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Full text of "Recherches sur les origines de l'égypte"

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RECHERCHES 
SUR  LES  ORIGINES  DE  L'EGYPTE 


ETHNOGRAPHIE   PREHISTORIQUE 

ET 

TOMBEAU  ROYAL  DE  NÉGADAH 


ANQERS,    I.MPKIMEK1Ë   ORIENTALE    DE  A.     UUHIHN. 


^ 


RECHERCHES 


SLR  LKS 


ORIGINES  DE  L'EGYPTE 


ETHNOGRAPHIE  PREHISTORIQUE 


ET 


TOMBEAU  ROYAL  DE  NÉGADAH 


J.  DE  MORGAN 

ANCIEN   DIRECTEUR   GÉNÉRAL  DES    ANTIQUITÉS   DE    l/ÉGYPTE 
DÉLÉGUÉ   GÉNÉRAL   DU   SI.NISTÈRE   DE    L'INSTRUCTION   PUBLIQUE  EN   PERSE    ' 

AVEC    LA    COLLABORATION   DE 

MM.    le    Professeur    WIEDEMANN,    G.    JÉQUIER 
et  le  Dr  FOUQUET 


ERNEST  LEROUX.   ÉDITEUR 

28,     RUE    BONAPARTE,     28 


1897 


Digitized  by  the  Internet  Archive 

in  2010  with  funding  from 

University  of  Ottawa 


http://www.archive.org/details/recherchessurles02morg 


PRÉFACE 


Le  15  août  1895,  je  publiais  dans  La  Vie  contemporaine 
(tome  III,  p.  337  sq.)  une  étude  intitulée  :  Memphis  et  la 
vallée  du  Nil  dans  les  temps  historiques.  Je  concluais  dans 
les  termes  suivants  en  ce  qui  concerne  les  époques  anté- 
rieures à  l'histoire  : 

«  Depuis  longtemps  on  cherche,  en  Egypte,  les  vestiges 
des  temps  préhistoriques  et  l'on  a  cru  voir  dans  les  silex 
taillés  l'équivalent  de  nos  âges  néolithiques  de  l'Europe. 
Mais  les  instruments  de  pierre  sont  ici  de  toutes  les  époques  ; 
j'en  ai  trouvé  moi-même  dans  les  tombeaux  de  la  IVe,  de  la 
XIIe  et  de  la  XVIIIe  dynasties  ;  on  en  connaît  de  la  période 
des  Ptolémées.  Quant  à  ceux  que  l'on  ramasse  sur  le  sol,  ils 
sont  sans  date,  sans  gisement  qui  permette  d'en  apprécier 
l'antiquité. 

«  Bien  certainement  les  populations  qui,  avant  l'arrivée 
des  Egyptiens,  habitaient  la  vallée  du  Nil,  vivaient  au  milieu 
des  marais  et  des  forêts  où  elles  rencontraient  les  éléments 
nécessaires  à  leur  vie  ;  elles  ne  s'aventuraient  guère  dans  le 
désert  stérile  et  infesté  d'animaux  dangereux.  C'est  donc 
sous  les  alluvions  de  la  vallée  qu'il  faudrait  rechercher  les 
véritables  gisements  préhistoriques,  dans  les  lieux  où  furent 
jadis  les  villages,  les  campements. 

«  Mais  depuis  dix,  peut-être  douze  mille  ans,  le  Nil,  par 
ses  incessants  apports,  a  recouvert  d'épais  limons  les  sites 
où  vivaient  les  précurseurs  des  Egyptiens,  etc'est  peut-être 


II  PREFACE 


à  20  ou  30  mètres  de  profondeur  qu'il  faudrait  descendre 
pour  rechercher  les  traces  de  cette  civilisation  ;  tâche  deve- 
nue impossible  et  qu'il  n'est  plus  permis  que  de  signaler.  » 

Telle  était  encore,  en  1895,  mou  opinion  sur  l'âge  de  pierre 
en  Egypte.  N'ayant  à  ma  disposition  que  les  assertions  four- 
nies par  mes  prédécesseurs  et  n'ayant  pas  encore  été  à 
même  d'en  reconnaître  l'inexactitude,  j'avais  été  trompé; 
sans  discussion,  j'attribuais  aux  temps  historiques  les  silex 
taillés  que  j'avais  parfois  rencontrés  dans  le  remplissage 
des  sépultures. 

Pouvais-je,  en  elîet,  supposer  a  priori  que  les  recherches 
de  près  d'un  siècle  dans  le  sol  égyptien  n'avaient  jamais 
porté  sur  ces  questions,  qu'une  opinion  purement  superfi- 
cielle s'était  établie  chez  les  nombreux  savants  qui  avaient 
parcouru  en  tous  sens  la  vallée  du  Nil  et  ses  montagnes, 
que  presque  personne  n'avait  cherché  à  élucider  les  pro- 
blèmes relatifs  aux  origines  et  que,  malgré  l'opinion  de  quel- 
ques rares  spécialistes  sur  l'existence  en  Egypte  de  l'âge  de 
la  pierre,  l'opinion  contraire,  qui  ne  reposait  sur  aucun  fait 
positif  et  scientifiquement  observé,  avait  été  acceptée  sans 
contrôle  par  la  grande  majorité  des  égyptologues. 

Mon  erreur  était,  à  coup  sûr,  bien  plus  excusable  que 
celle  de  la  plupart  de  mes  devanciers,  car,  depuis  le  com- 
mencement de  mon  court  séjour  en  Egypte,  durant  les  an- 
nées 1892-93  et  94,  j'avais  été  absorbé  par  des  travaux 
n'ayant  rien  de  commun  avec  les  origines  égyptiennes.  Mais 
elle  tomba  d'elle-même  quand,  plus  libre  de  mon  temps, 
j'eus  le  loisir  d'explorer  attentivement  le  désert;  les  docu- 
ments devinrent,  à  ma  grande  surprise,  d'une  telle  abon- 
dance que  je  dus  modifier  mon  opinion,  rejeter  les  explica- 
tions fantaisistes  de  bien  des  auteurs  et  admettre  l'existence 


PRÉFACE  nI 

en  Egypte  d'une  civilisation  néolithique  très  développée. 
Aujourd'hui  que  celte  question  est  entrée  dans  une  plias.; 
nouvelle,  que  les  localités  préhistoriques  sont  signalées  par 
centaines,  qu'il  n'existe  plus  aucun  doute  sur  l'époque  des 
instruments  de  pierre,  je  ne  puis  m'expliquer  comment  il  se 
fait  que  cette  découverte  ne  se  soit  pas  produite  beaucoup 
plus  tôt,  comment  les  tombes  royales  des  premières  dynas- 
ties, dont  les  tells  étaient  si  apparents,  n'aient  pas  attiré  l'at- 
tention et  soient  demeurées  si  longtemps  dans  l'oubli.  Il  faut 
que  l'examen  du  sol  ait  été  bien  superficiel  et  que  l'étude  des 
textes  ait  rendu  aveugles  les  visiteurs  du  pays  des  Pharaons. 
Un  égyptologue  de  mes  amis  m'a  quelque  peu  accusé  de 
manquer  d'égards  envers  Pégyptologie  linguistique,  la  seule 
science  qui,  pour  beaucoup  d'égyptologues,  puisse  nous 
éclairer  sur  toutes  les  questions  relatives  à  la  civilisation 
dans  la  vallée  du  Nil.  Certes,  je  suis  très  loin  de  mépriser 
ces  connaissances;  et  si,  parfois,  j'ai  été  dur  pour  les  lin- 
guistes, c'est  qu'ils  sont  trop  souvent  d'un  exclusivisme  fort 
préjudiciable  à  l'avancement  de  nos  découvertes  ;  que,  sans 
étudier  les  conditions  naturelles  dans  lesquelles  vivaient 
les  Égyptiens,  ils  veulent  tirer  des  textes  seuls  les  explica- 
tions que  la  nature  leur  fournit  d'une  manière  si  libérale. 

Nombre  d'égyptologues  oublient  volontiers  que  leur  rôle 
d'interprètes  est  souvent  faussé  par  leur  ignorance  parfois 
absolue  des  choses  dont  parlent  les  inscriptions  qu'ils  tra- 
duisent. 

Heureusement,  cette  tendance  d'esprit  n'est  pas  générale 
chez  les  égyptologues  et  plusieurs  de  ces  savants  linguistes 
sont,  en  même  temps,  des  hommes  fort  instruits  des  faits 
de  l'histoire  naturelle,  de  l'ethnographie  et  de  toutes  les 
connaissances  qui  permettent   d'interpréter   fidèlement  la 


IV  PRÉFACE 

pensée  des  scribes  de  l'antiquité.  Ceux-là  rendent  de  réels 
services  à  la  science  et,  peu  à  peu,  font  disparaître  les  er- 
reurs dans  lesquelles  les  cgyptologues  uniquement  lin- 
guistes nous  avaient  fait  tomber. 

Lors  de  mon  arrivée  en  Egypte  (1892),  je  ne  m'étais  ins- 
truit des  questions  archéologiques  relatives  à  ce  pays  que 
dans  les  livres,  et,  supposant  que  les  observations  avaient 
été  faites  avec  toute  l'attention  nécessaire,  je  m'en  rappor- 
tais aux  dires  des  auteurs.  Ce  n'est  que  progressivement 
que  j'ai  entrevu  les  inexactitudes  et,  malheureusement  aussi, 
la  manière  si  légère  dont  certains  travaux  ont  été  menés. 
J'ai  graduellement  modifié  mon  opinion  sur  bien  des  points 
et  je  ne  crains  pas  de  citer  mes  propres  termes  de  1895;  ils 
montrent  avec  quel  esprit  d'impartialité  j'ai  jugé  des  ques- 
tions préhistoriques  dans  la  vallée  du  Nil. 

C'est  pénétré  de  cette  pensée  que  j'ai  écrit  mon  livre, 
Recherches  sur  les  origines  de  l'Egypte,  Vâge  de  la  pierre  et 
les  métaux.  (Paris,  1896,  E.  Leroux.) 

La  publication  n'en  était  pas  achevée  depuis  deux  mois 
que  je  recevais  un  grand  nombre  de  lettres  de  savants  ap- 
partenant à  toutes  les  nationalités,  me  donnant  l'opinion  des 
spécialistes  sur  l'intéressante  question  des  débuts  de  l'his- 
toire égyptienne,  critiquant  certains  passages  ou  deman- 
dant de  nouveaux  éclaircissements.  Les  naturalistes,  les  an- 
thropologistes,  les  phréhistoriciens  acceptèrent  presque 
tous,  sans  restrictions,  mes  conclusions.  L'un  d'eux  me  fit 
observer,  cependant,  qu'en  ce  qui  concerne  l'époque  qua- 
ternaire je  ne  fournissais  pas  de  preuve  absolue  en  faveur 
de  la  haute  antiquité  des  instruments  de  type  chelléen,  que 
je  n'avais  jamais  rencontré  les  coups-de-poing  chelléens 
dans  des  couches  dont  l'époque  fût  déterminée  d'une  façon 


PREFACE  V 

absolue.  D'autres,  interprétant  ma  pensée,  mais  lui  donnant 
une  portée  plus  grande  que  je  ne  le  désire,  ont  étendu  la 
survivance  de  l'usage  de  la  pierre  taillée  bien  au  delà  des 
limites  que  je  crois  devoir  moi-même  lui  assigner.  Je  re- 
viendrai sur  ces  questions  dans  mon  «  Introduction  », 
apportant  de  nouveaux  matériaux  et  corrigeant  quelques 
inexactitudes  qui  se  sont  glissées  dans  mon  dernier  volume. 

Chez  les  égyptologues,  les  opinions  furent  diverses.  En 
Allemagne,  mes  interprétations  furent  admises  par  les 
savants  les  plus  autorisés,  qui  me  témoignèrent  la  satisfac- 
tion qu'ils  ressentaient  de  voir  les  limites  de  l'histoire  égyp- 
tienne reculées  jusqu'à  des  époques  aussi  éloignées,  et 
précisées  par  des  faits  dont  ils  avaient  déjà  la  plupart  pres- 
senti l'existence. 

En  France,  l'opinion  fut,  à  peu  de  chose  près,  la  même. 
Mes  écrits  ne  furent  critiqués  qu'indirectement  (  1  )  ;  quelques 
phrases  incidentes  seules  montrent,  en  des  termes  sur  les- 
quels je  ne  veux  pas  insister,  que  mon  opinion  n'était  pas 
alors  partagée  par  tous  les  égyptologues. 

Les  origines  de  la  vie  humaine,  aussi  bien  en  Egypte 
qu'ailleurs,  sont  du  domaine  de  l'histoire  naturelle,  de  la 
géologie,  de  l'anthropologie,  et  les  conclusions  des  natura- 
listes relativement  aux  origines  doivent  servir  de  base  aux 
interprétations  des  textes.  Vouloir  procéder  en  sens  inverse 
et  reconstituer,  par  les  documents  écrits,  les  faits  anté- 
rieurs à  l'histoire,  est  commettre  une  pétition  de  principes 
excluant  toute  possibilité  de  discussion  scientifique. 

Il  est  certain,  et  je  l'ai  dit,  que  les  Égyptiens  emprun- 
tèrent aux  populations  qui  vécurent  avant  eux  en  Egypte, 

i.  Voir  la  Revue  critique  d'Histoire  et  de  Littérature  (i5  février  1897). 


VI  PREFACE 


un  grand  nombre  de  coutumes  ;  mais  la  distinction  entre 
les  usages  indigènes  et  ceux  des  Egyptiens  pharaoniques 
ne  peut  être  faite  qu'alors  que  nous  connaîtrons  la  vie  des 
pré-Egyptiens.  C'est  de  ces  faits,  qui  ne  les  concernent  pas 
au  point  de  vue  de  l'observation,  que  les  égyptologues 
seront  appelés  à  tirer  des  conclusions. 

Quant  au  parti  pris  avec  lequel,  suivant  certain  linguiste, 
je  suis  censé  avoir  écrit  mon  livre,  l'opinion  que  j'émettais 
en  1895  démontre  qu'il  n'a  jamais  existé.  Ce  parti  pris 
serait  d'ailleurs  partagé  par  les  nombreux  savants  qui  ont 
été  témoins  de  mes  découvertes,  qui  ont  reçu  sur  le  terrain 
les  explications  qu'ils  désiraient  obtenir,  et  qui,  convaincus 
comme  moi  par  les  faits,  se  sont  rangés  à  mon  avis.  Si  ma 
bonne  foi  a  été  trompée,  la  leur  l'a  également  été  et  peut- 
être,  d'ailleurs,  que  ceux  qui  s'arrogent  le  droit  de  juger 
de  mon  impartialité  ne  sont  pas  bon  juges  en  pareille  matière 
et  obéissent  à  des  sentiments  personnels  n'ayant  rien  de 
commun  avec  la  science. 

M.  Amélineau,  dont  les  découvertes  à  Àbydos  sont,  sans 
contredit,  de  la  plus  haute  importance,  a  eu  tort,  à  mon 
sens,  d'interpréter  les  documents  dont  il  disposait  en  les 
attribuant  aux  dynasties  divines.  Je  lui  avais,  sur  le  ter- 
rain, conseillé  la  prudence,  l'incertitude  sur  l'époque  pré- 
cise des  rois  dont  il  venait  d'exhumer  les  tombeaux.  Il  a 
cru  devoir  persister  dans  son  opinion  et  la  publier  ;  sa 
bonne  foi  ne  peut  être  mise  en  doute,  et,  dans  tous  les  cas, 
son  erreur  ne  saurait  justifier  les  termes  dans  lesquels 
son  opinion  a  été  combattue. 

M.  Flinders  Pétrie,  exécutant  des  fouilles  dans  des  nécro- 
poles de  la  même  époque  que  celles  explorées  par  M.  Amé- 
lineau et  par  moi-même,  a  émis  une  opinion  que  je  com- 


PRÉFACE 


bats;  ma,s  cette  divergence  d'idées  n'a  pas  entraîné  entre 
nous  une  rupture.  Nous  disentons  en  termes  eonrtois,  et 
J  ai  faeihte  de  tout  mon  pouvoir  les  recherches  de  M  Flin- 
ders  Pétrie,  espérant,  avec  une  entière  impartialité,  que  la 
science  y  trouvait  son  avantage 

Cette  façon  d'agir  est  la  seule  qui  soit  de  mise  dans  le 
monde  sc.ent.fique,  l'opposition  des  vues,  la  vivacité  môme 
diseuss.ons  ne  devant  jamais  exclure  .esprit  d'équité 
dans  le  fond,  ni  la  courtoisie  dans  la  forme 

_  En  publiant  mon  livre  sur  Les  origines  de  VÉeypte    je 
n  m  pas  eu  la  prétention  de  faire  une  œuvre  complL';    e 

tre  même  de  l'ouvrage  l'indique  :  ce  sont  des  Helercle 
et  non        t     té  Je  ^  ^  ^  ^  ^ 

d  eierment  plus  tard  à  rectifier,  que  h,e„  des  erreurs 
partielles   se  glisseraient   dans    ce  premier    travail.    Car 

J  eud,a,s  une  question  nouvelle  et  très  vaste,  un  sujet  néces- 
sitant des  connaissances  fort  variées,  pour  lequel  des  colla- 
borons nombreuses  m'étaient  nécessaires.  Ces  rectifica- 
tif C7PtaiS  ieS  fal>e  m0i-mê'"e  »  COurs  d'»"  -cond 
volume,  celui  que  je  présente  aujourd'hui  au  public. 

Je  1  a.  divisé  eu  sept  chapitres,  dont  le  premier  est    en 
quelque  sorte,  une  «  Introduction  ,  Le  second  donne  la 
bste  des  localités  où  ont  été  rencontrés  des  vestiges  pré- 
h.stonques  ou  des  restes  des  premiers  Égyptiens.  Dans  le 
roisieme  chapitre,  j'expose,   d'après  les  documents    que 
nous  possédons  aujourd'hui,  ce  qu'étaient  l'existence,  l'in- 
dustrie, es  arts  des  peuples  qui  habitaient  l'Egypte  avant 
les  Egyptiens  Le  quatrième  relate  le  résultat  de  mes  fouilles 
dans  le    tombeau    royal   de    Négadah.  Les   cinquième   et 
s  x  en     chap]treS;  consacrég  aux  interpr  ,tat.ons  des  dQcu_ 

ments  fourn.s  par  le  tombeau  royal,  sont  dus  respective- 


VIII  PREFACE 

ment  à  MM.  A.  Wiedemann  et  G.  Jéquier  qui  tous  deux  ont 
assisté  à  la  fouille.  Au  septième  chapitre,  M.  le  docteur  Fou- 
quet  traite  de  l'anthropologie. 

Au  cours  de  1'  «  Introduction  »  je  reprends  plusieurs  ques- 
tions étudiées  dans  mon  volume  de  1896,  rectifiant  quelques 
erreurs,  apportant  des  nouveaux  documents  pour  les  faits 
que  je  considère  comme  insuffisamment  démontrés,  et  ré- 
pondant aux  questions  courtoises  et  de  bonne  foi  qui  m'ont 
été  posées. 

Ce  travail,  dans  son  ensemble,  fera,  je  l'espère,  avancer 
la  question  des  origines  égyptiennes,  mais  sera  bien  loin  de 
la  résoudre  d'une  manière  complète.  Il  faudra  encore  effec- 
tuer quantité  de  recherches  et  de  fouilles  et  recueillir  de 
nombreux  documents  pour  combler  les  lacunes  séparant 
les  faits  précis  que  nous  possédons  aujourd'hui;  il  faudra, 
surtout,  mettre  de  côté  les  fables  et  les  interprétations 
fantaisistes  relatives  aux  premiers  temps  de  l'Egypte  et 
traiter  du  sujet  avec  l'indépendance  d'esprit  qu'apportent 
dans  leurs  travaux  les  observateurs  désintéressés. 

Beaucoup  de  savants  ont  bien  voulu  m'assister  dans  mes 
recherches  et  ont  participé,  chacun  pour  sa  spécialité,  à 
l'examen  du  produit  de  mes  fouilles.  Je  leur  en  suis  pro- 
fondément reconnaissant,  car,  par  leur  expérience,  ils 
m'ont  permis  de  donner  des  renseignements  d'une  extrême 
précision.  Le  professeur  Schweinfûrth,  par  ses  conseils  et 
sa  connaissance  parfaite  de  l'Egypte,  m'a  suggéré  bon 
nombre  d'explications;  il  a  eu  l'obligeance  de  se  charger 
de  l'examen  des  substances  végétales  trouvées  dans  les  tom- 
beaux. M.  Berthelot,  mettant  encore  une  fois  sa  science 
éminente  au  service  de  l'archéologie,  a  fait  l'étude  des  mé- 
taux. MM.  Friedel  el  Fouquel  ont  déterminé  les  roches  qui 


PREFACE  I\ 

constituent  la  matière  des  vases  trouvés  <  la  us  le  tombeau 
royal  de  Négadah.  M.  le  docteur  Lortet  a  identifié  les  restes 
animaux  rencontrés  dans  les  kjœkkenmœddings.  Enfin, 
M.  Amélineau  a  mis  à  ma  disposition,  avanl  même  de  les 
publier,  les  résultats  de  ses  fouilles  d'Abydos. 

Je  ne  saurais  trop  remercier  les  savants  qui  ont  bien 
voulu  prêter  l'appui  de  leurs  connaissances  spéciales  à 
l'étude  de  cette  question  si  complexe  des  origines  égyp- 
tiennes; ils  ont  beaucoup  contribué  à  affermir  mon  opinion, 
car,  dans  la  plupart  des  cas,  ce  sont  les  détails  en  apparence 
insignifiants  qui  fournissent  les  bases  les  plus  sûres  de 
raisonnement. 

Les  sciences  ont,  aujourd'hui,  réalisé  de  tels  progrès 
qu'il  n'est  plus  possible  au  même  homme  d'écrire  un  livre 
complet.  Il  doit  avoir  recours  aux  spécialistes,  et  tout  ce  à 
quoi  peut  prétendre  celui  qui  conduit  des  recherches  est  de 
posséder  des  connaissances  générales  dans  chacune  des 
branches  qui  fournissent  des  documents,  afin  de  recueillir 
les  observations  d'une  manière  scientifique,  de  telle  sorte 
que  les  spécialistes  mettent  à  profit  ses  études. 

Le  botaniste,  le  zoologiste,  le  linguiste,  etc.,  qui  tous  ont 
examiné,  à  leur  point  de  vue  particulier,  les  documents  qui 
leur  ont  été  remis,  émettent  chacun  leur  opinion;  et  c'est 
l'ensemble  de  leurs  conclusions,  jointes  aux  appréciations 
de  celui  qui  a  dirigé  les  recherches,  qui  peut  servir  de  base 
à  des  idées  synthétiques.  Cette  méthode,  si  elle  n'est  pas 
infaillible,  offre  le  maximum  de  garanties,  et  les  livres  ainsi 
composés  fournissent  des  éléments  précieux  pour  les  trai- 
tés complets  que  nous  sommes  encore  bien  loin  de  pouvoir 
(■«rire. 


CHAPITRE    I 


Introduction.  —  Généralités, 


Dans  le  présent  ouvrage,  je  n'ai  presque  rien  à  ajouter  aux  consi- 
dérations d'ensemble  relatives  à  la  géologie  de  l'Egypte  telles  que  je 
les  ai  exposées  dans  mon  volume  sur  L'Age  de  la  pierre  et  les  métaux 
(1896).  Les  explications  sont  suffisamment  précises  pour  que  le  lec- 
teur se  rende  aisément  compte  de  ce  qu'était  l'aspect  de  la  vallée  du 
Nil  aux  derniers  temps  de  l'époque  néolithique,  alors  que  les  marais 
couvraient  la  presque  totalité  du  Delta  et  bordaient  les  chaînes  Libyque 
et  Arabique. 

Parmi  ces  marais  latéraux  existant  encore  de  nos  jours,  j'avais  omis 
de  citer  ceux  qui  s'étendent  suivant  une  longue  bande  entre  Siout  et 
Tounah,  au  pied  de  la  chaîne  Libyque.  Ce  sont,  sans  contredit,  les  plus 
importants  de  l'Egypte  ;  leur  comblement  s'opère  graduellement  tout 
comme  cela  arrive  pour  ceux  que  l'on  rencontre  entre  Licht  et  Dah- 
chour;  ces  marais  sont  les  derniers  exemples  des  phénomènes  du  com- 
blement de  la  vallée  du  Nil. 

Mais  si  le  côté  géologique  de  mon  exposé  de  la  question  me  semble 
suffisamment  décrit,  il  n'en  est  pas  de  même  en  ce  qui  concerne  l'exis- 
tence de  l'homme  à  l'époque  quaternaire  et  l'âge  des  silex  taillés  de 
la  Haute-Egypte.  C'est  de  ces  deux  sujets  que  je  parlerai  dans  cette 
introduction,  répondant  ainsi  aux  questions  qui  m'ont  été  posées  et 
aux  objections  renfermées  dans  les  livres  et  les  brochures  publiés 
depuis  que  mon  travail  a  vu  le  jour. 

Je  reprendrai  aussi  les  raisons  qui  me  portent  à  penser  que  la  civi- 

t 


2  INTRODUCTION.  —  GÉNÉRALITÉS 

lisation  égyptienne  est  originaire  de  l'Asie,  mon  savant  ami  M.  G.  de 
MortiLlet  m'avant  fait  connaître  les  motifs  qui  lui  font  croire  qu'elle 
est  plutôt  originaire  de  l'Afrique.  Au  cours  de  mon  travail  on  trou- 
vera le  détail  de  mes  observations  relatives  à  cet  important  pro- 
blème. 

Dans  une  lettre  qu'il  m'écrivait  peu  de  temps  après  la  publication 
de  mon  volume  sur  L'Age  de  la  pierre  et  les  métaux  en  Egypte,  M.  Salo- 
mon  Reinach  me  priait  de  fournir  quelques  renseignements  complé- 


pjo-.   i.  —  Coup-de-poing  chelléen  en  quartzite  jaune  gris   (Kawamil).      1/2  grandeur 

naturelle. 
Fig.  2.  _  Coup-de-poing  chelléen  en  silex  brun  foncé  (Kom-Achim).  1/2  grandeur 

naturelle 


mentaires  au  sujet  des  instruments  chelléens  de  la  vallée  du  Nil  et  se 
demandait  si  ces  outils  appartiennent  bien  à  l'époque  quaternaire.  Ce 
doute  est  parfaitement  fondé,  car  jusqu'ici  il  n'a  pas  été  rencontré  en 
Egypte  d'ossements  d'animaux  faisant  partie  de  la  faune  quaternaire 
accompagnés  de  silex  taillés.  Nous  ne  possédons  donc  pas  de  preuves 


INTRODUCTION.  -   GÉNÉRALITÉS  g 

absolues,  mais  toutes  les  probabilités  sonl  en  faveur  de  L'opinion  qui 
reporte  L'antiquité  de  L'homme,  dans  cette  partie  de  L'Afrique,  jusqu'à 
l'époque  qui  précéda  l'établissemenl  définitif  du  régime  actuel  des 
eaux  dans  la  vallée  du  Nil. 

En  général,  c'est  à  la  surface  des  alluvions  caillouteuses  qu'un 
trouve  les  silex  du  type  chelléen,  non  pas  à  la  Limite  fies  cultures,  ni 
dans  les  sables  qui  s'étendent  entre  les  limons  et  la  base  des  monta- 
gnes,mais  sur  les  mamelons  qui  forment  pour  ainsi  dire  les  premiers 
contreforts  de  la  chaîne. 

Les  plateaux  eux-mêmes  qui  couronnenl  la  montagne  fournissent 
des  instruments  chelléens  :  il  en  a  été  rencontré  à  Esneh,  sur  le  pla- 
teau de  Gizeh,  sur  celui  de  Dabchour,  dans  le  désert  entre  les  oasis 
et  la  vallée  du  Nil;  tandis  qu'à  Thèbes,  à  Toukh,  à  Abydos,  à  Kawa- 
mil  et  à  Kom-Achim  c'est  dans  les  ravins  que  les  trouvailles  ont  été 
faites.  Il  semblerait  que  ces  objets,  primitivement  déposés  sur  les 
plateaux,  ont  été  entraînés  par  les  pluies  et  ne  doivent  leur  présence 
dans  la  vallée  qu'à  la  descente  des  matériaux  d'alluvions. 

Des  instruments  chelléens  ont  été  découverts  par  M.  FI.  Pétrie  dans 
les  environs  de  Négadah;  mais  cette  constatation  de  la  présence  des 
silex  dans  les  alluvions  du  pied  de  la  montagne  n'est  pas  concluante 
en  faveur  de  l'époque  quaternaire  de  ces  outils,  car  ces  alluvions  pro- 
duites par  les  pluies  sont  de  formation  très  récente.  Le  professeur 
Schweinfurth  a  observé  que  tous  les  huit  ans  il  tombe  en  Éo-vpte  des 
pluies  très  considérables  et  que,  par  suite  de  l'aridité  absolue  des 
montagnes,  il  se  forme  des  torrents  très  violents  entraînant  dans  leurs 
eaux  des  masses  énormes  de  matériaux  roulés. 

C'est  à  ces  pluies  que  nous  devons  la  plupart  des  cônes  de  galets 
qui  s'appuient  sur  le  flanc  des  montagnes  de  l'Égvpte,  ainsi  qu'une 
partie  des  buttes  qui  bordent  les  cultures  Nous  ne  pouvons  donc  tirer 
aucune  conclusion  des  objets  que  renferment  ces  alluvions. 

Autrement  intéressante  est  l'observation  qui  vient  d'être  faite  par 
le  professeur  A.  H.  Sayce  à  El-Kab,  découverte  qu'il  m'a  commu- 
niquée de  suite  en  me  donnant  les  silex  taillés  qui  en  provenaient. 

Au  pied  de  la  chaîne  Arabique,  au  nord-est  de  la  ville  antique  d'El- 
Kab,  entre  les  villages  d'El-Hilâl  et  de  Mehammid,  s'ouvre  un  ravin 
dont  la  naissance  est  au  sommet  de  la  chaîne  En  le  remontant,  le  pro- 
fesseur A.  H.  Sayce  reconnut  que  le  plateau  formé  d'alluvions  cail- 
louteuses durcies  avait  été  coupé  par  les  eaux  pluviales  et  que  ces 
couches  d'alluvions  renfermaient  des  éclats  de  silex.  En  cherchant 


4  INTRODUCTION .  —  GÉNÉRALITÉS 

dans  les  éboulis  de  cette  couche,  le  professeur  Sayce  rencontra  quel- 
ques silex  éclatés  (fig.  3,  4  et  5). 

Ces  alluvions  des  plateaux  sont  très  certainement  antérieures  à 
celles  dont  nous  constatons  la  présence  dans  la  vallée  du  Nil;  elles 
appartiennent  au  système  général  des  alluvions  qui  se  déposèrent 


Fig.  3,  4  et  5.  —  Instruments  de  silex  trouvés  par  le   professeur  A.    H.  Sayce,  dans 
les  allu%ions  du  nord-est  d'El-Kab.   1/2  grandeur  naturelle. 


après  la  période  des  érosions  en  Egypte.  Mais  jusqu'à  ce  jour  ces 
couches  n'ont  pas  fourni  de  fossiles  quaternaires. 

Les  vestiges  de  l'homme  quaternaire,  instruments  ou  ossements, 
ont  été  rencontrés  dans  toutes  les  parties  du  monde  en  Palestine  ', 
aux  Indes  ',  au  pays  des  Touaregs3  et  tout  dernièrement,  m'a-t-on  dit*, 

1.  Chelléen  en  Palestine.  Coup-de-poing,  récolté  par  l'abbé  Moretain  et  présenté 
par  M.  de  Vogué  au  Congrès  préhistorique  de  Paris  en  1878.  Récoltes  de  l'abbé 
Richard  sur  les  bords  du  lac  de  Tibériade  (Expos,  de  1878). 

2.  Chelléen  aux  Indes.  Coup-de-poing  des  couches  fossilifères  quaternaires  de  la 
Nerbouda  (Cartailhac  et  Chantre,  Matériaux,  IV,  121). 

3.  Coup-de-poing  chelléen.  Recueilli  en  Algérie  et  dans  le  pays  des  Touaregs,  et 
aussi  au  Cap  de  Bonne-Espérance  (Cartailhac  et  Chantre,  Matériaux,  I,  119.  G.  de 
Mortillet,  Nègres  et  civilisation   égyptienne). 

4.  Prof.  Schweinfurth. 


INTRODUCTION.  —  GÉNÉRALITÉS  5 

au  pays  des  Çomalis;  l'Amérique  du  Nord  elle-même  '  en  a  fourni  de 
nombreux  restes;  il  est  donc  très  naturel  de  penser  que  L'Égj  pte  elle- 
mêrae  en  renferme  et  que  les  instruments  de  type  chelléen  qu'on  j 
rencontre  doivent  être  rangés  dans  le  quaternaire.  I>a  récente  décou- 
verte du  professeur  A.  FI.  Sayce  donne  plus  de  force  à  cette  opinion. 

Dans  les  pays  d'Europe  les  al  lu  viens  sont  d'un  examen  bien  autre- 
ment aisé  qu'en  Egypte  :  elles  sont  exploitées  pour  1rs  besoins  des 
routes  et  des  chemins  de  ter  et,  en  France,  entre  autres,  il  existe  peu  <!<• 
communes  dans  lesquelles  on  ne  puisse  trouver  une  coupe  artificielle 
du  diluvium.  Dans  ces  conditions  les  études  sont  rendues  faciles,  les 
documents  abondent.  En  Egypte,  au  contraire,  le  diluvium  n'est  pas 
exploité  et  c'est  à  cela  que  nous  devons  de  n'avoir  (pie  fort  peu  de 
renseignements  à  son  sujet. 

Dès  les  débuts  de  mes  recherches  sur  le  préhistorique  égyptien, 
j'ai  reconnu  l'existence  de  presque  tous  les  types  que  nous  possédons 
en  Europe.  Certaines  localités  m'ont  même  fourni,  Dimeh  entre 
autres,  des  séries  appartenant  par  leur  technique  au  chelléen,  au 
moustérien,  au  solutréen,  au  magdalénien  et  à  la  pierre  polie.  Tous 
ces  objets  se  trouvaient  ensemble  à  la  surface  du  sol  sans  qu'il  fût 
possible  d'établir  une  distinction  de  gisement.  Nous  devons  donc 
nous  contenter  aujourd'hui  de  les  signaler  et  de  les  décrire  sans  cher- 
cher à  établir  des  classifications. 

Ce  mélange  semblerait  démontrer  que  les  différents  états  de  la  ci- 
vilisation de  la  pierre  se  sont  succédés  dans  les  mêmes  localités, 
l'industrie  progressant  lentement  et  sans  transitions  brusques,  pour 
arriver  à  la  pierre  polie,  dernière  phase  qui  précéda  l'usage  des  mé- 
taux. 

Certaines  formes  semblent  avoir  persisté  au  travers  de  tous  les 
âges,  depuis  les  temps  les  plus  anciens  jusqu'à  l'époque  historique. 
A  Toukh  et  à  ZaAvaïdah,  entre  autres,  on  rencontre  des  pointes  de  type 
chelléen  (fig.  6  et  7)  dans  le  kjœkkenmœdding  dont  la  majeure 
partie  appartient  a  la  période  historique,  tandis  que  le  même  instru- 
ment se  trouve  à  quelques  kilomètres  au  nord,  sur  le  plateau  qui  ne 

I.  L'existence  de  l'homme  paléolithique  dans  l'Amérique  du  Nord  est  aujourd'hui 
prouvée  d'une  manière  indiscutable.  Cf.  Th.  Wilson  Besult  of  an  inquiry  dans  lie  p.  of 
the  Nat.  Mus.  Washington,  1890.  Environ  6,8uo  coups-de-poing  chelléens  avaient,  à 
l'époque  de  celte  publication,  été  rencontrés  dans  vingt-trois  Etals  et  territoires  des 
Etals-Unis.  Les  caractères  de  ces  instruments  sont  semblables  à  ceux  des  coups-de- 
poiug  rencontrés  dans  les  autres   régions  du  globe. 


6  INTRODUCTION.  —  GÉNÉRALITÉS 

fournit  que  des  outils  chelléens.  Il  ne  peut  être  question  de  mélano-e 
dans  ce  cas,  et  l'on  est  amené  à  admettre  la  persistance  de  l'usage  de 
ces  pointes,  qui,  probablement,  répondaient  à  un  besoin  que  les 
siècles  ne  modifièrent  pas. 


Fig.  6.  —  Pointe  de  type  chellûeu  (kjœkkenmœdding  de  Toukh).    1/2  grandeur 

naturelle. 
Fig.  7.  —  Pointe  de  type  chelléen  (kjœkkenmœdding  de  Zawaïdah).  1/2  grandeur 

naturelle. 


Au  Fayoum,  dans  les  stations  de  Dimeh,  d'Omm  el-Atl  et  de  Kom- 
Achim,  on  rencontre  communément,  en  môme  temps  que  des  haches 
polies  et  des  têtes  de  flèches  robenhausiennes,  des  pointes  qui  en 
France  seraient  sans  aucun  doute  attribuées  au  moustérien  et  au  so- 
lutréen. 

Seules,  les  sépultures,  bien  caractérisées  comme  appartenant  aux 
derniers  temps  de  la  pierre  polie  ou  même  à  l'époque  historique, 
fournissent  des  instruments  qui,  bien  que  présentant  souvent  des 
formes  spéciales  à  l'Egypte,  rentrent  dans  la  technique  des  outils 
robenhausiens  d'Europe. 

C'est  justement  cette  grande  unité  dans  les  silex  taillés  des  der- 
nières périodes  qui  m'a  fait  penser  que  nous  devons  à  des  civilisations 
successives  la  présence  dans  une  même  station  d'instruments  de  types 
divers. 

Dans  l'étude  des  stations  préhistoriques  de  l'Egypte  il  est  encore 
un  autre  facteur  1res  important  dont  il  doit  être  tenu  compte,  celui  de 
l'éloignement  des  diverses  localités  entre  elles.  Si  nous  admettons 
qu'au  point  de  vue  ethnique  la  race  qui  occupait  la  vallée  du  Nil  pré- 


INTRODUCTION.  —  GENERALITES  7 

sentait  une  homogénéité  parfaite,  nous  devons  penser  que  dans  toute 
l'étendue  du  pays  la  civilisation  n'était  pas  en  même  temps  aussi 
avancée.  Il  se  peut  fort  bien  que  les  populations  du  Fayoum  en  fussenl 
encore  à  des  usages  analogues  à  reu\  du  magdalénien  de  France, 
tandis  que  celles  du  Saïd  connaissaient  déjà  la  pierre  polie.  Chaque 
station  exigerait  une  étude  spéciale,  car  il  semble  certain  que  le  pas- 
sage de  la  période  quaternaire  à  l'époque  moderne  se  lit  en  Egypte 
sans  secousse,  sans  hiatus. 

Le  pays  d'Egypte  où  l'art  de  tailler  le  silex  paraît  avoir  été  le  plus 
développé  est  sans  contredit  le  territoire  compris  entre  Négadah  et 
Kawamil,  sur  la  rive  gauche  du  Nil.  Il  semble  s'être  tonné  là,  vers  la 
fin  de  la  période  robenhausienne,  un  véritable  foyerde  civilisation, 
peut-être  même  un  groupement  politique,  et  il  n'est  pas  surprenant  de 
voir  que  les  envahisseurs  fixèrent  tout  d'abord  le  centre  de  leur  gou- 
vernement dans  ces  régions  plus  civilisées  que  les  autres.  Le  sou- 
venir de  ce  fait  s'est  transmis  jusqu'à  nous  dans  la  légende  osirienne  et 
dans  les  dynasties  thinites. 

De  même  que  dans  tous  les  autres  pays  du  monde,  l'usage  du  silex 
taillé  ne  cessa  pas  en  Egypte  de  suite  après  l'apparition  des  métaux; 
il  se  continua  pendant  de  longs  siècles  encore,  tant  pour  les  besoins 
journaliers  des  classes  pauvres  que,  probablement  aussi,  pour  les  rites 
de  certaines  cérémonies  du  culte. 

La  tombe  royale  de  Négadah  ne  renfermait  pas  un  seul  instrument 
de  métal.  Les  couteaux,  racloirs,  poinçons,  etc.,  étaient  faits  de 
pierre.  Dans  celles  d'Abydos  nous  voyons  déjà  le  cuivre  prendre  une 
importance  considérable  et  ce  que  nous  connaissons  des  sépultures 
de  la  IIIe  dynastie  *ait  penser  qu'à  cette  époque  l'usage  du  silex  était 
déjà  presque  abandonné. 

Dans  les  tombeaux  très  anciens  où  le  métal  est  abondant  la  taille  du 
silex  est  déjà  moins  parfaite  que  dans  les  sépultures  antérieures;  le 
plus  haut  degré  d'habileté  dans  la  taille  de  ces  outils  semble  avoir  et'' 
atteint  peu  après  l'époque  de  l'invasion. 

Dans  les  temps  qui  suivirent  la  IIP  dynastie,  l'usage  du  silex  lut 
complètement  abandonné  dans  la  vie  courante  et  remplacé  par  l'em- 
ploi des  métaux.  Le  fait  est  certain,  car.  s'il  en  était  autrement,  le  sol  des 
nécropoles  de  l'Ancien  Empire  serait  couvert  d'éclats,  de  percuteurs, 
de  noyaux  de  nucléi  et  d'instruments  brisés  ou  rebutés;  les  ouvriers 
qui  construisirent  les  milliers  de  mastabas  que  recouvrent  les  sables 
de  Saqqarah  n'eussent  pas  pris  plus  de  soin  pour  enlever  les  débris 


8  INTRODUCTION.  —  GENERALITES 

de  silex  qu'ils  n'en  eurent  pour  les  fragments  de  vases  brisés  à  l'usage 
que  nous  retrouvons  à  chaque  coup  de  pioche. 

Au  Moyen  Empire,  sauf  peut-être  pour  quelques  cérémonies  reli- 
gieuses, le  silex  avait  été  complètement  abandonné;  l'absence  totale 
d'éclats  de  cette  matière  dans  les  nécropoles  de  la  XIIe  dynastie  à 
Dahehour  et  au  sud  de  Lichten  fait  foi  d'une  manière  absolue. 

Celte  opinion  est  loin  d'être  partagée  par  tous  ceux  qui  écrivent  sur 
l'Egypte. 

Dans  un  récent  volume  sur  les  tombeaux  de  la  XIIe  dynastie  à  Béni 
Hassan,  M.  F.  Ll.  Griffith  {Archeological  Survey  of  Egypt,  fiflh 
Memoir,  Béni  Hassan,  part  III,  Londres,  1896)  consacre  un  chapitre 
spécial  (II,  p.  33  :  The  manufacture  and  use  of  the  fllnl  knives)  à 
l'examen  des  instruments  qu'il  croit  pouvoir  considérer  comme 
ayant  été  faits  de  silex  et  dont  l'emploi  se  serait  continué  jusqu'à  la 
XIP  dynastie. 

Bien  que  je  sois  amené  à  penser,  malgré  le  manque  de  preuves 
absolues,  que  l'usage  de  la  pierre  taillée  s'est  conservé  en  Egypte, 
pour  des  usages  spéciaux,  longtemps  après  la  conquête,  je  ne  par- 
tage pas  l'opinion  de  M  F.  Ll.  Griffith  au  sujet  des  instruments  qu'il 
signale.  J'estime  qu'aucun  d'eux  ne  peut  être  considéré  comme  un 
outil  de  pierre. 

La  planche  VII  de  l'ouvrage  de  M.  F.  Ll.  Griffith  (part  III)  repré- 
sente, d'après  les  peintures  du  tombeau  n°  15  (de  Béni  Hassan),  quatre 
personnages  tenant  alternativement  de  la  main  droite  ou  de  la  main 
gauche  un  objet  oblong,  grossièrement  figuré,  et  qui  peut  être  aussi 
bien  de  section  circulaire  que  de  section  allongée,  comme  le  serait 
celle  d'un  couteau  de  silex1.  L'auteur  croit  reconnaître  dans  le  bâton 
que  tiennent  les  ouvriers,  un  fabricator;  il  est  aussi  naturel  d'y 
voir  un  pinceau,  un  ciseau  ou  tout  autre  outil.  L'attribution  que 
donne  M.  Griffith  à  l'objet  que  façonnent  les  personnages,  de  même 
que  celle  de  l'instrument  dont  ils  se  servent,  est  une  simple  hypothèse 

qui  ne  semble  pas  se  justifier. 

PO  n  ^^^..o 
|l    U.   o  et  que 

M.  Griffith  traduit  par  «  taille  de  couteaux  »  [strihing  knives),  elle  ne 


i.Si  ces  instruments  étaient  en  silex,  ils  auraient  été  des  poignards  ou  des  tètes  de 
lances  et  uoa  des  couteaux,  les  découvertes  daus  les  stations  préhistoriques  le  prou- 
vent. 


INTRODUCTION.  —  GÉNÉRALITÉS  9 

présente  pas  forcément  ce  sens.  C'est  du  moins  l'avis  de  quelques 
égyptologues  !. 

La  planche  VIII  (p.  35)  du  même  ouvrage  représente  non  pas  la 
taille  des  couteaux  de  silex,  comme  le  pense  l'auteur,  mais  plutôt  la 

fabrication  d'écuelles  de  bois. 

La  partie  septentrionale  de  la  salle  de  l'ouesl  dans  le  tombeau  n°  2 
de  Bcni  Hassan  (tome  I,  pi.  XI)  fournit  une  série  de  représentions 
où  figurent  les  principales  industries  de  cette  époque. 

Le  premier  tableau  est  celui  dans  lequel  M.  Griffith  croit  recon- 
naître la  taille  des  couteaux  de  silex,  le  second  représente  des  fabri- 
cants de  sandales  qui,  comme  on  le  sait,  étaient  souvent  faites  de  bois, 
dans  le  troisième,  un  ouvrier  creuse  un  grand  vase  (de  bois.'),  dans  le 
quatrième,  l'ouvrier  fait  des  arcs;  puis  viennent  la  fabrication  des 
paniers,  des  meubles,  des  coffres,  un  homme  sciant  des  planches. 
L'ensemble  de  ces  industries  a  rapportait  travail  du  bois;  l'on  est  en 
droit  de  se  demander  ce  que  la  taille  du  silex  serait  venue  faire  dans 
cette  série  de  tableaux  indiquant  le  travail  d'une  matière  spéciale, 
aussi  bien  définie. 

La  planche  VIII  (Béni  Hassan,  part  III)  donne  la  représentation  très 
détaillée  de  ces  prétendus  couteaux  de  silex  et,  dans  les  outils  dont 
se  sert  l'ouvrier  pour  les  fabriquer,  je  ne  puis  voir  autre  chose  qu  un 
pinceau  servant  à  peindre  l'intérieur  d'une  écuelle,  après  avoir  été 
trempé  dans  un  godet  placé  au-dessous  et  rempli  de  couleur  brune. 

Si  ces  représentations  figuraient  le  travail  du  silex,  les  Egyptiens, 
qui  sont  toujours  si  fidèles  dans  leurs  dessins,  eussent  bien  certai- 
nement représenté  les  éclats  partant  sous  le  choc  du  percuteur. 

D'autre  part,  on  ne  conçoit  guère  le  travail  d'une  matière  aussi  dure 
que  le  silex  effectué  à  l'aide  d'un  simple  bâton  tenu  sans  grand  effort 
apparent  et  sans  que  l'objet  à  tailler  soit  appuyé. 

i.  Le  verbe     |  ®,  nom  d'action  de    '®i n,   n'a  jamais   le    sens    briser  (Voir  Mas- 

pero.  Rec.  Trav.  XIX,  p.  70).  Il  signiûe  brandir  (une  arme)  agiter  un  sistre,  des  ailes) 
mouvoir  (des  rames),  et  de  là,  battre,  frapper  quelqu'un  avec  une  arme;  comme  subs- 
tantif, il  y  a  le  sens  de  coup,  plaie,  blessure.  Daus  aucun  cas  connu  jusqu*ici  il  ne  peut 

signifier  casser  ou  tailler.  Quant  au  mot     I  ^      °,  c'est  très  probablement  le  même 
.  ,  couteau,  glaive,  mot  qui  s'est  conservé  en   copte  (cHqe,  chcji'   et   même 


que    I 


en  arabe  (<JL«,).  Je  ne  vois  pas,  sans  du  reste  pouvoir  préciser  le  sens  de  l'inscription, 
qu'il  s'agisse  ici  de  la  taille  de  couteaux  de  silex.  (Note  communiquée  par  M.  G. 
Jéquier.) 


10 


INTRODUCTION.  —  GÉNÉRALITÉS 


La  l'orme  concave  des  objets  que  fabriquent  ces  ouvriers  est  dé- 
montrée par  le  tableau  (p.  35)  lui-même,  car  à  la  gauche  de  la  repré- 
sentation, on  voit  les  objets  terminés  empilés  et  rentrant  les  uns  dans 
les  autres.  Ceux  placés  au-dessus  des  ouvriers  sont,  suivant  l'usage 
artistique   des  Egyptiens,  semés  dans  le  ciel  du  ta- 
bleau, tandis  que  ceux  de   gauche,  qui  déjà   ont  été 
remis  au  surveillant  du  travail,  sont  mis  en  piles  au 


magasin. 


frJz-^B:'ÈiA\&  j 


Les  planches  IX  et  X,  ainsi  que  les  figures  placées 
aux  pages  36  et  37  {Béni Hassan,  part  III)  représentent 
des  couteaux  tenus  en  main  et  prêts  à  être  employés. 
Dans  les  tableaux  d'où  elles  ont  été  prises,  les  bou- 
chers portent  à  la  ceinture  un  aiguisoir  (pi.  IX,  fig.  7) 
ou  sont  représentés  aiguisant  leur  couteau  (pi.  IX, 
fig.  4  et  6,  pi.  X,  fig.  1).  L'usage  de  l'aiguisoir  est  par- 
faitement déterminé  et  indiscutable;  on  le  retrouve 
dans  toutes  les  scènes  de  l'Ancien  et  du  Moyen  Em- 
pire où  sont  figurés  des  bouchers  (fresques  de  Dah- 
chour,  IIIe  dynastie  ;  tombeaux  de  Ti,  de  Mera,  de 
Ptah-Chepsès  à  Saqqarah  et  à  Abou-Sir).  Or,  seules 
les  lames  métalliques  peuvent  être  rendues  tran- 
chantes par  ce  procédé.  Le  silex,  pour  être  poli  et 
aiguisé,  doit  être  frotté  sur  un  bloc  de  dimensions 
plus  importantes  et  d'une  roche  très  dure  et  encore 
est-ce  plutôt  en  le  retaillant  qu'en  le  polissant  qu'on 
obtient  les  tranchants  aigus. 

Il  ne  peut  donc  subsister  aucun  doute  sur  la  ma- 
tière dont  étaient  faits  les  couteaux  des   bouchers  : 
ils  étaient  de  métal,  et  la  couleur  jaune  que  portent 
leurs  représentations  indique  qu'ils  étaient  de  bronze. 
Dans  le  temple  de  Deir  el-Bahri  se  trouve  une  repré- 
sentation du  dépeçage  d'un  bœuf:  le  boucher  tient  à 
la  main  un  couteau  en  tout  semblable  à  ceux  figurés  par  M.  Griffith, 
mais  muni  près  du  dos  d'une  rainure  qui  ne  laisse  aucun  doute  sur  sa 
nature  métallique. 

Enfin  j'ai  trouvé  cette  année  même  en  pratiquant  des  fouilles  dans 
la  montagne  à  l'ouest  de  la  vallée  des  Rois  à  Thèbes,  dons  un  terrain 
oii  tous  les  vestiges  rencontrés  appartenaient  aux  XVIII0,  XIX0  ou 
XXe  dynasties,  un  couteau  à  lame  de  fer  (fig.  8)  exactement  fait  comme 


Fig.  8. --Couteau 
à   lame  de  1er 
emmanché  de 

corne    (Thèbes). 

ï/2  grandeur  na- 
turelle. 


INTRODUCTION.  —  GENERALITES  I  | 

les  couteaux  de  boucliers  figurés  sur  les  monuments.  Bien  que 
l'époque  à  laquelle  remonte  cet  instrument  ne  soit  pas  fixée  d'une 
manière  absolue,  cette  découverte  ne  prouve  pas  moins  que  des  cou- 
teaux de  celte  l'orme  et  en  métal  étaient  encore  en  usage  à  des 
époques  relativement  récentes. 

La  forme  elle-même  de  ces  instruments  (pi.  X,iig.  2,  •>,  4  et  5  de  Béni 
Hassan)  est  celle  des  couteaux  de  bronze  que  nous  possédons  dans  les 
musées  et,  si  la  silhouette  des  écuelles  que  fabriquent  les  ouvriers 
représentées  dans  la  tombe  nQ  2  offre  une  analogie  avec  les  couteaux 
de  silex  que  nous  rencontrons  dans  les  nécropoles  et  les  stations 
préhistoriques,  cette  ressemblance  n'est  que  fortuite  et  due  au 
manque  absolu  de  perspective  dans  les  représentations  égyptiennes. 

Les  explications  que  donne  M.  F.  Ll.  Griffith  au  sujet  des  couteaux 
de  silex  ne  reposent  donc  que  sur  des  suppositions  très  refutables  et 
ne  prouvent  pas  que  l'usage  du  silex  taillé,  même  pourdes  cas  spéciaux 
et  dans  le  rite  des  sacrifices,  se  soit  continué  pendant  le  Moyen  Em- 
pire. A  ce  sujet  on  est  allé  jusqu'à  dire  qu'à  l'époque  actuelle,  il  y  a 
quinze  ans  à  peine,  beaucoup  de  fellahines  portaient  encore  aux  bras  et 
aux  jambes  des  bracelets  de  silex.  M.  G.  Jéquier  et  moi-même  nous 
nous  sommes  livrés  à  une  enquête  très  complète  sur  cette  question, 
et  il  résulte  de  notre  étude  que  cette  allégation  est  du  domaine  de 
la  fantaisie  '. 

Nous  sommes  donc  amené  à  considérer  l'usage  courant  du  silex 
taillé  en  Egypte  comme  s'étant  éteint  bien  avant  la  fin  de  l'Ancien 
Empire2.  Ce  fait  n'a  rien  que  de  très  naturel  :  il  est  conforme  à  la  loi 
générale  qui  se  manifeste  dans  les  autres  régions.  Les  avantages  que 
comportent  les  armes  et  les  instruments  de  métal  sur  les  analogues 

i.  M.  U.  Bouriant  m'affirme  que  vers  1880,  les  fellahs  se  servaient  eucore  d'éclats 
de  silex  pour  se  raser  la  tète.  Il  a  constaté  l'existence  de  cet  usage  au  Caire,  à  Louxor, 
à  Abydos,  etc...,  et  M.  Maspero,  dans  son  Histoire  (édition  illustrée,  p.  5o,  n.  1)  rap- 
pelle ce  fait  dont  Yakoub  Pacha  Artiu  avait  déjà  entretenu  l'Institut  égyptien.  Pendant 
l'hiver  de  1896-97,  M.  G.  Jéquier  et  moi  nous  avons  entrepris  une  investigation  très 
soigneuse,  alors  que  nous  nous  trouvions  dans  les  environs  de  Kawamil  et  d1  Abydos, 
Nous  n'avons  pas  rencontré  la  moindre  trace  de  cette  coutume  dont  les  fellahs 
n'avaient  même  pas  conservé  le  souvenir. 

2.  Dans  un  mastaba  de  Gizeh  qu'on  peut  voir  encore  et  qui  a  été  publié  par  Lepsius 
on  distingue  un  ouvrier  aiguisant  un  couteau  et  de  l'instrument  part  une  série  de  points 
figurés  sur  le  bas-relief.  On  a  supposé  que  ces  points  n'étaient  autres  (pie  les  éclats 
de  la  pierre  et  que  le  couteau  Gguré  était  en  silex.  Mais  on  peut  croire  aussi  que  les 
points  figurent  des  étincelles  et  que  la  lame  du  couteau  étant  de  fer  donnait  du  feu 
sous  le  frottement  de  l'aiguisoir. 


12  INTRODUCTION.  —  GÉNÉRALITÉS 

de  silex  sont  tels  qu'en  dehors  des  coutumes  religieuses  comme 
la  circoncision,  l'usage  de  la  pierre  ne  persista  encore  quelque  temps 

après  la  découverte  du  bronze  que  par  suite  du  prix  élevé  des  métaux 
et  de  la  pauvreté  des  populations  conquises  par  les  envahisseurs. 
N'aurions-nous  pas  de  preuves  certaines  de  cette  évolution  que  nous 
devrions  cependant  l'admettre,  car  elle  est  générale  et  rationnelle;  elle 
est  naturelle,  aussi  bien  pour  l'Egypte  que  pour  les  autres  pays  du 
monde,  et  si  quelques  égyptologues  ont  cru  pouvoir  y  déroger,  c'est 
qu'ils  s'appuyaient  sur  des  observations  mal  relevées.  Je  l'ai  sura- 
bondamment démontré  dans  mon  volume  de  1896. 

En  ce  qui  concerne  le  passage  de  la  pierre  aux  métaux,  nous  sommes 
aujourd'hui  plus  riches  en  documents  que  lors  de  mon  avant-dernier 
voyage  en  Haute-Egypte  (1895-96).  Il  a  été  découvert  depuis  un  très 
grand  nombre  de  nécropoles  ;  des  fouilles  fort  importantes  ont  été 
effectuées  sur  bien  des  points  de  la  vallée  du  Nil,  non  seulement  par 
moi-même  en  compagnie  d'égyptologues  très  versés  dans  les  choses 
de  l'Egypte,  mais  par  des  étrangers  et  des  savants  appartenant  au  Ser- 
vice des  antiquités. 

De  ces  nombreuses  observations,  sur  lesquelles  je  m'étendrai  plus 
longuement  en  traitant  des  usages  funéraires,  il  résulte  que  les  tom- 
beaux antérieurs  à  l'arrivée  des  Egyptiens  sont  fort  différents  de  ceux 
des  premiers  temps  pharaoniques,  que  dans  ces  deux  groupes  de  sé- 
pultures les  armes,  les  vases  diffèrent  également  et  qu'aujourd'hui  il 
est  aisé  de  distinguer  la  catégorie  à  laquelle  on  a  affaire  sur  la  seule 
inspection  d'un  fragment  de  vase. 

J'avais,  l'an  passé,  établi  une  phase  de  transition  distincte  entre 
l'état  de  civilisation  néolithique  et  celui  des  premiers  âges  pharao- 
niques ;  cette  division  doit  être  supprimée,  car  les  deux  états  de  la  civi- 
lisation égyptienne  se  confondent.  L'usage  des  métaux  apparaît  en 
même  temps  que  celui  des  signes  hiéroglyphiques,  au  moment  où 
l'histoire  commence  ou  plutôt  débutera,  car  aujourd'hui  encore  les 
égyptologues  ne  peuvent  interpréter  les  inscriptions  rudimentaires 
que  leur  fournissent  ces  tombeaux  très  anciens. 

Les  récentes  découvertes  nous  conduisent  depuis  les  temps  les  plus 
reculés  de  l'âge  de  la  pierre  jusqu'aux  premiers  souverains  pharao- 
niques. De  ces  rois  nous  possédons  une  vingtaine  de  noms.  Reste  aux 
linguistes  à  lire  ces  bannières,  à  savoir  quels  étaient  les  cartouches 
de  ces  monarques  et  à  relier  les  personnages  qu'ils  désignent  aux 
souverains  connus  dans  l'histoire  classique  de  l'Ancien  Empire. 


[NTRODUCTION.  —  GÉNÉRALITÉS  l.; 

Peu  de  temps  après  la  publication  de  mon  volume  sur  L'Age  de  la 
pierre  ci  les  métaux  en  Egypte  paraissail  un  très  intéressant  ouvrage 
de  M.  Flinders  Pétrie  sur  ses  fouilles  dans  la  région  de  Négadah, 
Toukh  et  Ballas. 

Le  titre  du  livre,  Naqada  and  Ballas,  n'esl  pas  heureusemenl 
choisi  car  jamais  l'archéologue  anglais  n'.i  I  im\  aillé  dans  les  environs 
de  Négadah  ;  s'il  l'eût  fait  il  aurait  bien  certainement  découvert  le  tom- 
beau royal  que  j'ai  fouillé  en  février  1897.  Le  centre;  principal  de  ses 
opérations  fut  à  Toukh,  site  dont  il  explora  la  uécropole,  le  kjœkken- 
mœdding  qu'il  désigne  sous  le  nom  à'Old  town  et  la  ville  pharaoni- 
que Non  ht. 

Pendant  que  M.  Pétrie  en  personne  dirigeait  les  travaux,  M.  Quibell 
explorait  les  environs  de  Ballas.  De  ces  fouilles  très  consciencieuse- 
ment conduites  résulta  un  nombre  considérable  de  documents  dont 
M.  Pétrie  donne  une  description  très  complète.  Il  est  regrettable 
cependantde  voir  figurer  dans  un  livre,  qui  devrait  n'être  qu'une  mo- 
nographie, un  grand  nombre  d'objets  achetés  et  dont  les  provenances 
incertaines  sont  de  nature  à  induire  en  erreur.  Ce  mélange  nuit  à  la 
clarté  des  déductions  qu'il  est  possible  de  tirer  des  faits  précis  relevés 
par  l'auteur. 

Quoi  qu'il  en  soit,  l'ouvrage  de  M.  Flinders  Pétrie  est  d'une  impor- 
tance très  considérable  au  point  de  vue  des  documents  qu'il  renferme. 
Les  observations  qui  s'y  trouvent  consignées  ont  été  faites  avec  beau- 
coup de  méthode  et  une  parfaite  bonne  foi,  et  presque  toutes  con- 
cordent avec  celles  relevées  par  le  Service  des  antiquités  depuis 
plusieurs  années.  Nous  sommes  d'accord,  M.  Pétrie  et  moi.  sur  les 
observations;  c'est  sur  les  conclusions  seulement  que  nos  opinions 
diffèrent. 

La  première  conclusion  de  M.  Flinders  Pétrie  est  ainsi  formulée  : 
«  Ces  séries  d'objets  étrangers  ne  sont  pas  choses  isolées,  mais 
appartiennent  à  une  population  nombreuse  qui  s'étendit  sur  toute  la 
Haute-Egypte1.  »  Cette  opinion  s'est  trouvée  confirmée  dès  les  débuts 
des  études  préhistoriques  en  Egypte.  Nous  savons  aujourd'hui  d'une 
manière  certaine  que  le  peuple  en  question  vécut  dans  tous  les  pays 
situés  entre  Silsileh  et  Sohag,  c'est-à-dire  sur  une  longueur  de 
350  kilomètres  dans  la  vallée  du  Nil  et  qu'il  habita  les  deux  rives  du 
fleuve.  Au  nord  et  au  sud  les  recherches  n'ont  pas  encore  été  faites 

i.  Fl.  Pétrie,  Naqada  and  Ballas,  p.  60. 


I  i 


INTRODUCTION.  —  GÉNÉRALITÉS 


d'une  manière  assez  précise  et,  bien  que  l'on  connaisse  de  nombreuses 
stations  néolithiques,  les  nécropoles  n'ont  pas  encore  été  rencontrées; 
mais  les  stations  préhistoriques  nous  conduisent  d'une  part  jusqu'à 
Wadi-Halfa,  d'autre  part  jusqu'aux  environs  du  Caire,  formant  une 
chaîne  continue  au  travers  de  l'Egypte,  comprenant  le  Fayoum  et  les 
Oasis. 

L'extension  de  cette  race  fut  donc  plus  grande  encore  que  M.  Pétrie 
ne  le  suppose,  elle  occupa  toute  la  vallée  du  Nil. 

Afin  de  montrer  combien  étaient  différents  les  usages  de  ce  qu'il 
nomme  la  New  race  et  les  coutumes  des  Egyptiens  pharaoniques, 
M.  Pétrie  met  en  comparaison  les  principaux  traits  caractéristiques 
des  sépultures  des  deux  peuples  fouillées  par  lui. 


Caractéristiques  égyptiennes. 


Caractéristiques  do  la  nouvelle  rare. 


1.  Inscriptions. 

2.  Sculptures. 

3.  Tombes  en  forme  de  cham- 

bre. 

4.  Tombes  dans  les  falaises. 

5.  Cercueils. 

6.  Corps  étendu. 

7.  Momification. 

8.  Tête  en  place. 

9.  Capacité  du  crâne,  1460. 

10.  Indice  nasal,  48°, 5. 

11.  Armes,  arcs  et  flèches. 

12.  Haches  à  surface  conoïde. 

13.  Haches  à  oreilles  (lug  axes). 

14.  Bâtons  armés  de  cuivre. 

15.  Amulettes  funéraires. 

16.  Perles  globuleuses  généra- 

lement en  poterie 

17.  Miroirs  de  cuivre. 

18.  Scarabées. 

19.  Vases  canopes. 


i.  Marques      grossières      non 
groupées. 

2.  Grande  incapacité  pour  les 

formes. 

3.  Puits  couverts. 

4.  Tombeaux  dans  la  vallée. 

5.  Ensevelissement    dans    des 

étoffes. 
6    Corps  replié. 

7.  Séparation  des  membres. 

8.  Tête  généralementdétachée. 

9.  Capacité  du  crâne,  1310. 

10.  Indice  nasal,  53°, 7. 

11.  Têtes  de   lances  fourchues. 

12.  Hachettes  ovales  en  silex. 

13.  Beaux  couteaux  de  silex. 

14.  Poignards  quadrangulaires. 

15.  Cendres. 

16.  Perles  cylindriques,  généra- 

lement en  pierre. 

17.  Palettes  de  schiste. 

18.  Beaux  bracelets  de  silex. 

19.  Jarres  de  graisse. 


INTRODUCTION.  -  GÉNÉRALITÉS  15 

Caractéristiques  égyptiennes'.  Caractéristiques  de  la  nouvelle  race, 

a.  b. 

20.  Poterie  faite  au  tour.  20.  Poterie  faite  à  la  main. 

rouge  polie. 

—  rouge  el  noire 

—  rougeornéede  blanc . 

—  peinte. 

—  gravée. 

Ces  caractéristiques  dans  leur  ensemble  peuvent  être  considérées 
comme  exactes,  les  dernières  découvertes  permettraient  peut-être  de 
faire  deux  divisions  dans  les  sépultures  de  la  New  race,  mais  telles 
quelles,  les  listes  sont  suffisantes  pour  qu'il  soit  permis  d'entrer  dans 
des  considérations  d'un  ordre  général.  Je  reviendrai  d'ailleurs  plus 
loin  sur  les  distinctions  qu'il  y  a  lieu  de  faire  entre  les  tombeaux  an- 
térieurs à  l'arrivée  des  Egyptiens  dans  la  vallée  du  Nil  et  ceux  qui  lui 
sont  postérieurs. 

Le  fait  principal  qui  se  dégage  de  la  comparaison  de  ces  deux 
listes,  est  que  les  usages,  les  mœurs,  les  industries  et  les  aptitudes 
des  deux  peuples  étaient  absolument  différents,  que  ces  deux  races 
ne  possédaient  aucun  caractère  commun,  que  l'une,  la  race  pharaoni- 
que, était  parvenue  à  un  degré  très  avancé  de  civilisation,  connaissait 
les  métaux,  les  arts,  l'écriture,  le  tour,  l'émail,  tandis  que  l'autre,  la 
New  race,  se  trouvait  encore  réduite  aux  industries  rudimentaires, 
ignorait  l'écriture  et  faisait  usage  d'instruments  de  pierre. 

Non  seulement  ces  deux  peuples  différaient  par  leurs  usages  et 
leurs  connaissances,  mais  physiquement  aussi  ils  n'avaient  rien  de 
commun.  Nous  en  voyons  la  preuve  dans  les  mesures  que  donne 
M.  FI.  Pétrie  de  l'indice  nasal  et  de  la  capacité  du  crâne.  Les  consi- 
dérations anthropologiques  fournies  par  M.  Pétrie  lui-même  et  par 
M.  le  Dr  Fouquet  en  sont  une  preuve  irréfutable. 

A  ces  considérations  capitales,  il  convient  d'en  ajouter  d'autres 
non  moins  importantes. 

1°  Les  sépultures  de  la  New  race  ne  renferment  pas  la  moindre  trace 
d'objets  de  fabrication  égyptienne  pharaonique1. 

2°  On  ne  trouve  aucun  vestige  d'influence  égyptienne  pharaonique 
dans  les  arts  ou  les  industries  de  la  New  race. 

i.  «This  new  race  possessed  an  entirely  (HITerent  culture  to  that  oi'  the  Egyptians 
and  had  no  apparent  connection  with  them   »   (FI.  Pétrie,  Naqada  and   Balltis,  p.  6o). 


16  INTRODUCTION.  —  GÉNÉRALITÉS 

3°  Les  industries  des  Égyptiens  pharaoniques  ont  fait  de  nombreux 
emprunts  aux  industries  de  la  New  race. 

Il  résulte  de  ces  observations  que  les  deux  races  ne  vécurent  pas 
côte  à  côte,  qu'il  n'y  eut  aucun  rapport  entre  les  hommes  de  la  New 
race  et  les  Egyptiens  pharaoniques  et  que,  par  suite,  ces  deux  races 
n'occupèrent  pas  le  pays  en  même  temps. 

Si  des  rapports  eussent  existé,  bien  certainement  la  race  la  plus  ci- 
vilisée eût  transmis  à  la  moins  avancée  un  grand  nombre  de  sesusages, 
de  ses  coutumes,  de  ses  procédés  industriels  ;  les  objets  égyptiens 
eussent,  dans  bien  des  cas,  été  adoptés  par  les  populations  inférieures, 
ne  fût-ce  que  les  instruments  de  métal,  les  perles  de  pâte  et  les  menus 
ornements  qui  abondent  dans  les  tombes  pharaoniques. 

L'un  des  peuples  précéda  donc  l'autre  sur  le  sol  de  l'Egypte  et  le 
premier  occupant  ne  peut  être  que  la  New  race,  puisqu'elle  n'a  rien 
emprunté  à  l'autre  malgré  son  degré  de  civilisation  moins  avancé.  La 
New  race  de  M.  Flinders  Pétrie  devient  donc  une  véritable  old  race, 
celle  des  aborigènes,  que  les  Egyptiens  pharaoniques  rencontrèrent 
quand  ils  envahirent  l'Egypte. 

M.  W.  Flinders  Pétrie  attribue  à  \&New  race  une  époque  au  sujet 
de  laquelle  je  ne  partage  pas  son  avis.  Voici  le  paragraphe  dans  lequel 
il  fixe  l'âge  qu'il  croit  devoir  donner  aux  sépultures  de  ces  popula- 
tions : 

(Naqada  and  Ballas,  p.  60,  2e  colonne,  paragr.  D).  «  Des  tombes  con- 
tenant presque  dans  tous  les  cas  des  vases  de  pierre  de  la  IVe  dynastie 
renferment  des  sépultures  postérieures  [intrusive  burials)  de  la  nou- 
velle race. 

«  No  524  (Ballas)  présentait  une  sépulture  ruinée  de  l'Ancien  Em- 
pire; dans  la  chambre  et  sur  l'escalier  d'entrée,  un  corps  situé  dans 
la  même  position  que  ceux  de  la  nouvelle  race. 

«  IV  764  (Ballas).  La  chambre  renfermait  des  vases  d'albâtre  de  l'An- 
cien Empire;  dans  les  débris  qui  remplissaient  l'escalier,  il  a  été  ren- 
contré des  fragments  de  vases  en  poterie  rouge  et  noire  et  une  coupe 
appartenant  à  la  nouvelle  race. 

«  N°  179  (Ballas)  présente  une  tombe  ayant  la  forme  de  celles  de  l'An- 
cien Empire  renfermant  dans  la  chambre  une  sépulture  de  la  nouvelle 
race  accompagnée  de  vases,  un  autre  vase  se  trouvait  dans  l'escalier; 
des  cists  de  poterie  imitant  le  bois  qui  semblent  appartenir  à  l'Ancien 
Empire  parce  qu'ils  sont  trouvés  dans  les  restes  des  tombes  de  cette 
époque  et  parce  que  la  nouvelle  race  ne  faisait  pas  de  cercueils;  ces 


INTRODUCTION.  —  GÉNÉRALITÉS  i; 

cists  sont  souvent  trouvés  réemployés  pour  enterrer  des  corps  appar- 
tenant à  la  nouvelle  race.  » 

Résultat  :  la  New  race  est  postérieure  à  la  TV*  dynastie. 

Les  vases  d'albâtre  que  M.  Flinders  Pétrie  attribue  à  L'Ancien  Em- 
pire (IVe  à  VIe  dynasties)  sonl  plus  abondants  encore  dans  les  sépul- 
tures d'Abydos  et  de  Négadah  que  dans  1rs  tombes  dont  La  date 
reconnue  depuis  Longtemps  comme  appartenant  à  l'histoire;  par  con- 
séquent, aucun  argument  ne  peut  être  tiré  de  leur  présence  dans  les 
sépultures  de  Ballas,  dont  beaucoup  sont  contemporaines  des  sépul- 
tures royales  de  Négadah  et  d'Abydos. 

A  l'époque  des  tombes  royales  d'Abydos  et  de  Négadah  il  est  fré- 
quent de  rencontrer  des  corps  repliés  à  la  manière  de  la  New  race  de 
M.  FI.  Pétrie. 

La  poterie  rouge  et  noire  était  en  usage  en  même  temps  que  les 
vases  de  pierre  dure  et  d'albâtre,  le  tombeau  royal  de  Négadah  en 
fournit  une  preuve  irréfutable. 

Dire  qu'une  tombe  présente  la  forme  de  l'Ancien  Empire  est  trop 
s'avancer;  car  nous  ne  possédons  à  l'heure  actuelle  que  bien  peu  de 
documents  sur  la  forme  que  présentaient  les  tombes  contemporaines 
des  rois  d'Abydos  et  de  Négadah.  11  semblerait,  d'après  les  fouilles  de 
M.  Amélineau  et  mes  propres  travaux,  que  les  usages  funéraires  des 
premiers  Egyptiens  n'étaient  pas  encore  fixés.  Nous  avons,  en  tout  cas, 
rencontré  des  sépultures  de  formes  très  différentes. 

Les  cists  ou  caisses  en  poterie  n'appartiennent  pas  à  la  partie  de 
l'Ancien  Empire  comprenant  les  IVe,  Ve  et  VIe  dynasties,  mais  sont 
plus  anciennes  et  contemporaines  des  premiers  Égyptiens  :  les  fouilles 
à  Kawamil  le  prouvent. 

Aucun  des  arguments  mis  en  avant  par  M.  Flinders  Pétrie  en  faveur 
de  son  opinion  relative  à  la  date  des  sépultures  de  la  New  race  ne 
peut  subsister;  bien  au  contraire,  les  récentes  découvertes  ont  plei- 
nement démontré  que  ces  raisons  mêmes  sont  en  faveur  de  la  très 
haute  antiquité  de  la  New  race.  Mais  nous  trouvons  dans  l'explication 
que  M.  FI.  Pétrie  donne  de  l'existence  de  cette  race  aux  époques 
historiques  de  nouvelles  preuves  contre  l'opinion  de  l'archéologue 


anglais. 


M.  Flinders  Pétrie  suppose  qu'entre  l'Ancien  et  le  Moyen  Empire 
il  y  eut  une  invasion  de  Libyens  dont  la  trace  n'est  pas  restée  dans 
l'histoire,  «  nous  pouvons  alors,  dit-il,  placer  la  date  de  ces  restes 
entre  3300  et  3000  avant  J.-C.  »,  et  plus  loin  :  «  les  envahisseurs  dé- 

2 


18  INTRODUCTION.  —  GENERALITES 

truisirentou  chassèrent  toute  la  population  égyptienne  et  occupèrent 
seuls  la  Thébaïde  ». 

A  la  fin  de  l'Ancien  Empire,  l'Egypte  était  déjà  très  civilisée;  ses 
armées  s'étaient  avancées  au  loin  en  Asie  comme  en  Afrique,  ses 
rois  o-ouvernaient :  d'immenses  territoires  et  construisaient  les  édifices 
grandioses  que  nous  admirons  encore  aujourd'hui. 

Gomment  supposer  que  cette  puissance, que  ces  armements,  durent 
céder  à  des  sauvages  armés  de  pierre  l'une  des  plus  riches  contrées 
de  l'Egypte,  longue  de  350  kilomètres,  sinon  la  totalité  du  pays? 
Comment  admettre  que  les  prétendus  envahisseurs  expulsèrent  ou 
massacrèrent  toute  la  population  de  l'Egypte  sans  qu'il  en  restât  la 
moindre  trace  ?  que  les  envahisseurs  avaient  un  tel  mépris  pour  la  po- 
pulation supérieure  qu'ils  venaient  de  renverser  qu'ils  ne  la  pillèrent 
pas,  n'employèrent  aucun  objet  égyptien,  n'adoptèrent  aucune  des 
coutumes  pharaoniques  ? 

Les  explications  que  donne  M.  FI.  Pétrie  ne  sont  pas  soutenables 
au  point  de  vue  scientifique,  pas  plus  d'ailleurs  que  les  observations 
sur  lesquelles  il  s'appuie  pour  dire  que  la  New  race  vécut  postérieu- 
rement à  la  IVe  dynastie.  Ses  arguments  pèchent  par  la  base,  puisque 
nous  voyons  apparaître,  dans  les  tombes  égyptiennes  les  plus  an- 
ciennes que  nous  connaissions,  les  objets  que  M.  FI.  Pétrie  attribue 
à  des  temps  postérieurs  et  sur  lesquels  il  appuie  son  raisonnement. 
Ces  appréciations  étaient  prématurées,  car  lorsque  M.  Pétrie  a  écrit 
son  livre  il  n'avait  à  sa  disposition  que  des  documents  très  peu  nom- 
breux et  provenant  tous  de  la  même  localité.  Aucun  examen  critique 
n'était  encore  possible. 

Il  semble  aujourd'hui  prouvé  que  l'âge  de  la  pierre  pur  s'est  pro- 
longé en  Egypte  jusqu'à  l'arrivée  des  premiers  Egyptiens  qui  ap- 
portèrent l'usage  des  métaux;  que  les  indigènes  plaçaient  leurs 
morts  dans  le  sol  couchés  sur  le  côté,  et  que,  dès  l'invasion  pharao- 
nique, les  usages  funéraires  commencèrent  à  se  modifier;  qu'au 
début,  beaucoup  de  cadavres  furent  démembrés,  peut-être  même 
décharnés,  bien  que  les  vieilles  coutumes  aient  encore  été  suivies 
dans  certains  cas. 

La  période  qui  suivit  l'invasion  semble  avoir  été  l'époque  la  plus 
florissante  en  ce  qui  concerne  l'art  de  travailler  la  pierre  pour  en  faire 
des  vases;  le  bronze  et  l'or  étaient  alors  connus,  les  hiéroglyphes 
déjà  fixés,  l'art  pharaonique  commençait  à  se  développer. 

Après  les  rois  de  Négadah  et  d'Abydos  se  trouve  une  lacune  dont 


i.vi  RODUCTION.  -  GÉNÉRALH  I  - 


19 


nous  ne  pouvons  connaître  la  durée,  puis  apparatl  l'Egypte  pharao- 
nique en  possession  de  toute  su  civilisation  historique. 

Quant  à  l'origine  des  Égyptiens  h  de  leur  civilisation,  quant  au 
berceau  de  la  race  comme  de  ses  usages  et  de  ses  tendances  artistiques 

je  n'aurais  pas  repris  celle  importante  question  si  mes  collègues  «If- 
la  Société  anthropologique  de  France  ne  l'avaienl  soulevée  toul  der- 
nièrement1. La  discussion  débuta  par  un  compte  rendu  ,|(.  .M.  Q  Je 
Mortillet,  sur  mon  livre  Vâgede  Ut  pierre  et  les  métaux  ru  Egypte.  Le 

savant  préhistorieien,  dont  l'opinion  esl  d'un  si  grand  poids  dans  les 
questions  relatives  aux  origines,  s'exprima  en  ces  terni 

«  D'où  provenaient  ces  envahisseurs  ?  M.  de  Morgan  les  faitarrriver 
d'Asie,  car  ils  apportaient  la  métallurgie  et,  suivant  lui,  la  métallurgie, 
l'invention  du  bronze,  viennent  de  l'Asie  centrale,  de  la  Chine  méri- 
dionale. Je  ne  m'étends  pas  davantage  sur  la  partie  fort  importante  de 
l'ouvrage  qui  concerne  les  métaux,  parce  que,  bien  que  partageant 
les  idées  de  M.  de  Morgan  concernant  l'origine  du  bronze,  je  ne  suis 
pas  de  son  avis  sur  la  source  de  la  civilisation  égyptienne.  Il  la  croit 
asiatique,  je  la  crois  africaine.  » 

Reprenant  la  même  question,  M.  Zaborowski  ajouta  : 

«  Je  suis  très  heureux  que  M.  G.  de  Mortillet  ait  bien  voulu  nous 
donner  un  compte-rendu  du  livre  de  M.  de  Morgan.  Je  lui  avais 
d'ailleurs  demandé  son  avis  sur  certaines  tendances  que  j'y  avais  vu 
exprimées,  bien  que  je  ne  l'aie  pas  encore  lu.  Dans  son  ouvrage  sur  le 
Caucase,  M.  de  Morgan  n'a  élevé  aucune  critique  sur  les  données 
courantes  de  l'histoire,  et  il  est  même  resté  fidèle  à  la  légende  clas- 
sique sur  l'origine  des  éléments  de  la  civilisation.  Ses  études  sur 
l'Egypte  ont-elles  changé  sa  manière  de  voir?  En  tout  cas  M.  de 
Mortillet  vient  de  nous  dire  qu'il  ne  la  partage  pas.  Lorsque,  pour 
mon  compte,  j'ai  étudié  les  éléments  premiers  decette  civilisation  du 
Nil,  si  étonnante  par  son  ancienneté,  ce  qui  m'a  frappé  surtout  c'est 
leur  physionomie  africaine.  Personne  jusqu'à  présent  n'a  pu,  même 
par  hypothèse,  nous  indiquer  un  lieu  du  monde  ou  un  peuple  en  pos- 
session de  ces  mêmes  éléments  de  culture  avant  l'Egypte.  » 

Depuis  que  j'ai  écrit  mes  deux  volumes  sur  le  Caucase,  mon  opinion 
ne  s'est  pas  modifiée,  mais  je  n'entrerai  pas  ici  dans  une  discussion 
générale  sur  les  origines  de  la  civilisation  asiatique  et  européenne,  un 
pareil  sujet  serait  déplacé  dans  ce  volume.  Je  me  contenterai  de  re- 

i.  Séance  du  18  décembre  1896, 


20  INTRODUCTION.  —  GENERALITES 

prendre  l'une  après  l'autre  les  raisons  qui  militent  en  faveur  de 
l'opinion  qui  fait  venir  de  l'Asie  les  premiers  Egyptiens,  espérant 
fournir  des  preuves  suffisantes  pour  éclairer  la  question  d'un  jour 
nouveau  et  la  trancher-,  mais,  avant  tout,  je  dois  rendre  hommage  à  la 
courtoisie  parfaite  avec  laquelle  les  diverses  opinions  ont  été  ex- 
primées à  la  Société  anthropologique  de  France. 

Linguistique.  —  Bien  que  partisan  de  l'origine  africaine  des  pre- 
miers Egyptiens,  M.  G.  Maspero  '  reconnaît  une  parenté  réelle  entre 
les  idiomes  sémitiques  et  la  langue  des  Pharaons  :  «  On  peut  presque 
affirmer  que  la  plupart  des  procédés  grammaticaux  en  usage  clans  les 
langues  sémitiques  se  retrouvent  dans  l'égyptien  à  l'état  rudimen- 
taire.  On  dirait  que  le  parler  des  habitants  de  l'Egypte  et  ceux  des 
peuples  sémites,  après  avoir  appartenu  à  un  même  groupe,  se  sont 
séparés  de  très  bonne  heure,  dans  un  temps  où  leur  système  gram- 
matical flottait  encore.  Soumises  à  des  influences  différentes,  les  deux 
familles  auraient  traité  de  façon  diverse  les  éléments  qu'elles  possé- 
daient en  commun.  » 

Or  nous  connaissons  les  langues  sémitiques  et  égyptienne  d'après 
des  documents  presque  contemporains,  remontant  à  une  antiquité 
très  reculée,  par  conséquent  très  voisins  de  l'origine  commune 
Nos  appréciations  ont  donc  bien  plus  de  poids  que  si  nous  les  fai- 
sions porter  sur  des  langues  dont  nous  ne  connaîtrions  que  la  forme 
moderne.  Cette  opinion  d'un  linguiste  dont  l'autorité  est  absolument 
indiscutable  est  d'un  poids  considérable  dans  la  question. 

Ecriture.  —  Plus  de  quatre  mille  ans  avant  notre  ère  il  n'existait 
dans  le  monde  entier  que  deux  peuples  en  possession  de  l'écriture  : 
les  Ghaldéens  sémites  et  touraniens  qui  vivaient  côte  à  côte,  et  les 
Egyptiens  habitant  un  pays  fort  éloigné  des  rives  de  l'Euphrate.  Ces 
deux  écritures  étaient  issues  d'une  même  origine,  la  figuration  dos 
objets,  et  cette  idée  primitive  avait  été  interprétée  de  deux  manières 
différentes  suivant  la  nature  du  pays  où  elle  s'était  développée.  Nous 
trouvons  donc  là  encore  un  lien  entre  les  peuples  qui  nous  occu- 
pent. 

On  dira  que  l'interprétation  de  la  pensée  à  l'aide  de  la  représenta- 
tion a  été  découverte  chez  les  Esquimaux,  les  Indiens  de  l'Amérique 
et  chez  d'autres  peuples  et  que,  par  suite,  il  se  peut  qu'elle  ait  été  dé- 
couverte en  même  temps  en  Afrique  etenChaldée.  S'il  en  était  ainsi, 

i.  Histoire  ancienne  des  peuples  de  l  Orient,  p.  46. 


[NTRODUCTION.  -  GÉNÉRALITÉS  Jl 

nous  en  rencontrerions  des  traces  chez  les  nègres  africains  et,  à  ma 
connaissance,  il  n'en  existe  pas.  Il  semble  plus  rationnel  d'admettre 
que  la  découverte  fut  unique  et  que  l'un  des  peuples  la  transmit  à 
l'autre.  La  distance  qui  sépare  les  rives  de  l'Euphrate  de  celles  du  Nil 
n'est,  en  ligne  droite,  que  de  1_,200  kilomètres,  el  de  1 ,800  environ  si 
nous  tenons  compte  des  difficultés  que  présente  le  désert  :  les  rela- 
tions entre  la  Chaldée  et  l'Egypte  étaient  donc  relativement  trop 
aisées  pour  qu'il  soit  nécessaire  de  doubler  le  nombre  des  f<>\  ers  d'in- 
vention. 

Métaux.  —  Dès  l'époque  des  sépultures  royales  de  Négadah  et 
d'Abydos,  c'est-à-dire  dès  le  début  des  arts  et  des  usages  pharao- 
niques, nous  trouvons  le  bronze  dans  les  tombeaux;  or  la  connais- 
sance du  bronze  est  d'origine  asiatique. 

Il  est  aujourd'hui  avéré  que  l'Afrique  passa  de  l'usage  de  la  pierre 
à  celui  du  fer,  sans  qu'il  y  ait  eu  la  transition  du  bronze.  Les  Africains 
découvrirent-ils  le  fer  ou  en  reçurent-ils  la  connaissance  des  Egyp- 
tiens? la  question  importe  peu  dans  la  discussion  des  origines  égyp- 
tiennes. L'usage  du  bronze  suffit  à  démontrer  que  les  habitants  de  la 
vallée  du  Nil  avaient  ou  avaient  eu  dix  mille  ans  avant  nous  des  rela- 
tions très  suivies  avec  l'Asie. 

Arts.  —  La  plupart  des  objets  et  des  monuments  de  l'Ancien  Em- 
pire présentent  des  analogies  frappantes  avec  les  objets  et  les  monu- 
ments analogues  trouvés  en  Chaldée.  Je  citerai  :  les  statues  de  Ra- 
Hotep  et  de  Nofri,  les  lions  en  albâtre  de  Saqqarah,  les  lions  et  les 
chiens  en  ivoire  de  Négadah,  certains  vases  de  pierre  dure,  et  enfin 
le  tombeau  de  Négadah  lui-même  qui,  par  la  singulière  dentelure  de 
son  plan,  rappelle  les  monuments  de  la  Chaldée. 

Briques.  —  Nous  ne  rencontrons  de  monuments  de  briques  qu'à 
l'époque  égyptienne,  les  indigènes  en  ignoraient  l'usage.  Or  on  sait 
quel  rôle  important  joua  la  brique  crue  dans  l'architecture  de  la  Chal- 
dée dont  le  sol  ne  fournissait  aucune  sorte  d'autres  matériaux.  Le  fait 
que  la  brique  crue  n'apparaît  qu'avec  les  premiers  Egyptiens  prouve 
que  sa  découverte  n'est  pas  indigène  à  l'Egypte,  et  l'on  est  porté  à 
penser  que  c'est  dans  la  vallée  du  Tigre  et  de  l'Euphrate  que  l'inven. 
tion  fut  faite. 

Mesures.  —  M.  C.  Mauss *  a  constaté  que  l'unité  de  mesure  qui  a 


i.  C.  Mauss,  L'église  Saint-Jérémie  à  Ahmi-Gosch.  Mesure  théorique  des  piliers  de 
Tell,,,  1894. 


22  INTRODUCTION.  —GÉNÉRALITÉS 

servi  à  la  construction  des  monuments  de  Tello  est  identique  à  la 
coudée  égyptienne.  Cette  coïncidence  de  l'unité  de  mesure  dans  les 
deux  pavs  est  un  fait  de  la  plus  haute  importance  en  ce  qui  concerne 
les  origines  égyptiennes. 

Cylindres.  —  Dans  les  débuts  de  l'empire  égyptien  (Négadah, 
Abydos)  les  cachets  étaient  faits  au  cylindre.  Ce  n'est  que  plus  tard 
que  le  véritable  sceau  apparut,  il  prit  des  formes  diverses  mais  plus 
généralement  celle  du  scarabée.  En  Ghaldée,  au  contraire,  l'usage  du 
cylindre  persista  jusqu'aux  derniers  temps  de  l'époque  achéménide. 
Cette  constatation  mérite  qu'on  en  tienne  grand  compte,  car  l'idée  de 
cacheter  en  roulant  un  cylindre  sur  une  substance  molle  semble, 
dans  les  origines,  être  très  particulière  à  la  Chaldée. 

Animaux.  —  Parmi  les  animaux  que  nous  voyons  figurés  dans  les 
mastabas  de  l'Ancien  Empire,  au  milieu  d'une  foule  d'espèces  afri- 
caines, sont  le  bœuf,  le  mouton  et  la  chèvre  asiatiques,  c'est-à-dire  les 
principaux  animaux  qui  composaient  les  troupeaux.  On  rencontre 
aussi,  il  est  vrai,  des  gazelles,  des  antilopes  et  d'autres  espèces  indi- 
gènes, mais  la  présence  dans  les  premiers  troupeaux  égyptiens  de 
trois  espèces  asiatiques  est  fort  importante. 

Végétaux.  —  Le  blé  et  l'orge  abondent  dans  les  offrandes  que  con- 
tenaient les  sépultures  royales  de  Négadah  et  d'Abydos;  or  nous  sa- 
vons que  ces  céréales  sont  d'origine  mésopotamique,  et  je  n'ai  jamais 
rencontré  la  moindre  trace  de  graines  céréales  dans  les  tombes  anté- 
rieures à  la  civilisation  égyptienne. 

Sépultures.  —  Les  tombeaux  indigènes  sont  simplement  creusés 
dans  les  alluvions,  ceux  d'époque  égyptienne  sont  soit  construits 
dans  le  désert,  comme  les  monuments  de  Négadah  et  d'Abydos,  les 
mastabas  et  les  pyramides,  soit  entaillés  dans  la  roche  des  falaises, 
comme  les  tombes  de  Thèbes,  de  Siout,  de  Béni  Hassan,  etc.,  soit 
enfin  creusés  au  travers  des  couches  géologiques  comme  les  puits 
de  Saqqarah,  de  Dahchour,  etc. 

Il  y  a  lieu  également  de  rapprocher  l'incendie  du  tombeau  de  Néga- 
dah et  de  quelques-unes  des  sépultures  royales  d'Abydos  de  l'usage 
assyrien  de  brûler  les  rois  morts  dans  leur  palais. 

Je  crois  avoir  donné  les  principales  raisons  qui  me  portent  à  con- 
server mon  opinion  au  sujet  de  l'origine  asiatique  des  Egyptiens. 
Nous  rencontrons,  en  effet,  un  si  grand  nombre  de  coutumes,  d'usages, 
d'éléments  communs  entre  les  civilisations  primitives  des  deux  pays 
qu'il  est  bien  difficile  de  refuser  aux  deux  peuples  un  lien  étroit  de 


INTRODUCTION.  -  GÉNÉRALI7  ES  23 

parenté.  Il  me  sérail  aisé  d'accumuler  un  grand  nombre  d'autres  do- 
cuments en  faveur  de  cette  thèse,  mais  je  pense  que  ceux  que  je  foui 
suffisent;  d'ailleurs  le  lecteur  trouvera  au  cours  de  ce  volume  bien 
des  indications  qui  lui  seronl  précieuses,  s'il  désire  pousser  plu 

fond  la  question. 


CHAPITRE    II 
Localités  préhistoriques  de  l'Egypte 


Dans  mon  précédent  volume,  j'ai  donné  une  liste  sommaire  des 
localités  renfermant  des  vestiges  des  indigènes  ou  des  premiers 
Égyptiens,  mais  cette  liste  était  peu  étendue  et  fort  incomplète.  A  la 
suite  de  mes  recherches  de  l'hiver  1896-97,  je  puis  aujourd'hui  fournir 
des  renseignements  beaucoup  plus  précis  et,  grâce  aux  nombreuses 
communications  qui  m'ont  été  faites  par  divers  savants,  je  me  trouve  a 
même  d'étendre  les  indications  jusqu'aux  confins  de  la  Nubie. 

Chaque  année,  bien  certainement,  on  découvrira  un  grand  nombre 
de  stations  et  de  nécropoles.  Je  ne  puis  donc  pas  prétendre  donner 
une  liste  complète;  mon  but  est  de  faciliter  les  recherches  en  permet- 
tant aux  archéologues  de  visiter  les  localités  connues  avant  d'aborder 
l'exploration  des  régions  encore  vierges. 

Je  commencerai  mon  énumération  par  les  localités  de  la  Basse- 
Egypte,  pour  marcher  en  remontant  le  fleuve  jusqu'à  Ouady-Halfa. 
J'indique  pour  chacune  des  localités  la  distance  qui  la  sépare  du  Caire 
et  d'un  village  important  ou  d'une  ville  située  sur  les  rives  du  Nil. 

Gebel-Geneffeh  [*à~?~  J~")- 

Le  Dr  Schweinfurt  a  trouvé  dans  les  environs  de  l'isthme  de  Suez, 
dans  une  contrée  entièrement  inhabitée,  un  silex  taillé  de  forme  tra- 
pézoïdale (Verhandl.  d.  Berl.  anthrop.  Ges.,  1886,  p.  646  . 

Tell  el-Yahoudieii  fo^\  iB,  Basse-Egypte. 

M.  Hertwig  a  récolté  une  assez  grande  quantité  de  silex  taillés  près 


2G  LOCALITES  PREHISTORIQUES  DE  L'EGYPTE 

du  Tell  (Mook,  Aegyptens  vormetallische  Zeit,  p.  22)  et  le  Musée  de 
Gizeh  possède  une  hache  en  pierre  polie  et  une  pointe  de  flèche 
trouvées  en  188!  par  M.  Le  Mesurier. 
Le  Caire  (S^UJl  j\  j~<z*). 

.Mook  (Aegyptens  vormetallische  Zeit,  p.  22)  cite  quelques  exem- 
plaires de  silex  taillés,  trouvés  à  l'Abbasieh,  dans  la  direction  des  tom- 
beaux des  Califes.  D'autres  couteaux  ont  été  ramassés  par  M.  Heimann 
dans  le  voisinage  de  Basatin. 

Près  de  la  forêt  pétrifiée,  l'abbé  Richard  a  découvert  des  haches  de 
grandes  dimensions  en  «  grès  pétrifié  »  (Matériaux  pour  l'histoire  de 
V homme,  1870,  p.  248).  Le  professeur  Haynes  y  a  recueilli  de  nom- 
breux silex,  entre  autres  des  haches  chelléennes  [Mem.  of  the  Amer. 
Acad.  of  Arts  and  Sciences,  1881,  vol.  X,  p.  358). 

Gizèh  (Pyramides)  (°j>-\  f't/^),  à  8  kilomètres  environ  à  l'ouest  du 

village  de  Gizeh  (à  4  kilomètres  au  sud-ouest  du  Caire).  On  ren- 
contre assez  rarement  dans  le  désert,  à  la  surface  des  graviers,  des 
instruments  chelléens.  Près  des  pyramides  elles-mêmes  les  silex 
taillés  sont  encore  plus  rares,  ce  sont  des  fragments  d'outils  néoli- 
thiques. 

M.  Arcelin  a  récolté  des  silex  entre  Gizeh  et  Saqqarah;  le  profes- 
seur Hayser  Lewis  a  trouvé  une  belle  scie  à  Zawyet  el-Arian.  Outre 
cela,  on  y  a  recueilli  de  nombreux  fragments,  de  formes  peu  précises. 
(Virchow,  Verhandl.  dcr  Berl.  anthr.  Ges.,  1888,  p.  356). 

Arou-Roacii  (jt'jj  y))1,  à  8  kilomètres  environ  au  nord  des  pyra- 
mides de  Gizeh  (14  kilomètres  à  l'ouest  du  Caire). 

On  rencontre  dans  cette  localité,  au  pied  des  collines,  sur  la  lisière 
des  cultures,  une  station  néolithique  très  importante  :  elle  occupe  une 
bande  de  terrain  de  300  mètres  environ  de  large  sur  20  kilomètres  de 
longueur. 

Au  début  de  notre  siècle  il  existait  à  Abou-Roach  un  atelier  de  taille 
pour  les  pierres  à  fusil,  mais  les  débris  de  cette  industrie  sont  aisé- 
ment reconnaissables  et  ne  peuvent  être  confondus  par  un  œil  expé- 
rimenté avec  les  restes  de  taille  de  l'antiquité. 

Arou-Sir  (jrus»  y\^  à  5  kilomètres  environ  à  l'ouest  de  Hawamdieh 
(à  18  kilomètres  au  sud  du  Caire). 

i.  Cf.  Recherches  sur  les  origines  de  l'Egypte,  1896,  p.  69. 


LOCALITÉS  PRÉHISTORIQUES  DE   L'EGYPTE  11 

On  rencontre  parfois  dans  le  désert  quelques  éclats  de  silex  et  des 
instruments  très  grossièrement  travaillés. 
Saqqarah  (âjU-),  à  4  kilomètres  environ   à  l'ouest  de  Bedrechin 

(à  22  kilomètres  environ  au  sud  du  (luire). 

Les  silex  taillés  sont  très  rares  à  Saqqarah  ;  ce  sont  des  objets  néo- 
lithiques brises  à  l'usage  ou  jetés  au  rebut.  Près  du  Sérapeum,  sui- 
vant Mariette,  ils  sciaient  plus  abondants.  Malgré  des  recherches 
faites  avee  le  plus  grand  soin,  je  n'ai  rencontre  que  des  éclats  in- 
formes1. 

Daiichour  (j_jJL*j)2,    à    8   kilomètres    environ   au    sud-ouest    de 

Bedrechin  (à  22  kilomètres  environ  au  sud  du  Caire). 

Près  de  la  pyramide  d'Amenemhat  II,  à  la  surface  du  monticule 
qui  renfermait  les   sépultures  princières,  j'ai  rencontré  quelques 
grossiers  instruments  chelléens.  Quant  aux  restes  néolithiques,  on 
ne  les  trouve,  comme  à  Saqqarah,  qu'à  l'état  d'objets  rebutés  ou  bris 
et  encore  sont-ils  très  rares. 

Dans  la  sépulture  spoliée  d'un  prêtre  de  Snefrou  et  dans  un  puits 
creusé  à  l'époque  d'Ousertesen  III,  j'ai  rencontré  quelques  silex 
taillés  dont  l'époque  exacte  ne  saurait  être  précisée. 

Helouax  (jljU-j,  à  24  kilomètres  environ  au  sud-est  du  Caire. 

Les  premiers  silex  recueillis  dans  cette  station  l'ont  été  par  le 
DrReil  [Verhand.  cler  Berl.anthrop.  Ges.,  1874,  p.  120;  1876,  p.  156). 
Les  travaux  les  plus  importants  publiés  sur  cette  localité  sont  ceux 
de  Mauthey  (ibicl.,  1879,  p.  351);  Inkes  Browne  (Journ.Anthrop.  lus  lit., 
1878,  vol.  VII,  p.  396);  Mook  (Aegi/ptens  vorinetallische  Zeit)  ;  Jagor 
(Verh.  cler  Berl.  anthrop.  Ges.,  1SS2,  p.  560)  et  Schweinfurth  [ibid., 
1885,  p.  302). 

Depuis  cette  époque  la  ville  s'est  étendue  vers  le  Nil;  elle  couvre 
aujourd'hui  une  partie  de  la  station  préhistorique3. 

Licht(CjJ);,  à  3  kilomètres  environ  à  l'ouest  de  Matanieh  (à 
55  kilomètres  au  sud  du  Caire). 

MM.  J.-E.  Gautier  et  G.  Jéquier  ont  constaté  la  présence  d'une  sta- 
tion néolithique  sur  le  monticule  où  s'élève  aujourd'hui  la  pyramide 


i.  Cf.  Recherches  sur  les  origines  de  l'Egypte,   1896,  p.  69. 

2.  Cf.  Recherches  sur  les  origines  de  l'Egypte,  1 K; i* > ,  p.  69. 

3.  Cf.  Recherches  sur  les  origines  de  l'Egyptt',  1896,  p.  70. 
\,  Cf.  Recherches  sur  les  origines  de  l'Egypte,  iSylî,  p.  71. 


28  LOCALITÉS  PRÉHISTORIQUES  DE  L'EGYPTE 

d'Ousertesen  Ier.  Les  silex  taillés  y  étaient  relativement  abondants. 

Meïdoum  (f  jJL*),  à  8  kilomètres  au  nord-ouest  de  Wasta  (à  85  kilo, 
mètres  au  sud  du  Caire). 

M.  W.  M.  Flinders  Pétrie1  signale  dans  cette  localité  quelques 
silex  taillés  qu'il  attribue  à  l'époque  de  Snefrou  (IIIe  dynastie). 

Kasr-es-Sagha  (Uc«JI  j^zî)  (Fayoum). 

Le  professeur  Schweinfurth  a  trouvé  près  du  temple,  au  nord  de 
Dimeh,  de  nombreux  instruments  de  silex  (Verhancll.  (1er  Beiiiner 
anlhrop.  Ges.,  1886,  p.  646). 

Medixet-Madi  v^l»  ^,-*»»)  (Fayoum). 

M.  Yirchow  a  trouvé  des  éclats  de  silex,  très  peu  nombreux,  sur 
les  ruines  de  la  ville  [Verhandl.  cler  Berl.  anthrop.  Ges.,  1888,  p.  356). 

Omm-el-'Atl  (J^«J  A)*  (Fayoum),  localité  située  au  nord  du  village 
de  Tamiyeh. 

11  existe  trois  stations  distinctes  de  l'époque  néolithique  :  l'une  à 

3  kilomètres  à  l'est,  une  autre  à  4  kilomètres  au  nord  et  la  troisième 
à  5  kilomètres  environ  au  nord-ouest  dans  le  désert.  Ges  stations 
fournissent  en  abondance  les  couteaux,  les  pointes,  les  racloirs,  les 
têtes  de  javelot  et  de  flèche  ;  on  y  rencontre  parfois,  mais  rarement, 
des  haches  dont  le  tranchant  a  été  poli. 

Kom-Achim   (r~>3  ry)  3  (Fayoum),  localité  située  au  nord-est  du 

village  de  Tamiyeh.  On  y  voit  un  kom  important,  ruines  d'une  cité 
gréco-romaine. 

La  station  néolithique  se  trouve  à  4  kilomètres  environ  au  nord  du 
kom,  entre  les  ruines  et  le  désert.  Les  instruments  qu'on  y  rencontre 
sont  en  tout  semblables  à  ceux  des  stations  de  Dîmeh  et  d'Omm  el- 
'Atl. 

Dimeh  (<£•>)  *  (Fayoum),   station  préhistorique  la  plus  importante 

du  Fayoum  ;  elle  est  située  à  3  kilomètres  environ  au  sud  des 
ruines  de  la  ville  romaine  qui  elles-mêmes  s'élèvent  sur  la  montagne 
bordant  à  l'ouest  le  Birket-Karoun. 

Les  silex  taillés  se  rencontrent  à  Dîmeh  sur  une  surface  d'environ 

4  à  500  hectares  ;  mais  c'est  surtout  dans  un  ancien  golfe  du  lac,  dont 

i.  Medum,  Londres,  1892. 

2.  Cf.  Recherches  sur  les  origines  de  V Egypte,  1896,  p.  75. 

3.  Cf.  Recherches  sur  les  origines  de  l'Egypte,  1896,  p.  76. 

4.  Cf.  Recherches  sur  les  origines  de  l'Egypte,  1896,  p.  72. 


L0CA1  II  l  5   PRE  HISTORIQUES  DE  L'ÉGI  P  I  E  29 

la  superficie  esl  de  l"1»  hectares  environ,  qu'ils  s« . n i  abondants.  (,ii 
v  rencontre,  en  très  grand  no  m  lin-,  le--  couteaux  retaillés,  les  pointes, 
les  tètes  do  flèches  cl  de  javelots,  plus  rarement  les  haches  polies. 
Les  nucléi  <•!  les  percuteurs  y  sont  extrêmement  rares. 

Kahoun  «'i  Gourab  ^^j  jf£),  ;<  100  kilomètres  environ  du 
Caire. 

Localités  de  l'entrée  du  Fayoum,  où  .M.  \V.  M.  Flinders  Pétrie  a 
découverl  des  silex  taillés  qu'il  attribue  a  la  XIIe  dynastie  '. 

Gebel-Cheik.h-Emba.rak    JjL»  £=---ij\  Jus*  . 

Montagne  située  sur  la  rive  droite  du  Nil  en  face  de  Maghagha  (à 
I  75  kilomètres  du  Caire).  Station  néolithique  de  peu  d'importance. 

Gheikh-Timai  (^  r^T*)'  ^  -'^  kilomètres  environ  au  sud  du  Caire. 

Le  professeur  A.  H.  Sayce  a  rencontré,  aux  basses  eaux,  dans  les 
berges  du  Nil,  un  lit  d'ossements,  de  poteries  brisées  et  de  silex 
taillés  néolithiques. 

Tell-el-'Amarnah  ÂJjL.1  Jj),  à  305  kilomètres  au  sud-sud-ouest  du 
Caire. 

Malgré  de  longues  recherches,  je  n'ai  rencontré  à  Tell-el-'Amarnah 
que  fort  peu  de  silex  taillés  :  les  uns  qui  appartiennent  à  l'époque 
néolithique  se  trouvent  à  la  surface  du  sol,  auprès  des  montagnes  du 
sud  ;  les  autres,  qui  par  leur  taille  grossière  se  rattachent  au  chelléen, 
se  rencontrent  sur  les  plateaux  qui  couronnent  les  montagnes  près 
des  ravins. 

Aux  carrières  d'albâtre  (Hat-Noub),  M.  G.  Willoughby  Fraser  a 
trouvé  quelques  éclats  et  une  pointe  grossièrement  retouchée. 

Assiout  (i»j~» >\),  à  397  kilomètres  au  sud  du  Caire. 

Le  général  Pitt-Rivers  a  récolté  une  série  de  silex  travaillés  près 
de  la  nécropole  du  Moyen  Empire  [Journ.  Anthrop.  Instit.,  1882, 
p.  383). 

Kawamil  [ J^ijxJl],  à  12  kilomètres  environ  a  l'ouest  de  Menchieh 

(à  515  kilomètres  au  sud  du  Caire). 

Le  district  de  Kawamil  renferme  un  grand  nombre  de  nécropol  s 
et  de  kjœkkemmœddings  appartenant  à  l'époque  néolithique  et  aux 
premiers  temps  pharaoniques. 

i.  Cf.  W.  FI.  Pétrie,  Kahun,  Gurob  and  Hawara,  Londres,  1S90  ;  id.,  Illahun 
Kahun  and  Gurob,  Londres,  1891.  —  J.  de  Morgan,  Recherches  sur  les  origines  de 
l'Egypte,  i^ifi,  p.  72. 


Fig,  g.  —  Carte  de  la  vallée  du  Nil  à  la  hauteur  de  Kawamil. 


9     Instruments  chellécns. 
^    Nécropoles  préhistoriques. 

(5    KjœkkenmTeddings. 

9    Gisements  de  silex  taillés  . 


J?     Tells  d'époque  historique. 

ooo     Nécropoles  d'époque  historique. 

Ç\     Villes  et  villages  modernes. 


LOCALITÉS  PRÉHISTORIQUES  DE   L'EGYPTE  31 

Près  du  village  de  Aouled-Haroun  JJ.A*  jY^  sonl  deux  cime- 
tières :  l'un,  celui  du  nord  où  j'ai  pratiqué  quelques  fouilles,  a  été 
entièrement  ravagé  par  les  habitants  ;  il  renfermait  plusieurs  milli 
de  tombes  indigènes  accompagnées  de  la  poterie  caractéristique  de 
cette  époque.  L'autre,  situé  plus  au  sud.  que  j'ai  exploré  presque  en 
entier,  était  composé  de  sépultures  moins  anciennes  dans  lesquelles 
les  corps  avaienl  été  décharnés  ..vont  l'inhumation.  L'un  des  ti 
les  plus  caractéristiques  des  tombeaux  de  cette  localité  esl  que,  fré- 
quemment, les  ossements  étaient  enfermés  dans  un  eisl  d'argile, 
de  briques  crues,  ou  dans  de  larges  vases. 

Entre  les  deux  nécropoles,  dans  le  désert,  se  trouvaient  quelques 
kjœkkenmœddings  que  j'ai  explorés  :  ils  renfermaient,  en  outre 
silex  taillés,  des  débris  d'os  et.  des  fragments  de  vases,  de  petits 
objets  de  bronze. 

L'un  de  ces  koms  semble  être  produit  par  l'accumulation  des  issues 
du  bétail;  il  contient  une  très  grande  quantité  d'excréments  d'anti- 
lopes et  de  gazelles. 

Non  loin  de  la  nécropole  du  sud,  M.  C  Jéquier  a  rencontré  sur  le 
sol  une  hache  présentant  le  type  chelléen  le  plus  pur. 

Gebel-Toukii  [rj^  d*?-)>  à  530  kilomètres  envi  ion  au  sud  du  Caire. 

Le  professeur  A.  II.  Sayce  me  dit  avoir  trouvé,  dans  les  alluvions 
du  Nil  et  à  une  assez  grande  profondeur  au-dessous  du  niveau  actuel 
des  cultures,  un  lit  renfermant,  avec  des  os  d'animaux  et  des  débris 
de  poterie,  bon  nombre  de  silex  taillés.  Ce  niveau  n'apparaît  qu'aux 
très  basses  eaux.  Nous  nous  trouvons  là  en  présence  d'un  kjœkken- 
mœdding  recouvert  par  les  limons. 

Au  nord  de  cette  montagne,  dans  la  vaste  plaine  inculte  qui  s'étend 
jusqu'à  Kawamil  el-Qadem,  j'ai  rencontré  quelques  silex  taillés  répan- 
dus à  la  surface  du  sol. 

El-'Arabat  (ol^*H),  à  14  kilomètres  environ  au  siid-suM-ouest  de 

Menchieh  (à  515  kilomètres  à  l'ouest  du  Caire). 

Village  situé  à  4  kilomètres  au  sud  d'Aouled-Haroun.  On  y  voit  un 
petit  kom  antique  et  un  kjœkkenmœdding  d'une  certaine  importance 
couvert  d'os  brisés  et  d'éclats  de  silex. 

Aouleb  Salamaii  (<*}i-  jY^i.  à  16  kilomètres  au  sud-sud-ouest  de 

Menchieh  (à  515  kilomètres  à  l'ouest  du  Caire). 

Village  situé  à  4  kilomètres  au  sud  d'El-'Arabat.  J'y  ai  constaté  la 


32  LOCALITÉS  PRÉHISTORIQUES  DE  L'EGYPTE 

présence  de  plusieurs  kjœkkenmœddings  peu  importante.  On  ren- 
contre, en  assez  grand  nombre,  les  silex  travaillés  épars  à  la  surface 
du  sol. 

Danaglah  (ÂJli'j),  à  535  kilomètres  environ  au  sud  du  Caire. 

Au  nord-ouest  de  ce  village  est  une  nécropole  pharaonique  très 
considérable  et  entièrement  fouillée;  au  sud,  un  kjœkkemmœdding 
très  important  s'étend  entre  les  cultures  et  le  village  et  sous  les  mai- 
sons mômes.  La  surface  de  ce  kom  est  couverte  de  débris  ;  ony  rencon- 
tre en  très  grande  abondance  les  hachettes,  les  racloirs  et  les  petites 
scies  de  silex  qui  servirent  à  armer  les  faucilles. 

El-Ragagnah  («Cs-U-jN),  à  12  kilomètres  environ  à  l'ouest  de  Girgeh 

(à  538  kilomètres  environ  au  sud-ouest  du  Caire). 
Nécropole  préhistorique  dévastée  par  les  fellahs. 

El-Mahasnah  (Â-L-UM),  à  9  kilomètres  environ  à  l'ouest  de  Girgeh 

(à  538  environ  au  sud-ouest  du  Caire). 

Station  préhistorique  très  étendue,  mais  dans  laquelle  les  objets 
sont  très  dispersés.  J'ai  rencontré  sur  le  sol,  en  même  temps  que  des 
objets  néolithiques,  des  instruments  grossiers  rappelant  le  type 
chelléen. 

Maslahat-Haroun  (  jjjU  \^À^za),  à  10  kilomètres  environ  au  sud- 
sud-ouest  de  Girgeh  (à  538  kilomètres  environ  du  Caire). 

J'ai  rencontré  près  de  ce  village  quelques  objets  de  silex  présen- 
tant le  type  chelléen;  ils  gisaient  à  la  surface  du  sol. 

Beit-'Allam^}^  û^J,  à  12  kilomètres  au  sud-ouest  de  Girgeh  (à  550 

kilomètres  environ  du  Caire). 

Près  de  ce  village,  à  l'ouest,  était  une  nécropole  assez  importante 
que  les  habitants  du  pays  dévastèrent  en  partie.  J'en  ai  terminé  l'ex- 
ploration. Elle  renfermait  des  sépultures  indigènes  parfaitement 
caractérisées  par  le  mode  d'ensevelissement  et  par  les  objets  qu'elles 
contiennent. 

A  m. m  au  (jt^),  hameau  situé  à  4  kilomètres  au  sud  de  Mescheikh 

(550  kilomètres  au  sud  du  Caire). 

Sur  la  rive  droite  du  Nil;  on  y  rencontre  quelques  silex  isolés  à  la 
surface  du  sol. 

Abydos  (Â.J^oJ1),  à  10  kilomètres  au  sud-ouest  de  Belianeh  (à  555 
kilomètres  au  sud  du  Caire). 


Fig.  io.  —  Carte  de  la  vallée  du  Nil  à  la  hauteur  d  A.bydos. 


©  Instruments  chelléens. 

Q  Nécropoles  préhistoriques. 

(^  Kjœkkenmœddings. 

9  Gisements  de  sile\  taillés. 


&  Tells  d'époque  historique. 

DUO 

SS8  Nécropoles  d'époque  historiqui 

%  Villes  et  villages  modi 


34  LOCALITÉS  PREHISTORIQUES  DE  L'EGYPTE 

M.  G.  Legrain  a  découvert  sur  les  montagnes  du  cirque  d'Abydos, 
au  sommet  des  'aqabas  du  nord  et  du  sud,  des  stations  chelléennes 
importantes.  J'ai  moi-môme  trouvé  dans  les  alluvions  descendues 
des  montagnes  bon  nombre  d'instruments  présentant  les  mêmes 
caractères  (fig.  11,  12  et  13). 


\>y  ~JC 


11  »S  13 

Fig.  ii,  12  et  i3.  —  Silex  chelléens  des  'aqabas  d'Abydos.  i/3  grandeur  naturelle. 


Om-el-Ga'ab  (v-*«f-l  ft),  localité  d'Abydos  située  dans  le  cirque  des 
montagnes,  à  l'ouest  de  la  nécropole  du  Moyen  Empire. 

C'est  là  que  M.  Amélineau,  dans  ses  fouilles  de  1895-96  et  de  1896- 
97,  a  découvert  les  sépultures  royales  des  débuts  de  l'occupation 
égyptienne1. 

El-'Amrah  (ôj*i\),  à  5  kilomètres  environ  à  l'est  d'Abydos,  et  à 
5  kilomètres  au  sud-ouest  du  village  d'El-Samalah  (à  559  kilomètres 
au  sud  du  Caire). 

Nécropole  préhistorique  dans  laquelle  j'ai  opéré  des  fouilles  en 
1896  ». 

El-Karnak  (tiX'^Jl),  à  7  kilomètres  environ  à  l'ouest  de  Tarchout 
(à  590  kilomètres  environ  au  sud-sud-est  du  Caire). 

Nécropole  préhistorique  spoliée  et  station  néolithique. 

Saghel  el-Baglieii  (a^*^  Jf-^-)- 

C'est  par  erreur  que  j'ai  compté  Saghel  el-Baglieh  {Recherches  sur 
l'âge  de  la  pierre  et  les  métaux,  1896,  p.  87)  parmi  les  localités  pré- 
historiques: les  renseignements  m'avaient  été  fournis  par  E.Brugsch- 
Bey  (cf.  Gebel  el-Tarif).  Ce  village,  situé  sur  la  rive  gauche  du  Nil, 
au  milieu  des  cultures,  est  placé  en  face  de  Gebel  el-Tarif. 

Gebel  el-Tarif  (OjU=>  ô-*?-'' 


i.  Recherches  sur  les  origines  de  l'Egypte,  1896,  p.  76. 
2.  Recherches  sur  les  origines  de  L'Egypte,  1896,  p.  84. 


LOCALITÉS  PRÉHISTORIQUES  DE   L'EGYPTE  35 

Au  pied  rie  la  montagne,  sur  la  rive  droite  du  Nil,  Be  trouvail  une 
nécropole  qui  fut  fouillée  en  1896  par  un  employé  indigène  du  Service 
des  Antiquités  par  ordre  de  E.  Brugsch-Bey,  pendantque  j'étais  dans 
la  presqu'île  du  Sinaï.  Elle  avait  été  dévastée  en  partie  par  des  fouil- 
leurs  illicites  et  c'est  afin  d'empêcher  sa  complète  destruction  que 
le  conservateur  du  Service  des  antiquités  donna,  en  mon  absence, 
l'ordre  d'en  terminer  la  fouille. 

A  mon  retour,  je  trouvai  au  Musée  de  Gizeh  les  objets  résultant 
de  ces  travaux,  mais  ils  étaient  mélangés  avec  des  monuments 
d'époque  historique  trouvés  dans  une  nécropole  pharaonique  située 
à  quelques  kilomètres  de  là.  Aucune  observation  scientifique  n'avait 
été  faite  et  les  squelettes  avaient  été  abandonnés  sur  le  terrain. 

Les  cadavres  étaient  généralement  dans  celle  nécropole  placés  sur 
le  flanc  gauche,  les  membres  repliés.  Parmi  les  objets  les  plus  inté- 
ressants qui  furent  rencontrés,  il  convient  de  citer  : 

Des  silex  taillés  et  une  hache  en  pierre  polie  ; 

Des  vases  de  pierre  dure  dont  un  porte  des  anses  ornées  de  pla- 
ques d'or  ; 

Des  vases  jaunes  couverts  de  peintures  et  des  vases  rouges  bordés 
de  noir  ; 

Des  masses  en  albâtre  et  en  pierre  dure  ; 
Des  fusaïoles  ; 

Un  œuf  d'autruche  portant  des  traces  de  peinture; 
Des  imitations  de  coquilles  en  pierre  dure; 

Des  perles  de  cornaline,  des  plaques  de  schiste,  des  bracelets  de 
nacre; 

Une  figurine  d'hippopotame  en  calcaire; 

De  petits  outils  de  bronze  ; 

Une  lame  de  poignard  en  bronze  ; 

Une  lame  de  poignard  en  argent. 

Comme  on  le  voit  par  les  objets  qu'elle  renfermait,  celte  nécropole 
doit  être  attribuée  aux  débuts  de  l'époque  égyptienne,  bien  que  la 
plupart  des  sépultures  fussent  des  tombeaux  indigènes. 

'Arakah  (Syl),  à  12  kilomètres  à  l'ouest  de  Hooù  (604  kilomètres 
au  sud  du  Caire). 

Près  de  ce  village,  on  rencontre  sur  le  sol  un  assez  grand  nombre 
de  silex  néolithiques  et,  plus  haut  dans  la  montagne,  des  instruments 
présentant  le  type  chelléen. 


36  LOCALITES    PREHISTORIQUES  DE  L'EGYPTE 

El-'Arah  (A&ji\),  à  3  kilomètres  au  sud-ouest  de  Hooû  (610  kilo- 
mètres du  Caire). 

Silex  taillés  épars  à  la  surface  du  sol. 

Cheikh-' Ali  (^  £c-~i),àl0  kilomètres  environ  à  l'est  de  Hooû  (à  615 
kilomètres  au  sud  du  Caire). 
Silex  taillés  épars  à  la  surface  du  sol. 


n 


15 


S* 


Fig.  i^,   i5,  r6,  17.  — Silex  taillés  trouvés  par  M.   G.   Legrain   sur  la  route   de  cara- 
vanes entre  Hooû  et  Thèbes,  vers  l"aqabah  de  Béhérièh.  i/3  grandeur  naturelle. 


Marachdah  (Sj-M^),  à  4  kilomètres  du  fleuve  et  à  629  kilomètres 
environ  au  sud  du  Caire. 

Station  néolithique  importante  :  les  instruments  de  silex  se  ren- 
contrent épars  à  la  surface  du  sol. 

Dendérah  (Sj-Xô),  à  660  kilomètres  environ  au  sud  du  Caire. 

Mook  [Aegyptens  vormetallische  Zeit,  p.  23)  cite  des  «  traces  »  de  silex 
au  sud  des  ruines  de  la  ville.  J'ai  moi-même  rencontré  des  silex  tail- 
lés dans  une  localité  nommée  Taramsah  en  face  de  Keneh,  à  quelques 
kilomètres  en  amont  de  Dendérah. 

Ballas  (<j"VI),  à  683  kilomètres  environ  au  sud  du  Caire. 

Nécropole  indigène  fouillée  en  1894-1895  par  M.  Quibell. 

Zawaidah  (S-X)Jj3),  à  9  kilomètres  au  nord  de  Négadah  (à  691  kilo- 
mètres au  sud  du  Caire). 

Ce  village,  dont  le  territoire  relève  de  Négadah,  possède  un  kjœk- 
kenmœdding  très  important  et  une  nécropole  préhistorique.  Les  ob- 
jets qu'on  y  rencontre  sont  de  même  nature  que  ceux  des  localités 
voisines  :  Toukh,  Négadah,  etc. 


Fig.   rS.  —  Carte  de  la  vallée  du  Nil  à  la  hauteur  de  Dendérah. 


S  Instruments  chrlléens. 

^  Nécropoles  préhistoriques. 

(^  k'jœkkenmœddiugs. 

^  Gisements  Je  silex  taillés. 


£  Tells  d'époque  historique. 

j>=°  Nécropoles  d'époque  b  ■ 

000 

(\  Villes  .-t  villages  modernes. 


OKILOME  THES 


Medinet  Habôù.*,/ 


Fig.  ig.  —  Carte  de  la  vallée  du  Nil  à  la  hauteur  de  Thèbes. 


©  Instruments  chelléens. 

<l  Nécropoles  préhistoriques. 

-^  Kjœkkenmœilclings. 

~  Gisements  de  silex  taillés. 


^  Tells  d'épocpje  historique. 

gg»  Nécropoles  d'époque  historique. 

DM 

/a  Villes  et  villages  modernes. 


I  0CA1  II  ES   PR]  III-  fORK  'I  I  -    Hl.   I    I  '-Ï  l'I  E 


Toi  ik  ii  r  y^\ l,  à  5  kilomètres  environ  au  nord  deNégadah  à  694  ki- 
lomètres au  sud  du  Caire). 

Localité  préhistorique  très  importante  par  ses  kjœkkenmœddings 
et  sa  vaste  nécropole  d'où  proviennenl  un  grand  nombre  des  docu- 
ments que  nous  possédons  sur  les  derniers  âges  néolithiques  el  Bur 
les  premiers  Égyptiens.  An  nord-ouest  des  stations  néolithiques,  on 
trouve  à  la  surface  des  alluvions  des  instruments  chelléens. 

Kiiattahui  (Sjlk*-),  à  2  kilomètres  environ  au  nord  de  Négadah  (à 
G97  kilomètres  au  sud  du  Caire). 

Cette  localité  possède  des  kjœkkenmœdings  et  une  nécropole  pré- 
historique. 

Négadab  (olà"),  à  G9'9  kilomètres  environ  au  sud  du  Caire. 

Nécropole  indigène  et  nécropole  égyptienne  primitive,  sépulture 
royale. 

Khozam  (f'J*-),  à  14  kilomètres  au  nord-est  de  Kawamil  à  724  ki- 
lomètres au  sud-est  du  Caire,  près  de  karnak). 

Bon  nombre  de  silex  taillés  ont  été  trouvés  dans  cette  localité  sans 
qu'il  ait  été  possible  d'en  déterminer  le  gisement  d'une  manière  ab- 
solue. (Note  communiquée  parle  professeur  A.  11.  Sayce.) 

Louxoh  i^asV^)  (Thèbes),  à  727  kilomètres  au  sud  du  Caire. 

Station  préhistorique  où  ont  été  découverts  des  silex  taillés  :  elle  se 


Fig.  20,  21,  22,  23  et  24.  —  Silex  (aillés  trouvés  par  .M.  G.  Legrain  entre  1'  aqabah  de 
Béhérièh  et  Bibàn  el-Moloûk.  i   3  grandeur  naturelle. 

trouve  dans  le  désert  a  environ  3  heures  au  nord-ouest  de  la  ville  de 
Louxor,  entre  les  terres  cultivées  el  la  montagne    v.  Mool 


i.  Cf.  Recherches  sur  les  origines  de  VÊgypte,    is;iii.  p.  s;  ■  W.  M.  FI.  Pétri   .  A    - 
(jinlii  and  Ballas,  Londres,  i8g6. 


40  LOCALITÉS  PRÉHISTORIQUES  DE  L'EGYPTE 

tens  vormetallische  Zeit,?.  23;  Haynes,  Mem.  oftheAmer.  Acad.  o farts 
and  sciences,  1881,  pi.  VII). 

Béhérièh  {^mj^X  à  ^  kilomètres  environ  au  sud  de  Bibân  el-Moloûk 

(à  725  kilomètres  au  sud  du  Caire). 

Au  sommet  de  l"aqabah  de  Béhérièh  entre  Hooù  et  Bibân  el-Mo- 
loûk (Thèbes),  M.  G.  Legrain  a  découvert  une  importante  station  pré 
historique  (fig.  20  à  24,  25  à  27). 


Fig.  25,  26  et  27.  —  Silex  taillés  trouvés  par  M.  G.   Legrain  à  T'aqabah  de  Bibân  el- 
Moloûk.   i/3  grandeur  naturelle. 

Thèbes  (Gournah)  (^^),  à  725  kilomètres  au  sud  du  Caire  sur  la 
rive  gauche  du  Nil. 

Bien  que  nous  ne  connaissions  pas  de  station  parfaitement  définie 
à  Gournah,  les  silex  taillés,  chelléens  et  néolithiques  sont  assez  fré- 
quents dans  toutes  les  parties  de  l'ancienne  Thèbes  ;  à  Bibân  el-Mo- 
loûk, à  Deïr  el-Bahri,  Deïr  el-Medinet,  Medinet-Habou,  etc.  on  les 
rencontre  à  la  surface  du  sol. 

Gebel  Assas  (jj*^  J^f-),  montagne  voisine  de  Bibân  el-Moloûk 
(Thèbes). 

Le  général  Pitt-Rivers  a  trouvé  des  instruments  en  pierre  taillée 
sous  des  graviers,  à  l'extrémité  d'un  ouady  qui  va  de  Bibân  el-Mo- 
loùk  du  côté  de  Gournah.  Il  estime  que  ces  graviers,  formés  en  con- 
glomérats et  qu'il  appelle  «  indurated  gravel  »  sont  descendus  de  la 
vallée  des  Rois  dans  la  plaine  du  Nil  avant  l'époque  pharaonique 
(Journal  Anthrop.  Inslit.,  1882,  vol.  XI,  p.  387). 

La  station  au-dessus  de  Deïr  el-Bahari  a  été  explorée  par  MM.  Ha- 
my  et  Lenôrmant  en  1869  (Bull,  de  la  Soc.  iïanthrop.,  1869,  p.  685). 
Cette  question,  si  longuement  discutée,  a  été  étudiée  ensuite  par 
MM.  Hertwig,  Lubbock,  Mook,  Haynes,  Mycrs,  Pitt-Rivers  et  d'autres 
(v.  Virchow,  Verhandl.  der  Berl.  anth.  Ces.,  1888,  p.  358). 


LOCALITÉS  PRÉHISTORIQUES  DE  L'EGYPTE  M 

Medinet-Habou  [y\  <~m**)  (Gournah). 

Silex  néolithiques  isolés  gisant  à  La  surface  du  sol. 

Deïu  el-Bahri  {i£S>^\  jm-&\)  (Gournah). 

Sur  la  colline  qui  sépare  la  vallée  des  Rois  «le  celle  où  est  construit 
le  temple  d'Hatasou,  on  rencontre  en  grande  abondance  des  éclats 
plus  ou  moins  retouchés  d'une  taille  très  grossière.  Plus  Loin,à  L'ouest 
de  la  vallée  des  Rois,  on  trouve  sur  le  sol  des  instruments  présentant 
le  type  chelléen. 

Biban  el-Molouk  (iljlU  jL-J   (à  7  kilomètres  à  l'ouest  du   fleuve, 

et  à  725  kilomètres  au  sud  du  Caire). 

Vers  1884  et  1885  le  colonel  Pitt-River,  opérant  des  fouilles  dans 
un  vallon  situé  au  nord  de  la  vallée  des  Rois,  trouva  dans  la  brèche  qui 
composait  la  montagne,  un  certain  nombre  de  silex  taillés.  Vers  la 
même  époque  M.  \Y.  Myers  récolta  dans  les  ouadys  voisins  une  im- 
portante série  d'instruments  de  pierre  qu'en  1880  il  légua  au  Musée 
de  Birmingham.  La  plupart  de  ces  silex  provenaient  de  Tell  es-Sowan, 
colline  située  au  nord  de  Bibàn  el-Moloûk  '. 

Vallée  des  Reines  [rj^\  j^r>)  (Gournah). 

Silex  chelléens  et  néolithiques  gisant  à  la  surface  du  sol. 

Erment    Z^j\)  (à   741   kilomètres    environ   au    sud-sud-ouest  du 

Caire). 

M.  G.  Daressy,  conservateur-adjoint  du  Service  des  Antiquités,  a 
ramassé  dans  un  vallon  à  l'ouest  d'Erment  une  hachette  de  silex  brun 
analogue  à  celles  qu'on  rencontre  en  abondance  dans  les  stations 
néolithiques  de  Toukh,  Zawaïdah,  Négadah,  etc.  Cette  pièce  semble 
avoir  été  isolée. 

C'est  à  l'ouest  d'Erment,  à  Rizagat,  que  M.  G.  Legrain,  se  rendant 
à  l'oasis  de  Khargièh,  a  trouvé  les  premiers  gisements  préhistoriques 
entre  la  vallée  du  Nil  et  l'oasis. 

Gebelein  (Ù^),  *  700  kilomètres  environ  au  sud  du  Caire. 

Sous  les  ruines  de  la  ville  pharaonique,  au  pied  du  rocher  auquel 
cette  localité  doit  son  nom,  on  rencontre  une  couche  épaisse,  d'envi- 
ron l,n,50,  de  sébakh  renfermant  un  grand  nombre  de  silex  taillés, 
d'éclats  sans  retouches,  de  débris  d'ossements  et  de  vas< 

i.  Xote  communiquée  par  le  professeur  A.  11.  Sayce. 


'*-  LOCALITÉS  PRÉHISTORIQUES  DE  L'EGYPTE 

Plus  loin,  vers  l'ouest,  au  pied  de  la  montagne,  était  autrefois  une 
nécropole,  mais  elle  a  été  entièrement  spoliée.  Les  vases  indigènes 
qui  figurent  dans  les  vitrines  du  Musée  de  Gizeh  et  qui  portent  l'in- 
dication de    Gebelein  proviennent  de  cette  nécropole. 

Esneh  (u~l)  [à  780  kilomètres  environ  au  sud  du  Caire). 

M.  Arcelin  a  signalé  un  dépôt  de  silex  taillés  au  sommet  du  Gebel 
Galabieh  auprès  d'Esneh. 

El-Kab  (o&Jl),  à  817  kilomètres  environ  au  sud  du  Caire. 

Sur  la  rive  gauche  du  fleuve,  dans  un  ouady  situé  au  sud  des  ruines 
d'Hiéraeonpolis,  le  professeur  A.  H.  Sayce  a  découvert  le  site  d'un 
village  (kjœkkenmœdding)  dans  lequel  il  rencontra  en  grand  nombre 
les  silex  taillés  et  les  débris  de  poterie.  Au  nord  des  ruines  d'Hiéra- 
conpolis  il  rencontra  plusieurs  instruments  présentant  le  type  chelléen. 

Dans  les  ruines  de  la  ville  d'El-Kab  on  trouve  un  très  grand  nombre 
de  percuteurs  et  quelques  silex  travaillés  tels  que  des  racloirs,  des 
nucléi,  etc. 

Silsileh  (^J~-),  à  850  kilomètres  environ  du  Caire. 

La  nécropole  préhistorique  découverte  et  fouillée,  en  février  1897, 
par  MM.  G.  Legrain  et  G.  Lampre  se  trouvait  située  sur  la  rive  droite 
du  Nil  près  des  carrières  pharaoniques.  Elle  renfermait  en  même 
temps  des  sépultures  indigènes  et  égyptiennes  et  présentait  les  deux 
modes  d'inhumation. 

Dans  les  environs  de  la  nécropole  on  rencontre  sur  le  sol  bon 
nombre  de  silex  taillés  néolithiques. 

Fatirah  (Zjb\s). 

Près  de  Gebel  Silsileh,  sur  la  rive  droite  du  Nil,  se  trouve  un  kjœk- 
kenmœdding de  peu  d'étendue.  11  renferme,  en  même  temps  que  les 
éclats  et  les  instruments  de  silex,  les  os  brisés  et  les  coquilles,  un 
grand  nombre  d'éclats  de  cornaline  qui  en  cet  endroit  a  été  taillée. 
Quelques  éclats  de  cette  matière  portent  des  retouches  prouvant  que 
la  cornaline  n'était  employée  là  que  comme  matière  analogue  au  silex 
pour  la  fabrication  des  instruments  et  non  pour  la  parure.  Ces  éclats 
sont  de  petites  dimensions. 

Kom-O.mbo  [y*\  çy  ),  à  902  kilomètres  environ  au  sud  du  Caire. 

Dans  le  désert,  à  1,500  mètres  environ  du  temple  d'Ombos,le  pro- 
fesseur A.  H.  Sayce  a  trouvé  des  instruments  de  pierre. 


LOCALITÉS  PRÉHISTORIQUES  DE  L'EGYPTE  ',:; 

ABOU-M ANGAR  {j=^  y)) 

Sur  la  rive  gauche  du  Nil,  un  peu  au  dessous  d'Assouan,  M.  Arcelin 
a  trouvé  des  instruments  de  silex  a  la  surface  du  sol  :  «  le  gisement, 
dit-il,  se  prolonge  SOUS  les  sédiments  modernes;  il  m-  passe  pas  dans 
ces  sédiments  où  je  n'ai  trouvé  aucune  trace  de  pierre  taillée  >  \ .  Bul- 
letin de  la  Société  (T Anthropologie,  1869,  série  2,  hune  l\.  p.  710). 
Parmi  les  pièces  recueillies  par  lui  se  trouvait  une  hache  polie  en 
porphyre  vert. 

Éléphantine  (j^-^  ~°J.j?~)>  en  face  d'Assouan  (à  994  kilomètres  en- 
viron au  sud  du  Caire). 

Le  professeur  A.  H.  Sayce  a  trouvé  dans  le  séhakh  de  l'île  d'Elé- 
phantine  une  lame  de  silex  et  une  pointe  de  flèche.  Ces  objets  avaient 
probablement  été  remaniés,  car  jusqu'à  ce  jour  je  n'ai  pas  rencontré 
de  kjœkkenmœdding  dans  cette  île  II  se  peut  cependant  que,  comme 
le  fait  a  lieu  à  Gebelein,  les  restes  de  l'époque  néolithique  soient 
placés  sous  les  couches  de  sébakh  dues  aux  temps  historiques. 

Chellal  (jy«lH),  première  cataracte  à  5  kilomètres  au  sud  d'As- 
souan (à  999  kilomètres  au  sud  du  Caire). 

J'ai  rencontré  dans  l'île  de  Séhel  un  fragment  de  hache  polie  en 
silex  et  quelques  éclats. 

Abou-Simbel  (J^—  y))  (Nubie). 

Le  professeur  A.  H.  Sayce  a  trouvé,  près  des  ruines  d'un  village 
romain  situées  au  nord  d'Abou-Simbel,  une  hache  en  pierre  polie. 

Ouady-Halfa(<âIp-  tS^j)  (Nubie),  seconde  cataracte. 

Dans  le  désert  à  2  kilomètres  environ  de  Ouady-Halfa,  le  professeur 
A.  H.  Sayce  a  trouvé  un  couteau  de  pierre  rouge,  et  M.  Rogers  a 
ramassé  à  la  surface  du  sol  un  assez  grand  nombre  d'instruments 
travaillés  (cf.  Virchow,  Verh.  der  Berl.  anthrop.  Ges.,  1888,  p.  361  et 
364). 

Ouady-Tharfeh  fojb  iS^j)- 

Ouady-Dakhl  (  J»o  (£*\j). 

Le  professeur  Schweinfurth  a  trouvé  par  28°  20'  de  latitude  nord, 
dans  le  désert  Arabique,  de  beaux  nucléi  et  des  éclats  prismatiques, 
a  107  kilomètres  du  Nil.  11  a  recueilli  au  Ouady-Dakhl  (28°  40')  à 
1,200  mètres  d'altitude,  des  fragments  semblables [Verhandl.der  Berl. 
anthrop.  Ges.,  1887,  p.  561;  1888,  p.  355). 


44  LOCALITÉS  PRÉHISTORIQUES  DE  L'EGYPTE 

OuADY-SâNOUR  (jf-a     iS^j)-  —  OUADY-OUARAG  [r JJ  (Jù\j] 


Fig.  28  a,  b,  c.  —  Nucléus  de  silex  (dhoufr  el-homar)  trouvé  par  le  professeur  Schwein- 
furth  à  Ouady-Ouarag  (d'après  un  dessin  du  professeur  Schweinfurth  dans  Virchow, 
Verh.  der  Berl.  anthrop.  Ges.,  1888,  p.  353).  1/2  grandeur  naturelle. 

Le  professeur  Schweinfurth  a  trouvé  dans  ces  deux  vallons  du  dé- 


^ 


29  30  31  32  33 

Fig.  29.  —  Instrument   de   silex  trouvé  par  M.   G.  Legrain   sur  la  route  de  l'oasis  de 

Khargièh,  à  49  heures  de  chameau  de  Rizagat. 
Fig.  3o.  —  Instrument  de   silex  trouvé  par  M.   G.  Legrain  sur   la  route  de  l'oasis  de 

Khargièh,  à  49  heures  de  Rizagat. 
Fig.  3i.  —  Instrument  de   silex   trouvé   par   M.  G.  Legrain  sur  la  route  de  l'oasis  de 

Khargièh,  à  48  heures  de  Rizagat. 
Fig.  32.  —  Instrument  de  silex  trouvé  par  M.   G.    Legrain  sur  la  route   de   l'oasis  de 

Khargièh,  à  40  heures  de  Rizagat. 

Fig.  33.  —  Instrument  de   silex   trouvé  par  M.  G.    Legrain  sur  la  roule  de  l'oasis  de 

Khargièh,  à  40  heures  de  Rizagat. 

i/3  grandeur  naturelle. 


sert  Arabique,  le  premier  à  50  kilomètres  à  Test  de  Beni-Souëf,  le  se- 


LOCALITÉS  PRÉHISTORIQUES  DE  L'EGYPTE 

cond  àSO  kilomètres  au  sud-est  du  (  laire,  de  nombreux  instruments  de 
silex,  et  surtout  des  nucléi  d'une  form  particulière,  qu'il  appelle 
dhoafr  el-homar  [sabots  d'âne,  fig.  28)  [Verhandlungen  der  Berliner 
anthropogischen  Gesellsckaft,  1876,  p.  L55;  L882,  p.278;  L884,  p.  610; 
1885,  p.  128-302;  1886,  p.  646;  1888,  p.  352  . 

Rizagat  (oSjj)  (à  8  kilomètres  environ  à  l'ouesl  d'Erment,  à  740  ki- 
lomètres environ  au  sud  du  Caire). 

Au  sommet  de  F'aqabah  de  Rizagat,  en  se  rendanl  <i  l'oasis  de  Khar- 

gieh  (7  mars  1897)  M.  G.  Legrain,  Inspecteur-dessinateur  du  Service 
des  Antiquités,  a  trouvé  sur  le  sol  une  grande  quantité  de  silex  gros- 
sièrement travaillés.  Plus  loin,  vers  l'ouest  à  Grd  el-Homar,  il  ren- 
contra encore  des  silex  taillés. 


Gebelein  el-Moufàrig  [77j^  {A-?-)- 

Station  chelléenne  très  importante  située  dans  le  désert  entre  Riza- 
gat et  l'oasis  de  Khargieh,  à  26  heures  de  Rizagat.  M.  G.  Legrain  qui 
la  découvrit  le  8  mars  1897,  la  suivit  sur  une  distance  équivalant  à 
4  heures  de  caravane. 


Fig.  34.  —  Silex  taillé  trouvé  par  M.   G.   Legrain  sur  la  route  de  l'oasis  de  Khargieh, 

à  5o  heures  de  chameau  de  Rizagat. 
Fig.  35.  —  Silex   taillé  trouvé  par  M.  G.  Legrain  sur  la   route  de  l'oasis  de  Khargieh, 

m     à  49  heures  de  Rizagat. 
Fig.  36.  —  Silex  taillé  trouvé  par  M.  G.  Legrain  sur  la  route  de  l'oasis  de  Khargieh, 

à  36  heures  de  Rizagat. 
Fig.  37.  —  Silex  taillé  trouvé  par  M.   G.   Legrain  sur  la  route  de  l'oasis  de  Khargieh, 

à  49  heures  de  Rizagat. 
Fig.  38.  —  Silex  taillé  trouvé  par  M.  G.  Legrain  sur  la  route  de  l'oasis  de   Khargieh, 

à  49  heures  de  Rizagat. 

i/3  grandeur  naturelle. 

GÀRA/AT    EL-HOSAX   (  jLai-1  "^J*)- 

Station  chelléenne  importante  située  près  de  Gebel-Bayayid,  sur  la 
route  des  caravanes  entre  Rizagat  et  l'oasis  d'El-Khargieh,  a  35  heures 
de  caravane  de  Rizagat.  M.  G.  Legrain  la  découvrit  le  10  mars  1897; 
elle  se  présente  pendant  5  heures  de  caravane.  Les  instruments  y  sont 


46  LOCALITÉS  PRÉHISTORIQUES  DE  L'EGYPTE 

très  o-rossiers  et  offrent  très  nettement  les  caractères  du  chelléen 
d'Europe. 


Fig. 

3c).  —  Silex 

Fig. 

4o.  —  Silex 

Fig. 

4r_  _  Silex 

Fig. 

42.  —  Silex 

taillé  néolithique  trouvé  par  M.  G.   Legrain    sur  la    route  de 
de  Khargièh,   à  5o  heures  de  chameau  de  Rizagat. 
taillé  néolithique   trouvé  par  M.    G.  Legrain  sur  la  route  de 
de  Khargièh,  à  5o  heures  de  chameau  de  Rizagat. 
taillé  néolithique  trouvé  par  M    G.    Legrain    sur   la   route  de 

de  Khargièh,  à  5o  heures  de  chameau  de  Rizagat. 
taille  néolithique   trouvé  par  M.  G.   Legrain   sur  la  route  de 
de  Khargièh,  a  4g  heures  de  Rizagat. 
i/3  grandeur  naturelle. 


'Aqàbah  de  Kâsr  el-'Ain  Ez-Zaiad  (^L-aJl  tfs-  j-.*S  *^). 

Localité  située  sur  la  route  des  caravanes  entre  Rizagat  et  l'oasis 


43  4i  io 

Fig.  43.  —  Silex  chelléen  trouvé  par  M.  G.    Legrain   sur  la  route  de  l'oasis  de  Khar- 
gièh, à  28  heures  de  chameau  de  Rizagat. 
pjo-    /j4    —  Silex  chelléen  trouvé   par  M.   G.  Legrain  sur  la  route  de  l'oasis  de  Khar- 
gièh, à  18  heures  de  Rizagat. 
Fig.  45.  —  Silex  chelléen  trouvé  par  M.  G.  Legrain  à  Rhanimèh  (oasis  de  Khargièh). 

i/3  grandeur  naturelle. 


d'El-Khargièh,  à  49  heures  de  Rizagat.  M.  G.  Legrain  qui,  le  11  mars 


LOCALITÉS  PRÉHISTORIQUES  DE   L'EGYPTE  ',: 

1897,  découvrit  cette  station  préhistorique,  s'exprime  en  ces  terme 
dans  le  rapport  qu'il  m'adressa  sur  sa  mission  : 

«  Là,  les  silex   taillés  abondent;  cette  station  «-si   L'une  des  plus 


Fig.  46.  —  Silex  chelléen  trouvé  par  M.  G.    Legrain  à  Rhanimèh  (oasis  de  Khargièh) 
Fig.  47.  —  Silex  chelléen  trouvé  par  M.  G.  Legrain,  à  27  heures  de  Ki/ 
Fig.  48.  —  Silex  chelléen  trouvé  par  M.  G.  Legrain,  à  29  heures  de  Rix 


l/3  grandeur  naturelle. 


Fig.  4j)  à  59.  —  Instruments  néolithiques  trouvés  par  M.  G.  Legrain  dans  le  kjœkkc 
mœdding  de  Rhanimèh  (oasis  de  Khargièh  .   1   3  grandeur  naturelle. 


48 


LOCALITES  PREHISTORIQUES  DE  L'EGYPTE 


75  76 


Fig.  6o  à  79.  —  Silex  de  Rhanimèh  (suite).  —  i/3  grandeur  naturelle. 


80  82-83-84  81 

Fig.  80  à  84.   —  Vases  et  fusaïoles  trouvés   dans   le  kjœkkenmœdding  de  Rhanimèh 
(oasis  de  Khargièh).   1/4  grandeur  naturelle. 


S" 


Fig.  85  à  87.  —    Silex   taillés   trouvés  par  M.  G.    Legrain   à  la  surface  du  sol  sur  les 
collines  de  Rhanimèh  (oasis  de  Khargièh).  i/3  grandeur  naturelle. 


LOCALITÉS  PRÉHISTORIQUES  DE   L'EGYPTE 


riches  que  j'aie  rencontrées:  duranl  8  kilomètres,  la  route  esl  cou- 
verte de  haches.  <lc  grattoirs  et  de  couteaux  chelléens  de  la  plus  belle 
taille.  » 

Cette  station  est  située  ;iu  sommel  d<-  l"aqabah.M.  Legrain  en  con- 


88  80  90  ''I 

Fig.  88  à  9a.  —  Silex  taillée  de  l'oasis  de  Khargièh.  i/3  grandeur  naturelle. 


Fig.  n3.  —  Silex  eheltéen  trouvé  par   M.  G.   Legrain   sur  la   route  de    caravane  entre 

l'oasis  de  Khargièh  et  Abydos,  à  28  heures  de  chameau  de  l'oasis. 
Fig.  g4-  —  Silex  chelléen  trouvé   par    M.    G.   Legrain    sur  la  route  de  caravane  entre 

l'oasis  de  Khargièh  et  Abydos,  à  r>6  heures  de  l'oasis. 

Fig.  g5.  —  Silex  chelléen  trouvé  par   M.  G.   Legrain    sur  la  route  de  caravane   entre 

l'oasis  de  Khargièh  et  Abydos,  à  27  heures  de  l'oasis. 

i/3  grandeur  naturelle. 


clut  que  c'est  aux  passages  des  montagnes  que  se  trouvent  les  stations 
préhistoriques  et  sa  conclusion  s'est  vérifiée  dans  toutes  ses  recher- 
ches postérieures. 


50  LOCALITES  PREHISTORIQUES  DE  L'EGYPTE 

GebeL-RhANIMÈh^'j  J-f-). 

Localité  de  l'oasis  de  Khargièh  où  M.  G.  Legrain  découvrit  une 
intéressante  station  néolithique.  Le  sol  est  couvert  d'éclats  et  d'ins- 
truments en  silex  jaune,  sur  tous  les  monticules  avoisinant  la  petite 
source  de  Rhanimèh. 

Au  nord  de  la  source  sont  les  ruines  d'un  fort  romain.  Au  sud 
existe  un  kjœkkenmœdding  où  M.  Legrain  trouva  un  grand  nombre 
de  silex  taillés  et  de  débris  d'ossements  et  de  vases.  11  ne  rencontra 
dans  ses  fouilles  aucun  objet  d'époque  historique. 

En  s'éloignant  un  peu  de  la  source  M.  G.  Legrain  trouva  sur  les 
collines  des  instruments  chelléens  (fig.  85  à  87). 

'Aqàbah  d'Abou-Sural  (Jljj— <  y)  <fc),  point  d'arrivée  à  l'oasis  de 

Khargièh  des  routes  partant  d'Abydos,  de  Girgèh  et  de  Farchout. 

Station  néolithique  et  chelléenne  très  importante  découverte  en 
mars  1897  par  M.  G.  Legrain. 

A  4  heures  de  caravane  de  T'aqabah  d'Abou-Sural,  dans  la  di- 
rection d'Abydos,  à  12,  17,  25  et  28  heures  sont  d'autres  stations  très 
étendues  dans  lesquelles  les  instruments  chelléens  sont  mélangés  aux 
silex  néolithiques  et  couvrent  le  sol. 


CHAPITRE    III 

Ethnographie  des  populations  indigènes 
de  1  Egypte. 


Je  me  suis  trouvé  fort  embarrassé  pour  assigner  auxpopulations  qui 

habitèrent  la  vallée  du  Nil,  antérieurement  aux  Egyptiens,  un  nom 
correspondant  exactement  a  ma  pensée.  Cette  race  ne  fut  probable- 
ment pas  celle  qui,  la  première,  foula  le  sol  égyptien;  elle  eut  des  pré- 
décesseurs. Je  ne  pouvais  donc  pas  la  qualifier  d  aborigène,  ou  d'au- 
tochtone; elle  n'est  pas  née  dans  le  pays,  elle  vint  probablement 
d'autres  contrées  et  bien  certainement  chassa  ou  asservit  des  hommes 
qui  occupaient  le  pays  avant  elle. 

Je  ne  pouvais  non  plus  la  dénommer  nouvelle  race,iVcM'  race,  comme 
le  fait  M.  W.  M.  Flinders  Pétrie,  car  nous  savons  par  les  études  de 
M.  le  Dr  Fouquet  qu'elle  était  apparentée  aux  hommes  de  Cro-Magnon, 
c'est-à-dire  au  peuple  le  plus  ancien  dont  les  débris  soient  parvenus 
jusqu'à  nous.  11  ne  m'était  pas  possible  non  plus  d'employer  le  terme 
de  Libyens,  qui  impliquerait  une  origine  spéciale,  alors  que  nous 
n'avons  encore  aucune  raison  pour  placer  le  foyer  de  cette  race 
humaine  dans  un  pays  plutôt  (pie  dans  un  autre. 

Je  me  servirai  de  l'expression  indigènes,  bien  que  ce  qualificatif  soil 
inexact; je  l'entendrai  dans  un  sens  relatif,  par  rapport  aux  Egyptiens 
pharaoniques,  mais  non  pas  dans  son  acception  absolue,  car  nous  ne 
possédons  aucun  renseignement  sur  l'origine  de  ce  peuple  et  sur  les 
populations  qui  le  précédèrent  dans  la  vallée  du  Nil. 

Pour  les  Egj  pi  iens  pharaoniques,  que  j'ai  bien  des  raisons  de  croire 


52         ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS  INDIGÈNES  DE  L'EGYPTE 


d'origine   asiatique,  j'emploierai   le    nom  d'Égyptiens,  d'étrangers, 
d'envahisseurs  ou  de  conquérants. 


Fig.  g6.  —  Ivoire  à  double  face.  —  FI.   Pétrie,  pi.  LIX,   fig.  i.  Nécropole  de   Toukh 

(Négadah). 

—  Schiste.  —  FI.  Pétrie,  pi.  LIX,  fig.   2.  Nécropole  de  Toukh   (Négadah). 

—  Ivoire.     —  id.  id.        fig.    3.  id. 

—  Schiste.   —  id.  id.        fig.    4.  id. 

—  Os.  —  id.  id.        fig.   5.  id. 

—  Terre  cuite  à  double  face.  —  FI.   Pétrie,  pi.  LIX,   fig.   6.   Nécropole  de 
Toukh  (Négadah). 

—  Ivoire.   —   FI.   Pelrie,  pi.  LIX,   fig.   7.  Nécropole  de  Toukh  (Négadah). 

—  Os.         —  id.  id.         fig.   8  A.  id. 

—  Pâte  organique.  —  FI.  Pétrie,  pi.  LIX,  fig.  11.  id. 

—  Os.   —  FI.    Pétrie,   pi.    LIX,    fig.    10.  id. 

—  Os.   —  id.  id.  fig.      8.  id. 

—  Os.   —  id.         pi   LX,  fig.  2r.  Localité  inconnue,    id. 
i/3  grandeur  naturelle. 


Fig. 

97- 

Fig. 

98. 

Fig. 

9«J- 

Fig. 

100. 

Fig. 

101. 

Fig. 

102. 

Fig. 

io3. 

Fig. 

ïo\. 

Fig. 

10,"). 

Fig. 

106. 

Fig. 

107. 

ETHNOGRAPHIE  DES   POPULATIONS  INDIGÈNES  DE   L'EGYPTE        53 

Egyptien  signifie  pour  moi  homme  venu  d'Asie,  donl  La  ch  ilisation 

est  spéciale  etdonl  la  nature  ethnique  est  encore  incom .L'Égyptien, 

tel  que  je  l'entends,  esl  celui  des  premiers  âges,  le  compagnon  du 
Mènes  légendaire,  donl  l'existence  ne  nous  esl  révélée  d'une  manière 

absolue  que  depuis  les  découvertes  d'Abydos,  de  Négadah,  deToukh 
el  de  toutes  les  nécropoles  où  pour  la  première  lois  se  rencontrent 
les  métaux. 

Au  pointde  vue  ethnique,  l'Egj  ptien  des  premie  emble 

que  fort  peu  à  l'Egyptien  du 
Moyen  et  du  .Nouvel  Empire;  il 
en  est  le  précurseur,  ses  carac- 
tères ethniques  sont  plus  purs. 
ses  aptitudes  lui  sont  spéciales, 
comme  ses  arts  et  son  écriture. 

Si  je  suis  entré  dans  ces  ex- 
plications,  c'est  afin  d'éviter 
toute  confusion  quand,  dans  ce 
volume,  j'emploierai  les  termes 
d'indigènes  et  à' Egyptiens  ;  c'est 
pour  rendre  plus  clair  mon  ex- 
posé. 

1°  Caractères  physiques.  — 
Les  indigènes  étaient  dolicho- 
céphales, et  les  Egyptiens  mé- 
saticéphales.  Cette  seule  dis- 
tinction entre  les  deux  races 
permet  de  penser  que  l'aspect 
physique,  les  mœurs,  les  apti- 
tudes   chez    les    deux    peuples 


!. 


/ 


108 


Pig    lo8.  —  Ivoire.  —  FI.  Pétrie,   pi.  LXII, 

fig.  35.  Nécropole  de  Toukh  (Négadah). 
Fig.  ioc).  —  Ivoire. —  FI.  Pétrie,  pi.   LXII, 

fig.  V\.  Nécropole  de  Toukh  (Négadah). 
Fig.  no.  —  Ivoire.  — FI. Pétrie, pi.  LXIV, 

fig.  8i.  Nécropole  de  Toukh  Négadah). 
i  /  i  grandeur  naturelle. 

étaient  absolument  différents. 

Je  n'entrerai  pas  dans  des  considérations  anthropologiques  de 
détail.  M.  Le  Dr  Fouquet,  avant  bien  voulu  se  charger  de  cette  étude, 
la  traitera  avec  toute  la  compétence  que  peuvent  désirer  les  spécia- 
listes. Je  me  bornerai  à  signaler  le  fait  que  ce  peuple  avait  les  cheveux 
lisses  et  souventblondsetque.  par  suite,  il  appartenait  à  larme  blanche. 

Afin  de  retrouver  les  caractères  physiques  îles  indigènes,  je  me 
contenterai  d'étudier  les  représentations  humaines  que  nous  four- 
nissent les  nécropoles  de  cette  époque  et  d'en  tirer  des    déductions. 

La  figure  111  représente  une  figurine  humaine  de  terre  cuite,  de- 


54         ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS  INDIGÈNES  DE  L'EGYPTE 


couverte  dans  la  nécropole  de  Gebel-Tarif.  Le  personnage,  dont  le 
sexe  n'estpas  indiqué  d'une  manière  précise,  est  agenouillé  dans  l'at- 
titude de  la  prière  ou  de  la  soumission  :  les  bras  pendent  le  long  du 
corps;  la  tête  est  forte,  rejetée  en  arrière;  le  nez  est  retroussé,  le 
menton  très  long;  les  lèvres  ne  marquent  aucune  proéminence  et  les 
oreilles  sont  larges  et  détachées. 

La  forme  donnée  à  la  partie 
supérieure  de  la  tète  semble 
indiquer  la  présence  d'un  bon- 
net. Il  ne  peut  être  observé  si 
ce  personnage  portait  ou  non  la 
barbe. 

Cette  statuette  grossière  nous 
fournit  bien  peu  de  renseigne- 
ments; elle  nous  apprend  ce- 
pendant que  les  indigènes  n'ap- 
partenaient pas  à  la  race  noire  , 
l'ait  déjà  constaté  par  les  études 
anthropologiques. 

Les  figures  96-107  représen- 
tent un  assez  grand  nombre  de 
figurines  humaines  en  ivoire  ou 
en  os.  Ces  images  sont  assez 
nombreuses  dans  les  sépultures 
indigènes. 

Dans  les  figures  97,  99  et  103,  la  représentation  est  très  rudimentaire  ; 
la  bouche  et  le  nez  ne  sont  pas  indiqués,  mais  la  forme  pointue  de  la 
base  du  visage  indique  que  les  indigènes  portaient  la  barbe  longue  et 
taillée  en  pointe. 

La  figure  96  présente  les  mêmes  caractères  généraux,  le  nez  et  la 
bouche  manquent,  mais  les  sourcils  sont  indiqués.  Sur  la  poitrine 
tombe  un  collier  de  quatre  rangs  de  perles. 

Les  figures  100,  105,  106  et  107  représentent  des  hommes  barbus,  et 
dans  toutes  les  images  nous  voyons  la  chevelure  coupée  court. 

Les  statuettes  que  je  viens  de  citer  appartiennent  toutes  au  sexe 
masculin,  tandis  que  les  figures  102  et  104  représentent  des  femmes. 
Pour  la  figure  1041e  fait  est  certain,  la  forme  de  la  poitrine  ne  laissant 
aucun  doute  à  ce  sujet  :  la  face  régulière  et  ovale  semble  à  demi  cou- 
verte d'un  voile,  les  yeux  sont   grands  et  en  amande,  les  sourcils 


Fis 


i/3  grandeur  naturelle. 


ETHNOGRAPHIE   DES  POPULATIONS  ÏNDIGENES  DE   L'ÉGYPT] 

épais  et  arqués,  les  épaules  tombantes,  La  taille  fine,  les  banches  très 
larges.  Au-dessous  des  hanches,  une  large  bande  transversale  semble 

appartenir  au  costume. 

Dans  la  figure  102  la  forme  générale  «lu  corps  penne!  de  reconnaître 
une  femme,  bien  que  la  poitrine  ne  soit  pas  accusée.  I  n  large  collier 
d'un  seul  rang  de  perles  est  passé  autour  du  cou  el  sur  La  tête  esl  un 
vase  placé  en  équilibre,  tout  comme  aujourd'hui  les  femmes  arabes 
ont  coutume  de  porter  les  cruches  lorsqu'elles  vont,  au  Nil,  puiser 
l'eau  nécessaire  aux  besoins  du  ménage. 

Les  figurines  que  je  viens  de  citer  sont  les  plus  complètes,  mais  il 
en  existe  une  autre  catégorie  (fig.  108,  109et  110),  formée  d'une  extré- 
mité de  dent  d'éléphant  dont  la  pointe  est  ornée  d'une  figure  gros- 
sièrement tracée.  Quelquefois  mémo  ces  images  se  réduisent  aux 
deux  yeux  (fig.  109)  ou  seulement  à  quelques  traits.  Quoi  qu'il  ensoit, 
lorsque  l'image  est  complète,  nous  retrouvons  les  mêmes  caractères 
que  sur  les  statuettes  plus  parfaites  (fig.  110).  La  barbe  est  taillée  en 
pointe  et  les  lèvres  semblent  être  fort  peu  proéminentes. 

En  résumé,  voici  les  caractères  que  ces  grossières  images  nous 
permettent  de  reconnaître: 

Pour  les  hommes  :  figure  ovale,  lèvres  peu  proéminentes,  cheveux 
courts,  barbe  longue  taillée  en  pointe. 

Pour  les  femmes  :  visage  ovale,  taille  fine,  hanches  très  larges, 
yeux  en  amande,  très  grands,  sourcils  arqués  et  épais,  cheveux 
courts. 

Ajoutons  à  ces  caractères  lesdonnées  fournies  par  l'anthropologie, 
c'est-à-dire  que  la  race  était  blanche,  aux  cheveux  clairs,  et  nous  au- 
rons, d'après  les  documents  dont  nous  pouvons  disposer,  le  portrait 
de  ces  populations  primitives. 

Après  la  conquête,  les  indigènes  adoptèrent  peu  à  peu  les  usages 
de  leurs  maîtres,  mais  la  fusion  des  deux  races  ne  se  fit  que  très  len- 
tement; peut-être  doit-on  voir  dans  les  personnages  barbus  qui  figu- 
rent dans  beaucoup  de  monuments  de  l'Ancien  et  du  Moyen  Empire 
des  représentations  d'individus  appartenant  à  la  race  la  plus  an- 
cienne. 

Les  bateliers  des  barques  de  Meïr,  entre  autres,  offrent  un  type  spé- 
cial très  différent  de  celui  des  personnages  pharaoniques  figurés  sur 
les  stèles  et  les  bas-reliefs  :  peut-être  devons-nous  voir  dans 
présentations  des  individus  de  la  race  indigène  qui,  comme  aujour- 
d'hui les  Barbarins,  s'étaient  confinés  dans  la  navigation. 


56        ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS  INDIGENES  DE  L'EGYPTE 

2°  Déformations.  —  D'après  les  documents  que  nous  possédons 
jusqu'à  ce  jour,  il  ne  semble  pas  que  les  indigènes  de  l'Egypte  aient 
eu  la  coutume  <le  se  déformer  en  aucune  manière;  les  squelettes  pré- 
sentent tous  les  proportions  normales  de  la  race,  les  dents  ne  portent 
aucune  trace  de  taille,  les  mâchoires  sont  complètes  et  généralement 
très  régulières;  le  crâne  n'est  déprimé  dans  aucun  sens  et  les  formes 
particulières,  qui  se  présententparfois,  sont  dues  uniquement  aux  ma- 
ladies. 

3°  Tatouages.  —  Nous  ne  possédons  qu'un  seul  document  relatif 
aux  tatouages  ou  aux  peintures  corporelles  (fig.  101  a  et  b)  :  c'est  une 
statuette  de  terre  cuite  découverte  par  M  Flinders  Pétrie  dans  la  né- 
cropole de  Toiikh.  Malheureusement  cette  figurine  est  incomplète,  la 
tête  et  les  pieds  manquent. 

Les  bras  et  les  jambes  sont  couverts  de  larges  dessins  composés 
de  lignes  brisées  et  analogues  à  ceux  qui  ornent  les  vases  indigènes 
gravés  à  la  pointe;  l'une  des  faces  du  corps  porte  des  représenta- 
tions de  chèvres  semblables  à  celles  que  nous  voyons  sur  les  vases 
de  terre  jaune  ornés  de  peintures  rouges. 

Il  est,  comme  de  juste,  impossible  de  dire  si  ces  ornements  étaient 
de  simples  peintures,  qu'un  lavage  pouvait  enlever,  ou  s'ils  consti- 
tuaient de  véritables  tatouages  hypodermiques,  comme  cela  se  voit 
chez  la  plupart  des  tribus  sauvages  et,  encore  aujourd'hui,  chez  les 
fellahs  de  l'Egypte. 

Il  serait  facile  de  trouver  un  grand  nombre  de  comparaisons  chez 
les  tribus  de  l'Afrique  centrale,  de  l'Amérique  ou  de  l'Océanie.  Je 
me  contenterai  de  citer  seulement  les  Negritos  de  la  presqu'île 
Malaise,  où  j'ai  moi-même  constaté  la  coutume  générale  du  tatouage 
et  de  la  peinture  corporelle. 

La  figure  112  représente  des  Sakayes  du  Souni-Raya  (Kinta,  royaume 
de  Perak).  On  distingue  les  tatouages  proprementdits,  qui  sont  figurés 
en  noir,  des  peintures  indiquées  par  des  hachures.  Les  peintures  se 
font,  à  Malacca,  en  appliquant  sur  la  peau  de  l'ocre  rouge  mélangée 
d'huile  (de  kapayang).  Ce  procédé  était  peut-être  le  même  qu'em- 
ployaient les  indigènes  de  l'Egypte,  car  nous  rencontrons  fréquem- 
ment dans  les  tombeaux  des  matières  minérales  colorantes  telles  que 
l'ocre  rouge  et  jaune,  la  malachite,  le  sulfure  d'antimoine. 

4°  Costume.  —  Au  sujet  de  l'habillement  des  indigènes  nous  sommes 


ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS  INDIGÈNES  I»!     I    EGYPTE        ." 

fort  mal  renseignés,  toutes  les  figurines  humaines  que  nous  poe 
dons,  sauf  une  (fig.  IO'i   dont  ilesl  impossible  de  tirer  des  conclusions, 
nous  montrant  L'homme  dans  L'étal  de  nudité  !<■  plus  complet. 

Dans  les  sépultures  indigènes,  je  n'ai  jusqu'ici  rencontré  aucune 
trace  de  tissus;  mais,  au  contraire, j'ai  fréquemment  trouvé  des  restes 
de  peaux  d'animaux:  il  semblerait  dune  que  le  costume,  rudimentaire 
et  probablement  composé  d'un  pagne,  que  portaienl  Les  indigènes,  fût 
composé  de  pelleteries. 

Sur  les  vases,  les  hommes  sont  toujours  représentés  ave<  Les  jambes 
détachées,  preuve  qu'ils  ne  portaient  pas  de  Longs  vêtements  et  étaient 


Fig.  ri2.  — Tatouages  des  Négritos  du  Souni-Raya  (Kinta, royaume  de  Perak,  pénin- 
sule Malaise).  (Dessin  de  l'auteur  d'après  nature.) 


probablement  presque  nus;  un  trait  ligure  Le  nœud  qui  retenait  le 
pagne  autour  du  corps. 

Dans  les  représentations  de  femmes,  qu'on  reconnaît  aisément  à  la 
largeur  des  hanches  et  à  la  finesse  de  la  taille,  les  jambes  sont  pris  s 
dans  une  sorte  de  jupe  descendant  jusqu'aux  chevilles  environ  ;  le 
buste  semble  être  resté  nu,  si  nous  en  jugeons  par  les  figurines  re- 
présentées par  les  figures  101  a  et  b,  102  et  104. 

La  douceur  extrême  du  climat  d'Egypte  autorise  à  penser  que  le 


58 


ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS  INDIGENES  DE  L'EGYPTE 


vêtement  chez  les  indigènes  était  peu  important;  sous  les  dynasties 
historiques  les  Egyptiens  eux-mêmes  sont  représentés, le  plus  souvent, 
comme  vêtus  d'un  simple  pagne  ou  d'une  jupe;  quelques-uns  sont 
entièrement  nus,  et  de  nos  jours  les  fellahs  travaillant  aux  champs  ou 
se  livrant  à  la  pénible  besogne  de  l'arrosage,  ne  portent  de  vêtements 
que  juste  ce  qui  est  nécessaire  au  point  de  vue  de  la  pudeur. 

L'art  de  tisser  les  étoffes  semble  avoir  été  ignoré  des  indigènes.  Je 
n'ai  en  effet  rencontré  de  tissus  que  dans  les  sépultures  renfermant 
des  métaux  et  appartenant  à  la  période  qui  suivit  l'arrivée  des  Égyp- 
tiens. 

Quant  aux  fusaïoles  qu'on  trouve  dans  le  kjœkkenmœdding  de 
Toukh  et  qui,  bien  certainement,  furent  employées  à  la  fabrication  du 
fil,  elles  ne  sauraient  être  dune  manière  certaine  attribuées  aux  indi- 
gènes, ce  kjœkkenmœdding  renfermant,  en  même  temps,  des  restes 
antérieurs  et  postérieurs  à  la  conquête  égyptienne. 

La  fabrication  du  fil  et  de  la  corde  n'implique  pas  forcément  l'art 
de  tisser  les  étoffes;  mais  à  ce  sujet  je  dois  faire  de  grandes  réserves, 
car  les  recherches  ne  sont  pas  encore  assez  complètes  pour  qu'il  soit 
possible  de  tirer  des  conclusions  d'arguments  négatifs. 

5°  Parure.  —  La  parure  chez  les  indigènes  ne  nous  est  connue  que 


Fig.   \\Z  à  117.  — Perles  de  terre  cuite  et  de  calcaire.   1/2  grandeur  naturelle  (kjœk- 
kenmœdding de  Toukh). 


par  les  restes  des  bijoux  plus  ou  moins  grossiers  que  nous  rencon- 
trons dans  les  sépultures.  Mais  ces  restes  sont  fort  nombreux  et  les 
figurines  humaines  que  nous  possédons  nous  permettent  d'indiquer 
pour  beaucoup  la  manière  dont  ils  étaient  portés. 


ETHNOGRAPHIE   DES  POPULATIONS  INDIGENES   l>l     l    EGYPTE 


Les  colliers  se  composaient  d'un  ou  de  plusieurs  rangs  de  perles 
tombanl  assez  lias  sur  la  poitrine    fig.  96,  I1»-!,  L03  . 

Les  perles  sonl  faites  de  cornaline  ou  de  toute  autre  substance  mi- 
nérale colorée  ;  quelques-unes  sonl  en  calcaire  el  atteignent  de  fortes 
dimensions   ûg.  1 13  à  117). 

Les  perles  de  pierre  dure,  telles  que  le  silex,  La  cornaline,  l'ag 
sont   très  grossièrement  el   irrégulièrement  travaillées  ;  on  Les  ren- 
contre parfois  en  fort  grand  nombre. 

Les  coquilles  marines  et  nilotiques  étaient  aussi  employées  pour 
former  des  colliers.  J'ai  rencontré  fréquemment  les  espèces  suivantes, 
qui  toutes  appartiennent  soit  a  la  faune  de  la  mer  Rouge,  soil  à  celle 
du  Nil  : 

Purpura  tuberculata  (Blainv.   : 

Conus pusillus  (Chemn.)  ; 

Nerita  polita  (Linné); 

Listrum  anaxares  (Duel.); 

Cleopatra  bulimoïdes  (Oliv.). 

Le  test  de  la  coquille  avait  été  usé  sur  un  côté  jusqu'à  ce  qu'un 
trou  se  fût  produit  pour  le  passage  du  fil  ou  du  nerf  d'animal  qui 
maintenait  les  éléments  du  collier. 

A  Toukh,  j'ai  également  rencontré  bon  nombre  de  petits  oursins 
fossiles  silicifiés  (fig.  118)  et  percés,  ainsi  que  des  imitations  gros- 
sières de  la  Nerita  polita  (fig.  119)  faite  d'une  roche  cristalline  très 
dure  du  genre  porphyre. 


Fig.  nS.  —  Collier  formé   d'oursins  fossiles  en  silex   brun,    i   2    grandeur  naturelle 

(nécropole  de  Toukh). 

Figg  ng,  —  Collier  formé  de  perles   de  porphyre    présentant   la   forme  de    la   Nerita 

polita.   i     >.  grandeur  naturelle  (nécropole  de  Toukh). 

Les  bracelets  sont  assez  fréquents  dans  les  sépultures  indigènes; 
ils  sont  faits  d'ivoire  d'éléphant,  de  nacre  ou  de  silex    fig.  L20-12 

Les  bracelets  d'ivoire  ont  été  obtenus  en  sciant  la  base  d  une  dé- 
fense d'éléphant  dans  la  partie  où  elle  esl  encore  creuse  el  en  polis- 
sant l'anneau  ainsi  obtenu 


GO 


ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS  INDIGÈNES  DE  L'EGYPTE 


Les  bracelets  de  nacre,  qui  dominent,  étaient  faits  en  sciant,  per- 
pendiculairement à  la  columelle,  un  gastéropode  de  forte  (aille  appar- 
tenant à  la  famille  des  trochidés,  et  en  enlevant  la  partie  de  la  columelle 
détachée  par  la  scie  ;  l'anneau  était  ensuite  entièrement  poli,  mais  il 
conserve  toujoursles  indications  de  la  forme  générale  de  la  coquille. 

Les  bracelets  de  silex  sont  de  beaucoup  les  plus  curieux,  leur  ré- 
gularité est  parfaite  et  dénote  une  habileté  de  main  merveilleuse.  Il 
en  existe  bon  nombre  dans  les  collections,  à  Gizeh,  au  Musée  Britan- 
nique, au  Musée  de  Calais,  etc.,  tous  présentent  la  même  perfection 
de  travail. 

Il  est  difficile  de  concevoir  comment,  dans  une  pierre  aussi  dure 
qu'est  le  silex  et  aussi  fragile,  les  indigènes  de  l'Egypte  sont  par- 
venus à  tailler  par  éclats  des  anneaux,  dont  la  forme  est  un  tore  régu- 


Fig.  120  à  122.  —  Bracelets  (fig.  120  :  albâtre,  nécropole  d'El-'Amrah  ;  fig.  121  :  silex 
jaune,  nécropole  d'Abydos  ;  fig.  122  :  nacre,  nécropole  d'El-'Amrah).  1/2  grandeur 
naturelle. 


lier,  en  conservant  partout  la  même  section  et  en  donnant  aux  circon- 
férences intérieure  et  extérieure  une  régularité  absolue. 

Bien  des  explications  ont  été  tentées  au  sujet  de  la  taille  de  ces  an- 
neaux; on  a  supposé  que  l'ouvrier  employait  une  géode  de  silex  dans 
laquelle  il  taillait  un  anneau  de  deux  coups  seulement  et  qu'ensuite 
il  n'avait  plus  qu'à  régulariser  l'objet. 

Je  crois  plutôt  que  la  lame  était  détachée  dans  un  nodule  sphérique 
et  d'une  matière  très  compacte,  que  cette  lame  naturellement  discoï- 
dale  était  régularisée  jusqu'à  former  un  disque  parfait;  qu'ensuite, 
l'ouvrier  la  perçait  au  centre  d'un  trou  conique  au  moyen  d'un  mor- 
ceau de  bois  pointu  et  de  sable  quartzeux. 

Ce  trou  conique  était  le  point  de  départ  des  éclats  à  l'aide  desquels 


ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS  [NDIGENES<DE   L'EGYPTE 


61 


l'anneau  étail  évidé,  el  ces  éclats  étaient  obtenus,  non  par  percussion, 
ce  qui  eût  inévitablement  brisé  l'objet,  mais  par  pression,  <'n  alternant 
sur  Tune  et  L'autre  face  il<-  l'éclat. 

Cette  explication,  bien  que  satisfaisante,  n'es!  peut-être  pas  la  bonne; 
elle  montre,  cependant,  de  combien  de  précautions  l'ouvrier  devail 
s'entourer  pour  obtenir  un  bracelel  de  silex.  Ces  bijoux  étaienl  sans 
contredit  extrêmement  précieux  pour  les  indigènes.  Ils  apparaissent 
avec  les  sépultures  les  moins  anciennes  de  I  âge  néolithique,  H  dis- 
paraissent avec  la  venue  des  Egyptiens,  pour  ne  plus  jamais  être  en 
usage. 


>  AAM>UAM  AM  A  »AAMÀAM> 


[J^ 


Fig.   10.3.  —  Ivoire.   Nécropole   de  Négadab   (Toukh). 

Fig.    124.    —  Ivoire.  id. 

Fig.    12Î.    —   Ivoire.  id. 

Fig.    126.   —  Ivoire.  id. 

Fig.    127.   —  Ivoire.  id . 

Fig.    128.   —  Ivoire.  id. 

Fiç.    129.  —  Ivoire.  id. 

1/2  grandeur  naturelle. 

11  a  été  prétendu  que,  de  nos  jours  encore, 
usage.  Cette  assertion  est  non  seulement 
rieuse  me  l'a  prouvé,  mais  elle  est  même   1 
possible  de  trouver,  aujourd'hui  en  Egypte, 
de  lever  sur  un  nucléus  la  moindre  lame  de 


Fl.    Pétrie,  pi.  LXIII,   fig.  66. 

id.  id.  fig.  5g. 

id.  id.  fig.   5i  . 

id.  id.  fig.  63. 

id.  id. 

id.  id.  lii.  56. 

id.  id. 


les  fellahines  en  faisaient 
fausse,  une  enquête  -  - 
idicule  :  car  il  serait  im- 
un  seul  individu  capable 
silex  et,  à  plus  forte  rai- 


62         ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS  INDIGENES  DE  L'EGYPTE 

son,  de  tailler  an  objet  aussi  compliqué  que  l'est  un  anneau  régulier. 
Les  bracelets  de  silex  marquent  l'apogée  dans  l'arl  d'éclater  la 
pierre,  et  c'est  en  Egypte  seulement  qu'on  les  rencontre  ;  nous  ne  de- 
vons donc  pas  être  surpris  de  découvrir  dans  les  sépultures  indigènes 
ces  couteaux  et  ces  poignards  merveilleux  dont  la  fabrication  n'est 
qu'un  jeu  d'enfant  à  côté  des  soins  qu'exigeait  la  taille  d'un  bracelet. 

Peignes.  —  Les  peignes  sont  en  os  ou  en  ivoire;  il  en  existait  pro- 
bablement aussi  en  corne,  en  bois  et  en  écaille  de  tortue,  mais  ces  ob- 
jets, très  fragiles,  ne  sont  pas  parvenus  jusqu'à  nous. 

Les  peignes  sont  presque  toujours  hauts  et  étroits,  munis  de  longues 
dents  coniques  et  ornés  de  figures  animales  découpées  à  la  scie  (fig. 
123  à  136).  Ils  semblent  avoir  servi  d'objets  de  parure,  bien  que  les 


Fig.  i3o  à  i36.  —  Peignes  d'os  et  d'ivoire.  i/3  grandeur  naturelle.  (Fig.  i3o.  Kjœk- 
kenmœdding  de  Toukh.  —  Fig.  i3t.  Kjœkkenraœdding  de  Zawaïdah.  —  Fig.  i32  a 
i36.  Nécropole  de  Gébel-Tarif1.) 

représentations  grossières  que  nous  avons  des  indigènes  nous  les 
montrent  portant  les  cheveux  courts.  On  ne  conçoit  guère  l'usage  du 
peigne  piqué  dans  la  chevelure  dans  ces  conditions,  et  cependant 
dans  les  tombeaux  on  les  rencontre  souvent  placés  près  du  crâne;  des 
découvertes  ultérieures  pourront  seules  fixer  ce  détail. 

Pendeloques.  —  Les  sépultures  indigènes  renferment  bon  nombre 
de  menus  objets  en  os  et  en  ivoire  dont  je  n'ai  pu  jusqu'ici  déter- 
miner l'usage.  Ce  sont  des  sortes  de  pendeloques  (fig.  137  à  147) 
formées  par  l'extrémité  coupée  d'une  côte  d'animal  ou  d'une  défense, 
percées  souvent  d'un  trou  au  sommet,  et  par  conséquent  devant  être 


i.  C'est  par  erreur  que  ces  objets  ont  été  publiés  dans  mes  Recherches  de  1896, 
page  147,  fig.  338  à  342,  comme  ayant  été  découverts  à  Saghel-el-Baglièh;  ils  pro- 
viennent de  Gébel-Tarif. 


ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS   INDIGÈN1  -   DE    L'ÉGYPTl 

portées  la  pointe  en  l>as,  munies  dans  leur  partie  la  plus  large  d'une 
forte  échancrure  <>t  couvertes  de  lignes  brisées  ou  de  dessins  géora 
triques  rudimentaires. 

Ces  pendeloques  son!  généralemenl  pleines  et  par  conséquent 
n'ont  pu  renfermer  des  fards  ou  des  parfums;  plus  raremenl  ce  ^<>iii 
de  petits  vases. 

Il  y  a  lieu  de  ranger  dans  la  même  catégorie  les  longs  bâtons  i  reux 
d'ivoire(fig.  108- 1  l<>)  représentant  grossièrement  l'image  de  l'homme  : 
la  partie  la  plus  large  de  L'objet  «Hait  fermée  par  un  bouchon    d'une 


Fig. 

i37. 

—  Ivoire. 

Fig. 

i38. 

—  Cuir. 

Fig. 

139. 

—   Cuir. 

Fig. 

140. 

—  Cuir. 

Fig. 

141. 

—  Cuir. 

Fig. 

1^2. 

—   Cuir. 

Fig. 

i43. 

—  Albâtre. 

Fig. 

44. 

—  Ivoire. 

Fig. 

i45. 

—  Ivoire. 

Fig. 

i46. 

—  Ivoire. 

Fig. 

147. 

—  Ivoire. 

Fig.   137  à  1I7.  —  Pendeloques.  —  i/3  grandeur  naturelle. 


id. 
id. 
id. 
id. 
id. 
id. 
id. 
id. 
id. 
id. 


Pétrie, 

Pi 

1  XII, 

Gg 

id. 

id. 

fig- 

id. 

id. 

fig. 

id. 

id. 

fig. 

id. 

id. 

fig- 

45. 

id. 

Pi 

I.X1V. 

fig. 

07- 

id. 

pl 

I.XII. 

fig. 

II. 

id. 

id. 

fig. 

'.'-. 

id. 

id. 

fig. 

"'. 

id. 

pi. 

LXIV, 

fig. 

96. 

id. 

id. 

fig. 

95. 

substance  résineuse,  et  la  cavité  contenait  des  matières  colorantes 
telles  que  du  sulfure  d'antimoine. 

Une  autre  catégorie  d'ornements  (fin'.  148  a  155  .  eux  aussi  ni 
en  ivoire,  semble  être  entrée  dans  l'habillemenl  ou  la  coiffure.  Ce 
sont  des  lames  d'os  et  d'ivoire,  découpées  suivant  des  formes   très 
originales  et  couvertes  de  dessins  géométriques  très  simples.  Beau- 


64        ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS  INDIGÈNES  DE  L'EGYPTE 

coup  de  ces  plaquettes  sont,  comme  les  pendeloques  dont  il  vient 
d'être  question,  percées  d'un  trou  de  suspension  ou  d'attache;  leur 
usage  précis  est  également  inconnu. 

Comme  on  le  voit,  les  indigènes  étaient  grands  amateurs  de  parure 
et  ils  employaient  à  cet  effet  toutes  les  matières  que  leur  fournissaient 
l'Egypte  et  les  montagnes  voisines.  La  mer  Rouge  et  le  Nil  leur  li- 
vraient les  coquilles  ;  les  montagnes,  leurs  cornalines  et  les  pierres 


Fig. 

i48. 

—  Schiste. 

Fig. 

J49- 

—  Schiste. 

Fig. 

i5o. 

—   Ivoire. 

Fig. 

i5i. 

—  Ivoire. 

Fig. 

l52. 

—  Ivoire. 

Fig. 

i53. 

—  Schiste. 

Fig. 

i54. 

—  Ivoire. 

Fig. 

i55. 

—  Schiste. 

id. 
id. 
id. 
id. 
id. 
id. 
id. 


Pétrie 

pi. 

LXII, 

%. 

4r. 

id. 

id. 

fig. 

te. 

id. 

pi. 

LXIV 

fig' 

9° 

id. 

PL 

LXII, 

fig. 

37- 

id. 

id. 

fig. 

38. 

id. 

PL 

LXIV, 

fig. 

89< 

id. 

PL 

LXII, 

fig. 

4o. 

id. 

id. 

fig- 

43. 

aux  couleurs  vives;  des  animaux  qu'ils  tuaient  à  la  chasse,  ils  tiraient 
les  peaux  pour  leur  habillement  et  l'ivoire. 

Nous  retrouvons  en  Egypte  chez  les  indigènes  bien  des  usages  que 
nous  connaissons  déjà  en  Europe  comme  ayant  été  ceux  des  habitants 
néolithiques  de  nos  contrées,  et  que  nous  constatons  encore  chez 
beaucoup  de  tribus  sauvages  parmi  lesquelles  le  goût  de  se  parer  a 
devancé  le  besoin  de  se  vêtir.  En  Egypte,  la  flore  et  la  faune  différaient 
entièrement  de  celles  des  autres  pays  du  monde,  elles  offraient  aux 
indigènes  des  ressources  spéciales;  mais,  ces  matières  premières, 


ETHNOGRAPHIE   DES   POPULATIONS   INDIGENES  DE  L'EGYPTE 

l'homme  les  utilisa  dans  la   même  pensée  que  ses  congénères  des 
autres  pays  <lu  monde. 

6°  Danse.   —  Les  grossières  peintures  qui  couvrenl  certains 
et  la  figurine     fig.  loi    d'où  j'ai  tiré  les  renseignements  relatifs  aux 
tatou  aère  s,  uous  montrenl  des  femmes  les  bras  levés  au-dessus  de  la 
tête  >'i  dans  une  attitude  qui  ne  peul  être  autre  que  celle  de  la  danse. 

Les  danses  existenl  chez  Nuis  les  peuples  sauvages  el  souvenl  même 
les  conquérants  onl  adopté  les  danses  particulières  aux  vaincus; 
l'Amérique  du  Sud  nous  en  offre  un  grand  nombre  d'exemples.  En 
Egypte,  le  mêmefail  semble  avoir  eu  lieu,  car  nous  voyons  dan-  les 
bas-reliefs  de  l'Ancien  Empire  '  des  scènes  de  danses  dans  lesquelles 
des  femmes  élèvent  les  bras  au-dessus  de  la  tète,  toutcomim-  nous  le 
montrent  les  représentations  peintes  sur  les  vases  indigènes. 

Les  danseuses  d'époque  pharaonique  n'étaient  pas  tatouées,  les 
peintures  des  mastabas  en  font  foi  :  mais  la  pose  est  exactement  la 
même  et  il  est  à  supposer  qu'aux  débuts  de  l'empire  égyptien  les 
danses  comprenaient,  en  même  temps  que  celles  spéciales  au  peuple 
conquérant  si  toutefois  il  avait  cette  coutume,  celles  des  populations 
asservies. 

Si  nous  examinons  l'histoire  de  toutes  les  conquêtes,  tant  des  inva- 
sions antiques  que  des  occupations  modernes  des  territoires  sauvages, 
nous  voyons  toujours  les  vainqueurs,  se  livrant  à  des  réjouissant 
faire  danser  devant  eux  les  peuples  vaincus  et  peu  à  peu  adopter  les 
usages  des  indigènes.  Xe  voyons-nous  pas  la  lezginka,  cette  danse 
essentiellement  caucasienne,  dansée  dans  le  Palais  de  Saint-Péters- 
bourg. 

Les  femmes  qui,  dans  l'antiquité,  se  livraient  à  la  danse  étaient 
presque  toujours  des  esclaves,  c'est-à-dire  qu'elles  appartenaient  à  des 
races  vaincues  et  captives  :  elles  dansaient  les  danses  de  leur  pays 
d'origine.  Aujourd'hui  encore  ne  faisons-nous  pas  venir  dans  no- 
capitales  des  individus  de  tous  les  pays  sauvages  pour  assister  à  leurs 
danses. 

Il  est  donc  très  rationnel  d'admettre  que  les  conquérants  égyptiens 
ne  dérogèrent  pas  à  cette  loi  générale  et  que  les  danses  indigènes 
continuèrent  d'être  pratiquées  bien  longtemps  après  la  fusion  des 
deux  races. 

7°  Habitation.  —  L'examen  rapide  du  kjœkkenmœdding  de  Toukh 

i.    fombeaux  de  Ti,  de  Mera,  etc.,  à  Saqqarah. 


66        ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS  INDIGENES  DE  L'EGYPTE 

m'avait  fait  penser,  en  L896,  que  les  restes  déniaisons  de  briques  crues 
que  renferme  le  tell  appartenaient  à  la  période  indigène;  mais  l'étude 
plus  approfondie  des  huttes  analogues  à  Kawamil,  à  Silsileh  et  à 
Toukh  môme  m'amène  aujourd'hui  à  rectifier  cette  erreur. 

Chaque  fois  qu'on  rencontre  des  briques  crues,  soit  dans  les  kjœk- 
kenmœddings,soit  dans  les  sépultures,  on  trouve  en  même  temps  des 
objets  métalliques,  tels  que  harpons,  aiguilles,  petits  ciseaux,  etc., 
mélano-és  aux  silex  taillés  et  aux  tessons  de  vases.  La  brique  crue  per- 
met donc  de  ranger  les  vestiges  dans  la  période  égyptienne  des 
débuts,  et  l'art  de  la  travailler  est  l'une  des  caractéristiques  de  cette 
époque. 

Les  indigènes  ne  connaissaient  pas  la  brique,  dont  l'usage  fut  pro- 
bablement apporté  de  Chaldée  par  les  étrangers.  Ils  construisaient 
de  simples  huttes  de  branchages  ou  de  roseaux,  si  nous  en  croyons 
les  observations  que  j'ai  pu  faire  dans  les  kjœkkenmœddings  qui  ne 
renfermaient  pas  de  métaux. 

Dans  un  pays  comme  l'Egypte  où  les  froidures  ne  sont  pas  à  redou- 
ter, de  simples  huttes  de  roseaux  suffisent  a  garantir  contre  les  ar- 
deurs du  soleil  et  la  violence  du  vent;  les  Bédouins  en  font  encore 
constamment  usage  et  les  fellahs  eux-mêmes,  lorsque  quittant  leurs 
villages  ils  vont  conduire  leurs  troupeaux  dans  les  champs  à  l'époque 
des  verdures,  s'abritent  sous  des  huttes  faites  de  tiges  de  dourah. 

A  Ras-el-Bahr,  où  chaque  année,  un  grand  nombre  d'habitants  du 
Caire  fuyant  les  chaleurs,  vont  en  été  vivre  au  bord  de  la  mer,  on 
habite  dans  des  maisons  de  roseaux  ;  j'y  ai  moi-même  vécu  pendant 
plusieurs  mois  et  par  expérience  j'ai  constaté  que  ces  abris  sont  très 
confortables. 

Ce  qui  se  passe  aujourd'hui  se  passait  également  il  y  a  dix  mille  ans 
et  nous  en  trouvons  la  preuve  dans  les  kjœkkenmœddings  réellement 
indigènes  qui  contiennent  mélangés  aux  cendres  et  aux  restes  de  la 
vie  humaine  une  foule  de  débris  de  branchages,  de  roseaux  et   de 

joncs. 

A  Toukh,  la  base  du  kom  est  formée  de  ces  vestiges  préhistoriques 
et  c'est  dans  les  couches  supérieures  seulement  qu'on  rencontre  les 
ruines  des  habitations  égyptiennes  caractérisées  par  la  poterie  et  les 
objets  métalliques. 

Le  site  de  Toukh  fut  abandonné  peu  après  la  conquête  égyptienne 
et  remplacé  par  la  ville  de  Noubl  située  à  un  kilomètre  plus  au  nord; 
la  vie  se  continua  là  pendant  toute  la  période  pharaonique. 


ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS  INDIGÈNES   DE  L'EGYPTE        61 

A  (iebelein,  au  contraire,  remplacement  des  huttes  préhistoriques 
se  recouvrit  successivement  de  constructions  el  tandis  qu'à  La  base 
du  tell  on  rencontre  les  véritables kjœkkenmœddingsanté-historiques, 

au  sommet  on  voit  des  ruines  de  maisons  grecques  el  romain 

Quant  à  la  position  des  lieux  que  choisissaient  les  indigènes  pour 
leurs  établissements,  il  esl  bien  difficile  de  la  définir,  car  aujourd  hui 
les  restes  des  campements, qui  jadis  étaienl  situés  dans  la  vallée, sonl 
recouverts  d'épaisses  couches  de  limon  dont  l'épaisseur  peul  attein- 
dre 13  à  14  mètres.  Nous  ne  pouvons  donc  parler  que  des  stations  qui, 
se  trouvant  situées  sur  le  bord  du  désert,  sont  restées  à  l'abri  de 
inondations.  Dans  la  plupart  des  cas,  les  kjoekkenmœddings  sonl  ti 
voisins  de  la  limite  actuelle  des  cultures;  ils  s'en  éloignent  raremenl 
de  150  ou  200  mètres. 

Quant  à  la  population,  elle  était  très  nombreuse,  si  nous  en  jugeons 
d'après  la  quantité  considérable  de  sépultures  que  renferment  les 
nécropoles  et  par  le  grand  nombre  de  ces  cimetières.  Lorsqu'on  par- 
court la  lisière  du  désert  entre  Kawamil  au  nord  et  Thèbes,  il  est  rare 
qu'on  fasse  plus  de  quatre  ou  cinq  kilomètres  sans  rencontrer  soit 
des  nécropoles,  soit  des  kjoekkenmœddings,  soit  des  silex  tailles 
épars  en  grand  nombre  sur  le  sol  et  montrant  que  des  recherches  plus 
minutieuses  amèneraient  la  découverte  de  véritables  stations. 

Entre  Kawamil  et  Silsileh,  les  restes  d'époque  historique  sont  a 
peine  plus  nombreux  que  les  vestiges  préhistoriques.  Les  cimetières 
musulmans  eux-mêmes  n'indiquent  pas  un  nombre  beaucoup  plus 
considérable  d'habitants  et  nous  savons  que  la  population  actuelle  de 
l'Egypte  dépasse  deux  cents  habitants  par  kilomètre  carré  de  surface 
cultivable. 

Sans  pousser  trop  loin  ces  considérations,  sans  admettre  qu'aux 
temps  préhistoriques  la  population  de  l'Egypte  était  aussi  nombreuse 
qu'aujourd'hui,  nous  devons  cependant  reconnaître  qu'elle  était  très 
considérable.  Nous  trouvons  dans  certaines  vallées  de  l'Afrique  cen- 
trale, dont  les  tribus  sont  encore  à  l'état  sauvage,  des  points  de  com- 
paraison qui  nous  permettent  déjuger  de  ce  qu'était  la  population  in- 
digène dans  la  vallée  du  Nil  avant  l'arrivée  des  Egyptiens.  Lesvillag  - 
nègres  sont  situés  à  flanc  de  coteau  et  sur  toutes  les  hauteurs  voisines 
de  la  vallée,  qui  nourrit  les  bestiaux  et  fournil  les  terrain-  de  cul- 
ture. 

8°  Chasse. —  L'homme  néolithique  en  Egypte  était  un  peuple  chas- 
seur et  pêcheur.  Le  gibier  abondait   dans  la  vallée  du  Nil  comme  il 


68        ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS   INDIGENES  DE  L'EGYPTE 

abonderait  encore  aujourd'hui,  si  les  armes  à  feu  n'avaient  apporté 
des  moyens  infaillibles  de  destruction  et  n'avaient  chassé  les  ani- 
maux sauvages  jusqu'au  centre  du  continent  africain. 

L'éléphant  qui  vit  sur  le  haut  Nil  Blanc  et  sur  ses  affluents,  qui  se 
rencontre  encore  en  bandes  nombreuses  sur  le  moyen  Nil  Bleu  et  va 
jusqu'à  faire  des  incursions  dans  les  territoires  italiens,  vivait  proba- 
blement en  Egypte  dans  les  débuts;  mais  grâce  au  peu  de  largeur  de 
la  vallée,  au  manque  absolu  de  grandes  forêts,  il  dut  être  l'un  des  pre- 
miers animaux  qui  furent  obligés  de  rétrograder  devant  l'homme  et 
de  gagner  les  solitudes  de  l'Afrique  centrale. 

Nous  rencontrons  dans  les  sépultures  indigènes  un  grand  nombre 
d'objets  en  ivoire  d'éléphant  et  souvent  même  la  forme  naturelle  de 
la  défense  s'est  conservée  d'une  manière  qui  ne  permet  aucun  doute. 
Les  graffiti  et  les  peintures  des  vases  nous  montrent  également  le 
grand  pachyderme  africain  dont  le  nom  s'est  conservé  jusqu'à  notre 
ère  dans  l'île  d'Éléphantine;  mais  il  n'est  pas  possible  de  dire  si,  vers 
les  derniers  temps  de  l'époque  néolithique,  les  indigènes  chassaient 
encore  l'éléphant  en  Egypte  ou  s'il  recevaient  son  ivoire  par  le  com- 
merce de  l'intérieur1. 

Les  mastabas  les  plus  anciens  ne  nous  fournissent  jamais  la  repré- 
sentation de  l'éléphant  parmi  les  animaux  de  la  faune  égyptienne;  nous 
devons  en  conclure  qu'à  la  IIIe  dynastie,  ce  pachyderme  était  depuis 
longtemps  étranger  à  l'Egypte. 

L'hippopotame,  au  contraire,  que  nous  voyons  figurer  si  souvent 
dans  les  bas-reliefs  de  l'Ancien  Empire,  vécut  dans  le  Delta  jusqu'à 
l'époque  des  Croisades;  il  était  d'une  extrême  abondance  durant  les 
siècles  qui  précédèrent  l'arrivée  des  Egyptiens  et  il  n'est  pas  une  né- 
cropole, pas  un  kjœkkenmœdding  qui  ne  nous  fournissent  des  preuves 
que  son  ivoire  était  d'un  emploi  courant. 

Le  rhinocéros  semble  avoir  été  plus  rare,  si  toutefois  il  vivait  en 
Egypte  à  ces  époques  reculées.  J'ai  rencontré  dans  la  partie  inférieure 
du  kjœkkenmœdding  de  Toukh  un  fragment  de  corne  de  cet  animal. 

Il  est  à  remarquer  que  le  rhinocéros  ne  figure  pas  dans  les  bas- 
reliefs  de  l'Ancien  Empire. 

Le  bœuf  sauvage,   analogue  à  celui  que  nous  rencontrons  encore 

i.  Le  nom  de  l'île  d'Eléphantine,  à  la  première  cataracte,  est  un  indice  certain  de 
l'existence  de  l'éléphant  en  Egypte  aux  débuts  de  l'Ancien  Empire.  L'inscription  d'Ounas 
et  les  textes  du  tombeau  de  Hirkouf  nous  montrent  fréquemment  ce  nom  écrit  avec  la 
représentation  du  grand  pachyderme  africain. 


ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS   INDIGÈNJ  -   DE   L'EGYPTE         </< 

dans  l'Abyssinie,  vivail  alors  en  Egypte;  1---  gazelles,  les  antilopes 
étaient  en  grand  nombre,  dans  la  vallée  comme  au  désert. 

Le  sanglier  ou  cochon  sauvage  étail  forl  abondant;  les  kjœkken- 
mœddings  renfermenl  en  grand  nombre  les  os  de  cel  animal,  et,  sui- 
vant le  professeur  Schweinfurth,  les  sangliers  qu' encontre  aujour- 
d'hui si  rarement  au  Fayoum  ne  seraienl  peut-être  que  les  descen- 
dants de  la  race  primitive 

Tels  sont  les  principaux  quadrupèdes  que  l'indigène  chass 
dans  la  vallée  et  dans  les  montagnes  ;  je  ne  parlerai  pas  des  carnassiers 
tels  que  le  lion,  le  guépard,  le  léopard,  l'hyène,  le  loup,  le  chacal,  le 
chat  sauvage,  etc.  qui  constituaient  pour  lui  un  réel  danger;  du 
crocodile,  son  plus  grand  ennemi,  dont  (railleurs  il  ne  pouvait  tirer 
que  fort  peu  de  parti. 

Quant  aux  volatiles,  ils  étaient  extrêmement  nombreux  etformaient 
une  partie  très  importante  de  l'alimentation  des  indigènes. 

Parmi  les  oiseaux,  l'autruche,  alors  abondante  a  l'état  sauvage, 
semble  avoir  joué  un  rôle  important  dans  la  vie  des  hommes  néoli- 
thiques. Ses  œufs,  percés  et  couverts  de  peintures,  se  rencontrent 
assez  souvent  dans  les  nécropoles;  ses  os  sont  abondants  dnn>  les 
kjœkkenmœddings  et,  dans  le  désert  Arabique,  on  rencontre  très  fré- 
quemment sur  le  sol  des  fragments  de  ses  œufs. 

Après  avoir  donné  la  liste  sommaire  du  gibierque  chassait  l'homme 
en  Egypte,  il  est  nécessaire  de  montrer  quel  était  le  terrain  de  chi 
avant  d'entrer  dans  le  détail  des  armes  dont  l'indigène  disposait  pour 
se  procurer  les  animaux  nécessaires  à  sa  vie. 

Le  désert  et  les  montagnes  qui,  à  l'est  et  à  l'ouest,  bordent  la  vallée 
du  Nil  étaient  alors  ce  qu'ils  sont  encore  de  nos  jours,  c'est-à-dire  d'une 
aridité  presque  absolue.  Ce  domaine  était  celui  des  antilopes,  des 
gazelles  et  de  l'autruche,  mais  c'est  dans  la  vallée  du  Nil  que  se 
trouvaient  les  chasses  importantes. 

Le  Nil,  sans  digues  et  sans  contrainte,  oscillait  alors  suivant  son 
caprice,  de  la  chaîne  Libvque  à  la  chaîne  Arabique,  formant  un  nombre 
considérable  de  bras,  dont  beaucoup  restaient  a  sec  pendant  la  majeure 
partie  de  l'année,  laissant  des  îles  couvertes  de  végétation,  des 
marais  profonds,  au  pied  des  montagnes,  déracinant,  une  année.  les 
bois  qu'il  avait  laissé  pousser  pendant  les  années  précédentes,  el 
pendant  ses  crues  couvrant  la  vallée  tout  entière. 

C'est  au  milieu  de  cette  jungle  remplie  de  plantes  épineuses,  dans 
ces  marécages  bordés  de  roseaux,  de  joncs  et  Ai'  papj  rus  que  se  tenait 


70        ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS  INDIGÈNES  DE  L'EGYPTE 

le  gibier;  c'est  là  que  l'homme  devait  aller  le  chercher,  aussi  bien 
armé  que  possible,  car  jamais  le  chasseur  ne  savait  s'il  n'allait  pas 
rencontrer  face  à  face  l'un  de  ces  ennemis  redoutables,  tels  que  le 
rhinocéros,  l'hippopotame,  le  lion,  le  crocodile  et  s'il  n'en  serait  pas 
la  victime. 

Dans  les  pays  où  vivent  encore  ces  terribles  animaux,  le  chasseur 
indigène,  privé  d'armes  à  feu,  ne  s'avance  qu'avec  des  précautions  in- 
finies, il  se  glisse  sans  bruit  dans  les  broussailles,  passe  des  nuits  et 
des  journées  à  l'affût,  cherchant  dans  les  arbres  un  abri  contre  les 
attaques.  J'ai  vu  des  Négritos  en  chasse,  armés  de  leurs  arcs  et  de 
leurs  sarbacanes  aux  flèches  empoisonnées  :  ils  marchent  isolément, 
se  faufilent  entre  les  troncs  d'arbres  et  agissent  avec  tant  de  prudence 
et  de  silence,  que  souvent  ils  arrivent  jusqu'à  dix  pas  seulement  de 
la  pièce  qu'ils  poursuivent  sans  éveiller  son  attention.  Tout  en  épiant 
leur  proie,  ils  jettent  de  tous  côtés  les  yeux  et  surveillent  les  moin- 
dres bruits  de  la  forêt. 

Je  me  représente  l'indigène  d'Egypte  employantes  mômes  procédés 
que  les  Négritos,  se  procurant  beaucoup  plus  de  gibier  à  l'aide  de 
pièges  et  de  lacets  que  par  l'usage  de  ses  armes;  mais,  lorsqu'il  partait 
en  chasse  usant  de  toutes  les  précautions  et  n'agissant  qu'avec 
une  patience  infinie. 

Il  n'entrait  dans  les  fourrés  que  muni  de  toutes  ses  armes,  car  il 
pouvait  renconter  des  ennemis  plus  terribles  que  l'homme  et  mieux 
que  pour  la  guerre  il  devait  être  prêt  à  la  défense. 

Je  décrirai  donc  en  traitant  de  la  chasse  toutes  les  armes  qu'em- 
ployaient les  indigènes,  car  elles  lui  servaient  aussi  bien  pour  lutter 
contre  ses  semblables  que  pour  attaquer  les  animaux.  D'ailleurs  nous 
ne  possédons  aucun  document  sur  les  relations  qui  existaient  entre 
les  diverses  tribus;  elles  étaient  probablement  souvent  en  guerre  si 
nous  en  jugeons,  d'après  ce  qui  se  passe  chez  toutes  les  peuplades 
sauvages,  mais  nous  n'avons  aucune  certitude  à  ce  sujet.  Je  rappor- 
terai donc  tout  l'armement  à  la  chasse. 

La  forme  la  plus  simple  de  l'arme  est  le  bâton,  les  indigènes 
l'employaient,  j'en  ai  retrouvé  des  traces  dans  les  tombeaux;  les 
Égyptiens  pharaoniques  en  faisaient  grand  usage  et,  de  nos  jours 
encore,  il  n'est  pas  un  fellah  qui  sorte  de  sa  maison  sans  être  muni 
de  son  nabout*  long  bâton  de  bois  dur,  plus  lourd  à  l'extrémité  qu'à 
la  partie  qu'on  tient  à  la  main,  et  qui  constitue  une  arme  terrible. 

Afin  de  rendre  le  coup  plus  dangereux  les  indigènes  armaient  leurs 


ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS  INDIGÈNES    D]     L'EGYPTE        71 
bâtons  d'une  masse  pesante  faite  de  pierre  ou  d'ivoire  (fig.  L56     Ils 


Fig.   i56.  — Masse  d'ivoire,  aécropole  de  Silsileh,  i     -  grandeur  naturelle. 

employaient  à  cet  effet  la  diorite,  les  roches  dures  des  environs 
d'Assouan  (fig.  157-164),  ou  même  l'albâtre  dans  le  cas,  probablement, 
où  la  massue  devenait  un  simple  signe  de  commandement. 

Les  masses  affectent  des 
formes  très  diverses  :  les 
unes  sont  coniques,  d'au- 
tres sont  arrondies.  Ce 
dernier  type  est  resté  en 
usage  pendant  toute  la  du- 
rée de  l'empire  égyptien  : 
j'en  ai  trouvé  dans  les 
tombes  princières  de  la 
XIIe  dynastie  à  Dahchour; 
on  le  voit  figuré  sur  tous 
les  monuments  égyptiens 
jusqu'à  la  fin  de  l'époque 
romaine;  les  masses  n'a- 
vaient plus  alors  qu'une 
signification  convention- 
nelle. 

La  masse  n'est   pas  une 

arme  spéciale  à  l'Egypte; 

son  emploi  fut  courant  dans 

tous    les    pays,    même    les  Fig.  i57  à  t6i.  -- Masses  en  pierre  (El-*Amrah). 

,  .    ...    ,         TI  1/2  grandeur  naturelle.  —  Fig.   î.'i;  à   109. 

plus    Civilises.    Il    est    ce-  AJbâ(ref_Kg>  l6o  et  l6l.  Type d'emmanchement. 

pendant  intéressant  de  ci- 
ter celles  dont  les  indigènes  de  la  Nouvelle-Zélande,  de  la  Californie 
et  du  Mexique  font  encore    usage*  et  qui  sont  absolument    sembla- 

1.  Th.  Wilson,  Smithsonian  Report,  1890,  p.  655,  Gg    -s 


72 


ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS  INDIGENES  DE  L'EGYPTE 


bles  à  celles  qui,  employées  par  les  indigènes  d'Egypte,  furent  adop- 
tées par  les  Egyptiens  pharaoniques  et  se  nom  ment  au  Mexique 
riatta. 


163 


Fig.   r(>2  et  i63.  —  Masses  d'albâtre.   1/2  grandeur  naturelle  (nécropole  d'El-'Ararah). 
Fig.  164.   —  Mode  d'emmanchement  des  masses  d'albâtre. 

La  hache  était  en  même  temps  une  arme  et  un  instrument  répon- 
dant aux  besoins  de  chaque  jour  :  elle  servait  aussi  bien  à  couper  et  à 
fendre  le  bois  qu'à  tueries  animaux. 

Celles  que  nous  rencontrons  en  Egypte  en  plus  grande  abondance 
sont,  à  quelques  petites  différences  près,  de  la  même  forme  que  celles 
de  lous  les  autres  pays  où  l'âge  néolithique  a-été  reconnu. 

Les  unes,  en  silex  éclaté,  sont  les  plus  abondantes  (fig.  1G5-170); 
d'autres  sont  polies  au  tranchant  seulement  (fig.  171-172);  d'autres, 
enfin  plus  rares  (fig.  173-174),  sont  entièrement  polies.  Les  instru- 
ments des  deux  premières  catégories  sont  faits  de  silex;  ceux  de  la 
troisième  sont  en  diorite,  en  serpentine  et  en  roches  cristallines 
dures. 

Les  haches  simplement  éclatées  sont  très  abondantes  dans  la 
Haute-Egypte,  tandis  que  c'est  au  Fayoum  seulement  (Dîmeh,  Kom- 
Achim,  Omm-el-'All)  que  j'ai  rencontré  des  haches  de  silex  au  tran- 
chant poli. 

Les  haches  entièrement  polies  se  trouvent  en  Haute-Egypte;  tous 
les  exemplaires  que  je  connais  proviennent  du  Saïd. 

AI.  Flinders  Pétrie  a  trouvé  dans  les  fouilles  de  Koptos  (Kouft),  au 
niveau  inférieur  des  couches  atteintes  par  les  tranchées,  des  haches 
polies  (fig.  175-177)  munies  en  leur  milieu  d'un  étranglement  destiné 


ETHNOGRAPHIE   DES  POPULATIONS  INDIGÈNES   DE   L'EGYPTE        73 

à  l'emmanchemenl  el  présentanl  de  grandes  analogies  avec  les  ins- 
truments cl 1 1  même  genre  qu'on  trouve  dans  I  Vmérique  du  Nord. 


Fig.    i65.    —  Hache  en  silex  chamois.  Kjœkkenmœdding  de  Zawaïdah. 
4/5  grandeur  naturelle. 

Quelquefois  cet  étranglement  t'ait  place  à  un  simple  amincisse- 
ment (fig.  178).  Ce  dernier  type  simplement  éclaté  se  rencontre 
quelquefois  au  Fayoum. 

A  Licht,  a  Kahoun,  à  Gourob,  on  a  trouvé  des  haches  fig.  179-180 
d'un  type  spécial  et  qui  semblentavoir  été  plus  tard  copiées  en  bronze, 
si  toutefois  elles  ne  sont  pas  elles-mêmes  des  copies  des  armes 
métalliques. 

Jusqu'à    preuve  du   contraire  je    crois  que  les  celts    fig.    165-174 


74         ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS  INDIGÈNES  DE   L'EGYPTE 
appartiennent  seuls  à  la  période  néolithique  et  sont  le  produit  de  l'in- 


Fig.  166  à  170.  —  Hachettes  en  silex,  1/2  grandeur  naturelle. 


1716 


Fig.   171-172.   —  Haches  polies  au  tranchant.  1/2  grandeur  naturelle. 

dustrie  des  indigènes,  tandis  que  les  haches  à  étranglement  ne  sont 


ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS  INDIGENES   D]     L'EGYPTE        ::> 

([ne  des  armes  dont  la  forme  a  été  inspirée  aux  indigènes  par  les  ins- 
truments métalliques  des  Égyptiens. 

Les  bas-reliefs  de  toutes  l<is  époques  nous  montrenl  la  hache  égj  p- 
tienne  de  même  forme  que  celles  que  renferment  les  tombeaux  des 


Fig.  173-174.  —  Haches  entièrement  polies.  4/5  grandeur  naturelle. 


Fig.  170  à  177.  —  Haches  do  pierre  provenant  de  Koptos  (Kouft).   1   î  grandeur 

naturelle. 

temps  historiques,  et  cette  forme  est  la  même,  à  peu  de  chose  près, 
que  celles  des  haches  de  pierre  portant  un  étranglement.  Mais  cette 


76         ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS  INDIGÈNES  DE  L'EGYPTE 
question  ne  sera  tranchée  qu'alors  qu'on  aura  trouvé  de  ces  instru- 


Hache  en  silex  brun,  station  de  Koni-Achim  (Fayoum). 
3/4  grandeur  naturelle. 


Fi#.  179.  —  Hache  en  silex  jaune  (station  de  Lient),   i'i  grandeur  naturelle. 

ments  dans  des  sépultures  dûment  datées  par  l'ensemble  de  leur 
mobilier  et  la  position  des  corps,  lait  qui  n'a  pas  encore  eu  lieu. 


ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS  INDIGENES  DE   L'EGYPTE        77 

Les  poignards  de  silex  sont  assez  abondants  <ui  Egypte  dans  Les 
sépultures  des  indigènes;  ce  sont  <l<'  longues  lames  étroites,  retail- 
lées avec  une  grande  habileté  sur  les  deux  faces  <•!  garnies  ;■  leur 
tranchant  d'une  série  de  dents  très  (ines  destinées  à  les  rendre  plus 
coupantes    fig.  181-184  .  Ces  poignards  ne  sonl  jamais  pointus,  mais 


Fig.   180.  --  Hache  en  silex  jaune  (station  de  Licht). 
1/2  grandeur  naturelle. 

ne  servaient  que  par  leur  tranchant.  Les  dents 
cessent  à  la  partie  qui,  entourée  de  peau  ou 
de  corde,  servait  de  poignée. 

J'avais  pensé  tout  d'abord  que  la  plupart  de 
ces  armes  étaient  des  têtes  de  lances,  mais 
l'examen  d'objets  analogues  provenant  de 
tous  les  pavs  et  conservés  dans  les  musées 
d'Europe  m'a  fait  changer  d'opinion  :  l'extré- 
mité arrondie  eût  été  défectueuse  pour  une 
arme  destinée  à  frapper  de  loin  et  le  tranchant 
des  bords  n'eût  été  d'aucun  usage;  tandis 
que,  tenue  directement  à  la  main,  cette  lame 
répondait  parfaitement  aux  besoins  pour  les* 
quels  elle  avait  été  fabriquée.  On  rencontre 
des  poignards  de  pierre  dans  toutes  les  con- 
trées où  la  civilisation  néolithique  a  pris  un  gr 


1 

i~  ■- 


1  ig.  181.  —  Poignard  en 
silex  jaune  (nécropole 
d  El-'Ainiah.  1/2  gran- 
deur nature. 


uni  développement  : 


78         ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS  INDIGÈNES  DE  L  EGYPTE 

dans  les  pays  Scandinaves,  dans  les  deux  Amériques',  les  armes   de 
ce  genre  sont  nombreuses. 


Fig  182  à  X84-  Poignards  en  silex.  ,/a  grandeur  naturelle  (l8a,  silex  jaune  clair 
nécropole  dAbydos.-  l83>  silex  gris  jaune,  Abydos.  -  l84t  silex  brun  ver.  El- 
Amrah).  ' 

1.  Cf.  poignard  de  pierre  emmanché  de  bois.  Tribu  Tinglit (Alaska).  Al    P    Niblack 
bmithsoman  Report,  1890,  p.  284,  fig.  108  c.  ' 


me 


ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS  INDIG1  ŒS  DE  ]  EGYPTE  79 
Comme  lions  n'avons  encore  rencontré  aucune  trace  d'emmanche- 
nt  en  ce  qui  concerne  les  lances  el  les  poignards,  il  esl  impossible 
de  déterminer  l'usage  de  ces  armes  autremenl  que  par  l'examen  des 
conditions  que  remplissent  les  objets  de  silex  el  peut-être  découvrira- 
t-on  plus  tard  des  lames  droites  ayant  servi  de  point.'  à  des  lan<  es; 
mais,  dans  les  derniers  temps  de  l'usage  de  la  pierre,  il  semble  que 
les  têtes  de  lances  eussent  été  toutes  à  double  pointe. 


■ 


7 


r*n 


•  - 


187 


Fig.   i85  à  187.   —  Tètes  de  lance  en  silex  jaune.  1/2  grandeur  nature  (i85,  nécropole 
d'El-'Amrah.  —  186  et  187,  nécropole  d'Abydos  . 

Ces  objets  (fig.  185-187)  sont  essentiellement  caractéristiques  de  la 
tin  du  néolithique  en  Egypte,  sinon  des  premiers  temps  de  rétablis- 
sement des  Egyptiens.  Nous  les  trouvons  à  Toukh,  à  Négadah,  à 
Ahydos,  aussi  bien  dans  les  sépultures  indigènes  des  derniers  âge* 
que  dans  les  tombes  royales.  Dans  les  stations  plus  anciennes,  je  n'en 
ai  jamais  rencontré  et  peut-être  doit-on  attribuer  aux  Égyptiens  l'ap- 
parition de  cette  forme  dans  la  vallée  du  Nil.  J'ai  montré,  dans  mon 
précédent  volume,  que  les  tètes  de  flèches  indigènes  étaient  toutes 
pointues,  tandis  que  celles  des  conquérants  étaient  tranchantes.  Peut- 


80 


ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS  INDIGÈNES  DE  L'EGYPTE 


être  cette  coutume  s'appliquait-elle  également  aux  têtes  de  lances, 
clans  les  débuts. 

Quelques  peuples  ont  fait  usage  de  pointes  doubles  soit  pour  les 
lances,  soil  pour  les  poignards.  Nous  en  rencontrons  des  exemples 
frappants  (fig.  188)  dans  les  sépultures  antiques  du  Caucase  et  (fig.  189) 
chez  les  tribus  nègres  du  Gonero. 


188  189 

Fig.  188.  —  Pointe  de  lance  en  fer  trouvée  en  Ossélhie  près  de  Récome  (Caucase)  (B. 

Wyrouboff,  Objets  d'antiquités  du  Musée  de  la  Société  des  amateurs  d 'archéologie 

du  Caucase.  1877,  Tiflis,  livraison  I,  pi.  IV,  fig.  3).  1/2  grandeur  naturelle. 

Fig-  189.  —  Poignard  des  nègres  de  la   forêt    du  Haut-Congo,  d'après  un  croquis,  du 

professeur  Schweinfurth  (Objet  donné  par  le  capitaine  Lothaire  au  comte  von  Gotzen). 

Si  nous  ne  pouvons  déterminer  exactement  l'époque  des  têtes  de 
lances  à  deux  pointes,  nous  sommes  mieux  renseignés  au  sujet  des 
pointes  du  type  ordinaire  (fig.  190-195)  qui  se  rencontrent  en  abon- 
dance dans  les  stations  purement  néolitiques.  Ces  silex,  de  taille 
relativement  petite,  etaienl-ils  destinés  à  armer  des  lances  ou  desjave- 


ETHNOGRAPHIE  DES  POP1  LATIONS  [NDIGÈN]  3  DE  L'EGYPTE 


81 


lots,  je   no  saurais  me   prononcer;   dans  tous  les  cas  ils  sonl  trop 
pesants  pour  être  [.lace  à  l'extrémité  d'une  flèche. 

A.U  Fayoum,  j'ai  rencontré  égalemenl  «les  pointes  à  cran,  i  est- 
à-dire  donl  le  pédoncule  esl  latéral  par  rapport  à  l'ensemble  de  l'objet. 
Ces  pointes  existent  égalemenl  en  Europe1. 


191  19:!  193  194  195 

Fig.  190  à  19.5.  —  Tètes  de  lances  ou  de  javelots.  Station  de  Kom-Achim  (Fayoum). 
1/2  grandeur  naturelle  (190,  silex  jaune  avec  gangue  grise.  —  191,  silex  brun.  — 
192  à  195,  silex  jaune). 

Les  pointes  de  flèches  néolithiques  d'Egypte  (fig.  196  à  206-207  à 
219)  présentent  les  mêmes  formes  que  celles  qu'on  rencontre  dans 
les  autres  pays  du  monde;  on  les  trouve  en  abondance  dans  toutes 
les  stations  de  l'Egypte,  leur  type  diffère  peu,  suivant  les  localités. 
Cependant  la  station  d'Hélouan  a  fourni  des  formes  spéciales  qui, 
bien  que  très  localisées,  ne  méritent  pas  moins  d'être  signalées 
d'une  façon  particulière. 

Les  unes  (fig.  220-222)  se  composent  d'un  simple  éclat  de  silex 
muni  d'un  ou  de  deux  crans  de  chaque  côté  destinés  au  passage  du 
lien  qui  retenait  la  pointe  à  la  hampe.  Les  autres  (fig.  223-225)  ren- 
trent dans  la  catégorie  des  «  petits  silex  taillés  à  contours  géomé- 
triques »  de  M.  Adrien  de  Mortillet*.  Leur  mode  d'emmanchement 
(fig.  226)  se  déduit  aisément  de  la  manière  dont  certains  os  pointus 
sont  fixés  aux  flèches  par  les  sauvages  modernes. 


i.  Vallée  de  Vibrata  (Italie).  Musée  de  Saint-Germain. 

2.  Revue  mensuelle  de  l'École  d'anthropologie,  t.  XI.  i5  nov.  1896. 


82         ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS  INDIGÈNES  DE  L'EGYPTE 


Fi"  106  à  206  —  Pointes  de  flèches,  grandeur  naturelle  (196,  silex  brun,  Dimeh.  — 
iq7  silex  brun  rouge,  Dimèh.  -  198,  silex  violacé,  Kom-Achim.  —  199,  silex  brun 
jaune  Dimèh  —  200,  silex  noir  corné,  Dimèh.  —  201,  silex  brun  veine  de  noir, 
Kom-Achim.  —  202,  silex  jaune,  Dimèh.  —  2o3,  silex  gris  brun,  Dimeh.  —  204, 
silex  violacé  veiné  de  noir,  Dimèh.  —  2o5,  silex  brun,  Dimèh.  —  206,  silex  jaune, 
Dimèh). 


ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS  INDIGÈNES  DE   L'EGYPTE 


83 


Os  sortes  de  pointes  ne  sont  p.-is  spéciales  ;i  la  station  <l  Hélouan 
on  les  rencontre  en  France1,  en  Belgique1,  en  Angleterre',  au  Por 


107 


214         -  '  i 


Fig.  207  à  21g.  —  Pointes  de  flèches  en  silex  (nécropole  d'Abydos),  grandeur  naturelle. 

tugal*,  en  Espagne*,  en  Italie6,  en  Allemagne,  en  Pologne,  en  P»ii>-H'7. 
en  Syrie8,  aux  Indes  9,  en  Tunisie10,  en  Algérie11  ;  elles  diffèrent  beau- 


I.  La  Sablonnière  à  Coincy-l'Abbaye  (Aisne);  Hédouville  (Seine-et-Oise)  ;  Fère-en- 
Tardenois  (Aisne)  ;  Berru  (Marne)  :  Montigny-sur-Loing  (Seine-et-Marne  !  :  Saint-Pierre 
du  Regard  (Orne);  bord  des  étangs  de  Lacanau  et  de  Hourtin  (Gironde)  ;  arrondisse- 
ment d'Orange  (Vaucluse)  ;  Saint-Laurent  (Basses-Alpes),  etc. 

•_>,.  Entre  Namur  et  Dinant,  à  Hastières,  Hurcogne,  Tohogne,  dans  le  Brabant,  la 
Flandre  orientale,  etc. 

3.  Castle  Hill  (Sussex);  Sevenoak  (Kent)  ;  Oxford);  Brandon  (Suffolk):  West  Keal 
(Lincoln),  etc. 

4.  Grottes  de  l'Estraraadure.  Amas  de  coquilles  des  rives  du  Tage. 
.")    Province  d  Almeria,  grotte  Cueva  del  Tesoro  près  de  Malaga. 

(5.  Environs  de  Pérouse,  bassin  du  lac  Trasimène,  vallée  de  la  Vibrata,  Abruzzc^. 
Capilanate,  Toscane,  Lombardie,  etc. 

7.  Gouvernements  de  Pologne,  de  Kielce,  de  Radom,  de  Crimée,  etc. 

8.  Près  de  Bethléem. 

u.  Dans  l'Inde  centrale  entre  Nerbouda,  le  Gange  et  la  Djounin.i.  dans  le  district 
d'Allahabad. 

10.  Oasis  de  Mtouïa  et  d'El-Hamma,  à  Gabès. 

II.  Environs  d'Oran,  de  Constantine,  etc. 


84         ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS  INDIGÈNES  DE  L'EGYPTE 

coup,  quant  à  la  technique,  des  silex  taillés  ordinaires  à  l'Egypte  et 
peut-être  sera-t-on  conduit  un  jour  à  les  attribuer  à  des  populations 
étrangères  Ce  sont  ces  silex  d'Hélouan  qui  ont  été,  d'une  manière 
aussi  grossièrement  contraire  au  bon  sens,  rangés  dans  l'époque 
arabe. 

Telles  sont  les  armes  avec  lesquelles  les  indigènes  entraient  en 
lutte  dans  les  combats  et  à  la  chasse.  Ces  moyens  rudimentaires  leur 
suffisaient  cependant  pour  abattre  l'hippopotame,  le  crocodile  et  le 
lion,  tout  comme  aujourd'hui  les  sauvages  de  l'Indo-Chine,  dont  l'ar- 
mement n'est  certes  pas  supérieur,  abattent  l'éléphant  et  le  tigre.  Les 


221 


Fig.  220  à  22o.  —  Pointes  de  flèches  en   silex,  grandeur  naturelle  (station  d'Hélouan 

récoltes  A.   Lombard). 

chasses  devaient  être  très  productives,  car,  si  nous  en  jugeons  par 
les  débris  que  renferment  les  kjœkkenmœddings,  le  gibier  entrait 
pour  une  part  très  importante  dans  l'alimentation  des  indigènes. 

9°  Pêche.  —  Le  Nil  et  les  marais  sont  encore  de  nos  jours  extrême- 
ment poissonneux.  Les  espèces  y  sont  très  nombreuses  et  quelque- 
fois atteignent  des  dimensions  considérables.  Les  salmonidés  du 
Chellal,  entre  autres,  pèsent  parfois  100  kilogrammes,  leur  moyenne 
est  de  50  à  60. 

Dans  les  parties  du  fleuve  où  les  eaux  sont  tranquilles  et  dans  les 
marais  vivaient  en  abondance  la  tortue,  les  hélérobranches.  les  si- 
lures, les  bayads  (Porcus),  les  Pimelodus,  Malapterurus,  Mormyrus, 
dont  le  M.  oxyrrynchus  célèbre  dans  la  fable  d'Osiris,  plusieurs 
espèces  de  cyprins,  les  anguilles,  etc. 


I   rHNOGRAPHIE   DES   POPULATIONS  INDIGENES    M     L'EGYPTE 


85 


Tous  ces  poissons  atteignenl  une  grande  taille;  leur  chair  esl  forl 
bonne,  quoi  qu'en  pensent  la  plupart  des  Européens  d'Egypte,  el  leur 
capture  est  aisée  car  ils  sonl  d'une  extrême  voracité. 

D;ins  les  rapides  e1  les  eaux  vives,  près  des  rochers,  les  salmo- 
nidés dominent,  faisant  leur  nourriture  de  poissons;  ils  se  tiennenl 
au  dessous  des  cascades,  attendant  leur  proie.  <  in  les  pêche  aujour- 
d'hui à  Assouan  en  laissanl  traîner  dans  le  couranl  une  longue  corde 
assujettie  au  rocher  el  armée  d'un  forl  croc  sur 
lequel,  comme  amorce,  on  mel  un  poisson  pesanl 
souvent  plus  d'une  livre. 

Dans  les  marais  la  pèche  se  fait  de  nos  jours  au 
filet,  et  au  moment  delà  baisse  des  eaux  le  poisson 
peut  être  pris  à  la  main. 

En  toute  saison  les  eaux  du  Nil  sont  troubles  et 
il  est  difficile  d'y  apercevoir  un  poisson  à  plus  de  WÊk 
trente  ou  quarante  centimètres  de  profondeur; 
mais  dans  les  marais,  peu  après  la  baisse  des  eaux, 
les  limons  se  déposent  et  l'on  peut  aisément  dis- 
tinguer un  objet  placé  à  deux  mètres  au  dessous 
de  la  surface. 

Pendant  les  hautes  eaux  la  pêche  devient  très 
difficile,  le  fleuve  ayant  atteint  un  volume  énorme 
et  les  poissons  trouvant  aisément  leur  nourriture 
dans  les  débris  arrachés  par  le  courant. 

D'Assouan  à  Damiette  il  n'existe  pas  une  seule 
herbe  dans  le  lit  du  Nil,  le  fond  sableux  ou  boueux 
se  déforme  sans  cesse.   Il  n'est  donc   pas   surpre- 
nant de   rencontrer  dans  le  Nil  un  bien  plus    grand    nombre    d  es- 
pèces carnivores    et  omnivores    que    d'espèces   faisant  uniquement 
leur  nourriture  de  substances  végétales.  Au  contraire,  les  mangeurs 
de  corps  morts  sont  très  abondants. 

Le  lit  boueux  du  Nil  ne  permet  pas  d'y  pêcher  à  l'aide  de  lignes 
traînant  sur  le  fond,  carde  suite  les  amorces  s'envasent  et  les  pois- 
sons ne  les  rencontrent  plus. 

Du  1er  août  environ  au  15  octobre  le  fleuve  étant  très  haut,  la  pèche 
n'est  plus  possible  dans  la  vallée  du  Nil,  mais  du  15  octobre  au 
1er  janvier  les  eaux  se  retirant  laissent  à  sec  une  grande  quantité  de 
poisson.  Pendant  les  sept  mois  qui  séparent  le  retrait  des  eaux  de  la 


»s 


86         ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS  INDIGENES  DE  L'EGYPTE 
crue  suivante,  la  pêche  peut  être  reprise  régulièrement  dans  le  fleuve 
comme  clans  les  marais. 

Les  indigènes  se  trouvaient  donc  privés  de  poisson  pendant  envi- 
ron deux  mois  et  demi  ou  trois  mois,  mais  durant  ce  temps  la  chasse 
était  pour  eux  bien  plus  productive.  Car  l'inondation  marque  le  début 
de  la  saison  des  oiseaux  d'eau  de  passage,  et  le  gibier  sédentaire, 
chassé  par  les  eaux,  se  réfugiait  sur  la  lisière  du  désert  et  dans  les 
îlots  où  il  était  aisé  de  l'aller  chercher. 

Si  je  suis  entré  dans  tant  de  détails  au  sujet  des  conditions  de  la 
pêche  en  Egypte,  c'est  pour  l'aire  mieux  comprendre  de  quelles 
ressources  le  poisson  était  pour  les  indigènes  et  quels  engins  pou- 
vaient être  employés  pour  se  le  procurer. 

Le  filet  était  d'un  usage  courant.  Sous  l'Ancien  Empire,  les  masta- 
bas nous  fournissent  tous  les  types  alors  employés  en  Egypte.  Le 
plus  usité  était  la  senne  qu'emploient  encore  les  pêcheurs  du  lac 
Menzaleh;  nous  voyons  aussi  représentées  la  nasse,  et  une  sorte  de 
lilet  formant  l'intermédiaire  entre  le  carrelet  et  la  puisette. 

Nous  ne  savons  pas  jusqu'ici  d'une  manière  absolue  si  les  indi- 
gènes connaissaient  le  filet,  car  nous  n'en  avons  pas  rencontré  de  ves- 
tiges, mais  tout  porte  à  croire  que,  de  même  que  les  habitants  néoli- 
thiques des  cités  lacustres,  ils  en  faisaient  grand  usage.  Peut-être 
même  les  Égyptiens  ont-ils  tiré  de  leurs  prédécesseurs  dans  la  vallée 
du  Nil  tous  les  procédés  de  pêche  qu'ils  employèrent  pendant  toute 
la  durée  des  temps  pharaoniques.  Tous  les  hameçons  que  nous  pos- 
sédons jusqu'ici  sont  métalliques,  ils  ont  été  trouvés  dans  les  kjœk- 
kenmœddings  et  dans  les  sépultures  d'époque  égyptienne  à  Toukh, 
Zawaïdah,  Négadah  etKawamil.  Quant  aux  instruments  qui,  à  l'époque 
néolithique,  remplaçaient  l'hameçon,  nous  n'en  avons  pas  la  moindre 
trace  ;  il  est  juste  de  dire  qu'il  suffisait  pour  prendre  le  poisson  d'atta- 
cher en  son  milieu  une  pointe  de  silex  ou  un  fragment  d'os  pointu 
aux  deux  extrémités1  et  que  de  semblables  instruments  ne  se  retrou- 
vent pas  aisément. 

Le  seul  engin  de  pèche  dont  nous  ayons  retrouvé  des  traces  à 
toutes  les  époques  est  le  harpon  Au  temps  où  les  indigènes  vivaient 
seuls  dans  la  vallée  du  Nil.  il  était  fait  soit  de  silex  (fig.  227),  soit 
d'ivoire  ou  d'os  (fig.  228  à  232);  les  harpons  de  bois,  et  il  en  existait 

i.  A  Mooseedorf  (Suisse)  on  a  trouvé  uu  hameçon  muni  d'un  crochet  et  taillé  dans 
une  défense  de  sanglier.  A  Waugen  (Suisse)  l'hameçon  est  formé  d'une  petite  ba- 
guette d'os  attachée  en  son  milieu. 


ETHNOGRAPHIE   DES   PDPI  I  ETIONS  INDIGENES  DE   L'EGYPTE        87 

bien  certainement,   ne  s.. ni   pas  parvenus  jusqu'à  uous.    Plus  tard, 
quand  les  métaux  eurenl  fail  leur  apparition  dans  le  pays,  la  matière 
employée   pour  fabriquer  les  harpons  fui  de 
bronze    fig.  233-234),  mais  la  forme  el  la  d 
tination  ne  changèrenl  pas. 

L< ss  bas  reliefs  de  l'Ancien  Empire  nous 
monlrent  de  nombreuses  scènes  de  chasse  el 
de  pêche  dans  lesquelles  il  esl  fait  grand 
usage  du  harpon.  Cette  arme  ne  cessa  donc 
pas  d'être  employée  el  si  nous  n'en  retrouvons 
pins  de  traces  dans  les  temps  presque  mo- 
dernes de  la  civilisation  égyptienne,  c'esl 
qu'on  abandonna  la  représentation  des  scènes 
de  la  vie  courante  pour  les  remplacer  par  des 
tableaux  d'un  archaïsme    conventionnel.  Les 

temples  de  l'époque  ptolémaïque  nous  fournissent  parfois  des  re- 
présentations du  harpon.  Mais  les  lias-reliefs  de  cette  époque  ne 
sont  en  général  que  des  copies  des  œuvres  d'art  plus  anciennes  et 
nous  ne  pouvons  en  conclure,  d'une  manière  certaine,  quels  étaient 
les  usages  à  l'époque  gréco-égyptienne. 

Les  premiers  harpons  que  nous  connaissons  en  Europe  appartien- 
nent à  Fépoqiie  magdalénienne;  on  les  rencontre  dans  les  glottes  du 
Lot-et-Garonne,  dans  le  Tarn-et-Garonne,  dans  la  Dordogne.  A  l'é- 
poque néolithique  cette  arme  devint  très  abondante,  si  nous  en  jugeons 
par  les  exemplaires  provenant  des  lacs  de  Suisse  et  de  Scandinavie; 
elle  est  encore  en  usage  chez  les  Lapons,  les  Esquimaux  et  beaucoup 
de  peuplades  des  pays  du  nord.  11  n'est  donc  pas  surprenant  de  ren- 
contrer le  harpon  parmi  les  armes  de  pêche  dont  l'usage  fut  le  plus 
ancien  en  Egypte. 

Alors  que  les  eaux  étaient  basses  dans  le  Nil  et  que  celles  des  marais 
ayant  déposé  leurs  limons  étaient  devenues  plus  transparentes,  les 
indigènes  montes  sur  leurs  légères  barques  de  roseaux  parcouraient 
les  étangs,  le  harpon  à  la  main,  et  frappaient  ces  énormes  poissons 
que  nous  péchons  encore  de  nos  jours  et  qui,  alors,  étaient  en  bien  plus 
grande  abondance  qu'aujourd'hui;  la  nature  des  lieux  était  alors  bien 
plus  favorable  au  développement  des  animaux  aquatiques,  et  l'état 
rudimentaire  des  engins  employés  par  l'homme  pour  les  capturer 
n  empêchait  pas  leur  développement.  Nous  trouvons  dans  les  kjœk- 
kenmœddings  une  quantité  considérable  d'os  de  poissons  d'eau  douce. 


88         ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS  INDIGENES  DE  L'EGYPTE 

c'est  là  une  preuve  que,  comme  la  chasse,  la  pêche  fournissait  l'un  des 
éléments  les  plus  importants  de  la  nourriture  indigène.  J'ai  dit  plus 
haut  que  les  Egyptiens  avaient  bien  certainement  adopté  la  majeure 
partie  des  procédés  indigènes  de  pèche.  Il  semble  même  rationnel  de 


L     A 


229  231 

Fig.   228.  —   Harpon  eu   ivoire.  Nécropole  de  Toukh   (Négadah)  (FI.  Pétrie,    pi.  LXT, 

fig.  i3).  2/3  grandeur  naturelle. 
Fig.  22y.  —    Harpon  en   corne.  Nécropole  de  Toukh  (Négadah)    (FI.  Pelrie,  pi.  LXI, 

fig.  ï6).  2/3  grandeur  naturelle. 
Fig.  23o.  —  Harpon  en  ivoire.  Nécropole   de   Toukh   (Négadah)   (FI.   Pétrie,  pi.  LXI, 

fig.  i4).  2/3  grandeur  naturelle. 
Fig.  23x.  —  Harpon    en   corne.   Nécropole   de  Toukh  (Négadah)  (FI.    Pétrie,  pi.   LXI, 

fig.  12).  2/3  grandeur  naturelle. 
Fig.  232.    —  Harpon    en   ivoire.   Nécropole  de  Toukh  (Négadah)  (FI.  Pétrie,   pi.   LXI, 

fig.  i5).  2/3  grandeur  naturelle. 

penser  qu'ils  les  conservèrent  tous  en  les  perfectionnant  et  qu'eux- 
mêmes  devaient  être  très  inhabiles  dans  l'art  de  se  procurer  le  pois- 
son. 

Si,  comme  tout  porte  à  le  croire,  les  Égyptiens  sont  partis  d'Asie, 


ETH.VX.K.UMIIi:  DIS   l'<  )IM  I.  Al  IONS   INDIGENES   DE   L'EGYPTE 


89 


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Ki 


ce  ne  peul  être  qu'en  Ghaldée  qu'ils  auraienl  connu  La  pêche,  <-i  <|u'ils 
en    auraienl    découverl    les    procédés.    Mais   leur    mouvement    de 
migration  vers  l'ouesl  ne  pul   être  très  rapide  el  dans  la  travei 
des  pays  qui  séparent  la  vallée  de  l'Euphrate  de  celle  «lu  Nil.  il-  eurenl 

lotit     le    temps     .le     dé  Sa  pprem  I  r<-     1rs 

procédés  de  pêche.  Si,  au  contraire, 
leur  migration  fut  rapide,  ils  appor- 
tèrent en  Egypte  les  engins  dont  ils 
avaient  connu  l'usage  sur  le  Chatt- 
el-Arab  et  dans  les  immenses  marais 
qui  l'avoisinent. 

La  Basse  -  Mésopotamie  présente 
avec  la  vallée  égyptienne  de  grandes 
analogies.  Ces  deux  contrées  sont  des 
pays  d'alluvions,  situés  à  peu  de  chose 
près  sous  la  môme  latitude,  et  jouis- 
sant de  climats  très  voisins.  Les  peu- 
ples primitifs  de  l'un  et  de  l'autre 
de  ces  pays  se  développèrent  dans 
les  mêmes  conditions,  trouvant  les 
mêmes  ressources  naturelles,  avant 
les  mêmes  besoins.  Il  serait  donc 
très  naturel  de  rencontrer  un  grand 
nombre  d'usages  communs  à  ces 
deux  populations,  si  même  elles  n'a- 
vaient eu  entre  elles  aucun  lien  de 
parenté.  Aussi  n'est-ce  pas  sur  les 
coutumes  imposées  par  la  nature,  usages  dont  la  pêche  et  la  chasse 
font  partie,  que  nous  devons  nous  baser  pour  rechercher  le  pays 
d'origine  des  Egyptiens. 

10.  Navigation.  — Les  crues  du  Nil,  la  présence  dans  la  vallée 
d'un  grand  nombre  de  marais  très  étendus,  le  besoin  de  se  procurer 
du  poisson  sont  les  causes  principales  de  l'invention  des  bateaux  en 
Egypte.  Le  premier  esquif  fut  bien  certainement  une  boite  de  joncs 
ou  de  roseaux,  ou  un  tronc  d'arbre,  les  rames  furent  les  mains1; 
mais  la  présence  dans  les  eaux  d'hôtes   dangereux,  comme  Tétait  à 


Fig.  233   et  a34-   —  Harpons  de  cui- 
\  iv   Négadah)  (FI.  Pétrie,  pi.  LXV, 
fig.  7  et  8).  2/3grandeur  naturelle. 


i.  Les  Barbarins  des  cataractes  font  encore  un  usag.'  courant  du  tronc  d'arbre  pour 
traverser  le  fleuve  ou  les  rapides. 


90         ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS  INDIGÈNES  DE  L'EGYPTE 

cette  époque  le  crocodile,  obligea  les  indigènes  à  construire  des  em- 
barcations plus  stables  dans  lesquelles  ils  purent  se  tenir  à  l'abri  des 
ennemis  qu'ils  rencontraient  à  chaque  instant. 

Les  pirogues  néolithiques  sont  abondantes  en  Europe  :  on  en  a 
rencontré  en  Allemagne  orientale,  en  Islande,  en  Ecosse,  en  Angle- 
terre, au  Danemark,  en  France,  en  Suisse,  etc.  l.  Ces  bateaux  sont 
creusés  dans  un  tronc  d'arbre. 

Dans  la  vallée  du  Nil  où  de  tout  temps  les  gros  arbres  ont  été 
rares,  où  les  vagabondages  du  Nil  empêchaient  la  formation  de  véri- 
tables forêts,  le  bois  ne  pouvait  être   employé  pour  la  construction 

235  235  bis 


237  237  bis 

Fig.  235  à  237.   —  Bateaux  en  terre  cuite  (Négadah).  FI.  Pétrie,  pi.  XXXYI. 

des  barques  qu'avec  l'aide  de  connaissances  très  approfondies  de  la 
charpente',  et  bien  certainement,  les  indigènes  pour  qui  l'usage  du 
bois  n'était  que  très  secondaire  par  suite  des  conditions  naturelles 
de  leur  pays,  n'étaient  que  de  très  médiocres  charpentiers',  il  leur 
fallut  chercher  ailleurs  leurs  matériaux  de  construction,  et  le  roseau 
semble  avoir  été  la  matière  première  des  embarcations,  non  seule- 
ment aux  âges  préhistoriques,  mais  pendant  la  majeure  partie  de 
l'Ancien  Empire  égyptien. 

Quelques  petits  vases  de  terre   cuite  rencontrés  dans  la  nécropole 
de   Toukh   représentent   des  barques   (fig.  235-237),   et,  d'après  les 

1.  Cf.  Gross.  Les  Proto-Helvètes;  Marquis  de  Nadaillac,  La  pêche  préhistorique  dans 
Matériaux  pour  l'histoire  de  Chomme,  IV,  p.  93. 

2.  Barques  de  la  XIe  dynastie  trouvées  à  Dahchour  (Musée  de  Gizeh). 


KTII.NnfiliAlMIIK   Dl  S  POPULATIONS   INDIGÈNES   DE   L'EGYPTE         91 

dessins  grossiers  qu'ils  portent,  il  esl  aisé  de  reconnaître  qu'ils 
étaient  faits  de  roseaux  reliés  entre  eux  par  des  liens  transversaux. 
Une  résine,  dont  nous  n'avons  pas  encore  trouvé  de  traces,  rendait 
probablement  imperméable  la  coque  du  bateau. 

Ces  petits  modèles  de  terre  cuite  ne  peuvent,  d'une  manière  cer- 
taine, être  attribués  aux  indigènes  exempts  dé  tout  contact  avec  les 
Egyptiens,  car  la  nécropole  de  Toukli  renferme  en  même  temps  des 
sépultures  antérieures  el  postérieures  a  la  conquête.  Tout  ce  une 
nous  pouvons  dire, c'est  que  les  vases  appartiennent,  au  plus  lard,  aux 
débuts  de  l'établissement  des  Égyptiens.  .Mais  cette  date  extrême 
nous  suffit  pour  conclure  qu'à  cette  époque  et  avant,  peut-être,  les 
embarcations  étaient  construites  en  roseaux. 

L'existence  des  bateaux  pendant  la  période  néolithique  nous  esl 
prouvée  d'une  manière  absolue  par  les  peintures  des  vases  indigènes 
(fig.  238-239)  qui  presque  toutes  représentent  des  barques. 


Fig.  238  et  239.  —  Peintures  sur  vases  (6g.  238,  Abydos  ;  6g.  ■»;,,.  Négadah 

Ces  embarcations  sont  très  plates;  elles  portent  toujours  deux 
sortes  de  cabines,  huttes  construites  eu  leur  milieu.  Si  nous  recon- 
naissons des  rames  dans  les  traits  qui,  partant  du  bateau,  descendent 
verticalement,  ces  embarcations  étaient  de  très  grande  taille:  mais  je 
suis  plutôt  porté  à  croire  que  ces  ligues  répondent  a  des  engins  de 
pèche  ou  à  des  objets  inconnus  et  que  les  rames  sont  seulement  les 
traits  qui,  placés  obliquement  a  Tune  des  extrémités  du  bateau,  sont 
munis  d'un  élargissement  figurant  la  palette. 

Les  barques  en  roseaux  sont  liés  fréquemment  représentées  dans 
les  mastabas  de   l'Ancien  Empire,  elles  sont   en  tout   semblables 


92         ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS  INDIGÈNES  DE   L'EGYPTE 

celles  des  indigènes,  mais  les  sculptures  ayant  été  exécutées  avec 
une  extrême  fidélité,  nous  pouvons,  en  les  examinant  avec  un  peu  de 
soin,  retrouver  toutes  les  conditions  de  leur  construction. 

Les  joncs  ou  les  roseaux  étaient  placés  dans  le  sens  de  Taxe  de 
l'embarcation  ;  aux  deux  extrémités  les  divers  éléments  étaientreliés 
entre  eux  par  un  fort  nœud,  tandis  que  des  liens  très  rapprochés  les 
uns  des  autres  traversaient  la  coque  tout  entière  normalement  à 
son  axe  en  reliant  entre  elles  toutes  les  tiges.  Le  bateau  ainsi  cons- 
truit était  formé  d'une  véritable  natte  qui  n'eût  pas  été  suffisante  si 
l'épaisseur  des  nattes  n'eût  été  triplée  ou  quadruplée,  si  des  arma- 
tures de  bois  n'étaient  venues  maintenir  l'ensemble  rigide  et  si  un 
enduit  n'avait  été   appliqué  pour  rendre  l'embarcation  imperméable. 


240  241  242  243  244  245  246 

Fig.  240-246.  —  Enseignes  de  proue. 

Avant  de  terminer  en  ce  qui  concerne  la  navigation,  je  dois  signa- 
ler de  curieux  objets,  qui,  dans  les  peintures  indigènes,  sont  toujours 
figurés  à  l'avant  des  bateaux  et  près  de  la  cabine  d'arrière.  Ce  sont 
des  palmes,  ou  des  mâts  très  courts,  (fig.  240-264)  portant  à  leur  extré- 
mité des  signes  variés,  palmes,  animaux,  dessins  géométriques,  etc. 

Il  n'est  pas  rare  de  rencontrer  sur  le  même  vase  ou  sur  des  vases 
différents  des  représentations  identiques  ;  ainsi  la  peinture  (fig.  239) 
montre  à  l'avant  du  bateau  deux  palmes,  et  à  l'arrière  un  éléphant. 
Ces  signes  se  reproduisent  sur  deux  bateaux  différents. 

Au  contraire,  dans  la  figure  238,  qui  représente  trois  barques,  les 
signes  de  proue  sont  les  mêmes,  tandis  que  ceux  des  cabines  diffèrent. 

Bien  que  ne  possédant  aucun  autre  indice  que  ceux  que  je  viens  de 
donner  au  sujet  de  l'usage  de  ces  signes,  je  suis  porté  à  croire  qu'ils 
représentent  des  drapeaux,  de  véritables  enseignes  destinées  à  faire 
connaître  de  loin  et  la  tribu  et  le  nom  du  propriétaire  de  la  barque. 

En  suivant  cette  hypothèse,  je  pense  que  le  signe  de  proue  (fig. 
240  à  246)  devait  être  celui  de  la  tribu,  tandis  que  l'enseigne  de  la 
cabine  (fig.  247  à  264)  était  celle  de  la  personne  qui  montait  la  barque. 


ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS  INDIGENES  DE    L'EGYPTE 


Cette  explication,  I >i<*n  qui'  ne  reposant  sur  aucun  fait  certaiu,  est  i  e 
pendant  très  satisfaisante,  cl  il  sérail  aisé  de  citer,  chez  les  tribus  sau- 
vages de  nos  jours,  quantité  d'exemples  d'un  semblable  usage. 

L'Egypte  était  alors  divisée  en  un  grand  nombre  de  tribus,  proba- 
blement en  lutte  continuelle  pour  la  possession  des  territoires  de 
chasse  et  de  pèche;  n'est-il  pas  naturel  de  penser  que  Les  barques 
portaient  des  caractères distinctifs,  afin  qu'on  sût  d<>  loin  si  l'on  avail 


247 


248 


231  :■:  253 

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Fig.  124;. 
Fig.  248. 
Fig.  249. 
Fig.  25o. 
Fig.  25i. 
Fig.  252. 
Fig.  253. 
Fig  254- 
Fig.  255. 
Fig.  25(i. 
Fig.  257. 
Fig.  208. 
Fig.  259. 
Fig.  260. 
Fig.  2G1. 
Fig.  262. 
Fig.  263. 
Fig.  264. 


259  260  261 

Fig.  247  à  264.  —  Enseignes  de  l'arrière. 

—  Abydos  (?).  Musée  de  Gizèh. 

—  Haute  Egypte.  Musée  de  Gizèh. 

—  Localité  inconnue.  Musée  de  Gizèh. 

—  Abydos  (?).  Musée  de  Gizèh. 

—  Nécropole  de  Toukh.  FI.  Pétrie.  Naqada  et  Ballas,  pi.  XXXIV,    li. 


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affaire  à  des  hommes  appartenant  a  une  tribu  hostile  ou  amie:  enfin, 
que  deux  barques  de  môme  tribu  se  rencontrant,  il  tut  aisé  pour  les 
équipages  de  reconnaître  le  nom  même  du  patron? 

Si  nous  en  jugeons  par  l'abondance  des  enseignes  peintes  sur  les 


9i         ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS  tNDIGÈNES  DE   L'EGYPTE 

vases,  cette  coutume  fui  en  vigueur  tant  que  dura  la  prépondérance 

indigène,  mais  quand  apparurent  les  Égyptiens,  quand  la  vallée  du 
Nil  tout  entière  fut  soumise  au  même  maître,  l'usage  des  enseignes 
lut  abandonné  ou  plutôt  s'atténua,  car  il  n'avait  plus  de  raison  d'être, 
toutes  les  tribus  obéissant  aux  mêmes  lois. 

Ces  enseignes  étaient  de  véritables  armoiries  et  l'usage  du  blason 
ne  cessa  pas  de  suite  en  Egypte;  je  i\en  citerai  qu'un  exemple,  celui 
des  boucliers  armoriés  trouvés  à  Siout  dans  le  tombeau  d'Emsah, 
personnage  de  la  XIe  dynastie. 

Les  considérations  qui  précèdent  montrent  combien  était  déjà  im- 
portante la  navigation  en  Egypte;  cette  importance  a  beaucoup  dimi- 
nué lors  du  comblement  des  marais,  mais  elle  est  toujours  restée 
considérable,  le  Nil  étant  la  seule  grande  voie  de  communication  de 
l'Egypte. 

11.  Agriculture,  élevage.  —  En  1896,  dans  mon  volume  sur  L'Age 
de  la  pierre  et  les  métaux,  j'ai  émis  l'opinion  que  les  indigènes 
étaient  agriculteurs  et  j'appuyais  mon  dire  sur  ce  que,  dans  les 
kjœkkenmœddings  et  les  stations  préhistoriques  de  la  Haute-Egypte, 
j'avais  rencontré  un  très  grand  nombre  de  scies  de  silex  ayant  jadis 
servi  à  former  la  partie  tranchante  des  faucilles  et  dont  les  dents 
étaient  polies  par  l'usage.  Ces  restes  d'instruments  de  culture  ne 
pouvaient  en  effet  laisser  aucun  doute.  Mais,  aujourd'hui,  je  suis  plus 
hésitant  à  me  prononcer,  car  mes  dernières  recherches  m'ont  amené 
à  penser  que  ces  faucilles  appartiennent  plutôt  aux  premiers  temps 
égyptiens  qu'aux  époques  purement  néolithiques. 

En  effet,  les  fragments  de  faucilles  sont  abondants  dans  les 
kjœkkenmœddings  et  les  stations  de  Kawamil,  de  Ballas,  de  Toukh, 
de  Zawaïdah,  de  Négadah  où  se  rencontrent  en  même  temps  des 
objets  postérieurs  et  antérieurs  à  la  conquête,  tandis  que  je  n'en  ai 
pas  rencontré  dans  les  stations  de  Dîmeh,  d'Omm  el-'Atl,  de  Kom- 
Achim,  d'El-'Amrah,  etc.,  qui  sont  purement  néolithiques. 

Cette  remarque  m'a  été  suggérée  par  une  observation  de  M.  lepro 
fesseur  Schweinfurth  relative  aux  céréales.  Le  blé  et  l'orge  sont,  m'a- 
t-il  dit,  originaires  de  Chaldée  et  ces  plantesy  croissent  actuellement 
encore  à  l'état  sauvage.  La  déduction  qui  vient  d'elle-même  est  que,  si 
le  blé  et  l'orge  existent  en  Egypte,  c'est  qu'ils  y  ont  été  apportés,  et 
nous  savons  que  cette  acclimatation  date  d'une  époque  fort  reculée, 
puisque  j'ai  trouvé  dans  les  vases  de  terre  du  tombeau  royal  de  Né- 


ETHNOGRAPHIE   DES  POPI  LATIONS  INDIGENES   DE   L'EGYPTE 

gadah  et  dans  les  sépultures  de  Kawamil  du  blé  el  de  l'orge  donl  les 
graines  ont  été  reconnues  parle  professeur  Schweinfurth  lui-môme. 
La  présence  du   blé   dans  les  tombes,  e1  celle  des  débris  il*-  fau- 
cilles dans  les  localités  où  les  céréales  se  rencontraient,  m'onl  porté  à 


Fig.  26").  —  Mode  de  monture  des  faucilles  années  de 
silex,  d'après  les  résultats  des  fouilles  de  M.  W.  FI* 
Pétrie  à  Kahoun  (cf.  FI.  Pétrie,  lllahun,  Ka/iiin  and 
Gurob,  pl.  VII,  fig.  27). 


Fig.  266.  —  Scie  ou  partie 
de  faucille  en  silex  jaune 
(Tell-el-Yahoudi,  près 
d'Héliopolis).  1/2  gran- 
deur naturelle. 


267  268  2tj'.i  270  271  1' 1  273 

Fig.  267  à  273.  —  Scies  en  silex  jaune  (Kjœkkeninœddings  de  Toukh). 
1/2  grandeur  naturelle. 

rechercher  avec  grand  soin  si,  dans  les  kjœkkenmœddings  et  les  tom- 
beaux indigènes,  je  trouverais  le  blé  et  les  débris  des  outils  servant 
à  la  récolle.  Mes  découvertes  à  ce  sujet  ont  jusqu'à  ce  jour  été  néga- 
tives. 

Il  est  fort  important  de  se  rendre  compte  si  les  céréales  existaient 


96 


ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS  INDIGENES  DE  L  EGYPTE 


dans  la  vallée  du  NU  avant  la  connaissance  des  métaux,  car,  s'ils  n'é- 
taient pas  connus,  leur  introduction  est  due  aux  Egyptiens  et  ce  fait 
serait  une  preuve  de  plus  en  faveur  de  la  provenance  asiatique  des 
conquérants  pharaoniques. 

J'ai  longuement  parlé  des  faucilles  armées  de  silex  (fig.  265  à  273) 
dans  mon  précédent  volume.  Je  ne  reviendrai  donc  pas  sur  cette  in- 
téressante question,  mais  je  signalerai  un  autre  outil  d'agriculture 
(fig.  274)  que,  1  an  dernier,  j'avais  pris  pour  une  hache  et  qui  n'est 
autre  que  la  lame  d'une  houe  on  fas  des  fellahs  d'aujourd'hui. 


Fig.  274.  —  Houes  1/2  grandeur  naturelle. 

Cet  instrument  en  silex  est  plat  d'un  côté,  bombé  de  l'autre,  il  est 
large  au  tranchant  et  assez  long  pour  pouvoir  être  assujetti  sur  une 
fourche  de  bois  lui  servant  en  même  temps  de  monture  et  de  manche. 

J'ai  découvert,  cette  année,  un  de  ces  outils  dont  la  partie  bombée 
du  tranchant  est  polie  par  l'usage,  tout  comme  sont  les  scies  de  silex 
qui  ont  armé  les  faucilles. 

Le  poli  n'est  pas  lisse  et  régulier,  comme  nous  avons  coutume  de 
le  voir  dans  les  haches,  il  affecte  toutes  les  sinuosités  de  la  pierre 
atténuant  l'angle  vif  des  arêtes.  Il  a  été  produit  par  un  frottement 
prolongé  de  la  pierre  dans  un  milieu  mou,  mais  siliceux,  tel  qu'est  le 
limon  du  Nil,  tel  que  sont  les  sables  du  désert  Libyque. 

Les  alluvions  nilotiques  sont,  je  l'ai  dit,  composées  de  limons  très 


ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS  INDIGENES  DE   L'EGYPTE       97 

lins  mais  riches  en  silice,  elles  ne  renfermenl  aucun  galet,  aucun 
caillou  do  nature  à  briser  un  instrument  (Tune  matière  aussi  dure  h 
fragile  <|uYsi  le  silex  Cette  terre  se  prêtail  «loue  forl  bien  au  travail 
à  l'aide  d'un  instrument  de  pierre. 

Pour  la  date  précise  de  ces  outils,  je  ne  saurais  la  déterminer  et  je 
ferai  à  leur  sujet  les  mêmes  observations  «pu-  pour  les  scies  des  fau- 
cilles. Jusqu'ici,  je  n'ai  rencontre  de  laines  de  houes  que  dans  les 
localités  où  se  trouvent,  en  même  temps,  les  restes  des  indigènes 
néolithiques  et  ceux  des  premiers  Égyptiens. 

Quant  à  l'élevage,  clans  tout  autre  pays  que  la  vallée  du  Nil  il 
exige  des  cultures  si  les  populations  qui  s\  livrent  sont  sédentaires, 
car  il  est  nécessaire  de  faire  des  provisions  considérables  pour  que 
les  troupeaux  puissent  passer  l'hiver.  Mais,  en  Egypte,  la  saison  froide 
n'existe  pas,  et,  pendant  la  crue,  il  suffit  de  donner  aux  bestiaux  les 
branches  des  arbres  comme  cela  se  fait  si  souvent  de  nos  jours  en 
Turquie  d'Asie,  en  Perse  etauCaucase.Riennes'oppose  donc  à  ce  que 
nous  admettions  que  les  indigènes  se  livraient  à  l'élevage,  quand 
bien  même  ils  auraient  été  entièrement  étrangers  à  l'agriculture. 

D'une  part,  nous  savons  que  l'Afrique  fut  l'un  des  foyers  de  la  do- 
mestication des  animaux,  et,  d'autre  part,  nous  ne  voyons,  dans  les 
nombreuses  figurations  d'animaux  domestiques  des  mastabas,  que 
fort  peu  d'espèces  appartenant  à  la  faune  du  nord-estde  l'Afrique.  Ces 
deux  faits  font  supposer  que  les  indigènes  domestiquaient  les  ani- 
maux avant  la  conquête  égyptienne  et  qu'à  leur  arrivée  dans  la  vallée 
du  Nil  les  Egyptiens,  bien  qu'amenant  avec  eux  quelques  animaux 
asiatiques,  adoptèrent  pour  la  plus  grande  part  l'élevage  des  vaincus. 

Ces  déductions  ne  peuvent  être  absolues,  car  il  est  certain  que  les 
Egyptiens  ont  amené  à  leur  suite  quelques  espèces  étrangères; 
mais  à  coup  sûr  ils  n'apportèrent  ni  le  cheval,  ni  le  chameau,  ni  le 
mouton,  puisque  nous  connaissons  exactement  la  date  de  leur  appa- 
rition sur  le  sol  de    l'Egypte  et  que  cette  date  est  relativement  très 

récente. 

Dans  les  kjœkkenmœddingsdes  deux  époques,  indigène  et  pharao- 
nique, nous  trouvons  en  grande  quantité  les  excréments  des  gazelles 
et  des  antilopes,  nous  rencontrons  des  os  rongés  parles  carnassiers, 
sur  le  site  même  des  campements.  Il  n'est  donc  pas  possible  d'ad- 
mettre que  ces  vestiges  aient  été  laisses  par  d.s  animaux  sauvages, 
et,  par  suite,  nous  devons  reconnaître  que  les  indigènes  étaient  déjà 
très  versés  dans  l'art  de  domestiquer  les  animaux. 

7 


98 


ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS  INDIGENES  DE  L'EGYPTE 


Quant  aux  espèces  qu'ils  élevaient,  il  est  impossible  de  se  pronon- 
cer, car  les  kjœkkenmœddings  renferment  en  môme  temps  les  os  des 
animaux  sauvages,  pris  ou  tués  à  la  chasse  et  à  la  pèche,  et  ceux  des 
produits  des  troupeaux. 

Une  tombe  de  Kawamil  contenait  six  tètes  de  gazelles  et  six  gigots 
du  même  animal;  d'autres  renfermaient  souvent  des  os  de  gazelles  et 
d'antilopes  contenus  dans  des  vases.  Ces  offrandes  au  mort  avaient 
bien  certainement  été  cuites  et  préparées,  et  il  est  plus  probable  que 
ces  provisions  avaient  été  prises  dans  les  troupeaux  plutôt  que  de 
croire  que  ces  animaux  avaient  été  tués  à  la  chasse. 

Les  mastabas  de  l'Ancien  Empire  nous  montrent  domestiqués  une 
grande  quantité  d'animaux  appartenant  à  la  faune  égyptienne.  Ce 
sont  des  antilopes,  des  gazelles,  des  hyènes,  des  chacals,  des  chiens, 


275  276  277  278  279  280 

Fig.  275  à  280.  —  Os  d'animaux  sciés  cl  incisés  (kjœkkenmœddings  de  Toukh). 

1/2  grandeur  naturelle. 


des  ânes  et  une  foule  d'oiseaux  tels  que  le  canard,  l'oie,  la  demoi- 
selle de  Numidie,  etc.,  etc..  Il  est  fort  peu  de  ces  animaux  qui  soient 
étrangers  à  la  faune  du  nord-est  de  l'Afrique. 

12.  Nourriture.  —  Nous  connaissons  les  matières  premières  de  l'ali- 
mentation des  indigènes  par  les  restes  de  cuisine  (kjœkkenmœd- 
dings) qu'on  rencontre  en  abondance  sur  le  lieu  même  où  ils  vécu- 
rent et  par  les  offrandes  qu'ils  déposèrent  dans  les  tombes  auprès 
des  morts. 

Leur  nourriture  se  composait  de  tous  les  éléments  comestibles  que 
fournissait  la  vie  animale  et  végétale  en  Egypte.  Dans  les  amas,  les 


ETHNOGRAPHIE  DES  POP1  LATIONS  INDIGENES  DE   L'EGYPTE        99 

os  sont  d'une  extrême  abondance  ;  quelquefois  ils  portenl  encore  les 
stries, laissées  parles  lames  de  sil<-\  à  L'aide  desquelles  les  hommes 
d'alors  détachaient  la  chair  fig.  275  à  280).  Dans  tous  les  cas,  les  os 
des  quadrupèdes  comme  ceux  des  oiseaux  ont  été  luises  pour  en  ex- 
traire la  moelle. 

Le  kjœkkenmœdding  de  Toukh  m'a  fourni  bon  nombre  de 
ments  que  M.  le  l)r  Lortet,  doyen  de  la  Faculté  de  médecin  de  Lyon, 
a  bien  voulu  étudier;  ils  appartenaient  aux  espèces  suivant. 

Mammifères.  — Canis  familiaris  ; 

—  Lepus(sp.  indéterminée)  ; 

—  Bos  taurus; 

—  Bos  bubalus1; 

—  Capra  hircus*  3; 

—  Gazella  Isabella  ; 

—  Hippotragus  Bakeri*  ; 

—  Sus  Scrofa  '"  ; 
Oiseaux.  —  Struthio  camelus*  ; 

—  Ciconia  alba  ; 

—  A  rdea  purpura; 
Tortues.  —  Trionyx  triunguis. 
Poissons.  —  Chromis  nilolicus. 

—  Clarias  anguillaris; 

—  Synodontis  macrodon . 

—  Synodontis  shal. 

Mollusques.—  Vivipara  unicolor (Olivier)  \Spatha  Caillaudi  (Mar- 
tens),  Spatha  elongata  (Letourneux),  Spatha  Letourneuxi  (Bourgui- 
gnat)8. 

i.   Celte  espèce  atteint  la  taille  du  bison  d'Europe. 

2.  Deux  races  différentes  de  taille,  l'une  analogue  au  Capra  mambrica,  L'autre  de  la 
taille  de  l'égagre. 

3.  Grande  antilope  vivant  aujourd'hui  dans  la  région  de  Khartoum. 

4.  Vivant  encore  au  Fayoum  dans  les  marais  voisins  du  Birket-Karoun. 

5.  Quelques  fragments  de  noyaux  osseux  de  chèvre  peuvent  se  rapporter  à  la  race 
Capra  thebaica;  d'autres  fragments,  encore  plus  grands,  appartiennent  au  mâle  d'une 
race  voisine  de  Capra  mambrica  ou  Capra  caucasica  à  cornes  longues  et  plus  con- 
tournées que  chez  les  deux  précédentes  races. 

6.  Cette  espèce  ne  se  rencontre  plus  aujourd'hui  en  Egypte,  elle  s'est  retirée  dans 
les  régions  du  sud  et  de  l'est. 

7.  Espèce  commune  en  Egypte  et  spéciale  aux  eaux  de  ce  pays.  Parait  peu  utilisable 
comme  comestible.  Si  on  avait  dû  la  manger, la  coquille  serait  briséeou  au  moins  cuite. 

8.  Les  Spatha  sont  communs  eu  Egypte,  particulièrement  dans  le  Nil,  le  canal  Mah- 


100       ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS  INDIGÈNES  DE  L'EGYPTE 

Il  convient  d'ajouter  à  cette  liste  incomplète  d'aliments  les  œufs 
dont  les  coquilles  sont  abondantes  dans  les  kjœkkenmœddings  et 
parmi  lesquels  les  œufs  d'autruche  sont  fort  communs. 

Les  végétaux  entraient  bien  certainement  pour  une  large  part  dans 
l'alimentation  des  indigènes,  mais  leurs  vestiges  se  sont  moins  bien 
conservés  que  ceux  des  animaux,  et  nous  ne  pouvons  faire  que  des 
suppositions  à  leur  sujet.  J'ai  fréquemment  rencontré  dans  les 
kjœkkenmœddings  des  noyaux  de  dattes  et  des  restas  de  grains  de 
lotus.  Quelques-uns  de  ces  végétaux  devaient  être  réduits  en  poudre 
ou  en  pâte  au  moyen  de  broyeurs  de  roche  dure  dont  les  nécropoles 
et  les  kjœkkenmœddings  nous  ont  livré  plusieurs  fragments  (fig.  281 
à  284). 

281 


1  Vw 


j 


«/ 


284 


Fig.  281  à  284-  —  Broyeurs  en  roche  dure. 
2/i5  grandeur  naturelle. 

Gomme  condiment,  le  sel  est  extrêmement  abondant  dans  toutes 
les  montagnes  de  l'Egypte;  on  le  trouve  à  l'état  de  masses  compactes 
ou  de  cristaux  dans  les  alluvions  et  dans  bon  nombre  de  couches 
marneuses;  il  est  loin  de  ne  renfermer  que  du  chlorure  de  sodium, 
mais  ses  impuretés  ne  l'empêchent  pas  d'être  consommé  tel  quel,  et, 


moudièh,  les  lacs  Mariotis,  etc.  Ils  peuvent  à  la  rigueur  être  comestibles  mais  doi- 
vent singulièrement  sentir  la  vase.  En  France,  les  Unios  et  les  Anodontes,  formes  voi- 
sines, ont  servi  d'aliment  dans  les  temps  de  disette,  mais  on  est  obligé  de  les  faire 
digérer  longtemps  dans  de  l'eau  douce.  La  cuisson  les  rend  alors  facilement  digesti- 
bles. Dans  tous  les  cas,  il  est  très  intéressant  de  signaler  les  Spatha  parmi  les  mol- 
lusques comestibles  dans  l'antiquité. 


ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS  INDIGENES  M    L'EGYPTE        101 

de  nos  jours  «  ncore.  les  fellahs  en  fonl  pour  leur  usage  une  exploita- 
tion très  considérable,  en  dépil  de  l'administration  égyptienne  qui 
s'est  réservé  le  monopole  de  cette  substam 

Autrefois,  comme  de  nos  jours  le  sel  du  déserl  suffisait  parfaite- 
ment aux  besoins  des  populations  aux  goùls  simples  et  il  n'était  pas 
besoin  de  recourir  aux  eaux  de  la  mer  pour  se  procurer  du  chlorure 
de  sodium  presque  pur. 

Somme  toute,  la  vie  des  indigènes  était  très  plantureuse;  la  nature 
avait  gratifié  l'Egypte  <le  toutes  les  ressources,  et,  pour  les  Egyptien-. 
ce  pays  fut  une  véritable  terre  promise.  L'abondance  qu'ils  rencon- 
trèrent contribua  beaucoup  à  les  lixer;  ils  s'établirenl  à  Thinis  et  aux 
environs,  c'est-à-dire  d-ans  la  Thêbaïde,  l'un  des  pays  les  plus  riches 
qui  soient  au  monde. 

Industries. —  Taille  du  silex.  —  L'industrie  la  plus  caractéristique 
de  ces  temps  est,  sans  contredit,  la  taille  du  silex  ;  son  origine  se  perd 
dans  les  périodes  géologiques,  et  son  apogée  semble  marquer  l'épo- 
que où,  les  métaux  venant  d'être  découverts,  son  usage  allait  dispa- 
raître à  jamais.  Ce  fait  n'est  pas  spécial  à  la  vallée  du  Nil,  car  nous 
constatons  dans  tous  les  pays  du  monde  le  plus  grand  déveveloppe- 
ment  du  travail  de  la  pierre  au  moment  même  où  l'emploi  des  ma- 
tières fragiles  est  sur  le  point  d'être  remplacé  par  celui  des  subs- 
tances fusibles  et  malléables. 

L'usage  de  tailler  la  pierre  remonte  en  Egypte  aux  temps  quater- 
naires; il  se  continua  pendant  une  fort  longue  période,  dont  il  n'est 
pas  possible  d'évaluer  l'étendue;  cette  industrie  se  perfectionna  gra- 
duellement, passant  probablement  par  des  phases  analogues  à  celles 
que  nous  connaissons  pour  l'Europe.  De  grossière,  la  taille  devint 
très  fine  et  très  soignée,  et,  bien  que  nous  ne  puissions  encore  établir 
des  divisions  chronologiques  dans  les  stations  préhistoriques  égyp- 
tiennes, l'examen  des  objets  ne  nous  porte  pas  moins  à  penser  que  le 
jour  viendra  où  l'âge  de  la  pierre  dans  la  vallée  du  Nil  sera,  comme 
celui  de  nos  pays,  subdivisé  en  un  grand  nombre  d'époques  marquant 
chacune  une  civilisation  spéciale  et  parfaitement  définie;  que  la  tran- 
sition entre  les  outils  chelléens  et  les  instruments  néolithiques  - 
montrera  clairement,  aussi  bien  dans  l'industrie  humaine  que  par  les 
modifications  qui  eurent  lieu  dans  le  climat,  la  faune  et  la  flore  du 
pays. 

Nos  observations  étant  encore  insuffisantes  pour  qu'il  soit  permis 


102      ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS  INDIGÈNES  DE  L'EGYPTE 

d'aborder  l'étude  dés  diverses  époques,  je  me  contenterai  d'étudier 
la  taille  du  silex  alors  qu'elle  était  parvenue  à  son  apogée,  c'est-à- 
dire  l'industrie  des  indigènes  peu  avant  l'arrivée  des  Egyptiens  dans 
la  vallée  du  Nil. 

Le  silex  est  fort  abondant  dans  le  sol  de  l'Egypte,  il  y  existe  en 
roo-nons  parfois  volumineux  dans  les  sédiments  crétacés.  Les  allu- 
vions  des  plateaux  sont  uniquement  composés  de  galets  où  le  silex, 
l'ao-ate  et  la  cornaline  dominent  :  les  indigènes  avaient  donc  à  leur 
disposition  une  abondance  extrême  de  matière  première. 

Quant  à  la  qualité  du  silex, elle  est  variable  suivant  les  localités;  la 
matière  la  meilleure  se  rencontre  dans  les  falaises  qui  bordent  les 
deux  rives  de  la  vallée,  entre  Akhmim  et  Keneh;  le  silex  y  est  blond, 
translucide, il  se  brise  aisément  et  constitue  dans  les  couches  du  ter- 
rain crétacé  de  véritables  bancs  de  rognons,  épais  parfois  de  plusieurs 
mètres.  C'est  dans  cette  région  que  la  taille  du  silex  atteignit  son 
plus  grand  développement. 

Au  sud  de  Keneh,  jusqu'à  Erment,  on  rencontre  des  silex  bruns, 
noirs  et  jaunes;  ils  sont  également  de  bonne  qualité,  mais  se  présen- 
tent en  masses  moins  importantes  et,  par  suite,  se  prêtent  moins  bien 
au  travail. 

Dans  le  nord  de  l'Egypte  et  au  Fayoum,  le  silex  est  plus  rare  dans 
les  sédiments;  aussi  est-ce  des  galets  roulés  du  diluvium  que  les  an- 
ciens firent  usage  pour  la  fabrication  de  leurs  instruments. Ils  tirèrent, 
il  est  vrai,  un  trèshabile  parti  de  la  matière  première  dont  ils  pouvaient 
disposer,  mais  leurs  œuvres  n'atteignent  jamais  la  perfection  de  celles 
sorties  des  ateliers  de  Toukh,  d'Abydos  et  de  Kawamil. 

On  a  prétendu  que,  pour  qu'un  silex  pût  être  aisément  travaillé,  il 
faillait  qu'il  sortit  fraîchement  de  son  milieu  de  formation  et  qu'il  pos- 
sédât encore  son  eau  de  carrière.  Cette  condition  est  loin  d'être  indis- 
pensable, car  presque  tous  les  instruments  des  stations  de  Dimeh,  de 
Kom-Achim,  d'Omm  el-'Atl,  etc.,  montrent  avec  évidence  qu'ils  ont  été 
taillés  dans  des  galets  du  diluvium  et  les  objets  néolithiques  qui  abon- 
dent sur  certains  points  de  la  Susiane  et  de  la  Chaldée  ont  tous  été 
taillés  dans  les  galets  roulés  des  rivières.  La  perfection  dans  le  travail 
dépend  donc  bien  plus  de  la  nature  du  silex  et  des  dimensions  des 
rognons  que  de  sa  position  primitive  ou  remaniée  dans  les  couches 
où  les  anciens  s'approvisionnaient. 

Le  plus  simple  des  silex  travaillés  est  le  nucléus,  noyau  préparé 
pour  l'enlèvement  des  éclats  qui,  retouchés  ensuite  par  l'ouvrier,  pre- 


ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS  INDIGÈNES  DE  L'EGYPTE      L03 

naient  toutes  les  formes  répondanl  aux  besoins  journaliers.  Les  nue  Ici 
d'Egypte  diffèrenl  seulemenl  par  1rs  dimensions,  mais  ils  présentenl 
invariablement  la  même  forme,  ils  sont  coniques  fig.  285  à  289    ter- 


HP 

285  286  287 

Fig.  285  à  287.  —  Nucléi  (kjœkkeuma'ddings  de  Toukh). 


Fig.  288  et  289.  —  Nucléi  en  silex  jaune  (kjœkkenmœddings  de  Toukh). 
[1/2  grandeur  naturelle. 

minés  à  la  base  par  un  large  plan  de  frappe,  et  en  cela  ressemblent  à 
la  plupart  des  nucléi  des  autres  régions  du  monde. 

L'ouvrier,  en  brisant  le  galet  ou  le  rognon  de  silex  déterminait  Le 
plan  de  frappe,  puis  enlevait  les  éclats  normalement  à  cette  surface, 
déterminant  ainsi  le  cône  définitif.  Les  premiers  éclats  étaient  rebutés, 
comme  portant  une  partie  de  la  gangue.  Ce  n'était  qu'après  l'enlève- 
ment de  toute  la  surface  naturelle  du  noyau  que  les  éclats  étaient 
employés;  c'est  pourquoi  ces  lames  portent  toutes  une  arête  médiane 
résultant  de  la  taille  de  deux  autres  lames. 


10'*       ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS  INDIGENES  DE  L'EGYPTE 

On  rencontre  souvent  des  nuclei  très  petits,  retaillés  sur  tout  leur 
pourtour  et  rejetés  comme  hors  d'usage;  ces  nuclei  sont  les  résidus 
de  la  taille,  leurs  dimensions  les  rendaient  inutilisables.  Mais  on  en 
trouve  aussi,  quoique  plus  rarement, qui,  simplementpréparéspour  le 
travail  (fig.  288  et  289)  ont  été  abandonnés  avant  qu'il  en  eût  été  fait 
usage. Ces  nuclei,  taillés  d'un  seul  côté,  forment  une  catégorie  spéciale 
que  le  Dr  Schweinfurth  désigne  sous  le  nom  de  sabots  d'ânes.  Il 
n'existe  donc  pas  à  proprement  parler  de  différence  entre  ces  deux 
sortes  de  nuclei;  les  seconds  sont  simplement  apprêtés  pour  l'usage, 
tandis  que  les  premiers  ont  été  rebutés  comme  ne  pouvant  plus 
servir. 

Les  percuteurs  dont  se  servaient  les  indigènes  de  l'Egypte  pour 
tailler  le  silex  sont,  comme  d'ailleurs  dans  tous  les  autres  pays,  de 
simples  galets  ronds,  des  nuclei  rebutés  ou  des  boules  de  pierre  dure 
telles  que  la  diorite,  la  serpentine,  le  basalte,  etc.  (fig.  290  à  292);  on 


'■      , 

i 


290 
Fig.  2j)0  à  292. 


.'M 


.-  -  ■  -.  -  v-m% 


Percuteurs   en  silex  (kjœkkenmceddings  de  Toukh). 
1/2  grandeur  naturelle. 


les  rencontre  en  extrême  abondance  dans  toutes  les  stations  néolithi- 
ques, dans  les  kjœkkenmœddings  et  dans  les  restes  des  premiers 
temps  égyptiens.  Cette  constatation  est  très  intéressante,  car  elle 
prouve  le  mal  bondé  des  suppositions  de  quelques  archéologues 
qui,  avec  M.  Griffith,  croient  reconnaître  dans  certains  bas-reliefs  de 
l'Ancien  Empire  et  du  Moyen  Empire  la  représentation  de  la  taille  des 
couteaux  de  silex.  Dans  ces  scènes,  l'ouvrier  fait  usage  d'un  long 
bâton  et  non  d'un  percuteur  pour  aiguiser  la  lame  qu'il  tient  à  la  main. 
Or, chacun  sait  que  c'est  en  le  retaillant  seulement  qu'on  peut  rendre 
un  silex  plus  coupant,  le  polissage  ne  donnant  que  des  tranchants 
très  obtus  utilisables  dans  les  instruments  qui,  comme  les  haches  sont 
destinés  à  frapper  et  non  à  inciser. 


ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS  LNDIGÈNES   DE   L'EGYPTE       105 
Les  lames  levées  sur  1rs  nuclei  sonl  très  variables  de  dimensions, 

elles  al dent  dans  les  stations  e1  les  kjœkkenmœddings;  la  plupart 

d'entre  elles, portant  encorede  la  gangue,  u'étaienl  enlevées  que  pour 
la  préparation  dos  nuclei.  Celles-là  étaienl  rebutées,  d'autres  prises  au 
cœur  du  silex  se  brisaienl  s. .us  le  «hoc  qui  déterminait  leur  éclat, 
d'autres  enfin  (fig.  293  à  295  plus  pures  étaient  utilisées  sans  retouches 


Fig.  oc,'3  à  •>().").  —    Liunes  retouchées  (nécropole  d'Abydos  et  station  de   Kom-Achim). 

1/2  grandeur  naturelle. 

ou  retaillées  aux  extrémités  ou  sur  leur  tranchant  afin  de  constituer 
des  poinçons,  des  racloirs,  des  couteaux  et  tous  les  outils  dont  les 
indigènes  avaient  besoin  (fig.  296  à  298). 


Fig.  0.96  à  29S.  —  Poinçons-racloirs,  silex  jaune  (nécropole  d'Abydos). 
1/2  grandeur  naturelle. 

Les  couteaux  sont  de  plusieurs  sortes  :  les  uns  qu'on  rencontre  fré- 
quemment dans  la  Haute  Egypte  (fig.  299  et  300)  se  composent  d'une 
lame  retaillée  d'un  côté  et  présentant  un  dos  carré,  et  d'un  tranchant 
en  arc  de  cercle  rarement  retouché  et  généralement  très  aigu  ;  d'autres 


106      ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS  INDIGÈNES  DE  L'EGYPTE 
(fig.  301  à  304)  communs  dans  les  stations  du  Fayoum,  ont  été  obtenus 

300  e 


299  b 


29a  «■  300  a  299  c  300  b 

Fig.  299  et  3oo.  —  Couteaux  eu  silex  jauue  (kjœkkemnœddings   de  Toukh). 
1/2  grandeur  naturelle. 


Fig.  3oi  à  3o4.  —  C 
gris  foncé,  kjœkke 
de  Zawaidah.  —  3o. 


//<? 


1/4 


: 


302  303  304 

1S  les  ilis'1  -ii'iT"        **is,  station  de  Licht.  —  3o2,  silex 
uuKh.   —    3o3,   silex    blanc,   kjœkkenruœddings 
-x  jaune,  station  de  Licht).    1/2  grandeur  naturelle. 


?J 


ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS  INDIGÈNES  DE  l  EGYPTE  lu; 
non  pas  en  levant  un  seul  éclal  sur  un  aucléus,  mais  en  taillant  un 
bloc  jusqu'à  ce  qu'il  possédât  la  forme  désirée. 

Parmi  les  couteaux  du  Fayoum  il  en  «-si  qui,  pointus  aux  deux 
extrémités,  présentent  la  forme  d'un  triangle  très  allongé  fig.  306  et 
307)  ;  d'autres  sont  munis  d'un  manche  (fig.  305  ménagé  dans  le 
silex  Lui-même. 


Fig.  3o5  à  3o7.  —  Couteaux  en  silex  (3o5,  jaune  foncé,  station  de  Dirnèh.  —  silex  3o6, 
gris  opaque,  station  de  Kom-Achim.  —  3o7,  silex  gris  clair,  station  de  Kom-Achiin). 

1/2  grandeur  uaturelle. 

Cette  dernière  variété  se  rencontre  aussi  bien  au  Fayoum  que  dans 
la  Haute  Egypte  (fig.  308  et  309);  elle  semble  appartenir  à  la  période 
la  moins  ancienne  du  néolithique,  car  elle  apparaît  encore  dans  les 
sépultures  royales  des  premières  dynasties  à  Abydos. 

D'autres  couteaux  (fig.  310)  composés  d'une  lame  très  soigneuse- 
ment retouchée  sur  les  deux  faces  font  aussi  partie  du  type  le  moins 
ancien  auquel  il  convient  de  joindre  les  admirables  lames  en  silex 
corné  (fig.  311-312)  qu'on  rencontre  dans  les  tombes  royales  et  dans 
les  sépultures  du  district  d'Abydos. 

Les  couteaux  de  ce  o-enre  sont,  sans  contredit,  les  plus  beaux  spé- 

cimens  connus  de  la  pierr ...    .      >*  un  do.-  st  toujours  polie, 

tandis  que  l'autre  est  couverte  d'éclats  enle\  <  .         .  une  telle  habileté 


108      ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS  INDIGÈNES  DE  L'EGYPTE 

que  les  cassures  sont  de  môme  taille  et  de  même  forme  et  que  la  ren- 
contre des  deux  séries  partant  de  chacun  des  bords  de  la  lame  a  tracé 
une  arête  médiane  qui  court  sur  toute  la  longueur  de  l'objet. 


309 


Fig.   3o8-3ot).  —   Couteaux  en    silex  (3o8,   silex  jaune   brun.  Abydos    (?),    Musée  de 

Gizèh.  —  309,  silex  jaune,  nécropole  d'Abydos). 
Fig.  3ro.  —  Couteau  en  silex  corné  (localité  inconnue,  Haute-Egypte (?),  Musée 

1/2  grandeur  naturelle. 


de  Gizèh). 


Le  dos  de  ces  couteaux  est  rectiliime.  le  tranchant  au  contraire  est 

o 

muni  d'une  multitude  de  petites  dents  découpées  avec  une  régularité 
absolue  et  qui  rendent  les  lames  extrêmement  tranchantes.  Vers  la 
base  de  l'instrument  les  dents  n'existent  pas.  Cette  partie  de  la  lame 
qui  se  trouvait  flans  la  main  était  garnie  de  peau,  de  cordes  ou  quel- 
quefois aussi  d'or,  comme  le  prouve  le  couteau  emmanché  de  ce 
métal  trouvé  à  Gebel  Tarif  en  1896. 

Les  formes  des  couteaux  varient  à  l'infini,  chaque  localité  en  pré- 


ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS  INDIGÈNES  DE   L'EGYPTE      109 


u  mffmm 


: 


>" 


311 


Pig.  3ic-3i2.  —  Lames  en  silex  corné  (Gébel-Tàrif).  Achats  du  Musée  de  Gizèh 

(3n,  silex  brun  noir.     -  3i2,  silex  blond). 
2/3  grandeur  naturelle. 


110      ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS  INDIGÈNES  DE  L'EGYPTE 

sente  de  spéciales  ;  mais  tous  ces  instruments  ont  été  taillés  suivant, 
les  mêmes  principes  et  semblent  avoir  été  destinés  aux  mêmes  usages. 
L'habitude  de  garnir  de  dents  le  tranchant  des  couteaux  semble 
n'avoir  pris  naissance  qu'à  la  fin  de  l'usage  de  la  pierre,  peut-être 
même  devons-nous  attribuer  cette  innovation  à  l'influence  qu'eurent 
sur  les  indigènes  les  premiers  Égyptiens.  J'ai  dit  plus  haut  que  la 
grande  antiquité  des  scies  armant  les  faucilles  me  semble  être  dou- 
teuse. Je  serai  plusaffirmatif  en  ce  qui  concerne  les  véritables  scies  (fig. 
313  à  319) qui  se  présentent  en  abondance  clans  les  stations  du  Fayoum 


315 


316 


7-       '  \     v/tf'l 


313  b 


Fig.  3i3  à  319.  —  Scies  en  silex.  1/2  grandeur  naturelle. 


lesquelles,  comme  on  le  sait,  sont  purement  néolithiques  et  ne 
semblent  pas  renfermer  d'objets  postérieurs  à  l'arrivée  des  Egyptiens 
dans  le  pays. 

Les  mêmes  lames,  dont  il  était  question  à  propos  des  nuclei,  une 
fois  enlevées  étaient  aussi  transformées  en  racloirs  (fig.  320  à  326) 
présentant  des  formes  diverses;  mais  fréquemment  aussi  les  racloirs 
étaient  obtenus  soit  en  retouchant  sur  les  bords  l'éclat  qu'avait  déter- 
miné le  plan  de  frappe  d'un  nucléus  (fig. 323  et  324),  soit  en  retaillant 
un  fragment  de  nucléus  (fig.  321).  Ces  outils  étaient  employés  soit 
directement  à  la  main,  soit  emmanchés  dans  de  la  corne  ou  du  bois. 

Dans  la  plupart  des  cas,  les  racloirs  présentent  une  courbe  convexe 
régulière,  mais  on  en  rencontre  aussi  qui,  échancrés  intentionnelle- 


ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS  INDIGENES  DE  L'EGYPTE      111 


3»0 


y     .-- 

321 
Fig.  32o  à  322.  —  Racloirs  convexes. 
1/2  grandeur  naturelle. 


h 


\ 


\4 
( 


y 


/ 


(/ 


322 


324  a 


324  c  324  //  323  6 

323  à  32 \.  —  Racloirs  en  silex  jaune  (Abydos). 
i/2  grandeur  naturelle. 


325  a 
Fig.  325  à  326. 


325  6  325  c 

Racloirs  triangulaires  en  silex  jaune  (station  de  Licht). 
1/2  grandeur  naturelle. 


112      ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS  INDIGENES  DE   L'EGYPTE 

ment,  semblent  avoir  été  destinés  à  polir  des  aiguilles  d'os,  de  bois 
ou  de  toute  autre  matière.  Ces  derniers  instruments  (fig.  327  et  328) 
sont  beaucoup  plus  rares  que  les  racloirs  de  forme  régulière. 

Il  serait  aisé  de  s'étendre  longuement  sur  les  nombreuses  formes 
que  prirent  les  éclats  enlevés  des  nuclei  ou  taillés  dans  les  frag- 
ments du  nucléus  lui-même  .   Je  me  contenterai  de  citer  quelques 


327  a 


328  a 


328  b 


327  b 


Fig.  327  et  3a8.  —  Racloirs  échancrés  en  siiex  blond    (kjœkkenmœddings  de  Toukh). 

1/2  grandeur  naturelle. 

pointes  (fig.  329  à  333)  dont  l'emmanchenent  nous  est  connu  par  les 
outils  analogues  (fig.  334)  encore  usités  par  les  Indiens  de  l'Amérique 


329 


333 


Fig.  329  à  333.  —  Pointes  en  silex  jaune.  1/2  grandeur  naturelle  (329  et  333  silex  jaune, 
station  de  Kom-Achim.   —   33o,  33i,  332,  silex  brun  et  jaune,  station  de  Dimèh). 

du  nord,  et  les  poinçons  ou  pereoirs  de  silex  (fig.  335  à  339)  sem- 
blables à  ceux  que  nous  rencontrons  dans  toutes  les  stations  néoli- 
thiques de  1  Europe. 


V' 


ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS  INDIGENES  DE   L'EGYPTE      11:; 

On  trouve  parmi  les  <>ulils   en  silex  de  I  Egypte  quelques  formes 
dont  jusqu'ici  je  n'ai  pu  reconnaître  l'usage. 
Ce  sont  des  croissants  de  pierre    fig.  340  à 

•  V\'ï)  1res  grossièrement  travaillés  el  (|iii, 
abondants  dans  la  station  d'Arakah,  sont 
plus  pares  à  Kawamil  et  ne  semblenl  pas 
exister  dans  les  autres  localités.  Il  en  esl 
de  même  de  deux  ciseaux  plats   fig.  343  et  .  -,  -j 

344)  trouvés  à  Kom  Achim  ;  bien  que  ces 
pièces  soient  complètes,  je  ne  puis  en  expli- 
quer l'usage. 

Les  instruments  les  plus  répandus  dans 
les  stations  et  les  kjœkkenmœddings  de  la 
Haute  Egypte  sont  la  hachette  et  la  hache; 
la  hachette  est  fréquemment  semblable  à 
celles  que  nous  rencontrons  dans  les  sta- 
tions européennes  (fig.  345  et  346),  tandis 
que  la  hache  proprement  dite  (cf.  fig.  165) 
présente  des  caractères  spéciaux  à  l'Egypte 
sur  lesquels  il  est  utile  d'insister. 

La  figure  347  représente  une  hache  dont 
le  tranchant  est  taillé  suivant  la  méthode  gé- 
néralement usitée,  c'est-à-dire  par  petits 
éclats.  Les  haches  égyptiennes  étaient  ainsi 
préparées,  puis  l'ouvrier,  donnant  en  A  un 


Fig.  334.  —  Emmanchement 
des  pointes  de  Uimèh.  Cou- 
teau provenant  des  Indiens 
de  la  Réserve  de  Hupa  (Ca- 
lifornie), d'après  Th.  Wil- 
son.  A  study  of  prehistoric 
anthropology  ds.  Smitkso- 
nian  Rrpoi-t,  iKjio,  pi.  CVI, 

lise.   77. 


335 

Fig.  335  à 


. - 


*/ 


336  XH  338  330 

Poinçons  en  silex  (kjœkkenmœddin  ukh). 

1/2  grandeur  naturelle. 


114      ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS  INDIGÈNES  DE   L'EGYPTE 

coup  sec  au  moyen  du  percuteur,  enlevait  suivant  la    ligne   AB  un 
éclat  rendant  le  tranchant  plus  aigu. 


Fig.  34o  à  342.  —  Croissants  de  pierre   (34o.   Arakah.   Silex  veiné  brun  et  jaune. 
—  34i.  Arakah.  Silex  brun  à  gangues  jaunes.  —  342.  Kawamil   (sud)  silex  jaune). 

2/3  grandeur  naturelle. 


Fig.  343-344-—  Ciseaux  plats  (Kom-Achini).  —  343,  silex  jaune.—  344,  silex 
noirâtre.  2/3  grandeur  naturelle. 

La  figure  348  montre  le  tranchant  de  la  hache  terminé,  la  ligne  A'B' 
correspondant  à  la  ligne  AB  de  la  figure  347. 

Enfin  la  fio-ure  349  donne  l'éclat  enlevé  que  dans  mon  précédent  vo- 
lume j'avais  pris  pour  un  instrument  spécial  (fig.  350  à  352).  Ces 
sortes  d'éclats  se  rencontrent  en  très  grand  nombre  dans  les  loca- 
lités où  comme  en  Haute  Egypte,  les  haches  sont  très  abondantes,  et 


ETHNOGRAPHIE   DES  POPULATIONS  INDIGENES  DE   L'EGYPTE      115 

ce  n'esi  qu'après  <mi  avoir  récolté  une  très  grande  quantité  que  j'ai 
pu  me  rendre  compte  <l«i  Leur  origine. 


Fig.   3  |.">  el  346.  —  Hachettes  en  silex.  —  'V\'>,  silex  gris.  —  346,  silex  jaune 
(kjœkkenmœddings  de  Toukh).    1/2  grandeur  naturelle. 


Fig.  347  à  349.  —  Formation  du  tranchant  des  haches  néolithiques  d'Egypte. 

Dans  le  groupe  des  haches  sont  aussi  les  houes  dont  j'ai  parlé  au 
sujet  de  l'agriculture  ;  leur  mode  de  taille  ne  présente  aucune  parti- 
cularité. 

Comme  on  le  voit,  le  néolithique  d'Egypte  renferme  un  nombre 
considérable  de  formes  spéciales  et  de  procèdes  de  taille  inconnus 
dans  lesautrespavs.il  diffère  également  du  uéolithique  européen  par 
l'absence  d'une  grande  quantité  de  types  communs  dans  nos  stations. 
Les  nuclei  allongés  dits  livre  de  beurre  du  Grand-Bressigny  et  de  la 


116      ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS  INDIGENES  DE  L'EGYPTE 

Belgique,  les  ciseaux  et  les  gouges  font  défaut  en  Egypte;  les  haches 
polies  sont  rares,  elles  n'atteignent  jamais  de  grandes  dimensions. 
Le  mobilier  des  stations  de  la  vallée  du  Nil  présente  donc  des  parti- 
cularités bien  tranchées,  ce  qui  semblerait  prouver  que  la  civilisation 
de  la  pierre  dans  la  vallée  du  Nil  ne  subit  que  peu  d'influences  étran- 
gères et  se  développa  plutôt  sur  elle-même.  Ce  fait  n'a  rien  qui  doive 
surprendre,  car  ce  que  nous  connaissons  des  temps  historiques 
nous  montre  que,  malgré  les  invasions  et  les  conquêtes, les  Egyptiens, 


S* 


351 


352 


Fig.  35o  à  35a. 


Éclats  enlevés  des  haches  (kjœkkenmœddings  de  Khattarah). 
1/2  grandeur  naturelle. 


tout  en  améliorant  leurs  usages,  conservent  leurs  coutumes  avec  une 
grande  fidélité  jusqu'à  la  fin  de  leur  autonomie.  Cette  originalité  et 
cette  permanence  que  nous  constatons  dès  les  origines  est  l'une  des 
caractéristiques  des  populations  de  la  vallée  du  Nil.  Doit-on  l'attribuer 
à  la  nature  ethnique  de  la  race?  Je  suis  plutôt  porté  à  croire  qu'elle 
est  la  conséquence  des  conditions  naturelles  du  pays. 

Travail  des  roches  dures.  — Je  n'entrerai  pas  dans  de  longs  détails 
au  sujet  de  la  fabrication  des  vases  en  roches  dures  et  du  travail  de 
ces  matières;  dans  le  chapitre  relatif  à  la  sépulture  royale  de  Négadah 
j'aurai  l'occasion  de  revenir  sur  ce  sujet.  Je  me  contenterai  de  don- 
ner ici  le  résultat  de  mes  observations  relatives  à  l'époque  de  cette 
industrie. 

Les  sépultures  de  tous  les  genres  contiennent  des  vases  de  pierre. 
Il  semblerait  donc  que  le  travail  des  matières  dures  fut  connu  des 
indigènes  avant  l'arrivée  des  Egyptiens.  Toutefois,  les  objets  les  plus 
anciens  sont  extrêmement  grossiers,  et  ce  n'est  que  sous  les  pre- 
mières dynasties  que  nous  voyons  cette  industrie  se  développer  et 
atteindre  son  apogée.  Les  plus  beaux  vases,  ceux  dans  lesquels  la 


ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS  [NDIGÈNES  DE   L'EGYPTE      1 17 

roche  à  été  découpée  avec  La  plus  grande  finesse,  appartiennent  tous 
à  la  période  historique;  ils  sont  d'une  extrême  abondance  dans  les 
sépultures  royales  de  Négadah  <-t  d'Abydos,  tandis  que  les  mastabas 
contemporains  de  Snéfrou  n'en  renferment  plus  de  tra< 

On  serait  donc  porté  à  croire  que,  commençant  à  la  lin  de  la  période 
néolithique,  peut-être  sous  une  influence  étrangère,  la  taille  des 
pierres  dures  prit  son  maximum  de  développement  sous  les  deux 
premières  dynasties  pour  diminuer  ensuite,  et,  toul  en  restant  connue 
pendant  toute  la  durée  de  l'Empire  égyptien,  ne  joua  dès  la  IV  dynas- 
tie qu'un  rôle  très  secondait"'. 

Il  se  peut  fort  bien  que  les  sépultures  indigènes  dans  Lesquelles 


Fig.    353  à  35f).  —  Poinçons  en  os.    —    1/2  grandeur   naturelle  (353   à  35;,  os,    kjœk- 
kenmœddiugs  de  Toukh.  —   358  et  359,  ivoire  d'hippopotame,  station  de  Dimèh). 

j'ai  rencontré  des  vases  de  pierre  ne  soient  pas  néolithiques,  mais 
qu'elles  appartiennent  aux  indigènes  qui  continuèrent  à  vivre  dans 
le  pays  après  la  conquête,  et  que  cette  industrie,  chez  les  premiers 
habitants,  ne  soit  que  le  résultat  d'une  importation.  Ces  considéra- 
tions trouvent  un  point  d'appui  dans  ce  fait  que  la  Chaldée  connut, 
dès  la  plus  haute  antiquité,  la  taille  des  roches,  et  que  cette  industrie, 
qui  s'y  développa  à  un  degré  très  élevé,  présente  des  analogies  frap- 
pantes avec  celle  de  l'Egypte  primitive1.  Nous  ne  pouvons  encore 
nous  prononcer  sur  l'origine  de  ce  travail;  toutefois,  nos  observa- 
tions et  ce  fait  que  les  kjœkkenmœddings  indigènes  ne  renferment 
que  de  très  rares  fragments  de  vases  de  cette  nature,   me  portent 

1.  A  la  base  du  tell  de  Suse,  dans  la  partie  élamite  des  ruines,  j'ai  rencontré  un  grand 

nombre  de  fragments  de  vases   en  pierre  dure  semblables  à  ceux  de  1  Egypte. 


118      ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS  INDIGENES  DE  L'EGYPTE 


plutôt  à  penser  que  l'art  de  travailler  les  roches  dures  et  d'en  fabri- 
quer des  vases  est  d'origine  asiatique. 

Travail  de  l'ivoire  et  de  Vos.  —  Les  objets  d'os  et  d'ivoire  sont  très 
nombreux  dans  les  nécropoles  comme  dans  les  kjœkkenmœddings; 
les  plus  simples  sont  des  os  simplement  sciés  k(fig.  275  à  280),  des 
poinçons  (353  à  359)  formés  d'un  os  brisé  dans  le  sens  de  la  longueur, 
puis  poli  et  aiguisé  en  pointe.  La  scie  de  silex,  le  racloir  et  le  polis- 
soir  étaient  les  outils  nécessaires  pour  la  fabrication  de  ces  instru- 
ments; il  en  est  de  même  des  scies  en  os  (fig  300),  des  pendeloques 
(fig.  137  a  147),  des  peignes  (fig.  123  à  129)  et  de 
la  majeure  partie  des  figurines  humaines  et  ani- 
males, faites  d'un  fragment  d'os  ou  d'une  défense 
d'éléphant  ou  d'hippopotame. 

Quant  à  la  gravure  à  la  pointe,  elle  est  fort  rare 
en  Egypte;  quelques  os  et  certaines  plaques  de 
schiste  en  portent  des  traces  grossières. 

Parmi  les  objets  les  plus  curieux  de  cette  nature, 
je  citerai  spécialement  une  masse  d'ivoire  (fig.  156) 
trouvée  dans  la  nécropole  de  Gebel  Silsileh;  elle 
se  compose  d'une  défense  d'hippopotame,  subs- 
tance d'une  extrême  dureté  qui,  après  avoir  été 
sciée  aux  deux  extrémités,  a  été  percée  en  son 
milieu  d'un  large  trou  pour  l'emmanchement.  La 
trace  de  la  scie  se  voit  encore  d'une  manière  très 
nette  sur  les  deux  faces  et,  si  nous  en  jugeons  par 
„.    „„       -^\  l'irrégularité  des  stries,  ce  travail  fut  long  et  péni- 

fig.36o.  —  Scie  en  os.  &  o         i 

2/3  grandeur  natu-  ble.  Quant   au   trou  d'emmanchement,  il  est    des 

relie  (localité  incon-       .  ,.  ».//»•.«    m    •  j      j  * 

nue,  musée  de  Gi-   plus  réguliers  et  a  ete  lait  a  1  aide  des  mêmes  pro- 
Sèh)-  cédés  qui  étaient  en  usage  pour  le  creusement  des 

vases  de  pierre  dure. 

Dans  mon  volume  de  1896  sur  les  Origines  de  VÉgypte,  j'ai 
donné  (p.  165,  fig.  497)  la  reproduction  d'un  bas-relief  de  l'Ancien 
Empire  (VIe  dynastie)  montrant  des  ouvriers  occupés  à  creuser  des 
vases  de  pierre  en  faisant  tourner  un  instrument  mil  à  la  main  et 
remplaçant  le  tour.  Il  est  certain  que  cette  manière  de  faire  était  en 
usage  dans  les  temps  néolithiques  et  que  la  masse  de  Silsileh,  de 
même  que  celles  de  Toukh,  d'Abydos,  etc.,  ainsi  que  les  vases  de 
pierre,  furent  forés  par  ce  procédé. 


ETHNOGRAPHIE   DES  POPULATIONS  INDIGENES   DE   I    EGYPTE      119 

On  rencontre  parfois,  dans  les  nécropoles,  des  objets  d'un  art  plus 
avancé  montrant  un  travail  en  haut-relief;  ces  sculptures  exigeaient 
des  outils  plus  compliqués,  H  je  suis  porté  à  croire  qu'elles  sonl 
toutes  postérieures  à  l'arrivée  des  Égyptiens  dans  la  vallée  du  Nil  et 
que,  par  suite,  pour  les  exécuter,  les  ouvriers  on1  l'ait  usage  des  mé- 
taux. 

On  objectera  que, dans  les  cavernes  européennes  d'époque  quater- 
naire, les  sculptures  en  haut-relief  sonl  nombreuses,  e1  que,  cepen- 
dant, c'est  à  l'aide  d'outils  de  silex  seulement  qu'elles  onl  été  exécu- 
tées. Je  ferai  remarquer  que  le  gisement  naturel  des  sculptures  en 
Egypte  ne  permet  pas  de  les  faire  remonter  à  des  âges  très  anciens  et 
que,  jusqu'à  ce  jour,  je 'n'ai  rencontré,  dans  les  sépultures  réellement 
indigènes, que  des  représentations  fort  grossières,  les  sculptures  plus 
fines  ne  se  rencontrant  que  dans  les  tombeaux  qui,  par  leurs  carac- 
tères généraux,  appartiennent  au  début  de  la  période  pharaonique. 

Travail  de  la  corne.  — Nous  ne  connaissons  malheureusement  que 
fort  peu  d'objets  de  corne,  bien  que  cette  matière  eût  été  d'une  grande 
ressource  pour  les  indigènes.  D'après  le  peu  d'objets  que  nous  pos- 
sédons, nous  voyons  que  la  corne  était  travaillée  à  l'aide  des  mêmes 
procédés  que  l'os;  elle  servait  à  la  fabrication  des  manches  d'outils, 
des  pointes,  des  ornements  tels  que  bracelets,  pendeloques,  etc. 

Céramique.  —  S'il  est  possible,  un  jour,  d'établir  des  divisions  dans 
la  période  qui  vit  le  passage  entre  l'emploi  du  silex  taillé  et  l'usage 
des  métaux  en  Egypte,  ce  sera  bien  certainement  avec  l'aide  de  la  cé- 
ramique, dont  les  variétés  sont  très  nombreuses,  tant  par  la  forme 
que  par  la  matière  employée,  que  par  la  technique  du  travail. 

Les  terres  grossières  sont  fort  abondantes  dans  les  nécropoles 
indigènes1:  elles  ont  été  ouvrées  à  la  main  sans  le  secours  du  tour. 
Comme  d'ailleurs  dans  toutes  les  poteries  de  ces  époques,  la  pâte  est 
jaunâtre  ou  brune,  souvent  mélangée  de  gravier  et  de  brins  d'herbe; 
elle  est  mal  pétrie  et  les  vases  portent  généralement  la  trace  pro- 
fonde des  doigts  du  potier. 

Comme  pâte  et  comme  forme,  ces  vases  varient  peu  de  la  Haute  à 
la  Moyenne  Egypte;  on  les  rencontre  dans  les  sépultures  archaïques 
et  dans  les  mastabas  de  l'Ancien  Empire  ».  Ils  font  totalement  défaut 

i.  Recherches  sur  les  origines  de  l'Egypte,  1896,  p.  i5'|,  fig.   ii5  à  ')■>■>. 
2.  Recherches  sur  les  origines  de  l'Egypte,  p.   if>5,   fig.  /('->3  à   \'li;  p   [56,  fig.    p2  à 
440;  p.   157,  fig.  44 1  à  \\i). 


120      ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS  INDIGÈNES  DE  L'EGYPTE 

dès  les  débuts  du  Moyen  Empire  et  sont  remplacés,  pour  les  mômes 
usao-es,  par  une  céramique  moins  grossière  de  pâte  et  faite  au  tour. 

Les  vases  de  terre  brune  ornés  à  la  pointe' sont  assez  rares,  on  les 
trouve  aussi  bien  dans  les  sépultures  indigènes  que  dans  les  tom- 
beaux des  premiers  Égyptiens.  Les  gravures  qu'ils  portent  sont  par- 
fois remplies  avec  une  pâte  blanche;  ce  mode  de  décoration  fort 
curieux  ne  semble  pas  être  d'origine  pharaonique;  cependant  j'ai 
rencontré  dans  les  mastabas  de  Dahchour  un  spécimen  de  cette  cé- 
ramique2 que  M.  W.  M.  Flinders  Pétrie  a  trouvé  en  grande  abon- 
dance dans  la  nécropole  de  Toukh  et  dont  j'ai  moi-môme  découvert 
des  fragments  dans  le  kjœkkenmœdding  de  la  même  localité. 


360 


:;r,s 


Eig.   36i  à   369.  —  Vases  en  terre  rouge  lisse  (nécropole  d'El-'Amrah). 
1/2  grandeur  naturelle. 


Les  vases  en  terre  rouge,  lisse,  composés  d'une  pâte  fine,  sont  abon- 
dants dans  les  sépultures  indigènes;  ils  n'apparaissent  que  très  rare- 
ment dans  les  tombes  postérieures  à  la  lin  de  la  période  néolithique. 

Après  un  premier  examen  j'avais  cru,  daprès  la  régularité  presque 
parfaite  des  formes,  que  cette  céramique  avait  été  faite  au  tour;  mais 
sur  les  objections  de  M.  de  Bissing,  je  me  suis  assuré  que,  malgré  sa 
perfection,  elle  est  le  produit  du  travail  à  la  main  exécuté  par  des  po- 
tiers d'une  grande  habileté. 

La  pâle  en  est  très  fine,  bien  pétrie,  mais  la  cuisson  ayant  été  faite 
à  une  basse  température,  ces  vases  sont  demeurés  très  poreux.  La 


r.  Recherches  sur  les  origines  de  l'Egypte,  pi.  I,  fig.   r. 
2.  Recherches  sur  les  origines  de  V Egypte,  pi.  XI. 


ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS   INDIGÈNES  DE   L'EGYPTE     121 

surface  est  polie  au  lissoir,  el  c'esl  probablement  à  ce  travail  que  ser- 
virent les  lames  de  silex  polies  que  nous  possédons*. 

Dans  la  plupart  des  cas,  les  vases  de  terre  rouge  sont  ornés  d'une 
bordure  teintée  en  noir  et  leur  intérieur  es!  coloré  de  la  même  ma- 
nière  Quelquefois  le  fond  seul  a  étéenduil  de  couleur. 


171 


Fig.   370  à  3;c).  —  Vases  en  terre  rouge  lisse  avec  bords  noirs     nécropole  d  El-Amrah). 

1/2  grandeur  naturelle. 

Qu'ils  soient  entièrement  rouges,  ou  bordés  de  noir,  ces  vases  sont 
fréquemment  décorés  de  peintures  blanches2  représentant  des  hom- 
mes, des  animaux,  des  rameaux  ou  simplement,  et  le  plus  souvent, 
des  lignes  brisées  ou  des  figures  géométrique  très  simples. 

La  céramique  la  plus  remarquable  des  temps  néolithiques  en 
Egypte  est  celle  des  vases  jaunes  décorés  de  peintures  rouges;  la 
pâte  en  est  fine,  compacte,  lisse;  les  peintures  bien  que  grossières 
sont  très  caractéristiques  et  dénotent  de  la  part  des  artistes  qui  les 
exécutèrent  beaucoup  plus  de  goût  qu'on   n'eu  rencontre   dans  les 

1.  Recherches  sur  les  origines  de  V Egypte,  p.  116,  fig.  i37  a  139. 

1.  Cf.  Recherches,  1896,  pi.  I,  fig.  5  ;  pi.  H.  fig.  1  à  ">;  pi.  M,  fig.   1  à  6. 


122      ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS  INDIGENES  DE  L'EGYPTE 

peintures  blanches-des  vases  rouges,  bien  que  le  style  en  soit  à  peu 
de  chose  près  le  même  '. 


Fig.  38o.  —  Cruche  à  eau  (Négadah.  nécropole  nord).  Vase  de  terre  grise. 

1/8  grandeur  naturelle. 


Ces  vases  apparaissent  dans  les  sépultures  de  la  fin  de  la  période 
néolithique;  ils  semblent  avoir  cessé  d'être  employés  dès  les  dé- 
buts de  la  conquête,  car,  dans  les  sépultures  con- 
temporaines du  tombeau  royal  de  Négadah,  je  n'en 
ai  jamais  rencontré  que  de  très  rares  spécimens, 
tandis  que  dans  la  nécropole  indigène  qui  s'étend 
plus  au  sud,  dans  la  même  localité,  ils  sont  abon- 
dants. Au  début  de  l'époque  pharaonique,  ce  sont 
les  vases  cylindriques  2 qui  dominent;  chaque  tom- 
beau en  renferme  un  grand  nombre  et  la  sé- 
pulture royale  elle-même  en  contenait  plusieurs 
centaines. 

Avant  d'en  terminer  avec  la  céramique  je 
citerai  quelques  formes  remarquables,  telles  que 
Fig.  38j.  —  Cruche  des  cruches  à  eau  (fig.  380  et  381),  dont  l'ouver- 
ture est  garnie  d'une  sorte  de  passoire  destinée  à 
laisser  le  liquide  s'écouler  sans  qu'il  soit  possible 
aux  insectes  d'y  pénétrer.  Ce  dispositif  est  encore 
en  usage  dans  la  fabrication  des  gargoulettes  à 
Keneh.  Je  signalerai  aussi  des  supports  pour  vases 
à  fond  pointu    (fig.   382  à    385),    des    tables    (fig.  386),   objets    qui 


à  eau  (Négadah, 
nécropole  nord). 
Vase  de  terre  cha- 
mois. i/8  gran. 
deur  naturelle. 


i.  Cf.  Recherches,  1896,  p.   iGo,  fig.  48i  ;  pi.  IV,  fig.  i  à3;  pi.  V,  fig.  i  à  3;  pi.  VI, 
fig.  i  à  8  ;   pi.  VII,  fig.  2  à  4;  pi.  VIII,  fig.  i  et  2 ;  pi.  IX,  fig.  i  à  4;  pi.  X,  fig.  i  à  3. 
2.  Recherches,  1896,  pi.  VII,  fig.  j. 


ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS  INDIGÈNES  D]     i    EGYPTE      123 

se  retrouvenl  jusqu'à  la  fin  de  l'Ancien  Empire,  et  enfin  les  fusaïoles 
(fig.387à  390  donl  l'usage  semble  être  spécial  à  la  période  aéolithique. 


Fig.  3Ro  à  385.  —  Supports  de  vases  en  terre.  Nécropole  de  Toukh  (Négadah) 
(FI.  Pétrie,  pi.  XI. I.  6g.  s',  /,,  85,  86  e1  ss.) 


Fig.    îSG.  —  Table  (Xégadah,  nécropole  nord), 
i    1  grandeur  naturelle. 


387  388 

Fig.  'J87  à  3go.  —  Fusaïoles.     i/3  grandeur  naturelle. 

Comme  on  le  voit,  les  connaissances  céramiques   des  indigènes 
étaient  fort  développées  quand  les  industries  égyptiennes  liront  leur 


12' 


ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS  INDIGENES  DE  L'EGYPTE 


apparition  dans  la  vallée  du  Nil  ;  elles  possédaient  un  caractère  spé- 
cial qui  disparut  peu  à  peu  pour  faire  place  aux  nouveaux  usages. 
Dès  le  commencement  du  Moyen  Empire  il  ne  restait  plus  de  traces 
des  arts  céramiques  des  indigènes. 


Pelleteries.  —  Dans  les  kjœkkenmœddings  comme  dans  les  sépul- 
tures, on  rencontre  fréquemment  des  fragments  de  peaux  ayant  ap- 
partenu à  des  gazelles  et  à  des  antilopes;  ces  peaux  servaient  bien 
certainement  à  la  confection  des  vêtements  sommaires  dont  les  indi- 
gènes se  couvraient  le  corps  ;  car,  je  l'ai  dit,  je  ne  pense  pas  que  les 
précurseurs  des  Egyptiens  aient  connu  les  tissus,  cette  industrie 
n'apparaissant  que  dans  les  tombeaux  contemporains  de  la  sépulture 
royale  de  Négadah,  et  dans  ce  monument  lui-même,  les  squelettes 
indigènes  de  Négadah  étaient  enveloppés  clans  des  peaux  et  des  nat- 
tes; ces  pelleteries  étaient  cousues,  le  poil  placé  à  l'extérieur;  quant 
aux  nattes,  elles  étaient  faites  des  plantes  aquatiques  du  pays. 

L'emploi  courant  des  peaux  par  les  indigènes  explique  le  nombre 
considérable  de  racloirs  que  nous  trouvons  dans  les  kjœkkenmœd- 
dings. Il  en  est  de  même  dans  les  stations  néolithiques  de  l'Europe, 
et,  de  nos  jours  encore,  les  Esquimaux  font  grand  usage  des  racloirs 
de  silex  pour  la  préparation  des  peaux  dont  ils  se  couvrent  le  corps. 

Leurs  racloirs  (fig.  391)  sont  fré- 
quemment emmanchés  dans  un 
morceau  de  bois  ou  de  corne,  mais 
souvent  aussi  ils  en  font  usage  en 
tenant  simplement  le  silex  à  la 
main.  Dans  certaines  stations, 
comme  celles  du  Fayoum  où  les 
populations  se  nourrissaient  prin- 
cipalement de  la  pêche,  les  racloirs 

Fig.  39 ï .  —  Oulou,  ou  couteau  esquimau.  .       ,  , 

Ile  Hotham  (Alaska),  d'après  Otis.  T.  sont  Peu  abondants  ;  mais  dans  les 
Mason  (The  Via  or  Woman's  Knife  pays  de  chasse,  tels  que  la  vallée 
of  the   Eskimo)  ds.  Smiihsonian  Re-      du   Nil  au  Saïd,  ils  se  trouvent  en 

port.,  1892,  pi.  LXI,  fig.  2.   2/6  gran-  ...  ,  .  ,,       ,  , 

,  ,      „  &  quantité  considérable. 

deur  naturelle.  l 

Les  Esquimaux  et  les  Indiens 
d'Amérique  du  Nord  font  usage  de  racloirs  en  silex  pour  la  prépa- 
ration des  peaux  (cf.  Otis  T.  Mason,  Aboriginal  skin  dressing,  ds. 
Smiihsonian  Report  1891).  Ces  instruments  sont  souvent  emmanchés 
en   bois,   en   corne,  en   os   ou  en  ivoire. 


ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS  INDIGENES  DE   L'EGYPTE       125 

L'ensemble  des  procèdes  industriels  *'n  usage  chez  les  indigènes 
de  l'Egypte  présente  de  grandes  analogies  avec  les  mêmes  indus- 
tries chez  les  autres  peuples  vi\;iiit  au  même  degré  de  civilisation  el 
sous  les  mêmes  climats.  Le  Mexique  et  l'Amérique  centrale  nous 
fournissent  à  ce  sujet  un  grand  nombre  de  points  de  comparaison 
que  je  laisse  à  plus  versé  que  moi  dans  l'ethnographie  américaine  le 
soin  de  l'aire,  mon  but,  en  écrivant  ce  livre,  étant  de  rendre  compte 
de  mes  observations  sur  les  indigènes  de  l'Egypte  et  non  de  traiter 
des  points  de  contact  qui  peuvent  avoir  existe  entre  ces  peuples  el 
les  autres  races  du  globe. 

Arts.  —  Les  tendances  artistiques  des  indigènes  de  l'Egypte  nous 
apparaissent  comme  très  spéciales.  Malheureusement,  les  recherches 
ne  sont  pas  encore  assez  complètes  pour  qu'il  soit  possible  de  dis- 
tinguer d'une  manière  absolument  précise,  quelle  est  la  part  des  in- 
digènes et  quels  sont  les  apports  des  premiers  conquérants  égyp- 
tiens. Cette  étude  exigera  de  très  longs  travaux,  des  fouilles 
conduites  avec  la  plus  grande  minutie  d'observation  et  portant  sur 
une  quantité  considérable  de  nécropoles.  En  l'état  actuel  de  nos 
connaissances,  je  ne  puis  que  parler  des  arts  au  début  de  l'empire 
égyptien,  c'est-à-dire  au  moment  où  les  tendances  des  indigènes  et 
celles  de  leurs  nouveaux  maîtres  venaient  de  se  confondre  pour 
former  cet  ensemble  qui  fut  l'origine  des  arts  dans  l'Egvpte  pharao- 
nique. 

Le  dessin,  que  nous  connaissons  par  des  essais  de  gravure  sur  les 
vases  et  sur  les  plaques  de  schiste  est  toujours  fort  grossier  et  en- 
fantin; il  s'applique  à  la  représentation  des  être  animés  et  à  la  figu- 
ration des  lignes  géométriques  très  simples  dans  lesquelles  le 
cercle  et  la  spirale  jouent  un  rôle.  Ces  deux  modes  de  décoration 
sont  le  plus  souvent  mélangés  et  les  surfaces  à  décorer  sont  généra- 
lement entièrement  couvertes  de  dessins  ou  de  peintures. 

Les  figures  392  à  410  tirées  de  l'ouvrage  de  M.  W.  M.  FI.  Pétrie  sur 
ses  fouilles  dans  la  nécropole  de  Toukh  donnent  les  principaux  exem- 
ples des  représentations  animales  et  végétales. 

La  figure  397  représente  un  homme,  les  bras  levés  dans  l'attitude  de 
la  danse,  la  lig.  392  est  celle  d'un  lièvre,  tandis  que  les  fig.  393  à  39G, 
398  et  399  montrent  des  antilopes  et  des  gazelles.  La  fig.  403  est  un 
bœuf  aux  longues  cornes;  fig.  402  et  404  sont  des  éléphants  recon- 
naissantes à  la  forme  générale  de  leur  corps  et  à  leur  longue  trompe; 


126      ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS  INDIGENES  DE   L'EGYPTE 

fig.  405  est  un  crocodile,  fig.  401  un  scorpion,  fig.  400  probablement 
un  lézard.  Les  végétaux  sont  représentés  par  les  fig.  407  à  410. 


395  396 


çf 


407 


408 


405  409  401 

Fig.  3q2  à  4iO.  —Marques  sur  la  poterie  de  Négadah  (W.  M.  Flinders  Pétrie,  Naqada 
andBallas,  pi.   LI  et  LU).  i/4  graudeur  naturelle. 

Tous  les  peuples  sauvages  se  livrent  au  dessin,  mais  il  en  est  beau- 
coup qui,  comme  les  négritos  de  la  Malaisie,  ne  pratiquent  que  le 
dessin  o-éométrique  et  n'abordent  pas  la  figuration  des  êtres  vivants. 
Le  seul  fait,  donc,  de  voir  les  indigènes  de  l'Egypte  s'essayer  dans 
toutes  les  branches  du  dessin  prouve  que  cette  race  possédait  un  ni- 
veau intellectuel  déjà  fort  élevé,  et  avait  depuis  longtemps  dépassé  le 
deoré  artistique  dans  lequel  l'homme  se  contente  de  tracer  des  lignes 
droites  dentelées  ou  courbes  pour  décorer  ses  ustensiles  sans  oser 
aborder  l'image  de  la  nature. 


ETHNOGRAPHIE   DES  POPULATIONS  INDIGENES  DE  L'EGYPTE        127 


La  peinture  (fig.   411,  \  I '1  .  celle  qui  esl  fréquente  sur  les  \ 
tout  en  conservant  la  naïveté el  La  lourdeur  du  dessin  gravé  esteepen- 
danl  plus  souple.  Elle  représente  non  seulement  des  animaux  el  des 
plantes,    mais    aussi     des    scènes 
complètes    de    navigation    où  les 
barques  sonl  figurées  avec  les  pe- 
tites chambres    qu'elles  portaient, 
avec  leurs  étendards,  leurs  passa- 
gers. Ces  tableaux,  bien  qu'exécu- 
tés d'une  manière  enfantine  et  sans 
les  moindres  notions  de  la  pers- 
pective, sont  fort  curieux  et  déno- 
tent de  la   part  des  artistes  de  ces 
époques  un  grand  esprit  d'obser- 
vation. 

La  gravure  et  la  peinture  céra- 
mique semblent  avoir  été  aban- 
données de  très  bonne  heure,  car 
tandis  qu'elles  sont  d'une  abon- 
dance extrême  dans  les  sépultures 
purement  indigènes  dans  lesquel- 
les le  cadavre  a  été  replié  et  couché 
sur  le  flanc,  elles  deviennent  de 
plus  en  plus  rares  dans  les  tom- 
beaux postérieurs  et  n'existent 
plus  dans  les  monuments  royaux  de  Négadah  et  d'Abydos. 

Il  semblerait  donc  que  cet  art  fut  indigène,  et  que  son  développe- 
ment fut  interrompu  par  l'arrivée  dans  la  vallée  du  Nil  d'autres  goûts 
et  d'autres  usages.  Les  débuts  de  la  céramique  des  îles  grecques 
présentent  des  analogies  frappantes  avec  les  vases  archaïques  de 
l'Egypte.  Mais,  dans  l'Archipel,  ces  premiers  essais  furent  suivi-  de 
nouveaux  efforts,  tous  dirigés  dans  le  même  sens,  et  peu  à  peu  se 
forma  cet  art  merveilleux  qui  se  transmit  à  l'Étrurie  et  a  tous  les 
pays  méditerranéens.  En  Egypte,  au  contraire,  alors  que  les  premiers 
essais  dénotaient  un  véritable  sens  artistique  de  la  part  des  indi- 
gènes, la  conquête  arrêta  court  ces  efforts  et  la  céramique  devint  vul- 
gaire et  banale,  les  émaux  remplacèrent  pour  la  décoration  des  vases, 
sous  le  Nouvel  Empire,  les  peintures  de  l'antiquité  :  quelques  ouvriers 
parvinrent  même  à  une  grande  perfection  dans  cette  industrie,  mais 


Fig.  [\n-[\ii. — Vases  de  Ballas,  d'après 
FI.  Pétrie  (Nar/ada  (tnd  Ballas,  189G, 
pi.  XXXV,  fig.  77  et  78).  i/G  grandeur 
naturelle. 


128      ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS  INDIGENES  DE  L'EGYPTE 

les  goûts  des  indigènes  avaient  été  oubliés  et  leurs  premiers  efforts 
arrêtés.  Ce  n'est  pas  que  les  indigènes  fussent  déjà  parvenus  à  créer 
de  véritables  œuvres  d'art,  mais  il  est  certain  que,  s'ils  avaient  été  à 
même  de  se  perfectionner,  ils  auraient  atteint  à  un  degré  très  élevé» 
car  leurs  essais  dénotent  de  leur  part  de  grandes  qualités  artis- 
tiques. 


Fig.  4i3.   —  Hippopotame  en  terre  cuite  provenant  des  environs  de  Toukh. 
i/4  grandeur  naturelle. 

Pendant  que  la  peinture  céramique  s'arrêtait  brusquement,  la 
sculpture  progressait  d'une  manière  surprenante.  Les  premiers  essais 
des  indigènes,  bien  que  très  intéressants,  ne  sont  pas  toujours  heu- 
reux. Ils  figurent  des  hommes  et  des  animaux,  mais  sont  lourds,  raides 
et  montrent  combien  les  artistes  furent  retardés  par  les  difficultés 
d'exécution. 

La  figure  413  représente  un  hippopotame  de  terre  cuite  trouvé  dans 
le  voisinage  de  Toukh  et  qui  m'a  été  vendu  par   un   marchand  de 


414 


418 


420 


415  417  419  421  423 

Fig.  4i4>  4!6,  4X7>  A1^  42oi  4^2.  —  Vases  de  terre.  Nécropole  de  Toukh  (Négadah) 

(FI.  Pétrie,  pi.  XXVII,  fig.  68  a,  b,  c;  %.  69  a,  h,  c). 

Fig.   4*5,    41!))   4-i,    423.  —   Vases  de  pierre.   Nécropole  de   Toukh  (Négadah)    (Fl. 

Pétrie,  pi.  XII,  fig.  84,  83,  80  et  81). 

Keneh.  Les  figures  414  à  433  montrent  une  série  de  vases  de  la  né- 
cropole de  Toukh  dans  lesquels  le  potier  s'est  efforcé  de  représenter 
des  animaux  ou  de  donner  à  ses  vases  des  formes  élégantes.  Ces 


ETHNOGRAPHIE   DES  I'<»im  LATIONS  INDIGENES  DE   L'EGYPTE      129 


essais  sonl  plutôt  malheureux  el  <>n  remarquera  combû  n  ils  difl   i  •  ni 
des  formes  qui  nous  onl  été  Léguées  par  I  époque  pharaonique. 


.-• 


00 


433 


Fig.  4^4  ;«  438.  —  Poteries  de  Négadah  ^d'après  Flinders  Pétrie,  pi.  XXVI  el  XXXVI). 

1/12  grandeur  naturelle. 


Fig. 

\-i\. 

FI. 

Pétri' 

,PL 

XXVI. 

fig. 

V>. 

Fig. 

i3a. 

FI.  Pe 

Fig. 

Î25. 

id. 

id. 

fig. 

4i- 

Fig. 

ïv>. 

id 

Fig. 

426. 

id. 

pi. 

XXXVI, 

fig. 

84. 

Fig. 

mi. 

id 

Fig. 

427. 

id. 

pi. 

XXVI, 

fig. 

\i  a. 

Fig. 

135. 

id 

Fig. 

428. 

id. 

id. 

fig. 

43  i>. 

Fig. 

136. 

id 

Fig. 

429- 

id. 

id. 

fig. 

Il 

Fig 

!•:. 

id 

Fig. 

43o. 

id. 

PL 

XXXVI, 

fig. 

90. 

Fig. 

438. 

id 

Fig. 

43i. 

id. 

id. 

6g. 

91  a. 

'etrie 


pi.  XXXVI,  Gg.  g  ». 

id.  fig.  91  b. 

pi.  XXVI,  fig.  5i  a. 

id.  Gg. 

pi.  XXWI 

pi.  XXVI,  Gg.  ">^  b. 

id.  fig. 


La  sculpture  n'est  pas  supérieure  au  modelage;  les  figurines  hu- 
maines (fig.  96  à  107)  dont  j'ai  parlé  plus  haut  sont  fort  grossières  :  c'est 
à  peine  si  la  forme  générale  du  corps  est  définie  et  sans  la  repré- 
sentation de  la  face  il  serait  difficile  de  discerner  de  quel  modèle 
s'inspira  le  sculpteur. 

Les  animaux,  bien  que  reconnaissantes  par  leurs  formes  générales, 
sont  également  représentés  d'une  façon  très  rudimentaire  fig.  i39  à 
451);  ce  sont  des  lions,  des  lièvres,  des  oiseaux,  des  hippopotames 
(fig.  452)  des  chiens  (fig.  i53),  des  rats  de  pharaon  fig.  i54)  sculptés 
en  statuettes  isolées  ou  ornant  des  cuillères   fig.  153  à 

Il  est  impossible  de  dire  si  Imites  ces  représentations  appartien- 
nent à  l'époque  néolithique  ou  sont  pharaoniques;  quelques-uns  de 

9 


130      ETHNOGRAPHIE   DES   POPULATIONS  INDIGÈNES   DE   L'EGYPTE 

ces   objets  renferment  du   métal  (fig.  455)  et    par   conséquent  sont 
égyptiens,  mais  la  plupart  sont  uniquement  faits  d'os  ou  d'ivoire. 


443  430  451 

Fig.  y1")  à  45i.  —  Représentations  animales,  d'après  FI.  Pétrie  {Naqada  and  Ballas, 
pl.LX).  —  \">i).  Plomb  (Négadah).  —  \\o  Calcaire  (Négadah).  —  !\\\.  Calcaire  (Né- 
gadah).  —  442-  Calcaire  (Négadah). —  '|'|  >•  Calcaire  (Négadah).  —  441-  Calcaire  (Né- 
gadah). —  !\\h  Calcaire  (Cébelein). —  446-  Quartz  (Négadah).  —  447-  C"s  (Négadah). 
—  448-  Calcaire  (Gébelein).  —  449-  Argile  (Négadah).  —  4^0-  Calcaire  (localité  in- 
coouue).   —  45 1-    Calcaire  (Gébelein). 

On  rencontre  également  dans  les  sépultures  archaïques  des  vases 

d'ivoire  (fig.  459  à  461)  générale- 
ment faits  dune  défense  d'animal 
légèrement  retouchée  ou  ornée,  et 
parfois  aussi  présentantdes formes 
analogues  à  celles  des  vases  de 
pierre  dure. 

D'ailleurs  si  ces  essais  artisti- 
ques appartiennent  à  la  fin  de  la 
période   néolithique,    il  n'est    pas 

n.       .,  .•  i...  .         „„     surprenant    de   les    trouver    infé- 

I  i    .    '|,)'>,  —    Figure  d  hippopotame  en  i 

calcaire  (nécropole  de  Gebel-el-Tàrif.      rieurs    aux  productions  du  quater- 

i/5  grandeur  naturelle.  naire   de  l'Europe,  car    dans    nos 

pays  mêmes  ce  phénomène  se  produit,  et   il  semble  que  pendant  la 


ETHNOGRAPHIE   DES  l'ol'l  LAT10NS   INDIGÈNES   DE   L'EGYPTE  .1 


Fig.  453.  Cuiller  en  ivoire,  nécropole  de  Ballas  (FI.  Pétrie,  pi.  LXI,  Gg.  2). 
Fig.  \b'\.  Cuiller  en  ivoire,  nécropole  de  Toukh  Négadah  .  11.  Pelrie,  pi.  LXI,  li. 
Fig.  J55.  Cuiller  en  schiste,  manche  composé  de  perles  de  pierre  montées  sut    une 

tige  de  cuivre  (FI.  Pétrie,  pi.   LXI,  Gg.  <i  . 
Fig.  456.  Cuiller  en  ivoire,  nécropole  de  Toukh  (Négadali  (FI.  Pétrie,  pi.  LXI,  li_. 
Fig.  457.      id.  id.  id.  M.  id.  id.       Gg. 

Fig.  458.      id.  id.  id.  id.  id.  id.       Gg,  E   . 

1/2  grandeur  naturelle. 


i 


!"460 

Fig.   ',59  à  I6i.  -  Vases  de  Négadah  (FI.  Pétrie,  pi.  LXI1  et  LXIV) 
15g.   (-orne.   FI.    Pétrie,  pi.   LXIV,  Gg.    io2. 

i1'".   Ivoire.  id.  pi.   LXII,  Gg.   '(  \. 

|6i.      id.  id.         pi.  1.X1X.  Gg.  io5. 

1/2  grandeur  naturelle. 


132      ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS  INDIGÈNES  DE  L'EGYPTE 

période  où  les  instruments  de  pierre  furent  en  usage,  c'est  à  l'époque 
des  cavernes  que  la  gravure  et  la  sculpture  atteignirent  leur  plus  haut 
degré  de  perfection.  Si,  au  contraire,  ces  arts  sont  d'importation 
étrangère,  nous  devons  y  voir  les  premiers  tâtonnements  des  Egyp- 
tiens, et  ce  n'est  que  plus  tard,  au  temps  des  tombes  royales  de 
Négadah  et  d'Abydos,  que  les  arts  prirent  un  réel  développement; 
on  s'en  rendra  compte  en  examinant  les  figurines  et  les  pieds  de 
meubles  découverts  à  Négadah  dans  la  sépulture  royale. 


fc=*>  t» 


<â?<^if^ 


ton*/ 

ô  -    «; 
Fig.  462.  —  Sépulture  préhistorique  (nécropole  d'El-'Amrah).  1/20  grandeur  naturelle. 

Coutumes  funéraires.  —  Les  tombes  les  plus  anciennes  de  la  vallée 
du  Nil  nous  présentent  le  squelette  placé  sur  le  côté  gauche,  les 
membres  étant  repliés,  les  genoux  à  la  hauteur  de  la  poitrine  et  les 
mains  placées  devant  la  face.  La  tête  est  généralement  située  au  sud, 
bien  que  L'orientation  des  tombeaux  ne  soit  pas  rigoureusement  la 
même  dans  tous  les  cas. 


ETHNOGRAPHIE   DES  POPULATIONS  INDIGÈNES  DE   L'EGYPTE 

Les  fosses  étaienl  creusées  dans  les  lunes  de  galets  roulés  qui 

s'étendenl  entre  Les  cultures  el  le  pied  de  la  montagne,  elles  étaient 

très  voisinas  les  unes  des  autres  el   parfois  Be  touchaienl  presque. 

Aucun.'  muraille,  aucun  enduil  ne  soutenaient  les  bords  de  la  sépul- 


^         O 


Fi°-.  463.  —  Sépulture jie  la  nécropole  de  Kawamil. 

tureet  le  mort  était  placé  à  même  la  terre,  entoure  de  ses  vases  et 
des  objets  les  plus  familiers,  tels  que  couteaux,  poignards,  lances, 
flèches  et  arcs,  bijoux  grossiers,  amulettes,  etc..    fîg.  i62). 

Ces  sortes  de  tombes  sont  très  abondantes  dans  le  Saïd.  Je  citerai 
seulement  les  localités  de  Toukh,  Négadah,  El-'Amrah,  Kawamil  où 
j'ai  moi-même  dirigé  les  fouilles 


13'i       ETHNOGRAPHIE   DES  POPULATIONS  INDIGENES  DE  L'EGYPTE 

Dans  ces  diverses  nécropoles,  et  plus  spécialement  dans  celle  de 
Néo-adah,  les  corps,  avant  d'être  ensevelis,  avaient  été  enveloppés 
dans  une  peau  de  gazelle  cousue,  puis  dans  une  natte  de  joncs;  j'ai 
parfois  retrouvé  ces  enveloppes  presque  entièrement  conservées, 
niais  (dles  tombèrent  très  rapidement  en  poussière  au  contact  de  l'air. 


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Fig.   j64.  —  Sépulture  de  la  nécropole  de  Kawaïuil. 


o  4  cy^X  1 


Les  cadavres  avaient  été  placés  entiers  dans  le  tombeau,  sans  pré- 
paration préalable,,  ou  du  moins,  je  n'ai  pas  retrouvé  de  traces  de 
macération  ou  de  momification.  Ils  n'avaient  point  été  décharnés, 
car  les  os  ont  conservé  leur  position  relative  et  souvent  des  restes  de 
muscles  el  de  nerfs  montrent  qu'ils  étaient  encore  reliés  entre  eux 
lors  de  l'ensevelissement. 

Le  mobilier  funéraire  se  composait  de  vases  grossiers  renfermant 


.RAPHlE  DES  POPULAT.ONS  INDIGÈNES  DE  >   EGYPTE 


135 


ETHNOGRAPHIE  DES  l'un  u*nv/««  ■■■■ 

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Fig.   V> 


crrossiers  et  peu  comm 


î5.  __  Sépulture  de  la  nécropole  de  Silsileh. 


uns,  de  plaques  de  schiste  représentant  par 


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136      ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS  INDIGÈNES  DE  L'EGYPTE 

jours  défaul  dans  ces  sépultures;  lorsqu'on  en  rencontre,  leur  pré- 
sence s'explique  par  ce  fait  que  les  tombes  qui  les  contiennent,  bien 
que  présentant  le  type  indigène,  doivent  être  attribuées  à  une  époque 
postérieure  de  quelques  années  à  la  conquête.  Mais,  je  le  répète,  les 
objets  métalliques  sont,  dans  ces  sépultures,  d'une  extrême  rareté. 


Fig.  4*>*>.  —  Sépulture  de  la  nécropole  de  Kawamil. 


C'est  surtout  avec  l'aide  des  mobiliers  funéraires  que  j'ai  pu  ranger 
chronologiquement  les  diverses  sépultures  de  ces  époques.  On  voit, 
en  effet,  la  céramique  et  les  divers  objets  se  transformer  peu  à  peu, 
les  formes  les  plus  abondantes  devenir  rares  pour  disparaître  ensuite 
complètement  en  faisant  place  à  de  nouveaux  types  qui,  eux-mêmes, 
ne  durent  qu'un  temps  et  sont  abandonnés  à  leur  tour. 


ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS  INDIGÈNES  DE  L'EGYPTE       137 

Les  sépultures  dont  je  viens  de  parler  sonl  les  plus  anciennes, 
mais,  s;ms  sortir  du  type  indigène,  nous  en  rencontrons  de  plus 
récentes.  Celles-là  (fig.  5=63]  contiennent  des  vases  cylindriques  en 
terre  grise,  des  grandes  urnes  ovoïdes  en  pâte  grossière,  <■!  enfin  des 
objets  métalliques.  Le  bronze  et  l'or  commencent  à  être  employés 
bien  que  n'étant  pas  encore  d'un  usage  courant. 


Fig.  4 G 7 .  —  Ciste  en  terre  battue,  de  la  nécropole  do  Kawamil. 

Le  second  type  de  sépulture  dénote  l'apparition,  dans  la  vallée  du 
Nil,  d'usages  nouveaux  que  les  tombes  archaïques  ne  permettent  pas 
de  prévoir;  les  corps,  au  lieu  d'être  ensevelis  entiers,  ont  alors  été 
décharnés,  soit  complètement  et,  dans  ce  cas,  tous  les  os  sont  placés 
pêle-mêle  clans  la  fosse  (fig.  464),  soit  partiellement,  et  dans  ce  cas, 
nous  retrouvons  ensemble  les  os  des  mains  et  des  pieds,  tandis  que 
le  reste  du  squelette  est  dans  le  plus  grand  désordre. 

Généralement,  la  tête  avait  été  séparée  du  tronc  sans  toutefois 
avoir  été  tranchée  car,  d'une  part,  elle  n'occupe  plus,  par  rapport  au 
squelette,  sa  position  normale  et,  d'autre  part,  les  vertèbres  cervi- 
cales sont  demeurées  intactes.  Certains  corps  semblent  avoir  été 
simplement  coupés  en  tronçons  afin  que  leurs  débris  occupent  un 
moindre  espace. 

Les  fosses  sont  variables  de  dimensions,  souvent  elles  présentent 
une  forme  rectangulaire,  les  grandes  dimensions  du  rectangle  se 
trouvant  orientées  du  sud  au  nord;  parfois  aussi  (Kawamil),  et  l'orient 
tation  reste  toujours  la  même,  elles  sont  garnies,  sur  tout  leur  pour- 
tour, de  murailles  de  briques  crues  formant  un  ciste  complet. 

Il  n'est  pas  rare  (Silsileh,  Kawamil)  de  rencontrer,  dans  la  même 
sépulture,  soit  plusieurs  squelettes  repliés  suivant  le  rite  indigène, 
soit  les  fragments  de  plusieurs  corps,  de  sorte  que,  dans  bien  des  cas, 
la  récolte  des  spécimens  destinés  aux  études  anthropologiques  est 
fort  difticile  (fig.  465). 


138       ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS  INDIGENES  DE   L'EGYPTE 

A  Kawamil,  j'ai  rencontré,  en  même  temps  qu'un  grand  nombre  de 
sépultures  garnies  de  briques  crues  (fig.  466),  de  véritables  cistes 


Fig.  468.  —  Ciste  en  terre  battue  de  la  nécropole  de  Kawamil 


d'argile  (fig.  467)  composés  d'une  cuve  rectangulaire  et  de  son  cou- 
vercle. Les  ossements  s'y  trouvaient  pôle-môle  et  les  vases  contenant 
les  offrandes  étaient  déposés  en  dehors  du  ciste,  (fig.  468.) 


ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS   INDIGÈNES  DE   L'EGYPTE       139 

Dans  cette  localité,  l'usage  d'ensevelir  dans  des  enveloppes  d'ar- 
gile étail  extrêmemenl  répandu,  car  beaucoup  de  corps  étaienl  pla 
dans  de  véritables  vases  fig.  i69),  soit  décharnés,  s. .il  mis  en  mor- 
ceaux; les  plus  remarquables  (fig.  i70  sonl  ceux  dans  lesquels  le 
mort  gisait  sur  le  dos,  dans  un  vase  retourné  l i ■_■  '.7  1  el  i72  .  les 
membres  repliés  en  l'air. 

Ces  usages  funéraires,  bien  que  conservanl  quelques  traces  des 
anciennes  coutumes,  celles  de  replier  les  membres  du  mort  quand  le 
corps  n'était  pas  mis  en  pièces,  sont  très  particuliers  à  ces  époques, 
car,  plus  tard,  à  la  période  historique  mieux  connue,  les  morts  sont 
traités  d'une  tout  autre  manière. 


Fig.  /|Gg.  —  Urne  funéraire  de  la  nécropole  de  Kawamil. 

M.  le  Dr  Fouquet  m'assure  avoir  rencontré  dans  les  squelettes  qui 
lui  ont  été  communiqués,  des  traces  de  bitume.  Cette  constatation 
montre  que,  dès  les  débuts  de  leur  séjour  dans  la  vallée  du  Nil,  les 
Egyptiens  avaient  des  tendances  à  la  momification. 

Les  mobiliers  funéraires  des  sépultures  de  la  seconde  catégorie 
diffèrent  presque  entièrement  de  ceux  qu'on  a  coutume  de  rencon- 
trer dans  les  tombes  indigènes.  Les  vases  décorés  de  peintures  font 
défaut,  la  céramique  rouge  vernissée  de  noir,  devient  fort  rare,  elle 
est  remplacée  par  de  la  poterie  grise  et  des  vases  cylindriques.  Les 
instruments  de  silex  n'existent  plus  qu'à  l'état  d'exception,  tandis  que 
le  métal  est  relativement  abondant.  Les  vases  de  pierre  dure  sont  en 
beaucoup  plus  grand  nombre. 

Ces  mobiliers  funéraires,    l'usage  de  la  brique  crue,   l'apparition 


liO        ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS  INDIGENES  DE  T/ÉGYPTE 


du  métal  font  que  je  range  ces  tombes  dans  la  même  période  que  la 
sépulture  royale  de  Négadah,  l'identité  étant  complète  entre  les  pro- 
duits industriels  de  l'un  et  de  l'autre  de  ces  gisements;  de  plus,  le 


Fig.  470.  —  Sépulture  de  la  nécropole  de  Kawamil. 


Fig.  4?i  et  472.  —  Vases  funéraires  de  la  nécropole  de  Kawamil. 

monument  royal  de  Négadah  était  entouré  de  sépultures  de  ce  genre, 
tout  comme  les  pyramides  des  souverains  postérieurs  le  sont  des 
mastabas  ou  reposèrent  les  principaux  personnages  de  leur  époque. 


ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS  INDIGENES  DE  L'EGYPTE      l'.l 

Il  <-si  donc  hors  de  doute  que  ces  tombes  sont  contemporaines  des 
premiers  rois  égyptiens. 

Un  fait  égalemenl  digne  de   remarque   est  que  les  nécropoles  du 
second  type  sont  rarement  mélangées  avec  celles  du  premier;  à  N 


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Fig.  473  et  474"  —  Sépultures  de  la  nécropole  de  Silsilch. 

dah,  à  Kawamil,  à  El-Amrah  elles  sont  parfaitement  distinctes  et  éloi- 
gnées de  quelques  centaines  de  mètres  les  unes  des  autres  ;à  Silsileh 
et  à  Touk,  au  contraire,  les  sépultures  des  divers  types  sont  confon- 
dues dans  le  même  champ  des  morts. 

lAisagede  coucher  les  corps  sur  le  flanc,  les  membres  repliés,  dans 
la  position  qu'occupe  un  enfant  dans  le  sein  de  sa  mère,  n'est  pas  spé- 
cial aux  indigènes  de  l'Egypte;  je  l'ai  constaté  dans  les  cistes  de  l'Ar- 
ménie russe  et  dans  les  dolmens  des  pays  caspiens.  Sjœborg  le  cite 
dans  les  dolmens  danois;  M.  Féraud  l'a  retrouvé  dans  les  cistes  et  les 


112       ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS  INDIGENES  DE  L'EGYPTE 

dolmens  de  Bou-Merzoug  en  Algérie;  il  est  fréquent  dans  la  plupart 
des  pays  de  l'Europe,  et  l'homme  de  Menton  est  légèrement  replié 
sur  lui-même. 

La  coutume  de  dépecer  ou  de  décharner  les  corps  est  également  très 
répandue  :  les  sépultures  néolithiques  de  l'Italie  renferment  des 
crânes  et  des  ossements  peints  en  rouge  ;  M.  le  baron  de  Baye  a  ren- 
contré dans  les  sépultures  de  la 
Champagne  des  squelettes  dé- 
charnés; enfin  les  Patagons  et 
les  Natifs  des  îles  And  aman  et 
les  Néo-Zélandais  pratiquent 
encore  cet  usage  *. 

Nous  nous  trouvons  donc  en 
face  de  mœurs  déjà  connues, 
mais  dont  l'existence  n'avait  pas 
encore  été  signalée  en  Egypte. 
Ces  constatations  seront  peut- 
être  un  jour  fort  utiles,  quand 
le  moment  sera  venu  de  déter- 
miner d'une  manière  positive 
l'origine  ethnique  des  diverses 
races  qui  se  sont  succédées  sur 
le  sol  égyptien.  Ces  usages  ne 
sont  pas  de  ceux  qui  peuvent 
naître  spontanément  chez  les 
peuples  primitifs,  ils  sont  bien 
certainement  le  résultat  de  pen- 
sées philosophiques  déjà  singu- 
lièrement avancées,  la  conséquence  de  croyances  qui,  fort  proba- 
blement, ont  eu  dans  les  débuts  des  liens  communs. 


;ç5.c0i^~/**  X?7 


Fig.  4/3.  —  Sépulture  de  la  uccropole  de 
Gébel  Silsileh. 


Beligion.  —  Après  avoir  décrit  les  coutumes  funéraires  des  indi- 
gènes et  des  premiers  Égyptiens,  il  n'est  plus  nécessaire  d'établir 
l'existence  de  croyances  religieuses  chez  ces  peuples.  L'usage  dépla- 
cer des  offrandes  dans  les  tombeaux  prouve  surabondamment  que  les 


i.  J.  Lubbock,  L'homme  avant  l'histoire,  p.  3/17,  372  et  \'\o. 


ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS  INDIGENES  DE   L'EGYPTE       143 

croyances  relatives  à  la  vie  future  étaienl  déjà  très  répandues  e1  ces 
croyances  ne  peuvent  exister  sans  qu'on  admette  L'existence  d'une 


i  77  ,  ,     I 


, 


r'i  495  iC 


Fig.  /j 7 6  à   '|tjS.  —  Plaques  de  stéato-schiste  (nécropoles  d'El-'Amrah,  d'Abydos  et 

de  Toukh  (i[io  grandeur  naturelle). 


501 


503 


Fig.  'm;)  à  5o8.    —  Plaques  de  schiste.  Nécropole  do  Toukh     Négadah)  el  de 
Ballas  [cf.  Flinders -Pétrie,  pi.  XI. VII,  Xl.l\  . 


force  supérieure,   d'un  pouvoir  divin,  ou  tout  au  moins  sans  îles  su- 
perstitions qui.  chez  bien  des  peuples,  tiennent  lieu  de  religion. 


i45       ETHNOGRAPHIE  DES  POPULATIONS  INDIGENES  DE  L'EGYPTE 

Peut-être  devons-nous  considérer  comme  objets  se  rattachant  au 
culte  les  figurines  humaines  et  animales  et  les  plaques  ne  stéato- 
schiste  que  Ton  rencontre  en  grand  nombre  dans  les  sépultures  des 
Indigènes.  L'usage  des  figurines,  très  répandu  à  la  fin  de  la  période 


510 


Fig.   ,')09  à  5n.  —  Schislos  gravés.  —  5og,  Gébel-Tàrif.  —   5io  et  ."Sir,  Beit- 
Allam.  1/2  grandeur  naturelle. 


néolithique,  devient  très  rare  dès  l'arrivée  des  Égyptiens;  quant  aux 
plaques  de  stéato- schiste  (fig.  476  à  508),  qui,  dans  l'origine,  figurent 
presque  toujours  des  animaux,  ii  se  perd  de  bonne  heure  et  les  plaques 


Ethnographie  des  populations  indigènes  de  l'égypte     145 

rectangulaires  que  nous  rencontrons  dans  les  tombes  royales  ne  peu- 
vent être  considérées  comme  ayanl  rempli  le  même  but. 

L'on  a  supposé  queces  plaques  étaienl  destinées  soil  à  aiguiser  les 
lames  des  couteaux,  soil  à  écraser  des  substances  colorantes; 
deux  hypothèses  ne  peuvent  être  admises,  car  d'une  pari  ces  schistes, 
généralement  forl  mous,  ne  portenl  pas  la  moindre  Irace  d'usure  soil 
sur  les  bords,  soit  en  leur  milieu;  d'autre  part,  nous  connaissons  quel- 
ques schistes  (fig.  509  à  M  I  portanl  des  gravures  à  la  pointe  repré- 
sentant desanimaux.  On  a  rencontre  des  plaques  de  schiste  analogues 
dans  les  tombes  préhistoriques  du  Portugal1  et  de  nos  jours  encore 
les  habitants  du  Kachmir  font  usage  de  plaques  semblables  (fig.  512 
comme  amulettes;  nous  sommes  donc  en  droit  de  supposer  que  les 
indigènes  de  l'Egypte  en  faisaient  le  même  emploi. 


Fig.  5i2.  —  Talisman  en  stéato-scliiste,  Kachmire.  (Collection  Jagor,    musae  de  Berlin 
d'après  un  croquis  du  Professeur  Schweinfurth.) 

Tels  sont  les  principaux  usages  et  les  principales  coutumes  des 
peuplades  que  rencontrèrent  les  Égyptiens  lors  de  leur  conquête  de 
la  vallée  du  Nil.  Les  données  que  nous  possédons  sont  certainement 
encore  bien  incomplètes,  caries  recherches  ne  datent  que  de  deux 
ans;  il  n'est  pas  douteux  que  l'exposé  que  je  viens  de  faire  doive  être 
complété  ou  modifié  sur  bien  des  points,  mais  il  n'en  reste  pas  moins 
ce  fait  certain  que  les  caractères  ethnographiques  des  peuples  indi- 
gènes dénotent  une  civilisation  spéciale  et  indépendante  de  celle  des 
Egyptiens  pharaoniques.  Le  chapitre  suivant  qui  traite  de  la  sépul- 
ture royale  de  Négadah  montrera  mieux  encore  quelles  sont  ces  dif- 
férences. 

1.    Cartailhac  et  Chantre,  Matériaux,    III,  280. 


10 


CHAPITRE    IV 
Le  tombeau  royal  de  Négadah. 


Au  mois  de  mars  1897,  me  trouvant  en  Haute  Egypte,  j'avais  in- 
vité M.  le  professeur  A.Wiedemann,  de  Bonn,  à  venir  assister  âmes 

recherches  dans  les  nécropoles  préhistoriques  du  Saïd;  la  localité  de 
Négadah  avait  été  choisie  comme  champ  de  fouilles.  Deux  ans  aupa- 
ravant, le  professeur  M.  Flinders  Pétrie  avait,  avec  mon  autorisa- 
tion, exploré  une  partie  de  ce  district;  mais  je  savais  que  ses  inv 
tigations  avaient  porté  sur  les  nécropoles  de  Toukh  et  de  Ballas  et 
que,  bien  qu'ayant  intitulé  Naqadah  et  Ballas  l'un  de  ses  derniers 
ouvrages,  l'archéologue  anglais  avait  laissé  vierges  les  terrains  si- 
tués au  sud  de  Toukh. 

Je  vins  donc  établir  mon  campa  la  limite  du  désert  accompagné  de 
MM.  A.  Wiedemann,  G.  Jéquier  et  G.  Lampre,  qui  me  vinrent  en 
aide  dans  la  surveillance  des  fouilles  et  deux  nécropoles  furent  atta- 
quées, l'une  au  sud,  appartenant  aux  peuplades  indigènes,  l'autre, 
située  à  quelques  kilomètres  plus  au  nord,  et  renfermant  des  sépul- 
tures des  premiers  Egyptiens. 

Pendant  que  les  fouilles  se  poursuivaient,  j'explorais  méthodique- 
ment les  environs,  reconnaissant  les  kjœkkenmœddings,  recueillant 
des  silex  taillés,  observant  tous  les  indices.  G'esl  alors  que  je  décou- 
vris, dans  un  petit  tell  situé  au  nord  de  la  nécropole  septentrional.'. 
les  restes  d'un  monument  de  briques  crues  qui,  par  la  technique  de 
sa  construction,  me  sembla,  dès  le  premier  abord,  remonter  aux 
époques  les  plus  reculées  de  la  civilisation  égyptienne  (fig.  513 


148 


LE  TOMBEAU  ROYAL  DE  NEGADAH 


Les  fellahs,  en  creusant  dans  ce  tell  pour  se  procurer  du  sébakh, 
avaient  mis  à  jour  quelques  pans  de  murs  de  l'aspect  le  plus  singu- 
lier. La  face  extérieure  se  composait  de  sortes  de  chapelles  formées 


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Fig.  5 1 3.  —  Plan  do    la  nécropole  de  Négadah  (levé  et  dessiné  par  M.  G.  Lampre). 


de  saillants  et  de  rentrants  et  présentant  de  grandes  analogies  avec 
les  stèles  de  l'Ancien  Empire.  Le  sommet  de  la  butte  était  couvert  de 
briques  cuites  et  de  fragments  de  poteries  ;  tout  avait  été  calciné  et 
les  restes  apparents  portaient  les  traces  d'un  violent  incendie. 


LE  TOMBEAU  ROYAL  DE  NÉGADAH  149 

A  priori,  il  eût  été  possible  de  croire  que  certaines  parties  «lu  mo- 
numenl  situé  sous  le  tell  avaienl  été  construites  en  briques  cuites  et, 
par  conséquent ,  remontaient  tout  au  plus  à  L'époque  grecque.  Mais 
un  examen  plus  attentif  me  permil  de  comprendre  que  les  traces  de 

l'eu  s'appliquaient  aussi  bien  aux  murailles  entières  qu'aux  matériaux 
dont  elles  avaienl  été  bâties  e1  qu'en  conséquence  La  calcination 
s'était  produite  après  la  construction. 

Dans  la  nécropole  d'Abydos,  M.  Amélineau  avait  déjà  rencontré 
des  sépultures  très  anciennes  dévastées  par  le  feu  et  il  attribuail  les 
incendies  aux  spoliateurs  coptes  qui,  au  début  du  christianisme, 
poussés  par  le  fanatisme,  dévastèrent  les  monuments  païens.  Cette 
opinion,  je  la  partageais  alors  avec  M.  Amélineau,  m'en  rapport  mit  à 
ses  observations,  et  je  crus  que  le  monument  de  Négadah  avait  été 
détruit  dans  les  mêmes  conditions  que  ceux  d'Om-el-Gaab. 

Dès  que  les  fouilles  furent  commencées,  je  revins  de  suite  sur  cette 
manière  de  voir,  car  longtemps  après  la  destruction  du  monument 
cette  butte  avait  été  employée  comme  nécropole  et,  à  la  surface,  au 
milieu  des  débris  calcinés,  j'ai  rencontré  un  grand  nombre  de  sépul- 
tures remontant  à  l'époque  romaine,  grecque,  et  aussi  jusqu'à  celle 
des  Ramessides.  Quelques-uns  de  ces  tombeaux  renfermaient  des 
cercueils  de  bois  couverts  de  peintures,  contemporains  de  ceux  des 
prêtres  d'Ammon  découverts  à  Deir  el-Bahri  alors  que  M.  E.  Grébaut 
était  Directeur  général  des  antiquités  de  1  Egypte. 

M.  et  Mme  Wiedemann  ont  fouillé,  de  leurs  mains,  plusieurs  de 
ces  sépultures  qui,  creusées  jadis  dans  les  flancs  de  la  butte,  étaient 
placées  au  milieu  des  détails  d'architecture  primitive,  les  coupant  et 
les  détruisant  en  partie.  Il  n'est  donc  pas  douteux  que  l'incendie  ait 
été  allumé  antérieurement  aux  débuts  du  Nouvel  Empire. 

Parfois,  dans  les  débris  de  la  surface,  j'ai  rencontré  des  squelettes 
ne  portant  aucune  trace  de  calcination,  accompagnes  de  vas 
(fig.  514)  et  de  menus  objets  appartenant  au  Nouvel  Empire.  Ces  tom- 
bes se  trouvaient  disséminées  sans  ordre  au-dessus  des  murs  et  des 
chambres  du  monument  et  me  prouvèrent  d'une  façon  absolue  que 
les  ruines  étaient  restées  vierges,  depuis  le  commencement  du 
Nouvel  Empire  tout  au  moins.  Je  devais  donc  écarter  d'une  mani< 
complète  l'opinion  dans  laquelle  je  me  trouvais  au  début  et  qui  attri- 
buait aux  premiers  chrétiens  la  destruction  de  tous  ces  monuments. 

La  suite  des  fouilles  me  montra  jusqu'à  l'évidence  que  non  seule- 
ment l'incendie  du  monument  ne  pouvait  dater  de  la  basse  époque, 


150 


LE  TOMBEAU  ROYAL  DE  NÉGADAH 


Fig.   5 1 4 -  —  Vase  en 
terre  rouge  prove- 


nais qu'il  avait  été  allumé  dans  la  très  haute  antiquité,  au  moment  de 
la  mort  du  personnage  pour  lequel  cette  construction  avait  été 
élevée. 

Le  fond  des  salles  était  encombré  de  vases  d'ar- 
gile et  de  pierre,  de  débris  et  d'objets  de  toute 
sorte,  gisant  pour  la  plupart  au  milieu  des  cendres 
dans  une  position  très  régulière  montrant  que 
rien  n'avait  été  dérangé  dans  la  sépulture  avant 
que  le  feu  n'y  fût  mis.  La  figuré  515,  reproduisant 
un  croquis  que  j'ai  fait  sur  le  terrain,  pendant  les 
fouilles,  montre  l'arrangement  dans  la  salle  fi  du 
tombeau  (fig.  518)  des  jarres  de  terre  cuite  qui 
renfermaient  les  offrandes.  Ces  vases  eussent  bien 
certainement  été  brisés  et  rejetés  en  désordre 
dans  le  tombeau  si  des  spoliateurs  étaient  venus 
piller  avant  l'incendie.  11  en  serait  de  même  pour 
bon  nombre  d'objets  qui,  eux  aussi,  ont  été  trouvés 
à  leur  place  primitive.  Nous  devons  donc  exclure 
nant  d'une   sépul-    toute  idée  de  spoliation. 

ture  de  l'époque  des  ,    .      „  .  ,  ,  ,  ,  . 

D  j        -,  Je  dois  faire  observer  cependant  que,  dans  bien 

Kamessides    située  l  ^ 

dans  le  tell  du  des  cas,  j'ai  retrouvé  dans  des  salles  différentes 
tombeau  royal  de  f|es  fragments  de  vases  de  pierre  appartenant  au 
même  objet.  11  semblerait  que  ces  vases  eussent 
été  brisés  lors  de  l'ensevelissement  du  roi,  afin 
qu'ils  fussent  détruits  avec  leur  maître,  et  que  les  débris  en  furent 
jetés  dans  les  chambres  funéraires,  au  hasard  et  par-dessus  les 
offrandes  qui  devaient  accompagner  le  mort  dans  la  tombe. 

Cette  coutume  de  briser  les  objets  dont  le  mort  avait  fait  emploi 
durant  sa  vie  se  retrouve  plus  tard  dans  l'usage  de  figurer  les  hiéro- 
glyphes en  retranchant  les  parties  essentielles  à  la  vie  des  animaux 
qu'ils  représentaient.  C'est  ainsi  que  dans  la  sépulture  du  roi  Hor 
Ra-Fouab  et  dans  celle  de  la  princesse  Noub  Hotep,  toutes  deux 
de  la  XIIe  dynastie,  les  oiseaux,  les  serpents  etc.,  qui  figurent  sur 
les  inscriptions,  sont  privés  de  leur  tète. 

En  dehors  de  l'Egypte,  nous  rencontrons  encore  cette  coutume 
chez  un  grand  nombre  de  peuples  primitifs.  Les  tombeaux  des  âges 
du  bronze  et  du  fer  nous  montrent  dans  toute  l'Europe,  au  Caucase  et 
en  Perse,  des  armes  tordues  afin  de  les  rendre  inutiles. 

Lorsque  je  fouillais,  sur  les  rives  de  la  mer  Caspienne,  des  sépul- 


Négadah. 

\jl\  grand,  nalur. 


LE  TOMBEAU   ROYAL  DE  NÉGADAH 


151 


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152  LE  TOMBEAU  ROYAL  DE  NÉGADAH 

tures  présentant  ces  particularités,  je  pensais  que  c'était  dans  le  but 
d'empêcher  la  spoliation  des  tombes  que  cette  coutume  avait  été  ap- 
pliquée. Mais,  depuis,  j'ai  dû  abandonner  cet  avis,  car  les  métaux  pré- 
cieux que  renferment  les  sépultures  étaient  un  attrait  bien  suffisant 
pour  que  les  tombes  fussent  pillées.  C'est  donc  à  une  pensée  plus 
élevée  qu'il  faut  attribuer  cet  usage.  Nous  sommes  amenés  à  lui  don- 
ner une  orio-ine  religieuse  dénotant  des  idées  philosophiques  très 
étendues.  Quant  au  fait  de  rencontrer  les  traces  de  cette  croyance 
spéciale  dans  des  régions  aussi  distantes  les  unes  des  autres,  il  est 
de  la  plus  haute  importance,  car  il  dénote,  en  ce  qui  concerne  la  con- 
ception de  la  vie  future,  une  origine  commune  dans  les  idées  philo- 
sophiques d'un  grand  nombre  de  peuples  différents. 

Le  fait  de  la  destruction  des  objets  ayant  servi  pendant  la  vie,  fait 
que  i'ai  reconnu  à  Négadah  d'une  façon  indiscutable  et  qui  ressort 
éo-alement  des  trouvailles  d'Abydos,  est  aussi  fort  important  en  ce 
qui  touche  les  différences  d'usages  entre  les  indigènes  de  l'Egypte  et 
les  premiers  Égyptiens.  Les  tombes  néolithiques,  en  effet,  ne  ren- 
ferment que  des  objets  entiers,  aucun  ustensile  n'ayant  été  brisé 
lors  de  la  mise  du  corps  au  tombeau.  Les  indigènes  croyaient  donc  à 
la  vie  future,  mais  ils  la  comprenaient  autrement  que  leurs  conqué- 
rants. 

L'incendie  du  tombeau  de  Négadah  et  de  ceux  d'Abydos  a,  par  le 
fait,  rendu  inutiles  les  offrandes  que  renfermaient  les  sépultures. 
Devons-nous  y  voir  le  désir  de  détruire  en  entier  tous  les  biens  du 
mort,  ou  la  pensée  plus  élevée  de  rendre  immatérielles  pour  la  vie  fu- 
ture les  richesses  de  ce  monde  en  même  temps  que  le  corps  ?  Je  ne 
saurais  me  prononcer,  laissant  aux  spécialistes  le  soin  de  tirer  parti 
de  mes  observations.  En  tout  cas,  nous  devons  nous  souvenir  que 
cette  coutume  ne  fut  pas  spéciale  aux  premiers  Égyptiens  etqu'après 
leur  mort,  les  rois  d'Assyrie  se  faisaient,  eux  aussi,  brûler  dans  leur 
palais  avec  toutes  leurs  richesses. 

Je  passerai  en  revue  le  mobilier  que  renfermait  chacune  des 
chambres  du  monument,  afin  qu'on  puisse  mieux  se  rendre  compte 
des  conditions  dans  lesquelles  se  fit  l'inhumation.  Malheureusement 
l'incendie  fut  si  violent  que  bien  des  objets  se  trouvèrent  être  en- 
tièrement détruits,  des  vases  de  granit,  de  porphyre  et  d'argile  furent 
vitrifiés  (fig.  516  et  517)  et  les  amas  considérables  de  scories  que 
renfermaient  quelques  salles  montrent  à  quel  point  de  fluidité  étaient 
parvenues  plusieurs  matières  sous  cette  chaleur  intense  qui  calcina 


LE  TOMBEAU   ROYAL   DE  NÉGADAB  153 

les  murailles,  en  certains  endroits,  sur  [tins  de  O"1/.!)  d'épaisseur. 
L'intensité  de  la  chaleur  ne  fui  pas  partout  aussi  considérable,  plu- 
sieurs parties  du  tombeau  onl  échappé  à  la  destruction.  C'est  .-< insi 
que  nous  avons  retrouvé  des  objets  d'ivoire,  d'albâtre,  d'écaillé  de 
tortue,  voire  même  du  bois  el  des  étoffes,  qui,  recouverts  de  pous- 


Fig.   5i6.  —    Vase   d'argile    londu  par    l'incendie  et  couvert  de  scories,  i  3  grandeur 

naturelle. 

sières  et  de  cendres,  se  consumèrent  à  l'abri  du  contact  de  l'air 
sans  changer  de  forme.  C'est  à  cette  inégalité  de  chaleur  que  nous 
devons  la  plupart  des  objets  qui  sont  aujourd'hui  déposés  au  Musée 
de  Gizeh. 

La  fouille  du  monument  nous  prit  quinze  jours,  car  le  travail  ne 
pouvait  avancer  rapidement,  le  fond  de  chaque  chambre  devant  être 
examiné  avec  le  plus  grand  soin,  les  cendres  enlevées  au  couteau  et 
les  poussières  tamisées.  Les  quatre  archéologues  présents  à  la  fouille 


Fig.  017.  — •Vase  en  pierre  dure  (grès  siliceux  ?)  déformé  par   l'incendie.  1  2  grandeur 

naturelle. 

firent  eux-mêmes  ce  travail,  de  telle  sorte  qu'aucun  objet  ne  fut 
perdu  et  que  les  notes  les  plus  précises  lurent  prises  sur  le  terrain 
même.  Il  est  bien  rare,  surtout  en  Egypte,  qu'une  fouille  soit  laite 


154  LE  TOMBEAU  ROYAL  DE  NEGADAH 

avec  autant  de  soin  et  de  patience;  mais  nous  étions  nombreux  et,  de 
ce  fait,  nous  étions  à  même  d'accorder  à  cetle  sépulture  toute  l'atten- 
tion qu'elle  méritait.  On  a  critiqué  la  manière  dont  M.  E.  Amélineau 
a  conduit  ses  travaux  d'Abydos,  lui  reprochant  d'avoir  négligé  beau- 
coup de  documents,  d'avoir  mélangé  des  objets  d'époques  diverses. 
Ce  blâme  est  injuste  car,  à  'Om-el-Gaab,  M.  E.  Amélineau  était  seul 
pour  faire  face  à  tout.  Quant  au  mélange  des  objets,  il  existe,  moins 
dans  les  trouvailles  d'Abydos  que  dans  l'esprit  de  certains  savants 
qui,  systématiquement,  se  refusent  à  accepter  les  résultats  des 
récentes  découvertes.  Quand  on  n'a  jamais  travaillé  que  dans  son 
cabinet,  il  est  difficile  de  se  rendre  compte  des  fatigues  que  supporte 
celui  qui,  peinant  durant  des  mois  sur  le  terrain,  doit  conserver 
à  son  esprit  toute  sa  liberté  d'action  au  milieu  d'une  poussière  acre  et 
aveuglante,  sous  un  soleil  de  feu,  pendant  dix  heures  chaque  jour.  Je 
ne  saurais  trop  insister  sur  ces  difficultés  pour  montrer  combien  la 
science  est  redevable  à  mes  collaborateurs,  MM.  Wiedemann,  Jéquier 
et  Lampre,  des  documents  que  je  suis  à  même  de  lui  fournir. 

Le  monument  royal  de  Négadah,  dont  les  ruines,  aujourd'hui 
dégagées  des  poussières,  seront  encore  visibles  pendant  bien  des 
années,  se  compose  d'un  vaste  rectangle  dont  les  grands  côtés  font 
avec  le  nord  magnétique  un  angle  de  15°  vers  l'Est.  Sa  longueur  est 
de  54  mètres  et  sa  largeur  de  27  mètres  (fig.  518). 

Les  murailles  sont  construites  en  briques  crues  cimentées  avec  du 
limon  du  Nil;  à  l'intérieur  comme  à  l'extérieur,  les  massifs  sont 
enduits  de  terre  sans  peintures,  ni  blanchissage  à  la  chaux. 

En  plan,  les  murailles  sont  crénelées  à  l'extérieur  sur  tout  le  pour- 
tour du  monument  et  forment  ainsi  une  série  de  chapelles  présentant 
l'aspect  général  des  stèles  de  l'Ancien  Empire.  Ces  chapelles  avaient 
été  bouchées  par  une  seconde  muraille  qui,  s'appuyant  sur  le  massif 
principal  en  comblait  tous  les  rentrants.  Je  ne  m'explique  pas  le  but 
de  ce  second  mur  destiné  apparemment  à  cacher  à  la  vue  tout  le 
détail  architectural  du  monument. 

A  l'intérieur  sont  vingt  et  une  chambres  divisées  en  deux  séries  : 
l'une,  celle  du  centre,  se  compose  de  cinq  salles  dont  la  plus  grande, 
située  au  milieu,  semble  avoir  renfermé  le  mort  pour  lequel  le  monu- 
ment a  été  élevé,  les  quatre  autres  sont  égales  de  dimensions. 

La  seconde  série  est  de  seize  salles  semblables,  situées  autour  des 
pièces  du  milieu,  et  les  encadrant  dans  un  rectangle. 

Entre  les  chambres  a,  (3,  y,  §,  z  il  existait  autrefois  de  larges  portes; 


II.    fOMBEAU   ROYAL   DE  NÉGADAH 


1 55 


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156 


LE  TOMBEAU  ROYAL  DE  NÉGADAH 


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LE  TOMBE  M  ROYAL  DE  NEGADAH 


153 


158  LE  TOMBEAU  ROYAL  DE  NÉGADAH 

mais  elles  furent  fermées  au  moyen  de  murs  en  briques  présentant  la 
même  épaisseur  que  les  murailles  maîtresses. 

Les  salles  A,  B,  etc...,  O,  P,  ne  montrent  aucune  communication 
entre  elles;  il  semble  que  ce  rectangle  eût,  à  l'origine,  été  formé  d'un 
couloir  recoupé  plus  tard  en  chambres  par  des  murs  transversaux  de 
peu  d'épaisseur  et  pénétrant  légèrement  dans  les  gros  murs. 

Tel  est  le  plan  du  tombeau  royal  de  Négadah  ;  ses  coupes  (fig.  519 
et  520)  montrent  un  fruit  assez  important  dans  les  parois,  tant  à  l'ex- 
térieur qu'à  l'intérieur. 

Il  semblerait  que  la  partie  centrale  du  monument  eut  été  bâtie  tout 
d'abord,  la  porte  d'entrée  s'ouvrant  au  nord  ;  puis,  qu'après  avoir 
enfermé  le  mort  et  la  majeure  partie  du  mobilier  funéraire  dans 
les  chambres  du  milieu  (a,  [3,  y,  2,  e)  en  murant  les  portes,  on  cons- 
truisit le  couloir  qui  fut  lui-même  transformé  en  une  série  de  salles 
(A,  B....,  P)  remplies  d'offrandes;  c'est  alors  qu'aurait  été  construite 
la  muraille  crénelée,  et  qu'enfin,  pour  parachever  la  sépulture,  on 
construisit  le  mur  extérieur. 

Dans  lafig.  521,  j'ai  reconstitué,  autant  qu'il  était  possible,  avec  les 
documents  dont  je  disposais,  l'état  primitif  du  monument.  Nous  ne 
connaissons  que  la  partie  basse  des  constructions;  la  toiture  et  la  cor- 
niche, si  jamais  il  en  a  existé,  s'étant  écroulées  lors  de  l'incendie. 
On  remarquera  que  cet  édifice  présente  des  analogies  frappantes  avec 
certains  dispositifs  très  anciens  de  la  basse  Ghaldée,  tandis  que,  dans 
les  œuvres  pharaoniques  qui  lui  sont  postérieures,  nous  ne  rencontrons 
plus  guère  de  traces  de  ce  singulier  mode  de  construction. 

Dans  ses  fouilles  de  1896-97  à  Abydos,  M.  E.  Amélineau  a  ren- 
contré une  sépulture  semblable  à  celle  de  Négadah,  mais  renfermant 
un  bien  plus  grand  nombre  de  chambres.  Grâce  à  la  situation  sou- 
terraine de  ces  constructions,  la  partie  des  murs  voisine  du  plafond 
s'est  conservée  et  j'ai  pu  voir  les  restes  des  poutres  qui  supportaient 
la  terrasse.  Elles  étaient  en  bois  non  équarri  et  fort  rapprochées  les 
unes  des  autres.  Il  est  permis  de  supposer  que  le  monument  de  Néga- 
dah était  recouvert  de  la  même  manière. 

Quant  à  la  position  qu'occupait  le  corps  dans  ce  tombeau,  il  est 
difficile  de  la  préciser  ;  nous  savons  cependant  qu'il  était  placé  au 
centre  de  la  salle  y  au-dessus  de  la  dépression  conique  dont  on  voit 
l'indication  sur  le  plan.  J'ai  moi-même  fouillé  cette  cavité,  aux  envi- 
rons de  laquelle  les  cendres  étaient  accumulées  en  quantité  considé- 
rable. J'y  ai  rencontré  quelques  fragments  de   vases  et  des  débris 


LE  TOMBEAU  ROYAL  DE  NÉGADAH  159 

calcinés  du  squelette  humain.  Quelques  phalanges  de  la  main  droite, 

des  fragments  de  crâne,  des  dents  et  quelques  morceaux  d'os  indé- 
terminables. Dans  les  autres  chambres  les  os  <|ui  ont  été  trouvés 
n'avaient  point  été  brûlés  et  provenaieni  des  lombes  postérieures  de 
la  surface. 

Avant  d'entrer  dans  le  détail  des  objets  que  renfermait  cette  sépul- 
ture, j'exposerai  les  conditions  dans  lesquelles  elle  avait  été  cou- 
truite  dans  le  désert. 

Au  nord  du  cheikh  et  du  cimetière  musulman  est  un  plateau 
assez  vaste,  sillonné  de  ravins  et  composé  d'alluvions  caillouteuses 
descendues  de  la  montagne.  C'est  entre  deux  ravins,  sur  un  éperon 
des  alluvions,  qu'avait  été  bâti  le  tombeau  royal.  Il  se  trouve  aujour- 
d'hui à  peu  de  distance  des  cultures,  mais  sept  ou  huit  mille  ans 
avant  notre  ère,  il  en  était  distant  de  plusieurs  centaines  de  mètres, 
peut-être  même  d'un  kilomètre. 

Au  sud-sud-ouest  (cf.  fig.  513)  du  monument  royal,  se  trouve  un 
tombeau  de  grandes  dimensions,  mais  celui-là  a  été  creusé  dans  le 
sol  et  Tonne  voit  plus  aujourd'hui  que  la  fosse  béante  laissée  par  les 
spoliateurs  modernes. 

Bien  que  cette  sépulture  eût  été  pillée,  j'ai  examiné  avec  soin  le 
peu  de  débris  qu'elle  renfermait  encore  et  j'y  ai  rencontré  bon 
nombre  de  fragments  de  vases  semblables  à  ceux  du  tombeau  roval  : 
ces  deux  monuments  étaient  donc,  à  peu  de  chose  près,  contempo- 
rains. 

Au  sud  des  deux  sépultures  royales  est  la  nécropole  des  gens  du 
commun.  Les  tombes  y  sont  très  abondantes,  nous  en  avons  fouillé 
plusieurs  centaines.  Toutes  présentent  les  mêmes  caractères  et  sont 
bien  de  celles  que  nous  avons  reconnues  comme  appartenant  aux 
premiers  Égyptiens. 

Encore  plus  au  sud  sont  des  kjœkkemmœddings  dont  la  surface 
est  couverte  d'instruments  et  d'éclats  de  silex  taillé.  A  l'ouest  du  ci- 
metière musulman  était  autrefois  la  nécropole  indigène  dont  j'ai  ter- 
miné la  fouille,  mais  qui  avait  été  spoliée  en  majeure  partie  avant  mon 
arrivée  à  Négadah. 

Çà  et  là,  dans  cette  vaste  plaine,  on  rencontre  les  sépultures  des 
fellahs  de  l'Ancienne  Egypte,  soit  que  ces  tombes  appartiennent  à 
l'époque  pharaonique,  soit  qu'elles  ne  remontent  qu'aux  temps  gre<  s, 
romains  ou  même  coptes.  Ces  nécropoles  ne  viennent  en  rien  trou- 
bler l'homogénéité  des  restes  archaïques;  leurs  tombes  ont  percé 


160  LE  TOMBEAU  ROYAL  DE  NEGADAH 

les  kjœkkenmœddings,  bouleversé  quelques  sépultures  plus  an- 
ciennes, mais  sont  sans  conséquence  au  point  de  vue  des  recherches 
archéologiques. 

Mobilier  funéraire.  —  Toutes  les  chambres  ne  renfermaient  pas 
des  objets;  beaucoup  (A,  H,  D,  E,  F,  G,  ïï,  I,  J,  K,  L,  M,  N,  O,  P) 
étaient  absolument  vides,  soit  qu'à  l'origine  elles  n'eussent  rien  con- 
tenu, soit  que  les  matières  qui  y  avaient  été  enfermées  se  fussent 
entièrement  consumées  dans  l'incendie.  Parmi  les  salles  placées  au- 
tour des  chambres  centrales,  une  seule  (C)  contenait  un  mobilier  fu- 
néraire intéressant;  mais  les  salles  du  milieu  (a,6,y,o,e)  étaient  bon- 
dées de  vases  et  d'objets  de  toute  nature.  |     ^-  ^ 

(  'hambre  a. 

Un  racloir  en  silex  taillé  (fig.  776). 

Eclats  de  silex. 

Meule  ou  mortier  en  grès  (fig.  683). 

Environ  quatre-vingts  jarres  de  terre  rouge  bouchées  à  l'aide  de 
cônes  d'argile  portant  le  sceau  royal  (fig.  562,  563). 

Nombreux  vases  cylindriques  en  terre  grise  (type  de  la  fig.  572). 

Quelques  vases  arrondis  en  terre  cuite  jaune  (type  de  la  fig.  570). 

Restes  d'étoffes  brûlées  appartenant  à  deux  ou  trois  tissus  diffé- 
rents. 

Chambre  $. 

Un  lion  en  ivoire  (fig.  699). 

Trois  chiennes  en  ivoire  (fig.  698). 

Quatre  poissons  en  ivoire  (fig.  701,  704,  705,  707). 

Une  aiguille  en  os  ou  en  ivoire  (fig.  758). 

Un  bâton  à  kohl  en  ivoire. 

Deux  fragments  de  bracelets  en  ivoire  (fig.  737  et  740). 

Une  demi-sphère  en  ivoire  (fig.  751). 

Un  fragment  d'anneau  en  ivoire  (fig.  739). 

Plusieurs  os  de  poissons  en  forme  de  poinçon. 

Nombreuses  perles  de  pâte  de  verre  (fig.  722,  724)  formant  jadis 
un  réseau. 

Deux  coquilles  (Tritons)  de  la  mer  Rouge. 

Nombreuses  plaques  rectangulaires  de  schiste  (type  des  fig.  767) 
demi-fondues  ou  tordues  par  la  chaleur. 


I  i:  TOMBEAl     ROYAL  DE    M IGADAH  iu 

Quatre  racloirs  doubles  en  silex    type  de  la  fig.  770  . 

Quatorze  racloirs  pointus  en  silex    type  de  la  lig.  771  . 

Un  grand  couteau  courbe  en  silex,  cel  objel  a  échappé  ;■  l'action 
du  feu  (type  de  la  fig.  769  . 

Deux  grands  couteaux  courbes  en  silex  brûlé   fig   769). 

Nombreux  fragments  de  silex  brûlé  ayant  appartenu  à  environ 
douze  couteaux  (type  de  I;i  lig.  7<>!)  . 

Un  sceau  d'argile  au  nom  du  roi. 

Un  fruit  de  palmier  en  serpentine    fig.  714). 

Un  vase  massif  mortier  en  granit  à  gros  éléments    lig.  682  . 

Un  gallet  de  quart/  hyalin  (fig.  617  et  619). 

Douze  vases  en  roche  dure. 

Nombreux  fragments  de  vases  en  roches  dures. 

Un  vase  cylindrique  en  pierre  dure  (fig.  654). 

Dix  coupes  d'albâtre  de  diverses  formes. 

Fragments  appartenant  à  vingt-cinq  ou  trente  vases  cylindriques 
en  albâtre  (type  de  la  fig.  628). 

Un  cône  d'albâtre  portant  des  côtes  (fig.  574). 

Environ  quatre-vingts  jarres  de  terre  cuite  bouchées  par  des  cônes 
d'argile  au  nom  du  roi. 

Très  nombreux  vases  cylindriques  en  terre  grise. 

Chambre  y. 

Plaquette  d'ivoire  portant  la  bannière  du  roi  (fig.  549). 

Petit  vase  en  ivoire  portant  les  signes  V$»   (fig.  673). 
Petit  vase  d'ivoire  (fig.  669). 
Petit  vase  d'ivoire  (fig.  668). 

Fragments  d'un  vase  d'ivoire  portant  les  signes   '  mi  (fig.  <>77  . 
Fragment  d'une  épaule  de  statuette  articulée  en  ivoire  (fig.  718). 
Fragments  de  bracelets  en  ivoire  (fig.  733  . 

Nombreux  fragments  d'ivoire  appartenant  à  des  objets  indétermi- 
nés. 

Fragments  d'un  grand  coffreten  ivoire  (fig.  693-695). 
Deux  bâtons  à  kohl. 

Deux  racloirs  doubles  en  silex  (type  de  la  fig.  770). 
Vingt  racloirs  pointes  en  silex    type  delà  fig.  771  . 

11 


162  LE  TOMBEAU  ROYAL  DE  NEGADAII 

Deux  grands  couteaux  courbes  en  silex  (type  de  la  fig.  769). 

Fragments   d'une    vingtaine  de  couteaux    semblables  aux    précé- 
dents. 

Deux  racloirs  ronds  en  silex. 

Fragments    d'un    petit    vase    en   calcaire    rose    veiné    de    blanc 
(fig.  665). 

Fragments  de  huit  ou  dix  vases  de  quartz  et  de  cristal  de  roche. 

Un  fragment  de  galet  en  quartz. 

Débris  d'une  vingtaine  de  vases  en  pierre  dure. 

Neuf  coupes  en  pierre  dure  (types  des  fig.  602  et  603). 
vyiM  Un  grand  vase  à  côtes  en  pierre  dure  (type  de  la  fig.  664). 

Quatre  grands  vases  en  pierre  dure  (type  de  la  fig.  655).pennpl 

Un  petit  vase  en  pierre  dure  (type  de  la  fig.  654). 

Un  mortier  en  granit  rose. 

Cinq  ou  six  grandes  plaques  rectangulaires  en  stéatoschiste. 

Quatre  ou  cinq  vases  oblongs  en  stéatoschiste. 

Sceau  d'argile  portant  l'inscription  VV»  . 

Une  grande  coupe  plate  en  terre  rouge  vernissée  en  noir  à  l'inté- 
rieur (fig.  566). 

Débris  de  squelette  calciné,  dans  la  cavité  centrale  de  la  chambre. 

Chambre  l. 

Fragments  d'un  gros  pied  de  meuble  en  ivoire  représentant  le  pied 
d'un  taureau  (fig.  688). 

Pied  de  devant  et  pied  de  derrière  de  taureau,  ayant  appartenu  à 
un  meuble  en  ivoire  (fig.  685,  686). 

Deux  gros  pieds  plats  de  meuble  en  ivoire  (fig.  689,  690). 

Un  pied  de  meuble  cylindrique  en  ivoire  (fig.  692). 

Un  pied  de  meuble  en  ivoire  en  forme  de  sabot  (fig.  691  . 

Divers  fragments  de  meubles  en  ivoire. 

Réseau  de  perles  de  pâte  de  verre  (type  de  la  fig.  724). 

Quatre  perles  cylindriques  en  pâle  de  verre  (fig.  734   . 

Une  perle  courbe  en  pâte  de  verre  (fig.  726). 

Un  bouton  de  cuivre  (fig.  723  . 

Un  sceau  au  nom  du  roi. 

Une  coupe  de  porphyre. 

Fragments  de  quatre  autres  coupes  en  pierre  dure. 

Fragments  d'un  grand  vase  de  pierre  dure  orné  de  côtes. 


LE  T0MBEA1    ROYAL  DE  NÉGADAH  i,,: 

Six  fragments  de  silex  taillés  brisés  par  la  chaleur. 

Quarante  ou  cinquante  jarres  bouchées  à  l'aide  de  cônes  au  nom  du 

roi. 

Chambre  i. 

Doux  planchettes  d'ébène  provenant  d'un  meuble  (fig.  696  el  697  . 
Un  pied  de  meuble  en  ivoire  ayant  la  forme  du   pied  de  derrière 
d'un  taureau  (fig.  687). 

Une  plaquette  d'ivoire  percée  de  trois  trous  (fig.  748). 

Un  poinçon  de  silex. 

Deux  colliers  de  pâte  de  verre. 

Deux  fragments  d'un  grand  vase  de  pierre  dure  orne  de  côtes. 

Deux  fragments  de  coupes  en  porphyre. 

Un  fragment  de  petit  vase  en  quartz  rose. 

Chambres  A  el  B. 
Fragments  de  vases  de  terre  cuite. 

Chambre  C. 

Six  plaquettes  d'ivoire  ayant  servi  d'étiquettes  portant  d'un  côté 

des  indications  numériques,  de  l'autre  les  inscriptions  f  A    et  Gffl3 
(fig.  550  à  555). 

Huit  plaquettes  d'ivoire  d'hippopotame  (fig.  732)  avant  probable- 
ment fait  partie  d'un  collier. 

Un  bras  de  statuette  en  ivoire  (fig.  720). 

Deux  fragments  de  bracelets  en  écaille  de  tortue  (fig.  734  et  742 

Dix  poissons  en  ivoire  (fig.  702,  703,  706,  708  à  713). 

Un  fragment  de  bracelet  en  nacre  (fig.  738  . 

Une  perle  longue  en  or  (fig.  744). 

Fils  de  cuivre  entourant  les  restes  d'un  objet  de  l)ois   fig.  762  à  766  . 

Un  lion  en  cristal  de  roche  (fig.  762  . 

Deux  bouteilles  en  cristal  de  roche  (fig.  615). 

Plusieurs  coupes  en  cristal  de  roche  (fig.  610,  616,  623 

Fragments  de  plusieurs  vases  en  obsidienne  fig.  625  a  627  . 

Deux  coupes  d'albâtre. 

Fragments  de  plusieurs  vases  cylindriques  en  albâtre. 


Km  LE  T0MBEA1     ROYAL  Dt:   NEGADAH 

Quatre  racloirs  doubles  en  silex. 

Vingt-cinq  poinçons  ou  racloirs  pointus  en  silex  (type  de  la  iig.  771) 
et  quelques  fragments  de  mômes  instruments. 

Un  grand  couteau  courbe  en  silex  (type  de  la  fig.  769). 

Fragments  de  quatre  ou  cinq  couteaux  de  silex  semblables  au  pré- 
cédent. 

Deux  petits  vases  de  géobertite  portant  les  inscriptions  'VV? 
(fig.  661  et  662). 

Un  fragment  de  vase  en  pierre  verte  portant  la  même  inscription 
que  les  précédents. 

Divers  fragments  de  vases  de  pierre  dure. 

Trois  perles  de  terre  cuite. 

Une  perle  de  cornaline. 

Fragments  d'un  coffret  de  bois. 

Etoffes  abondantes  appartenant  à  quatre  ou  cinq  qualités  de  tissus 
dont  quelques-uns  sont  très  fins. 

Débris  de  cordes  et  de  ficelles. 

Chambres  D.  E ,  P. 

Ces  chambres  ne  renfermaient  que  de  rares  débris  de  vases  de 
terre  sans  intérêt. 

Tous  les  objets  que  je  viens  de  citer  clans  les  listes  qui  précèdent 
se  trouvaient  au  fond  des  salles  dans  une  épaisse  couche  de  cendres, 
de  débris  des  parties  hautes  du  monument,  de  scories  et  de  char- 
bons; beaucoup  de  pièces  avaient  été  brisées' par  la  chaleur  et  la 
chute  des  terrasses,  d'autres  avaient  été  cassées  intentionnellement 
avant  l'incendie. 

Après  avoir  décrit  en  détail  le  monument  et  exposé  la  position 
qu'occupaient  les  divers  objets  dans  les  différentes  salles,  je  passerai 
à  la  description  détaillée  de  ces  mêmes  objets  en  les  rangeant,  non 
plus  suivant  la  place  qu'ils  occupaient  dans  le  tombeau,  mais  d'après 
leur  nature  ou  l'usage  auquel  ils  étaient  consacrés.  On  se  rendra 
ainsi  mieux  compte  du  développement  que  présentaient  alors  les  arts 
et  les  industries,  ainsi  que  des  différences  très  notables  qui  séparent 
la  civilisation  indigène  de  celle  des  premiers  Egyptiens. 

Textes.  —  Les  inscriptions  sont  relativement  abondantes,  dans 
cette  sépulture,   quoique  peu  variées;  elles  se  rencontrent  sur  les 


I  r  TOMBEAU   ROYAL   DE  NÉGADAH 


165 


sceaux  d'argile  qui  jadis  fermaient   bien   certainement    des   ballots 
(fig.  522  à  526),  suc  les  nombreux  cônes  d'argile  qui  bouchaient  b-^. 


- 


SE 


' 


Fig.  522  el  523.  —  Sceaux  d'argile  portant  la  bannière  royale.  522  a,  avers  dn  sceau. 
522   /',  revers.  2/3  grandeur  naturelle. 


524  526 

Fig.  Ô24  à  526.  —   Sceaux  d'argile.   1/2  grandeur  naturelle. 

amphores  (fig.  527)  et,  dans  ces  deux  cas.  elles  ont  été  obtenues  en 
roulant,  sur  la  pâte  encore  molle,  des  cylindres  semblables  à  ceux  de 
la  Ghaldée.  On  en  rencontre  aussi  de  gravées  sur  les  vases  d'argile 
(fig.  528  à  548).  Mais  ce  ne  sont,  dans  ce  cas,  que  de  simples  indica- 
tions du  contenu  des  jarres,  signes  qu'il  n'est  pas  possible  d'inter- 
préter aujourd'hui.  On  en  trouve  de  gravées  en  creux  sur  des  plaques 
d'ivoire  (fig.  549  à  555)  et  sur  des  vases  en  pierre  dure  où  les  trois 

signes  V&V  se  reproduisent  si  fréquemment  que  je  suis  porté  à 
croire  qu'ils  représentent  l'un  des  noms  du  personnage  enseveli 
dans  le  tombeau. 

Les  inscriptions  des  cylindres  ne  soûl  pas  toujours  très  nettes  sur 
les  cônes  d'argile,  soit  que  la  pâte  lui  trop  grossière  pour  recevoir 
une  impression  très  nette,  soit  que  le  scellage  des  ballots  el  des 
jarres  eût  été  fait  trop  rapidement.  Toutefois,  comme  les  exemplaires 


l(5(i 


LE  TOMBEAU  ROYAL  DE  NÉGADAH 


de  ces  sceaux  sont  fort  nombreux,  il  est  facile  de  retrouver  sur  l'un 
ce  qui  manque  sur  un  autre  et  de  reconstituer  ainsi,  sans  le  moindre 


-    / 


Fig.  527. —    Mode  de   fermeture  des  jarres  de  terre  cuite    et  cône  d'argile  portant  la 

bannière  royale. 

528  520         530         531         532  533  534  535  536       537  538 


\ 

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#7 

539  540  541  542  543  544  545  546  547  548 

Fig.  628    à    548.  —  Marques    relevées  sur    les  jarres    d'argile   du  tombeau    royal  de 

Négadah. 

risque  d'erreur,  l'image  complète  que  le  cylindre  portait  gravée   en 
creux.  Ce  travail  a  été  fait  avec  le  plus  grand  soin  par  M.  G.  Jéquier; 


LE  TOMBEAU  ROYAL  DE   NI  '.ADAM 


sur  sa  demande, j'ai  moi-même  vérifié  les  dessins,  en  contrôlanl  tous 
les  documents,  et  je  puis  <in  affirmer  l'exactitude  rigoureuse.  Cette 
remarque  étail  nécessaire,  car  ces  documents  sont  appelés  à  jouer  un 


Fig.  54g.   —  Plaquette  d'ivoire  portant   la  bannière  royale.  Grandeur    naturelle 
(dessin  de  M.   ('•.  Jéquier). 

rùle  très  important  dans  l'histoire  des  origines  de  l'Egypte  el  il  est 
indispensable  que  le  monde  savant  puisse  compter  sur  leur  exacti- 
tude absolue. 

550  551  •_  I 


555 

V.'V: 

f'C\ùC\ 

n  n  ;  1 

II  1  M 

GHD 


GJ. 


550  a  531  a         552  a  5 53  a  554  a  555  a 

lii4.  ô.")0  à  555. —  Plaquettes  d'ivoire  vues  sur  les  deux  faces  ayant    servi  <1  étiquettes 

et  portant  des  indications  numériques  (dessin  de  M.  G.  Jéquier). 

M.  G.  Jéquier  a  relevé  sur  les  cônes  et  les  sceaux  l'impression  de 
six  cylindres  différents  dont  l'interprétation  est  encore  douteuse, 
mais  dont  M.  A.  W'iedemann  et  lui  traitent  dans  les  chapitres  sui- 
vants. 


lor  C7jlin(lre{iig.  556), le  plus  petit  de  tous,  hauteur  0m,037, diamètre 


I68  LE  TOMBEAU  ROYAL  DE  NÉGADAH 

0m,0i9,  ne  porte  que  deux  bannières  royales  séparées  entre  elles  par 
les  sio-nes  ooc<o. 


nrir"1- 


L 


8ɧ 

SDQOD 

G.J. 


Fig.  556.  Impression  d'un  cylindre  sur  un  cône  d'argile  (dessin  de  M.  G.  Jéquier). 

2"  cylindre  (fig.  557),  hauteur 0m,062,  diamètre  0m,019,  porte  gravées 
deux  séries  de  bannières  royales. 


G.J. 


Fig.  557.   —  Impression  d'un  cylindre  sur   un  cône  d'argile  (dessin  de  M.  G.  Jéquier). 


Fig.   558.—  Impression  d'un  cylindre  sur  un  cône  d'argile  (dessin  de  M.  G.  Jéquier). 


LE  TOMB]  M  ROYAL  DE  NÉGADAH 


169 


3e  cylindre  fig.  558  .  hauteur  &*$!&,  diamètre  0m,024,  représente 
deux  lignes  de  bannières  royales  séparées  entre  elles  par  les  signes 

VIA  que  nous  voyons  si  souvenl  gravés  sur  les  vases   de  pierre 
dure  et  qui  peut-être  l'ont  partie  du  nom  royal. 

V  cylindre   fig.  559  .  hauteur  0m,070,  diamètre  .027.  porte  deux 

bannières  spéciales  accolées  et  surmontées  du  signe  y.  trois  fleurs 
séparent  les  bannières  de  l'impression  suivante. 


G.J. 


Fig.  55g.  —  Impression  d'un  cylindre  sur  un  cône  d'argile  (dessin  de  M.   G.  Jéquier). 

5e  cylindre  (fig.  560),  hauteur  0m,(H2,  diamètre  0m,026,  représente 
une  série  d'animaux  et  d'instruments;  on  y  reconnaît  des  antilopes, 
des  renards,  des  chiens,  des  crocodiles,  des  autruches,  des  animaux 


r-,  eês> "^o  ^  v5-*-  £XL  '3  „  >Tn  ■ 


G.J. 
Fig.  56o.  —  Impression  d'un  cylindre  sur  un  cône  d'argile  (dessin  de   M.  <>.   Jéquier). 

fantastiques  composés  de  la  partie  antérieure  d'un  lion  et  d  une 
gazelle,  des  houes,  etc....  Ce  cylindre  ne  porte  aucune  inscription,  il 
semble  avoir  été  composé  de  représentations  plus  ou  moins  cabalis- 
tiques. 


170 


LE  TOMBEAU  ROYAL  DE  NEGADAH 


6°  cylindre  (fig.  561),  hauteur  0m,078,  diamètre  0m,0G8.  Ce  cylindre, 
le  plus  grand  que  nous  ayons  rencontré  dans  le  tombeau  royal  de 
Négadah,  représente  la  façade  d'une  maison  à  deux  portes,  placée 
au  milieu  d'une  plantation  de  dattiers  dans  laquelle  est  couché  un  lion. 


!/y  /vYVYYYyYVVYv  /" 

iv VV  /VVWVVVVVYVV 


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\\  fi. rr.rrrrrrrrrrrrrlill 


Fig.   56r.  —  Impression  d'un  cylindre  sur  un  cône  d'argile  (dessin  de  M.  G.  Jéquier). 

Vases.  —  Comme  on  a  pu  s'en  rendre  compte  par  les  listes  qui 
donnent  le  détail  des  mobiliers  funéraires  renfermés  dans  chacune 
des  salles,  les  vases  étaient  en  extrême  abondance.  Ce  fait  n'a  rien 
qui  doive  surprendre,  car  il  en  est  ainsi  dans  toutes  les  sépultures 
appartenant  aux  indigènes  ou  aux  premiers  Egyptiens.  Les  tombeaux 
royaux  d'Abydos  en  contenaient  une  prodigieuse  quantité  tant  en 
pierre  qu'en  argile. 

L'ensemble  des  découvertes  faites  depuis  deux  années  dans  la 
Haute  Egypte,  tant  dans  les  sépultures  royales  d'Abydos  et  de  Né- 
gadah que  dans  les  nécropoles  appartenant  à  la  classe  pauvre  de  la 
population,  permettent  aujourd'hui  de  classer  avec  une  grande  pré- 
cision les  vases  des  époques  les  plus  archaïques  de  l'Egypte,  aussi 
bien  en  ce  qui  concerne  la  céramique  proprement  dite  qu'en  ce  qui 
touche  aux  vases  de  pierre.  11  y  a  peu  d'années  encore  les  égypto- 
logues,  lorsqu'ils  parlaient  de  l'art  du  potier,  faisaient  les  plus  regret- 
tables confusions;  mélangeant  les  époques,  attribuant  de  la  façon  la 
plus  fantaisiste  les  diverses  formes  préhistoriques  aux  âges  histo- 
riques, ils  donnaient  dans  leurs  livres  les  idées  les  plus  fausses  sur 
les  débuts  de    l'art  égyptien1.  La   collection  des  vases  du  tombeau 


i.  Il  est  intéressant  de  citer  l'opinion  que  s'était  faite  M.  G.  Maspero  {£ Archéolo- 
gie égyptienne,  p.  243  et  2/(4)  sur  les  vases  archaïques,  qu'il  attribuait  en  1887  aux 
dynasties  thébaines. 

«  Les  poteries  des  premières  dynasties  thébaines  que  j'ai  recueillies  à  El-Khozam 
et  à  Qébéléïn  sont  plus  soignées  d'exécution  que  celles  des  dynasties  memphiles. 
Elles  se  répartissent  en  deux  classes.  La  première  comprend  des  vases  à  panse 
lisse  et  nue,  noire  par  en  bas,  rouge  sombre  par  en  haut.  L'examen  des  cassures 
montre  que  la    couleur   était   mêlée  à   la  pâte  pendant  le    brassage  ;  les  deux   zones 


LE  TOMBEAU   ROYAL  DE  NÉGADAH  1:1 

royal  de  Négadah  constitue,  à  ce  sujet,  une  série  de  documents  de  la 
plus  haute  importance;  car,  d'une  part,  l'époque  de  cette  sépulture 
ne  peul  être  mise  en  doute,  et  d'autre  part,  cette  collection  es1  à  l'abri 
de  tout  mélange,  puisque  ce   monument  royal  n'a  jamais  été  spolié. 

Dans  cette  tombe  les  vases  les  plus  abondants  sonl  les  amphores  ; 
«•Iles  remplissaient  certaines  salles  el  se  trouvaienl  au  nombre  de 
plusieurs  centaines.  Les  jarres  (fig.  562  el  563  dépourvues  de  leur 
couvercle,  présentent  une  hauteur  moyenue  de  0m,80;  leur  diamètre 
maximum  varie  entre  <)n\.'i2  el  0m,35.  Elles  sont  faites  d'argile  fine, 
bien  pétrie  et  cuite  à  haute  température.  Souvent  elles  portent,  près 
du  col  el  aux  environs  de  la  panse,  des  cercles  en  relief  figurant  g] 
sièrement  des  cordelettes.  Un  signe  gravé  dans  la  pâte  molle  indique 
probablement  quelle  était  la  nature  de  leur  contenu. 

L'obturation  s'obtenait  au  moyen  d'une  jatte  renversée  de  diamètre 
égal  à  celui  de  l'ouverture  du  vase;  le  cône  d'argile  enveloppait  le  col 
en  même  temps  que  la  jatte. 

Ces  sortes  de  vases  sont  fréquents  dans  les  sépultures  royales 
d'Abydos;M.Amélineau  les  a  rencontrés  par  centaines.  Ils  différaient 
parfois  quelque  peu  de  ceux  de  Négadah,  mais  présentaient  toujours 
des  analogies  telles  qu'il  serait  impossible  de  les  séparer  les  uns  des 
autres  par  l'étude  de  leur  technique. 

A  Négadah,  ces  vases  avaientcontenu  des  provisions;  le  professeur 
Schweinfurth  a  reconnu  dans  les  matières  calcinées  qu'ils  renfer- 
maient des  restes  de  grappes  de  raisin,  du  blé,  de  l'orge,  de  la  fa- 
rine; etc..  quelques-uns  des  vasesd'Abydos  contenaient  de  la  graisse. 

Après  les  grandes  amphores,  je  citerai  d'abord  les  vases  enterre 
grossière  (fig.  564,  5(37  et  568)  fabriqués  à  la  main,  sans  le  secours  du 


préparées  séparément,  étaient  soudées  ensuite  de  façon  assez  irrégulière,  puis 
glacées  uniformément.  La  seconde  classe  contient  des  vases  de  formes  très  variées, 
souvent  bizarres,  d'une  terre  rouge  ou  jaune  terne,  grands  cylindres  fermés  par 
un  bout,  plats  oblongs,  rappelant  la  coupe  d'un  bateau,  burettes  conjuguées  deux  à 
deux,  mais  ne  communiquant  pas  ensemble  (fig.  2i5  .  L'ornementation  est  répandue 
sur  toute  la  surface  et  consiste  d'ordinaire  en  raies  droites,  tirées  parallèlement 
l'une  à  l'autre,  ou  entrecroisées,  en  lignes  ondées  ,  en  rangées  de  points  ou  de 
petites  croix  combinées  avec  les  ligues,  le  tout  eu  blanc  quand  le  fond  rst  ro 
en  rouge  brun    quand    il    est    jaune   ou    blanchâtre.  De    temps  en    icnij  -  _  ires 

d'hommes  ou  d'animaux  s'entrelacent  au  milieu  des  combinaisons  géométriques.  Le 
dessin  en  est  rude, presque  enfantin,  et  c'est  à  peine  si  l'on  y  reconnaît  des  troupeaux 
d'antilopes  ou  des  scènes  de  chasse  à  la  gazelle.  Les  manœuvres  qui  produisaient  ces 
esquisses  grossières  étaient  pourtant  contemporains  des  artistes  qui  décoraient  les 
grottes  de  Beni-Hassan 


172 


LE  TOMBEAU  ROYAL  DE  NKGADAH 


fi      ■*•'  <<*(« 


Fig.  562  et   563.  —  Grandes  jarres  de  terre  cuite,   hauteur  om,8o,   diamètre 

maximum  o,m35. 


LE  TOMBEAU   ROYAL  DE   VEGADAH 


173 


tour,  ('.clic  céramique  esl  très  abondante  dans  toutes  les  sépultures 
archaïques,  s<>ii  Indigènes  soil  pharaoniques.  1-Z  M  « •  se  continue  pendanl 
presque  toute  la  durée  de  l'Ancien  Empire,  je  I  ai  rencontrée  dans  les 
mastabas  contemporains  du  roi  Snéfrou;  mais  elle  cesse  complète- 
ment dès  le  débul  du  Moyen  Empire  :  les  nombreuses  tombes  de  la 
XII0  dynastie  du  plateau  <!<•  Dahchour  n'en  contenaient  pas  un  seul 
spécimen. 


569  "  571 

Fig.  564  a  372.  — Vases  de  terre  cuite  —  5(>4,  terre  rougeâtre  grossière.  —  565,  pâte 
rouge  clair.  —  566,  terre  rouge  fine  vernie  eu  uoir.  —  ."j < î — ,  terre  grossière  rougeâtre. 
—  568,  terre  rougeâtre  très  grossière.  —  069,  pâte  fine  blanchâtre.  —  5jo.  terre 
fine  grisâtre.  — Sji,  terre  line  blanchâtre.  — 572,  pâte  grise  très  fiue.  1/8  gran- 
deur naturelle. 


Puis  viennent  la  poterie  jaune  lisse  et  la  poterie  grise  fine  (fig.  569 
à  572)  que  les  indigènes  ne  semblent  pas  avoir  connue  et  qui  est 
caractéristique  des  débuts  de  la  civilisation  égyptienne. 

La  céramique  rouge,  peinte  en  noir  (fig.  566  ,  apparaît  encore  dans 
le  tombeau  royal  de  Négadah;  nous  avons  vu  au  chapitre  précédent 
qu'elle  est  d'origine  indigène.  Les  Egyptiens  en  tirent  encore  usage 
dans  les  temps  qui  suivirent  de  près  la  conquête;  mais  il  semble 
qu'elle  fut  abandonnée  de  bonne  heure,  car  les  mastabas  de  la  III  el 
de  la  IVe  dynasties  n'en  contiennent  pas.  Dans  le  tombeau  royal  de 
Négadah  je  n'en  ai  trouvé  qu'un  seul  exemplaire  et  à  'Om  el-Gaab, 
M.  Amélineau  n'en  a  rencontré  que  fort  peu. 

Les  vases  de  pierre  qui,  à  Négadah.  de  même  qu'à  Abvdos,  étaient 
fort  abondants,  avaient  été  fabriqués  avec  les  matières  les  plus  dures. 
Malheureusement  la  chaleur  intense  à  laquelle  ils  ont  été  soumis  n'a 
pas  toujours  permis  d'en  faire  la  détermination  pétrographique  d'une 
manière  rigoureuse.  Messieurs  FriedeletFouquet,  de  l'Académie  des 


174  LE  TOMBEAU  ROYAL  DE  1NÉGADAH 

Sciences,  ont  bien  voulu  se  charger  de  ce  travail  difficile.  Voici  la 
liste  des  roches  qui  ont  pu  être  déterminées. 

Diabase. 

Porphyre  altéré  par  la  chaleur. 

Diabase  ophitique. 

Quartz. 

Géobertite  (carbonate  de  magnésie);  ce  minéral  est  fort  rare 

Porphyre  pètrosiliceux  avec  quartz  globulaire. 

Dior  lie. 

Diorite  avec  apatite  abondante. 

Diorite  quartzifère. 

Dolérite  [diabase à  petits  éléments). 

Calcaire  faune  à  veinules  blanches. 

Calcaire  siliceux. 

Grès  argilo  micacé. 

Calcite  rubanée  (marbre  onyx,  communément  désigné  en  Egypte, 
parle  nom  d'albâtre). 

Obsidienne. 

Je  dois  ajouter  à  cette  liste  des  poteries  plus  ou  moins  siliceuses, 
qui  ont  subi  de  telles  températures  qu'elles  sont  entièrement  vitrifiées 
et  qu'apriori,  j'avais  pensé  avoir  à  faire  à  des  roches  volcaniques  du 
type  des  basaltes.  Ce  n'est  qu'en  les  examinant  en  lames  minces  sous 
le  microscope  qu'il  a  été  possible  de  retrouver  leur  nature  originelle. 

Parmi  ces  substances,  il  en  est  beaucoup  qui  se  rencontrent  en 
masses  importantes  dans  le  massif  éruptif  situé  entre  Assouan  et  la 
mer  Rouge  ;  d'autres,  telles  que  la  géobertite,  sont  fort  rares  au 
point  de  vue  minéralogique  et  leur  gisement  en  Egypte  n'a  pas 
encore  été  découvert;  d'autres  enfin,  comme  l'obsidienne,  sont 
absolument  étrangères  à  cette  partie  de  l'Afrique,  sa  constitution 
géologique  ne  permettant  pas  qu'on  l'y  rencontre. 

L'obsidienne  abonde  dans  les  îles  grecques,  on  en  rencontre  éga- 
lement dans  l'Arménie  et,  je  crois,  aussi  dans  l'Asie  Mineure.  Mais 
ces  gisements  du  verre  de  volcan  sont  fort  éloignés  de  la  vallée  duNil. 

Ce  minéral  était,  dans  l'antiquité,  considéré  comme  une  substance 
de  grande  valeur;  sous  la  XIIe  dynastie  il  servit  à  la  confection  des 
vases  montés  en  or  que  j'ai  découverts  dans  la  galerie  des  princesses  à 
Dahchour,  et  M.  Maspero  m'a  montré,  autrefois,  une  tête  de  statuette 
en  obsidienne  faisant  partie  de  sa  collection. 

Dans  la  haute  antiquité,  l'obsidienne  fut  une  matière  d'exportation 


LE  T0MBEA1     ROI  \l.  DE  NÉGADAH  1:5 

pour  les  pays  où  elle  se  trouve  naturellement;  elle  étail  connue  de  toul 
temps  en  Ghaldée  car,  bien  que  les  montagnes  voisines  n'en  renfer- 
ment pas,  j'en  ai  rencontré  dans  les  stations  préhistoriques  du  Poucht- 
é-kouh,  aux  confins  de  la  Mésopotamie,  el  dans  les  couches  néoli- 
thiques du  tel]  de  Suse.  Cette  matière  semble  donc  avoir  joué,  sur 
une  moindre  échelle,  un  rôle  analogue  à  celui  du  jade  oriental  à 
l'époque  néolithique. 


37''  580 

Fig.  073  à  58o.  —Vases  en  calcite  rubanée  (marbre  onyx  dit  albâtre  d'Egypte). 

i/3  grandeur  naturelle. 

La  présence  de  l'obsidienne  dans  la  vallé  du  Nil,  des  une  époque 
aussi  reculée,  est  une  preuve  de  plus  en  faveur  des  relations  très 
suivies  qui  existèrent  de  tout  temps  entre  la  Syrie,  la  Chaldée  et 
l'Egypte.  Car,  pour  le  pays  des  Pharaons,  celte  pierre  esl  essentiel- 
lement asiatique  :  elle  venait  probablement  par  la  même  voie  que  le 
bronze,  l'étain  et  le  cuivre  qui,  je  l'ai  déjà  dit,  n'existe  pas  dans  le 
sol  égyptien  en  quantité  suffisante  pour  fournir  aux  besoins  de  la 
population. 

Après  avoir  parlé  de  la  nature  des  roches  employées  par  les  pre- 
miers Egyptiens  pour  la  fabrication  de  leurs  vases,  je  n'y  reviendrai 
pas,  me  contentant  de  traiter  de  la  forme  et  de  la  technique  de  ces 
objetsjle  lecteur  trouvera  dans  la  légendequi  accompagne  les  figures 
la  désignation  précise  de  la  matière  qui  compose  les  vas,.. 


176 


LE  TOMBEAU  ROYAL  DE  NÉGAUAH 


Fig  58x  à  586.  Vases.  -  58i,  roche  porphyrique  très  altérée  par  la  chaleur  - 
582  pâte  siliceuse,  probablement  poterie  vitrifiée.  -  583,  granit  de  Syeoe.  -  584, 
poterie  vitrifiée.  -  585  et  586,  calcite  rubanée.  i/3  grandeur  naturelle. 


5É8 


Fig.  087  à  591-  —  Coupes  en  pot 


crie  vitrifiée  par  l'incendie.  i/3  grandeur  naturelle. 


LE  TOMBEAU  ROYAL  DE  NEGADAH 


Fig.  592  à  596.  —  Coupes  en  poterie  vitrifiée  par  l'incendie.  i/3  grandeur  naturelle. 

597 


Fig.  597  à  6o'i.  —  Coupes.  ^97,  roche  altérée  indéterminable.  —  ."><|S  et  599,  po- 
terie vitrifiée.  —  600,  grès  argilo-micacé.  —  fioi,  poterie  vitrifiée  —  602,  diorite 
i/4  grandeur  naturelle. 


178 


LE  TOMBEAU  ROYAL  DE  NÉGADAH 


Le  plat,  l'écuelle  et  la  coupe  sont  les  formes  les  plus  simples  du 
vase  de  pierre;  on  les  rencontre  dans  les  sépultures  indigènes  de 
même  que  dans  les  tombeaux  pharaoniques  ;  mais,  aux  dernières  pé- 
riodes, elles  prennent  une  finesse  et  une  pureté  de  travail  extrême- 


Fig.  6o3.  —  Coupe  en  roche  porphyrique  altérée  par  la  chaleur.  i/3  grandeur  naturelle. 
604 


Fig,  6<>4  â  6o7.  —  Coupes  en  pierre  dure.  —  6o4,  diorite.  —  6o5  et  606,  roches 
porphyriques  altérées  par  la  chaleur.  —  607,  ruche  indéterminable  très  altérée. 
i/3  grandeur  naturelle. 

ment  remarquables.  Au  début  elles  ne  semblent  pas  avoir  été  tour- 
nées, pas  plus,  d'ailleurs,  que  les  vases  de  terre  qui  les  accompagnent 
dans  les  sépultures;  ce  n'est  que  plus  tard,  peu  avant  l'époque  où  cet 
usage  disparut  de  TÉgypte,  qu'elles  furent  obtenues  au  moyen  du 
tour  à  main. 


LE  TOMBEAU  ROYAL  DE  NEGADAH 


179 


Les  indigènes  et  les   premiers   Égyptiens  travaillèrent  la  pierre 

avec  une  rare  perfectû l   par  l«'s  moyens  les  plus  rudimentaires. 

C'est  ainsi  qu'ils  sculptèrenl  eu  albâtre  ou  en  roches  dures,  telles 
que  le  porphyre,  des  coquilles  prenanl  modèle  sur  les  anodontes  el 
les  unios  qu'ils  rencontraient  communément  dans  le  Nil.  Il  existe 
plusieurs  spécimens  de  ces  œuvres  dans  nos  musées  e1  les  exem- 
plaires découverts  dans  les  sépultures  royales  d'Abydos  permettent 
aujourd'hui  de  leur  assigner  une  date  et  de  les  faire  remonter  aux 
temps  qui  suivirent  immédiatement  la  conquête. 


Fig.  608    à  62 'j.  —  Vases   et    galets  de  quartz.  1  /  ]  grandeur  naturelle. 

Les  substances  les  plus  résistantes  ne  rebutaient  pas  les  ouvriers 
d'alors  ;  c'est  ainsi  que  nous  voyons  à  Négadah  le  quartz  prendre 
toutes  les  formes  (fig.  608  à  624)  depuis  celle  de  la  coupe  jusqu'à 
celle  de  la  bouteille  au  col  étroit. 

En  étudiant  avec  soin  les  vases  en  cristal  de  roche,  grâce  à  la 
transparence  de  cette  matière,  on  se  rend  aisément  compte  des 
moyens  employés  par  les  ouvriers.  Pour  donner  à  l'extérieur  sa  forme 
définitive  on  faisait  tourner  le  bloc  à  façonner  entre  deux  pièces  de 
bois  garnies  de  sable  quartzeux;  pour  creuser  l'intérieur,  on  forait  un 
premier  trou  central  à  l'aide  d'un  bâton  et  de  sable,  puis,  afin  d'ob- 
tenir des  cavités  plus  larges  au  delà  du  col  du  vase,  l'ouvrier  em- 
ployait du  gros  sable  quartzeux  qu'il  faisait  tourner  à  L'intérieur  du 
vase  à  l'aide  d'un  simple  morceau  de  bois. 


180 


LE  TOMBEAU  ROYAL  DE  NÉGADAH 


Les  deux  mouvements  étaient  produits  séparément,  comme  le 
prouvent  les  épaisseurs  inégales  résultant  de  ce  que  les  deux  axes, 
intérieur  et  extérieur,  ne  correspondaient  pas. 

Ce  même  procédé  a  été  employé  pour  tous  les  vases  de  pierre;  les 
traces  sont  fort  visibles,  non  seulement  sur  les  objets  de  quartz,  mais 
aussi  sur  ceux  d'obsidienne  (fig.  625  à  627)  et  sur  les  perles  de  cor- 
naline qui  parfois  abondent  dans  certaines  tombes  archaïques. 


Fig.   625  à  627.  —  Vases  en  obsidienne.  2/3  grandeur  naturelle. 


La  forme  la  plus  simple  des  vases,  après  l'écuelle  et  la  coupe,  est 
le  cylindre  ;  il  était  obtenu  par  les  mêmes  procédés  et  fait  générale- 
ment d'albâtre  (fig.  628  à  653)  ;  plus  rarement  on  en  rencontre  en 
pierre  dure  (fig.  654).  Ces  sortes  de  vases  étaient  ornés  d'un  large 
boid  et  généralement  aussi  d'une  cordelette  entourant  le  cylindre 
près  de  son  orifice.  Les  formes  en  sont  extrêmement  variées. 

A  Négadah,  je  n'ai  rencontré  que  des  vases  cylindriques  entière- 
ment terminés  à  l'extérieur  comme  à  l'intérieur.  Ces  vases  étaient 
destinés  à  l'usage.  A  'Om  el-Gaab  (Abydos),  au  contraire,  la  plupart 
de  ces  cylindres  étaient  simplement  achevés  à  l'extérieur,  l'intérieur 
demeurant  plein.  Ils  jouaient  alors  dans  le  tombeau  un  rôle  pure- 
ment conventionnel.  Il  est  à  remarquer  que  les  sépultures  qui  les 
renfermaient  paraissent,  par  l'ensemble  de  leur  mobilier  funéraire, 
être  postérieures  au  tombeau  de  Négadah.  Déjà  l'usage  des  offrandes 
prenait  ce  caractère  fictif  que  nous  lui  connaissons  pendant  toute  la 
période  pharaonique  proprement  dite.  Aux  vases  pleins  des  produits 
de  la  terre  succédaient  les  ébauches  de  ces  vases,  probablement 
garnies  à  leur  partie  supérieure  de  quelques  graines  donnant  l'illu- 


i  E  TOMBEAU  ROYAL  DE  NÉGADAH 


181 


sion  des  provisions  <(iii,  réellement,  eussent  dû  être  déposées  dans 
le  tombeau.  Plus  tard  cette  supercherie  ne  suffira  plus  el  les  of- 
frandes elles-mêmes,  telles  que  les  canards,  les  oies,  les  fruits,  se- 
ront sculptées  <  >  1 1  simplement  inscrites  sur  les  parois  des  tombeaux. 
Les  vases  cylindriques  d'albâtre  sont  semblables  à  ceux  de  terre 
grise  qui  abondent  dans  les  tombes  des  gens  du  peuple.  Ces  deux 
catégories  de  récipients  correspondaient  aux  mêmes  besoins;  mais 
chez  les  riches  ils  étaient  faits  de  pierre  plus  ou  moins  précieuse, 
tandis  que  les  pauvres  les  fabriquaient  en  argile. 


Fig.  628  à  653. —  Vase  de  calcile  rubanée  (albâtre  d'Egypte).  —  Fig.  62g  à  ( > /| 7 .  Sections 
de  bords  de  vases  en  calcite  rubanée.  —  Fig.  64S  à  653.  Ornements  des  mêmes 
vases.  i/'|  grandeur  naturelle. 


Les  plus  remarquables  des  vases  de  ces  époques  sont  ceux  que  je 
désignerai  sous  le  nom  de  vases  globulaires.  Ils  présentent  la  forme 
d'une  sphère  aplatie,  sont  généralement  munis  d'un  fond  plat;  leur 
ouverture  large  est  ornée  d'un  bord  très  écrasé.  Ils  portent  deux 
petites  anses  cylindriques  (fig.  (>.V>  à  660). 


182 


LE  TOMBEAU  ROYAL  DE  NEGADAII 


De  même  que  les  vases  cylindriques  de  pierre  ne  sont  que  la  copie 
des  vases  de  terre  semblables,  de  même  les  vases  globulaires  sont 


Fig.  654. —  Vase  cylindrique  en  diabase   ophitique.   r/3  grandeur  naturelle 


Fig.  655  à  656.  —  Vases  globulaires  en  roches  dures.  —  655,  roche  indéterminable 
par  suite  des  altérations  causées  par  la  chaleur1.  —  656,  roche  porphyrique  très 
altérée.  i/3   grandeur  naturelle. 

semblables  à  ceux  des  indigènes  sur  lesquels,  dans  la  plupart  des 
cas,  on  recontre  des  peintures.  Nous  savons  que  le  type  céramique 


i.  Le  tombeau  royal  renfermait  quatre  autres  vases  de  celte  forme,  eu  porphyre 
et  en  roches  qu'il  n'a  pas  été  possible  de  déterminer  par  suite  des  altérations  causées 
par  la  chaleur. 


LE  TOMBEAU  ROYAL   DE  NÉGADAH  lg  ; 

est  plus  ancien  que  le  type  lapidaire.  <  lette  forme  fut  donc  empruntée 
aux  indigènes  par  les  conquérants.  Elle  se  continue  avec  quelques 

modifications  au  travers  des  siècles  ;  nous  en  connaissons  du  Moyen 
comme  du  Nouvel  Empire  ;  mais  la  plupart  do  ceux  que  nous  doê 
dons  dans  les  musées  doivent  être  attribués  aux  premiers  temps  de 
l'Ancien  Empire  ;  le  fait  est  aujourd'hui  hors  de  doute. 


< 


■c" 


Fig.  607.  —  Vase  globulaire  en  porphyre.    ij\  grandeur  naturelle. 

A  Gebel  Tarif,  en  1896,  il  a  été  trouvé  un  vase  de  ce  groupe  dont 
les  anses  sont  ornées  d'or.  D'autres  portent  des  anneaux  de  cuivre, 
de  telle  sorte  que,  même  avant  les  découvertes  de  Négadah,  il  était 


658 


Fig.  658  à  66o.  —  Vases.  —  658,  porphyre   altéré.  —  65g,  poterie  siliceuse  vitrifiée. 
—  66o,  diorite.   i/4  grandeur  naturelle. 


possible  d'assigner  à  ces  objets  la  date  qui  leur  appartient.  Les  silex 
taillés  et  l'ensemble  du  mobillier  funéraire  qui  les  accompagnaient 
dans  les  tombes  ne  pouvant  laisser  subsister  aucun  doute  sur  leur 
très  haute  antiquité. 

Le  tombeau  royal  de  Négadah  renfermait  trois  petits  vas- 
géobertite  (fig.  661  à  663)  qui  doivent  aussi  être  rangés  dans  cette 
catégorie  ;  bien  qu'ils  soient  plus  élancés  et  qu'ils  se  rapprochent 
plus  des  formes  postérieures,  les  inscriptions  que  portent  ces  petits 
vases  prouvent  qu'ils  sont  contemporains  des  autres  objets  du  mo- 
nument. 

Les  plus   intéressants   dans   la  classe  des  vases  globulaires  sont 
sans  contredit  ceux  qui    sont  ornes  de  côtes    fig.  664   et  665  .  car 


184  LE  TOMBEAU  ROYAL  DE  NÉGADAH 

ils  n'ont  pu  être  faits  au  tour  et  le  travail  en  est  d'une  régu- 
larité mathématique.  On  s'explique  difficilement  comment,  sculptant 
une  roche  aussi  dure  qu'est  le  porphyre  pétro-siliceux,  les  artistes 
de  ces  époques  si  lointaines,  privés  des  moyens  mécaniques  puis- 
sants dont  nous  disposons  aujourd'hui,  purent  couper  la  pierre  avec 

662  G63 


Fig.  6!3i  à  663.  —  Vases  en   géobertite.  a/3  grandeur  naturelle. 


Fig.   664.  —  Vase  en   porphyre   pétro-siliceux   avec    quartz  globulaire.   i/4   grandeur 

naturelle. 


Fig.  665.  —  Vase  en  calcaire  rose  veiné  de  blanc.  2/3  grandeur  naturelle. 

une  précision  aussi  parfaite  sans  émousser  les  angles,  sans  faire  la 
moindre  faute.  L'épure  seule  d'un  de  ces  vases  est  déjà  une  œuvre 
délicate  dénotant  des  études  artistiques  très  avancées.  Les  formes 
sont  souples  et  élégantes,  les  diverses  parties  du  vase,  la  gros- 
seur des  côtes,  la  proportion  des  parties  lisses,  la  forme  et  la  posi- 


LE  TOMBEAU  ROYAL  DE  NÉGADAH  185 

tion  des  anses,  les  dimensions  du  fond  sonl  calculées  avec  un  tel 
soin  que,  de  nos  jours  encore,  il  sérail  bien  difficile  d  obtenir  un 
ensemble  plus  parfait. 

Ces  vases  sont,  d'ailleurs,  beaucoup  plus  rares  que  les  autres;  le 
tombeau  royal  de  Négadah  n'en  avail  jamais  renfermé  plus  de  cinq 
ou  six  ;  les  sépultures  d'Om  el-Gaab  en  contenaient  aussi  ;  mais, dans 
les  nécropoles  où  furent  ensevelis  les  particuliers,  ces  sortes  de 
vases  sonl  presque  introuvables. 

Parmi  les  formes  les  plus  singulières  du  monument  de  Négadah, 
je  dois  encore  citer  des  vases  (iig.  G67)  ornés  de  deux  côtes  aiguës 


Fig.  6G7.  —  Vase  en  poterie  vitrifiée  par  l'incendie.   i/3  grandeur  naturelle. 

et  faits  de  terre.  Ils  ont  été  vitrifiés  et  fondus  à  tel  point  par  l'in- 
cendie qu'rt  priori  j'avais  pensé  qu'ils  avaient  été  taillés  dans  une 
roche  dure  siliceuse.  L'examen  au  microscope  de  leur  composition 
m'a  seul  fait  revenir  de  cette  erreur.  Cette  forme,  que  nous  ne  con- 
naissons pas  dans  la  poterie  des  indigènes,  n'existe  pas  non  plus 
clans  la  céramique  postérieure  aux  premières  dynasties;  elle  semble 
être  spéciale  aux  débuts  de  la  civilisation  égyptienne. 

Avant  que  d'en  terminer  avec  la   description  des  vases  qui  m  ont 
été  livrés  par  la  fouille  du   tombeau    royal  de  Négadah.  je  dois  citer 


186 


LE  TOMBEAU  ROYAL  DE  NÉGADAH 


une  série  de  petits  pots  d'ivoire  (Ci g.  668  à  678)  qui  malheureuse- 
ment ont  été  brisés  et  déformés  par  la  chaleur.  Ces  objets  sont 
d'une  extrême  délicatesse.  Beaucoup  de  ces  vases  étaient  cylindri- 
ques (fîg.  668  à  671);  ils  présentent  alors  en  réduction  les  formes  et 
les  ornements  des  vases  cylindriques  d'albâtre  ou  de  terre  cuite. 
D'autres  (fig.  672à  678)  étaient  renflés  en  leur  milieu.  Quant  àl'usage 
auquel  ils  étaient  destinés,  il  est  fort  difficile  de  se  prononcer.  Leur 
petitesse  ne  permet  que  de  les  attribuer  à  la  toilette  ;  ils  contenaient 
probablement  des  kohls,  des  pommades  ou  des  parfums. 


668  a 


668  b        669  a        669  6    671  a     671  b 


673  b    673  a 


%  I  ma 


674  b       674  a 


670  a   670  6 
675  a 


675  6      675 


676  b  676  a  677  678  a      678  6 

Fig.  668  à  678.  —  Fragments  de  vases  en  ivoire.    1/2  grandeur  naturelle. 

Dans  les  fouilles  d'Abydos,  M.  E.  Amélineau  a  rencontré  quelques- 
uns  de  ces  petits  vases  d'ivoire  entiers  et  en  bon  état  de  conserva- 
tion. Je  crois  qu'ils  ne  renfermaient  rien. 

Parmi  les  nombreux  morceaux  d'albâtre  demi-calcinés  et  réduits  en 
chaux  que  les  fouilles  m'ont  fournis,  j'ai  rencontré  trois  fragments 
d'un  support  de  vases  qui  fort  heureusement  m'ont  permis  de  re- 
constituer l'objet  en  entier  (fig.  679).  Ce  support,  formé  d'un  tronc 
de  cône,  était  percé  de  trous  triangulaires  sur  tout  son  pourtour  et 
en  tout  semblable  à  ceux,  faits  de  terre  cuite,  que  nous  rencontrons 
dans  les  tombes  de  l'Ancien  Empire. 


Li:  TOMIJKAl'    KOYAL    !)!■:   NK(,AI)A1I 


187 


Un  autre  fragment  de  la  même  matière  avait  appartenu  à  une  table 
d'offrandes.  J'ai  reconstitué  le  monument  complet  (fig.  680)  d'après 


\\\  7/7  / 


•W 


Fig.  679.  —  Support  de  vase  en  calcite  rubanée.  x/4  grandeur  naturelle. 


Fig.  680.  — Table  d'offrandes  en  calcite  rubanée.  r/8  grandeur  naturelle. 


681  a  681  b 

Fig.  681.  —  Cône  en  diabase  ophitique.  2/3  grandeur  naturelle. 


Fig.  682.  —  Mortier  en  porphyre  altéré.  2/3    grandeur  naturelle. 

des  objets  semblables  trouvés  dans  des  sépultures  particulières  ap- 
partenant à  la  même  époque. 


188 


LE  TOMBEAU  ROYAL  DE  NEGADAH 


Enfin  je  citerai  un  cône  (fîg.  681)  et  une  sorte  de  mortier  (fig.  682) 
dont  l'usage  m'est  inconnu  et  qui  gisaient  également  au  milieu  des 
cendres  et  des  scories  du  tombeau. 

Meules.  —  Nous  avons  vu  que  les  grandes  jarres  renfermaient  du 
blé  et  de  l'orge;  l'existence  des  céréales  nous  est  encore  prouvée 
par  la  présence  de  meules  destinées  à  les  écraser.  Ces  meules 
(fig.  683  et  684)  sont  analogues  à  celles  que  nous  voyons  représen- 
tées sur  les  mastabas  et  que  fournissent  certaines  figurines  de  l'An- 
cien Empire.  Elles  se  composent  d'une  pierre  elliptique  formant 
mortier,  creusée  en  son  milieu,  et  d'une  meule  à  main,  elle  aussi 
elliptique,  mais  plus  petite  et  destinée  à  être  mue  sur  la  plus  grande. 
Ces  sortes  de  meules  sont  encore  d'un  usage  courant  chez  les  Barba- 
rins  d'Assouan  et  de  la  Nubie. 


Fig.  683.  —  Moulin   à  bras  en  grès  jaune.  2/9  grandeur  naturelle. 


7C 


■■y. 


Blessa 

Fig,  684-  —  Mortier  (?)   en  granit.  2/3  grandeur  naturelle. 

Meubles.  —  Si  nous  en  jugeons  par  les  fragments  qui,  malgré 
l'incendie  du  tombeau,  sont  parvenus  jusqu'à  nous,  les  meubles 
étaient  très  nombreux;  quant  à  leur  travail,  il  surpasse  tout  ce  qu'il 
était  possible  d'imaginer  pour  une  époque  en  apparence  encore  aussi 
barbare.  Les  pieds  de  coffrets  d'ivoire,  entre  autre,  sont  des  plus  re- 
marquables. Chaque  eolTret  en  portait  quatre   figurant  deux   à  deux 


LE  T0MBEA1     ROYAL  DE  NÉGADAH 


189 


les  pieds  de  devant  (fig.  686  H  de  derrière  685)  d'un  taureau.  J'ai  eu 
l'heureuse  chance  d'en  trouver  une  paire  complète  appartenanl  au 
môme,  meuble.  Bien  qu'ayanl  été  calcinés  ils  sonl  demeurés  intacts 
et  portent  encore  les  tenons  qui  les  fixaientau  corps  du  coffret.  L'ar- 

S^illl  iïïïl  !'i  i 


c^ 


J 


685  a  685  b  686  a  686  b 

Fig.  685  et  (386. —  Pieds  de  meuble  en  ivoire.  Grandeur  naturelle. 


Fig.  687.  —  Pied  de  meuble  en  ivoire.  Grandeur  naturelle. 
Fig.  688.  —  Fragment  de    pied  de  meuble  en  ivoire.  2   3  grandeur  naturelle. 

tiste  qui  les  sculpta  a  fait  preuve  d'une  grande  habileté,  car  les  pro- 
portions et  la  sincérité  des  moindres  détails  sont  frappantes. 

Un  autre  pied  de  derrière  (fig.  687)  entier  lui  aussi,  est  extrême- 


190 


LE  TOMBEAU   KOYAL  DE  NEGADAH 


ment  curieux  par  la  proéminence  intentionnellement  marquée  des 
veines;  il  rappelle  la  manière  dont  les  sculpteurs  ninivites  représen- 
tèrent les  pieds  des  taureaux  ailés  et  à  face  humaine  de  Korsabad, 

Nous  ne  possédons  que  des  débris  d'un  quatrième  pied  d'ivoire 
semblable  au  précédent  mais  beaucoup  plus  grand  (iig.  688).  J'ai  re- 
constitué le  peu  qui  en  reste  en  recollant  plus  de  vingt  morceaux 
différents.  Ce  travail  m'a  permis  de  me  rendre  compte  de  la  taille  de 
ce  morceau  d'ivoire  ;  il  était  semblable  à  ceux  que  M.  Amélineau  a 
trouvés  à  'Om  el-Gaab  et  que,  malheureusement,  il  n'a  pas  encore 
publiés. 


689  a 


690  a 


<^>, 


690  b 


692  b 


Fig.  68g  à  (192.  —  Fragmentsde  meubles  en  ivoire.  1/2  grandeur  naturelle. 


La  technique  de  ces  sculptures  est  du  plus  haut  intérêt  en  ce  qui 
concerne  les  origines  des  arts  pharaoniques;  nous  y  retrouvons  des 
traces  indéniables  d'une  parenté  étroite  entre  la  civilisation  des  pre- 
miers Egyptiens  et  celle  de  l'Assyrie.  Plus  tard,  dans  l'art  pharao- 
nique des  époques  postérieures,  ces  caractères  se  perdent,  mais 
c'est  surtout  dans  les  œuvres  archaïques  qu'il  convient  de  faire  des 
rapprochements. 

D'autres  fragments  de  meubles  en  ivoire  (fig.  689  à  692)  sont 
moins  artistiques,  leur  usage  ne  saurait  être  défini  d'une  manière 
précise.  Ce  sont  des  disques  d'ivoire  et  des  dés  qui  peuvent  aussi 
bien  avoir  été  employés  comme  pommeaux  que  comme  pieds  de  cof- 
frets ou  de  meubles. 

Les  meubles  et  les  coffrets  étaient  en  ivoire  (fig.  693  à  695),  en  bois 


LIS  TOMBEAU   KOYAI.   DE  NEGADAH 


ru 


du  pays  et  en  ébène1  (fi^>\  696  el  697).  Parmi  les  nombreux  fragments 
de  charbon  qui  se  trouvaieni  dans  I»'  tombeau,  j'en  ;ii  rencontré  un 


693  694  695 

Fig.   69S  à  695.  —  Fragments  d'un  coffret  en  ivoire.  1/2  grandeur  naturelle. 

696 


Fig.  696  et  697.  —  Fragments  d'un  meuble  en   ébène.  1/2  grandeur  naturelle. 

grand  nombre  présentant  encore  la  forme  de  planchettes  portant  des 
mortaises  ou  des  tenons.  Mais  ces  débris  n'ont  pu  être  conservés.  Les 


I.  On  sait  qu'une  espèce  appartenant  à  la  famille  des  légumineuses,  le  Dalbergia  Me- 
lanoxylon,  indigène  de  l'Afrique,  fournit  un  bois  d'ébène  de  très  bonne  qualité.  «  Dans 
le  bassin  du  Nil,  d'après  le  Dl*  G.  Schweinfurth  (Pflanzengeographische  Skizze  des  Ge- 
sammten  Nil-Gebiets...  in  Peterman  s  Mittheilungen,  1868,  p.  62),  il  compte  parmi  les 
espèces  importantes  de  la  région  des  forêts  (Waldgebiet),  limitée  au  nord  par  un 
angle  rentrant  dont  le  sommet  serait  à  Gondokoro  et  dont  les  deux  côtés  aboutiraient 
l'un  au  nord-ouest  à  El-Obeid,  l'autre  au  nord-est  à  Massaoua.  Il  est  bien  permis  de 
supposer  que  c'est  ce  même  ébénier  qui  jadis  se  rencontrait  en  abondance  dans  1  île  de 
Meroe  (Strabon)  et  pouvait  se  rencontrer  quoique  rarement  jusqu'à  Svène  (Pline)  » 
(Dr  G.  Beauvisage,  Recherches  .sur  les  bois  pharaonique*.  II.  Le  bois  d'ébène  ds. 
Recueil  des  travaux,  etc...,  vol.  XIX,  p.  17).  Cette  espèce  semble  être  celle  que  les 
Eyptiens  nommaient  Habni  (ïoîvo;,  ebenus,  ébène). 


192 


LE  TOMBEAU  ROYAL  DE  NEGADAH 


meubles  étaient  donc  fort  nombreux  dans  cette  sépulture  ;  quant  à 
leur  forme  générale  nous  n'en  connaissons  rien,  les  vestiges  qui 
sont  parvenus  jusqu'à  nous  étant  trop  fragmentés  pour  qu'il  soit  pos- 
sible de  tenter  une  reconstitution. 

Objets  d'art.  —  Je  désigne  sous  ce  nom  une  série  de  sculptures 
qui  ne  semblent  pas  avoir  appartenu  à  des  meubles.  Ce  sont  des  figu- 
rines d'ivoire,  de  quartz  ou  de  serpentine  représentant  des  animaux, 
des  hommes  ou  des  fruits,  objets  dont  la  présence  ne  s'explique 
guère  dans  une  sépulture,  car  ils  ne  semblent  pas  avoir  été  destinés 
à  rappeler  au  mort  dans  l'autre  vie  les  principaux  actes  de  son  exis- 
tence terrestre,  comme  les  Egyptiens  des  époques  postérieures 
avaient  coutume  de  le  faire  dans  leurs  tombeaux.  Ces  figurines  font 
plutôt  penser  à  des  jouets  d'enfants  ou  aux  statuettes  d'ivoire  que  les 
Japonais  sculptent  en  si  grande  quantité  pour  l'ornement  des  salons 
de  l'Europe. 

698  a  698  6 


699  a  699  6 

Fig.  698  et  699.  —    Figurines  d'ivoire  représentant    une    chienne  et  un  lion.  Grandeur 

naturelle. 


La  figure  698  représente  la  figurine  d'ivoire  d'une  chienne  couchée 
sur  le  ventre,  les  pattes  de  devant  allongées,  les  membres  posté- 
rieurs repliés  sous  le  corps  ;  la  queue  est  relevée  sur  le  dos,  le  cou 
est  entouré  d'un  collier.  Le  tombeau  royal  de  Négadah  contenait  au 
moins  quatre  statuettes  semblables. 

La  figure  699  est  l'image  d'un  lion  également  en  ivoire;  la  position 
de  l'animal  est  la  même  que  dans  les  figurines  représentant  des 
chiennes. 


LE  TOMBEAU   ROYAL  DE  NÉGADAH 

J'ai  égalemenl  rencontré  une  statuetette  de  lion  en  cristal  de  roche 
(fig.  700)  plus  grossièremenl  sculptée  à  eau-.'  de  la  grande  dureté  de 
la  matière,  mais  présentanl  les  mêmes  formes  <-t  la  môme  position.  Ce 


Fig.  700.  —  Figurine  de  cristal  de  roche  représentant  un  lionceau.  Grandeur  naturelle. 

quartz  renferme  des  inclusions  de  tourmaline  (?)  en  aiguilles  très 
fines,  surtout  abondantes  dans  la  partie  du  bloc  dont  le  sculpteur  a 
façonné  la  tète  de  l'animal. 


'09 


Fig.  701  à  7  [3.  —  Figurines  d'ivoire  représentant  des  poissons.  1/2  grandeur  naturelle. 

Les  lions  d'ivoire  sont,  si  nous  en  jugeons  par  la  grosseur  de  la 
tète,  des  animaux  adultes,  tandis  que  la  statuette  de  quartz  ligure  un 
lionceau.  Ces  sculptures  sont  fort  remarquables  par  leur  exécution,, 

13 


194  LE  TOMBEAU  ROYAL  DE  NÉGADAH 

elles  clénolent  une  observation  très  attentive  de  la  nature  et,  de  même 
que  les  pieds  de  meubles  en  ivoire,  elles  présentent  des  analogies 
frappantes  avec  Les  représentations  du  Jmême  genre  provenant  de  la 
Ghaldée.  Les  lombes  d'Abydos  en  renfermaient  également,  et  l'on 
peut  voir  dans  les  collections  rapportées  par  M.E.  Amélineau  un  lion 
d'ivoire  semblable  à  celui  du  tombeau  de  Négadalî. 

Les  poissons  étaient  largement  représentés  dans  le  mobilier  funé- 
raire du  roi  de  Négadah;  ils  appartenaient  peut-être  à  un  collier,  car 
chacun  d'eux  porte  à  la  bouche  un  trou  de  suspension.  Ces  figurines 
d'ivoire  (fig.  701  à  713)  sont  d'une  exécution  très  remarquable,  les 
diverses  parties  de  l'animal  sont  reproduites  avec  une  telle  fidélité 
qu'il  est  aisé  de  retrouver  le  nom  de  chacun  des  poissons  qui  a  été 


716 


r'n-    7l-'l-  —  Figurine    eu   roche   vitreuse  verdàtre  tachetée    de  blanc  représentant    le 

fruit  d'un   palmiste  indéterminé,  i/o  grandeur  naturelle. 

Fig.  715  à   717.  —  Fragments  d'une  statuette  articulée  en   ivoire.  3/4  grandeur 

naturelle. 

pris  pour  modèle.  L'usage  de  représenter  les  poissons  ne  s'est  pas 
perdu  dans  les  âges  postérieurs,  car  nous  voyons  au  Musée  de  Gizeh 
plusieurs  figurines  de  ce  genre  en  pierre  verte  provenant  de  San-el- 
llagar  et  remontant  à  l'époque  des  dynasties  saïtes.  Mais  alors  les 
poissons  de  pierre  étaient  des  offrandes  ou  des  ex-voto,  tandis  que 
ceux  de  Négadah  faisaient  probablement  partie  d'un  bijou. 

Je  citerai  encore  parmi  les  objets  d'art  que  renfermait  le  tombeau 
royal  le  fruit  d'un  palmisle  indéterminé  (fig.  714)  fait  d'une  roche 
vitreuse  dont  la  pâte  verte  est  mouchetée  de  blanc  (ce  fruit  ne  peul 
être  confondu  avec  celui  du  palmier  Doum  qui  est  bien  moins  allongé), 


LE  TOMBEAU   ROYAL   DE  NEGADAH 


el  des  fragments  de  statuettes  en  ivoire  [Gg.  715  .1  720  représentant 
des  êtres  humains.  Malheureusement  l'état  dans  lequel  se  trouvent 
ces  petits  objets  ne  permel  pas  de  les  reconstituer. 

Comme  on  le  voit,  dès  cette  époque  reculée,  la  sculpture  jouait  un 
très  grand  rôle  dan--  les  arts.  Elle  esl  très  développée  el  ses  produc- 
tions ne   ressemblent  en  rien  aux  timide  -  dont  non-,  avons 


-. 


ni 


7  -  719  ~Zîb 

Fi.:.  718  à  73'.»..  —  Objets  divers.  —  718,  719  et  720,  fragments  de  statuettes  en  ivoire. 

—  721.  725,  728  et  729,  perles  d'agathe   et  de   cornaline.  —  703,  bouton  de  cuivre. 

—  73o,  perle  de  cuivre.  —  -12,  ■ji'\,  726,  727  et  731,  perles  en  pâte  émaillée  bleue. 

—  732,  plaquettes  d'ivoire  d'hippopo'arae.  11/12  grandeur  naturelle. 

constaté  l'existence  chez  les  indigènes.   La  sculpture  pharaonique, 

dès  son  début,  présente  des  qualités  d'observation  et  de  rendu  qui 
ne  peuvent  découler  des  efforts  naïfs  qui  l'ont  précédée  sur  le  sol 
égyptien.  C'est  ailleurs  que  dans  la  vallée  du  Nil  que  nous  devons 
aller  chercher  les  origines  de  cet  art  et,  sur  ce  point  encore,  nous 
constatons  une  influence  asiatique  très  prononcée. 


Bijoux.  —  La  bijouterie  de  cette  époque  semble  avoir  été  encore 
très  rudimentaire ;  car,  bien  que  la  sépulture  royale  de  Négadah  n'eût 
p  1-  été  spoliée,  les  scories  ne  dénotent  pas  que  les  métaux  précieux 
y  fussent  en  quantité  importante:  c'est  à  peine  si.  en  dehors  d'une 
grosse  perle  d'or  dont  je  parlerai  plus  loin,  quelques  grenailles  im- 


196 


LE  TOMBEAU  ROYAL  DE  NÉGADAH 


perceptibles  d'or  se  trouvaient  clans  les  cendres.  Par  contre,  j'ai  ren- 
contré une  grande  quantité  de  perles  de  pâte  vernissée,  les  unes  faisant 
partie  de  réseaux  (fig.  722  et  724),  les  autres  ayant  été  probablement 
employées  dans  des  colliers  (fig.  726,  727  et  731),  des  perles  de  cor- 
naline (fig.  721,  725,  728  et  729),  une  perle  de  cuivre  (fig.  730),  un 
bouton  de  même  métal  (fig.  723),  et  de  petites  pendeloques  d'ivoire 
d'hippopotame  (fig.  732)  qui  probablement,  autrefois,  ornaient  un 
collier. 

Les  perles  de  pâte  vernissée  sont  bleues  et  en  tout  semblables  à 
celles  des  temps  postérieurs.  Elles  ne  se  rencontrent  jamais  dans  les 


734 


Fig.  733  à  7^3.  —  Fragments  d'anneaux  et  de  bracelets.  —  733,  736,  736,  737,  739, 
-\),  ivoire.  —  73^  et  742,  écaille  de  tortue.  —  738  et  "j\1,  nacre.  2  3  grandeur 
naturelle. 

sépultures  néolithiques  et  n'apparaisssent  qu'en  même  temps  que  les 
métaux.  L'art  de  l'émailleur  était  encore  dans  l'enfance,  lors  de  la 
construction  du  monument  de  Négadah;  peu  de  temps  après  il  s'était 
développé  au  point  de  produire  des  vases  émaillés  d'assez  grandes 
dimensions  '.  Quant  à  l'origine  des  poteries  vernissées,  je  ne  la  crois 
pas  africaine,  m'appuyant  sur  ce  fait,  entre  autres,  que,  dans  un  dolmen 


1.  Fouilles  de  1897  à  'Om-el-Gaab. 


LE  TOMBEAU  ROYAL  DE  NEGADAH 


!•; 


très  ancien,  j'ai  trouvé  dans  Le  nord  de  la  Perse  un  vase  en  terre 
émailléc. 

Les  bracelets  étaient  nombreux  dans  le  monument.  J'en  ai  retrouvé 
un  grand  nombre  de  fragments  fig.  733  à  742);  ils  étaient  en  uacre, 
en  ivoire  et  en  écaille  de  tortue,  aussi  devons-nous  penser  que  la 
plupart  ont  été  détruits  par  l'incendie.  Les  bagues  (fig.  743)  étaient 
plus  rares.  Je  n'en  ai  rencontré  qu'un  fragment. 

Le  seul  bijou  réellement  précieux  du  tombeau  estime  longue  perle 
d'or  (fig,  744)  ornée  d'une  spirale;  elle  ne  porte  aucune  trace  de  sou- 


Fig.  "W-  — Perle  d'or.  Grandeur  naturelle. 

dure  et  semble  avoir  été  découpée  en  pleine  pièce.  L'or  est  fort  rare 
dans  les  sépultures  de  cette  époque.  Il  en  a  été  rencontré  à  Abydos 
et  a  Gébel-Tarif.  La  soudure  ne  semble  pas  avoir  été  connue,  cardans 
une  garniture  de  couteau  de  silex  de  Gébel-Tarif,  les  deux  feuilles 
d'or  sont  cousues  entre  elles  comme  le  serait  une  étoffe  ou  du  cuir,  à 


Fii 


\'t  à  jôô.   —  Fragments  d'ivoire,  a/3  grandeur  naturelle. 


l'aide  d'un  fil  métallique  passé  dans  des  œillets.  Quant  au  métal  lui- 
même,  il  est  toujours  très  impur  et  mélangé  d'argent.  Les  fondeurs 
de  cette  époque,  ne  connaissant  pas  encore  les  procédés  d'affinage, 


m 


LE  TOMBEAU  ROYAL  DE  NKGÀDAH 


employaient  l'or  tel  qu'il  était  fourni  par  la  nature,  c'est-à-dire  à  l'état 
d'électrum. 

En  dehors  des  objets  que  je  viens  de  citer,  le  tombeau  renfermait 
encore  un  grand  nombre  de  fragments  (fig.  745  cà  760),  ou  de  petits 
objets  dont  l'usage  m'est  inconnu.  Ils  sont  en  ivoire,  en  os,  en  corne, 


7bG 


Fig.  706  à  769.  —  Instruments    d'ivoire.  —   Fig.  760,  corne    de    gazelle.   —  Fig.   76^ 
os  de  poisson.    1/2  grandeur  naturelle. 


Fig.  762  à  7G6.  —  Fragments  de  bois.   1/2  grandeur  naturelle. 


en  bois  quelquefois  garni  de  fils  de  cuivre.  Je  ne  les  cite  que  pour 
rendre  absolument  complète  la  description  du  mobilier  que  renfer- 
mait le  monument  royal  de  Négadah. 

En  parlant  des  usages  des  indigènes,  au  chapitre  qui  précède,  j'ai 


IL  H (MBEAU  ROYAL  DE  NÉGADAH 


]  19 


émis  l'opinion  d'après  laquelle  les  figurines  animales  en  stéatoschi 
ne  seraient  autres  que  des  amulettes  funéraires  ou  des  représenta- 
tions ayant  trait  aux  croyances  religieuses.  Je  ne  puis  donner  cette 
explication  relativement  aux  plaques  de  la  môme  roche  dont  j'ai 
trouvé  bon  nombre  dans  la  tombe  royale  de  Négadah.  Ces  plaques 
(fio-,  7G7  et  7G8)  sont  rectangulaires  ou  carrées,  elles  portent  sur  les 


^ 


;(>7  et  768.  —  Plaques  de  stéatoschiste.   1   3  grandeur  naturelle. 


bords  deux  liimes  gravées  en  creux,  le  milieu  restant  entièrement 
lisse  et  sans  traces  de  dessins.  Ces  objets  atteignent  parfois  de 
grandes  dimensions.  J'en  ai  rencontré  de  0m,40  et  de  0m,45  de  côté. 
Toutes  avaient  été  brisées  par  le  feu,  quelques-unes  môme,  demi- 
fondues,  étaient  tordues.  Ce  sont  ces  modifications  qui  m'avaient 
induit  en  erreur  au  sujet  de  quelques  vases  de  pâte  siliceuse  fort 
maltraités  par  l'incendie. 

Pour  en  finir  avec  la  description  du  mobilier  royal  de  Négadah,  je 
parlerai  des  instruments  de  silex  taillés,  objets  très  caractéristiques 
de  ces  époques  primitives,  fort  nombreux  dans  la  tombe,  mais  qui, 
malheureusement,  sous  l'action  du  feu,  se  sont,  dans  la  plupart  des 
cas.  brisés  en  un  grand  nombre  de  fragments. 

Les  couteaux  (fig.  769)  sont  courbes,  pointus  à  l'extrémité,  obtus 
dans  la  partie  qui,  destinée  à  être  saisie  à  la  main,  était  recouverte  de 
peau  ou  d'étoffe  ;  leur  longueur  atteint  parfois  0m,30  et  0m,32,  leur 
épaisseur  ne  dépasse  jamais  0m,005  à  Om.OOO.  Les  éclats  sont  moins 


200 


LE  TOMBEAU  ROYAL  DE  NÉGADAH 


Fig.  7G9.  —  Couteau  de  silex.  2/3  grandeur  naturelle 


LE  TOMBEAU   KOYAL   DE  NEGADAH 


201 


réguliers  que  dans  certains  objets  que  je  considère  comme  anté- 
rieurs, et  qui  se  rencontrent  dans  les  sépultures  indigènes.  Mais 
l'ensemble  du  travail  esl  d'autanl  plus  remarquable  que  tous  les  cou- 
teaux du  tombeau  royal,  bien  que  ne  présentant  pus  exactement  les 
mêmes  dimensions,  offrent  toujours  les  mêmes  proportions  dans 
l'épaisseur,  la  largeur,  la  longueur,  el  dans  les  courbes  des  deux 
tranchants. 

I);ms  les  diverses  lombes  royales  de  Négadah  el  d"<  Mu  el-(  raab,  les 
types  des  couteaux  varient,  mais  il  est  à  remarquer  qu'une  même 
sépulture  renferme  toujours  des  objets  du  même  type.  Les  couteaux 
courbes  semblent  être  plus   anciens  que  ceux  munis  d'un  manche 


—  Instruments  de  silex  taillé.  3/3  grandeur  naturelle. 


découpé  dans  la  pierre.  Dans  tous  les  cas,  les  instruments  d'époque 
pharaonique  sont  bien  inférieurs,  comme  travail,  à  ceux  des  indigènes  ; 
les  éclats  sont  levés  avec  beaucoup  moins  de  régularité,  et  bien  que 
les  pièces  soient  fort  grandes,  il  est  aisé,  en  les  voyant,  de  prévoir  la 
fin  de  l'usage  de  la  pierre  taillée  en  Egypte. 

Les  autres  instruments   lîg.  770  el  777)  sont  de  formes  connues;  on 
en  rencontre  de  semblables,  non  seulement  dans  les  tombes  royales 
cFAbydos,   mais  aussi  dans  les  sépultures  contemporaines  des  pre- 
miers souverains  égyptiens.  Ce  sont  des  racloirs  de  formes  divers 
arrondis  ou  pointus. 

Tels  sont  les  résultats  fournis  par  la  fouille  du  tombeau  royal  de 


202 


LE  TOMBEAU  ROYAL  DE  NKGADAH 


Négadah.  J'ai  cru  devoir  entrer,  à  leur  sujet,  clans  beaucoup  de  détails, 
car  ce  monument,  le  plus  ancien  connu,  fournit  un  très  grand  nombre 
de  documents  sur  les  origines  égyptiennes.  Je  sortirais  du  cadre  que 
je  me  suis  tracé,  si  je  cherchais  à  établir  des  comparaisons  entre  les 
arts  et  les  industries  de  l'Egypte  à  cette  époque,  et  ceux  de  laChaldée 


Fig.  -j5  à  777.  —  Instruments  de  silex  taillé.  2/3  grandeur  naturelle. 


auxtemps  les  plus  reculés.  J'empiéterais  sur  les  travaux  de  MM.  Wie- 
demann  et  Jéquier.  Je  m'en  tiendrai  donc  à  l'exposé  que  je  viens  de 
donner,  m'en  rapportant  à  l'appréciation  de  mes  savants  collabora- 
teurs en  ce  qui  concerne  les  questions  rentrant  clans  leur  spécialité 
d'égvptologues. 


CHAPITRE  V 

Les  modes  d'ensevelissement  dans  la  nécropole 

de  Négadah 
et  la  question  de  l'origine  du  peuple  égyptien. 

PAR 

A.    WIEDEMANN 


La  coutume  la  plus  frappante  qui  nous  ait  été  révélée  par  les  ré- 
centes découvertes  dans  les  nécropoles  du  tvpe  de  celle  de  Néo-adàh 
est  la  manière  dont  les  hommes  de  cette  époque  ensevelissaient  leurs 
morts.  Les  fouilles  ont  démontré  qu'ils  employèrent  pour  cela  trois 
méthodes  différentes  :  ou  bien  la  tombe  ne  recevait  que  des  osse- 
ments disséminés  et  incomplets  du  cadavre,  ou  bien  le  squelette  y 
était  déposé  dans  une  position  qui  rappelle  celle  de  l'embryon,  ou 
bien  encore  le  mort  était  brûlé  dans  son  tombeau  monumental. 

Ces  trois  usages  sont  en  contradiction  formelle  avec  le  mode  d'en- 
sevelissement classique  des  Egyptiens,  le  seul  connu  jusqu'à  présent,. 
qui  s'étend  du  règne  de  Snéfrou,  au  commencement  de  la  IVe  dynas- 
tie, jusqu'au  temps  des  empereurs  romains.  Pendant  toute  cette  pé- 
riode, dont  la  durée  peut  être  évaluée  à  trois  mille  ans  pour  le  moins, 
on  s'efforçait  d'enterrer  le  mort  aussi  complet  que  possible,  en  le  pré- 
servant de  la  destruction  par  tous  les  moyens.  On  croyait  que  la 
conservation  perpétuelle,  ou  du  moins  de  très  longue  durée,  du  corps, 
était  nécessaire,  ou  en  tous  cas  d'une  grande  importance,  pour  la  con- 
tinuation de  l'existence  de  l'individu  humain.  On  citait  comme  le  pro- 
totype de  ce  traitement  des  morts  le  dieu  Osiris,  le  premier  roi  divin 
considéré  comme  absolument  anthropomorphe.  Après   avoir  régné 


204  LES  MODES  D'ENSEVELISSEMENT 

sur  l'Egypte,  il  avait  cl ù  mourir,  et  alors  ses  deux  sœurs,  Isis  et 
Nephthys,  lavaient  embaumé,  lui  avaient  donné  toutes  les  amulettes 
nécessaires  pour  le  sauvegarder  dans  l'autre  monde,  lui  avaient  ré- 
cité une  série  de  formules  magiques,  lui  assurant  par  ces  cérémonies 
la  vie  éternelle.  Celui  des  Egvptiens  qui,  après  sa  mort,  avait  le 
bonheur  d'être  traité  par  ses  survivants  comme  jadis  Osiris  l'avait 
été,  était  sûr  d'obtenir  un  sort  pareil  au  sien. 

Les  textes  faisant  allusion  à  ce  fait  affirment  maintes  fois,  avec 
une  grande  emphase,  que  pour  être  assuré  d'une  pareille  résurrection, 
il  était  absolument  nécessaire  que  le  mort  possédât  ses  chairs  et  ses 
os  au  complet. 

Il  est  vrai  qu'une  indication  pareille  ne  peut  pas  être  prise  au  pied 
de  la  lettre.  La  nature  primitive  des  moyens  dont  disposaient  les  an- 
ciens Egyptiens  et  le  climat  de  leur  pays  rendaient  matériellement 
impossible  la  conservation  d'un  cadavre  complet.  On  ne  pouvait  éviter, 
en  premier  lieu,  de  retirer  les  parties  intérieures  qui  se  seraient  per- 
dues sans  ressource  et  dont  la  décomposition  aurait  menacé  d'entraî- 
ner aussi  à  la  destruction  le  reste  du  corps.  Une  considération  ana- 
logue fit  paraître  utile  aussi  l'enlèvement  de  la  cervelle,  qu'on 
exécutait  en  pratiquant  dans  le  crâne  une  ouverture  du  côté  du  nez 
et  en  retirant  par  là  la  matière  molle.  En  général,  on  ne  se  débarras- 
sait pas  complètement  de  toutes  ces  parties  du  corps  :  on  les  enter- 
rait à  côté  du  mort  ou  on  les  remettait  dans  les  cavités  qu'elles  occu- 
paient après  les  avoir  cuites  dans  un  bain  d'asphalte,  avec  l'intention 
bien  marquée  de  maintenir  la  fiction  de  l'existence  perpétuelle  et 
intégrale  du  corps  du  défunt. 

C'est  en  conséquence  directe  de  cette  idée  qu'on  finit  par  envisager 
comme  un  crime  toute  lésion  du  corps.  Diodore  (I,  9i)  raconte  qu'en- 
core de  son  temps  le  paraschiste  qui  avait  à  ouvrir  le  cadavre  était 
poursuivi  après  son  opération  par  les  parents  du  mort,  qui  lui  jetaient 
des  pierres  et  lui  criaient  des  malédictions.  De  telles  opinions  ne 
peuvent  pas  avoir  prévalu  à  l'époque  des  tombeaux  du  type  de  Xéga- 
dah,  où  le  mort  était  privé  de  sa  peau  et  de  sa  chair,  et  même  sou- 
vent d'une  grande  partie  de  ses  os,  et  où  même  il  arrivait  qu'on  dé- 
truisit entièrement  le  cadavre  parle  feu. 

Avec  une  religion  aussi  conservatrice  et  dans  un  pays  tel  que  l'Egypte 
il  ne  parait  guère  admissible  que  le  souvenir  d'un  pareil  usage  ait 
entièrement  disparu  dans  les  temps  postérieurs,  surtout  lorsque  la 
coutume  en  avait  été  répandue  pendant  très  longtemps  et  dans  une 


DANS  LA  NÉCROPOLE  DE  NÉGADAH  205 

grande  partie  du  pays,  comme  c'est  ici  le  cas.  En  effet,  en  étudiant 
de  plus  près  une  série  de  textes  des  époques  bien  connues,  il  m'a 
paru  possible  de  constater  un  assez  grand  nombre  d'allusions  à  ces 
usages  dans  des  passages  de  l'Ancien,  comme  aussi  du  Moyen  el  du 
Nouvel  Empire.  Ce  sont  ces  phrases,  restées  inexpliquées  jusqu'à 
présent,  tant  qu'on  ne  connaissait  pas  les  faits  auxquels  il-  fonl  allu- 
sion, dontje  voudrais  parler  ici  en  premier  lieu.  Il  s'agit  donc  :  1°  de 
celles  qui  se  rapportent  à  un  démembrement  plus  ou  moins  complet 
du  cadavre;  2°  de  celles  qui  citent  l'incinération  comme  un  moyen 
de  parvenir  en  bon  état  dans  l'autre  monde. 

I.  Le  seul  texte  parvenu  jusqu'à  nous  qui  raconte  les  destinées 
d'Osiris  en  les  arrangeant  de  manière  à  en  former  une  sorte  de  bio- 
graphie, se  trouve  dans  le  traité  de  Plutarque  :  De  lside  cl  Osiride. 
Les  différents  points  que  cet  auteur  a  cru  bon  d'insérer  dans  sa  nar- 
ration se  retrouvent  presque  tous  dans  les  inscriptions  anciennes; 
mais  les  Égyptiens  eux-mêmes  ne  paraissent  jamais  avoir  fait  l'essai 
de  les  réunir  de  manière  à  en  combiner  un  mythe  complet,  et  ceci  pour 
une  bonne  raison  :  a  coté  des  données  dont  Plutarque,  ou  l'auteur 
qu'il  a  suivi,  a  tiré  profit,  les  inscriptions  en  contiennent  une  foule 
d'autres,  qui  souvent  les  contredisent  formellement;  môme  les  ren- 
seignements que  nous  trouvons  réunis  dans  son  traité  n'ont  pas  été 
pris  par  lui  dans  leur  forme  originale;  ils  ont  été  non  seulement  sé- 
parés de  leur  contexte,  mais  encore  dotés  d'une  tournure  tout  à 
fait  subjective,  de  manière  que  l'auteur  puisse  les  faire  rentrer 
dans  son  récit.  Une  pareille  manière  de  traiter  les  textes  était  abso- 
lument contraire  aux  habitudes  des  Égyptiens  qui  croyaient  à  la  vérité 
de  leurs  traditions  religieuses  et  qui  n'osaient  appuyer  sur  une  ver 
sion  au  détriment  d'une  autre  ;  c'est  ainsi,  sans  doute,  qu'ils  durent 
renoncer  à  doter  leur  Osiris  d'une  biographie. 

Un  de  ces  points  contradictoires  se  trouve  dans  Plutarque  au  cha- 
pitre xviii.  D'après  ce  passage,  Isis  aurait  mis  un  jour  de  coté  le  cer- 
cueil contenant  les  restes  mortels  d'Osiris;  Typhon,  chassant  au  clair 
de  la  lune,  trouva  la  caisse,  déchira  le  corps  en  quatorze  morceaux 
et  les  dispersa.  Isis  se  mit  à  les  chercher  et  les  retrouva,  en  effet, 
tous,  à  l'exception  du  phallus;  à  chaque  endroit  où  elle  trouva  un  des 
membres  de  son  mari,  elle  fonda  un  tombeau  d'Osiris.  Plutarque 
ajoute  que,  d'après  d'autres  témoignages,  le  grand  nombre  des  tom- 
beaux d'Osiris  était  à  expliquer  autrement  :  Isis  ayant  donne  aux  dif- 


206  LES  .MODES  D'ENSEVELISSEMENT 

férentes  villes  des  images  du  dieu,  on  y  aurait  enterré  ces   images 
et  mime  s'il  se  fût  agi  du  corps  d'Osiris  lui-même. 

Le  fait  sur  lequel  se  l'onde  le  récit  de  Plutarque,  le  grand  nombre 
de  sérapeums,  ou  tombeaux  d'Osiris  en  Egypte,  est  avéré  par  les 
textes;  l'explication  qu'il  en  donne  repose  sur  des  idées  grecques 
et  non  égyptiennes.  Les  sérapeums  ne  sont,  en  réalité,  ni  des  monu- 
ments commémoratifs,  ni  des  cénotaphes;  ils  contiennent  chacun  une 
relique  déterminée  d'Osiris,  l'un  sa  tète,  lès  autres  son  cœur,  sa 
jambe,  son  phallus,  etc.;  ces  partiesy  sont  toujours  restées,  et  elles 
n'ont  donc  pas  été  rassemblées  par  Isis.  Malgré  ce  démembrement, 
l'immortalité  d'Osiris  ne  fut  pas  mise  en  doute;  le  dieu  passait  pour 
un  dieu  existant  au  complet  dans  l'autre  inonde,  tant  dans  les  temples 
qui  conservaient  ses  reliques,  que  dans  le  reste  de  l'Egypte.  La  ré- 
partition de  ces  reliques  dans  les  différents  sérapeums  n'a  pas  été 
l'aile  d'une  manière  très  systématique  :  la  même  est  citée  comme  se 
trouvant  dans  différents  temples1,  singularité  d'où  ressort  le  fait 
que  la  doctrine  des  reliques  s'est  développée  spontanément  dans  les 
différents  endroits  et  n'a  pas  été  octroyée  aux  temples  d'Egypte  à  un 
moment  donné  par  une  école  théologique. 

11  semble  que  parfois  l'idée  d'un  démembrement  se  rattache  non  à 
Osiris,  mais  à  Horus,  qui  apparaît  assez  souvent  comme  une  sorte  de 
sosie  d'Osiris  D'après  les  Grecs2,  les  membres  d'IIorus  furent  par- 
tagés par  un  jugement  des  dieux  plus  anciens  entre  son  père  Osiris 
et  sa  mère  Isis.  Les  détails  donnés  sur  ce  jugement,  de  même  que  le 
récit  de  l'événement  lui-même,  semblent  avoir  leur  origine  dans  l'ima- 
gination grecque;  les  textes  égyptiens  ne  font  mention  que  d'Horus, 
«  qui  a  été  dépecé  et  sur  lequel  on  a  craché  3  ». 

i.  V.  Wiedemann, Herodots  Zweiles  Z?«c7/,p.584.  Une  allusion  à  ces  reliques  paraît  se 
trouver  dans  une  phrase  des  litanies  du  soleil  (éd.Naville,  pi.  XIII,  24,  XIX,  2S, XXXI, 
23,  XLYII,  42,  texte  p.  92),  qui  dit  du  roi  déifié  :  Son  âme  luit  à  la  place  où  Von  brûle  les 
offrandes  au-dessus  de  la  mâchoire  (jibksu;  ce  mot  signifiait  dans,  les  textes  des  pyra- 
mides, d'après  Maspero,  «  bracelet  », d'après  Sehaek,  Index,  p.  17,  aussi  anneaux  des. 
insectes    <7  Osiris  ». 

2.  Plutarque,  De  animae  procréai,  cap.  xxvir  ;  cf.  De  libidine,  G,  dansles  Fragmenta , 
édition  Dùlmer,  p.  ",.  et  De  Tside,  cap.  \x. 

3.  Pap.  Turin,  éd.  Pleytc,  pi.  i3i;  stèle  Metternich.  Cf.  Aeg.  Zeilschrift,  1876,  p.  80. 
Le  mol  pekes,  que  le  texte  donne  pour  celle  dernière  action,  semble  signifier  en  pre- 
mier lieu  «  rendre  humide  »;  de  là  vient  le  sens  «  oindre  »  les  cheveux  (Pyr.  de 
Pepi  II,  1.  n58;  cf.  Schack,  Index  zu  den  Pyramidentexten,  p.  roS)  et  d'autre  part  le 
sens  «  cracher  »sur  quelqu'un  en  signe  de  mépris  (cf.  Pap.  Brit.  Mus.,n°  10(88,  éd. 
Budge,  dans  Archaeologia,  LU,  p.  28,  1.  [6,22,  et  I.  2). 


DANS  LA   NE!  ;RI  IP(  >LE   DE   PŒGADAU 

La  relique  d'<  Isiris  la  plus  estimée  étail  sa  tête,  qu'on  conservait  à 
Abydos,  clans  un  des  centres  delà  civilisation  en  question.  Du  nez  de 
celle  le  le  sortit  l<i  scarabée,  symbole  de  La  résurrection  du  soleil,  et  de 
la,  de  ce  lie  de  l'I  loin  me  Le  dieu  Ha,  pèred'<  Isiris,  considérait  Lui-même 
cette  tète  comme  si  importante  qu'il  en  donna  La  garde  à  la  dée 
Nekheb  d  El-Kab1,  d'un  au  ire  centre  de  noire  civilisa  lion,  une  dé» 
qui  était  vénérée  comme  le  génie  tutélaire  de  toute  la  Haute  Egypte. 

(  l'est  avec  cette  idée  d'un<  >siris  'n'existant  que  sous  forme  de  reliques 
que  se  relie  la  coutume  de  déposer  dansle  tombeau  des  fragments  du 
cadavre  et  non  le  corps  complet.  La  cérémonie  essentielle  paraît  avoir 
élé  la  décapitation  du  mort,  afin  de  lui  enlever  la  tête  qui  était  regar- 
dée dans  le  mythe  osirien  comme  la  relique  principale,  ainsi  que  nous 
venons  de  le  voir.  Dans  la  tombe  on  lui  donnait  fréquemment  la  place 
d'honneur,  on  la  posail  debout  sur  une  brique-  ou  sur  un  tas  de  pierres, 
tandis  qu'on  jetait  péle-mèle  les  autres  ossements.  On  a  même  cherché 
de  bonne  heure  à  la  conserver  mieux  que  les  autres  parties  du  corps 
en  y  introduisant  par  le  trou  occipital  des  matières  embaumantes  . 
Gela  n'était  praticable  qu'avec  la  décapitation,  en  sorte  que.  dc~>  que 
l'on  renonça  à  mettre  le  mort  en  morceaux,  il  fallut  chercher  une 
autre  entrée  pour  pénétrer  dans  la  cavité  cérébrale;  ce  futalors  qu'on 
commença  à  briser  l'os  qui  se  trouve  entre  le  nez  et  la  cervelle,  usas 
qui  se  conserva  pendant  tout  le  temps  que  dura  la  coutume  de  la 
momification  en  Egypte*. 

Cependant,  même  alors  qu'on  avait  cessé  en  réalité  de  décapiter 
les  cadavres,  l'exécution  d'une  opération  semblable  ne  parait  pas. 
d'après  les  textes  religieux,  avoir  été  considérée  toujours  comme  nui- 
sible au  mort.  Ainsi  le  chapitre  xc  du  Livre  des  Morts  parle  d'un  dé- 
mon qui  coupe  «  leurs  tètes  et  fend  leurs  gorges  »  et  qui  malgré  cela 
esl  un  esprit  bienfaisant,  qui  rend  aux  esprits  [khu-u]  la  mémoire.  Le 


i.  V.  les  passages  dans  von  Bergmann,  Acg.  Zeilscfirift,  18S0.  p.  ss.  >  |. 

2.  La  différence  que  nous  venons  de  constater  dans  ces  conceptions  d'Oïiris  ae 
saurait  étonner,  si  l'on  se  rappelle  toutes  les  contradictions  que  ce  personnage  offre 
dans  la  religion  égyptienne.  Ou  l'a  même  considéré  parfois,  à  une  époque  très  ancienne, 
non  comme  la  divinité  tutélaire  des  morts  par  excellence,  mais  comme  un  dieu,  doiii 
le  mort  doit  être  sauvé  par  Harmachio  «  qui  ne  le  donne  pas  à  Osiris,  il  ne  meurl 
(le  défunt  on  le  vante  à  l'horizon,  il  se  tient  ferme  à  l'élu.  *  Pyr.  Fétu  1.  23$  ;  v.  ' 
pero,  Etudes  de  mythologie,  li,  p.   12), 

"..  V.  Fouquet  dans  de  Morgan,  Origines  p.  267. 

'1.  A.  Blumenbach,  Beitrcige  zur  Natur-Geschichte,  II,  92  sq     Gôtli  ■   ;  Jo- 

mard,  Description  d' Egypte,  il,  p.  2i5,   ">\\. 


208  LES  MODES  D'ENSEVELISSEMENT 

chapitre  xr.in  de  cotte  même  composition  est  d'une  plus  grande  valeur 
encore  pour  nous,  sous  ce  rapport;  c'est  i\n  chapitre  fort  ancien  qui 
se  trouve  dans  les  textes  thébains  rassemblés  par  Naville,  presque 
avec  la  même  forme  que  dans  le  papyrus  de  Turin,  et  nous  en  con- 
naissons déjà  une  variante  datant  du  Moyen  Empire1.  Le  titre  de 
ce  chapitre  est  :  Chapitre  afin  que  la  lêlc  d'une  personne  ne  soil  pas 
coupée  dans  le  monde  souterrain.  Le  texte  contient  le  discours  suivant 
du  mort  :  «  Je  suis  un  prince,  fils  d'un  prince,  une  flamme,  fils  d'une 
flamme,  auquel  est  donnée  sa  léte  après  qu'elle  a  été  coupée.  La  tète 
d'Osiris,  (après  qu'elle  lui  fut  rendue  de  cette  manière),  ne  lui  est  pas 
enlevée,  ma  tête  ne  m'est  pas  enlevée.  Je  suis  mis  en  ordre2,  je  deviens 
nouveau,  je  deviens  jeune,  je  suis  Osiris (c'est-à-dire  un  ressuscité)  ». 
L'auteur  de  ce  chapitre  croyait  donc  que  pour  être  sûr  de  ne  pas 
perdre  sa  tête  dans  l'autre  monde,  il  fallait  l'avoir  perdue,  puis  reçue 
de  nouveau  sur  la  terre;  c'est  donc  dans  un  temps  où  la  décapitation 
du  mort  était  un  usage  courant,  que  ce  chapitre  prit  son  origine. 
Lorsqu'on  forma  la  collection  que  nous  appelons  aujourd'hui  le  Livre 
des  Morts,  on  y  inséra  ce  chapitre,  malgré  que  la  coutume  à  laquelle 
il  fait  allusion  n'existât  plus  :  le  désir  de  ne  rien  perdre  de  l'ancienne 
matériel  sacra,  auquel  nous  devons  la  conservation,  dans  les  compo- 
sitions religieuses,  d'une  foule  de  passages  relatifs  à  des  coutumes 
tombées  en  désuétude,  nous  a  valu  aussi  le  texte  de  ce  chapitre. 

11  me  semble  que  nous  retrouvons  une  autre  de  ces  formules  que 
les  Égyptiens  se  sont  transmises  de  siècle  en  siècle  sans  les  com- 
prendre, dans  un  des  passages  les  plus  obscurs  du  Livre  des  Funé- 
railles3. On  y  somme  les  masniti  de  ne  pas  frapper  le  père  (c'est-à-dire 
le  mort)  et  de  ne  pas  «  nelerau  »  sa  tête,  en  prétendant  ensuite  que 
Horus  et  Set  ne  permettront  pas  à  un  des  masniti  de  faire  reluire  [se- 
het!)  la  tète  du  père.  La  difficulté  consiste  ici  surtout  dans  la  déter- 
mination du  sens  à  attribuer  dans  ce  passage  au  mot  nelerau.  D'après 
les  dictionnaires,  le  mot  signifierait  en  premier  lieu  «jeter  par  terre  » 


i.  Tombeau  de  Hor-holep  clans  Maspero,  Mémoires  de  la  Mission  du   Caire,  I,  i5o. 

1.  Le  mot  les  a  ici  le  sens  de  mettre  en  ordre  et,  ainsi  que  le  prouve  le  déterminatif 
que  lui  donnent  les  textes  thébains,  il  a  aussi  celui  d'élever.  Cela  se  rapporte  au  fait 
que  la  tète  était  remise  à  sa  place  originale  sur  le  tronc  posé  debout.  Pour  la  croyance 
égyptienne  qu'on  pouvait  réunir  au  tronc  une  tète  tranchée  à  l'aide  de  formules  ma- 
giques, v.  p.  ex.  le  conte  du  roi  Khoufou   et  des  magiciens  dans   le  paj)yrus  Westcar. 

3.  Éd.  Schiaparelli,  I,  p.  70  sq.  ;  cf.  aussi  Maspero,  Éludes  de  mythologie,  I,  p.  3oi. 


DANS   LA   NECROPOLE   DE  NÉG  \!>AII 

[Brugsch.  Dicl.,  p.  7<>7  H  en  effel  il  se  trouve1  au-dessus  de  la  repr<  - 
sentation  du  bœuf  de  sacrifice  qu'on  abat.  Mais,  d'autre  part,  il  appa- 
r;ni  très  souvent1  près  d'une  autre  scène  dans  Laquelle  on  découpe  la 
jambe  du  bœuf,  de  sorte  qu'il  semble  signifier  ici,  comme  ailleurs  plus 
spécialement,  «  enlever  à  coups  d'un  instrument  ».  Ce  sens  convien- 
drait aussi  1res  bien  à  un  passage  de  la  stèle  du  Louvre  C.  I ,  I.  13,  où 

le  défunt  dit  :  «  J'ai  neter  la  tête  de  l'étranger,  j'ai  itré  le  chemin 

au  guerrier  de  l'Égj  pte  ».  Je  croirais  doue  volontiers  < j 1 1 «■  le  |>  iss 
en  question  du  Livre  des  Funérailles  contient  une  exhortation  à  ne 
pas  couper  la  tète  au  défunt,  exhortation  adressée  aux  personnai 
attachés  au  cérémonial  de  l'enterrement,  et  qui  ne  peut  avoir  un  sens 
que  si  l'usage  de  la  décapitation  du  mort  existait  au  moment  ou  l'on 
combina  cette  formule.  C'est  une  réaction  contre  cette  ancienne  cou- 
tume qui  donna  lieu  à  l'origine  de  la  formule,  dans  un  moment  où 
on  exécutait  l'enterrement  du  mort  complet,  à  côté  el  en  opposition 
de  l'ancien  usage.  En  effet,  pour  un  partisan  de  la  doctrine  ordonnant 
la  conservation  du  corps  entier,  une  mutilation  du  mort  devait  pa- 
raître une  chose  terrible,  et  il  est  bien  naturel  que,  dans  les  textes 
postérieurs,,  on  parle  à  chaque  instant  du  dépècement  comme  d'une 
des  punitions  principales  des  mauvais  démons  «  des  ennemis  d'Osi- 
ris,  dont  on  exécute  les  âmes  (ba)}  dont  on  dépèce  les  formes  éter- 
nelles (sahu)3  ». 

Maigre  cela,  les  restes  de  cette  ancienne  coutume  n'ont  jamais  dis- 
paru complètement;  ses  vestiges  se  sont  conservés  non  seulement 
dans  les  textes,  mais  aussi  clans  les  usages  réels.  Jusqu'à  une  très 
basse  époque,  on  détachait  parfois  le  dessous  du  pied  de  la  momie1, 
et  on  coupait,  dans  d'autres  cas,  le  phallus  du  mort  pour  l'embaumer 
à  part  et  l'enterrer  à  côté  de  la  momie.  Ce  fait  remet  en  mémoire  le 
passage  de  la  légende  d'Osiris  qui  prétend  que  le  phallus  du  dieu  ne 
fut  pas  retrouvé  par  Isis.  Cette  donnée  est  en  contradiction  avec  la 
conception  générale  du  mythe  qui  voit  dans  la  possession  du  phallus 
et  la  possibilité  d'engendrer  qui  en  provenait,  le  signe  principal  de 
la  résurrection  d'Osiris,  qui  après  sa  mort  rendit  féconde  Isis,  afin 
qu'elle  pût    donner  naissance  à  Ilorus.   Malheureusement  les  tom- 

i.  P.  ex.  Lepsius,  Denkm.,  II,  14. 
•?..  Lepsius,  Denkm.,  11,67,  68,  71.  78. 

3.  Tombeau  de  Seti  I,  éd.  Lefébure,  IV,  pi.   \  \  ;  cf.  pi.  3o.V.  aussi  Maspero,  Études 
de  mythologie,   II,  106. 

'l.  V.  Wiedemann,  The  Egyplian  doctrine  ofthe  Immortality  oflhe  soûl,  p. 

n 


210  LES  MODES  D'ENSEVELISSEMENT 

beaux  de  L'époque  dont  nous  nous  occupons  ne  permettent  pas  de 
savoir  ce  que  Ton  faisait  du  phallus  à  cette  époque.  Dans  les  nécro- 
poles les  plus  anciennes  de  la  Babylonie  qui,  ainsi  que  nous  le  ver- 
rons plus  loin,  offrent  beaucoup  d'analogies  avec  celles  du  type  de 
Négadah,  on  avait  l'habitude  de  déposer  auprès  des  restes  du  mort 
une  image  plus  ou  moins  naturaliste  du  phallus'. 

Un  autre  fait,  qui  rentre  dans  le  môme  ordre  d'idées,  est  fourni  par 
la  conception  égyptienne  que,  pour  faire  parvenir  un  objet  dans  l'autre 
monde,  il  fallait  le  briser  afin  de  forcer  par  là  son  double,  son  ka,  a 
quitter  la  terre.  Ainsi  on  cassait  des  objets  de  parure  et  de  toute 
espèce,  et  même  des  ostraca  contenant  des  inscriptions»,  au  moment 
où  on  les  déposait  dans  la  tombe.  Gela  se  faisait  encore  au  Nouvel 
Empire,  et  cette  coutume  répond  exactement  à  celle  des  gens  de  Né- 
gadah qui  faisaient  des  trous  dans  les  pots  de  terre  et  brisaient  les 
vases  en  pierre  dure  pour  en  répandre  les  débris  dans  les  différentes 
chambres  du  tombeau  royal. 

La  coutume  de  dépecer  le  mort  et  celle  de  l'enterrer  intact,  ne  se 
succèdent  pas  en  s'excluant  mutuellement.  Dans  les  tombeaux  du  type 
de  Négadah  et  dans  ceux  de  l'Ancien  Empire,  on  peut  constater  un 
usage  transitoire  cherchant  à  combiner  les  deux  genres  de  sépulture. 
On  laissait  parfois  tomber  le  cadavre  en  morceaux  et  on  cherchait, 
après  cela,  à  en  rassembler  les  fragments  pour  reconstituer  le  sque- 
lette aussi  complet  que  possible3. 

La  pensée  qu'une  reconstitution  du  corps  démembré  du  mort  était 
nécessaire,  trouve  son  reflet  dans  les  compositions  religieuses  ainsi 
que  dans  les  fêtes  pendant  toute  la  durée  de  l'histoire  égyptienne. 
Les  textes  des  pyramides  disent,  par  exemple  :  «  Not  te  donne  ta  tête, 
elle  te  fait  cadeau  de  tes  os,  elle  assemble  tes  chairs,  elle  t'apporte 
ton  cœur  dans  ton  ventre*  »  :  ou  bien  encore  ceci  :  «  Pepi  a  réuni  ses 
os,  il  s'est  rassemblé  ses  chairs3  »;  etc.  C  était  Osiris  qui,  d'après  la  lé- 
gende, aurait  été  le  premier  reconstitué  de  la  sorte,  événement  fêté 
dans  toute  l'Egypte  par  la   solennité  de  l'érection  du  symbole   Tel, 


i.  V    Koldewey  dans  la  Zeitschrift  fur  Assyriologie,  II,  41^- 

i.  Maspero,  Les  premières  lignes  des  .Mémoires  de  Sinouhit  (Mémoires  de  l'Institut 
égyptien,  II),  p.  i. 

3.  V.  p.  ex.,  Pehie,  Naqada,  p.  3o  sq. 

4.  Pepi  I,  1.   109-110.    Ra-mer-en,  1.  70-76.  Pepi  II,  1.  73-74.  Le  discours  s'adresse 
au  défunt, 

5.  Pepi  II,  1.  926.  Pepi  I,  1.  rg5.  Ra-mer-en,  1.  369. 


DANS   LA  NÉCROPOLE  DE  NÉGADAH  L-il 

l'épine  dorsale  du  dieu.  A  Busiris  *  on  attachait  à  cette  fête,  qui  se 
célébrait  le  30  choïak',  la  plus  grande  importance,  el  dans  toute 
1  Egypte  elle  étail  considérée  comme  un  des  épisodes  principaux  de 

la  résurrection  du  dieu. 

En  remettant  ensemble  les  différentes  parti. -s  du  corps,  on  don- 
nait en  général  au  squelette  la  position  embryonnaire  plus  ou  moins 
correcte  ',  en  croyant  probablement  que,  de  même  que  cette  position 
est  celle  du  fœtus  humain  qui  va  naître, c'était  aussi  la  meilleure  pour 
le  corps  qui  allait  renaître  à  une  vie  nouvelle.  C'est  pourquoi  cette 
posture  a  persisté  jusqu'à  une  assez  basse  époque  pour  symboli- 
ser la  résurrection1. 

Le  fait  qu'on  dépeçait  les  cadavres  explique  suffisament  ledésordre 
qui  régne  parmi  les  ossements  dans  beaucoup  de  tombeaux,  mais  non 
la  défectuosité  d'un  grand  nombre  de  squelettes.  M.  Pétrie  a  cru  de- 
voir tirer  de  ce  fait  la  conclusion  que  les  hommes  de  cette  époque 
étaient  des  anthropophages  qui  découpaient  le  cadavre  et  le  man- 
geaient en  partie.  Comme  preuve  de  cette  hypothèse,  il  cite  le  fait 
qu'on  retrouve  parfois  les  os  brisés  et  portant  des  marques  qui  pro- 
viendraient des  dents  des  anthropophages8;  cependant  en  examinant 
les  conditions  dans  lesquelles  ont  été  faites  ces  trouvailles,  cette 
hypothèse  ne  paraît  pas  résoudre  le  problème.  Même  si  l'on  avait 
réellement  dévoré  de  la  chair  humaine,  rien  n'aurait  empêché  les 
survivants  de  jeter  dans  la  tombe  tous  les  os  rongés  sans  en  perdre 
une  partie  plus  ou  moins  grande.  Je  croirais  donc  plutôt  à  une  cause 
toute  différente,  et  serais  tenté  de  rapprocher  ce  fait  d'une  coutume 
répandue  un  peu  partout  parmi  les  peuples  plus  ou  moins  primi- 
tifs, le  soi-disant  ensevelissement  secondaire. 

On  aurait  donc  enterré  le  défunt,  immédiatement  après  sa  mort, 


i.  Tctu  désigne  dans  ces  textes  Busiris  el  non  Mendès  (v.  Aeg.  Zeitschrift,  x88o, 
P-  9»)- 

•>..  Mari. -lie,  Denderah, IV,  36,38;  Mémoires  de  la  mission  du  Caire,!,  m  ;  Erman, 
Aegypten,  p.  378. Voyez  pour  l'amulette  Tel  qui  donnait  au  mort  la  stabilité  et  en  même 
temps  la  vie  éternelle,  le  Livre  des  Morts,  ch.  ci.v  el  Wiedemann,  Religion  oflhe  Ân- 
cient  agpptians,  p.  289. 

i.  V.  plus  haut,  et  pour  l'époque  de  la  IVe dyn.,  Pétrie, Medum,  p.  20. 

\.  V.  p.  ex.  la  vignette  du  Livre  des  Morts,  ch.  cxxv. 

:■>.  Diodore.I,  14,  prétend  qu'Osiris  aurait  aboli  l'ancienne  coutume  de  manger  de  la 
chair  humaine,  mais  l'ensemble  dans  lequel  se  trouve  ce  renseignement  rend  bien 
douteuse  son  origine  égyptienne  et  semble  prouver  qu'il  proviendrait  plutôt  d'un 
ordre  d'idées  grecques. 


212  LES  MODES   D'ENSEVELISSEMENT 

dans  sa  demeure  ou  tout  auprès,  c'est-à-dire  dans  les  terrains  culti- 
vés; le  corps  une  fois  pourri,  on  aurait  retiré  les  ossements  pour  les 
nettoyer  —  opération  qui  expliquerait  les  marques  de  grattage  sur  les 
os  —  les  transporter  à  la  nécropole  et  les  déposer  dans  le  tombeau 
définitif.  En  n'exposant  le  mort  à  le  décomposition  que  pendant  peu 
de  temps,  les  os  devaient  tenir  encore  plus  ou  moins  ensemble  et  se 
trouver  à  peu  près  au  complet;  dans  un  tel  cas  on  pouvait  aisément 
reconstruire  le  corps  du  mort  avec  ses  os. 

Une  grande  partie  des  squelettes  de  la  nécropole  sud  de  Négadah 
et  des  cimetières  contemporains,  qui  ont  la  position  de  l'embryon, 
ne  paraissent  pas  avoir  subi  une  décomposition  préliminaire,  mais 
semblent  bien  avoir  été  ensevelis  directement  dans  leur  tombe  ac- 
tuelle. Ce  sont  les  tombeaux  «  autochtones  »  qui  coïncident  de  la 
sorte  avec  le  dernier  résultat  des  essais  pour  reconstituer  la  forme  du 
corps  décomposé.  Je  ne  puis  m'empêcher  de  penser  que  cette  manière 
d'enterrer  exerça  son  inlluence  sur  celle  qui  consistait  à  dépecer  les 
cadavres,  et  que  c'est  d'elle  que  prit  naissance  la  coutume  postérieure 
d'enterrer  le  mort  tout  entier  et  finalement  de  le  momifier. 

Lorsque  la  décomposition  était  plus  avancée,  il  était  à  peu  près 
impossible  de  retrouver  tous  les  os  et  de  les  transporter  en  bon 
ordre.  Cet  ensevelissement  préliminaire  explique  pourquoi  on  ne 
trouve  dans  toutes  ces  tombes  aucune  trace  de  putréfaction,  et 
aucun  reste  de  chair  et  de  peau,  choses  qui  n'auraient  pu  disparaître 
complètement  clans  le  sol  aride  du  désert,  où  se  trouvent  ces  nécro- 
poles. La  supposition  d'un  double  ensevelissement  n'a  en  soi-même 
rien  d'invraisemblable  pour  l'Egypte,  cet  usage  y  ayant  toujours  été 
pratiqué.  M.  Quibell  a  retrouvé  dans  des  ruines  de  maisons  de 
l'époque  dont  nous  nous  occupons  des  squelettes  d'enfants  dans  la 
position  embryonnaire  l.  M.  Pétrie  a  découvert  sous  le  sol  d'une  sé- 
rie de  maisons  de  la  XIIe  dynastie  à  Kahun  des  boîtes  contenant  des 
corps  d'enfants2,  tandis  que  l'usage  constant  de  ces  époques  était 
d'enterrer  aussi  les  enfants  dans  les  nécropoles3.  Les  adultes  n'au- 
raient sans  doute  pas  eu  leur  première  sépulture  dans  les  maisons 
mômes,  la  décomposition  d'un  grand  cadavre  offrant  trop  d'inconvé- 


i.  Pétrie,  Naqada,  p.  2. 

2.  Pétrie,  Kahun,  p.  24. 

3.  Il  n'y  a  donc,  pour  la  manière  d'enterrer,  aucune  différence  entre  les  enfants  et  les 
adultes,  comme  cela  était  le  cas  chez  beaucoup  de  peuples,  par  exemple  les  Romains 
de  l'époque  impériale  (Juvénal,XV,  1 3r>,  sq.). 


DANS  LA   NECROPOLE  DE  NÉGADAH  2!3 

nients  pour  les  voisins,  l'n  exemple  de  tombeau  provisoire  pour 
adultes  se  trouve  représenté  sur  un  bas-reliei  du  Musée  de  Floren 
datanl  de  la  lin  de  la  XVIII*  dynastie,  à  peu  pics '.  qui  nous  montre, 
près  d'une  maison,  une  chambre  contenant  trois  sarcophages  \>< 
debout.  Gel  usage  a  survécu  jusqu'aux  basses  époques,  ce  qui  esl 
prouve  par  les  données  des  auteurs  classiques  el  par  les  découvertes 
de  M.  Pétrie  à  Ilawara,  qui  démontrent  en  même  temps  qu'après  un 
certain  laps  de  temps  on  se  défaisait  de  ces  cercueils  en  les  trans- 
portant à  la  nécropole,  où  ils  étaient  enterrés  définitivement".  Ce 
double  ensevelissement  des  époques  postérieures  ne  serait  donc  autre 
chose  qu'une  des  coutumes  de  l'époque  de  Négadah,  qui  se  serait 
conservée  partiellement  dans  la  vallée  du  Nil,  à  une  époque  où 
Ton  avait  l'habitude  d'enterrer  le  mort  directement  dans  la  nécropole, 
sans  le  faire  passer  auparavant  par  un  tombeau  provisoire. 

II.  Les  manières  de  traiter  le  mort,  dont  nous  nous  sommes  occu- 
pés jusqu'à  présent,  ont  ceci  de  commun,  qu'elles  cherchaient  à  con- 
server au  moins  une  partie  du  cadavre.  Elles  se  rapprochentpar  là  de 
la  coutume,  plus  tard  générale,,  de  le  conserver  en  entier.  Mais  à  côté 
de  celles-ci,  il  existait  encore  à  la  même  époque  une  autre  coutume 
funéraire,  dont  le  résultat  était  l'anéantissement  complet  du  mort  : 
tandis  qu'on  enterrait  les  restes  des  particuliers,  on  brûlait  le  corps 
du  roi. 

L'offrande  se  faisait  généralement,  en  Egypte,  en  déposant  les  ob- 
jets réels  destinés  au  dieu  ou  au  mort  sur  l'autel  ou  dansle  tombeau. 
On  s'imaginait  que  le  dieu  ou  le  mort  viendrait  en  personne  en 
prendre  possession,  ou  que  le  double  [ko)  des  objets  accompagnerait 
le  double  du  destinataire,  de  même  que  les  objets  eux-mêmes  se  trou- 
vaient sur  la  terre  auprès  de  lui,  de  sa  statue  ou  de  son  cadavre.  A 
côté  de  cette  coutume,  nous  en  trouvons  plus  rarement,  il  est  vrai, 
une  toute  différente,  qui  consistait  à  brûler  l'offrande.  Dans  ce  cas, 
l'idée  du  double  est  complètement  abandonnée  et  une  autre  manière 
de  voir  a  pris  sa  place  :  nous  retrouvons  ici  la  pensée  qui  existe  chez 
une  foule  de  peuples,  que  les  objets  brûlés  entraient  avec  leur  fumée 
dans  l'autre  monde  et  arrivaient  ainsi  dans  la  possession  du  mort, 


i.  Catalogue  Schiaparelli,  p.  3i  [,  o°    i588.  Photographie   Pelrie,  a"  i65  :  cf.  Wiede- 
mann,  Proceedings  Soc.  Bibl,  Arch.,  XVII,  p.  iô<>. 
2.  Cf.  Wiedemann,  Uerodols  ziveites  Buch,  p.  36o  sq. 


21  i  LES  MODES  D'ENSEVELISSEMENT 

qui  les  avait  précédés.  Celle  opinion  est  déjà  exprimée  clans  les  textes 
des  pyramides,  où  on  lit,  pour  ne  citer  qu'un  passage1  :  «  Donnez  du 
feu  afin  que  le  feu  se  lève  (comme  le  soleil),  mettez  de  l'encens  sur 
le  feu,  afin  que  l'encens  se  lève.  Ton  odeur,  ô  encens,  vi.nt  chez 
Ounas(le  roi  mort)  ». 

L'offrande  par  combustion  paraît  avoir  été  exécutée  dans  les  tem- 
ples sur  des  autels  de  grandes  dimensions  qu'on  érigeait  dans  une 
cour  à  ciel  ouvert;  on  y  entassait  des  dons  destinés  en  premier  lieu, 
semble-t-il,  au  dieu  solaire.  Plusieurs  de  ces  autels  se  trouvent  re- 
présentés dans  les  bas-reliefs  de  Tell-el-Amarna*;  un  autre,  très 
grand,  dédié  par  la  reine  Ramaka  à  Ra-Harmachis  a  été  trouvé 
en  place  à  Deir-el-Bahari 3.  Dans  l'Egypte  grecque,  on  érigeait 
des  autels  semblables  sur  les  maisons,  et  cet  usage  revient  chez 
les  Arabes,  qui  les  dédiaient  à  Helios 4.  D'autre  part  l'incinéra- 
tion était  considérée  comme  une  chose  très  nuisible  à  l'existence. 
Le  défunt  demande  maintes  fois,  tant  dans  le  Livre  des  Morts 
que  dans  d'autres  compositions  analogues,  à  ne  pas  tomber  dans 
le  feu  des  démons.  L'Amtuat  décrit  dans  la  XIe  heure,  d'une  ma- 
nière détaillée,  comment  furent  brûlés  les  ennemis  du  dieu  so- 
laire5. Les  ennemis  du  roi  sont  punis  par  la  combustion0.  Héro- 
dote, III,  16,  raconte  l'impression  terrible  produite  en  Egypte  par 
l'action  de  Cambyse  faisant  brûler  la  momie  du  roi  Amasis,  etc.  11 
est  donc  bien  naturel  de  voir,  de  temps  en  temps,  des  voix  s'élever 
pour  demander  l'abolition  de  la  coutume  de  brûler  les  offrandes  et 
il  semble  que  le  décret  d'excommunication  de  Gebel  Bankal,  à  l'épo- 
que de  la  domination  éthiopienne,  était  dirigé  contre  une  secte  qui 
avait  cette  tendance-là7.  En  tous  cas,  ces  tentatives  ne  furent  pas 
couronnées  de  succès;  jusque  vers  la  fin  de  l'existence  de  la  religion 
égyptienne,  on  continuait  à  brûleries  offrandes8.  Ici,  l'incinération 


i.  Ounas,  1.  4S/1. 

2.  Lcpsius,  Denkmaler,  III,  96,  i<>>. 

'!.  Naville,  Deir  el-Bahari,  I,  pi.  8,  p.  7  sq. 

4.  Strabon,  iO,  784,  V.  Lumbi-oso,  Rendiconti  délia  Academia  dei  Lincei,  VI,  lasc. 

II,  p.  73. 

5.  Tombeau  de  Seli  I,  éd.  Lefébure, II,  pi.  23-25,   cf.  Maspero,    Etudes  de  mytholo- 
gie, II,  189. 

<i.   P.  ex.  stèle  poél.  de  Thoutmès  III,  1.  9;  cf.  Livre  des  Mûris,  éd.  Naville,  XVII, 
44,  où  l'œil  solaire  hrùle  les  ennemis  d'Osiris. 

7.  Mariette,  Mon.div.tjtl.  10.  Traduction  de  Maspero, Rev.  archéol.,  1870,11,  p. 329. 

8.  V.  p.  ex.  la  description  du  sacrifice  du  taureau  dans  Hérodote,  II,  /j<>. 


DANS  LA   NECROPOLE   DE  NEGADAH  215 

n'avait    pour   but  que   d'envoyer    l'objel    dans  l'autre  monde;  dans 
d'autres  cas,  on  croyail  obtenir  par  ce  moyen  la  renaissance  d'un 
être    mort.   Celte  croyance  se    trouve  exprimée  dans   le    mythe   du 
Phénix,  qu'on  faisait  renaître  de  la   flamme  où   avait  été  brûlé  l'an- 
cien Phénix  mort  et  devenu  par  là  un  Osiris1.   Plus  tard,  on  a  com- 
biné celle  légende  avec  le  phénomène  du  soleil  montanl  au  ciel  des 
flammes  de  l'aurore,  flammes  dans  lesquelles  avait  été  brûlé  le  so- 
leil de  la  veille.  Cependant  l'idée   primordiale  était  plutôt  que  l'âme 
du  mort  s'élevait  au-dessus  de  son  corps  brûlé,  en  un  moi  nouveau- 
né.  Une  représentation  fort  curieuse   sous  ce   rapport  se   trouve  au 
papyrus  172  de  la  Bibliothèque  Nationale  à  Paris.  Ici,  dans  un  texte 
qui   date  de  l'époque  thébaine,  nous  voyons  la  barque  solaire  s'éle- 
ver au-dessus   d'une  momie  sans   tète2,  à  droite  et  à  gauche  de  la- 
quelle se  trouvent  deux  bernions  (Phénix),  tandis  que  devant  elle  se 
tient  un  scarabée,  symbole  du   soleil  levant.   La  momie  est  debout 
au-dessus  d'un  lac  de  flammes  qui  nous  rappelle  la  coutume  de  l'in- 
cinération; d'autres  personnages  jettent  des  flammes  dans  ce  lac,  au 
milieu  duquel  sont  représentés  huit  hommes  munis  de  pioches.  A 
côté  de  ce  lac  rond,  il  s'en  trouve  un  autre  de  forme  quadrangulaire, 
orné  de  lignes  rouges,  et  par  conséquent  contenant  aussi    du  feu; 
sur  ses  bords,  des  flammes  s'élèvent   et  quatre  cynocéphales  sont 
assis.  Ce  dernier  lac  est  bien   connu,  il  forme  la  vignette  du  chapi- 
tre cxxvi  du  Livre  des  Morts;  il  est  surprenant  que  le  texte  de  ce  cha- 
pitre, qui  date  au  moins  de  l'époque  thébaine,  ne  dise  pas  un  mot  du 
lac  ;  il  contient  seulement  une  prière  aux  quatre  singes  et  dit  à  cette 
occasion  qu'ils  tranquillisent  les  dieux  par  le  feu  de  leurs  bouches.  Le 
mort  les  prie  de  le  secourir  «  parce  que  j'ai  été  coupé  en  morceaux 
sur  la  terre  »\  En  combinant  ces  mots  et  la  représentation  dont  nous 
avons  parlé  plus  haut,  il  semble  que  nous  avons  à  voir  ici  un  feu, 
dans  lequel  était  brûlé  un  corps  décapité  et  dont  surgit  alors  lame 
du  soleil  nouveau-né  qui  est  ici,  comme  ailleurs,  le  prototype  de  ce 
qui  doit  arriver  à  l'homme  après  sa  mort \ 


i.  V.  Wiedemann,  Aeg.  Zeitschrift,  1S7S,  p.  89. 

■>..  Comparer  l'idée   de  la    décapitation    du    mort,  crue  parfois  nécessaire  à  la  résur- 
rection. 

3.  Pour  la  construction  de   la  phrase,  v.  Le    Page   Renouf,   Proc.   Soc.    Bibl.  Arck., 
XVIII,  i5i. 

I.  An  moins  en  note,  je  voudrais  citer  ici  un  passage  curieux,  qui  met  Osiris  en  rela- 
tion avec  le  feu.  Le  eliap.  cwv,  1  64  du  Livre  des  Morts,  demande  dans  une  phrase  q 


216  LES  MODES  D'ENSEVELISSEMENT 

Ces  exemples  se  rapportent  à  des  faits  mythologiques,  mais  il  y  en 
a  d'autres  qui  ont  trait  à  des  événements  terrestres.  Une  légende 
recueillie  par  Hérodote  (II,  100)  raconte  que  la  reine  Nitocris  se  serait 
brûlée  elle-même.  Dans  un  papyrus,  qui  date  d'à  peu  près  2000  ans 
avant  J.-C,  se  trouvent  deux  allusions  au  fait  que  l'homme  voulant 
mourir  pouvait  choisir  l'incinération'.  La  première  phrase  n'est  pas 
très  explicite;  elle  dit  seulement  qu'on  pouvait  jeter  l'homme  sur  le 
feu  pour  le  tuer;  le  second  passage  est  plus  intéressant:  «  Tu  (l'homme 
qui  veut  mourir)  pèses  (?)  sur  le  réchaud,  tu  t'unis  au  pays  de  la  vie  (?)2;>, 
c'est-à-dire,  tu  as  été  couché  sur  le  feu  et  tu  entres  maintenant  au 
pays  des  morts.  Le  yu,  forme  d1àme  avec  laquelle  le  mort  parle  dans 
ce  texte,  lui  promet  alors  de  s'unir  à  lui,  de  sorte  que  l'homme  brûlé 
parviendrait  ainsi  à  l'union  avec  son  yu,  gagnant  ainsi  la  vie  éter- 
nelle. 

Dans  les  tombeaux  de  la  XVIIIe  et  de  la  XIXe  dynastie 3,  on  retrouve 
l'idée  de  faire  passer  des  hommes  par  le  feu  pour  les  envoyer  dans 
l'autre  monde. 

Ici  ce  n'est  pas  le  mort  lui-même  que  l'on  traitait  de  cette  manière, 
mais  ses  serviteurs,  que  l'on  tuait  pour  qu'ils  fussent  à  l'avenir  à  la 
disposition  de  leur  maître.  On  les  exécutait  de  deux  manières  diffé- 
rentes :  ou  bien  les  victimes  étaient  étranglées  et  envoyées  ainsi  tout 
entières  au  mort,  ou  bien  mises  dans  une  peau  de  bœuf,  égorgées 
comme  le  taureau  du  sacrifice,  puis  brûlées  dans  un  trou  rond  en 
même  temps  que  les  instruments  qui  avaient  servi  à  la  cérémonie. 
Ce  n'est  pas  une  coutume  nouvelle,  ayant  son  origine  au  Nouvel  Em- 
pire, sous  une  influence  étrangère,  qui  se  révèle  dans  les  tombeaux  ; 
elle  est,  au  contraire,  beaucoup  plus  ancienne  et  absolument  égyp- 

Irouve  déjà  dans  les  textes  thébains  :  «  Qui  est  celui  dont  le  toit  est  de  feu,  dout  le 
mai'  se  compose  de  serpents  vivants  (uraeus),  dont  le  sol  est  d'eau?  »  La  réponse  est 
«  Osiris.»  Dans  les  Litanies  du-  Soleil  (éd.Naville,p.  4o),  il  esl  parte  du  rayon  de  lu- 
mière dans  le  cercueil,  qui  est  le  cadavre  du  générateur.  Cela  pourrait  bien  se  rap- 
porter au  corps  du  vieux  soleil  brûlé  dans  son  cercueil. 

i.  Pap.  Berlin  3o2ri,  publié  et  étudié  eu  dernier  lieu  par  Erman,  Abhandlungen 
der  Berliner  Akadernic,  1896,  1.  i3,  i4?-. 

2.  La  traduction  de  cette  pbrase  olfre  une  certaine  difficulté,  mais  je  crois  que  les 
mots  donnés  ici  répondent  assez  bien  au  sens  égyptien  de  ce  passage.  Le  verbe  teina 
a,  entre  autres,  le  sens  de  «  s'unir  »  avec  quelque  chose,  cl  le  mot  ankh  paraissant  ici 
sans  détermina tif,  doit  être  à  combiner  avec  le  nom  Ankh-ti  «  le  pays  de  la  vie  »,  un 
des  noms  de  l'Ouest  et  du  séjour  des  morts 

3.  V.  Maspero,  Mémoires  de  la  Mission  du  Caire,  V,  f\hi  sq.  ;  v.  Wiedemann  dans 
Le  Musco/i,  XIII,  p.  407  sq. 


DANS   LA  NÉCROPOLE   DE  NÉGADAH  217 

tienne  :  nous  voyons  déjà  figurer  une  série  d'instruments  nécessaires 
au  sacrifice  humain  sur  une  slèle  qui  date  de  la  XII  <1\  uastie1. 

Il  me  paraît  exister  une  relation  entre  l'incinération  el  la  désigna- 
tion du   défunt  immortel  par  le  mot-///.  I«-  c«  lumineux     ,  mot  qui  a 

perdu  dans  la  suite  sou  sens  exact.  Dans  le  Livre  des  Morts5,  y/i  ne 
représente  qu'une  des  parties  de  l'âme,  nommée  a  côté  du  ba  et  du 
sahu,  ou  du  sahu  seul.  A  l'époque  thébaine,  ou  parle  du  yu  aker,  du 
yu  accompli  "'et  on  entendait  par  la  l'âme  d'un  mort  qui  est  en  étal  de 
nuire  à  un  vivant1.  Une  série  de  stèles  de  la  même  époque  désignent 
le  mort  par  ces  mots  :  «  le  yu  accompli  de  Ra"'»,  en  donnant  à  ce  yu  le 
titre  crOsiris  ou  en  parlant  de  son  ha*.  Ces  stèles  appartiennent  à  des 
gens  qui  n'avaient  nulle  relation  spéciale  avec  Ra  ;  il  ne  peut  donc 
être  question  ici  que  de  l'analogie  entre  leur  entrée  au  ciel  et  celle 
de  Ra,  par  la  disparition  dans  les  flammes  et  l'ascension  de  celles-ci 
à  la  vie  éternelle.  Cette  analogie  aura  sans  doute  donné  naissance  au 
titre,  à  une  époque  très  ancienne,  et  ce  titre  sera  resté  même  quand 


i.  Stèle  C,  i5  du  Louvre,  éd.  Gayet.  Stèles  du  Louvre,  pi.  L1V  ;  cf.  Pierret,  Mon. 
du  Louvre,  II,  29;  expliquée  parMaspero,  loc.  cil.,  p.  463.  Je  n'ose  décider  m  les  sept 

taureaux  liés  et  posés  à  côlé  d'un  bassin  dans  le  tombeau  d'.lba  (Scheil,  Mémoires  de  la 
Mission  du  Caire, X,  pi.  9,  p.  65s)  se  rapportent  à  une  représentation  du  sacrifice  hu- 
main. La  tradition  qui  dit  qu'on  brûlait  les  hommes  typhoniens  (Manélhon,  frag.  84, 
Diodorc,  I,  88)  ne  peut  trouver  son  explication  ici,  car  il  s'agirait  alors,  non  pas  d'en- 
voyer au  mort  des  victimes,  mais  simplement  de  détruire  des  adhérents  du  dieu  du 
mal. 

1.  8y,  3;  92,  ô  ;  1 '19,  4°  ;  cf.  v.  Bergraann,  Sarkophag  des  Panehemisis,  II,  1  \ . 

3.  On  donne  généralemeni  au  mort,  à  celte  époque,  une  épithète  honorifique  sem- 
blable ;  au  lieu  de  aker,  on  trouve  aussi  les  adjectifs  meule  ou  àper,  qui  ont  à  peu  près 
le  même  sens  (Naville,  Litanies  du  Soleil,  p.  26,  89). 

'l.  Maspero,  Eludes  égypt.,  I,  i45  sq.  ;  Etudes  de  mythologie,  II,  37. 

5.  Ces  stèles  sont  rassemblées  par  Maspero,  Liée.  'Irav.,  III, p.  io'|.  On  ne  peut  pas 
citer  ici  comme  parallèle  le  nom  ou  titre  /u-en-Lia  de  plusieurs  Pharaons  'Améno- 
pliis  IV,  Siptah,  Ramsès  VIII)  ;  -j/U  n'est  ici  que  le  mot  «  splendeur  ».  Il  est  vrai  qu'on 
a  attaqué  dernièrement  cette  traduction  en  alléguant  que  le  mot  yu  est  féminin  el 
qu'on  doit  traduire  ici  «  le  oatfMov  de  Ra  ».  Je  ne  vois  pas  comment  le  genre  du  mot 
peut  causer  une  difficulté;  nous  disons  bien  «  la  majesté  du  roi  »,  quoique  «  majesté» 
ne  soit  pas  un  mot  masculin.  En  plus,  au  point  de  vue  mythologique,  on  peut  con- 
sidérer le  roi  comme  une  incarnation  de  la  divinité,  mais  non  comme  l'a  m  •  du  dieu,  ce 
qui  ferait  alors  du  dieu  une  incarnation  du  roi  terrestre.  Dans  le  litre  Ba-en-Iia  de 
Menephtah,  le  Ha  ne  signifie  point  «  âme  »  mais  «  bélier  »  ;  il  faut  rapprocher  ce 
titre  de  celui  de  Thoulmès  I  :  Ka-ne /t-euRa  «  le  taureau  puissant  de  l!a  ».  Par  tous 
les  deux,  le    roi  est   traité  comme  une  incarnation  divine. 

i).  Ct.  le  litre  Ka-/u,  qui  se  trouve  sur  plusieurs  des  slèles  nommant  des  per- 
sonnages privés,  découvertes  par  M.  Ainélineau  à  Ahydos. 


218  LES  MODES  D'ENSEVELISSEMENT 

tout  ce  qui  rappelait  l'incinération  avait  complètement  disparu.  Le 
titre  yu,  sans  apposition  du  nom  de  lia,  doit  probablement  son  origine 
au  même  ordre  d'idées.  Il  est  vrai  qu'on  a  tenté  de  l'expliquer  d'une 
autre  manière,  en  y  voyant  une  allusion  à  la  parcelle  de  lumière  di- 
vine dont  serait  revêtue  l'âme  du  mort,  ou  bien  en  se  représentant 
l'âme  sous  la  forme  d'une  flamme  pâle,  qui  émet  une  lueur  analogue 
au  halo  phosphorescent  qui  entoure  pendant  la  nuit  un  morceau  de 
bois  pourri  ou  de  poisson  décomposé1.  La  première  explication  me 
parait  donner  aux  anciens  Égyptiens  des  idées  trop  abstraites2,  tan- 
dis que  j'hésite  à  accepter  la  seconde,  étant  donné  le  dégoût  qu'ils 
avaient  généralement  pour  la  décomposition  et  les  phénomènes  qui 
l'accompagnent.  Je  suis  donc  tenté  de  croire  que  le  mot  signifiait,  à 
l'origine,  la  partie  immortelle  du  mort  qui  se  lève  comme  une  étin- 
celle des  flammes  sortant  du  corps,  et  qui  est  donc  lumineux'.  Plus 
tard  on  aurait  oublié  ce  sens  et  pris  le  mot  comme  une  des  nom- 
breuses désignations  de  la  partie  immortelle  de  l'homme,  sans  avoir 
une  idée  précise  de  son  aspect. 

Un  fait  à  étudier  encore  à  propos  de  ces  divers  genres  d'ensevelis- 
sement, c'est  qu'à  Négadah  aussi  bien  qu'à  Abydos,  le  roi  était  brûlé, 
tandis  que  ses  sujets  étaient  enterrés.  Il  me  semble  qu'il  n'y  a  qu'une 
manière  d'expliquer  cette  différence  :  c'est  de  supposer  que  la  de- 
meure éternelle  du  roi  n'était  pas  située  dans  la  môme  contrée  que 
celle  des  simples  particuliers.  En  brûlant  un  objet,  on  s'imaginait, 
ainsi  que  nous  venons  de  le  voir,  qu'il  montait  avec  sa  fumée  au  ciel; 
c'est  donc,  en  premier  lieu,  au  dieu  solaire  que  fut  offert  le  sacrifice 
par  le  feu.  L'incinération  du  roi  devait  avoir  le  même  but  :  on  le  fai- 
sait parvenir  par  là  au  ciel.  C'est  là,  en  effet,  qu'était  sa  vraie  patrie  ; 
il  avait  été  engendré  par  un  dieu  descendu  pour  cela  sur  la  terre,  et, 
par  conséquent,  il  était  aussi  un  dieu;  en  mourant  il  devait  chercher 
à  parvenir  chez  ses  ancêtres  dans  les  cieux.  Les  textes  des  pyramides 
décrivent  avec  beaucoup  de  détails  l'arrivée  du  Pharaon  dans  cette 


i.  Y.  pour  ces  explications  Maspero,  Histoire  ancienne,  I,  1  i',. 

2.  Ou  trouvecelle  conception  aux  temps  postérieurs  ;  p.  ex.  chez  Suidas,  s.  v. 'Hpcutrxo; 

3.  Je  me  demande  s'il  n'y  aurait  pas  lieu  de  citer  à  ce  sujet  la  formule  se-heCOsiri 
«  fais  luire  l'Osiris  »  qui  se  trouve  si  souvent  sur  les  statuettes  funéraires,  sans  être 
en  relation  directe  avec  la  formule  typique,  prise  du  chapitre  vi  du  Livre  des  Morts 
(v.  Loret,  Recueil  de  travaux,  IV,  ;)r.  Birch,  Aeg.  Zeitschvift,  1864,  p.  89  et  io3; 
rSii"),  p.  4  et  9.0).  La  doctrine  de  cette  composition  ne  contient  nulle  part  la  croyance  à 
une  transfiguration  lumineuse  du  mort. 


DANS  LA  NÉCROPOLE  DE  NÉGADAH  21  i 

région  el  expliquenl  comment  il  s'}  rendit  maître  de  tous  les  pou- 
voirs ;  en  outre,  jusqu'à  une  époque  récente,  la  morl  du  roi  esl  indi- 
quée souvent  par  des  phrases  ayant  le  sens  suivanl  :  o  11  lit  s :he- 

min  au  ciel  » l.  Pour  les  sujets,  qui  ne  jouissaient  pas  d'une  si  haute 
origine,  le  pays  où  ils  devaient  se  rendre  après  leur  morl  était  situé 
dans  les  îles  des  bienheureux,  a  l'Occident,  ou  dans  le  Tuât,  ou  dans 
une  autre  région  que  l'on  cherchait  toujours  dans  les  confins  «le  la 
terre.  On  s'y  rendait  à  pied  ou  en  se  servant  d'une  barque  pour  traver- 
ser les  différents  fleuves  etlacs  situés  entre  le  pays  des  vivants  et  celui 
des  morts2.  En  brûlant  le  défunt  on  l'aurait  envoyé  dans  une  faus 
direction  et  l'enterrement  paraissait  iei  convenir  davantage,  Des  al- 
lusions à  eette  division  de  l'autre  monde  en  deux  régions  distinctes, 
Tune  pour  les  rois  divinisés,  l'autre  pour  leurs  sujets,  reviennent 
assez  souvent  dans  les  textes;  mais  ici,  comme  partout,  l'Egyptien 
n'est  pas  toujours  conséquent  avee  sa  pensée.  Le  sujet  espérait 
pouvoir  parvenir  au  ciel  lorsqu'il  avait  acquis  une  assez  grande 
connaissance  de  la  magie  pour  forcer  les  dieux  à  l'admettre  dans 
leur  cycle  ;  d'un  autre  côté,  le  roi  prétendait  pouvoir  visiter  aussi 
les  îles  des  bienheureux  et  le  reste  de  l'autre  monde  pour  y  régner 
en  Pharaon  et  v  jouir  de  leurs  agréments.  Du  moment  qu'on  donnait 
au  roi  la  faculté  d'aller  après  sa  mort  un  peu  partout,  il  n'était  plus 
nécessaire  de  le  brûler  comme  au  temps  où  il  fallait  absolument 
le  faire  monter  au  ciel,  et,  dès  lors,  on  pouvait  l'enterrer  comme  les 
autres  hommes. 

J'ose  espérer  que  les  pages  précédentes  suffiront  pour  prouver 
que  le  souvenir  des  usages  de  l'époque  de  Négadah  et  des  idées  re- 
ligieuses qui  s'y  reliaient,  n'a  pas  disparu  chez  les  Égyptiens  des 
temps  postérieurs.  La  conséquence  immédiate  de  cette  continuité  est 
qu'on  ne  peut  pas  soutenir  l'hypothèse  très  répandue  que  le  peuple 
de  Négadah  appartenait  ci  une  tout  autre  race  que  les  Égyptiens  his- 
toriques, qu'ils  vivaient  l'un  à  coté  de  l'autre  sans  avoir  de  relations 
ensemble.  Pour  avoir  influencé  d'une  manière  si  décisive  la  religion 
égyptienne,  il  faut  que  la  race  de  laquelle  ces  idées  ont  pris  nais- 
sance  ait   été   en    relation   intime   avec    celle   dont   proviennent   les 

i.  V.  p.  ex.  le  coule  de  S  ané  h  a  (Amen-em-hat  I),  l'inscription  à'Amen-em-IIeb 
Thoulinès  III),  Lepsius,  Denkmàler,  III,  i52  a  (Seti  I 

■2.  Cette  idée  explique  la  présence  dos  barques  comme  objets  votifs  dans  1rs  tom- 
beaux du  type  de  Négadah  et  leur  représentation  fréquente  sur  les  vases  déposés  au- 
près des  morts. 


220  LES  MODES  D'ENSEVELISSEMENT 

Egyptiens;  elle  forme  un  des  éléments  dont  se  compose  ce  qu'on  est 
habitué  à  nommer  la  civilisation  égyptienne.  D'un  autre  côté,  les 
idées  relatives  au  traitement  des  morts,  telles  qu'on  peut  les  relever 
dans  les  nécropoles  du  genre  de  celles  de  Négadah,  différent  telle- 
ment de  celles  qu'on  est  habitué  à  voir  en  Egypte,  qu'on  ne  peut 
guère  admettre  que  ces  dernières,  spécialement  la  momification, 
soient  le  résultat  d'une  évolution  qui  dérive  du  dépeçage  ou  de  l'in- 
cinération du  mort.  Des  manières  de  penser  aussi  différentes  ne 
peuvent  résulter  que  d'origines  différentes,  et  elles  sont  même  tel- 
lement divergentes  qu'on  ne  peut  guère  prétendre  qu'une  seule  et 
même  race,  relativement  civilisée,  comme  le  peuple  du  type  de  Néga- 
dah, ait  pu  développer  dans  son  sein  des  doctrines  aussi  contradic- 
toires. Je  ne  crois  donc  pas  être  trop  hardi  en  tirant  de  ces  faits 
la  déduction  que,  pour  former  l'ensemble  disparate  que  les  textes 
donnent  comme  religion  égyptienne,  plusieurs  peuples  différents 
ont  concouru;  ainsi  on  aurait  aussi,  grâce  aux  nouvelles  découvertes, 
un  point  de  départ  pour  traiter  la  question  si  souvent  discutée  de 
l'origine  des  anciens  Egyptiens. 

C'est  un  fait  généralement  admis  et  qui  ne  paraît  guère  douteux, 
que  le  peuple  égyptien  postérieur  ne  provient  pas  directement  d'une 
peuplade  autochthone,  mais  d'une  tribu  immigrée  de  l'Orient.  On  ne 
peut  supposer  que  difficilement  que  ces  étrangers  aient  trouvé  la  val- 
lée du  Nil  dépourvue  d'habitants.  Si  l'Afrique  du  nord  était  peuplée 
dans  ce  temps-Là,  on  n'aurait  certainement  pas  laissé  déserte  la  partie 
la  plus  fertile  du  continent,  l'Egypte.  Or  il  a  existé  dans  l'Afrique  du 
nord,  depuis  le  commencement  des  temps  historiques,  des  peuplades 
que  les  textes  égyptiens  nomment  Teheiinu  ou  Temhu,  qu'on  a  l'ha- 
bitude d'identifier  avec  le  peuple  que  les  Grecs  connaissaient  sous 
la  dénomination  très  peu  circonscrite  de  Libyens.  Les  monuments 
représentent  ces  gens-là  avec  une  peau  de  couleur  claire,  des  yeux 
bleus,  des  cheveux  blonds,  tandis  que  les  Égyptiens  apparaissent, 
sur  les  mêmes  bas-reliefs,  avec  la  peau  brune,  les  yeux  et  les  cheveux 
noirs.  En  général,  on  est  habitué  à  considérer  ces  peuples  comme  les 
voisins  des  parties  septentrionales  de  l'Egypte,  mais,  de  fait,  leurs 
résidences  se  sont  étendues,  au  moins  dans  les  temps  anciens,  beau- 
coup plus  au  sud.  L'inscription  de  Herchuf  à  Assouan1  les  montre 
sous  la  VIe  dynastie  comme  voisins  des  Égyptiens  jusque  vers   la 

i.  Schiaparelli,  Una  tomba  Egiziana  délia  VIe  dynastia,  Roina,  1S92,   p.  29. 


DANS   LA   NÉCROPOLE  DE  NÉGADAH  221 

Nubie  el  lui  texte  de  la  XXe  dynastie  parle  de  Tehennu  établis  près 
delà  bourgade  d'Anibe,  au  sud  de  la  capitale  de  la  Nubie,  Derr1. 
C'esl  donc  une  hypothèse  très  plausible  qu'une  tribu  apparentée  à 
ces  Libyens  ait  formé  les  autochtones  de  l'Egypte,  qui  furenl  assu- 
jettis plus  tard  par  les  immigrants  égyptiens.  En  effet,  on  trouve  sous 
la  IV  dynastie,  et  encore  plus  tard  dans  l'Ancien  Empire,  des  gêna 
cà  peau  claire,  à  tête  plaie,  cheveux  roux,  barbus,  comme  bergers,  la- 
boureurs, faiseurs  de  tours,  appartenant  aux  basses  classes  de  la  popu- 
lation2. Ce  sont  eux  qui  auraient  été  les  descendants  des  anciens 
maîtres  du  pays,  devenus  les  ilotes  des  conquérants. 

Une  classe  inférieure  semblable  employait  encore,  au  commence- 
ment de  la  IVe  dynastie,  une  des  coutumes  les  plus  caractéristiques 
de  la  race  de  Négadah.  M.  Pétrie3  a  constaté  à  Médum  dans  les  tom- 
beaux des  classes  supérieures. la  momification,  tandis  que  dans  ceux 
de  la  basse  population  les  morts  se  trouvaient,  ainsi  qu'à  Guizeh,  à 
L'état  de  squelette,  en  général  dans  la  position  embryonnaire;  la  po- 
sition droite  est  plus  rare.  Souvent  même  les  ossements  étaient  en 
désordre  ou  quelques-uns  manquaient,  quoiqu'on  ait  pu  constater 
qu'on  avait  au  moins  essayé  de  les  disposer  dans  leur  ordre  naturel. 
C'est  la  dernière  forme  de  l'enterrement  secondaire,  en  squelette,  qui 
se  trouve  ici,  et  en  même  temps  la  transition  avec  l'enterrement  du 
mort  intact,  en  forme  de  momie,  méthode  qui  devint  générale,  peu  de 
temps  après,  pour  toutes  les  classes  de  la  population  dans  la  vallée 
du  Nil,  tandis  que,  d'après  un  passage  malheureusement  peu  clair 
d'Hérodote,  IV,  190,  l'enterrement  en  position  embryonnaire  parait 
avoir  survécu  dans  quelques  parties  de  la  Libye  ;  dans  les  îles  Baléares, 
qui  étaient  reliées  à  la  civilisation  libyenne,  on  frappait  sur  le  cadavre 
pour  lui  donner  la  plus  petite  dimension  possible  et  on  l'ensevelissait 
dans  un  vase  \ 

Un  usage  des  gens  de  l'époque  de  Négadah  était  le  tatouage;  cela 
est  prouvé  par  une  statuette  de  femme  trouvée  à  Toukh5,  dont  les 
peintures  montrent  des  images  tatouées  sur  le  corps,  qui  répondent 

ï.Lepsius,  Denkmàler,  III,  229  c,  ligues  9  et  10;  traduit  par  Brugsch,  Geschichte 
Aegyptens,  p.  6127. 

o."  Représentation  dans  de  Morgan,  Origines,  p.  197;  Pétrie,  Ilislorv,  p.  1 1  ;  Mariette, 
Galerie  de  l'Egypte  ancienne,  Paris,  1878,  p.  20,  les  prenait  hypothétiquement  pour 
des  Tehennu . 

3.  Médian,  p.  20. 

\.  Diodore.  Y,  18. 

5.  Pétrie,  Naqada,  pi.  T. IX,  Gg.  6. 


222  LES  MODES   D'ENSEVELISSEMENT 

exactement  comme  forme  aux  lignes  brisées  et  aux  représentations 
d'ibex  qui  ornent  les  vases  de  la  même  époque '.Les  tatouages  étaient 
fréquents  en  Libye2,  taudis  qu'ils  manquent  en  Egypte.  Ce  n'est  que 
sous  le  règne  d'Aménophis  IV.  époque  où  nous  trouvons  aussi,  d'autre 
part,  des  traces  d'influence  libyenne,  que  le  roi  et  la  reine  se  tirent 
tatouer  sur  le  corps  le  nom  du  dieu  Aten3.  Afin  de  montrer  ces  orne- 
ments, ils  découvraient  leur  corps  plus  que  l'usage  égyptien  ne  le 
permettait;  parfois  même  le  vêtement  ne  les  couvre  que  sur  le  dos  et 
les  côtés*,  comme  c'était  la  coutume  chez  les  Libyens  du  temps  de 
Seli  1"\ 

Les  faits  dontnous  venons  de  parler  rendent  probable  une  relation 
entre  une  partie  de  la  civilisation  de  Négadah  et  celle  des  voisins 
occidentaux  de  l'Egypte.  Cela  a  lieu  d'une  manière  encore  bien  plus 
évidente  si  l'on  considère  qu'il  existe  un  rapprochement  incontestable 
entre  la  civilisation  de  Négadah  et  celle  qu'on  appelle  la  civilisation 
insulaire  de  la  Grèce,  qui  a  précédé  la  période  mycénienne  dans  les 
pays  de  la  Méditerranée  septentrionale.  Il  ne  parait  guère  admissible 
que  les  représentants  de  cette  civilisation  du  type  de  Négadah  aient 
été  chassés  par  L'immigration  égyptienne,  et  se  soient  réfugiés  sur 
les  îles  grecques  et  les  côtes  environnantes.  Il  est  beaucoup  plus  vrai- 
semblable que  leur  civilisation  ne  s'est  pas  bornée  cà  la  vallée  du  Nil, 


i.  Des  graffitis  du  même  style  se  trouvent  en  très  grand  nombre  sur  les  rochers 
des  montagnes  lybique  el  arabique,  jusqu'à  une  assez  grande  distance  dans  le  désert. 
Ils  n'ont  pas  été  recueillis  au  complet,  mais  quelques-uns  ont  été  publiés  par  de 
Morgan,  Origines,  162  sq.;  Goléniscbeff,  Recueil  de  Travaux,  XIII,  pi.  IV  et  VII 
(v.  aussi  Pétrie,  Season,  p.  i5  et  Ten  years  digging,  p.  ^Sj.ceux  de  Pétrie,  Season. 
pi.  XIX,  sont  beaucoup  plus  récents  et  datent  en  partie  des  temps  hellénistiques) 
Parmi  les  derniers,  pi.  IV,  n°  17,  trois  autruches,  et  pi.  VII,  n°  G2,  un  oiseau  voletant, 
sont  remarquables  :  les  premiers  rappellent  les  autruches  des  vases  du  tombeau 
royal  de  Négadah,  et  l'autre  l'oiseau  sur  la  plaquette  d'ivoire. 

■i.  Lepsius,  Denkmâler,  III,  i36. 

3.  Lepsius,  Denkmâler,  III,  106,  109. 

'l .  Lepsius,  Denkmâler,  III,  101,  o/j,  etc.  La  statue  delà  reine  Tii  (Lepsius,  Dénient., 
III,  100,  a),  montre  la  même  manière  de  s'habiller.  La  poitrine  pendante  de  celte  reine, 
qui  se  retrouve  parfois  dans  les  bas-reliefs  de  la  fin  de  la  XVIII"  dynastie,  existe  aussi 
sur  une  staLuetlc  du  type  de  Négadah,  à  Berlin  {Aeg.  Zeitschrift,  XXXIV,  p.  ifir, 
fig.  12).  Dans  ce  travail  est  publiée  une  série  d'objets  qui  auraient  été  trouvés  dans 
deux  tombeaux  à  Négadah.  Cela  est  possible,  mais,  autant  que  je  sache,  la  donnée  ne 
repose  que  sur  le  dire  d'un  marchand  d'antiquités  arabe,  par  les  mains  duquel  ces 
objets  avaient  passé,  de  sorte  qu'il  est  prudent  de  ne  tirer  des  conclusions  trop  pré- 
cises, ni  du  lieu  de  trouvaille  indiqué,  ni  de  l'ensemble  des  objets. 

5.  Lepsius,  Denkmâler,  III,  i°,(). 


DANS  LA  NECROPOLE  DE  NEGADAH  223 

mais  s'étendail  au  delà,  vers  l'ouest,  où  M.  Legrain  a  retrouvé  leurs 
silex  <  i  leurs  kjœkkenmœddings  jusqu'à  l'oasis  de  Khargiéh.  1  ne  fois 
cette  population  asujettie,  en  Egypte,  el  sa  civilisation  supprimée  par 
les  envahisseurs,  elle  aura  continué  d'exister  plus  à  l'ouest, en  Lybie, 
el  au  i'a  eu  de  là  ses  relations  avec  le  développemenl  de  la  civilisation 
insulaire  grecque.  Cette  durée  plus  longue  en  Libye1  expliquerait  plus 
facilement  les  faits,  si  l'on  trouve,  dans  des  loin  I  faux  postérieurs,  des 
produits  céramiques  du  type  deNégadah;  en  effet,  même  si  l'on  ne 
veutpas  admettre  que  les  Égyptiens  aient  fait  usage  d'anciens  objets 
trouvés  dans  des  tombeaux,  comme  le  font  actuellement  les  Arabes 
avec  les  anciens  vases  égyptiens,  il  n'est  pas  difficile  d'admettre  que, 
de  temps  en  temps,  on  importa  de  l'ouest  des  échantillons  de  cette 
céramique,  bien  supérieure  à  la  céramique  égyptienne,  de  même  qu'on 
importa,  sous  le  Nouvel  Empire,  des  produits  de  la  poterie  mycé- 
nienne. 

De  tous  ces  faits  il  me  parait  ressortir  que  les  autochtones  de 
l'Egypte  étaient  apparentés  aux  «  Lybiens  »,  qu'ils  lurent  vaincus  par 
un  autre  peuple  et  réduits  plus  ou  moins  en  esclavage,  de  sorte 
qu'ils  ne  formaient  plus,  au  commencement  de  l'Ancien  Empire,  que 
la  classe  inférieure  de  la  population  dans  la  vallée  du  Nil.  11  surgit 
maintenant  une  seconde  question  :  quel  fut,  ou,  tout  au  moins,  d'où 
vint  ce  peuple  de  conquérants? 

L'opinion  générale  est  que  les  Egyptiens  venant  d'Asie  auraient 
pénétré,  par  l'isthme  de  Suez,  dans  leur  nouveau  pays,  el  l'auraient 
occupé  en  remontant  le  fleuve.  Dans  cette  hypothèse,  l'idée  de  l'ori- 
gine asiatique  des  nouveaux  maîtres  de  l'Égvpte  est  parfaitement 
fondée  :  la  langue  égyptienne  appartient  à  la  môme  famille  que  l'indo- 
européen  et  le  sémite,  en  se  rapprochant  davantage  du  dernier  groupe, 
mais  pas  assez  toutefois  pour  pouvoir  être  rangée  parmi  les  langues 
sémitiques.  D'après  les  caractères  anthropologiques,  d'autre  part,  le 
peuple  se  range  dans  l'ensemble  des  mêmes  races  et  diffère  notable- 


i.  On  a  prétendu  que  la  poterie  kabyle  répondait  à  celle  du  type  de  Négadah,  ce  qui 
serait  une  preuve  de  l'idée  émise  plus  haut;  malheureusement,  il  m'esl  impossible, 
faute  de  matériaux  nécessaires,  de  constater  cette  donnée.  D'autre  part,  M.  Schwein- 
furlh  [Steinbrûche  des  nions  Claudianus  dans  la  Zeitschrifl  der  Gesellschaft  fur  Erdkunde 
zu  Berlin,  XXXII,  1897, p.  i)(  a  signalé  la  ressemblance  des  vases  trouvés  à  Négadab 
avec  ceux  des  Bédaùye  (Ababdeh  el  Bischaris)  actuels.  Les  Égyptiens  rangeant  parmi 
les  Tehennu  leurs  voisins  du  sud-ouest  et  du  sud,  ce  fait  n'offrirait  aucune  diiticullé 
pour  noire  théorie. 


22Ï  LK.S  MODES   D'ENSEVELISSEMENT 

ment  des  races  nègres  et  ouralo-altaïques.  Celte  affinité  avec  les 
antres  peuples  méditerranéens  rend  pins  que  probable  une  origine 
asiatique  des  peuples  de  la  vallée  du  Nil,  provenance  déjà  indiquée 
par  le  plus  ancien  système  ethnographique  que  nous  possédions'. 

L'idée  (pie  ce  peuple  entra  en  Egypte  par  le  nord  a  été  déduite  de 
la  remarque  que  les  plus  anciens  monuments  se  trouvent  au  nord, 
près  de  Memphis  et  qu'ils  deviennent  de  plus  en  plus  récents  à  me- 
sure qu'on  remonte  le  fleuve.  Les  nouvelles  découvertes  ont  démontré 
que  ce  raisonnement  est  faux;  les  monuments  trouvés  par  MM.  de 
Morgan,  Pétrie  et  Amélineau,en  Haute-Egypte,  sont  plus  anciens  que 
les  pyramides  de  Memphis.  D'un  autre  côté,  une  tradition  ancienne5 
fait  venir  les  Egyptiens  de  l'Ethiopie,  c'est-à-dire  du  sud,  et  Ézéchiel 
(xxjx,  14),  suivant  sans  doute  dans  cette  donnée  une  tradition  égyp- 
tienne répandue  de  son  temps,  désigne  Pathros,  le  pays  du  sud,  et 
plus  particulièrement  la  Haute  Egypte,  comme  la  patrie  des  Egyptiens. 
Ce  serait  donc  plutôt  du  sud  que  ce  peuple  est  arrivé  en  descendant 
le  fleuve,  dans  la  direction  de  la  mer;  mais  l'Afrique  centrale  ne  doit 
pas  pour  cela  être  nécessairement  son  pays  d'origine.  Au-dessus  des 
cataractes,  les  monuments  anciens  disparaissent,  et  cette  contrée  n'a 
été  occupée  par  les  Egyptiens  qu'après  la  conquête  de  l'Egypte  pro- 
prement dite.  Il  faut  donc  que  cette  nation  soit  arrivée  par  une  des 
routes  conduisant  de  la  mer  Rouge  à  la  Haute  Egypte. 

La  route  la  meilleure  est  celle  qui,  venant  de  la  côte,  près  de  Cos- 
seïr,  passe  par  la  vallée  de  Hammamat  pour  aboutir  à  Coptos;  elle 
était  déjà  connue  des  Egyptiens  depuis  l'Ancien  Empire3,  en  sorte 
qu'elle  fut  aussi  probablement  celle  que  prirent  les  envahisseurs.  Ils 
gardèrent  leurs  relations  avec  la  mer  Rouge  pendant  assez  long- 
temps :  on  trouve  dans  les  tombeaux  du  type  de  Négadah  des  coquilles 
qui  ne  peuvent  venir  que  de  là,  et  les  statues  ilhyphalliques  du  dieu 
Min,  découvertes  à  Coptos4,  qui  offrent  tous  les  indices  d'une  origine 
des  plus  anciennes,  sont  ornées  de  coquilles  Pteroceras,  originaires 
delà  même  mer.  Les  schistes  que  ces  gens  employaient  pour  y  décou- 
per leurs  amulettes  proviennent,  d'après  les  remarques  de  MM.  de 
Morgan  et  Schweinfurth,  des  montagnes  à  l'est  du  Nil,  tandis  que 


i.  Genèse,  chap.  x. 
•i.  Diodore,  III,  3. 

3.  V.   Maspero,  Revue  orientale,  1877,  p.  327,  el  Schiaparelli,  La    calena   orientale 
delV  Egitto,  Roma,   1890. 
\.  Pétrie,  Koptos,  pi.  3-4. 


DANS  LA  NÉCROPOLE  DE  NÉGADAH  225 

I'étain  et  probablement  aussi  une  partie  du  cuivre  nécessaire  à  la 
fabrication  du  bronze  auront  traversé  la  mer  Rouge  parla  même  route 
pour  passer  d'Asie  en  Egypte1. 

Los  textes  historiques  des  Égyptiens  ne  mentionnent  nulle  part 
l'occupation  du  pays  par  leur  race,  mais  il  me  semble  que  nous  avons 
encore  dans  des  textes  religieux  un  écho  lointain  de  cette  invasion  à 
l'aurore  de  l'histoire,  la  mémoire  religieuse  étant  aussi  -mus  ce  rap- 
port plus  conservatrice  que  la  tradition  purement  historique.  Ainsi 
les  inscriptions  des  pyramides;  décrivent  la  manier.-,  dont  le  roi  prit 
possession  de  l'Egypte,  à  l'instar  du  roi  des  dieux,  en  disant  :  «  Le  roi 
est  la  contrée  des  cataractes  (selli)  qui  a  pris  possession  des  deux 
pays  (l'Egypte),  la  flamme  qui  a  saisi  les  deux  bords  du  Nil  »;  ce 
texte  fait  donc  venir  les  conquérants  du  sud.  Une  description  plus 
détaillée  de  la  conquête  se  trouve  dans  le  mythe  d'Horus  d'Edfou, 
qui  ne  nous  est  malheureusement  parvenu  que  dans  une  inscription 
très  récente3.  «  Ce  dieu,  dit  le  texte,  conquit  l'Egypte  en  vainquant 
Set-Typhon  avec  l'aide  de  ses  mesniti-u  »,  qui  sont,  comme  Ta  très 
bien  déterminé  M.  Maspero  *,  des  forgerons  qui  devinrent  la  suite  de 
l'Horus  d'Edfou  et  trouvèrent  accueil  avec  lui  dans  les  différents 
temples  de  l'Egypte.  C'est  donc,  d'après  l'idée  de  l'auteur  de  ce 
mythe,  des  forgerons  qui  furent  les  conquérants  ;  des  hommes  con- 
naissant les  métaux  auraient  remporté  la  victoire  sur  des  ennemis 
qui,  probablement,  ne  possédaient  que  des  armes  non  métalliques, 
l'invasion  d'une  peuplade  armée  de  fer  ou  de  bronze  aurait  déterminé 
l'assujettissement  de  l'homme  néolithique. 

D'après  le  texte  d'Edfou,  le  point  de  départ  de  la  conquête  fut  cette 
ville  elle-même,  qui,  cela  est  bien  naturel,  devait  jouer  le  rôle  prin- 
cipal dans  un  mythe  inscrit  sur  les  murs  de  son  temple.  Tous  les 
champs  de  bataille  nommés  dans  l'inscription  sont  situés  plus  au  nord, 
et  si  le  texte  parle  au  commencement  et  à  la  fin5  du  pays  Wawa*,  où 
les  ennemis  du  dieu  auraient  commencé  à  conspirer,  il  est  probable 


i.  Y.  do  Morgan,  Origines,  p.  23S. 

3.  Pepi  I,  1.  90;  Ramcren,  1.  119;  Pepi  II,  1.  698. 

3.  Ed.   Naville,  Mythe  d'ITorus,  pi.    12-19,  traduit  par  Brugsch,  Ahhandlungen  der 
Go&tlinger  Akademie,  XIV  ;  cf.  Wiedemann,  Religion  of  the  Ancient  Egyptians,  p.  G9. 

4.  Études  de  mythologie,  II,  3i3. 

5.  PI.  XII,  1.  1  et  pi.  XVIII,  1.  -. 

6.  Wawa  signifie  en  général  les  pays  au  sud  de  l'Egypte  proprement  dite  (v.  Brugsch. 
Aegyptische  Zeitschri/t,  18S2,  p.  3o). 

15 


226  LES  MODES  D'ENSEVELISSEMENT 

que  ce  n'est  qu'un  essai  d'expliquer  étymologiquement  le  nom  du 
pays  comme  celui  de  la  conspiration  ;  en  effet,  si  l'on  avait  pensé  que 
la  guerre  y  avait  réellement  pris  origine,  l'inscription  donnerait  des 
détails,  et  ne  citerait  pas  Edfou  comme  premier  lieu  de  victoire1.  Le 
lieu  suivant  se  trouve  à  Thèbes,  le  troisième  à  Dendérah.  Il  n'est 
guère  possible  de  reconstruire,  à  l'aide  de  ce  mythe,  l'histoire  de  la 
conquête  dans  tous  ses  détails,  mais  au  moins  le  fait  que,  d'après  la 
tradition  qui  lui  servait  de  base,  les  envahisseurs  vinrent  de  la  Haute 
Egypte  et  avancèrent  vers  le  nord,  paraît  ressortir  très  clairement. 

En  admettant  que  le  point  de  départ  de  l'invasion  se  trouve  dans 
les  environs  de  Cosseïr,  on  ne  peut  pas  en  conclure  que  ce  pays  ait 
été  la  patrie  réelle  du  peuple  égyptien,  les  bords  de  la  mer  Rouge 
n'ayant  jamais  pu  offrir  à  une  population  un  peu  nombreuse  les  ter- 
rains nécessaires  à  sa  subsistance.  Cette  contrée  ne  peut  avoir  été 
qu'une  étape  dans  la  migration  de  ce  peuple,  dont  il  faudra  alors  re- 
chercher l'origine  plus  loin  à  l'est,  vers  l'Arabie. 

Une  tradition  ancienne  s  nomme  comme  frère  de  Misraïm,  qui  re- 
présente l'Egypte,  Chus,  le  père  de  Nimrod,  fondateur  de  l'Empire 
babylonien,  indiquant  par  là  une  relation  entre  les  habitants  de  la 
vallée  du  Nil  et  ceux  de  la  Mésopotamie.  En  effet,  les  trouvailles  en 
Egypte  d'un  côté,  en  Chaldée  de  l'autre,  ont  mis  à  jour  tant  d'ana- 
logies, qu'il  parait  impossible  de  les  attribuer  à  un  simple  hasard; 
elles  ne  sont  cependant  pas  de  sorte  à  nous  lorcer  à  voir  dans  une 
des  deux  civilisations  un  dérivé  de  l'autre  et  à  penser,  par  exemple, 
comme  on  a  voulu  le  proposer,  que  les  Babyloniens  auraient  con- 
quis l'Egypte  à  un  moment  donné,  en  lui  apportant  leur  civilisa- 
tion. Pour  prouver  une  pareille  hypothèse,  les  preuves  ne  parais- 
sent pas  encore  suffisantes,  et  le  développement  particulier  que 
prit  chacune  des  deux  civilisations  ne  paraît,  de  prime  abord,  pas 
favorable  à  cette  idée.  Mais  on  est  en  droit,  en  se  basant  sur 
ces    analogies,  d'émettre    l'opinion  que    les   deux    civilisations  ont 

i.  Ce  serait  fort  intéressant  si  le  texte  racontait  réellement,  comme  l'a  pensé 
Brugsch  [Aeg.  Zeit.,  1884,  p.  96)  que  l'endroit  où  Horus  quitta  la  mer  Rouge,  pour 
commencer  sa  seconde  campagne  victorieuse,  était  Bérénice.  Malheureusement  le  mot 
Schashert  qu'il  traduit  de  la  sorte  est,  dans  les  textes,  déterminé  comme  pays.  Dans 
ce  pays  était  située  une  ville  dont  le  nom  n'est  pas  donné  et  dont  le  texte  dit  seule- 
ment qu'elle  était  située  sur  la  route  conduisant  de  la  mer  Rouge  vers  Wawa,  de  telle 
sorte  que  uous  ne  pouvons  même  pas  l'identifier  avec  un  port  quelconque  de  la  mer 
Rouge. 

2.  Genèse,  x,  6-10. 


DANS  LA  NECROPOLE  DE  NÉGADAH  227 

une  origine  commune,  qu'elles  onl  apporté  les  germes  de  leur  déve- 
loppement d'un  pays  dans  lequel  elles  vivaient  ensemble.  Comme 
la  marche  de  la  civilisation  chaldéenne  remonta  l'Euphrate,  il  faul 
chercher  ce  pays  en  premier  lieu  <'u  Arabie. 

Il  csi  impossible  d'étudier  ici  de  plus  près  les  ressemblances  <•! 
en  même  temps  les  différences  des  deux  civilisations,  cela  n<-  pourra 
se  faire  que  dans  un  mémoire  spécial1;  mais, je  voudrais  au  moins  si- 
gnaler ici  un  point  de  comparaison  qui  a  élu  révélé  à  la  science  par 
la  découverte  de  tombeaux  à  incinération  à  Négadah  et  à  Abydos. 
Tandis  qu'en  général  en  Mésopotamie  on  enterrait  le  mort,  parfois 
dans  une  position  semi-embryonnaire*,  on  trouve  parfois  à  côté  de 
cela  des  traces  d'incinération  du  cadavre3.  Les  nécropoles  les  plus 
intéressantes  sous  ce  rapport  qui  ont  été  découvertes  à  Surghul  et 
El-Hibba''  contiennent  non  seulement  des  fosses,  mais  encore  des 
maisons  complètes  dans  lesquelles  le  mort  avait  été  brûlé.  Non  seu- 
lement cette  analogie  avec  nos  tombeaux  royaux  d'Egypte  se  détache 
de  l'étude  de  ces  nécropoles,  mais  on  peut  encore  y  voir  les  sui- 
vantes :  les  murs  de  Surghul  sont  en  briques  non  cuites  ;  un  vase  a 
été  intentionnellement  percé,  comme  si  on  avait  voulu  le  tuer  ;  parmi 
les  dons  déposés  dans  les  lombes  se  trouvent  des  haches  et  des 
pointes  de  flèches  en  silex,  des  armes  en  bronze,  des  pierres  rondes 
ou  cylindriques.  Dans  un  tombeau  était  enterré  un  enfant  dans  la  po- 
sition embryonnaire,  couché  sur  le  côté  droit.  Cependant  nous  ne  pou- 


r.  Un  des  points  qu'on  a  voulu  citer  comme  preuve  de  l'origine  babylonienne  de  la 
civilisation  égyptienne  est  la  ressemblance  des  pyramides  d'Egypte  avec  les  temples 
en  terrasses  de  la  Mésopotamie.  Mais  la  différence  entre  ces  deux  classes  de  monu- 
ments est  fondamentale  :  la  pyramide  n"a  jamais  été  en  Egypte  qu'un  tombeau,  le 
temple  n'y  a  jamais  reçu  une  forme  semblable.  Le  rapport  entre  les  deux  formes  de 
monuments  ne  consiste  que  dans  le  fait  que  tous  les  deux  forment  des  moutagnes  arti- 
ficielles, l'une  destinée  à  rendre  plus  visible  le  temple  d'un  dieu,  l'autre  à  signaler 
de  loin  le  tombeau  d'un  roi.  L'idée  de  bâtir  une  montagne  semblable  ne  serait  jamais 
venue  à  un  peuple  vivant  dans  une  contrée  montagneuse,  où  la  nature  offrait  des  points 
saillants  beaucoup  plus  commodes  que  ces  constructions  ;  c'est  pourquoi  il  me  semble 
que  les  Égyptiens  ont  apporté  avec  eux  l'idée  de  construire  des  pyramides  du  séjour 
dans  un  pays  plat. 

'X.  Taylor,  Notes  ontheRuins  ofMuqeyr  dans  Journal  of  Royal  Asiat.  ■S,oc.,XV(i855  . 
p.  270;  llommel,  Geschichte  Babyloniens-Assyriens,  p.  19."),  et  pour  les  indications  des 
textes,  Jeremias,  Babylonisck-assyrische  Vorstellungen  vont  F. "Lai  nach  dem  Tode, 
p.   '|(i,  et  Jensen,  Kosmologie  der  Babylonier,  p.  225. 

3.  Cf.  Maspero,  Histoire  ancienne,  I,  6S7.  Jeremias  dans  de  La  Saussaye,  Lehrbuch 
der  Religionsgeschiclite ,  I,  210. 

4.  Koldewey,  Zeitschrift  fur  Assyi-iologie,  III,  Jo3-43o. 


228  LES  MODES  D'ENSEVELISSEMENT 

vons  passer  sous  silence  une  différence  entre  les  deux  nécropoles  ;  en 
Babylonie,  sauf  peu  d'exceptions,  les  vases  sont  fabriqués  au  tour,  et 
le  nombre  des  objets  en  pierre  est  très  restreint,  tandis  que  c'est  jus- 
tement le  contraire  qui  a  lieu  en  Egypte. 

En  terminant  ce  chapitre,  je  voudrais  exprimer  en  peu  de  mots  les 
conclusions  principales  auxquelles  peut  conduire  l'étude  des  diffé- 
rents documents  dont  nous  avons  eu  à  parler.  Le  peuple  que  nous 
appelons  maintenant  peuple  égyptien,  provient  du  mélange  d'une 
race  autochtone1  appartenant  à  la  grande  famille  des  peuples  libyens, 
et  d'une  race  d'envahisseurs  ayant  une  affinité  d'origine  avec  les  Ba- 
byloniens, venant  de  l'Arabie  et  ayant  réussi  à  pénétrer  en  Haute- 
Egypte.  Les  tombeaux  du  type  de  Négadah,  Abydos,  etc.,  montrent 
les  deux  races  en  contact  et,  en  même  temps,  la  prédominence  crois- 
sante de  la  race  des  conquérants  qui  asservit  les  autochtones. 


i.  En  parlant  ici  de  races,  je  ne  veux  pas  dire  que  chacune  de  ces  populations  for- 
mait une  race  bien  définie  dans  le  sens  absolu  du  mot,  mais  seulement  que  les  deux 
catégories  sont  bien  séparées  d'origine.  D'après  les  indices  anthropologiques  étudies 
par  le  Dr  Fouquet,  les  autochtones  semblent  avoir  formé  une  race  à  peu  de  chose 
près  uniforme,  tandis  que  les  envahisseurs  montrent  un  grand  mélange  de  races. 


CHAPITRE  VI 

Monuments  contemporains  du  tombeau  royal  de 

Négadah 

PAR 

GUSTAVE   JÉQUIER 


Jusqu'à  ces  dernières  années,  nous  manquions  absolument  de  do- 
cuments remontant  aux  origines  mêmes  de  l'histoire  de  l'Egypte;  les 
seuls  renseignements  que  nous  avions  sur  cette  période  étaient  très 
postérieurs.  Ils  sont  si  connus,  d'ailleurs,  et  ont  été  si  souvent  étudiés 
et  commentés  que  je  me  bornerai  ici  à  les  rappeler. 

Les  documents  égyptiens,  tout  d'abord,  sont  les  plus  précis,  au 
moins  en  ce  qui  concerne  les  deux  premières  dynasties  ;  les  listes 
royales  d'Abydos,  de  Karnak,  de  Saqqarah,  nous  donnent  des  séries 
de  cartouches  des  premiers  rois  d'Egypte;  le  papyrus  de  Turin  y 
ajoute  même  le  nombre  des  années  de  règne.  D'autres  documents, 
disséminés  un  peu  partout,  nous  parlent  des  trois  dynasties  divines 
et  nous  permettent  de  reconstituer  les  trois  énnéades,  toute  la  série 
des  dieux  que  les  prêtres  égyptiens  donnaient  comme  prédécesseurs 
à  leurs  rois. 

Quant  aux  documents  grecs,  dont  la  plupart  nous  sont  conservés 
dans  les  fragments  de  Manéthon,  ils  concordent  à  peu  près  avec  les 
listes  royales  hiéroglyphiques.  Les  noms  se  retrouvent  sous  leur 
forme  hellénisée,  mais  une  part  beaucoup  plus  grande  est  faite  à  la 
légende  :  les  aventures  fantastiques  qui  arrivent  aux  premiers  rois 
d'Egypte  tiennent  uniquement  de  la  fable. 

En  résumé,  tous  ces  renseignements,  qui  étaient  les  seuls  dont  on 
pouvait  se  servir  jusqu'ici,  n'ont  pas  le  caractère  d'authenticité  né- 


230  MONUMENTS  CONTEMPORAINS 

cessaire  pour  établir  l'histoire.  Comme  L'a  fort  bien  dit  M.  Maspero1, 
les  premières  dynasties  ont  été  très  probablement  forgées  après  coup 
par  les  historiens  égyptiens.  Le  souvenir  des  commencements  de  la 
monarchie  s'était  perdu  au  cours  des  siècles;  quelques  noms  des 
rois  primitifs  survivaient  à  peine  à  l'oubli  lors  de  l'époque  de  i'apo- 
o-ée  de  la  civilisation  dans  la  vallée  du  Nil,  et  comme  les  Égyptiens 
se  considéraient  comme  autochthones,  ils  tenaient  à  établir  les  chaî- 
nons qui  leur  manquaient  pour  rattacher  leur  histoire  a  celle  des 
dieux  et  par  conséquent  à  la  création  du  monde. 

Nous  pouvons  cependant  tirer  de  ces  légendes  quelques  documents 
précieux  sur  les  souvenirs  qu'avaient  laissés  aux  Égyptiens  la  con- 
quête du  pays  et  l'établissement  de  la  monarchie.  En  effet,  après 
toute  la  série  des  grands  dieux  héliopolitains,  nous  voyons  appa- 
raître la  lono-ue  lutte  entre  Horus  et  Set.  Ces  guerres  interminables 
qui  sont  devenues  la  propriété  du  mythe  et  de  l'histoire  religieuse, 
ont  eu  certainement  pour  point  de  départ  l'invasion  de  l'Egypte  par 
une  peuplade  orientale  personnifiée  par  Horus,  Fépervier,  dieu  du 
soleil  levant,  et  la  victoire  de  ce  dernier  sur  Set,  le  dieu  autoch- 
thone.  Ce  n'est  pas  ici  le  lieu  de  développer  cette  théorie  ;  je  voudrais 
seulement  rappeler  encore  à  ce  sujet  la  légende  des  masnili\  ou  for- 
o-erons  d'Horus,  qui  représentent  très  probablement  les  introduc- 
teurs des  métaux  en  Egypte.  L'origine  de  ces  légendes  est  bien  cer- 
tainement historique,  et  ce  n'est  sans  doute  que  plus  tard,  lors  du 
développement  de  la  religion  égyptienne,  qui  devait  être  à  ce  mo- 
ment-là dans  un  état  tout  à  fait  embryonnaire,  qu'on  les  introduisit 
dans  le  mvthe  osirien,  en  leur  donnant  pour  héros  Horus  et  Set. 

Quant  à  l'origine  de  la  constitution  égyptienne'',  telle  qu'elle  a 
duré  pendant  de  si  longs  siècles,  à  l'établissement  de  la  monarchie 
entre  les  mains  des  chefs  des  conquérants,  toutes  les  traditions  se 
sont  concentrées  sur  le  seul  nom  du  roi  Menés,  le  fabuleux  fondateur 
de  Memphis.  Ce  souverain  a-t-il  jamais  réellement  existé  ?  C'est  ce 
qu'il  est  difficile  de  dire  pour  le  moment,  tant  que  nous  n'aurons  pas 
de  documents  authentiques  pouvant    être  attribués  à  son  règne.  Il 


i.  V.  Maspero,  Noies  sur  différents  points  de  grammaire  et  d'histoire  (Recueil  de 
Travaux,  XVII,  p.  56,  64  cl  121). 

2.  V.  Maspero,  Etudes  de  religion  et  d'archéologie  égyptiennes,  II,  p.  3i3. 

3.  Je  ne  parle  pas  ici  de  la  civilisation  du  pays,  qui  pour  les  Egyptiens  d'époque 
postérieure,  était  attribuée  à  Osiris  et  à  Isis,  et  par  conséquent  reculée  encore  bien  au 
delà  de  Mènes. 


DU  TOMBEAU   ROYAL  DE  M  GADAH 

personnifie  pour  nous,  comme  pour  les  Égyptiens  d'autrefois  les 
débuts  de  la  monarchie,  l'union  sens  un  seul  sceptre  de  toutes 
les  provinces  des  bords  du  Nil,  les  premiers  grands  travaux,  tels 
que  la  fondation  de  Memphis,  toutes  choses  qui  fort  probablement 
n'onl  pas  été  l'œuvre  d'un  seul  homme,  mais  celle  de  plusieurs  gé- 
néral ions. 

rels  étaient  doue  les  documents  que  nous  possédions,  les  seuls 
sur  lesquels  on  pouvait  se  baser  pour  connaître  les  origines  de 
I  Egypte,  il  va  peu  de  temps  encore.  Maintenant,  les  dernières  fouilles 
d'Abydos  sont  venues  apporter  tout  un  contingent  nouveau  de  docu- 
ments sur  cette  époque  encore  inconnue.  M.  Amélineau  y  a  décou- 
vert une  série  de  tombeaux  qu'il  est  fort  intéressant  de  comparer  à 
celui  de  Négadah;  comme  il  n'a  publié  jusqu'ici  qu'un  résumé  très  peu 
étendu  de  ses  fouilles  de  1895-90»,  il  a  bien  voulu,  sur  la  demande 
de  M.  de  Morgan,  me  communiquer  ses  documents  encore  inédits  et 
m'autoriser  à  en  tirer  parti,  en  attendant  le  compte  rendu  complet  de 
ses  fouilles,  qu'il  prépare.  Je  tiens  à  lui  en  exprimer  ici  toute  ma 
reconnaissance. 

La  localité  dans  laquelle  M.  Amélineau  a  fait  ses  importantes  dé- 
couvertes se  trouve  située  dans  le  grand  cirque  que  forme  la  chaîne 
Iibyque  autour  d'Abydos.  Cet  endroit,  que  les  habitants  du  pays  nom- 
ment Om-el-Gaab,  est  en  plein  désert,  à  deux  kilomètres  au  moins  à 
l'ouest  du  temple  de  Seti  I-  et  de  la  nécropole  fouillée  par  Mariette; 
c'est  une  immense  étendue  de  sable  où  se  dessinent  par  places  de 
grands  monticules  informes,  presque  entièrement  recouverts  de 
débris  de  poteries. 

C'est  sous  ces  monticules  que  se  trouvaient  les  tombeaux  décou- 
vertsl'année  dernière;  ceux  des  rois,  qui  se  distinguent  des  autres  par 
leur  taille  beaucoup  plus  considérable,  avaient  été  malheureusement 
si  complètement  spoliés  qu'ils  ne  renfermaient  plus  que  fort  peu 
d'objets2. 

Les  deux  premiers  de  ces  tombeaux  royaux,  les  plus  rapprochés  de 
la  vallée  sont  de  grandes  fosses,  l'une  carrée,  l'autre  rectangulaire 
(fig.  778),  creusées  dans  le  sol  et  revêtues  de  murs  de  briques  crues. 
C'est  de  là  que  proviennent  les  deux  stèles  qui  sont  aujourd'hui  au 

i.  Amélineau,  Les  nouilles  fouilles  dAbydos,  Paris.  Leroux,   1896. 
2.  M.  Amélineau  attribue  la  violation  de  ces  sépultures  aux  Coptes  qui  ont  laissé  là 
quelques  vestiges  de  leur  passage. 


232  MONUMENTS  CONTEMPORAINS 

Musée  de  Guizeli  et  qui  nous  donnent  les  noms  de  deux  rois,,^,  et 

%t=i_  (%•  '  '^  et  780).  Avec  la  première  de  ces  stèles,  dans  le  tom- 
beau dont  nous  avons  donné  le  plan,  on  a  trouvé  encore  une  plan- 
chette de  bois  d'ébène^  provenant  sans  doute  d'un  coffret  ciselé  sur 
l'une  de  ses  faces  avec  la  plus  grande  finesse,  et  orné  sur  l'autre 


Fig.  778.  —  Plan  du  tombeau  du  roi  Kâ.  Échelle  1:200. 

Fig.  779.  —  Slèle  du  roi  Kâ.  Musée  de  Guizeh.  Granit  noir.  1/10  grandeur  naturelle. 

Fig.  780,  —  Stèle  royale.  Musée  de  Guizeh.  Granit  noir.  1/10  grandeur  naturelle. 

d'une  sorte  de  mosaïque  émaillée.  A  part  cela,  ces  deux  tombes  ne 
contenaient  plus  aucun  objet. 

Un  monument  plus  important  est  celui  du  roi  Den  <:^r\  très  rap- 
proché des  deux  précédents,  un  peu  plus  au  sud.  C'est  toujours  une 
grande  chambre  rectangulaire  creusée  dans  la  montagne  et  revêtue 
de  murs  de  briques  d'une  très  grande  épaisseur,  qui  eux-mêmes 
étaient  recouverts  de  lambris  de  bois.  Cette  salle  était  entièrement 
pavée  de  grandes  dalles  de  granit  rose;  on  y  accédait,   sur  la  face 


DU  TOMBEAU  ROYAL  DE  NÉGADAH 


233 


Fiçr.  T'St.  —  Plan  du  tombeau  du  roi  Den .   Échelle  i  :   iib. 


234 


MONUMENTS  CONTEMPORAINS 


nord,  par  un  escalier  également  revêtu  de  murs  de  briques  et  divisé 
en  deux  parties  par  un  palier  (fig.  781).  De  même  que  les  deux  pré- 
cédentes, cette  tombe  avait  aussi  une  grande  stèle  en  granit  rose, 
mais  sans  aucune  inscription.  Par  contre,  la  bannière  du  roi  se 
trouve  sculptée  sur  un  grand  mortier  en  granit  gris,  ainsi  que  sur 
quelques  fragments  d'objets  analogues. 

Ici  aussi,  les  spoliateurs  avaient  passé,  ne  laissant  derrière  eux 
que  les  monuments  trop  lourds  pour  être  transportés  et  trop  difficiles 
à  détruire.  C'est  sans  doute  de  ce  tombeau  que  proviennent  une 
petite  plaquette  de  bois,  ramassée  par  M.  Daressy  à  la  surface  du  sol 
(fig.  782)  et  une  autre,  en  ivoire,  qui  se  trouve  actuellement  en  An- 
gleterre, dans  la  collection  de  M.  Mac  Gregor.  Cette  dernière,  abso- 
lument semblable,  comme  dimensions  et  comme  genre  de  gravure,  à 


G  J. 


7S2  7S3 

Fig.  782.  — Plaquette  de  bois  au  nom  du  roi  Den.  Musée  de  Guizeh.  Grandeur  naturelle. 
Fig.  783.  —  Motif  d'un  cylindre  au  nom  du  roi  Den.  2/3  grandeur  naturelle. 

celle  de  Négadah,  représente  le  roi  brandissant  sa  massue  et  massa- 
crant un  ennemi  agenouillé  devant  lui  ;  on  croirait  voir  la  réduction 
d'un  des  bas-reliefs  de  Wadi-Maghara  l.  La  bannière  au  nom  de  Den 
surmonte  le  roi  et  quelques  signes  hiéroglyphiques  fort  difficiles  à 
interpréter,  vu  leur  concision,  ornent  les  parties  nues  de  la  plaquette. 
En  dehors,  et  tout  autour  du  tombeau  se  trouvait  toute  une  série 
de  petites  chambres  qui  ne  figurent  pas  sur  plan;  elles  en  dépen- 
daient certainement  et  devaient  servir  de  magasins  ou  de  chambres 
d'offrandes.  La  plupart  contenaient  encore  de  nombreux  fragments  de 
vases  en  pierre  dure,  semblables  à  ceux  de  Négadah,  et  beaucoup  de 
grandes  jarres  de  terre  bouchées  avec  des  cônes  d'argile.  Sur  ces 


i.  La  stèle  de  Snefrou  surtout  présente  avec  notre  plaquette  les  plus  grandes  ana- 
logies (v.  sa  reproduction  avec  celle  de  plusieurs  autres  stèles  du  même  endroit,  dans 
J.  de  Morgan,  Recherches  sur  les  origines  de  V Egypte,  I,  p.  233). 


i 


Dl'  TOMBEAU  ROYAL  DE  NÉGADAH 
cônes  se  n-trouveiit  ici  aussi  des  impressions  de  cylindres  portant  la 
bannière  du  roi  Don  (fig.  783)  avec  son  cartouche  (fig. 784  ou  d'autres 
inscriptions  avec  les  noms  d'autres  rois  [fig.  785]  entreautres  celui  de 

£p  [fig.  786-787  que  uousretrouverons'plus  loin.  Chose  plus  curieuse 
encore,  quelques-uns  de  ces  cylindres  sont  les  mêmes  que  ceux  de 
Négadah,  avec  la  bannière  du  roi  Aha(?)  et  les  représentations  d'ani- 


G.J. 


Fig.   784.  —  Empreinte  d'un  cylindre. Tombeau  du  roi  Den.  2   >  grandeur  naturelle. 


.G.J. 


Fig.  y85.  —  Empreinte  d'un  cylindre.  Tombeau  du  roi  Den.  2  3  grandeur  naturelle. 


G.J. 


Fig.  786.  —  Empreinte  d'un  cylindre.  Tombeau  du  roi  Den.  2/3  grandeur  naturelle. 

maux1.  Sur  la  panse  de  ces  vases  sont  quelquefois  gravées  des  ban- 
nières qui  nous  donnent  quelques  noms  nouveaux  :  les  signes  sont 
malheureusement  fort  mal  dessinés  et  si  grossièrement  gravés  qu'il 
est  parfois  difficile  de  les  distinguer  (fig.  788-795). 


1.  Ces  sceaux  sont  d  :jà  reproduits  à  la  page  r68  de  ce  volume,  fi_r.  55y. 


23(3 


MONUMENTS  CONTEMPORAINS 


Le  quatrième  des  grands  tombeaux  d'Om-el-Ga'ab  est  plus  curieux 
encore  comme  plan.  Ici  les  chambres  d'offrandes  font  partie  du  mo- 
nument lui-même,  un  grand  carré  qui  consiste  en  une  chambre  cen- 


787  788  "89  790 

Fig.  787.  —  Empreinte  d'un  cylindre.  Tombeau  du  roi  Don.  2/3  grandeur  naturelle. 
Fig.  788-790.  —  Gravures  sur  des  vases  en  terre.  Tombeau  du   roi  Ben.    1/2  gran- 
deur naturelle. 


791  792 

Fig,  791-792.  —  Gravures  sur  des  vases  en  terre.  Abydos.  i/3  grandeur  naturelle. 


^L 


0 


"S  G.J. 


793  794  795 

Fig.  793-790.  —  Gravures  sur  des  vases  en  terre.  Abydos.   i/3  grandeur  naturelle. 

traie  entourée  de  toute  une  série  de  petites  cellules  (fig.  796).  Le  fait 
qu'on  a  trouvé  dans  six  de  ces  chambres  de  petites  stèles  en  calcaire, 
grossièrement  taillées  et  dont  les  inscriptions  très  brèves  donnent 
en  général  un  nom  et  un  titre,  ne  signifie  pas  nécessairement  que 
ces   chambres    secondaires   étaient  des    tombeaux  de   particuliers, 


DU  TOMBEAU  ROYAL  DE  NÉGADAH  -■' 

comme  paraît  le  supposer  M.  Amélineau.  Je  crois  qu'il  s'agit  plutôt 
de  personnages  de  la  cour  qui  auraient  désiré  placer  eux-mêmes  une 
offrande  à  leur  nom  auprès  du  tombeau  de  leur  souverain  el  perpé- 
tuer ainsi  leur  souvenir  en  même  temps  que  le  sien.  De  même  les 


Fig.  796.  —  Plan  du  tombeau  du  roi  Dja.  Echelle  1  :  ia5. 

cylindres  que  nous  avons  vus  dans  le  tombeau  de  Den  portent 
presque  tous,  non  pas  seulement  le  nom  du  roi,  mais  des  titres  qui 
n'ont  rien  de  royal,  et  qui  semblent  désigner  un  fonctionnaire,  ou 
plutôt  même  une  fonction  auprès  d'un  souverain. 

Tout  autour  de  ces  chambres  court  un  couloir  très  étroit,  séparé 
de  la  montagne  par  un  mur  de  briques.  La  stèle  de  calcaire  (fig.  797), 
trouvée  au  milieu  de  la  grande  salle,  est  une  merveille  de  gravure,  le 
plus  beau  morceau  peut-être  de  cette  époque;  elle  ne  porte,  comme 
les  deux  autres  stèles  royales,  que  l'épervier  surmontant  la  bannière 


au  nom  du  roi        \,  nom  qu'il  faut  peut-être  lire  Dja'.   Outre  cette 


1.  C'est  ce  roi  que  M.  Amélineau  appelle  le  roi   Serpent    v.  la  planche  eu  tète  de  sa 
brochure  :  Les  nouvelles  fouiUes  d'Abrdos). 


233 


MONUMENTS  CONTEMPORAINS 


stèle  et  celles  dont  il  a  été  parlé  plus  plus  haut,  on  n'a  trouvé  dans 
cette  tombe  que  deux  petits  objets  en  bois  d'ébène,  morceaux  ravis- 
sants de  sculpture  archaïque, 
représentant  l'un  le  haut  d'une 
statuette  de  femme,  l'autre  une 
tête  de  lion. 

Comme  cela  a  de  tous  temps 
été  la  coutume  en  Egypte,  tout 
autour  des  tombeaux  des  rois 
sont  venus  se  grouper  ceux  des 
personnages  de  leur  époque, 
ou  tout  au  moins  ceux  de  la 
famille  royale  et  des  grands 
fonctionnaires.  Ces  tombes  sont 
beaucoup  plus  grandes,  en  gé- 
néral, que  celles  de  Négadah  et 
des  autres  nécropoles  contem- 
poraines ;  souvent  elles  sont 
composées  de  plusieurs  cham- 
bres, séparées  par  des  murs  de 
briques. 

Moins  importantes  que  les 
sépultures  royales,  celles-ci  ont 
aussi  été  beaucoup  moins  spo- 
liées, témoin  les  nombreux  ob- 
jets qui  y  ont  été  recueillis  au 
cours  des  fouilles.  En  première 
ligne,  il  faut  citer  un  bon  nom- 
bre de  ces  stèles  de  particu- 
liers dont  nous  avons  déjà  vu 
quelques-unes  dans  le  tombeau 

du  roi  ( .  Les  inscriptions 
qu'elles  portent  .(fig.  798-809) 
sont  à  peine  dégrossies;  elles 
sont  si  concises  et  d'un  caractère  sTarc-haïque  qu'il  est  fort  difficile 
de  les  déchiffrer;  la  seule  chose  qu'on  puisse  en  dire  avec  certi- 
tude, c'est  qu'elles  ne  contiennent  guère  chacune  qu'un  nom  ou  un 
titre,  quelquefois  tous  les  deux  ensemble. 


G.J. 

Fig.  797.  —  Stèle  du  roi  Dja. 
Calcaire.  1/12  grandeur  naturelle. 


Dl    TOMBEAU  ROYAL  DE  NÉGADAH 


239 


Dans  ces  tombes,  les  fragments  de  vases  en  pierre  dure  el  en  al- 
bâtre sont  aussi  très  nombreux1.  Quelques-uns,  qui  malheureuse- 
menl  u'onl  pas  pu  être  reconstitués  en  entier,  présentent  des  formi  - 
très  bizarres,  telles  que  canards,  mains  humaines,  etc.,  et  sont  tra- 
vaillés avec  une  hardiesse  et  une  habileté  extraordinaires.  Plusieurs 
de  ces  morceaux  de  vases  portent  des  inscriptions,  gravées  avec  plus 
ou  moins  de  soin,  toujours  avec  des  bannières  et  des  litres  royaux. 
Tout  d'abord   nous  retrouvons  sur  un  vase  d'albâtre  le  nom  du  roi 


Kig.  798-799.  —  Stèles  de  personnages  privés.  Abydos.  Musée  de  Guizeh.  1/4  grandeur 

naturelle. 

i0>  ,  celui  dont  les  cylindres  se  trouvent  imprimés  sur  les  cônes 
du  tombeau  de  Den  (fig.810).  Un  autre  fragment  d'albâtre  et  un  mor- 
ceau de  pierre  dure  (fig.811  et  812)  nous  donnent  deux  noms  de  pha- 
raons nouveaux  que  nous  pouvons  sans  hésiter  ranger  dans  la  même 
époque;  le  dernier  môme  se  retrouve  sur  d'autres  fragments,  mais 
avec  une  inscription  moins  complète.  Enfin  nous  retrouvons  ici  aussi 
le  nom  du  roi  de  Négadah  sur  un  petit  fragment  provenant  sans  doute 
(lune  table  d'offrande  en  albâtre  (fig.  813). 

1.  La  plus  grande  partie  de  ces  morceaux  de  vases  a  été  trouvée  non  pas  dans  le 
fond  des  tombeaux,  mais  presque  à  la  surface,  comme  s'ils  avaient  été  brisés  et  jetés 
dans  la  tombe  pendant  qu'un  la  remplissait. 


2'jO 


MONUMENTS  CONTEMPORAINS 


804 


Su  3 


Fig.  800-809.  —  Stèles  de  personnages  privés.  Musée  de  Guizeh.  Abydos.  1/4  grandeur 

naturelle. 


DU  TOMBEAU  ROYAL  DE  NÉGADAH  241 

Les  ivoires  ne  fonl  pas  défaul  non  plus.  Nous  avons  d'abord  toute 
une  série  de  petits  pieds  de  meubles  el  un  lion  en  ivoire, semblables 
entons  points  a  ceux  du  tombeau  royal  de  Négadah,  mais  avec  des 
proportions  un  peu  plus  grandes;  ce  sont  toujours  ces  pieds  de  tau- 
reaux traités  à  l'assyrienne  avec  la  môme  exquise  finesse'.  11  faut 


8:0 


Fig.  810.  —  Inscription  sur  une  vase  en  albâtre  (Abydos) .  3  \  grandeur  naturelle. 
Fig.  8n.  — Inscriptiou  sur  un  vase  en  albâtre  (Abydos.  3   '1  grandeur  naturelle. 


812  813  814 

Fig.  812.  —  Inscription  sur  un  vase  en  pierre  dure    Abydos).  3/4  grandeur  naturelle. 
Fig.  8i3.  — Inscriptiou  sur  un  plat  d'albâtre  (Abydos).  Grandeur  naturelle. 
Fig.  814.   —  Inscription  sur  une  plaquette  d'ivoire  (Abydos).  Grandeur  naturelle. 


mentionner  encore  plusieurs  petites  plaquettes  d'ivoire  dont  la  plus 
intéressante  nous  donne  encore  une  fois  le  nom  du  roi  Aha  ?(fig.  814  , 
tandis  que  les  autres,  sans  inscriptions,  représentent  des  personnages 
ou  ne  sont  que  des  fragments  de  coffrets. 


1.  Ace  sujet,  M.  Amélineau  fait  erreur  en  disanl  que  ces  fragments  de  meubles  repré- 
sentent des  pieds  d'hippopotame.  Cet  animal  a  les  jambes  faites  d'une  manière  toute 
différente;  le  pied  n'est  pas  fourchu  comme  chez  les  taureaux. 

[6 


242 


MONUMENTS  CONTEMPORAINS 


Pour  terminer  cette  énumération  des  objets  recueillis  clans  cette 

nécropole,  il  faut  encore  citer  des  séries  de  petits  vases  d'offrandes, 

un  bon  nombre  d'instruments  de  bronze,  une  petite  balance  en  or, 

et  enfin,  une  quantité  très  considérable  de  silex 

El     I  travaillés  dont  les  plus  beaux  sont,  sans  contredit, 

1^1  les  pointes  de  flèches  représentées  déjà  au  cours 

1  de  ce  volume  '_,   de    vraies  merveilles   dans  leur 

&«A         genre,  et  un  bracelet,  également  en  silex2. 
•bJ  De   même    qu'à    Négadah,    les    quatre    tombes 

royales  dont  je  viens  de  parler  avaient  été  incen- 
diées de  fond  en  comble.  M.  Amélineau  attribue 
cela  aux  spoliateurs  coptes,  tandis  que  je  serais 
très  tenté  de  croire  qu'ici  aussi,  il  s'agit  d'un  in- 
cendie allumé  volontairement  pendant  les  funé- 
railles, pour  brûler  le  mort  avec  tout  ce  qui  lui 
appartenait.  Malheureusement,  on  n'a  pas  fait  à 
ce  sujet  des  observations  très  précises  au  cours 
des  fouilles,  et  il  est  impossible  de  se  prononcer 
d'une  façon  absolue  sur  ce  point. 

Pendant  les  fouilles  de  l'hiver  dernier  (1896- 
1897),  M.  Amélineau  a  entrepris  un  travail  très 
considérable,  un  tombeau  immense  qui  l'a  occupé 
pendant  toute  la  saison.  Ce  monument  qui  n'a  pas 
moins  de  57  chambres  et  de  83  mètres  de  long,  a 
un  plan  assez  irrégulier,  l'une  des  extrémités  étant 
plus  large  que  l'autre  (fig.  815).  Ce  n'est  pourlant 
qu'un  seul  tombeau,  composéd'une série  de  petites 
chambres  d'offrandes  groupées  autour  d'une  salle 
centrale.  Ici,  il  n'y  aucune  trace  d'incendie  et, 
quoique  spoliée,  cette  tombe  a  livré  un  bon 
nombre  d'objets  fort  intéressants. 

De  même  que  les  autres  tombeaux  de  cette  épo- 
que, celui-ci  contenait  un  bon  nombre  de  vases 
en  terre  ,  où  étaient  renfermées  les  provisions 
nécessaires  au  mort  dans  l'autre  vie,  grains,  raisins  et  figues,  entre 
autres.   Par  contre,  les  bouchons,  toujours  en  argile,  n'ont  plus  la 


Fig.  8i5.  —  Plan 

du  tombeau  du  roi  77. 

Echelle   i  :  .'ioo. 


i.  V.  page  83,  fig.  207-219. 
1.  V.  page  60,  fig.  121. 


DU  TOMBEAU  ROYAL  DE  NÉGADAH 


forme  conique  :  ce  sont  de  simples  morceaux  d<-  terre  glaise,  s  in- 
forme précise,  appliqués  sur  l'embouchure  du  vase,  sur  Lesquels  on 


g.j. 

Fig.  SiG.  — Empreinte  d'un  cylindre  (Abydos).  3    j  grandeur  naturelle. 


G.J. 


Fig.  817.  —  Empreinte  d'un  cylindre  (Abydos).   3    î  grandeur  naturelle. 


Fig.  8ï8.  —  Empreinte  d'un  cylindre  (Abydos).  3  i  grandeur  naturelle. 

a  imprimé,  comme  de  coutume,  divers  cylindres.  L'un  d'eux  (fig.  816) 
donne    le  nom  de  bannière  simple  U,  les  autres  (fig.  817  à  810). 

le  nom  plus  complet    H^^4=>   ';    le   dernier  porte  les   mêmes 

11      L 


i.  La  seconde  partie  du  nom,  et  tout  spécialement  les  signes      ^>^t  ,     servent 

aussi  tous  seuls  a  désigner  le  roi,  à  en  juger  par  une  petite  inscription  trouvée  dans 

le  même  tombeau,  qui  nomme  un  particulier  avec  le  titre  v  <=>J|        ]>^  ^>^  «  lec- 
teur en  chef  du  roi  ».  =]       «=1 


MONUMENTS  CONTEMPORAINS 


signes  qui,  cette  fois,  ne  sont  plus  renfermés  dans  une  bannière, 
mais  précédés  simplement  des  titres  de  roi  de  la  Haute  et^Basse 
Egypte   et  de    seigneur  des   diadèmes   du   vautour   et   de    l'uraeus 


Fig.  819.  —  Empreinte  d'un  cylindre  (Abydos).  3/4  grandeur  naturelle. 


.G.J. 


£2>    £à 


G-J. 


Fig.   820.  —  Empreinte  d'un  cylindre  (Abydos).  3/4  grandeur  naturelle. 


G.J. 

Fig.  821.  —  Empreinte  d'un  cylindre  (Abydos).   3/4  grandeur  naturelle. 

(fig.  820).  Tous  les  autres  portent  au-dessus  de  la  bannière,  non  pas 
comme  d'habitude  Fépervier  seul,  mais  celui-ci  accompagné  de  l'ani- 
mal typhonien,  groupe  qui  doit  indiquer  aussi  la  souveraineté  sur 
les  deux  parties  du  pays.  Deux  de  ces  cylindres  nous  donnent  en 
outre,  cartouche,  non  crénelé  cette  fois,  mais  pas   encore  muni  de 


sa  barre  inférieure  ;  il  est  conçu  "^ 


',  nom  sur  lequel  j'aurai  à 


DU  TOMBEAU   ROYAL  DE  NÉGADAH 


revenir  plus  loin.  Toutes  1rs  inscriptions  semblent,  comme  celles  que 
nous  avons  vues  plus  haut,  appartenir  non  pas  au  roi  lui-même,  mais 


822  823 

Fig.  822  et  823.  —  Jarres  d'albâtre  (Abydos  .   i/g  grandeur  naturelle. 

à  des  fonctionnaires,  étant  donné  que  des  titres  qui  n'ont  rien  de 
royal  accompagnent  toujours  les  bannières'.  Il  en  est  de  même  d'un 
sixième  sceau  (fig.  821)  dans  lequel  les  noms  du  roi  ne  se  trouvent 
pas. 

En  Tait  de  vases,  les  plus  beaux  que  M.  Amélineau  ait  trouvés  dans 
cette  tombe  sont  deux  grandes  jarres  d'albâtre  absolument  intactes, 
Tune  de  près  d'un  mètre  de  haut  (fig.  822-823  .  l'autre,  ornée  sur  la 
panse  de  cordelettes,  comme  celles  qu'ont   encore   aujourd'hui  au 


1.  Plus  particulièrement  le  titre  __V,   si  fréquent  sous  l'Ancien  Empire,  el  qui  n'a 
pas  encore  pu  être  lu  et  traduit  avec  certitude. 


246  MONUMENTS  CONTEMPORAINS 

Caire  les  porteurs  d'eau.  Outre  cela,  on  y  a  encore  recueilli  un  bon 
nombre  de  vases  d'albâtre  de  plusieurs  formes  diverses,  jarres,  gobe- 
lets, coupes,  et  une  quantité  énorme  de  fragments  de  la  même  matière 
et  de  pierres  dures  diverses.  C'est  en  albâtre  aussi  qu'est  cette  sorte 
de  caisse  rectangulaire  dont  nous  ne  pouvons  savoir  exactement 
l'usaoe  (fig.  824)  et  qui  devait  être  munie  autrefois  d'un  couvercle 
de  la  même  matière. 


Fig.  8a4-  —  Cuve  d'albâtre  (Abydos).  3/i6  grandeur  naturelle. 


Fig.  825.  —  Fragments  de  terre  émaillée  en  bleu  (Abydos).  1/2  grandeur  naturelle. 

Parmi  les  nombreux  silex  trouvés  dans  diverses  chambres  du  mo- 
nument, la  plupart  sont  assez  grossiers  de  travail;  les  plus  intéres- 
sants sont  une  douzaine  de  grands  tranchets  ou  couteaux  à  queue, 
semblables  à  ceux  déjà  figurés  dans  ce  volume,  et  d'une  exécution 
parfaite. 

Les  fragments  sans  apparence  que  représente  la  figure  825  sont 
cependant  du  plus  haut  intérêt  :  ce  sont  les  plus  anciens  exemples 


DU  TOMBEAU  ROYAL  DE  NEGADAH  i\~. 

connus  de  celle  terre  émaillée  <-n  bleu  qui  jeue  un  si  grand  rôle  dans 
Thistoire  du  bibelot  égyptien.  Ceci  prouverait  en  faveur  de  L'opinion 
si  vivement  combattue  dernièrement,  que  les  carreaux  de  faïence 
verte  et  jaune  qui  ornent  les  parois  de  la  chambre  funéraire  «lu  roi 
Djeser,dans  la  pyramide  à  degrés  de  Sakkarah,  sont  bien  de  L'époque 
de  ce  roi,  soit  de  la  IIIe  dynastie  '. 

Il  ne  reste  plus  à  citer,  en  fait  d'objets  provenant  du  nouveau  tombeau 
d'Oui  el-Ga'ab,  qu'une  très  nombreuse  série  d'instruments  de  cuivre' 


i.  La  porte  de  celte  chambre,  ainsi  qu'une  partie  de  son  entourage  en  carreaux 
d'émail  est  actuellement  au  Musée  de  Berlin,  où  elle  a  été  apportée  par  Lepsius. 
M.  Borchardt,  qui  ueconnaissaitpasd'émail  sous  l'Ancien  Empire,  croit  que  cettedécora- 
tion  ne  remonte  qu'à  la  XXVIe  dynastie  (Zeitschrifl  fur  Aegyptische  Sprache,  XXX,  83). 
Cette  opinion  avait  déjà  été  émise  antérieurement  par  M.  Stern  (Zeitschrifl,  i885,  p.  90, 
note  1).  Des  dessins  représentant  la  chambre  se  trouvent  dans  Minuloli,  Beise  zum 
Tempel  des  Jupiter  Ammon,  pi.  XXVIII  et  dans  Valeriani,  Nuova  illustratione  istorico- 
monumentale  deli  Egitlo,  pi.  C.  (croquis  colorié  de  Segato). 

2.  Je  ne  puis  mieux  faire  à  ce  sujet,  que  de  citer  in  extenso  la  communication  de 
M.  Berthelot  à  l'Académie  des  Sciences  dans  la  séance  du  il\  mai  1897  {Comptes  rendus 
de  l'Académie  des  Sciences,  CXXIV,  p.  1119-u^.V  :  Histoire  des  sciences.  Outils  et 
armes  de  l'âge  du  cuivre  pur  en  Egypte  :  procédés  de  fabrication,  nouvelles  recherches 
par  M.  Berthelot  : 

«  M.  de  Morgan  m'a  adressé,  le  28  mars  dernier,  de  nouveaux  objets,  les  uns 
trouvés  par  lui,  et  d'autres  par  M.  Amélineau,  remontant  aux  âges  les  plus  anciens 
de  l'Empire  égyptien  :  le  tout  m'est  parvenu  le  10  avril. 

«  Sur  l'origine  de  ces  objets,  je  ne  puis  que  m'en  remettre  à  la  garantie  de  M.  de 
Morgan,  dont  on  connaît  la  légitime  autorité  eu  ces  questions  ,1a  date  ne  pouvant  être 
rendue  absolument  certaine  que  dans  le  cas  où  des  objets  de  ce  genre  portent  des 
inscriptions,  telles  que  celles  du  sceptre  de  Pépi  Ier  en  Egypte,  ou  bien  de  la  lance 
du  roi  de  Kish,  à  Tello.  A  défaut  d'une  inscription  sur  l'objet  même,  la  certitude,  ou 
plutôt  la  probabilité,  résulte  de  l'examen  des  objets  trouvés  dans  la  même  tombe, 
jointe  à  la  démonstration,  que  la  tombe  n'a  pas  été  violée  à  des  époques  postérieures, 
comme  il  est  trop  souvent  arrivé  en  Egypte;  les  voleurs  ayant  pu  y  introduire  ou  y 
abandonner  des  instruments  et  objets  divers,  contemporains  de  leur  temps. 

«  I.  Le  premier  objet  que  j'ai  examiné  et  le  plus  ancien  estime  sorte  de  cupule  métal- 
lique rougeàtre,  trouvée  à  Négadah,  dans  une  sépulture  royale  extrêmement  ancienne, 
en  compagnie  de  divers  objets  et  de  courtes  inscriptions  en  caractères  très  archaïques. 
Parmi  ces  objets  figurent  de  longues  lames  de  silex  taillées,  des  animaux  en  ivoire  et 
en  cristal  de  roche,  des  vases  d'obsidienne  et  de  terre  cuite,  et  quelque^  fragments 
d'or  :  ces  antiquités  seraient  les  plus  anciennes  connues  en  Egypte.  La  sépulture  qui 
les  renferme  était  composée  de  vingt-sept  chambres;  elle  n'avait  pas  été  spoliée,  mais 
complètement  brûlée,  peu  de  temps  après  l'inhumation. 

«  Voici  les  résultats  fournis  par  l'objet  de  cuivre  que  M.  de  Morgan  m  a  adresse. 
«  C'est  une  cupule  de  forme  circulaire;  elle  présente  à  sa  partie  supérieure  un  dia- 
mètre de  o<n,o52  dans  une  direction,  de  om,o54  dans  la  direction  rectangulaire  :  le  rebord 
est  plan  sur  une  largeur  de  om,oo5  à  0^,006  et  une  épaisseur  de   om,oo4  ;  puis   l'objet 
est  creusé  en  forme  de  coupe,  profonde  au  centre  de  om,oio  en  tout,  à  compter  depuis 


218 


MONUMENTS  CONTEMPORAINS 


et  tout  d'abord  des  vases,  deux  en  forme  de  jarres,  comme  ceux  d'al- 
bâtre (fig.  826  et  827)  dont  Yun  est  muni  d'une  anse  mobile,  et  deux 


826  827  b  827  a 

Fig.  82G  et  827.  —  Vases  en  cuivre  (Abydos).  i/G  grandeur  naturelle. 

la  surface  supérieure  du  rebord,  c'est-à-dire  de  om,ooG  au-dessous  du  plan  inférieur 
imitant  le  rebord  qui  vient  d'être  signalé.  L'épaisseur  du  métal  au  fond  est  de  om,oo5. 
L'objet  est  en  outre  recouvert  d'une  double  patine  :  lune  verte  formant  enduit,  l'autre 
blanche,  irrégulièrement  répartie. 

«  Cette  cupule  est  fragile,  c'est-à-dire  facile  à  briser  ;  sans  doute  par  suite  de  la 
désagrégation  du  métal,  résultant  de  ce  qu'elle  est  oxydée  à  cœur.  En  effet,  elle  est 
constituée  par  du  cuivre  métallique  en  grande  partie  transformé  en  protoxyde.  La 
matière  ne  renferme  ni  arsenic,  ni  autres  métaux  en  proportion  notable. 

«  L'enduit  vert  contient  du  chlore,  de  l'acide  carbonique  et  du  cuivre,  c'est-à-dire  de 
l'atakamile  (oxychlorure)  et  du  carbonate  de  cuivre.  L'oxychlorure  de  cuivre  a  servi 
d'intermédiaire  à  la  transformation  du  cuivre  en  protoxyde,  conformément  à  un  méca- 
nisme régulier,  que  j'ai  défini  par  des  expériences  et  qui  préside  à  l'altération  pro- 
gressive et  continue  des  objets  de  cuivre  archaïques,  soit  sous  terre,  soit  même  dans 
les  musées.  La  portion  superficielle  de  la  patine,  dans  les  régions  blanchâtres,  ren- 
fermait du  carbonate  de  chaux,  du  sable  et  une  trace  de  chlorures. 

«  Quelle  était  la  destination  de  l'objet  que  je  viens  de  décrire?  C'est  ce  qu'il  est  dif- 
ficile de  décider,  en  l'absence  de  tout  autre  en  relation  avec  lui.  Toutefois,  il  semble 
difficile  d'admettre  qu'il  constituât  un  ensemble  à  destination  propre  (sauf  le  cas 
d'amulette ?}.  C'était  sans  doute  un  appendice  rattaché  à  quelque  chose  plus  impor- 
tante, formée  de  bois  ou  d'une  matière  organique  (étoffe,  cuir,  etc.),  qui  a  disparu  : 
par  exemple,  Yumbo  d'un  bouclier,  ou  l'ornement  de  ces  armes  en  bois,  usitées  chez 
les  anciens  Egyptiens,  à  l'époque  reculée  où  les  métaux  étaient  encore  trop  rares  cl 
trop  précieux  pour  être  prodigués.  En  tout  cas,  l'absence  de  l'étain  doit  être  notée. 

«  Les  objets  qui  suivent  ont  été  découverts  par  M.  Améliucau,  à  Abydos,  dans  une 
tombe  très  ancienne  ,  quoique  probablement  plus  récente  que  celle  de  Négadah . 

«  II.  Le  plus  important,  sans  contredit,  est  une  hache  plate,  rouge,  dure  et  compacte, 
un  peu  oxydée  et  vert-de-grisée  à  la  surface;  elle  pèse  465  grammes.  Je  la  mets  sous 
les  yeux  de  l'Académie  :  elle  est  constituée  par  du  cuivre  à  peu  près  pur,  sans  étain 
ni  plomb,  ni  arsenic.  La  patiue  renferme,  outre  le  cuivre,  du  chlore,  de  l'acide  carbo- 
nique, de  la  chaux,  un  peu  de  sable.  Mais  la  masse  principale  a  conservé  la  dureté  et 
la  ténacité  métallique.  Elle  est  faiblement  oxydée. 


DU  TOMBEAU  ROYAL  DE  NÉGADAH 


249 


autres,  plus  petits  (fig.  828  el  829    avec  un  bec  recourbé,  double  el 
simple.   Les  autres  objets  de  bronze  sont  d'une  autre  nature  :   en 


8-3 
Hg.  828  el  829.  —  Vases  en  cuivre  (Abydos).  i/3  grandeur  naturelle. 


«Voici  quelles  sont  les  dimensions  et  dispositions  de  celte  hache.  Elle  esl  en  forme 
de  carré  long,  dont  deux  angles  fortement  arrondis.  Le  dos  de  la  hache,  haut  de  om,  i  \o, 
est  rectiligne,  un  peu  renforcé  vers  son  milieu.  En  haut  et  en  bas,  il  est  coupé  à 
angle  droit  par  deux  autres  côtés,  rectilignes  sur  une  longueur  de  om,o8o environ,  puis 
s'arrondissant  de  part  et  d'autre,  pour  former  le  tranchant  ou  quatrième  coté.  La  dis- 
tance entre  le  milieu  du  tranchant  et  le  milieu  du  dos,  c'est-à-dire  la  largeur  maxima 
de  la  hache,  est  de  om,o85.  L'épaisseur  moyenne  de  la  hache  est  de  om,oo'|  à  om,oo5 
environ,  assez  uniforme,  sauf  vers  le  tranchant,  qui  s'amincit  au  centre  jusque  vers 
om,ooi,  dans  son  état  actuel,  sans  doute  émoussé. 

a  Ce  qui  caractérise  surtout  celte  hache  plate,  c'est  son  mode  d'emmanchement.  Eu 
eifel,  elle  est  percée,  au  milieu  de  sa  hauteur,  à  une  distance  de  om,o25  du  dos  et  de 
om,o5o  du  tranchant,  par  un  large  trou  rond,  d'un  diamètre  égal  à  om,oio,  Ce  trou 
servait  évidemment  à  fixer  la  hache  à  un  manche  solide,  au  moyen  d'une  forte  che- 
ville, enfoncée  dans  le  trou. 

«  J'observerai  encore  que  la  forme  de  cette  hache  répond  a  celle  de  certaines  haches 
primitives  el  préhistoriques,  trouvées  en  divers  endroits  d'Europe  et  d'Asie,  et  cons- 
tituées soit  par  du  bronze,  soit  par  du  cuivre  pur. 

«A  cet  égard,  sa  composition  est  caractéristique  de  l'âge  de  cuivre  égyptien,  c  est-à- 
dire  d'une  époque  où  !e  bronze,  plus  dur  et  plus  résistant  que  le  cuivre,  n'était  pas 
encore  employé  dans  la  fabrication  des  armes. 

.<  Parmi  les  autres  objets  trouvés  dans  le  même  tombeau,  il  en  est  qui  sonl  également 
caractéristiques  à  cet  égard  et  fort  intéressants  par  leur  mode  de  fabrication  :  ce  sont 
des  aiguilles  et  un  ciseau,  dont  la  destination  exigeait  l'emploi  du  métal  le  plus  dur 
qui  fût  connu  à  ces  lointaines  époques. 

«  Quatre  aiguilles  et  objets  de  celte  ordre  Ggurent  dans  l'envoi  de  M.  de  Morgan. 

<«  III.  Je  citerai  d'abord  une  grosse  aiguille  cylindrique,  longue  de  om,o8  de 

om,oo2.  Celte  aiguille  est  formée  par  du  cuivre  à  peu   près  [nu-.   Le  chas,  aujourd'hui 
obturé  par  l'oxydation,  est  en  forme  de  losange.  Le  corps  de  l'aiguille  même  porte  du 
haut  en  bas  la  trace  d'une  longue  fente,   à  peu  près  verticale,  visible    d'un    seul   c 
Celte  disposition  est  très  intéressante,   car  elle   montre   que    l'aiguille  a  été  fabriquée 
au  moyen  d'une  lamelle  étroite  de  métal. 

«  L'ouvrier  a  d'abord  aplati  au  marteau  un  morceau  de  métal,  obtenu  par  la  fusion  .lu 
minerai,  de  façon  à  constituer  une  feuille,  épaisse  de  om,ooi  environ,  puis  il  a  découpé 


250 


MONUMENTS  CONTEMPORAINS 


première  ligne,  une  douzaine  de  grandes  haches  arrondies  du  côté 
du  tranchant,  percées  d'un  trou,  carré  ou  rond  (fig.  830)  pour  être 


V 


^ 


Fie.  83o.  —  Hache  en  cuivre  (Abydos).  1/2  grandeur  naturelle. 


dans  celle  feuille  une  longue  lamelle  étroite,  destinée  à  fabriquer  l'aiguille,  et  il  l'a 
repliée  dans  le  sens  longitudinal,  en  forgeant  l'aiguille  proprement  dite. 

«  Vers  la  pointe,  la  fente  cesse  d'être  parallèle  à  l'axe,  en  prenant  une  direction  un 
peu  oblique;  sans  doute  dans  le  but  de  constituer  la  pointe  avec  une  seule  épaisseur 
de  lame,  sans  l'affaibir  par  quelque  superposition.  Ces  dispositions  rendent  compte 
d'ailleurs  de  la  structure  canaliculée,  que  j'ai  signalée  précédemment  sur  une  aiguille 
de  cuivre,  trouvée  par  M.  de  Morgan  dans  la  nécropole  de  Toukh. 

«  Le  chas  même  de  l'aiguille,  dont  j'ai  parlé  plus  haut,  a  élé  obtenu  par  une  fente  lon- 
gitudinale, pratiquée  à  la  partie  supérieure  de  la  lame  de  cuivre.  Les  bords  en  ont  élé 
écartés,  puis  chacun  d'eux  incurvé  sous  un  angle  à  concavité  intérieure. 

«  L'ouvrier  a  ensuite  rapproché  les  deux  extrémités  libres,  de  façon  à  former  lelosauge, 
soil  au  marteau,  soit  peut-être  en  le  brasant,  de  façon  à  laisser  ouverte  la  partie  cen- 
trale. Le  trou  de  l'aiguille  a  élé  ainsi  obtenu  sans  l'emploi  d'un  agent  de  perforation. 

«  Il  est  intéressant  de  rencontrer,  dès  cet  époque  reculée,  des  procédés  de  fabrication 
des  outils  métalliques,  semblables  à  quelques-uns  des  procédés  encore  usités  de 
notre  temps,  par  exemple  dans  la  fabrication  de  certains  tubes  et  canons  de  fusil. 

«  IV.  Les  mêmes  procédés  ont  élé  mis  en  œuvre  pour  la  fabrication  d'un  objet  beau- 
coup plus  volumineux  qu'une  aiguille,  je  veux  dire  un  petit  ciseau  métallique,  trouvé 
en  même  temps  que  les  aiguilles.  Ce  ciseau  est  constitué  par  une  tige  quadrangulaire, 
longue  actuellement  de  oœ,o8o,  mais  dont  la  partie  supérieure  manque.  La  largeur  est 
de  om,oo4,  l'épaisseur  de  om,oo2  environ.  La  partie  inférieure  se  termine  par  un  biseau 
tranchant,  aplati  suivant  un  plan  passant  par  l'axe  du  ciseau  et  parallèle  aux  faces 
les  plus  minces;  ce  biseau  aplati  a  environ  om,oo5  à  om,oo6  de  large  sur  autant  de 
longueur  ;  il  se  termine  par  un  tranchant,  qui  devait  être  fort  aigu  dans  son  état  pri- 
mitif ;  actuellement,  quoique  en  partie  ébréché  et  oxydé,  son  épaisseur  ne  dépasse 
guère  1/3  de  millimètre. 

«  Le  métal  est  constitué  par  du  cuivre  à  peu  près  pur  (industriellement  parlant),  sans 
élain;  mais  il  est  recouvert  de  vert-de-gris  et  d'une  série  de   points  ou  granules  sail- 


DU  TOMBEAU  ROYAL  DE  NÉGADAH  251 

fixés  à  un  manche  en  Ixh's.  comme  les  représente  l<-  signe  très  ancien 

Puis  viennent  une  série  très  nombreuse  d'instruments  de 


833 


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Fig.  83 1  à  84o.  —  Objets  en  cuivre  (Abydos).  2/3  grandeur  naturelle. 


lants,  composés  par  du  proloxyde  de  cuivre,  résultant  de  l'altération  du  métal  ;  aussi 
l'objet  est-il  devenu  fragile,  en  raison  de  cette  désagrégation. 

«  La  tranche  du  métal,  examinée  sur  une  fracture  fraîche,  décèle  le  procédé  de  fabri- 
cation. L'ouvrier  a  pris  une  lame  de  cuivre  épaisse  de  om,ooi  environ  et  de  la  lon- 
gueur convenable,  il  y  a  tracé  deux  sillons  parallèles  distants  de  om,oo4,  sur  la  lon- 
gueur destinée  à  former  l'outil.  A  droite  et  à  ganche  de  ces  sillons,  il  a  coupé  la  lame 
parallèlement,  à  une  distance  de  om,oo2  du  sillon;  puis  il  a  rabattu  les  deux  cotés  sur 
la  portion  centrale,  jusqu'à  ce  qu'ils  se  fussent  rejoints  de  façon  à  constituer  un 
barreau  ou  tige  quadrangulaire  des  dimensions  signalées  plus  haut;  peut-être  a-t-il 
brasé  ensuite  la  jonction.  En  tout  cas,  on  en  aperçoit  parfaitement  la  trace  rectii  _ 
et  parallèle  à  l'axe  du  barreau,  sur  la  partie  centrale  de  l'une  des  deux  larges  faces  de 
ce  barreau,  à  l'exclusion  des  trois  autres  faces.  Cette  ligne  subsiste  sur  toute  la  lon- 
gueur; mais  en  se  recourbant  sous  forme  d'hélice  de  façon  à  passer  sur  la  face  étroite 
adjacente,  jusque  vers  le  point  où  l'on  arrive  au  biseau,  point  auquel  se  produit  une 
légère  déviation;  ce  biseau  étant  constitué  par  la  réunion  des  lames,  aplaties  lune  sur 
l'autre  pour  former  le  tranchant. 

n  En  somme,  ce  ciseau  a  été  fabriqué  par  le  même  procédé  que  l'aiguille  décrite  pré- 
cédemment :  la  réduction  du  métal  en  lames  minces.  Le  travail  de  celles-ci  était  sans 


252 


MONUMENTS  CONTEMPORAINS 


toutes  formes,  tels  que  couteaux,  ciseaux,  perçoirs,  hachettes  (fig.  831- 
840)  ou  aiguilles  faites  d'une  feuille  de  bronze  tordu  (fig.  841-850). 


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Fig.  84 1  à  85o.   —  Objets  de  cuivre  (Abydos).  2/3  grandeur  naturelle. 

doute  plus  facile  que  la  fabrication  directe  d'une  barre  massive,  pour  les  ouvriers  de 
cette  époque. 

«  V.  Cependant,  un  procédé  de  fabrication  un  peu  différent,  quoique  toujours  fondé  sur 
l'emploi  des  lames  minces  de  cuivre,  nous  est  révélé  par  l'examen  d'un  autre  objet  de 
même  origine,  que  j'ai  trouvé  parmi  ceux  qui  m'ont  été  remis  et  dont  la  composition 
est  également  celle  du  cuivre  industriellement  pur.  Cet  objet  a  la  forme  d'une  aiguille 
canaliculée,  longue  de  om,o55,  d'un  diamètre  de  om,ooi.  Il  est  constitué  par  une  lame 
étroite  et  très  mince,  tordue  en  spirale,  formant  plusieurs  tours  sur  sa  longueur.  Sa 
disposition  rappelle  la  fabrication  des  canons  de  fusil  rubanés  et  celle  du  tube  bélical, 
en  acier  fondu  laminé  à  froid,  employé  aujourd'hui  dans  la  fabrication  des  cadres  de 
certaines  bicyclettes. 

«  VI.  Un  objet  similaire,  long  de  om,o85  et  épais  de  om,oo2  est  constitué  aussi  par 
une  feuille  métallique  étroite,  tordue  en  spirale,  mais  dont  les  parois  n'ont  pas  encore 
été  rapprochées  en  un  système  régulier.  Elle  paraît  représenter  le  début  de  la  fabri- 
cation. Elle  est  composée  de  cuivre,  avec  une  trace  d'arsenic. 

«  VII.  L'envoi  de  M.  de  Morgan  renferme  encore  divers  débris  de  cuivre,  dont  il  n'est 
pas  possible  d'assigner  la  destination  originelle,  mais  qui  offrent  ce  caractère  commun 
de  représenter  tous  des  lames  ou  fragments  de  lames,  savoir: 

«  l°  Un  frao-ment  triangulaire,  irrégulier,  en  forme  de  triangle  rectangle  équilatéral-, 
de  om,o3o  sur  om,o3o,  épais  d'un  millimètre   :  cuivre  fortement  arsenical  ; 

«  2°  Un  fragment  plus  grand,  rappelant  la  forme  de  la  hache  ci-dessus,  mais  non  troué; 
deom,o6o  au  dos,  sur  om,o44  cn  largeur  maxima  et  om,oor  d'épaisseur  :  cuivre  avec 
trace  d'arsenic  ; 

«  3°  Trois  fragments  semblables  irréguliers; 

«  4°  Deux  longues   rognures  de  cuivre  ; 

«  5°  Une  très  petite  lame  régulière,  ou  fragment  de  feuille. 

«  VIII.  Je  signalerai  enfin  une  lame  longue  de  om,o85,  large  de  o™,o5  à  om,oof>,  à  bords 
irréguliers,   épaisse  d'un  demi-millimètre  :  cuivre  avec  trace  d'arsenic.  Ce  qui  la  dis- 


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Dl"  TOMBEAU  ROYAL  DE  NÉGADAH 
Parmi  les  fragments  portant  des  inscriptions,  dans  le  tombeau  de 

II,  fragments  forl  peu  nombreux,  l'un  d'eux  mérite  une  attention 
plus  particulière  :  c'est  un  morceau  de  vase  en  cristal   portant  une 

bannière  royale  différente  qui  se  lity  !  ?  [fig.  851).  Ce  nom  était  déjà 
connu  :  il  se  trouve  gravé  sur  l'épaule  de  la  statue  n°  1  du  Musée  de 
Guizeh,qui  représente  un  personnage  agenouillé,  assis  sur  ses  talons, 


Fig.  85i.  —  Inscription  sur  un  vase  de   cristal  (Abydos).  Grandeur  naturelle. 
Fig.  852.  —  Inscription  gravée  sur  la   statue  n°  i  de  Guizeh.    \  5  grandeur  naturelle. 

les  mains  sur  ses  genoux  (PL  II).  Cette  dernière  inscription    fig.  852 

nous  donne  en  outre  deux  autres  noms  de  rois,  ^Q?  et^^J^,  que  nous 
devons  donc  ranger  dans  la  même  époque1.  Cette  statue  est  ainsi  le 
plus   ancien    morceau   connu  jusqu'ici   de   l'art  de    la  statuaire   en 


lingue,  c'est  l'existence  de  deux  trous  de  clous,  l'un  de  om,ooi,  l'autre  de  om,oo3.  Ces 
trous  ont  été  percés  avec  une  pointe  et  portent  l'empreinte  de  la  tète  des  clous,  rivée 
au  marteau.  Si  j'insiste  sur  ces  circonstances,  c'est  qu'elles  contrastent  avec  le  pro- 
cédé employé  pour  fabriquer  le  chas  de  l'aiguille  (III)  que  j'ai  décrite  plus  haut. 

'<  La  lame  dont  il  s'agit  ici  a  dû  être  fixée  autrefois  comme  garniture  sur  un  objet  de 
bois  ou  analogue,  tel  qu'un  coffret,  qui  a  disparu. 

«  Tels  sont  les  objets  soumis  à   mon  examen.  Ils   sont  tous   constitués,  je  le  ré] 
par  du  cuivre  à    peu  près  pur,   renfermant  parfois   de   l'arsenic,  mais   ne  contenant  ni 
étain,  ni  plomb,  ni  zinc.  Cette  composition  est  caractéristique. 

«  Ce  n'est  pas  que  la  fabrication  de  lames  et  objets  en  cuivre  pur  n'ait  eu  lieu  à  toufe 
époque  et  ne  subsiste  même  aujourd'hui;  mais  on  a  cessé  depuis  longtemps  de  fabri- 
quer des  outils,  tels  que  des  aiguilles  ou  des  ciseaux,  et  des  armes,  telles  que  des 
haches,  avec  le  cuivre  pur.  Le  bronze  d'abord,  puis  le  fer,  l'ont  remplacé,  pour  tous 
les  emplois  qui  exigent  un  métal  dur  et  résistent.  L'existence  des  objets  précédents  et 
leur  mélange  avec  des  lames  de  silex  paraissent  donc  se  rapporter  à  une  population 
qui  en  était  encore  à  l'âge  du  cuivre  proprement  dit.  » 

1.  Cette  statue  a  déjà  été  publiée  par  M.  Gré!.. mi      Le   Mus  e  égpytien,  pi.  Xlli 
dois  à  .M.  Borchardt  l'estampage  de  l'inscription  repro  luite  à  la  lig. 


25  i  MONUMENTS  CONTEMPORAINS 

Egypte;  les  proportions  Causses,  la  tète  énorme,  toute  la  technique 
indiquent  assez  un  art  dans  son  enfance;  on  ne  peut  comparer  ce 
monument,  pour  le  style,  qu'à  un  autre  qui  ne  lui  est  pas  de  beaucoup 
postérieur,  puisqu'il  est  de  l'époque  de  Snefrou,  la  statue  d'Amten 
au  Musée  de  Berlin.  Quant  au  dernier  de  ces  rois,  celui  qui  porte  le 

nom  de  I  .  il  est  mentionné  encore  sur  une  stèle  de  Païenne,  à  côté 
de  Snefrou,  Ouserkaf,  Sahoura  et  Neferarkara1.  Ce  monument  ne 
nous  donne  non  plus  que  le  nom  de  bannière. 

Après  avoir  passé  en  revue  tous  les  monuments  provenant  des  nou- 
velles fouilles  d'Abydos,  qui  paraissent  appartenir  à  cette  époque  si 
reculée,  il  reste  à  en  étudier  les  caractères  généraux,  et  si  possible, 
à  en  tenter  une  classification,  classification  qui,  à  l'heure  qu'il  est,  est 
loin  de  pouvoir  être  exacte  et  définitive,  mais  qui  pourra  plus  tard, 
quand  les  documents  seront  devenus  plus  nombreux  et  les  rensei- 
o-nements  plus  précis,  servir  à  établir  une  chronologie  des  débuts  de 
l'histoire  égyptienne. 

Tout  d'abord  un  des  faits  les  plus  frappants  est  la  construction  en 
briques  crues  des  grands  monuments.  L'invention  de  la  brique  n'est 
certainement  pas  égyptienne  :  elle  ne  peut  provenir  d'un  pays  où  la 
pierre  abonde  et  doit  nécessairement  servir  de  base  à  toute  construc- 
tion primitive.  En  effet,  les  autochtones  de  la  vallée  du  Nil  n'avaient 
pas  la  brique,  et  nous  ne  la  voyons  apparaître  qu'avec  les  conquérants 
qui  l'employaient  tant  pour  construire  leurs  maisons  (kjœkkenmœd- 
dings  de  Toukh),  que  pour  garnir  l'intérieur  de  leurs  tombeaux. 

Nous  admettons  l'origine  chaldéenne  des  Égyptiens  ;  ce  fait  de  l'in- 
troduction sur  les  bords  du  Nil  de  la  brique  crue  s'explique  de  lui 
même,  car  en  Mésopotamie,  la  pierre  fait  absolument  défaut  et  depuis 
les  temps  les  plus  reculés  de  la  civilisation  chaldéenne  jusqu'à  nos 
jours,  la  brique  est  le  seul  matériel  de  construction  qui  y  soit  employé. 
11  est  fort  naturel  de  voir  les  envahisseurs  apporter  avec  eux  des 
usages  auxquels  ils  étaient  habitués  depuis  longtemps  et  pour  les- 
quels le  sol  de  l'Egypte  et  le  limon  du  Nil  leur  fournissaient  d'excel- 
lents matériaux. 

Le  mode  de  construction  du  tombeau  de  Négadah  rappelle  aussi 
d'une  manière  très  vive  celui  des  édifices  antiques  de  la  Mésopota- 


i.  Celte  stèle  a  été  publiée  avec  deux  facsimilés  par  Pellegrini,  Nota  sopra  un'  ins- 
crizione  egizia  del  Museo  di  Palcrmo,  dans  YArchïsio  stovico  siciliatio,  n.  s  ,  auno 
XX,  fasc.  III-IV. 


DU  TOMBEAU  ROYAL   DE  NÉGADAH 


- 


mie.  De  tous  temps  en  effel ,  nous  retrouvons  en  Chaldée  el  en  Assy- 
rie, tantàTello,  Warka,  Mougheîr,  <  >urouk,  qu'à  Khorsabad,  ce  genre 
de  décoration  Taisant  partie  du  monument  Lui-môme,  et  qui  consiste 
en  une  série  de  piliers  encastrés  dans  le  mur,  de  rentrants  plus  ou 
moins  accusés,  <pii  rompent  la  monotonie  d'une  muraille  de  briques 
toute  nue  (fig.  853  à  856)'.  Tandis  quecegenre  de  décoration  se  continue 


Fig.  853-S56.  —  Plans  de  monuments  chaldéens  et  assyriens.  —  853.  Temple  de  Mou- 
gheîr. —  854-855.  Temple  de   Warka.  —  856.  Observatoire  de  Kh  irsabad. 

en  Asie  tant  que  dura  la  civilisation  assyrienne,  et  même  jusque  dans 
les  édifices  achéménides,  nous  le  voyons  se  perdre  de  fort  bonne 
heure  en  Egypte;  son  usage  se  réduisit  peu  à  peu  et  on  ne  l'utilisa 
guère  plus  que  pour  les  stèles  funéraires;  encore  n'en  voyons-nous 
que  fort  peu  d'exemples  au  Moyen  Empire,  après  quoi  il  disparaît 
complètement.  Ces  redans  n'avaient  plus  de  raison  d'être  avec  l'ar- 
chitecture de  pierre,  beaucoup  plus  décorative  par  elle-même  que  la 
brique,  et  leur  emploi,  comme  beaucoup  de  coutumes  fort  anciennes, 
a  fini  par  passer  uniquement  dans  le  domaine  religieux,  avant  de  se 
perdre  complètement*. 


i.Loftus  (Travels  and  Researches  in  Chaldaeaand  Susiana,  p.  76)  donne  un  croquis 
d'un  des  grands  monuments  d'Ourouk,  qui  ressemble  à  s'y  méprendre  au  tombeau  de 
Négadah.  Ce  croquis  est  reproduit  dans  Maspero,  Histoire  ancienne  des  peuples  de 
l'Orient,  tome  I,  p.  703.  —  Quant  au  plan  du  grand  palais  de  Tello,  il  se  trouve  dans 
Heuzey- Sarzec,  Fouilles  à  Tello,  plan  A,  et  une  vue  du  monument  à  la  pi.  5o,  n°  1.  Le 
plan  si  souvent  reproduit  qui  est  gravé  sur  la  statue  de  l'architecte,  au  Musée  du 
Louvre,  se  trouve  dans  le  même  ouvrage,   pi.  i5. 

2.  Si  ce  style  a  disparu  de  l'architecture  proprement  dite,  nous  le  retrouvons,  non 
seulement  sur  les  stèles,  mais  aussi  dans  les  peintures  décoratives  qui  ornent  les 
chambres  funéraires  (p.  ex.  celle  de  la  pyramide  d'Ounas)  et  sur  les  sarcophages  du 
Moyen  Empire.  Les  stèles  ne  sont   pas  faites   sur  le   modèle   des  portes,  comme  on  a 


256  MONUMENTS  CONTEMPORAINS 

A  côté  du  monument  du  roi  Aha(?),  nous  avons  les  grands  tombeaux 
souterrains  d'Oui  el-Ga'ab  et  de  Négadah,  que  je  considère  comme 
un  peu  postérieurs,  pour  des  raisons  que  je  dirai  plus  loin  a  propos 
des  inscriptions.  Nous  nous  trouvons  ici  en  face  d'un  type  de  sépul- 
tures semblable  à  celles  des  simples  particuliers,  mais  exécuté  'dans 
des  dimensions  beaucoup  plus  considérables.  Parmi  ces  grands  rec- 
tangles creusés  dans  le  sol,  l'un,  celui  du  roi  |  ,  dont  la  salle  prin- 
cipale est  entourée  dune  série  de  petites  chambres  à  offrandes, 
semble  former  la  transition  avec  celui  qui  a  été  découvert  cette  année 
par  M.  Amélineau.  Tous  les  deux  sont  les  premiers  exemples,  déjà 
très  développés,  de  ce  qui  deviendra  plus  tard  les  mastabas  de  l'An- 
cien Empire,  dont  les  plus  anciens  connus  jusqu'ici,  avec  lesquels  il 
est  intéressant  de  les  comparer,  sont  ceux  de  Meïdoum  et  de  Dah- 
chour,  contemporains  du  roi  Snefrou,  c'est-à-dire  du  commencement 
de  la  IVe  dynastie. 

Quant  à  la  question  de  l'incinération  du  mort,  genre  de  sépulture 
qui  semble  bien  se  retrouver  à  Abydos  aussi  bien  qu'à  Négadah, 
M.  Wiedemann  en  a  parlé  longuement  dans  le  chapitre  qui  précède. 
Je  n'ai  donc  pas  à  y  revenir  ici,  quoique  ce  soit,  à  mon  avis,  une  des 
preuves  les  plus  convaincantes  de  l'origine  asiatique  des  premiers 
Egyptiens. 

Parmi  les  objets  découverts  dans  les  tombeaux  royaux  de  Néga- 
dah et  d' Abydos,  une  des  choses  qui  frappent  le  plus,  un  fait  qui  est 
la  caractéristique  de  cette  époque,  c'est  l'usage  constant  du  cylindre 
pour  imprimer  le  nom  du  roi  sur  les  objets  lui  appartenant1.  Le  cy- 
lindre est,  on  le  sait,  exclusivement  chaldéen  et  assyrien;  en  Egypte, 
son  usage  a  disparu  très  vite  devant  celui  du  sceau  en  forme  de  sca- 
rabée, dont  nous  ne  trouvons  ici  aucune  trace,  et  qui  est  universelle- 
ment répandu  dès  les  IVe  et  Ve  dynasties.  Le  cylindre  persiste  cepen- 
dant en  Egypte  jusqu'au  Moyen  Empire,  mais  son  usage  est  des  plus 


coutume  de  le  dire  :  c'est  à  mou  avis  le  contraire.  On  a  utilisé  le  motif  central  des 
stèles  pour  y  percer  une  porte  étroite  à  deux  battants.  Les  exemples  les  plus  anciens, 
comme  le  tombeau  de  Négadah  et  la  stèle  de  Chili  au  Musée  de  Guizeh,  nous  montrent 
que  dans  ce  genre  ce  décoration,  il  ne  peut  être,  à  l'origine,  question  de  porte,  et  en 
outre  le  fait  d'une  porte  très  étroite  dans  un  cadre  tout  à  fait  disproportionné  suffi- 
rait à  prouver  que  telle  n'était  pas  la  destination  primitive  de  ces  monuments. 

I  C'est  aussi  l'avis  émis  par  le  professeur  Schweinfurth  dans  sa  conférence  du 
2A  avril  1897  à  la  Société  khédiviale  de  géographie,  au  Caire  :  «  De  l'origine  des 
Égyptiens  et  de  quelques-uns  de  leurs  usages  remontant  à  l'âge  de  la  pierre  ». 


DU  TOMBEAU  ROYAL  DK  NÉGADAH 

restreints  el  décroit  de  plus  en  plus  :  à  l'époque  des  Ramessides,  il 
n'y  en  a,  à  ma  connaissance,  plus  trace,  tandis  qu'en  Assyrie,  plus 
011  avance  dans  la  civilisation,  plus  son  emploi  devient  commun, 
jusqu'à  l'époque  achéménide. 


i£2^- 


Fig.  85;.  —  Cylindre  eu  terre  cuite.  Musée  de  Guizeh.  3   ',  grandeur  naturelle. 

Il  existe  au  musée  de  Guizeh  un  de  ces  cylindres  égyptiens  très 
anciens,  dont  les  gravures,  représentant  surtout  des  personnages*** 
des  crocodiles,  rappellent  absolument  la  facture  de  ceux  qui  sont 
imprimés  sur  les  bouchons  d'argile  des  vases  de  Négadah  et  d'Abydos 
(fig.  857).  On  peut,  sans  aucune  hésitation,  le  classer  dans  l'époque 
des  premiers  Égyptiens. 

S. 5  S 


•  PSMSB 


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-— /     kit- 


800 


\ 


Fig.  S58  à  862.  —Vases  en  pierre  dure  de  Tello.  E.  de  Sarzec,  Découvertes  en 

Chaldée,  pi.  26. 

Un  autre  fait  absolument  typique,  c'est  l'extrême  abondance  de 
vases  en  pierre  dure  et  en  albâtre,  de  toutes  formes  et  de  toutes 
grandeurs,  qui  se  trouvent  dans  les  sépultures  royales.  Un  rappro- 

1: 


258  MONUMENTS  CONTEMPORAINS 

chement  intéressant  est  à  faire  entre  quelques-uns  de  ces  vases  et 
ceux  qui  ont  été  trouvés  par  M.  de  Sarzec  à  Tello  (fig.  858-862).  La 
forme  et  le  travail  sont  exactement  semblables  et  ils  ne  diffèrent 
qu'en  ce  que  les  uns  sont  ornés  de  quelques  hiéroglyphes,  tandis 
que  les  autres  portent  une  inscription  cunéiforme;  à  part  cela,  la 
facture  est  identique1. 

Quant  aux  autres  petits  objets  trouvés  dans  tous  les  tombeaux  de 
cette  époque,  il  est  impossible  de  contester  l'aspect  purement  chal- 
déen  de  plusieurs  d'entre  eux,  particulièrement  pour  les  ivoires  sculp- 
tés*. Les  petits  fragments  de  meubles3  en  forme  de  pieds  de  taureaux 
n'ont  rien  d'égyptien  :  c'est,  avec  d'autres  proportions  et  une  autre 
matière,  exactement  le  môme  style  que  les  taureaux  ailés  à  tête  hu- 
maine des  palais  assyriens,  avec  leurs  muscles  indiqués  d'une  manière 
naïvement  schématique.  De  même  les  poissons,  les  chiens  et  les  lions 
d'ivoire  sont  traités  avec  le  naturalisme  souvent  exagéré  qui  carac- 
térise l'art  de  la  Chaldée,  par  opposition  à  celui  de  l'Egypte. 

Le  point  le  plus  important,  celui  qui  peut  permettre  d'esquisser 
une  sorte  de  classification  de  toute  cette  série  de  rois  nouveaux,  c'est 
les  inscriptions,  malheureusement  si  peu  nombreuses,  trouvées  dans 
les  tombeaux  de  cette  époque. 

A  Négadah  d'abord,  nous  ne  voyons  sur  aucun  des  objets  portant 
le  nom  du  roi,  autre  chose  que  sa  bannière  surmontée  de  l'épervier 
qui  tient  dans  ses  serres  le  bouclier  et  la  massue.  Ce  groupe  est  par- 
fois accompagné  de  quelques  signes,  les  trois  autruches  ouïe  groupe 

a,  dont  il  n'est,  je  crois,   pas  possible  pour  le  moment  de  détermi- 
ner la  signification,   mais  qui  certainement  ne  représentent  pas  un 


i.  Il  faut  comparer  aux  vases  de  Tello  spécialement  ceux  du  tombeau  de  Négadah 
qui  sont  représentés  aux  fig.  573,  661,  662,  Gy3  du  présent  volume.  — M.  de  Morgan  me 
dit  avoir  rencontré  dans  la  partie  élamite  du  tell  de  Suze  une  grande  quantité  de  frag- 
ments de  vases  en  albâtre  et  en  pierre  dure  présentant  une  technique  absolument  sem- 
blable à  celle  des  premiers  vases  égyptiens. 

2.  V.  pour  ceux  de  Négadah,  les  fig.  685-688,  698  et  699  de  ce  volume. 

3.  Il  faut  rapprocher  de  ces  sculptures-là  les  deux  belles  tables  d'offrandes  d'albâtre 
en  forme  de  lions  qui  ont  été  trouvées  par  Mariette  daus  l'enceinte  de  la  pyramide  à 
degrés  et  qui  sont  actuellement  au  Musée  de  Guizeh.  Ces  monuments  ont  un  cachet  si 
spécial  qu'on  a  voulu  les  ranger  dans  l'époque  saïte.  Comme  technique,  ils  ont  les 
plus  grands  rapports  avec  nos  monuments  d'Abydos,  et  il  est  incontestable  pour  moi 
qu'ils  appartiennent  vraiement  à  l'époque  de  Djeser,  qui  est  de  peu  postérieure  à  la 
nôtre,  puisqu'ils  ont  été  trouvés  près  de  sa  pyramide,  dans  la  partie  de  la  nécropole 
qui  en  dépend. 


DU  TOMBEAU  ROYAL  DE  NÉGADAH 


nom  du  roi,  et  n'ont  rien  de  commun  avec  le  cartouche,  donl   nous 
verrons  plus  tard  les  origines. 

La  bannière  est,  comme  on  le  sait,  le  premier  des  cinq  titres  du 
protocole  royal  aux  époques  classiques.  Son  origine  très  ancienne  esl 
attestée  par  cette  place  d'honneur,  quoique  en  somme,  dès  La  fin  de 
l'Ancien  Empire,  il  ne  soit  plus  guère  employé  seul  pour  désigner 
le  roi  :  ce  n'est  plus  dès  lors  qu'un  titre  purement  religieux,  attribué 
plulùt  au  ka  du  roi  qu'à  lui-même;  malgré  cela,  il  n'est  pas  employé 
seul  pour  nommer  le  souverain,  même  dans  les  textes  «lu  rituel  des- 
tinés à  donner  au  défunt  la  vie  éternelle,  ces  textes  qui  sont  gravés 
sur  les  parois  des  tombeaux,  depuis  les  pyramides  de  Saqqarah  jus- 
qu'aux hvpogées  de  Thèbes.  Ce  n'est  donc  pas,  comme  on  le  dit  en 
général,  le  nom  du  roi  divinisé,  mais  un  ancien  nom  resté  en  tète  du 
protocole  par  la  force  de  l'habitude.  Aux  époques  très  anciennes  seu- 
lement, on  trouve  la  bannière  seule,  pour  désigner  le  roi  :  les  der- 
niers exemples  que  nous  avons  de  cette  coutume  datent  du  temps  de 
Djeser',  de  Snefrou*  et  au  plus  tard  de  la  Ve  dynastie. 

J'ai  dit  que  les  inscriptions  du  roi  Aha  (?)  ne  nous  donnaient  que 
son  nom  de  bannière;  il  faut  cependant  mentionner  une  exception,  un 
autre  titre  gravé  sur  une  plaquette  d'ivoire3,  celui  qu'on  a  l'habitude 

"il 
de  traduire  «  seigneur  des  diadèmes  du  vautour  et  de  l'uraeus  »  ^^ 


et  qui  sert  à  indiquer  la  royauté  sur  les  deux  parties  de  l'Egypte*. 
Ce  groupe,  enfermé  dans  une  sorte  d'édicule,  surmonte  un  signe  qui 
parait  être  la  représentation  grossière  d'une  maison,  à  moins  que  ce 
ne  soit  un  simple  ornement,  ce  que  je  suis  plus  porté  à  croire.  S  il 
fallait  y  voir  un  signe  hiéroglyphique,  celui  dont  il  se  rapprocherait 

i.  Au  bas-relief  du  Wadi-Maghara  (v.  J.  de  Morgan,  Recherches 
sur  les  origines  de  l'Egypte,  I,  p.  23o)  et  sur  la  porte  de  la  pyramide 
à  degrés,  actuellement  au  Musée  de  Berlin. 

2.  Snefrou  est  souvent  désigné  par  son  nom  de  bannière  seul  :  je 
n'en  citerai  ici  comme  exemple  qu'une  coupe  en  brècbe  siliceuse  dé- 
couverte dernièrement  à  Mahasnah,  près  d'Abydos,  qui  porte  la  ban- 
aière  Neb-Mât  gravée  très  grossièrement  Tig.  863),  exactement  dans  le 
même  style  que  les  inscriptions  des  vases  d'Abydos.  I  ne  coupe  sem- 
blable, provenant  de  Hibe,  porte  son  cartouche  seul.  Toutes  les  deux 
sont  à  Guizeh.  Pour  les  autres  rois  de  l'Ancien  Empire,  désignés  par 
leur  nom  de  bannière  seul,  v.  Aeg.  Zeitschrift,  XXX,  p.  6  '. 

3.  V.  plus  haut,  page  1O7,  fig.  549- 
l.  Ce  titre   a  été  étudié  spécialement  par  M.  Erman    Zeitschrifî  fur 

Aegyptisclie  Sprache,  XXIX,  p.  5-). 


^37 


- 
Nom 
de  bannière 
de  Snefrou. 


260  MONUMENTS  CONTEMPORAINS 

le  plus  serait  le  ffiEE,  qui  compose  le  nom  du  cinquième  roi  de  la  pre- 
mière dynastie,  Hesep  ti  (Ojara<païBâç),  mais  cette  hypothèse,  quoique 
plausible,  est  bien  trop  peu  certaine  pour  qu'on  puisse  baser  sur 
elle  une  théorie. 

Comme  style,  les  hiéroglyphes  du  tombeau  de  Négadah  sont  encore 
très  frustes,  et  la  manière  gauche  avec  laquelle  ils  sont  dessinés  forme 
un  contraste  frappant  avec  la  perfection  accomplie  de  la  technique 
des  vases  et  des  petits  objets  d'ivoire.  Celte  comparaison  fait  voir 
avec  la  plus  grande  évidence  que  ce  genre  d'écriture  est  nouvelle- 
ment inventé,  qu'il  cherche  sa  voie  et  qu'il  faudra  un  nombre  très 
considérable  d'années  pour  que  le  système  hiéroglyphique  devienne 
ce  qu'il  est  à  la  belle  époque  de  l'Ancien  Empire.  Ce  temps-là,  il  est 
impossible  d'en  évaluer  la  durée,  mais  nous  avons  un  certain  nombre 
de  monuments  qui  servent  de  transition  et  qui  incontestablement 
doivent  se  classer  dans  cette  période  :  je  veux  parler  des  monuments 
d'Abydos. 

Ici,  dans  les  tombeaux  rectangulaires,  il  y  a  déjà  un  grand  progrès 
dans  le  style  des  hiéroglyphes  ;  nous  voyons  apparaître  la  stèle,  sculp- 
tée avec  le  plus  grand  soin.  Les  signes  sont  mieux  dessinés,  moins 
lourds  et  plus  naturels;  l'épervier  surtout  n'est  plus  un  oiseau  quel- 
conque, informe;  il  a  déjà  l'allure  hiératique  qu'il  aura  à  toutes  les 
époques  de  l'art  égyptien.  Les  tombes  des  particuliers,  elles  aussi,  se 
veloppent;  elles  ont  souvent  plusieurs  chambres,  et  quelques-unes 
d'entre  elles  contiennent  aussi  des  stèles  avec  le  nom  du  mort  et  son 
titre. 

Malheureusement  tous  ces  tombeaux  ont  été  spoliés  et  ne  nous 
ont  pas  transmis  la  série  complète  de  leurs  documents.  Un  rensei- 
gnement fort  important  est  pourtant  arrivé  jusqu'à  nous.  Dans  une 
de  ces  tombes,  M.  Amélineau  a  trouvé  plusieurs  bouchons  de  vases 
et  des  sceaux  marqués  d'un  cylindre  au  nom  du  roi  de  Négadah.  Ces 
cylindres  étaient  sans  doute  des  objets  qui  restaient  dans  les  trésors 
royaux  et  dont  on  se  servait  coura aiment,  témoin  les  nombreux 
noms  de  rois  trouvés  ainsi  dans  les  sépultures  d'autres  souverains  : 
c'est  grâce  à  cette  coutume  que  nous  avons  une  si  nombreuse  série 
de  bannières  royales  de  cette  époque.  Ce  fait  nous  prouve  une  fois 
de  plus  l'antériorité  du  roi  Aha(?)  sur  ceux  d'Om-el-Gaab,  confirmant 
ainsi  ce  que  nous  montraient  déjà  tous  les  caractères  archéologiques 
et  artistiques  des  objets  découverts  dans  sa  tombe.  Cela  nous  donne 
aussi  des  indications  sur  l'intimité  des  relations  qui  régnaient  entre 


DU  TOMBEAU  ROYAL  DE  NÉGADAH  261 

tous  ces  souverains.  Nous  avons  affaire  ici  à  une  même  famille,  à  une 
seule  dynastie  ayant  gouverné  l'Egypte  entière,  puisque  déjà  le  plus 
ancien  d'entre  eux  porte  les  titres  du  vautour  ei  de  l'uraeus  qui  in- 
diquent l'union  sous  un  s. Mil  sceptre  des  deux  parties  du  pays. 

C'est  sans  doute  à  la  même  époque  qu'il  faut  attribuer  le  tombeau 
rectangulaire  creusé  dans  le  sol  tout  près  du  monumenl  royal  de 
Négadah1,  dont  le  plan  ressemble  beaucoup  à  ceux  d'Abydos.  Il  avait 
été  complètement  spolié  et  vidé  de  fond  en  comble;  se. do,  s;,  forme, 
ainsi  que  des  débris  insignifiants  de  vases  de  pierre,  permettent  de' 
dire  qu'il  appartient  à  la  môme  période  historique. 

Le  plan  des  tombeaux  de  Den  et  surtout  de  Dja  diffère  des  autres, 
étantpluscompliqué,  et  je  suis  tenté  de  les  croire  tous  les  deux  un  peu 
postérieurs.  Malheureusement  celui  de  Dja  ne  contenait  presque 
rien  d'autre  que  sa  belle  stèle,  aussi  je  ne  pourrai  parler  ici  que  du 
premier.  Ici,  les  nombreux  bouchons  de  vases  portent,  dans  les  ins- 
criptions des  cylindres,  un  signe  qui  est  Invraisemblablement  l'ori- 
gine du  cartouche.  C'est  un  rectangle  aux  coins  arrondis  qui  entoure 
quelques  signes  hiéroglyphiques;  la  partie  extérieure  de  ce  rectangle 
est  ornée  de  sortes  de  créneaux,  arrondis  aussi,  de  sorte  que  le  signe 
lui-même  ressemble  aux  cartouches  géographiques  des  inscriptions 
égyptiennes.  Le  groupe  tout  entier  est  en  relations  intimes  avec  la 

bannière  royale  et  quoiqu'il  ne  soit  pas  précédé  du  titre  W,  il 
n'est  pas  douteux  qu'il  ne  faille  voir  ici  un  second  nom  du'souve- 
rain,  le  premier  type  du  cartouche. 

Si  les  objets  qui  ont  été  trouvés  dans  ces  deux  tombeaux  semblent 
appartenir,  au  point  de  vue  artistique  autant  que  paléographique,  à 
une  époque  postérieure  aux  autres  et  à  une  civilisation  plus  avancée, 
il  y  a  progrès  encore,  et  de  grands  progrès,  dans  ceux  que  contenait 
le  monument  découvert  cette  année  par  M.  Amélineau.  Outre  la  fi- 
nesse extrême  de  la  gravure  des  cylindres,  nous  trouvons  des  hié- 
roglyphes beaucoup  plus  nombreux  qui  rappellent  d'une  manière 
frappante,  par  leur  style,  ceux  des  panneaux  de  Hosi,  au  Musée  de 
Guizeh,  qu'il  faut  sans  doute  faire  remonter  à  la  même  époque,  ainsi 
que  la  statue  n°  1  de  Guizeh.  Ces  panneaux  ont  été  si  souvent  repro- 
duits, étudiés  et  commentés,  qu'il  est  inutile  d'y  revenir  ici5. 


i.  V.  le  plan  général  de  la  nécropole,  à  la  page  i  ',*,  fig.  -,,3  de  ce  volume. 
2.  V.  Mariette,  Album  du  Musée  de  Boulaq,  pi.  XII. 


262  MONUMENTS  CONTEMPORAINS 

« 

Outre  les  noms  du  roi  et  les  titres  de  ses  fonctionnaires,  nous 
trouvons  dans  ces  cylindres  quelque  chose  de  nouveau,  la  mention 
et  la  représentation  de  quelques  divinités,  Hôrus,  Scliou  et  une 
déesse  dont  le  nom  est  perdu.  La  religion,  dont  il  n'y  a  pas  trace 
jusqu'ici,  commence  à  se  former  telle  que  nous  la  trouverons  plus 
tard,  occupant  une  place  prépondérante  dans  tous  les  monuments 
égyptiens.  Les  traces  que  nous  en  reconnaissons  ici  sont  certes  en- 
core bien  faibles,  mais  suffisent  à  nous  montrer  un  grand  pas  en 
avant,  aussi  dans  cette  ordre  d'idées. 

Quelle  est  l'époque  à  laquelle  ce  monument  appartient?  Le  car- 
touche du  roi,  placé  à  côté  de  la  bannière  sur  plusieurs  des  cylin- 
dres1, peut  nous  donner  une  indication  à  ce  sujet  :  les  signes  qu'il 

renferme   sont  parfaitement  lisibles     J^^n  •  Si   nous  comparons 
ce  nom  à  celui  du  premier  roi  de  la  IIe  dynastie,  Boëthos,  nous  le 

trouvons  écrit  dans  la  liste  de  Saqqarah  V__  \    JmI /]  2.  Il  ny  a  de 

différence  entre  les  deux  orthographes  que  le  premier  signe  ;   or 

nous  savons  qu'à  l'époque  ptolémaïque  le  mot    \  est  souvent  écrit  par 


l'étoile  *  .  Rien  n'empêche  qu'ici  le  groupe  *_§^  3  n'ait  la  môme 
valeur;  ce  serait  alors  une  très  vieille  orthographe  reprise  parles 
prêtres  de  la  fin  de  l'Empire  égyptien,  qui  cherchaient  à  faire  de  l'ar- 
chaïsme en  tout.  Il  faut  encore  remarquer  que  nous  avons  plusieurs 
des  cartouches  d'Abydos  qui  commencent  par  ces  mêmes  signes  et 

que  d'un  autre  côté,  on  retrouve  fort  souvent  le  signe  J  en  tète  des 
noms  royaux  des  deux  premières  dynasties,  dans  les  listes  d'époque 
classique.  Cette  coïncidence  de  noms  est  si  frappante  et  les  consé- 
quences qu'elle  entraine  sont  si  plausibles  que  jusqu'à  nouvel  ordre, 
on  peut  identifier,  je  crois,  le  roi  d'Om-el-Ga'ab  avec  le  premier  de  la 

r.  Y.  les  fig.  818820.  


,,., .— .....uau.  •*•— 

pond  beaucoup  mieux  au  nom  grec  Bôr,0oç.  Par  leur  position  dans  les  listes,  les  deux 
cartouches  correspondent,  mais  je  serais  tenté  d'y  voir  deux  rois  différents,  ayant 
régné  successivement,  car  à  celte  époque-là,  les  rois  n'avaient  pas  deux  cartouches 
différents,  usage  qui  ne  remonte  qu'à  la  Ve  dynastie. 

3.  Ce  groupe  très  employé  sous  l'Ancien  Empire,  et  déjà  dans  le  tombeau   d'Amtea, 
n'a  pas  encore  été  lu  et  traduit  d'une  manière  définitive. 


DU  TOMBEAU  ROYAL  DE  NÉGADAH 

IIe  dynastie,  et  par  conséquent  placer  dans  la  Ir",  tous  les  autres 
qui,  comme  je  l'ai  dit  plus  haut,  lui  sont  très  certainement  anté- 
rieurs. 

A  ce  sujet,  M.  Amélineau  va  sans  doute  trop  loin  en  voulant  assi- 
miler les  rois  trouvés  par  lui  aux  mânes  (vixusç)  de  Manéthon,  et 
les  ranger  dans  la  IIIe  dynastie  divine1,  avant  Menés.  Comme  je 
l'ai  dit  plus  haut,  nous  pouvons  considérer  les  trois  dynasties  divi- 
nes comme  formées  après  coup  par  les  prêtres  héliopolilains  avec 
leurs  trois  ennéades  ;  nous  ne  pouvons  y  trouver  que  de  vagues  re- 
flets de  certaines  légendes  historiques,  mais  aucun  roi  ayant  positi- 
vement régné.  Par  contre  la  Ir0  dynastie  humaine  a  un  caractère 
d'authenticité  tout  différent  :  la  légende  y  est  bien  encore  pour 
beaucoup,  les  noms  des  rois  paraissent  avoir  été  inventés  plus  tard, 
pour  remplacer  ceux  dont  on  avait  perdu  la  mémoire,  mais  la  grande 
chose,  c'est  le  souvenir  de  toute  une  série  de  souverains  semblables 
aux  autres  hommes,  et  celui  de  la  première  organisation  du  pav>. 
personnifiée  par  Mènes.  Il  y  a  donc  lieu  pour  le  moment,  me  semble- 
t-il,  de  ranger  dans  cette  catégorie,  c'est-à-dire  dans  la  Ire  dy- 
nastie et  le  commencement  de  la  IIe.  tous  les  rois  de  Né^adali  et 
d'Abydos;  quant  à  la  classer  d'une  manière  absolue,  à  en  détermi- 
ner la  suite  exacte,  peut-être  de  nouvelles  fouilles  viendront-elles 
nous  donner  plus  tard  les  documents  nécessaires  pour  cela. 

En  dehors  de  des  monuments  de  l'origine  de  la  domination  égyp- 
tienne qui  proviennent  des  fouilles  de  ces  deux  dernières  années,  il 
faut  encore  en  citer  un  certain  nombre  d'autres,  disséminés  dans  nos 
musées,  qui  remontent  incontestablement  à  la  même  époque.  J'ai 
déjà  mentionné  en  passant  la  statue  n°  1  de  Guizeh,  les  panneaux 
d'Hosi,  et  pour  une  période  un  peu  postérieure,  les  tables  d'offran- 
des d'albâtre  de  Saqqarah,  la  pyramide  de  Djeser  et  la  statue  d'Am- 
tem,  à  propos  des  comparaisons  qu'on  peut  faire  entre  ces  moiut. 
ments  et  ceux  de  Négadah  et  d'Abydos  ;  il  est  donc  inutile  d'y  revenir 
ici. 

Il  ne  reste  à  parler  ici  que  d'un  certain  nombre  de  petits  objets 
qui  se  trouvent  dans  plusieurs  musées  :  les  plaques  de  schiste 
gravées.    Ces    monuments   ont    été    déjà    étudiés    longuement    par 


i.  V.  à  ce  sujet  Chassinat,  Les  NÉxue?  de  Manéthon  et  la  troisième  ennéade  liéliopo- 
litaine,  dans  Recueil  de  Travaux,  vol.  XIX. 


264  MONUMENTS  CONTEMPORAINS 

M.  Heuzey  qui  a  publié  celles  du  Louvre'  et  tout  récemment  par 
M.  Stei/idorff  qui  en  a  fait  une  monographie*.  Je  ne  reviendrai  donc 
sur  cette  question  que  pour  émettre  quelques  légères  divergences 
d'opinion. 

Un  usage  qui  a  passé  des  autochthones  aux  conquérants  de  l'Egypte, 
est  celui  des  plaques  de  schiste  déposées  dans  le  tombeau.  Ces  pla- 
ques, qui,  comme  on  Ta  vu  plus  haut,  représentent  probablement  des 
sortes  de  fétiches,  sont  le  plus  souvent  de  formes  géométriques, 
mais  fréquemment  aussi  nous  donnent  l'image  de  certains  animaux. 
Quant  à  celles  des  musées  de  Guizeh3  (pi.  III)  du  Louvre1  (pi.  IV  et 
fig.  864)  et  de  Londres8  qui  vont  nous  occuper  maintenant,  et  dont  on 
ne  connaît  pas  exactement  l'origine,  je  crois  qu'on  peut  sans  hésiter 
les  attribuer  à  la  même  époque  que  les  monuments  de  Négadah  et 
d'Abydos,  c'est-à-dire  dans  les  premiers  temps  qui  suivirent  la  con- 
quête de  l'Egypte  par  les  Egyptiens. 

Tout  d'abord,  l'origine  égyptienne  de  ces  schistes  est  incontesta- 
ble :  nous  en  avons  la  preuve  par  la  série  des  cartouches  hiérogly- 
phiques qui  se  trouve  sur  un  des  côtés  de  celui  de  Guizeh,  reproduit 
sur  notre  planche  III.  Ceux  du  Louvre  nous  donnent  des  représenta- 
tions d'enseignes  purement  égyptiennes,  spécialement  celles  qui  re- 
présentent l'Orient  et  l'Occident,  sous  lesquelles  sont  rangés  ces 
guerriers  à  figure  barbare  dont  l'armement  est  absolument  celui  des 
conquérants  de  la  vallée  du  Nil,  avec  les  flèches  à  tranchant,  les 
massues,  les  boumerangs  et  les  lances.  Il  en  est  de  même  des  autres 
enseignes  qui  portent  les  emblèmes  de  différents  dieux,  comme  tfo- 
rus,  Thoth,  Min  et  Anubis. 

D'un  autre  côté,  les  caractères  asiatiques  ne  sont  pas  moins  nom- 
breux, la  figure  des  personnages  d'abord,  et  la  facture  des  nombreux 
animaux  sculptés  sur  ces  monuments.  Ceux-ci  sont  loin  d'avoir  l'élé- 
gance un  peu  grêle  qu'ils  ont  dans  les  bas-reliefs  égyptiens;  ils  sont 

i.  Revue  archéologique,  1890,  p.  i45  et  334,  pi.  IV-V;  Bulletin  de  Correspondance 
hellénique,  1892,  p.  307  et  pi.  I. 

2.  Dans  les  Aegyptiaca  dédiées  au  prof.  Ebers,  p.  122-14 t. 

3.  Outre  la  grande  plaque  représentée  pi.  III,  le  Musée  de  Guizeh  en  possède  un 
autre  petit  fragrnsut,  sms  grande  importance, reproduit  par  M.  Sleindorff  dans  son  travail. 

4-  La  pi.  IV  est  reproduite  directement  d'après  l'héliogravure  publiée  par  M.  Heuzey 
qui  a  bien  voulu  m'y  autoriser. 

5.  Je  ne  puis  malheureusement  donner  la  reproducition  des  deux  plaques  du  British 
Muséum,  la  direction  de  ce  Musée  ayant  refusé  d'en  donner  la  communication  à  M.  de 
Morgan  qui  en  avait  fait  la  demande. 


HelioS    . 


PLAO 


PI.    IV 


STATUE     N°     1     DU     MUSÉE     DE     GUIZEH 


DU  'IOMBEAU  RÛVAI.  DE  NÉGADAH 


liai 


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266  MONUMENTS  CONTEMPORAINS 

au  contraire  plutôt  épais  et  lourds,  d'un  naturalisme  très  vivant 
quoique  souvent  un  peu  exagéré.  Etudiés  avec  le  plus  grand  soin, 
ils  ont  les  muscles  très  saillants,  indiqués  de  la  môme  manière  que 
ceux  des  pieds  de  taureaux  en  ivoire  des  tombeaux  de  Négadah  et 
d'Abydos,  et  cette  manière  est  exactement  semblable  à  celle  des  re- 
présentations d'animaux  dans  les  sculptures  chaldéennes  et  assy- 
riennes, que  nos  plaques  de  schiste  rappellent  d'une  manière  frap- 
pante. Les  taureaux  surtout,  au  registre  supérieur  du  verso  de  celle 
de  Guizeh,  sont  la  reproduction  exacte  de  ceux  qui  sont  figurés  sur 
les  intailles  chaldéennes1. 

Une  question  plus  difficile  à  élucider  est  celle  des  hiéroglyphes  : 
que  signifie,  sur  une  des  plaques  du  Louvre,  cette  série  d'enseignes 
se  terminant  par  des  mains  qui  saisissent  une  corde?  Je  ne  vois 
guère  pour  le  moment  à  cela  une  explication  satisfaisante.  De  même 
pour  les  cartouches  crénelés  du  grand  schiste  de  Guizeh  :  ils  sont 
semblables,  à  peu  de  chose  près,  à  ceux  des  rois  d'Om-el-Ga'ab,  aussi 
est-il  possible  d'y  voir  des  noms  de  princes  ou  de  gouverneurs 
de  nomes,  dont  la  province  serait  indiquée  par  l'animal  armé  de  la 
pioche  qui  surmonte  chacun  de  ces  cartouches,  et  qui  parait  un  signe 
purement  géographique,  indiquant  un  pays  cultivé.  Nous  aurions 
alors  ici  les  noms  des  personnages  dont  on  voit  encore  les  pieds  au 
reo-istre  supérieur,  qui  a  disparu.  Je  ne  donne  du  reste  cette  opinion 
que  comme  une  hypothèse  nouvelle  à  ajouter  à  celles  qui  ont  été 
émises  jusqu'ici,  car  il  n'est  pas  possible  actuellement  de  se  pronon- 
cer d'une  manière  définitive. 

Il  faut  encore  rapprocher  de  ces  plaques  de  schiste,  au  point  de 
vue  de  la  facture  et  des  représentations  d'animaux,  deux  objets  dont 
le  premier  n'est  autre  que  le  couteau  de  silex  à  gaine  d'or  qui  pro- 
vient de  Guebel-el-Tarif  (v.  pi.  Y) 2.  Quant  à  la  plaque  d'ivoire  de  la 
collection  Pitt-River,  son  usage  n'est  pas  ancore  bien  défini  (tig.  S65)3; 
sur  un  des  cotés  elle  est  percée  d'un  trou  rectangulaire,  et  les  deux 
faces  sont  couvertes  de  ciselures  représentant  des  animaux  divers, 
qui  rappellent  ceux  d'un  des  cylindres  de  Négadah  autant  que  ceux 
des  schistes  dont  nous  venons  de  parler. 

i.  Je  suis   lente  de   croire   celle-ci  antérieure   à  celles    du   Louvre    dont  la  facture 
témoigne  d'un  art  plus  avancé  et  surtout  plus  libre. 

2.  Cet  objet  a  déjà  été  représenté  dans  le  précédent   volume,  p.   n5,  fig.  i36. 

3.  M.  Flinders  Pétrie,  qui    a    publié  le  premier  ce    petit    monument  (Neqadah  and 
Dallas,  pi.  LXXVII),  veut  y  voir  une  garde  de  poignard. 


■ 


in    T0MB1  Al     ROYAL  DE  NÉGADAH 


!67 


Tels  sonl  donc,  en  résumé,  les  objets  que  nous  pouvons  attribuer 
aux  premiers  temps  de  la  domination  des  rois  de  la  Haute  et  de  la 
Basse  Egypte. Ceux-ci  se  révèlent  peu  à  peu  à  nous  avec  leurs  noms, 
leurs  coutumes,  leurs  arts,  et,  ce  qui  est  pins  important  encore  pour 
nous,  leur  origine.  Tous  les  monuments,  parleurs  caractères,  mon- 
trent que  la  race  des  conquérants  venait  de  l'Orient,  peut-être  de  la 


Fio-,  865.  —  Objet  en  ivoire.   Collection  Pitt-River.  Grandeur  naturelle. 


Mésopotamie,  peut-être,  comme  le  pensent  MM.  Wiedemann  et 
Schweinfurth, de  l'Arabie  Heureuse;  cette  race  apporta  avec  elle  -  - 
coutumes  et  ses  arts,  qu'elle  imposa  d'abord  aux  vaincus  et  qui  se 
modifièrent  peu  à  peu  au  cours  des  siècles  pour  devenir  la  civilisation 
égyptienne  des  époques  classiques.  Mais  l'innovation  la  plus  impor- 
tante qu'ils  aient  introduite  dans  leur  nouveau  pays,  la  chose  qui  sans 
doute  leur  a  donné  la  supériorité  sur  les  autochtones  armes  de  pierres 


268         MONUMENTS  CONTEMPORAINS  DU  TOMBEU  ROYAL  DE  NÉGADAH 

taillées,  c'est  l'usage  du  métal,  et  surtout  du  cuivre,  qui  devait  tuer 
peu  à  peu  l'industrie  du  silex,  alors  dans  son  apogée,  arrivée  à  un 
état  de  perfection  que  n'ont  atteint  sur  aucun  autre  point  du  monde 
les  hommes  de  l'âge  de  la  pierre. 


Fig.  86(3.  —  Extrémité  de  canne  eu  cuivre.  Nécropole  de  Guebel-Silsileh. 
1/2    grandeur  naturelle. 


APPENDICE 


Recherches  sur  les  crânes  de  l'époque  de  la  pierre 

taillée  en  Egypte. 


Le  Dr  D.  FOUQUET 


Les  nouvelles  fouilles  entreprises  l'hiver  dernier  par  M.  de  Morgan. 
Directeur  général  du  Service  des  Antiquités,  pour  compléter  ses  Re- 
cherches sur  les  origines  de  l'Egypte,  ont  mis  au  jour  un  grand  nombre 
de  crânes,  dont  une  centaine,  choisis  parmi  les  mieux  conservés, 
font  l'objet  de  cette  étude. 

Cinq  nécropoles,  Beil-Allam,  Négaclali  sud,  KawamU,  Négadah 
nord  et  Guebel-Silsileh  ont  été  mises  à  contribution.  Pour  chacune 
d'elles  des  tableaux  ont  été  dressés  séparément,  pour  les  hommes 
et  pour  les  femmes;  les  mesures  sont  exprimées  en  dixièmes  de  mil- 
limètres. Elles  ont  été  prises  conformément  aux  instructions  conte- 
nues dans  le  Manuel  d'anthropologie  de  Broca. 

A  la  fin,  un  tableau  commun  résume  les  indications  tirées  de  la 
direction  du  plan  du  trou  occipital  et  de  la  distance  à  laquelle  il  vient 
aboutira  la  face,  par  rapport  à  l'épine  nasale.  Les  valeurs  sont,  pour 
ce  cas  seulement,  exprimées  en  millimètres,  et  les  signes  —  et  +  in- 
diquent si  le  plan  aboutit  au-dessous  ou  au-dessus  de  cette  épine. 

L'extrême  friabilité  de  ces  intéressantes  pièces  ne  m'a  pas  permis 
de  prendre  la  mesure  de  l'angle  facial,  ni  d'évaluer  la  capacité  crâ- 
nienne. 


270  RECHERCHES  SUR  LES  CRANES 

Le  temps  restreint  dont  je  disposais  pour  faire  cette  étude  m'a 
obligé  â  me  borner  aux  mensurations  et  à  l'examen  descriptif,  ce  que 
je  me  suis  attaché  à  faire  le  plus  exactement  possible.  Mon  travail 
ainsi  limité  comprend  sept  chapitres,  un  pour  chacune  des  cinq  né- 
cropoles. Les  deux  derniers  renferment  mes  observations  sur  l'em- 
baumement ou  plus  exactement  sur  les  essais  de  conservation,  et  les 
remarques  pathologiques  que  m'ont  fournies  certaines  pièces  de  la 
série.  M.  le  professeur  Schweinfurth,  toujours  dévoué  aux  intérêts 
de  la  science,  a  bien  voulu  m'apporter  de  nouveaux  éléments  de  dis- 
cussion, et  les  crânes  Bejdas  qu'il  me  remit  cet  hiver  ont  également 
leurs  tableaux  de  mensurations.  Malgré  toutes  les  lacunes  que  ren- 
ferme forcément  mon  travail,  je  me  croirai  payé  de  mes  efforts  et  de 
mes  fatigues  si  j'ai  pu  apporter  une  petite  pierre  au  monument  scien- 
tifique édifié  par  M.  de  Morgan. 

Dr  Fouquet. 

Le  Caire,  8  juillet  1897. 


Beit-Allam. 


En  général  les  crânes  de  Beit-Allam  étaient  absolument  remplis 
de  sable  fin.  Dans  quelques-uns  d'entre  eux,  de  petits  cailloux  blancs, 
de  forme  irrégulière,  étaient  mêlés  au  sable.  Leur  présence  me 
semble  absolument  fortuite  et  n'a  d'autre  cause  que  le  mouvement 
de  l'eau  qui  a  très  certainement  amené  le  sable  et  les  cailloux.  —  Ceux 
des  crânes  dont  il  est  question  en  ce  moment  avaient  le  sommet  de 
la  tête  tourné  vers  la  profondeur  de  la  terre.  C'est  ce  qui  explique 
comment,  par  le  trou  occipital,  des  cailloux  ont  pu  pénétrer  dans  la 
cavité  crânienne.  En  vidant  ces  crânes  on  trouve  une  preuve  indé- 
niable de  la  position  qu'ils  occupaient.  En  effet,  lorsque  la  presque 
totalité  du  sable  est  sortie,  on  voit  apparaître  des  matières  brunes, 


DE   L'ÉPOQUE   DE   LA  PIERRE  TAILLÉE   EN   EGYPTE  i:  { 

restes  du  cerveau,  qui   se  trouvail  placé  dans  la  partie  la   plu-,  dé- 
clive et  cette  partie  est  le  vertex    crânes  21,  22,  23).  La  matière  céré 
brale,  très  friable,  presque  pulvérulente,  ue  m'a  p;is  semblé  mêlée  à 
du  bitume  comme  je  l'ai  fréquemment  noté  ailleurs  el   même  dans 
certains  crânes  de  celle  série  (n°  8). 

La  fouille  a  mis  à  jour  vingt-cinq  crânes  en  état  d'être  étudiés, 
trei/.e  d'hommes  et  douze  defemmes.  Les  os  étaient  en  général  assez 
bien  conservés.  J'ai  pris  les  mesures  de  ceux  qui,  étant  arrivés  in- 
tacts, ont  pu  être  rapportés  au  crâne  emballé  avec;  eux.  I);ms  deux 
ou  trois  cas,  avec  des  os  d'un  sujet  jeune  et  correspondant  bien  par 
tous  leurs  caractères,  au  crâne  installé  dans  la  même  caisse,  on 
trouvait  des  os  d'un  autre  sujet.  En  considérant  la  façon  dont  l'em- 
ballage avait  été  fait  et  en  tenant  compte  des  éclaircissements  qui 
m'ont  été  fournis  de  la  part  de  M.  de  Morgan,  par  M.  Jéquier,  je  me 
crois  en  droit  de  conclure  que  le  mélange  avait  pu  être  fait  dans  le 
tombeau  même  et  au  moment  de  l'ensevelissement.  Ce  fait  mériterait 
d'être  étudié  sur  place  avec  soin  et  c'est  pour  cela  que  j'y  insiste.  Il 
viendrait,  en  effet,  à  l'appui  d'une  hypothèse  très  vraisemblable, 
émise  par  mon  savant  ami  R.  Verneau,  au  cours  d'une  analyse  du 
travail  de  M.  F.  Pétrie  sur  les  fouilles  de  Ballas  et  Négadah1.  A 
propos  du  cannibalisme,  vrai  ou  faux,  de  la  nouvelle  race  découverte 
au  voisinage  d'Abydos,  le  Dr  Verneau  dit  que  :  «  les  faits  allégués  à 
l'appui  de  cette  assertion  s'expliqueraient  tout  aussi  bien  si  l'on  ad- 
mettait simplement  un  décharnement  à  l'air  libre,  précédant  l'ense- 
velissement définitif». 

Pendant  le  transport  des  ossements,  du  lieu  d'exposition  où  ils  se 
décharnaient  à  l'endroit  où  ils  étaient  définitivement  inhumés,  le  mé- 
lange pouvait  et  devait  même  s'effectuer.  —  Je  signalerai  d'ailleurs, 
plus  loin,  à  propos  de  la  nécropole  de  Guebel-Silsileh.  l'existence, 
bien  constatée,  de  sépultures  collectives  très  incomplètes  où  l'on 
trouve  tantôt  la  tête  sans  les  ossements,  ou  l'inverse. 

Les  renseignements  anthropologiques  les  plus  précieux  étant  tirés 
de  l'examen  du  crâne,  j'insiste,  autant  que  je  le  puis,  sur  l'étude  de 
cette  partie,  ne  donnant  pour  les  os  que  les  moyennes  obtenues  et 
d'où  je  déduis  la  taille  pour  les  deux  sexes.  Le  temps  ne  me  permet- 
tait pas  de  suivre  plus  complètement  cette  étude. 


i.  R.   Verneau,  L'Anthropologie,  \>.  \-\,   1896. 


272 


RECHERCHES  SUR  LES  CRANES 


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Transverse 

sus  auriculaire 

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3200 

3300 
3200 
3100 
3000 

3080 

3100 

3100 
3200 

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RECHERCHES  SUR  LES  CRANES 


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DE    L'ÉPOQUE  DE  LÀ  PIERRE  TAILLÉE  EN  EGYPTE 

Malgré  la  haute  antiquité  qu'on  doit  lui  attribuer,  La  série  «les 
crânes  de  Beit-Allam  renferme  déjà  deux  types,  indiquant  le  mé- 
lange de  deux  races  au  moins. 

A  côté  de  dolichocéphales  exagérés  dont  l'indice  tombe  à  66,9  a \ 
le  n°  4  (fig.  3)  on  trouve  des  sous-dolichocéphales  (n°  21  1  =  75,1   , 
(n°  23  bis  I  =  76,2)  (fig.  8). 

Ces  derniers  se  rapprochent,  pour  la  forme  générale,  du  crâne  du 
type  Égyptien  fin  de  Pruner-bey'.  Les  dolichocéphales,  exagérés  ou 
vrais,  qui  forment  le  reste  de  la  série,  ont  aussi  les  contours  du  crâne 
adoucis  et  ne  présentent  pas  les  caractères  du  type  grossier  du  même 
auteur. 

Le  crâne,  dans  ma  série,  a  la  forme  d'un  quadrilatère  aux  angles 
arrondis,  dans  les  cas  suivants  : 

Hommes  :  1,  4,  6,  21,  22,  23. 

Femmes  :  2,  14,  20. 

Je  ne  parle  que  des  formes  bien  nettement  accusées  et  Ton  voit  qu'il 
n'y  a  pas  un  rapport  constant  entre  ces  formes  et  l'indice  céphalique, 
puisque  le  n°  21  est  sous-dolichocéphale  et  a  le  crâne  rectangulaire, 
tandis  que  le  n°  8  est  dolichocéphale  exagéré  et  a  le  crâne  élargi  en 
arrière.  Cette  forme  s'observe  aussi_chez  d'autres  sujets  : 

Hommes  :  3,  5,  7,  8,  il,  17,  19. 

Femmes  :  12,  13,  15,  1G,  18,  24. 

La  suture  sagittale,  dans  aucun  cas,  ne  se  montre  en  relief;  elle  a 
plutôt  une  tendance  à  se  creuser  en  gouttière  à  sa  partie  postérieure 
dans  les  crânes  suivants  : 

Hommes  :  1,  17,  23. 

Femmes  :  2,  14,  24. 

Le  frontal  est  divisé  en  deux  pièces  chez  un  homme,  n°  7.  Chez 
une  femme,  n°  20. 

Le  trou  occipital  a  un  indice  moyen  de  77,6  chez  les  hommes,  et 
de  75,01  chez  les  femmes.  En  général  sa  forme  varie  peu.  Chez  tous 
les  hommes  elle  est  elliptique,  chez  les  femmes  elle  présente  trois 
fois  la  forme  lancéolée  (n0'  2,  9,  18),  c'est-à-dire  que  l'extrémité  pos- 
térieure est  en  pointe  plus  ou  moins  aiguë  et  que  les  condyles,  en 
empiétant  plus  ou  moins  sur  l'aire  du  trou,  à  la  partie  antérieure,  la 
rétrécissent,  donnant  à  l'orifice  la  forme  d'une  pointe  de  flèche. 


i.  Recherches  sur  l'origine  de  Vaurienne  race   égyptienne  (Mémoire*  de   la  Société 
d'Anthropologie  de  Paris,  1861  . 


280 


RECHERCHES  SUR  LES  CRANES 


Un  seul  crâne  d'homme  est  platycéphale  (le  n°  G)  ;  deux  sont  ortho- 
céphales  (nos  3  et  23  bis).  Les  nos  1,  7,  21,  23  sont  hypsicéphales. 

Pour  les  femmes  :  9,  15,  platycéphales;  2,  12,  1G,  18,  19,  24,  ortho- 
céphales.  Il  n'y  a  pas  d'hypsicéphales  dans  les  crânes  qui  ont  pu  être 
mesurés. 

Les  apophyses  mastoïdes  sont  dirigées  en  avant  et  peu  volumi- 
neuses dans  les  deux  sexes. 

Les  sutures  crâniennes  ne  sont  pas  compliquées. 

Le  front  est  légèrement  fuyant  chez  les  hommes,  la  glabelle  et  les 
arcades  sourcilières  ne  sont  pas  très  en  relief  (fig.  1  et  4),  sans  être 
pourtant  effacées  ainsi  qu'on  en  peut  juger  par  d'autres  sujets  (fig.  6 
à  8).  Il  existe,  assez  souvent,  un  léger  prognathisme  sous-nasal 
(fig.  8). 


J.&.D. 


Fig.   i.  —  Bcil-AUam,  n°  3. 

Chez  les  femmes,  le  front  est  en  général  droit,  les  arcades  sour- 
cilières peu  ou  pas  marquées,  le  prognathisme  est  plus  net  que  chez 
l'homme,  comme  cela  arrive  dans  les  races  blanches,  mais  il  n'est  pas 
constant. 

L'indice  nasal  qui  est  de  48,48  chez  les  hommes  les  place  parmi  les 
mésorhiniens,  tout  au  voisinage  des  leptorhiniens. 


DE  L'EPOQUE  DE  LA  PIERRE  TAILLÉE  EN  EGYPTE  281 

Quatre  de  nos  sujets  sur  sepl  dont  le  nez  a  été  mesuré  sont  fran- 
chemenl  dans  celte  catégorie.  Les  femmes  sonl  mésorhiniennes. 
La  moyenne  de  l'indice  orbitaire  es1  plus  faillie  chez  l'homme  que 

chez  la  femme,  85,7<S  au  lieu  de  87.  L'indice  des  hommes  les  rap- 
proche des  Basques  sous-dolichocéphales,  celui  des  femmes  les  pla<  e 
entre  les  Kabyles  et  les  Egyptiens  anciens.  Notre  série  esl  beaucoup 
trop  courte  pour  que  j'aie  l'intention  de  tirer  une  conclusion  de  ce 
rapprochement. 

Quelques  squelettes  ont  fourni  un  certain  nombre  d'os  intacts  ap- 
partenant à  trois  hommes  et  cinq  femmes.  Ces  os  sont  grêles,  les  in- 
sertions musculaires,  môme  chez  les  hommes,  sont  peu  marquées.  La 
cavité  olécranienne  de  l'humérus  était  imperforée  (liez  les  hommes, 
perforée  chez  deux  des  femmes.  La  taille  était  peu  élevée;  elle  a  été, 
en  moyenne,  de  ira,6G3  chez  l'homme,  de  lm,562  chez  la  femme. 

L'n  détail  à  noter,  toutes  les  femmes  étaient  jeunes,  aucune  certai- 
nement n'avait  plus  de  quarante  ans  et  beaucoup  ne  semblaient  pas 
en  avoir  plus  de  vingt-cinq. 

L'indice  tibial,  C5,7  pour  les  hommes,  touche  la  platycnémie,  mais 
sur  une  aussi  courte  série  il  vaut  mieux  dire  que  deux  sujets  sont 
platycnémiques  et  que  le  troisième  ne  Test  pas  du  tout. 

Pour  les  femmes,  la  moyenne  est  de  64,28;  elle  reste  dans  les  li- 
mites de  la  platycnémie,  les  écarts  du  maximum  au  minimum  sont 
moins  grands  que  chez  les  hommes. 

J'ai  noté  de  petits  os  wormiens  cinq  fois  (3,  7, 13,  21,  23  bis). 

L'os  épactal,  deux  lois  (9,  10). 

Une  seule  fois  j'ai  trouvé  des  traces  de  cheveux,  au  niveau  de  la 
bosse  pariétale  gauche  du  n°  24.  Ces  cheveux  étaient  très  noirs,  fins, 
lisses,  droits,  Il  en  existait  deux  petites  mèches  non  tressées,  sans 
aucune  espèce  d'ondulation.  Il  fut  impossible  de  les  recueillir,  le 
moindre  attouchement  les  faisait  s'envoler  en  une  très  fine  poussière 
noire.  Sur  plusieurs  des  crânes,  bien  que  la  peau  eût  absolument  dis- 
paru, on  voyait  encore  les  lignes  d'implantation  des  cheveux,  tracées 
sur  le  crâne  par  une  fine  poussière  qui  disparaissait  au  moindre 
coup  de  brosse. 

Le  plan  du  trou  occipital  chez  l'homme  aboutit  au-dessus  de  l'épine 
nasale  quatre  fois  sur  six  sujets  observés.  Chez  les  femmes  il  aboutit 
toujours  au-dessus  (sept  fois  sur  sept). 

Les  quantités  sont  indiquées  sur  un  tableau  général,  embrassant 
l'ensemble  des  crânes  étudiés  dans  ce  travail. 


282  RECHERCHES  SUR  LES  CRANES 

Les  notes  qui  suivent  ont  été  prises  sur  les  crânes  de  Beil-Allam 
figurés  ici  et  choisis  parmi  les  mieux  conservés.  J'aurais  voulu  mul- 
tiplier ces  notes  et  les  étendre  à  toute  la  série  en  y  joignant  les  pho- 
tographies ;  des  circonstances  indépendantes  de  ma  volonté  ne  m'ont 
pas  permis  de  donner  suite  à  ce  projet  et  je  suis  le  premier  à  regret- 
ter de  n'avoir  pu  faire  reproduire  un  plus  grand  nombre  de  crânes 
de  femmes. 

J'avais  cependant  une  raison  pour  donner  la  préférence  aux  crânes 
d'hommes.  C'est  que,  surtout  en  Orient,  la  présence  de  femmes 
étrangères,  captives,  prises  à  la  guerre  ou  esclaves  achetées,  est  fa- 
talement fréquente.  On  doit  considérer  la  femme  comme  un  élément 
modificateur  de  la  race.  C'était  un  nouveau  chapitre  à  écrire;  il  trou- 
vera sa  place  ailleurs. 

En  dehors  des  mesures  consignées  dans  les  tableaux  et  des  re- 
marques générales  qui  précèdent,  j'ai  décrit,  avec  quelques  détails, 
les  crânes  :  3,  4,  6,  23  et  23  bis  qui  sont  représentés,  dans  ce  cha- 
pitre, de  profil  et  de  face,  sauf  le  n°  4  dont  la  face  n'existe  presque 
plus  et  dont  le  profil  seul  présentait  de  l'intérêt,  à  cause  de  la  grande 
dolichocéphalie  du  sujet. 

Beit-Allam,  n°  3. 

Crâne  d'un  homme  âgé  de  vingt-huit  à  trente  ans.  Les  arcades  sour- 

cilières  sont  peu  saillantes  (fig.  1,  profil).  La  courbe  du  front  monte 

très    régulièrement  jusqu'au    bregma,     reste     horizontale    sur    une 

longueur  de  0m,030,  redescend  sans   dépressions  jusqu'à   la    suture 

lambdoïde  où  elle  fait  un  léger  ressaut  causé  par  la  forme  globuleuse 

de  l'écaillé  de  l'occipital.  —  Les  insertions  musculaires  de  la  nuque 

sont  peu  marquées,  il  en  est  de  même  des  bosses  frontales,  tandis  que 

les  bosses  pariétales  font,  au  contraire,  une  saillie  très  nette.  Les 

fosses  temporales  sont  vastes  et  s'étendent  jusqu'à  la  partie  moyenne 

des  apophyses  mastoïdesqui  sont  assezbien  marquées,  sans  pourtant 

faire  une  saillie  sensible  au  dessus  du  plan  des   condyles.   Le  trou 

occipital,  déforme  elliptique,  est  symétrique.  Les  sutures  crâniennes 

sont  bien  développées  et  assez  sinueuses.  Le  sujet  appartient  à  une 

race  élevée. 

La  face,  symétrique,  est  plutôt  haute  et  étroite,   le  nez   aquilin, 
l'épine  nasale  aiguë,  relevée  et  bifide  ;  il  existe  un  léger  prognathisme 


DE  L'ÉPOQUE  DE  LA  PIERRE  TAILLÉE  EN  EGYPTE 

sous-nasal,  exagéré  dans  la  figure.  Les  orbites  sont  obliques  [fig.  2), 
quadrangulaires,  arrondies  aux  angles.  L'os  malaire  est  fuyant.   La 
denture  est  très  remarquablement  régulière  et  saine. 
Aucun  des  os  du  squelette  ne  m'a  été  remis. 


J.BJ*- 


Fis:.  2. 


Beit-Allam,  n°  3. 


Beit-Allam,  n°4. 

(Fig-  3). 

Crâne  d'un  homme  âgé  de  quarante-cinq  ans.  La  suture  sagittale  et  le 
lambda  sont  entièrement  soudés,  la  synostose  coronale  est  envoie  de 
formation.  Il  n'existe  aucune  anomalie  anatomique,  pas  d'os  wormien. 
Le  trou  pariétal  visible  à  droite  est  oblitéré,  la  saillie  de  la  nuque  esl 
forte,  mais  les  insertions  musculaires  sont  peu  marquées  dans  la 
région  sous-iniaque  qui  est  lisse.    Le  ptérion  est  en  rapport  avec  le 


28'*  RECHERCHES  SUR  LES  CRANES 

pariétal  sur  une  longueur  de  0m,020  horizontalement.  L'état  du 
crâne  ne  permet  pas  de  voir  en  quel  point  de  la  face  aboutirait  le  plan 
du  trou  occipital.  Les  parois  latérales  sont  aplaties,  l'insertion 
des  muscles  masticateurs  atteint,  en  arrière,  l'extrême  limite  de 
l'apophyse   mastoïde  et  touche  la  suture  lambdoïde.  La  glabelle  est 


Fig.  3.  —  Bcil-Allam,  n°  f\. 

assez  marquée,  suivie  inmédiatement  d'une  dépression  après  laquelle 
la  courbe  est  régulière  jusqu'après  le  bregma  et  redescend  jusqu'à 
l'inion.  Les  bosses  pariétales  sont  bien  marquées.  Les  apophyses 
mastoïdes  aussi,,  mais  lisses.  La  face  manque  complètement. 


Beit-Allam,  n°  6. 

Crâne  d'un  homme  âgé  de  près  de  soixante  ans.  Toutes  les  svnos- 
toses  sont  faites,  sauf  celle  de  l'écaillé  du  temporal.  Malgré  cela  les 
dents  sont  encore  en  bon  état,  usées  en  plateau  très  régulier,  laissant 
une  couronne  plus  épaisse  qu'on  ne  l'observe  habituellement  à  cet 
âge  avancé.  La  glabelle  est  saillante,  les  arcades  sourcilières  peu 
accentuées,  le  front  bombé  et,  à  part  une  très  faible  dépression  post- 
bregmatique,  la  courbe  crânienne  absolument  régulière  jusqu'à 
l'inion.  La  région  iniaque  est  peu  accidentée.  Le  trou  occipital  est 
ovale  et  vaste.  Les  apophyses  mastoïdes  épaisses  et  courtes  (fig.  4). 


DE   L'ÉPOQUE  DE  LA  PIERRE  TAILLÉE  EN  EGYPTE 


28; 


Fig  5.  —  Beit-Allam, 


286  RECHERCHES  SUR  LES  CRANES 

Les  écailles  des  temporaux  renflées.   Les  bosses  frontales  et  parié- 
tales sans  relief.  Les  sutures  crâniennes  assez  simples. 

Le  ptérion  s'articule  avec  le  pariétal  sur  une  longueur  de   0   ,015. 

La  face  est  assez  large,  les  os  malaires  saillants,  le  nez  proéminent, 
l'épine  nasale  courte  et  horizontale,  les  orbites  vastes  et  arrondies, 
la  cloison  du  nez  déviée  sur  la  gauche  (fig.  5). 

L'angle  de  la  mâchoire  inférieure  est  volumineux  et  projeté  en 
dehors,  la  branche  du  côté  gauche  est  incomplète  (fig.  5).  La  face  est 
droite  et  les  dents  plantées  presque  verticalement  aux  deux  maxil- 
laires. 


Beit-Allam,n°23. 

Crâne  complet  d'un  sujet  jeune  ayant  cependant  atteint  son  com- 
plet développement,  puisque  Ton  peut  lui  attribuer  de  vingt-six  à 
trente  ans. 


Fig.  6.  —  Beit-AUam,  n°  23 


DE  L'EPOQUE  DE  LA  PIERRE  TAILLÉE  EN  EGYPTE  287 

(  .Libelle  saillante  d'où  partent  des  arcades  sourcil ières  très  arquées 
et  très  renflées. 

Le  front  s'élève  avec  de  très  faibles  oscillations  delà  courbe  jus- 
qu'à 0m,025  en  arrière  du  bregma,  puis  il  remonte  un  peu  el  red 
cend  au  milieu  d'une  légère  dépression  Longitudinale  et  médiane 
jusqu'à  l'inion  dont  la  saillie  est  peu  marquée  (fig.  G).  Les  parois 
latérales  du  crâne  sont  verticales,  les  apophyses  mastoïdes  sont  ru- 
gueuses, très  portées  en  avant  et  peu   proéminentes,  les  condyles 


Fig.  7.  —  Beit-Allam,  n°  23. 

occipitaux  très  accentués,  dépassent  leur  plan  de  0m,005.  Le  trou  occi- 
pital est  grand  et  de  forme  losangique  L'apophyse  styloïde  droite,  en 
partie  conservée,  est  forte  et  longue  pour  un  sujet  aussi  jeune.  Les 
sutures  sont  peu  compliquées.  Au  niveau  du  lambda  il  existe  deux 
très  petits  os  wormiens. 

Le  nez,  proéminent  et  long,  a  ses  os  propres  adossés  sous  un  angle 
aigu,  leur  bord  externe  mesure  0"\,022,  ils  sont  un  peu  brisés  à  leur 


288 


RECHERCHES  SUR  LES  CRANES 


partie  moyenne  (fig.  7).  L'épine  nasale  est  à  peine  en  relief  et  un  peu 
divisée  vers  la  gauche,  la  voûte  palatine  forme  une  cavité  profonde 
sans  avoir  pourtant  la  forme  ogivale.  Les  os  malaires  sont  portés  en 
dehors  et  en  arrière  et  les  arcades  zygomatiques  font  une  saillie  très 
nette  de  chaque  côté.  La  région  spino-alvéolaire  se  porte  un  peu  en 
avant  et  l'obliquité  d'implantation  des  incisives  devait  augmenter  ce 
prognathisme  sous-nasal . 

Le  maxillaire  inférieur  présente  des  insertions  musculaires  très 
marquées.  Le  menton  proémine  un  peu,  il  est  coupé  carrément  sur 
une  longueur  de  0m,020.  Les  dents  sont  implantées  verticalement. 
L'absence  d'un  eondyle,  d'une  apophyse  et  d'un  fragment  de  l'angle 
postéro-inférieur  gauche,  n'ont  pas  permis  de  le  mesurer  avec  exac- 
titude. 

Beit-Allam,  n°  23  bis. 


Crâne  d'un  vieillard  de  soixante-dix  ans  environ.  — La  glabelle  est 
tombée  et  se  continue  à  droite  et  à  gauche  avec  la  saillie  des  arcades 
sourcilières.    Immédiatement  en  dessus,  sans  dépression,    le  front 


Fig.  8.  —  Beit-Allam,  n°  a3  bis. 
monte  droit  pendant  0m,030,  puis  se  porte  en  arrière  et  forme   une 
courbe  ascendante  jusqu'au  bregma  pour  redescendre  sans  irrégula- 
rité jusqu'à  la  partie  écailleuse  de  l'occipital  qui  est  renflée  et  lisse. 


DE   L'ÉPOQUE  DE  LA  PIERRE  TAILLÉE    EN   EGYPTE 


L'inion  est  peu  marqué.  Le  trou  occipital  est  ovalaire,  grand.  Les 
parois  du  crâne  sont  renflées,  les  apophyses  mastoïdes  sonl  petites  et 
séparées  de  la  racine  de  l'apophyse  zygomatique  par  un  large  sillon 
lisse  allant  du  trou  auriculaire  à  la  suture  lambdoïde.  Les  sutures  du 

crâne  sonl  très  enchevêtrées. 


Fig.  9.  —  Beit-Allam,  110  23  bis. 


La  face  est  relativement  basse.  Les  orbites,  petites  et  arrondies. 
L'orifice  du  nez  vaste,  l'épine  nasale  courte  et  grêle. 

Les  quelques  fragments  de  dents  qui  restent  sont  en  mauvais  état, 
très  usées  et  cariées.  Du  côté  droit,  la  carie  de  la  deuxième  pré- 
molaire avait  amené  une  périostite  fongueuse  du  maxillaire  supérieur 
à  la  partie  externe  de  la  région  sus-alvéolaire.  De  l'autre  côté  il 
existe,  au  niveau  de  la  racine  de  la  première  molaire  gauche,  une 
perte  de  substance  du  rebord  de  la  mâchoire  avec  pénétration  dans 

19 


290 


RECHERCHES  SUR  LES  CRANES 


le  sinus  maxillaire  par  un  conduit  elliptique  de  0m,009  de  long  sur 
0m_,005  de  large.  Cette  lésion  était  déjà  ancienne  au  moment  de  la 
mort. 

Négadah  sud 

Cette  nécropole,  considérée  par  M.  de  Morgan  comme  préhisto- 
rique, a  fourni  la  plus  belle  série  de  crânes.  Je  dirai,  à  propos  de 
Pembaumement,  les  conditions  de  la  trouvaille. 


Fig.  10.  —  Négadah  sud,  u°  fi. 

Les  crânes  m'ont  été  envoyés  vides  ou  à  peu  près,  ce  qui  explique 
en  partie  leur  meilleur  état  de  conservation.  Presque  tous  ont  des 
parois  plus  épaisses,  plus  résistantes  que  ceux  de  Beit-Allam,  de 
Kawamil  et  de  Guebel-Silsileh,  et  cela  tient  non  seulement  au  ter- 
rain qui  les  a  contenus,  mais  encore  et  surtout  à  leur  conformation. 
Aucun  os  ne  les  accompagnait,  et  je  le  regrette  vivement,  car  leur 
absence  me  prive  des  éléments  de  détermination  de  la  taille,  ce  qui 
crée  une  difficulté  de  plus  pour  établir  à  quelle  race  on  doit  les 
rattacher. 

La  série  est  néanmoins  fort  belle,  car  elle  compte  43  crânes,  28 
hommes  et  15  femmes,  dont  les  mesures  sont  groupées  dans  les  ta- 
bleaux suivants  dressés  par  sexe  : 


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DE  L'ÉPOQUE  DE   LA   PIERRE  TAILLÉE  EN   EGYPTE 


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290  RECHERCHES  SUR  LES  CRANES 

NÉGADAH  SUD,  MENSURATIONS  DES  COURBES  (CRANES  MASCULINS) 


Numéros 

Courbe 

sous- 

uérébrale 

Courbe 

frontale 

totale 

Courbe 
sagittale 

Courbe 
Courbe    Courbe 

Irausverse 
sus-    occipitale 

sus- 
occipit.    totale 

auricul. 

Courbe 

circulaire 

liorizont. 

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1480 

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5210 

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1360 

0370 

1500 

3140 

5250 

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1260 

1400 

0620 

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2930 

5130 

4 

0270 

1300 

1300 

0420 

1600 

3060 

5140 

5 

0310 

1270 

1380 

0653 

1480 

3060 

5120 

6 

0280 

1210 

1520 

0800 

1650 

3140 

5340 

7 

0180 

1300 

1320 

0710 

1620 

3180 

5270 

9 

0210 

1290 

1250 

0710 

1500 

3100 

5120 

10 

0250 

1300 

1350 

0720 

1530 

3120 

5280 

11 

0230 

1230 

1430 

0640 

1460 

3230 

5140 

12 

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1370 

1320 

0780 

1570 

3120 

5160 

13 

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1290 

1270 

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1450 

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21 

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1250 

1270 

0700 

1520 

3030 

5000 

22 

0190 

1170 

1350 

0670 

1400 

3160 

5100 

24 

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1250 

1140 

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1350 

3070 

4500 

28 

0210 

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0630 

1480 

3150 

5230 

31 

0150 

1100 

1300 

0640 

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4950 

32 

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1240 

1300 

0630 

1470 

2910 

5000 

34 

0200 

1310 

1300 

0760 

1510 

3130 

5170 

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0230 

1300 

1380 

0650 

1490 

3150 

5270 

38 

0220 

1330 

1370 

0750 

1570 

3020 

5330 

39 

0170 

1200 

1270 

0650 

1500 

3100 

5100 

40 

0220 

1300 

1300 

0610 

1440 

2950 

5070 

41 

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1330 

1360 

0650 

1540 

3150 

5480 

43 

0210 

1240 

1440 

0690 

1420 

3080 

5260 

Moyenne 

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1259 

1340,7 

1 

0664 

1 

1506 

3088 

5152 

1      — 

DE  L'ÉPOQUE  DE   LA   PIERRE  TAILLÉE   EN  EGYPTE 


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294 


RECHERCHES  SUR  LES  CRANES 

—  INDICES  — 

NÉGADAH  SUD  (SÉRIE  DES  CRANES  MASCULINS) 


Numéro» 


5 

6 

7 

9 
10 
11 
12 
13 
17 
18 
19 
21 
22 
24 
28 
31 
32 
34 
37 
38 
39 

40 

41 

43 

Movennes 


Indice 
céphaliqiie 


69.2 

7."i.."i 

71.2 

73,4 

74,07 

74,8 

71,4 

74,4 

71,05 

73,9 

69 

77,1 

74,2 
71,5 

75,9 

74,4 

76,6 

73,S 

72,7 

74.8 

68,08 

68,4 

70,7 

69,6 

72,7 

72 

74,6 

72,3 

72,73 


Indice 
vertical 


72,9 
73,1 

> 
73,9 
58,2 
70,6 
74,1 
77,1 
70,9 
74,4 
76,2 
72,5 
74,7 
72,5 
73,2 
74,8 
72,2 
77.2 
71,2 
74,3 
70,4 
70,5 
74,7 
69.6 
73,7 
75,5 
73,2 
74,4 

72,8 


Indice 
occipital 


87,8 
76.8 


97,1 
84,3 
95,5 
75,9 
96,7 
86,3 
75,3 
87,09 
77,8 
78,2 
81,08 
7?, 9 
86,5 
82,3 
71,1 
78,4 
79,5 
84,9 
76,9 
77,7 
» 
81,5 
78,04 
88,2 

88,10 


Iudice 
nasal 


56,2 
40,3 
55,2 
66,6 
43,3 
55,8 
52,08 

51,04 

52,7 

48 

54,1 

54,9 

58,9 

50 

45,2 

51,02 

45,9 


46,1 
58 
49,9 
54,9 


il, 74 


Indice 
orbihiire 


84,1 
87,1 
85,5 
84,6 
78,3 
71,08 
80,48 
76,9 
74,4 
82,5 
81,2 
81,25 
■90 
» 
76,9 
82,05 
85,5 
82,05 
89,7 
87,5 
78,3 

87,5 

80 

90 

97,2 

67,5 

73,8 

82,13 


DE  L'ÉPOQUE  DE   LA   PIERRE  TAILLÉE  EN  EGYPTE 


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296 


RECHERCHES  SUR  LES  CRANES 


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Largeur 
de  la 
voûte 

palatine 

0310 

» 

0340 
0310 

O330 
0370 
0330 

0320 

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Longueur 

de  la 
voûte 

palatine 

» 

0410 
0420 
0400 

0475 

- 
o 

Largeur 
maxima 

des 
narines 

0280 

0280 

0240 
0240 
0240 
0240 
0260 
(1270 

0210 

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Ligue 
naso- 
spinale 

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Largeur 

inter- 

orbitaire 

0200 

0245 

0230 
0220 

0250 
0210 
0210 

0200 

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Hauteur 

de 
l'orbite 

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Largeur 

de 
l'orbite 

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Hauteur 

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alvéolaire 

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CC 

es 

Hauteur 
de  la 
face 

0820 

0815 

0800 
0760 
0780 
0720 
0890 
0760 

0880 

es 

ci" 

es 
zr: 

es 

Largeur 

bi- 
jugale 

1090 

1070 
1135 

es 

Largeur 

bi- 
zygom. 

es 
cl 

a 

Largeur 
bi-orbit. 
externe 

o                                     es                                                        es       es       es 

oa        =        soo«        =        s-=c=2-rsa 

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CJ 

17 
-, 

298 


RECHERCHES  SUR  LES  CRANES 


NÉGADAH  SUD,  TABLEAU  DES  INDICES  (CRANES  FEMININS) 


Indice 

Indice 

Indice 

Indice 

Indice 

Numéros 

céplialique 

vertical 

occipital 

orbitaire 

nasal 

8 

72,(6 

77,09 

95,3 

80 

62,02 

14 

71,9 

69,4 

81,1 

» 

>• 

15 

73,3 

75,5 

86,1 

» 

» 

16 

71,4 

76,9 

95,5 

• 

>/ 

20 

68,1 

» 

» 

87,1 

60,8 

23 

71,1 

70,5 

82,3 

» 

» 

25 

78,6 

72,7 

75,7 

» 

» 

26 

68,4 

67, S 

82,8 

92,1 

49,4 

27 

76,1 

73,8 

85,7 

83,3 

53,3 

29 

70,6 

» 

« 

82,3 

46,1 

30 

72.8 

70,1 

73.6 

91,8 

51,06 

33 

72,9 

74,5 

90,9 

98,6 

55,3 

35 

77,7 

73,09 

81.8 

73,6 

60 

36 

76,9 

68,3 

91,4 

» 

» 

42 

76,1 

71,5 

85,7 

90,4 

47,05 

Moyennes 

73,13 

72,39 

85,9 

86,4 

53,89 

Les  tableaux  qui  précédent  nous  montrent  que,  bien  qu'à  un  degré 
un  peu  moindre  que  pour  Beit-Allam,  la  dolichocéphalie  était  la 
forme  prédominante  à  Négadah  sud.  Nous  trouvons  en  effet  : 


Dolichocéphales  exagérés 
moins  de  70 

Dolichocéphales  vrais 
de  70  à  75 

Sous-dolichocéphales 
de  75  a  77,9 

Mésaticéphales 

plus  de  78 


hommes 

5 

femmes 

2 

hommes 

19 

femmes 

6 

hommes 

4 

femmes 

4 

femme 


DE  L'ÉPOQUE  DI£  LA   PIERRE  TAILLÉE  EN   EGYPTE  299 

Bien  qu'elles  soienl  assez  limitées,  ces  différences  suffiraient  déjà 
pour  affirmer  un  mélange  de  races;  mais  cet  argument  n'est  point  le 
seul.  1 1 1 1  ce  qui  concerne  la  hauteur  de  la  tète  nous  trouvons  : 

,  ,  ,    ,    ,  (  hommes         2 

Platycépnales ] 

(  femmes         •'! 

(  hommes      21 

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(  hommes        4 

Hvpsicéphales.    ......]  r  0 

il  (  lemmes         3 

En  dehors  des  mensurations,  ces  données  se  confirment. 


Fig.  ii.  —  Négadah  sud,  n°  6. 


La  configuration  de  la  tète  est  tantôt  en  forme  de  barque  (scapho- 
céphalie)  (voir  fig.  11,  15),  tantôt  arrondie  (fig.  13,  17)  au  sommet.  La 
scaphocéphalie  ne  se  prononce  quelquefois  qu'à  la  partie  postérieure 
(fig.  20),  tandis  que  la  voûte  frontale  est  plus  arrondie  (fig.  19).  Ces 
deux  figures  sont  la  reproduction   d'un  seul   crâne,    le   n°  38  de  la 


série. 


J'ai  noté  avec  soin  la  forme  du  trou  occipital  qui  varie  beaucoup 
dans  celte  série.  Il  est  : 


^00  RECHERCHES  SUR  LES  CRANES 

(  hommes     12  fois 

Losangique ]  _  .  ~  . 

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(  hommes       4  fois 

Ovale ]  r 

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(  hommes       7  fois 

Circulaire •     .     .  j  „  ,  «  . 

(  Iemmes        4  lois 

L'apophyse  mastoïde  est  presque  toujours  volumineuse  chez  les 
hommes;  grosse,  courte  et  mousse  chez  les  femmes. 

La  suture  sagittale  présente,  dans  l'immense  majorité  des  cas,  une 
dépression  au  niveau  de  son  tiers  postérieur. 


Fig.  12.  —  Négadah  sud,  n°  7. 


Vers  la  partie  moyenne  de  la  suture  lambdoïde  on  note,  surtout 
chez  les  hommes,  une  dépression  qui  a  été  signalée  par  Broca  sur  lés 
crânes  d'Orrouy  (fig.  10,  14). 

Les  bosses  sourcilières  et  la  glabelle  sont,  en  général,  très  saillantes 
chez  les  hommes  et  plus  marquées  chez  les  femmes  qu'à  Beit-Allam, 
sans  qu'elles  soient  très  développées.  La  figure  14  présente,  chez  un 
homme,  l'un  des  plus  beaux  sinon  le  plus  beau  spécimen  de  la  série. 

Les  sutures  du  crâne  sont  en  général  assez  simples;  cependant, 


DE  L'ÉPOQl  I.  DE   LA  PIERRE  TAILLÉE   EN  EGYPTE 


30 1 


Fig.  i^-  —  Négadah  sud,  n«  21. 


302 


RECHERCHES  SUR  LES  CRANES 


sur  certains  sujets,  elles  sont  remarquablement  compliquées.  Le 
plus  bel  exemple  nous  est  fourni  par  le  crâne  n°  3S  dont  la  figure  20, 
représentant  la  partie  postérieure  du  crâne,  montre  tous  les  détails 
de  la  suture  lambdoïde  et  le  tiers  postérieur  de  la  suture  sagittale. 

Lorsque  la  partie  sous-cérébrale  du  frontal  fait  une  forte  saillie,  le 
front  est  fuyant  (fig.  14).  Dans  le  cas  contraire  le  front  est  droit  et 
bien  développé  (fig.  10,  12,  16,  18). 


Fig.  i5.  —  Négadab  sud,  no  21. 

Dans  les  deux  tiers  des  cas,  les  bosses  pariétales  sont  nulles  ou 
peu  développées  ;  dans  le  dernier  tiers  elles  sont  apparentes  et  même 
assez  marquées  (fig.  20). 

Les  parois  du  crâne  sont  plutôt  bombées  que  plates  (fig.  7 ' ,  15). 

Ce  que  j'ai  dit  des  bosses  pariétales  s'applique  aux  deux  sexes. 
Quant  au  front,  il  est  toujours  droit  chez  les  femmes. 

Chez  les  sujets  à  crâne  scaphocéphale,  la  face  est  large,  les  os  ma- 


DE  L'ÉPOQUE  DE   LA   PIERRE  TAILLÉE  EN  EGYPTE 


laires  saillants  (fig.  11).  La  mâchoire  supérieure  est  carrée,  ainsi  que 
les  orbites.  Ces  formes,  pour  ainsi  dire  géométriques,  donnent  un  ca- 
ractère très  spécial,  différant  absolument  do  ce  que  l'on  obsen  <•  ■'. 


Fig.  i(i.  —  Négadah  sud,  n°  3i>. 


Fig.  17.  —  Négadah  sud,  n°  32. 


les  autres  nécropoles,  mais  comparable,  sinon  identique,  au  type  pé- 
lasge  décrit  par  Morton. 

L'un  des  crânes,  le  n°  10,  sera  longuement  décrit  au  chapitre  de  la 
pathologie.  Je  n'insiste  pas  davantage  ici  sur  ces  particularités. 


304 


RECHERCHES  SUR  LES  CRANES 


Le  prognathisme,  comme  c'est  la  règle  habituelle  dans  les  races 
blanches,  esl  plus  fort  chez  la  femme  que  chez  l'homme.  Il  n'est  ce- 
pendant pas  constant,  ni  dans  un  sexe,  ni  dans  l'autre. 


Fig."i8.  —  Négadah  sud,  n°  38. 


Fig,  Tg.  —  Négadah  sud,  n°  38. 


DE  L'ÉPOQUE   DE  LA  PIERRE    1AII.I.I  i;   l.\   EGYPTE   * 

L'indice  orbitaire  plus  faible  chez  l'homme,  82,  L3  au  lieu  de  86,  î. 
est  à  peu  de  chose  près  celui  que  Ton  observe  chez  les  Parisiens  an- 
ciens, lundis  que  ««•lui  des  femmes  esl  très  rapproché  des  anciens 
Égyptiens. 

L'indice  nasal  place  les  femmes  parmi  les  mésorhiniens,  les  hommes 
sur  la  limite  de  cette  classe  près  des  leptorhiniens. 


F i i^ .  2o.  —  Négadah  sud,  n°  38  (face  postérieure). 

Le  point  de  la  face  où  aboutit  le  trou  occipital  se  trouve,  dans  les 
trois  quarts  des  cas,  18  sur  24,  au-dessus  de  l'épine  nasale  chez  les 
hommes,  et  huit  fois  sur  neuf  chez  les  femmes. 

Deux  crânes  avaient  encore  une  partie  de  leurs  cheveux  :  le  n°  8, 
une  femme,  le  n°  9,  un  homme.  Ces  cheveux,  dans  les  deux  cas,  sont 
noirs,  lisses,  droits,  fins  et  brillants.  On  ne  peut  les  attribuer  qu'à 
des  sujets  appartenant  à  une  race  blanche. 


20 


306 


RECHERCHES  SUR  LES  CRANES 


Kawamil. 

Les  crânes  extraits  de  la  nécropole  de  Kawamil  étaient  tous  pleins 
de  sable  fin,  absolument  comme  ceux  de  Beit-Allam.  Il  n'y  avait 
cependant  pas  identité  absolue  dans  les  conditions  de  l'inhumation, 
car.  si  les  dépôts  de  sel  sont  rares  pour  les  crânes  de  Beit-Allam,  à 
Kawamil  on  les  observe  presque  toujours,  et,  le  plus  souvent,  avec 
une  abondance  extrême.  Ils  infiltrent  les  os,  les  recouvrent  sur  de 


J.B.V 


Fig.  21.  —  Kawamil,  n°   iG   M. 


larges  surfaces,  les  rendent  friables,  cassants,  sans  aucune  élasticité. 
Aussi  la  plupart  des  crânes  sont-ils  arrivés  brisés  en  un  grand 
nombre  de  fragments.  Je  n'ai  pu  en  sauver  que  les  deux  tiers  environ, 
malgré  les  soins  que  j'ai  apportés  à  les  déballer  et  à  les  remettre  en 
état,  ne  voulant  pas  pratiquer  de  restaurations  qui  auraient  pu  enta- 
cher d'erreur  les  mesures  prises.  Les  crânes  avaient  été  pour  la  plu- 
part, mais  non  pas  tous,  numérotés  au  moment  de  la  trouvaille.  Je 


DE  L'ÉPOQUE   DE  LA  PIERRE  TAILLÉE   IN   EGYPTE  307 

leur  ai  maintenu  Le  numéro  qui  leur  avait  été  donné,  toutes  les  fois 
que  cela  m'a  été  possible,  en  le  faisant  suivre  de  la  lettre  M.  Ce  signe 
indique  que  le  numéro  concorde  avec  les  noirs  de  M.  de  Morgan.  — 
Les  vides  de  la  série  onl  été  remplis,  en  partie,  avec  les  crânes  sans 
numéro  ou  dont  le  numéro  n'a  point  été  retrouvé,  et  le  chiffre  est  suivi 
de  la  lettre  F,  pour  indiquer  qu'il  a  été  placé  par  moi.  —  Les  osse- 
ments remis  dans  les  caisses,  pour  éviter  l'encombrement,  portenl 


Fig.  22.  —  Kawamil,  u°  iG  M. 


les  numéros  correspondants  aux  crânes.  —  J'ai  reçu  un  assez  grand 
nombre  d'ossements  de  Kawamil  ;  bien  peu  étaient  en  état  de  fournir 
des  renseignements  anthropologiques;  presque  tous  étaient  bris 
comme  par  écrasement,  et  des  cristaux  volumineux  de  sel,  dépos  - 
sur  les  cassures,  attestaient  leur  ancienneté.  J'ai  dit,  à  propos  de  Beit- 
Allam.  que  M.  FI.  Pétrie  attribue  au  cannibalisme  la  brisure  dos  os, 
plus  fréquente  a  Kawamil  que  dans  les  autres  nécropoles  dont  j'ai  eu 


RECHERCHES  SUR  LES  CRANES 

à  m'occuper.  J'ai  cité  l'opinion  du  docteur  Yerneau  qui  croit  à  la  pos- 
sibilité de  sépultures  secondaires.  J'émets  à  titre  de  renseignement 
une  hypothèse  appuyée  sur  un  usage  très  ancien  qui  subsite  encore 
chez  certaines  tribus  juives  de  l'Orient.  Les  sacrificateurs,  avant  l'in- 
humation, procèdent  au  lavage  du  corps,  puis  brisent  les  os  des  mem- 
bres. Je  sais  de  source  certaine  que  cette  pratique  existe  en  Egypte, 
mais  je  ne  suis  pas  parvenu  à  constater  de  visu  l'état  du  squelette  après 
l'opération.  Nous  sommes  peut-être  ici  en  présence  de  squelettes 
traités  de  cette  façon.  Après  la  brisure  des  os,  les  corps  ont  pu  être 
exposés  pour  le  décharnement  à  l'air  libre,  puis  recevoir  plus  tard 
une  seconde  sépulture.  L'opinion  émise  par  le  docteur  Verneau  res- 
terait donc  plausible  et  l'état  de  fragmentation  des  os  serait  expliqué 
sans  qu'il  y  ait  eu  cannibalisme. 

Ces  faits  appellent  de  nouvelles  recherches  minutieuses,  sur  le 
terrain  même,  au  moment  de  l'exhumation.  La  nécropole  a  fourni, 
malgré  les  accidents  du  voyage,  déjà  signalés,  une  importante  série 
composée  de  dix-neuf  crânes  d'hommes  et  onze  de  femmes.  La  face 
était  souvent  trop  mutilée  pour  être  reconstituée.  Les  tableaux  sui- 
vants, dressés  pour  chaque  sexe,  résument  les  mesures  qui  ont  pu 
être  prises. 


DE  L'ÉPOQUE   DE   LA   PIERRE  TAILLÉE   EN   EGYPTE 


309 


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310 


RECHERCHES   SUR  LES  CRANES 


KAWAMIL,  MENSURATIONS  DES  COURBES  (CRANES  MASCULINS) 


1 

Numéros 

Courbe 

sous- 

cerébrale 

Courbe 

frontale 

tolale 

Courbe 
sagittale 

Courbe 
sus- 
occipitale 

Courbe 

occipitale' 

totale 

Courbe 

transversi 

auricul. 

Courbe 
circulaire 
liorizont. 

1 

02G0 

1400 

1270 

0710 

» 

5300 

5 

0190 

1300 

1250 

0700 

1550 

" 

5130 

6  F 

0250 

1320 

1500 

0600 

» 

3370 

5200 

7  F 

0180 

1330 

1360 

0680 

» 

3250 

5C70 

10  F 

0230 

1300 

1340 

0700 

1540 

2950 

5270 

12 

0210 

1270 

1370 

0710 

1510 

3150 

5050 

13  F 

0250 

1300 

1220 

0760 

1540 

3020 

51S0 

16 

0200 

1340 

1300 

0630 

14  iO 

3070 

5200 

18 

0210 

i3:;o 

1240 

0800 

1550 

3150 

5280 

19 

0180 

1300 

1240 

0740 

1550 

3000 

5200 

21 

0230 

1200 

1250 

0620 

1450 

» 

» 

22 

0180 

1230 

1250 

0640 

1530 

2830 

5010 

23 

0200 

1300 

1360 

0730 

1530 

3200 

5270 

30 

0250 

1250 

1200 

0890 

1700 

3000 

5200 

32 

0270 

1430 

1370 

0740 

1600 

3200 

5560 

33 

0270 

1300 

1500 

0790 

1600 

3100 

5450 

37 

0210 

1230 

1390 

0680 

1520 

2910 

5050 

38 

0270 

1250 

1470 

0620 

1600 

» 

5260 

39 

0250 

1250 

1270 

0670 

1500 

3220 

5070 

Moyennes 

0221 

1292 

1323 

0705 

i  5  4  4 

3094 

5208 

DE   L'ÉPOQUE   DE  LA   PIERRE  TAILLÉE  EN  EGYPTE 


311 


CJ 


Largeur 
de  la 
voûte 

palatine 

s                       o             o     O              O     O    Jfl             o                                - 
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Longueur 
de  la 
voûte 

palatine 

0440 

0450 
0510 

0460 

O.MO 

- 
3 

Largeur 

ina\.  des 
narines 

o                     O             OO             OOO             JO    o    o    o    o 
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Cl 

Largeur 

inter- 
orbitaire 

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Cl 

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Hauteur 

de 
l'orbite 

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Cl 

o 

Largeur 

de 
l'orbite 

0370 

0380 

0370 
0390 
0  i  1 0 

0400 
0410 

01 1  II 

0380 
0410 
0400 
0370 
0400 

cl 

33 

rc 
o 

Hauteur 

spino- 

alvéolaire 

0200 

0150 

0200 
0150 

0200 

0190 
0155 

(1170 
1)190 
0200 

3c 

o 

Hauteur 
de  la 
face 

0870 

0890 

0950 
0850 

0820 

0900 

0820 

0890 

0970 

0920 

i       — 

1070 

1130 

1100 
1000 

1140 

1140 

L130 

1180 
1  13(1 
1110 

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Cl 

Largeur 

bi- 
zygomat. 

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Largeur 
bi-orbit. 
externe 

1000 

1005 

1130 

1000 

1000 
1030 

1070 

1070 
1010 

1050 
L195 

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312 


RECHERCHES  SUR  LES  CRANES 
KA.WAMIL  (HOMMES) 


Numéros 


G  F 

7  F 
10  F 
12 

13  F 
1G 
18 
19 
21 
22 
23 
30 
32 
33 
37 
38 
39 


Moyennes 


Indice 

céphaliq. 


7S.S7 
74,40 

7:;,7u 

74.90 

67,40 

70  50 

75,2 

77:4 

78,6 

70,5 

7;; 

72,16 
71,5 

70,:; 
69, G 
71,2 
66,6 
80,4 


73  09 


Indice 
vertical 


69,4 


70,4 
72, G 
73.9 
73,9 
73,1 
71,6 
71,7 
78,3 
70,1 
67,3 
70,8 
69,1 
"3,4 
70.2 
"7,7 


72,2S 


Iudice 
occipital 


86,4 
96,7 
81, OS 
S  1,9 
87,5 


88,5 

67,5 

94,1 

78,9 

71,1 

81,08 

81,08 


82,31 


Indice 

nasal 


52 


65,4 
» 

4G,4 
46,1 

» 

46 
50 
47,1 
» 
39,09 
49,1 
50 
4^,9 
48,07 


49,01 


Indice 
orbitaire 


86,4 


88,1 

97,2 
84,6 
78,4 
85,7 
82,9 
83,3 

)> 

8G,8 
86,5 
82,5 
86,4 
80 


86,8 


Indice 
tibial 


65,5 


59,5 
67,5 


64,1 


DE  L'ÉPOQUE  DE   LA   PIERRE  TAILLEE  EN  EGYPTE 


313 


CJ 

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3J4 


RECHERCHES  SUR  LES  CRANES 


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55 

DE   L'ÉPOQUE  DE   LA   PIERRE  TAILLÉE   IN   EGYPTE 


31J 


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316 


RECHERCHES  SUR  LES  CRANES 
KAWAMIL  (FEMMES) 


Indice 

Indice 

Indice 

Indice 

Indice 

Indice 

Numéros 

céphaliq. 

vertical 

occipital 

nusal 

orbitaire 

tibial 

8  F 

71,9 

77,8 

89,6 

60.2 

84,7 

» 

9  F 

73,3 

72,2 

77,1 

» 

.» 

» 

11 

75,2 

73,03 

» 

55,5 

97,2 

)> 

li  F 

77,3 

» 

» 

» 

» 

» 

15 

73,7 

73,4 

86,4 

43,3 

82,5 

» 

17  F 

69,4 

73,8 

80,5 

46 

Si, 2 

» 

18 

68,6 

68,6 

82,8 

» 

» 

» 

20 

7:;, s 

73,9 

91,1 

48,9 

77,3 

»     . 

24 

73,4 

68,9 

93,9 

» 

» 

•< 

29 

71,4 

» 

» 

53,1 

82,5 

)) 

35 

77,8 

75,6 

>• 

46,8 

F8,4 

70,1 

1 

Moyennes 

73,7 

73,24 

85,9 

50,5 

85,2 

i 

L'examen  des  indices,  dans  les  tableaux  qui  précèdent,  nous  fait 
pressentir  un  changement  de  race  que  l'examen  purement  descriptif 
viendra,  je  crois,  confirmer. 

La  doliehocéphalie  diminue,  des  éléments  braehycéphales  sont 
venus  marquer  leur  influence  sur  18  hommes.  Douze  cas  de  dolieho- 
céphalie, dont  trois  ont  plus  de  74;  un  mésaticéphale,  le  n°  18  (fig.  23 
et  24);  un  sous-brachycéphale,  le  n°  39.  C'est  la  première  fois  que 
nous  voyons  apparaître  cet  indice  dans  nos  séries.  Les  femmes  ont 
une  moyenne  supérieure,  73,7  au  lieu  de  73,09,  les  variations  extrêmes 
sont  moins  grandes  chez  elles. 

Au  point  de  vue  de  la  hauteur  nous  avons  : 


Platycéphales  .  . 
Orthocéphales  . 
Hypsicéphales    . 


3  hommes  sur  16, 
2  femmes  sur  9. 

11  hommes  sur  16, 

4  femmes  sur  9. 

2  hommes  sur  16, 

3  femmes  sur  9. 


DE  L'EPOQUE  DE  LA  PIERRE  TAILLÉE  EN   EGYPTE 


317 


Dans  les  d<Mi\  sexes,  l'orthocéphalie  prédomine. 

L'indice  nasal  les  place  parmi  les  mésorhiniens.  Quant  à  L'indice 
orbitaire,  les  doux  sexes  diffèrent  à  peine  et  il  esi  intéressant  de  n  >• 

ter  que  L'indice  moyen  des  hommes,  86,2,  esl  précisé ni  celui  des 

anciens  Égyptiens,  86,26.  Gelai  des  femmes,  85,2,  se  trouve  placé 
entre  les  Basques  français  et  les  nègres  occidentaux,  simple  rappro- 
chement. 

Aux  différences  fournies  par  les  mensurations  du  crâne  el  'I"  I  i  face, 
nous  devons  ajouter  tous  les  renseignements  donnés  par  Les  carac- 
tères descriptifs. 


Fig.  23.  —   Kawamil,  18  M. 


Le  crâne  présente,  dans  la  série  de  Kawamil,  pour  la  majorité  des 
sujets,  des  traits  qui  nous  éloignent  beaucoup  de  ce  que  nous  avons 
observé  à  Négadah  sud  et  nous  tiennent  même  à  distance  de  Beit- 
Allam,  quoiqu'il  y  ait,  à  cause  des  bosses  pariétales,  développées  de 
de  la  même  façon,  plus  d'affinités  entre  ces  deux  séries  (Beit-Allam  et 
Kawamil). 

La  glabelle  et  les  arcades  sourcilières  sont  moins  marquées,  le 
front  droit.  Le  crâne  va  en  s'élargissant  d'avant  en  arrière,  jusqu'aux 
bosses  pariétales  après  lesquelles  il  se  rétrécit  assez  brusquement. 


318 


RECHERCHES  SUR  LES  CRANES 


La  courbe  de  profil  médian  monte  jusqu'à  la  suture  fronto-sagittale, 
puis  au  niveau  du  quart  antérieur  des  pariétaux  on  observe  une  dé- 
pression plus  apparente  sur  les  parois  latérales  que  sur  la  ligne  mé- 
diane, on  la  voit  cependant  sur  les  figures  23  et  291.  Elle  existe  aussi 
dans  le  crâne  n°  22  M  (fig.  25),  mais  elle  est  précédée  d'un  bourrelet 
saillant  immédiatement  en  arrière  de  la  suture  temporo-pariétale. 


Fig.  i'\.  —  Kawamil,  18  M. 

Dans  deux  ou  trois  crânes,  la  dépression  n'existe  pas  (crâne  n<>  32, 
fig.  37).  Ce  crâne  a  une  conformation  très  particulière,  aussi  a-t-il  été 
décrit  séparément. 

Les  parois  latérales  sont  peu  bombées,  sans  être  tout  à  fait  verti- 
cales. Depuis  l'apophyse  orbitaire  jusqu'au  niveau  des  bosses  parié- 
tales, leur  plan  s'éloigne  de  plus  en  plus  de  la  ligne  médiane,  puis  re- 


i.  Cette  conformation  du  crâne  se  trouve  déjà  figurée  dans  l'ouvrage  de  Morlou 
(Crania  Mgypliaca ;,  pi.  II,  lig.  <3  et  8,  crànos  de  la  nécropole  de  Meuiphis;  pi.  III, 
fig.  3,  7  et  8,  de  Meuiphis  ;  pi.  VI,  no  \,  de  Thèbes. 


DE   L'ÉPOQUE   DE  LA  PIERRE  TAILLÉE  EN  EGYPTE  31 

vient  brusquemenl  en  arrière.  L'écaillé  de  l'occipital  est  globuleuse, 
el  te  receptaculum  cerebelli  saillant.  Le  pi  us  souvent  son  point  le  plus 
inférieur  se  trouve  sur  le  même  plan  que  l'extrémité  inférieure  des 
apophyses  mastoïdes.  Quelquefois  il  descend  plus  bas  el  les  empêche 
<lc  toucher  le  plan  sur  lequel  le  crâne  repose. 

Dans  un  cas.  n°  16  (fig.  21),  ce  sont  1rs  condyles  qui  font  la  plus 

forte  saillie. 

Le  hou  occipital  présente  les  mêmes  variétés  que  dans  les  autres 
nécropoles;  les  proportions  sont  les  suivantes  pour  22  crânes  : 
Losange,  3  fois  ; 


Fig.  2j.  —  Kawamil,  22  M. 


En  forme  de  pointe  de  flèche,  8  fois; 

Ovale,  10  fois; 

Circulaire,  1  fois. 

La  dépression  post-bregmatique  se  trouve  25  fois  sur  30  cas.  Elle 
semble    une  forme  très  atténuée  de  la  déformation  dite  toulousaine. 

Les  apophyses  mastoïdes  sont  :  petites,  21  fois  (dans  les  deux  sexes  : 
moyennes,  4  fois;  grosses,  2  fois;  longues  et  minces.  L  fois  (n°  23  sur 
28  cas. 

Le  quart  postérieur  de  la  suture  sagittale  se  trouve  dans  une  de- 
pression  pour  un  tiers  des  cas. 


320 


RECHERCHES  SUR  LES  CRAAES 


Dans  les  trois  quarts  des  cas,  pour  les  deux  sexes,  il  existe  un  léger 
prognathisme  sous-nasal. 

Dans  la  nécropole  de  Kawamil  les  cheveux  étaient  assez  bien  con- 
servés. J'ai  pu  en  recueillir  huit  échantillons  qui  ont  été  mis  à  l'abri 
de  l'air  dans  des  flacons.  Les  cheveux  du  n°  5  sont  assez  gros,  rudes, 
bouclés  et  grisonnants. 

Six  autres  échantillons  sont  châtain  foncé  ou  noirs,  assez  fins  ou 
même  fins,  lisses,  droits  ou  légèrement  ondulés;  une  femme  (no  35) 
était  coiffée  de  nombreuses  petites  tresses  à  trois  brins  qu'on  trouve 
fréquemment  chez  les  momies  des  époques  pharaoniques,  comme  par 


J-B.JD. 


Fig.  26.  —  Kawamil,  22  M. 


exemple  celles  des  prêtresses  d'Ammon  de  la  XXF  dynastie.  Son  in- 
dice céphalique  (77,8)  la  rapproche  beaucoup  de  l'Egyptien  moderne. 
Un  dernier  échantillon,  l'un  des  plus  abondants,  nous  présente  des 
cheveux  blonds  ou  plutôt  jaunes,  et  peut-être  décolorés  par  la  chaux. 
La  coiffure  était  formée  de  mèches  légèrement  bouclées,  longues  de 
0m,10  environ. 


Di;   l    ÉPOQUE   DE  LA  PIERRE  TAILLÉE  EN  EGYPTE  321 

Le  crâne  absolumenl  brisé,  écrasé  même  en  plusieurs  points,  m'a 
semblé  être  celui  d'un  homme.  Je  n'ai  pu  lui  retrouver  de  numéro. 

I  )c  Pcxa  i m- n  superficiel  de  tous  ces  cheveux  on  peut,  tout  au  moins, 
conclure  que  l'élément  nègre  n'entrait  pour  rien  dans  la  race  de  ceux 

qui  les  portaient. 

La  hauteur  du  plan  du  trou  occipital  a  donné,  chez  les  hommes,  sur 
l'i  mensurations  faites,  3  (ois—,  11  fois  +.  Chez  les  femmes,  sur 
6  cas,  6  fois-}- . 

Pour  compléter  ces  renseignements  je  donne  la  description  de  deux 
des  crânes  de  cette  série. 

Kawamil,  n°  32. 

Squelette  d'un  homme  âgé  de  près  de  soixante-dix  ans,  d'une 
vigueur  extraordinaire  (fig.  27).  Ce  qui  frappe  tout  d'abord  quand 
on  regarde  le  crâne  de  profil,  c'est  l'immense  surface  des  insertions 
musculaires  qui  s'étendent  en  arrière  jusqu'à  l'astérion,  formant  un 
vaste  champ  en  relief  de  O'n,002  au  moins.  La  glabelle  est  médiocre- 
ment bombée,  nuis  les  arcades  sourcilières  sont  très  accusées,  les 


Fig.  17.  —  Kawamil,  3i>  M. 

crêtes  frontales  rugueuses  et  peu  épaisses.  Le  front  un  peu  fuyant 
présente  une  courbe  régulière,  à  part  quelques  oscillations  au  tiers 
postérieur  de  la  suture  sagittale.  La  nuque  renflée,  se  terminant  en 
crochet,   est  suivie  par  une  dépression  très  accentuée  de  toute   la 

21 


322  RECHERCHES  SUR   LES  CRANES 

région  sous-iniaque.  Le  trou  occipital  est  grand.  Le  condyle  gauche, 
Le  seulqui  reste,  est  volumineux,  et  sa  face  tournée  en  dehors. 

L  apophyse  mastoïde,  qui  subsiste,  est  rugueuse,  forte,  portée  en 
avant.  Les  parois  du  crâne  sont  légèrement  bombées  (fig.  28).  L'aile 
du  sphénoïde  se  termine  en  pointe  et  ne  touche  le  pariétal  que  sur 
nue  faible  étendue  (0m,004).  Les  sutures  du  crâne  sont  simples,  les 
boss  !S  frontales  et  pariétales  peu  accusées,  les  arcades  zygomatiques 
peu  saillantes,  la  lace  des  os  malaires  regarde  en  dehors. 


1  i_.  28.  —  Kawamil,  32  M. 

I.  échancrure  du  nez  est  profonde,  le  nez  aquilin  est  volumineux, 
proéminent.  L'action  du  temps  a  effrité  la  région  sous-nasale  et 
alvéolo-dentaire.  Du  coté  droit,  une  forte  perte  de  substance  circu- 
laire, de0m,0i4de  diamètre,  pénètre  dans  le  sinus  maxillaire.  Sur  la 
paroi  antérieure  de  ce  conduit  débouche  un  trajet  fîstuleux.  L'aspect 
des  tissus  osseux  indique  qu'ils  ont  été  le  siège  d'une  interminable 
suppuration. 


DE  L  ÉPOQUE  DE  LA  PIERRE  TAILLÉE  EN  EGYPTE 
Le  squelette  correspond  bien  au  crâne.  Les  os  sonl  volumineux  el 
lourds,  un  peu  incurvés.  Ils  indiquent  une  taille  d'environ  lB  72 
L'humérus  est  un  peu  court,  très  tordu  sur  son  axe,  la  ca^  ité  olécra- 
nienne  imperforée.  La  colonne  vertébrale  présente  des  lésions  patho- 
logiques intéressantes  ;  pour  éviter  des  redites,  j'ai  renvoyé  l'examen 
de  la  pièce  au  chapitre  de  la  pathologie  (voir  6g.  66). 

Ce  sujet,  à  première  vue,  diffère  de  la  grosse  masse;  il  méritait 
avec  le  numéro  suivant  une  mention  spéciale  et  une  description  un 
peu  détaillée. 


Kawamil,  n°  33  M. 

Crâne  et  squelette  d'un  homme  âgé  de  soixante  ans  environ.  — 
Glabelle  et  arcades  sourcilières  très  marquées.  Front  bas,  fuyant 
(fig.  29).   Légère  dépression  après  le  bregma.  Au  commencement  du 


Fig.    M).  —  Kawamil,   33    M. 

dernier  tiers  de  la  sagittale,  la  suture  se  renfle  sur  la  ligne  médiane 
et  l'os  s'épaissit,  surtout  vers  la  droite,  ce  qui  fait  que  ce  renflement 
est  peu  visible  dans  la  figure,  le  crâne  étant  vu  a  gauche.  La  région 
iniaque  est  globuleuse,  l'inion  rugueux.  Le  trou  occipital  vaste,  en 
forme  de  flèche  arrondie.  Les  condyles  et  les  apophyses  mastoïdes  se 
trouvent  sur  un  même  plan,  ces  dernières  rugueuses  et  plates. 


324 


RECHERCHES  SUR  LES  CRANES 


Les  sutures  crâniennes  sont  peu  compliquées.  Le  ptérion  terminé 
en  pointe  (K  de  Broca)  ne  touche  le  pariétal  que  par  un  point,  les 
parois  latérales  sont  peu  bombées  (fîg.  30). 

La  face  assez  longue  est  orthognathe.  Le  nez  très  échancré  à  sa 
base,  aquilin  à  un  haut  degré,  est  saillant;  l'épine  nasale  horizontale, 
longue,  mince,  était  bifide.  Les  os  malaires  sont  portés  en  arrière, 


J.B.Xi 


Fi;?.  3o.  —  Kawamil,  33  M. 


les  apophyses  zygomatiques  sont  minces.  La  cloison  du  nez  est  déviée 
à  gauche.  Les  orbites  grandes,  obliques,  quadrangulaires.  Les  dents 
brisées  au  niveau  des  alvéoles  montrent,  malgré  ces  dégradations, 
que  la  denture  était  remarquablement  saine  pour  un  homme  d'un  âge 
aussi  avancé. 

Les  pièces  du  squelette  arrivées  jusqu'à  nous  indiquent  un  homme 
bien  musclé,  d'une  taille  d'environ  lm,73. 


DE  L'ÉPOQUE  DE  LA   PIERRE  TAILLÉE   EN  EGYPTE 


Négadah  nord 

Les  fouilles  pratiquées  dans  cette  localité  n'ont  fourni  qu'un  petit 
nom hrc  de  crânes,  six  seulement,  «  trouvés,  m<'  dit  M.  Jéquier,  à  côté 

d'un  tombeau  royal;  toutes  les  tombes  étaient  carrées  et  contenaient 
des   vases  différents  de  ceux  de  la    nécropole  de   Négadah   sud  et 

datant  probablement  des    premiers   temps  de  la  domination   égyp- 
tienne »*. 

La  moitié  de  ces  crânes,  les  n°'  2,  5  et  G,  ont  été  trouvés  dans  un 
lieu  envahi,  longtemps  peut-être  après  l'inhumation  des  corps,  par  le 
limon  du  Nil  qui  les  avait,  peu  à  peu,  remplis  complètement.  Dans 
ce  milieu  particulier,  ils  se  sont  admirablement  conservés,  prenanl 
une  teinte  d'un  blanc  jaunâtre  qui  rappelle  certains  vieux  ivoire-.  A 
leur  surface,  aucune  trace  de  tissus,  de  cheveux  ou  matières  bitu- 
meuses.  Ils  avaient  cependant  subi  une  préparation,  car,  ainsi  que  je 
l'indiquerai  au  chapitre  embaumement,  j'ai  pu  extraire  de  la  gangue 
limoneuse  des  fragments  de  cerveau  recouverts  de  bitume. 

Les  trois  autres  crânes,  le  n°  4  surtout,  conservés  dans  un  sol  sa- 
bleux, portent  encore  extérieurement  les  traces  de  l'embaumement. 
Au  point  de  vue  des  sexes,  on  doit  les  séparer  par  parties  égales  : 
3  hommes  et  3  femmes,  avec  un  point  d'interrogation  devant  les  deux 
derniers  numéros. 

Il  existe,  en  effet,  dans  ces  deux  crânes  des  caractères  contradic- 
toires. Je  crois  cependant  que  le  n°  5  est  un  homme  peu  musclé  et  le 
n°  6  une  femme  dont  les  insertions  de  la  nuque  sont  plus  marquées 
que  normalement. 

Cette  courte  série,  très  peu  homogène,  ne  pouvant  pas  donner  de 
résultats  bien  tranchés,  j'ai  négligé  d'établir  des  moyennes  et  de  faire 
des  tableaux  séparés. 

Il  n'y  avait  dans  l'envoi  que  j'ai  reçu  aucun  os  capable  de  me  ren- 
seigner sur  la  taille  de  ces  sujets. 


r.  Lettre  de  M.  Jéquier,   membre  de    la   Mission  frauçaise  d'archéologie  du  Caire, 
1  \  mars  1897. 


326 


RECHERCHES  SUR  LES  CRANES 


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Kl     L'ÉPOQUE  DE   LA  PIERRE  TAILLÉE   EN  EGYPTE 


NEGADAH  NORD,  <:nri;l;|>  |»l    CRANE 


Courbe 

Courbe 

Courlx' 

Courbe 

Courbe 

Courbe 

.  be 

Numéros 

sous- 

frontale 

sagittale 

sus- 

occipitale 

sus 

hor  /..ut. 

cérébrale 

totale 

occipit.ilo 

totale 

auricul. 

Il)    !\l || 

1  o" 

0230 

L270 

1310 

0580 

M00 

3100 

5100 

2  à" 

0250 

1370 

1540 

0650 

14G0 

3300 

_ 

0170 

1180 

1210 

0650 

1400 

2950 

I    ■ 

0170 

13C0 

1200 

0700 

1450 

2900 

5040 

S  o"? 

0170 

•270 

1300 

0710 

1480 

3040 

5  ICO 

6  5  ? 

0160 

1300 

1260 

0700 

1490 

3C60 

:;i2,s 


RECHERCHES  SUR  LES  CRANES 


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O 


DE  L'ÉPOQUE  DE  LA   PIERRE  TAILLÉE  EN   EGYPTE 
NÉGADAH   NORD,  INDICES 


Numéros 

Indice 
céphalique 

[ndice 

vertical 

Indice 
occipital 

Indice  i 

Indice 
<>i  bitaire 

1  o" 

77,04 

75,3 

81,5 

53,8 

2  O1 

70,8 

71,3 

94,2 

» 

3  2 

78,4 

» 

» 

» 

» 

4  2 

72,8 

73,5 

93.7 

57,8 

83,7 

5  O*?. 

72,3 

67,02 

84,8 

63,5 

88,1 

6    $? 

77,3 

69,6 

79,1 

57,8 

83,7 

La  lecture  du  tableau  des  indices    montre   nettement  que  nous 
sommes  en  présence  de  races  mélangées.  Nous  trouvons  trois  doli- 


J.BJJ. 

Fjo-    3r,  —  Néeadah  nord,  u°  î, 


chocéphales,    deux    sous-dolichocéphales,    un    mésaticéphale.    Les 
autres  indices  montrent  des  variations  analogues. 


330  RECHERCHES  SUR  LES  CRANES 

L'examen  du  trou  oceipital  c[ui  a  pu  être  t'ait  sur  cinq  des  crânes  a 
donné  trois  fois  la  forme  lancéolée  nette  contre  un  trou  ovalaire,  le 
n°  6,  et  un  trou  presque  circulaire,  le  n°  1.  Les  variations  des  apo- 
physes mastoïdes  sont  assez  grandes  aussi.  Très  saillantes  dans  le 
n°  1,  elles  sont  courtes  dans  le  n°  5;  courtes,  grosses  et  mousses,  n°  4; 
petites,  n°5;  petites,  étroites  et  formant  un  crochet  qui  tend  à.  revenir 
en  arrière,  n°  6.  Les  bosses  pariétales  sont  assez  marquées,  sauf  dans 
le  n°  2.  La  suture  sagittale  se  déprime  à  sa  partie  postérieure,  nos  3, 
4,  5,  G.  Le  plan  du  trou  occipital  prolongé  jusqu'à  la  face  aboutit  dans 
tous  les  cas  au-dessus  de  l'épine  nasale.  Le  prognathisme  sous-nasal 


Eig.  32.  —  Xégadah  nord,  11°  1. 

est  très  faible  chez  1,  2,  4,  plus  marqué  sans  être  excessif  dans  les 
crânes  5  et  6. 

J'ai  noté  quelques  particularités  anatomiques  : 

N°  1.  Vieillard  de  soixante-dix  ans  environ;  son  crâne  présente  un 
os  wormien  à  gauche.  Les  dents  sont  très  déchaussées,  mais  non  ca- 
riées. Aux  arcades  sourcilières  et  à  la  glabelle  très  marquées  succède 
un  front  bas  et  fuyant.  La  courbe  est  assez  régulière  et  ne  fait  qu'une 
assez  légère  saillie  dans  la  région  occipitale.  La  nuque  saillante  est 
aussitôt  suivie  d'une  dépression.  Le  plan  des  apophyses  mastoïdes 
descend  à  0m,008  au-dessous  du  plan  du  trou  occipital. 


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DE  L'ÉPOQUE  DE  I.A   PIERRE  TAILLÉE  EN    EGYPTE 

Les  parois  latérales  sonl  légèremenl  bombées  (fig.  32),  1  apophyse 
styloïde  droite,  la  seule  qui  existe,  est  -rosse,  cylindro-conique, 
cassée  à  la  pointe  et  fortement  dirigée  en  avant.  Les  orifices  «le  la 
face,  orbites,  ouverture  nasale,  sont  vastes,  les  os   propres  du  nez 


Fie.  33.  —  Négadab  nord,  n°  •_>.. 


Fig.  34.  —  Négadah  nord,  n°  4. 

sont  adossés  suivant  un  angle  obtus.  Les  arcades  zygomatiques  sont 
très  fortes,  les  os  malaires  mamelonnés,  les  dents  solides,  profonde- 
ment plantées  aux  alvéoles  saillantes,  sont  légèrement  portées  en 
avant,  au  moins  les  incisives. 


332 


RECHERCHES  SUR  LES  CRANES 


Le  N°  2  présente  avec  le  précédent  de  sérieuses  différences  de 
forme.  La  canine  droite  atteinte  de  périostite  suppurée  a  sa  racine 
placée  au  milieu  de  l'orifice  béant  d'un  abcès  (fig.  32).  C'est  le  crâne 
d'un  vieillard  de  soixante  ans,  aux  sutures  crâniennes  compliquées. 
Le  front  est  plus  droit  et  plus  beau  que  celui  du  crâne  n°  1  de  la 
série.  Les  crêtes  frontales  sont  moins  marquées,  la  face  est  beaucoup 
plus  droite,  l'échancrure  du  nez  plus  profonde. 


Fi^.  35.  —  Négadah  nord,  n»  4- 


Le  N°  4  est  un  solide  et  volumineux  crâne  de  femme,  paraissant 
avoir  subi  à  sa  partie  frontale  gauche  un  choc  pendant  la  vie,  dont  les 
conséquences  sont  une  dépression  vaste  etpeu  profonde  de  la  région. 
Le  front  est  droit,  le  crâne  régulier  et  lisse  ne  fait  de  saillie,  légère, 
qu'au  niveau  de  l'écaillé  de  l'occipital.  La  face  est  assez  droite,  le  nez 
proéminent  et  mince,  l'épine  nasale  est  très  saillante,  le  prognathisme 
faible  pour  ne  pas  dire  nul  (fig.  34).  Les  os  malaires  saillants  ont  leur 
bord  dirigé  de  haut  en  bas  et  fortement  incliné  de  dehors  en  dedans. 

AT°  5.  Petit  crâne  au  front  droit,  au  vertex  horizontal  régulier.  Les 
saillies  de  la  nuque  bien  marquées  (fig.  36).  Les  insertions  muscu- 
laires encore  plus  indiquées  sur  les  parois  latérales  et  antérieures  du 


DE  L'EPOQUE  DE  LA  PIERRE  TAILLÉE  EN  EGYPTE 


333 


Fig.  ">-.  —  Négadah  nord,  n°  .">. 


334 


RECHERCHES  SU11   LES  CRANES 


crâne,  au  niveau  du  bord  inférieur  de  l'arcade  zygomatique,  des  crêtes 
frontales,  etc.  (fig.  37),  sont  autant  de  raisons,  avec  l'épaisseur  de  la 
partie  externe  de  l'arcade  sourcilière, la  largeur  de  la  mâchoire,  etc., 
pour  que  je  me  sois  prononcé  en  faveur  du  sexe  masculin,  malgré  la 
petitesse  du  crâne,  la  forme  du  nez  et  la  saillie  de  la  région  sous- 
nasale. 


Fig.  38.  —  Négadah  nord,  n°  6. 

Le  N°  6.  Ce  crâne,  aux  parois  latérales  plus  bombées  (fig.  38),  bien 
que  présentant  les  traces  d'une  assez  bonne  musculature,  par  la  peti- 
tesse de  son  trou  occipital,  la  minceur  du  bord  orbitaire  et  la  forme 
de  son  nez,  semble  devoir  plutôt  être  classé  comme  féminin. 

Avec  un  certain  air  de  parenté  dans  les  caractères  de  la  face,  ces 
deux  crânes  diffèrent  profondément  l'un  de  l'autre  par  leurs  indices. 
Ils  diffèrent  aussi  des  autres  crânes  de  la  môme  série.  Ces  considé- 
rations m'ont  porté  à  me  restreindre  au  côté  descriptif  de  leur  exa- 
men, n'osant  point  tirer  de  faits  aussi  peu  nombreux  des  conclusions 
hâtives  et  entièrement  hypothétiques. 


DE  I.  ÉPOQUE  DE   I.A   PIERRE  TAILLÉE  EN  ÊGYP1  I. 


Guebel-Silsileh. 

J'ai  recuilli  quelques  renseignements  qui  accompagnaient  les  crânes 
trouvés  dans  les  fouilles  de  cette  nécrople  et,  dans  les  tableaux,  j'ai 
placé,  après  le  numéro  de  ma  série,  1»'  numéro  de  la  tombe  quand  il 
m'a  été  Indiqué  par  ces  noirs.  On  verra  ainsi  que  le  n  3  provient  de 
la  tombe  n°  20.  Les  nos  2,  5,  G,  de  la  tombe  n°  52,  le  n°  8  de  la  tombe 
n»  29. 

Dans  la  caisse,  immédiatement  sous  le  couvercle  se  trouvait  l'in- 
dication suivante  :  «  Tous  ces  ossements  proviennent  de  Guebel- 
Silsileh  et  presque  toujours  de  sépultures  collectives.  » 

Tout  à  côté,  un  occipital  de  femme,  a\ec  quelques  mèches  de  che- 
veux châtains,  portait  l'annotation  :  «  Tombe  31  ».  Les  brisures  de 
cet  os  ne  m'ont  pas  permis  d'en  donner  une  description.  Je  puis  seu- 
lement dire  que  l'écaillé,  depuis  son  sommet  jusqu'à  la  ligne  courbe 
circulaire,  mesure  0m,069.  Les  crânes  de  femmes  nos  1  et  2  m'ont 
donné  des  fragments  de  matière  cérébrale  recouverts  de  bitume. 
qui  ont  été  conservés.  Ils  ressemblent  à  ceux  qui  proviennent  de 
Kawamil. 

D'après  les  renseignements  supplémentaires  fournis  par  M.  Legrain, 
inspecteur  du  Service  des  antiquités,  ces  sépultures  communes 
étaient  situées  à  une  très  faible  profondeur.  Les  têtes  et  les  ossements 
gisaient  pèle-mèle  dans  le  sol,  sans  que  Ton  put  découvrir  la  moindre 
apparence  de  règle  fixe  dans  leur  disposition.  Il  s'agissait,  sans  doute, 
de  sépultures  secondaires,  faites  dans  le  sable,  en  général  à  l'abri 
des  infiltrations,  car  je  n'ai  point  observé  les  amas  de  cristaux  de  sel 
que  l'on  rencontre  à  Kawamil  et  que  j'avais  également  trouvés,  l'an- 
née dernière,  sur  la  plupart  des  crânes  d'El-Amra.  Un  seul  crâne,  le 
n"  4,  était  pris  dans  une  masse  de  limon  du  Nil,  comme  les  crânes 
déjà  décrits  de  Négadah  nord. 

Le  n°  7  de  ma  série  était  plein  de  sable,  très  friable,  et  rendu  plus 
fragile  encore  par  de  nombreuses  excoriations  de  l'os  causées,  post 
mortem,  par  les  travailleurs  de  la  mort.  C'est  surtout  dans  les 
points  où,  par  suite  de  la  déclivité,  s'étaient  amassés  les  produits  de 
décomposition,  que  les  os  sont  le  plus  fortement  altérés.  En  résume, 
la  série  comprend  neuf  crânes,  quatre  hommes  et  cinq  femmes,  dont 
voici  les  mensurations  : 


336 


RECHERCHES  SUR  LES  CRANES 


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DE  L'ÉPOQUE  DE  LA  PIERRE  TAILLÉE  EN   EGYPTE 


337 


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338 


RECHERCHES  SUR  LES  CRAXES 


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DE  L'ÉPOQUE  DE  LA  PIERRE  TAILLÉE  EN  EGYPTE 
Gl  EBEL-SILSILEH,   INDICES  (IIO.M.M! 


Numéros 

Indice 

Indice 

Indice 

Indice 

Indice 

céphalirjue 

vertical 

occipital 

nasal 

orbilaire 

3 

7.'j,l  i 

75,14 

92,2 

16,6 

77,5 

4 

74,9 

73,3 

80,5 

46,1 

91.02 

6 

74,8 

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50 

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8 

73,11 

73,6 

82,1 

» 

89,7 

GUEBEL-SILSILEH,  INDICES  (FEMMES 


Numéros 

Indice 

Indice 

Indice 

Indice 

In  iice 

céphalique 

vertical 

occipital 

nasal 

orbitaire 

1 

76,5 

75.9 

81,5 

» 

91,4 

2 

77,7 

» 

)) 

» 

„ 

5 

76,5 

74,2 

92,8 

47,8 

76.9 

7 

72,7 

» 

» 

4S,9 

85,7 

9 

70,13 

72,3 

85,7 

i» 

» 

Aces  mensurations  je  dois  ajouter  celles  de  quelques  os  isolés 
seules  pièces  capables  de  fournir  des  renseignements  sur  la  taille  des' 
sujets  exhumés  à  Guebel-Silsileh.  Comme  je  ne  pouvais  établir  aucun 
rapport  entre  ces  os  et  les  crânes  qui  les  accompagnaient,  l'intérêt 
qui  se  rattache  à  leur  étude  est  singulièrement  diminué.  Pour  les 
designer  d'une  façon  claire  et  sans  confusion  possible  avec  les  nu- 
méros des  crânes,  je  les  ai  marqués  de  lettres  : 

a.  Tibia    d'homme,  longueur  0m,351.  Taille  —  im,60. 

b.  Fémur  d'homme,  longueur  0»,431.  Taille  =  lm,56. 
C  Fémur  d'homme,  longueur  0m,440.  Taille  =  lm,61. 

d.  Tibia  d'homme,  0*,380.  Taille  1*,74.  Indice  64,28. 

e.  Tibia  de  femme,  O,3G0.  Taille  1-.66,  Indice  67,25. 


3i0 


RECHERCHES  SUR  LES  CRANES 


D'aussi  grandes  différences  dans  une  aussi  courte  série  écartent 
toute  idée  d'établir  une  moyenne.  Ce  ne  sont  que  des  renseigne- 
ments à  enregistrer. 

Tous  les  crânes  sont,  ou  dolichocéphales  modérés,  ou  sous-dolicho- 
céphales. Les  tableaux  des  indices  nous  montrent  que  d'un  sujet  à 
l'autre  les  variations  sont  très  faibles  pour  les  indices  céphalique, 
vertical  et  nasal.  Comparés  à  des  résultats  obtenus  sur  des  Egyptiens 
anciens,  ils  montrent  qu'il  existe  une  grande  analogie  entre  ceux-ci 
et  nos  crânes  de  Guebel-Silsileh. 

Le  trou  occipital,  observé  cinq  fois,  a  donné  : 

Forme  lancéolée,  2  fois  (nos  1  et  8); 

Forme  losangique  à  angles  arrondis,  2  fois  (nos  3  et  5); 

Forme  ovalaire,  1  fois,  n°  9. 


Fig.  39.—  Guebel-Silsileh,  n°  3. 


Jamais  la  courbe  cérébrale  moyenne  ne  subit  de  dépression  post- 
bregmatique.  Les  bosses  pariétales  sont  toujours  marquées. 

Dans  les  quatre  cas  où  j'ai  pu  vérifier  en  quel  point  de  la  face  abou- 
tit le  plan  du  trou  occipital  je  l'ai  trouvé  au-dessus  de  l'épine  nasale. 

Les  anomalies  anatoiniques  sont  nombreuses  pour  une  aussi  courte 
série.  Dans  deux  crânes  (5  et  9)  le  frontal  se  compose  de  deux  pièces 
ayant  une  suture  dentelée.  L'os  épactal  existe  dans  les  n03  4  et  6.  Le 


DE  L'ÉPOQUE  DE  LA  PIERRE  TAILLÉE^EN  EGYPTE 


341 


Fiu'.   '\o,  — Guebel-Silsileh,  n°  '3. 


Fis:.  '\i.  —  Guebel-Silsileh,  n° 


342 


RECHERCHES  SUR  LES  CRANES 


n°  9  déjà  signalé  pour  son  frontal  présente  un  wormien  enclavé  dans 
le  quart  postérieur  de  sa  suture  sagittale. 

Les  sutures  du  crâne  sont  très  simples,  les  plus  compliquées  s'ob- 
servent sur  le  n°  3.  Ce  crâne  (fig.  39  et  40)  est  petit.  Il  présente  une 
forme  très  particulière.  Le  front  et  la  suture  sagittale  présentent  une 
scaphocéphalie  très  marquée.  Sa  petitesse,  l'exiguïté  des  dents  me 
rauraientfait  considérer  comme  féminin  si  la  profondeurdesinsertions 
musculaires,  la  forme  du  front,  la  glabelle  saillante,   l'épaisseur  du 


Fig.  [±i.  —  Guebel-Silsileh,  n°  4. 


bord  orbitaire,  la  saillie  des  crôtestemporales,etc.,ne  m'avaient  décidé 
à  lui  attribuer  le  sexe  masculin.  Les  apophyses  mastoïdes  sont  courtes, 
mais  épaisses,  et  les  parois  du  crâne  latéralement  renflées.  L'écaillé 
de  l'occipital  large,  régulière,  n'est  nullement  globuleuse;  elle  se 
termine  par  un  bourrelet  saillant  précédé  d'une  étroite  dépression 
très  marquée  dont  je  n'ai  guère  rencontré  d'exemples  et  qui  se  trouve 


DE  L'ÉPOQl'K  DE  LA  PIERRE  TAILLÉE  EN   EGYPTE 

malheureusement  cachée  dans  la  partie  ombrée  de  la  figure  39.  Le 
receptaciiluin  cerebelli  est  bombé. 

ha  face  est  tourmentée,  le  nez  très  Largement  échancré  à  la  racine. 
Les  orbites  ont  la  forme  d'un  quadrilatère  arrondi  dans  sa  partie 
supéro-interne.  Les  dents  sont  plus  usées  que  ne  semble  Le  compor- 
ter l'âge  du  sujet  indiqué  par  les  synostoses  (30  à  35  ans).  Il  existe 
un  assez  fort  prognathisme  sous-nasal.  On  le  rencontre  aussi  dans 
les  doux  autres  crânes  reproduits  (fig.  41  à  43).  A  part  ce  point 
commun  il  y  a  de  grandes  différences  entre  les  n°s  4  et  G.  Le  premier 
surtout  a  la  partie  postérieure  du  crâne  plus  développée  que  le  n°  G. 
Le  front  est  haut,  globuleux  et  l'examen  de  la  tète  l'ait  penser  à  une 


Fig.  43.  —  Guebel-Silsileh,  n°  G. 

poussée  d'hydrocéphalie  dans  l'enfance,  bien  que  l'on  ne  trouve  pas 
la  chaîne  des  os  wormiens  si  fréquente  en  pareil  cas. 

La  ligne  courbe,  les  apophyses  mastoïdes,  les  condyles,  se  trou- 
vent sur  le  même  plan  et  le  crâne  posé  sur  la  table  est  très  large- 
ment en  contact  avec  elle  par  tous  ces  points.  L'échancrure  du  nez 
est  peu  profonde.  L'arcade  dentaire  très  arrondie. 

Le  n°  G  (fig.  43  et  44)  a  les  apophyses  mastoïdes  et  la  glabelle  plus 
saillantes,  l'échancrure  du  nez  un  peu  plus  prononcée,  la  même 
forme  arrondie  du  maxillaire  supérieur.  C'est  également  un  crâne 
d'homme  âgé  d'une  cinquanlaine  d'années.  Chez  les  femmes,  le  front 


344  RECHERCHES  SUR  LES  CRANES 

est  droit,  les  bosses  pariétales  sont  très  marquées,  la  saillie  du  nez 
faible.  De  même  que  pour  les  hommes  l'aspect  général  des  crânes 
se  rapproche  du  type  égyptien  ancien. 

De  beaux  et  abondants  échantillons  de  cheveux  accompagnaient 
les  squelettes,  mais  aucune  inarque  ne  permettait  de  les  rapporter  à 


Fig.  44-  —  Guebel-Silsileh,  n°  (3. 


tel  ou  tel  crâne.  11  existait  plusieurs  variétés  :  des  cheveux  blancs 
gros  et  frisés,  des  cheveux  noirs  ou  châtains  lisses  et  assez  fins;  ces 
derniers  étaient  notés  comme  provenant  de  la  tombe  n»  31.  J'ai  re- 
cueilli et  annoté  ces  échantillons,  mais  le  manque  absolu  de  temps 
ne  m'a  pas  permis  de  les  étudier;  je  ne  les  note  qu'en  passant,  pour 
signaler  leur  existence. 


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DE  L'ÉPOQUE  DE  LA  PIERRE  TAILLÉE  EN  EGYPTE 


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346  RECHERCHES  SUR  LES  CRANES 


Pratiques  d'embaumement, 


Tous  les  crânes  qui  m'ont  fourni  des  matériaux  pour  cette  étude 
présentent,  à  un  degré  plus  ou  moins  grand,  des  traces  de  procédés 
de  conservation.  Les  marques  extérieures  sont  très  nettes  sur  la  ma- 
jorité des  crânes  de  Beit-Allam,  de  Kawamil  et  surtout  de  Guebel- 
Silsileh.  Elles  ne  manquent  pas  non  plus  pour  les  autres  stations, 
bien  qu'elles  soient  moins  apparentes.  J'y  reviendrai  tout  à  l'heure 
en  examinant  chaque  série  en  particulier,  mais  je  tiens,  tout  d'abord, 
à  trancher  une  question  de  principe. 

L'année  dernière,  dans  la  courte  note  que  j'ai  publiée  sur  les 
crânes  d'El-Amra,  en  appendice  du  livre  de  M.  de  Morgan  sur 
Les  origines  de  VÊgypte  !,  j'avais  affirmé  que  dans  plusieurs  des 
crânes,  notamment  chez  les  n03  3,  7,  11  d'El-Amra,  on  trouvait  des 
matières  bitumineuses  dans  la  cavité  craniene  et  qu'elles  y  avaient  été 
introduites  par  le  trou  occipital  à  défaut  de  toute  autre  voie.  Le  pro- 
fesseur Virchow  émit,  sur  la  valeur  de  mon  observation,  des  doutes 
dont  l'éminent  professeur  Schweinfurth  voulut  bien  me  faire  part 
dans  une  lettre  que  je  reçus  le  18  février  dernier.  Je  répondis  au  pro- 
fesseur Virchow  pour  défendre  ma  manière  de  voir  et  je  puis  ajouter 
que  toutes  mes  observations,  sur  plus  de  cent  crânes  nouveaux, 
n'ont  fait  que  corroborer  mes  premières  observations  et  affermir  ma 
conviction. 

Il  existait,  le  plus  souvent,  dans  les  crânes  de  l'époque  de  la  pierre 
taillée  en  Egypte,  des  dépôts  de  bitume  mêlés  à  la  matière  céré- 
brale, et  jamais,  je  puis  l'affirmer,  ce  bitume  n'avait  pu  être  introduit 
parla  voie  nasale.  Il  n'y  avait  pas  lieu  de  recourir  à  ce  procédé  parce 
que  la  matière  cérébrale  n'était  pas  extraite.  On  en  trouve  d'assez 
gros  amas  dans  certains  crânes  (Kawamil,  nos  5  M,  15  F,  32  M; 
Négadah  sud,  n»3  1-26;  Beit-Allam,  n°8). 

L'hypothèse  d'une  décollation  préalable,  que  j'avais  émise  parce 
que  l'observation  des  faits  me  l'imposait,  se  trouve  vérifiée  et  con- 
firmée par  les  explorateurs.  M.  Flinders  Pétrie,  dont  le  livre  n'était 


i.  Leroux,  éd.,  Paris,  189G. 


DE  L'ÉPOQUE  DE  LA  PIERRE  TAILLEE  EN  EGYPTE  :;'.: 

pas  paru  au  moment  où  j'écrivais,  dit  expressément  que  la  lête  était 
généralement  coupée1  el  il  en  fait  un  des  caractères  distinctifs  de  la 
nouvelle  race.  J'en  ai  trouvé  de  nouvelles  preuves  dans  les  recher- 
ches de  M.  de  Morgan.  Si  beaucoup  de  squelettes  étaient  couchés 
sur  le  côté,  «  d'autres  étaient  découpés  en  plusieurs  morceaux  e1 
déposés  dans  une  sorte  de  cuve  en  terre  battue,  d'aul  res  enfin  étaient 
introduits  dans  une  urne  en  terre  cuite.  »  Ce  passage  entre  guille- 
mets est  textuellement  copié  dans  une  lettre  que  M.  de  Morgan  me 
faisait  écrire,  le  6  janvier  dernier,  par  M.  Jéquier,  qui  prenait  aux 
fouilles  une  part  très  active. 

Pour  la  nécropole  de  Guebel-Silsileh,  les  mêmes  faits  m'ont  été 
indiqués  par  M.  Legrain  qui  exécuta  les  fouilles*.  Ainsi  donc,  la  voie 
du  trou  occipital  était  libre  et  c'est  bien  par  là  que  Ton  introduisait 
dans  la  cavité  crânienne  des  matières  bitumineuses.  La  présence  de 
gros  fragments  de  matière  cérébrale  dont  on  peut  encore,  en  certains 
cas,  reconnaître  les  circonvolutions  (Kawamil,  n°  15  F),  nous  montre 
que  la  matière  cérébrale  n'était  qu'imparfaitement  extraite  ou  bien 
que  le  bitume  n'était  introduit  qu'un  certain  laps  de  temps  après  la 
mort,  quand,  par  suite  d'une  exposition  plus  ou  moins  prolongée  à 
Pair  libre  et  par  suite  de  sa  décomposition  partielle  ou  de  sa  dessic- 
cation, le  cerveau  n'occupait  plus  qu'une  partie  de  la  cavité,  il 
s'agirait  donc  ici  de  cas  de  sépulture  secondaire,  ce  qui,  dans  l'analyse 
du  livre  de  M.  Pétrie,  a  déjà  été  mis  en  avant,  pour  d'autres  raisons, 
par  le  Dr  R.  Yerneau3. 

Quoi  qu'il  en  soit,  à  défaut  d'embaumement  méthodique,  il  y  avait 
un  essai  de  conservation  des  corps  par  des  procédés  et  au  moyen  de 
substances  qui  devaient  plus  tard  servir  à  la  confection  des  momies 
parfaites  et  compliquées,  comme  nous  les  trouvons  de  la  XVIIIe  à  la 
XXIIe  dynastie,  époque  à  laquelle  la  science  des  taricheutes  et  des 
coachytes  atteignit  son  apogée1.  J'ajouterai  que,  môme  à  cette 
époque,  l'évidement  du  crâne,  au  moyen  de  la  perforation  de 
Pethmoïde,  était  un  procédé  de  luxe,  réservé  aux  embaumements 
chèrement  payés.  J'ai  pu  me  convaincre  de  l'exactitude  de  ce  fait 


i.  Nagadah  and  Ballas,  p.  g5.  Londres,  1896. 
1.  Legrain,  communication  verbale. 

3.  R.  Verneau,  L'Anthropologie,  p.  47 *■  Paris,  1896. 

4.  Dr  Fouquet  el  Gautier,  Note  pour  servir  à  Vhistoire  de  l'embaumement  en  Egypte, 
Institut  égyptien,  1896. 


348  RECHERCHES  SUR  LES  CRANES 

en  examinant  avec  soin  une  série  de  crânes  appartenant,  très 
sûrement,  à  des  sépultures  pauvres  depuis  la  XVIIIe  jusqu'à  la 
XXIIIe  dynastie,  recueillis  aux  environs  de  Thèbes  par  M.  Daressy, 
conservateur-adjoint  du  Musée  de  Ghizeh.  Non  seulement  la  perfora- 
tion de  l'ethmoïde  pour  enlever  la  cervelle  fut  un  moyen  employé 
tardivement,  mais  encore  ce  moyen  ne  fut  point  employé  d'une  façon 
universelle. 

Dans  la  nécropole  de  Beit-Allam,  que  M.  de  Morgan  considère 
comme  la  plus  ancienne  et  sûrement  préhistorique,  j'ai  trouvé  des 
traces  non  douteuses  de  matières  conservatrices  à  la  face  extérieure 
de  crânes  qu'elles  imprégnaient  et  coloraient  en  marron  foncé  sur  les 
numéros  2,  5,  6,  7,  8,  11,  14,  16,  17,  18,  19,  24,  soit  50  pour  100  des 
crânes  étudiés.  Il  est  assez  difficile  de  dire  à  l'emploi  de  quelle  subs- 
tance cette  coloration  est  due.  Je  ne  crois  pas  qu'elle  puisse  être 
exclusivement  attribuée  à  une  décomposition  des  parties  molles,  car 
elle  serait  plus  généralement  répandue  et  il  en  serait  de  même  si  le 
sol  avait  fourni  un  oxyde  minéral  colorant.  Ce  point  appelle  pourtant 
de  nouvelles  recherches.  Quanta  la  matière  trouvée  dans  le  crâne, 
mêlée  au  sable  fin  qui  avait  peu  à  peu  envahi  la  cavité,  elle  est  sèche, 
friable,  couleur  de  vieux  bois  et  sans  cassure  vitreuse  ;  j'en  ai  recueilli 
une  quantité  assez  grande  dans  les  nos  2,  20,  23.  Les  flacons  étiquetés 
seront  déposés  dans  les  collections  du  Musée  et  l'étude  complète 
pourra  en  être  faite.  Pour  d'autres,  et  je  citerai  particulièrement  le 
n°  4,  la  présence  du  bitume  est  indiscutable.  C'est  cependant  à  Beit- 
Allam  que  les  procédés  de  conservation  employés  sont  les  plus  rudi- 
mentaires  et  les  moins  constants.  Dans  la  nécropole  de  Négadah  sud, 
qui  semble  avoir  été  une  des  plus  vastes  et  qui  m'a  fourni  le  plus 
fort  contingent  de  crânes,  j'étais  dans  une  position  défavorable  pour 
juger  la  question  de  conservation  artificielle.  En  effet  :  «  cette  nécro- 
pole était  presque  entièrement  spoliée  et  de  nos  fouilles  il  ne  provient 
qu'un  squelette  très  bizarre  et  quelques  crânes;  les  plus  nombreux, 
tout  blanchis  parle  soleil,  ont  été  trouvés  par  terre  à  côté  des  tombes 
vidées  par  des  fouilleurs  illicites,  il  y  a  peu  de  temps.  Il  n'y  a  aucun „ 
doute  à  avoir  sur  leur  provenance  et  sur  l'âge  de  la  nécropole  »'. 

J'ai   tenu  à  citer  textuellement  les  renseignements  qui  m'ont  été 
fournis  et  j'ajouterai  que  mon  étude  des  crânes  extraits  par  la  fouille 


i.  Lettre  de  M.  Jéquier,  Keneh,  i  \  mars  1897. 


DE   L'ÉPOQUE   DE  LA   PIERRE  TAILLÉE  EN  EGYPTE  349 

ou  trouvés  sur  le  sol  me  permet  de  dire  que,  certainement,  les  uns 
et  les  autres  ont  la  même  provenance.  Les  n'  8,  26,  27,  31 ,  32,  33  oui 
des  marques  extérieures  de  matières  colorantes  el  même  de  bitume. Le 
n°  10,  L'homme  au  «  squelette  très  bizarre  »,  dont  il  est  question  plus 
haut,  a  des  dépôts  visibles  de  bitume  sur  différents  os  'humérus, 
sternum,  cubitus,  radius),  et  surtout  à  la  partie  postérieure  de  la  cage 
thoracique,  sur  les  côtes,,  au  voisinage  de  la  colonne  vertébrale.  En 
ces  points  il  existait  un  véritable  dépôt  de  matières  résineuses  qui 
ont  encore  une  cassure  brillante,  vitreuse,  et  qui  brûlent  facilement 
avec  production  d'odeur  caractéristique. 

Dans  la  nécropole  de  Kawamil,  je  l'ai  indiqué  plus  haut,  les 
mêmes  faits  ont  été  observés  et  des  fragments  entiers  de  cerveau, 
enduits  de  matières  résineuses,  ont  pu  être  extraits  et  conservés.  Je 
ne  crois  pas  qu'il  soit  utile  d'insister,  tant  l'évidence  est  grande. 

A  Négadah  nord,  qui  ne  m'a  fourni  qu'un  petit  nombre  de  crânes, 
les  ncs  1,  3,  4  présentent  des  traces  extérieures  de  bitume  et  même 
dans  les  numéros  5  et  6,  qui  étaient  entièrement  remplis  par  un  fin 
limon  du  Nil,  il  existait  dans  la  masse  des  fragments  de  cerveau 

bituminé. 

Enfin,  à  Guebel-Silsileh,  l'extérieur  des  crânes  et  leur  contenu  se 
rapprochent  beaucoup  plus  de  ce  que  l'on  observe  dans  les  momies 
égyptiennes.  L'aspect  des  os,  celui  du  bitume,  l'odeur  encore  très 
nette  de  celui-ci,  mêlée  à  l'odeur  d'aromates,  permet  de  distinguer 
ces  crânes  de  tous  ceux  des  séries  précédentes.  Le  n°  2,  dont  la  base 
du  crâne  était  brisée  quand  l'envoi  m'est  parvenu,  permettait  de 
voir  le  dépôt  bitumineux,  encore  adhérent  dans  la  région  frontale 
gauche  et  en  plusieurs  points  du  receptaculum  cerebelli.  Entre  l'os 
et  les  matières  résineuses,  des  insectes  s'étaient  faufilés,  avaient 
rongé  la  table  interne  de  l'os  et  creusé  le  diploé  par  des  galeries  ana- 
logues au  travail  des  vrillettes  dans  le  bois.  Il  n'y  a  point  lieu  de 
confondre  ces  altérations  et  les  lésions  pathologiques  avec  lesquelles 
je  les  comparerai  dans  un  paragraphe  spécial. 

Le  n°  3  de  Guebel-Silsileh  présente,  au  point  de  vue  de  l'embau- 
mement, tous  les  caractères  du  numéro  2,  mais  de  plus,  comme  le 
crâne  est  complet,  on  peut  encore  s'assurer,  une  fois  de  plus  (fig.  40), 
de  l'intégrité  des  fosses  nasales.  La  cloison  est  très  visible,  l'eth- 
moïde  intact.  On  doit  savoir  en  effet  que  certains  embaumeurs  habi- 
les, aux  époques  subséquentes,  pénétraient  dans  le  cerveau  parles 
narines  en  laissant  subsister  toute  la  partie  antérieure  de  la  cloison. 


350  RECHERCHES  SUR  LES  CRANES 

mais  ici  elle  existe  tout  entière  comme  dans  tous  les  crânes  bien  con- 
servés de  nos  séries. 

A  la  période  qui  nous  occupe,  l'enveloppement  du  corps  était  rudî- 
mentaire.  M.  Jéquier  m'a  signalé  des  traces  de  nattes  autour  de  cer- 
tains ossements  ;  le  fait  a  une  grosse  importance,  car  il  y  a  lieu  de  le 
rapprocher  des  pratiques  décrites  par  Verneau,  chez  les  Guanches 
de  l'antiquité  !.  Aux  Canaries,  où  l'auteur  a  fait  ses  observations,  on 
trouve  quelquefois,  au  lieu  de  nattes,  des  peaux  superposées  dont  la 
plus  fine  est  toujours  en  contact  avec  le  corps,  de  même  que  les  linges 
les  plus  fins  appliqués  sur  la  peau  des  momies  égyptiennes.  Les  peaux 
se  retrouvent  au  Pérou  où  les  attitudes  données  aux  momies  se  rap- 
prochent de  celles  que  l'on  trouve  chez  les  Guanches  et  chez  nos 
Egyptiens  préhistoriques.  Les  observations  faites  sur  le  terrain  ne 
sont  ni  assez  complètes,  ni  assez  nombreuses  pour  que  l'on  puisse  se 
croire  autorisé  à  conclure,  mais  il  y  a  dans  ces  faits  épars  de  telles 
analogies  que  l'esprit  est  involontairement  entraîné  vers  l'hypothèse 
d'une  race  unique  d'embaumeurs  dispersés  à  l'époque  où  leur  art 
était  encore  limité  à  des  pratiques  grossières  que  l'on  retrouve  par- 
tout les  mêmes  à  l'origine  et  qui  se  différencient  de  plus  en  plus,  à 
mesure  que  les  siècles  s'écoulent,  en  vertu  de  la  loi  de  l'adaptation 
au  milieu. 


OBSERVATIONS  PATHOLOGIQUES 

En  écrivant,  Tannée  dernière,  une  courte  notice  sur  onze  sque- 
lettes provenant  de  la  nécropole  d'El-Amra,  je  notais  la  fréquence 
relativement  grande  des  lésions  traumatiques2.  Quelques  mois  plus 
tard,  ayant  eu  l'occasion  de  lire  l'ouvrage  très  détaillé  de  M.  Flv Pétrie 
sur  les  fouilles,  pratiquées  par  lui,  non  loin  d'El-Amra,  à  Négadah  et 
à  Ballas  je  ne  vis  pas  sans  surprise  la  remarque  faite  par  l'auteur, 
sur  la  rareté  des  lésions  traumatiques  observées  sur  les  squelettes 


i.  11.  Verneau,   Cinqans  aux  Canaries,  1879-84. 

•i.  De  Morgau,  Recherches  sur  les  origines  de  l'Egypte.  —  Dr  Fouquet,  Appendice, 
p.  268.  Leroux,  Paris,  1896. 


DE  L'ÉPOQUE  DE  LA   PIERRE  TAILLÉE  EN  EGYPTE  351 

découverts  dans  ses  fouilles.  J'étais  évidemment  tombé  >uv  une  série 
toutàfait  à  pari  et  sur  des  sépultures  appartenant,  très  probable- 
ment, à  une  race  différente,  car  celte  année  mes  observations  qui 
portent  sur  un  nombre  dix  fois  plus  grand  de  crânes,  ue  m'onl  donné 
qu'une  seule  lésion  traumatique  observée  chez  une  jeune  femme,  l'n 
crâne  porte  aussi  des  traces  probables  de  blessures,  du>-^  à  un  ins- 
trument coupant,  mais  de  peu  d'importance  et  cicatrisées  au  moment 
de  la  mort.  Avec  ma  nouvelle  série,  je  suis  donc,  sur  ce  point  parti- 
culier, tout  à  l'ait  d'accord  avec  ce  que  M.  F.  Pétrie  a  pu  observer. 

La  grande  rareté  des  lésions  traumatiques  est,  il  faut  le  dire,  large- 
ment compensée  par  l'abondance  et  l'importance  des  lésions  patho- 
logiques du  système  osseux  qui  me  fourniront,  dans  ce  chapitre,  m  i- 
tière  à  plusieurs  observations  d'une  haute  portée  pour  l'histoire  de 
la  médecine  à  ces  époques  reculées. 

Ces  pièces  sont  destinées  à  figurer  dans  les  galeries  du  Musée  des 
antiquités. 

J'ai  cru  devoir,  dans  mon  étude,  grouper  ici  tous  les  cas.  sans  dis- 
tinction de  nécropole,  pour  éviter  les  redites,  mais  chacun  d'eux  porte 
néanmoins  le  numéro  d'ordre  et  le  nom  de  la  série  dont  il  relève. 


Lésions  traumatiques 


Beit-Allam,  n°  8. 

Squelette  d'une  femme  âgée  de  vingt  à  vingt-deux  ans  environ.  Le 
sternum  présente  sur  la  lame,  à  0m,025  de  son  extrémité  supérieure 
et  à  0m,0i5  de  son  bord  droit,  un  peu  en  dehors  de  la  ligne  médiane. 
une  perte  de  substance  deOm,006  de  large,  sur  0m, 009  de  long  intéres- 
sant toute  l'épaisseur  de  l'os.  Cette  blessure,  faite  pendant  la  vie,  avec 
un  instrument  piquant,  de  forme  quadrangulaire,  était  déjà  très  an- 
cienne, car,  au  moment  de  la  mort,  les  bords  de  la  plaie  osseuse  étaient 
entièrement  réparés  (fig.  45). 


352  RECHERCHES  SUR  LES  CRANES 

La  netteté  des  bords,  la  forme  de  la  perte  de  ^substance  ne  per- 
mettent pas  de  supposer  qu'il  puisse  s'agir  d'une  lésion  pathologi- 
que. C'est  bien  un  cas  de  guérison  d'une  plaie  pénétrante  du  thorax 
à  travers  le  sternum. 


Fig.  45.  —  Beit-Allam,  n°  8. 


Négadah  sud,  n°  10. 

Ce  squelette  mérite  une  place  toute  spéciale  dans  le  chapitre  con- 
sacré à  la  pathologie,  car  il  pourrait,  à  lui  seul,  fournir  les  matériaux 
d'une  monographie.  Le  crâne  (voir  les'mesures,  tableaux  de  Négadah 
sud)  est  celui  d'un  vieillard  de  soixante  à  soixante-dix  ans,  si  l'on  en 
juge  par  l'état  de  sutures  crâniennes  et  par  celui  des  dents  (fig.  46- 
47).  La  glabelle  est  saillante,  bilobée,  le  front  bas  et  fuyant,  plus 
encore  dans  la  nature  que  cela  n'apparaît  dans  la" figure  faite  de  profil 
(fig.  46).  Le  frontal  forme  une  courbe  régulière  qui  atteint  son  maxi- 
mum au  bregma.  La  suture  sagittale  reste  sensiblement  horizontale 
sur  une  longueur  de  0m,045  environ,  puis  descend  rapidement  en 
arrière  jusqu'au  lambda.  En  ce  point,  on  observe  un  léger  ressaut, 
l'écaillé  de  l'occipital  est  globuleuse,  avec  une  saillie  beaucoup  plus 
marquée  sur  la  gauche.  L'inion  est  modérément  saillant,  la  ligne 
courbe  supérieure  très  nette,  presque    coupante.  Toujours  du  côté 


DE  L'ÉPOQUE  DE  LA  PIERRE  TAILLÉE  EN  EGYPTE  353 

gauche,  à  0m,025  au-dessous  d'elle,  se  trouve  un  gros  tubercule  os- 
seux, situé   à  0m,012  de  la  ligne  médiane.  A  gauche  encore,  près  du 
point  astérisque,  se  trouve  un  os  wormien  avant  environ  0mt0L2  de 
long  et  aulant  de  large. 

Les  apophyses  mastoïdes  sont  pm  marquées,  etleur  plan  horizon- 
tal n'est  inférieur  que  de  0m,002  au  plan  des  condyles.  Le  trou  occi- 
pital semble  absolument  circulaire  et  d'une  symétrie  parfaite.  Il 
existe  au  voisinage  du  trou  auriculaire  gauche,  deux  petites  exostoses 
irrégulières,  l'une  à  la  base  de  l'apophyse  mastoïde,  l'autre  à  la  nais- 
sance de  l'arcade  zygomatique  (fig.  46). 


Fig.  4<3.  —  rs'égadah  sud,  110  i0- 

Laface  est  large,  aplatie,  d'aspect  rectangulaire,  comme  les  orbites. 
Les  os  du  nez  sont  accolés  sous  un  angle  très  obtus.  La  région  inter- 
orbitaire  est  large  et  massive,  l'orifice  nasal  large  et  symétrique.  Il 
existe  unléger  prognathisme  sous-nasal.  Les  deux  canines  supérieures 
et  les  quatre  incisives  étaient  très  sensiblement  implantées  en  lio-ne 
droite.  Les  deux  incisives  médianes  sont  beaucoup  plus  fortes  et 
plus  volumineuses  que  les  deux  autres  et  séparées  par  une  cloison 
épaisse  de  0m,003. 

Les  os  malaires  sont  volumineux  et  mamelonnés. 

23 


355  RECHERCHES  SUR   LES  CRANES 

Les  sutures  crâniennes,  d'une  extrême  simplicité,  indiquent  que  le 
sujet  devait  appartenir  à  une  race  peu  élevée. 

Le  plan  du  trou  occipital  aboutit  à  0m,017  au-dessus  de  l'épine  na- 
sale, caractère  qui  éloigne  le  sujet  de  la  race  nègre  dont  le  nez  et  les 
bosses  sous-orbitaires  semblent  au  contraire  le  rapprocher. 

Le  maxillaire  présente  une  forte  saillie  sur  la  ligne  médiane  à 
0ra,005  de  son  bord  inférieur,  qui  est  coupé  carrément  sur  une  lon- 
gueur de  0m,032. 

Sur  le  bord  inférieur  gauche,  il  existe  un  dépôt  résineux,  trace 
d'embaumement.  La  cavité  crânienne   contenait  des    fragments  de 


Fig.  !\-j.  —  Négadah  sud,  n°  10. 


cerveau  dont  les  circonvolutions,  encore  très  visibles,  sont  englo- 
bées dans  une  couche  de  bitume  à  cassure  vitreuse  et  noire. 

La  partie  la  plus  intéressante  de  cette  étude  nous  est  fournie  par 
le  squelette  lui-même,  qui  présente,  en  un  grand  nombre  de  points, 
et  surtout  sur  les  os  longs,  des  altérations  pathologiques  aussi  nom- 
breuses que  variées. 

Les  deux  fémurs  sont  profondément  altérés  dans  leur  forme  et 
dans  leurs  dimensions.   Le  droit   mesure,  en  longueur,  0ra,393,  le 


DE  L'ÉPOQUE   DE  LA   PIERRE  TAILLÉE   EN  EGYPTE 

gaucho  0m,404,  soit  une  différence  de  d\uI  I  en  faveur  de  ce  dernier. 

Lo  fémur  gauche,  le  plus  intact,  esl  représenté  dans  son  ensemble  : 
la  figure  u°  48  donne  sa  face  antérieure,  la  figure  n  .  i9  sa  face  pos- 
térieure. 

Los  lésions  sont  presque  identiques  dans  les  deux  os.  La  surface 
articulaire  <lo  la  tète  est  restée  saine,  mais  toul  le  col  '-si  envahi  par 
des  exostoses  volumineuses,  mamelonnées,  faisant  saillie  sur  une 
hvjHTOstose  généralisée  de  toute  la  région. 

La  diaphyse,  plutôt  courte  et  grêle,   ue  présente    rien  de  particu- 


ig.   is  5o,  5a.  —  Négadah  sud,  u°  io.  —  5o,  tibia  et  péroné.  —  \8,  fémur 

52,   humérus.  —    Face  antérieure). 


lier  à  droite;  il  existe  à  gauche  une  série  de  monticules  irréguliers 
sur  la  ligne  câpre  jusqu'au  tiers  de  fos,  qui  redevient  normal  pour 
tout  le  reste  de  la  diaphyse. 

L'extrémité  inférieure  gauche  mesure  0m,109  de  long  et  0m,260  de 
circonférence.  Ces  dimensions  sont  les  mêmes,  à  deux  ou  trois  mil- 
limètres près,  pour  le  côté  droit.  Les  surfaces  articulaires  sont  lisses, 


356 


RECHERCHES  SUR  LES  CRANES 


mais  bordées,  sur  tout  leur  pourtour,  d'une  crête  coupante  irrégu- 
lière due  à  la  prolifération  du  tissu  osseux.  Toutes  les  exostoses  sont 
formées  par  du  tissu  spongieux  d'une  extrême  friabilité.  A  la  face  in- 
terne, une  épine  osseuse,  au  niveau  de  l'insertion  du  vaste  interne, 
mesure  une  longueur  deOm,025.  Une  exostose  analogue,  mais  dirigée 
plus  en  avant,  existe  du  côté  droit. 

Les  rotules,  saines  sur  leur  surface  articulaire,  sont  bordées  d'une 
ligne  de  petites  productions  osseuses  vers  la  région  interne  de  leur 
bord  inférieur,  leur  volume  est  d'ailleurs  sensiblement  normal. 


53 


49 


^'lo-  4[)>  5ij  53.  —  Négadah  sud,  n°  io.  —  53,   humérus.   —  49>   fémur.  —  5i,  tibia  et 

péroné.  —  (Face  postérieure). 


Les  tibias  et  les  péronés,  non  moins  atteints  que  les  fémurs,    sont 
soudés  complètement  ensemble  à  droite;  ils  l'étaient   seulement  en 
bas  du  coté  gauche  [Ci g.  50  et  51). 
Voici  leurs  dimensions  : 

Tibia  droit,  longueur 0m,317 

Diamètre  antéro-postérieur 

Diamètre  transverse 


DE  L'ÉPOQUE  DE  LA  PIERRE  TAILLÉE  EN   EGYPTE  357 

Tibia  gauche,  longueur 0n,,327 

Diamètre  antéro-postérieur 

Diamètre  transverse 

Péroné  droit,  longueur 0m,2'.i 3 

Péroné  gauche,  longueur Om,.'512 

Les  extrémités  de  ees  quatre  os  sont  très  augmentées  de  volume, 
mamelonnées,  couvertes  d'exostoses  spongieuses  et  d'épines  os- 
seuses. 

La  diaphyse  des  tibias  est  incurvée  en  avant  et  en  dedans. 

Les  péronés  sont   restés  droits  et   assez  fortement  cannelés.   Le 


Fig,  54.  —  Négadah  sud,  no  10.  —  Os  coxal. 

pont  osseux  qui  réunit  le  tibia  et  le  péroné  à  la  partie  inférieure, 
côté  droit,  est  absolument  lisse  sur  toutes  ses  faces  et  ne  laisse  que 
de  vagues  traces  de  la  séparation  des  deux  os. 

En  haut  le  pont,  très  large,  est  également  lisse  en  avant. 

En  arrière  on  observe  une  cavité  anfractueuse  et  des  trajets  tistu- 
leux,  traces  manifestes  d'une  suppuration  ayant  amené  la  fonte  de 
toute  la  partie  centrale  de  la  tumeur,  comme  pour  les  os  précédents  ; 
les  surfaces  articulaires,  du  coté  des  genoux  et  des  articulations 
tibio-tarsiennes,  sont  saines. 


358 


RECHERCHES  SUR  LES  CRANES 


Los  coxal  gauche  (fig.  54)  présente  vers  la  partie  moyenne,  en 
dehors  et  au-dessous  de  la  crête  iliaque,  une  plaque  osseuse  tenant 
à  Tos  par  sa  base.  Elle  mesure  0n,,020  de  hauteur  sur  0m,026de  lar- 
geur. Quelques  trabécules  osseuses  réunissent  à  l'os  la  face  interne 
de  cette  production  pathologique. 
Tous  les  os  du  pied  sont  sains. 

Les  vertèbres  et  les  côtes  n'offrent  rien  de  particulier  à  noter,  pas 
plus  que  le  sternum  et  les  clavicules. 

Les  deux  humérus,  par  contre,  présentent  des  altérations  absolu- 
ment symétriques.  La  description  de  l'un  peut  parfaitement  s'appli- 
quer à  l'autre  en  ce  qui  concerne  le  tiers  supérieur  de  l'os  épaissi, 
élargi  et  mamelonné.  Le  corps  de  l'os  est  sain  et  peu  tordu  (fig.  52  et 
fig.  53).  A  la  partie  inférieure  de  l'humérus  droit,  les  lésions  sont  plus 
accentuées  qu'à  gauche,  et,  fait  unique  dans  ce  squelette  si  altéré  par 


Fig.  55  et  56.  ■ —  Négadah  sud,  n°  10.  —  55,  cubitus.  —  56,  radius. 


la  maladie,  les  lésions  ont  envahi  la  surface  articulaire  devenue  ru- 
gueuse, dépolie  et  dentelée,  sur  ses  boçds,  par  des  ostéophytes  irré- 
gulièrement disposées  en  dedans  et  en  dehors  de  la  trochlée,qui  est 
saine  du  côté  gauche.  Les  cavités  olécraniennes  ne  sont  point  perfo- 
rées. 

L'humérus  droit  mesure  0m,286,  le  gauche  0m,285.  Le  cubitus 
gauche,  long  de  0m,238  (fig.  55),  légèrement  plus  incurvé  que  norma- 
lement à  son  tiers  supérieur,  est  sain  à  ses  deux  extrémités;  son  tiers 
inférieur  présente  plusieurs  exostoses  très  résistantes  et  beaucoup 
moins  spongieuses  que  celles  des  os  déjà  décrits. 

Le  radius,  long  de  0m,225  (fig.  56)  un  peu  plus  incurvé  que  norma- 
lement, ne  présente  de  lésions  qu'à  son  extrémité  inférieure  épaissie 


DE   L'ÉPOQUE  DE   LA  PIERRE  TAILLÉE   EN   EGYPTE  359 

dans  toute  sa  masse  et  mamelonnée  aux  poiuis  où  se  trouvenl  des 
insertions  musculaires.  Les  os  des  mains,  comme  ceux  des  pieds,  ne 
présentent  lien  d'anormal,  ni  dans  leurs  dimensions,  ni  dans  leur 
forme. 

En  résumé,  à  part  une  exoslose  de  la  région  sous-iniaque,  sans 
caractère  bien  précis,  deux  petites  productions  osseuses  de  l'arcade 
zygomatique,  au-dessus  du  conduil  auditif,  et  la  plaque  décrite  sur 
l'os  iliaque  gauche,  toutes  les  lésions  siègent  au  voisinage  des  extré- 
mités des  os  longs.  Ni  les  clavicules,  ni  les  cotes,  ni  le  sternum,  ni 
même  les  erèles  tibiales  ne  présentent  d'altérations.  Quelle  peut 
avoir  été  la  cause  première  de  cette  maladie  chronique?  .le  ne  crois 
pas  que  l'on  puisse  incriminer  le  rhumatisme;  l'ostéite  rhumatis- 
male, fort  rare,  n'a  aucune  tendance  à  la  suppuration  et  nous  obser- 
vons ici  au  moins  un  point  àbeédé,  à  l'articulation  tibio-péronéale 
droite,  en  arrière.  Le  rhumatisme  déformant  n'aurait  pas  respecté  la 
charpente  osseuse  des  pieds  et  des  mains  qui  est  absolument  saine 
et  normale  chez  notre  sujet.  Les  pointes  osseuses  semblent  dues  à  de 
la  myosite  ossifiante,  affection  déjà  signalée  à  l'époque  préhisto- 
rique1. A  mon  avis,  la  myosite  ne  suffit  pas  pour  expliquer  toutes 
les  particularités  pathologiques  observées  sur  le  n°  10  de  Négadah 
sud  et,  tout  en  faisant  certaines  réserves,  je  ne  puis  passer  sous 
silence  l'opinion  très  nette  émise  par  Zambaco-pacha  qui,  après  exa- 
men des  pièces,  croit  devoir  attribuer  à  la  syphilis  les  lésions  que 
je  viens  de  décrire.  L'intégrité  des  tibias  au  niveau  des  crêtes, 
l'absence  de  lésions  costales  et  claviculaires  ne  lui  semblent  pas 
contre-indiquer  ce  diagnostic  et  je  dois  avouer  que  d'autres  pièces, 
contemporaines,  ou  à  peu  près,  du  sujet  qui  nous  occupe,  semblent 
donner  raison  a  l'éminent  dermatologiste.  Je  reviendrai  sur  la  ques- 
tion, après' avoir  exposé  les  faits  et  décrit  les  crânes  dont  l'étude 
me  semble  devoir  jeter  quelque  lumière  sur  l'épineuse  question  de 
l'origine  de  la  syphilis. 


t.  E.  Dubois,  noie  sur  le Pithecanthropus  erectus,  mémoire  analysé  par  R,  Verneau, 

in  L' Anthropologie,  p.  220,  1896. 


3G0 


RECHERCHES  SUR  LES  CRANES 


Négadah  sud,  n°  32 


Ce  crâne,  un  peu  plus  petit  que  la  moyenne  de  ceux  de  la  nécro- 
pole, n'a  point  été  trouvé  sur  le  terrain.  11  provient  de  la  fouille 
méthodique  de  M.  de  Morgan. 

Les  lésions  qu'il  porte  sur  toute  la  région  antérieure  du  côté  gauche 
méritent  de  fixer  notre  attention.  On  en  observe  sur  quatre  points  : 

1°  Trois  petites  ulcérations  situées  sur  la 
branche  montante  de  l'os  malaire  gauche, 
consistant  en  dépressions  presque  circu- 
laires, de  0"\002  ou  0m.003  de  diamètre, 
sur  0rn,0015de  profondeur  (fig.  57); 

2°  Une  surface  rugueuse  et  accidentée 
occupant  sur  0m,01  de  large  et  0m,02  de  long 
la  partie  supérieure  de  la  branche  montante 
du  maxillaire  supérieur  et  la  partie  interne 
de  l'arcade  sourcilière  côté  gauche; 

3°  Un  groupe  de  lésions  bien  plus  impor- 
tantes commençant  à  0m,03  au-dessus  de 
l'arcade  sourcilière  et  occupant  l'aire  d'un 
triangle  de  0m,030  de  base  sur  0m,040  de 
hauteur,  dont  le  dessin  (fig.  n°  57),  fait 
d'après  une  photographie  déformée,  par 
suite  d'un  grossissement  exagéré,  ne  donne 
pas  une  idée  parfaitement  exacte.  Un  peu 
au-dessus  et  en  dedans  du  triangle,  en  se  rapprochant  de  la  ligne  mé- 
diane, l'os  est  comme  déprimé,  rugueux,  la  table  externe  de  l'os  est 
superficiellement  érodée  par  la  suppuration.  C'est  tout  près  de  cette 
surface  que  l'on  trouve  quatre  trous  de  0m, 0035  de  diamètre  chacun. 
Les  deux  premiers, rapprochés  du  sommet  du  triangle, intéressent  seu- 
lement la  table  externe  de  l'os  et  la  couche  supérieure  du  diploé.  Les 
deux  autres,  plus  profonds,  perforent  presque  complètement  le  crâne. 
Leur  bord  est  rodé  comme  les  noyaux  de  prunes  et  de  cerises  trou- 


Fig.  57.  —  Négadah  sud, 

no  32.  —  Lésions  de  la  région 

frontale. 


i.  Pour   l'ensemble  du  crâne  voir  les  figures  iG  et  i-  au  chapitre  de  Négadah  sud. 


DE   L'ÉPOQl  E    DE  LA   PIERRE   TAILLÉE   EN   EGYPTE  361 

vés  dans  les  fouilles  du  Mas-d'Azil  et  publiés  par  M.  Éd.  l'ietle'.  La 
ressemblance  est  parfaite  quand  on  observe  a  la  loup.-  la  pièce  elle- 
mème.  Huit  millimètres  plus  bas,  sur  le  trajet  d'une  lissure,  se 
trouvent  trois  trous  un  peu  moins  profonds  que  les  précédents  el 
entourés  d'une  érosion  plus  large  de  la  table  externe  de  L'os.  Un  peu 
plus  à  gauche,  trois  autres  dépressions  de  même  nature  délimitent 
une  rondelle  d'os  sain.  L'autre  extrémité  de  la  bas.:  du  triangle  est 
dessinée  irrégulièrement  par  une  série  de  trous  ébauchés  dont  un 
seul,  celui  qui  forme  exactement  l'angle,  perfore  complètement  la 
voûte  crânienne; 

4°  Une  exostose  de  forme  ovalaire,  mesurant  0,u,0i2  de  long  sur 
0'»,008  de  large  et  0m,0025  d'épaisseur  dans  sa  partie  la  plus  élevée 
se  trouve  enfin  à  0m,020  du  sommet  du  triangle  et  à  O^Ol?  de  la 
suture  fronto-pariétale  gauche. 

Quelle  est  la  nature  de  ces  lésions?  Sont-elles  d'origine  trauma- 
tique  ou  reconnaissent-elles  une  cause  pathologique? 

Cette  dernière  hypothèse  m'avait  tout  d'abord  paru  la  plus  proba- 
ble, et  l'exostose,  ainsi  que  les  autres  cas  d'ulcérations  osseuses  trou- 
vées dans  les  ossements  des  fouilles  me  portaient  à  repousser  ici 
l'idée  d'une  lésion  traumàtique.  Après  avoir  vu  l'agrandissement  pho- 
tographique et  étudié  de  nouveau  la  pièce  avec  soin  je  ne  suis  pas 
éloigné  de  croire,  malgré  la  présence  de  l'exostose  et  des  ulcérations 
accessoires,  que  le  traumatisme  a  joué  un  rôle  prépondérant  dans  la 
genèse  de  ces  lésions.  L'état  général  du  malade  a  pu  ensuite  amener 
l'exostose  et  imprimer  à  la  maladie  le  cachet  spécial  que  nous  obser- 
vons, celui  de  la  syphilis,  mais  ce  qui  me  semble  hors  de  conteste, 
c'est  la  nature  des  perforations  et  des  érosions  du  crâne.  Il  s'agit  là, 
sans  aucun  doute,  de  pratiques  de  trépanation,  employées  dans  un 
but  thérapeutique.  Malgré  toutes  les  imperfections  du  procédé  déno- 
tant l'insuffisance  des  instruments,  il  n'est  pas  possible  de  ne  point 
rapprocher  cette  pièce  de  celle  qui  vient  d'être  publiée  dans  Z/.-l /?////<  >- 
pologie\  Les  renseignements  fournis  par  le  n°  32  sont  autrement 
caractéristiques  et  probants  que  ceux  déjà  bien  nets  observés  sur  un 
crâne  de  Kawamil  et  dont  on  trouvera  la  description  et  la  représen- 
tation plus  loin  (fi g.  58). 


i.  L'Anthropologie,  1896-96. 

2.  La  trépanation  du  crâne  dans  VAurès,  par  H.   Malbot  et    K.   Verneau    L'Anthro- 
pologie, 1897). 


:;>,■: 


RECHERCHES  SUR  LES  CRANES 


Kawamil,  n°  40  F. 

Comme  dans  les  pièces  déjà  examinées,  il  s'agit  d'ulcérations  d'un 
os  du  crâne  ;  elles  siègent  ici  à  la  lace  externe  du  pariétal  droit  (fig.  58) 
sur  deux  points. 

1°  Une  grande  perte  de  substance,  longue  de  0m,035,  mesurant 
dans  sa  partie  la  plus  large  0^,015,  située  à  0'", 025  de  la  suture  pariéto- 
frontale  ;  elle  se  dirige  obliquement  de  bas  en  haut  et  d'avant  en 
arrière,  intéressant  la  table  externe  de  l'os  et  une  grande  partie  du 
diploé.  Les  bords,  surtout  à   la  partie   antéro-inférieure,    semblent 


Eig.  58.  —  Kawamil,  \o  F. 

comme  ruginés,  et  ce  que  l'on  sait  de  la  trépanation  et  du  traitement 
des  lésions  osseuses  du  crâne  à  l'époque  de  la  pierre  taillée  ne  fait 
que  confirmer  cette  hypothèse  d'une  intervention  chirurgicale  pra- 
tiquée en  vue  de  faciliter  l'élimination  de  parties  nécrosées.  Comme 
dans  les  faits  publiés  par  Broca  en  1876',  la  perte  de  subtance 
est  elliptique,  les  bords  sont  obliques,  les  cellules  du  diploé  sont 
détruites.  Si  la  lésion  qui  nous  occupe  est  due  à  une  intervention 
chirurgicale,  le  malade  a  dû  succomber  peu  de  temps  après  l'opéra- 
tion ; 


i.  Broca,  La  trépanation  du  crâne  et  les  amulettes  crâniennes  à  Vépoque  néolithique 
Congrès  d  anthropologie  de  Buda-Pesth,  1876). 


DE   L'ÉPOQUE   DE  I.A   PIERRE  TAILLÉE  EN   EGYPTE  363 

2°  En  arrière,  au  voisinage  du  bord  postérieur,  près  de  la  suture 
lambdoïde,  se  trouve  un  groupe  «le  lésions  dont  La  principale,  «mi  voie 
de  réparation,  porte  égalemenl  des  traces  d'un  grattage  incomplet. 
Si  la  pratique  de  la  trépanation  semble  être  tombée  dans  L'oubli 
(autant  que  j'ai  pu  en  juger  par  nies  recherches  personnelles  .  chez 
les  Egyptiens  modernes,  elle  reste  encore  en  usage  chez  les  Berbères 
de  l'Aurès,  tribu  «les  Chaouias  ',  et  l'existence  de  cel   u  uez 

les  habitants  de  Kawamil,  fournit  un  léger  argumenl   en   faveui 
l'opinion  de  ceux  <|ui  veulent  rapporter  à  La  race  berbère  Les  habitants 
de  l'Egypte  à  l'époque  de  la  pierre  taillée. 

L'aspect  des  ulcérations  décrites  plus  haul  ne  permet  pas  de  les 
attribuer  à  des  traumatismes.  Elles  sont  très  évidemment  dues  à 
une  cause  pathologique  identique,  je  crois,  a  celle  qui  avait  causé  les 
lésions  du  crûne  qui  l'ait  l'objet  de  l'observation  suivante. 


Crâne  d'El-Amra,  n    4. 


Le  crâne  dont  il  s'agit  ici  a  déjà  été  sommairement  publié  par  moi 
l'année  dernière  -.  J'avais  signalé,  sans  y  insister,  différentes  lésions 
du  crâne,  le  problème  que  soulevait  leur  examen  me  semblait  bien 
gros  pour  être  traité  avec  Faide  d'une  pièce  en  assez  mauvais  état 
de  conservation,  dans  plusieurs  de  ses  parties.  L'âge  du  sujet  d'ail- 
leurs me  semblait  devoir  faire  naître  des  objections,  car  il  s'agit  d'un 
jeune  homme  d'une  vingtaine  d'années,  dont  les  épiphyses  des  os 
longs  sont  à  peine  soudées.  Pendant  l'hiver,  éclairé  par  des  observa- 
tions nouvelles,  je  repris  la  question.  Je  nettoyai  méticuleusement  la 
pièce  et  je  la  soumis  à  la  critique  de  Zambaco-pacha,  qui  n'hésita  pas 
à  la  considérer  comme  un  cas  très  net  de  syphilis  osseuse  et  l'eût 
volontiers  publiée  comme  telle  si  je  n'avais  cru  devoir,  suivant  le 
conseil  de  M.  de  Morgan,  la  joindre  à  l'ensemble  de  mes  observations 
faites,  cette  année,  sur  les  ossements  exhumés  pendant  la  campagne 
d'hiver. 


i.  Malbot  et  R.   Verneau,  La  trépanation  du  crâne  dans  l'Aurès.  [L'Anthropologie, 

1897). 

2.  De  Morgan,   Recherches  sur  les  origines  de  l'Egypte.  Appendice  parle  Dr  Fou- 
quet.  p.   225.  Paris,  Leroux,  1896. 


364 


RECHERCHES  SUR  LES  CRANES 


La  figure  59  reproduit  très  exactement  les  lésions  disposées  en 
trois  groupes  principaux  siégeant  tous  sur  le  frontal  :  le  premier,  à 
droite,  au  niveau  et  au-dessus  de  l'arcade  sourcilière;  le  second  dans 
la  région  correspondante  du  côté  gauche;  le  troisième  composé  d'une 
seule  ulcération  déjà  en  voie  de  réparation  et  située  près  de  la  suture 


EM1L10  MARCHETTIM   !  DISJ 


Fig.  59.  —  Crâne  d'El-Amra,  n°  \. 


fronto-pariétale  un  peu  à  gauche  de  la  ligne  médiane.  Le  squelette, 
aux  épiphyses  non  soudées,  très  friable  et  arrivé  en  mauvais  état  de 
conservation,  n'a  pu  me  fournir  aucun  renseignement  complémen- 
taire. 


DE   L'ÉPOQUE  DE  LA   PIERRE  TAILLÉE  EN  EGYPTE 


On  peul  discuter  sur  la  nature  de  la  maladie  qui  a  produit  ces 
lésions;  il  n'est  pas  possible,  ici  encore,  de  mettre  en  doute  leur 
nature  pathologique,  11  ncn  est  pas  de  même  pour  les  ossements  donl 
l'étude  va  suivre  et  que  j'ai  groupés  ici  pour  bien  montrer  les  diffé  - 
renées  qui  existent  entre  ce  que  nous  venons  de  voir  et  les  lésions 
posL  mortem. 


Kawamil,  n°  26  F. 

Le  crâne,  très  friable  et  aminci,  d'une  femme  jeune,  est  arrivé 
brisé.  Le  paroi  extérieure  est  saine,  sauf  en  un  petit  point  irréguliè- 
rement perforé  à  0ra,025  au  dessus  de  l'arcade  sourcilière  gauche  et 
à  environ  0n\,020  de  la  ligne  médiane.  La  partie  concave  de  l'os,  dans 
toute  la  moitié  gauche,  au  niveau  de  l'insertion  de  la  faulx  du  cerveau 
et  à  droite  encore  sur  plusieurs  points,  on  voit  (fîg.  60)  des  ulcéra- 


Fig.  60.  —  Kawamil,  26  F. 


tions  irrégulières,  comme  serpigineuses,  intéressant  la  lame  externe 
de  l'os  et  toute  l'épaisseur  du  diploé  qui  semble  rongé.  Des  dépôts 
bruns  ou  gris  foncé  se  trouvent  au  fond  de  ces  ulcérations  et 
ressemblent  aux  résidus  du  bois  rongé  par  les  vrillettes  ou  les  larves 
de  longicornes,qui  laissentderrière  elles  et  les  détritus  et  leurs  excré- 
ments. Les  bords  des  ulcérations  sont  creusés  en  caverne;  en  plu- 
sieurs points  il  existe,  sous  la  table  interne  de  l'os,  des  tunnels  qui 
vont  d'une  ulcération  à  l'autre.  On  doit  noter  que  toujours  ces  alté- 
rations existent  dans  la  partie  la  plus  déclive  du  crâne,  dans  celle  où 


366 


RECHERCHES  SUR  LES  CRANES 


reposaient  les  amas  de  matières  organiques  fermentescibles  dont  les 
sucs  ont  imprégné  l'os  au  moment  de  leur  décomposition,  et  c'est  ce 
qui  a,  dans  la  suite,  attiré  les  colonies  de  travailleurs  de  la  mort. 
J'en  ai  déjà  noté  un  exemple  clans  la  description  des  crânes  de  Gue- 
bel-Silsileh. 


Fis:.  61.  —  Kawamil,  n°  3i  F. 


Fin'.  62.  —  Kawamil    n°  3i  F. 


Nous  trouvons  encore  des  altérations  presque  identiques  dans  le 
frontal  du  n°  31  F.  de  Kawamil  (fig.  61,  et  62).  Les  altérations  étaient 
ici  plus  profondes  que  dans  le  cas  précédent  et  entamaient,  par  sa 
profondeur,  la  table  externe  de  l'os  qui  s'est  effondré  en  fragments 
nombreux.  Les  deux  principaux  ont  été  représentés  ici'. 


1.  Les  lésions  du  frontal,  dont  les  deux  principaux  fragments  sont  représentés  figu- 
res 61  et  62,  m'avaient  inspiré  des  doutes.  J'ai  pu,  grâce  à  M.  le  professeur  Lacas- 
sagne,  soumettre  une  minime  parcelle  de  cette  pièce  à  d'éminents  spécialistes,  MM.  les 
professeurs  Durand,  Rollel,  Gangolplie,  de  Lyon.  Mon  manuscrit  était  déjà  parti  à 
l'impression  lorsque  j'ai  reçu,  le  19  juillet,  l'avis  conforme  à  mes  conclusions  :  il  s'agit 
bien  là  de  lésions  post  mortem.  Je  ne  puis  résister  au  désir  de  citer  en  détail  la  très 
intéressante  note  de  M.  le  professeur  agrégé  Gangolplie  qui,  non  seulement  écarte 
pour  cette  pièce  toute  idée  de  lésion  pathologique,  mais  encore  fournit  à  l'appui  de 
son  opinion  des  arguments  tout  à  fait  en  faveur,  il  me  semble,  de  la  nature  syphili- 
tique des  lésions  observées  sur  le  frontal  du  n°  4  cVEl-Amra  et  sur  la  partie  posté- 
rieure du  pariétal  40  f  de  Kawamil.  Voici  celte  note  : 

ce  A.  Il  il  est  nullement  prouvé  que  ce  frontal  a  été  le  siège  d'un  travail  pathologique 
quelconque.  La  régularité  absolue  de  la  table  externe,  le  fait  qu'elle  ne  présente  aucune 
trace  de  réaction  périoslique,  concordent  d'une  façon  absolue  avec  l'intégrité  du  diploé. 
Celui-ci  est  d'une  épaisseur  inégale,  mais  ce  n'est  là  qu'une  apparence.  Sans  doute 
le  lent  travail  de  destruction  dû  à  l'antiquité  de  la  pièce  doit  être  mis  seul  en  cause. 
Si,  par  la  pensée,  on  prolonge  la  table  interne  (dont  il  reste  un  vestige),  on  voit  que 
celle-ci  viendrait  recouvrir  la  face  profonde  du  diploé  sans  qu'il  y  ait  là  une  cause 
d'exostose  interne  ou  enostose.  Eu   aucun  point,  le  diploé  n'offre  de  perles   éburnées 


DE  L'ÉPOQUE  DE  LA  PIERRE  TAILLÉE  EN   EGYPTE  367 

Len°'5,  toujours  de  Kawamil,  esl  un  crâne  d'homme  dont  la  face 
latérale  gauche  es1  en  partie  détruite  par  les  mêmes  altérations.  Une 
partie  de  l'écaillé  de  l'occipital,  l'écaillé  entière  du  temporal  sont  dé- 
truites. Le  rocher,  plus  résistant,  esl  conservé,  mais  la  presque  tota- 
lité de  la  lame  interne  do  l'os  esl  enlevée  el  laisse  apercevoir  L'ana- 
tomie  de  l'oreille  interne  mise  à  nu  par  celte  fine  dissection   fig.  63 

Ces  pièces  méritent  un  examen  plus  approfondi  qui  sera  fait  ulté 
rieurement  et  confie,  autant  que  possible,  à  un  spécialiste  qui  trou- 
vera, peut-être,  quelques  nouveaux  morticoles  destinés  à  grossir  la 
liste  déjà  longue  publiée  par  M.  Mégnin1. 

ou  plus  particulièrement  vermoulues.  En  aucun  point  l'architecture  cellulaire  ni  alvéo- 
laire du  diploé  n'a  été  remaniée.  Le  poids  de  l'os  n'est  pas  modifié,  ce  qui  arrive  d'une 

façon  constante  et  appréciable  s'il  y  a  de  l'éburnation.  Quant  au  petit  fi-.iuui._-ut  de 
table  interne  restant  il  est  absolument  intact- 
ce  Je  le  répète,  on  ne  peut  pas  dire  cpie  cet  os  a  été  le  siège  d'un  travail  pathologi- 
que quelconque.  Mais  ce  que  je  puis  affirmer  '-'est,  à  coup  sûr,  qu'il  n'y  a  pus  là  de 
syphilis.  Yoiei  pourquoi  : 

«  Les  lésions  syphilitiques  ont  sans  doute  comme  siège  de  prédilection  le  frontal 
et  y  affectent  deux  formes,  souvent  associées  : 

»  1°  La  forme  hypérostosique  :  a,  parenchymateuse  ;  b,  externe  (exostose)  ;  c,  interne 
(enostose)  ; 

«  2°  La  forme  ulcéreuse. 

«  Or  il  ne  peut  être  question  de  la  forme  hypérostosique;  la  bosse  frontale  n'a  rien 
d'exagéré  et  j'ai  dit  que  la  table  externe,  le  diploé,  la  table  interne  étaient  normalement 
constitués. 

«  J'ajouterai  même  (ce  qui  n'est  pas  utile  tant  le  fait  est  évident),  que  la  constatation 
d'une  exostose  seule,  à  la  surface  du  frontal,  n'aurait  aucune  valeur.  J'ai  vu  des  exos- 
toses  du  frontal  dues  à  la  grossesse  el  à  la  fièvre   typhoïde. 

«Pour  que  l'exostose  ait  une  valeur  absolument  démonstrative,  il  faut  qu'il  s'y  joigne 
des  lésions  typiques,  telles  que  des  gommes...  ou  alors  qu'elles  atteignent  des  dimen- 
sions que  ne  présentent  jamais  les  légères   hypérostoses  gravidiques  ou  tvphiques. 

«  B.  Quant  à  la  forme  ulcéreuse  de  la  syphilis  crânienne,  je  n'en  parlerais  même  pas 
si  la  disparition  d'une  partie  du  diploé  et  de  la  table  interne  n'étaient  pas  susceptibles 
d'y  faire  souger. 

«  Là  encore  je  puis  affirmer  que  la  syphilis  n'y  est  pour  rien. 

«  Ordinairement  les  bourgeons  gommeux  pénètrent  de  la  face  externe  du  crâne 
dans  le  diploé.  Émanés  de  la  face  profonde  du  péricràne,  ils  s'enfoncent  dans  l'os  le 
sillonnent,  décrivent  des  rampes  hélicoïdales,  qui  s'enchevêtrent,  empiètent  les  unes 
sur  les  autres  et  détruisent  l'os  ne  laissant  plus  subsister  que  des  saillies  stalacti- 
formes.  La  table  interne  offre  toujours  une  résistence  notable... 

«  L'os  est  troué,  vermoulu,  mais  il  est  plus  lourd.  La  table  externe  a  disparu  pour 
faire  place  à  des  saillies  irrégulières-...  J'ajoute  que  Phérédosyphilis  s'accompa°-ne 
d'altérations  semblables.  » 

i.  Mégnin,  Les  travailleurs  de  la  mort.  Paris,  [885. 

1.  Voir  le  livre  de  M.  le  professeur  Gangolphe,  Syphilis  osseuse,  page  _    - 


368 


RECHERCHES  SUR  LES  CRANES 


Ces  lésions posL  mortem  étant  reconnues  et  écartées,  je  reviens  aux 
os  déformés  et  ulcérés  de  Négadah  sud(n°  10,  n°32),  d'El-Amra  (n°  4), 
de  Kawainil  (no  40)  qui  semblent  tous  avoir  été  influencés  par  la 
même  cause,  la  syphilis.  Malgré  les  idées  encore  trop  répandues  sur 
l'importation  presque  moderne  de  cette  maladie  dans  l'ancien  conti- 
nent, je  crois  la  question  bien  tranchée  par  les  recherches  de  ces 
trente  dernières  années.  Il  ne  s'agit  donc  point  de  détruire  l'erreur 
scientifique  qui  faisait  remonter  au  xve  siècle  l'apparition  de  la  syphilis 
en  Europe,  mais  seulement  d'apporter  une  nouvelle  preuve  après 
toutes  celles  qui  ont  déjà  été  fournies.  Je  ne  rappellerai  que  pour 
mémoire  les  ostéophytes  syphilitiques  des  ossements  découverts  par 
Prunières,  dans  les  dolmens  de  la  Lozère  et  étudiés  parle  professeur 
Parrot.  qui  a  démontré  que  la  maladie  en  question  existait  à  l'époque 
néolithique;  les  recherches  de  Daby,  traducteur  d'un  livre  chinois 


Fig.  (53.  —  Kawamil,  n°  5,  temporal  vu  par  sa  face  interne. 

où  l'on  mentionne  la  syphilis  deux  mille  ans  avant  notre  ère'.  Si  l'on 
fouillait  bien  la  littérature  médicale  on  y  trouverait  beaucoup  d'autres 
documents  :  Virchow,  Lancereaux,  Richard  d'Alunay,  Buret2  ont 
consacré  d'importants  mémoires  à  cette  question.  Le  professeur 
Armand  Ruffer3  a  trouvé  en  Angleterre,  dans  le  cimetière  d'une 
abbaye  datant  du  xe  siècle,  des  os  portant  des  traces  de  syphilis  ter- 
tiaire. Littré4cite  un  manuscrit  du  xine  siècle  qui  signale  une  in- 
fection générale  centractée  de  la  même  façon  que  la  maladie  qui  nous 
occupe. 


r.  A.  Rizat,  Manuel  pratique  des  mal.  vên.  Paris,  iSSr. 

2.  Buret,  La  syphilis  à  travers  les  âges. 

3.  Communication  orale. 

\.  Dict.  de  méd    Littré  et  Robin,  art.  syphilis. 


DE  L'ÉPOQUE  DE  LA  PIERRE  TAILLÉE  EN  EGYPTE 

On  peut  donc  dire  que  la  syphilis  esl  aussi  vieille  que  le  monde 
Extrêmement  répandue,  elle  avait  fini  par  s'atténuer  comme  aujour- 
d'hui la  lèpre  avec  laquelle  on  l'a  si  souvent  confondue1.  La  grande 
épidémie  du  xvc  siècle  n'en  est,  peut  être,  pas  moins  imputable  aux 
compagnons  de  Christophe  Colomb  qui  ont  fort  bien  pu  rapporter 
d'Amérique  un  germe  très  virulent  pour  les  Européens,  parce  qu'il 
était  depuis  une  longue  série  de  siècles  cultivé  dans  un  milieu  diffé- 
rent et  favorable.  Cette  discussion  sort  de  mon  cadre;  il  me  suilil  pour 
l'instant  de  mettre  en  lumière  les  pièces  découvertes  dans  les  nécro- 
poles préhistoriques  d'Egypte. 


LÉSIONS    DES  VERTEBRES 
(mal  de  pott) 

En  dehors  des  pièces  déjà  décrites,  la  nécropole  de  Kawamil  a 
fourni  une  intéressante  série  de  lésions  de  la  colonne  vertébrale. 

Cette  série  se  compose  de  cinq  pièces  présentant  entre  elles  la  plus 
grande  analogie.  Elles  proviennent  de  trois  sujets  différents  :  une 
du  n°  25  F  (fig.  64);  une  du  n°  30  M  (fig.  65);  les  autres  du  n°  32  M; 
Tune  d'elles  seulement  a  été  reproduite  (fig.  66). 

J'examinerai  brièvement  ces  trois  pièces  pour  faire  ressortir  les 
particularités  de  chacune. 

Dans  le  premier  cas,  il  s'agit,  autant  qu'on  en  peut  juger  par  cet 
échantillon  et  par  les  quelques  fragments  d'os  qui  l'accompagnaient, 
d'un  sujet  d'une  quarantaine  d'années  environ,  atteint  d'un  mal  de 
Pott  très  amélioré  par  la  soudure  spontanée  des  deux  vertèbres 
lombaires  fortement  réunies  par  une  couche  compacte  d'os  sur  les 
parties  latérales  et  par  une  bande  médiane  antérieure,  séparant 
deux  ouvertures  d'abcès  par  congestion,  dans  le  canal  desquelles  on 
aperçoit  des  bourgeons  osseux  en  voie  de  formation,  La  perte  de 
substance,  de  forme  irrégulière,  que  l'on  observe  au-dessus,  est  due 
à  une  brisure  de  l'os  au  niveau  d'un  point  où  le  corps  de  la  vertèbre 

i.  Zambaco-pucha,  Lèpre  et  syphilis  (Congrès  de  Londres,   1896). 


870 


RECHERCHES  SUR  LES  CRANES 


présentait  un  tissu  extrêmement  raréfié.  Les  couches  d'os  de  nou- 
velle formation  sont  assez  épaisses  sur  les  côtés  et  forment  de  véri- 
tables exostoses.  Les  apophyses  transverses  et  les  apophyses  épi- 
neuses sont  restées  libres  de  toute  soudure  (fig.  64). 

Bien  qu'elle  présente  avec  la  précédente  de  nombreuses  analogies, 
la  pièce  provenant  du  n°  30  (fig.  65)  en  diffère  par  plusieurs  points. 
Le  corps  des  deux  vertèbres  est,  dans  sa  plus  grande  étendue,  par 
suite  de  la  disparition  du  disque  inter-vertébral,  séparé  par  un  vide 
de  0m,005  a  0m,007  de  hauteur,  suivant  les  points.  A  la  partie  latéro- 
postérieure  droite,  le  vide  est  comblé  par  une  exostose  de  forme  irré- 
gulière.  En  avant,  de  chaque  coté,  un  pont  osseux  étroit,  lisse,  très 
proéminent  tient  les  deux  corps  reliés  l'un  à  l'autre.  En  arrière,  les 


Fig.  64. 


iwamil,  2j 


Figi  65.  —  Kawamil,  'Jo  M. 


lacettes  articulaires  sont  soudées  en  plusieurs  points  par  des  bandes 
osseuses  irrégulières,  minces  et  étroites.  Le  corps  des  vertèbres  est 
solide,  résistant,  le  tissu  spongieux  n'est  pas  raréfié.  La  pièce  doit 
provenir  d'un  sujet  jeune  encore.  En  plusieurs  points,  il  existe  des  dé- 
pressions, surtout  à  la  partie  antérieure,  au  voisinage  des  deux  ren- 
flements (celle  du  côté  gauche  est  très  visible  sur  la  figure  65),  on 
trouve  des  facettes  creusées  irrégulièrement  de  petits  conduits  vàsçu- 
laire  autour  desquels  il  semble  y  avoir  des  traces  de  suppuration.  Ces 
lésions  sont  pourtant  moins  nettes  que  dans  la  pièce  précédente  et 
que  dans  la  suivante. 

Le  il0  32  (fig.  66),  n'est  qu'un  fragment  de  la  partie  antérieure  des 
vertèbres  lombaires  soudées,  et  formant,  au  niveau  des  disques  inter- 
vertébraux disparus  et  remplacés  aujourd'hui  par  une  cavité,  de  gros 


DE   I.  EPOQUE   DE  LA   PU  RRE  TAILLÉE  EN   ÉG1  M  l. 


371 


bourrelets  osseux,  composés  de  plusieurs  protubérances  à  surJ 
lisse.  A  la  face  postérieure,  les  corps  brisés  montrent  leur  tissu  spon- 
gieux, raréfié  par  places  el  présentant,  en  d'autres  points,  des  tra- 
bécules  épaissies  formant,  par  leur  réunion,  une  sorte  de  noyau 
gommeux.  Tout  en  bas,  on  observe  une  ouverture  en  forme  de  V, 
correspondant  à  la  partie  inférieure  d'un  espace  inter-vertébral 
agrandi.  La  cavité  ne  mesure  pas  moins,  à  son  centre,  de  0  ',018  de 
hauteur.  La  partie  postérieure  de  la  pièce  a  été  brisée  pendanl  le 
voyage  J'en  ai  recueilli  les  fragments  qui  permettent  de  constater 
la  présence,  au  voisinage  des  surfaces  articulaires  et  dans  la  gout- 
tière vertébrale,  d'ostéophytes  irréguliers.  Bien  que  ce  soit  l'un  des 


Fig.  66.  —  Kàwamil,  32  M. 

lieux  d'élection  des  productions  osseuses  d'origine  syphilitique,  je 
ne  crois  pas  que  cette  cause  doive  être  ici  nécessairement  invoquée, 
le  reste  des  lésions  ayant  une  tout  autre  apparence.  Le  mauvais  étal 
de  ces  fragments  n'a  pas  permis  de  les  figurer;  ils  ont  été  toutefois 
recueillis. 

Une  vertèbre  dorsale,  du  même  sujet,  présentait,  à  l'extrémité 
postérieure  de  son  apophyse  épineuse,  une  petite  barre  osseuse  pro- 
venant de  l'ossification  du  ligament  postérieur. 

Quelle  peut  avoir  été  la  cause  de  semblables  lésions?  Quand  il  s'a- 
git de  mal  de  Pott  et  d'abcès  par  congestion,  l'influence  prépondérante 
de  la  tuberculose,  si  bien  mise  en  lumière  par  les  travaux  de  M.  le  pro- 


372  RECHERCHES  SUR  LES  CRANES 

fesseur  Lnnnelongue,  me  semble  devoir  être  invoquée.  Le  corps  des 
vertèbres  est  en  général  intact;  il  existe,  cependant,  à  la  partie  su- 
périeure de  la  pièce  n°  25  (fig.64)  une  cavité  assez  vaste  située  préci- 
sément au-dessus  des  orifices  des  abcès,  et  dans  la  troisième  pièce 
(K.  32)  également  à  la  partie  supérieure,  en  arrière,  un  noyau  altéré 
comme  s'il  s'agissait  d'une  gomme  tuberculeuse.  Le  mal  de  Pott  revêt 
d'ailleurs  souvent  la  forme  diffuse  superficielle  qui  correspond  bien 
aux  érosions  que  j'ai  signalées  (fig.  65).  Dans  cette  forme,  les  disques 
vertébraux  sont  altérés  et  finissent  par  disparaître.  Pour  nos  cas  on 
pourrait  croire  que  leur  disparition  n'a  eu  lieu  que  post  mortem  et 
par  l'action  du  temps,  mais  cela  ne  serait  qu'en  partie  vrai,  car  les 
fongosités  osseuses  qui  les  ont  remplacés,  en  certain  points  (fig.  65) 
montrent  bien  qu'ils  avaient  été,  pendant  la  vie,  atteints  par  le  pro- 
cessus morbide. 


ÉLÉMENTS   DE  COMPARAISON 
Crânes  Bedjas  (?) 

Indépendamment  des  séries  appartenant  aux  stations  de  la  pierre 
taillée,  qui  m'ont  été  remises  par  M.  de  Morgan,  et  que  je  viens  de 
passer  en  revue,  j'ai  reçu  de  M.  le  professeur  Schweinfurtb  quatre 
crânes  accompagnés  d'une  note  très  explicite  que  je  transcris  tex- 
tuellement '  : 

«  Les  quatre  crânes  que  j'ai  le  plaisir  de  vous  remettre  —  àtitre  d'es- 
sai de  comparaison  avec  les  crânes  de  l'époque  dite  d'Abydos  préhis- 
torique ou  transitoire  à  la  première  dynastie,  comparaison  que 
M.  Flinders  Pétrie  a  complètement  négligée;  les  Libyens,  il  est  vrai, 
rentrent  aussi  dans  la  catégorie  des  Kouchites  (ou  Khamites),  mais 
les  Bedja  rentrent  dans  cette  question  en  premier  lieu  —  proviennent 
d'une  localité  située  à  i.700mètresà  l'estdufortHaroun,  prèsAssouan, 
au  pied  des  collines  qui  bordent  de  ce  côté  la  plaine  que  parcourt  le 
chemin  de  fer  entre  Assouan  et  Ghellâl.  Par  un  petit  défilé,  qui  s'ou- 

i.  Lettre  du  4  mars  1897. 


DE  L'ÉPOQUE  DE  LA  PIERRE  TAILLÉE  EN   EGYPTE  373 

vre  à  cet  endroit  dans  les  collines,  débouche  un  sentier  fréquenté, 
encore  de  nos  jours,  par  les  caravanes  du  déserl  oriental.  A  la  sortie 
de  ce  chemin,  il  y  avait  autrefois  un  petit  établissement  de  cabanes 
en  pierre  qui  servaient,  probablement,  à  loger  les  chameliers  el 
d'autres  habitants  du  désert  qui  arrivaient  avec  les  caravanes  de  l'in- 
térieur et  de  la  mer  Rouge.  Les  murs  carrés  de  ces  constructions 
sont  conservés  sur  le  liane  de  la  colline  el  dans  le  défilé  même.  De 
pareilles  stations  anciennes  se  trouvent  encore  à  plusieurs  endroits 
aux  environs  d'Assouan,  où  les  routes  de  l'est  débouchent  dans  la 
vallée  du  Nil.  Devant  celle  située  en  face  du  fort  Ilaroun,  on  aperçoit 
dans  la  plaine,  à  quelques  mètres  seulement  du  pied  des  collines,  un 
certain  nombre  de  cercles  de  pierres  qui  se  distinguent  du  frravier 
du  sol.  Ce  sont  les  tombeaux  des  anciens  habitants  du  désert  qui 
fréquentaient  ces  chemins.  Les  squelettes  se  trouvent  étendus,  sans 
accessoires,  a  peu  de  profondeur,  au  milieu  de  ces  cercles  qui  abon- 
dent dans  les  environs.  L'époque  à  laquelle  remontent  ces  tombeaux 
et  les  ruines  des  maisonnettes  parait  assez  reculée.  Les  fragments 
de  pots  que  l'on  trouve  dispersés  autour  des  anciennes  habitations 
appartiennent  tous  cala  même  époque  et  indiquent  le  temps  de  l'em- 
pire romain. 

"  Les  habitants  du  désert,  entre  le  ïNil  et  la  mer  Rouge,  n'ont  pas 
changé.  Ils  appartiennent  exclusivement  à  la  grande  race  Kouchite 
(Khamitique)  Bedja  ou  Bedauiye,  représentée  de  nos  jours  par  les 
tribus  des  Ababde  et  Bicharin.  » 

J'ai  groupé,  clans  les  tableaux  suivants,  les  mesures  prises  sur  ces 
crânes,  et  ai,  dans  ce  cas,  comme  dans  mes  précédents  travaux,  suivi 
la  méthode  indiquée  dans  le  Manuel  de  Broca  et  résumées  dans 
l'article  Craniométrie  du  Dr  Manouvrier. 


37' 


RECHERCHES  SUR  LES  CRANES 


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DE  L'ÉPOQUE  DE   LA   PIERRE  TAILLÉE  EN   EGYPTE 


375 


CRANES  BEDJAS' (?)  (MENS1  RATIONS  DES  COI  RBES) 


Courbe 

Courbe 

i  iourbti 

Coui 

Numéros 

sous- 
traie 

frontale 
totale 

Courbe 
1 1  aie 

BU8- 

pitaJe 

occipitale 

(Mt.jle 

auricul. 

horizont. 
maximum 

1    . 

0150 

1225 

1320 

0450 

1360 

3080 

2  O' 

nno 

1250 

1200 

0550 

1500 

3  cT 

0310 

L250 

1250 

0450 

1540 

3060 

ï    2  ? 

0230 

1180 

1300 

0530 

1320 

2  no 

4890 

CRANES  BEDJAS  (?)  (INDICES) 


Indice 

Indice 

Indice 

Indice 

Indice 

Numéros 

céphalique 

vertical 

occipital 

nasal 

orbitaire 

1    ? 

79.50 

83,07 

51,06 

88.60 

2  O" 

72,40 

71,03 

85,78 

50,00 

80,00 

3  O' 

72,48 

70,89 

80.76 

60,00 

83,78 

4   9 

71,27 

69,94 

87,09 

45,28 

81,70 

Ainsi  que  M.  le  Pr  Schweinfurth  me  l'a  lui-même  fait  remarquer  en 

me  les  remettant,  tous  ces  crânes,  même  à  première  vue.  ne  semblent 
pas  appartenir  à  une  seule  et  même  race. 

Le  n°  i,  crâne  d'une  jeune  femme,  de  vingt  à  vingt-deux  ans,  chez 
laquelle  les  dents  de  sagesse  supérieures  étaient  encore  incluses  dans 
l'alvéole,  présente  un  front  droit  et  lisse,  les  bosses  pariétales  sont 
très  marquées,  la  suture  sagittale  est,  à  sa  partie  moyenne,  le  centre 
d'une  dépression  assez  profonde.  L'écaillé  del'occipital  estglobuleuse. 
Les  apophyses  mastoïdes  sont  de  moyenne  grosseur, le  trou  occipital 
est  petit  et  losangique.  Si  l'on  s'en  rapporte  aux  renseignements  de 
Hartmann',  l'indice  céphalique  des  Bedjas  ou  Bégas  sérail    de  78,4, 


i.  Hartmann,  Les  peuples  ,lc  l'Afrique.  Paris,  [884. 


376  RECHERCHES  SUR  LES  CRANES 

moyenne  adoptée  par  Rialle1  et  seulement  de  11,  pour  le  professeur 
Virchow*.  Len°  1  des  crânes  réunis  par  M.  le  professeur  Schweinfurth, 
avec  son  indice  de  79,5  doit  appartenir  à  la  race  en  question.  Les  trois 
autres  en  diffèrent  beaucoup.  Leur  indice  céphalique  varie  entre  71,27, 
n°  4,  et  72,48,n  3.  Le  n°  2,  intermédiaire,  a  72,40.  Tous  les  trois  sont  des 
dolichocéphales  vrais  et  je  ne  pense  pas,  pour  ma  part,  qu'on  puisse 
les  considérer  comme  étant  de  la  race  du  mésaticéphale  accentué 
qu'est  le  n°  1. 

Très  probablement  les  tribus  Bedjas  comprennent  des  branches  de 
races  très  diverses,  ayant  les  mêmes  coutumes  et  les  mêmes  mœurs. 
Il  est  d'autant  plus  utile  de  souligner  ces  faits  que  les  crânes  Bedjas 
sont  fort  rares  dans  la  plupart  des  collections  ou  même  introuvables 
dans  beaucoup  d'entre  elles. 

Les  crânes  2,  3,  et  4  ont  absolument  la  même  couleur  jaune,  le 
même  aspect  graisseux,  ils  portent  des  traces  évidentes  de  momifica- 
tion sans  perforation  de  l'ethmoïde.  La  cavité  crânienne  contenait 
encore  une  poudre  d'un  brun  foncé  répandant  une  odeur  aromatique 
assez  prononcée;  en  deux  ou  trois  points  j'ai  recueilli  des  fragments 
de  bandelettes.  Tous  les  trois  ont  très  sensiblement  la  même  courbe 
crânienne  avec  saillie  globuleuse  de  l'écaillé  de  l'occipital,  et  trou  oc- 
cipital ancéolé.  Les  apophyses  mastoïdes  sont  de  grosseur  moyenne  et 
peu  proéminentes.  La  face  est  droite,  le  nez  busqué,  très  large,  chez 
le  n°  3.  Tous  les  trois  ont  une  denture  en  fort  mauvais  état,  avec  des 
traces  de  périostite  alvéolo-dentaire  ayant  amené  des  abcès  nombreux 
et  des  fistules. 

Sur  le  front  du  no  2,  il  existe  une  exostose  de  forme  ovalaire  à  grand 
axe  parallèle  à  la  ligne  médiane,  elle  mesure  0m,023delong  sur  0m,017 
de  large  et  0  ,001  d'épaisseur.  Les  arcades  zygomatiques  saillantes, 
les  orbites  profondes,  parallélogrammes,  et  les  arcades  sourcilières 
en  relief,  léger,  il  est  vrai,  leur  donnent  un  air  de  parenté  avec  cer- 
tains sujets  de  Négadah  sud.  La  mâchoire  supérieure,  carrée  comme 
dans  le  n<>  10  de  cette  nécropole,  accentue  la  ressemblance  pour  le 
Bedja  no  3. 


r.  Dict.  des  sciences  anthropologiques  de  Bertillon,  Coudereau,  etc. 
2.  Ibid. 


DE   L'ÉPOQUE  DE  LA  PIERRE  TAILLÉE  EN    EGYPTE  377 


RESUME 


Malgré  les  inévitables  lacunes  d'un  travail  exécuté  dans  des  condi- 
tions aussi  défectueuses  de  milieu  et  de  temps,  une  notion  très  nette 
se  dégage  des  mesurations  effectuées.  Aucune  dos  séries  de  crânes, 
quelque  soit  le  degré  d'antiquité  qu'on  veuille  lui  accorder,  ne  peut 
être  confondue  avec  le  type  égyptien  des  époques  pharaoniques.  A 
défaut  de  toute  autre  preuve,  l'examen  des  moyennes  de  l'indice  cépha- 
lique  suffirait  pour  le  démontrer. 

De  plus,  si  l'on  accorde  à  l'abaissement  du  plan  du  trou  occipital, 
au-dessous  de  l'épine  nasale,  la  valeur  qui  lui  est  en  général  attribuée, 
on  doit  admettre  que  l'influence  de  la  race  nègre  s'est  fait  sentir  chez 
quelques-uns  des  sujets  des  trois  premières  séries    voir  le  tableau). 

La  classification  des  nécropoles  adoptée  dans  ce  mémoire  m'a  été 
indiquée,  a  priori,  par  M.  de  Morgan1.  Elle  est  basée  sur  l'examen 
des  poteries  trouvées  avec  les  squelettes  et  sur  la  forme  des  tombes. 
L'étude  des  procédés  de  conservation  qui  vont  en  se  compliquant  de 
plus  en  plus,  de  Beit-Allam  à  Guebel-Silsileh,  apporte  à  ce  classe- 
ment un  premier  élément  de  confirmation.  Elle  indique,  pour  les 
différentes  peuplades  étudiées,  ou  une  souche  commune, ou  d'étroits 
rapports  religieux.  Elle  pourra  servir  à  marquer  la  date  de  la  sépara- 
tion des  peuples  qui  ont  essaimé  vers  les  contrées  lointaines  et  n'ont 
plus  eu  de  communication  avec  leur  pays  d'origine*. 

La  marche  ascendante  de  l'indice  céphalique  marque  ou  des  chan- 
gements ou  des  mélanges  de  races,  et,  dans  ce  dernier  cas,  sert  à 
établir  l'âge  respectif  de  chacune  de  ces  races.  Si  nous  cherchons 
maintenant  quelle  est  l'origine  de  la  race  la  plus  ancienne,  nous 
voyons  que,  par  son  indice  moyen  de  70, 6  pour  les  hommes  et  de 
70,77  pour  les  femmes,  le  type  de  Beit-Allam  semble  se  rattacher  à 


1.  Lettre  de  M.  Jéquier,  assistant  de  M.    de  Morgan,  i ')   mars  1897. 

2.  Les   Ckamites,   Indes  pré-aryennes,    origine  des  Égyptiens,  etc.  Viç-wa-Mitra. 
Paris,   1892. 


378  RECHERCHES  SUR  LES  CRANES 

la  race  élevée  de  l'Inde  qui  a  fourni  les  Guèbres,  dont  l'indice  est  de 
70  (Khanikoff,  Duliousset').  La  chevelure  noire  et  lisse,  la  douceur  de 
caractère  se  rapportent  bien  aux  observations  que  j'ai  faites.  Ces 
peuples  devaient  avoir  des  mœurs  paisibles,  car  sur  23  crânes  ou 
squelettes,  je  n'ai  trouvé  la  trace  que  d'une  seule  lésion  traumatique. 
Les  rares  cheveux  dont  j'ai  pu  constater  la  présence  avaient  l'aspect, 
le  mode  d'implantation  et  toute  la  manière  d'être  de  ceux  que  j'ai  pu 
observer  à  l'état  moderne  sur  des  Persans  à  crâne  allongé.  La  tradi- 
tion biblique,  qui  attribue  aux  Égyptiens  une  provenance  asiatique, 
serait  ainsi  confirmée2.  L'industrie  de  la  pierre  taillée  étant  admise 
en  Egypte  pour  les  temps  préhistoriques  (de  Mortillet),  attribuée  à 
l'époque  quaternaire  (Haynes,  Lubbock)3,  c'est  sans  doute  à  cette 
époque  que  l'immigration  a  eu  lieu  et  des  siècles  nombreux  ont  pu 
s'écouler  entre  l'arrivée  de  ces  peuplades  en  Egypte  et  le  moment  où 
elles  ont  fourni  la  nécropole  qui  nous  occupe.  Les  renseignements 
ethnographiques,  en  indiquant  le  degré  de  civilisation  des  hommes 
de  Beit-Allam,  pourront  trancher  la  question. 

A  Négadah  sud,  l'indice  céphalique  de  72,73  pour  les  hommes, 
73,13  pour  les  femmes,  incite  à  les  comparer  aux  Hottentots,  aux 
Boschimans  (72,42),  aux  Cafres  (72,54).  La  trouvaille  faite,  à  Négadah 
même,  de  statuettes  stéatopyges,  par  M.  Flinders  Pétrie 4,  lui  a  suggéré 
la  même  idée,  à  laquelle  il  n'a  pas  paru  s'arrêter,  en  dernière  analyse. 
On  sait  cependant  que  cette  race  a  pénétré  jusqu'en  France  et  a  pu 
passer  par  l'Egypte  en  rétrogradant.  Le  manque  d'éléments  directs 
de  comparaison,  la  nature  lisse  des  rares  cheveux  observés,  le  moins 
grand  épatement  du  nez,  me  font  suspendre  mon  jugement.  Celte 
série  n'est,  du  reste,  pas  absolument  homogène,  l'examen  des 
tableaux  et  surtout  celui  des  crânes  le  montre  suffisamment.  Aucun 
os  sain  ne  m'a  été  fourni  pour  me  laisser  soupçonner  quelle  pou- 
vait être  la  taille  de  ces  hommes  au  visage  tourmenté  et  bestial. 
Devant  tant  de  desiderata,  la  réserve  la  plus  absolue  s'impose.  Je 
noterai  seulement  deux  faits  :  1°  l'introduction  probable  d'un  élé- 
ment berbère  clans  la  série,  voir  n°  32  (fig.  17  et  18);  2°  le  rapport  très 
frappant  des  dimensions  moyennes  des  diamètres  antéro-postérieur 


r.  Dict  des  se.  antliropol.,  p.  420. 

1.  Maspero,  Hist.  a  ne .  des  peuples  d'Orient,  p.   14,  18S6. 
3.   A.   Lefèvre,   Die! .  d'Anlhrop.,  p.  l\io.   Paris. 
\.  Dallas  and  Négadah,  Flinders  Pétrie.  Londres,  1896. 


DE   L'ÉPOQUE  DE   LA   PIERRE  TAILLÉE  EN  EGYPTE  379 

et  transverse  maximum  de  nos  sujets  el   des  Pélasges  de  Morton1. 

Les  crânes  de  Kawamil,  qui  ne  sonl  peut-être  que  l«-  rameau  déformé 
de  Beit-Allam  par  suite  de  L'introduction  d'un  élément  à  crâne  plus 
court,  berbère  ou  guanche,  peuvent  être  par  leur  indice,  leur  nez  el 
leurs  cheveux  comparés  au  type  nubien  d'Éléphantine. 

La  série  de  Négadah  non/,  très  courte  el  composée  d  éléments  hété- 
roclites, ne  doit  Ggurer  ici  que  comme  une  source  <l<:  renseignements 
pour  l'avenir. 

La  même  réflexion  peut  aussi  s'appliquer  aux  crânes  de  Guebel- 
Silsileh  dont  quelques-uns  se  rapprochent,  par  pins  d'un  côté,  <l<' 
certains  échantillons  de  l'époque  pharaonique. 

Il  ne  semblera  peut-être  pas  sans  intérêt  d'avoir  pu  retrouver,  dans 
ces  nécropoles,  des  lésions  pathologiques  permettant  de  reconnaître, 
à  ces  époques  lointaines,  des  traces  de  deux  maladies  qui  dominent 
encore  aujourd'hui  toute  la  pathologie  par  les  ravages  qu'elles  exer- 
cent :  la  tuberculose  et  la  syphilis.  Je  n'ai  pu  que  signaler  ici  ces  faits 
à  l'attention  du  monde  savant,  j'espère  pouvoir  y  revenir  plus  tard 
pour  en  faire  une  étude  complète. 


Le  Caire,  16  juillet  1897. 


Au  dernier  moment  (8  août  1897)  je  reçois,  par  l'entremise  du 
professeur  Lacassagne,  l'opinion  du  docteur  Gangolphe  sur  les  pho- 
tographies pathologiques  qui  lui  ont  été  soumises.  Après  avoir  fait  re- 
marquer combien  il  est  difficile  d'établir  un  diagnostic  sur  une  pièi  :e 
sèche,  en  dehors  de  tout  commémoratif,  et  à  plus  forte  raison  sur 
une  photographie,  le  distingué  professeur  de  Lvon  auquel  je  tiens  à 
témoigner  ici  tout  ma  reconnaissance,  dit  : 

«  Le  rocher  (Iv,  n°  5,  tig.  03,  n'est  pas  pathologique).  Le  frontal 
fig.  01  et  62)  ne  l'est  pas  non  plus  ». 

Telle  est  également  l'opinion  que  j'ai  émise 

«  Le  crâne  cYEl-A/nra,  n°  i...  offre  sur  le  frontal  droit,  à  sa  partie 
inféro-interne,  deux  pertes  de  substance  qui  rappellent   les  lésions 

i.  S.  G.  Morton,  Crania   aegyptiaca,  p.  3o.  Philadelphie,   i844- 


380  RECHERCHES  SUR  LES  CRANES 

ulcéreuses  de  l'ostéite  syphilique,  celle-ci  attaquant,  de  préférence, 
la  table  externe  et  le  diploé,  en  laissant  subsister  le  plus  souvent  la 
table  interne. 

«  Quant  au  pariétal  K,  40  (fig.  58),  je  ne  crois  pas  qu'il  s'agisse  d'une 
lésion  syphilitique. 

«Relativement  aux  os  longs,  l'ostéomyélite  gommeuse  ne  peut  être 
mise  en  cause...  » 


TABLE  DES  MATIÈRES 


Préface 


Chapitre  r-REMtER.  —  Introduction.  —  Généralités. 


.,s 


Chapitre  II.   —  Localités  préhistoriques  de  l'Egypte 2> 

Gebel-Geneffeh.  —  Tell  el-Yahoudieh •      .  tô 

Le  Caire.  —  Gizèh  (Pyramides).  — Abou-Roach. —  Abou-Sir.      .....  2G 

Saqqarah.  —  Dahchour.    —  Helouan.  —  Licht .      .      .      . 

Meïdoum.  —  Kasr  es-Sagha.  —  Medinet-Madi.  —  Omm-el-'Atl.  —  Kom-Achim 

—  Dimeh 

Kahoun  et  Gourab.  —   Gebel-Cheikh-Embarak.   —  Cheikh-ïimai.  —  Tell-el- 

'Amarnah.  —  Assiout.  —  Kawamil. 29 

Gebel-Toukh.  —  El-'Arabat.  — Aouled-Salamah 3i 

Danao-lah.  —  El-Ragagnah.   —  El-Mahasuah.    —  Maslahat-Haroun.  —   Beit- 

'Allam.  —  'Animar.  —  Abydos 3?. 

Ornel-Ga  ab.  —  El-'Amrah.  —  El-Karnak.  —  Saghel  el-Baglieh.  —  Gebel  el- 

Tarif ......' 34 

'Arakah 3:> 

El-'Arah.  —  Cheikh-'Ali.  —  Maracbdah.  —  Dendérah.  —  Ballas.  —  Zawaïdah.  3G 

Toukh.  —  Khattarah.   —  Négadah.  —  Khozam.  —  Louxor. îg 

Béhérièh.  —  Thèbes  (Gournah).  —  Gebel- Assas.      . '(" 

Medinet-Habou.  —  Deïr  el-Bahri.  —  Biban  el-Molouk.  —  Vallée  des  Reines. 

Erment.   —  Gebelein \i 

Esneh. —  El-Kab.  —  Silsileh.  —  Fatirah.  --  Kom-Ombo 4^ 

Abou-Mangar.  —    Éléphantine.  —  Chellal.  —  Abou-Simbel.  —  Ouady-Halfa. 

—  Ouady-Tharfeh.  —  Ouady-Dakhl \  3 

Ouady-Sanour.  —  Ouady  Ouarag 44 

Rizagat.  —  Gebelein  el-Moufarig.    —  Gara'at  el-Hosan J5 

'Aqabah  de  Ksar  el-'Ain  Ez-Zaiad J6 

Gebel-Rhanimèh.  — 'Aqabah  d'Abou-Sural. 3o 

Chapitre  III.  — Ethnographie  des  populations  indigènes  de  l'Egypte ôt 

I"  Caractères  physiques 53 

2°  Déformations ,|J 

3°  Tatouages '" 

4°  Costumes     . 56 

5°   Parure     .....      ^ 


382  TABLE  DES  MATIERES 

Pages. 

6<>  Danse .....  05 

7°  Habitation 65 

8°  Chasse    .... 07 

90   Pèche . 84 

10  Navigation 89 

ii°  Agriculture.  —  Elevage      . fl'l 

12°  Nourriture 98 

1  >"  Industries    ....           101 

Taille  du  silex 101 

Travail  des  roches  dures  .                 11O 

Travail  de  l'ivoire  et  de  l'os 1 18 

Travail  de  la  corne.  —  Céramique    ........           .     ....  119 

Pelleteries  . .124 

Arts 125 

1  1°   Coutumes  funéraires      .       .             .                         i32 

i5°  Religion iV- 

Chapitre  IV.  —  Le  tombeau  royal  de  Négadah 1^7 

Mobilier  funéraire 160 

Textes 164 

Vases. 170 

Meules 188 

Meubles 188 

Objets  d'art 190 

Bijoux ig/> 

Fragments  divers 198 

Silex 199 

Chapitre  V.  —  Les  modes  d'ensevelissement  dans  la  nécropole  de  Négadah  cl  la 

question  de  l'origine  du  peuple  égyptien,  par  le  Prof.  A.  Wiedemann  .      .      .  2o3 

Chapitre  VI.  —  Monuments  contemporains  du   tombeau  royal   de  Négadah,  par 

Gustave  Jéquier " 226 

Appendice.  — Recherches  sur  les  crânes  de  l'époque  de  la  pierre  taillée  en  Egypte, 

par  le  I)r  D.  Fouquet 2O9 


TABLE  DES  ILLUSTRATIONS 


CONTENUES    DANS    CE    VOLUME 


- 
1  ;       t.  _  Coup-de-poing  chelléen  en  quartzite  jaune  gris  (Kawamil   .   r/2  gran- 
deur naturelle 

Fig    2.  —  Coup-de-poing  chelléen  en  silex  brun  foncé  (Kom-Achim  .   i     >.  gran- 
deur naturelle 

ÈJig.  3,  \  et  5.  —  Instruments  de  silex  trouvés  par  le   professeur  A.   II.  Sayce, 

dans  les  alluvions  du  nord-est  d'El-Kab.  i  2  grandeur  naturelle       ....  '\ 

pjg    g    _  Pointe  de  type  chelléen   (kjœkkenmœdding  de  Toukh  .    1/2  grandeur 

naturelle ,} 

Fi»-.  -,   —  Pointe  de  type  chelléen  (kjœkkenmœdding  de   Zawaïdah  .    1  / ■■.   gran- 
deur naturelle •  (' 

Fjo-,  8.  —  Couteau  à  lame  de  fer  emmanché   de   corne   (Thèbes).   1  2  grandeur 

naturelle I0 

Fig.   <).   —  Carte  de  la  vallée  du  Nil  à  la  hauteur  de  Kawamil      ...  ! 0 

Fig.   10.  —  Carte  de  la  vallée  du  Nil  à  la  hauteur  d'Abydos 33 

Fig.   11,  12  et  i3.  —  Silex  chelléens  des  'aqabas  d'Abydos.  i/3  grandeur  naturelle.         I  \ 
Fig.  i'i,   i5,   i<i,  17      —  Silex  taillis  trouvés  par   M.  G.  Legrain  sur  la  route  de 
caravanes  entre  Hooù  et  Thèbes,  vers  l"aq.abah  de  Béhérièh.    1    !   grandeur  na- 
turelle  

Fig.   18.  —  Carte  de  la  vallée  du  Nil  à  la  hauteur  de  Dendérah     ....  3j 

Fig.   io.  — Carte  de  la  vallée  du  Nil  à  la  hauteur  de    Thèbes 38 

Fig.  20  à  24.  —  Silex  taillés  trouvés  par  M.  '■.  Legrain  entre  l"aqabah  de  Béhé- 
rièh et  Bibân  el-Moloûk.  i/3  grandeur  naturelle 3o 

Fig.    '.".  à  27.  —  Silex  tailles  trouvés  par  M.  G.  Legrain  à  l'aqabah  de  Bibân  el- 

Moloùk.   i/3  grandeur  naturelle     ....... î° 

28  a,  h,  c.  —  Nucléus  de  silex  (dhoufr  el-homar)  trouvé  par  le  professeur 
Schweinfurth  à  Ouady-Ouarag  (d'après  un  dessin  du  professeur  Schweinfurth 
dans  Virchow,  Verh.  der  Berl.  anthrop.  Ges.,  [888,  p.  353).    1    •   grandeur  na- 

pelle 44 

Fig.  2g  à  33.  —  Instruments  de  silex  trouvés  par  M.  «i    Legrain  sur  la  route  de 
l'oasis  de  Khargièh.  r/3  grandeur  naturelle     ....-..■••••        \\ 


38't  TABLE  DES  MATIERES 

Pages . 

Fi»-    Vi  à  38.  Silex  tailles  trouvés  par  M.  G.  Legrain  sur  la  route  de   l'oasis 

de  Khargièh    i/3  grandeur  naturelle 45 

Fie.  3o  à  4a.  Silex  taillés  néolithiques  trouvés  par  M.  G.  Legrain  sur  la  roule 

de  l'oasis  de  Khargièh.   i/3  grandeur  naturelle 46 

Fig.  A3  à  45.  Silex  chelléens  trouvés  par  M.  G.  Legrain  à  Rhauhnèh  (oasis  de 

Khargièh).  i/3  grandeur  naturelle 46 

Fiff.  46  à  18.  Silex  chelléens  trouvés  par  M.  G.  Legrain  à  Rhanimèh  (oasis  de 

Khargièh).  i/3  grandeur  naturelle 4; 

Fig.  4q  à  5().  —  Instruments  néolithiques    trouvés  par  M.  G.   Legrain    dans   le 

kjœkkenmœdding  de  Rhanimèh  (oasis  de  Khargièh).  i/3  grandeur  naturelle.      .        47 
Fig.  60  à  7;).   —  Silex  de  Rhanimèh  (suite).  —  i/3  grandeur  naturelle  ....       48 

Fig    80  à  84. Vases  et  fusaïoles  trouvés  dans  le  kjœkkenmœdding  de  Rhanimèh 

(oasis  de  Khargièh).  1/4  grandeur  naturelle 48 

Fia-.  85  à  87.  —  Silex  taillés  trouvés  par  M.  G.  Legrain  à  la  surface  du  sol  sur  les 

collines  de  Rhanimèh  (oasis  de  Khargièh).  i/3  grandeur  naturelle 48 

Fig.  88  à  93.  —  Silex  taillés  de  l'oasis  de  Khargièh.   i/3  grandeur  naturelle  .      .        49 
Fi°\  q3  à  q5.  —  Silex  chelléens  trouvés  par  M.  G.  Legrain  sur  la  route  de  caravane 

entre  l'oasis  de  Khargièh  et  Abydos,    i/o  grandeur  naturelle 4g 

Fig.  QG.  —  Ivoire  à  double  face.  —  Nécropole  de  Toukh  (Négadah) 5a 

Fig.  97.  —  Schiste.  Nécropole  de  Toukh  (Négadah) 5a 

Fig.  98.  —  Ivoire.  Nécropole  de  Toukh  (Négadah) 52 

Fig.  (j9.  —  Schiste.  Nécropole  de  Toukh  (Négadah) 5a 

Fig.  100.  —  Os.  Nécropole  de  Toukh  (Négadah) 5a 

Fig.  101.  —  Terre  cuite  à  double  face.  Nécropole  de  Toukh  (Négadah).      ...       5a 

Fig    102.  —  Ivoire.  Nécropole  de  Toukh  (Négadah) 5a 

Fig.  ioi.  —  Os.  Nécropole  de  Toukh  (Négadah)  .     .  ........       5a 

Fig.  io^.  —  Pâte  organique.  Nécropole  de  Toukh  (Négadah) 5a 

Fig.  io5  à  107.  —  Os.  Nécropole  de  Toukh  (Négadah).  r/3  grandeur  naturelle     .       5a 
Fi°\  £08  à  110.    —  Représentations  humaines   en    ivoire.   Nécropole   de    Toukh 

(Négadah)    i/3  grandeur  naturelle .        53 

Fig.  m.  —   Statuette  en  terre  cuite.  4/5  grandeur  naturelle 54 

Fi°-.   11a.  —  Tatouages  des  Négritos  du  Souni-Raya  (Kinta,  royaume  de  Pérak, 

péninsule  Malaise).  {Dessin  de  l'auteur  d'après  nature.)  .     . bj 

Fio-    n3  à  117.  —  Perles  de  terre  cuite  et  de  calcaire.    1/3  grandeur  naturelle 

(kjœkkenmœdding  de  Toukh) 58 

Fi"-.  118.  —  Collier  formé  d'oursins  fossiles  en  silex  brun.   1/  a  grandeur  natu- 
relle (nécropole  de  Toukh) 59 

Fi°\  119.  —  Collier  formé   de  perles  de  porphyre   présentant   la   forme   de  la 

Nerita  polita.  i/a  grandeur  naturelle  (nécropole  de  Toukh) 59 

Fig.  120  à  iaa.  —  Bracelets  (fig.  iao  :  albâtre,  nécropole  d'El-'Amrah  ;  fig.  iai  : 
silex  jaune,  nécropole  d'Abydos  ;  fig.  iaa  :   nacre,  nécropole  d'El-'Amrah). 

i/a  grandeur  naturelle 60 

Fi"-.    ia3  à  139.  —  Peignes  d'ivoire.   Nécropole  de  Négadah  (Toukh).   1/3  gran- 
deur naturelle 61 

Fia-.  i3o  à    i36.  —   Peignes   d'os  et  d'ivoire.    i/3  grandeur  naturelle  (Fig.    i3o. 
Kjœkkenmœdding  de  Toukh.  —  Fig.    i3i.   Kjœkkenmœdding   de   Zawaïdah. 

—  Fig.   i3a  à  1 36.  Nécropole  de  Gebel-Tarif  ) 6a 

Fig.  i37  à   147.  —  Pendeloques.   i/3  grandeur  naturelle .63 

F;~    j3y.  —  Ivoire.  Nécropole  de  Négadah  (Toukh) 63 

Fig.  i38  à  142.  —  Cuir.  Nécropole  de  Négadah  (Toukh) 63 


TABLE   DES   ILL1  SI  RAI  IONS 

Fig.  i  i  '.    —  Albâtre.  Nécropole  de  Négadah  (Toukh)     .  

Fig.  j 'l 'i  à  i  4  7 .  —  [voire.  Nécropole  de  Négadah  (Toukh) 

Fig.  i 'is  .1  i55.  — Ornements,  i   •  grandeur  naturelle 64 

Fig.   148  el  1  'm.   —  Schiste.  Nécropole  de  Négadah  (Toukh) 

Fig.  i5o  à  [52.  —  Ivoire.  Nécropole  de  Négadab  (Toukh) 'm 

Fig    i53.  —  Schiste.  Nécropole  de  Négadah  (Toukh) 64 

Fig.  i.V|.  —  Ivoire.  Nécropole  de  Négadah  (Toukh)      . 64 

Fig.  r>">.  —  Schiste.  Nécropole  de  Négadah  (Toukh) 64 

Fig.  i56.  —  Masse  d'ivoire,  nécropole  de  Silsileh.   1  2  grandeur  naturelle     .     .       71 
Fig.  i5yà  i'"|.  —  Masses  en  pierre  (El-'  Amrah).  1/2  grandeur  naturelle   ...       71 

Fig.  160  et  16t.  —  l 'ype  d'emmanchement 71 

Fig.  162  et    iG3.  —  Masses  d'albâtre.    1/2    grandeur  naturelle   (nécropole    d'El- 

'Amrah) 72 

Fig.   i(i'|    —  Mode  d'emmanchement  des   masses  d'albâtre 

Fig.  i<3.">.  —  Hache  en  silex  chamois.  Kjœkkenmœdding  de  Zawaïdah.  4/5  gran- 
deur naturelle 7^ 

Fig.  16G  à  170.  —  Hachette  en  silex,  r/2  grandeur  naturelle 71 

Fig.   171-17».  —  Haches  polies  au  tranchant.  1  '-1  grandeur  naturelle      ....        ~\ 

Fig.  173-174.  —  Haches  entièrement  polies.  !\/b  grandeur  naturelle 78 

Fig.  175  à  177.  —  Haches  de  pierre  provenant  de  Koptos  (Koufl).  i/3  grandeur 

naturelle 7J 

Fig.  178.  —  Hache  en  silex  brun,  station  de  Kom-Achim  (Fayoum).  3/4  gran- 
deur naturelle 7G 

Fig.  179.  —  Hache  en  silex  jaune  (station  de  Licht).  1/2  grandeur  naturelle  .  .  -<~> 
Fig.  180.  —  Hache  en  silex  jaune  (station  de  Licht).  1/2  grandeur  naturelle  .  .  77 
Fig.  181.    —    Poignard    en   silex  jaune    (nécropole    d'Eb'Amrah).  1/2    grandeur 

naturelle 77 

Fig.  182  à  184.  —  Poignards  en  silex.  1/2  grandeur  naturelle  (182,  silex  jaune 
clair,  nécropole  d'Abydos.    —    i83,   silex  gris  jaune,  Abydos.    —  184,   silex 

brun  vert,   El-'Amrah) 78 

Fig.  180  à  187.  —  Tètes  de  lance  en  silex  jaune.  1  2  grandeur  nature  (i85,  nécro- 
pole d'El-'Amrah.  —  186  et  187,  nécropole  d'Abydos) .       7;) 

Fig.  188.  —  Pointe  de  lance  en  fer  trouvée  en  Osséthie  près  de  Récome  (Cau- 
case; (B.  Wirouboff,  Objets  d'antiquités  du  Musée  de  la  Société  des  amateurs 
d'archéologie  du  Caucase.  1877,  Tiflis,  livraison  I,  pi.  IV,  fig.  3).  1/2  gran- 
deur naturelle 80 

Fig.  189.  —  Poignard  des  nègres  de  la  forêt  du  Haut-Congo,  d'après  un  cro- 
quis du  professeur    Schweinfurth    (Objet  donné  par  le  capitaine    Lothaire  au 

comte  von  Gotzen 80 

Fig.  190  à  190.  —  Tètes  de  lances  ou  de  javelots.  Station  de  Kom-Achim 
(Fayoum).  1/2  grandeur  naturelle  (190,  silex  jaune  avec  gangue  grise. —  191, 

silex  brun.  —  192  à  ia5,  silex  jaune) 81 

Fig.  196  à  206.  —  Pointes  de  flèches,  grandeur  naturelle  (196,  silex  brun, 
Dimèh.  —  197,  silex  brun  rouge,  Dimèh.  —  198,  silex  violacé,  Kom-Achim. 
199,  silex  brun  jaune,  Dimèh.  —  200,  silex  noir  corné,  Dimèh. —  201 ,  silex 
brun  veiné  de  noir.  Kom-Achim.  —  202,  silex  jaune,  Dimèh.—  2o3,  silex  gris 
brun,  Dimèh.  —  2o'j.  silex  violacé,  veiné  de    noir.  Dimèh.  —   2o">,  silex   brun, 

Dimèh.  — 206,  silex  jaune,  Dimèh) 82 

Fig.  207  à  219.  —  Pointes  de  flèches  en   silex  (nécropole    d'Abydos).  Grandeur 

naturelle 83 

25 


386  TABLE  DES  ILLUSTRATIONS 

Pages. 
Ki.r    220  à  225.  —    Pointes    de     flèches    en    silex,    grandeur    naturelle    (station 

d'Hélouan,  récoltes  A.  Lombard) 84 

Fi°\  226.  —  Mode  d'emmanchement 85 

Fig.  227    —  Harpon  en  silex  brun  (Toukh,  surface).  2/3  grandeur  naturelle.      .       87 
Fig.  228.     —  Harpon    en  ivoire    Nécropole  de  Toukh    (Négadah).   a/3    grandeur 

naturelle 88 

Fig.  25j). —  Harpon  en  corne.  Nécropole    de   Toukh  (Négadah).    2/3    grandeur 

grandeur  naturelle. 88 

Fig.  2>o.  —    Harpon  en   ivoire.   Nécropole    de    Toukh    (Négadah).  2  3    grandeur 

naturelle 88 

Fig.  2>i.  —  Harpon  en   corne.  Nécropole  de    Toukh  (Négadah).    2/3    grandeur 

grandeur 88 

Fig.  232.  —  Harpon   en  ivoire.  Nécropole  de  Toukh   (Négadah).   2/3  grandeur 

naturelle •  88 

Fig.  233  et  234.  — Harpons  de  cuivre  (Négadah).  2/3  grandeur  naturelle      ...        89 

Fig.  23b  à  237.  —  Bateaux  en  terre  cuite  (Négadah) 90 

Fig.  238  et  239.  —  Peintures  sur  vases  (fig.  238,  Abydos  ;  2J9,  Négadah)  ...       91 

Fig.  240-246.  —  Enseignes  de  proue .       92 

Fig.  2^7    à  264-  —  Enseignes  de  l'arrière .        93 

Fig.  247.  —  Abydos  (?).  Musée   de  Gizèh g3 

Fig.  ')/|8.  —  Haute-Egypte.  Musée  de  Gizèh .       93 

Fig.  2^9.  —  Localité  inconnue.  Musée  de  Gizèh g3 

Fig.   2")o.   —  Abydos  (?)    Musée  de  Gizèh g3 

Fig.  25i  à  2S2.  —  Nécropole  de  Toukh gi 

Fig.  263  et  264.  —  Abydos g3 

Fig    265    —  Mode    de  monture  des  faucilles  armées  de  silex,  d'après  les   résul- 
tats des  fouilles  de  M.  W.  FI.  Pétrie  à  Kahoun 95 

Fig.  266.  —  Scie  ou  partie    de    faucille    en   silex  jaune    (Tell  el-Yahoudi,  près 

d'Héliopolis) .   1/2  grandeur  naturelle 95 

Eig.  267  à  0-3    —  Scies  en  silex  jaune  (kjœkkenmœddings  de  Toukh).  1/2  gran- 
deur naturelle 95 

Fig.  274    —  Houes.  1/2  grandeur  naturelle 96 

Fig.  270  à  280.  —  Os  d'animaux  sciés  et  incisés  (kjœkkenmœddings  de  Toukh). 

1/2  grandeur  naturelle 98 

Fig.  281  à  284.  —  Broyeurs  en  roche  dure.  2/i5  grandeur  naturelle 100 

Fig.  280  a  287.  —  Nucléi  (kjœkkenmœddings  de  Toukh). io3 

Fio-.  288  à  289.  —  Nucléi  en  silex  jaune  (kjœkkenmœddings  de  Toukh).  1/2  gran- 
deur naturelle io3 

Fig.  290  à  292.  —  Percuteurs  en  silex  (kjœkkenmœddings  de  Toukh).  1/2  gran- 
deur naturelle io4 

Fig    293  à  29")     —  Lames   retouchées  (nécropole   d'Abydos    et   station  de  Kom- 

Achim).    1/2  grandeur  naturelle    ........  io5 

Fig.  296  à  298.  —  Poinçons-racloirs,  silex  jaune  (nécropole  d'Abydos).  1/2  gran- 
deur naturelle io5 

Fig.  299  à  3oo.  —  Couteaux    en    silex  jaune  (kjœkkenmœddings  de  Toukh).    1/2 

grandeur  naturelle 106 

Fig.  3oi  à  3o4-  —  Couteaux  en  silex  (3oi,  silex  gris,  station  de  Licht.  —  3o2, 
silex  gris  foncé,  kjœkkenmœddings  de  Toukh.  —  3o3,  silex  blanc,  kjœkken- 
mœddings de  Zawaïdah.  —  3o'i,  silex  jaune,  station  de  Licht).  1/2  grandeur 
naturelle 106 


TABLE  DES  [ILLUSTRATIONS 


l  ig.   ;,,:,  à  3o7.  -  Couteaux  en  silex    3o5,  jaune  foncé,  station   de  Dimèh    _'" 

•  81,ex  -ns  °Pa(Iue>  station  de  Kom-Achim.  -  3o7,  sile»  gris  clair, 

de  Kom-Achim  .   i  2  grandeur  naturelle. 


Btation 


e 

1  12 


11  ; 

e. 


FiS\  'o8-3°9-  -Couteaux  en  silex  (3o8,  silex  jaune  brun.  Abydos  (?),  Musée  de 

Gizèh.  --  3og,  silex  jaune,  nécropole  d'Abydos).     ....  g 

Fig.  310.  —  Couteau  en  silex  corné  (localité  inconnue,  Haute-Egypte         M 

de  Gizèh).  1/2  grandeur  naturelle 

Fig.  3xi-3i2.  -   Lames  en  silex  orné  (Gébel-Târit).  Achals'du  Muséo  de   Gi'zèh 

(3 n,  silex  brun  noir.  —  3x2.  silex  blond).  2    I  grandeur  naturelle.     .     .  ,,„, 

ti3  à    !i,,.  _  Scies  en  silex.  1/2  grandeur  naturelle 
Fig.  320  a    i:>2.  —  Racloirs  convexes.  1/2  grandeur  naturelle   . 

Fig.  323  à  32/».  -  Racloirs  en  silex  jaune  (Abydos).  t/2  grandeur  naturelle     !      "      ,„ 
rig.  325  a  32G.  -  Racloirs  triangulaires    en  silex  jaune  (station  de   Licht      ,    , 

grandeur  naturelle.      ...... 

Fig.  327  e*  328.   -  Racloirs   échancrés  en   silex   blond    (kjœ'kkènmœddings  dé 

loukh).  i/a  grandeur  naturelle 
Fig.  329  à  333.  -  Pointes  en  silex  jaune.  1/2  grandeur  naturelle  {329  et  33  I    silex 

jaune    station  de  Kom-Achim.  -  33o,  33i,  332,  silex  brun  et  jaune,  station  d 

Dmieh)      ... 

Fig.   334.  -  Emmanchement  des  pointes  de  Dimèh.  Couteau  provenant  des    In 
diens  de  la  Réserve  de  Hupa  (Californie),  d'après  Th.  Wilson.      .  .  „3 

ig.    135  a  339.   —  Poinçons  en  silex  (kjœkkenmœddings  de  Toukli)     r/2  e-- 
deur  naturelle    ....  ' 

Fig.   340  à  342.  -  Croissants  de  pierre  (34o.  Arakah.'  Silex  veiné  brun  et  jaunc 
Mi.  Arakah.   Silex  brun   à  gangues  jaunes.    -    J',».    Kawamil  (sud)    silex 

jaune).  2/3  grandeur  naturelle 

Fig.  343-344.  -  Ciseaux  plats  (Kom-Achim)  (343,  silex  jaune.'  _  344   '«i.èx  noi- 
râtre). a/3  grandeur  naturelle 

Fig.    345   et  34G.    -   Hachettes  en    silex   (345,   silex' gris. '-'346,  "silex  'jaune 

kjœkkenmœddings  de  Toukh).    j/2  grandeur  naturelle. 
Fig-    347  à  34c,.  -  Formation  du  tranchant  des  haches  néoîith'iqu'es  d'Egypte 
fig.  35o  a  352.  -  Eclats  enlevés  des  haches  (kjœkkenmœddings  de  Khattarahl  ' 

1/2  grandeur  naturelle.      .... 
Fig.    353  à    359.    —    Poinçons  en   os.     1/2  grandeur   naturelle    [353    à  357     os 
kjœkkenmœddings  de  Toukh.  -  358   et  359,  ivoire  d'hippopotame,  station  de 

Fi*\36,°;  ~   Sci°   Cn  °s-  2</3  pudeur  naturelle  (localité   inconnue'    Musée' de 

Uizeh)  .... 
e        .1»  -      .      .      "**■•••....,.  iiS 

U        ,     a    369*    -    Vases   en  terre  rouge  lisse  (nécropole  d  El-Amrah      ,'  ,0 
grandeur  naturelle.      .... 

Fig     370  à  379.   -  Vases  en  terre  rouge  lisse  avec  bords  noirs  (nécropole'  d'El- 

Amrah).  2,5  grandeur  naturelle 
Fig.  3So.  -  Cruche  à  eau  (Négadah,   nécropole' nord)     Vase  de  terre   grise  ',   s 
grandeur  naturelle 

Fig    38i.  -  Cruche  à  eau   (Négadah,   nécropole  nord).  Vase   de  'terre  chamois  ' 
1/8  grandeur  naturelle 

Flf',f2   à    JS;>-  —  Supports   de  vases  e-i  terre.  Nécropole  de  Touhk     Né'-a-' 
dan)      ... 

Fig.   186.  -  Table  (Xégadah,  nécropole  nord).  ,  '4  grandeur  naturelle  '  '  ][' 

rig.    18-   .,    S90.  —  Fusaïoles.  i/3   grandeur  naturelle. 


388  TABLE  DES  ILLUSTRATIONS 

Pages. 

I  ig     .m.    — Oulou,    ou  couteau  esquimau.  Ile  Hotham   (Alaska),  d'après  Otis. 

i    !  grandeur  naturelle 124 

Fig  .'!<)•».   à    4"1-    —    Marques    sur    la    (loterie    de    Négadah.    i/4    grandeur    natu- 
relle  126 

I  ig     '|ii-'|r>.  —  Vases  de  Ballas,  d'après  El.  Pétrie.   1  (î  grandeur  naturelle.      .      127 
Fig.  4i3.    —    Hippopotame    en    terre    cuite    provenant  des  environs    de    Toukh. 

1/4  grandeur  naturelle 128 

I  ig.  '|i'|,  J16,  '117,  Ji8,  '1  ■  " ' :  'r ' ' ' • — Vases  de  terre.  Nécropole  de  Toûkh  (Néga- 
dah)     . 128 

Fig.  4i5,  4 19,  i22j  V' '••  —  Vases  de  pierre.  Nécropole  de  Toukh  (Négadah).     .      r>8 
Fig.  4^4  à  438.  —  Poteries  de  Négadah  (d'après  Flinders  Pétrie).   1/12  grandeur 

naturelle 129 

Fig.  439  à  4"'i.  —  Représentations  animales,  d'après  FI.  Pétrie  (Naqada  and 
Huilas,  pi.  LX).  —  4^9-  Plomb  (Négadah).  — 44°-  Calcaire  (Négadah).  —  441- 
Calcaire  (Négadah) .  —  44''--  Calcaire  (Négadah).  —  443.  Calcaire  (Négadah). 
—  441*  Calcaire  (Négadah).  —  44^-  Calcaire  (Gébelein).  —  446-  Quartz  (Né- 
gadah). —  447-  Os  (Négadah)  —  4/t't*-  Calcaire  (Gébelein).  —  449-  Argile  (Né- 
gadah). —  4^0.  Calcaire  (localité  inconnue)  — >\ï>i.  Calcaire  (Gébelein).  .  .  i3o 
Fig.  45->. .   —  Figure    d'hippopotame  en    calcaire  (nécropole  de  Gebel-el-Tàrif). 

4/5  grandeur  naturelle i3o 

Fig.  453.  — Cuiller  eu  ivoire,  nécropole  de  Ballas .      .      .      i3i 

Fig.  4"'4-  —  Cuiller  en  ivoire,  nécropole  de  Toukh  (Négadah) i3i 

Fig.  455.  —  Cuiller  eu  schiste,  manche  composé  de  perles  de  pierre  montées  sur 

une  tige  de  cuivre i3i 

Fig.  456  à  458.  —  Cuiller  en  ivoire,  nécropole  de  Toukh    (Négadah).    1/2  gran- 
deur naturelle     1 3 1 

Fig.  459  à  4*3i.  —  Vases  de  Négadah.  1/2  grandeur  naturelle i3i 

Fig.  462.  — Sépulture  préhistorique  (nécropole  d'El-'Amrah).  1/20  grandeur  na- 
turelle  i3> 

Fig.  463.  —  Sépulture  de  la  nécropole  de  Kawamil i33 

Fig.  464-  —  Sépulture  de  la  nécropole  de  Kawamil 1 34 

Fig.  465.  —  Sépulture  de  la  nécropole  de  Silsileh 1 35 

Fig.  466.  —  Sépulture  de  la  nécropole  de  Kawamil 1 3<> 

Fig.  467. —  Ciste  en  terre  battue,  de  la  nécropole  de  Kawamil  1 3j 

Fig.  468.  —  Ciste  en  terre  battue  de  la  nécropole  de  Kawamil 1 38 

Fig.  469.  —  Urne  funéraire  de  la  nécropole  de  Kawamil .      139 

Fig.  470.  —  Sépulture  de  la  nécropole  de  Kawamil i4o 

Fig.  471  et  472.  —  Vases  funéraires  de  la  nécropole  de  Kawamil 1 4<> 

Fig.  473  et  474*  —  Sépultures  de  la  nécropole  de  Silsileh    ........      1 4  r 

Fig.  475.  —  Sépulture  de  la  nécropole  de  Gébel-Silsileh i4>. 

Fig.  476  à  498.  —  Plaques  de  stéato-schiste  (nécropoles  d'El-'Amrah,  d'Abydos 

et  de  Toukh).   1/10  grandeur  naturelle • i43 

Fig-  499  à  5o8.  —  Plaques  de  schiste.  Nécropole  de  Toukh  (Négadah)  et  de  Bal- 
las)  i43 

Fig.  509  à  5n.  —  Schistes  gravés.  — 509,  Gébel-Tàrif.  —  5io  et  5n,  Beit-Allam. 

1/2  grandeur  naturelle i44 

Fig.  5i2.  —  Talisman  en   stéato-schiste,  Kachmire  (Collection  Jagor,  Musée  de 

Berlin,  d'après  un  croquis  du  professeur  Schweinfurth) i4;> 

Fig.  5i3.  —  Plan  de  la  nécropole  de  Négadah  (levé    et  dessiné  par  M.  G.  Lam- 

pre) i48 


TABLE  DES   ll.l.l  S'J  i: AI  [ONS 

Fig.  .')i',.  — Vase  en  terre  rouge  provenaul  d'une  sépulture  de  l'époque  dea 
Ramessides  située  dans  le   tell   du  tombeau   royal  de  Négadah,   i  '|  grandeur 

naturelle i  "><> 

Fig.  5i5.  —  Chambre  p  du  i beau  royal  de  Négadah,  dessin  de  1  auteur  d'api 

nature r >  i 

Fig.  5i6.  —  Vase  d'argile  fondu   par  l'incendie  et  couvert  de  scorii  in- 

deur  naturelle i  5  '. 

Fig.  517.  —  Vase  en  pierre  dure  (grès  siliceux?)  déformé  par  l'incendie. 
1    ■  grandeur  naturelle i53 

Fig  5i8. —  Plan  du  tombeau  royal  de  Négadah  relevé  et  dessiné  par  M.  G. 
Lampre) 

Fig.  5ig  ei  .V"o.  —  Coupes  du  tombeau  royal  de  N  igadah  (relevées  et  dessim 

par  M.  G.  Lampre) |56 

Fig.  521.  —  Vue  perspective  du  monument  royal  de  Négadah  (dessin  de  l'auteur).     137 

Fig.  522  et  523.    —   Sceaux  d'argile  portant  la  bannière  royale.  522   ".   avers  du 

sceau;  bll  6,  revers.  i/3  grandeur  naturelle id". 

Fig.  524  à  526.  —  Sceaux  d'argile.  1/2   grandeur  naturelle i65 

Fig.  627.  —  Mode  de  fermeture  des  jarres  de  terre  cuite  et  cône  d'argile  por- 
tant la  bannière  royale 166 

Fig.  528  à  548.  —  Marques  relavées  sur  les  jarres  d'argile  du  tombeau  royal  de 
Négadah 166 

Fig.  5'|(j.  —  Plaquette  d'ivoire  portant  la  bannière  royale.  Grandeur  naturelle 
(dessin  de  M.  G.  Jéquier)     . [67 

Fig.  .Vie,  à  555.  —  Plaquettes  d'ivoire  vues  sur  les  deux  faces,  ayant  servi  d'éti- 
quettes et  portant  des  indications  numériques  (dessin  de  M.  G.  Jéquier)     .      .      167 

Fig.  556.  —  Impression  d'un  cylindre  sur  un  cône  d'argile  (dessin  de  M.  G.  Jé- 
quier)   1G8 

Fig.  55j.  —  Impression  d'un  cylindre  sur  un  cône  d'argile  (dessin  de  M.  G.  Jé- 
quier)    [68 

Fig.  558.  —  Impression  d'un  cylindre  sur  un  cône  d'argile  (dessin  de  M.  G.  Jé- 
quier)       .      168 

Fig.  559.  —  Impression  d'un  cylindre  sur  un  cône  d'argile  (dessin  de  M.  G.  Jé- 
quier)   169 

Fig.  56o.  —  Impression  d'un  cylindre  sur  un  cône  d'argile  (dessin  de  M.  G.  Jé- 
quier)      .     16g 

Fig.  56r.  —  Impression  d'un  cylindre  sur  un  cône  d'argile  (dessin  de  M.  G.  Jé- 
quier)    170 

Fig.  56a  et  563.  —  Grandes  jarres  de  terre  cuite,  hauteur  om,So,  diamètre  maxi- 
mum  om,35 17  > 

Fig.  56 '|  à  572.  —  Vases  de  terre  cuite.  —  564,  terre  rougeàtre  grossière.  — 
565,  pâte  rouge  clair,  —  566,  terre  rouge  fine  vernie  en  noir.  —  567,  terre 
grossière  rougeàtre.  —  568,  terre  rougeàtre  très  grossière.  —  569,  pâte  fine 
blanchâtre.  —  570,  terre  line  grisâtre.  —  571,  terre  fine  blanchâtre.  —  570, 
pâte  grise  très  fine.    1/8  grandeur  naturelle 1  -  '. 

Fig.  573  à  58o.  —  Vases  en  calcite  rubanée  (marbre  onyx  dit  albâtre  d  Egypte). 

i/3  grandeur  naturelle 17") 

Fig.  58 1  à  586.  —  Vases.   —  58i,  roche  porphyrique  très  altérée  par  la  chaleur. 

—  58a,   pâte  siliceuse,  probablement  poterie  vitrifiée.  —  583,  granit  de  Syène. 

—  5S/j,   poterie  vitrifiée.   —  585  et  586,   calcite  rubanée.   i/3  grandeur    natu- 
relle  176 


390  TABLE  DES  ILLUSTRATIONS 

Pages . 
Fig.  587  à  5ot.  —  Coupes  en  poterie  vitrifiée  par  l'incendie.  1 ."!  grandeur  nalu- 


1-1, 


relie 

Fig.  5a2  à  596.  —  Coupes  en  poterie  vitrifiée  par  l'incendie,  r/3  grandeur  natu- 
relle      * .'     '     l     '  l~7 

Fig.  597  11602.  —  Coupes.  —  597,  roche  altérée  indéterminable.  -  098  et  599, 
poterie  vitrifiée.  —    600,  grés  argilo-micacé.  —    6oi,  poterie  vitrifiée.  —  602, 

diorite.  i/4  grandeur   aaturelle '77 

pjg     ,;,,;    _  Coupe  en  roche  porphyrique  altérée  par  la  chaleur.     l/3   grandeur 

naturelle ^ 

Fig.  lio  1  à  607.  —  Coupes  en  pierre  dure.  —  6o4,  diorite.  —  6o5  et  606,  roches 
porphyriques  altérées  par  la  chaleur.  —  G07,  roche  indéterminable  très  al- 
térée.  i/3  grandeur  naturelle • l~ 

Fia-.  60S  à  6i>4-  —  Vases  et  galets   de  quartz.    i/\  grandeur  naturelle  ....  17:1 

Fi».  6a5  à  627 .   — Vases  en  obsidienne.  2/3  grandeur  naturelle iSl> 

Fig.  62S  à  653.  —  Vase  de  calcite  rubanée  (albâtre  d'Égyptè).      ......  isi 

Fig.  62c,  à  (i47.  —  Sections  de  bords  de  vases  en  calcite  rubanée      .     ....  181 

Fig.  648  à  653.  —  Ornements  des  mêmes  vases.  i/4  grandeur  naturelle     .      .       .181 
Fig.  6Ô4.  —Vase  cylindrique  en  diabase   ophitique.  i/3  grandeur   naturelle.      .  182 
Fig.  655  à  656.  —  Vases  globulaires    en  roches  dures.  —  635,  roche  indétermi- 
nable par  suite  des  altérations  causées  par  la   chaleur.  —  6.">G,  roche    porphy- 
rique très  altérée.  i/3  grandeur  naturelle 182 

Fig.  607.  — Vase  globulaire  en  porphyre.   1/4  grandeur  naturelle i83 

Pig.  658  à  660.  —  Vases.  —  658,  porphyre  altéré.  —  609,  poterie  siliceuse  vitri- 
fiée. —  660,  diorite.   1  4  grandeur  naturelle. »83 

Fig.  661  à  663.  —  Vases  en  géoberlite.  2/3  grandeur  naturelle 184 

Fig.  664.  —  Vase  en  porphyre  pélro-siliceux  avec  quartz  globulaire.  1/4  gran- 
deur naturelle I°4 

Fig.  665.  —  Vase  en  calcaire  rose  veiné  de  blanc.  2/3  grandeur  naturelle.      .      .  iS', 

Fig.  667.—  Vase  en  poterie  vitrifiée  par  l'incendie.  i/3  grandeur  naturelle  .      .  i85 

Fig.  668  à  678.  —    Fragments  de  vases    en  ivoire.   1/2  grandeur  naturelle.      .      .  186 

Fig.  679.  —  Support  de  vase  en  calcite  rubanée.   i/4  grandeur  naturelle     .      .      .  187 

Fig.  680.   —  Table  d'offrandes  en  calcite  rubanée.   1/8  grandeur  naturelle.      .      .  187 

Fig.  681. —  Cône  en  diabase  ophitique.  2/3  grandeur  naturelle 187 

Fig.  682. — Mortier  en  porphyre  altéré.  2/3  grandeur  naturelle 187 

Fig.  683.  —  Moulin  à  bras  en  grès  jaune.  2/9  grandeur  naturelle     ......  188 

Fig.  684.  — Mortier  (?)  en  granit.  2  3  grandeur  naturelle.     .......  188 

Fig.  685  et  686.  —  Pieds  de  meuble   en  ivoire.  Grandeur  naturelle 189 

Fig.  687.  — Pied  de  meuble  en  ivoire.   Grandeur  naturelle i8c> 

Fi°\  688.  —  Fragment  de  pied  de  meuble  en  ivoire.  2/3  grandeur  naturelle  .  .  189 
Fig.  689  à  692.  —  Fragments  de  meubles  en  ivoire.  1/2  grandeur  naturelle  .  .  190 
Fig.  692a  6()5.  —  Fragments  d'un  coffret  en  ivoire.  1/2  grandeur  naturelle  .  .  191 
Fier.  60.6  et  697.  —  Fragments  d'un  meuble  en  ébène.  1/2  grandeur  naturelle.  .  191 
Fig.  698  et  699.  —  Figurines  d'ivoire  représentant  une  chienne  et  un  lion.  Gran- 
deur naturelle 192 

Fio-,  yoo.  —   Figurine  de  cristal    de  roche  représentant  un  lionceau.  Grandeur 

naturelle 193 

Fig.  701    à  713.  —  Figurines    d'ivoire  représentant   des  poissons.  1/2  grandeur 

naturelle ■  if)3 

Fig.  714.  —  Figurine  en  roche  vitreuse  verdàtre  tachetée  de  blanc  représentant 

le  fruit  d'un  palmiste  indéterminé.    1/2  grandeur  naturelle 19^ 


TABLE  DES  ll.l.iVl  RATIONS 

i   _• 
Fig.  7 1 5  à  717.  —  Fragmenta  d'une  statuette  articulée  en  ivoire.    1/4  grandeur 

liai  11  pelle in'i 

Fig,  7 1  s  .1   7  !•>.  —  Objets  divers,  —  718,  71;)  el  720,  fragments  de  Btatuettes  en 
ivoire.  —  721,  ~''~u  728  el   729,  perles  ■!  agate  el  de  cornaline.  —  -■•.'.,   bou- 
ton de  cuivre.  —  730,  perle  de  cuivre.  —  722,  ~'\,  726,  727  et  7)1,  pi 
m  pâle  émaillée   bleue.    —   7'.".    plaquettes  d'ivoire  d'hippopotame.    11    12 

grandeur  naturelle iq5 

Fig.  7'!!  à  7')).  —  Fragments  d'anneaux  ci  de  bracelets»  —  7»  >,  7  ;~>,  736,  7-7. 
7'!((,  7'|o,  ivoire.  —  -'>\  et  7V4-  écaille  «le   tortue.  —  7'îS  ef   -\'>,  nacre.  2/3 

grandeur  naturelle igG 

'  '^-  7  11-  —  Perle  d'or.  Grandeur  naturelle ■      'H7 

Fig.  7i"'  à  7»"1  •  —  Fragments  d'ivoire.  2/3  grandeur  naturelle k^- 

Fig.  ~bC>  à  7.MJ.  —  Instruments  d'ivoire j(,s 

Fig.    7G0.  —  Corne   de  gazelle i.|S 

Fig.  7H1.  Os  de  poisson.  1  2  grandeur  naturelle ."•'•..   iofi 

Fig.  7 ( ï •.»  à  7(>6.  —  Fragments  de  bois.  1/2  grandeur  naturelle 

Fig.  7O7  et  768.  —  Plaques  de  stéatoschiste.   r/3  grandeur  naturelle      ....      [qq 

Fig.  7^)8.  —  Couteau  de  silex.  2/3  grandeur  naturelle 200 

Fig.  770  à  77/(.  —  Instruments  de  silex  taillé.  2/3  grandeur  naturelle  .     201 

Fig.  776  à  777.  —  Instruments  de  silex  taillé.  2/3  grandeur  naturelle    ....      202 

Fig.  778.  —  Plan  du  tombeau  du  roi  Kâ.  Echelle  1   :  200 ■>',■• 

Fig.  779.  —  Stèle  du   roi  Kd.  Musée  de  Guizèh.  Granit  noir.  1/10  grandeur  na- 
turelle   ;  . 

Fig.  780.  —  Stèle  royale.  Musée  de  Guizèh.  Granit  noir.  1/ 10  grandeur  naturelle. 

Fig.  781  .  —  Plan  du  tombeau  du  roi  Den.  Echelle  1  :  123 •>  ;  ; 

Fig    782.  —  Plaquette  de  bois  au  nom  du  roi  Den.  Musée  de  Guizèh.  Grandeur 

naturelle ■>  ;\ 

Fig.  785.   —  Motif  d'un  cylindre  au  nom  du  roi  Den.  2/3   grandeur  naturelle.      .     ■>',] 
Fig.  784.  —  Empreinte  d'un  cylindre.  Tombeau  du  roi  Den.  2/3  grandeur  natu- 
relle  235 

Fig.  78.J.  —  Empreinte  d'un  cylindre.  Tombeau  du  roi  Den.  2    >  grandeur  natu- 
relle       ". .,;.", 

Fig.  786.  —  Empreinte  d'un  cylindre.  Tombeau  du   roi  Den.  2/3  grandeur  natu- 
relle  .,  ;-, 

Fig.  787.  —  Empreinte  d'un  cylindre.  Tombeau  du  roi  Den.  2/ 3  grandeur  naturelle.  236 
Fig.  788-790.    —   Gravures  sur  des  vases  en  terre.   Tombeau   du   roi  Den.  1/2 

grandeur  naturelle o3fi 

Fig*  791-792.  —  Gravures  sur  des  vases  en  terre  (Abydos).  i/3  grandeur  naturelle.     236 
Fig.  793-79^.  —  Gravures  sur  des  vases  eu  terre  (Abydos).  i/3  grandeur  natu- 
relle      ....     •>  ;<; 

Fig.  7{)().  —  Plan  du  tombeau  du  roi  Dja .  Echelle  1  :  126  ........     •  >;- 

Fig.  797.  —  Stèle  du  roi  Dja.  Calcaire.  1/12  grandeur  naturelle o38 

F*S'  79'^"799-  — Stèles   de   personnages  privés.  Abydos.  Musée  de  Guizèh.  1/4 

grandeur  naturelle •  >;,, 

Fig,  800-809.  —  Stèles  de  personnages  privés  (Abydos).  Musée  de  Guizèh.  1   4 

grandeur  naturelle 040 

Fig.  801.  —  Inscriptions  sur  un  vase  en  albâtre  (Abydos).  3/4  grandeur  naturelle.  •>  i  1 
Fig.  811.  —  Inscription  sur  un  vase  en  albâtre  (Abydos).  3/4  grandeur  naturelle.  :>\i 
Fig.  812.  — Inscription  surun  vase  en  pierre  dure(Abydos).3/4  grandeur  naturelle.  2  i  1 
Fig.  8i3.  —  Inscription  sur  un  plat  d'albâtre  (Abydos).  Grandeur  naturelle  .      .     :>,\i 


392 


TABLE  DES  ILLUSTRATIONS 


Toges 


pjg    814. Inscription  sur  une  plaquette  d'ivoire  (Abydos).  Grandeur  naturelle 

Fig.  8i5.  —  Plan  du  tombeau  du  roi  Ti.  Échelle  1   :  l\oo 

Fig.   816.  —  Empreinte  d'un  cylindre  (Abydos).  3/4  grandeur  naturelle.      .      . 

Fig.  817.  —  Empreinte  d'un  cylindre  (Abydos).  3/4  grandeur  naturelle.      .      . 

pig    s  [S.  —  Empreinte  d'un  cylindre  (Abydos).  3/4  grandeur  naturelle.      .      . 

Fig    819.  —  Empreinte  d'un  cylindre  (Abydos).  3/4  grandeur  naturelle.      .      . 

Fig.  820.  —  Empreinte  d'un  cylindre  (Abydos).  3/4  grandeur  naturelle. 

Fig.  821.  —  Empreinte  d'un  cylindre  (Abydos).  3/4  grandeur  naturelle.      .      . 

Fig.  8-2-2  et  8i>3.  —  Jarres  d'albâtre  (Abydos).  1/9  grandeur  naturelle      .      .      . 

Fig.  824.  —  Cuve  d'albâtre  (Abydos).  3/i6  grandeur  naturelle 

Fig. 825. —  Fragments  de  terre  émaillée  enbleu  (Abydos).  1/2  grandeur  naturelle 

Fig.  826  et  827.   —  Vases  en  cuivre  (Abydos).    1/6  grandeur  naturelle    .      .      . 

Fig.  828  et  829.  —  Vases  en   cuivre  (Abydos).  i/3  grandeur  naturelle    .      .      . 

Fig.  83o.  — Hache  en  cuivre   (Abydos).  1/2  grandeur  naturelle 

Fig.  S3i  à  84o.  —  Objets  en  cuivre  (Abydos).    2/3  grandeur    naturelle.      .      . 

Fig.  84 [  à  85o.  —  Objets  de  cuivre  (Abydos).  2/3    grandeur  naturelle   .      .      . 

Fig.  85i.  —  Inscription  sur  un  vase  de  cristal  (Abydos).  Grandeur  naturelle. 

Fig.8r>2. —  Inscription  gravée  sur  la  statue  n°  1  de  Guizèh.4/5  grandeur  naturelle     253 

Fit;.  853-856.    —  Plans  de  monuments  chaldéens  et  assyriens.  —  853. Temple  de 

Mougheïr.   —  854-855.  Temple  de  Warka.  —856.  Observatoire  de  Khorsabad     255 

Fig.  857.  —  Cylindre  en  terre  cuite.  Musée  de  Guizèh    3/4  grandeur  naturelle  .     237 

Fig.  858  à  862.  — Vases  en  pierre  dure  de  Tello.  E.  de  Sarzec,  Découvertes  en 
Chaldée,  pi.  26 257 

Fig.  863.  —  Nom  de  bannière  de  Snefrou 25g 

Fig.  864.  —  Plaque  de  schiste  du  Louvre  (Heuzey,  Revue  archéologique)        .     .     265 

Fig.  865.  —  Objet  en  ivoire.  Collection  Pitt-River.  Grandeur  naturelle.      .      .     .     267 

Fig,  866.  —  Extrémité  de  canne  en  cuivre.  Nécropole  de  Gebel-Silsileh.  i/3  gran- 
deur naturelle 268 


242 
243 
243 
243 
244 
244 
••'l'i 
245 

246 

246 

246 
249 

s5o 
25  1 

■».">■  ! 

253 


APPENDICE 


Fig.  1.  —  Beit-Allam,  a»  3,     ......  280 

Fig.  2.  —  Beit-Allam,  n<>  3 283 

Fig.  3.  —  Beit-Allam,  n°  4.      . 284 

Fig.  4.  —  Beit-Allam,  n°  6 285 

Fig.  5.   —  Beit-Allam,  n°  6     . 285 

Fig.  6.  —  Beit-Allam,  n°  23 286 

Fig.  7.  —  Beit-Allam,  n°  2'i 287 

Fig.  8.  —  Beit-Allam,  n°  23  bis 2.88 

Fig.  g.  —  Beit-Allam,  n°  2.3  bis 28g 

Fig.  10.  —  Négadah  sud,  n°  6 2go 

Fig.   11.  —  Négadah  sud,  n°  6  29g 

Fig.  i2.  —  Négadah  sud,  n°  7 3oo 

Fig.  i3.  —  Négadah  sud,  n°  7. 3oi 

Fig.   i'|.  —  Négadah  sud,  a0  21    .... 3oi 

Fig.  i5.  —  Négadah  sud,  n»  21 ....  3o2 

Fig.  16.  —  Négadah  sud,  n°  32 3o3 


TABLE  DES  [ILLUSTRATIONS 

l'ig    17.  —  Négadah  sud,  nn  '!•». lo3 

Fig.  [8.  —  Négadah  sud,  a0    18 ;.  ', 

Fig.  i«|.  —  Négadah  sud,  q°  38  .     . :■,] 

Fig.  2o«  -     Négadah  Bud,  u°  38  (face  postérieure)  ..... 

I ""ig.  ■- 1 .  —  Kawamil,  no  16 

Fig,  •>•>    —  Kawamil,  n°  i(i.  . 

Fig.  ■>  ;.  —  Kawamil,  18  M .     .  \\- 

Fig.  24.  —  Kawamil,  [8  M.     . ti8 

Fig.  •>■">.  —  Kawamil,  •>•>  M.  .  ....  3i<| 

Fig.  •>(>.   —   Kawamil.   ■> ■>   M,  ....  320 

Fig.  27.  —  Kawamil,   !•>.  M.      ..... .  V\\ 

Fig.  28.  —  Kawamil,  ",■>  M  .......... 

Fig.  29.  —  Kawamil,   33  M. ;  .  ; 

Fig.  3o.  —  Kawamil,  33  M.     . .  ';■»/, 

Fig.  3l.  —  Négadah  nord,  n°  1      ................      .  '; ■•., 

Fig.  3a.  —  Négadah  nord,  no  1 ;  ;,, 

Fig.  33.  —  Négadah  nord,  11°  •>    . 33i 

Fig.  34.  —  Négadah  nord,  n°  4    • 33i 

Fig.  35.  —  Négadah  nord,  n°  l\  ;  ;■< 

Fig.  36.  —  Négadah  nord,  qo  5 

Fig.  37.  —  Négadah  nord,  n°  5 ...  333 

Fig.  38.  —  Négadah  nord,  n°  G J  ; ', 

Fig.  39.  —  Guebel-Silsileh,  m»  3  ......     . 34o 

Fig.  4o.  —  Guebel-Silsileh,   n"  'J.      ..... ;  ',  1 

Fig.  4i«  —  Guebel-Silsileh,  n°  4  •      •      • >4i 

Fig.  4'»..  —  Guebel-Silsileh,  n°  4 34 2 

Fig.  43.  —  Guebel-Silsileh,  n°  6 343 

Fig.  44.  —  Guebel-Silsileh,  n- 6.     . .  J'1'1 

Fig.  45.  — Beit-Allam,  n°8     .     .     . 352 

Fig.  4f>.  —  Négadah  sud,  11°  10 353 

Fig.  47.  —  Négadah  sud,  n°  10 354 

Fig.  48,  5o,  5'.>.  —  Négadah  sud,  n°  10.  —  5o,  tibia   et  péroné.  —  48,  fémur.  — 

5a,  humérus  (face  antérieure) 355 

Fig.  49,  5i,  53.  —    Négadah  sud,   n°    10.   —  53,  humérus.  —  49)  fémur.  —  5i, 

tibia  et  péroné  (face  postérieure) !">ii 

Fig.  54.  — Négadah  sud,  n°  10.  —  Os  coxal 357 

Fig.  55  et  56.  —  Négadah  sud,  n°  10.  —  55,  cubitus.  —  56,    radius.     ....  1>S 

Fig.  57.  —  Négadah  sud,  n°  32.    —  Lésions  de  la  région  frontale.     .....  36o 

Fig.  58.  —  Kawamil,  40  F .  36 ■• 

r"'&-  59- — Crâne  d'El-Amrah,  n°  4 364 

Fig.  60    —  Kawamil,  26  F 365 

Fig.  61.  —  Kawamil,  n°  3i  F  .     . 366 

Fig.  6>..  —  Kawamil,  n»  'h  F 366 

Fig.  63.  —  Kawamil,  n°5,  temporal  vu  par  sa  face  interne .  368 

Fig.  64.  —  Kwamil,  o5  F 3711 

Fig.  65.  —  Kawamil,  n°  3o  M.      .      .      .      .      . ",-<> 

Fig.  66. —  Kawamil,  n°  3:>  M  ........      .  ........  371 


PLANCHES  HORS  TEXTE 


PI.      I.   —  Bouchons    de  vases    eu   terre  (Abydos).  Tombeau    du    roi  Don. 

Musée  de  Guizeh.) .  234 

PI.      II.   —  Statue  n°  i  du  Musée  de  Guizeh.      ...  ......  252 

PI.    III.   —  Plaque  de  schiste.  (Musée   du  ouvre.)  .....  ...  264 

PI.    IV.  —  Plaque  de  schiste.   (Musée   de  Guizeh.) .  264 

PI.      V.  —  Couteau  en  silex  avec  gaine  d'or.  (Musée  de  Guizeh.)  ....  !*6G 


ERRATA 


Pa^-e     2i,  ligne  24.  Lire  No  frit  au  lieu  de  Nofri 
_       2g        _       i.  Lire  Amenemhat,  au  lieu  de  Ouscrlesen 

—  5i,    fig.   m  (légende).  Lire  4/5,  au  lieu  de  i/3 

__  I28,     —     4i3         —         Lire  i/3,  au  lieu  de  i/4 

_  l65j     _     522  et  5-23  (légende).  Lire   i/3,  au  lieu  de  2/3 

_  jfig,     _     (îoS  à  624         —  Lire  i/2,au  lieu  de  1   \ 

_  l83)     _     G58  à  660         —  Lire  1/2,  au  lieu  de  1/4 

_  241,  ligne     7.  Lire  (?),  au  lieu  de  ? 


ANGERS,    Iiir.    ORIENTALE     HE     A.    BURDI.N,     4,    RUE    GARKIBR. 


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