui  est  1  original  de  ma  figure,  se  trouvait,  il  y  a  quelques  années,  dans 
la  collection  de  la  Société  Géologique  de  France,  où  je  Tai  décrit  et  fait  dessiner  en 
i832.  Ayant  dès  lors  découvert  plusieurs  espèces  de  Tetragonolepis j  avec  lesquelles 
il  devenait  nécessaire  de  le  comparer,  j'ai  cherché  à  le  retrouver  lors  de  mon  dernier 
séjour  à  Paris  en  i835;  mais  c'est  en  vain  que  j'ai  parcouru  pour  cela  toute  la  collec- 
tion, aidé  de  M.  Dry-Dupré,  agent  de  la  Société.  Je  suis  donc  obligé  maintenant  de  me 
borner  à  signaler  cette  espèce  à  l'attention  des  naturalistes,  en  ajoutant  que  le  carac- 
tère le  plus  frappant  que  j'y  ai  remarqué  consiste  dans  l'uniformité  de  grandeur  des 
écailles  depuis  le  dos  jusqu'au  ventre;  d'ailleurs,  ces  écailles  sont  visibles  par  leur 
face  interne,  et  l'on  remarque  à  leur  bord  supérieur  un  large  onglet  articulaire. 

Cet  exemplaire  provient  des  Schistes  bitumineux  de  Seefeld  en  Tyrol,  que  je  crois 
pouvoir  rapporter  au  Lias,  à  cause  delà  grande  analogie  de  tous  les  poissons  qui  s'y 
trouvent  avec  ceux  du  Lias  d'autres  contrées,  et  à  cause  de  l'identité  de  l'un  d'en- 


i^    211     — 

tr'eux  avec  une  espèce  de  Lyme  Régis  qui  sera  décrite  dans  un  des  chapitres  suivans, 
et  que  j'ai  nommce  Pholidophorus  latiiisculus. 

Au  Musée  de  Carlsruhe  il  y  a  aussi  un  fragment  de  Tetragonolepis  de  Seefeld  qui 
paraît  appartenir  à  l'espèce  dont  il  s'agit,  mais  qui  est  trop  incomplet  pour  offrir  des 
détails  plus  précis. 

Cette  espèce  n'est  point  signalée  parmi  celles  que  M.  Murchison  indique  dans  sa 
notice  sur  les  schistes  de  Seefeld. 

XII.  Tetragonolepis  dorsalis  Agass. 

Vol.  2.  Tab.  21 ,  fig.  I  et  2  ;  Tab.  21  a j  fig.  i. 

L'original  de  la  pi.  21  «  se  trouve  dans  la  collection  de  M.  Stockes;  celui  de  la  pi.  21 
est  au  31usée  Britannique.  Ils  proviennent  tous  deux  du  Lias  blanc  de  Byrford  dans  le 
Comté  de  Gloucester.  Ce  sont  les  seuls  exemplaires  de  cette  espèce  que  j'aie  vus  jus- 
qu'ici ;  elle  est  très-caractérisée  par  sa  forme  ovale  oblongue ,  et  par  les  rayons  allon- 
gés du  bord  antérieur  de  la  dorsale.  La  tête  est  courte,  mais  large;  à  la  surface  de  ses 
os  on  remarque  quelques  rides  et  une  granulation  peu  serrée ,  sur  l'opercule  surtout. 
La  ceinture  thoracique  est  également  granulée,  mais  les  écailles  sont  parfaitement 
lisses;  l'émail  qui  les  recouvre  est  assez  mince  pour  que  l'on  aperçoive  les  bords  de 
leurs  lames  d'accroissement.  Elles  sont  passablement  grandes,  surtout  sur  les  côtés 
des  parois  abdominales,  mais  beaucoup  plus  petites  sur  la  queue  et  le  long  du  dos. 
Leurs  bords  sont  droits  et  entiers;  il  n'y  a  pas  de  dentelure  à  leur  bord  postérieur. 
La  ligne  latérale  est  très-visible;  elle  s'étend  presque  directement,  avec  une  légère 
flexion  vers  le  dos,  de  l'angle  supérieur  et  postérieur  de  l'opercule  jusqu'au  milieu  du 
pédicule  de  la  queue.  La  dorsale  commence  un  peu  en  avant  du  milieu  du  dos,  et  se 
termine  vis-à-vis  l'extrémité  postérieure  de  l'anale,  qui  est  presque  de  moitié  plus 
courte.  Le  bord  antérieur  de  ces  deux  nageoires  est  plus  élevé  que  leur  extrémité.  Les 
rayons  antérieurs  de  la  dorsale,  surtout,  sont  environ  du  double  plus  longs  que  les 
postérieurs;  les  plus  grands  sont  cependant  précédés  de  quelques  autres  petits  qui 
s'allongent  insensiblement.  Les  rayons  de  ces  deux  nageoires  sont  grêles,  bifurques 
dans  leur  moitié  supérieure,  et  ont  des  articulations  transversales  assez  distantes. 
La  caudale  est  proportionnellement  grande;  son  insertion  paraît  oblique,  et  les  rayons 
de  sa  partie  supérieure  paraissent  sensiblement  plus  courts,  leur  base  étant  recou- 
verte par  les  écailles  du  pédicule  de  la  queue,  qui  s'étendent  plus  loin  dans  sa  partie 
supérieure  que  dans  sa  partie  inférieure.  Les  rayons  de  cette  nageoire  sont  assez 
grêles,  bifurques  à  plusieurs  reprises  depuis  leur  milieu,  et  divisés  par  des  articula- 
tions transversales  plus  rapprochées  que  celles  des  rayons  de  la  dorsale  et  de  l'anale. 


—    212    — 

Le  long  de  ses  bords  supérieur  et  inférieur  l'on  distingue  une  série  de  petits  fulcres 
grêles;  son  bord  postérieiu-  est  coupé  presque  carrément,  et  n'a  qu'une  légère  échan- 
crure.  Les  ventrales  sont  placées  vis-à-vis  le  bord  antérieur  de  la  dorsale,  et  les  pec- 
torales assez  bas  en  dessous  du  subopercule.  Il  n'est  resté  de  ces  nageoires  que  des 
traces  peu  distinctes. 

XIII.  Tetragonolepis  monilifer  Agass. 
Vol.  2.  Tab.  21  a j  fig.  a,  3,  4?  5. 

L'original  de  ma  figure  provient  du  Lias  blanc  de  Banwell,  et  appartient  à  M.  le 
D'  Fox  de  Bristol.  M.  le  Prof.  Sedgwick  a  aussi  recueilli  plusieurs  exemplaires  de 
cette  espèce  dans  le  Lias  de  Barrow  sur  la  Soar,  où  elle  paraît  n'être  pas  très-rare. 

Sa  forme  est  presque  circulaire;  c'est  la  plus  large  de  toutes  les  espèces  connues  de 
ce  genre.  Le  pédicule  de  la  queue  est  très-court;  la  dorsale  s'étend  depuis  le  milieu 
du  dos  jusqu'à  sa  partie  la  plus  étroite.  L'anale,  qui  est  de  moitié  plus  courte,  se  ter- 
mine à  la  même  hauteur .  La  caudale  est  proportionnellement  beaucoup  plus  grande, 
et  coupée  carrément.  Les  rayons  de  ces  trois  nageoires  sont  grêles;  leurs  articulations 
transversales  ne  sont  pas  très-rapprocliées  ;  cependant  les  articles  ne  sont  guère  plus 
longs  que  larges.  Les  rayons  de  la  dorsale  sont  les  plus  courts;  ceux  de  l'anale,  sur- 
tout à  son  bord  antérieur,  sont  plus  allongés  et  moins  serrés.  Les  plus  longs  et  les 
plus  distans  sont  ceux  du  milieu  de  la  caudale;  aux  bords  supérieur  et  inférieur  de 
cette  nageoire,  il  y  a  des  fulcres  allongés  et  peu  serrés;  on  en  voit  de  semblables  en 
avant  de  la  dorsale  et  de  l'anale.  Les  ventrales  sont  très-petites,  à  rayons  fort  grêles, 
et  opposées  au  bord  antérieur  de  la  dorsale.  Les  pectorales  sont  .entièrement  enlevées. 

Les  écailles  de  la  partie  supérieure  du  corps  sont  beaucoup  plus  petites  que  celles 
des  flancs;  elles  sont  équilatéraleset  romboïdales;  il  y  en  a  de  semblables  sur  le  pédi- 
cule de  la  queue,  qui  sont  ti'ès-uniformes.  Celles  qui  bordent  les  nageoires,  surtout 
le  long  de  l'insertion  de  la  caudale,  sont  les  plus  petites  de  toutes,  et  un  peu  plus  al- 
longées que  celles  qui  sont  plus  avancées  sur  le  tronc.  Celles  qui  recouvrent  les  parois 
abdominales  sont  les  plus  grandes;  elles  sont  plus  hautes  que  longues.  Les  bords  de 
toutes  ces  écailles  sont  droits,  sans  dentelure;  leur  onglet  articulaire  est  allongé  et 
pointu;  leur  surface  extérieure  est  entièrement  lisse,  excepté  vers  la  base  de  l'émail  à 
son  bord  antérieur ,  où  l'on  remarque  des  points  saillans  disposés  en  séries  comme  les 
grains  d'un  chapelet  (fig.  3  et  4)  ?  mais  qui  manquent  aux  écailles  du  pédicule  de  la 
queue  (fig.  5.)  Le  centre  des  écailles  est  légèrement  déprimé.  La  ligne  latérale  va  di- 
rectement de  l'angle  supérieur  de  l'opercule  au  milieu  du  pédicule  de  la  queue. 


—    213    — 

On  ne  volt  de  la  têle  que  la  partie  postérieure  du  crâne  et  une  partie  des  pièces 
operculaireSj  trop  brisées  pour  que  leur  forme  puisse  être  décrite. 

XIV.  Tetragonolepis  angulifer  Agass. 

I 

Vol.  2.  Tab.  23. 

Je  ne  connais  encore  qu'un  seul  exemplaire  de  cette  espèce,  appartenantà  M.  Greaves, 
et  qui  est  exposé  dans  le  Musée  de  M.  Weaver  à  Birmingbam.  C'est  le  plus  beau  de 
tous  les  poissons  fossiles  que  j'aie  jamais  vus*,  aussi  n'ai-je  pu  résister  à  la  tentation  de 
le  faire  figurer  en  grandeur  naturelle  dans  toute  sa  magnificence.  Il  provient  du  Lias 
de  Stratford  sur  l'Avon. 

Il  est  peu  d'espèces  du  genre  Tetragonolepis j  qu'il  soit  aussi  facile  de  caractériser 
que  celle-ci,  ses  écailles  étant  ornées  de  stries  disposées  de  manière  à  former  un 
triangle  dont  le  sommet  est  dirigé  vers  le  milieu  de  leur  bord  antérieur,  et  dont  la  base 
occupe  leur  bord  postérieur  (fig.  3).  Les  écailles  des  côtés  de  la  nuque  ont  une  grosse 
granulation  arrondie  qui  cacbe  de  plus  en  plus  ces  triangles,  jusqu'au  bord  du  dos,  oii, 
devenant  plus  nombreux,  les  grains  recouvrent  toute  leur  surface  (fig.  2).  La  ligne 
latérale,  partant  de  l'angle  supérieur  de  l'opercule,  est  légèrement  courbée  vers  le 
dos  dans  sa  partie  antérieure,  puis  redescend  vers  le  milieu  du  corps,  et  se  termine 
ensuite  en  ligne  droite  sur  le  milieu  du  pédicule  de  la  queue.  Les  écailles  supérieures 
à  la  ligne  latérale  et  celles  des  côtés  de  la  queue  sont  sensiblement  plus  petites  que 
celles  des  parois  abdominales,  qui  sont  les  plus  grandes,  et  en  même  temps  presque 
aussi  longues  que  hautes  ;  tandis  que  dans  la  plupart  des  autres  espèces  elles  sont  beau- 
coup plus  hautes  que  longues.  Au  bord  inférieur  du  ventre,  surtout  entre  l'anale  et 
les  ventrales  et  en  dessous  de  l'insertion  des  pectorales,  elles  sont  aussi  petites,  mais 
plus  longues  que  hautes. 

La  dorsale  commence  au  milieu  du  dos  et  se  termine  à  une  distance  de  l'insertion 
des  rayons  de  la  caudale,  égalant  la  largeur  du  pédicule.  L'anale,  de  moitié  plus 
courte,  se  termine  à  la  même  hauteur;  les  rayons  de  cette  nageoire  sont  plus  allongés 
et  un  peu  plus  gros  que  ceux  de  la  dorsale,  bifurques  à  plusieurs  reprises  jusque  vers 
leur  base,  et  aiticulés  transversalement  de  très-près.  Le  long  de  son  bord  antérieur 
il  y  a  des  fulcres  très-serrés.  L'extrémité  des  rayons  de  la  partie  antérieure  de  la  dor- 
sale ayant  disparu,  il  n'est  pas  possible  de  savoir  si  son  bord  antérieur  n'était  pas  plus 
élevé  que  sa  partie  moyenne,  comme  cela  paraît  probable,  puisqu'il  en  est  ainsi  de 
l'anale.  Ce  qu'il  y  a  de  certain,  c'est  que  la  dorsale  commence  par  plusieurs  très-pe- 


.     —    214    — 

tits  rayons,"  qui  s'allongent  insensiblement;  tous  les  autres  sont  profondément  bifur- 
ques à  plusieurs  reprises,  et  leurs  articulations  transversales  sont  très-rapprocliées. 
Les  rayons  de  la  caudale  sont  très-gros  et  très-larges,  surtout  à  leur  extrémité,  fré- 
quemment bifurques,  et  divisés  par  des  articulations  transversales  très-serrées.  Les 
fulcres  du  bord  supérieur  dé  cette  nageoire  sont  moins  serrés  et  surtout  plus  allongés 
que  ceux  de  son  bord  inférieur.  Les  ventrales  sont  placées  plus  en  avant  que  le  bord 
antérieur  de  la  dorsale;  leurs  rayons  sont  aussi  gros  que  ceux  de  l'anale;  au  bord  an- 
térieur du  premier  il  y  a  des  fulcres  très-serrés.  Les  pectorales  ont  entièrement  dis- 
paru; leur  point  d'insertion  est  à  la  hauteur  de  l'articulation  de  la  mâchoire  infé- 
rieure. 

La  tête  est  proportionnellement  petite  et  très-obtuse  ;  les  mâchoires,  seulement, 
forment  une  légère  saillie  ;  on  voit  à  leur  bord  une  rangée  de  dents  coniques  et  obtuses. 
La  mâchoire  inférieure  est  très-courte  et  proportionnellement  très-large  ;  au  dessous 
l'on  voit  un  large  écusson  impair,  semblable  à  celui  que  j'ai  observé  chez  les  Dapedius 
en  avant  des  rayons  branchiostègues.  Ceux-ci,  dans  notre  poisson,  sont  très-larges, 
mais  en  partie  enlevés.  Les  pièces  operculaires  sont  proportionnellement  ti-ès-petites, 
l'opercule  surtout.  L'orbite  est  grande  ;  elle  est  placée  immédiatement  au  dessus  et  en 
arrière  de  la  symphyse  des  mâchoires.  Tous  ceux  des  os  de  la  tête  dont  la  face  exté- 
rieure est  visible  sont  ornés  d'une  granulation  semblable  à  celle  des  écailles  de  la 
nuque. 

D'après  un  dessin  réduit  qui  m'avait  été  envoyé  par  M.  le  D"^  Traill,  en  i83o,  j'a- 
vais inséré  cette  espèce  sous  le  nom  de  T.  Traillii  dans  le  tableau  synoptique  qui  se 
trouve  en  tête  de  ce  volume,  à  la  page  7.  Ce  n'est  qu'après  avoir  fait  graver  la  planche 
que  j'en  ai  publiée  dans  la  S"  livraison  sous  le  nom  de  T.  anguliferj  que  j'ai  reconnu 
l'identité  des  deux  dessins.  Ce  dernier  nom  exprimant  un  des  caractères  essentiels  de 
l'espèce,  me  paraît  devoir  être  conservé,  d'autant  plus  que  M.  Traill  a  des  titres  plus 
valables  à  la  reconnaissance  des  savans. 

XV.  Tetragonolepis  Magneville  Agass. 

Vol.  2,  Tab.  24. 

Espèce  très-caractéristique  par  sa  grande  largeur,  par  la  petitesse  de  sa  tête,  par 
la  ténuité  du  pédicule  de  la  queue,  par  l'extension  de  la  dorsale  et  de  l'anale,  et  par 
la  granulation  des  écailles.  Ce  poisson  a  été  découvert  par  M.  de  Magneville  dans 
rOolithe  inférieure  des  environs  de  Caen.  Je  n'en  connais  encore  que  ce  seul  exem- 
plaire, qui  se  trouve  au  Musée  de  Caen. 


—    215    — 

Les  caractères  qui  distinguent  cette  espèce  sont  si  tranchés,  qu'il  est  impossible  de 
la  confondre  avec  aucune  des  espèces  précédentes.  La  tête  est  proportionnellement 
petite;  les  mâchoires  seules,  qui  forment  une  saillie  arrondie,  sont  aussi  grandes  que 
dans  les  autres  espèces.  En  dessous  de  la  mâchoire  inférieure  l'on  remarque  l'em- 
preinte d'un  écusson  impair,  moins  grand  que  dans  le  T.  angidifer.  En  arrière  on  voit 
"7  rayons  branchiostègues,  dont  les  antérieurs  sont  plus  courts  et  plus  larges  que  les 
suivans  qui  vont  en  s'allongeant  insensiblement.  Les  pièces  operculaires  sont  petites. 
Les  plaques  buccales  et  les  sous-orbitaires  ont  dû  être  beaucoup  plus  petits  que  dans 
les  autres  espèces;  car  l'orbite  occupe  presque  tout  l'espace  entre  les  mâchoires  et  les 
pièces  operculaires.  C'est  le  crâne  qui  est  la  moins  développée  des  régions  de  la  tête. 
Tous  les  os  de  la  tête  ont  leur  surface  couverte  de  points  saillans.  Ceux  de  la  cein- 
ture thoracique  s'aperçoivent  comme  une  lisière  étroite  en  arrière  de  la  tête. 

La  forme  et  la  grandeur  des  écailles  varie  extrêmement  suivant  leur  position.  Celles 
qui  recouvrent  les  parois  de  la  cavité  abdominale  sont  les  plus  grandes,  et  en  même 
temps  beaucoup  plus  hautes  que  longues;  celles  de  la  nuque  et  des  côtés  de  la  queue 
deviennent  insensiblement  plus  petites,  et  sont  à-peu-près  équilatérales.  Sur  le  pédi- 
cule de  la  queue,  elles  sont  beaucoup  plus  petites  encore  que  dans  le  voisinage  de  la 
dorsale  et  de  l'anale.  Le  long  de  l'insertion  de  ces  deux  nageoires,  il  y  a  une  série  de 
petites  écailles  oblongues,  qui  suivent  la  direction  des  rayons  et  qui  ont  dû  former  une 
espèce  de  gaîne  autour  de  leur  base.  La  ligne  latérale,  légèrement  arquée  vers  le  dos, 
s'étend  presque  directement  de  l'angle  supérieur  de  l'opercule  au  milieu  delà  caudale. 
Toutes  les  écailles  ont  leur  surface  ornée  de  petits  points  saillans,  ou  de  petits  tuber- 
cules en  forme  de  piquans. 

La  nageoire  dorsale  commence  un  peu  en  avant  du  milieu  du  dos,  qui  est  fortement 
voûté,  et  s'étend  jusque  près  des  fulcres  qui  bordent  le  lobe  supérieur  de  la  caudale. 
Ses  rayons  sont  si  profondément  bifurques,  qu'ils  se  sont  divisés  en  filets  parallèles, 
sur  lesquels  on  aperçoit  des  articulations  transversales  très-rapprochées.  L'anale 
s'étend  encore  plus  en  arrière  que  la  dorsale,  et  jusque  vers  la  base  de  la  caudale; 
mais  son  extrémité  antérieure  a  été  enlevée  avec  le  bord  inférieur  du  ventre.  Cepen- 
dant, d'après  ce  qu'il  en  reste,  il  est  évident  que  cette  nageoire  était  très-longue. 
Sa  base  est  droite,  tandis  que  la  partie  correspondante  de  la  dorsale  forme  un  arc. 
Ses  rayons  sont  décomposés  en  filets,  comme  ceux  de  la  dorsale;  la  base  des  premiers, 
qui  sont  mieux  conservés,  indique  qu'ils  étaient  assez  larges,  et  qu'ils  avaient  des 
articulations  transversales  très-rapprochées.  Les  rayons  de  la  caudale  sont  moins 
larges  à  leur  base;  mais  ils  vont  en  se  dilatant  à  leur  extrémité,  à  mesure  qu'ils  se 
subdivisent  en  un  plus  grand  nombre  de  filets.  Leurs  articulations  transversales  sont 
assez  rapprochées  pour  que  les  articles  ne  soient  pas  plus  longs  que  larges.  Le  long 


—    216    — . 

du  bord  supérieur  de  cette  nageoire,  il  y  a  de  grands  fulcres  allongés-,  ceux  de  sou 
bord  inférieur  sont  plus  petits.  Les  ventrales  ont  été  enlevées  avec  la  partie  inférieure 
du  ventre.  Il  n'est  non  plus  i^esté  aucune  trace  des  pectorales,  qui  paraissent  cepen- 
dant avoir  occupé  une  dépression  qui  se  voit  à  la  hauteur  du  bord  de  la  mâchoire  in- 
férieure. 

XVI.  Tetragonolepis  mastodonteus  Agass. 

Vol.  2.  Tab.  23e^fig.  3,  4  et  5. 

Je  ne  connais  encore  de  cette  espèce  que  la  branche  gauche  d'une  mâchoire  infé- 
rieure qui  se  trouve  dans  la  collection  de  M.  Cumberland  à  Bristol;  ce  n'est  même 
qu'un  os  dentaire,  les  pièces  articulaires  étant  détruites.  Ce  fossile  provient  des  Weal- 
den,  et  a  été  trouvé  à  Hastings;  il  y  a  dans  les  Transactions  de  la  Société  Géologique 
de  Londres  (2''  Série,  Yol.  2.  Tab.  VI)  une  figure  faite  d'après  ce  même  exemplaire. 
Si  la  mienne  en  diffère  considérablement,  c'est  qu'avant  de  la  faire  dessiner  j'ai  mis 
à  nu  plusieurs  dents  qui  étaient  complètement  cachées  dans  la  roche. 

La  forme  de  l'os  dentaire  et  celle  des  dents  caractérisent  aisément  cette  espèce.  L'os 
est  étroit,  échancré  vers  son  milieu  -,  sa  face  externe  est  marquée  de  deux  séries  de  pores 
muqueux,  dont  l'inférieure  est  pai'allèle  à  la  courbure  de  l'os;  tandis  que  la  supérieure, 
d'abord  parallèle  à  l'insertion  des  dents,  se  courbe  ensuite  à  la  partie  postérieure  de 
l'os,  dans  la  même  direction  que  la  série  inférieure.  Les  dents  font  corps  par  leur  base 
avec  la  mâchoire,  en  même  temps  que  leur  intérieur  est  creux;  et  c'est-là  ce  qui  dis- 
tingue ces  dents  de  Ganoïdes,  et  surtout  celles  des  Lepidotus ,  des  dents  de  Labres  et 
de  Spares  auxquelles  on  a  voulu  les  comparer. 

Les  dents  de  cette  espèce  se  distinguent  facilement  à  ce  que  leur  partie  inférieure 
est  un  peu  rétrécie,  et  leur  extrémité  renflée  et  arrondie,  et  surmontée  d'une  pointe 
d'émail  conique  (fig.  4-) 

J'ai  vu  dans  la  collection  de  M.  Mantell,  à  Brighton,  une  plaque  osseuse  provenant 
également  des  Wealden ,  dont  la  surface  est  hérissée  de  tubercules  sinueux ,  et  qui  me 
paraît  être  une  plaque  buccale  d  un  Tetragonolepis.  Elle  pourrait  bien  avoir  appartenu 
à  l'espèce  dont  il  s'agit  ici.  En  attendant  que  l'on  possède  sur  ces  fossiles  des  ren- 
seignemens  plus  précis,  j'ai  jugé  convenable  de  la  faire  figurer  aussi  dans  cette  pi.  23"; 
c'est  l'original  de  lafig.  5. 


—    217    — 

Dans  son  ouvrage  sur  les  plantes  et  les  poissons  fossiles  des  environs  de  Cobourg, 
M.  le  D'  Berger  indique  un  poisson  du  Muschelkalk  qni  se  trouve  au  Musée  de  Co- 
bourg, et  qui,  d'après  le  peu  qu'en  dit  M.  Berger,  me  paraît  ne  pouvoir  appartenir 
qu'au  genre  Tetragonolepis  ou  aux  genres  Platjsomus  ou  Gjrolepis.  Yu  le  très-petit 
nombre  de  poissons  entiers  que  l'on  possède  du  Muschelkalk,  il  serait  bien  précieux 
d'avoir  une  description  détaillée  et  une  figure  exacte  de  celui  de  Cobourg. 


Avant  de  terminer  ce  chapitre,  je  dois  encore  ajouter  ici  la  description  d'une  es- 
pèce de  Dapediiis  découverte  depuis  que  j'ai  publié  les  détails  relatifs  à  ce  genre,  ainsi 
que  quelques  nouveaux  renseignemens  sur  le  D.  Colei,  qui  a  été  décrit  à  la  page  iqS 
de  ce  volume. 

Outre  ce  premier  exemplaire  de  D.  Colei,  j'en  ai  vu  un  autre  très-complet  au  Mu- 
sée Britannique  à  Londres,  que  j'ai  fait  figurer  Tab.  iSc,  et  d'après  lequel  je  puis 
compléter  ma  description  de  cette  espèce  en  ce  qui  concerne  sa  forme  générale  et  ses 
nageoires,  qui  sont  complètement  enlevées  dans  l'exemplaire  de  Lord  Cole. 

Ce  poisson  est  très-large;  le  bord  inférieur  de  son  corps  est  très-arrondi,  et  pré- 
sente une  courbure  vuiiforme;  le  dos  est  également  très-voûté,  surtout  en  avant  de  la 
dorsale,  tandis  que,  le  long  de  cette  nageoire,  il  est  presque  en  ligne  droite.  La  tête  et 
la  ceintui'e  thoracique  se  voient  par  la  face  interne  des  os  du  côté  gauche,  mais  la  pec- 
torale visible  est  celle  du  côté  droit.  Sur  le  milieu  de  la  tête,  entre  la  ceinture  thora- 
ciqne  et  l'orbite,  on  voit  des  fragmens  de  quatre  arcs  branchiaux  auxquels  les  peignes 
des  branchies  sont  encore  attachés.  Du  reste  les  os  du  crâne  sont  très-mal  conservés 
dans  cet  exemplaire.  Les  pectorales  paraissent  avoir  été  très-grandes,  à  en  juger  du 
moins  par  la  largeur  de  leur  base.  Les  ventrales  sont  insérées  vis-à-vis  du  bord  anté- 
rieur de  la  dorsale;  leurs  rayons  sont  aussi  longs  que  les  plus  longs  de  cette  nageoire. 
L'anale  se  termine  en  arrière  vis-à-vis  de  la  dorsale;  mais  son  bord  antérieur  ne  s'é- 
tendait certainement  pas  aussi  en  avant,  quoiqu'il  ne  soit  guère  possible  de  détermi- 
ner rigoureusement  la  longueur  de  cette  nageoire,  vu  que  sa  partie  antéi'ieure  est 
enlevée.  Il  y  a  cependant  au  milieu  de  l'espace  compris  entre  les  ventrales  et  l'extré- 
mité postérieure  de  l'anale,  une  saillie  qui  ne  peut  être  attribuée  qu'au  premier  inteia- 
pophysaire  inférieur,  et  qui  doit  indiquer  la  place  où  commençait  l'anale.  Ses  rayons 
sont  assez  gros,  bifurques  profondément  et  à  plusieurs  reprises,  et  articulés  de  très- 
près.  La  dorsale  commence  un  peu  en  avant  du  milieu  du  dos;  ses  rayons  sont  sem- 
blables à  ceux  de  l'anale.  A  son  bord  antérieur  il  y  a  de  très-gros  fulcres,  qui  vont 
en  diminuant  de  grandeur  jusqu'à  l'extrémité  du  premier  rayon.  La  caudale  est  légè- 
rement échancrée  en  forme  de  croissant;  ses  rayons  sont  très-subdivisés  à  leur  extré- 

ToM.  IL  .29 


—    218     — 

mité,  et  articulés  de  près  jusque  vers  leur  base;  le  long  de  ses  bords  il  y  a  des  fulcres 
courts  et  épais,  qui  deviennent  de  plus  en  plus  petits  vers  l'extrémité  de  ses  lobes. 
Une  particularité  assez  remarquable  que  présente  cette  espèce,  c'est  que  les  écailles 
du  pédicule  de  la  queue  s'étendent  le  long  du  bord  supérieur  de  la  caudale,  et  re- 
couvrent en  partie  ses  grands  rayons  extérieurs.  Ces  écailles  sont  beaucoup  plus  pe- 
tites que  toutes  les  autres,  et  ont  une  forme  lancéolée. 

Il  y  a  sur  le  bord  antérieur  des  écailles  nuchales  quelques  points  d'une  fine  granu- 
lation, de  même  que  sur  quelques-unes  des  écailles  du  bord  du  ventre.  Du  reste,  elles 
sont  toutes  parfaitement  lisses.  On  voit  distinctement  à  leur  surface  les  bords  des 
lames  d'accroissement.  Les  bords  supérieur  et  inférieur  des  grandes  écailles  des  flancs 
sont  droits;  ceux  des  écailles  de  la  région  supérieure  du  tronc  sont  évasés. 

Ce  bel  exemplaire  a  été  trouvé  à  Lyme  Régis,  comme  le  premier. 

'  Dapedics  Orbis  Agass. 

Vol.  2.  Tab.  i^d. 

Cette  espèce  se  trouve  fréquemment  en  Angleterre,  dans  certaines  couclies  du  Lias, 
surtout  à  Barrow  sur  la  Soar,  d'oîi  proviennent  la  plupart  des  exemplaires  que  j'ai 
examinés:  il  paraît  même  que  c'est  la  plus  commune  du  genre;  c'est  du  moins  celle 
dont  on  a  trouvé  jusqu'ici  le  plus  grand  nombre  d'exemplaires.  J'en  ai  vu  plusieurs 
doubles  plaques  très-bien  conservées  dans  la  collection  de  M.  le  Prof.  Sedgwick;  au 
Musée  Britannique  il  y  en  a  aussi  plusieurs,  dans  l'un  desquels  les  dents  sont  très- 
distinctes.  L'un  des  exemplaires  du  Musée  d'York  qui  m'ont  été  communiqués  par 
M.  le  prof.  Pbilipps,  est  le  plus  grand  de  tous  ceux  que  j'ai  vus;  il  a  environ  i6  pouces 
de  longueur,  sur  lo  de  largeur.  A  Scarborougb,  j'en  ai  vu  un  exemplaire  au  Musée, 
et  un  autre,  qui  est  l'original  de  ma  figure,  dans  la  collection  de  M.  le  D'  Murray. 
Tous  ces  exemplaires  sont  contenus  dans  des  géodes  de  calcaire  marneux,  et  pro- 
viennent de  Barrow.  Cependant  on  en  a  trouvé  aussi  ailleurs.  Le  Rév.  M.  Williams  en 
a  exposé  à  Dublin,  à  la  Section  de  Géologie  de  l'Association  britannique  pour  l'avan- 
cement des  sciences,  deux  très-beaux  exemplaires  provenant  des  scbistes  du  Lias  de 
AVbitby. 

La  forme  de  ce  poisson  est  très-caractéristique,  presque  circulaire,  si  l'on  fait  abs- 
traction de  la  queue,  qui  manque  d'ailleurs  dans  l'original  de  ma  figure.  Le  ventre  et 
le  dos  sont  également  voûtés.  La  tête  est  petite,  proportionnellement,  à  peine  aussi 
haute  que  longue,  la  partie  supérieure  du  crâne  et  la  crête  occipitale  surtout  étant  peu 
développées;  ensorte  que  les  écailles  de  la  nuque  s'étendent  jusqu'au  dessus  de  l'or- 
bite, qui  est  passablement  grande.  Les  pièces  operculaires,  le  subopercule  et  l'intero- 


-^    219     — 

percule  surtout,  sont  plus  développés  que  dans  les  autres  Dapediu s.  Les  rayons  bran- 
chiostègues  sont  très-gros;  on  distingue  entr'eux  et  la  mâchoire  inférieure  un  large 
écusson  impair.  Cette  mâchoire  est  très-large  ;  les  dents  cpie  l'on  voit  à  son  bord  sont, 
comme  celles  de  la  mâchoire  supérieure ,  fortement  dilatées  et  comprimées  d'avant  en 
arrière  à  leur  sommet,  en  forme  de  ciseau  à  tranchant  échancré.  La  surface  de  tous  les 
os  de  la  tête  est  ornée  d'une  granulation  en  forme  de  petits  points  saillans.  On  re- 
marque une  semblable  granulation  sur  les  écailles  de  la  nuque  (fig.  4).  Les  écailles 
des  flancs j  qui  sont  beaucoup  plus  grandes  que  celles  du  dos  et  de  la  queue,  et  en 
même  temps  plus  hautes  que  longues,  ont  leur  surface  très-finement  striée,  avec  quel- 
ques points  creux.  Ces  deux  derniers  caractères  ne  se  trouvent  pas  exprimés  dans  la 
fig.  2,  qui  a  été  dessinée  d'après  un  exemplaire  dont  les  écailles  avaient  perdu  leur 
émail,  avant  que  j'en  eusse  vu  de  complètes.  L'onglet  articulaire  est  très-fort,  et  la 
fossette  correspondante  très-profonde.  Toutes  les  écailles  sont  très-épaisses  5  celles  de 
la  queue  j  fig.  3,  sont  équilatérales  et  complètement  lisses. 

La  dorsale  commence  au  milieu  du  dos,  et  se  termine  à  une  distance  de  la  caudale 
égalant  la  moitié  de  la  largeur  du  pédicule,  qui  est  beaucoup  moins  étroit  que  dans  la 
plupart  des  autres  espèces  de  Dapedius.  Les  rayons  de  cette  nageoire  sont  très-gros, 
bifurques  seulement  dans  la  moitié  de  leur  longueur,  avec  des  articulations  transver- 
sales très-serrées  jusque  près  de  leur  base;  ils  ne  sont  pas  eux-mêmes  très-rapprochés 
les  uns  des  autres.  Au  bord  antérieur  de  la  nageoire  il  y  a  de  très-gros  fulcres,  et  sur 
les  côtés  de  sa  base,  des  écailles  beaucoup  plus  petites  que  celles  du  milieu  du  tronc, 
et  qui  forment  une  espèce  de  gaîne  autour  des  rayons.  L'anale,  beaucoup  plus  courte 
que  la  dorsale,  finit  en  arrière  à  la  même  hauteur,  mais  s'étend  moins  en  avant;  ses 
rayons  sont  également  peu  nombreux,  plats,  larges,  très-bifurqués  à  leur  extrémité, 
avec  des  articulations  transversales  très-rapprochées.  Les  fulcres  de  son  bord  antérieur 
sont  très-serrés,  mais  un  peu  moins  gros  que  ceux  de  la  dorsale.  La  caudale  est  très- 
large,  composée  de  gros  rayons  aplatis ,  à  articulations  très-rapprochées  jusqu'à  leur 
base,  et  bifurques  à  plusieurs  reprises  à  leur  extrémité.  Les  fulcres  de  ses  bords  sont 
très-serrés,  moins  inclinés  qu'à  l'ordinaire;  ils  ne  sont  pas  fort  grands,  pas  même  ceux 
de  la  base  de  la  nageoire.  Les  ventrales  sont  placées  vis-à-vis  le  bord  antérieur  de  la 
dorsale;  leurs  rayons  sont  très-bifurqués,  et  les  fulcres  de  leurs  bords  très-serrés. 
Les  pectorales  sont  insérées  à  la  hauteur  de  l'écusson  qui  se  trouve  en  avant  des  rayons 
branchiostègues. 

Cette  espèce  est  la  plus  grande  du  genre  ;  elle  n'a  point  encore  été  découverte  sur 
le  Continent. 


—     220     — 


CHAPITRE  XI. 


DU  GENRE  AlVIBLYURUS. 


Ce  nouveau  genre,  qui  n'est  point  indiqué  dans  le  Tableau  synoptique  de  la  fa- 
mille des  Lépidoïdes,  à  laquelle  il  appartient,  doit  être  placé  immédiatement  après 
les  Tetragonolepis ,  avec  lesquels  il  a  beaucoup  de  rapports;  cependant  il  en  diffère 
suffisamment  pour  constituer  une  coupe  distincte,  intermédiaire  entre  eux  et  les  Se- 
niionotus.  Par  la  forme  de  la  tête  et  de  la  caudale  il  se  rapproche  des  Tetragonolepisj 
tandis  que  les  autres  nageoires,  la  forme  des  mâchori-es  et  la  dentition  le  rapprochent 
davantage  des  S emionotus.  Ses  caractères  principaux  sont  :  vme  longue  dorsale,  qui 
commence  vis-à-vis  des  ventrales  ;  une  petite  anale  étroite,  et  une  large  caudale  tron- 
quée. Le  corps  est  large  et  aplati,  la  gueule  très-fendue,  armée  de  petites  dents  poin- 
tues 5  les  mâchoires  sont  étroites.  Je  n'en  connais  encore  qu'une  seule  espèce. 


Amblyurus  macrostomus  AgasSk 


Vol.  2.  Tab.  25e. 


Tous  les  exemplaires  que  j'ai  vus  de  cette  espèce  proviennent  du  Lias  de  Lyme 
Régis,  et  se  trouvent  dans  la  collection  de  Miss  Philpot. 

Ils  donnent  à  peine  une  juste  idée  des  formes  de  ce  poisson.  Le  corps  est  beaucoup 
plus  large  qu'il  ne  paraît,  la  partie  inférieure  du  ventre  étant  repliée  sur  les  flancs. 
Le  pédicule  de  la  queue  est  proportionnellement  gros ,  et  se  termine  par  une  caudale 
de  grandeur  considéi'able ,  et  dont  les  rayons  sont  moins  bifurques  et  moins  articulés 
que  dans  les  Tetragonolepis .  L'anale  est  étroite  et  petite,  et  diffère  ainsi  notablement 
de  celle  des  Tetragonolepis-  Cependant  la  dorsale  paraît  être  assez  étendue.  Les  ven- 
trales et  les  pectorales  ont  des  rayons  grêles.  Les  os  de  la  tête  sont  granulés,  comme 
ceux  du  Dapedius  granulatus.  Par  l'aspect  de  quelques  parties  des  os  j'ai  pu  m'assurer 
qu'une  tête,  qui  se  trouve  aussi  chez  Miss  Philpot,  appartient  à  ce  genre,  malgré 
quelque  ressemblance  avec  les  EiignatJms.  Je  l'ai  fait  représenter  dans  la  fig.  3.  La 
gueule  est  proportionnellement  très-grande  5  le  bord  des  mâchoires  est  armé  de  dents 
beaucoup  plus  grêles  et  plus  allongées  que  celles  des  Tetragonolepis,  au  moins  à  la 
mâchoire  supérieure  j  celles  de  la  mâchoire  inférieure  sont  en  cônes  plus  courts.  Ce 


—     221     — 

qui  distingue  encore  ce  genre  des  Tetra gonol epîs j  et  le  rapproche  des  SemionotuSj 
c'est  que  les  os  maxillaires  sont  très-étroits  et  considérablement  allongés.  Il  y  a 
aussi  une  différence  notable  dans  la  disposition  des  rayons  branchiostègues,  dont 
le  premier  est  large  et  plat,  il  est  vrai,  mais  placé  horizontalement  entre  les  deux 
branches  de  la  mâchoire  inférieure  5  tandis  que  les  suivans  sont  courts  et  très-étroits. 
(  fig.  I.  )  Les  os  du  crâne  et  les  pièces  operculaires  sont  finement  striés  en  lignes 
ondulées,  et  ornés  d'une  grosse  granulation  distante,  comme  dans  le  Dapedius  gra~ 
nulatus  ;  au  bord  postérieur  de  l'opercule,  les  stries  deviennent  rayonnantes  et  plus 
distinctes. 

L'individu,  dont  on  voit  une  partie  de  la  tête  (fig.  i  ),  donne  aussi  à-peu-près  une 
juste  idée  de  la  forme  du  corps  ;  seulement  il  paraît  un  peu  trop  étroit,  parce  que  le 
milieu  du  dos  est  déprimé.  On  y  voit  quelques-unes  des  apophyses  épineuses  dorsales 
de  la  colonne  vertébrale,  qui  sont  grêles  et  légèrement  courbées  en  S.  La  dorsale  pa- 
l'aît  s'étendre  environ  depuis  le  milieu  du  dos  jusqu'en  avant  de  l'anale.  Ses  rayons, 
ainsi  que  ceux  de  l'anale,  sont  peu  fourchus,  proportionnellement  faibles  et  articu- 
lés de  manière  que  les  articles  sont  plus  longs  que  larges.  Il  en  est  de  même  des  pec-» 
torales  et  des  ventrales,  dont  les  rayons  sont  très-peu  divisés.  Au  bord  extérieur  de 
ces  dernières  il  y  a  quelques  fulcres  grêles  et  distans.  La  caudale  est  très-caractéris- 
tique (fig.  2);  ses  rayons  sont  beaucoup  moins  profondément  et  moins  souvent  bi- 
furques que  ceux  des  Dapedius  et  des  Tetragonolepis  ;  leurs  articulations  transver- 
sales sont  aussi  moins  rapprochées,  en  sorte  que  les  articles  de  chaque  rayon  sont  plus 
longs  que  larges.  Leur  tiers  ou  leur  quart  inférieur  est  ^simple;  le  bord  postérieur  de 
la  nageoire  est  tronqué  et  légèrement  arrondi  au  milieu.  Le  bord  inférieur  est  garni  de 
fulcres  assez  grands,  proportionnellement  aux  rayons,  mais  grêles.  Au  bord  supérieur 
il  y  a,  comme  dans  le  Dapedius  Coleij  une  série  d'écaillés  étroites  en  dessous  des 
fulcres  jusque  vers  la  moitié  de  la  longueur  du  plus  grand  rayon. 

Les  écailles  qui  recouvrent  tout  le  corps  sont  proportionnellement  assez  grandes, 
celles  des  flancs  et  du  ventre  surtout  (fig.  4)5  qui  le  sont  beaucoup  plus  que  celles 
qui  recouvrent  le  pédicule  de  la  queue  (fig.  5).  La  surface  et  les  bords  de  ces  écailles 
sont  lisses,  et  les  bords  droits  ;  celles  de  la  nuque  seulement  ont  quelques  points  sail- 
lans  en  forme  de  granulation  très-rare.  Sur  les  écailles  des  flancs,  en  revanche,  on 
remarque  par-ci  par-là  quelques  points  creux,  et  dans  l'émail  quelques  traces  de  stries 
d'accroissement ,  ainsi  que  de  très-petites  rides  irrégulières ,  quelquefois  rayonnantes, 
vers  les  bords  des  écailles  5  les  petites  écailles  du  pédicule  de  la  queue  sont  seules  par- 
faitement lisses.  Les  onglets  et  les  fossettes  articulaires  paraissent  fort  peu  dévelop- 
pées 5  du  moins  il  m'a  été  impossible  de  les  découvrir.  En  avant  de  l'anale  il  y  a  quel- 
ques grandes  écailles,  en  forme  de  quille.  Celles  des  côtés  de  l'abdomen  sont  les  plu^ 
grandes  de  toutes,  et  celles  qui  bordent  l'insertion  des  nageoires,  les  plus  petites. 


—    222    -. 
CHAPITRE    XII. 

DU    GENRE  SEMIONOTUS. 


Les  poissons  de  ce  genre  sont  caractérisés  par  des  formes  élégantes,  intermé- 
diaires entre  les  Tetragonolepis  et  les  Lepidotus  ;  c'est-à-dire  que  leur  corps  est  moins 
large  que  celui  des  Tetragonolepis j  et  cependant  généralement  moins  svelte  que  ce- 
lui des  Lepidotus j  qui  atteignent  ordinairement  de  plus  grandes  dimensions.  Leur 
tête  est  allongée;  les  mâchoires  sont  étroites,  beaucoup  plus  longues  que  hautes,  et 
armées  de  dents  en  brosse  plus  ou  moins  fines.  Par  la  dentition  et  par  la  forme  des 
mâchoires,  ils  diffèrent  considérablement  des  Lepidotus  et  des  Tetragonolepis .  La 
dorsale  est  longue  ;  elle  commence  environ  vis-à-vis  des  ventrales,  et  se  prolonge  jus- 
que vis-à-vis  de  l'anale.  Les  pectorales  sont  de  moyenne  grandeur,  les  ventrales  pe- 
tites, l'anale  étroite  ;  les  rayons  antérieurs  de  celles-ci  sont  beaucoup  plus  longs  que 
les  suivans,  comme  à  la  dorsale.  La  caudale  est  fourchue,  et  son  lobe  supérieur  un  peu 
plus  allongé  que  l'inférieur  ;  cependant  le  pédicule  de  la  queue  se  prolonge  oblique- 
ment au-delà  de  l'insertion  des  premiers  rayons,  et  les  écailles  recouvrent  en  partie 
la  base  des  rayons  externes  du  lobe  supérieur  ;  ce  qui  donne  à  cette  nageoire  quelque 
ressemblance  avec  la  caudale  des  Hétérocerques.  Mais  ici  les  rayons  externes  du  lobe 
supérieur  ne  vont  point  en  diminuant  graduellement  jusqu'à  l'extrémité  de  la  na- 
geoire, comme,  par  exemple,  dans  les  Paléonisques  ;  mais  leur  raccourcissement  ap- 
parent et  partiel  n'est  dû  qu'à  la  position  oblique  des  écailles  de  l'extrémité  de  la  queue 
et  à  leur  extension  jusque  sur  la  partie  supérieure  de  la  nageoire.  H  y  a  des  fulcres 
le  long  des  rayons  antérieurs  de  chaque  nageoire. 

L'espèce  type  de  ce  genre  est  le  Semionotus  leptocephalus  j  du  Lias  de  Boll.  J'en  ai 
Vil  d'autres  provenant  du  Lias  de  Lyme  Régis,  des  schistes  bitumineux  de  Seefeld  et 
du  grès  de  Cobourg.  Le  gisement  d'une  sixième  espèce  ne  m'est  pas  connu. 

I.  Semionotus  leptocephalus  Agass. 

Yol.  2.  Tab.  26,  fig.  I. 

Je  ne  connais  encore  qu'un  seul  exemplaire  de  ce  joli  poisson  ;  il  se  trouve  dans  la 
collection  de  la  Société  d'Agriculture  du  Wurtemberg  à  Stuttgart,  et  provient  du  Lias 
de  Boll. 


—    223     — 

Cette  espèce  est  très-bien  caractérisée  par  la  forme  allongée  de  sa  tête ,  qui  diminue 
insensiblement  de  largeur  jusqu'à  son  extrémité  qui  est  pointue.  L'orbite  est  grande, 
placée  tout-à-fait  au  bord  du  crâne.  La  gueule  est  petite,  et  paraît  avoir  été  protractile. 
Les  os  des  màcboires  sont  grêles  -,  en  arrière  de  la  mâcboire  inférieure  on  voit  ? 
rayons  brancbiostègues  grêles  et  allongés.  Les  pièces  operculaires  sont  petites  j 
l'opercule  surtout  est  étroit.  Les  sous-orbitaires  sont  passablement  grands.  Les  os 
de  la  ceinture  tboracique  sont  larges ,  surtout  riiumérus  au-dessus  de  l'insertion 
des  pectorales  ;  celles-ci  se  composent  d'un  assez  grand  nombre  de  fins  rayons  ; 
j'en  compte  19  à  la  pectorale  gaucbe.  L'on  ne  voit  que  l'insertion  de  17  rayons  à 
celle  du  côté  droit.  Les  ventrales  paraissent  avoir  été  très-petites  j  leurs  rayons 
sont  en  grande  partie  détruits.  La  dorsale  est  très-élevée  à  son  bord  antérieur, 
qui  semble  avancer  au-delà  de  l'insertion  des  ventrales,  parce  que,  en  avant  de 
ses  plus  grands  rayons ,  il  y  en  a  encore  5  ou  6  petits  qui  finissent  par  se  confondre 
avec  les  grosses  écailles  impaires  du  milieu  du  dos,  accolées  à  la  base  de  la  nageoire. 
Le  nombre  des  rayons  bifurques  est  de  28  ;  ils  sont  grêles ,  fendus  à  plusieurs  re- 
prises à  leur  extrémité,  et  articulés  de  très-près  jusque  vers  leur  base.  L'anale  com- 
mence par  5  petits  rayons  qui  s'allongent  insensiblement  et  qui  se  continuent  en  fulcres 
le  long  du  plus  grand  5  les  suivans  vont  en  diminuant  successivement  de  longueur  ; 
ils  sont  au  nombre  de  1 2 ,  assez  grêles  et  fréquemment  bifurques  à  leur  extrémité. 
Lorsque  cette  nageoire  est  flécbie  en  arrière ,  son  extrémité  atteint  et  dépasse  même 
l'insertion  des  rayons  du  lobe  inférieur  de  la  caudale.  Le  tronc  est  passablement  large 
dans  sa  partie  moyenne  ;  le  dos  et  le  ventre  sont  légèrement  arqués ,  ce  qui  lui  donne 
la  forme  d'un  fuseau  rétréci  vers  la  tête  et  surtout  vers  le  pédicule  de  la  queue, 
dont  la  largeur  égale  à  peine  la  moitié  de  celle  du  milieu  du  corps.  La  caudale  n'est 
pas  très-grande ,  mais  son  lobe  supérieur  est  beaucoup  plus  développé  que  l'inférieur, 
dont  les  rayons  cependant  sont  un  peu  plus  gros.  Tout  le  long  de  son  bord  supéiieur 
les  fulcres  sont  grêles  et  longs. 

Les  écailles  sont  toutes  parfaitement  lisses,  et  leurs  bords  droits.  Celles  de  la  partie 
antérieure  des  flancs  sont  un  peu  plus  liantes  que  longues  ;  celles  des  côtés  du  dos  sont 
équilatérales  ;  sur  le  pédicule  de  la  queue  elles  sont  un  peu  plus  allongées  ;  à  son  bord 
supérieur  elles  prennent  la  forme  de  lozanges  très-allongées,  qui  s'étendent  oblique- 
ment jusqu'à  la  moitié  de  la  longueur  de  la  caudale,  en  recouvrant  la  base  des  rayons 
de  son  lobe  supérieur. 

Par  sa  forme  cette  espèce  ressemble  un  peu  au  Lepidotus  mînor. 


—     224    — 

II.  Semionotus  Bergeri  Agass. 

Vol.  2.  Tab.  26,  fig.  2  et  3. 

Palœoniscum  àrenaceum  Berger  Verstein  der  Cohurger  Gegend,  p.  18.  T.  i  ;  F.  i.  —  Semionotus 

Spixli  Agass.  Tahl.  synopt.  du  2"''  vol.  p.  8. 

Dans  le  Quadersandstein  des  environs  de  Cobourg,  on  trouve,  outre  des  plantes, 
des  poissons  fossiles  qui  ont  été  décrits  par  M.  le  D'  Bei'ger.  11  paraît  cependant  que 
l'on  ne  trouve  les  poissons  que  dans  les  couches  supérieures  de  cette  formation.  On 
en  a  découvert  dans  les  carrières  de  Seidmannsdorf,  de  Gruberstein  et  de  Neuses, 
à  un  niveau  de  1049  ^^  ^^  ^^94  pieds  au-dessus  de  la  mer.  Ces  fossiles  sont  connus 
depuis  long-temps  ;  du  moins  M.  le  D'  Hornscbuh  rapporte-t-il  dans  le  Johrhuch  de 
Léonard  (  i83o,  2""  Cah.  ),  que  l'on  trouva  il  y  a  environ  3o  ans  dans  le  grès  de  la 
carrière  de  Retscliendorf,  un  très-bel  exemplaire  d'un  poisson  semblable  au  Barbeau. 
Il  ajoute  que  les  empreintes  de  onze  poissons  de  la  grandeur  et  de  la  forme  des  Leu- 
cisques  se  voyaient  sur  une  plaque  d'un  grès  friable  provenant  de  la  carrière  de  Neuses, 
dans  le  cabinet  du  prince  héréditaire.  Cette  même  plaque  se  trouve  maintenant  dans 
la  collection  du  Gymnase  de  Cobourg.  Depuis,  M.  le  D''  Berger  en  a  encore  trouvé 
plusieurs  exemplaires,  qu'il  a  décrits  dans  son  ouvrage  sur  les  plantes  et  les  poissons 
fossiles  du  grès  des  environs  de  Cobourg. 

N'ayant  encore  eu  occasion  de  voir  moi-même  qu'un  seul  exemplaire  assez  incom^- 
plet  de  ce  poisson  qui  se  trouve  au  Musée  de  Munich,  je  crois  devoir  rapporter  d'abord 
les  intéressans  détails  donnés  par  M.  Berger,  auxquels  je  n'aurai  que  quelques  mots 
à  ajouter. 

La  ligure  que  M.  Berger  a  publiée  représente  un  exemplaire  beaucoup  plus  par- 
fait que  celui  de  ma  planche.  La  forme  du  poisson  est  ovale  ;  sa  longueur  totale  est 
de  6  pouces  3  lignes,  sa  plus  grande  largeur  à  l'insertion  des  ventrales  d'un  pouce 
10  lignes  ;  derrière  l'anale  sa  largeur  n'est  que  de  Y*  de  pouce  On  distingue  trois  na- 
geoires au  côté  abdominal,  et  seulement  une  au  côté  dorsal.  La  pectorale  est  petite, 
faible ,  et  se  trouve  placée  en  dessous  du  bord  postérieur  de  la  tête  j  cette  aageoire  étant 
très-mal  conservée,  on  ne  peut  reconnaître  ni  le  nombre  ni  la  nature  de  ses  rayons. 
La  ventrale  est  à  11  lignes  en  arrière  de  la  pectorale  ;  elle  a  5  rayons,  tous  divisés 
et  articulés.  Sa  longueur  est  de  7  7=  lignes,  et  sa  largeur  de  4  j  le  long  du  premier 
de  ses  rayons,  l'on  voit  plusieurs  petits  fulcres.  L'anale,  qui  a  6  rayons  dont  le  pre- 
mier est  long  d'un  pouce ,  présente  aussi  de  semblables  fulcres  ;  sa  distance  de  la 
ventrale  est  d'un  pouce,  et  de  la  caudale  de  6  lignes.  La  dorsale,  inclinée  oblique- 


—     225     — 

ment  en  arrière,  ne  commence  qu'à  5  lignes  en  avant  de  l'anale  \  sa  plus  grande  lon- 
gueur est  de  i4V'  lignes,  et  sa  largeur  de  i4  lignes  j  elle  a  i6  rayons,  qui  vont 
en  diminuant  de  grandeur  d'avant  en  arrière  ;  le  premier  est  garni  de  fulcres  le  long 
de  son  bord,  il  en  a  même  trois  ou  quatre  devant  lui.  La  queue  continue  d'être 
charnue  à  sa  partie  supérieure ,  comme  chez  les  Acipenser  et  VEsox  osseus.  Les 
rayons  de  la  caudale,  articulés  et  bifurques,  vont  en  s'allongeant  de  haut  en  bas,  et 
cette  nageoire  a  une  forme  passablement  tronquée.  A  son  bord  antérieur  l'on  voit 
aussi,  comme  en  avant  de  la  dorsale,  quelques  petits  fulcres j  le  plus  long  de  ses 
rayons  a  i  pouce  3  V^  lignes. 

La  tête,  dont  les  parties  ne  sont  guère  reconnaissables ,  n'est  que  médiocrement 
large  et  se  rétrécit  à  sa  partie  antérieure.  Elle  a  i6  lignes  de  largeur  à  la  région  de  l'o- 
percule. On  n'aperçoit  aucune  trace  de  dents.  Les  écailles  conservées  ici  et  là  sont  de 
forme  rhomboïdale  ;  leur  bord  supérieur  est  légèrement  concave  et  leur  bord  inférieur 
légèrement  convexe  ;  les  angles  antérieur-inférieur  et  postérieur-supérieur  sont  ar- 
rondis. Les  écailles  de  la  queue  s'allongent  davantage.  Sur  le  dos,  derrière  la  tête  et 
jusqu'à  la  dorsale,  on  en  voit  d'oblongues,  dont  la  pointe  est  tournée  en  arrière.  11 
y  a  aussi  sur  le  haut  de  la  queue  des  écailles  scutiformes,  mais  plus  étroites.  On  ne 
peut  pas  distinguer  si  parmi  les  écailles  du  ventre  il  s'en  trouve  aussi  d'oblongues. 

Il  faut  que  ce  poisson,  avant  d'être  enveloppé  dans  les  matières  qui  ont  formé  la 
roche ,  fût  déjà  en  partie  décomposé,  et  qu'il  ait  été  charrié  j  car  ses  écailles  sont  en 
partie  dérangées. 

Un  autre  exemplaire,  dont  M.  Berger  possède  les  deux  plaques,  n'a  que  4  pouces 
II  lignes  de  long,  et  i  pouce  i  V^  ligne  de  large  derrière  la  tête.  On  y  voit  un  grand 
opercule.  La  pectorale  est  plus  distincte  que  dans  le  premier  exemplaire  j  il  y  a  aussi 
des  fulcres  le  long  de  son  plus  grand  rayon.  Les  ventrales  sont  plus  en  arrière,  et 
opposées  au  bord  antérieur  de  la  dorsale.  La  caudale  est  mieux  conservée  aussi  ; 
elle  est  fourchue ,  mais  la  base  de  son  lobe  supérieur  est  oblique ,  à  cause  du  prolon- 
gement du  pédicule.  La  ligne  latérale  est  un  peu  enfoncée ,  en  arrière  de  l'oper- 
cule ,  et  éloignée  de  7  lignes  du  bord  du  dos  ;  vis-à-vis  du  bord  antérieur  de  la  dor- 
sale elle  en  est  à  8  lignes ,  et  sur  la  queue  à  3  lignes  seulement. 

Un  troisième  exemplaire,  dont  M.  Berger  a  pareillement  les  deux  plaques,  est 
moins  bien  conservé  que  les  précédens,  mais  appartient  à  un  plus  grand  individu  j 
sa  largeur  est  de  2  pouces  5  lignes.  Les  écailles  sont  assez  épaisses  ^  leur  surface  est 
lisse.  Les  ventrales  sont  aussi  opposées  au  bord  antérieur  de  la  dorsale.  Le  dia- 
mètre de  l'orbite  est  de  6  lignes.  L'opercule  est  grand,  lisse;  on  n'y  remarque  ni 
écailles,  ni  granulation,  ni  épines,  ni  rayons  divergens.  M.  Berger  possède  en  outre 
trois  petits  exemplaires  de  2  pouces  environ,  qui  ne  présentent  rien  de  particulier. 

ToM.  H.  •  30 


—     226     — 

Dans  un  autre  exemplaire  de  M.  Berger,  désigné  dans  son  ouvrage  sous  le  ]\°  5, 
on  voit  distinctement  la  ligne  latérale  passant  environ  par  le  milieu  du  corps,  et 
une  pectorale  plus  large  et  mieux  conservée  que  dans  les  autres  exemplaires  ;  elle  offre 
10  rayons  articulés,  dont  le  plus  grand  a  des  fulcres  le  long  de  son  bord.  Les  ven- 
trales sont  placées  un  peu  plus  en  avant  que  le  bord  antérieur  de  la  dorsale.  L'ex- 
trémité de  la  dorsale  est  opposée  au  bord  antérieur  de  l'anale. 

La  plaque  qui  se  trouve  dans  la  collection  du  Gymnase  de  Cobourg,  et  qui  a  en- 
viron un  pied  carré,  est  la  même  que  celle  dont  M.  Hornscbuh  fait  mention,  quoique 
M.  Berger  y  ait  reconnu  i3  poissons,  au  lieu  de  ii  qu'indique  le  premier.  Ils  sont 
très-mal  conservés,  et  toute  leur  substance  est  carbonisée  ;  on  ne  distingue  que  l'em- 
preinte des  écailles,  qui  paraissent  former  environ  36  séries  obliques  entre  la  tête  et  la 
caudale.  Le  plus  grand  de  ces  poissons  n'a  que  5  7^  pouces  de  long  et  20  lignes  de 
large  ;  dans  l'un  d'eux  l'une  des  pectorales  présente  12  rayons. 

Enfin,  dans  un  exemplaire  de  Gruber-Stein,  M.  Berger  a  pu  reconnaître  que  les 
écailles  de  la  queue  sont  rbomboïdales  et  sensiblement  plus  petites  que  celle  des  flancs, 
qui  sont  plus  hautes  que  longues. 

M.  Berger  croit  devoir  rapporter  ce  poisson  au  genre  Palœonîscuin  j  à  cause  de  l'in- 
égalité des  lobes  de  la  caudale.  Je  ferai  remarquer  cependant  que  la  colonne  verté- 
brale ne  s'étend  point,  comme  dans  ce  genre,  jusqu'à  l'extrémité  du  lobe  supérieur  de 
cette  nageoire ,  mais  qu'elle  se  prolonge  seulement  un  peu  vers  ce  côté ,  de  manière 
à  rendre  l'insertion  de  la  nageoire  oblique.  L'on  ne  voit  pas  non  plus,  tout  le  long  de 
ce  prolongement,  de  nouveaux  petits  rayons  s'intercaler  entre  les  précédens  et  l'ex- 
trémité du  lobe.  En  un  mot,  ce  poisson  n'est  pas  un  vrai  Hétérocerque  5  il  a  seulement 
la  base  de  sa  caudale  oblique,  et  les  rayons  extérieurs  de  son  lobe  supérieur  plus  courts 
que  ceux  du  lobe  inférieur,  comme  cela  se  voit  dans  beaucoup  d'autres  Ilomocerques. 
C'est  à  raison  de  cette  différence,  et  parce  que  la  forme  de  la  dorsale  et  ses  rapports 
avec  les  autres  nageoires  présentent  des  caractères  particuliers,  que  j'ai  établi  le  genre 
SemiojiotuSj  qui  ne  comprend  jusqu'ici  que  des  poissons  du  Lias;  car  je  pense,  et 
c'est  aussi  l'opinion  de  plusieurs  géologues  et  entr'autres  de  M.  le  comte  de  Miinster, 
que  le  grès  de  Cobourg  qui  contient  ces  poissons  appartient  au  Lias  plutôt  qu'au 
Reuper.  C'est  du  moins  ce  que  paraît  indiquer  la  forme  de  leur  caudale. 

L'exemplaire  que  j'ai  fait  figurer  se  trouve  au  Musée  de  Munich.  Il  m'avait  été  in- 
diqué comme  originaire  du  Brésil,  d'oii  il  aurait  été  rapporté  par  MM.  Spix  et  3Iar- 
tius  ;  aussi  l'avais-je  désigné  dans  mon  Tableau  synoptique  sous  le  nom  de  Semiono- 
tus  Spixii.  Mais  en  le  comparant  attentivement  avec  la  description  et  la  figure  que 
M.  Berger  a  publiées  des  poissons  de  Cobourg,  j'ai  reconnu  leur  parfaite  identité 5 
et  pendant  le  séjour  que  j'ai  fait  à  Munich  en  i833,  j'ai  même  découvert  à  l'un  des 


—     227     — 

angles  de  la  plaque  le  nom  de  Cobourg  inscrit  à  la  plume  sur  la  roche  même,  mais 
presque  entièrement  effacé.  On  distingue  dans  cet  exemplaire  quelques  traces  des 
côtes,  qui  étaient  assez  grosses.  La  position  relative  des  nageoires. est  comme  dans  les 
autres  espèces  du  genre  Seniionotiis ,•  les  ventrales,  seulement,  sont  placées  vm  peu 
plus  en  avant  de  la  dorsale.  Il  se  pourrait  cependant,  comme  l'a  très-bien  fait  re- 
marquer M.  Berger,  que  les  différences  que  l'on  observe  à  cet  égard  dans  différens 
exemplaires ,  indiquassent  des  espèces  distinctes ,  dont  les  caractères  particuliers  ne 
pourront  être  précisés  que  lorsqu'on  connaîtra  un  plus  grand  nombre  d'exemplaires 
mieux  conservés.  —  Les  écailles  sont  de  moyenne  grandeur  ;  la  fig.  3  en  représente 
une,  prise  sur  les  côtés  de  la  queue,  oii  elles  sont  plus  allongées  que  sur  les  flancs. 
Ces  dernières  sont  même  plus  hautes  que  longues. 

III.  Semionotus  LA.TUS  Agass. 

Vol.  2.  Tab.  27. 

Dapedius  altivelis  Agass.   Tahl.  syn.  Vol.  2,  p.  8. 

En  1829,  par  conséquent  long-temps  avant  d'avoir  vu  un  seul  Semionotus  entier, 
j'avais  inscrit  dans  mes  notes,  sou  s  le  nom  àe  Dapedius  altivelis  j  un  poisson  qui  se  trouve 
au  Musée  de  Munich,  et  que  j'ai  fait  représenter  dans  la  fig.  i  de  cette  planche.  Son 
gisement  m'était  inconnu;  mais  la  ressemblance  de  ses  écailles  avec  celles  du  Dapedius 
politus  de  la  Bêche,  me  fit  penser  qu'il  pourrait  bien  provenir  de  quelque  couche  ju- 
rassique. Après  avoir  établi  le  genre  Semionotus,  d'après  l'exemplaire  que  j'ai  décrit 
sous  le  nom  de  ^5".  leptocepJialuSj  et  que  M.  le  Prof.  Jœger  m'avait  fait  voir  à  Stuttgart, 
en  i83i ,  je  ne  me  doutai  point  encore  que  mon  Dapedius  altivelis  pût  appartenir  à  ce 
genre.  Ce  n'est  qu'après  en  avoir  vu  des  exemplaires  plus  complets ,  déposés  dans  la 
collection  de  la  Société  Géologique  de  France  par  M.  Boue,  et  après  avoir  revu  celui 
de  3Iunich  en  i833,  que  j'ai  reconnu  les  vrais  rapports  génériques  de  ce  poisson.  La 
fig.  2  de  ma  planche  représente  un  des  exemplaires  de  la  Société  Géologique  de  France. 
J'ai  appris  en  même  temps  de  M.  Boue,  que  ces  exemplaires  provenaient  des  schistes 
bitumineux  de  Seefeld,  qui  doivent  être  rapportés  au  Lias.  La  roche  qui  contient 
l'exemplaire  de  Munich  ne  diffère  de  celle  des  exemplaires  de  Paris  que  par  une  teinte 
un  peu  moins  foncée.  Depuis,  j'en  ai  vu  encore  de  tout  semblables  à  Londres,  dans 
la  eoUection  de  M.  Murchison. 

Cette  espèce  est  la  plus  large  du  genre  ;  la  forme  de  son  corps  est  trapue.  Le  dos  est  for- 
tement voûté;  mais  le  bord  de  l'abdomen  est  presque  droit.  La  dorsale  commence  environ 
au  milieu  du  dos ,  et  s'étend  jusque  vis-à-vis  de  l'anale  ;  son  bord  antérieur  est  beaucoup 


—    228     — 

plus  élevé  que  sa  partie  postérieure  ;  ses  rayons  sont  fréquemment  bifurques  à  leur  ex- 
trémité ,  et  articulés  de  très-près  jusque  vers  leur  base  en  lignes  transversales  brisées. 
Le  long  de  son  premier  rayon  il  y  a  de  gros  fulcres.  Les  venti-ales  avancent  vm  peu 
plus  que  le  bord  antérieur  de  la  dorsale.  Le  pédicule  de  la  queue  n'a  pas  à  beaucoup 
près  la  moitié  de  la  largeur  du  tronc.  La  caudale  est  large,  et  son  insertion  oblique; 
ses  rayons  sont  moins  bifurques  que  ceux  de  la  dorsale;  elle  est  peu  échancrée.  Le 
long  de  son  bord  supérieur  il  y  a  des  fulcres  très-serrés.  Les  pectorales  sont  petites. 

Les  écailles  sont  proportionnellement  assez  grandes  ;  celles  des  séries  antérieures , 
surtout  sur  les  côtés  de  la  cavité  abdominale,  sont  un  peu  plus  hautes  que  longues. 
En  arrière  et  le  long  du  dos ,  elles  sont  presque  équilatérales,  fig.  3.  Celles  de  la  partie 
supérieure  du  pédicule  de  la  queue  sont  sensiblement  plus  petites  et  en  forme  de  lo- 
zange  allongée.  Leurs  bords  supérieur  et  inférieur  sont  légèrement  arqués  ;  le  bord 
postérieur  paraît  avoir  été  partout  parfaitement  droit  et  lisse  ;  leur  surface  est  pareil- 
lement lisse. 

IV.  Semionotus  rhombifer  Ag. 

Vol.  2.  Tab.  26  a. 

Je  n'ai  encore  eu  occasion  d'examiner  jusqu'ici  que  la  portion  du  corps  de  ce  poisson 
qui  est  représentée  dans  la  planche  26  a!,  et  qui  se  trouve  dans  la  collection  de 
Lord  Cole ,  et  deux  petits  fragmens  de  queue  qui  m'ont  été  communiqués  par  Miss 
M.  Anning.  Cette  espèce  a  été  trouvée  dans  les  schistes  du  Lias  de  Lyme  Régis.  Elle  pa- 
raît avoir  une  forme  plus  trapue  que  les  espèces  déjà  décrites.  Ses  écailles  sont  rhomboï- 
dales  et  très-uniformes  sur  toute  la  partie  de  la  surface  du  corps  qui  est  conservée  dans 
cet  exemplaire  ;  leur  face  extérieure  est  parfaitement  lisse  ;  sur  les  flancs  où  leurs  côtés 
sont  égaux  (fig.  2)j  le  bord  postérieur  est  finement  dentelé.  La  ligne  latérale  est 
marquée  par  des  trous  en  forme  de  petits  croissans  très-ouverts. Vers  le  bord  infé- 
rieur du  poisson ,  les  écailles  sont  plus  étroites  ;  elles  le  sont  beaucoup  plus  encore 
autour  des  ventrales,  qui  manquent  dans  l'exemplaire  figuré.  Vers  le  dos  elles  sont  lé- 
gèrement allongées ,  et  ont  le  bord  postérieur  lisse  ;  sur  le  milieu  du  dos  ,  il  y  en  a 
une  série  impaire  ,  de  forme  trapézoïde.  Les  bords  supérieur  et  inférieur  de  chaque 
écaille  sont  droits  vers  le  dos,  et  légèrement  arqués  en  forme  de  S  sur  les  flancs.  Vers 
l'extrémité  du  tronc  ,  les  écailles  sont  un  peu  plus  petites  ,  et  leur  bord  postérieur  n'a 
point  de  dentelure  (fig.  3). 

On  aperçoit  en  arrière  du  dos  quelques  rayons  brisés  du  bord  antérieur  de  la  dor- 
sale ;  mais  toutes  les  autres  nageoires  sont  enlevées.  La  face  extérieure  des  os  de  la 
ceinture  thoracique  est  lisse  ;  les  grandes  écailles  qui  sont  en  arrière  de  la  ceinture 
thoracique  le  sont  également. 


—    229    — 

On  voit  assez  distinctement  les  os  du  crâne  par  leur  face  supérieure.  Les  fronteaux , 
assez  allongés,  sont  réunis  par  une  suture  inégale  ;  celui  du  côté  droit  faisant  en  arrière 
une  forte  saillie  vers  celui  de  gauche,  qui  présente  une  échancrure  correspondante. 
La  surface  des  mastoïdiens  est  tant  soit  peu  rugueuse.  Les  pariétaux  sont  petits.  Les 
os  de  l'arcade  palatine  se  présentent  par  leur  face  extérieure  ;  ensorte  qu'il  n'est  pas 
possible  de  s'assurer  s'ils  portent  des  dents.  On  distingue  sur  l'opercule  quelques  sillons 
granuleux. 

J'avais  d'abord  cru  devoir  rapporter  cette  espèce  au  genre  Tetragonolepis.  Mais 
ayant  appris  depuis  à  connaître  plus  en  détail  les  caractères  du  genre  Semionotus  j 
je  me  suis  convaincu  que  c'est  à  ce  dernier  qu'elle  appartient.  En  effet,  la  mâchoire 
inférieure ,  qui ,  quoique  déplacée  et  renversée  au  dessous  de  la  tête  ,  est  très-bien 
conservée ,  fait  voir  à  son  bord  supérieur  une  bande  assez  large  de  petites  dents  en 
brosse,  dont  les  extérieures  sont  les  plus  grandes,  et  est  en  même  temps  beaucoup  plus 
allongée  que  chez  les  Tetragonolepis ,  qui  portent  au  bord  de  leurs  mâchoires  une 
rangée  de  dents  obtuses,  plus  ou  moins  coniques. 

V.  Semionotus  Nilssoni  k^. 

Yol.  2.  Tab.  27  a 3  fig.  i,  2,  3,  4  et  5.  fCah.  suppl.  *) 

Faute  de  renseignemens  sur  l'origine  de  ce  poisson,  que  je  reçus  de  Suède  déjà 
vers  la  fin  de  i834  ,  et  qui  se  trouve  mentionné  dans  le  Feuilleton,  page  ^7,  j'avais 
dû  suspendre  la  publication  de  mes  notes  sur  les  autres  espèces  de  ce  genre.  M.  Nilsson, 
à  qui  j'en  étais  redevable  sans  le  savoir,  m'a  appris  depuis,  que,  comme  je  l'avais  sup- 
posé d'après  ses  affinités  avec  les  autres  Lépidoïdes,  il  provient  du  Lias.  C'est  dans 
les  couches  houillères  du  Lias  de  Schonen  ,  près  de  Bosarp  et  de  Hœganœs,  que  l'on 
trouve  cette  espèce;  elle  a  même  déjà  été  décrite  et  figurée  par  M.  Nilsson  dans  les 
Transactions  de  l'Académie  des  Sciences  de  Stockholm,  1824  ,  p.io3  à  iô5,  tab.  2, 
fig.  I,  2  et  3.  Comme  M.  Nilsson  ne  lui  a  pas  donné  de  nom  ,  je  m'empresse  de  la  dé- 
dier au  savant  à  qui  la  science  doit  de  si  précieux  documens  sur  les  fossiles  de  la  Suède. 

Le  S.  Nilssoni  est  une  espèce  facile  à  distinguer  ;  elle  est  très-bien  caractérisée 
par  ses  grandes  écailles  lisses  et  par  la  largeur  assez  considérable  du  tronc.  La  tête 
est  proportionnellement  assez  petite.  Quoique  ses  os  soient  en  grande  partie  enlevés 
dans  l'exemplaire  représenté  fig.  i ,  il  est  cependant  possible  d'en  déterminer  la  forme 

(*)  En  donnant  aux  planches  des  Cahiers  supplémentaires  des  N"'  qui  font  suite  à  ceux  des  planches  du  corps  de  l'ou- 
vrage, j'ai  pour  but  d'en  faciliter  l'arrangement  systématique.  Quant  aux  personnes  qui  n'en  feront  pas  l'acqui- 
sition, elles  seront  toujours  prévenues  par  la  parenthèse  qui  suit  les  citations,  qu'elles  ne  trouveront  pas  ces 
planches  dans  leurs  portefeuilles. 


—     230     — 

assez  exactement,  tant  leur  empreinte  est  distincte.  Comme  la  tête^  dans  cette  figure  , 
se  présente  plutôt  de  profil  qu'en  face ,  je  l'ai  fait  aussi  dessiner  (fig.  2)  par  sa  face 
supérieure ,  de  manière  à  représenter  les  os  du  crâne  et  la  mâchoire  supérieure ,  au 
bord  de  laquelle  on  aperçoit  très-distinctement  la  rangée  extérieure  des  dents.  Les 
fronteaux ,  a,  a,  sont  fort  allongés \  leur  prolongement  antérieur  ne  se  rétrécit  pas 
très-considérablement;  en  sorte  que  la  tête  est  moins  effilée  dans  cette  espèce  que 
dans  les  autres.  La  suture  qui  les  unit,  est  inégale  ,  le  frontal  gauche  étant  plus  large 
que  le  droit ,  et  faisant  saillie  sur  lui  à  sa  partie  postérieure.  Les  pariétaux  ,  bj  b,  sont 
petits;  le  droit  est  cependant  un  peu  plus  grand  que  le  gauche .  Le  mastoïdien  gauche , 
en  partie  conservé,  c,  montre  à  sa  surface  de  très-petits  tubercules  pointus.  L'orbite 
est  assez  petite  ;  les  sous-orbitaires  qui  l'entourent  sont  étroits  et  granuleux  à  leur  sur- 
face. Les  plaques  buccales,  d,  considérablement  plus  larges,  semblent  complètement 
lisses,  à  en  juger  du  moins  par  un  fragment  dont  la  surface  est  visible.  L'opercule 
est  beaucoup  plus  haut  que  large  ;  les  autres  pièces  operculaires  sont  enlevées.  La 
forme  de  la  gueule  est  assez  particulière,  peu  allongée,  fendue  transversalement;  les 
os  maxillaires  sont  courts,  mais  assez  développés  en  travers.  L'on  ne  peut  distinguer 
que  la  rangée  extérieure  des  dents ,  où  elles  sont  toutes  imiformes ,  grêles ,  cylindracées , 
terminées  en  pointe  obtuse.  Le  milieu  de  la  mâchoire  supérieure  est  formé  par  les 
intermaxillaires ,  sur  le  côté  desquels  les  maxillaires  supérieurs  sont  disposés  de 
manière  à  ne  former  qu'un  seul  arc  avec  eux. 

La  partie  antérieure  du  tronc,  qui  seule  est  bien  conservée,  présente  une  cour- 
bure uniforme  de  la  nuque  au  bord  antérieur  de  la  nageoire  dorsale;  les  contours  du 
ventre  sont  plus  droits.  La  queue  est  complètement  cachée,  et  la  partie  de  la  roche 
dans  laquelle  elle  gît  est  trop  mince  pour  qu'il  ait  été  possible  de  la  mettre  à  découvert. 
Les  écailles  sont  très-grandes ,  proportionnellenient  aux  dimensions  du  poisson ,  sur- 
tout celles  du  milieu  des  flancs,  fig.  4;  leur  face  extérieure  est  lisse,  et  leurs  bords  sont 
entiers  et  droits;  l'angle  inférieur  et  postérieur,  seulement,  fait  une  saillie  assez  vive, 
qui  est  même  bifurquée  dans  quelques  écailles  de  la  partie  iiîférieure  du  tronc.  Cette 
pointe  n'est  pas  un  simple  prolongement  de  l'angle  de  l'écaillé ,  mais  paraît  produite 
par  un  épaississement  de  ses  lames  ;  eusorte  qu'elle  forme  comme  une  quille  obtuse 
qui  avance  diagonalement  vers  le  milieu  de  sa  surface.  On  distingue  aussi  un  petit 
sillon  au  bord  inférieur  des  écailles  qui  recouvrent  la  partie  inférieure  des  flancs.  Vers 
le  dos  et  le  ventre ,  les  écailles  sont  un  peu  plus  petites  que  sur  le  milieu  du  corps  ;  leurs 
bords  supérieur  et  inférieur  se  dirigent  obliquement  en  haut  jusque  vers  la  dorsale;  là 
(fig.  5)  ils  deviennent  de  plus  en  plus  horizontaux,  jusque  dans  la  partie  de  la  queue 
qui  est  encore  visible.  Les  écailles  de  la  ligne  latérale  sont  percées  d'un  tube  qui 
s'ouvre  dans  une  échancrure  de  leur  bord  postérieur,  environ  à  la  moitié  de  leur 
hauteur. 


—    251     — 

Les  pectorales,  insérées  au  dessous  de  l'opercule  et  près  du  bord  inférieur  du  corps , 
sont  entièrement  enlevées  j  cependant  la  structure  de  la  base  des  rayons  de  celle  du  côté 
gauclie ,  que  l'on  voit  assez  distinctement ,  prouA^e  que  ces  nageoires  étaient  formées 
de  rayons  grêles.  La  ventrale  du  même  côté  est  très-bien  conservée;  mais  celle  du 
côté  droit  est  cachée;  on  y  distingue  6  rayons  assez  grêles,  simples  jusqu'à  la  moitié 
de  leur  longueur,  et  de  là  bifurques  et  articulés  transversalement;  leurs  côtés  sont 
recouverts  d'émail.  Le  premier  d'entr'eux  est  plus  large  à  sa  base  que  les  autres  ;  il 
est  précédé  d'une  écaille  acuminée.  Cette  nageoire  est  placée  beaucoup  en  avant  du 
bord  antérieur  de  la  dorsale.  Celle-ci  a  à  son  bord  antérieur  des  rayons  simples  assez 
larges  à  leur  base ,  et  qui  augmentent  insensiblement  de  longueur  :  viennent  ensuite 
des  rayons  plus  effilés ,  simples  environ  jusqu'à  la  moitié  de  leur  longueur ,  puis  bi- 
furques et  articulés  transversalement.  Tous  ces  rayons  ont  leurs  côtés  recouverts  d'é- 
mail ;  il  n'est  pas  possible  d'en  indiquer  exactement  le  nombre,  l'extrémité  de  la  na- 
geoire étant  très-endommagée. 

VI.  Semionotus  striatus  Ag. 
Yol.  2.  Tab.  2']  ttj  fîg.  6  et  7.  (Cah.  suppl.J 

Dans  les  collections  de  Lord  Cole  et  de  Sir  Phil.  Egerton,  j'ai  observé  une  petite 
espèce  de  Semionotus  de  Seefeld,  très-semblable  par  sa  forme  au  S.  leptocephalus 
représenté  tab.  26,  fig.  i,  mais  qui  en  diffère  par  plusieurs  caractères  assez  pronon- 
cés pour  en  faire  une  espèce  distincte.  En  effet,  ses  écailles  sont  d'une  dimension  plus 
uniforme  ;  celles  des  flancs  sont  à  peine  plus  grandes  que  celles  du  pédicule  de  la  queue 
et  des  bords  du  dos  et  du  ventre.  Leur  surface  n'est  pas  complètement  lisse  :  on  dis- 
tingue quelques  stries  à  sa  partie  antérieure,  là  où  elle  est  recouverte  par  les  écailles 
antérieures.  Leur  angle  inférieur  postérieur  est  plus  saillant,  et  l'on  remarque  à  la 
moitié  inférieure  de  leur  bord  postérieur  quelques  dentelures  dont  la  pointe  est  dirigée 
en  bas.  A  la  face  interne  des  écailles  on  aperçoit  une  quille  éti'oite,  qui,  passant  d'une 
écaille  à  l'autre ,  forme  dans  chaque  rangéed'écailles  une  série  transversale  au  poisson. 
Les  bords  supérieur  et  inférieur  des  écailles  sont  simplement  obliques,  sans  onglet 
ni  fossette  articulaire.  Les  pièces  operculaires  sont  striées  dans  le  sens  longitudinal 
des  os  ;  il  en  est  de  même  du  maxillaire  inférieur.  Les  autres  os  du  crâne  sont  trop  peu 
distincts  pour  pouvoir  être  décrits,  d'après  les  exemplaires  que  j'ai  examinés.  La 
ceinture  tlioracique  paraît  lisse.  Je  n'ai  aperçu  aucune  trace  ni  des  pectorales  ni  des 
ventrales;  cependant  le  point  d'insertion  de  ces  dernières  paraît  avoir  été  plus  en  avant 
que  le  bord  antérieur  de  la  dorsale.  La  dorsale,  l'anale  et  la  caudale  sont  assez  bien 
conservées.  Les  rayons  de  ces  nageoires  sont  assez  minces,  et  articulés  jusque  vers 


—    252    — 

leur  base  ;  les  articles  sont  un  peu  plus  longs  que  larges.  Les  rayons  de  l'anale  ne  sont 
bifurques  que  vers  leur  extrémité  ;  à  son  bord  antérieur  se  trouvent  des  fulcres  assez 
gros.  La  caudale  se  compose  de  rayons  également  plus  gros  que  dans  le  S.  leptocepha- 
lus;  elle  est  en  outre  bordée  des  deux  côtés ,  mais  surtout  du  côté  supérieur,  de  fulcres 
sensiblement  plus  gros  et  moins  inclinés.  L'anale,  enfin,  est  placée  un  peu  en  arrière 
du  bord  postérieur  de  la  dorsale;  tandis  que  dans  le  S.  leptocephalus ,  les  rayons  de 
la  dorsale  s'étendent  visiblement  plus  en  arrière  que  l'insertion  de  l'anale. 


-=s^j@«gy; 


—    253    — 


CHAPITRE  XÏII. 


DU    GENRE   LEPIDOTUS. 


Nous  voici  arrivés  à  l'un  des  genres  les  plus  intéressans  de  la  famille  des  Lépidoïdes , 
à  un  genre  dont  les  nombreuses  espèces  caractérisent  surtout  la  formation  jurassique  , 
et  dont  les  débris  sont  faciles  à  reconnaître  et  à  caractériser  ;  ensorte  que  leur  con- 
naissance sera  d'une  haute  importance  pour  les  géologues.  Il  renferme  de  très-grands 
poissons ,  que  Ion  trouve  ,  il  est  vrai ,  rarement  entiers,  mais  dont  différentes  parties, 
surtout  les  écailles  et  les  dents ,  sont  généralement  très-bien  conservées  et  assez  com- 
munes. Ce  sont  des  poissons  oblongs ,  épais  et  corpulens.  Dans  les  exemplaires  en- 
tiers que  j'ai  pu  observer ,  j'ai  généralement  trouvé  que  leur  largeur  est  à  leur  longueur 
comme  i  est  à  4  ou  à  5.  Leur  forme  générale  rappelle  celle  des  grands  Cyprins,  dont 
ils  n'ont  cependant  aucun  des  caractères  anatomiques.  La  tête  est  de  moyenne  gran- 
deur, mais  large  5  la  plus  grande  épaisseur  du  corps  est  en  arrière  des  branches  de  la 
ceinture  thoracique,  environ  à  la  hauteur  de  la  colonne  vertébrale.  Le  dos  et  le  ventre 
sont  légèrement  bombés.  La  queue  se  rétrécit  insensiblement  ;  mais  au  point  d'inser- 
tion de  la  caudale,  elle  a  encore  au  moins  le  tiers  de  la  plus  grande  largeur  du  tronc. 
Les  nageoires  sont  de  moyenne  grandeur^  la  dorsale  est  placée  en  arrière  du  fort  de  la 
courbure  du  dos,  vis-à-vis  de  l'espace  compris  entre  les  ventrales  et  l'anale;  elle 
s'étend  même  quelquefois  un  peu  plus  loin  que  le  bord  antérieur  de  celte  dernière. 
La  caudale ,  coupée  plus  ou  moins  carrément ,  mais  échancrée  dans  son  milieu ,  a  son 
lobe  supérieur  un  peu  plus  long  que  l'inférieur;  cependant  ses  deux  bords  ont  de  gros 
rayons  simples,  auxquels  sont  accolés  jusqu'à  leur  extrémité  des  fulcres  vigoureux. 
Les  rayons  du  milieu  de  la  nageoire  sont  bifurques  profondément  et  à  plusieurs  re- 
prises ,  et  articulés  de  très-près.  L'anale  a  ordinairement  la  même  forme  que  la  dor^- 
sale;  elle  est  cependant  souvent  plus  faible  et  plus  allongée  à  son  bord  antérieur.  Ces 
deux  nageoires  ont  de  très-gros  fulcres  à  leur  bord  antéi'ieur.  Tous  les  rayons,  d'ail- 
leurs, sont  articulés  et  bifurques.  Les  ventrales  et  les  pectorales  sont  proportionnelle- 
ment les  nageoires  les  plus  petites;  les  fulcres  de  leur  bord  extérieur,  surtout,  sont 
sensiblement  plus  courts.  Tout  le  corps  est  recouvert  de  grandes  écailles  rhomboïdales, 
très-épaisses,  dont  la  partie  visible  est  couverte  d'une  forte  couche  d'émail.  La  ligne 

ToM.  II.  31 


—    234    — 

latérale,  peu  arquée,  va  presque  directement  de  l'opercule  au  milieu  de  l'insertion  de 
la  caudale ,  le  long  de  laquelle  elle  se  relève  jusqu'à  son  bord  supérieur.  Les  écailles 
s'avancent  plus  loin  sur  la  base  des  rayons,  au  lobe  supérieur  de  la  caudale  qu'à  son 
lobe  inférieur;  ce  qui  augmente  l'obliquité  naturelle  de  l'insertion  de  cette  nageoire, 
sans  cependant  qu'elle  ait  le  caractère  ostéologique  de  celle  des  Hétérocerques. 

La  ceinture  tlioracique  est  forte  ;  l'angle  de  l'humérus,  quoiqu  arrondi ,  est  cependant 
assez  saillant.  En  arrière  de  cet  os ,  et  au  dessus  de  l'insertion  des  pectorales ,  il  y  a 
quelques  plaques  écailleuses.  Toute  la  tête ,  même  la  face  ,  est  cuirassée  de  pièces  os- 
seuses etémaillées.  Les  sous-orbitaires  forment  un  lai'ge  cercle  autour  de  l'orbite  j  et 
les  plaques  buccales ,  plus  larges  encore ,  recouvrent  l'espace  compris  entre  ces  os,  le 
préopercule  et  les  mâchoires.  Les  pièces  operculaires  sont  de  moyennne  grandeur  j  le 
subopercule  et  l'interopercvde  sont  cependant  proportionnellement  plus  grands  que 
dans  les  autres  Lépidoïdes.  Les  os  de  la  surface  du  crâne  sont  très-larges  et  réunis 
par  des  sutures  sinueuses.  Les  mâchoires  sont  courtes  et  arrondies,  et  la  gueule 
proportionnellement  peu  fendue  j  le  bord  de  la  mâchoire  supérieure  est  formé  dans 
le  milieu  par  les  intermaxillaires  ,  et  sur  les  côtés  par  les  maxillaires  supérieurs  ;  le 
bord  de  ces  os  est  armé  de  petites  dents  en  cônes  obtus ,  que  l'on  voit  seules  lorsque 
les  mâchoires  sont  rapprochées  5  mais  leur  face  intérieure  est  garnie  en  outre  de 
plusieurs  rangées  de  dents  hémisphériques  sessiles ,  plus  ou  moins  étranglées  à  leur 
base  ,  ou  portées  sur  un  pédicule  très-court  qui  fait  corps  avec  l'os. 

Un  point  qu'il  ne  m'a  pas  encore  été  possible  d'éclaircir  complètement,  c'est  jusqu'à 
quel  point  les  Sphcerodus  devront  être  réunis  aux  Lepidotus ,  à  raison  des  grosses 
dents  arrondies  que  les  deux  genres  ont  à  l'intérieur  de  leurs  mâchoires.  Déjà  je  me 
suis  convaincu  qu'une  partie  de  celles  que  j'ai  indiquées  dans  mon  Tableau  synoptique 
sous  le  nom  de  Sphœrodus ,  appartiennent  au  genre  Lepidotiis ,  dont  je  ne  connaissais 
alors  qu'imparfaitement  la  dentition.  D'un  autre  côté  cependant ,  j'ai  vu  des  fragmens 
de  mâchoires  portant  aussi  des  dents  arrondies ,  mais  dont  les  caractères  ostéologiques 
n'étaient  point  d'ailleurs  ceux  des  Lepidotus.  C'est  sur  ces  pièces  que  j'avais  établi 
mon  genre  Sphcerodus ,  qui  devra  donc  être  conservé,  mais  purgé  de  quelques 
espèces  qui  lui  avaient  été  réunies  à  tort. 

Le  seul  caractère  distinctif  que  je  puisse  indiquer  maintenant,  entre  les  dents  ar- 
rondies des  Lepidotus  et  celles  des  Sphcerodus j  c'est  que  les  premières  ont  un  étran- 
glement à  la  base  de  l'émail.  Mais  la  forme  des  mâchoires  des  Lépidotes  présentant 
d'ailleurs  des  caractères  particuliers,  il  n'y  aura  que  les  dents  «o/ee^que  l'on  pourra 
être  embarrassé  de  classer. 

Une  connaissance  approfondie  des  caractères  du  genre  Lepidotus  me  fait  ainsi 
entrevoir  de  nouvelles  difficultés  dans  la  détermination  des  espèces  de  l'ordre  des 


—    235    — 

Ganoïdes.  A  moins  de  trouver  des  mâclioires  presque  entières,  il  deviendra  peut- 
être  impossible  de  rapporter  certaines  dents  à  leur  ve'ritable  place,  soit  dans  la  fa- 
mille des  Lcpidokles,  soit  dans  celle  des  Pycnodontes  ;  et  pourtant,  les  exemplaires 
complets  que  j'ai  vu  de  ces  derniers,  m'ont  prouvé  qu'ils  différaient  considérablement 
des  premiers  dans  leur  ensemble.  On  tirera  probablement  aussi  de  ce  fait  quelques 
nouvelles  inductions  contre  la  méthode  établie  par  Cuvier  et  généralement  adoptée 
aujourd'hui,  de  rapprocher  des  fragmens  et  de  les  réunir,  suivant  leur  analogie  avec 
d'autres  trouvés  réunis  ;  mais  je  pense  que  loin  de  nous  porter  à  abandonner  cette 
voie ,  ces  faits  épars  doivent  au  contraire  nous  exciter  de  plus  en  plus  à  rechercher 
leurs  lois  particulières.  Car  je  ne  puis  me  ranger  à  l'avis  de  ceux  qui  pensent  qu'il  y  a 
des  combinaisons  déréglées  dans  la  nature  :  elles  ne  nous  paraissent  telles,  qu'au- 
tant que  nous  n'avons  pas  bien  saisi  tous  leurs  rapports. 

I.  Lepidotus  G1GA.S  Agass. 

Vol.   2.  Tab.   28  et  2g. 

Cyprinus  elvensis  de  Blainv.  Ichth.  p.  90. 

Cette  espèce,  qui  a  été  trouvée  dans  le  Lias  de  France,  d'Allemagne  et  d'Angle- 
terre, est  l'une  de  celles  que  je  connais  le  mieux,  et  dont  j'ai  vu  le  pins  grand  nombre 
d'exemplaires.  Il  en  existe  en  effet  plusieurs  de  fort  beaux  et  presque  entiers  dans  la 
collection  de  M.  le  D'  Hartmann  à  Gôppingen  \,  c'est  là  que  se  trouve  l'original  de  ma 
pi.  29.  Les  nombreux  fragmens  qu'il  en  possède  d'ailleurs,  m'ont  permis  d'étudier  en 
détail  la  structure  des  écailles  et  des  nageoires.  Au  Musée  de  Stuttgart,  il  y  en  a  aussi 
quelques-uns,  et  surtout  une  portion  antérieure  du  tronc,  où  l'on  peut  étudier  pres- 
que tous  les  détails  de  l'ostéologie  de  la  tête-,  cet  exemplaire,  qui  m'a  été  communi- 
qué par  M.  le  Prof.  Jœger,  est  représenté  dans  ma  pi.  28.  Il  provient  du  Lias 
des  environs  de  Boll,  ainsi  que  tous  ceux  de  M.  Hartmann.  M.  Weltrich,  à  Culm- 
bach,  en  possède  un  trouvé  dans  le  Lias  à  Schwarzach.  M.  le  comte  de  Munster  en 
a  des  fragmens  provenant  du  Lias  de  Mistelbacli  près  de  Baireuth.  On  en  a  également 
trouvé  des  débris  dans  le  Lias  de  Banz  et  d'Altorf.  Au  Musée  du  Jardin  des  Plantes 
à  Paris,  il  en  existe  un  fort  bel  exemplaire,  provenant  d'Elve  près  de  Yillefranche , 
Dépt.  de  l'Aveyron ,  et  contenu  dans  une  immense  géode  de  calcaire  marneux  : 
c'est  cet  exemplaire  que  M.  de  Blainville  a  décrit  sous  le  nom  Ae  Cyprinus  el- 
vensis. Miss  Baker  en  possède  un  exemplaire  environ  de  la  taille  de  celui  du  Musée 
de  Paris ,  trouvé  dans  le  Lias  près  de  Stowe-nine-churches  (  Northampton  )  5  on  y 
distingue  surtout  bien  les  pièces  operculaires  ,  les  plaques  buccales,  les  sous-or- 


—    256    — 

bitaires ,  les  frontaux ,  les  pectorales ,  et  toutes  les  écailles  de  la  partie  antérieure  du 
tronc.  Enfin,  j'en  ai  vu  quelques  débris  de  cette  espèce  au  Musée  de  Prague. 

La  forme  générale  de  ce  poisson  est  celle  d'une  grande  carpe  ;  et  c'est  sans  doute 
cette  ressemblance  extérieure  qui  l'a  fait  ranger  par  M.  de  Blainville  dans  le  genre 
CyprinuSj  dont  il  n'a  d'ailleurs  aucun  des  caractères  anatomiques.  Les  différens  exem- 
plaires plus  ou  moins  complets  et  les  fragmens  que  j'ai  pu  examiner,  indiquent  des 
individus  de  différente  taille,  dont  les  plus  petits  avaient  à  peine  un  pied  de  long, 
et  les  plus  grands  au  moins  trois  pieds.  Le  plus  grand  nombre  des  exemplaires 
que  j'ai  vus,  avaient  la  taille  de  ceux  que  j'ai  fait  figurer  pi.  28  et  29.  Bien  que  le 
nom  de  gigas  convienne  parfaitement  à  cette  espèce,  dont  les  dimensions  excèdent 
de  beaucoup  celles  des  Lépidoïdes  ordinaires,  j'en  ai  cependant  découvert  de  plus 
grandes  encore  depuis  que  celle-ci  a  été  caractérisée  dans  mon  Tableau  synoptique. 
Les  dimensions  du  tronc  annoncent  un  poisson  dont  les  mouvemens  devaient  être 
ordinairement  assez  lents  ;  le  tronc  est  en  effet  large  ;  la  longueur  totale  du  corps 
égale  à  peine  trois  fois  sa  plus  grande  largeur.  La  tête,  de  moyenne  grandeur,  et 
même  petite  proportionnellement  à  la  grosseur  du  tronc,  est  large  et  arrondie  ;  le  pé- 
dicule de  la  queue  est  fortement  rétréci  5  il  excède  à  peine  en  largeur  le  tiers  de  la 
partie  la  plus  large  du  tronc  ;  et  bien  que  la  caudale  soit  assez  grande ,  cette  partie 
du  corps  est  trop  faible,  et  les  nageoires  dorsale  et  anale  sont  trop  petites  et  placées 
trop  défavorablement ,  pour  avoir  pu  imprimer  à  la  masse  qui  est  en  avant  d'elles 
une  impulsion  bien  rapide.  La  structure  des  mâchoires,  et  les  dents  dont  elles  sont 
armées ,  viennent  encore  confirmer  cette  supposition  ;  elles  indiquent  un  poisson  om- 
nivore, ou  se  nourrissant  de  substances  organiques  en  décomposition  et  de  petits 
animaux  faciles  à  saisir.  On  peut  donc  admettre  que  ce  poisson  était  un  habitant  des 
côtes,  trop  mauvais  nageur  pour  s'avancer  vers  la  haute  mer.  Et  en  effet,  la  plupart 
des  espèces  du  genre  Lepidotus  se  trouvent  dans  des  dépôts  riverains. 

Tout  le  corps  est  couvert  de  grosses  écailles  rhomboïdales  très-épaisses ,  assez  uni- 
formes ,  recouvertes  d'une  couche  épaisse  d'émail.  Elles  forment  des  séries  dorso- 
ventrales  bien  distinctes  et  obliques.  Vers  le  milieu  du  dos,  sur  la  nuque,  au  bord 
du  ventre ,  le  long  de  la  dorsale  et  de  l'anale,  et  à  l'extrémité  du  pédicule  de  la  queue, 
les  écailles  sont  cependant  sensiblement  plus  petites  et  plus  allongées  que  sur  le 
milieu  des  flancs,  où  se  trouvent  les  plus  grandes.  Sur  tout  le  côté  du  tronc,  leur 
partie  émaillée  et  visible  est  aussi  haute  que  longue ,  quoique  leur  racine ,  qui  est 
très-échancrée ,  égale  presque  en  longueur  la  partie  émaillée  (tab.  28,  f.  2  et  3);  de 
telle  sorte  que  les  écailles  qui  sont  entièrement  à  découvert,  sont  presque  du  double 
plus  longues  que  hautes.  Les  onglets  articulaires  sont  peu  développés,  courts  et 
obtus  j  et  il  n'y  en  a  qu'aux  grandes  écailles  des  flancs  :  celles  des  bords  du  tronc  et 


—    257    — 

celles  de  la  queue  en  sont  dépourvues,  et  ne  s'unissent  que  par  leurs  bords  supérieur 
et  inférieur,  qui  sont  obliques  et  imbriqués.  La  face  interne  de  toutes  les  écailles  est 
bombée  dans  son  milieu,  tandis  que  la  face  extérieure  est  parfaitement  lisse.  Les 
bords  sont  entiers  et  droits,  même  les  bords  supérieur  et  inférieur  des  plus  grandes. 
La  ligne  latérale  s'étend  de  l'angle  supérieur  de  l'opercule  jusqu'au  milieu  du  pédi- 
cule de  la  queue;  elle  est  légèrement  arquée  vers  le  ventre  jusque  vis-à-vis  de  la 
dorsale,  et  presque  droite  de  là  en  arrière.  Ses  écailles  sont  percées  dans  leur  milieu 
d'un  petit  trou  en  forme  de  croissant.  Lorsque  l'émail  est  enlevé,  on  aperçoit  à  la 
surface  de  la  partie  osseuse  les  bords  des  lames  d'accroissement  dont  se  composent 
les  écailles,  et  de  distance  en  distance  des  lignes  plus  marquées ,  indiquant  des  inter- 
ruptions dans  l'accroissement;  elles  sont  causées  par  l'usure  des  bords  des  dernières 
lames  qui  ont  précédé  un  nouveau  développement.  Je  me  suis  assuré,  par  l'examen 
des  poissons  vivans,  que  ces  interruptions  étaient  périodiques  et  annuelles;  ensorte 
que  l'on  peut  conclure  par  analogie,  que  l'écaillé  de  la  fig.  4?  t^b-  28,  où  l'on  voit  cinq 
de  ces  rliombes  concentriques,  avait  atteint  sa  cinquième  année.  Or  cette  écaille,  qui 
est  considérablement  grossie,  provient  d'un  individu  qui  était  de  même  taille  que 
celui  de  la  pi.  29;  d'où  je  dois  naturellement  conclure,  qu'à  l'âge  de  cinq  ans  ces 
poissons  avaient  au  moins  deux  pieds  de  long.  L'écaillé  de  la  fig.  3,  provenant  du 
côté  gauche,  est  grossie  du  double  en  diamètre;  celles  de  la  fig.  2,  qui  proviennent 
du  côté  droit,  sont  de  grandeur  naturelle.  Au  dessus  de  l'insertion  des  pectorales, 
et  en, arrière  de  la  ceinture  tlioracique,  l'on  voit  deux  grandes  écailles  plus  hautes 
que  longues j  dont  la  surface  est  rugueuse  vers  ses  bords,  et  se  termine  en  une  dente- 
lure irrégulière.  On  les  voit  surtout  bien  dans  la  fig.  i  de  la  pi.  28.  Elles  sont  en 
partie  enlevées  dans  l'exemplaire  de  la  pL  29. 

Je  n'ai  vu  que  quelques  traces  du  squelette  dans  un  exemplaire  de  la  collection  de 
M.  Hartmann,  savoir  :  quelques  apophyses  épineuses  inférieures  de  l'extrémité  de 
la  queue,  qui  sont  assez  grosses  et  très-rapprochées.  Dans  l'exemplaire  du  Musée  de 
Paris,  on  voit  quelques  côtes  de  moyenne  grandeur  sur  un  espace  des  flancs  où  les 
écailles  sont  enlevées;  elles  indiquent  évidemment,  de  même  que  la  structure  de  la 
tête,  un  poisson  osseux  dont  les  autres  parties  du  squelette  seront  probablement  con- 
nues un  jour,  cette  espèce  n'étant  pas  très-rare.  Yu  la  largeur  du  tronc  et  son 
épaisseur,  que  décèle  la  forme  arrondie  de  ses  flancs,  il  est  à  pi'ésumer  que  la 
colonne  vertébrale  présentera  des  vertèbres  courtes  et  épaisses,  avec  de  fortes  apo- 
physes épineuses,  dont  les  plus  longues  devront  se  trouver  en  avant  de  la  dorsale  et 
à  la  partie  antérieure  de  la  queue  vis-à-vis  de  l'anale  ;  tandis  que  celles  de  la  nuque 
seront  les  plus  courtes  et  les  plus  épaisses. 

La  ceinture  thoracique  n'est  pas  très-large;  dans  la  fig.  i  de  la  pi.  28,  on  en  voit 


-.    258     — 

distinctement  la  partie  inférieure,  qui  forme  une  saillie  arrondie  au  dessus  de  l'in- 
sertion des  pectorales,  tandis  que  sa  partie  supérieure  est  presque  entièrement  cachée 
sous  l'opercule.  Les  pectorales  sont  de  moyenne  grandeur;  on  aperçoit  dans  la  fig.  i 
de  la  pi.  28  sept  des  rayons  extérieurs  de  celle  du  côté  gauche,  et  le  point  d'inser- 
tion de  quelques-uns  des  petits  rayons  de  son  bord  intérieur ,  qui  sont  mieux  con- 
servés dans  l'exemplaire  de  la  collection  de  Miss  Baker,  où  l'on  reconnaît  au  moins 
12  rayons  à  cette  nageoire.  Ils  sont  simples  sur  les  deux  tiers  inférieurs  de  leur 
longueur,  et  articulés  et  bifurques  seulement  à  leur  extrémité.  Tout  le  long  du  bord 
antérieur  de  la  nageoire,  il  y  a  des  fulcres  courts  mais  épais,  et  faiblement  inclinés 
contre  les  rayons.  Les  ventrales  sont  un  peu  plus  en  arrière  que  le  milieu  de  l'abdo- 
men ,  et  en  avant  du  bord  antérieur  de  la  dorsale  ;  une  échancrure  au  bord  du  ventre 
de  l'exemplaire  de  la  pi.  29,  dans  lequel  elles  manquent,  indique  quelle  était  leur 
position.  Dans  l'exemplaire  de  Miss  Baker,  elles  sont  en  place  et  se  composent  de 
rayons  un  peu  plus  courts  et  plus  grêles  que  ceux  des  pectorales  ;  à  leur  bord  anté- 
rieur il  y  a  aussi  une  rangée  de  petits  fulcres.  Quant  au  nombre  des  rayons  de  cette 
nageoire,  je  ne  puis  l'indiquer  exactement.  La  dorsale  et  l'anale  ont  la  même  struc- 
ture et  à-peu-près  la  même  forme  et  les  mêmes  dimensions;  la  seule  différence 
qu'elles  présentent,  c'est  que  la  dorsale  est  un  peu  plus  courte  et  coupée  carrément 
à  son  bord  supérieur,  tandis  que,  dans  l'anale,  le  bord  antérieur  est  un  peu  plus 
allonge,  et  la  nageoire  par  conséquent  acuminée.  Le  bord  antérieur  de  l'anale  est 
inséré  vis-à-vis  de  l'extrémité  de  la  dorsale.  Les  rayons  de  ces  deux  nageoires  sont 
plus  gros  que  ceux  des  pectorales  et  des  ventrales,  articulés  de  très-près  jusque  vers 
leur  base,  et  profondément  bifurques  à  plusieurs  reprises.  On  en  compte  8  à  chacune 
de  ces  deux  nageoires.  Tout  le  long  de  leur  bord  antérieur  il  y  a  de  gros  fulcres, 
plus  allongés  et  plus  inclinés  que  ceux  des  pectorales.  En  avant  de  la  base  de  l'anale 
on  remarque  une  grosse  écaille  impaire,  dont  l'angle  se  relève  contre  les  premiers 
fulcres,  de  la  même  manière  que  les  écailles  impaires  du  milieu  du  dos  se  termi- 
nent au  bord  antérieur  de  la  dorsale.  Quoique  la  dorsale  et  l'anale  soient  très-dis- 
tinctes dans  l'exemplaire  de  la  pi.  29,  elles  sont  cependant  encore  mieux  conservées 
dans  celui  du  Musée  de  Paris.  La  caudale,  la  plus  grande  de  toutes  les  nageoires,  est 
légèrement  échancrée  au  milieu;  son  lobe  supérieur  est  un  peu  plus  long,  mais  aussi 
plus  étroit  que  son  lobe  inférieur.  Elle  est  très-distincte  dans  l'exemplaire  de  la 
pi.  29,  où  seulement  l'extrémité  de  son  lobe  supérieur  est  en  partie  enlevée.  Dans 
plusieurs  autres  fragmens  de  la  collection  de  M.  Hartmann,  on  en  voit  différentes 
parties  très-bien  conservées.  Plusieurs  petits  exemplaires  du  Musée  de  Stuttgart  la 
présentent  également  bien.  Dans  l'exemplaire  du  Musée  de  Paris,  tout  le  lobe  su- 
périeur est  enlevé ,  mais  les  rayons  du  lobe  inférieur  sont  dans  un  état  parfait  de  con- 


—    239     — 

servation.  L'insertion  des  rayons  de  celte  nageoire  a  quelque  chose  de  particulier: 
ceux  du  lobe  infe'rieur,  au  nombre  de  9,  sont  implantés  à-peu-prcs  à  la  même  hau- 
teur, et  leur  base  est  recouverte  d'écaillés  plus  petites,  en  forme  de  lozanges  allon- 
gées ,  qui  terminent  la  cuirassé  que  forment  les  écailles,  par  une  saillie  arrondie  sur 
ces  rayons.  Ceux  du  lobe  supérieur,  au  contraire,  également  au  nombre  de  9,  au 
moins,  sont  insérés  successivement  un  peu  plus  en  arrière  les  uns  que  les  autres,  et 
sont  recouverts  à  leur  base  par  de  petites  écailles  semblables  à  celles  du  lobe  inférieur, 
mais  formant  des  lignes  obliques  qui  s'étendent  en  arrière  sur  la  base  du  lobe  su- 
périeur. Les  rayons  du  milieu  de  cette  nageoire  sont  les  plus  courts;  ils  deviennent 
insensiblement  plus  longs  vers  ses  bords.  Tous  sont  articulés  de  très-près  jusques 
vers  leur  base,  et  profondément  divisés  à  plusieurs  reprises.  Le  rayon  extérieur, 
cependant ,  tant  au  lobe  supérieur  qu'au  lobe  inférieur,  est  simple,  quoique  articulé 
comme  les  autres;  sur  toute  son  étendue  se  voient  des  deux  côtés  de  la  nageoire  de 
gros  fulcres  allongés,  qui  diminuent  insensiblement  vers  l'extrémité  du  rayon,  mais 
dont  les  premiers,  qui  sont  les  plus  gros,  commencent  en  avant  de  sa  base,  au  lobe 
inféi'ieur.  Ils  sont  précédés  de  quelques  écailles  acuminées,  qui  se  redressent  con- 
tre eux.  Le  lobe  supérieur  présente  quelque  chose  de  particulier  :  les  fulcres  sont 
enclavés  dans  une  gaîne  que  forment  les  écailles  du  prolongement  supérieur  du  pédi- 
cule de  la  queue ,  et  finissent  par  se  confondre  avec  les  écailles  impaires  du  milieu  du 
dos.  Dans  les  jeunes  individus,  les  rayons  de  cette  nageoire  sont  plus  grêles  que 
dans  les  vieux  ,  où  ils  sont  fort  épais. 

Quanta  la  tête,  c'est  dans  l'exemplaire  de  la  pi.  28,  mais  surtout  dans  celui  de 
Miss  Baker,  que  j'ai  pu  l'étudier.  Les  os  du  crâne  sont  les  moins  distincts;  cependant 
l'on  voit  que  les  frontaux  sont  très-allongés  et  passablement  larges  ;  leur  surface  pré- 
sente des  rugosités  divergeant  vers  les  bords.  Les  pariétaux  sont  proportionnelle- 
ment ti'ès-petits  ;  et  derrière  eux  est  ime  rangée  transverse  de  plaques  nuchales  plus 
grandes  que  les  écailles,  et  dont  la  surface  est  également  rugueuse.  L'orbite  est  de 
moyenne  grandeur  ;  elle  est  entourée  de  6  sous-orbitaires ,  à-peu-près  de  même  gran- 
deur, trapézoïdes,  et  dont  le  plus  petit  côté  est  tourné  vers  le  bord  de  l'orbite.  On  n'en 
voit  que  l'empreinte  dans  l'exemplaire  de  la  pi.  28;  mais  dans  celui  de  Miss  Baker, 
leur  surface  présente  des  rugosités  disposées  comme  des  rayons  divergens  autour  de 
l'orbite.  L'espace  compris  entre  les  mâchoires,  le  préopercule  et  les  sous-orbitaires, 
est  recouvert  par  d'autres  plaques  osseuses,  semblables  aux  sous-orbitaires,  mais  plus 
larges  et  différant  de  grandeur  entr'elles.  Celle  qui  tient  au  crâne  est  beaucoup  plus 
petite  que  la  suivante ,  qui  est  la  plus  grande  de  toutes  ;  celles  du  bord  inférieur  sont 
plus  petites  et  plus  uniformes  ;  elles  sont  toutes  rugueuses,  comme  les  sous-orbitaires, 
et  portent  en  outre  quelques  tubercules.    On  n'en  voit  que  l'empreinte  dans  l'exem- 


—     240     — 

plaire  de  la  pi.  28.  Le  préopercule  a  la  forme  d'un  croissant  étroit,  dont  la  partie 
moyenne  fait  saillie  en  arrière  ;  sa  branche  montante  est  plus  longue  que  sa  branche 
horizontale;  sa  surface  est  lisse.  Les  autres  pièces  operculaires  sont  également  lisses; 
l'opercule ,  qui  est  la  plus  grande ,  a  la  forme  d'un  carré  long ,  dont  le  grand  dia- 
mètre est  vertical.  Le  subopercule  a  également  la  forme  d'un  carré  long,  mais  son 
grand  diamètre  est  horizontal,  et  son  angle  postérieur  et  inférieur  est  arrondi,  tandis 
que  son  angle  supérieur  et  antérieur  s'élève  en  forme  d'apophyse  enchâssée  entre  le 
préopercule  et  l'opercule.  L'interopercule,  placé  au  dessous  de  la  branche  horizontale 
du  préopercule,  a  la  forme  d'un  demi-croissant  tronqué  en  arrière,  et  s'atténuant 
vers  l'insertion  des  mâchoires.  Tous  ces  os  ont  leur  surface  recouverte  d'une  couche 
d'émail,  comme  celle  des  écailles.  Dans  l'exemplaire  de  Miss  Baker,  on  voit  au  des- 
sous de  l'interopercule  les  traces  de  cinq  rayons  branchiostègues  au  moins,  dont  les 
supérieurs  sont  les  plus  gros.  Le  grand  os  des  cornes  latérales  de  l'os  hyoïde  est 
aplati  à  ses  extrémités.  M.  le  comte  de  Munster  possède  aussi  un  fragment  où  l'on 
voit  une  partie  de  l'os  hyoïde  et  quelques-uns  des  rayons  branchiostègues.  Les  mâ- 
choires sont  courtes  et  étroites;  dans  l'exemplaire  de  la  pi.  28,  on  distingue  les 
deux  branches  de  la  mâchoire ,  ainsi  que  l'intermaxillaire  et  le  maxillaire  supérieur 
gauche,  placés  à  la  suite  l'un  de  l'autre  de  manière  à  former  un  seul  arc.  Le  long  du 
bord  de  la  mâchoire  supérieure  et  de  la  mâchoire  inférieure,  on  aperçoit  une  rangée 
de  petites  dents  coniques  et  obtuses,  peu  serrées.  Je  n'ai  pu  découvrir  dans  aucun 
exemplaire  de  cette  espèce  la  face  interne  et  supérieure  des  os  maxillaires;  ensorte 
que  j'ignore  si  elle  portait  d'autres  dents,  et  quelle  était  leur  forme. 

Il  y  a  cinq  ou  six  ans  que  je  plaçais  encore  ce  poisson  dans  le  genre  Tetragono- 
lepis;  il  est  même  indiqué  sous  le  nom  de  Tetragonolepis  gigas  dans  un  catalogue 
manuscrit  que  je  communiquai  à  cette  époque  à  plusieurs  amis;  je  les  prie  de  recti- 
fier ce  nom ,  pour  qu'il  ne  fasse  pas  plus  tard  double  emploi  dans  quelque  ouvrage 
où  les  fossiles  caractéristiques  du  Lias  pourraient  être  cités  d'après  cette  première 
indication. 

II.    LePIDOTUS  SEMISERRATUS  Ag. 

Vol.  2.  Tab.  29  a  ei  29  è  (  Cah.  suppl.  ) 

Lepidotus  latissimns  et  umbonatus  Ag.  Tahl.  synopt.  p.  8. —  Figuré  en  petit  dans  la  Géologie  du 
Yorksldre  de  M.  Young,  pi.  16,  fig.  7  et  8.  (Dans  cette  dernière  fîg.  le  poisson  est  renversé.  ) 
—  Mentionné  ég;dement  parmi  les  espèces  douteuses  de  Palœoniscus,  à  la  page  82  de  ce  2""°  vol., 
d'après  les  figures  de  M.  Young. 

Le  premier  indice  que  j'ai  eu  de  l'existence  de  celte  espèce,  a  été  une  plaque  de 
grosses  écailles  provenant  du  Lias  d'Angleterre,  qui  se  trouve  au  Muséum  de  Paris, 


—     241     — 

et  que  j'avais  inscrite  dans  mon  Tableau  synoptique  sous  le  nom  de  L.  latissimus, 
sans  me  douter  que  les  figures  de  l'ouvrage  de  M.  Young  que  j'ai  citées  à  la  suite  des 
espèces  du  genre  Palœoniscus,  sur  lesquelles  j'invoquais  de  nouveaux  rcnseignemens, 
représentassent  la  même  espèce.  Ces  rcnseignemens,  je  les  ai  trouvés  moi-même  au 
Musée  de  Whitby ,  où  M.  Young  a  eu  l'obligeance  de  me  faire  voir  les  originaux  de 
ses  figures,  et  plusieurs  autres  exemplaires  découverts  depuis  la  publication  de  son 
ouvrage,  tant  par  lui  que  par  M.  H.  Belclier  et  par  M.  Ripley.  Ces  pièces  m'ont 
fait  connaître  presque  tous  les  détails  de  la  structure  des  parties  solides  de  ce  poisson, 
et  m'ont  engagé  à  changer  le  nom  de  latissimus  que  je  lui  avais  d'abord  donné  en 
celui  de  semiserratus. 

Cette  espèce  paraît  être  très-commune  dans  le  Lias  des  environs  de  Wliitby  et  de 
Scarborough  ;  du  moins  j'en  ai  vu  un  grand  nombre  d'exemplaires  provenant  de  ces 
localités,  dans  les  Musées  de  Scarborougli,  d'York,  de  New-Castle ,  d'Oxford,  et 
dans  la  collection  de  M.  Randyl  à  Stockton.  Lord  Fitz-William  en  possède  aussi  du 
Lias  de  Loftus.  L'exemplaire  figuré  pi.  29  a,  est  le  même  que  celui  de  la  fig.  8, 
pi.  16  de  l'ouvrage  de  M.  Young.  Celui  de  la  fig.  i  de  ma  pi.  29  è,  se  trouve  au 
Musée  de  Scarborougli;  et  celui  des  fig. -2  et  3  de  la  même  planche  appartient  à  M. 
Randyl. 

Les  dimensions  de  ce  poisson  sont  à-peu-près  les  mêmes  que  celles  du  L.  gigas; 
seulement  son  corps  est  plus  allongé,  plus  arrondi  et  proportionnellement  moins 
large;  en  sorte  que  sa  plus  grande  largeur  n'est  que  du  quart  de  la  longueur  totale. 
La  tête  est  aussi  plus  allongée  et  moins  arrondie  en  avant;  mais  elle  est  plus  large  en 
dessus,  et  le  diamètre  transversal  du  corps  paraît  avoir  été  plus  considérable,  pro- 
portionnellement à  sa  hauteur. 

Une  circonstance  particulière  m'a  singulièrement  facilité  l'examen  de  cette  espèce. 
La  plupart  des  exemplaires  que  j'ai  vus  ont  été  trouvés  dans  des  schistes  marneux  du 
Lias,  contenant  beaucoup  de  pyrites  qui  ayant  pénétré  la  masse  de  tout  le  poisson, 
ont  rendu  sa  séjiaration  des  couches  environnantes  très-facile.  Aussi  existe-t-il  aux 
Musées  de  Whitby  et  de  Scarborough  surtout,  des  exemplaires  entièrement  dégagés 
de  la  roche,  et  qui  ont  conservé  leurs  formes  naturelles. 

La  tête,  de  moyenne  grandeur,  présente  un  profil  à-peu-près  droit,  et  formant  à 
la  nuque  un  angle  très-obtus  avec  le  bord  du  dos,  qui  est  très-peu  voûté.  Le  museau 
forme  une  saillie  conique  et  arrondie;  le  bord  inférieur  est  également  droit;  ce  qui 
donne  à  toute  la  tête  la  forme  d'un  large  cône  tronqué.  La  surface  du  crâne  est  très- 
large,  légèrement  arrondie,  de  même  que  les  plaques  buccales  supérieures  et  la  partie 
supérieure  de  l'opercule;  ce  qui  donne  au  diamètre  transversal  de  la  tête  une  dimen- 
sidn  presque  aussi  considérable  qu'à  son  diamètre  vertical.    De  larges  frontaux  et 

ToM.,  II.  32 


—    242     — 

de  grands  pariétaux  forment  la  plus  grande  partie  de  sa  voûte.  On  les  voit  très-bien 
dans  l'exemplaire  de  la  fig.  3,  pi.  29  ô^  qui  se  trouve  dans  la  collection  de 
M.  Bandyl.  Mais,  chose  assez  curieuse,  ces  os  ne  sont  pas  égaux  sur  les  deux 
côtés  du  crâne  :  le  frontal  gauche  est  sensiblement  plus  court  et  plus  étroit  que  celui 
du  côté  droit;  et  la  suture  qui  les  unit  est  sinueuse,  le  bord  interne  du  frontal  gauche 
formant  une  saillie  arrondie  qui  avance  sur  le  milieu  du  bord  correspondant  du 
frontal  droit;  tandis  que  plus  en  arrière,  le  bord  interne  du  frontal  droit  avance  sur 
le  frontal  gauche.  Ces  deux  os  sont  à-peu-près  du  double  plus  longs  que  larges  ;  leur 
extrémité  antérieure  est  sensiblement  rétrécie,  et  se  termine  par  plusieurs  dentations 
profondes  dans  lesquelles  s'engrène  l'ethmoïde;  leur  extrémité  postérieure,  surtout 
celle  du  frontal  droit,  est  notablement  plus  large.  Les  pariétaux  sont  aussi  larges  que 
les  frontaux,  mais  beaucoup  plus  courts;  et  à  l'inverse  de  ces  derniers,  celui  du  côté 
gauche  est  plus  grand  que  celui  du  côté  droit ,  et  forme  une  saillie  entre  le  frontal 
droit  et  le  pariétal  du  même  côté. 

Cette  inégalité  des  os  du  crâne  n'est  point  accidentelle  :  dans  tous  les  exemplaires 
où  j'ai  pu  examiner  ces  os,  je  leur  ai  retrouvé  cette  même  disposition.  Dans  la  fig.  5, 
j'ai  fait  représenter  ces  os  très-en  petit,  d'après  un  exemplaire  dans  lequel  ils  sont 
très-bien  conservés,  qui  a  été  déposé  au  Musée  de  Whitby  par  M.  Belcher. 

En  arrière  des  pariétaux,  l'on  distingue  une  ceinture  étroite,  formée  par  ces 
plaques  particulières  que  j'ai  appelées  7ZMcA«Ze5^  et  qui  s'étendent  jusqu'au  bord  su- 
périeur de  l'opercule.  Sur  les  côtés  des  pariétaux  se  voient  les  mastoïdiens,  qui  sont 
étroits,  mais  aussi  longs  qu'eux.  L'orbite  est  plus  petite,  proportionnellement,  que 
dans  le  Z.  gigcis.  Les  sous-orbitaires ,  qui  l'entourent  en  arrière,  en  dessous  et  en 
avant,  sont  beaucoup  plus  petits  que  les  plaques  buccales  ;  mais  à  son  bord  supérieur, 
le  long  du  frontal,  on  remarque  trois  plaques  osseuses,  qui  s'unissent  aux  sous-orbi- 
taires pour  entourer  l'orbite  comme  un  cercle,  et  qui  paraissent  être  des  démem- 
biemens  du  frontal.  Ces  trois  plaques  se  voient  très-distinctement  dans  la  fig.  3. 
Tous  les  os  de  la  surface  du  «âne  sont  lisses,  et  n'offrent  que  quelques  sinuosités 
évasées,  qui  deviennent  plus  fiéquentes  sur  les  pariétaux^  et  qui^  sur  les  plaques 
nuchales  ,  se  resserrent  de  manière  à  leur  donner  un  aspect  rugueux.  Les  plaques 
buccales  sont  très-développées  :  elles  recouvrent  entièrement  les  joues,  et  occupent 
tout  l'espace  compris  entre  les  mâchoires,  les  sous-orbitaires  et  le  préopercule;  leur 
surface  ne  présente  que  quelques  inégalités.  Quant  aux  pièces  operculaires,  elles  sont 
très-larges  et  occupent  environ  la  moitié  du  côté  de  la  tête  ;  leur  surface  est  complète- 
ment lisse;  il  n'y  a  que  le  préopercule  et  le  subopercule,  qui  présentent  quelques 
rugosités  à  leur  bord  postérieur.  L'opercule  est  le  plus  grand  de  ces  os  ;  sa  forme  est 
celle  d'un  carré  long,  dont  le  côté  supérieur  est  un  peu  plus  étroit,  et  dont  le  bord 


—     243     — 

postérieur  est  légèrement  arrondi.  Le  subopercule  est  aussi  très-grand;  son  bord 
postérieur  est  arrondi  ;  tandis  que  son  angle  supérieur  et  antérieur  se  prolonge  en 
une  apopbyse  étroite,  qui  s'élève  assez  haut  entre  l'opercule  et  le  préopercule.  La 
branche  montante  de  ce  dernier  est  très-longue  et  étroite,  et  son  angle  arrondi. 
L'interopercule  est  petit  et  de  forme  triangulaire.  Dans  la  fig.  4?  ces  pièces  opercu- 
laires  sont  représentées  en  petit,  d'après  un  exemplaire  oii  l'on  voit  surtout  bien 
l'apopliyse  montante  du  subopercule. 

Les  mâchoires  sont  plus  allongées  dans  cette  espèce  que  dans  le  Z.  gigas  ;  la  mâ- 
choire inférieure,  surtout,  s'étend  plus  en  arrière,  et  son  extrémité  postérieure  est 
plus  haute.  Leur  bord  ne  m'a  non  plus  présenté  que  de  petites  dents  coniques  et 
obtuses.  La  fig.  i  de  la  pi.  29  b  représente  un  exemplaire  très-instructif  du  Musée  de 
Scarborough,  qui  m'a  été  communiqué  par  M.  WiUiamson,  et  dans  lequel  on  voit  ^ 
distinctement  les  deux  branches  de  la  mâchoire  inférieure  par  leur  face  inférieure. 
On  y  reconnaît  la  forme  particulière  de  ces  os,  qui  donne  au  museau  son  aspect  tron- 
qué. En  effet,  l'extrémité  antérieure  des  deux  branches  de  la  mâchoire  inférieure 
se  recourbe  presque  à  angle  droit,  et  s'attéiuie  avant  que  leur  réunion  ait  lieu  à  la 
symphyse  du  menton.  Dans  l'intervalle  compris  entr' elles,  on  voit  distinctement 
le  grand  os  des  deux  cornes  latérales  de  l'os  hyoïde,  à  l'extrémité  duquel  on  dis- 
tingue de  chaque  côté  la  partie  antérieure  de  sept  rayons  branchiostègues.  Ce  nombre 
paraît  être  normal  pour  le  genre  Lepidotus  j  bien  que  je  n'aie  pas  vu  ces  rayons  dans 
toutes  les  espèces.  Dans  celles  où  j'en  ai  trouvé  moins,  j'ai  toujours  remarqué  qu'il 
en  manquait,  ou  que  leur  position  ne  permettait  pas  de  les  voir  tous. 

La  forme  générale  du  tronc  indique  im  poisson  plus  allongé  et  plus  arrondi  que  le 
L.  gigas;  comme  on  peut  s'en  convaincre  en  comparant  les  fig.  i  des  pi.  29  a  et  29  b. 
Ses  mouvemens  devaient  être  par  conséquent  plus  rapides  et  plus  dégagés.  Les  di- 
mensions de  ses  mâchoires,  plus  fortes  et  plus  allongées,  et  qui  font  présumer  que 
ce  poisson  était  plus  vorace  que  le  premier,  confirment  ce  que  la  vue  du  tronc  seul 
ferait  déjà  supposer. 

La  ceinture  thoracique  est  étroite,  quoique  assez  vigoureuse;  l'angle  de  l'humérus 
est  arrondi,  et  ne  forme  point  de  saillie  au  dessus  de  l'insertion  des  pectorales.  Ces 
nageoires  se  voient  très-bien  les  deux  dans  la  fig.  i  de  la  pi.  29 1>;  elles  sont  beaucoup 
plus  allongées  que  celles  du  L.  gigas.  Celle  du  côté  droit,  surtout,  laisse  deviner  ses 
dimensions  :  elle  s'étend  au-delà  de  la  moitié  de  l'espace  compris  entre  les  pectorales 
et  les  ventrales.  Elles  ont  1 5  rayons  de  moyenne  épaisseur,  arqués  à  leur  base,  simples 
jusqu'à  la  moitié  de  leur  longueur,  articulés  et  bifurques  à  plusieurs  reprises  de  là  jus- 
qu'à leur  extrémité.  Le  long  de  leur  bord  extérieur,  il  y  a  de  petits  fulcres,  dont  on 
voit  quelques  traces  sur  le  côté  de  celle  de  gauche  dans  la  figure  citée.  Je  les  ai  vus  plus 


—     244     — 

distinctement  dans  d'autres  exemplaires.  Les  ventrales  ne  sont  bien  conservées  dans 
aucun  des  exemplaires  que  j'ai  examinés^  cependant,  danscelui  de  la  fig.  i,  pi.  29  h,  on 
voit  la  base  de  ces  deux  nageoires;  on  distingue  même  10  rayons  à  celle  du  côté  droit. 
La  partie  qui  en  est  conservée  est  simple  et  sans  articulations.  Dans  celle  du  côté 
gauche,  où  il  n'y  a  que  9  rayons  de  conservés,  on  voit  que  ceux  du  bord  interne,  qui  sont 
entiers,  se  bifurquent  depuis  leur  milieu  ;  leur  dimension  et  celle  des  rayons  extérieurs 
brisés,  prouve  que  ces  nageoires  étaient  beaucoup  plus  petites  que  les  pectorales.  Dans 
les  nombreux  exemplaires  que  j'ai  vus,  je  n'ai  d'ailleurs  remarqué  aucune  trace  des 
autres  nageoires;  sans  doute  à  cause  de  l'état  de  conservation  même  du  tronc,  qui,  de- 
venu plus  compact  par  la  masse  de  pyrites  qu'il  contient  ordinairement,  s'est  toujours 
séparé  en  même  temps  delà  roche  et  des  nageoires  verticales,  qui  ont  du  rester  dans 
la  masse  environnante;  tandis  que  les  nageoires  paires,  accolées  au  tronc,  ont  été  plus 
fréquemment  préservées  d'une  dislocation  complète.  Cependant,  à  l'extrémité  posté- 
rieure de  la  fig.  I,  pi.  29  by  on  aperçoit  deux  grosses  écailles  impaires,  qui  indiquent 
quelle  était  la  position  de  l'anale ,  et  qui  font  voir  que  cette  nageoire  était  plus  rap- 
prochée des  ventrales  que  celles-ci  ne  le  sont  des  pectorales. 

Les  écailles  forment  des  séries  dorso-ventrales  très-distinctes.  Celles  qui  recou- 
vrent les  parois  delà  cavité  abdominale  sont  les  plus  grandes;  le  long  du  dos,  sur  le 
pédicule  de  la  queue  et  sous  le  ventre,  elles  sont  sensiblement  plus  petites.  Toutes 
ont  une  forme  rhomboïdale.  Leurs  bords  supérieur  et  inférieur  sont  droits;  mais  la 
moitié  inférieure  du  bord  postérieur  présente  quelques  grosses  dents ,  ou  simplement 
un  prolongement  de  l'angle  inférieur.  Ce  sont  les  écailles  de  la  partie  antérieure  du 
tronc,  qui  ont  le  plus  grand  nombre  de  ces  dents  ;  celles  qui  suivent  immédiatement 
la  ceinture  thoracique  au-dessus  de  l'insertion  des  pectorales,  en  ont  cinq  ou  six; 
celles  des  flancs,  trois  ou  quatre;  celles  du  commencement  de  la  queue,  deux;  celles 
de  son  pédicule,  des  bords  du  dos  et  de  dessous  le  ventre  ,  ont  simplement  leur  angle 
inférieur  et  postérieur  allongé.  La  pi.  29^  donne  une  juste  idée  de  toutes  ces  diffé- 
rences. Ces  écailles  sont  très-épaisses,  toutes  articulées  par  des  onglets  covirts  et 
larges.  Ija  partie  émaillée  est  beaucoup  plus  grande  que  la  racine,  qui  est  cachée  dans 
l'imbrication,  et  dont  le  bord  est  moins  échancré  que  dans  les  écailles  du  Z.  gîgas. 
Dans  la  fig.  i  de  la  pi.  29  Z>^  on  voit  que  toutes  les  écailles  de  dessous  le  ventre  sont 
plus  uniformes  et  en  lozanges  plus  allongées  que  celles  des  flancs.  La  ligne  latérale 
n'est  marquée  que  par  une  légère  protubérance  sur  le  milieu  de  chacune  de  ses 
écailles.  La  fig.  i  de  la  pi.  3o  représente  une  de  ces  écailles  détachées,  de  la  partie 
postérieure  du  tronc,  qui  se  trouvait  dans  la  collection  de  feu  M.  Régley ,  et  à  laquelle 
j'avais  d'abord  donné  le  nom  de  L.  umhonatus.  (i) 

(1)  N'ayant  jamais  eu  à  ma  disposition  les  poissons  fossiles  que  j'avais  examinés  antérieurement  lorsque  j'étudiais  de 


—     245     — 

Cette  espèce  remarquable  n'a  point  encore  été  trouvée  sur  le  continent. 

III.  Lepidotus  undatus  Ag. 
Yol.  2.  Tab.  33. 

11  existe  au  Muséum  d'Histoire  naturelle  de  Paris  une  plaque  d'un  calcaire  scbis- 
teux,  sur  laquelle  se  trouve  toute  la  partie  postérieure  du  tronc  de  ce  poisson  figu- 
rée dans  la  planclie  indiquée,  et  dans  un  état  de  conservation  parfaite.  Malbeureuse- 
ment  son  origine  est  inconnue.  Cependant,  un  fragment  contenant  quelques  écailles 
de  la  même  espèce ,  et  qui  est  déposé  au  Muséum  à  côté  de  la  grande  plaque ,  porte 
l'indication  de  Caen  ;  ce  qui  me  fait  présumer  que  ce  poisson  provient  du  calcaire  à 
Bélemnites  des  environs  de  cette  ville.  Bien  que  la  tête  et.  la  partie  antérieure  du 
tronc  soient  enlevées,  ce  qui  reste  est  si  complet,  qu'il  est  facile  de  caractériser  cette 
espèce  j  d'autant  plus  que  la  présence  des  pectorales  ne  laisse  aucun  doute  sur  sa  lon- 
gueur et  sur  ses  auties  dimensions - 

Le  tronc  est  proiîortionnellement  très-large  ;  le  pédicule  de  la  queue  se  rétrécit 
considérablement,  et  les  écailles  sont  généralement  plus  petites  que  dans  les  espèces 
de  cette  taille.  Les  pectorales  sont  larges,  et  leurs  rayons  très-divisés;  à  leur  bord 
extérieur  se  voient  de  petits  fulcres  ;  elles  ne  sont  pas  plus  éloignées  des  ventrales 
que  celles-ci  de  l'anale.  Les  ventrales  paraissent  avoir  été  sensiblement  plus  petites; 
du  moins  les  rayons  qu'il  en  reste  vers  le  milieu  du  ventre  sont-ils  plus  grêles. 
L'anale  est  beaucoup  plus  grande  ;  quoiqu'elle  soit  très-disloquée,  on  voit  cependant 
que  ses  rayons,  simples  à  leur  base,  sont  plats  et  très- bifurques  à  leur  extrémité. 
Le  long  du  bord  antérieur  de  cette  nageoire,  il  y  a  de  grands  fulcres  très-inclinés, 
en  avant  desquels  se  trouve  une  grosse  écaille  impaire,  allongée.  La  dorsale  est  plus 
grande  encore ,  et  ses  fulcres  sont  beaucoup  plus  gros  5  le  quart  inférieur  des  rayons 
antérieurs  est  simple  ;  vers  leur  extrémité  ils  s'aplatissent  et  se  dilatent  considérable- 
ment, en  se  bifurquant  fréquemment;  c'est  surtout  le  cas  des  rayons  postérieurs, 
qui  se  divisent  jusque  vers  leur  base.  H  y  a  en  tout  8  ou  9  rayons.  Cette  nageoire 
est  très-reculée  et  placée  presque  vis-à-vis  de  l'anale.  Dans  aucune  espèce  du  genre 
je  n'ai  vu  la  caudale  aussi  bien  conservée  ;  elle  donne  une  idée  très-juste  de  la  struc- 
ture de  cette  nageoire  dans  les  poissons  de  ce  groupe.  L'insertion  de  ses  rayons 
forme  une  ligne  oblique,  masquée  par  une  rangée  d'écaillés  de  forme  particulière, 
beaucoup  plus  allongées,  disposées  en  forme  de  croissant,    et  plus  petites  sur  les 

nouvelles  collections,  il  m'est  arrivé  quelquefois  de  prendre  pour  nouvelles  des  espèces  que  j'avais  déjà  décrites.  Ce 
n'est  qu'en  retravaillant  mes  notes,  que  j'ai  pu  découvrir  de  pareilles  erreurs;  je  m'empresse  de  les  signaler,  afin  que 
les  propriétaires  de  ces  diflerens  exemplaires  puissent  les  étiqueter  du  nom  que  je  leur  conserve  définitivement. 


—     246     — 

rayons  du  lobe  inférieur  que  sur  ceux  du  lobe  supérieur,  oîi  elles  suivent  en  arrière 
en  ligne  oblique  de  bas  en  haut ,  et  finissent  par  se  confondre  avec  les  dernières 
écailles  du  prolongement  du  pédicule  de  la  queue.  Le  lobe  supérieur  de  cette  nageoire 
est  un  peu  plus  allongé  que  son  lobe  inférieur;  on  y  voit  lo  rayons,  tandis  que  le 
lobe  inférieur  n'en  a  que  8.  La  forme  et  la  structure  de  ces  rayons  varie  aussi  con- 
sidérablement :  ceux  du  milieu  de  la  nageoire  sont  les  plus  courts,  mais  aussi  les  plus 
larges;  ils  sont  articulés  de  très-près  jusqu'à  leur  base.  Sur  les  côtés  de  la  nageoire, 
la  base  des  rayons  est  d'abord  simple  ;  ils  ne  se  bifurquent  et  ne  s'aplatissent  con- 
sidérablement que  depuis  le  tiers,  et  plus  en  dehors  que  depuis  la  moitié  de  leur  lon- 
gueur; aux  bords  extérieurs,  ils  sont  simplement  bifurques;  if  y  en  a  même  deux  au 
lobe  supérieur,  qui  sont  entièrement  simples  et  sensiblement  plus  grêles  que  les  rayons 
internes  voisins,  et  un  semblable  au  lobe  inférieur,  qui  cependant  est  aussi  gros  que 
ceux  qui  le  précèdent.  Tous  ces  rayons,  indépendamment  de  leurs  bifurcations,  sont 
articulés  de  très-pi'ès.  Le  long  de  ces  rayons  simples,  on  remarque  une  rangée  de 
gros  fulcres  peu  inclinés,  qui  deviennent  insensiblement  plus  petits  vers  l'extrémité 
des  lobes,  et  dont  les  premiers,  qui  sont  les  plus  gros,  se  confondent  à  leur  base  avec 
les  écailles  allongées  impaires  du  milieu  du  dos  et  du  bord  inférieur  de  la  queue. 

Toutes  les  écailles  ont  leur  surface  lisse  et  leurs  bords  entiers;  mais  leur  forme  est 
très-caractéristique  :  dans  toutes  l'angle  inférieur  et  postérieur  est  allongé;  on  le 
voit  surtout  bien  dans  trois  écailles  disloquées,  placées  au  dessous  de  la  dorsale. 
Celles  des  flancs  sont  plus  hautes  que  longues;  leurs  bords  supérieur  et  inférieur  sont 
légèrement  sinueux,  en  forme  d'S  très-ouvert.  Celles  des  bords  du  dos  et  du  ventre 
sont  plus  petites.  Entre  la  dorsale  et  l'anale,  leur  hauteur  égale  à-peu-près  leur  lon- 
gueur, tandis  que  celles  du  pédicule  de  la  queue  sont  plus  longues  que  hautes;  les 
plus  petites  et  les  plus  longues  sont  celles  qui  recouvrent  les  côtés  de  son  prolonge- 
ment supérieur.  La  ligne  latérale  est  droite,  marquée  par  des  trous  semi-lunaires, 
percés  dans  le  centre  des  écailles  d'une  série  qui  occupe  à-peu-près  le  milieu  de  la 
largeur  du  corps  sur  la  queue,  et  qui  s'élève  presque  aux  deux  tiers  de  sa  hauteur 
sur  les  flancs. 

Les  seuls  exemplaires  que  je  connaisse  de  cette  espèce,  sont  ceux  du  Musée  de 

Paris. 

IV.  Lepidotus  rugosus  Ag. 

Yol.  1.  Tab.  33  «,  fig.  i — 8.  ÇCah.  suppl.) 

Je  ne  connais  encore  que  des  fragmens  détachés  de  cette  espèce,  provenant  du 
Lias  de  Lyme  Régis  et  de  Whitby,  et  qui  se  trouvent  dans  les  collections  de  Miss 
Philpot,  de  M.  Johnson  et  de  M.  Bowerbank.  Ces  fragmens  sont  cependant  très-carac- 


—    247    — 

léristiques,  et  indiquent  une  espèce  fort  différente  de  celles  que  l'on  trouve  dans 
cette  formation,  tant  ailleurs  que  dans  ces  mêmes  localités. 

Ce  qui  caractérise  surtout  le  L.  rugosuSj  c'est  que  toute  sa  surface  est  rugueuse, 
celle  des  écailles  comme  celle  des  os.  La  fig.  i,  dont  l'original  est  au  Musée  de 
Whitby,  représente  une  partie  de  la  voûte  du  crâne;  on  y  voit  les  deux  frontaux, 
brisés  à  leur  extrémité  antérieure.  Celui  de  gauche,  qui  est  le  plus  petit,  forme  à 
son  bord  postérieur  une  saillie  arrondie  qui  avance  sur  celui  de  droite.  Du  centre 
d'ossification  de  ces  os  partent  des  arêtes  rugueuses  et  même  tuberculées,  qui  se 
dirigent  dans  tous  les  sens.  Les  traces  indistinctes  des  pariétaux  et  des  mastoïdiens 
qui  se  voient  en  arrière,  laissent  également  apercevoir  une  surface  rugueuse.  La 
fig.  2  représente  les  pièces  operculaires  et  une  partie  des  plaques  buccales.  Ce  frag- 
ment se  trouve  dans  la  collection  de  Miss  Pliilpot.  La  branche  montante  du  préoper- 
cule est  très-étroite ,  striée  obliquement  du  bord  au  centre  de  l'os  vers  sa  partie  in- 
férieure, où  l'on  distingue  quelques  pores  muqueux.  L'opercule  est  très-large, 
presque  carré;  sa  face  extérieure  est  légèrement  grenue,  tandis  que  sa  face  interne 
est  lisse  et  striée  en  forme  d'éventail;  on  n'en  voit  que  l'angle  inférieur  et  antérieur 
dans  cette  figure,  mais  sa  forme  y  est  indiquée  par  l'empreinte  qu'il  a  laissée  sur  la 
roche.  Le  subopercule  est  plus  fortement  rugueux;  son  apophyse  montante  est  beau- 
coup plus  courte  que  dans  le  L.  semi'serratus.  Les  deux  plaques  buccales  que  l'on 
voit  en  avant  du  préopercule ,  sont  assez  giandes  ;  la  supérieure  est  fortement  échan- 
crée  à  son  bord  antérieur.  Leur  surface  est  rugueuse  au  centre,  et  plus  lisse  vers  les 
bords,  où  ses  aspérités  sont  disposées  en  rayons  divergens. 

Les  écailles  sont  très-rugueuses,  et  leurs  bords  fortement  dentelés;  les  rugosités 
de  leur  surface  résultent  des  dentelures  des  lames  d'accroissement  successives.  Dans 
celles  de  la  partie  antérieure  du  tronc  (fig.  3  et  7),  qui  sont  les  plus  grandes,  les 
rugosités  sont  disposées  en  éventail,  et  se  terminent  au  bord  postérieur  par  une 
dentelure  assez  serrée,  mais  peu  profonde.  Les  bords  supérieur  et  inférieur  de  ces 
écailles  sont  en  forme  d'S.    L'onglet  articulaire  est  très-grand. 

V.  LePIDOTUS  FIMBRIATUS  Ag. 

Vol.  2.  Tab.  33  b.  (  Cah.  suppl.) 

Dapedius  fimbriatus  Ag.  Feuillet,  p.  g.  ' 

Je  ne  connais  encore  de  cette  espèce  que  quelques  exemplaires  très-imparfaits,  qui 
présentent  même  des  différences  assez  sensibles  pour  que  je  conserve  quelques  doutes 
sur  leur  identité  et  même  sur  leur  position  générique.   L'exemplaire  du  Musée  de 


—     248     — 

Munich,  (flg.  i)  contenu  dans  une  géode  de  calcaire  marneux,  y  est  indiqué  comme 
provenant  de  Hâring  en  Tyrol.  On  n'y  voit  aucune  trace  des  nageoires  ni  de  la  tête; 
les  écailles  des  flancs  sont  seules  conservées  ;  elles  ont  à-peu-près  toutes  les  mêmes 
dimensions  et  la  même  foi'nie  •  celles  des  rangées  antérieures  seulement,  sont  un  peu 
plus  hautes  que  longues.  Elles  ont  toutes  un  caractère  commun,  bien  particulier: 
c'est  que  la  partie  inférieure  de  leur  bord  postérieur  présente  vmé  fine  dentelure ,  dont 
les  pointes  sont  très-acérées.  Dans  les  rangées  antérieures,  cette  dentelure  com- 
mence au  moins  au  milieu  du  bord  postérieur  (fig.  2);  dans  les  rangées  moyennes, 
elle  commence  plus  bas;  et  dans  les  rangées  postérieures,  elle  n'occupe  que  l'angle 
inférieur  de  l'écaillé.  Ce  qui  m'a  déterminé  à  ranger  maintenant  le  poisson  dont  pro- 
vient cette  plaque  écailleuse  dans  le  genre  Lepidotus  plutôt  que  dans  le  genre  Dape- 
diuSj  c'est  que  sur  la  coupe  transversale  de  la  géode  qui  le  contient  (fig.  3) ,  j'ai  re- 
connu que  son  tronc  présentait  un  pourtour  ovale ,  comme  les  espèces  du  genre  Lepi- 
dotus j  tandis  que  les  Dapedius  ont  le  corps  très-aplati.  J'ignore  de  quelle  formation 
provient  cet  exemplaire  ;  mais  j'ai  tout  lieu  de  croire  que  c'est  dans  le  Lias  qu'il  a  été 
trouvé.  M.  le  D'  Berger  m'a  communiqué  un  dessin  de  quelques  écailles  du  Keuper 
de  Cobovu'g  (fig.  4  et  5) ,  qui  paraissent  provenir  de  la  même  espèce  :  dans  ce  dessin , 
cependant ,  les  dents  du  bord  postérieur  des  écailles  sont  moins  rapprochées  et  moins 
acérées  que  dans  celles  de  l'exemplaire  de  Haring,  quoique  dans  sa  lettre  M.  Berger 
me  marque  que  ce  qui  caractérise  surtout  ces  écailles,  ce  sont  des  dents  pointues  et 
assez  serrées.  M.  Buckland  m'a  communiqué  de  son  côté  un  grand  fragment  de  Lepi- 
dotus (fig.  6) ,  dont  les  écailles  ressemblent  beaucoup  par  leur  forme  et  leurs  dimen- 
sions à  celles  de  l'exemplaire  de  Hâring,  mais  dont  la  dentelure  du  bord  postérieur 
présente  des  pointes  plus  courtes  et  plus  obtuses  (fig.  7  et  8).  Ce  fossile  provient  du 
Lias  de  Lyme  Régis.  La  petitesse  de  ses  écailles  prouve  évidemment  que  ce  fragment 
n'appartient  pas  au  L.  semiserratus ,  puisque  dans  l'exemplaire  de  cette  dernière  es- 
pèce représenté  tab.  29  «,  et  qui  provient  d'un  individu  environ  de  même  taille,  elles 
sont  au  moins  du  double  plus  grandes.  Dans  l'exemplaire  de  M.  Buckland;  on  aper- 
çoit une  partie  des  rayons  de  la  dorsale,  qui  sont  de  moyenne  grandeur.  Les  gros 
fulcres  que  l'on  remaïque  au  bord  antérieur  de  cette  nageoire,  ressemblent  davantage 
à  ceux  des  Lepidotus  qu'à  ceux  des  Dapedius.  La  surface  des  écailles  de  tous  ces 
fragmens  est  lisse,  bien  qu'on  distingue  les  lames  d'accroissement  à  travers  l'émail. 
Dans  la  collection  de  Sir  Phil.  Egerton,  il  y  a  aussi  quelques  écailles,  provenant  de 
Lyme  Régis,  qui  appartiennent  à  la  même  espèce  que  l'exemplaire  du  D"^  Buckland. 
Des  recherches  ultérieures  devront  apprendre  positivement  si  je  n'ai  point  confondu 
ici  des  espèces  différentes. 


—     "2119     — 

VI.   Lepidotus  ornatus  Ag. 

Vol.  2,  ïal).  32. 

Les  deux  grands  fragmeiis  figurés  dans  celle  planche  se  trouvenl  à  Slullgart ,  dans  la  col- 
leclion  de  la  Société  d'Agricullure  du  royaume  de  Wurlemberg.  Leur  origine  n'est  pas  con- 
nue :  mais  la  nature  de  la  roche  qui  les  contient  ne  me  permet  pas  de  douter  qu'ils  ne  pro- 
viennent des  schistes  bitumineux  du  Lias  de  Seefeld  en  Tyrol  ;  d'autant  plus  que  M,  Boue  a 
déposé  dans  la  collection  de  la  Société  Géologique  de  France  deux  fragmens  de  poissons  de 
cette  localité,  qui  appartiennent  à  la  même  espèce,  bien  qu'ils  soient  assez  imparfaits.  La 
plus  petite  des  plaques  de  Stuttgart  offre  plusieurs  rangées  d'écaillés  de  la  partie  antérieure 
du  côté  droit.  Au  bord  antérieur  de  cette  même  plaque,  on  remarque  quelques  écailles  dont 
la  racine  est  mise  à  découvert  par  l'ablation  d'une  série  antérieure  ;  cette  racine  est  aussi 
grande  que  la  partie  émaillée  de  l'écaillé  et  fortement  échancrée  ;  l'angle  supérieur  surtout 
est  très-saillant.  En  avant  de  ces  écailles,  on  voit  distinctement  l'empreinte  de  plusieurs  de 
celles  du  côté  gauche,  dont  la  surface  est  ornée  de  sillons  divergeant  du  centre  au  bord  pos- 
térieur. Les  bords  supérieur  et  inférieur  de  toutes  ces  écailles  sont  parallèles;  le  supérieur  est 
d'ordinaire  un  peu  concave;  l'inférieur  plus  ou  moins  convexe  et  onduleux.  Le  bord  posté- 
rieur est  muni  de  fortes  dentelures,  qui  cependant  sont  plus  accusées  à  la  face  interne  qu'à  la 
face  externe. 

Dans  la  plus  grande  des  plaques ,  on  ne  voit  que  l'empreinte  des  écailles  du  côté  droit ,  et 
une  partie  de  leur  bord  poslérieiu',  par  leur  face  interne.  La  ceinture  thoracique  est  conservée 
presque  en  entier  ;  ses  os  sont  larges  et  vigoureux ,  mais  l'humérus  ne  forme  pas  de  saillie  à 
son  angle  inférieur.  En  arrière  de  cet  os ,  dont  la  surface  paraît  avoir  été  striée  longitudinale- 
nient,  on  distingue  plusieurs  grosses  écailles,  de  forme  irrégulière  et  beaucoup  plus  hautes 
que  longues.  La  pectorale  droite,  dont  la  partie  inférieure  est  assez  bien  conservée,  est  très- 
large  ;  on  y  compte  2.5  rayons  de  moyenne  grosseur.  On  distingue  également  quelques  os  de 
la  tête  par  leur  face  intérieure,  entre  autres  l'opercule,  qui  est  beaucoup  plus  haut  que  long, 
et  dont  la  partie  supérieure  est  sensiblement  plus  étroite  que  l'inférieure.  Le  subopercule  est 
plus  étroit  que  dans  aucune  autre  espèce  du  genre  ;  mais  sa  branche  montante  est  proportion- 
nellement très-large.  La  partie  supérieure  du  préopercule  est  très-étroite.  Les  sous-orbitaires 
sont  conservés  en  partie  ;  ceux  qui  aboutissent  au  préopercule  sont  plus  étroits  que  les  anté- 
rieurs. Tous  ces  os,  ainsi  que  le  scapulaire  et  les  écailles  de  la  nuque,  étaient  sans  doute 
granulés  à  leur  surface,  comme  l'indique  l'empreinte  visible  des  parties  qui  sont  détruites. 
\u  bord  inférieur  de  la  tête  ,  on  distingue  des  fragmens  de  six  rayons  branchiostègues. 

Carton.  Tom.  il.  "  33 


—     2S0 


VII.   Lepidotus  serrulaths  Agass. 


Vol.  2,  Tab.  3i. 

Celte  espèce ,  originaire  du  Lias  de  Whilby,  où  elle  se  trouve  empâtée  dans  des  nodules ,  a 
beaucoup  de  rapports,  par  sa  taille  comme  par  sa  forme,  avec  le  Lepidotus  Gùjas  et  peut  être 
envisagée  comme  l'un  des  plus  beaux  Lepidotus  connus.  Nous  y  retrouvons  en  effet  cette 
forme  régulière  et  en  même  temps  trapue  qui  est  le  propre  des  vrais  Lepidotus  et  qui  rap- 
pelle un  peu  les  grandes  Carpes  de  nos  jours.  La  plus  grande  largeur  est  en  avant  de  la  dor- 
sale :  or,  en  supposant  que  la  caudale ,  qui  manque  dans  notre  exemplaire ,  égalait  la  longueur 
de  la  tête,  la  hauteur  du  poisson  aurait  été  à  sa  longueur  comme  1  à  3  et  demi.  Les  écailles 
sont  petites,  eu  égard  à  la  taille  du  poisson.  Les  séries  dorso-venlrales  sont  d'autant  plus  dis- 
tinctes,  qu'elles  sont  séparées  l'une  de  l'autre  par  des  espaces  assez  larges,  comme  si  le  pois- 
son avait  subi  une  dilatation  notable  après  sa  mort.  Or,  comme  les  Lepidotus  étaient  en 
général  des  poissons  assez  gros,  cet  écartement  des  séries  d'écaillés  n'a  rien  que  de  très-natu- 
rel, du  moment  que  nous  savons  que  le  poisson  a  été  soumis  à  une  pression.  Ces  séries  sont 
en  outre  obliques,  de  manière  à  former  un  angle  d'à-peu-près  US°  avec  la  verticale. 
Celles  du  pédicule  de  la  queue  affectent  une  forme  un  peu  plus  arquée ,  dont  la  con- 
vexité est  tournée  en  avant.  Le  bord  supérieur  des  écailles  est  en  général  un  peu  échancré  et 
le  bord  inférieur  plus  ou  moins  convexe.  Par  la  même  raison,  l'angle  antéro-supérieur  de  l'é- 
caille  est  d'ordinaire  saillant  et  pointu ,  tandis  que  l'angle  antéro-inférieur  est  arrondi.  Mais 
les  écailles  ne  conservent  pas  leur  même  forme  sur  toute  la  largeur  du  corps  ;  elles  devien- 
nent de  plus  en  plus  étroites  vers  le  bord  ventral ,  où  leur  largeur  n'égale  pas  même  la 
moitié  de  leur  longueur.  C'est  là  une  particularité  très-rare  chez  les  Lepidotus  et  qui  sert  sur- 
tout à  distinguer  notre  espèce  de  la  plupart  de  ses  congénères. 

Les  nageoires  n'offrent  rien  de  bien  particulier,  si  ce  n'est  que  la  dorsale  est  précédée  d'une 
série  d'écaillés  érectes  qui  font  comme  le  passage  entre  les  rayons  et  les  écailles.  Les  grands 
rayons  sont  bifurques.  Il  en  est  de  même  de  ceux  de  l'anale  et  des  pectorales,  dont  le  pre- 
mier rayon  est  en  outre  garni  de  petits  fulcres  très -distincts.  Les  ventrales  n'ont  laissé 
que  des  traces  imparfaites  en  face  de  l'extrémité  de  la  dorsale  ;  elles  paraissent  avoir  été  pe- 
tites. La  tête  est  courte  et  obtuse. 'Les  mâchoires  sont  d'égale  longueur,  vigoureuses,  et 
armées  de  dents  verticales  très-émoussées. 

L'appareil  operculaire  n'est  pas  parfaitement  conservé;  cependant  on  voit  que  l'opercule  était 
plus  large  dans  sa  partie  supérieure  que  dans  sa  partie  inférieure.  La  fig.  2  est  une  écaille 
grossie  du  milieu  des  flancs,  montrant  l'onglet  articulaire  qui  est  très-fort  et  les  plis  du  bord 
postérieur  de  l'émail ,  qui  donnent  lieu  à  une  dentelure  très-peu  marquée.  La  fig.  3  est  un 
fragment  de  mâchoire  que  j'ai  tout  lieu  de  croire  provenir  de  la  même  espèce  et  qui  montre 
la  forme  et  la  disposition  des  dents  ,  de  grandeur  naturelle. 

Dans  les  collections  de  lord  Enniskillen  et  de  sir  Philipp  Egerton. 


—    251     — 

VIII.    LePIDOTUS    UNGUICULA.TUS    Ag. 

Vol.  2.  Tab.  3o,  fig.  7,  8  et  9.  (  et  Cah.  siippl.  T.  29  Cj  f .  i.  ) 
Ruppell  Jbhild.  u.  Beschr.  einiger  Versteinerungen ,  p.  11,  tab.  4- 

M.  Ruppell  est  le  premier  naturaliste  qui  ait  connu  et  décrit  ce  fossile  \  il  en 
a  même  publié  une  planche,  en  1829,  dans  la  brochure  que  je  viens  de  citer.  Sa 
description,  quoique  très-exacte,  rappelle  cependant  si  bien  l'ignorance  complète  où 
Ton  était  à  cette  époque,  sur  une  grande  division  du  règne  animal  dont  nous  con- 
naissons maintenant  des  centaines  d'espèces,  que  je  ne  puis  m'empêcher  d'en  donner 
ici  la  traduction  complète. 

«  Cuirasse  remarquable  (Vun  animal  fossile  indéterminable  j  probablement  de  la 
«  classe  des  reptiles. 

«  J'ai  reçu  de  la  carrière  de  Deutingen  une  partie  de  la  couverture  écailleuse  du 
"  corps  d'un  animal  de  fornie  si  remarquable,  que  l'on  y  reconnaît  aussitôt  un  type 
«  différent  de  celui  de  tous  les  animaux  connus,  sans  que  l'on  puisse  pourtant  déter- 
«  miner  à  quelle  classe  de  Vertébrés  a  pu  appartenir  l'animal  qui  était  jadis  cou- 
«  vert  d'une  semblable  cuirasse.  Dans  toute  la  pierre  qui  contient  cette  pièce  cu- 
«  rieuse,  on  ne  découvre  absolument  aucune  trace  de  squelette  ;  et  même  la  forme 
<(  générale  de  cette  couche  d'écaillés  n'est  pas  de  nature  à  jeter  le  moindre  jour 
«  sur  ce  point.  Chacune  de  ces  écailles  est  de  forme  rhomboïdale,  et  leurs  bords 
«  ont  environ  8  lignes  chacun.  La  coupe  transversale  de  chaque  écaille  est  ellip- 
(f  tiqiie,  de  manière  que  l'on  peut  les  comparer  à  des  cylindres  comprimés.  Les 
t<  séries  que  forment  ces  écailles  se  recouvrent  comme  des  tuiles,  par  imbrication; 
«  le  bord  libre  de  chaque  écaille,  qui  est  aminci,  se  prolonge  à  l'angle  latéral  en  une 
«  pointe  mousse  qui  forme  avec  celle  de  l'écaillé  avoisinante  une  saillie  pyramidale. 
«  Chaque  écaille  présente,  en  outre,  à  l'un  de  ses  bords  latéraux  elliptiques,  un 
«  prolongement  conique ,  et  au  liord  opposé  une  échancrure  de  même  grandeur  ;  au 
<(  moyen  de  quoi  toutes  les  écailles  sont  articulées  les  unes  aux  autres.  La  surface 
(f  des  écailles  est  complètement  lisse,  luisante,  de  couleur  gris  clair,  et  leur  cas- 
«  sure  foliacée  et  écailleuse.  Sur  toute  la  pièce  les  écailles  sont  à-peu-près  de  même 
«  grandeur  ;  plusieurs  se  sont  détachées  lorsqu'on  a  fendu  cette  plaque  ;  il  me  man- 
'<  que  aussi  tout  un  morceau  de  la  contr'empreinte.  On  pourrait  comparer  la  forme 
"  générale  de  cette  peau  écailleuse  à  la  nageoire  de  quelque  Chélonien  ;  et  dans  ce 
«  cas,  une  série  isolée  d'écaillés,  divergeant  latéralement,  et  se  terminant  en  s'ar- 
"  rondissant,  pourrait  être  envisagée  comme  un  membre  distinct,  peut-être  comme 


—    252    — 

«  un  orteil.  Mais  la  grandeur  presque  uniforme  de  toutes  les  écailles  rend  cette 
«  hypotlièse  très-incertaine.  —  Tous  mes  efforts  pour  découvrir  d'autres  fragmens 
«  de  cet  animal,  ont  été  infructueux.  » 

En  i832,  M.  Hermann  de  Meyer,  dans  son  ouvrage  intitulé  Palœologicaj,  a  fait 
aussi  mention  de  ce  fossile  (page  208.  )  Il  en  fait  un  genre  à  part,  sous  le  nom  de 
Lepidosaurus ,  qu'il  place  avec  doute  dans  sa  première  division  des  Sauriens.  Yoici 
comment  il  s'exprime  à  ce  sujet  (page  208)  :  «  J'ai  découvert  en  1829,  avec  mon 
'<  Racheosaurus j  des  écailles  si  grandes  et  si  fortes,  qu'il  est  possible  qu'elles  aient 
«  fait  partie  des  tégumens  d'un  grand  saurien.  C'est  ce  qui,  toutefois,  demeure 
('  incertain,  jusqu'à  ce  que  l'on  ait  découvert  des  ossemens  accompagnés  d'écaillés 
ff  semblables,  d'après  lesquelles  on  pourra  mieux  juger  de  l'animal  5  car  il  est  pos- 
«  sible  aussi  que  ces  écailles  aient  appartenu  à  un  poisson.  En  attendant,  je  désigne- 
«  rai  du  nom  de  Lépiclosaure  l'animal  qui  portait  ces  belles  écailles  -,  sans  rien  pré- 
(f  juger,  du  reste,  de  la  classe  à  laquelle  il  appartient.  Krûger  ÇJahrb.  fur  wis- 
«  senchaftl.  Kritikj  i83i,  p.  191  )  a  cru  même  reconnaître  dans  ces  écailles  une 
«  espèce  de  fucus,  voisine,  quoique  différente,  du  Fucoides  Brardii  Al.  Brogn.* 
«  ce  qui  n'est  guère  possible.  » 

A  cette  même  époque ,  mes  recherches  sur  les  fossiles  m'avaient  déjà  fait  re- 
connaître la  classe,  l'ordre  et  la  famille  auxquels  l'animal  dont  il  s'agit  doit  appar- 
tenir. Dans  un  mémoire  inséré  dans  le  Jahrbuch  de  Leonh.  et  Bronn.,  (  i832,  2™'' 
cah.  )  et  que  M.  H.  de  Meyer  cite  dans  les  additions  à  la  fin  de  son  livre,  j'avais 
même  déjà  caractérisé  le  genre  Lepidotus ,  auquel  il  appartient.  Mais  tels  sont  les  ca- 
ractères particuliers  de  ces  anciens  poissons  dont  j'ai  fait  plusieurs  familles  de  mon 
ordre  des  Ganoïdes,  qu'il  n'est  pas  surprenant  qu'on  ait  souvent  cru  reconnaître  des 
reptiles  dans  le  petit  nombre  de  ceux  qui  avaient  déjà  alors  attiré  l'attention  des 
naturalistes. 

La  figure  du  fossile  qui  nous  occupe  maintenant ,  publiée  par  Ruppell ,  est  si  exacte 
que  je  ne  la  reproduirai  pas,  bien  qu'elle  représente  l'exemplaire  le  plus  parfait 
que  je  connaisse  de  cette  espèce.  Cependant,  pour  s'en  faire  une  juste  idée,  il  faut 
la  placer  autrement  qu'elle  ne  se  présente  en  ouvrant  le  livre  de  mon  savant  ami.  L'ex- 
trémité de  cette  plaque  comprise  entre  le  N°  de  la  planche  et  la  signature  du  litho- 
graphe, doit  être  tournée  en  bas,  de  manière  à  ce  que  les  trois  écailles  hors  de 
série  se  trouvent  en  haut  et  sur  la  droite.  De  cette  façon,  les  écailles  se  présentent 
en  séries  obliques,  comme  on  les  voit  dans  leur  position  naturelle  dans  le  Lepi- 
dotus gigas  représenté  dans  ma  pi.  29,  ou  dans  le  L.  semiserratiis  de  ma  pi.  29  a. 
En  comparant  ces  figures  entr'elles,  on  reconnaîtra  bientôt  la  grande  analogie  que 
présentent  les  trois  poissons.  Dans  les  deux  tiers  inférieurs  de  la  planche  de  Ruppell, 


—    255    — 

on  voit,  comme  dans  les  deux  de  mon  ouvrage  que  je  viens  de  citer,  la  face  exté- 
rieure de  plusieurs  rangées  d'écaillés  du  côté  droit  du  corps  ;  tandis  que  dans  le  tiers 
supérieur  on  voit  des  écailles  du  côté  gauclie  par  leur  face  intérieure.  C'est  dans 
ces  dernières  seulement,  que  l'on  distingue  à  leur  bord  supérieur  les  onglets  ar- 
ticulaires qui  lient  entr'elles  toutes  les  écailles  d'une  même  série.  Plusieurs  de  ces 
onglets  étant  brisés,  on  aperçoit  en  outre  à  leur  bord  inférieur  les  fossettes  dans  les- 
quelles ils  s'adaptent.  Comme  ces  onglets  articulaires  surgissent  de  la  partie  interne 
du  bord  supérieur,  et  que  les  fossettes  correspondantes  sont  aussi  à  la  face  interne 
du  bord  inférieur,  il  est  naturel  que  l'on  n'en  voie  aucune  trace  dans  toutes  les  écailles 
du  côté  droit  qui  se  présentent  sur  cette  plaque  dans  leur  réunion  naturelle.  Il  n'en 
est  pas  de  même  des  saillies  obtuses  que  l'on  voit  tant  en  baut  qu'en  bas ,  au  bord 
postérieur  de  toutes  les  écailles ,  lorsque  la  série  antérieure  qui  les  recouvre  en  partie 
dans  l'imbrication  est  enlevée,  comme  c'est  le  cas  de  celles  du  bord  droit  dans  la 
figure  de  Piuppell.  En  effet,  le  bord  antérieur  des  écailles  de  ce  poisson  est  plus  ou 
moins  écbancré,  et  ses  angles  supérieur  et  inférieur  forment  alors  des  saillies  plus 
ou  moins  prolongées  et  fléchies  vers  le  côté  supérieur  du  corps ,  et  qui ,  par  leur 
juxta-position ,  forment  les  pyramides  obtuses  mentionnées  par  Ruppell.  Chacune  de 
ces  pyramides  se  compose  d'un  angle  supérieur  et  d'un  angle  inférieur  de  deux  écailles 
contiguës.  Dans  ma  pi.  3o,  je  n'ai  représenté  qu'une  écaille  détachée  de  ce  poisson, 
dont  je  dois  le  dessin  au  crayon  habile  de  M.  de  Meyer  ;  dans  la  lig.  8,  elle  est  re- 
présentée par  sa  face  intérieure,  de  manière  à  faire  voir  son  onglet  articulaire  et 
la  fossette  de  son  bord  inférieur,  et  sa  partie  moyenne  offre  une  quille  arrondie 
peu  saillante,  qui  s'étend  transversalement  de  l'onglet  à  la  fossette,  et  qui  forme 
ainsi  une  arête  mousse  sur  toutes  les  écailles  d'une  même  série.  Dans  la  fig.  7,  on  voit 
cette  écaille  par  sa  face  extérieure ,  et  l'onglet  articulaire  y  est  également  visible , 
parce  que  l'écaillé  supérieure  qui  le  recouvx'ait  n'est  pas  représentée.  Cette  face  exté- 
rieure est  recouverte  d'émail  dans  toute  la  partie  de  son  étendue  qui  n'était  pas  ca- 
chée par  l'imbrication.  Dans  la  fig.  9,  la  ligne  noire  qui  borde  la  coupe  transversale 
de  l'écaillé,  indique  l'étendue  et  l'épaisseur  de  cet  émail.  Le  bord  postérieur  des 
écailles  présente  deux  ou  trois  ondulations,  surtout  vers  son  angle  inférieur;  une 
partie  de  la  face  extérieure  de  ce  côté  de  l'écaillé,  participe  aussi  à  cette  inégalité. 
C'est  ce  qui  m'a  fait  choisir  le  nom  de  h.  unguiculatus  pour  désigner  cette  espèce. 

Quant  à  la  structure  intérieure  de  ces  écailles,  elle  présente  des  lames  osseuses 
assez  minces,  mais  nombreuses,  déposées  les  unes  sous  les  autres  comme  les  lames 
cornées  des  écailles  de  la  plupart  des  poissons  vivans,  et  qui  se  détachent  incom- 
plètement lorsqu'on  les  brise.  L'épaisseur  ordinaire  des  écailles  est  d'une  ligne  à 
une  figue  et  demie. 


—    254    — 

Cette  espèce  ne  se  trouve  pas  seulement  dans  les  schistes  de  Solenhofen  ^  j'en  ai 
vu  de  nombreuses  e'cailles  détachées  provenant  de  Stonesfield ,  dans  les  collections  du 
D''  Buckland,  du  comte  de  Munster,  de  Lord  Cole  et  de  Sir  Phil.  Egerton.  J'en 
ai  même  fait  figurer  une  de  cette  dernière  collection ,  appartenant  à  un  individu  con- 
sidérablement plus  grand  que  celui  de  Deutingen  ;  elle  se  trouve  dans  mes  cahiers 
supplémentaires jiab.  agc^fig.  i. 

IX.   LePIDOTUS   LyEVIS  Ag. 

4 

Vol.  2.  Tab.  29  Cj  fig.  4?  5  et  6.  (  Cah.  suppl.  ) 

Je  ne  connais  encore  que  deux  fragmens  de  cette  espèce,  savoir,  une  écaille  et  une 
partie  d'un  rayon  de  nageoire,  qui  m'ont  été  communiqués  par  Mr.  le  Prof.  Hugi, 
et  qui  proviennent  du  calcaire  portlandien  des  environs  de  Soleure,  des  mêmes 
couches  que  celles  qui  contiennent  de  si  nombreux  débris  de  tortues,  dont  le  Musée 
de  Soleure  possède  le  plus  belle  collection  qui  existe.  Cette  espèce  se  rapproche  à 
bien  des  égards  du  L.  iinguiculatus ;  cependant,  parmi  les  nombreuses  écailles  que 
j'ai  vues  de  ce  dernier ,  n'en  ayant  trouvé  aucune  qui  fût  identique  avec  celle  de 
Soleure,  je  me  crois  autorisé  à  l'envisager  comme  une  espèce  particulière. 

Le  caractère  le  plus  saillant  que  présente  cette  écaille  (fig.  4)  j  c'est  que  la  partie 
de  sa  surface  qui  est  recouverte  d'émail  est  sensiblement  plus  large  que  longue  ; 
l'écaillé  tout  entière  est  même  plus  haute  que  ne  le  sont  ordinairement  celles  des 
Lepidotus.  Sa  face  extérieure  est  complètement  lisse  et  très-polie;  au  bord  antérieur 
seulement,  on  aperçoit  quelques  rugosités  granuleuses.  Tous  les  bords  extérieurs 
sont  droits  ;  le  bord  postérieur  même  est  parfaitement  lisse  sans  la  moindre  trace 
d'ondulation;  ce  qui  distingue  surtout  cette  espèce  du  L.  imguicidatus.  L'onglet 
articulé  est  très-en  arrière,  environ  à  la  hauteur  de  la  limite  de  l'émail.  Celui-ci, 
comme  toute  l'écaillé,  est  épais  (fig.  5).  La  partie  osseuse  de  l'écaillé  qui  était  re- 
couverte dans  l'imbrication,  est  fortement  échancrée. 

La  fig.  6  représente  un  fragment  de  rayon  de  nageoire,  qui  a  été  trouvé  avec 
récaille  que  je  viens  de  décrire.  Comme  ce  rayon  offre  tous  les  caractères  des  rayons 
de  Lepidotus  j  on  peut  envisager  comme  certain  qu'il  provient  du  même  poisson  que 
l'écaillé.  Malheureusement  ce  n'est  pas  un  rayon  entier;  il  n'y  a  même  de  conservé 
que  la  moitié  droite  de  sa  pavtie  inférieure.  Je  crois  cependant  pouvoir  affirmer  que 
c'est  un  rayon  de  la  dorsale,  assez  semblable  à  ceux  du  bord  antérieur  de  cette 
nageoire  que  j'ai  observés  chez  le  L.  Fittoni.  Son  extrémité  articulaire  est  arrondie; 
sa  face  extérieure  est  convexe  et  recouverte  d'une  large  bande  d'émail  à  sa  partie  an- 
térieure,  tandis  que  sa  face  interne  est  plate. 

Ces  deux  fragmens  ont  été  déposés  au  Musée  de  Soleure  par  Mr.  Hugi. 


—    2o5    — 

X.  Lepidotus  palliatus  Ag. 
Vol.  2.  Tab.  29  Cj  fig.  2  et  3.  fCah.  suppl.J 

Lord  Cole  possède  dans  sa  collection  deux  écailles  de  Lepidotus _,  très-difïérentes 
de  toutes  celles  que  j'ai  déjà  décrites,  et  qui  doivent  avoir  appartenu  à  une  espèce 
gigantesque.  Elles  ont  été  trouvées  dans  la  glaise,  sur  la  plage  entre  la  tour  d'ordre 
et  le  moulin  Hubert,  à  Boulogne-sur-mer.  Leur  forme  est  rhomboïdale;  la  plus 
grande  (fig.  3),  qui  provenait  sans  doute  du  milieu  des  flancs,  est  plus  carrée  que 
la  petite  (fig.  2),  qui  provient  probablement  du  pédicule  de  la  queue.  Quoique  ces 
deux  écailles  différent  passablement  dans  leur  aspect,  j'ai  cependant  la  conviction 
qu'elles  appartiennent  à  la  même  espèce,  non  point  seulement  parce  qu'elles  ont 
été  trouvées  ensemble,  mais  encore  parce  que  la  surface  de  leur  émail  présente 
vers  son  milieu  de  très-petits  tubercules  semblables.  D'ailleurs,  la  petite  écaille 
est  lisse  ;  mais  il  n'en  est  pas  de  même  de  la  grande  :  bien  que  rugueuse  vers  son 
centre,  elle  présente  des  arctcs  arrondies,  scparccs  par  des  sillons  peu  pi'ofonds, 
divergeant  vers  le  bord  postérieur  en  s'élargissant,  et  formant  comme  un  faisceau 
pyramidal  de  baguettes  faisant  corps  avec  la  surface  de  l'écaillé.  Ces  rayons  ne 
s'étendent  cependant  pas  jusqu'aux  angles  postérieurs  de  l'écaillé,  qui  sont  lisses  et 
arrondis-,  mais  ils  forment  une  espèce  de  feston  au  milieu  du  bord  postérieur.  Le 
reste  de  la  surface  de  l'émail  est  lisse,  comme  dans  la  petite  écaille.  Au  bord  su- 
périeur de  la  grande,  on  voit  à  la  hauteur  de  la  limite  de  l'émail  la  partie  inférieure 
d'un  grand  onglet  articulaire  brisé.  Son  bord  antérieur  est  également  endommagé; 
ensorte  qu'il  n'est  pas  possible  de  s'assurer  comment  il  était  échancré.  Dans  la 
petite  écaille,  ce  bord  est  droit;  ce  qui  confirme  mon  opinion  qu'elle  était  placée  sur 
le  pédicule  de  la  queue. 

A  en  juger  par  les  dimensions  de  ces  écailles,  comparées  à  celles  des  espèces  de  ce 
genre  dont  je  connais  des  exemplaires  entiers,  et  en  tenant  compte  des  légères  dif- 
férences que  présentent  les  écailles  chez  différentes  espèces  dans  leurs  proportions 
avec  la  grandeur  du  corps,  on  peut  en  conclure  que  le  L.  palliatus  avait  au  moins 
deux  pieds  de  large  sur  huit  pieds  de  long  ;  dimensions  auxquelles  les  plus  grands 
Lépidostées  sont  loin  d'atteindre. 


—    256    — 

LePIDOTUS  RADIITUS   Ag. 

Vol.  2.  Tab.  3o,  fig.  2  et  3. 

Je  ne  connais  encore  de  cette  espèce  que  les  fragmens  représentés  dans  la  pi.  citée,  et 
qui  sont  déposés  au  Musée  de  Paris,  sans  indication  de  gisement  ni  d'origine.  Ce- 
pendant ils  ressemblent  trop  aux  espèces  suprajurassiques  de  ce  genre,  pour  qu'il 
soit  permis  de  douter  qu'ils  proviennent  de  la  même  formation.  A  certains  égards, 
le  L.  radiatus  se  rapproche  beaucoup  du  palliatus  :  la  face  extérieure  de  ses  écailles- 
présente  également  des  sillons  divergens  vers  le  bord  postérieur.  Mais  ce  en  quoi 
cette  espèce  diffère  considérablement,  c'est  que  ces  sillons  sont  de  simples  rainures 
dans  l'émail,  qui,  loin  de  partir  d'un  même  point  pour  diverger  insensiblement, 
vont  en  augmentant  de  nombre  ^  vers  le  bord  postérieur,  et  que  les  côtes  comprises 
entre  ces  rainures  sont  plates.  Cependant  le  bord  postérieur  est  aussi  ondulé;  mais 
la  surface  de  l'émail  est  parfaitement  lisse,  même  à  son  bord  antérieur  et  sur  le 
milieu.  Une  autre  différence  notable  qui  existe  entre  le  L.  palliatus  et  le  radiatus, 
c'est  que  dans  celui-ci  la  surface  émaillée  de  l'écaillé  est  équilatérale ,  et  la  partie 
recouverte  par  l'imbrication  très-allongée  ;  ce  qui  donne  au  diamètre  longitudinal 
des  écailles  une  dimension  beaucoup  plus  considérable  qu'à  leur  diamètre  trans- 
versal. Cette  partie  cachée  est  fortement  échancrée,  et  se  termine  en  avant  en  deux 
grosses  pointes  mousses  ;  on  les  voit  très-bien  à  l'écaillé  détachée  que  représente 
la  lig.  3,  et  aux  écailles  inférieures  et  postérieures  du  fragment,  fig.  2.  Au  bord 
supérieur  de  l'écaillé  de  la  fig.  3,  on  remarque  vm  très-gros  onglet  articulaire,  court 
et  très-large  à  sa  base,  et  placé  de  manière  qu'il  se  trouve  moitié  en  avant  et  moitié 
en  arrière  de  la  limite  de  l'émail.  Cette  pièce  est  la  plus  grande  que  j'aie  vue  de 
ce  poisson;  les  écailles  qu'elle  contient  indiquent  un  poisson  de  plus  d'un  pied  de 
large,  et  dont  la  longueur  était  probablement  plus  considérable,  à  proportion,  que 
celle  des  autres  espèces  du  genre. 

Ces  fragmens  proviennent  probablement  de  quelque  terrain  jurassique  du  nord 
de  la  France. 

XII.  Lepidotus  tuberculatus  a  g. 

Vol.   2.  Tab.   29  Cj  fig.  7.  (Cah.  suppl.) 

L'écaillé  que  représente  cette  figure  est  la  seule  que  je  connaisse  de  cette  espèce; 
elle  a  été  trouvée  à  Stonesfield  par  M.  le  Prof.  Buckland,  et  est  déposée  au  Musée 
d'Oxford.  Sa  forme  singulière  me  fait  supposer  qu'elle  provient  de  la  série  qui  suit 


—     237     — 

immédiatement  la  ceinture  thoracique,  et  même  que  c'est  l'une  de  ces  écailles 
dift'ormes  de  la  série  qui  se  trouve  au  dessus  des  pectorales ,  près  de  leur  in- 
sertion, et  qu'elle  était  recouverte  en  avant  par  l'angle  de  l'humérus.  Ce  qu'il  y 
a  de  certain,  c'est  que  c'est  une  écaille  du  côté  gauche  du  tronc.  Sa  partie  anté- 
rieure, qui  n'est  pas  émaillée,  est  fortement  échancrée,  et  son  angle  inférieur  se 
prolonge  en  une  longue  apophyse  obtuse.  Sa  partie  émaillée  est  courte,  proportionnel- 
lement à  la  hauteur  considérable  de  l'écaillé;  et  bien  que  son  bord  postérieur  soit 
endommagé,  la  courbure  assez  régulière  de  sa  partie  supérieure  fait  assez  présumer 
quelle  était  sa  forme  complète.  Son  angle  postérieur  formait  probablement  une 
saillie  obtuse,  semblable  à  celle  des  grandes  écailles  analogues  que  nous  avons 
appris  à  connaître  dans  le  h.  gigas  (tab.  28).  L'épaisseur  de  ces  plaques  écail- 
leuses  est  en  général  moins  considérable,  proportionnellement,  que  celle  des  écailles 
des  flancs;  aussi  n'est-il  point  surprenant  que  malgré  ses  dimensions  gigantesques, 
la  pièce  que  je  viens  de  décrire  ne  soit  pas  sensiblement  plus  épaisse  que  la  plupart 
des  écailles  des  grands  Lepidotus.  Toute  la  surface  de  l'émail  est  couverte  de  tuber- 
cules inégaux  et  irréguliers. 

D'après  les  dimensions  de  cette  écaille ,  il  est  probable  que  le  poisson  auquel  elle 
a  appartenu  avait  une  dizaine  de  pieds  de  long,  sur  plus  de  deux  pieds  de  large. 

M.  Buckland  possède  encore  une  autre  grande  plaque  semblable,  provenant  du 
Lias  de  Lyme  Régis,  mais  appartenant  probablement  à  une  autre  espèce.  Si  je 
parviens  à  m'en  procurer  un  exemplaire  mieux  conservé,  j'en  donnerai  plus  tard 
la   description. 

XIII.  Lepidotus  notopterus  Ag, 

Vol.  2.  Tab.  35. 

Sir  Phil.  Egerton  et  Lord  Cole  possèdent  dans  leurs  collections  les  deux  plaques 
du  seul  exemplaire  complet  que  je  connaisse  de  cette  espèce.  Celle  que  j^'ai  fait  figurer 
appartient  à  Sir  Phil.  Egerton.  Il  en  existe  aussi  des  fragmens  de  tête  au  Musée  de 
Baie.  Ce  poisson  paraît  être  fort  rare,  puisque  je  n'en  ai  trouvé  aucune  trace  dans 
les  diverses  collections  d'Allemagne.  Pourtant  il  provient  des  schistes  de  Solenhofen. 
C'est  du  L.  minor  de  Purbeck,  que  cette  espèce  se  rapproche  le  plus,  tant  par  sa 
forme  que  par  sa  taille  ;  cependant  elle  en  diffère  beaucoup  dans  les  détails. 

Cette  espèce  est  intéressante  à  plus  d'un  égard  ;  et  l'exemplaire  figuré  m'a  fait  con- 
naître en  particulier  plusieurs  caractères  génériques  que  je  n'avais  point  remarqués 
dans  d'autres  espèces.  Tous  les  os  de  la  face  étant  disloqués,  et  la  plupart  se  présen- 
tant par  leur  face  interne,  j'ai  reconnu  qu'il  y  avait  des  dents  sur  tous  ceux  qui 
forment  les  parois  de  la  cavité  buccale.   La  tête  paraît  être  de  moyenne  grandeur; 

ToM.  II.  34 


—    258     — 

son  profil  fait  suite  à  la  nuque  en  formant  avec  elle  une  ligne  peu  arquée.  Le  museau 
paraît  avoir  été  arrondi.  La  surface  des  os  du  crâne  est  complètement  lisse.  L'orbite 
est  proportionnellement  très-grande.  Les  sous-orbitaires  et  les  plaques  buccales, 
qui  sont  refoulées  au  dessus  du  cr^ne ,  sont  assez  étroites  et  assez  petites.  L'oper- 
cule ,  refoulé  au  dessus  de  la  nuque  ,  se  présente  par  sa  face  interne;  il  est  étroit  et 
beaucoup  plus  haut  que  long.  On  voit  à  son  extrémité  deux  larges  rayons  branchiostè- 
gues.  Le  vomer ,  qui  forme  la  saillie  arrondie  du  bout  du  museau,  est  garni  à  sa  face 
inférieure  de  petites  dents  arrondies.  En  arrière  et  au  dessous  de  cet  os,  on  aperçoit 
le  palatin  gauche,  dont  la  surface  est  armée  de  dents  toutes  semblables;  il  y  en  a 
aussi  de  pareilles  sur  les  intermaxillaires.  L'un  de  ces  os  se  voit  en  avant  et  au  des- 
sous du  vomer,  qu'il  déborde.  Les  maxillaires  supérieures  en  offrent  de  plus  grandes 
le  long  de  leur  bord;  ces  deux  os  sont  brisés,  et  leurs  fragmens  ont  glissé  en  avant. 
Les  deux  maxillaires  inférieurs  sont  mieux  conservés  ;  on  les  voit  les  deux  par  leur 
face  interne  ;  celui  de  droite  est  en  arrière  et  en  dessous  du  plus  grand  fragment  des 
maxillaires  supérieurs;  celui  de  gauche,  placé  verticalement,  est  en  arrière  de  celui 
de  droite.  A  la  face  interne  de  ces  deux  os  se  voient  plusieurs  rangées  de  dents  ar- 
rondies, généralement  plus  grandes  que  celles  delà  mâchoire  supérieure,  mais  dont 
les  externes  sont  cependant  plus  petites  que  les  internes.  Derrière  la  tête  on  voit 
une  portion  de  l'opercule  et  l'humérus  gauche,  parleur  face  interne;  et  sous  l'angle 
arrondi  de  celui-ci ,  une  partie  des  écailles  du  côté  gauche ,  aussi  par  leur  face  interne  ; 
l'angle  supérieur  de  leur  racine  est  très-allongé.  A  la  nuque  oii  voit  également  plu- 
sieurs rangées  d'écaillés  par  leur  face  interne,  et  l'on  y  remarque  de  gros  onglets  ar- 
ticulaires obtus.  Du  reste,  tout  le  poisson  présente  la  surface  extérieure  de  son  côté 
droit.  La  partie  antérieure  du  tronc  est  très-large;  mais  le  pédicule  de  la  queue  se 
rétrécit  considérablement.  Les  écailles  des  flancs  sont  plus  grandes  que  celles  de  la 
queue,  et  un  peu  plus  hautes  que  longues  ;  celles  des  bords  du  ventre  sont  plus  allon- 
gées. La  surface  de  toutes  les  écailles  est  parfaitement  lisse,  et  leurs  bords  sont 
entiers.  Leur  angle  inférieur  et  postérieur  est  pointu,  tandis  que  le  supérieur  est 
arrondi. 

Ce  qui  caractérise  surtout  cette  espèce,  c'est  la  série  de  très-grands  fulcres  qu'il 
y  a  au  bord  antérieur  de  la  dorsale  ;  ce  qui  lui  a  valu  de  ma  part  le  nom  de  Notopter 
rus.  Les  rayons  de  la  dorsale  sont  d'ailleurs  de  moyenne  grandeur,  fréquemment 
divisés  et  articulés  de  très-près.  La  caudale  est  fourchue  ;  tandis  que  dans  les  au- 
tres espèces  elle  n'est  que  plus  ou  moins  échancrée;  ses  rayons  sont  plus  gros  que 
ceux  de  la  dorsale;  les  fulcres  de  son  bord  supérieur  sont  beaucoup  plus  petits  que 
ceux  de  son  bord  inférieur.  On  ne  voit  de  l'anale  que  quelques  rayons  très-divisés  ; 
elle  est  plus  reculée  que  la  dorsale.   Vis-à-A'is  du  bord  antérieur  de  la  dorsale,  on 


—    259     — 

distingue  quelques  rayons  brisés,  qui  indiquent  le  point  d'insertion  des  ventrales. 
La  pectorale  droite,  qui  est  refoulée  sous  le  ventre,  montre  que  les  nageoires  tliora- 
ciqucs  étaient  très-allongées^  ses  rayons  sont  plus  gros  que  ceux  de  la  dorsale;  mais 
les  lulcres  qui  s'étendent  le  long  de  son  bord  extérieur  sont  plus  petits. 

XIV.  Lepidotus  oblongus  Ag. 
Vol.   2.  Tab.  34  a,  (Cah.  siippl.^ 

Il  existe  au  Musée  cle  Munich  plusieurs  grands  fragmens  d'un  Lepidotus  provenant 
de  Solenliofen,  et  qui  diffère  beaucoup  du  L.  notopterus  de  la  même  localité.  Mais 
comme  aucun  de  ces  exemplaires  n'est  assez  bien  conservé  pour  donner  une  juste  idée 
de  ses  formes,  je  me  suis  borné  pour  le  moment  à  en  faire  représenter  quelques  par- 
ties, dans  l'espoir  que  les  reclierclies  assidues  de  M.  le  comte  de  Munster  me  four- 
niront plus  tard  les  moyens  d'en  publier  une  bonne  figure  dans  un  de  mes  Cahiers 
supplémentaires. 

Cette  espèce  atteignait  des  dimensions  considérables,  comme  le  prouvent  deux 
plaques  correspondantes  du  Musée  de  Munich,  où  le  tronc,  depuis  la  tête  jusqu'à 
l'insertion  de  la  caudale,  mesure  plus  de  deux  pieds.  On  y  distingue  les  deux  ven- 
trales, qui  sont  très-grandes;  le  long  de  leur  bord  extérieur  se  voient  de  gros  fulcres; 
les  os  du  bassin  auxquels  elles  s'attachent,  ont  la  forme  d'un  triangle  très-allongé. 
On  y  voit  aussi  quelques  traces  de  l'anale.  D'autres  fragmens  montrent  que  la  dor- 
sale était  formée  de  gros  rayons  ,  de  même  que  les  pectorales,  dont  les  fulcres  sont 
gros  et  courts.  Les  os  de  la  ceinture  thoracique  sont  fortement  striés  longitudinale- 
ment.  La  caudale  (fig.  3)  est  large  et  fourchue;  son  lobe  inférieur  est  très-développé, 
il  est  même  plus  grand  que  le  sxqDérieur;  ses  rayons  sont  de  moyenne  grandeur,  très- 
bifurqués  jusque  vers  le  milieu  de  leur  longueur;  il  y  en  a  i/j.  au  lobe  infériexu',  et 
i5  au  lobe  supérieur.  Les  fulcres  des  bords  de  cette  nageoire  sont  très-serrés,  assez 
gros  à  sa  base,  mais  très-fins  à  l'extrémité  de  ses  rayons  extérieurs.  Cette  queue  est 
très-intéressante,  en  ce  qu'elle  fait  voir  comment  les  apophyses  épineuses  inférieures 
sont  développées  dans  les  Ganoïdes  homocerques,  chez  lesquels  la  colonne  verté- 
brale se  prolonge  dans  le  lobe  supérieur  de  la  caudale.  On  remarque  en  effet,  que  les 
apophyses  épineuses  inférieures  d'une  dizaine  des  dernières  vertèbres  caudales  sont 
tellement  allongées,  que  leurs  extrémités  forment  un  arc  vertical  auquel  s'attachent 
tous  les  rayons  du  lobe  inférieur  de  la  nageoire;  tandis  que  les  rayoï^s  du  lobe  su- 
périeur sont  articulés  sur  des  apophyses  épineuses  de  plus  en  plus  courtes.  L'extré- 
mité de  toutes  ces  apophyses  est  aplatie  et  dilatée  en  forme  de  spatule.  Ce  n'est  ce- 
pendant qu'avec  doute  que  je  rapporte  cette  caudale  au  L.  oblongus,  n'ayant  trouvé 


—     260     — 

sur  ce  fragment  aucune  écaille ,  ni  aucune  autre  pièce  qui  ait  pu  me  donner  la  certi- 
tude qu'elle  appartient  à  la  même  espèce  que  les  autres  fragmens  susmentionnés.  Il 
serait  donc  encore  possible  qu'elle  appartînt  à  une  autre  espèce  de  ce  genre. 

Les  écailles  du  Z.  oblongus  sont  petites,  proportionnellement  à  sa  taille;  j'en  ai 
compté  35  dans  une  série  dorso-ventrale  du  grand  exemplaire  de  Munich.  Elles  sont 
généralement  plus  longues  que  hautes;  leurs  bords  supérieur  et  inférieur  sont  droits, 
ainsi  que  le  bord  postérieur  qui  est  finement  dentelé.  La  fig.  i  en  représente  plu- 
sieurs de  grandeur  naturelle,  et  la  fig.  2  une  grossie. 

L'opercule  est  grand,  à-peu-près  carré.  Le  subopercule  a  aussi  des  dimensions  con- 
sidérables.  Il  m'a  été  impossible  d'étudier  les  autres  os  de  la  tête. 

Cette  espèce  est  déjà  mentionnée  au  Feuilleton,  page  10.  ^ 

XV.  Lepidotus  MmoR  Ag. 
Vol.  2.  Tab.  34. 

Ce  poisson  est  très-commun  à  Swanage  dans  l'île  de  Purbeck,  dans  les  couches  qui 
portent  le  nom  de  calcaire  de  Purbeck.  Tout  récemment  M.  Roemer  en  a  découvert 
des  fragmens  dans  les  environs  d'Hildesheim.  J'en  ai  vu  un  très-grand  nombre  d'exem- 
plaires presque  parfaits,  au  Musée  Britannique,  dans  la  collection  de  la  Société  Géo- 
logique de  Londres,  au  Musée  d'Oxford,  et  dans  la  collection  de  M.  Strickland. 
L'exemplaire  que  j'ai  fait  dessiner  avant  mon  premier  voyage  en  Angleterre,  et  qui 
est  représenté  tab.  34,  se  trouve  dans  la  collection  de  l'Ecole  des  Mines  à  Paris;  il 
ne  donne  pas  une  idée  complète  de  cette  espèce;  la  dislocation  des  écailles  le  fait  pa- 
raître plus  large  qu'il  n'est  réellement.  Les  os  de  la  tête  et  les  écailles  qu'on  y  voit 
ne  se  montrent  que  par  leur  face  interne;  et  la  plupart  des  écailles  n'ont  laissé  que 
leur  empreinte.  La  plupart  des  exemplaires  que  j'ai  vus  ont  environ  un  pied  à  quinze 
pouces  de  long. 

Sa  forme  est  celle  de  la  plupart  des  Lepidotus;  il  est  oblong  et  presque  fusiforme 
à  cause  du  rétrécissement  du  pédicule  de  la  queue  et  parce  que  la  tête  est  moins  grosse 
que  le  tronc  n'est  large  dans  sa  partie  la  plus  élevée.  C'est  des  espèces  sveltes  du 
genre  qu'il  se  rapproche  plutôt  que  des  trapues.  La  tête  a  quelque  chose  de  particulier 
dans  son  aspect;  elle  paraît  moins  obtuse  que  celle  des  grands  Lepidotus  du  Lias, 
parce  que  les  mâchoires  sont  moins  arrondies  ;  la  mâchoire  inférieure  surtout  dont 
l'apophyse  coronale  est  très-élevée,  se  rétrécit  considérablement  vers  la  symphyse 
mentale.  Les  dents  que  l'on  remarque  à  son  bord  sont  allongées,  cylindracées  et  ob- 
tuses. L'orbite  est  de  moyenne  grandeur,  entourée  de  sous-orbitaires  plus  petits  que 
les  plaques  qui  recouvrent  les  joues.  Le  front  est  très-voûté,   surtout  au-dessus  de 


—    261     — 

l'orbite.  Le  préopercule  est  étroit,  l'opercule  très-élevé,  le  subopercule  est  beaucoup 
plus  petit,  surtout  plus  étroit  proportionnellement,  et  offre  une  longue  brandie  mon- 
tante fort  étroite  entre  le  préopercule  et  l'opercule;  l'interopercule  est  aussi  petit. 
La  surface  de  tous  ces  os,  ainsi  que  celle  des  plaques  buccales,  des  sous-orbitaires 
et  des  os  du  crâne  est  ornée  de  petits  tubercules  arrondis  et  très-peu  rapprochés  les 
mis  des  autres;  c'est  plutôt  une  granulation  clairsemée.  Comme  on  ne  voit  que  la 
surface  interne  des  os  de  la  tête  dans  l'exemplaire  de  ma  planche,  ils  y  paraissent 
naturellement  tous  parfaitement  lisses.  La  ceinture  thoracique  est  très-vigoureuse, 
l'humérus  surtout  qui  forme  une  large  saillie  au-dessus  de  l'insertion  des  pectorales; 
sa  surface  est  complètement  lisse. 

Toutes  les  écailles  sont  lisses,  elles  sont  toutes  à-peu-près  aussi  hautes  que  longues; 
celles  du  pédicule  de  la  queue  seulement  sont  un  peu  plus  longues  que  hautes,  fig.  3, 
et  en  forme  de  losanges;  leurs  bords  sont  tous  entiers,  il  n'y  pas  même  d'onglets  ni 
de  fossettes  articulaires ,  elles  se  tiennent  seulement  par  des  bords  obliques  les  unes 
aux  autres  ;  celles  des  côtés  au  dessous  de  la  dorsale  sont  équilatéraleSj  leur  bord 
antérieur  caché  par  l'imbrication  est  légèrement  échancré  et  les  bords  supérieurs 
et  inférieurs  ont  de  petits  onglets  articulaires  correspondant  à  des  fossettes  aussi  peu 
marquées;  mais  celles  de  la  partie  antérieure  du  tronc  et  surtout  des  côtés  du  ventre 
fig  2  et  4  sont  très-échancrées  à  leur  bord  antérieur,  de  manière  à  former  deux  cornes 
obliqueSj  et  leurs  onglets  et  fossettes  articulaires  sont  très-développés  :  leur  partie 
émaillée  et  visible  est  plus  haute  que  longue;  mais  mises  entièrement  à  découvert, 
toutes  ces  écailles  sont  cependant  plus  longues  que  hautes.  Le  long  du  milieu  du  dos 
on  remarque  une  série  d'écaillés  impaires  oblongues,  arrondies  à  leur  bord  postérieur 
et  plus  ou  moins  échancrées  à  leur  bord  antéi'ieur.  Sous  les  écailles  des  flancs  on 
aperçoit  souvent  des  traces  de  côtes  qui  sont  assez  grêles,  mais  longues. 

Les  nageoires  sont  proportionnellement  très-gi-andes,  les  ventrales  excepté  qui  sont 
très-petites  ;  la  dorsale  surtout  est  très-développée ,  les  rayons  sont  même  plus  gros 
que  ceux  des  autres  nageoires;  à  son  bord  antérieur  il  y  adesfulcres  immenses,  dont 
les  premiers  passent  en  écailles  impaires  du  milieu  du  dos  et  dont  les  suivans  sont  in- 
sérés le  long  du  plus  grand  des  rayons  bifurques.  Ces  fulcres  sont  plus  grands  qu'au- 
cun des  rayons  proprement  dits  de  la  nageoire;  ceux-ci,  au  nombre  de  lo  à  i2j  sont 
profondément  bifurques  et  se  subdivisent  à  leur  extrémité.  Je  n'ai  vu  dans  aucun 
exemplaire  la  caudale  bien  développée.  L'anale  a  la  même  structure  que  la  dorsale,  seu- 
lement elle  est  plus  petite;  ces  deux  nageoires  ont  une  position  très-reculée,  cepen- 
dant l'anale  est  plus  en  arrière  que  la  dorsale ,  c'est-à-dire  qu'elle  commence  environ 
vis-à-vis  de  son  milieu.  Les  pectorales  sont  très-grandes,  leurs  rayons  sont  long- 
temps simples  et  ont  des  articulations  transversales  très-rapprochées  ;  les  fulcres  de 


—     262     — 

leur  bord  sont  très-développés ,  cependant  ils  sont  beaucoup  plus  petits  que  ceux  des 
nageoires  impaires. 

J'ai  vu  à  l'école  des  mines  de  Paris  et  chez  M.  Vollz  des  écailles  détachées  prove- 
nant de  Stonesfield  qui  ne  m'ont  paru  différer  en  rien  de  celles  du  Lepidotus  minor 
de  Purbeck.  J'ai  également  vu  dans  les  collections  dii  P.  Buckland  et  de  M.  Strickland 
des  mâchoires  inférieures  provenant  du  calcaire  de  l'île  de  Portland  qui  ressemblent 
beaucoup  à  celles  du  Lepidotus  minor;  mais  comme  elles  sont  de  dimensions  assez 
considérables  et  que  je  n'ai  pu  y  découvrir  de  dents,  j'hésite  à  les  rapporter  à  cette 
espèce.  J'en  ai  fait  représenter  un  exemplaire,  celui  de  M.  Strickland,  Tab.  27,  fig.  8. 
L'apophyse  coronale  est  arrondie  et  fait  saillie  en  arrière  ;  mais  on  voit  mieux  cette 
partie  dans  l'exemplaire  de  M.  Buckland;  sur  le  milieu  du  côté  de  l'os  dentaire  il  y  a 
une  saillie  arrondie  et  longitudinale  qui  se  rétrécit  vers  la  symphyse  mentale  qui  se 
perd  du  côté  de  l'os  articulaii'e  qui  n'existe  pas  dans  l'exemplaire  figuré  :  enfin  vers  le 
bord  inféi'ieur  on  remarque  une  série  de  trous  obliques  dont  les  antérieurs  sont  les 
plus  petits  et  les  plus  courts  et  dont  les  suivans  sont  plus  longs  et  plus  étroits,  qui  sei'- 
vaient  d'issue  à  la  branche  mandibulaire  du  canal  muqueux. 

XVI.  Lepidotus  mantei.lii  Agass. 

Vol.  2.  Tab.  3o,  fig.  10  à  i5,  Tab.  3o  c.  Fig.  i  à  7;  Tab.  3o  Z>  fig.  2,  et  Tab.  3o<7. 

fig.  4?  5  et  6. 

Cette  espèce  est  une  des  plus  intéressantes  que  je  connaisse  ;  c'est  du  moins  celle 
à  laquelle  j'attache  le  plus  d'importance  parce  qu'elle  a  été  pour  moi  la  pierre  de 
touche  de  la  validité  des  inductions  que  l'on  peut  tirer  de  l'analogie ,  dans  la  classe  des 
poissons.  En  effet,  lorsque  je  publiai  ma  seconde  livraison  en  février  1834,  j^  ^^  con- 
naissais encore  que  quelques  écailles  de  cette  espèce  que  j'avais  vues  au  Musée  de 
Stuttgardt  et  qui  sont  représentées  Tab.  3o,  fig.  lo  à  i5.  Je  ne  connaissais  également 
aloi's  qu'une  seule  espèce  bien  conservée  du  genre  Lepidotus,  le  L.  Gigas  du  Lias  de 
BoU,  et  cependant  je  n'avais  pas  hésité  un  instant  à  établir  dans  mon  tableau  synop- 
tique des  Ganoïdes,  i"^  livraison,  septembre  i833,  plusieurs  espèces  de  Lepidotus 
distinctes  d'après  des fragmens,  souvent  très-incomplets,  qui  toutes  ont  été  confir- 
mées depuis  par  la  découverte  d'exemplaires  .plus  ou  moins  bien  conservés.  Mais 
c'est  sur  le  Lepidotus  Mantellii  que  je  possédais  alors  le  moins  de  renseignemens , 
puisque  je  n'en  avais  vu  que  cinq  ou  six  écailles  détachées ,  dont  les  plus  parfaites 
sont  celles  que  j'ai  figurées  dans  la  planche  citée.  Quoique  je  ne  possède  point  encore 
maintenant  d'exemplaire  entier  de  cette  espèce,  j'en  ai  cependant  vu  a-peu-près  toutes 
^  les  parties  détachées,  et  il  est  évident  même  déjà  d'après  les  pièces  que  j'ai  repré- 


—  263  — 
sentées  Tab.  30c,  et  d'après  d'autres  que  j'ai  observées  dans  la  collection  de  M.  Mantell . 
que  la  position  que  je  lui  avais  assignée  de  prime  abord  lui  est  définitivement  acquise.  Mes 
prévisions  se  sont  même  si  bien  confirmées  à  cet  égard  ,  que  j'ai  tout  lieu  de  regretter  dans 
celte  circonstance,  comme  dans  une  foule  d'autres  encore,  que  la  lenteur,  avec  laquelle  je 
suis  obligé  de  publier  mon  ouvrage  ne  m'ait  pas  permis  de  faire  connaître  les  résultats  de  mes 
premières  investigations .  avant  que  les  rapprocbemens  que  j'avais  établis  ne  fussent  confir- 
més par  des  pièces  plus  parfaites.  C'eût  été  fréquemment  un  triomphe  pour  les  lois  d'induction 
tirées  de  l'observation  consciencieuse  des  analogues,  lois  que  l'on  cherche  maintenant  si  fré- 
(juemment  à  décréditer  à  cause  de  l'abus  qu'on  en  a  fait. 

Le  Lepidotus  Mantellii  est  une  espèce  qui  atteint  des  dimensions  très-considérables.  Le 
fragment  représenté  Tab.  30  c,  fig.  i  indique  un  individu  de  très-grande  taille,  car  il  a 
plus  d'un  pied  de  haut  et  trois  à  quatre  pieds  de  long.  M.  Mantell  possède  une  portion  d'un 
autre  exenq)laire  bien  plus  grand  encore ,  dont  le  pédicule  de  la  queue  a  environ  un  pied  de 
largeur  à  la  naissance  de  la  caudale ,  ce  qui  suppose  un  poisson  de  la  largeur  de  trois  pieds  sur 
une  longueur  de  dix  à  douze  pieds.  Le  squelette  est  en  rapport  avec  la  taille  du  poisson.  Les 
os  sont  tous  très-robustes  et  les  écailles  très-épaisses.  Des  circonstances  favorables  m'ayant 
permis  de  comparer  toutes  les  parties  que  je  possède  de  cette  espèce  avec  les  pièces  corres- 
pondantes du  L.  Fittoni,  que  l'on  trouve  dans  la  même  formation  et  dans  les  mêmes  localités, 
j'aurai  soin  de  les  décrire  comparativement,  afin  de  prévenir  toute  confusion. 

La  tête  du  Lepidotus  Mantellii  est  proportionnellement  plus  grande  et  surtout  plus  large 
que  celle  du  Lepidotus  Fittoni.  Les  pièces  operculaires ,  en  particulier,  Tab.  30  c,  fig.  i  , 
ont  une  forme  très'-difïerente ;  l'opercule  qui  est  beaucoup  plus  haut  que  large,  a  son  bord 
antérieur  presque  droit,  tandis  que  dans  le  Lepidotus  Fittoni  il  est  fortement  échancré;  son 
bord  inférieur  qui  est  également  droit  et  qui  ne  s'arrondit  qu'à  l'angle  postérieur,  est  beau- 
coup plus  long  que  le  bord  supérieur.  Toute  la  surface  de  cet  os  est  ornée  d'une  grosse 
granulation  en  forme  de  petits  tubercules  détachés.  Il  en  est  de  même  du  subopercule  qui 
est  comparativement  étroit,  mais  dont  la  branche  montante  est  très-grosse,  pointue  et  lé- 
gèrement inclinée  vers  le  bord  supérieur  de  cet  os,  tandis  que  dans  le  Lepidotus  Fittoni ,  elle 
est  plus  courte  et  forme  un  angle  droit  avec  le  bord  supérieur.  L'interopercule  est  également 
étroit  et  tuberculeux.  Le  préopercule  est  lisse  sur  toute  sa  surface,  sauf  à  son  angle  postérieur, 
où  l'on  remarque  quelques  petits  sillons  verticaux  assez  rapprochés;  sa  branche  montante, 
qui  se  rétrécit  un  peu  dans  la  partie  supérieure ,  forme  presque  un  angle  droit  avec  la 
branche  horizontale ,  ce  qui  rend  l'angle  postérieur  assez  saillant ,  tandis  que  dans  le  Lepi- 
dotus Fittoni  tout  cet  os  est  plus  arqué  et  l'angle  de  ses  branches  plus  ouvert.  Le  temporal 
a  la  forme  d'un  coin  qui  se  rétrécit  insensiblement  à  sa  partie  inférieure  ;  les  os  de  l'arcade 
palatine  ne  sont  pas  assez  bien  conservés  pour  que  j'aie  pu  en  étudier  les  formes.  En  re- 
vanche, nous  sommes  à  même  d'établir  une  comparaison  directe  entre  le  frontal  des  deux 
espèces,   d'après  les  deux  pièces  figurées  dans  notre  Tab.  50  6,   dont  l'une  (fig.  2)  re- 

TOM.    H.     l"^"   PARTIE. 


—     264     — 

présente  le  frontal  gauche  du  L.  Mantellii,  tandis  que  l'autre  (fig.  3),  représente  le  frontal 
droit  du  L.  Fittoni.  Dans  le  premier,  le  bord  interne  (inférieur  dans  la  figure)  n'est  pas 
aussi  droit  que  celui  du  Lepidotus  Fittoni  (supérieur  dans  la  figure);  il  présente  en  outre 
une  large  sinuosité  en  arrière  et  deux  échancrures  vers  sa  partie  antérieure  ,  ce  qui  prouve 
évidemment  que  les  deux  frontaux  n'étaient  pas  aussi  égaux  que  ceux  du  Lepidotus  Fittoni. 
Son  bord  externe  (supérieur  de  la  figure)  au  contraire,  est  beaucoup  plus  uniforme  que 
celui  du  Lepidotus  Fittoni;  il  n'y  a  qu'une  légère  échancrure,  tandis  que  cette  même  échan- 
crure  est  beaucoup  plus  marquée  dans  l'autre  espèce  (fig.  3);  enfin  l'extrémité  antérieure 
du  frontal  est  lacérée  dans  le  Lepidotus  Mantellii,  tandis  qu'elle  est  tronquée  dans  le  Lepi- 
dotus Fittoni. 

Les  fragmens  de  mâchoires  (Tab.  30c  fig.  2  et  3)  que  j'ai  remarqués  dans  la  collection  de 
iVI.  Mantell,  confirment  encore  les  différences  que  j'ai  reconnues  entre  le  L.  Mantellii  et  le 
L.  Fittoni.  Les  dents  du  L.  Mantellii  ont  une  forme  particulière;  au  lieu  d'être  hémisphé- 
riques ,  elles  sont  terminées  en  pointe  à  leur  sommet ,  ce  qui  leur  donne  une  apparence  mu- 
cronée,  qui  en  rend  la  détermination  très-facile  et  qui  permet  surtout  de  les  distinguer  des 
dents  isolées  de  Pycnodontes.  Le  fragment  de  mâchoire  figuré  représente  «ne  portion  de 
la  mâchoire  inférieure  gauche,  que  j'ai  tout  lieu  de  croire  identique  avec  le  tronc  de  fig.  1, 
car  il  a  été  trouvé  dans  la  même  localité.  Je  rapporte  également  à  cette  espèce  les  fig.  U ,  5 
et  6  de  Tab,  30a,  bien  qu'elles  soient  moins  pointues. 

Les  écailles  sont  grandes  et  en  forme  de  parallélogrammes  assez  réguliers  sur  toute  la 
partie  antérieure  des  flancs.  Celles  qui  avoisinent  la  ceinture  thoraeique  ont  leur  surface  dis- 
tinctement plissée  (fig.  U),  tandis  que  celles  qui  recouvrent  les  flancs  un  peu  plus  loin  sont 
parfaitement  lisses.  D'après  cela,  il  faut  envisager  les  écailles  isolées  de  Tab.  30  fig.  12,  13 
et  il,  comme  provenant  de  la  région  de  la  ceinture  thoraeique,  et  celles  de  fig.  fO  et  H 
de  la  même  planche  comme  provenant  des  flancs.  Ces  deux  dernières  écailles  nous  montrent 
une  partie  de  leur  racine  ou  de  cette  portion  qui  est  recouverte  par  la  superposition  des 
autres  écailles,  et  qui  est  ici  très-considérable.  Les  fig.  S ,  6  et  7  de  Tab.  30c  représentent 
également  plusieurs  écailles  des  flancs  a\ec  leur  racine. 

Tous  les  fragmens  figui'és  font  partie  de  la  collection  de  M.  Mantell.  Ils  proviennent  tous 
sans  exception  des  couches  de  Hastings,  qui  font  partie  de  la  formation  weldienne  d'Angle- 
terre. Lors  de  la  publication  de  son  ouvrage  sur  les  fossiles  de  Tilgate,  M.  Mantell  n'^i 
connaissait  que  quelques  écailles  et  quelques  dents  qu'il  a  représenté  PI.  S  et  PI.  dO  de  son 
livre.  Ce  n'est  que  plus  tard  qu'il  a  découvert  à  Darvel's  Wood  près  de  Battel,  à  Hastings, 
à  Cooksbridge ,  à  Tunbridge  Wells  ,  etc.  ,  les  beaux  fragmens  que  nous  venons  de  décrire. 


—     265     — 


XVII.  Lepidotits  Fittoni  Agass, 


Vol.  2,  Tab.  30fl  (excl.  fig.  4,  5  et  6)  ïab.  306  ;  (excl.  Hg.  2),  et  Tab.  50,  fig.  4,  5  et  6  , 

(sous  le  nom  de  L.  subdenticulatus). 

Au  premier  abord ,  cette  espèce  paraît  identique  avec  le  L.  Mantellii  que  nous  venons  de 
décrire.  Nous  avons  déjà  fait  ressortir ,  à  propos  de  cette  dernière  espèce ,  quelques-unes  des 
différences  qui  les  distinguent ,  entre  autres  celles  qu'on  découvre  dans  la  forme  des  os  de 
la  tète  et  de  l'appareil  operculaire  (voy.  p.  264).  Mais  ces  parties  du  corps  sont  rarement 
conservées;  il  importe  par  conséquent  de  rechercher  s'il  n'existe  pas  dans  les  parties  moins 
destructibles ,  telles  que  les  écailles  et  les  nageoires ,  des  différences  qui  puissent  servir  à  ca- 
ractériser l'espèce.  Dans  l'origine ,  je  ne  connaissais  de  ce  poisson  que  les  quelques  frag- 
mens  qui  se  trouvent  dans  la  collection  du  Muséum  de  Paris,  et  voyant  qu'elles  différaient 
de  toutes  les  espèces  connues ,  je  les  fis  représenter  sous  le  nom  de  Lepidotus  subdenticulatus 
(Tab.  50  fig.  k,  ^  et  6),  envisageant  le  petit  nombre  de  dentelures  qui  se  trouvent  à 
la  partie  inférieiu'e  du  bord  postérieur  ,  comme  un  caractère  spécifique.  Plus  tard  je 
trouvai  dans  la  collection  de  M.  Cumberland  un  exemplaire  qui  présentait  la  plus  grande 
ressemblance  avec  mes  fragmens,  mais  qui  en  différait,  en  ce  que  les  écailles  étaient  den- 
telées tout  le  long  de  leur  bord  postérieur.  Je  ne  tardai  cependant  pas  à  me  rendre  compte 
de  ces  différences,  car  j'avais  appris  par  l'étude  d'autres  espèces  de  Lepidoïdes,  qu'il  existait 
souvent  des  différences  encore  plus  frappantes  entre  les  écailles  d'un  seul  et  même  poisson , 
suivant  la  région  du  corps  d'où  elles  proviennent.  Je  vis  dans  l'échantillon  de  M.  Cumber- 
land un  fragment  provenant  des  côtés  de  la  région  moyenne  du  corps,  et  dans  celui  du 
l\Iusée  de  Paris  une  portion  de  la  région  caudale.  Il  me  paraissait  même  assez  probable, 
d'après  l'état  de  conservation  de  ces  fragmens  et  la  nature  de  la  roche  qui  les  entoure , 
que  c'étaient  des  lambeaux  d'un  même  individu,  d'autant  plus  que  je  croyais  me  rappeler  que 
M.  Cumberland  avait  fourni  à  Cuvier  une  partie  de  ses  doubles. 

Ces  prévisions  devaient  recevoir  une  éclatante  confirmation  par  un  exemplaire  d'une  rare 
perfection  qui  montre  ces  diverses  formes  d'écaillés  sur  un  même  individu.  Aussi  je  n'ai  pas 
craint  de  lui  consacrer  deux  planches,  en  le  représentant  de  profil  (Tab.  50 «)  et  par  la  face 
supérieure  (Tab.  50  6).  On  voit  par  là  que  le  poisson  qui  nous  occupe  n'était  pas  seulement 
large  et  grand,  mais  qu'il  avait  aussi  une  épaisseur  considérable.  Les  écailles  des  flancs  qui 
avoisinent  l'appareil  operculaire  sont  sensiblement  plus  hautes  que  longues  et  fortement  den- 
telées, surtout  leur  bord  postérieur.  Plus  en  arrière,  ces  dentelures  deviennent  moins  nom- 
breuses ,  plus  irrégulières  et  s'effacent  même  complètement.  Les  écailles  de  la  région  dor- 
sale sont  en  général  moins  grandes  que  celles  des  flancs  ;  celles  de  la  rangée  médiane  du  dos 
ont  une  forme  tout-à-fait  particulière  :  les  premières  sont  circulaires  et  usées ,  mais  il  se  dé- 
ToM.  II.  35 


—     266     — 
veloppe  bientôt  sur  les  suivantes  une  carène  longitudinale  qui  donne  lieu  à  un  prolongement 
en  forme  d'éperon  de  plus  en  plus  saillant  (Tab.  306  iig.  1).  Enfin  l'appareil  operculaire ,  au 
lieu  d'être  tuberculeux  ,  comme  celui  du  L.  Mantelli,  est  parfaitement  lisse. 

Il  existe  à  la  Société  géologique  de  Londres  un  autre  fragment  très-intéressant ,  qui  con- 
tient la  partie  antérieure  de  la  dorsale ,  et  qui  m'a  servi  à  compléter  la  description  de  ce 
poisson.  Le  nombre  des  rayons  dorsaux  que  l'on  voit  est  de  cinq  seulement;  le  premier  est 
le  plus  simple,  les  autres  sont  de  plus  en  plus  dichotomés.  Les  articulations  transversales 
sont  fort  rapprochées  proportionnellement  à  l'épaisseur  et  à  la  grandeur  des  rayons.  Mais  ce 
qu'il  y  a  de  plus  intéressant ,  ce  sont  douze  gros  rayons  raides,  situés  en  avant  du  premier 
rayon  articulé  et  dont  les  cinq  premiers,  qui  sont  les  plus  gros,  sont  implantés  dans  la  ligne 
dorsale  de  la  même  manière  que  les  rayons  ordinaires  ;  les  sept  autres  sont  placés  comme 
de  simples  fulcres  sur  le  premier  rayon  dichotomé.  Les  uns  et  les  autres  sont  composés, 
comme  les  rayons  eux-mêmes,  de  deux  parties  latérales,  paires.  Leur  base  est  arrondie  et 
non  émaillée  ;  le  cinquième  est  le  plus  long.  Je  donnerai  une  figure  de  cette  nageoire  re- 
marquable dans  l'un  de  mes  premiers  Supplémens. 

Quant  aux  dents,  nous  avons  vu  qu'elles  différent  de  celles  du  L.  Manlellii ,  en  ce  qu'elles 
sont  à-peu-près  hémisphériques.  Elles  sont,  en  revanche,  d'autant  plus  difficiles  à  distinguer 
de  certaines  espèces  de  Sphaîrodus.  Les  difficultés  à  cet  égard  ne  pourront  être  résolues  que 
par  une  étude  microscopique  du  tissu  de  ces  dents.  Je  dois  cependant  faire  remarquer  que 
la  plupart  des  dents  de  Sphœrodus  qu'on  trouve  dans  le  Jura  sont  plus  grandes  que  celles 
de  notre  L.  Fittoni  (Tab.  30c  fig.  2-6).  Les  fig.  4  ,  y  et  6  de  Tab.  SOft  sont  des  dents  du 
L.  Manlellii. 

C'est,  comme  le  L.  Mantellii,  une  espèce  propre  aux  sables  de  Hastings.  Le  magnifique 
exemplaire  de  Tab.  30a  et  Tab.  30  6  se  trouve  en  la  possession  de  M.  Mantin  ,  à  Londres. 


XVIIL  Lepidotus  sPECiosus  Mnstr. 
Vol.  2,  Tab.  3ia,  fig.  S-7. 

Je  ne  connais  cette  espèce  que  par  des  dessins  que  je  dois  à  l'obligeance  de  M.  le  comte  de 
Miinster.  La  forme  et  la  nature  des  écailles  ne  permettent  pas  de  douter  que  ce  ne  soit  un  vrai 
Lepidotus ,  voisin  du  L.  minor.  Mais  ce  qu'elle  a  de  particulier,  c'est  la  structure  des  rayons 
de  la  caudale  qui,  vus  à  la  loupe  ,  ressemblent  à  des  entonnoirs  placés  les  unes  dans  les  autres 
(fig.  6).  Aussi  loin  qu'on  aperçoit  cette  structure,  les  rayons  ne  sont  point  dichotomés,  ou 
du  moins  s'ils  le  sont,  leurs  divisions  ne  sont  pas  visibles  à  l'extérieur.  Le  rayon  extérieur  des 
deux  lobes  est  en  outre  garni  de  fulcres ,  qui  s'étendent  jusqu'auprès  de  son  extrémité. 

Le  fragment  figuré  représente  la  partie  postérieure  du  tronc  d'un  individu  d'assez  grande 


—     207     — 

taille  ,  et  j'ai  pu  m'assurer  par  d'autres  dessins  ,  que  la  partie  antérieure  du  corps  atteint  jus- 
qu'à six  pouces  de  largeur.  Outre  la  caudale  qui  est  échancrée  et  dont  le  lobe  supérieur  est 
un  peu  plus  allongé  que  le  lobe  inférieur,  on  remarque  aussi  dans  notre  exemplaire  une 
partie  de  l'anale .  dont  les  rayons  sont  articulés  de  très-près ,  mais  sans  présenter  au  même 
degré  cette  forme  d'entonnoirs  ind)riqués  qui  est  propre  à  la  caudale.  Chacun  de  ses  rayons 
se  bifurque  un  granil  nombre  de  fois ,  au  point  que  les  dernières  ramifications  ressemblent  a 
de  lins  filets  .  ainsi  que  le  montre  la  fig.  7,  qui  représente  un  rayon  grossi  de  l'anale  ,  pris  sur 
un  autre  individu.  Le  premier  rayon  est  garni  de  fulcres  nombreux  et  plus  gros  que  ceux  des 
rayons  externes  de  la  caudale.  Les  écailles  ne  paraissent  irrégulières  que  parce  qu'elles  sont 
•oblitérées.  A  l'état  intact,  elles  sont  en  forme  de  rhombes  très-réguliers,  comme  on  en  voit 
quelques-unes  en  avant  du  lobe  supérieur  de  la  caudale.  Leur  surface  est  lisse  et  leur  bord 
postérieur  non  dentelé. 

Il  existe  plusieurs  exemplaires  de  cette  espèce  dans  la  collection  de  M.  le  comte  de  Miinster. 
Ils  proviennent  selon  toute  apparence  des  schistes  liasiques  de  Seefeld. 


XIX.   Lepidotus  parvulus  Mnstr. 
Vol.  2,  Tab.  ôka,  %.  8  et  9. 

C'est  encore  à  l'obligeance  de  M.  le  comje  de  Miinster  que  je  dois  la  connaissance  de 
cette  espèce.  Ce  savant  l'avait  d'abord  prise  pour  un  Semionotus  ;  mais  ayant  reconnu  que  les 
écailles  étaient  assez  épaisses ,  et  ayant  en  outre  découvert  de  petites  dents  circulaires  sur 
les  mâchoires  ,  il  la  reporta  avec  raison  dans  le  genre  Lepidotus.  Il  n'y  a  enelîet  que  les  Lepi- 
dotus, dans  la  famille  des  Lépidoides  qui  aient  de  pareilles  dents.  Leur  petitesse  n'est  pas  hors 
de  proportion  avec  le  corps ,  comme  on  pourrait  le  croire  au  premier  abord ,  puisque  le 
L.  Fitt07ii ,  qui  atteint  trois  à  quatre  pieds  de  longueur,  a  des  dents  de  la  grandeur  d'une  len- 
tille. Dès-lors  qu'y  a-t-il  d'étonnant  que  notre  L.  parvulus  qui  n'a  qu'un  demi-pied  de  long 
en  ait  de  la  grosseur  d'une  tête  d'épingle  !  Examinées  à  la  loupe,  ces  petites  dents  sont  à  peu- 
près  hémisphériques  avec  un  bouton  au  sommet  (fig.  9).  Les  écailles  sont  lisses,  très-ser- 
rées et  assez  régulièrement  rhomboïdales  ;  leur  bord  postérieur  est  uni.  Notre  poisson  n'a 
conservé  de  ses  nageoires  qu'une  partie  de  la  dorsale  ;  les  premiers  rayons  sont  assez  longs  et 
présentent  des  articulations  renflées.  Les  derniers  sont  beaucoup  plus  courts  et  plus  grêles. 

Cette  espèce  provient  des  schistes  liasiques  de  Seefeld  ;  l'original  se  trouve  dans  la  collection 
de  M.  le  comte  de  Miinster. 


268     — 


XX.  Lepidotus  sTRiATUS  Agass. 
Vol.  2,  Tab.  Siafig.  4. 

C'est  l'une  des  petites  espèces  du  genre.  Je  l'ai  appelée  striattts ,  parce  que  les  écailles  bien 
conservées  présentent  à  leur  bord  postérieur  de  fines  stries  longitudinales.  Les  écailles  sont 
en  général  très-serrées  et  à-peu-près  toutes  d'égales  forme  et  dimension ,  représentant  des 
carrés  allongés,  dans  le  sens  de  la  largeur  du  poisson. 

C'est  jusqu'ici  le  seul  Lepidotus  crétacé  connu.  Le  fragment  figuré  représente  une  partie 
du  flanc  droit.  Il  faisait  partie  de  la  collection  de  M.  Regley,  et  provient  de  la  craie  des 
Vaches-Noires,  en  Normandie.  11  se  trouve  aujourd'hui  au  Muséum  d'histoire  naturelle  de 
Paris. 

XXL  Lepidotus  Maximiliani  Agass. 
VoL  2,  Tab.  29  c  fig.  8-H. 

M.  Max  Braun  a  découvert  dans  les  marnes  du  calcaire  grossier ,  près  de  la  barrière  des 
Fourneaux,  à  Paris,  quelques  écailles  qui  appartiennent  évidemment  au  genre  Lepidotus. 
Ce  sont  jusqu'ici  les  seuls  débris  de  ce  genre  qui  aient  été  signalés  dans  les  terrains  tertiaires. 
Bien  qu'il  soit  difficile  de  déterminer  rigoureusement  des  débris  aussi  imparfaits ,  j'ai  cepen- 
dant la  conviction  qu'ils  proviennent  d'une  espèce  différente  de  toutes  celles  que  nous  venons 
de  décrire  dans  les  pages  qui  précèdent  ;  peut-être  est-ce  du  L.  (jigas  que  l'espèce  se  rapprochait 
le  plus.  Les  fig.  8  et  9  représentent  deux  écailles  du  côté  gauche,  l'une  des  flancs  (fig.  8  ),  et 
l'autre  de  la  région  caudale  (fig.  9).  La  fig.  10  est  une  écaille  du  côté  droit;  fig.  11  est  pro* 
bablement  une  de  ces  petites  écailles  qui  entourent  d'ordinaire  la  base  des  nageoires.  Toutes 
sont  lisses  et  ont  le  bord  postérieur  uni. 

Outre  les  espèces  que  nous  venons  de  décrire ,  j'en  connais  encore  plusieurs  sur  lesquelles 
j'attends  de  plus  amples  informations  pour  les  publier.  Ce  sont,  entre  autres  : 

1"  Le  LEPmoTiTs  Virleti  Ag. ,  dont  l'original  se  trouve  en  la  possession  de  M.  Théodore  Virlet, 
à  Paris;  c'est  un  fragment  avec  plusieurs  grandes  écailles,  de  la  taille  des  écailles  du  Lepi- 
dotus Mantellii ,  provenant  du  grès  vert  supérieur,  sous-jacent  à  la  craie  tufau  des  environs 
de  Modon ,  en  Morée.   ' 

2°  LEPmoTUS  FRONDOsus  Ag.  Deux  grandes  plaques  correspondantes,  de  la  collection  de 
M.  Hartmann,  à  Goppingen,  provenant  du  lias  de  Zell,  près  de  Boll.  C'est  un  poisson  de  la 
taille  du  L.  Gigas ,  mais  qui  en  diffère  cependant  par  la  plus  grande  largeur  de  la  partie 
antérieure  du  tronc.  Un  caractère  particulier  de  cette  espèce,  c'est  que  la  partie  antérieure 


—     2G9     — 

de  l'émail  des  écailles,  est  ornée  de  petites  arêtes  sinueuses  qui  vont  en  divergeant  vers  le 
milieu  de  l'écaillé. 

3°  Une  espèce  de  la  collection  de  M.  James  Johnston ,  à  Bristol ,  provenant  de  l'oolite  de 
Purbeck.  C'est  un  poisson  entier,  de  la  taille  du  L.  undatus.  Les  écailles  de  la  partie  antérieure 
du  tronc  ont  deux  ou  trois  gros  plis  longitudinaux  à  leur  surface  ,  tandis  que  ceux  de  la 
partie  postérieure  n'en  ont  qu'un. 

Obseïrations  sur  le  squelette  du  Lepidotus  minor. 
Vol.  2,  Tab.  29c,  %.  12. 

Depuis  que  je  m'occupe  de  poissons  fossiles,  j'ai  toujours  recherché,  avec  le  plus  grand 
soin,  les  occasions  d'étudier  plus  particulièrement  les  détails  relatifs  à  l'organisation  des 
espèces  que  je  parvenais  à  déterminer.  Mais  jusqu'à  présent  je  n'avais  pu  réussir  à  me  pro- 
curer un  squelette  de  Ganoïde  avec  les  corps  de  ses  vertèbres.  Ceux  que  j'ai  décrits  et 
figurés  (vol.  2,  Tab.  D,  et  pag.  50  et  162),  ne  m'avaient  offert  que  les  os  de  la  tête  et  de 
la  ceinture  thoracique  ,  puis  les  apophyses  épineuses  des  vertèbres ,  les  côtes  et  enfin 
les  nageoires  et  les  osselets  qui  les  portent  ;  mais  jamais  je  n'avais  rencontré  les  corps  mêmes 
des  vertèbres  dans  un  Ganoïde  fossile.  C'est  au  zèle  persévérant  de  lord  Enniskillen  , 
ci-devant  lord  Cole,  que  j'ai  dû  le  premier  exemplaire  de  la  colonne  vertébrale  d'un  de 
ces  poissons;  et  bien  que  ce  squelette  soit  loin  d'être  entier,  j'ai  cependant  pu  reconnaître 
qu'il  appartient  au  Lepidotus  minor,  décrit  plus  haut,  pag.  260.  II  est  adhérent  à  une 
plaque  de  calcaire  de  Purbeck;  on  y  distingue  la  tête,  qui  est  très-mutilée,  mais  où  l'un  des 
arcs  branchiaux  est  bien  en  vue ,  et  les  corps  de  seize  vertèbres  abdominales  dont  les  côtes 
ont  disparu ,  mais  dont  les  apophyses  épineuses  sont  en  partie  conservées. 

Je  m'attendais  si  peu  à  voir  chez  des  poissons  osseux  des  corps  de  vertèbres  conformés 
comme  ceux  de  ce  squelette ,  qu'au  lieu  de  le  ranger  parmi  les  Ganoïdes,  j'avais  placé  dans 
mon  portefeuille  des  Placoïdes  le  dessin  que  lord  Enniskillen  m'en  avait  envoyé ,  tant  les 
corps  de  vertèbres  ressemblent  a  ceux  d'un  Squale;  et  ce  n'est  qu'après  avoir  examiné  le 
fossile  même ,  au  mois  d'octobre  \  840 ,  que  j'ai  reconnu  que  c'était  im  Lepidotus,  Ce  qui 
frappe  d'abord  dans  ce  squelette,  c'est  la  hauteur  des  vertèbres  comparativement  à  leur  lon- 
gueur ,  et  l'apparence  fibreuse  de  leur  surface  extérieure ,  qui  est  dépourvue ,  sur  les  côtés , 
de  ces  fossettes  plus  ou  moins  nombreuses  que  l'on  remarque  chez  tous  les  poissons  osseux. 
En  revanche,  on  observe  de  grandes  fossettes  vers  les  bords  supérieur  et  inférieur  des  ver- 
tèbres, servant  à  l'insertion  des  côtes  et  des  apophyses  épineuses  supérieures.  Ces  fossettes 
sont  plus  arrondies  et  moins  profondes  que  chez  la  plupart  des  Squales;  mais  elles  ressemblent 
beaucoup  à  celles  des  Ichthyosaures  et  des  Plésiosaures  ;  il  y  en  a  deux  en  dessus  et  deux  en 
dessous  de  chaque  vertèbre,  qui  sont  assez  distantes  l'une  de  l'autre.  Les  surfaces  articulaires 


_     270     — 

des  vertèbres  sont  en  foraie  de  cône  creux  évasé,  tandis  que  leurs  bords  forment  des  bour- 
relets lisses,  entre  lesquels  les  plis  extérieurs  longitudinaux  de  la  surface  extérieure  sont 
comme  tendus  d'avant  en  arrière.  Je  ne  serais  point  surpris  que  parmi  les  vertèbres  déta- 
chées d'Ichthyosaures  et  de  Plésiosaures,  qui  sont  maintenant  entassées  dans  tant  de  collec- 
tions, il  ne  se  trouvât  des  vertèbres  de  grandes  espèces  de  Lepidotus  du  lias  que  l'on  trouve 
dans  les  mêmes  localités.  Aussi,  avant  d'admettre  définitivement  (jue  les  ïchthyosaures  et  les 
Plésiosaures  se  mangeaient  les  uns  les  autres  ,  il  importera  de  comparer  attentivement  les  ver- 
tèbres que  l'on  trouve  dans  les  coprolithes,  avec  celles  des  Lepidotus,  examen  que  je  n'ai 
pas  encore  eu  occasion  de  faire  depuis  que  je  connais  ces  dernières.  Je  crois  même  qu'il  ne 
sera  pas  toujours  facile  de  distinguer  des  vertèbres  isolées  de  ces  divers  genres  ;  car  plus  j'ap- 
prends à  les  connaître ,  et  plus  je  sens  combien  est  grande  l'affinité  qui  lie  les  Ganoïdes 
aux  anciens  Sauriens.  Cette  affinité  ressort  surtout  de  la  comparaison  du  mode  d'insertion  des 
côtes  et  des  apophyses  épineuses ,  qui  rappelle  bien  plutôt  les  ïchthyosaures  que  les  Squales. 
Quant  à  comparer  ces  vertèbres  à  celles  des  poissons  osseux  de  l'ordre  des  Cténoides  et  des 
Cycloides ,  c'est  chose  superflue  ,  puisque  nulle  part  chez  ces  derniers,  les  apophyses  des  ver- 
tèbres ne  sont  insérées  dans  des  fossettes  profondes  des  centres  des  vertèbres ,  comme  c'est 
le  cas  dans  le  genre  Lepidotus  et  chez  une  partie  des  Squales ,  mais  font  plutôt  corps  avec 
eux.  11  en  est  de  même  des  Gymnodontes,  des  Sclérodermes ,  des  Lophobranches ,  etc.,  qui 
font  aussi  partie  de  l'ordre  des  Ganoïdes,  mais  qui  n'appartiennent  pas  à  cette  division  de 
l'ordre  qui  est  caractérisée,  comme  les  Lepidotus,  par  de  grandes  écailles,  en  forme  de  lo- 
sange, et  dont  les  bords  supérieur  et  inférieur  sont  parallèles  aux  contours  du  poisson. 

Dans  le  squelette  figuré ,  les  apophyses  des  vertèbres ,  quoique  conservées  en  partie ,  sont 
cependant  trop  mutilées  pour  pouvoir  être  décrites.  Dans  la  tète  on  distingue  ,  en  revanche , 
assez  bien  la  mâchoire  inférieure  et  les  os  impairs  qui  forment  la  base  du  crâne ,  savoir  :  le 
vomer,  le  sphénoïde  et  le  basilaire.  Quelques-uns  des  rayons  branchiostègues  sont  aussi  con- 
servés; ils  sont  fixés  à  des  os  hyo'ides  plats,  très-larges  et  surtout  dilatés  en  arrière.  Le  bord 
interne  de  l'arc  branchial,  qui  est  en  vue,  porte  de  fortes  pièces  osseuses  dirigées  en  avant  et 
à  l'intérieur ,  et  qui  formaient,  sans  doute ,  un  puissant  râtelier  sur  les  côtés  de  l'avaloir. 


271     — 


CHAPITRE   XIV. 


DU   GENRE   PHOLIDOPHORUS  Agass. 


Si  le  genre  Lepidotus  comprend  en  général  des  poissons  de  grande  taille ,  le  genre  Pholi- 
dophorus  n'est,  par  contre,  composé  que  de  petites  espèces,  qui  constituent  en  quelque  sorte 
la  plèbe  de  la  faune  ichthyologique  de  l'époque  jurassique.  Les  espèces  en  sont  nombreuses, 
et  ce  sont  elles  qui  servaient  en  grande  partie  de  pjUure  aux  poissons  voraces  ;  car  on  trouve 
une  quantité  de  leurs  écailles  dans  les  coprolithes  des  grands  Sauriens  du  lias. 

Les  Pholidophores  sont,  comme  les  Lepidotus  ,  des  poissons  réguliers,  tantôt  élancés,  tantôt 
plus  ou  moins  trapus  ,  mais  ne  présentant  jamais  de  ces  formes  bizarres  qui  caractérisent  d'au- 
tres genres.  Ils  devaient  avoir  à-peu-près  la  physionomie  de  nos  Harengs,  aux  écailles  près, 
qui  sont  émaillées  et  de  forme  rhomboïdale.  La  fig.  2  de  Tab.  C ,  Vol.  I ,  représente  ce  type,  tel 
que  j'ai  essayé  de  le  restaurer  d'après  les  débris  fossiles.  La  position  des  nageoires  est  à-peu-prés 
la  même  que  dans  le  genre  Lepidotus.  La  dorsale  ,  de  moyenne  grandeur,  est  opposée  aux 
ventrales  ou  à  l'espace  compris  entre  les  ventrales  et  l'anale.  La  caudale  est  largement  échan- 
crée  ,  à  lobes  égaux  ,  supportés  par  un  pédicule  d'ordinaire  large  et  vigoureux.  Les  rayons 
extérieurs  des  lobes  supérieur  et  inférieur  sont  garnis  de  fulcres  plus  ou  moins  développés. 
Les  écailles  sont  assez  uniformes  ,  conformées  de  la  même  manière  que  celles  des  Lepidotus  , 
avec  cette  différence  cependant  qu'elles  sont  souvent  plus  serrées  dans  leur  superposition.  Les 
mâchoires  sont  armées  de  petites  dents  en  brosse.  Je  n'ai  rencontré  jusqu'ici  aucune  espèce 
de  ce  genre  munie  de  grosses  dents  en  cônes  obtus ,  comme  en  montrent  les  Lepidotus.  J'i' 
gnore  également  si  l'intérieur  de  la  gueule  est  armé  de  dents  en  pavé  ,  conMne  c'est  le  cas 
chez  les  Lepidotus  ;  mais  j'en  doute  fort. 

On  comprend  que  dans  un  genre  aussi  uniforme  que  celui  des  Pholidophores  ,  il  soit  difficile 
de  distinguer  les  espèces  ,  surtout  si  le  nombre  en  est  considérable.  Il  faut  souvent  avoir  égard 
à  des  détails  en  apparence  très-insignifians  et  comparer  minutieusement  toutes  les  parties  du 
corps.  Les  écailles  sont  ici  de  la  plus  haute  importance  ,  parce  que  leur  substance  les  rend 
propres  à  résister  à  la  décomposition.  Il  y  en  a  de  plusieurs  types,  que  l'on  distingue  facile- 
ment ,  malgré  les  variations  individuelles  et  locales  auxquelles  les  écailles  en  général  sont  assu- 
jéties.  La  plupart  des  espèces  ont  des  écailles  anguleuses,  carrées  ou  rhomboïdales,  mais  il  y 
en  a  aussi  chez  lesquelles  les  écailles  sont  plus  ou  moins  arrondies  en  arrière  ,  par  exemple  le 


—     272     — 

Vh.  Stricklandi.  Parmi  les  anguleuses,  les  unes  ont  le  bord  postérieur  lisse,  les  autres  l'ont 
dentelé.  Il  est  probable  que  cette  structure,  différente  selon  les  espèces,  correspond  à  d'au- 
tres particularités  de  l'organisation ,  et  que  les  espèces  qui  présentent  cette  particularité  ap- 
partiennent à  un  genre  différent;  mais  ce  qui  m'a  empêché  jusqu'ici  de  séparer  les  Pliolido- 
|)hores  à  écailles  anguleuses  de  ceux  à  écailles  arrondies ,  c'est  l'état  de  conservation  de  ces 
derniers,  qui  ne  m'a  pas  encore  permis  d'en  faire  une  étude  détaillée. 

Les  caractères  particuliers  des  espèces  résident  en  grande  partie  dans  les  détails  de  la  struc- 
ture des  écailles  ;  mais  pour  que  ces  distinctions  aient  une  valeur  réelle ,  il  faut  avoir  soin 
de  prendre  les  écailles  des  espèces  qu'on  veut  comparer  sur  la  même  partie  du  corps  ;  car, 
de  même  que  dans  les  Lepidotus,  il  existe  des  différences  considérables  d'après  les  régions 
du  tronc.  Les  dentelures  du  bord  postérieur  des  écailles,  dans  les  espèces  à  écailles  anguleu- 
ses, sont  surtout  soumises  à  des  variations  notables,  et  il  peut  arriver  qu'elles  soient  très- 
grosses  mais  peu  nombreuses  dans  la  région  de  la  queue ,  tandis  qu'elles  seront  fines  et  serrées 
dans  la  région  antérieure  du  corps.  L'articulation  des  séries  dorso-ventrales  a  lieu  au  moyen 
d'onglets  dont  les  dimensions  varient  suivant  les  espèces. 

Le  genre  Pholidophorus  prédomine  ,  comme  le  genre  Lepidotus  ,  dans  l'époque  jurassique. 
Le  nombre  des  espèces  en  est  considérable,  depuis  le  lias  jusqu'au  portlandien  inclusive- 
ment ;  elles  vivaient  probablement  en  grandes  troupes  ;  leur  fréquence  dans  tous  les  ter- 
rains jurassiques  et  l'occurrence  simultanée  d'un  grand  nombre  d'exemplaires  dans  chacune 
des  diverses  localités  où  l'on  en  a  découvert,  nous  donnent  du  moins  la  certitude  que  nulle  part 
les  Pholidophores  ne  vivaient  isolés.  C'est  du  reste  un  fait  assez  général  que  la  fréquence  des 
individus  dans  les  genres  qui  comptent  de  nombreuses  espèces. 

M.  le  comte  de  Miinster  vient  d'établir  dans  ses  Beitrâge  zur  Petrefactenkunde ,  S"  cahier, 
p.  60,  1842  ,  un  nouveau  genre  sous  le  nom  d\4ethalion,  qu'il  caractérise  de  la  manière 
suivante  :  «  Dents  en  brosse  ;  dorsale  opposée  à  l'espace  compris  entre  l'anale  et  les  ventrales; 
caudale  fourchue.  Apophyses  des  vertèbres  caudales  distantes  des  corps  de  vertèbres  et  non 
accolées.  »  Cette  diagnose  ne  me  paraît  pas  suffisante  pour  distinguer  les  poissons  de  ce  type 
des  vrais  Pholidophores. 

l.  Pholidophorus  Bechei  Ag. 

Vol.  2,  Tab.  39,  fig.  1-4. 

Transactions  of  the  Geological  Society.  2"  sér.  Tom.  I,  Tab.  7,  fig.  1. 

La  connaissance  de  cette  espèce  est  due  à  M.  De  La  Bêche,  qui  le  premier  l'a  décrite  et  figu- 
rée dans  les  Transactions  de  la  Société  géologique  de  Londres.  Elle  est  de  taille  moyenne  et 
moins  élancée  que  la  plupart  des  autres  Pholidophores  ;  l'exemplaire  de  M.  De  la  Bêche  en 


—     273     — 

particulier  est  très-trapu  ,  et  comme  le  corps  est  forlemenl  courbé  ,  et  que  les  écailles  sont  pour 
la  plupart  disloquées  ,  il  en  résulte  que  le  poisson  parait  plus  large  (pi'il  n'est  réellement.  Les 
écailles  des  flancs  sont  grandes ,  carrées  et  plus  hautes  que  longues ,  surtout  dans  la  partie 
antérieure  du  corps  ;  elles  sont  proportionnellement  assez  épaisses,  et  surtout  plus  massives  que 
celles  du  Ph.  onychius.  Leur  surface  est  lisse  et  unie  ;  aucun  de  leurs  bords  n'est  dentelé.  Cha- 
que écaille  est  munie  à  sa  face  inférieure  d'une  quille  plate  ,  qui  s'étend  d'un  onglet  a  l'autre, 
ou  plutôt  du  bord  supérieur  au  bord  inférieur.  Les  onglets  eux-mêmes  qui  en  sont  le  prolon- 
gement sont  gros  et  courts  (fig.  2.)  Les  écailles  du  dos  et  du  ventre  sont  beaucoup  plus  pe- 
tites que  celles  des  flancs.  On  remarque  entre  autres  sur  le  milieu  du  dos ,  en  arrière  de  la 
dorsale  ,  une  série  impaire  d'écaillés  lancéolées ,  dont  le  bord  postérieur  est  arrondi.  La  ligne 
latérale  est  très-difficile  à  reconnaître ,  car  les  écailles  de  cette  série  n'ont  pas  toutes  des  ou- 
vertures muqueuses;  il  y  en  a  ordinairement  une  perforée  qui  alterne  avec  une  imperforée  ; 
mais  quelquefois  aussi  il  y  en  a  deux  ou  trois  non  perforées,  pour  une  perforée.  L'ouverture 
muqueuse  est  un  très-petit  trou  en  forme  de  croissant,  ouvert  du  côté  postérieur  du  corps.  J'ai 
indiqué  dans  ma  figure  par  des  points  blancs  les  écailles  perforées.  Les  fig.  2 ,  3  et  4  repré- 
sentent des  écailles  grossies ,  dont  plusieurs  de  la  ligne  latérale ,  sur  lesquelles  on  distingue 
l'ouverture  muqueuse.  Les  os  de  la  tête,  et  en  particulier  les  frontaux,  sont  parsemés  de  fines 
granules  qui  parlent  du  centre  d'ossification  et  rayonnent  vers  les  bords.  La  face  supérieure 
du  crâne  est  plate  ;  très-large  en  arrière  des  orbites ,  elle  se  rétrécit  rapidement  vers  le  bout 
du  museau ,  ensorte  que  ses  contours  paraissent  triangulaires  dans  les  exemplaires  où  la  tête 
se  voit  d'en  haut.  Le  bord  de  l'orbite  est  à  peine  indiqué  par  une  échancrure  très-fortement 
évasée. 

Les  nageoires  ne  sont  qu'imparfaitement  conservées  dans  tous  les  exemplaires  connus. 
Leurs  rayons  sont  en  général  grêles  ;  toutefois  le  rayon  externe  des  pectorales  est  un  peu  plus 
fort  et  porte  de  très-petits  fulcres.  La  caudale  est  assez  profondément  échancrée.  Ses  rayons 
extérieurs  sont  simples  sur  plus  de  la  moitié  de  leur  longueur,  tandis  que  ceux  du  centre 
sont  bifurques  jusque  vers  leur  base.  Leurs  divisions  transversales  sont  rapprochées  ,  mais  ce- 
pendant de  manière  que  les  articles  sont  encore  un  peu  plus  longs  que  larges.  L'extrémité  de 
tous  ces  rayons  est  finement  bifurquée  à  plusieurs  reprises.  Les  fulcres  du  lobe  supérieur  sont 
»plus  forts ,  plus  gros  et  moins  inclinés  que  ceux  du  lobe  inférieur  ;  ils  sont  aussi  plus  intime- 
ment soudés  aux  écailles.  Dans  un  exemplaire  de  la  collection  de  sir  Phillip  Egerton,  dont 
tout  le  squelette  est  disloqué  et  décomposé,  j'ai  pu  m'assurer  que  les  corps  des  vertèbres  ne 
sont  pas  complètement  osseux  ;  la  partie  ossifiée  est  seulement  à  l'extérieur  et  forme  une 
sorte  de  gaine  autour  du  centre  des  vertèbres,  ensorte  que  les  fragmens  des  corps  de  vertè- 
bres qui  sont  épars  sur  cette  plaque  apparaissent  comme  des  segmens  de  cylindres. 

Le  Ph.  Bechei  est  une  espèce  assez  fréquente  dans  le  lias  de  Lyme-Regis;  jusqu'ici  elle  n'a 
été  trouvée  que  dans  cette  seule  localité.  L'exemplaire  figuré  par  M.  De  la  Bêche  se  trouve 
dans  la  collection  de  la  Société  géologique  de  Londres.  L'original  de  ma  figure  fait  partie  de 
ToM.  II  ■  .36 


—  274  — 
la  collection  de  miss  Philpot  à  Lyme-Regis.  Il  y  en  a  d'autres  exemplaires  très-bien  conservés 
dans  les  collections  de  sir  Philipp  Egerton,  de  lord  Enniskillen  et  de  M.  le  D"^  Buckland.  On 
trouve  aussi  dans  les  coprolithes  de  cette  localité  des  écailles  de  ce  poisson  ;  d'où  nous  con- 
cluons qu'il  formait ,  avec  les  Pholidophoriis  onychivs  et  Ihnbatus ,  les  Tetragonolepis  et  les 
Dapedius  ,  la  pâture  ordinaire  des  grands  Sauriens  de  cette  époque. 

Il  se  pourrait  que  j'eusse  étiqueté  dans  quelques  collections  cette  espèce  du  nom  de  Ph.  lim- 
batns.  Dans  ce  cas,  l'erreur  pourra  maintenant  être  facilement  redressée. 

II.  Pholidophorus  onychuts  Agass. 
Vol.  2,  Tab.  39,  fig.  o-7. 

Ce  poisson  ressemble  beaucoup  par  son  aspect  général  au  Ph.  Bechei  ;  mais  il  en  diffère  par 
quelques  détails,  qu'il  importe  de  constater.  Ses  écailles  surtout  sont  plus  minces  que  celles  de 
l'espèce  précédente,  au  point  que  l'on  aperçoit  au  travers  de  l'émail  les  stries  concentriques  des 
lames  cornées,  ainsi  que  l'onglet  qui  les  unit  à  leurs  voisines  (fig.  6).  La  forme  des  écailles 
est  soumise  à  des  variations  assez  notables  ;  celles  des  flancs  sont  beaucoup  plus  hautes  que  lon- 
gues, et  leur  onglet  articulaire  est  beaucoup  plus  long  que  dans  l'espèce  précédente.  Les  bords 
des  écailles  sont  généralement  droits ,  mais  ils  s'arrondissent  dans  celles  du  pédicule  de  la 
queue  ;  leur  bord  postérieur  n'est  jamais  dentelé.  Les  ouvertures  du  canal  muqueux  sont  de 
petites  fentes  à- peu-près  transversales  au  corps. 

Les  nageoires  présentent  une  autre  différence  ,  c'est  que  les  articulations  des  rayons  exté- 
rieurs des  deux  lobes  de  la  caudale  sont  beaucoup  plus  éloignées  que  dans  le  Ph.  Bechei;  en- 
sorte  que  les  articles  sont  près  du  double  plus  longs  que  larges.  Les  os  de  la  tête  sont  sculp- 
tés ,  comme  ceux  du  Ph.  Bechei. 

C'est  encore  une  espèce  liasique.  L'original  de  ma  figure  se  trouve  dans  la  collection  de 
miss  Philpot  à  Lyrae-Regis.  Un  autre  fragment ,  du  lias  de  Chernock  ,  se  voit  dans  la  collec- 
tion de  M.  Cumberland.  Sir  Philipp  Egerton ,  lord  Enniskillen  et  le  ]y  Buckland  en  possèdent 
également  de  beaux  exemplaires  de  Lyme-Regis. 

« 

III.  Pholidophorus  macrocephalus  Agass. 
Vol.  2  ,  Tab.  40. 

Le  caractère  distinctif  de  celte  espèce  réside,  ainsi  que  l'indique  son  nom,  dans  les  dimen- 
sions considérables  de  la  tète.  Elle  est  à  la  longueur  totale  du  corps  ,  en  faisant  abstraction  de 
la  caudale ,  comme  un  à  trois ,  tandis  que ,  dans  la  plupart  des  espèces ,  cette  proportion  est 
bien  moindre.  Les  écailles  sont  très-régulières  et  de  grandeur  moyenne.  Celles  du  milieu  du 


—     275     — 

corps  sont  en  forme  de  rhonibes  réguliers  ;  celles  de  la  région  anlérienre  sont  au  contraire  beau- 
coup plus  hautes  que  longues.  En  les  examinant  à  la  loupe ,  on  trouve  que  le  côté  postérieur 
est  orné  de  stries  qui  rayonnent  du  centre  en  arrière.  Ces  stries  ,  quoi(|ue  distinctes  ,  ne  sont 
cependant  j)as  très-nombreuses ,  car  l'on  n'en  compte  guère  que  huit  ou  dix  sur  une  écaille 
(  lig  2  ).  La  face  interne  des  écailles  est  lisse  ,  mais  munie  d'une  carène  très-forte  dont  l'onglet 
articulaire  est  un  prolongement  (  (ig.  3).  Dans  les  endroits  où  les  écailles  sont  enlevées,  on 
remarque  de  profonds  rayons  verticaux  et  obliques ,  qui  indiquent  la  superposition  des  dif- 
férentes séries  dorso- ventrales.  L'onglet  est  assez  court  ;  le  bord  opposé  est  muni  d'une  cavité 
destinée  à  recevoir  l'onglet  de  lécaille  voisine  (fig.  3).  Le  bord  postérieur  des  écailles  n'est 
dentelé  sur  aucune  partie  du  corps. 

Les  rayons  des  nageoires  sont  très-gros  et  se  divisent  près  de  leur  sommet  en  une  infinité 
de  petits  filets.  Cette  particularité  semble  surtout  être  propre  aux  rayons  moyens  de  la  caudale, 
qui  sont  excessivement  larges.  En  revanche ,  ils  n'ont  pas  l'air  d'être  très-serrés.  Il  est  à  re- 
gretter que  l'exemplaire  figuré  n'ait  conservé  aucune  de  ses  nageoires  intactes  ;  il  n'en  existe 
que  des  rayons  épars.  Cependant ,  d'après  ce  que  Ion  peut  conclure  de  ce  qu'il  en  reste,  il  pa- 
raîtrait que  les  ventrales  sont  plus  rapprochées  de  la  caudale  que  dans  la  plupart  des  autres 
espèces.  La  ceinture  thoracique  est  large.  Les  os  de  la  tête  sont  en  partie  conservés  et  l'on 
peut  reconnaître  le  maxillaire  inférieur,  qui  est  grêle  ,  l'appareil  operculaire  et  quelques-uns 
des  rayons  branchiostègues.  L'orbite  est  grande. 

L'original  de  cette  espèce  se  trouve  au  Musée  de  Munich ,  et  provient  du  calcaire  lithogra- 
phique de  Solenhpfen. 

II  en  existe  aussi  un  exemplaire  dans  la  collection  de  M.  le  comte  de  Mimsler,  sur  lequel 
les  nageoires  sont  en  partie  conservées.  Les  rayons  de  la  dorsale  sont  très-grèles;  mais  portés 
par  des  osselets  robustes.  Les  rayons  antérieurs  et  les  ventrales  sont  assez  gros  et  portent  de 
tout  petits  fulcres ,  ainsi  que  les  rayons  externes  de  la  caudale. 


IV.   Pholidophorus  microps  Agass. 

Vol.  2,  Tab.  58,  fig.  I. 

Cette  espèce  est  allongée  et  grêle.  Les  écailles  sont  assez  grandes  proportionnellement  à  la 
taille  du  poisson  ;  celles  de  la  partie  antérieure  du  tronc  sont  beaucoup  plus  hautes  que  longues  , 
tandis  que  celles  de  la  partie  postérieure  sont  constamment  plus  petites  et  plus  irrégulières. 
Examinées  à  la  loupe,  leur  bord  postérieur  est  distinctement  dentelé.  Leur  surface  présente  de 
fines  stries  qui  aboutissent  aux  dentelures;  mais  ces  stries  ne  partent  pas  d'un  centre  commun, 
comme  c'est  le  cas  du  Ph.  macrocephalus :  elles  ne  sont  pas  non  plus  parallèles,  comme  dans 
les  espèces  suivantes;  leur  direction  est  intermédiaire  entre  les  deux  types;  elles  sont  moins 


—     276     — 
nombreuses  que  les  dentelures  marginales ,  car  il  y  a  au  moins  deux  dentelures  pour  un  pli 

(fig.  ib).  i-.liijï  yljj    *jti  Jkbu;!. 

La  dorsale  et  la  caudale  sont  seules  conservées.  La  première  est  bien  fournie  ;  ses  rayons 
sont  disposés  comme  suit  :  k,  1,8.  Les  rayons  principaux  sont  larges  et  bifurques  plusieurs 
fois  ;  leurs  articulations  sont  nombreuses  et  distinctes.  Les  cinq  rayons  antérieurs  sont  petits 
et  indivis  ;  de  petits  fulores  leur  succèdent  le  long  du  bord  supérieur  du  premier  grand  rayon . 
La  caudale  est  parfaitement  symétrique,  et  ses  rayons  sont  proportionnellement  moins  dé- 
veloppés que  ceux  de  l'anale;  les  principaux  sont  ramifiés  à  plusieurs  reprises  et  articulés  sur 
toute  leur  longueur.  Les  articulations  sont  uniformes  et  serrées.  J'ai  vu  sur  certains  exemplaires 
des  traces  des  pectorales  et  des  ventrales ,  mais  elles  ne  sont  nulle  part  bien  conservées.  J'ai 
également  reconnu,  sur  un  exemplaire  du  Musée  de  Munich,  des  côtes  qui  sont  très-grèles. 

Il  existe  des  exemplaires  de  cette  espèce  dans  plusieurs  collections.  L'original  de  mon 
dessin  se  trouve  au  Musée  de  Munich.  Un  autre,  également  bien  conservé,  fait  partie  de  la 
collection  de  M.  le  comte  de  Miinster.  Un  troisième  se  trouve  dans  la  collection  du  Musée  de 
Leyde.  Tous  proviennent  du  calcaire  lithographique  de  Solenhofen. 

'  V.  PuoriDOPUORUS  TENUISERRATUS  MlJUStr. 

M'JOLl   ' 

Vol.  2 ,  Tab.  38 ,  fig.  5  ,  et  Tab.  42  ,  fi^.  k. 

Je  dois  la  connaissance  de  cette  espèce  à  M.  le  comte  de  Miinster.  Son  principal  caractère 
réside  dans  les  écailles  qui .  quoique  grosses ,  sont  munies  de  très-fines  dentelures  au  bord 
postérieur,  ainsi  que  le  représente  la  fig.  k  de  Tab.  4^2,  en  a  ,  et  la  fig.  3'  de  Tab.  38. 
Ces  mêmes  écailles  sont  en  outre  marquées,  à  leur  face  externe,  d'une  carène  droite  et  très- 
distincte  même  à  l'œil  nu,  et  qui  est  indiquée  par  la  limite  des  ombres  dans  ces  mêmes 
figures.  La  face  interne  des  écailles  n'est  pas  moins  remarquable  (Tab.  42,  fig.  kh).  L'on- 
glet articulaire  est  court  ;  mais  ce  qui  mérite  surtout  de  fixer  l'attention ,  c'est  que  la  carène 
médiane,  au  lieu  d'être  au  milieu  de  l'écailIe,  est  rejetée  du  côté  postérieur.  Les  pectorales 
sont  larges  et  composées  de  gros  rayons  distinctement  bifurques.  On  en  compte  au  moins 
douze  qui  tous  sont  divisés  à  plusieurs  reprises.  Les  ventrales  sont  plus  petites  et  composées 
de  rayons  plus  grêles.  Il  en  est  de  même  de  l'anale.  La  dorsale  n'est  qu'imparfaitement  con- 
servée dans  les  originaux  de  mes  figures.  La  caudale  est  fortement  échancrée  et  portée  par 
un  pédicule  fort  large.  En  avant  du  premier  rayon  se  voient  un  grand  nombre  de  petits  rayons 
indivis.  Il  y  en  a  au  moins  dix  au  lobe  supérieur  et  un  peu  moins  au  lobe  inférieur  ;  le  rayon 
extérieur  de  chacun  des  lobes  est  en  outre  hérissé  d'une  quantité  de  petits  fulcres,  qui  en 
sont  comme  les  prolongemens.  Les  rayons  du  milieu  de  la  caudale  sont  dichotomés  jusque 
près  de  leur  insertion  ;  les  articulations  transverses  y  sont,  par  contre  ,  d'autant  plus  vagues  ; 
les  articles  sont  plus  longs  que  larges. 


—     277     — 

Plusieurs  os  de  la  tête  sont  conservés.  On  distingue  surtout  les  rayons  branchiostègues , 
qui  vont  en  diminuant  de  grosseur,  d'avant  en  arrière.  On  remarque  aussi  des  vestiges 
des  dents  à  la  mâchoire  supérieure  et  à  la  mâchoire  inférieure  ;  elles  sont  très-fines  et  co- 
niques. 

Les  deux  exemplaires  figurés  se  trouvent  dans  la  collection  de  M.  le  comte  de  Munster , 
et  proviennent  du  calcaire  lithographique  de  Kehlheim.  i-oi-  > 
-yl*  -iinom  Ju'jiiwlbnaoi.'ioqo^q  i 

^,,. -^1  ,  VI.  Pholidophorus  longisérratus  Miinstr. 


'jo) 


Vol.,2,Tab.  38,fig.,2, 

i':>umifc  yi)  nomii  ici)  8"iiiiauirjZ9  Wi  'H,  vMti'H'i 


"f^- 


Cette  espèce,  découverte  et  nommée  par  M.  le  comte  de  Mlinster ,  a  la  plus  grande  ressem- 
blance avec  le  Pholidophonis  tenuiserratus  décrit  ci-dessus.  Elle  n'en  diffère  que  par  un  seul 
caractère ,  la  structure  de  ses  écailles.  Tandis  que  les  écailles  du  Ph.  tenuiserratus  sont  assez 
épaisses  et  très-finement  dentelées  au  bord  postérieur ,  celles  du  Ph.  longisérratus  Miinstr.  sont 
fort  minces  et  munies  de  dentelures  plus  profondes  et  moins  nombreuses  (fig.  2').  Si,  comme 
j'ai  tout  lieu  de  le  croire,  M.  le  comte  de  Miinster  a  établi  cette  distinction  d'après  des 
écailles  prises  sur  la  même  l'égion  du  corps ,  dans  les  deux  poissons ,  il  n'y  a  pas  de  doute 
que  l'on  ne  doive  conserver  cette  espèce ,  bien  que  sous  tous  les  autres  rapports  la  ressem- 
blance avec  le  Ph.  tenuiserratus  soit  complète.  La  dorsale  est  à-peu-près  intacte  dans  l'exem- 
plaire figuré  ;  les  rayons  sont  assez  longs  et  bifurques  une  ou  deux  fois  seulement  ;  le  rayon 
principal  est  précédé  de  petits  fulcres  indivis. 

C'est  une  espèce  propre  au  calcaire  lithographique  de  Kehlheim.  L'original  se  trouve  dans 
la  collection  de  M.  le  comte  de  Miinster. 


VIL  Pholidophorus  striolaris  Miinstr, 
Vol.  2,  Tab.  38,fig.  ^. 

M.  le  comte  de  Miinster  a  encore  distingué  cette  espèce  d'après  la  structure  de  ses  écailles, 
qui  sont  en  effet  très-hautes  et  munies  de  stries  très-fines ,  à-peu-près  comme  les  écailles  du 
Ph.  tenuiserratus.  Mais  ce  qui  est  surtout  digne  de  remarque,  c'est  que  ces  stries  dépassent 
la  carène  médiane  pour  s'étendre  jusqu'à  la  base  des  écailles  (fig.  k').  Les  écailles  sont  bien 
moins  hautes  dans  la  région  caudale  qu'ailleurs,  et  leurs  stries  et  leurs  dentelures  sont  moins 
fines  (fig.  li").  Cette  différence  ne  se  remarque  pas  au  même  degré  dans  les  Ph.  tenuiser- 
ratus et  longisérratus ,  en  sorte  qu'à  cet  égard  aussi  notre  espèce  est  bien  caractérisée. 

Les  nageoires  ne  sont  qu'imjparfaitement  conservées  ;  cependant  la  caudale  est  fortement 


—     278     — 

échancrée;  ses  rayons  extérieurs   ne  sont   pas  dichotomés  à  leur  base;   ils  sont  composés 
d'articles  plus  longs  que  larges,  qui  vus  à  la  loupe,  présentent  l'aspect  de  fig.  k  '". 

Du  calcaire  de  Solenhofen.  L'original  se  trouve  dans  la  collection  de  M.  le  comte  de  Miins- 
ter  :  il  ne  m'est  connu  que  par  un  dessin  que  je  dois  à  l'obligeance  de  mon  savant  ami. 

VIII,  Pholidophorus  latus  Agass. 
Vol.  2,  Tab.  hi. 

L'exemplaire  original  de  cette  espèce  est  un  poisson  ,  très-bien  conservé  ,  de  l'an- 
cienne collection  Bartli,  qui  est  maintenant  incorporée  à  celle  de  M.  le  comte  de  Munster. 
Ce  qui  le  distingue  entre  tous  ses  congénères,  c'est  la  largeur  considérable  de  son  abdomen. 
La  hauteur  du  corps  en  avant  de  la  dorsale  est  beaucoup  plus  considérable  que  la  tête  n'est 
longue  ;  mais  derrière  cette  nageoire ,  le  tronc  se  rétrécit  sensiblement  et  d'une  manière  fort 
régulière.  La  caudale  est  grande,  largement  et  profondément  échancrée.  Les  rayons  en  sont 
très-gros,  articulés  d'assez  près  et  divisés  à  leur  extrémité  en  une  infinité  de  filets  minces. 
Cette  composition  de  filets  multiples  ne  se  remarque  nulle  part  mieux  que  dans  les  rayons 
du  milieu  de  la  nageoire.  La  formule  de  la  caudale  est  :  1 ,  13 ,  12 ,  I.  La  dorsale  ,  ainsi  que 
les  vertèbres,  ne  sont  quimparfaitement  conservées.  On  voit  cependant  que  leurs  rayons 
étaient  gros  et  larges.  Les  pectorales  sont  petites,  mais  au  rebours  des  précédentes,  elles 
sont  composées  de  rayons  très-fins  et  très-nombreux  ;  il  y  en  a  au  moins  vingt  dans  l'exem- 
plaire figuré ,  et  cependant  la  nageoire  n'a  pas  un  demi-pouce  de  large.  La  fig.  k  montre  deux 
rayons  de  la  caudale,  grossis,  pour  faire  voir  les  articulations  des  rayons. 

Les  écailles  de  la  partie  postérieure  du  tronc  sont  rhomboïdales ,  tandis  que  celles  de  la 
partie  antérieure  sont  allongées  et  en  forme  de  losange.  Les  unes  et  les  autres  sont 
épaisses  ;  vues  à  la  loupe,  leur  bord  postérieur  est  légèrement  plissé  ou  frangé,  les  plis 
sont  parallèles  et  s'étendent  rarement  jusqu'à  la  moitié  de  la  largeur  de  l'écaillé  (fig.  2). 
La  face  interne  des  écailles  est  lisse  et  ne  montre  d'autre  sillon  que  la  rainure  destinée  à 
loger  l'onglet.  Ce  dernier  est  très-long.  La  fig.  3  nous  montre  la  manière  dont  les  écailles 
s'engrènent  les  unes  dans  les  autres.  On  remarque  une  échancrure  assez  notable  de  chaque 
côté  de  l'onglet. 

Les  os  de  la  tête  sont  trop  mutilés  pour  fournir  des  caractères  spécifiques.  Il  n'y  a  de  bien 
conservés  que  les  rayons  branchiostègues ,  qui  forment  un  arc  sous  l'articulation  de  la  mâ- 
choire inféi'ieure;  les  postérieurs  sont,  comme  d'ordinaire,  plus  larges  que  les  antérieurs. 

La  plaque  qui  porte  ce  poisson  provient  du  calcaire  d'Eichst»dt.  L'original  se  trouve  dans 
la  collection  de  M.  le  comte  de  Munster. 


—     279     — 

IX.  Pholidopuorus  micronyx  Agass. 
Vol.  2,  Tab.  aâ,  %.  1. 

Le  poisson  que  je  désigne  sous  ce  nom  est  remarquable  par  sa  forme  régulière  et  fusi- 
forme  ;  sa  plus  grande  hauteur  est  au  milieu  de  la  longueur.  Il  se  rétrécit  quelque  peu  en 
avant,  et  un  peu  plus  en  arrière.  La  colonne  vertébrale  est  assez  forte,  mais  les  apophyses 
sont  grêles,  courtes  et  fortement  arquées  en  arrière,  surtout  celles  des  vertèbres  caudales. 
Les  nageoires  ont  disparu,  à  l'exception  de  la  caudale;  celle-ci  est  fortement  échancrée  et 
composée  de  rayons  très-minces  et  bifurques  à  plusieurs  reprises. 

Les  écailles  ne  sont  conservées  qu'en  quelques  endroits.  Elles  sont  plus  hautes  que  lon- 
gues ,  et  lorsqu'on  les  examine  à  la  loupe ,  on  trouve  (ju'elles  sont  légèrement  crénelées  à 
leur  bord  postérieur  (o). 

Cette  espèce  provient  du  calcaire  lithographique  de  Kehlheim.  L'original  se  trouve  dans 
la  collection  de  M.  le  comte  de  Miinster.  On  ne  saurait  disconvenir  qu'il  n'existe  une  cer- 
taine ressemblance  entre  ce  poisson  et  le  Ph.  latus  décrit  ci-dessus.  Il  ne  serait  pas  impossible 
que  ce  fût  le  jeune  âge  de  cette  espèce. 

X.  Pholidophorus  intermedius  Miinstr. 
Vol.  2,  Tab.  ^2,  fig.  .3. 

Cette  espèce  est  voisine  du  Ph.  micronyx ,  et  je  n'aurais  pas  hésité  à  l'identifier  si  ce  n'é- 
taient les  différences  que  présentent  les  écailles.  M.  le  comte  de  Munster,  à  qui  je  dois  la 
figure  ci-jointe,  m'observe  qu'elles  sont  toutes  très-uniformes,  et  que  leur  bord  postérieur  est 
muni  de  dentelures  si  fines,  qu'on  a  de  la  peine  à  les  apercevoir  à  la  loupe.  La  fig.  3  a  repré- 
sente quelques-unes  de  ces  écailles  dans  leur  position  respective  ;  seulement  c'est  à  tort  que  le 
bord  dentelé  se  trouve  en  haut ,  il  devrait  être  incliné  obliquement  en  arrière ,  et  les  rangées 
devraient  être  placées  horizontalement,  comme  dans  la  fig.  6.  La  colonne  vertébrale  est  visible 
sur  une  partie  du  tronc.  Les  apophyses  des  vertèbres  sont  plus  fortes  et  plus  crochues  que 
dans  le  Ph.  micronyx ,  surtout  celles  des  vertèbres  caudales.  La  caudale  est  grêle  et  com- 
posée de  rayons  minces  et  profondément  bifurques.  Les  autres  nageoires  sont  trop  impar- 
faites pour  pouvoir  être  décrites. 

L'original  se  trouve  dans  la  collection  de  M.  le  comte  de  Munster.  Il  provient  du  calcaire 
lithographique  de  Kehlheim. 


—     280     — 

XI.  Pholidophorus  LATiMAKus  Agass. 

Vol.  2,  Tab.  43. 

Cette  espèce  se  fait  remarquer  par  un  caractère  particulier  auquel  il  est  fait  allusion  dans  le 
nom  spécifique  ,  la  largeur  considérable  des  pectorales.  Elles  sont  non-seulement  très- 
lai'ges ,  mais  leurs  rayons  sont  encore  fort  gros ,  articulés  de  très-près ,  et  divisés  seulement 
un  petit  nombre  de  fois.  Les  ventrales  sont  petites.  L'anale  au  contraire  est  grande ,  fort  dis- 
tante de  la  caudale  et  presque  opposée  à  la  dorsale.  Ses  rayons  sont  longs  ,  minces  ,  dichotomés 
nombre  de  fois  et  articulés  de  très-près  jusqu'au  de-là  de  la  moitié  de  leur  longueur.  La  dor- 
sale a  également  des  rayons  minces  et  dichotomés  à  plusieurs  reprises  ;  en  avant  du  premier 
rayon  se  voient  en  outre  plusieurs  petits  rayons  indivis.  La  caudale  est  largement  échancrée  ; 
ses  rayons  sont  courts,  comparés  à  leurs  dimensions  dans  d'autres  espèces.  Les  extérieurs  sont 
serrés  ;  ceux  du  milieu  au  contraire  sont  distans  ;  tous  sont  articulés  de  près  et  divisés  nombre 
de  fois.  Les  petits  rayons  indivis  de  la  caudale  sont  nombreux ,  mais  ils  sont  limités  à 
l'origine  de  la  nageoire  et  ne  s'étendent  pas  sur  le  rayon  externe ,  comme  cela  a  lieu  dans  la 
plupart  des  autres  espèces  (fig.  2).  Le  squelette  est  visible  en  partie  dans  l'exemplaire  de  fig.  1 . 
Ses  apophyses  sont  petites,  courtes  et  minces. 

Les  écailles  frappent  par  leur  uniformité  sur  tout  le  corps  ;  elles  sont  épaisses  ,  un  peu  plus 
hautes  que  longues  et  très-régulières.  Examinées  à  la  loupe,  leur  surface  est  lisse  et  unie  ; 
mais  leur  bord  postérieur  est  marqué  de  dentelures  très-accusées ,  uniformes ,  inclinées  et 
crochues  (fig.  k).  La  face  interne  des  écailles  (fig.  S  )  est  munie  d'une  forte  carène  médiane 
qui  forme  l'onglet  en  haut  et  qui  se  divise  en  deux  bras  en  bas ,  pour  recevoir  l'onglet  de 
l'écaillé  précédente.  Les  dentelures  marginales  ne  sont  pas  visibles  par  cette  face. 

J'ai  tout  lieu  de  croire  que  les  trois  exemplaires  figurés  sont  de  la  même  espèce.  Ils  pro- 
viennent tous  de  Solenhofen,  et  se  trouvent  dans  la  collection  de  M.  le  comte  de  Miinster.  Il 
en  existe  un  autre  dans  la  collection  de  M.  Grasegger,  à  Neuburg. 

XII.  Pholidophorus  ornatus  Agass. 

Vol.  2,  Tab.  37,  fig.  6  et  7. 

Le  poisson  que  je  décris  sous  ce  nom  ne  m'est  connu  que  par  un  fragment  comprenant 
la  partie  supérieure  du  tronc  avec  la  caudale  et  une  portion  de  la  dorsale  et  de  l'anale .  Ce 
qu'il  y  a  de  plus  frappant  dans  ce  fragment,  ce  sont  les  écailles  qui  sont  distinctement  plis- 
sées  et  sillonnées  dans  le  sens  de  leur  largeur ,  et  qui ,  examinées  à  la  loupe ,  se  présentent 
sous  la  forme  de  fig.  7.  Leur  bord  postérieur  est  dentelé,  et  ces  dentelures  correspondent 


—     284     — 

à  des  sillons  qui  ont  l'air  de  rayonner  du  milieu  de  Técaille  ;  le  côté  antérieur  de  l'écaillé  est 
muni  dun  ap|)endice  assez  proéminent,  qui  rappelle  les  écailles  de  certains  Lepidotus.  Une 
autre  particularité  de  notre  espèce  consiste  dans  la  position  très-reculée  de  la  dorsale  et  de 
l'anale,  (]ni  sont  toutes  deux  très-rapprochées  de  la  caudale.  Si  les  autres  nageoires  étaient 
rapprochées  dans  la  même  proportion ,  il  faudrait  admettre  que  le  poisson  était  très-trapu. 
En  elTet ,  l'espace  entre  l'insertion  des  premiers  rayons  de  l'anale  et  l'origine  de  la  caudale 
égale  à  peine  la  longueur  du  plus  grand  rayon  de  la  caudale.  L'espace  entre  la  dorsale  et 
l'origine  de  la  caudale  est  encore  plus  court.  Or  il  n'est  certainement  aucune  autre  espèce  de 
Pholidophore  qui  présente  de  pareils  rapports.  La  caudale  elle-même  est  bien  fournie  ;  elle 
est.  largement  échancrée  et  tous  ses  rayons  sont  dichotomés  nombre  de  fois.  Les  rayons 
externes  sont  munis  de  petits  fulcres  qui  s'étendent  jusque  près  de  leur  extrémité.  Le  pédi- 
cule de  la  queue  est  grêle. 

L'original  se  trouve  dans  la  collection  de  M.  Mantell  ;  il  provient  du  calcaire  de  Purbeck. 


Xin.  Pholidophorus  Flesherii  Agass. 

Vol.  2,  Tab.  37,  fig.  8. 

Je  désigne  sous  ce  nom  un  poisson  très-allongé,  et  qui  est  presque  tout  d'une  venue  depuis 
la  tête  jusqu'à  la  queue.  Il  n'y  a  du  moins  aucune  espèce  dont  la  largeur  soit  si  peu  variable. 
La  hauteur  du  corps  ,  à  l'endroit  le  plus  large ,  en  avant  des  ventrales  ,  dépasse  à  peine  celle 
de  la  tête  ;  et  la  partie  du  corps  qui  est  la  plus  rétrécie ,  à  l'origine  de  la  caudale ,  égale 
encore  plus  de  la  moitié  de  la  plus  grande  hauteur.  La  dorsale  est  très-fournie  ;  ses  princi- 
paux rayons  sont  précédés  d'un  nombre  considérable  de  plus  petits  rayons ,  qui  vont  en  dé- 
croissant d'arrière  en  avant.  L'insertion  des  ventrales  n'est  pas  exactement  opposée  à  celle 
de  la  dorsale  ;  elle  est  un  peu  plus  reculée.  Je  ne  compte  que  cinq  rayons  principaux  , 
fourchus,  précédés  de  cinq  petits  rayons  simples.  Les  pectorales  sont  beaucoup  plus  fournies  ; 
leurs  rayons  sont  aussi  plus  longs  et  plus  épais;  il  y  en  a  au  moins  une  douzaine.  La  caudale, 
enfin ,  mérite  une  attention  toute  particulière.  Au  premier  coup  d'œil ,  ses  deux  lobes  parais- 
sent égaux,  ou  du  moins  le  lobe  supérieur  ne  déborde  que  très-insensiblement  le  lobe  infé- 
rieur; mais  par  le  fait,  ce  dernier  est  cependant  le  plus  long,  attendu  que  la  partie  supé- 
rieure de  la  queue,  à  laquelle  s'attache  le  lobe  supérieur,  est  beaucoup  plus  avancée.  La 
formule  de  la  caudale  est  I,  8,7,  L  Les  rayons  du  lobe  inférieur  sont  non -seulement 
plus  longs ,  mais  aussi  plus  gros  que  ceux  du  lobe  supérieur.  Les  fulcres  du  lobe  supérieur 
sont  nombreux,  ils  commencent  fort  avant  sur  le  dos  et  s'étendent  presque  tout  le  long  du 
rayon  principal.  Tous  les  rayons  sont  subdivisés  nombre  de  fois;  mais  les  plus  grands  le  sont 
proportionnellement  moins  que  ceux  du  milieu  de  la  nageoire.  En  revanche ,  leurs  articula- 
tions transversales  sont  plus  distinctes. 

TOM.  II.  37 


—     282     — 

J'ai  représenté  sous  chacune  des  nageoires  un  de  ses  rayons  isolés.  C'est  au  fond  le  même 
type,  soumis  aux  variations  que  commande  la  position  du  rayon  dans  la  nageoire.  Il  est  à 
remarquer  que  les  pectorales  et  la  caudale  ont  les  plus  longs  ;  ceux  de  la  dorsale  et  des  ven- 
trales sont  sensiblement  plus  petits. 

Les  écailles  sont  toutes  rhomboïdales ,  avec  cette  différence ,  que  celles  de  la  partie  posté- 
rieure du  corps  sont  plus  longues  que  hautes,  tandis  que  celles  de  la  partie  antérieure  sont 
sensiblement  plus  hautes  que  longues.  On  aperçoit  au  milieu  de  la  surface  de  chaque  écaille 
un  petit  renflement  tuberculeux,  qui  rappelle  un  peu  les  écailles  des  Acrolepis,  de  la  famille 
des  Sauroïdes.  On  ne  saurait  non  plus  méconnaître  dans  la  physionomie  générale  de  ce  pois- 
son une  certaine  ressemblance  avec  les  Ophiopsis,  et  je  ne  serais  pas  étonné  que  l'on  re- 
connût par  la  suite  qu'il  appartient  réellement  à  ce  genre  et  non  pas  au  genre  Pholidopho- 
rus;  d'ailleurs  les  dents  sont  aussi  un  peu  grosses  pour  un  Pholidophorus.  Je  regrette  de  n'a- 
voir à  ma  disposition  qu'un  dessin  de  ce  poisson  ;  je  n'ai  même  jamais  vu  l'original ,  ensorte 
que  je  ne  puis  me  prononcer  d'une  manière  catégorique  sur  les  vraies  affinités  de  ce  fossile, 
La  ligne  latérale  se  reconnaît  à  une  série  d'écaillés  plus  foncées ,  situées  au  milieu  du  corps. 
La  têle  est  bien  conservée  ;  on  y  reconnaît  distinctement  plusieurs  des  pièces  operculaires , 
entre  autres  l'opercule ,  qui  est  grand  et  arqué ,  et  la  mâchoire  inférieure ,  sur  laquelle  sont 
implantées  les  dents.  L'œil  est  petit.  Le  profil  de  la  tête  forme  un  angle  d'environ  k^°  avec 
la  verticale. 

Je  ne  connais  ce  poisson  que  par  un  dessin  que  je  dois  à  l'obligeance  de  M.  le  D"  Buck- 
land.  L'original  se  trouve  dans  la  collection  de  M.  Flesher  de  Towcester  ;  il  a  été  trouvé  dans 
une  marne  schisteuse  jaune  de  l'oolite  inférieure,  lorsque  l'on  creusa  le  tunnel  de  Blissworth, 
près  de  Northampton. 

XIV.  Pholidophorus  limbatus  Âgass. 
Vol.  2,  Tab.  37,  fig.  1-5. 

Cette  espèce ,  dont  on  trouve  rarement  des  exemplaires  entiers ,  mais  plus  communément 
des  écailles  détachées  et  des  os  démembrés,  appartient  à  la  section  du  genre  dont  le  corps 
est  élancé  et  étroit.  Dans  l'exemplaire  de  fig.  I ,  le  plus  parfait  que  je  connaisse  ,  la  longueur 
du  corps ,  depuis  l'insertion  des  pectorales  jusqu'à  l'origine  de  la  caudale,  est  plus  que  triple  de 
la  plus  grande  hauteur,  sans  compter  la  tête ,  ni  la  nageoire  caudale.  Les  écailles  sont  de 
moyenne  grandeur,  et  lisses  à  leur  surface  extérieure.  Elles  varient  considérablement,  sui- 
vant leur  position  :  celles  du  milieu  du  corps  sont  plus  hautes  que  longues  et  finement  den- 
telées à  leur  bord  postérieur  (fig.  k);  celles  de  la  région  postérieure  du  corps  sont  au  contraire 
profondément  frangées,  et  les  extrémités  des  dentelures  sont  inclinées  en  bas  (fig.  3).  Il  n'est 
pas  difficile  de  distinguer  ce  caractère  des  fractures  accidentelles  qui  se  rencontrent  assez 
fréquemment  dans  des  écailles  isolées  d'autres  espèces  du  même  terrain  ,  telles  qu'on  les  trouve, 


\ 


_     283     — 

par  exemple,  souvent  pèle-inèle,  dans  les  coprolilhcs  du  Lias  de  Lyme-Regis.  Toutes  les  fois  tjue 
le  bord  postérieur  de  l'écaillé  est  trés-niince  et  (ju'il  présente  une  dentelure  régulière ,  on 
peut  être  sûr  que  les  écailles  sont  entières  et  qu'elles  appartiennent  au  Ph.  Ihnhnlus;  tandis 
que  si  le  bord  de  l'écaillé  est  tronqué  ou  présente  une  coupe  épaisse ,  on  devra  le  rapporter 
à  une  autre  espèce.  Les  écailles  de  la  partie  antérieure  du  tronc  sont  les  plus  grandes;  celles 
du  pédicule  de  la  queue ,  les  plus  petites  ;  elles  sont  en  outre  équilatérales  et  à  bords  droits , 
et  ont  le  bord  supérieur  convexe,  tandis  que  le  bord  inférieur  correspondant  est  concave. 
L'onglet  articulaire  qui  les  unit  est  petit  et  pointu  ;  la  partie  de  l'écaillé  recouverte  par  l'im- 
brication est  peu  considérable. 

La  ligne  latérale  est  très-marquée  :  le  tube ,  qui  traverse  les  écailles ,  est  oblique ,  assez 
ample,  et  s'ouvre  au  bord  postérieur  de  l'écaillé  entre  les  pointes  inférieures.  C'est  à  ce  ca- 
ractère en  particulier  qu'il  m'a  été  possible  de  déterminer  les  écailles  détachées  d'un  Pholi- 
dophorus  limhatus  empâtées  dans  le  coprolithe  que  M.  le  D"^  Buckland  a  représenté  dans  son 
Traité  de  minéralogie  et  de  géologie,  vol.  II,  Tab.  XV,  fig.  3'.  Une  étude  minutieuse  de  ces 
matières  fécales  deviendra  de  plus  en  plus  intéressante,  parce  qu'elle  nous  fournira  les  moyens 
de  déterminer  la  nature  des  alimens  dont  se  nourrissaient  les  grands  Sauriens  de  l'époque 
jurassique.  Nous  pourrons  aussi  arriver  par  là  à  quelques  données  sur  leur  manière  de  vivre. 
Il  est  incontestable,  par  exemple ,  que  pour  pouvoir  se  nourrir  de  poissons  dont  on  trouve  de 
si  fréquens  débris  dans  leurs  intestins ,  les  Ichthyosaures  et  les  Plésiosaures  devaient  être  plus 
agiles  que  si  leur  nourriture  avait  consisté  uniquement  en  Mollusques  et  en  Crustacés  qui  sont 
généralement  moins  agiles. 

Les  rayons  de  toutes  les  nageoires  sont  grêles,  fendus  seulement  une  ou  deux  fois  jusqu'à 
la  moitié  de  leur  longueur  et  articulés  transversalement,  de  manière  que  les  articles  sont 
environ  du  double  plus  longs  que  larges.  La  caudale  paraît  plus  forte  que  les  autres  na- 
geoires; son  lobe  supérieur  a  douze  rayons  ;  son  lobe  inférieur  paraît  en  avoir  deux  de  plus 
(fig.  1  ).  Les  premiers  fulcres  du  lobe  supérieur  sont  allongés  et  ont  l'aspect  de  rayons;  mais 
insensiblement  ils  se  raccourcissent  et  se  relèvent  de  plus  en  plus  sur  le  bord  du  rayon  exté- 
rieur du  lobe  supérieur,  ainsi  que  le  montre  la  fig.  d,  qui  représente  la  partie  externe  du  lobe 
supérieur  de  la  caudale,  grossi.  L'insertion  de  la  nageoire  étant  passablement  oblique,  les 
fulcres  de  la  base  du  lobe  inférieur  se  trouvent  en  avant  de  ceux  du  lobe  supérieur.  Les 
rayons  de  l'anale  sont  encore  plus  grêles  que  ceux  de  la  caudale  et  moins  profondément  bifur- 
ques; mais  les  fulcres  extérieurs  sont  moins  serrés  et  plus  inclinés.  Les  rayons  des  centrales 
sont  un  peu  plus  longs,  mais  dans  vm  état  de  dégradation  qui  ne  permet  pas  de  les  étudier 
en  détail.  Je  nai  vu  ni  les  pectorales  ni  la  tête. 

C'est  une  espèce  propre  au  lias  de  Lyme  Régis.  Il  en  existe  des  exemplaires  dans  plusieurs 
collections  d'Angleterre  ,  entre  autres  au  Musée  d'Oxford ,  dans  les  collections  de  lord  Ennis- 
killen  et  de  sir  Pliilipp  Egerton.  Les  écailles  sont  fréquentes  dans  les  coprolithes.  M.  Buckland 
en  a  recueilli  un  grand  nombre  dans  des  coprolithes  de  Lyme-Regis. 


—     28i     — 

XV.  Pholidophorus  Stricklandi  Agass. 

Vol.  2,  Tab.  ^2  a,  fig.  5  et  ?i.  •"">>' 

Cette  petite  espèce  est  plutôt  trapue  qu'élancée.  Sa  partie  abdominale  surtout  est  assez  large, 
et  le  corps  se  rétrécit  sensiblement  en  arrière,  vers  l'origine  de  la  caudale,  qui  est  assez 
étroite.  Les  écailles  sont  en  général  plus  hautes  que  longues,  surtout  celles  des  rangées  mé- 
dianes; mais  ce  qui  les  caractérise  surtout,  c'est  leur  forme  arrondie;  leur  bord  postérieur 
ne  montre  aucune  trace  d'entailles  ni  de  plis  sur  quelque  partie  du  corps  qu'elles  se  trouvent; 
mais  en  les  examinant  à  la  loupe,  on  y  reconnaît  des  lignes  concentriques  distinctes,  qui  in- 
diquent sans  doute  les  termes  d'accroissement  de  l'écaillé.  La  forme  particulière  des  écailles 
de  cette  espèce  avait  fait  penser  à  M.  Strickland  que  ce  poisson  était  un  Cycloïde ,  et  que  je 
m'étais  trompé  en  affirmant  que  les  poissons  de  cet  oi-dre  n'apparaissent  qu'avec  la  série  des 
terrains  crétacés.  Un  examen  attentif  de  ce  fossile  m'a  cependant  prouvé  que  ses  écailles  sont 
émaillées  et  qu'elles  sont  articulées  entre  elles  comme  chez  les  Ganoïdes  en  général.  11  ne 
saurait  donc  y  avoir  de  doute  sur  la  classification  de  ce  poisson.  La  ligne  latérale  se  reconnaît 
à  un  renflement  médian  de  ces  écailles  (fig.  ^  «) ,  le  tube  muqueux  s'ouvrant  sous  le  bord  pos- 
térieur. La  caudale  est  la  seule  nageoire  qui  soit  complètement  conservée  dans  les  exemplaires 
connus  jusqu'ici.  Elle  est  courte  et  peu  profondément  entaillée.  Ses  rayons  sont  grêles  et 
dichotomés  nombre  de  fois.  La  tète  est  assez  bien  conservée  dans  l'exemplaire  de  fig.  k.  On 
y  reconnaît  distinctement  les  mâchoires,  ainsi  que  l'appareil  operculaire,  entre  autres  l'opercule 
et  le  préopercule.  Les  rayons  branchiostègues  sont  également  visibles  au-dessous  des  mâchoi- 
res. L'orbite  est  de  grandeur  moyenne. 

La  connaissance  de  cette  espèce  est  due  à  M.  Strickland,  qui  l'a  recueillie  dans  les  schistes 
du  lias  de  Barrow.  L'exemplaire  de  fig.  k  se  trouve  dans  sa  collection  ;  celui  de  fig.  5  fait 
partie  de  la  collection  de  lord  Enniskillen. 

XVL  Pholidophorus  Hastiisgsiae  Agass. 
Vol.  2,  Tab.  42  a,  fig.  I. 

Je  désigne  sous  ce  nom  un  petit  poisson  de  la  collection  de  lord  Enniskillen  ,  que  je  croi;» 
être  une  espèce  particulière.  C'est  de  tous  les  Pholidophores  connus  jusqu'ici  le  plus  élancé. 
Son  corps  est  tout  d'une  venue  et  le  tronc  en  arrière  des  ventrales  est  à  peine  plus  large  que 
le  pédicule  de  la  queue.  La  ligne  latérale  est  remarquable ,  en  ce  qu'elle  part  de  l'angle  su- 
périeur de  la  nuque  et  descend  par  une  pente  continue  et  régulière  jusqu'au  milieu  de  la  eau- 


—     28S     — 
dalc  ,  tandis  que  dans  la  plupart  des  autres  espèces,  elle  part  du  milieu  de  la  ceinture  thoraci- 
que  et  suit  une  direction  à-j)eu-près  horizontale.  Les  écailles  n'ont  laissé  (jue  leurs  empreintes, 
qui  sont  en  forme  de  losanges  assez  réguliers ,  du  moins  dans  la  partie  antérieure  du  tronc . 
d'où  sont  prises  les  écailles  grossies  de  iîg.  i  a. 

Il  existe  des  rudimens  de  la  caudale  ,  de  l'anale ,  des  ventrales  et  des  pectorales.  Toutes  ces 
nageoires  sont  composées  de  rayons  fins  et  grêles  ;  la  caudale  surtout  frappe  par  le  peu  de 
développement  de  ses  lobes  qui  sont  à  peine  plus  larges  que  le  pédicule  de  la  queue.  La  tête 
n'est  pas  conservée,  mais  le  contour  de  la  ceinture  thoracique  est  nettement  indiqué. 

Cette  espèce  a  été  découverte  par  Lady  Haslings,  dans  le  lias  de  Barrow. 

XVIL  Pholidophorus  aîsghstus  Agass. 
Vol.  2,  Tab.  k^a,  fig.  2. 

Cette  espèce  a  dans  sa  forme  extérieure  la  plus  grande  ressemblance  avec  le  Ph.  Hastingsiœ 
que  nous  venons  de  décrire  ;  elle  est  même,  si  possible  ,  encore  plus  grêle  ,  car  la  largeur  du 
corps  n'excède  nulle  part  celle  de  la  tête.  Quoique  l'exemplaire  que  nous  avons  pris  pour  le  type 
de  cette  espèce ,  soit  très-fruste ,  on  y  reconnaît  cependant  quelques  vestiges  des  nageoires 
paires ,  en  particulier  les  ventrales ,  dont  la  position  est  tout-à-fait  normale.  Les  écailles  n'ont 
laissé  que  leurs  empreintes,  mais  elles  sont  assez  distinctes  pour  permettre  d'en  reconnaître 
les  principaux  caractères.  Celles  du  milieu  du  corps  sont  sensiblement  plus  hautes  que  longues, 
mais  du  reste  régulièrement  carrées.  La  ligne  latérale  est  très-distincte  ;  mais ,  au  lieu  de  par- 
tir de  l'angle  supérieur  de  la  nuque,  comme  dans  le  Pholidophorus  Hastinysiœ ,  elle  prend  son 
origine  à-peu-près  au  milieu  du  corps  ,  derrière  la  ceinture  thoracique.  Les  contours  de  la  tête 
sont  assez  bien  conservés  ;  on  y  découvre  un  caractère  particulier,  qui  ne  se  retrouve  pas  dans 
d'autres  espèces  ;  c'est  la  présence  d'une  série  de  petites  erénelures  sur  la  nuque ,  qui  rappel- 
lent un  peu  les  épines  qu'on  rencontre  sur  la  tète  de  certains  Cyprins.  Je  suis  cependant  dis- 
posé à  croire  que  ces  erénelures  ne  proviennent  ici  que  de  l'empreinte  d'écaillés  disjointes. 

Je  ne  connais  qu'un  seul  exemplaire  de  cette  espèce,  que  je  dois  à  l'obligeance  de  M.  le 
professeur  Pusch,  de  Varsovie.  L'original  se  trouve  dans  la  collection  de  M.  Puseh  et  provient 
du  grès  rouge  jurassique  de  Pologne» 

XVIII.   Phoudophorus  gracilis  Mùnslr^ 
Vol.  2  ,  Tab.  42  ,  fig.  2. 

M.  leccrmte  de  Munster  désigne  sous  ce  nom  un  petit  poisson  du  calcaire  de  Kehiheim , 
qui  fait  partie  de  sa  collection.  Ce  savant,  qui  a  bien  voulu  m'en  communiquer  !e  dessin  . 
observe  positivement  que  les  écailles  ,  qui  sont  petites  et  minces ,   ne  montrent  aucune  trace 


—  286  — 
de  dentelure.  L'original  est  couché  sur  le  dos,  de  manière  qu'on  reconnaît,  près  de  la  tête, 
les  deux  pectorales.  Le  tronc  est  d'égale  largeur,  et  la  colonne  vertébrale  est  grêle  et  com- 
posée d'un  grand  nombre  de  vertèbres.  La  tète  a  dû  être  assez  large.  Les  fig.  «  et  6  repré- 
sentent des  écailles  grossies  d'après  le  dessin  que  m'en  a  communiqué  M.  le  comte  de 
Miinster.  Il  est  probable  que  la  fig.  h  indique  la  face  externe,  la  fig.  a,  la  face  interne.  La 
forme  pentagonale  de  ces  écailles  est  encore  un  problème  pour  moi. 

XL\.    PlIOLIDOPHORUS    MINOR    AgaSS. 

Vol.  2,  Tab.  42«,  fig.  5. 

Il  existe  dans  la  collection  de  lord  Enniskillen  une  portion  du  crâne  d'un  petit  poisson,  que 
je  crois  être  un  Pholidophore.  On  y  reconnaît  distinctement  les  deux  frontaux,  qui,  réunis  , 
ont  à-peu-près  la  forme  d'une  courte  massue,  leur  partie  postérieure  étant  élargie,  la  partie 
antérieure,  au  contraire,  très-atténuée.  Ne  connaissant  pas  d'espèce  à  laquelle  on  puisse  rap- 
porter ce  fragment,  je  le  désigne  provisoirement  sous  le  nom  de  Ph.  minor.  Il  provient 
de  l'oolite  de  Stonesfield. 


XX.  Phol'dophobits  furcatus  Agass. 

Vol.  2,  Tab.  36,  fig.  i  (sous  le  nom  de  Microps  furcatus  Agass.). 

Dans  l'origine,  j'avais  séparé  ce  poisson  des  autres  Pholidophores  ,  pour  en  faire  un  genre 
à  part ,  sous  le  nom  de  Microps ,  dont  j'ai  même  donné  une  figure  restaurée  dans  le  Vol.  I , 
Tab.  C,  fig.  5.  Je  basais  cette  distinction  sur  le  fait  que  la  caudale  est  parfaitement  sy- 
métrique, et  que  les  écailles  ne  remontent  pas  plus  loin  sur  le  lobe  supérieur  que  sur 
le  lobe  inférieur.  Mais  par  la  suite,  je  me  suis  convaincu  que  ce  caractère  n'a  pas  l'impor- 
tance que  je  lui  prêtais.  Je  supprime  par  conséquent  Te  genre  Microps,  pour  réintégrer  notre 
poisson  dans  le  genre  Pholidophorus.  Les  écailles  sont  d'une  grande  régularité  ;  elles  ont 
partout  la  même  forme,  sur  quelque  partie  du  tronc  qu'on  les  prenne;  et  celles  de  la  région 
caudale  en  particulier  ne  diffèrent  en  rien  de  celles  de  la  région  antérieure.  Toutes  sont  très- 
lisses  à  leur  surface  ;  mais  je  n'ai  pas  pu  m'assurer  si  le  bord  postérieur  était  dentelé  ou  non. 
La  ligne  latérale  occupe  à-peu-près  le  milieu  des  flancs.  La  dorsale  n'est  pas  tout -à-fait 
médiane,  mais  plus  rapprochée  de  la  queue  que  de  la  tête  ;  elle  est  composée  de  rayons  grêles, 
mais  assez  longs.  Il  en  est  de  même  de  l'anale,  qui  est  un  peu  plus  reculée  que  la  dorsale. 
La  caudale  est  grande  et  fortement  échancrée  ;  ses  deux  lobes  sont  d'égale  longueur  ;  mais  le 
supérieur  est  un  peu  moins  fourni  que  Tinférieur.  Il  existe  aussi  quelque  traces  des  ventrales, 
dont  les  rayons  sont  aussi  longs  et  très-fins. 


—     287     — 

C'est  une  espèce  liasîque.  L'original  de  ma  figure  provient  de  Seefeld  enTyroI  ;  il  se  trouve 
dans  la  collection  de  la  Société  géologique  de  F'rance.  M.  le  comte  de  Munster  en  possède  aussi 
des  exemplaires  qui  proviennent  de  la  même  localité. 

Outre  les  espèces  décrites  dans  ce  chapitre ,  il  en  est  encore  plusieurs  autres  qui  méritent 
également  de  fixer  l'attention.  N'ayant  pu  les  faire  entrer  dans  mes  planches,  faute  d'es- 
pace, je  me  bornerai  à  en  indiquer  ici  les  principaux  caractères,  me  réservant  de  les  publier 
plus  tard  dans  mes  Supplémens.  Ce  sont  les  : 

i°  Pholidophorus  dobsalis  Agass.  Espèce  du  lias  de  Seefeld.  Elle  a  quelque  ressemblance 
avec  le  Ph.  Bechei,  mais  elle  est  plus  petite  et  plus  trapue.  La  dorsale  est  aussi  plus  reculée  ; 
les  écailles  sont  plus  petites  et  plus  rhomboïdales  ;  aussi  forment-elles  un  bien  plus  grand 
nombre  de  séries  longitudinales  sur  les  flancs. 

2°  Pholidophorus  latiusculus  Agass.  Du  lias  de  Seefeld  et  de  Lyme-Regis.  Espèce  très-voi- 
sine de  la  précédente  ,  mais  plus  petite  ,  ayant  la  dorsale  moins  reculée  ;  elle  n'a  guère  que 
deux  à  trois  pouces  de  long. 

3°  Pholidophorus  pusillus  Agass.  Du  lias  de  Seefeld ,  où  elle  est  assez  fréquente.  C'est  jus- 
qu'ici la  plus  petite  espèce  du  genre  ;  elle  est  très-élancée.  La  dorsale  est  au  milieu  du  dos. 
Les  écailles  ont  le  bord  postérieur  lisse. 

4°  Pholidophorus  Taxis  Agass.  Du  calcaire  lithographique  de  Solenhofen.  Espèce  très-voi- 
sine du  Ph.  striolaris  Mstr. ,  mais  beaucoup  plus  large  ;  peut-être  n'en  est-elle  cependant 
qu'une  variété. 

5'"  Pholidophorus  radians  Agass.  Du  calcaire  lithographique  de  Solenhofen  ,  de  Kehiheim, 
de  Weltenburg  et  de  Langenaltheim.  Grande  espèce  voisine  du  Ph.  macrocephalus,  mais  dont 
les  écailles  sont  encore  plus  grandes  et  surtout  plus  hautes.  Les  rides  de  leur  surface  différent 
également ,  en  ce  qu'elles  rayonnent  dans  tous  les  sens  ,  tandis  qu'elles  sont  seulement  diri- 
gées en  arrière  dans  le  Ph.  macrocephalus.  Je  l'avais  d'abord  rangée  dans  le  genre  Caturus. 

6°  Pholidophorus  uraeoidks  Agass.  Du  calcaire  lithographique  de  Solenhofen,  d'Eichstaedt, 
et  de  la  carrière  de  Moritzbrunn.  Espèce  à  tête  large  et  courte;  ses  écailles  sont  minces, 
grandes  et  ornées  de  rayons  divergens  ,  avec  onglets  articulaires  très-larges  et  très-longs. 

7°  Pholidophorus  radiato-punctatus  Agass.  Du  calcaire  lithographique  de  Solenhofen. 
Grande  espèce  caractérisée  par  ses  écailles  ,  dont  la  partie  émaillée,  au  lieu  d'être  lisse,  est 
recouverte  de  tubercules  très-serrés. 

8°  Pholidophorus  maximus  Agass.  Du  calcaire  lithographique  de  Solenhofen.  Très-grande 
espèce,  dont  les  écailles  sont  également  granuleuses  ;  mais  les  granules  ,  au  lieu  d'être  arron- 
dies comme  dans  le  Ph.  radiato-pxinctatas ,  sont  en  forme  de  petits  plis  saillans ,  formant  un 
réseau  irrégulier.  La  caudale  est  très-grande  et  largement  fourchue.  Je  l'avais  d'abord  ran- 
gée dans  le  genre  Caturus  ,  mais  ayant  reconnu  plus  tard  que  ses  écailles  sont  beaucoup  plus 
épaisses  que  celles  de  ce  dernier  genre,  je  ne  doute  plus  qu'elle  n'appartienne  au  genre  Pholi- 


—     288     —  . 

dophorus ,  si  toutefois  les  espèces  à  écailles  lisses  et  celles  à  écailles  rugueuses  n'offrent  pas 
d'autres  différences  plus  importantes  dans  les  parties  du  corps  qui  ne  sont  pas  encore  com- 
plètement connues.  Dans  ce  cas,  il  conviendrait  de  les  séparer  et  de  faire  un  genre  à  part  des 
deux  espèces  que  j'ai  désignées  sous  les  noms  de  Ph.  radiato-punctatus  et  maocimus. 

11  existe  en  outre  dans  le  lias  de  Lyme-Regis  une  espèce  très-voisine  du  Ph.  dorsalis. 
par  la  forme  de  ses  écailles ,  mais  qui  en  diffère  par  ses  nageoires  plus  grandes ,  et  en  ce  que 
sa  dorsale  est  plus  reculée.  M.  le  professeur  Walchner  a  aussi  trouvé  des  fragmens  d'une 
espèce  de  Pliolidophore  dans  le  lias  de  l'Oberland  badois. 

Enfin,  Sir  Philipp  Egerton  vient  de  communiquer  à  la  Société  géologique  de  Londres  la  des- 
cription de  plusieurs  espèces  nouvelles  de  Pholidophores  que  je  n'ai  pas  encore  eu  occasion 
de  comparer,  mais  que  je  suis  tout  disposé  à  considérer  comme  des  espèces  particulières,  d'a- 
près ce  que  mon  savant  ami  m'écrit  de  leurs  caractères;  tels  sont  en  particulier  son  Ph.  pa- 
chysomus  de  Lyme-Regis,  son  Ph.  crenulatus  de  Lyme-Regis  et  son  Ph.  Hartmanni  d'Ohra- 
den.  J'ai  également  distingué  deux  autres  espèces  de  la  collection  de  sir  Philipp  Egerton,  que 
je  décrirai  aussi  dans  mes  Supplémens  avec  les  précédentes  ;  ce  sont  les  Ph.  fusifonnis  de  Cas- 
tellamare  et  le  Ph.  leptocephalus  du  lias  de  Street. 

Le  poisson  que  j'ai  désigné  sous  le  nom  de  Pholidophorus  laevissimiis  dans  la  collection  de 
M.  le  comte  de  Munster,  fait  partie  du  genre  que  j'ai  distingué  récemment  sous  le  nom  de 
Nothosomus, 


—     289     — 


CHAPITRE    Xy 


DU    GENRE    OPHIOPSIS  Agass. 


Ce  genre  est  voisin ,  à  bien  des  égards ,  des  Pholidophores  que  nous  venons  de  décrire  ; 
mais  il  s'en  éloigne  d'un  autre  côté  par  plusieurs  particularités  de  structure,  dont  l'importance 
ne  saurait  être  contestée.  Au  premier  abord ,  on  est  tenté  de  le  ranger  dans  la  division  des 
Hétérocerques ,  parce  que  les  lobes  de  la  caudale  sont  effectivement  inégaux;  mais  cette 
inégalité  n'a  pas  la  même  valeur  ;  car,  en  réalité ,  la  colonne  vertébrale  ne  se  prolonge  p^s 
comme  dans  les  Hétérocerques,  dans  le  lobe  supérieur  ;  ce  dernier  est  seulement  placé  un  peu 
plus  en  arrière  et  déborde  ^ar  conséquent  le  lobe  inférieur.  Le  principal  caractère  réside  dans 
la  dorsale,  qui  est  très-longue  et  continue;  elle  n'occupe  pas  moins  de  la  moitié  de  la  lon- 
gueur du  dos;  ce  qui  n'a  lieu  dans  aucun  autre  genre  de  ce  groupe  de  la  famille  des  Lépi- 
doïdes  ;  ses  rayons  n'ont  rien  de  particulier  ;  ils  sont  assez  grêles ,  articulés  et  dichotomés , 
comme  ceux  de  tous  les  Lépidoïdes.  Les  écailles  sont  rhomboïdales  et  très-régulières  sur 
tout  le  corps  ;  leur  surface  est  lisse  et  leur  bord  postérieur  uni.  Le  squelette  est  assez  robuste. 
Les  vertèbres  surtout  sont  fortes ,  plus  longues  que  larges  et  à  articulations  très-saillantes.  La 
gueule  est  armée  de  petites  dents  coniques,  qui  sont  proportionnellement  plus  développées 
que  celles  des  Pholidophores. 

Les  espèces  connues  jusqu'à  présent  sont  toutes  de  l'époque  jurassique. 

L  Ophiopsis  procerus  Agass. 

Vol.  2,  Tab.  hS.  . 

C'est  d'après  cette  espèce  que  j'ai  établi  le  genre  Ophiopsis.  C'est  un  poisson  de  taille 
moyenne  ,  plutôt  élancé  que  trapu  ;  la  tête  ,  en  revanche ,  est  courte ,  car  elle  est  contenue 
près  de  cinq  fois  dans  la  longueur  totale.  La  plus  grande  largeur  du  tronc ,  à  l'origine  de  la 
dorsale ,  égale  exactement  la  longueur  de  la  tête  ;  de-là  le  corps  se  rétrécit  très-insensible- 
ment jusqu'à  l'origine  de  la  caudale,  qui  est  encore  assez  large.  La  dorsale,  qui  constitue  à 
la  fois  le  caractère  essentiel  du  genre  et  de  l'espèce,  est  très-vigoureuse;  elle  occupe  près  de 

ToM.  II  38 


—  290  — 
la  moitié  du  dos.  Ses  rayons  sont  très-gros  et  fort  espacés  ;  aussi  n'en  compte-t-on  que  vingt- 
quatre  ou  vingt-cinq  dans  toute  l'étendue  de  la  nageoire  ;  tous  se  bifurquent  à  quelque  dis- 
tance de  leur  insertion ,  et  les  derniers  se  divisent  même  en  une  quantité  de  petits  filets  à  leur 
extrémité.  La  caudale  ne  paraît  être  qu'imparfaitement  bilobée;  la  limite  des  écailles  décrit, 
à  l'origine  des  rayons,  une  ligne  oblique  légèrement  arquée,  qui  résulte  de  ce  que  les  rayons 
du  lobe  supérieur  avancent  beaucoup  plus  que  ceux  du  lobe  inférieur  ;  ils  sont  tous  sans  excep- 
tion bifurques.  Les  pectorales  sont  composées  de  rayons  minces,  assez  longs,  très-serrés  et 
divisés  nombre  de  fois.  Les  ventrales  sont  petites,  situées  à  l'opposite  du  milieu  de  la  dorsale. 

Les  écailles  sont  grandes,  rliomboïdales  et  très-uniformes;  celles  du  pédicule  de  la  queue 
sont  à  peine  plus  petites  que  celles  de  la  partie  antérieur  du  tronc  ;  elles  sont  en  outre  épaisses; 
leur  surface  est  lisse  et  leur  bord  postérieur  paraît  être  uni.  Dans  notre  exemplaire  (fig.  i), 
les  écailles  elles-mêmes  ne  sont  conservées  que  dans  la  partie  antérieure  du  corps ,  en  avant 
de  la  dorsale  et  des  ventrales  ;  ce  qui  est  au-delà  ne  sont  que  des  empreintes  des  écailles  du 
côté  gauche.  Le  squelette  n'est  pas  visible  ,  mais  il  paraît  que  la  colonne  vertébrale  était  assez 
large,  à  en  juger  d'après  la  ligne  foncée,  qui  en  indique  la  direction,  le  long  du  dos.  La 
gueule  est  petite.  Les  deux  mâchoires,  mais  particulièrement  l'inférieure,  sont  munies  de  très- 
lines  dents  coniques. 

Je  rapporte  à  la  même  espèce  un  petit  poisson  du  Musée  de  Carisruhe  (fig.  2),  que  je  crois 
être  le  jeune  de  notre  Oph.  procerits.  C'est  la  même  forme  générale ,  la  même  coupe  des 
écailles,  la  même  disposition  des  nageoires,  et  si  les  rayons  en  sont  plus  fins,  c'est  à  l'âge 
qu'il  faut  l'attribuer.  La  tête  n'est  si  large  que  parce  qu'elle  est  aplatie. 

Les  deux  poissons  figurés  proviennent  du  calcaire  lithographique  de  Solenhofen.  L'exem- 
plaire de  fig.  i  se  trouve  en  la  possession  de  M.  le  comte  de  Miinster. 

IL   Ophiopsis  PENiciLiATUS  Agass. 
Vol.  2,  Tab.  36,  fig.  2-4. 

La  tête  de  cette  espèce  est  proportionnellement  très-grande  ;  elle  occupe  plus  du  quart 
de  la  longueur  totale  du  poisson ,  et  sa  largeur  le  cède  à  peine  à  celle  du  tronc.  Les  mâchoires 
sont  robustes  ;  la  gueule  est  largement  fendue  ;  on  distingue  à  la  mâchoire  supérieure  plu- 
sieurs rangées  de-fines  dents  assez  robustes  et  coniques.  L'orbite  n'est  pas  très-grande;  en 
revanche,  l'appareil  operculaire  est  très-développé ,  ainsi  que  la  ceinture  thoracique ,  à  la- 
quelle sont  attachées  les  pectorales.  La  dorsale  commence  au  tiers  antérieur  du  dos  et  s'étend 
jusques  près  de  l'origine  de  la  caudale  ;  le  premier  grand  rayon  est  précédé  de  trois  rayons 
plus  petits  et  indivis.  La  caudale  est  très-inéquilobe  ;  le  lobe  supérieur  est  plus  long,  plus 
avancé,  mais  en  somme  plus  grêle  que  le  lobe  inférieur;  il  est  supporté  par  l'extrémité  de 
la  colonne  vertébrale  ;  le  lobe  inférieur,  au  contraire,  est  suspendu  au-dessous.  Les  rayons 


—     291      — 

de  l'un  el  de  l'aulre  sont  gros  et  composés  d'articles  assez  disions  ;  leur  extrémité  seule 
est  finement  diohotomée.  Les  pectorales  sont  assez  grandes,  mais  composées  de  rayons  très- 
grêles.  Les  ventrales  sont  très-petites ,  beaucoup  plus  rapprochées  de  ianale  que  des  pectorales. 
L'anale  est  encore  plus  grêle.  Les  écailles  sont  remarquables  à  cause  de  leur  grande  unifor- 
mité ;  celles  de  l'arrière  du  tronc  sont  de  même  dimension  et  de  même  forme  que  celles  de 
la  partie  antérieure ,  sauf  quelques  légères  différences  dans  le  contour  des  bords  supérieur  et 
inférieur  ;  elles  sont  toutes  lisses  à  leur  surface ,  et  leur  bord  postérieur  ne  présente  aucune 
trace  de  dentelures.  Fig.  3  représente  quelques  écailles  de  la  partie  antérieure  du  tronc , 
et  fig.  4,  quelques-unes  de  la  partie  postérieure,  les  unes  et  les  autres  grossies  à  la  loupe.  On 
aperçoit  au-dessous  de  la  dorsale  une  portion  de  la  colonne  vertébrale;  les  vertèbres  sont 
grosses  et  plus  longues  que  hautes.  La  ligne  latérale  tient  le  milieu  du  corps. 

L'original  de  cette  espèce  provient  du  calcaire  de  Purbeck  et  fait  partie  de  la  collection  de 
sir  Philipp  Egerton. 

III.    OpHIOPSIS   DORSAtlS    Affass. 

,    Vol.   2,  Tab.  36,  fig.  d. 

Cette  espèce  est  beaucoup  plus  élancée  que  VOph.  peniciUatm  que  nous  venons  de  décrire. 
La  tête  surtout  est  bien  moins  prépondérante ,  car  elle  n'égale  guère  que  la  cinquième  partie 
de  la  longueur  totale  du  corps.  Le  tronc  est  presque  tout  d'une  venue,  jusqu'à  l'origine  de  l'a- 
nale. La  caudale  est  moins  inéquilobe,  cependant  le  lobe  supérieur  déborde  encore  sensiblement 
le  lobe  inférieur.  Le  premier  rayon  du  lobe  supérieur  est  garni  de  fulcres  très-fins  ;  mais  au 
lobe  inférieur,  on  distingue  seulement  de  petits  rayons  indivis  en  avant  du  rayon  principal. 
L'anale  et  les  ventrales  sont  moins  rapprochées  que  dans  l'espèce  précédente  ;  elles  sont  pe- 
tites et  composées  de  rayons  très-fins.  Les  pectorales  ont  des  rayons  un  peu  plus  longs,  mais 
non  moins  grêles.  La  dorsale  est  très-grande;  ses  rayons  vont  en  décroissant  insensiblement 
vers  l'origine  de  la  caudale  ;  ils  sont  distinctement  dichotomés  tout  du  long.  Les  écailles  sont 
grandes  et  très-régulières;  mais  on  ne  les  voit  que  parleur  face  interne,  qui  est  relevée  d'une 
quille  obtuse,  terminée  par  un  onglet  articulaire  assez  court.  Les  écailles  de  la  queue  présen- 
tent une  fine  granulation  en  relief.  La  ligne  latérale  s'étend  en  droite  ligne ,  du  milieu  de  la 
ceinture  thoracique  au  milieu  de  la  caudale. 

L'exemplaire  figuré  est  le  seul  que  je  connaisse  jusqu'à  présent.  Il  fait  partie  de  la  collec- 
tion de  sir  Philipp  Egerton,  et  provient  de  l'oolite  inférieure  de  Northampton. 


—     292     — 

Je  me  réserve  de  décrire  ultérieui-ement  : 

L'Ophiopsis  Munsteri  Agass.,  grande  espèce  du  calcaire  lithographique  de  Kehlheim.  Elle 
est  beaucoup  plus  grêle  et  plus  allongée  que  VO.  procerus;  la  tête  est  très-courte  ;  la  caudale 
est  étroite  et  distinctement  bilobée.  Les  pectorales  sont  aussi  longues  que  la  tète.  Les  écailles 
sont  grandes;  on  les  voit  en  plusieurs  endroits  ,  par  la  face  interne;  ce  qui  m'a  démontré 
que  les  séries  dorso-ventrales  sont  articulées  au  moyen  d'un  onglet  assez  vigoureux ,  comme 
dans  les  Pholidophores. 

11  faudra  ranger  à  la  suite  du  genre  Ophiopsis,  le  nouveau  type  généri([ue  que  j'ai  distingué 
sous  le  nom  de  Nothosomus  ,  et  qui  est  caractérisé  par  sa  longue  dorsale  et  ses  écailles  plus 
hautes  que  longues.  J'en  connais  deux  espèces ,  l'une  du  lias  de  Lyme-Regis,  que  je  nomme 
^V.  oclostychius,  l'autre  de  Solenhofen ,  que  j'avais  rangée,  dans  l'origine,  dans  le  genre  Pho- 
lidopfwrus,  sous  le  nom  de  Ph.  lœi-issiimts  ^  et  qui  devra  à  l'avenir  s'appeler  Nothosotmia  ke- 
vissiDiiis. 


—     295 


CHAPITRE    XVI. 

DES  GENRES    NOTAGOGUS    ET    PROPTERUS: 


1°    Du    GENRE    NOTAGOGUS  AgaSS. 

Les  poissons  que  je  réunis  dans  le  genre  Notayogus  sont  de  petite  taille.  Ils  ont  tous  les  ca- 
ractères du  genre  Pholidophorus,  avec  cette  différence  que  les  rayons  de  la  dorsale,  au 
lieu  d'être  continus ,  se  divisent  en  deux  lobes  qui  forment  deux  nageoires  dorsales  distinctes, 
sans  que  l'on  remarque  pour  cela,  la  moindre  différence  dans  leur  structure.  Ce  sont  jus- 
qu'ici, avec  le  genre  Propterus,  les  seuls  Lépidoïdes  chez  lesquels  la  dorsale  soit  divisée. 
Sous  tous  les  autres  rapports,  l'analogie  est  complète  entre  les  Notagogus  et  les  Pholidophorus. 
J'ai  essayé  de  rendre  la  physionomie  générale  de  ce  genre,  dans  la  fig.  i  de  laTab.  C  du  Vol.  I. 

Toutes  les  espèces  proviennent  des  dépôts  supérieurs  de  la  formation  jurassique, 

I.  Notagogus  Zietenii  Agass^. 
Vol.  2,  ïab.  19,  fig.  1. 

L'espèce  que  je  dé^e  à  M.  de  Zieten  est  de  petite  taille  et  cfe  forme  trapue.  Les  écailles  sont 
assez  grandes  ;  leur  partie  visible  est  plus  haute  que  longue  ;  leur  bord  postérieur  est  plutôt 
arrondi  que  tronqué  obliquement;  et  de  là  vient  que  les  séries  d'écaillés  n'ont  pas  l'air  de 
former  des  bandes  obliques  excessivement  régulières.  Il  existe  dans  notre  exemplaire  des 
traces  des  deux  dorsales;  mais  l'antérieure  seule  est  bien  conservée.  Ses  rayons  sont  assez 
nombreux  ;  son  bord  postérieur  paraît  tronqué  à-peu-près  verticalement.  L'anale  n'a  laissé 
également  que  des  traces  imparfaites  de  sa  présence.  La  caudale  en  revanche  est  très-bien 
conservée  ;  ses  lobes  sont  à-peu-près  égaux  ;  elle  est  en  outre  fortement  écbancrée.  La  tête 
est  assez  grosse  ;  elle  occupe  plus  du  quart  de  la  longueur  totale  du  poisson ,  y  compris  la 
caudale.  Les  écailles  sont  grandes  et  de  forme  variable,  suivant  la  région  du  corps;,  celles 
qui  sont  situées  immédiatement  derrière  la  ceinture  thoracique  sont  les  plus  développées  ;  elles 
sont  plus  hautes  que  longues,  arrondies  en  arriére  ou  du  moins  émoussées  à  leurs  angles.  Le 
bord  postérieur  est  uni. 

L'espèce  est  propre  au  calcaire  lithographique  de  Solenhofen,  L'original  de  ma  figure  se 
trouve  dans  la  collection  de  M,  de  Zieten ,  à  Stuttijart, 


—     294     — 

H.  NoTAGOGUs  Pentlandi  Agass. 
Vol.  2,  Tab.  49,  fig.  2. 

Il  existe  dans  le  calcaire  de  Torre  d'Orlando ,  prés  de  Naples ,  une  petite  espèce  de  poisson 
qui,  pour  peu  qu'elle  soit  conservée,  se  reconnaît  facilement  pour  un  Notagogus,  en  ce  que 
sa  dorsale  est  divisée  en  deux  lobes  très-distincts.  Ces  deux  lobes  occupent  ensemble  à-peu- 
prés  toute  la  longueur  du  dos  ;  le  premier  commence  à  une  petite  distance  de  la  ceinture  tho- 
racique,  et  s'étend  jusqu'en  face  de  l'anale.  Il  est  beaucoup  plus  long  que  le  second  lobe; 
mais,  d'un  autre  côté,  les  rayons  de  ce  dernier  sont  un  peu  plus  allongés.  La  caudale  est 
grêle  et  peu  échancrée.  L'anale  est  petite  et  très-reculée.  Les  écailles  sont  grandes  relative- 
ment à  la  taille  du  poisson  et  plus  hautes  que  longues  ;  leur  bord  postérieur  est  sensiblement 
arrondi.  La  ligne  latérale  s'étend  en  ligne  droite  depuis  le  milieu  de  la  ceinture  thoracique 
jusqu'au  milieu  de  la  caudale. 

Cette  espèce  m'a  été  communiquée  par  M.  Pentland,  qui  l'a  recueillie  à  Torre  d'Orlando , 
avec  plusieurs  exemplaires  du  Pycnodus  rhombus  ,  que  nous  décrirons  plus  bas.  L'original  de 
ma  figure  est  maintenant  déposé  au  Muséum  d'histoire  naturelle  de  Paris. 

m.  Notagogus  latior  Agass. 
Vol.  2,  Tab.  49,fig.3. 

J'ai  distingué  cette  espèce  du  N.  Pentlandi ,  à  cause  de  sa  forme  plus  large.  L'exemplaire 
(jui  en  est  le  type  a  en  effet  l'abdomen  très-renflé ,  et  contraste  sous  ce  rapport  d'une  ma- 
nière frappante  avec  l'espèce  que  nous  venons  de  décrire.  Sous  tous  les  autres  rapports , 
l'identité  est  complète  ;  ensorte  qu'il  se  pourrait  néanmoins  que  cette  espèce  ne  fût  qu'une 
variété  du  N.  Pentlandi ,  d'autant  plus  qu'elle  provient  de  la  même  couche  ,  du  calcaire  de 
Torre  d'Orlando.  La  présence  de  deux  dorsales  distinctes  dans  notre  exemplaire  ne  permet 
pas  de  douter  que  nous  n'ayons  à  faire  à  un  véritable  Notagogus. 

Ce  poisson  m'a  été  communiqué  par  M.  Pentland,  ainsi  que  le  précédent.  Loriginal  se 
trouve  au  Muséum  de  Paris. 

IV.  Notagogus  denticulatus  Agass. 

Vol.  2,Tab.  50,fig.  1-S. 

Dans  la  collection  de  M.  le  comte  de  Miinster,  j'ai  reconnu  une  petite  espèce  de  Notagogus 
du  calcaire  de  Solenhofen ,  qui  est  distincte  du  N.  Zietenii ,  par  sa  forme  moins  trapue  et  par 
l)lusieurs  détails  de  sa  structure.  La  dorsale  est  sans  doute  double  comme  dans  les  espèces 


—  29K  — 
précédentes ,  mais  les  deux  lobes  sont  plus  rapprochés  et  séparés  seulement  par  une  échan- 
crure  du  bord  supérieur  de  la  nageoire.  Le  lobe  antérieur  est  plus  considérable  que  le  lobe 
postérieur.  En  revanche,  ses  rayons  sont  moins  serrés;  ils  sont  d'ailleurs  distinctement  bifur- 
ques dans  les  deux.  La  caudale  se  fait  surtout  remarquer  par  son  échancrure  trés-faible  ;  ses 
rayons  sont  peu  nombreux  ;  je  n'en  compte  que  sept  au  lobe  inférieur  ;  le  lobe  supérieur  en 
a  encore  moins.  Il  existe  aussi  quelques  rudimens  des  autres  nageoires,  mais  ils  sont  très-in- 
complets. L'anale  est  opposée  au  milieu  du  second  lobe  de  la  dorsale.  Les  ventrales  sont  en 
face  de  l'extrémité  du  premier  lobe.  Les  pectorales  sont  situées  sous  le  bord  de  la  branche 
horizontale  de  la  ceinture  thoracique.  Le  caractère  le  plus  important  que  je  puisse  signaler, 
et  qui  a  valu  à  l'espèce  son  nom  spécifique,  c'est  que  le  bord  postérieur  des  écailles,  au 
lieu  d'être  lisse  et  arqué,  comme  dans  les  espèces  précédentes,  est  au  contraire  distinc- 
tement dentelé.  La  figure  2  montre  deux  séries  d'écaillés  prises  sur  le  milieu  du  corps.  La 
i'ig.  3  représente  ces  mêmes  écailles  par  la  face  interne.  On  reconnaît  au  milieu  de  chaque 
série  une  carène  distincte,  dont  l'onglet  articulaire,  qui  en  est  le  prolongement,  va  se  loger 
dans  une  échancrure  de  l'écaillé  adjacente.  La  fig.  h  montre  quelques  écailles  de  la  partie 
postérieure  du  corps  ;  elles  sont  moins  hautes  et  plus  fortement  dentelées  au  bord  postérieur 
que  celles  du  milieu  du  corps.  La  fig.  S,  enfin,  représente  un  rayon  de  la  caudale,  grossi  pour 
faire  voir  la  manière  dont  il  se  dichotome. 

La  tête  est  assez  bien  conservée  ;  elle  se  fait  remarquer  par  sa  forme  pointue.  Les  mâ- 
choires sont  garnies  de  dents  en  brosse  très-bien  conservées.  L'appareil  operculaire  est  éga- 
lement très-reconnaissable ,  et  l'on  dislingue  surtout  bien  l'opercule  ,  qui  est  long  et  étroit  ; 
l'orbite  est  de  moyenne  grandeur. 

L'original  de  mes  figures  se  trouve  dans  la  collection  de  M.  le  comte  de  Miinster  ;  il  pro- 
^  ient  du  calcaire  lithographique  de  Kehlheim. 


2°  Du  GENRE  Proptertjs  Agass. 

Ce  genre  a  deux  dorsales  comme  le  genre  Notagogus,  dont  il  a  le  port  et  la  forme  générale  ; 
mais  ce  qui  le  distingue,  c'est  que  les  rayons  de  la  première  dorsale,  particulièrement  les  pre- 
miers, sont  beaucoup  plus  longs  que  ceux  de  la  seconde.  La  charpente  osseuse  est  massive  ;  les 
vertèbres  sont  grosses  et  courtes,  c'est-à-dire  plus  hautes  que  longues.  Les  osselets  interapo- 
physaires  sont  vigoureux.  Les  écailles  sont  façonnées  comme  dans  la  plupart  desPholidophorus 
et  des  Notagogus,  c'est-à-dire  qu'elles  sont  rhomboïdales  et  finement  dentelées  au  bord  posté- 
rieur. L'anale  est  située  un  peu  en  arrière  de  la  seconde  dorsale,  et  les  ventrales  correspondent 
à  l'extrémité  de  la  première.  La  caudale  est  assez  grêle. 

.le  ne  connais  encore  que  deux  espèces  de  ce  type  ;  l'une  et  l'autre  proviennent  du  calcaire 
lithographique  de  Kehlheim. 


—     296     — 

Propterus  microstomus  Agass. 
Vol.  2,  Tab.  SO,  %.  6-8. 

Cette  espèce  se  distingue  par  sa  forme  courte  et  trapue.  La  plus  grande  hauteur  est  en 
avant  de  la  première  dorsale  ;  le  profil  du  front  est  arrondi  ;  l'œil  est  très-haut  ;  la  bouche  est 
petite  et  garnie  de  fines  dents  en  brosse.  Les  deux  dorsales  sont  à-peu-près  de  même  éten- 
due, séparées  seulement  par  un  petit  espace;  mais  la  première  a  des  rayons  beaucoup 
plus  longs  que  la  suivante;  le  second  rayon  surtout  dépasse  de  beaucoup  les  autres;  il  est 
indivis,  ainsi  que  le  premier,  tandis  que  les  suivans  sont  dichotomés.  La  caudale  n'est  con- 
servée qu'en  partie;  mais  l'on  voit,  d'après  ce  qu'il  en  reste,  qu'elle  a  dû  être  grêle,  courte 
et  probablement  peu  échancrée  ;  le  lobe  inférieur  se  compose  de  huit  rayons  articulés  et  di- 
chotomés ,  précédés  de  quelques  petits  rayons  indivis.  Le  lobe  supérieur  est  recouvert  d'é- 
cailles  rhomboïdales  aussi  loin  qu'il  est  conservé.  Il  se  pourrait,  par  conséquent ,  qu'il  appar- 
tint à  la  division  des  Lépidoïdes  hétérocerques.  C'est  ce  qu'on  ne  pourra  décider  que  lors- 
qu'on possédera  des  exemplaires  dont  la  caudale  sera  entièrement  conservée.  L'anale  est  un 
peu  plus  reculée  que  la  seconde  dorsale.  Les  ventrales  et  les  pectorales  sont  longues  et  grêles. 
Quant  aux  écailles  du  corps,  elles  ont  en  grande  partie  disparu,  ensorte  que  je  ne  puis 
savoir  si  elles  se  distinguent  par  quelque  caractère  particulier.  Le  squelette  est  robuste  ;  les 
vertèbres,  en  particulier,  sont  grosses  et  courtes.  Les  osselets  interapophysaires  de  la  dorsale 
sont  également  vigoureux;  il  y  en  a  un  pour  chaque  rayon.  La  fig.  8  représente  l'un  des 
rayons  de  la  première  dorsale  grossi ,  la  fig.  9  montre  les  articles  de  deux  rayons  sous  un 
grossissement  plus  fort,  pour  faire  voir  la  forme  exacte  des  articles. 

Je  ne  connais  encore  qu'un  exemplaire  de  cette  espèce  ;  il  fait  partie  de  la  collection  de 
M.  le  comte  de  Munster,  et  provient  du  calcaii*e  de  Kehlheim. 

Il  existe  au  cabinet  de  Berlin  une  seconde  espèce  de  ce  genre,  à  laquelle  M.  le  comte  de 
Miinster  a  donné  le  nom  de  P.  serratus,  parce  que  ses  écailles  ont  le  bord  postérieur  fine- 
ment dentelé;  elle  est  plus  grande  que  notre  P.  microstomus  .  et  provient  également  du  cal- 
caire de  Kehlheim.  Je  la  décrirai  dans  mes  Supplémens. 


—     297     — 


QUELQUES    OBSERVATIOIVS 


SUR    LES 


LEPIDOIDES   HOMOCERQUES. 


Les  Lépidoïdes  homocerqoes  ne  présentent  pas  une  grande  variété  de  forme  :  ce  sont  tous 
des  poissons  réguliers ,  qui  ne  frappent  par  aucun  de  ces  caractères  bizarres  qu'on  retrouve 
dans  d'autres  familles.  Tout  est  proportionné  entre  les  différentes  parties  du  corps,  et  la  diffé- 
rence des  espèces  ne  se  trahit  que  par  des  variations  très-insensibles  dans  la  forme  de  ces  di- 
verses parties.  Cependant,  malgré  cette  uniformité,  on  reconnaît  dans  les  Lépidoïdes  homocer- 
ques  deux  groupes  assez  distincts  ,  comme  dans  les  Lépidoïdes  hétérocerques  ,  dont  l'un  com- 
prend les  genres  à  corps  plus  ou  moins  court,  large  et  comprimé  [Dapedius,  Tetragonolepis), 
tandis  que  l'autre  est  composé  de  genres  à  corps  plus  allongé  (Àmblytirus,  Semionotus ,  Lepido- 
tus,  PhoUdophorus .  Ophiopsis,  ISotagogus  et  Propterus).  Ce  dernier  groupe  se  divise  en 
deux  sections,  dont  l'une  comprend  les  genres  à  une  dorsale  (Lepidotus ,  Pholidophorus , 
Ophiopsis,  Semionotus  et  Amhhjurus),  et  l'autre  les  genres  à  deux  dorsales  (^Notagogus  et 
Propterus). 

Lépidoïdes  homocerques. 

P'  Groupe  :  Corps  court  et  plat. 
Dapbdios  de  la  Bêche. 


D.  politus  de  la  B. 

D.  granulatus  Ag. 

D.  punctatus  Ag. 

D.  Colei  Ag. 

D.  orbis  Ag. 

Tetragonolepis  Bronn. 

T.  semicinctus  Bronn. 

T.  confluons  Ag. 

T.  speciosus  Ag. 

T.  pustulatus  Ag. 

T.  radiatus  Ag. 

T.  leiosomus  Ag. 

T.  Leachii  Ag. 

T.  heteroderma  Ag. 

T.  pholidotus  Ag. 

T.  ovalis  Ag. 

T.  Bouei  Ag. 

T.  dorsalis  Ag. 

T.  monilifer  Ag. 

T.  angulifer  Ag. 

T.  Magneville  Ag. 

T.  maslodonteus  Ag. 

TOM.    II. 

39 


—     298     — 


11™°  Groupe  :  Corps  allongé,  plus  ou  moins  fusiforme. 


A.  macrostomus  Ag. 


Espèces  à  une  dorsale. 
Amblyurds  Agass. 


Semionotus  Agass. 

S.  leptocephalus  Ag. 

S.  Bergeri  Ag. 

S.  latus  Ag. 

S.  rhonibifer  Ag. 

S.  Nilssoni  Ag. 

S.  stria  tus  Ag. 

Lepidotus  Agass. 

L.  gigas  Ag. 

L.  semiserratus  Ag. 

L.  undatus  Ag. 

L.  rugosus  Ag. 

L.  fîmbrialus  Ag. 

L.  ornatus  Ag. 

L.  frondosus  Ag. 

L.  unguiculalus  Ag 

L.  lœvis  Ag. 

L,  palliatus  Ag. 

L.  radiatus  Ag. 

L.  tuberculatus  Ag. 

L.  notopterus  Ag. 

L.  oblongus  Ag. 

L.  minor  Ag. 

L.  Mantellii  Ag. 

L.  Fittoni  Ag. 

L.  speciosus  Mstr. 

L.  parvulus  Mstr. 

L.  strialus  Ag. 

L.  Maximlliani  Ag. 

L.  Virleti  Ag. 

L.  frondosus  \s. 

Pholidophorus  Agass. 


P.  Bechei  Ag. 

P.  macrocephalus  Ag. 

P.  tenuiserra tus  Mstr. 

striolaris  Mstr. 

micronyx  Ag. 


latimanus  Ag. 
Flesherii  Ag. 
Stricklandi  Ag. 
angustus  Ag. 
minor  Ag. 


P.  latiusculus  Ag. 
P.  Taxis  Ag. 


P.  onychius  Ag. 

P.  microps  Ag. 

P.  longiserratus  Mstr. 


latus  Ag. 
intermedius  Mstr. 
ornatus  Ag. 


linibatus  Ag. 

Hastingsise  Ag. 
P.  gracilis  Mslr. 
P.  furcatus  Ag. 
P.  dorsalis  Ag. 
P.  pusillus  Ag. 


—     209     — 

Pholidophoris  Agass. 

P.  uracoïtles  Ag.  P.  radians  Ag. 

P.  maxinius  Ag.  P.  radiato-punctatus  Ag. 

P.  pacliysonnis  Egerl.  P.  fusiformis  Ag. 

P.  crenulalus  Egeit.  P.  leptocephalus  Ag. 

P.  Hartmanni  Egerl. 

Ophiopsis  Ag. 

0.  penicillatus  Ag.  0.  dor.salis  Ag. 

().  procerus  Ag.  0.  Miinsteri  Ag.  » 

p.   Espèces  à  deux  dorsales. 
NoTAGOGiis  Agass.  Propterus  Agass. 

N.  Zietenii  Ag.  P.  niicrostomus  Ag. 

N.  Pentlandi  Ag. 

N.  làtior  Ag. 

N.  denticulalus  Ag. 

On  voit  par  ce  tableau ,  que  le  second  groupe  compte  un  nombre  d'espèces  beaucoup  plus 
considérable  que  le  premier.  Tandis  que  les  Lépidoïdes  hétérocerques  prédominent  dans  les 
époques  antérieures  à  la  formation  jurassique  ,  ce  sont  au  contraire  les  Lépidoïdes  homocer- 
ques  qui  se  développent  de  préférence  dans  l'époque  jurassique.  On  les  retrouve  dans  tous  les 
étages  de  cette  formation,  et  ce  qui  mérite  surtout  d'être  remarqué,  c'est  qu'après  avoir  été 
si  nombreux  durant  cette  époque ,  ils  disparaissent  à-peu-près  complètement  pendant  les  épo- 
ques crétacée  et  tertiaire.  Jusqu'ici,  du  moins,  nous  n'avons  rencontré  qu'un  petit  nombre 
d'espèces  dans  la  craie,  et  seulement  quelques  écailles  isolées  dans  les  terrains  tertiaires;  et 
comme  il  n'y  a  pas  dans  l'époque  jurassique  d'autres  espèces,  dont  la  physionomie  trahisse 
un  caractère  aussi  inoffensif,  que  celui  de  ces  Lépidoïdes,  nous  en  concluons  qu'ils  formaient 
à-peu-près  seuls  la  pâture  des  grands  Sauriens,  des  Sauroïdes  et  des  Requins  de  cette  époque, 
ainsi  que  cela  résulte  d'ailleurs  de  l'étude  que  l'on  a  faite  des  coprolithes. 

La  différence  entre  les  homocerques  et  les  hétérocerques  n'est  cependant  pas  aussi  tran- 
chée à  l'extérieur  qu'on  pourrait  être  tenté  de  le  ci'oire ,  d'après  la  nature  des  squelettes  ; 
dans  les  homocerques  eux-mêmes  le  lobe  supérieur  de  la  caudale  déborde,  souvent  le  lobe 
inférieur,  alors  même  que  la  colonne  vertébrale  ne  se  prolonge  pas  dans  son  intérieur.  Il  peut 
aussi  arriver  que  les  deux  lobes  se  terminent  à  la  même  hauteur,  sans  que  pour  cela  ils  soient 
parfaitement  égaux  ;  dans  ce  cas ,  les  rayons  du  lobe  inférieur ,  dont  la  base  est  plus  en 
retrait,  sont  plus  longs  que  ceux  du  lobe  supérieur.  Dans  beaucoup  d'espèces,  ce  même 
lobe  inférieur  est  aussi  plus  ample  et  compte  un  plus  grand  nombre  de  gros  rayons  que  le 
lobe  supérieur. 


300 


ADDITION  AUX  LEPIDOIDES  HETÉROCERQUES. 

Du    GENRE    COCCOLEPIS    AgaSS. 

Depuis  la  publication  de  mes  descriptions  des  Lépidoïdes  hétérocerques ,  dans  les  premiers 
chapitres  de  ce  volume,  j'ai  reçu  en  communication  de  la  part  de  M.  le  D"^  Buckland  un  petit 
poisson  qui  a  d'autant  plus  d'intérêt  qu'il  est  une  exception  à  la  règle  générale  que  j'ai  éta- 
blie sur  la  répartition  des  Lépidoïdes  dans  les  couches  de  la  terre,  savoir,  que  les  hétérocerques 
sont ,  en  thèse  générale ,  limités  aux  formations  antérieures  au  Jura ,  tandis  que  les  homo- 
cerques  se  trouvent  dans  toute  la  série  des  terrains  plus  l'écens.  Or,  le  poisson  dont  il  est  ici 
question  est  évidemment  hétérocerque ,  et  cependant  il  provient  des  schistes  lithographiques 
de  Solenhofen.  Il  se  distingue  en  même  temps  des  autres  genres  de  cette  division  par  plu- 
sieurs caractères  importans  qui  m'engagent  à  en  faire  un  genre  à  part  que  j'appelle  Cocco- 
lepis ,  à  cause  des  granulations  de  la  surface  de  ses  écailles. 

CoCCOLEPlS  BUCKLANDI  AgasS. 

Vol.   2,  Tab.  36,  fig.  6  et  7. 

L'espèce  que  je  décris  sous  ce  nom  est  jusqu'à  présent  la  seule  de  ce  type.  C'est  un  des 
plus  petits  poissons  de  toute  la  famille  des  Lépidoïdes  ;  car  il  n'a  guère  que  deux  pouces  de 
long  et  un  et  demi  de  haut.  La  tète  est  de  moyenne  grandeur,  mais  pas  assez  bien  conservée 
pour  fournir  des  caractères  précis.  Le  corps  est  couvert  d'écaillés  très-petites ,  régulières  et 
très-uniformes ,  mais  elles  ont  disparu  sur  tout  le  tronc  et  n'ont  laissé  que  leurs  empreintes , 
qui,  examinées  à  la  loupe,  sont  finement  pointillées  et  présentent  l'aspect  de  fig.   7.  Il  est 
probable  que  ce  pointillé  résulte  de  petites  aspérités  qui  existaient  à  la  face  extérieure  des 
écailles.  Les  écailles  elles-mêmes  ne  sont  conservées  que  sur  le  lobe  supérieur  de  la  caudale, 
où  elles  se  voient  par  leur  face  intérieure.  La  dorsale  est   très-grande  et  tronquée  vertica- 
lement en  arrière ,  ce  qui  lui  donne  la  forme  d'un  triangle  rectangle.  Ses  rayons  sont  nom- 
breux,  très-fins  et  indivis.  Leurs  articulations  sont  d'autant  plus  distinctes,  qu'elles  sont  fort 
distantes  et  disposées  de  manière  à  former  des  séries  transversales.  Les  ventrales  sont  petites  , 
mais  très-rapprochées  de  l'anale  ;  celle-ci  est  un  peu  plus  grande  que  les  ventrales;  son  inser- 
tion est  opposée  à  l'extrémité  de  la  dorsale.  La  caudale  n'est  pas  très-vigoureuse;  le  lobe  in- 
férieur est  le  mieux  garni  ;  on  voit  sur  ce  dernier    des  articulations  formant  entre  elles  des 
lignes  transversales  ,  absolument  comme  sur  la  dorsale.  Les  rayons  du  lobe  supérieur  ne  sont 
pas  visibles.  En  revanche,  on  voit  distinctement  sur  l'original  la  colonne  vertébrale  se  pro- 


—     301     — 
longer  dans  l'intérieur  du  lobe  supérieur  (a).  Il  n'existe  que  des  traces  très-imparfaites  des 
pectorales.  Les  osselets  interapophysaires  qui  se  voient  dans  la  région,  de  la  dorsale  et  de 
l'anale  sont  grêles  ;  ils  sont  limités  à  ces  nageoires,  ensorte  qu'il  est  probable  qu'il  n'y  en  a  pas 
d'inermes. 

L'original  fait  partie  de  la  collection  de  M.  Buckland.  C'est  un  fossile  extrêmement  rare . 
car  je  ne  sache  pas  que  l'on  en  ait  trouvé  un  second  exemplaire  à  Solenhofen. 


Tableau  synoptique  de  la  famille  des  Lépidoïdes. 

Old-Red. 
Diptei'us  macrolepidotm  {Catopterm  A.g.).  —  Caithness,  Banniskirk,  Widel,  Clythe.  Pomona. 
Osteolepis  macrolepidotns  (Pleiopterus) .  —  Caithness,  Pomona  et  Cromarty. 

»         microlepidotiis.  —  Caithness,  Pomona. 

»         arenatus.  —  Géodes  de  Gamrie. 

*  »         major.  —  Lethen  Bar. 

*  Acanthodes  pusillus.  —  Gordon  Castle. 

*  Diplacanthus  striatiis.  —  Cromarty. 

*  »  striatidus.  —  Lethen  Bar. 

*  »  Jongispinus  —  Lethen  Bar  et  Cromarty. 

*  »  crassipinus  —  Caithness. 
Cheiracanihus  Murchisoni.  —  Gamrie. 

*  »  microlepidotus  —  Lethen  Bar  et  Cromarty. 
»  mhwr.  —  Pomona. 

Cheirolepis  TvailJi.  —  Pomona. 
»  uragus.  —  Gamrie. 

*  »  Cummingiœ,  —  Lethen  Bar  et  Cromarty. 
Ceplialaspis  Lyelli.  —  Hereford,  Brecknock,  Whitbach  ,  etc. 

»  rostratus  —  Whitbach. 

»  Lewisii.  —  Whitbach. 

»  Lloydii.  —  Pays  de  Galles.  Whitbach. 

(a)  A  cause  de  la  petitesse  du  poisson ,  ce  caractère  n'a  pas  pu  être  indiqué  avec  précision  dans  notre  figure. 

(')  Outre  les  espèces  déjà  décrites  dans  les  chapitres  précédens ,  j'ai  compris  dans  ce  tableau  toutes  les  espèces 
nouvelles  que  j'ai  distinguées  depuis  et  dont  je  donnerai  plus  tard  la  description.  J'ai  pensé  qu'il  pourrait  être  utile 
de  faire  figurer  ici  ces  nouvelles  acquisitions,  parce  qu'elles  seront  sans  doute  mentionnées  dans  divers  mémoires 
géologiques,  d'après  mes  déterminations,  avant  que  je  puisse  les  décrire,  et  qu'il  ne  sera  pas  ■sans  intérêt  de  voir 
la  place  que  je  leur  ai  assignée,  et  de  savoir  à  l'avance  que  je  tes  ai  étudiées  et  comparées.  Toutes  ces  espèces  poi'- 
tent  un  astérisque  '. 


—     302     — 

*  Pterichthys  Milleri.  — Cromarty. 

*  »  proditctus.  —  Lethen  Bar. 

*  »  latus.  —  Lethen  Bar, 

*  »  cornutus. — Lethen  Bar. 

*  »  testudinariiis.  —  Cromarty. 

*  »  oblongus.  —  Cromarty  et  Gamrie. 

*  »  cancriformis.  —  Orkney. 

*  »  Hydrophilus.  —  Dura-Den. 

*  Coccosteus  decipietis  (latus).  —  Caithness  et  Orkney. 

*  »  oblongus.  —  Lethen  Bar. 

*  w  ciispidatiis.  —  Cromarty  et  Gamrie. 

*  Chelonichthys  Asmusii.  —  Riga. 

*  »  minor.  —  Riga. 

N.  B.  L'espèce  que  j'ai  décrite  sous  le  nom  de  Gyrolepis  giganteus ,  pag.  175 ,  appartient  au  genre  Holoptychius , 
de  la  famille  de  Cœlacanthes . 

Houille. 

Acanthodes  Bronnii.  — Saarbriick. 

»  sulcatus.  —  New-Haven . 

Amhlypterus  macropterus.  —  Saarbriick. 

»  eupterygius.  —  Saarbriick,  Lebach. 

»  latus. — Saarbriick,  Lebach,  St-Ingbert. 

>  lateralis.  —  Saarbriick  ,  Lebach. 

»  iiemoptenis .  — New-Haven,  Inchkeith,  Wardie. 

»  punctatus. — New-Haven. 

»  striatus.  —  New-Haven. 

Palœoniscus  fulius.  —  Sunderland  (  Massachussets  )  ;  Westiield  (  Connecliciit). 

*  »  Agassizii.  Redf.  —  New-Jersey. 

*  »  macropterus  Keàî.  —  Sunderland  (Etats-Unis). 

*  »  Egertoni  —  Houiile-Staffordshire. 

*  »  moncnsis  Egerl.  —  Houille-Anglesea. 

»  Duvernoy. — Miinster- Appel,  près  Kreutznach. 

»  minutus.  —  Miinster- Appel. 

»  Blahwillei.  — Muse,  près  d'Autun. 

»  Foltzii.  —  Muse,  près  d'Autun. 

»  anguslus.  — Muse,  près  d'Autun. 

»  Robisoni.  — Burdie-House. 

»  striolatus.  —  Burdie-House. 


—     303     — 

Pa/œoniscus  ormtissimiis.  — Burntisiand  (Fifesliire). 
»  carinatus.  —  New-Haven. 

»  vratislaviensis.  —  Riippersdorf  (  Bohême  ) . 

»  lepidurus.  —  Scharfeneck  ,  Ruppersdorf. 

*  Catopterus  gracilis.  Redf.  —  Durham  (Etats-Unis). 

*  »  parvulus  Redf.  —  New-Jersey. 

*  »  anyuilliformis  Redf.  —  Middletown  (Etats-Unis). 
Eurynotus  crenahis.  —  Burdie-House. 

»  fimbriatus.  —  New-Haven. 

»  tenuiceps  (Palœoniscm  latus  Redf.  ).  —  Sunderland  (Massachussets). 

*  Plasysomiis  parvulus.  —  Leeds. 

*  Gyrolepis  RanJiinei.  —  Leeds. 

Zechstein. 

Amhlypterus  Olfersii.  —  Ceara  (Brésil). 
PalœoniscusFreieslebeni.  —  Mansfeld,  Hesse. 

»  macjnus. — Mansfeld. 

•»         macropomiis.  —  Mansfeld,  II menau. 

»  elegans.  —  Cale,  magnésien  (Magn.  Limestone)  :  East-Tliickley. 

»  comtus. — Cale,  magnésien  d'Angleterre. 

»         glaphyrus.  —  Cale,  magnésien  d'Angleterre. 

»  longisshmis.  — Cale,  magnésien  d'Agleterre. 

»  macrophthalmiis.  —  Cale,  magnésien  d'Angleterre. 

Platysonms  gibhosus.  —  Zechslein  d'Allemagne. 

»  rhombus.  —  Mansfeld. 

»  striatus.  —  Cale,  magnésien  d'Angleterre. 

»  macrurus.  —  Cale,  magnésien  d'Angleterre. 

»         parvus.  - —  Cale,  magnésien  de  Low-Pallion  (Northumberland  ). 

Trias.  (Grès  bigarré,  Muschelhalk  et  Keuper). 

Palœoniscus  catopterus.  —  Grès  bigarré  :  Tyrone,  Roan-Hill. 

Amblypterus  Àgassizii  Mùnstr.  —  Muschelkalk  :  Esperstsedt  (Thuringe). 

Gyrolepis  Alberlii.  —  Muschelkalk  :  Schwenningen ,  Lunéville ,  Wickwarr ,  Axmoiifh. 

»  tenuistriatus.  —  Muschelkalk  :  Lunéville,  Wickwarr,  Axmouth. 

»         maxinms.  —  Muschelkalk  :  Lunéville,  Wickwarr. 


—     301     — 

Formation  jurassique. 

a).  Lias.  ,     ..,, 

Dapedius  politus.  —  Lyme-Regis.  l'ilCi  v,u\>  . 

»        gramdatus.  —  Lyme-Regis.  m..)-- -  .xmaMm  » 

»       punctatiis.  — Lyme-Regis.  i..>>.t  .,^...  ., 

»        Colei.  —  Lyme-Regis. 
»        orbis.  —  Lias  de  Barrow  ,  Whitby. 

*  »        arenatus.  —  Lyme-Regis. 

*  »        micans.  —  Whitby. 
Tetragonolepis  semicinctus  Bronn.  —  Neidingen. 

»  confluens.  —  Lyme-Regis. 

»  speciosus.  —  Lyme-Regis. 

«  pustulatns.  —  Lyme-Regis. 

»  radia  tus.  —  Lyme-Regis. 

»  leiosomiis.  —  Lyme-Regis. 

»  Leachii.  —  Lyme-Regis. 

»  heteroderma.  —  Lias  de  Boil  ( Wurtemberg ):  Lyme-Regis. 

»  pholidotus.  —  Lias  de  Boll  et  d'Angleterre. 

»  ovalis.  — Lias  de  BolL 

»  Bouei.  —  Seefeld. 

»  dorsalis.  —  Lias  de  Byrford  (Gloucestershire  ). 

»  monilifer.  —  Lias  de  Banwell  et  de  Barrow. 

»  angxdifer.  —  Lias  de  Stratford-sur-Avon . 

*  »  striotatus.  —  Barrow. 
Amhlyurus  macrostomus.  —  Lyme-Regis,  Street. 
Senu'onotiis  leptocephalus.  —  Lias  de  BoH. 

»  Bergeri.  —  Lias  ?  Koburg. 

»  latus.  —  Seefeld. 

»  rhombifer.  —  Lyme-Regis. 

»  Nilsonii.  —  Lias  de  Scanie. 

»  striatiis.  —  Seefeld. 

*  Centrolepis  asper  Egert.  —  Lyme-Regis. 

Lepidotus  gigas.  —  Lias  de  France,  d'Allemagne  et  d'Angleterre. 
»         semiserratus.  — Whitby  et  Scarborough. 
»         undatus.  —  Lyme-Regis. 
»         rugosus.  —  Whitby  ;  Lyme-Regis. 


—     30S     — 
Lopidottis  finhn'atus.  — Lias  de  Lymc-Rei>is  ;  Haring  (Tvrol).  Coboiiri,'. 
»  ornotus.  —  Sccfeld. 

»  froixlosiis. — Lias  de  Zell,  près  do  Boll. 

»  sprciosits  Mûiisfr.  —  Setfold. 

»  paixiilus  Mùnslv. — Seefeld. 

*  »  sornilatus.  —  Barrow. 

*  »  pecfinatiisEgevL — Wliitbv. 
Pholidophorus  Kechci.  —  Lyme-Regis. 

»  onychius.  —  Lyme-Regis  ;  Chernock. 

»  dorsal  is. — SeeFeld.  : 

1  limbatus.  • —  Lyme  Reiris. 

»  Stricklandi.  —  Lias  de  Barrow. 

»  HastiiHjsiœ.  —  Lias  de  Bari'ow. 

»  latiusculi(s.  — Seefeld. 

»  pusilhis.  —  Seefeld. 

»  furcatus.  — Seefeld. 

»  leptocephalus.  —  Street. 

»  p:;chysomns  Egert.  —  Lyme-Regis. 

»  cremdatus  Egert. — Lyme-Regis. 

*  »  Harfmamii  Egerl.  —  Ohmden. 

*  .\o(hoso7mis  octosfychius.  — Street. 

bj  Jura  proprement  dit. 
Teirayonolepis  Magneville.  —  Oolite  inférieure  de  Caen. 

»  mastodoHteiis. — Weaiden  :  Hasliiiffs. 

*Sei)iionotm  Pentlandi  Egert.  — CasLellamare. 

*  »  mina  tus  Egevi  — Castellamare. 

*  »  pKstidi fer  Egerl. — Castellamare. 
Lepidolus  lœvis.  —  Portlandien  de  Soleiire. 

»  umjuicidatiis. — Solenhofen,  Stonestield. 

»         radiatus. — Jura  français. 

»         paUiatus. — Argile  de  Kimmeridge  :  Boulogne-siir-Mer, 

»         tuherculutus.  —  Stonesfield. 

»  notopterus.  —  Solenhofen. 

»         ohlomjus. — Solenhofen. 

»  minor.  — Calcaire  de  Purbeck,  Portlandien  Hildesheini. 

T>  Fittoni  fsuhdenticidatusj.  —  Hastings-Sand  :  Tilgale. 

»         Mantellil.  —  Weaiden  :  Tilffate. 

»         latimamis  Egert. — Oxfordien  de  Chippenhani. 

TtJM.    II.  ^g 


—     306     — 

Pholidophorus  macrocephalus. — Cale,  de  Solenhofen. 

»  microps. — Cale,  de  Solenhofen. 

»  tenuiserratus.  — Cale,  de  Kehllieim. 

»  longiserratus.  —  Cale,  de  Kehlheim. 

»  striolaris.  —  Cale,  de  Solenhofen. 

»  Taxis.  —  Cale,  de  Solenhofen. 

»  lattis.  —  Cale.  d'Eichstaedt. 

»  micronyx.  —  Cale,  de  Kehlheim. 

»  intermedius .  —  Cale .  de  Kehlheim . 

»  latimanus.  — Cale,  de  Solenhofen. 

»  ornatus.  —  Cale,  de  Purbeck. 

»  Flesheri.  —  Oolite  inférieure. 

»  angustus. —  Grès  rouge  jurassique  de  Pologne. 

»  gracilis.  —  Cale,  de  Kehlheim. 

»  minor.  —  Oolite  de  Slonesfield. 
»  radians.  — Cale,  de  Solenhofen. 

»  uraeoïdes.  —  Cale,  de  Solenhofen. 

»  radiato-punctatiis. —  Cale,  de  Solenhofen. 

»  maximiis.  —  Cale,  de  Solenhofen. 

*  »  fiisiformis.  —  Castellamare. 

*  »  Nothosotnus  lœvissimus.  —  Cale,  de  Solenhofen. 
Ophiopsis  penicillatus.  —  Cale,  de  Purbeek. 

»  dorsalis.  —  Cale,  de  Purbeck. 

»         procerus.  —  Cale,  de  Solenhofen. 
»  Mitnsteri.  —  Cale,  de  Kehlheim. 

Notagogus  Zietenii.  —  Cale,  de  Solenhofen. 
»        Pentlandi.  —  Torre  d'Orlando. 
»        latior.  —  Torre  d'Orlando. 
»        denticidatiis.  —  Cale,  de  Kehlheim. 
Propterus  microstomvs.  —  Cale,  de  Kehlheim. 
Coccolepis  Bucklandi.  —  Cale,  de  Solenhofen. 

Craie. 
Lepidotus  striatus.  — Craie  :  Vaches-Noires  (Normandie). 

*  »         punctatus.  —  Craie  blanche  de  Kent. 

*  »  iemnurus.  —  Brésil. 

*  r>  Cottœ.  —  Hohenstein.  p.  Schandau 

»  Firleti.  —  Grès-vert  supérieur  de  Modon  (Morée). 

Tertiaibe. 
Lepidotus  Maximiliani.  —  Cale,  grossier  de  Paris. 

A  page  303,  ligne  12,  ajoutez  :  *  Plectrolepis  rugosus  —  Carluke 


—     307 


QUELQUES  REMARQUES 


SUR  LES  LEPIDOIDES  EIV  GENERAL. 


Les  genres  nombreux  que  nous  venons  de  décrire  dans  la  première  partie  de  ce  volume , 
ont  pour  caractère  commun  d'être  abdominaux ,    d'avoir  le  corps  revêtu  d'écaillés  émail- 
lées ,  et  les  mâchoires  armées  de  dents  obtuses  ou  en  velours  ras.  Or,  n'est-il  pas  surprenant 
que  tous  les  poissons  auxquels  on  peut  appliquer  cette  diagnose ,  qui  ne  laisse  pas  que  d'être 
assez  vague,  appartiennent,  sans  exception,  à  des  types  éteints,  dont  pas  un  seul  n'a  de  re- 
présentant dans  l'époque  actuelle?  C'est  là  un  des  faits  les  plus  curieux  de  la  zoologie  compa- 
rée ,  qui  nous  explique  en  même  temps  les  nombreuses  acquisitions  que  l'ichthyologie  a  faites 
dans  ce  domaine ,  depuis  que  l'attention  des  naturalistes  a  commencé  à  se  porter  sur  les  pois- 
sons fossiles.  Depuis  la  publication  du  tableau  synoptique  qui  est  en  tête  de  ce  volume ,  le 
nombre  des  espèces  s'est  considérablement  accru ,  et  un  grand  nombre  de  genres  nouveaux 
sont  également  venus  prendre  rang  dans  cette  grande  famille  ,  de  manière  que  le  nombre  des 
espèces,  qui  était  alors  de  soixante-quatre,  répartis  dans  quatorze  genres,  est  aujourd'hui 
d'environ  deux  cents  ,  répartis  dans  vingt-huit  genres.  Je  n'avais  pas  plutôt  reconnu  et  circon- 
scrit la  famille  des  Lépidoïdes ,  que  je  me  vis  forcé  de  la  diviser  en  deux  grands  groupes , 
d'après  la  structure  de  leur  nageoire  caudale.  Le  premier  de  ces  groupes,  celui  des  Lépidoïdes 
hétérocerques ,  comprend  les  Lépidoïdes  chez  lesquels  la  colonne  vertébrale  s'étend  jusqu'à 
l'extrémité  du  lobe  supérieur  de  la  caudale.  Ce  lobe  ,  toujours  plus  long  que  le  lobe  inférieur, 
est  muni  de  rayons  qui  vont  en  diminuant  graduellement  du  milieu  de  la  nageoire  jusqu'à 
son  extrémité ,  tandis  que  le  lobe  inférieur,  qui  s'attache  sous  la  colonne  vertébrale,  est  tou- 
jours moins  saillant,  alors  même  que  ses  rayons  sont  plus  longs.  Le  groupe  des  Lépidoïdes 
homocerques  est  composé  de  poissons  qui  ont  la  même  physionomie  générale  ,  mais  chez  les- 
quels la  caudale  est  en  général  équilobe ,  en  ce  sens ,  que  les  deux  lobes  sont  articulés  de  la 
même  manière  à  l'extrémité  de  la  colonne  vertébrale,  de  façon  que  lors  même  que  l'un  des 
lobes  déborde  plus  ou  moins  l'autre ,  cette  inégalité  ne  peut  être  envisagée  que  comme  un 
caractère  secondaire.  J'attache  d'autant  plus  d'importance  à  cette  distinction  ,  qu'elle  corres- 
pond à  l'âge  géologique  des  couches  qui  recèlentles  ichthyolites  de  ces  différens  types,  si  bien 
que  tous  les  Lépidoïdes  hétérocerques ,  à  une  seule  exception  près ,  sont  antérieurs  à  la  for- 


—     308     — 

nialion  jurassique ,  lundis  ((ue  les  Lépidoïdes  homocerques  ne  commencent  à  paraître  qu'avec 
léjioque  du  Lias, 

Dans  chacun  de  ces  deux  groupes  se  trouvent  des  genres  à  corps  plus  ou  moins  fusifornie  , 
et  d'autres  à  corps  plat.  Le  rapport  numérique  de  ces  différens  groupes  se  trouve  indiqué 
dans  les  tableaux  ci-dessus,  page    4  78  et  page  297,  avec  les  remarques  relatives  à  leur 


gisement. 


Chacune  de  ces  grandes  divisions  renferme  en  outre  plusieurs  types  distincts.  Il  régne  sur- 
tout une  grande  dissemblance  entre  les  genres  des  hétérocerques ,   où  nous  distinguons  des 
poissons  à  écailles  très-petites  et  granulées  (les  genres  Acanthodes ,  Cheiracanthus  et  Chei- 
rolepis) ,  et  d'autres  à  grandes  écailles  rhomboïdales,   [Dipterus ,  Osteolepis  ,    Amhlyplerus, 
Gijrolepis ,    Platysomus  ,  Eioy notas.  La  seconde  de  ces  sections  peut  encore  se  subdiviser 
d'après  la  forme  de  la  dorsale,  qui  est  tantôt  double  (Dipterus,  Osteolepis) ,  et  tantôt  simple 
.imhhjptevKs  ,  Gyrolepis,  Pidœoniscus  ^  Platysonius  et  Earynotiis).  Enfin  le  genre  C<'/)/m/e- 
pis  forme  à  lui  seul  un  type  particulier  dont  les  caractères  sont  très-tranchés.  Maintenant  qiie 
je  connais  un  plus  grand  nombre  d'espèces  et  de  genres  que  ceux  qui  sont  décrits  ci-dessus , 
je  serais  disposé  à  en  faire  quatre  familles  distinctes.  La  première  ,  celle  des  Cephalmpides , 
embrasserait,    outre  le  genre  Cephalaspis  ,   les  genres  inédits  des   Ptericlithys ,    des   Pam- 
phractiis  ,  des  Coccosteus  et  des  Chelonkhthys  ;  la  seconde,  ou  celle  des  Diptériens ,  compren- 
drait les  genres  Dipterus  et  Osteolepis  ;  la  troisième  ,  ou  celle  des  Acanthodiens ,  comprendrait 
les  genres  Acunthodes,  Cheirolepis ,  Cheiracanthus  et  le  genre  inédit  des  Diplacanthus.   Enfin 
les  autres  genres,  savoir  les  Amblyptenis ,  Gyrolepis  ,  Palœoniscus ,  Platysomus  ,  Eurynotus, 
formeraient,  avec  les  Homocerques,  la    famille  des  Lépidoïdes  proprement  dits,  qui  com- 
prendrait en  outre  plusieurs  genres  inédits.  Je  crois  devoir  me  borner  ici  à  ces  simples  in- 
dications, en  attendant  que  des  matériaux  plus  complets  me  permettent  de  discuter  plus 
amplement  la  valeur  relative  des  ditïérences  que  j'ai  remarquées  entre  ces  divers  types. 

Le  groupe  des  Homocerques ,  quoique  aussi  nombreux  que  celui  des  Hétérocerques ,  est 
bien  moins  varié.  Le  passage  des  espèces  plaies  aux  espèces  fusiformes  est  plus  insensible. 
Les  écailles  sont  surtout  bien  plus  uniformes  ,  ce  qui  fait  qu'il  est  souvent  difficile  de  connaître 
le  genre  de  certaines  espèces  dont  on  ne  possède  que  des  fragmens  de  la  cuirasse  émaillée. 
Nous  retrouvons  aussi  dans  ce  groupe  des  genres  à  une  seule  dorsale  et  d'autres  à  deux  dor- 
sales ;  mais  ces  derniers  sont  relativement  bien  moins  nombreux  que  dans  les  Hétérocerques, 
et  les  Notagogus  et  les  Proplerus  sont  bien  plus  voisins  des  Pholidophores  et  des  Ophiopsisit 
que  les  Dipterus  et  les  Osteolepis  ne  le  sont  des  PaloDoniscus  et  des  Platysomus. 

Les  Lépidoïdes  nous  offrent  dans  leur  généralité  plusieurs  points  de  ressemblance  avec 
leurs  contemporains  ,  les  Sauroïdes  et  les  Pycnodontes.  L'émail  dont  leurs  écailles  sont  re- 
couvertes est  de  tous  les  traits  qu'ils,  ont  en  commun  le  plus  saillant,  et  il  faut  convenir  que, 
sous  ce  rapport,  ils  sont  plus  uniformes  que  les  poissons  de  nos  mers  actuelles.  11  existe  bien 
des  différences  dans  la  forme,  la  grandeur  et  l'arrangement  de  ces  plaques  émaillées,  mais 


—     309     — 

ces  différences  ne  conslituent  guère  que  des  caractères  génériques,  car  nous  rencontrons  sou- 
vent sous  ce  rapport  des  diff'éren<x's  plus  notables  entre  les  genres  d'une  même  faïuilie 
qu'entre  certains  genres  appartenant  à  des  familles  différentes.  Lu  autre  caractère  commun 
à  ces  différentes  familles  et  qui  parait  être  intimement  lié  à  celui  des  écailles  ,  consiste  dans 
la  présence  de  fulcres  ou  de  petits  rayons  roides  ,  tout  le  long  du  bord  externe  du  premier 
grand  rayon  des  nageoires.  Les  fulcres  qui  ne  sont  en  réalité  que  des  écailles  modifiées  se 
retrouvent  sur  toutes  les  nageoires  ;  mais  ils  sont  surtout  très-développés  au  bord  du  lobe  su- 
périeur de  la  caudale  ,  notamment  dans  les  Hélérocerques  et  dans  les  Homocerques  du  Lias^ 
On  rencontre  ,  il  est  vrai ,  une  quantité  de  Lépidoïdes ,  où  les  fulcres  manquent  partiellement  ; 
et  l'on  pourrait  dès-lors  être  tenté  d'envisager  leur  absence  comme  un  caractère  géologique  ; 
ce  qui  serait  une  erreur,  car  je  crois  m'être  assuré  que  lorsqu'ils  manquent,  c'est  à  l'état  de 
conservation  de  l'individu  qu'il  faut  attribuer  leur  absence,  du  moins  dans  la  famille  des  Lé- 
pidoïdes. Il  y  a  certains  terrains,  le  calcaire  lithograpbique  de  Solenhofen ,  par  exemple,  où  il 
est  assez  rare  de  les  rencontrer  intacts,  tandis  qu'ils  sont  ordinairement  bien  conservés  dans 

le  Lias. 

■  1. 

Mais  à  côté  de  ces  caractères  que  les  Lépidoïdes  ont  en  commun  avec  les  Sauroïdes  et  les 
Pycnodontes ,  nous  leur  en  avons  reconnu  d'autres  ,  qui  leur  sont  exclusivement  propres  ;  la 
forme  du  corps  et  la  grandeur  relative  des  nageoires,  jointes  à  l'armure  des  mâchoires,  nous 
fournissent  entre  autres  des  moyens  sûrs  de  distinguer  leurs  débris  de  ceux  de  leurs  contem^ 
porains  et  notamment  des  Sauroïdes  et  des  Célacanthes.  En  effet ,  ce  sont  généralement  des 
poissons  trapus ,  d'une  allure  peu  dégagée  ;  et  connue  leur  caudale  est  en  même  temps  peu 
développée  relativement  à  la  masse  de  leur  corps ,  nous  en  concluons  ([u'ils  étaient  pour  la 
plupart  assez  mauvais  nageurs.  Leur  dentition  est  assez  uniforme  et  annonce  des  poissons 
omnivores  destinés  à  se  nourrir  d'animaux  mous  ou  en  décomposition  ,  et  de  substances  vé- 
gétales qu'ils  broyaient  facilement  entre  leurs  petites  dents.  Ils  sont  bien  différons ,  sous  ce 
rapport,  des  Sauroïdes,  qui  tout  en  étant  revêtus,  comme  eux,  d'une  cuirasse  émaillée,  étaient 
munis  de  dents  formidables,  et  se  distinguaient  en  outre  par  une  taille  plus  élancée  et  plus 
appropriée  à  une  natation  rapide.  Aussi  sont-ce  pour  la  plupart  des  poissons  voraces,  et  il 
est  probable  que  les  Lépidoïdes  formaient  en  grande  partie  leur  pâture.  J'ai  du  moins  re- 
connu des  écailles  de  ces  derniers  dans  les  coprolithes  de  plusieurs  espèces  de  Sauro'ides. 

La  limite  est  plus  difficile  à  tracer  entre  les  Lépidoïdes  et  les  Pycnodontes,  qui  étaient  aussi 
des  poissons  essentiellement  broyeurs.  Il  y  a  surtout  une  très-grande  analogie  entre  les  vrais 
Lepidolus  et  les  Pycnodus  ,  et  il  serait  souvent  fort  difficile  de  savoir  auquel  des  deux  groupes 
tel  ichthyolite  que  l'on  a  sous  les  yeux  appartient,  si  l'âge  relatif  des  terrains  ne  venait  en  aide 
à  la  détermination  zoologique.  En  effet,  les  Lepidotus  appartiennent  à-peu-près  exclusivement 
aux  preujiers  dépôts  de  l'époque  jurassique ,  et  en  particulier  au  Lias.  Les  Pycnodontes,  au 
contraire,  sont  surtout  nombreux  dans  les  dépôts  récens  de  l'époque  jurassique,  et  même,  à 
l'exception  du  genre  Placodus,  dont  les  affinités  sont  encore  très-peu  connues ,  tous  les  Pyc- 


—     310     — 

nodontes  dont  on  possède  des  débris  caractéristiques  sont  plus  récens  que  le  Lias.  Il  v  a  sans 
doute  des  Lépidoïdes  dans  les  étages  récens  de  la  formation  jurassique,  mais  ils  sont  d'une 
forme  particulière ,  et  pour  la  plupart  plus  élancés  que  les  vrais  Lepidotus  ;  tels  sont  en  par- 
ticulier les  Pholidophores ,  dont  les  espèces ,  quoique  très-nombreuses ,  se  distinguent  par 
leur  petite  taille  et  différens  autres  caractères  de  détail  que  nous  avons  mentionnés  en  trai- 
tant de  ces  genres  en  particulier. 

Le  tableau  qui  précède,  dans  lequel  j'ai  compris  toutes  les  espèces  qui  n'ont  pas  pu  trouver 
place  dans  ce  volume  ,  donnera  une  idée  de  la  distribution  géologique  de  cette  famille  et  de 
sa  fréquence  relative  aux  différentes  époques  de  l'histoire  du  globe. 


IP  PARTIE. 


CONTENANT 

LES    FAMILLES    DES    SAUROIDES  ,    DES    CÉlACANTHES  ,    DES    PYCNODONTES  ,    DES    SCLÉroDERMES  , 
DES    GYMNODONTES  ,    DES    LOPHOBRANCHES    ET    DES    ACIPENSERIDES. 


CHAPITRE  I. 


DES   SAUROIDES   VIVANS. 


L'intérêt  toujours  croissant  qui  se  rattache  aux  poissons  fossiles  de  la  famille  des  Sauroïdes 
m'engage  à  réunir  Ici  tous  les  renseignemens  que  j'ai  pu  recueillir  sur  l'organisation  des 
espèces  vivantes  de  ce  groupe  qui  constituent  les  genres  Lepidosteus  et  Polypterus.  Avant 
que  les  poissons  fossiles  eussent  fixé  l'attention  des  naturalistes ,  les  deux  genres  que  je  viens  de 
nommer  n'avaient  aucune  importance  particulière  dans  la  classe  des  poissons.  Leur  position 
dans  la  méthode  naturelle  n'avait  pas  même  été  arrêtée  d'une  manière  précise.  Linné,  qui  n'en 
connaissait  qu'une  espèce,  la  rangeait  dans  le  genre  Esox ,  sous  le  nom  A'Esox  osseus.  Lacé- 
pède  fut  le  premier  à  distinguer  ce  poisson  comme  genre  à  part  sous  le  nom  de  Lepisosteus  (*) , 
et  il  décrivit  une  seconde  espèce  sous  le  nom  de  Lep.  Spatula.  Rafmesque  en  ajouta  plu- 
sieurs nouvelles  dans  son  Ichthyologia  ohiensls.  Cuvier  plaça  plus  tard  ce  genre  et  le  genre 
Polypterus  dans  la  famille  des  Clupes.  Il  paraît  que  les  espèces  du  genre  Lepidosteus  sont 
nombreuses  dans  les  grands  fleuves  de  l'Amérique.  Rafinesque  suppose  que  les  Etats-Unis  en 
nourrissent  à  eux  seuls  une  dixaine  d'espèces  et  que  l'Amérique  du  sud  en  compte  encore 
plusieurs  autres.  Il  serait  bien  important  pour  la  paléontologie  de  posséder  des  renseigne- 
mens détaillés  sur  tous  ces  poissons,  qui  paraissent  différer  notablement  les  uns  des  autres , 
puisque  Rafinesque  les  divise  en  trois  genres  ou  sous-genres,  qu'il  nomme:  1°  Cylindrosteus, 
avec  les  espèces  platostomus ,  albus ,  oxyurus  et  lonyirostris ;  2°  Atractosteus  ,  avec  l'espèce 
ferox,  et  3"  Litholepis  ,  avec  l'espèce  adamantlnus.  Dans  cette  énumération  ne  sont  point 
compris  les  Lepidosteus  osseus,  spatula  et  indicus,  que  cet  auteur  envisage  comme  suf- 
fisamment connus.  Malheureusement  il  n'existe  point  dans  les  musées  d'Europe  de  maté- 
riaux suffisans  pour  vérifier  les  indications  de  Rafinesque.  Je  n'ai  pu  examiner  moi-même  que 
cinq  espèces  de  ce  genre,  les  Lep.  osseus,  spatula,  deux  espèces  voisines  de  Vosseus  qui  se 
rapportent  probablement  aux  espèces  de  Rafinesque ,  mais  que  je  n'ai  cependant  pas  pu  dé- 
terminer d'après  ses  descriptions,  et  une  espèce  voisine  du  Spatula  (**). 

(°)  L'étymologie  de  ce  nom  composé  aurait  dû  engager  Lacépède  à  écrire  Lepidosteus ,  conformément  à  la  décli- 
naison grecque.  J'ai  corrigé  cette  petite  erreur  de  l'élégant  écrivain  français ,  sans  avoir  jamais  songé  à  m'attribuer 
l'établissement  de  ce  genre,  comme  on  me  l'a  imputé.  J'en  fais  la  remarque  expresse  pour  rappeler  que  je  suis  con- 
séquent dans  l'application  de  mes  principes  de  nomenclature. 

("')  Les  deux  espèces  les  mieux  connues  jusqu'à  présent  du  genre  Lepidosteus  sont  le  Lep.  osseus  et  le  Lep.  Spa- 

TO.M.  II,  2'PART.  1 


Le  genre  Polypterus  est  moins  nombreux  ;  on  n'en  connaît  même  encore  que  deux  es- 
pèces ;  celle  qui  a  été  décrite  par  M,  Geoffroy-St-Hilaire ,  Fauteur  du  genre,  sous  le  nom 
de  Polypferm  Bichir,  et  qui  provient  du  Nil ,  est  la  mieux  connue  ;  celle  du  Sénégal  est  fort 


tula ,  qui  (.lifTèrciit  rime  Je  l'autre  par  la  longueur  de  leurs  mâchoires  et  par  la  surface  des  écailles,  et  que  l'on  peut 
considérer  coninio  les  types  de  denx  sections  de  ce  genre. 

Je  connais  maintenant  cinq  espèces  de  ce  genre ,  sans  pouvoir  cependant  les  rapporter  aux  espèces  de  Rafinesquc , 
qui,  comme  on  le  sait  généralement,  n'indique  pas  toujours  les  caractères  d'une  manière  bien  précise.  Ces  espèces 
peuvent  se  grouper  en  deux  sections ,  qui  se  distinguent  par  la  forme  de  la  tète. 

La  première  section  comprend  les  espèces  dont  la  partie  antérieure  de  la  tète  et  les  mâchoires  sont  très-prolongées, 
ensorte  que  l'ouverture  de  la  gueule  est  beaucoup  jikis  longue  que  le  crâne.  « 

1°  Lepidosteus  osseus  Lacép.  —  An  Mus«''e  de  Paris  ;  j'en  possède  une  tête. 

2°  Lepidosteus  semiradiatus  Ag.  —  Au  Musée  de  Paris. 

3°  Lepidosteus  gracilis  Ag.  —  Au  Musée  britannicjue. 

La  seconde  section  compi-end  celles  dont  le  museau  n'est  pas  plus  long  que  le  crâne  ,  et  dont  la  lèlc  est  géné- 
ralement déprimée  et  arrondie  à  son  extrémité. 

4"  Lepidosteus  Spatula  Lacép.  —  An  Musée  de  Paris,  au  Musée  britannique  et  au  Jardin  zoologique  de  M.  Cross. 

3"  Lepidosteus  Giayi  Ag. —  Au  Musée  britannique. 

1"  Dans  le  Lepidosteus  osseus  {Tab.  A.  fig.  inf.  et  sup.  Tab.  B.  fig.  15-20),  le  bord  postérieur  des  écailles  est  presque 
droit ,  le  bord  supérieur  concave  dans  les  séries  antérieures  ,  convexe  sur  le  milieu  des  flancs ,  et  droit  dans  la  partie 
postérieure  du  corps;  le  bord  inférieur,  qui  est  parallèle  avec  lui,  est  donc  convexe  dans  la  région  antérieure, 
concave  vers  le  milieu  et  droit  sur  la  queue.  Leur  surface ,  légèrement  convexe  au  milieu  ,  présente  des  rayons 
peu  saillans ,  il  est  vrai ,  mais  divergens  vers  le  bord  dans  tous  les  sens.  Cette  granelure  est  beaucoup  pins  marquée 
dans  la  partie  anléi'ieure  du  corps  ;  dans  la  moitié  postérieure  ,  les  écailles  sont  complètement  lisses ,  excepté  vers  la 
partie  inférieure  de  leur  bord  postérieur,  oii  l'on  dislingue  encore  quelques  traces  de  dentelure.  Il  y  a  des  écailles  de 
forme  |)articnlière  près  de  l'inseriion  des  pectorales,  où  elles  sont  irrégulières  ;  à  la  nuque,  oîi  elles  sont  carrées;  tout  le 
long  du  milieu  ilu  dos ,  où  elles  sont  arrondies  avec  une  échancrure  senùlunaire  à  leur  bord  postérieur  ;  elles  for- 
ment une  gaine  de  plaques  acuminées  plus  petites  vers  l'insertion  de  la  dorsale  et  de  l'anale ,  et  deviennent  de  plus 
en  plus  petites  vers  la  fin  de  la  queue  et  sous  le  venti'c.  Toutes  les  séries  dorso-ventrales  des  écailles  naissent  sur  les 
côtés  d'une  écaille  impaire,  au  milieu  du  dos,  et  finissent  à  une  écaille  impaire  au  milieu  du  ventre.  La  ligne  laté- 
rale est  pcLi  distincte.  On  ne  voit  que  rorifice  des  tubes  de  la  série  latérale,  au  bord  inférieur  subdenliculé  des  écailles. 
Il  y  a  des  fulcres  au  Ijord  de  toutes  les  nageoires ,  qui  sont  courts ,  forts ,  mais  pas  très-fortement  accolés  au  pre- 
mier rayon. 

Ce  qui  distingue  surtout  la  tête  dans  cette  espèce  ,  c'est  le  prolongement  considérable  de  tous  ses  os ,  mais  surtout 
des  mâchoires,  qui  sont  foitement  armées  de  plusieiu's  rangées  de  dents  de  dilférente  forme.  Sur  le  bord  externe  des  mâ- 
choires,  il  y  a  de  très-petites  dents  fines,  et  en  dedans  une  rangée  de  grosses  dents  coniijues  et  plus  distantes ,  très- 
pointues  et  droites ,  disposées  régulièi'cment  en  série  simple  et  uniformément  espacées ,  comme  à  la  mâchoire  inlérieure 
dont  le  bord  interne  porte  deux  bandes  de  petites  dents  en  râpe  ;  il  y  en  a  également  de  petites  au  bord  externe  et  sm* 
tous  les  os  qui  forment  le  palais ,  savoir,  le  vomer,  les  palatins ,  et  le  grand  sphénoïde.  Les  rayons  des  nageoires 
sont  vigoureux  comme  dans  toutes  les  espèces,  articulés  de  près  jusqu'à  leur  base,  et  divisés  irès-fréciuenunent  dans 
leur  moitié  externe.  La  surface  des  os  du  crâne  et  la  surface  supérieure  des  mâchoires  est  beaucoup  plus  lisse  ([ne 
dans  les  autres  espèces;  on  n'y  voit  qu'une  fine  granelure,  rayonnant  du  centre  de  tous  les  os  à  leur  bord. 

2°  La  seconde  espèce  est  le  L^epidosteus  semiradiatus  Ag.  (Tab.  A.  fig.  med.  B.  fig.  1-14.)  Elle  se  rapproche  le  plus 
du  Lepid.  osseus,  et  a  généralement  été  confondue  avec  lui.  Ses  dents  sont  phis  inégales  et  plus  droites,  mais  du 
reste  disposées  connue  dans  l'espèce  précédente  ;  les  os  de  la  tète  sont  pins  fortement  sillonnés  ;  les  fulcres  des  na- 
geoires sont  plus  petits ,  et  les  rayons  plus  courts.  Cette  espèce  se  distingue  facilement  des  autres  aux  ornemens  des 


rare;    Ciivior   lindiciiic  dans   la  seconde  édition  du  Rèyne  animal  sous  le  nom  de  P.  srne- 
galu><.  J"ai  eu  occasion  de  les  voir  les  deux. 

De  ces  indications  à  une  connaissance  approfondie  de  l'organisation  des  genres  Lepidosteus 
et  Polypterus  il  v  a  encore  loin.  Cependant  leur  anatoniie  est  de  la  plus  haute  importance 
pour  les  paléontologistes  ;  on  me  saura  dès-lors  gré  sans  doute  d'entrer  dans  quelques  détails 


ccaillos  clos  flancs,  qui  ont  des  sillons  disposés  en  ('venlail  et  dont  le  bord  postérieur  est  dentelé,  tandis  que  les  écailles  du 
dos  et  du  ventre  sont  lisses.  J'ai  décrit  lonjjuement  la  forme  de  ces  diverses  écailles  à  la  fin  de  ce  chapitre. 

3°  Lepidosteiis  gracilis  Ag.  Cette  espèce  a  les  rayons  de  toutes  ses  nageoires  beaucoup  plus  grêles  et  articulés  .i 
des  distances  plus  considérables  que  les  autres  ;  lesfulcres  des  bords  sont  plus  grands  ,  plus  grêles  et  plus  distans, 
accolés  de  près  le  long  des  rayons  externes  des  nageoires,  il  en  est  ainsi  de  la  dorsale  et  de  l'anale,  des  ventrales  cl  des 
pectorales.  Tout  le  cor|)S  et  la  tète  ont  le  même  asp cet  grêle.  Cette  disposition  des  nageoires  rap])elle  complètement  les 
pinnules  du  Bidiir,  par  la  manière  dont  elles  s'interposent  entre  les  fulcres,  qui  sont,  jusqu'à  un  certain  point,  comparables 
aux  rayons  du  Polypterus.  La  surface  des  écailles  de  celte  espèce  est  granulée ,  sans  présenter  précisément  des  radia- 
tions ;  leiu'  centre  est  légèrement  déprimé ,  et  les  bords  parfaitement  lisses  :  sur  tout  le  corps ,  le  bord  supérieur  est 
concave  et  le  bord  inférieur  convexe  :  à  l'extrémité  de  la  (pieue  seulement  les  bords  sont  droits,  les  tubes  de  la  série  la- 
térale sont  saillans  et  très-visibles  ;  les  écailles  impaires  du  milieu  du  dos  ont  aussi  une  autre  forme  ;  elles  sont  sub- 
trigonales  ;  leur  bord  postérieur  arqué  est  échancré  au  milieu  ;  les  os  du  crâne  ,  de  l'opercule  et  de  la  face  sont 
marqués  d'une  grosse  granulation  rayonnée.  La  surface  des  mâchoires  est  lisse.  La  tète  est  encore  plus  grêle ,  et 
les  mâchoires  plus  longues  que  dans  le  Lep.  osseus. 

C'est  de  toutes  les  es|)èces  celle  qui  a  les  mâchoires  les  plus  grêles  et  les  plus  allongées  ;  en  même  temps  l'extré- 
mitt'  de  la  mâchoire  supérieure  est  la  plus  saillante.  Il  y  a ,  à  la  mâchoire  supéi'ieure ,  deux  rangées  externes  de 
grosses  dents,  assez  distantes  sur  les  bords  des  deux  mâchoires,  et  qui  sont  droites,  coniques  et  très-acérées.  Les 
écailles  de  l'extrémité  de  la  queue  sont  très-acuminées.  Toutes  les  séries  dorso-venlrales  naissent  à  une  écaille  impaire 
et  finissent  à  une  écaille  impaire. 

4"  Lepidosteus  spatnla  Lacép.  Cette  espèce  devient  très-grande.  J'en  ai  vu  des  exemplaires  de  sept  pieds  de 
long  et  au-delà.  Ses  caractères  les  plus  saillans  consistent  dans  la  forme  singulière  de  ses  mâchoires  et  dans  la 
jiosition  de  ses  dents.  Outre  les  grandes  dents  coniques  dans  l'os  ethmoide  et  le  maxillaire  supérieur  et  le  maxil- 
laire inférieur,  il  y  en  a  encore  de  semblables  dans  le  palatin ,  à  son  bord  interne.  Ces  dents  ont  de  gros  plis  à 
leur  base  inférieure ,  et  une  dépression  lanciforme  à  leur  pointe.  La  mâchoire  inféiieure  n'est  réellement  pas  plus  large 
que  la  supérieure;. elle  ne  paraît  ainsi  (jue  lorsqu'on  ouvrant  la  gueule  on  force  les  branches  de  ses  côtés  à  s'éloi- 
gner. Les  dents  sont  même  reçues  dans  une  gaîne  de  la  mâchoire  supérieure ,  au  bord  interne  de  ses  dents.  A  mesure 
que  les  exemplaires  grandissent ,  les  écailles  deviennent  plus  rugueuses  ;  différens  exemplaires  que  j'ai  vus  à  Londres 
au  Musée  Britannique  et  à  Surrey  au  jardin  zoologitiue  de  M.  Cross,  m'en  ont  donné  la  preuve;  et  l'exemplaire  du 
Musée  de  Paris  dont  j'ai  représenté  une  écaille  Tab.  B,  fig.  13,  a  moins  de  rugosité  que  celui  du  Musée  britannique, 
qui  est  beaucoup  plus  grand. 

5"  Le  Lepidosteus  Grayi  Ag.  est  très-différent  :  la  surface  de  toutes  ses  écailles  est  complètement  lisse  ;  le  bord  pos- 
térieur de  celles  de  la  région  antérieure  du  corps  est  plus  ou  moins  arrondi.  La  série  moyenne  des  écailles  du  dos  est  à 
peine  distincte  à  la  nuque ,  et  se  confond  complètement  en  plusieurs  points  sur  le  milieu  du  dos  ;  du  reste  ses  écailles 
sont  échancrécs  sur  la  nuque ,  et  cuspidées  en  arrière.  On  observe  des  séries  particulières  transverses  sous  la  gorge. 
Le  bec  n'est  pas  plus  long  que  le  reste  de  la  tête  ensemble  ;  toute  sa  surface  est  granulée.  Les  dents  sont  pointues ,  très- 
acérées  ,  presque  droites ,  légèrement  arquées  en  dedans.  Il  n'y  a  qu'une  rangée  de  grandes  dents  à  la  mâchoire  su- 
périeure. Les  rayons  des  nageoires  sont  plus  longs  et  plus  grêles ,  les  fulcres  moins  nombreux  (iiie  dans  les  autres 
espèces.  Le  tube  de  la  hgne  latérale  s'ouvre  dans  une  échancrure ,  et  il  résulte  de  là  une  pointe  détachée  au  bord  infé- 
rieur de  l'écaillé.  Toutes  les  écailles  de  la  partie  antérieure  du  tronc  ont  le  bord  supérieur  échancré  et  le  bord  in- 
férieur convexe  ;  ils  ne  deviennent  droits  qu'à  l'extrémité  de  la  queue. 


—    u    — 

sur  leur  ostéologie,  sur  leur  dentition  et  sur  leurs  écailles,  qui  sont,  pour  ainsi  dire,  les 
seuls  points  de  leur  organisation  que  j'aie  pu  étudier  d'une  manière  satisfaisante.  Une  étude 
complète  de  ces  poissons  deviendra  toujours  plus  indispensable  à  mesure  que  l'on  étudiera 
davantage  leurs  rapports  variés  avec  les  reptiles.  Je  ne  crois  pas  qu'il  y  ait  dans  toute  la  classe 
des  poissons  des  types  plus  intéressans  à  choisir  pour  sujets  de  monographies  anatomiques 
que  ces  deux  genres.  Ce  sont  en  effet  les  seuls  représentans  qui  existent  de  nos  jours  de  ces 
poissons  féroces  des  faunes  les  plus  anciennes  qui  ont  jadis  peuplé  l'Océan  et  que  l'on  a  si 
souvent  confondus  avec  les  reptiles  ou  même  décrits  comme  de  vrais  Sauriens  ou  comme 
des  Batraciens  sauroïdes.  L'incertitude  qui  a  long-temps  régné  et  qui  règne  encore  sur  les 
vrais  rapports  de  plusieurs  de  ces  curieux  fossiles,  rend  l'étude  de  leurs  analogues  vivans 
d'autant  plus  intéressante.  Je  regrette  seulement  de  ne  pouvoir  donner  à  leur  égard  des  ren- 
seignemens  plus  complets  ;  car  ces  genres  sont  aux  poissons  fossiles  ce  que  les  Eléphans  et  les 
Tapirs  sont  aux  Mastodons,  aux  Palœotherium ,  aux  Anoplotherium ,  etc.  ;  ils  rappellent  les 
Aspidorhynchus ,  les  Megalichthys ,  les  Saurichthys ,  les  Saurostomes  et  tant  d'autres  genres 
éteints ,  comme  notre  Nautile  et  nos  Seiches  rappellent  les  Ammonites  et  les  Belemnites ,  ou 
nos  Comatules  les  innombrables  Crinoïdes  des  terrains  secondaires  et  de  transition. 


I.    Du    GENRE    LePIDOSTEUS. 

Disons  d'abord  quelques  mots  sur  les  caractères  génériques  des  Lepidostées.  Les  mâchoires 
sont  très-allongées ,  même  dans  les  espèces  où  elles  ne  sont  pas  plus  longues  que  le  crâne  ; 
la  mâchoire  inférieure  est  un  peu  plus  courte  que  la  supérieure ,  et  lorsque  la  gueule  est 
fermée,  elle  est  encaissée  entre  les  maxillaires  supérieurs,  les  intermaxillaires,  les  palatins, 
les  ptérygoïdes,  le  vomer  et  une  échancrure  de  Tethmoïde.  L'os  latéral,  l'operculaire  et  l'an- 
gulaire de  la  mâchoire  inférieure  sont  très-distincts.  La  composition  de  la  mâchoire  supé- 
rieure est  très-difficile  à  comprendre  à  cause  de  l'allongement  de  ses  os.  La  partie  antérieure 
et  émarginée  du  rostre  est  formée  de  la  réunion  des  vomers  et  de  l'ethmoïde  ;  le  bord  supé- 
rieur de  toute  la  mâchoire  supérieure  est  formé  par  une  série  d'os  articulés  les  uns  à  la 
suite  des  autres ,  que  nous  considérons  comme  les  maxillaires ,  et  qui  sont  armés  extérieure- 
ment d'une  série  de  très-petites  dents,  et  au  bord  interne  de  grosses  dents  coniques,  plus 
une  bande  de  très-petites  dents  à  leur  face  interne.  Ces  os  sont  peut-être  des  intermaxillaires, 
et  alors  le  maxillaire  supérieur  serait  réduit  à  un  ou  deux  petits  osselets  sur  les  côtés  de  la 
commissure  des  deux  mâchoires.  On  remarque  en  outre  sur  la  voûte  du  palais  trois  bandes 
de  petites  dents  en  brosse ,  qui  s'étendent  de  la  partie  antérieure  du  bec  à  la  commissure 
des  mâchoires ,  et  qui  sont  insérées  sur  les  vomers,  sur  les  palatins  et  sur  des  plaques  den- 
taires particulières,  dont  nous  examinerons  la  position  en  étudiant  l'ostéologie  de  ce  genre. 
Dans  quelques  espèces,  le  bord  des  palatins  porte,  outre  les  petites  dents,  une  rangée  de 


—  5  — 
grosses  dents  oonH|uos  :  tels  sont  le  Lop.  Spatula  et  le  Lep.  gradlis.  H  y  a  trois  rayons  bran- 
chiostèaines  cachés  sous  le  préopercule  et  le  subopercule ,  et  dont  l'interne  est  très-court  ;  les 
autres  sont  plus  larges  et  plus  plats.  L'opercule  n'est  composé  que  de  trois  pièces ,  comme 
dans  le  genre  Polypterus;  il  est  petit  et  presque  carré;  le  subopercule  est  plus  grand  que 
dans  la  plupart  des  genres  vivans,  et  se  prolonge  en  un  onglet,  entre  l'opercule  et  le  préo- 
percule ,  dont  la  branche  montante  est  enlièrement  cachée  par  les  grosses  écailles  qui  recou- 
vrent la  joue  :  en  revanche ,  la  branche  horizontale  du  préopercule  est  très-développée ,  et 
forme  tout  le  bord  de  la  tète  en  arrière  de  la  mâchoire  inférieure  ;  son  angle  postérieur  est 
prolongé  en  arrière  et  tient  lieu  d'interopercule ,  que  l'on  ne  trouve  pas  dans  ce  genre.  L'oi'- 
bite  est  entourée  d'un  cercle  de  grosses  écailles,  dont  les  antérieures  forment  une  série  droite 
qui  s'étend  jusqu'aux  mâchoires.  Les  os  du  crâne  ont  leur  surface  émaillée ,  rugueuse  et  ornée 
de  sillons  plus  ou  moins  réguliers. 

L'estomac  du  Lepidosteus  gracilis ,  dont  j'ai  eu  l'occasion  d'examiner  les  intestins,  grâce 
à  l'obligeance  de  M.  Ed.  Gray,  est  une  vaste  poche  allongée ,  qui  occupe  toute  la  cavité  ab- 
dominale jusqu'en  arrière  des  ventrales;  là  le  tube  intestinal  se  rétrécit  considérablement:  il 
se  plie  ensuite  en  avant ,  puis  se  replie  de  nouveau  en  arrière.  Avant  cette  seconde  flexion  il 
subit  un  nouveau  rétrécissement  très-notable  qui  ressemble  à  un  étranglement.  La  partie  dti 
canal  alimentaire  qui  suit  est  la  plus  étroite  ;  c'est  à  elle  que  sont  attachés  les  nombreux  ap- 
pendices pyloriques  qui  caractérisent  ce  genre  et  qui  forment  une  sorte  de  houpe  semblable 
aux  paquets  de  cololithes  que  l'on  voit  souvent  fossiles  à  Solenhofen.  L'extrémité  postérieure 
du  canal  est  un  colon  assez  spacieux  ;  mais ,  avant  de  se  dilater  de  nouveau  pour  former  le 
colon ,  le  tube  digestif  fait  deux  plis  courts  entre  les  appendices  pyloriques  ;  ces  plis  sont 
courbés  de  telle  sorte,  que  le  commencement  du  cécum,  dans  la  position  naturelle  des  intes- 
tins, a  l'air  de  faire  suite  au  bout  de  l'estomac.  Le  pli  du  pylore,  les  appendices  pyloriques  et 
les  deux  plis  de  l'intestin  grêle  sont  situés  sur  les  côtés  de  l'extrémité  inférieure  de  l'estomac 
au  bout  du  foie,  et  sur  les  côtés  de  l'extrémité  supérieure  du  colon. 

Le  foie  est  très-allongé ,  simple  et  s'étend  tout  le  long  de  l'estomac  jusqu'aux  appendices 
pyloriques  ;  dans  sa  partie  antérieure,  il  est  fixé  à  une  espèce  de  diaphragme.  Son  aspect  est 
celui  d'une  feuille  de  saule  noircie.  Le  cœur  est  plus  charnu  qu'à  l'ordinaire  chez  les  pois- 
sons ;  le  bulbe  aortique  n'est  qu'un  tube  musculaire  sans  renflement  ;  les  oreillettes  sont  plus 
épaisses,  et  leur  cavité  plus  petite  que  dans  les  autres  poissons. 

La  vessie  natatoire  est  celluleuse  comme  le  poumon  des  Couleuvres ,  des  Caméléons  et  de 
tant  d'autres  reptiles;  elle  forme  une  longue  masse  effilée  le  long  de  la  moelle  allongée.  La 
trachée-artère  s'ouvre  par  une  fente  longitudinale  au  fond  de  la  bouche ,  dans  la  paroi  su- 
périeure de  l'ésophage  ;  c'est  une  petite  glotte ,  dont  les  bords  sont  subcartilagineux  ;  l'orifice  , 
en  est  droit ,  comme  dans  les  oiseaux .  Cependant  les  parties  molles  qui  l'entourent  sont  tumô^  "" 
fiées  et  ressemblent  à  un  larynx  suspendu  par  un  pli  de  la  voûte  du  palais  en  arrière  des  pha- 
ryngiens  supérieurs.  ; 


—     6     — 

Les  organes  sexuels  sont  de  très-petites  glandes,  sur  les  côtés  du  milieu  du  poumon. 

Les  reins  sont  une  longue  glande,  étroite  et  simple,  sur  les  deux  côtés  de  la  colonne  ver- 
tébrale. 

J"ai  trouvé  dans  l'estomac  de  ce  poisson  deux  exemplaires  d'une  espèce  de  Cyprinodonte , 
Pœcilîa  vivipara. 

Ces  détails  prouvent  évidemment  que  la  vessie  natatoire  est  l'analogue  du  poumon ,  et  que 
l'organisation  entière  des  Lepidostées  se  rapproche  plus  de  celle  des  reptiles  que  de  celle  des 
autres  poissons  ;  et  c'est  ce  qui  me  fait  si  vivement  regretter  de  n'avoir  pas  pu  en  faire  l'a- 
natoniie  d'une  manière  plus  complète  (*). 

La  tête  du  Lepidosteus  est  remarquable  par  sa  forme  allongée ,  qui  est  due  principalement 
au  développement  excessif  des  mâchoires,  qui  forment  un  rostre  ou  bec  assez  grêle.  Le 
crâne  lui-même  ne  participe  point  à  cette  formation  ;  il  est  au  contraire  presque  carré.  La 
plus  grande  largeur  de  la  tète  est  près  de  l'articulation  de  l'opercule,  et  elle  se  maintient 
lelle  jusque  vers  les  yeux  ;  c'est  ici  que  commence  le  bec ,  qui  va  en  se  rétrécissant  insen- 
siblement jusqu'au  bout  du  nez,  où  les  narines  occasionnent  une  petite  impression  latérale. 
La  sm'face  supérieure  de  la  fête  est  presque  plane ,  le  front  ne  s'élevant  que  très-peu  au-des- 
sus de  la  mâchoire  supérieure.  La  face  inférieure  s'incline  davantage,  à  partir  de  sa  plus 
grande  hauteur,  qui  se  trouve  également  près  de  l'articulation  de  l'opercule ,  et  qui  égale 
à-peu-près  la  largeur  de  la  tète.  La  tête  ressemble  ainsi  dans  son  ensemble  à  une  massue  à 
base  carrée  et  à  manche  allongé. 

Ce  qui  frappe  à  la  première  inspection  de  la  tête ,  c'est  le  caractère  particulier  des  os ,  qui 
en  forment  le  revêtement  extérieur.  La  surface  de  tous  ces  os,  de  l'opercule  aussi  bien  que 
des  frontaux,  des  maxillaires,  etc.,  est  recouverte  d'une  couche  d'émail  absolument  iden- 
tique avec  celui  qui  recouvre  aussi  les  écailles,  et  dont  les  rides  et  les  aspérités  forment  des 
dessins  assez  réguliers  qui  paraissent  caractéristiques  pour  chaque  os  en  particulier.  C'est  en 

(*)  Depuis  que  j'ai  comniuni(|nc  ces  remarques  sur  la  vessie  natatoire  du  Lepidosteus  à  la  société  zoologiqiie  de  Lon- 
dres en  1834  (voir  les  ProceecUngs  of  the  zoological  society  of  London  H,  p.  119),  il  a  parti  plusieurs  mémoires  re- 
niartiuablcs  sur  ce  sujet,  auxquels  je  renvoie  mes  lecteurs,  ne  pouvant  me  prononcer  sur  les  points  en  litige  faute 
de  matériaux  pour  les  examiner  de  nouveau.   Ces  mémoires  sont  : 

1"  Owen,  Description  of  Lepidosiren  annectens.  Linncan  Transact.  Tom.  XVIIL 

2°  Th.  Bischoff ,  Lepidosiren  paradoxa.  4°.  1840. 

3"  Valentin,  Ueber  die  Organisation  der  Trabeculaî  carnese  in  der  Schwimmblase  des  Lepidosteus  Spatula  Lacép. 
Repei'tor.  Y,  p.  392. 

4"  Van  der  Hoeven,  Ueber  die  zellige  Schwimmblase  des  Lepisosteus.  Miiller's  .\rclnv.  1841,  p.  221. 

S"  Joh.  Millier,  Ueber  Lungen  und  Schwimmlilasen.  Arcliiv  1841,  p.  223. 

fi"  Joh.  Millier,  Ueber  zellige  Scliwimmblasen  und  Liuigen.  Ârcliivl842,  p.  307. 

U  parait,  d'après  ces  reclierclics,  cjuc,  ciuoiquc  l'analogie  de  l'orme  soit  très-grande  entre  les  poumons  de  certains 
reptiles  et  la  vessie  natatoire  de  divers  poissons],  il  y  a  pourtant  des  dissemblances  notables  ,  et  que  l'aspect  celluleux 
de  la  vessie  natatoire  est  dû  au  développement  de  fibres  charnues ,  se  croisant  en  divers  sens ,  et  que  les  vaisseaux  san- 
guins sont  arrangés  comme  dans  les  antres  parties  du  corps,  et  non  pas  comme  dans  un  organe  respiratoire. 


—     7     — 

général  lo  centre  dossillcalion  qui  sert- aussi  de  centre  aux  dessins  rayonnans  des  aspérités 
de  cet  émail.  Sur  (juelques  os.  comme  par  exemple  sur  la  mâchoire  inférieure,  l'émail  ne 
revêt  que  les  faces  qui  sont  enliérenient  libres ,  mais  il  ne  se  conliiuie  pas  là  où  d'autres 
organes  que  la  peau  recouvrent  l'os.  Pour  tout  le  reste,  la  substance  osseuse  est  exactement 
la  même  que  celle  (|ue  nous  trouvons  aussi  dans  les  écailles ,  et  cette  coïncidence  de  struc- 
ture dans  des  os  dont  les  uns  appartiennent  évidemment  au  squelette  proprement  dit ,  tandis 
<pie  les  autres  relèvent  de  la  peau ,  démontre  combien  est  peu  naturelle  cette  manière  de 
trancher  entre  le  squelette  nerveux  et  le  squelette  peaucier. 

Nous  présenterons  l'ostéologie  de  la  tète  telle  qu'un  examen  attentif  nous  l'a  fait  con- 
naître ,  sans  entrer  dans  des  comparaisons  de  détail .  qui  ne  feraient  qu'endjrouiller  la  des- 
cription ;  mais,  comme  les  Sauroïdes  forment  un  passage  fort  intéressant  entre  les  reptiles  d'un 
côté  et  les  poissons  de  l'autre,  nous  chercherons  dans  un  chapitre  à  part  à  ramener,  en  faisant 
ressortir  leurs  particularités ,  les  os  du  Lepidosteus  et  ceux  du  Polypterus  aux  os  connus  de 
ces  deux  arandes  classes  d'animaux. 

Cl 

Au  milieu  de  la  voûte  du  crâne  se  voient  deux  grandes  plaques  osseuses,  1.  I,  (Tab.  B', 
tig.  i,  et  Tab.  B",  lig.  3),  séparées  au  milieu  par  une  fente  longitudinale.  Elles  occupent  la 
place  entre  les  orbites,  dont  elles  forment  presque  à  elles  seules  la  voûte,  descendent,  en 
se  rétrécissant  d'abord,  et  en  s'élargissant  ensuite,  vers  le  bec,  et  se  terminent  à-peu-près  au 
milieu  de  ce  dernier,  en  formant,  sur  la  ligne  médiane,  un  angle  aigu  dans  lequel  l'os  désigné 
par  le  chiffre  3  est  enchâssé.  Nul  doute  que  ces  plaques  ne  soient  les  frontaux  principaux. 
Ils  n'offrent  rien  de  particulier  dans  leur  forme,  ni  processus  ni  autres  prolongemens  ;  ils  ne 
fournissent  pas  non  plus  des  piliers  pour  contenir  ou  fermer  l'orbite,  dont  ils  n'atteignent  pas 
même  le  bord ,  cette  dernière  étant  entourée  de  toutes  parts  d'une  chaîne  de  plaques  osseuses , 
qui  n'entrent  pas  dans  le  plan  général  de  la  formation  de  la  tête  chez  les  vertébrés ,  et  dont 
nous  traiterons  plus  tard.  En  revanche,  les  plaques  frontales  recouATent  les  orbites  d'en  haut, 
et,  en  se  prolongeant ,  elles  prennent  une  bonne  part  à  la  formation  du  bec ,  formant  en  par- 
ticulier le  canal  pour  les  nerfs  olfactifs  qui  se  rendent  du  cerveau  au  nez. 

Derrière  les  frontaux  se  voient  deux  autres  plaques,  également  réunies  par  une  suture 
médiane  de  forme  oblongue,  formant  ensemble  presque  un  carré.  Elles  sont  désignées  par 
le  chiffre  7  (Tab.  B',  fig.  i  et  3  ;  Tab.  B",  fîg.  2  et  3).  Ces  deux  os  sont  plats  comme  les 
précédens  et  ferment  la  boîte  cérébrale  d'en  haut  ;  ce  sont  les  pariétaux ,  qui ,  par  une  par- 
ticularité exceptionnelle  chez  les  poissons,  se  touchent  au  milieu. 

A  côté  des  pariétaux  se  trouvent  deux  autres  os  également  plats.  Ils  se  réunissent  en  avant 
aux  frontaux,  n"  I ,  en  dedans  aux  pariétaux,  n°  7,  complètent  en  dehors  le  bord  extérieur 
du  crâne,  et  supportent  les  écailles  osseuses,  qui  recouvrent  la  joue  et  ferment  le  bord  de 
l'orbite.  Ces  deux  os,  n°  12  (Tab.  B'.  fig.  1,  2  et  3  ;  Tab.  B",  fig.  2  et  3)  sont  de  forme 
oblongue  et  présentent  au  milieu  de  leur  bord  extérieur  une  pointe,  qui  s'avance  latérale- 
ment sur  la  joue  et  au-dessous  de  laquelle  l'os  n"  h  est  attaché.  Ces  os  touchent  par  con- 


—     8     — 

séquent  aux  pariétaux  en  dedans ,  aux  frontaux  en  avant ,  aux  osselets  de  la  joue  en  dehors , 
et  à  l'os  n"  9  (l'occipital  latéral)  en  arrière ,  complétant  la  voûte  du  crâne  et  couvrant  princi- 
palement les  parties  antérieures  de  l'oreille.  Ils  correspondent  aux  os  nommés  par  Cuvier 
mastoïdiens. 

En  arrière  des  pariétaux,  séparés  comme  eux  par  la  ligne  médiane,  se  trouvent  deux  pe- 
tites plaques  osseuses  transverses,  ayant  à-peu-près  la  largeur  des  pariétaux  et  formant  le 
milieu  du  bord  postérieur  du  crâne,  n°  8  (Tab.  B',  fig.  1 .  Tab.  B",  fig.  1  et  3  ).  Ce  sont  sans 
doute  les  os  inter pariétaux  ou  occipitaux  supérieurs  de  Cuvier.  La  preuve  que  leur  division 
sur  la  ligne  médiane  n'est  pas  une  objection  contre  cette  interprétation  nous  est  fournie  par 
l'exemplaire  du  Lépidostée  que  j'ai  sous  les  yeux,  où  l'os  de  gauche  est  même  divisé  en  deux 
parties,  tandis  que  celui  du  côté  droit  est  simple. 

En  dehors  de  ces  occipitaux  supérieurs  se  trouvent  encore  deux  plaques  osseuses  presque 
carrées,  avançant  en  une  pointe  émoussée  en  arrière,  et  formant  les  arêtes  postérieures  du  crâne, 
n"  9  (Tab.  B',  fig.  i  2  et  3  ;  Tab.  B",  fig.  d,  2  et  3).  Ces  plaques  sont,  comme  les  autres, 
émaillées  en  haut,  et  présentent  en  arrière  une  partie  osseuse,  de  forme  presque  triangulaire, 
au  moyen  de  laquelle  elles  prennent  part  à  la  formation  de  la  paroi  postérieure  du  crâne , 
en  bouchant  l'angle  supérieur  et  externe  de  cette  dernière.  Nous  envisageons  ces  os,  dont  le 
gauche  est  également  divisé  dans  notre  exemplaire ,  comme  V occipital  externe  de  Cuvier. 

La  couverture  externe  de  la  boite  crânienne  est  par  conséquent  formée  par  les  frontaux , 
les  pariétaux ,  les  mastoïdiens ,  les  occipitaux  supérieurs  et  les  occipitaux  externes. 

Si  nous  passons  maintenant  à  la  face  postérieure  du  crâne ,  nous  remarquons  d'abord  le 
grand  trou  occipital  (Tab.  B'',  fig.  I),  qui  donne  passage  à  la  moelle  épinière.  Il  est  pres- 
que rond  et  entièrement  fermé ,  sauf  en  haut ,  où  une  petite  fente  médiane  se  prolonge 
entre  les  deux  os,  n°  10.  Le  trou  repose  immédiatement  sur  la  cavité  articulaire,  par  laquelle 
la  tête  se  meut  sur  la  première  vertèbre.  Cette  cavité  articulaire  est  peu  profonde  et  transverse  ; 
sa  largeur  mesure  presque  le  double  de  sa  hauteur  ;  elle  est  déprimée  au  milieu  et  ne  permet 
par  conséquent  d'autre  mouvement  que  celui  d'un  ginglyme  de  haut  en  bas.  L'os,  n°  S, 
(Tab.  B",  fig.  1 ,  2  et  4) ,  qui  porte  cette  cavité  articulaire,  et  au  travers  duquel  le  grand  trou 
occipital  est  creusé ,  est  celui  appelé  par  Cuvier  occipital  inférieur  ou  basilaire.  Outre  cette 
face  postérieure ,  il  présente  deux  branches  latérales  montantes ,  entourant  la  moelle  épinière , 
et  percées  de  plusieurs  trous  pour  le  passage  des  nerfs  des  huitième  et  dixième  paires.  Le 
plancher  de  la  cavité  crânienne ,  sur  lequel  repose  la  moelle  épinière ,  est  formé  par  le  corps 
un  peu  évasé  d'en  haut  de  cet  os.  Mais  il  ne  paraît  pas  à  la  surface  inférieure  de  la  boîte 
crânienne  ;  il  est  couvert  ici  par  l'os  n°  6 ,  le  sphénoïde  principal ,  sur  lequel  tout  le  corps  de 
Tos  repose  (Tab.  B',  fig.  3). 

Au-dessus  de  cet  os ,  et  reposant  sur  ses  branches  montantes ,  apparaissent  deux  grandes 
pièces  osseuses  séparées  au  milieu,  n°  10  (Tab.  B'',  fig.  I,  2  et  4).  Elles  forment  les  arêtes 
extérieures  de  l'occiput,  touchent  en  haut  aux  occipitaux  supérieurs  et  latéraux  et  forment  en 


—     9     — 

môme  temps  la  pai-lie  posléricuro  du  toit  de  la  boite  cràniemie.  Ce  sont  les  occipitaux  la- 
téraux. Kéuiiis  de  manière  à  former  une  lar£>e  cavité  à  Finlérieur  ponr  loger  les  lobes  posté- 
rieurs du  cerveau .  ces  os  paraissent  composés  de  deux  parties  presque  (piadrangulaires , 
soudés  ensemble  à  angle  droit,  et  présentant  une  de  leurs  faces  sur  l'arrière  (fig.  4,  7),  et 
l'autre  sur  le  dessus  du  crâne  (fig.  5).  Leur  base  repose,  comme  je  viens  de  dire,  sur  le 
basilaire  ;  ils  touchent  en  haut  aux  occipitaux  externes  et  supérieurs ,  et  leur  face  externe 
est  en  partie  soudée  à  l'os  n°  1 1 .  Ils  sont  percés  de  plusieurs  trous ,  dont  l'un ,  très-consi- 
dérable ,  donne  passage  au  nerf  vague ,  tandis  que  les  autres  servent  probablement  aux 
artères  de  la  tète. 

La  face  postérieure  du  crâne  serait  ainsi  formée  par  les  os  suivans  :  le  basilaire ,  au-des- 
sous duquel  on  aperçoit  une  petite  partie  de  la  tranche  terminale  du  sphénoide  principal; 
les  occipitaux  laléraux ,  auxquels  se  joignent  en  haut  les  occipitaux  supérieurs,  et  à  l'angle 
externe  et  supérieur,  les  occipitaux  externes.  Mais  ces  os  ne  présentent  pas,  comme  ceux  de  la 
voûte  du  crâne ,  une  continuité  non  interrompue.  On  y  remarque  d'abord  le  grand  trou 
occipital  qui  traverse  le  basilaire,  une  large  fente  médiane,  qui  sépare  les  occipitaux  laté- 
raux, et  en  haut  un  grand  espace  entre  les  latéraux  et  les  supérieurs  qui  ne  se  touchent 
nulle  part.  Ces  lacunes  sont  comblées  sur  le  vivant  par  des  cartilages  qui  disparaissent  par  la 
macération . 

Cette  ossiHcation  incomplète  est  encore  plus  frappante  sur  la  face  latérale  du  crâne.  La 
partie  postérieure  de  cette  face  est  formée  par  la  branche  latérale  de  l'occipital  latéral ,  et  en 
dessous  par  la  branche  montante  du  basilaire.  En  avant  de  l'occipital  latéral  et  joint  à  lui  par 
une  petite  suture  au  milieu ,  se  montre  un  autre  os  de  grandeur  assez  considérable  et  de 
structure  très-compliquée,  n°  1 1  (Tab.  B,  fig.  .3  ;  Tab.  B",  fig.  d ,  2  et  1).  Cet  os  présente  à  l'ex- 
térieur une  face  diversement  contournée.  Une  aile  qui  s'en  détache,  se  réunit  en  haut  à  l'os 
n°  k ,  et  en  arrière  à  l'occipital  latéral ,  complétant  ainsi  la  partie  antérieure  de  cette  face  de 
la  boîte  crânienne,  tout  en  étant  percée  d'un  large  trou  pour  le  passage  de  la  cinquième  paire 
de  nerfs  cérébraux.  Celte  aile  est  concave  en  dehors  et  un  peu  évasée  en  dedans ,  où  elle 
donne  lieu  à  des  cavités  dans  lesquelles  le  sac  du  labyrinthe  et  les  deux  canaux  semi-circu- 
laires antérieurs  sont  en  partie  logés.  L'os  lui-même  repose  par  une  face  assez  large  sur  le 
sphéno'ide  principal ,  n°  6 ,  qui  présente  ici  un  trou  pour  le  passage  des  branches  antérieures 
de  la  cinquième  paire  de  nerfs ,  tout  en  prenant  part  en  avant  à  la  formation  de  l'articulation 
ptérygo'idienne.  Cette  articulation,  par  laquelle  tout  l'appareil  palatin  et  notamment  l'os  n°5, 
se  meut  sur  le  crâne,  est  un  ginglyme  horizontal  (lig.  o,  S),  qui  permet  seulement  un  mou- 
vement vertical  des  parties.  La  face  convexe  de  l'articulation  est  formée  moitié  par  l'os  n°  Id , 
moitié  par  un  processus  du  sphénoide  principal,  n*"  6.  C'est  cette  articulation  et  l'arête  tran- 
chante et  évasée  qui  se  continue  vers  le  haut ,  qui  forment  l'arête  antérieure  du  crâne.  Mais 
l'os  n"  il  présente  encore  une  face  assez  régulière  en  avant ,  en  déterminant  un  manque  de 
continuité  assez  simple,  là  où  la  cinquième  paire  traverse  l'os.  Cet  os,  intercalé  entre  le  sphé- 

TOM.  II  .    2'    PART.  2 


—     10     — 

noïde  principal  en  dessous,  l'occipital  latéral  en  arrière,  l'os  n°  4  (frontal  postérieur)  en  haut, 
et  formant  avec  l'os  n°  d  4  la  paroi  postérieure  de  l'orbite ,  n'est  autre  chose  que  l'os  désigné 
par  Cuvier  sous  le  nom  de  la  grande  aile  du  sphénoïde. 

Cette  grande  aile  ne  touche  cependant  pas  immédiatement  au  mastoïdien  de  manière  à  fer- 
mer l'angle  antérieur  supérieur  de  la  boîte  crânienne  et  l'angle  postérieur  de  l'orbite.  Un 
petit  os  plat  et  vertical,  de  forme  triangulaire,  if  h  (Tab.  B',  fig.  3;  Tab.  B",  fig.  3),  est 
intercalé  entre  ces  deux  os,  et  forme  ainsi  le  pilier  postérieur  de  l'orbite  ;  c'est  le  frontal  posté- 
rieur de  Cuvier. 

Un  autre  petit  os  complète  la  face  latérale  de  la  boîte  crânienne;  c'est  l'os  n°  13  (Tab.  B", 
fig.  3).  Il  est  attaché  à  la  face  interne  du  mastoïdien  et  de  l'occipital  externe,  situé  en  avant 
de  la  branche  descendante  de  ce  dernier,  et  en  arrière  de  la  grande  aile  ;  il  présente  la  forme 
d'une  capsule  ronde ,  avec  une  large  excavation  au  milieu  ,  destinée  à  loger  la  partie  posté- 
rieure des  canaux  semi-circulaires.  Cet  os  ne  paraît  à  la  surface  de  la  boîte  crânienne  que  sur 
la  tête  macérée ,  la  solution  de  continuité  qui  existe  entre  la  grande  aile ,  l'occipital  latéral  et 
le  mastoïdien  ,  étant  remplie ,  à  létat  frais ,  par  des  cartilages  ;  c'est  le  rocher  de  Cuvier. 

La  base  du  crâne  étant  beaucoup  moins  large  que  le  toit ,  les  faces  latérales  sont  inclinées 
de  manière  à  pouvoir  être  vues  d'en  bas.  Elles  sont  composées ,  d'après  l'énumération  ci-des- 
sus des  occipitaux  latéraux  ,  des  grandes  ailes  du  sphénoïde ,  du  sphénoïde  principal ,  qui  pa- 
raît à  la  base,  des  frontaux  postérieurs ,  des  rochers,  et  le  couvercle  est  formé  par  les  fron- 
taux principaux,  les  mastoïdiens  et  les  occipitaux  externes.  Outre  les  trous  destinés  au  passage 
de  nerfs  (  dont  l'un ,  pour  la  dixième  paire ,  est  percé  à  travers  l'occipital  latéral ,  les  deux 
autres ,  pour  la  cinquième  paire ,  à  travers  la  grande  aile  ) ,  il  existe  encore  d'autres  solutions 
de  continuité  très-notables  à  cette  face  du  crâne  ;  c'est  ainsi  que  ses  deux  parties  prin- 
cipales, l'occipital  latéral  et  la  grande  aile,  ne  se  touchent  que  par  une  très-minime  partie.  Il 
en  résulte  deux  grands  trous  de  forme  presque  triangulaire ,  l'un  en  bas ,  bordé  par  ces  deux 
os  et  le  sphénoïde  principal ,  dans  lequel  se  loge  le  sac  du  labyrinthe ,  enveloppé  d'une  boîte 
cartilagineuse  ;  l'autre  en  haut ,  qui  n'est  que  très-imparfaitement  bouché  en  dedans  par  le 
rocher. 

La  face  inférieure  du  crâne  est  entièrement  formée  par  l'os  n"  6 ,  le  sphénoïde  principal  de 
Cuvier  (Tab.  B',  fig.  5  ;  Tab.  B  ',  fig.  1,2,3,4).  C'est  un  os  plat  et  élargi  en  arrière,  cylindrique 
au  milieu  et  comprimé  latéralement  en  avant ,  où  il  entre  dans  la  formation  du  bec.  C'est  lui 
qui  forme  en  entier  le  plancher  du  crâne  en  donnant  un  appui  à  tous  les  autres  os  ;  dans  la 
cavité  du  crâne,  il  se  montre  en  arrière,  entre  les  deux  cavités  du  sac  du  labyrinthe  et  en 
avant,  dans  la  fosse  de  l'hypophyse.  Tout  le  reste  est  caché  par  les  occipitaux  latéraux  en  ar- 
rière et  par  les  grandes  ailes  qui  lui  sont  superposées,  en  avant.  Sur  le  côté  antérieur  du  crâne , 
le  sphénoïde  envoie  deux  processus  latéraux  qui ,  s'unissant  à  la  grande  aile  ,  forment  avec 
elle  l'articulation  palatine.  Ce  sont  ces  deux  processus  qui  donnent  à  cet  os  cette  forme  en 
croix  qui  est  connue  même  des  personnes  entièrement  étrangères  à  l'ichthyologie.  Tout  le 


—    11    — 

monde  sait  ([uon  se  plaisait  autrefois  à  retrouver  dans  les  os  de  la  tête  du  Brochet  tous  les  ins- 
trumens  qui  ont  ser\i  au  martyr  de  Jésus-Christ.  Nous  parlerons  de  la  partie  antérieure  du 
sphénoïde  en  traitant  de  la  composition  du  bec,  • 

Il  nous  reste  encore  à  traiter  de  la  face  antérieure  du  crâne.  Elle  est  composée  en  bas  par 
le  sphénofde  principal  et  ses  deux  ailes  en  croix  qtii  forment  la  moitié  intérieure  de  l'articula- 
tion palatine.  Ment  ensuite,  à  côté,  la  face  antérieure  de  la  grande  aile,  dont  nous  avons  déjà 
parlé,  et  qui  donne  passage  aux  branches  antérieures  de  la  cinquième  paire  des  nerfs  céré- 
braux, ainsi  qu'aux  artères  et  aux  veines  de  l'œil. 

La  voûte  antérieure  est  complétée,  sur  les  côtés,  par  deux  os  plats,  n°  14  (Tab.  B",  (îg.  k) . 
courbés,  con^exes  vers  l'extérieur,  et  reposant  sur  le  processus  antérieur  de  la  grande  aile.  Ils 
touchent  en  haut  au  frontal  principal,  et  convergent  vers  la  ligne  médiane,  de  manière  à  laisser 
entre  eux  un  espace  en  forme  d'ogive.  C'est  entre  eux,  le  sphénoïde  principal  et  l'os  n°  15  , 
que  passent  les  nerfs  olfactifs  et  optiques  et  les  autres  nerfs  accessoires  de  l'œil ,  et  c'est  ce 
passage  aussi  qui  donne  à  ces  os  leur  véritable  signification  ;  ce  sont  les  ailes  orbitaires  de 
Cuvier. 

L'ogi^•e  formée  par  la  convergence  de  ces  deux  os  est  en  partie  fermée  en  avant  par  une 
pièce  presque  ronde ,  plate ,  qui  repose  verticalement  sur  le  sphénoïde  principal ,  et  forme 
une  partie  de  la  cloison  interorbitaire  qui ,  plus  en  avant ,  reste  cartilagineuse  et  membra- 
neuse. En  arrière,  sur  la  tranche  tournée  vers  la  cavité  cérébrale,  cet  os  est  évasé  en  haut,  de 
manière  à  former  un  entonnoir  creux,  qui  finit  en  avant  par  deux  trous,  donnant  passage  à  la 
quatrième  paire  de  nerfs  cérébraux.  L'os  touche  en  haut  au  frontal  principal,  en  bas  au  sphé- 
noïde principal  ;  il  n'est  en  contact  directe  avec  aucune  des  autres  pièces  du  crâne.  C'est  le 
sphénoïde  antérieur  de  Cuvier,  n°  IS  (Tab.  B",  fig.  2  et  4). 

Les  os  qui  concourent  à  la  formation  de  la  boite  cérébrale  ou  du  crâne  proprement  dit ,  se- 
raient ainsi  cliez  le  Lépidostée  les  os  suivans  : 

Trois  os  impairs,  le  sphénoïde  principal,  (n°  6),  le  sphénoïde  antérieur,  (n"  15)  et  V occipital 
basilaire  {n"  \î);  et  vingt  os  pairs,  savoir  :  les  occipitaux  supérieurs  (n°  8) ,  les  occipitaux  laté- 
raux (  n°  1 0  ) ,  les  occipitaux  externes  (  n°  9  ) ,  les  frontaux  principaux  (n"  1  ) ,  les  frontaux 
postérieurs  (  n°  i  ) ,  les  pariétaux  (  n"  7) ,  les  mastoïdiens  (  n°  12),  les  rochers  (  n°  13),  les 
grandes  ailes  (n°H),  et  les  ailes  orbitaires  (n"  ik).  Les  autres  os  que  l'on  cite  ordinai- 
rement comme  prenant  part  à  la  formation  du  crâne  chez  les  poissons,  savoir  le  vomer,  l'eth- 
moïde  et  les  frontaux  antérieurs  existent  aussi  chez  le  Lépidostée ,  comme  nous  le  verrons  par 
la  suite ,  mais  ils  ne  participent  nullement  à  la  formation  de  la  boîte  crânienne  :  ce  sont  des  os 
de  la  face ,  et  c'est  sans  doute  par  suite  de  la  longueur  disproportionnée  du  bec  qu'ils  sont 
rejetés  si  loin  en  avant. 

La  constitution  de  la  face  et  des  os  qui  servent  d'appui  aux  organes  des  sens ,  ainsi  qu'aux 
parties  destinées  aux  fonctions  digestives,  dépendantes  du  crâne,  est  assez  remarquable.  Nous 
distinguerons  dans  l'ensemble  de  ces  os  deux  groupes  principaux ,  les  os  qui  entrent  dans  la 


—    là    — 

formation  du  bec  et  du  palais,  et  ceux  qui  forment  la  cuirasse  des  joues  et  qui  se  joignent  à 
l'appareil  operculaire. 

La  pièce  osseuse  du  crâne  qui  se  continue-  en  avant  pour  cou\  rir  la  partie  postérieure  du 
bec,  est,  comme  nous  l'avons  dit  plus  haut,  le  frontal  principal,  n°  d  (Tab.  B',  fig.  1  2  et  3: 
Tab.  B'/,  fig.  2  et  3).  Etranglé  au-dessus  de  l'endroit  où  la  mâchoire  inférieure  entre  sous 
l'appareil  tegumentaire,  s'élargissant  ensuite  de  manière  à  occuper  presque  toute  la  lar- 
geur du  bec,  il  se  rétrécit  après  insensiblement  et  forme,  à  son  extrémité,  un  angle  rentrant, 
dans  lequel  l'os  n°  2  est  enchâssé.  Chacun  des  frontaux  présente  à  sa  face  inférieure,  près  de 
la  ligne  médiane ,  une  forte  arête ,  faisant  saillie  vers  le  bas ,  et  formant ,  avec  celle  de  l'autre 
côté,  une  gouttière  ouverte  vers  le  bas ,  qui  est  fermée  par  une  autre  gouttière  sous-jacente , 
que  le  sphénoïde  présente  à  sa  face  supérieure.  Il  en  résulte  par  conséquent  un  canal  médian  . 
qui  longe  tout  le  bec  jusqu'en  avant  ;  les  autres  os  situés  en  avant  et  donnant  passage  aux 
nerfs  olfactifs  présentent  la  même  structure. 

En  a^  ant  du  frontal  principal ,  la  couverture  du  bec  nous  offre  deux  os  plats  et  peu  larges , 
qui  s'avancent  jusque  tout  près  de  l'extrémité  du  museau.  Ces  os,  n°  3  (Tab.  B',  fig.  1  et  2  ; 
Tab.  B",  fig.  2  ) ,  forment  la  continuation  du  museau  dans  le  même  plan  que  les  frontaux , 
et  prolongent  par  des  arêtes  inférieures  la  gouttière  des  nerfs  olfactifs  jusqu'à  l'extrémité  du 
museau  ;  c'est  au-dessous  deux  que  sont  creusées  les  fosses  nasales.  Ils  correspondent  sans 
doute  aux  os  nonmiés  par  Cuvier  etlunoules  chez  les  poissons,  mais  dont  la  signification  paraît 
encore  douteuse  et  que  nous  nonmierons  nasaux.  Le  fait  qu'ils  sont  doubles,  serait  étonnant, 
s'il  s'agissait  de  l'ethmoïde  ;  mais  il  n'a  rien  ([ue  de  naturel  dès  qu'il  s'agit  de  nasaux. 

Mais  ces  os  ne  foi*menl  pas  rextrémité  du  museau.  Au-dessous  de  leur  pointe  un  peu  élar- 
gie, s'adaptent  d'abord  deux  pièces  presque  triangulaires,  n°  1 7  (Tab.  B  ,  iig.  2  et  3  ;  Tab.  B". 
fig.  2  et  3  )  ayant  à  leurs  bords  inférieurs  une  simple  i*angée  de  dents ,  derrière  laquelle 
sont  placées  plusieurs  dents  plus  grandes ,  situées  un  peu  en  dedans  des  extérieures  plus  pe- 
tites ,  et  en  môme  temps  deux  grandes  fosses  latérales  à  la  face  inférieure ,  pour  l'eceA  oir  les 
premières  grandes  dents  des  mâchoires  inférieures.  La  surface  extérieure  de  ces  os  est  pres- 
que plane ,  un  peu  évasée ,  et  c'est  dans  cette  excavation ,  peu  profonde  du  reste ,  qu'est  logé 
l'organe  olfactif  et  que  s'ouvre  le  canal  du  nerf  olfactif.  C'est  sans  doute  Vintermaxillaire  de 
Cuvier.  Ce  qu'il  y  a  de  remarquable  dans  les  rapports  de  ces  intermaxillaires,  c'est  qu'ils 
sont  tellement  soudés  aux  nasaux ,  que  chacun  d'eux  ne  forme  qu'un  seul  os  avec  le  nasal  du 
même  côté.  La  séparation  n'est  indiquée  que  par  un  sillon  peu  profond. 

L'intermaxillaire  ne  parait  pas  à  la"  surface  externe  du  bec.  Il  est  couvert  par  une  espèce 
de  capuchon  osseux,  formé  par  deux  paires  de  petits  osselets  plats  et  un  autre  os  moyen.  Le 
premier  de  ces  os,  n"  20  (Tab.  B',  fig.  1  et  2  ) ,  touche  par  sa  face  supérieure  aux  nasaux, 
et  par  sa  face  inférieure  à  l'intermaxillaire  ;  sa  face  antérieure  présente  deux  échancrures . 
qui  répondent  aux  deux  ouvertures  nasales.  Ces  échancrures  se  transforment  en  trous, 
la  supérieure,  au  moyen  d'une  pièce  à-peu-près  triangulaire,  qui  touche  celle  de  l'autre  côté 


—    1.-)    — 

(M)  liaul  el  forme  avec  elle  la  pointe  du  museau,  n"  20'  (Tab.  B',  fig.  2  et  3  ) ,  riiiférieure  en 
haut,  au  moyen  de  celte  même  pièce,  et  en  bas,  au  moyen  d'une  pièce  impaire,  n"  20' 
(Tab.  B",  fig.  2  et  5),  qui  recouvre  la  face  inférieure  de  la  pointe  du  museau. 

Quelle  est  la  sii^iiilicatii^i  de  ces  os  ?  Il  faut  a\  ouer  qu'il  est  difficile  de  leur  trouver  des 
analogues.  Ce  sont  ou  les  nasaux  démend)rès  en  plusieurs  pièces ,  ou  bien  des  os  labiaux , 
dont  nous  trouvons  des  exemples  si  fréquens  dans  les  poissons  de  toutes  les  divisions ,  et  qui 
remplacent  les  cartilages  mobiles  du  nez  des  animaux  supérieurs.  Nous  préférons  admettre 
cette  dernière  interprétation,  vu  (ju'il  se  présente  assez  de  raisons,  comme  nous  le  verrons 
plus  tard  ,  pour  rapprocher  les  ethmoïdes  (n°  ."))  du  Lépidoslée  des  véritables  nasaux  des  Cro- 
codiles et  d'autres  reptiles. 

Jusqu'ici  la  détermination  des  os  ne  nous  a  offert  presque  aucune  difficulté  ,  mais  mnis 
voilà  arrivés  au  point  où  elles  commencent.  La  face  inférieure  du  bec  s'oppose  en  quelque 
sorte  à  tout  rapprocheinent  qu'on  pourrait  tenter  à  cet  égard  entre  le  Lépidoslée  et  les  autres 
vertébrés. 

Les  deux  côtés  du  bec  sont  garnis  d'une  rangée  d'osselets  cylindriques ,  qui .  réunis ,  for- 
meraient ensemble  un  os  long  en  forme  de  bâton  n°  18  (Tab.  B',  fig.  i  et  2  ).  Le  nombre 
de  ces  osselets,  réunis  par  des  sutures,  varie,  à  ce  qu'il  paraît,  non-seulement  chez  les  es- 
pèces, mais  aussi  chez  les  différens  individus  et  même  sur  les  deux  côtés  du  même  poisson. 
C'est  ainsi  que  j'ai  compté  dans  mon  exemplaire  huit  pièces  d'un  côté  et  neuf  de  l'autre.  Ces 
osselets  portent  une  double  rangée  de  dents  ;  les  unes,  purement  extérieures,  sont  de  simples 
produits  de  la  couche  d'émail  qui  recouvre  la  face  extérieure ,  aussi  sont-elles   composées 
uniquement  d'émail.   Mais  les  dents  intérieures  sont  de  véritables  dents,  presque  droites, 
coniques,  pointues  et  rayées  de  fines  stries  longitudinales  à  leur  base.  Elles  sont   implan- 
tées dans  une  gouttière  peu  profonde  et  reposent  dans  des  alvéoles ,  dont  le  fond  présente  de 
très-belles  stries  rayonnantes ,  se  rattachant  à  un  centre  percé ,  par  lequel  les  vaisseaux  et  les 
nerfs  de  la  dent  montent  dans  la  cavité  pulpaire.  Les  osselets  situés  en  arrière  ont  à  leur  face 
interne  une  gouttière ,  destinée  à  loger  les  ^  aisseaux  et  nerfs  dentaires.  Cette  gouttière  se 
change  petit'à  petit  en  un  véritable  canal,  creusé  le  long  des  osselets  ,  au-dessous  des  dents. 
Ces  os ,  qui  portent  les  dents  principales  de  la  mâchoire  supérieure ,  longent  le  bec  dans 
tonte  sa  largeur,  forment  le  bord  extérieur  de  la  gueule  en  haut,  et  succèdent  immédiatement 
aux  intermaxillaires ,  que  peuvent-ils  être  sinon  les  maxillaires  supérieurs  ,  divisés  en  plusieurs 
parties?  Mais  une  telle  division  réitérée  est  sans  exemple  dans  la  série  des  vertébrés.  Il  y  a 
bien  quelques  poissons ,  notamment  les  Truites ,  dont  le  maxillaire  est  divisé  en  deux  parties  ; 
mais  ce  démembrement  ne  porte  point  de  dents  et  paraît  plutôt  un  os  labial ,  fixé  au-dessus 
du  maxillaire.  Il  n'y  a  que  certains  poissons  fossiles  provenant  de  l'Old-red ,  les  Dendrodus . 
dont  on  ait  trouvé  jusqu'ici  des  pièces  semblables ,  portant  chacune  une  ou  deux ,   tout  aji 
plus  trois  dents.  Si  l'on  se  refusait  à  admettre  cette  interprétation,  on  pourrait  envisager  l'os  que 
nous  avons  désigné  sous  le  nom  d'intermaxillaire,  comme  l'ethmoide;  alors  les  pièces  maxi- 


—   ik   — 

laires  détachées  représenteraient  l'intermaxillaire ,  et  le  maxillaire  se  retrouverait  dans  la 
branche  inférieure  du  chaînon  des  osselets  sous-orbitaires ,  dont  les  trois  pièces  portent  les 
lettres  a,b,c  (Tab.  B',  fig.  i  et  2). 

Les  difficultés  sont  encore  plus  grandes  quand  on  arrive  à  la  face  inférieure  du  bec.  Nous 
examinerons  les  différentes  pièces  qui  la  composent  d'arrière  en  avant. 

L'os  qui  forme  le  milieu  et  la  base  de  la  cloison  interorbitaire  est  le  sphénoïde  principal , 
if  6  (Tab.  B'',  fig.  2  et  3),  qui,  comme  nous  l'avons  vu  plus  haut,  est  cylindracé  aussi  loin 
qu'il  s'étend  entre  les  orbites.  Plus  loin ,  là  où  les  carènes  du  frontal  principal  commencent, 
il  détache  deux  feuillets  minces  et  plats  en  haut,  qui  s'appliquent  sur  les  carènes  du  frontal  et 
complètent  ainsi  le  canal  des  nerfs  olfactifs. 

Le  sphénoïde  s'étend  à-peu-près  jusqu'au  premier  quart  de  la  longueur  du  bec ,  où  il 
s'engrène  avec  deux  os  pairs ,  séparés  par  une  fente  sur  la  ligne  médiane  ;  ces  os ,  par  leur 
réunion  au  milieu,  soutiennent  la  gouttière  formée  par  la  partie  antérieure  du  sphénoïde. 
Chacun  d'eux  a  la  forme  d'une  feuille  mince  et  longue ,  qui  touche  l'os  voisin  par  son  bord 
inférieur  un  peu  épaisi ,  et  forme  avec  lui  une  gouttière  évasée  en  haut.  Ces  os  portent  le 
chiffre  n°  16  (Tab.  B",  fig.  2  et  o).  Chacun  d'eux  présente  en  arrière  une  rangée  longitu- 
dinale d'aspérités ,  espèce  de  dents  en  brosse  qui  se  perdent  en  avant.  Quoique  ces  os  for^ 
ment  les  trois  quarts  extérieurs  du  bec ,  en  remplissant  tout  l'espace  entre  le  sphénoïde  et  les 
intermaxillaires,  ils  ne  paraissent  pourtant  à  la  surface  que  par  une  partie  très-minime  de  leur 
étendue ,  présentant  seulement  deux  petites  bandes  le  long  de  la  ligne  médiane ,  aux  deux 
tiers  antérieurs  du  bec.  Ils  sont  recouverts  en  arrière  par  l'appareil  osseux  du  palais,  et  en  avant 
par  deux  plaques  dentaires  auxquelles  ils  sont  soudés  de  manière  à  former  corps  avec  elles. 
Nous  nommerons  ces  os,  avec  Cuvier,  les  vomers.  Simples  dans  la  plupart  des  poissons,  ils 
sont  ici  divisés  en  deux  par  une  suture  médiane.  Ils  se  continuent  en  avant  par  deux  pla- 
ques minces  et  longues ,  formant  le  tiers  antérieur  de  la  face  inférieure  du  bec ,  et  portant 
chacune  deux  rangées  de  dents  en  brosse  le  long  de  leurs  bords  ;  mais  comme  les  bords  in- 
ternes de  ces  plaques  se  touchent  sur  la  ligne  médiane,  il  en  résulte  que  leurs  rangées  de 
dents  se  confondent  en  une  seule ,  et  que  les  deux  plaques  réunies  ne  présentent  que  trois 
rangées  d'aspérités  ,  une  médiane  et  deux  latérales  ;  les  plaques  dentaires  reposent  sur  la  face 
inférieure  du  canal  des  nerfs  olfactifs,  qui,  en  cet  endroit,  est  formé  entièrement  par  les 
arêtes  inférieures  des  nasaux. 

La  partie  antérieure  du  bec  est  donc  formée  d'abord  par  le  capuchon  des  ciiuf  os  labiaux, 
puis  ]iar  les  intey-maxillaires ,  les  maxillaires,  les  nasaux,  les  vomers,  ou,  d'après  l'autre 
version,  mentionnée  plus  haut,  par  Vethmoide,  les  intermaxillaires ,  les  nasaux  et  les  corners. 
Mais  en  arrière  il  y  a  encore  d'autres  os  qui  prennent  part  à  la  formation  du  palais. 

Un  long  os  spatuliforme,  n"  22  (Tab.  B',  fig.  3  ;  Tab.  B'',  fig.  2  et  3) ,  est  appliqué  contre  le 
flanc  du  vomer  et  du  sphénoïde  dans  les  deux  tiers  postérieurs  du  bec.  D'abord  ce  n'est  qu'une 
lame  mince,  placée  verticalement,  qui  recouvre  le  flanc  extérieur  du  canal  olfactif,  enchàs- 


—    Il)    — 

sée  enlre  celui-ci  et  les  i)ièoes  maxillaires;  mais  bientôt  il  gagne  en  épaisseur,  recouvre  tout 
le  sphénoïde  de  manière  à  n'en  laisser  qu'une  mince  bande  à  découvert  le  long  de  la  ligne 
médiane  ;  s'élargissant  ensuite  horizontalement ,  il  forme ,  avec  celui  de  l'autre  côté ,  tout 
le  plafond  de  la  gueule  au  dessous  des  orbites.  C'est  cet  os  et  les  pièces  qui  sont  adaptées  à 
ses  faces  supérieure  et  inférieure ,  qui  forment  le  plancher  de  l'orbite  e(  séparent  celles-ci  de 
la  cavité  buccale.  Il  s'étend  en  arrière  jusque  vers  l'articulation  palatine  du  sphénoïde  ;  mais 
ce  n'est  cependant  pas  lui  qui  fournit  cette  articulation  ;  il  finit ,  au  contraire,  en  s'arrondis- 
sant;  c'est  un  autre  os,  n"  26,  implanté  sur  sa  face  supérieure,  qui  fornje  l'articulation. 
A  la  racine  du  bec ,  cet  os  forme  une  saillie  assez  ronde  et  considérable  contre  la  ca^  ité 
buccale  .  hérissée  d'aspérités  en  forme  de  dents  en  brosse  ou  plutôt  en  râpe.  Une  rangée 
longitudinale  d'aspérités  se  voit  aussi  le  long  de  son  bord  intérieur.  L'os  est  entièrement 
lisse,  là  où  il  forme  le  plancher  des  orbites.  Ce  plancher  n'est  pas  horizontal,  mais  incliné 
en  dedans,  de  sorte  que  le  plafond  du  palais  a  ici  la  forme  d'un  toit. 

Le  bord  extérieur  de  la  face  inférieure  de  cet  os  est  revêtu,  aussi  loin  qu'il  prend  part  à  la 
formation  du  bec,  d'une  lame  dentaire  très-mince,  longue  et  plate  n"  22'  (Tab.  B",  fig.  2  et  3j, 
qui ,  au  tiers  moyen  du  bec ,  est  assez  large  pour  revêtir  toute  la  face  inférieure  de  l'os  et 
pour  toucher  par  son  bord  intérieur  au  vomer,  tandis  que  plus  en  arrière,  la  plaque  ne  couvre 
que  le  bord  extérieur.  Une  rangée  de  dents  en  brosse  longe  le  bord  extérieur  de  cette  lame 
dentaire. 

Sur  la  face  supérieure  de  l'os  n°  22 ,  qui  est  tournée  vers  l'orbite ,  sont  implantés  deux  os 
particuliers,  qui  servent  aux  deux  articulations  importantes  que  l'appareil  palatin  possède.  L'un 
de  ces  os,  l'antérieur,  n"  26  (Tab.  B',  fig.  2  et  3) ,  repose  par  une  base  plate  et  triangulaire 
sur  la  face  supérieure  de  l'os  n°  22,  et  présente  en  dehors  une  facette  articulaire  arrondie, 
sur  laquelle  la  mâchoire  inférieure  se  meut.  Cette  facette  articulaire  est  plus  large  que  haute 
et  formée  de  manière  qu'elle  ne  permet  que  le  mouvement  vertical  de  la  mâchoire. 

L'os  postérieur  n°  2o  (Tab.  B',  fig.  3;  Tab.  B",  fig.  2  et  3  ) ,  repose  aussi  sur  la  face  su- 
périeure de  l'os  n°  22  ,  mais  par  une  base  triangulaire ,  moins  massive  que  celle  du  précédent , 
et  passant  par  un  col  étroit,  qui  pousse  une  épine  en  arrière,  il  va  former  à  l'extrémité  un  ren- 
flement creusé  par  une  excavation  gleno'idale  assez  plate ,  qui  joue  sur  la  face  articulaire  four- 
nie par  le  sphénoïde  principal  et  la  grande  aile.  Le  bord  intérieur  de  cet  os  articulaire,  comme 
aussi  celui  de  l'os  n°  2o ,  est  accompagné  ,  dans  sa  moitié  postérieure ,  d'une  petite  esquille 
osseuse,  n°  2.5  (Tab.  B',  fig.  3;  Tab.  B',  fig.  2  et  3  ) ,  qui  est  fortement  soudée  à  ces  deux  os. 
et  ne  présente  rien  de  particulier. 

Nous  ne  traiterons  de  la  signification  des  os  du  palais  qu'après  avoir  décrit  la  cuirasse  os- 
seuse des  joues  et  les  os  de  l'appareil  operculaire  ,  dont  les  emplaceinens  nous  aideront  à  éclair- 
cir  certains  doutes  sur  la  détermination  et  les  rapprochemens  à  faire  entre  ces  os  et  ceux  des 
autres  animaux. 

Tout  le  côté  de  la  tête  du  Lépidostée  est  recouvert  de  plaques  osseuses ,  soudées  de  telle 


—     16     — 

manière  les  unes  aux  autres,  qu'il  n'y  a  qu'un  pelil  espace  pour  la  cornée  de  l'œil  qui  ne 
soit  pas  cachée.  Nous  les  décrirons  d'arrière  en  avant,  pour  arriver  ainsi  par  des  pièces  in- 
contestables à  la  détermination  de  celles  plus  voisines  du  palais  et  qui  participent  à  la  con- 
fusion qui  parait  y  régner. 

L'opercule,  n"  28  (Tab.  B',  fig.  1,2  et  3:  Tab.  B",  fig.  5  et  6),  a  cette  forme  triangulaire  à 
angles  arrondis,  qu'on  lui  connaît  dans  la  plupart  des  poissons  réguliers.  Il  est  un  peu  bombé 
en  dehors,  creux  en  dedans,  où  il  présente  une  face  articulaire  tournée  contre  l'os  n'*2.5,  sur 
lequel  il  se  meut  comme  un  battant  de  porte. 

Au-dessous  de  l'opercule  et  soudé  avec  lui  au  milieu,  se  trouve  l'os  n"  .32  (Tab.  B',  fig.  2  et  3; 
Tab.  B",  fig.  .5  et  6),  complétant  la  plaque  qui  couvre  l'ouverture  des  branchies.  Il  présente 
une  branche  montante ,  qui  s'insinue  sur  le  bord  antérieur  de  l'opercule ,  entre  lui  et  l'os 
n°  30,  et  qui  s'étend  jusque  près  de  l'articulation  operculaire.  Cet  os,  qui  doit  donc  participer  à 
tous  les  mouvemens  de  l'opercule  est  sans  doute  l'os  désigné  par  Cuvier  sous  le  nom  de 
.sousopercule. 

Devant  le  battant  formé  par  ces  deux  os ,  se  trouve  un  autre  os  en  forme  d'équerre  , 
n"  30  (Tab.  B',  hg.  2  et  3;  Tab.  B'',  fig.  S  et  6),  dont  la  branche  inférieure  seule  parait  à  la 
surface  extérieure ,  revêtue  d'émail ,  tandis  que  sa  branche  montante ,  dont  le  bord  postérieur 
s'adapte  contre  les  opercules,  est  cachée  par  les  écailles  de  la  joue.  La  branche  montante  est 
en  outre  soudée  par  sa  face  intérieure  sur  l'os  n°  23,  tandis  qu'à  la  face  interne  de  la  branche 
horizontale  sont  fixés  les  os  n°  27  en  arrière,  et  n**  31  en  avant.  Cet  os  est  sans  doute  le 
préopercule  de  Cuvier. 

En  dedans  du  préopercule,  et  articulé  avec  l'opercule,  se  voit  un  os  d'une  forme  quadran- 
gulaire  oblongue,  n°  23  (Tab.  B'',  fig.  5  et  6  ) ,  qui,  par  son  bord  supérieur  arrondi,  pé- 
nètre dans  une  cavité  glenoïdale  de  la  face  inférieure  du  mastoïdien ,  n°  12.  Sur  son  bord 
intérieur,  en  haut,  se  voit  une  autre  face  articulaire,  qui  touche  au  frontal  postérieur,  n°  k.  Cet 
os  se  fait  en  outre  remarquer  par  un  trou  assez  considérable  au  milieu,  trou  par  lequel  passe 
l'artère  hyoïde  du  premier  arc  branchial,  pour  se  rendre  à  la  fausse  branchie.  C'est  sur  la 
face  externe  de  cet  os  que  le  grand  muscle  temporal  prend  ses  insertions  principales.  A 
sa  configuration  et  à  ses  liaisons  on  reconnaît  cet  os  pour  le  teniporal  de  Cuvier. 

Entre  les  os  que  nous  venons  de  décrire  et  l'appareil  palatin  se  trouvent  encore  deux 
os,  n°  27  et  n°  31  (Tab.  B",  fig.  5  et  6).  Le  premier  repose  par  une  base  triangulaire  sur 
le  préopercule,  et  se  recourbe  avec  un  crochet  vertical  vers  l'os  temporal,  n°  23.  L'autre  est 
long ,  cylindrique ,  très-intimement  soudé  par  sa  face  extérieure  sur  la  branche  horizontale 
du  préopercule,  de  manière  à  dépasser  cette  dernière  par  son  extrémité  antérieure.  Cette 
extrémité  touche  par  une  face  articulée  à  l'os  n°  26 ,  et  complète  l'articulation  de  la  mâchoire 
inférieure  et  des  branches  de  l'os  hyoïde. 

Il  nous  reste  encore  à  dire  quelques  mots  sur  les  parties  osseuses  qui  constituent  la  cuirasse 
des  joues.  La  chaîne  de  ces  plaques,  n"  19  (Tab.  B',  fig.  1  et  2,  et  Tab.  B",  fig.  5),  commence 


—     i7     — 

au-dessus  de  rarliculafion  de  la  mâchoire  inférieure,  derrière  le  maxillaire,  el  se  di\ise  de 
suite  en  deux  branches.  Lune,  l'inférieure,  est  composée  de  trois  osselets  plats,  situés  l'un 
derrière  l'autre  et  s'appliciuant  sur  la  face  extérieure  de  la  pièce  x  de  la  mâchoire  inférieure  ; 
dans  les  autres  poissons,  ces  osselets  sont  remplacés  par  un  fort  ligament  tendineux.  Nous  les 
avons  désignés  par  les  lettres  a,  b  el  c.  On  pourrait,  comme  nous  l'avons  dit  plus  haut,  les 
envisager  comme  les  représentans  de  l'os  maxillaire  supérieur  qui  offrent  une  disposition  sem- 
blable chez  quelques  Salmonidés  exotiques,  et  en  particulier  dans  le  genre  A'iphoslome. 

La  branche  supérieure  est  d'abord  composée  de  deux  os  simples ,  appliqués  au  bord  exté- 
rieur du  frontal  principal  d  et  e  ;  vient  ensuite  un  anneau  entourant  l'orbite ,  composé  de  huit 
osselets  f  à  n,  plus  ou  moins  trapézo'ides ,  dont  les  petits  bords  sont  tournés  vers  l'espace 
intérieur  qu'ils  laissent  libre.  La  pièce  formant  le  milieu  du  bord  supérieur  de  l'orbite,  n°  i , 
(Tab.  B',  fig.  i  et  2  ;  Tab.  B",  lig.  5  )  pourrait  être  envisagée  comme  l'analogue  de  l'os  que 
Cuvier  appelle  frontal  antérieur;  le  reste  compose  ce  chaînon  d'os  nommés  par  lui  sous-orbi- 
taires,  qui  est  plus  ou  moins  complet  chez  tous  les  poissons,  et  qui  atteint  son  plus  grand 
développement  dans  notre  Lépidostée,  touchant  en  haut  au  frontal  principal  et  au  mastoï- 
dien, en  avant  au  maxillaire  supérieur,  et  en  bas  au  préopercule  et  à  l'os  n°  31. 

Derrière  ce  chaînon ,  la  cuirasse  est  complétée  par  une  paroi  composée  d'une  vingtaine 
de  petites  écailles  osseuses  o  o  (Tab.  B",  fig.  2),  de  forme  très-variable,  qui  recouvrent  le 
grand  muscle  temporal  dans  toute  sa  largeur,  et  s'étendent  entre  le  mastoïdien  en  haut,  le 
chaînon  sous-orbitaire  en  avant,  le  préopercule  en  bas,  l'opercule  et  le  sous-opercule  en 
arrière.  Ces  os  n'ont  rien  qui  les  dislingue  des  véritables  écailles  qui  recouvrent  le  reste 
du  corps. 

Entre  le  chaînon  sous-orbitaire  et  le  mastoïdien ,  il  y  a  encore  une  rangée  de  très-petits 
osselets  p  p  (Tab.  B'',  fig.  i  et  2)  très-variables  par  leur  nombre  et  leur  étendue,  qui  recou- 
vrent en  cet  endroit  le  trajet  du  canal  muqueux  de  la  tête. 

Après  avoir  ainsi  décrit  les  différentes  pièces  qui  composent  les  parties  faciales  de  la  tête ,  on 
me  demandera  quelle  est  la  valeur  que  je  leur  assigne ,  soit  relativement  aux  autres  poissons , 
soit  relativement  aux  vertébrés  en  général.  C'est  à  quoi  nous  allons  essayer  de  répondre.  Nous 
chercherons  pour  cela  à  ramener  les  os  du  Lépidostée  à  ceux  des  autres  poissons ,  en  em- 
ployant les  dénominations  établies  par  Cu>  ier  dans  son  Histoire  naturelle  des  Poissons  ;  nous 
traiterons  ensuite  de  leur  analogie  avec  les  autres  vertébrés ,  quand  nous  aurons  exposé  l'os- 
téologie  du  Polypterus,  non  moins  riche  en  particularités  peu  connues. 

Si ,  dans  cette  interprétation ,  nous  partons  d'un  point  irrévocablement  fixé ,  de  l'opercule 
n°  28  (  Tab.  B",  fig.  5  et  6  ) ,  nous  trouverons  en  bas  le  sous-opercule ,  n°  32  ,  qui  est  ici  ac- 
colé à  l'opercule ,  et  en  avant  un  os  en  équerre ,  le  préopercule  n"  30 ,  qui  se  maintient  dans 
les  mêmes  rapports  que  chez  les  autres  poissons.  L'interopercule  n°  33 ,  qui  complète  chez 
les  autres  poissons  l'angle  entre  le  sous-opercule  et  le  préopercule ,  manque  ;  il  est  remplacé 
par  l'angle  postérieur  de  ce  dernier  os.  Ces  os  une  fois  fixés,  nous  retrouverons  dans  l'os 

TOM.  II,    2=    P.\RT.  3 


—     18     — 

II"  23  le  même  os  que  Cuvier  a  nommé  temporal,  et  qui  est  caractérisé  dans  tous  les  poissons, 
d'une  part,  par  son  articulation  avec  le  frontal  postérieur  (k)  et  le  mastoïdien  (12)  (Tab.  B", 
tig.  2)  en  haut,  ce  qui  facilite  le  mouvement  de  toutes  les  parties  faciales  du  crâne,  et, 
d'autre  part ,  par  son  articulation  avec  l'opercule  en  arrière ,  ainsi  que  par  le  trou  de  pas- 
sage pour  l'artère  pseudobranchiale. 

En  avant  du  temporal ,  recouvrant  en  partie  sa  face  antérieiu'c  ,  mais  ne  s'étendant  pas  aussi 
haut  que  celui-ci,  se  trouve  une  autre  pièce  osseuse,  de  forme  très-variable  chez  les  différens 
poissons  (27)  (Tab.  B",  lig.  5  et  6)  ;  elle  complète  le  plancher  de  l'orbite  en  s'intercalant 
entre  le  temporal  et  le  ptérygoïdien,  et  ne  touche  d'autres  os  que  ces  deux,  chez  la  plupart  des 
poissons.  Nous  retrouvons  cet  os  dans  le  crochet  recourbé  (  n°  27  ) ,  qui  se  rapproche,  en  effet, 
du  temporal  par  son  extrémité  supérieure ,  et  qui  touche  par  son  bord  antérieur  à  l'os  que 
nous  reconnaissons  être  le  ptérygoïdien  ;  c'est  le  tympannl  de  Cuvier,  qui,  il  est  vrai,  présente 
ici  une  anomalie,  c'est  d'être  fixé  sur  le  préopercule,  tandis  qu'il  en  est  séparé  dans  les  poissons 
à  museau  moins  pointu  par  plusieurs  autres  os,  notamment  par  le  jugal  et  le  symplectique  de 
Cuvier.  Mais  si  l'on  considère  la  forme  excessivement  allongée  de  tout  l'appareil  masticatoire 
du  Lépidostée  et  la  forme  déprimée  du  crâne,  on  ne  s'étonnera  pas  de  trouver  les  os,  que  l'on 
voit  superposés  les  uns  aux  autres  dans  les  poissons  à  tête  trapue,  alignés  horizontalement 
d'après  leur  ordre  successif  dans  le  Lépidostée. 

C'est  l'os  nommé  par  Ciwierjiigal ,  qui  porte  la  facette  articulaire  de  la  mâchoire  inférieure. 
Cette  fonction  est  évidente  et  d'une  valeur  telle ,  qu'elle  doit  l'emporter  sur  toutes  les  autres 
considérations  dans  la  dénomination  à  choisir.  Nous  reconnaissons  donc  \e  jiujal  de  Cuvier  dans 
l'os  n°  26  (Tab.  B",  fig.  2  et  5)  qui  est  l'os  articulaire  de  la  mâchoire  inférieure.  Chez  les  pois- 
sons ordinaires,  le  jugal  touche  par  son  bord  inférieur  au  préopercule,  ([ui  s'étend  jusque 
vers  l'articulation.  En  haut,  un  petit  os  cunéiforme  est  intercalé  entre  les  deux  os,  et  s'étend 
aussi  sur  la  face  intérieure,  jusque  vers  l'articulation  de  la  mâchoire;  c'est  cette  fonction  de 
lier  ensemble  le  jugal  et  le  préopercule  qui  lui  a  valu  le  nom  de  symplectique  de  la  part  de 
Cuvier.  Nous  ne  doutons  pas  que  chez  le  Lépidostée,  cet  os  ne  soit  le  n"  31 ,  qui,  appliqué  par 
toute  sa  face  externe  sur  la  face  interne  du  préopercule,  s'étend  horizontalement  au-delà  de 
l'extrémité  de  ce  dernier,  vers  le  jugal,  et  forme  le  coin  postérieur  de  l'articulation.  Sa  gran- 
deur, sa  position  horizontale  s'explicjuent  d'une  manière  satisfaisante,  à  mon  avis,  par  le  dé- 
veloppement longitudinal  du  bec. 

En  suivant  ce  même  système ,  nous  pourrons  aussi  résoudre  les  difficultés  que  présentent 
les  os  du  palais  proprement  dit,  qui  forment  le  plancher  de  l'orbite  et  s'avancent  pour  faire 
partie  du  bec. 

La  pointe  postérieure  de  l'arcade  palatine  est  formée  par  l'os  n°  26  (Tab.  B",  fig.  2  et  3), 
qui  s'articule  avec  la  face  glénoïdale  du  crâne ,  au  moyen  du  sphénoïde  principal  et  de  la 
grande  aile.  Quoique  cet  os  soit  assez  différent  de  ce  qu'il  est  dans  les  autres  poissons,  nous 
ne   saurions  pourtant  méconnaître  en  lui  le  ptérygoïdien .  Il  forme  la  partie  postérieure  du 


—     19     — 

plancher  de  lorbilo,  lout  en  s'arliculaiit  avec  le  sphénoïde,  arliculalion  qui  manque  enliè- 
lemenl  chez  tous  les  autres  poissons.  Enfin ,  si  nous  vouHons  anticiper  sur  les  déductions 
qui  suivront  plus  tard  ,  notre  détermination  se  trouverait  encore  justiliée  par  les  Crocodiles  , 
chez  lesquels  le  ptérygoïdien ,  tout-à-fait  immobile ,  touche  aussi  au  sphénoïde  principal 
d'un  côté,  et  à  l'os  palatin  de  l'autre.  Une  semblable  articulation  se  trouve  chez  les  oiseaux. 

Nous  reconnaissons  dans  le  grand  os  n°  22 ,  le  palatin  qui  acquiert  ici  un  développement 
extraordinaire.  Situé  en  dedans  du  maxillaire,  entre  celui-ci,  le  sphéno'ide  principal  et  le 
vomer,  en  avant  du  plérygoïdien  ,  il  forme  la  principale  partie  du  plancher  de  l'orbite  et  pré- 
sente, outre  ces  rapports  qui  lui  sont  communs  avec  le  palatin  des  autres  poissons,  des  parti- 
cularités trés-frappantes.  Et  d'abord ,  le  jugal ,  qui ,  dans  les  autres  poissons ,  en  est  séparé  par 
l'os  transverse  et  le  ptérygoïdien ,  lui  est  ici  contigu  et  le  palatin  s'étend  encore  loin  derrière 
lui.  De  plus,  il  s'avance  tellement ,  qu'il  recouvre  non-seulement  la  plus  grande  partie  des  vo- 
mers ,  mais  qu'il  entre  aussi  en  rapport  avec  le  frontal  principal  et  les  nasaux ,  bien  que  les 
pièces  maxillaires  soient  soudées  d'une  manière  fixe  sur  sa  face  extérieui'c.  On  le  voit ,  le 
développeuient  excessif  de  la  mâchoire  supérieure  a  nécessité  un  agrandissement  semblable 
de  tous  les  os  appartenant  à  la  face  proprement  dite,  tandis  que  les  os  qui  sont  en  rap- 
port plus  intime  avec  le  crâne,  comme,  par  exemple  ,  les  ptérygoïdiens ,  restent  dans  les  li- 
mites d'un  développement  ordinaire. 

Si  la  signilication  des  os  mentionnés  jusqu'ici  est  réellement  celle  que  nous  leur  avons 
assignée ,  nous  ne  serons  pas  embarrassés  pour  déterminer  quelques  pièces  que  nous  n'a- 
vons pas  encore  touchées  (Tab.  B',  fig.  2  et  3).  Et  d'abord,  les  lames  dentaires,  longues 
et  minces ,  dont  nous  avons  fait  mention  dans  la  description  du  bec,  et  qui  se  trouvent  sur  la 
partie  antérieure  du  palatin,  des  deux  côtés  n"  22',  ne  seront  pour  nous  que  des  pièces  sur- 
numéraires ,  développées  sur  la  face  buccale  de  ces  os ,  comme  il  se  développe  aussi  très- 
souvent  sur  la  face  des  os  hyo'ides,  pharyngiens  et  autres,  des  plaques  dentaires  qui  prennent 
part  à  la  formation  de  la  gueule. 

Nous  veiTons  alors  dans  les  os  n°  16,  placés  en  avant  des  palatins ,  et  cachés  en  partie 
par  eux ,  de  véritables  vomers ,  armés  de  dents  dans  leur  partie  antérieure ,  comme  presque 
chez  tous  les  poissons ,  et  ne  présentant  des  difféi'ences  essentielles  qu'en  ce  qu'ils  sont  sépa- 
rés au  milieu,  tandis  qu'ils  ne  forment  qu'un  seul  os  chez  les  autres  poissons. 

Quant  à  la  partie  antérieure  du  bec ,  qui  n'est  composée  que  de  deux  pièces  divisées  au 
milieu ,  en  faisant  abstraction  du  capuchon  des  os  labiaux  ,  nous  y  reconnaîtrons  les  nasaux 
en  haut  et  les  intermaxillaires  en  bas ,  soudés  ensemble ,  et  peut-être  même  dans  la  partie 
osseuse  qui  enveloppe  les  nerfs  olfactifs,  ïethmoide,  réuni  à  ces  deux  os  de  manière  à  ne 
former  qu'une  seule  pièce  osseuse  très-forte ,  connue  il  en  fallait  à  l'extrémité  effilée  d'une 
mâchoire  si  excessivement  longue. 

Il  résulte  de  cette  énumération  que  la  tête  du  Lépidostée  est  composée  des  mêmes  os  que 
celle  de  la  plupart  des  poissons ,  sauf  l'interoperculaire  et  l'os  nommé  par  Cuvier  transi^erse. 


—     20     — 

J'aurais  voulu  pouvoir  reconnaître  ce  dernier  os  dans  la  petite  esquille  osseuse,  n°  25'.  qui 
longe  le  bord  interne  du  ptérygoïde  et  du  palatin ,  mais  sa  position  s'y  oppose.  Le  trans- 
verse, en  effet,  est  situé  sur  le  bord  externe  du  palatin,  unissant  ce  dernier  au  jugal,  tan- 
dis que  notre  n"  22'  est  situé  sur  le  bord  interne  du  palatin.  Nous  sommes  donc  forcé  de 
voir  en  lui  un  démembrement  du  ptérygoïde ,  et  de  convenir  par  conséquent  que  l'os  trans- 
verse manque  au  Lépidostée. 

La  mâchoire  inférieure  (Tab,  B',  fîg.  2  et  .5  ;  Tab.  B",  fig.  7  et  8  )  est  allongée  comme  la 
mâchoire  supérieure ,  quoique  cette  dernière  la  dépasse  plus  ou  moins  en  avant ,  suivant  les 
espèces.  Elle  est  composée  de  plusieurs  pièces,  dans  lesquelles  on  retrouve,  comme  Cuvier 
l'a  déjà  fait  observer,  le  même  arrangement  que  dans  la  mâchoire  des  Crocodiles,  arrange- 
ment qui  est  fort  différent  de  celui  des  autres  poissons. 

La  pièce  principale  (Tab.  B',  fig.  2  et  3  ;  Tab.  B'',  fîg.  7)  est  celle  appelée  par  Cuvier 
dentaire.  Elle  forme  seule  la  mâchoire,  aussi  loin  que  celle-ci  porte  des  dents,  et  s'étend  même 
en  dehors  jusque  vers  l'articulation.  Elle  est  soudée  à  la  pièce  de  l'autre  côté  à  peu  près 
jusque  vers  la  moitié  du  bec  ;  après  quoi ,  les  deux  pièces  s'écartent  latéralement.  Outre 
la  grande  gouttière,  dans  laquelle  sont  placées  les  dents  alvéolaires,  et  dont  nous  parlerons 
plus  tard ,  chaque  pièce  dentaire  porte  encore  trois  rangées  de  dents  beaucoup  plus  petites . 
l'une  en  dehors  des  grandes  dents,  qui  est  la  continuation  en  forme  de  scie  de  la  couche  d'é- 
mail ,  qui  recouvre  la  face  extérieure  de  la  mâchoire ,  les  deux  autres  en  dedans ,  paral- 
lèles aux  deux  bords  extérieurs ,  et  répondant  aux  rangées  de  dents  en  brosse  qui  se  trou- 
vent sur  la  mâchoire  supérieure  et  sur  les  plaques  dentaires  du  palatin  et  du  vomer. 

En  arrière ,  vers  l'articulation  ,  l'angle  inférieur  de  la  mâchoire  est  formé  par  une  pièce 
pyramidale  v  (Tab.  B',  fig.  2  et  3  ;  Tab.  B",  fig.  7  et  8),  dont  la  base,  petite  et  creuse,  forme  la 
partie  inférieure  de  l'articulation  (fîg.  8) ,  tandis  que  le  côté  s'adapte  à  la  face  extérieure  du 
dentaire,  dont  il  continue  le  bord.  Le  même  os  se  trouve  non-seulement  dans  les  Crocodiles  . 
mais  aussi  dans  les  poissons ,  où  Cuvier  l'a  nommé  angulaire. 

La  place  que  l'angulaire  occupe  à  la  face  extérieure ,  est  occupée  à  l'intérieur  par  un 
os  triangulaire  semblable  (Tab.  B",  fîg.  7  et  8)  ;  seulement  cet  os  ne  prend  aucune  part  à 
l'articulation ,  mais  il  s'étend  par  une  branche  arrondie  ,  en  haut ,  pour  former  la  paroi 
interne  du  creux  situé  en  dessus  de  l'articulation ,  creux  par  lequel  les  nerfs  et  vaisseaux 
des  dents  passent  pour  s'engager  dans  le  canal  creusé  le  long  du  dentaire,  où  se  fîxe  aussi  le 
tendon  du  grand  muscle  temporal.  Cet  os  a  été  nommé  fort  mal  à  propos  operculaire  par  Cam- 
per, dénomination  que  Cuvier  lui  a  conservée. 

Le  creux  pour  le  tendon  du  temporal  et  les  nerfs  et  vaisseaux  est  complété  en  dehors 
par  une  pièce  plate,  écailleuse,  x  (Tab.  B',  fig.  2  ;  Tab.  B",  fig.  7  et  8) ,  qui  n'offre  rien  de 
remarquable  ,  et  que  Cuvier  nomme  surangulaire. 

Dans  l'espace  triangulaire  compris  entre  le  surangulaire  en  dehors ,  l'operculaire  en  de- 
dans ,  et  l'angulaire  en  bas .  est  enchâssé  un  cinquième  os  cunéiforme  ,  qui  porte  la  partie 


—    "li    — 

])rinci|)ale  do  la  cavité  glénoïdalo ,  par  la(juelle  la  niàclioire  inférieure  sarlicule  avec  le  ju- 
gal .  Il"  "20 .  Cel  os.  if  (Tab.  B' ,  fig.  7  et  8) ,  est  V articulaire ,  qui  ne  parait  être  là  que  pour 
former  Tarticulation. 

L'os  connu  chez  les  Crocodiles  sous  le  nom  de  complémenlaire  mancjue  au  Lépidostée. 
Chez  la  plupart  des  autres  poissons,  on  ne  trouve  que  le  dentaire,  l'angulaire  et  une  pièce  ar- 
ticulaire ,  qui  parait  formée  de  la  fusion  de  l'articulaire ,  du  surangulaire  et  de  l'operculaire 
en  une  seule  pièce. 

La  forme  de  la  tête  mérite  encore  une  attention  toute  particulière. 

La  forme  de  la  ca^-ité  cérébrale  s'aperçoit  fort  bien  dans  la  préparation  que  nous  avons 
représentée  Tab.  B",  fig.  i,  où,  après  l'enlèvement  de  la  couvertui'e  du  crâne,  cette  cavité 
reste  à  découvert.  On  y  voit  un  espace  principal  moyen,  rempli  par  le  cerveau  et  la  graisse  qui 
le  recouvre ,  et  au  milieu  de  cet  espace ,  un  enfoncement  lenticulaire ,  dans  lequel  se  loge 
l'hypophyse  du  cerveau.  En  avant,  la  cavité  se  rétrécit  entre  les  ailes  orbitaires  (il),  et  le 
sphénoïde  antérieur,  n°  1d,  sépare  son  ouverture  antérieure  en  deux  trous  latéraux  dont 
chacun  aboutit  à  une  orbite.  A  côté  de  cette  cavité  cérébrale  proprement  dite,  se  voient  les 
grands  espaces  destinés  à  loger  les  organes  auditifs,  et  on  distingue  même  sur  le  crâne  os- 
seux, lorsque  les  parties  cartilagineuses  sont  enlevées,  les  deux  enfoncemens  latéraux  pour 
les  sacs  du  labyrinthe  (qui  percent  même  le  sphénoïde) ,  et  les  larges  boites  pour  les  canaux 
semi-circulaires.  La  cavité  crânienne  a,  de  cette  manière,  à-peu-près  la  forme  d'une  croix, 
avec  une  nef  médiane  et  deux  ailes  latérales  très-considérables. 

Les  orbites  ne  sont  pas  circonscrites  en  arrière ,  ou  du  moins  elles  le  sont  moins  que  chez 
les  autres  poissons,  et  communiquent  librement  avec  le  grand  espace  de  la  joue ,  où  se  cache 
le  grand  muscle  temporal.  En  revanche,  les  os  palatins  les  ferment  presque  entièrement  vers 
le  bas  ,  et  les  osselets  sous-orbitaires  avec  le  reste  des  pièces  temporales  les  entourent  si  bien . 
qu'il  n'y  a  que  le  petit  trou  presque  rond  pour  la  cornée  qui  ne  soit  pas  couvert.  La  cloison 
interorbilaire  n'est  pas  complète;  on  y  trouve  en  arrière  le  sphénoïde  antérieur,  mais  en  avant 
les  os  manquent,  et  il  n'y  a  que  des  cartilages.  Les  oi'bites  s'étendent  jusqu'à  la  racine  du  bec. 
et  il  parait ,  d'après  leur  longueur ,  que  les  muscles  moteurs  de  l'œil  sont  très-puissans  chez 
le  Lépidostée. 

Plus  en  avant,  les  orbites  se  continuent  dans  les  canaux  pour  les  nerfs  olfactifs,  qui  méritent 
une  attention  toute  particulière ,  depuis  que  l'on  a  trouvé  dans  des  fossiles  d'anciennes  forma- 
tions une  conformation  qui  se  rapproche  à  cet  égard  de  celle  du  Lépidostée.  Ce  canal  pour  les 
nerfs  olfactifs  est  d'abord  simple,  aussi  long-temps  qu'il  est  formé  par  les  deux  gouttières 
emboîtées  des  frontaux  principaux  en  haut  et  du  sphénoïde  principal  en  bas.  Mais  du  moment 
que  ce  dernier  est  remplacé  par  les  deux  vomers  (  os  pairs  ) ,  le  canal  simple  se  transforme 
en  deux  canaux  parallèles,  séparés  sur  la  ligne  médiane  par  les  carènes  des  deux  vomers.  Ces 
canaux  sont  assez  larges  et  spacieux ,  et  s'ouvrent  sur  la  tête  osseuse,  exactement  dans  la  fente 
nasale.  Or,  si  l'on  n'avait  pas  la  preuve  certaine  que  ces  deux  canaux  ne  sont  pas  ouverts 


—     22     — 

dans  le  palais,  et  que  l'on  renconlràt  un  fragment  mutilé  d'un  bec,  composé  de  la  même  ma- 
nière que  celui  du  Lepidostée ,  mais  où  l'on  ne  pût  se  convaincre  de  l'absence  d'ouvertures 
nasales  dans  la  cavité  buccale  ,  certes  on  prendrait  ce  fragment  pour  le  reste  d'un  batracien 
à  cavités  nasales  s'ouvrant  au  fond  de  la  gueule ,  et  l'on  déterminerait  les  canaux  des  nerfs 
olfactifs  pour  de  véritables  cavités  nasales ,  tant  l'analogie  est  grande ,  et  l'on  en  trouverait 
une  preuve  certaine  dans  l'existence  d'un  double  vomer,  qui,  comme  on  sait ,  ne  se  trouve 
que  chez  les  Batraciens.  Mais  il  n'en  serait  plus  de  même  du  moment  que  l'on  connaîtrait  le 
Lepidostée,  ou  que  l'on  aurait  étudié  à  fond  la  structure  du  Polypterus  dans  lequel  les  canaux 
des  nerfs  olfactifs  présentent  encore  d'autres  particularités  très- remarquables,  et  il  faudrait 
d'autres  preuves  que  celle  d'un  double  \  omer  ou  d'un  canal  nasal  pour  la  nature  batracienne 
d'un  fossile.  Nous  reviendrons  sur  ce  sujet  dans  le  chapitre  du  Polypterus  et  dans  celui  des 
Labyrinthodontes . 

L'os  hyoïde  avec  ses  appendices  présente  plusieurs  particularités  très-remarquables.  Et  d'a- 
bord l'os  lingual ,  n°  k^  (Tab.  B',  fig.  3) ,  est  très-développé ,  très-long,  large  et  aplati  ;  il 
présente  une  entaille  à  son  extrémité  antérieure ,  et  est  orné  de  rides  transversales  très-mar- 
quées ,  mais  il  n'a  point  de  dents. 

Les  branches  latérales  de  l'os  hyoïde  sont  composées  chacune  de  trois  os,  n"  39,  38.  57 
(Tab.  B',  fig.  3);  la  première,  qui  sert  de  pièce  articulaire  avec  le  lingual  et  le  corps  de 
l'hyo'ide,  est  d'une  forme  à-peu-près  ronde,  et  parait  correspondre  aux  deux  os  n°  39  et  kO . 
que  l'on  trouve  chez  les  autres  poissons  ;  la  seconde  pièce  est  longue,  cylindrique,  et  ne  présente 
point  cette  gouttière  caractéristique  qui ,  chez  les  autres  poissons ,  longe  sa  face  externe  et 
sert  de  canal  à  l'artère  hyo'ide  ;  la  troisième  est  courbée  en  équerre  ,  forte  et  épaisse  ,  soudée 
à  la  seconde  et  présentant  une  tête  glénoïdale,  par  laquelle  la  branche  s'articule  sur  l'extrémité 
antérieure  du  symplectique ,  n°  31.  Outre  cette  grande  tête  articulaire ,  l'os  présente,  à  son 
angle,  une  face  sur  laquelle  se  meut  le  principal  des  trois  rayons  branchiostègues  que  le  Lepi- 
dostée possède  ;  car  l'os  appelé  par  Cuvier  styloïde  ,  qui  sert  à  rattacher  l'hyo'ide  à  l'appareil 
operculaire,  manque  complètement.  Ce  rayon  branchiostègue,  n°k'ô,  a  la  forme  d'un  sabre  à 
lame  élargie.  Il  s'applique  en  dedans  contre  le  bord  du  préopercule  n°  30. 

Le  reste  du  corps  de  l'hyo'ide  ,  les  arcs  branchiaux  et  les  os  pharyngiens  ,  qui  portent 
deux  grandes  plaques  dentaires  situées  sur  les  côtés  de  l'ouverture  de  la  vessie  natatoire,  dans 
l'ésophage  ,  ainsi  que  la  ceinture  thoracique  ,  ne  présentent  rien  de  remarquable  dans  notre 
genre  ;  on  y  trouA  e  les  mêmes  pièces ,  et ,  à  quelques  légères  modifications  près ,  les  mêmes 
formes  que  chez  le  Brochet.  Nous  ne  nous  arrêterons  pas  aux  détails. 

Passant  à  l'étude  de  la  colonne  vertébrale ,  nous  ferons  d'abord  remarquer  que  le  nombre 
des  vertèbres ,  comme  on  devait  s'y  attendre ,  n'est  pas  égal  chez  les  différentes  espèces  du 
genre  ;  mais  leur  structure  est  par  contre  très-semblable  et  très-différente  de  celles  des  autres 
poissons. 

Les  corps  des  vertèbres  antérieures.,  qui  se  trouvent  au-dessus  de  la  cavité  abdominale  et  qui 


—    2Ô    — 

portent  des  côtes  (Tab.  B',  fig.  iO-lk) ,  sont  allongés,  mais  fort  peu  dépiiniés.  Peut-être 
paraîtraient-ils  entièrement  ronds,  silny  a\aitpasdes  deux  côtés  une  arête  horizontale,  qui, 
vers  la  partie  antérieure  de  la  vertèbre  ,  s'allonge  laféraleujent  pour  former  un  processus  plat 
et  assez  grêle,  sur  lequel  sont  fixées  les  côtes.  La  vertèbre  montre  à  sa  face  inférieure,  (lig.  I U). 
une  arête  assez  prononcée ,  longitudinale ,  à  côté  de  laquelle  se  remarquent  des  enfoncemens 
considérables,  qui  quelquefois  sont  assez  grands  pour  se  réunir  et  pénétrer  la  vertèbre  de  part 
en  part.  En  haut ,  le  corps  de  la  vertèbre  est  surmonté  par  les  deux  processus  supérieurs ,  qui  se 
réunissent  en  ogive  pour  former  le  canal  pour  la  moelle  épinière.  Ce  canal  est  assez  large,  de 
forme  presque  arrondie,  mais  à  base  plus  large.  Les  parois  osseuses  qui  le  forment,  sont  très- 
minces  et  transparentes.  Après  s'être  réunies  pour  former  le  toit  du  canal,  les  processus  épineux 
s'écartent  de  nouveau  et  se  continuent  obrujuement  en  arrière  en  deux  arêtes,  qui  s'applicjuenl 
sur  le  bord  antérieur  et  supérieur  du  canal  rhachidien  de  la  vertèbre  suivante  (Tab.  A,  fig.  2)  : 
ensorte  qu'on  dirait  que  chaque  pièce  latérale  des  apophyses  épineuses  est  formée  de  deux  parties, 
une  antérieure  et  une  postérieure,  qui  sont  soudées  ensemble,  mais  que  sépare  pourtant  un  creux 
assez  profond  sur  le  côté  (fig.  10).  Il  n'existe  ni  apophyses  épineuses  inférieures,  ni  articulaires, 
ni  canaux  inférieurs  pour  le  passage  de  l'aorte.  Mais  ce  qu'il  y  a  de  plus  étrange  dans  les 
vertèbres  ,  ce  sont  leurs  surfaces  articulaires ,  qui ,  loin  d'être  creusées  en  double  cônes , 
connue  celles  de  tous  les  autres  poissons  ,  présentent  en  avant  une  surface  articulaire  arrondie 
(fig.  H)  et  en  arrière  une  véritable  cavité  glénoïdale  (fig.  12).  Ces  articulations  sont  un  peu 
déprimées  ,  plus  larges  que  hautes  ,  mais  assez  marquées  pour  qu'il  ne  puisse  pas  y  avoir  de 
doute  sur  la  réalité  du  fait  que  nous  avançons.  Les  vertèbres  du  Lépidoslée  sont  donc  de 
véritables  vertèbres  de  reptiles.  Nous  présenterons  plus  loin  quelques  réflexions  à  ce  sujet. 

Les  côtes  sont  grêles  ,  minces ,  aplaties ,  soudées  aux  apophyses  transe  ersales  et  ne  présen- 
tent rien  de  particulier. 

Les  vertèbres  de  la  partie  postérieure  du  corps  ne  diffèrent  pas  beaucoup  de  celles  qui 
portent  des  côtes.  Les  apophyses  supérieures,  les  arcs  médullaires,  les  surfaces  articulaires  sont 
absolument  les  mêmes.  Mais  les  apophyses  transverses  se  recourbent  davantage  en  bas ,  for- 
mant ainsi  des  arcs  pour  l'aorte  ,  semblables  à  ceux  qui  entourent  la  moelle  épinière ,  et  c'est 
sur  ces  pièces  que  sont  fixées  les  apophyses  épineuses  inférieures,  dont  chacune  a,  en  haut, 
deux  piliers,  par  lesquels  elle  repose  sur  l'apophyse  transverse  de  chaque  côté. 

On  trouve  des  osselets  interapophysaires  sur  toute  la  longueur  de  la  colonne  vertébrale  ; 
ils  sont  libres ,  petits  et  appliqués  par  leur  base  contre  les  apophyses  épineuses. 

La  manière  dont  les  nageoires  verticales  sont  implantées  ne  présente  rien  de  particulier  ;  il 
en  est  de  même  des  ventrales.  Ce  n'est  que  l'exti'émité  postérieure  de  la  queue  qui  réclame 
d'une  manière  particulière  notre  attention  par  la  courbe  qu'elle  présente  en  haut.  La  colonne 
vertébrale  ne  se  continue  pas  en  droite  ligne  pour  se  terminer  en  une  large  pla(pie  osseuse  ver- 
ticale au  bord  de  laquelle  les  rayons  de  la  caudale  sont  fixés ,  comme  c'est  le  cas  chez  la  plupart 
des  autres  poissons  osseux  ;  elle  se  recourbe  au  contraire  légèrement  en  haut,  et  c'est  sur  la  face 


—     2i     — 

inférieure  des  vertèbres  que  sont  implantés  les  osselets  qui  portent  les  rayons  de  la  caudale. 
J'ai  déjà  plusieurs  fois  appelé  l'attention  des  anatomistes  et  des  paléontologistes  sur  ce  fail 
important,  que  tous  les  poissons  que  nous  trouvons  dans  les  couches  des  terrains  anciens,  jusqu'à 
l'époque  triasique  ,  ont  la  caudale  implantée  de  cette  manière  sur  la  face  inférieure  de  l'extrémité 
relevée  de  la  colonne  vertébrale  ;  j'ai  démontré  par  des  comparaisons  réitérées  de  ces  anciens 
fossiles  avec  les  poissons  vivans  ,  qu'ils  appartiennent  tous  à  mes  deux  ordres  des  Ganoïdes  et 
des  Placoides ,  et  que  la  plupart  de  leurs  représentans  dans  l'époque  actuelle  participent  plus 
ou  moins  de  la  même  structure  :  mais  ce  qui  a  surtout  fortifié  mes  vues  à  cet  égard ,  c'est  le 
fait  que  les  poissons  des  ordres  des  Cycloïdes  et  des  Cténo'ides,  dans  une  époque  peu  avancée 
<le  leur  vie ,  à  l'état  embryonique  et  peu  de  temps  après  leur  éclosion ,  montrent  la  même 
structure  de  la  caudale ,  et  que  ce  n'est  que  plus  tard  que  leur  colonne  a  ertébrale  de\  lent 
droite  et  que  la  pièce  terminale  qui  porte  la  caudale  se  développe  à  son  extrémité.  Je  crois 
que  ce  fait  n'est  pas  sans  valeur  pour  des  rapprochemens  à  faire  entre  le  développement  des 
créations  successives  de  la  terre  et  celui  des  êtres  organisés  comme  individus  ;  car  il  paraît 
«lémontré  que  certaines  classes  du  règne  animal  ont  parcouru  dans  l'histoire  de  la  terre  des 
phases  de  développement  semblables  à  celles  que  l'individu  parcourt  en  s'élevant  de  l'état  em- 
bryonique à  celui  d'un  être  parfait,  ou,  en  d'autres  termes,  que  l'idée  qui  a  présidé  à  la  créa- 
lion  de  ces  êtres  que  nous  appelons,  par  exemple,  poissons,  a  subi  des  perfectionnemens  réi- 
térés à  travers  les  diverses  époques  géologiques ,  et  que  ces  perfectionnemens  successifs  ne 
sont  pas  sans  écho  dans  le  développement  embryonique  des  êtres  de  l'époque  actuelle. 

Avant  d'aborder  la  description  de  l'arrangement  et  de  la  structure  des  écailles  du  Lépidos- 
tée .  je  vais  ajouter,  pour  compléter  l'étude  des  parties  dures  de  ce  poisson  ,  quelques  obser- 
vations sur  la  dentition  de  l'animal  et  la  structure  des  dents,  étude  qui  nous  fournira  de  nou- 
velles preuves .  je  l'espère ,  de  la  nécessité  urgente  pour  les  paléontologistes ,  d'avoir  conti- 
nuellement recours  à  un  examen  scrupuleux ,  anatomique  et  microscopique  des  êtres  vivans . 
pour  pouvoir  établir  des  comparaisons  rigoureuses  et  pour  pénétrer  dans  la  nature  intime  des 
êtres  dont  les  couches  de  la  terre  recèlent  les  débris. 

Nous  avons  déjà  plusieurs  fois  mentionné  l'existence  de  deux  espèces  de  dents  dans  la  gueule 
du  Lépidosiée.  Les  petites  dents  en  râpe  ou  en  brosse  se  trouvent  aussi  bien  sur  les  bords  des 
deux  mâchoires  que  sur  presque  tous  les  os  qui  prennent  part  à  la  formation  de  la  cavité 
buccale  ;  le  vomer,  le  palatin  ,  le  sphéno'ide  et  le  pharyngien  en  portent  un  grand  nombre , 
tantôt  réunies  en  groupes .  tantôt  alignées  sur  un  ou  plusieurs  rangs.  Ces  petites  dents  ne 
sont  pas  implantées  dans  des  alvéoles .  ni  portées  par  des  supports  osseux  propres  ;  elles  re- 
posent sur  la  surface  même  des  os ,  et  sont  formées  uniquement  d'un  émail  dur,  cassant  et 
semi-transparent,  dont  nous  étudierons  les  détails  de  structure  dans  la  description  des  écailles. 

Les  grandes  dents,  par  contre,  dont  chaque  mâchoire  porte  une  rangée  de  chaque  côté, 
diffèrent  très-notablement  des  petites  dents.  Elles  sont  coniques,  très  -  pointues ,  cylindri- 
(pies  et  parfaitement  droites  ou  bien  recourbées  en  arrière ,   mais  d'une  manière  très-peu 


—  25  — 
sensible.  Elles  présenlent  des  stries  loiigihulinales  ,  linéaires ,  (jni  sont  très-niarquces  à  la 
base  et  se  perdent  insensiblement  vers  la  njoilié  de  lenr  hauteur.  Leur  mode  d'implantation 
est  très-curieux.  Elles  reposent,  tout  le  long  du  bord  de  la  mâchoire,  dans  une  gouttière  assez 
profonde  .  protégée  en  dehors  par  le  bord  relevé  de  la  mâchoire ,  et  en  dedans  par  une  saillie 
de  même  nature.  Dans  cette  gouttière  osseuse,  qui  est  assez  profonde  pour  contenir  plus 
d'un  tiers  de  la  dent  entière  ,  sont  en  outre  creusées  des  alvéoles  rondes ,  mais  peu  mar- 
quées ,  dans  lesquelles  les  dents  reposent  sur  des  supports  osseux.  On  trouve  toujours  chez 
le  Lépidostée  beaucoup  de  dents  mutilées ,  cassées  ou  enfoncées ,  et  presque  la  moitié  des 
alvéoles  vides.  Les  supports  osseux  se  remarquent  alors  au  fond  des  alvéoles  entourés  d'une 
rigole  et  présentant  une  très-belle  structure  en  étoile.  Ils  sont  percés  d'un  trou  au  centre  qui 
communique  avec  le  canal  maxillaire,  et  par  lequel  les  nerfs  et  les  vaisseaux  de  la  dent  montent 
dans  la  cavité  pulpaire.  De  ce  centre  partent  un  nombre  plus  ou  moins  considérable  de  rayons 
étroits  là  où  ils  conuuuniquent  avec  les  trous  du  centre ,  et  qui  s'élargissent  vers  la  périphé- 
rie ;  ce  sont  des  gouttières  creuses ,  qui  sans  doute  sont  remplies  par  des  prolongemens 
latéraux  de  la  membrane  pulpaire.  Chacun  de  ces  rayons  correspond  à  un  de  ces  retraits 
latéraux  de  la  cavité  pulpaire ,  dont  l'examen  microscopique  de  la  dent  nous  révélera 
l'existence ,  et  qui  alternent  avec  les  stries  ou  enfoncemens  de  dehors.  En  se  représentant  la 
substance  osseuse  entre  les  rayons  prolongée  en  haut  et  convergente  en  cône,  on  aura  une  idée 
de  la  dent  telle  qu'elle  est  réellement. 

En  examinant  la  manière  dont  les  dents  se  renouvellent ,  il  est  facile  de  se  convaincre  que 
ces  supports  osseux  ne  sont  pas  antérieurs  à  la  dent ,  mais  qu'ils  se  forment ,  au  contraire . 
après  les  dents,  dans  les  endroits  où  celles-ci  viennent  de  naître.  Le  renouvellement  des  dents 
du  Lépidostée  fait  aussi  exception  à  la  règle  générale  chez  les  animaux  inférieurs.  On  sait,  en 
effet,  que  le  nombre  des  dents  ne  saurait  changer  avec  l'âge  chez  les  Crocodiles  ou  chez  les 
Chrysophrys  (  Sparoïdes  ) ,  par  exemple ,  parce  que  les  dents  nouvelles  apparaissent  toujours 
verticalement  sous  les  anciennes,  entamant  la  cavité  de  celles-ci  et  les  soulevant  ensuite  comme 
un  capuchon.  Chez  le  Lépidostée  ,  au  contraire,  les  alvéoles  et  les  supports  osseux  des  dents 
perdues  persistent  ;  la  nouvelle  dent  ne  vient  pas  s'implanter  sur  l'ancien  support  ;  mais  elle 
est  formée  à  côté,  dans  une  nouvelle  alvéole.  Celle-ci  se  présente  d'abord  sous  la  forme  d'une 
fente  très-étroite  entre  deux  alvéoles  ou  deux  dents  formées  ;  la  nouvelle  dent  qu'elle  ren- 
ferme est  très-petite,  pointue,  et  ne  se  compose  d'abord  que  ô'énutil.  La  pointe  de  la  denl 
se  forme  la  première  et  à  mesure  que  la  denl  s'accroît  et  qu'elle  gagne  en  largeur  par  l'effet 
de  l'agrandissement  de  la  base ,  l'alvéole  s'élargit  aussi ,  les  anciennes  alvéoles  à  côté  sont 
déprimées  et  résorbées ,  un  support  osseux  se  développe  dans  la  nouvelle  alvéole ,  et  ainsi 
la  dent  tombée  se  trouve  remplacée  par  une  nouvelle ,  à  côté  de  l'ancienne.  On  rencontre 
constamment  un  nombre  plus  ou  moins  considérable  de  ces  dents  nouvelles  dans  les  mâ- 
choires du  Lépidostée ,  et  il  suflit  d'en  examiner  une  seule  pour  y  constater  tous  les  degrés 
de  développement  que  je  viens  de  décrire. 

Ton.  II.  2'  PART.  4 


—     26     — 

La  structure  intime  des  dents  offre  des  particularités  fort  curieuses.  Ce  sont  les  grandes 
dents  de  la  rangée  interne  des  mâchoires  qui  présentent ,  comme  je  viens  de  le  dire ,  des 
stries  fines ,  longitudinales  et  parallèles ,  qui  sont  surtout  visibles  à  la  base  des  dents  et  se 
perdent  insensiblement  vers  la  pointe ,  de  manière  que  dès  le  milieu  de  sa  longueur,  la  dent 
paraît  entièrement  lisse.  En  faisant  des  coupes  transversales  à  différentes  hauteurs ,  telles 
que  les  représentent  les  fig.  i — 6  ,  il  est  facile  de  se  rendre  compte  de  la  structure  inté- 
rieure. Les  dents  des  Lépidostées  appartiennent  à  celles  que  nous  avons  désignées  sous  le  nom 
de  dents  à  dentine  plissée ,  où  la  cavité  pulpaire  ,  quoique  simple  ,  parait  divisée  par  les  plis- 
semens  de  la  dentine  en  branches  longitudinales  et  parallèles.  Elles  rentrent  sous  ce  rap- 
port dans  la  même  catégorie  que  les  dents  de  Rhizodus,  de  Labyrinthodon  et  d'ichthyosaurus. 

La  dentine  est  très-dure  et  en  même  temps  très-transparente  ;  elle  est  composée  d'un  nombre 
infini  de  canaux  calcifères  simples ,  presque  rectilignes ,  sans  ondulations  marquées ,  sans  l'a- 
mifications  et  beaucotip  plus  fins  que  ceux  du  Polypterus.  Ces  canaux  sont  à  angle  droit 
avec  la  cavité  pulpaire  a  ers  la  surface  extérieure  de  la  dent.  Ils  sont  beaucoup  plus  serrés  au 
sommet  que  vers  la  racine ,  et  l'on  n'en  voit  presque  point  du  tout  dans  la  base  même  de 
la  dent.  La  dentine  présente  ici  une  substance  parfaitement  homogène ,  d'apparence  vitrée , 
très-transparente  et  sans  structure  quelconque. 

Les  plis  de  la  dentine ,  qui  occasionnent ,  à  la  moitié  inférieure  de  la  dent ,  cette  appa- 
rence striée  dont  nous  avons  parlé ,  sont  assez  profonds  pour  donner  à  la  coupe  transver- 
sale l'apparence  d'une  rosette.  L'arête  peu  marquée ,  qui  longe  la  face  postérieure  des  dents, 
est  formée,  comme  on  peut  le  voir  sur  les  coupes  transversales,  par  une  saillie  plus  con- 
sidérable de  la  dentine ,  à  laquelle  répond  une  anse  profonde  et  même  ramifiée  de  la  ca- 
vité pulpaire.  La  cavité  pulpaire  elle-même  est  assez  considérable,  et  autour  d'elle  se  montre 
la  dentine  ,  plissée  comme  une  grosse  étoffe ,  de  manière  qu'à  chaque  rentrée  de  la  surface 
correspond  une  saillie  à  l'intérieur,  à  chaque  bosse  de  l'extérieur  un  prolongement  latéi*al  de 
la  cavité  pulpaire.  Les  canaux  calcifères  conservent  dans  ces  ondulations  du  bord  de  la  cavité 
pulpaire ,  les  mêmes  dispositions  que  dans  la  cavité  toute  entière  ;  ils  partent  à  angle 
droit,  et  sont  souvent  très-gracieusement  courbés  en  S,  de  manière  que  chaque  baie  de  la 
cavité  pulpaire  présente  un  faisceau  de  canaux  comme  la  barbe  d'une  plume.  En  faisant  une 
coupe  longitudinale  de  la  dent ,  de  manière  à  toucher  la  caA  ité  pulpaire ,  sans  l'ouvrir,  les 
divers  plis  apparaissent  comme  autant  de  canaux  longitudinaux  qui  sont  à  angle  droit  avec 
les  canalicules  calcifères,  ensorte  qu'à  défaut  de  coupes  transversales,  on  iwurrail  être  tenté  de 
croire  que  la  cavité  dentaire,  ainsi  que  la  dentine  qui  l'entoure ,  n'est  pas  une  dentine  simple , 
mais  qu'elle  est  plissée  et  composée  d'un  système  de  canaux  pulpaires  parallèles,  ayant  chacun 
leur  système  de  canalicules  calcifères  propre.  Une  conséquence  naturelle  de  cette  disposition, 
c'est  que  la  dentine  intermédiaire  entre  ces  plis  s'amincit  de  plus  en  plus ,  à  mesure  que  les  plis 
eux-mêmes  en  s'élargissant  et  en  devenant  plus  profonds  vers  la  racine ,  se  dessinent  sur  la 
coupe  longitudinale  sous  la  forme  de  canaux .  Mais  comme  ces  plis  ne  sont  pas  tout-a-fait  rec- 


—     27     — 

lilignes,  mais  un  pou  ondulés,  el  en  plus  grand  nombre  >ers  la  base  de  la  dont,  celU;  base  a 
l'air  d'être  implantée  sur  le  support  osseux  qui  la  porte ,  par  un  grand  nombre  de  racines 
entrelacées  entre  elles.  Nous  le  répétons  cependant ,  ces  racines  ne  sont  autre  cbose  que  la 
dentine  plissée ,  et  les  canaux  longitudinaux  ne  sont  que  les  plis  de  la  cavité  pulpaiie  coupés 
dans  toute  leur  longueur. 

Les  dents  sont  recouvertes  ,  comme  celles  du  Polypterus  et  de  beaucoup  d'autres  Sauroïdcs . 
d'un  capuchon  d'émail ,  caractérisé  par  les  prolongemens  très-effilés  des  canaux  calcifères 
et  par  une  structure  homogène  d'apparence  vitrée. 

Les  dents  reposent  sur  de  petits  supports  osseux ,  formés  de  la  même  substance  osseuse 
dont  sont  composés  les  os  et  les  écailles  des  Lepidosteus ,  et  par  laquelle  ces  poissons  se  dis- 
tinguent d'une  manière  si  frappante  de  tous  les  autres  animaux  connus.  Nous  traiterons  en 
détail  de  cette  substance  osseuse  en  examinant  la  structure  des  écailles. 

Par  ces  plissemens  de  la  dentine ,  la  formation  des  dents  du  Lepidosteus  se  rapproche  sin- 
gulièrement de  celle  de  plusieurs  reptiles,  notamment  des  Ichthyosaurus ,  des  Labyrintho- 
dons  et  de  quelques  autres  Sauroïdes  fossiles.  En  efïet,  n'étaient  des  différences  dans  la  gran- 
deur et  la7orme  extérieure  de  la  dent,  dans  le  cours  des  tubes  calcifères,  etc.,  on  pourrait 
prendre  une  section  transversale  de  la  dent  d'un  Ichthyosaure ,  telle  qu'elle  a  été  représentée 
par  M.  Owen(*).  pour  celle  d'un  Lepidosteus.  Et  si  l'on  se  représente  ces  plis  multipliés 
et  contournés  en  différons  sens ,  de  manière  à  présenter  des  méandres  ondulés ,  et  que  l'on 
réduise  en  même  temps  la  proportion  de  la  cavité  pulpaire,  on  aura  cette  élégante  structure, 
qui  a  engagé  M.  Owen  à  donner  au  reptile  douteux  nommé  par  M.  Jager,  Maslodonsau- 
rus,  le  nom  de  Labijrinthodon.  Il  y  a  même  des  espèces  de  Labyrinlhodontes  dans  lesquelles 
ces  ondulations  des  plis  sont  si  peu  marquées ,  qu'elles  se  rapprochent  de  celles  des  Lepi- 
dosteus. Le  genre  éteint  des  Rhizodus  et  ceux  de  plusieurs  autres  Sauro'ides  fossiles  forment 
aussi ,  par  le  nombre  considérable ,  la  plus  grande  profondeur  et  la  moindre  largeur  de  ces 
ondulations,  autant  de  passages  entre  l'arrangement  si  simple  des  Polyptei'us  et  la  structure  si 
compli({née  des  Labyrinlhodontes.  Mais  il  nous  importe  ici  de  relever  une  erreur  que  l'au- 
teur de  l'Odontographie ,  M.  Owen,  nous  parait  avoir  commise.  En  traitant  (**)  en  détail  de 
la  structure  du  Rhizodus ,  il  compare  les  particularités  de  la  base  de  ces  dents  à  la  structure 
que  l'on  observe  dans  plusieurs  poissons,  tels  que  les  Myliobales,  les  Chimères  et  même  dans 
rOrycteropus ,  où  la  dent  est  formée  d'un  grand  nombre  de  canaux  pulpaires,  étroits,  paral- 
lèles et  longitudinaux,  dont  chacun  a  son  système  séparé  de  tubes  calcifères.  Or,  rien  de 
semblable  n'a  lieu  dans  les  Sauroïdes ,  ni  dans  les  reptiles  cités  (***)  ;  il  n'existe  qu'une 
seule  cavité  pulpaire  ,  présentant  des  anses  et  des  plis ,  et  si  la  coupe  longitudinale  des  dents 


n  Odonlography ,  Pi.  64  B,  fig.  3. 

("")  Odontography,  pag.  74  et  suivantes. 

('*")  Odontography  ,  Pi.  63  B:  64  :  64  A:  64  B  ,  fig.  2. 


—     28     — 

des  Sauroïdes  est  assez  semblal)le  à  celle  d'un  Myliobate  par  exemple ,  la  coupe  transver- 
sale trahira  toujours  sa  véritable  structure  par  le  fait  que,  dans  les  Myliobates ,  etc..  les 
canaux  pulpaires  sont  entièrement  isolés  et  entourés  par  les  tubes  calcifères  qui  rayonnent 
en  cercle ,  tandis  que  dans  les  dents  plissées  ces  tubes  sont  disposés  en  barbe  de  plume ,  et 
les  ouvertures  latérales  ne  sont  pas  isolées,  mais  communiquent  par  des  détroits  avec  la  ca- 
vité pulpaire  principale. 

L'arrangement  des  écailles  offre  des  particularités  très-remarquables  dans  les  genres  Le- 
pidosteus  et  Polypterus  ,  que  l'on  n'observe  parmi  les  poissons  vivans  que  chez  eux  seuls  ; 
tandis  que  cette  disposition  est  la  règle  chez  tous  les  poissons  osseux  des  terrains  antérieurs  à 
la  craie.  On  comprendra  dès-lors  rimportance  que  j'ai  pu  attacher,  dès  l'origine  de  mes 
recherches  sur  les  poissons  fossiles ,  à  l'étude  des  écailles  eu  général  dans  cette  classe  des 
vertébrés ,  lorsqu'on  saura  que  je  n'ai  pas  tardé  à  reconnaître  que  les  nombreux  genres  de 
poissons  fossiles  osseux ,  dont  les  caractères  généraux ,  en  dehors  des  écailles ,  sont  encore 
ceux  des  Polypterus  et  des  Lepidosteus ,  ont  formé  seuls  avec  des  Chondroptérygiens  de  fa- 
milles particulières,  la  population  principale  des  Océans,  durant  toute  l'époque  de  transition 
et  pendant  la  déposition  des  ditïérens  terrains  secondaires ,  jusqu'au  commencement  de  l'é- 
poque crétacée  qui  a  amené  un  ordre  de  choses  tout  nouveau  pour  la  classe  des  poissons.  C'est 
un  fait  curieux,  que  les  époques  de  grands  changemens  dans  les  représentans  des  différentes 
classes  d'animaux  ne  coïncident  pas  entre  elles.  Le  grand  développement  des  Crinoïdes ,  par 
exemple  ,  finit  avec  la  formation  jurassique ,  tandis  que  celui  des  Ammonites  ,  des  Nautiles  et 
des  Belemnites  embrasse  encore  la  craie  ;  celui  des  Trilobites ,  au  contraire  ,  ne  dépasse  pas 
les  terrains  de  transition ,  etc.  Pour  les  poissons  il  y  a  deux  époques  de  grands  change- 
mens ;  celle  qui  est  la  plus  tranchée  coïncide  avec  l'apparition  des  Cténoïdes  et  des  Cycloïdes 
dans  les  mers  crétacées  les  plus  anciennes  ;  l'autre  indique  des  modifications  un  peu  moins 
notables  au  commencement  de  l'époque  jurassique,  ou  plutôt  à  l'époque  du  lias,  où  les  pois- 
sons osseux  perdent  cette  forme  asymétrique  de  la  queue  qu'ils  avaient  jusqu'alors.  Mais  qu'ils 
eussent  la  queue  symétrique  ou  que  son  lobe  supérieur  se  prolongeât  considérablement  en 
arrière  ,  toujours  est-il  que  tous  les  poissons  osseux  qui  ont  existé  avant  la  grande  époque 
crétacée  ou  avant  l'apparition  des  premiers  Cténoïdes  et  des  premiers  Cycloïdes  ,  étaient  cou- 
verts d'écaillés  semblables  à  celles  des  Lepidostées  et  des  Bichir  de  notre  époque.  Aussi  me 
paraît-il  utile  d'entrer  dans  quelques  détails  circonstanciés  sur  la  squammation  de  ces  poissons. 

Les  écailles  du  genre  Lepidosteus,  dont  nous  nous  occuperons  d'abord  ,  ont  toutes  la  forme 
de  losanges  plus  ou  moins  obliques  et  forment  des  rangées  dorso-ventrales  très-distinctes.  Ces 
rangées  apparaissent  sur  les  côtés ,  comme  des  bandes  ou  ceintures  obliques ,  imbriquées  les 
unes  sur  les  autres  et  inclinées  d'avant  en  arrière ,  du  dos  vers  le  ventre  ;  elles  sont  compo- 
sées d'un  nombre  variable  d'écaillés ,  suivant  les  espèces  et  suivant  la  région  du  corps  où  on 
les  compte  ;  mais  il  y  en  a  ordinairement  une  trentaine  sur  les  côtés  du  milieu  du  corps.  La 
liaison  des  écailles  entre  elles  nous  explique  pourquoi  les  rangées  transverses  paraissent  plus 


—     29     — 
(lislinctos  dans  ce  genre  que  chez  les  poissons  ordinaires,  et  pourcjuni  en  même  temps  il  ne  pa- 
rait pas  y  avoir  toujours  des  séries  entrecroisées  d'avant  en  arrière ,  et  d'arrière  en  avant , 
comme  c'est  le  cas  chez  la  plupart  de  nos  poissons.  Les  bords  supérieur  et  inférieur  de  cha- 
que écaille  étant  à-peu-près  droits ,  ou  du  moins  parallèles  entre  eux ,  s'appliquent  étroite- 
ment les  uns  contre  les  autres  d'une  écaille  à  l'autre ,  et  cela  de  telle  façon  que  les  bords  pos- 
térieurs de  toutes  les  écailles  d'une  même  bande  forment  une  ligne  droite  et  continue  ,   ré- 
sidlant  de  l'alignenjent  de  ces  bords  qui  sont  eux-mêmes  plus  ou  moins  rectilignes,  La  forme 
générale  des  écailles  ne  laissant  aucun  espace  libre  entre  leurs  bords  postérieurs ,  il  est  na- 
turel que  les  bandes  ou  ceintures  transverses  que  forment  ces  écailles ,  soient  très-distinctes 
et  qu'elles  sautent  aux  yeux  plutôt  que  les  autres  effets  de  leurs  combinaisons.  Mais  il  y  a 
plus  encore  ;  les  écailles  d'une  même  série  sont  réellement  articulées  entre  elles ,  en  sorte  que 
ces  bandes  transversales,  loin  de  n'être  qu'apparentes,  ont  une  consistance  très-réelle.  En 
examinant  attentivement  les  bords  supérieur  et  inférieur  de  chaque  écaille ,  on  aperçoit  faci- 
lement que  les  inégalités  de  ces  bords  se  correspondent  d'une  écaille  à  l'autre,  que  les  dé- 
pressions des  bords  inférieurs,  par  exemple ,  s'engrènent  dans  certaines  saillies  des  bords  su- 
périeurs des  écailles  voisines.  Cet  engrenage  est  même  quelquefois  très-compliqué  et  ressemble 
à  une  véritable  charnière,  soutenue  par  des  ligamens,  comme  on  le  voit  Tab.  B,  fig.  16-20. 
chez  le  Lepidosteiis  osseus ,  où  les  écailles  ont  une  apophyse  montante  à  la  face  interne  de  leur 
bord  supérieur  qui  s'engrène  dans  une  fossette  du  bord  inférieur  de  l'écaillé  supérieure  et 
où  cet  engrenage  est  protégé  par  des  ligamens  (fig.  17).  Dans  d'autres  espèces,  les  écailles 
sont  simplement  liées  par  leurs  bords  taillés  en  biseau  et  empiètent  les  unes  sur  les  autres . 
comme  chez  le  Lepidosteus  semiradiatus  (fig.  4  et  o.)  Dans  l'un  et  l'autre  cas,  le  milieu  de  lé- 
caille  est  plus  épais  à  l'intérieur  que  ses  bords.  Il  en  résulte  à  la  face  interne  des  écailles  des 
espèces  de  côtes  (fig.  3) ,  qui  suivent  le  milieu  des  bandes  d'écaillés  du  dos  au  ventre  et  qui 
sont  parfois  très  en  relief.   Mais  que  ces  articulations  soient  plus  ou  moins  compliquées . 
toujours  est-il  que  les  bords  supérieur  et  inférieur  de  toutes  les  écailles  d'une  bande  trans- 
versale forment  comme  autant  de  charnières  qui  facilitent  les  mouvemens  latéraux  du  corps. 

La  facilité  avec  laquelle  toutes  les  séries  glissent  les  unes  sur  les  autres  lorsque  l'on  courbe 
ces  poissons  latéralement,  prouve  que  malgré  leur  cuirasse  osseuse  leurs  mouvemens  n'étaient 
point  gênés. 

La  manière  dont  les  écailles  tiennent  à  la  peau  ne  diffère  pas  de  ce  que  l'on  observe  chez 
les  poissons  ordinaires  ;  elles  sont  toutes  contenues  dans  des  poches  distinctes ,  formées  par 
des  plis  de  l'épiderme  qui  embrassent  la  partie  des  écailles  visible  à  l'extérieur,  tandis  que 
leur  bord  antérieur  s'avance  librement  dans  une  cavité  muqueuse  (Tab.  B,  fig.  ik.)  Mais 
il  est  à  remarquer  que  cette  partie  visible  à  l'extérieur  est  couverte  d'une  couche  d'émail , 
tandis  que  la  partie  cachée  de  l'écaillc  est  simplement  osseuse. 

Quant  à  la  forme  des  écailles ,  je  dirai  encore  que ,  malgré  leur  grande  uniformité ,  elles 
présentent  cependant  de  légères  différences  sur  les  différens  points  de  la  surface  du  corps. 


—     30     — 

Une  séi"ie  complète  d'écaillés  du  Lepidosteiis  semiradiatus  prises  du  milieu  du  dos  jus- 
qu'au milieu  du  ventre,  telle  que  je  l'ai  représentée  déroulée  ((ig.  1),  fera  voir  toutes  ces 
différences.  Celles  des  flancs  sont  les  plus  grandes,  elles  sont  en  même  temps  plus  larges 
proportionnellement  à  leur  longueur,  que  celles  des  bords  du  ventre  ou  de  l'extrémité  de  la 
queue  {ûg.  10).  Sous  le  ventre,  et  près  de  l'insertion  de  la  caudale  elles  sont  le  plus 
allongées.  On  en  remarque  ordinairement  une  rangée  de  forme  particulière,  plus  ou  moins 
arrondies  ou  pentagonales  sur  la  ligne  médiane,  tout  le  long  du  dos  (fig.  1)  et  sous  le  ventre: 
il  y  eu  a  aussi  de  forme  irrégulière ,  mais  plus  petites  que  les  autres  aux  points  d'insertion 
des  nageoires  ou  autour  de  leur  base.  Des  écailles  de  forme  très-irrégulière  recouvrent  les 
joues,  mais  le  reste  de  la  tète  en  est  dépourvu.  Enfin,  il  est  digne  de  reiuarque  qu'il  y  a  une 
double  rangée  d'écaillés  acuminées ,  disposées  par  paires  au  bord  antérieur  de  toutes  les 
nageoires  paires,  de  la  dorsale  et  de  l'anale  et  aux  bords  supérieur  et  inférieur  de  la  caudale. 
Ces  écailles  ou  osselets,  que  j'ai  appelés  des  fulcres ,  parce  qu'ils  ressemblent  à  des  arc- 
boutans  appuyés  le  long  des  rayons  antérieurs ,  comme  pour  les  soutenir ,  donnent  aux 
nageoires  un  aspect  tout  particulier,  dont  les  poissons  de  notre  époque  ne  fournissent  d'ail- 
leurs aucun  autre  exemple ,  tandis  que  les  nageoires  de  la  plupart  des  poissons  fossiles  anté- 
rieurs à  la  craie  en  étaient  munis. 

La  surface  et  les  bords  des  écailles  n'ont  pas  non  plus  toujours  le  même  aspect  dans  le 
même  poisson  ;  c'est  ainsi  que  dans  le  Lepidosteus  semiradiatus,  nous  voyons  les  écailles  du 
dos  et  du  ventre  lisses  et  à  bords  entiers  (lig.  d),  tandis  que  celles  des  flancs  ont  des  plis  dis- 
posés en  rayons  divergens  à  leur  surface  et  des  dentelures  à  leur  bord  postérieur  (fig.  2 ,  k 
et  8)  ;  mais  ces  ornemens  ne  s'observent  que  sur  la  partie  antérieure  du  tronc  ;  sur  les  côtés 
de  la  queue,  les  écailles  sont  complètement  lisses  (fig.  iO).  Enfin  le  bord  antérieur,  qui  est  ca- 
ché dans  les  cavités  muqueuses,  est  aussi  plus  droit  dans  les  écailles  dorsales  et  ventrales 
(]ue  dans  les  écailles  des  flancs .  où  il  est  échancré  (fig.  1 ,  2 ,  3 ,  4 ,  S ,  8  et  9). 

Cet  arrangement  des  écailles  des  Lépidostées  est  déjà  intéressant  à  connaître  en  lui-même , 
jmisqu'il  nous  offre  des  particularités  que  l'on  chercherait  en  vain  chez  d'autres  poissons; 
mais  il  acquiert  une  importance  très-grande  quand  nous  le  comparons  à  ce  que  l'on  observe 
chez  les  poissons  fossiles  ;  car  il  nous  explique  d'une  manière  très-simple  la  raison  pour 
laquelle  on  trouve  si  fréquemment ,  parmi  les  fossiles  des  terrains  anciens,  de  grandes  plaques 
écailleuses  entières ,  tandis  que  chez  les  poissons  de  l'époque  de  la  craie  ou  chez  les  espèces 
tertiaires  on  ne  trouve  jamais  que  des  écailles  détachées.  C'est  que  les  écailles  des  poissons 
osseux  antérieurs  à  la  craie  sont  toujours  réunies  entr'elles  comme  celles  du  Lépidostée ,  et 
forment  une  vigoureuse  cotte  de  mailles ,  qui  résiste  à  la  décomposition ,  tandis  que  les 
écailles  de  nos  poissons  actuels  sont  imbriquées  comme  les  tuiles  d'un  toit,  et  se  désagrègent 
dès  que  le  poisson  commence  à  se  décomposer. 

Si  nous  en  venons  à  examiner  la  structure  microscopique  des  écailles  du  genre  Lepidosteus 
(Tab.  G  .  fig.  8-fO) ,  nous  devrons  dabord  faire  remarquer  que  la  substance  principale  de 


—    ôi    — 

récaillc  consiste  dans  une  substance  osseuse,  et  évidemnienl  disposée  en  lames  superposées. 
Ces  lii>iies  lanielleuses  (lig.  S)  sonl  liorizonlales  au  plan  de  lécaille,  et  on  voit  par  là  que  dans 
les  écailles  osseuses,  la  nutrition  et  l'accroissement  se  font  également  par  l'adjonction  de  nou- 
velles lames  à  la  partie  intérieure  de  l'écaillé,  bien  que  celle-ci  soit  entièrement  en>eloppée  dans 
une  poche  épidermo'idale.  Ces  couches  se  replient ,  faisant  un  angle  très-aigu  tout  le  long  du 
bord  antérieur  de  lécaille,  là  où  elle  est  recouverte  par  la  partie  postérieure  de  l'écaillé  pré- 
cédente. Il  parait  même  évident  par  cette  disposition ,  qu'un  accroissement  de  l'écaillé  ne  se 
fait  que  là  où  la  peau  même  est  adjacente  à  l'écaillé  ;  car  nous  savons  qu'une  prolongation 
du  derme  proprement  dit  s'insinue  entre  les  deux  faces  des  écailles  superposées. 

Déjà  en  regardant  l'écaillé  à  l'œil  nu  ,  on  est  frappé  de  voir  à  la  surface  supérieure . 
presqu'au  milieu  de  l'écaillé,  plusieurs  ouvertures  remplies  d'un  tissu  fibreux  (probablement 
de  vaisseaux  sanguins)  (  Tab.  B,  lîg.  4,  8).  En  faisant  des  coupes  verticales  sur  le  plan  de 
l'écaillé ,  on  reconnaît  que  ces  trous  sont  des  ouvertures  de  plusieurs  grands  canaux  ,  tra- 
versant l'épaisseur  de  l'écaillé ,  et  conduisant  probablement  le  sang  dans  la  couche  épider- 
moïdale  qui  recouvre  l'écaillé  (Tab.  G,  fig.  8).  Ces  canaux  sont  presque  droits,  sans  ra- 
mifications, et  paraissent  par  là  moins  importans  pour  la  nutrition  de  l'écailIe  même  que 
pour  celle  de  l'enveloppe. 

Outre  ces  grands  canaux ,  qui  répondent  exactement  aux  réseaux  médullaires  des  os  et  des 
écailles  du  Polypterus ,  il  y  a  dans  la  substance  osseuse  du  Lepidosteus  un  second  système  de 
petits  tubes  ,  qui  se  trouvent  non-seulement  dans  l'écaille  ,  mais  dans  tous  les  os,  et  dont  nous 
avons  iiguré  la  conformation  dans  la  coupe  longitudinale  de  la  dent  (fig.  7),  comme  dans 
celles  des  écailles  (fig.  8-10).  Ce  sont  des  tubes  cylindriques,  ne  présentant  aucune  diminu- 
tion sensible  dans  tout  leur  cours  ,  et  disposés  de  manière  à  percer  à  angle  droit  les  lames  con- 
centriques et  parallèles  de  la  substance  osseuse.  Dans  les  os,  ces  tubes  rayonnent  en 
divergeant  et  en  se  ramifiant  depuis  les  grands  canaux  médullaires ,  d'où  ils  prennent  nais- 
sance ;  dans  l'écaille ,  ils  montent  à  travers  la  substance  osseuse ,  et  tandis  que  les  grands 
canaux  du  centre,  que  nous  venons  de  mentionner,  traversent  aussi  la  couche  d'émail ,  pour 
s'ouvrir  à  la  surface,  ces  tubes  vont  mourir  à  la  limite  de  la  substance  osseuse,  et  jamais  on 
ne  les  voit  entrer  dans  la  couche  émaillée.  Dans  l'écaille,  ils  sont  presque  rectilignes ,  paral- 
lèles, rarement  ramifiés;  jamais  ils  ne  présentent  une  disposition  dendritique,  ni  des  anasta- 
moses,  comme  dans  la  substance  des  os  même.  Ces  tubes  paraissent  en  outre  ou  vides,  ou 
remplis  de  matières  calcaires,  comme  les  tubes  dentaires  ;  et  quoiqu'ils  soient  beaucoup  plus 
considérables  en  épaisseur,  jamais  je  n'ai  pu  apercevoir  quelque  chose  d'organique  dans  leur 
intérieur,  qui  aurait  pu  trahir  un  remplissage  par  des  vaisseaux  capillaires.  Je  serais  plutôt 
disposé  à  croire  que  ces  tubes  ont  une  destination  analogue  à  celle  des  corpuscules  os- 
seux et  des  tubes  dentaires,  savoir,  de  servir  de  dépôts  de  matière  calcaire.  Les  cor- 
puscules osseux ,  avec  leurs  ramifications  ,  ne  manquent  pas  pour  cela  dans  l'écaille,  ni  dans 
les  os  du  Lepidosteus  ;    ils  sont  au  contraire  très-nombreux  ,  quoique  petits ,  et  leurs  ramili- 


—     32     — 

calions  sont  très-petites  et  minces.  Ils  sont,  comme  toujours,  disposés  d'après  l'arrangement 
des  lamelles  osseuses,  ce  qui  fait  qu'ils  ne  paraissent  que  fusiformes  sur  les  coupes  de  l'écaillé. 
L'émail  qui  recouvre  la  plus  grande  partie  de  la  surface  extérieure  de  l'écaillé  est  le  même 
(jue  celui  des  écailles  du  Polypterus,  avec  cette  seule  différence,  que  dans  ce  dernier  il  est 
étendu  en  une  couche  unie  sur  toute  la  surface ,  tandis  que  chez  le  Lepidosteus  son  accumu- 
lation plus  considérable  forme  çà  et  là  les  rugosités  dont  nous  parlions  tout  à  l'heure. 


II.  Du  GENRE  Polypterus. 


Le  genre  Polypterus  est  encore  une  de  ces  formes  exceptionnelles  parmi  les  êtres  vivans, 
dont  le  type  ne  semble  avoir  été  conservé  sur  la  terre  que  pour  nous  éclairer  sur  les  espèces 
<jui  peuplaient  jadis  notre  globe.  Les  rapports  que  ce  poisson  a  avec  les  espèces  fossiles  des 
terrains  secondaires  et  de  transition ,  sont  si  frappans ,  que  les  détails  les  plus  minutieux  sur 
son  organisation  ne  peuvent  que  compléter  les  notions  acquises  par  les  fossiles  sur  le  singulier 
ordre  des  Ganoïdes,  auquel  il  appartient,  et  dont  il  est,  avec  le  Lepidostée  ,  l'unique  repré- 
sentant dans  la  famille  des  Sauroïdes.  M.  Geoffroy-St-Hilaire  qui  a  décrit  et  représenté  le 
premier  l'espèce  qui  habite  le  Nil  et  établi  le  genre  sous  le  nom  qu'il  porte  maintenant ,  a  rap- 
porté au  Musée  de  Paris  les  exemplaires  sur  lesquels  j'ai  puisé  mes  premières  notices  sur  ce 
singulier  poisson.  Le  Musée  de  Francfort  en  possède  aussi  plusieurs  exemplaires  provenant 
des  voyages  de  l'infatigable  Rûppell,  dans  un  très-bel  état  de  conservation  et  qui  m'ont  servi 
à  compléter  ma  description. 

Ce  genre  est  surtout  caractérisé  par  les  rayons  détachés  de  forme  particulière  qui  tiennent 
lieu  de  dorsales ,  par  une  large  plaque  branchiostégale  au  lieu  de  rayons  étroits ,  comme 
en  portent  la  plupart  des  poissons,  et  par  les  valves  mobiles  ou  évens  qui  s'ouvrent  au-des- 
sus de  la  cavité  des  branchies. 

Le  squelette  de  ce  genre ,  mieux  connu  que  les  autres  détails  de  son  organisation ,  diffère 
si  notablement  de  celui  de  tous  les  autres  poissons  vivans,  que  l'on  conçoit  à  peine  comment 
le  genre  Polypterus  a  pu  successivement  être  placé  dans  les  familles  des  Esoces  et  des  Chipes, 
La  tête ,  par  la  disposition  de  ses  os ,  par  la  forme  arrondie  de  ses  contours  et  par  la  position 
des  veux  qui  sont  placés  très  en  avant ,  et  le  tronc  par  la  forme  des  vertèbres  et  le  mode  d'in- 
sertion de  côtes ,  rappellent  à  bien  des  égards  le  squelette  des  reptiles ,  et  surtout  celui  des 
Sauriens.  Ce  sont  même  ces  analogies,  vagues  du  reste,  mais  très-significatives  pour  la  zoo- 
logie génétique ,  qui  m'ont  engagé  à  donner  le  nom  de  Sauroïdes  à  la  famille  à  laquelle  je 
rapporte  les  genres  Polypterus  et  Lepidosteus.  Ces  rapports  avec  les  reptiles  n'existent  ce- 
pendant pas  seulement  dans  les  deux  genres  de  cette  famille  qui  ont  des  représentans  dans 
répoque  actuelle  :  ils  se  retrouvent  aussi ,  et  souvent  même  encore  plus  prononcés  dans  une 


foule  lie  genres  de  l'ordre  des  Ganoïdes  que  l'on   ne  connaît  encore  (jue  par  des  espèces 
fossiles. 

Comme  poisson  vorace.  le  Polyptents  Bichir  a  le  corps  iMancé;  sa  tête,  proportionnellement 
petite',  n'a  pas  toul-à-fait  le  cinquième  de  la  longueur  totale  du  corps,  qui  est  arrondi  cl 
faiblement  comprimé  ;  la  queue  est  très-courte  et  comprimée. 

Les  intestins,  d'après  ce  que  M.  Geoffroy  en  rapporte,  ne  paraissent  pas  différer  notablement 
de  ceux  du  genre  Lepidosteus.  Cependant  une  remarque  du  savant  membre  de  l'institut  d'Fgvple 
mérite  de  fixer  l'attention  des  géologues  aussi  bien  que  des  anatomisles  :  c'est  que  l'intestin 
présente  à  l'intérieur  une  vaLve  en  spirale ,  comme  on  en  connaît  chez  un  grand  nond)re  de 
Plagiostomes.  Ce  fait  nous  servira  à  expliquer  la  formation  des  coprolithes  en  spirale  que 
l'on  trouA  e  dans  les  terrains  houillers  à  côté  des  débris  de  divers  Sauro'ides  gigantesques . 
cnlr'autres  du  genre  Megaliehlliys,  et  la  présence  de  ceux  que  j'ai  trouvés  dans  la  cavité  abdo- 
minale même  du  genre  Macropoma  de  la  craie  de  Kent.  On  ne  saurait  dès-lors  plus  douter 
que  les  coprolithes  des  terrains  secondaires  et  de  transition  ne  proviennent  tantôt  de  reptiles  et 
en  particulier  d'Ichthyosaures  et  de  Plésiosaures,  tantôt  de  Sauro'ides  et  notamment  des  Mega- 
iiclithys ,  des  Dendrodus ,  des  Labyrinthodontes  et  des  Macropoma  ,  comme  aussi  de  divers 
Cestraciontes  ,  et  en  particulier  des  Orodus  ,  des  Psammodus  ,  des  Acrodus,  etc. 

Cette  analogie  entre  l'organisation  des  Ganoïdes  et  des  Placo'ides  est  d'un  haut  intérêt  quand 
on  considère  que  toutes  les  espèces  de  poissons  fossiles  qui  ont  existé  avant  la  craie  ont  appar- 
tenu exclusivement  à  ces  deux  ordres,  et  que  les  représentans  des  ordres  des  Cténo'ides  et  des 
Cyclo'îdes  n'ont  commencé  à  exister  qu'à  l'époque  de  la  déposition  des  terrains  crétacés  ;  ce 
qui  prouve  qu'indépendamment  des  caractères  de  familles  et  de  genres,  il  existe  dans  1rs  êtres 
organisés  des  caractères  d'époque  plus  ou  moins  marqués,  comme  nous  reconnaissons  aussi 
dans  la  création  actuelle  des  caractères  de  localité  dans  les  diverses  faunes.  Pour  s'en  convaincre, 
il  suffit  de  songer  à  la  Nouvelle-Hollande. 

Un  fait  également  important  à  signaler,  c'est  que  tous  les  Gano'ides  de  ces  temps  anciens 
sont  abdominmix ,  comme  les  Placo'ides,  avec  lesquels  ils  vivaient,  c'est-à-dire  qu'ils  ont  tous 
les  A'entrales  sous  le  milieu  du  ventre,  et  n'offrent  dans  aucun  cas  un  déplacement  bizarre  de 
ces  nageoires ,  comme  on  le  remarque  chez  les  poissons  thoraciques ,  et  surtout  chez  les  jugu- 
laires. Ce  n'est  qu'après  l'apparition  des  reptiles,  chez  lesquels  les  extrémités  prennent  un  dé- 
veloppement normal  plus  grand  et  plus  indépendant  que  chez  les  poissons,  que  l'on  aperçoit 
en  quelque  sorte  une  réaction  dans  les  rapports  des  membres  locomoteurs  pairs  des  poissons 
(jui  affectent  des  positions  étranges  parmi  les  Cténo'ides  et  les  Cycloides  dès  l'époque  de  la  craie. 

Ces  faits  et  ceux  auxquels  j'ai  déjà  fait  allusion  ailleurs  prouvent  que  les  Gano'ides  en  gé- 
néral et  les  Sauro'ides  en  particulier,  ont  une  certaine  analogie  avec  les  vrais  Sauriens  ;  ce  qui 
donne  un  nouvel  intérêt  aux  rapprochemens,  exagérés,  il  est  vrai,  qui  ont  été  proposés  par  plu- 
sieurs auteurs  systématiques  anciens  et  notamment  par  Linné ,  entre  les  Chondroptérigiens  et 
les  reptiles.  Il  serait  très-important  pour  la  paléontologie  qu'un  anatomiste  habile  reprît  toutes 

TOM.  II  .    2'   PART.  5 


—     3i     — 

ces  questions  sous  le  point  de  vue  que  je  viens  de  signaler  ici ,  afin  de  préciser  davantage  ces 
analogies  encore  beaucoup  trop  vagues  pour  permettre  des  conclusions  rigoureuses.  Déjà 
M.  J.  Miiller  a  publié  dans  ses  Archives  d' Anatomie  des  remarques  très-intéressantes  sur  la 
vessie  natatoire  du  Polypterus  et  sur  son  ouverture  dans  la  paroi  ventrale  de  l'ésophage ,  qui 
offre  ainsi  une  analogie  remarquable  avec  les  reptiles  ;  mais  son  but  ayant  été  de  signaler 
plutôt  les  différences  qui  existent  entre  les  poumons  et  les  vessies  natatoires ,  il  s'est  moins 
attaché  à  faire  des  rapprochemens  entre  les  genres  que  je  viens  de  nommer.  Quoi  qu'il  en 
soit  des  idées  que  je  viens  d'émettre,  il  sera  toujours  curieux  de  voir  que  les  limites  des  dif- 
férences que  l'on  cherche  à  établir,  d'une  manière  plus  ou  moins  tranchée ,  entre  les  or- 
ganes qui  doivent  caractériser  les  classes  et  les  familles ,  viennent  justement  aboutir  à  ces 
mêmes  genres  que  j'ai  mis  en  conctact  dans  mes  rapprochemens. 

Le  squelette  du  Polypterus  représente  un  type  non  moins  remarquable  dans  la  classe  des 
poissons  que  celui  des  Lépidostées.  J'ai  même  été  tenté,  à  cause  des  particularités  de  sa  struc- 
ture ,  d'ériger  ce  genre  extraordinaire  en  une  famille  à  part  :  si  je  ne  l'ai  pas  encore  fait , 
c'est  parce  que  j'ai  éprouvé  de  la  répugnance  à  créer  une  nouvelle  famille  pour  un  genre 
qui  en  serait  probablement  toujours  resté  l'unique  représentant  dans  la  création  actuelle , 
tandis  que  toutes  ses  affinités  paraissent  se  rattacher  aux  êtres  éteints ,  dont  nous  trouvons  les 
débris  dans  les  couches  de  la  terre.  D'un  autre  côté,  si  les  nombreuses  particularités  qu'on 
obser^e  dans  la  structure  des  opercules,  des  mâchoires,  des  organes  de  la  locomotion  et  dans 
la  composition  du  squelette  paraissent  éloigner  ce  genre  de  celui  des  Lépidostées ,  il  présente 
sous  d'autres  rapports  de  grandes  affinités  avec  lui,  notamment  dans  la  structure  des  écailles. 

La  tête  du  Bichir  est  large,  aplatie  et  courte.  Les  mâchoires  ne  sont  pas  allongées  en 
bec ,  comme  c'est  le  cas  des  Lépidostées  ;  elles  sont  au  contraire  sensiblement  arrondies ,  à 
peu  près  comme  les  mâchoires  de  la  Lote  ou  du  Silure.  La  tête  est  recouverte  sur  toutes  ses 
faces  d'un  émail  vitré ,  dur  et  cassant ,  dont  la  structure  est  absolument  semblable  à  celle  de 
l'émail  qui  recouvre  aussi  les  écailles.  Cet  émail  ne  forme  pas  une  couche  imiforme ,  mais  il 
présente  ici  partout  de  petites  aspérités  relevées  en  forme  de  grains ,  qui  paraissent  réparties 
sans  ordre  apparent  sur  les  grandes  plaques  de  la  tête ,  tandis  que  les  petites  plaques  ont 
ordinairement ,  au  milieu  ,  des  grains  a'ssez  développés,  autour  desquels  d'autres  grains  plus 
petits  sont  disposés  en  cercle.  La  grandeur  et  la  disposition  plus  ou  moins  serrée  des  granules 
diffèrent  sur  les  différens  os ,  mais  il  n'y  en  a  jamais  sur  les  surfaces  qui  ne  sont  pas  ex- 
ternes. Quelques  os  extérieurs,  comme  la  mâchoire  inférieure,  en  sont  môme  entièrement 
dépourvus. 

Nous  procéderons  dans  la  description  des  os  du  Polypterus  de  la  même  manière  que  nous 
l'avons  fait  pour  le  Lépidostée ,  en  les  répartissant  en  plusieurs  groupes ,  et  en  examinant 
l'un  après  l'autre  les  os  tels  qu'ils  se  présentent  dans  la  nature.  Cette  description  étant 
destinée  à  résumer  le  peu  de  notions  que  nous  pouvons  tirer  des  représentans  vivans  de  la 
grande  famille  des  Sauroïdes,  on  fera  bien  de  suivre,  les  figures  à  la  main ,  les  différens  os  que 


nous  analyserons,  afin  de  juger  jusqu'à  quel  point  sont  fondées  les  interprétations  que  nous 
en  donnerons  lorsque  nous  essayerons  de  les  ramener  dans  un  autre  chapitre  ,  dune  part , 
au  type  des  poissons  ordinaires,  et  de  l'autre,  à  celui  des  autres  vertébrés,  et  nolanuuent  des 
reptiles. 

A  la  face  supérieure  du  crâne  se  présentent  d'abord  deux  grandes  plaques  éniaillées  ,  réunies 
sur  la  ligne  médiane  par  une  suture  ,  et  occupant  le  milieu  du  crâne.  Ce  sont  elles  qui  for- 
ment le  toit  supérieur  des  orbites,  tout  eu  montrant  en  cet  endroit  une  légère  écbancrure  ; 
elles  s'élargissent  davantage  derrière  les  orbites ,  pour  se  rétrécir  de  nouveau  vers  le  milieu 
delà  longueur  du  crâne  où  elles  louchent  aux  os  n  °7  ;  ces  os,  n°  i  (Tab.  C ,  %.  1,  2,  a  et  6) 
sont  sans  doute  les  frontaux  principaux  de  Cuvier;  ils  sont  plats  à  leur  surface  extérieure,  et 
se  distinguent  chez  le  Polypterus  par  plusieurs  particularités  de  leur  surface  inférieure.  Et 
d'abord  ils  montrent  en  arrière  une  petite  pointe  placée  verticalement ,  de  forme  triangu- 
laire (Tab,  C',  fig.  5),  qui  forme  le  pilier  postérieur  de  l'orbite  et  touche  presque  le  sphé- 
no'ide  principal.  Cette  arête,  quoique  réunie  sans  suture  au  frontal  principal,  a  été  désignée 
dans  les  figures  par  le  chilTre  k  ;  elle  correspond  en  effet  par  sa  forme  et  par  sa  position  au 
frontal  postérieur  auquel  nous  avons  donné  ce  même  chiflre.  Le  frontal  est  en  outre  remar- 
quable par  ses  arêtes  inférieures,  qui  forment  le  canal  pour  les  nerfs  olfactifs  (fig.  7,  12  et 
13).  Chacun  de  ces  os  latéraux  porte,  dans  toute  sa  longueur,  une  arête  mince,  mais  haute, 
qui  forme,  avec  celle  de  l'autre  côté,  une  gouttière  très-profonde,  et  d'une  largeur  considé- 
rable. Cette  gouttière,  transformée  en  bas  en  un  canal,  par  le  sphéno'ide  principal  n"  6,  tra- 
verse toute  la  longueur  des  orbites ,  de  telle  manière  que  chez  le  Bichir ,  la  cloison  interor- 
bitaîre,  au  lieu  d'être  formée  d'une  simple  paroi  médiane  et  d'une  ossification  imparfaite, 
comme  c'est  le  cas  chez  la  plupart  des  poissons ,  est  au  contraire  formée  de  deux  parois 
très-complètes,  enclavant  entre  elles  un  canal  médian,  qui  égale  presque  en  largeur  la  pro- 
fondeur d'une  orbite,  de  manière  qu'une  coupe  à  travers  les  orbites  montre  trois  espaces 
de  largeur  presque  égale ,  deux  ouverts  sur  les  côtés ,  les  orbites ,  et  un  troisième  au  milieu , 
entièrement  fermé,  pour  les  .nerfs  olfactifs. 

Derrière  les  frontaux  se  trouvent  deux  plaques  émaillées  oblongues ,  soudées  au  milieu  et 
affectant  dans  leur  réunion  une  forme  presque  carrée,  n°  7  (fig.  1 ,  2  et  7),  Une  longue  épine 
osseuse  part  du  coin  extérieur  de  chaque  os ,  pour  se  porter  en  arrière  et  servir  d'appui  aux 
écailles  qui  couvrent  l'occiput.  Ces  os  sont  soudés  en  avant  aux  frontaux,  en  bas  et  sur  les  côtés 
à  l'os  n°  12,  et  en  arrière,  ils  forment  la  limite  postérieure  du  toit  crânien.  Ce  sont  les  parié- 
taux de  Cuvier. 

Il  n'y  a ,  chez  le  Bichir ,  que  ces  deux  paires  d'os ,  les  frontaux  et  les  pariétaux ,  qui 
forment  la  couverture  supérieure  de  la  boîte  crânienne;  tous  les  autres  os  de  la  partie  su- 
périeure de  la  tête  doivent  être  considérés  comme  des  os  de  la  face,  puisqu'ils  ne  prennent 
aucune  part  active  à  la  formation  de  la  cavité  cérébrale.  Le  crâne  même  est  très-petit  et 
surtout  très-étroi!  :  il  ne  paraît  aussi  spacieux  qu'à  cause  des  grandes  voûtes  osseuses  que  les 


» 

—     36     — 

expansions  latérales  des  os  du  crâne  forment  avec  ceux  de  la  face.  A  cet  égard  le  Bichir  res- 
semble beaucoup  aux  Chéloniens. 

La  face  postérieure  du  crâne  (fig.  k  et  10)  est  formée  d'une  manière  tout  aussi  simple.  Un 
grandes,  n°  5  (fig.  k,  5,  6,  10),  en  forme  la  masse  principale.  Cet  os  contient  d'abord  la  cavité 
giénoïdale  pour  l'articulation  de  la  tète  avec  la  première  vertèbre,  cavité  qui  est  très-large,  mais 
très-basse  et  creusée  en  croissant.  Les  deux  arêtes  qui  la  bordent  latéralement  sont  tellement 
saillantes  en  arrière ,  [qu'elles  ont  presque  l'air  d'apophyses  articulaires  ;  et  Ion  pourrait  croire 
que  la  cavité  giénoïdale,  ordinairement  simple,  est  changée  en  deux  tètes  articulaires  latérales, 
séparées  par  un  enfoncement  médian.  Pour  mieux  faire  voir  ces  rapports  du  canal  olfactif, 
nous  avons  représenté  quelques  coupes  faites  à  travers  de  la  tète,  (fig.  10 — 13)  :  la  pre- 
mière représente  la  partie  postérieure,  et  la  seconde  la  partie  antérieure  de  la  boite  crâ- 
nienne, vue  en  dedans;  fig.  12  est  la  même  coupe  vue  depuis  les  orbites,  et  fig.  10,  la 
partie  antérieure  des  orbites  et  du  canal  olfactif.  Au-dessus  de  cette  cavité  giénoïdale ,  los 
est  percé  par  le  grand  trou  occipital  pour  le  passage  de  la  moelle  épinière  ;  ce  trou  est  en 
forme  d'ogive.  De  là,  l'os  forme  un  plan  incliné,  s"élevant  très-doucement  vers  le  toit  du 
crâne ,  de  sorte  que  toute  la  face  postérieure  du  crâne ,  au  lieu  d'être  verticale ,  se  rapproche 
tellement  de  l'horizontale ,  qu'elle  est  a  isible  d'en  haut ,  aussi  bien  ou  même  mieux  que  par 
derrière.  Mais  l'os  ne  touche  nullement  les  pariétaux:  il  y  a  entre  lui  et  ces  os,  au  milieu, 
un  espace  carré  vide ,  qui  est  rempli  sur  le  frais  par  du  cartilage ,  tandis  que  latéralement 
se  voient  les  parties  postérieures  de  l'os  n°  12. 

Notre  os  n"  5  s'étend  aussi  sur  la  face  latérale ,  et  il  est  même  visible  sur  la  face  infé- 
rieure du  crâne.  La  face  latérale  (fig.  d)  est  triangulaire,  verticale,  et  soudée  à  la  partie 
latérale  de  l'os  n°  12.  Un  sillon  profond  marque  cette  face  tout  le  long  de  son  bord  supérieur, 
et  dans  ce  sillon  sont  creusés  plusieurs  trous  pour  le  passage  des  nerfs  du  crâne.  Le  plus  grand 
de  ces  trous,  situé  en  haut,  et  destiné  au  nerf  vague,  se  trouve  formé  moitié  par  cet  os, 
moitié  par  celui  n°  1 2  ;  les  deux  autres  plus  petits  (pour  les  nerfs  hypoglosse  et  glosso-pha- 
ryngien  )  ne  traversent  que  l'os  n°  o . 

Une  petite  facette  triangulaire  est  encore  visible  sur  le  dessous  du  crâne  (fig.  3  et  6). 
entre  l'écartement  des  arêtes  postérieures  du  sphénoïde.  Elle  est  percée  d'un  trou  assez  con- 
sidérable, qui  conduit  dans  un  canal,  longeant  tout  le  corps  de  l'os  qui  forme  le  plancher 
pour  la  moelle  épinière,  et  qui  donne  probablement  passage  à  des  vaisseaux  sanguins. 

En  somme  notre  os  n°  5  a  la  forme  d'un  entonnoir  à  ouverture  carrée  (fig.  10),  et  c'est 
dans  sa  cavité  qu'est  logée  la  moelle  épinière.  11  n'entre  en  contact  qu'avec  le  sphénoïde  n°  6 
en  bas,  et  avec  le  mastoïdien  n°  12  en  haut.  Cet  os  est  donc  un  véritable  herniaire  ou  occi- 
pital ;  on  y  trouve  réunies  en  une  seule  pièce  toutes  ces  parties  démembrées  de  l'occipital . 
que  nous  connaissons  chez  les  autres  poissons  sous  les  noms  d'occipitaux  latéraux ,  externes , 
supérieurs  et  basilaires.  La  forme  tubuleuse  de  la  région  occipitale  du  crâne  que  nous  menons 


—      a/      — 

de  sisfiialer  ooiniuo  une  pai-licularité  de  la  lèle  du  Bichir,  s'observe  de  la  niêuie  manière  dans 
le  genre  Trionvx.  de  Tordre  des  Chéloniens;  mais  elle  n'existe  chez  aucun  autre  poisson. 

Les  angles  supérieurs  des  faces  latérale  et  postérieure  du  crâne  sont  complétés  par  un 
os  de  forme  pyramidale ,  qui  s'avance  en  une  arête  particulière  située  en  dessous  et  en 
dehors  de  celle  formée  par  le  pariétal  n°  7.  Entre  cet  os,  n°  12  (fig.  k  et  5),  et  l'occipital 
u"  5  est  creusé  le  grand  trou  pour  le  nerf  vague.  La  face  de  cet  os ,  qui  est  tournée  vers  la 
cavité  crânienne,  contient  les  cavités  pour  les  canaux  semicirculaires  postérieurs.  L'os  louche 
en  haut  aux  pariétaux  n"  7,  en  arrière  et  en  bas  â  l'occipital  n°  5 ,  en  avant,  par  deux  poinis 
très-peu  considérables,  au  sphénoïde  n°  6.  11  est  évident  que  si  l'on  tient  compte  de  ces  liai- 
sons, et  en  outre,  du  fait  que  c'est  sur  la  face  externe  de  ces  os  que  se  fixe  l'appareil  opercu- 
laire,  et  si  l'on  prend  en  considération  que  cet  os  forme  l'arête  postérieure  externe  du  crâne, 
et  qu'il  contient,  dans  sa  partie  intérieure,  la  plus  grande  partie  des  canaux  semicirculaires 
postérieurs ,  il  est  évident ,  dis-je  ,  que  cet  os  ne  pourra  être  envisagé  autrement  que  comme 
formé  de  la  fusion  des  deux  os  que  Cuvier  a  désignés ,  chez  les  poissons ,  sous  les  noms  de 
inastoklien  et  de  rocher  ;  et,  en  effet,  ses  rapports  extérieurs  répondent  aux  particularités  du 
premier  os,  tandis  que  les  fonctions  de  la  partie  du  crâne  à  laquelle  il  correspond,  sont 
en  général  celles  qu'on  assigne  à  ce  dernier.  Nous  le  nommerons  mastoïdien. 

La  face  extérieure  du  crâne  est  complétée  par  une  aile  latérale  du  sphénoïde  principal  n°  6 . 
Cette  aile  a  une  forme  triangulaire ,  et  elle  présente  en  dehors  un  plan  incliné  vers  l'orbite. 
En  arrière,  elle  se  joint  par  deux  processus  courts  au  mastoïdien,  et  forme  ainsi  un  grand  trou 
de  forme  oblongue,  destiné  au  passage  du  nerf  vague.  En  avant,  l'aile  se  joint  par  une  suture 
au  processus  du  frontal ,  que  nous  avons  dit  correspondre  au  frontal  postérieur.  Nul  doute 
que  cette  aile  du  sphénoïde  ne  corresponde  à  celle  qui ,  chez  les  autres  poissons  ,  forme  im 
os  particulier  sous  le  nom  de  la  grande  aile. 

La  face  extérieure  du  crâne  est,  comme  on  peut  le  voir  par  cette  description  ,  loin  d'être 
complètement  ossifiée.  Outre  les  trous  pour  le  passage  des  nerfs  ,  on  y  remarque  encore  deux 
grands  espaces,  qui,  sur  le  crâne  frais,  tel  que  nous  l'avons  dessiné  fig.  3,  sont  remplis  par  du 
cartilage,  mais  qui  desséchés  sur  le  crâne,  sont  complètement  vides.  L'inférieur  de  ces  espaces 
est  compris  entre  le  sphénoïde  en  bas  et  en  avant,  le  mastoïdien  en  haut  et  l'occipital  en  arrière; 
il  est  irrégulièrement  quadrangulaire ,  oblong ,  et  le  sac  du  labyrinthe  est  enfermé  dans  la 
masse  cartilagineuse  qui  le  couvre.  L'autre  se  trouve  en  haut  et  plus  en  avant,  enti'e  le  pa- 
riétal en  haut ,  le  frontal  postérieur  en  avant ,  le  sphéno'ide  en  bas  et  le  mastoïdien  en  ar- 
rière. Il  est  d'une  forme  irrégulièrement  triangulaire. 

Il  n'existe  proprement  pas  de  face  extérieure  de  la  boîte  cérébrale ,  et  il  ne  s'y  trouve 
aucun  os  particulier.  Nous  avons  déjà  fait  remarquer  que  la  cavité  cérébrale  se  continue  im- 
médiatement dans  le  grand  canal  médian  destiné  aux  nerfs  olfactifs,  situé  entre  les  arêtes  in- 
férieures du  frontal,  et  â  côté  duquel  se  trouvent  les  orbites.  Le  trou  irrégulier,  en  forme  de 
croissant  vertical,  par  lequel  les  orbites  conmiuniquent  avec  la  cavité  cérébrale  (fig.  H  et  12). 


—     38     —  • 

est  bordé  en  dedans  par  l'arête  inférieure ,  en  haut  par  la  plaque  émaillée ,  en  dehors  par 
le  processus  postérieur  du  frontal,  et  en  bas  par  le  sphénoïde. 

La  face  inférieure  du  crâne  ,  qui  sert  de  plafond  à  la  cavité  buccale  ,  n'est  formée  que  pai- 
un  seul  os,  sauf  un  petit  espace  triangulaire  à  l'extrémité  ,  où  le  basilaire  paraît  à  sa  surface. 
Tout  le  reste  est  couvert  par  l'os  n°  6  ,  le  sphénoïde ,  qui  acquiert  dans  le  Bichir  un  déve- 
loppement très-considérable.  Rétréci  en  arrière,  où  il  forme  le  plancher  de  la  cavité  céré- 
brale ,  l'os  s'élarg^it  latéralement  derrière  les  orbites ,  où  il  détache  les  deux  ailes  que  nous 
a^'ons  décrites  plus  haut ,  se  rétrécit  de  nouveau  entre  les  orbites ,  où  il  forme ,  avec  deux 
petites  carènes  supérieures,  le  plancher  du  canal  olfactif,  et  se  continue  en  avant  entre 
les  cavités  nasales,  où  il  finit  près  de  l'extrémité  du  museau  en  un  bord  arrondi.  La  forme 
générale  de  l'os  est  celle  d'une  croix.  Mais  ce  qu'il  y  a  de  remarquable,  c'est  que  le  sphénoïde 
porte  de  petites  aspérités,  en  forme  de  dents,  comme  du  chagrin.  Cette  plaque  de  dents  en 
\  elours  commence  sur  les  deux  ailes  latérales ,  converge  vers  la  ligne  médiane ,  forme ,  entre 
les  orbites  ,  une  bande  très-mince  ,  qui  laisse  les  deux  bords  à  découvert ,  mais  qui  s'élargit 
insensiblement  jusqu'à  envahir  toute  la  surface  de  l'os ,  à  l'endroit  où  les  orbites  finissent. 
La  lame  dentaire  est  séparée  de  l'os  en-dessus  par  une  profonde  rainure,  qui  me  fait  croire 
que  ces  deux  os  sont  entièrement  séparés  dans  les  jeunes  individus  et  que  la  lame  dentaire 
correspond  au  vomer.  Nous  reviendrons  sur  cette  question  en  examinant  la  composition  de 
la  face. 

Le  crâne  du  Polyptère  est  donc,  d'après  nos  recherches,  d'une  étonnante  simplicité.  Nous 
n'y  avons  trouvé  que  deux  frontaux.,  n"  d  ,  deux  pariétaux,  n"  7,  deux  mastoïdiens,  n"  12, 
un  basilaire,  n°  .5  ,  et  nn  sphénoïde,  n"  6.  Tous  les  autres  os  qu'on  a  signalés  dans  le  crâne 
des  poissons ,  savoir  :  le  sphénoïde  antérieur ,  les  occipitaux  supérieurs  ,  externes  et  latéraux , 
les  frontaux  antérieurs  et  postérieurs ,  les  rochers ,  les  grandes  ailes  et  les  ailes  orbitaires , 
îuanquent  complètement,  ou  sont  réunis  aux  os  principaux,  dont  ils  ne  sont  que  des  démem- 
bremens. 

La  face,  qui  est  fixée  au  crâne  d'une  manière  immobile,  participe  à  la  simplicité  de  ce  der- 
nier. Nous  remarquons  d'abord  ici  deux  plaques  émaillées  à  la  surface  supérieure,  qui  sont 
séparées  par  une  suture  médiane  et  soudées  à  l'extrémité  antérieure  du  frontal.  Ces  plaques, 
n"  5  (fig.  f  ,  2 ,  5) ,  sont  ovales  et  couvrent  les  cavités  nasales  d'en  haut.  Elles  correspondent  à 
los  nommé  par  Cuvier  elhmoïde ,  chez  les  autres  poissons. 

Sur  le  bord  extérieur  de  ces  plaques,  là  où  elles  présentent  une  petite  échancrure  au 
dessus  des  cavités  nasales,  est  appliqué  un  petit  os  lenticulaire  ,  n°  20  (fig.  1  ,  2,  S),  qui  par 
son  mouvement  ouvre  et  bouche  en  partie  les  narines  ;  c'est  le  nasal  de  Cuvier. 

Le  pourtour  extérieur  du  museau  est  formé  par  un  seul  os ,  n°  1 7  (fig.  1 ,  2 ,  S  ,  6  ,  7) ,  sur 
le  milieu  duquel  on  aperçoit  les  traces  d'une  suture.  Il  porte  une  rangée  de  fortes  dents  cour- 
bées en  arrière,  et  représente  les  intermaxilluires ,  réunis  par  le  milieu.  Du  côté  externe,  une 
apophyse  assez  forte  se  recourbe  en  arrière,  pour  aller  se  joindre  à  l'extrémité  antérieure  de 


—     59     — 

l'arête  inférioure  du  frontal  et  au  bord  extérieur  de  Fethmoïdc.  Cet  arc  ferme  ainsi  la  cavité 
nasale,  qui  a  en  haut  une  ouverture  lenticulaire.  La  suture  médiane  de  l'os  est  très-distincte 
sur  sa  face  inférieure  ;  elle  s'élargit  même  à  l'extrémité  antérieure  du  museau  ,  et  forme  une 
petite  lacune.  Chaque  os  a  une  partie  horizontale  inférieure,  qui  concourt  à  former  la  partie 
antérieure  du  plafond  de  la  cavité  buccale ,  en  se  joignant  au  vomer.  Mais  un  espace  consi- 
dérable entre  cette  partie  horizontale  et  le  vomer  en  dedans,  l'arc  extérieur  de  l'intcrmaxillaire 
en  dehors  et  l'arête  inférieure  du  frontal  en  arrière ,  reste  vide ,  et  laisse  le  canal  olfactif  de 
chaque  côté  à  découvert  ;  sur  la  tête  fraîche  cette  lacune  est  bouchée  par  du  cartilage. 

Plus  en  arrière  ,  le  plafond  de  la  bouche  est  formé  par  la  lame  dentaire  n"  i  6  (fîg.  6 ,  7)  du 
sphénoïde  n°6,  qui,  comme  nous  l'avons  dit,  i-eprésente  le  vomer.  Cette  lame  porte  une  arête 
supérieure  médiane  qui  divise  le  grand  canal  olfactif  en  deux  canaux  latéraux ,  qui  viennent 
aboutir  dans  les  cavités  nasales. 

La  partie  immobile  de  la  face  est  donc  formée  par  deux  os  pairs ,  les  ethmoïdes  n"  3  (d'a- 
près nous  les  nasaux),  les  nasaux  n°  20  (d'après  nous  un  os  propre  correspondant  aux  carti- 
lages du  nez),  et  deux  os  impairs,  l'intennaxillaire,  n°  17,  et  le  vomer,  n°  16,  qui  est  ici  fondu 
(Ml  un  seul  os  avec  le  sphénoïde  n°  6. 

Si  nous  nous  appliquons  maintenant  à  rechercher  quelle  est  la  composition  des  appareils  mo- 
biles de  la  tête ,  qui  servent  à  la  nutrition  et  à  la  respiration ,  nous  trouverons  d'un  côté  des 
difficultés  analogues  à  celles  que  nous  a  offertes  le  Lépidostée ,  plus  celles  qui  résultent  des 
différences  notables  qui  distinguent  le  Bichir  du  Lépidostée  et  de  tous  les  autres  poissons 
connus. 

L'appareil  operculaire,  les  os  tégumentaires  des  joues,  l'arcade  palatine  et  le  maxillaire  su- 
périeur forment  un  seul  battant  mobile,  dont  toutes  les  parties  sont  réunies  d'une  manière 
fixe  par  des  sutures,  sauf  l'opercule,  qui  peut  seul  exercer  des  mouvemens  propres.  Nous 
allons  décrire  ces  différens  os  dans  leur  succession  naturelle  d'arrière  en  avant ,  en  prenant 
l'opercule  pour  point  de  départ. 

U opercule  n°  28  (fig.  1,  2,  6,  8,  9)  ne  peut  être  révoqué  en  doute.  De  grandeur 
moyenne,  il  a  une  forme  triangulaire,  à  angles  arrondis.  Sa  face  intérieure  est  lisse,  un 
peu  creuse,  et  sur  l'angle  supérieur  se  trouve  la  face  articulaire. 

Au-dessous  de  l'opercule ,  complétant  son  angle  inférieur ,  se  trouve  une  petite  plaque 
émaillée,  n°  32,  le  sous-opercule  (iig.  1  ,  5,  6,8,  9). 

Ces  deux  os  forment  ensemble  le  battant  operculaire,  qui  cependant  ne  jouit  pas,  chez  le 
Bichir ,  d'une  aussi  grande  mobilité  que  chez  les  autres  poissons ,  étant  garni  d'une  forte  et 
épaisse  membrane,  qui  le  serre  sous  la  gorge. 

Mais  si  ces  deux  pièces  operculaires  sont  faciles  à  déterminer ,  il  n'en  est  pas  de  même  des 
divers  autres  os  qui  y  touchent.  Nous  trouvons  ici  d'abord  un  grand  os  plat ,  de  forme 
presque  quadrangulaire ,  qui  s'applique  tout  le  long  du  battant  operculaire,  et  s'étend  en 
avant  sur  la  joue,  la  recouvrant  dans  toute  son  étendue.  Cet  os,  n"  30  (fig.  1  ,  2,  8,  9j, 


—     hO     — 

touche  en  haut  à  la  chaîne  des  osselets  muqueux,  et  porte  en  particuh'er  les  deux  osselets  de  la 
soupape  branchiale,  dont  nous  parlerons  plus  bas.  En  avant,  le  maxillaire  supérieur  est  soudé 
fixement  à  la  face  interne  de  cet  os;  en  bas,  deux  petits  os  squanimeux  sont  appli({ués  contre  son 
bord  inférieur  ;  en  dehors  l'os  est  recouvert  par  une  couche  d'émail  granulé ,  sauf  une  bande 
le  long  du  bord  postérieur ,  qui  en  est  dépourvue ,  et  qui  fait  saillie  en-dedans  par  sa  face 
interne.  On  est  assez  naturellement  porté  à  prendre  cette  plaque  osseuse  pour  le  préopercule, 
et  c'est  en  effet  comme  telle  qu'il  faudra  l'envisager,  quoique  ses  rapports  soient  des  plus 
étranges.  N'est-il  pas  surprenant,  en  effet,  de  Aoir  un  préopercule,  qui  non-seulement  re- 
couvre de  sa  partie  antérieure  la  fosse  temporale  et  le  grand  muscle  masticateur,  mais  qui 
est  en  outre  soudé  au  maxillaire  supérieur  ?  Pour  expliquer  cette  singulière  disposition ,  on 
doit  admettre  que  les  parties  écadieuses,  qui,  par  exemple,  chez  les  Joues  cuirassées  et  le 
Lépidostée,  couvrent  les  tempes,  se  sont  fondues  en  im  seul  os  et  réunies  au  préopercule. 
Dans  cette  manière  de  voir,  il  n'y  aurait  que  la  partie  dépourvue  d'émail  qui  correspondrait 
au  véritable  préopercule,  tandis  que  le  reste  représenterait  les  plaques  squammeuses  de  la  joue. 

Sur  la  face  interne  du  préopercule,  et  en  particulier  sur  la  limite  entre  celui-ci  et  le  bat- 
tant operculaire,  est  appliqué  un  os  plat,  courbé  en  croissant,  n°  23  (fig.  6,  8,9),  surmonté 
en  haut  d'un  petit  osselet  triangulaire,  n°  2.5',  qui  forme  tellement  corps  avec  lui.  qu'il 
faut  beaucoup  d'attention  pour  ne  pas  laisser  inaperçue  la  suture  qui  les  sépare.  L'os  n°  2.1 
porle  en  arrière  une  tèle  articulaire ,  qui  forme ,  de  concert  avec  la  cavité  glénoïdale  de  l'o- 
percule, l'articulation  operculaire;  sur  le  bord  antérieur  du  préopercule,  est  appliqué,  tout 
en  bas,  l'os  n°  27,  et  à  son  extrémité  inférieure  l'os  carré  n°  26.  Le  petit  os  triangulaire 
n°  23'  forme  une  articulation  avec  le  bord  externe  du  mastoïdien  n°  i2  et  du  pariétal  n"  7. 
Comme  c'est  le  temporal  de  Cuvier  qui  porte  l'articulation  de  l'opercule ,  nous  ne  pouvons 
refuser  à  notre  os  n°  23  cette  désignation,  et  nous  devons  regarder  l'os  triangulaire  n°  23' 
comme  une  partie  démembrée  du  temporal. 

L'os  cylindrique  n"  26  (fig.  2,  3,  8),  par  lequel  la  branche  de  l'os  hyoïde  s'attache  au 
préopercide  et  au  temporal ,  ne  peut  être  méconnu ,  à  cause  de  sa  nature  particulière  ,  bien 
qu'il  ait  changé  considérablement  de  forme.  Cet  os  porte  à  son  extrémité  inférieure  une 
face  articulaire  arrondie,  sur  laquelle  la  mâchoire  inférieure  se  meut.  Il  représente  par  con- 
séquent, d'après  ce  caractère  essentiel,  \e  jiigal  de  Cuvier,  qui,  chose  très-remanpiable , 
est  ici  mobile  sur  le  temporal,  et  correspond  à  un  véritable  os  carré. 

Au-devant  du  temporal ,  à  la  face  interne  du  préopercule ,  et  formant  le  plancher  de  l'or- 
bite, se  montre  l'arcade  palatine,  composée  de  quatre  os  qui  sont  soudés  ensemble,  et  qui  se 
lient  d'une  manière  intime  d'un  côté  au  temporal,  de  l'autre  au  maxillaire  supérieur .  Ce  der- 
nier .  n"  1 8  ( fig.  2,3,6,8,  9  )  forme  le  bord  extérieur  de  la  gueule  en  arrière ,  et  est  armé 
d'une  rangée  de  fortes  dents  coniques,  placées  dans  une  rigole  alvéolaire  commune  et  peu  pro- 
fonde. C'est  dans  cette  rigole  qu'est  contenue  la  rangée  de  fortes  dents  dont  l'intermaxillaire  est 
armé.  Le  maxillaire  possède  en  outre  une  lame  dentaire  qui  s'avance  à  l'intérieur  vers  la  ligne 


médiane,  recouvrant  en  grande  partie  les  échancrures  palalino-nasales  de  l'interniaxillaire, 
et  qui .  anpiée  en  cercle ,  doiuie  insertion  à  une  seconde  rangée  intérieure  de  dents  en 
brosse,  séparée  de  la  rangée  externe  par  une  rigole  profonde. 

Cette  seconde  rangée  se  continue  en  arrière  sur  l'os  n°  22  (  lig.  3  ,  6 ,  8  ) .  Cet  os  est  plat ,  plus 
large  en  arrière  qu'en  avant  ;  il  forme  la  partie  extérieure  du  plancher  incliné  de  l'orbite  et  soudé 
d'abord  par  sa  partie  antérieure  au  maxillaire,  il  s'en  sépare  ensuite,  occasionnant  ainsi  une 
large  ouverture  carrée,  bordée  en  arrière  par  l'os  n"  2i  et  en  dehors  j)ar  le  préopercule  et,  ses 
deux  appendices  écailleux.  C'est  par  cette  ouverture  que  passe  le  grand  muscle  temporal , 
pour  s'insérer  sur  la  mâchoire  inférieure.  Par  sa  situation,  sa  forme,  ses  liaisons  d'un  côté 
avec  le  maxillaire  supérieur,  de  l'autre  avec  l'os  n°  24  ,  cet  os  se  caractérise  comme  le  véri- 
table ^w/rti/y;  ;  c'est  pour  tel  qu'il  a  aussi  été  reconnu  par  Cuvier. 

Le  bord  interne  de  cet  os  est  bordé  par  une  autre  plaque  oblongue  n°  25  (fîg.  6,  8),  qui 
forme  le  bord  intérieur  du  plancher  des  orbites,  occupe  par  son  bord  interne  la  rainure 
entre  le  sphénoïde  et  le  vomer,  se  soude  encore  par  «sa  partie  postérieure  sur  l'os  n°  27,  et 
porte  en  outre  sur  sa  face  buccale  de  petites  aspérités  ,  qui  cependant  ne  sont  pas  développées 
en  véritables  dents.  Il  est  évident  que  cet  os  ne  peut  être  autre  que  le  ptéryyoïdien  interne 
de  Cuvier. 

Les  deux  os  qui  réunissent  le  palatin  et  le  ptérygoïdien  au  temporal  paraissent  plus  diffi- 
ciles à  déterminer.  L'inférieur,  qui  est  le  plus  petit ,  n°  2i  (fig.  6,  8) ,  noITre  cependant  pas, 
en  réalité,  de  bien  grandes  difficultés.  C'est  une  plaque  mince  et  creuse,  de  forme  carrée, 
qui  touche  par  son  angle  antérieur  supérieur  au  palatin,  qui  est  fixée  par  sa  partie  postérieure 
au  préopercule,  et  soudée  par  tout  son  bord  supérieur  à  l'os  n°  27.  Cet  os  ne  paraît  être  là  que 
pour  unir  entre  eux  les  os  ci-dessus  mentionnés ,  et  pour  protéger  en  avant  l'articulation  de 
la  mâchoire  en  formant  au-dessus  une  espèce  de  capsule.  Or,  comme  c'est  le  caractère  dis- 
linctif  du  transverse  de  Cuvier,  de  réunir  les  os  qu'il  désigne  sous  les  noms  de  palatin  et  de 
jugal ,  nous  n'hésitons  pas  un  instant  à  lui  donner  ce  nom. 

Quant  à  la  plaque  quadrangulaire  et  plate  ,  n°  27  ,  (fig.  6,8),  qui  occupe  l'espace  entre  le 
ptérygoïde  en  dedans ,  le  palatin  en  avant ,  le  transverse  en  bas  et  le  temporal  en  arrière , 
elle  est  envisagée  par  Cm  ier  dans  tous  les  autres  poissons  réguliers  comme  l'os  tympanal. 

Pour  compléter  cette  description  des  os,  nous  parlerons  encore  des  parties  tégumentaires  et 
écailleuses  qui  sont  développées  sur  la  tète  du  Bichir.  Une  rangée  longitudinale  d'os,  a.  a 
(fig.  1,2),  recouvre  la  ligne  de  séparation  entre  le  frontal,  le  pariétal  et  le  préopercule,  et 
s'étend  encore  plus  en  arrière,  entre  l'opercule  et  les  plaques  émaillées  qui  recouvrent  l'oc- 
ciput. Celte  rangée  commence  au  coin  postérieur  de  l'orbite ,  et  se  continue ,  accompagnée 
d'un  nombre  variable  de  petits  osselets,  pour  la  plupart  de  forme  carrée,  jusqu'à  la  suture, 
entre  le  frontal  et  le  pariétal.  Ici  se  trouvent  deux  plaques  oblongues  plus  grandes,  h.  h 
(fig.  1,2),  qui  forment  une  valve  fixée  sur  le  préopercule ,  laquelle  peut  se  lever  et  s'a- 
baisser sur  le  pariétal.  Cette  valve  recouvre  l'ouverture  d'une  large  fente,  qui  conduit  en 

TOM.  II.  2'PART.  6 


~    h2    — 

bas  dans  la  cavité  branchiale.  11  ii  y  a  pas  de  muscle  propre  pour  la  soulever,  mais  au  lieu 
de  cela  un  fort  ligament  élastique,  qui  tient  la  valve  serrée  contre  le  pariétal.  Il  est  dès-lors 
évident  que  le  mécanisme  de  la  respiration  doit  se  faire  d'une  autre  manière  chez  le  Po- 
lyptère  que  chez  les  autres  poissons  qui  aspirent  l'eau  par  la  bouche  et  la  font  sortir  par  la 
fente  des  ouïes.  Ici  cette  fente  est  presque  fermée  par  la  forte  membrane  qui  est  accolée  au 
bord  postérieur  de  l'opercule,  et  c'est  la  forte  compression  de  l'eau  contenue  dans  la  cavité 
'  branchiale  qui  ouvre  la  valve  pour  se  frayer  une  issue.  M.  Geoffroy  a  fort  bien  observé  cette 
formation  toute  particulière. 

La  série  des  osselets  se  continue  encore  en  arrière  par  quatre  pièces  c.  c  (fig.  1 ,  2),  qui 
longent  le  bord  supérieur  de  l'opercule.  L'occiput  est  en  outre  couvert  de  quelques  plaques 
irrégulières  ff  (fig.  I),  qui  se  distinguent  des  écailles  imiquement  par  le  fait  que  quelques 
unes,  celles  qui  touchent  le  pariétal ,  sont  creusées  d'un  canal  muqueux. 

Les  canaux  muqueux  en  général  sont  très-développés  sur  la  tète  du  Bichir  ;  on  en  dis- 
tingue deux  principaux ,  l'un  longeant  la  chaîne  des  osselets  que  nous  venons  de  décrire  et 
s- avançant  à  travers  le  frontal  et  l'ethmoïdc  vers  le  nez,  l'autre  qui  descend  entre  l'oper- 
cule et  le  préopercule  vers  la  mâchoire  inférieure. 

La  mâchoire  inférieure  est  composée  de  quatre  pièces  emboîtées  les  unes  dans  les  autres. 
Le  de)daiye,  u  (fig.  2,  3,  ik),  porte  une  rangée  simple  de  dents  coniques  et  implantées  dans 
une  rigole  peu  pi'ofonde.  A  son  extrémité  antérieure,  là  où  il  se  réunit  à  celui  de  Tauti'e 
côté,  se  trouve  un  petit  amas  de  dents  en  brosses  plus  petites  et  plus  serrées  que  celles 
de  la  rangée  externe. 

L'angle  postérieur  de  la  mâchoire  est  complété  par  l'os  angulaire  v  (fig.  2,  3,  14),  qui  est 
long,  tronqué  obliquement,  et  apparaît  aussi  un  peu  à  la  face  interne  de  la  mâchoire. 

Cette  face  interne  est  garnie  tout  du  long  par  une  pièce  mince,  très-effilée  en  avant ^  for- 
mant la  paroi  interne  du  canal  maxillaire ,  et  portant  sur  son  bord  supérieur  une  rangée  de 
petites  dents  en  velours.  Cette  pièce  operculaire  &:  (fig.  3,  1  i),  est  remarquable  par  une  branche 
montante  très-considérable ,  qui  s'élève  à  angle  droit  sur  la  mâchoire  et  s'engrène  dans  le 
ti'ou  temporal  formé  par  l'arc  palatin.  Cet  os  offre  la  même  conformation  dans  plusieurs 
genres  fossiles,  et  en  particulier  chez  les  SaHrichthys  et  les  Emjnathiis. 

Entre  lui  et  l'angulaire  est  engrené  l'os  articulaire  y  (fig.  3 ,  Ik) ,  de  forme  presque 
triangulaire ,  ayant  une  fossette  articulaire  horizontale ,  peu  profonde ,  en  arrière  de  laquelle 
se  continue  un  processus  horizontal. 

Les  pièces  surangulaires  et  complémentaires  que  l'on  trouve  chez  plusieurs  reptiles ,  man- 
quent au  Bichir. 

Quant  à  leur  forme  générale,  les  maxillaires  inférieurs  sontétroits;  ils  dépassent  en  longueur  la 
mâchoire  supéi'ieure  ;  leur  bord  extérieur  est  armé  d'une  série  de  dents  coniques,  portées  par 
le  dentaire,  et  semblables  à  celles  de  la  mâchoire  supérieure  :  le  bord  interne  est  aussi  armé  de 
dents,  mais  elles  sont  beaucoup  plus  petites ,  et  forment  en  ariière  des  mâchoires  une  brosse 


—     ^i3     — 

rude  elfino.  portée  par  r(»perculairc  ;  il  y  en  a  en  outre  un  plus  grand  nombre  entre  leur 
symphyse;  les  plus  internes  sont  les  plus  grandes.  Une  rainure  assez  spacieuse  se  voit  entre 
ces  deux  bords,  dans  laquelle  les  dents  de  la  mâchoire  supérieure  sont  reçues,  lorsque  l'animal 
ferme  la  "-ueule. 

La  structure  des  dents  esl  très-simple.  Elles  présentent  dans  leur  intérieur  une  seule  cavité 
pulpaire  (ïab.  G,  fig.  11  ,  12,  1.3  o)  assez  considérable,  qui  se  rétrécit  insensiblement  vers 
la  pointe  et  imite  parfaitement  la  forme  conique  et  courbée  des  dents.  Cette  cavité  pulpaire, 
dont  la  grandeur  respective  se  montre  sur  la  coupe  transversale  de  la  dent  (Tab.  G ,  tig.  H) , 
est  entourée  d'un  cône  creux  de  dentine  (d),  composé  de  canaux  calciféres  assez  fins,  mais 
ramifiés ,  qui  tous  sont  disposés  de  manière  à  atteindre  par  le  chemin  le  plus  court  la  surface 
extérieure  de  la  dent  (fig.  H,  12,  15).  Les  tubes  sont  simplement  ramifiés,  mais  légèrement 
ondulés  dans  leur  cours.  Les  ramifications  extérieures  sont  plus  fines  et  plus  serrées  que  les 
insertions  des  tubes  dans  la  cavité  médullaire.  En  faisant  une  coupe  longitudinale,  qui  n'en- 
tame pas  précisément  la  cavité  médullaire ,  mais  qui  s'en  approche  assez  pour  permettre  de 
distinguer  les  insertions  des  canaux  (fig.  15),  on  voit  que  ces  derniers  sont  disposés  en 
séries  longitudinales  et  assez  régulières ,  de  sorte  que  la  paroi  de  la  cavité  pulpaire  est  criblée 
de  petits  trous,  disposés  d'une  manière  régulière,  et  non  pas  épars  au  hasard,  comme  cela  se 
voit  dans  beaucoup  d'autres  animaux.  Quelquefois  on  parvient  aussi  à  découvrir,  sur  la  face 
extérieure  de  la  dent,  les  innombrables  ouvertures  des  ramifications  des  canaux  calciféres: 
mais  elles  sont  tellement  fines  et  serrées,  que  même  sous  un  grossissement  considérable, 
elles  n'apparaissent  que  comme  un  léger  pointillage  (fig.  15).  Cette  dentine  forme  la  plus 
grande  partie  de  la  dent  ;  elle  n'est  recouverte  qu'au  sommet  par  un  petit  capuchon  d'émail 
très-dur .  e,  dans  lequel  je  n'ai  pu  reconnaître  ces  fibres  composées  de  petits  cubes  super- 
posés, telles  qu'on  les  a  reconnues  chez  les  mammifères.  L'émail  du  Polypterus  (fig.  12)  est 
transparent  comme  du  cristal,  sans  trace  de  structure,  et  ce  n'est  que  dans  sa  base  que  pé- 
nètrent les  dernières  extrémités  effilées  des  canaux  calciféres  de  la  dentine  ;  les  canaux  eux- 
mêmes  ne  sont  plus  ramifiés  dans  l'émail ,  mais  tout-à-fait  simples ,  un  peu  courbés ,  mais 
sans  ondulations  ;  ils  n'arrivent  pas  à  la  surface  extérieure  de  la  dent ,  mais  s'arrêtent  dans 
la  substance  même  de  l'émail. 

La  dent  est  implantée  sur  un  petit  support  osseux  de  la  mâchoire  (fig.  15),  qui  fait 
presque  corps  avec  elle.  La  substance  de  ce  cône  est  une  véritable  substance  osseuse ,  carac- 
térisée comme  telle  par  ses  canaux  médullaires  en  réseau  et  ses  nombreux  corpuscules  ramifiés. 

La  présence  d'une  simple  cavité  pulpaire  sans  ramifications  et  de  canaux  calciféres  presque 
rectilignes  et  dirigés  directement  vers  l'extérieur,  éloigne  évidemment  notre  Polypterus, 
ainsi  que  plusieurs  autres  genres,  de  la  plupart  des  autres  poissons,  et  les  rapproche  davan- 
tage des  reptiles.  Cependant  c'est  encore  avec  son  analogue  des  rivières  américaines,  le  Lépi- 
dostée ,  que  le  Polj'ptère  a  aussi  sous  ce  rapport  la  plus  grande  analogie.  ' 

L'appareil   hyoïde   et   branchial  (fig.  5)  est  très-simple:    les   cornes    antéi'ieures   de   l'os 


—   kk   — 

hyoïde  ressemblent  aux  tires  branchiaux;  leur  bord  inlerne  est  armé  de  petits  faisceaux  de 
dents  en  brosse;  la  corne  latérale  est  attachée  par  son  extrémité  postérieure  au  jugal  n°  26. 
Il  n'existe  pas  d'hyoïde  impair  antérieur  ou  d'os  lingual ,  mais  bien  une  langue  très-charnue  . 
dépourvue  de  dents  et  soutenue  par  deux  petites  plaques  latérales. 

Au  lieu  de  rayons  branchiostègues,  on  remarque ,  entre  les  branches  de  la  mâchoire  infé- 
rieure, deux  larges  plaques,'  k'ô  (lig.  3),  qui  en  tiennent  lieu ,  et  qui  se  retrouvent  avec  une 
conformation  semblable  dans  plusieurs  genres  de  Ganoïdes  fossiles,  entre  autres  dans  les 
genres  Mecjalichthys  et  Chelonkhthys. 

Les  fosses  du  crâne  sont  très-remarquables ,  et  distinguent  d'une  manière  frappante  le  Bi- 
chir  de  tous  les  autres  poissons  connus, 

La  cavité  cérébrale  commence  par  un  long  canal  cylindrique ,  creusé  le  long  de  l'occipital , 
qui  reçoit  la  moelle  épinière.  La  position  inclinée  et  prolongée  en  arrière  de  l'occipital  est  la 
cause  de  cette  anomalie.  La  cavité  s'élargit  considérablement  en  avant  de  l'occipital ,  où  elle 
est  renfermée  entre  les  parois  incomplètes  que  forment  le  mastoïdien ,  le  pariétal  et  le  sphé- 
noïde. La  longueur  de  cet  élargissement  est  juste  celle  du  pariétal  ;  sa  forme  est  quadrant 
gulaire  ;  sur  les  côtés  postérieurs  se  voient  des  creux  pour  loger  les  organes  auditifs.  La 
cavité  cérébrale  finit  avec  la  suture  entre  le  pariétal  et  le  frontal  ;  c'est  ici  que  commence  le 
grand  canal  olfactif  (fig.  7)  formant  la  continuation  directe  de  la  cavité  cérébrale.  Plus  haut  que 
large ,  ce  canal  se  continue  tout  le  long  du  frontal  entre  les  orbites ,  occupant  à  peu  près  le 
tiers  de  la  largeur  moyenne  du  crâne ,  sans  s'ouvrir  sur  le  palais ,  et  sans  être  divisé  par  une 
carène.  La  carène  médiane  ne  commence  que  près  de  l'endroit  où  les  ethmoïdes  de  Cuvier 
(nos  nasaux)  se  réunissent  aux  frontaux,  ou  plutôt  là  où  le  vomer  se  détache  plus  sensible- 
ment du  sphénoïde  ;  elle  s'avance  jusqu'à  l'extrémité  du  vomer ,  divisant  ainsi  le  canal  en 
deux  cavités  latérales  qui  s'ouvrent  largement  en  dehors  par  les  ouvertui*es  nasales,  et  qui 
montrent  en  même  temps  deux  larges  trous  palatino-nasaux  qui ,  sur  le  vivant ,  sont  bouchés 
par  du  cartilage.  La  carène  médiane  ne  s'avance  pas  sur  l'intermaxillaire ,  et  c'est  pourquoi 
les  deux  cavités  nasales  se  confondent  ici  de  nouveau  en  une  seule,  de  sorte  qu'en  tenant  le 
crâne  de  profil,  on  voit  jour  à  travers  les  deux  ouvertures  nasales  extérieures. 

On  pourrait  donc  dire  que  le  crâne  du  Polypterus  ne  présente  qu'une  seule  longue  boîte, 
cylindrique  en  arrière,  qui  s'évase  ensuite  et  se  continue  jusque  vers  l'extrémité  antérieure,  où 
elle  se  divise  en  deux  canaux  latéraux  pour  se  réunir  de  nouveau  en  une  seule  cavité. 

Les  orbites  {i\g.  5)  dépouillées  des  appareils  mobiles,  sont  très-longues,  mais  basses,  et  s'éten- 
dent sur  les  deux  côtés  du  crâne  tout  le  long  du  frontal,  étant  séparées  par  les  deux  arêtes 
interorbilaires  du  frontal,  qui  comprennent  entre  elles  le  canal  nasal.  Elles  sont  par  conséquent 
peu  profondes.  L'appareil  palatin  leur  sert  de  plancher  assez  incliné,  et  les  mâchoires  supérieures 
et  le  préopercule  les  ferment  tellement  en  dehors  qu'il  ne  reste  qu'une  assez  petite  ouverture 
extérieure.  Elles  communiquent  librement  en  arrière  avec  la  fosse  temporale  destinée  à  recevoir 
le  grand  muscle  masticateur. 


—     Mi     — 

L'étmh»  de  la  tète  de  ce  poisson  ouvre .  comme  on  vient  de  le  voir,  un  champ  entièrement 
neuf  à  lichlliyologie. 

La  ceinture  tlioracique  (Tab.  C)  est  également  très-remarquable.  Elle  est  attachée  au  crâne  par 
une  série  de  petites  plaques,  que  l'on  ne  saurait  pas  plus  en\isag'cr  comme  des  os  que  comme  des 
écailles  :  il  y  en  a  deux  au  bord  postérieiu"  des  pariétaux,  une  le  long  des  plaques  supraoperculai- 
res.  La  grande  pièce  qui  vient  ensuite  peut  être  envisagée  comme  lesuprascapulaire,  puisqu'elle 
se  termine  en  une  pointe  osseuse.  Le  scapulaire  est  assez  court,  plus  étroit  en  haut  qu'en  bas  ; 
il  se  termine  à  son  bord  interne  en  une  apophyse  transverse.  L'humérus  est  surmonté  à  son 
angle  postérieur  de  deux  pièces  surnuméraires;  du  reste,  il  s'allonge  en  pointe  étroite,  avec 
une  carène  à  sa  face  interne,  jusqu'à  la  symphyse  moyenne  des  deux  pièces  de  droite  et  de 
gauche,  où  il  est  recouvert  par  une  large  plaque  triangulaire  osseuse,  composée  de  deux  pièces. 
En  dessous  de  l'angle  postérieur  de  l'immérus ,  il  y  a  deux  os  très-anguleux,  qu'il  faut  en- 
visager connue  le  radius  et  le  cubitus.  Le  carpe  est  plus  développé  que  dans  aucun  poisson  : 
et  ce  qu'il  y  a  de  plus  extraordinaire  dans  ce  genre ,  c'est  que  ses  os  forment  une  articula- 
tion extérieure  de  cette  nageoire,  dont  le  moignon  est  complètement  séparé  delà  masse  du  corps; 
le  carpe  est  composé  de  trois  os  de  forme  et  de  grandeur  différentes:  l'externe  ou  supérieur  et 
l'interne  ont  la  même  forme ,   mais  celui-ci  est  beaucoup  plus  long  ;  arrondis  au  milieu ,  ils 
sont  légèrement  dilatés  à  leurs  extrémités  où  ils  vont  en  divergeant,  embrassant  entre  eux 
une  plaqué  arrondie  ;  à  leur  extrémité  il  y  a  une  rangée  de  dix-sept  petits  os  métacarpiens, 
formant  un  bord  arrondi,  et  dont  les  moyens,  qui  sont  les  plus  longs,  portent  les  rayons. 
La  surface  externe  du  moignon  est  recouverte  de  petites  écailles  irrégulières ,  caractère  qui 
rapproche  les  nageoires  du  Polypterus  des  pattes  de  plusieurs  Sauriens  de  la  famille  des  Seps. 
Les   poissons  fossiles  de   l'ordre  des  Ganoïdes  nous  foiu'uissent  plusieurs  exemples  remar- 
quables d'une  structure  semblable,  surtout  dans  les  genres  iMeyalicIithys  et  Glyptosteus. 

Les  extrémités  pelviqi(es  (Tab.  C)  rappellent  également,  par  la  singulière  conformation  des  os 
du  bassin,  l'organisation  des  reptiles,  plutôt  que  celle  des  poissons;  et  c'est  cette  forme  de 
l'os  pelvique  qui  est  la  plus  fréquente  parmi  les  Ganoïdes  ;  on  la  retrouve  surtout  chez  les 
Caturiis.  C'est  un  os  arrondi  au  milieu  et  plus  ou  moins  dilaté  et  aplati  à  ses  extrémités  ;  la 
partie  antérieure  de  chacun  d'eux,  de  celui  de  droite  et  de  celui  de  gauche,  est  moins  large 
et  converge  en  s'unissant  par  des  ligamens ,  de  manière  à  former  un  angle  aigu,  mais  assez 
ouvert;  la  partie  postérieure,  qui  est  la  plus  dilatée,  porte,  le  long  de  son  bord,  quatre  ou 
cinq  osselets  métacarpiens  ,  dont  l'extérieur  est  le  plus  petit  ;  réduit  à  un  cartilage  ,  il  dispa- 
raît souvent  dans  les  squelettes  ;  les  quatre  principaux  vont  en  grandissant  vers  le  bord  in- 
terne ,  et  c'est  le  dernier  qui  est  le  plus  gros.  C'est  à  l'extrémité  de  ces  osselets  que  sont 
insérés  les  rayons  des  nageoires  ventrales  ;  ceux  des  bords  sont  simples  ,  ceux  de  la  partie  la 
plus  longue  de  la  nageoire  sont  bifurques  à  plusieurs  reprises  à  leur  extrémité  ;  les  articula- 
tions sont  si  rapprochées  qu'elles  paraissent  plus  distinctes  que  les  articles  eux-mêmes ,  qui 
sont  plus  larges  que  longs.  Il  y  a  quatre  rayons  simples  au  bord  externe ,  dont  les  premiers 


—   llQ   — 

sont  très-petits  ;  il  y  en  a  en  outre  onze  qui  vont  en  diminuant  de  grandeur ,   à  partir  du 
dixième  ou  onzième.  . 

hdi  colonne  vertébrale  (Tab.C)  est  composée  de  soixante-sept  vertèbres  dont  cinquante  et  une 
abdominales  et  seize  caudales:  toutes  les  vertèbres  sont  distinctes;  dans  aucune  partie  du  sque- 
lette, on  ne  remarque  des  sutures  intimes  entre  elles.  Cependant  les  articulations  interverté- 
brales et  apophysaires  établissent  des  liaisons  très-solides  entre  toutes  les  pièces  de  la  colonne. 
Les  vertèbres  de  la  partie  antérieure  du  tronc,  et  celles  de  l'extrémité  de  la  queue  surtout,  sont 
un  peu  plus  courtes  que  celles  du  milieu  du  ventre.  Les  parties  {(ui  forment  l'arc  destiné  à 
loger  la  moelle  épinière  sont  très-simples;  ce  sont  de  larges  piliers  aplatis,  à  peine  échancrés 
sur  leurs  bords,  qui  sont  accolés  les  uns  contre  les  autres ,  de  telle  sorte  que  la  petite  saillie 
de  l'apophyse  antérieure  remplit  exactement  l'excavation  semiplane  de  lapophyse  postérieure 
de  deux  vertèbres  voisines.  Il  résulte  de  cette  disposition,  que  le  côté  supérieur  des  corps  de 
vertèbres  est  surmonté  de  deux  pla([ues  osseuses  continues,  convergentes  par  leur  bord  supé- 
rieur, et  qui  forment  entre  elles  un  canal  dans  lequel  git  la  moelle  épinière.  Les  apophyses 
épineuses  des  vertèbres  ne  sont  nullement  soudées  avec  le  corps  des  vertèbres;  elles  y  adhèrent 
simplement  par  une  articulation  ligamenteuse.  C'est  une  conformation  très- singulière ,  que  je 
n"ai  du  reste  observée  dans  aucun  poisson  vivant,  mais  qui  se  retrouve  fréquemment  dans  les 
poissons  fossiles  de  l'ordre  des  Ganoïdes,  et  qui  rapproche  ces  animaux  des  Sauriens  chez  qui 
les  apophyses  sont  séparées  du  corps  des  vertèbres  sous  la  forme  d'os  en  V,  comme  chez  les  Cro- 
codiles, sous  la  queue.  Du  reste,  ces  apophyses  épineuses  sont  comprimées  latéralement  et  beau- 
coup plus  larges  dans  la  moitié  antérieure  du  tronc  que  vers  la  queue  ;  les  plus  longues  sont 
celles  qui  correspondent  aux  vingtième  et  vingt-cinquième  vertèbres  ;  celles-ci  et  les  précédentes 
sont  légèrement  arquées  en  avant ,  celles  de  la  queue  sont  grêles  et  droites  ;  dans  la  partie 
supérieure  des  vertèbres,  il  n'y  en  a  que  jusqu'à  la  dixième  vertèbre  caudale  ;  les  six  dernières 
A  ertèbres  en  sont  entièrement  dépourvues  ;  en  revanche ,  le  dernier  interapophysaire  dorsal 
est  couché  le  long  des  corps  de  vertèbres. 

Cette  singulière  structure  nous  met  en  quelque  sorte  sur  la  voie  pour  expliquer  un  fait 
extraordinaire  que  l'on  remarque  chez  la  plupart  des  Ganoïdes  fossiles.  Quelque  surpre- 
nante que  soit  la  disparition  complète  des  corps  des  vertèbres  dans  un  si  grand  nombre  de  ces 
espèces,  il  est  bien  probable  que  c'est  dans  cette  singulière  disposition  des  apophyses  épi- 
et  dans  leur  séparation  d'avec  les  corps  des  vertèbres,  qu'il  faut  en  chercher  la  possibilité. 
Ce  qui  peut  avoir  contribué  à  favoriser  cette  disparition  des  corps  des  vertèbres ,  c'est  proba- 
blement la  nature  de  ces  os  mêmes ,  peut-être  plus  friables  ou  moins  osseux  que  les  apo- 
physes. Il  est  possible  aussi ,  qu'au  lieu  de  vertèbres ,  il  existât  une  corde  dorsale  cartilagi- 
neuse. La  structure  du  squelette  du  genre  Lepidosiren,  que  je  considère,  avec  MM.  Owen  et 
J.  Millier,  comme  appartenant  à  la  classe  des  poissons ,  nous  offre  parmi  les  types  vivans  un 
exemple  frappant  de  ce  que  je  suppose  avoir  existé  chez  la  plupart  des  Ganoïdes  fossiles.  Les 
squelettes  restaurés  des  genres  Platysomus,  Caturus  et  Macrosemius ,  que  j'ai  publiés  Vol.  2, 


—    hl    — 

Tab.  I).  long-lenips  avant  que  Ion  connût  la  charpente  osseuse  du  genre  Lepidosiren  ,  sem- 
blent cal(|ués  sur  lépine  dorsale  de  ce  singulier  animal  ;  et  les  observations  <[ue  Ion  vient 
de  lire  .  écrites  il  y  a  plus  de  div  ans  .  reçoivent  maintenant  une  éclatante  confirmation.  Dans 
le  Polypterus  ,  les  corps  des  vertèbres  ont  de  très-fortes  impressions  ,  ou  plutôt  de  nombreuses 
excavations  latérales ,  surtout  très-accusées  dans  la  partie  inférieure  des  corps  de  vertèbres . 
et  dans  lesquelles  gisent  les  reins  ;  la  série  la  plus  marquée  de  ces  enfoncemens  se  trou\ c 
sur  le  milieu  du  côté  inférieur  du  corps  des  vertèbres  ;  vers  la  tête ,  ils  sont  moins  profonds  : 
mais  ceux  dont  la  concaA  ité  est  la  plus  spacieuse ,  sont  ceux  du  milieu  du  ventre ,  surtout  de 
la  vingtième  à  la  quarantième  ^  ertèbre  :  ils  diminuent  de  nouveau  jusque  sous  la  queue.  Sur 
les  côtés  des  vertèbres ,  mais  encore  en  dessous  des  apophyses  transverses ,  il  existe  une  se- 
conde série  dexcavalions  également  plus  grandes  et  même  divisées  encore  en  deux  par  une 
saillie  osseuse  ;  sur  les  côtés,  en  dessus  des  apophyses  transverses,  depuis  la  dixième  vertèbre 
environ ,  et  surtout  vers  la  trentième ,  il  y  a  des  impressions  semblables ,  mais  plus  arrondies 
et  plus  petites.  Sur  les  côtés  de  la  queue ,  où  les  apophyses  transverses  disparaissent ,  il  n'y 
a  plus  qu'une  cavité  arrondie  en  dessus  et  en  dessous  de  la  saillie  qui  correspond  aux  apophyses 
transverses  ;  les  quatre  dernières  vertèbres  sont  entièrement  lisses.  Les  apophyses  trans- 
verses sont  si  singulières  ,  qu'en  les  voyant  sur  le  côté  de  vertèbres  séparées,  on  les  prendrait 
plutôt  pour  des  parties  du  squelette  d'un  Crocodile  que  pour  des  vertèbres  de  poisson.  Inti- 
mement soudées  au  corps  des  vertèbres ,  et  sans  aucune  trace  de  séparation ,  ces  apophvses 
forment,  sur  les  côtés  des  vertèbres,  des  saillies  horizontales  aussi  longues  et  même  plus  lon- 
gues que  les  corps  de  vertèbres  ne  sont  larges  :  celles  des  premières  vertèbres  sont,  il  est  vrai, 
sensiblement  plus  courtes  ;  mais,  depuis  la  dixième  vertèbre,  elles  ont  cette  grandeur,  et  sont 
tournées  directement  en  dehors ,  tandis  que  vers  la  trentième  vertèbre  environ ,  elles  s'in- 
clinent légèrement  vers  l'abdomen ,  tout  en  diminuant  insensiblement  de  longueur.  Depuis 
la  première  vertèbre  caudale ,  elles  ne  forment  plus  qu'une  légère  saillie  sur  le  milieu  de 
la  base  latérale  des  corps *de  vertèbres.  A  l'extrémité  de  toutes  ces  apophyses,  depuis  la  pre- 
mière jusqu'à  la  dernière,  il  y  a  des  côtes,  dont  les  antérieures,  qui  sont  les  plus  grosses,  sont 
en  même  temps  droites  et  roides  comme  des  massues ,  avec  lesquelles  elles  ont  quelque  rap- 
port de  forme,  par  le  renflement  de  leurs  extrémités.  Depuis  la  quinzième  vertèbre  environ , 
les  côtes  sont  un  peu  plus  grêles ,  et  elles  le  deviennent  de  plus  en  plus  jusqu'au  conuuence- 
ment  de  la  queue  ;  elles  perdent  en  même  temps  de  leur  roideur,  et  se  courbent  d'abord 
légèrement ,  puis  de  plus  en  plus .  jusque  vers  rextrémilé  de  la  cavité  abdominale  .  où  elles 
commencent  à  converger  toujours  plus  fortement.  On  dirait  que  toutes  les  singularités  os- 
téologi([ues  se  trouvent  réunies  dans  cette  espèce  ;  car  entre  les  côtes  que  je  viens  de  décrire, 
les  apophyses  transverses  portent  encore  une  seconde  rangée  d'osselets  allongés ,  espèces  d'a- 
rêtes intermusculaires  ou  de  côtes  accessoires,  qui  sont  fixées  par  des  ligamens  aux  apo- 
physes transverses.  Dans  la  partie  antérieure  du  squelette,  ces  osselets  sont  insérés  vers  la 
base  et  au  bord  antérieur  des  apophyses  transverses;  là  ils  sont  aussi  beaucoup  plus  courts  et 


—  48  — 
plus  grêles  que  les  côtes;  mais,  à  mesure  que  les  côtés  diminuent  d'épaisseur,  depuis  la  tren- 
tième vertèbre  surtout,  ils  s'allongent  toujours  davantage;  leur  point  d'insertion  s'avance 
d'abord  vers  le  milieu ,  puis  vers  l'extrémité  des  apophyses  transverses  ;  depuis  la  trente-cin- 
quième vertèbre  environ ,  leur  longueur  égale  celle  des  côtes  ;  plus  loin ,  ils  les  dépassent 
même  en  longueur  et  en  épaisseur  ;  enfin  celui  de  la  quarante-huitième  vertèbre  est  même 
articulé  vers  son  tiers  supérieur,  et  converge,  de  manière  à  présenter  une  transition  insen- 
sible aux  apophyses  épineuses  inférieures  de  la  queue ,  par  ceux  des  quarante-neuvième  et 
cinquantième  vertèbres.  C'est  en  effet  encore  une  des  singularités  les  plus  surprenantes  de  ces 
osselets ,  que ,  loin  d'être  insérés  à  la  surface  extérieure  des  apophyses  transverses ,  comme 
les  arêtes  musculaires  surcostales  des  Perches ,  ils  sont  accolés  à  la  face  inférieure  de  ces  apo- 
physes ,  ensorte  qu'ici  l'on  est  tenté  d'envisager  ces  pièces  comme  des  côtes  doubles ,  dont  les 
inférieures  passent  insensiblement  aux  apophyses  épineuses  inférieures.  Quant  à  ces  apo- 
physes épineuses  inférieures ,  elles  ne  sont  pas  plus  soudées  aux  corps  des  vertèbres  que  les 
apophyses  supérieures  qui  leur  correspondent  ;  mais  elles  sont  beaucoup  plus  longues  et  sur- 
tout plus  fortes ,  et  il  y  en  a  jusqu'à  la  dernière  vertèbre  ;  les  cinquième  et  sixième  sont  les 
plus  fortes  ;  leur  base  forme  un  canal  dans  lequel  est  logée  la  continuation  de  l'aorte ,  et  qui 
est  plus  large  dans  sa  partie  antérieure  qu'en  arrière. 

L'insertion  de  la  caudale  présente  des  particularités  frappantes  qui,  je  l'avoue  à  regret,  pour- 
raient être  mieux  représentées  dans  notre  figure  :  ses  rayons ,  au  lieu  d'être  insérés  sur  de 
simples  osselets  interapophysaires  ,  comme  dans  la  plupart  des  poissons,  sont  articulés  à  l'ex- 
trémité d'une  double  rangée  d'osselets  mobiles  les  uns  sur  les  autres  par  leurs  extrémités. 
La  première  série  de  ces  pièces ,  celle  qui  s'attache  directement  aux  apophyses  épineuses  in- 
férieures, est  composée  de  cinq  osselets  coniques ,  placés  en  avant  les  uns  des  autres ,  mais 
devant  la  première  apophyse  épineuse  et  dont  la  pointe  est  tournée  vers  les  corps  des  vertèbres  , 
tandis  que  leur  base  plus  large  et  légèrement  comprimée,  sert  d'attache  aux  six  osselets  de  la 
seconde  série  ;  ceux-ci  sont  plus  longs  que  les  supérieurs ,  renflés  à  leurs  deux  extrémités  qui 
sont  comprimées  et  arrondies  au  milieu;  le  dernier  des  six  est  le  plus  long,  mais  aussi  le  plus 
grêle.  C'est  à  l'extrémité  de  ces  osselets  que  sont  insérés  les  nombreux  rayons  de  cette  petite 
nageoire.  N'est-il  pas  étonnant  en  effet  qu'une  nageoire  dont  la  base  est  aussi  étroite  compte 
autant  de  rayons  ?  11  y  en  a  seize,  dont  le  huitième  seulement  atteint  la  plus  grande  longueur 
de  la  nageoire  ;  les  suivans  vont  de  nouveau  en  diminuant  insensiblement.  Tous  ces  rayons 
sont  simples,  mais  articulés  jusque  vers  leur  base  ;  la  longueur  des  articles  égale  leur  largeur. 

Quant  aux  autres  nageoires  impaires ,  il  est  impossible  de  les  distinguer  les  unes  des  autres , 
tant  la  dorsale  et  la  caudale  sont  confondues.  Notre  poisson  nous  offre  ainsi  un  exemple  con- 
cluant de  l'identité  de  formation  de  ces  deux  nageoires  et  de  leurs  appuis ,  alors  même  que 
leurs  rayons  ne  sont  pas  insérés  de  la  même  manière ,  puisque  ici  la  portion  inférieure  de  la 
caudale  est  insérée  directement  sur  les  apophyses  épineuses ,  tandis  que  la  partie  correspon- 
dante supérieure  est  insérée  sur  des  osselets  interapophysaires.  dont  le  dernier  n'est  pas  même 


—     'i9     — 

soutenu  enire  des  apophyses  épineuses ,  mais  repose  sur  le  corps  des  dernières  vertèbres.  \ 
Enfin  ,  les  rayons  épars  de  la  dorsale  passent  si  insensiblement  à  la  caudale ,  qu'on  ne  saurait 
tracer  entre  elles  que  des  limites  arbitraires.  Les  cinq  rayons  extérieurs  et  inférieurs  de  la 
caudale ,  qui  vont  insensiblement  en  grandissant  (  le  premier  petit  manque  dans  la  figure  ) , 
sont  simples  et  plus  courts  que  les  deux  suivans,  dont  l'extrémité  est  seulement  bifurquée  ;  les 
divisions  vont  en  augmentant  juscju'aux  onzième  et  treizième  qui  en  ont  le  plus  ;  cependant 
le  douzième  est  moins  divisé  que  ceux  qui  lavoisinent.  Ces  rayons  forment  la  partie  la  plus 
saillante  de  l'extrémité  de  la  queue  et  sont  encore  insérés  le  long  de  la  dernière  apophyse 
épineuse  inférieure  ;  les  suivans  sont  portés  sur  des  osselets  interapopliysaires  (  c'est  entre  ces 
deux  espèces  de  rayons  que  finit  la  ligne  latérale).  Il  y  en  a  huit  non  fulcrés,  qui  sont  portés 
sur  huit  osselets  interapophysaires,  et  dont  les  divisions  sont  d'autant  moins  nombreuses  qu'ils 
sont  plus  rapprochés  des  rayons  fulcrés  ;  tous  ces  rayons  sont  articulés  d'assez  près  pour 
que  les  articles  soient  plus  larges  que  longs  dans  toute  la  portion  inférieure  de  la  caudale. 
Les  articulations  s'étendent  sur  toute  la  partie  visible  des  rayons;  leiîr  base ,  en  revanche,  est 
cachée  par  les  muscles ,  et  embrasse  les  côtés  de  l'extrémité  des  apophyses  épineuses  .  sans 
former  avec  eux  de  charnière;  tandis  que  les  rayons  de  la  portion  supérieure  de  la  caudale 
dont  la  base  n'est  pas  articulée,  forment  des  ginglymes  avec  les  osselets  interapophysaires. 
Il  en  est  de  même  de  l'articulation  de  tous  les  rayons  de  la  dorsale  ;  chaque  rayon  a  deux 
capitules  articulaires  à  sa  base  sur  ses  côtés,  et  reçoit  entre  eux  le  capitule  arrondi  de  l'extré- 
mité supérieure  des  osselets  interapophysaires  ;  on  compte  quinze  ou  seize  de  ces  osselets  suivant 
les  individus;  mais  les  rayons  eux-mêmes  ont  une  structure  si  particulière,  que  leur  disposition 
est  le  seul  exemple  de  cette  structure  dans  toute  la  classe  des  poissons.  Le  fort  des  rayons, 
ou  la  partie  inférieure ,  est  un  os  simple ,  comprimé  d'avant  en  arrière,  mais  dilaté  sur  les 
flancs ,  de  telle  sorte  cependant ,  que  sa  face  antérieure  est  légèrement  voûtée ,  tandis  que 
sa  face  postérieure  est  concave  et  présente  une  rainure  étroite ,  dans  laquelle  sont  insérés 
plusieurs  rayons  ou  filets  secondaires  articulés  et  mobiles  sur  le  fond  de  cette  cannelure. 
L'extrémité  supérieure  des  rayons  est  fortement  échancrée ,  et  par  conséquent  bifurquée.  Les 
filets  ou  rayons  secondaires  sont  conformés  comme  tous  les  rayons,  et  composés  de  deux  par- 
ties latérales  paires  et  articulées  à  plusieurs  reprises  sur  toute  leur  longueur  ;  leur  nombre 
varie  suivant  la  position  des  rayons  principaux ,  il  est  de  trois  ou  quatre  au  premier ,  de  qua- 
tre à  cinq  et  même  six  aux  douze  ou  treize  suivans  ,  et  de  trois  ou  quatre  aux  deux  derniers; 
leur  largeur  est  plus  considérable  que  la  partie  du  rayon  principal  au  delà  de  l'échancrure. 
Le  premier  des  rayons  ordinaires  de  la  caudale  est  très-remarquable ,  en  ce  qu'on  observe 
dans  sa  portion  inféro-postérieure  ime  tendance  à  s'articuler  plus  distinctement  et  à  se  séparer 
encore  de  la  plaque  que  forme  vers  sa  base  la  portion  antérieure  du  rayon  ;  il  forme  même 
quelquefois  encore  une  plaque  simple ,  accolée  contre  un  rayon  ordinaire.  La  description  que 
M.  Geofïroy  de  St-Hilaire  a  donnée  dans  le  premier  volume  des  Annales  du  Muséum,  des 
rapports  des  rayons  des  nageoires  verticales  avec  les  apophyses  épineuses  des  vertèbres,  est 

TOM.  II,    2"   PART.  7 


—     50     — 

très-incomplète.  Chaque  rayon  est  enclavé  à  sa  base  entre  deux  écailles  acuminées ,  échan- 
crées  à  leur  bord  interne  ,  et  formant  ainsi  ensemble  une  demi-lune  qui  embrasse  la  base  du 
rayon.  Entre  ces  écailles  il  y  en  a  de  plus  petites  qui  remplissent  l'espace  entre  deux  rayons. 

Les  écailles  du  corps  présentent  cette  disposition  en  séries  dorso-ventrales,  très-saillantes  et 
obliques  d'avant  en  arrière ,  qui  est  commune  à  tous  les  Ganoïdes.  Cependant  nous  remar- 
quons aussi  ici  des  différences  notables  qui  contribueront  à  nous  expliquer  plusieurs  points 
obscurs  de  la  squammation  des  genres  fossiles.  De  l'écaillé  basale  ambiante  de  chaque  rayon 
naît  une  de  ces  séries  ;  toutes  sont  d'abord  fortement  arquées  en  ari-ière  ;  sur  le  milieu  des 
flancs  elles  sont  simplement  obliques ,  et  vers  le  ventre  elles  s'arquent  de  nouveau ,  mais 
tout  en  conservant  leur  direction  oblique  en  arrière.  Sur  le  milieu  du-  dos  ces  séries  se 
rencontrent  en  une  écaille  impaire,  médiane  et  triangulaire,  sous  un  angle  aigu,  dont  le 
sommet  est  dirigé  en  avant  ;  les  séries  nuchales  s'enclavent  de  cette  manière  entre  les  bran- 
ches droite  et  gauche  de  la  ceinture  thoracique.  Les  séries  se  rencontrent  de  la  même  manière 
sous  le  ventre,  mais  sous  un  angle  un  peu  plus  aigu,  et  dont  le  sommet  est  dirigé  en  arrière. 
Cette  différence  dans  le  degré  de  convergence  des  séries  provient  de  ce  qu'elles  sont  plus 
fortement  inclinées  en  arrière  à  partir  de  la  courbure  inférieure  ;  il  en  résulte  aussi  que  les 
écailles  inférieures  sont  plus  étroites  que  celles  du  dos.  Ces  séries  se  perdent  entre  les  ven- 
trales ,  en  avant  de  l'anale  et  sur  la  caudale  ;  en  revanche ,  il  naît  de  nouvelles  séries  entre 
les  pectorales ,  sur  le  bord  de  la  ceinture  thoracique ,  jusqu'à  une  écaille  impaire  entre  les 
symphyses. 

La  direction  de  la  ligne  latérale  est  aussi  très-remarquable  :  naissant  en  arrière  du  trou 
nmqueux  suprascapulaire,  elle  ne  passe  que  par  quelques  écailles  à  cette  hauteur,  et  descend 
à  la  série  moyenne  sur  laquelle  elle  se  prolonge  jusqu'à  la  caudale  ;  cependant,  jusqu'à  la  hau- 
teur de  l'insertion  des  pectorales ,  toutes  les  écailles  qui  avoisinent  la  ceinture  thoracique  sont  , 
percées  de  semblables  pores.  Il  existe  de  plus  une  seconde  série  de  ces  pores,  qui  s'étend  du 
pore  muqueux  occipital  supérieur  sur  les  côtés  de  la  nageoire  dorsale  jusqu'à  la  ligne  laté- 
rale. On  remarque  en  outre  sur  les  flancs  quelques  pores  épars  et  dispersés  irrégulièrement 
entre  ces  deux  séries  continues. 

Les  ventrales  ne  sont  pas  accompagnées  d'écaillés  particulières  au  dessus  de  leur  inser- 
tion ;  mais  il  y  en  a  quatre  petites  hors  de  série,  en  avant  de  leur  bord  antérieur,  qui  font 
une  légère  saillie  ;  en  revanche ,  la  surface  inférieure  est  recouverte  de  petites  saillies  sur  le 
premier  quart  de  la  longueur  des  rayons. 

Les  écailles  se  comportent  d'une  manière  toute  particulière  sur  les  rayons  de  la  cau- 
dale. Les  divisions  transverses  que  l'on  remarque  sur  ces  rayons  ne  proviennent  pas  de 
leurs  articulations ,  comme  on  l'a  dit  et  comme  on  pourrait  môme  le  croire  d'après  les 
exemplaires  sur  lesquels  mes  figures  ont  été  prises.  Ayant  eu  en  mains  les  exemplaires  que 
Riippel  a  rapportés  du  Nil ,  et  qui  sont  conservés  dans  l'esprit  de  vin ,  j'ai  été  frappé  de  la 
mobilité  de  ces  séries,   et  j'ai  reconnu  que  toutes  ces  divisions,  visibles  extérieurement, 


—     51     — 

proviennent  de  séries  d'écaillcs,  qui  longent  les  rayons,  et  donnent  à  la  caudale  son  aspect 
particulier. 

On  sait  ([ue  chez  tous  les  Ganoïdes ,  les  écailles  qui  recouvrent  l'extrémité  de  la  queue , 
près  de  la  caudale ,  ont  une  physionomie  particulière ,  et  semblent  suivre  une  règle  à  part 
dans  leur  distribution,  bien  quelles  soient  toujours  rangées  par  séries.  Dans  le  Bichir.  les 
séries  dorso-ventrales  conser^  ent  leiu-  continuité  ;  mais  ce  qui  leur  donne  ce  singulier  aspect, 
c'est  que  les  écailles  de  la  partie  supérieure  des  séries  se  tournent  davantage  en-  haut ,  et  font 
paraître  dune  manière  plus  tranchée  les  séries  médio-dorsales  que  les  séries  médio-ven- 
trales;  mais  ici  aussi,  la  division  des  séries  ne  provoque  pas  de  nouvelles  rangées,  comme 
dans  plusieurs  genres  fossiles. 

De  petites  écailles  recouvrent  le  bord  antérieur  de  l'anale,  qui  est  très-charnu.  Ces 
écailles  sont  d'autant  plus  petites  qu'elles  sont  plus  rapprochées  du  bord  même  de  la  na- 
geoire ;  le  long  de  la  base  de  la  nageoire ,  la  première  rangée  est  la  plus  grosse  ;  la  base 
même  est  comprise  entre  les  deux  séries  d'écaillés  particulières  qui  la  bordent ,  comme  entre 
deux  valves  formant  une  gaine  mobile.  Il  y  a,  sur  les  rayons,  onze  séries  d'écaillés  qui 
suivent  leur  direction  ;  elles  sont  imbriquées  les  unes  sur  les  autres ,  de  manière  que  le  bord 
postérieur  des  unes  recouvre  le  bord  antérieur  des  suivantes,  comme  dans  les  écailles  du 
tronc.  Chaque  série  est  composée  d'un  grand  nombre  d'écaillés ,  beaucoup  plus  longues  que 
larges;  mais  comme  la  moitié  de  la  longueur  des  écailles  est  toujours  recouverte  par 
la  série  suivante,  il  en  résulte  qu'elles  paraissent  extérieurement  presque  équilatérales.  Il 
y  a  en  outre  au-dessus  de  l'insertion  de  l'anale  un  grand  nombre  de  petites  écailles  inter- 
posées entre  l'extrémité  des  séries  principales  qui  aboutissent  ici. 

Les  écailles  de  tout  le  corps  sont  en  général  rhomboïdales  ;  leur  bord  postérieur  est  cons- 
tamment droit ,  ou  légèrement  voûté  dans  les  séries  antérieures  ;  le  bord  inférieur  est  très- 
légèrement  convexe,  tandis  que  le  supérieur  présente  une  faible  concavité  correspondante.  On 
peut  remarquer  encore  qu'en  général  les  écailles  des  séries  postérieures  sont  plus  anguleuses  , 
tandis  que  celles  des  séries  antérieures  sont  plus  obtuses.  Malgré  leur  solidité,  elles  sont  assez 
mobiles  pour  n'entraver  en  aucune  manière  les  mouvemens  du  corps. 

Examinées  au  microscope,  les  écailles  du  Polyptère  montrent  à  leur  surface  extérieure  une 
quantité  de  petits  trous  qui  conduisent  dans  l'intérieur  de  l'écaillé.  En  les  usant,  principale- 
ment du  côté  inférieur ,  de  manière  à  les  rendre  transparentes ,  et  en  les  plaçant  alors  sous  le 
microscope  (Tab.  G,  fig.  H) ,  on  découvre  un  réseau  assez  serré  de  canaux  médullaires,  déve- 
loppé sous  toute  la  superficie  de  l'écaillé ,  et  s'ouvrant  par  une  quantité  de  petits  trous  vers 
l'extérieur.  Les  canaux  médullaires  dont  se  compose  le  réseau,  sont  assez  égaux  en  largeur, 
les  mailles  assez  serrées,  et  les  anastomoses  par  conséquent  assez  fréquentes.  Dans  quelque 
direction  que  l'on  examine  une  coupe  ainsi  préparée  (Tab.  G,  fig.  fo) ,  on  aperçoit  toujours 
ce  réseau  médullaire  au  milieu  de  l'écaillé,  à  peu  près  à  égale  distance  des  deux  surfaces,  et 
l'on  voit  que  ce  réseau  naît  de  quelques  canaux  montant  depuis  la  peau  dans  la  substance 


—  Sa- 
de l'écaillé  ;  on  découvre  aussi  par-ci  et  par-là  des  canaux  montant  depuis  le  réseau  vers  la 
surface  extérieure  de  l'écaillé,  qui  s'ouvrent  en  dehors.  N'ayant  pas  à  ma  disposition  des 
poissons  conservés  à  l'esprit  de  vin,  je  ne  me  suis  servi  pour  mes  recherches  que  d'écaillés 
sèches.  Je  n'en  ai  pas  moins  découvert  des  traces  des  membranes  qui  tapissaient  les  canaux, 
et  très-souvent  j'ai  aussi  vu  des  débris  fibreux  sortir  des  trous  à  l'extérieur,  et  s'insérer  dans 
la  couche  mince  et  membraneuse  qui  recouvre  la  surface  extérieure  de  l'écaillé.  Nul  doute 
que  ces  canaux  et  réseaux  médullaires  ne  soient  les  canaux  conducteurs  des  vaisseaux  ca- 
pillaires présidant  à  la  nutrition  des  écailles ,  et  se  continuant  jusque  dans  la  couche  épithé- 
liale,  qui  couvre  l'écaillé  à  l'extérieur, 

La  substance  principale  de  l'écaillé ,  dans  laquelle  ces  réseaux  médullaires  se  développent . 
est  de  l'os ,  parfaitement  caractérisé  par  la  présence  de  corpuscules  osseux ,  à  ramilica- 
tions  calcifères,  disséminées  dans  toute  la  masse  sans  ordre  apparent.  Ces  corpuscules  sont 
les  plus  nombreux  vers  la  surface  interne  de  l'écaillé  ;  ils  deviennent  plus  rares  vers  l'exté- 
rieur, et  au  dessus  du  réseau  médullaire,  la  substance  osseuse  en  est  presque  entièrement 
dépourvue,  de  manière  que  l'on  pourrait  la  confondre  avec  l'émail.  Mise  en  contact  avec 
de  l'acide ,  la  substance  osseuse  développe  beaucoup  de  gaz  carbonique  ;  la  chaux  carbonatée 
se  dissout ,  et  les  corpuscules  et  leurs  ramilications  calcifères  disparaissent  presque  complè- 
tement. 

A  l'extérieur  de  la  substance  osseuse  se  trouve  une  couche  assez  mince ,  mais  uniforme , 
d'une  substance  très-dure,  cassante  comme  du  cristal  et  presque  transparente.  C'est  cette 
substance  qui  donne  à  l'écaillé  cet  aspect  luisant  qui  caractérise  également  les  écailles  des 
Ganoïdes  fossiles.  Nous  n'avons  pu  découvrir  dans  cet  émail  aucune  trace  de  prismes  ou  de 
fibres,  non  plus  que  dans  celui  des  dents.  Nous  ferons  remarquer  à  ce  sujet  qu'en  préparant 
les  coupes  des  écailles,  il  faut  avoir  soin  de  ne  pas  les  user  trop  rapidement,  et  d'éAiter  toute 
espèce  de  choc;  car  l'émail  est  tellement  cassant,  qu'il  saute  et  s'enlève  très-facilement,  en- 
sorte  que  l'on  pourrait  méconnaître  sa  présence. 


—     s  3 


CHAPITRE  II. 

COMPARAISON  ENTRE  LES  SAUROIDES  ET  LES  REPTILES.  CONFORMATION  DE  LA  TÊTE  EN  PARTICULIER. 


Un  livre  qui  traite  essentiellement  du  squelette  des  poissons  conservés  à  l'état  fossile  dans 
les  couches  de  la  terre, ^ doit  contenir,  comme  corollaire,  une  étude  comparative  de  la 
t<3te  des  dilTérens  types  de  vertébrés,  afin  de  donner  au  lecteur  le  moyen  de  juger  de 
la  valeur  des  caractères  sur  lesquels  sont  établies  les  déterminations  des  espèces,  des  genres 
et  des  familles.  Cette  étude  comparative  sera  d'autant  plus  utile  qu'elle  sera  plus  détaillée. 
Je  pense  dès  lors  qu'indépendamment  de  l'aperçu  que  j'en  ai  rédigé  pour  les  généralités  du 
premier  volume ,  une  analyse  exacte  de  ces  mêmes  parties  ne  sera  pas  déplacée  à  la  suite  de 
la  description  que  nous  venons  de  donner  du  squelette  des  Sauroïdes  vivans  ;  d'autant  plus 
que  ce  sont  de  tous  les  poissons  ceux  qui  offrent  le  plus  de  rapport  avec  les  reptiles.  Les 
Sauroïdes  sont  même  en  quelque  sorte  intermédiaires  entre  les  poissons  normaux  et  la  classe 
des  reptiles ,  qui  se  trouve  placée  immédiatement  au-dessus  d'eux  dans  l'échelle  des  êtres  or- 
ganisés. 

Le  temps  n'est  pas  fort  éloigné  où  le  monde  savant  était  tout  en  émoi  à  la  suite  des  con- 
troverses suscitées  par  l'étude  de  la  composition  de  la  tête.  D'un  côté,  l'école  des  philosophes 
de  la  nature ,  composée  d'hommes  éminens ,  tels  que  Spix ,  Bojanus ,  Oken ,  Geoffroy  St-Hi- 
laire,  Carus  et  autres,  soutenaient,  avec  tout  l'ascendant  de  leur  talent,  l'unité  de  plan  dans  la 
structure  et  le  nombre  de  ces  os ,  et  prétendaient  que  la  tête  n'était  qu'une  réunion  de  ver- 
tèbres: ils  cherchaient  ainsi  à  ramener  à  un  plan  général  et  commun  les  différentes  pièces  de  la 
tête ,  et  allaient  même  jusqu'à  prétendre  que  le  nombre  de  pièces  qui  forment  l'ensemble  de  la 
tête,  devait  être  égal  dans  tous  les  vertébrés  sans  exception.  Les  adversaires,  ayant  à  leur 
tête  Cuvier,  en  France,  et  Meckel,  en  Allemagne,  opposaient  à  cette  théorie  toutes  les  res- 
sources de  leur  immense  savoir ,  et  cherchaient  à  en  faire  ressortir  toutes  les  difficultés.  Cette 
lutte  vive  et  prolongée  a  eu  les  plus  heureux  effets;  car  si  les  uns,  partant  d'un  principe  « 
priori,  en  ont  tiré  parfois  des  conséquences  trop  hardies ,  ou  ont  été  conduits  à  des  résultats 
exagérés,  leurs  adversaires  n'ont  jamais  manqué  de  leur  opposer  l'état  vrai  des  choses  et  les 
exceptions  à  la  règle,  veillant  constamment  à  ce  que  les  faits  ne  fussent  pas  dénaturés.  En 


—   u   — 

cherchant  ahisl  de  part  et  d'autre  des  appuis  pour  son  opinion,  on  a  été  conduit  à  une  étude 
approfondie ,  qui  a  eu  pour  résultat  de  nous  faire  connaître  la  construction  de  la  tète  mieux 
que  ne  l'auraient  pu  faire  des  recherches  plus  paisibles.  Je  n'entrerai  pas  ici  dans  le  détail 
des  argumens  qui  ont  été  avancés  par  les  parties  militantes  ;  je  m'en  tiendrai  à  la  discussion 
des  faits  et  des  conséquences  immédiates  qui  découlent  des  nouvelles  observations  qui  ont 
été  faites  depuis  (*). 

Le  principe  qui  m'a  guidé  dans  la  détermination  des  os  est  celui  de  la  fonction  physiolo- 
gique que  l'on  peut  leur  assigner;  et,  en  effet,  il  paraît  que  c'est  dans  la  fonction  que 
chaque  pièce  a  à  remplir,  qu'il  faut  chercher  la  clef  des  singulières  variations  auxquelles 
elles  sont  souvent  assujetties.  Je  ne  m'embarrasserai  donc  pas  du  nombre  des  pièces,  ni  des 
liaisons  qu'elles  contractent  entre  elles ,  convaincu  que  je  suis  que  ce  sont  là  des  accessoires , 
importans  sans  doute ,  mais  qui  ne  sauraient  servir  de  guide  sûr ,  lorsque  la  manière  de 
vivre  et  la  constitution  d'un  animal  lui  font  subir  des  changemens  notables. 

Je  n'accorderai  pas  non  plus  une  valeur  exagérée  à  l'embryologie ,  qu'on  a  trop  souvent 
invoquée  comme  un  argument  sans  réplique  dans  les  débats  dont  il  vient  d'être  question , 
bien  qu'on  la  connût  alors  d'une  manière  beaucoup  moins  parfaite  que  de  nos  jours.  11  existe 
sans  doute  un  type  général  de  conformation  embryonique  dans  toute  la  série  des  vertébrés; 
mais  nous  savons  aussi  que  le  type  particulier  de  chaque  espèce  entre  de  très-bonne  heure  en 
conflit  avec  le  plan  général ,  et  qu'on  ne  trouve  dans  les  embryons  des  divers  types  de  cet 
embranchement ,  ni  le  même  nombre  de  points  d'ossification ,  ni  la  même  forme  de  la  tête  et 
de  ses  différentes  parties  constitutives.  Je  crois  en  revanche  que,  dans  l'appréciation  des 
parties  du  squelette ,  il  faut  placer  au  premier  rang  la  fonction  physiologique  ;  je  m'en  tien- 
drai dès-lors ,  pour  les  déterminer,  principalement  aux  rapports  des  différentes  pièces  avec 
les  parties  molles,  qu'elles  entourent  et  soutiennent. 

En  effet,  si  les  os  du  crâne  sont  là  pour  protéger  les  centres  du  système  nerveux  et  les 
organes  des  sens ,  qui  en  dépendent ,  en  formant  autour  d'eux  une  enveloppe  plus  ou  moins 
solide  ;  ainsi  que ,  si  les  ossemens  de  la  face  sont  réellement  destinés  à  prêter  des  appuis  so- 
lides aux  fonctions  de  la  nutrition  et  de  la  respiration ,  qu'y  a-t-il  de  plus  naturel  que  d'ad- 
mettre que  c'est  d'après  ces  centres  nerveux,  d'après  le  développement  des  fonctions  respi- 
ratoires et  de  la  déglutition,  que  doivent  s'arranger  les  os  qui  protègent  et  qui  contiennent 
ces  organes?  Doit-on  s'étonner  de  l'absence  de  l'orbite  et  des  parties  dures  qui  la  forment, 
si  l'animal  est  dépourvu  d'yeux?  de  l'absence  d'un  vomer,  s'il  n'a  pas  de  palais?  de  l'absence 
d'un  lacrymal,  si  la  glande  lacrymale  et  son  canal  excrétoire  n'existent  pas? 

(')  Il  ne  sera  pas  inulile  de  faire  remarquer  ici  qu'une  étude  détaillée  du  développement  de  l'embryon ,  loin  d'être 
fovorable  à  la  théorie  de  la  structure  vertébrale  du  crâne,  lui  est  tout  à  fait  contraire.  M.  Vogt,  qui  a  étudié  spéciale- 
ment cette  question  chez  les  reptiles  et  les  poissons,  s'est  prononcé  positivement  contre  cette  manière  de  voir,  dans  ses 
recherches  sur  VAlyles  ohstetricans ,  pag.  98  ,  et  dans  V Embryologie  des  Salmones ,  qu'il  a  écrite  pour  mon  Histoire 
iKituielle  des  Poissons  d'eau  douce  de  l'Europe  centrale  ,  vol.  I,  pag.  121. 


o5 


Mais  quand  même  on  admottrait  ce  principe ,  on  pourrait  encore  se  demander  s'il  est  réel- 
lement possible  d'assigner  à  chaque  os,  ou  plutôt  à  chaque  groupe  d'os,  une  fonction  parti- 
culière, qu'il  doive  remplir  dans  toute  la  série  des  vertèbres,  ou  s'il  n'arrive  pas  au  contraire 
que  les  fonctions  de  l'un  soient  transmises  à  un  autre.  On  pourrait  en  effet,  en  examinant 
pour  la  première  fois  diverses  têtes,  croire  à  de  semblables  migrations.  C'est  ainsi  que,  par 
exemple ,  l'os  temporal  de  l'homme  a  quatre  parties  douées  de  quatre  fonctions  distinctes  et 
bien  tranchées.  Le  rocher  constitue  l'enveloppe  du  labyrinthe,  le  mastoïdien  celle  des  cellules 
tympaniques  ;  l'anneau  tympanique  forme  le  cadre  de  la  membrane  tympanique ,  et  l'écaillé 
complète  la  paroi  crânienne.  Si  ces  fonctions  étaient  aussi  exclusives  et  aussi  tranchées  dans  les 
autres  animaux  que  dans  l'homme,  il  faudrait  envisager  presque  tout  le  crâne  des  poissons 
comme  un  rocher,  puisque  le  labyrinthe  est  presque  libre  dans  la  cavité  encéphalique  ;  il  fau- 
drait de  plus  croire  que  le  tympanal  et  le  mastoïdien  se  perdent  complètement,  puisque  la  ca- 
vité tympanique  et  sa  membrane  manquent  à  la  dite  classe.  Mais  ici  l'embryologie,  aussi  bien 
que  l'étude  des  affinités  des  os,  des  liaisons  qu'ils  contractent,  et  de  leurs  emplacemens,  nous 
vient  en  aide,  en  nous  apprenant  que,  dans  le  principe,  la  vessie  de  l'oreille  primitive  n'est 
point  séparée  si.  strictement  du  cerveau ,  que  ce  n'est  que  peu  à  peu  qu'elle  s'en  détache  et 
acquiert  une  enveloppe  solide  propi*e  ;  que  la  cavité  tympanique  ne  fait  pas  partie  intégrante 
de  l'appareil  auditif;  qu'elle  est  une  fente  branchiale,  c'est-à-dire  une  formation  essen- 
tiellement cutanée ,  qui  s'est  réunie  à  l'oreille  primitive  chez  les  animaux  supérieurs ,  et  que 
c'est  dès  lors  en  dehors  de  la  boîte  crânienne ,  aux  alentours  de  cette  fente  branchiale,  qu'on 
doit  chercher ,  chez  les  animaux  inférieurs ,  les  pièces  qui  par  suite  de  leur  transformation 
sont  venues  se  souder  chez  les  animaux  supérieurs,  à  des  parties  auxquelles  elles  étaient  en- 
tièrement étrangères  dans  le  principe. 

Désireux  d'appliquer  les  principes  que  nous  venons  de  poser  à  la  déterminaison  des  os  de 
la  tête  en  général ,  nous  examinerons  plus  en  détail  les  points  sur  lesquels  nous  nous  trou- 
vons en  contradiction  avec  nos  prédécesseurs,  et  nous  en  prendrons  occasion  de  développer 
toutes  les  raisons  qui  nous  ont  engagé  à  abandonner  quelques  dénominations  assez  généra- 
lement admises  ;  par  contre  nous  serons  d'autant  plus  bref  sur  les  points  à  l'égard  desquels 
nous  sommes  d'accord  avec  tout  le  monde.  Nous  nous  appliquerons  surtout  à  comparer  notre 
manière  de  voir  avec  celles  de  Cuvier  et  de  Meckel  et  avec  le  travail  de  Hallmann ,  pour  ce 
qui  concerne  les  rapports  du  temporal  et  de  ses  démembremens.  Outre  les  nombreux  faits 
qu'il  contient  sur  l'ostéologie  du  temporal ,  ce  dernier  ouvrage  renferme  aussi  des  vues  gé- 
nérales fort  ingénieuses ,  mais  malheureusement  empreintes  d'un  certain  esprit  de  système 
qui  a  fait  quelquefois  dévier  son  auteur  de  la  bonne  voie. 

L'occipital  avec  ses  parties  constitutives,  a  la  mission,  dans  toute  la  série  des  vertèbres,  de 
donner  passage  à  la  moelle  épinière  et  de  protéger  la  partie  postérieure  du  cerveau,  l'épencé- 
phale.  Cette  fonction  est  si  évidente,  qu'elle  n'a  été  révoquée  en  doute  par  aucun  anato- 
miste,  et  si  quelques-uns  ont  voulu  voir  dans  les  démembremens  externes  de  cet  os  d'autres 


—  56  — 
pièces ,  ce  n'était  que  pour  obéir  à  des  vues  théorétiques ,  qui  n'ont  plus  aucune  valeur  de 
nos  jours.  Les  occipitaux  latéraux,  supérieurs  et  le  basilaire  ont  donc  partout  la  même  si- 
gnification. Il  n'y  a  de  dissidence  que  sur  l'occipital  extérieur,  que  Hallmann  regarde  comme 
un  véritable  mastoïdien.  Nous  dirons  plus  tard,  en  parlant  du  temporal,  les  raisons  qui  nous 
empêchent  d'adopter  cette  dénomination ,  et  pourquoi  un  os  qui ,  chez  les  poissons ,  forme  la 
crête  extérieure  du  crâne  ,  ne  peut  être  regardé  comme  un  mastoïdien ,  dont  la  fonction  es- 
sentielle est  déterminée  par  la  fente  tympano-branchiale.  Nous  adoptons  donc  pleinement 
l'occipital  de  Cuvier  avec  ses  démembremens,  en  faisant  remarquer  de  plus  que  déjà  les  Sau- 
roïdes  montrent  une  grande  affinité  avec  les  reptiles  et  les  animaux  supérieurs ,  puisque  l'oc- 
cipital du  Polyptère  montre  la  même  conformation  que  celui  des  poissons  ordinaires,  bien 
qu'il  soit  unique ,  représentant  en  un  seul  os  ses  parties  constitutives,  ordinairement  séparées 
dans  cette  classe. 

Les  pariétaux  sont  aussi  tout  à  fait  hors  de  doute  ;  appelés  à  protéger  les  parties  moyennes 
du  cerveau  d'en  haut ,  ils  sont  plus  ou  moins  développés  chez  tous  les  vertébrés ,  et  leur 
grandeur  dépend  de  la  grandeur  du  toit  cérébral. 

Le  frontal  avec  ses  démembremens  extérieurs  et  postérieurs  est  chargé,  de  protéger  la 
partie  antérieure  du  cerveau  et  de  former  un  toit  fixe  au  dessus  des  orbites.  Sa  signifi- 
cation nest  plus  méconnue  par  aucun  naturaliste,  et  l'inspection  du  Polyptère,  où  les  fron- 
taux postérieurs  et  antérieurs  ont  la  même  forme  que  chez  les  autres  poissons,  avec  cette  dif- 
férence qu'ils  sont  à  l'état  de  processus ,  au  lieu  de  représenter  des  os  séparés,  pourra  servir  à 
battre  en  brèche  les  derniers  partisans  de  l'opinion  de  Meckel,  qui  voulait  que  le  frontal  anté- 
rieur fût  une  partie  de  l'ethmoïde. 

Le  corps  du  sphénoïde  est  la  base  sur  laquelle  reposent  les  parties  moyenne  et  antérieure 
de  la  voûte  crânienne.  Dès  lors  il  n'est  pas  étonnant  de  voir  que  cet  os  diminue  à  me- 
sure que  nous  remontons  l'échelle  des  vertébrés ,  et  qu'il  atteigne  ses  plus  grandes  dimen- 
sions relatives  dans  les  poissons.  Cette  disposition  s'explique  parfaitement  par  le  fait  que  les 
parties  du  cerveau,  qui,  chez  les  animaux  inférieurs,  sont  alignées  les  unes  derrière  les 
autres ,  s'entassent  chez  les  animaux  supérieurs ,  de  manière  que  la  base  du  cerveau ,  et  par 
conséquent,  celle  du  crâne  ,  se  raccourcit  par  rapport  aux  parties  supérieures. 

Le  sphénoïde  du  Polyptère,  tout  en  présentant  une  grande  analogie  avec  celui  des  Batra- 
ciens, tient  cependant  le  milieu  entre  le  sphénoïde  de  ces  derniers  et  celui  des  poissons;  il 
est  allongé  comme  celui  du  Lépidostée. 

On  le  voit,  les  parties  qui  recouvrent  le  cerveau  d'en  haut  et  d'en  bas,  présentent  une 
assez  grande  uniformité  dans  les  vertébrés,  et,  quoique  leurs  formes  varient  à  l'infini,  elles 
sont  pourtant  toujours  très-reconnaissables  à  leurs  liaisons  et  aux  fonctions  qu'elles  rem- 
plissent. Il  n'en  est  pas  de  même  des  parties  latérales  du  crâne,  des  ailes  du  sphénoïde  et  du 
temporal ,  qui  offrent  de  grandes  difficultés  et  peuvent  en  quelque  sorte  servir  d'argumens  à 
toutes  les  opinions.  Il  nest  donc 'pas  étonnant  que  des  dissidences  profondes  régnent  à  leur 


—     57     — 

égard  ;  et  les  débats  que  ces  difTérentes  ^opinions  ont  suscitées ,  ont  naturellement  dû  être 
d'autant  plus  vifs,  que  l'inceiiitude  était  plus  grande.  Nous  parlerons  d'abord  des  ailes  du 
sphénoïde  .  parct;  que  ces  parties  restent  toujours  attachées  au  crâne ,  tandis  que  le  temporal 
est  rejeté  sur  la  face  extérieure  de  la  tête,  et  ne  prend  pas  toujours  part  à  la  formation  de  la 
boite  cérébrale. 

L'os  auquel  nous  avons  donné  le  chiffre  H  dans  les  descriptions  précédentes ,  le  désignant, 
avec  Cuvier,  sous  le  nom  de  grande  aile  du  sphénoïde,  nous  fournit  le  premier  pomt  litigieux. 
Repoussant  les  argumens  de  Cuvier ,  MM.  Meckel  et  Hallmann  le  prennent  pour  le  rocher, 
qui  serait  venu  se  placer  en  avant  sur  le  corps  du  sphénoïde.  Il  y  a  quelque  chose  de  vrai 
dans  cette  manière  de  voir  ;  la  grande  aile  reçoit,  en  effet,  presque  toujours  une  partie  des 
canaux  antérieurs  de  l'organe  auditif  dans  sa  masse,  et  très-souvent  la  cavité  pour  le  sac  du 
labyrinthe  y  'est  creusée.  Le  nerf  glossopharyngien  passe  très-souvent  sur  le  bord  postérieur 
de  cet  os;  quelquefois  môme  son  issue  s'y  trouve  en  entier,  et  le  nerf  facial  (la  branche 
operculaire  du  trijumeau)  en  sort  toujours.  Mais  voilà  à  quoi  se  bornent  toutes  les  raisons 
que  peuvent  alléguer  les  partisans  de  l'opinion  qui  prend  cet  os  pour  le  rocher.  Il  nous  sera 
facile  de  montrer  combien  ces  considérations  sont  illusoires.  Il  est  vrai  que  les  canaux  semi- 
circulaires  ,  aussi  bien  que  le  reste  du  labyrinthe ,  ne  sont  enveloppés  que  par  le  rocher 
dans  les  mammifères;  mais  l'on  tomberait  dans  une  étrange  erreur,  si  l'on  voulait  conclure 
de  là  que  tout  os  enveloppant  une  partie  du  labyrinthe  dût  par  là  môme  être  un  rocher. 
C'est  que^ l'organe  auditif  interne  est  réduit,  chez  l'homme  ,  à  la  proportion  la  plus  minime 
vis-à-vis  du  cerveau  et  de  l'oreille  externe ,  et  plus  nous  descendons  dans  l'échelle  ,  plus  nous 
voyons  cette  dernière  se  rapetisser  et  l'oreille  interne  gagner  en  extension.  Chez  les  poissons, 
où  l'oreille  externe  manque  complètement ,  les  canaux  semicirculaircs  sont  énormes ,  s'éten- 
dant  depuis  le  cervelet  jusque  vers  le  prosencéphale;  d'après  l'état  d'ossification  plus  ou  moins 
complète  du  crâne  ,  ils  sont  enveloppés  tantôt  en  grande  partie  par  des  cartilages ,  tantôt  par 
un  nombre  plus  ou  moins  considérable  d'os.  Ainsi  l'on  voit  chez  tel  poisson  la  grande  aile 
n"  1 1  ,  le  maslo'idien  n^lâ  ,  le  rocher  n°  13  ,  l'occipital  latéral  n"  10  ,  l'occipital  externe  n°  9  , 
l'occipital  basilaire  n"  5  ,  et  le  corps  du  sphénoïde  n"  6  prendre  part  à  cette  enveloppe  du 
labyrinthe  et  de  ses  parties  ;  mais  est-ce  une  raison  pour  envisager  tous  ces  os  comme  des 
rochers  ?  A  cette  condition ,  on  convertirait  toute  la  portion  postérieure  et  moyenne  du  Crâne 
en  rocher.  L'analogie  en  réalité  se  borne  à  ce  que  ces  os  joignent  à  leurs  fonctions  parti- 
culières celles   que  le  rocher  exerce  exclusivement  chez  les  vertébrés  supérieurs. 

L'autre  point  litigieux,  l'issue  des  nerfs,  est  en  rapport  direct  avec  l'arrangement  de  l'oreille. 
Le  facial,  l'acoustique  et  le  glossopharyngien  constituent  en  effet  un  groupe,  dont  les  racines 
sont  voisines  et  forment  même  des  anastomoses  plus  ou  moins  directes.  Les  deux  premiers 
ont  chez  les  animaux  supérieurs  ,  leurs  canaux  creusés  dans  le  rocher  ;  le  dernier  passe  tout 
près.  Mais  il  faut  ici  considérer ,  que  si  le  glossopharyngien  est  étroitement  lié  au  vague 
dans  les  animaux  supérieurs  et  éloigné  de  l'acoustique  ,   il  n'en  est  pas  de  même  chez  les 

TOM.  Il,  2'  PART.  S 


—     S8     — 

poissons  et  les  reptiles.  Quoique  collé  au  vague ,  dès  qu'il  est  hors  du  crâne  ,  le  glosso- 
pharyngien  a  pourtant  sa  racine  tellement  près  de  l'acoustique ,  que  très-souvent  on  peut 
à  peine  l'en  séparer.  Le  facial,  au  contraire,  qui,  dans  les  mammifères,  est  très-distinct 
du  trijumeau,  se  confond  tellement  avec  lui  dans  les  poissons  et  les  reptiles,  qu'il  faut 
beaucoup  d'attention  pour  le  reconnaître ,  et  que  môme  il  a  été  méconnu  jusque  dans  ces 
derniers  temps  (*).  Sa  liaison  avec  le  nerf  auditif  est  en  revancbe  aussi  intime  que  dans 
les  autres  animaux.  On  sait  donc  que  le  nerf  auditif  forme,  d'un  côté,  un  centre  d'attraction 
pour  le  glossopharyngien  ,  de  l'autre  pour  le  facial,  et  que,  par  lélroite  liaison  de  ce  dernier 
avec  le  trijumeau,  il  se  rapproche  lui-même  du  trijumeau.  Il  n'y  a  donc  rien  d'étonnant  à  ce 
que  des  nerfs  qui  sont  si  étroitement  unis  passent  aussi  par  le  même  os ,  celui  qui  enve- 
loppe le  centre  du  labyrinthe ,  et  qui  est  ici  la  grande  aile ,  et  chez  les  mammifères  le  rocher. 

Cette  manière  de  voir  est  encore  confirmée  par  la  sortie  des  branches  antérieures  et  moyennes 
du  trijumeau.  Celles-ci  passent  toujours  par  une  dépendance  du  sphénoïde ,  quels  que  soient 
leur  arrangement  et  leur  nombre ,  et  notamment  par  la  grande  aile.  Mais  leur  sortie  est  dé- 
terminée en  quelque  sorte  par  les  organes  auxquels  ils  se  rendent  ;  elle  se  trouve  toujours 
près  du  trou  orbital ,  et  l'on  devra  par  conséquent  regarder  Tos  qui  donne  passage  au  triju- 
meau comme  une  partie  du  sphénoïde.  Mais  si ,  comme  nous  l'avons  démontré  plus  haut ,  le 
facial ,  l'acoustique  et  le  glossopharyngien  se  rapprochent  du  trijimieau  dans  les  poissons 
et  les  reptiles ,  qu'y  a-t-il  de  plus  simple  qu'ils  passent  aussi  par  le  même  os  ,  d'autant  plus  que 
la  sortie  du  trijumeau  ne  saurait  être  reportée  plus  en  arrière,  à  cause  de  la  situation  des 
organes  qu'il  doit  servir,  tandis  que  ces  autres  nerfs,  n'ayant  pas  de  rapports  intimes  avec  les 
organes  des  sens  chez  les  poissons  ,  ne  jouent  qu'un  rôle  secondaire  dans  cette  classe. 

Une  autre  preuve  que  c'est  réellement  la  grande  aile  du  sphénoïde  dont  nous  traitons  ici , 
nous  est  fournie  par  le  Polyptère.  Il  n'existe  dans  ce  poisson  qu'un  seul  sphénoïde  sans  dé- 
membremens ,  et  c'est  par  une  aile  de  cet  os  que  passe  le  trijumeau  ;  cest  dans  une  ex- 
cavation de  cette  aile  que  sont  logés  les  canaux  semicirculaires  antérieurs  ;  c'est  une  aile 
de  cet  os  qui  protège  latéralement  les  parties  du  cerveau  qui  se  trouvent  autour  de  Ihypo- 
physe  cérébrale ,  emplacement  qui  est  aussi  réservé  à  la  grande  aile  des  mammifères  et  des 
oiseaux ,  où  on  la  reconnaît  aisément. 

Los  donc ,  qui  protège  latéralement  le  cerveau  autour  de  l'hypophyse  (  le  mésencéphale  ) 
et  qui  donne  passage  aux  branches  postérieures  du  trijumeau ,  est  la  (jrande  aile  du  sphé- 
noïde ,  qui  tantôt  forme  un  os  particulier,  tantôt  est  intimement  soudée  au  sphénoïde. 

La  grande  aile  une  fois  reconnue  comme  telle  ,  nous  n'éprouvons  plus  aucune  difficulté  pour 
l'os  n"  13,  que  nous  prenons  pour  un  simple  rudiment  de  rocher,  tandis  que  pour  les  parti- 


(*)  M.  Vogt  a  donné  des  renseignemens  très-précis  sur  la  distribulion  des  nerfs  cérébraux  des  reptiles  dans  ses  Bcy- 
trœge  sur  Nevrologie  der  Reptilien ,  insérés  dans  le  4""  volume  des  Nouveaux  Mémoires  de  la  Société  helvétique 
des  Sciences  naturelles ,  et  qui  ont  puissamment  contiibué  à  débrouiller  la  nevrologie  des  poissons. 


—     S9     — 

sans  de  l'opinion  contraire ,  il  est  (antôt  un  os  ^^  ormien  ,  tantôt  un  démonibrcmont  du  j)arié- 
tal.  En  elTot ,  si  nous  suivons  la  série  des  vertébrés  sur  des  animaux  frais,  et  non  pas  sur 
des  os  macérés  et  séchés ,  qui  ont  perdu  leurs  cartilages,  nous  verrons  d'abord  que,  chez 
les  poissons  cartilagineux ,  tout  l'organe  auditif  est  entouré  de  cartilage  ;  qu'il  y  a  beau- 
coup de  poissons  osseux  ,  qui ,  quoique  possédant  des  os  en  dehors  ,  montrent ,  à  l'intérieur, 
une  boîte  cartilagineuse  ,  sur  laquelle  les  os  du  crâne  sont  appliqués  ,  de  telle  sorte  qu'on  peut 
enlever  presque  tous  les  os  du  crâne ,  sans  ouvrir  la  boite  crânienne.  Petit  à  petit  les  os  em- 
piètent sur  l'intérieur,  et  au  haut  de  l'échelle ,  on  ne  voit  plus  de  cartilage  à  l'intérieur  de  la 
cavité  crânienne.  Eh  bien  !  dans  les  tètes,  qui  ont  encore  beaucoup  de  cartilage,  on  ne  verra 
jamais  trace  de  rocher  ;  et  c'est  ainsi  qu'il  n'existe  pas  chez  le  Brochet,  comme  nous  l'avons  dit 
au  chapitre  de  ce  genre  (*)  ;  mais  là  où  la  substance  osseuse  commence  à  pénétrer  en  plus 
grande  masse  dans  l'intérieur  du  crâne,  et  où  l'organe  auditif  commence  en  même  temps  à 
perdre  de  l'extension  ,  nous  voyons  un  petit  noyau  osseux  isolé ,  qui  d'abord  ne  fait  qu'en- 
velopper une  partie  des  canaux  médullaires,  mais  qui.  en  gagnant  toujours  plus  en  grandeur, 
finit  par  envahir  tout  l'organe  auditif.  Cet  os  ne  paraît  jamais  à  la  surface  extérieure  du  crâne , 
jamais  il  ne  forme  une  partie  intégrante  des  parois  de  la  boîte  cérébrale.  Il  n'est  là  que  pour 
envelopper  le  labyrinthe  et  ses  parties ,  mais  il  n'y  parvient  que  peu  à  peu.  On  ne  s'étonnera 
donc  pas ,  d'après  ce  qui  précède ,  que  cet  os  puisse  manquer  à  beaucoup  de  poissons ,  qu'il 
n'existe  pas  non  plus  chez  le  Polyptère,  mais  que  le  Lépidostée  le  possède  sous  la  forme  d'une 
petite  cuvette  creuse,  qui  enveloppe  l'extrémité  postérieure  du  canal  semicirculaire  postérieur. 

Pour  compléter  notre  tableau  des  démembremens  du  sphénoïde  ,  il  nous  reste  encore  à 
parler  de  Valle  orbitaire ,  n°  Ik.  Ceux  qui  voient  dans  la  grande  aile  le  rocher,  prennent  l'aile 
orbitaire  pour  la  grande  aile.;  d'autres  veulent  même  y  voir  une  partie  de  l'ethmoïde.  Il  pa- 
raît en  effet  assez  difficile  de  trouver  une  fonction  particulière  à  cet  os.  Tantôt  il  manque 
entièrement ,  et  le  nerf  optique  passe  entre  la  grande  aile  et  le  corps  du  sphénoïde  ;  dans 
d'autres  cas ,  il  est  très-développé  et  occupe  une  bonne  et  large  part  de  la  paroi  antérieure 
de  la  boîte  crânienne.  C'est  surtout  dans  les  têtes  à  cavité  crânienne  haute  et  élevée ,  que 
l'aile  orbitaire  se  trouve ,  par  exemple  ,  chez  le  Lépidostée  ,  tandis  que  dans  les  têtes  larges  et 
déprimées  ,  elle  disparaît  souvent  complètement.  Ce  qui  démontre  que  c'est  un  lUincmbremenl 
du  sphénoïde,  c'est  que,  dans  le  Polyptère,  le  petit  morceau  qui  lui  correspond,  n'est  qu'une 
partie  intégrante  du  sphénoïde.  On  ne  peut  cependant  envisager  cet  os ,  lorsqu'il  est  détaché, 
que  comme  un  os  complémentaire,  qui  se  développe  à  la  face  antérieure  de  la  voûte  crânienne, 
là  où  celle-ci  est  très-haute  et  large. 

Il  en  est  de  même  du  sphénoïde  antérieur  n"  15.  Lorsque  les  orbites  ont  une  cloison 
développée,  cet  os  est  très-considérable;  mais  lorsque  cette  cloison  n'est  que  rudimeritaire , 

(')  Cette  circonstance  m'avait  même  fait  nier  absolument  l'existence  du  rocher  chez  les  poissons  ;  je  crois  cepen- 
dant que  lorsque  l'osselet  n.  13  existe,  on  peut  l'envisager  comme  un  rocher  rudimentaire. 


_     60     — 

il  s'efface  complètement.  11  y  a  pourtant  une  distinction  à  faire  ici  entre  les  animaux  supé- 
rieurs et  inférieurs.  Chez  ces  derniers,  les  orbites  sont  placées  entre  les  narines  et  le  cerveau, 
de  manière  que  les  nerfs  olfactifs  doivent  traverser  l'espace  des  orbites  avant  d'arriver  à  la 
muqueuse,  sur  laquelle  ils  déploient  leur  action.  Chez  les  oiseaux  et  les  mammifères,  il  n'en 
est  pas  de  même.  La  cavité  revêtue  de  la  muqueuse  olfactive  s'avance  ici  jusque  vers  le 
cerveau ,  tantôt  entre  les  yeux ,  tantôt  au  dessus.  Il  n'y  a  par  conséquent  qu'une  seule  pièce 
osseuse  qui  sépare  la  cavité  nasale  de  la  cavité  crânienne ,  et  c'est  à  travers  celle-ci  que  le 
nerf  olfactif  se  fraie  un  passage.  Il  ne  saurait  en  être  ainsi  chez  les  animaux  inférieurs ,  où 
le  nerf  est  obligé  de  parcourir  les  orbites  avant  d'entrer  dans  la  cavité  nasale.  Qu'il  fasse  ce 
trajet  étant  enfermé  dans  un  canal  complet  et  osseux,  comme  chez  le  Polyptère ,  ou  qu'il  le 
fasse  étant  appliqué  sur  les  côtés  d'une  cloison  interorbitaire ,  cela  ne  change  rien  à  l'interca- 
lation  des  orbites  entre  le  cerveau  et  le  nez ,  qui  ne  se  retrouve  pas  chez  les  mammifères  ni 
chez  les  oiseaux.  Il  en  résulte  que  si  nous  envisageons  comme  caractère  distinctif  de  l'eth- 
moïde,  chez  les  animaux  supérieurs,  la  fonction  de  servir  de  séparation  entre  le  cerveau  et  le 
nez,  il  faudrait  admettre  que  l'elhmoïde  des  animaux  inférieurs  est  déchiré  en  deux  morceaux, 
dont  l'un  serait  resté  appliqué  contre  la  boite  crânienne  (  la  pièce  correspondant  à  la  lame 
criblée  de  l'elhmoïde  ),  tandis  que  l'autre  aurait  été  reporté  en  avant,  derrière  la  cavité  na- 
sale ,  et  serait  ainsi  im  os  entièrement  facial  correspondant  à  cette  partie  de  Tethmoïde  qui 
se  trouve  chez  les  mammifères  dans  la  cavité  nasale  même  ,  et  qui  reste  môme  cartilagineuse 
dans  beaucoup  de  maminifères.  Il  n'y  a  dès  lors  rien  d'étonnant  à  ce  que  nous  regardions  le 
cartilage  qui  entoure  le  fond  des  cavités  nasales  chez  les  poissons  comme  le  véritable  repré- 
sentant de  cet  ethmoïde  antérieur  ou  nasal ,  et  le  sphénoïde  antérieur,  n"  1 5  ,  connue  un  eth- 
moïde  postérieur  ou  crânien  attaché  à  la  face  antérieure  du  crâne. 

Celte  manière  d'envisager  l'ethmoïde  est  encore  corroborée  par  l'étude  comparative  des  na- 
saux. En  effet,  où  que  nous  rencontrions  les  nasaux  dans  les  trois  classes  supérieures  des  ver- 
tébrés, nous  les  voyons  toujours  enchâssés  d'une  manière  fixe  dans  les  frontaux,  formant  le  toit 
extérieur  et  supérieur  des  cavités  nasales,  tandis  que  l'ethmoïde,  qui  est  fixé  en  dessous, 
ne  parait  jamais  extérieurement  à  la  surface  supérieure  de  la  tête  ,  et  rarement  sur  le  plafond 
de  la  bouche.  Malgré  ces  relations  constantes  et  très-nettement  caractérisées,  on  s'est  obstiné, 
en  suivant  l'opinion  de  Cuvier,  de  voir  un  ethmo'ide  dans  un  os  externe  immobile ,  réuni 
par  une  suture  au  frontal  et  formant  le  toit  supérieur  de  la  cavité  nasale  des  poissons  (*) , 
et  l'on  a  voulu  conserver  la  dénomination  de  nasaux  aux  petits  os  mobiles  qui  se  trouvent  en 
dessus  des  ouvertures  du  nez ,  et  qui  servent  par  leur  jeu  au  mécanisme  de  l'odorat ,  en 
formant  une  valve  qui  s'ouvre  et  se  ferme  à  volonté.  Mais  ce  jeu  qui  cause  une  fluctuation 
continuelle  à  travers  la  cavité  nasale ,  est  une  fonction  entièrement  étrangère  aux  nasaux . 

(*)  Il  est  vrai  de  dire  que  la  forme  ordinaire  de  cet  os  est  bien  faite  pour  donner  le  change  sur  sa  véritable  signi- 
fication ,  et  que  le  type  du  Lépidostée  pouvait  seul  mettre  sur  la  bonne  voie ,  comme  nous  le  verrons  plus  bas. 


—     61     — 

"et  réservée,  dans  les  aiiiniaux  qui  respirent  de  Fair,  aux  cartilages  du  nez,   qui,    nuis  par 
des  muscles  plus  ou  moins   puissans ,  forment  un    capuchon  élastique   au  devant  des  na- 
saux innnobilcs ,  capuchon  qui  ,   par  ses   mouvemens ,   facilite  la  respiration  et  la  percep- 
tion des  odeurs.   On  aurait  sans  doute  retrouvé  cette  fonction  dans  les  petits  ossicules  du 
nez  des  poissons,   qui  restent,  chez  beaucoup  de  genres,  à  l'état  cartilagineux,  si  l'on  n'a- 
vait craint  de  ne  pas  trouver  un  elhmoïde  dans  le  museau ,  quoique  l'exenqîle  du  Croco- 
dile démontre  jusqu'à  l'évidence ,  qu'à  côté  d'un  sphénoïde  antérieur,  il  peut  aussi  exister 
un  ethmoïde  osseux  situé  dans  le  museau.  Ne  trouvant  donc  aucune  autre  pièce  osseuse  dans 
la  face  des  poissons  qui  aurait  pu  correspondre  à  l'ethmoïde,  on  envisagea  comme  tel  cette 
plaque  externe  qui  est  enchâssée  en  avant  des  frontaux,  et  l'on  se  vit  forcé  de  reconnaître  des 
nasaux  dans  les  petits  ossicules  du  nez.  Pour  nous ,  une  pareille  nécessité  n'existe  pas.  Nous 
savons  que  la  tête  de  chaiiue  embryon  est  d'abord  cartilagineuse ,   que  l'ossification  se  fait 
de  dehors  en  dedans,  en  ce  sens,  qu'il  se  forme  d'abord  des  plaques  protectrices  osseuses,  au 
dessous  desquelles  on  trouve  une  capsule  cartilagineuse  ,  et  que  ce  n'est  que  petit  à  petit 
que  les  os  empiètent  sur  les  cartilages.  Nous  ne  serons  dès  lors  pas  étonnés  de  trouver  dans 
la  face  des  poissons  un  noyau  cartilagineux ,   remplaçant  l'ethmoïde  antérieur  autour  duquel 
se  placent  les  nasaux ,   le  vomer ,  les  maxillaires  et  les  autres  os  qui  forment  la  partie  anté- 
rieure de  la  face.  Si,  indépendamment  de  ces  raisons,  tirées  des  rapports  et  des  fonctions 
générales  des  os  que  nous  venons  de  mentionner,  il  fallait  encore  alléguer  des  preuves 
particulières ,   nous  dirions  que  la  comparaison  de  la  face  supérieure  du   Lépidostée   avec 
celle  d'un  Crocodile  ou  d'un  Gavial  est  de  nature  à  lever  tous  les  doutes  à  cet  égai^d.  En 
effet,   au  lieu  d'une  seule   plaque  large  qui  existe  chez  la  plupart  des  poissons,  et  sur 
laquelle  on  voit  toujours  des  traces  d'une  suture  médiane ,  on  voit  chez  le  Lépidostée  deux 
os  longs ,  séparés  au  milieu  et  tellement  semblables  aux  véritables  nasaux  des  Crocodiles , 
qu'il  est  impossible  de  ne  pas  les  prendre  pour  les   mêmes  os.    Chez  les  Lépidostées ,   il  y 
a  en  outre  ,  au  lieu  de  deux  petits  ossicules  latéraux  au-dessus  des  cavités  nasales ,  un  ca- 
puchon  très-mobile,   composé  d'une  pièce  mitoyenne  et  de  deux  os  latéraux   de  chaque 
côté.  Voudrait-on  aussi  paralléliser  ce  capuchon  avec  les  véritables  nasaux?  Nous  nous  résu- 
mons en  disant  que  l'os  n"  3  de  Cuvier ,  appelé  par  lui  ethmo'kle ,  est  pour  nous  le  nasal  ; 
que  l'os  n°  20 ,   appelé  par  lui  7iasal ,  représente  pour  nous  les  cartilages  mobiles  du  nez  ; 
que  l'os  n°  1 S ,  le  sphénoïde  antérieur  de  Cuvier,  est  pour  nous  l'ethmoïde  crânien ,  et  qu'au 
lieu  d'un  ethmoïde  antérieur  ou   nastd ,   il  ne  se  trouve   chez  les  poissons  qu'un  cartilage 
mitoyen. 

Nous  n'avons  que  peu  de  mots  à  ajouter  sur  les  os  qui  composent  l'arcade  palatine.  Rien 
de  plus  variable  quant  à  la  forme  et  aux  dimensions  ,  rien  de  plus  constant  quant  à  l'empla- 
cement de  ces  os.  Le  vomer,  en  avant,  pénètre  tantôt  jusqu'à  la  face  buccale  du  museau, 
tantôt  il  est  caché  sous  les  maxillaires ,  les  infermaxillaires  et  les  palatins  ,  partagé  en  deux 
chez  les  uns,  impair  chez  les  autres.  Derrière  lui  sont  \es  palatins ,  tantôt  grands  et  larges, 


—     62     — 

séparant  entièrement  les  orbites  et  les  cavités  nasales  de  la  bouche ,  tantôt  rapetisses ,  et 
laissant  une  .large  communication  entre  la  bouche  et  l'orbite  :  plus  en  arrière  encore ,  les 
pténjyoidiens ,  soumis  aux  mêmes  variations  de  taille ,  souvent  soudés  et  confondus  avec  le 
sphénoïde,  souvent  libres  et  articulés  sur  le  crâne  ou  sur  le  palatin,  et  enfin  le  tramverse, 
qui  ne  jouit  d'un  certain  développement  que  chez  les  reptiles ,  où  il  établit  une  jonction 
postérieure  entre  le  maxillaire ,  le  jugal  et  le  ptérygoïde  ;  tandis  que  dans  les  poissons ,  il  se 
trouve  déjà  fort  réduit  et  manque  même  quelquefois  entièrement ,  comme  chez  les  animaux 
supérieurs.  La  destination  de  tous  ces  os  est  évidemment  de  former  un  plafond  plus  ou 
moins  complet,  qui  sépare  le  canal  nutritif  des  deux  organes  antérieurs  des  sens,  de  l'œil  et  du 
nez ,  et  c'est  suivant  l'emplacement  respectif  de  ces  organes ,  et  suivant  le  développement 
si  variable  du  museau  et  de  la  bouche,  que  leur  forme  et  leur  grandeur  se  modifient. 

INous  arrivons  maintenant  au  temporal  et  à  ses  démembremens  ;  ici  il  nous  sera  moins  fa- 
cile d'établir  l'accord  entre  la  conformation  si  variée  de  ces  os  dans  les  différons  vertébrés. 
J'espère  néanmoins  ,  qu'en  suivant  notre  méthode,  et  en  étudiant  soigneusement  les  fonctions 
de  ces  os,  nous  arriverons  à  une  solution  satisfaisante  du  problème. 

Rappelons-nous  d'abord  qu'il  existe  plusieurs  parties  très-distinctes  dans  le  temporal . 
parties  qui  remplissent  des  fonctions  fort  diverses ,  et  dont  la  réunion  en  un  seul  et  même  os 
s'opère  chez  les  vertébrés  supérieurs  par  une  des  transformations  les  plus  remarquables  qui 
existent  dans  tout  le  développement  des  êtres  organisés.  Nous  avons  déjà  déterminé  le  rocher 
comme  la  capsule  osseuse  du  labyrinthe  interne  ,  et  nous  l'avons  retrouvé  jusque  dans  les  pois- 
sons avec  la  même  signification,  quoique  dans  un  état  rudimentaire.  Nous  distinguons  encore 
dans  le  temporal  complet  les  parties  suivantes  :  VécaUle  ,  servant  de  complément  à  la  paroi  la- 
térale du  crâne  dans  sa  partie  postérieure  ;  le  mastoïdien ,  servant  de  rempart  postérieur  à  la 
cavité  tympanale  ;  la  caisse,  logeant  les  parties  principales  de  la  cavité  tympanale  ;  Vanneau 
tympanique,  servant  d'appui  à  la  membrane  du  tympan;  V apophyse  jugale ,  formant  l'appui 
postérieur  de  l'arcade  zygomatique  ;  Y  apophyse  styloïde ,  offrant  une  insertion  à  l'os  hyoïde  , 
par  laquelle  ce  dernier  se  fixe  au  crâne,  et  enfin  l'os  carré,  formant  la  surface  articulaire 
sur  laquelle  la  mâchoire  inférieure  exerce  ses  mouvemens.  La  manière  variée  dont  ces  diffé- 
rentes pièces  se  soudent  ensemble,  se  séparent  et  se  combinent,  occasionnent  ces  innom- 
brables variations  auxquelles  le  temporal  est  sujet  dans  son  ensemble. 

U écaille  du  temporal  est  destinée ,  comme  nous  venons  de  le  voir,  à  proléger  les  parties  cé- 
rébrales postérieures  de  la  tête,  sur  la  face  latérale  du  crâne.  Sa  grandeur,  la  part  qu'elle 
prend  à  la  formation  de  la  surface  interne  et  externe  de  la  boîte  crânienne ,  dépendent  essen- 
tiellement du  degré  de  développement  des  frontaux,  des  pariétaux  et  des  occipitaux.  C'est, 
en  outre,  sur  elle  que  se  fixe  l'apophyse  jugale  ,  qu'elle  soit  mobile  ou  non;  c'est  contre  elle 
que  se  dirige  l'apophyse  styloïde  ;  c'est  enfin ,  sauf  le  rocher,  la  seule  partie  du  temporal  qui 
prenne  une  part  directe  à  la  boite  crânienne.  D'après  ces  considérations ,  il  est  impossible 
de  prendre  l'os  n"  12.  que  Cuvier   a  nommé  mastoïdien,  pour   autre   chose  que  pour  la 


—     65     — 

vérilablc  écaille  du  temporal.  11  prend  part  à  la  formation  de  la  boîte  cérébrale,  il  donne 
insertion  à  l'arcade  zygomaticjne ,  enfin ,  il  prête  une  articulation  au  préopercule ,  que  nous 
regardons  maintenant  comme  le  vérilablc  représentant  de  l'apophyse  styloïde  du  temporal. 

Toute  l'oreille  externe ,  telle  qu'elle  existe  dans  les  trois  classes  supérieures  des  vertébrés , 
nianque  entièrement  au  poisson.  Les  orifices  externes,  que  l'on  a  trouvés  chez  la  plupart  des 
poissons  carlilagineux  et  dans  quelques  genres  des  poissons  osseux,  n'ont  rien  qui  ressemble^ 
à  une  cavité  tynq)anale,  et  on  a  démontré  depuis  long-temps  qu'on  chercherait  en  vain  leurs 
analogues  dans  la  cavité  tympanale  des  mammifères.  Cette  absence  coînplète  s'explique  par 
la  manière  dont  se  forme  la  cavité  tympanique.  En  effet,  elle  n'est  autre  chose  que  l'ex- 
trémité céphalique  de  la  première  fente  branchiale  de  l'embryon,  de  cette  fente  branchiale 
qui  se  trouve  entre  le  maxillaire  inférieur  et  l'os  hyoïde.  Cette  fente  se  transforme,  se  ferme 
et  s'arrondit  en  plusieurs  canaux  et  cavités ,  dans  les  animaux  supérieurs ,  tandis  que  chez 
les  poissons,  elle  persiste  en  grande  partie  dans  son  état  primitif,  et  les  deux  arcs  branchiaux 
qui  la  bordent,  quoique  transformés,  se  reconnaissent  encore  d'une  manière  distincte.  L'arc 
osseux  postérieur  est  formé  par  l'os  hyo'ide  et  ses  diverses  dépendances ,  le  préopercule  et 
le  temporal,  n"  2.5  de  Cuvier  ;  l'arc  antérieur  par  la  mâchoire  inférieure,  le  jugal  26,  le  sym- 
plectique  ôi,  et  le  tympanal  21  de  Cuvier.  Ce  qui  corrobore  encore  cette  interprétation,  ré- 
sultat do  l'étude  embryologique,  c'est  le  trajet  de  l'artère  hyoïde  et  l'emplacement  de  la  fausse 
branchie  qui,  d'après  le  développement  de  l'embryon,  est  effectivement  la  branchie  dégé- 
nérée de  l'arc  hyoïdal.  Cette  pseudobranchie,  lorsqu'elle  existe,  se  trouve  toujours  au  fond  de  la 
cavité  branchiale  commune,  appliquée  sur  la  face  interne  de  l'os  n°  23,  et  l'artère  hyoïde, 
faible  reste  d'un  puissant  arc  vasculaire  de  l'embryon,  passe  toujours  entre  les  os  n°  2.5  et  27 
pour  s'y  rendre.  D'un  autre  côté,  il  est  facile  de  se  convaincre  par  l'inspection  des  manmii- 
fères ,  <jue  l'apophyse  styloïde ,  qui  sert  d'attache  à  l'os  hyoïde ,  n'est  soudée  au  temporal 
que  chez  l'homme ,  mais  qu'il  s'en  détache  et  forme  une  partie  intégrante  de  l'hyoïde  chez 
tous  les  autres  mammifères.  Donc  la  série  des  os  composant  l'arc  branchial  hyoïdien ,  qui 
borde  en  arrière  la  première  fente  branchiale  (  transformée  en  cavité  tympanique  ) ,  serait 
composée  des  cornes  de  l'hyoïde,  de  l'apophyse  styloïde  et  du  mastoïdien,  qui  tous  se  trou- 
vent placés  derrière  l'ouverture  de  la  cavité  tympanale  (*). 

Il  est  dès  lors  facile  de  faire  des  rapprochemens  entre  les  poissons ,  d'un  côté ,  et  les  ani- 
maux supérieurs,  de  l'autre.  L'os  Injoi de  est  le  môme  partout,  et  n'est  méconnaissable  dans 
aucun  cas.  L'os  qui  l'attache  au  temporal,  est  Vapophyse  styloïde,  qui  se  retrouve  chez  les 
poissons  dans  le  préopercule.  C'est  en  effet  cet  os  à  la  face  interne  duquel  l'os  hyo'ide  des 
poissons  est  suspendu,  qui  s'articule  en  haut  avec  le  mastoïdien  et  très-souvent  même  sur 
l'écaillé  du  temporal.  Le  développement  considérable  que  le  préopercule  prend  chez  beau- 

(*)  Voyez  de  plus  amples  détails  sur  le  développement  de  ces  parties,  à  pag.  125  de  VEmhitjolorjie  dfs  Sut  moues, 
citée  ci-dessus. 


—  64  — 
coup  de  poissons ,  ne  doit  pas  nous  surprendre.  La  fente  branchiale  est  une  formation  es- 
sentiellement cutanée,  et  le  préopercule  s'étend  quelquefois  dans  la  peau ,  pour  aider  à  former 
ce  puissant  appareil  operculaire  destiné  à  recouvrir  les  branchies  en  dehors ,  et  dont  les  dif- 
férentes pièces ,  depuis  les  rayons  branchiostègues  jusqu'à  l'opercule',  qui  n'est  autre  chose 
qu'un  rayon  branchiostègue  plus  développé ,  sont  attachées  au  l)ord  postérieur  de  l'arc  bran- 
chial de  l'hyoïde.  L'embryologie  nous  prouve ,  en  effet ,  que  la  formation  de  l'appareil  oper- 
culaire n'est  qu'un  simple  produit  de  la  peau,  qui  peu-à-peu  s'étend  par  dessus  les  branchies, 
d'abord  entièrement  dégagées  dans  l'embryon  ;  aussi  le  préopercule  a-t-il,  dans  les  premiers 
temps  de  son  existence ,  une  forme  presque  cylindracée  ;  mais  à  mesure  que  le  repli  de  la 
peau  qui  forme  la  première  trace  de  l'appareil  operculaire ,  s'étend  en  arrière ,  la  partie  ex- 
térieure du  préopercule  se  développe  aussi ,  et  forme  cette  plaque  large,  de  forme  si  variée  , 
que  l'on  retrouve  dans  beaucoup  de  genres.  L'on  peut,  en  effet,  presque  toujours  distinguer 
dans  le  préopercule  deux  parties  bien  distinctes  ;  l'une  cachée  sous  la  peau ,  et  passant  der- 
rière l'os  n°  2.5;  l'autre,  extérieure,  paraissant  en  dehors  comme  une  écaille,  et  présentant 
les  liaisons  les  plus  variées  avec  les  os  environnans.  C'est  ainsi  qu'en  se  soudant  intimement 
au  jugal  et  aux  écailles  et  en  couvrant  les  joues  ,  le  préoperculc  devient ,  chez  le  Polyptère  et 
chez  les  Joues  cuirassées  ,  une  large  plaque  recouvrant  tout  l'intérieur  de  la  fosse  temporale  ; 
comme  c'est  en  s'étalant  en  sens  inverse  qu'il  forme  ces  piquans  dont  il  est  hérissé  dans  beau- 
coup d'espèces  de  Cténoides.  Mais,  au  fond,  ces  formes  sont  étrangères  à  sa  véritable  voca- 
tion ,  qui  est  de  servir  de  pièce  d'attache  entre  le  premier  arc  branchial  (  l'arc  hyoidal  )  et  le 
temporal. 

Cette  analogie  une  fois  fixée  ,  on  n'éprouve  plus  de  difficulté  pour  l'os  n°  20  ,  que  Cuvier 
prenait  pour  le  temporal ,  et  dont  Hallmann  fait  l'os  carré.  C'est  le  mastoïdien ,  ou  bien  , 
si  l'on  tient  rigoureusement  compte  de  l'insertion  de  l'apophyse  styloïde  chez  l'homme,  un  os 
formé  par  la  fusion  du  mastoïdien  et  de  l'anneau  tympanique.  On  sait,  en  effet,  que  le  mas- 
to'idien  n'est  creux  que  dans  le  plus  petit  nombre  des  mammifères,  qu'il  acquiert  une  grande 
solidité  chez  la  plupart  d'entre  eux ,  et  qu'en  outre,  le  caractère  tiré  de  ce  fait,  que  des  dé- 
pendances de  la  cavité  tympanale  s'y  logent,  ne  saurait  être  un  trait  distinctif,  du  moment 
que  des  dépendances  semblables  se  logent  aussi  dans  d'autres  os.  Mais  toujours  est-il  que  le 
niasto'idien  forme  un  rempart  solide  derrière  l'ouverture  tympanale,  qui  donne  attache  aux 
muscles  de  la  langue  et  aux  abaisseurs  de  la  mâchoire  inférieure.  Le  mastoïdien  n'est  nulle 
part  séparé  du  temporal  écailleux  dans  les  autres  animaux ,  et  nulle  part  il  n'est  aussi  dé- 
veloppé que  chez-  les  poissons.  Mais  ceci  n'est  pas  une  raison  pour  méconnaître  sa  nature  ;  car, 
comme  nous  l'avons  dit  plus  haut ,  c'est  chez  les  poissons  qu'il  faut  chercher  les  pièces  fonda- 
mentales qui  constituent  l'ensemble  de  la  fente  branchiale  tympanique ,  et  c'est  chez  les  ani- 
maux supérieurs  que  l'on  peut ,  au  besoin ,  retrouver  ces  pièces ,  soudées  et  défigurées 
sous  la  forme  d'apophyses  du  temporal.  Quant  à  Vanneau  tympanique,  je  ne  crois  pas  qu'on 
puisse  le  retrouver  ni  en  entier  ni  en  partie  dans  notre  pièce  n°  23 ,  attendu  qu'il  doit  plutôt 


à 


—     65     — 

èlre  envisagé  comme  un  os  propre  aux  animaux  siipéi-ieurs ,  servant  d'appui  à  une  formation 
enlièrement  nouvelle  ,  la  membrane  du  tympan.  Or,  une  pièce  qui  fermerait  l'ouverturt? 
d'une  fente  branchiale  ne  peut  exister,  tant  elle  serait  contraire  à  la  fonction  qu'une  fente 
branchiale  doit  exercer. 

L"arc  aniérieur ,  formé  par  la  mâchoire  inférieure,  l'os  carré  et  la  caisse,  est  maintenant 
susceptible  dètre  déterminé  avec  la  même  facilité.  L'os  qui  porte  l'articulation  de  la  mà- 
cJioire,  qu'il  soit  libre  et  mobile,  qu'il  soit  fixé  à  la  caisse  par  une  suture,  ou  entièrement 
confondu  avec  cetic  dernière  et  aAec  l'apophyse  jugale,  sera  toujours  l'os  carré.  Il  n'y  a  rien 
d'étonnant  qu'il  soit  plus  considérable  chez  les  poissons,  les  reptiles  et  les  oiseaux,  où  les 
fonctions  digestives  sont  si  développées,  que  chez  les  mammifères,  où  les  parties  faisant  cette 
fonction  sont  subordonnées  au  développement  plus  considérable  du  crâne.  La  suture  intime 
de  la  face  articulaire  du  temporal  avec  la  caisse, chez  les  Tortues,  démontre  jusqu'à  l'évidence 
que  c'est  dans  l'os  n"  27  ,  le  tympanal  de  Cuvier,  qu'il  faut  chercher  le  véritable  représentant 
de  la  caisse  (*),  qui  est,  comme  le  mastoïdien,  une  pièce  plate  chez  les  poissons,  puisqu'elle 
ne  borde  ,  comme  ce  dernier,  qu'une  fente  longitudinale.  Qu'on  suppose  maintenant  que  ces 
deux  pièces  soient  destinées  à  se  rapprocher  pour  former  une  cavité  close  des  deux  côtés  ;  ils 
se  creuseront,  se  rapprocheront,  et  formeront  un  tout,  dans  lequel  la  partie  antérieure  de  la 
voûte  représentera  l'ancienne  lame  antérieure,  la  caisse,  et  la  paroi  postérieure,  le  masto'idien. 

Le  dernier  os  qui  reste  encore  à  déterminer,  c'est  le  n"  31  ,  le  symplectique  de  Cuvier.  Dans 
l'embryon ,  toute  la  face  interne  de  l'arc  maxillaire  est  longée  par  im  cylindre  cartilagineux 
qui,  chez  les  animaux  supérieurs,  part  du  marteau  de  l'oreille,  mais  dont  le  manche  collé 
au  marteau  manque  aux  poissons,  puisqu'ils  n'ont  point  d'osselets  de  l'ouïe.  Le  cylindre  car- 
tilagineux se  retrouve  à  la  face  interne  de  la  mâchoire  inférieure  chez  beaucoup  de  poissons 
osseux  même  d'âge  adulte.  Il  se  divise  en  deux  parties  ;  la  supérieure  qui  longe  la  face  interne 
de  l'os  carré  s'ossifie  et  devient  le  symplectique  ;  l'inférieure  reste  cartilagineuse ,  et  n'a  pas 
même  été  reconnue  par  nos  prédécesseurs,  quoiqu'elle  soit  fort  grosse.  Ce  cj^lindre,  à  moitié 
ossifié ,  est  celui  que  l'on  connaît  en  embryologie  sous  la  dénomination  de  Y  apophyse  de  Mec- 
kel,  et  que  Dugès,  dans  sa  description  du  développement  des  os  des  Batraciens,  a  nommé 
tympano-malléal .  Dans  l'embryon,  il  forme,  ainsi  que  nous  venons  de  le  dire,  la  pièce  d'ap- 
pui, autour  de  laquelle  viennent  se  développer  les  os  de  l'are  maxillaire. 

L'arcade  zygoinatiqne  enfin  est  le  dernier  des  appareils  dont  nous  avons  à  nous  occuper 
dans  cette  énumération.  Sa  mission  est  de  fournir  une  liaison  entre  la  mâchoire  supérieure 
et  l'arc  maxillaire  inférieur,  au  moyen  d'une  série  d'os,  qui  tantôt  sont  mobiles,  tantôt  fixés 
d'une  manière  immobile.  Précisée   de  cette  manière,  elle  doit  se  trouver  dans  le  chaînon 


(')  Je  regarde  la  caisse ,  ou  l'os  clans  lequel  est  logée  la  cavité  tympanale ,  comme  un  os  distinct  de  l'anneau  tympa- 
nique,  qui  n'est  que  le  cadre  de  la  membrane  du  tympan.  Ces  deux  os,  presque  toujours  soudés  ensemble,  ont  été 
confondus  sous  la  dénomination  de  tympanal  ou[de  la  caisse. 

TOM.   !I,    1'    PART.  9 


—     66     — 

d'osselets  plus  ou  moins  complets  qui  forme  le  bord  intérieur  de  l'orbite  chez  les  poissons, 
et  qui ,  dans  beaucoup  de  genres ,  forme ,  avec  les  écailles  de  la  joue  et  le  préopercule ,  une 
seule  plaque,  qui  recouvre  toute  la  joue,  et  au-dedans  de  laquelle  sont  cachés  les  grands 
muscles  masticateurs.  La  même  chose  a  lieu  chez  les  animaux  supérieurs;  le  muscle  tem- 
poral passe  sous  l'arcade  zygomatique,  le  masseter  s'attache  à  sa  face  interne.  Les  sousor- 
bitaires  n°  19  répondent  donc  à  V arcade  zygomatique,  composée,  lorsqu'elle  est  complète, 
de  Y  apophyse  jmjale  du  temporal,  du  quadratomaxillaire ,  du  jugal  et  de  l'apophyse  jugale  du 
maxillaire  supérieur. 

En  étudiant  l'ostéologie  du  Brochet  à  l'occasion  des  espèces  fossiles  de  ce  genre  (Vol.  V, 
2®  part. ,  pag.  68),  j'avais  été  conduit  à  envisager  les  pièces  operculaires  mobiles  comme  de 
véritables  rayons  branchiostègues  ;  j'avais  même  signalé  la  liaison  de  l'os  hyoïde  avec  le  préo- 
percule ,  comme  une  preuve  de  cette  analogie  ;  mais  je  m'étais  arrêté  là ,  sans  faire  de  retour 
sur  les  autres  os  et  sans  rechercher  les  autres  rapprochemens  auxquels  on  pourrait  arriver  en 
partant  de  cette  nouvelle  manière  de  voir.  M.  Vogt  en  examinant  plus  tard,  de  son  côté,  cette 
question  lui  fit  faire  un  autre  pas  également  important.  Il  eut  l'heureuse  idée  de  paralléliser 
le  préopercule  avec  l'apophyse  styloïde  du  temporal ,  à  laquelle  les  cornes  de  l'os  hyoïde  s'at- 
tachent chez  les  vertébrés  supérieurs.  Ce  rapprochement  devint  un  nouveau  point  de  dépari 
pour  d'autres  comparaisons  qui  m'ont  permis  de  paralléliser  enfin  d'une  manière  plus  rigou- 
reuse que  précédemment  les  divers  démembremens  du  temporal.  Dès  lors  j'ai  dû  modifier 
de  nouveau,  dans  ce  qu'elles  me  paraissent  maintenant  avoir  d'erroné,  plusieurs  des  déter- 
minations de  mes  devanciers  que  j'admettais  encore  dans  le  chapitre  du  Brochet,  pour  fixer 
définitivement  la  nomenclature  des  os  de  la  tête  des  poissons  de  la  manière  dont  je  viens  de 
l'exposer. 

Pour  mieux  faire  ressortir  l'importance  des  changemens  que  nous  proposons  dans  la  déno- 
mination des  os ,  et  pour  en  faciliter  la  comparaison  avec  les  dénominations  de  mes  prédé- 
cesseurs, je  joins  ici  un  tableau  comparatif,  comprenant  les  noms  de  Cuvier,  les  chiffres 
qu'il  a  donnés  aux  différons  os  dans  son  Histoire  naturelle  des  poissons ,  et  mes  propres  dé- 
terminations. Le  lecteur  pourra  ainsi  facilement  se  faire  une  idée  des  points  sur  lesquels  je 
diffère  de  Cuvier  et  des  autres  anatomistes  ;  car  on  sait  que  Cuvier  a  mis  le  plus  grand  soin  , 
à  rapporter,  dans  son  histoire  naturelle  des  poissons,  vol.  I,  toutes  les  opinions  des  diffé- 
rons anatomistes  sur  la  détermination  des  os. 

NUMÉROS  DÉSIGNATIONS    DE    CUVIER.  MES    PROPRES    DENOMINATIONS, 

des  os. 

1.  Frontaux  principaux Frontaux  principaux. 

2.  Frontaux  antérieurs Frontaux  antérieurs. 

3.  Ethmoïde Nasaux. 

U.     Frontaux  postérieurs Frontaux  postérieurs. 

3.     Basilaire Basilaire. 


I 


—     67     — 

NiriMÉROS  DÉSIGNATIOISS    DE    CUVIER.  MES    PROPRES    DENOMINATIONS. 

des  os. 

6.  Sphénoïde  principal Sphénoïde  principal. 

7.  Pariétaux Pariétaux. 

8.  Occipitaux  supérieurs Occipitaux  supérieurs. 

9.  Occipitaux  externes Occipitaux  externes. 

10.  Occipitaux  latéraux Occipitaux  latéraux. 

i  i .  Grandes  ailes  du  sphénoïde  ....  Grandes  ailes  du  sphénoïde. 

12.  Mastoïdiens Écailles  du  temporal. 

13.  Rochers Rochers  rudimenlaires. 

ik.  Ailes  orbitaires Ailes  orbitaires. 

15.  Sphénoïde  antérieur Ethmoïde  crânien. 

16.  Vomer . Vonier. 

17.  Interniaxillaires Intermaxillaires. 

18.  Maxillaires  supérieurs Maxillaires  supérieurs. 

19.  Sous-orbitaires Juiraux. 

20.  Nasaux Cartilages  mobiles  du  nez. 

21.  Surtemporaux Surtemporaux. 

22.  Palatins Palatins. 

23.  Temporaux Mastoïdiens. 

24.  Transverses Transverses. 

2d.  Ptérygoïdes  internes Pterygoïdes  internes. 

26.  Jugaux Os  carrés. 

27.  Tympanaux Caisses. 

28.  Operculaires Operculaires. 

29.  Styloïdes Styloïdes  de  l'os  hyoïde. 

30.  Préopercules Apophyses  styloïdes  du  temporal. 

31.  Symplcctiques Tympano-malléaux. 

Après  ces  considérations  générales ,  une  discussion  approfondie  de  tous  les  caractères  dis- 
tinctifs  des  poissons  et  des  reptiles  en  général  serait  sans  doute  fort  à  désirer ,  mais  c'est  chose 
impossible  avec  les  matériaux  dont  nous  disposons,  les  points  en  litige  exigeant  des  re- 
cherches anatomiques  sur  les  parties  molles  d'animaux  qui  sont  encore  trop  rares.  Nous 
croyons  néanmoins  devoir  exposer  nos  idées  sur  les  dilïérences  et  les  affinités  que  présente 
Tostéologie ,  puisque  c'est  dans  ces  seules  limites  que  peuvent  se  discuter  les  caractères  qu'of- 
frent les  fossiles  douteux.  En  elïet,  si  l'on  considère,  d'un  côté,  les  longs  débals  qui  ont  eu 
lieu ,  et  qui  se  reproduisent  encore  tous  les  jours  sur  la  nature  d'animaux  vivans  que  l'on  a 
eus  entiers  sous  la  main,  et  que  l'on  peut  examiner  à  loisir,  et  si  Ton  tient  compte  d'un  autre 
côté,  des  nombreuses  difficultés  que  soulève  l'étude  des  fossiles,  où  l'on  n'a  souvent  à  sa 


—     68     — 

disposition  que  des  morceaux  brisés ,  mutilés  et  défigurés ,  on  ne  s'étonnera  pas  qu'il  reste 
encore  beaucoup  de  doutes  sur  un  grand  nombre  de  fossiles ,  que  les  auteurs  ont  peut-être 
placés  avec  trop  de  précipitation  dans  l'une  ou  l'autre  classe  des  vertébrés. 

Et  d'abord,  ce  qui  est  évident,  c'est  qu'à  l'avenir  l'existence  d'un  double  voma^el  même 
d'un  canal  nasal  spacieux,  ne  suffit  plus  pour  envisager  un  animal  comme  appartenant  de 
droit  à  la  classe  des  amphibiens.  M.  Owen  ,  en  parlant  des  Labyrinthodontcs ,  a  voulu  tirer 
de  ces  deux  caractères  un  argument  en  faveur  de  la  nature  batracienne  de  ces  fossiles.  Il 
dit  :  (*)  «  A  l'opposile  du  bord  alvéolaire ,  le  bord  fracturé  laisse  apercevoir  le  tranchant  d'une 
plaque  osseuse  mince ,  non  interrompue  dans  son  extension  longitudinale ,  et  formant  le  plan- 
cher d'une  cavité  nasale  large ,  mais  peu  profonde  ;  ce  qui  est  une  indication  que  le  Laby- 
rinthodon  respirait  l'air  comme  les  autres  reptiles.  »  Le  Polyptère  nous  prouve  au  contraire 
que  l'existence  d'un  canal  nasal  très-haut  et  très-large ,  et  certainement  beaucoup  plus  spa- 
cieux que  dans  la  plupart  des  reptiles  connus,  n'implique  pas  nécessairement  ime  respiration 
de  l'air,  puisque  le  Polyptère  est  sous  ce  rapport  aussi  poisson  que  les  autres  poissons  ;  et  ce- 
pendant, personne  ne  contestera  la  grande  analogie  qui  existe  entre  l'arrangement  du  pla- 
fond palatin,  tel  que  nous  le  trouvons  chez  le  Polyptère,  et  celui  d'un  Batracien;  il  n'y  a 
pas  jusqu'aux  solutions  de  continuité  que  Ton  observe  chez  le  premier,  qui  ne  ressemblent 
beaucoup  aux  ouvertures  naso-palatines  des  Batraciens.  Les  Myxinoïdes  ont  d'ailleurs  de  vé- 
ritables ouvertures  naso-palatines,  qui  ne  sont  pas  fermées,  même  sur  l'animal  vivant.  Le 
double  vomer  ne  saurait  pas  non  plus  décider  la  (piestion  en  litige  depuis  que  le  Lépidostée 
nous  montre  qu'il  existe  aussi  dans  la  classe  des  poissons.  Mais  l'étude  des  Sauroïdes,  en  in- 
firmant ainsi  la  valeur  des  caractères  que  l'on  croyait  tranchés ,  a  eu  un  autre  résultat ,  c'est 
de  nous  apprendre  que  c'est  par  la  présence  de  ces  mêmes  caractères  que  les  Sauroïdes  se 
rapprochent  des  reptiles,  et  forment  une  sorte  d'intermédiaire  entre  les  deux  classes. 

Si  nous  étudions  attentivement  la  série  des  animaux  placés  entre  les  reptiles  et  les  pois- 
sons ,  nous  verrons  qu'ils  se  divisent  en  deux  lignes  qui  se  touchent  en  plusieurs  points.  La 
tribu  des  Sauroïdes  avec  ses  nombreux  genres  fossiles ,  dans  lesquels  sont  aussi  compris  les 
Dendrodes  et  leurs  deux  représentans  vivans,  le  Lépidostée  et  le  Polyptère,  lient  de  trop  près 
aux  poissoiis,  pom-  que  l'on  puisse  avoir  de  doutes  sur  sa  véritable  nature.  Les  Labyrintho- 
dontes  s'en  rapprochent  le  plus,  et  forment  le  passage  aux  Batraciens,  qu'ils  lient  d'une  ma- 
nière étroite  aux  poissons  par  le  Polyptère ,  tandis  que  le  Lépidostée  se  rapproche  davantage 
des  Sauriens,  et  notamment  du  Crocodile.  Les  Labyrinthodontcs  sont,  en  effet,  tellement  voi- 
sins des  poissons ,  qu'il  n'y  aurait  plus  aucune  raison  de  les  éloigner  de  ces  derniers,  du  mo- 
ment que  l'on  aurait  démontré  qu'un  poisson  peut  avoir  une  double  tête  articulaire  à  l'occiput. 
Mais  c'est  entre  les  êtres  vivans  que  l'on  trouve  la  combinaison  la  plus  étrange  des  caractères 
des  poissons  et  des  Batraciens  perennibranches.  Le  Lépidosiren  réunit  à  des  canaux  muciques 

(*)  Odontograpliy,  pag.  208. 


—     69     — 

et  à  une  osléogenèsc  complètement  analogue  à  celle  des  poissons  les  plus  grandes  affinités  avec 
le  Protée  et  les  Sirènes  en  général,  dans  l'arrangement  des  poumons  et  de  la  circulation: 
on  dirait  que  les  parties  dures  du  poisson  sont  combinées  avec  les  parties  molles  d'un  Ba- 
tracien. D"un  autre  côté,  nous  avons  dans  les  Ichthyosaures  une  tête  de  Saurien,  combinée 
avec  la  colonne  vertébrale  et  les  nageoires  d'un  poisson;  or  l'Iclithyosaure  est  aussi  sûrement 
un  reptile  que  le  Lépidostée  est  un  poisson  ;  mais  il  n'est  pas  aussi  facile  de  prononcer  sur  les 
Lépidosirens  et  les  Labyrintliodontes. 

11  parait,  d'après  l'étude  ostéologique  de. ces  différens  êtres,  que,  dans  l'état  actuel  de  nos 
connaissances .  on  ne  peut  fixer  comme  caractères  distinclifs  que  les  suivans ,  qui  tous 
sont  tirés  de  lostéologie  ;  de  l'aveu  même  de  nos  anatomistes  les  plus  distingués,  les  parties 
molles  n'oflVenl  aucun  caractère  trancbant. 

M.  Jean  Millier  ne  signale,  dans  son  Ostéologie  des  Myxinoïdes  (*),  qu'un  seul  caractère  qui 
soit  propre  à  toute  la  classe  des  poissons  ;  tous  les  autres  que  nous  allons  énumérer  ci-après , 
ne  s'appliquant  en  général  qu'à  certaines  divisions.  Ce  caractère  consiste  dans  l'existence 
de  pièces  vertébrales  inférieures ,  qui  partent  des  apophyses  transversales ,  sur  lesquelles  sont 
fixées  les  côtes,  et  qui  sont  fort  différentes  des  véritables  apophyses  transverses,  (jui  se 
trouvent  en-dessus.  L'existence  de  ces  apophyses  transverses  inférieures  insérées  le  long  de 
la  région  dorsale,  portant  seules  les  côtes,  prouve,  d'après  M.  J.  Millier,  que  l'animal  es! 
un  poisson ,  puisque  ce  n'est  que  sous  la  queue  des  autres  vertébrés ,  mais  jamais  sous  la 
partie  dorsale  ,  que  l'on  trouve  de  pareilles  apophyses  transversales  inférieures.  Ces  apophyses 
se  recourbent  en  bas  et  deviennent  les  supports  des  apophyses  épineuses  inférieures.  Il  y  a 
des  poissons  ,  par  exemple  lePolyptère,  qui  ont,  à  côté  des  apophyses  transverses  inférieures, 
des  apophyses  transverses  latérales  aux  vertèbres  delà  queue,  comme  les  amphibies,  et  ceci 
constitue  encore  l'une  des  nombreuses  analogies  que  notre  sauroïde  présente  avec  les  rep- 
tiles. 11  paraît  en  effet  que  la  généralité  de  ce  fait  est  assez  bien  établie.  On  a  retrouvé  ces 
pièces  vertébrales  inférieures,  munies  d'apophyses  transverses,  qui  portent  les  côtes,  chez 
tous  les  poissons ,  même  chez  les  cartilagineux ,  tandis  que  la  région  dorsale  n'en  montre 
que  chez  les  reptiles.  Chez  la  plupart  des  Sauriens  fossiles  et  chez  beaucoup  d'autres  Ganoïdes 
anciens  ces  îîj)ophyses  inférieures  et  supérieures  sont  même  seules  ossifiées ,  tandis  qu'au  lieu 
de  vertèbres ,  il  se  trouve  une  corde  dorsale  qui ,  dans  les  fossiles ,  a  entièrement  disparu  ; 
cette  organisation  se  retrouve  aussi,  comme  on  sait,  dans  le  Lépidosiren.  Même  l'Iclithyo- 
saure, dont  les  vertèbres  ont  les  plus  grandes  affinités  avec  celles  des  poissons  par  leurs 
doubles  facettes  excavées  en  cône,  n'a  pas  ces  pièces  inférieures  à  la  région  dorsale,  et  les  côtes 
sont  articulées  sur  la  partie  supérieure  des  corps  de  vertèbres.  Les  poissons  cartilagineux, 
à  vertèbres  distinctes,  ceux  à  corde  dorsale  permanente,  y  compris  le  Lépidosiren,  ne  font 
pas  exception  à  la  règle  ;  tous  présentent  les  mêmes  pièces  inférieures ,  et  il  paraît  ainsi  que 

(*)  Page  94  et  suivantes. 


—     70     — 
l'on  peut  regarder  l'existence  d'apophyses  transversales  inférieures  dans  la  région  dorsale  comme 
un  caractère  distinctif  général  de  première   valeur,  sauf  à  modifier  celte  manière  de  voir 
si  des  découvertes  ultérieures  conduisent  à  d'autres  résultats. 

La  colonne  vertébrale  du  poisson  n'offre,  en  effet,  aucun  autre  caractère  tranché.  Pen- 
dant longtemps .  il  est  vrai ,  les  vertèbres  à  doubles  facettes  creusées  en  cônes  ont  été  envisagées 
comme  caractéristiques  pour  les  poissons,  et  elles  se  retrouvent  en  effet  chez  la  plupart  des 
poissons.  Mais  si  l'Ichthyosaure  prouve  qu'il  peut  exister  des  reptiles  avec  de  pareilles  ver- 
tèbres, le  Lépidostée,  d'un  autre  côté,  montre  jusqu'à  l'évidence  que  des  vertèbres  à  facettes 
articulaires  bombées  ou  arrondies  à  tète  yléno/dale  antérieure ,  ne  sont  pas  une  preuve  de  la 
nature  amphibienne  de  l'être  auquel  elles  appartiennent.  Les  facettes  articulaires,  de  quelque 
manière  qu'elles  soient  disposées ,  ne  peuvent  donc  pas  être  considérées  comme  caractères 
distinctifs  d'une  classe,  mais  n'ont  qu'une  valeur  secondaire. 

Il  n'en  est  pas  de  môme  de  la  corde  dorsale.  On  sait  maintenant  par  les  recherches  des 
embryologistes  que  cette  corde,  qui  se  continue  sans  séparation  visible  chez  beaucoup  de 
poissons  cartilagineux,  par  exemple  chez  les  Esturgeons,  les  Cyclostomes,  le  Lépidosiren, 
est  la  base  commune  autour  de  laquelle  se  forme  la  colonne  vertébrale ,  et  qu'il  n'existe 
aucun  vertébré  qui  ne  possède,  pendant  sa  vie  embryonaire,  une  pareille  corde  dorsale. 
Jusqu'ici  on  ne  connaît  aucun  reptile  chez  lequel  cette  corde  dorsale  persiste  dans  l'état 
adulte;  elle  disparait  partout  pour  faire  place  à  des  vertèbres  séparées  et  distinctes.  Chez  les 
poissons,  cette  persistance  de  la  corde  dorsale  est  au  contraire  fréquente,  et  l'on  pourra  désor- 
mais admettre  avec  une  parfaite  sécurité,  qu'un  animal  chez  lequel  on  trouve  une  corde 
dorsale  persistante  pendant  toute  sa  vie ,  doit  nécessairement  rentrer  dans  la  classe  des  pois- 
sons. Malheureusement  il  n'y  a  parmi  les  êtres  douteux  qui  nous  occupent  que  le  genre  Lépi- 
dosiren ,  et  peut-être  quelques  poissons  fossiles  voisins  des  reptiles ,  qui  aient  une  corde  pa- 
reille, tandis  que  tous  les  autres  genres  problématiques  ont  des  vertèbres  bien  distinctes  et 
très-nettement  développées ,  qui ,  comme  nous  l'avons  dit  plus  haut ,  ne  sauraient  constituer 
à  elles  seules  un  caractère  de  classe. 

Un  autre  caractère  distinctif  des  reptiles,  qui  tient  de  près  à  la  conformation  de  la  colonne 
vertébrale,  c'est  la  conformation  de  la /"«ce  articulaire  de  l'occipital.  Partout  où  il  existe  une 
articulation  entre  la  tête  et  la  colonne  vertébrale  chez  les  poissons,  cette  articulation  est 
creuse,  jamais  bombée.  Les  poissons  à  corde  dorsale  persistante  ne  possèdent  point  d'arti- 
culation dans  cet  endroit,  la  corde  se  continuant  sans  interruption  dans  la  base  du  crâne,  et 
chez  les  autres,  la  fosse  articulaire  de  l'occipital  correspond  ou  à  un  cône  creux  de  la  première 
vertèbre,  ou  bien,  chez  le  Lépidostée,  à  une  tête  glénoïdale  bombée  de  l'atlas.  Les  reptiles 
présentent  deux  variations  notables  à  ce  sujet;  les  uns  n'ont  qu'une  face  articulaire  (les  Sau- 
riens, etc.),  les  autres  en  ont  deux  latérales  (les  Batraciens);  mais  ces  faces  sont  toujours 
bombées  ;  ce  sont  de  véritables  têtes  glénoïdales ,  auxquelles  correspondent  des  fosses  articu- 
laires sur  le  devant  de  l'atlas.  Jusqu'ici,  nous  ne  connaissons  aucun  fait  qui  contredise  cette 


I 


—    1{    — 

conformation  de  la  face  articulaire  des  reptiles,  de  même  que  nous  n'avons  pas  encore  trouvé 
un  seul  poisson  qui  présentât  une  face  articulaire  bombée.  Nous  devons  pourtant  faire  re- 
marquer que  chez  nos  Sauroïdes  vivans ,  et  notanniient  chez  le  Polyptère ,  la  face  articulaire 
est  tellement  déprimée  et  élargie ,  et  ses  deux  angles  latéraux  si  saillans ,  qu'il  ne  faudrait 
que  peu  de  chose  pour  changer  cette  face  articulaire  transverse  avec  ses  deux  arêtes  latérales 
en  deux  tètes  articulaires  distinctes.  Quant  aux  Labyrinlhodontes,  nous  n'avons  pas  vu  leur 
colonne  vertébrale  en  nature,  et  nous  ne  pouvons  par  conséquent  pas  juger  jusqu'à  quel 
point  la  double  tète  articulaire  se  l'approche  de  la  conformation  du  Bichir  ;  mais  toujours 
est-il  que  l'existence  de  deux  faces  glénoïdales  bombées  est  le  seul  caractère  qui  parle  en  fa- 
veur de  la  nafture  batracienne  de  ces  curieux  fossiles,  dont  les  autres  caractères  se  rapprochent 
plutôt  des  poissons. 

Un  dernier  caractère  des  poissons  c'est  l'existence  de  canaux-  mucifères  de  la  peau  , 
qui  s'ouvrent  au  dehors  et  dont  les  ouvertures  pénètrent  très-souvent  les  écailles,  sur  la 
tète  comme  sur  le  corps.  Ces  canaux  manquent,  il  est  vrai,  à  quelques  poissons  de  la  classe 
des  Cyclostomes,  tandis  qu'ils  existent  généralement  chez  le  reste  de  la  classe.  Mais  leur 
absence  est  un  fait  général  chez  les  reptiles  :  au  moins  n'a-t-on  encore  signalé  aucun  rep- 
tile sur  lequel  de  pareils  canaux  eussent  été  découverts.  On  peut  donc  dire  en  toute  sûreté 
qu'un  animal  sur  lequel  on  trouve  des  canaux  mucifères,  appartient  à  la  classe  des 
poissons,  tandis  que  le  manque  de  cet  appareil  n'implique  pas  nécessairement  son  éloi- 
gnement  de  la  même  classe.  Les  canaux  mucifères  de  la  tête  des  poissons  offrent  une 
autre  particularité  dont  il  importe  de  tenir  compte  ;  ils  sont  très-souvent  recouverts  de 
parties  dures,  écailleuses ,  destinées  à  les  envelopper  et  à  les  protéger.  Dans  le  Bichir. 
les  canaux  muqueux  sont  garnis ,  dans  tout  leur  trajet ,  de  pareilles  pièces  osseuses  ;  chez 
d'autres ,  les  canaux  sont  creusés  dans  les  os  mêmes  du  crâne  et  de  la  face ,  et  les  écailles 
manquent  complètement.  Il  va  sans  dire  que  ces  os  ne  se  retrouvent  nulle  part  sur  la 
tête  des  reptiles,  puisque  l'appareil  mucifère  qu'ils  doivent  protéger  manque  lui-même. 
Dès  lors,  les  animaux  qui  ont  la  tête  garnie  dé  pièces  perforées  pour  le  passage  de  canaux 
mucifères,  doivent  être  rangés  parmi  les  poissons. 

L'appareil  operculaire  est  l'un  des  appareils  les  plus  indispensables  pour  le  genre  de 
vie  des  poissons.  Aussi  existe-t-il  assez  généralement  chez  tous  les  poissons  osseux  ;  il  n'y 
a  que  ceux  des  poissons  cartilagineux  qui  n'ont  pas  de  pièces  osseuses  dans  la  peau  ,  qui 
en  soient  dépourvus.  11  manque  entièrement  aux  reptiles,  et  l'on  peut  donc  dire,  d'après 
l'état  actuel  de  nos  connaissances ,  que  sa  présence  est  une  preuve  que  l'animal  appartient 
à  la  classe  des  poissons,  tandis  que  son  absence  n'est  pas  un  motif  pour  placer  un 
animal  dans  la  classe  des  reptiles. 

Nous  n'avons  que  peu  de  mots  à  ajouter  sur  les  organes  locomoteurs  et  sur  la  valeur 
qu'on  doit  assigner  à  leur  formation.  Nous  voyons  les  pieds  se  rapetisser  beaucoup  dans 
la   classe   des  reptiles ,    principalement  dans  les  Sauriens  et  dans  les  Serpens ,  où  ils  sont 


—     72     — - 

inôinc  réduits  à  de  petits  stylets  placés  sur  les  côtés  de  l'anus.  Une  formation  analogue 
s'observe  chez  les  Lépidosirens ,  dont  les  pieds  de  devant,  aussi  bien  que  ceux  de  derrière, 
ne  forment  que  des  cylindres  pointus  ,  sans  articulation  quelconque.  Les  Lophius ,  les 
Mallhés  et  quelques  autres  genres  de  poissons  de  forme  baroque ,  ont  sans  doute  des  na- 
geoires pectorales  développées  comme  des  bras  et  des  mains ,  dont  ils  se  servent  aussi  de  la 
même  manière  que  certains  reptiles  pour  s'appuyer  ou  pour  ramper  sur  la  terre.  D'un  autre 
côté,  les  Ichthyosaures  et  les  Plésiosaures  ont  des  nageoires  complètes  qui  se  rapprochent 
sensiblement  de  celles  des  poissons.  L'existence  de  bras  et  de  mains  ne  peut  donc  pas  être 
envisagée  comme  une  preuve  que  l'animal  qui  en  est  muni  est  un  reptile ,  de  même  que 
l'existence  de  nageoires  ne  saurait  le  faire  rentrer  dans  la  classe  des  poissons. 

La  structure  et  V implantation  des  dents  se  présentent  au  premier  abord  comme  très-essen- 
tielles sous  le  point  de  vue  que  nous  traitons.  Mais  une  étude  plus  approfondie  nous  a  appris 
qu'il  est  impossible  de  fonder  un  caractère  de  classe  tranché  sur  la  structure  microscopique , 
ou  sur  la  condition  extérieure  des  dents,  et  que  les  transitions  que  l'on  observe  dans  d'autres 
systèmes  d'organes ,  se  reproduisent  aussi  dans  l'armure  de  la  bouche.  Quant  à  la  manière 
dont  les  dents  sont  réparties ,  on  sait  fort  bien  qu'aucun  os  servant  à  la  formation  du  pla- 
fond de  la  bouche,  n'est  exempt  de  dents  chez  certains  Batraciens,  et  que  le  vomer,  le 
sphénoïde  ,  les  palatins  ,  les  plérygoïdiens ,  portent  aussi  bien  des  dents  chez  les  reptiles  nus 
que  chez  les  poissons.  Il  en  est  autrement  de  la  mâchoire  inférieure  ;  la  grande  majorité  des 
reptiles  n'a  qu'une  simple  rangée  de  dents  à  la  mâchoire  inférieure,  et  il  n'y  a  même  qu'une 
seule  famille,  les  Cécilies,  qui  en  montrent  une  double.  Chez  les  poissons,  au  contraire,  il 
n'est  pas  rare  de  trouver  plusieurs  rangées  de  dents  dans  la  mâchoire  inférieure  l'une  derrière 
l'autre;  l'on  rencontre  même,  chez  plusieurs  poissons ,  chez  le  Polyptère,  par  exemple,  une 
large  lame  dentaire  au  point  de  réunion  des  deux  mâchoires  ,  sur  laquelle  un  grand  nombre 
de  dents  sont  implantées.  Les  Labyrinthodontes  montrent  la  même  conformation.  Loin  de 
présenter  une  simple  rangée  secondaire  en  arrière  de  la  principale ,  ils  montrent ,  au  con- 
traire ,  un  très-grand  nombre  de  dents  irrégulièrement  disséminées  dans  l'angle  de  réunion 
des  deux  mâchoires,  et  ce  fait,  quoiqu'il  ne  soit  pas  exclusif,  devra  toujours  être  considéré 
comme  très-important  dans  l'appréciation  des  caractères  de  cette  curieuse  famille. 

La  structure  microscopique  des  dents  n'est  pas  plus  concluante.  11  est  vrai  qu'on  n'a  pas 
encore  trouvé  de  dents  de  reptiles  présentant  des  canaux  médullaires  isolés  et  ramifiés,  sans 
(pi'il  y  ait  une  cavité  pulpaire  commune  dans  le  centre  de  la  dent  ;  et  le  Lepidosiren  qui 
présente  cette  structure,  se  montre  aussi  sous  ce  point  comme  un  véritable  poisson.  Mais 
quant  aux  autres  genres  douteux ,  leurs  dents  appartiennent  toutes  à  un  groupe ,  que  nous 
avons  désigné  dans  les  généralités  sur  la  dentition,  vol.  I,  sous  le  nom  de  dents  à  dentine 
plissée  ;  c'est-à-dire  qu'elles  présentent  une  cavité  pulpaire  centrale  avec  des  processus  laté- 
raux.  déterminés  par  des  plissemens  de  la  dentine.  Ces  plissemens  sont  souvent  tellement 
compliqués  que  l'on  pourrait  les  confondre  avec  ceux  des  canaux  médullaires  isolés.  Le  degré 


—      7.-     — 

le  plus  simple  de  ces  plissemens  nous  est  offert  par  le  Lépidostée  et  les  genres  éteints  des 
Megalichtliys  et  des  Ichihyosaures;  les  Rhizodus,  les  Saurostomus  montrent  une  conforma- 
tion déjà  plus  compliquée;  les  Labyrinthodons  et  en  dernier  lieu  les  Dendrodus  se  placent 
au  haut  de  l'échelle  et  présentent  des  plissemens  tellement  tortueux ,  que  l'œil  a  de  la  peine 
à  les  suivre  dans  les  coupes  transversales  des  dents. 

Lu  structure  des  écailles  ofïvail ,  avant  que  l'on  connût  les  Cécilies  ,  un  très-bon  caractère 
Les  écailles  des  Ganoïdes ,  il  est  vrai ,  se  rapprochent  sous  beaucoup  de  rapports  des  plaques 
osseuses  dont  les  Crocodiles  et  les  autres  Sauriens  sont  recouverts.  Mais  il  est  facile  de  s'as- 
surer, par  une  étude  microscopique ,  que  l'analogie  n'est  qu'extérieure ,  que  le  revêtement 
émaillé  des  écailles  ne  se  trouve  jamais  chez  les  reptiles,  et  que  les  écadles  de  ces  derniers 
sont  toujours  composées  d'une  seule  substance,  la  substance  osseuse.  Dès-lors,  si  une  écaille 
qui  est  couverte  d'une  couche  d'émail ,  doit  par-là  même  être  envisagée  comme  provenant 
d'un  poisson ,  il  ne  s'ensuit  pas  que  les  plaques  composées  uniquement  de  substance  osseuse 
appartiennent  nécessairement  à  des  reptiles  ;  car  certains  poissons ,  et  notamment  les  Estur- 
geons et  quelques  genres  fossiles ,  ont  des  plaques  osseuses  tout-à-fait  semblables  à  celles  des 
Crocodiles  et  des  Labyrinthodons. 

Nous  nous  résumons  en  disant  que  nous  n'avons  trouvé  qu'un  seul  caractère  général  et  dis- 
tinctif  de  la  classe  des  poissons ,  savoir  l'existence  de  pièces  vertébrales  et  d'apophyses  trans- 
versales inférieures,  dans  la  région  du  dos  ;  qu'il  n'existe  de  même  qu'un  seul  caractère  gé- 
néral pour  la  nature  amphibienne  d'un  animal ,  savoir  l'existence  de  facettes  articulaires  bom- 
bées à  l'occiput  ;  que  la  présence  d'une  corde  dorsale  persistante ,  de  canaux  muqueux  ouverts 
à  l'extérieur  et  d'un  appareil  operculaire ,  sont  des  preuves  certaines  que  l'animal  qui  en  est 
muni  est  un  poisson,  quoique  leur  absence  ne  prouve  pas  du  tout  qu'il  doive  être  éloigné  de 
cette  classe;  et  enfin  ,  que  l'existence  de  doubles  vomers,  d'ouvertures  naso-palatines ,  la  con- 
formation des  organes  locomoteurs  ,  les  dents  et  les  vertèbres,  n'ont  qu'une  valeur  secondaire 
dans  l'appréciation  des  caractères  d'un  animal  douteux. 


TOM.  II,  rPAKT.  "  10 


—     74     — 


CHAPITRE    III. 

DU  GENRE  PYGOPTERUS  Agass. 


Le  développement  excessif  des  nageoires  est  un  caractère  qui  frappe  au  premier  coup-d'œil 
dans  ce  genre.  La  caudale  en  particulier  est  très-robuste,  à  lobes  inégaux ,  largement  échan- 
crée  et  portée  par  un  pédicule  ^igoureux.  Ce  caractère,  il  est  vrai,  se  retrouve  également, 
quoique  à  un  moindre  degré  ,  chez  les  Acrolepis.  Mais  ce  qui  caractérise  plus  particulière- 
ment les  Pygopterus ,  c'est  qu'à  celte  caudale  inéquilobe  se  joint  une  anale  fort  longue  qui 
garnit  le  bord  inférieur  du  corps  sur  une  grande  étendue.  La  dorsale  est  opposée  à  l'es- 
pace entre  les  ventrales  et  l'anale  ,  mais  de  manière  à  être  plus  rapprochée  de  cette  dernière. 
Les  nageoires  paires  sont  moins  développées.  Il  existe  en  avant  de  toutes  les  nageoires  une 
série  de  petits  rayons  qui  se  prolongent  sous  la  forme  de  fulcres  de  plus  en  plus  petits  jus- 
qu'à l'extrémité  du  rayon  antérieur.  Le  squelette  est  robuste ,  et  les  vertèbres  sont  en 
général  plus  larges  que  longues.  La  mâchoire  supérieure  déborde  la  mâchoire  inférieure  ; 
l'une  et  l'autre  sont  armées  de  dents  coniques  très-pointues.  Les  écailles  sont  petites  propor- 
tionnellement à  la  taille  du  poissoji  ;  elles  sont  lisses ,  rhomboïdales  et  s'étendent  non-seu- 
lement sur  le  corps  ,  mais  encore  sur  l'origine  des  nageoires  et  recouvrent  même  tout  le  lobe 
supérieur  de  la  caudale ,  jusque  près  de  son  extrémité.  En  restaurant  ce  type  d'après  les  débris 
qu'on  en  possède ,  j'ai  trouvé  qu'il  devait  avoir  à-peu-près  la  forme  et  la  physionomie  que  je 
lui  ai  données  dans  ma  Tab.B,  fig.  3  du  Vol.  i.  Seulement  ses  dimensions  étaient  beaucoup 
plus  considérables.  Il  parait  surtout  avoir  dominé  dans  les  formations  anciennes ,  et  particu- 
lièrement à  l'époque  du  Zechstein  et  de  la  houille,  où  il  représentait  les  Eugnalhus  et  les  Ca- 
turus  de  l'époque  jurassique. 

L  Pygopterus  Humeoldti  Agass. 
Vol.  2,Tab.  SI  et  ^5. 

SVN.   Palceothrissum  magnum  Blaiiiv.    Ichtliyolitlies  in  nouv.  Dict.  des  se.  nat.  Tom.   28. 

Pygopterus  Hum-holdti  Ag.  Munster  Beytrage  zùr  Petrefaktenlv.  Heft  5.  p.  48.  Tab.  S,  fig.  1. 

Palœoniscus  exsculptus  Germar  die  Versteiner.  des  Mansfelder  Kupferscli.  Halle  1840.  — Kiirtze  coramentatio  de  jie- 

trefaclis  qiiœ  in  schislo  Ijitiim.  Mansf.  reper.  Hallse  1839. 
Esox  eislebensis  Blainv.  Ichtliyol.  in  Nouv.  Dict.  des  se.  nat.  Tom.  28.  —  Wolfart  Hassia  subterranea.  Tab.  18  et  19. 

C'est  ce  poisson  que  M.  de  Blainville  a  décrit  sous  le  nom  de  Palœothrissum  magnum.  La 
plaque  d'après  laquelle  cet  auteur  a  établi  son  espèce  ,  se  trouve  dans  la  collection  de  M.  Alex. 


—     7S     — 

Brougniart.  ol  comme  elle  est  très-incomplète  .  il  n'est  pas  étonnant  qu'il  ait  pris  le  change  sur 
sa  véritable  nature.  Ce  qui  est  certain,  c'est  que  ce  n'est  pas  un  Pal.Tothrissum,  mais  bien  un 
Sauroïde  du  genre  Pygopterus.  Ce  qui  aura  sans  doute  contribué  à  le  faire  envisager  par  M.  de 
Blainville  connue  un  Pala'olhrissum  ,  c'est  le  fait  que  le  lobe  supérieur  de  la  caudale  est  abon- 
damment couvert  d'écaillés,  absolument  comme  dans  les  vrais  Pala'Othrissum. 

Comme  espèce  ,  ce  poisson  est  facile  à  distinguer.  Il  est  très-élancé  ,  et  semble  avoir  été  fu- 
siforme.  Toutes  ses  nageoires,  sans  exception  ,  sont  larges  et  bien  fournies.  Les  pectorales  ont 
près  de  deux  pouces  de  long  ;  leurs  rayons  sont  gros,  articulés  de  près  et  divisés  en  un  grand 
nombre  de  petits  fdets  ;  il  n'y  a  que  le  premier  grand  rayon  qui  soit  indivis.  Les  ventrales 
sont  beaucoup  plus  petites  et  ont  des  rayons  plus  gi'èles.  La  dorsale  a  à-peu-près  les  dimen- 
sions des  pectorales  ,  mais  ses  rayons  sont  aussi  moins  gros  et  plus  nombreux.  Mais  c'est 
l'anale  qui  mérite  surtout  de  fixer  l'attention  ;  elle  est  tellement  développée ,  qu'elle  s'étend 
sur  le  tiers  de  la  longueur  du  poisson.  Ses  rayons ,  d'abord  aussi  larges  que  ceux  de  la  dor- 
sale se  raccourcissent  de  plus  en  plus  d'avant  en  arrière  et  les  derniers  ne  sont  plus  que  de  très- 
petites  soies  (Tab.  ok).  Il  est  assez  difficile  d'en  indiquer  le  nombre  total ,  mais  il  est  de  près 
de  cinquante ,  qui  tous  se  dichotoment  plus  ou  moins ,  à  l'exception  des  cinq  premiers  qui 
sont  petits  et  indivis.  La  caudale  n'est  pas  conservée  dans  les  deux  exemplaires  que  j'ai  fait 
figurer;  mais  je  l'ai  trouvée  très-complète  sur  un  exemplaire  du  Muséum  de  Paris.  Elle 
est  très-grande  et  largement  échancrée.  Le  lobe  supérieur  est  beaucoup  plus  long  que  l'infé- 
rieur, et  recouvert  d'écaillés  jusqu'à  son  sommet  et  dans  la  moitié  de  sa  largeur.  Les  fulcres 
du  bord  sont  très-gros  et  s'étendent  également  jusqu'au  sommet.  Le  lobe  inférieur  n'est  pas 
garni  d'écaillés  et  les  fulcres  de  son  bord  sont  beaucoup  plus  petits.  Le  nombre  total  des 
rayons  est  d'au  moins  vingt  au  lobe  inférieur  ;  ceux  du  lobe  supérieur  sont  bien  plus  nom- 
breux. Les  écailles  varient  peu  d'après  leur  position  sur  le  corps  ;  elles  sont  en  forme  de  lo- 
sanges très-réguliers  ;  elles  ne  deviennent  irrégulières  que  sur  le  dos  et  sur  le  ventre.  Leur 
petitesse  relative  est  d'ailleurs  un  caractère  qui  contribuera  toujours  à  les  faire  reconnaître 
quelque  part  qu'on  les  trouve. 

La  tête  a  dû  être  considérable  d'après  ce  qu'on  en  voit  dans  l'exemplaire  de  Tab.  5-3  ,  qui 
représente  notre  poisson  par  la  face  inférieure  ,  un  peu  tourné  sur  le  côté.  La  mâchoire  supé- 
rieure déborde  évidemment  la  mâchoire  inférieure  ;  toutes  deux  sont  hérissées  de  petites  dents 
très-espacées ,  mais  fort  acérées.  L'exemplaire  de  Tab.  oi  permet  de  reconnaître  ({uelques 
parties  du  squelette ,  entre  autres  certaines  apophyses  et  une  partie  des  osselets  interapopby- 
saires  destinés  à  soutenir  l'anale.  Les  uns  et  les  autres  sont  gros  et  massifs.  11  est  surtout 
digne  de  remarque  que  les  osselets  soient  bien  moins  nombreux  que  les  rayons  qu'ils  portent, 
car  il  y  a  au  moins  deux  rayons  pour  un  osselet ,  sinon  davantage. 

C'est  l'un  des  plus  beaux  poissons  que  nous  ait  fournis  jusqu'ici  le  Zechstein  ;  aussi  me  suis- 
je  fait  un  plaisir  de  le  dédier  au  savant  physicien  dont  l'Allemagne  s'honore.  L'espèce  a  été 
trouvée  en  plusieurs  endroits  ,  entre  autres  à  Mansfeld  ,  à  Nendershausen  ,  à  Rigelsdorf  et  à 


—     76     — 
Gliicksbi'iinn.  Les  originaux  de  mes  planches  font  tous  deux  partie  de  la  collection  du  Mu- 
séum de  Paris.  Celui  de  Tab.  5i  y  est  en  double  plaque. 

II.    PyGOPïERUS    MANDIBULARIS   AgaSS. 

Vol.  2,  Tab.  53  et  53  a. 

Syn.  Sedgwick,  On  tlie geological  relations  and  internai  structure  of  the  magnesian  Limestone. — Trans.  Geol.  Soc.  Lond. 

2'=ser.  vol.  3,  Tab.  10  et  11. 
Sauropsis  scoticus  Ag.  msc. — Pygopterus  scoticus  Ag.  niSC.  —  Nemopteryx  mandibularis  Ag.  msc.  —  J'ai  étiqueté 

mon  Pygopterus  mandibularis  de  ces  divers  noms  dans  quelques  collections  avant  de  m'êti-e  arrêté  à  celui  que 

je  lui  conserve  ici. 

Cette  espèce  a  été  figurée  pour  la  première  fois  par  M.  Sedgwick,  dans  les  Transactions  de  la 
société  géologique  de  Londres.  Lorsque  j'en  vis  pour  la  première  fois  des  fragmens  en  na- 
ture ,  je  les  rapprochai  de  mon  genre  Sauropsis  en  le  désignant  sous  le  nom  de  Sauropsis  sco- 
ticus. Plus  tard,  après  avoir  appris  à  connaître  le  genre  Pygopterus  dont  le  P.  Humboldti 
est  le  type ,  je  reconnus  que  le  poisson  dont  il  est  ici  question  avait  les  plus  grands  rapports 
avec  ce  nouveau  genre  ,  et  comme  il  n'en  différait  que  par  quelques  particularités  secondaires , 
je  l'inscrivis  dans  mes  notes  sous  le  nom  de  P.  mandibularis.  On  retrouve  en  effet  dans 
cette  espèce  la  même  physionomie  et  les  mêmes  traits  généraux  qui  caractérisent  le  P. 
Humboldti.  C'est  un  poisson  de  grande  taille ,  de  forme  élancée  ,  et  remarquable  par  le  dé- 
veloppement extraordinaire  de  ses  nageoires,  qui  ne  diffèrent  qu'en  ce  que  l'anale  est  en- 
core plus  directement  opposée  à  la  dorsale  que  dans  l'autre  espèce.  L'exemplaire  de  Tab.  53 
a  conservé  sa  caudale  dans  un  rare  état  de  perfection  ;  elle  est  très-grande ,  largement  éva- 
sée et  composée  d'un  nombre  considérable  de  rayons  dont  ceux  du  milieu  se  subdivisent  en 
un  très-grand  nombre  de  petits  filets.  Le  lobe  supérieur  de  la  caudale  est  recouvert  d'écaillés 
jusque  prés  de  son  extrémité.  Son  bord  externe  est  garni  de  très-gros  fulcres  qui  sont  encore 
plus  développés  que  dans  le  P.  Humboldti.  On  ne  peut  guère  douter,  en  voyant  leur  pas- 
sage aux  écailles  et  la  manière  dont  celles-ci  s'allongent  près  de  la  base  des  nageoires  ,  que 
les  fulcres  en  général  ne  soient  des  écailles  modifiées.  Le  lobe  inférieur  n'en  a  que  de  très- 
petits  ,  ainsi  que  la  dorsale  et  l'anale. 

Un  autre  caractère  de  cette  espèce  c'est  l'extrême  uniformité  des  écailles  qui  ont  la  même 
forme  et  les  mêmes  dimensions  près  de  la  ceinture  thoracique  que  sur  le  pédicule  de  la 
queue.  Il  n'y  a  que  celles  qui  recouvrent  le  lobe  supérieur  de  la  caudale  et  celles  de  la  par- 
tie inférieure  et  centrale  du  ventre  qui  fassent  exception ,  les  premières  étant  un  peu  plus  al- 
longées ,  les  autres  étant  lancéolées.  La  ligne  latérale  est  rapprochée  du  dos  et  à-peu-près  pa- 
rallèle à  la  courbe  dorsale ,  du  moins  dans  la  partie  antérieure  du  tronc.  Les  séries  des 
écailles  sont  articulées  d'une  manière  très-solide  entre  elles,  au  moyen  de  deux  cornes  qui 
existent  au  bord  supérieur  de  l'écaillé  et  se  logent  sous  la  surface  émaillée  de  l'écaillé  voi- 


—    11    — 

sine  (lig.  S).  La  surface  des  écailles  est  finement  pointillée  ,  mais  les  points  sont  si  petits  qu'on 
ne  les  aperçoit  qu'à  la  loupe.  Aucun  des  bords  n'est  dentelé.  La  fig.  6  représente  quelques 
écailles  de  la  ligne  latérale,  qui  se  fait  remarquer  par  un  sillon  assez  large,  lequel  se  rétrécit 
insensiblement  en  arrière. 

J'ai  rencontré  dans  la  collection  de  Miss  Surtees  et  dans  celle  de  M.  William  quelques 
exemplaires  qui  contiennent  des  parties  détachées  de  la  tête  ;  mais  il  n'y  a  que  celui  de  la 
collection  de  Miss  Surtees  dans  lequel  les  mâchoires  soient  bien  visibles  (Tab.  S3  ,  fig.  2).  Le 
maxillaire  supérieur  est  plus  étroit  que  l'inférieur  ;  on  voit  à  son  extrémité  l'intermaxil- 
laire ,  qui  s'unit  au  maxillaire  par  une  ligne  oblique  :  mais  en  arrière ,  près  de  l'articula- 
lion  ,  la  partie  postérieure  du  maxillaire  supérieur  se  courbe  en  bas  et  prend  une  forme  spa- 
tulifornîe.  Le  maxillaire  inférieur,  de  son  côté ,  devient  de  plus  en  plus  large  d'avant  en 
arrière.  La  surface  entière  de  ces  os  est  couverte  de  fines  rides  obliques.  Le  bord  des  mâ- 
choires est  armé  de  grosses  dents  coniques  distantes ,  plus  ou  moins  allongées ,  à  pointes 
très-acérées ,  entre  lesquelles  il  y  en  a  d'autres  plus  petites ,  placées  sur  le  bord  interne  de 
l'os.  La  disposition  de  ces  dents  n'a  rien  de  bien  régulier  ;  les  fig.  3  et  4  en  représentent 
deux  ,  vues  à  la  loupe ,  pour  montrer  leur  forme  rigoureuse.  Les  os  de  la  ceinture  thora- 
cique  sont  ridés  irrégulièrement  dans  le  sens  longitudinal ,  comme  chez  les  Eugnalhus. 

Le  poisson  de  Tab.  53  provient  du  calcaire  magnésien  (  maghesian  limestone  )  d'Angleterre. 
L'original  se  trouve  dans  la  collection  de  Miss  Surtees,  à  Mainsforth. 

La  Tab.  S3  a  représente  un  fragment  du  tronc  d'un  exemplaire  beaucoup  plus  grand  ,  de 
la  collection  de  M.  Buckland ,  provenant  du  même  terrain. 

Ce  qui  me  fait  supposer  que  ce  poisson  est  réellement  identique  avec  celui  de  Tab.  53, 
c'est  la  grande  uniformité  des  écailles  sur  tout  le  corps.  Il  a  en  outre  le  grand  avantage  de 
nous  donner  une  idée  du  squelette,  qui  est  très-robuste.  Les  vertèbres  sont  courtes  et  grosses  , 
les  apophyses  épineuses  sont  vigoureuses,  surtout  dans  la  partie  postérieure  du  corps  ;  celles 
de  la  partie  antérieure  sont  beaucoup  plus  grêles.  Mais  ce  qu'il  y  a  de  plus  remarquable , 
c'est  une  série  d'osselets  clavellés  au-dessus  de  l'anale,  qui  sont  évidemment  des  osselets  intera- 
pophysaires  ;  il  n'y  a  que  les  derniers  qui  affectent  cette  forme  ;  les  premiers  sont  normaux. 

Je  connais  encore  plusieurs  autres  espèces  de  Pygopterus  ,  dont  Je  suis  obligé  de  renvoyer 
la  publication  à  une  autre  époque.  Ce  sont  : 

1"  Pygoptebus  sculptus  Agass.  Cette  espèce  provient  du  même  terrain  que  le  P.  mandi- 
bularis ,  mais  elle  en  diffère  par  les  ornemens  de  ses  écailles,  qui  sont  sculptées.  Ses  formes 
sont  trapues. 

2°  Pygopterus  Bucklandi  Agass.  Espèce  caractérisée  par  la  petitesse  et  la  forme  allongée 
de  ses  écailles  et  par  son  anale  très-rapprochée  de  la  caudale.  Elle  est  à-peu-près  de  la  taille 
du  Pygopterus  mandibularis  et  provient  du  calcaire  de  Burdie-House  en  Ecosse.  L'original 
se  trouve  dans  la  collection  de  la  Société  royale  d'Edimbourg. 


—     78     — 

5"  Pygopterus  Jamesom  Agass.  Sous  ce  nom  j'ai  distingué  une  seconde  espèce  de  Burdie- 
House ,  dont  je  ne  connais  encore  que  la  mâchoire  inférieure  ,  qui  diffère  de  celle  du  P.  mandi- 
bularis ,  en  ce  qu'elle  est  proportionnellement  plus  courte. 

k°  Pygopterus  Lonisardi  Agass.  Espèce  caractérisée  par  ses  grosses  vertèbres  et  par  son  anale 
d'une  longueur  démesurée  et  composée  de  très-gros  rayons  bifurques  et  articulés  ,  dont  les 
articles  sont  très-serrés.  Je  ne  connais  encore  qu'un  fragment  du  tronc  :  il  provient  des 
schistes  à  poissons  de  Muse  près  d'Autun. 

^''  Pygopterus  Luaus  Agass.  Une  tête  avec  des  dénis  très-acérées  ;  de  la  houille  de  Saar- 
briick.  L'original  se  trouve  au  Musée  de  Stuttgart. 

6"  Pygopterus  Greenockii  Agass.  Espèce  très-distincte  sous  le  rapport  spécifique  ,  mais 
douteuse  sous  le  rapport  générique.  Les  fragmens  connus  ne  sont  guère  que  des  têtes  avec  la 
partie  antérieure  du  tronc.  Les  écailles  qui  recouvrent  cette  partie  du  corps,  sont  plus  hautes 
que  longues  et  diffèrent  par-là  de  celles  de  tous  les  autres  Pygopterus.  Du  terrain  houiller  de 
New-Haven.  11  en  exisie  plusieurs  exemplaires  dans  la  collection  de  lord  (ireenock ,  qui  sont 
tous  contenus  dans  des  géodes  de  fer  hydraté  carbonate. 


79     — 


CHAPITRE    lY 


DL    GENRE  ACROLEPIS  Agass. 


J'ai  établi  ce  genre  d'après  un  fragment  qui  se  trouve  dans  la  collection  de  M.  William,  et  qui 
comprend  la  partie  postérieure  du  corps  avec  la  dorsale,  l'anale,  la  caudale  et  une  partie  des 
ventrales.  J'avais  conclu,  d'après  cet  échantillon ,  que  le  poisson  dont  il  provient  devait  être  très- 
élancé ,  et.  comme  les  nageoires  sont  très-développés  et  qu'elles  font,  par  conséquent,  sup- 
poser un  excellent  nageur,  je  n'avais  pas  hésité  à  le  ranger  parmi  les  Sauroïdes,  qui,  comme 
l'on  sait,  se  distinguent  par  leur  appareil  natatoire  vigoureux.  Ces  prévisions  ont  été  pleine- 
ment justifiées  par  la  découverte  qu'on  a  faite  depuis  d'une  autre  espèce ,  dont  le  corps  entier,  est 
admirablement  conservé,  et  que  nous  décrirons  plus  bas,  sous  le  nom  d'y4.  asper.  Mais  ce  qui 
caractérise  plus  particulièrement  ce  type,  c'est  la  structure  de  ses  écailles.  Elles  sont  rhom- 
boïdales  et  à-peu-près  d'égale  grandeur  sur  tout  le  corps,  et  leur  surface,  au  lieu  d'être 
lisse,  est  ornée  d'une  ou  de  plusieurs  grosses  rides  longitudinales  et  irrégulières  qui  se  com- 
binent de  diverse  n^anière  entre  elles,  et  qui,  lorsqu'elles  sont  peu  nombreuses  et  très-sail- 
lantes ,  peuvent  facilement  induire  en  erreur;  car  on  les  prend  alors  pour  les  contours  des 
écailles.  A  cet  égard,  il  n'y  a  parmi  la  famille  des  Sauroïdes  que  le  genre  Ptycholepis  qui  se 
rapproche  du  genre  Acrolepis.  Cette  structure  ridée  se  trouve  également  sur  les  os  de  la  tête  , 
avec  cette  dilTérence  que  les  rides  ne  sont  pas  circonscrites  ici  de  la  même  manière  que  sur 
les  écailles,  ensorte  qu'elles  forment  un  réseau  plus  continu  et  plus  compliqué,  d'une  appa- 
rence toute  particulière. 

L'arrangement  des  nageoires  est  à-peu-près  le  même  que  dans  le  genre  Pygopterus.  La 
dorsale  est  opposée  à  l'espace  entre  l'anale  et  les  ventrales.  L'anale  de  son  côté  occupe  le 
milieu  de  l'espace  entre  les  ventrales  et  la  caudale;  mais  elle  n'est  pas  aussi  étendue  que  dans  le 
genre  Pygopterus;  sa  forme  est  semblable  à  celle  de  la  dorsale.  Les  ventrales  sont  situées  au 
milieu  du  corps  et  partant  beaucoup  plus  rapprochées  de  l'anale  que  des  pectorales.  La  caudale 
est  inéquilobe  :  le  lobe  supérieur  diffère  du  lobe  inférieur ,  non-seulement  par  sa  grandeur  ,  mais 
aussi  par  sa  squammation  :  enfin  il  est  un  dernier  caractère  qu'il  m'importe  d'autant  plus  de 
signaler,  qu'il  m'a  échappé  lorsque  j'ai  examiné  pour  la  première  fois  ce  type ,  c'est  que  le 
lobe  inférieur  est  garni  d'écaillés  comme  le  lobe  supérieur.  Sous  ce  rapport,  la  figure 
restaurée  que  j'ai  donnée  du  genre  Acrolepis,  dans  la  Tab.  H  du  Tom.  i ,  a  besoin  d'être  cor- 


—     80     — 

rigée.  A  part  cela  ,  elle  est  exacte  ,  car  les  erreurs  que  M.  Quenstedt  a  cru  remarquer  dans 
les  détails ,  proviennent  de  ce  que  j'ai  emprunté  les  proportions  de  mon  poisson  à  l'espèce 
anglaise ,  tandis  qu'il  a  eu  sous  les  yeux  l'espèce  de  Mansfeld.  Or,  ces  deux  espèces  diffèrent 
justement  l'une  de  l'autre  par  les  particularités  que  M.  Quenstedt  relève  comme  des  inexac- 
titudes dans  ma  figure. 

La  tête  est  grosse  et  courte  ;  le  museau  est  assez  pointu  ;  les  mâchoires  sont  armées  de 
fortes  dents  coniques  très-serrées.  On  ne  connaît  point  encore  la  charpente  osseuse,  mais  j'ai 
tout  lieu  de  croire  qu'elle  est  vigoureuse. 

Les  espèces  connues  jusqu'ici  ne  se  montent  qu'à  deux,  qui  proviennent  l'une  et  l'autre  du 
Zechstein  ou  calcaire  magnésien. 

L  AcROLEPis  Sedgwickii  Agass. 
Vol.  2,  Tab.  52. 

Sedgwick  Geological  Transactions ,  2™^  Série,  Vol.  3,  Tab.  8. 

Cette  espèce  a  été  figurée  pour  la  première  fois  par  M.  Sedgwick ,  d'après  un  exemplaire 
de  la  collection  de  M.  Witham ,  que  l'on  avait  pris  pour  un  Palœoniscus  et  que  j'ai  repro- 
duit dans  ma  planche.    C'est  le  seul  fragment  de  cette  espèce  qui  soit  connu  jusqu'ici.  Je  ne 
m'arrêterai  point  à  démontrer  que  ce  fossile  n'est  point  un  Palœoniscus  et  qu'il  n'appartient 
pas  môme  à  la  même  famille.  Ce  qui  frappe  au  premier  abord  dans  notre  À.  Sedxjivickii .,  c'est 
sa  forme  très-élancée ,  jointe  à  des  nageoires  très-dé veloppées.  La  caudale  ,  en  particulier,  est 
très-grande  et  profondément  échancrée ,  le  lobe  supérieur  est  notablement  plus  grand  que  le 
lobe  inférieur  ;  il  est  recouvert  sur  la  moitié  de  sa  largeur  d'écaillés  dont  les  unes ,  celles  des 
rangées  externes ,  sont  tout-à-fait  semblables  à  celles  du  tronc  ,  tandis  que  celles  des  rangées 
internes  sont  beaucoup  plus  étroites  et  plus  allongées.   Les  rayons ,  dont  on  ne  voit  que  les 
extrémités ,  sont  dicholomés  et  forment  un  angle  aigu  avec  la  direction  des  écailles  allongées 
qui  les  bordent.   Il  en  est  à-peu-près  de  môme  du  lobe  inférieur,  mais  avec  cette  différence 
qu'ici  les  écailles  sont  plus  petites,  plus  uniformes  et  rhomboïdales.  Les  bords  externes  des 
devlx  lobes  sont  munis  de  rayons  ou  de  fulcres  roides  ;  ceux  du  lobe  supérieur  sont  très-gros 
et  s'étendent  jusqu'à  l'extrémité  de  la  nageoire  ;  j'en  compte  seize.   Ceux  du  lobe  inférieur 
sont  beaucoup  plus  petits  et  paraissent  même  limités  à  la  base  du  lobe.  La  dorsale  est  étroite, 
mais  composée  de  rayons  assez  longs.  Le  premier  rayon  est  probablement  garni  de  fulcres , 
du  moins  en  aperçoit-on  plusieurs  à  sa  base.  L'anale  est  beaucoup  plus  grande;   mais  ses 
rayons  décroissent  rapidement  en  arrière ,  et  les  derniers  ne  sont  pas  plus  gros  que  les  petits 
rayons  indivis  du  bord  antérieur.   Les   fulcres  du   premier  rayon  sont  très-petits  et  ils  s'é- 
tendent jusqu'au  sommet  de  la  nageoire.  Les  ventrales  sont  à-peu-près  de  la  grandeur  de  la 
dorsale.  Ces  trois  nageoires  (la  dorsale,  l'anale  et  les  ventrales)  sont  composées  de  rayons 


—     81     — 

assez  grêles ,  articulés  et  distinctement  dicliotomés  ;  mais  comme  toute  la  surface  de  la  na- 
geoire est  garnie  d'écailles ,  on  n'aperçoit  les  articles  que  lorsque  ces  dernières  sont  enle- 
vées, ensorte  qu'il  faut  être  sur  ses  gardes  pour  ne  pas  les  confondre  ;  car  les  écailles  ont  ordi- 
nairement les  mêtnes  dimensions  que  les  articles,  seulement  elles  sont  orientées  dans  un 
autre  sens ,  ainsi  qu'on  peut  le  voir  sur  la  dorsale  de  notre  exemplaire. 

Les  écailles  constituent  à  la  fois  le  caractère  générique  et  spécifique  essentiel  de  ce  poisson. 
Elles  sont  en  général  rhomboïdales  et  ne  s'allongent  un  peu  que  sur  le  pédicule  de  la  queue 
et  sur  le  lobe  supérieur  de  la  caudale.  Leur  surface  est  marquée  de  deux  et  quelquefois  de 
trois  rides  qui  convergent  à  leur  extrémité ,  de  manière  à  former  une  sorte  d'épine  allongée  , 
que  l'on  est  tenté  de  prendre,  au  premier  coup  d'œil,  pour  l'écaillé  elle-même  (fig.  3).  Les 
écailles  des  nageoires  font  cependant  aussi  ici  une  exception  à  la  règle  :  celles  du  lobe  infé-- 
rieur  de  la  caudale  et  probablement  aussi  celles  de  l'anale  n'ont  qu'une  seule  ride  ;  il  en  est 
de  même  de  celles  des  rangées  internes  du  lobe  supérieur  de  la  caudale.  Par  contre,  celles 
des  rangées  externes  qui  sont  beaucoup  plus  larges ,  ont  quatre  et  cinq  rides  et  davantage 
(fig.  2  et  4).  Lorsque  le  poisson  n'a  laissé  que  son  empreinte,  ces  rides  se  dessinent  en  creux 
sur  la  roche  ambiante,  comme  cela  se  voit  dans  notre  exemplaire  au-dessus  des  ventrales. 
La  racine  des  écailles  est  courte  et  simple,  les  séries  ne  sont  réunies  que  par  des  bords  obli- 
ques; je  n'ai  du  moins  pas  remarqué  d'onglet  articulaire. 

Cette  espèce  provient  du  calcaire  magnésifère  ;  lord  Enniskillen  et  sir  Philipp  Egerton  en 
possèdent  divers  fragmens  fort  intéressans. 

IL  AcROLEPis  ASPER  Agass. 

SvN.  Acrolepis  Sedgwichii  Owew&itài  inWicgman  Arcliiv.  1835.  vol.  2.  p.  92. 
Acrolepis  asper  Agass.  Poiss.  foss.  II ,  p.  6  et  69. 

Palœoniscus  Duiikeri   Germar  Versteiiieriingen  des  MansfeMer  Kupferscliiefers. 
Acrolepis  Dunkeri  Miinst.  Beitrœge  zur  Petrefactenkunde.  Heft  4. 

Je  donne  ce  nom  à  l'un  des  plus  beaux  poissons  qui  aient  été  trouvés  dans  les  terrains  an- 
térieurs à  l'époque  jurassique  ,  et  dont  l'original ,  recueilli  dans  le  Zechstein  de  Mansfeld , 
fait  l'ornement  de  la  collection  de  lord  Enniskillen.  Il  a  deux  pieds  de  long,  en  évaluant  le 
bout  de  la  queue  qui  manque  à  un  pouce.  Sa  plus  graiule  largeur,  qui  est  à  l'origine  des 
pectorales,  est  de  quatre  pouces  et  demi.  ha.  tête  est  contenue  quatre  fois  dans  la  longueur 
du  corps;  elle  est  à-peu-près  aussi  large  que  longue  (comme  k  à  5).  Le  corps  va  en  se  ré- 
trécissant graduellement,  depuis  la  ceinture  thoracique ,  jusqu'à  l'origine  de  la  caudale. 
Il  n'y  a  qu'un  seul  endroit,  derrière  l'anale,  où  il  se  resserre  un  peu  plus  brusquement. 
La  dorsale  est  située  au-deKà  du  milieu  de  la  longueur  ,  entre  l'anale  et  les  ventrales;  elle  est 
de  moyenne  grandeur  ,  composée  de  trente-deux  à  trente-trois  rayons  distinctement  articulés, 
TOM.  II.  2=  Part.  11 


—     82     — 

mais  peu  divisés.  Les  articles  sont  plus  longs  que  larges;  les  premiers  surtout  ont  à-peu-prés 
le  double  de  la  longueur  des  autres  ;  ensorte  que  l'on  en  est  à  se  demander  si  ce  sont  bien 
réellement  des  articles.  L'anale  offre  absolument  la  même  structure;  mais  ses  rayons,  sans 
être  moins  longs,  sont  plus  fins  et  plus  nombreux  ;  j'en  compte  de  quarante-cinq  à  cinquante. 
Les  ventrales  sont  un  peu  plus  courtes  et  plus  étroites  ;  en  avant  du  rayon  principal ,  il  y  en 
a  six  ou  sept  plus  petits ,  qui  s'allongent  graduellement  ;  tous  sont  distinctement  articulés ,  mais 
les  derniers  seuls  sont  divisés  à  plusieurs  reprises.  Les  pectorales  sont  longues  et  composées 
de  rayons  très-grèles ,  qui  ne  se  dicliotoment  qu'à  leur  extrémité.  La  caudale  est  inéquilobe; 
le  lobe  supérieur  est  recouvert,  sur  la  moitié  de  sa  longueur  ,  d'écaillés  semblables  à  celles  du 
tronc  ,  et  l'on  ne  découvre  les  rayons  que  dans  leur  partie  terminale  ,  où  ils  sont  très-divisés 
et  distinctement  articulés.  Les  écailles  du  lobe  inférieur  sont  fort  différentes  de  celles  du  lobe 
supérieur  ;  ce  ne  sont  plus  les  écailles  du  tronc  qui  se  continuent  directement  sur  la  nageoire  ; 
il  y  a  au  contraire  une  limite  distincte  entre  les  deux  formes  ,  et  celles  de  la  nageoire  ne  son'' 
plus,  dans  cette  partie,  que  de  petites  écailles  carrées  comme  les  articles  des  rayons.  De  même 
que  dans  l'anale  et  la  dorsale ,  celles  qui  recouvrent  la  base  de  la  nageoire  sont  sensiblement 
plus  longues  que  les  autres.  A  cet  égard  ,  il  existe  par  conséquent  une  grande  dilTérence  entre 
cette  espèce  et  VA.  Seclywickii ,  où  les  écailles  du  lobe  inférieur  conservent,  à  quelques  pe- 
tites modifications  près,  le  caractère  des  écailles  du  tronc.  Si  ces  différences  se  retrouvaient  à 
l'avenir  aussi  tranchées  sur  un  plus  grand  nombre  d'espèces,  il  serait  peut-être  convenable 
de  séparer  les  deux  types  et  d'en  faire  deux  sections  distinctes.  Pour  le  moment,  je  crois  de- 
voir me  borner  à  signaler  le  fait,  afin  de  fixer  sur  lui  l'attention  des  paléontologistes.  Le 
lobe  supérieur  est  en  outre  garni  de  très-gros  fulcres ,  qui  ont  jusqu'à  quatre  ou  cinq  lignes 
de  long  et  près  de  deux  lignes  de  large.  Le  lobe  inférieur  n'en  a  que  de  très-petits. 

Les  écailles  sont  d'une  grande  uniformité,  quant  à  leur  forme  et  à  leur  grandeur;  mais  les 
rides  qui  ornent  leur  surface  ne  sont  pas  semblables  sur  toutes  les  parties  du  corps;  elles  sont 
en  général  moins  grosses  et  moins  saillantes  que  dans  l'espèce  précédente  ;  les  écailles  de  la 
partie  antérieure  du  corps  en  ont  en  outre  de  plus  fines  et  de  plus  nombreuses  que  celles  de 
la  partie  postérieure  et  du  pédicule  de  la  queue.  On  en  compte  jusqu'à  cinq  et  six  sur  une 
écaille ,  mais  elles  sont  ordinairement  assez  irrégulières. 

Les  os  de  la  tête  sont  en  grande  partie  conservés  dans  notre  exemplaire.  On  y  distingue 
très-bien  les  deux  mâchoires,  qui  sont  armées  l'une  et  l'autre  de  dents  coniques  très-uni- 
formes. La  surface  des  os  maxillaires  et  des  plaques  buccales,  qui  sont  en  partie  conservées, 
est  finement  sculptée,  c'est-à-dire,  ornée  d'une  granulation  confluenle,  qui  donne  à  ces 
pièces  une  apparence  semblable  à  celles  des  écailles  du  dos.  Le  préopercule  est  étroit,  et  son 
bord  postérieur  droit  ;  l'opercule  est  proportionnellement  très-petit  et  de  forme  carrée;  au- 
dessous  se  voit  un  subopercule  allongé  et  une  dixaine  de  rayons  branchiostègues  ,  dont  les  su- 
périeurs sont  les  plus  grands  et  les  plus  larges.  La  partie  visible  de  la  ceinture  thoracique  est 
presque  aussi  large  que  l'opercule.  La  surface  de  tous  ces  os  est  ornée  comme  celle  des  mâ- 
choires. 


—     83     — 

J'ai  tout  lieu  de  croire  (jue  c'est  la  même  espèce  ([ue  M.  Germar  a  décrite  sous  le  nom  de 
Palœomscus  Dioikeri,  el  M.  le  comte  de  Mi'mster  sous  celui  A' Acrolepis  Dunkeri.  Je  l'ai  moi- 
même,  dans  l'origine,  réunie  à  tort  aux  Gyrolepis ,  sous  le  nom  de  G.  «.s/jey.  L'espace  ne  me 
permettant  pas  de  joindre  ici  la  (îguro  de  ce  poisson,   je   me  réserve  de  la  publier  plus  tard. 

A  la  suite  de  ces  genres .  il  faut  ranger  plusieurs  types  nouveaux  de  la  famille  des  Sau- 
roïdes,  que  je  désigne  sous  les  noms  de  Diplopterus  ,  Orognathus  ,  Graptolepis  et  Pododus. 
qui  constituent  des  genres  à  part  et  dont  je  donnerai  la  description  dans  ma  monographie 
des  poissons  fossiles  du  système  dévoni^n  et  dans  d'autres  Supplémens. 


—     84     — 


CHAPITRE   V. 

DU    GENRE    SAURICHTHYS  Agass. 


Ce  type  n'est  guère  connu  que  par  quelques  fragmens  de  mâchoires  et  par  quelques  deîits 
isolées.  Le  nom  que  je  lui  donne  a  trait  à  sa  grande  affinité  avec  les  Sauriens,  Les  dents  sur- 
tout ressemblent  si  fort  à  celles  de  différons  Sauriens  des  terrains  secondaires,  que  je  les  con- 
fondis dans  l'origine,  et  il  est  probable  que  plusieurs  naturalistes  les  ont  rangés  et  les  rangent 
encore  dans  cet  ordre  des  Reptiles,  dans  leurs  collections.  C'est  une  erreur  d'autant  plus 
pardonnable ,  que  ces  dents  sont  munies  de  plis  verticaux  et  logées  dans  des  rainures  sem- 
blables à  celles  des  Plésiosaures  ;  elles  sont  en  outre  placées  à  dislances  inégales  et  diffèrent 
considérablement  de  grandeur  entre  elles  ;  le  plus  souvent  elles  sont  légèrement  comprimées 
sur  les  côtés.  L'os  qui  porte  la  couronne  d'émail  est  finement  strié  dans  le  sens  de  la  lon- 
gueur des  dents.  Ce  n'est  qu'après  aAoir  fait  une  étude  minutieuse  de  plusieurs  fragmens  de 
mâchoires  munies  de  leurs  dents,  que  j'ai  acquis  la  certitude  que  l'animal  qui  les  portait 
n'était  pas  un  Saurien ,  mais  bien  réellement  un  poisson  ;  et  aujourd'hui  que  les  recherches 
microscopiques  sont  venues  compléter  d'une  manière  si  inattendue  les  caraclères  de  la  den- 
tition propre  à  chaque  classe,  il  ne  peut  plus  exister  de  doutes,  même  sur  les  dents  isolées. 
Il  suffit  de  faire  une  coupe  transversale  ou  longitudinale  et  de  l'examiner  au  microscope,  pour 
y  reconnaître  aussitôt  le  caractère  de  la  famille  des  Sauroides.  La  ressemblance  est  même  si 
grande  à  cet  égard  entre  ce  genre  et  les  Pygopterus,  qu'il  est  assez  difficile  de  les  distinguer 
génériquement  (voy.  plus  bas  sur  la  structure  microscopique  des  dents  des  Sauro'ides). 
Un  caractère  commun  à  toutes  ces  dents ,  c'est  d'avoir  un  cône  d'émail  lisse  au  sommet , 
supporté  par  une  racine  plissée.  Quelquefois,  il  est  vrai,  les  plis  s'étendent  aussi  sur  l'é- 
mail ;  mais  c'est  une  exception  que  je  n'ai  pas  pu  examiner  au  microscope.  Le  capuchon 
d'émail  est  d'ordinaire  séparé  de  la  racine  par  un  étranglement  assez  prononcé,  qui  ne  se 
retrou^e  pas  dans  le  genre  Pygopterus. 

D'après  les  dimensions  des  dents,  on  pourrait  croire  que  les  Saurichthys  étaient  des  pois- 
sons de  très-petite  taille  ;  mais  quand  on  a  vu  ces  dents  en  place,  implantées  dans  la  mâchoire  , 
et  que  l'on  a  constaté  le  développement  extrême  de  la  racine ,  comparé  à  celui  de  la  cou- 
ronne, on  change  complètement  d'idée  sur  ce  point,  et  la  supposition  que  les  cônes  émaillés, 
qui  n'ont  guère  plus  d'une  ligne  de  haut ,  puissent  provenir  de  poissons  dont  la  mâchoire  a 
quatre  ou  cinq  pouces  de  long ,  n'a  plus  rien  de  surprenant. 


—     85     — 

Les  espèces  connues  jusqu'à  ce  jour  sont  en  petit  nombre,  et  ce  type,  qui  parait  être 
propre  à  la  formation  (riasique,  ne  s'étend  pas,  à  ce  qu'il  paraît,  dans  l'époque  jurassique. 
Je  le  place  à  la  suite  des  genres  Acrolcpis  et  Pygopterus ,  à  cause  de  la  ressemblance  de  ses 
dents  avec  celles  de  ce  dernier,  et  parce  qu'étant  originaire  de  la  formation  triasique,  il  est 
probable  qu'il  était  hétérocerque .  comme  tous  les  poissons  antérieurs  à  la  formation  jurassique. 

I.  Saurichthys  apicalis  Agass. 

Vol.  2,Tab.  55a,  fig.  6-11. 

Mûnstev  Beitrâge  zur  Petrefactenkunde ,  1*""  cahier,  p.  116,  Tab.  ik,  fig.  1  et  2. 

Cette  espèce  a  servi  de  type  à  mon  genre  Saurichthys.  Ce  que  j'en  connais  de  plus  parfait 
est  un  fragment  de  mâchoire  de  la  collection  de  M'  le  comte  de  Munster,  que  ce  savant  a 
figuré  dans  ses  Beitruge ,  et  que  je  reproduis  ici  (fig.  7).  On  y  distingue  un  certain  nombre 
de  dents,  grandes  et  petites,  qui  alternent  entre  elles  et  sont  placées  à  des  distances  irrégu- 
lières. Toutes  sont  coniques,  un  peu  recourbées  en  arrière,  légèrement  comprimées,  à  base 
plissée  et  à  sommet  lisse  et  émaillé  ;  mais  l'éniail  est  très-petit ,  relativement  à  la  racine ,  qui 
occupe  les  deux  tiers  de  la  longueur  de  la  dent  et  davantage.  Les  plis  disparaissent  d'ordinaire 
avec  l'émail  ;  mais  ce  n'est  pas  là  une  règle  sans  exception  ;  et  il  y  a  des  dents  où  elles  s'é- 
tendent également  sur  le  cône  lisse.  L'os  de  la  mâchoire  est  fort  étroit  et  devait  par  consé- 
quent former  un  museau  très-allongé  et  pointu.  La  surface  est  striée  longitudinalement,  et 
si  on  l'examine  à  la  loupe,  on  voit  qu'elle  est  finement  granulée,  ainsi  que  le  montre  la 
fig.  8.  Le  fragment  de  mâchoire  de  fig.  6  appartient  à  la  même  espèce,  quoique  les  dents 
soient  un  peu  plus  longues  proporlionnellement  à  la  largeur  de  l'os.  La  fig.  6«  représente 
une  de  ces  dents  grossies.  Les  fig.  9,  10  et  11  sont  des  dents  isolées,  représentées  sous  un 
grossissement  de  plusieurs  diamètres  dans  les  fig.  9fl,  10«  et  H  a. 

Cette  espèce  est  propre  au  Muschelkalk  de  Bayreuth. 

II.  Salirichtuys  Mougeoti  Agass. 

Vol.  2,  Tab.  55«,  fig.  12-15. 

J'ai  appelé,  du  nom  du  savant  botaniste  M.  Mougeot,  de  Bruyères,  un  fragment  de  mâ- 
choire inférieure  qui  a  conservé  plusieurs  de  ses  dents.  La  principale  différence  entre  cette 
espèce  et  le  S.  apicalis  consiste  dans  la  largeur  bien  plus  considérable  de  la  mâchoire  et 
dans  sa  forme  proporlionnellement  bien  plus  courte  (comparez  les  fig.  12  et  13  avec  la 
fig.  7).  La  base  des  dents  l'emporte  de  beaucoup  sur  la  partie  émaillée  ;  celte  dernière  n'a 
guère  plus  du  tiers  de  la  hauteur  totale  dans  les  dents  du  milieu  de  h  mâchoire.  Il  en  est  un 


—     86     — 

peu  autrement  dans  les  dents  antérieures,  dont  la  couronne  et  la  racine  sont  à-peu-près  d'é- 
4>ale  hauteur. 

En  voyant  cette  mâchoire,  une  question  se  présente  naturellement,  c'est  celle  de  savoir 
si  toute  la  partie  que  nous  avons  appelée  racine,  et  qui  est  distinctement  séparée  de  la  cou- 
ronne émaillée  par  un  col  ou  une  dépression  annulaire ,  et  d'ordinaire  par  une  teinte  toute 
différente,  ainsi  que  par  l'absence  d'émail,  si,  dis-je,  cette  portion  était  enveloppée  dans  les 
chairs,  de  manière  à  ne  laisser  surgir  que  la  couronne,  ou  bien  si  la  racine  s'élevait  aussi 
au-dessus  de  la  gencive.  Cette  dernière  opinion  me  paraît  la  plus  vraisemblable  ,  à  raison  de 
la  hauteur  extraordinaire  des  racines.  Ce  qui  est  certain,  c'est  qu'une  pareille  mâchoire  n'a  pu 
appartenir  qu'à  un  poisson  de  très-grande  taille.  Les  iig.  15«  et  136  représentent  deux 
dents  légèrement  grossies. 

C'est  une  espèce  propre  aux  terrains  triasiques.  L'original  de  la  fig.  13  se  trouve  dans  la 
collection  de  M.  Perrin.  Une  autre  mâdioire  (fig.  12),  un  peu  plus  petite,  sur  laquelle  on 
distingue  cinq  dents,  se  trouve  dans  la  collection  de  M.  Gaillardot ,  à  Lunéville.  L'une  et 
l'autre  proviennent  du  Muschelkalk  compacte  de  cette  contrée. 

Les  fig.  ii  et  lo  représentent  deux  dents  isolées  du  Muschelkalk  de  Bayreuth  ,  que  je  rap- 
porte à  cette  espèce ,  à  cause  de  l'étranglement  marqué  qui  sépare  la  racine  du  cône  émaillé. 
Cependant  on  ne  pourra  avoir  une  entière  certitude  à  leur  égard  qu'autant  qu'on  les  aura 
trouvées  sur  une  mâchoire.  L'une  d'elles  est  fortement  comprimée  sur  les  côtés  (fig.  ik). 
Les  fig.  ika,  ik  h,  1 4 c  et  1 S  rt,  1 S  6  sont  grossies. 

Il  existe  aussi  une  quantité  de  dents  isolées  dans  le  Keuper  de  Rottweil ,  en  Wurtemberg , 
qui  sont  très-voisines  de  cette  espèce,  si  même  elles  ne  sont  pas  identiques  avec  elle.  C'est 
une  question  qu'il  est  d'autant  plus  difficile  de  décider,  que  la  plupart  de  ces  dents  sont  bri- 
sées ou  n'ont  conservé  que  leur  pointe  émaillée.  La  forme  de  cette  pointe  et  l'étranglement 
très-prononcé  qui  la  sépare  de  la  racine,  me  portent  cependant  à  croire  qu'elles  se  rapprochent 
plutôt  du  S.  Hloiujeoti  que  du  S.  acuminatxs.  J'en  fais  la  remarque  expresse,  parce  que  je 
me  rappelle  avoir  étiqueté  ces  dents  dans  plusieurs  collections  sous  le  nom  de  S.  acuminatus. 

in,  Satirichthys  acuminatus. 

Vol.  2,Tab.  S5a,fig.  1-5. 

Je  désigne  sous  ce  nom  plusieurs  dents  voisines  du  S.  Mougeoti,  mais  qui  m'ont  paru 
en  différer  par  un  caractère  constant  ;  c'est  que  la  base  ou  le  pédicule  de  la  dent  est 
plus  court.  L'émail  en  est  séparé  par  un  étranglement  surmonté  d'un  léger  renflement.  La 
couronne  est  ordinairement  lisse ,  quelquefois  aussi  elle  est  plissée ,  surtout  près  de  la 
base,  mais  les  plis  ne  s'étendent  jamais  jusqu'au  sommet.  J'ignore  jusqu'à  quel  point  l'ab- 
sence ou  la  présence  de  ces  plis  et  de  la  racine  indioue'  des  différences  spécifiques  ;  je  dois 


J 


—     87     — 

par  conséquent  nrabstenir  d'énieltre  une  opinion  motivée  à  cet  égard  ,  n'ayant  pas  les  origi- 
naux sous  les  yeux. 

Les  originaux  de  mes  figures  se  trouvent  dans  la  collection  de  l'Institut  philosophique  de 
Bristol.  Ils  proviennent  du  Muschelkalk  d'Aust-Cliff.  Les  fig.  2  a,  3a,  ka  et  ^a  sont  grossies. 
La  lig.  56  est  une  coupe  de  la  racine  de  fig.  iî  ,  pour  montrer  la  cavité  de  cette  dernière. 

Autrefois  on  envisageait  ce  terrain  d'Aust-Cliff  comme  faisant  partie  du  Lias.  Mais  je  crois 
avoir  démontré,  par  la  détermination  des  poissons  fossiles  qu'il  renferme,  que  c'est  au  Mus- 
chelkalk qu'il  doit  être  rapporté  ;  et  la  présence  de  dents  du  type  des  Saurichlhys  corrobore 
encore  celte  découverte.  Peut-être  reconnaîtra-t-on  même  un  jour ,  lorsqu'on  possédera  de 
meilleurs  exemplaires  ,  que  notre  S.  acuminatus  n'est  qu'une  variété  du  S.  MouyeotL 

IV.  Saurichthys  semi-costatus  Mûnst. 
Vol.  2,  Tab.  55  a,  %.  16. 

Syn.  iMiinster  Beitrœge  sur  Petrefactenkunde ,  1er  cahier,  p.  119. 

M,  le  comte  de  Miinster  décrit  dans  ses  Beitrœge  certaines  dents  du  Muschelkalk  de  Benk 
et  de  Laineck ,  qui  diffèrent  de  la  plupart  des  autres  dents  isolées  qu'on  trouve  dans  cette 
formation  ,  par  leur  base  large  et  leurs  dimensions  plus  considérables  ;  la  dent  figurée  a  plus 
de  trois  quarts  de  pouce  de  haut  ;  le  cône  émaillé  est  excessivement  petit ,  et  légèrement 
comprimé.  La  base  est  plissée ,  mais  les  plis  ne  sont  bien  distincts  que  dans  sa  partie  supé- 
rieure, près  de  l'émail;  ils  sont  assez  fins,  mais  irréguliers.  J"ai  représenté  la  môme  dent 
de  trois  côtés,  d'après  un  dessin  que  je  dois  à  l'obligeance  de  M.  le  comte  de  Munster. 

La  même  espèce  se  retrouve  également  dans  le  Muschelkalk  de  la  Saxe  et  du  Hanovre.  Il 
se  pourrait  qu'elle  ne  fût  qu'une  variété  du  S.  Moiujeoti. 

V.  Saurichthys  LONoroENS  Agass. 
Vol.  2,  Tab.  55«,fig.  17  et  18. 

Je  donne  ce  nom  à  quelques  dents  du  Muschelkalk  d'Aust-Cliff,  qui  me  paraissent  prove- 
nir d'une  espèce  particulière.  Du  moins  ne  peut-on  guère  les  associer  au  S.  acuminatus , 
à  cause  de  leur  forme  très'-grèle.  Le  cône  émaillé  occupe  un  peu  plus  du  tiers  de  la  dent.  La 
base  est  marquée  de  fines  stries  assez  régulières. 


M.  le  comte  de  Munster  décrit  en  outre  plusieurs  autres  espèces  dont  je  me  bornerai  à  si- 
gnaler les  principaux  caractères. 


—     88     — 

1)  Saurichthys  tenuirostris  Mnst.  {Beitràcje  zur  Petrefactenkunde,  P'  cahier  ,  p.  H 8,  Tab. 
I  4,  fig.  3).  C'est  un  crâne  avec  la  mâchoire  supérieure,  qui  est  très-grèle  et  tellement  allongée 
(ju'elle  ressemble  à  un  bec  de  bécasse.  Les  os  maxillaires  sont  lisses ,  mais  ceux  du  crâne 
sont  granulés  et  l'auteur  remarque  que  la  granulation  est  beaucoup  plus  grossière  que  dans 
le  S.  apicalis.  Les  dents  ne  sont  pas  visibles. —  Du  Muschelkalk  de  Bavière. 

2)  Saurichthys  costatus  Mnst.  (Beitmge,  etc.,  p.  H8).  Ce  sont  des  dents  assez  sem- 
blables à  celles  du  S.  apicalis ,  mais  dont  les  dimensions  sont  doubles  et  triples.  Elles  diffè- 
rent des  dents  du  S.  semicostat{is  par  leurs  rides  longitudinales  qui  sont  beaucoup  plus 
fortes.  — Du  Muschelkalk  de  Laineck  et  de  Benk ,  près  de  Bayreuth. 

Cette  dernière  espèce  n'est  peut-être  qu'une  variété  du  S.  MoïKjeoti. 

Enfin  M.  le  comte  de  Miinster  signale  encore  une  autre  espèce  de  dents  plus  petite  ,  à 
base  moins  large ,  qu'il  désigne  sous  \h  nom  de  Saurichthys  amjustiis ,  mais  sans  en  indi- 
((uer  autrement  les  caractères.  — Du  Muschelkalk. 


—     89     — 


CHAPITRE    VJ. 

DU  GEXRE  MEGALICHTHYS  Agass. 


■  «^■-    — 


C'est  à  la  Réunion  de  l'Association  britannique  pour  l'avancement  des  sciences  réunie  à 
Edimbourg,  en  1831,  que  j'ai  vu  les  premiers  débris  de  ce  genre  remarquable.  M.  le  D' 
Hibbert  avait  recueilli  dans  un  calcaire  de  l'époque  bouillère,  à  Burdie-House ,  près  d'Edim- 
bourg, une  quantité  de  fossiles  très-curieux  ,  et  il  en  avait  fait  le  sujet  dun  mémoire  qui  fut  lu 
dans  la  section  de  géologie,  où  se  trouvaient  étalées  toutes  les  pièces  originales  décrites  dans  son 
travail.  Dans  le  nombre  il  y  avait  des  Gyracanthes ,  des  Pahneoniscus ,  des  Eurynotus ,  des 
Pygoptères  et  une  série  considérable  de  grands  os ,  d'écaillés  et  de  dents ,  remarquables  pav 
leurs  dimensions  et  par  leur  bel  état  de  conservation.  Le  but  de  l'auteur  avait  été  non-seule- 
ment de  décrire  le  terrain  d'où  proviennent  ces  fossiles ,  mais  encore  de  démontrer  qu'indé- 
pendamment des  plantes  ,  des  mollusques  et  des  poissons  que  l'on  trouve  dans  cette  localité , 
on  y  rencontre  aussi  des  reptiles  et  en  particulier  des  Tortues  et  des  Sauriens  de  taille  gigan- 
tesque. Il  inférait  de-là  que  les  géologues  avaient  eu  tort  de  nier  l'existence  de  cette  classe  d'ani- 
maux dans  les  couches  inférieures  au  Zechstein  et  que  les  inductions  tirées  de  la  nature  de  la 
végétation  ,  sur  la  constitution  de  l'atmosphère ,  durant  l'époque  houillère  ,  et  sur  l'impossibi- 
lité qu'il  y  aurait  eu  pour  des  animaux  respirant  l'air  de  vivre  alors,  à  raison  de  la  composition 
même  de  l'air,  étaient  pour  le  moins  prématurées.  Appelé  de  la  section  de  Zoologie  à  venir 
donner  mon  opinion  sur  les  poissons  fossiles  contenus  dans  cette  collection  ,  j'ignorais  complè- 
tement ce  qui  venait  d'être  dit  sur  l'ensemble  de  ces  fossiles.  Aussi ,  après  avoir  indiqué  les 
caractères  des  espèces  et  des  genres  que  je  pus  reconnaître  à  première  vue ,  lorsque  je  passai 
à  l'examen  des  grands  fragmens  d'os  ,  et  surtout  des  dents  colossales  que  j'avais  sous  les  yeux  , 
pour  faire  ressortir  les  rapports  que  je  leur  trouvais  avec  les  débris  de  Sauroïdes  que  je  con- 
naissais déjà  alors  ,  et  que  je  déclarai  qu'ils  devaient  constituer  un  genre  nouveau  de  cette  fa- 
mille remarquable  ,  quelle  ne  fut  pas  ma  surprise  d'apprendre  par  M.  Jameson  ,  président  de 
la  section  ,  que  ces  mêmes  débris  venaient  d'être  décrits  comme  des  fragmens  de  Sauriens  et 
de  Tortues.  Cette  divergeance  d'opinion  était  trop  flagrante  pour  ne  pas  exciter  de  vives  dis- 
cussions et  elle  avait  été  émise  d'une  manière  trop  explicite  pour  ne  pas  nécessiter  un  nouvel 
examen  ,  dans  l'intérêt  même  de  la  paléontologie  ;  aussi  demandai-je  de  pouvoir  faire  quel- 
ques jours  plus  tard  un  rapport  circonstancié  à  la  section  ,  sur  l'ensemble  de  la  question.  M.  le 
D"^  Hibbert ,  eut  la  générosité ,  bien  rare  en  pareilles  circonstances ,  de  me  confier  toutes  les 
ToM.  II,  2'  Part.  12 


—     90     — 

pièces  qu'il  avait  examinées  auparavant  pour  établir  ses  conclusions ,  et  de  m'assister  durant 
l'examen  approfondi  que  j'en  fis  les  jours  suivans  de  concert  avec  lui  et  M.  le  D"^  Buckland.  Je 
compterai  toujours  au  nombre  des  plus  beaux  momens  de  ma  vie  les  entretiens  que  j'ai  eus 
avec  ce  modeste  savant  à  ce  sujet.  Les  recherches  que  nous  fîmes  en  commun  sur  cette  ques- 
tion ,  et  dont  les  résultats  furent  proclamés  dans  la  section  de  Géologie ,  amenèrent  M.  Hib- 
bert  lui-même  à  adopter  ma  manière  de  voir,  comme  on  peut  s'en  convaincre  en  lisant  le  rap- 
port détaillé  qu'il  a  fait  sur  ces  fossiles  dans  son  Mémoire  sur  le  calcaire  d'eau  douce  (Je  Burdie- 
House  ,  inséré  dans  le  13''  vol.  des  Transactions  de  la  Société  royale  dEdimbourg.  Cependant 
les  pièces  que  nous  avions  eues  à  notre  disposition  alors  n'avaient  pas  encore  été  déterminées 
toutes  avec  la  même  précision  ,  lorsque  quelques  semaines  plus  tard  j'eus  la  bonne  fortune  de 
rencontrer  au  Musée  de  Leeds  une  tète  entière  très-bien  conservée  ,  et  une  grande  portion  du 
tronc  de  ce  singulier  animal ,  qui  me  mirent  en  état  de  lever  tous  les  doutes  qu'il  me  restait 
sur  les  fragmens  de  Burdie-House.  Ce  sont  ces  pièces  du  Musée  de  Leeds  que  j'ai  représentées, 
réduites  de  moitié ,  sur  Tab.  63  et  sur  Tab.  6U  ,  pour  illustrer  le  genre  Megalichthys. 
Quoique  j'eusse  reconnu  la  véritable  nature  d'une  partie  des  fossiles  de  Burdie-House  ,  je 
coi^mis  pourtant  aussi  une  erreur  à  celle  occasion  ,  dans  mon  rapport  à  la  section  de  Géo- 
logie ;  ce  fut  de  confondre  avec  le  Megalichthys  un  second  type  générique  auquel  j'ai  donné 
plus  tard  le  nom  d'Holoptychius  et  que  je  me  hâtai  de  distinguer  tôt  après  avoir  vu  les  exem- 
plaires du  Musée  de  Leeds.  M.  le  D"^  Buckland  a  également  déjà  donné ,  en  1837,  quelques 
renseignemens  dans  son  traité  de  Minéralogie  et  de  Géologie,  sur  ces  deux  genres  Meyalkhthys 
et //o/o;9<(/c/«»s  d'après  les  indications  que  je  lui  ai  fournies.  Je  reviendrai  plus  tard  sur  le  genre 
Holoptychius ,  et  me  bornerai  à  exposer  ici  les  caractères  du  Megalichthys  ,  en  faisant  connaître 
tout  d'abord  les  particularités  que  j'ai  remarquées  dans  les  exemplaires  de  Leeds. 

Megalichthys  Hibberti  Âgass. 

Vol.  2,  Tab.  63,  63  a  et  64. 

Pour  rendre  ma  description  de  cet  animal  plus  complète  ,  j'examinerai  successivement 
les  différentes  régions  du  corps  et  les  pièces  dont  elles  se  composent.  Je  m'arrêterai  d'abord 
au  crâne  ;  je  décrirai  ensuite  les  os  sous-orbitaires  et  ceux  qui  recouvrent  la  joue ,  puis  les 
pièces  opcrculaires ,  et  les  mâchoires  :  savoir  la  mâchoire  supérieure  avec  le  prolongement 
ethmoïdal ,  les  intermaxillaires  et  maxillaires  supérieurs ,  et  la  mâchoire  inférieure  avec  ses 
appendices  et  l'appareil  branchiostègue.  Je  passerai  ensuite  aux  écailles  et  aux  fragmens  d'os  ; 
après  quoi  il  me  restera  à  faire  quelques  observations  sur  la  [structure  de  ces  os  et  sur  la 
couche  d'émail  qui  les  recouvre.  Malheureusement  le  grand  nombre  de  fractures  qui  sil- 
lonnent les  os  en  tous  sens  en  rendent  souvent  la  détermination  difficile.  Pour  faciliter  à  cet 
égard  l'intelligence  de  la  description,  j'ai  fait  dessiner  (Tab.  63.)  le  crâne  tel  qu'il  est  avec 


—     91     — 

toutes  ses  fractures ,  mais  réduit  de  moitié  et  j'y  ai  ajouté  une  planche  au  trait  (Tab.  63  a), 
en  indiquant  par  des  lettres  les  contours  des  dilTérens  os. 

Les  frontaux  (a)  sont  parfaitement  conservés  dans  leur  partie  antérieure  et  moyenne  ;  ils  se 
rétrécissent  considérablement  en  avant,  et  se  terminent  par  un  bord  étroit  et  lacéré.  Dans 
la  suture  médiane ,  celui  de  droite  repose  sur  celui  de  gauche ,  et  c'est  ce  qui  le  fait  pa- 
raître plus  large  ;  en  arrière ,  ils  aboutissent  à  une  forte  dépression  ,  qui  rend  leur  limite 
très-incertaine.  Toute  la  surface  de  l'os  est  finement  pointillée.    En  avant  de  la  pointe ,  il  - 
y  a ,  du  côté  droit,  un  petit  os(j')  qui  paraît  être  le  nasal ,  et  qui  est  enlevé  du  côté  gauche. 
Les  ethinoides  (b)  sont  divisés  longitudinalement  par  le  milieu  ;   leur  bord  interne  est  le 
plus  long  ;  leur  suture  médiane  est  sinueuse.  Ils  s'encaissent  dans  une  échancrure  oblique  des 
intermaxillaires  ,  et  se  rétrécissent  au  bord  antérieur  ;  le  bord  postérieur  est  tronqué  ,  et  abou- 
tit à  un  trou  que  l'on  doit ,  je  pense  ,  envisager  comme  les  fosses  nasales  (y).  Leur  surface  est 
pointillée  comme  celle  des  frontaux.  Cette  partie  ethmoïdale  est  très-arrondie  sur  ses  côtés; 
de  telle  sorte  qu'elle  forme  pour   ainsi  dire  le  pédicule  des  intermaxillaires,  lesquels  son 
renflés ,  comme  le  bout  du  museau  de  certains  Crocodiles. 

Le  iiioiynon  inlermaxilhiire  (c)  paraît  être  d'une  seule  pièce  ;  mais  comme  toute  sa  surface 
est  fracturée  il  est  difficile  de  s'en  assurer  d'une  manière  positive.  Il  est  très-arrondi  ,  surtout 
en  avant ,  et  plus  large  que  les  ethmoïdes  réunis.  Son  bord  externe  est  droit  au  contact  du 
sous-orbitaire  inférieur  ;  plus  en  avant  il  y  a  une  échancrure  arrondie ,  terminée  par  une 
saillie,  également  arrondie,  qui  forme  l'angle  inférieur  et  postérieur  de  cet  os.  Le  côté  anté- 
rieur du  mufle  est  élégamment  échancré  au  milieu  et  renflé  en  un  bec  très-obtus ,  qui  porte 
dans  notre  exemplaire  une  grosse  dent  canine.  La  fig.  k  de  Tab.  63  ,  montre  le  contour  de 
cette  partie  du  museau ,  vue  en  face.  On  voit  en  outre ,  sur  les  côtés,  quelques-unes  des  pe- 
tites dents  qui  bordent  les  mâchoires.  Le  pointillé  de  la  surface  est  bien  moins  serré  que  sur 
les  autres  os  ;  le  milieu  et  le  devant  de  l'os  en  sont  même  complètement  dépourvus.  M.  Kœ- 
nig  possède  une  pièce  détachée  qui  paraît  être  le  même  os. 

Sur  les  côtés  des  frontaux,  il  y  a  à  droite  et  à  gauche  deux  os  particuliers  (d,  e),  qui  for- 
ment une  large  bande  en  parallélogramme,  évasée  à  son  bord  interne  pour  loger  le  coude 
du  frontal.  L'os  antérieur  (d)  est  parfaitement  conservé  du  côté  droit  ;  son  bord  antérieur  est 
fortement  échancré  au  milieu  .  et  cette  échancrure  forme  avec  le  bord  du  nasal  et  de  l'eth- 
moïde  une  cavité  arrondie  ,  qui  me  paraît  avoir  contenu  l'organe  de  l'odorat.  Les  angles  anté- 
rieurs de  cet  os  sont  obliquement  tronqués  ;  ses  bords  interne  et  externe  sont  à-peu-près  droits  : 
mais  son  bord  postérieur  est  en  S  ouvert.  L'os  postérieur  (e)  est  plus  allongé  ;  son  bord  interne 
embrasse  la  partie  dilatée  du  frontal  ;  son  bord  postérieur  est  échancré  au  milieu  et  tronqué 
carrément  sur  le  côté.  Ces  os  qu'on  ne  distingue  bien  que  du  côté  droit ,  me  paraissent  corres- 
pondre à  cette  série  de  petits  os  que  l'on  observe  dans  le  genre  Polypterus,  sur  les  côtés  du 
frontal  et  des  pariétaux.  lissent ,  comme  les  précédens,  couverts  de  petits  points  creux  épars. 
Il  y  a  trois  sous-orbitaires  (f,  g,  h),  qui  paraissent   n'intercepter  qu'une   très-petite  ca- 


—     92     — 

vite  orbitale  dont  la  position  est  très-extraordinaire ,  en  ce  qu'elle  est  placée  très-avant  dans 
la  tête ,  comme  chez  le  Bichir,  et  plus  encore ,  en  ce  qu'elle  se  trouve  en  avant  des  fosses 
nasales.  Le  bord  supérieur  de  l'orbite  est  formé  par  l'ethmoïde  ;  le  bord  antérieur  par  l'angle 
de  l'intermaxillaire  ;  les  bords  inférieur  et  postérieur  par  les  sous-orbitaires. 

Le  sous-orbitaire  supérieur  (/")  est  presque  carré  ;  il  forme  à  lui  seul  le  côté  postérieur  de 
l'orbite;  son  bord  antérieur  est  le  plus  étroit.  Dans  notre  exemplaire,  il  n'est  pas  visible, 
du  côté  droit ,  parce  qu'il  est  en  raccourci  perpendiculaire  ;  mais  on  le  voit  parfaitement 
dans  la  fig.  de  profil  (  fig.  5). 

Le  sous-orbitaire  moyen  (g)  est  à-peu-près  triangulaire  ;  sa  pointe  antérieure  et  supérieure 
qui  est  tronquée  forme  une  partie  de  l'orbite.  Le  côté  antérieur  est  presque  à  angle  droit  avec 
le  côté  inférieur.  Le  côté  interne  est  le  plus  long ,  il  est  ondulé  et  forme  en  arrière  avec  le  côté 
postérieur  et  inférieur  une  pointe  tronquée.  Le  bord  inférieur  est  adjacent  à  la  partie  supé- 
rieure postérieure  du  maxillaire  supérieur.  Dans  la  fig.  1,  cet  os  se  voit  des  deux  côtés  ;  mais 
dans  la  fig.  3  il  n'est  visible  qu'à  demi ,  à  cause  de  sa  formé  renflée. 

Le  sous-orbitaire  inférieur  (/*)  est  en  forme  de  triangle  allongé  ;  son  bord  supérieur,  adja- 
cent à  l'intermaxillaire  est  oblique  ;  son  bord  postérieur  qui  touche  au  sous-orbitaire  moyen 
l'est  également ,  mais  un  peu  moins  ;  enfin  le  bord  inférieur,  qui  est  plus  long ,  s'unit  au 
maxillaire  supérieur,  et  forme  en  avant  une  suture  oblique.  On  le  voit  très-bien  d'en  haut  sur 
le  côté  droit ,  mais  il  est  fracturé  du  côté  gauche. 

Les  trois  sous-orbitaires  ont  leur  surface  parsemée  de  petits  points  creux  ;  mais  ces  points 
sont  plus  rares  sur  le  sous-orbitaire  antérieur. 

La  joue  est  revêtue  de  trois  grands  os  plats («',  k,  l).  Le  plus  grand  (/)  ressemble  beaucoup 
à  celui  du  Bichir.  On  le  voit  parfaitement  du  côté  gauche  dans  la  fîg.  1 .  Celui  du  côté  droit 
est  très-endommagé  et  refoulé  sur  le  côté  du  crâne  ;  mais  on  le  voit  dans  la  figure  de  profil. 
Son  bord  antérieur,  qui  est  sinueux  ,  était  sans  doute  soudé  au  bord  postérieur  des  sous-or- 
bitaires supérieur  et  moyen  ;  son  angle  supérieur  antérieur  est  saillant.  Les  autres  côtés  sont 
droits  ;  le  côté  supérieur  s'unit  aux  os  latéraux  du  crâne.  Le  bord  inférieur,  qui  présente  quel- 
ques sinuosités ,  touche  à  un  os  (A) ,  qui  repose  sur  le  maxillaire  supérieur,  comme  la  petite 
pièces  des  Salmones  et  des  Clupes  ,  et  qui  paraît  être  l'analogue  de  cette  pièce.  Cet  os  se  voit 
très-bien  sur  le  côté  gauche  de  fig.  1 ,  et  de  profil  sur  le  côté  droit  ;  mais  il  est  ici  moins 
bien  conservé.  Il  se  termine  en  pointe  en  aAant  ;  son  bord  inférieur  s'unit  au  maxillaire  su- 
périeur ;  son  bord  supérieur  qui  est  parallèle  au  bord  inférieur  est  accolé  au  grand  os  facial  ; 
son  bord  postérieur  est  arrondi.  Le  troisième  os  de  la  joue  (/)  placé  en  arrière  des  deux  pré- 
cédens ,  entre  eux  et  l'opercule  ,  pourrait  bien  être  un  préopercule  semblable  à  celui  du 
Bichir.  Il  est  carré  ;  ses  angles  sont  arrondis  et  ses  bords  ondulés.  Sa  surface  ,  ainsi  que  celle 
du  grand  facial ,  est  parsemée  de  points  creux.  Il  est  brisé  dans  sa  partie  inférieure.  On  le 
voit  très-distinctement  dans  la  fig.  I ,  du  côté  gauche. 

L'opercule  (»«)  est  très-grand  ;  celui  du  côté  gauche  est  très-bien  conservé  ;  il  n'y  a  que  son 


—     93     — 

bord  inféi-icur  qui  soil  brisé.  Son  angle  antérieur  est  saillant  et  arrondi  ;  ses  bords  antérieur  et 
supérieur  sont  tous  deux  élégamment  évasés ,  mais  le  premier  Test  plus  que  le  second  ;  son 
bord  postérieur  est  uniformément  arqué.  Toute  la  surface  de  cet  os  est  lisse  et  ne  laisse  aper- 
cevoir que  la  fine  granulation  de  sa  structure ,  sans  points  creux.  Celui  de  droite  est  très- 
fracturé  ;  on  n'en  voit  que  des  fragmens  dans  la  fig.  3. 

Au-dessus  de  l'opercule  gauche  ,  entre  celui-ci  et  l'opercule  du  côté  opposé  ,  il  y  a  trois  os  , 
qui  sont  encore  en  partie  énigmatiques  pour  moi.  On  ne  les  voit  que  dans  la  fig,  1  ;  le  mieux 
conservé  est  celui  qui  se  trou\e  au-dessus  de  l'opercule  gauche  («).  C'est  un  os  pair,  dont  le 
correspondant ,  très-fracturé  ,  est  refoulé  contre  l'opercule  droit.  Son  bord  supérieur  est  pres- 
que à  angle  droit  avec  le  bord  antérieur  ;  le  bord  inférieur  est  d'abord  droit ,  mais  il  s'arrondit 
en  arrière.  Toute  la  surface  est  parsemée  de  points  creux.  Cet  os  me  parait  être  un  grand  mas- 
toïdien ;  s'il  en  est  ainsi ,  les  pariétaux  étaient  sans  doute  très-petits  et  ils  auront  disparu  dans 
la  fracture  qui  sépare  cet  os  des  frontaux. 

L'os  moyen  (o)  est  inqiair  :  il  a  la  forme  d'un  triangle  isocèle,  dont  la  base,  échancrée  au  mi- 
lieu ,  est  étroite ,  à  angles  arrondis  ;  les  côtés ,  légèrement  échancrés ,  se  terminent  en  une 
pointe  aiTondie.  Toute  sa  surface  est  également  pointillée.  Cet  os  me  parait  être  l'occipital  su- 
périeur (crête  occipitale).  En  arrière  de  son  extrémité,  sur  le  côté  droit  postérieur,  on  voit 
encore  quelques  débris  d'os  (p)  qui  pourraient  être  des  écailles  suroccipitales  ,  et  entre  eux  et 
le  bord  de  l'opercule  droit ,  des  fragmens  d'os  allongés  dépourvus  de  leur  émail ,  et  qui  étaient 
probablement  les  supra-scapulaires.  Plus  en  avant  il  y  a  quelques  écailles  brisées,  le  long  du 
bord  antérieur  et  supérieur  de  l'opercule. 

Le  maxillaire  supérieur  (q)  est  petit ,  proportionnellement  aux  dimensions  de  la  gueule  ;  il 
est  surtout  plus  étroit  que  le  maxillaire  inférieur,  et  se  prolonge  en  avant  en  une  longue  pointe 
qui  s'étend  sous  le  sous-orbitaire  antérieur  jusqu'à  l'intermaxillaire.  Il  est  armé  de  petites  dents 
coniques ,  pointues ,  lisses ,  ornées  de  quelques  stries  seulement  à  leur  base. 

La  gueule  est  très-grande  et  fendue  jusque  vers  le  bord  antérieur  de  l'opercule.  La  partie 
antérieure  du  maxillaire  supérieur  est  compacte  ,  mais  sa  partie  moyenne  est  creuse.  On  aper- 
çoit la  cavité  ouverte  du  côté  gauche ,  où  elle  est  remplie  de  la  même  substance  qui  entoure 
tout  le  poisson  ,  et  qui  est  une  marne  houillère.  Au  fond  de  cette  cavité ,  un  peu  en  avant  du 
milieu  de  l'os ,  il  y  a  une  éminence  arrondie  qui  paraît  être  le  fond  de  l'alvéole  de  quelque 
grande  dent. 

La  face  inférieure  de  la  tête  (  fig.  2  ) ,  nous  ofïre  des  particularités  de  structure  non  moins 
importantes.  Les  parois  du  maxillaire  inférieur  (r)  sont  bien  conservées  du  côté  droit  ;  la  ca- 
vité intérieure  n'y  est  ouverte  que  dans  la  partie  postérieure  de  l'os  ,  à  son  bord  interne  ;  mais 
sa  surface  n'est  pointillée  qu'à  son  extrémité  postérieure  ;  quelques  sillons  obliques  se  voient 
sur  son  milieu.  L'os  maxillaire  supérieur  est  parfaitement  lisse. 

Entre  les  deux  branches  des  maxillaires  inférieurs  est  une  échancrure  arrondie ,  dans  la- 
quelle se  trouve  une  grosse  écaille  (.s).  L'appareil  lingual  et  branchiosfègue  est  très-remar- 


—     91     — 

quable.  Comme  dans  le  genre  Pohjpterus  ,  le  milieu  de  l'espace  entre  les  maxillaires  inférieurs 
est  occupé  par  deux  grandes  plaques  allongées  (?) ,  qui  se  recouvrent  au  milieu  et  dont  le  bord 
externe  qui  est  caché  par  la  roche  ,  passe  sous  une  série  de  plaques  latérales.  Le  contour  appa- 
rent indique  la  limite  de  la  partie  plane  de  ces  os  ,  qui  s'incline  de-là  sous  les  plaques  latérales. 
Leur  bord  antérieur  est  tronqué  obliquement  de  dehors  en  dedans.  Leur  bord  interne  est 
droit  ;  leur  bord  postérieur  est  arrondi  du  milieu  au  bord  extérieur  en  forme  de  faucille.  La 
longueur  de  ces  plaques  égale  trois  fois  leur  largeur. 

L'espace  compris  entre  l'angle  du  bord  antérieur  des  plaques  et  la  symphyse  de  la  mâchoire 
inférieure  est  occupé  par  une  large  plaque  rhomboïdale  qui  est  comme  enclavée  dans  les 
grandes  plaques  (m). 

La  série  de  plaques  (v)  qui  se  trouvent  entre  le  maxillaire  inférieur  et  les  grandes  plaques , 
paraît  appartenir  aux  cornes  latérales  de  l'os  hj'oïde ,  puisqu'on  trouve  à  leur  extrémité  les 
rayons  branchiostégues ,  <pii  sont  au  nombre  de  trois.  Cette  série  est  composée  de  huit  pièces 
du  côté  droit ,  et  de  sept  du  côté  gauche.  Leur  forme  diffère  un  peu  des  deux  côtés  ;  elles  vont 
cependant  généralement  en  s'élargissant  d'avant  en  arrière.  Les  quatre  antérieures  se  res- 
semblent le  plus  ;  mais  celles  du  côté  gauche  sont  un  peu  plus  allongées.  Les  deux  extrêmes 
de  gauche  sont  en  partie  cachées  ;  la  première  est  la  plus  petite  ;  la  cinquième  de  droite  ,  ^sl 
beaucoup  plus  étroite  que  la  cinquième  de  gauche  ;  mais  il  se  pourrait  que  les  cinquième  et 
sixième  réunies  de  droite  correspondissent  ensemble  à  la  sixième  de  gauche,  qui  est  plus 
petite  que  les  deux  réunies ,  mais  plus  grande  que  chacune  d'elles  séparément. 

ArriA'ons  maintenant  au  tronc.  Je  ne  doute  pas  que  le  fragment  de  Tab.  6i  qui  a  été  trouvé 
avec  la  tète  que  nous  venons  de  décrire  ,  ne  provienne  du  même  poisson.  Les  écailles  sont  des 
plus  remarquables.  Elles  ont,  comme  dans  les  autres  Ganoides ,  deux  régions  différentes, 
l'une  visible  à  l'extérieur,  qui  est  de  forme  rhomboïdale  et  dont  les  angles  sont  plus  ou  moins 
arrondis  ,  l'autre  osseuse  ,  qui  sert  à  les  fixer.  Cette  dernière  région  consiste  en  un  bord  supé- 
rieur plus  ou  moins  oblique ,  sur  lequel  repose  le  bord  inférieur  de  l'écaillé  voisine ,  et  en  un 
bord  antérieur  qui  pénètre  plus  ou  moins  dans  la  peau  ,  et  qui  est  recouvert  par  le  bord  pos- 
térieur des  écailles  de  la  série  qui  précède.  Ce  type  général  des  Gano'ides  se  retrouve  dans  le 
genre  MegaUchthijs  ;  mais  ce  qu'il  y  a  de  singulier,  c'est  que  l'émail ,  au  lieu  d'être  lisse  et 
poli  comme  du  verre ,  est  finement  granulé ,  toute  sa  surface  paraissant  comme  couverte  de 
grains  de  sable  si  fins  qu'il  est  à  peine  possible  de  les  distinguer  à  l'œil  nu.  On  ne  les  voit  bien 
que  dans  la  fig.  3  ,  qui  représente  une  écaille  grossie.  Ce  sont  de  petits  points  creux  extrême- 
ment rapprochés  ,  et  dont  les  intervalles  en  relief  forment  un  réseau  de  mailles.  Les  bords  des 
écailles  sont  amincis,  mais  le  milieu  est  plus  épais,  comme  on  le  voit  par  les  coupes  de  fig.  k,  .5 
et  6  ,  de  Tab.  6i.  Par  suite  d'une  inadvertance  ,  ces  figures  sont  renversées  et  l'émail  est 
en  bas  au  lieu  d'être  en  haut.  Ce  qui  distingue  le  mode  d'insertion  de  ces  écailles  ,  c'est  qu'en 
dehors  du  bord  supérieur  et  antérieur  de  l'émail,  l'os  est  entouré  d'un  large  sillon  qui  forme 
une  ceinture  sur  les  deux  côtés  des  écailles.  Le  bord  de  ce  sillon  est  très-marqué  et  tranchant  ; 
de-là  l'os  va  en  s'amincissant  insensiblement. 


—     9o     — 

Il  n'est  pas  douteux  que  le  morceau  écailleux  ,  Tab.  6U ,  fig.  1 ,  ne  soit  clans  sa  position  na- 
turelle ;  les  écailles  antérieures  dont  on  voit  en  partie  la  racine  ,  le  prouvent  évidemment.  Mais 
il  faut  que  ce  poisson  ait  eu  le  corps  tres-arrondi ,  pour  que  toutes  ses  écailles  soient  ainsi  re- 
foulées les  unes  sur  les  autres.  Elles  paraissent  disposées  sur  les  côtés  d'une  série  médiane 
peu  marquée ,  et  appartenir  probablement  à  la  région  intermédiaire  entre  les  ventrales  et 
l'anale. 

Ce  que  Ion  voit  des  nageoires  est  très-insignifiant  ;  ce  sont  uniquement  quelques  articles 
en  série  de  l'extrémité  de  plusieurs  rayons  qui  paraissent  en  place  et  dont  la  base  a  disparu.  Il 
n'est  resté  de  la  nageoire  supérieure  que  quelques  articles  épars  et  perdus  tout  le  long  du  dos. 

Il  est  fâcheux  que  la  grande  écaille  du  côté  gauche  ne  soit  pas  entière ,  et  surtout  qu'une 
grande  partie  de  sa  surface  et  de  ses  bords  ait  disparu.  Cette  pièce  expliquerait  bien  des  os 
énigmatiques  de  Burdie-House.  La  présence  d'une  écaille  de  cette  grandeur  près  des  ven- 
trales est  un  fait  très-curieux  ;  car  dans  les  Gano'ides ,  les  écailles  qui  avoisinent  les  nageoires 
deviennent  ordinairement  de  plus  en  plus  petites.  Il  existe  en  outre  des  fragmens  d'os  dans  dif- 
férentes régions  du  corps  ;  dans  la  coupe  de  fig.  2  ,  on  voit  une  section  d'un  corps  de  ver- 
tèbre surmonté  de  fragmens  des  apophyses  articulaires  et  épineuses.  Le  tissu  de  cet  os  a  de 
très-grosses  mailles  plus  lâches  que  celui  de  l'os  des  écailles.  Sa  forme  en  cercle  brisé  provient 
sans  doute  de  ce  que  la  coupe  passe  par  le  bord  articulaire  et  non  par  le  milieu  de  la  vertèbre. 
On  aperçoit  encore  quelques  traces  des  vertèbres  en  arrière  de  l'occiput ,  mais  elles  sont  telle- 
ment déformées  qu'il  est  impossible  de  reconnaître  leur  forme  primitive.  On  distingue  pareille- 
ment quelques  restes  de  la  substance  osseuse  des  pièces  suprascapulaires  (et  scapulaires),  mais 
qui  sont  très-mal  conservés.  Le  bord  supérieur  de  l'opercule  droit  est  aussi  visible  dans  la 
coupe  de  fig.  2.  C'est  en  particulier  sur  cet  os  .  comme  sur  tous  ceux  dont  l'intérieur  est  mis 
à  découvert  par  quelque  fracture ,  que  l'on  peut  s'assurer  de  la  ressemblance  extrême  que 
présentent  les  os  de  ce  singulier  poisson  avec  ses  écailles.  En  effet ,  les  os  sont  tous  recouverts 
d'une  mince  couche  d'émail  parfaitement  semblable  à  celle  qui  recouvre  les  écailles,  et  comme 
sur  celles-ci ,  l'émail  est  finement  granulé  ou  orné  de  petits  points  osseux  formant  un  sablé 
plus  ou  moins  serré.  Le  tissu  osseux  des  os  du  crâne  est  plus  serré  et  plus  fibreux  que  celui 
des  vertèbres  ;  dans  tous  les  os  plats  il  est  exactement  comme  dans  les  écailles  ,  plus  lâche 
au  point  de  contact  avec  l'émail  et  très-compact  à  la  surface  inférieure,  où  l'accroissement  s'o- 
père par  de  nouvelles  couches  superposées. 

Depuis  quelques  années  les  localités  qui  ont  fourni  des  débris  de  Megalichthys  se  sont  con- 
sidérablement multipliées  :  on  en  a  découvert  dans  le  pays  de  Galles ,  dans  les  environs  de 
Manchester,  près  de  StafTord  et  dans  les  environs  de  Glasgow.  Dans  la  plupart  de  ces  loca- 
lités ,  ces  débris  sont  accompagnés  de  gros  coprolithes  assez  semblables  à  ceux  des  Sauriens , 
par  leurs  formes  et  par  la  manière  dont  ils  sont  enroulés.  Cette  coïncidence  me  paraît  prouver 
que  c'est  à  ce  grand  forban  des  eaux  de  l'époque  houillère  qu'il  faut  les  rapporter. 

Les  exemplaires  de  Megalichthys  recueillis  par  M.  Rankine,  à  Carluke,  dans  les  environs 


—     96     — 

de  Glasgow,  m'ont  fait  connaître  diverses  particularités  sur  ce  genre,  que  je  me  borne  pour  le 
moment  à  signaler ,  en  attendant  que  je  puisse  exposer  en  détail ,  à  l'aide  de  planches  plus 
nombreuses  ,  tout  ce  que  j'ai  observé  jusqu'ici  sur  l'osléologie  de  ce  poisson  remarquable.  Les 
corps  de  vertèbres  sont  beaucoup  plus  courts  que  hauts ,  c'est-à-dire  discoïdes  .  à-peu-prés 
comme  les  grandes  vertèbres  du  genre  Lamna.  Les  dents  sont  trés-élancées ,  plissées  à  la 
base  elles  s'effdent  en  un  cône  parfaitement  lisse  ;  il  y  en  a  de  très-grandes  qui  alternent 
avec  d'autres  moins  grandes  .  entre  lesquelles  il  s'en  trouve  un  grand  nombre  de  très-petites  : 
celles  de  la  mâchoire  inférieure  sont  les  plus  grandes. 

Il  paraît  que  le  genre  Megalichthys  renferme  plusieurs  espèces  ;  du  moins  j'ai  observé  au 
Musée  de  Leeds  une  tête  assez  bien  conservée  ,  dont  la  mâchoire  inférieure  est  plus  large  que 
celle  du  M.  Hibberti ,  et  que  je  désigne  provisoirement  sous  le  nom  de  Megalichthys 
MAXiLLAKis.  J'ai  aussi  reconnu ,  parmi  les  fossiles  des  îles  Orkney ,  des  plaques  écailleuses 
que  je  crois  pouvoir  rapporter  au  genre  Megalichthys ,  et  que  je  désigne  sous  le  nom  de 
Megalichthys  priscus. 


97 


CHAPITRE   VII. 


DU    GEIVRE  EUGNATHUS  âgass. 


Parmi  les  Saiiroïdes  jurassiques ,  il  n'en  est  aucun  qui  rappelle  plus  les  genres  des  époques 
antérieures  ,  en  particulier  les  Pygopterus  et  les  Acrolepis ,  que  les  espèces  du  genre  Eugna- 
tlius.  C'est  la  même  forme  générale  et  la  même  disposition  des  nageoires  ;  la  caudale  est  en 
particulier  inéquilobe  ,  car  la  base  du  lobe  supérieur  est  bien  plus  reculée  que  celle  du  lobe 
inférieur,  et  la  limite  des  écailles  est  en  forme  de  S,  comme  dans  les  Lepidolus.  Malgré  cela, 
ce  ne  sont  pas  des  Hélérocerques  ;  car  ce  qui  caractérise  les  Hétérocerques ,  c'est  moins  l'iné- 
galité des  lobes  de  la  caudale ,  que  le  prolongement  de  la  colonne  vertébrale  jusqu'à  l'ex- 
trémité du  lobe  supérieur  de  la  caudale.  Or,  rien  de  semblable  n'a  lieu  chez  les  Eugnathus  ; 
ce  sont  tout  simplement  des  Homocerques  à  caudale  inéquilobe. 

Les  nageoires  en  général  sont  grandes  et  bien  fournies  de  rayons.  Le  lobe  inférieur  de  la 
caudale,  quoique  moins  proéminent  que  le  lobe  supérieur,  a  des  rayons  plus  gros  et  plus  nom- 
breux. La  dorsale  se  distingue  également  par  des  rayons  très-vigoureux  ;  elle  est  opposée  à 
l'espace  compris  entre  les  ventrales  et  l'anale  et  forme  une  nageoire  très-haute  et  très-éten- 
due. L'anale  est  plus  petite  et  composée  de  rayons  plus  grêles.  Ces  trois  nageoires  (  la  caudale, 
la  dorsale  et  l'anale) ,  ont  leur  rayon  principal  ou  premier  rayon  garni  de  fulcres  jusqu'à  son 
extrémité  ;  quant  à  la  caudale,  ceux  du  lobe  supérieur  sont,  comme  d'ordinaire  ,  plus  dévelop- 
pés que  ceux  du  lobe  inférieur.  Les  pectorales  et  les  ventrales  sont  en  général  assez  grêles. 

Sous  le  rapport  des  écailles  ,  notre  genre  Eugnathus  se  rapproche  davantage  des  Lépidoïdes 
que  des  Sauroïdes.  Les  écailles  sont  grandes,  rhomboïdales ,  et  assez  variables  suivant  leur 
position  sur  le  corps  ;  cependant  leur  longueur  l'emporte  en  général  sur  leur  hauteur.  Elles 
se  rétrécissent  notablement  sur  la  région  abdominale  ,  où  elles  sont  du  double  plus  longues 
que  hautes.  Mais  un  caractère  qui  les  distingue  entre  toutes  les  écailles  de  Sauroïdes  et  qui  per- 
met de  reconnaître  le  type  du  genre  même  sur  des  fragments  très-incomplets  ,  ce  sont  les  sil- 
lons et  les  dentelures  toutes  particulières  du  bord  postérieur  ;  ces  dernières  ne  sont  qu'une 
conséquence  des  premiers  ,  car  chaque  sillon  donne  lieu  à  une  dentelure  et  les  uns  et  les  autres 
sont  assez  accusés  pour  être  toujours  très-reconnaissables  à  l'œil  nu.  On  les  retrouve  en  géné- 
ral sur  les  écailles  de  toutes  les  parties  du  corps  ;  mais  ils  sont  cependant  plus  distincts  sur 
TOM.  II ,  2»  Part.  13 


—     98     — 

le  devant  que  sur  le  derrière  du  tronc.  Leur  forme  et  leur  disposition  variées  servent  à  distin- 
guer les  espèces  entre  elles. 

La  dentition  ne  laisse  aucun  doute  sur  les  mœurs  carnivores  de  ces  poissons.  Je  ne  connais 
aucun  genre  dans  lequel  elle  soit  plus  développée,  et  c'est  ce  qui  m'a  engagé  à  leur  donner  le 
nom  d'Eufjnathus.  Ce  qui  les  distingue  en  outre,  c'est  l'inégalité  des- dents  :  on  voit  sur 
chaque  mâchoire  de  très-grosses  dents  coniques  et  d'autres  plus  petites  ;  les  plus  grosses  occu- 
pent de  préférence  le  milieu  de  la  mâchoire  où  elles  forment  parfois  un  contraste  assez  frap- 
pant avec  celles  de  ^a^ant  et  de  l'arrière  ,  surtout  à  la  mâchoire  inférieure.  Le  museau  est  al- 
longé et  pointu.  La  gueule  est  profondément  fendue. 

Le  type  des  Eugnathus  paraît  avoir  prédominé  à  l'époque  du  lias  ;  c'est  du  moins  dans  cette 
formation  qu'on  en  a  trouvé  jusqu'ici  le  plus  grand  nombre. 

L  Eugnathus  orthostomus  Agass. 

Vol.  2,  Tab.  57  rt. 

Le  poisson  que  je  désigne  sous  ce  nom,  résume  à  un  haut  degré  tous  les  caractères  du  genre 
Eugnathus  tel  que  nous  venons  de  l'esquisser.  Sa  forme  élancée ,  ses  mâchoires  robustes 
et  sa  caudale  très-ample,  indiquent  assez  un  poisson  vorace  et  un  bon  nageur.  La  tête , 
sensiblement  plus  longue  que  le  corps  n'est  haut ,  est  contenue  trois  et  demi  fois  dans  la  lon- 
gueur totale  du  poisson.  La  mâchoire  inférieure  est  très-droite  et  armée  en  arrière  de  trois 
fortes  dents  coniques ,  précédées  d'une  quantité  de  dents  plus  petites  qui  occupent  sa  partie 
antérieure.  Le  maxillaire  supérieur  a  des  dents  plus  uniformes  et  il  n'y  en  a  que  quelques- 
unes  au  milieu  dont  les  dimensions  l'emportent  un  peu  sur  les  autres.  A  en  juger  d'après  la 
direction  du  profd  de  la  tête ,  il  parait  que  la  mâchoire  supérieure  est  plus  courte  que  linfé- 
rieure  ;  cependant  il  se  pourrait  que  cette  différence  dût  être  attribuée  à  l'absence  de  l'inter- 
maxillaire.  Nous  verrons  du  moins  que,  dans  VE.  speciosus  Tab.  o7,  où  cet  os  est  bien  con^ 
serve ,  les  deux  mâchoires  sont  égales.  On  remarque  en  outre  parmi  les  os  de  la  tête , 
l'opercule  qui  se  distingue  par  son  bord  postérieur  arrondi  ;  le  subopercule  est  plus  large  que 
le  préopercule,  qui  a  la  forme  d'un  croissant  étroit.  Les  rayons  branchiostègues,  au  nombre  de 
huit  ou  neuf,  sont  très-distincts  :  les  plus  rapprochés  des  pièces  operculaires  sont  les  plus  larges 
et  les  plus  grands,  et  semblent  passer  insensiblement  au  sous-opei'cule.  L'orbite  est  de  moyenne 
grandeur  ;  les  os  de  la  face  qui  l'entourent  sont  trop  fracturés  pour  pouvoir  être  décrits  isolé- 
ment. La  ceinture  thoracique  est  assez  bien  conservée  ;  on  remarque  à  l'humérus  une  forte 
saillie  arrondie  au-dessus  de  l'insertion  des  pectorales. 

Les  nageoires  sont  toutes  conservées  ,  ou  du  moins  il  en  existe  des  rudimens.  La  dorsale  est 
grande  ,  située  à-peu-près  au  milieu  du  dos  ;  ses  rayons  sont  forts ,  gros  ,  articulés  jusqu'à  la 
base  et  divisés  en  un  grand  nombre  de  lilels  à  leur  extrémité  ;  j'en  compte  dix-sept,  qui  vont 


—     99     — 

en  décroissant  d'avant  en  arrière.  Le  premier  est  hérissé  d'un  nonibi'e  considérable  de  fulcres 
(jiii  en  garnissent  le  bord  externe ,  jusqu'à  son  extrémité  ;  mais  il  n'y  a  pas  d'autres  petits 
rayons  en  avant.  La  caudale  est  plus  intéressante  encore  ;  le  lobe  supérieur  déborde  le  lobe  in- 
férieur :  non  pas  que  ses  rayons  soient  plus  longs  ;  mais  parce  que  la  queue  ou  plutôt  la  par- 
tie couverte  d'écaillés  se  prolonge  beaucoup  plus  en  haut  qu'en  bas.  Le  rayon  externe  du  lobe 
supérieur  est  en  outre  garni  de  fulcres  très-longs ,  notamment  vis-à-vis  de  l'endroit  où  les 
écailles  cessent.  Au  lobe  inférieur  ces  fulcres  n'existent  pas,  mais  les  rayons  d'abord  petits 
croissent  insensiblement  jusqu'aux  plus  grands  et  décroissent  de  nouveau  vers  le  milieu  de  la 
nageoire.  Tous  sont  articulés  ,  mais  il  n'y  a  que  ceux  qui  sont  en  delà  du  plus  long  rayon  qui 
soient  dichotomés.  Ceux  qui  sont  en  deçà  ,  sont  simples.  La  caudale  est  distinctement  fourchue 
et,  connue  d'ordinaire,  les  rayons  du  milieu  sont  les  plus  divisés.  L'insertion  de  l'anale  est  un 
peu  en  arrière  de  l'extrémité  de  la  dorsale  ;  ses  rayons  sont  plus  grêles  et  plus  courts  que  ceux 
de  cette  dernière  nageoire.  Le  premier  rayon  est  garni  de  fulcres  distincts  ;  les  autres  sont 
profondément  divisés.  Les  ventrales  sont  très-petites ,  un  peu  plus  avancées  que  la  dorsale  ;  il 
n'en  reste  que  des  débris  incomplets  dans  notre  exemplaire ,  mais  parmi  ces  débris  se  trouve 
im  rayon  en  apparence  garni  d'épines  qui  était  probablement  le  premier  rayon  de  la  nageoire. 
Les  pectorales  ont  de  gros  rayons  et  il  parait,  d'après  tout  ce  qu'il  en  reste,  qu'elles  étaient 
beaucoup  plus  développées  que  les  ventrales. 

Les  écailles  méritent  une  attention  toute  particulière.  Celles  qui  revêtent  la  partie  antérieure 
et  supérieure  des  flancs  sont  en  forme  de  parallélipédes  à-peu-près  réguliers  ;  leur  surface 
est  ornée  de  stries  qui  se  terminent  en  dentelures  au  bord  postérieur  et  ([ui  convergent 
légèrement  vers  le  centre  d'accroissement  de  l'écaille  qui  est  rapproché  du  bord  postérieur 
(fig.  a).  L'articulation  des  écailles  entre  elles  s'opère  par  la  simple  superposition  des  bords 
onduleux ,  qui  ne  sont  point  garnis  d'émail  ;  du  moins  n'ai-je  point  remarqué  d'onglet  dans 
les  écailles  que  j'ai  pu  examiner.  Par  contre  l'angle  antéro-supérieur  est  très-saillant. 
Près  du  bord  ventral ,  les  écailles  se  rétrécissent  singulièrement ,  au  point  que  leur  longueur 
égale  plus  du  double  de  leur  hauteur  ;  mais  elles  n'en  sont  pas  moins  dentelées  en  ar- 
rière (iig.  h).  Les  écailles  de  l'arrière  du  corps  difïèrent  de  celles  de  la  partie  antérieure  en  ce 
qu'elles  sont  entièrement  lisses  et  unies  et  que  leur  bord  postérieur  est  dépourvu  de  dente- 
lures (fig.  c).  Leur  forme  est  du  reste  assez  régulière  et  elles  ne  deviennent  irrégulières  que 
dans  le  voisinage  de  l'anale  et  de  la  caudale. 

Le  magnifique  poisson  dont  notre  planche  retrace  la  figure  .  se  trouve  dans  la  collection  de 
sir  Philipp  Egerton.  Il  provient  du  lias  de  Lyme-Regis. 


—     100     — 

II.  EuGNATHUS  spEciosus  Agass. 

Vol.  2  ,  Tab.  57. 

Syn.  Lepidosteus?  dentosus  Kœnig  Scones  sectiles.  Tab.  XII.  fig.  140. 

Cette  espèce,  quoique  connue  seulement  par  des  fragmens.  nous  fournit  un  exemple  frappant 
de  la  netteté  avec  laquelle  les  os  peuvent  se  conserver  intacts  dans  leur  position  naturelle.  La 
tête  est  allongée  ,  le  museau  est  saillant ,  la  gueule  est  profondément  fendue.  On  distingue  fort 
bien  parmi  les  os  de  la  tête  les  frontaux  ,  les  maxillaires  supérieur  et  inférieur,  l'intermaxil- 
laire  et  les  pièces  des  appareils  ptérygopalatin  et  operculaire.  Le  maxillaire  supérieur  est  large 
en  arrière  et  se  termine  en  pointe  très-effilée  en  avant.  L'intermaxillaire  qui  lui  succède  pour 
former  l'extrémité  du  museau,  est  beaucoup  plus  petit,  et  d'après  la  manière  dont  il  repose  sur 
l'extrémité  antérieure  de  l'intermaxillaire  ,  il  n'y  a  pas  lieu  de  s'étonner  qu'il  soit  si  rarement 
conservé  dans  ces  poissons.  Le  maxillaire  inférieur  est  beaucoup  plus  large  que  le  supérieur. 
On  reconnaît  distinctement  la  manière  dont  il  s'articule  en  arrière  à  l'os  carré.  Les  dents  du 
maxillaire  supérieur  sont  les  plus  uniformes  ;  cependant  les  antérieures  sont  en  somme  un 
peu  plus  développées  que  les  postérieures.  Les  dents  implantées  dans  l'intermaxillaire  sont 
sensiblement  plus  fortes  et  plus  crochues.  Mais  c'est  à  la  mâchoire  inférieure  qu'on  remarque 
la  plus  grande  variété  dans  les  dimensions  des  dents  ;  celles  du  milieu  de  la  mâchoire  ,  sur- 
tout, sont  les  plus  grosses  de  toutes.  J'ai  représenté  dans  les  fig.  3  et  4  deux  dents,  dont 
l'une  (fig.  3)  est  de  la  mâchoire  supérieure,  et  l'autre  (fig.  h),  de  la  mâchoire  inférieure. 
L'appareil  operculaire  est  admirablement  conservé.  Le  préopercule  est  presque  droit,  en  quoi 
il  diffère  de  celui  de  l'espèce  précédente  qui  est  sensiblement  arqué  ;  l'opercule  est  anguleux 
et  fait  saillie  en  arrière ,  l'interopercule  a  sa  branche  montante  très-haute ,  tandis  que  la 
branche  horizontale  s'étend  sous  le  préopercule  et  sous  le  subopercule.  Les  rayons  branchios- 
tègues  sont  très-développés  ;  on  en  distingue  une  dizaine  qui  vont  en  se  raccourcissant  d'ar- 
rière en  avant.  La  plaque  temporale  et  palatine  est  également  très-bien  conservée ,  mais  il 
n'est  pas  possible  d'y  reconnaître  le  contour  des  différens  os  dont  elle  est  composée.  On 
remarque  seulement  les  contours  de  l'os  carré  en  contact  avec  le  maxillaire  inférieur,  qui 
forme  avec  lui  une  vigoureuse  articulation. 

Le  fragment  de  fig.  2  qui  a  été  trouvé  avec  la  tête  que  nous  venons  de  décrire ,  et  qui 
provient  sans  doute  de  la  même  espèce ,  nous  montre  d'une  manière  très-complète  la  forme 
et  la  structure  des  écailles.  C'est  un  fragment  de  la  partie  antérieure  du  corps.  Les  écailles 
supérieures  sont  plus  allongées  que  celles  d'aucune  autre  espèce.  Leur  surface  est  marquée  de 
plis  longitudinaux  très-distincts ,  qui  aboutissent  au  bord  postérieur  à  des  dentelures  très- 
prononcées  (fig..  5).  Le  bord  antérieur,  ou  la  racine  de  l'écaillé,  est  parfaitement  lisse.  Il 
paraît  que  les  diverses  écailles  d'une  rangée  étaient  simplement  juxtaposées  ;  on  ne  voit  du 


—     101     — 

moins  aucune  trace  d'un  onglet  articulaire  au  bord  supérieur.  Vers  la  région  ventrale  ,  les 
écailles  deviennent  toujours  plus  étroites  ,  mais  elles  sont  du  reste  conformées  comme  les 
autres  (lig.  6), 

Les  deux  exemplaires  figurés  ont  été  trouvés  dans  le  lias  de  Lyme-Regis ,  et  font  Tun  et 
l'autre  partie  de  la  collection  de  miss  Philpot  à  Lyme-Regis. 

III.    EuGNATHUS  Philpotlve  Affass. 


s*- 


Vol.  2,  Tab.  58. 

Cette  espèce  ressemble  à  certains  égards  à  VEuxjn.  orthostomus,  que  nous  avons  décrite  plus 
haut  ;  cependant  elle  est  plus  trapue  et  sa  forme  générale  est  si  régulière ,  qu'elle  rappelle 
les  poissons  les  plus  réguliers  de  notre  époque.  Quoique  le  museau  ne  sQJt  pas  conservé ,  je 
ne  doute  cependant  pas  que  ce  ne  soit  un  véritable  Eugnathus.  Ce  qui  le  distingue  entre  tous 
ses  congénères ,  c'est  la  forme  particulière  de  ses  écailles,  dont  les  antérieures  sont  plus  hautes 
que  longues.  Les  stries  longitudinales  dont  elles  sont  ornées ,  sont  aussi  plus  marquées  ;  elles 
sont  parallèles ,  commencent  à-peu-près  au  tiers  antérieur  de  l'écaillé  et  aboutissent  au  bord 
postérieur,  sans  cependant  occasionner  une  dentelure  bien  accusée.  Le  bord  antérieur,  qui  en 
est  dépourvu  est  entièrement  lisse.  L'articulation  des  séries  dorso-ventrales  a  lieu  au  moyen 
d'un  onglet  articulaire  assez  obtus  (fig.  2).  Les  stries  longitudinales  s'effacent  de  plus  en  plus 
vers  la  région  caudale ,  à  mesure  que  les  écailles  s'allongent  davantage.  Aux  environs  de  la 
dorsale  ,  là  où  les  écailles  sont  sensiblement  plus  longues  que  hautes  ,  les  stries  sont  déjà  bien 
moins  longues  et  moins  accusées  (fig.  3).  Enfin,  au-delà  de  la  dorsale,  les  stries  disparais- 
sent complètement  et  la  surface  des  écailles  est  tout-à-fait  lisse.  En  même  temps  la  forme 
des  écailles  se  rapproche  toujours  plus  du  losange.  La  ligne  latérale  est  très-distincte  dans 
notre  espèce  ;  elle  est  à-peu-près  parallèle  à  la  ligne  du  dos  et  se  reconnaît  à  une  ouver- 
ture transversale  située  au  milieu  des  écailles.  Ces  écailles  n'ont  au  reste  rien  de  particulier 
dans  leur  structure  :  elles  sont  striées  dans  la  partie  antérieure  et  lisses  dans  la  partie  posté- 
rieure du  corps.  La  fig.  k  représente  deux  écailles  de  la  ligne  latérale,  dans  leur  juxtaposi- 
tion avec  d'autres  écailles  ,  telles  qu'elles  se  voient  sur  la  partie  postérieure  du  tronc.  Les  na- 
geoires ont  la  même  forme  et  la  même  disposition  que  celles  de  VEug.  orthostomus.  La  dor- 
sale est  grande  ,  composée  de  rayons  profondément  dichotomés  et  articulés.  Le  premier  rayon 
est  hérissé  de  fulcres  roides  qui  s'étendent  de  la  liase  jusqu'au  sommet.  La  caudale  est  large- 
ment échancrée ,  ses  rayons  sont  plus  gros  et  moins  nombreux  que  dans  l'espèce  citée ,  et 
leurs  articulations  sont  plus  distantes.  En  revanche ,  les  fulcres  qui  bordent  le  premier  rayon 
du  lobe  supérieur  et  du  lobe  inférieur,  sont  plus  petits.  L'extrémité  de  la  queue  qui  supporte  la 
caudale  est  en  forme  de  S  ,  et  comme  le  lobe  inférieur  de  la  caudale  est  plus  reculé  ,  il  en  ré- 
sulte que  pour  égaler  à  leur  extrémité  ceux  du  lobe  supérieur,  ses  rayons  doivent  être  plus 


—     102     — 

longs  que  ceux  du  lobe  supérieur.  L'anale  est  petite  et  opposée  à  l'extrémité  de  la  dorsale. 
Les  pectorales  ont  les  rayons  les  plus  grêles. 

Les  os  de  la  tète  sont  en  partie  assez  bien  conservés  ,  au  museau  près.  On  distingue  surtout 
les  plaques  du  pariétal  et  du  mastoïdien,  dont  la  surface  est  granulée  comme  dans  les  Dapedius 
et  les  Tetragonolepis.  La  ceinture  thoracique  en  revanche  est  lisse  ;  l'humérus  en  particulier 
est  très-bien  conservé  ;  faiblement  arqué ,  il  ne  forme  qu'une  saillie  peu  marquée  au-dessus 
de  l'insertion  des  pectorales. 

En  dédiant  cette  espèce  à  Miss  Philpot ,  je  me  fais  un  plaisir  de  reconnaître  publiquement  les 
services  qu'elle  a  rendus  à  la  paléontologie  et  notamment  à  l'ichlhyologie  fossile  ,  par  les  soins 
([u'elle  atnis  à  recueillir  les  débris  fossiles  du  lias  de  Lyme-Regis.  L'espèce  que  nous  venons 
de  décrire  et  qui  fait  partie  de  sa  collection ,  peut  être  envisagé  comme  l'un  des  beaux  pois- 
sons de  celte  formation. 

l\.    EUGNATHUS   CumoTES   Affass.      . 


S' 


Vol.   2,  Tab.  S7  6. 

C'est  la  plus  grande  espèce  du  genre.  L'exemplaire  ligure  doit  avoir  eu  près  de  trois  pieds 
de  longueur,  à  en  juger  d'après  ce  qui  est  conservé.  Un  caractère  qui  frapj)c  au  premier  coup- 
d'oeil  dans  ce  poisson  ,  c'est  sa  tête  courte  et  son  museau  obtus,  qui  contraste  fortement  avec 
le  museau  allongé  des  E.  orthostomus  et  speciosus  décrits  ci-dessus.  La  tête  n'a  que  sept  pouces 
de  long,  ensorte  qu'en  évaluant  la  longueur  totale  du  poisson  à  trois  pieds,  elle  n'en  égale  que 
la  cinquième  partie.  Les  dents  sont  coniques  ,  robustes  ,  de  grandeur  inégale  et  plus  ou  moins 
recourbées  en  arrière.  Les  plus  grosses  occupent  le  milieu  et  le  devant  de  la  gueule.  Les  na- 
geoires sont  grandes  ,  les  pectorales  surtout  sont  très-développées  et  composées  de  rayons  fort 
gros.  Le  rayon  externe ,  qui  est  le  plus  grand  ,  est  muni  de  fulcres  très-distincts.  Les  autres 
ne  sont  articulés  et  divisés  qu'à  partir  du  milieu  de  leur  longueur.  Les  ventrales  se  font  égale- 
ment remarquer  par  de  très-gros  rayons,  et  ici  aussi  le  rayon  antérieur  est  garni  de  fulcres.  La 
dorsale  est  grande  ;  ses  rayons  paraissent  avoir  été  nombreux  et  articulés  jusqu'à  la  base.  Sa 
position  est  peut-être  déplacée  dans  notre  dessin  ;  du  moins ,  les  osselets  interapophysaires 
qui  correspondent  aux  rayons ,  sont-ils  plus  reculés  que  les  rayons  eux-mêmes. 

Le  squelette  nous  offre  de  très-grosses  vertèbres ,  plus  hautes  que  longues.  En  revanche, 
leurs  apophyses  sont  très-grêles,  ainsi  que  les  côtes.  Il  existe  des  osselets  interapophysaires 
tout  le  long  du  dos  ;  et  bien  que  ceux  qui  précèdent  la  dorsale  soient  tous  inermes,  ils  ne  cè- 
dent cependant  pas  en  grosseur  à  ceux  qui  portent  la  dorsale  ;  les  uns  et  les  autres  sont  très- 
vigoureux.  Le  seul  caractère  qui  distingue  ces  derniers  ,  c'est  qu'ils  sont  terminés  par  une  fêle 
articulaire.  On  reconnaît  presque  tous  les  os  de  la  tête;  la  base  du  crâne  paraît  recouverte  d'une 
(ine  brosse  de  dents.  Les  palatins  sont  étroits  :  les  os  de  la  face  et  des  pièces  opère u laires , 


—     103     — 

minces.  L'orbite  esl  grande  ,  le  scapiilairc  large  et  lisse,  l'humérus  strie  et  plissé  longitudî- 
nalement. 

Ces  ditTérences  très-considérables  entre  cette  espèce  et  les  autres  Eugnathus  sont  de  nature 
à  faire  naitre  des  doutes  sur  son  identité  générique.  J'ai  moi-même  été  dans  l'incertitude  à 
cet  égard  ;  mais  la  découverte  que  jai  faite,  dans  la  collection  de  lord  Enniskillen,  d'un  second 
exemplaire  de  même  taille  à-peu-près ,  et  sur  lequel  une  partie  des  écailles  s'est  conservée , 
m"a  convaincu  ((ue  je  ne  m'étais  pas  tronq)é  en  rapportant  malgré  cela  cette  espèce  au  genre 
Eugnathus.  Ces  écailles  qui  proviennent  des  environs  de  la  ceinture  thoracique ,  sont  armées 
de  sillons  ou  stries  longitudinales  absolument  comme  dans  les  autres  espèces  ,  avec  cette  seule 
différence  qu'elles  sont  un  peu  plus  lînes  et  plus  irrégulières.  Les  os  de  la  tête  sont  finement 
granulés. 

C'est  encore  une  espèce  propre  au  lias  de  Lyme-Regis.  Lord  Enniskillen  en  possède  plu- 
sieurs exemplaires,  entre  autres  l'original  de  notre  planche.  Un  autre,  non  moins  remarquable, 
se  trouve  dans  la  collection  de  Miss  Philpot  à  Lyme-Regis.  Ce  dernier  a  l'avantage  de  nous 
faire  voir  une  partie  des  écailles  par  la  face  inférieure  ;  et  je  me  suis  convaincu  par  là  ,  à  n'en 
plus  douter,  que  l'articulation  des  séries  dorso-ventrales  ne  se  fait  pas  au  moyen  d'onglets  sail- 
lans  ,  mais  seulement  par  les  sinuosités  des  bords  des  écailles. 

V.  Eugnathus  minor  Agass, 

Vol.  2,  Tab.  S8a,  %.  1. 

Le  poisson  que  j'appelle  de  ce  nom  est  bien  certainement  un  Eugnathus ,  quoiqu'il  soit 
beaucoup  plus  petit  que  les  autres  espèces.  La  dentition  ne  laisse  aucun  doute  à  cet  égard.  La 
mâchoire  inférieure  surtout  présente  celte  disposition  des  dents  que  nous  avons  signalée 
comme  caractéristique  du  genre  ;  savoir,  que  les  premières  et  les  dernières  dents  sont  pe- 
tites ,  tandis  que  celles  du  milieu  sont  sensiblement  plus  grandes.  Les  dents  de  la  mâchoire 
supérieure  sont  assez  uniformes  ;  les  mâchoires  elles-mêmes  sont  très-grèles.  Les  écailles,  de 
leur  côté ,  sont  évidemment  des  écailles  d'Eugnathus  :  elles  sont  en  forme  de  rhombes  régu- 
liers ,  et  leur  surface  est  distinctement  striée,  ainsi  que  le  montre  la  fig.  i'  qui  représente  une 
écaille  voisine  de  la  région  ventrale.  A  cet  égard  ,  les  écailles  ont  la  plus  grande  ressemblance 
avec  celles  de  YEwjn.  Philpot iœ.  Aussi  se  pourrait-il  que  ce  poisson  ne  fût  autre  chose  que  le 
jeune  de  cette  espèce.  Ce  qui  m'a  empêché  jusqu'à  présent  de  les  identifier,  c'est  que  ne  con- 
naissant pas  les  mâchoires  de  celte  dernière ,  jç  n'ai  pas  voulu  les  identifier  sur  la  foi  des 
seules  écailles. 

L'exemplaire  figuré  provient  du  lias  de  Lyme-Regis ,  et  se  trouve  dans  hi  collection  de 
miss  Philpot.  Je  rapporte  à  la  même  espèce  un  fragment  de  tronc  qui  se  trouve  dans  la  collec- 
tion de  lord  Enniskillen. 


—     iOh    — 

VI.    EuGNATHtTS    POLYODON    AgaSS. 

Vol.2,Tab.  58a,fig.  2. 

Quoique  je  ne  connaisse  que  la  tête  et  des  fragmens  de  mâchoire  de  ce  poisson  ,  je  n'hé- 
site cependant  pas  à  le  distinguer  spécifiquement  de  ses  congénères.  La  disposition  des  dents 
est ,  en  efïet ,  des  pkis  extraordinaires ,  par  la  manière  étrange  dont  les  grosses  et  les  petites 
sont  entremêlées.  Tandis  que  dans  les  autres  espèces,  les  dents  du  milieu  de  la  mâchoire  sont 
ordinairement  très-grosses ,  et  vont  en  décroissant  d'avant  en  arrière ,  nous  voyons  ici  une 
petite  dent  alterner  avec  une  grosse  et  former  ainsi  une  armure  des  plus  singulières.  La 
mâchoire  inférieure  est  assez  grêle ,  cependant  elle  se  dilate  sensiblement  en  arrière.  L'ex- 
trême largeur  de  la  tête  dans  notre  exemplaire  ne  me  paraît  pas  naturelle ,  et  il  est  probable 
qu'elle  n'est  ainsi  dilatée  que  par  accident.  On  distingue  aussi  une  partie  des  rayons  bran- 
chiostègues  au-dessous  de  la  mâchoire  inférieure.  Ils  sont  d'assez  petite  taille  et  renflés  en 
forme  de  massue  du  côté  interne.  Notre  exemplaire  a  également  conservé  une  portion  de  ses 
pectorales ,  car  nous  voyons  que  cette  nageoire  était  composée  de  rayons  nombreux  ,  mais 
assez  grêles  et  très-serrés. 

C'est  encore  une  espèce  du  lias  de  Lyme-Regis  ;  l'original  se  trouve  en  la  possession  de  miss 
Philpot.  Il  existe  plusieurs  fragmens  de  mâchoire  dans  la  collection  de  lord  Enniskillen  ,  que 
je  serais  assez  tenté  de  rapporter  à  cette  espèce.  Ce  qu'il  y  a  de  remarquable ,  c'est  que  les 
dents  sont  striées  longitudinalement. 


Je  renvoie  à  une  autre  occasion  la  description  des  espèces  suivantes  : 

1°  EuGNATHus  oPERCULARis  Agass.  Du  lias  de  Lyme-Regis.  Grande  espèce,  de  la  taille 
de  VE.  Philpotiœ  ;  remarquable  par  son  museau  obtus,  ses  dents  très-uniformes  ,  et  par  son 
appareil  operculairetrès-développé.  Les  pectorales  sont  très-grandes,  mais  articulées  seulement 
dans  leur  partie  postérieure.  Les  écailles  sont  plus  longues  que  hautes,  striées  et  dentelées 
au  bord  postérieur. 

2°  EuGNATHUS  MiCROLEPiDOTUS  Agass.C'cst  l'espèce  que  j'ai  signalée  précédemment  sous  le 
nom  à'Urœus  microlepidotus.  Les  dents  sont  très-grosses ,  coniques  et  uniformes.  Je  me  suis 
assuré  que  les  écailles  sont  distinctement  sillonnées  et  dentelées ,  ensorte  qu'il  ne  peut  y 
avoir  de  doute  sur  le  genre.  C'est  un  vrai  Eugnathus  du  calcaire  lithographique  de  Solenhofen. 
C'est  jusqu'ici  le  seul  qu'on  ait  trouvé  dans  le  Jura  supérieur. 

3°  Eugnathus  gigaîsteus  Agass.  Lord  Enniskillen  possède  un  poisson  colossal  du  lias  de 
Boll  que  j'avais  rapporté  au  genre  Pachycormus,  sous  le  nom  de  P.  giganteus:  mais  en  étu- 
diant plus  tard  attentivement  l'ostéologie  des  Eugnathes ,  des  Pachycormes  et  des  Catures ,  je 


—     105     — 

me  suis  convaincu  que  ce  poisson  offrait,  clans  l'ensemble  de  ses  caraclères,  une  aflinilé  plus 
marquée  avec  les  Eugnathes  qu'avec  les  Pachycormes  ;  c'est  pourquoi  je  les  décrirai  plus  tard 
sous  le  nom  iVE.  yigauteiis. 

J'ai  encore  distingué  une  espèce  du  lias  de  Whitby,  sous  le  nom  d'E.  fasciculatus  :  une 
du  lias  de  Street,  sous  le  nom  d'E.  tenuideks,  et  quatre  autres  de  Lyme-Regis,  sous  les  noms 
d'E.  oRXATus,  scABRiuscuLus ,  LEPTODUs  et  MANDiBULARis.  Je  décHraï  toutes  ces  espèces  dans 
mes  Supplémens. 

Le  genre  Conodus  ,  que  je  décrirai  également  dans  mes  Supplémens ,  doit  être  rangé  à  la 
suite  des  Eugnathes  ,  dont  il  ne  diffère  que  par  quelques  particularités  dans  la  dentition.  L'es- 
pèce unique  de  ce  genre  portera  le  nom  de  Conodus  ferox  Agass. 

C'est  probablement  à  la  suite  de  ce  genre,  et  peut-être  mieux  encore  à  la  suite  du  genre  Me- 
galichthys,  qu'il  faut  placer  plusieurs  types  encore  imparfaitement  connus,  dont  je  donnerai 
la  description  plus  tai'd.  En  les  énumérant  ici  par  les  noms  que  je  leur  ai  donnés,  mon  inten- 
tion est  simplement  d'attirer  l'attention  des  géologues  sur  l'existence  de  genres  fort  remarqua- 
bles, que  des  recherches  ultérieures  et  des  fouilles  plus  heureuses  pourront  seules  faire  connaître 
d'une  manière  satisfaisante.  Le  genre  Dendrodus  établi  par  M.  Owen  mérite  cependant  déjà 
une  mention  spéciale.  La  bizarre  structure  microscopique  de  ses  dents  le  font  facilement  re- 
connaître. C'est  un  type  jusqu'ici  exclusivement  propre  au  système  des  terrains  dévoniens. 
J'ai  représenté  dans  ma  Tab.  oS  a,  fig.  19  et  20.  deux  fragments  de  mâchoire  d'une  espèce  de 
ce  genre  qui  sont  remarquables  à  cause  de  leur  ressemblance  avec  les  mâchoires  du  Lepidos- 
teus  décrites  plus  haut.  Comme  dans  ce  dernier  genre  la  mâchoire  est  divisée  en  un  certain 
nombre  de  pièces  qui  portent  les  dents.  Seulement  dans  le  genre  Dendrodus  les  dents  sont 
proportionnellement  plus  grandes  relativement  à  la  mâchoire  et  une  pièce  ne  porte  ordinaire- 
ment qu'une  dent  ou  deux  au  plus.  Les  exemplaires  figurés  proviennent  du  vieux  grès-rouge 
de  Riga.  Fig.  19  est  une  pièce  maxillaire  vue  par  la  face  externe;  fig  19rt  représente  cette 
même  pièce  vue  par  la  face  interne  et  montrant  la  base  de  la  dent,  ennn  la  fig.  19  6  la  pré- 
représente de  profil  pour  montrer  les  rapports  relatifs  de  hauteur  et  d'épaisseur  de  la  dent  et 
du  bord  externe.  Fig.  20  est  un  autre  fragment,  peut-être  d'une  espèce  à  part,  avec  deux 
dents  qui  montrent  l'une  et  l'autre  leur  cavité  médullaire.  M,  Owen  a  décrit  et  figuré  plusieurs 
espèces  de  ce  genre  dans  son  Odontographie  et  dans  le  Journal  microscopique  de  M.  Cooper. 
De  mon  côté,  j'ai  distingué  des  Dendrodus,  les  genres  Lamnodus,  PlatyCtNAThus  et  Cricodus  ; 
les  deux  premiers  sont  exclusivement  propres  aux  terrains  dévoniens,  tandis  que  le  troisième 
se  trouve  également  dans  les  terrains  dévoniens  et  dans  les  terrains  houillers.  On  n'a  décou- 
vert jusqu'ici  que  des  fragments  de  mâchoires  ou  des  dents  isolées  de  ces  curieux  poissons. 

C'est  encore  d'après  des  fragmens  de  mâchoires  que  j'ai  établi  mes  genres  Orognathus  et 
ToM.  II.  2'  Part.  14 


—     i06     — 

PoDODUs  que  j'ai  déjà  mentionnés  à  page  83  et  dont  je  ne  connais  jusqu'à  présent  que  des 
espèces  du  terrain  houiller.  Enfin  le  genre  Gbaptolepis  que  j'ai  établi  sur  une  plaque  écail- 
leuse  du  terrain  houiller  des  environs  de  Glascow  devra  probablement  être  rapproché  des 
Aspidorhynchus.  C'était  très-probablement  un  poisson  à  longues  mâchoires  que  je  sup- 
poserais volontiers  hétérocerque  ainsi  que  les  autres  genres  que  je  viens  d'énumérer,  à 
cause  de  l'ancienneté  des  terrains  dont  ils  proviennent. 

Je  publierai  une  description  détaillée  de  tous  les  fragmens  que  je  possède  de  ces  différens 
genres  dans  les  supplémens  à  cet  ouvrage  ou  dans  ma  Monographie  des  poissons  du  vieux 
grès  rouge. 


—     <07 


CHAPITRE  VIII. 


DU    GENRE  PTYCHOLEPIS  Agass. 


J'ai  été  long-temps  indécis  si  je  laisserais  ce  type  réuni  aux  Eugnathus  ,  ou  si  j'en  ferais  un 
genre  à  part.  Au  premier  abord  ,  la  différence  entre  les  tégumens  des  deux  types  est  des  plus 
frappantes  ,  les  Eugnathus  étant  revêtus  d'une  cuirasse  très-régulière  et  uniforme  ,  tandis  que 
notre  Ptycholepis  ,  au  contraire  ,  a  l'air  de  n'être  hérissé  que  de  petites  plaquettes  irrégulières 
et  acérées.  Mais  cette  différence  est  plus  apparente  que  réelle  ;  car,  en  y  regardant  de  près , 
on  découvre  bientôt  que  l'irrégularité  de  la  cuirasse  des  Ptycholepis  est  occasionnée  essentiel- 
lement par  les  stries  longitudinales  des  écailles.  Or,  les  Eugnathus  ont  égalementMes  écailles 
marquées  de  petits  sillons  ,  seulement  ils  sont  moins  accusés.  Dans  les  Ptycholepis  ,  ces  sillons 
sont  au  contraire  très-profonds  ,  et  comme  on  ne  les  distingue  pas  toujours  très-bien  des  lignes 
de  séparation  des  écailles ,  il  en  résulte  cette  apparence  irrégulière  qui  frappe  si  fort  au  pre- 
mier coup-d'œil.   Il  suffirait  de  creuser  et  d'allonger  davantage  les  sillons  des  écailles  de  VE. 
Philpotiœ ,  par  exemple  ,  ou  de  toute  autre  espèce  de  ce  genre ,  pour  obtenir  le  même  aspect. 
Cependant  les  différences  ne  se  bornent  pas  aux  écailles ,  et  la  découverte  qui  a  été  faite,  il  y 
a  quelques  années ,  d'un  exemplaire  dont  tout  le  corps  ,  y  compris  la  tête  et  les  nageoires  ,  est 
conservé ,  ne  permet  plus  guère  de  douter  que  mon  genre  Ptycholepis  ne  soit  bien  fondé ,  et 
différent  des  Eugnathus.  La  tête  est  beaucoup  plus  courte,  et  les  dents,  tout  en  étant  assez 
grosses  et  coniques  ,  sont  loin  d'être  aussi  irrégulières.  La  caudale  est  beaucoup  plus  grêle , 
et  ses  rayons  fort  minces,  ne  rappellent  nullement  la  caudale  vigoureuse  des  Eugnathus.  La 
dorsale  paraît  aussi  être  plus  rapprochée  de  la  tête  que  de  la  queue  ,  ce  qui  est  le  contraire  de 
ce  que  nous  avons  reconnu  dans  le  genre  Eugnathus. 

C'est  un  type  propre  au  lias  ;  du  moins  la  seule  espèce  qui  soit  connue,  le  Ptych.  bollensis, 
ne  se  trouve  que  dans  cette  formation. 


—     108     — 

Ptycholepis  bollensis  Agass. 

Vol.  2,  Tab.  58  6. 

Cette  espèce  est  assez  fréquente  clans  le  lias  d'Allemagne  et  d'Angleterre.  C'est  à  Boll  en 
Wurtemberg ,  que  j'en  ai  rencontré  les  premiers  exemplaires ,  ce  qui  m'a  engagé  à  l'ap- 
peler Pt.  bollensis.  Ordinairement  on  n'en  trouve  que  des  fragmens  plus  ou  moins  bien  con- 
servés. La  plaque  figurée  est  la  seule  à  ma  connaissance  qui  contienne  un  poisson  entier  ; 
et  c'est  cet  exemplaire  qui  m'a  permis  de  fixer  définitivement  mes  idées  sur  le  genre.  La 
g  ande  irrégularité  qu'on  remarque  dans  les  écailles  ,  n'est  pas  un  caractère  accidentel  comme 
on  pourrait  le  croire  si  l'on  ne  possédait  que  ce  seul  exemplaire.  Je  l'ai  retrouvée  plus  ou 
moins  prononcé  sur  tous  les  exemplaires  connus  jusqu'à  ce  jour.  Il  parait  que  non-seule- 
ment les  écailles  se  désarticulent  facilement ,  mais  encore  quelles  se  brisent  souvent  dans 
le  sens  des  sillons  ;  de-là  cette  apparence  bouleversée  qui  frappe  si  fort  au  premier  abord.  Du 
reste,  toutes  les  écailles  ne  sont  pas  d'égale  largeur  et  celles  de  la  partie  antérieure  du  corps 
sont  comme  d'ordinaire  les  plus  grandes.  Elles  sont  surtout  plus  larges  que  les  autres  ;  dans 
aucun  cas  cependant ,  leur  largeur  n'égale  leur  longueur.  Celles  qui  avoisinent  la  région 
caudale  sont,  par  contre,  très-étroites (fig.  3).  Les  unes  et  les  autres  sont  garnies  de  plis  qui 
s'étendent  sur  toute  la  surface  de  l'émail ,  jusqu'à  la  racine ,  c'est-à-dire  jusqu'à  cette  partie 
du  bord  antérieur  qui  étant  recouvert  par  l'imbrication ,  est  parfaitement  lisse.  On  remar- 
que aussi  que  ces  plis  sont  plus  irréguliers  sur  les  écailles  de  la  partie  antérieure  du  tronc 
que  sur  celles  de  la  queue  ;  ils  sont  môme  souvent  anastomosés  (fig.  2).  Il  résulte  de  cette  di- 
versité que  suivant  que  le  poisson  sera  coucbé  sur  le  dos  ou  sur  le  ventre  ,  on  devra  s'attendre 
à  trouver  des  écailles  tout-à-fait  différentes.  La  tête  est  grosse  et  courte  ;  elle  est  contenue 
à-peu-près  quatre  fois  dans  la  longueur  totale  du  poisson.  Les  os  du  crâne  ainsi  que  les  mâ- 
choires sont  recouverts  de  rides  irrégulières  mais  très-saillantes ,  formant  un  réseau  des  plus 
caractéristiques.  Il  n'y  a  que  l'opercule  et  le  préopercule  qui  soient  lisses  ;  encore  le  premier 
est-il  distinctement  strié  à  son  bord  supérieur  et  postérieur.  L'orbite  est  petite.  Les  mâchoires 
sont  larges  et  les  quelques  dents  que  l'on  aperçoit  à  la  mâchoire  inférieure  sont  longues ,  co- 
niques et  uniformes.  Il  n'existe  à-peu-près  aucune  différence  dans  la  structure  des  différentes 
nageoires.  Les  pectorales  sont  assez  larges ,  composées  de  rayons  fins  et  très-serrés  ;  le  rayon 
antérieur  est  simple  et  muni  de  petits  fulcres  jusqu'à  son  extrémité.  Les  deux  nageoires  sont 
conservées  dans  notre  exemplaire.  Les  ventrales  ont  disparu.  L'anale  compte  une  vingtaine 
de  rayons  à-peu-près  d'égale  grosseur  et  tous  dichotomés  et  articulés ,  le  premier  seul  est  in- 
divis et  garni  de  fulcres  à  son  bord.  La  caudale  est  très-petite  et,  à  ce  qu'il  paraît ,  indistinc- 
tement bilobée.  Les  deux  lobes  réunis  n'ont  pas  la  largeur  d'un  lobe  d'un  Eugnathus  quel- 
conque. Les  rayons  sont  grêles  ,  dichotomés  et  articulés  ,  et  l'on  remarque  que  là  où  ils  sont 


—     109     — 

conserM's ,  les  arlicles  sont  sensiblement  plus  longs  que  larges.  La  limite  des  écailles  repré- 
sente une  ligne  inclinée  d'arrière  en  avant.  Le  pédi(;n!e  de  la  (jueue  qui  supporte  cette  nageoire 
si  grêle  ,  est  lui-même  três-étroit.  La  dorsale  n'est  pas  conservée  dans  notre  exemplaire,  mais 
d'après  ce  que  j'en  ai  vu  dans  d'autres  fragmens ,  elle  est  plus  développée  que  les  autres  na- 
geoires et  très-rapprochée  de  la  tête. 

L'exemplaire  iiguré  se  trouve  dans  la  collection  de  lord  Enniskillen  ,  il  provient  du  lias  (Je 
NMiitby  ;  il  y  en  a  un  autre  dans  la  collection  de  M.  de  Zieten  à  Stuttgart.  C'est  celui  d'après 
lequel  j'ai  établi  le  genre  en  1831 .  Le  Musée  de  \\  hitby  en  possède  aussi  plusieurs  fragmens. 
Il  en  existe  également  des  exemplaires  dans  la  collection  de  sir  Philipp  Egerfon.  Enfin  ,  M.  le 
D""  Schmidt  de  Metzingen  ,  près  d'Urach  en  Wurtemberg ,  vient  de  m'envoyer  le  dessin  d'un 
fragment ,  représentant  cette  même  espèce  par  la  face  supérieure  ,  de  manière  à  montrer  les 
sculptures  linéaires  dont  sont  ornées  les  plaques  qui  recouvrent  la  tête.  Cette  espèce  se  trouve 
aussi  à  Lvme-Reffis. 


—    no    — 


CHAPITRE    IX. 

DU  GENRE  PACHYCORMUS  Agass. 


Ce  genre  se  distingue  par  son  corps  très-renflé  qui  contraste  avec  la  forme  élancée  de 
la  plupart  des  autres  Sauroïdes.  La  caudale  est  très-large  ,  et  ce  qui  la  fait  encore  ressortir  da- 
vantage ,  c'est  qu'elle  est  supportée  par  un  pédicule  très-grèle.  Une  autre  particularité  de  cette 
nageoire,  consiste  dans  l'arrangement  de  ses  rayons.  Les  lobes,  au  lieu  d'être  limités  à  l'ex-  j 
térieur  par  un  grand  rayon  garni  de  fulcres  ,  sont  au  contraire  précédés  d'un  grand  nombre 
de  rayons  indivis ,  qui  vont  en  s'allongeant  insensiblement  et  donnent  ainsi  à  la  caudale  une 
forme  arrondie  des  plus  caractéristiques ,  qui  sert  surtout  à  distinguer  notre  genre ,  du  genre 
Caturus  qui  en  est  très-voisin.  La  dorsale  est  située  au-delà  du  milieu  du  dos  ;  elle  est  d'or- 
dinaire peu  développée  et  opposée  à  l'espace  compris  entre  l'anale  et  les  ventrales  ;  celles-ci 
sont  aussi  l'une  et  l'autre  assez  grêle.  Les  pectorales ,  en  revanche ,  sont  très-grandes.  Je 
n'ai  remarqué  sur  aucune  nageoire  des  fulcres  bordant  le  rayon  externe ,  comme  il  en  existe 
dans  les  genres  précédons. 

Les  écailles  sont  excessivement  minces  et  contrastent  sous  ce  rapport  avec  les  écailles  des 
Eugnalhus  et  de  la  plupart  des  autres  Sauroïdes  du  lias. 

Le  squelette  est  plutôt  grêle  que  vigoureux.  La  colonne  vertébrale  se  compose  de  vertèbres 
très-courtes,  ce  qui  fait  que  les  apophyses  et  les  côtes  sont  très-serrées.  Il  y  a  des  osselets  in- 
terapophysaires  tout  le  long  du  dos.  Les  mâchoires  sont  assez  robustes,  mais  les  dents  sont 
proportionnellement  petites.  Les  rayons  branchiôstègues  sont  nombreux  et  serrés. 

Le  genre  Pachycormus  est  un  type  jurassique  et  plus  particulièrement  liasique.  Or,  conmie 
les  Sauroïdes  qui  se  rapprochent  le  plus  de  notre  genre  par  leurs  écailles ,  notamment  les  Ca- 
turus, sont  presque  tous  d'une  époque  plus  récente  (des  étages  supérieurs  de  la  formation  ju- 
rassique) ,  cette  circonstance  facilite  la  détermination  de  certains  fragmens  qu'on  peut  rap- 
porter au  genre  Pachycormus  ,  sans  craindre  de  les  confondre  avec  les  Caturus,  lorsqu'ils  sont 
liasiques. 


—    i\i    — 


1.  Pachycorwus  macropterus  Agass. 


Vol.  2,  Tab.  59fl. 

Ce  poisson  a  une  physionomie  (rès-accusée ,  qui  résulte  de  la  réunion  de  plusieurs  ca- 
ractères très-contrastans ,  entre  autres  du  renflement  du  tronc  combiné  avec  un  pédicule  cau- 
dal très-grèle  supportant  une  caudale  fort  large  ;  ces  contrastes  sont  d'autant  plus  frappans 
que  l'espèce  atteint  des  dimensions  considérables.  Notre  exemplaire  a  en  effet  plus  d'un  pied  et 
demi  de  long.  La  tète  est  assez  petite  proportionnellement  au  corps  allongé  ;  dans  son  ensemble, 
elle  l'essembleun  peu  à  une  tète  de  Saumon.  Le  museau  est  pointu.  L'orbite  est  très-rapprochée 
du  profil  de  la  tète.  La  gueule  est  très-fendue,  mais  les  mcâchoires  sont  assez  grêles  ;  la  mâchoire 
inférieure  est  cependant  plus  dilatée  que  la  supérieure.  Les  dents  sont  petites,  et  c'est  à  peine 
si  les  plus  grandes  ont  une  ligne  de  haut.  La  ceinture  thoracique  est  large  et  forte  ,  et  si  l'oper- 
cule est  petit,  le  préopercule  est  en  revanche  très-grand.  A  son  bord  inférieur,  et  tout  le  long 
des  os  hyoïdes ,  se  voient  une  série  de  plus  de  quarante  rayons  branchioslègues  qui  vont  en 
décroissant  d'arrière  en  avant.  Leur  disposition  est  surtout  distincte  dans  la  fig.  2  ,  qui  repré- 
sente la  tête  de  notre  exemplaire  vu  par  la  face  inférieure.  Le  temporal  est  grand  et  très-di- 
laté  à  ses  extrémités.  La  queue  de  l'os  hyoïde,  enfin,  paraît  présenter  un  large  disque,  en 
avant  des  rayons  branchiostègues ,  vers  la  symphyse  de  la  mâchoire  inférieure  (fig.  3). 

Les  nageoires  nous  offrent  aussi  de  bons  caractères  spécifiques.  Les  pectorales  sont  Irès- 
développées  ;  leurs  rayons  principaux  sont  p\us  longs  que  les  plus  grands  de  la  caudale , 
mais  ils  décroissent  rapidement  à  partir  des  neuvième  et  dixième ,  et  les  derniers  sont  très- 
petits.  Les  grands  rayons  sont  en  outre  fort  gros ,  mais  ils  ne  présentent  d'articulations  que 
vers  leur  extrémité.  La  caudale  est  excessivement  dilatée.  Ses  premiers  rayons  sont  très-petits  ; 
mais  ils  vont  en  grandissant  jusqu'au  quatorzième  ou  quinzième  qui  est  le  plus  grand.  Ceux  du 
milieu  sont  beaucoup  plus  divisés  que  ceux  des  côtés.  Les  petits  sont  même  tout-à-fait  indivis. 
La  hauteur  de  la  caudale,  de  l'une  de  ses  extrémité  à  l'autre  ,  égale  à-peu-près  la  plus  grande 
largeur  du  corps.  L'anale  est  très-reculée  ;  elle  n'est  composée  que  de  très-petits  rayons  qui 
présentent  de  nombreuses  divisions. 

Quant  aux  écailles ,  il  est  assez  difficile  de  les  étudier  sur  notre  exemplaire  ,  par  la  raison 
que  le  rognon  qui  contient  le  poisson  ,  en  se  brisant ,  les  a  enlevées  d'une  manière  inégale , 
de  telle  sorte  que  celles  qui  restent  montrent  tantôt  leur  face  extérieure ,  plus  ou  moins  mu- 
tilée ,  et  tantôt  sont  complètement  enlevées  ,  ou  bien  n'ont  laissé  que  l'empreinte  plus  ou  moins 
complète  de  leur  face  interne.  Malgré  ces  difficultés ,  on  y  reconnaît  cependant  le  type  des 
Ganoïdes.  Les  écailles  sont  en  général  très-petites,  et  leurs  bords  paraissent  être  entiers. 

Le  squelette  n'est  visible  qu'en  partie  ,  mais  ce  que  l'on  en  voit ,  nous  montre  assez  qu'il 
est  robuste.  Les  vertèbres  sont  très-courtes.  Les  apophyses  des  vertèbres  caudales  sont  lon- 
gues et  fortement  inclinées  en  arrière. 


—     112     — 

Cette  espèce  ne  parait  pas  être  très-rare.  L'original  de  ma  planche  se  trouve  au  Muséum  de 
Paris  ;  il  provient  du  lias  de  Beaune  en  Bourgogne.  M.  le  professeur  Walchner ,  à  Carlsruhe , 
en  possède  un  autre  exemplaire  ;  un  troisième,  dont  la  caudale  est  admirablement  conservée, 
se  voit  au  Musée  de  Prague.  Enfin ,  on  la  trouve  aussi  dans  le  lias  de  Gœppingen  ,  d'où 
M.  Hartmann  possède  un  exemplaire.  Je  l'ai  étiquetée  du  nom  de  gradlis  dans  quelques 
collections  ;  mais  depuis  j'ai  dû  distinguer  deux  espèces,  dont  je  nomme  l'une  macropterm  et 
l'autre  (jracilis. 

II.  Pachycormus  curtus  Agass. 
Vol.  2,  Tab.  o9. 

Les  contours  généraux  de  cette  espèce  sont  bien  les  mêmes  que  ceux  du  Pach.  macropte- 
rus  :  l'abdomen  est  très-renflé ,  la  tête  proportionnellement  petite ,  le  pédicule  de  la  queue 
grêle  ,  supportant  une  caudale  largement  échancrée.  Mais  les  dimensions  du  poisson  sont  beau- 
coup plus  petites.  Il  n'a  guère  que  neuf  pouces  de  long ,  sur  deux  pouces  et  trois  quarts  de 
large.  Tout  ce  qui  reste  des  nageoires  est  excessivement  grêle.  La  dorsale  et  l'anale  surtout 
sont  composées  de  rayons  très-fins  et  nombreux.  La  caudale  elle-même  participe  de  cette 
structure  ;  car  ses  rayons  sont  aussi  très-grêles.  Il  y  en  a  aussi  un  grand  nombre  de  petits 
indivis  en  avant  du  rayon  principal  de  chaque  lobe.  Les  rayons-du  milieu  sont,  comme  d'or- 
dinaire ,  les  plus  divisés.  Ce  que  l'on  voit  du  squelette  contraste  d'une  manière  frappante  avec 
la  minceur  des  nageoires.  Les  apophyses  dés  vertèbres  de  la  région  caudale  sont  surtout  très- 
fortes  ,  longues  et  très-inclinées  en  arrière.  Celles  des  vertèbres  abdominales  sont  beaucoujt 
plus  grêles.  Les  oslelets  interapophysaires  de  l'anale  sont  encore  plus  larges  que  les  apo- 
physes des  vertèbres  caudales.  Aussi  y  a-t-il  plusieurs  rayons  pour  un  osselet.  On  voit  encore  à 
l'extrémité  de  la  queue  quelques  osselets  larges  ,  qui  supportent  les  rayons  du  lobe  inférieur 
de  la  caudale  et  qui  se  distinguent  également  par  leur  forme  massive.  La  tête  est  plus  longue 
que  large,  quoique  en  somme  moins  effilée  que  chez  l'espèce  précédente.  La  gueule  est  très-fen- 
due  ;  les  dents ,  dont  on  ne  voit  qu'un  petit  nombre  à  l'extrémité  de  la  mâchoire  inférieure . 
sont  proportionnellement  beaucoup  plus  grosses.  Les  écailles  sont  minces  et  très-uniformes 
sur  tout  le  corps.  Leur  forme  est  rhomboïdale.  C'est  à  peine  si  celles  de  l'extrémité  de  la  queue 
sont  plus  petites  que  celles  de  la  partie  antérieure  du  tronc. 

L'espèce  se  trouve  dans  le  lias  du  Yorkshire.  L'exemplaire  de  ma  planche  est  empâté  dans 
un  rognon.  Il  fait  partie  de  la  collection  du  Musée  de  Scarborough.  La  contre-plaque  se  trouve 
en  la  possession  de  M.  Beane  à  Scarborough.  Il  en  existe  un  autre  exemplaire  au  Musée 
de  Whitby. 


—    ^^3    — 

IH.   Pachycormtts  ?  MACRURUS  Agass. 
Vol.   2,  Tab.  58a,  fig.  3. 

Le  nom  spécifique  de  cette  espèce  en  indique  le  caractère  saillant ,  qui  consiste  dans  le  dé- 
veloppement extraordinaire  de  la  caudale.  C'est  à-peu-près  tout  ce  qu'il  reste  de  cette  espèce; 
mais  cette  nageoire  est  si  différente  de  ce  qu'elle  est  dans  les  autres  Pachycormes  connus , 
que  je  ne  me  fais  aucun  scrupule  de  la  prendre  pour  base  de  la  diagnose  de  cette  espèce. 
Et  d'abord  elle  est  inéquilobe  et  la  limite  extrême  des  écailles  est  en  forme  de  S ,  comme  dans 
les  Eugnathus.  Ses  rayons  sont  énormes  ,  articulés  de  très-près  ,  et  cependant  divisés  un  grand 
nombre  de  fois.  Le  rayon  extérieur  est  hérissé  de  fulcres  très-fins  et  fort  inclinés.  Outre  cela, 
il  y  a ,  en  avant  du  rayon  principal ,  une  série  de  rayons  plus  petits  et  également  articulés  ,  du 
moins  au  lobe  inférieur.  Quant  au  lobe  supérieur,  il  n'est  pas  entièrement  conservé  ;  ses 
rayons  sont  un  peu  plus  courts  ,  mais  tout  aussi  gros  que  ceux  du  lobe  inférieur.  La  nageoire 
est  au  reste  distinctement  fourchue.  Chaque  rayon  a  l'air  de  s'articuler  sur  un  osselet  parti- 
culier, au  moins  au  lobe  inférieur.  Peut-être  fera-t-on  quelque  jour  de  cette  espèce  le  type 
d'un  genre  à  part ,  intermédiaire  entre  les  vrais  Pachycormes  et  les  Eugnathes  ,  lorsqu'on  con- 
naîtra toutes  les  parties  de  l'animal. 

Du  lias  de  Lyme-Regis.  L'original  se  trouve  dans  la  collection  de  Miss  Philpot. 

1\  .  Pachycormus?  heterurus  Agass. 
Vol.  2,  Tab.  58a,  fig.  4  et  5. 

En  rangeant  cette  espèce  dans  le  genre  Pachycormus ,  je  dois  convenir  qu'il  me  reste  sur 
sa  véritable  position  générique  les  mêmes  doutes  qu'à  l'égard  de  la  précédente.  Il  est  vrai 
que  la  forme  de  la  caudale  et  la  structure  des  rayons  rappellent  tout-à-fait  notre  genre.  Mais 
d'un  autre  côté,  les  écailles  en  diffèrent  notablement,  en  ce  qu'au  lieu  d'être  anguleuses,  elles 
sont  arrondies  en  arrière.  Examinées  à  la  loupe, 'elles  présentent  l'aspect  de  fig.  5  ,  c'est-à- 
dire  ,  que  l'on  aperçoit  un  renflement  longitudinal  au  milieu  de  chaque  écaille.  Les  stries 
d'accroissement  y  sont  en  outre  très-distinctes ,  et  l'on  voit  au  bord  postérieur  quelques  plis 
ou  rides  transversales  très-marquées.  La  queue  elle-même  a  quelque  chose  de  particulier, 
en  ce  qu'au  lieu  d'être  droite  ou  en  forme  de  S ,  elle  se  termine  en  une  seule  pointe  obtuse 
qui  correspond  au  milieu  de  la  nageoire  caudale.  Les  rayons  de  cette  nageoire  sont  gros  et 
articulés  jusqu'à  leur  base ,  mais  les  articulations  sont  très-distantes ,  et  les  articles  au  moins 
aussi  longs  ([ue  larges.  Le  lobe  supérieur  est  garni  de  très-gros  |"ulcres  qui  se  transforment 
peu-à-peu  en  filets  plus  fins  ;  et  à  la  base  des  fulcres  ,  on  découvre  un  certain  nombre  d'écaillés 
allongées  et  légèrement  redressées.  Au  lobe  inférieur,  les  fulcres  semblent  transformés  en  pe- 
tits rayons  simples  qui  s'articulent  à  la  base  de  la  nageoire  où  ils  sont  très-nombreux. 
ToM.  H.  2'  Part.  15 


—    nu    — 

L'exemplaire  figuré  est  jusqu'ici  le  seul  que  je  connaisse.  Il  provient  du  lias  de  Lyme-Regis 
et  se  trouve  dans  la  collection  de  Miss  Philpot.  On  ne  manquera  sans  doute  pas  de  trouver  un 
jour  des  exemplaires  plus  complets ,  qui  permettront  de  décider  si  notre  espèce  est  bien  réel- 
lement un  Pachycornms ,  ou  s'il  faut  la  reporter  dans  un  autre  genre. 

• 

Outre  les  deux  espèces  ci-dessus  décrites ,  qui  peuvent  être  envisagées  comme  les  types  du 
genre  ,  j'en  connais  plusieurs  autres ,  qui  méritent  la  même  attention. 

i"  Pachycormus  LATiROSTRisAgass.  Très-grande  espècc,  plus  grande  que  le  P.  macropterus, 
mais  à  tête  courte  et  à  museau  pointu.  Du  lias  de  Whitby. 

2°  Pachycormus  gracilis  Agass.  Espèce  très-voisine  du  P.  ciirtus ,  mais  plus  grêle.  La 
caudale  a  des  rayons  très-grêles  ;  elle  est  largement  fourchue.  Du  lias  de  Whitby. 

3°  Pachycormus  latipennis  Agass.  Espèce  assez  voisine  du  P.  latirostris,  mais  plus  petite  , 
à  pectorales  très-large.  Du  lias  de  Lyme-Regis. 

k"  Pachycormus  latus  Agass.  Espèce  très-large  el  trapue ,  à  tête  courte  et  petite.  Du  lias  de 
Whitby.  L'exemplaire  de  la  collection  de  lord  Enniskillen  est  précieux  en  ce  qu'on  y  voit  tous 
les  détails  du  squelette. 

5° Pachycormus  macropomus  Agass.  Espèce  à  tête  très.-haute  ,  à  dents  proportionnellement 
petites  ,  à  opercule  énorme.  L'original  se  trouve  dans  la  collection  de  M.  Constant  Prévost ,  et 
provient  des  Vaches-Noires  ,  en  Normandie. 

6"  Pachycormus  acutirostris  Agass.  Espèce  à  museau  pointu  ,  à  dents  fines  et  très-acérées. 
Du  lias  de  Whitby. 

Mon  Pachycormus  leptosteus  est  une  espèce  encore  douteuse  du  lias  de  Lyme-Regis. 

L'espèce  que  j'ai  citée  à  plusieurs  reprises  dans  mon  ouvrage ,  sous  le  nom  de  Pachycor- 
mus furcatus ,  doit  être  reportée  dans  le  genre  Caturus. 

J'ai  étiqueté  du  nom  de  Pachycormus  (jiganteus,  une  grande  espèce  qui  me  parait  plutôt  un 
Eugnathus,  d'après  la  comparaison  que  j'ai  faite  de  la  charpente  osseuse  des  deux  genres. 


—     M  5     — 


CHAPITRE   X. 


DU    GEXRE    CATURUS   Agass. 


Dans  l'origine ,  j'avais  appelé  ce  genre  Urœus:  mais  comme  ce  nom  avait  été  affecté  anté- 
rieurement à  un  genre  de  la  classe  des  reptiles,  je  le  changeai  par  la  suite  en  celui  de  Caturus, 
qu'il  porte  maintenant.  C'est  un  type  très-régulier  qui  rappelle  les  poissons  les  mieux  propor- 
tionnés de  notre  époque,  tels  que  les  Salmones  d'eau  douce  et  les  Clupes.  On  pourrait  même 
avoir  des  doutes  sur  la  famille  à  laquelle  il  appartient  si  sa  dentition  ne  nous  disait  assez  haute- 
ment que  c'est  un  vrai  Sauroïde.  11  se  rapproche  à  bien  des  égards  du  genre  Pachycormus  que 
nous  venons  de  décrire,  entre  autres  par  sa  forme  générale,  par  son  squelette  trapu  et  par  ses 
écailles  qui  sont  d'une  minceur  extrême.  Mais  a  côté  de  ces  ressemblances  nous  reconnaissons 
en  lui  des  dissemblances  non  moins  frappantes.  Les  principales  résident  dans  les  nageoires  :  la 
caudale  est  grande,  équilobe,  anguleuse  et  largement  échancrée  et  le  premier  rayon  est  garni 
jusqu'à  son  extrémité  de  petits  fulcres  ,  qui  n'existent  pas  ,  à  ma  connaissance  dans  le  genre 
Pachycormus.  D'un  autre  côté,  les  rayons  indivis  situés  en  avant  du  rayon  principal  sont  bien 
moins  longs.  La  dorsale  est  très-avancée,  opposée  aux  ventrales;  elle  est  de  moyenne  grandeur, 
ainsi  que  l'anale  et  les  ventrales.  Les  pectorales  sont  beaucoup  plus  petites  que  dans  le  genre 
précédent  :  les  vertèbres  sont  courtes  et  fort  larges ,  surmontées  d'apophyses  vigoureuses  qui 
s'inclinent  considérablement  en  arrière  dans  la  partie  caudale  du  tronc.  Les  côtes  sont  grêles; 
en  revanche  les  osselets  interapophysaires  sont  robustes.  Les  écailles  sont  très-minces  et  fort 
rarement  conservées;  leur  forme  est  rhomboïdale  ;  leur  surface  quelquefois  légèrement  striée. 
Les  mâchoires  sont  armées  de  grosses  dents  coniques,  très-serrées.  En  résumé  on  peut  dire 
que  le  caractère  prépondérant  de  notre  genre  c'est  de  n'en  point  avoir  de  saillant.  Aussi  pour 
le  bien  circonscrire,  faut-il  nécessairement  procéder  par  voie  d'exclusion.  Une  conséquence  de 
cet  état  de  choses,  c'est  qu'il  est  très-difficile  de  distinguer  les  espèces,  d'autant  plus  que  les 
fragmens  que  l'on  connaît,  sont  pour  l'ordinaire  très-détériorés  ;  ensorte  qu'à  cet  égard  un  cer- 
tain nombre  de  déterminations  ne  peuvent  être  envisagées  que  comme  provisoires. 

Ce  genre  est  propre  aux  terrains  jurassiques;  il  prédomine  surtout  dans  les  dépôts  récens  de 
cette  formation. 


—     116     — 

I.  Caturus  fiircatus  Agass. 
Vol.  2,  Tab.  S6a. 

Syn.  Vrœus  nuchalis  Agass.  insc.  —  Pachycormus  furcatus  Agass.  nisc. 

Cette  espèce  a  d'abord  été  rangée  dans  le  genre  Pachycormus  ,  à  cause  de  sa  caudale  forte- 
ment échancrée.  Mais  un  examen  plus  attentif  m'a  appris  que  c'est  au  genre  Caturus  qu'il 
convient  de  la  rapporter.  L'espèce  est  l'une  des  plus  grandes  du  genre  ;  l'exemplaire  figuré  n'a 
pas  moins  d'un  pied  quatre  pouces  de  long,  sur  près  de  quatre  pouces  de  large.  La  tète  est 
courte  ;   car  elle  n'égale  que  le  cinquième  de  la  longueur  totale.  Quoique  l'abdomen  soit  la 
partie  la  plus  large  du  corps,  il  est  cependant  bien  moins  prépondérant  que  chez  les  Pachycor- 
mus et,  d'un  autre  coté,  le  pédicule  de  la  queue  est  loin  d'être  aussi  grêle.  Ce  qui  frappe  sur- 
tout dans  notre  poisson,  ce  sont  ses  apophyses  épineuses,  qui  sont  très-robustes ,  surtout  les 
supérieures  ;   les  plus  longues  sont  au  dessus  de  l'anale  ;  elles  égalent  même  en  longueur  les 
côtes  qui  sont  excessivement  grêles.  Les  apophyses  des  dernières  vertèbres  abdominales,  près 
de  la  ceinture  thoracique,  sont  sensiblement  plus  courtes  et  très-serrées,  ce  qui  fait  supposer 
que  les  vertèbres  qui  les  portaient,  étaient  très-étroites  ;  celles  de  la  l'égion  caudale  sont  très- 
inclinées  comme  dans  toutes  les  espèces  de  ce  genre.  Les  osselets  interapophysaires,  ceux  de  la 
dorsale,  comme  ceux  de  l'anale,  sont  assez  larges  et  très-serrés.  A  part  la  caudale  ,  les  autres 
nageoires  ne  sont  pas  très-développées ,  mais  elles  sont  toutes  composées  de  rayons  très-divi- 
sés  et  articulés.  La  caudale  compte  un  grand  nombre  de  rayons;  mais  comme  elle  est  très- 
échancrée,  il  n'y  en  a  qu'un  petit  nombre  de  très-allongés.  Les  fulcres  du  premier  rayon  sont 
très-distincts  :  ceux  du  lobe  supérieur  s'étendent  même  au-delà  du  rayon ,  sur  la  ligne  dor- 
sale, où  l'on  en  compte  une  douzaine.  Les  rayons  du  milieu  de  la  nageoire  sont  comme  d'or- 
dinaire les  plus  divisés.  Tous,  à  l'exception  des  fulcres,  sont  articulés  ;  les  articles  sont  en  gé- 
néral plus  longs  que  larges  ,  mais  ils  ne  s'étendent  pas  jusqu'à  la  base  des  rayons.  La  gueule 
est  profondément  fendue  et  les  mâchoires ,  supérieure  et  inférieure ,  sont  armées  de  grosses 
dents  coniques  ,  très-uniformes  ,  qui  forment  un  i*atelier  très-serré.  On  distingue  ,  sous  la  mâ- 
choire inférieure ,  une  série  de  rayons  branchiostêgues  très  bien  conservés,  mais  assez  petits 
et  arqués  en  arrière.   L'orbite  est  grande  ,  les  écailles  sont  rhomboïdales  ,  assez  petites  ,  fort 
minces  et  à  bord  lisse.   M.  le  comte  de  Miinster  possède  un  exemplaire  dans  lequel  l'intes- 
tin est  conservé.  Il  est  reconnaissable  à  un  dessin  enzig-zag  très-particulier. 

Celte  espèce  est  fréquente  dans  le  calcaire  lithographique  de  Solenhofen.  L'original  de  ma 
planche  est  une  double  plaque  qui  a  été  déposée  au  musée  de  Prague  par  feu  M.  le  comte  de 
Sternberg.  Il  en  existe  aussi  des  exemplaires  dans  la  collection  de  M.  le  comte  de  Munster, 
dans  celles  de  Lord  Enniskillen  et  de  sir  Philipp  Egerfon,  ainsi  qu'au  musée  de  Munich. 

L'espèce  que  j'ai  étiquetée,  dans  plusieurs  collections,  du  nom  à'Urœus  nuchalis,  n'est 
autre  que  notre  C.  furcatus. 


—     U7     — 

W.  Catitkus  LATiTs  Miinst. 
Vol.  2,  Tab.  ^6. 

Cette  espèce  est  le  type  d'un  poisson  régulier.  Sa  plus  grande  largeur,  qui  égale  à-peu-près 
le  quart  de  sa  longueur,  est  en  avant  de  la  dorsale,  d'où  le  corps  se  rétrécit  insensiblement  jus- 
qu'à l'origine  de  la  caudale.  Ses  nageoires  sont  très-régulières.  La  caudale  est  vigoureuse, 
profondément  et  largement  échancrée ,  et  parfaitement  symétrique.  La  seule  différence  qu'on 
remarque  entre  les  deux  lobes ,  c'est  que  les  fulcres  du  premier  rayon  sont  un  peu  plus  déve- 
loppés au  lobe  supérieur  qu'au  lobe  inférieur.  Tous  les  rayons  sont  articulés  jusque  près  de 
leur  base  et  divisés  un  grand  nombre  de  fois.  Les  articles  sont  plus  longs  que  larges,  du  moins 
à  la  base  des  rayons.  La  dorsale  est  composée  d'une  douzaine  de  rayons  qui  vont  en  décrois- 
sant d'avant  en  arrière ,  de  manière  que  le  bord  postérieur  a  l'air  d'être  tronqué  verticale- 
ment ;  son  premier  rayon  est  garni  de  petits  fulcres  jusqu'au  sommet.  L'anale  a  beaucoup  de 
ressemblance  avec  la  dorsale,  ;  seulement  elle  est  un  peu  plus  petite.  Les  pectorales  sont  com- 
posées d'une  douzaine  de  rayons ,  tous  très-gros ,  divisés  nombre  de  fois  et  articulés  jusqu'à 
leur  base.  Ici  aussi  les  articles  sont  plus  longs  que  larges.  Les  ventrales  ne  sont  qu'imparfai- 
tement conservées  dans  notre  exemplaire;  mais  l'on  voit,  par  ce  qu'il  en  reste,  qu'elles  étaient 
très-grèles.  Les  vertèbres  sojit  très-grosses  surtout  celles  de  la  région  abdominale,  et  quoi- 
qu'elles ne  soient  pas  parfaitement  intactes,  on  peut  juger,  par  la  position  des  apophyses  supé- 
rieures, qu'elles  étaient  notablement  plus  larges  que  longues.  Les  cotes  sont  plus  longues,  mais 
aussi  plus  grêles  que  les  apophyses.  Ces  dernières  sont  le  plus  vigoureuses  dans  la  région  ab- 
dominale. Celles  de  la  queue  sont  beaucoup  plus  grêles  et  tellement  inclinées  sur  les  corps  de 
vertèbres,  qu'elles  paraissent  n'en  être  que  des  fulcres  latéraux.  Ce  n'est  qu^à  l'extrémité  infé- 
rieure delà  colonne  vertébrale  que  l'on  voit  aparaitre  de  nouveau  quelques  grosses  apophyses, 
destinées  à  supporter  le  lobe  inférieur  de  la  caudale.  La  tête  est  petite,  un  peu  plus  longue  que 
haute  ;  elle  est  contenue  à-peu-près  cinq  fois  dans  la  longueur  du  corps.  L'œil  est  petit.  La 
gueule  est  profondément  fendue  et  armée  d'un  nombre  considérable  de  dents  très-fortes  et 
coniques.  Les  écailles  n'ont  laissé  que  leurs  empreintes  ,  et  d'après  ce  que  l'on  peut  en  juger, 
il  paraît  qu'elles  étaient  lisses  et  à  bords  unis. 

En  combinant  tous  ces  caractères,  on  trouve  une  très-grande  ressemblance  entre  cette  es- 
pèce et  mon  Caturus  furcatus  décrit  ci-dessus  ;  ensorte  qu'il  se  pourrait  très-bien  qu'elle  ne 
fût  qu'une  variété  d'âge  de  ce  dernier.  L'original  d'après  lequel  M.  le  comte  de  Miinster  a 
établi  cette  espèce  est  un  magnifique  exemplaire  provenant  de  Solenhofen  et  faisant  partie  de 
sa  collection. 


—     H8     — 

III.    Caturus   similis  Agass. 

.Vol.  2,  Tab.  66  a,  %.  9. 

.l' ai  fait  représenter  un  fragment  de  mâchoire  d'une  espèce  de  la  craie  blanche  de  Kent  qui 
se  trouve  dans  la  collection  de  M.  Mantell  et  que  je  crois  appartenir  au  genre  Caturus.  Il  se 
distingue  par  l'uniformité  de  ses  dents  qui  sont  assez  régulièrement  espacées  et  proportionnel- 
lement plus  courtes  que  dans  les  autres  espèces  du  genre. 


Les  espèces  qui  restent  à  décrire  sont  : 

1°  Caturus PACHYURUS  Agass.  Espèce  à  queue  épaisse  et  dont  le  corps  est  tout  d'une  venue. 
La  caudale  est  grande  et  profondément  échancrée.  Du  calcaire  lithographique  de  Solenhofen. 

2°  Caturus  macrurus  Agass.  Petite  espèce  d'environ  quatre  pouces  de  long,  trapue ,  et 
dont  le  squelette  est  vigoureux.  Du  calcaire  lithographique  de  Soienhofen. 

3°  Caturus  maximus  Agass.  Espèce  remarquable  par  lé  prolongement  démesuré  des  lobes 
de  la  caudale  qui  ont  quelquefois  jusqu'à  un  pied  de  long.  Les  fulcres  qui  bordent  le  rayon 
principal  sont  plus  dégagés  que  ceux  du  Caturus  furcatus. 

U°  Caturits  angustus  Agass.  Espèce  très-allongée,  remarquable  par  le  développement  exces- 
sif des  fulcres  du  lobe  supérieur  de  la  caudale.  Du  portlandien  de  (iarsington  près  d'Oxford. 

5°  Caturus  microchirus  Agass.  Petite  espèce  à  pectorales  larges,  mais  courtes.  Les  dents  de 
la  mâchoire  inférieure  sont  plus  grandes  et  plus  distantes  les  unes  des  ajitres  que  celles  de  la 
mâchoire  supérieure.   Du  calcaire  lithographique  de  Solenhofen. 

6°  Caturus  branchiostegus  Agass.  Petite  espèce  à  mâchoires  courtes  et  à  dents  très-rap- 
prochées.  Les  rayons  branchiostègues  antérieurs  sont  plus  larges  que  les  suivans.  Du  calcaire 
lithographique  de  Solenhofen. 

7°  Caturus  elongatus  Agass.  Espèce  allongée ,  à-peu-près  tout  d'une  venue  ,  à  tête 
grosse ,  à  caudale  très-développée  et  largeujent  échancrée.  Du  calcaire  lithographique  de 
Solenhofen . 

8°  Caturus  macrodus  Agass.  Grande  espèce  à  dents  très-fortes  et  irrégulières;  peut-être 
n'est-elle  cependant  qu'une  variété  du  Caturus  furcatus. 

9°  Caturus  Meyeri  Miinst.  Grande  espèce  ,  trapue  et  renflée.  Elle  est  surtout  remarquable 
par  son  squelette  très-grèle  et  par  ses  apophyses  vertébrales  très-resserrées  qui  ne  permettent 
pas  de  la  confondre  avec  aucune  de  ses  congénères.  Des  schistes  noirs  (Lias)  de  Werthern 
dans  le  Rawensberg. 

10°  Caturus  pleiodus  Agass.  De  l'oolite  de  Stonesfield.  Quoique  je  ne  connaisse  que  la 
mâchoire  supérieure  de  cette  espèce ,  je  crois  cependant  pouvoir  affirmer  qu'elle  diffère  de  ses 
congénères  par  le  nombre  et  la  forme  de  ses  dents. 


—     H9     — 

1 1°  Caturus  BucKLAiNiu  Agass.  Du  Lias  de  Lyme-Regis.  Je  ne  connais  que  la  partie  anté- 
rieure du  tronc  et  la  tête  de  cette  espèce.  Les  formes  trapues  de  la  tête  lui  assignent  invaria- 
blement une  place  dans  ce  genre. 

L'espèce  que  j'ai  citée  et  étiquetée  à  plusieurs  reprises  sous  le  nom  d'Urœus  ou  Caturus 
macrorephol us  esl  un  Pholidophore.  (Voyez  plus  haut  T^  partie  p.  274.)  C'est  maintenant  mon 
Pholidophonis  itmcrocephalus . 

Le  genre  Amblysemius  que  je  ne  connais  encore  que  très-imparfaitement  doit  prendre  place 
à  la  suite  des  Caturus.  Il  se  distingue  par  sa  forme  élancée  ,  par  des  vertèbres  moins  massi- 
ves et  des  apophyses  épineuses  plus  grêles  que  celles  des  Caturus.  L'extrémité  de  la  colonne 
vertébrale  est  fortement  relevée,  et  cependant  la  caudale  est  très-régulière  et  fourchue.  La 
dorsale  est  la  plus  large  des  nageoires  ;  c'est  ce  qui  a  valu  à  ce  genre  le  nom  que  je  lui  ai 
donné. 


■  rM^OO-fe'^ai 


—     120     — 


CHAPITRE   XI. 

DU   GENRE   SAUROPSIS  âgass. 


Ce  genre  est  l'un  des  mieux  caractérisés  de  toute  la  famille  des  Sauroïdes ,  par  son  sque- 
lette aussi  bien  que  par  ses  tégumens  et  ses  nageoires.  Quant  au  squelette ,  il  n'est  aucun 
Sauroïde  qui  ait  des  vertèbres  aussi  courtes  ;  leur  longueur  n'égale  pas  la  moitié  de  leur 
hauteur,  et  comme,  jnalgré  cela,  ces  poissons  ne  sont  pas  très-trapus,  le  nombre  des  a  ertèbres 
doit  par-là  même  être  très-considérable.  Aussi  les  apophyses ,  quoique  grêles ,  sont  tellement 
rapprochées  qu'elles  se  touchent  en  quelque  sorte  ;  et  comme  le  dos  est  en  outre  garni  d'os- 
selets interapophysaires  inermes ,  le  tout  forme  une  grille  osseuse  très-serrée.  Les  côtes  sont 
grêles  ,  plus  longues  et  moins  arquées  que  les  apophyses. 

Les  écailles  sont  d'une  petitesse  extrême  ,  au  point  de  n'avoir  parfois  que  la  grandeur  d'une 
tête  d'épingle  ;  leur  forme  est  rhomboïdale  ,  autant  que  j'ai  pu  m'en  assurer  jusqu'ici.  Mais 
comme  elles  sont  en  même  temps  très-minces  ,  il  en  résulte  qu'elles  sont  rarement  conservées  ; 
aussi  ne  sont-elles  pas  ordinairement  d'un  bien  grand  secours  pour  la  détermination  géné- 
rique. 

Un  autre  caractère  générique  réside  dans  les  pectorales,  qui  sont  excessivement  développées , 
au  point  qu'elles  débordent  de  beaucoup  l'origine  des  ventrales.  Celles-ci  sont  mésogastriques 
et  par  conséquent  également  rapprochées  de  l'anale  et  des  pectorales.  La  dorsale  est  opposée  à 
l'anale;  la  première  est  assez  petite;  l'anale,  au  contraire,  est  fort  large  et  s'étend  jusque  près  de 
''origine  de  la  caudale.  La  caudale  elle-même  est  équilobe ,  très-dilatée ,  et  largement  four- 
chue ;  il  y  a ,  à  la  base  de  chaque  lobe ,  un  certain  nombre  de  petits  rayons  indivis  ;  mais  le 
•rayon  principal  n'est  pas  hérissé  de  fulcres.  Les  rayons  de  toutes  les  nageoires  sont  très-fins. 

La  tête  est  courte  et  grosse  ;  les  mâchoires  sont  armées  de  dents  coniques,  très-acérées  et  as- 
sez espacées. 

D'après  cette  diagnose ,  il  est  assez  facile  de  déterminer  le  genre  Sauropsis ,  soit  que  l'on 
ait  sous  les  yeux  une  portion  du  squelette  ou  quelque  partie  de  la  cuirasse  tégumentaire 
avec  les  nageoires. 

C'est  un  genre  propre  à  la  formation  jurassique.  Je  n'en  connais  jusqu'ici  que  trois  espèces. 
Ce  sont  des  poissons  d'assez  grande  taille  et  de  forme  régulière.  ' 


I 


—     i2\     — 


Sauropsis  longimanus  Agass, 


Vol.  2  ,  Tab.  60. 


J'envisage  oeUe  espèce  comme  le  type  de  mon  genre  Sauropsis.  C'est  un  poisson  très-bien 
proportionné ,  d'un  pied  de  long  sur  deux  pouces  et  demi  de  large.  La  tète  est  contenue  plus 
de  cinq  fois  dans  la  longueur  totale  ;  elle  est  par  conséquent  très-courte.  Mais  ce  qui  frappe  au 
premier  coup-d'œil ,  c'est  l'énorme  quantité  d'apophyses  épineuses  ,  de  côtes  et  d'osselets  in- 
terapophysaires  qui  entrent  dans  la  composition  du  squelette.  Le  nombre  des  apophyses,  de- 
puis la  nuque  jusque  un  peu  au-delà  de  la  dorsale ,  n'est  pas  moins  de  quatre-vingt  dix , 
ensorte  qu'en  évaluant  à  quarante  celles  qui  occupent  l'espace  entre  la  dorsale  et  l'anale  (d'après 
la  manière  dont  elles  sont  serrées  en  quelques  endroits)  ,  ce  poisson  n'aurait  pas  moins  de 
cent  et  quarante  vertèbres.  Sur  ce  nombre  il  y  en  aurait  environ  trente-cinq  d'abdominales  et 
par  conséquent  autant  de  paires  de  côtes  ,  à  supposer  que  toutes  les  vertèbres  en  portaient  une 
paire.  Les  vertèbres  elles-mêmes  ne  sont  pas  conservées  ,  ce  qui  me  fait  présumer  qu'elles  n'é- 
taient qu'imparfaitement  ossifiées.  On  ne  les  reconnaît  qu'aux  empreintes  qu'elles  ont  occa- 
sionnées ,  et  qui  sont  tellement  étroites  que  leur  longueur  n'égale  pas  même  le  quart  de  leur 
hauteur.  Les  apophyses  ,  ainsi  que  les  côtes,  sont  excessivement  grêles.  Les  premières  sont  d'a- 
bord presque  droites ,  mais  elles  s'inclinent  insensiblement  en  arrière ,  et  celles  de  la  région 
postérieure  sont  surtout  fortement  recourbées.  Les  osselets  inlerapophysaires  sont  longs,  mais 
également  minces.  Ceux  de  l'anale  ,  qui  sont  le  plus  en  vue  dans  notre  exemplaire  ,  sont  pres- 
que aussi  grands  que  les  apophyses  auxquelles  ils  correspondent.  Le  premier  surtout  est  fort 
allongé  et  recourbé  en  avant  d'une  manière  toute  particulière.  Ceux  de  la  partie  postérieure 
de  la  nageoire  deviennent  de  plus  en  plus  courts.  Quoique  les  apophyses  vertébrales  soient 
très-serrées,  il  me  paraît  cependant  que  les  osselets  interapophysaires  le  sont  encore  davantage, 
et  qu'il  y  en  a  parfois  plus  d'un  par  apophyse.  Les  nageoires  reflètent  en  quelque  sorte  à 
l'extérieur  cette  forme  grêle  du  squelette ,  car  leurs  rayons  sont  tous  sans  exception  excessi- 
vement fins.  Les  pectorales  qui  ont  valu  à  l'espèce  son  nom  sont  très-dévcloppées ,  fort  lon- 
gues et  en  même  temps  très-larges.  Les  plus  grands  rayons  débordent  beaucoup  l'insertion 
des  ventrales.  Autant  les  pectorales  sont  grandes,  autant  les  ventrales  sont  petites.  Nous 
avons  déjà  indiqué  comme  un  caractère  générique  leur  position  mésogastrique  qui  les  rap- 
proche également  des  pectorales  et  de  l'anale.  La  dorsale  occupe  une  position  assez  reculée  ;  elle 
est  peu  large,  mais  ses  rayons  sont  assez  longs,  surtout  les  premiers.  L'anale  occupe  un  es- 
pace considérable.  Son  insertion  est  un  peu  en  arrière  de  celle  de  la  dorsale.  Ses  premiers 
rayons  ont  environ  un  pouce  de  long ,  mais  ils  décroissent  rapidement  et  les  derniers  sont  fort 
courts.  La  caudale  est  grande  ,  équilobe  et  profondément  échancrée  ;  ses  rayons  qui  sont  déjà 
très-fins  par  eux-mêmes  ,  se  dichotoment  encore  à  plusieurs  reprises.  Au  milieu  de  cette  quan- 
ToM.  II.  2'  Part.  16 


—     i22     — 

tité  de  rayons  si  fins  et  si  homogènes,  il  est  curieux  d'en  voir  au  milieu  six  qui  se  distinguent 
par  une  forme  toute  particulière.  Ils  sont  courts  ,  ondulés  et  très-espaces  et  appartiennent  selon 
toute  apparence  au  lobe  supérieur.  Les  rayons  indivis  de  la  base  des  lobes  s'allongent  insen- 
siblement le  long  du  premier  grand  rayon.  Il  n'y  a  aucune  trace  de  fulcres  tels  qu'ils  existent 
dans  la  plupart  des  autres  genres.  Par-là  les  Sauropsis  se  rapprochent  du  genre  Pachycormus. 
On  ne  distingue  point  non  plus  d'articulations  aux  rayons  ;  mais  c'est  sans  doute  une  consé- 
quence de  l'état  de  conservation  de  notre  exemplaire ,  dont  les  rayons  ne  sont  généralement 
reconnaissables  qu'à  leurs  empreintes. 

Les  écailles  sont  très-petites  ,  en  forme  de  losanges  réguliers  et  en  général  uniformes.  Si  on 
vient  à  les  examiner  à  la  loupe ,  on  trouve  qu'elles  sont  finement  striées  dans  le  sens  longitu- 
dinal. La  ligne  latérale  est  distincte  dans  noti'e  exemplaire  ,  elle  suit  assez  régulièrement  la  co- 
lonne vertébrale. 

La  tête  est  courte ,  à-peu-près  aussi  haute  que  longue.  Aucun  de  ses  appareils  n'est  bien 
robuste ,  à  l'exception  de  la  ceinture  thoracique  qui  supporte  les  pectorales.  Les  dents  sont 
très-acérées ,  mais  en  même  temps  assez  distantes  les  unes  des  autres. 

L'original  de  ma  planche  se  trouve  au  Musée  de  Munich.  Il  provient  des  schistes  de  So- 
lenhofen.  Il  en  existe  un  autre  exemplaire  dans  la  collection  de  M.  le  comte  de  Miinster. 

Le  Sauropsis  LATus  est  une  espèce  également  très-remarquable  ;  ses  dimensions  sont  un  peu 
plus  considérables  que  celles  du  S.  longimanus  ;  elle  est  surtout  plus  large  ;  la  dorsale  est  plus 
reculée.  Les  apophyses  sont  tout  aussi  grêles  ;  mais  les  vertèbres  ne  paraissent  pas  être  tout- 
à-fait  aussi  courtes.  Elle  se  trouve  dans  le  lias  deGoppingen,  de  l'Oberland  badois  et  de  Lyme- 
Regis.  Je  décrirai  cette  espèce  dans  mes  Supplémens  ,  avec  une  troisième  espèce  provenant  de 
Stonesfield  que  j'appelle  Sauropsis  mordax. 


i 


—     125     — 


CHAPITRE   XII. 

DU  GENRE  TimiSSOPS  Agass. 


Ce  genre  est  voisin  à  certains  égards  du  genre  Sauropsis  décrit  ci-dessus.  C'est  la  même 
forme  générale  du  corps  et  le  même  squelette  grêle  et  délicat ,  mais  avec  cette  différence 
que  les  vertèbres  sont  bien  moins  courtes  et  les  apophyses  par  conséquent  bien  moins  rappro- 
chées. La  longueur  des  vertèbres  est  à-peu-près  égale  à  leur  hauteur  dans  presque  toutes  les 
espèces  ;  leur  nombre  ne  dépasse  pas  soixante ,  tandis  que  nous  avons  vu  qu'il  est  de  plus 
du  double  dans  le  Sauropsis  lonyimanus.  Les  côtes  et  même  les  apophyses  se  font  remar- 
quer par  leur  longueur,  surtout  dans  les  espèces  de  Solenhofen. 

La  disposition  des  nageoires  est  un  caractère  important  de  ce  genre.  Les  pectorales  sont 
grandes ,  étroites  et  composées  d'un  petit  nombre  de  gros  rayons  ;  les  ventrales  sont  petites  ; 
l'anale  est  de  nouveau  très-grande  et  s'étend  souvent  jusqu'à  l'origine  de  la  caudale ,  oc- 
cupant parfois  le  quart  de  la  longueur  totale  du  corps.  La  caudale  est  inéquilobe.  Les  rayons 
de  toutes  les  nageoires  sont  dicliotomés  et  articulés  ;  les  articles  sont  d'ordinaire  plus  longs 
que  larges.  La  tête  est  courte  et  ramassée ,  il  est  rare  qu'elle  égale  plus  du  cinquième  de  la 
longueur  totale.  Les  mâchoires  sont  grêles  ;  les  dents  petites  et  très-acérées. 

Lorsque  jétablis  le  genre  Thrissops  sur  ces  caractères ,  je  n'en  connaissais  que  quelques 
espèces  ;  mais  depuis  lors  il  s'est  trouvé ,  parmi  les  poissons  auxquels  cette  diagnose  peut 
s'appliquer,  des  espèces  d'aspect  si  différent  que  je  ne  puis  me  dispenser  de  les  diviser  en 
plusieurs  groupes ,  dont  l'on  fera  probablement  par  la  suite  des  genres  distincts  lorsqu'on 
connaîtra  mieux  tous  les  détails  de  leur  organisation. 

Je  range  dans  le  premier  de  ces  groupes  ,  dont  le  Thrissops  formosus  est  le  type  ,  les  espèces 
à  caudale  très-large  et  profondément  échancrée.  Les  côtes  et  les  apophyses  sont  très-longues  ; 
les  écailles  grandes ,  minces  et  plus  hautes  que  longues.  Toutes  les  espèces  de  Solenhofen  ap- 
partienYient  à  ce  groupe. 

Le  second  groupe  a  pour  type  le  Thrissops  micropodius.  La  caudale  est  beaucoup  plus  pe- 
tite et  moins  échancrée.  La  dorsale  correspond  au  milieu  de  l'anale.  Les  écailles  sont  petites , 
rhomboïdales  et  épaisses.  Le  corps  est  plus  élancé  et  l'abdomen  moins  renflé.  Considérés  au 
point  de  vue  géologique,  tous  les  Thrissops,  ou  Sauroïdes  à  grande  anale  et  à  dorsale  très-recu- 
lée, paraissent  être  essentiellement  jurassiques ,  soit  qu'on  les  envisage  comme  un  seul  genre 
ou  qu'on  les  divise  en  deux. 


—     124     — 

I.  Thrissops  roRMosus  Agass. 
Vol.   2,  Tab.  6Sfl. 

Cette  espèce  est  celle  que  j'envisage  comme  le  vrai  type  du  genre  Thrissops.  L'exemplaire 
figuré  est  l'un  des  plus  beaux  poissons  fossiles  que  l'on  puisse  voir  ;  aussi  rien  n'est  plus  facile 
que  d'en  étudier  en  détail  tous  les  caractères.  La  tête  est  très-petite  ;  elle  est  contenue  presque 
sept  fois  dans  la  longueur  du  corps.  La  plus  grande  largeur  est  au  milieu  du  corps  près  des 
ventrales  ;  de-là  le  tronc  se  rétrécit  insensiblement  jusqu'au  pédicule  de  la  queue.  Les  na- 
geoires présentent  plusieurs  particularités  dignes  de  remarque  ;  les  pectorales ,  de  moyenne 
grandeiu'  mais  peu  larges  ,  sont  composées  d'un  petit  nombre  de  rayons  ,  bifurques  nombre  de 
fois.  Les  ventrales ,  situées  au  milieu  de  l'espace  entre  l'anale  et  les  pectorales ,  sont  très-pe- 
tites ,  et  ne  comptent  guère  que  quatre  ou  cinq  rayons.  L'anale  commence  par  un  lobe  très- 
proéminent  mais  peu  large,  et  se  termine  par  de  très-petits  rayons  qui  sont  tous  bifurques  et  dis- 
tinctement articulés.  La  dorsale  n'est  pas  conservée  dans  notre  exemplaire  ,  on  n'en  reconnaît 
que  les  contours  ;  mais  je  me  suis  assuré  par  l'étude  d'autres  exemplaires  qu'elle  n'est  pas  très- 
développée  ;  elle  a  à-peu-près  la  forme  et  les  dimensions  du  lobe  antérieur  de  l'anale.  La  cau- 
dale est  très-grande,  équilobe  ou  à-peu-près,  largement  et  profondément  échancrée;  ses  rayons 
qui  sont  assez  grêles ,  sont  tous  articulés  et  dicholomés  à  leur  extrémité  ;  ceux  du  milieu  sont 
même  très-ramifiés.  Les  articles  sont  sensiblement  plus  longs  que  larges.  Les  grands  rayons 
qui  sont  au  moins  au  nombre  de  douze  dans  chaque  lobe ,  sont  précédés  de  plusieurs  rayons 
indivis,  assez  longs.  La  nageoire  est  supportée  par  les  trois  dernières  vertèbres  caudales.  La 
dernière  qui  est  très-dilatée  porte  les  rayons  du  milieu  ;  l'avant-dernière  et  l'antépénultième 
servent  de  soutien  aux  grands  rayons  et  aux  petits  rayons  simples  du  bord. 

Les  écailles  sont  très-grandes  ;  aussi  n'en  compte-t-on  que  douze  rangées  longitudinales  dans 
la  partie  la  plus  élargie  du  poisson.  Il  est  difticile  de  s'en  faire  une  idée  exacte  d'après  notre 
exemplaire ,  par  la  raison  qu'on  ne  les  voit  que  par  la  face  interne  et  que  leur  contour  posté- 
rieur reste  caché  ;  ensorte  que  la  figure  2  ne  représente  que  le  bord  antérieur  qui  est  arrondi. 
Tout  ce  que  j'ai  pu  voir  c'est  qu'elles  sont  très-minces. 

C'est  le  squelette  qui  mérite  le  plus  de  fixer  l'attention  de  l'ichtliyologisle  ,  d'abord  à  cause 
de  sa  structure  ,  et  ensuite  parce  qu'étant  ordinairement  seul  conservé  ,  il  est  d'un  intérêt  plus 
pratique  pour  le  géologue.  Toutes  les  parties,  jusqu'aux  arêtes  musculaires  sont  conservées  avec 
la  plus  grande  netteté.  La  colonne  vertébrale  est  plutôt  grêle  que  massive.  Le  nombre  des 
vertèbres  est  de  cinquante-quatre  ,  dont  vingt-huit  caudales  et  vingt-six  abdominales.  Ces  der- 
nières sont  à-peu-près  toutes  intactes.  Les  vertèbres  caudales  ,  au  contraire,  sont  divisées  par 
le  milieu  ,  ensorte  que  l'on  voit  la  ca\  ité  à  double  cône  de  l'intérieur  des  vertèbres  ;  elles  sont 
en  outre  plus  longues  et  plus  grêles  que  les  vertèbres  abdominales.  Les  côtes  sont  longues  et 


—     125     — 

grêles  ;  les  premières  surtout  sont  fort  minces.  Les  apophyses  sont  moins  développées  cl  toutes 
régulièrement  anpiées.  Celles  de  la  région  caudale  s'articulent  siu'  le  milieu  des  corps  de  ver- 
tèbres ;  celles  de  la  région  abdominale ,  au  contraire ,  près  du  bord  postérieur  ;  la  base  des 
apophyses  supérieures  est  surmontée  d'un  double  crochet  ou  rendement  longitudinal.  Les  apo- 
physes inférieures  ,  au  contraire  ,  n'ont  qu'un  léger  renflement  en  avant.  La  fig.  3  représente 
une  vertèbre  caudale  grossie,  d'un  grand  exemplaire,  pour  faire  voir  ce  mode  d'insertion. 
Les  arêtes  musculaires  sont  fines ,  à-peu-près  aussi  longues  que  les  apophyses ,  mais  beau- 
coup plus  inclinées  ;  elles  sont  attachées  au  bord  antérieur  articulaire  des  vertèbres  abdomi- 
nales. Les  osselets  interapophysaires  sont  grêles  et  petits  ,  comparativement  aux  autres  parties 
du  squelette  ;  il  y  en  a  un  pour  chacun  des  rayons  de  la  dorsale  et  de  l'anale.  La  grande  net- 
teté de  tons  ces  os  et  leur  bel  état  de  conservation  ,  me  font  supposer  que  ce  poisson  n'avait 
point  d'osselets  inermes  ;  car  dans  ce  cas  il  en  serait  resté  quelques  traces  sur  l'un  ou  l'autre 
des  exemplaires  que  je  connais.  Les  rayons  branchioslègues  sont  courts  et  nombreux.  La 
gueule  est  très-peu  fendue.  Les  dents  ne  sont  qu'imparfaitement  conservées ,  mais  il  parait 
quelles  étaient  petites  ;  en  général ,  je  crois  que  les  Thrissops  et  surtout  ceux  de  Solenhofen  . 
étaient  peut-être  les  moins  voraces  de  tous  les  Sauroïdes. 

L'original  de  ma  planche  est  l'un  des  ornemens  de  la  collection  de  M.  le  comte  de  Munster. 
Il  provient  du  calcaire  de  Kehiheim ,  ainsi  que  plusieurs  autres  exemplaires  également  fort 
beaux,  qui  se  trouvent  dans  la  même  collection.  11  en  existe  un  autre  non  moins  parfait  au  Mu- 
sée de  Munich  ,  provenant  de  Solenhofen. 

IL  TiiRissops  Cephaius  Agass. 
Vol.  2,  Tab.  61,  fig.  1-5. 

Quoique  cette  espèce  soit  très-petite  ,  relativement  à  l'espèce  décrite  ci-dessus  ,  je  ne  doute 
cependant  pas  qu'elle  n'appartienne  au  genre  Thrissops  ,  et  au  groupe  du  Th.  formosus.  Si  au 
premier  coup-d'œil ,  on  peut  être  induit  en  erreur  et  la  prendre  pour  un  Leptolepis ,  il  suffit 
d'examiner  avec  quelque  attention  la  disposition  des  nageoires ,  et  en  particulier  de  l'anale , 
pour  reconnaître  ses  véritables  affinités.  Or,  pour  peu  que  l'on  accorde  quelque  importance  à 
ce  caractère  ,  on  ne  pourra  laisser  réunies  dans  un  même  genre  des  espèces  chez  lesquelles  la 
dorsale  est  plus  reculée  que  l'anale  ,  et  d'autres  chez  lesquelles  elle  est  opposée  aux  ventrales  , 
comme  dans  les  Leptolepis  macrolepidotus  et  polyspondylus  (fig.  4-6  et  7  et  8).  Les  écailles 
n'étant  pas  conservées  ne  peuvent  nous  fournir  aucun  indice.  Le  squelette ,  en  revanche  ,  est 
très-distinct  ;  les  vertèbres  sont  grosses  ;  les  apophyses  épineuses  sont  longues ,  relativement 
à  la  taille  du  poisson;  en  revanche,  il  m'a  été  impossible  de  découvrir  des  osselets  interapophy- 
saires inermes,  ensorte  que  sous  ce  rapport ,  il  y  a  une  différence  importante  à  signaler  entre 
notre  espèce  et  le  T.  interinedhis.  Quant  anx  nageoires,  on  ne  saurait  nier  leur  grande  affinité 


—     126     — 
avec  les  nageoires  des  autres  Thrissops  :  les  pectorales  sont  grandes;  les  ventrales  sont  petites  ; 
plus  rapprochées  de  l'anale  que  des  pectorales  ;  l'anale  occupe  une  assez  grande  étendue  ;  la 
caudale  est  équilobe  et  profondément  fourchue  ;  la  dorsale  est  petite.  La  tête  est  grande  propor- 
tionnellement au  tronc  ;  l'œil  est  énorme. 

C'est  une  espèce  propre  au  calcaire  de  Solenhofen.  Les  originaux  se  trouvent  dans  la  col- 
lection de  M.  le  comte  de  Miinster. 

II L  Thrissops  micropoduis  Agass. 

Vol.  2,  Tab.  m. 

Le  caractère  dominant  de  cette  espèce  consiste  dans  sa  forme  très-élancée,  qui  rappelle  un 
peu  les  Brochets  de  nos  jours;  aussi  M.  de  Blainville  Ta-t-il  désignée  sous  le  nom  d\Esox 
incognitm.  Cette  erreur  est  d'autant  plus  excusable  que  les  écailles  sont  ordinairement  émous- 
sées  à  leurs  angles ,  ce  qui  fait  que  l'on  est  naturellement  tenté  d'y  reconnaître  le  type  ordi- 
naire des  écailles  de  Cycloïdes.  Ayant  examiné  le  même  exemplaire  que  celui  que  décrit  M.  de 
Blainville,  j'ai  cependant  découvert,  le  long  de  la  ligne  latérale,  et  près  de  la  ceinture  thora- 
cique,  quelques  endroits  où  les  écailles  sont  mieux  conservées  et  où  elles  trahissent  leur  forme 
rhomboïdale.  Ce  qui  prouve  d'ailleurs  que  c'est  bien  là  la  forme  normale  des  écailles,  c'est  que 
dans  la  partie  postérieure  du  corps,  qui  n'a  laissé  que  son  empreinte  sur  la  pierre,  le  contour 
des  écailles  est  réellement  anguleux  et  non  pas  arrondi.  La  tète  est  petite  proportionnel- 
lement au  corps  ,  elle  n'égale  guère  que  le  sixième  de  sa  longueur  totale ,  mais  toutes  ses  par- 
ties sont  bien  conservées  ;  l'on  reconnaft  entre  autres  l'opercule  qui  est  large  et  à  bords  droits 
en  arrière;  le  préopercule  qui  est  étroit  et  dentelé  en  avant,  et  plusieurs  os  du  crâne,  ainsi  que 
les  mâchoires.  L'orbite  est  grande.  Les  mâchoires  ne  sont  pas  très-robustes.  Les  dents  sont 
coniques  et  entremêlées  de  dents  plus  petites  ,  comme  dans  le  genre  Jspidorhtjnchus.  Sous 
la  mâchoire  inférieure ,  on  remarque  une  série  de  rayons  branchiostègues  qui  ne  sont  pas 
très-serrés. 

Les  nageoires  sont  en  général  petites,  surtout  les  ventrales  qui  sont  plus  rapprochées  des  pec- 
torales que  de  l'anale.  Les  pectorales  sont  beaucoup  plus  grandes  ;  elles  ont  au  moins  douze 
rayons,  dont  le  premier,  qui  est  le  plus  grand ,  a  près  d'un  pouce  et  demi  de  long.  L'anale 
s'étend  jusqu'à  l'origine  de  la  caudale  ,  et ,  comme  ses  rayons  vont  en  décroissant  d'avant  en 
arrière,  il  en  résulte  que  les  derniers  sont  très-petits.  Le  nombre  total  des  rayons  est  très-consi- 
dérable. La  dorsale  correspond  par  son  bord  antérieur  au  milieu  de  l'anale;  ses  rayons  sont 
un  peu  plus  longs  que  ceux  de  cette  dernière  nageoire  et  se  divisent  en  un  très-grand  nombre 
de  lilets  à  leur  extrémité.  La  caudale  est  très-i'égulière  et  largement  échancrée  ;  en  avant  du 
rayon  principal ,  on  remarque  une  quantité  de  petits  rayons  fourchus  et  indivis.  Les  rayons 
du  milieu  de  la  caudale  sont  courts,  fort  larges  à  leur  base  et  divisés  un  très-grand  nombre  de 


—     127     — 

fois,  de  manière  qu'ils  représentent  chacun  un  faisceau  de  très-pelils  filets.  Les  articles  dos 
grands  rayons  sont  fort  longs  et  leurs  articulations  forment  sur  chacun  des  lobes  des  séries 
obliques  régulières.  Le  rayon  principal  des  deux  lobes  est  en  outre  hérissé  de  fulcres  jus- 
qu'à son  extrémité. 

Le  poisson  que  je  viens  de  décrire  se  trouve  dans  la  collection  du  Muséum  de  Paris.  Son 
origine  n'est  pas  connue  d'une  manière  précise  ;  mais  il  parait  cependant,  d'après  tous  les  in- 
dices, que  c'est  un  poisson  jurassique.  Il  est  renfermé  dans  une  sorte  de  rognon  argileux. 
C'est  jusqu'ici  la  seule  espèce  de  ce  groupe. 

IV.   ThRISSOPS  IISTERMEDIUS  MilUSt. 

Vol.  2,  Tab.  66. 

M.  le  comte  de  Munster  appelle  cette  espèce  Th.  intermedius  sans  doute  par  ce  qu'elle  est  à 
plusieurs  égards  intermédiaire  entre  les  Thrissops  et  les  Sauropsis.  Je  dois  cependant  conve- 
nir que  depuis  que  j'ai  soumis  ces  deux  genres  à  une  nouvelle  révision,  je  lui  trouve  plus  de 
ressemblance  avec  le  dernier.  Elle  n'a  en  réalité  des  Thrissops  que  la  dorsale  reculée  et  oppo- 
sée à  l'anale.  Mais  par  la  nature  de  son  squelette ,  elle  se  rapproche  beaucoup  plus  du  genre 
Sauropsis.  Ses  vertèbres  sont  J)eaucoup  plus  hautes  que  longues  :  ses  côtes  et  ses  apophyses 
sont  courtes  et  grêles  ;  enfin  elle  est  pourvue  d'osselets  interapophysaires  inermes  tout  le  long 
du  dos.  Ceux  qui  portent  les  rayons  sont  un  peu  plus  vigoureux  ;  leur  nombre  correspond 
exactement  à  celui  des  apophyses  ;  mais  ils  sont  luoins  nombreux  que  les  rayons  ,  et  le  plus 
souvent  un  osselet  porte  deux  rayons.  Ce  sont  là  autant  de  caractères  qui  ne  se  retrouvent 
dans  aucun  Thrissops,  du  groupe  du  Th.  formosm.  J'ajouterai  encore  qu'il  y  a  au  milieu  de 
la  caudale,  à  la  base  des  derniers  rayons  du  lobe  supérieur,  quatre  apophyses  d'une  forme  par- 
ticulière, absolument  comme  celles  que  nous  avons  signalées  dans  le  Sauro/js/s  longimani(s.  La 
caudale  est  au  reste  largement  et  profondément  échancrée.  La  dorsale  est  longue  et  étroite  . 
l'anale  occupe  ime  bonne  partie  du  bord  inférieur;  ses  premiers  rayons  forment  un  lobe  sail- 
lant ,  les  suivans  sont  beaucoup  plus  courts ,  ils  sont  tous  très-fins,  ainsi  que  ceux  de  la  dor- 
sale. L'anale  est  très-petite  et  fort  rapprochée  des  pectorales  ;  ensorte  que  sous  ce  rapport 
aussi  l'analogie  est  plus  grande  avec  les  Sauropsis.  Les  pectorales  sont  beaucoup  plus  dévelop- 
pées et  ont  des  rayons  notablement  plus  longs  et  plus  vigoureux. 

Il  existe  quelques  traces  des  écailles  derrière  l'anale  et  sur  la  caudale;  elles  sont  petites, 
rhomboïdales et  assez  semblables  à  celles  du  Th.micropodius.  On  voit  également  entre  les  ven- 
trales et  l'anale  des  lignes  obliques,  presque  verticales,  qui  indiquent  les  bords  des  séries  dorso- 
ventrales.  La  tête  est  comprise  à-peu-près  cinq  fois  dans  la  longueur  totale  du  corps.  La  plus 
grande  largeur  du  tronc  est  en  avant  des  ventrales ,  mais  celui-ci  se  rétrécit  assez  brusque- 
ment à  partir  de  l'extrémité  de  la  dorsale ,  et  le  pédicule  de  la  queue  est  assez  étroit. 


—     128     — 

Je  dqis  la  communication  de  cette  espèce  à  M.  le  comte  de  Miinster.  Elle  provient  du  Jura 
supérieur.  Il  est  à  regretter  que  le  squelette  du  Th.  micropodius  ne  soit  pas  connu;  car  il 
est  très-probable  qu'il  se  rapproche  davantage  de  notre  espèce  que  du  Th.  formosiis;  dans  ce 
cas  ces  deux  espèces  devraient  sans  doute  être  réunies  dans  un  genre  particulier. 


Je  dois  l'envoyer  à  une  autre  occasion  la  description  des  espèces  suivantes  : 

1°  Thrissops  salmoneus  Agass.  Espèce  du  type  du  Th.  formosus,  mais  beaucoup  plus  petite 
et  plus  grêle.  Les  côtes  et  les  apophyses  sont  très-minces.  La  caudale  est  ample,  mais  peu  pro- 
fondément échancrée.  Du  calcaire  lithographique  de  Solenhofen  et  de  Kehiheim. 

2°  Thrissops  subovatus  Miinst.  Espèce  voisine  du  Th.  salmoneus  mais  plus  trapue;  les  na- 
geoires sont  aussi  plus  développées.  Du  calcaire  lithographique  de  Kehiheim. 

3°  Thrissops  mesogaster  Agass.  J'ai  désigné  sous  ce  nom,  dans  quelques  collections  ,  une  es- 
pèce très-voisine  du  Th.  salmoneus.  mais  un  peu  plus  allongée  et  dont  les  ventrales  sont  plus 
éloignées  de  l'anale.  Peut-être  n'en  est-elle  qu'une  variété  grêle.  Du  calcaire  lithographique 
de  Sohienhofen. 

Le  genre  Thrissonotus  est  en  quelque  sorte  intermédiaire  entre  les  Sauropsis  et  les  Thris- 
sops. Par  son  aspect  général  il  tient  aussi  des  Pachycormes .  mais  c'est  décidément  un  type 
particulier,  car  il  a  la  dorsale  au  milieu  du  dos  et  cependant  l'anale  allongée  des  Thrissops.  Je 
n'en  connais  qu'une  espèce  du  lias  de  Lyme  Régis;  c'est  mon  Thrissoisotus  Colei. 


129 


CHAPITRE   XIII. 


DU    GENRE    LEPTOLEPIS  Agass 


Lorsqu'on  voit  pour  la  première  fois  des  poissons  de  ce  genre ,  on  ne  songe  guère  à  les 
ranger  parmi  les  Sauroïdes ,  tant  ils  ressemblent  peu  à  celte  fanuUe  de  poissons  voraces  qui 
peuplaient  les  Océans  des  anciennes  époques.  Nous  ne  nous  étonnons  donc  pas  que  les  auteurs 
en  aient  fait  des  Clupes.  Les  écailles  ,  il  est  vrai ,  ne  ressemblent  en  rien  à  celles  des  Harengs  , 
puisqu'elles  sont  revêtues  d'émail,  ce  qui  prouve  que  le  genre  appartient  à  un  tout  autre  ordre, 
à  celui  des  Ganoïdes.  Mais  il  est  à  remarquer  que  les  écailles  sont  rarement  conservées  et  en 
outre  si  minces  ,  qu'il  est  souvent  assez  difficile  de  reconnaître  l'émail.  Un  autre  caractère  plus 
généralement  accessible  consiste  dans  le  squelette  qui  est  dépourvu  de  ces  côtes  sternales,  qui 
sont  si  caractéristiques  pour  les  Clupes.  Il  est  plus  difficile  de  distinguer  nos  Leptolepis  de  cer- 
tains genres  de  Lépidoïdes ,  entre  autres  des  Pholidophores.  Ce  sont .  comme  ces  derniers , 
des  poissons  réguliers  ,  fusiformes ,  en  général  de  petite  taille  et  doués  de  nageoires  assez 
faibles.    Ils  se  trouvent  ordinairement  réunis  en  assez  grand  nombre  dans  la  même  localité. 
Avec  cela  ,  ils  ont  des  mâchoires  armées  de  dents  coniques  ,  absolument  comme  les  Sauroïdes. 
Or,  ce  seul  caractère  est  plus  que  suffisant  pour  les  éloigner  des  Lépidoïdes,  et  les  faire  rentrer 
dans  la  famille  qui  nous  occupe.  Par  le  fait ,  il  ne  peut  donc  y  avoir  des  doutes  sur  le  genre, 
que  lorsque  les  dents  ne  sont  pas  conservées;  et  alors  je  conviens  qu'il  est  assez  difficile,  dans 
certains  cas.  de  distinguer  un  Leptolepis  d'un  Pholidophore.  Une  fois  qu'il  fut  reconnu  que 
les  Leptolepis  étaient  des  Sauroïdes  ,  il  devint  urgent  d'en  faire  un  genre  à  part ,  dont  la  forme 
grêle  et  Faspect  inoffensif  sont  l'un  des  principaux  caractères.  Les  nageoires  sont  disposées 
comme  dans  les  Caturus.  La  dorsale  est  opposée  aux  ventrales  ;  l'anale  est  d'ordinaire  un  peu 
plus  rapprochée  des  ventrales  que  de  la  caudale.  Aucune  de  ces  nageoires  n'est  très-dévelop- 
j)ée  ,  non  plus  que  les  pectorales  ,  ni  même  la  caudale.  Cette  dernière  est  équilobe  ,  très-échan- 
crée ,  mais  peu  large.  Il  y  a  loin  d'une  nageoire  pareille  à  la  caudale  puissante  des  Caturus  : 
mais  un  caractère  qui  lui  est  commun  ,  à  ce  qu'il  paraît ,  avec  ce  dernier  genre ,  c'est  que  le 
premier  grand  rayon  n'est  pas  hérissé  de  fulcres.  Les  rayons  eu  général  sont  fins ,  mais  ce- 
pendant dichotomés  et  articulés  ,  à  l'exception  des  petits  rayons  situés  à  la  base  de  la  caudale, 
qui  sont  indivis.  La  tête  est  de  moyenne  grandeur:  mais  ce  qui  mérite  d'être  mentionné,  c'est 
TOM.  II,  2'  Part.  17 


—     130     — 

que  ses  os  sont  en  général  lisses  et  non  sculptés ,  comme  dans  la  plupart  des  Pliolidophores. 
La  colonne  vertébrale  est  composée  de  vertèbres  courtes  et  grosses  ;  mais  les  côtes  et  les  apo- 
physes sont  excessivement  grêles.  Ces  dernières  ne  deviennent  un  peu  vigoureuses  que  dans 
la  partie  postérieure  du  corps.  Les  écailles  sont  ordinairement  arrondies  au  bord  postérieur 
comme  des  écailles  de  Cycloïdes  ,  mais  leur  minceur  extrême  est  cause  qu'elles  sont  rarement 
conservées. 

Toutes  les  espèces  conques  jusqu'à  ce  jour  proviennent  des  terrains  jurassiques  ;  mais  elles 
dominent  surtout  dans  les  étages  supérieurs  de  cette  formation.  A  en  juger  d'après  leur  fré- 
quence ,  ces  poissons  vivaient  probablement  en  troupes,  à  la  manière  des  Anchois ,  auxquels  ils 
ressemblent  à  bien  des  égards.  On  pourrait  dire  qu'ils  sont  aux  Pholidophores  ce  que  les  An- 
chois sont  aux  Harengs  ou  aux  Aloses ,  c'est-à-dire ,  qu'ils  ont  des  dents  acérées ,  tandis  que 
les  autres  n'en  ont  qu'en  brosse  ou  pas  du  tout. 

L   Leptolkpis  sPRATTiroKMis  Agass. 

Vol.  2,  Tab.  61  «,  lig.  i.  , 

Syn.  Cliipea  sprattiformis  Blainv.  Iclitli.  —  Knorr  Toni.  I,  Tab.  23,  tig.  2  et  3  ;  Tab.  260,  lig.  1-4;  Tab.  2f>, 

fig.  3,  et  Tab.  29,  fig.  2>  3  et  4. 

Cette  espèce  est  très-commune  dans  le  calcaire  lithographique  de  Pappenheim  et  de  Solen- 
hofen  ;  aussi  en  trouve-t-on  des  exemplaires  dans  une  foule  de  collections  publiques  et  parti- 
culières. C'est  un  petit  poisson  de  trois,  tout  au  plus  quatre  pouces  de  long.  La  tête  occupe 
environ  le  quart  de  la  longueur  ;  elle  est  à-peu-près  aussi  large  que  le  corps.  L'orbite  est  très- 
grande.  La  colonne  vertébrale  est  composée  de  vertèbres  courtes  et  grosses.  J'en  ai  compté 
quarante-deux  dans  un  exemplaire  du  IMusée  de  Munich  ,  dont  vingt-cinq  caudales  et  dix-sept 
abdominales.  Les  apophyses  des  vertèbres  sont  de  moyenne  grandeur,  mais  très-peu  inclinées, 
même  près  de  la  caudale.  Les  côtes  sont  beaucoup  plus  longues  et  plus  grêles.  Les  osselets 
interapophysaires  sont  excessivement  minces  et  petits  ;  il  n'y  en  a  guère  qu'un  inerme ,  les 
autres  supportent  chacun  un  rayon.  L'os  du  bassin  est  assez  robuste.  Les  rayons  branchios- 
tègues  sont  courts.  Quant  aux  rayons  des  nageoires  ils  sont  très-serrés  ;  il  y  en  a  une  douzaine 
à  la  dorsale  et  à-peu-près  autant  à  l'anale  ;  ceux  de  la  dorsale  sont  plus  longs  et  plus  gros  que 
ceux  de  l'anale  ;  les  uns  et  les  autres  sont  dichotomés.  Les  rayons  des  ventrales  et  surtout  des 
pectorales  sont  plus  longs,  mais  également  très-grèles.  La  caudale  est  profondément  échancrée  ; 
ses  lobes  sont  égaux,  mais  peu  fournis  ;  il  y  a ,  en  avant  du  rayon  principal ,  plusieurs  petits 
rayons  indivis ,  qu'il  est  souvent  difficile  de  compter  à  cause  de  leur  finesse. 

Il  existe  un  grand  nombre  d'exemplaires  de  cette  espèce  au  Musée  de  Munich  ,  dans  la  col- 
lection du  comte  de  Munster,  dans  celle  de  M.  Lavater,  à  Zurich ,  dans  celle  du  Muséum  de 
Paris  et  dans  plusieurs  autres  encore.  Tous  proviennent  des  schistes  de  Pappenheim  et  de  So- 
lenhofen . 


—   {Z\    — 

II.  Leptolepis  VoiTHii  Agass. 

Vol.  2,Tab.  61»,  «g.  2-4. 

Celte  espèce  diffère  plas(iu'on  ne  le  pense  au  premier  coup-d'œil ,  du  Leptolepis  spratlifor- 
mis,  décrit  ci-dessus.  Elle  a  sans  doute  la  niêoie  forme  générale  et  la  même  disposition  des 
nageoires,  mais  elle  est  bien  moins  élancée;  et  ce  qui  mérite  surtout  d'être  remarqué,  les  ver- 
tèbres sont  plus  allongées ,  et  par  conséquent  moins  nombreuses.  Je  n'en  compte  que  trente- 
quatre  dans  les  deux  exemplaires  de  fig.  2  et  3  ,  dont  dix-neuf  caudales  et  quinze  abdominales. 
Les  apophyses  sont  très-grèles,  surtout  dans  la  région  abdominale;  et  elles  ne  prennent  un  peu 
de  développement  que  dans  la  région  caudale  en  face  de  l'anale.  Les  côtes  sont  grêles  et  lon- 
gues. Les  écailles  sont  sensiblement  plus  grandes  que  celles  du  L.  sprattiformis  ;  mais  le  plus 
souvent  elles  ne  sont  pas  conservées,  et  il  faut  alors  s'en  rapporter  au  squelette.  Parmi  les  exem- 
plaires figurés  ,  celui  de  fig.  k  est  le  seul  dans  lequel  elles  soient  visibles  ,  entre  l'anale  et  la 
caudale.  La  tête  est  contenue  environ  quatre  fois  dans  la  longueur  totale.  La  gueule  n'est  pas 
Irês-fendue.  L'orbite  est  grande.  Les  rayons  branchiostègues  sont  petits  et  nombreux.  Les  pec- 
torales qui  sont  très-bien  conservées  dans  l'exemplaire  de  fig.  k,  sont  plus  longues  que  les  ven- 
trales et  composées  de  rayons  très-grèles.  L'anale  est  très-petite.  La  caudale  est  étroite ^  mais 
profondément  échancrée.  Les  rayons  principaux  sont  portés  par  la  dernière  vertèbre  qui  est 
très-dilatée  ;  il  n'y  a  que  les  petits  rayons  indivis  qui  s'appuient  sur  les  apophyses  de  l'avant- 
dernière  vertèbre  (fig.  2). 

Cette  espèce  provient  du  calcaire  lithographique  de  Kehlheim.  Les  originaux  de  mes  figures 
faisaient  autrefois  partie  de  la  collection  de  M.  Voith  ,  qui  maintenant  est  incorporée  à  celle  de 
M.  le  comte  de  Munster. 

III.   Leptolepis  crassus  Agass. 

Vol.  2,  Tab.  6Ia,  fig.  K. 

Comparée  aux  autres  espèces ,  celle-ci  mérite  bien  le  nom  de  crassm;  car  son  squelette ,  à 
l'exception  des  apophyses,  est  notablement  plus  vigoureux.  La  tête  est  grande  et  large  ,  compo- 
sée d'os  assez  robystes  parmi  lesquels  les  maxillaires  se  font  remarquer  par  leur  belle  conser- 
vation. Les  dents  ne  sont  visibles ,  dans  notre  exemplaire,  qu'à  la  mâchoire  inférieure;  mais 
elles  sont  si  petites  ,  que  ce  sont  presque  des  dents  en  brosse.  A  cet  égard  l'on  pourrait  même 
conserver  des  doutes  sur  le  genre  auquel  il  convient  de  le  rapporter,  d'autant  plus  que  la  posi- 
tion de  la  dorsale  est  bien  plus  reculée  que  dans  les  autres  Leptolepis  ,  et  rappelle  davantage  le 
type  des  Pholidophores. 


—     152     — 

La  colonne  vertébrale  est  composée  de  vertèbres  très-courtes,  mais  grosses,  fortement  étran- 
glées et  montrant  distinctement  leurs  fossettes  longitudinales.  J'en  compte  cinquante  et  une  , 
dont  trente  caudales  et  vingt  et  une  abdominales.  Les  côtes  sont  longues ,  mais  assez  grêles. 
Les  apophyses  sont  excessivement  minces  et  contrastent  sous  ce  rapport  avec  les  côtes  et  avec 
les  vertèbres.  Notre  exemplaire  a  conservé  toutes  ses  nageoires.  Les  pectorales  et  les  ventrales 
sont  à-peu-près  d'égale  longueur,  mais  les  premières  ont  des  rayons  plus  nombreux  et  plus 
serrés.  L'anale  est  un  peu  moins  longue ,  et  plus  rapprochée  de  la  caudale  que  des  ventrales. 
La  caudale  est  assez  largement  échancrée  ,  ses  rayons  sont  distribués  de  la  manière  suivante  : 
6,1,  8,  7,  1,5.  La  dorsale  n'a  laissé  que  quelques  débris  informes,  qui  cependant  indi- 
quent une  nageoire  articulée  et  dichotomée. 

L'original  de  cette  espèce  se  trouve  au  Musée  d'Erlangen.  !1  provient  du  calcaire  lithogra- 
phique de  Solenhofen. 

IV.   IjEptolepis  MACROLEPiDOTus  Agass. 

Vol.  2,Tab.  61,lig.  i-6. 

Cette  espèce  nous  fournit  un  exemple  frappant  de  l'importance  qu'il  faut  attacher  à  tous  les 
détails  du  squelette ,  lorsque  l'on  veut  déterminer  rigoureusement  un  poisson  fossile.  Ne 
croirait-on  pas  en  effet ,  lorsque  l'on  compare  cette  espèce  avec  le  poisson  qui  est  figuré  sur 
la  même  planche  sous  le  nom  de  Thrissops  Cephalus ,  qu'il  existe  à  peine  une  différence  spé- 
cifique entre  ces  deux  espèces.  Mais  en  les  examinant  de  près  ,  on  reconnaît  qu'en  réalité  elles 
appartiennent  à  deux  genres  différens  ,  attendu  que  le  Thrissops  a  la  dorsale  opposée  à  l'anale 
et  même  plus  reculée,  tandis  que,  dans  notre  espèce,  cette  nageoire  est  opposée  aux  ventrales. 
Ce  qui  distingue  notre  espèce  du  Leptolepis  sprattiformis  et  de  ses  analogues  ,  c'est  que  la  tête 
est  proportionnellement  grosse  ;  elle  n'égale  pas  seulement  la  largeur  du  tronc  ,  elle  le  dépasse 
même ,  et  quant  à  sa  longueur  elle  n'est  contenue  que  trois  fois  et  demie  dans  la  longueur  to- 
tale. L'orbite  est  grande  et  Irès-rapprochée  du  profil.  L'appareil  operculaire  est  très-large  ; 
on  y  distingue  surtout  l'opercule  et  le  préopercule.  Le  premier  est  à-peu-près  carré  ,  le  se- 
cond est  allongé  et  arqué  en  avant.  La  colonne  vertébrale  est  de  moyenne  grosseur.  Les 
apophyses,  d'abord  courtes  et  droites,  s'allongent  et  s'inclinent  insensiblement  dans  la  région 
caudale.  Les  osselets  interapophysaires  sont  très-grêles ,  mais  longs.  Ceux  de  la  dorsale  attei- 
gnent presque  les  vertèbres.  Les  nageoires  sont  peu  fournies  ,  à  l'exception  de  la  caudale,  qui 
est  assez  grande ,  largement  et  profondément  échancrée  ;  elle  compte  dix  rayons  au  lobe  su- 
périeur et  au  moins  autant  au  lobe  inférieur.  Les  écailles  sont  plus  hautes  que  longues,  et 
leur  bord  postérieur  est  arrondi ,  ainsi  que  le  montre  la  fig.  6 ,  qui  représente  le  contour  de 
(juelques  écailles  grossies. 


—    ^ô5    — 

C'est  une  espèce  propre  au  calcaire  de  Solenhofen,  Les  originaux  existent  dans  la  collection 
de  M.  le  comte  de  Munster. 

\.   Leptolepis  polyspondylus  Agass. 
Vol.  2.  Tab.  61,  fig.  7  et  8. 

(Quoique  celte  espèce  ait  la  plus  grande  ressemblance  avec  le  L.  inacrolepidotKs  ligure 
sur  la  même  planche .  je  la  crois  cependant  différente ,  parce  que  les  vertèbres  sont  excessi- 
vement serrées  ,  beaucoup  plus  larges  que  longues  et  en  même  temps  plus  robustes  que  dans 
l'autre  espèce.  J'en  compte  (juarante  dans  l'exemplaire  de  fig.  7,  dont  au  moins  trente 
caudales.  Les  côtes  ainsi  que  les  apophyses  des  vertèbres  ,  sont  très-fines,  notamment  celles  de 
la  région  antérieure.  Enfin  .  il  est  un  dernier  caractère  qu'il  importe  de  mentionner ,  c'est  la 
disposition  des  nageoires  :  l'anale  est  excessivement  rapprochée  des  ventrales  .  tandis  que  dans 
l'espèce  précédente ,  c'est  tout  le  contraire  qui  a  lieu  ;  la  dorsale  aussi  est  un  peu  plus  re- 
culée. Toutes  les  nageoires  sont  assez  bien  fournies.  Les  pectorales  surtout  sont  grandes  et  à 
rayons  très-grèles.  La  caudale  est  longue,  étroite  et  profondément  échancrée. 

Du  calcaire  porllandien  de  Solenhofen.  Les  originaux,  qui  faisaient  autrefois  partie  de  la  col- 
lection Barth .  se  trouvent  maintenant  dans  celle  de  M.  le  comte  de  Munster. 


Les  espèces  qui  me  restent  à  décrire  sont  : 

1°  Leptolepis  Bro>mi  Agass,  (Cyprimis  coryphœndides  Bronn  in  Leonh.  etBr.  Jahrb.  fur 
Min.  1850  ,  Tab.  1,  fig.  1).  Petite  espèce  de  la  taille  du  L.  sprattifonnis  et  lui  ressemblant  à 
bien  des  égards.  Cependant  elle  se  distingue  par  ses  écailles  plus  grandes  et  par  la  structure 
de  la  caudale  ;  les  rayons  ne  sont  pas  seulement  supportés  par  les  apophyses  des  deux  dernières 
vertèbres  caudales  :  mais  celles  de  l'antépénultième  et  même  de  la  quatrième  vertèbre  se 
prolongent  également  pour  servij*  de  support  à  la  nageoire.  Du  lias  de  Neidingen .  d'Ober- 
schwiitz  près  de  Bayreuth  ,  de  Lyme-Regis,  de  l'Oberland  badois  ,  de  iNormandie  et  d' Amayé 
sur  \onne. 

2°  Leptolepis  caudalis  Agass.  Espèce  très-voisine  du  L.  Bronnii ,  mais  dont  les  écailles 
sont  beaucoup  plus  petites.  Du  lias  d'Angleterre. 

3°  Leptolepis  J.vegebi  Agass.  Espèce  très-voisine  du  L.  Knorrii ,  mais  plus  trapue.  Les  ver- 
tèbres sont  aussi  plus  massives.  Les  apophyses  des  dernières  vertèbres  caudales  sont  très-in- 
clinées.  Du  lias  de  BoU. 

h°  Leptolepis  lo>gus  Agass.  Espèce  très-allongée  ;  la  tête  est  très-haute  et  courte  ;  elle 
n'égale  pas  même  le  cinquième  de  la  longueur  totale.  La  colonne  vertébrale  est  robuste  :  les 
vertèbres  sont  plus  hautes  que  longues.  Du  lias  de  Boll. 


_      15?i     — 

5°  LEPTOLEPisKiNORmi  Agass.  (Clnpea  knorrii  de  Bl.  Ich th.)  Espèce  très-élancée.  La  tête  est 
contenue  près  de  six  fois  dans  la  longueur  du  corps.  La  largeur  du  corps,  à  l'origine  de  la  dor- 
sale, est  plus  considérable  que  celle  de  la  tête.  La  caudale  est  grêle.  Les  vertèbres  sont  au 
moins  aussi  longues  que  hautes.  Les  apophyses  des  dernières  vertèbres  caudales  sont  très-in- 
clinées.  Cette  espèce  est  très-fréquente  dans  le  calcaire  lithographique  de  Solenhofen. 

6°  Leptolepis  DUBiiîs  Agass.  (Clnpea  diibiu  de  Bl.  Ichlh.)  Espèce  très-voisine  du  L.  Knorrii , 
mais  dont  la  dorsale  est  plus  petite.  Du  calcaire  lithographique  de  Solenhofen. 

7°  Leptolepis  coîsïractus  Agass.  Espèce  très-voisine  du  L.  /  oitltii  :  peut-être  même  n'en 
est-elle  quune  variété.  Du  calcaire  lithographique  de  Solenhofen. 


J'ai  encore  distingué  un  Leptolepis  filtpenms  du  lias  de  Street ,  un  L.  latus  d'Eichstadt , 
un  L.  PAUCISPOKDYLUS  de  Kehlheim  ,  un  L.  pusillus  de  Kehlheim  ,  et  un  L.  temellus  du  lias 
de  rOberland  badois.  Sir  Philipp  Egerton  a  distingué  de  son  côté  une  espèce  de  l'argile 
d'Oxford  de  Christian  Malton  ,  qu'il  a  nommée  Leptolepis  macrophthalmls. 


130     — 


CHAPITRE    XIV. 

DU  GENRE  ASPIDORHYNCIinS  Agass. 


Les  poissons  de  ce  genre  sont  faciles  à  reconnaître ,  car  ils  se  distinguent  par  plusieurs  ca- 
ractères très-tranchés.  Ils  sont  en  général  très-allongés  et  tout  d'une  venue.  La  tète  présente 
une  conformation  toute  particulière.  La  mâchoire  supérieure  déborde  de  beaucoup  la  mâchoire 
inférieure ,  et  forme  ainsi  un  rostre  très-pointu  semblable  à  un  dard  ;  de-là  le  nom  <\\hpido- 
rhynchus.  Les  deux  mâchoires  sont  garnies  de  dents  coniques ,  d'inégale  grosseur,  qui  rap- 
pellent par  leur  variété  les  dents  des  Eugnathus  ;  la  conformation  du  squelette  tégumentaire 
n'étant  pas  moins  remarquable.  Les  écailles  ont  une  forme  toute  particulière  ;  elles  sont  en  gé- 
néral très-grandes ,  mais  très-variables  suivant  les  régions  du  corps ,  quoi([ue  disposées  avec 
une  grande  régularité.  La  rangée  sous-jacente  à  la  ligne  latérale  est  ordinairement  la  plus  dé- 
veloppée. Les  écailles  sont  souvent  deux  fois  aussi  hautes  que  longues.  Vient  ensuite  la  rangée 
de  la  ligne  latérale  ,  dont  les  écailles  le  cèdent  à  peine  en  dimensions  à  cette  première  rangée. 
Les  autres  sont  toutes  sensiblement  plus  petites  et  particulièrement  les  inférieures. 

Les  nageoires  n'ont  rien  de  bien  remarquable ,  elles  sont  plus  grêles  que  dans  la  plupart 
des  autres  genres.  Ce  qui  mérite  cependant  d'être  remarqué,  c'est  la  position  très-reculée  de  la 
dorsale,  qui  est  opposée  à  l'anale.  La  caudale  est  équilobe  et  composée  de  rayons  dichotomés 
un  bon  nombre  de  fois.  La  même  structure  des  rayons  s'aperçoit  aussi  dans  les  autres  nageoires. 
Le  squelette  est  robuste,  d'après  tout  ce  que  j'ai  pu  en  découvrir.  Les  vertèbres  du  moins 
sont  aussi  hautes  que  larges. 

La  position  reculée  de  la  dorsale  a  fait  envisager  jusqu'ici  ces  poissons  comme  des  Esoces  ; 
mais  les  naturalistes  qui  les  ont  décrits  sous  cette  dénomination  ,  n'ont  tenu  aucun  compte  de 
la  structure  particulière  des  écailles  ,  qui  sont  tout-à-fait  conformées  comme  chez  les  autres  Ga- 
noïdes  ;  si  l'on  fait  abstraction  de  quelques  légères  modifications  dans  leur  arrangement ,  qui 
se  retrouvent  aussi  dans  d'autres  genres. 

La  forme  de  la  tête  rappelle  à  certains  égards  celle  des  genres  Belone  et  Hemiramphus;  mais 
contrairement  à  ce  que  l'on  observe  dans  ce  dernier  genre ,  c'est  la  mâchoire  inférieure  qui 
est  la  plus  courte. 

Ce  genre  paraît  être  propre  aux  différens  terrains  de  la  formation  jurassique  et  à  la  craie.  La 
plupart  des  espèces  connues  jusqu'à  ce  jour  proviennent  du  calcaire  lithographique  de  Solen- 
hofen  et  de  Kehiheim. 


—     136     — 


I.    ASPIDORHYNCHUS    ACUTIROSTRIS    AgaSS. 


Vol.  2  ,  Tab.  U6. 

Syn.  £sox  acutirostris  de  Blainv.  Ichtli.  p.  28.  ^  KnoiT.  Tom.  I.  Tab.  23  et  29. 

Cette  espèce  que  j'envisage  comme  le  type  du  genre  Aspidorhynchus  a  été  décrite  pour  la 
première  fois  par  M.  de  Blainville,  qui  la  range  parmi  les  Brochets.  C'est  un  poisson  Irès-élancé 
dont  la  longueur  est  de  deux  pieJs  sur  une  hauteur  d'à  peine  trois  pouces.  Parmi  les  exem- 
plaires connus,  il  en  est  plusieurs  dont  la  tête  est  très-bien  conservée,  ensorte  que  nous  som- 
mes à  même  d'en  donner  une  description  détaillée.  Le  maxillaire  supérieur  déborde  le  maxil- 
laire inférieur   d'au  moins  un  pouce  et  demi  à  deux  pouces ,   formant  une  espèce  de  dard 
très-pointu  et   très-grèle,  même  à   sa   base.    Le  maxillaire  inférieur  est  sensiblement  plus 
large,  surtout  en  arrière,  où  il  prend  une  forme  arquée.  Les  deux  mâchoires  sont  armées 
de  dents  coniques  de  grandeur  variable  et  très-acérées;  cependant  il  paraît  que  celles  du  fond 
de  la  gueule  sont  les  plus  grandes  et  qu'elles  diminuent  sensiblement  d'arrière  en  avant.  Je 
n'ai  pas  pu  m'assurer  d'une  manière  positive  si  la  partie  du  maxillaire  qui  déborde  la  mâ- 
choire inférieure  est  garnie  de  dents  ou  non.  Cependant  je  crois  qu'il  y  en  a  de  très-petites 
au  bord  inférieur  du  rostre.  Une  autre   particularité  de  cette  espèce   consiste  dans  l'orbite, 
qui  est  très-grande  et  plus  rapprochée  de  l'angle  de  la  bouche  que  du  bord  supérieur  de  la 
tête.  On  distingue,  dans  la  plupart  des  exemplaires,  des  traces  des  rayons  branchiostègues  qui 
sont  très-petits  et  très-grèles  en  avant,  mais  qui  vont  eh  s'allongeant  et  en  sélargissant  e^n  ar- 
rière ;  leur  nombre  est  considérable.  L'opercule  se  fait  remarquer  par  sa  largeur.  Le  préoper- 
cule a  une  forme  presque  rhomboïdale.  La  disposition  des  écailles  mérite  une  attention  toute 
particulière.  Au  milieu  des  flancs  se  trouve  la  rangée  delà  ligne  latérale  dont  les  écailles,  quoi- 
que fort  hautes,  n'atteignent  cependant  pas  tout-à-fait  les  dimensions  de  la  rangée  qui  est  au- 
dessous.  Cette  dernière  frappe  d'autant  plus  qu'elle  est  adjacente  à  plusieurs  séries  de  très-pe- 
tites écailles  qui   forment  avec  elle  un  contraste  frappant.  Au-dessus  de  la  ligne  latérale  se 
trouvent  deux  rangées  de  moyenne  grandeur,  dont  les  écailles  ont  à-peu-près  la  moitié  des  di- 
mensions qu'acquièrent  celles  de  la  ligne  latérale.  Pour  mieux  faire  ressortir  ce  singulier  ar- 
rangement, j'ai  représenté  au-dessus  de  la  figure  principale  deux  groupes  d'écaillés .  mon- 
trant la  manière  dont  elles  se  combinent  entre  elles  ;  l'une  des  figures  représente  leur  face 
interne  et  l'autre  leur  face  externe.  A  côté  se  voient  deux  écailles  isolées  de  la  rangée  princi- 
pale :  l'une  montre  la  face  interne  avec  la  carène   longitudinale  dont  l'onglet  est  le  prolon- 
gement et  l'entaille  destinée  à  recevoir  le  crochet  de  l'écaillé  sous-jacente  ;  l'autre  se  voit 
par  la  face  externe,  on  la  reconnaît  facilement  aux   rugosités  de  sa  surface.  Il  est  digne  de 
remarque  que  ,  tandis  que  le  bord  inférieur  est  plus  ou  moins  arrondi,  le  bord  supérieur  pré- 
sente, à  côté  de  l'onglet,  une  pointe  très-allongée;   ce  qui  nous  explique  pourquoi  la  rangée 


_     137     — 

principale  au-dessous  de  la  ligne  latérale,  est  troncpiée  en  bas  et  pointue  en  haut.  Les  écailles 
du  dos  et  celles  du  ventre  ne  se  font  pas  seulement  remarquer  par  leur  petitesse  ;  elles  se  dis- 
tinguent encore  par  un  autre  caractère  non  moins  frappant;  c'est  d'être  marquées  de  fortes 
rides  longitudinales  qui  sont  surtout  développées  vers  la  région  caudale  et  qu'on  distingue 
d'une  manière  très-nette  dans  le  grand  exemplaire  de  notre  planche.  Ce  même  exem- 
plaire est  le  seul  aussi  qui  ait  conservé  ses  nageoires  dans  toute  leur  intégrité.  La  caudale  est 
largement  fourchue  ;  ses  rayons  sont  plus  divisés  que  dans  beaucoup  d'autres  genres  et  très- 
rapprochés.  à  lexceplion  des  cinq  rayons  qui  se  ti-ouvent  au  milieu  de  la  nageoire  et  qui  sont 
plus  espacés  et  flabelliformes.  La  dorsale  est  très-petite  ,  tronquée  verticalement  en  arrière;  ses 
rayons  sont  grêles  et  nombreux.  L'anale  qui  leur  est  directement  opposée  a  des  rayons  plus 
gros  et  en  général  plus  vigoureux.  Les  ventrales  sont  beaucoup  plus  rapprochées  de  l'anale 
que  des  pectorales,  mais  également  petites.  Les  pectorales  sont  un  peu  plus  longues  et  com- 
posées de  gros  rayons  divisés  un  grand  nombre  de  fois. 

Tous  les  exemplaires  connus  proviennent  de  Solenhofen.  Les  deux  beaux  exemplaires  repré- 
sentés sur  ma  planche  se  trouvent  au  musée  de  Munich  ;  la  tête  séparée  qui  est  placée  sur  le 
second  rang  s'y  trouve  également  ;  celle  de  l'angle  supérieur  m'a  été  communiquée  par 
M.  Hermann  de  Meyer  et  se  trouve  au  musée  de  Francfort. 

IL  AsPmORHYNCHUS  SPECIOSUS  x\gass. 

Vol.  2,  Tab.45. 

Nous  retrouvons  dans  cette  espèce  une  disposition  des  écailles  analogue  à  celle  que  nous 
avons  décrite  dans  l'espèce  précédente.  La  rangée  de  la  ligne  latérale  et  celle  qui  lui  est  immé- 
médialement  sous-jacente  ont  aussi  ici  les  plus  grandes  écailles  ;  leur  hauteur  égale  deux  fois 
leur  largeur.  Les  rangées  supérieures,  au  contraire,  ont  des  écailles  à-peu-près  aussi  longues 
que  hautes  et  à  l'origine  de  la  caudale  toutes  les  écailles ,  à  quelques  rangées  qu'elles  appar- 
tiennent, sont  à-peu-près  égales.  Mais  ce  qui  distingue  surtout  notre  espèce,  ce  sont  les  rides 
ondulées  dont  toutes  ces  écailles  sont  ornées  et  dont  l'empreinte  se  reproduit  distinctement  sur 
la  roche  ,  lorsque  les  écailles  sont  enlevées.  Ces  rides  sont  obliques  et  presques  verticales  sur 
les  écailles  de  la  partie  antérieure  du  tronc;  sur  celles  de  la  partie  postérieure,  elles  sont  pres- 
que longitudinales.  Il  est  en  outre  à  remarquer  que  le  nombre  des  séries  ventrales,  à  écailles 
étroites,  est  moins  considérable  que  dans  VJ.  acutirostris.  Les  nageoires  sont  assez  grêles.  La 
caudale  est  composée  de  rayons  fins ,  divisés  jusqu'à  la  base  ,  mais  dont  les  articulations  ne 
s'étendent  pas  jusqu'à  l'origine.  La  dorsale  et  l'anale  sont  à-peu-près  d'égale  grandeur;  mais 
les  rayons  de  cette  dernière  sont  plus  nombreux.  Les  ventrales  sont  très-étroites  et  ne  comptent 
qu'un  petit  nombre  de  gros  rayons. 

C'est  un  poisson  du  calcaire  lithographique  de  Kehiheim.  L'original  se  trouve  dans  la  col- 
lection de  M.  le  comte  de  Munster. 

TOM.  II.  2^  Part.  **  18 


—     138     — 

m.    ASPIDORHYNCHUS    ORNATISSIMUS    AgaSS. 

Vol.  2,  Tab.  hl. 

Le  caractère  des  Aspidorhynchus  se  trahit  au  premier  coup-d'fieil  dans  la  squammation  de 
cette  espèce.  C'est  la  même  forme  des  écailles  et  la  même  disposition  des  rangées  principales, 
relativement  aux  rangées  secondaires.  Les  <>cailles  de  la  ligne  latérale  sont  aussi  ici  les  plus 
grandes  ;  celles  de  la  rangée  adjacente  inférieure  ne  sont  qu'un  peu  plus  petites.  Celles  en  re- 
vanche des  rangées  ultérieures,  près  du  bord  inférieur,  sont  beaucoup  plus  étroites.  Les  ran- 
gées supérieures  à  la  ligne  latérale  décroissent  d'une  manière  plus  graduelle  vers  le  bord  dor- 
sal ,  ce  qui  fait  que  celles  du  dos  sont  bien  moins  étroites  que  celles  du  ventre  ;  elles  sont  à-peu- 
près  aussi  hautes  que  larges.  Mais  ce  qui  caractérise  surtout  ces  écailles ,  c'est  la  structure  de 
leur  émail  qui ,  au  lieu  d'être  lisse,  présente  un  réseau  très-serré  de  rides  entrelacées  qui  ont 
valu  à  l'espèce  le  nom  d'oriiatissimus.  Cette  structure  ridée  des  écailles  se  voit  également  bien 
sur  toutes  les  parties  du  corps  ;  sur  le  devant  comme  sur  le  derrière ,  sur  le  dos  comme  sur 
le  ventre. 

Quoique  l'exemplaire  figuré  soit  loin  d'être  complet ,  on  voit  cependant  p*ar  ce  qu'il  en  reste, 
qu'il  provient  d'un  poisson  élancé ,  puisque  la  partie  du  tronc  située  en  avant  de  la  dorsale 
est  triple  de' la  largeur  du  corps  ,  abstraction  faite  de  la  tête  et  de  ce  qui  peut  manquer  du  tronc 
en  avant.  Si  nous  cherchons  à  reconstruire  notre  poisson  d'api'ès  VJ.  acutirostris ,  nous  trou- 
verons que  VAsp.  ornatissimiis  devait  atteindre  une  longueur  égale,  sinon  supérieure  à  celle 
de  cette  dernière  espèce  et  qu'il  était  en  tout  cas  plus  large.  Il  n'est  resté  des  nageoires  que 
la  dorsale  et  l'anale  qui  sont  opposées  comme  dans  les  autres  espèces  du  genre.  L'une  et  l'autre 
sont  composées  de  rayons  fort  larges  qui  se  divisent  un  grand  nombre  de  fois.  Il  n'y  a  que  le 
premier  rayon  de  l'anale  qui  soit  indivis.  Le  nombre  total  des  rayons  est  de  dix  dans  l'anale 
et  d'à-peu-près  autant  dans  la  dorsale.  On  voit  sous  l'abdomen  une  nageoire  détachée,  com- 
posée de  cinq  rayons  très-divisés ,  qui ,  d'après  sa  position  et  sa  forme ,  est  probablement 
l'une  des  ventrales. 

C'est  une  espèce  propre  au  calcaire  lithographique  de  Kehlheim.  L'original  se  trouve  dans 
la  collection  de  M.  le  comte  de  Munster. 


J'aurai  encore  à  décrire  et  à  figurer  par  la  suite  les  espèces  suivantes  : 
1°  Aspidorhynchus  mandibularis  Agass.  Espèce  voisine  de  VA.speciosus  ,  mais  plus  élancée 
et  à  écailles  lisses.  La  mâchoire  inférieure  est  sensiblement  plus  étroite  que  dans  VJsp.  acu- 
tirostris. Les  écailles  du  ventre  sont  si  étroites  qu'elles  ressemblent  à  de  fines  stries.  Les  dents 
sont  longues ,  irrégulières  et  très-acérées.  Du  calcaire  lithographique  d'Eichslsedt. 


—     139     — 

2"  AsPiDORHYNciius  LEPTURUS  Agass.  Espèce  voisine  de  VA.  manitihidaris ,  mais  plus  petite; 
peut-être  n'est-ce  qu'une  variété  d'âge.  Du  calcaire  lithograpliique  de  Kehliieini. 

3"  AspiiH)RHYNCHUS,  ANGLicus  Agass.  Espèce  du  lias  de  Whitby. 

k°  AspiDORHYNOHus  EUODUS  Egert.  Espèce  découverte  par  sir  Philipp  Egerton  dans  l'argih; 
d'Oxford  de  Chippenham. 

5°  AsPiDURHYNCHUs  Walchneri  Agass.  Espèce  du  lias  de  l'Oberland  badois. 

6°  Asph)(>rhynchus  Comptoisi  /Vgass.  Grande  espèce  de  la  collection  de  M.  le  marquis  de 
Norfhampton.  Les  écailles  qui  contiennent  la  ligne  latérale  sont  de  beaucoup  les  plus  grandes. 
La  surface  des  écailles  est  ornée  de  petites  granulations  coniques.  Elle  provient  d'un  terrain 
probablement  crétacé  de  l'Amérique  du  sud  ;  M.  Gardner  en  a  rapporté  de  nombreux  exem- 
plaires en  Angleterre  ;  j'en  ai  du  d'autres  à  l'obligeance  de  M.  Elie  de  Beaumont.  M.  Célestin 
JNicolet  en  a  aussi  reçu  quelques  fragmens  de  Fernambouc. 


ikO    — 


CHAPITRE  XV. 

DU    GENRE  BELOXOSTOMUS  Agass. 


Ce  genre  est  évidemment  trés-voisin  du  genre  Aspidorhynchus.  Sa  forme  générale  est  la 
même,  et  son  squelette  tégumentaire  présente  à  peine  quelques  légères  variations.  Mais  ce  qui 
le  distingue  surtout,  c'est  que  les  deux  mâchoires  sont  d'égale  longueur  ou  à-peu-près,  et  que  la 
mâchoire  supérieure  n'a  pas  d'échancrure  dans  laquelle  s'engaine  l'inférieure.  J'ai  été  long- 
temps sans  me  douter  de  cette  différence ,  et  je  rangeais  alors  les  Bélonostomes  parmi  les  As- 
pidorhynchus. Mais  du  moment  que  j'ai  reconnu  ce  caractère  important,  j'ai  dû  séparer  les  es- 
pèces de  ce  type  des  vrais  Aspidorhynchus,  pour  en  faire  un  genre  à  part  auquel  je  donne  le 
nom  de  Belonostomus.  Aujourd'hui  que  je  connais  plusieurs  espèces  dont  la  lète  est  conservée  , 
j'ai  pu  me  convaincre  que  les  Bélonostomes  sont  en  général  plus  grêles  et  plus  élancés  que  les 
vrais  Aspidorhynchus,  ensorte  qu'alors  même  que  la  tête  manque,  on  peut  encore  savoir,  d'a- 
près les  dimensions  relatives  du  corps ,  auquel  des  deux  genres  il  faut  rapporter  tel  ou  tel 
poisson.  La  gueule  est  profondément  fendue.  Les  mâchoires  sont  armées  de  dents  acérées , 
mais  d'inégale  grosseur.  L'orbite  est  très-grande.  Le  squelette  est  vigoureux  ;  il  ne  diffère  de 
celui  des  Aspidorhynchus  que  par  la  plus  grande  longueur  des  corps  de  vertèbres,  proportion- 
nellement à  leur  hauteur.  La  disposition  des  nageoires  est  la'Tnême.  Enfin  ,  j'ai  pu  m'assurer 
sur  une  espèce  que  les  séries  dorso-ventrales  des  écailles  s'engrènent  entre  elles  au  moyen 
d'onglets  assez  robustes ,  comme  cela  a  lieu  dans  la  plupart  des  autres  Sauroïdes. 

Les  Bélonostomes  ont  existé,  pour  la  plupart ,  simultanément  avec  les  Aspidorhynchus:  on 
les  trouve  depuis  le  lias  jusqu'au  portlandien  et  même  dans  la  craie.  Le  nom  du  genre  est 
emprunté  à  la  ressemblance  extérieure  que  ces  fossiles  ont  avec  le  genre  Bélone  de  la  famille 
des  Esoces ,  avec  lequel  on  les  a  confondus  jusqu'ici.  On  les  a  aussi  quelquefois  pris  pour 
des  Sphy rênes. 

!.   Belonostomus  sph\raf,koides  Agass. 

Vol.  2,  Tab.  h7a,  fig.  5\ 

Cette  espèce  a  été  déterminée  à  plusieurs  reprises  comme  une  Sphyrène  ;  et  l'on  ne  saurait 
disconvenir  qu'elle  n'ait  une  certaine  ressemblance  avec  ce  genre  de  poissons  vivans.  C'est  un 
poisson  très-élancé.  La  tête  égale  presque  le  tiers  de  la  longueur  totale,  mais  elle  n'est  pas  plus 


—    ikl    — 

large  que  le  corps.  Les  mâchoires  sont  d'égale  longueur  ,  très-robusles  ,  et  ne  s'atténuent  <jue 
d'une  njanière  très-insensible  vers  la  pointe  ;  ensorte  que  tout  en  étant  fort  longues  ,  elles  sont 
cependant  vigoureuses.  On  remarque  dans  notre  exemplaire  quelques-unes  des  dents  de  la 
mâchoire  inférieure;  elles  sont  petites,  irrégulières  et  assez  espacées;  les  canines  se  distinguent 
par  leurs  dimensions  plus  fortes.  Toutes  les  nageoires  sont  conservées  ;  les  pectorales  sont  assez 
longues ,  mais  fort  étroites.  La  dorsale  est  très-reculée  et  opposée  à  l'anale  ;  l'une  et  l'autre 
sont  petites.  Les  ventrales  sont  un  peu  plus  grandes  et  plus  triangulaires  ;  elles  sont  encore 
plus  rapprochées  de  l'anale  que  celle-ci  ne  l'est  de  la  caudale.  La  caudale  elle-même  est  profon- 
dément échancrée ,  du  reste  de  moyenne  grandeur,  et  à-peu-près  équilobe.  Ses  rayons  sont 
très-grèles.  La  colonne  vertébrale  doit  être  assez  robuste  ;  les  vertèbres  sont  plus  hautes  que 
longues.  Les  écailles  ne  s'aperçoivent  dans  notre  exemplaire  que  par  la  face  interne;  aussi  sont- 
elles  assez  confuses  ;  cependant  on  voit  q\ie  les  deux  séries  du  milieu  des  flancs  sont  les  plus 
considérables.  Au-dessus  sont  deux  rangées  d'écaillés  à-peu-près  carrées,  et  au-dessous  une 
suite  de  rangées  très-étroites  qui  recouvrent  la  région  abdominale. 

C'est  une  espèce  propre  au  calcaire  lithographique  de  Solenhofen.  L'original  se  trouve  dans 
la  collection  de  M.  le  comte  de  Miinster.  J'ai  reconnu  que  l'espèce  que  j'ai  désignée  dans  le 
Feuilleton  jde  l'une  de  mes  précédentes  livraisons  sous  le  nom  de  B,  bnichysomus,  n'est  qu'une 
variété  du  B.  sphyrcenoides. 

II.  Belokostomus  Munsteri  Âgass. 

Vol.  2,  Tab.  47a,  fîg.  2. 

Cette  espèce  est  fréquente  dans  le  calcaire  lithographique  de  Bavière;  c'est  l'une  des  grandes 
espèces  de  ce  genre  ,  car  elle  a  ordinairement  au  moins  un  pied  de  long.  La  tête  est  allongée  , 
mais  proportionnellement  moins  longue  que  dans  l'espèce  précédente.  Les  mâchoires  sont 
égales ,  très-grèles  ,  armées  de  dents  sur  toute  leur  longueur  ;  mais  ce  qui  est  surtout  remar- 
quable, c'est  que  la  gueule  est  fendue  jusque  sous  l'orbite.  Les  dents  qui  les  bordent  sont  très- 
uniformes  et  beaucoup  plus  serrées  que  dans  le  B.  sphyraoïoides;  il  n'y  a  qu'un  petit  nombre 
de  canines  saillantes,  encore  se  distinguent-t-elles peu  par  leurs  dimensions.  L'appareil  oper- 
culaire  est  fort  large  ;  le  préopercule  en  particulier  a  la  forme  d'mi  triangle  rectangle ,  tandis 
que  l'opercule  a  son  bord  postérieur  arrondi.  La  ceinture  thoracique  en  revanclie  est  faible. 

La  colonne  vertébrale  est  aussi  ici  très-rapprocliée  du  bord  dorsal  ;  elle  est  robuste ,  et  ce 
qui  la  dislingue  surtout ,  c'est  que  ses  vertèbres  sont  plus  longues  que  hautes  ,  du  moins  vers 
la  région  caudale.  La  disposition  des  écailles  n'a  rien  de  particulier  ;  il  y  a  sur  les  flancs  deux 
séries  d'écaillés  principales  à-peu-près  de  mêmes  dimensions  et  du  double  plus  hautes  que  lon- 
gues. Celles  qui  recouvrent  le  ventre  sont ,  par  contre  ,  très-étroites  au  point  que  leur  hau- 
teur égale  à  peine  le  quart  de  leur  longueur. 


—     142     — 

Les  nageoires  ne  sont  pas  conservées  dans  notre  exemplaire ,  mais  j'ai  pu  m'assurer  sur 
d'autres  exemplaires,  qu'elles  sont  toutes  petites,  excepté  les  pectorales,  qui  sont  assez  grandes 
et  dont  il  reste  aussi  quelques  rudimens  dans  notre  figure.  Toutes  sont  composées  de  rayons 
très-fins. 

L'original  se  trouve  en  la  possession  de  sir  Philipp  Egerton.  La  contre-plaque  se  voit  dans 
la  collection  de  lord  Enniskillen.  M.  le  comte  de  Munster  en  possède  aussi  des  exemplaires 
dans  sa  collection.  J'en  ai  vu  d'autres  au  Musée  de  Prague. 

IIL  Belonostomits  acutus  Agass. 
Vol.  2,  Tab.  kl  a,  fig.  3  et  U. 

.le  ne  connais  de  cette  espèce  que  la  tête  ;  mais  elle  est  assez  bien  conservée  pour  ne 
laisser  aucun  doute  sur  le  genre  auquel  il  faut  la  rapporter,  et  sous  le  rapport  géologique 
elle  a  un  intérêt  tout  particulier,  parce  que  c'est  la  première  espèce  que  l'on  ait  trouvée  dans 
le  lias.  Le  bec  est  très-allongé  ,  plus  grêle  que  dans  aucune  autre  espèce  ,  et  surtout  atténué 
d'une  manière  plus  graduée  que  celui  du  Belonoslomus  Mûnsteri.  La  mâchoire  sujîérieure  est 
armée  jusqu'à  son  extrémité  de  dents  très-acérées  (fig.  k).  Celles  de  la  mâchoire  inférieure 
sont  très-développées  au  milieu  du  maxillaire,  assez  espacées  et  irrégulières  (fig.  3).  Les  os 
que  l'on  voit  derrière  l'orbite  (fig.  't  ) ,  et  qui  sont  probablement  les  frontaux  et  les  pariétaux  , 
sont  finement  granulés. 

Les  deux  exemplaires  figurés  se  trouvent  dans  la  collection  de  lord  Enniskillen  et  de  sir 
Philipp  Egerton  et  proviennent  du  lias  de  Whitby. 

IV.  Belonostomus  cinctus  Agass. 

Vol.  2,  Tab.  66a,  fig.  10-13. 

.Je  rapporte  au  genre  Belonoslomus,  un  fragment  de  la  collection  de  M.  Mantell,  dont' les 
écailles  présentent  à-peu-près  le  même  arrangement  que  nous  avons  reconnu  dans  les  espèces 
précédentes.  Ce  sont  d'énormes  écailles ,  ayant  un  pouce  de  long  et  au-delà,  sur  un  quart  de 
pouce  de  large.  Or  pour  peu  qu'il  y  ait  une  seconde  rangée  d'écaillés  pareilles,  comme  elles 
existent  dans  toutes  les  espèces  connues  jusqu'à  ce  jour,  il  faut  admettre  que  le  poisson  dont 
proviennent  ces  fragmens,  était  de  taille  colossale;  car  en  évaluant  ses  dimensions  d'après  ses 
écailles,  il  devait  avoir  au  moins  trois  à  quatre  pieds  de  long.  La  partie  du  tronc  qui  est  con- 
servée est  recouverte  d'écaillés  très-uniformes,  dont  les  bords  antérieur  et  postérieur  sont 
parallèles,  tandis  que  leur  sommet  se  termine  en  une  pointe  obtuse  en  arrière  (fig.  13).  Les 
lig.  10,  11  et  12  représentent  des  mâchoires  isolées  qui  ont  été  trouvées  avec  le  fragment  de 


—  I'i5  — 
lîg.  i3.  La  figure  H  est  une  mâchoire  inférieure  qui  a  tous  les  caractères  que  nous  avons  re- 
connus aux  mâchoires  des  Bélonostomes.  D'un  autre  côté,  le  fragment  de  tig.  13  ne  pouvan 
provenir  que  d'un  Bélonostome  ou  d'un  Aspidorhynchus ,  rien  de  plus  naturel  que  de  le  rap- 
porter au  premier  de  ces  genres,  attendu  (jue  la  mâchoire  en  question  ne  saurait  être  une  mâ- 
choire d'Aspidorhynchus.  On  ne  saurait  méconnaître  la  grande  analogie  qui  existe  entre  celte 
mâchoire  et  celle  du  Lepidosteus  vivant  que  nous  avons  décrit  en  détail,  au  commencement  de 
la  seconde  partie  de  ce  volume,  page  k.  Les  dents  sont  inqjlantées  dans  une  rainure  du  bord 
extérieur  de  la  mâchoire  ,  et  chaque  dent  est  en  outre  enfoncée  dans  une  alvéole  particulière 
de  manière  que  lorsque  les  dents  sont  tombées ,  le  fond  de  la  rainure  présente  une  série  de 
creux  des  plus  remarquables  (fig  12).  A  côté  de  ces  dents  principales  se  voit  une  rangée  de  pe- 
tites dents  en  brosse  qui  régnent  tout  le  long  du  bord  interne  de  la  mâchoire  (fîg.  H)  et  qui 
se  retrouvent  également  dans  le  Lépidostée  (Tab.  B',  fig.  3). 

La  fig.  10  représente  les  deux  branches  d'une  mâchoire  inférieure.  Si,  comme  j'ai  tout  lieu 
de  le  croire,  ce  fragment  provient  de  la  même  espèce  que  ceux  de  fig.  11,  12  et  13,  ce  se- 
rait une  autre  preuve  que  notre  poisson  est  bien  réellement  un  Bélonostome  ;  car  il  n'y  a 
aucun  Aspidorhynchus  qui  ait  une  mâchoire  inférieure  aussi  allongée. 

Tous  ces  fragmens  proviennent  de  la  craie  de  Lewes. 

Espèces  qui  seront  décrites  par  la  suite  : 

1°  Belonostomus  Anningiae  Agass.  (B.  tenellus  dans  quelques  collections).  Du  Lias  de 
Lyme-Regis. 

2°  Belonostomlts  tenuirostris  Agass.  Espèce  à  bec  très-long ,  égalant  le  tiers  de  la  lon- 
gueur totale  et  plus  grêle  que  le  bec  du  B.  sphyraenoides.  La  mâchoire  supérieure  est  plus 
longue  que  l'inférieure.  Les  vertèbres  sont  plus  longues  que  hautes.  Les  dents  sont  acérées, 
irrégulières  et  espacées.  Du  calcaire  lithographique  de  Solenhofen.  C'est  l'espèce  que  j'ai  éti- 
quetée dans  quelques  collections  du  nom  d\hpi(lorhynchus  temdrostris  et  de  Belone  temiirostris. 

3°  Belonostomus  subulatus  Agass.  Espèce  très-grêle,  voisine  du  B.Munsleri.  La  mâchoire  su- 
périeure d'un  cinquième  plus  longue  que  l'inférieure.  Du  calcaire  lithographique  de  Solenhofen. 

h"  Belonostomus  ventralis  Agass.  Espèce  très-allongée,  à  tête  grosse  et  large.  Rayons  des 
ventrales  courts  et  larges.  Cette  nageoire  est  très-reculée..  Du  calcaire  lithographique  de  So- 
lenhofen. 

5°  Belonostomus  Kochii  Miinst.  Espèce  voisine  à  certains  égards  du  B.  Munsteri,  mais  moins 
allongée,  à  mâchoires  grêles  et  d'égale  longueur;  la  tête  est  comprise  quatre  fois  dans  la  lon- 
gueur totale.  Du  calcaire  lithographique  de  Kehlheim. 

6°  Belonostomus  leptosteus  Agass.  Espèce  de  Stonesfield  ,  dont  je  ne  connais  encore  que 
des  os  détachés  de  la  tête. 

7°  Belonostomus  brachysomus  Agass.  N'est  qu'une  variété  du  B.  spityrcenoïdes.  (Voir  celte 
espèce  ci-dessus.)  , 


—    m    — 
CHAPITRE   XVI. 

DU    GENRE    SAUROSTOMUS   Agass. 


M,  le  professeur  Walchner  de  Cqrlsruhe  a  découvert  dans  le  lias  de  l'Oberland  badois  une 
mâchoire  armée  d'une  longue  série  de  dents  comprimées  et  tranchantes,  assez  semblables  à 
des  dents  de  Saurien  ,  mais  qui  cependant  appartiennent  évidemment  à  la  classe  des  poissons 
et  dont  j'ai  fait  le  type  de  mon  genre  Saurostonius.  On  n'en  connaît  encore  qu'une  seule  es- 
pèce, le  Saurostomus  esocinm.  Peut-être  faut-il  rapporter  à  ce  genre  quelques  mâchoires  figu- 
rées dans  les  Transactions  de  la  société  géologique  de  Londres,  seconde  série,  vol.  2,  Tab.  k, 
et  qui  proviennent  du  Lias  de  Lincolnshire. 

Saurostomus  esocinus  Agass. 
Vol.   2,  Tab.  S8  6,fîg.  4. 

Tout  ce  que  l'on  connaît  jusqu'ici  de  cette  espèce  se  borne  à  la  pièce  figurée,  qui  est  une 
mâchoire  inférieure.  Le  poisson  dont  elle  provient  devait  être  de  grande  taille  et  avoir  le  mu- 
seau très-allongé.  Cependant  l'os  qui  porte  les  dents  est  trop  vigoureux  pour  provenir  d'une 
espèce  de  Bélonostome ,  et  trop  allongé  pour  appartenir  au  genre  Eugnathe  ,  sans  compter  que 
les  dents  sont  beaucoup  plus  uniformes  que  dans  ce  dernier  type.  Du  reste  on  reconnaît  bien 
évidemment  la  famille  des  Sauroïdes  à  la  forme  des  dents,  ainsi  qu'à  la  manière  dont  elles 
sont  implantées.  A  ce  dernier  égard,  elles  rappellent  même  d'une  manière  frappante  les  dents 
du  genre  Lépidostée,  car  elles  sont  implantées  dans  une  gouttière  qui  est  bordée  par  le  bord 
de  la  mâchoire;  de  façon  que  lorsque  ce  bord  est  intact,  il  n'y  a  guère  que  la  pointe  émaillée 
des  dents  qui  la  dépasse.  A  l'intérieur  des  dents  de  la  rangée  principale,  on  en  découvre  de 
plus  petites  qui  garnissent  probablement  le  bord  interne  de  la  mâchoire  et  que  l'on  reconnaît  à 
travers  les  intervalles  des  dents  principales. 

La  plaque  qui  porte  cette  mâchoire  provient  d'un  massif  du  lias  de  l'Oberland  badois,  bien 
caractérisé  par  son  aspect  particulier  et  par  les  fossiles  qu'il  renferme.  Elle  fait  partie  de  la 
collection  de  M.  Walchner, 


'l  :j 


CHAPITRE  XVII. 


DU    GENRE    MEGALL'RUS   Agass. 


Le  nom  de  ce  genre  en  indique  le  caractère  essentiel ,  qtii  consiste  dans  une  queue  très- 
ample,  jointe  a  un  squelette  assez  trapu,  ce  qui  lui  donne  une  apparence  très-massive.  La 
caudale,  au  lieu  d'être  bilobée  comme  dans  la  plupart  des  genres  que  nous  venons  d'exami- 
ner, est  à-peu-près  uniformément  arrondie  ;  elle  rappelle  à  cet  égard  le  Polyptère  du  Nil  que 
nous  avons  décrit  ci-dessus.  Cependant  cette  ressemblance  est  plus  apparente  que  réelle  ,  at- 
tendu que  dans  le  Sauroïde  du  Nil,  les  rayons  qui  s'attachent  aux  apophyses  inférieures  des 
vertèbres  caudales  sont  aussi  nombreux  et  aussi  considérables  que  ceux  qui  dépendent  des 
apophyses  supérieures.  Dans  notre  genre  ,  au  contraire,  la  colonne  vertébrale,  au  lieu  d'être 
droite,  se  relève  sensiblement  à  son  extrémité,  et  la  portion  la  plus  notable  de  la  caudale  est 
supportée  par  les  apophyses  inférieures.  Les  rayons  de  cette  nageoire  sont  aussi  en  général 
plus  grêles  et  moins  divisés.  Ceux  du  lobe  supérieur  sont  même  souvent  indivis.  La  dorsale 
est  assez  grande  ,  composée  de  rayons  également  grêles  et  peu  divisés.  Son  insertion  est  oppo- 
sée à  celle  des  ventrales  qui  sont  elles-mêmes  beaucoup  plus  rapprochées  de  l'anale  que  des 
pectorales.  L'anale  ne  compte  qu'un  petit  nombre  de  rayons,  mais  ils  sont  assez  allongés  et 
semblables  aux  rayons  de  la  dorsale.  Le  squelette  est  très-robuste  ;  la  colonne  vertébrale  sur- 
tout est  forte ,  composée  de  vertèbres  très-grosses  et  beaucoup  plus  hautes  que  longues,  du 
moins  dans  la  partie  antérieure  du  tronc.  Les  apophyses  et  notamment  les  côtes  sont  courtes 
ci  grosses.  Les  apophyses  supérieures  ne  s'articulent  pas  directement  avec  les  corps  de  vertèbre; 
mais  elles  sont  supportées  par  des  processus  très-distincts  et  fort  gros  ,  et  comme  elles  s'arti- 
culent à  l'angle  postérieur  de  ces  processus,  il  en  résulte  qu'elles  sont  inclinées  en  arrière  dès 
les  premières  vertèbres  abdominales.  Toutefois  on  n'en  reconnaît  pas  moins  les  vertèbres  cau- 
dales à  leurs  apophyses  qui  s'allongent  de  plus  en  plus  vers  la  queue.  Il  y  a  des  osselets  inter- 
apophysaires  tout  le  long  du  dos  ;  mais  les  inermes  qui  précèdent  la  dorsale  sont  bien  moins 
développés  que  les  autres;  et  ils  sont  loin  d'atteindre  le  bord  dorsal.  La  tête  est  assez  courte  ; 
la  gueule  n'est  pas  très-fendue  ,  mais  les  mâchoires  sont  armées  de  grosses  dents  coniques  qui 
prouvent  assez  que  nous  avons  à  faire  à  un  genre  particulier  de  la  famille  des  Sauroïdes.  Les 
écailles  sont  lisses,  et  leur  bord  postérieur  uni  et  arrondi ,  ensorte  qu'elles  ressemblent  beau- 
TOM.  IJ ,  2"  Part.  19 


—     ikQ     — 

coup  à  des  écailles  de  Cycloïdes  avec  lesquelles  elles  pourraient  en  effet  être  confondues  si 
elles  n'étaient  recouvertes  d'émail. 

Les  espèces  connues  jusqu'ici  proviennent  toutes  des  étages  récens  de  la  formation  juras- 
sique. 

I.  Megaliirus  LEPiDOTUs  Agass. 

Vol.  2,Tab.  Si  a. 

On  reconnaît  facilement  celte  espèce  à  la  grandeur  de  ses  écailles  ,  qui  sont  réellement  ar- 
rondies et  plus  hautes  que  longues ,  de  manière  qu'elles  ressemblent  à  des  écailles  de  Carpe  ; 
celles  qui  sont  bien  conservées ,  laissent  même  apercevoir  à  travers  leur  émail  les  lignes  d'ac- 
croissement ,  ainsi  que  le  montre  le  petit  groupe  d'écaillés  dessiné  au  trait  à  côté  de  la  figure 
principale.  Le  disque  circulaire  qui  est  à  côté ,  représente  le  contour  d'une  écaille  isolée .  vue 
à  la  loupe.  On  ne  remarque  aucune  difTérence  de  forme  entre  les  écailles  do  la  partie  cau- 
dale du  tronc  et  celles  de  la  partie  abdominale.  La  colonne  vertébrale ,  qu'on  voit  îlans  notre 
exemplaire  depuis  son  origine  jusqu'à  son  extrémité  ,  est  très-robuste  dans  tout  son  trajet  ;  et 
il  n'y  a  que  les  dernières  vertèbres  caudales  qui  se  rappetissent  subitement.  Les  vertèbres  ab- 
dominales sont  surtout  très-grosses  et  beaucoup  plus  hautes  que  longues.  Les  côtes  qui  s'y 
rattachent  sont  en  revanche  très-courtes.  Les  apophyses  supérieures  sont  très-inclinées  dès  les 
premières  vertèbres,  et  fixées  à  l'angle  postérieur  des  neurapophyses.  Entre  ces  apophyses 
viennent  s'interposer  des  osselets  interapophysaires  inermes,  plus  longs  que  les  apophyses,  mais 
qui  cependant  sont  loin  d'atteindre  le  bord  dorsal.  Ils  ont  cela  de  particulier,  c'est  qu'ils 
sont  onduleux  comme  s'ils  avaient  été  mous  durant  la  vie.  Les  osselets  qui  correspondent  aux 
rayons  de  la  dorsale  sont  longs  et  roides.  A  partir  de  la  dorsale,  les  apophyses  s'allongent  in- 
sensiblement vers  la  queue  ;  mais  ce  qu'il  y  a  de  très-intéressant ,  c'est  la  manière  dont  elles 
concourent  à  la  formation  de  la  caudale.  Déjà  les  apophyses  de  la  treizième  vertèbre  caudale 
(  à  compter  d'arrière  en  avant)  servent  de  soutien  à  cette  nageoire  en  supportant  ses  premiers 
rayons.  Il  faut  pour  cela  qu'elles  soient  très-allongées  ,  surtout  les  inférieures  ,  et  cet  allonge- 
ment contraste  singulièrement  avec  l'extrême  brièveté  des  côtes  et  des  apophyses  antérieures. 
Les  apophyses  suivantes,  c'est-à-dire  celles  des  10",  9*,  8^,  7®  vertèbres,  etc.,  correspondent 
à-peu-près  chacune  à  un  rayon.  Ces  rapports  entre  les  apophyses  des  dernières  vertèbres 
et  les  rayons  de  la  caudale  paraissent  être  les  mêmes  dans  le  lobe  supérieur  ;  seulement , 
comme  ce  lobe  est  refoulé  en  haut  par  la  courbure  de  l'extrémité  de  la  colonne  vertébrale  ,  il 
en  résulte  que  ses  rayons  ,  ainsi  que  les  apophyses  qui  les  supportent ,  sont  beaucoup  plus  ser- 
rés. Les  premières  vertèbres  caudales  sont  excessivement  grêles  et  comme  atrophiées  ;  elles 
n'acquièrent  leurs  vraies  dimensions  qu'à  partir  de  la  septième  vertèbre.  Le  lobe  inférieur  de 
la  caudale  compte  treize  grands  rayons  fort  espacés  ,  très-grêles  ,  articulés  à  distance  ,  et  di- 


—      i'i7      — 

chotomés  deux  ou  tout  au  plus  trois  fois.  Les  articles  s'étendent  jusqu'à  la  base  des  rayons  et 
sont  sensiblement  plus  longs  que  larges.  Le  lobe  supérieur  n'a  ([ue  deux  ou  trois  rayons  prin- 
cipaux .  (pii  sont  précédés  d'un  nombre  considérable  de  rayons  inermes  ;  ensorte  que  le  lobe 
supérieur,  ou  cette  partie  de  la  caudale  qui  est  supportée  par  les  apophyses  supérieures  ,  n"a 
guère  que  le  <piarl  de  la  largeur  du  lobe  inférieur.  L'extrémité  des  rayons  supérieurs  étant 
enlevée  dans  notre  exemplaire  ,  il  est  difficile  de  dire  quelle  a  été  la  forme  précise  de  son  con- 
tour, mais  j'ai  tout  lieu  de  croire  qu'il  était  arrondi.  La  dorsale  est  reculée  ;  son  insertion  ne 
commence  guère  quau  milieu  du  dos;  elle  est  grande  et  composée,  comme  la  caudale,  de 
rayons  grêles ,  très-peu  espacés  et  peu  divisés.  Il  y  en  a  en  tout  quinze  à  seize  ;  les  six  pre- 
miers sont  indivis.  L'anale  est  bien  moins  longue  ;  mais  ses  rayons  sont  tout  aussi  robustes  ,  si- 
non plus  développés.  Les  osselets  interapophysaires  qui  supportent  cette  nageoire  sont  longs  et 
bien  accusés.  J'en  compte  en  tout  sept,  et  il  est  probable  que  le  nombre  des  rayons  était  à-peu- 
près  le  même.  Il  n'est  resté  dans  notre  exemplaire  que  quelques  traces  des  ventrales  ,  en  face 
de  l'insertion  de  la  dorsale.  Ce  sont  des  fragmens  de  rayons  assez  mutilés,  mais  qui  nous  prou- 
vent cependant  que  les  rayons ,  loin  d'être  aussi  grêles  que  ceux  de  la  dorsale  et  de  la  cau- 
dale ,  étaient  au  contraire  beaucoup  plus  larges  et  composés  d'un  grand  nombre  de  ramifica- 
tions. Les  os  de  la  tète  sont  mutilés ,  cependant  on  reconnaît  assez  distinctement  les  rayons 
branchioslègues,  qui  sont  nombreux  et  robustes.  La  mâchoire  inférieure  est  très-bien  conser- 
vée et  armée  d'une  douzaine  de  grosses  dents  coniques ,  dont  les  plus  reculées  sont  les  plus 
longues. 

C'est  une  espèce  propre  au  portlandien  de  Solenhofeiî  ;  l'original  se  trouve  en  double  plaque 
dans  la  collection  du  Musée  de  Munich.  Un  autre  exemplaire  de  plus  petite  taille  ,  mais  égale- 
ment bieii  conservé,  se  voit  dans  la  collection  de  M.  Bronn  à  Heidelberg.  Enfin  M.  le  comte  de 
Munster  en  possède  aussi  des  vertèbres  et  des  écailles  détachées. 

II.  MkCtAlurus  brevicostatus  Agass. 

Vol.  2.  Tab.  .^I.  fig.  3. 

Nous  retrouvons  dans  ce  petit  poisson  à-peu-près  toutes  les  particularités  de  structure  que 
nous  avons  reconnues  dans  le  squelette  de  l'espèce  précédente  ,  mais  dans  des  proportions  fort 
différentes .  car  il  est  de  bien  plus  petite  taille.  Les  côtes  sont  d'une  brièveté  remanjuable , 
à-peu-près  de  moitié  moins  longues  que  les  apophyses  inférieures  de  la  région  caudale.  Les 
apophyses  supérieures  correspondant  aux  côtes  sont  également  courtes  et  grêles  ;  elles  ne 
prennent  un  certain  développement  que  dans  la  région  caudale,  et,  ce  qui  est  surtout  digne  de 
remarque,  c'est  que  les  dernières  sont  dichotomées.  Les  osselets  interapophysaires  de  la  dor- 
sale et  de  l'anale  sont  aussi  longs  que  les  osselets  des  apophyses  correspondantes  .  mais  plus 
grêles.  Les  osselets  inermes  en  avant  de  la  dorsale  sont  beaucoup  plus  fins  et  plus  petits,  mnis 


—     148     — 

je  ne  remarque  pas  qu'ils  soient  ondulés  comme  ceux  du  M.  lepidotus.  Les  écailles  n'ont  laissé 
que  des  empreintes  très-indécises ,  par  lesquelles  on  voit  cependant  qu'elles  étaient  assez 
grandes  ,  minces  ,  circulaires  et  probablement  arrondies.  Ce  qu'il  y  a  de  plus  remarquable  , 
c'est  la  ligne  latérale  qui,  au  lieu  de  courir  parallèlement  à  la  colonne  vertébrale,  remonte  vers 
la  nuque  à  partir  de  l'anale.  Quant  aux  nageoires  ,  il  n'y  a  que  les  pectorales  qui  soient  conser- 
vées. Elles  §ont  assez  longues  et  composées  de  rayons  très-fins.  La  tête  est  courte  ;  l'orbite  est 
grande  et  très-rapprochée  du  profil.  Les  mâchoires  sont  armées  de  dents  très-aiguës.  Les 
rayons  branchiostègues  se  voient  aussi  d'une  manière  très-distincte ,  ils  vont  en  augmentant 
de  dimensions  d'avant  en  arrière. 

C'est  aussi  une  espèce  propre  au  calcaire  lithographique  de  Kehlheim.  L'original  se  trouve 
dans  la  collection  de  M.  le  comte  de  Miinster. 

IH.  Megalurus  elongatus  Miinstr. 
Vol.  2  ,  Tab.  51  ,  fig.  1  et  2. 

M.  le  comte  de  Miinster  a  distingué  cette  espèce  du/ff.  brevicostatus,  parce  qu'elle  est  beau- 
coup plus  élancée.  La  largeur  est  contenue  quatre  fois  dans  la  longueur,  tandis  que  dans  l'es- 
pèce précédente,  la  largeur  comprend  plus  du  tiers  de  la  longueur.  A  tous  les  autres  égards, 
la  ressemblance  est  à-peu-près  parfaite  entre  les  deux  espèces.  La  dorsale  est  grande;  ses 
rayons  sont  au  nombre  de  vingt-un  ;  les  deux  premiers  sont  plus  petits  que  les  autres.  Les 
ventrales  et  les  pectorales  ont  également  des  rayons  assez  longs,  mais  peu  nombreux.  L'a- 
nale n'est  qu'imparfaitement  conservée  dans  notre  exemplaire  ;  cependant  les  rayons  que 
j'envisage  comme  tels  ,  sont  aussi  très-allongés.  La  caudale  nous  présente  les  mêmes  rapports 
que  nous  avons  remarqués  dans  le  M.  lepidotus ,  c'est-à-dire  que  le  lobe  inférieur  est 
beaucoup  plus  large  que  le  lobe  supérieur  et  composé  de  rayons  plus  gros  et  plus  distinctement 
espacés.  Ce  qui  est  remarquable,  en  outre,  c'est  le  grand  nombre  de  petits  rayons  qui  précè- 
dent les  grands  rayons  du  lobe  inférieur,  et  qui  s'étendent  jusqu'à  l'extrémité  de  l'anale.  On 
dirait  de  petites  soies,  tant  ils  sont  courts.  La  tête  est  assez  bien  conservée;  on  y  reconnaît  les 
rayons  branchiostègues  qui  sont  à-peu-près  aussi  serrés  que  les  rayons  d'une  nageoire;  les 
derniers  sont  beaucoup  plus  larges  que  les  premiers.  Les  dents  sont  aussi  assez  bien  conser- 
vées, surtout  à  la  mâchoire  supérieure.  L'orbite  est  grande  et  rapprochée  du  bord  supérieur. 
Enfin  il  existe  aussi  derrière  la  dorsale  et  au-dessus  de  l'anale  quelques  séries  d'écaillés;  elles 
sont  plus  longues  que  hautes ,  arrondies  en  arrière,  et  vues  à  la  loupe,  elles  présentent  l'aspect 
de  fig.  2. 

Cette  espèce,  dont  l'original  se  trouve  dans  la  collection  de  M.  le  comte  de  Miinster,  pro- 
vient du  calcaire  lithographique  de  Kehlheim. 


—     \li9     — 

IV.  Megalurus  parvus  Mùnst. 

Vol.  2,  Tab.  51,  fig.  U. 

Le  poisson  que  M.  le  comte  de  Munster  appelle  de  ce  nom,  est  beaucoup  plus  petit  que  les 
autres,  et  c'est  sans  doute  pour  cette  raison  qu'il  l'a  distingué  du  M.  elonyatus.  Il  est  aussi  un 
peu  plus  trapu,  mais  du  reste  il  présente  toutes  les  particularités  que  nous  venons  d'indiquer 
dans  cette  dernière  espèce.  Les  côtes  et  les  apophyses  sont  excessivement  grêles  et  la  colonne 
vertébrale  est  tellement  dilatée  par  la  pression,  qu'elle  paraît  beaucoup  plus  large  que  les  apo- 
physes ne  sont  hautes.  Mais  il  ne  faut  pas  prendre  le  change  sur  ce  caractère,  car  il  est  évi- 
dent que  cette  largeur  démesurée  n'est  qu'accidentelle. 

L'exemplaire  figuré  se  trouve  dans  la  collection  de  M.  le  comte  de  Munster  et  provient  du 
calcaire  lithographique  de  Solenhofen. 

11  se  pourrait  qu'en  définitive  ces  trois  espèces ,  le  M.  brencostatus ,  le  M.  elongatus  et  le 
M.  parvus  ne  fussent  que  les  variétés  d'un  seul  et  même  poisson.  Elles  ont  du  moins  toutes  la 
même  physionomie,  les  mêmes  caractères  de  détails,  et  comme  elles  proviennent  toutes  du 
même  terrain,  la  supposition  de  leur  identité  n'en  paraît  que  plus  vraisemblable. 


150 


CHAPITRE   XVIII. 


DU  GENRE   MACROSEMIUS  \gass. 


J'ai  établi  ce  genre  pour  un  petit  poisson  de  la  famille  des  Sauroïdes  qui  présente  plusieurs 
particularités  très-remarquables  parmi  lesquelles  il  faut  placer  en  première  ligne  la  forme  de  la 
dorsale  qui  s'étend  sur  toute  la  longueur  du  dos  et  dont  les  rayons  sont  très-grands.  La  cau- 
dale n'est  pas  fourchue  ,  mais  arrondie,  comme  dans  le  genre  Megahirus;  son  lobe  supérieur, 
A  ers  lequel  se  courbe  la  colonne  vertébrale,  est  plus  faible  que  le  lobe  inférieur.  Les  pectorales 
sont  grandes  ;  les  ventrales  et  l'anale  au  contraire  sont  petites.  La  tète  est  grosse  et  la  gueule 
peu  fendue  ,  mais  armée  de  dents  robustes  ,  dont  la  forme  conique  révèle  assez  un  vrai  Sau- 
roïde.  J'ai  essayé  de  restaurer  ce  type  d'après  ces  caractères  ,  dans  la  figure  3,  de  Tab.  D,  Vol.  2. 
G'est  évidemment  de  tous  les  Sauroïdes  fossiles  celui  qui  se  rapproche  le  plus  du  Polyplerus 
Bichir  (Voy.  Tab.  C.  dé  ce  volume.  )  D'un  autre  côté  les  différences  sont  cependant  encore 
considérables  ,  et  il  suffit  de  comparer  les  deux  figures  citées,  pour  s'en  convaincre- 

Je  ne  connais  encore  qu'une  seule  espèce  de  ce  genre  ,  le  : 

Macbosemius  rostratus  Agass. 

Vol.  2,  Tab.  h7  a,  fig.  1. 

Ce  poisson  est  plutôt  trapu  qu'élancé,  et  celte  apparence  résulte  notamment  de  la  grosseur 
de  la  tête  combinée  avec  la  hauteur  et  la  grandeur  de  la  dorsale.  La  tète  est  en  effet  très-dé- 
veloppée  ;  on  y  reconnaît  les  frontaux,  qui  sont  fort  larges,  l'occipital  et  les  maxillaires.  L'ap- 
pareil operculaire  n'est  pas  aussi  développé  qu'on  devrait  s'y  attendre,  d'après  la  largeur  du 
crâne.  On  dislingue  l'opercule  .et  le  préopercule.  Le  premier  est  très-arrondi  en  arrière,  mais 
du  reste  assez  petit.  La  ceinture  thoracique  ,  à  laquelle  s'attachent  les  pectorales,  est  robuste. 
La  charpente  osseuse  du  tronc  est  faible,  comparativement  à  celle  de  la  tète  ;  les  côtes  et  les 
apophyses  épineuses  sont  grêles  ;  ces  dernières  sont  en  outre  très-courtes.  En  revanche  ,  les 
osselets  interapophysaires  et  notamment  ceux  de  la  dorsale  sont  fort  longs  et  touchent  tous 
sans  exception  aux  apophyses.  Ceux  de  l'anale  sont  plus  grêles  et  peu  nombreux,  l'anale  étant 
elle  même  très-reculée.   La  colonne  vertébrale  se  recourbe  sensiblement  en  haut  près  de  la 


I 


—    irii     — 

taudale,  mais  sans  pénétrer  dans  la  nageoire  elle-niênie,  qui  est  en  grande  partie  soutenue  par 
les  apophyses  inférieures  des  dernières  vertè})res  caudales,  à-peu-près  comme  chez  les  Mega- 
Uu'us.  Quant  aux  autres  nageoires,  nous  savons  déjà  que  la  dorsale  s'étend  sur  toute  la  lon- 
gueur du  dos.  Ses  rayons  sont  longs,  très-uniformes  et  bifurques  seulement  à  leur  extrémité. 
Il  n'y  a  que  les  derniers,  près  de  la  caudale  ,  qui  sont  sensiblement  plus  petits  que  les  autres. 
Les  pectorales  sont  larges ,  formées  de  rayons  à-peu-près  aussi  longs  que  ceux  de  la  dorsale, 
mais  beaucoup  plus  faibles  et  plus  divisés.  Les  ventrales  sont  petites  et  grêles,  situées  à-peu- 
près  au  milieu  du  corps  et  beaucoup  plus  rapprochées  de  l'anale  (jue  des  pectorales.  L'anale 
est  de  nouveau  composée  de  rayons  assez  gros  et  fort  semblables  à  ceux  de  la  dorsale.  Ceux 
de  la  caudale  enfin  sont  assez  longs  et  divisés  nombre  de  fois  à  leur  extrémité.  Les  plus  grands 
correspondent  au  lobe  inférieur.  Il  n'y  en  a  qu'un  petit  nombre  d'indivis  en  avant  des  rayons 
principaux.  Les  écailles  ne  sont  conservées,  dans  notre  exemplaire,  que  sur  une  petite  partie 
du  corps,  au-dessous  de  l'anale;  elles  sont  rhomboïdales,  à  surface  lisse  et  ne  me  paraissent 
pas  différer  notablement  de  celles  de  la  plupart  des  autres  Sauroïdes. 

C'est  une  espèce  propre  au  calcaire  lithographique  de  Solenhofen.  L'exemplaire  figuré  se 
trouve  au  musée  de  Prague  ;  un  autre  ,  de  même  dimension,  fait  partie  du  musée  de  Munich. 


—     ^52     — 

CHAPITRE    XIX. 

DE  LA  STRIJCTORE  MICROSCOPIOUE  DES  DEiïïS  DES  SAIJROIDES  FOSSILES. 


Je  n'ai  pu  étudier  jusqu'ici  la  structure  microscopique  des  dents  de  cette  famille  que  sur  un 
petit  nombre  de  genres.  J'y  ai  cependant  reconnu  deux  types  distincts,  dont  l'un  rappelle  la 
structure  des  dents  du  Polypterus,  et  l'autre  celle  des  dents  du  Lepidosteus,  Dans  la  première 
catégorie  se  rangent  les  genres  Pygopterus  ,  Saurichlhys  et  Megalichthys  ;  dans  la  seconde  , 
les  genres  Saurostomus  et  Cricodus. 

1°  Genres  analogues,  par  la  structure  de  leurs  dents,  au  genre  Polypterus. 

Du  GENRE  Pygopterus. 

Vol.   2,  Tab.  H,  fig.  1. 

Les  dents  des  Pygopterus  sont  petites,  coniques,  effilées,  très-pointues  et  un  peu  renflées  au 
milieu,  là  où  elles  dépassent  le  bord  de  la  mâchoire.  Elles  sont  placées  le  long  de  la  mâchoire  , 
régulièrement  espacées,  et  ne  forment  pas  une  brosse  ou  râpe  comme  les  dents  du  Polypterus. 
Elles  sont  enfoncées  dans  de  petits  creux  de  la  mâchoire  et  reposent,  à  l'état  fossile,  sur 
un  petit  cône  pierreux  ,  qui  a  remplacé  la  pulpe  qui  se  trouvait  chez  le  vivant.  On  ne  voit  à 
l'extérieur  aucune  trace  de  rainures  ni  de  stries,  mais  toute  la  dent  est  lisse  de  la  base  jusqu'au 
sommet.  Examinées  au  microscope,  elles  présentent  à  l'intérieur  «ne  cavité  pulpaire  conique 
qui  se  rétrécit  de  bas  en  haut ,  parallèlement  à  la  forme  extérieure  de  la  dent.  Un  cône  de 
dentine  entoure  cette  cavité  pulpaire  de  tous  côtés  ;  il  est  plus  massif  au  milieu  ,  là  où  se  voit  le 
renflement  extérieur  ,  plus  mince  vers  la  base  et  vers  le  sommet,  et  recouvert  en  haut  d'un  ca- 
puchon en  émail ,  qui  occupe  à-peu-près  le  tiers  de  la  dent  et  forme  à  lui  seul  toute  la  pointe. 
En  examinant  la  dent  à  la  loupe  ,  on  reconnaît  au  plus  fort  du  renflement  extérieur  une  ligne 
circulaire  qui  indique  la  limite  du  capuchon  émaillé  et  de  la  dentine.  La  dentine  elle-même 
n'ofîre  rien  de  remarquable.  Les  tubes  calcifères  sont  assez  serrés  et  rayonnent  aussi  di- 
rectement que  possible  vers  l'extérieur  de  la  dent ,  en  formant  une  courbe  assez  élégante  ; 
ils  ne  se  ramifient  que  tout  près  du  bord  extérieur  de  la  dentine  où  leurs  branches,  excessive- 
ment fines,  forment  un  réseau  presque  inextricable.  Ceux  du  sommet  se  continuent ,  comme 
chez  le  Polypterus  ,  dans  l'émail ,  où  ils  paraissent  plus  roides  ,  mais  en  même  temps  plus  fins 


—  153  — 
et  moins  régulièreinenl  disposés  que  dans  la  dentine.  J"ai  très-bien  pu  apercevoir  leurs  ou- 
vertures sur  la  surface  extérieure  de  l'émail  ;  elles  sont  assez  grandes  et  au  moins  six  fois  plus 
larges  que  les  tubes  qui  y  aboutissent.  Leur  contour  est  rond  ;  très-souvent  on  voit  le  prolon- 
gement d'un  pareil  tube  jusque  dans  l'ouverture.  Il  est  probable  qu'elles  ne  paraissaient  ici 
si  visibles  .  que  parce  qu'elles  étaient  remplies  d'une  matière  noire  pierreuse  ,  provenant  de  la 
fossilisation  ;  tandis  que  chez  les  poissons  vivans  .  ces  ouvertures  forment  de  petits  creux  vides 
qui  échappent  très-facilement  à  l'observation. 

Fig.  1  est  une  coupe  longitudinale  de  la  dent,  grossie  100  fois. 


Du    GENRE    SauRICHTHYS. 

.     Vol.  2,  Tab.  H,  fig.  2  et  .3.      . 

Les  dents  de  ce  genre  diffèrent  de  celles  du  genre  précédent  par  plusieurs  particularités. 
Elles  paraissent  plus  courtes ,  plus  ramassées  et  beaucoup  plus  épaisses  relativement  à  leur 
hauteur.  Leur  forme  est  en  général  conique  ,  un  peu  comprimée  de  côté.  Mais  la  dent  n'est 
pas  toute  d'une  venue  comme  chez  les  autres  Sauroïdes  ;  on  la  dirait  plutôt  composée  de 
deux  parties  très-nettement  séparées ,  savoir  d'un  socle  presque  cylindrique ,  indistinctement 
strié,  par  lequel  la  dent  repose  sur  la  mâchoire,  et  qui  forme  à-peu-près  la  moitié  de  toute  la 
dent,  et  d'un  sommet  pointu,  très-lisse,  parfaitement  droit  et  enfoncé  sur  le  socle,  de  manière 
que  ce  dernier  occasionne  un  petit  bourrelet  autour  de  la  dent,  à  l'endroit  où  les  deux  pièces  se 
touchent.  Cette  différence  entre  le  socle  et  le  sommet  est  encore  plus  frappante ,  lorsqu'on 
examine  leur  structure  au  microscope  ;  le  premier  est  composé  de  dentine,  le  dernier  d'émail. 
La  cavité  pulpaire  est  un  cône  creux  entouré  d'un  cône  de  dentine  massive,  sur  lequel  repose 
le  capuchon  émaillé  comme  dans  les  dents  du  Polyptère.  Les  tubes  calcifères  sont  fins  et  ser- 
rés. Il  n'y  a  de  difîérence  que  dans  l'émail  dont  les  tubes  calcifères  sont  beaucoup  plus  nom- 
breux, plus  serrés ,  et  plus  épais  que  dans  les  autres  genres,  et  n'y  eùt-il  la  dentine  qui  en- 
toure immédiatement  la  cavité  pulpaire ,  et  la  ligne  de  démarcation  si  nette  entre  les  deux 
substances ,  on  pourrait  prendre  l'émail  pour  la  dentine ,  tant  la  disposition  des  tubes  calci- 
fères est  régulière.  Sur  une  coupe  transversale  ,  les  tubes  calcifères  de  la  dentine  ne  sont  point 
ramiflés ,  mais  droits  jusqu'au  bord  extérieur,  où  ils  commencent  à  former  de  fins  réseaux. 
Cette  zone  de  réseaux  se  continue  encore  dans  l'émail  ;  c'est  là  où  prennent  naissance  les 
nouveaux  tubes  calcifères  de  l'émail  qui  paraissent  plus  épais  et  plus  ramifiés  (jue  ceux  de  la 
dentine. 

Fig.  2  est  une  coupe  longitudinale. 

Fig.  3  ,  une  coupe  transversale  ,  prise  prés  du  sommet  de  la  dentine. 

Tm.  II ,  2'  Part.  20 


—    isa    — 

Du    GEISRE    MeGALICHTHYS. 

Vol.  2,  Tab.  H,  fig.  a  et  5. 

La  dent  dont  j'ai  examiné  la  structure  ,  est  une  grande  dent  arquée  et  très- finement  striée, 
provenant  de  la  houille  et  appartenant  au  MecjaUchlhys  Hibberti. 

La  dent  elle-même  est  assez  compacte  ;  la  coupe  en  est  à  peine  ovalaire  et  près  de  la  base 
la  cavité  occupe  à  peine  le  quart  du  diamètre.  Cette  cavité  simple  ,  conique  ,  à  parois  tout-à- 
fait  lisses  ,  va  en  se  rétrécissant  jusque  près  de  la  pointe  de  la  dent  ;  elle  est  entourée  d'une 
dentine  très-épaisse  à  tubes  calcifères  parallèles  et  très-serrés.  On  ne  peut  rien  voir  de  plus 
régulier  que  le  cours  de  ces  tubes  sur  une  tranche  parfaitement  horizontale  (fig.  4  et  5).  Tous 
suivent  une  direction  rayonnante  vers  le  contour  de  la  dent.  Ils  ne  paraissent  pas  avoir  de  ra- 
mifications, ou  du  moins,  s'il  en  existe,  elles  sont  très-serrées  et  tout-à-fait  parallèles.  La  den- 
tine est  tout-à-fait  simple  dans  sa  forme  ;  elle  ne  présente  aucune  trace  de  plissemens.  Les 
stries  si  fines  et  si  serrées  ,  que  l'on  remarque  à  la  surface  de  la  dent ,  proviennent  uniquement 
de  petites  carènes  de  l'émail.  La  couche  d'émail  est ,  comme  d'ordinaire,  plus  mince  à  la  base 
de  la  dent  que  vers  la  pointe  ;  c'est  en  bas  que  ces  raies  sont  les  plus  profondes  ,  mais  elles  di- 
minuent de  bas  en  haut.  La  coupe  transversale  de  la  dent  est  d'un  aspect  très-élégant ,  res- 
semblant à  une  roue  dentelée  de  montre  (fig.  h).  L'émail  se  distingue  par  une  grande  masse 
de  tubes  calcifères  rayonnant  assez  irrégulièrement  de  l'intérieur  à  la  surface  de  la  dent,  et  en 
général  beaucoup  plus  gros  que  les  tubes  de  la  dentine.  Ils  n'atteignent  pas  le  bord  de  l'émail. 
On  y  voit,  en  outre  ,  un  grand  nombre  de  points  parfaitement  noirs  et  opaques;  j'ignore  si  ce 
sont  des  cellules  calcifères  disséminées  dans  le  cément,  ou  bien  des  matières  charbonneuses  in- 
troduites par  la  fossilisation.  Je  penche  cependant  vers  cette  dernière  opinion,  parla  raison  que 
ces  points  ne  montrent  aucune  espèce  de  ramification  ;  or  l'on  sait  que  les  cellules  calcifères  ont 
toujours  de  semblables  branches  ,  à-peu-près  comme  les  corpuscules  osseux.    , 

Fig.  k  est  une  coupe  transversale  prise  au  premier  tiers  de  la  dent. 

Fig.  0,  une  portion  d'une  coupe  prise  près  du  sommet. 


—     155     — 

2°  Genres  luntloyues  au  Lepidosteus. 

Du    GENRE    SaITROSTOMUS. 

Vol.  2:  Tab.  H.  lig.  6-8. 

Les  denfs  de  ce  genre  sont  petites ,  pointues  ,  un  peu  comprimées  latéralement  et  faible- 
ment courbées  en  arrière.  La  dent  est  implantée  sur  la  mâchoire ,  de  manière  à  faire  corps 
avec  elle  ;  il  est  fort  difficile  de  dire  où  la  substance  osseuse  de  la  mâchoire  finit  et  où  la 
dentine  commence.  On  ne  remarque  point  de  stries  le  long  de  la  dent. 

La  coupe  transversale  (lig.  6)  offre  une  cavité  pulpaire  de  forme  en  général  ovale  ,  mais  ra- 
mifiée, qui  envoie  dans  toutes  les  directions  des  processus  qui  se  prolongent  dans  la  dentine 
quelquefois  jusque  tout  près  de  son  bord  extérieur.  Ces  prolongemens  latéraux  de  la  cavité , 
ces  anses  et  baies  sont  moins  saillanset  moins  nombreux  vers  le  sommet  de  la  dent  ,  où  petit  à 
petit  le  contour  de  la  cavité  devient  plus  uni ,  plus  arrêté  et  prend  la  forme  d'un  ovale  pres- 
que parfait.  Sur  une  coupe  longitudinale ,  ces  anses  se  présentent  naturellement  comme  des 
canaux  plus  ou  moins  verticaux  ou  ramifiés  ,  et  les  promontoires  de  la  dentine  vers  la  cavité  , 
comme  des  piliers  plus  ou  moins  branchus  sur  lesquels  la  dent  repose.  La  cavité  pulpaire  étant 
remplie  dans  mes  exemplaires  d'un  spath  calcaire  très-blanc  et  la  dentine  ayant  une  teinte  noi- 
râtre ,  les  deux  substances  se  distinguent  surtout  bien  à  la  lumière  d'en  haut  ;  moins  bien  par 
le  passage  de  la  lumière  à  travers  la  tranche.  Uiie  coupe  longitudinale,  passant  près  de  la  ca- 
vité pulpaire  centrale  sans  pourtant  l'entamer,  offre  à  la  lumière  directe  l'aspect  de  fig.  7.  En 
haut  la  dentine  paraît  compacte  ;  on  remarque  même,  sur  les  bords,  les  traces  d'une  mince 
couche  d'émail.  En  bas,  la  dentine  commence  à  former  des  bandes  longitudinales,  qui  se  rami- 
fient de  plus  en  plus  vers  la  base  ,  de  manière  qu'elles  ressemblent  aux  racines  d'un  buisson. 
C'est  par  ces  racines  de  dentine,  s'effilant  et  se  ramifiant  de  plus  en  plus ,  que  la  dent  s'en- 
chevêtre dans  la  mâchoire  ,  l'os  de  celle-ci  envoyant  des  processus  correspondans  qui  s'entre- 
lacent avec  les  racines  de  la  dentine.  Un  grossissement  plus  considérable  (fig.  8  )  à  la  lumière 
transmise ,  montre  les  prolongemens  et  les  branches  de  la  cavité  pulpaire  remplis  d'une  ma- 
tière opaque  ;  les  piliers  de  la  dentine  sont  transparens  et  présentent  des  tubes  oalcifères  droits, 
rayonnant  depuis  les  canaux  en  dehors .  mais  bien  rares  et  fins.  Vers  le  sommet  de  la  dent . 
les  tubes  se  multiplient.  Une  faible  couche  d'émail  bien  transparente  est  étendue  sur  les  deux 
tiers  supérieurs  de  la  dent. 

Nous  verrons  que  cette  structure  des  dents  de  Saurostomus  s'accorde  parfaitement  avec  un 
autre  gem-e  fossile,  le  Rhizodus  ou  Holoptychius  ,  et  que,  n'était  la  différence  extérieure  des 
dents,  l'on  pourrait  bien  prendre  ces  deux  genres  pour  des  espèces  différentes  d'un  mênie  type. 


—     156     — 
Fig,  6  est  une  coupe  transversale. 
Fig.  7,  une  coupe  longitudinale  passant  près  du  centre. 
Fig.  8  représente  la  même  coupe  que  fig.  7,  plus  fortement  grossie. 

Du  GENRE  CrICODUS. 

Vol.  2,Tab.  H,  fig.  9-12. 

Je  n'ai  pu  examiner  jusqu'ici  que  deux  fragmens  de  ces  dents,  provenant  de  la  même  for- 
mation,  de  rOld-red  Sandstone,  mais  de  localités  très-différentes,  l'un  étant  originaire  de 
l'Ecosse,  l'autre  de  Riga.  Celui  d'Ecosse  n'était  qu'un  morceau  informe,  cassé  aux  deux  bouts, 
mais  il  provenait  d'une  dent  énorme,  car  il  avait  la  grosseur  d'un  doigt.  La  cavité  pulpaire 
était  remplie  d'une  pierre  noire,  la  substance  dentaire  était  d'un  beau  jaune  de  paille.  La  dent 
était  sensiblement  comprimée ,  cependant  le  fragment  n'était  pas  assez  long  pour  qu'on  pût 
juger  de  la  forme  générale  de  la  dent.  De  profondes  rides  longitudinales  se  voyaient  à  sa 
surface.  Le  fragment  russe  était  bien  mieux  conservé;  fig.  9  en  montre  la  figure  de  grandeur 
naturelle,  et  fig.  10,  les  contours  grossis.  La  dent  était  conique,  courbée  en  arrière,  et  légè- 
rement comprimée.  Le  sommet  en  était  cassé,  mais  il  avait  dû  être  assez  pointu  d'après  la 
convergence  des  contours.  Des  stries  longitudinales  se  prolongeaient  jusqu'au  dernier  tiers 
de  la  dent  où  elles  s'effaçaient  insensiblement;  la  pointe  seule  était  lisse.  Les  stries  étaient 
très-visibles,  plus  profondes  et  plus  larges  que  dans  aucun  poisson,  et  les  carènes  qui  s'élevaient 
entre  deux  stries  étaient  larges  et  arrondies.  Ces  stries  se  répétaient  même  à  la  face  intérieure 
de  la  dent  sur  la  cavité  pulpaire  (qui,  dans  notre  exemplaire,  était  vide)  mais  elles  y  étaient 
bien  moins  apparentes ,  moins  larges  et  moins  profondes  qu'à  l'extérieur. 

Ce  qui  frappe  au  premier  abord  ,  c'est,  à  la  base  de  la  dent,  la  grandeur  relative  de  la  cavité 
pulpaire  comparée  à  la  couche  mince  de  dentine  qui  l'enveloppe.  Cette  dentine  représente  une 
espèce  de  rosette  dont  les  siniis  sont  si  profonds  qu'ils  vont  presque  jusqu'à  isoler  les  carènes 
longitudinales  ;  car  la  bande  de  substance  dentaire  par  laquelle  ces  carènes  communiquent  en- 
tre elles  n'est  que  très-mince.  On  dirait  une  épaisse  membrane  plissée  autour  de  la  cavité  in- 
terne. C'est  absolument  l'inverse  de  la  structure  du  Lepidosteus ,  où,  comme  nous  l'avons 
montré  plus  haut,  les  prolongemens  latéraux  de  la  cavité  pulpaire,  qui  correspondent  aux  im- 
pressions de  l'extérieur  et  alternent  avec  elles ,  sont  beaucoup  plus  considérables  que  ces  im- 
pressions. Ici,  au  contraire,  les  impressions  extérieures  sont  très-profondes,  mais  les  prolon- 
gemens latéraux  de  la  cavité  pulpaire  qui  lejir  correspondent  sont  réduits  à  de  faibles 
dentelures. 

La  dentine  est  assez  dure  et  se  brise  facilement  en  morceaux  prismatiques  le  long  des  rai- 
nures. Elle  est  traversée  par  des  tubes  calcifères  très-fins,  simples,  parallèles  et  presque  sans 
ondulations  dans  leur  course.  Ces  tubes  rayonnent  en  éventail  à  travers  la  dentine  des  carè- 
nes, et  se  montrent  sur  la  coupe  transversale  à-peu-près  courbés  comme  les  barbes  terminales 


—      157     — 

d'une  plume  de  paon  (lig.  là.)  Ladentine  est  entourée  d'une  faible  couche  d'émail  transparent, 
sans  structure  apparente,  qui  fait  le  contour  extérieur  de  toutes  les  sinuosités.  Cette  couche 
d'émail  devient  plus  considérable  vers  le  sommet  de  la  dent. 

La  denline  du  Cricodus  se  distingue  en  outre  par  la  grande  facilité  avec  laquelle  elle  se 
fendille  en  couches  concentriques.  On  dirait  que  les  couches  successives  dont  elle  se  compose 
n'adhèrent  pas  aussi  intimement  aux  précédentes,  conutie  c'est  le  cas  dans  d'autres  dents. 

Le  sonmiet  de  la  dent  rentre  dans  les  mêmes  conditions  que  les  dents  simples.  La  cavité 
pulpaire  se  rétrécit  petit-à-petit  et  offre  une  coupe  régulièrement  ovalaire.  Les  stries  s'effa- 
cent; les  tubes  calcifères,  plus  gros  qu'à  la  base ,  rayoïmenl  de  la  cavité  pulpaire  vers  l'exté- 
rieur, et  la  couche  d'émail  qui  recouvre  le  tout,  est  plus  apparente. 

Fig.  9.  Représente  une  dent  de  Riga  de  grandeur  naturelle.  Fig.  9«,  une  coupe  de  la  base. 

Fig.  10.  Contours  grossis.  Fig.  10  a,  coupe  de  la  base. 

Fig.  1 1 .  Coupe  de  la  dent  d'Ecosse,  grossie  16  fois. 

Fig.  1:2.  Coupe  d'une  carène,  grossie  1.^0  fois. 


—     i58 


REMARQUES 

SUR  LES  SALIROIDES  EN  GÉNÉRAL. 


On  a  pu  voir  par  la  description  des  genres  et  des  espèces  qui  précèdent,  que  tous  les  Sau- 
roïdes  ont  une  physionomie  particulière,  appropriée  à  leur  genre  de  vie.  Ce  sont  des  poissons 
ordinairement  élancés,  à  charpente  osseuse  robuste,  et  munis  d'un  appareil  locomoteur  vi- 
goureux très-approprié  à  une  natation  rapide.  Ici,  comme  chez  tous  les  poissons  voraces,  c'est 
la  caudale  (jui  joue  le  plus  grand  rôle  ;  car  plus  cette  nageoire  frappe  l'eau  avec  force,  et  plus  le 
poisson  progresse  rapidement.  Aussi  voyons-nous  que  cette  nageoire  est  très-développée ,  dans 
tous  les  Sauroïdes.  Les  deux  genres  vivans,  le  Lepidostée  et  le  Polyptère  sont  peut-être,  à  cet 
égard,  les  moins  favorisés,  car  il  n'est  aucun  autre  genre  chez  lequel  celte  nageoire  soit  aussi 
réduite.  La  forme  de  la  caudale  n'est  pas  non  plus  sans  importance  pour  l'acte  de  la  natation  ; 
nous  remarquons  à  cet  égard  des  ditTérences  très-tranchées  entre  les  genres,  et  ces  différences 
méritent  d'autant  plus  d'être  prises  en  considération  qu'elles  caractérisent  en  quelque  sorte  les 
différentes  époques  de  la  création  et  cela  d'une  manière  bien  plus  précise  que  les  costumes  ne 
caractérisent  les  époques  de  l'histoire  des  nations.  Les  Sauroïdes  comme  les  Lépidoïdes  peu- 
vent à  cet  égard  se  diviser  en  deux  groupes.  Les  uns  à  caudale  inéquilobe ,  c'est-à-dire  qui 
ont  le  lobe  supérieur  plus  allongé  que  le  lobe  inférieur  et  garni  d'écaillés  semblables  à  celles 
du  tronc,  avec  cette  particularité  que  la  colonne  vertébrale  s'étend  jusqu'à  son  extrémité.  Tel 
est  le  caractère  de  tous  les  Sauroïdes  antérieurs  à  la  formation  jurassique.  Le  second  groupe 
a  la  caudale  plus  ou  moins  équilobe ,  et  si  les  rayons  ne  s'articulent  pas  toujours  sur  la  même 
ligne  verticale,  du  moins  la  colonne  vertébrale  ne  s'étend  pas  dans  le  lobe  supérieur  et  celui- 
ci  n'est  pas  garni  d'écaillés.  Ce  groupe  peut  se  subdiviser  en  deux  sections,  dont  l'une  com- 
prend les  genres  à  caudale  distinctement  fourchue,  et  les  autres  ceux  dont  la  caudale  est  plus 
ou  moins  arrondie  comme  dans  le  Lepidostée  et  le  Polyptère.  11  est  digne  de  remarque  que 
les  genres  fossiles  de  celte  dernière  catégorie  soient  les  plus  récens  ;  on  ne  les  rencontre  que 
dans  les  derniers  dépôts  de  la  formation  jurassique;  tandis  que  ceux  de  la  première  section 
dominent  plus  particulièrement  dans  le  Lias.  A  cet  égard  nous  voyons  que  la  nature  a  pro- 
gressé, comme  dans  une  foule  d'autres  cas,  des  formes  composées  et  asymétriques,  aux  for- 
mes plus  simples  et  uniformes.  Un  tableau  de  toutes  les  espèces  de  cette  famille  rangées 
d'après  leurs  aflinités  et  un  second  où  elles  ligurent  dans  l'ordre  des  formations  auxquelles 
elles  appartiennent,  fera  mieux  ressortir  ces  résultats. 


159     — 


Tableau  des  affinités  des  genres  et  des  espèces  de  la  fatnille 

des  Sauroïdes. 


SAIROIDES  HETEROCERQIIES. 


DiPLOPTF.Rus  Agass. 
D.  affinis  Ag. 
D.  macroceplialus  Ag. 
D.  Robertsoni  Ag. 
D.  borcalis  Ag. 
D,  carbonarius  Aer. 

Megalichthys  Agass. 
M.  Hibberli  Ag. 
M.  priscus  Ag. 
M.  maxillaris  Ag. 

PlATYGNATHUS    AgasS. 

p.  paucidens  Ag. 
P.  minor  Ag. 
P.  Jamesoni  Aa:. 

Dendrodus  Owen. 
D.  la  tus  Ow. 
D.  sigmoideus  Ow, 
D.  strigatus  Ow. 

Lamnodiis  Agass. 
L.  Panderi  As:. 
L.  biporcatus  Ag. 

Cricodus  Agass. 
C.  incurvus  ks. 

Pygopterus  Agass. 
P.  Bonnardi  Asr. 


P.  Lucius  Ag. 
P.  Greenockii  Ag. 
P.  mandibularis. 
P.  Bucklandi  Ag. 
P.  Jamesoni  Ag. 
P.  Huniboldti  Ag. 
P.  sculptus  Ag. 

AcROLEPis  Affass, 
A.  Sedgwickii  Ag. 
A.  aculiroslris  Ag. 
A.  asper  Ag. 

Saurichthys  Agass. 
S.  apicalis  Ag. 
S.  acuminatus  Ag. 
S.  semi-costatus  Miinst. 
S.  costatus  Miinst. 
S.  Mougeoti  Ag. 
S.  longidens  Ag. 
S.  tenuirosfris  Miinst. 
S.  anguslus  Miinst. 

Graptolepis  Agass. 
ornalus  Ag. 

Or(x>nathus  Agass. 


G. 
0. 

P.  capitatiis  Ag 


conidens  Ag. 


PoDODUs  Asrass. 


160     — 


SALROIDES  HOMOCERQUES. 


r*^  Groupe  :   Caudale  fourchui:. 


EuGNATHUs  Agass. 

C.  elongatus  Ag. 

E.  Chiroles  Ag. 

C.  pleiodus  Ag. 

E.  orthoslomus  Ag. 

C.  similis  Ag. 

E.  leptodus  Ag. 

Pachycormus  Agass. 

E.  giganteus  Ag. 

"^  P.  macropterus  Ag. 

E.  fasciculatus  Ag. 

P.  curtus  Ag. 

E.  Philpotise  Ag. 

•y  P.  heterurus  Asf. 

E.  mandibularis  Ag. 

P.  acutirostris  Ag. 

E.  minor  Ag. 

P.  gracilis  Ag. 

E.  ornatus  Ag. 

V  P.  lalipennis  Ag. 

E.  scabriusculus  Ag. 

P.  latirostris  Ae. 

E.  tenuidens  Ag. 

'  P.  leptosteiis  Ag. 

E.  opercularis  Ag. 

P.  macroponius  Ag. 

E.  polyodon  Ag. 

P.  latus  Ag. 

E.  speciosus  Ag. 

-  P.  macrurus  Ae. 

E.  microlepidolus  Ag. 

Amblysemius  Agass. 

CoNODUs  Agass. 

A.  gracilis  Ag. 

C.  ferox  Ag. 

C7 

Sauropsis  Agass. 

Ptycholepis  Agass. 

P.  boUensis  Ag. 

S.  latus  Ag. 

c? 

S.  mordax  Ag. 

Caturus  Agass. 

S.  lone:imanus. 

C.  Bucklandi  Ag. 

s 

C.  furcatus  Ag. 

Thrissops  Agass. 

C.  pachyurus  Ag. 

T.  formosus  Ag. 

C.  maximus  Ag. 

T.  micropodius  Ag. 

C.  branchioslegus  Ag. 

T.  salmoneus  Ag. 

C.  macrodus  Ag. 

T.  mesogaster  Ag. 

C.  anguslus  Ag, 

T.  Cephalus  Ag. 

C.  Meyeri  Mûnst. 

T.  intermedius  Mûnst. 

C.  latus  Mûnst. 

T.  subovatus  Mûnst. 

C.  macrurus  Ag. 

Thrissonotus  Agass 

C.  microchirus  Ag. 

T.  Colei  Ag. 

161 


Leptolepis  Agass. 
L.  Bi'onnii  Ag. 
L.  longus  Ag. 
L.  caudalis  Ag. 
L.  Jîvgeri  Ag. 
L.  tenelliis  Ag. 
L.  iîlipennis  Ag. 
L.  spratliformis  Ag. 
L.  crassus  Ag. 
L.  polyspondylus  Ag. 
L.  dubius  Ag. 
L.  latus  Asf. 
L.  pusillus  Ag. 
L.  Voithii  Ag. 
L.  macrolepidotus  Ag. 
L.  Knorrii  A». 
L.  contractus  Ag. 
L.  paucispondylus  Ag. 
L.  iiiacrophthalmus  Egert 

AspiDOBHYNCHUS  Agass. 
A.  angliciis  Ag.  . 
A.  acutirostris  Ag. 


A.  ornatissimus  Ag. 
A.  leplurus  Ag. 
A.  Comptoni  Ag. 
A.  Walchneri  Ag. 
A.  speciosus  Ag. 
A.  mandibularis  Ag. 

A.  euodus  Egert. 

Belonostomus  Agass. 

B.  Anningiaî  Ag. 

B.  sphyrfenoides  Ag. 
B.  tenuirostris  Ag. 
B.  ventralis  Ag. 
B.  leptosteus  Ag. 
B.  acutus  Ag. 
B.  Mùnsteri  Ag. 
B.  subulatus    Mûnst. 
B.  Kochii  Ag. 
B.  cinctus  Ag. 

Saurostomus  Agass. 
S.  esocinns  Ag. 


spec. 


ined. 


Il"""  Groupe  :  Caudale  plus  ou  moins  arrondie 


Megalurus  Agass. 
M.  lepidotus  Ag. 
M.  elongatus  Miinst. 
M.  brevicostalus  Ag. 
M.  parvus  Mûnst. 

Macrosemius  Agass. 
M.  rostratiis  Ag. 
M.  brevirostris  Ag. 


Lepidosteus  Lacép. 
L.  osseus  Lac. 
L.  gracilis  Ag. 
L.  Grayi  Ag. 
L.  spatula  Lac. 
L.  semiradiatus  Ag. 

PoLYPTERus  GeofFr. 
P.  Bichir  Geoffr. 


ToM.  II.  2'  Part. 


21 


—     162 


Tableau  synoptique  de  la  fcunille  des  Sauroides , 


RANGE  PAR  ORDRE  DES  TERRAINS. 


I.  Old-Red. 

*  Diplopterus  af finis. —  Gararie. 

*  »  horealis.  —  Orkney,  Stromness. 

*  »  macrocephalus.  —  Lethen-Bar  (  Printschka). 

*  Platygnathus  paucidens.  —  Caithness. 

*  »  Jamesoni.  —  Duraden. 

*  »  minor.  —  Duraden. 

*  Dendrodus  latus  Ow.  —  Murrayshire. 

*  »  strigaUis  Ow.  —  Murrayshire  (Riga). 

*  »  sigmoidetis  Ow.  —  Murrayshire. 

*  Lamnodtis  biporcatus  (Dendr.  biporcatus  Ow.)  —  Murrayshire  (  Riga). 

*  »  Panderi  (Dendr.  compressus  s.  hastatus  Ow.)  —  Murrayshire  (Riga 

*  Cricodus  incunnis  (Dendr.  incurvus  Ow.) —  Murrayshire  (Riga  ). 

*  Megalichthys  priscus. —  Orkney. 

II.  Houille. 

Pygopterm  Bonnardi.  —  Muse  ,  prés  d'Autun, 

»  BucMandi.  —  Burdie-House. 

»  Lucius.- — Saarbrûck. 

»  Jamesoni.  —  Burdie-House. 

»  Greenockii. —  New-Haven. 

Megalichthys  Hibherti. —  Glasgow,  Cariuke. 

»  maxillaris.  —  Leeds. 

*  Diplopterus  carbonariiis. —  Stafford. 

*  »  Robertsoni. —  Burdie-House. 

*  Acrolepis  acutirostris .  —  Cariuke. 

*  Orognathus  conidens.  —  Cariuke. 

(*)  Voyez  la  note  ,  pag.  301 ,1"  partie. 


—     <63     — 

*  Graptolepis  ornatus.  —  Carluke. 

*  PododKH  capi talus. —  Carluke. 

III.  Zechstein. 

Pyyopterus  Humhohlli. —  Mansfeld  .  Nendersliausen  ,  Kigelsdorf,  Glùcksbriiun. 

«  niaiulibidaris. —  Cale,  magnésien  :  East-Trickley,  Terry-Hill. 

»  scidptm —  Cale,  magnésien  :  East  Trickley,  Terry-Hill. 

Acrolepis  Sedyivickii.  —  Cale,  magnésien  :  East  Trickley,  Terry-Hill. 
»         asper. —  Mansfeld. 

IV.  Trias  (  Grès  bigarré  ,  Muschelkalk  et  Keuper). 

Saurichthys  apicalis.  — Bonebed,  Axmouth  ;  Museheikalk ,  Bayreuth  ,  Laineck  ,  Benk  ,  Gottin- 
gen  ,  Hildesheim  ,  Jena. 
»  Mougeoti.  —  Muschelkalk,  Lunéville  ,  Bayreuth. 

«  acuminatus  (eonicus). —  Bonebed  :  Aust-Cliff.  * 

»  longidens. — Bonebed  :  Aust-Cliff,  Pyrton  on  Severn. 

»  semi-costatusMnn^l.  —  Muschelkalk,  Benk,  Laineck,  Saxe  et  Hanovre. 

»  <e«?<^Vo.s^^/s  Miinst. —  Muschelkalk  de  Bavière. 

»  costatus  Mùnst. —  Muschelkalk  :  Benk.  Laineck,  Bayreuth. 

*  »  a ngustus  Mûnst. —  Muschelkalk. 

V.  Jura. 

a)  Lias. 
Eugnathm  Chirotes.  —  Lyme-Regis. 

»  orthostonius.  —  Lyme-Regis. 

»  Philpotiœ.  —  Lyme-Regis. 

»  minor.  —  Lyme-Regis. 

»  opercidaris.  —  Lyme-Regis. 

»  polyodon. —  Lyme-Regis. 

»  speciosus. —  Lyme-Regis. 

*  »  fasciculatiis.  —  Whitby. 

*  »  leptodus.  —  Lyme-Regis. 

*  »  mandibularis.  —  Lyme-Regis. 

*  »  ornatm. —  Lyme-Regis. 

*  »  scabriusciili(s. —  Lyme-Regis. 

*  »  temddens.  —  Street. 

*  »        giganteus. — Lias  de  Boll. 

Ptychotepis  boUensis. —  Lyme-Regis,  Whitby,  Boll. 

*  Conodus  ferox.  —  Lyme-Regis. 
Pachycormns  macropterits.  —  Lias  de  Bourgogne. 

»  aatthostris. —  Whitby. 


* 


—     i6k     — 

Pachycormus  curhis.  —  Whitby. 

»  gracilis.  —  Whitby,  Wurtemberg. 

»  heterunis.  —  Lyme-Regis. 

»  latipennis.  —  Lyme-Regis. 

»  latirostris.  —  Whitby. 

»  latus.  —  Whitby. 

»  macrurus.  —  Lyme-Regis. 

*  »  leptosteiis.  —  Lyme-Regis. 
Catunis  Bucklandi.  —  Lyme-Regis. 

»  Meyeri  Munst.  —  Schistes  noirs  de  Wethern  ,  (Rawensberg.  ) 

Thrissonotus  Colei.  —  Lyme-Regis. 
Saiiropsis  latus. —  Lyme-Regis,  Wurtemberg,  Baden. 

Leptolepis  Bronnii. —  Lyme-Regis  ,  Neidingen  ,  Bayreuth  ,  Caen  ,  Oberland  badois. 
»  Jœgeri. —  Lias  de  Boll. 

»  longus.  —  Lias  de  Boll. 

»  candalis.  —  Lyme-Regis. 

*  »  tenellus.  —  Lias  de  Bade. 

*  »  pUpennis. —  Street. 

*  Aspidorhynchus  miglicus. —  Whitby. 

*  »  fValchneri.  —  Oberland  badois. 
Belonostomus  acutus.  —  Whitby. 

*  »  Ànningiœ  (teneilus).  —  Lyme-Regis. 
Saurostomus  esocinus.  —  Oberland  badois. 

*  »  spec.  ined.  —  Lincolnshire. 

b).  Jura  proprement  dit. 

Eugnathus  microlepidotns . —  Cale,  de  Solenhofen. 
Pachycormus  macropomus.  —  Vaches-Noires  (  Normandie  ). 
Caturus  furcatus.  —  Cale,  de  Solenhofen. 

«       latus.  —  Cale,  de  Solenhofen. 

»       pachyurus.  —  Cale,  de  Solenhofen. 

»       macrurus. —  Cale,  de  Solenhofen. 

»       maximus.  —  Cale,  de  Solenhofen. 

))       microchirus. —  Cale,  de  Solenhofen. 

»       branchiostegus .  — ^  Cale,  de  Solenhofen. 

X       elongatus. —  Cale,  de  Solenhofen. 

»       macrodus.  —  Cale,  de  Solenhofen. 


—     165     — 
Caturus  pleiodus.  —  Oolite  de  Stonesfield. 

»       angustus.  (  Padiyconmis  angustus  olim  ).  —  Portl.  Garsinglon. 
A»iblysemiiis  gracilis. —  Oolite  deNorlhampton. 
Sauropsis  longimamis.  —  Cale,  de  Solenhofen. 

*  »         mordajc.  —  Oolite  de  Stonesfield. 
Thrissops  formosus.  —  Cale,  de  Kehlheim. 

»        cephalus. —  Cale,  de  Solenhofen. 
»        micropodius.  —  Localité  indéterminée. 
»        intermedius  Munst.  —  Jura  supérieur  de  Wethern. 
»        salmoneus.  —  Cale,  de  Solenhofen  et  de  Kehlheim 
»        subovatus.  Mûnst. —  Cale,  de  Kehlheim. 
»        mesogaster.  —  Cale,  de  Solenhofen. 
Leptolepis  sprattiformis.  —  Schistes  de  Pappenheim  et  de  Solenhofen. 
»         Foithii.  —  Cale,  de  Kehlheim. 
»         crassiis.  —  Cale,  de  Solenhofen. 
»         macrolepidotus.  —  Cale,  de  Solenhofen. 
»         pohjspondylîis. —  Cale,  de  Solenhofen. 
»         Knorrii.  —  Cale,  de  Solenhofen. 
»         dubius.  —  Cale,  de  Solenhofen. 
»         contractus.  —  Cale,  de  Solenhofen. 

*  »         latus.  —  Cale.  d'Eiehstfedt. 

*  paucispondylus .  —  Cale,  de  Kehlheim. 

*  »        pusillus.  —  Cale,  de  Kehlheim. 

*  »         macrophtiudnms  Egert. —  Argile  d'Oxford  ,  Chippenham. 
Aspidorhynchus  acutirostris.  —  Cale,  de  Solenhofen. 

»  speciosus. —  Cale,  de  Kehlheim. 

»  ornatissimus.  —  Cale,  de  Kehlheim. 

»  mandibularis.  —  Cale.  d'Eiehstsedt. 

»  lepturus,  —  Cale,  de  Kehlheim. 

*  »  euodus  Egert.  —  Argile  d'Oxford  ,  Chippenham. 
Belonostomus  sphyrœnoides.  —  Cale,  de  Solenhofen. 

»  Mûnsteri. —  Cale,  lithographique  de  Bavière. 

»  tenuirostris.  —  Cale,  de  Solenhofen. 

»  subulatus.  —  Cale,  de  Solenhofen. 

»  ventralis.  —  Cale,  de  Solenhofen. 

»  Kochii.  Miinst. —  Cale,  de  Kehlheim. 

»  leptosteus.  —  Oolite  de  Stonesfield. 

»  brachysomus. —  Cale,  de  Solenhofen. 


—     166     — 

Megalurus  lepidotus.  —  Caic.  de  Solenhofeii. 

»         hi'evicostalvs.  —  Cale,  de  Kehlheim. 

»         elongatus  Miinst.  —  Cale,  de  Kelilheini. 

»         panms  Mûnst.  —  Cale,  de  Kehlheim. 
Macrosemius  rostratus. —  Cale,  de  Solenhofen. 
*        »  hmirostrk.  —  Oolite  de  Stoneslield. 

VI.  Craie. 

Cattirtis  similis.  —  Craie  blanche  de  Kent  el  de  Leewes. 
Aspidorhynchus  Comptoni.  —  Amérique  du  sud. 
Bplonostomus  cinctus.  —  Lewes. 


Une  remarque  qui  ne  peut  échapper  quand  on  parcourt  ce  dernier  tableau ,  c'est  le  petit 
nombre  de  Sauroïdes  dans  les  dépôts  de  craie  et  leur  absence  complète  dans  les  dépôts  ter- 
tiaires. Evidemment  cela  ne  peut  être  dû  au  hasard  ;  car  comment  concevoir  que  si  ce  type 
avait  réellement  abondé  à  ces  époques,  on  ne  l'eût  pas  rencontré  dans  l'un  ou  dans  l'autre  de  ces 
gîtes  à  poissons,  si  remarquables  par  l'abondance  des  espèces  et  des  individus  qu'ils  renferment 
et  en  particulier  à  Monte-Bolea?  C'est  d'ailleurs  un  fait  sur  lequel  j'ai  insisté  souvent  dans  cet 
ouvrage  ,  que  la  révolution  complète  qui  s'est  opérée  dans  la  faune  ichthyologique  à  la  (in  de 
l'époque  jurassique.  Non-seulement  les  espèces,  mais  même  les  genres,  les  familles  et  les  ordres 
ont  été  soumis  à  un  anéantissement  complet  :  les  uns  pour  ne  plus  reparaître  à  la  surface  de  la 
terre,  les  autres  pour  être  remplacés  long-temps  après  et  sous  une  autre  forme.  C'est  ce  qui 
est  entre  autres  arrivé  à  la  famille  des  Sauroïdes  qui,  après  avoir  dominé  les  mers  pendant  les 
époques  antérieures  à  la  Craie,  depuis  la  Houille  jusqu'au  Jura,  ont  été  rayés  du  nombre  des 
vivans  pendant  une  longue  époque ,  pour  n'être  représentés  dans  le  monde  actuel  que  d'une 
manière  incomplète  par  les  deux  genres  Lépidoslée  et  Polyptère. 

Il  est  bien  difficile  de  dire  si  les  modifications  qu'on  remarque  dans  la  famille  des  Sauroï- 
des, depuis  l'époque  de  leur  apparition  jusqu'à  nos  jours,  indiquent  un  perfectionnement  ou  une 
dégénérescence.  Ce  n'est  pas  là  non  plus  que  gît  l'importance  de  la  question  ;  ce  qu'il  importe 
de  connaître,  ce  sont  bien  plutôt  les  rapports  d'affinités  qu'on  peut  établir  entre  les  différens 
groupes  et  les  conditions  dans  lesquelles  ils  ont  vécu.  Il  est  évident  que  ce  sont  des  poissons 
voraces  :  leur  conformation  ,  leur  allure  et  les  dents  vigoureuses  dont  la  nature  les  a  doués  le 
proclament  suffisamment.  Dès-lors  on  ne  doit  pas  s'attendre  à  les  trouver  en  troupes  nom- 
breuses, puisque  c'est  un  caractère  de  tous  les  poissons  chasseurs  de  vivre  plus  ou  moins  isolés, 
excepté  à  l'époque  du  frai.  On  doit  au  contraire  les  trouver  avec  les  espèces  dont  ils  faisaient 
leur  pâture  ;  or  nous  rencontrons  en  effet  d'ordinaire  les  Pygopterus  de  la  houille  avec  des  Pa- 


—     ^67     — 

hfoniscus  ot  des  Eurynotus  ;  les  \crolepis  du  Zechsteiii  avec  des  Paheoniscus  :  les  Saurichlliys 
du  Miisoheikalk  a^  ec  des  Gyrolepis  ;  les  Eugnathus  et  les  Pachycornius  du  lias ,  les  Caturus  du 
porllandien  avec  des  Pholidophores  ,  des  Semionolus ,  des  Lepidotus,  etc. 

llne  circonstance  qui  a  lieu  d'étonner  quand  on  songe  à  ces  associations,  c'est  le  fait  (|ue  les 
deux  genres  vivans  de  notre  époque,  le  Lépidostée  et  le  Polyptére,  sont  l'un  et  l'autre  des 
poissons  d'eau  douce  ;  tandis  que  leurs  alliés  des  formations  antérieures  se  rencontrent  tous 
dans  les  dépôts  marins.  Ce  fait  vient  à  l'appui  de  l'opinion  que  j'ai  conçue,  que  dans  les  épo- 
ques géologiques  anciennes,  les  eaux  qui  recouvraient  la  surface  du  globe,  n'olTraient  point 
encore  dans  leur  salure  ces  différences  si  tranchées  qui  distinguent  de  nos  jours  les  eaux  péla- 
giques des  eaux  terrestres. 


—     168     — 


DE  LA  FAMILLE  DES  GELACANTHES. 

CHAPITRE    I. 
DES  CÉLACAIVTHES  EN  GÉNÉRAL. 


Je  réunis  dans  celte  famille  plusieurs  genres  d'une  physionomie  tout-à-fait  particulière  , 
mais  dont  les  vraies  affinités  ne  sont  encore  connues  que  d'une  manière  très-imparfaite,  Lîne 
particularité  remarquable  qui  m'a  frappé  chez  la  plupart  de  ces  poissons  ,  c'est  le  fait  que  leurs 
os  et  notamment  leurs  rayons  sont  tous  creux  à  l'intérieur,  circonstance  qui  ne  se  retrouve  point 
dans  les  autres  Ganoïdes ,  et  qui  a  valu  à  la  famille  le  nom  de  Célacanthes  ,  qu'elle  porte 
maintenant.  Ce  caractère  est  surtout  frappant  dans  le  genre  des  vrais  Cœlacanthus.  A  cette 
singulière  structure  des  os  se  joint  un  autre  caractère  plus  apparent  et  plus  extérieur,  savoir 
la  forme  et  la  disposition  des  nageoires  et  le  mode  d'articulation  des  rayons.  Et  d'abord  ,  la 
plupart  des  rayons  sont  roides  ou  seulement  articulés  à  leur  extrémité.  Leur  combinaison 
avec  les  apophyses  et  les  osselets  interapophysaires  est  des  plus  étranges ,  notamment  dans  la 
caudale  ,  dont  les  rayons  sont  soutenus  par  des  osselets  interapophysaires ,  ce  qui ,  chez  les 
autres  poissons,  n'a  lieu  d'ordinaire  que  pour  l'anale  et  la  caudale.  Enfin  la  colonne  vertébrale 
se  prolonge  plus  ou  moins  distinctement  entre  les  deux  lobes  principaux  de  la  caudale ,  de 
manière  à  former  un  appendice  médian  effilé. 

Prenant  ces  caractères  ,  et  en  particulier  la  forme  creuse  des  os  et  la  disposition  bizarre  des 
nageoires  pour  point  de  départ ,  j'ai  été  tenté  de  rapprocher  de  ce  type  remarquable  le  genre 
Macropoma  de  la  craie  blanche ,  qui  présente  de  frappantes  analogies  avec  les  Célacanthes 
dans  la  disposition  ,  la  forme  et  la  structure  de  ses  nageoires  et  partant  dans  sa  physionomie 
générale.  Mais  je  dois  convenir  qu'à  côté  de  ces  ressemblances ,  il  existe  entre  les  deux  types 
de  profondes  différences  ,  que  nous  signalerons  en  traitant  de  chaque  genre  en  particulier,  et 
qui  nécessiteront  peut-être  par  la  suite  une  autre  classification ,  lorsqu'on  connaîtra  mieux 
toutes  les  particularités  de  ce  type  remarquable. 

Si  l'on  tient  compte  du  développement  extraordinaire  du  système  dentaire  dans  quelques 
genres  de  cette  famille  et  en  particulier  chez  les  Holoptychius  ,  on  sera  tenté  de  rapprocher  les 
Célacanthes  des  Sauroïdes  ,  tandis  que  la  dentition  du  genre  Undina,  telle  qu'elle  a  été  décrite 
par  M.  le  comte  de  Munster,  semblerait  établir  une  plus  grande  affinité  avec  les  Pycnodontes. 


—     169     — 
D'un  autre  côté ,  le  système  ccailleux  offre  des  particularités  que  l'on  ne  rencontre  dans  au- 
cune autre  famille  ;  c'est  ce  qui  m'a  engagé  à  ranger  provisoirement  les  C(elacanthes  entre  les 
Sauroïdes  et  les  Pycnodontes.  Il  se  pourrait  cependant  que  leur  véritable  place  fut  plutôt  dans 
le  voisinage  des  Sclérodermes  et  des  Acipenserides. 

La  famille  des  Célacanthes  est  une  de  celles  qui  exigera  encore  les  recherches  les  plus  nom- 
breuses avant  de  pourvoir  être  envisagée  comme  suffisamment  connue  et  convenablement  dé- 
limitée. L'état  fragmentaire  des  débris  qu'on  trouve  le  plus  fréquemment ,  et  qui  résulte 
de  la  ténuité  des  écailles  et  des  os  de  ces  poissons  ,  est  en  lui-même  déjà  un  obstacle  à  leur 
étude  ,  et  l'absence  d'un  représentant  dans  la  création  actuelle  ,  qui  puisse  servir  de  terme  de 
comparaison  avec  les  espèces  fossiles,  rend  cet  examen  encore  plus  difficile.  Il  est  probable  dès- 
lors  qu'on  ne  parviendra  que  très  à  la  longue  à  saisir  tous  les  caractères  des  divers  genres  que 
je  vais  signaler  à  l'attention  des  paléontologistes  ;  de  même  que  je  n'ai  reconnu  moi-même 
(jue  très-tard  l'existence  de  cette  famille,  long-temps  après  avoir  établi  celles  des  Lépidoïdes, 
des  Sauroïdes  et  des  Pycnodontes.  Le  bel  état  de  conservation  de  la  plupart  des  Lépidoïdes  et 
des  Sauroïdes  des  terrains  secondaires  m'avait  fait  prendre  le  change  sur  l'importance  de  bien 
des  fragmens  appartenant  à  ce  nouveau  groupe  que  je  négligeai ,  jusqu'à  ce  que  la  vue  d'une 
portion  assez  considérable  de  la  queue  d'un  Célacanthe  vint  me  révéler  l'existence  de  toute 
une  famille  ignorée  jusqu'alors. 


TOM.  Il .  'z'  Part  22 


170     — 


CHAPITRE   II. 


DU  GENRE   COELACAÎVTHUS  Agass. 


Ce  genre ,  que  j'envisage  comme  le  type  de  la  famille ,  ne  m'a  été  long-temps  connu  que 
par  des  fragmens  ;  mais  je  les  trouvai  si  différens  de  la  plupart  des  autres  ichlhyolites  que  je 
n'hésitai  pas  à  en  faire  un  genre  à  part.  Ce  qui  me  frappa  surtout ,  ce  fut  la  forme  et  la  struc- 
ture des  nageoires ,  leur  rapport  avec  les  osselets  interapophysaires  et  la  manière  dont  les  apo- 
physes se  combinent  d'une  part  avec  les  corps  des  vertèbres ,  et  d'autre  part  avec  les  osselets 
interapophysaires.  Les  apophyses  se  divisent  à  leur  base  en  deux  branches,   formant  une 
fourche  qui  embrasse  le  corps  de  la  vertèbre.  A  cette  apophyse  succède  un  osselet  qui ,  au 
lieu  de  s'interposer  entre  deux  apophyses ,  lui  est  contigu  bout  à  bout ,  de  manière  à  en  for- 
mer le  prolongement  direct.  Le  rayon  proprement  dit ,  la  plus  longue  des  trois  pièces ,  est 
également  fourchue  à  sa  base  ;  son  extrémité  seule  est  articulée,  mais  jamais  bifurquée.  Ces 
trois  pièces  ,  l'apophyse,  l'osselet  interapophysaire  et  le  rayon  ,  sont  à-peu-près  d'égale  largeur 
et  creuses  toutes  les  trois.  L'esquisse  de  fig.  5 ,  de  Tab.  62 ,  donnera  une  idée  exacte  de  cette 
structure  :  a  a  indiquent  la  fourche  apophysaire  embrassant  le  corps  de  la  vertèbre  qui  est  re- 
présenté par  un  cercle  pointé  :  bb  les  deux  branches  de  la  fourche  réunies,  lesquelles  continuent 
d'être  creuses  ;  c  l'osselet  interapophysaire,  qui  est  également  creux  ;  dd  \ei  fourche  du  rayon, 
embrassant  la  pointe  de  l'osselet  ;  e  la  partie  articulée  du  rayon,  la  seule  qui  ne  soit  pas  creuse. 
Cette  structure  singulière  est  propre  à  la  plupart  des  rayons  qui  garnissent  la  partie  postérieure 
du  corps  ;  or,  comme  d'ordinaire  il  n'y  a  guère  que  l'anale  et  la  dorsale  qui  aient  des  osselets 
interapophysaires  ,  j'en  avais  conclu  ,  dans  l'origine  ,  que  ces  deux  nageoires  devaient  être  ex- 
cessivement développées  ;  et  ce  qui  contribuait  encore  à  me  fortifier  dans  cette  idée,  c'était  le 
fait  que  la  colonne  vertébrale  semblait  se  continuer  au-delà  de  ces  deux  nageoires  impaires 
pour  former  plus  loin  un  faisceau  de  très-petits  rayons  articulés  ,  implantés  directement  sur  les 
vertèbres.  Mais  la  découverte  qu'a  faite  lord  Enniskillen  d'un  exemplaire  entier  de  ce  type 
remarquable  ,  a  modifié  complètement  mes   idées  à   cet   égard.   11  se   trouve   maintenant 
qu'outre  les  nageoires  de  structure  si  bizarre  que  j'envisageais  comme  l'anale  et  la  dorsale  , 
ce  poisson  a  une  anale  et  deux  dorsales  normales  très-distinctes.  Or,  à  moins  d'admettre  trois 
dorsales  et  deux  anales  de  structure  entièrement  différente ,  ce  qui  n'existe  dans  aucun  genre 
de  poisson  ,  on  est  bien  forcé  d'envisager  la  nageoire  de  l'extrémité  du  corps  comme  une  eau- 


—     171      — 

dale.  Au  reste  ,  ce  n'est  pas  là  le  seul  exemple  (pie  l'on  connaisse  d'une  caudale  supportée  par 
des  osselets  interapophysaires,  et  nous  avons  vu  que  la  caudale  du  Polypterus  Bichir  est  en  par- 
tie soutenue  par  de  pareils  osselets,  au  moins  dans  son  lobe  supérieur.  Ce  qu'il  y  a  de  vraiment 
exceptionnel ,  c'est  le  prolongement  de  la  queue  au-delà  de  ces  rayons  ,  et  le  petit  faisceau 
de  rayons  articulés  qui  entourent  son  extrémité.  Sous  ce  rapport ,  mon  genre  Cœlacanthus  se 
rapproche  fort  d'un  type  de  poisson  du  calcaire  lithographique  de  Kehlheim  ,  pour  lequel 
M.  le  comte  de  Munster  a  proposé  le  nom  générique  d'Undino.  Mais  malgré  celte  analogie  et  la 
disposition  tout-à-fait  semblable  des  autres  nageoires,  le  poisson  du  calcaire  lithographique  se  dis- 
tingue par  plusieurs  particularités ,  qui  ne  permettent  pas  de  le  confondre  avec  le  genre  Cœla- 
canthus. La  différence  la  plus  importante  consiste  dans  la  dentition.  Le  genre  Undina  a,  d'après 
M.  le  comte  de  Miinster,  des  dents  en  pavé  assez  semblables  aux  dents  de  certains  Pycnodontes. 
Le  genre  Cœlacanthus  a  au  contraire  des  dents  coniques  ,  comme  les  Sauroïdes,  et  tout  porte 
à  croire  que  c'est  un  poisson  carnassier,  ensorte  que  loin  d'appartenir  au  même  genre  ,  il  est 
douteux  qu'il  soit  de  la  même  famille.  A  part  la  caudale  ,  les  autres  nageoires  du  genre  Cœla- 
canthus sont  d'une  structure  très-simple  ,  composées  de  rayons  très-grèles  ,  mais  non  dichoto- 
més.  La  première  dorsale  correspond  à  l'extrémité  des  pectorales  ;  la  seconde  est  opposée  à 
l'espace  entre  les  ventrales  et  l'anale.  L'anale  elle-même  est  très-rapprochée  de  la  caudale. 
Cette  dernière  nageoire  ,  y  compris  le  faisceau  de  rayons  articulés  qui  garnit  l'extrémité  de  la 
colonne  vertébrale,  égale  à-peu-près  le  tiers  de  la  longueur  totale  du  poisson.  Les  vertèbres 
sont  beaucoup  plus  hautes  que  longues  vers  la  partie  antérieure  du  tronc ,  mais  elles  s'al- 
longent sensiblement  en  arrière.  Il  en  est  de  même  des  apophyses  qui,  très-grèles  dans  la  ré- 
gion abdominale,  prennent  un  développement  beaucoup  plus  considérable  dans  la  région  cau- 
dale. Les  écailles ,  d'après  ce  que  j'ai  pu  en  juger  par  un  fragment  du  C  yramilosiis ,  sont 
grandes  ,  allongées,  et  ont  leur  bord  postérieur  arrondi.  Je  n'ai  pas  pu  m'assurer  si  elles  sont 
émaillées  ;  mais  le  fait  qu'elles  se  trouvent  dans  un  terrain  antérieur  au  Jura,  me  fait  présumer 
qu'elles  étaient  revêtues  d'une  couche  d'émail,  comme  tous  les  poissons  de  cette  époque.  Leur 
grande  ténuité  les  a  sans  doute  rendues  trop  cassantes  pour  qu'elles  soient  habituellement  con- 
servées. 

Je  conclus  de  cette  description  que  le  genre  Cœlacanthus ,  quoique  voisin  du  genre  Undina 
de  M.  le  comte  de  Munster,  en  est  cependant  différent  et  que  ce  dernier  devra  être  main- 
tenu comme  un  type  à  part  de  la  famille  des  Célacanthes.  En  conséquence  il  faudra  exclure 
du  genre  Cœlacanthus  et  reporter  dans  le  genre  Undina  les  espèces  si  remarquables  que 
M.  le  comte  de  Munster  a  décrites  et  figurées  dans  ses  Beytràge,  4"°*  livr.,  sous  les  noms  de  Cœ- 
lacanthus striolaris  et  Kohleri.  Le  genre  des  vrais  Célacanthes  se  trouve  pour  le  moment  li- 
mité aux  formations  de  la  Houille .  du  Zechstein  et  du  Muschelkalk.  J'en  connais  maintenant 
six  espèces. 


—      172     — 


I.    COELACANTHUS    GRANULOSUS    AgaSS. 


Vol.  2,  Tab.  62. 

L'espèce  à  laquelle  je  donne  ce  nom  a  été  long-temps  la  seule  connue  du  genre,  et  les  deux 
fragmens  figurés  composaient  alors  les  seuls  matériaux  que  l'on  possédât  sur  cette  famille 
remarquable.  L'un  et  l'autre  représentent  la  partie  postérieure  d'un  poisson  d'assez  grande 
taille  qui,  à  en  juger  d'après  la  position  relative  de  ses  nageoires,  devait  avoir  au  moins  deux 
pieds  de  long.  Il  suffit,  pour  caractériser  l'espèce,  d'indiquer  les  rapports  des  différentes  par- 
ties du  squelette  entre  elles,  et  surtout  les  dimensions  relatives  des  apophyses,  des  osselets 
interapophysaires  et  des  rayons.  Or  ces  rapports  se  trouvent  exprimés  d'une  manière  assez 
exacte  dans  la  fig.  3,  qui  représente  les  différentes  parties  d'un  rayon.  En  thèse  générale,  les 
apophyses  et  les  osselets  interapophysaires  sont  d'égale  longueur.  Les  rayons ,  en  revanche, 
sont  un  peu  plus  longs,  mais  ils  ne  sont  jamais  articulés  jusqu'à  la  base.  La  fourche  du  rayon 
dans  laquelle  s'insinue  la  pointe  de  l'osselet  est  beaucoup  plus  étroite  que  celle  de  l'apophyse 
qui  embrasse  la  colonne  vertébrale.  Il  est  probable,  d'après  tout  ce  que  j'ai  pu  voir,  qu'en 
réalité,  ces  rayons  si  bizarres  sont  composés  de  filets  ,  comme  dans  la  plupart  des  autres  pois- 
sons ;  seulement ,  ces  fdets  ne  se  séparent  pas.  Les  rayons  qui  garnissent  l'extrémité  de  la  cau- 
dale font  exception  à  la  règle,  en  ce  qu'ils  s'attachent  directement  à  la  colonne  vertébrale  sans 
être  portés  par  un  osselet  ni  par  une  apophyse.  Ils  sont  articulés  et  j'ai  cru  remarquer  qu'ils 
étaient  divisés  à  leur  sommet.  Ce  sont  ces  petits  rayons  que  j'envisageai ,  dans  l'origine , 
•comme  la  véritable  caudale.  J'ai  dit  plus  haut,  à  l'article  du  genre,  les  raisons  qui  m'ont  fait 
revenir  de  cette  opinion,  lorsque  j'eus  le  bonheur  de  rencontrer  un  exemplaire  complet  de  ce 
type  dans  la  collection  de  lord  Enniskillen.  Grâce  à  cette  découverte,  j'ai  pu  m'enquérir  éga- 
lement de  la  forme  des  vertèbres  que  j'ai  trouvées  assez  massives,  ainsi  que  le  reste  de  la  co- 
lonne vertébrale.  J'ai  dès-lors  dû  envisager  comme  appartenant  à  la  caudale  toute  cette  grande 
nageoire  portée  par  des  osselets  interapophysaires,  au-dessus  et  au-dessous  de  l'extrémité  de 
la  queue,  et  comme  une  anale,  la  nageoire  simple  qui  les  précède,  en  bas  (fig.  1).  Cette  anale 
est  composée  de  rayons  beaucoup  plus  grêles,  mais  qui  présentent  également  cette  particula- 
rité, de  n'être  bifurques  et  articulés  qu'à  l'extrémité  des  rayons.  Les  premiers  sont  complète- 
ment indivis. 

Les  taches  granulées  que  l'on  remarque  çà  et  là  sur  nos  exemplaires  sont  des  restes  de 
l'enveloppe  tégumenlaire.  J'ai  vu  des  débris  des  écailles  sur  un  fragment  d'une  autre  espèce 
de  Célacanthe  ,  et  je  ne  doute  pas  ,  d'après  leur  structure  ,  que  notre  Cœlacanthus  granulosiis 
n'ait  été  revêtu  d'écaillés  pareilles.  Elles  sont  (rès-minces  et  l'on  y  distingue  fort  bien  les  an- 
neaux concentriques.  Les  granulations  en  relief  qui  ornent  leur  surface  ont  valu  à  oetfe  es- 
pèce le  nom  de  C.  yranulosiis  que  je  lui  ai  donné. 


—      175     — 

C'est  une  espèce  propre  au  calcaire  magnésien  de  East-Thickley .  Les  originaux  de  ma  plan- 
che se  Irouvent  dans  la  colleclion  de  M.  W  itham. 


Les  espèces  que  je  me  réserve  de  décrire  ultérieurement  sont  les  : 

1°  CoELACANTHTJs  PmLLiPSii  Agass.  La  caudale  est  plus  arrondie  que  dans  le  C.  rjranniosus  ; 
ses  rayons  sont  plus  serrés  et  articulés  de  plus  près  à  leur  extrémité.  Les  apophyses  des  ver- 
tèbres caudales  sont  très-longues  et  grêles.  Les  écailles  sont  grandes  et  arrondies  en  arrière. 
—  Du  terrain  houiller  d'Halifax. 

2°  CoELACAKTHUs  MiNOR  Agass.  Très-petite  espèce ,  remarquable  par  des  osselets  interapo- 
physaires  fort  courts.  Les  articles  des  rayons  proprement  dits  sont  plus  longs  que  larges.  La 
caudale  tout  entière  n'a  guère  plus  d'un  pouce  de  long.  —  Du  muschelkalk  de  Lunéville. 

3°  CoELACAKTHUs  GRACiLis  Agass.  Espècc  d'çHgine  inconnue,  caractérisée  par  sa  forme  al- 
longée ;  le  pédicule  de  la  queue  en  particulier  est  tout  d'une  venue  et  ses  rayons  sont  moins 
serrés  que  dans  les  autres  espèces. 

k"  CoELACA^THus  LF.PTUKUS  Agass.  Dc  la  houille  de  Leeds.  Cette  espèce  est  encore  plus  pe- 
tite que  le  C.  minor;  les  écailles  ont  la  surface  rugueuse. 

5°  CoELACANTHus  MuNSTERi  Agass.  Belle  espèce  de  la  Houille  de  Lebach ,  découverte  par 
Lord  Enniskillen  et  caractérisée  par  ses  formes  trapues.  C'est  dans  cette  espèce  que  j'ai  vu 
pour  la  première  fois  les  dents  coniques  et  crochues  du  genre  Cœlacanthus. 


—     174 


CHAPITRE    III. 


DU  GENRE  MAGROPOMA  Agass 


[|  est  incontestable  que  ce  genre  a  des  affinités  frappantes  avec  le  genre  Cœlacanthus.  Nous 
y  retrouvons  la  même  forme  trapue  du  corps  et  la  même  disposition  des  nageoires.  Il  y  a, 
comme  dans  le  genre  Cœlacanthus ,  deux  dorsales  dont  l'une  est  opposée  à  l'espace  compris 
entre  les  pectorales  et  les  ventrales ,  et  l'autre  à  l'espace  entre  les  ventrales  et  l'anale.  La  se- 
conde dorsale  est  supportée  par  un  os  trés-vigoureux,  que  l'on  retrouve  également  dans  plu- 
sieurs autres  genres  de  la  famille.  La  caudale  acquiert  un  développement  considérable  et  l'em- 
porte de  beaucoup  sur  toutes  les  autres  nageoires.  Les  écailles,  de  leur  côté,  présentent  aussi 
une  certaine  ressemblance  avec  celles  du  genre  Cœlacanthus  par  leurs  dimensions  aussi  bien 
que  par  leur  forme.  Mais  d'un  autre  côté  il  existe  une  différence  profonde  dans  la  structure 
des  rayons,  qui  sont  hérissés  d'épines  sur  leur  tranche  et  qui  servaient  sans  doute  à  l'animal 
d'armes  protectrices  ,  tandis  que  ceux  des  Célacanlhes  sont  inermes.  Le  squelette  est  robuste  . 
d'après  tout  ce  que  j'ai  pu  voir  jusqu'ici  ;  mais  je  n'ai  pas  encore  pu  nj'assurer  si  les  os  sont 
creux  ou  non. 

Comme  je  n'ai  encore  rencontré  qu'une  espèce  de  ce  genre ,  il  suffira  d'en  donner  une 
description  détaillée  pour  faire  ressortir  en  même  temps  les  principaux  traits  du  genre.  Sir 
Philipp  Egerton  en  a  découvert  dans  ces  derniers  temps  une  seconde  espèce  qui  diffère  du 
M.  Mantellii  par  des  écailles  plus  uniformes  et  par  quelques  autres  particularités  dans  la 
conformation  de  la  tête.  Je  nommerai  cette  espèce  M.  Egertoni.  Elle  provient  du  Gault  de 
Folkstone  ;  ensorte  que  ce  genre  Màcropoma  est  circonscrit  dans  la  formation  crétacée. 

Macropoma  Mantellii  Agass. 

Vol.  2  ,  Tab.  65  a ,  65  6  ,  65  c  et  65  d. 

C'est  au  zèle  infatigable  de  M.  Mantell  que  nous  devons  la  connaissance  de  cet  intéressant  pois- 
son. Grâce  aux  soins  que  ce  savant  a  mis  à  en  recueillir  tous  les  fragmens  et  à  dégager  de  la 
roche  les  exemplaires  entiers  qu'il  possédait ,  je  suis  à  même  de  donner  une  description  dé- 
taillée de  toutes  les  parties  de  ce  curieux  ichthyolite  ;  et  je  ne  saurais  mieux  reconnaître  le 
service  que  M.  Mantell  a  rendu  par-là  à  l'ichthyologie  fossile .  qu'en  lui  dédiant  cette  espèce. 


—     17S     — 

Quoique  les  débris  de  ce  poisson  soient  coniiiinns  dans  la  craie  de  Lcwes ,  les  exemplaires 
entiers  y  sont  cependant  fort  rares.  La  Tab.  65  a  représente  le  plus  parfait ,  entre  tous  ceux 
qu'on  a  découverts  jusqu'à  présent.  Il  est  en  effet  d'une  rare  conservation  et  très-propre  à  nous 
donner  une  idée  nette  de  sa  physionomie.  C'est  un  poisson  vigoureux.  Au  premier  abord,  sa 
forme  courte  et  trapue  rappelle  un  peu  les  grandes  Carpes  de  notre  époque  ;  mais  il  suffit  de 
s'arrêter  un  instant  aux  détails ,  pour  s'assurer  qu'il  est  construit  sur  un  plan  très-différent. 
Sa  charpente  entière  indique  un  type  bien  autrement  robuste ,  et,  selon  toute  apparence ,  un 
genre  de  vie  fort  différent  de  celui  de  nos  inoffensifs  Cyprins  ;  car  une  dentition  et  des  na- 
geoires pareilles  ne  peuvent  convenir  qu'à  un  poisson  vorace  destiné  à  chasser  sa  proie. 

Examinons  maintenant  en  détail  les  particularités  de  son  organisation.  La  tête  est  très- 
grosse  ;  elle  égale  plus  du  quart  de  la  longueur  totale  du  corps  ;  les  os  en  sent  robustes  et  leui- 
surface  finement  pointillée.  Dans  l'exemplaire  de  Tab.  Gda,  on  distingue  très-bien  la  voûte 
du  crâne  ,  les  os  qui  entourent  l'orbite  ,  les  mâchoires  ,  une  partie  des  pièces  operculaires ,  les 
arcs  branchiaux  et  une  partie  de  la  ceinture  thoracique,  dans  leurs  rapports  naturels. 

Pour  compléter  ces  détails ,  j'ai  représenté  sur  les  Tab.  6^d,  6Sa,  fig.  2,  et  65  c,  fig.  2, 
cinq  autres  têtes  de  la  même  espèce ,  qui  montrent  chacune  quelques  parties  du  crâne  on  de 
la  face  d'une  manière  très-distincte.  La  mâchoire  inférieure  a  une  coupe  assez  singulière  j  son 
bord  dentaire  est  échancré  en  avant ,  et  va  en  s'abaissant  vers  son  articulation  avec  l'os  carré. 
L'arcade  ptéry go-palatine  est  très-large ,  surtout  en  arrière.  Ce  sont  les  palatins  et  le  vomer 
qui  portent  les  plus  grosses  dents  ;  en  revanche  le  maxillaire  supérieur  qui  forme  le  bord  de 
la  mâchoire  supérieure  en  est  dépourvu.  Le  front  est  concave  et  se  relève  en  forme  de  saillie 
arrondie  au-dessus  de  l'orbite.  Le  sous-orbitaire  postérieur  est  une  large  plaque  osseuse  ,  gra- 
nulée à  sa  surface  comme  le  crâne  ;  les  antérieurs  sont  allongés.  L'opercule  est  arrondi  à 
son  bord  postérieur.  Les  arcs  branchiaux  sont  très-grands  et  vigoureux  ;  tandis  que  la  ceinture 
thoracique  est  proportionnellement  faible.  Il  en  est  à  cet  égard  comme  du  Brochet ,  et  celte 
disposition  est  sans  doute  calculée  pour  faciliter  la  déglutition  d'une  grosse  proie. 

Les  écailles  sont  grandes ,  elles  enveloppent  tout  le  corps  d'une  épaisse  cuirasse  qui  parait 
s'étendre  fort  loin  sur  la  caudale  ,  d'après  les  empreintes  qu'on  remarque  sur  le  lobe  inférieur 
de  la  queue  (Tab.  6S  a).  Toutes  les  écailles  sont  granulées  à  leur  surface,  et  cette  granulation 
est  si  persistante  qu'elle  se  reconnaît  encore  lorsque  l'écaillé  est  très-usée.  J'ai  représenté  sur 
la  Tab.  65  6,  fig.  i,  une  portion  du  corps  d'un  poisson  que  je  crois  être  un  jeune  de  la  même 
espèce  et  dont  les  écailles  sont  dans  un  état  de  conservation  si  parfait,  qu'on  peut  en  étudier  en 
détail  la  structure  intime.  Elles  sont  en  général  de  forme  rhomboïdale  ;  c'est  du  moins  ainsi 
qu'elles  se  présentent  dans  leur  superposition.  Isolées,  elles  ont  une  forme  fort  différente, 
lorsque  la  racine  est  conservée,  comme  le  montre  la  fig.  3  de  Tab.  65  b.  En  examinant  les 
écailles  à  la  loupe ,  on  reconnaît  que  les  rugosités  de  leur  surface  sont  occasionnées  par  une 
quantité  de  petits  tubercules  allongés,  ou  plutôt  de  petits  cylindres  pointus ,  qui  recouvrent  toute 
la  partie  visible  des  écailles.  Les  plus  gros  et  les  plus  longs  sont  au  milieu  de  l'écaillé  ;  ceux  des 


—  176  — 
bords  sont  plus  courts  et  plus  grêles.  La  partie  cachée  des  écailles  en  est  complètement  dé- 
pourvue ;  elle  est  lisse  et  ne  laisse  apercevoir  que  les  lignes  d'accroissement  (Tab.  65  b,  fig.  3). 
11  n'y  a  au  reste  pas  de  différence  bien  sensible  entre  les  écailles  des  différentes  parties  du 
corps.  La  fig.  2  ,  de  Tab.  65  b ,  représente  quelques  écailles  de  la  région  dorsale  ;  la  lîg.  3  , 
une  écaille  du  milieu  du  corps  ;  fig.  k  ,  plusieurs  écailles  de  la  région  abdominale.  Je  n'ai  pas 
réussi  à  découvrir  des  traces  de  la  ligne  latérale  ;  ce  sont  sans  doute  les  tubercules  de  la  sur- 
face qui  empêchent  de  reconnaître  les  canaux  muqueux. 

Les  nageoires  présentent  des  particularités  non  moins  curieuses  que  les  écailles.  Tous  les 
rayons  sont  roides  et  fort  gros  ;  ils  ne  se  dichotoment  pas  et  ne  sont  pas  non  plus  articulés  ; 
en  revanche,  ils  sont  hérissés  de  chaque  côté  d'une  rangée  de  fortes  épines,  inclinées  vers  l'ex- 
trémité du  rayon.  Leur  base  est  divisée  en  deux  branches  qui  forment  une  fourche  qui  em- 
brasse le  sonuTiet  des  osselets  interapophysaires.  C'est  du  moins  de  cette  manière  que  sont  con- 
formés les  rayons  de  la  dorsale  (Tab.  65  c,  fig.  h).  La  fig.  5  de  cette  même  planche  représente 
l'un  de  ces  rayons  grossis  à  la  loupe. 

11  y  a  deux  dorsales  ;  la  première  est  située  immédiatement  derrière  la  ceinture  thoracique  : 
ses  rayons  sont  longs  et  très-vigoureux.  La  seconde  située  en  face  de  l'anale  (  Tab.  65  «)  a 
des  rayons  moins  robustes ,  plus  courts  et  plus  nombreux ,  portés  sur  un  gros  interapophy- 
saire  bifurqué  ;  cette  nageoire  n'a  pas  moins  de  treize  rayons  dans  notre  exemplaire.  Les  ven- 
trales et  l'anale  sont  à-peu-prês  d'égale  dimension  ;  les  ventrales  sont  opposées  au  milieu  de 
lespace  compris  entre  les  deux  dorsales  ;  l'anale  est  un  peu  plus  reculée  que  la  seconde  dor- 
sale. Elles  sont  toutes  deux  composées  de  rayons  fort  courts ,  mais  cependant  vigoureux. 

La  caudale  est  excessivement  large  ,  et  si ,  comme  tout  semble  l'indiquer ,  elle  est  entière 
dans  notre  exemplaire  (Tab.  65a) ,  nous  aurions  ici  un  type  des  plus  curieux  ,  une  sorte  de 
grand  éventail  dont  tous  les  rayons  paraissent  être  égaux.  11  est  probable  qu'elle  était  arron- 
die ,  comme  dans  certains  Sauroïdes  ;  du  moins  ne  remarque-t-on  aucune  différence  entre 
les  rayons  supérieurs  et  les  inférieurs.  Cette  nageoire  est  en  outre  supportée  d'une  ma- 
nière égale  par  les  apophyses  supérieures  et  inférieures  des  vertèbres  caudales ,  et  la  co- 
lonne vertébrale  n'est  en  aucune  façon  recourbée  en  haut ,  comme  c'est  le  cas  de  tous  les  Ga- 
noïdes  inéquilobes.  Ses  rayons  sont  très-vigoureux.  J'en  compte  une  vingtaine  au  lobe  inférieur 
et  quelques-uns  de  plus  au  lobe  supérieur  ;  tous  sont  à-peu-près  égaux,  et  il  n'y  a  que  les  pre- 
miers, situés  à  la  base  de  la  nageoire,  qui  soient  un  peu  plus  courts.  Leur  structure  est  la 
même  que  dans  les  autres  nageoires,  c'est-à-dire  que  la  partie  visible  du  rayon  est  supportée 
par  un  rayon  plus  court ,  qui  lui-même  s'appuie  sur  les  apophyses  épineuses  des  vertèbres. 
La  plus  grande  partie  des  vertèbres  caudales  sert  ainsi  d'appui  à  la  caudale,  et  c'est  ce  qui 
donne  à  la  nageoire  sa  grande  largeur. 

Le  squelette  intérieur  de  notre  /!/.  Mantellii  est  en  général  robuste.  Les  apophyses  sont  cour- 
tes mais  grosses,  du  moins  dans  le  voisinage  de  la  queue.  Celles  des  vertèbres  abdominales 
sont  plus  longues  et  moins  inclinées  en  arrière.  Les  vertèbres  sont  en  revanche  petites  et  grêles 
relativement  à  la  taille  du  poisson. 


—    (n    — 

Mais  notre  connaissance  de  ce  poisson  remarquable  ne  se  borne  pas  seulement  au  squelette. 
Plusieurs  des  parties  molles  sont  également  conservées.  Il  existe  entre  autres  dans  la  collection 
de  M.  Mantell  plusieurs  exemplaires  du  tronc  dans  lequels  on  reconnaît  distinctement  l'estomac 
(Tab.  65  c.  fig.  1  etTab.  6S</,  fig.  1).  11  ressemble  à  un  cylindre  squammeux,  et  cet  aspect 
est  évidemment  le  résultat  des  changemens  survenus  dans  les  difïérentes  membranes  qui  en 
composaient  les  parois.  On  y  aperçoit  même  des  troncs  de  vaisseaux. 

On  trouve  ordinairement  ces  débris  accompagnés  de  coprolithes  qui  évidemment  ont  été  for- 
més dans  les  intestins.  Ils  ressemblent  en  général  à  ceux  des  Sauriens  et  sont  parfois  contour- 
nés de  la  même  manière.  J'en  ai  représenté  toute  une  série  sur  la  Tab.  6Sa,  pour  montrer  les 
différentes  formes  qu'ils  affectent.  Ce  sont  ces  mêmes  coprolithes  qui  ont  été  décrits  par  plu- 
sieurs auteurs  comme  des  cônes  de  sapin  pétrifiés. 

Pour  faciliter  l'étude  de  cette  espèce,  je  crois  utile  d'ajouter  à  la  fin  de  cette  description  l'ex- 
plication détaillée  de  toutes  les  figures  qui  s'y  rapportent. 

Tab.  65  o. —  Fig.  \.  Poisson  entier,  le  plus  grand  exemplaire  connu. 

Fig.  2.  Portion  de  la  tête  montrant  la  ceinture  thoracique,  la  partie  supérieure  de  l'oper- 
cule, les  arcs  brancliiostègues,  la  mâchoire  inférieure  et  une  partie  de  l'arcade  ptéry go-pala- 
tine. 

Fig.  3-11.  Coprolithes  de  difïérentes  formes. 

Tab.  6d  h.  —  Fig.  I.  Tronc  d'un  petit  exemplaire  ,  probablement  d'un  jeune,  montrant 
les  écailles  dans  une  rare  perfection.  —  Fig.  2.  Ecailles  grossies  du  dos.  —  Fig.  3.  Ecaille 
grossie  du  milieu  des  flancs.  —  Fig.  k.  Ecailles  grossies  de  la  région  abdominale. 

Tab.  65  c.  —  Fig.  I .  Portion  du  tronc  avec  l'estomac ,  la  portion  caudale  de  la  colonne 
vertébrale,  le  bassin  et  derrière,  en  6,  un  coprolithe  encore  contenu  dans  la  cavité  abdominale. 
—  Fig.  2.  Portion  de  la  mâchoire  inférieure  et  du  palatin  avec  les  dents.  —  Fig.  3.  Portion 
de  la  mâchoire  inférieure.  —  Fig.  k.  Portion  de  la  nageoire  caudale.  —  Fig.  5.  Un  rayon  de 
la  nageoire  caudale  grossi  pour  faire  voir  l'insertion  des  rayons. 

Tab.  65  rf.  —  Fig.  I.  Tête  de  Macropoma  vue  par  la  face  inférieure,  avec  l'estomac.  On 
distingue  une  partie  des  arcs  branchiaux,  la  plaque  qui  tient  lieu  de  rayons  brancliiostègues 
et  le  bord  inférieur  de  la  branche  gauche  du  maxillaire  inférieur.  —  Fig.  2.  Autre  tête  vue 
de  profil,  montrant  la  forme  et  la  disposition  du  maxillaire  inférieur  et  de  l'arcade  ptérygo- 
palatine. 

Fig.  3.  Autre  tête  montrant  la  mâchoire  inférieure,  l'intermaxillaire  avec  ses  grosses  dents, 
le  palatin  qui  en  est  également  fourni  et  une  partie  de  l'appareil  operculaire  et  de  la  ceinture 
thoracique. 

Tous  ces  exemplaires  se  trouvent  dans  la  collection  de  M.  Mantell,  dont  ils  sont  l'un  des 
principaux  ornemens.  Us  proviennent  tous  sans  exception  de  la  craie  blanche  de  Lewes.  Il  en 
existe  aussi  des  exemplaires  dans  les  collections  de  Lord  Enniskillen  et  de  sir  Philipp  Egertoii 
et  plusieurs  écailles  isolées  au  musée  d'Oxford. 

ToM.  II,  2'  Part.  23 


—     1^8 


CHAPITRE  IV. 

DE  OUEIODES  GENRES  VOISINS  DES  CÉLACANTllES,  ET  TABLEAU  mm\m  M  LA  FAMILLE. 


Je  place  provisoirement  dans  le  voisinage  du  genre  Cœlacanthus.le  genre  Undina  de  M.  le 
comCe  de  Munster  dont  j'ai  indiqué  les  principaux  caractères  en  les  comparant  au  Cœlacanthus 
page  171  (2"""  Part.  ).  Ce  genre  n'est  encore  connu  que  par  deux  seules  espèces  du  calcaire 
lithographique  de  Bavière,  les  Undina  striolaris  v.  Mûnst.  et  Undina  Kohleri  v.  Miinsl.  décrits 
et  figurés  par  M.  le  comte  de  Miinster  sous  les  noms  de  Cœlacanthus  siriola^Hs  et  C.  Kohleri, 
dans  ses  Beytrmje  zuv  Petrefactenhmde,  18i2,  cahier  k,  page  56-60.  M.  le  comte  de  Miinster 
paraît  croire  que  j'ai  eu  l'intention  de  supprimer  le  nom  de  son  genre  Undina  pour  lui  subs- 
tituer celui  de  Cœlacanthus.  Mais  un  pareil  rapprochement  était  si  loin  de  ma  pensée  que  ce 
n'est  qu'après  avoir  lu  les  remarques  renfermées  dans  son  ouvrage  que  j'ai  remarqué  Taffinité 
qu'il  y  a  entre  nos  deux  genres. 

Il  faut  également  placer  dans  la  famille  des  Célacanthes ,  dans  le  voisinage  du  genre  Cœla- 
canthus, un  petit  poisson  de  la  collection  de  M.  Binney ,  provenant  de  la  houille  des  environs 
de  Manchester  et  auquel  j'ai  donné  le  nom  de  Hoplopygus.  La  caudale  n'est  point  fourchue, 
mais  en  quelque  sorte  trilobée  ,  le  lambeau  principal  et  terminal  étant  précédé  de  deux  autres 
qu'on  pourrait  prendre  pour  la  dorsale  et  l'anale  si  ces  deux  nageoires  ne  se  voyaient  pas 
d'une  manière  distincte  un  peu  en  avant.  Elles  ont  d'ailleurs  un  caractère  particulier  qui  con- 
siste en  un  gros  rayon  épineux  en  avant  des  rayons  grêles.  La  tête  est  fort  large  ;  les  écailles 
sont  grandes  et  ressemblent  un  peu  à  celles  du  genre  Cœlacanthus.  J'appelle  l'espèce  Hoplo- 
pygus Binney  i. 

Le  genre  Uronemus  se  distingue  par  sa  longue  dorsale,  qui  commence  presque  à  la  nuque 
et  se  continue  sans  interruption  jusqu'à  la  caudale  ;  l'anale  n'est  pas  non  plus  séparée  de  la 
caudale.  Ce  genre  ne  renferme  que  de  petits  poissons  de  l'époque  houillère.  J'en  connais  assez 
bien  une  espèce  du  calcaire  de  Burdie-House  ,  à  laquelle  j'ai  donné  le  nom  â' Uronemus 
lohatus. 

Je  rapporte  en  outre  à  la  famille  des  Célacanthes  plusieurs  autres  types  génériques  encore 
fort  peu  connus  et  dont  je  donnerai  la  description  dans  ma  monographie  des  poissons  fossiles 
du  système  dévonien  et.  dans  les  supplénients  à  mes  Recherches. 

Tels  sont  le  genre  Holoptychius,  caractérisé  par  ses  grandes  écailles  rugueuses  ,  ses  os  du 


—  179  — 
crâne  sculplés  comme  ceux  des  Crocodiles  et  ses  dents  coniques  qui  excèdent  par  leiu'  taille 
celles  des  Sauriens  les  plus  gigantesques.  Les  espèces  de  ce  genre  abondent  dans  les  terrains 
houillers  et  dévoniens.  J'en  connais  déjà  une  douzaine  d'espèces  qui  remplacent  sans-doute 
dans  les  formations  les  plus  anciennes  les  grands  Sauriens  des  terrains  secondaires.  Les  gen- 
res Glyptosteus  et  Giaptolepis  sont  propres  aux  terrains  dévoniens  et  S(;  rapprochent  beau- 
coup des  Holoptychius.  J'en  coimais  plusieurs  espèces. 

Le  genre  Phyllolepis  est  également  représenté  dans  le  système  dévonicn  et  dans  le  sys- 
tème houiller.  Je  ne  connais  encore  que  des  écailles  détachées  de  ce  singulier  type  ;  elles  ont 
jusqu'à  trois  pouces  de  diamètre  et  sont  malgré  cela  d'une  ténuité  extrême. 

Les  genres  Ctenolepis  et  Gyrosteus  sont  circonscrits  dans  les  terrains  oolitiques  .  le  pre- 
mier dans  les  étages  supérieurs,  le  second  dans  le  lias.  Le  Gyrosteus  mirahilis  esl  probable- 
ment le  plus  grand  poisson  fossile  dont  on  ait  trouvé  jusqu'ici  des  traces. 

Comme  il  me  faudrait  consacrer  au  moins  une  livraison  entière  à  illustrer  les  espèces  de  ces 
genres  que  je  connais  maintenant,  je  me  vois  réduit  à  n'en  donner  ici  qu'un  tableau  synopti- 
que ;  me  réservant  de  les  décrire  et  de  les  figurer  en  temps  plus  opportun. 


Tableau  synoptique  des  Célacanthes. 


l.  Système  dévonien  (Old  Red.) 

*  Holoptychius  giganteus.  —  Ecosse  ;  Glammis  ,  Gamrie  ,  Clashbeimie. 

*  »  Flemingii.  —  Dura-Den, 

*  »  nobilissimus.  —  Clashbennie. 

*  )'  Andersoni.  —  Dura-Den. 

*  B  Murchisoni. —  Clashbennie. 
»  Omaliusii.  —  Liège. 

Glyptosteus  fm-osus.  —  Elgin  (Printschka.) 

»  reticulatiis .  — Clashbennie.  Elgin  (Printschka.) 

Phyllolepis  concentricus.  Clashbennie. 

Glyptolepis  elegans.  —  Gamrie. 

»  leptopterus.  —  Lethen-Bar. 

Psammolepis  paradoxus.  —  Riga. 

(')  Voyez  la  note  à  page  301,  1"  Part. 


—     <80     — 

^  II.  Houille. 

*  Holoptychius  Hibberli  Ow.  (Rhizodus)  —  Burdie-House. 

*  »  sauroïdes.  —  Edimbourg. 

*  »  falcatus.  —  Greenside  près  de  Glasgow. 

*  y>  Portlockii.  —  Irlande. 

*  »  Garneri  Murch.  —  Lanesfield. 

*  »  granulatus.  —  Manchester. 

*  »  striatiis. —  Millstone  great  (Edimbourg.) 

*  »  minor. —  Nord  du  comté  de  Stafford. 

*  PhyUolepis  tenuissimus. —  Burdie-House. 
Co'lacanthus  Phillipsii. —  Halifax. 

»  leptiirus.  —  Leeds  ,  Manchester. 

»  Munsteri. —  Lebach  (Bavière  rhénane). 

*  Hoplopygus  Binneyi.  —  Manchester. 

*  Vrotietmis  lohatxis.  —  Burdie-House. 

III.   Zechstein. 

Cœlacanthus  granulatus. —  Cale.  magn.  Durham  ,  Ferry  Hil!  .  East-Thickley, 
»  gracilis.  — 

fV.  Terrains  triasiques. 

Cœlacanthus  minor. —  Muschelkalk  de  Lunéville. 

V.   Terrains  ooutiques. 

llndina  striolaris.  v.  Miinst. —  Cale,  lithographique  de  Bavière. 
)>      Kohleri.  v.  Miinst.  —  Calcaire  lithographique  de  Bavière. 

*  Ctenolepis  Cycliis. —  Oolite  de  Stonesfield. 

*  Gyrostem  mirabilis.  —  Lias  :  Whitby,  Lyme-Regis. 


VI.  Craie. 

Macropoma  Mantelli. —  Cr.  bl.  Lewes ,  Susses,  Cambridge.  Chiinay. 
*  »  Egertoni.  —  Gault  :  Speeton. 


—     <81     — 


DE  LA  FAMILLE  DES  PTGNODONTES. 

CHAPITRE    I. 
DES  PYCÎVODONTES  EN  GÉIVÉRAL. 


Cette  famille  n'est  composée  que  de  genres  et  d'espèces  éteints.  Aussi  ai-je  éprouvé,  dans 
l'origine,  les  plus  grandes  difficultés  à  classer  les  poissons  de  ce  type.  Après  m'être  assuré 
que  le  Coryphaena  apoda  de  l'Ichthyologie  véronaise  (mon  Pycnodus  Platessus)  ne  rentrait 
dans  aucun  des  genres  connus,  je  l'érigeai  en  un  genre  à  part  sous  le  nom  de  Pycnodus. 
Recherchant  ensuite  quels  étaient  les  autres  poissons  fossiles  qui  lui  ressemblaient  le  plus ,  je 
trouvai ,  comme  l'avait  déjà  indiqué  M.  de  Blaînville  ,  que  le  petit  poisson  de  Torre  d'Orlando, 
près  de  ISapIes ,  qu'on  envisage  dans  le  pays  comme  identique  avec  le  Sparus  quadracinns , 
s'en  approchait  beaucoup,  et  qu'il  appartenait  réellement  au  même  genre.  Plus  tard,  je  re- 
connus que  le  Diodon  orhkularis  de  Volta  (  Paleobalistum  orbiculare  de  M.  de  Blainville)  en 
était  très-voisin  ,  ainsi  que  la  plupart  des  soi-disant  Stomatées  de  Solenhofen. 

Tou's  ces  poissons  ont  non-seulement  la  même  physionomie  et  le  même  squelette ,  mais  ils 
se  distinguent  encore  par  une  dentition  particulière  des  plus  remarquables ,  qui  m'a  permis 
de  rapporter  à  ce  type  un  certain  nombre  de  mâchoires  et  de  dents  isolées  qui  n'avaient  pu  être 
déterminées  auparavant.  Cependant  cette  dentition,  toute  caractéristique  qu'elle  est,  n'est  pas 
stéréotype  ;  elle  présente  au  contraire  certaines  variations  de  forme  qui  ne  laissent  pas  que  d'être 
d'une  certaine  portée ,  à  cause  de  leur  constance ,  et  qui  m'ont  servi  à  faire  plusieurs  coupes  que 
j'envisage  comme  des  genres  d'une  même  famille.  J'ai  distingué  ainsi  les  trois  genres  Pycno- 
dus ,  Microdon  et  Gyrodus ,  qui  ne  diffèrent  entre  eux  absolument  que  par  la  forme  de  leurs 
dents.  Je  range  dans  le  genre  Pycnodus  proprement  dit  les  espèces  à  dents  allongées  en  forme 
de  fèves;  dans  le  genre  Microdon,  les  espèces  à  petites  dents  oblongues  ou  subcirculaires; 
et  j'appelle  Gyrodus  les  espèces  dont  les  dents  sont  circonscrites  par  un  sillon  circulaire  ;  ce 
qui  leur  donne  l'aspect  de  grosses  papilles  cerclées.  Outre  ces  trois  genres,  dont  on  connaît  le 
squelette  et  en  partie  les  tégumens ,  on  a  rencontré  dans  les  couches  de  la  terre  des  dents  et  des 
fragmens  de  mâchoires  qui  se  rapprochent  plus  ou  moins  de  ce  type  de  dentition,  et  que  j'as- 
socie pour  celte  raison  à  la  famille  des  Pycnodonles ,  quoique  je  n'en  connaisse  ni  le  squelette  ni 
les  écailles:  tels  sont  les  genres  Sphœrodus,  Placodtis,  Periodus ,  Gyronchus,  Acrotemnus .  etc. 


—     182     — 

Il  importe  d'autant  plus  d'avoir  égard  à  ces  caractères,  que  sans  cela  on  pourrait  courir  le 
risque  de  prendre  pour  des  Pycnodontes  certaines  espèces  de  Requins  dont  les  dents  ont  ex- 
térieurement la  même  forme,  entre  autres  les  dents  de  Psammodusetd'Acrodus.  Un  caractère 
facile  à  saisir  pourra  dans  tous  les  cas  servir  à  les  distinguer  :  les  Pycnodontes  ont  la  racine  de 
leurs  dents  creuse  et  adhérente  aux  mâchoires ,  tandis  que ,  chez  les  Cestraciontes ,  les  dents 
ont  une  racine  compacte  à  l'intérieur ,  arrondie  à  l'extérieur  et  sans  liaison  directe  avec  les 
mâchoires  sur  lesquelles  elles  sont  fixées  par  les  gencives.  Aussi  trouve-t-on  toujours  les  dents 
isolées  de  Pynodonte  brisées  parla  racine,  tandis  que,  chez  les  Cestraciontes,  la  racine  est  or- 
dinairement intacte.  A  ces  caractères  de  la  dentition,  nous  pouvons  ajouter,  d'après  ce  que 
nous  savons  des  genres  Pycnodus,  Microdon  et  Gyrodus,  que  ce  sont  des  poissons  de  grande 
etde  moyenne  taille,  d'une  charpente  très-solide,  qui  se  distinguent  par  la  présence  d'une  sorte  de 
sternum  à  l'extérieur  des  côtes ,  semblable  à  celui  de  certaines  Clupes  et  de  certains  Sal- 
mones  ,  par  de  singulières  pièces  osseuses  que  l'on  aperçoit  à  la  nuque ,  et  que  nous  décrirons 
en  détail  en  traitant  du  genre  Pycnodus ,  et  par  l'absence  complète  de  rayons  épineux  à  la 
dorsale  et  à  l'anale. 

Il  est  hors  de  doute  que  les  Pycnodontes  étaient  des  poissons  broyeurs  ;  l'usure  de  leurs 
dents  le  prouve.  Il  est  dès-lors  probable  qu'ils  se  nourrissaient  de  coquillages  et  de  crustacés 
qu'ils  écrasaient  entre  leurs  larges  dents.  Les  dimensions  considérables  auxquelles  plusieurs 
espèces  ont  dû  atteindre  ,  à  en  juger  d'après  ce  que  l'on  connaît  de  leurs  dents  et  de  diverses 
parties  de  leur  squelette,  les  rendaient  sans  doute  redoutables  à  ces  animaux,  dont  ils  faisaient 
vraisemblablement  une  forte  consommation. 

Il  est  assez  curieux  que  la  famille  des  Pycnodontes  dont  l'existence  ne  paraît  pas  remonter 
aux  terrains  de  transition  ,  ait  eu  si  peu  de  représentans  dans  les  terrains  tertiaires  et  qu'il 
n'en  existe  plus  aucune  trace  dans  la  création  actuelle.  Mais  on  se  rend  facilement  compte  de 
cette  extinction  complète ,  quand  on  considère  que  l'office  de  broyeurs  déféré  parmi  les  pois- 
sons de  l'époque  secondaire  aux  Cestraciontes  et  aux  Pycnodontes  ,  a  passé  dans  l'époque  ter- 
tiaire à  d'autres  types ,  et  se  trouve  maintenant  dévolu  à  plusieurs  familles  très-ditïérentes  , 
telles  que  les  Plectognathes  ,  certains  Sparoïdes  ,  Labroïdes  ,  une  partie  des  Cyprins  ,  etc.,  etc. 


—     183     — 


CHAPITRE  II. 

DU  GENRE  PYCNODIJ^  Agass. 


Dans  l'origine,  je  rangeais  dans  ce  genre  toutes  les  espèces  qui  aujourd'hui  se  trouvent 
réparties  dans  les  divers  genres  qui  constituent  la  famille  des  Pycnodontes.  Les  vrais  Pycnodns, 
circonscrits  dans  leurs  limites  les  plus  récentes,  sont  faciles  à  reconnaître  aux  particularités 
suivantes.  Leur  mâchoire  inférieure  est  entièrement  tapissée  de  grosses  dents  à  couronne 
aplatie,  disposées  de  chaque  côté  sur  trois  ou  cinq  rangs,  et  alTectant  la  forme  de  fèves  ou  de 
demi-cylindres  arrondis  à  leurs  extrémités.  Lorsqu'il  y  a  cinq  rangées  de  dents ,  c'est  la  se- 
conde .  à  partir  du  bord  externe  de  la  mâchoire ,  qui  est  la  plus  développée  :  les  dents  des 
trois  rangées  internes  sont  alors  sensiblement  plus  petites  et  semblables  à  celles  de  la  rangée 
externe ,  c'est-à-dire  plus  ou  moins  rugueuses  à  leur  surface.  Lorsqu'il  n'y  a  que  trois  ran- 
gées de  dents ,  ce  sont  les  rangées  qui  correspondraient  à  l'externe  et  à  l'interne  qui  man- 
quent ,  et  alors  les  plus  grosses  dénis  forment  la  rangée  externe ,  sans  contraster  d'une  ma- 
nière aussi  sensible  avec  les  rangées  internes.  Au  bout  du  museau ,  il  y  a  deux  ou  plusieurs 
larges  dents  en  forme  de  ciseau  tranchant.  Le  devant  de  la  mâchoire  supérieure  porte  des  in- 
cisives semblables  à  celles  de  la  mâchoire  inférieure ,  mais  moins  larges ,  insérées  probable- 
ment dans  les  intermaxillaires.  Les  maxillaires  supérieurs  n'ont  que  quelques  dents  à  leur  bord 
antérieur,  ou  en  sont  complètement  dépourvus.  Le  vomer  est  armé  de  cinq  rangs  de  dents  ob- 
tuses à  couronne  aplatie  et  en  forme  de  fèves,  (out-à-fait  semblables  à  celles  de  la  mâchoire 
inférieure.  Les  dents  de  la  rangée  médiane  sont  plus  grosses  que  celles  des  rangées  externes  , 
qui  sont  quelquefois  rugueuses  comme  les  rangées  secondaires  de  la  mâchoire  supérieure. 

La  forme  du  corps  de  ces  poissons  est  trapue;  cependant  ils  sont  en  somme  peut-être  moins 
ramassés  que  les  Microdons.  Ils  ont  le  profil  de  la  tête  très-haut  et  presque  vertical  ;  la  tête 
elle-même  est  grosse;  les  yeux  sont  situés  à  son  bord  supérieur;  la  gueule  à  son  bord  in- 
férieur. 

Le  squelette  présente  une  foule  de  caractères  remarquables,  dont  la  plupart  sont  également 
propres  aux  genres  Microdon  et  Gyrodus.  Les  vertèbres  sont  courtes  et  massives  ;  les  apo- 
physes sont  très-vigoureuses  et  munies  de  crêtes  ou  de  prolongemens  osseux  qui ,  devenant 
toujours  plus  larges  vers  la  cavité  abdominale ,  forment  à  la  iîn  une  cloison  osseuse  continue 
entre  les  muscles  des  deux  côtés.    Les  côtes  sont  vigoureuses  et  insérées  sur  de  fortes  apo- 


—     iSk     — 

physes  transverses  ;  quoique  longues ,  elles  ne  forment  pas  à  elles  seules  l'encadrement  de  la 
cavité  abdominale;  il  y  a  en  outre  au  bas  du  ventre  un  appareil  sternal  très-vigoureux  ,  à-peu- 
près  semblable  à  celui  des  Clupes  et  des  Serrasalmes ,  qui  forme  avec  les  côtes  une  large  et 
forte  grille  qui  n'en  protège  que  mieux  la  cavité  abdominale. 

Mais  ce  qu'il  y  a  de  plus  remarquable  dans  le  squelette  de  ces  poissons,  ce  sont  ces  singu- 
lières pièces  osseuses  que  l'on  aperçoit  derrière  la  nuque  et  qui,  dans  la  plupart  des  exem- 
plaires, se  prolongent  obliquement  à  travers  les  apophyses  épineuses ,  quelquefois  jusqu'aux 
côtes.  Il  n'existe  rien  de  semblable  dans  le  squelette  des  poissons  vivans,  excepté  peut-être  les 
osselets  en  V,  que  l'on  observe  le  long  de  l'abdomen  des  Clupes ,  à  l'extrémité  des  côtes,  et 
dont  les  symphyses  portent  des  arêtes  proéminentes,  prolongées  en  arrière  et  imbriquées  les 
unes  sur  les  autres.  Ce  qui  pourrait  faire  croire  que  nous  avons  réellement  à  faire  ici  à  de  pa- 
reils os  en  V,  placés  le  long  de  la  nuque,  c'est  qu'ils  aboutissent  en  effet  à  de  petites 
pointes  en  avant  de  la  dorsale,  entre  autres  dans  le  P.  Platessus  (Tab.  72,  fig.  1),  et  c'est  là 
sans  doute  la  raison  pourquoi  M.  de  Blainville  a  pris  ces  pointes  pour  des  rayons  de  la  dor- 
sale,  elles  osselets  dont  nous  parlons,  pour  les  osselets  interapophysaires  de  ces  rayons. 
Le  plus  souvent  ces  osselets  sont  limités  à  l'espace  compris  entre  la  nuque  et  l'origine  de  la 
dorsale  ;  mais  nous  avons  aussi  des  exemples  où  ils  paraissent  s'étendre  à  toute  la  longueur 
de  la  région  dorsale  ,  entre  autres  dans  le  Microdon  hexagonus  (Tab.  69  e,  fig.  1  et  5).  Dans 
ce  cas ,  la  difficulté  est  d'autant  plus  grande ,  que  l'on  est  facilement  tenté  de  voir  dans  ces 
lignes  croisées  des  traces  du  squelette  tégumentaire.  Néanmoins  je  crois  que  l'explication  la 
plus  probable  que  l'on  puisse  donner  de  ces  osselets  ,  pour  les  Pycnodus  du  moins  (dans  les- 
quels ils  ne  dépassent  jamais  l'origine  de  la  dorsale) ,  c'est  de  les  envisager  comme  les  ana- 
logues des  os  en  V  des  Clupes. 

Les  nageoires  sont  peu  développées  dans  les  vrais  Pycnodus,  à  l'exception  de  la  caudale,  qui 
est  large  et  fourchue.  La  dorsale  est  basse;  elle  commence  environ  à  la  moitié  de  la  longueur 
du  corps ,  et  s'étend  jusqu'à  l'origine  de  la  caudale  ;  il  en  est  de  même  de  l'anale ,  qui  a  à- 
peu-près  les  mêmes  dimensions  :  ni  l'une  ni  l'autre  n'est  munie  de  rayons  épineux.  Les  pec- 
torales sont  grêles  et  composées  de  rayons  très-fins.  Les  ventrales  paraissent  manquer. 

Je  n'ai  encore  rencontré  sur  aucun  Pycnodus  toutes  les  écailles  dans  leur  intégrité;  néan- 
moins l'analogie  de  ces  poissons  avec  les  Microdon  et  les  Gyrodus  me  fait  supposer  qu'ils 
étaient  revêtus,  comme  ces  derniers,  d'écaillés  en  forme  de  losanges.  On  ne  trouve  ordinaire- 
ment chez  les  Pycnodus  que  des  traces  des  onglets  articulaires  qui  unissent  les  écailles,  dis- 
posés en  séries  obliques  sur  les  flancs. 

Je  connais  maintenant  le  squelette  de  trois  espèces  de  Pycnodus,  des  P.  Platessus,  Rhombus 
et  orbicularis.  Les  espèces  dont  on  ne  possède  que  des  dents  et  des  fragmens  de  mâchoires 
sont  bien  plus  nombreuses.  Les  dimensions  de  ces  dents  et  de  ces  mâchoires  font  présumer 
qu'elles  proviennent  de  poissons  de  grande  taille.  La  plupart  des  espèces  sont  jurassiques  ; 
quelques-unes  sont  de  Monte-Boica  et  des  terrains  tertiaires.  On  trouve  aussi  dans  le  Keuper 
petite  des  dents  ,  qui  probablement  appartiennent  à  ce  genre. 


—    isn    — 

I.  Pycnodus  Platessus  Ayass. 
Vol.  2,  Tab.  72,  fig.  1-Zi. 

SyN.   Pijcnorfiis  Platessus  Ag.—  Conjphœna  apoda  Ut.  vcr.  Tab.  35,  fig.  1  el  2.—  Zeus  Platessus  de  Bl.  Ich.  p.  a2. 
—  Diodon  reticulatiis  Ut.  ver.  Tab.  20  ,  fig.  3  (jeune)  —  Bronii.  U.  n"  41  et  6(1. 

Celle  espèce,  assez  fréquente  à  Monle-Bolca,  a  élé  décrite  et  figurée  par  Voila  sous  le  nom 
de  Coryphaena  apoda.  M.  de  Blainville  en  fait  un  Zeus.  Mais  ces  déterminations  sont  l'une  et 
laulre  également  erronnées  ;  el  d'après  la  forme  et  la  disposition  des  dents,  qui  sont  assez 
bien  conservées  dans  plusieurs  exemplaires,  il  est  évident  que  c'est  au  genre  Pycnodus  qu'il 
faut  la  rapporter.  L'espèce  est  facilement  reconnaissable  à  la  forme  grêle  et  allongée  de  sa 
partie  postérieure,  qui  contraste  d'une  manière  frappante  avec  la  forme  massive  et  lourde  de 
la  partie  antérieure. 

Dans  l'origine,  j'envisageais  comme  une  espèce  à  part  le  petit  exemplaire  que  Voila  a  fi- 
guré comme  une  variété  du  Coryphaena  apoda  (Ittiol.  veron.  Tab.SS,  fig.  2),  et  je  le  dési- 
gnais sous  le  nom  de  Pycnodus  ijibbus;  mais  plus  lard  j'ai  reconnu  que  ce  n'est  qu'un  jeune 
individu  du  Pijcnodus  Platessus  (Coryphaena  apoda),  comme  l'avait  pensé  Voila.  Le  seul 
caractère  qui  les  distingue  et  qui  est  d'autant  plus  marqué  que  les  individus  sont  plus  jeunes . 
consiste  dans  une  bosse  que  la  nuque  forme  en  avant  de  la  dorsale ,  el  dans  la  proéminence 
qui  se  voit  au  dessus  de  l'œil.  Mais  il  paraît  qu'à  mesure  que  le  poisson  grandissait,  ces  sail- 
lies s'aplanissaient  el  prenaient  insensiblement  la  forme  qu'elles  ont  chez  les  adultes. 

Le  poisson  de  fig.  i ,  qui  se  trouve  au  Musée  de  Munich,  est  de  tous  les  exemplaires  que  je 
connais,  le  plus  grand  el  l'un  des  plus  parfaits.  Le  squelette  tout  entier  est  resté  sur  la  plaque 
gauche,  de  manière  que  l'on  y  voit  les  côtes  des  deux  côlés.  La  plaque  droite  n'offre  qu'une 
empreinte  imparfaite,  à  l'exception  des  dénis  de  la  mâchoire  inférieure,  qui  sont  Irès-dis- 
tinctes. 

Un  caractère  qui  frappe  au  premier  coup  d'œil  dans  notre  poisson ,  c'est  le  profd  Irès-élevé 
et  presque  vertical  de  la  tête,  qui  rappelle  un  peu  les  Xyrichlhys.  La  plus  grande  largeur  cor- 
respond à  l'espace  compris  entre  la  nuque  el  le  commencement  de  la  dorsale;  elle  est  de 
quatre  pouces  el  demi  dans  l'exemplaire  figuré.  A  partir  de  cette  nageoire,  le  corps  se  rétré- 
cit en  ligne  droite  et  assez  brusquement  jusqu'à  la  caudale,  devant  laquelle  la  queue  est  très- 
mince.  Les  mâchoires  font  une  faible  saillie  au  bas  de  la  tète;  l'orbite  est  très-haute,  et  par 
conséquent  à  une  distance  considérable  de  la  gueule. 

Si  maintenant  nous  examinons  le  squelette  en  détail ,  nous  trouverons  que  la  colonne  ver- 
tébrale est  composée  de  trente-huit  vertèbres,  dont  vingt-six  caudales  el  douze  abdominales, 
qui  les  unes  el  les  autres  sont  lai'ges .    mais  courtes  el  très-intimement  liées  entre  elles.   Les 

apophyses  sont  vigoureuses,   et  munies  de  lames  ou  crêtes  saillantes  à  leur  bord  antérieur, 
T(M.  Il ,  -l'  Part.  24 


—     186     — 
qui  vont  en  augmentant  de  largeur  d'avant  en  arrière.  Sur  les  apophyses  des  vertèbres  abdo- 
minales ,  ces  crêtes  sont  même  tellement  développées ,  qu'elles  forment  une  cloison  osseuse 
continue  entre  les  muscles  latéraux.   La  même  cloison  existe  aussi  entre  les  apophyses  infé- 
rieures des  dernières  vertèbres  caudales  (de  la  20"  à  la  SG*"  vertèbre). 

Les  côtes  sont  très-fortes,  larges,  aussi  épaisses  que  les  apophyses  épineuses,  et  insérées 
sur  de  fortes  apophyses  transverses.  Il  y  en  a  dix  paires  qui  vont  en  s'allongeant  d'arrière  en 
avant  ;  les  onzième  et  douzième  vertèbres  abdominales  n'en  portent  pas.  Les  côtes  sternales 
sont  également  très-robustes.  J'en  compte  sept  paires ,  toutes  armées  de  pointes  dirigées  en 
arrière,  qui  forment,  sur  le  milieu  du  ventre,  une  série  de  pignons  imbiiqués.  Ces  pignons 
s'étendent  jusqu'à  l'anale,  devant  laquelle  il  y  en  a  deux  plus  gros  que  les  autres. 

Les  osselets  derrière  la  nuque  sont  au  nombre  de  sept  ;  ils  partent  du  bord  dorsal  et  se  di- 
i^igènt  obliquement  en  bas  et  en  arrière,  de  manière  à  former  des  losanges  très-réguliers  avec 
les  apophyses  des  dernières  vertèbres  abdominales  ;  quelques-uns  semblent  atteindre  la  co- 
lonne vertébrale.  Au  bord  dorsal,  ils  se  rattachent  à  de  petits  bourrelets  ou  renflemens  angu- 
leux. Ces  bourrelets  sont  surtout  développés  dans  le  petit  exemplaire  de  fig.  3  ;  tandis  que  les 
osselets  eux-mêmes  y  sont  bien  moins  robustes.  Dans  aucun  exemplaire  ils  ne  s'étendent  au 
delà  de  l'insertion  de  la  dorsale. 

La  caudale,  de  toutes  les  nageoires  la  plus  dévelopée,  est  supportée  par  les  neuf  premières 
vertèbres  caudales  ;  les  sept  premières  portent  la  fourche  et  les  rayons  internes  au  nombre  de 
dix-neuf,  qui  sont  tous  articulés  et  fendus  à  l'infini ,  surtout  les  extérieurs.  Les  S"  et  9^  ver- 
tèbres portent  en  haut  et  en  bas  une  dizaine  de  petits  rayons  latéraux ,  ensorte  que  la  formule 
de  la  caudale  est  10.  I.  7.  12.  L  10.  Le  pédicule  de  la  queue  est  long  et  grêle. 

La  dorsale  est  très-basse,  mais  fort  longue,  quoique  pourtant  moins  étendue  que  le  pense 
M.  de  Blainville,  qui  dit  «  qu'elle  commence  peu  en  arrière  de  la  nuque,  par  une  première 
partie  plus  élevée ,  de  six  à  sept  rayons  simples ,  assez  longs ,  et  se  continue  ensuite ,  fort 
basse,  jusqu'au  pédicule  de  la  queue.  »  Il  est  évident  que  ce  naturaliste  commet  ici  une  er- 
reur, et  qu'il  prend  pour  une  nageoire  les  osselets  en  V  que  nous  venons  de  décrire.  La  na- 
geoire proprement  dite  se  borne  à  ce  que  M.  de  Blainville  appelle  la  partie  basse  de  la  dorsale; 
elle  s'étend  depuis  la  onzième  vertèbre  caudale  jusqu'à  la  neuvième  abdominale.  Ses  rayons 
sont  simplement  bifurques  à  leur  extrémité  ;  il  y  en  a  soixante-trois  qui  sont  insérés  sur  autant 
de  petits  osselets  interapophysaires,  à-peu-près  spatuliformes.  On  en  compte  généralement  trois 
entre  deux  apophyses,  dans  toute  la  partie  qui  correspond  aux  vertèbres  caudales.  Ce  rap- 
port est  un  peu  différent  dans  la  région  des  vertèbres  abdominales,  où  il  n'y  en  a  guère  que 
deux  ou  un  entre  deux  apophyses.  Dans  les  jeunes  exemplaires  (  lig.  3) ,  les  osselets  interapo- 
physaires n'atteignent  pas  les  apophyses,  et  ne  commencent  qu'aune  certaine  distance  de  lex- 
trémité  de  ces  dernières. 

L'anale  est  conformée  à-peu-près  conmie  la  dorsale  ;  cependant  les  rayons  antérieurs  sont 
uu  peu  plus  longs  que  les  suivans.    Dans  le  grand  exemplaire  de  fig.  1  ,    ils  sont  brisés  au 


—     iS7     — 

luilieu  et  courbés  en  arrière.  Le  nombre  total  des  rayons  est  ici  de  ciriquante-trois ,  qui  sont 
soutenus  par  autant  d'osselets  interapopliysaii-es  de  la  même  forme  que  ceux  de  la  dorsale.  Il 
y  en  a  pour  l'ordinaire  trois,  quelquefois  quatre  entre  deux  apophyses.  Quant  aux  deux  gros 
crochets  qui  se  voient  en  avant  de  la  série  des  osselets  interapophysaires,  ce  ne  sont  autre 
chose  que  des  apophyses  des  grands  interépineux ,  ou  bien  des  dernières  côtes  sternales.  Je 
suis  cependant  plutôt  porté  à  croire  qu'ils  sont  portés  par  un  grand  osselet  interapophysaire , 
que  par  la  première  paire  de  côtes  sternales. 

Les  pectorales  sont  rarement  conservées  ;  elles  sont  composées  de  rayons  extrêmement  fins, 
un  peu  plus  longs  que  les  rayons  de  l'anale  et  fort  nombreux.  On  en  voit  un  fragment  déplacé 
dans  Texempiaire  de  fig.  i,  au-dessus  de  l'œil.  Dans  le  petit  exemplaire  de  fig.  3  cette  na- 
geoire est  en  place,  articulée  ,  à  l'angle  de  l'humérus  ,  aux  osselets  du  carpe.  Les  os  du  crâne 
sont  trop  détériorés  pour  qu'il  soit  possible  de  les  reconnaître  tous  dans  l'exemplaire  de  fig.  i  . 
Ils  sont  un  peu  mieux  conservés  dans  le  petit  individu  de  fig.  3  ;  mais  ils  ne  sont  pas  plus 
reconnaissables  à  cause  des  fractures  qui  les  traversent.  Les  exemplaires  du  Musée  de  Pai'is 
sont  sous  ce  rapport  plus  parfaits.  Tous  les  os  sont  marqués  d'une  fine  granelure,  semblable 
à  celle  des  os  de  la  tête  des  Crocodiles,  des  Dapedium ,  des  Lepidotus,  etc.  L'ethmoïde  est 
très-allongé  ;  c'est  lui  qui  forme  ,  avec  les  frontaux  ,  la  crête  verticale .  au-dessous  de  laquelle 
s'attachent  les  intermaxillaires  supérieurs.  Je  n'ai  remarqué  aucune  trace  de  l'opercule;  mais 
l'os  temporal  est  conservé  dans  une  des  plaques  du  Muséum  de  Paris  La  plaque  correspon- 
dante laisse  apercevoir  distinctement  les  hautes  branches  latérales  du  maxillaire  inférieur  et 
surtout  la  partie  inférieure  dilatée  de  l'humérus  et  du  cubitus ,  ainsi  que  la  large  plaque  qui 
résulte  de  leur  réunion. 

Les  dents  sont  conservées  dans  les  deux  exemplaires  de  fig.  i  et  3  ,  et  nous  avons  reconnu 
par  là  que  l'espèce  appartient  au  genre  Pycnodus.  On  voit  sur  la  mâchoire  inférieure  de 
l'exemplaire  de  fig.  1  trois  rangées  de  dents  allongées ,  à-peu-près  d'égale  dimension  ;  mais 
ii  n'y  a  que  la  moitié  de  la  mâchoire  qui  soit  visible.  Dans  le  fragment  de  fig.  2,  qui  repré- 
sente l'autre  moitié  de  la  même  mâchoire,  qui  est  adhérente  à  la  plaque  correspondante  .  on 
reconnaît,  outre  deux  rangées  à-peu-prés  égales  et  une  troisième  rangée  latérale,  de  petites 
dents  à-peu-près  circulaires,  mais  cependant  aplaties  comme  les  grandes.  Dans  l'individu  de 
fig.  3,  les  dents  sont  beaucoup  plus  petites,  mais  elles  trahissent  la  même  disposition.  La 
fig.  U  les  montre  grossies.  Il  existe  un  exemplaire  au  Musée  de  Munich,  dont  la  mâchoire  in- 
férieure porte  également  trois  rangées  de  dents ,  qui  sont  cependant  bien  moins  régulières 
que  celles  de  notre  fig.  1 .  Les  plus  grandes  sont  à-peu-près  égales  des  deux  côtés  ;  celles  de 
la  seconde  rangée  sont  plus  petites  et  pointues  en  dehors  ;  et  celles  de  la  troisième ,  encore  un 
peu  plus  petites  et  pointues  en  dedans.  Le  même  exemplaire  est  aussi  armé  d'une  dent  canine  , 
à  pointe  oblique.  H  se  pourrait  que  ce  fut  une  espèce  ditïérente  de  notre  P.  Platessus. 

Je  n'ai  rencontré  sur  aucun  des  exemplaires  que  je  connais,  des  écailles  entières:  cependant 
je  ne  doute  pas,  d'après  l'analogie  d'autres  espèces ,  qu'elles  n'aient  été  émaillées  et  en  forme 


—     188     — 

tîe  losange  ;  elles  étaient  du  moins  réunies  les  unes  aux  autres  par  des  onglets  articulaires , 
comme  c'est  ordinairement  le  cas  chez  les  Ganoïdes. 

Il  paraît  que  tous  les  exemplaires  qu'on  connaît  de  cette  espèce  proviennent  de  Monte-Bolca. 
Il  y  en  a  cinq  exemplaires  au  Muséum  de  Paris,  savoir  deux  grandes  plaques  correspondantes, 
une  troisième  impaire  et  trois  petites,  dont  deux  se  correspondent.  Nous  avons  dit  plus  haut 
que  l'original  de  notre  fig.  1  se  trouve  au  Muséum  de  Munich.  Il  provient  de  la  collection  de 
M.  Cobres.  Celui  de  fig.  -5  fait  partie  de  la  collection  du  D"^  Hartmann  à  Gœppingen. 

II.  Pycnodus  Rhombus  Agass. 
Vol.  2,  Tab.  72,  fig.  .5—7. 

L'espèce  dont  il  s'agit  ici  parait  être  particulière  à  un  dépôt  de  calcaire  fétide  deTorre  d'Or- 
lando,  à  l'ouest  de  Castellamare ,  près  de  Naples.  Elle  y  est  assez  fréquente  et  il  parait  qu'on 
l'envisage  généralement  à  Naples  comme  l'analogue  du  Sparus  quadracimis .  M.  de  Blainville 
a  déjà  fait  voir  tout  ce  que  ce  rapprochement  a  d'erronné ,  et  il  remarque  avec  raison  que  . 
quoique  beaucoup  plus  petite,  notre  espèce  se  rapproche  fort  du  Coryphœna  apocla  de  l'Ich- 
thyologie  véronaise  (notre  Pycnodus  Platessus).  C'est  en  effet  dans  ce  genre  qu'elle  doit  être 
placée,  d'après  ses  affinités  les  plus  intimes. 

Le  nom  spécifique  de  Rhomhits  indique  sa  forme  générale  qui  est  a-peu-près  rhomboïdale. 
Cependant,  malgré  sa  brièveté  et  sa  grande  hauteur,  le  profil  n'est  pas  aussi  droit  que  dans  le 
P.  Platessus  ;  il  passe  à  la  nuque  d'une  manière  insensible,  par  une  légère  courbure  ;  dans 
quelques  exemplaires,  la  nuque  et  le  profil  sont  même  à-peu-près  tout  d'une  venue  et  sur  la 
même  ligne.  La  cavité  abdominale,  quoique  très-bombée,  est  moins  proéminente  que  le  dos: 
l'anale  arquée  comme  la  dorsale  atteint  ,  ainsi  que  cette  dernière ,  l'extrémité  du  poisson  im- 
médiatement à  la  base  de  l'insertion  de  la  caudale.  On  retrouve  en  outre  ,  dans  cette  espèce  , 
toutes  les  particularités  d'organisation  qui  nous  ont  frappé  dans  le  P.  Piatessus,  les  côtes  ster- 
nales  et  les  os  enVen  avant  de  la  dorsale,  ainsi  que  les  carènes  ou  lames  de  la  surface  anté- 
rieure des  apophyses  épineuses.  Ces  lames  sont  d'autant  plus  élevées  et  plus  larges  que  les 
vertèbres  sont  plus  antérieures. 

Le  nombre  des  vertèbres  est  de  trente-deux,  dont  douze  abdominales  et  vingt  caudales.  Les 
apophyses  épineuses,  surtout  les  antérieures,  sont  très-longues,  sans  être  très-épaisses,  et  at- 
teignent presque  le  bord  dorsal  ;  les  dernières  vertèbres  caudales  vont  en  se  rapetissant ,  à 
mesure  qu'elles  se  rapprochent  de  l'insertion  de  la  caudale.  C'est  aux  apophyses  des  sept  der- 
nières vertèbres  que  s'attache  la  caudale ,  qui  est  proportionnellement  très-grande  ,  et  dont  le 
lobe  inférieur  est  le  plus  développé  ;  les  petits  rayons,  au  nombre  de  trois  ou  quatre,  s'attachent 
à  la  septième  de  ces  vertèbres  ;  les  grands  simples  à  la  sixième ,  et  les  suivans  aux  cinq 
dernières  ;  il  y  a  par  conséquent  I.  7.  8.  I  rayons  fourchus  et  articulés.  La  dorsale  occupe  le 


—  189  — 
bord  dorsal  depuis  le  milieu  du  corps  jusque  près  de  l'insertion  de  la  caudale  ;  et  l'anale 
s'étend  de  la  aiênie  manière  le  long  du  ventre;  seulement  son  insertion  est  un  peu  plus  recu- 
lée que  celle  de  la  dorsale.  Tous  les  rayons  sont  articulés ,  mais  simples.  Les  premiers  sont 
un  peu  plus  allongés  que  les  suivans.  Le  nombre  des  rayons  de  la  dorsale  est  de  trente-six  , 
portés  sur  autant  de  petits  osselets  interapophysaires,  fixés  ordinairement  deux  à  deux  entre  les 
apophyses  épineuses  des  vertèbres;  l'anale  en  a  trente  disposés  de  la  même  manière  ,  entre  la 
première  et  la  treizième  apophyse  épineuse  caudale.  Le  premier  interapophysaire  de  l'anale 
est  très-gros,  arqué  en  avant  et  terminé  par  un  bourrelet  surmonté  d'un  piquant,  qui  appar- 
tient peut-être  à  la  dernière  cote  slernale. 

Je  ne  puis  distinguer  que  dix  paires  de  véritables  côtes  ;  elles  sont  assez  grandes  ,  plus  épais- 
ses même  que  les  apophyses  épineuses  ,  et  atteignent  presque  le  bord  du  ventre.  Les  grandes 
côtes  sternales  remontent  très-haut  ;  elles  sont  aussi  fortes  que  les  véritables  côtes,  se  dilatent 
dans  leur  partie  inféi'ieure  ,  et  se  terminent  à  leur  symphyse  en  arêtes  imbriquées  et  diri- 
gées en  arrière.  Il  y  en  a  douze  paires  ;  les  antérieures  sont  les  plus  courtes.  A  la  nuque,  en 
avant  de  la  dorsale  ,  on  voit  distinctement  des  os  qui  se  croisent  avec  les  apophyses  épineuses 
et  qui  sont,  pour  ainsi  dire,  à  cheval  sur  les  extrémités  de  ces  dernières.  On  ne  saurait  douter 
que  ce  ne  soient  les  os  en  V,  car  quelques-uns  sont  couchés  sur  le  flanc  et  montrent  l'angle 
que  forment  leurs  deux  branches.  Us  sont  en  outre  très-grands  et  très-longs,  car  ils  dépas- 
sent les  corps  de  vertèbres  ;  leurs  bourrelets  supérieurs  et  leurs  arêtes  sont  très-développés  et 
s'imbriquent  distinctement  d'avant  en  arrière  ;  leur  pointe  est  dirigée  dans  le  sens  de  la  partie 
libre  des  écailles.  Dans  le  plus  beau  des  exemplaires  que  j'ai  vus,  ces  pièces  sont  un  peu  rele- 
vées ;  ce  qui  occasionne  une  petite  bosse  sur  le  dos. 

La  tète,  sans  être  très-complète  ,  est  suffisamment  conservée  pour  permettre  d'y  reconnaî- 
tre les  principaux  caractères  de  son  organisation.  Les  os  du  crâne  et  des  pièces  operculaires 
sont  finement  granulés,  le  crâne  et  l'occiput  surtout  sont  très-élevés  et  terminés  en  pointe  re- 
haussée. L'œil  est  grand  et  situé  à  la  hauteur  de  la  colonne  vertébrale  ;  l'opercule  est  très- 
large  et  granulé  comme  l'humérus  .  qui  forme  une  proéminence  au-dessus  de  l'insertion  de  la 
pectorale.  La  pectorale  elle-même  est  composée  d'une  vingtaine  de  rayons  très-fins,  disposés 
en  demi-cercle  et  insérés  sur  cinq  osselets  carpiens. 

liO  museau  n'est  pas  allongé,  et,  malgré  les  longues  apophyses  des  intermaxillaires,  il  ne 
parait  pas  être  protractile  ;  il  n'est  du  moins  bien  proéminent  dans  aucun  des  nombreux  exem- 
plaires que  j'ai  vus. 

Les  dents  sont  disposées  exactement  comme  dans  le  Pycnodus  Platessiis  ;  elles  ont  aussi  la 
même  forme;  seulement  elles  sont  un  tant  soit  peu  plus  déprimées  à  leur  surface  extérieure. 

C'est  à  l'obligeance  de  M.  Pentland  que  je  dois  la  première  communication  des  trois  exem- 
plaires figurés.  Depuis,  j'en  ai  vu  un  assez  grand  nombre  aux  Musées  de  Paris,  de  Vienne, 
de  la  Société  géologique  de  Londres,  et  dans  les  collections  de  Lord  Enniskillen  et  de  sir  Phi- 
lipp  Egerton.  M.  Auldjo  m'a  fait  voir  une  plaque  sur  laquelle  se  trouvaient  réunis  plusieurs 


—     190     — 
exemplaires  de  cette  espèce,  très-rapprochés  les  uns  des  autres  ;  ce  qui  me  ferait  penser  qu'ils 
vivaient  en  troupe. 

Le  terrain  d'où  proviennent  ces  ichthyolithes  appartient  sous  aucun  doute  à  la  formation 
jurassique,  puisque  indépendamment  du  Pycnodus  que  je  viens  de  décrire,  on  y  a  aussi  trouvé 
des  Semionotus,  des  Pholidophorus,  des  Notagogus,  tous  genres  exclusivement  jurassiques.  Il 
me  serait  cependant  difficile  de  me  prononcer  maintenant  sur  l'étage  jurassique  auquel  le  cal- 
caire de  Torre  d'Orlando  doit  être  rapporté. 

111.    PyCNODITS   ORBICULAKIS  Affass. 
SvN.  Diodon  orhicularis  Itl.  ver.  T;ib.  40.  Palœobalistum  orbiciilatum  DeBl:  Ich.  p.  ;Vi.  —  Bron».  It.  n*  -iô. 

Ce  beau  poisson  n'est  encore  connu  que  d'après  un  seul  exemplaire  qui  se  trouve  au  Mu- 
séum de  Paris,  et  qui  provient  de  Monte-Bolca.  Pour  examiner  avec  tout  le  soin  nécessaire  celte 
intéressante  plaque,  il  faudrait  en  déplacer  quelques  parties  qui  me  paraissent  avoir  été  mal 
ajustées.  C'est  ainsi  que  toutes  les  apophyses  épineuses  supérieures  des  vertèbres  sont  dirigées 
en  avant ,  sans  doute  parce  qu'on  a  formé  une  seule  plaque  de  deux  empreintes  opposées 
de  ce  poisson.  L'empreinte  de  la  colonne  vertébrale  n'est  pas  non  plus  dans  toute  sa  longueur, 
dans  la  même  direction  ni  à  la  même  hauteur,  et  les  fissures  ne  se  correspondent  pas.  Enfin 
les  épines  nuchales  étant  dirigées  en  avant  me  font  également  présumer  qu'elles  ont  été  trans- 
posées. Du  reste ,  tout  le  tronc  est  mal  conservé;  à  peine  peut-on  reconnaître  çà  et  là  quel- 
que trace  de  la  colonne  vertébrale.  Les  nageoires  sont  toutes  enlevées ,  à  l'exception  dune 
portion  de  la  caudale  et  de  la  partie  antérieure  de  l'anale  ;  le  reste  est  factice. 

Mais  malgré  ces  imperfections ,  on  reconnaît  néanmoins  dans  l'ensemble  des  parties  l'affi- 
nité intime  de  ce  poisson  avec  le  soi-disant  Corijphœna  apoda^  et  même  leur  identité  générique. 
La  tête  et  les  parois  de  l'abdomen  sont  assez  bien  conservées,  et  les  dents  presque  intactes  dé- 
montrent évidemment  que  c'est  à  ce  genre  que  doivent  être  rapportées  une  pai'tie  des  dents 
décrites  par  les  anciens  Gryctographes  sous  les  noms  de  Buffonites  ou  de  Crapaudines. 

Les  côtes  sont  très-bien  conservées  ;  on  reconnaît  aussi  les  côtes  sternales  et  même  leurs 
épines  imbriquées.  Un  autre  fait  très-curieux,  c'est  qu'on  voit  sur  tout  le  corps  des  aspérités 
semblables  à  celles  qui  existent  sur  les  écailles  et  sur  les  os  de  la  tête  des  Dapedium  et  des 
Lepidotus.  Il  est  très-probable  que  ce  sont  ces  empreintes  que  les  auteurs  de  l'ichlliyologie  vé- 
ronaise  auront  prises  pour  des  piquans  semblables  à  ceux  du  Diodon,  ce  qui  les  aura  engagés  à 
placer  ce  fossile  parmi  les  Gymnodontes.  J'ignore  quels  sont  les  motifs  qui  ont  déterminé  M.  de 
Blainville  à  en  faire  un  genre  particulier.  Comme  il  ne  rend  pas  compte  de  ce  qu'il  y  a  de 
controuvé  dans  la  plaque  du  Musée,  on  pourrait  être  tenté  de  croire  que  ce  savant  a  pris  le 
change  sur  l'aspect  singulier  qui  résulte  des  transposiîions  que  nous  avons  signalées.  Du  moins. 
le  fait  qu'il  en  sépare  le  Coryphœna  apoda ,  fait  bien  voir  qu'il  n'a  pas  reconnu  son  propre 


—     491      — 

genre  dans  les  différentes  espèces  qu'il  a  examinées.  Ce  qui  est  certain,  c'est  que  tout  le  milieu 
du  corps,  depuis  l'occiput  jusqu'à  la  fin  des  épines  dorsales,  est  entièrement  factice.  Il  se  pour- 
rait aussi  que  la  queue  ait  été  tronquée  et  renversée.  La  portion  apopliysaire  dorsale  est  cer- 
tainement ajustée  à  rebours,  puisque  les  apophyses  épineuses  supérieures  et  antérieures  sont 
les  plus  faibles  ;  ce  qui  ne  pourrait  pas  avoir  lieu  à  l'état  naturel. 

Les  plus  grosses  dents  sont  parfaitement  semi-cylindriques  et  arrondies  à  leur  extrémité  : 
les  moyennes  sont  tant  soit  peu  ovales  et  déprimées  au  milieu;  les  plus  petites  se  rapprochent  de 
la  forme  hémisphérique  déprimée. 

IV.  Pyckodus  gigas  Affass. 

Vol.  2,  Tab.  71 .  fig.  i^  et  Tab.  72a  fig.  56-58. 

Bourguet,  Traité  des  Pétrilications ,  Tab.  57,  n"  396. 

Les  dents  de  cette  espèce,  dont  Bourguet  a  représenté  une  dent  isolée  dans  son  traité  des 
Pétrifications,  sont  ju.squ'ici  les  plus  grandes  du  genre  Pycnodus ,  et  s'il  faut  en  juger  d'après 
les  rapports  qui  existent  dans  le  P.  Platessus ,  (Tab.  72,  fig.  1)  entre  la  dentition  et  les  di- 
mensions du  corps,  elles  doivent  provenir  d'un  poisson  vraiment  gigantesque.  Notre  Tab.  71 , 
fig.  13,  représente  un  fragment  de  mâchoire  sur  lequel  on  distingue  une  série  de  six  grosses 
dents,  flanquées  ,  de  chaque  côté,-  de  dents  plus  petites,  qui,  sans  être  disposées  par  séries  ré- 
gulières comme  les  grandes  dents,  sont  cependant  plus  nombreuses  d'un  côté  que  de  l'autre. 
II  est  difficile,  d'après  ces  seuls  indices,  de  dire  si  notre  fragment  appartient  à  la  mâchoire  su- 
périeure ou  à  la  mâchoire  inférieure.  Je  crois  cependant ,  à  cause  de  l'inégalité  des  rangées 
secondaires,  que  c'est  plutôt  à  la  mâchoire  inférieure  qu'il  faut  le  rapporter. 

Les  grosses  dents  sont  en  forme  de  demi-cylindres  plus  ou  moins  réguliers,  ordinairement  un 
peu  arquées  en  avant.  Les  deux  extrémités  sont  arrondies  et  d'égale  largeur,  mais  elles  n'ont  pas 
toujours  exactement  les  mêmes  contours.  Leur  hauteur  égale  à-peu-près  le  tiers  et  quelque- 
fois près  de  la  moitié  de  leur  longueur ,  lorsqu'elles  sont  parfaitement  dégagées  (Tab.  72  o, 
fig.  56  ''  et  57  ').  La  surface  de  l'émail  est  assez  lisse;  mais  elle  devient  luisante  par  suite  de 
l'usure.  La  racine  est  beaucoup  plus  étroite  que  la  couronne;  elle  n'a  guère  que  la  moitié  de 
sa  largeur  (fig.  56).  La  couronne  s'en  détache  facilement  et  alors  on  voit  distinctement  la  ca- 
vité qu'elle  occupait ,  du  moins  son  contour.  Les  personnes  qui  ne  sont  pas  encore  très-fami- 
liarisées  avec  les  dents  de  poissons  fossiles,  devront  surtout  avoir  égard  à  ce  caractère,  parce 
qu'il  sert  à  distinguer  les  dents  de  ce  type  de  certaines  dents  de  Requins,  telles  que  les  Acrodm 
et  les  Psammodiis,  qui  ont  la  même  forme,  mais  dont  la  racine  n'est  pas  enfoncée  dans  la  cou- 
ronne. Les  petites  dents  latérales  sont  plus  irrégulières  et  en  général  plus  circulaires.  Leur  sur- 
face est  souvent  très-rugueuse,  voire  môme  plissée.  Elles  sont  aussi  bien  moins  hautes  que  les 
dents  principales  ,  et  ordinairement  déprimées  au  milieu  ;  il  est  rare  qu'elles  présentent  des 


—     192     — 

traces  d'usure,  ce  qui  nous  fait  penser  qu'elles  servaient  peu  à  la  mastication,  mais  plutôt  à  re- 
tenir les  alimens  en  présence  des  grandes  dents  de  trituration. 

C'est  au  Musée  de  Stuttgart  que  j'ai  vu  les  premiers  exemplaires  de  cette  espèce;  c'est  là  que 
se  trouve  entre  autres  le  fragment  de  mâchoire  de  Tab.  71 ,  fig.  13,  ainsi  que  les  dents  isolées 
de  Tab.  72  «,  fig.  56-58.  Depuis  lors,  j'en  ai  vu  de  nombreux  exemplaires  dans  les  collec- 
tions suisses,  et  en  particulier  au  Musée  de  Soleure.  M.  C.  Nicolet,  de  la  Chaux-de-Fonds,  en 
a  trouvé  plusieurs  dans  le  Portlandien  de  nos  montagnes.  Je  possède  moi-même  un  beau  frag- 
ment de  mâchoire,  provenant  des  environs  de  Neuchâtel.  Il  en  existe  aussi  dans  plusieurs  col- 
lections d'Allemagne  et  d'Angleterre  ,  entre  autres  dans  celles  de  Lord  Enniskillen  et  de  sir 
Pliilipp  Egerton. 

Cette  espèce  est  caractéristique  du  portlandien  du  Jura  suisse;  on  en  trouve  du  moins  par- 
tout des  fragmens,  alors  même  que  les  mâchoires  plus  ou  moins  parfaites  sont  extrêmement 
rares. 

V.  Pycnodus  Nicoleti  Agass. 

Vol.  2,  Tab.  74  ,  fig.  U. 

Cette  espèce  est  très-voisine  du  P.  gigas:  cependant  elle  me  paraît  devoir  en  être  distinguée 
spécifiquement,  par  la  raison  que  les  dents  principales  sont  proportionnellement  plus  courtes, 
moins  hautes  et  plus  plates.  Leur  largeur  égale  plus  de  la  moitié  de  leur  longueur,  et  leur  hau- 
teur varie  d'une  demi-ligne  à  une  ligne.  Les  petites  dents  montrent  des  traces  d'usure  comme 
les  grandes;  il  n'y  a  que  le  milieu  qui  n'en  soit  pas  affecté  ;  ce  qui  fait  qu'il  se  présente  sous 
la  forme  d'un  petit  creux  âpre.  La  disposition  des  dents  secondaires,  qui  sont  fort  nombreuses 
d'un  côté,  tandis  qu'il  n "y  en  a  qu'une  rangée  de  l'autre  côté ,  me  fait  présumer  que  nous 
avons  à  faire  à  un  fragment  de  mâchoire  inférieure  du  côté  gauche. 

Cette  espèce  a  été  découverte  par  M.  C.  Nicolet  dans  le  portlandien  du  canton  de  Neuchâtel. 
Depuis  lors  on  en  a  rencontré  des  dents  isolées  dans  plusieurs  localités  du  même  terrain. 

VI.  Pycnodus  Bucklandi  Agass. 
Vol.  2,  Tab.  72«,  fig.  15-22. 

Prévost  Ann.  des  St-   nat.  IV.  Tab.  18,  n"  18.  —  Laid  lithopli.  Briton.  Ichnogr.  1395  et  1525. 

Cette  espèce  est  extraordinairement  fréquente  dans  le  calcaire  de  Stonesfield  ;  on  en  connaît 
une  quantité  de  dents  isolées  et  de  mâchoires  ;  mais  l'on  n'a  point  encore  découvert  le  sque- 
lette ni  les  écailles  de  l'animal  dont  elles  proviennent.  Parmi  les  exemplaires  figurés,  il  en  est 
qui  appartiennent  à  la  mâchoire  inférieure,  d'autres  à  la  mâchoire  supérieure.  La  fig.  15  re- 
présente probablement  une  plaque  vomérienne.  si  l'on  peut  en  juger  d'après  la  disposition  ré- 
gulière des  dents  des  deux  rangées  latérales.  Il  existe  sans  doute  du  côté  droit  des  rudimens 


1 


—  19,"  — 
de  dents  d'une  seconde  rangée;  mais  rien  n'empêche  de  supposer  qu'une  seconde  rangée  pa- 
reille n'ait  aussi  existé  du  côté  gauche.  L'analogie  nous  force  même  en  quelque  sorte  à  celte 
supposition  ,  puisque  nous  savons  qu'il  y  a  ordinairement  cinq  rangées  de  dents  au  vomer. 
Un  caractère  qui  ne  peut  manquer  de  frapper  dans  ce  fragment,  c'est  que  les  dents  sont  très- 
espacées  dans  tous  les  sens.  Les  dents  de  la  rangée  médiane  sont  régulièrement  elliptiques, 
celles  des  rangées  externes  sont  plutôt  circulaires  et  en  général  fort  irrégulières.  Les  dents 
isolées  de  fig,  19,  20  et  21  appartiennent  très-probablement  à  la  même  espèce. 

Je  rapporte  également  au  P.  Bucklandi  les  fig.  \^,  17  et  18  qui  proviennent  du  calcaire 
de  Caen.  Les  dents  principales  ont  absolument  la  même  forme  et  la  même  physionomie. 
D'après  la  disposition  et  les  rapports  des  dents  entre  elles ,  le  fragment  de  fig.  1 7  doit  appar- 
tenir à  la  branche  gauche  de  la  mâchoire  inférieure,  et  celui  de  fig.  16,  probablement  à  la 
branche  droite  de  cette  même  mâchoire.  On  remarquera  cependant  que  dans  ce  dernier  frag- 
ment les  dents  des  rangées  latérales  sont  proportionnellement  plus  grandes  que  dans  les  autres 
exemplaires,  tandis  que  les  dents  principales  sont  au  contraire  un  peu  plus  petites.  Je  ne  pense 
cependant  pas  que  l'on  doive  envisager  cette  particularité  comme  un  caractère  d'espèce.  La 
dent  de  fig.  18,  quoique  plus  grande,  ressemble  trop  aux  autres  pour  qu'on  doive  l'en  sé- 
parer. 

Il  me  reste  des  doutes  plus  sérieux  à  l'égard  de  la  fig.  22  ,  qui  représente  une  série  de 
quatre  dents ,  portées  chacune  sur  un  pédicule  cylindrique  et  plus  long  que  la  couronne  n'est 
haute.  On  voit  aussi  sur  l'une  de  ces  dents ,  que  les  pédicules  sont  creux  et  qu'ils  font  corps 
avec  l'os  qui  les  porte.  Je  ne  puis  déterminer  quel  est  cet  os  ;  tout  ce  que  j'ai  vu,  c'est  que  son 
bord  antérieur  est  arrondi  et  son  bord  inférieur  droit.  Un  caractère  remarquable  de  ces  dents, 
c'est  que  leur  couronne  est  arrondie  et  rappelle  à  cet  égard  la  forme  des  Sphserodus.  L'émail 
est  distinctement  séparé  de  la  racine  par  un  rétrécissement  et  par  une  raie  colorée  en  brun. 
Cependant ,  comme  les  dents  des  rangées  latérales  du  P.  Bucklandi  affectent  aussi  quel- 
quefois une  forme  presque  circulaire  ,  je  rapporte  provisoirement  à  cette  espèce  le  fragment 
en  question. 

Il  existe  des  exemplaires  de  cette  espèce  dans  une  foule  de  collections  d'Angleterre. 
Fig.  15  se  trouve  dans  la  collection  de  M.  Buckland  ;  fig.  16,  17  et  18,  au  musée  de  Caen  ; 
fig.  19,  20  et  21 ,  dans  la  collection  de  l'Ecole  des  mines  de  Paris  ;  fig.  22,  dans  la  collection 
de  M.  Cumberland  à  Bristol.  C'est,  avec  certaines  espèces  d'Hybodus,  l'un  des  poissons  les  plus 
fréquens  de  Stonesfield. 

VIL  Pycnodus  didymus  Agass. 

Vol.  2  ,  Tab.  72  a,  fig.  24  et  25. 

Ce  n'est  qu'avec  doute  que  j'établis  cette  espèce ,  car  il  se  pourrait  fort  bien  qu'elle  ne  fût 
qu'une  variété  du  P.  Bucklandi.  Cependant  il  est  à  remarquer  que  les  dents  de  la  rangée 
ToM.  II,  2'=  Part.  2.5 


—  19?i  — 
principale  sont  un  peu  plus  allongées  et  moins  elliptiques  qu'elles  ne  le  sont  ordinairement 
dans  l'espèce  citée.  L'exemplaire  figuré  représente,  selon  toute  apparence  ,  une  portion  de  la 
mâchoire  inférieure  gauche.  Il  est  vrai  qu'au  lieu  de  deux  rangées  latérales  internes,  nous  en 
avons  ici  trois;  mais  est-ce  là  un  caractère  spécifique?  Je  ne  le  pense  pas,  attendu  que  nous  re- 
marquons aussi  quelque  chose  de  semblable  dans  le  fragment  de  lig.  17,  du  P.  Bucklandi. 

Dans  notre  espèce,  les  deux  rangées  intermédiaires  sont  très-semblables ,  cependant  la  se- 
conde a  des  dents  plus  petites  que  la  première.  Celles  de  la  rangée  externe  sont  beaucoup  plus 
saillantes  et  se  rapprochent  davantage  des  dents  principales  ,  quoiqu'elles  soient  moins  ellipti- 
ques que  ces  dernières.  La  fig.  2S  représente  notre  mâchoire  de  profil ,  montrant  l'épaisseur 
des  dents  de  la  rangée  externe. 

L'original  se  trouve  dans  la  collection  de  Lord  Enniskillen ,  et  provient  de  l'oolite  de 
Stonesfield. 

VIII.  Pycnodits  rugulosus  Agass. 

Vol.  2,  Tab.  72  «,  fig.  23. 

Je  décris  sous  ce  nom  un  vomer  très-bien  conservé  avec  ses  cinq  rangées  de  dents  .  de  la 
collection  de  M.  Buckland.  Il  règne  entre  les  différentes  rangées  une  certaine  harmonie  que 
l'on  chercherait  vainement  dans  les  autres  espèces  et  qui  rappelle  un  peu  les  mâchoires  des 
Gyrodus.  Les  dents  de  la  rangée  médiane  ou  principale  sont  régulièrement  elliptiques  ;  celles 
des  rangées  secondaires  sont  subcirculaires.  Les  unes  et  les  autres  vont  en  diminuant  insen- 
siblement d'arrière  en  avant;  toutes  offrent  de  fines  rugosités,  très-faiblement  marquées  au 
milieu  de  leur  surface,  ce  qui  a  valu  à  cette  espèce  le  nom  qu'elle  porte.  Il  est  probable  que 
la  rangée  principale  ainsi  que  les  deux  rangées  latérales  droites,  sont  complètes.  En  voyant 
la  régularité  de  ces  séries  de  dents  ,  on  pourrait  être  tenté  de  confondre  cette  espèce  avec  cer- 
tains Gyrodus,  tels  que  les  G.  umbilicKS  et  autres;  mais  il  est  à  remarquer  que  dans  notre  es- 
pèce .  comme  dans  tous  les  vrais  Pycnodus  ,  les  dents  de  la  rangée  médiane  sont  bien  moins 
en  saillie  que  dans  les  Gyrodus  ;  ce  seul  caractère  peut  suffire  pour  différencier  les  deux  types, 
alors  même  que  l'anneau  ou  sillon  caractéristique  des  Gyrodus  a  disparu. 

Je  dois  la  conmiunication  de  ce  fragment  à  l'obligeance  de  M.  Buckland  ;  il  provient  d'une 
oolite  sableuse  entre  Sulgrave  et  Culworth  dans  le  Northamptonshire. 

IX.  Pycnodus  umbonatus  Agass. 

Vol.  2.  Tab.  72«,  fig.  I-?i. 

J'ai  distingué  cette  espèce  parce  que  ses  dents  présentent  un  caractère  particulier,  celui  d'être 
légèrement  déprimées  au  milieu.  Reste  à  savoir  si  ce  caractère  est  suffisant  pour  constituer 
une  espèce.  Fig.  I  montre  un  fragment  de  la  mâchoire  inférieure  gauche;  les  dents  princi- 


—      195     — 

pales  y  sont  assez  iiiiiforines,  plutôt  grandes  (jue  petites  et  irrégulièrement  elliptiques;  leur 
grand  axe  forme  à-peu-près  un  angle  droit  avec  celui  des  dents  de  la  rangée  secondaire  ;  celles 
de  la  rangée  externe  ont  la  même  apparence  que  celles  de  la  rangée  principale ,  mais  elles 
sont  un  peu  plus  petites.  Fig.  3  représente  le  même  fragment  vu  en  dessous,  montrant  la  struc- 
ture rayonnée  de  l'os  ;  fig.  h  le  représente  de  profil  pour  montrer  le  relief  des  dents. 

Fig.  2  représente  probablement  un  fragment  de  la  même  espèce;  cependant  je  dois  faire 
remarquer  que  les  dents  de  la  rangée  principale  sont  moins  cylindriques  que  dans  Tautre 
exemplaire.  En  revanche,  la  petite  dépression  du  milieu  y  est  très-sensible. 

Les  deux  exemplaires  figurés  se  trouvent  dans  la  collection  de  M.  Regley,  qui  appartient  au- 
jourd'hui à  M.  Carteret.  Leur  origine  est  inconnue.  M.  Phillips  possède  une  espèce  fort  sem- 
blable.  sinon  identique  ,  provenant  du  Forest-Marble. 

X.  Pycnodus  ovalis  Agass. 
Vol.  2,Tab.  72  «,  fig.  5. 

Ceci  est ,  selon  toute  apparence ,  un  fragment  de  la  mâchoire  supérieure ,  c'est-à-dire  du 
vonier.  Les  dents  de  la  rangée  moyenne  sont  assez  grandes  et  en  forme  d'ellipses  assez  régu- 
lières. Les  deux  rangées  latérales  que  l'on  voit  de  chaque  côté  sont  composées  de  très-petites 
dents,  irrégulières  et  fort  rapprochées  de  la  rangée  principale.  Cette  dernière  circonstance  ma 
surtout  engagé  à  distinguer  cette  espèce  du  P.  Bucklandi ,  avec  lequel  elle  a  d'ailleurs  beau- 
coup de  ressemblance  Des  recherches  ultérieures,  sur  des  exemplaires  plus  parfaits,  nous  ap- 
prendront sans  doute  si  c'est  là  un  caractère  spécifique  ou  non . 

L'original  se  trouve  au  musée  de  Bristol  et  provient  du  calcaire  de  Stonesfield . 

XL  Pycnodus  Hugu  Agass. 
Vol.  2,  Tab.  72  a,  fig.  49-54. 

Je  n'ai  aucun  doute  sur  la  validité  de  cette  espèce.  Son  caractère  principal  consiste  dans  la 
forme  anguleuse  et  rhohiboïdale  des  dents,  surtout  des  dents  principales.  La  fig.  49  repré- 
sente un  fragment  de  la  mâchoire  inférieure  droite ,  qui  montre  que  même  les  dents  des 
rangées  secondaires  participent  de  cette  forme  carrée  que  nous  signalons.  La  rangée  externe 
est  beaucoup  plus  déprimée  que  les  deux  autres  ,  ainsi  que  le  montrent  les  deux  dessins  de 
fig.  53  et  54,  dont  l'un  représente  notre  fragment  de  profil  par  devant  (fig.  55)  et  l'autre  de 
profil  par  derrière  (fig.  54).  Fig.  51  représente  deux  dents  réunies,  sans  doute  d'une  rangée 
principale.  Fig.  50  montre  une  dent  isolée  vue  par  la  face  inférieure,  pour  montrer  la  coupe  de 
la  racine. 

Quant  à  la  fig.  52,  elle  représente  vraisemblablement  une  dent  antérieure  de  la  même  espèce. 


'       —     196     — 

Cependant  je  dois  convenir  qne  je  ne  l'ai  identifiée  que  sur  la  foi  de  l'identité  du  gisement, 
et  parce  qu'elle  a  tout-à-fait  la  forme  des  dents  antérieures  des  Pycnodontes. 

Du  portlandien  du  Jura  suisse  :  Soleure ,  le  Banné ,  Neuchàtel.  L'espèce  a  été  découverte 
par  M.  Hugi.  Les  originaux  se  trouvent  au  musée  de  Soleure. 

XII.  Pycnodus  toliapicus  Agass. 
Vol.  2,  Tab.  72  a,  fig.  5S. 

C'est  une  des  grandes  espèces  du  genre.  Le  fragment  figuré  représente  une  portion  de  la 
mâchoire  inférieure  gauche.  Les  dents  de  la  rangée  principale  sont  allongées  et  arrondies  aux 
deux  extrémités.  Les  deux  rangées  secondaires  se  composent  de  dents  moins  longues  ,  mais 
très-régulières  et  relativement  à  la  rangée  principale,  plus  grosses  que  ne  le  sont  ordinaire- 
ment les  rangées  secondaires.  Celles  de  la  rangée  adjacente  sont  alignées  dans  le  même  sens 
que  celles  de  la  rangée  principale . 

L'exemplaire  figuré  provient  de  l'argile  de  Londres  ,  de  Sheppy.  C'est  jusqu'ici  la  seule  es- 
pèce de  Pycnodus  que  l'on  ait  signalée  dans  cette  formation.  L'original  se  trouve  dans  la  col- 
lection de  M.  le  docteur  Buckland  et  un  autre  fragment  de  mâchoire  dans  celle  de  M.  Bo- 
werbank. 

XIII.  Pycnodus  Mantellii  Agass. 

Vol.  2,  Tab.  72a,  fig.  6-11. 

Manfell  Illiist.  of  Uie  Geol.  of  Susses.  Tab.  XVII,  fig.  26  et  27.  —  Pycnodus  microdon  Agass.  (_Anté.rieiirement). 

Les  fragmens  de  mâchoires  que  je  décris  sous  ce  nom  ont  un  certain  air  de  famille  qui  ne 
permet  pas  de  les  différencier,  et  les  variétés  que  l'on  remarque  dans  la  forme  des  dents  s'ex- 
pliquent sans  doute  par  la  différence  des  mâchoires.  Les  fig.  7,  8,  9,  12  et  13  sont,  selon  toute 
apparence,  des  pièces  de  la  mâchoire  supérieure,  c'est-à-dire  des  plaques  vomériennes  ;  leurs 
dents  principales  sont  allongées  et  légèrement  évasées  au  bord  postérieur,  quelquefois  aussi 
des  deux  côtés,  de  manière  à  paraître  étranglées  au  milieu.  Les  rangées  secondaires  sont  com- 
posées de  petites  dents  irrégulièrement  elliptiques  ,  qui  contrastent  avec  les  dents  de  la  rangée 
principale,  par  leur  forme  d'abord  ,  et  ensuite  en  ce  qu'elles  sont  très-serrées.  L'aspect  parti- 
culier de  la  couronne  des  dents  de  fig.  13  est  dû  à  l'usure.  Il  se  pourrait  que  les  pièces  des 
fig.  9  et  13  fussent  des  plaques  linguales.  Les  dents  dont  elles  sont  couvertes  sont  du  moins 
plus  serrées  que  celles  des  plaques  des  fig.  7,  8  et  12,  que  je  suis  plutôt  disposé  à  envisager 
comme  des  vomers. 

Je  rapporte  à  la  mâchoire  inférieure  les  fig.  6,  10,  H  et  14.  La  forme  de  ces  dents  est 
tout-à-fait  différente  ;  elles  sont  plus  elliptiques  et  ne  présentent  aucune  trace  d'étranglement 
au  milieu.  La  différence  de  forme  entre  les  dents  de  la  rangée  principale  et  celles  des  rangées 


—     i97     — 
secondaires  est  aussi  moins  frappante  ;  les  unes  et  les  autres  sont  assez  régulièrement  ellipti- 
ques. Mais  l'on  peut  envisager  comme  un  caractère  de  l'espèce  le  fait  que  les  dents  sont  aussi 
ici  très- rapprochées ,  de  manière  à  former  un  paAé  non  interrompu. 

Tous  les  exemplaires  figurés  se  trouvent  dans  la  collection  de  M.  Mantell  et  proviennent 
de  la  forêt  de  Tilgate. 

XIV.  Pyckodus  MuNSTERi  Agass. 

Vol.  2,Tab.72.a,fig.  26-39. 

Je  désigne  sous  ce  nom  une  série  de  dents  du  grés-vert  de  Ratisbonne ,  de  la  collection  de 
M,  le  comte  de  Miinster.  On  reconnaît  au  premier  abord  deux  types  fort  différens  parmi  les 
exemplaires  figurés.  Il  y  en  a  de  fort  allongés  qui  appartiennent  probablement  à  la  rangée 
principale  de  la  mâchoire  inférieure  ;  ce  sont  les  plus  caractéristiques  ;  aussi  leur  forme  grêle 
et  très-allongée  perniet-elle  de  les  reconnaître  facilement  entre  tous  les  Pycnodus  (fig.  26, 
27,  28  et  29).  Leur  largeur  n'égale  guère  que  le  tiers  de  leur  longueur;  leurs  bords  sont 
assez  réguliers  ;  leurs  extrémités  sont  arrondies  ;  cependant  elles  ne  sont  nullement  symétri- 
ques. 

Le  second  type  comprend  des  dents  coniques  massives ,  qui  pourraient  fort  bien  être  des 
dents  antérieures  de  la  mâchoire  du  même  poisson.  Telles  sont  surtout  les  fig.  38  et  39. 

Les  dents  des  fig.  30  ,  31,  32,  33,  Zk,  35  et  36  ont  extérieurement  beaucoup  de  rappoi't 
avec  le  P.  comphnatus  décrit  ci-dessous.  Je  regrette  de  ne  pas  posséder  des  dessins  de  profil 
de  ces  dents;  si  elles  sont  réellement  aussi  plates,  il  ne  faudra  pas  hésiter  à  les  identifier  avec 
cette  dernière  espèce.  Plusieurs  exemplaires  montrent  des  traces  distinctes  d'usure  (fig.  31 
et  34). 

La  fig,  37  est  encore  un  autre  type  dont  la  détermination  présente  quelque  difficulté.  Il 
se  pourrait  que  ce  fût  une  dent  antérieure  de  notre  espèce  ;  cependant  il  faut  remarquer  qu'elle 
est  très-grosse,  et  pourrait  par  conséquent  avoir  appartenu  à  un  poisson  de  plus  grande  taille. 
Fig.  37  '  la  montre  de  profil  ;  fig.  37  "  par  la  face  supérieure. 

Ce  ne  sera  que  quand  on  disposera  d'un  plus  grand  nombre  d'exemplaires  que  l'on  pourra 
espérer  de  déterminer  d'une  manière  précise  les  véritables  rapports  de  ces  dents  entre  elles. 

XV,  Pycnodus  complanatus  Agass. 

Vol.  2,  Tab.   72a,  fig,  k^-k^. 

Le  nom  de  cette  espèce  en  indique  le  principal  caractère  qui  consiste  dans  la  forme  dé- 
primée de  la  couronne.  Ce  sont  d'ailleurs  des  dents  étroites  et  allongées ,  quoique  pourtant 
moins  grêles  que  le  P.  Miinsteri.  Il  y  en  a  même  d'à-peu-près  circulaires  (fig,  kk-kQ),  qui 


—     198     — 

probablement  proviennent  d'une  rangée  secondaire,  si  toutefois  elles  sont  de  la  même  espèce. 
La  dent  de  fig.  kS  est  probablement  une  dent  antérieure.  Je  ne  connais  encore  que  des  dents 
isolées  de  cette  espèce.  Les  tig.  'lO  ',  k^  ',  i2 ',  16',  k7  '  et  kS  '  représentent  la  face  infé- 
rieure, montrant  le  contour  de  la  racine.  Les  ligures  au  trait  indiquent  le  profil. 

Du  grès -vert  de  Ratisbonne.  Les  originaux  font  partie  de  la  collection  du  Musée  de 
Prague. 

M.  Passy  dans  son  ouvrage  sur  la  Seine  inférieure  a  figuré  une  plaque  sur  laquelle  se  voient 
des  dents  de  Pycnodus  et  de  Gyrodus.  Les  Pycnodus  sont  des  dents  allongées  qui  ont  beau- 
coup de  rapport  avec  notre  P,  complanatus.  Il  en  existe  aussi  de  très-semblables  dans  la  col- 
lection de  M,  Alex.  Brongniart,  qui  proviennent  des  environs  de  Paris.  Je  ne  saurais  cepen- 
dant décider  si  elles  sont  spécifiquement  identiques  ou  non.  * 

XVI.   Pycnodus  subclavatus  Agass. 
Vol.  2,  Tab.  72a,  fig.  59. 

Faujas,  Montagne  de  St  Pierre  de  Maëstrichl.  Tab.  18,  fig.  8. 

Je  ne  connais  encore  que  les  deux  dents  réunies  qui  sont  représentées  sur  la  plaque  figu- 
rée, mais  leur  forme  art|uée  ne  permet  guère  de  douter  qu'elles  ne  proviennent  d'une  espèce 
particulière.  Ce  sont  deux  dents  très-allongées,  à-peu-près  comme  le  P.  Mûnsteri,  mais  cepen- 
dant en  somme  moins  grêles,  et  surtout  plus  arquées  au  milieu.  Leurs  extrémités  sont  tout-à- 
fait  asymétriques.  L'étiquette  de  cette  espèce  indique  comme  gisenient  Maestricht.  L'original 
fait  partie  de  la  collection  du  Muséum  de  Paris.  C'est  probablement  la  même  espèce  que 
Faujas  a  figurée  dans  son  ouvrage  sur  la  montagne  de  Maestricht.  Une  espèce  semblable  se 
trouve  aux  environs  d'Aix-la-Chapelle. 

XVIL  Pycnodus  cretaceus  Agass. 

Vol.  2,  Tab.  72  a,  fig.  60. 

Cette  espèce,  quoique  voisine  à  certains  égards  des  P.  Mûnsteri  et  complanatus,  me  parait  ce- 
pendant en  différer  par  la  forme  un  peu  plus  large  de  ses  dents  principales.  L'exemplaire 
ligure  représente  trois  dents  principales  et  quatre  dents  secondaires.  On  dirait  que  plus  les 
dents  sont  allongées  et  plus  elles  sont  serrées ,  comme  si  leur  allongement  était  causé  par  le 
manque  d'espace.  Dans  notre  espèce  du  moins,  les  dents  principales  sont  si  rapprochées  qu'elles 
paraissent  même  se  recouvrir.  Les  dents  de  la  rangée  secondaire  sont  également  contiguës.  Il 
est  difficile  de  dire  à  quelle  mâchoire  ces  dents  appartenaient  ;  cependant  il  n'y  a  guère  que 
les  dents  de  la  mâchoire  inférieure  qui  présentent  une  disposition  oblique  :  je  pense  dès-lors 
qu'on  peut  envisager  notre  exemplaire  comme  un  fragment  de  la  mâchoire  inférieure  gauche. 


—      199     — 

L'original  se  trouve  dans  la  collection  de  M.  (^uniberiand  à  Brislol.  Il  provient  de  la  craie 
de  Kent. 

Parmi  les  espèces  qu'il  me  reste  encore  à  décrire ,  je  citerai  en  particulier  les  suivantes, 
comme  les  plus  intéressantes  : 

i°  PvcNODUs  LATiROSTRis  Agass.  De  loolite  de  Stoneslield.  Cette  espèce  se  dislingue  par  la 
largeur  de  sa  mâchoire  inférieure,  dont  les  dents  sont  disposées  en  forme  de  triangle  à-peu- 
près  équilatéral.  Dans  la  collection  de  lord  Enniskillen. 

2°  Pycnodus  obtusus  Agass.  De  l'oolite  de  Stoneslield.  Dans  la  collection  de  sir  Philipp 
Ea:erton. 

3°  Pycnodus  parvus  Agass.  De  l'oolite  de  Stoneslield.  Dans  les  collections  de  M.  le  D"^  Buck- 
land ,  de  lord  Enniskillen  et  de  sir  Philipp  Egerlon. 

k°  Pycnodus  tristychius  Agass.  De  l'oolite .  probablement  de  Stoneslield.  Au  Musée  de 
Bristol. 

0°  PyciNodus  biserialis  Agass.  De  l'oolite  de  Little  Gibraltar,  près  d'Oxford.  Dans  la  col- 
lection de  sir  Philipp  Egerton. 

6°  Pycnodus  DiscomES  Agass.  De  loolite  de  Little  Gibraltar,  près  d'Oxford.  Dans  la  collec- 
tion de  sir  Philipp  Egerton. 

7°  Pycnodus  angustus  Agass.  De  la  craie  de  Kent.  L'original  se  trouve  au  i\Iusée  britan- 
nique. 

8°  Pycnodus  elongatus  Agass.  De  la  craie  blanche  de  Lewes.  Cette  espèce  pourrait  bieii 
être  identique  avec  le  P.  angustus. 

9°  Pycnodus  LATiOR  Agass.  Espèce  encore  douteuse,  dont  l'existence  ne  m'est  indi(|uée 
que  par  des  figures  de  Faujas  et  de  Briickner. 

10°  Pycnodus  depressus  Agass.  Espèce  trouvée  à  Gand  et  à  Ratisbonne,  dans  le  grès  vert. 

H**  Pycnodus  marginaiis  Agass.  De  la  craie  marneuse  de  Kent.  L'original  est  au  musée 
de  la  Société  géologique  de  Manchester.  Je  ne  suis  pas  parfaitement  sur  que  cette  espèce  dif- 
fère du  P.  cretaceus. 

12"  Pycnodus  trigonus  Agass.  Fig.  3,  Tab.  27  c,  de  Buckland  Miner,  et  Geology.  De  Sto- 
nesfield. 

13°  Pycnodus  latidens  Agass.  Belle  espèce  du  Portlandien  .  découverte  dans  les  carrières 
de  Soleure  ,  par  M.  Hugi. 

ik"  Pycnodus  priscus  Agass.  Petites  dents  découvertes  par  M.  d'Alberti  dans  les  dépôts  sa- 
bleux supérieurs  du  Keuper  de  Taebingen   en  Wurtemberg  et  voisines  du  P.  Buckkmdi. 

M.  le  comte  de  Miinster  a  en  outre  distingué  dans  sa  collection  deux  espèces  nouvelles,  les 
Pycnodus  gracilis  et  P.  minutus.  L'un  et  l'autre  proviennent  du  coral-rag  de  Hoheneggelsen 
près  de  Hildesheim  et  du  Lindenberg  près  de  Hanovre  ,  et  ne  sont  connues  que  par  des  dents 
isolées.  Le  P.  minutus  a  la  forme  allongée  du  P.  complanatus  (Tab.  72  a,  fig.  40-^8);  seu- 


—      200     — 

lenient  il  est  de  moitié  plus  petit.  Le  P.  gracHîs  ressemble  davantage  aux  dents  de  la  rangée 
principale  du  P.  Bitcklandi  (Tab.  72  a,  fig.  lS-22j.  Il  existe  aussi  dans  la  collection  de  M.  le 
comte  de  Munster  plusieurs  dents  assez  semblables  à  celles  du  P.  umbonattis,  provenant  de 
la  molasse  de  Bat trinsen . 

Le  calcaire  jaune  néocomien  des  environs  de  Neuchàtel  m'a  aussi  fourni  une  série  de  dents 
du  genre  Pycnodus  ;  mais  elles  sont  tellement  semblables  au  P.  yiyas  du  Portiandien  qu'il  est 
presque  impossible  de  les  distinguer.  Le  seul  caractère  constant  que  j'aie  remarqué,  c'est  que 
la  couronne  est  plus  plate.  J'^  désigné  cette  espèce  sous  le  nom  de  P.  Couloni  ,  dans  mes 
notes. 

Le  Pycnodus  minor  Agass.  de  l'argile  de  Speeton  est  encore  très-douteux. 


201 


CHAPITRE    III. 


DES  GENRES  PERIODUS,  GYRONCHUS  ET  ACROTEMNIIS  Agass. 


1°  Du  GENRE  Periodus  Agass. 

C'est  encore  dans  la  dentition  que  réside  le  caractère  distinctif  de  ce  genre.  D'après  tout  ce 
que  nous  en  connaissons ,  les  dents  ont  la  disposition  et  les  contours  généraux  de  celles  des 
Pycnodus  ;  mais  elles  en  diffèrent  en  ce  que  leur  couronne  est  entourée  d'un  large  sillon ,  de 
manière  que  leur  coupe  transversale  au  lieu  d'être  simplement  semi-circulaire ,  présente  au 
contraire  la  forme  d'un  chapeau  à  larges  bords  relevés.  Ce  sillon  ne  doit  pas  être  confondu 
avec  celui  des  dents  de  Gyrodus,  attendu  qu'il  se  trouve  à  la  base  des  dents,  tandis  que  celui 
des  Gyrodus  est  près  du  sonmiet.  Je  ne  connais  encore  qu'une  espèce  de  ce  type  ;  c'est  le  : 

Periodus  Koenigii  Agass. 

Vol.  2,  Tab.  72  a,  fig.  61  et  62. 

Cette  espèce,  d'après  laquelle  nous  avons  établi  le  genre  Periodus  ,  n'est  encore  connue  que 
par  un  fragment  de  la  branche  droite  de  la  mâchoire  inférieure.  A  en  juger  d'après  les  rap- 
ports qui  existent ,  dans  les  Pycnodontes  en  général ,  entre  la  grandeur  des  dents  et  les  di- 
mensions de  l'animal ,  ce  fragment  a  dû  appartenir  à  un  poisson  de  grande  taille.  Nous  dis- 
tinguons trois  rangées  de  dents;  la  première  ou  la  plus  extérieure  est  composée  de  quatre  dents 
très-allongées,  à-peu-près  toutes  d'égale  forme,  en  général  deux  fois  aussi  longues  que  larges. 
La  seconde  rangée  est  composée  de  dents  plus  petites  et  moins  allongées ,  du  reste  réguliè- 
rement elliptiques.  La  troisième  rangée  a  des  dents  encore  plus  petites  et  plus  irrégulières. 

La  fig.  62  représente  le  profil  de  fig.  61,  vu  par  derrière.  On  remarque  entre  le  bord  de 
l'os,  qui  se  présente  ici  sous  la  forme  d'une  arête  saillante  et  la  dent  de  la  première  rangée, 
un  sillon  large  et  assez  profond  qui  est  tout-à-fait  caractéristique.  Il  ne  paraît  pas  qu'il  y  ait 
eu  dans  ce  sillon  une  rangée  particulière  de  dents,  du  moins  n'en  ai-je  remarqué  aucune  trace 
dans  l'exemplaire  figuré.  De  cette  manière,  le  nombre  des  rangées  de  la  mâchoire  inférieure  se 
trouverait  réduit  à  trois,  au  lieu  de  quatre  de  chaque  côté;  ce  qui  serait  un  nouveau  caractère 
à  ajouter  à  la  diagnose  du  genre.  La  surface  de  la  couronne  est  marquée  d'un  fin  pointillé, 
qui  indique  l'extrémité  des  canaux  médullaires  mise  à  découvert  par  l'usure. 

ToM.  11.  2'  Paut.  26 


—     202     — 
L'espèce  dont  il  est  ici  question  provient  de  l'argile  de  Londres  de  Sheppy.  L'original  se 
trouve  dans  la  collection  du  D"^  Buckland. 

2°  Du  GENRE  Gyronchus  Agass. 

Ce  genre  dont  on  ne  connaît  encore  que  la  mâchoire  supérieure,  a  la  plus  grande  ressem- 
blance avec  les  Pycnodus.  On  peut  le  définir  de  celte  manière  :  c'est  un  Pycnodus  dont  les 
dents  de  la  rangée  principale  ou  médiane  du  vomer  sont  allongées  dans  le  sens  du  diamètre 
longitudinal,  au  lieu  de  l'être  transversalement.  Ce  caractère  est-il  suffisant  pour  constituer  un 
genre  à  part,  ou  bien  ne  doit-on  y  voir  qu'une  modification  peu  importante  du  type  des  Pyc- 
nodus? Telle  est  la  question  qui  reste  à  résoudre ,  et  qui  ne  pourra  l'être  qu'autant  que  l'on 
découvrira  des  fragmens  plus  complets  présentant  cette  disposition  remarquable.  Je  pense  ce- 
pendant que  le  genre  Gyronchus  devra  être  maintenu,  parla  raison  que  la  surface  de  ses  dents 
a  une  conformation  particulière  qui  tient  en  quelque  sorte  le  milieu  entre  les  Pycnodus  et  les 
Gyrodus.  Il  existe  en  effet  une  légère  dépression,  comme  un  petit  sillon,  à  la  périphérie  de  la 
couronne,  et  le  nfilieu  des  dents  principales  est  relevé  en  une  sorte  de  quille  dont  la  pointe  est 

dirigée  en  arrière. 

Gyronchus  oblongus   Agass. 

Vol.  2-,  Tab.  69  a,  fig.  10  et  H. 

Cette  espèce  était  un  poisson  de  petite  taille  ;  c'est  ce  que  l'on  peut  conclure  non-seule- 
ment de  la  petitesse  des  dents,  mais  encore  de  l'espace  rétréci  qu'elles  occupent.  Il  y  a  sans 
doute  des  Pycnodus  dont  la  dentition  vomérienne  n'occupe  pas  beaucoup  plus  d'espace,  mais 
il  n'en  est  aucun  dans  lecjuel  l'espace  couvert  de  dents  se  rétrécisse  d'une  manière  aussi  gra- 
duelle. La  rangée  médiane  compte  sept  dents  allongées  d'arrière  en  avant,  à  l'exception  des 
deux  premières  dont  la  forme  est  plutôt  irrégulièrement  carrée.  Les  rangées  secondaires  ne 
comprennent  que  de  très-petites  dents  de  forme  assez  irrégulière.  La  rangée  externe  est  com- 
posée de  dents  à-peu-près  aussi  grosses  que  celles  de  la  rangée  principale,  mais  plus  serrées 
et  tronquées  au  bord  extérieur,  comme  c'est  le  cas  de  plusieurs  espèces  de  Pycnodus  et  de  Gy- 
rodus. La  fig.  11  montre  le  profil  des  dents  de  la  rangée  extérieure,  pour  faire  voir  leur  hau- 
teur. 

C'est  une  espèce  propre,  à  ce  qu'il  paraît,  au  calcaire  de  Stonesfield.  Je  n'en  connais  encore 
qu'un  exemplaire  qui  est  ici  figuré  ;  il  se  trouve  dans  la  collection  de  l'Institut  philosophique 
de  Bristol. 

3°  Du  GENRE  ACROTEMNUS  AgaSS. 

Ce  genre  n'est  encore  connu  que  par  quelques  dents  molaires  qui  ont  la  forme  de  grandes 
dents  de  Pycnodus,  mais  qui  se  distinguent  par  un  caractère  particulier;  c'est  que  leur  surface, 
au  lieu  d'être  plane  ou  régulièrement  bombée,  présente  une  arête  saillante,  semblable  à  un  pli 


—     203     — 
(ju'on  y  aurait  pincé.  Ce  caractère  qui  donne  à  ces  dents  une  physionomie  particulière  ,  tn"a 
paru  suffisant  pour  distinguer  provisoirement  cette  forme  des  autres   types  de  la  famille  des 
Pvcnodontes. 


AcROTEMNHS  Faba  AgasK. 


Vol.  2,  Tab.  66 fl.  lig.  16-18. 


D'après  leur  position  oblique  ,  les  dents  que  je  désigne  ici  sous  le  nom  de  A.  Faba  ont  dû 
faire  partie  d'une  rangée  principale  de  la  mâchoire  inférieure  ;  du  moins  est-ce  là  un  indice  de 
cette  position  dans  le  genre  des  vrais  Pycuodus.  L'échantillon  de  fig.  16  représente  quatre 
dents  ;  trois  d'entre  elles  montrent  de  la  manière  la  plus  distincte  le  pli  apicial  que  nous  en- 
visageons comme  caractéristique  du  genre  et  qui  s'étend  assez  uniformément  sur  toute  la  lon- 
gueur de  la  dent.  La  dent  antérieure  est  un  peu  plus  unie,  sans  doute  par  l'efTet  de  l'usure  : 
cependant  on  n'en  remarque  pas  moins  des  traces  distinctes  d'une  quille  obtuse  au  sommet  de 
la  couronne.  11  y  a  tout  lieu  de  croire ,  d'après  les  dimensions  des  dents  que  nous  venons  de 
décrire  ,  qu'elles  proviennent  d'un  poisson  de  grande  taille. 

Les  fig.  1  7  et  18  représentent  le  profil,  de  manière  à  faire  voir  le  pli  apicial  (fig.  18). 

Je  ne  connais  encore  que  le  fragment  figuré ,  il  provient  de  la  craie  de  Kent  et  se  trouve 
dans  la  collection  de  M.  Mantell. 

Le  genre  Scrobodus  v.  Miinster  me  parait  reposer  sur  de  bons  caractères.  C'est  le  premier 
Pycnodonte  fusiforme  qui  ait  été  décrit  ;  tous  ceux  que  j'ai  appris  à  connaître  jusqu'ici  étaient 
larges  et  plats.  L'espèce  appelée  Sct'ohodus  subovatus  par  M.  le  comte  de  Munster,  Beitrœge . 
IV.  Fasc,  Tab.  I ,  fig.  U  ,  provient  du  calcaire  lithographique  de  Solenhofen. 

Le  genre  Globulodusv.  Munster  et  l'espèce  G.elexjans  pourraient  bien  n'être  fondés  que  sur 
la  dentition  du  genre  Platysomus.  Nous  connaissons  du  moins  dans  la  famille  des  Lépido'ides 
les  genres  Tetragonolepis  et  Dapedius ,  dont  les  dents  également  petites  sont  plus  ou  moins 
renflées  au  sommet  ;  mais  je  ne  connais  point  de  Pvcnodontes  qui  aient  des  dents  pédiculées 
comme  celles  du  genre  Globulodus. 


204     — 


CHAPITRE  IV. 


DU  GEIVRE  MICRODON  Agass. 


Dans  Porigine  je  confondais  les  Microdon  avec  les  vrais  Pycnodus  en  un  seul  genre  ;  et  en 
effet  ils  se  touchent  par  bon  nombre  de  points.  La  forme  du  corps  est  ramassée,  quelquefois 
même  presque  circulaire.  Le  profil  de  la  tête  est  très-haut,  presque  vertical.  La  gueule  est  au 
bas  de  la  tête.  Les  mâchoires  sont  légèrement  proéminentes.  L'œil  est  très-haut  et  séparé  de 
la  gueule  par  un  espace  considérable.  Les  nageoires  présentent  le  même  arrangement  que 
nous  avons  décrit  dans  le  genre  Pycnodus:  la  caudale  est  três-développée,  largement  fourchue 
et  supportée  par  un  pédoncule  grêle,  mais  cependant  vigoureux.  La  dorsale  et  l'anale  com- 
mencent l'une  et  l'autre  à-peu-près  au  milieu  de  la  longueur  du  corps  et  se  prolongent  jus- 
qu'à l'ongine  de  la  caudale.  Leurs  rayons  sont  très-uniformes  :  cependant  ceux  de  la  dorsale 
sont  d'ordinaire  proportionnellement  plus  longs  que  dans  le  genre  Pycnodus.  Les  pectorales 
sont  petites ,  à  rayons  très-fins.  Les  écailles  ne  sont  que  rarement  visibles,  mais  à  en  juger  par 
leurs  empreintes,  il  paraît  qu'elles  étaient  d'une  certaine  épaisseur  ;  leur  forme  est  celle  de  lo- 
sanges plus  ou  moins  parfaits. 

Le  squelette  est  robuste  ;  les  apophyses  des  vertèbres  se  font  surtout  remarquer  par  leur 
forme  massive  et,  d'après  ce  que  nous  en  avons  pu  observer,  elles  étaient  garnies  de  carènes 
très-larges  qui  se  réunissaient  même  pour  former  une  cloison  continue.  Les  côtes  sont  fortes, 
ainsi  que  les  côtes  sternales  qui ,  avec  ces  dernières ,  étaient  destinées  à  protéger  la  ca- 
vité abdominale.  Enfin  nous  rencontrons  aussi  ici  au  devant  de  la  dorsale  ces  singuliers 
osselets  en  V  qui  se  croisent  avec  les  apophyses  des  vertèbres  abdominales  et  qui  aboutissent 
à  de  petites  vexilles  très-distinctes  au  bord  dorsal,  La  même  question  que  nous  nous  sommes 
faite  au  chapitre  du  genre  Pycnodus  se  présente  donc  de  nouveau  ici.  Sont-ce  des  empreintes 
d'os  du  squelette  interne,  ou  bien  ces  quilles  ne  relèvent-elles  que  du  squelette  légumentaire  ? 
Nous  avons  discuté  plus  haut  (pag.  184)  les  raisons  qu'on  peut  alléguer  en  faveur  de  l'une  et 
de  l'autre  explication. 

Tous  les  caractères  que  nous  venons  d'énumérer  sont  aussi  propres  aux  vrais  Pycnodus. 
Il  n'y  a  que  la  dentition  qui  soit  dilïérente.  Il  est  vrai  que  les  mâchoires  sont  rarement  bien 
conservées  surtout  lorsqu'une  partie  des  tégumens  existe.  Cependant  comme  la  dentition  est 


—     205     — 

Irès-distincle,  il  suffit  de  quelques  dents  pour  décider  avec  connaissance  de  cause.  Lorsqu'elles 
manquent  complètement,  la  détermination  générique  reste  douteuse. 

Voici  quels  sont  les  caractères  des  dents  :  elles  sont  beaucoup  plus  petites  que  les  dents  de 
Pycnodus.  On  en  compte  à  la  mâchoire  supérieure  cinq  rangées  sur  le  vomer  et  une  rangée 
sur  chacun  des  maxillaires.  A  la  mâchoire  inférieure  nous  retrouvons,  comme  dans  les  Pvc- 
nodus  ,  de  chaque  côté ,  quatre  rangées  de  dents ,  mais  elles  sont  à  peu-près  toutes  d'égale 
forme,  du  moins  n'y  en  a-t-il  pas  d'allongées  et  d'autres  circulaires.  La  structure  microsco- 
pique présente  plusieurs  particularités  remarquables  (Voy.  chap.  IX). 

Les  Microdon  sont,  comme  les  Pycnodus,  des  poissons  essentiellement  jurassiques;  la  plupart 
proviennent  des  terrains  récens  de  cette  formation  et  en  particulier  du  portiandien.  J'ai  cher- 
ché à  reproduire  les  caractères  généraux  de  ce  type ,  dans  une  figure  restaurée  au  trait , 
Tab.  G,fig.  3. 

L   MicBODOM   >LEGAKs  Agass. 

Vol.  2,  Tab.  69  6. 

Il   existe  au  Musée  de  Miinich  un  charmant  exemplaire  de  cette  espèce  provenant  de  So- 
lenhofen.  On  ne  saurait  méconnaître,  en  le  voyant,  la  grande  analogie  qui  existe  entre  ce  pois- 
son et  le  Pycnodvs  Platessus ,   (\ue  nous  avons  décrit  ci-dessus.   Quoique  court  et  trapu  ,  il  a 
cependant  quelque  chose  d'élégant.  Sa  hauteur  en  avant  de  la  dorsale  est  de  cinq  pouces.  Le 
profil  de  la  tête  est  moins  vertical  que  dans  le  P.  Platessus  et  rappelle  à  cet  égard  le  P. 
Rhombus.  Une  conséquence  de  cette  coupe  de  la  tête,  c'est  que  le  museau  paraît  plus  pointu  , 
et  l'espace  entre  l'œil  et  la  gueule ,  plus  petit.  Je  dois  encore  mentionner  au  nombre  des  ca- 
ractères distinctifs  les  particularités  que  présentent  les  nageoires.  La  caudale  s'attache  immé- 
diatement au  tronc;  elle  est  très-grande,  largement  échancrée;  ses  lobes  sont  pointus;  tous 
les  rayons  en  sont  distincts  ;  et  ceux  du  milieu  un  peu  plus  longs  que  leurs  voisins  forment  un 
renflement  assez  notable,  au  milieu  de  la  fourche  caudale.  Formule  :  k,  I,  9,  10,  I,  5, 
Ils  sont  supportés  par  les  apophyses  des  huit  premières  vertèbres  caudales.  Les  sept  pre- 
mières portent  de  grands  rayons  articulés,  la  huitième,  les  petits  rayons  externes.  La  dorsale 
et  l'anale,  à-peu-près  symétriques,  commencent  l'une  et  l'autre  au  point  le  plus  élevé  du  corps 
et  s'étendent  jusqu'à  l'origine  de  la  caudale;  elles  sont  composées  de  rayons  très-fins,  sup-. 
portés  par  un  nombre  égal  d'osselets  interapophysaires.   Les  premiers  rayons  de  la  dorsale 
sont  petits  ,   puis  ils  augmentent  tout-à-coup  et  deviennent  très-grands ,  diminuent  ensuite, 
d'abord  brusquement  et  puis  d'une  manière  insensible  jusqu'à  la  caudale.  La  même  chose  se 
remarque  à  l'anale  où  les  grands  rayons  diminuent  encore  plus  brusquement  vers  la  caudale. 
La  même  dégradation  s'observe  dans  les  osselets  interapophysaires  des  deux  nageoires,  avec 
cette  difïérence  cependant  que  les  premiers  ne  se  ressentent  pas  de  l'infériorité  des  rayons  qu'ils 
portent,  mais  sont  aussi  grands  et  même  plus  grands  que  les  suivans.  Il  existe  quelques  rudi- 
mens  des  pectorales;  les  rayons  en  sont  très-fins  et  ont  à-peu-près  un  pouce  de  long. 


—     206     — 

Le  squelette  est  vigoureux  ;  les  vertèbres  sont  grosses  et  courtes;  les  apophyses  sont  mu- 
nies des  mêmes  arêtes  osseuses  qui  caractérisent  aussi  les  Pycnodus,  Ces  arêtes  vont  en  s'é- 
largissant  de  plus  en  plus  dans  la  région  abdominale,  où  elles  finissent  par  former  des  cloisons 
osseuses  continues.  Les  côtes  sont  très -grosses  ;  notre  exemplaire  les  montre  des  deux  côtés 
ainsi  que  les  côtes  sternales  qui  cependant  sont  assez  difficiles  à  distinguer.  Enfin  l'on  remar- 
que d'une  manière  très-distincte  les  osselets  en  V  en  avant  de  la  dorsale;  on  en  compte  une 
quinzaine  qui,  à  l'exception  des  deux  ou  trois  derniers,  s'étendent  jusqu'à  la  colonne  verté- 
brale qu'ils  ont  même  l'air  de  traverser.  Ils  sont  très-fins,  parallèles,  évidemment  superposés 
aux  apophyses  et  se  terminent  au  bord  du  dos  en  autant  de  renflemens  en  croix  très-saillans. 
Les  écailles  n'ont  laissé  des  empreintes  qu'au  bord  abdominal,  au-dessous  des  pectorales.  Tout 
ce  que  l'on  peut  conclure  de  leur  présence,  c'est  qu'elles  formaient  des  losanges  très-al- 
longés. 

J'ai  représenté  deux  autres  fragmensde  ce  même  poisson,  afin  d'en  compléter  l'étude.  L'un 
montre  la  tête  avec  la  ceinture  thoracique.  On  y  distingue  fort  bien  l'humérus  avec  son  élar- 
gissement elliptique  qui  recevait  sans  doute  les  muscles  inférieurs  des  pectorales.  Le  préoper- 
cule est  étroit,  l'opercule  assez  large.  La  mâchoire  inférieure  est  courte  et  assez  grosse.  Enfin 
il  existe  plusieurs  séries  de  dents  très-bien  conservées  qui  nous  indiquent  que  c'est  réellement 
au  genre  Microdon  qu'appartient  notre  poisson. 

La  fig.  2  montre  une  caudale  très-bien  conservée  d'un  individu  plus  grand  que  celui  de 
fig.  1 .  On  y  distingue  surtout  bien  les  apophyses  des  dernières  vertèbres  caudales  et  la  ma- 
nière dont  elles  supportent  les  rayons  de  cette  nageoire. 

IL  Microdon  hexagonus  Agass.» 

Vol.  2,  Tab.  69  c,  fig.  4  et  5. 

Cette  espèce  est  voisine  à  plusieurs  égards  du  Microdon  eleyans ,  mais  elle  en  diffère  d'un 
autre  côté  par  plusieurs  particularités  qui  ne  permettent  pas  de  la  confondre  spécifiquement. 
Elle  est  plus  trapue  et  son  pourtour  présente  à-peu-près  la  forme  d'un  hexagone  irrégulier. 
.Le  profil  de  la  tête  paraît  être  plus  vertical  et  la  cavité  de  l'œil  plus  grande  ;  mais  ce  qui  la  dis- 
tingue surtout,  ce  sont  ses  grosses  nageoires.  L'origine  de  l'anale  et  de  la  dorsale  est  bien 
plus  rapprochée  de  la  queue,  et  au  lieu  de  commencer  à  l'endroit  le  plus  large  du  corps,  elles 
ne  commencent  guère  qu'aux  deux  tiers  de  la  longueur.  La  caudale  est  plus  fortement  échan- 
crée  ;  ses  deux  lobes  sont  excessivement  longs  et  grêles,  et  ce  qui  m'a  surtout  frappé ,  c'est 
qu'elle  est  supportée  par  un  nombre  bien  plus  considérable  de  vertèbres.  Le  lobe  supérieur 
s'appuye  au  moins  sur  une  douzaine  d'apophyses  très-serrées,  et  le  lobe  inférieur  sur  un  nombre 
à-peu-prés  égal. 

On  éprouve  la  plus  grande  difficulté  à  expliquer  dans  cette  espèce  les  différentes  lignes  ver- 


—     207     — 

ticales  et  obliques  qui  traversent  le  corps.  Au  premier  abord  il  paraît  tout  naturel  d'envisager 
les  grosses  raies  verticales  de  la  partie  abdominale  ,  comme  des  côtes  ;  d'autant  plus  qu'elles 
présentent .  près  de  la  colonne  vertébrale ,  une  sorte  de  renflement  à  leur  sommet ,  qui  rap- 
pelle involontairement  une  surface  articulaire  ;  mais  d'un  autre  côté ,  comment  se  fait-il  que 
les  côtes  sternales  ne  soient  pas  visibles  ,  et  pourquoi  ces  mêmes  lignes  se  continuent-elles,  en 
suivant  la  même  direction ,  au-delà  de  la  région  abdominale  jusqu'à  la  queue  ,  tandis  que  les 
apophyses  ont  ordinairement  une  direction  inverse  ?  Ne  pourrait-on  pas  dès-lors  les  envisager 
comme  des  empreintes  du  squelette  tégumentaire?  Mais  alors  comment  se  fait-il  que  les  osselets 
interapophysaires  de  l'anale,  qui  pourtant  appartiennent  au  squelette  proprement  dit,  soient  vi- 
sibles ?  La  partie  dorsale  présente  à-peu-près  les  mêmes  difficultés.  Ce  qu'il  y  a  de  plus  pro- 
bable ,  c'est  que  les  lignes  croisées  sont  formées  par  les  apophyses  des  vertèbres  et  par  les  osse- 
lets en  V.  Mais  ici  se  présente  un  cas  particulier  :  ces  osselets  s'étendent  jusqu'à  la  caudale,  tan- 
dis que  dans  les  autres  espèces  elles  ne  dépassent  jamais  l'origine  de  la  dorsale.  Pour  décider 
d'une  manière  définitive  si  ces  lignes  sojit  dues  au  squelette  intérieur  ou  au  squelette  tégu- 
mentaire. il  faudrait  pouvoir  examiner  de  nouveau  la  superposition  des  lignes  sur  l'original, 
et  c'est  ce  qu'il  m'a  été  impossible  de  faire  depuis  prés  de  dix  ans  que  j'ai  vu  ces  fossiles  pour 
la  dernière  fois. 

La  fig.  k  représente  des  fragmens  de  mâchoires  que  j'ai  tout  lieu  de  rapporter  à  cette  es- 
pèce, parce  qu'elles  ont  été  trouvées  dans  la  même  localité  et  que  ce  sont  de  vraies  mâchoires 
de  Microdon. 

Les  originaux  de  ces  deux  figures  se  trouvent  au  Musée  de  Munich  et  proviennent  des  car- 
rières de  Solenhofen.  Il  en  existe  en  outre  deux  plaques  dans  la  collection  de  Sir  Philipp 
Egerton ,  et  une  troisième  dans  celle  de  M.  le  comte  de  Miinsler. 

III.   Microdon  anaus  Aarass. 

Vol.  2,  Tab.  69  c,  fig.  3. 

Il  se  pourrait  que  cette  espécej  qui  provient  comme  les  précédentes  des  carrières  de  Solen- 
hofen, ne  fût  qu'une  variété  du  M.  hexagonus.  Cependant ,  elle  présente  quelques  différences 
qui  m'ont  engagé  à  la  décrire  provisoirement  comme  une  espèce  à  part.  Ces  différences  con- 
sistent surtout  dans  la  caudale  qui ,  quoique  profondément  échancrée ,  a  cependant  des  lobes 
plus  larges  et  moins  pointus.  Les  articulations  de  ses  rayons  paraissent  aussi  être  plus  dis- 
tantes. Les  vertèbres  caudales,  dont  les  apophyses  servent  de  support  à  cette  nageoire,  sont 
moins  nombreuses  ;  en  tout  cas  leurs  apojrtiyses  sont  moins  serrées.  Les  premiers  rayons  de 
l'anale  sont  aussi,  relativement  à  la  taille  du  poisson,  plus  longs  que  dans  le  M.  hexagonus.  On 
remarque  dans  la  partie  supérieure  et  postérieure  du  corps,  au-dessous  des  osselets  de  la  dorsale, 
des  losanges  qui  paraissent  indiquer  les  empreintes  des  écailles.  Ici  il  est  évident  que  ces  lignes 


—     208     — 

croisées  n'appartiennent  pas  à  la  charpente  osseuse,  mais  relèvent  bien  réellement  du  squelette 
extérieur.  Quant  aux  lignes  qui  sont  dans  la  direction  des  côtes,  je  suis  à  leur  égard  dans  une 
complète  incertitude.  Cependant  il  me  paraît  naturel  de  les  envisager  comme  de  véritables  côtes. 
Les  larges  osselets  à-peu-près  verticaux  que  l'on  voit  au-dessus  des  premières  vertèbres  abdo- 
minales ,  me  paraissent  être  des  apophyses  épineuses  munies  de  crêtes  latérales. 

Je  connais  deux  plaques  de  cette  espèce  qui  se  trouvent  toutes  deux  au  Musée  de  Munich. 
Il  en  existe  une  troisième  au  Musée  de  Strasbourg. 

IV.    MlCRODON    RADIATl'S    AgasS. 

Vol.  2,Tab.  69  c,  fig.  1  et  2. 

Cette  petite  espèce  a  des  rapports  assez  intimes  avec  le  M.  elegans  Sa  forme  est  très-trapue; 
son  profil  très-peu  incliné;  son  museau,  pointu.  L'insertion  des  premiers  rayons  de  l'anale  et 
de  la  caudale  correspond  à-peu-près  à  la  plus  grande  hauteur  du  corps,  mais  je  doute  que  la 
caudale  ail  été  aussi  longue  que  dans  le  M.  elegans  ;  en  tout  cas,  les  rayons  médians  de  cette 
nageoire  sont  disposés  d'une  autre  manière  et  paraissent  surtout  être  moins  nombreux.  Les 
apophyses  épineuses  des  vertèbres  sont  grêles,  plus  rapprochées  que  dans  d'autres  espèces,  et 
dépourvues  de  crêtes  latérales;  du  moins  n'enai-je  remarqué  aucune  trace  dans  les  deux  exem- 
plaires figurés.  Les  lignes  obliques  que  nous  avons  envisagées  comme  des  osselets  en  V,  repa- 
raissent ici  avec  leur  forme  habituelle.  Elles  sont  rectilignes  ,  parallèles  et  s'étendent  jusqu'à 
la  colonne  vertébrale,  mais  ne  dépassent  pas  l'origine  de  la  dorsale.  Les  portions  de  mâchoires 
qui  sont  conservées  avec  leurs  dents  ne  permettent  pas  de  douter  que  nous  n'ayons  à  faire 
à  un  véritable  Microdon.  Je  lui  ai  donné  le  nom  de  M.  radiatus  à  cause  de  la  disposition  des 
ornemens  de  l'opercule ,  qui  sont  en  forme  de  lignes  rayonnant  du  bord  antérieur  de  cet  os 
vers  sa  périphérie. 

Fig.  {  provient  du  calcaire  de  Purbeck  et  m'a  été  communiquée  par  M.  Strikiand.  L'ori- 
ginal de  fig.  2  appartient  à  M.  Johnston  à  Bristol.  Il  en  existe  aussi  un  exemplaire  au  Musée 
d'Oxford.  M.  Rœmer  en  a  découvert  des  fragmens  assez  bien  conservés  dans  un  grès  schis- 
teux de  l'Osterwald,  près  d'EIze,  qu'il  parallélise  avec  les  couches  de  Purbeck. 

Les  deux  espèces  de  Microdon  qu'il  me  reste  à  décrire  se  rapprochent  beaucoup  du  .V.  hexa- 
gonus  :  je  les  ai  inscrites  sous  les  noms  suivans  dans  mes  notes  : 
i°  Microdon  abdominalts  Agass. —  De  Solenhofen. 
2°  Microdon  platurits  Agass. —  De  Solenhofen. 


209     — 


CHAPITRE  V. 

DU  GENRE  SPHyERODUS  Agass. 


Existe-t-il  un  genre  Sphaerodus?  C'est  une  question  que  je  me  suis  faite  bien  des  fois  depuis 
que  j'ai  commencé  à  me  familiariser  avec  les  dilïérens  types  de  poissons  broyeurs  des  épo- 
ques antérieures.  On  trouve  dans  les  terrains  du  Jura  et  de  la  Craie  une  quantité  de  dents  iso- 
lées, à  surface  lisse,  présentant  la  même  structure  que  les  dents  devrais  Pycnodus,  mais  qui  se 
distinguent  par  leur  forme  essentiellement  circulaire  (de  là  le  nom  de  Sphœrodus).  Ne  trouvant 
parmi  les  débris  de  squelettes  de  ces  époques  aucun  type  auquel  je  pusse  les  rapporter,  j'en 
fis  un  genre  à  part  que  je  rangeai  dans  la  famille  des  Pycnodontes,  à  côté  des  vrais  Pycnodus. 
Plus  tard  ayant  reconnu  que  les  grands  Lépidolus  avaient  des  dents  de  forme  tout-à-fait  sem- 
blable ,  je  fus  sur  le  point  de  supprimer  mon  genre  Sphœrodus  pour  en  reporter  les  espèces 
dans  le  genre  Lépidotus.  Cependant  une  considération  m'en  retint,  c'est  que  les  localités  où 
l'on  trouve  ces  dents  isolées  de  Sphœrodus  ne  contiennent  aucun  squelette  de  vrais  Lépidotus, 
tandis  que  là  où  ces  squelettes  se  trouvent  on  ne  rencontre  point  de  dents  isolées  de  Sph;erodus 
Je  fis  en  outre  la  remarque  que  les  dents  de  Lépidotus  sont  en  général  moins  saillantes  que 
celles  des  Sphîerodus  et  disposées  en  séries  assez  irrégulières  sur  les  mâchoires,  tandis  que  celles 
des  Sphœrodus  forment  des  rangées  très-régulières  et  sont  bien  espacées,  ainsi  que  j'ai  pu  m'en 
assurer  par  un  fragment  de  mâchoire  du  Spli.  gi(jas  qui  a  été  trouvé  récemment  dans  les 
montagnes  de  Neuchâtel  et  sur  lequel  dix-sept  dents  sont  conservées.  Enfin  ,  il  résulte  des  ob- 
servations de  M.  Owen  ,  que  les  dents  de  Sphœrodus  ont  une  structure  différente  de  celle  des 
Lépidotus  (*).  Ces  considérations  m'engagent  à  maintenir  provisoirement  mon  genre  Sphœro- 
dus comme  un  genre  à  part  de  la  famille  des  Pycnodontes,  et  j"ai  par  devers  moi  la  conviction 
que  Ton  finira  par  trouver  quelque  jour  des  débris  de  squelettes  qui  justifieront  mes  prévi- 
sions en  montrant  que  les  poissons  dont  ces  dents  proviennent  sont  réellement  des  Pycnodontes 
et  que  par  conséquent  ils  n'ont  rien  de  commun  avec  les  Lépidoïdes,  quoiqu'une  partie  de  leurs 
dents  soient  semblables.  Je  suppose  au  genre  Sphœrodus  la  forme  que  je  lui  ai  donnée  dans 
une  figure  restaurée  au  trait ,  Tab.  G  ,  fig.  2. 

(*)  Owen,  Odontography  p.  70.  L'étranglement  qu'on  remarque  à  la  base  des  dents  de  plusieurs  espèces  de  Sphœrodus 
n'est  pas  assez  constant  pour  pouvoir  être  envisagé  comme  un  caractère  générique,  comme  je  le  pensais  dans  Torigino. 
1m.  Il ,  2'  Part.  27 


—     210     — 

Parmi  les  différentes  espèces  de  dénis  deSphaerodus,  il  y  en  a  de  toutes  les  dimensions,  de- 
puis la  grosseur  d'une  lentille  et  même  d'une  tête  d'épingle,  jusqu'à  celle  d'une  noix.  Elles 
sont  toutes  bombées,  souvent  même  hémisphériques.  La  couronne  est  constamment  lisse  el 
supportée  par  une  racine  qu'elle  déborde  plus  ou  moins,  suivant  les  espèces.  On  trouve  quel- 
quefois associées  à  ces  dents  circulaires,  des  dents  coniques,  que  j'envisage,  d'après  l'analogie 
des  autres  genres  de  Pycnodonles  ,  comme  des  dents  incisives  ,  d'autant  plus  qu'elles  sont  en 
très-petit  nombre. 

Comme  ni  le  squelette  ni  les  écailles  de  ce  genre  ne  sont  connus,  il  est  souvent  très-difficile 
de  distinguer  les  espèces.  Aussi  ne  cacherai-je  pas  qu'une  partie  des  espèces  que  j'ai  établies 
reposent  sur  des  caractères  trop  vagues  pour  qu'elles  puissent  être  envisagées,  déjà  maintenant, 
comme  rigoureusement  circonscrites.  En  les  distinguant,  comme  je  l'ai  fait,  je  n'ai  eu  d'au- 
tre but  que  de  fixer  l'attention  des  observateurs  sur  certaines  particularités  de  forme  et  de 
structure  qui  méritent  d'être  vérifiées  sur  le  plus  grand  nombre  possible  d'exemplaires. 

Les  premières  traces  de  Spha?rodus  apparaissent  dans  les  terrains  triasiques.  Le  plus  grand 
nombre  des  espèces  est  jurassique  ;  mais  il  en  existe  aussi  dans  les  terrains  plus  récens,  jusqu'à 
la  molasse.  Ces  fossiles  étaient  déjà  connus  des  polygraphes  anciens,  qui  les  ont  décrits  sous  les 
noms  bizarres  de  Buffonites  et  de  Crapaudines ,  en  affirmant  que  c'étaient  des  yeux  de  cra- 
pauds pétrifiés. 

l.  Sphaerodus  gigas  Agass. 
Vol.   2,  Tab.   73,  fig.   83-94. 

Mercati,  de  ButTonitc,  p.  184.  —  Barrère  ,  Tab.  2,  N.  9. —  Bruckmann ,  Epist.  64  ,  Toni,  1.  N.  VI  et  VU.  —  Par- 
hiitson ,  Org.  Rem.  Tab.  19,  vol.  3,  fig    6. 

Cette  espèce  a  eu  le  privilège  d'attirer  de  tout  temps  l'attention  des  observateurs  à  cause  de 
sa  grandeur,  et  c'est  pourquoi  nous  la  trouvons  mentionnée  et  figurée  dans  plusieurs  ouvrages 
anciens.  Le  poisson  dont  ces  dents  proviennent  doit  en  effet  avoir  eu  des  dimensions  considé- 
rables ,  d'après  les  rapports  que  nous  savons  exister  entre  le  corps  et  la  dentition  dans  les 
Pycnodus  et  les  Microdons.  Les  anciens,  qui  envisageaient  ces  dents  comme  des  yeux  de  cra- 
pauds pétrifiés ,  devaient  se  faire  une  idée  bien  plus  grande  encore  du  Batracien ,  qui  avait 
de  pareils  yeux.  Toutes  les  dénis  que  je  rapporte  à  cette  espèce  sont  en  général  circulaires  , 
quelles  que  soient  leurs  dimensions.  Elles  sont  en  outre,  pour  la  plupart,  régulièrement  bom- 
bées et  à-peu-près  hémisphériques  ;  leur  hauteur  égalait  environ  la  moitié  de  leur  diamètre  ; 
mais  leur  caractère  le  plus  marquant  consiste  dans  la  faible  épaisseur  de  leur  émail.  Ce  carac- 
tère sert  surtout  à  les  distinguer  des  autres  grandes  espèces,  telles  que  les  Sph.  annidaris  et 
crassus.  Pour  mieux  faire  ressortir  ce  caractère,  j'ai  eu  soin  de  faire  figurer  plusieurs  dents 
par  la  face  inférieure  (fig.  86',  89',  91"  et  92'').  Les  figures  au  trait  indiquent  le  profil.  Au 
nombre  de  ces  dernières  on  remarquera  surtout  la  fig.  9i',  qui ,  au  lieu  d'être  circulaire  est 


_     2H      — 

subconique;  parliciilaritô  qu'il  faut  probablement  attribuer  à  une  position  exceptionnelle,  à 
moins  qu'elle  n'indique  une  espèce  particulière,  ce  que  je  ne  crois  pas.  La  lig.  9ô'  se  fait  re- 
marquer d'un  autre  côlé  par  sa  forme  plus  aplatie. 

Les  beaux  exemplaires  de  lîg.  75,  86  et  87  se  trouvent  au  Musée  de  Stuttgart.  Fig.  S9-9't 
au  Musée  d'Oxford  ;  ils  proviennent  de  l'argile  de  Kimmeridge.  Les  originaux  de  fig.  85  et 
88  se  voient  au  Muséum  de  Paris.  Enfin,  celui  de  fig.  8k  m'a  été  communiqué  par  M.Tbur- 
niann.  Il  en  existe  en  outre  des  exemplaires  dans  plusieurs  autres  collections  de  la  Suisse, 
de  l'AngleJerre  et  de  l'Allemagne,  et  l'on  ne  peut  plus  douter  aujourd'hui  que  l'espèce  ne  soit 
propre  aux  terrains  jurassiques  supérieurs  dont  elle  est  même  l'un  des  fossiles  caractéristi- 
ques. Jusque  dans  ces  derniers  temps  on  n'a  connu  que  des  dents  isolées  de  ce  poisson  ;  au- 
jourd'hui M.  Auguste  de  Montmollin  possède  un  fragment  de  mâchoire  sur  lequel  on  remar- 
que près  d'une  vingtaine  de  dents  juxla-posées  formant  un  pavé  continu  et  Irès-serré.  Je  don- 
nerai plus  tard  la  figure  de  cet  échantillon  remarquable. 

Je  dois  faire  remarquer  encore  qu'ayant  distingué  dans  l'origine  deux  espèces  que  je  réunis 
aujourd'hui  en  une,  il  se  pourrait  que  j'eusse  étiqueté  dans  quelques  collections  des  dents  de 
cette  espèce  .sous  le  nom  de  Sphœrodusjurassicus. 

IL    SPHAERODirS    ANNULARIS    AfifaSS. 

Vol.  2,  Tab.  73,  fig.  95-100. 

Le  caractère  saillant  de  cette  espèce  consiste  dans  une  dépression  circulaire  qui  se  trou^e 
près  du  bord  inférieur  de  la  dent  et  qui  fait  qu'elle  a  l'air  d'être  entourée  d'un  anneau.  C'est 
de  toutes  les  espèces  connues  jusqu'à  présent  celle  qui,  par  ses  dimensions,  se  rapproche  le 
plus  du  Sph.  yigas.  Elle  est  régulièrement  bombée  et  circulaire  ;  cependant  on  en  trouve  aussi 
des  exemplaires  qui  sont  quelque  peu  allongés.  La  hauteur  de  la  dent  égale  environ  le  tiers 
de  son  diamètre. 

C'est  à  l'obligeance  de  M.  le  comte  de  Miinster  que  je  dois  la  communication  de  cette  es- 
pèce. D'après  l'étiquette  du  dessin  que  j'ai  sous  les  yeux ,  elle  serait  originaire  de  Ceylan  ; 
cette  indication  est-elle  bien  certaine?  M.  d'Alberti  a  trouvé  dans  les  dépôts  sableux  supérieurs 
du  Keuper  une  dent  de  même  grandeur,  pourvue  également  d'une  sorte  d'anneau  à  la  base, 
et  qui  pourrait  fort  bien  être  notre  Sph.  annuhtris. 


212     — 


III.   Sphaerodus  crassiis  Agass. 


Vol.  2,  Tab.  73,  fig.  101-108. 

Faujas ,  Montagne  de  Si  Pierre  de  Maëstricht ,  Tab.  19.  fig.  3  et  5.  —  Burtin  Tab.  1. 

Le  nom  spécifique  de  cette  espèce  en  indique  le  caractère  essentiel ,  qui  consiste  dans  l'é- 
paisseur extraordinaire  de  la  couronne.  Ce  caractère,  qui  ressort  surtout  bien  des  fig.  104"  et 
106",  sert  en  particulier  à  distinguer  notre  espèce  du  Sph.  gigas ,  dans  lequel  la  couronne  est 
proportionnellement  fort  mince  (fig.  86).  Sous  tous  les  autres  rapports,  notre  Sph.  crassus 
ressemble  fort  au  Sph.  gigas,  quoiqu'il  soit  en  général  de  plus  petite  taille. 

Cette  espèce  a  déjà  été  mentionnée  par  plusieurs  auteurs ,  entre  autres ,  par  Faujas  et  par 
Burtin.  Elle  provient,  selon  toute  apparence,  de  la  craie  de  Maëstricht. 

IV.   Sph.verodi's  lens  Âatass. 
Vol.  2',  Tab.   73.  fig.  22-61. 

On  trouve  dans  le  terrain  tertiaire  d'Osnabriick  une  quantité  de  petites  dents  qui,  bien  que 
de  forme  très-variable,  ont  cependant  un  certain  air  de  famille  qui  fait  qu'on  n'éprouve  pas 
de  répugnance  à  les  identifier  ;  elles  sont  en  général  très-petites  et  ont  toutes  une  belle  teinte 
jaune-orangée.  Leur  forme  est  communéiîient  circulaire  ;  cependant  il  y  en  a  aussi  dans  le 
nombre  qui  sont  plus  oti  moins  allongées  ;  d'autres  sont  même  cylindriques  ,  ce  sont  sans 
doute  les  dents  antérieures  (fig.  22,  27  et  28).  Au  nombre  des  dents  circulaires,  il  y  en  a  qui 
sont  très-plates  (  fig.  42-4.5  et  S2-60  )  et  d'autres  qui  sont ,  au  contraire  ,  coniques  et  plus  ou 
moins  relevées  (fig.  29-31  et  55). 

Il  est  inutile  de  répéter  que  ces  déterminations  ne  pourront  être  envisagées  comme  défini- 
tives que  lorsqu'on  aura  trouvé  une  mâchoire  entière.  En  attendant,  je  ne  dois  pas  cacher 
que  j'ai  des  doutes  sur  l'identité  des  fig.  61-67,  à  cause  de  leur  grandeur.  Je  les  envisage 
provisoirement  comme  une  grande  variété  du  Sph.  lens,  sauf  à  en  faire  plus  tard  une  espèce 
particulière,  quand  nous  posséderons  de  plus  amples  informations  sur  ce  genre  remarquable. 

Pour  mieux  faire  ressortir  la  variété  de  formes  que  présentent  les  petites  dents ,  j'ai  donné 
des  figures  grossies  d'un  certain  nombre  d'exemplaires,  par  les  faces  supérieure,  inférieure 
et  de  profil.  Les  figures  au  trait  indiquent  le  profil. 


—     2i3     — 

V.  Sphaerodus  irregularis  Agass. 
Vol.  2,  Tab.  73,  fig.  74-81. 

Syh.  Pisoodon  Coleanus  Kaiip,  Oss.  foss.  de  Maminif.  Tab.  IX. —  Isis  1834,  p.  535. 

Parmi  les  dents  que  je  crois  pouvoir  rapporter  à  cette  espèce,  il  en  est  un  certain  nombre 
qui  sont  elliptiques,  d'autres  sont  circulaires  ;  c'est  cette  variété  dans  le  contour  qui  m'a  en- 
gagé à  donner  à  l'espèce  le  nom  spécifique  d' irregularis.  Les  dents  sont  médiocrement  bom- 
bées ,  mais  peu  élevées  ;  leur  hauteur  n'égale  guère  que  le  tiers  de  leur  diamètre.  La  couronne 
est  fort  épaisse  (fig.  75")  et  d'un  beau  lustre  noir. 

Je  dois  la  communication  de  cette  espèce  à  l'obligeance  de  M.  le  comte  de  Munster.  Les 
originaux  de  mes  figures  se  trouvent  dans  la  collection  de  ce  savant,  et  proviennent  de  la 
montagne  tertiaire  d'Oelingen  (Oelingerberg)  près  d'Osnabriick. 

Je  rapporte  provisoirement  à  cette  espèce  quelques  dents  isolées  qu'on  a  trouvées  dans  la 
molasse  suisse  et  dont  il  existe  des  échantillons  au  Musée  de  Berne. 

Les  dents  décrites  et  figurées  par  M.  Kaup  sous  le  nom  de  Pisoodon  Coleanus  sont  aussi 
probablement  identiques  avec  notre  Sph.  irregularis.  Ce  sont  en  tout  cas  des  dents  de  Sphje- 
rodus  et  nullement  des  dents  d'un  Saurien,  comme  le  pensait  cet  auteur.  Elles  proviennent  du 
sable  tertiaire  d'Eppelsheim ,  près  d'ÂIzey,  dans  la  vallée  du  Rhin. 

VL  Sphaerodus  depressus  Agass. 
Vol.  2,  Tab.  73,  fig.  3-10. 

J'appelle  cette  espèce  Sph.  depressus ,  parce  que  sa  couronne  est  effectivement  très-peu  bombée 
et  presque  plate  dans  quelques  exemplaires.  Sous  d'autres  rapports  elle  diffère  peu  du  Sph.  ir- 
regularis et  du  Sph.  parvus.  L'identité  de  gisement  m'engage  à  réunir  ici  deux  formes  très- 
distinctes,  des  dents  circulaires  ou  ovales,  qui  sont  les  dents  molaires,  et  d'autres  plus  coni- 
ques et  plus  hautes  (fig.  3),  que  j'envisage  comme  des  dents  antérieures. 

Je  dois  la  communication  de  cette  espèce  à  M.  le  comte  de  Mijnster,  qui  m'apprend  quelle 
provient  de  Salzbourg.  Le  gisement  n'en  est  pas  connu.  Il  ne  serait  pas  impossible  qu'elle  fût 
une  variété  du  Sph.  irregularis  décrit  ci-dessus. 

Vn.  Sphaerodus  parvus  Agass. 

Vol.  2,  Tab.  73,  fig.  11-18. 

Quoique  les  dents  de  cette  espèce  soient  petites,  elles  l'emportent  cependant  par  leur  taille 
sur  la  plupart  des  exemplaires  du  Sph.  lens.  Leur  forme  est  circulaire  et  très-haute  relative- 


—     ^ih     — 

ment  à  leur  diamètre  ;  quelques  exemplaires  sont  plats  à  leur  surface ,  mais  c'est  par  suite  de 
l'usure.  La  couronne  est  très-épaisse.  Il  est  très-difficile  et  presque  impossible ,  d'après  de 
simples  dessins ,  de  distinguer  cette  espèce  du  Sph.  irregularis,  dont  elle  n'est  peut-être  en 
définitive  qu'une  variété  locale.  Les  fig.  18  et  18'  représentent  une  dent  antérieure. 

Les  originaux  de  mes  figures  font  partie  de  la  collection  de  M.  le  comte  de  Munster  ;  ils 
proviennent  du  terrain  tertiaire  de  Cassel.  Peut-être  faut-il  rapporter  à  cette  espèce  quelques 
petites  dents  de  la  collection  de  M.  Brongniart,  provenant  de  Longjumeau. 

Vin.   Sphaerodus  discus  Âgass. 

Vol.  2,  Tab.  73,  fig.  62-67. 

Cette  espèce  doit  être  comptée  parmi  les  moins  renflées  du  genre.  Il  semble  même  que  plus 
les  dents  sont  petites,  moins  elles  ont  d'épaisseur  (fig.  63'' et  66").  Sa  forme  est  d'ailleurs  ré- 
gulière. Tous  les  exemplaires  que  j'ai  vus  sont  circulaires  ;  la  couronne  est  très-mince  (fig.  66 
et  67'). 

M.  le  comte  de  Miïnster,  à  qui  je  dois  la  communication  de  cette  espèce,  m'apprend  qu'elle 
provient  des  Algarves,  en  Portugal.  Le  gisement  n'en  est  pas  connu  d'une  manière  précise. 

IX.  Sphaerodus  cinctus  Agass. 
Vol.  2,  Tab.  73,  fig.  68-70. 

Je  réunis  sous  ce  nom  trois  dents  de  forme  très-différente,  mais  que  je  crois  cependant 
identiques,  parce  qu'elles  proviennent  du  même  gisement,  et  que  d'ailleurs  elles  ont  un  carac- 
tère commun  qui  les  distingue  de  toutes  les  espèces  connues  jusqu'ici ,  c'est  d'être  distincte- 
ment plissées  à  la  base  (fig.  78  et  79').  J'envisage  par  conséquent  la  dent  de  fig.  68  comme 
une  dent  antérieure,  et  celles  de  fig.  69  et  79  comme  appartenant  au  fond  de  la  gueule. 

Les  originaux  de  mes  figures  se  trouvent  au  Musée  de  Prague  ,  et  proviennent  de  Styrie  , 
probablement  du  calcaire  grossier. 

X.  Sphaerodus  mitrula  Agass. 
Vol.  2,  Tab.  73,  fig.  71-73. 

Je  désigne  sous  ce  nom  quelques  dents  de  forme  assez  régulière  que  j'ai  rencontrées  au 
Musée  de  Prague.  Elles  sont  de  taille  moyenne,  circulaires,  assez  plates,  mais  pourtant  plus 
bombées  que  les  Pycnodus  de  même  taille.  La  couronne  est  assez  épaisse  (fig.  72'  et  73).  Sa 
teinte  est  d'un  brun  foncé. 

L'étiquette  indique  connue  origine  les  environs  de  Ratisbonne;  il  est  probable  que  c'est  du 
grès  vert  de  cette  localité  que  ces  dents  proviennent. 


—     2<ti     — 
XI.  Sphaerodus  conicus  Agass. 

Vol.  2,  Tab.  73,  fig.  82. 

Je  distingue  provisoirement  cette  espèce  à  cause  de  sa  forme  élevée  et  subconique.  Elle  a 
d'ailleurs  une  teinte  particulière  qui  semble  indiquer  un  gisement  différent  de  celui  du  Sph. 
gigas,  dont  elle  se  rapproche  d'ailleurs  sous  plus  d'un  rapport,  entre  autres,  par  ses  dimen- 
sions. 

L'original  se  trouve  dans  la  collection  de  M.  le  comte  de  Miinster,  et  provient ,  selon  l'éti- 
quette ,  de  l'île  de  Ceylan. 

XII.    SpHAERODUS    OCITLUS    SERPENTIS    ÂgaSS. 

Vol.  2,  Tab.  73,  fig.  20  et  21. 

Les  dents  que  je  range  dans  cette  espèce  se  font  remarquer  par  une  teinte  jaune  particu- 
lière qui  rappelle  assez  les  yeux  des  serpens.  Les  deux  exemplaires  que  j'ai  sous  les  yeux 
ont  en  outre  chacim  une  entaille  assez  considérable  sur  l'un  des  bords.  S'il  était  démontré  que 
c'est  là  un  caractère  constant ,  rien  ne  serait  plus  facile  que  de  distinguer  cette  espèce  de  ses 
congénères:  mais  il  se  pourrait  fort  bien  que  cette  entaille  ne  fût  qu'une  brisure  accidentelle. 
La  couronne  est  assez  bombée,  voire  même  un  peu  conique;  la  hauteur  égale  au  moins  la 
«loitié  du  diamètre. 

C'est  une  espèce  qui  paraît  propre  au  terrain  crétacé.  Les  deux  dents  figurées  font  partie 
de  la  collection  de  M.  le  comte  de  Munster,  et  proviennent ,  d'après  les  indications  de  ce  sa- 
vant, des  Algarves,  ainsi  que  le  Sph.  discus.  Il  s'en  trouve  également  des  exemplaires  dans  les 
Musées  de  Paris  et  de  Stuttgart.  Dans  l'origine ,  j'avais  distingué  plusieurs  variétés  comme 
des  espèces  propres  ;  il  se  pourrait  que  dans  quelques  collections  elle  se  trouvât  étiquetée  de 
ma  main  du  nom  de  Sphœrodus  flavidus  ou  de  Sph.  tenuior.  C'est  aussi  probablement  cette 
espèce  que  M.  DeLuc  a  identifiée  avec  le  Loup  de  mer,  Ànarrhichas  Lupus. 

XIII.  Sphaerodus  truncatiis  Aarass. 


E>^ 


Vol.  2,  Tab.  73,  fig.  19. 

Si  cette  dent  appartient  réellement  au  genre  Sphœrodus ,  ce  ne  peut  être  qu'une  dent  anté- 
rieure. Elle  est  rcn)arquable  par  sa  forme  massive  et  élevée  et  par  conséquent  tronquée.  On 
remarque  à  la  base  de  la  couronne  quelques  gros  plis  irréguliers.  Ce  qui  me  fait  croire  que 
c'est  bien  réellement  une  dent  antérieure,  c'est  sa  ressemblance  avec  les  dents  antérieures  des 
Placodus,  qui  sont  en  place  sur  la  mâchoire. 


—     216     — 

L'original  se  trouve  dans  la  collection  de  M.  le  comte  de  Munster,  et  provient  du  terrain 
tertiaire  d'Osnabruck. 

Je  décrirai  plus  tard  plusieurs  autres  espèces,  sur  lesquelles  je  ne  possède,  pour  le  moment, 
que  des  renseignemens  très-incomplets  ;  telles  sont  : 

i"  Sphaerodits  MiNiMus  Agass.  De  la  brèche  coprolitique  de  Twbingen  en  Wurtemberg. 

2°  Sphaerodus  NEOCOMENSis  Agass.  Espèce  de  la  taille  du  Sph.  gigas .  provenant  du  calcaire 
néocomien  de  Neuchàtel  et  des  environs. 

Mon  Sphaerodus  rhomboidalis  d'autrefois  est  un  Gyrodus  de  Solenhofen  ,  de  taille  très- 
considérable  ,  que  l'on  conserve  au  Musée  de  Munich.  Ayant  pu  examiner  les  dents  ,  je  me 
suis  convaincu  qu'il  devait  passer  du  genre  Sphterodus  au  genre  Gyrodus. 

Les  dents  d'après  lesquelles  j'ai  établi  mon  Sphaerodus  mammillaris  proviennent  pour  la 
plupart  du  Lepidolus  Mantelli  que  j'ai  déjà  décrit  dans  la  première  partie  de  ce  volume.  J'ai 
en  outre  confondu  sous  le  nom  de  Sphœrodus  mauimillaris  ,  Tab.  73  ,  fig.  4  et  2  ,  quelques 
dents  à  surface  légèrement  rugueuse  ,  qui  proviennent  de  la  craie  blanche  de  Kent  et  qui  sont 
peut-être  des  dents  de  Gyrodus. 

Mon  Sphaerodus  microdon  de  Lyme  Régis  et  mon  Sph.  minor  de  Stonesfield  devront  encore 
être  examinés  avec  plus  de  soin  que  je  n'ai  pu  le  faire  jusqu'ici. 


217     — 


CHAPITRIi    VI. 


DU  GENRE    PLACODIJS  Agass. 


La  place  que  j'assigne  à  ce  genre  dans  la  famille  des  Pycnodonles  doit  être  envisagée  en 
quelque  sorte  comme  provisoire ,  attendu  que  n'en  connaissant  point  le  squelette ,  nous  ne 
pouvons  savoir  s'il  participe  de  cette  même  structure  compliquée  que  nous  avons  décrite  dans 
les  genres  Pycnodus  et  Mkrodon.  Sa  dentition  elle-même,  bien  que  construite  sur  le  même 
plan  général ,  présente  des  variations  notables  dans  la  forme  extérieure  ;  mais  d'un  autre  côté, 
la  structure  microscopique  des  dents  est  la  même  que  chez  les  autres  genres  .  en  sorte  que  je 
ne  crois  pas  me  tromper  en  plaçant  ce  genre  aux  confins  de  la  famille  des  Pycnodontes. 

Nous  avons  ici ,  comme  dans  le  genre  Pycnodus ,  deux  sortes  de  dents ,  des  dents  molaires 
à  couronne  large  et  plate,  tapissant  le  fond  de  la  gueule  et  des  dents  incisives  destinées  à  re- 
tenir ou  à  saisir  une  proie.  Les  dents  molaires  présentent  ce  caractère  commun ,  d'être  plates 
et  peu  saillantes  ;  mais  il  existe  entre  elles  des  différences  considérables  dans  les  contours  et 
dans  les  dimensions,  suivant  la  position  qu'elles  occupent.  Les  plus  grandes  sont  placées  au 
milieu  du  plancher  dentaire  ,  et  accompagnées  parfois  d'une  rangée  latérale  de  chaque  côté. 
Les  incisives,  quoique  fort  différentes  des  molaires,  sont  cependant  moins  acérées  et  plus 
massives  que  dans  beaucoup  d'autres  genres.  Celles  de  la  mâchoire  supérieure  sont  implantées 
dans  une  sorte  de  rostre  élargi.  J'ignore  quelle  est  leur  position  exacte  dans  la  mâchoire  in- 
férieure, et  s'il  y  en  a  le  même  nombre  qu'à  la  mâchoire  supérieure.  Ce  qui  est  certain,  c'est 
que  la  plus  grande  variété  paraît  régner  à  cet  égard  entre  les  espèces  que  nous  rapportons  à 
ce  genre.  Il  y  en  a  même  qui  paraissent  en  être  complètement  dépourvues,  le  PL  Munsteri, 
par  exemple  ;  du  moins  la  mâchoire  se  rétrécit  tellement  en  avant ,  qu'on  comprend  à  peine 
où  elles  auraient  été  placées.  Si  l'on  parvient  jamais  à  constater  d'une  manière  directe  cette 
absence  d'incisives,  il  conviendra  peut-être  de  faire  de  cette  espèce  le  type  d'un  genre  à  part . 
d'autant  plus  que  la  forme  des  mâchoires  et  la  disposition  des  molaires  elles-mêmes  présen- 
tent des  différences  notables  que  nous  signalerons  dans  la  description  spécifique. 

Quoi  qu'il  en  soit  de  ces  différences ,  toujours  est-il  que  les  Placodus  sont  un  type  très-re- 
marquable, et,  comme  on  ne  les  a  trouvés  jusqu'ici  que  dans  la  formation  triasique,  on  peut, 
jusqu'à  un  certain  point,  les  envisager  comme  les  représentans  et  les  précurseurs  des  vrais 
TOM.  II.  2'  Part.  2S 


—     218     — 

Pycnodus ,  qui ,  comme  nous  l'avons  vu  plus  haut ,  apparaissent  pour  la  première  fois  dans  la 
formation  jurassique. 

Le  nombre  des  espèces  connues  jusqu'à  ce  jour  est  de  cinq  ;  dans  ce  nombre  il  y  en  a  quatre 
dont  on  connaît  la  mâchoire  ;  la  cinquième  n'est  connue  que  par  des  dents  isolées. 

Je  ne  puis  terminer  ces  remarques  génériques  sans  ajouter  que  c'est  à  l'obligeance  de  M.  le 
comte  de  Miinster  que  je  dois  la  connaissance  des  belles  mâchoires  que  j'ai  figurées,  ainsi  que 
la  plupart  des  détails  que  je  vais  donner  sur  leurs  affinités,  n'ayant  eu  occasion  de  voir  moi- 
même  que  des  dents  isolées.  Les  plus  remarquables  de  ces  pièces  font  partie  de  la  collection 
de  M.  le  comte  de  Munster,  et  ont  été  décrites  dans  ses  Beytrage. 

l.   Placodus  GiGAs  Agass. 

Vol.  2,  Tab.  70,  fig.  14-21. 

Syn.  Placodus  gigas  Agnss.  —  Broun  Lelliœa  geogn.  Tab.  13  ,  fig.  13. 

M.  le  comte  de  Miinster  a  fait  connaître  cette  espèce  remarquable  dès  1830  ;  mais  comme  il 
ne  connaissait  à  cette  époque  que  la  mâchoire  de  fig.  14,  il  jugea,  d'après  le  contour  des 
bords,  que  le  museau  se  terminait  en  pointe  arrondie.  Ce  n'est  que  plus  tard,  après  avoir  dé- 
couvert le  PL  Andriani,  avec  ses  alvéoles  d'incisives,  qu'il  fut  conduit  à  admettre  que  l'espèce 
dont  il  est  ici  question  en  avait  probablement  de  semblables.  Cette  supposition  fut  confirmée 
plus  tard  par  la  découverte  qu'il  fit  d'une  branche  de  la  mâchoire  inférieure,  dont  une  des  in- 
cisives est  conservée  (fig.  IS). 

Le  PI.  gigas  est  la  plus  grande  espèce  du  genre.  A  en  juger  d'après  le  fragment  du  crâne 
représenté  dans  la  fig.  14,  il  a  même  dû  atteindre  des  dimensions  considérables.  Le  nombre 
des  dents  molaires  est  de  quatorze ,  formant  entre  elles  quatre  rangées  dont  deux  externes 
qui  compreiment  les  petites  dents ,  et  deux  internes  qui  sont  composées  de  dents  beaucoup 
plus  grandes.  Ces  dernières  sont  en  outre  disposées  par  paires  ayant  chacune  une  forme  par- 
ticulière. Les  dents  de  la  paire  postérieure  sont  en  forme  de  carrés  irréguliers,  aussi  longs 
que  larges  ;  celles  de  la  paire  du  milieu  sont  rétrécies  à  l'intérieur,  et  élargies  à  l'extérieur  ; 
celles  de  la  paire  antérieure,  un  peu  plus  petites,  ont  à-peu-près  la  même  forme  ,  seulement 
elles  sont  placées  obliquement  au  lieu  d'être  transversales.  Les  dents  latérales  ou  externes  sont 
de  moitié  plus  petites,  en  forme  de  carrés  irréguliers  à  angles  émoussés.  Il  y  en  a  quatre  de 
chaque  côté.  La  première  ou  l'antérieure,  qui  est  la  plus  petite,  est  placée  en  face  de  la  pre- 
mière grande  dent  ;  la  seconde ,  entre  la  première  et  la  seconde  grande  dent  ;  la  troisième  , 
en  face  de  la  seconde  grande  dent .  et  la  quatrième  entre  la  seconde  et  la  troisième  grande 
dent.  Il  est  probable  que  toutes  ces  dents  sont  implantées  sur  les  os  palatins  et  sur  le  vomer. 
Les  deux  branches  qui  se  prolongent  en  arrière  sont  sans  doute  les  os  ptérygoïdes.  La  face 
supérieure  du  crâne  n'a  pas  pu  èlre  dégagée  complètement  de  la  roche,  ensorte  qu'elle 
n'offre  pas  de  caractère  bien  précis. 


—     219     — 

On  ne  saurait  douter,  d'après  la  forme  des  dents,  que  les  fig.  d5  et  1  6  ne  représentent  la 
même  espèce  :  mais  les  contours  de  los  cpii  les  porte  nous  apprennent  en  même  temps  (jue 
nous  avons  à  l'aire  ici  à  une  mâchoire  inférieure.  Il  est  évident,  d'après  cela,  que  chaque 
branche  de  la  mâchoire  n'avait  qu'une  rangée  de  larges  molaires,  et  que  les  rangées  externes 
manquaient  complètement.  Du  reste ,  les  grandes  molaires  ont  la  même  forme  que  celles  de 
la  mâchoire  supérieure.  Fig.  15  montre,  outre  ses  trois  molaires,  une  incisive;  ce  qui  est 
remarquable ,  c'est  que  cette  dent  soit  implantée  en  quelque  sorte  au  bord  externe  de  la  mâ- 
choire. Elle  est  très-peu  éloignée  de  la  première  molaire  ,  d'où  nous  concluons  que  le  rostre 
antérieur  de  la  mâchoire  était  moins  proéminent  que  dans  le  PL  Andriani. 

Les  fig.  17-19  représentent  des  dents  incisives  isolées.  Leur  grosseur  très-considérable  me 
fait  supposer  qu'elles  appartiennent  à  notre  espèce  ;  cependant  je  n'ai  aucune  certitude  à  cet 
égard.  Toutes  ces  dents  sont  très-émoussées.  Il  y  en  a  de  différentes  formes  :  l'une  est  à-peu- 
près  cylindrique  (fig.  17,  17'  et  17");  une  autre  est  longue  et  arquée  au  sommet  (fig.  18)  : 
une  troisième  est  conique  et  trapue  (fig.  20)  ;  une  autre  encore  est  petite ,  courte  et  très-ar- 
quée (fig.  19).  Je  rapporte  également  à  cette  espèce  la  dent  de  fig.  21 ,  qui  est  l'analogue  de 
celle  de  fig.  19.  Sa  racine  est  très-longue  et  en  même  temps  trop  grosse  pour  s'adapter  aux 
alvéoles  de  la  mâchoire  de  fig.  8. 

Les  originaux  se  trouvent  dans  la  collection  de  M.  le  comte  de  Munster,  et  proviennent  du 
Muschelkalk  de  Laineck,  près  de  Bamberg  en  Bavière.  M.  Mougeot  a  trouvé  une  grande  dent 
molaire  et  une  incisive  de  la  même  espèce  dans  le  Muschelkalk  de  Lunéville  (Bull,  de  la  Soc. 
géol.  Tom.  VI,  pag.  20).  La  même  espèce  se  trouve  aussi  dans  la  collection  de  M.  le  profes- 
seur Braun ,  à  Bayreuth. 

II.   Placodus  Andriam  Miinst. 
Vol.  2,  Tab.  70,  fig.  8-13. 

Au  premier  abord ,  on  est  tenté  d'envisager  cette  espèce  comme  identique  avec  la  précé- 
dente. La  disposition  des  dents  et  la  forme  générale  du  crâne  et  de  la  mâchoire  supérieure 
sont  à-peu-près  les  mêmes.  Mais  en  l'examinant  de  plus  près  ,  M.  le  comte  de  Miinster  n'a  pas 
tardé  à  y  reconnaître  des  différences  très-importantes.  Et  d'abord  ,  le  crâne  est  plus  allongé  ; 
les  dents  sont  plus  petites  ;  les  incisives,  en  particulier,  sont  plus  grêles  ;  et  si  nous  exami- 
nons en  détail  les  molaires,  nous  trouvons  que  la  paire  postérieure  est  proportionnellement 
plus  large  et  moins  haute  que  dans  le  PI.  ijujas.  Les  ptérygoïdes  paraissent  aussi  être  plus 
étroits  ;  cependant  je  n'ajoute  pas  une  bien  grande  valeur  à  ce  caractère,  attendu  qu'il  se  pour- 
rait que  les  vrais  contours  de  ces  os  plats  ne  fussent  pas  à  découvert.  Le  rostre  est  très- 
proéminent.  Les  incisives  ne  sont  point  conservées  dans  leurs  alvéoles;  mais  il  paraît,  d'après 
les  empreintes  qu'elles  ont  laissées,  qu'elles  étaient  au  nombre  de  douze  sur  deux  rangées  de 
six  dents  chacune,  et  que  la  rangée  extérieure  était  la  plus  développée.  Les  fig.  9.  10,  11,  12 


—     220     — 

et  13  représentent  des  dents  incisives  que  M.  le  comte  de  Miinster  rapporte  à  cette  espèce. 
Elles  proviennent ,  selon  toute  apparence ,  de  la  rangée  extérieure  ;  du  moins  le  diamètre  de 
leur  lige  est-il  en  harmonie  avec  celui  des  alvéoles.  Nous  avons  encore  ici  des  différences  de 
forme  très-notables  qui  .sont  sans  doute  en  rapport  avec  la  position  qu'elles  occupaient  dans  la 
gueule.  II  y  en  a  une  qui  est  allongée  et  à-peu-près  d'égale  largeur,  quoique  un  peu  recour- 
bée d'un  côté  (fig.  9)  ;  une  seconde  est  plus  courte  et  plus  renflée  à  sa  base  (fig.  10)  ;  une 
troisième  est  grêle  et  tout  d'une  venue  (fig.  If)  ;  une  autre  encore  est  petite  et  très-crochue 
(fig.  12).  La  fig.  13  enfin  ne  montre  qu'un  fragment  de  la  couronne  d'une  incisive.  M.  le 
comte  de  Miinster  a  dédié  cette  espèce  à  M.  le  président  du  district  de  Bamberg,  baron  d'An- 
drian ,  dont  le  zèle  scientifique  a  puissamment  contribué  à  faire  connaître  la  géologie  de  ces 
contrées.  L'espèce  est  propre,  comme  la  précédente,  au  Muschelkalk  des  environs  de  Bam- 
berg. 

L'original  de  fig.  8  se  trouve  dans  la  collection  du  district  de  Bamberg.  D'autres  fragmens 
se  trouvent  dans  la  collection  de  M.  le  comte  de  Miinster  et  dans  celle  de  M.  le  professeur 
Braun ,  à  Bayreuth. 

IIL   Placodus  Mu^STERl  Agass. 
Vol.  2,  Tab.  71,  fig.  1-3. 

C'est  une  espèce  bien  carac(érisée  par  la  largeur  considérable  du  crâne  et  par  son  rostre 
très-court.  Tel  qu'il  se  présente  dans  l'exemplaire  figuré,  le  crâne  est  même  considérablement 
plus  large  que  long;  mais  le  bord  est-il  entier?  C'est  ce  qu'il  s'agit  d'examiner.  Les  contours 
du  bord  antérieur  et  la  disposition  des  dents  molaires  seraient  de  nature  à  le  faire  croire.  S'il 
était  démontré  qu'il  n'y  a  pas  de  rostre  ,  et  que  par  conséquent  l'espèce  dont  il  est  ici  question 
était  dépourvue  d'incisives,  il  faudrait,  comme  nous  l'avons  dit  à  l'article  du  genre,  la  sépa- 
rer des  autres  espèces  pour  en  faire  un  genre  à  part. 

En  tout  cas,  la  disposition  des  dents,  telle  qu'elle  se  voit  dans  notre  exemplaire,  est  plus 
que  suffisante  pour  en  fixer,  d'une  manière  irrévocable,  le  caractère  spécifique.  Nous  voyons 
d'abord  en  arrière  deux  grandes  dents  elliptiques,  dirigées  obliquement  de  dehors  en  dedans; 
puis  en  avant  de  celles-là  quatre  dents  un  peu  allongées  et  de  moitié  plus  petites,  disposées 
sur  une  ligne  transversale  légèrement  arquée  en  dedans.  Devant  cette  rangée  se  trouve  une 
seconde  rangée  plus  arquée ,  composée  également  de  quatre  dents,  qui  sont  plus  petites  que 
les  précédentes ,  surtout  les  extérieures.  Enfin  ,  au  bord  antérieur  se  trouvent  encore  deux 
autres  dents  ,  les  plus  petites  de  toutes.  L'os  qui  porte  toutes  ces  dents  ,  et  qui  est  probable- 
ment le  vomer  réuni  aux  palatins  ,  est  un  os  fort  large ,  relativement  à  sa  longueur. 

La  fig.  2  représente  la  face  extérieure  du  crâne;  tout  ce  qui  est  coloré  en  jaune  est  de  la 
substance  osseuse.  Les  espaces  gris  sont  de  la  roche  purement  et  simplement.  Il  ne  faut  ce- 
pendant pas  ajouter  trop  de  valeur  à  la  symétrie  de  ces  espaces,  qui  pourraient  fort  bien  n'être 
qu'accidentelle. 


—     22i      — 

Les  fig.  3  ,  '»  et  5  représentent  des  dents  isolées  ;  la  fig.  5  a  tout-à-fail  la  forme  des  dents 
moyennes  de  la  troisième  rangée.  La  dent  de  fig.  3  et  U  offre  plus  de  difficultés  à  cause  de  sa 
forme  Irès-allongée ,  et  il  se  pourrait  (fu'elle  appartînt  à  une  espèce  particulière  ;  ce  qui  aurait 
d'autant  moins  lieu  de  nous  étonner,  (pi'elle  provient  d'une  localité  toute  dilïérente .  du 
Musclielkalk  d'EspersIa'dt,  près  de  Querfurlh  en  Thuringe.  Le  crâne  de  fig.  1  et  2  et  la  dent 
de  fig.  5  proviennent  au  contraire  du  Musclielkalk  de  Bamberg  en  Bavière.  Tous  ces  échan- 
tillons se  trouvent  dans  la  collection  de  M.  le  comte  de  Miinster,  à  qui  je  me  fais  un  plaisir  de 
dédier  cette  belle  espèce. 

IV.  Placodus  rostuatus  Mùnst. 
Vol.  2,  Tab.  7f,fig.  6-12. 

Cette  espèce,  qui  a  été  décrite  et  figurée  pour  la  première  fois  par  M.  le  comte  de  Munster, 
est  fort  différente  de  toutes  celles  que  nous  venons  de  décrire.  S'il  pouvait  exister  des  doutes, 
ce  serait  plutôt  à  l'égard  du  genre.  Les  contours  du  crâne  la  rapprochent  un  peu  du  P.Mûns- 
teri  :  mais  il  existe  cette  grande  dilTérence ,  que  les  dents  sont  beaucoup  plus  distantes  et  dis- 
posées différemment.  Reste  à  savoir  si  elles  sont  toutes  conservées.  Ce  qui  est  certain ,  c'est 
qu'elles  sont  beaucoup  plus  espacées  ;  aussi  la  partie  antérieure  du  crâne  forme-t-elle  un  bec 
très-allongé.  Nous  avons  dans  le  fond  deux  grandes  dents  elliptiques,  dont  l'une,  celle  du  côté 
droit,  doit  être  très-ancienne ,  car  sa  couronne  est  complètement  usée,  et  comme  elle  est  en 
même  temps  très-saillante,  on  ne  peut  douter  que  sa  saillie  ne  soit  due  à  la  dent  de  rempla- 
cement qui  est  dessous.  La  dent  du  côté  gauche  est  tombée  ;  il  ne  reste  plus  qu'une  légère 
pellicule  noire  qui  indique  sa  place.  La  dent  de  remplacement  est  sur  le  point  de  percer.  Les 
quatre  dents  qui  suivent  sont  beaucoup  plus  petites  et  plus  circulaires;  elles  sont  toutes  très- 
bien  conservées.  Enfin  ,  l'on  remarque  sur  les  côtés  du  rostre  quatre  dents  plus  petites  encore, 
dont  la  disposition  et  le  nombre  ne  peuvent  cependant  pas  être  envisagés  comme  rigoureux,  à 
cause  de  l'état  de  conservation  de  l'os.  On  découvre  en  outre,  au  bord  antérieur,  quatre  pe- 
tites taches,  qui  pourraient  bien  être,  d'après  l'élude  qu'en  a  faite  M.  le  comte  de  Miinster,  des 
alvéoles  de  dents  incisives. 

On  le  voit,  ces  caractères  sont  plus  que  suffisans  pour  caractériser  l'espèce.  On  observe  en- 
core, dit  M.  le  comte  de  Miinster,  «  que  les  dents,  lorsqu'elles  sont  jeunes,  sont  rugueuses  ; 
»  mais  leur  surface  devient  de  plus  en  plus  lisse  avec  l'âge,  et  présente  des  sillons  concentri- 
»  ques  plus  ou  moins  marqués,  comme  on  en  distingue,  entre  autres,  dans  la  grande  dent  de 
»  fig.  8.  »  Les  fig.  9  et  10  représentent  deux  petites  dents  molaires  antérieures.  Quant  aux 
fig.  11  et  12,  il  est  fort  difficile  de  les  déterminer;  peut-être  sont-elles  des  dents  incisives  de 
cette  espèce.  La  fig.  7  représente  le  profil  d'un  autre  fragment  de  mâchoire,  pour  montrer  le 
relief  des  dents. 


—     222     — 

Tous  ces  fragniens  proviennent  du  Muschelkalk  de  Laineck  près  de  Bamberg.  Le  crâne  de 
fig.  6,  que  M.  le  comte  de  Munster  a  fait  mouler,  et  dont  il  a  envoyé  des  échantillons  à  plu- 
sieurs établissemens  ,  se  trouve  dans  la  collection  du  district  de  Bamberg.  Les  autres  fragniens 
el  dents  isolées  font  partie  de  la  collection  de  M.  le  comte  de  Munster. 

V.  Placodus  impressus  Agass. 
Vol.  2,  Tab.  70.  fig.  \-7. 

Je  ne  connais  encore  que  des  dents  isolées  de  cette  espèce  ;  mais  comme  elles  se  font  remar- 
quer par  un  caractère  particulier,  je  ne  doute  nullement  qu'elles  ne  soient  spécifiquement 
différentes  de  toutes  celles  que  nous  venons  de  décrire.  Ce  caractère  consiste  dans  une  impres- 
sion ou  une  sorte  de  sillon  longitudinal  qui  se  voit  au  milieu  de  la  couronne  et  qui  a  valu  à 
l'espèce  le  nom  de  PL  ùnpressus.  D'après  l'analogie  des  autres  espèces,  nous  n'aurions  ici  que 
des  dents  molaires,  des  petites  ffig.  1 ,  2  et  7)  et  des  grandes,  qui  sans  doute  étaient  situées 
plus  en  arrière  (fig.  5,  4  et  5j. 

Les  originaux  proviennent  du  grès  bigarré  de  Deux-Ponts  (Bavière  rhénane)  et  font  par- 
tie de  la  collection  de  M.  Alex.  Braun  ,  à  Carisruhe.  La  même  espèce  se  trouye  aussi  dans  les 
brèches  de  Ta^bingen  en  Wurtemberg. 


2â3 


CHAPITRE  YIl 


nu   GEIVUE  GYRODUS  Agass. 


La  forme  extérieure  de  ces  poissons  rappelle  toul-à-fait  celle  des  vrais  Pycnodus  et  Micro- 
don.  C'est  la  même  forme  du  corps  ,  la  même  disposition  des  nageoires  et  la  même  structure 
des  écailles.  Ce  qui  les  distingue,  c'est  leur  dentition.  Quant  à  leur  dimension,  les  dents  des 
Gyrodus  peuvent  être  envisagées  comme  intermédiaires  entre  les  dents  des  Microdons  et  celles 
des  vrais  Pycnodus.  Elles  sont  elliptiques  ou  circulaires;  mais  leur  couronne,  au  lieu  d'être 
unie,  est  entourée  d'un  sillon  qui,  en  séparant  le  sommet  de  la  dent  de  son  pourtour,  lui  donne 
une  apparence  ombiliquée  très-caractéristique.  A  mesure  que  la  dent  s'use  par  la  mastication  , 
le  sommet,  d'abord  plus  ou  moins  saillant ,  s'élargit,  devient  lisse,  et  laisse  apercevoir  un  fin 
pointillé  qui  indique  l'issue  des  canaux  médullaires. 

A  la  mâchoire  supérieure,  les  maxillaires  et  les  intermaxillaires  ne  sont  garnis  que  d'une 
seule  rangée  de  dents.  Le  vomer,  en  revanche,  en  compte  cinq  rangées  longitudinales,  qui 
vont  en  diminuant  de  dimension  d'arrière  en  avant ,  et  dont  la  rangée  médiane  est  toujours 
la  plus  développée.  A  la  mâchoire  inférieure ,  les  dents  sont  plus  nombreuses  ;  on  en  compte 
(jualre  rangées  de  chaque  côté  ;  c'est  toujours  la  troisième  rangée,  à  partir  du  bord  externe , 
qui  est  la  plus  développée.  Celles  des  deux  autres  rangées  sont  plus  petites  et  plus  irrégulières. 
Les  difïérences  spécifiques  consistent  dans  les  dimensions ,  la  position  et  la  forme  des  dif- 
férentes rangées  et  la  manière  dont  elles  se  combinent  entre  elles.  Il  est  toujours  assez  fa- 
cile, pour  peu  que  l'on  rencontre  quelques  dents  réunies,  de  déterminer  si  elles  proviennent 
de  la  mâchoire  inférieure  ou  de  la  mâchoire  supérieure.  Celles  de  la  mâchoire  inférieure  sont 
ordinairement  elliptiques ,  et  toujours  implantées  obliquement  sur  l'os,  du  moins  celles  des 
deux  rangées  principales  ;  celles  de  la  mâchoire  supérieure  sont  plus  circulaires,  et  lorsqu'elles 
sont  allongées,  elles  sont  toujours  transversales.  Il  faut  se  mettre  en  garde  contre  l'apparence 
plus  ou  moins  unie  des  dents,  et  ne  pas  lui  accorder  une  valeur  qu'elle  n'a  pas,  en  la  ran- 
geant parmi  les  caractères  spécifiques.  Je  me  suis  assuré ,  par  l'observation  de  plusieurs  mâ- 
choires complètes,  que  dans  l'origine  la  couronne  de  toutes  les  dents  est  ridée,  plissée  et  ru- 
gueuse ;  mais  celte  rugosité  disparaît  par  la  mastication,  et  une  dent  sera  d'autant  plus  lisse 
qu'elle  aura  servi  plus  long-temps.  C'est  ce  qui  nous  explique  aussi  pourquoi,  à  la  mâchoire 
inférieure,  la  seconde  rangée,  qui  occupe  le  fond  d'une  gouttière  entre  la  première  et  la  troi- 


—     224     — 

sième  rangée  ,  a  des  dents  toujours  rugueuses ,  tandis  que  celles  des  rangées  plus  exposées  au 
frottement  ont  toujours  leur  couronne  plus  ou  moins  lisse.  Une  remarque  qu'il  importe  encore 
de  faire,  c'est  que  les  petites  dents  des  rangées  secondaires  de  certains  Pyenodus  sont  sillon- 
nées et  ridées  à-peu-près  comme  celles  des  Gyrodus,  ensorte  qu'il  n'est  pas  toujours  facile  de 
les  distinguer.  Il  m'a  cependant  paru  que  les  sillons  de  ces  dents  étaient  toujours  moins  pro- 
fonds que  ceux  des  Gyrodus. 

Les  Gyrodus  sont,  comme  les  Pyenodus  et  les  Microdon ,  un  type  essentiellement  jurassi- 
que. La  plupart  proviennent  des  terrains  jurassiques  supérieurs.  Cependant  on  en  connaît 
aussi  plusieurs  espèces  dans  la  craie. 

\.  Gyrodv's  macrophthalmus  Agass. 

Vol.  2,  Tab.  67. 

Au  premier  abord  on,  est  tenté  de  confondre  cette  espèce ,  non  seulement  sous  le  rapport 
générique ,  mais  même  sous  le  rapport  spécifique ,  avec  certains  Microdon  et  notamment 
avec  le  Microdon  elegans  (Tab.  696).  C'est  la  même  forme  générale,  les  mêmes  dimensions 
et  la  même  position  des  nageoires.  Mais  si,  au  lieu  de  se  borner  à  ces  caractères  généraux  , 
on  entre  dans  le  détail  de  la  structure  des  différentes  parties  du  corps ,  on  ne  tarde  pas  à  re- 
connaître des  différences  notables  ,  que  nous  allons  essayer  d'examiner. 

Voyons  d'abord  les  nageoires  :  la  caudale  est  grande ,  largement  fourchue ,  composée  de 

deux  lobes  allongés  et  étroits;  elle  n'est  pas  accolée  immédiatement  au  tronc,  comme  dans 

les  Microdon;  elle  est,  au  contraire,  portée  par  un  pédoncule  distinct  et  très-robuste.    Un 

nombre  assez  considérable  de  vertèbres  caudales  lui  servent  d'appui.  Les  premières  portent 

les  g'rands  rayons,  et  celles  qui  viennent  immédiatement  après,  les  rayons  antérieurs  ou  petits 

rayons  de  la  nageoire.  En  examinant  en  détail  les  rayons  eux-mêmes,   on  trouve  que  leurs 

articles  se  rapprochent  insensiblement  vers  l'extrémité  des  lobes ,   ainsi  que   le  montre   la 

lig.  h ,  qui  représente  deux  fragmens  de  rayons  grossis.  11  ne  parait  pas  que  les  grands  rayons 

soient  fourchus,  tandis  que  ceux  du  milieu  de  la  nageoire  le  sont  selon  toute  apparence. 

Une  première  observation  à  faire  à  l'égard  de  l'exemplaire  figuré,  que  nous  prenons  pour 
type  du  genre ,  c'est  que  ce  poisson  est  vu  en  grande  partie  par  sa  face  interne.  Le  côté  droit 
étant  ainsi  appliqué  contre  la  pierre  à  laquelle  les  écailles  sont  restées  adhérentes,  il  en  résulte 
que  les  losanges  de  la  région  dorsale  ne  montrent  que  le  revers  de  la  cuirasse  émaillée  ;  ce 
qui  nous  explique  pourquoi  Ion  voit  sur  le  même  exemplaire  des  écailles  et  des  parties  du 
squelette,  (des  osselets  inlerapophysaires). 

La  dorsale  ne  commence  pas  au  milieu  du  dos ,  mais  un  peu  en  arrière  ;  elle  rappelle  a  cet 
égard  la  dorsale  des  Microdon  ,  mais  elle  est  proportionnellement  bien  moins  développée.  Les 
])remiers  rayons  sont  petits,  ils  augmentent  rapidement  jusqu'au  quatrième,  qui  est  le  plus 


—  22  s  — 
long  et  qui  forme,  avec  les  dix  ou  douze  suivaus,  un  lobe  assez  saillant.  Les  suivans  se  rac- 
courcissent de  nouveau  brus(|ueinent  pour  se  continuer  plus  loin  sous  la  forme  de  petits 
rayons  très-uniformes,  qui  s'étendent  jusqu'à  l'origine  de  la  caudale.  L'anale  a  absolument  la 
même  forme  (|ue  la  dorsale  .  mais  son  insertion  est  encore  plus  en  arrière.  J'ai  cru  remarquer 
aussi  que  les  rayons  du  lobe  antérieur  étaient  plus  vigoureux  que  ceux  de  la  dorsale.  Les  os- 
selets interapopliysaires  qui  correspondent  aux  rayons  de  ces  deux  nageoires  sont  assez  vigou- 
reux .  mais  cependant  en  rapport  avec  la  taille  des  rayons  ;  les  premiers  sont  assez  petits,  mais 
ils  vont  en  augmentant  rapidement  en  arrière,  de  manière  que  les  plus  grands  portent  les 
rayons  les  plus  longs.  Ceux  qui  leur  succèdent  diminuent  de  nouveau  ,  mais  d'une  manière 
insensible  jusqu'aux  derniers ,  qui  sont  très-courts  et  très-grèles.  Les  pectorales  n'ont  laissé 
que  des  traces  très-imparfaites,  mais  cependant  suffisantes  pour  nous  faire  voir  qu'elles  étaient 
composées  de  rayons  excessivement  minces  et  nombreux. 

Les  écailles  sont  conservées  en  assez  grand  nombre  ;  mais ,  ainsi  que  nous  l'avons  dit  plus 
haut,  elles  ne  sont  visibles  que  par  leur  face  interne.  Les  losanges  qu'elles  forment  sont  plus 
grands  dans  la  partie  postérieure  du  corps  que  vers  la  nuque.  11  n'y  a  qu'un  endroit ,  en 
avant  de  la  dorsale,  où  les  écailles,  s'étant  détachées,  ont  laissé  sur  la  roche  une  empreinte 
de  leur  face  extérieure.  La  tig.  5  montre  quelques  écailles  grossies  à  la  loupe. 

L'appareil  operculaire  est  bien  conservé;  l'on  distingue  surtout,  en  avant  de  l'humérus, 
une  pièce  en  demi-cercle,  de  structure  rayonnée,  qui  parait  être  l'opercule. 

Les  difFérens  os  du  crâne  ne  sont  pas  assez  distincts  pour  pouvoir  être  reconnus  ;  en  re- 
vanche ,  la  forme  et  les  contours  généraux  de  la  tête  sont  très-nets,  et  ce  qui  frappe  surtout , 
c'est  la  grandeur  de  l'orbite,  qui  a  valu  à  l'espèce  le  nom  de  G.  macrophthahmis.  Les  côtes 
ne  sont  pas  distinctes  ;  cependant  ce  que  l'on  en  voit  nous  montre  qu'elles  étaient  très-vigou- 
reuses. 

La  dentition ,  qui  est  le  caractère  le  plus  important  pour  la  détermination  générique ,  est 
assez  bien  conservée  dans  notre  exemplaire ,  et  c'est  en  la  comparant  avec  certains  Microdon, 
dont  le  squelette  est  également  conservé ,  que  nous  avons  acquis  la  certitude  que  les  Gyrodus, 
quoique  très-voisins  sous  tous  les  rapports,  forment  néanmoins  un  type  à  part.  Les  dents 
maxillaires  sont  de  la  grosseur  de  petites  lentilles  ;  leur  couronne  présente  le  sillon  caractéris- 
tique qui  distingue  les  Gyrodus  et  sépare  en  quelque  sorte  la  surface  en  deux  terrasses  ou  ren- 
flemens  annulaires  qui  sont  ici  ornés  de  petits  sillons  transverses.  Les  fig.  2  et  3  représentent 
une  de  ces  dents  grossie  à  la  loupe,  par  la  face  supérieure  (fig.  2) ,  et  de  profil  (iig.  3).  En 
avant  des  molaires  on  aperçoit,  sur  chaque  mâchoire,  une  rangée  distincte  de  dents  incisives, 
petites,  cylindriques,  et  qui  paraissent  avoir  été  médiocrement  aiguës. 

Jusqu'ici  cette  espèce  n'a  été  trouvée  que  dans  le  calcaire  lithographique  de  Kehiheim.  L'o- 
riginal se  trouve  dans  la  collection  de  M.  le  comte  de  Mi'inster.  C'est  par  erreur  que  l'éti- 
quette de  la  planche  indique  comme  origine  Solenhofen. 

TtlM.  II.  -2'  l'ART.  29 


—     226     — 

II.  Gyrodus  front atus  Agass. 

Vol.  2.  Tab.  68. 

Cette  espèce  ressemble  fort  à  la  précédente  ;  nous  pourrons  par  conséquent  nous  borner  à 
indiquer  les  différences  que  nous  avons  remarquées,  et  qui  nous  ont  engagé  à  la  décrire  comme 
une  espèce  à  part.  Ces  particularités  consistent  essentiellement  dans  la  forme  très-élargie  du 
ventre.  On  pourrait  peut-êlre  admettre  que  le  poisson  ayant  été  surpris  par  la  mort  au  mo- 
ment de  la  plus  grande  turgescence  des  ovaires ,  la  cavité  abdominale  se  serait  dilatée  outre 
mesure  par  la  pression  ;  mais  cette  supposition  toute  gratuite  nous  parait  inadmissible ,  par  la 
raison  que  les  côtes  sternales  ont  bien  l'air  de  fermer  la  cavité  abdominale.  Nous  préférons 
dès  lors  allribuer  provisoirement  cette  différence  à  un  caractère  spécifique.  Tandis  que  dans 
le  G.  macrophthalmus  l'espace  entre  le  bord  central  et  la  colonne  vertébrale  n'égale  guère 
plus  de  la  moitié  de  la  hauteur  totale  du  corps ,  cette  même  partie  en  occupe  près  des  deux 
tiers  dans  notre  espèce.  On  remarque  aussi  que  le  front  est  sensiblement  moins  décli\e ,  et 
l'œil  plus  petit.  Quelques  parties  de  l'appareil  operculaire  sont  fort  bien  conservées,  entre 
autres  l'opercule  et  une  autre  pièce  en  arrière  qui  pourrait  appartenir  à  la  ceinture  thoracique. 

L'arrangement  et  la  forme  des  nageoires  sont  les  mêmes  que  dans  le  G.  macrophthalmus . 
Cependant  je  dois  remarquer  que  les  rayons  de  la  caudale  ne  m'ont  pas  offert  cette  inégalité 
dans  la  longueur  des  articles  que  nous  avons  signalée  dans  cette  dernière  espèce.  Ici  tous  les 
articles  sont  de  même  grandeur  (fig.  5). 

Il  est  à  remarquer  que  notre  exenq)laire  est  appliqué  par  le  côté  gauche  contre  la  roche, 
ensorte  que  nous  ne  voyons  aussi  ici  les  écailles  que  par  le  côté  intérieur.  Ce  n'est  que  là  où 
elles  sont  enlevées  accidentellement  que  l'on  peut  voir  l'empreinte  de  leur  surface  sur  la  roche. 
La  (ig.  2  représente  plusieurs  impressions  semblables.  Les  petits  points  creux  prouvent  assez 
que  la  surface  était  hérissée  de  petites  aspérités.  La  face  interne  est  parfaitement  unie. 

Les  dents  ont  tous  les  caractères  des  véritables  dents  de  Gyrodus,  ainsi  que  le  montre  la 
lig.  h,  qui  représente  une  dent  molaire  grossie.  Le  sonmiet ,  distinctement  festonné,  est  en- 
touré d'un  sillon  plat,  qui  lui-même  est  bordé  d'un  cercle  en  relief  et  crénelé.  N'ayant  pas 
l'original  sous  les  yeux,  je  ne  puis  affirmer  maintenant  si  les  différences  qu'on  remarque  entre 
cette  dent  et  celle  qui  est  représentée  sur  la  Tab.  67  indiquent  réellement  des  caractères  spé- 
ciiiques ,  ou  si  elles  ne  sont  dues  qu'à  l'état  de  conservation  des  individus. 

C'est  encore  une  espèce  de  Kehlheim  (et  non  pas  de  Solenhofen  ,  comme  cela  est  indiqué  à 
tort  sur  la  planche).  L'original  se  trouve  dans  la  collection  de  M.  le  comte  de  Munster,  qui  a 
bien  voulu  m'en  communiquer  le  dessin.  Ce  même  savant  m'apprend  qu'un  autre  exemplaire 
très-bien  conservé,  provenant  de  Kehlheim,  se  trouve  dans  la  collection  de  M.  Koch,  à  Ra- 
tisbonne.  Il  en  existe  aussi  plusieurs  exemplaires  au  Musée  de  Prague. 


—     227     — 

m.  Gyrodus  uuposus  Mûnst. 
Vol.  2.  Tab.  69. 

M.  ie  comle  de  Miinster  a  distingué  sous  le  nom  de  G.  rugosus  une  espèce  voisine  à  bien 
des  égards  du  G.  fiotitalus  décrit  ci-dessus ,  mais  qu'il  envisage  néanmoins  comme  spécifi- 
quement différente.  Elle  est  en  effet  plus  allongée ,  et  la  partie  abdominale  est  moins  pré- 
pondérante ;  mais  ce  qui  la  caractérise  plus  particulièrement ,  ce  sont  les  fortes  rides  qu'on 
remarque  à  la  face  extérieure  des  écailles  et  qui  ne  se  retrouvent  pas ,  à  ce  qu'il  parait ,  dans 
les  autres  espèces.  Il  est  vrai  que  dans  l'exemplaire  figuré ,  toutes  les  écailles  qui  sont  con- 
servées sont  vues  par  la  face  interne  ;  mais  il  y  a  plusieurs  endroits  où  elles  sont  tombées  , 
ce  qui  permet  de  reconnaître  distinctement  leur  empreinte  sur  la  roche.  Ces  empreintes  ,  vues 
à  la  loupe,  présentent  l'aspect  de  fig.  2.  La  face  interne  des  écailles  est,  comme  d'ordinaire 
lisse  (fig.  .5  ).  Les  nageoires  n'offrent  aucun  caractère  particulier  ;  les  grands  rayons  de  la  cau- 
dale sont  composés  d'articles  très-uniformes ,  et  l'on  ne  remarque  pas  qu'ils  décroissent  d'une 
manière  sensible  vers  le  sommet  (fig.  U).  Les  os  de  la  tête  sont  couverts  d'une  granulation 
très-caractéristique  ,  qui  est  surtout  distincte  vei's  la  nuque.  L'émail  des  dents  a  disparu  ;  mais 
l'on  n'en  reconnaît  pas  moins  à  leur  forme  le  type  des  Gyrodus. 

L'original  se  trouve  dans  la  collection  de  M.  le  comte  de  Munster,  et  provient  selon  toute 
apparence  de  Kehlheim  ,  et  non  pas  de  Solenhofen  ,  comme  le  porte  l'inscription  qui  est  jointe 
à  la  figure. 

IV.   Gyrodus  umbilious  Agass. 

Vol.  2,  Tab.  69  a,  fig.  27  et  28. 

En  examinant  avec  quelque  attention  ce  fragment  de  mâchoire  avec  ses  cinq  rangées  de 
dents  très-bien  conservées  ,  on  ne  peut  guère  douter  que  les  dents  ne  soient  implantées  sur  un 
os  impair,  qui  n'est  autre  chose  que  le  vomer.  Cette  dentition  du  vomer  paraît  être  commune 
à  tous  les  genres  de  la  famille  ;  tandis  que  l'os  intermaxillaire  et  la  partie  antérieure  du  maxil- 
laire supérieur  ne  portent  qu'une  rangée  de  petites  dents  en  forme  de  cônes  obtus  ,  ainsi 
que  j'ai  pu  m'en  assurer  dans  les  Gijrodm  macrophthahmis  et  frontatiis  décrits  ci-dessus.  Ces 
cinq  rangées  de  dents  vomériennes  ,  quoique  construites  sur  le  même  plan  .  offrent  cependant 
des  différences  notables  dans  leur  forme  et  leurs  dimensions.  On  remarque  qu'en  général  les 
dents  antérieures  sont  plus  petites  et  plus  irrégulières  que  les  postérieures.  Le  sillon  circulaire 
qui  entoure  le  sommet  de  la  couronne  et  qui  constitue  le  principal  caractère  du  genre  est  fort 
large  ;  le  sonnnet  lui-même  est  étroit  et  légèrement  convexe  ,  mais  il  s'aplatit  souvent  par  l'u- 
sure ;  dans  ce  cas  sa  surface  présente  un  très-fin  pointillé ,  qui  n'existe  pas  sur  les  côtés  et  qui 
indique  la  terminaison  des  canaux  médullaires.  Les  plus  grosses  dents  se  trouvent  dans  la  ran- 


—     228     — 

gée  médiane.  Il  y  en  a  sept  qui  vont  en  décroissant  d'arrière  en  avant.  Les  postérieures  ont  les 
plus  larges  sillons  ;  les  antérieures  en  ont  de  bien  moins  accusées  ;  aussi  leur  couronne  est-elle 
beaucoup  plus  unie.  De  chaque  côté  de  cette  rangée  médiane,  il  y  a  une  autre  rangée  ,  com- 
posée de  dix  dents ,  qui  sont  à-peu-près  de  moitié  plus  petites  que  celles  de  la  rangée  princi- 
pale ,  de  forme  allongée ,  ovale ,  et  à  couronne  moins  bombée  ;  en  revanche ,  les  ondulations 
de  la  surface,  moins  sujettes  à  l'usure,  sont  beaucoup  plus  distinctes;  elles  ne  s'effacent  en 
partie  que  sur  les  deux  dents  antérieures,  qui  sont  les  plus  petites.  Au  bord  antérieur,  ces 
dents  commencent  à  la  même  hauteur  que  celles  de  la  rangée  médiane ,  et  les  débordent  un 
peu  en  arrière.  Leur  position  n'est  cependant  pas  symétrique  ;  car  il  faudrait  pour  cela  que 
leur  nombre  fût  ou  égal  à  celui  des  dents  de  la  rangée  moyenne ,  ou  double  ;  ce  qui  n'est 
pas.  De  là  vient  qu'il  y  en  a  qui  correspondent  à  l'espace  intermédiaire  entre  deux  dents  mé- 
dianes, et  d'autres  qui  sont  placées  côte  à  côte  avec  ces  dernières.  Mais  coumie  les  rangées 
médiane  et  externe  sont  de  beaucoup  les  plus  saillantes ,  il  en  résulte  que  la  rangée  que  nous 
venons  de  décrire  s'use  moins  vite,  par  cela  même  qu'elle  occupe  le  fond  d'une  rainure. 

Les  dents  des  rangées  externes  ont  une  forme  différente.  Elles  sont  fortement  tronquées  au 
bord  externe  et  connue  coupées  par  le  milieu  .  comme  si  elles  s'étaient  usées  contre  les  dents 
de  la  mâchoire  inférieure  ;  et  ce  qui  tendrait  à  prouver  que  c'est  bien  de  cette  manière  que 
les  choses  se  passent ,  c'est  qu'il  existe  des  mâchoires  inférieures  où  celle  des  rangées  latérales 
qui  devait  rencontrer  la  rangée  externe  du  vomer  dans  l'acte  de  la  mastication ,  est  usé  de  la 
même  manière  ,  ensorte  qu'il  y  a  réellement  eu  frottement.  Mais  malgré  cela  ,  je  ne  pense  pas 
qu'il  faille  attribuer  à  l'usure  seule  cette  forme  tronquée  de  la  rangée  externe  ;  je  pense,  au 
contraire ,  qu'elle  est  originaire  chez  ces  poissons ,  et  qu'elle  ne  fait  que  se  compléter  par  l'u- 
sure. La  surface  de  la  couronne  présente  au  reste  des  sillons  concentriques  comme  celles  des 
autres  rangées,  avec  cette  particularité  cependant,  qu'au  lieu  d'être  circulaires,  ils  ne  sont  que 
semi-circulaires  et  décurrens  au  bord  externe  de  chaque  dent.  Le  nombre  des  dents  de  ces 
rangées  latérales  est ,  de  chaque  côté ,  de  neuf ,  qui  alternent  régulièrement  avec  celles  de  la 
rangée  contiguë. 

Quant  au  rapport  des  dents  avec  l'os  sur  lequel  elles  sont  insérées  ,  il  est  très-difficile,  de 
s'en  faire  une  juste  idée  ;  et  quoique  notre  exemplaire  présente  une  brisure  transverse  oblique 
entre  la  dernière  et  l'avant-dernière  grande  dent  moyenne,  toutes  les  parties  osseuses  sont 
tellement  spathisées  .  que  leur  structure  en  devient  des  plus  diffuses.  On  voit  cependant  que 
chaque  couronne  dentaire  est  portée  sur  un  tube  osseux  creux,  qui  doit  être  envisagé  comme 
la  racine  de  la  dent,  et  dont  la  base  fait  corps  avec  l'os  sur  lequel  elle  repose.  Les  parois  de 
ce  tube,  métamorphosées  en  une  substance  opalisante,  sont  faciles  à  distinguer  de  la  cavité, 
ordinairement  remplie  de  spath  cristallisé.  La  couronne  émaillée  qui  repose  sur  ce  tube  est 
beaucoup  plus  grosse  que  le  tube  lui-même,  dont  l'extrémité  supérieure  forme  cependant  le 
noyau  osseux  de  la  couronne.  Les  racines  des  rangées  latérales  sont  obliques,  et  c'est  ce  qui 
fait  que  les  couronnes  qui  les  surmontent  peuvent  être  proportionnellement  plus  grandes,  sans 


—     229     — 

que  les  racines  soient  aussi  éloignées  qu'elles  devraient  nécessairement  l'être,  si  elles  étaient 
perpendiculaires.  Lorsque  la  couronne  est  tombée ,  on  voit  à  sa  place  un  large  enfoncement 
dans  le  calcaire  occasionné  par  la  couronne,  et  à  l'intérieur  de  celui-ci  un  second  cercle  moins 
étendu  ,  qui  est  formé  par  la  cassure  horizontale  de  la  racine  et  qui  indique  le  diamètre  de 
celte  dernière. 

Le  vomer  que  je  >iens  de  décrire  en  détail  et  que  j'ai  représenté  dans  la  fig.  27,  fait  partie 
de  la  collection  de  M.  le  baron  d'AIlhaus.  Il  provient  de  l'oolite  de  Durrhein» ,  dans  le  grand 
duché  de  Bade.  Fig.  28  représente  son  pronl  vu  par  derrière.  La  même  espèce  se  trouve  aussi 
dans  la  collection  de  M.  Regley  ;  elle  provient  probablement  du  calcaire  de  Caen. 

V.  Gyrodus  jurassicus  Agass. 

Vol.  2,  Tab.  69 o,  fig  25  et  26. 

Il  n'est  pas  difficile  de  voir  que  la  mâchoire  que  nous  décrivons  sous  ce  nom  est  une  mâ- 
choire inférieure,  soit  qu'on  la  regarde  d'en  haut  (fig.  26)  ou  de  profil  (fig.  25).  L'os  de  la 
mâchoire  est  fort  épais  et  courbé  à-peu-près  en  demi-cercle  (fig.  25).  Les  rapports  entre  les 
dents  sont  fort  difTérens  de  ce  qu'ils  sont  dans  la  mâchoire  supérieure.  Chaque  mâchoire 
porte  quatre  rangées  parfaitement  semblables  des  deux  côtés ,  de  manière  à  former  un  pavé 
continu.  Les  dents  les  plus  développées  sont  celles  de  la  troisième  rangée  en  allant  de  dehors 
en  dedans  ;  elles  sont  allongées  transversalement ,  légèrement  obli(|ues  et  vont  en  décrois- 
sant d'arrière  en  avant.  Leur  longueur  est  d'environ  trois  lignes  sur  deux  lignes  de  large. 
Leur  nombre  est  de  neuf  sur  la  mâchoire  gauche,  qui  est  entière.  Toutes  ces  dénis ,  depuis 
les  premières  jusqu'aux  dernières  ,  sont  marquées  d'une  rigole  très-caractérisée ,  entourant  le 
sommet,  qui  est  large  et  plat.  Cette  rangée  pHncipale  est  flanquée  extérieurement  d'une  ran- 
gée de  petites  dénis  qui  occupent  le  fond  d'une  dépression  ou  rigole  entre  la  rangée  princi- 
pale et  la  rangée  externe,  et  qui  n'ont  guère  que  la  moitié  des  dimensions  des  précédentes  : 
elles  sont  en  outre  très-irrégulières ,  et  quoique ,  par  leur  position  ,  elles  dussent  être  plus 
protégées  que  les  autres ,  ce  sont  cependant  celles  qui  paraissent  le  plus  endommagées  dans 
notre  exemplaire.  J'en  compte  douze  sur  la  branche  gauche  de  noire  exemplaire ,  qui  est  la 
mieux  conservée.  La  série  externe  a  des  dents  plus  régulières,  très-semblables  à  celles  de  la 
rangée  principale,  mais  un  peu  plus  petites  et  plus  inclinées  en  dedans.  Il  y  en  a  douze  sur 
la  mâchoire  gauche  de  notre  exemplaire.  Toutes  sont  allongées  transversalement,  très-serrées 
et  un  peu  obliques.  Leur  sommet  est  assez  irrégulier,  lorsqu'on  examine  la  mâchoire  de  profil 
(fig.  25).  Enfin,  il  nous  reste  à  mentionner  la  rangée  interne.  Ses  dents  sont  moins  nom- 
breuses que  celles  des  autres  rangées  ;  je  n'en  compte  que  sept  sur  la  branche  gauche.  Elles 
sont  plus  petites  que  celles  de  la  rangée  externe;  mais  au  lieu  d'être  obliques,  elles  sont  or- 
dinairement allongées  dans  le  sens  de  l'axe  longitudinal  de  la  mâchoire  ;   il  est  évident  aussi 


—     230     — 

que  leur  position  influe  beaucoup  sur  leur  direction ,  et  que  lorsque  l'espace  ne  leur  permet 
pas  de  se  développer  dans  le  sens  de  la  longueur,  elles  affectent  une  forme  plus  ou  moins  ir- 
régulière. 

Une  particularité  qui  m'a  frappé,  c'est  que  les  dents  de  toutes  les  rangées  sont  parfaite- 
ment lisses,  même  dans  les  endroits  où  l'on  ne  peut  pas  admettre  d'usure.  Or,  quoique  je 
n'attache  pas  une  grande  valeur  aux  rides  de  l'émail  dans  la  détermination  des  espèces,  je 
crois  néanmoins  que  leur  absence  complète  dans  le  cas  particulier  doit  être  pris  en  considé- 
ration. C'est  l'une  des  raisons  qui  m'ont  empêché  d'identifier  celte  espèce  avec  le  G.  Cuvieri 
décrit  ci-dessous. 

Lorsqu'on  examine  cette  mâchoire  de  profil,  on  voit  que  les  dents  de  la  rangée  externe  et 
celles  de  la  troisième  rangée  ou  rangée  principale  sont  les  principaux  instrumens  de  mastica- 
tion ;  car  elles  débordent  considérablement  celles  des  autres  rangées ,  et  sont  en  même  temps 
plus  grandes  et  plus  régulières.  Toutes  les  dents  d'une  rangée  sont  ordinairement  usées  d'une 
manière  uniforme ,  présentant  au  milieu  une  surface  plane  entourée  d'une  dépression  an- 
nulaire. 

Fj'original,  découvert  par  M.  Hugi  dans  les  carrières  du  portlandien  de  Soleure.  se  trouve 
au  nuisée  de  cette  ville.  Lord  Enniskillen  possède  aussi  un  fragment  de  la  même  espèce,  pro- 
venant du  Jura  suisse. 

VL  (ïYPiODus  Cuvieri  Agass. 

Vol.   2.  Tab.  69a,  fig.   21-23. 

Le  fragment  figuré  représente  la  branche  droite  de  la  mâchoire  inférieure  d'une  espèce 
particulière  de  Gyrodus.  Les  dents  sont  en  général  moins  allongées,  quelques-unes  sont  même 
presque  circulaires  ;  mais  ce  qui  les  dislingue  surtout,  c'est  que  leur  sillon  annulaire  est  beau- 
coup plus  développé  ;  la  surface  du  sommet  est  en  revanche  d'autant  plus  petite  ;  c'est  ce 
qui  fait  que  lorsqu'on  examine  la  mâchoire  de  profil ,  les  dents  paraissent  en  quelque  sorte 
mucronées  (fig.  21).  Les  dents  vont,  comme  d'ordinaire,  en  décroissant  sensiblement  d'ar- 
rière en  avant ,  et  celles  de  l'exlrémilé  postérieure  ont  des  dimensions  au  moins  doubles  de 
l'extrémité  antérieure.  J'en  compte  douze  dans  la  rangée  principale  :  quoique  à-peu-près  cir- 
culaires ,  elles  sont  cependant  légèremenl  obliques.  Les  dents  de  la  seconde  rangée  occupent 
une  large  dépression.  La  plupart  sont  circulaires,  mais  leur  position  n'a  rien  de  régulier.  Les 
dents  de  la  rangée  externe  se  distinguent  en  ce  qu'elles  sont  toutes  allongées  trans\ersale- 
ment,  comme  si  l'espace  leur  avait  manqué  pour  se  développer  ;  je  n'en  compte  pas  moins  de 
quatorze  dans  notre  exemplaire  ;  leurs  dimensions  le  cèdent  à  peine  à  celles  de  la  rangée  prin- 
cipale. Lnfin  les  dents  de  la  quatrième  rangée,  ou  rangée  interne,  sont  les  moins  nombreuses: 
il  n'y  en  a  que  huit  dans  notre  exemplaire  ;  aussi  cette  série  n'est-elie  que  de  moitié  aussi 


—     231     — 

longue  que  la  série  externe.  Leur  forme  est  à-pcu-près  circulaire.  Leurs  dimensions  sont  su- 
périeures à  celles  des  dents  de  la  seconde  rangée. 

Lorsqu'on  examine  cette  mâchoire  de  profd,  par  derrière  (fig.  23),  on  voit  que  les  première 
et  troisième  rangées  exercent  la  principale  fonction  de  la  mastication  par  leur  position  aussi 
bien  que  par  leur  taille.  La  seconde  rangée  est  très-enfoncée. 

L'original  se  trouve  dans  la  collection  de  Miss  Benell  ;  il  a  été  trouvé  par  M.  le  D'  Sutlou 
Apsiey,  à  Landford  près  de  Weymouth  ,  en  Angleterre.  Je  ne  doute  nullement  que  ce  ne  soit 
un  fossile  jurassique.  Il  en  existe  une  autre  mâchoire  tout  aussi  bien  conservée  dans  la  collec- 
tion de  M.  le  D'  Buckland  ;  mais  les  plus  beaux  se  trouvent  dans  la  collection  de  M.  Bouchard, 
à  Boulogne-sur-Mer.  Ce  sont  deux  branches  de  la  mâchoire  inférieure ,  une  droite  et  une 
gauche,  qui  ont  conservé  à-peu-près  toutes  leurs  dents,  et  qui  probablement  appartenaient 
au  même  animal.  Elles  proviennent  de  l'argile  de  Kimmeridge.  Je  ne  dois  pas  cacher  cepen- 
dant que  les  dents  de  la  rangée  principale  sont  un  peu  moins  allongées  que  dans  le  fragment 
lîguré  ;  et  à  cet  égard  ,  elles  se  rapprochent  un  peu  du  G.  jurassiens  :  mais,  d'un  autre  côté, 
les  rides  nombreuses  de  la  couronne  empêchent  cependant  de  les  confondre. 

\  11.   Gyrodvts  punctatus  Agass. 
Vol.  2,Tab.  69rt,  fig.  2^. 

Le  fossile  que  j'ai  figuré  sous  ce  nom  est  une  mâchoire  supérieure  que  j'ai  tout  lieu  de 
croire  complète,  d'après  l'analogie  du  G.  umbiliciis.  La  forme  et  les  dimensions  relatives  des 
dents  des  différentes  rangées  suffisent  pour  nous  prouver  que  c'est  une  espèce  différente  de 
cette  dernière.  Je  lai  appelée  G.  punctatus,  à  cause  du  pointillé  très-distinct  des  dents,  qui  pro- 
vient sans  doute  de  la  terminaison  des  canaux  médullaires.  La  rangée  moyenne  est  encore  ici 
la  rangée  principale  ;  cependant  sa  prépondérance  sur  les  autres  est  moins  frappante  que  dans 
le  G.  tmihilicus.  Je  compte  huit  dents  dans  cette  rangée;  les  postérieures,  qui  sont  les  plus 
grandes,  sont  un  peu  allongées  transversalement;  les  antérieures  sont  presque  circulaires. 
Les  dents  de  la  rangée  intermédiaire  sont  de  chaque  côté  très-irrégulières ,  mais,  en  somme , 
allongées  longitudinalement  ;  elles  semblent  aussi  déborder  les  autres  rangées  en  arrière,  si 
toutefois  les  dernières  dents  ne  sont  pas  enlevées.  Les  dents  de  la  rangée  externe  ont  le  même 
caractère  que  nous  avons  déjà  indiqué  en  décrivant  le  G.  timhilicus ,  c'est-à-dire  que  leur 
bord  externe  est  tronqué  d'une  manière  très-uniforme,  comme  si  on  les  avait  toutes  rognées 
au  moyen  d'une  équerre.  Ce  sont  aussi  celles  dont  les  dimensions  présentent  les  variations  les 
plus  considérables.  Celles  de  l'arrière  ou  du  fond  de  la  gueule  sont  à-peu-près  aussi  grandes 
que  celles  de  la  rangée  principale,  mais  elles  diminuent  au  point  que  les  antérieures  sont  à 
peine  plus  grandes  que  celles  de  la  rangée  intermédiaire. 

L'original  se  trouve  au  musée  de  York ,  sans  indication  de  gisement  ;  mais  je  ne  doute  ce- 
pendant pas  que  ce  ne  soit  un  fossile  jurassique,  probablement  de  l'oolite  de  Malton, 


—     232     — 

Il  se  pourrait  que  ce  vomer  appartînt  à  la  même  espèce  que  la  mâchoire  inférieure  que  nous 
venons  de  décrire  sous  le  nom  de  G.  Cmieri.  La  forme  des  dents  et  leur  pointillé  très-remar- 
quable rend  même  la  chose  assez  probable.  Cependant,  comme  je  n'ai  pas  encore  découvert 
d'exemplaire  dans  lequel  j'aie  pu  étudier  les  dents  des  deux  mâchoires  dans  leurs  rapports  ré- 
ciproques ,  je  préfère,  en  attendant  de  plus  amples  informés,  décrire  ces  deux  mâchoires  sous 
des  noms  particuliers. 

V^III.  Gyrodus  trigonus  Agass. 
Vol.  2,Tab.  69«,fig.  15. 

Daprès  les  rapports  qui  existent  entre  les  dents  de  Pycnodontes  et  la  taille  des  poissons  qui 
les  portaient,  l'espèce  dont  il  est  ici  question  devait  être  de  petite  taille.  Je  ne  connais  encore 
que  le  vomer,  qui  est  remarquable  en  ce  qu'il  se  rétrécit  très-rapidement  d'arrière  en  avant , 
de  manière  à  paraître  à-peu-près  triangulaire.  Les  dents  de  la  rangée  médiane  sont  de  forme 
ovale  et  transverses ,  comme  dans  les  Pycnodus  :  mais  on  n'en  reconnaît  pas  moins  le  carac- 
tère des  Gyrodus  aux  inégalités  et  aux  rugosités  de  la  couronne.  Vn  gros  pli  règne  autour  de 
la  plupart  des  dents  principales,  et  ce  n'est  que  lorsqu'elles  ont  été  usées  par  la  trituration 
([u'elles  deviennent  parfaitement  lisses  et  unies.  Dans  ce  cas,  il  est  quelquefois  fort  difficile  de 
distinguer  cette  espèce  de  certains  petits  Pycnodus.  Les  dents  des  rangées  latérales  sont  très- 
petites  et  circulaires  ;  la  plupart  n'ont  guère  que  la  grosseur  d'une  tête  d'épingle  ;  leur  sur- 
face est  généralement  rugueuse ,  à  moins  qu'elle  n'ait  été  polie  par  l'usure. 

Cette  espèce  est  propre  au  calcaire  de  Slonesfield.  L'original  se  trouve  dans  la  collection  de 
lord  Enniskillen.  Il  en  existe  également  un  fort  beau  vomer  dans  celle  de  sir  Philipp  Egerton. 

IX.   Gyrodus  radiatus  Agass. 
Vol.  2,  Tab.  69a,  fig.  20. 

Cette  espèce  ressembje  à  plus  d'un  égard  au  G.  trigonus  que  nous  venons  de  décrire  ;  on  y 
remarque  surtout  les  mêmes  rapports  entre  les  dents  des  différentes  rangées  du  vomer.  Les 
dents  de  la  rangée  principale  ou  médiane  sont  grandes ,  ovales  et  transversales  ;  celles  des 
rangées  secondaires  sont  petites  et  circulaires  ;  mais  il  faut  remarquer  en  même  temps  que 
l'exemplaire  que  nous  décrivons  est  beaucoup  plus  grand  que  le  G.  trigonus,  et  suppose  par 
conséquent  un  poisson  de  taille  bien  supérieure.  Les  dents  de  la  rangée  principale  sont  aussi 
proportionnellement  plus  larges,  et  tout  le  vomer  se  rétrécit  moins  en  avant. 

Quoique  les  dents  soient  très-usées  dans  notre  échantillon  ,  on  y  reconnaît  cependant  encore 
la  trace  du  sillon  qui  séparait  le  sommet  des  flancs ,  et  ce  seul  caractère  nous  est  une  preuve 
que  nous  avons  à  faire  à  un  Gyrodus  et  non  à  un  Pycnodus, 


—     235     — 

L'original  fait  partie  de  la  collection  de  M.  Régley,  et  provient,  selon  toute  apparence  .  du 
calcaire  jurassique  de  Caen.  Je  ne  connais  que  ce  seul  exemplaire. 


X.   Gyrodus  laemor  Agass. 


Vol.  2,Tab.  69a,  fig.  12. 


C'est  un  fragment  de  mâchoire  inférieure  droite  que  nous  décrivons  sous  ce  nom.  On  y  re- 
connaît la  rangée  principale ,  composée  de  quatre  grosses  dents  elliptiques ,  très-rapprochées 
et,  comme  d'ordinaire,  un  peu  obliques  ;  cinq  dents  de  la  seconde  rangée,  allongées  dans  le 
sens  contraire  ;  enfin ,  cinq  dents  de  la  rangée  externe ,  également  elliptiques ,  un  peu  obli- 
ques et  plus  petites  que  celles  de  la  rangée  principale.  La  quatrième  rangée,  ou  la  rangée 
interne,  manque.  On  ne  saurait  méconnaître  qu'il  existe  une  très-grande  ressemblance  entre 
celte  mâchoire  et  celle  que  nous  avons  décrite  sous  le  nom  de  G.  jurassicus  (fig.  26).  Cepen- 
dant il  est  à  remarquer  que  dans  notre  G.  laevior  le  sillon  apical  est  plus  large ,  et  le  sommet 
de  la  couronne  proportionnellement  plus  étroit  ;  la  rangée  externe  me  semble  aussi  moins  dé- 
veloppée ,  et  la  rangée  intermédiaire  entre  les  deux  un  peu  plus  régulière. 

L'original  se  trouve  dans  la  collection  du  Muséum  de  Paris.  Son  origine  et  son  gisement  ne 
sont  pas  indiqués  ;  mais  lord  Enniskillen  en  possède  un  exemplaire  de  Sheppy. 

XL  Gyrodus  cretaceus  Agass. 
Vol.  2,  Tab.  69a,  fig.  13. 

On  pourrait  avoir  quelques  doutes  sur  la  nature  de  ce  fragment,  ou  du  moins  sur  le  genre 
auquel  il  faut  le  rapporter.  La  grande  uniformité  des  dents  en  particulier  pourrait  faire  croire 
qu'il  provient  d'un  Microdon  ;  cependant  je  ne  l'envisage  pas  moins  comme  provenant  de  la 
mâchoire  supérieure  d'un  Gyrodus,  à  cause  de  la  couronne  plissée  de  toutes  les  dents.  11  est 
vrai  qu'il  n'y  en  a  que  trois  rangées  principales  ;  mais  entre  ces  rangées  on  distingue  plu- 
sieurs petites  dents  éparses  qui  pourraient  bien  représenter  les  rangées  médianes  ,  et  dans  ce 
cas  notre  espèce  rentrerait  dans  le  type  ordinaire  des  Gyrodus.  En  tout  cas,  cette  particula- 
rité est  plus  que  suffisante  pour  la  faire  distinguer  de  toutes  ses  congénères.  Les  trois  rangées 
principales  sont  à-peu-près  d'égale  dimension  ;  leur  surface  présente  des  rides  rayonnantes , 
du  milieu  desquelles  le  sommet  s'élève  sous  la  forme  d'un  bouton  saillant. 

C'est  une  espèce  propre  à  la  craie.  L'original  se  trouve  dans  la  collection  de  M.  Mantell,  et 
provient  de  la  craie  de  Lewes.  J'en  ai  vu  un  autre  exemplaire  dans  la  collection  de  M.  le  ca- 
pitaine Jones,  provenant  également  de  la  craie  blanche. 


ToM.  Il ,  2"  Part.  30 


—     23^1     — 

XFI.  Gyrodus  Mantellii  Agass. 

Vol.  2,  Tab.  69a,  fig.  i8. 

II  est  fort  difficile  de  distinguer  ce  fragment  de  mâchoire  de  celui  que  nous  avons  décrit 
sous  le  nom  de  trigonus.  Cependant  les  dimensions  relatives  de  la  rangée  moyenne  comparée 
aux  deux  rangées  latérales  sont  peut-être  encore  plus  frappantes.  Dans  la  première  les  dents 
sont  allongées  et  très-serrées  ;  les  dents  des  rangées  secondaires  sont  au  contraire  excessive- 
ment petites  et  non  contiguës.  C'est  évidemment  un  fragment  de  la  mâchoire  supérieure.  Les 
dents  médianes  laissent  apercevoir  d'une  manière  distincte  le  sillon  caractéristique  des  Gyrodus 
qui  sépare  le  sommet  des  flancs.  Il  parait ,  à  en  juger  d'après  le  fragment  figuré,  que  le  vomer 
se  rétrécissait  très-rapidement  d'arrière  en  avant. 

La  plaque  qui  porte  ces  quelques  dents  se  trouve  dans  la  collection  de  M.  Mantell ,  et  pro- 
vient de  la  forêt  de  Tilgale. 

XIII.   Gyrodus  minor  Agass. 
Vol.  2,  Tab.  69a,  fig.  14. 

M.  Phillips  a  le  premier  fait  connaître  cette  espèce ,  mais  en  l'attribuant  à  tort  à  un  Sau- 
rien.  L'exemplaire  qu'il  figure  est  évidemment  une  mâchoire  inférieure  droite  de  Gyrodus. 
Il  est  vrai  que  le  nom  de  minor  lui  convient  peu  ,  en  regard  des  espèces  beaucoup 
plus  petites  que  nous  venons  de  décrire  ;  cependant  je  n'ai  pas  cru  devoir  compliquer  la 
synonymie  par  cette  seule  considération.  Le  poisson  qui  portait  cette  mâchoire,  loin  d'être 
petit,  devait,  au  contraire,  atteindre  des  dimensions  considérables  ;  car  les  dents  qu'on  peut 
citer  parmi  les  plus  grandes  de  ce  genre  ne  sont  petites  que  relativement  à  certaines  dents  gi- 
gantesques de  Pycnodtis  et  de  Placodus. 

Une  particularité  remarquable  de  cette  espèce ,  c'est  que  les  dents  de  la  rangée  externe 
sont  aussi  développées  et  même  plus  développées  que  celles  de  la  rangée  principale  ;  elles 
sont  en  outre  fort  saillantes.  Leur  sommet  présente  un  renflement  en  forme  de  carène  très- 
prononcé,  qui  montre  qu'elles  sont  très-peu  usées.  Elles  sont  à-peu-près  transversales,  tandis 
que  celles  de  la  rangée  principale  sont  obliques  et  beaucoup  plus  plates.  Les  dents  de  la  se- 
conde rangée  et  celles  de  la  rangée  interne  sont  très-petites  et  fort  irrégulières  ;  elles  n'occu- 
pent que  les  espaces  intermédiaires  entre  les  dents  des  rangées  principales.  Ces  caractères  suf- 
fisent pour  distinguer  cette  espèce  de  toutes  ses  congénères. 

J'emprunte  ma  figure  à  l'ouvrage  de  M.  Phillipps  sur  le  Yorkshire.  C'est  un  fossile  de 
l'argile  de  Speeton. 


—     235     — 

XIV.  GvBODirs  ANGusTus  Agass.  • 
Vol.  2,  Tab.  660,  fig.  l/i  et  15. 

Les  dents  de  cette  espèce  ne  ressemblent  à  aucune  de  celles  que  nous  avons  décrites  ci- 
dessus.  Elles  sont  ellij>tiques ,  un  peu  élargies  au  milieu,  et  rélrécies  aux  extrémités.  Le  som- 
met de  la  dent  est  marqué  d'un  sillon  distinct;  mais  le  sillon  annulaire  est  à  peine  distinct,  si 
même  il  existe.  La  forme  allongée  des  dents  de  fig.  15  et  leur  position  oblique  ne  permettent 
pas  de  douter  qu'elles  ne  proviennent  de  la  mâchoire  inférieure.  Les  dents  de  fig.  ^k  n'ont 
pas  tout-à-fait  la  même  apparence  ;  aussi  n'est-ce  pas  sans  quelque  doute  que  je  les  rapporte 
à  la  même  espèce.  Elles  sont  moins  régulières,  et  plutôt  longitudinales  qu'obliques  ;  mais  te 
sommet  de  la  couronne  présente  le  sillon  caractéristique  des  Gyrodus. 

C'est  une  espèce  propre  à  la  craie  ;  les  originaux  de  mes  figures  se  trouvent  dans  la  collec- 
tion de  M.  Wcekes ,  et  m'ont  été  communiqués  par  M.  Mantell. 

XV.  Gyrodus  rugulosus  Agass. 
Vol.  2,  Tab.  69a,  fig.  16. 

Je  ne  connais  celte  espèce  que  par  une  seule  dent  ;  mais  sa  structure  est  si  particulière  que 
je  n'hésite  pas  à  en  faire  le  type  d'une  espèce  à  part.  Non  seulement  sa  couronne  est  marquée 
d"im  large  et  profond  sillon  qui  la  divise  en  deux  anneaux  concentriques  saillans  (fig.  16")  ; 
ces  anneaux  sont  encore  entamés  par  un  grand  nombre  de  petits  sillons  transverses  qui  en 
rendent  la  surface  très-rugueuse.  La  face  inférieure  montre  distinctement  la  soudure  de  la 
racine,  qui  est  beaucoup  plus  étroite  que  la  dent  même. 

L'original  se  trouve  dans  la  collection  du  musée  de  Prague ,  et  provient ,  selon  toute  appa- 
rence ,  du  grès  vert  de  Ratisbonne. 

Fig.  16  le  montre  de  grandeur  naturelle  ;  fig.  16'  le  représente  grossi  de  profil  ;  fig.  16" 
par  la  face  supérieure,  et  fig.  16''  par  la  face  inférieure. 

XVI.  Gyrodus  Munsteri  Asass. 


S"^ 


Vol.  2,  Tab.  69a,  fig.  17. 

Comme  la  précédente ,  cette  espèce  ne  m'est  connue  que  par  une  seule  dent  ;  mais  elle  est 
d'une  structure  si  particulière,  que  je  la  crois  différente  de  toutes  celles  que  nous  avons  dé- 
crites jusqu'ici.  Outre  le  sillon  annulaire,  qui  est  propre  à  tous  les  Gyrodus  et  qui  sépare  la 
circonférence  du  centre,  il  existe,  au  sommet  de  la  couronne,  un  second  sillon  également 
annulaire,  de  manière  que  la  surface  de  la  dent  se  trouve  divisée  en  trois  anneaux  concenlri- 


_     236     — 
ques.  Chacun  de  ces  anneaux  est  marqué  de  petites  crénelures  ou  impressions  transversales 
et  rayonnantes  qui  donnent  à  4a  couronne  une  apparence  sculptée  très-remarquable. 

Cette  jolie  dent  m'a  été  communiquée  par  M.  le  comte  de  Miinster,  à  qui  je  me  fais  un 
plaisir  de  dédier  l'espèce.  Elle  provient  du  grès  vert  de  Ratisbonne.  La  fig.  17  la  représente 
légèrement  grossie  pour  mieux  faire  voir  les  détails  de  la  surface. 

XVII.  Gyrodus  runcinatus  Agass. 
Vol.  2,  Tab.  69a,  fig.  19. 

J'appelle  de  ce  nom  une  dent  de  très-grande  taille ,  ayant  plus  d'un  demi-pouce  de  long  sur 
un  tiers  de  pouce  de  large.  Le  sillon  annulaire  de  la  couronne  est  très-évasé,  comme  le 
montre  la  fig.  19".  On  remarque  en  outre  au  sommet  de  la  couronne  un  sillon  longitudinal 
très-distinct  qui  ne  se  retrouve  pas  dans  les  autres  Gyrodus ,  et  que  j'envisage  par  conséquent 
comme  caractéristique  de  celte  espèce.  La  dent  est  au  reste  plate ,  plus  large  et  plus  renflée 
d'un  côté  que  de  l'autre. 

Je  ne  connais  encore  que  l'exemplaire  figuré ,  ensorte  que  je  ne  puis  dire  quelle  était  la 
disposition  des  dents  sur  la  mâchoire ,  et  si  c'est  au  Gyrodus  ou  à  quelque  autre  genre  de  la 
famille  des  Pycnodontes  qu'il  faut  le  rapporter. 

L'original  appartient  au  musée  de  Stuttgart.  Le  gisement  en  est  inconnu. 

La  fig.  19  représente  le  contour  du  profil  longitudinal;  fig.  19'^  le  contour  du  profil 
transversal. 

Les  espèces  qu'il  reste  à  décrire  sont  les  suivantes  : 

1°  Gyrodus  analis  Agass.  Feuiil.  p.  18.  De  Kelheim.  Musée  de  Prague. 

2°  Gyrodus  circularis  Agass.  Feuiil.  p.  18.  De  Solenhofen.  Musée  de  Munich  et  collection 
de  M.  le  comte  de  Miinster. 

3°  Gyrodus  platurus  Agass.  Feuiil.  p.  16.  De  Solenhofen. 

k°  Gyrodus  pitinctatissimus  Agass.  Feuiil.  p.  18.  De  Kelheim. 

5°  Gyrodus  rhomroidalts  Agass.  Feuiil.  p.  18.  (Sphaerodus  rhomboidalis.  —  Microdon  gi- 
gas).  Grand  exemplaire  de  Solenhofen.  Musée  de  Munich. 

6°  Gyrodus  macropterus  Agass.  Feuiil.  18.  De  Kelheim. 

7°  Gyrodtts  MAMMiLLARis  Agass.  Tab.  73a,  fig.  1  et  2.  Sous  le  nom  de  Sphœrodus  mam- 
tnillaris,  sous  lequel  j'avais  confondu  deux  espèces,  le  Lepidotut  Mantellii  (les  dents)  et  le  Gy- 
rodus qui  figure  ici. 

8°  Gyrodus  OtIrrosus  Miinst.  Espèce  inédite  de  la  collection  de  M.  le  comte  de  Miinster. 

9°  Gyrodus  perlatus  Agass.  Il  existe  dans  les  collections  de  lord  Enniskillen  et  de  sir  Phi- 
Ijpp  Egerton  des  écailles  détachées  d'une  grande  espèce  de  Gyrodus  de  Stonesfield ,  caractéri- 
sées par  les  petits  tubercules  perlés,  dont  elles  sont  ornées  à  leur  surface. 


—     ^27)7     — 
M.  le  comte  de  Mûnsler  a  déjà  décrit  une  espèce  de  ce  genre,  de  Kelheini ,  sons  le  non»  de 
Gyrodus  gracilis,  dans  ses  Beytr.  3"  livr. ,  j).  128 ,  Tab.  8 ,  f.  2. 

Parmi  les  débris  du  Muschelkalk ,  que  MM.  Mougeol  et  Hogard  nj'ont  confiés,  jai  reconnu 
des  indices  d'un  nouveau  genre  de  Pycnodontes ,  auquel  je  donne  le  nom  de  Colobodus  Ho- 
gardi.  Ce  sont  des  plaques  de  dents  très-serrées,  disposées  en  pavés  irréguliers.  Par  leur  taille 
elles  tiennent  le  milieu  entre  les  Microdon  et  les  Spliferodus.  De  forme  arrondie  et  cylindracées 
vers  la  base,-  les  dents  ont  leur  couronne  renflée  en  forme  de  massue ,  et  sur  le  milieu  de  la 
couronne  s'élève  encore  un  petit  mammelon  tronqué,  ce  qui  a  valu  à  ce  genre  son  nom  de  Co- 
lobodus. Toute  la  surface  des  dents  est  finement  striée  verticalement. 

H  se  pourrait  que  certains  fragmens  de  dents  que  l'on  trouve  dans  des  brèches  osseuses  des 
terrains  siluriens  d'Angleterre  provinssent  de  Pycnodontes  ;  mais  pour  les  déterminer  rigou- 
reusement,  il  faudrait  les  examiner  au  microscope,  ce  que  je  n'ai  pas  encore  eu  le  loisir 
de  faire. 

Le  genre  Pisodus  de  M.  Owen  me  paraît  aussi  appartenir  à  cette  famille. 


238     — 


CHAPITRE  ^/n\. 


DU  GENRE  PHYLLODUS  Agass. 


On  trbuve  dans  les  dépôts  tertiaires ,  et  notamment  dans  l'argile  de  Londres ,  des  plaques 
dentaires  de  poissons  qui  méritent  une  attention  toute  particulière,  à  cause  de  la  structure 
feuilletée  des  dents  qu'elles  portent ,  et  que  je  désigne ,  pour  cette  raison ,  sous  le  nom  de 
PhijUodus.  A  ne  considérer  que  la  forme  des  dents  qui  garnissent  ces  plaques  et  la  manière 
dont  elles  sont  disposées  par  séries,  on  croirait  avoir  à  faire  à  de  vrais  Pycnodus.  Il  y  a  au 
milieu  une  rangée  de  grandes  dents  allongées  transversalement,  qui  vont  en  diminuant  de 
grandeur  de  dehors  en  dedans  ,  et  qui  sont  entourées  de  chaque  côté  de  plusieurs  séries 
de  petites  dents  plus  ou  moins  arrondies.  Les  dents  principales  ne  sont  pas  toutes  égales  ;  les 
plus  grandes  occupent  ordinairement  le  milieu  de  la  plaque ,  qui ,  dans  certains  exemplaires  , 
est  concave,  dans  d'autres,  convexe.  Les  plaques  concaves  me  paraissent  appartenir  à  l'os  hyoïde, 
les  convexes  au  vomer.  Mais  ce  qu'il  y  a  de  vraiment  extraordinaire ,  c'est  que  ces  mêmes 
dents,  au  lieu  d'être  d'une  seule  pièce,  comme  chez  les  Pycnodus,  sont  composées  d'une 
série  de  quatre  à  huit  et  dix  lames  superposées  qui  n'ont  guère  qu'un  quart  de  ligne  d'épais- 
seur, et  qui  se  remplacent  successivement  à  mesure  que  la  supérieure  s'use  par  la  mastication. 
En  présence  d'une  structure  si  extraordinaire,  il  est  fort  difficile  de  dire  à  quelle  famille  ce 
curieux  genre  appartient ,  d'autant  plus  qu'on  ne  connaît  encore  aucun  débri  du  squelette. 
M.  Owen,  dans  son  Odontographie,  envisage  ces  dents  comme  des  dents  pharyngiennes  de 
poissons  voisins  des  Scares ,  et  il  fonde  ce  rapprochement  sur  la  structure  microscopique  ,  qui 
est  fort  semblable.  Cependant  la  position  des  lames  dont  ces  plaques  sont  composées  n'est  pas 
la  même  que  celle  des  dents  pharyngiennes  des  Scares.  Dans  le  genre  Phyllodus,  les  lames 
sont  empilées  verticalement  les  unes  sur  les  autres  et  offrent  toute  leur  surface  extérieure  à 
la  mastication ,  tandis  que  dans  les  dents  pharyngiennes  des  Scares  la  couronne  est  plus  ou 
moins  tranchante. 

Cela  posé ,  nous  admettons ,  d'après  l'analogie  des  genres  ci-dessus  décrits ,  que  la  partie 
rétrécie  du  palais  indique  le  devant,  et  la  partie  élargie  l'arrière.  Jusqu'ici  tous  les  exem- 
plaires qu'on  connaît  de  ce  singulier  type  sont  des  palais  entiers  ;  je  n'ai  pas  encore  vu  de 
dent  isolée. 


—     239     — 
1.   PnvLLouiis  TOLiAPiciis  Agass. 

Vol.  2,  Tab.  69«,  %.  1-5. 

Cette  espèce  se  distingue  par  plusieurs  caractères  faciles  à  saisir  ;  d'abord  le  nombre  dos 
grandes  dents  est  moins  considérable  que  dans, aucune  autre  espèce,  puisqu'il  n'y  en  a  que 
trois;  encore  la  première  est-elle  très-petite  dans  notre  exemplaire  (fig.  i).  Derrière  la  se- 
conde ,  qui  est  la  plus  grande ,  il  y  a  trois  dents  de  moyenne  taille  et  de  forme  presque  carrée, 
qu'on  dirait  être  une  dent  principale  divisée  en  trois  parties.  Les  dents  secondaires  sont  très- 
irrégulières  et  ont  des  dimensions  variables.  La  rangée  secondaire,  qui  entoure  immédiate- 
ment les  dents  principales,  est  composée  de  dents  assez  grandes,  de  forme  carrée  et  plus  ou 
moins  allongées.  Les  dents  de  la  deuxième  rangée  secondaire  ou  de  la  rangée  marginale  sont 
beaucoup  plus  petites  ;  aussi  leur  nonjbre  est-il  beaucoup  plus  considérable  (fig.  2). 

La  face  interne  a  un  aspect  fort  différent  de  celui  de  la  face  externe.  La  disposition  gé- 
nérale des  dents  y  est  sans  doute  la  même;  mais  les  différentes  dents,  au  lieu  d'être  con- 
vexes, sont  ordinairement  concaves,  et  surtout  elles  n'ont  pas  le  poli  de  la  couronne. 

Le  nom  spécifique  de  cette  espèce  indique  que  c'est  à  Sheppy  qu'elle  se  trouve.  L'exem- 
plaire figuré  se  trouve  dans  la  collection  de  M.  le  D"^  Buckland  ;  il  en  existe  un  second  dans  la 
collection  de  lord  Enniskillen. 

II.  Phyllodus  planus  Agass. 

Vol.  2,  Tab.   69a,  fig.   4  et  S. 

Cette  espèce  n'est  ni  renflée  comme  le  Phyll.  toiiapicus,  ni  déprimée  comme  lePhyll.  mar- 
yinalis  .  elle  est,  au  contraire,  à-peu-près  plane.  Le  vomer  n'est  pas  conservé  en  entier  ;  mais 
l'on  peut  néanmoins  conclure  des  rapports  qui  existent  entre  les  dents  secondaires  et  les  dents 
principales,  que  c'est  du  Phyll.  toiiapicus  qu'elle  se  rapproche  le  plus.  Nous  avons  ici  deux 
dents  principales  médianes  allongées  (fig.  k),  et  en  arrière  deux  dents  carrées  de  moyenne 
grandeur  qui  représentent  ensemble  une  troisième  dent  principale.  Or,  comme  la  même  dis- 
position se  retrouve  à  la  iace  inférieure  (fig.  S),  nous  avons  dans  ce  fait  la  preuve  que  ce  n'est 
point  une  brisure  accidentelle,  puisqu'elle  prévaut  dans  toutes  les  lames  superposées.  Quant 
aux  dents  secondaires,  il  n'y  a  que  la  première  rangée  qui  soit  conservée,  et  encore  ne  se 
voit-elle  que  sur  les  côtés.  Les  différentes  dents  ont  des  dimensions  variables  ;  la  plupart  sont 
circulaires  ou  subcirculaires  ;  mais  comme  elles  ne  s'usent  pas  d'une  manière  uniforme ,  il 
en  résulte  que  leur  contour,  ainsi  que  celui  des  dents  principales,  est  parfois  peu  précis,  sui- 
vant que  les  dents  de  remplacement  percent  d'une  manière  plus  ou  moins  égalé.  C'est  de  cette 
manière  qu'il  faut  s'expliquer  les  contours  en  partie  diffus  de  la  face  extérieure  (fig.  U).  Il  en 
est  tout  autrement  de  la  face  interne ,  où  les  contours  sont  beaucoup  plus  arrêtés. 


—    no    — 

Cette  espèce  est  également  propre  à  l'argile  de  Londres  de  Sheppy-  L'original  se  trouve 
dans  la  collection  de  M.  Buckland. 

IIL  Phyllodus  polyodus   Agass. 
Vol.  2,Tab,  69a,  lig.  6  et  7. 

Le  caractère  saillant  de  cette  espèce  consiste  dans  un  très-grand  nombre  de  dents  secon- 
daires qui  lui  ont  valu  le  nom  spécifique  ci-dessus.  C'est  surtout  au  bord  postérieur  qu'elles 
sont  accumulées  en  grande  quantité  ;  mais  leur  forme  ainsi  que  leur  disposition  n'ont  rien  de 
bien  régulier.  Les  dents  principales,  au  nombre  de  quatre,  sont  allongées  et  proportionnel- 
lement plus  grêles  que  dans  les  autres  espèces ,  surtout  la  dernière ,  qui  est  en  même  temps 
un  peu  arquée  en  avant.  La  première,  en  revanche,  est  beaucoup  plus  petite  que  les  autres  ; 
c'est  4a  troisième  qui  est  la  plus  grande. 

La  face  inférieure  (fig.  7) ,  tout  en  présentant  la  même  disposition  générale  des  dents,  a 
cependant  un  aspect  différent.  Les  dents  y  paraissent  en  général  plus  régulières ,  ce  qui  pro- 
vient, comme  nous  l'avons  dit  ci-dessus,  de  ce  que  n'étant  point  sujettes  à  s'user,  elles  con- 
servent toujours  leurs  rapports  primitifs.  Ce  qui  mérite  d'être  signalé  dans  notre  espèce ,  c'est 
que  la  première  rangée  secondaire,  qui  entoure  immédiatement  les  dents  principales,  est 
composée  de  dents  plus  régulières.  La  face  supérieure  est  en  outre  légèrement  bombée,  sur- 
tout vers  le  bord  antérieur.  La  face  inférieure  est  à-peu-près  plane. 

De  l'argile  de  Londres,  de  Sheppy.  L'original  se  trouve  dans  la  collection  de  M.  le  D"^  Buck- 
land. Il  en  existe  un  second  non  moins  parfait  dans  la  collection  de  M.  Bowerbank. 

Je  rapporte  à  cette  espèce  les  figures  que  M.  Owen  a  données  dans  son  Odontographie. 

IV.  Phyllodus  marginalis  Agass. 

Vol.  2,  Tab.  69a,  fig.  8  et  9. 

Cette  espèce  se  distingue  des  trois  précédentes  par  son  contour  anguleux  ;  le  bord  posté- 
rieur se  termine  en  une  pointe  très-prononcée  qui,  au"  lieu  d'être  tapissée  de  petites  dents 
irrégulières,  laisse,  au  contraire,  apercevoir  les  bords  successifs  des  différentes  dents  super- 
posées. Les  dents  principales  sont  au  nombre  de  six;  la  «luatrième.  qui  occupe  le  milieu  du 
vomer,  est  à  la  fois  la  plus  allongée  et  la  plus  large  ;  les  autres  vont  en  se  rétrécissant  insen- 
siblement en  avant  et  en  arrière.  Les  postérieures  ont  en  outre  cela  de  particulier,  qu'elles 
s'arquent  plus  ou  moins  en  avant.  Les  dents  secondaires  sont  toutes  arrondies ,  tantôt  circu- 
laires,  tantôt  elliptiques  ;  les  externes  sont  les  plus  petites.  La  face  inférieure  diffère  notable- 
ment de  la  face  supérieure.  Les  dents  y  sont  en  général  plus  larges ,  surtout  la  dernière  des 
dents  principales,  qui  occupe  au  moins  la  place  de  deux  dents  de  la  face  supérieure,  et  leur 


—     2^11      — 

surface  ,  au  lieu  d'être  polio  par  l'usure .  est ,  au  coiilraire ,  unie  el  d'apparence  {)()intlllée  ; 
les  sutures  sont  en  saillie.  Cette  surface  est  en  outre  bombée,  tandis  que  la  face  extérieure 
est  concave. 

C'est  encore  une  espèce  de  I  "argile  de  Londres.  deSheppy.  Elle  ne  m'est  conmie  (pie  par 
un  seul  exemplaire  qui  fait  partie  de  la  collection  de  M.  le  D"^  Buckland. 

Je  décrirai  une  autre  fois  deux  espèces  nouvelles  de  ce  genre  ,  qui  proviennent  également 
de  Sheppy.  et  que  j'ai  désignées  dans  mes  notes  sous  les  noms  de  1°  Phyllodus  ibregxtla.ris 
et  2°  de  Ph.  médius. 


Toti.  II,  1'  Part.  31 


2^2 


CHAPITRE  IX. 

DE  LA  STRllCTUllE  DES  DENTS  DES  PYCNODOiVTES. 


Les  dents  des  Pycnodontes  ont  une  structure  assez  uniforme.  Nous  avons  déjà  vu  que  par 
leur  forme  extérieure,  elles  ressemblent  fort  aux  dents  des  poissons  cartilagineux  broyeurs.  Ce 
sont  comme  les  dents  des  Cestraciontes  des  plaques  plus  ou  moins  larges ,  arrondies,  à  sur- 
faces planes  .  très-propres  à  réduire  des  alimens  contenus  dans  des  enveloppes  dures ,  telles 
que  des  carapaces  de  Crustacés  et  des  coquillages  de  Mollusques;  mais  ce  qui  les  distingue 
d'une  manière  tranchée,  c'est  qu'elles  sont  complètement  dépourvues  de  ces  racines  larges  et 
planes,  à  réseaux  médullaires  compliqués,  du  milieu  desquels  s'élèvent  des  canaux  ascendans 
droits,  entourés  de  tubes  calcifères  disposés  en  panache  (voy.  vol.  III ,  p.lS9  et  suiv.).  Les 
dents  des  Pycnodontes  sont  disposées  d'après  un  tout  autre  plan.  Elles  forment  une  voûte 
plus  ou  moins  bombée  de  dentine  épaisse  et  dure,  avec  une  seule  cavité  centrale  dont  les  con- 
tours répètent  ceux  de  la  dent  elle-même.  Des  tubes  calcifères  minces ,  mais  très-serrés,  tra- 
versent la  dentine ,  se  dirigeant  à  angle  droit  vers  la  surface  de  la  dent.  Ces  tubes,  ramifiés 
à  la  manière  des  peupliers  d'Italie,  ont  leurs  branches  parallèles  au  tronc  et,  comme  la  déjà 
fait  remarquer  M.  Owen  ,  c'est  dans  cette  disposition  des  tubes  calcifères  que  réside  un  des 
principaux  caractères  qui  distinguent  les  dents  des  Lépidotus  de  celles  des  Pycnodontes.  Chez 
les  Lépidotus ,  les  dernières  branches  des  tubes  calcifères  sont  contournées  en  sens  divers , 
et  même  souvent  recourbées  vers  la  base  de  la  dent,  tandis  que,  chez  les  Pycnodontes,  elles 
sont  toujours  droites  et  ne  se  croisent  pas. 

Les  genres  Pymodus  (Vol.  I,Tab.  J.fig.  i),  Sphœrodm ,  (fig.  2)  et  Gyrodus  (fig.  3)  se  res- 
semblent tellement  dans  leur  structure  qu'il  est  inutile  de  les  décrire  séparément.  Le  genre 
Microdon  participe,  d'après  M.  Ovvcn ,  à  la  même  structure.  Chaque  dent  forme  un  capuchon 
creux,  appliqué  sur  la  moelle  de  la  pulpe  et  divisé  en  deux  couches  de  dentine  distinctes,  qui 
sentourent  Tune  l'autre.  La  couche  interne  qui  forme  le  noyau  ,  est  jaune  ou  brunâtre ,  et 
se  sépare  assez  facilement  de  l'autre.  Dans  le  genre  Sphserodus  surtout,  cette  séparation  s'o- 
père si  facilement ,  (ju'il  y  a  beaucoup  d'espèces  dont  nous  ne  connaissons  que  le  capuchon 
qui  est  formé  par  la  couche  externe ,  tandis  que  le  noyau  de  la  couche  interne  est  inconnu. 
Dans  les  Gyrodus  et  surtout  dans  les  Pycnodus,  les  deux  couches  s'isolent  meins  facilement. 
La  couche  interne  se  caractérise  ,  outre  sa  couleur,  par  des  tubes  calcifères  beaucoup  plus 


—     243     — 

gros  et  peu  ramifiés  qui  se  continuent  dans  les  tubes  plus  déliés  et  plus  ramifiés  de  la  couche 
externe,  où  ils  se  terminent  par  des  ramules  excessivement  fines.  Les  aspérités  de  la  surface  des 
Gyrodus  ne  dépendent  que  de  la  couche  externe.  Il  n'existe  point  d'émail  particulier  aucpiel 
ces  ornemens  pourraient  être  attribués. 

Le  genre  Periodus  est  d'une  structure  assez  différente  de  celle  que  nous  venons  de  signaler. 
Cette  structure  consiste  en  un  noyau  de  dentine  parcouru  par  des  canaux  médullaires  assez 
grands,  disposés  en  réseaux,  qui  vus  sur  une  coupe,  ressemblent  à  des  étoiles,  comnumiquant 
entre  elles.  De  ces  réseaux  partent  des  canaux  vermiformes  beaucoup  plus  minces  et  anasto- 
mosés nombre  de  fois.  Les  tubes  calcifères  de  la  dentine  sont  excessivement  minces  et  ser- 
rés; il  partent  des  grands  canaux  médullaires  et  présentent  un  tissu  inextricable,  d'un  aspect 
velouté.  Les  rebords  saillans,  qui  caractérisent  le  genre  Periodus,  sont  formés  par  une  den- 
tine plus  solide  et  sans  canaux  médullaires.  On  voit  une  colonne  de  cette  dentine  plus  com- 
pacte dans  la  coupe  longitudinale  de  fig.  5. 

Les  Phylloclus  enfin  présentent  aussi  une  structure  particulière.  Les  lames  horizontales  de 
dentine  compacte  ,  dont  sont  formées  ces  singulières  dents,  sont  séparées  par  des  couches  de 
tissu  osseux,  d'un  diamètre  presque  égal  aux  lames  de  dentine,  et  dans  lesquelles  se  trouvent 
des  canaux  médullaires.  Les  tubes  calcifères  des  lames  de  dentine  ressemblent  à  ceux  des 
Periodus  ;  ils  sont  très-fins  et  serrés.  Cette  structure  des  différentes  lames  milite  sans  doute 
en  faveur  de  l'opinion  de  M.  Owen ,  qui  voit  dans  ces  appareils  des  plaques  de  dents  pharyn- 
giennes ,  semblables  à  celles  des  Scares  ;  mais  leur  horizontalité  et  leur  superposition  les  en 
éloigne  d'un  autre  côté  et  me  font  penser  que  c'est  plutôt  des  Pycnodontes  qu'il  faut  les  rap- 
procher. 

Fig.  i,  coupe  longitudinale  d'une  dent  de  Pyctiodus  Gigas  ;  Fig.  2,  une  coupe  pareille  de 
Sphœrodus  Gigas;  Fig.  3,  coupe  verticale  de  Gyrodus  rhomboidalis;  Fig.  k,  coupe  horizon- 
tale, et  fig.  .^ ,  coupe  verticale  de  Periodus  Kœnigii;  Fig.  6  ,  coupe  verticale  de  Phyllodus 
toliapicus. 


244     — 


Tableau  synoptique  de  la  famille  des  Pycnodontes , 

RANGÉS  PAR  ORDRE  DES  TERRAINS. 


Zechstein. 
Glohulodns  eletjans.  v.  Miinst.  —  Zechstein. 

Terrains  triasiques. 

* Pycnodiis  prisais.  —  Keuper  ;  Taebingen  (Wurtemberg). 
Sphœrodi(s  anmitaris.  —  Keuper;  Taebingen. 

*  »  minimus.  —  Brèches  coprolitiques  de  Taebingen  (Wurtemberg). 
Placodus  (jigas.  — Muschelkalk  ;  Laineck  près  de  Bamberg  ,  Lunéville. 

»  Jndriani  Mùnst.  —  Muschelkalk;  Bamberg. 

»  Mïïnsteri. — Muschelkalk  de  Bamberg  en  Bavière  et  d'Esperstaedt  près  de  Quer- 

furt  (Thuringe). 
»  ros<ro<MS  Miinst. — Muschelkalk  ;  Laineck 

»  impressus.  —  Grès  bigarré  ;  Deux-Ponts  (Bavière  rhénane). 

*Colobodm  Hoyardi.  — Muschelkalk;  Lunéville. 

•     Lias. 

*  Sphœrodus  microdon.  — De  Lyme-Regis. 

Terrains  j  ur assiques  . 

Pijcnodus  rhombus.  —  Etage  inconnu.  Torre  d'Orlando. 

»  gigos.  — Portlandien  de  Suisse  et  d'Allemagne, 

»  Nicoleti.  —  Portlandien  de  Neuchâtel. 

»  Bucklandi.  — Calcaire  de  Stonesfield. 

»  didymits.  —  Calcaire  de  Stonesfield. 

»  rugxdosus.  —  Oolite  sableuse  de  Sulgrave  et  Culworth  (Northamptonshire). 

»  umbonatus.  —  Forest-Marble  ? 

»  ovalis.  —  Calcaire  de  Stonesfield. 

»  Hugii.  —  Portlandien  de  Soleure. 

»  MantelU.  —  Forêt  de  Tilgate  (Jura  supérieur) . 

*  s  latirostris.  —  Oolite  de  Stonesfield. 

*  »  obtusus.  — Oolite  de  Stonesfield. 


—    nn    — 

*Pycnodus  pannts.  —  Oolite  de  StonesHeld. 

*  »  tristijchius, — Oolite  ;  probablement  de  Stonesfîeld. 

*  »  biserialis.  — Oolite  de  Little  Gibraltar  près  d'Oxford. 

*  »  trigonus. — De  Stonesfield. 

*  »  lafidens.  —  Portlandien  de  Soleure. 

*  »  diacoides.  —  Oolite  de  Little  Gibraltar  près  d'Oxford. 

»  gracilis  Miinst.  —  Coral-rag  de  Hoheneggelsen  près  de  Hildesheim  et  du  Lin- 

denberg  (Hanovre). 

»  minutus  Mûnst.  —  Coral-rag  des  mêmes  localités. 

Gyronchus  oblomjus.  — Calcaire  de  Stonesfield. 
Scfobodus  subo^atiis  Miinst.  —  Cale,  lithographique  de'Solenhofen . 
Microdon  elegans.  —  Cale,  de  Solenhofen. 

»         hexagonus.  —  Cale,  de  Solenhofen. 

»         analis.  —  Cale,  de  Solenhofen. 
♦       »         radiatus. — Cale,  de  Purbeck. 
"         »         abdominalis.  —  Cale,  de  Solenhofen. 

^         »         platurus.  —  Cale,  de  Solenhofen.  ; 

Sphœrodus  gigas.  —  Argile  de  Kimmeridge. 

»        minor. — De  Stonesfîeld. 
Gyrodus  macrophthalmus.  —  Cale,  de  Kehlheim. 

»        frontatîts.  —  Cale,  de  Kehlheim. 

»       rugosus. — Cale,  de  Kehlheim. 

»        umbilicus.  — Oolite  de  Durrheim. 

»       jurassiens. — Portlandien  de  Soleure. 

»■       Cuvieri.  — Boulogne-sur-Mer  et  Landfont  près  Weymouth. 

»       punctatus.  —  Oolite  de  Malton. 

»        trigonus. — Cale,  de  Stonesfield. 

»       radiatus.  —  Cale,  de  Caen. 

»        Mantelli.  —  Forêt  de  Tilgate. 

»       gfrao«7/s  Miinst. — Calcaire  de  Kehlheim 

»        analis.  —  Cale,  de  Kehlheim. 

»        circularis.  —  Cale,  de  Solenhofen. 

»       platurus. — Cale,  de  Solenhofen. 

»        punctatissimus.  —  Cale,  de  Kehlheim. 

«        rhomboidalis.  —  Cale,  de  Solenhofen. 

»        macropterus. — De  Kehlheim, 

»       perlatus.  —  Stonesfield. 

»        gibbosus  Miinst.  —  Kehlheim. 


—     246     — 

Tf,rrains  crétacés. 
Pj/cnodus  Mûnsteri. — Grès  vert  de  Ratisbonne. 
»         cotnplanatus.  — Grès  vert  de  Ratisbonne. 
»         subclavatus. — Craie  de  Maastricht. 
»         cretaceus.  —  Craie  de  Kent. 
''        »         angustus. — Craie  de  Kent. 
■         »         elongatus.  —  Craie  de  Lewes. 
^        »         depressus.  — Grès  vert;  Gand  et  Ratisbonne. 
•^         »         marginalis.  —  Craie  de  Kent. 
^         »         Couloni.  —  Pierre  jaune  de  Neuchàtei. 
*■         «  minor.  —  Argile  de  Speeton. 

Acrotemnus  Faba.  — Craie  de  Kent. 
Sphœrodus  crasstis.  — Craie  de  Maestricht. 

»  mitrula.  —  Grès  vert  de  Ratisbonne. 

*  »  neoconiensis.  —  Pierre  jaune  de  Neuchâtel. 
Gyrodus  cretaceus.  —  Craie  de  Lewes. 

■A  angustus.  — Craie  de  Maidstone. 

»  rugulosus.  — Grès  vert  de  Ratisbonne  ? 

»  Mûnsteri. — Grès  vert  de  Ratisbonne. 

»  minor.  —  Argile  de  Speeton. 

*  »  mammillaris.  —  Craie  de  Kent. 

Calcaire  de  Monte-Bolca. 

Pycnodus  Platesstis.  — Monte-Bolca. 
»         orbicularis .  —  Monte-Bolca . 

Terrains  tertiaires.  « 

Pycnodus  toliapicus. — Argile  de  Londres,  Sheppy. 
Periodus  Kônigii.  —  Argile  de  Londres,  Sheppy. 
Sphœrodus  lens.  —  Terrains  tertiaires  d'Osnabruck. 

»  irregularis.  Terrains  tertiaires  d'OElingen  (OElingerberg). 

»  parvus.  — Terrains  tertiaires  de  Cassel. 

»  cinctus.  —  Calcaire  grossier  de  Styrie. 

»  truncatîis. —  Terrains  tertiaires  d'Osnabruck. 

Gyrodus  lœvior.  — Argile  de  Londres,  Sheppy. 
PhyUodus  toliapicus.  —  Argile  de  Londres,  Sheppy. 

»  planus. —  Argile  de  Londres  ,  Sheppy. 

»  polyodus.  —  Argile  de  Londres  ,  Sheppy. 


_     247      — 

Phyllodiis  inuryiiialiii. —  Argile  de  Londres,  Sheppy. 

*  »  irreyulaiis. —  Argile  de  Londres,  Shcppy. 

*  »  tnedius.  —  Argile  de  Londres  ,  Shcppy. 
Pisodus  Oicenii.  —  Argile  de  Londres .  Sheppy. 

Espèces  dont  le  liiSEMENT  i;st  INCON^u  ou  douteux. 

Sphœrodus  depressus.  — -  Salzbourg. 

»  disctis.  —  Aigarves  en  Portugal. 

»  couicus. — Ile  de  Ceyian. 

«  oculus  serpentis. — Aigarves  en  Portugal. 

Gyrodnii  runcinatus.  —  ? 


—     248     — 


DE  LA  FAMILLE  DES  SCLERODERMES. 


CHAPITRE  I. 

DES  SCLERODERMES  EIV  GÉIVÉRAL. 


Il  existe  entre  les  Sclérodermes  et  les  Gymiiodontes  des  rapports  si  intimes,  que  l'on  pour- 
rait être  tenté  de  les  réunir  en  une  seule  famille ,  à  laquelle  le  nom  de  Plectognathes ,  que 
Cuvier  a  donné  à  l'Ordre  entier,  conviendrait  parfaitement  bien.  Ces  poissons  ont  en  effet  des 
sutures  plus  intimes  entre  les  os  de  la  tête  que  la  plupart  des  autres  types  de  la  Classe  :  les 
articulations  mobiles  qui  existent  entre  les  appareils  solides  de  la  tête  sont  moins  nombreuses , 
et  moins  lâches ,  et  ce  qui  est  surtout  digne  de  remarque ,  c'est  que  l'arcade  palatine  est 
immobile.  Un  autre  trait  qui  leur  est  propre,  c'est  que  leur  squelette,  quoique  osseux, 
a  peu  de  consistance  et  ne  se  consolide  que  fort  tard ,  que  plusieurs  vertèbres  adjacentes  de 
différentes  régions  du  corps  se  confondent  en  une  seule  masse ,  et  que  toutes  les  apophyses 
épineuses  supérieures  sont  intimement  réunies.  Cependant  je  n'envisage  pas  moins  ces  deux 
groupes  comme  des  familles  distinctes ,  à  cause  des  nombreuses  particularités  qui  les  carac- 
térisent. Et  d'abord  ,  les  Sclérodermes  ont  le  museau  saillant,  armé  d'un  petit  nombre  de  dents 
en  forme  de  ciseaux  obliques ,  qui  sont  toutes  distinctes  les  unes  des  autres ,  tandis  que ,  chez 
les  Gymnodontes ,  les  mâchoires  sont  revêtues  d'une  gaine  d'ivoire  formée  de  la  réunion  d'un 
nombre  plus  ou  moins  considérable  de  dents  qui  se  soudent  intimement  entre  elles.  Les  té- 
gumens  présentent  des  différences  non  moins  remarquables.  Chez  les  Gymnodontes,  les  écailles 
affectent  la  forme  de  véritables  piquans  disposés  en  quinconce  sur  tout  le  corps  ;  ce  sont  des 
épines  acérées ,  assez  longues  et  mobiles ,  capables  de  se  dresser  ou  de  se  coucher  au  gré  du 
poisson,  comme  ceux  des  Porc-épics,  Chez  les  Sclérodermes,  tout  le  corps  est,  en  revanche, 
recouvert  de  grosses  écailles  plates,  en  forme  de  plaques  rhomboïdales  ou  polygonales,  simple- 
ment juxtaposées  ou  faiblement  imbriquées.  Celles  de  forme  rhomboïdale  sont  disposées  de 
manière  à  paraître  obliques  au  corps,  c'est-à-dire  que  les  angles  saillans  des  losanges  sont 
dirigés  vers  le  dos  et  vers  le  ventre ,  et  que  les  bords  forment  tous  des  angles  plus  ou  moins 
aigus  avec  les  contours  du  corps ,  tandis  qu'il  en  est  tout  autrement  chez  les  Lépidoïdes ,  les 


—     2^0     — 

Sauroïdes  el  les  Pyciiodonles .  dont  les  écailles  ont  leurs  bords  sensiblement  parallèles  aux 
diamètres  loiii»i(udinal  et  lrans^ersal  du  corps.  Cette  sorte  d'antagonisme  entre  les  Plectogna- 
thes  et  les  Ganoïdes  fossiles  des  terrains  anciens  est  un  fait  paléontologique  des  plus  remar- 
quables, qui  est  inscrit  dans  les  registres  de  nos  fossiles  caractéristiques  des  terrains  avec  une 
insistance  qui  frappera  toujours  plus,  à  mesure  que  l'étude  des  poissons  fossiles  se  répan- 
dra da>  antage  et  que  les  résultats  auxquels  ces  recherches  ont  conduit  seront  plus  générale- 
ment connus.  En  etïet,  les  Sclérodermes ,  les  (iymnodontes  et  les  Lophobranches ,  qui  font 
partie  de  l'ordre  des  Ganoïdes ,  n'ont  commencé  à  exister  qu'à  l'époque  de  la  déposition  des 
terrains  crétacés  et  tertiaires,  pour  subsister  jusqu'à  nos  jours,  où  ils  ont  encore  d'assez  nom- 
breux représentans  ;  tandis  que  les  Lépidoïdes,  les  Sauroïdes  et  les  Pycnodonles  ont  disparu 
successivement  depuis  l'époque  crétacée,  pour  s'éteindre  à-peu-près  complètement  dans  l'épo- 
que actuelle.  Ainsi,  il  n'y  a  pas  seulement  ici  un  remplacement  graduel  et  successif  d'espèces 
différentes  à  chaque  époque  ;  nous  avons  encore  (ce  qui  est  bien  autrement  important  pour  la 
question  de  l'immuabilité  ou  de  la  transformation  des  espèces)  un  changement  d'organisation 
tel  dans  les  types  qui  se  succèdent,  que  les  différences  qu'ils  nous  présentent  constituent  des 
caractères  de  genres  ,  de  familles  et  même  d'ordres. 

La  connaissance  du  squelette  des  espèces  vivantes  importe  trop  à  la  paléontologie  pour  que 
je  ne  donne  pas  ici  la  description  de  celui  d"un  Baliste  avant  de  passer  à  l'examen  des  genres 
fossiles  de  la  famille  des  Sclérodermes,  que  je  connais  maintenant. 

Ce  qui  distingue  surtout  les  Balistes  (voir  Tab.F,  le  squelette  du  Ba/istes  capriscus),  ce  sont 
les  rayons  épineux  qu'ils  portent  en  avant  de  la  dorsale  et  qui  se  meuvent  dans  un  appareil 
très-singulier.  Le  bassin  est  réduit  à  une  longue  pièce  impaire.  Le  cubitus  s'étend  jusqu'à  l'ex- 
trémité de  l'humérus,  comme  dans  le  genre  Vomer.  Les  rayons  branchiostègues  sont  très-ar- 
qués. Il  existe  un  os  particulier,  propre  à  ce  genre,  qui  va  du  bord  postérieur  de  la  mâchoire 
inférieure  au  bord  interne  du  préopercule.  La  queue  de  l'os  hyoïde  est  échancrée  en  forme  de 
croissant  à  son  bord  postérieur.  L'arcade  palatine  est  triangulaire  et  très-solide  ;  les  mâchoires 
sont  courtes  et  armées  de  grosses  dents  qui  se  remplacent  par  leur  face  inférieure.  L'os  palatin 
est  très-mobile.  Tous  les  os  du  crâne  sont  intimement  soudés  ;  mais  ce  qu'il  y  a  de  très-parti- 
culier, c'est  le  prolongement  excessif  de  l'ethmoïde  en  un  long  bec,  au  bout  duquel  se  meut  la 
mâchoire  supérieure.  Cet  os  détermine  en  même  temps  une  voûte  très-arquée  sur  la  lame  per- 
pendiculaire du  sphénoïde ,  qui  forme  une  paroi  osseuse  entre  les  deux  côtés  de  la  tète.  Les 
frontaux  et  l'occipital  supérieur  se  terminent  en  arrière  par  une  large  facette  articulaire,  dans 
laquelle  l'appareil  locomoteur  de  la  première  dorsale  est  engaîné.  Cet  appareil  est  proprement 
une  réunion  de  plusieurs  osselets  interapophysaires  qui  forment  ensemble  une  gouttière  suspen- 
due entre  l'occiput  et  la  cinquième  vertèbre  abdominale,  et  dans  laquelle  sont  articulés  trois 
rayons,  chacun  d'une  manière  particulière:  le  premier  par  un  large  gond,  comme  le  sont  tous 
les  rayons  épineux  des  poissons  osseux  :  le  second  rayon  est  enfourché  sur  la  quille  de  la  gout- 
tière ;  le  troisième,  beaucoup  plus  reculé,  se  meut  sur  un  os  particulier  incliné  d'avant  en  ar- 
TOM.  II.  2'  Part.  32 


—     250     — 

l'ièi-e,  et  engrené  entre  l'extrémité  postérieure  de  la  gouttière  dorsale  et  l'extrémité  supérieure 
de  la  cinquième  apophyse  épineuse.  L'articulation  du  premier  rayon  épineux,  au  moyen  d'une 
facette  articulaire  nettement  façonnée  à  cette  destination ,  est  le  caractère  le  plus  frappant  qui 
dislingue  ces  piquans  de  ceux  des  Cestraciontes  fossiles  ,  qui  sont  dépourvus  de  surfaces  arti- 
culaires ,  et  que  l'on  a  cependant  envisagés ,  à  tort,  pendant  assez  long-temps ,  comme  des 
rayons  de  Balistes  giganlesciues.  Les  osselets  interapophysaires  de  la  dorsale  et  de  l'anale  sont 
également  développés,  larges  et  plats;  ils  forment  dans  leur  réunion  une  plaque  continue 
entre  les  masses  charnues  des  flancs.  Les  rayons  de  ces  nageoires  tiennent  au  bord  de  ces 
plaques  par  l'intermédiaire  d'une  masse  cartilagineuse,  dans  laquelle  il  ne  se  développe  de 
petits  osselets  articulaires  que  chez  les  individus  très-vieux.  Les  vertèbres  nuchales  sont  sou- 
dées ;  les  abdominales  sont  plus  courtes  que  les  caudales,  qui  sont  les  plus  grandes.  Il  existe 
sur  les  vertèbres  abdominales  des  apophyses  transversales  d'autant  plus  grandes  et  plus  incli- 
nées en  arrière  et  «en  bas,  qu'elles  sont  plus  reculées  à  leur  extrémité.  Les  côtes  sont  assez 
courtes  et  arrondies. 


—       2Di        — 


CHAPITRE  II. 


DU  GENRE  ACANTHODERMA  Agass 


Ce  genre  appartient  au  type  des  Balistes,  avec  lesquels  il  a  la  plus  grande  analogie  dans 
la  forme  et  les  détails  du  squelette.  Mais  à  côté  de  cela,  le  corps  entier,  ou  plutôt  son  epi- 
preinte,  est  criblée  d'empreintes  creuses  qui  ne  peuvent  avoir  été  produites  que  par  des  pointes 
saillantes  du  système  dermique.  Je  ne  pense  pas  que  c'étaient  des  piquans  comme  ceux  des 
Diodons ,  car  dans  ce  cas  on  verrait  quelque  part  des  traces  de  l'empreinte  de  la  base  par  la- 
quelle ces  épines  sont  ordinairement  fixées.  C'étaient  bien  plutôt  des  pointes  surgissant  de  la 
surface  des  écailles.  La  charpente  du  squelette  est  robuste  ;  les  vertèbres  sont  en  général  grosses 
et  courtes  ;  les  apophyses  épineuses  sont  longues  et  vigoureuses,  surtout  les  inférieures.  La  dispo- 
sition des  osselets  interapophysaires  rappelle  aussi  les  Balistes.  La  cavité  abdominale  est  grande, 
et  fermée  par  un  os  du  bassin  qui  est  très-vigoureux.  La  dorsale  épineuse  n'a  qu'un  seul  grand 
épineux  ;  la  dorsale  molle  et  l'anale  sont  composées  de  très-fins  rayons  ,  beaucoup  plus  nom- 
breux que  les  apophyses.  La  caudale  est  grêle  et  composée  de  rayons  articulés  et  dichotomés. 
La  tête  est  grande  ;  la  dentition  est  encore  inconnue. 

C'est  un  genre  propre  aux  schistes  de  Claris. 

L     ACANTHODERMA    OVALE    AgaSS. 

Vol.  2,Tab.  75,fig.  3. 

On  reconnaît  au  premier  coup  d'oeil ,  dans  cette  espèce  et  dans  la  suivante  ,  le  type  des 
Balistes.  Nous  retrouvons  ici  tous  les  caractères  ostéologiques  que  nous  avons  énumérés  à  l'ar- 
ticle du  genre.  Une  immense  cavité  abdominale  bordée  par  un  os  du  bassin  très-vigoureux  ; 
une  colonne  vertébrale  robuste ,  renflée  en  nœuds  aux  surfaces  articulaires  et  portant  des  apo- 
physes très-vigoureuses.  On  remarque  surtout,  à  cause  de  leur  grosseur,  les  apophyses  infé- 
rieures, qui  s'étendent  jusqu'au  bord  abdominal  et  qui  sont  d'autant  plus  distinctes,  que  les 
osselets  interapophysaires  ont  disparu.  Les  apophyses  supérieures  sont  moins  vigoureuses  ,  et 
toutes  plus  ou  moins  recourbées  en  arrière  ;  elles  n'atteignent  pas  tout-à-fait  le  bord  dorsal , 


—     2S2     — 

et  il  y  a  entre  chacune  d'elles  deux  et  quelquefois  trois  osselets  interapophysaires.  Quant  aux 
côtes,  elles  ne  sont  pas  conservées.  Le  grand  rayon  épineux  de  la  dorsale  est  long  et  robuste. 
La  caudale  est  la  seule  nageoire  qui  soit  conservée  dans  notre  exemplaire  ;  elle  est  assez  pe- 
tite ,  arrondie ,  composée  de  rayons  grêles ,  au  nombre  d'environ  quinze ,  supportés  par  des 
processus  particuliers  très-fins  de  la  dernière  vertèbre.  La  tête,  qui  est  très-grosse,  occupe 
plus  du  quart  de  la  longueur.  La  gueule  est  profondément  fendue,  mais  l'on  n'y  reconnaît  au- 
cun vestige  des  dents.  La  structure  des  tégumens  est  distinctement  empreinte  sur  la  roche  ; 
tout  le  corps,  ainsi  que  la  tête ,  étaient  recouverts  des  mêmes  aspérités. 

Des  schistes  de  Claris.  L'original  se  trouve  dans  la  collection  du  musée  de  Neuchàtel. 

IL     ACA^THODEEMA    SPINOSUM    AgaSS. 

Vol.  2,  Tab.  7d,  lig.  4. 

« 

Cette  espèce  est  beaucoup  plus  trapue  que  la  précédente.  La  tête  en  particulier  est  beau- 
coup plus  petite,  le  profil  du  front  est  surtout  plus  incliné.  La  largeur  du  poisson  est  à  sa  lon- 
gueur comme  deux  à  trois.  La  cavité  abdominale  est ,  comme  d'ordinaire  ,  très-grande,  et  l'os 
du  bassin  par  conséquent  fort  long.  La  colonne  vertébrale  est  composée  de  grosses  vertèbres, 
très-courtes ,  mais  vigoureuses.  Les  apophyses  ne  s'étendent  nulle  part  jusqu'au  bord  ventral 
ou  dorsal,  niais  elles  n'en  sont  pas  moins  robustes.  On  remarque  entre  les  apophyses  supé- 
rieures d'abord  un  osselet  interapophysaire ,  et  plus  en  arrière  deux  et  même  trois,  qui  de- 
viennent de  plus  en  plus  grêles,  à  mesure  qu'ils  s'approchent  de  la  caudale.  Les  apophyses 
inférieures  sont,  comme  d'ordinaire,  plus  vigoureuses  que  les  supérieures;  il  y  a,  comme 
au  bord  supérieur,  plusieurs  osselets  interapophysaires  entre  chaque  apophyse.  La  caudale  est 
petite;  ses  rayons,  assez  courts,  sont  très-distinctement  articulés  et  plus  gros  que  dans  l'es- 
pèce précédente.  Les  processus  de  la  dernière  vertèbre  qui  supportent  cette  nageoire  sont 
aussi  plus  courts  et  moins  nombreux.  Les  os  de  la  tête  sont  en  partie  conservés  ;  on  remar- 
que surtout  l'opercule ,  qui  est  très-arqué  et  presque  à  angle  droit.  Les  épines  tégumentaires 
ont  laissé  des  empreintes  distinctes  sur  le  dos ,  entre  les  apophyses  inférieures  et  surtout  sur 
la  tête. 

Des  schistes  de  Claris.  L'original  se  trouve  dans  la  collection  de  lord  Enniskillen  et  de  sir 
Philipp  Egerton. 


2SÔ     — 


CHAPITRE   lll. 

DU    GENRE   ACANTHOPLEÏIRUS  Agass. 


Ce  genre  est  voisin,  à  certains  égards,  des  Balisles ,  et  notamment  des  espèces  qui  n'ont 
qu'un  rayon  sur  le  dos.  On  y  retrouve  aussi  l'os  du  bassin  conformé  à-peu-près  de  la  même 
manière  et  très-développé  ;  mais  ce  qui  le  distingue  surtout ,  c'est,  outre  sa  forme  plus  élan- 
cée ,  la  présence  d'une  forte  épine  aux  ventrales,  qui  lui  a  valu  le  nom  d'Acanthopleurus.  Il 
se  rapproche  aussi,  à  certains  égards,  des  Triacanthus  ;  mais  la  tête  est  plus  allongée.  La 
colonne  vertébrale  est  composée  de  vertèbres  de  moyenne  longueur  portant  des  apophyses 
courtes ,  mais  fortes.  Je  n'ai  pas  remarqué  d'osselets  interapophysaires  dans  les  exemplaires 
que  j'ai  eu  l'occasion  d'examiner,  mais  je  suppose  qu'ils  sont  conformés  comme  dans  les 
Balisles.  La  peau  était,  selon  toute  apparence,  recouverte  d'aspérités  qui  ont  laissé  sur  la 
roche  l'empreinte  d'une  fine  granulation.  Je  ne  connais  encore  qu'une  espèce  de  ce  genre, 
dont  je  vais  donner  la  description.  Sir  Philipp  Egerton  m'écrit  qu'il  croit  pouvoir  en  distinguer 
une  seconde,  provenant  également  de  Claris,  qu'il  propose  de  nommer  Ac.  brens ,  mais  que 
je  n'ai  pas  encore  eu  occasion  d'examiner, 

ACANTHOPLEURUS    SEBRATUS    AgaSS. 

,     Vol.  2,Tab.  75,  %.  1  et  2. 

La  forme  élancée  de  ce  poisson  en  constitue  le  caractère  spécifique.  La  tête  est  grande,  apla- 
tie ;  le  museau  est  large  ;  la  gueule  fendue  obliquement  de  haut  en  bas.  L'orbite  est  placée  au 
milieu  du  bord  supérieur  de  la  tète.  Au  bord  postérieur,  la  tête  est  limitée  par  une  empreinte 
profonde  qui  provient  sans  doute  d'une  forte  ceinture  thoracique.  Le  grand  épineux  de  la 
dorsale  est  très-robuste,  droit,  ou  très-légèrement  arqué,  et  muni  d'aspérités  ou  d'entailles  à 
son  bord  externe  ou  antérieur,  ce  qui  a  valu  à  cette  espèce  le  nom  de  Je.  serratm.  Les  petits 
rayons  qui  lui  succèdent  sont  très-grèles  et  beaucoup  plus  courts  (fig.  i).  L'épine  des  ventralev 
est  de  la  même  longueur  que  le  grand  épineux  de  la  dorsale.  L'os  ou  l'aiguillon  du  bassin  a 
à-peu-près  la  même  forme  et  les  mêmes  dimensions.  La  cavité  abdominale  occupe  ainsi  pres- 
que la  moitié  de  la  longueur  du  tronc.  Les  vertèbres  sont  allongées  et  renflées  aux  articula- 
tions. Les  apophyses  supérieures  s'étendent  presque  jusqu'au  bord  dorsal,  et  les  inférieures 
à-peu-près  jusqu'au  bord  ventral.  Quant  aux  côtes,  le  peu  qu'il  en  reste  prouve  qu'elles  étaient 


—     2S/i     — 

égaleiiienl  vigoureuses.  De  toutes  les  nageoires,  la  caudale  est  la  moins  bien  conservée  ;  elle 
est  grêle,  composée  de  rayons  courts,  peu  nombreux,  mais  à-peu-prés  égaux.  La  dorsale 
molle  paraît  s'étendre  tout  le  long  du  dos,  et  Tanale  jusque  versja  caudale.  Les  pectorales 
ne  sont  pas  distinctes. 

Les  plaques  qui  portent  ce  poisson  trahissent  d'elles-mêmes  leur  origine  ;  elles  proviennent 
des  schistes  de  Glaris ,  et  se  trouvent  en  la  possession  de  sir  Philipp  Egerton  et  de  lord  En- 
niskillen.  Le  musée  de  Neuchâtel  en  possède  aussi  des  exemplaires. 

J'ai  changé  le  nom  de  Pleuracanthns  que  j'avais  donné  primitivement  à  ce  genre  ,  en  celui 
d'Àcanthopleurus,  parce  qu'il  existe  déjà  un  genre  Pleuracanthus  parmi  les  Ichthyodorulithes. 


l_i  >*  ^'' 


CHAPITRE  IV. 


M]  GENRE  BLOCIIIUS  Volta. 


C'est  un  des  genres  les  plus  remarquables  de  la  classe  des  poissons,  et  ses  particularités 
sont  si  frappantes,  qu'on  reconnaît  au  premier  abord  en  lui  un  type  à  part,  fort  différent  de 
tous  les  genres  connus  ;  aussi  Volta  ,  qui  pensait  que  tous  les  poissons  fossiles  étaient  des  es- 
pèces pétrifiées  de  notre  époque,  fut-il  très-embarrassé  loisqu'il  s'agit  de  cette  espèce,  et  ne 
pouvant  la  rapporter  à  aucune  espèce  de  la  Méditerranée ,  il  lui  donna  un  nom  particulier  et 
l'appela  Blochius,  du  nom  du  célèbre  ichthyologiste  Bloch.  On  ne  cormaît  encore  qu'une  seule 
espèce  de  ce  genre  que  nous  allons  décrire  en  détail. 

BlOCHIUS    LONGIROSTRIS    Volta. 

Vol.  2,  Tab.  44. 

Syn.  Blochiiis  longiiostris  Volta  ,  lUiol.  veron.  ,  Tab.  12  et  70. —  Synhranchus  immaciilatiis  Ut.  ver.  Tab.  55  ,  fig.  1 . 
— •  Eson  Belone  Fortis. 

Ce  qui  frappe  tout  d  abord  dans  ce  poisson,  c'est  la  longueur  extraordinaire  de  son  corps  , 
auquel  est  attachée  une  tête  avec  un  bec  également  très-allongé  et  fort  grêle.  Les  rapports  de 
la  longueur  avec  la  largeur  sont  à-peu-prês  les  mêmes  que  dans  notre  Anguille  commune.  A 
cet  égard ,  il  se  rapproche  du  genre  Belonostomus ,  que  nous  avons  décrit  ci-dessus.  On  pour- 
rait même  être  tenté  d'y  voir  une  espèce  de  ce  genre  ;  cependant  il  est  à  remarquer  que  dans 
les  Belonostomes  les  mâchoires,  toutes  grêles  qu'elles  sont,  sont  armées  de  dents  très-acérées, 
tandis  qu'on  ne  remarque  que  des  dents  en  bro.sse  dans  notre  poisson .  Ce  n'est  dès-lors  point 
un  Sauroïde  ,  et  loin  de  l'associer  au  genre  Belonostome ,  nous  sommes  obligés  de  le  reporter 
dans  une  toute  autre  famille ,  à  cause  de  la  nature  et  de  la  forme  de  ses  écailles. 

Une  autre  particularité,  qui  est  en  opposition  directe  avec  le  type  des  Sauroïdes,  c'est  la 
forme  de  la  colonne  vertébrale,  qui  est  composée  de  vertèbres  très-longues  et  grêles.  Quel- 
ques-unes ont  près  d'un  pouce  de  long,  tandis  que  leur  partie  la  plus  renflée,  près  de  la 
face  articulaire,,  l'a  guère  que  quelques  lignes  d'épaisseur.  Les  côtes  sont  de  petites  épines 


—     256     — 

assez  grêles  et  fortement  inclinées  en  arrière ,  qui  sont  attachées  au  milieu  du  corps  des  ver- 
tèbres, et  moins  longues  que  ces  derniers  eux-mêmes.  On  en  voit  quelques  traces  dans  les 
deux  exemplaires  figurés.  J'ai  vainement  cherché  sur  ces  mêmes  vertèbres  des  vestiges  d'au- 
tres appendices  ;  je  n'ai  trouvé  aucune  trace  d'apophyses  épineuses ,  ni  sur  les  vertèbres 
abdominales ,  ni  sur  les  vertèbres  caudales ,  ensorte  que  je  suis  réellement  porté  à  croire  que 
ce  poisson  était  dépourvu  d'apophyses  et  n'avait  que  des  arcs  très-surbaissés  autour  de  la 
moelle  épinière  et  des  grands  vaisseaux  de  la  queue.  Les  rayons  fort  espacés  qui  régnent  tout 
le  long  du  dos  et  sur  la  partie  postérieure  du  bord  inférieur,  ne  sont  autres  que  des  rayons  de 
nageoire  ;  d'où  nous  concluons  que  la  dorsale  s'étendait  depuis  la  nuque  jusque  près  de  la  cau- 
dale ,  ne  laissant  libre  qu'un  très-petit  espace  en  avant  de  la  caudale.  L'anale  s'étendait  de  son 
côté  depuis  la  dernière  vertèbre  abdominale  jusque  près  de  la  caudale.  Il  n'y  a  pas  de  rapports 
numériques  rigoureux  entre  ces  rayons  et  les  vertèbres  ;  en  général,  tout  ce  que  l'on  peut  dire, 
c'est  qu'il  y  a  trois  rayons  pour  une  vertèbre.  Ce  qui  prouve  du  reste  qu'ils  sont  indépendans 
de  ces  dernières ,  c'est  qu'ils  s'étendent  également  sur  la  nuque ,  là  où  les  vertèbres  ont  cessé 
(Hg.  1).  Il  est  encore  à  remarquer  que  tous  ces  rayons,  ceux  de  la  dorsale  comme  ceux  de 
l'anale  sont  indivis  et  cornés.  Quant  aux  osselets  interapophysaires,  ils  sont  assez  sembla- 
bles aux  côtes  et  inclinés  comme  celles-ci ,  mais  avec  cette  différence,  qu'ils  n'atteignent  pas 
les  vertèbres.  Je  ne  les  ai  rencontrés  que  dans  le  petit  exemplaire  de  fig.  2  ,  où  ceux  de  l'anale 
s'étendent  même  jusqu'à  l'origine  de  la  caudale.  Avec  ime  dorsale  et  une  anale  pareilles  on 
ne  devait  guère  s'attendre  à  une  caudale  haute  et  distinctement  bilobée  comme  celle  qui  ter- 
mine le  corps  de  ce  poisson.  Il  semble,  de  prime  abord,  qu'une  nageoire  continue  et  circu- 
laire eût  mieux  convenu  à  un  poisson  aussi  élancé  que  notre  Blochius.  Au  lieu  de  cela,  la 
caudale  est  beaucoup  plus  large  que  longue ,  composée  de  rayons  articulés  et  dichotomés , 
absolument  comme  chez  les  poissons  les  plus  réguliers,  mais  avec  cette  particularité ,  que  les 
rayons,  au  lieu  d'être  supportés  par  les  apophyses  des  vertèbres,  sont  fixés  sur  une  plaque 
large  qui  n'est  autre  que  la  dernière  vertèbre  aplatie.  Le  lobe  inférieur  est  plus  développé  que 
le  lobe  supérieur  ;  ses  rayons  sont  à  la  fois  plus  gros  et  plus  longs.  Les  articles  des  rayons 
sont  un  peu  plus  longs  que  larges;  ils  s'étendaient  jusqu'à  l'origine  de  la  nageoire.  Chaque 
rayon  est  en  outre  divisé  nombre  de  fois,  en  particulier  ceux  du  milieu  de  la  caudale.  Il 
parait  que  c'était  un  poisson  jugulaire;  du  moins  retrouvons-nous,  tout  près  de  la  tête,  des 
débris  de  deux  sortes  de  nageoires,  dont  les  unes,  qui  ont  des  rayons  assez  gros,  me  parais- 
sent être  les  pectorales,  tandis  que  les  ventrales,  situées  au-dessous,  avaient  des  rayons  beau- 
coup plus  grêles  et  plus  divisés  (fig.  3). 

La  tête  est  la  partie  la  plus  renflée  du  corps,  et  l'on  comprend  qu'elle  devait  être  robuste 
pour  servir  d'appui  à  un  bec  aussi  vigoureux.  Les  frontaux  paraissent  surtout  être  Irès-dé- 
veloppés.  L'appareil  operculaire  est  également  très-grand,  et  la  ceinture  thoracique  robuste. 
Les  deux  mâchoires  sont  d'égale  longueur  et  d'égale  épaisseur.  L'orbite  est  de  moyenne 
grandeur. 


—     2^)7     — 

Tout  le  corps  du  poisson  est  revêtu  d'écaillés  éiuaillées  qui  ne  laissent  aucun  doute  sur  leur 
nature  ganoïdale.  C'est  le  même  type  de  revêtement  émaillé  que  nous  avons  rencontré  dans 
les  familles  précédentes.  Aussi  n'avons-nous  pas  hésité  un  instant  à  rapporter  ce  poisson  à 
l'ordre  des  Ganoïdes.  Les  écailles  sont  du  reste  rhoniboïdales  sur  quelque  partie  du  corps 
qu'on  les  examine,  et  il  ne  paraît  pas  qu'elles  varient  sensiblement  de  dimension,  d'après  les 
différentes  parties  du  corps  ,  si  Ion  en  excepte  les  écailles  qui  avoisinenl  la  base  de  la  dorsale 
et  de  l'anale  et  une  rangée  longitudinale  le  long  du  ventre  ,  qui  est  formée  d'écussons  plus 
gros  que  ceux  des  flancs.  Il  est  en  outre  digne  de  remarque  que  les  losanges  des  écailles  ont 
leurs  angles  saillans  dirigés  dans  le  sens  des  diamètres  longitudinal  et  transversal  du  poisson , 
et  que  leurs  bords  ne  sont  nullement  parallèles  à  ces  axes ,  connue  c'est  le  cas  des  Belonos- 
tomes.  Ce  fait  a  été  l'une  des  raisons  qui  m'ont  engagé  à  éloigner  le  genre  Blocliius  de  la  fa- 
mille des  Sauro'ides  et  à  le  ranger  parmi  les  Sclérodermes  ;  il  me  paraît  même  avoir  quelque 
analogie  avec  les  Alutères  les  plus  effilées.  Les  écailles  ne  s'étendent  ni  sur  la  caudale  ni  sur 
aucune  autre  nageoire  .  mais  sont  limitées  au  tronc,  comme  c'est  d'ailleurs  généralement  le 
cas  des  Gano'îdes. 

On  connaît  plusieurs  exemplaires  de  cette  espèce  remarquable,  d'où  l'on  peut  conclure 
qu'elle  n'était  pas  excessivement  rare  à  l'époque  où  se  déposaient  les  terrains  de  Monte-Bolca. 
L'exemplaire  de  fig.  3  a  acquis  une  certaine  réputation ,  à  cause  de  la  réunion  accidentelle  de 
deux  individus  sur  la  même  plaque ,  qui  se  touchent  par  les  têtes  ;  et  comme  le  plus  petit  est 
dans  le  même  plan  que  le  grand ,  on  en  a  conclu  qu'ils  avaient  été  pétrifiés  au  moment  où  le 
grand  saisissait  le  petit,  et  l'on  en  a  tiré  toutes  sortes  de  conclusions  sur  la  cause  de  la  mort 
de  ces  poissons.  Je  ne  prétend  pas  nier  d'une  manière  absolue  la  possibilité  d'une  pareille  coïn- 
cidence ;  mais  dans  le  cas  particulier,  je  puis  affirmer  que  ces  deux  exemplaires  sont  placés 
l'un  sur  l'autre,  et  même  que,  loin  de- s'emboîter,  le  petit  déborde  les  mâchoires  du  grand. 
Il  y  a  plus  encore,  la  cavité  abdominale  est  si  petite  dans  ce  genre,  que  le  plus  grand  exem- 
plaire ne  pourrait  pas  seulement  contenir  la  tête  du  plus  petit  dans  son  ventre ,  et  encore 
moins  l'avaler  en  entier. 

L'espèce  paraît  propre  au  terrain  de  Monte-Bolca. 


TOM.  II.  2'  Pakt.  33 


258 


CHAPITRE  V. 

DU  GENRE  DERCETIS  Munst.  et  Agass. 


J'ai  donné,  de  concert  avec  M.  le  comte  de  Munster,  ce  nom  à  un  type  particulier  de  pois- 
son de  la  craie ,  qui  rentre ,  selon  toute  apparence ,  dans  la  famille  des  Sclérodermes  de  Cu- 
vier.  Tout  le  corps  est  allongé,  et  il  en  est  de  même  de  la  tète,  qui  se  prolonge  en  un  bec 
étroit.  La  mâchoire  supérieure  est  un  peu  plus  longue  que  l'inférieure  ;  toutes  deux  sont  ar- 
mées de  dents  coniques  trés-élevées ,  qui  alternent  avec  d'autres  plus  petites.  La  charpente 
osseuse  est  composée  de  vertèbres  robustes ,  plus  longues  que  hautes ,  grêles  au  milieu  et 
três-renflées  aux  articulations.  Les  pectorales  sont  très-grandes  ;  les  ventrales ,  três-rappro- 
chées  des  pectorales,  sont  courtes  et  ne  comptent  qu'un  petit  nombre  de  rayons.  La  dorsale 
occupe  à-peu-près  toute  la  ligne  du  dos ,  car  elle  connnence  en  avant  des  ventrales  et  s'étend 
jusque  près  de  l'origine  de  la  caudale.  L'anale  a  à-peu-près  la  moitié  de  la  longueur  de  la 
dorsale  et  finit  au  même  point.  La  caudale  est  grêle  et  peu  échancrée.  A  tous  ces  égards,  ce 
genre  se  rapproche  évidemment  du  genre  Blochms  que  nous  venons  de  décrire.  D'un 
autre  côté  les  flancs  sont  garnis  de  trois  rangées  de  singuliers  écussons ,  semblables  à  ceux  des 
Esturgeons,  mais  assez  grands  pour  recouvrir  toute  la  surface  du  corps.  Ces  écussons,  en 
forme  de  cœur  de  carte  ,  sont  osseux,  granuleux  à  leur  surface  extérieure  et  surmontés  d'une 
saillie  anguleuse  au  milieu. 

On  ne  connaît  jusqu'ici  que  deux  espèces  de  ce  genre,  l'une  et  l'autre  proviennent  de  la 
craie. 

\.   Dercetis  elongatus  Agass. 

Vol.  2,  Tab.  G6rt,  fig.   1-8. 

Quoiqu'on  ne  possède  encore  que  des  fragmens  de  cette  espèce  .  on  reconnaît  cependant  en 
eux  le  vrai  type  du  genre  Dercetis ,  qui  se  trahit  par  ses  vertèbres  allongées ,  par  sa  tète  ro- 
buste, ses  longues  mâchoires,  ses  dents  fines  et  acérées,  et  enfin  par  ses  écailles  ou  écussons 
osseux  d'une  structure  particulière.  J'ai  représenté,  dans  les  fig.  \  et  2 ,  deux  plaques  mon- 
trant chacune  à-peu-près  le  squelette  entier.  On  y  reconnaît,  entre  autres,  d'une  manière 
distincte,  la  structure  de  la  colonne  vertébrale,  dont  les  vertèbres  s'allongent  insensiblement 


—  2f)9  — 
d'avant  en  arrière ,  tout  en  se  rétrécissant  au  milieu  ,  ce  qui  fait  que  tandis  que  les  premièi-es 
vertèbres  abdominales  sont  à-peu-près  cylindriques,  les  vertèbres  caudales  sont  du  double 
plus  longues  et  fortement  échancrées  au  milieu.  Les  apophyses  épineuses  sont  très-grèles.  et 
leur  longueur  ne  dépasse  guère  celle  des  vertèbres.  En  revanche,  on  y  découvre  trois  ran- 
gées de  crochets  robustes  qui  ne  sont  autres  que  les  écussons  ou  écailles  des  flancs.  Vus  à  la 
loupe,  ils  se  présentent  en  face  sous  la  forme  de  (ig.  6,  et  de  profil  comme  fig.  7.  Ce  sont  des 
appendices  de  structure  celluleuse,  et  il  n'y  a  que  le  sommet  du  crochet  qui  soit  parfaitement 
lisse.  La  tète  est  à  la  fois  grosse  et  longue,  et  la  mâchoire  supérieure  dépasse  un  peu  la  mâ- 
choire inférieure.  Les  dents  sont  très-serrées ,  mais  d'inégale  grandeur  ;  les  plus  grandes  al- 
ternent avec  d'autres  plus  petites. 

La  fig.  3  représente  un  fragment  de  la  partie  antérieure  du  tronc,  là  où  les  écailles  sont 
encore  courtes.  Le  bord  dorsal  est  garni  de  quelques  rayons  qui  frappent  par  leur  grosseur. 

La  fig.  k  représente  un  fragment  de  la  partie  postérieure  du  tronc  avec  quelques  vestiges 
incomplets  des  nageoires. 

Fig.  3  est  une  portion  de  la  colonne  vertébrale  d'un  grand  individu  qui  avait  au  moins  des 
dimensions  triples  et  quadruples  de  celui  de  fig.  i  et  2. 

La  fig.  8  enfin  représente  une  vertèbre  isolée  avec  ses  apophyses.  On  reconnaît  à  la  base 
de  ces  dernières  la  même  structure  celluleuse  qui  caractérise  la  base  des  écussons. 

Tous  ces  fragmens  font  partie  de  la  collection  de  M.  Mantell.  Ils  proviennent  de  la  craie 
blanche  des  environs  de  Lewes. 

H.   Dercetis  scutatus  Miinst.  et  Agass. 

Il  existe  dans  la  collection  de  M.  le  comte  de  Miinster  une  espèce  admirablement  conservée, 
de  la  craie  de  Weslphalie.  On  y  reconnaît  surtout  bien  la  forme  et  la  disposition  des  nageoires, 
dont  les  rayons  sont  plus  ou  moins  divisés.  Ceux  de  la  caudale  et  des  pectorales  le  sont  jus- 
qu'à la  base  ;  ceux  de  la  dorsale  et  de  l'anale  seulement  à  leur  extrémité.  Les  dents  sont  plus 
grandes  et  plus  effilées  que  dans  le  D.  elouyatvs.  Les  écussons  sont  ridés  à  leur  surface  exté- 
térieure,  et  lorsqu'on  examine  ces  rides  à  la  loupe,  on  trouve  qu'elles  sont  composées  de  sé- 
ries petites  et  grandes  qui  rayonnant  du  sinus  postérieur  de  l'écaillé  vers  les  flancs. 


260     — 


CHAPITRh:  Yl. 


DU  GENRE   RHINELLUS  Agass. 


Je  place  dans  un  genre  particulier  de  la  famille  des  Sclérodermes.  un  petit  poisson  du  Liban 
qui  se  dislingue  par  plusieurs  caractères  très-remarquables  qui  sont,  entre  autres,  sa  forme 
très-allongée  et  son  museau  très-effilé.  Le  squelette  est  grêle  ;  les  nageoires  sont  bien  dévelop- 
pées. J'ai  trouvé,  en  combinant  les  fragmens  que  je  possède,  qu'il  devait  y  avoir  deux  dor- 
sales fort  distantes,  l'une  près  de  la  tête,  l'autre  près  de  la  caudale  ;  cependant  leur  existence 
sinmitanée  n'est  pas  démontrée  positivement ,  car  il  se  pourrait  que  les  divers  fragmens  que 
j'ai  examinés  provinssent  de  deux  poissons  différens.  La  nageoire  caudale  est  assez  grande  et 
fourchue.  Enfin,  l'enveloppe  légumentaire  est  garnie  de  trois  séries  de  plaques  ou  d'écussons 
qui  rappellent  ceux  des  Dercetis ,  et  c'est  ce  qui  m'a  engagé  à  placer  mon  nouveau  genre  à 
côté  de  ce  dernier.  Je  dois  néanmoins  faire  remarquer  que  ces  écussons  ne  sont  pas  également 
visibles  sur  tous  les  fragmens  que  j'ai  eus  à  ma  disposition  ;  c'est  même  cette  circonstance  qui 
me  fait  encore  douter  de  l'existence  d'une  double  dorsale.  Si  le  caractère  tiré  des  écussons  est 
fondé  et  s'il  existait  réellement  deux  dorsales,  le  genre  Rhinellus  ne  différerait  du  genre  Derce- 
tis que  par  l'arrangement  des  rayons  du  dos. 

1.   Rhinellus  furcatus  Agass. 

Vol.  2,  Tab.  38  6,  tig.  .5  et  6. 

C'est  jusqu'ici  la  seule  espèce  connue  ;  elle  n'a  guère  que  trois  ou  quatre  pouces  de  long 
sur  deux  ou  trois  lignes  de  large.  C'est  par  conséquent  un  poisson  très-élancé.  La  tête  avec  le 
museau  a  environ  un  pouce  de  long.  Ce  dernier  est  excessivement  effdé.  Les  deux  njâchoires 
sont,  à  ce  qu'il  parait,  d'égale  longueur.  La  colonne  vertébrale  est  très-grêle,  et  il  faut  que 
les  vertèbres  soient  courtes ,  car  les  apophyses  épineuses,  quoique  d'une  finesse  extrême ,  sont 
très- rapprochées.  Les  pectorales  sont  de  grandeur  moyenne  et  composées  d'une  vingtaine  de 
rayons  ;  il  en  est  de  même  des  ventrales  ;  cependant  elles  sont  sensiblement  plus  petites.  La 
première  dorsale  est  un  peu  plus  en  arrière  que  les  ventrales.  Le  fragment  defig.  6  appartient- 


—    m    — 

ii  réellement  au  même  poisson  ?  Si  cela  est ,  la  seconde  dorsale ,  qui  est  la  plus  i^rande ,  est 
fort  éloignée  de  la  première  et  compte  une  douzaine  de  rayons,  tous  articulés  et  légèrement 
dicliotomés.  à  l'exception  des  premiers  qui  sont  indivis.  La  caudale  est  bilobée  ,  mais  le  lobe 
supérieur  est  un  peu  plus  grand  que  le  lobe  inférieur.  La  pédicule  qui  supporte  cette  na- 
geoire est  très-gréle.  Les  écussons  tégumentaires  sont  disposés  en  trois  rangées,  dont  l'une 
au  milieu .  et  deux  autres  au  bord  ;  ils  sont  triangulaires  et  très-pointus. 

C'est  une  espèce  recueillie  au  Liban  dans  un  terrain  dont  l'âge  géologique  n'est  pas  déter- 
miné rigoureusement ,  mais  qui  appartient  probablement  à  l'étage  supérieur  du  Jura  ou  à  l'é- 
tage inférieur  de  la  Craie.  Les  originaux  de  mes  figures  se  trouvent  dans  la  collection  de 
M.  Amie  .  à  Paris. 

Je  range  aussi  ,  mais  provisoirement .  dans  le  genre  Rhinellus  un  poisson  de  Monte-Boica 
que  je  n'ai  pas  eu  occasion  d'examiner  moi-même ,  mais  dont  il  existe  une  figure  dans  l'ich- 
Ihvolithologie  de  \  érone ,  qui  s'accorde  assez  bien  quant  à  la  forme  générale  avec  les  carac- 
tères de  l'espèce  du  Liban  ;  seulement  le  fossile  de  Monle-Boica  n'a  qu'une  seule  dorsale  et  sa 
caudale  est  arrondie.  Il  se  pourrait  dès-lors  qu'il  fallût  encore  distinguer  ce  poisson  comme  un 
genre  à  part.  Je  l'ai  cependant  inscrit  dans  mes  notes  sous  le  nom  de 

11.   Rhinellus  nasalis  Agass. 

SY>i.  Pegasus  lesiniformis  Itt.  ver.  Tab,  39,  fig.  1.—  De  Bl.  Ich.  p.  36. 

Ce  fossile  est  du  petit  nombre  de  ceux  qui  sont  figurés  dans  VIttiolitologia  veronese  dont  je 
n'ai  pas  retrouvé  l'original  au  Muséum  de  Paris. 


—     262     — 


CHAPITRE  Vil. 


DU  GENRE  OSTRACION  Linn. 


On  connaît  la  singulière  conformation  des  Ostracions  ou  Coffres,  qui,  au  lieu  d'écaillés, 
sont  revêtus  d'une  cuirasse  osseuse  divisée  en  compartimens  plus  ou  moins  réguliers ,  de  ma- 
nière qu'ils  n'ont  de  mobile  que  la  queue,  les  nageoires  et  la  bouche.  Leur  squelette  n'est 
pas  moins  remarquable.  Il  est  composé  d'une  substance  moins  ferme ,  quoique  distinctement 
libreuse ,  moins  ossifiée ,  si  je  puis  m'exprimer  ainsi ,  en  revanche  plus  poreuse ,  plus  cartila- 
gineuse que  celle  d'autres  poissons ,  et  qui  parait  contenir  une  quantité  moins  considérable 
de  phosphate  et  de  carbonate  de  chaux.  C'est  assurément  des  Gymnodontes  proprement  dits  , . 
et  non  des  Sclérodermes,  comme  le  pense  Cuvier,  que  ce  singulier  genre  se  rapproche  le  plus. 
C'est  ce  que  prouve  le  squelette  entier  et  son  affinité  avec  les  Tetraodon  et  les  Diodon ,  quoi- 
que extérieurement  le  poisson  en  diffère  par  les  dents  et  les  tégumens.  Cependant  comme  la 
valeur  relative  de  ces  difïérens  caractères  n'a  pas  encore  été  suffisamment  examinée  ,  je  laisse 
encore  provisoirement  le  genre  Ostracion  parmi  les  Sclérodermes. 

Dans  V  Ostracion  turrihis,  le  squelette  est  très-simple,  composé  de  quinze  vertèbres,  bien  dif- 
férentes entre  elles  par  leur  conformation.  La  dernière  est  une  large  plaque  tétragone,  équi- 
latérale ,  à  l'extrémité  de  laquelle  s'insère  la  caudale ,  qui  est  elle-même  fort  grande ,  quoique 
composée  de  peu  de  rayons  ;  il  y  en  a  dix,  dont  l'externe  de  part  et  d'autre  est  simple  et  aussi 
long  que  les  internes,  qui  sont  fendus  très-profondément  à  plusieurs  reprises,  mais  qui  ne 
sont  articulés  que  de  loin  en  loin.  Les  trois  vertèbres  suivantes,  d'arrière  en  avant,  sont  très- 
petites,  presque  entièrement  cartilagineuses  ;  elles  ont  chacune,  pour  apophyse  épineuse,  une 
petite  lame  courte,  mais  aussi  large  que  la  vertèbre  est  longue,  et  très-haute  vers  son  bord 
supérieur  ;  de  plus  ,  de  part  et  d'autre  ,  une  crête  latérale  semblable  à  une  apophyse  transverse 
dirigée  en  haut;  une  pareille  crête  se  voit  aussi  sur  la  grande  vertèbre  qui  suit.  Du  reste, 
jusque  vers  la  nuque,  la  colonne  vertébrale  est  composée  de  vertèbres  assez  égales  et  plus  lon- 
gues que  hautes.  La  région  qui  porte  la  dorsale  présente  plusieurs  particularités  dignes  de 
remarque  :  les  apophyses  transverses,  qui  forment  de  larges  saillies  obliques  au  bord  infé- 
rieur du  corps  des  vertèbres,  sont  continues  avec  les  apophyses  épineuses,  et  forment  exté- 
rieurement une  lame  oblique  à  travers  le  corps  des  vertèbres  ;  elles  ont  laspect  de  lames  super- 


—  263  — 
posées.  Entre  ces  singulières  apophyses,  et  intinienienl  liés  à  elles,  se  trouvent  les  osselets 
inlerapopliysaires  ,  tloiil  l'extrémité  supérieure  est  renflée  en  massue,  et  l'inférieure  dilatée  laté- 
ralement en  minces  lames.  L'osselet  postérieur  est  une  large  et  grosse  pièce  sublétragone.  Il  en 
est  de  même  de  l'anale ,  qui  n'a  du  reste  pas  d'apophyses  épineuses ,  et  dont  les  longs  osselets 
antérieurs  sont  fort  inclinés  et  disposés  connue  ceux  de  la  dorsale.  La  ceinture  thoracique 
n'est  composée  que  d'un  large  humérus,  qui  s'attache  au  masto'idien  et  au  basilaire.  Le  cu- 
bitus est  également  très-considérable  et  porte  de  petites  pectorales.  Les  os  de  la  tète  sont  en 
partie  très-réduits  ;  le  crâne  forme  une  petite  boîte  relevée  de  larges  et  fortes  crêtes ,  une 
longitudinale  sur  les  frontaux,  une  transversale  sur  le  frontal  postérieur  et  le  mastoïdien,  une 
autre  transversale  sur  l'occipital  externe.  Les  frontaux  antérieurs  forment  également  de  larges 
saillies.  L'ethmo'ide  est  très-allongée  et  à  son  extrémité  s'articulent  les  petites  mâchoires  supé- 
rieures, composées  de  la  réunion  des  maxillaires  et  des  intermaxillaires.  Les  palatins  sont  arti- 
culés avec  l'ethmoïde.  L'arcade  palatine  est  très-développée  ;  elle  forme  une  voûte  avec  le 
crâne  ;  en  revanche,  l'opercule  est  très-réduit.  L'os  hyoïde  est  fort  large  et  donne  insertion 
à  cinq  rayons  branchiostègues.  Les  dents  sont  en  ciseau  ,  et  comprimées  latéralement. 

OsTRAaoK  MicRURUS  Agass.  • 

Vol.  2,ïab.  7fi,  fig.4-0. 

SvN     Ostracioii  turritus  Itt.  vcr.  Tab.  42,  fig.  1. —  Cyclopterus  lumpus  Ut.  ver.  Tab.  65,  fig.  2. —  Balistps  dibiiis 
De  Blainv.  Icli.  p.  33.  —  Bronn  lu.  N"  14. 

Celte  espèce  est  la  seule  de  ce  genre  qui  soit  connue  à  l'état  fossile.  Malgré  le  mauvais  état 
des  deux  plaques  correspondantes  du  Musée  de  Paris ,  dont  je  donne  ici  les  figures  ,  on  peut 
cependant  y  reconnaître  une  partie  des  traits  qui  caractérisent  les  Ostracions  ,  entre  autres  les 
dents  en  ciseau,  la  petite  dorsale,  l'anale  reculée,  et  la  large  plaque  de  la  dernière  vertèbre  qui 
porte  la  caudale.  Cette  nageoire  est  composée  de  douze  (6  et  6)  rayons  très-courts  ,  propor- 
tionnellement à  ce  qu'ils  sont  dans  d'autres  espèces  et  profondément  fourchus,  à  l'exception  du 
premier  de  chaque  lobe  ,  lequel  paraît  être  simple.  Les  rayons  de  l'anale  et  de  la  dorsale  sont 
plus  courts,  mais  également  bifurques.  II  est  probable  que  c'est  à  la  nature  peu  consistante  du 
squelette  qu'il  faut   attribuer   le  mauvais  état  de  conservation  dans  lequel   se  trouvent  nos 
échantillons.  D'un  autre  côté,  la  présence  incontestable  de  plaques  hexagones  au  lieu  d'écaillés 
est  un  caractère  qui  ne  permet  nullement  de  douter  de  l'identité  du  genre  auquel  nous  rap- 
portons notre  poisson.  Enfin  un  dernier  trait,  qui,  bien  que  commun  à  plusieurs  espèces, 
pourra  cependant  servir  à  déterminer  notre  fossile ,  s'il  est  bien  précisé ,  c'est  la  forme  sub- 
rhomboïde du  corps,  relevé  sur  le  dos  en  forme  de  pyramide,  et  le  fait  que  chaque  plaque  pa- 
raît surmontée  dans  son  milieu  d'une  épine,  plus  ou  moins  accusée  et  dont  celle  qui  couronne 


—     264     — 
le  dos  et  la  plus  saillante.  Les  plaques  hexagones  ne  paraissent  pas  être  parfaitement  régu- 
lières ;  les  côtés  supérieur  et  antérieur  sont  d'ordinaire  les  plus  grands,  de  même  que  les  pla- 
ques qui  revêtent  la  région  supérieure  et  antérieure  du  corps  .  sont  plus  grandes  que  celles  des 
régions  inférieure  et  postérieure. 

L'espèce  est  propre  au  terrain  de  Monte  Bolca. 

M.  Konig  a  déposé  au  Musée  britannique  la  tête  d'un  grand  poisson  de  Sheppy,  auquel  il 
a  donné  le  nom  d'Ephippus  Owenii  et  qui  doit  être  envisagé  ,  à  mon  avis  ,  comme  le  type  d'un 
genre  nouveau  de  la  famille  des  Sclérodermes.  Je  crois  même  que  ce  genre  ,  pour  lecjuel  je 
propose  le  nom  de  Glyptocephalus,  est  très-voisin  des  Balistes.  Il  s'en  rapproche  du  moins  par 
la  forme  de  son  crâne  ,  mais  les  ornemens  dont  il  est  couvert  diffèrent.  Ce  sont  des  tubercules 
distincts ,  disposés  en  séries  régulières  qui  rayonnent  du  centre  d'accroissement  de  chaque  os 
vers  ses  bords.  Je  ne  connais  encore  qu'une  seule  espèce  de  ce  genre,  à  laquelle  j'ai  donné  le 
nom  de  Gl.  radiatus  .  à  cause  de  l'arrangement  des  ornemens  du  crâne. 


—     265     — 

CHAPITRE  Vin. 

DE  LA  STRUCTURE  DES  ÉCAILLES  ET  DES  DENIS  DE  LA  FAMILLE  DES  SCLËRODERHES. 


Les  deux  principaux  genres  de  la  famille  des  Sclérodermes,  les  Coffres  et  les  Balisles,  diffè- 
rent à  tel  point,  quant  à  la  structure  des  écailles  et  des  dents,  qu'il  est  impossible  de  leur 
trouver  un  caractère  commun. 

IjCS  écailles  des  Coffres  sont  des  plaques,  en  général  hexagonales,  soudées  ensemble  au 
moyen  d'un  tissu  fibreux  si  serré,  qu'il  est  très-difficile  de  les  dégager.  Pour  en  bien  con- 
naître la  structure,  il  faut  examiner  des  poissons  conservés  à  l'esprit  de  vin;  car  dans  les 
exemplaires  séchés ,  la  couche  inférieure  de  l'écaillé  est  trop  raccornie  et  son  tissu  est  rendu 
par  là  méconnaissable.  L'écaillé  elle-même  est  composée  de  deux  couches  de  substance  fort 
distincte.  La  couche  supérieure  est  dure,  cassante,  semi-transparente,  et  formée  par  une  den- 
tine  très-nettement  caractérisée.  On  y  reconnaît  les  mêmes  tubes  calcifères  fins  et  ramifiés  qui 
existent  dans  les  dents ,  et  c'est  surtout  dans  les  bosses  ou  collicules  dont  les  écailles  sont  sou- 
vent ornées  que  ces  tubes  sont  le  plus  distincts.  Ils  rayonnent  depuis  la  base  de  l'écaillé  vers 
la  surface.  A  la  surface  de  l'écaillé  est  étendue  une  membrane  mince  et  très-délicate  qu'ali- 
mentent des  vaisseaux  sanguins  qui  traversent  la  couche  de  dentine,  en  montant  depuis  un 
réseau  de  vaisseau  fort  élégant  qui  se  trouve  immédiatement  au  dessous  de  la  couche  supé- 
rieure,  et  que  l'on  découvre  facilement  au  travers  de  cette  dernière.  La  couche  inférieure 
des  écailles  est  tout-à-fait  différente.  C'est  une  substance  cornée,  de  couleur  jaunâtre  et  dé- 
posée en  fibres  et  lames  qui  se  croisent  à  angle  droit.  Les  lames  sont  assez  minces,  et  en  gé- 
néral verticales  sur  le  plan  de'  l'écaillé ,  de  sorte  qu'elles  paraissent  comme  suspendues  à  la 
couche  de  dentine.  Elles  sont  criblées  de  nombreux  trous,  ronds  ou  ovales,  dans  lesquels 
des  faisceaux  de  fibres  s'étendent  horizontalement  et  parallèlement  au  plan  de  l'écaillé.  Les 
fibres  de  ces  faisceaux  sont  très-minces,  roides  et  cassantes.  Les  lames  elles-mêmes  paraissent 
composées  de  pareilles  fibres  ;  car  on  en  voit  souvent  des  traces  autour  des  trous ,  ils  sont 
disposés  en  quinconces  assez  réguliers. 

Les  piquans  que  portent  plusieurs  Coffres  ne  sont  autre  chose  que  des  écailles  allongées. 
C'est  surtout  dans  VOstracion  cornwiMS  que  j'ai  pu  me  convaincre  de  cette  structure.  Le  piquant 
est  formé  d'une  gaine  de  dentine  qui  va  en  augmentant  d'épaisseur,  et  dont  l'intérieur  est 
rempli  par  un  noyau  de  substance  cornée,  dont  les  fibres  courent  parallèlement  à  l'axe  du  pi- 
quant, tandis  que  les  lames  sont  disposées  dans  le  sens  transversal. 

ToM.  II ,  2^^  Part.  34 


—     266     — 

Les  écailles  des  Balistes  montrent  aussi  deux  couches  de  substances  différentes,  mais  qui 
sont  beaucoup  moins  nettement  séparées,  tes  écailles  sont  ordinairement  osseuses  et  recou- 
vertes d'une  couche  d'émail  qui  forme  à  elle  seule  les  dessins  variés  dont  la  surface  de  l'é- 
caille  est  ornée.  Cet  émail  est  transparent  et  dur  ;  on  y  découvre  d'espace  en  espace  de  petits 
trous,  destinés  aux  vaisseaux  sanguins,  qui  montent  à  travers  toute  l'épaisseur  de  l'écaillé, 
pour  se  ramifier  dans  la  membrane  qui  en  recouvre  la  surface  externe  ;  mais  on  n'y  voit  au- 
cune trace  de  ces  tubes  calcifères  qui  existent  dans  la  couche  d'émail  des  Coffres,  La  couche 
inférieure  de  l'écaillé  est  osseuse ,  et  conformée  à-peu-près  comme  les  os  squameux  des  ani- 
maux supérieurs,  avec  cette  différence,  que  les  petites  esquilles  et  mailles  de  substance  os- 
seuse sont  ici  tellement  exiguës,  qu'il  faut  le  microscope  pour  les  apercevoir.  Les  interstices 
de  ce  réseau  osseux  sont  remplis  par  une  pulpe  fine  qui  est  composée  presque  uniquement  de 
vaisseaux  sanguins.  Il  n'y  a  aucune  trace  de  la  substance  cornée  qui  forme  la  base  des  écailles 
des  Coffres. 

Les  (hnts  des  deux  genres  ne  sont  pas  moins  différentes.  Celles  des  Balistes  sont  larges . 
taillées  en  biseau  ,  et  reposent  sur  une  mâchoire  creuse,  par  deux  racines  plates  et  verticales, 
dont  l'une,  l'extérieure,  est  beaucoup  plus  longue  que  celle  qui  repose  sur  le  bord  interne  de 
la  mâchoire.  La  dent  est  fixée  par  ces  deux  racines  immédiatement  sur  la  substance  osseuse. 
Les  nouvelles  dents  se  forment  dans  le  creux  de  la  mâchoire,  directement  au  dessous  des  an- 
ciennes, qu'elles  soulèvent  et  font  tomber  en  croissant  ;  les  nouvelles  dents  prennent  alors  la 
place  des  anciennes.  Ce  mode  de  renouvellement  est  fort  analogue  à  celui  des  Crocodiles,  el 
de  cette  manière  le  nombre  des  dents  peut  devenir,  chez  les  Balistes ,  un  caractère  d'espèce , 
ce  qui  n'est  pas  possible  chez  le  plus  grand  nombre  des  autres  poissons,  où  les  nouvelles  dents 
se  forment  à  côté,  et  non  pas  immédiatement  au  dessous  des  anciennes.  Les  dents  des  Ba- 
listes ont  une  seule  cavité  centrale  qui  répète  les  contours  de  la  dent.  De  cette  cavité  par- 
tent des  tubes  calcifères  droits  et  peu  ramifiés  qui  rayonnent  directement  vers  la  surface  de  la 
dent,  à  travers  une  dentine  très-épaisse  et  très-dure.  On  rencontre  chez  quelques  espèces  une 
couche  émaillée  qui  n'est  autre  chose  qu'une  couche  de  dentine  séparée ,  à  tubes  calcifères 
très-fins  el  serrés. 

Les  dents  des  Coffres,  taillées  également  en  biseau  vers  la  pointe,  sont  moins  larges  que 
celles  des  Balistes ,  mais  plutôt  coniques ,  de  couleur  jaunâtre  et ,  à  ce  qu'il  paraît ,  beaucoup 
moins  dures  que  ces  dernières  ;  elles  ont  une  cavité  centrale  d'une  forme  assez  contournée , 
qui  envoie  de  tous  les  côtés  des  ramifications  ,  dont  les  réseaux  sont  en  général  en  forme 
d'anses  dirigées  vers  le  sommet  de  la  dent.  La  substance  dans  laquelle  cette  cavité  ramifiée 
est  creusée  est  une  couche  de  dentine  dure  et  blanche ,  sans  auciuie  trace  de  tubes  calci- 
fères. Cette  couche  est  recouverte  par  un  capuchf>n  de  substance  jaunâtre  dans  lequel  on 
voit  de  nombreux  tubes  calcifères  très-fins  et  très-serrés  qui  rayonnent  vers  la  surface  externe. 
Le  mode  de  reproduction  des  dents  n'est  pas  le  même  chez  les  Coffres  que  chez  les  Balistes  ; 
elles  reposent  dans  la  muqueuse  de  la  bouche ,  et  les  nouvelles  dents  se  forment  à  côté  des 
anciennes. 


267     — 


Tableau  synoptique  des  Sclérodermes. 


Terrains  crétacés. 

Acanthoderma  ovale.  —  Glaris. 

»  spinosum.  —  Glaris. 

,4canthopletirus  serratus.  —  Glaris. 

»  hrevis  Esfert.  —  Glaris. 

Dercetis  elomjatus. — Lewes. 

»         scutatus  Mûnst.  et  Agass.  —  Westphalie. 

Calcaire  de  Monte- Bolca. 

Blochius  loiigirostris.  —  Monle-Bolca. 
Rhinellus  nasalis.  —  Monte-Bolca. 
Ostracion  micrurus.  —  Monte-Bolca. 

Terrains  tertiaires. 
Glyptocephalus  radiatus.  —  Argile  de  Londres.  Sheppy. 

Gisement  douteux. 
Rhinellus  fiircatus.  —  Mont  Liban. 


268 


DE  LA  FAMILLE  DES  GYMNODONTES. 


En  exposant  plus  haut  les  caractères  de  la  famille  des  Sclérodermes ,  j'ai  déjà  suffisamment 
fait  connaître  les  particularités  qui  les  distinguent  des  Gymnodontes ,  pour  pouvoir  me  dis- 
penser d'y  revenir  et  d'insister  de  nouveau  sur  ce  qui  constitue  les  caractères  distinctifs  de  ces 
derniers.  Cependant,  comme  le  nombre  des  espèces  fossiles  est  très-petit  et  qu'elles  appartien- 
nent toutes  au  genre  Diodon ,  je  crois  devoir  ajouter  encore  quelques  détails  sur  la  conforma- 
tion du  squelette  dans  le  genre  Tetraodon ,  pour  donner  une  idée  plus  complète  de  la  famille 
entière.  Je  décrirai  également  celui  d'un  Diodon  vivant  pour  servir  de  comparaison  avec  les 
espèces  fossiles  que  j'ai  représentées.  Enfin,  des  indications  précises  sur  la  structure  des  dents 
et  des  piquans  des  Gymnodontes  compléteront  ce  tableau  de  leur  organisation. 

DU    SQUFXETTE    DES    GYMNODONTES. 

La  colonne  vertébrale  du  Tetraodon  perspicUlahis ,  que  j'ai  eu  occasion  d'examiner  au  mu- 
sée de  Francfort,  où  M.  Ruppell  a  déposé  un  fort  beau  squelette  de  ce  poisson  ,  n'est  com- 
posée que  de  dix-huit  vertèbres  qui  sont  assez  distinctes  ;  il  y  en  a  huit  abdominales  et  dix  cau- 
dales ;  leur  longueur  égale  environ  leur  largeur  ;  la  surface  de  leur  corps  est  irrégulièrement 
sinueuse.  Les  corps  de  vertèbres  sont  faiblement  comprimés.  Il  n'y  a  pas  de  côtes.  Les  apo- 
physes épineuses  qui  naissent  des  différentes  régions  sont  très-différentes  entre  elles  ;  les  cinq 
abdominales  antérieures  ont  même  pour  norme  un  type  qui  se  rapproche  du  Spina  bifida,  en 
ce  que  les  arcs  de  droite  et  de  gauche  des  apophyses  épineuses  ne  se  réunissent  pas  ;  celles  des 
trois  premières  vertèbres  divergent  même  considérablement  en  dehors ,  et  l'on  verrait  à  nu 
la  moelle  épinière,  s'il  n'existait  pas  une  masse  osseuse  transverse  entre  elles,  formant  une 
espèce  de  voûte  vers  la  base  des  apophyses.  La  quatrième  vertèbre  a  les  apophyses  moins  dis- 
tantes ;  et  dans  la  cinquième  elles  sont  parallèles  et  presque  accolées  l'une  à  l'autre,  sans  se 
confondre.  Cette  disposition  rappelle  une  loi  générale  de  l'organisation  du  squelette  des  pois- 
sons et  même  des  vertébrés  en  général  :  c'est  que,  quelle  que  soit  la  forme  des  apophyses 
épineuses,  elles  sont  composées  de  deux  pièces  paires.  Dans  la  plupart  des  poissons  osseux 
malacoplérygiens ,  ces  deux  pièces  restent  distinctes ,  quoique  très-rapprochées  ,  et  le  canal 
de  la  moelle  allongée  se  ferme  par  une  petite  pièce  transverse  confondue  avec  les  apophyses  ; 
mais  ici  ces  parties  sont  tellement  divergentes,  que  l'on  croirait  avoir  sous  les  yeux  une  ano- 
malie bifide  de  la  colonne  vertébrale.  Ces  apophyses  sont  aussi  fort  larges ,  la  cinquième  sur- 
tout ,  qui  s'étend  au-delà  des  bords  du  corps  de  la  vertèbre.  Les  apophyses  épineuses  supé- 


—  269  — 
rieures  des  cinq  vertèbres  suivantes,  ou  des  trois  dernières  abdominales  et  des  deux  premières 
caudales  sont,  au  contraire,  effilées,  arrondies  et  beaucoup  plus  longues  (la  dernière  exceptée, 
qui  est  fortement  inclinée  en  arrière)  ;  c'est  entre  elles  que  les  osselets  inlerapophysaires  de 
la  dorsale  sont  fixés.  Le  nombre  de  ces  osselets  paraît  être  de  huit  ;  cependant  ils  sont  si  inti- 
mement liés  par  leur  extrémité  supérieure ,  qu'il  est  plus  facile  d'en  connaître  le  nombre  par 
les  crêtes  saillantes  de  leurs  côtés,  que  de  les  compter  directement  ;  le  premier  est  placé  obli- 
quement sur  la  pointe  de  la  sixième  et  de  la  septième  vertèbre  abdominale  ;  le  second,  qui  est 
le  plus  grand  et  le  plus  large,  est  dilaté  à  son  extrémité  supérieure,  de  manière  à  former  une 
crête  osseuse  en  avant  de  la  base  de  la  nageoire  ;  il  occupe  la  plus  grande  partie  de  l'espace 
compris  entre  les  septième  et  huitième  vertèbres  abdominales  ;  les  rayons  de  la  nageoire  sont 
insérés  sur  les  onglets  suivans  par  une  masse  cartilagineuse  informe  et  sans  articulation  distincte. 
Les  dix  rayons  de  la  nageoire  sont  assez  gros,  divisés  à  plusieurs  reprises,  maïs  surtout  arti- 
culés de  très-près  jusqu'au  tiers  inférieur  de  leur  longueur.  Les  huit  dernières  vertèbres  ont 
de  nouveau  des  apophyses  épineuses  supérieures  courtes ,  dont  la  largeur  va  en  augmentant 
jusqu'à  l'extrémité  de  la  queue,  où  elles  forment,  avec  les  inférieures  qui  leur  correspondent, 
une  large  plaque  arrondie  sur  le  bord  extrême  de  laquelle  les  rayons  de  la  caudale  sont  insé- 
rés. Sur  les  vertèbres  abominales,  les  apophyses  articulaires  sont  peu  distinctes  ;  mais  sur  les 
caudales  elles  apparaissent  sous  la  forme  de  petits  mammelons  saillans  aux  bords  antérieurs 
supérieur  et  inférieur  de  chaque  vertèbre.  Dans  la  dernière  vertèbre  caudale,  la  plaque  qui 
porte  les  rayons  provient  évidemment  du  développement  des  six  dernières  apophyses  normales; 
cela  est  surtout  évident  pour  la  portion  inférieure  de  la  vertèbre,  dont  les  trois  rayons  apophy- 
saires  antérieurs  sont  distincts.  Les  rayons  de  la  nageoire  sont  très-gros,  fréquemment  divisés, 
et  articulés  transversalement  et  de  près  ;  il  n'y  a  que  cinq  rayons  au  lobe  supérieur,  et  six  au 
lobe  inférieur,  dont  l'externe  est  court  et  simple.  L'avant-dernière  vertèbre  a  une  apophyse 
épineuse  inférieure  très-dilatée,  dont  l'extrémité  s'étend  jusqu'aux  rayons  de  la  nageoire  cau- 
dale. Les  autres  vertèbi'es  caudales  ont  en  général  les  apophyses  épineuses  inférieures  plus 
grandes  que  les  supérieures ,  surtout  aux  vertèbres  antérieures  ;  la  première  vertèbre  caudale 
surtout  diffère  beaucoup  des  autres  par  ses  apophyses  inférieures,  dont  les  bords  internes  res- 
tent parallèles  entre  eux,  et  sont  fermés  par  une  lame  transverse  très-mince  ,  tandis  que  leurs 
extrémités  inférieures  se  dilatent  latéralement  et  forment  une  arête  transverse  sous  la  vertèbre 
à  laquelle  s'attache  le  premier  inlerapophysaire  de  l'anale.  Celui-ci  a  une  conformation  tonte 
ditïérente  de  ce  qu'on  observe  ordinairement  dans  les  poissons  :  comprimé  latéralement  à  sa 
partie  inférieure,  cet  os  se  dilate  de  plus  en  plus  à  son  extrémité  supérieure  qui  est  fortement 
comprimée  d'avant  en  arrière,  ensorte  qu'il  forme  une  aile  saillante  sur  les  côtés  de  Pos,  dont 
l'extrémité  supérieure  tronquée  est  mobile  sur  l'arête  transverse  inférieure  de  la  première 
vertèbre  caudale.  Les  deux  osselets  suivans  sont  presque  de  moitié  plus  courts  et  simplement 
comprimés  sur  les  côtés.  La  ceinture  thoracique  est  très-curieuse  ;  le  scapulaire  est  un  os  très- 
simple  ,  triangulaire ,  à  angles  arrondis  ;  l'humérus  est  large  dans  sa  partie  supérieure  et  pos- 


—     270     — 

térieure,  et  va  en  s'amincissant  en  pointe  comprimée  vers  la  gorge  ;  de  sa  surface  interne  s'é- 
lève une  crête  très-saillante  dans  la  partie  horizontale  inférieure  de  cet  os.  C'est  sur  le  bord 
de  celte  crête  que  sont  fixés  le  radius  et  le  cubitus  ;  le  premier,  qui  est  le  plus  petit,  est  percé 
d'un  trou  ovale  qui  résulte  de  la  juxta-position  de  la  grande  échancrure  de  son  bord ,  contre 
la  crête  humérale  interne  ;  le  cubitus  est  beaucoup  plus  grand ,  mince  à  son  extrémité  anté- 
rieure ,  et  dilaté  en  forme  de  disque  hémisphérique  en  arrière ,  présentant  de  cette  manière 
aussi  une  échancrure  contre  la  crête  humérale.  Il  y  a  quatre  os  métacarpiens,  dont  les  trois 
inférieurs  sont  les  plus  grands  et  parallèles  entre  eux  ;  dilatés  en  spatule  à  leur  extrémité  et 
arrondis  au  milieu  ,  ils  enclavent  trois  trous  de  forme  ovale.  Le  bord  postérieur  de  leur  réu- 
nion est  légèrement  arqué  et  porte  les  dix-huit  rayons  de  la  pectorale.  En  arrière  de  l'angle 
postérieur  de  l'humérus,  il  y  a  deux  os  styloïdes  arrondis,  insérés  à  la  suite  l'un  de  l'autre, 
et  dont  l'extrémité  dépasse  la  longueur  des  pectorales.  Il  n'existe  ni  ventrales,  ni  os  du  bassin. 

Tous  les  os  du  crâne  sont  intimement  soudés  entre  eux ,  même  l'arcade  temporale  et  pala- 
tine est  immobile  ;  il  n'y  a  que  les  mâchoires  qui  puissent  tourner  sur  leurs  gonds,  et  l'oper- 
cule qui  soit  susceptible  de  s'écarter  et  «le  se  rapprocher  de  la  tête.  Vu  en  dessus,  le  crâne  pa- 
raît très-large  ,  à  cause  de  la  dilatation  extérieure  des  os  mastoïdiens  ,  et  surtout  de  la  voûte 
qui  domine  les  orbites  et  qui  est  formée  des  frontaux  principaux  conjointement  avec  les  frontaux 
antérieurs  et  postérieurs.  L'opercule  est  étroit,  et  se  termine  en  bas  en  une  longue  pointe  qui 
est  entourée  d'un  os  bifurqué  ,  représentant  le  subopercule  et  l'interopercule.  Le  préopercule 
est  une  large  plaque  triangulaire,  terminée  par  devant  en  une  longue  pointe  qui  s'étend  jusque 
vers  l'articulation  du  jugal.  Le  temporal  est  caché  derrière  le  préopercule  ,  l'angle  de  l'oper- 
cule et  l'apophyse  externe  du  frontal  postérieur.  Le  jugal  est  le  plus  grand  os  de  l'arcade  pa- 
latine; il  a  une  large  rotule  articulaire  transverse  à  son  extrémité  inférieure.  L'elhmoïde  est 
un  petit  os  étroit  placé  en  avant  des  frontaux  principaux  et  entre  les  frontaux  antérieurs  ;  en 
avant  de  l'ethmoïde,  les  palatins  sont  articulés  par  une  suture  osseuse.  La  mâchoire  supérieure 
est  composée  des  intermaxillaires  et  des  maxillaires ,  qui  sont  soudés  en  une  masse  com- 
pacte, de  telle  sorte  cependant  que  l'on  reconnaît  encore  que  les  dents  appartiennent  en  en- 
tier aux  intermaxillaires.  Ces  pièces  sont  mobiles  entre  les  palatins  et  rethmoïde.  La  mâchoire 
inférieure  est  très-courte  et  armée  comme  la  supérieure.  Le  vomer  est  une  lame  perpendi- 
culaire ,  plate ,  très-large ,  et  tranchante  à  son  bord  inférieur,  semblable  par  sa  forme  au 
vomer  de  l'homme  ;  il  est  placé  sous  les  frontaux  entre  les  deux  orbites.  Les  arcs  branchiaux 
et  le  corps  de  l'os  hyoïde  n'ont  rien  de  particulier  ;  mais  les  cornes  antérieures  et  latérales 
sont  très-développées  et  portent  des  rayons  branchiostègues  qui  sont  au  nombre  de  six  ;  le  pre- 
mier, qui  est  énorméiiient  large  ,  recouvre  une  grande  partie  de  la  gorge  ;  sa  forme  ne  laisse 
aucun  doute  sur  la  nature  de  la  plaque  qui  recouvre  la  gorge  des  Polypterus,  et  qui  y  remplace 
les  rayons  branchiostègues.  Les  cinq  suivans  sont  également  très-longs,  mais  grêles  et  arrondis. 

Le  squelette  du  Diodon  Schokie ,  que  j'ai  également  étudié  au  Musée  de  Francfort,  est  en 
général  conforme  à  celui  du  Tetraodon  qui  vient  d'être  décrit ,  quant  au  plan  de  son  organi- 


—     i71      — 

salion  ;  mais  il  y  a  des  difTérenccs  notables  dans  la  forme;  la  tète  est  proportionnellement  plus 
grosse  et  plus  arrondie .  la  voûte  susorbitale  plus  spacieuse,  l'inleropercule  plus  grand,  le 
maxillaire  supérieur  plus  développé  à  son  extrémité.  D'un  autre  côté,  la  partie  palatine  et  man- 
dibulaire  de  la  gaine  dentaire,  qui  est  plissée  à  l'intérieur  de  la  bouche  ,  et  qui  y  forme  cette 
plaque  circulaire  si  connue  et  que  l'on  a  si  faussement  comparée  à  certains  palais  fossiles .  a 
ceci  de  très-particulier  et  de  caractéristique,  c'est  que  l'on  voit  distinctement  sur  son  milieu 
une  suture  médiane  qui  prouve  la  parité  des  côtés  de  cette  plaque  ;  tandis  que  toutes  les  dents 
fossiles  qu'on  lui  a  comparées ,  ne  sont  que  des  dents  isolées  de  l'un  ou  de  l'autre  côté  des 
mâchoires.  Les  plaques  des  Diodons  sont  composées  de  lames  obliques  qui  se  forment  sur  le 
bord  postérieur  de  la  plaque,  et  dont  le  bord  antérieur,  usé  au  fur  et  à  mesure,  est  constam- 
ment remplacé  par  les  nouvelles  lames  qui  marchent  d'arrière  en  avant. 

Comme  dans  le  Telraodon ,  le  premier  rayon  branchiostègue  est  une  large  plaque  ;  l'hu- 
mérus forme  une  voûte  plus  forte  en  avant  de  l'insertion  de  la  nageoire.  Le  nombre  des  ver- 
tèbres abdominales  est  de  onze,  et  il  y  en  a  huit  caudales.  Depuis  la  huitième  vertèbre  jusqu'à 
la  quatorzième,  les  apophyses  inférieures  se  dirigent  obliquement  et  pres(|ue  horizontalement 
en  avant  sur  les  côtés  du  corps  de  la  vertèbre  ;  et  c'est  sous  le  plateau  fonné  par  ces  ailes 
transverses  que  sont  insérés  les  osselets  interapophysaires  qui  portent  les  rayons  de  l'anale. 
Plus  loin  les  apophyses  épineuses  inférieures  semblent  former  la  continuation  naturelle  des 
osselets  interapophysaires.  Il  en  est  de  même  de  la  dorsale  :  les  osselets  interapophysaires  sont 
confondus  avec  les  petites  apophyses  épineuses  jusqu'à  la  quatorzième  vertèbre  ;  mais  plus 
loin  ,  il  y  a  de  nouveau  d'épaisses  apophyses  ;  la  dernière  est  une  grosse  plaque  arrondie. 


DE    LA    STRUCTURE    DES    DENTS    ET    DES    PIQUANS    DES    GYMNODONTES. 

Extérieurement  les  piquans  des  Diodons  sont  fort  différents  des  écailles  larges  et  plates  des 
CofTres  ;  mais  ils  leur  ressemblent  pourtant  beaucoup  par  leur  structure.  J'ai  déjà  fait  voir  que 
les  grands  piquans  de  quelques  espèces  de  Coffres,  de  VOstracion  cornutus ,  par  exemple,  ne 
sont  que  des  plaques  écailleuses  allongées.  11  en  est  de  même  des  piquans  des  Diodons ,  qui 
sont  grêles,  acérés,  cylindriques  vers  la  pointe,  et  implantés  dans  la  peau  par  une  base  à  trois 
cornes  à  laquelle  s'attachent  des  muscles  propres  à  les  mouvoir,  La  substance  principale  de 
ces  piquans  est  une  dentine  compacte  et  transparente,  qui  forme  à  elle  seule  toute  la  pointe, 
tandis  que  vers  la  base  ,  elle  ne  forme  que  la  couche  supérieure.  Cette  dentine  ,  déposée  en 
couches  concentriques  très-régulières  ,  est  traversée  par  un  grand  nombre  de  tubes  calcifères 
très-fins  ,  droits  et  très-serrés  ,  qui  rayonnent  vers  la  périphérie.  Une  coupe  transversale  d'un 
picjuant  pareil  prise  près  de  la  pointe  ressemble  à  une  coupe  d'un  tronc  d'arbre  avec  ses  nom- 
breux anneaux  d'accroissement  et  ses  fibres  rayonnantes.  Une  masse  presque  homogène,  jaune 
et  de  nature  cornée,  s'ajoute  à  celte  dentine,  à  la  base  du  piquant  dont  elle  remplit  le  centre. 


—     272     — 

Quoique  cette  substance  ressemble  en  tout  à  celle  que  nous  avons  trouvée  dans  les  écailles  des 
Coflfres ,  il  lui  manque  pourtant  cette  élégante  disposition  en  feuillets  et  fibres  qui  caractérise 
ces  derniers.  Les  piquans  des  Diodons  sont  donc  des  écailles  de  Coffres  transformées,  allongées 
et  isolées ,  où  la  couche  d'émail  ou  de  dentine  a  pris  le  dessus ,  tandis  que  la  couche  cornée 
est  singulièrement  réduite. 

Les  dents  des  Gymnodontes  sont  d'une  structure  toute  particulière ,  qui  est  la  même  dans 
tous  les  genres.  On  peut  y  distinguer  deux  parties ,  une  racine  ,  par  laquelle  la  dent  est  im- 
plantée sur  l'os  de  la  mâchoire,  et  une  couronne  composée  de  lames  verticales  de  dentine.  La 
racine  est  de  dentine  homogène  ,  transparente,  traversée  par  un  grand  nombre  de  canaux  mé- 
dullaires, qui  forment  des  réseaux  quelquefois  très-élégans.  Une  grande  quantité  de  tubes  cal- 
cifères  partent  de  ces  canaux  ;  ils. sont  courts,  très-ramifiés ,  à  la  manière  des  arbres,  et  diri- 
gés dans  tous  les  sens.  L'aspect  de  la  racine  est  le  même  que  chez  la  plupart  des  poissons 
osseux  et  une  partie  des  poissons  cartilagineux ,  surtout  des  Requins ,  qui  n'ont  pas  de  cavité 
pulpaire  unique. 

Au  dessus  de  cette  racine  s'élèvent  des  lames  verticales  d'une  dentine  tellement  dure  ,  que 
je  la  crois  même  siliceuse;   du  moins  donne-t-elle  quelquefois  des  étincelles  au  briquet;  les 
lames  font  le  tour  de  la  mâchoire  et  sont  courbées  comme  cette  dernière.  La  seule  différence 
que  l'on  remarque  à  cette  égard  entre  les  Diodons  et  les  Tétraodons,  etc. ,  c'est  que,  chez  les  pre- 
miers, chaque  lame  fait  le  tour  de  la  mâchoire,  tandis  que,  chez  les  Tétraodons,  il  y  a  une  suture 
au  milieu  ,  où  les  lames  sont  enchâssées  ,  comme  les  dents  d'une  roue  de  montre.  Les  lames 
elles-mêmes  sont  concentriques  et  s'amincissent  vers  l'intérieur,  ce  qui  leur  donne  la  forme 
d'un  ciseau  large  et  tranchant  à  son  bord  extérieur  vertical,  tandis  qu'il  s'abaisse  graduellement 
avec  chaque  lame,  jusque  vers  la  muqueuse  de  la  bouche.  Les  vaisseaux  nutritifs  de  la  dent 
montent  depuis  la  racine  par  les  interstices  des  lames ,  et  c'est  de  ces  mêmes  interstices  que 
partent  aussi  les  tubes  calcifères  ;  ces  derniers  sont  excessivement  nombreux  ,  fins  ,  serrés  ,  et 
dirigés  horizontalement,  de  manière  qu'ils  sont  à  angle  droit  avec  le  plan  des  lames.  Un  fait  cu- 
rieux c'est  que  chez  les  Tétraodons  une  partie  de  la  racine  se  recourbe  d'arrière  en  avant,  pour 
couvrir  le  sommet  des  lames  postérieures ,  de  manière  qu'il  n'y  a  que  les  lames  extérieures 
formant  le  tranchant  du  biseau  qui  soient  entièrement  découvertes.  Il  paraît  qu'à  mesure  que  les 
lames  externes  s'usent ,  les  lames  internes  les  remplacent,  et  que  les  lames  nouvellement  for- 
mées (qui  sont  toujours  les  postérieures) ,   sont  dans  l'origine  préservées  de  l'usure  par  une 
couche  de  dentine  différente. 

Il  résulte  de  tout  ceci  que  les  dents  des  Gymnodontes  ressemblent  beaucoup  à  celles  des 
poissons  cartilagineux  broyeurs .  tels  que  les  Callorhynques  et  les  Cestraciontes  en  général , 
avec  cette  différence  ,  qu'au  lieu  de  canaux  médullaires  verticaux  et  isolés ,  il  y  a  des  fissures 
longitudinales,  desquelles  partent  les  tubes  calcifères.  Qu'on  place  par  exemple  les  canaux  de 
la  dent  d'un  Callorhynque  en  ligne  droite  et  qu'on  les  réunisse  par  des  fissures,  et  l'on  aura 
la  structure  de  la  dent  d'un  Gymnodonte. 


—     275     — 


DU  GENRE  DIODON  EX  PARTICULIER. 


Ce  genre  se  distingue  par  une  foule  de  particularités  intérieures  et  extérieures  qui  en  font 
l'un  des  plus  curieux  types  de  la  faune  ichthyologique  actuelle.  Extérieurement  il  est  facile  à 
reconnaître  aux  aiguillons  très-pointus  dont  son  enveloppe  tégumentaire  est  hérissée.  Le  corps 
est  orbiculaire,  allongé  ou  sphérique,  suivant  les  espèces.  La  tête  est  grosse  et  obtuse  ;  mais 
le  caractère  le  plus  important  réside  dans  les  mâchoires  qui ,  au  lieu  de  dents ,  ne  portent 
qu'une  plaque  divisée  d'avant  en  arrière  par  une  rainure  très-marquée  et  sillonnée  transversa- 
lement,  qui  sert  d'instrument  de  mastication.  Les  plaques  se  détachent  facilement  de  la  mâ- 
choire ;  aussi  ne  sont-elles  pas  très-rares  dans  les  collections  de  fossiles.  Cependant  elles  parais- 
sent être  limitées  aux  formations  récentes. 

Je  ne  connais  jusqu'ici  que  trois  espèces  fossiles  de  ce  genre  ,  les  Diotlon  tenuispinus ,  Eri- 
naceus  et  Scillae. 

J'ai  pu  m'assurer  par  la  comparaison  de  la  première  de  ces  espèces  avec  les  espèces  vi- 
vantes, que  le  genre  Theralichthys  de  Kœnig  n'est  autre  chose  qu'un  Diodon  de  grande  taille. 

l.  Diodon  tenuispinus  Âgass. 
Vol.  2,  Tab.  74,fig.  2-3. 

Syn.    Tetraodon  hispidus  Ut.  ver.  Tab.  8,  fig.  3.,—  Tetraodon  Honckenii  Itt.  ver.  Tab.  8,  fig.  2.  —  De  Blainv, 
IchUi.  p.  34.  —  Bronn.  It.  N"  12  et  13. 

C'est  une  espèce  de  petite  taille  qui  n'a  guère  qu'un  pouce  de  long.  Son  corps  quelque  peu 
informe  ne  ressemble  pas  mal  dans  ses  contours  à  un  gros  têtard  de  grenouille.  Ce  qui  le  dis- 
tingue de  la  plupart  des  espèces  vivantes,  ce  sont  les  aiguillons  très-fins  et  très-nombreux  de 
son  enveloppe  tégumentaire.  La  tète  est  courte  et  tronquée  en  avant;  la  mâchoire  inférieure 
déborde  de  beaucoup  la  supérieure  f  ce  qui  m'a  permis  d'y  reconnaître  la  forme  particulière 
de  la  plaque  dentaire.  Les  nageoires  sont  assez  développées  ;  la  caudale  en  particulier  ressort 
d'autant  plus  que  le  corps  se  comprime  et  se  rétrécit  d'une  manière  très-brusque  immédiate- 
ment avant  son  insertion.  On  distingue  également  dans  notre  exemplaire,  la  dorsale,  les  pec- 
torales et   les  ventrales;   ces  dernières  sont   surtout    développées  sur  les   côtés  du  ventre 

(fig-  2). 

Tau.  Il ,  2'  Part.  35 


—     274     — 

Les  premiers  exemplaires  que  j'ai  vus  de  cette  espèce  se  trouvent  dans  la  collection  de  M. 
le  Docteur  Hartmann  à  Gœppingen.  Il  en  existe  aussi  plusieurs  plaques  au  muséum  de  Paris. 
Tous  proviennent  de  Monle-Boica  et  paraissent  être  propres  à  cette  localité. 

II.   DlODON    SCILLAE    AgaSS. 

Cette  intéressante  espèce,  que  Scilla  a  possédée  dans  sa  collection,  n'est  connue  que  par  des 
plaques  dentaires  isolées  de  la  largeur  d'un  pouce  environ  ;  ce  qui  fait  supposer  qu'elles  pro- 
viennent d'un  poisson  d'assez  grande  taille.  Les  sillons  de  la  surface  sont  régulièrement  es- 
pacés ,  assez  rapprochés  et  (inement  crénelés.  Ces  fossiles  proviennent  probablement  des  ter- 
rains tertiaires  du  midi  de  lltalie.  J'en  ai  vu  des  exemplaires  dans  les  collections  de  lord  En- 
niskillen  et  de  sir  Philipp  Egerton  et  aux  Musées  de  Cambridge  et  de  Soleure. 

Mon  Diodon  Erinaceus  est  une  espèce  de  trois  pouces  de  long,  remarquable  par  sa  forme 
ovale  et  par  ses  piquans  courts,  robustes  et  assez  clair-semés.  J'en  donnerai  plus  tard  une 
description  détaillée ,  accompagnée  de  figures.  11  en  existe  des  exemplaires  dans  les  collec- 
tions de  Lord  Eimiskillen  et  de  Sir  Philipp  Egerton. 


—     275 


DE  LA  FAMILLE  DES  LOPHOBR ANCHES. 


L'absence  complète  de  préparations  propres  à  éclaircir  l'histoire  de  l'organisation  de  cette 
intéressante  famille  ,  m'empêche  de  donner  des  renseignemens  particuliers  sur  la, conformation 
du  squelette  du  genre  Syngnathus  et  des  autres  genres  qui  pourraient  servir  de  terme  de 
compai-aison  avec  les  espèces  fossiles.  Je  me  trouve  même  dans  l'impossibilité  de  suppléer  à 
cette  lacune  par  les  observations  d'autres  naturalistes  sur  l'anatomie  de  ces  poissons;  car  je  ne 
trouve  nulle  part  une  description  détaillée  du  squelette  et  des  écailles  des  Lophobranches.  Je 
devrai  par  conséquent  me  borner  à  indiquer  leurs  caractères  extérieurs  ,  en  attendant  que  j'aie 
le  loisir  de  m'occuper  d'un  travail  monographique  de  cette  famille,  ou  que  quelque  habile 
anatomiste  dote  la  science  d'un  travail  complet  sur  ce  sujet. 

Cuvier,  qui  a  établi  la  famille  des  Lophobranches,  la  caractérise  de  la  manière  suivante (*j  : 
•  Ce  sont  des  poissons  à  mâchoires  complètes  et  libres  ,  mais  qui  se  distinguent  amplement  par 
leurs  branchies,  qui,  au  lieu  d'avoir,  comme  à  l'ordinaire,  la  forme  de  dents  de  peigne,  se 
divisent  en  petites  houppes  rondes ,  disposées  par  paires  le  long  des  arcs  branchiaux  ;  struc- 
ture dont  aucun  autre  poisson  n'a  encore  ofifert  d'exemple.  Elles  sont  enfermées  sous  un  grand 
opercule  attaché  de  toutes  parts  par  une  membrane  qui  ne  laisse  qu'un  petit  trou  pour  la 
sortie  de  l'eau,  et  ne  montre,  dans  son  épaisseur,  que  quelques  vestiges  de  rayons.  Ces  pois- 
sons se  reconnaissent  en  outre  à  leur  corps  cuirassé  d'une  extrémité  à  l'autre  par  des  écussons 
qui  le  rendent  presque  toujours  anguleux.  Ils  sont  généralement  de  petite  taille  et  presque 
sans  chair.  Leur  intestin  est  égal  et  sans  cœcums  ;  leur  vessie  natatoire  mince .  mais  assez 
grande  à  proportion.  » 

Je  ne  connais  encore  que  deux  espèces  fossiles  de  celte  famille.  La  plus  remarquable  cons- 
titue un  genre  à  part ,  différent  des  types  génériques  de  notre  époque  ;  c'est  mon  Calamos- 
toma  brevicuhim;  l'autre  appartient  au  genre  Syngnathus.  Ces  poissons  paraissent  excessive- 
ment rares ,  car  je  n'en  ai  encore  vu  qu'un  exemplaire  de  chaque  ,  provenant  l'un  et  l'autre 
de  Monte-Bolca. 

(")  Cuvier,  le  Règne  Animal ,  1829  ,  lom.  H  ,  p.  361. 


276 


Calamostoma  BREvicuLiTM  Agass. 


Vol.  2,  Tab.  Ik,  %.  {. 

Syn.  Pegasus  natans  Ut.  ver.  Tab.  5  ,  fig.  3.  —  Syngnathus  hreviculus  De  Blainv.  Icli.  p.  35. 

Ce  joli  petit  poisson ,  qui  est  figuré  dans  l'Ichthyologie  véronaise ,  sous  le  nom  de  Peyasus 
natans,  et  dont  M.  de  Blainville  a  fait  son  Syngnathus  hreviculus,  appartient  réellement,  par 
toute  son  organisation ,  à  la  famille  des  Lophobranches  ;  mais  on  ne  saurait  le  réunir  au  genre 
Syngnathus ,  pas  plus  qu'à  celui  des  Pégases  ;  il  est  le  type  d'un  petit  genre  à  part .  auquel 
d'autres  espèces  viendront  peut-être  se  rattacher  un  jour  ;  je  l'appelle  Calamostoma ,  à  cause 
de  la  forme  tubuleuse  de  son  rostre.  C'est,  en  définitive,  des  Hippocampus  qu'il  se  rapproche 
le  plus  ;  mais  il  en  diffère ,  comme  genre  ,  par  la  présence  d'une  nageoire  arrondie  à  l'extré- 
mité de  sa  queue.  L'état  de  notre  exemplaire  ne  permet  pas  de  préciser  la  nature  des  autres 
nageoires  ;  il  parait  cependant  qu'il  y  a  de  petites  pectorales  et  que  la  dorsale  commence  im- 
médiatement à  la  nuque  ;  il  est  probable  qu'il  y  avait  à  l'anus  une  saillie  semblable  à  celle  de 
l'Hippocampus  ,  mais  moins  prépondérante.  Les  flancs  sont  garnis  de  trois  rangées  principales 
d'écaillés  carrées ,  plus  hautes  que  longues ,  et  qui  vont  en  se  rétrécissant  de  plus  en  plus  vers 
la  queue.  Une  quatrième  rangée  recouvre  le  ventre,  et  une  cinquième  le  dos;  les  écailles  de 
celte  dernière  se  terminent  en  petits  crochets  imbriqués.  Le  bec  est  très-effilé,  spatuliforme  ; 
Il  occupe  à-peu-près  le  tiers  de  la  longueur  totale  du  poisson. 

Du  terrain  de  Monte-Bolca.  L'orisinal  de  ma  fic:ure  se  trouve  au  muséum  de  Paris. 

Syngnathus  opisthoptekus  Agass. 

Stn.  Syngnathus  Typhlc  Itt.  ver.  58  ,  fig.  1.  —  De  Blainv.  Ich.  p.  85-  —  Bronn.  II.  N"  'J6. 

Le  genre  Syngnathus  proprement  dit  a  aussi  des  représentans  dans  l'Ichthyologie  fossile.  Il 
existe  au  muséum  de  Paris  deux  plaques  correspondantes  d'une  espèce  que  je  désigne  sous  le 
nom  de  Syngnathus  opislhopterus.  Volta,  dans  l'Ichthyologie  véronaise  (Tab.  38,  fig.  i),  le 
confond  ,  à  tort ,  avec  le  Syngnathus  typhle.  C'est  une  espèce  particulière  de  Monte-Boîca  ,  ap- 
partenant à  la  division  des  espèces  qui  ont  une  caudale,  une  anale  et  une  dorsale.  Celte  der- 
nière nageoire  est  très-reculée ,  ce  qui  a  valu  à  notre  poisson  le  nom  que  je  lui  ai  donné.  Ce 
caractère  le  distingue  suffisamment  des  espèces  vivantes. 


—     277     — 


DE^LA  FAMILLE  DES  AGCIPENSERIDES. 


Quoique  la  famille  des  Accipensérides  ne  soit  pas  mentionnée  dans  le  tableau  des  Ganoïdes 
fossiles  qui  se  trouve  en  tête  de  ce  volume,  elle  a  cependant  eu  ses  représentans  dans  les 
époques  biologiques  antérieures  à  la  nôtre  ;  mais  je  n'ai  eu  occasion  d'apprendre  à  les  con- 
naître que  depuis  peu  d'années,  et  je  n'en  ai  figuré  aucun  dans  mes  planches.  Cependant  je 
ne  saurais  terminer  cet  ouvrage  sans  annoncer  positivement  l'existence  des  Esturgeons  dans 
les  faunes  des  terrains  jurassiques  et  tertiaires.  Je  pense  même  qu'il  ne  sera  pas  inutile  de 
donner  ici  quelques  détails  sur  la  charpente  solide  de  ces  poissons  pour  faciliter  les  recherches 
ultérieures  sur  cette  famille.  La  connaissance  des  Esturgeons  importe  d'ailleurs  beaucoup  à 
l'ichlhyologie  systématique,  parce  qu'ils  forment  le  lien  naturel  qui  rattache  les  Loricaires  et 
les  Silures  aux  Ganoïdes  des  temps  anciens. 

Par  la  comparaison  que  j'en  ai  faite,  j'ai  réellement  acquis  la  conviction  que  le  genre  Sca- 
phirhynchus  de  Heckcl  établit  un  passage  très-insensible  des  Esturgeons  aux  Loricaires  ;  or, 
de  ceux-ci  aux  Silures  il  y  a  tous  les  intermédiaires  possibles,  ensorle  que  je  ne  mets  plus 
en  doute  la  nécessité  de  réunir  les  Silures,  les  Loricaires  et  les  Esturgeons  dans  un  même 
ordre  avec  les  Lophobranches ,  les  Plectognathes  et  les  Ganoïdes  des  terrains  anciens  que  j'ai 
décrits  comme  familles  à  part  sous  les  noms  de  Pycnodontes,  de  Célacanthes,  de  Sauroïdes  et 
de  Lépidoïdes.  Ce  qui  distingue  surtout  les  Esturgeons,  c'est  que  leur  corps  est  revêtu  de  plu- 
sieurs rangées  longitudinales  de  gros  écussons  qui  recouvrent  partiellement  sa  surface,  mais 
qui  laissent  sur  les  côtés  de  larges  bandes  garnies  de  petites  paillettes  écailleuses.  La  bouche 
est  petite  et  ouverte  sous  le  rostre;  elle  est  dépourvue  de  dents.  La  caudale  a  une  forme  très- 
inaccoutumée  parmi  les  poissons  de  forme  régulière  ;  son  lobe  inférieur  est  très-développé , 
à  la  manièrj  des  Ganoïdes  des  terrains  antérieurs  à  la  formation  jurassique  ;  du  reste  elle 
va  en  se  rétrécissant  insensiblement  jusqu'à  l'extrémité  de  la  queue. 

Le  squelette  des  Esturgeons  est  fort  remarquable  sous  plusieurs  points  de  vue,  et  de  tout 
temps  il  a  excité  l'intérêt  des  naturalistes.  Ce  sont  surtout  M.  de  Baer,  dans  un  programme 
de  l'anatomie  de  Kœnigsberg,  et  M.  J.  Miiller,  dans  son  Anatomie  comparée  des  Myxinoïdes, 
qui  s'en  sont  occupés  en  détail.  J'ai  fait  représenter  dans  la  Tab.  E  du  vol.  2  ,  un  squelette 
entier  de  V^ccipenspr  Rifthenus ,  réduit  à  la  moitié  de  sa  grandeur  naturelle ,  tandis  que  les 
autres  figures  représentent  la  tête  sous  différentes  faces ,  de  grandeur  naturelle. 


—     278     — 

Ce  qui  frappe  d'abord  en  examinant  un  squelette  d'Esturgeon  ,  c'est  le  développement  ex- 
cessif des  cartilages,  relativement  aux  os.  Toute  la  colonne  vertébrale,  sauf  les  côtes  et 
les  apophyses  épineuses  supérieures,  et  tout  l'intérieur  de  la  tête  sont  formés  de  cartilage.  La 
tête  n'est  couverte  de  plaques  osseuses  qu'à  l'extérieur.  C'est  cette  réunion  unique  dans  la 
création  actuelle  d'un  squelette  presque  entièrement  cartilagineux  avec  la  forme  et  les  allures 
d'un  poisson  osseux ,  qui  a  fait  naître  depuis  long-temps  des  doutes ,  chez  les  ichthyologistes , 
sur  la  position  de  cette  famille. 

La  corde  dorsale  remplace  ici  les  corps  des  vertèbres.  C'est  un  cordon  cylindrique,  arrondi, 
d'une  consistance  gélatineuse ,  enveloppé  par  une  membrane  forte  et  élastique ,  dans  l'inté- 
rieur de  laquelle  se  trouve  cette  gélatine  transparente ,  formée  de  grandes  cellules  polygo- 
nales, qui  caractérise  la  corde  dorsale  en  général.  Cette  corde  se  termine  en  arrière  à  l'ex- 
trémité de  la  queue  en  s'effîlant  insensiblement.  En  avant ,  elle  entre  dans  la  base  du  crâne 
sans  qu'il  y  ait  une  articulation  occipitale  ;  elle  se  termine  aussi  ici  en  pointe,  en  se  rétrécissant 
derrière  le  creux  pour  l'hypophyse  du  cerveau ,  comme  on  peut  s'en  convaincre  sur  la  lîg.  5 , 
qui  représente  le  crâne  coupé  longitudinalement  par  la  ligne  médiane.  On  n'y  découvre  pas 
la  moindre  division  indiquant  les  limites  des  corps  de  vertèbre  ;  ce  n'est  que  par  les  apophyses 
supérieures  et  inférieures  que  ces  divisions  sont  indiquées.  Les  apophyses  supérieures  ou  tieu- 
rapophyses  sont  généralement  composées  de  trois  pièces  ,  deux  latérales  à  base  large  et  à  som- 
met plus  pointu,  de  forme  triangulaire,  qui  se  réunissent  en  ogive  au  dessus  de  la  moelle  épi- 
nière  en  l'embrassant  de  tous  les  côtés,  et  qui  sont  surmontées  par  une  apophyse  épineuse  im- 
paire ,  assez  courte  et  peu  pointue.  Les  apophyses  diminuent  insensiblement  de  hauteur  vers 
la  queue  ;  les  épines  cessent  complètement  avant  la  caudale ,  tandis  que  les  neurapophyses 
perdent  insensiblement  de  leur  forme  pyramidale,  et  finissent  par  se  changer  en  petites  pièces 
carrées  ou  oblongues  et  très-basses,  qui  ne  forment  plus  une  voûte  au  dessus  de  la  moelle,  en- 
sorte  que  le  canal  rachidien  n'est  ici  fermé  que  par  une  membrane.  Les  apophyses  inférieures, 
au  nombre  de  douze  à-peu-près ,  sont  arrangées  d'après  le  même  plan  ;  elles  sont  longues , 
grêles  et  dirigées  en  dehors  sur  le  devant  de  la  cavité  abdominale ,  où  elles  se  présentent  sous 
la  forme  de  côtes  ,  ce  qui  nous  fournit  la  preuve  palpable  que  les  côtes  des  poissons  ne  sont 
autre  chose  que  des  apophyses  inférieures  allongées  et  courbées  autour  de  la  cavité  abdomi- 
nale. Les  côtes  se  rapetissent  bien  vite  et  font  place  à  de  petites  pièces  triangulaires  qui  gar- 
nissent la  corde  des  deux  côtés ,  laissant  entre  elles  un  canal  assez  large  pour  l'aorte.  Plus 
en  arrière  ,  elles  deviennent  quadrangulaires  et  oblongues,  comme  les  apophyses  supérieures 
pour  se  rapetisser  de  nouveau  vers  la  caudale  et  dans  la  caudale  elle-même  ;  en  même  temps 
elles  prennent  ici  des  apophyses ,  comme  au  bord  dorsal. 

La  conformation  de  la  tête  chez  les  Esturgeons  est  aussi  fort  remarquable.  Le  crâne  se  com- 
pose dune  masse  cartilagineuse  unie  et  sans  divisions,  dans  laquelle  sont  creusées  les  diffé- 
rentes cavités  pour  le  cerveau,  les  oreilles,  les  yeux  et  les  narines.  Cette  masse  cartilagineuse 
remplit  tout  le  bec  et  entoure  de  toutes  parts  le  cerveau,  les  oreilles  et  les  trous  destinés  au  pas- 


—     279     — 

sage  des  nerfs  ;  les  pins  marqués  de  ces  trous  sont  surtout  ceux  pour  les  cinquième  et  neuvième 
paires.  La  cavité  du  cerveau,  qui  est  la  continuation  immédiate  de  celle  de  la  moelle  épinière, 
est  beaucoup  plus  grande  que  le  cerveau  lui-môme,  et  remplie  par  une  graisse  liquide  (v.  fig.  S, 
la  coupe  du  crâne).  La  masse  cartilagineuse  entoure  aussi  la  pointe  de  la  corde  qui  y  est  en- 
foncée conmie  dans  un  fourreau  ;  elle  n'est  pas  même  entièrement  séparée  des  cartilages  dont 
les  neurapophyses  sont  formées.  Malgré  cela,  la  masse  cartilagineuse  ne  paraît  que  sur  très- 
peu  de  points  ,  par  exemple,  au  fond  des  narines,  et  surtout  au  fond  des  orbites.  Tout  le  reste 
est  caché  par  un  grand  nombre  de  plaques  osseuses  immobiles  ,  et  par  les  appareils  osseux  et 
mobiles  de  la  face,  qui  sont  placés  autour  de  ce  noyau  cartilagineux.  Et  d'abord  ,  la  face  su- 
périeure est  garnie  par  un  grand  nombre  de  plaques  plates  ,  rugueuses  à  leur  surface  exté- 
rieure ,  dont  la  forme ,  l'arrangement  et  le  nombre  varient  beaucoup  chez  les  différentes  es- 
pèces ;  preuve  certaine  que  ces  plaques,  quoique  soudées  assez  intimement  sur  la  face  exté- 
rieure du  cartilage  crânien  ,  n'appartiennent  pourtant  pas  au  système  des  os  du  crâne,  mais 
sont  des  dépendances  de  la  peau ,  et  que  ce  serait  par  conséquent  peine  perdue  que  de  vou- 
loir les  ramener  au  type  des  os  du  crâne  en  général.  On  en  remarque  surtout  une  en  arrière, 
qui  a  au  milieu  une  crête  saillante  ,  tout-à-fait  semblable  aux  écussons  dont  la  peau  des  Es- 
turgeons est  couverte.   De  pareilles  plaques  encaissent  aussi  le  côté  du  museau  et  sa  face  in- 
férieure, et  il  y  en  a  en  général  deux  qui  forment  une  espèce  de  pont  derrière  l'orbite,  de 
manière  à  limiter  cette  cavité  de  la  fosse  temporale.  Chez  beaucoup  d'espèces,  on  voit  aussi 
un  processus  semblable  descendre  entre  les  orbites  et  les  narines  pour  former  une  séparation 
entre  ces  cavités  (fig.  I,  2  et  3). 

On  ne  voit,  à  la  base  du  crâne  (tig.  k'),  qu'une  seule  plaque  osseuse  et  mince,  très-allongée, 
qui  recouvre  toute  la  partie  centrale  de  la  base  du  crâne  et  qui  forme  le  plafond  des  cavités  buc- 
cale et  branchiale.  Cette  plaque  a  tout-à-fait  la  structure  du  sphénoïde  principal  des  poissons 
osseux  ;  c'est  évidemment  son  représentant.  Nous  l'avons  appelée  dans  le  premier  volume  la 
plaque  buccale.  Elle  est  fendue  en  arrière  et  au  milieu  ,  de  manière  à  mettre  la  corde  dorsale 
à  nu  ;  mais  elle  s'étend  plus  loin  en  arrière  sur  les  flancs  de  la  corde ,  de  manière  à  ce  que 
les  premières  côtes  soient  encore  implantées  sur  elle. 

Telle  est  l'organisation  si  simple  du  crâne  des  Esturgeons.  La  face  est  déjà  plus  compliquée 
dans  sa  conformation.  La  bouche  est  située  à  la  face  inférieure  du  corps,  et  reculée  au-delà 
des  yeux.  C'est  une  fente  transversale,  bordée  en  haut  par  une  plaque  mobile  et  demi  osseuse, 
composée  de  plusieurs  pièces  qui  représentent  la  mâchoire  supérieure  et  les  os  du  palais.  Sur 
cette  plaque  s'articule  la  mâchoire  inférieure,  qui  par  un  os  de  forme  quadrangulaire,  le  re- 
présentant de  l'os  carré  ,  est  lié  à  un  os  long  et  cylindrique ,  qui  se  fixe  à  la  base  du  crâne 
près  du  trou  de  sortie  pour  le  nerf  trijumeau.  Etant  fixée  de  cette  manière  sur  deux  balanciers 
latéraux,  qui  embi'assent  la  cavité  buccale ,  la  bouche  peut  être  lancée  en  avant  et  retirée  par 
les  muscles  qui  s'y  attachent  ;  c'est  en  effet  ainsi  que  les  Esturgeons  saisissent  leur  nourri- 
ture. Une  suite  de  petits  osselets  formant  le  corps  de  l'os  hyoïde  s'attachent  en  arrière  au  point 


—     280     — 

de  réunion  de  ces  deux  balanciers  avec  les  os  carrés ,  et  il  est  fort  probable ,  d'après  ce  que 
nous  en  avons  déjà  dit  au  premier  volume ,  que  ces  balanciers  représentent  les  parties  supé- 
rieures des  arcs  maxillaires  et  hyoïdaux  réunis.  Quatre  arcs  branchiaux  s'attachent  de  la  même 
manière  que  chez  les  poissons  osseux,  d'un  côté  au  corps  de  l'os  hyoïde,  de  l'autre  au  crâne  ; 
ils  sont  recouverts  par  un  opercule,  suivi  d'un  interopercule  et  d'un  sous-opercule,  qui  forment 
le  battant  nécessaire  à  la  respiration.  Il  n'y  a  pas  de  préopercule,  l'opercule  touche  le  balan- 
cier de  la  bouche  par  son  bord  antérieur. 

La  ceinture  ttioracique  est  très-forte,  composée  de  plusieurs  os  ,  qui  s'attachent  au  bord  des 
plaques ,  dont  la  surface  du  crâne  est  couverte.  Ils  sont  réunis  sous  la  gorge  par  un  élargisse- 
ment spaluliforme,  qui  s'avance  en  pointe  en  arrière  entre  les  nageoires  pectorales.  Celles-ci 
ont  surtout  le  premier  rayon  très-fort,  osseux,  à  tête  articulaire  enflée  et  fixée  par  une  arti- 
culation libre  et  circulaire.  Les  nageoires  ventrales  sont  portées  par  une  simple  plaque  cartilagi- 
neuse, qui  n'a  pas  de  connexion  avec  les  autres  parties  du  squelette. 

Les  nageoires  impaires  n'ont  que  des  rayons  mous  ;  ils  sont  implantés  sur  de  petits  cylin- 
dres cartilagineux  ,  qui  reposent  inmiédiatement  sur  les  apophyses  dans  la  caudale  ,  tandis  que 
dans  la  dorsale  et  l'anale ,  il  y  a  encore  des  cylindres  cartilagineux  interapophysaires  assez 
longs  et  grêles,  par  lesquels  ces  deux  nageoires  se  fixent  sur  les  apophyses. 

Les  particularités  les  plus  saillantes  du  squelette  de  l'Esturgeon  sont  donc  :  l'absence  com- 
plète de  corps  de  vertèbres  et  la  présence  de  la  corde  dorsale ,  qui  persiste  pendant  toute  la 
vie  ,  tandis  qu'elle  n'existe  que  chez  l'embryon  dans  les  poissons  osseux  ordinaires  ;  l'absence 
d'une  articulation  occipitale  ;  l'existence  d'apophyses  vertébrales  séparées  ,  restant  en  grande 
partie  cartilagineuses  ;  la  persistance  d'un  cartilage  crânien  enveloppant  le  centre  du  système 
nerveux  et  les  organes  des  sens  ;  l'absence  d'os  du  crâne  .  qui  sont  remplacés  en  haut  par  des 
plaques  osseuses  protectrices  dépendant  uniquement  du  système  dermique  ,  et  en  bas  par  une 
seule  plaque  osseuse,  représentant  l'os  sphénoïde  principal  et  le  vomer  réunis  ;  le  développe- 
ment incomplet  des  os  de  la  face  et  enfin  cette  fusion  des  caractères  d'un  poisson  osseux  à  oper- 
cule et  branchies  libres  avec  la  mollesse  des  parties  du  squelette  des  poissons  cartilagineux. 

Les  écailles  des  Esturgeons  sont  de  simples  plaques  osseuses  recouvertes  d'une  couche  très- 
mince  d'émail ,  sans  structure  appréciable. 

Tab.  E.  Fig.  I,  représente  le  squelette  d'un  Accipenser  Ruthenus  réduit  de  moitié  ;  fig.  2, 
le  crâne  vu  de  côté ,  dépouillé  des  os  de  la  face  et  de  la  ceinture  thoracique;  fig.  3  ,  le  crâne 
d'en  haut  ;  fig.  k,  d'en  bas  ;  fig.  S,  coupe  du  crâne  dans  la  ligne  médiane. 

Je  ne  connais  encore  que  deux  rcpréscntans  fossiles  de  cette  famille ,  que  je  décrirai  plus 
tard  ;  l'un  appartient  au  genre  Accipenser  proprement  dit  et  provient  de  l'argile  de  Londres 
de  Sheppy  ;  c'est  mon  Accipenser  toliapicus;  l'autre  constitue  un  genre  à  part  qui  n'a  pas  de  re- 
présentant vivant.  Je  l'ai  nommé  Chondrosteus  accipenseroides.  Il  provient  du  lias  de  Lyme 
Régis.  L'existence  d'une  espèce  de  cette  famille  dans  le  lias,  et  d'une  autre  dans  un  terrain 
tertiaire,  me  fait  penser  que  l'on  en  découvrira  encore  d'autres  dans  les  couches  intermédiaires. 


—     281 


Additions  et  corrections. 


Les  nombreux  matériaux  que  j'ai  eu  occasion  d'examiner  depuis  l'impression  du  tableau 
des  Ganoïdes,  qui  est  en  tête  de  ce  volume,  me  permettent  de  le  rectifier  à  quelques  égards  , 
et  surtout  de  l'augmenter  considérablement.  Je  préfère  donner  ici  de  simples  supplémens  à 
ce  premier  travail  plutôt  que  de  le  refondre  en  entier,  afin  de  conserver  à  mon  ouvrage  les 
traces  des  imperfections  dont  il  a  été  marqué  dès  son  origine,  et  qui  rappellent,  jusqu'à  un 
certain  point ,  les  progrès  que  l'Icbthyologie  fossile  a  pu  faire  depuis  l'époque  de  la  publication 
des  premières  feuilles  de  ce  volume  en  1833  jusqu'à  ce  jour,  fin  1843. 

Pag.  1 ,  lig.  10  et  suivantes.  J'ai  reconnu  l'existence  des  Ganoïdes  jusque  dans  les  terrains 
de  transition,  dans  les  étages  fossilifères  les  plus  anciens;  seulement  l'état  fragmentaire  des 
débris  que  j'ai  examinés  ne  m'a  pas  toujours  permis  de  les  déterminer  d'une  manière  rigou- 
reuse. Les  poissons  de  cet  ordre  remontent  donc  aussi  haut  que  les  Placoïdes. 
Page  1 ,  ligne  7  d'en  bas  :   ajoutez  les  genres  Pterichthijs ,   Coccositeus ,  Chetonichthys ,  Cepha- 

laspis ,  Cheiracanthus ,  Cheirolepis ,  Diplacanthus  ,  Dipteriis  ,  Coccolepis  et  Plec- 

trolepis. 
Pag.  1,  lign.  k  d'en  bas:  ajoutez  le  genre  Eurynotus. 
Pag.  1 ,  lign.  5  d'en  bas  :  ajoutez  le  genre  Amhlyurus. 
Pag.  1,  dernière  ligne  ;  ajoutez  le  genre  Pentrolepis  après  Semionotus,  les  genres  Nothoso- 

nius  et  Ophiopsis  après  Pholidophorus  ,  et  le  genre  Propterus  après  Notagogus. 
Pag.  2,  lig.  5  :  après  Acrolepis,  ajoutez  les  genres  Saurichtliys ,  Diplopterus,  Ulegatichthys , 

Platycjnathus ,  Dendrodus ,  Lamnodus ,  Cricodus  ,  Graptolepis ,   Orogtiathus  ,   Po- 

dodns. 
Pag.  2,  lign.  7  :  substituez  le  nom  de  Caturus  à  celui  d'Urœus  .  ajoutez  les  genres  Eugnathus  , 

Conodus ,  Amblysemius ,  Thrissonothus  et  lHacrosemius  ,  et  effacez  le  genre  Ma- 

cropoma. 
Pag.  2  ,  lign.  9  ,  ajoutez  le  genre  Belonoslomiis  après  Aspidorhynchus. 

Ajoutez  encore  la  famille  des  Célacanthes  tout  entière ,  avec  les  genres  HolopUj- 

chius ,  Ghjptosteus  ,  Phyllolepis ,  Glyptolepis ,  Psammolepis ,  Cœlacanthus ,  Hoplo- 

pygus ,  Uroiiemus ,  Undina,  Ctenolepis,  Gyrosteiis  et  Macropoma. 
ToM.  II.  2»  Part.  .  36 


—     282     — 
Pag.  2,  lign.  13,  ajoutez  les  genres  Globulodus ,  Colobodus ,  Scrobodus  ,  Pisodiis  ,  Gyrowhus , 

Acrotemnus ,  Periodus,  et  PhtjHodus. 
Pag.  2,  lign.  iS,  ajoutez  les  genres  Acanthoderma ,   Acanthopleurus ,  Glyptocephahis .  Bln- 

chius  ,  Dercetis  et  Rhinelhis  après  les  Ostracions. 
Pag.  2,  lign.  28,  ajoutez  la  famille  des  Acipenserides  Âgass.  avec  les  genres  Acipenser  et 

Clwndrosteus. 
Pag.  3,  lig.  9.  Le  genre  Acanthodes  a  des  ventrales. 

Pag.  3,  lign.  13  :  M.  Bronn  indique  le  Hundsr'ùcken  comme  gisement  de  ses  exemplaires  de 
V Acanthodes  Brot})ni.  Voir  aussi  les  additions  à  pag.  12?i. 
Après  l'Acanthodes  Bronnii,  ajoutez  les  espèces  suivantes  : 

2.  Acantodes  sulcatus  Agass.,  décrit  p.  125. 

3.  Acanthodes  pusillus  Agass.  Mentionné  p.  30f. 

C'est  également  ici  qu'il  faut  ranger  les  genres  suivans  : 

DiPLACANTHUs  Agass.  Mentionné  p.  501 . 

1.  Diplacunthus  striatus  Agass.  Mentionné  p.  501. 

2.  Diplacanthus  striatidus  Agass.  Mentionné  p.  501. 
5.  Diplacanthus  longispiniis  Agass.  Mentionné  p.  501. 
h.  Diplacanthus  crassispinus  Agass.  Mentionné  p.  501. 

Cheiracanthus  Agass.  Décrit  p.  12o. 

1.  Cheiracanthiis  Murchisoni  Agass.  Décrit  p.  126. 

2.  C/»e»r«c«»</ms  mîcro/e/9«Wo<t/s  Agass.  Mentionné  p.  501 . 
5.   Cheiracanthns  minor  \g<\sii.  Décrit  p.  127. 

Cheirolepis  Agass.  Décrit  p.  ^  28. 

1.  Cheirolepis  Traillii  \gass.   Décrit  p.  130. 

2.  Cheirolepis  Uragiis  kgnss.  Décrit  p.  132. 

3.  Cheirolepis  C ummin y iœ  Agass.  Mentionné  p.  301. 

Cephalaspis  Agass.  Décrit  p.  13S. 

1.  Cephalaspis  Lyellii  Agass.  Décrit  p.  142. 

2.  Cephalaspis  rostratus  Agass.  Décrit  p.  148. 

3.  Cephalaspis  Lewisii  Agass.  Décrit  p.  149. 
k.  Cephalaspis  Loydii  Agass.   Décrit  p.  1.50. 

Pterichthys  Agass.  Mentionné  p.  302. 

1.  P<pr<c/*?/i(/s /)////pri  Agass.  Mentionné  p.  302. 

2.  Pterichthys  productus  Agass.  Mentionné  p.  302. 

3.  Pterichthys  latus  Agass.  Mentionné  p.  502. 

4.  Pterichthys  cornutus  Agass.  Mentionné  p.  302. 


—     283     — 

.'>.  Pterichtltys  tesludinarim  Agass.  Mentionné  p.  302. 

(».  Pteric/illiys  ohloiiytia  Agass.  Mentionné  p.  302. 

7.  Pterkhilufs  cancriforinis  Agass.  Mentionné  p.  302. 

8.  Ptericlitliys  HydrophUus  Agass.  Mentionné  p.  502. 

CoccosTEus  Agass.  Mentionné  p.  302. 

1 .  Coccosteus  decipiens  Agass.  Mentionné  p.  302. 

2.  Coccosteus  ohlongus  Agass.  Mentionné  p.  302. 

5.  Coccosteus  cuspidatus  Agass.  Mentionné  p.  302. 

Chelomchthys  Agass.  Mentionné  p.  302. 

1.  Chelonklilhijs  Asmusii  Agass.  Mentionné  p.  302. 

2.  Chelnnichthys  minor  Agass.  Mentionné  p.  302. 

Pag.  3,  lign.  [k:  rétablissez  le  nom  de  Dipterus  au  lieu  de  Catopterus  Agass.,  et  lign.  7  d'en 
bas  :  inscrivez  Tespèce  sous  le  nom  de  Dipterus  macrolepidotus  Sedgw.  et  Murch. 

Pag.  k,  lign.  1  :  ajoutez,  comme  synonyme  de  ÏJmblyterus  macropterus ,  le  Palaeoniscuiti 
dorsale  de  mon  Cat.  Msc.  et  comme  nouveau  gisement  de  l'espèce  Niederwirtlis- 
bach  ,  dans  les  environs  de  Sponheim. 

Pag.  k,  lign.  3  ■  ajoutez,  comme  synonyme  de  V Amhlypterus  evpteryghis ,  le  Palaeoniscum 
eupterygium  Agass.  Cat.  Msc.  ^ 

Pag.  k,  lign.  k  :  ajoutez,  comme  synonyme  de  V Amhlyplerus  lateralis,  le  Palœoniscum  laté- 
rale Açfass.  Cat.  Msc. 

Pag.  U.  lign.  6  :  ajoutez,  comme  synonyme  de  V Amhlyplerus  latus,  le  Palœoniscum  latum 
Agass.  Cat.  Msc.  et  comme  nouveau  gisement  de  l'espèce ,  St.  Ingbert  (Vosges) , 
dans  les  marnes  schisteuses  au-dessus  de  la  houille. 

Ces  synonymes  étant  cités  dans  la  géologie  de  Walchner,  j'ai  dû  les  mentionner  ici. 

Pag.  U,  lign.  8.  Amblypterus  Olfersii.  J'ai  reconnu  que  cette  espèce,  loin  d'appartenir  au 
genre  Amblypterus,  doit  être  envisagée  comme  le  type  d'un  genre  à  part,  de  Tor- 
dre des  Cténoïdes,  auquel  j'ai  donné  le  nom  de  Rhacolepis. 

Pag.  4,  lign.  10,  ajoutez  les  espèces  suivantes  :  . 

6.  Amblypterus  nemopterus  Agass.  Décrit  p.  107. 

7.  Amblypterus  pimctatus  Agass.  Décrit  p.  109. 

8.  Amblypterus  striatus  Agass.  Décrit  p.  111. 

9.  Amblypterus  Agassizi  v.  Miinst.  Décrit  p.  lOo. 

Pag.  k,  lign.  31,  ajoutez ,  après  le  Palœoniscus  Blainvillii ,  les  espèces  suivantes  : 

5  fl.  Palœoniscus  vratislaviensis  Agass.  Espèce  un  peu  plus  étroite  que  le  Pakeoniscus 
Blainvillei.  recouverte  d'écaillés  lisses,  très-minces,  et  surtout  caractérisée  par  la  position 
reculée  de  sa  dorsale,  qui  est  sensiblement  plus  en  arrière  que  le  milieu  du  corps.  Dans  un 
calcaire  schisteux  du  Rothe  Todliegende  à  Scharfeneck ,  au  S.  0.  de  Neurode  dans  le  comté 


—     281     — 

de  Glatz,  et  à  Ruppersdorf  au  N.  0.  de  Braunau ,  en  Bohème.  Voir  les  Archives  de  Karsten  , 
nouvelle  série,  vol.  IV,  pag.  9S. 

5  b.  Palœoniscus  lepidurus  Agass.  Ressemble  un  peu  au  Palseoniscus  fultus,  dont  il  dif- 
fère cependant  considérablement  par  la  ténuité  des  rayons  de  ses  nageoires.  Cette  espèce  est 
surtout  caractérisée  par  des  écailles  parfaitement  lisses ,  très-épaisses ,  et  par  une  série  de 
longues  écailles  étroites,  au  point  d'insertion  de  la  caudale.  Dans  un  calcaire  bitumineux 
noir  de  Ruppersdorf;  même  gisement  que  l'espèce  précédente. 
Pag.  5,  lign.  15  :  ajoutez  aux  localités  déjà  indiquées  où  l'on  trouve  le  Palœoniscus  Freics- 

lebetii ,  celle  de  Gliicksbrunn ,  près  de  Lœwenslein. 
Pag.  5,  lign.  19  :  Le  Palœoniscus  elegans  est  une  bonne  espèce  décrite  p.  9o. 
Pag.  5,  lign.  25,  ajoutez  encore  les  espèces  suivantes  : 

1 1 .  Palœoniscus  Robisoni  Hibbert.  Décrit  p.  88. 

12.  Palœoniscus  striolatus  Agass.  Décrit  p.  91 . 

13.  Palœoniscus  ornatissimus  Agass.   Décrit  p.  92. 
ik.  Palœoniscus  comtus  Agass.  Décrit  p.  97. 

1§.  Palœoniscus  glaphyrus  Agass.  Décrit  p.  98. 

16.  Palœoiiiscus  macrophthalmus  Agass.  Décrit  p.  99. 

17.  Palœoniscus  longissimus  Agass.   Décrit  p.  100. 

18.  Palœoniscus  cai'inalus  y\gass.  Décrit  p.  101. 

19.  Palœoniscus  JgassiziiRedf.  Mentionné  p.  502. 

20.  Palœoniscus  macropterus  Redf.  Mentionné  p.  302. 

21.  Palœoniscus  Egertoni  Xgass.  Mentionné  p.  302. 

22.  Palœoniscus  monensis  Egert.  Mentionné  p.  302. 

Le  genre  Catopterus  Redf.  (non  Agass.)  vient  se  ranger  ici.  Il  est  mentionné  p.  303. 

1.  Catopterus  gracilis  Redf.  Menûonné  p.  505. 

2.  Catopterus  parmlus  Redf.   Mentionné  p.  303. 

3.  Catopterus  anguilliformisRedf.  3Ientionné  p.  303. 

Pag.  5,  lig.  5  d'en  bas.  Le  genre  Osteolepis  doit  être  admis,  et  outre  les  deux  espèces  déjà 
désignées  ,  il  comprend  encore  : 
3.  Osteolepis  arenatus  Ag.,  décrit  p.  122. 
U.  Osteolepis  major,  mentionné  p.  301. 

Avant  de  connaître  de  visu  le  genre  Osteolepis  de  MM.  Valenciennes  et  Penlland,  je 
l'avais  établi,  de  mon  côté,  sous  le  nom  de  Pleiopterus.  Voir  p.  117. 
Page  3 ,  Au  bas  de  la  page ,  ajoutez  le  genre  : 

CoccoLF.pis  Agass.  Décrit  p.  300  avec  une  espèce,  le 
Coccolepis  Bucklandi,  de  Solenhofen.  Décrit  p.  300. 
Pag.  6,  en  haut,  ajoutez  le  genre  Eurynotus  Agass.  Décrit  p.  133. 


—    28ri    — 

i.   Eurynotiis  crenatus  Agass.  Décrit  p.  IS'j. 

2.  Eanjnoltts  fimhriatus  Agass.  Décrit  p.  dS7, 

3.  Eunjnotus  temriceps  Xgass.   Décrit  p.  159. 

Pag.  6,  lign.  9  :  ajoutez  aux  localités  indiquées  du  Platysomus  gibbostis,  celle  de  Gliickshruun. 
Pag.  6.  lign.  22  ,  ajoutez  l'espèce  suivante  : 

Platijsomus  pannim  Agass.  Mentionné  p.  303. 
Pag.  6,  lign.  23  :  les  dents  du  genre  Gtjrolepis  me  sont  maintenant  coimues,  elles  sont  ob- 
tuses et  disposées  sur  plusieurs  rangées ,  et  diffèrent  ])ar  conséquent  de  celles  des 
Platysomus.  Ce  genre  doit  donc  êti-e  définitivement  admis. 
Pag.  6,  lign.  26  :  Gyrolepis  maximus.  Ajoutez  les  localités  :  Bayreuth  ,  Breslau  ,  Uottweil , 
Rottenmiinster  et  Axmouth.  Ajoutez  encore  l'espèce  suivante  : 
Crjrolepis  Rankinei,  mentionné  p.  303. 
Pag.  6,  lign.  27  :  Gyrolepis  tenuistriatus .  Ajoutez  les  localités  :   Bayreuth,  Breslau.  Biber- 

feld  ,  Rietheim  ,  Tœbingen  ,  près  de  Rottweil,  Bristol  et  Axmoulh. 
Pag.  6,  lign.  28  :  Gyrolepis  Alhertii.  Ajoutez  les  localités  :  Bayreuth,  Breslau,  Biberfeld . 
Rottenmiinster,  Bristol ,  Axmouth  et  Lyme-Regis. 
Mon  Gyrolepis  asper  est  un  Acrolepis.  Voir  p.  4  75,  lign.  \  1 . 

L'espèce  que  j'ai  décrite,  p.  175  ,  sous  le  nom  de  Gyrolepis  giganteus  est  un  Holoptychius : 
mon  H.  giganteus,  de  la  famille  des  Célacanthes. 
Après  le  genre  Gyrolepis ,  ajoutez  le  genre  : 

Plectrolepis  Agass.  Mentionné  p.  303. 
i,   plectrolepis  rugosus  Agass.  Mentionné  p.  303. 
Pag.  7,  lign.  6,  Tetragonolepis  Traillii.  Agass.  Cette  espèce  est  synonyme  du  Tetragonolepis 

angulifer,  décrit  p.  213. 
Pag.  7,  lign.  30,  ajoutez  : 

1  a.  Tetrogo7iolepis  ovalis  \gass.  Espèce  caractérisée  par  sa  forme  allongée.  Lias  :  Boll. 
Décrite  p.  209.  et  les  espèces  suivantes  : 

8.  Tetragonolepis  speciosus  Agass.  Décrit  p.  199. 

9.  Tetragonolepis  confliiens  Agass.   Décrit  p.  199. 

10.  Tetragonolepis  piistulatus  Agass.   Décrit  p.  201 . 

11.  Tetragonolepis  tnonili fer  Agass.   Décrit  p.  212. 

12.  Tetragonolepis  dorsalis  Agass.  Décrit  p.  211 . 

13.  Tetragonolepis  radiatus  Agass.  Décrit  p.  201. 
1  k.  Tetragonolepis  leiosomus  Agass.  Décrit  p.  202. 

15.  Tetragonolepis  mastodonteiis  Agass.  Décrili). '^{6. 

16.  Tetragonolepis  striolatus  Agass.  Mentionné  p.  304. 

Pag.  8,  lig.  1  :  Ajoutez  après  Dapedius  politus .,  comme  citation  :  (Geol.  Transact.  ;  seconde 
série,  vol.  I  ,  Tab.  6). 


—     286     — 
Cette  espèce  est  décrite  comparativement  p.  183.  Ajoutez  encore  les  espèces  suivantes  : 
i .   Dapedius  granulaliis  Agass.  Décrit  p.  190. 
"2.   Dapedius  Co/eî  Agass.  Décrit  p.  195. 
3.   Dapedius  punctattis  A-gass.  Décrit  p.  192. 
k.   Dapedius  orbis  Agass.  Décrit  p.  218. 

5.  Dapedius  arenatus  Agass.  Mentionné  p.  ôO'i. 

6.  Dapedius  micans  Agass.  Mentionné  p.  304. 

Pag.  8,  lign.  3  :  le  Dapedius  altivelis  étant  synonyme  du  Semionotus  lalus ,  doit  prendre  le 
nom  de  ce  dernier.  La  roche  dans  laquelle  il  se  trouve  est  la  même  que  celle  de 
tous  les  poissons  de  Seefeld. 

Pag.  8,  lign.  o  :  Sous  le  nom  de  Dapedius  fimbriatus  Agass.,  j'avais  inscrit  dans  mon  feuil- 
leton une  espèce  nouvelle  remarquable  par  la  dentelure  du  bord  de  ses  écailles  , 
mais  je  me  suis  assuré  plus  tard  qu'elle  appartient  au  genre  Lepidolus.  Elle  pro- 
vient de  Hsering  en  ïyrol.  Lias?  D'après  un  dessin  de  M.  Berger,  ce  poisson  paraît 
se  trouver  aussi  à  Koburg. 
A  là  suite  du  genre  Dapedius,  il  faut  placer  le  genre  suivant  : 

Amblyurus  Agass.  décrit  p.  220,  dont  je  ne  connais  encore  qu'une  espèce  : 

1 .  amblyurus  inacrostomus  Agass. 
Pag.  8,  lign.  15  et  19  :  le  Semionotus  Spixii  étant  synonyme  du  Semionotus  Bergeri ,  doit  être 
supprimé.  J'ai  été  induit  en  erreur  sur  l'origine  de  cet  ichtliyolithe.,  et  lorsque  j'en 
ai  fait  une  espèce  particulière ,  je  ne  connaissais  encore  le  Semionotus  Benjeri  que 
d'après  la  figure  qui  se  trouve  dans  l'ouvrage  de  M.  Berger.  D'après  de  nouveaux 
renseignemens,  c'est  en  efïet  au  Lias  inférieur  qu'il  faut  rapporter  le  grès  de  Ko- 
burg, comme  je  l'avais  supposé  d'après  la  structure  de  ses  poissons.  Ajoutez  Sei- 
dingsladt  aux  localités  où  l'on  trouve  cette  espèce.  Ajoutez  aussi  les  espèces  sui- 
vantes : 

1.  Semîo??o<MS  »7iom6»/pr  Agass.  Décrit  p.  228. 

2.  Semionotus  Nilsoni  Agass.  Décrit  p.  229. 

3.  Semionotus  striatus  Agass.  Décrit  p.  231 . 

U.  Semio7wtus  Pentlandi  Egert.  Mentionné  p.  305. 
■  5.   Semionotus  minutus  Egert.  Mentionné  p.  305. 
6.  Semionotus  pustuli fer  Egevi.  Mentionné  f.  50^. 
Après  le  genre  Semionotus ,  placez  le  genre  suivant  : 

Centrolepis  Egert.  Ment.  p.  304. 

1.    Centrolepis  asper  Egerl.  Mentionné  p.  304. 
Pag.  8,  lign.  27  :  ajoutez  aux  localités  citées,  où  l'on  trouve  le  Lepidolus  Gigas  :  Mistelbacli 
près  de  Bayreuth,  Schwarzach  près  de  Culmbach,  Banz  et  Alforf. 


—     287     — 

Pag.  8,  ligii.  28,  les  Lepidolus  latissimiis  et  vmbonatus  sont  synonymes  du  Lepidolm  Hemiacr- 
ratus ,  décrit  p.  2?lO. 

Pag.  9.  lign.  2,  effacez  :  A^  urteniberg ,  comme  gisement  du  Lepidolus  ornatus. 

Pag.  9,  lig.  D.  Le  Lepidotus  radiatus  est  de  Boulogne-sur-Mer,  d'après  les  indications  de  lord 
Enniskillen. 

Pag.  9,  lign.  7.  Le  Lepidohis  subdenticiilalus  esl  synonyme  dn  Lepidotus Fittoni.  décrit  p.  265. 

Pag.  9,  lign.  9.  Le  Lepidotus  tindatus  provient  de  Lyme-Regis.  Miss  Marie  Anning  a  reconnu 
l'exemplaire  que  j'ai  figuré  pour  un  de  ceux  qu'elle  avait  trouvés  elle-même.  Un 
fragment  de  la  tète  se  trouve  aussi  chez  M.  Johnson  ,  à  Bristol ,  et  porte  également 
l'indication  de  Lyme-Regis. 

Pag.  9,  lign.  ^2,  Ajoutez  :  Lepidotus  oblomjiis  Agass.  Espèce  de  Solenhofen ,  observée 
dans  le  musée  de  Munich.  Elle  atteint  des  dimensions  considérables  ;  j'ai  vu  des 
fragmens  d'un  exemplaire  qui  avait  environ  trois  pieds.  Les  écailles  sont  propor- 
tionnellement plus  petites  que  celles  des  autres  espèces  du  genre  ;  elles  sont  fine- 
ment dentelées  à  leur  bord  postérieur,  et  paraissent  en  général  plus  longues  (|ue 
hautes. 

Ajoutez  aussi  les  espèces  suivantes  : 

1.  Lepidotus  semiserratus  Agass.  Décrit  p.  2iO. 

2.  Lepidotus  rugosus  Agass.  Décrit  p.  2^6. 

.3.   Lepidotus  fimbriatus  Agass.  Décrit  p.  247.  Voir  ci-dessus  Dapedius  /imbriatus 

p.  286  lig.  iO. 
U.   Lepidotus  lœvis  Agass.  Décrit  p.  2S4, 

5.  Lepidotus  palliatus  Agass.  Décrit  p..  ^S^. 

6.  Lepidotus  tuberculatus  Agass.  Décrit  p.  256. 

7.  Lepidotus  notopterus  Agass    Décrit  p.  237. 

8.  Lepidotus  speciosus  Miinst.  Décrit  p.  266. 

9.  Lepidotus  parvulus  Miinst.  Décrit  p.  267. 
10.   Lepidotus  serrulatus  Agass.  Décrit  p.  250. 

H.   Lepidotus  pectinatiis  Egerl.  Mentionné  Y>.  .304. 
-    12.  Lepidotus  latimanus  Egert.  Mentionné  p.  304. 

13.  Lepidotus  ptmctulatus  Agass.  Mentionné  p.  306. 

14.  Lepidotus  Cottœ  Agass.  Mentionné  p.  306. 

15.  Lepidotus  temnuriis  Agass.  Mentionné  p.  306. 
Pag.  9  .  lign.  8  d'en  bas,  ajoutez  les  espèces  suivantes  : 

1.  Pholiphorus  Bechei  Agass.  Décrit  p.  272. 

2.  Pholidophorus  onychius  Agass.  Décrit  p.  274. 

3.  Pholidophorus  Strickkmdi  Agass.  Décrit  p.  284. 


—     288     — 

k.   Pholidophorus  Hastingsiœ  Agass.  Décrit  p.  284. 
5.   Pholidophorus  angustus  Xgass.  Décrit  p.  285. 
Au  bas  de  la  page,  ajoutez  encore  les  espèces  suivantes  : 

6.  Pholidophorus  micronyx  Agass.  Espèce  large,  à  grandes  écailles,  dont  les  bords  sont 
lisses,  et  qui  ont  un  petit  crochet  articulaire  à  leur  bord   supérieur.   Kelheim. 

7.  Pholiphorus  latimamis  Agass.  Espèce  caractérisée  par  ses  larges  pectorales  arrondies, 
et  dont  les  rayons  sont  articulés  très-ptès.  Ecailles  épaisses,  un  peu  plus  longues  que  hautes, 
munies  de  quelques  grosses  dentelures  à  leur  bord  postérieur.   Solenhofen  et  Mûhlheim. 

9.  Pholidophorus  macrocephalus  Agass.  Cette  espèce  et  la  suivante,  dont  je  n'ai  connu 
d'abord  que  des  fragmens,  se  trouvent  confondues  dans  mon  tabieau  synoptique  et  placées  à 
tort  dans  le  genre  Urseus,  page  12 ,  n°  3.  Je  donne  maintenant  le  nom  de  Pholidophorus  ma- 
crocephalus à  celle  dont  les  écailles ,  épaisses  et  peu  élevées ,  sont  lisses  sur  leurs  bords ,  et 
dont  la  surface  extérieure  est  ondulée  de  manière  à  réfléchir  des  rayons  vers  son  bord  posté- 
rieur. Solenhofen. 

10.  Pholidophorus  urœoides  Agass.  Tète  large  et  courte;  écailles  grandes,  minces,  ornées 
de  rayons  divergens  à  leur  surface  extérieure,  formées  par  des  séries  saillantes  de  points  gra- 
nulés. Onglets  articulaires  très-larges  et  très-longs,  formant ,  dans  leur  réunion  ,  des  bandes 
transverses  saillantes.  Solenhofen,  Eichstaedt  et  la  carrière  de  Moritzbrunn. 

1 1 .  Pholidophorus  radians  Agass.  Espèce  très-curieuse  ;  de  tout  le  genre  ,  c'est  celle  dont 
les  écailles  sont  les  plus  grandes  ;  les  rides  de  leur  surface  extérieure  forment  des  rayons  di- 
vergens dans  tous  les  sens  ;  elles  sont  plus  hautes  que  longues ,  surtout  celles  de  la  série  laté- 
rale. De  larges  écailles  sur  les  bords  du  pédicule  de  la  queue.  Weltenburg,  Kelheim,  Solen- 
hofen et  Langenaltheim. 

12.  Pholidophorus  latus  Agass.  Espèce  très-large  dans  sa  partie  antérieure,  où  les  écailles 
sont  aussi  plus  élevées  que  longues  ;  leur  bord  postérieur  est  frangé ,  et  leur  surface  exté- 
rieure légèrement  ondulée  en  lignes  rayonnantes.  Solenhofen. 

13.  Pholidophorus  Taxis  Agass.  Espèce  que  j'ai  aussi  indiquée  dans  quelques  collections  sous 
le  nom  de  Pholidophorus  striolatus.  Tète  grande  ;  les  pièces  operculaires  et  les  os  des  mâ- 
choires sont  granulés  et  striés  ;  les  écailles  deviennent  de  plus  en  plus  épaisses  de  la  partie 
antérieure  vers  la  queue  ;  elles  sont  striées  extérieurement.  Daiting,  Solenhofen. 

Ajoutez  encore  les  espèces  suivantes  : 

Ik.  Pholidophorus  tenuiserratus  v.  Miinst.  Décrit  p.  276. 

15.  Pholidophorus  longiserratus  v.  Miinst.  Décrit  p.  277. 

16.  Pholidophorus  striolaris  v.  Miinst.  Décrit  p.  277. 

17.  Pholidophorus  intermedius  v.  Miinst.  Décrit  p.  279. 

18.  Pholidophorus  gracilis  v.  Miinst.  Décrit  p.  285. 

19.  Pholidophorus  ornatus  Agass.  Décrit  p.  280. 

20.  Pholidophorus  Flesheri  Agass.  Décrit  p.  281. 


—     280     — 

21.  Pholidopliorus  minor  Agass.  Décrit  p.  286. 

22.  PhoUdophorits  radiato-punctatus  Agass.  Signalé  p.  287. 

23.  Pholidophorus  maxivws  Agass.  Signalé  p.  287. 
2^.   Pholidophorus  pachysoiiuis  Egerl.  Signalé  \i.  'iSS. 

25.  Pholidophorus  crenulatus  Egert.  Signalé  p.  288. 

26.  Pholidophorus  Harlmamii  Egert.  Signalé  p.  288. 

27.  Pholidophorus  fusiformis  Agass.  Signalé  p.  288. 

28.  Pholidophorus  leptocephalus  Agass.  Signalé  p.  288. 

Le  poisson  que  j'ai  indiqué  dans  mon  feuilleton,  p.  10,  n°  8 ,  sous  le  nom  de  Pholidopho- 
rus lœvissimus ,  est  une  espèce  de  mon  nouveau  genre  Nothosomus. 

Pag.  10,  lign.  3  :  J'ai  cru  devoir  supprimer  le  genre  Microps  pour  le  réunir  aux  Pholido- 
phores ,  et  j'ai  en  conséquence  changé  le  nom  de  Microps  furcafus  en  celui  de 
Pholidophorus  furcatus.  Voir  p.  286. 
Pag.  10,  lign.  7  :  A  la  suite  des  Pholidophores  il  faut  placer  un  petit  genre  inédit  que  je  nomme 
Ophiopsis  Agass.  ,  déci'it  p.  289. 
Corps  allongé,  recouvert  d'écailles  presque  toutes  de  même  grandeur,  à  peine  plus  petites 
vers  l'insertion  de  la  caudale ,  le  long  du  lobe  supérieur  de  laquelle  elles   s'étendent  un  peu 
obliquement.  C.  légèrement  fourchue;  P.  très-grandes  et  allongées;  D.  très-allongée,  mais 
peu  élevée  ;  les  V.  sont  vis-à-vis  son  milieu.  La  tête  est  petite  ;  cependant  les  pièces  opercu- 
laires  sont  fortes  et  larges. 

1 .  Ophiopsis  Mïinsteri  Agass.  Toutes  les  écailles  paraissent  équilatérales  ;  leur  surface  ex- 
térieure est  ondulée ,  sans  stries  marquées  ;  eljes  sont  constamment  ornées  d'une  fine  dente- 
lure à  leur  bord  postérieur  ;  leur  onglet  articulaire  est  court.  Kehiheim. 

2.  Ophiopsis  procerus  A.gass.  Espèce  plus  allongée  que  la  précédente,  et  dont  les  rayons 
des  nageoires,  ceux  de  la  caudale  surtout,  sont  plus  grêles.  Solenhofen.  Décrit  p.  289^. 

Ajoutez  encore  :  Ophiopsis  penicillatus  Agass.  Décrit  p.  290. 

Ophiopsis  dorsalis  Agass.  Décrit  p.  291 .  Cette  espèce  provient  du  calcaire 
de  Purbeck ,  comme  la  précédente  et  non  point  de  loolite  inférieure. 
C'est  encore  icf  qu'il  faut  placer  un  genre  nouveau  que  je  décrirai  sous  le  nom  de  : 

Nothosomus  Agass.  Signalé  p.  292. 
{ .  Nothosomus  octostychius  Agass.  Signalé  p.  292. 

2.  Nothosomus  lœvissimus  Agass.  Signalé  pag.  10  du  feuilleton,  sous  le  nom  de  Pholido- 
phorus lœi>issimus.  Voir  ci-dessus  lign.  9. 

Pag.  10,  lign.  14  :  ajoutez  :  Notagogus  denticulatus  Agass.  Ecailles   dentelées  à  leur  bord 
postérieur  ;  pédicule  de  la  queue  étroit  ;  la  première  dorsale  est  un  peu  plus  éle- 
vée que  la  seconde.  Kehiheim.  Décrit  p.  294. 
Je  place  encore  ici  le  genre  suivant  : 

Proptervs  Agass.  décrit  p.  295. 
ToM.  II,  2=  Part.  37- 


—     290     — 

Deux  dorsales,  dont  les  rayons  antérieurs  de  la  première  sont  allongés  ;  ceux  de  la  seconde 
à-peu-près  égaux.  A.  très-reculée.  Lobe  supérieur  de  la  caudale  un  peu  plus  allongé  que  l'infé- 
rieur. Corps  des  vertèbres  hauts  et  courts;  apophyses  épineuses  courtes  ;  osselets  interapophy- 
saires  proportionnellement  plus  longs. 

i.  Propteriis  microslomus  Agass.  (Je  l'ai  étiqueté  dans  quelques  collections  du  nom  d'.^- 
rrospondylus  ,  que  je  suis  maintenant  obligé  de  changer  en  celui  de  Propterus).  Celte  espèce 
est  remarquable  par  une  saillie  arrondie  de  la  mâchoire  supérieure  qui  dépasse  l'inférieure  ; 
la  bouche  est  proportionnellement  très-petite.  Corps  large,  ovale,  recouvert  d'écaillés  de 
moyenne  grandeur.  L'œil  est  placé  très-haut  dans  la  tête.  Kehlheim.  Décrit  p.  295. 

Ajoutez  2.  Propterus  serratus  Miinst.  Signalé  ]).  296. 

Pag.  10,  lign.  18  :  Placez  en  tête  de  la  famille  des  Sauroïdes  les  genres  suivans  : 

i .  DiPLOPTERUs  Agass.  Mentionné  2^  part.  p.  159  et  162. 

1.  Diplopterus  borealis  Agass.  Indiqué  2^  part.  p.  159  et  162. 

2.  Diplopterus  affinis  Agass.  Indiqué  2*^  part.  p.  159  et  162. 

3.  Diplopterus  macrocephalus  Agass.  Indiqué  2"  part.  p.  159  et  162. 
k.   Diplopterus  Robertsoni  Agass.  Indiqué  2^  part.  p.  159  et  162. 

5.   Diplopterus  carbonarius  Agass.  Indiqué  2^  part.  p.  159  et  162. 

2.  Megalichth\s  Agass.  Décrit  2^  part.  p.  89. 

« 

1 .  Megalichthys  Hibberti  Agass.  Décrit  2"  part.  p.  90. 

2.  Megalichthys  maxillaris  Agass.  Mentionné  2''  part.  p.  96. 

3.  Megalichthys  priscus  Agass.  Mentionné  2^  part.  p.  96. 

3.  Platygnathus  Agass.  Indiqué  2"  part.  p.  159  et  162. 

1 .  Platyg)iathus  paucidens  Agass.  Indiqué  2^  part.  p.  159  et  162. 

2.  Platygnathus  minor  Agass.  Indiqué  2"  part.  p.  159  et  162. 

3.  Platygnathus  Jamesoni  Agass.  Indiqué  2^  part.  p.  159  et  162. 

k.  Dendrodus  Owen.  Mentionné  2*  part.  p.  105. 

1 .  Dendrodus  latus  Owen.  Indiqué  T  part.  p.  159  et  162. 

2.  Dendrodus  sigmoides  Owen.  Indiqué  2"  part.  p.  159  et  162. 

3.  Dendrodus  strigatus  Owen.  Mentionné  2^  part.  p.  105. 

5.  Lamnodus  Agass.  Indiqué  T  part.  p.  159  et  162. 

1 .  Lamnodus  Panderi  Agass.  Indiqué  2"  part.  p.  159  et  162. 

2.  Lamnodus  biporcatus  Agass.  Indiqué  2"  part.  p.  159  et  162. 

6.  Cbicodus  Agass.  Mentionné  2^  part.  p.  156. 

1.   Cricodus  incmvus  Agass.  Indiqué  2"  part.  p.  159  et  162. 

7.  Graptolepis  Agass.  Mentionné  2"  part.  p.  106. 

1 .    Graptolepis  ornatus  Agass.  Indiqué  2^  part.  p.  159  et  163. 


—     291     — 

8.  Ohognathus  Agass.  Mentionné  2®  part.  p.  105. 

1 .  Orognolliiis  conideiis  Agass.  Indiqué  S*"  part.  p.  159  et  162. 

9.  PoDODUs  Agass.  Mentionné  2"  part.  p.  106. 

2.  Pododm  capitatus  Agass.  Indiqué  2"  part.  p.  159  et  163. 

Pag.  10,  lign.  27  :  ajoutez  :  GUicksbrunn,  aux  localités  déjà  mentionnées,  où  l'on  trouve  le 

Pygopterus  Hiimbuldtii. 
Pag.  10,  lign.  28  :  ajoutez,  comme  synonyme,  au  Pygopterus  Liiciiis  :  (Aspidorhynchus  Lu- 

cius  Agass.  Cat.  Msc.)  cité  sous  ce  nom  dans  la  Géologie  de  Walchner. 
Pag.  10,  lign.  k  d'en  bas  :  Changez  le  nom  de  Pygopterus  scoticus  en  celui  de  Pygopterus 

mandibularis ,  et  ajoutez  les  espèces  suivantes  : 

1 .  Pygopterus  sculptus  Agass.  Mentionné  2^  part.  p.  77. 

2.  Pygopterus  Bucklandi  Agass.  Mentionné  2"  part.  p.  77. 

3.  Pygopterus  Jamesotù  Agass.  Mentionné  2"  part.  p.  78. 
k.   Pygopterus  Greenockii  Agass.  Mentionné  2"  part.  p.  78. 

Pag.  1 1 .  lign.  2  :  ajoutez  le  genre  suivant  : 

Saukichthys  Agass. 
Je  ne  connais  encore  que  quelques  fragmens  de  mâchoires  de  ce  genre,  dont  les  caractères 
sont  si  particuliers,  que  j'ai  été  indécis  s'il  devait  rentrer  dans  la  classe  des  poissons  ou  prendre 
place  parmi  les  reptiles.  Les  dents  sont  placées  dans  une  rainure  semblable  à  celles  des  Plésio- 
saures; elles  sont  rangées  à  des  distances  inégales,  et  diffèrent  aussi  considérablement  de 
grandeur  entre  elles  :  coniques ,  légèrement  comprimées  sur  les  côtés ,  elles  sont  finement 
striées  à  leur  base  jusqu'au  milieu  de  leur  cône  ;  mais  à  leur  extrémité ,  qui  est  subitement 
rétrécie,  elles  sont  parfaitement  lisses.  Je  place  ce  genre  dans  la  division  des  Hétérocerques , 
à  cause  de  son  gisement. 

1.  Saurichthys  apicalis  Agass.   Dans   le  Muscheikalk  des   environs  de  Bayreuth.    Décrit 

2"  part.  p.  85. 

2.  Sauriclitliys  Mougeoti  Agass.  Décrit  2^  part.  p.  85. 

3.  Saurichthys  acuminatus  Agass.  Décrit  2^  part.  p.  86. 
k.   Saurichthys  semicostatus  Mûnst.  Décrit  2^  part.  p.  87. 

5.  Satirichthys  longidens  Agass.  Décrit  2"  part.  p.  87. 

6.  Saurichthys  tenuirostris  Mûnst.  Mentionné  2"  part.  p.  88. 

7.  Saurichthys  costa'us  Mûnst.  Mentionné  2"  part.  p.  88. 

8.  Saurichthys  angustus  Mûnst.  Mentionné  2"  part.  p.  88. 

Pag.  11,  lign.  7,  ajoutez  les  espèces  suivantes  : 

2.  Acrolepis  asper  Agass.  Décrit  2"  part.  p.  81. 

3.  Acrolepis  acutirostris  Agass.  Indiqué  2^"  part.  p.  160. 


—     292     — 

Pag.  H,  lign.  12,  ajoutez  comme  localités  où  l'on  trouve  le  Ptycholepis  bol I émis ,  Whitby  et 
Lyme-Regis. 

A  la  suite  du  genre  Ptycholepis ,  ajoutez  encore  les  genres  suivans  : 
EuGNATHUS  Agass.  Décrit  â*'  part.  p.  97. 

i  .  Eugnalhus  orthostomus  Agass.  Décrit  2"  part.  p.  98. 

2.  Eugnathtis  speciosus  Agass.  Décrit  2"  part.  p.  100. 

3.  Eiiynathus  PhUpotiœ  Agass.  Décrit  â''  part.  p.  iOI. 
k.  Eugnathus  Chirotes  Agass.  Décrit  2"  part.  p.  102. 

0.  Eugnathus  minor  Agass.  Décrit  2"  part.  p.  i03. 

6.  Eugnathus  polyodon  Agass.  Décrit  2"  part.  p.  101. 

7.  Eugnathus  opercularis  Agass.  Décrit  2^  part.  p.  lO'i. 

8.  Eugnathus  micrblepidolus  Agass.  Mentionné  p.  12  sous  le  nom  d'Urœus  microlepidotus 
et  sous  son  nom  actuel  2"  part.  p.  104. 

9.  Eugnathus  giganteus  Agass.  Mentionné  2"  part.  p.  104. 

10.  Eugnathus  fasciculatus  Agass.  Indiqué  2^  part.  p.  105. 
H.   Eugnathus  tenuidens  Agass.  Indiqué  2^  part.  p.  105. 
12.   Eugnathus  ornatus  Agass.  Indiqué  2^  part.  p.  105. 

43.   Eugnathus  scabriusculus  Agass.  Indiqué  2*^  part.  p.  105. 
ik.  Eugnathus  leptodus  Agass.  Indiqué  2''  part.  p.  105. 
15.    Eugnathus  mandibu lavis  Agass.  Indiqué  2^  part,  p    105. 

CoNODUs  Agass.  Indiqué  2^  part,  p.  105. 

1 .  Conodus  ferox  Agass.  Indiqué  2^  part.  p.  105. 

Pag.  11,  lign.  21  ,  ajoutez  l'espèce  suivante  :  ^ 

3.   Sauropsis  mordax  Agass.  Indiqué  2"  part.  p.  165. 
Page  1  i ,  au  bas  de  la  page  :  Mon  Pachycormus  furcatus  est  un  Caturus  (  Uraèus  )  :    il  est 
même  synonyme  du  Caturus  nuchalis,  dont  je  l'avais  distingué  à  tort.  On  le  trouve 
aussi  à  Kehiheim. 
Pag.  12,  lign.  U,  ajoutez  les  espèces  suivantes  : 

1.  Pachycormus  curtus  Agass.  Décrit  2*' part.  p.  112. 

2.  Pachijcormus  heterurus  Agass.  Décrit  2^  part.  p.  113. 

3.  Pachycormus  acutirostris  Agass.  Mentionné  2^  part.  p.  HU. 
k.   Pachycormtts  latipennis  Agass.  Mentionné  2"  part.  p.  114. 
5.   Pac/tyco>-»ms  ^fl<2ros<ns  Agass.  Mentionné  2*"  part.  p.  114. 
fi.   Pachycormtis  leptosteus  Agass.  Mentionné  2"  part.  p.  114. 

7.  Pachycormus  macropomus  Agass.  Mentionné  2®  part.  p.  114. 

8.  Pachycormus  latus  Agass.  Mentionné  2^  part.  p.  114. 

9.  Pachycormus  macrurus  Agass.  Décrit  2*  part.  p.  113. 


—     293     — 
Ajoutez  encore  les  genres  suivans  : 

Amblysemius  Agass.  Mentionné  2"  part.  p.  119. 
1.   Amblysemius  gracilis  Agass.  Indiqué  ^^  pari.  p.  IQ^. 
Thrissonotus  Agass.  Mentionné  2*^  part.  p.  168. 

1 .    Thrissonotits  Colei  Agass.  Mentionné  2*^  part.  168. 
Page  12 ,  lign.  9  :  Sous  le  nom  de  Thrissops  salmoneus ,  j'ai  confondu  deux  espèces  : 

1 .  Celle  à  laquelle  je  conserve  le  nom  de  Thrissops  salmoneus  ne  s'est  encore  trouvée  tpi'à 
Kehlheim  et  à  Eichstaedt.  Les  ventrales  sont  plus  reculées  que  le  milieu  de  l'abdomen  ,  et  ses 
écailles  moins  grandes  que  dans  l'espèce  suivante. 

2.  Thrissops  mesogoster  Agass.  Ecailles  très-grandes;  ventrales  au  milieu  de  l'abdomen. 
Solenhofen,  Pappenheim,  Daiting. 

3.  Thrissops  Cephalus  Agass.  Espèce  de  Solenhofen.  Petit  poisson  à  peine  de  la  taille  du 
Leptolepis  sprat liformis ,  dont  la  tête  est  proportionnellement  plus  grande  que  dans  les 
autres  espèces  du  genre;  son  œil  est  énorme  pour  ses  petites  dimensions.  D.  très-petite,  op- 
posée au  milieu  de  l'A.,  qui  est  proportionnellement  très-grande.  Apophyses  épineuses  de  la 
partie  antérieure  de  la  queue  très-arquées  ;  les  dorsales  sont  droites  ,  et  celles  de  l'extrémité 
de  la  queue  fort  inclinées.  Côtes  très-gréles.  V.  plus  rapprochées  de  l'A.  que  des  P.  Ecailles 
assez  grandes. 

Ajoutez  encore  les  espèces  suivantes  : 

k.  Thrissops  intermedius  Mùnst.  Décrit  2^  part.  pag.  127. 

5.  Thrissops  subovatus  Miinst.  Mentionné  2"  part.  pag.  128.  .     ' 

Page  12,  ligne  11  :  Le  Thrissops  formosus  ne  se  trouve  pas  à  Solenhofen,  mais  j'en  ai  vu  ré- 
cemment plusieurs  beaux  exemplaires  de  Kehlheim. 

Pag.  12,  ligne  15  :  Ayant  été  informé  par  M.  Fitzinger  que  le  genre  de  Reptiles,  nommé 
Urœus  par  Wagler,  et  que  je  croyais  devoir  être  supprimé  ,  repose  sur  des  carac- 
tères propres  à  lui  conserver  ses  droits  génériques  ,  je  ne  puis  le  conserver  dans  la 
classe  des  poissons  et  je  le  remplace  ici  par  le  nom  de  Caturus;  il  faudra  donc  chan- 
ger, lignes  21,  23,  27  et  29,  les  noms  d'Urœus  en  Caturus. 
La  première  de  ces  espèces  ,  le  Caturus  nuchalis ,  se  trouve  aussi  à  Weltenburg  et  à 
Kehlheim,  et  la  quatrième,  \eCaturus  microlepidotus ,  aussi  à  Miihlheim.  Comme 
je  l'ai  déjà  fait  remarquer  plus  haut  pag.  292,  cette  espèce  doit  être  reportée  dans 
mon  nouveau  genre  Eugnathus ,  sous  le  nom  d' Eugnathus  microlepidotus. 
D'après  une  remarque  faite  plus  haut ,  pag.  288,  V Urœus  macrocephalus  est  allé 
prendre  place  ,  sous  deux  noms  difïérens  ,  dans  le  genre  Pholidophorus  ,  comme 
Pholidophorus  macrocephalus  et  Pholidophorus  urœoides. 

Pag.  12.  Au  bas  de  la  page,  ajoutez  les  espèces  suivantes  : 

6.  Caturus  elongatus  Agass.  (Urœus  elongatus  dans  les  collections  que  j'ai  étiquetées.)  Corps 


—     29^1     — 

plus  élancé  que  dans  les  autres  espèces  du  genre.  C.  très-grande  ,  très-fourcbue.  Â.  très-pe- 
tite, étroite  et  courte.  D.  large,  ayant  un  grand  nombre  de  petits  rayons  dans  son  bord  an- 
térieur. Solenhofen. 

7.  Catiirus  maxinms  Agass.  (Urœus  maximus  CoUect.)  Remarquable  par  le  prolongement 
considérable  des  rayons  extérieurs  des  deux  lobes  de  la  C,  qui  fait  ressembler  cette  nageoire 
à  celle  des  Coryphènes.  Solenhofen. 

8.  Caturus  mkrochirus  Agass.  (Urseus  microchirus  Collect.)  P.  à  base  large,  mais  à  rayons 
courts  et  minces,  le  premier  excepté;  rayons  branchiostègues  antérieurs  courts  et  étroits,  in- 
sensiblement plus  longs  et  plus  larges,  au  nombre  de  vingt-quatre  à  vingt-cinq.  Dents  de  la 
mâchoire  inférieure  plus  éloignées  et  plus  grandes  que  celles  de  la  mâchoire  supérieure.  So- 
lenhofen . 

9.  Caturus  branchiostegus  Agass.  (Urseus  branchiostegus  Collect.)  Je  n'en  connais  qu'une 
mâchoire  inférieure  avec  les  rayons  branchiostègues.  Les  dents  sont  rapprochées,  la  mâchoire 
courte;  les  rayons  branchiostègues  antérieurs  plus  larges  que  les  suivans.  Solenhofen. 

40.  Caturus  macr od us  \gass.  (Urîeus  macrodus  Collect.)  Espèce  encore  douteuse,  ressem- 
blant beaucoup  au  Caturus  pachyurus ,  mais  dont  les  mâchoires  paraissent  plus  courtes  .  les 
dents  plus  grandes  et  très-rapprochées  les  unes  des  autres.  Eichstaîdt. 

Ajoutez  encore  les  espèces  suivantes  : 

H.   Caturus  latus  Miinst.  Décrit  2^  part.  p.  1 17. 

12.  Caturus  similis  Agass.  Décrit  2*^  part.  p.  118. 

13.  Caturus  angustus  Agass.  Mentionné  T  part.  p.  118. 

14.  Caturus  Meyeri  Miinst,  Mentionné  T  part.  p.  118. 
la.   Caturus  pleiodus  Agass.  Mentionné  2*^  part.  p.  1 18. 
16.   Caturus  BucMandi  Agass.  Mentionné  2''  part.  p.  119. 

Page  13  ,  ligne  9  :  Le  Leptolepis  Bronnii  se  trouve  aussi  à  Oberschrsetz  ,  près  de  Bayreuth. 
Pag.  13,  ligne  {^  :  ajoutez:  Miihlheim,  au  gisement  indiqué  du  Leptolepis  sprat tiformis. 

Outre  les  caractères  indiqués  ,  cette  espèce  se  distingue  surtout  par  les  apophyses 

épineuses  droites  et  peu  inclinées  de  ses  vertèbres  caudales. 
Pag.  13,  ligne  18  :  ajoutez  à  la  localité  citée  du  Leptolepis  Knorrii  :  Daiting ,  Eichstfedt , 

Langenaltlieim ,  Miïhlheim  et  Pappenheim.  Les  apophyses  épineuses  caudales  de 

cette  espèce  sont  arquées,  et  les  dernières  très-inclinées. 
Pag.  13,  ligne  19  :  Le  Leptolepis  duhius  se  trouve  à  Daiting  et  à  Solenhofen  ;  ses  apophyses 

épineuses  postérieures  sont  inclinées,  mais  droites. 
Pag.  13,  ligne  21  :  Ajoutez  les  espèces  suivantes  : 

8.  Leptolepis  contractus  Agass.  Nombre  des  vertèbres  moins  considérables  que  dans  les  es- 
pèces précédentes  ;  corps  par  conséquent  plus  court,  trapu.  Apophyses  épineuses  postérieures 
arquées  ,  mais  peu  inclinées.  A.  de  moyenne  grandeur,  plus  rapprochée  des  ventrales.  Tête 
assez  grande.  Solenhofen. 


—     295     — 

9.  Leptolepis  f'oithii  Agass.  Corps  des  vertèbres  haut  cl  court  ;  côtes  ,  apoj)hyses  épineuses 
et  arêtes  inlerniusculaires  très-minces  ;  V.  grandes  ,  à  larges  rayons  ,  plus  ra|)prochées  de  l'A. 
que  celle-ci  de  la  C.  ;  P.  à  rayons  grêles.  Mâchoire  inférieure  haute;  rayons  branchiostégues 
très-minces.  Ecailles  grandes.  Kehiheim. 

10.  Leptolepis  poiyspomlydus  Agass.  Corps  des  vertèbres  très-élevés ,  mais  très-serrés: 
apophyses  épineuses  minces  et  très-inclinées  en  arrière  ;  côtes  très-minces  ;  A.  plus  rappro- 
chée des  V.  que  de  la  C.  Tète  proportionnellement  très-grande.  Celle  espèce  reste  pelite. 
Solenhofen. 

H.  Leptolepis  macrolepidotus  Agass.  Espèce  très-petite,  dont  les  vertèbres  sont  allongées, 
et  les  apophyses  roides  et  peu  inclinées.  A.  très-rapprochée  de  la  C.  Ecailles  disproportionné- 
ment  grandes.  V.  dans  le  milieu  de  l'espace  qu'il  y  a  entre  les  P.  el  l'A.  Solenhofen. 

On  ne  saurait  songer  à  envisager  ces  deux  dernières  comme  de  jeunes  individus  des  espèces 
précédentes,  dont  j'ai  vu  des  exemplaires  de  toutes  les  dimensions,  el  tout  aussi  petits  (jue 
les  Leptolepis  pohjspondylus  et  macrolepidotus  ordinaires. 

Ajoutez  encore  les  espèces  suivantes  : 

12.  Leptolepis  catidcdis  Agass.  Mentionné  2"  part.  p.  133. 

13.  Leptolepis  fdipennis  Agass.  indiqué  2"  part.  p.  154. 
ik.   Leptolepis  crassus  Agass.  Décrit  2"  part.  p.  131. 

15.  Leptolepis  latus  Agass.  Indiqué  2"  part.  p.  134. 

16.  Leptolepis  pusil lus  Agass.  Indiqué  2"  part.  p.  134. 

17.  Leptolepis  paucispondyius  Agass.  Indiqué  2"  part.  p.  134. 

18.  Leptolepis  macrophthalmus  Egert.  Indiqué  2"  part.  p.  134. 
Page  12  et  13.  Addition  aux  genres  Thrissops  et  Leptolepis. 

Ce  qui  paraissait  peu  probable  il  y  a  quelques  années,  est  maintenant  un  fait  accompli  :  on 
})eut  espérer  de  recueillir  des  données  sur  la  disposition  des  organes  intérieurs  de  quelques- 
uns  des  genres  des  poissons  fossiles  qui  n'existent  plus.  Ainsi  les  corps  fossiles  que  les  orycto- 
graphes  ont  décrits  et  ligures  sous  le  nom  de  Lumbricaria ,  dont  ils  ont  fait  un  genre  de  la 
classe  des  vers ,  sont  des  intestins  de  poissons.  Ils  appartiennent  aux  genres  Leptolepis  et 
Thrissops.  Cette  observation  que  j'ai  faite  sur  plusieurs  exemplaires  du  3Iusée  de  Prague  ,  où 
l'on  conserve  des  ichlhyolithes  entre  les  côtes  desquels  se  trouvent  les  Lumbricaires,  celte  ob- 
servation que  j'ai  confirmée  dans  la  collection  de  M.  le  comte  de  Miinsler,  qui  a  établi  lui- 
même  le  genre  Lumbricaria  ,  prouve  aussi  jusqu'à  l'évidence  que  mes  Thrissops  et  mes  Lep- 
tolepis n'ont  aucun  rapport  avec  les  Chipes ,  dont  les  intestins  sont  plus  gros  et  plus  courts 
que  ceux,  de  ces  genres  fossiles.  Je  pourrais  ajouter,  de  plus,  que  ni  les  Leptolepis,  ni  les 
Thrissops  n'ont  des  côtes  slernales.  Les  Thrissops  ont  de  plus  des  apophyses  épineuses  qui  ne 
sont  pas  soudées  aux  corps  des  vertèbres,  mais  qui  leur  sont  unies  par  suture. 
Page  13,  ligne  27  :  ajoutez  les  espèces  suivantes  au  genre  Megalurus  : 

2.  Megalurus  brevicoslatus  Agass.  Côtes  très-minces  et  courtes;  apophyses  épineuses  infé- 


—     296     — 
rieures  de  l'extrémité  de  la  queue,  moins  larges  que  dans  le  Meg.  lepidotus  ;  ligne  latérale  ar- 
quée vers  le  dos.  Kehlheim. 

3.   Megalurus  elongatus  Mùnst.  Décrit  2®  part.  p.  148. 

k.   Megalurus  parvus  Miïnst.  Décrit  2^  part.  p.  149. 

Le  genre  Megalurus  doit  être  placé  à  la  fin  de  la  feuille,  à  côté  du  genre  Macrosemius. 

Pag.  13  ,  au  bas  de  la  page,  ajoutez  : 

Le  genre  Macropoma  doit  être  reporté  dans  la  famille  des  Célacanthes.  (Voir  plus  bas.) 
J'en  connais  deux  espèces. 

1.  Macropoma  Mantellii  Agass.  Craie  :  Sussex.  Décrit  2"  part.  p.  174. 

2.  Macropoma  Egertoni  Agass.  Mentionné  2"  part.  p.  174. 

Page  14,  ligne  7  :  Le  poisson  de  la  collection  du  comte  de  Miïnster  cité  ici  est  mon  Belonon- 

tomus  sphyrœnoides ,  dont  les  caractères  sont  indiqués  plus  bas. 
Pag.  14,  lign.  9.  M.  Owen  a  donné  sur  l'animal  de  Stonesfîeld  tous  les  renseignemens  que 
les  matériaux  connus  pouvaient  fournir.  Il  n'en  sera  plus  question  à  l'avenir  dans 
la  classe  des  poissons. 
Pag.  14,  ligne  21  :  ajoutez  aux  caractères  de  VÀspidorhynchus  acutirostris ,  que  la  mâchoire 
inférieure  est  beaucoup  plus  épaisse  que  la  supérieure  ,  et  que  son  bord  inférieur 
est  arqué. 
Ajoutez  les  espèces  suivantes  : 

3.  Aspidorhynchus  mamUhularis  Agass.  Diffère  de  la  précédente  par  ses  allures  plus  élan- 
cées et  par  la  forme  de  la  mâchoire  inférieure ,  qui  est  étroite ,  et  dont  le  bord  inférieur  est 
droit.  Les  nageoires  sont  aussi  plus  grêles.  Solenhofen. 

4.  Aspidorhynchus  lepturus  Agass.  Mâchoire  inférieure  très-courte  et  large.  C.  petite  et  à 
rayons  grêles.  Ecailles  lisses.  Kehlheim. 

5.  Aspidorhynchus  speciosus  Agass.  Ecailles  ornées  de  grosses  rides,  décurrentes  à  leur 
bord  supérieur  ;  celles  de  la  ligne  latérale  sont  les  plus  élevées  ,  et  leurs  rides  vont  aussi  finir 
au  bord  inférieur.  Kehlheim. 

6.  Aspidorhynchus  ornatissimus  Agass.  Toute  la  surface  des  écailles  est  ornée  de  rides  (|ui 
se  ramifient  d'avant  en  arrière  ,  et  qui  sont  réunies  par  de  petites  saillies  Iransverses.  Solen- 
hofen et  Pappenheim. 

Ajoutez  les  espèces  suivantes  : 

7.  Aspidorhynchus  anglicus  Agass.  Indiqué  2"  part.  p.  139. 

8.  Aspidorhynchus  eiiodus  Egert.  Indiqué  2"  part.  p.  139. 

9.  Aspidorhynchus  Comptoni  Agass.  Mentionné  2*  pag.  p.  139. 

Page  1 4 ,  ligne  22  :  ï Aspidorhynchus  temdrostris  et  quelques  espèces  nouvelles  doivent  cons- 
tituer un  genre  particulier  ,  assez  différent  des  Aspidorhynques  proprement  dits  . 
auquel  je  donne  le  nom  de  : 


—     297     — 

Belonostomits  Agass. 
Toutes  les  espèces  de  ce  genre  sont  beaucoup  plus  allongées  que  les  Aspidorliynchus  (dans 
quelques  collections  elles  portent  encore  ce  nom);  les  deux  mâchoires  sont  très-allongées,  la 
supérieure  n'est  pas  beaucoup  plus  longue  que  l'inférieure  et  n'a  pas  d'échancrure  dans  la- 
quelle celle-ci  s'engrène  comme  dans  les  Aspidorliynchus.  L'A.  est  plus  étroite. 

1 .  Belonostomus  tenuirostris  Agass.  (  C'est  l'Aspidorhynchus  tenuirostris  mentionné  plus 
haut  p.  2.)  Ecailles  complètement  lisses;  les  deux  mâchoires  très-minces,  armées  les  deux  de 
dents  coniques  à-peu-près  d'égale  grandeur,  entre  lesquelles  il  y  en  a  de  très-fines. 

2.  Belonostomus  suhulatus  Agass.  (Sous  le  nom  de  Belonostomus  tenuis  dans  quelques  col- 
lections.) Mâchoire  inférieure  à  peine  d'un  cinquième  plus  courte  que  la  supérieure,  armées 
toutes  deux  de  dents  très-iines;  écailles  lisses  :  les  rayons  des  ventrales  sont  courts  et  étroits. 

3.  Belonostomus  ventralis  Agass.  Mâchoire  également  armée  de  fines  dents;  écailles  lisses, 
sur  lesquelles  on  remarque  à  peine  les  lignes  concentriques  d'accroissement,  finement  rayées 
à  leur  bord  ;  rayons  des  ventrales  courts,  mais  larges.  Solenhofen. 

h.  Belonostomus  sphyrœnoides  Agass.  (Sphyrfena  Agass.  Cat.  Msc.)  Mâchoires  à-peu-près 
d'égale  longueur;  la  mâchoire  inférieure  surtout  armée  de  grosses  dents  coniques  qui  alternent 
avec  des  dents  très-fines.  Solenhofen. 

5.  Belonostomus  bruchysomus  Agass.  La  tête  égale  presque  le  tiers  de  la  longueur  totale  du 
poisson.  Mâchoire  d'égale  longueur;  quelques  dents  plus  grosses  sur  leur  milieu  ;  écailles  lis- 
ses, carénées  sur  le  dos  et  sur  le  ventre.  Vertèbres  élevées.  D.  V.  et  A.  petites.  C.  propor- 
tionnellement plus  grande.  Eichslsedt. 

6.  Belonostomus  M'ùnsteri  Agass.  Toutes  les  nageoires  petites,  excepté  les  P.  qui  sont  lar- 
ges ;  mâchoire  inférieure  à  peine  plus  courte  que  la  supérieure  ;  toutes  deux  armées  de  pe- 
tites dents ,  et  n'en  portent  que  quelques-unes  plus  grosses  sur  leur  milieu  ;  écailles  granu- 
leuses et  striées  à  leur  surface  extérieure.  Daiting. 

Ajoutez  encore  les  espèces  suivantes  : 

7.  Belonostomus  acutus  Agass.  Décrit  2*^  part.  pag.  142. 

8.  Belonostomus  cinctus  Agass.  Décrit  2*^  part.  pag.  142. 

9.  Belonostomus  Anningiœ  Agass.  Mentionné  2"^  part.  pag.  ikZ. 

10.  Belonostomus  Kochii  Miinst.  Mentionné  2*^  part.  pag.  143. 

11.  Belonostomus  leptosteus  Agass.  Mentionné  2"  part.  pag.  143. 
Pag.  14.  Au  bas  de  la  page ,  ajoutez  le  genre  suivant  : 

Macuosemius  Agass. 
Intermédiaire  entre  les  Saurostomus  et  les  Aspidorliynchus.  Tête  plus  courte;  bec  peu  al- 
longé; mâchoire  supérieure  à  peine  plus  longue.  Rayons  branchiostègues  de  plus  en  plus 
longs  d'avant  en  arrière.  P.  portées  sur  un  pédicule  court  ;  D.  occupant  tout  le  dos  ;  A.  pe- 
tite, très-reculée;  C.  arrondie,  plus  développée  dans  sa  partie  supérieure;  V.  plus  rappro- 
chées de  l'A.  que  des  P.  ;  de  grosses  écailles  allongées  au  bord  inférieur  de  la  queue. 
ToM.  II.  2=  Part.  38 


—     298     — 

i.  Macrosemhis  rostratus  Agass.  Petit  poisson,  qui  paraît  assez  large  à  cause  de  sa  grande 
dorsale  et  dont  la  tête  est  terminée  en  avant  par  une  sorte  de  bec  obtus  formé  par  les  deux 
mâchoires.  Ecailles  de  moyenne  grandeur.  Miihlheim ,  prés  de  Solenhofen  et  Pappenheim. 

Ajoutez  encore  l'espèce  suivante  : 

2.   Macrosemius  brevirostris  Agass.  Indiqué  2*^  part.  p.  lôG. 

La  famille  des  (]1EL ACANTHES,  instituée  depuis  la  publication  du  tableau  synop- 
tique qui  est  en  tête  de  ce  volume ,  doit  venir  prendre  place  entre  les  Sauroïdes  et  les  Pycno- 
dontes.  Elle  renferme  plusieurs  genres  nouveaux  et  un  nombre  assez  considérable  d'espèces. 
Elle  est  caractérisée  T  part.  p.  i68.  Voici  le  tableau  des  genres  et  des  espèces  que  j'ai  dis- 
tingués : 

i.   CoELACANTHiis  Agass.  Décrit  2^  part.  p.  170. 

i.  Cœlacanthus  granulosus  Agass.  Décrit  2''  part.  p.  172. 

2.  Cœlacanthus  Philippsii  Agass.  Mentionné  2''  part.  p.  173. 

3.  Cœlacanthus  minor  Agass.  Mentionné  2"  part.  p.  173. 
h.  Cœ/aca«<A«s  ^r«c//j.s  Agass.  Mentionné  2"  part.  p.  173. 
3.  Cœlacanthus  lepturus  Agass.  Mentionné  2"  part.  p.  173. 
6.  Cœlacanthus  Mûnsteri  Agass.  Mentionné  2"  part.  p.  173. 

2.  Macropoma  Agass.  Mentionné  p.  13.  Décrit  2^  part.  p.  \7k. 

1.  Macropoma  Mantellii  Agass.  Décrit  2"  part.  p.  174. 

2.  Macropoma  Egertoni  Agass.  Mentionné  2"  part.  p.  174. 

3.  HoLOPTYCHius  Agass.  Mentionné  2"  part.  p.  178. 

1 .  Holoptychiiis  giganteus  Agass.  Indiqué  2"  part.  p.  179. 

2.  Holoptychius  Flemingii  Agass.  Indiqué  2^  part.  p.  179. 

3.  Holoptychius  nobilissimus  Agass.  Indiqué  2^  part.  p.  179. 
U.  Holoptychius  Andersoni  Agass.  Indiqué  2"  part.  p.  179. 
.5.  Holoptychius  Murchisoni  Agass.  Indiqué  2"  part.  p.  179. 

6.  Holoptychius  Omaliusii  Agass.  Indiqué  2"  part.  p.  179. 

7.  Holoptychius  H ibberti  Agass.  Indiqué  2"  part.  p.  180. 

8.  Holoptychius  sauroïdes  Agass.  Indiqué  2^part.  p.  180. 

9.  Holoptychius  falcatus  Agass.  Indiqué  2^  part.  p.  180. 

10.  Holoptychius  Portlockii  Agass.  Indiqué  2"  part.  p.  180.  ' 

11.  Holoptychius  Garneri  Agass.  Indiqué  2''  part.  p.  180. 

12.  Holoptychius  gramdatus  Agass.  Indiqué  2"  part.  p.  180. 

13.  Holoptychius  striatus  Agass.  Indiqué  2"  part.  p.  180. 
ik.  Holoptychius  minor  Agass.  Indiqué  2*^  part.  p.  180. 


—     299     — 
'i.  Glyptosteus  Agass.  Mentionné  2"  part,  p.  179. 

1.  Glyptosteus  favosus  Agass.  Indiqué  2"  part.  p.  179. 

2.  Glyptosteus  reticulatus  Agass.  Indiqué  2"  part.  p.  179. 

5.  Phyllolepis  Agass.  Mentionné  2^  part.  p.  179. 

1.  Phyllolepis  co^icentricus  Agass.  Indiqué  2°  part.  p.  179. 

2.  Phyllolepis  tennissimus  Agass.  Indiqué  2°  part.  p.  180. 

6.  Glyptolepis  Agass.  Mentionné  2"  part.  p.  179. 

1.  Glyptolepis  elegans  Agass.  Indiqué  2"  part.  p.  179. 

2.  Glyptolepis  leptopterus  Agass.  Indiqué  2^  part.  p.  179. 

7.   PsAMMOLEPis  Agass.  Indiqué  2"  part.  p.  179. 
1 .   Psammolepis  paradoxus  Agass.  Indiqué  2"  part.  p.  179. 

8.  HoPLOPYGus  Agass.  Mentionné  2*  part.  p.  178. 
1.   Hoplopyyiis  Binneyi  Agass.  Indiqué  2^  part.  p.  180. 

9.  Uronemus  Agass.  Mentionné  2^  part.  p.  178. 
1.   Uronemus  lobatus  Agass.  Indiqué  2"  part.  p.  180. 

10.  Undina  Miinst,  Mentionné  2"  part.  p.  178. 

1.  Undina  striolaris  Miinst.  Indiqué  2"  part.  p.  180. 

2.  Undina  Kohleri  Miinst.  Indiqué  2*'  part.  p.  180. 

11.  Gtenolepis  Agass.  Mentionné  2''  part.  p.  179. 
1.   Gtenolepis  Cyclus  x\gass.  Indiqué  2*  part.  p.  180. 

12.  Gyrosteus  Agass.  Mentionné  2"  part.  p.  179. 
1.    Gyrosteus  mirabilis  Agass,  Indiqué  2^  part,  p,  180, 

Page  15,  ligne  12  :  ajoutez  au  gisement  du  Plamdus  Gigas  les  localités  suivantes  :  Lunéville  , 
Breslau  ,  Rottweil,  Marbach  et  Wilhelmshall, 
Ajoutez  aussi  les  espèces  suivantes  : 

3.  Placodus  Mïmsteri  Agass,  Espèce  dont  les  dents  sont  plus  arrondies  sur  leurs  angles 
que  chez  le  Placodus  Gigas.  Muschélkalk  :  Laineck,  près  de  Bayreulh, 

k.  Placodus  Andriani  Miinst,  Décrit  2"  part,  p.  219. 
5.   Placodus  rostratus  Miinst.  Décrit  2"  part,  p,  221. 
Pag.  13,  ligne  22  :  Mon  Sphœrodiis  rhomboïdaiis  doit  être  rangé  dans  le  genre  Gyrodus.  J'en 
ai  vu  toutes  les  dents  sur  un  exemplaire  du  musée  de  Munich  ,  qui  ne  permet  plus 
de  douter  de  la  véritable  position  de  cette  espèce. 
Pag,  IS,  lign,   26.  Mon  Sphœrodus  mammillaris  a  été  établi  d'après  des  dents  de  Lepidotus 
Mantellii ,  voir  T  part,  p,  216,  J'ai  confondu  sous  le  même  nom  une  espèce  que 
j'appelle  maintenant  Gyrodus  mammillaris.  Voir  2''  part,  p.  236, 


—     300     — 

Pag.  15.  Au  bas  de  la  page  ajoutez  les  espèces  suivantes  : 

8.  Sphœrodus  annularis  Agass.  Décrit  2"  part.  p.  12H. 

9.  Sphœrodus  lens  Agass.  Décrit  2^  part.  p.  212. 

10.  Sphœrodus  irregidaris  Agass.  Décrit  2^  part.  p.  213. 

1 1 .  Sphœrodus  depressus  Agass.  Décrit  2®  part.  p.  213. 

12.  Sphœrodus  discus  Agass.  Décrit  2*^  part.  p.  214. 

13.  Sphœrodus  cinctus  Agass.  Décrit  2^  part.  p.  214. 

14.  Sphœrodus  mitrula  Agass.  Décrit  2*  part.  p.  214. 

15.  Sphœrodus  conicus  Agass.  Décrit  2*^  part.  p.  215. 

16.  Sphœrodus  truncatus  Agass.  Décrit  2"^  part.  p.  215. 

17.  Sphœrodus  neocomensis  Agass.  Décrit  2^  part.  p.  216. 

18.  Sphœrodus  microdon  Agass.  Décrit  2^  part.  p.  216. 

19.  Sphœrodus  minor  Agass.  Décrit  2"  part.  p.  216. 

Page  16,  ligne  10  :  Les  caractères  génériques  du  genre  Gyrodus  doivent  être  complétés  comme 
suit  :  Corps  large,  aplati,  court  et  très-élevé.  D.  et  A.  très-longues,  opposées  l'une 
à  l'autre  depuis  le  milieu  du  tronc  jusqu^à  la  base  de  la  C  qui  est  très-fourchue, 
et  dont  les  deux  lobes,  égaux,  sont  très-allongés.  Les  V.  existent.  Ce  sont  de  grands 
Microdons,  à  dents  profondément  sillonnées.  Chez  toutes  les  espèces  les  écailles  sont 
unies  par  de  très-gros  onglets  articulaires. 

Ajoutez  les  espèces  suivantes  : 

6.  Gyrodus  rhomboidaiis  Agass.  (Le  Spha?rodus  rhomboïdalis ,  cité  ci-dessus  p.  299). 
Ajoutez  au  gisement  connu  :  Daiting.  La  surface  de  ses  écailles  est  ornée  d'un  réseau  de 
saillies  ,  ou  de  rides  très-marquées  sur  les  flancs  ,  et  plutôt  bosselées  vers  le  dos. 

7.  Gyrodus  circularis  Agass.  Les  écailles  de  cette  espèce  sont  marquées  de  rides  moins 
nombreuses  et  moins  saillantes  ;  les  rayons  de  la  caudale  ont  des  articulations  très-éloignées 
les  unes  des  autres  vers  leur  base ,  mais  qui  deviennent  de  plus  en  plus  nombreuses  vers  leur 
extrémité.  Dans  ses  mâchoires  j'ai  observé  une  disposition  assez  particulière  des  dents,  qui  me 
parait  devoir  être  générique  :  la  large  plaque  qui ,  dans  la  mâchoire  supérieure ,  est  recou- 
verte de  cinq  rangées  de  dents,  dont  une  moyenne,  impaire,  est  plus  grande  que  les  latéra- 
les ;  c'est  le  vomer  :  en  avant  il  y  a  un  petit  os  qui  porte  quelques  dents  coniques ,  c'est  l'in- 
termaxillaire  ;  le  côté  de  la  bouche  est  fermé  par  une  plaque  très-dilatée  en  arrière  en  forme  de 
large  spatule ,  c'est  le  maxillaire  supérieur.  Quelques  dents  coniques ,  à  l'extrémité  de  la  mâ- 
choire inférieure,  correspondent  à  celles  de  la  mâchoire  supérieure.  Solenhofen. 

8.  Gyrodus  analis  Agass.  Le  bord  antérieur  de  l'A.  est  très-allongé  et  semble  former  un 
lobe  particulier,  dont  les  rayons  antérieurs  sont  simples  et  articulés  de  loin  en  loin  seulement; 
les  derniers  rayons  sont  très-courts,  larges,  fendus  et  articulés  de  très-près.  Ecailles  beaucoup 
plus  hautes  que  longues ,  ornées  à  leur  surface  de  grosses  mailles  réticulées  ;  elles  sont  lisses 


—     301     — 

en  arrière  des  ventrales.  Premier  os  interapophysaire  de  l'anale  arqué  en  avant  et  prolongé 
jusqu'aux  ventrales.  Kehiheim. 

9.  Gijrodus  frontatus  Agass.  Les  ventrales  sont  arrondies  et  composées  de  six  larges  rayons; 
apophyses  épineuses  antérieures  des  vertèbres  ventrales  très-élevées  ;  front  saillant  ;  œil  petit  ; 
partie  visible  des  écailles  à-peu-près  aussi  longue  que  haute  ;  leur  surface  extérieure  est  poin- 
tillée  ;  rayons  des  nageoires  assez  grêles.  Kehiheim. 

10.  Gyrodus  macrophthatnms  Agass.  Orbite  très-grande;  écailles  finement  ridées  à  leur 
surface  extérieure,  plus  hautes  que  longues;  dents  profondément  sillonnées.  Kehiheim. 

i  1 .  Gyrodus  punctatissimus  Agass.  Surface  extérieure  des  écailles  couverte  de  petits  points 
très-rapprochés  ;  elles  sont  plus  hautes  que  longues  ;  l'opercule  est  aussi  pointillé  ;  rayons  des 
nageoires  larges  et  articulés  de  près.  Kehiheim. 

12.  Gyrodus  macropterus  Agass.  La  plus  petite  espèce  du  genre  que  je  connaisse  ;  sa  D.  et 
son  A.  sont  formées  de  rayons  si  allongés,  qu'on  la  prendrait  pour  un  Platax  sans  la  forme 
particulière  de  ses  dents  et  de  ses  écailles.  C.  également  très-grande;  V.  très-petites.  Kehiheim. 

13.  Gyrodus  rugulosus  Agass.  Dents  dont  les  sillons  sont  eux-mêmes  ridés.  Grès  vert  :  Ra- 
tisbonne. 

Ajoutez  encore  les  espèces  suivante  : 

Ik.  Gyrodus  rucjosus  Miinst.  Décrit  2"  part.  p.  217. 

1§.  Gyrodus  punctatus  Agass.  Décrit  2"  part.  p.  231. 

16.  Gyrodus  trigonus  Agass.  Décrit  2^  part.  p.  232. 

17.  Gyrodus  radiatus  Agass.  DécrilT  pari.  \).  2'5'2.  ■ 

18.  Gyrodus  lœvior  Agass.  Décrit  2"  part.  p.  233. 

19.  Gyrodus  cretaceus  Agass.  Décrit  2"  part.  p.  233. 

20.  Gyrodus  Mantellii  Agass.  Décrit  2"  part.  p.  23i. 

21 .  Gyrodus  angusfus  Agass.  Décrit  2"  part.  p.  23S. 

22.  Gyrodus  rugulosus  Agass.  Décrit  2"  part.  p.  23S. 

25.  Gyrodus  M iinsteri  Agass.  Décrit  2"  part.  p.  23S. 

21.    Gyrodus  platurus  Agass.  Indiqué  2"  part.  p.  236.  [ 

2.5.   Gyrodus  gibbosus  Agass.  Indiqué  2"  part.  p.  236. 

26.  Gyrodus  perlatus  Agass.  Indiqué  2*  part.  p.  236. 

27.  Gy^'odus  mammillaris  Agass.  Indiqué  2^  part.  pag.  236. 
Pag.  16,  lign.  25,  ajoutez  l'espèce  suivante  : 

Microdon  radiatus  Agass.  Décrite  T"  part.  p.  208. 
Page  16,  ligne  29  :  Ajoutez  aux  caractères  du  genre  Pycnodus,  que  les  dents  de  l'intermaxil- 

laire  et  les  correspondantes  de  la  mâchoire  inférieure  sont  comprimées  en  forme  de 

ciseaux  et  tranchantes  à  leur  bord. 
Page  { 7,  ligne  3  :  Mon  Pycnodus  microdon  est  synonyme  du  Pycnodus  Mantellii.  Déci'it  2^  part. 

p.  196. 


—     302     — 
Ajoutez  l'espèce  suivante  : 

k.  Pycnodus  complanatus  Âgass.  Espèce  dont   les  dents  ont  à-peu-près  la  forme  des  précé- 
dentes, mais  qui  sont  aplaties  à  leur  surface  supérieure.  Grès  vert  de  Ratisbonne. 
Pag.  17,  lign.  6  :  ajoutez  ,  comme  nouveau  gisement  de  Pycuodus  depresstis,  le  grès  vert  de 
Ratisbonne. 
Ajoutez  les  espèces  suivantes  : 

Pycnodus  Rhomhtis  Agass.  Décrit  2®  part.  p.  188. 
Pycnodus  Nicoleti  Agass.  Décrit  2"  part.  p.  192. 
Pycnodus  didytnus  Agass.  Décrit  2"  part.  p.  193. 
Pycnodus  rugidosus  Agass.  Décrit  2^  part.  p.  \9U. 
Pycnodus  ovalis  Agass.  Décrit  2^  part.  p.  195. 
Pycnodus  toliapicus  Agass.  Décrit  2"  part.  p.  196. 
Pycnodus  Munster i  Agass.  Décrit  2"  part.  p.  197. 
Pycnodus  cretaceus  Agass.  Décrit  2*^  part.  p.  198. 
Pycnodus  Couloni  Agass.  Mentionné  2""  part.  p.  200. 
Pycnodus  latirostris  Agass.  Mentionné  2^  part.  p.  199. 
Pycnodus  obtusus  Agass.  Mentionné  2"  part.  p.  199. 
Pycnodus  parvus  Agass.  Mentionné  2"  part.  p.  199. 
Pycnodus  tristychius  Agass.  Mentionné  2*^  part.  p.  199. 
Pycnodus  biseriaiis  Agass.  Mentionné  2''  part.  p.  199. 
Pycnodus  discoïdes  Agass.  Mentionné  2"  part.  p.  199. 
Pycnodus  elongatus  Agass.  Mentionné  2*  part.  p.  199. 
Pycnodus  marginalis  Agass.  Mentionné  2"  part.  p.  199. 
Pycnodus  trigonus  Agass.  Mentionné  2^  part.  p.  199. 
Pycnodus  latidens  Agass.  Mentionné  2^  part.  p.  199. 
Pycnodus  priscus  Agass.  Mentionné  2"  part.  p.  199. 
Pycnodus  gracilis  Mùnst.  Mentionné  2"  part.  p.  199. 
Pycnodus  minutus  Mûnst.  Mentionné  2^  part.  p.  199. 
Pycnodus  niinor  Agass.  Mentionné  2"  part.  p.  200. 

Pag.  17,  lign.  20,  ajoutez  les  genres  suivans  : 

1.  Periodus  Agass.  Décrit  2^  part.  p.  201. 
1 .   Periodus  Kœnigii  Agass.  Décrit  2^  part.  p.  201 . 

2.  AcROTEMNUs  Agass.  Décrit  2^  part.  p.  202. 
1 .   Àcrotemnus  Faba  Agass.  Décrit  2^  part.  p.  205. 

3.  Gyronchus  Agass.  Décrit  2"  part.  p.  202. 
1.   Gyronchus  oblomjus  Agass.  Décrit  2"  part.  p.  202. 


—     305     — 
k.  ScROBODUs  Miinst.  Mentionné  2"  part.  p.  203. 
i.  Scrobodîts  suboi-atus  Mùnst.  Mentionné  2"  part.  p.  203. 

5.  Globulodus?  Miinst.  Mentionné  2°  part.  p.  203. 
l.   Globulodus  elegans  Mùnst.  Indiqué  2"  part.  p.  203. 

6.  CoLOBODUs  Agass.  Mentionné  2*^  part.  p.  237. 
1.   Colobodus  Hogardi  Agass.  Indiqué  2^^  part.  p.  237. 

7.  PisoDtJS  Owen.  Indiqué  T  part.  p.  237. 

1.  Pisodus  Owenii  Agass.   Indiqué  2*^  part.  p.  2^17. 

8.  Phyllodus  Agass.  Décrit  2*  part.  p.  238. 

i .  Phyllodus  toliapicus  Agass.  Décrit  2"  part.  p.  239. 

2.  Phyllodus  planus  Agass.  Décrit  2"  part.  p.  239. 

3.  Phyllodus  polyodus  Agass.  Décrit  2"  part.  p.  240. 

k.   Phyllodus  marginalis  Agass.  Décrit  2"  part.  p.  240.  • 

5.  Phyllodus  irrecjularis  Agass.  Indiqué  2^  part.  p.  241. 

6.  Phyllodus  médius  Agass.  Indiqué  2"  part.  p.  241 . 
Pag.  17,  lign.  26 ,  ajoutez  les  espèces  suivantes  : 

2.  Diodon  Scillœ  Agass.  Décrit  2''  part.  p.  274. 

3.  Diodon  Erinaceus  Agass.  Mentionné  2"  part.  p.  274. 
Au  bas  de  Ja  page  ,  ajoutez  les  genres  suivans  : 

Blochius  Volta. 

En  comparant  ce  genre,  auquel  il  n'a  point  encore  été  assigné  de  place  dans  la  classe,  avec 
les  Alutères  allongées  ,  on  acquiert  la  conviction  qu'il  doit  être  rangé  dans  la  famille  des  Sclé- 
rodermes. 

Son  corps  est  très-allongé,  étroit,  recouvert  de  petites  écailles  rhomboïdales ,  placées  obli- 
quement au  corps  ;  la  tète,  également  très-allongée,  est  terminée  par  un  long  bec  formé  par 
les  deux  mâchoires ,  qui  sont  d'égale  longueur  et  armées  de  dents  très-fines.  De  petites  ven- 
trales insérées  en  dessous  des  pectorales  ;  la  dorsale  occupe  toute  l'étendue  du  dos,  et  l'anale 
la  moitié  postérieure  du  bord  inférieur  ;  toutes  deux  sont  formées  de  rayons  très-grêles.  La 
cavité  abdominale  est  courte. 

i.  Blochius  longirostris  \o\lSi.  (Ittiolit.  veron.  Tab.  12  et  Tab.  70. —  Synbranchus  imma- 
culatus  Ittiolit.  veron.  Tab.  a5.  f.  f .)  Bec  très-grêle  et  très-allongé.  Monte-Bolca.  L'exem- 
plaire du  Musée  de  Paris  ,  qui  passe  pour  en  avaler  un  autre  (Iltiol.  T.  12.  f.  I.),  est  tout 
simplement  posé  sur  cet  autre  ;  la  petitesse  de  la  cavité  abdominale  de  ce  poisson ,  qui  pour- 
rait à  peine  contenir  la  tête,  de  plus  si  solide,  de  celui  qu'on  dit  être  avalé,  et  qui  pourtant 
dépasse  le  bord  des  mâchoires  du  glouton ,  fait  déjà  voir  l'impossibilité  d'un  fait  sur  lequel  on 
a  cependant  basé  une  théorie  pour  expliquer  le  mode  de  formation  du  gîte  de  Monte-Bolca. 


—     301     — 

Dercetis  Miinst.  et  Agass. 

C'est  ici  l'un  des  plus  singuliers  genres  que  j'aie  observés  jusqu'à  présent,  et  dont  les  carac- 
tères sont  si  frappans  qu'ils  devront  embarrasser  tout  ichlhyologiste  qui  cherchera  à  lui  assi- 
gner une  place  dans  la  classe  des  poissons.  Dans  sa  collection  ,  M.  le  comte  de  Munster  lui 
avait  donné  le  nom  de  Dercetis,  que  je  conserve.  L'on  ne  saurait  méconnaître  sa  ressemblance 
avec  le  genre  Blochius.  Son  corps  est  également  très-allongé  ;  la  tète  se  prolonge  aussi  en  un 
bec  étroit ,  mais  qui  est  plus  court  ;  la  mâchoire  supérieure  est  un  peu  plus  longue  que  l'in- 
férieure ;  toutes  deux  sont  armées  de  longues  dents  coniques  très-élevées ,  qui  alternent  avec 
plusieurs  rangées  de  plus  petites;  les  dents  du  milieu  des  mâchoires  sont  les  plus  longues.  P. 
très-grandes  ;  V.  abdominales,  formées  de  cinq  rayons  plus  forts  que  ceux  des  pectorales,  quoi- 
que plus  courts.  La  D,  commence  en  avant  des  V.,  par  des  rayons  un  peu  plus  longs  que  les 
derniers  ;  elle  s'étend  jusque  près  de  la  caudale  ;  l'A.  commence  plus  en  arrière ,  mais  elle 
finit  vis-à-vis  la  dorsale.  C.  peu  échancrée.  Les  côtés  du  poisson  sont  recouverts  de  trois  ran- 
gées de  singuliers  écussons  ,  semblables  à  ceux  des  Esturgeons,  mais  assez  grands  dans  le  Der- 
cetis pour  recouvrir  toute  la  surface  du  corps.  Ces  écussons  sont  osseux,  granuleux  à  leur  sur- 
face extérieure,  et  surmontés  d'une  saillie  anguleuse  sur  leur  milieu. 

1 .  Dercetis  scutatus  Agass.  Craie  de  la  Westphalie  :  Baumberge  prés  de  Miinster. 

2.  Dercetis  elongatiis  Agass.  Décrit  2^  part.  p.  2.58, 

RmNELLUs  Agass.  Décrit  2"  part.  p.  260. 
•i .  Rhinellus  nasalis  Agass.  Espèce  de  Monte-Bolca  figurée  sous  le  nom  de  Pegasus  lesinifor- 
mis  dans  l'Itt.  ver.  Tab.  39,  f.  1. 

2.  Rhinellus  furcattis  Agass.  Espèce  du  Liban.  Décrit  2*  part.  p.  260. 
Ajoutez  encore  les  genres  suivans  : 

AcAKTHODERMA  Agass.  Décrit  2"  part.  p.  2S1 . 
i  .   Acanthoderma  ovale  Agass.  Décrit  2^  part.  p.  25i  . 
2.   ^ca7if/«of?erHm  sjo//!os«m  Agass.  Décrit  2^  part  p.  252. 
AcAiNTHOPLEURus  Agass.  Décrit  2*  part.  p.  2S3. 

1.  Acanthopleurtis  serratus  Agass.  Décrit  2^"  part.  p.  253. 

2.  Acanthopleurus  brevis  Egert.  Indiqué  2^  part.  p.  253. 

Glyptocephalus  Agass.  Mentionné  2^  part.  p.  261. 
1.   Ghjtocephalus  radiatus  Agass.  Indiqué  2''  part.  p.  264. 
Pag.  18,  ajoutez  encore  à  la  fin  du  tableau  la  famille  des 

ACIPE]\SEÏ11DES  Agass.  Caractérisé  2"  part.  p.  277,  avec  les  genres  suivans  : 

C HONDROSTEUS  Agass.  Mentionné  "  part.  p.  280. 
i.   Chondrosteus  acipenseroides  Agass.  Indiqué  2^^  part.  p.  280. 

AciPENSER  Linn. 
{.  Acipenser  toliapicus  Agass.  Mentionné  2''  part.  p.  280. 


503    — 


TABLE  DES  MATIERES  DU  2=  VOLUME. 


Préface.  Le  contenu  de  ce  volume  est  entièrement  nouveau  pour  l'histoire  naturelle.  Influence  de  1  étude  des 
fossiles  sui"  l'histoire  naturelle  des  espèces  vi^antes;  son  importance  dans  l'appréciation  des  affinités  naturelles 
des  familles;  elle  nous  met  sur  la  \oie  du  développement  génétique  du  règne  animal,  dans  son  ensemble. 
Importance  des  poissons  fossiles  en  particulier  pour  la  géologie pag.  v 

De  l'ordre  des  GANOIDES  en  général. 

Caractères  de  l'ordre.  Il  embrasse  de  nombreux  tjTpes  qui  n'existent  plus  et  plusieurs  familles  de  notre  époque 
dont  la  classification  a  toujours  été  très-embarassante  pour  les  auteurs  systématiques.  Enumération  des  familles 
qui  en  font  partie  ;  rapports  qui  existe  entr'elles   .         . pag.  vn 

Chap.  1.  Tableau  synoptique  des  familles,  des  genres  et  des  espèces  de  l'ordre  des  Ganoides.  (*) 

Caractères  diagnostiques  de  toutes  les  familles  qui  ont  des  représentans  fossiles.  Enumération  des  genres  et 
des  espèces  avec  leurs  caractères  diagnostiques.  LÉPmoiDES  :  Pterichthys,  Coccosteus,  Chelonichlhys ,  Cephalaspis, 
Cheirolepis,  Cheiracanthus ,  Diplacanthus ,  Acanthodes,  Dipterus,  Osteolepis,  Amblypterus,  Palseoniscus ,  Calop- 
terus,  Coccolepis,  Euryîiolus,  Platysomus,  Gyrolepis,  Plectrolepis ,  Dapedius,  Tetragonolepis ,  Amblyurus , 
Semionotus,  Cenlrolepis,  Lepidotus,  Pholidophorus ,  Microps,  Nothosomus ,  Ophiopsis,  Notagogus,  Proplerus.  — 
SAURomES  :  Diplopterus,  Megalickthys ,  Plalygnaihus ,  Dendrodus,  Lamnodus,  Cricodus,  Pygopterus,  Acrolepis, 
Sauriclithys ,  Graptolepis ,  Orognathus,  Pododus,  Eugnathus,  Conodus,  Ptycholepis,  Caturus  (Uraeus) ,  Pachy- 
cormus,  Amblysemius,  Sauropsis,  Thrissops,  Thrissonolus,  Leptolepis,  Aspidorhynchus ,  Belonostomus,  Saurosto- 
mus,  Megalurus,  Macrosemius.  —  Coelacanthes  '■  Boloptychius,  Glyptosleus,  Phyllolepis,  Glyplolepis,  Psammolepis , 
Cœlacantkus ,  Hoplopygus ,  Uronemus,  Undina,  Clenolepis,  Gy ros^eMs,  Macropoma.  —  Pycnodontes  :  Globulodus? 
Pycnodus,  Sphserodus,  Placodus,  Colobodus,  Microdon,  Scrobodus,  Gyronchus,  Gyrodus,  Acrotemnus ,  Periodus, 
Phyllodus,  Pisodus.  —  Sclérodermes  :  Acanlhoderma ,  Acantliopleurus ,  Glyptocephalus ,  Blochius ,  Dercetis,  Rhinel- 
lus,  Ostracion.  —  Gymnodontes  :  Diodon.  —  Lophobranches  :  Calamostoma ,  Syngnathus.  —  AcjPEmEnwes  : 
Chondrosteus ,  Acipetiser  ...............         pag.   i 

Chap.  II.  Du  genre  Acanthodes ,  AgASS. 

Caractères  distinctifs  du  genre,  p.  19.  Acanthodes  Bronii,  p.  20.  N'est  certainement  pas  un  Acanthoptérygien, 
malgré  ses  rayons  épineux.  Additions  à  cette  espèce,  p.  124.  Acanthodes  sulcatus,  p.  125. 

(')  Un  grand  nombre  des  genres  qui  me  sont  connus  maintenant,  ayanl  été  déterminés  postérieurement  à  l'impression  de  ce 
chapitre,  (iyurcnt  seulement  dans  le  texte  ou  dans  les  additions;  je  les  reproduis  cependant  ici  pour  faire  mieux  apprécier 
leurs  affinités  naturelles,  mais  en  ilalii/ues ,  afin  de  les  distinguer  de  ceux  qui  sont  énumérés  dans  le  tableau  primilil'.  J'ai 
également  indiqué  a  leur  place  systématique  quelques  additions  éparses  dans  ce  volume. 

ToM.  II,  2"  P.VRT.  39 


—    506    — 

Du  genre  Ckeiracanihus ,  Agass. 
Caractères  distinclifs  du  genre,   p.  125.   Importance  de  la  position  relative  des  nageoires.  Cheiracanihus 
Murchisoni,  p.  126,  espèce  caractéristique.  Cheiracanihus  minor,  p.  127. 
Du  genre  Cheirolepis,  Agass. 
Caractères  distinctifs  du  genre,  p.  128.  Observation  sur  les  écailles  granulées  de  quelques  genres  de  la  famille 
des  Lépidoïdes.  Cheirolepis  Traillii,  p.  150.  Cheirolepis  Uragus,  p.  152.  Rapprochement  des  espèces  de  Gamrie 
et  de  Pomona,  p.  154. 

"    -""  ij;:.j,.t  .-.'JlJpai'jj((-.  e::>l'>)i(,ii,J    .^^l 

■)l-)j  (>   Chxv.  Ul.  Du  genre  Dipterus  C\i\.  OU  Catopterus,  Ag^ks'.     .  'V'^  .iîUiiiicilJdqoq /il  ••!'!••'' 

' '•  •  Hjl'i/iiil  I  I  'inii-ullol^.  ^'j|)  ;"illi(;  l'i   i-'il 

Caractères  distinctifs  du  genre,  p.  25.  Renseignemens  publiés  par  MM.  Sedgwick  et  Murchison.  Additions. 

p.  112.  Caractères  précis  du  genre.  Des  espèces  du  genre,  p.  114.  Dipterus  macrolepidotus ,  p.  IIS. 

Notice  sur  le  genre  Diplopterus ,  Agass.  de  la  famille  des  Sauroïdes,  p.  115. 
Du  genre  Osleolepis,  \»\.  et  Pentl. 

Caractères  du  genre,  p.  82  et  p.  llT.^oiicfe  siu-  la  structure  géologique  des  îles  Orkney,  et  sur  les  différens 
poissons  fossiles  qu'un  y  trouve.  Osteolepis  macrolepidotus  y>.  ll^J.  Osleolepis  microlepidotus,  p.  121.  Osteolepis 
arenatus,  p.  122.  Notice  sur  les  poissons  fossiles  de  Gamrie  en  général. 

.    ^^.     Chap.  IV.  DUi.genv?  Amblyptfirus,  kgASs.  4.. 

Caractères  génériques,  P- 28^-51.  Structure  des  nageoires.  Nombre  des  rayons  dans  les  Qageoiresdes  poiS*-! 
sons  en  général.  Amblypterus  macropterus ,  p.  51 — 58.  Considérations  sur  la  classification  des  poissons  en  géné- 
ral,  et  rapports  des  poissons  fossiles  avec  les  espèces  vivantes.  Position  des  genres  Lepidosleus  et  Polypterus 
dans  les  systèmes  dichthyologie.  Particularités  des  nageoires  de  lAmblypterus  macroplei-us.  Amt^tylerus 
euplerygius,  p.  56.  Amblypterus  lalus,  p.  57.  Amblypterus  lateralis,  p.  59.  Amblypterus  Olfersii,  p.  40,  rectifié 
2°  part.  p.  28.  Additions  à  ces  espèces,  p.  112.  Amblypterus  Agassizii,  p.  103.  Notice  sur  les  poissons  fossiles  de 
New-Haven  en  général,  p.  106.  Amblypterus  nemoplerus ,  p.  107.  Amblypterus  punctalus,  p.  109.  Amblypterus 
slriatus,  p.  111.  Rapports  des  Amblypterus  avec  les  Gyrolepis. 

Chap.  V.  Du  genre  Palœoniscus,  Agasa.  ,.., 

Cai-actères  distinclifs  du  genre,  p.  41.  Obser\ations  sur  les  écailles  qui  s  étendent  sur  les  rayons  des  nageoires. 
Palœoniscus  j'tdlus,  p.  45.  Additions,  p.  102.  Palœoniscus  Duvernoy,  p.  43.  Additions,  p.  105.  Palœoniscus 
minutus,  p. 47.  Palœmscus  Blainvillei,  p.  48 — 33.  Sur  l'état  de  conservation  des  Palœoniscus  en  généraU  Inser- 
tion des  écailles  sur  le  pédicule  de  la  queue.  Sur  les  rapports  que  présentent  des  espèces  différentes  de  poissons, 
dans  différentes  localités.  Ce  que  j'entends  par  analogie  compensalive ,  dont  l'étude  doit  conduire  à  des  résultats 
importans  pour  la  Paléontologie,  p.  54  et  38.  Palœoniscus  Voltzii,  p.  53.  Additions  sur  son  squelette  et  sur  la  dis- 
position des  vertèbres  dans  la  plupart  des  Ganoides,  p.  85.  Palœoniscus  angustus,  p.  57.  Palœoniscus  vratisla- 
viensis,  p.  60.  Palœoniscus  lepidurus,  p.  64.  Sur  l'onglet  articulaire  qui  unit  les  bords  supérieurs  et  inférieurs 
des  écailles  dans  la  plapart  des  Ganoides.  Palœoniscus  Freieslebeni ,  p.  66 — 78.  Sur  la  disparition  des  êtres  orga- 
nisés qui  ont  vécu  jusqu'ici  dans  l'eau.  Réunion  des  genres  Palaîoniscus  et  Palaiothrissum.  Enumération  des 
poissons  fossiles  du  Zechslein  d'Allemagne.  Conqiaraison  de  ces  espèces  avec  celles  du  Calcaire  magnésien 
d'Angleteterre,  p.  69,  70  et  78,  et  Additions,  p.  95.  Etat  de  conservation  et  position  de  ces  poissons  dans  la  roche 
qui  les  contient.  Changemens  dans  la  matière  organique.  Précautions  à  prendre  en  décrivant  les  espèces; 
Palœoniscus  magnus,]).7S — 80.  Palœoniscus  macrojWowMs ,  p.  81,  et  Additions,  p.  105.  Palœoniscus  carinalus, 
p.  104.  Palœoniscus  elegans,  p.  82.  Décrit,  p.  93.  Palœuntscus  comlus,  p.  97.  Palœoniscus  ijlaphyrus,  p;  98. 
Palœoniscus  macruphihatmus ,  p.  99.  Palœoniscus  longissimus ,  p.  100.  Comment  on  peut  reconnaître  les  espèces 
dont  le  corps  était  plat,  et  celles  dont  le  coi-ps  était  arrondi.  Notice  sur  les  fossiles  de  Burdie-House  en  générai , 
et  surtout  sur  les  poissons  fossiles  qu'on  y  trouve,  p.  85.  Palœoniscus  Robisoni,  p.  88.  Palœoniscus  stnolatus , 
p.  91.  Palœoniscus  ornatissimus ,  p.  92. 


—    307    — 
Chap.  VI.  Du  genre  Cephalaspis,  Agass. 

Caractères  génériques,  p.  lôS.  Ressemblance  frappanlc  de  sa  tête  avec  l'écusson  des  Trilobiles.  Uniformité 
dans  la  structure  des  animaux  les  plus  anciens.  Gisement  des  espèces.  Enumcratiou  des  poissons  du  vieux  grès- 
rouge.  Subdi\ision  de  la  Grauwacke  en  plusieurs  formations.  Les  Uocs  de  Ludlow  et  leurs  fossiles;  ils  con- 
tiennent encore  des  poissons.  Les  Uocs  de  Dudlcy  et  de  ^^  cnlock  et  leurs  fossiles.  Les  Rocs  d'IIorderley  et  des 
Collines  de  May.  Echelle  géologiipie  propre  à  apprécier  la  succession  des  êtres  organisés.  Cephalaspis  Lyellii,  p. 
Ihîi.  Caractères  spécifiques.  Rapports  a\ec  les  Callichlhys.  Cephnlaspis  rnsirnhis,  ]).  \hS.  Comparaison  avec  le 
genre  Hypophthalnuis.  Ceplialaspi!;  Letcisii,  p.  149.  Cephalaspis  Lloydii,  p.  150.  Comparaison  du  lest  de  sa  tète 
avec  les  écailles  des  Mollusques  et  l'enveloppe  solide  des  Crustacés,  et  en  particulier  avec  les  écussons  des 
Trilobites. 


Chap.  VIL  Du  genre  Eurynolus,  As,sss.  '  9ilim£j  kI  ■.»! 


\ 


Caractères  distinctifs  du  genre,  p.  155.  Eurymtm  crenalus,  p.  iak.  ■Ewrynol.uf  fimbriatus,  p.  ISS.  Emynol^s 
fenuice/»s,  p.  159.  v4>  .a/uonJ  v  .«ir.<, 

Chap.  \III.  Du  genre  Plalysomus,  Agass. 

Caractères  génériques,  p.  161.  Ostéologie  complète.  Figure  restaurée  aù^^queleltè. 'P/a/f/somws  gibbosus,i}. 
164.  Plalysomus  Rhombus,  p.  1()7.  Plalysomus  strialus ,  p.  168.  Comparaison  des  Plalysomus  d'Allemagne  et 
d'Angleterre,  p.  167  et  169.  Platysomus  macrurus,  p.  170.  Plalysomus parvus ,  p.  170. 

w^         Chap.  IX.  Du  genre  Gyrolepis,  Agass. 

Caractères  distinctifs  du  genre,  p.  172.  Gyrolepis  Alberlii,  p.  175.  Gyrolepis  lenuistriatus ,  p.  174.  Gyrolepis 
maximus,  p.  175.  Gyrolepis  giganteus,  p.  175.  Cette  espèce  appartient  au  genre  Holoplycliius,  p.  502. 

Du  genre  Coccolepis,  Agass. 
Caractères  distinctifs  du  genre ,  p.  500.    Coccolepis  Btic/dandi,  p.  500.  Cette  espèce  fait  seule  exception  à  la 
règle  que  les  hétérocerques  sont  tous  antérieurs  au  Jura. 

Observations  générales  sur  les  Lépidoides  Eélérocerques.  Récapitulation  des  genres  et  des  espèces,  p.  177.  Ca- 
ractères communs.  Conditions  d'existence  des  animaux  qui  ont  vécu  avec  eux.  Les  poissons  sont  les  premiers 
êtres  Vivans  qui  se  soient  mus  librement  dans  l'eau. 

■I   -11.   -   r  .      ,,,■_.- 

'  Chap'.  X.  Des  genres  Dapedim'dé  la  Bêche  et  Tetragonolepis  Bronn. 
-«ib  il  v'- 
Rectificationdescaractères,  p.  181.  Particularités  distinctives  dans  la  dentition.  Ostéologie.  Des  espèces  du 
genre  Dapedius.  Dapedius  polilus,  p.  185.  Etat  de  conservation  des  poissons  fossiles  de  Lyme  Régis.  3Iode  de 
déposition.  Les  fossiles  d  une  même  formation  ont  été  ensevelis  simultanément.  Les  changemens  survenus  dans 
l'ensemble  des  êtres  organisés  qui  caractérisent  chaque  époque  sont  dûs  à  des  phénomènes  généraux.  INature 
différente  de  divers  changemens.  Dapedius  granulatus ,  p.  190.  Dapedius  punvlatus ,  p.  192.  Dapedius  Colei,  \>. 
195.  Rectification  relative  aux  Dap.  allirelis  et  jimbrialus.  Des  espèces  du  genre  TelragunoU-pis,  p.  196.  Tetrago- 
nolepis semicinclus ,  p,  196.  Première  tentative  de  lui  assigner  une  place  dans  un  système  d  Ichlhyologie.  l'elru- 
gonolepis  con/luens,  p.  199.  Tetragonolepis  speciosus,  p.  199.  Tetragonolepis  puslulalus,  p.  1{){.  Tetragonolepis 
radialus,  p.  Wl.  Tetragonolepis  leiosomus,  y>. 'iO^'l.  Tetragonolepis  leac/uj,  p.  205.  Ostéologie  de  la  tète.  Tetra- 
gonolepis heteroderma,  p.'iOl.  Tetragonolepis  pholidotus,  p.  207.  Tetragonolepis  ovalis,  p.  209.  Tetragonolepis 
Bouéi,  p.  210.  Tetragonolepis  dorsatis,  p.  211.  Tetragonolepis  munilifer,  p.  212.  Tetragonolepis  anguiifer,  p.  215. 
Tetragonolepis  Magnevitle,  p.  214.  Tetragonolepis  mastodonteus,  p.  216.  Dapedius  Colei,  p.  217.  Additions  à  la 
description  contenue  p.  195.  Dapedius  Orbis,  p.  218. 


—    308    — 

Chap.  XI.  Du  genre  Ambhjurus  Agass. 
Caractères  distinctifs  du  genre,  p.  220.  Amblyurus  macrosiomus.  p.  220. 

Chap.  XII.  Du  genre  Semionolus,  Agass. 

Caractères  distinctifs  du  genre,  p.  222.  Semionotus  kplocephalus ,  p.  222.  Semionolus  Bergeri,  p.  224. 
Remarques  sur  la  forme  de  la  caudale  des  Palœoniscus  et  des  Semionolus.  Rectification  au  sujet  des  exem- 
plaires du  Musée  de  Munich.  Semionolus  latus,  p.  227.  Semionolus  rhombifer,  p.  228.  Différences  entre  les  genres 
Semionotus  et  Tetragonolepis.  Semionotus  Nilssoni,  p.  229.  Description  détaillée  du  crâne.  Semionolus  stria- 
tus,  p.  231. 

Ch.*.p.  XIII.  Du  genre  Lepidotus ,  Agass. 

Caractères  distinctifs  du  genre,  p.  233.  Différence  entre  les  dents  de  Sphferodus  et  celles  de  Lepidotus.  Lepi- 
dotus Gigas.,  p.  233.  Probablement  un  poisson  riverain.  Structure  des  écailles.  Traces  du  squelette.  Détails 
sur  la  composition  de  la  tète.  Lepidotus  semiserratus,  p.  240.  Inégalité  des  os  du  crâne.  Lepidotus  undalus,  p. 
245.  Addition  2''  part.  p.  287.  Lepidotus  rugosus,  p.  246.  Lepidotus  fimbrialus,  p.  247.  Lepidotus  ornalus,  p.  249. 
Lepidotus  frondosus,  p.  250.  Lepidotus  unguiculatus,  p.  251.  Envisagé  dabord  comme  un  reptile.  Lepidotus 
lœvis,  p.  254.  Lepidotus  palliatus,  p.  255.  Lepidotus  radiatus,  p.  256.  Addition  2"  part.  p.  287,  Lepidotus  tuber- 
culatus,  p.  256.  Lepidotus  notopterus,  p.  237.  Détails  ostéologiques.  Lepidotus  oblongus,  p.  239.  Lepidotus  minor, 
p.  260.  Description  du  squelette,  p.  269.  Grande  ressemblance  des  vertèbres  avec  celles  des  Squales.  Lepidotus 
Manlellii,  p.  262.  Déterminé  d'après  quelques  écailles  isolées;  maintenant  bien  connu.  Description  détaillée  de 
la  plupart  des  os  de  la  tête.  Lepidotus  Fittoni,  p.  265.  Comparaison  avec  l'espèce  précédente.  Lepidotus  specio- 
sus,  p.  266.  Lepidotus  parmilus,  p.  267.  Lepidotus  striatus,  p.  268.  Lepidotus  Maximiliani,  p.  268.  Indication 
des  espèces  qui  ne  sont  pas  encore  suffisamment  connues,  p.  268  et  2"  pai-l,  p.  287. 

Chap.  W\ .  Du  genre  Polidophorus ,  Agass. 

Caractères  distinctifs  du  genre,  p.  271.  Difficulté  de  distinguer  les  espèces.  Le  genre  lefAaZîon  Miinst  ne  me 
paraît  pas  différer  du  genre  Pholidophorus.  Pholidophorus  Bechei,  p.  272.  Singulière  structure  des  Aertèbres. 
Les  écailles  se  trouvent  fréquemment  dans  les  coprolilhes  du  Lias.  Pholidophorus  onychius,  p.  274.  Pholidophorus 
macrocephalus,  p.  274.  Pholidophorus  microps,  p.  273.  Pholidophorus  lemiiserraîus,  p.  276.  Pholidophorus  longi- 
serratus,  p.  277.  Pholidophorus  striolaris,  p.  277.  Pholidophorus  latus,  p.  278.  Pholidophorus  micronyx,  p.  279. 
Pholidophorus  inlermedius,  \).  279.  Pholidophorus  Inlimanus,  p.  280.  Pholidophorus  ornatus,  p.  280.  Pholidopho- 
rus Flesheri,  p.  281.  Pholidopliorus  limhatus,  p.  282.  Importance  des  Coprolithes  pour  arriver  à  reconnaître  la 
manière  de  vivre  des  animaux  fossiles.  Pholidophorus  Stricklandi,  p.  284.  A  été  pris  à  tort  pour  un  Cycloide. 
Pholidophorus  Hastingsiœ,  p.  284.  Pholidophorus  angustus,  p.  285.  Pholidophorus  gracilis,  p.  285.  Pholidophorus 
minor,  p.  286.  Pholidophorus  furcalus,  p.  286.  Précédemment  type  du  genre  Microps  que  j'ai  supprimé.  Indi- 
cation des  espèces  qu'il  me  reste  à  décrire,  p. 287  et  2"  part.  p.  287.  Rectification  au  sv\']eidnPholidophorus  lœvis- 
simus  de  mes  anciennes  notes,  p.  288. 

Chap.  XV.  Du  genre  Ophiopsis,  Agass. 

Caractères  diagnostiques  du  genre,  p.  289,  Ophiopsis  procerus,  p.  289.  Ophiopsis  penicillaïus,  p.  290. 
Ophiopsis  dorsalis,  p.  291.  Rectification  2*^  part.  p.  289. 

Du  genre  Nothosomus,  Agass.  p.  292.  Nothosomus  oclostychius  ellœvissimus. 


-    309    — 

Chap.  XVI.  Des  genres  Nutagogus  et  Propterus,  Agass. 

Caractères  diagnostiques  du  genre  Nolagogus,  p.  293.  Notagogus  Zietenii,  p.  293.  Notngogus  Pentlnndii,  p,  294. 
Notagogus  latior,  p.  294.  Noiagogus  denliculatus,  p.  294.  Caractères  disUntifs  du  genre  Propterus,  p.  29S.  Prop- 
terus microstomus,  p.  296.  Propterus  serratiis,  p.  296. 

Quelques  Obscrcalions  sur  les  Lépidoides  homocerques,  p.  297. 

Leur  apparence  générale.  DiN  isés  en  deux  grouppes.  Enumération  des  genres  et  des  espèces.  Elles  pré- 
dominent dans  les  terrains  secondaires  à  partir  du  Lias  jusqu'à  la  craie  dans  laquelle  ils  paraissent  ne  pas  avoir 
été  représentés. 

Tableau  synoptique  de  la  famille  des  Lépidoides,  p.  301.  _  .'.\  ,/.m\ 

Enumération  de  tous  les  poissons  connus  de  cette  famille ,  tant  des  espèces  décrites  que  de  celles  que  je  dé- 
crirai dans  les  supplémcns,  rangées  par  ordres  des  terrains.  J'en  compte  maintenant  plus  de  deux-cents. 

Généralités  sur  la  famille  des  Lépidoides,  p.  305.  De  la  famille  en  général.  11  faut  la  sul)diviser  en  plusieurs 
groupes  distincts,  Céphalaspides,  Acanthodiens ,  Diptèriens  et  Lépidoides  proprement  dits. 

Seconde  Partie. 

Chap.  \.  Des  Sauroïdes  vivons, 

Renseignemens  sur  les  espèces  connues  du  genre  Lépidosteus .  p.  l.  Description  de  trois  espèces  nouvelles. 
Note  p.  2.  Espèces  du  genres  Polypterus ,  p.  2. 

Du  genre  Lépidosteus  en  général. 

Caractères  génériques,  p.  4.  Description  des  intestins,  p.  5.  Caractères  particuliers  des  os  de  la  tête,  p.  6. 
Description  détaillée  du  squelette,  p.  7.  Le  crâne-  Ossification  incomplète.  Les  os  de  la  face.  Cuirasse  des 
joues.  —  Comparaison  des  os  du  Lépidostée  avec  ceux  des  autres  poissons,  p.  17.  Forme  de  la  tète,  p.  21. 
.\ppareil  hyoïde,  p.  22.  La  colonne  vertébrale,  p.  22.  La  dentition,  p.  24.  Structure  microscopique  des 
dents,  p.  26.  Arrangement  et  structure  microscopique  des  dents ,  p.  28.  ■ 

Du  genre  Polypterus  en  général. 

Caractères  génériques,  p.  32.  Analogie  du  Polypterus  avec  les  Ganoides  anciens  qui  sont  tous  abdominaux, 
p.  33.  Squelette  du  Polypterus  Bichir,  p.  54.  Description  du  crâne  et  de  la  face,  p.  34.  Structure  des  dents, 
p.  43.  Appareil  hyoïde  et  branchial,  p.  43.  Fosses  du  crâne,  p.  44.  Ceinture  thoracique,  p.  4S.  Extrémités 
pélviques,  p.  4S.  Colonne  vertébrale,  p.  46.  Comment  il  se  fait  que  chez  la  plupart  des  Ganoides  fossiles  on  ne 
trouve  pas  les  corps  des  vertèbres,  p.  46.  Les  nageoires,  p.  48.  Les  écailles,  p.  50.  Leur  structure  microsco- 
pique ,  p.  al. 

Chap.  II.   Comparaison  entre  les  Sauroïdes  et  des  Reptiles.   Conformation  de  la  tète  en  particulier. 

Principe  de  la  détermination  des  os  de  la  tête,  p.  54.  Comparaison  des  différens  os  do  la  tète,  p.  55.  Tableau 
comparatif  des  dénominations  de  Cuvier  et  de  celles  que  j'ai  adoptées,  p,  66.  Caractères  distinctifs  des  poissons 
et  des  reptiles. 

Chap.  III.  Du  genre  Pygopterus ,  .4gass. 

Caratères  comparatifs  du  genre,  p.  74.  Pygopterus  Humboldtii,  \t.7o.  Pygopterus  mandibularis,  p.  7^.  Enu- 
mération des  espèces  qu'il  reste  à  décrire,  p.  77. 

39* 


—    510    — 

Chap,  IV.  Du  genre  Acrolepis,  Agass. 

Caractères  du  genre,  p.  79.  Acrolepis  Sedywickii,  p.  80.  Acrolepis  asper,  p.  81.  Inscrit  dans  le  tableau 
synoptique  sous  le  nom  de  Gyrolepis  asper,  p.  83.  Enumération  de  plusieurs  genres  inédits  :  Diplopterus,  Oro- 
gnathus,  Graptolepius  el  Pudodus,  p.  83. 

Chap.  V.  Du  genre  Saurichthys,  Agass. 

Cai'actères  du  genre  qui  n'est  encore  connu  que  d'après  des  fragmens  de  mâchoires  el  des  dents  isolées,  p.  84. 
Saurichthys  apicalis,  p.  8o.  Saurichthys  Mougeoti,  p.  85.  Saurichthys  acuminalus,  p.  86.  Saurichthys  semico status, 
p.  87.  Saurichthys  longidens,  p.  87.  Enumération  des  espèces  non  décrites,  p.  88. 

Chap.  VI.   Du  genre  Megalichthys,  Agass. 

Historique  sur  la  découverte  de  ce  genre  remarqualile ,  89.  Megalichthys  Hibberti,  p.  90.  Description  délaillée 
de  tous  les  os  de  la  télé  etde  l'appareil  branchiostègue.  Détails  sur  les  écailles.  Indication  de  deux  espèces  inédites. 

Chap.  MI.  Du  genre  Eugnathus,  Agass. 

Caratèresdu  genre,  p.  97.  Eugnathus  orthostomus,  p.  98.  Eugnathus  speciosus,  p.  100.  Eugnathus  Philpottiœ, 
p.  101.  Eugnathus  Chirotes,  p.  102.  Eugnathus  minor,  p.  103.  Eugnathus polyodon,  p.  iO^.  Enumération  des 
espèces  non  décrites. 

Du  genre  Conodus,  Agass.,  p.  105. 

Du  genre  Dendrodus,  Owen,  p.  105.   Indication  de  plusieurs  genres  voisins  inédits,  p.  103. 

Chap.  VIII.  Du  genre  Ptycholepis,  Agass. 
Caractères  du  genre,  p.  107.  Ptycholepis  bollensis,  p.  108. 

Chap.  IX.  Du  genre  Pachycormus,  Agass. 

Caractères  du  genre ,  p.  110.  Pachycormus  macropterus.  p.  111.  Pachycormus  curtus ,  p.  ii'i.  Pachycormus? 
macrurus,  p.  113.  Pachycormus?  heterurus,  p.  115.  Enumération  des  espèces  inédites,  p.  114. 

Chap.  X.  Du  genre  Calurus,  Agass. 

Ce  genre  est  inscrit  dans  le  tableau  synoptique  sous  le  nom  d'Urseus.  Ses  caractères  distinctifs,  p.  115.  Caturus 
furcatus,  p.  ll(j.  Calurus  latus,  p.  117.   Caturus  similis,  p.  118.   Enumération  des  espèces  inédiles,  p.  118. 

Du  genre  Amblysemius,  p.  119. 

Chap.  XI.  Du  genre  Sauropsis,  Agass. 
Caractères  du  genre ,  p.  120.  Sauropsis  longimanus,  p.  121.  Structui'e  particulière  de  la  colonne  \ertébrale. 
Indications  de  deux  espèces  inédites,  p,  122. 

Chap.  XII.  Du  genre  Thrissops,  Agass. 

Caractères  du  genre,  p.  125.  Les  espèces  doivent  être  réparties  dans  deux  groupes  distincts,  l'hrtssops  for- 
mosus,  p.  124.  Thrissops  cephalus,  p.  125.  Thrissops  micropodius,  p.  126,  Thrissops  intermedius,  p.  127.  Indica- 
tion des  espèces  non  décrites,  p.  128. 

Du  genre  Thrissonotus,  Agass.,  p.  128. 


—  ôi\  — 

Chap.  XIII.  Du  genre  Leplokpis,  Agass. 

Difficulté  quil  y  a  à  déterminer  ces  poissons  et  caractères  distinctifs  du  ftenre,  p.  129.  Leptolepis  sprattiformis, 
p.  130.  Leplokpis  Voilhii,  \}.  131.  Leplokpis  cramts,  [).  iZi.  Leplokpis  macrokpidotus,  p.  \7i'i.  Leplokpis  poly- 
spondtjlus,  p.  153.  Enuméralion  des  espèces  non  décrites,  p.  133.  , 

Chap.  XIV.  Du  genre  Aspidorhynchus,  Agass. 

Caractères  du  genre,  p.  135.  Afpidorhynchus  acutirostris,  p.  136.  Malgré  sa  forme  ce  poisson  n'a  rien  de  com- 
mun avec  les  Esoces.  Aspidorhynchus  speciosus,  p.  137.  Aspidorhynchus  ornatissimus,  p.  138.  Enuméralion  des 
espèces  non  décrites,  p.  138. 

« 
Chap.  XV.  Du  genre  Belonoslomus,  Agass. 

Caractères  comparatifs  du  genre,  p.  110.  Belonoslomus  sphyrœnoïdes,  p.  140.  Belonoslomus  Milnsleri,  p.  141. 
Belonoslomus  aculus,  p.  142.  Belonoslomus  cinclus,  p.  142.  Enumération  des  espèces  non  décrites,  p.  143. 

Chap.  XVI.  Du  genre  Saurostomus,  Agass. 
Ce  genre  n'est  encore  connu  que  d'après  une  mâchoire  inférieure.  Saurostomus  esocinus,  p.  144. 

Chap.  XVII.  Du  genre  Megalurus,  Agass. 

Caractères  du  genre,  p.  14S.  Analogie  avec  le  Polypterus  Bichir.  Megalurus  lepidotus,  p.  146.  Megalurus  brevi- 
costatus,  p.  147.  Megalurus  elongatus,  p.  148.   Megalurus  parvus,  p.  149. 

Chap    XVIlI.  Du  genre  Macrosemius,  Agass. 
Caractères  du  genre,  p.  150.  Macrosemius  rostratus,  p.  150. 

Chap.  XIX.  De  la  structure  microscopique  des  dents  des  Sauroïdes  fossiles. 

Du  genre  Pygoplerus,  p.  152.  Du  genre  Saurichthys,  p.  153.  Du  genre  Megalichthys,  p.  154.  Du  genre  Sau- 
rostomus, p.  155.  Du  genre  Cricodus,  p.  156. 

Remarques  sur  les  Sauroïdes  en  général,  p.  158. 

Rapports  entre  la  forme  et  la  manière  de  vivre.  Sauroïdes  hétérocerques  et  Sauroïdes  homocerques;  les  deux 
groupes  se  succèdent  dans  la  série  des  terrains. 

Tableau  des  affinités  des  genres  et  des  espèces  de  la  famille  des  Sauroïdes. 

Enumération  des  genres  et  des  espèces  de  Sauroïdes  hétérocerques,  p.  159.  Enumération  des  homocerques. 
p.  160. 

Tableau  synoptique  de  la  famille  des  Sauroïdes,  p.  162. 
Enumération  de  toutes  les  espèces  connues,  tant  de  celles  qui  sont  décrites  que  des  inédites,  rangée  par  ordre 
des  tenains  quelles  caractérisent.  J'en  connais  maintenant  environ  cent  quarante.  Remarques  sur  la  succession 
de  ces  poissons  dans  la  série  des  formations,  p.  166. 


—    3i2    — 

De  la  famille  des  Célacanthes.  ^•^'<^-  "^"^""'^  '''  •  ">' 

laarmJifil  ;  Chap.  I.  Des  Célacanthes  en  générat^<P<T^  ?-'^^^  ?'^''  <\ûf\h  fiU  ■Mmmu 

Caractères  bizarres  des  os  et  des  nageoires  de  ces  poissons,  p.  168.  Rapports  de  la  famille  avec  les  Sauroides 
el'  des  Pycnodontes.  De  plus  amples  recherches  sont  nécessaires  avant  de  pou\  oir  l'envisager  comme  définiliN  e- 
ment  constituée.  ".        i  o    <4ir 

Chap.  II.   Du  genre  Cœlacanlhus,  Agass. 

,  Type  de  la  famille.  Caractères  particuliers  du  genre,  p.  170.  Comment  il  diffère  du  genre  Unfi^^n^^l\ifïsl . 
Cœlacanlhus  granulosus,  p.  172.  Enumération  des  espèces  non  décrites,  p.  173.  ,,   ,s,,Vn\\(\l 

Chap.  III.  Du  genre  Macropoma,  Agass. 

,  Caractères  distinclifs  du  genre,  p.  174.  Macropoma  Mantellii,  p.  174.  Détails  ostéologiques ,  structure , des 
vÇicaiUes.  L'estomac  est  conservé  dans  plusieurs  exemplaires,  on  trouve  également  des  coprolithes  dans  la.^ç^^yité 
abdominale,  p.  177.  ^i  ,m\mL^ 

Chap.  IV.  De  quelques  genres  voisins  des  Célacanthes  et  tableau  synoptique  de  la  famille^    ■*'^"  -^I^'*"^^ 

Enumération  de  neuf  genres  encore  inédits  et  tableau  synoptique  de  toutes  les  espèces  connues  rai\g^es  par 
ordre  des  terrains  auxquels  elles  appartiennent,  p.  17.8.  J'en  compte  trente-cinq. 

De  la  famille  des  Pyctiodontes. 

Chap.  I.  Des  Pycnodontes  en  général. 

Caractères  comparatifs  de  la  famille,  p.  181.  Ce  sont  des  poissons  broyeurs  dont  le  type  n'existe  plus  dans  la 
création  actuelle. 

"  '    Chap.  II.  Du  genre  Pycnodus,  Ag.iss. 

-  îdÇaractères  distinctifs  du  genre,  tirés  de  la  forme  et  de  la  disposition  des  dents,  p.  183.  Structure  du  squelette. 
Singuliers  osselets  derrière  la  nuque,  p.  184.  Pycnodus  P/a/essMS,  p.  185.  Description  détaillée  du  squelette. 
Pycnodus  Rhomhis,  p.  188.  Age  du  terrain  de  Torre  d'Orlando,  p.  190.  Pycnodus  orbicularis,  p.  190.  Notes  sur 
les  Buffonites  ou  Crapaudines,  p.  190.  Pycnodus  gigas,  p.  191.  Pycnodus  Nicoleti,  p.  192.  Pycnodus  Bucklandi, 
p.  192.  Pycnodus  didytnus,  p.  195.  Pycnodus  rugidosus,  p.  194.  Pycnodus  umbonatus,  p.  194.  Pycnddus  ovalis, 
p.  193.  Pycnodns  Uugii,  p.  19S.  Pycnodus  toliapicus,  p.  190.  Pycnodus  Mantellii,  p.  196.  Pycnodus  Miinsteri, 
p.  197.  Pycnodus  complanatus,  p.  197.  Pycnodus  subclavatus,  p.  198.  Pycnodus  cretaceus,  p.  198.  Enuméptlon 
des  espèces  non  encore  figurées,  p.  199. 

Ch.vp.  III.  Des  genres  Periodus,  Gyronchus  et  Acrotemnus,  Agass. 

Du  genre  Periodus,  Agass.  p.  201.  Caractères  distinctifs  du  genre.  Periodus  Kœnigii,  p.  201.  Du  genre  Gyron- 
chus, p.  202.  Caratères  distinctifs  du  genre.  Gyronchus  oUongus,  p.  202.  Du  genre  Acrotemnus,  p.  202.  Acro- 
temnus faba,  p.  203.  Indication  des  deux  genres  de  M',  le  Comte  de  iVIiinsler  que  je  n'ai  pas  encore  eu  occasion 
d'examiner.  .'.Mimiavi  ?MA\nD3mu3M 

Chap.  IV.  Du  genre  Microdon,  Agass. 

-""Caractères  comparatifs  du  genre,  p.  204.  Comment  il  diffère  du  genre  Pycnodus.  Microdon  ekgHhsi  p.  203. 
Microdon  hexagonus,  p.  206,  Microdon  analis,  p.  207.  Microdon  radiatus,  p.  208.  Enumération  des  espèces  non 
décrites,  p.  208.  '^■-''' 


—    313    - 

t 

Chap.  V.  Du  genre  Sphœrodtis,  Agass. 

Difficulté  de  distinguer  les  dents  de  ce  genre  de  celles  des  Lepidotus,  p. 209.  Genre  encore  trcs-imparfaitemenl 
connu.  Sphœrodus  gigas,  p.  210.  Sphœrodus  annularis,  p.  2H.  Spliœrodus  crassus,  p,  212.  Sphœrodus  Lens,  p. 212. 
Sphœrodus  irregnlaris,  p.  213.  Sphœrodus  depressus,  p.  213.  Sphœrodus  parvus,  p.  213.  Sphœrodus  Discus,  p. 
214.  Sphœrodus  cinctus,  p.  214.  Sphœrodus  mitrula,  p.  214.  Sphœrodus  conicus,  p.  215.  Sphœrodus  oculus-ser- 
penlis,  p.  21d.  Sphœrodus  truncatus,  p.  215.   Enumération  des  espèces  non  décrites,  p.  216. 

Chap.  VI.  Du  genre  Placodus,  Agass. 

Genre  très-remarquable  et  parfaitement  caractérisé  par  sa  dentition,  p.  217.  Placodus  Gigas,  p.  218  Placodus 
Àndriani,  p.  219.  Placodus  Mûnsteri,  p.  220.  Placodus  rostralus,  p.  221.   Placodus  impressus,  p.  222. 

Chap.  VII.  Du  genre  Gyrodus,  Agass. 

Caractères  distinctifs  du  genre,  p.  223.  Gyrodus  macrophthalmus  p.  224.  Gyrodus  frontalus,  p. 'ï'iO.  Gyrodus 
rugosus,  p.  227.  Gyrodus  Umbilicus,p.111 .  Gyrodus  jurassiens,  p. '2^9.  Gyrodus  Cuvieri,  p,  230.  Gyrodus 
punctatus,  p.  231.  Gyrodus  Irigonus,  p.  232.  Gyrodus  radiatus,  p.  232.  Gyrodus  lœvior,  p.  233.  Gyrodus  crela- 
ceus,  p.  233.  Gyrodus  Manlellii,p.  234.  Gyrodus  minor,  p.  234.  Gyrodus  anguslus,  p.  235.  Gyrodus  rugulosus, 
p.  235.    Gyrodus  Miinsteri,  p.  235.   Gyrodus  runcinaius,  p.  236.  Enumération  des  espèces  non  décrites,  p.  236. 

Du  genre  Colobodus,  Agass.,  p.  237.   Colobodus  Hogardi,  p.  237.  "'•  '^  ' 

Chap.  VIII.  Du  genre  Phyllodus,  Agass. 

Singulière  structure  des  plaques  dentaires  d'après  lesquelles  j'ai  établi  ce  genre,  p.  238.  Phyllodus  toliapicus, 
p.  239.  Phyllodus  planus,  p.  239.  Phyllodus  polyodus,  p.  240.  Phyllodus  marginalis,  p.  240.  Indication  des  espèces 
inédites,  p.  241. 

Chap.  IX.  De  la  structure  des  dents  des  Pycnodontes. 

Caractères  généraux,  p.  242.  Pycnodus,  Sphœrodus,  Gyrodus  et  Microdon,  p.  242.  Periodus  et  Phyllodus,  p.  243. 

Tableau  synoptique  de  la  famille  des  Pycnodontes,  rangés  par  ordre  des  terrains. 
Enumération  de  toutes  les  espèces  connues,  même  de  celles  qui  ne  sont  pas  décrites,  p.  244.  J'en  compte  plus 
de  cent. 

De  la  famille  des  Sclérodermes. 

Chap.  I.  Des  Sclérodermes  en  général. 

Affinité  entre  les  Sclérodermes  et  les  Gymnodon tes,  p.  248.  Leurs  caractères  distinctifs,  p.  248.  Description 
du  squelette  du  Balistes  Capriscus,  p.  249. 

Chap.  II.  Du  genre  Acanthoderma,  Agass. 
Caractères  distinctifs  du  genre,  p.  251.  Acanthoderma  ovale,  p.  251.  Acanthoderma  spinosum,  p.  252. 

Chap.  III.  Du  genre  Acanthopleurus,  Agass. 

Caractères  particuliers  du  genre,  p.  253.  Acanthopleurus  serratus,  p.  253.  Je  le  nommais  précédemment 
Pleuracanthus  serratus.  Acanthopleurus  brevis,  p.  253. 

Chap.  V.  Du  genre  Blochius,  Volta. 

Genre  très-remarquable,  p.  255.  Blochius  longirostris,  p. 'i^^.  Comparaison  avec  d'autres  types  de  forme 
allongée.  Caractères  particuliers.  Bizarre  coïncidence  dans  la  position  de  deux  exemplaires  dont  l'un  a  été 
décrit  comme  avalant  l'autre,  p.  257. 

ToM.  II,  2'=  Part.  40 


—    314    - 

Chap.  V.  Du  genre  Dercetis,  Miinst.  et  Agass. 
Caractères  et  affinités  du  genre,  p.  2o8.  Dercetis  elongatus,  p.  2S8.  Dercetis  scutatus,  p.  259. 

Chap.  YI.  Du  genre  Rhinellus,  Agass.  -^«  "1^  \r 

Caractères  du  genre  qui  n'est  pas  encore  définitivement  fixé,  p.  260.  Rhinellus  furcatus,  p.  260.  Rhinellus 
nasalis,  p.  261. 

Chap.  VII.  Du  genre  Ostracion,  Linn.     «^ijtxijivewï^ 

Caractères  du  genre,  p.  263.  Description  du  squelette  de  YOstracion  turritus,  p.  262.  Ostracion  micrurus,  p. 263. 
Du  genre  Glyplocephalus,  Agass. 

Chap.  VIII.  De  la  structure  des  écailles  et  des  dents  de  la  famille  des  Sclérodermes. 

Les  écailles  des  Coffres,  p.  265.  Leurs  piquans,  p.  265.  Les  écailles  des  Balistes ,  p.  266.  Les  dents  des  Ba- 
listes ,  p.  266.  Les  dents  des  Coffres,  p.  266. 

Tableau  synoptique  des  Sclérodermes. 
On  en  compte  onze  espèces  reparties  dans  les  terrains  crétacés  et  tertiaires,  p.  267. 

De  la  famille  des  Gymnodontes, 
Description  du  squelette  du  Tetraodon  perspicillalus,p.  WS.  De  la  structure  des  dents  et  des  piquans  des 
Gymnodontes,  p.  271.  Du  genre  Diodon  en  particulier,  p.  273.  Diodon  tenuispinus,  p.  273.  Diodon  Scillœ,  p.  27^. 
Diodon  Erinaceus,  p.  274. 

De  la  famille  des  Lophobranches. 
Caractères  de  la  famille,  p.  275.  Cnlamostoma  breviculum,  p.  276.   Syngnathus  opisthuplerus,  p.  276. 

De  la  famille  des  Acipenserides. 
Caractères  de  la  famille ,  p.  277.  Description  du  squelette  de  VAcipenser  Ruihenus,  p.  277.  Singulière  confor- 
mation de  la  colonne  vertébrale.  Acipenser  toliapicus,  p.  280.   Chondrosteus  acipenseroïdes,  p.  280. 

Additions  et  corrections. 

Indication  de  toutes  les  espèces  qui  n'étaient  point  encore  connues  lors  de  la  publication  du  Tableau  synop- 
tique qui  est  en  tète  du  volume.  Caractères  diagnostiques  d  un  grand  nombre  de  ces  espèces,  p.  281 — 304. 
Celles  qui  sont  simplement  indiquées  seront  décrites  dans  les  Supplémens. 


-  313 


EXPLICATION  DES  PLANCHES  DU  2  VOLUME, 


^■ivjjv 


1»  PLANCHES  OSTÉOLOGIQUES  ET  ODONTOGRAPHIQUES. 

Tab.  A.  —  Lepidosteus  osseus  Lac.  Des  rivières  de  l'Amérique  septentrionale.  La  fig.  supérieure  montre  les 
contours  de  ce  poisson  vu  par  sa  face  supérieure,  montrant  l'insertion  des  pectorales.   La  fia;, 
moyenne  représente  le  squelette.  2'  part.  p.  k. 
Tab.  B.  —  Ecailles  de  Lepidosteus. 

Fig.  l.  Série  dorso-ventrale  d'un  jeune  Lepidosteus  spatula  Lac.  vue  par  la  face  extérieure. 

Fig.  2.  Trois  séries  verticales  d'écaillés,  vues  parleur  face  extérieure. 

Fig.  3.  Les  mêmes  écailles  par  leur  face  interne. 

Fig.  4.  Trois  écailles  vues  par  leur  face  externe. 

Fig.  5.  Une  écaille  détachée  vue  par  sa  face  externe  et  par  sa  face  interne. 

Fig.  6  et  7.  Coupes  longitudinale  et  transversale  de  la  même  écaille,   montrant   les  feuillets 

d'accroissement,  et  la  couche  d'émail  à  la  face  supérieure. 
Fig.  8.  Quatre  écailles  des  côtés  du  ventre,  vues  par  leur  face  externe. 
Fig.  9.  Les  mêmes  écailles,  par  leur  face  interne. 
Fig.  10.  Deux  séries  d'écaillés  de  la  partie  postérieure  de  la  queue. 
Fig.  11.  Les  mêmes  écailles  par  leur  face  interne,  qui  est  voûtée  au  milieu. 
Fig.  12.  Une  écaille  détachée ,  vue  par  sa  face  externe  et  par  sa  face  interne. 
Fig.  13.  Grosse  écaille  irrégulière  de  la  base  des  ventrales. 
Fig.  14.  Mode  d'imbrication  des  trois  écailles  du  bord  de  fig.  2,  grossies. 
Fig.  Ib.  Série  d'écaillés  du  Lepidosteus  osseus,  vues  par  leur  face  externe. 
Fig.  16.  Deux  écailles  d'une  autre  série ,  vues  par  la  foce  externe. 
Fig.  17.  Les  mêmes  écailles ,  vues  par  leur  face  interne. 
Fig.  18.  Autre  écaille,  détachée,  vue  par  ses  faces  interne  et  externe. 
Fig.  19.  Autre  écaille  plus  rapprochée  de  la  tête,  vue  de  la  même  manière. 
Fig.  20.  Ecaille  de  la  ligne  latérale,  vue  par  ses  deux  faces. 

Fig.  21  et  22.  Premier  rayon  des  ventrales;  vu  en  face,  fig.  21 ,  et  de  profil,  fig.  22. 
Tab.  B'.  —  Lepidosteus  osseus;  fig.  1,  la  tête  vue  d'en  haut;  fig.  2,  de  profil,  et  fig.  3,  en-dessous. 
Tab.  B".  —  Lepidosteus  osseus.  Détails  ostéologiques. 

Fig.  1.  Le  crâne  \u  par  sa  face  postérieure.  On  aperçoit  le  trou  qui  donne  passage  à  la  tuoclle 

épinière. 
Fig.  2.  Profil  d'une  portion  de  la  tête  pour  faire  voir  les  différens  os  qui  composent  la  boite 

cérébrale. 
Fig.  3.  La  même  figure  vue  en  dessous. 


—    3Ï6    — 

Fig.  4.  Boite  crânienne,  vue  par  sa  face  inférieure. 

Fig,  5.  L'orbite  et  les  os  orbitaires  et  operculaires ,  vus  par  leur  face  interne. 

Fig.  6    Appareil  operculaire. 

Fig.  7.  Partie  postérieure  de  la  mâchoire  inférieure. 

Fig.  8.  Partie  articulaire  de  cette  même  mâchoire. 

Fig.  9.  Osselet  du  bord  de  la  mâchoire,  grossi;  les  dents  sont  vues  d'en  haut. 

Fig.  10.  a.  12.  15  et  1^,  Une  vertèbre  vue  par  ses  différentes  faces,  montrant  ainsi  la  position  des 
apophyses. 
Tab.  C.  —  Polypierus  Bichir  Géoffr.  Du  Nil.  —  La  fig.  supérieure  donne  les  contours  de  ce  poisson .  celle  du 

milieu  représente  le  squelette.  2*^  part.  p.  52. 
Tab.  C°.  —  Détails  osléologiques  du  Polypierus  Bichir.  1 

Fig.  1.  2  et  3.  La  tête,  vue  d'en  haut,  fig.  1;  de  profil,  fig.  2,  et  d'en  bas,  fig.  3. 
,'■'.  Fig.  4.  Base  du  crâne,  vue  par  sa  face  postérieure. 

Fig.  5.  La  mâchoire  supérieure  avec  la  voûte  crânienne,  vues  de  profil. 

Fig.  G.  Les  mêmes  parties,  vues  d'en  bas. 

Fig.  7.  Partie  antérieure  du  museau,  afin  de  montrer  les  intermaxillaires. 

Fig.  8.  Différens  os  de  la  tête  dans  leur  position  respective. 

Fig.  9.  L'appareil  operculaire  avec  le  maxillaire  supérieur  gauche. 

Fig.  10.  11.  12  et  13.  Différentes  coupes  verticales  du  sphénoïde  principal  prises  sur  la  longueur 
de  cet  os.  Fig.  10  est  prise  à  l'extrémité  postérieure  et  fig.  13  à  l'extrémité  antérieure.  Fig.  12  et 
13  sont  des  coupes  de  la  partie  médiane. 

Fig.  14.  Maxillaire  inférieur  droit. 
Tab.  D.  —  Différens  squelettes  de  genres  éteins,  rétablis  d'après  des  fragmens  fossiles. 

Fig.  1.  Palœoniscus  Voltzii,  de  Muse;  fragment  de  la  partie  postérieure  du  tronc.  Pag.  85. 

Fig.  2.  Platysomus,  reconstruit  d'après  le  PL  gibbosus  du  Musée  de  Munich.  Pag.  163. 

Fig.  3.  Macrosem4wsros<ra«us,d'aprèsdesexemplaircsdesMuséesdeMunichetPrague.2=part.p.l50. 

Fig.  4  et  5.  Caturus,  d'après  un  grand  nombre  de  fragmens  de  diverses  collections  d'Allemagne 
2"^  part.  p.  115. 
Tab.  E.  —  Ostéologie  de  l'Esturgeon.  2'  part.  p.  277. 

Fig.  1 .  Squelette  complet  de  VAcipmser  Rulhenus. 
Fig.  2.  Crâne  vu  du  profil. 
Fig.  3.  Tête  vue  d'en  haut. 

Fig.  4.  Tète  vue  par  sa  face  inférieure,  les  appareils  mobiles  de  la  face  étant  enlevés. 
Fig.  D.  Coupe  longitudinale  du  crâne,  vue  de  profil. 
Tab.  F.  —  Squelette  du  genre  Batistes,  destiné  à  faire  voir  que  les  Ichthyodorulithes  ne  sont  nullement  des  dé- 
fenses de  ce  poisson.  Pag.  249. 
Tab.  G.  —  Détails  sur  la  structure  microscopique  des  dents  et  des  écailles  du  Lepidosteus  osseus  et  du  Polyp- 
ierus Bichir. 
Fig.  1—6.  Coupes  horizontales  de  dents  du  Lepidosteus  osseus  montrant  les  plis  de  la  dentine  et  la 

cavité  pulpaire  qui  est  simple. 

Fig.  7.  Coupe  verticale  d'une  dent  de  Lep.  osseus  montrant  une  partie  de  la  racine  et  le  cône 
émaiUé  qui  est  la  dent  proprement  dite.  On  voit  également  fort  bien  la  cavité  pulpaire  ainsi  que 
le  plissement  de  la  dentine.  ^ 

Fi-  8  9  10.  Structure  des  écailles  du  Lep.  osseus.  —  Fig.  8.  Coupe  verticale  d'une  écaille  mon- 
trant les  lignes  lamelleuses  et  horizontales.  -  Fig.  9  et  10.  Portions  plus  considérablement 

grossies  de  fig.  8.  . 

Fig.  11.  Coupe  horizontale  d'une  dent  de  Polypierus  Bichir  montrant  la  cavité  pulpaire  au  centre 

et  l'uniformité  de  la  dentine. 


—    317    — 

Fig.  12eH3.  Coupes  verticales  des  dents  du  même  poisson. 
Fig.  ik.  Une  écaille  du  Pohjp.  Bicliir,  vue  d'en  haut. 
Fig    15.  Coupe  Ncrlicale  de  la  même  écaille. 
Tab.  H.  —  Dents  de  Sauroïdes. 

Fig.  1.  Dent  de  Polypterus;  coupe  longitudinale,  grossie  cent  fois,  i  u,  -nj  h. 
Fig.  2  et  3.  Idcnl àe  Saurichthys ;  fig.  %  coupe  longitudinale;  (ig.  5,  coupe  transversale  près  du 
'  sommet. 
Fig.  4  et  5.  Coupe  transversale  d'une  dent  de  Meja/îc/^Ays ;  fig.  5,  en  est  une  portion  fortement 
iili  ■fd'c  I.  grossie. 

Fig.  0 — 8.  Dents  dç  Satirostomus  ;  fig.  6,  coupe  transversale;  fig.  7,  coupe  longitudinale  passant 

près  du  centre;  fig.  8,  une  portion  de  cette  coupe  fortement  grossie. 
Fig.  9 — 12.  Dents  de  Cricodus;  fig.  9,  une  dent  de  grandeur  naturelle;  fig,  10;  contours  grossis; 
fig.  lOf,  coupe  de  la  base;  fig.  U,  coupe  d'une  dent  grossie;  fig,  12,  coupe  d'ime  carène  forte- 
ment grossie.  .m 
Tab.  J.  —  Dents  de  Pycnodontes. 

Fig.  1.  Dent  de  PycnorfMs  Gt'gias ,- coupe  longitudinale. 
Fig.  2.  Henl  àe  Sphœrodus  Gigas ;  coupe  longitudinale. 
Fig.  5.  Dent  de  Gyrorfw*  r/jomfcoïrfa/js;  coupe  verticale. 
Kfjijgno)  «1   Fig.  4  et  5.  Dent  de  Periodus  Kœnigii;  fig.  4,  coupe  horizontale;  fig.  5,  coupe  verticale. 
Fig.  6.  Dent  de /'/tJ///odMs  fo/tajoicMs;  coupe  verticale. 


2»  PLANCHES  REPRESENTANT  DES  FOSSILES. 

Tab.  1.  —  Fig.  1  et  2.  Acanthodes  Bronnii  Ag.,  terrain  houiller  du  Hundsrùck;  p.  20  et  124. 

Fig.  5.  Ecailles  du  même,  grossies. 

Fig.  4 — 7.  Ecailles  grossies  deVAmblypterus  macropterus;  p.  34. 

Fig.  8:  Impression  des  écailles  de  VAmblyplerus  eupterygius;  p.  56. 
Tab.  la.  —  Cephalaspis  Lyellii  Ag.  p.  142,  —  Fig.  1,  le  poisson  vu  de  profil;  fig.  2,  par  sa  face  supérieure.  — 
Fig.  5,  4,  5,  écailles  grossies. 

Tab.  16.  —  Fig.  1 — 5.  Cephalaspi.f  Lyellii  Ag.  —  Fig.  1,  3  et  5,  des  têtes  vues  d'en  haut;  fig.  2,  écailles  de  la 
tète  grossies;  fig.  4.  une  tête  en  profil. 
Fig.  6  et  7.  Tête  du  Cephalaspis  rostralus  Ag.  p.  148;  face  supérieure  et  profil. 
,  ,       ,  ■    ,  Fig.  8.  Têle  du  Cephalaspis  Lewisii  Ag.,  vue  d'en  haut,  p.  149. 

Fig.  9,  10  et  11.  Cephalaspis  LloydiiXg.p.  150.   Fig.  9  et  10,  têtes  vues  d'en  haut;  fig.  H.  un 
fragment  grossi. 
Tfll^j.AÇ;-.— .!P\§nii-;r^^""'''orfe.s  siilcatus  Ag.,  de  New-Hayen;  p.  12S.  —Fig.  2,  écailles  grossies. 

Fig.  3.  Cheiracanihus  Murchisoni  \^.,  de  Gamrie;  p.  126  (tronc  sans  tête).  —  Fig.  4,  écailles 

„,,„,,  grossies. 

-nom  31  ° 

"ruir.l.lM  M  ^'a-  ^-  Ch^iracanlhus  minor  Ag.,  de  Pomona;  p.  127  (tête  et  partie  antérieure  du  tronc). 
Tab-.  id.  —  Cheirolepis  Traillii  Ag.,  de  Pomona;  p.  130.  —  Fig.  2  et  3,  écailles  grossies. 

Tab.  le.  —  Fig.  1,  2  et  3.  Cheirolepis  Uragus  Ag.,  de  Gamrie;  p.  132.  La  fig.  3  représente  des  écailles  grossies. 
Fig.  4.  Une  portion  de  Cheirolepis  Traillii. 

40* 


-    S18    — 

Tab.  2.  —  Quatre  espèces  de  Dipterua  de  MM.  Sedwick  et  Murchison,  reconnues  depuis  n'en  former  qu'une 

seule;  D.  macrolepidolus;  p.  23  et  114.  De  Caithness, 
Tab.  :2«.  —  Dipterus  macrolepidoltis  Sedw  et  Murch.,  p.  ilS.  —  Fig.  1,  exemplaire  presque  complet;  iig.  2. 

tête  avec  la  ceinture  thoracique;  fig.  3,  queue  et  nageoires;  fig.  4,  écailles  arrondies  par  l'usure; 
dc  '1  ;  J il 'J'i-fig.  5,  écaille  entière.  »^o10^^«l 

Tab.  26.  —  Osleolepis  macrolepidolus  Val.  et  Penll.,  de  Caithness  et  Pomona;  p.  119:  —  Fig.  1,  exemplaire 

sans  la  tète;  fig.  2,  exemplaire  déprimé  et  aplati,  dont  les  os  du  crâne  sont  ligures  à  part,  fig.  3. 

—  Fig.  4,  écailles  de  la  ligne  latérale. 

Tab. '2c.  ^-  Fig.  1  et  2.  Osleolepis  microkpidolus  Val.  et  Pentl.,  de  Caithness  et  Pomona;  p.  421  (deux  troncs 

-.un]  Mil  -iii  j         ggjjg  j^^g^    —  pjg  ^  écailles  de  l'extrémité  postérieure  du  corps;  fig.  4,  une  écaille  vue  par  sa 

face  inférieure.  —  Fig.  S.  Queue  d' Osleolepis  macrolepidolus;  fig.  6,  autres  écailles  de  ce  même 

poisson. 

Tab.  2d.  —  Osleolepis  arenatus  Ag.,  p.  122;  de  Gamrie.  Fig.  1,  exemplaire  déprimé  à  sa  partie  antérieure ,  et 

dont  la  queue  est  en  grande  partie  enlevée:  fig.  2,  queue  d'un  autre  individu;  fig.  3,  exemplaire 

auquel  il  ne  manque  que  la  tête;  fig  4,  une  écaille  grossie. 

^'"  li'alj.'  3.  —  Fig.  1  et  2.  Amblypterus  macroplerus  Ag.,  du  terrain  houiller  des  environs  de  Saarbrûck;  p.  31. 

—  Fig,  3,  corne  latérale  de  l'os  hyoïde,  vue  de  profil,  avec  les  rayons  branchiostègues.  —  Fig. 
4,  cornes  latérales  de  droite  et  de  gauche  de  l'os  hyo'ide,  vues  par  leur  face  inférieure,  et  de 
mênnie  avec  les  rayons  branchiostègues.  lûl   «IkT 

Fig.  5  et  6.  i4m6/y;j<er«s  ewjoferyjiMS  Ag.,  des  environ  de  Saarbriick:  p.  36. 
Tab.  4.  —  Fig.  1.  Àmblypierus  laieralis  Ag.,  de  la  houille  de  Saarbrûck;  p.  39.  —  Fig.  7,  8,  9,  écailles  du 
même,  grossies. 
Fig.  2  et  3.  Amblypterus  latus  Ag.,  du  même  gisement;  p.  37.  —  Fig.  4,  o,  6,  écailles  du  même , 
(11  n'y  a  pas  de  Tab.  4a). 
Tab.  kb.  —  Amblypierus  nemopterus  Ag.,  de  New-Haven;  p.  107.  —  Fig.  2,  quatre  écailles  grossies. 

Fig.  3,  4,  5.  Amblypterus  striatus  Ag.,  de  New-Ha\en;  p.  111.  —  Fig.  6,  deux  de  ses  écailles 
grossies. 
Tab.  4c. — Fig.  1.  Palœoniscus  carinatus  Ag.,  de'^e\\-Uix\en:  p.  104.  —  Fig.  2,  écailles  du  tronc  grossies, 
\Ties  en  dessous. 
Fig.  3,  4  et  o.  Amblypierus  punctatus  Ag.,  de  New-Haven  ;  p.  109.  —  Fig  6  et  7,  écailles  vues  par 
leur  face  extérieure,  et  fig.  8,  par  leur  face  interne. 
Tab.  o.  —  Fig.  1—4.  Palœonisciis  Blainviltei  Ag.,  de  Muse;  p.  48.  —  Fig.  5—7,  écailles  du  même,  grossies. 
Tab.  (5.  —  Fig.  1,  2,  3.  Pulœotiiscus  Volizii  Ag.,  de  Muse:   p.  3S.  —  Fig.  4 — 7,  écailles  du  même,  grossies. 
Tab.  7.  —  Fig.  1  et  2.  Pnlœonisctis  Duvernoy  Ag.,  espèce  rare  du  terrain  houiller  de  Kreutznach;  p.  43.  — 

Fig.  3,  4,  3,  écailles  du  même,  grossies. 
Tab.  8.  —  Fig.  1  et  2.  Empreintes  correspondantes  du  Palœoniscus  minutus  Ag.,  de  Munster- Appel  ;   p.  47. 

—  Fig.  3,  écailles  du  milieu  du  tronc. 

Fig.  4  et  3.  Palœoni.^cus  fullus  Ag..  du  terrain  houiller  de  Sunderland  (Massach.);  p.  43. 
Tab.  9.—  Fig.  Iet2.  PateoniscMs  «n^MS^ws  Ag.,  espèce  de  Muse,  près  Autun;  p.  57.  —  Fig.  3,  4,  3,  écailles 
du  même,  grossies. 
Fig.  (iet7.  i'a/œomsci/s  macropomMS  Ag.,  du  Zechslein  de  Mansfeld;  p.  81. 
Tab.  10.  —  Fig.  1  et  2.  Palœoniscus  vralislaciensis  Ag.,  de  Ruppersdorf;  p.  60.  —  Fig.  4,  5,  6,  écailles  de  ce 
même  poisson,  grossies. 
Fig.  3.  Palœoniscus  lepidurus  Ag..  de  Scharfeneck;  p.  64.  —  Fig.  7,  8,  9,  écailles  grossies. 
Tab.  10a.  —Fig.  1.  Palœuniscus  liobisoni  Hibb.,  de  Burdie-House ;  p.  88.  —  Fig.  2,  écailles  grossies. 
Fig.  3.  Palœoniscus  sinolalus  Ag.,  de  Burdie-House;  p.  91.  —  Fig.  4,  écailles. 
Fig.  5,  6,  7.  Palœoniscus  ornatissimus  Ag.,  du  calcaire  de  Burnlisland;  p.  92.  L'exemplaiie  de  la 
fig.  6  est  entier  et  reployé  sur  lui-même.  —  Fig.  8,  écailles  grossies  de  ce  même  poisson. 


—    319    — 

Tab  \0b.  —  Fig.  l.  Ptdœoniscus  comtus  Ag.,  du  calcaire  magnésien  ilAnglcjlerrc:  p.  97.  —  Fig.  2,  écailles  de 
la  |tarli('  aniciieurc  de  la  ligne  latérale;  fig.  5,  écailles  des  côtés  de  la  queue. 
Fig.  o.  Pulœoin.tvus  cicgans  Sedw..  esjtèce  rare  du  calcaire  uiagnésicu  d'Angleterre.  —  Fig.  U, 
écailles  de  lu  ligne  latérale. 
Tab.  iOr.  —  Fig.  1.  Palwonifcus  glaphyrus  Ag.,  bel  exemplaire  du  calcaire  uiagu^sien  d'Angleterre;  p.  98.  — 
Fig  "2.  écailles  grossies,  vues  par  leur  face  intérieure. 
Fig.  3.  Palaouiscus  macroplilhalmus  Ag.,  de  ce  même  calcaire;  p.  99. 
Fig.  !i.  Palœoniscus  longissimiis  A^.,  même  gisemcnl;  p.  100. 
Tab.  H  (portant  par  erreur  Vol.  5).  —  Palœotiimis  Freieslebeni  Ag.,  du  Zechslein  d'Allemagne;  p.  C6. 
T^b.  l±  —  Fig.  1,  :2.  Grands  exemplaiies  du  Palœoniscus  Freieslebeni.  —  Fig.  3— G,  écailles  de  ce  même  pois- 
MiiKM  -Il  ■!■  son,  grossies. 

Tab.  13.  —  Fig.  1.  Palœoniscus  magnus  Ag.,  du  Zechstein  d'Allemagne;  p.  78.  —  Fig.  "2  et  4,  écailles  de 

grandeur  naturelle;  fig.  3  et  5,  écailles  grossies. 
Tab.  14.  —  Autre  exemplaire  du  Palœoniscus  magnus. 
Tab.  14a.  —  Eurynotus  crenatus  Ag.,  du  calcaire  de  Burdie-Housc ;  p.  154. 

Tab.  146.  —  Fig.  1  et  2.  Autres  exemplaires  de  VEurynotus  crenatus.  —  Fig.  3,  écailles  de  la  partie  antérieure 
du  tronc;  fig.  4,  écailles  prises  sur  les  côtés  de  la  gueujej  Jojutes  ces  écailles  grossies  et  vues  par 
leur  face  extérieure  i   .,         ,■     ; 

Tab.  14c.  —  Fig.  1  et  2.  Eurynotus  fimbriatus  Ag.,  de  New-Haven;  p.  157.  —  Fig.  3,  écailles  vues  par  leur 
face  intérieure  et  grossies. 
Fig.  4.  Eurynotus  tenuiceps  Ag.,  du  schiste  bitumineux  de  Sunderland  (Massach.);  p.  159.  —  Fig. 
5,  contours  d'un  exemplaire  entier,  copiés  de  Hitchcock. 
Tab.  15.  —  Fig.  1  et  2.  Platysomus  gibbosus  Ag.,  du  Zechstein  d'Allemagne.  —  Fig.  3,  écailles  de  grandeur 

naturelle;  fig.  4,  écaille  grossie. 
Tab.  16.  —  Platysomus  Rhombus  Ag.,  espèce  rare  du  Zechstein  de  Mansfeld. 
Tab.  17.  —  Fig.  Platysomus  striatus  Ag.,  p.  168.  Du  calcaire  magnésien.  —  Fig.  2  et  3,  écailles  vues  par  leur 

face  extérieure. 
Tab.  18.  —  Fig.  1."  Platysomus  macrurus  Ag.,  d'East-Thickley;  p.  170  (copies  des  figures  de  M'.  Sedgwick). 
—  Fig.  2,  écailles  grossies. 
Fig.  3.  Platysomus  parvus  Ag.,  de  Low-Pallion  (>'orthumb.). 
Tab.  19.  —  Fig.  1—6.  Gyrokpis  Albertii  Asi.,  du  terrain  triasique  de  Wurtemberg  e|  de  Bristol,  p.  173. 
Fig.  7 — 9.  G2/ro/e/)?.s  mrtxi'mM*  Ag.,  même  gisement,  p.  ,      , 

Fig.  10—12.  Gyrokpis  tenuistriatus.  Ag.,  même  gisement,  p. 
•■ .     I    <l         Fig.  15.  Holoptychius  giganteus.  De  l'old  Red.  d  Ecosse,  p. 
(Il  n'y  a  pas  de  Tab.  20.) 
Tab.  21.  —  Fig.  1.  Tetragonulepis  dorsalis  Ag.,  du  Lias  de  Byrford;  p.  211.  —  Fig.  2.  écailles. 

Fig.  3.   Tetragonolepis  ovalis  Ag.,  du  Lias  de  Boll;  p.  209. 
Tab.  21a.  —  Fig.  1.  Tetragonolepis  dorsalis  Ag.,  autre  exemplaire  de  la  même  localité. 

Fig.  2.  7'e«rajfono/c^M  wîom7t/er  Ag.,  duLias  de  Banwell:  p.  212.   —  Fig.  3  et  4,  écailles  de  la 
partie  antérieure  du  tronc;  fig.  5,  écailles  des  côtés  de  la  queue. 
Tab.  22.  —  Fig.  1.  Tetragonolepis  Bouéi  Ag.,  espèce  très-rare  de  Seefeld;  p.  210. 

Fig.  2  et  3.  Tetragonolepis  semicinctus  Bronn.  du  Lias  de  Neidingen  (Bade);  p.  196. 
Tab.  23.  —  Tetragonolepis  angulifer  Ag.,  du  Lias  de  Strïttford  sur  rA\on;  p.  213. 
Tab.  25a.  —  Fig.  1.  Tetragonolepis  confluens  Ag.,  du  Lias  de  Lyme-Regis;  p.  199. 
Fig.  2.   Tetragonolepis  radiatus  Ag.,  du  même  gisement  ;  p.  201 . 
Fig.  3.   Je/ro^o»io/pjUîs /éiosomMsAg.,  du  même  gisement:  p.  202. 
Tab.  236.  —  Tetragonolepis  speciosus  Ag.,  du  Lias  de  Lyme-Regis;  p.  199. 
Tab.  23c.  —  Tetragonolepis  pustulatus  Ag.,  du  Lias  de  Lyme-Regis;  p.  201. 


.>.-,! 


-    5%''  — 

Tab.  ^Sd*.'  — pig. 'i  et2.  Tétragonolepis  Lcachii  k%.,  de  Lyme-Regis;  p.  203  (tête  et  portion  de  tronc  entière- 
inent  détachées  de  la  roclic).  —  Fig.  3,  face  supérieure  des  os  du  crâne.  —  Fig.  4,  écailles  de  la 
»no«  4'ittin\i  g'i  "■j'^j.^jg  antérieure  des  flancs;  fig.  5,  de  la  ligne  latérale;  fig.  0,  des  côtés  du  dos.  '  " 

Tab.  23<i  bis  jj)^, erreur  23e  sur  la  planche).  —  Tétragonolepis  Leachii  A|,..j  Tronc  enl,ier,,^çrpvenant  aussi  du 

cl  9b  àJô)  i(t-  >c,iïi.|^s  de  Lyme-Regis.  .<mvi?i«m  ïM\oVj(\3i  A  .giM  -^  .oOS  dcT 

T^f(2.3f.  -r,Fi§-  l-  Tétragonolepis  heteroderma  Ag.,  du  Lias  de  Boll;  p.  20%  j.j  j  «jj  jg^j^yp 

Fig.  2.  re<ragiono/e/j!.?p/io/irfo«îis  Ag.,  du  Lias  de  Boll;  p.  207.     ;./     ~\'\^    |    ^i'f        Af.""-  dij'l 
Fig.  3.  Tétragonolepis  mastodonleus  kg.,  (branche  gauche  de  la niâchq^re  ipfériç»jii(e)  ;  dp_>)[e^l- 
den  de  Hastings;  p.  216.  —  Fig.  4,  dent;  fig.  5,  plaque  osseuse  provenant  du  ipême  gisement 
i<l>    ru  y,  -:/;']      ^*  '^^^  P*'"^'^  •^'^''*^  ""^  P'^^I"*^ buccale  d'un  Telragonolep^^  ^^j^  -,!l,i;-,.,  ,iJ  J;,  ji  .gFi 

Tab.  24. —  retra^oHo/e;)«s  M«3netn7/e  Ag.,  de  rOolithe  de  Caen;  p.  214.     -    i  ^  ..i. -..',,.,1/ 

Tsb.  25.  —  Fig.  1.  Dapedius  polilus  De  laB.,  fragement  de  Lyme-Regis  offrant  le  profil  d'une  tête  parfaite- 
8i)t  1]  ment  conservée  ;  p.  18S.  —  Fig.  60-  dent  de.  ta  mâchoire  supérieure,  considérablement  grossie. 
Fig.  2.  Dapedins  gramdatus  AgJ,  dii  même  gisement:  p.  190  (tête  et  partie  antérieure  du  ventre). 
»').'.;  -rr  Fig.  5,  partie  antérieure  de  la  tète,  vue  aux  trois-quarts  de  face.  —  Fig.  4,  partie  des  flancs 
ihaing  .?  gi^  t'Ct  duiventreyavec  la  pectorale  droite.  —  Fig.  5,  écailles  grossies.  —  Fig.  &a  eLGb,  deux  dents, 
l'une  de  la  mâchoire  inférieure,  l'autre  de  la  mâchoire  supérieure.  -^  Les  fig.  Gd,  7,  8  et  9.  con- 
cernent le  Dapedius  punctatus;  la  première  est  une  dent  do  la  mâchoire  supérieure  de  ce  pois- 
»  ffioii')»/      son  ;  les  trois  autres  représentent  des  écailles  de  sa  ligne  latérale  et  de  son  dos.i  t 
Tab.2So.  —  Dapedius  punetaiiis  Ag.,  de  Lyme-Regis;  p.  192.  Ce  magnifique  exemplaire  faitpartie  de  la  col- 
lection de  Miss  Philpot.  lll  Wl/OITI  l.'l   Il/Ull'l    jl.'ll 

Tab.  236.  —  Fig.  1.  Dapedius  Colei  Ag.  ;  p.  195  (tronc  et  partie  delà  têtd).'  J^' Fîg.'2l,  ajièphyées  d'une  ver- 
tèbre abdominale,  vues  de  profil;  fig.  3,  ces  mêmes  apophyses  vues  en  face.  —  Fig.  4,'ëcalllès 
^  de  la  partie  antérieure  des  flancs  ;  fig.  5,  écailles  des  côtés  de  là  queùe  5  iig.t,  écailles  des  bords 

du  dos.  —  La  fig.  7  en  est  une  de  la  partie  antérieure  dés  flatïtSrViië  pài'  sa  face  interne. 
Tab.  25c.  —  Autre  exemplaire  du  Dcr/jerf/us  Co/ei,  du  Lias  de  Lyme-Regis.    '''    '    '' "*^"       '      " 
Tab.  25(/.  —  Fig.  1.  Dapedius  Orbis  Ag.,  du  Lias  d'Angleterre;  p.  218.  —  Fig.  ^,  écaille^ de  ta  partie,  anté- 
rieure des  flancs  ;  fig.  3,  écailles  des  côtés  de  la  queue  ;  fig.  4 ,  écailles  de  la,  partie  antérieure 

au  oos,  ;,<in'Vi!i  •iTiirilc-i  J1I1  lirif'i'iIdgfiiKi  Ti^/..^^i\iAuv.  ,.\         .,-,\        ,r/!   iliiT 

Tab.  25c.  —  Fig.  1  et  2.  Amblyurus  macrostomus  Ag.,  du  Lias  de  LjTfne-Regis;  p.  220.  —  fcxemplajres  de- 
formés,  surtout  le  second  où  la  partie  inférieure  du  ventre  est  reployée  sur  les  flancs.  V^  Fig  3, 
;in.  I  ).<!  ,h  i  m^^^^  appartenant  évidemment  aussi  à  ce  genre,  et  où  l'on  distingue  très-])ien  les  mâchoires  ët'les 
.,  f     .    "  'è[ents  avec  une  partie  des  rayons  branchiostègues  et  des  os  au  crâne.  —  Fig.  4,  écailles  des 
flancs;  fig.  5,  écailles  du  bout  de  la  queue.  rdbl 

Tab.  26  —  Fig..l.  Semiono<Ms /c/>(oce;)/ia/Ms  Ag.,  du  Lias  de  Boll  ;  p.  222.  ,-    ,^.,,. 

f.r.;.S  '"'"'"'  ^-;_;"2"5g^io„oms  Bergeri  Ag.,  du  grès  des  environs  de  Cobourg;  p.  224.  -  Fig.  3,  écaille  de  ce 

poisson,  grossie, 
"Tab.  26a  —  Fjg.  1.  Semionotus  rkombifer  Ag.,  de  Lyme-Regis;  p.  228.  (Exemplaire  mutilé  auquel  il  manque 
'"'' toutes  les  nageoires.)  —  Fig.  2,  écailles  de  la  partie  antérieure  de  la  ligne  latérale;  fig.3,  écailles 
de  la  partie  postérieure  du  tronc.  ,/ ^(  j    ,     .  ,^  .  y...,\  \<  y.y    ,,,.1 

Tab.  27.-  Fig.  let2.  Semionotus  Mus  Xg. ,  d^^^^è^^  V^  ^  ^  '^^^h^^^^'^ 
du  petit  exemplan-e.  ,,,,..,  .,     ,      -y         •>?  ,,  .•l• 

Tab.  27a.  -  Fjg.  1.  Semtono<«sIVi/ssoMiAg.,duLiasdeâcânie;  p.  229.  -  Fig.  2,  W'têté  dé'de  poiséon  Ufe 
'   par  sa  face  supérieure.  —  Fig.  3,  '    nop 

Fig.  6  et  7.  Semionotus  slrialus  Ag.,  de  Seefeld;  p.  231.  *         , 

Tab.  28.  —  Fig.  1.  Lepidotus  gigas  Ag  ,  du  Lias  de  Boll;  p.  235.  (Tête  et  partie  antérieure  du  tronc.)  --  Fig. 
2,  quelques  écailles  avec  leur  couche  d'émail  d'une  teinte  plus  foncée.  —  Fig.  3,  grande  écaille 


—     5-21     — 

d'un  aulrc  iiuU\  icUi .  ilonl  le  boi-d  postérieur  est  brisé.  —  Fig.  U ,  écaille  débarassée  de  sa 
(•ouche  d'émail ,  cl  où  se  voient  les  stries  d'accroissement. 
Tab.  20  —  Lepidotus  gigas  Ag.  Autre  exemplaire  presque  complet,  du  Lias  de  Boll.  Les  écailles  brunes  sont 
intactes,  et,  de  même  que  celles  qui  présentent  des  stries  d'accroissement,  se  voient  par  leiu- 
face  extérieure:  celles  qui  ont  une  teinte  bleuâtre  se  voient  par  leur  face  interne. 
Tab.  29a.  —  Fig.  1.  Lepidotus  semiserratus  Ag.,  du  Lias  de  Wliitby;  p.  240.  —  Fig.  2,  écailles  du  côté  de  la 
queue  ;  fig.  3  et  3,  écailles  du  milieu  du  corps;  fig.  4,  écaille  de  la  partie  antérieure  des  lianes. 
Tab.  29t.  —  Fig.  1,  2  et  3.  Auli-es  exemplaires  du  Lepidotus  semiserratus  Ag. 
Tab.  29c.  —  Fig.  1.  Ecaille  du  Lepidotus  unguiculatus  Ag.  (v.  Tab.  30.) 
Fig.  2  et  3,  écailles  du  Lepidotus  palliatus  Ag.,  p.  255. 
Fig.  h  et  5,  écailles  du  Lepidotus  lœvis  Ag.,  254.  (Les  exemplaires  figurés  ne  sont  pas  ceux  du 

Musée  de  Soleure.)  ' 

Fig.  7.  Ecaille  du  Lepidotus  tuberculatus  Ag.,  de  Stonesfield;  p.  256.  -UT 

Fig.  8 — il.  Ecailles  du  Lepidotus  Maximiliani  Ag.  Du  calcaire  grossier  de  Paris:  p.  208. 
Fig.  12.  Squelette  du  Lepidotus  minor  Ag,  De  Purbeck;  p.  2(59. 
Tab.  30.  —  Fig.  l.  Ecaille  du  Lepidotus  semiserratus  Ag.  [umbonalus],  gisement  inconnu  ;  p.  244. 

Fig.  2.  Plaque  décailles  du  Lepidotus  radiatus  Ag.,  de  Boulogne-sur-mer;  et  fig.  3,  grande 

écaille  de  ce  même  poisson,  avec  l'onglet  articulaire;  p.  256. 
Fig.  4^,  5,  6.  Ecailles  de  Lepidotus  Fittoni  Ag.  (subdenticulalus)  p.  265. 

Fig.  7  et  8.  Ecaille  du  Lepidotus  unguiculatus  Ag.,  de  Solenhofcn,  vue  par  sa  face  extérieure  et 
par  sa  face  intérieure;  fig.  9,  coupe  longitudinale  qui  fait  voir  l'épaisse  couche  d'émail  dont 
cette  écaille  est  recouverte. 
Fig.  dO — 15.  Ecailles  détachées  du  Lepidotus  Manteliii  Ag.,  de  Tilgale;  p.  262. 
Tab.  30a.  —  Fig.  1.  Lepidotus  Fittoni  Ag.,  de  la  formation  Wealdienne:  p.  265.       !  ;    ■ 
Tab.  306. — Fig.  1.  Lepidotus  Fittoni  Ag. 

Fig.  2.  Frontal  gauche  du  Lepidotus  Manteliii;  p.  264. 
Fig.  3.  Frontal  gauche  du  Lepidotus  Fittoni;  p.  263. 
Tab.  30t.  —  Lepidotus  Manteliii  Ag.,  de  liastings;  p.  262. 
Tab.  31.  —  Lepidotus  serrulatus  Ag.,  du  Lias  de  Boll;  p.  250. 
Tab.  32.  —  Lepidotus  ornalus  Ag.,  probablement  du  Lias  de  Seefeld:  p.  249. 
Tab.  33.  —  Lepidotus  undatus  Ag.,  probablement  du  calcaire  de  Caen:  p.  245. 
Tab.  33a.  —  Lepidotus  rugosus  Ag.,  du  Lias  de  Lyme-Regis  et  de  W'itby  ;  p.  246. 

Tab.  336.  —  Lepidotus  fimbriaius  Ag.;  p.  247.  —  Fig.  1  et  6,  deux  fragmens  du  tronc,  le  premiei-  de  llierins, 
le  second  de  Lyme-Regis.  —  Fig.  2,  4  et  5,  écailles  détachées,  de  grandeur  naturelle;  fig.  7  et 
8,  écailles  grossies.  —  Fig.  3,  coupe  transversale  dune  géode  contenant  ce  poisson. 
Tab.  34.  —  J^epidotus  minor  Ag.,  du  Calcaire  de  Purbeck;  p.  260. 

Tab.  34a'.  —  Fig.  1—3.  Lepidotus  oblongus  Ag.,  de  Solenhofen:  p.  239.  —  Fig.  1,  écailles  de  grandeur  natu- 
relle; fig.  2,  écaille  grossie.  —  Fig.  3,  caudale  et  extrémité  de  la  colonne  vertébrale. 
Fig.  4.  Lepidotus  siriatus  Ag.  Des  Vaches  noires;  p.  268. 
Fig.  3 — 7.  Lepidotus  speciosus  Mùnsl.  De  Seefeld;  p.  266.  —  F'ig.  6,  fragment  de  rayon  fortement 

grossi;  fig.  7,  rayon  de  la  caudale  grossi. 
Fig.  8  et  9.  Lepidotus  parvulus  Mùnst.  De  Seefeld;  p.  267;  fig.  9,  dents  grossies. 
Tab.  35.  —  Lepidotus  notopterus  Ag.,  de  Solenhofen;  p.  237. 

Tab.  36.  —  Fig.  1.  Microps  furatus  (maintenant  Pholidopliorus  furcalus)  Ag.,  du  Lias  de  Seefeld;  p.  286.  . 
Fig.  2,  3  et  4.  Ophiopsis  pmicillatus  Ag.,  du  calcaire  de  Purbeck;  fig.  3  et  4,  écailles  grossies;  p. 

290. 
Fig.  S.  Ophiopsis  dorsalis  Ag.,  du  calcaire  de  Purbeck;  p.  291. 
Fig.  6  et  7.  Coccokpis  Bucklandi  Ag.,  de  Solenhofen;  fig.  7  écailles  grossies;  p.  301. 
ToM.  II,  2'  Part.  41 


—    322    — 

Tab,  37.  —  Fig.  1,  2,  3,  Zi  et  o.  Photidophorus  limbahts  Aa;.,  de  LjTTie-Regis  ;  fig.  3.  séries  d'écaillés  grossies; 
fig.  4,  une  écaille  détachée  également  grossie;  fig.  o,  rayons  antérieurs  du  lobe  supérieur  de  la 
caudale,  grossis  pour  faire  voir  les  fulcres;  p.  282.         '\m\  y.i(^>..\,T>> 
Fig-  6  et  7.  Pholidopkorus  omatm  Ag.,  du  calcaire  de  Purbeck;  fig.  7,  écaille  grossie;  p.  280. 
Fig.  8.  PAo/irfo;j/(o;-»s  F/esAm  Ag.,  de  l'oolite inférieure;  on  voit  deu\  rayons  grossis  en  des- 
'■illrt   -Vit-^oii  -  !Sous  de  la  figure:  p.  281.  '         "■ 

'  Tab.  38.  —  Fig.  1.  Pholidopliorus  micrups  Ag.,  de  Solenhofen:  fig.  ii.deux  séries  d'écaillés;  fig.l6,une  écaille 
détachée,  grossie:  p.  273. 
;    rjr.ti   ifi      Fig.  2.  Pholidophorus  longiserratus  IMiinst.,  de  Kehlheim:  fig.  2',  écailles  grossies;  p.  277. 

Fig.  3.  Pholidophorus  tenuiserratus  Miinst.,  de  Kehlheim;  fig.  5'  et  3"',  écailles  grossies,  fig.  3'  par 
•jifwins*»       la  face  externe;  fig.  3",  par  la  face  interne;  p.  270. 

Fig.  4.  Pholidophorus  striolaris  Miinst.,  de  Solenhofen;  fig.  4'  et  h',  écailles  grossies;  p.  277. 
Tab.  39  (par  erreur  Tab.  49  sur  la  planche).  —  Fig.  l .  Pholidophorus  Bechei  Ag.,  de  Lyme-Regis;  p.  272.  — 
Fig.  2,  3,  4,  écailles  grossie&i  ;>„!ï^  >>'  „!,:  .fc'i 

Fig.  5.  PAoMo/j^orws  ortj/c^i!js  Ag.,  du  même  gisement:  p.  274.  —  Fig.  6  et  7,  écailles  grossies. 
Tab.  40.  —  Fig.  1.  Pholidophorus  macrocephalus  As.. ^  de So\mhoien:  p.  274.  —  Fig.  2,  écailles ,  dont  lune 
'     -I  ••  est  grossie,  vues  par  leur  face  externe;  fig.  3,  mêmes  écailles  vues  par  leur  face  intérieure. 

Tab.  41.  —  Pholidophorus  latus  Ag.,  d'Eichstàdt:  p.  278.  —  Fig.  2et3,  écailles gi'ossies ;  fig.  4,  quelques  ar- 
ticulations des  rayons  de  la  caudale.  '  ,      ,l!  ! 
Tab.  42  —  Fig.  1.  P/toMo;)/(orMs  wicronyx  Ag.,  de  Solenhofen;   p.  279.  a,  cca^lç^  grossies,  vue5\,p£VfyJeur 
face  extérieure ,  è,  par  leur  intérieure.                                           ,  ...    /  ^ 

'^  .'■  11,1  !<..  1  <:    <li;  1 

Fig.  2.  Pholidophorus  gracilis  Miinst.,  de  Solenhofen;  p.  285,  a  et  b,  écailles  grossies,  vues,  des 

>..l.b'ru;hu.        deux  côtés. 
,.,,,,  „.      |,,,      Fig.  3.  /'Ao/irfojo/iorus  intermedtMS  Miinst.,  de  Solenhofen;  p.  279,  a,  6,  écailles  grossies. 

Fig.  4.  Pholidophorus  tenuiserratus  Mnml.,  de  Solenhofen;   p.  276,  a,  b,  écailles  grossies,  vues 
.,1,  ^,|.„ir  P^i'  leurs  deiLxfacees. 

Tab.  42o.  —  Fig.  1.  Pholidophorus  Hastingsiœ  Ag.,  du  Lias  de  Barrow;  fig.  la,  écailles  grossies;  p.  284. 
Fig.  2.  Pholidophorus  anguslus  Ag.,  du  grès  rouge  jurassique  de  Pologne;  p.  28S. 
VMihRi-jL  ""'§■  ^  ^^  ^'  ^^olidophorus  Stricklandi  Ag.,  du  Lias  de  Barrow;  fig.  4a,  écailles  grossies  de  fig.  4  : 

\n^m^^al'•l  p.  284. 

Fig.  5.  Pholidophorus  minor  Ag..  de  Stonesfield:  p.  286. 
Tab.  43  (par  erreur  Tab.. 42  sur  la  planche).   —  Fig.  1,  2,  3.  Pholidophorus  latimanus  Ag.,  de  Solenhofen;  p. 

.         ,       280.  —  Fig.  4  et  8,  écailles  grossies,  vue  par  leur  face  extérieure  et  par  leur  face  intérieure. 
Tab.  44.  —  Bloehius  longiroslris  Volta,  de  Monte-Bolca;   on  voit  en  dessous  de  fig.  2,  une  partie  du  système 
■  .        ,,  épidermique,  grossie.  2"  part.  p.  2d5.   —  La  fig.  3  représente  le  fameux  exemplaire  décrit  par 

"it  •  -"jiriaup.  ïînili^^'^J^*'  comme  en  avalant  un  autre  de  la  même  espèce. 
Tab.  45,  —  Aspidorhynchus  speciosus  Ag.,  de  Kelheim:  2'=  part.  p.  157. 

Tab.  46.    -  Aspidorhynchus  aculirostris  Ag.,  de  Solenhofen;  2"  part.  p.  156.  —  La  figure  supérieure  de  gauche 

représente  une  tète  avec  la  gueule  entr'ouverte  ;  la  figure  au-dessous   représente   une  autre 

"tète  avec  les  mâchoires  rapprochées;  les  figures  du  centre  représentent  plusieurs  ecalilles 

réunies  par  leur  face  interne  et  par  leur  face  externe  et  une  écaille  détachée  avec  son  onglet  ar- 

<'i^  g'AlU.       ticulaire  également  des  deux  côtés.  Les  deux  grandes  ligures  sont  des  poissons  entiers  du  Musée, 

Tab  47.  —  Aspidorhynchus  or^ialissimus  Ag.,  de  Solenhofen;  2''  part.  p.  158. 
Tab.  47o.  —  Fig.  1.  Afaawewtws  ros//a/as  Ag.,  de  Solenhofen;  2'  pari.  p.  150. 

Fig.  2.  Belonostomus  MUnsteri  Ag.,  du  calcaire  lithographique  de  Bavière;  2* .part.  p.  141. 

Fig.  5.  Belonostomus  acutus  Ag.,  du  Lias  de  Whitby  ;  2'  part.  p.  142. 

Fig.  4.  Belonostomus  sphyrœnoïdes  Ag.,  de  Solenhofen;  2"  part.  p.  140. 


Tab.  48.  —  Ophiopsis  procerus  Afî..  de  Solcnhofon  :  p.  "280.   —  La  fig.  2  représente  iin  jfeune  exemplaire  (U-  la 

nu'iue  espèce. 
Tab.  49.  —  Fij;.  l.  Notagogus  Zietenii  Ag.,  de  Solcnhofen;  p.  295. 

Fig.  2.  Noliigogys  Pentlaniii  Aa;.,  d'un  ealcaire  jiirassi(nie  des  environs  de  INaples:  p.  294. 
Fig.  3.  yolagogus  lulior  As..,  du  même  si\svn\L'nl:  [>.  "i^h. 
Tab.  SO.  —  Fig.  i .  Noiagngus  dcnticulalHs  .(Vi;.,  de  Kehlhcim  :  p.  294.  —  Fig.2,3  et  4,  égailles  grossies,  celles' 
>lliu >■<  uni  Ai  .sil  de  la  fig.S,  vues  par  leur  face  extérieure.  -—  Fig.  3.  rayon  de  la  partie  anlérieut-e  de  la  dorsale, 
forfoment  grossi. 
Fig.  ().  Proplerm  mierostomus  k%.,AQ  kehlheim:  p.  29G.  —  Fig.  7  et  8,  rayons  de  nageoire, 
Ti;H  S  '_  grossis.  nj'.iSin  f»1  •■'>     i^^.n'/  '\>\ïv  i'v--,ivti\r 

Tab.  SI.  —  Fig.  J.  Magalarus  elongatus  Miinst..  de  Keblbeim:  2'part.  p.  148.  —  Fig.  2,  éeailles grossies. 
Fig.  5.  Afrtflo/wn/.'î  èretîco.s/rtrw.?  Ag..  deSolenhofen:  2°part.  p.  147. 

Fig.  4.  J/e^a/iOMs  parrws  Mùnst.,  de  Soienhofen;  2"  part.  p.  149.  sT' 

Tab.  Sla.  —  Megalurus  kpidolus  Ag.,  de  Solenhofen;  2"  part.  p.  146. 
'■\\Î9i»^^l\*-- ■  Acrolepis  Sedgwickii  As;.K  à\v'C»\cAm.<\^  d'Angleterre;  2""  part.  p.  80j  ■'—  Fig.  2,  3,  4, 

nui  1  i.i''>    '-'il     écailles  grossies.  n  .i":  •  ■  ■')'     'f'I 

Tab.lH.^-  Fygopterusmandihvlaris  ko...   Aki  calcaire  magnésien  d'Angleterre;    2ppart.  p.  76.      -    Fig.  2, 
■us  ^9upi;»u|'       -  les  mâchoires':  figj  3  et  4,  dents  grossies;  fig.'  &et©,  éc^ailles  grossie»;ii^»\"^«i'>^iH  '—    fi''fWT' 

Tab.  53(7.  —  .4utre  exemplaire  du  Pygoplerus  mandibnlaris  Ag..  provenant  de  la  même  locaîité;  2'  part,  p.  76. 
'"  Tab.  54.  —  Ptjgopterus  HimhoUli  Ag.,  du  Zechstein  de  ÎMansfeld:  2=  part.  p.  74.  '  ''      •'' 

Tab.  Sd.  —  Autre  exemplaire  du  Pygoplerus  Humboldli  Ag.  ;  2"  part,  p,  74. 

'  '  Tab.  ma.  —  FÎg.  1— S.  Saurichthys  acuminatus  Ag.,  du  Bonebed  d'Aust-Cliff;  2"  part.  p. 86.  Denis  détachées. 

Fig,^6— j|l.  Saurichthys  apimlis  Ag.,  fig.  6  et  7,  fragmens  des  mâchoires,  fig.  8,  surface  de  l'os 

sous  un  faible  grossisement;  fig.  9— 11,  dents  isolées.   Du  Muschelkalk  de  Bayreuth;  2M)art. 

p.  85. 

Fig.  12^15-  Saurichthys  Mougeuti  Ag.,  du  Muschelkalk  de  Lunéville;  fig.  12  et  15,  fragmens  de 

mâchoires:  fig.  11  et  13  dents  isolées  du  Muschelkalk  de  Bayreuth:  2'  part.  p.  85. 
Fig.  16.  Saurichthys  semicostatus  Ag.,  du  Muschelkalk  de  Benk:  2'^  part.  p.  S7. 
Fig.  17  et  18.  Saurichthys  longidens  Ag.,  du  Bonebed  d'Aust-Clin";  2"  part.  p.  87.  Dents  détachées 
Fig.  19.  Dendrodus  strigatus  Owen  (au  lieu  d'Ag.  lisez  Owen),  de  l'old  Red  de  Riga.  Fragment 
de  mâchoire,  vu  de  quatre  cotes.  ^_         _ 

Tab.  56.  —  Caturus  latus  Mûnst.,  de  Solenhofen;  2'  part.  p.  117.  '  '  "^  *^ 

Tab.  36a.  —  Caturus  farcatus  Ks..,  de  Solenhofen:  2*  part,  p!  ifllî.  —  On  voit  eîi  aies  articulations  dun  por- 
tion  de  rayon 
"'''Tafé'.'57.  —  Eugnathus  speciosus"'jî'i.%i  Lias  de  Lymc-Regis:  2^'^wf.  p.  i'(W).— 'Fl^'filatête;  fig.  2,  portion 
du  tronc  du  même  individu,  dont  tout  le  reste  a  été  détiuit.  — "l^^îg.' 5  et  4, dents  grossies:  fig. 

Tab.  57a.  —  Eugnathus  urthostomus  Ag.,  de  Lyme-Regis:  2*^  part.  p.  98. 
,  ^ji'jT^^.  £(^j<i,  -  Eugnathus  Ûnrotes  Ag.,  du  Lias  de  Lymc-Regis;  2'  pari.  p.  102."  Partie  antérieure  du  corps,  re- 

,    I  ,!,,, marquablc  par  le  dé\eloppement  considérable  des  pectorales. 

Tab.  o8.  —  Eugnathus  Philpotiœ  Ag.,  du  Lias  de  Lyme-Regis:  2'  part.  [).  101 .  —  Fig. 2,5,  4,  écailles  grossies. 
Tab.  58a.  —  Eugnathus  minor  Ag.;  2°  part.  p.  103.  Du  Lias  de  Lyme-Regis_  —  Fig.  1',  écaille  de  ce  poisson 
grossie, 
lig.  2.  Eugnathus  polyodon  Ag,;  2^  part.  p.  104.  Du  Lias  de  Lyme-Regis. 
'  !Fig.!-3.  Pachycormus  macrurus  Ag.,  du  Lias  de  Lyme-Regis;  2'  pjtrt,  p.  1 15. 
Fig.  4  et  3.  Pachycormus  heierurus  Ag.,  du  Lias  de  Lyme-Kegis ;  2'  part,  p.  115.  —  Fig.5,  écailtes 
giOssies, 


i'C-324  — 

:iii  Tab.  58è.Hi,  Fig.  dî-3.  Ptycholepis  hollenmsk^. i^AnvU^  de  Bo\l  et(dfe:IL5'«te''Begis!;-^''fpaEt.  p.  108.  —  Fig.  2 

et  3,  écailles  grossies.  <'-    q    !'i  .'i   ; 

g^iasKngêJnab  ,cf'iSC'4i;i5««'"o*'o?w"^««i<><'»«««A8-.,W?fhO";e inférieure.  Du  Lias  tjie  1  Obeulaud,  badois.:   -2<'part. 

.■89i«aoTj  pilltll'»'-  ,'c.  .j;H  —  .i'ji'-'o'ig  ,'j(r,J)U«')  rd  a/)  eno/p.'t  ?yb  r'n  liJnloarJnB  ,4^  .:9i'ï  — 
njt  .-„,„, T..    F'?!-  S  et  6.  i{Ame«u.s/Mrca(M.<(As„  du  Liban:  2' part.  p.  260^  ^^^^^^^^'j  ^j^  __  gy  ^j^j 
tab.  59.—  Pac%corm!/s  cur/««Ag.,  du  Lias  de  Wliitby;  2'"  part.  p.  U^j,  .  gjgjoi^  j^gj^)   ^ 
Tab.  S9a.  —  Pachycormus  macropterus  Ag.,,  du  Lias  de  Bovn-gogne  :  2*  part.  p.  lil i'  Celte'  espèce  se  distingue 

par  la  grandeur  de  ses  pectoi'aies.  ^  ^  a  •        ^-^        • 

Tab.  oO.  —  Saiiropsis  longimamis  Ag.,  de  Solenhoien;  2'^parf.  p.  12T; 

Tab.  6i.  —  Fig.  1.  2,  3.  Thrissops  Cephaliis-k^.:dè  Solenhofen  :  2'  part.  p.  l^?'^'^  """Q""»  "ïcq)  »«<>  <JcT 
Fig.  4,  5,  6.  Leptolepis  tnacrolepidotus  Ag.,  de  Solenhofen;  2"  part,  p.  1521  '^ 
Fig.  7  et  8.  Leptolepi.0  polyspondylus  Ag;;  db  Solenhofen:  2"  part.  p.  1Ô5-.      -y* 
Tab.  61a.  —  Fig.  1.  le/jtofejBM  spram/oj-mts  Ag.,  de  Solenhofen;  2"  part.  p.  130.      '^  d  .sii 
<vuB)n'jb  ïaijpi^i^g  <^J^4;  ÉéptblepisVoithii  Ag.,  de  kehlhehh  ;  2^part.  p.  15i.»^^^'^  •«  J»  «  .Jj'''^ 
Fig.  5.  Leptolepis  crassus  Ag..  de  Solenhofen;  2"  part,  p,  151.    !  ''■'S"f''nf,  éafi^ 
Tab.  62.  —  Fig.  1  et  2.  Cce^acanA/jt/s  jr(ïH?<?a(î<.'!  Ag.,  du  calcaire  magnésien  d''An^lfeferl^;2«' part.  p.  172  (Por- 
tion caudale  et  nageoires).  —  Fig.  3,  une  apophyse  épineuse  avec  son  rayoït-  « 
Tab.  63. —  Fig.  Megalichthys  Hibberti  Ag.,  du  terrain  lioùillcr  de  Leeds;  2' part.  p.  SO.^Tète  réduite  de 

moitié,  et  vue  d'en  haut,  fig.  1  :  d'en  bas,  fig.  2:  de  profff  ;  flg."3  èt'de  lafacè;  fig.  h. 
Tab.  63a.  —  Afejra/icMys  flîiéem  Ag.  Contours  des  os  de  Tab.  65.         >   --.m>  -,u;,>    i'i   .ij 

Tab.  64.  —  Megalichthys  Hibberti  Ag.  Portion  du  tronc,  de  grandeur  naturelle,  et  écailles  grossies:  2'^  part. 

p_  gQ_  ,\.4J:^,--;.i.;.  .:..'.. -J:,..;  -    ,:  w.l  ;ji,'  ,.^/.  .  iji-s.    vl    iuUo-i^O   .vl    .gil 

Tab.  6S.  —  7'An'sso/>s  mîcro/jorftM/Ag,  d'origine  îrit6irtmié;2'pàrl.  p.  1^^  ^'    -''' 

Tab.  65a.  —  Thrissops  formosus  Ag.,  de  Kelheim;  2"  part.  p.  124.  —  Fig.  2,  écailles  grossies',  fig.  5,  vertèbie 
caudale  grossie.  jiij>|ilj  ,.jî>i  iMSo»i(»t  ««boi^ï)  A)^  .gi-i 

Tab.  6Sa  6ï,s  (par  erreur  Tab,  6oa).  —  Fig.  1.  Macroponia  Mâwïe//n  Ag,  dé  làcraiéde'tewes;  2"  part.  p.  174 
(Exemplaire  où  l'on  distingue  lestomac  avec  ses  parois).  —  Fig.  2,  profil  de  la  mâchoire  infé- 
rieure et  de  l'arcade  palatine.  —  Fig.  3 — 11,  divers  coi)rolitlies  provenant  de  ce  poisson. 
Tabî^ôSfi.^—  Fig.  1.  Partie  moyenne  dun  tronc  de  Macropoma  Mantellii  Ai^.  —  Fig.2^-^4-  éraiilies  de  différentes 
parties  du  corps,  considérablement  grossies;  2"  part.  p.  174.  '  -'i'' 

"LTab.  65c.  —  Fig.  1.  Autre  partie  moyenne  du  corps  d'un  Macropoma  Mantellii  Ag.,  avec -i^èstomac  presque 
entier.  On  voit  en  a  et  en  b  un  coprolithc.  —  Fig.  2,  arcade  palatine  et  extrémité  postérieure  de 
•))iin^iJ/K  .k  .-M'i    '*  mâchoire  inférieure;  lig.  5,  mâchoire  inférieure;  fig.  4,  portion  de  nageoire  dorsale;   fig.  5. 
:      '    ,'       '  rayon  détaché  de  celte  nageoire,  Irès-grossi. 

Tab.  65rf.  —  Fig.  1.  Tète  de  ;Vac>o/)o?na  Man^eWu,  vue  en  dessous,  avec  les  rayons  branchiostègues  et  la 
partie  antérieure  de  l'estomac.   —  Fig.  2  et  3,  profils  de  tètes  de  ce  même  poisson  ;   2'' part, 
p.  174. 
Tab.  66  (par  erreur  6a  sur  la  planche).  —  Thrissop^s^injermedim^lm^^.^^  ^eç^^^i^y^oi^  j}jeJ|la,Y^sberg ;  2"  part. 

Tab.  66a.  —  Fig.  1  et2.  Dercetis  elongatus  Ag.,  delà  craie  déLewes;  2<'part.  p.  258.  —  Fi»!  3  ^       fragmens 
du  corps  de  ce  poisson;  fig.  5,  partie  de  la  colonne  vertébrale;  fig.  6  er7.;^pines  dermiques 


:i  Db  ollw  ès*>'.   „,.ossies:  fig.  8,  vertèbre  détachée,  grossie.  '"''"'"  ^""''  ^^^  '""''  ^•'"3" 

Fig.  9.  Caturus  similis  Ag.,  de  la  craie  de  Lèwés;  2^  part.  p.  118  (fragment di'm?tchoire  avec  ses 

::-.  icq  J'j  m-VL.pjg    io_i3    Belonostomus  cinCtus  Ag  ,  de  la  ci^aîë  de'LeVdsr'^^pM't*''p?'i4^ïfragmens  des  mâ- 
choires et  portion  décailles  de  la  partie  moyenne  du  tronc) .     ^  'JJ-^'^J'l"*  ^'^^ 
Fig.  14  et  45.  Dents  du  Gyrodus  angintus  k%.,  à\i  même  gisement,  VTiès  d'en' hau^;  2*^pairt,p.23t>, 


Fis;.  10 — 18.  Dents  de  VAcrotemnus  Faba  Ag.,  du  même  gisement ,  vues  d'en  hiiut  ôi.dttiijirofil: 
•2"  pari.  p.  203.  ,    .  ,- 

Tal).  67.  —  Fig.  \ .  Gyrodus  macrophthalmus  Ag.,  de  Kelheim ;  2"  part.  p.  224.  —  Fig.  2  et  3,  dcnls  grossies. 
—  Fig.  U,  articulations  des  rayons  de  la  caudale,  grossies.  —  Fig.  5,  écailles  grossies. 

Tab.  (58.  —  Fig.  1.  Gyrodus  frontaïus  Ag.,  de  Kelheim;  2''  part.  p.  226.  —  ï"i^.  2 et  3,  écailles  grossies;  fig. 
4,  dent  grossie;  fig.  5,  articulations  des  rayons  d6  la  caddalè.^ ' ""  '^"'*  '    'V   '"''         '  '     ■'  ' 

Tab.  69.  —  Fig.  1.  Gyrodus  rugosus  Miinst.,  de  Solenhofen ;  S^^  part.  p.  2^.|  —  Fia.^S  et  3,  écailles;  lig.  U, 

articulations  de  la  nageoire  caudale.  ,  ,    ,   i 

o  ,  ,.,..,,.,1,,^....      •!  ■  .  .:.^s(!v'' ï'  M' ',■  "'•   'le! 

Tab.  69a  (par  erreur  60a  sur  la  planche),  —  Fig.  i— 5.  Phyllodus  toliapicus  A§.,  de  1  arjjile  de  Lv^;i(^res; 

2"=  part.  p.  259.  :vi\o<ii)<U)f'.  ■■[>  -j/  ^.uv  ixu.'^vdwv  fcupW)(\iA  t)  ,fi  ,4V  .i^i.l 
Fig.  4  et  a.  Phyllodus  planus  Ag.,  du  même  gisemeat  j  2°  par^-  P-  ?39.  -  ,  : 
Fig.  6  et  7.  /'/iy//o(iMsj9o/yo(iui  Ag.,  du  mèmcgisQment;;^'^  pai't.  p.24^.  .  (;)  ,jpi- 

Fig.  8  et  9.  PAy//odMs  warjt'na/ts  Ag.,i(^^yJ^^è;ne  .giswifiOtj.>i^^(Iîfti;t't  Pl»-^'**^-  (P/aques  dentaires 

sans  analogie  parmi  les  poissons  vi  vans.)  ,       ^  ,„>.,,  ,.s«.j\oîv,i  .c  ."i?; 

Fig.  10  et  11.  %romAMs  oWo<»</«s  Ag.,  de  $lonqsff}3(^^^^?^R^Çt,,jf^^  ^^i^  _  ^^  fi^j  . 

Fig.  12.  Gyrodus  teviw  Ag^  d'origine  inconftfipi.2«,p,a.^-^,,.p,,,:^P,.  ,,[,.|j„^^  ^„j, 
-ib  'iihslm  Fig.  13.  GyrodMscreJqcews  Ag.,  de  la  craie  de  Le^ve^;  tMK\-  P- n^^rtn^Hltl  .pj'-f  -  .00  .dfiT 

Fig.  14.  Gyrorfus  mmor  Ag.,  de  l'argile  de  Speetoo;  2' part., p,  ^i^.jy   ;,})((,»,     , 
Fig.  15.  Gyrodus  triyonus  Ag.,  de  Stoneslield;  2'  part.  p.  252;,^,v,\\  ■,^^u\uh\\m'<\l  -    »?,«  .dfiT 
l-rxiq  'L"  .-«lieeo  fig-  i6.  Gyrodus  rugulosus  Ag.,  du  grès-ver^l  de  liatisbonne;  2',p^rt,  p..  25,d.  ^f  ,,{)  jj^-j- 

Fig.  17.  Gyroe/wî  A/M«s«ert  Ag.,  delà  craie  blanche  de  §altzgllter;  2"  parl.p.  25u. 
Fig.  18.  GyrorfKS  Man^e/Zu  Ag.,  de  Tilgale;  2"  part.  p.  254-       ,  ,,,    ,^,  j^l 

'rid-t)iyv  X   î:f^  Fig.  19.  Gyrodus  rMWcinafMs  Ag.,  dorigine  inconnue;,  2"  part.  p.  356-  'kï 

Fig.  20.  Gyrodus  radiatus  Ag.,  du  calcaire  de  Caen;  2"  part.  p.  232, .  ;,n,i.M 
;-l   ,j  Fig.  21 — 25.  Gyjorfi/s  Ct<t)î>>t  Ag-,  de  Sandforlprès  Weymouth;  2''part.  p.  230.  Cette  niachoiie 

..t,,;  -,      ,       est  vue  de  profil  dans  la  fig.  21,  dcn  haut  dans  la  lig.  22,  et  par  demèrfj.dans  la  fig.  25. 

noj-siifxy  Fig.  24.  Gyrodus  puwc^atMS  Ag.,  dorigine  inconnue;  ;2'=  jjant,  p*  2p^j,  je,  .,|,, 
-'Inaiùllib  Fig.  23  et  26.  Gyrodus  jurassicus  Ag.,  du  calcaire  à  tortues  de  SoieurC:;  2'^  pari,. ip.  229.  Mâchoire 

inférieure  complète,  vue  de  profil  fig.  2tj,  et  d'en  haut  fig.  20.  i  i^ 

ooiW!f)T!    r.mn!  Fig.  27  et  28.  Gyrodws  umii/iCMs  Ag.,  du  terrain  jurassique  de  Durrheiui  (Bade);  2*  paft.  p*  227. 
ob  911,  C'est  un  vomer.  nilo'iq;;»-;  >  w  nv  iiov  nO,  .-isiJi 

Tab.  696.  —  Microdon  elegans  Ag.,  de  Solenhofen;  2'"  part.  p.  205.  —  Fi^'.  î,  poisson  entier;  fig.  2,  extrémité 
de  la  colonne  vertébrale  et  disposition  des  rayons  de  la  cauda'te;  Kg.  5,  disposition  des  dents  et 
k!  If»  ?'»uî!''»t>fi     partie  des  os  de  la  tête  et  de  la  ceinture  thoracique.  ..\l.  ili  O/l   .1    ;    l  id  .j»,  j 

Tab.  69c.  —  Fig.  1  et  2.  Microdon  radiatus  Ag.,  de  Purbeck;  2^  part.  p.  208. 
Fig.  5.  Microdon  ana/is  Ag.,  de  Solenhofen;  2"  part.  p.  207. 
'"  "  ''-    '•■''"''  Fig.  4  et  S.  Microdon  hexagonus  Ag.,  de  Solenhofen;  2'  part:  SÔCl'  ''"^ 

Tab.  70.. —  Fis.  1 — 7.  Placodus  impressus  Ag.,  du  grès-bizarré  de  Deux-Ponts;  2*^  part.  p.  222.  ,    , 

r      ,'        Fia;.  8.  Placodus  Andriani  Mùnst.,  du  Sluschelkalk  de  Ba\n;ulh:  2"  part.  p.  219  (mâchoire  sup  - 
-  I       neure  avec  ses  dents  molaires) . —  rig,  9— lo' dents  mcisives  brisées  et  détachées;  celle  de  la 

.    ,      fie.  9,  vue  par  ses  deux  faces  et  de  profil.  , 

Fig.  14.  Placodus  gigas  Ag.,  même  gisement;  2"  part.  p.  218  (mâchoire  supérieure  avec  ses  dénis 

.    .'_.,.  molaires').  —  Fis.  15  et  16,  branche  gauche  de  la  mâchoire  inférieure,  vue  de  profil  et  par  sa 

-cm  îsab  «nsnifii,  - .       :      :.„,_',.... 

face  supérieure;  fig.  17 — 21,  dents  incisives. 

,-3Pa^.  !7;i,,-<r  Fig.  1—5.  Placodus  Mûnsteri  Ag.,  du  Muschelkalk  de  Bayreulh;  2*^  part,  p-  220.  —  Fig.  1.  mâ- 
choire supérieure,  vue  en  dessous:  fig.  2.  la  même,  \  ue  d'en  haul;  li^.  3.  4.  3,  dents  détachées. 

41* 


—    026    — 

Fig.  6 — 12.  Placodus  roatratus  Mûnst.,  du  même  gisement;  2*  part.  p.  221.  —  Fig.  6,  mâchoire 
supérieure,  vue  par  cless^i^j.figjji,  grosse  arpèrg-mpjaipej •  %■, 9  e|,|0^i^Qlaires antérieures; 
•     fig.  11  et  12.  incisivesiif.,  «j  .p^j;,j(_^f_,,,»f  cji  _.p/,  nîTMT>îm  nontn\?.0    9  !n  iS    -^{i 
fF4g.;13.  Vonieir  ^yec  ,ses-àents,  du  Pyowrfws  ^ijag  Ag.,dUj  Jura  wûrtembergeois ;  2*  part. 

p.  191. 
Fig.  14.  Pycnodus  A'ico/e(i  .^Ag. ,_  du  ,  ç^lçajre^  pgj-Uandien  4^.  ^,te  2'  part. 

Tal).  72  —  Fig.  1.  Pycnodus  Plaiessus  Ag.,  de  Monte  Bolca;  2'  part.  p.  183.  —  Fig.  2,  dents  du  côté  gauche; 
fig.  3,  jeune  individu  de  cette  espèce,  avec  ses  dents  grossies,  fig.  4. 
Fig.  b,  G,  7.  Pycnodus  Rhombus  Ag.,  de  Torre  d'Orlando;  2'=  part.  p.  188. 
Tab.  72n.  —  Fig.  1 — 4.  Fragment  de  mâchoire  inférieure  du  Pycnodus  umbonatus  Ag.,  d'origine  inconnue; 
2'=  part.  p.  194.    Ce  fragment  est  vu ,  fig.  1,  par  sa  face  supérieure;  fig.  2,  par  sa  face  inté- 
rieur; fig.  5,  par  sa  face  extérieure,  et  fig.  4,  par  son  côté  postérieur. 
Fig.  S.  Pycnodus  ovalis  Ag.,  de  Stonesfield;  2'  p.  19b. 
Fig.  0—14.  Pycnodus  Mantellii  Ag.,  de  Tilgate;  2'  part.  p.  196  (fig.  6,  10,  11 ,  14,  fragmens  de 

mâchoire;  fig.  7,  8,  9,  12, 13,  plaques  dentaires  impaires  du  vomer  et  de  l'os  hyoïde). 
Fig.  13 — 22.  Pycnodus  Buc/dandi  Ag.,  de  Stonesfield  et  de  l'oolite  de  Caen;  2''  part.  p.  192  (fig. 
ïo,  plaque  vomérienne;  fig.  16,  17,  22,  fragmens  de  mâchoires;  fig.  18 — 21,  dents  détachées). 
Fig.  23.  Pycnodus  rugulosus  Ag.,  de  loolite  sableuse  de  ISorthampton;  2''  part.  p.  194. 
Fig.  24  et  2a.  Pycnodus  didymus  Ag.,  de  Stonesfield;  2' part.  p.  193  (fragment  de  mâchoire  infé- 
rieure, vu  d'en  haut.  fig.  24,  et  de  profil,  fig.  25). 
Fig.  26—39.  Pycnodus  Mûnsteri  Ag.,  du  grès-vert  de  Ratisbonne,  2^  part.  p.  197  (Diverses  mo- 
difications de  dents). 
Fig.  40—48.  Pycnodus  complanatus  Ag.,  du  grès-vert  de  Ratisbonne;  2"=  part.  p.  197. 
Fig.  49—54.  Pycnodus  Hugii  Ag.,  du  calcaire  portlandien  de  Suisse;  2'  part.  p.  195  (fig.  49,  54 
et  53,  fragment  de  mâchoire  inférieure,  vu  par  sa  face  supérieure  et  par  ses  bords  antérieur  et 
postérieur;  fig.  50  et  51,  dents  molaires  détachées;  fig.  52  et  52',  une  dent  incisive). 
Fig.  53.  Pycnodus  toliapicus  Ag.,  de  Sheppy,  2'  part.  p.  196. 
Fig.  56 — 58.  i»ynodMs  jijas  Ag.,  du  Jura  wurtembergeois;  2"  part.  p.  191. 
Fig.  59.  Pycnodus  subclavatus  Ag.,  de  Maastricht;  2'=  part.  p.  198. 
Fig.  60.  Pycnodus  cretaceus  Ag.,  de  la  craie  blanche  de  kent;  2^  part.  p.  198. 
g.  61  et  62.  Periodus  Kœnigii  Ag.,  de  Sheppy;  2'  part.  p.  201. 

g.  1  et  2.  Sphœrodus?  (Gyrodus)  mammillaris  Ag.,  de  la  craie  blanche  de  Kent;  2«  p.  216. 
g.  3_10.  Sphœrodus  depressus  Ag.,  de  Salzbourg;  "2"  part.  p.  213. 
11—18.  Sphœrodus  parvus  Ag.,  deCassel;  2'  part.  p.  213. 
19.  Sphœrodus  iruncalus  Ag.,  d'Osnabrùck ;  2^  part.  p.  215. 
20  et  21.  Sphœrodus  Oculus-serpentis  Ag.,  des  Algarves;  2''  part.  p.  215.        \ 
22—61.  Sphœrodus  Lens  Ag.,  d'Osnabriick;  2*^  part.  p.  212. 
(32—67.  Sphœrodus  Discus  Ag.,  des  Algarves;  2'  part  p.  214. 
68—70.  Sphœrodus  cinclus  Ag.,  deStyrie;  2'"  part.  p.  214. 
71—73.  Sphœrodus  Mitrula  Ag.,  du  grès-vert  de  Ratisbonne;  2*  part.  p.  214. 
74—81.  SjjAœrorfMsinegu/amAg.,  delà  montagne  d'Oelingen  près  d'Osnabriick;  2^  part. 

p.  213. 
Fig.  82.  Sphœrodus  conicus  Ag.,  de  Ceylan:  2"=  part.  p.  215. 
Fig.  83—94.  Sphœrodus  gigas  Ag.,  de  î'argile  de  Kimmeridge  et  du  calcaire  portlandien;  2"  part. 

p.  210. 
Fig.  93—100.  Sphœrodus  annularis  Ag.,  de  Ceylan;  2'  part.  p.  211. 
Fig.  101—108.  S/)/iœro(ius  crassMsAg.,  de  la  craie  de  Belgique;  2' part,  p,  212.    ■ 


F 

Tab.  73.  —  F 
F 
F 

Fi 
F 
F 
F 

Fi 

f: 

F 


—   ^-27"-—  - 

Ta!)  74.  —  FIg.  \.  ('nlamostotna  breviculum  Ajç.,  de  Monte-liolca  ;  2'  part.  p.  276.   ''    -'— ^'    -'  ' 
Fis;.  2  et  3.  Diodon  tenuispinus  Ag.,  de  IMonte-BoIca ;  2^  part.  p.  273.     ^''"'•'••'-«I"« 
Fig.  U  et  5.  Osiracion  micrurus  Ag.,  de  Monte-Bolca ;  2"  part,  p  263.   -'''♦'  '  ■--" 
ïab.  75.  —  Vig.Ak^^?  Aeanthùplenrus  serratns  Ag.,  (sous  le  nom  de  Pleuracanthus  serrâtes  \§.)  des  sclïisles 
dedans;  2'- part.  p.  253.  ■^'•*''. 

)iaq  ^      Fig.  3.  /iMMMof/rnhafrraJc  Ag.,  des  schistes  de  Glaris;  2^  jîàrt.'p.  28!."''*^    ''^  ^'"^ 

Fig.  U.  Acanthoderma  apinnsum  Ag.,  des  srtiistes  de  Claris;  2*  part  p.  252. 
:3d:)0ti3 'Jiû-JiJbaJn'jb.g  jyHo^-tiiài.q.hj*!^  ;i3ylg)lal(lt'i  '  ii^d'l 

.ii  .gil ,   ■■■    '     '■        y.tfii,0'  M.  ..,..   1, ...,.■...■ -1^  .>_, ._.. 

:6>H  .i\  J'i.  noTélt  uoAft  Rui/oinyl  .v  ,0  ^C  .yl 

aunnooni  anigiio'b  f.gA  »viiniwjv\niM  «wbono^  i/b  oiuoi'i'jlfii  oiiodiéni  oJj  Inoinj^Bii  .^-r-ï  .^i'i  —  t>tT  Mcl 
■  >)ni  3)»;l  es  iBq  ,£  .gil  '  "     W.ufVr:»'  \  -Sd    .i^l'l  .»|  J'iiîq '& 

,  ..      --  -  J3  ,9aU'Jl! .     .1  Bi'ICq  ,G  .git    {'JU'jiT 

oOt  .tj  "^  ^bloilasnotSab  ^^A  «VJotîo  •(!w\)Ojn\t'^\  .«.1  yl 
-)i.  <!'  '1,11,11  r  ob  ,.gA  îi\hi!tn\^  «vsi)tM\o\j^lL  .lit— il    _i  1 

^  Mji  wd  éii'I  ob  JLJ  111111/  ii;i  r  i.ii..(liii  f  nu  m  'u  diujpijlq  ,01  ,kï  ,C'  ,H  ,T  .ïj|l  :£)'?t     '■       ■ 
Ml!)  i:'i?t  .q    Jiijq  ^1:  ;nji;D  ob  .oJiloo'I  ob  JoTjl'jUrt'jiioJë  yb  ,.gA  ib«»VA^«îX  ^^l^K>l\■^v'i    f- 
.(eaàriaeJib  ffJnab'.lS— »f  .§8  li^noàiém  ob  <:noifi;ccil  ,££  ,vl  ,0t  .gît  imn-ih 

MV  .q  .hi:q  "2  •jHolqracdho/I  ub  9<ii  '  •îool  ab  , 

-stnt'mtiii'.ri»!  ifi  tifiiMi-i-ni  Ti't  ..r    I'um   '•'  ■  !  '  U     r.f 


t  vi  Ji»  iii^i'J  —  .Gv  il'  r 


—    328 


TABLE    ALPHABÉTIQUE, 

NOMS  DES  FAMILLES,  DES  GENRES,  DES  ESPÈCES  ET  DES  SYNONYMES, 

MENTIONNÉS    DANS    LE    2*    VOLUME  (*). 


ACANTHODERMA  Ag.  Il,  p.  251, 

—  ovale  Ag.  II,  p.  251,  267. 

—  spinosUm  Ag.  II,  p.  252,  267. 

ACANTHODES  Ag.  p.  a,  19. 

—  Bronnii  Ag.  p.  3,  20,  124,  302. 

—  pusillus  Ag.  p.  301. 

—  sulcatus  Ag.  p.  125,  302. 
Acanthœssus  Ag.  p.  3. 

—  Bronnii  Ag.  p.  20. 

ACANTHOPLEURUS  Ag.  II,  p.  253. 

—  brevis  Egert.  II,  p.  267. 

—  serratus  Ag.  II,  p.  253,  267. 
Accipenser  (v.  Acipenser). 
Accipensérides  (v.  Acipensérides). 
Acipenser  L.  p.  25. 

*       —        Ruthenus  II,  p.  277,  280. 

—  toliapicus  Ag.  II,  p.  280. 
ACIPENSÉRIDES  Ag.  p.  2, 147.  II,  p.  277. 
AcROLEPis  Ag.  II,  p.  78. 

—  acutiroslris  Ag.  II,  p.  162. 

—  asper  Ag.  II,  p.  81,  163. 

—  Dunkeri  Mùnst.  II,  p.  81 . 

—  Sedgwickii  Ag.  p.  11,  94.  II,  p.  79,163. 
ACROTEMNUS  Ag.  II,  p.  202. 

—  FaiaAg.  II,  203,  246. 
Aethalion  Miinst.  p.  272. 
Alosa  fonnosa  Ag.  p.  12. 
Amblypterus  Ag.  p.  28. 


Amblypterus  Agassizii  Miinst.  p.  105,  303.  • 

—  euplerygius  Ag.  p.  4,  36,  302. 

—  laleralis  Ag.  p.  4,  39,  302. 

—  lattis  Ag.  p.  4,  37,  302. 

—  macropterus  Ag.  p.  4,  31,  302. 

—  nemopterus  Ag.  p.  107,  302. 

—  Olfersii  Ag.  p.  4,  40,  303. 

—  punclatus  Ag.  p.  109,  302. 

—  striatus  Ag.  p.  111,  302. 
Amblysemius  Ag.  II,  p.  119. 

—  graciiis  Ag.  II,  p.  165. 
Amblytjrus  Ag.  p.  220. 

—  macroslomus  Ag.  p.  220,  304. 
Amia  lewesiensis  Manl.  p.  13. 
ASPIDORHYNCHUS  Ag.  p.  14.  II,  p.  135. 

—  acutiroslris  Ag.  p.  14.  II,  p.  136, 165, 296. 

—  anglicus  Ag.  II,  p.  139,  164. 

—  Comptoni  Ag.  II,  p.  139,  166. 

—  euodus  Egert.  II,  p.  139,  165. 

—  lepturus  Ag.  II,  p.  139,  165,  296. 

—  Lucius  Ag.  II,  p.  291. 

—  mandibularis  Ag.  II,  p.  138,  165,  296. 

—  ornatissimus  Ag.  II,  p.  138,  165,  296. 

—  speciosus  Ag.  II,  p.  137,  165,  296. 

—  tenuirostris  Ag.  p.  14.  II,  p.  296. 

—  Walchneri  Ag.  p.  14.  II,  139,  164. 

*  Atractosteus  Raf.  II,  p.  1. 

*  Balistes  capriscus  Ag.  II,  p.  249. 


(  )  Les  noms  des  genres  nouveaux  et  dont  il  n'existe  point  d'espèces  vivantes  sont  imprimés  en  petites  capitales.  Les  noms 
des  espèces  Jossiles  sont  en  italiques.  Les  noms  des  genres  déjà  connus,  de  notre  époque,  dont  je  décris  des  espèces  fossiles 
dans  ce  volume  sont  aussi  en  italique.  Les  synonymes  sont  en  caractères  romains.  Les  noms  des  espèces  vivantes  et  des  {jenres 
qui  n'ont  pas  de  rcprésentans  fossiles ,  mais  qui  sont  mentionnés  dans  le  texte  et  comparés  avec  les  i'ossiles ,  sont  en  romain 
et  précédés  d'une  asiérique.  Enfin  les  noms  des  familles  et  des  grandes  divisions  sont  en  capitales.  Le  chiffré  II  indique  la 
Z"  part,  du  volume. 


-    329    — 


Balistes  dubius  Blainv.  Il,  p.  263. 
Belone  tenuirostris  Ag.  p.  14. 
Belonostomus  Ag.  II,  140,  297. 

—  acutus  Ag.  II.  p.  142,  164. 

—  Anningiœ  Ag.  II,  p.  143,  164. 

—  brachysomus  Ag.  II,  p   143,  165,  297. 

—  cinclus  Ag.  II,  p.  142,  166. 

—  Kochii  Munst.  II,  p.  143,  165. 

—  leptosleus  Ag.  II,  p.  143, 165. 

—  Munsteri  Ag.  II,  p.  141,  165,  297. 

—  sphyrcBfioides  Ag.  II,  p.  140, 165,  297. 

—  subulatus  Mùnst.  II,  p.  143,  165,  297. 

—  tenuirostris  Ag.  II,  p.  143, 165,  297. 

—  ventralis  Ag.  II,  p.  143, 165,  297. 
Blochixjs  Volta,  II,  p.  255,  303. 

—  longirostris  Volta,  II,  p.  255,  267,  303. 
Bufonitcs,  p.  15. 

Calamostobu  breviculum  Ag.  p.  18.  II,  p.  276. 
*  Callichthys  L.  p.  137,  146. 
Catopterus  Ag.  p  23. 

—  analis  Ag.  p.  3,  24,  115. 
CATOPTERUS  Redf.  p.  302. 

—  anguilliformis  Redf.  p.  302. 

—  gracilis  Redf.  p.  302. 

—  parvulus  Redf.  p.  302. 
Caturus  Ag.  p.  194.  II,  p.  115. 

—  angustus  Ag.  II,  p.  118, 165. 

—  branchiostegus  Ag.  II,  p.  lia,  164,  294. 

—  Bucklandi  Ag.  II,  p.  119,  164. 

—  elongatus  Ag.  II,  p.  118,  164,  293. 

—  furcatus  Ag.  II,  p.  116,  164. 

—  «a^MsAg.  II,  p.  117,  164. 

—  macrocephaius  Ag.  II,  p.  119. 

—  macrodus  Ag.  II,  p.  118,  164,  294. 

—  macrurus  Ag.  II,  p.  118,  164. 

—  maximus  Ag.  Il,  p.  118,  164,  294. 

—  Meyeri  Mûnst.  II,  p.  118,  164. 

—  microckirus  Ag.  II,  p.  118, 164,  294. 

—  microlepidotus  Ag.  p.  12.  II,  p.  293. 

—  nuchalis  Ag.  p.  12.  II,  p.  293. 

—  pachyurus  Ag.  II,  p.  118, 164. 

—  pleiodus  Ag.  II,  p.  US,  165. 

—  similis  Ag.  II,  p.  118,  116. 
CÉLACANTHES  Ag.  II,  p.  168,  178,  298. 
Centrolepis  asper  Egert.  p  304. 
Cephalaspis  Ag.  p.  135, 152. 

—  Lewisii  Ag.  p.  149,  301. 

—  Lloydii  Ag.  p.  150,  301. 
ToM.  II,  2'  Part. 


Cephalaspis  Lyellii  Ag.  p.  142,  301 

—  roslratus  Ag.  p.  148,  301 . 

*  Chaîtodon  L.  p.  170. 
Cheiracanthus  Ag.  p.  125. 

—  microlepidotus  Ag.  p.  301. 

—  minor  Ag.  p.  127,  301. 

—  Murchisoni  Ag.  p.  126,  301. 
Cheirolepis  Ag.  p.  128. 

—  Cummingiœ  Ag.  p.  301. 

—  TrailliiAg.p.  130,  301. 

—  t/rajMs  Ag.  p.  132,  301. 
Chelonichthys  Asmusii  Ag.  p.  302. 

—  minor  Ag.  302. 

Chondrosteus  acipenseroides  Ag.  II,  p.  280. 
Clupea  Davilei  Blainv.  p.  13. 

—  dubia Blainv.  p.  13. 

—  Knorii  Blainv.  p.  13. 

—  Lamelherii  Blainv.  p.  41,  68. 

—  salmonea  Blainv  p.  12. 

—  sprattiformis  Blainv.  p.  13.  II,  p.  130. 
Coccolepis  Bucklandi  Ag.  p.  300,  306. 
CoccosTEUs  cuspidatus  Ag.  p.  302. 

—  decipiens  (latus)  Ag.  p.  302. 

—  oblongus  Ag.  p.  302. 
Cœlacusthus  Ag.  II,  p.  170. 

—  gracilis  Ag.  II,  p.  173,  180. 

—  granulosus  Ag.  II,  p.  173,  180. 

—  Kohleri  Miinst.  II,  p.  171. 

—  leplurus  Ag.  II,  p.  173,  180. 

—  minor  Ag.  II,  173,  180. 

—  Munsteri  Ag.  II,  p.  173,  180. 

—  Phillipsii  Ag.  II,  p.  173,  180. 

—  striolaris  Miinst.  II,  p.  171. 
•Coffres,  II,  p.  205. 

CoLOBODUs  Hogardi  Ag.  II,  p.  237,  244. 
CoNODUs  ferox  Ag.  II,  p.  105, 163. 
Coprolithes,  p.  89. 
Coryphœna  apoda,  p,  17.  II,  p.  185. 
Cricouus  Ag.  II,  p.  105,  156. 

—  incurvus  Ag.  II,  p.  162. 
Ctenacanthus  ornatus  Ag.  p.  139. 
Ctenolepis  Ag.  II,  p.  179. 

—  Cyclus  Ag.  II,  p.  180. 
Cyclopterus  lunipus  L.  II,  p.  263. 

*  CylindrosteusRaf.  II,  p.  1. 
Cyprinus  elvensis  Blainv.  p.  8,  235. 

*  —      Gibelio  Blainv.  p.  33. 

*  Dactylopterus  Lacép.  p.  136. 

42 


550    - 


Dapedium  polituin  De  la  B.,  p.  195.  i  HOtiOf  W'Hi,'.»l 
DAPEDiusDe  laB.  p.  7,  181,  204.         ■       ' 

—  altivelis  Ag.  p.  8,  196,  !>27. 

—  arenatus  Ag.  p.  304. 

—  ColeiAg.  195,  217,304. 

—  fimbriatus  Ag.  p.  196,  247. 

—  granulatus  Ag.  p.  190,  304.  (  l(  MIIM  - 

—  micans  Ag,  p.  304. 

—  OriisAg.  p.  218,304. 

—  politus  De  la  B.  p.  »,  185,  304..  ■  , 

—  punctatus  Ag.  p.  19!2,  304.  vi  a-ni'iolMqg.  ' 
Dendrodus  Ow.  II,  p.  105. 

—  biporcatus  0\v.  11,  p.  162. 

—  compressus  Ow.  U,  p.  163.  tb        — 

—  incurvus  Ow.  11,  p.  idâii ■>:■'■■'-> 

—  latus  Ow.  11,  p.  162.        •   1.  ■ 

—  sigmoideus  Ow.  II,  p.  162. 

—  strigatus  Ow.  H,  p.  162. 

Dents  et  piquans  des  Gymnodontes,  li,-pt  2l71-r 
Dents  des  Pycnodontes,  II,  p.  242.  :  '.  >  !^-  >a(iivl 

Denis  des  Sauroïdes  fossiles,  U,  p..  153. 
Dents  et  écailles  des  Sclérodermes,  p^  265^      — 
Dercetis  Miinst.  et  Ag.  U,  p.  258, 304.      '.       — 

—  elongatus  M.  et  Ag.  U,  p.  258,  267. 

—  scutatus  M.  et  Ag.  Il,  p.  259,  267,  304. 
Diodon  L.  Il,  p.  273. 

—  Erinaceus  Ag.  M,  p.  274.  -^      — 

—  orbicularis  VoUa,  p.  17.  H,  p.  190. 

—  retieulans  Voila,  II,  p.  185. 
*    —    Schokie  11,  p.  270. 

—  Sciliœ  Ag.  U,  p.  274. 

—  tenuispinus  Ag.  p.  47.  Il,  p.  273. 
DiPLAC.VNTHUs  crassispijms  Ag.  p.  301. 

—  longispinus  Ag.  p.  301. 

—  «<na(M/Ms  Ag.  p.  301»M\n,\iiN 

—  sfn'atMs  Ag.  p.  301.      ' 
DiPLOPTERUs  Ag.  p.  113.  U,  p.  83. 

—  affinis  Ag.  U,  p.  IbZy  lO^ttlanvo 

—  borealis  Ag.  Il,  p.  162. 

—  carbonarius  Ag.  U,  p.  162. 

—  maciocephalus  Ag.  Il,  p.  162. 

—  Robertsoni  Ag.  Il,  p.  162. 
DiPTERUs  Sedgw.  et  Murch.  p.  3,  24, 112. 

—  brachypygopterus,  p.  3,  26,  115. 

—  macrolepidotus  Ag.  p.  3,  27, 115,  139,  SOI. 

—  niacropygopterus  Ag.  p.  3,  26,  115. 

—  Yalenciennesii  Ag.  p.  3,  26,  115. 
Elops  niacropterus  BlaÏBv.  p,  12. 


Ephippus  Owenii  Kon.  U,  p,  264.  ii^J  «weHïO 

Esox  aculirostris  Blainv.  Il,  p.  136. 

—  Belone  Fort.  H,  p.  255. 

—  Eislebensis  Kriig.  p.  10,  69.  U,  p.  74. 

—  incognitus  Blainv.  p.  12. 

—  osseusLian.  p.  25,  94.  H,  p.  1. 
*  Esturgeons,  U,  p.  277. 
EUGNATHUS  Ag.  Il,  p.  97. 

—  Chirotes  Ag.  U,  p.  102,  163. 

—  fasciculatus  Ag.  U,  p.  105, 163. 

—  giganteus  Ag.  H,  p.  104,  163. 

—  leptodus  Ag.  Il,  p.  105,  1G3. 

—  mav^dibularis  Ag.  U,  p.  105, 163. 

—  microlepidotus  Ag.  U,  p.  104,  164,  293. 

—  minor  Ag.  U,  p.  103, 163. 

—  opertularis  Ag.  Il,  p.  104,  163. 

—  ornatus  Ag.  Il,  105,  163. 

—  w(kosl»mm  Ag.  Il,  p.  98^  163..  . 

—  Philpotiœ  Ag.  U,  p.  10 1 ,  163. 

—  polyudon  Ag.  Il,  p.  104, 163. 

—  scabriuscuius  Ag.  Il,  p.  105,  163. 

—  sjoecî'osMs  Ag.  II.  p.  99, 163. 

—  termidem  Ag,  U,  p.  105,  163. 
EuRYNOTUS  Ag.  p.  153,t'.ti   n  ^ 

—  crenatus  Ag.  p.  154,  303;,,, •>.»,)« 

—  fimbriatus  Ag.  p.  157,  303i\iv»iV 
r>- —        fenMtce/>s  Ag.  p.  159,  303v.ïMtn> 

GANOIDES  Ag.  p.  1. 
Globulodus  elegans  Mùnst.  II,  p.  203,  244. 
Glyptocephalus  radiatus  Ag.  Il,  p.  264,267, 
Glyptolepis  elegans  Ag.  11,  p.  179.    Vnjft'tïtn 

—  leplopterus  Ag.  U,  p.  179a  ^'jrllOY^•M^u.)li 
Glyptosteus /atJo.fMS  Ag.  Il,  p.  179.    v,!tK 

—  reliculatus  Ag.  Il,  p.  179.  ;)b\ 
GOMODOINÏES  Ag.  p.  2,  147.i.pms«3\A 
Goniolepidoli  Ag.  p.  1.  -  'i 
Graptolepis  Ag.  Il,  p.  83, 106. 

—  ornatus  Ag.  Il,  p.  l63i.iM)«j)-\\^ 
GYMNODOISTES  Cuv.  p.  2.  17. 11,  pi  868. 
Gyracanthus  formosus  Ag.  p.  87.        i,,', 
Gyrodus  Ag.  p.  16.  U,  p.  223,  300.     viVi 

—  analis  Ag.  Il,  p.  236,  245,  300. 

—  anguslus  Ag.  U,  p.  235,  246. 

—  drcularis  Ag.  U,  p.  236,  245,  300. 
crelaceus  Ag.  U,  p.  233,  24C. 

—  Cuvieri  A  g.  p.  16.  Il,  p.  230,  245. 

—  /^»on<a<Ms  Ag.  U,  p.  226,  245,  301. 

—  gibbosus  Miiost.  Il,  p.  236,  245. 


—    531    — 


Gyrodus  <p-aciUs  IMiinst.  Il,  p.  237,  245.   (,»  ■<(igqiil»|»^i 

—  jurassicus  Ag.  p.  16.  Il,  p.  229.  215. 

—  lœrior  Ag.  11,  p.  233,  246. 

—  macrophthahnus  Ag.  11,  p.  224,  245,  301. 

—  macropterus  A  g.  11,  p.  2o6,  245,  301 

—  mammillaris  Ag.  11,  p.  236.  24G,  2t>9. 

—  Manlellii  Ag.  11,  p.  234.  245. 

—  minor  Ag.  16.  Il,  p.  234,  246.  iTMnwH 

—  Miinsteri  Ag.  11,  p.  235,  246. 

—  petiaim  Ag.  Il,  p.  236,  245. 

—  platvrus  Ag.  H,  p.  ^36,  245. 

—  pumialissimus  Ag.  Il,  p.  336,  245,  301. 

—  punctatus  Ag.  Il,  p.  231,  245. 

—  radiatus  Ag.  11.  p.  232,  245.     > 

—  rhomboidalis  Ag.  Il,  p.  236,  245,  3(X). 

—  rugosus  Miinst.  H,  p.  227,  245. 

—  rugulosus  Ag.  11,  p.  235,  246,  301. 

—  runcinalus  Ag.  p.  16;.  H,  p.  236.  247. 

—  trigonus  Ag.  H,  p.  232,  245. 

—  Umbilicm  Ag.  p.  16.  Il,  p.  227,  245. 
Gyrolepis  Ag.  p.  6,  139,  172. 11,  p.  285. 

—  AlbertiiAg.  p.  6,  173,  303.  11,  p.  285. 

—  asper  Ag.  p.  G.  69,  173,  11,  p.-83. 

—  glganteus  Ag.  p.  175.  ^ûi   q  M  z^roma\i'A 

—  maximus  Ag.'p.  6,  175.  303.  H,  p.  285. 

—  Rankinei  Ag.  p.  303. 

~  tenuislriatun  Ag.  p.  6,  174,  303.  11,  p.  285. 

Gyronchus  Ag,  11,  p.  202.  H^VdlVAl.^) 

—  oblongus  A  g.  Il,  p.  202,  245. 
Gyrosteus  Ag.  11,  p.  179. 

—  mirabilis  Ag.  Il,  p.  179,  180. 
HOLOPTYCHIUS  Ag.  11,  p.  178.  k          — 

—  ilnrfersont  Ag.  Il,  p.  179.       .^' ■(-..! 

—  fakatus  Ag.  11,  p.  180. 

—  Flemingii  Ag.  11,  p.  179^^1 '':«J(iOi/;«JO 

—  Garneri  Mureh.  11,  p.  l^ft.  ilolii(j'jloinoi) 

—  giganteus  Ag.  11,  p.  179.    ,  •'.  ;"t:»jot'T/  ,'ti> 

—  gramdalus  Ag.  11,  p.  180. 

—  Bibberti  (Rhizodus  Ow.)  Ag.  Il,  p.  180. 

—  minor  Ag.  Il,  p.  180. 

—  Murchiioni  Ag.  Il,  p.  179. 

—  nobilissimus  Ag.  Il,  p.  179. 

—  Omaliusii  Ag.  11,  p.  179. 

—  Purtlockii  Ag.  11.  p.  180. 

—  sautoides   Ag.  11,  p.  180. 

—  striatus  Ag.  11,  p.  180. 
HoPLOPYGUS  Binnegi  Ag.  Il,  p.  173,  180. 
*  HypophthalniusSpix  p.  148. 


ICllTHVODOHUUTHES  Buck.  cl  De  la  B.  p.  139. 
Ichlhyolilhus  Eislebensis  Ag.  p.  66. 
Labyrinthodon  Ow.  11,  p.  27. 

Lamnodus  Ag.  11,  p.  105. 

—  biporcatus  Ag.  Il,  p.  162. 

—  PanrferiAg.  H,  p.  162. 
LÉPIUOIDES  Ag.  p.  1,3. 

—  HÉTÉROCEIIQUES  Ag.  p.  177,  300. 

—  HOMOCERQUES  Ag.  p.  177,  299. 
Lepidosaums  H.  v.  M.  p.  252. 

*  Lepidosiren  INatt.  11,  p.  69. 
Lepidostei  Ag.  p.  1. 

*  Lepidosteus  Ag.  p.  34,  187.  Il,  p.  4. 

—  dentosus  Kon.  H,  p.  100.. 

—  gracilis  Ag.  Il,  p.  2,  Ng  nu.'jiu 

—  GrayiAg.  U,  p.2,  N.       v,n»\ 

—  osseus  Ag.  Il,  p.  2.         .  u.yiv 

—  semiradiatus  Ag.  U,  p*i?W\Wv\cs 

—  Spatula  Ag.  Il,  p.  2.  i 
LEPiDOTUsAg.  p.  8,  85,  1?6^233.. ■...-/. i 

—  Cottœ  Ag.  p.  406J!--^ol  «aLioTu/jÔ  feob  iUvM 

—  fimbriatus  Ag.  p.  247,  305.  ';  ]«>  sitvid 

—  Fittoni  Ag.  p.  265,  305.  ,  erraD/iaU 

—  frondosus  Ag.  p.  8,  250,  268,  305,      _ 

—  Gigas  Ag.  p.  8,  235,  304.  U,  p.  286. 

—  lœvis  Ag.  p.  254,  405.      ,  v  ,q  ,n  ,a  noinM 

—  latimanus  Egert.  p.  306/,  HMaanm-rtS     — 

—  latissimus  Ag.  p.  Si.  iloYîii^Iuiiid'io    ■ 

—  Manlellii  Ag.  p.  9,  262,  305.        :  , 

—  Maximiliani  Ag.  p.  9,  263,  306. .;v.; 

—  mmor  Ag.  p.  9,  260,  269,  305.o,\\V .'4 

—  notopterus  Ag.  p.  257,  305.      .iiium 

—  oblongus  Ag.  p.  259,  305.  Il,  p.  a8i?/..,>.a^iiU 

—  ornatus  Ag.  p.  9,  249,  305.  — 

—  />a/ho(Ms  Ag.  p.  255,  305.  .M 

—  parvulus  Munst.  p,  267,  305.  — 

—  pectinatus  Egert.  p.  305.  _     A  euflaTaoJiKI 

—  punctulatus  Ag.'f.'àOQ.   m\i\.y.        — 

—  radiatus  Ag.  p.  9,  256,  305. 

—  rugosus  Ag.  p.  246,  304. 

—  semiserratus  Ag.  p"  240,  304. 

—  serrw/atMsi  Ag.  p.  305.    oiuiA        ^ 

—  speciosnn  Miinst.  p.  266,  305;  '  ^    .';'—•" 

—  striatus  Ag.  p.  9,  268,  306. 

— •      subdenticulatus  Ag.  p.  9,  265. 

—  lemnurus  Ag.  p.  306. 

—  tuberculatus  Ag.  p.  256, 305. 

—  uinbonatus  Ag.  p.àyM  ""'.'/«i     >iinuu\(jll-i 


—    332 


Lepidotus  undatus  Ag.  p.  9,  245,  304.  II,  p.  287. 

—  unguiculatus  Ag.  p.  9,  251,  305. 

—  Virleti  Ag.  p.  9,  258,  306. 
Lepisosteus  Lacép.  p.  25,  30.  Il,  p.  1. 

—  osseus  Lacép.  11,  p.  1. 

—  Spatula  Lacép.  11,  p.  1. 
Leptolepis  Ag.  p.  13.  11,  p.  129,  295. 

_        Bronnii  Ag.  p.  13.  11,  p.  133,  164,  294. 

—  caudalis  Ag.  U,  p.  133,  164. 

—  conlractus  Ag.  11,  p.  134,  165,  294. 

—  crassus  Ag.  11,  p.  131,  165. 

_        dubius  Ag.  11,  p.  13.  Il,  p.  134,  165,  294. 

—  filipennis  Ag.  II,  p.  134, 164. 

—  Jœgeri  Ag.  p.  13.  11,  p.  133,  164. 

—  Knorrii  Ag.  p,  13.  11,  p.  134,  165,  294. 
_        latus  Ag.  U,  p.  134,  165. 

—  longus  Ag.  p.  13. 11,  p.  133, 164. 

—  macrolepidotus  Ag.  II,  p.  132,  165,  295. 

—  macrophthalmus  Egert.  11,  p.  134, 165. 

—  paucispondylus  Ag.  II,  p.  134,  165. 
■^■■IL.        polyspondylus  Ag.  11,  p.  133,  165,  295. 

—  pusiUus  Ag.  U,  p.  134,  165. 

—  spratliformis  Ag.  p.  13.  U,  130,  165. 

—  tenellus  Ag.  p.  13.  Il,  p.  134,  164. 

—  Voithii  Ag.  11,  p.  131,  165,  295. 
*  Litholepis  Raf.  11,  p.  1. 
LOPHOBRANCHES  Cuv.  p.  2,  18.  11,  p.  275. 
Lumbricaria  Mùnst.  11,  p.  295. 
Macropoma  Ag.  p.  13.  U,  p,  174. 

—  Egerloni  Ag.  11,  p.  180. 

—  Mantelli  Ag.  II,  p.  174,  180. 
Macrosemius  Ag.  11,  p.  150,  297. 

—  brevirostrù  Ag.  U,  p.  166. 

—  rostralas  Ag.  U,  p.  166,  298. 
Megalichthys  Ag.  11,  p.  89, 154. 

_  Hibberti  Ag.  p.  87.  11,  p.  90,  162. 

—  maxillaris  Ag.  U,  p.  96,  162. 

—  priscus  Ag.  Il,  p.  96,  162. 
Megalurus  Ag.  p.  13.  U,  p,  145. 

—  brevicoslatus  Ag.  11,  p,  148,  166,  295. 

—  elongatus  Mùnst.  11, 148,  166. 

—  lepidotus  Ag.  11,  p.  146,  166. 

—  parvus  Mùnst.  II,  p.  149,  166. 
MiCRODON  Ag.  p.  16  U,  p.  204. 

—  abdominalis  Ag.  p.  16.  11,  p.  208,  245. 

—  analis  Ag.  p.  16.  il,  p.  207,  245. 

—  elegans  Ag.  p.  16. 11,  p.  205,  245. 

—  hexagonus  Ag.  p.  16.  II,  p.  184,  206,  245. 


MiCRODON  plalurus  Ag.  p.  16.  U,  p.  208,  245. 

—  radiatus  Ag.  11,  p.  208,  245. 

—  Gigas  Ag.  p.  15. 
Microps  furcatus  Ag.  p.  286. 
*  Mj^inoïdes  MùU.  11.  p.  69. 

Nemopteryx  mandibularis  Ag.  p.  10,  95.  U,  p.  76. 
NoTAGOGus  Ag.  p.  10,  293. 

—  denticulatus  Ag.  p.  294,  306.  U,  p.  289. 

—  latior  Ag.  p.  10,  294,  306. 

—  Pentlandi  Ag.  p,  10,  294,  306. 

—  Zietenii  Ag.  p.  10,  293,  306. 
NoTHOsoMus  Ag.  p.  288. 

—  lœvissimus  Ag.  p.  292,  306. 

—  oclostychius  Ag.  p.  292,  305. 
Onchus  erectus  Ag.  p.  139. 

—    MurcAisont  Ag.  p.  139. 
Ophiopsis  Ag.  p.  289.  11,  p.  2S9. 

—  dorsalis  Ag.  p.  291,  306.  Il,  p.  289. 

—  Mûnsteri  Ag.  p.  292,  306.  U,  p.  289. 

—  penicillatus  Ag.  p.  290,  306. 

—  procerus  Ag.  p.  289,  306.  U,  p.  289. 
Oroghathus  Ag.  U,  p.  83,  105. 

—  conidens  Ag.  U,  p,  162. 
Osteolepis  Ag.  p.  5,  26,  85, 113,  117. 

—  arenalus  Ag.  p.  122,  301. 

—  macrolepidotus  Val.  p.  5,  82,  119,  301. 

—  major  Ag.  p.  301. 

—  microlepidutus  Val.  p.  5,  82,  121,  301, 
Ostracion  Linn.  p.  17.  11,  p.  262. 

—  cornutus  Ag.  U,  p.  265. 

—  micrurus  Ag.  p.  17,  II,  p.  263,  267. 

—  lurritus  Volta,  11,  p.  263. 
P.^^CHYCORMUS  Ag.  p.  11. 11,  p.  110. 

—  acutirostris  Ag.  U,  p.  114, 163. 

—  curttis  Ag.  11,  p.  112,  164. 

—  furcatus  Ag.  p.  1 1.  U,  p.  116,  292. 
^     —        giganteus  Ag.  U,  p.  104, 114. 

—  gracilis  Ag.  p.  12.  11,  p.  114,  164. 

—  heterurus  Ag.  11,  p.  113,  164. 

—  latipennis  Ag.  Il,  p.  114,  164. 

—  latirostris  Ag.  U,  p.  114,  164. 

—  latus  Ag.  Il,  p.  114,  164. 

—  leptosteus  Ag.  Il,  p.  114,  164. 

—  macropomus  Ag.  U,  p.  114,  164. 

—  macropterus  Ag.  p.  12. 11,  p.  111, 163. 

—  macrurus  Ag  11,  p.  113,  164. 
Palaîobalistum  orbiculatum  Blainv.  p.  17.  II,  p.  190. 
Palseoniscum  arenaceum  Bory,  p.  8,  224. 


—  aB3  — 


Fala'oniscuni  Freitsltbensc  Blainvi  tp) -6',\  41î'46i  S8. 

—  macropteniiu  l}i'onn,"|»ji84.t    • 
PalvEoniscus  Aa;.  p.  4.  23.  41,  85.  ■' 

—  Agassizii  Redf.  p.  30^.  '  ^qoTiiW 

—  angusius  \g.p.  4,b7,S02. 
Blainvitlei  Ag.  p.  4.  48.  302. 

—  carinatus  Ag.  p.  104,  303. 

—  catoptents  Ag.  p.  303. 

—  comtus  Ag.  p.  97,  303. 

—  Dunkeri  Germ.  U,  p.  SI. 

—  Duvernoy  Ag.  p.  4,  45,  68,  103,  302. 

—  Egertuni  Ag.  p.  i02. 

—  degans  Sedg^-.  p.  5,  82,  93,  303. 

—  exsculptus  Germ.  11,  p.  74. 

—  Freieslebenii  Ag.  p.  5',  66,  69,  308 .«-""«^^ 

—  fultus  Ag.  p.  4,  43,  102,  302;""^^^    — 

—  ^/a;)/ii/rws  A^.  p.  98,  303.:    ^A  zrgioiHiO 

—  latus  Redf.  p.  303;  JJA  ïiSoatob      — 

—  '■^-  lepidiirus  Ag.  p.  64,  è03.  H,  i^.'''284 . 

—  longisdmus  Ag.  p.  1(X),  303.'  ''' 

—  -macrophthalmns  Ag.p.^,'30B.      — 

—  macroponius  Ag.  p.  5,  69,  Si,  103,  3031 

—  macropterus  Redf .  ]i.  302.  ' 

—  magntcs  Àg.  p.  5,  69,  78,  30^.  ?ii3JoaTe(> 

—  ornatissimus  Ag.  p.  92,  303".'^* 
'J^'  '^^'Roïîsoni  mhh.  p.  88,  302. 

—  striolatus  Ag.  p.  91,  302. 

—  _^    VoUzii  Ag.  p.  5,  55,  83,  302. 

—  ^^'vratislaviensis  Ag.  p.  60,  303. 11,  p.  283. 
Palaeothrissum  œcpiilobum  Hiiot,  p.' 5,'68l      "^ 

—  blennioides  Holl,  p.  5,-  68'.^  iJWfloJYH-^ ■  " 

—  ■  "brève  Ag.  p.  45. 

—  dorsiïiyAe'.'p.  Si! 
—'•'  èlègaTis  Sedg^v.  p.  69,  95. 

éiipterygium  Ag.  p.  36. 


—  ■^'^^Gigas  Ag.  p.  5,  87.-'-  *'^'»»- 


M' 


iiicéç'iuilobum  Blainv'.'p\^*;'^4é,  68.  - 

—  latérale  Ag.  p.  39,    "  '   '^' 

—  latum  Ag.  p.  37;  ■'   '~ 

—  macrocephalum  Blainv.  p.  5,  41.  93. 

—  /'         —  Sedgw.  p.  5: 97. 

—  -^^agnum  Blainv.  p.  5,  10,  69,  93,  11,  p.  74. 
^^'"*-'l^-^^Sèdgw.p.5,97. 

—  minutam  Ag.  p.  47. 
^'^   '' -bmatum  Ag.  p.  68. 

—  parvum  Blainv.  p.  4,  ^.••"'  wu^^inojKl/i'I 


Palitolhrissuin  phraclonoUiui  Ag.  p.'4)  4ô.nrr'VTi^J 

—  rh}  ni'hii'inii  Ag.  |),  68. 

—  vulgalissiiniim  Ag.  p.  5,  68. 
Pegasus  lesiniforiuis  ^  olla,  U,  p.  261. 

—      nalans  VolUi,  11,  p., 276.  (  - 1. . -, 
Periopus  Ag.  11,  p.  201.  I     : 

—  Kœnigii  Ag.  U,  p.  201, 246., 
Pholidophorus  Ag.p;  9,  27^..ri/^,  artJ,^^■,a 

—  angustus  Ag.  p.  285.  306^. 
•fut'  Àmechei  Ag.  p.  272,  305.     . 

—  crenulalus  Egert^  p.  288,  305. 
tes  ,éël  .HÀorsalis  Ag.  p.  0,  287,  305. 

—  .mesheri  Ag.  p.  281,  306. 
-^01  fiircatus  Ag.  p.  286,  305. 

HÎST«ei  ,ifmiformis  Ag.  p.  288,  306. 

—  gradlis  Mùnst.  p.  285,  306. 

—  iOl  Harlmanni  Egert.  p.  288,  305.    ., 
.eeS7«91  .lUastingske  Ag.  p.  284,  305. 

.c9^ric.i  intennedius  Mùnst.  p.  279,  306.  — 

rëOi  ,î  fcèvissUnus  Ag.  p.  288.  U,  p.  289. 
des-fèai  .iatimanus  Ag.  p.  280,  306., U,  p.  288. 

—  lâtivsmdvs  Ag.  p.  9,  211,\a87,  305. 
.?M  ,0£llatus  Ag.  p.  278,  306  11,  p,288. 

— 4bi  ,kptocephalus  Ag.  p.  2-S8,  305. 

—  f.vditnbdtm  Aig.'  p.  9,  ^2, i'305i 

—  /ow^îsenv/^Ms  Miinst.  p.  277,  306. 

-b-T       macrocephalus  Ag.  p,  374,-306.  il,  p.  îtjâ. 
.288.  il  .i^aùlf.  nhRohdmaJL 

—  mtfarmîfs  Ag.  p.  287,  306i     •"■■vni)i\f 

—  micronyx  Ag.  p.  279,  306. 11,  p.  288. 

—  microps  Ag.  p.  9,  275,  306. 

—  minor  Ag.  p  286,  306.   /.vjimaoHOAÏfi. 

—  onychius  Ag.  p.  274,  305.x6         

—  ornatus  Ag.  p.  280,  306,.i)-t        

—  packystotnm  Egert.  p.  288, 305iauA£iHl/! 
-^  ,u'  pusillus  As;,  p.  9,  2S7,  305. 

—  tWr/K^tawA-iAg.  p. -287^306.  U,  p.  288. 

—  radiato-,puilct.aUi»  A^jp,  287 ,  306. 

—  Stricklandii  Ag.ip.  28-H;  305.  -  i«uaAOdW 
r.PS-,b()l  gtriolarU'Mùnst.  p.  277,  306.    - 

—  'o'^rfaxis  Ag.  p   287,  306. 11,  p.  288. 

—  àféituiserratus  Mûnst.  p.  276,  306. 

—  ■'   'urœoides  Ag.  (pj-â*?,  306vlJ,  p.  288. 
Phyllodus  Ag,  U,  p.  238.  ■  'i  ,ii   ''i    'i   '-^A  -^nnonvlft 

—  trreju/am  A^.'U,  p.  241,  247. 

—  marginalis  Ag.  il,  p.  240,  247. 

—  médius  Ag.  11,  p.  241,  247. 
'^^^OOi^planus  Ag.  U,  p.  239,  246, 

42* 


334    — 


VHYLtOBVs polyodus  Ag.  II,  p.  240,  246. 

—  toliapicus  Ag.  Il,  p.  239.  246. 
Phyllolepis  Ag.  11,  p.  179. 

—  concenlricus  Ag.  Il,  p.  179. 

—  tenuissimus  Ag.  II,  p.  180. 
PisoDus  Ow.  Il,  p.  237,  247. 
Pisoodon  Coleanus  Kaup,  11,  p.  213. 
Placodus  Ag.  p.  15.  II,  p.  217. 

—  Andriani  Miinst.  11,  p.  219,  244. 

—  Gigas  Ag.  p.  15.  Il,  p.  21S,  244,  299. 

—  impressus  Ag.  p.  15.  II,  p.  222,  244. 

—  Munsteri  Ag.  11,  p.  220,  244,  299.  . 

—  roslralus  Miinst.  11,  p.  221,  244.    , 
Platygnathus  Ag.  U,  p.  105.  , 

—  Jamesoni  Ag.  II,  p.  162. 

—  minor  Ag.  Il,  p.  162. 

—  paucidens  Ag.  11,  p.  162. 
Platysomus  Ag.  p.  6,  161.   ,,;i{j  ■^„n(^^R/.^^ 

—  gibbosus  Ag.  p.  6,  164,  303. 

—  macrurus  Ag.  p.  6,  95,  170,  303. 

—  parvulus  Ag.  p.  303.  ,,.,Rnr,rti  «orionc-fclnYê 

—  parvus  Ag.  p.  6,  95,  170,  303. ,  gMj\,o«ç«^ï 

—  Rhombus  Ag.  p.  6,  95.  167, ^Qg. 

—  iSirialus  Ag.  p.  6,  168,  303rt-«'sAto 

*  Plectognathes  Cuv,  II,  p.  248.    /  9/,f,r^T 
Plectrolepis  rugosus  Ag^  p„303.„„„i}ï  8,qajoi4..ûAiiTa  1 
Pleiopterus  Ag.  p.  113.     ,  ,^/   v.VVora 
Pleuracanthus  Ag.  II,  p.  254.  \ 

PoDODUS  Ag.  II,  p.  83,  106. 

—  capilatus  Ag.  11,  p.  163. 

*  Polypterus  Gevffr.  II,  p.  32. 

—  Bichir  Geoffr.  p.  185.  U,  p.  2.  32. 

—  senegalus  Cfv.,\l,  ,p,. y,,, ,  . 

*  Pristigaster  Ag.  p.  197.  ^/  .,\v,.,,r,^„i\n 
Propterus  Ag.  p.  295. 11,  p.  290. 

—  microstomus  Ag.  p.  296,  306.  Il,  p.  290. 

—  senalus  Miinst.  p.  296. 
PsAMMOLEPis  jBaradoa;us  Ag.  Il,  p.  >;179;  ^ 
Pterichthys  cancriformis  Ag.  p.  3^)2..v,,j 

—  COTOMtMS  Ag.  p.  302.,jU:„\,V,-(- 

—  hydrophilus  Ag.  .p,.v3(^,c<i<)> 

—  latus  Ag.  p.  302. 

—  Milleri  Ag.  p.  302. 

—  oblongus  Ag.  p.  302. 

—  productus  .\g.  p.  302 

—  testudinarius  Ag.  p.  302. 
Ptycholepis  Ag.  11,  p.  107 

—  bollensis  Ag.  p.  11.  II,  p,.,|i(^S,.,l;63,  292. 


\« 


PYCNODONTES  Ag.  p.  2,  15.  II,  p.  181. 
Pycnodus  Ag.  p.  16.  Il,  p.  183,  301. 

—  angustus  Ag.  p.  17,  246.  U,  p.  199. 

—  biserialis  Ag.  II,  p.  199,  244. 

—  Bucklandi  Ag.  p.  16.  U,  p.  192,  244. 

—  complanatus  Ag.  U,  p.  167,  246,  302. 

—  Couloni  Ag.  11,  p.  246. 

—  cretaceus  Ag.  II,  p.  198,  246. 

—  depressus  Ag.  p.  17.  II,  p.  199,  246. 

—  didymus  Ag.  II,  p.  193,  244. 

—  discoïdes  Ag.  Il,  p.  199,  244. 

—  elongatus  Ag.  Il,  p.  199,  246. 

—  gibbus  Ag.  p.  17. 

—  Gigas  Ag.  p.  17.  II,  p.  191,  244. 

—  gracilis  Miinst.  11,  p.  199,  245. 

—  Hugii  Ag.  p.  17.  11,  p.  195,  244. 

—  lalidens  Ag.  U,  p.  199,  245. 

—  latior  Ag.  p.  17.  H,  p.  199,  246. 

—  latirostris  Ag.  II,  p.  199,  244. 

—  Manlellii  Ag.  Il,  p.  196,  244. 

—  marginalis  Ag.  II,  p.  199,  246. 

—  microdon  Ag.  p.  17.  II,  p.  196. 

—  minor  Ag.  U,  p.  200,  246. 

—  minuius  Miinst.  U,  p.  199,  245. 

—  Munsteri  Ag.  U,  p.  197,  246. 

—  Mcoleli  Ag.  II,  p.  192,  244. 

—  oblusus  Ag.  U,  p.  199,  244. 

—  orbicidaris  Ag.  p.  17.  II,  p.  190,  24ii.OMJiDr' 

—  Orbis  Ag.  p.  17. 

—  ovalis  Ag.  U,  p.  195,  244. 

—  parvus  Ag.  II,  p.  199,  245.i  .q  .gA  auTOHorwa^; 

—  Platessus  Ag.  p.  17.  II,  p.  lSâv24)6. 
■          —  priscus  Ag.  U,  p.  199,  244.   .  (.\,\m 

j         —  MomiMS  Ag.  Il,  p.  188,  244iJiOfly>\ 

—  rugulosus  Ag.  II,  p.  194,  244uiiui\. 

—  subclavatus  Ag.  p.  17.  Il,  p.  198/246. 

—  toliapicus  Ag.  Il,  p.  196,  246.-  - 

i         —  trigonus  Ag.  Il,  p.  199,  245.Vwi«»t^ 

—  rm<yc/a«s  Ag.  U,  p.  199,  245.       • 

—  umbonatus  Ag.  p.  16.  H,  p.  I9j4,jè44. 
Pygopterus  Ag.  p.  10.  U,  p.  74,  152.)sS»'n\i'. 

—  Bonnardi  Ag.  p.  11.  U,  p.  78,  lB2jOHIJIr. 
"            —         Bucklandi  A§.  p.  88.  11,  p.  17,>Ltà^  auMiVi't'. 

—  Greenockii  Ag.  11,  p.  78. 162. -A  ^MoHTi-.mf'. 

—  ffMm6oWaAg.p.lO,69.II,  p.74,16:î,  291. 

—  Jamesoni  Ag.  II,  p.  78,  162. 

—  Lucius  Ag.  p.  10.  U,  p.  78,  IBSi^ 

—  mandibularis  Ag.  p.  95. 11,  p.  76,  lt)3. 


33K    — 


PïGOPTERUS  SCOticUS  Aj?.  p.  10.  11.  |)    76. 

—  sculptas  Ae;.  Il,  p.  77,  163. 
Rh.\colepis  Ag.  11,  p.  283. 
Rhinellus  Ag.  11,  p.  260. 

—  furcatus  Ag.  11,  p.  260,  267. 

—  nasalis  Ag.  Il,  p.  261,  267 
Rhizodus  Hibberli  Ow.  11,  p.  179. 
Rhombus  diluv.  major  Wolf.  p.  6,  167. 

—    minor  Wolf.  p.  6. 
Saurichthys  Ag.  11,  p.  84,  153,  291: 

—  acuminalus  Ag.  11,  p.  86,  163. 

—  angusfus  Mùnst.  11,  p.  88,  163. 

—  apkalis  Ag.  Il,  p.  85.  163. 

—  coslalm  Mûnst.  Il,  p.  88,  163. 

—  /owjjrfens  Ag.  11,  p.  87, 163. 

—  Mougeoti  Ag.  11,  p.  86,  163. 

—  semicostatm  Miinsl.  11,  p.  87,  163. 

—  temiiroslris  Mùnst.  11,  p.  88,  163. 
SAUROIDES  Ag.  p.  2, 10.  11,  p.  158. 

—  vivans,  11,  p.  1,  5ir-  — 
Sauropsis  Ag.  11,  p.  120.     M  -H  .§A  '.'stemçvnw 

—  latiis  Ag.  p.  1 1. 11,  p.  122,  164.     * 

—  longimanus  Ag.  p.  11. 11,  p.  121,  165. 

—  mordax  As,,  p.  11.  11,  p.  165. 
Saurostomus  Ag.  p.  14:  IT,  p.  144,  155.       >'  ' 

—  esocinus  Ag.  p.  14.  11,  p.  144, 164. 

—  (Esp.  indét.)  11,  p.  164. 
SCLÉRODERMES  Cuv.  p.  2,  17. 11,  p.  248,  265. 
ScROBODus  Miinstr.  Il,  p.  203. 

—  subovatus  Miinsl.  Il,  p  203,  245. 
Semionotus  Ag.  p.  8,  222. 

—  Bergeri  Ag.  p.  8,  224,  304. 

—  lalus  Ag.  p.  S,  196,  227.  304. 

—  leptocephalus  Ag.  p  S,  222,  304. 

—  mm!/<Mis  Egert.  p.  305.    >mïoVmij«\ 

—  Niissvni  Ag.  p.  229,  304.'M>'i»i3iWt;^ 

—  Peut  lundi  Egert.  p.  305.  'U3m»jio\ 

—  pustulifer  Egert.  p.  305.'  KVl.noçh^ 

—  rhombifer  A§.  p.  228,  3G4tiViv^?,: •^^ 

—  Spixii  Ag.  p.  8,  224.  Il,  p.  286. 

—  striai  us  Ag.  p.  2  3 1 ,  304 . 
SILIROIDES  Cuvi  pi  2j  147. 
Silurus  Glanis  L.  p.  20. 
Sphverodus  Ag.  p.  15,  234. 11,  p.  209. 

•^   '     annularis  Ag.  11,  p.  2i  1 .  244. 

—  cinclus  Ag.  11.  p.  214.  246.<'.imi.\. 

—  contcus  Ag.  11,  p.  215.  247.    '      ' 

—  >  '     crassus  Ag.  p.  15. 11,  p.  212,  246. 


SpH/KRodus  depressus  Ag.  Il,  p.  213,  247. 

—  Discus  Ag.  Il,  p.  214.  247. 

—  Gigas  Ag.  p.  15.  Il,  p.  210.  245. 

—  irregularis  Ag.  Il,  p.  213.  246. 

—  Lens  Ag.  11,  p.  212,  246. 

—  mammillarif:  Ag.  p.  15.  11.  p.  216,  299. 

—  microdon  Ag.  11,  p.  216,  244. 

—  minimus  Ag.  p.  15.  Il,  p.  216,  244. 

—  minor  Ag.  Il,  p.  216.  245. 

—  Mitrula  Ag.  11,  214,  247. 

—  neocomensis  Ag.  11,  p.  216,  246. 

—  Oculus-serpentis  Ag.  p.  15. 11,  p.  215.  247. 

—  parrns  Ag.  p.  15.  Il,  p.  213,  246. 

—  rhomboidalls  Ag.  p.  15.  Il,  p.  216,  299. 

—  truncatus  Ag.  11,  p.  215,  246. 
Stroinateus  angulatus  Germ.  p.  6. 

—  gibbosus  Blainv.  p.  6,  164. 

—  hexagonus  Blainv,  p.  16: 
^  Knorrii  Germ.  p.  6. 

—  major  Blainv.  p.  6,  167. 
Synbranchus  inimaculatus  Volta,  11,  p.  255. 
Syngnathus  Cuv.  p.  18.  Il,  p. '276.-^-  î'»-^-«o»\ 

—  breviculus  Blainv.  Il,  ]>.  2^76. '''^ 

—  opisthopterus  Ag.  p.  18.  H,  p.  276. 

—  Typhle  Volta,  11,  p.  276.»^  gariJBngoladll 
Tetragonolepis  Bronn,  p.  6,  181,  204.  ^ 

—  flni/M/î/cr  Ag.  p.  213,  304.  .      ''< 

—  Bouei  Ag.  p.  7,  210,  304.  ^"liiOBOffiunn 

—  confluens  Ag.  p.  199,  304,"  -r^  e'Juoaoq 

—  dorsalis  Ag.  p.  211,  304.  '"'"X»»     — 

—  heleroderma  Ag.  p.  7,  206.  30?;'''r<'< '* 

—  Leacini  Ag.  p.  7,  203,  304j 

—  leiosomus  Ag.  p.  202,  304. 

—  Magnerille  Ag.  p.  7.  214,  305. 

—  mastodonteus  Ag.  p.  216,  305.2UJiaTqoHM 
'^■^  'i        monilifer  Ag.  p.  212,  304. 

—  ora/is  Ag.  p.  209,304. 

—  phoHdotus  Ag.  p.  7.  207,  304.  ISJ""""**'* 

—  pustulatus  Ag.  p.'20i;  30«?  ^'hthoi«3tM 

—  radiât  us  Ag.  p.  201,  304.'''^ 

—  semicinctus  Bronn,  p.  7,  196.  304. 

—  speciusus  Ag.  ji.  1 99,  304}^' ^ 

—  striolatus  Ag.  p.  304.*^ '*^*^^ 

—  Traillii  Ag.  p.  7,.21-4;C"'«^'i" 
•  Totraodons,  11,  p.  272.  'I  8"-  «M'^Mi>oi(^ 
Tetraodon  hispidus  Volta,  11,  pi  273!^'^'^''^* 

—  Honkenii  Vola,  11,  p.  273.  '      ' 

—  perspicillatus  Ag.  Il,  p.  268. 


336 


Theratichthys  Kon.  11,  p.  273. 
Thrissonotus  Colei  Ag.  11,  p.  128,  164. 
Thrissops  Ag.  p.  12. 11,  123.295. 

—  Cephalus  Ag.  U,  p.  125,  163,  293. 

—  formosus  Ag.  p.  12. 11,  p.  124, 165,  293 

—  intermedms  Miinst.  11,  p.  127,  165. 

—  mesogaster  Ag.  Il,  p.  128,  165,  293. 

—  micropodius  Ag.  p.  12. 11,  p.  126,  165. 

—  salmoneus  Ag.  p.  12. 11,  128,  165,  293. 

—  subovatus  Mùnst.  11,  p.  128, 165. 
*  Tinca  chrysitis  Ag,  p.  33. 
UNDiNAMiinst.  11,  p.  171. 

—  Kohleri  Mûnst.  U,  p.  178,  180. 

—  striolaris  Mûnst.  U,  p.  178,  180. 
Urseus  Ag.  p.  12. 11,  p.  293. 


'\"\!\1H\! 


Urseus  branchiostegus  Ag.  U,  p.  294. 

—  elongatus  Ag.  U,  p.  293. 
"     gracilis  Ag.  p.  12. 

—  macrocepbalus  Ag.  p.  12.  U,  p.  293. 

—  maeruriis  Ag.  p.  12. 

—  ma\inuis  Ag.  11,  p.  294. 

—  microchirus  Ag.  11,  p.  294. 

—  inicrolepidotus  Ag.  p.  12.  11.  p.  104. 

—  nuchalis  Ag.  p.  12.  U,  p.  116,  292. 

—  pachyiirus  Ag.  p.  12. 
Uronemus  lobatus  Ag.  H,  p.  178, 180. 
Uropterj'x  slriatus  Ag.  p.  6,  95,  168. 

—        undulatus  Ag.  p.  6,  170. 


Zeus  Platessus  Blainv.  11,  p.  185. 
IcrncD  li|' 

,  .9ldBT4{Bh5; 

d  gil  Bl  9b  loaiièqtjg  :  soeif  ,£  .gïl  ef  obauoiièqog  ob  oail  ue.  :tl  .liil  ."t  ^bH 

9iJ9iip  si  9b  aliraibàq  ol 'i^v  :  sSîiil  .Jngfn'ja^bnJîi  no8  eiOY  ob  ;    ■'         '"  ~"  '! 

».MM>-n3ïij«5?.  «ua)okt<!t»Jl  nom  Jes'o  «i  «M0îi«cw»5ft*l  nu  ^u]  l^a'n  S  °n  ?uo?.  sôlerrçia  j 

.8T  :  xOêfl  ,flT  9b  i/sil  os  :  _«  .«eM 

•lo  9gcq  ;  so^iJ  .1^  sgeq  Sb  uorJ  hb  ;gfid  m'b  '  '  "' 
.■)»\  .dcT  :  vipH  ^  û  .dfîT  ob  i;9il  rifi 


■  f  ob  f/9if 


Ji 


..'j>i"  [j 


S9<^'<I£ 


jJî  IJ'lU  I/B 


;-»iJ  •^J  1(1 


.'il 
-il 
-;'' 

•  ïil 
ail 
:iil 


.0c^ 

.or» 


sr/1 


"  1     n  J    1^      »_.  I 


abïojiidla'l  aiiifH" 

»^^^  .dcTab  :  sain -i^., ...  ....    ,  ,.^-, 

'•»'■  Iriij  'jfl'il'jirp;'  j»b  'htuUm)»  el  ^b  Jilifilàb  «isvib  noopilqzD  nooq  eoôJi:)  <\  lo  o^  ^M  ,0»  g'jiJJsI 

.11  srioflBlq  bI  9b  ^  .j^il  bI  ?nBb  eoïirn 

.^30CÏl9   jG 

')  ;rïBrf  no'b  P^ 

"-    "fid  ng'b  ë 

^sd  neb  g 

'Gd  n9'b  * 

-..  .\'jJiioiB  :gJ 

((  B«i  :  SfJdil  ;T  • 

i.:   :(■)£: 

>ib  jâiiJ  11^  b  V 

\     ■  vr)i;î1-)    :  71 


f  siUcS  :s98il  .;  ^ 
OS  .d/:T 'tb  U9il  J 
v>()L",(ii'i''jb  uaili 


39j 


.Sil 
•?il 
•?il 

.sil 

•Pil 

•Sil 
•8" 


,«iil 
.Î-OF 


,801 

.08  F 

.CÎ81 
,c8t 
.88  f- 

,cOL- 

.ao£- 

,GOi- 


SB*! 

LM.'I 

<.ii;<l 


FAUTES    A    CORRIGER. 


TOM.  II.  PREMIERE  PARTIE. 

Pag.  27,  lig.  13;  au  lieu  de  D.  micropygoplerus  lisez  :  D.  brachypygopterus ;  au  lieu  de  fig.  3  lisez  :  fig.  4  et  au 
lieu  de  fig.  4  lisez  :  fig.  3. 

Pag.    39,  lig.  5  d'en  bas;  au  lieu  de  L'orbitaire,  lisez  :  L'orbite. 

Pag.     50,  lig.  8  d'en  bas;  au  lieu  de  soit  cartilagineuse,  lisez  :  soit  entièrement  cartilagineuse. 

Pag.    51,  lig.  6  d'en  bas;  au  lieu  de  extérieure,  lisez  :  antérieure. 

Pag.    60,  lig.  19;  au  lieu  de  M.  Dechen,  lisez  :  MM.  Zobel  et  de  Carnall. 

Pag.     64,  lig.  5;  au  lieu  de  M.  Dechen,  lisez  :  Zobel  et  de  Carnall. 

Pag.     73,  lig.  21  ;  au  lieu  de  la  2"=  Table,  lisez  ;  la  11''  Table. 

Pag.    77,  lig.  15;  au  lieu  de  supérieur  de  la  fig.  2,  lisez  :  supérieur  de  la  fig.  5. 

Pag.    77,  lig.  18;  au  lieu  de  vers  son  rétrécissement,  lisez  :  vers  le  pédicule  de  la  queue. 

Pag.    82,  lig.  17.  L'espèce  signalée  sous  n"  3  n'est  pas  un  Palœoniscus;  c'est  mon  Lepidoleus  semtserratus . 

Pag.     82,  lig.  9;  au  lieu  de  76,  lisez  :  78. 

Pag.     98,  lig.     7  d'en  bas;  au  lieu  de  page  21,  lisez  :  page  56. 

Pag.  104,  lig.  11  ;  au  lieu  de  Tab.  4  b,  lisez  :  Tab.  4c. 

Pag.  114,  lig.  7;  au  lieu  de  plausible,  lisez  possible. 

Pag.  128,  lig.  3;  effacez  :  presque  complètement. 

Pag.  150,  lig.  1;  effacez  :  parmi. 

Pag.  136,  lig.  17;  au  lieu  de  n'occuper,  lisez  :  noccupent. 

Pag.  136,  lig.  6  d'en  bas;  au  lieu  de  dont  on  ne  voit,  lisez  :  mais  on  ne  voit. 

Pag.  137,  lig.  13;  au  lieu  de  jusqu'au  tiers,  lisez  :  et  occupe  le  tiers. 

Pag.  148,  lig.  7  d'en  bas;  au  lieu  de  La  pièce  o  me  parait  être  l'os  ethmoïde,  arrondi  ii  son  bord  antérieur, 
et  en  avant,  lisez  :  A  l'intérieur  de  ces  mamelons  se  voit  une  pièce  arrondie  à  son  bord  an- 
térieur, que  j  envisage  comme  l'ethmoïde,  et  en  a\  ant. 

Pag.  149,  lig.  2;  effacez  :  encore,  en  a  a,. 

Pag.  155,  lig.  13  d'en  bas;  après  fig.  3,  ajoutez  :  de  Tab.  14a. 

Pag.  163.  Les  lettres  aa,  bb,  ce  et  p  citées  pour  expliquer  divers  détails  de  la  structure  du  squelette  ont  été 
omises  dans  la  fig.  2  de  la  planche  D. 

Pag.  164,  lig.  16;  au  lieu  de  fig.  1,  lisez  :  fig.  2. 

Pag.  168,  lig.  9;  effacez  :  et  4. 

Pag.  174,  lig.  10  d'en  bas;  effacez  :  et  qui. 

Pag.  182.  lig.  5  den  bas;  au  lieu  de  206  fig.  1,  lisez  :  256  fig.  1. 

Pag.  183,  lig.  5  d'en  bas  ;  lisez  :  Tab.  25  au  lieu  de  Tab.  20. 

Pag.  183,  lig.  4  d'en  bas,  lisez  :  Tab.25a  au  lieu  de  Tab.20a. 

Pag.  J85,  lig.  13:  ajoutez  fig.  6  c. 

Pag.  188,  lig.  7;  lisez  :  ma  planche  25,  au  lieu  de  ma  planche  20. 

Pag.  195,  lig.  17:  ajoutez  :  et  Tab.  25c. 

Pag.  203,  lig.  26;  ajoutez  :  Tab.  23rf  bis.  Cette  table  porte  à  tort  le  n"  23p. 

Pag.  206,  lig.  23;  au  lieu  de  proviendrait,  lisez  :  provient. 

Pag.  209,  lig.  7  d'en  bas;  au  lieu  de  gauche,  lisez:  droite. 

Pag.  229,  lig.  17;  effacez  :  (CaA.  sm/)/j/.';  Effacez  la  note  au  bas  de  la  page. 


Pag.  231,'lig.  16:  cifAcez  :  (Cah.  suppl.) 

Pag.  240,  lig.  7  den  bas:  effacez  :  (Cah.  stippl.) 

Pag.  '^!^^i.  lig.  h  d'en  bas;  effacez  :  (Cah.  sttppl.) 

Pag.  247,  lig.  S  d'en  bas;  effacez  :  (Cah.  suppl.) 

Pag.  250,  lig.  4;  effacez  Vol.  2  Tab.  51.  Celte  espèce  n'est  pas  figurée.  Ici  un  carton. 

Pag.  231,  lig.  2;  effacez  :  et  Cah.  suppl.  et  lisez  :  Tab.  29c  fig.  1. 

Pag.  2S4,  lig.  8;  effacez:  (Cah.  suppl.)  Les  écailles  figurés  ne  sont  pas  celles  de  Soleure,  elles  sont  plus 

petites. 

Pag.  25b,  lig.  2;  eKsicez:  (Cah.  suppl.) 

Pag.  256,  lig.  4  d'en  bas;  effacez  :  (CaA.  sm;)jb/.j 

Pag.  259,  lig.  6;  au  lieu  de  (Cah.  suppl.) ,  lisez  :  fig.  1—5. 

Pag.  262,  lig.  9;  au  lieu  de  Tab.  27,  lisez  Tab.  27a. 

Pag.  291,  lig.  15;  au  lieu  de  Sir  Philipp  Egerton,  lisez  :  M.  Mantell. 

Pag.  291,  lig.  1  den  bas;  au  lieu  de  :  de  l'oolite inférieure  de  Northanipton,  lisez  :  du  calcaire  de  Purbeck. 

DEUXIÈME  PARTIE. 

Pag.    12,  lig.    8  :  au  lieu  de  n»  %  lisez  :  n°  3. 

Pag.     17,  lig.  18  et  lig.  24;  au  lieu  de  Tab.  B",  lisez  :  Tab.  B  . 

Pag.     18.  lig.    4  d'en  bas:  au  lieu  de  n"  26,  lisez  :  n°  23. 

Pag.    20,  lig.     4;  au  lieu  de  n"  22,  lisez  :  n"  25. 

Pag.     20,  lig.  12:  après  :  pièce  principale,  ajoutez  :  u. 

Pag.     26,  lig.     0;  après  :  fig.  1—6,  ajoutez  :  de  Tab.  G. 

Pag.     56,  lig.     9;  au  lieu  de  ces  rapports,  lisez  :  les  rapports. 

Pag.     56,  lig.  12;  au  lieu  de  fig.  10,  lisez  :  fig.  15. 

Pag.    43,  lig.     1  d'en  bas  ;  au  lieu  de  (fig.  5),  lisez  :  (Tab.  C  a  fig.  3). 

Pag.     48,  lig.  18;  au  lieu  de  la  mM(£a/e,  lisez  : /'ana/e. 

Pag.     49,  lig.    9;  au  lieu  de  les  suivans,  lisez:  les  supérieurs. 

Pag.     65,  lig.  25;  au  lieu  de  mais  qu  il,  lisez  :  mais  qu'elle. 

Pag.    64,  lig.  22  ;  au  lieu  de  n°  20,  lisez  :  n°  25. 

Pag.    68,  lig.     5;  au  lieu  de  suffit,  lisez  :  suffira. 

Pag."   78,  lig.     4:  au  lieu  de  Lonnardi,  lisez  :  Bonnardi. 

Pag.    95,  lig.     3;  au  lieu  de  appartenir,  lisez  :  appartiennent. 

Pag.  100,  lig.     3:  au  lieu  de  Scones,  lisez  :  Jcones. 

Pag.  100,  lig.  11  ;  au  lieu  de  de  lintermaxillaire,  lisez  :  du  maxillaire 

Pag.  155,  lig.    9  ;  au  lieu  de  n'étant,  lisez  :  n'est. 

Pag.  146,  lig.    5  den  bas:  au  lieu  de  Les  premières,  lisez  :  Les  dernières. 

Pag.  147,  lig.    2  d'en  bas;  eflacez  :  osselets  des. 

Pag.  174,  lig.    6  d'en  bas;  au  lieu  de  Tab.  65  a,  lisez  :  Tab.  63  a  bis, 

Pag.  184,  lig.  18;  au  lieu  de  Tab.  69  e,  lisez  :  69  c. 

Pag.  184,  lig.     1  d'en  bas;  au  lieu  de  petite  des  dents,  lisez  :  de  petites  dents. 

Pag.  201,  lig.     1  d'en  bas;  au  lieu  de  médullaires,  lisez  :  calcifères. 

Pag.  211,  lig.     4  ;  au  lieu  de  fig.  73,  lisez  :  fig.  85. 

Pag.  214,  lig.  21  ;  au  lieu  de  (fig.  78  et  79'),  lisez  :  (fig.  68  et  69'). 

Pag.  214,  lig.  22;  au  lieu  de  79,  lisez  :  70. 

Pag.  242,  lig.  10  d'en  bas;  au  lieu  de  Vol.  1,  lisez  :  Vol.  IF. 

Pag.  259,  lig.  11  ;  au  lieu  de  écailles,  lisez  :  vertèbres. 

Pag.  265,  lig.    4;  au  lieu  de  lanale,  lisez  :  la  régiop  anale. 

Pag.  263,  lig.     7;  au  lieu  de  ils  sont,  lisez  :  qui  sont. 

Pag.  275,  lig.  14;  au  lieu  de  Ther.^lichthys,  lisez  :  Theratichthys. 

Je  n'ai  point  indiqué  dans  cet  errata,  diverses  fautes  d'impression  qui  n'allcrenl   p.is   le  sr.n^ ,   et  que    le    lethiir  pourra 
facilement  corriger  lui-même. 


5^ 


% 


'*W<. 


*-:.« 


é^r^l 


#.«w^  ... 


'^^^^^i: 


;y^ 


-^m^ 


•'yii^f. 


.•'•i 


m 


•^1 


mM 


Ml 


O^ 


^M 


-^V'^f 


my^ 


m 


♦»  ' 


:S^i 


.J"^^ 


T?t^-! 


^ 


^.^r%^ 


'^^>A. 


m 


i-KdtT», 


:=»^ 


:.4«si^