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Full text of "Recueil des Notices et Memoires de la societe archeologique de la province de constantine"

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R"CrEIL 

Des  Notices   et  Mémoires  de  la   Société 
archeolop-ique  du  département  dé  constintine 


v.2.0 


UNIVERSITY 
OF  FLORIDA 
LIBRARIES 


OT>>-— 


RECUEIL 


DES 


NOTICES    ET     MEMOIRES 

DE  LÀ 

SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUE 


DU 


DÉPARTEMENT  DE  CONSTANTINE 


10«  VOLUME   DE  LA   DEUXIEME  SERIE 


VINGTIEME   VOLUME   DE    LA   COLLECTION 


1879-1880 


CONSTANTINE 

Imprimerie  L.  ARNOLET,  Ad.  BRAHAM,  Suce. 


AJLGKWi 

JOURDAN,  LlBRAIRE-ÉoiTBUR 

Place  du  Gouvernement 


PARI« 

CHALLAMEL,  AïKi,  Éditiur 
5,  rue  Jacob 


1881 


-- — i^JLD 


UNIVERSITY 
OF  FLORIDA 
LIBRARIES 


RECUEIL 

DES 

NOTICES    ET   MÉMOIRES 

DE  LA 


r  r 


SOCIETE  -ARCHEOLOGIQUE 


DU 


DÉPARTEMENT  DE  CONSTANTINE 


CONSTANTINE.   —  TYPOGRAPHIE    L.    ARNOLET,    AD.    BRAHAM,  SUCC. 


RECUEIL 


DES 

NOTICES     ET     MÉMOIRES 

DE   LA 

SOCIÉTÉ   ARCHÉOLOGIQUE 

DU 

DÉPARTEMENT  DE  CONSTANTINE 


10«  VOLUME   DE   LA    DEUXIEME   SERIE 


VINGTIEME    VOLUME    DE    LA    COLLECTION 


1879-1880 


CONSTANTINE 

Imprimerie  L.  ARNOLET,  Ad.  BRAHAM,  Suce. 


ALrCER 

JOURDAN,  Libraire-Editeur 
Place  du  Gouveruemeiit 


PARIS 

CHALLAMEL,  aîné,  Editeur 
5,  rue  Jacob 


1881 


LISTE  GiiRALE  DES  iEIBRES  DE  LA  SOCIÉTÉ 


PRESIDENTS     IIOi\ORlIRES 


,  gt^néral  de  divi- 


iMM.  FonGEMOL    DE    BOSTQUÉNARD,    C 

sion,  commandanl  la  Division  de  Conslanline. 
DouciN,  préfet  du  Département. 
Chevalier,  ^,  maire  de  Gonslantine. 


Composition  du  Bureau  pour  1881 


Président  : 
d^''  Vice- Président 
T  Vice- Président 
Secrétaire  : 
Secrétaire- Adjoint 
Trésorier  : 


M.    POULLE. 

M.  Reboud. 
M.  Mercier. 

M.   JULLIEN. 

M.  W'\ 

M.  Laurichesse. 


Commission  des  manuscrits  1880-1881 


MM.  PouLLE,  Président. 
JuLLiEN,  Secrétaire. 
Pont. 

DUFOUR. 

Mercier. 


MEMBRES    HONORAIRES 

18C6  MM.  Chabouillet,  ^,  conservateur  du  cabinet  des 
médailles  et  antiques  de  la  Bibliothèque 
nationale,  vice-président  de  la  Commission 
de  publication  des  travaux  de  la  section 
d'histoire,  d'archéologie  et  de  philologie  du 
Comité  des  travaux  historiques,  à  Paris. 

1881  Cherbonneau    (Auguste),    ^,    correspondant 

de  l'institut,  professeur  à  l'Ecole  nationale 
des  langues  orientales  vivantes,  à  Paris. 

18G4  Desvaux,   G.   0   ^,   général  de  division  en 

retraite,  à  Paris. 

1864  DuLAURiER  (E.j,  membre  de  l'Institut,   pro- 

fesseur à  l'École  nationale  des  langues 
orientales  vivantes,  à  Paris. 

1881  Le  Blant  (Edmond),  ^,  membre  de  l'Institut. 

185-2  Renier  (Léon),  G  ^,  membre   de  l'Institut, 

professeur  au  Collège  de  France,  adminis- 
trateur de  la  Bibliothèque  de  l'Université, 
président  honoraiie  du  Comité  des  travaux 
historiques  et  scientifiques. 

1881  Robert  (Charles),  C  ^,  membre  de  l'Institut, 

intendant  général  dans  le  cadre  de  réserve. 


MEMBRES    TITULAIRES 

1880  MM.  Abadie,  membie  du  Conseil  général,  pharma- 
cien, à  Conslantine. 

1871)  Braham  (Adolphe),  ^,  imprimeur-libraire,  à 

Conslantine. 


VII 

1872  MM.  Brunon,  G  ^,  général  de  brigade,  à  Quimper. 
1880  Gagnât,  docteur  ès-lellres,  professeur,  à  Paris. 

1876  Garbonnel,  propriétaire,  à  Gonslanline. 
1875  Ceccaldi,  notaire,  à  Gonslanline. 

1877  Ghaillou,    commissaire   civil    en    retraite,    à 

Orléans. 
1859  Challamel  (A),  libraire-éditeur,  à  Paris. 

1877  CouLANGES  (de),  inspecteur  du  Crédit  foncier 

de  France,  à  Alger. 

1873  Darolles,  ^,  adjoint  de  l""*^  classe  à  l'inten- 

dance, au  Havre. 
1875  Donnier,    ^,   cbef  de  bataillon  à  la  Légion 

étrangère,  à  Sidi-bel -Abbés. 

1878  DuFOUi!,    ex-lieutenant  d'infanterie,    proprié- 

taire, à  Constantine. 
1877  FoRCioLi,  avocat,  à  Gonslanline. 

1877  Frin,  inspecteur   d'Académie,  à  Gonslanline. 
1859  GiLLoTTE,    ^,    officier    d'Académie,    avocat- 
défenseur,  à  Gonslanline. 

1878  Guerre,  ^,  capitaine  bors  cadres,  délacbé  à 

la  direction  des  affaires  indigènes,  à  Gons- 
lanline. 

1878  Heymann,    capitaine    hors    cadres,    cbef   du 

Bureau  arabe  de  Souk-Abras. 
1856  Joffre,  ancien  magistrat,  à  Gonslanline. 

1879  JuLLiEN,  lienlenanl  au  8^  régiment  de  Tirail- 

leurs algéiiens,  à  Gonslanline. 

1874  Laudy,    allacbé  aux   Archives   nationales  de 

France. 
1877  Laurighesse,  conservateur  des  hypothèques, 

à  Gonslanline. 


VIII 

1^55     iMM.  Lebiez,  ^,  ingénieur  en  chef  des  Ponts   et 

Chaussées,  à  Conslanline. 
1878  LuciANi,  administrateur  de  la  commune  mixte 

de  Balna. 
1878  Martin,  architecte,  à  Constantine. 

4874  Meister,  arciiitecte  diocésain,  à  Oran. 

1867  MERCiER(E.),inlerprète-lraducteurassermentc, 

à  Constanline. 
1853  Meurs,   ^,   architecte   en   chef  en  retraite, 

à  Aix. 
1858  MoLL,   G  ^,   colonel  directeur  du  Génie,  à 

Constantine. 

1880  Mollet  (Charles),  propriétaire,  à  Jemmapes. 

1881  MoNTAUDON,  lieutenant  au  3^  Chasseurs  d'Afri- 

quo,  à  Constantine. 

1874  Mourlan,  0  ^,  lieutenant-colonel  d'Infante- 

rie, hors  cadres. 

1874  Neyron,  curé,  à  Oued-Alménia. 

1878  Papier,  chef  du  service  des  Tahacs,  à  Bône. 

1857  Payen,   0   ^,    chef  de  halaillon  en  retraite, 

correspondant  du  Minisière  de  l'Instruclion 
puhlique  pour  les  travaux  historiques,  à 
Sélif. 

1880  PiLARD,  commissaireenquêteur.àPhilippeville. 

1878  Playfair,    lieuienanl-colonel,    consul  général 

de  S.  M.  Britannique,  à  Alger. 
18f^0  PoiNSSOT,  avocat,  à  Paris. 

1879  Poivre,  avocat-délenseur,  à  Alger. 

1867  Pont,    ^,    chef   de    bataillon    hors    cadres, 

directeur  des  affaires  indigènes  de  la  pro- 
vince de  Constantine. 


1862  MM.  PouLLE,  direcleur  des  Domaines,  correspon- 
dant du  Ministère  de  l'Instruction  publique 
pour  les  travaux  historiques,  officier  d'Aca- 
démie, à  Constanline. 

1869  Rambert,  curé  de  Sétif. 

1879  Rebattu,  propriétaire,  84-,  Avenue  de  Wagram, 

à  Paris. 

1873  Reboud,  0  ^,  Officier  de  l'Instruction  publi- 

que, médecin-major  de  1'"'^  classe  en  re- 
traite, à  Constanline. 

1878  Sas,  directeur  des  Exploitations  de  la  Com- 

pagnie algérienne,  à  Constantine. 

1879  Sautteu  dk  Bauregard,  président  du  Conseil 

d'administration  de  la  Compagnie  genevoise 

des  colonies  Suisses  de  Sétif,  à  Genève. 
1879  Stéphanopoli,  conservateur  des  hypothèques, 

à  Sétif. 
1881  Tissot,  ^,  ambassadeur  de  France,  à  Cons- 

tantinople, 
1877  Thiery,  capitaine  du  Génie  hors  cadres. 

1875  Vasseur,  inspecteur  d'Académie,  à  Niort. 


MEMBRES    CORRESPONDANTS 

1880     MM.  Arbois  (Firmin  <!'),  ancien  magistrat,  à  Paris. 
1866  Barnéond,   direcleur   de    la    Maison  centrale, 

à  la  Maison-Carrée,  près  d'Alger. 
1875  Baudot,  capitaine  de  cavalerie  hors  cadres,  à 

Lyon. 
1869  Bertherand  (docteur),  directeur  de  la  Gazette 

médicale  de  l'Algérie. 


1857  !\1M.  BoissoNNET  (le  baron),  G.  0  ^,  général  de 
division. 

1874  Bourgogne    (Geslin   de),   capitaine  comman- 

dant au  15''  Dragons,  à  Liboiirne. 

1852  Bf;ossELARD,  ancien  préfet,  à  Paris. 

1864  Cahen,  grand  rabbin,  à  Paris. 

1864  CiiABASSiÈRE  (Jules),  géomètre,  à  Aïn-M'lila. 

1852  CiiEUZAT,  curé  de  La  Galle. 

1877  Daemers  de  Cachard,  professeur  à  Bruxelles. 

1860  Delocfie,  0  ^,  membre  de  l'Institut,  direc- 

teur au  ministère  de  l'Agriculture  et  du 
Commerce. 

1866  Dewulf,   0  ^,  lieutenant-colonel  du  Génie, 

h  Bayonne. 
1862  Dunanï  (Henri),  ^,  secrétaire  de  la  Société 

de  Géographie,  à  Paris. 
1880  Durand  de  Laur,  ancien  professeur,  rue  du 

Val-de-Grâce,  18,  Paris. 
1860  DuvEYRiER  (Henri),  ^,  secrétaire  de  la  Société 

de  Géogi'aphie,  à  Paris. 
1868  Faidherbe,    G.    G    ^,   général   de   division, 

grand  chancelier  de  la  Légion   d'honneur. 

1878  Farglis,  lieutenant,  adjoint  du  Bureau  arabe 

de  Tébessa. 
1856  Féraud  (L.-G.),  0  ^,  officier  de  l'Instruction 

publique,  correspondant  du  ministère  de 
l'Instruction  pubh'que  pour  les  travaux  his- 
toriques, consul  général  de  France,  à  Tri- 
poli. 

1879  Gasnault,  homme  de  lettres,  au  château  de 

Luynes,  prés  Tours. 


XI 

1858  MM.  GiNSBURG,  missionnaire  évangélique,  à  Mo- 
gador. 

\^1A  GoYT,  géomètre,  à  Constantine. 

4855  Haramboure,  ^,  inspccleur  général  des  pri- 

sons, à  Pnris. 

1874  Héron  de  Villefosse,    ^,  premier  allaché 

aux  Anliques  du  Louvre,    membre   du  Go- 
mité  des  travaux  historiques  et  scientifiques. 

1868  JoBERT,  juge,  à  Oran. 

1873  Lac  de  Bosredon,  ^,  capitaine,  commandant 

supérieur,  à  La  Galle. 

1875  Lancia  (Frédéric),  duc  de  Brolo,  à  Palerme. 
1870  Letourneux,  0  ^  ,  conseiller  à  la  Gour  d'appel 

d'Alexandrie  (Egypte). 
1861  Leclerc  (L.),  ^,  médecin-major  en  retraite, 

à  Ville-sur-Ilon  (Vosges). 
1855  LiTCHLiN,    i^,    conservateur    des    Forêts   en 

retraite. 

1869  LoRY,  avoué,  à  Dijon. 

1881  LuBAwsKi  (Gomte  de),  à  Viazna  (Russie). 

186'2  Maréchal,  ^,  commandant  du  Génie. 

1879  Marecourt  (de),  propriétaire,  à  Vendôme. 

1878  Masqueray    (E),    directeur  de   l'École   supé- 

rieure des  lettres,  à  Alger, 

1870  Meulemans,  homme  de  lettres,  à  Bruxelles. 
1866  Mélix,    ^,    capitaine    hors   cadres,   chef  du 

Bureau  arabe  subdivisionnaire  de  Batna. 

1879  Méritens  (de),  administrateur  de  la  commune 

mixte  de  Khenchela. 
1857  Mac-Garthy  (0.),   ^,  conservateur  de  la  bi- 

bliothèque et  du  musée  d'Alger. 


XH 

1880  MM.  Peyrot  (le  docleui*),  rue  Lafilte,  18,  Paris. 
1875  Philippe,  administrateur  de  la  conimnne  mixte 

de  Berouaguia. 
1853  Rémond,  arcliilecle  du  Service  des   Bâtiments 

civils,  en  retraite,  à  Marseille. 
1860  RoMEGUÈRE,  homme  de  lettres,  à  Toulouse. 

1881  Rouet,  capitaine  au  3^  régiment  de  Zouaves, 

à  Conslantine. 
1875  Roy,  ^,  agent  consulaire,  au  Kef  (Tunisie). 

1856  Sachot  (Octave),  ^,  avocat,  secrétaire  de   la 

rédaction  de  la  Revue  britannique,  à  Paris. 

1875  Sainte- Marie  (Pricot  de),  consul  de  France, 

à  Raguse. 

1876  Sauret,  inspecteur  dos  Domaines,  à  Tarbes. 
1878  Sergent,  ^,  administrateur  de  la  commune 

mixte  de  Cheraïa  (Constanline). 

1880  SoussY,  interprète  judiciaire,  à  Tébessa. 

1862  Vayssettes,   ancien   interprète-traducteur  as- 

sermenté. 

1853  Viviez,  directeur  des  Domaines,  à  Pau. 

1878  "Weill,  grand  rabbin,  à  TIemcen. 

1869  Yanville  (d'),  colonel  de  cavalerie. 

1868  ZoTENBERG,  attaché  à  la  Bibliothèque  nationale. 


SOCIÉTÉS    CORRESPONDANTES 

Agen.  -   Société  d'agriculture,  sciences  et  arts. 
Aix.  —  Académie  des  sciences,  agriculture,  arts  et  belles- 
lettres. 
Alger.  —  Société  historique. 
Id.     —  Société  de  climatologie  algérienne. 


XIII 

Amiens.  —  Société  médicale. 
Id .      —  Société  des  Antiquaires  de  Picardie. 
Id .      —  Conférence  littéraire  et  scientifique  de  Picardie. 
Angers.   —  Société  académique  de  Maine-et-Loire. 
Angoulème.    —  Société  archéologique  et  historique   de   la 

Charente. 
Annecy.  —  Société  Florimontane. 
AuTUN.  —  Société  éduenne. 
Avallon.  —  Société  d'études. 

AvESiNES.  —  Société  archéologique  de  l'arrondissement. 
Auxerre.  —  Société  des  sciences  historiques  et  naturelles 

de  l'Yonne. 
Bar-le-Duc.  —  Société  des  lettres,  sciences  et  arts. 
Beâune.  —  Société  d'ai'chéologie,  d'histoire   et  de   litté- 
rature. 
Beauvais.   —   Société  académique  d'archéologie,  sciences 

et  arts  du  département  de  l'Oise. 
Béziers.  —  Société  archéologique,  scientifique  et  litiéraire. 
Bône.  —  Académie  d'Hippone. 
Bop.deaux.  —  Société  archéologique. 

Id.         —  Société  de  Géographie  commerciale. 
Bourges.  —  Société  historique,  littéraire  et  artistique  du 

Cher. 
Brest.  —  Société  académique. 
Caen.   —  Société  des  Antiquaires  de  Normandie. 
Cannes.  —  Société  des  sciences  naturelles  et  historiques, 
des  lettres  et  des  heaux-arts  do  Cannes  et 
de  l'arrondissement  de  Grasse. 
Castres.  —  Commission   des    Antiquités  du   Tarn  et   de 

Castres. 
Ciiambéry.  — Société  savoisienne  d'histoire  et  d'archéologie. 


XIV 

Chambéhy. — Académie  des  sciences,  lettres  et  arts  deSavoie. 
Ciiateau-Thieruy.  —  Société  historique  ei  archéologique. 
Dax.  —  Société  de  Borda. 

Draguignan.  —  Société  d'études  scientifiques  et  archéo- 
logiques. 
Épinal.  —  Société  d'émulation  des  Vosges. 
GuÉRET.  —   Société  des  sciences   naturelles  et   archéolo- 
giques de  la  Creuse. 
Langres.  —  Société  historique  et  archéologique. 
Laon.  —  Société  académique. 
Lille.  —  Société  des  arts  et  d'agriculture. 
Limoges.  —  Société  archéologique   et  historique   du   Li- 
mousin. 
Lyon.  —  Société  de  géographie. 

Id.     —  Société  littéraire,   historique   et  archéologique. 
Id.     —  Académie  des  sciences,  belles-lettres  et  arts. 
Id.      -    Musée  Guimet. 

Mans  (le).  —  Société  historique  et  archéologique  du  Maine. 
Marseille.  —  Société  de  statistique. 

Id.         —  Société  des  Amis  des  Arts. 
Melun.  —  Société  d'archéologie  du  département  de  Seine- 
et-Marne. 
MoNTAUBAN.  —  Société  archéologique  de  Tarn-et-Garonne. 
Monbéliard.   —  Société  d'émulation. 
MoNTÉLiMAR.  —  Bulletin  épigraphique  de  la  Gaule,  publié 

par  M.  Florian  Vallentin. 
Nancy.  —  Académie  de  Stanislas. 

Id.     —  Société   d'archéologie    lorraine    et   du    musée 

historique  lorrain, 
Id.     —  Société  de  géographie  de  l'Est. 
Nantes.  —  Société  d'archéologie. 


XV 

Narbonne.  —  Commission  archéologique. 
Nice.  —  Société  de  littérature,  sciences  et  arts  des  Alpes- 
Maritimes. 
Nîmes.  —  Académie  du  Gard. 
Orléans.  —  Société  archéologique  de  l'Orléanais. 
Paris.  —  Institut  de  France. 

Id.     —  Société  nationale  des  Antiquaires  de  France. 

Id.     —  Société  d'etnograpliie  de  France. 

Id.     —  Société  de  géographie. 

Id.     —  Société    française    de   numismatique    et    d'ar- 
chéologie. 

id.     —  Société  américaine  de  France. 

Id.     —  Société  philotechnique. 

Id.     —  Société  d'anthropologie. 

Id.     —  Société  hibliograpliique. 

1(1.     —  Indicateur  archéologique. 
Perpignan.  —  Société  agricole,  scientifique  et  littéraire. 
Poitiers.  —  Société  des  Antiquaires  de  l'Ouest. 
PoNï-A-MoussoN.  —  Société  philoteclinique. 
Hambouillet.  —  Société  archéologique. 
Reims.  —  Académie  nationale. 
Rennes.  — ■  Société  archéologique  du  département  d'Ule- 

et-Vilaine. 
Rodez.  —  Société  des  lettres,  sciences  et  arts  de  l'Aveyron. 
Rouen.  —  Commission  des  antiquités  de  la  Seine-Inférieure. 
Saint-Brieuc.  —  Société  d'émulation  des  Côtes-du-Nord. 
Saint-Omer.  —  Société  des  Antiquaires  de  la  Morinie. 
Saint-Quentin.  —  Société  académique  des  sciences,  arts 

et  belles-lettres. 
Semur.  —  Société  des  sciences  historiques  et  naturelles. 
Sens.  —  Société  archéologique. 


XVI 

SoissoNS. —  Société  archéologique,  historique etscientifique. 
Toulon.  —  Société  académique  du  Var. 
Toulouse,  —  Académie  des  sciences,  inscriptions  et  bel- 
les-lettres. 
Id.         —  Société  d'archéologie  du  Midi  de  la  France. 
Tours.  —  Société  d'archéologie  de  Tonraine. 

Id.     —  Société  d'agriculture,  sciences,  arts  et  belles- 
lettres  du  département  d'Indre-et-Loire. 
Valenciennes.  —  Société  d'agriculture,   sciences  et  arts. 
Vannes.  —  Société  polymatliique  du  Morbihan. 

ÉTRANGER 

Alsace-Lorraine.  —  Société  d'archéologie  et  d'histoire  de 

la  Moselle,  à  Metz. 
Id.  —  Société  pour  la  conservation  des  mo- 

numents  historiques  de  l'Alsace, 
à  Strasbourg. 
Angleterre.  —  Société  des  Antiquaires  de  Londres. 
Autriche.  —  Société  impériale  de  géographie  de  Vienne. 
Brésil.  —  Museu  nacional  de  Rio-Janeiro. 
Egypte.  —  Institut  égyptien,  au  Caire. 

Id.      —  Société  khédiviale  de  géographie  du  Caire. 
États-Unis  d'Amérique.  —  Musée  Peabody  d'archéologie 

et  d'ethnographie  américai- 
nes de  Cambridge. 
Id.  —  Institut  Smithsonien  de   Wa- 

shington. 
Id.  —  Commission   d'inspection  géo- 

logique des  États-Unis  (dé- 
partement de  rinlérieur),  à 
Washington. 


XVII 

États-Unis  d'Amérique.  —  Société   liisforique    de    l'État 

du  Kansas,  à  Topeka. 
Italie.  —  Institut  archéologique  d'Allemagne,  à  Rome. 

Id.     —  Ecole  française  de  Home. 
NoitvÉGE.  —  Université  royale  de  Norvège,  à  Clirisliana. 
Russie.  —  Commission  impériale  archéologique,  à  Saint- 
Pétersbourg. 
Suisse.  —  Société  d'histoire  et  d'archéologie  de  Genève. 
Id.      —  Institut  géographique  international  de  Berne. 


EXCURSIONS  ARCHÉOLOGIQUES 

DANS    LES    ENVIRONS 

DE  MILAH   ET   DE    CONSTANTINE 

(1878-1879) 

PAR 

le  Dr  V.  REBOUD  et  A.  GOYT 

MKMBRES    CORRESPONDANTS 

avec   carte  et  planches 


Ce  travail  a  pour  but  de  réunir  dans  un  cadre  restreint 
le  récit  de  nos  excursions  autour  de  Milah  et  de  Cons- 
lantine,  la  description  des  ruines  explorées  et  les  inscrip- 
tions tumulaires  et  autres,  en  grande  partie  découvertes 
par  M.  Sergent,  administrateur  de  la  commune  mixle  de 
Milah. 

Afin  que  le  lecteur  puisse  nous  suivre  plus  facilement, 
nous  croyons  devoir  présenter  sous  forme  de  tableau  les 
noms  des  localités  visitées  et  leur  position  respective. 

1°  Au  sud  da  Djebel- Lekal  :  El-Malali,  El-Khadra-ou- 
el-llamra,  Oudjel ,  Bab-Trouch  ,  Sidi-Klialifa  ,  Fedj-el- 
lladjeur-es-Souassi. 


-  2  — 

Dans  les  Serraouai  :  Borclj-Beïdn,  Kliorbet-AmcIi-el- 
Kebaïli,  Kessaria,  Khorbel-el-Bir,  Ksar-\ledjehouna,  chez 
les  Ouled-Salali. 

Entre  Milah  et  Fedj-Mzala  :  Bon-Foua,  Rouaclieil, 
Redjas,  Temda,  Aïn-Djemil,  Aïn-el-Hamra,  Oued-Cliorra. 

Dam  le  Ferdjioua  :  Akdaïen. 

Autour  de  Milah  :  Ras-Marchou,  Sidi-Merouan. 

Vallée  de  V Oued-el-Kebir  :  Henchir-Sidi-el-Abiod  (Tucca, 
Fines  AfriccB  et  Mauritania') . 

Chaîne  du  Sgao  ou  des  Jlouias  :  Exlréinilé  occidentale, 
au-dessus  de  Guelaal  el  Toum  :  Bedsi,  col  de  Sidi-Iahia, 
Aïn-Kebira.  Versant  nord,  lerriloire  des  Beni-Tlilen  : 
Guelaïn,  Dandio,  Kef-Sonma.  Versant  sud  :  plateau  d'El- 
Ma-el-Abiod,  Dar-Karret,  prés  de  la  maison  forestière,  col 
de  Salah-Bey  ;  Kliorbet-ez-Zemouri,  Oum-el-Assaïb,  Gneiaat- 
el-Maza,  sur  l'Oued-Sbikra,  Mecbta  de  Tahocasl,  à  H  kilo- 
mètres à  l'ouest  de  Smendou,  Hammam  des  Mouïas. 

Vallée  de  l' Oued-Smendou  :  El-Haria,  Mechta-Neiiar, 
Zitounet-el-Bidi  (terme  Laumesfeld),  à  '  l'embouchure  de 
rOued-Klon,  moulin  Prudhomme,  sur  la  rive  droite  de 
rOued-el-Kebir. 


Le  15  mars  1878,  nous  prenons  la  direction  d'El-Malab, 
village  situé  près  d'Oudjel,  entre  l'Oiied-el-Begrat  et  l'Oued - 
Kton,  où  nous  avons  donné  rendez-vous  à  M.  Sergent. 

Fuyant  les  voies  battues,  nous  suivons  le  sentier  qui 
franchit,  au  delà  de  l'Oued-Melah,  le  contre-fort  du  Karkar, 
en  grande  partie  formé  de  dépôts  de  gypse  saccharoïde 
blanc,    contre- fort   qui  vient  mourir  en  éventail  sur  les 


bords  du  Rlioumel,  à  la  hauteur  de  Salali-Bey  et  du  pont 
d'Aumale. 

Des  pentes  rocailleuses,  égayées  çà  et  là  de  bouqucls 
d'arbres  qui  abritent  une  pauvre  mechta,  on  embrasse 
d'un  regard  la  vaste  dépression  aux  berges  escarpées  d'où 
Ton  extrait  le  plâtre  employé  à  Constanline.  Les  planta- 
tions d'essences  diverses,  remontant  jusqu'au  mamelon 
de  la  rive  gauche,  masquent  déjà  les  efïondremenis  du 
sol  aux  teintes  variées  et  cacheront  bientôt  les  plàtricres 
elles-mêmes. 

Parvenu  sur  la  ligne  de  faite,  on  domine  les  ravins  à 
pic  du  N.-E;  l'un  deux  offre  un  massif  de  grands  arbres, 
que  de  loin  nous  prenons  pour  des  oliviers  séculaires, 
bien  rares  autour  de  Constantine. 

Après  deux  heures  de  marche  à  travers  pâturages  et 
champs  cultivés,  nous  prenons  un  instant  de  repos  aux 
pieds  des  escarpements  du  Karkar,  dont  on  aperçoit  de 
Constantine  les  gradins  taillés  dans  le  roc  par  la  nature, 
et  que  domine  la  Kheloua  (l)  de  Sidi-Makhlouf,  le  saint 
marabout  dispensateur  de  la  pluie  aux  Musulmans  du 
canton. 

Le  sentier  traverse  un  cimetière  antique  situé  à  l'angle 
nord  du  Karkar,  au-dessus  de  la  ferme  de  M.  de  Dan- 
court;  il  est  reconnaissable  à  quelques  pierres  tumulaires 
qui  font  saillie  au  milieu  de  fragments  d'opus  reticidalnm. 
A  la  base  de  la  montagne,  on  ne  trouve  que  des  tumuli, 
en  grande  partie  détruits,  et,  dans  les  anfractuosités,  de 
modestes  gourbis  qui  mêlent  leur  teinte  grisâtre  à  celle 
de  la  roche  elle-même. 

(1)  Lien  (le  prière  oxi  de  repos.  —  Altitude  de  J.IIO  m. 


_  /i  _ 

On  longe  ensuite  le  llnnc  occidental  du  Karkar,  tapissé 
de  touffes  de  diss  et  de  térébintlie,  laissant  à  droite  d'im- 
menses cultures  qui  descendent  jusque  sur  les  bords  de 
rOued-el-Kebir. 

Plus  loin,  au  delà  d'un  vieux  bordj,  de  bonne  apparence 
encore  et  appartenant  à  la  famille  du  cheïk  Abmed-ez- 
Zouaoui,  le  chemin  se  perd  dans  une  vaste  fissure,  pro- 
fondément creusée  dans  des  marnes  argileuses;  il  reparaît 
bientôt  au  sommet  de  la  rive  gauche,  entre  deux  Zarours 
ornés  de  chiffons  multicolores.    , 

Beni-Zied.  —  Enfin,  on  pénètre  dans  la  partie  supé- 
rieure des  jardins  des  Beni-Zied,  dominés  par  la  pointe 
extrême  du  Djebel-Zouaoui,  où  s'élèvent  les  ruines  du 
Castellum  Mastarense,  près  de  la  source  abondante  qui, 
de  lout  temps,  a  vivifié  le  pays. 

C'est  à  M.  H.  Fournel,  ingénieur  en  chef  des  mines,  que 
l'on  doit  la  première  mention  des  ruines  des  Beni-Zied, 
qui  ne  figurent  point  encore  dans  la  carte  du  Dépôt  de 
la  guerre  de  1847  (1).  «  Après  trois  heures  de  marche  à 
cheval,  à  partir  de  Conslantine,  dit-il,  je  suis  arrivé  à  une 
espèce  d'oasis,  remplie  d'arbres  fruitiers,  qu'arrose  une 
source  extrêmement  abondante.  Or,  la  Table  de  Peutinger 
indique  à  9  milles  de  Cirta  une  station  à  laquelle  elle 
donne  le  nom  d'AquardUa',  station  qui  ne  se  trouve  pas 
dans  Vltinéraire  d'Antonin  et  dont  aucun  autre  auteur  ne 
fait  mention.  Je  ne  doute   pas   que  les   ruines   que  j'ai 

(1)  Richesse  minérale  de  V  Algérie,  accompagnée  d'échircissement  histo- 
riques, géographiques  sur  cette  partie  de  l'Afrique  septentrionale,  par 
H.  Fournel,  ingénieur  en  chef  des  Mines,  pendant  les  années  1843-46' 
avec  planches  et  cartes.  —  Parii.  —  Imprimerie  nationale,  1849.  —  Pages 
226-227,  planche  xiii,  fig.  4. 


,—  5  — 

visitées,  au  pied  du  Djebel-Zouaoui,  rm  soient  celles 
d'Afjuartillœ.  On  y  voit  de  grandes  murailles  et  des  cons- 
tructions romaines  encore  debout  ;  le  soi  est  jonché  de 
fragments  de  tuiles  et  de  briques  romaines  d'une  blan- 
cheur remarquable.  On  trouve  cà  et  là  de  nombreuses 
pierres  tumulaires  dont  les  inscriptions  sont  d'une  rare 
netteté.  Sans  aucun  doute,  il  y  avait  là  un  grand  étal^lis- 
sement  »  (1). 

Plus  lard,  le  colonel  Greuly  visita  ces  ruines.  Les  vingt- 
trois  inscriptions  relevées  par  lui  llgurent  dans  le  Recueil 
de  M.  L.  Renier,  sous  la  rubrique  iVArjuarUlUv.  Il  est 
vrai  que  le  savant  épigraphiste  a  fait  suivre  ce  nom  d'un 
point  de  doute. 

En  1857,  M.  Clierbonrieau,  pendant  une  exploration 
de  l'azel  des  Beni-Zied,  découvrit,  à  l'entrée  d'un  gourbi 
appelé  IJar-el'Rachi  et  situé  sur  la  rampe  difficile  (jui  mène 
à  la  mosquée,  une  pierre  portant  une  dédicace  à  Caracalla, 
au  bas  de  laquelle  il  put  lire  :  RESPVBLICA  CASTELIJ 
MASTAR  (2). 

Celte  découverte,  qui  nous  faisait  connaître  le  nom  des 
ruines  des  Beni-Zied,  fut  plus  lard  confirmée  par  un  autre 
texte  publié  par  M.  Poulie,  texte  qui  concerne  le  réta- 
blissement d'un  marché  au  château  de  .Mastar  (3). 

Dans  la  prairie  située  en  amont  des  ruines,  Cos;.i  a 
relevé  un  grand  nombre  d'inscriptions  tumulaires  ([ue 
l'on  trouve  dans  les  mémoires  de  la  Société  (4). 

(1)  Ou  ig-nore  encore  l'emplacement  des  stations  d'AquartilI»p,et  de   Nii- 
mituriana  et  la  direction  suivie  par  la  voie  romaine  de  Cirta  à  Milev. 

(2)  Annuaire  de  1858-59.  pages  209-210. 
(3j  Recueil  de  1876,  pages  357  et  358. 
(4)  Rcci'cil  de  1865.  pages  143-145. 


—  6  — 

La  Notice  nous  apprend  que  Malhar  (J\laslar)  était  un 
évèché,  et  nous  donne  les  noms  de  deux  saints  person- 
nages qui  en  occupèrent  le  siège. 

Honoralus  assista,  en  4-11,  au  concile  de  Cartilage;  à 
l'appel  de  son  nom,  il  répondit  :  Me  voici,  mais  aucun 
évêque  n'est  mon  antagoniste. 

Félix  est  le  Sl^  sur  la  liste  des  évêques  de  Numidie 
qui,  en  AM,  se  présentèrent  à  l'assemblée  de  Carthage. 
Exilé  par  Hunéric,  il  mourut  loin  de  Mastar. 

Notre  pass'age  aux  ruines  des  Beni-Zied  n'ajoute  aucune 
inscription  à  celles  déjà  connues.  Ce  n'est  pas  que  les 
pierres  fissent  défaut,  mais  l'état  du  sol,  les  ronces  et 
les  hautes  herbes  rendaient  toute  recherche  impossible. 
Nous  recommandons  à  nos  confrères  le  talus  de  la  rive 
gauche  du  ruisseau,  qui  possède  encore  des  jardins  om- 
bragés. 

L'église  de  Rouffach  est  placée  entre  le  Castellum  et 
le  village.  En  passant  devant  ce  modeste  temple,  nous  ne 
pouvons  résister  au  désir  de  voir  de  nos  propres  yeux 
la  pierre,  déjà  célèbre,  des  martyrs  de  Milah,  trouvée  à 
500  mètres  au  N.-E.  de  Rouffach  et  dont  l'inscription  a 
été  commentée  par  MM.  de  Rossi  (1)  et  Poulie  (2). 

Oued-el-Begrat,  —  En  aval  de  Rouffach,  la  route  de 
Constanline  à  Milah  franchit  l'Oued-el-Begrat  sur  un  pont 
neuf.  Cette  voie  décrit  d'immenses  lacets  sur  les  flancs  de 
collines  privées  d'arbres  et  couvertes  de  cultures.  A  l'un 
des  premiers  tournants,  nous  jetons  un  regard  en  arrière 
sur  l'ensemble  du  Chettaba,  dont  on  voit  bien  distinctement 

(1)  Jliillcdn  d'arclicologlc  rhrôtionnc,   1875,  pa,g-c  162,  et  187G,  pa^c  59. 
(•2)  Recueil  de  1878,  pages,  505-506. 


les  deux  parlies  principales,  le  Karkar  et  le  Clieltaba 
proprement  dit,  séparées  par  un  large  col,  au-dessus  des 
ruines  des  Beni-Zied.  Ce  que  l'on  nomme  Djebel-Zouaoui 
n'est  que  la  poinle  nord  de  l'arête  du  Chetlaba,  qui  ofYre, 
à  son  autre  extrémité,  lauroUe  aiu  inscriptiom  âes  co\ons 
du  l'agus  Phuemiuni,  aujourd'hui  Aïn-Foua  ou  cliàleau 
Gérard  (1). 

Zaouia  de  Sidi-ez-Zouaoui.  -  i.e  Djebel-Zouaoui  tire 
son  nom  du  tombeau  du  cheïk  Alimed-ez-Zouaoui,  célèbre 
par  ses  nombreux  miracles.  La  Zaouia  et  ses  dépendances 
remplissent  un  étroit  vallon  creusé  par  les  eaux  sur  le 
liane  (le  la  montagne,  au  bord  des  escarpements,  à 
-200  mètres  au-dessus  de  la  plaine  et  à  l'ouest  des  ruines 
de  Mastar.  On  les  voit  très-bien  de  la  route. 

Après  avoir  fouillé  les  environs  d'une  mecbla  construite 
dans  un  immense  cercle  de  gros  rochers  isolés,  nous 
atteignons  le  col  d'El-Malah,  dominé  par  un  pic  de 
1,068  mètres,  et  nous  passons  du  bassin  de  l'Oued-el- 
Begrat  dans  celui  de  l'Oued-Kton. 

El-Malah.  —  Le  village  est  à  près  d'un  kilomètre  du 
col.  Ses  maisons  sont  éparses  le  long  du  chemin;  toutes 
ont  été  bâties  avec  des  pierres  de  taille  tirées  du  sol.  Les 
pentes  situées  en  aval  de  la  roule  en  renferment  encore 
de  grandes  (juanlités.  Pendant  leur  extraction,  un  pro- 
priétaire a  recueilli  des  monnaies  d'une  certaine  valeur 
qu'il  dit  avoir  cédées  k  .M.  Prat,  conseiller  à  la  Cour 
d'Alger,  dont  on  connaît  la  riche  collection. 

(1)  Sci]uict-lloiuii.  El-Giicla  ou  Arsacal,  Aïu-Kerma  et  Ferkatadjiue  se 
trouvent  placés  sur  le  versant  uorcl-Cht,  entre  le  Rhoumel  et  la  cliaiuc  du 
Chettaba. 


—  8  — 

Dans  un  mur  extérieur  de  l'auberge  principale,  on 
remarque  un  grossier  bas  relief,  au-dessus  duquel  on  lit 
avec  difficulté  : 

N»  1. 

MERCVRIO  AVG  SAC 
PONTIVS"-  GTVS  V-S'L'M 

La  ferme  Béchac,  placée  sur  la  rive  droite  de  l'Oued- 
Klon,  malgré  sa  position  au  milieu  d'un  vaste  établisse- 
ment agricole,  à  demi-enfoui  dans  les  terres  venues  des 
collines  supérieures,  ne  peut  nous  fournir  qu'une  seule 
pierre  tumulaire  : 

NO  2. 

LICINIA  A- 
FILMITVA-V- 
A  LXV    H-  S 

Autour  du  village  d'Aïn-Tine,  non  loin  de  la  source 
lliermale  sortant  d'un  gros  rocher  isolé,  sur  la  rive  gau- 
che de  rOued-Kton ,  M.  le  capitaine  Mercier  a  relevé 
l'épitaphe  suivante  : 

N»  3. 

D    M    S 
G-  SEIVS  N 
INVS  V-  A- 
XXV-   H-  S- 

De  retour  à  l'auberge,  nous  avons  la  satisfaction  de 
recevoir  MM.  Sergent  et  Mercier,  du  3^  Tirailleurs,  dont 
nous  allons  être  le  compagnon  de  roule. 

Ferme  Drouhot.  —  Nous  commençons  l'exploration  des 
coteaux    qui   dominent   le   village   d'El-Malah,   par   une 


.     —  9  — 

visite  â  la  terme  Dronhot,  entourée  de  belles  plantations 
de  vignes.  Elle  est  proclie  d'El-Khadra-ou-el-Hamra, 
vallon  fertile,  orienté  E.-O.  et  abrité  par  de  hautes  fa- 
laises contre  les  vents  du  sud;  il  forme  un  vaste  domaine 
appartenant  à  la  famille  des  Ben-Ganah,  de  Biskra,  qui, 
en  été,  y  conduisent  leurs  chameaux.  Les  azeliers  ou  ser- 
viteurs qui,  de  père  en  fils,  en  cultivent  la  terre,  ha- 
bitent une  grande  mechta  assise  aux  pieds  des  berges, 
près  des  sources  limpides.  Au-dessous  s'élèvent  trois 
maisons  de  maître  dominant  de  grands  jardins  remplis 
d'arbres  fruitiers. 

Au  premier  aspect,  le  vallon  d'El-Khadra-ou-el-Hamra 
nous  a  semblé  posséder  des  restes  libyques.  En  soulevant 
des  pierres  plates,  perdues  au  milieu  des  champs,  un  frag- 
ment d'inscription  est  entin  venu  nous  récompenser  de 
nos  recherches.  Il  en  existe  d'autres,  sans  aucun  doute, 
sans  parler  de  la  nécropole  que  renferme  le  lot  rural  du 
colon  Chaumerot,  situé  sur  la  limite  d'El-Khadra-ou-el- 
Hamra  et  du  territoire  de  Sidi-Khalifa. 

OuDJEL.  —  Des  crêtes  mamelonnées  séparent  le  vallon 
d'El-Khadra-el-ou-Hamra  d'Oudjel,  situé  plus  au  nord.  Du 
sommet,  on  découvre  le  demi-cirque  couvert  par  les  ruines 
de  l'ancien  Uzelis,  et,  plus  bas,  les  vastes  champs  culti- 
vés, disposés  en  gradins,  qui  atteignent  la  rive  droite  de 
rOued-Kton. 

Au  bas  des  escarpements,  nous  trouvons,  près  d'une 
fontaine,  l'inscription  suivante,  en  lettres  françaises  : 

MESSERLl  ALI 

TURC, 

Capitaine   de    Spahif' 


-    10  - 

Messeiii  Ali,  anjourcl'hui  Baba-Ali,  ancien  Tui'c  d'origine 
bosniaque ,  Caùf  ech  chair  an  service  du  Dey,  devenu, 
an  nôtre,  capilaine  de  spaliis,  s'appelait  simplement  Ali. 
Venu  à  Conslanline  par  cliangement  de  garnison,  il  y  prit 
le  surnom  de  Messerli  (l'Egyptien)  que  lui  donnèrent  les 
liabilants  de  la  ville,  en  souvenir  de  quelques  brillants 
laits  d'armes  dans  lesquels  il  s'était  distingué  pendant 
son  séjour  au  Caire. 

Messerli-Ali  nous  ayant  rendu  de  grands  services,  le 
gouvernement  français  le  récompensa  en  lui  donnant  en 
concession  la  terre  domaniale  d'Oudjel  (],. 

Le  bordj  de  Mcsserli-Ali,  vaste  construction  de  forme 
carrée  avec  cour  intérieure,  devait  dans  le  principe  servir 
de  caserne  à  son  escadron  de  spaliis.  C'est  ce  qui  expli- 
que les  dimensions  de  cette  babilalion,  beaucoup  trop 
'grande  pour  une  famille.  Elle  s'élève  au  milieu  d'une  oasis, 
dévastée  par  des  troupeaux  de  clievaux,  de  bœuls  et  de 
'mulets  qui  eri'ent  en  liberté,  et  dont  le  sol  est  rempli  de 
débris  antiques,  pierres  de  grand  appareil,  etc.,  provenant 
des  constructions  de  la  ville  haute. 

Ce  bordj  renferme  deux  inscriptions  d'un  grand  intérêt, 
qui  furent,  découvertes  par  MM.  de  Neveu  et  Greuly  en 
-1853  (il).  La  plus  impor'.ante  nous  (ait  connaître  le  nom 
ancien  d'Oudjel  :  ij:^elis,  Respublka  V::ditanoniin;  elle 
existe  encore  à  la  hauteur  d'un  seuil  de  porte  s'oiivrant 
dans  un  petit  jardin  réservé.  L'autre,  dédicace  à  .Iulia 
Domna,  est  gravée  sur  une  pierre  placée  à  la  base  d'un 
pilier  de  voùle,  dans  l'écurie  voisine  de  la  maison  des  hauts. 

(!)   liaba-Ali  vient  d'entrer  dans  sa  '.'.ï''  aimée. 
[H)  Annuaire  de  IS.i-l  ;  . 


—  11  - 

La  pai'lie  inférieure  de  la  maison  des  hôtes,  construite 
en  matériaux  de  moyen  appareil,  est  d'origine  romaine. 
Restaurée  et  exhaussée  d'un  étage  elle  sert  aujourd'hui,  de 
silos  et  de  logement  aux  passagers  de  distinction.  Sa  posi- 
tion sur  le  bord  du  plateau  supérieur,  son  isolement  et  la 
blancheur  de  ses  murs  la  font  découvrir  de  loin.  Elle  est 
un  excellent  point  de  repère  pour  les  arcliéologues  qui, 
venant  du  nord  ou  de  l'ouest,  se  rendent  sans  guide  aux 
ruines  d'Oudjel. 

Au-dessous  de  celte  base  de  maison  romaine,  s'étend 
un  deuxième  plateau  ou  gradin  de  4  à  500  mètres  de 
diamètre,  dépourvu  de  végétation,  mais  hérissé  de  pierres 
blanchâtres,  calcinées  par  le  soleil.  Ce  sont  les  restes 
de  la  ville  à'ihelis.  Les  azeliers  de  Messeili-Ali  en  ont 
tiré  les  matériaux  nécessaires  à  la  construction  de  leurs 
gourbis  et  des  parcs  où,  la  nuit,  ils  enferment,  leurs  trou- 
peaux. 

Après  avoir  fouillé  les  murs  et  demandé  aux  habitants 
s'ils  ne  connaissent  aucune  pierre  écrite,  nous  allons  re- 
joindre l)].  Sergent;  qui  nous  attend,  assis  sur  un  frag- 
ment de  colonne,  à  l'angle  du  plateau  supérieur  et  à 
quelques  pas  des  gourbis.  Grande  est  notre  surprise  en 
voyant  devant  nous  un  bloc  de  marbre  blanc  de  l"iOO  de 
haut  sur  O^^OO  de  large  et  portant  à  sa  face  supérieure, 
éclairée  par  le  soleil,  une  inscription  de  14  lignes,  entière 
et  d'une  lecture  facile,  malgré  les  petits  trous  dont  la 
pierre  est  criblée. 

L'épigraphie  d'Oudjel  nous  était  assez  lamilièrc  pour 
savoir  que  cette  inscription  ne  se  trouve  ni  dans  le  Hecneil 
de  M.  Léon  Renier  ni  dans  la   série  des  Annuaires  ûù  la 


12  

Société.  Comment  a-l-elle  pu  échapper  aux  recherclies  de 
M.  Cherbonneau,  qui  a  consacré  plusieurs  jours  à  l'explo- 
ration de  ces  ruines? 

lOVI  OPTIMO  MAXI 
MOGENIO  AREAE  FRV 
MENTARIAE  AVG  SAC 
PMARCIVSPFILQCRES 
.  CENSMAGQFSTATVAM 
QVAM  OR  HONOREM  MA 
GISTRATVSSVIDIEIIINO  . 
NARVM  lANVARIARVM 
IN  CAPITOLIO  PROMISIT 
INLATISRPSVMMIS  HO 
NORARIIS  DECVRIONATVS 
ETMAGSPFETEODEMAN 
NO  DIE  XVI  K  •  OCTOBR 
DEDICAVIT.  L.  D.  D.  D. 

(Sergent). 

Jovi  Oplimo  Maximo,  Genio  araœ  frumeniarœ  Auguslo 
mcrum. 

P.  Marcius  Ihiblii  fUius,  Quirina  (tribu),  Crescens  magis- 
ter  —  statuam  quam  ob  honorein  magistratua  sui  die  terlia 
nonarum  januarlarum  in  capitolio  promisit,  inkitis  Reipu- 
hlicœ  summis  honorariis  decurionalus  et  magistratus,  sua 
pecimia  fecit  et  eodem  anno  die  sextadecima  kalendarum  oc- 
tohrium  dedicavit.  Locus  datus  decreto  decurionum. 

Ce  monument  épigraphique,  trouvé  dans  un  simple 
pagus,  ne  ditîéreen  rien  de  ceux  que  l'on  voit  encore  au 
Squaie  n*»  2,  à  Constantine,  le  chef-lieu  administratif  des 


—  I^î  — 

quatre  colonies.  Comme  beaucoup  d'aulres  personnages, 
P.  Marcius  Crescens,  après  avoir  déposé  dans  les  caisses 
de  la  République  les  sommes  à  payer  pour  ses  nouvelles 
fonctions  de  magistral  et  de  décurion,  fit  élever  à  ses  frais 
la  statue  qu'il  avait  promise  le  3  des  nones  de  janvier, 
dans  une  réunion  tenue  au  Capitole.  La  seule  difïérence 
à  constater  entre  notre  monument  et  ceux  de  l'ancienne 
Cirta  consiste  en  ce  que,  dun  côté,  nous  lisons  :  ob  hono- 
rem  triumviratus,  etc.,  etc.,  et,  de  l'autre,  ob  honorem 
magistratus  ei  decurionatus.  Que  pouvaient  être  ces  fonc- 
tions de  Magister  dans  un  pagus  dont  les  véritables  admi- 
nistrateurs résidaient  à  Cirta? 

On  est  surpris  de  voir  P.  Marcius  Crescens  choisir  comme 
génie  protecteur  de  VArea  Frumentaria,  Jupiter,  très-bon 
et  très-grand.  Quoique  ce  puissant  dieu  de  l'Olympe  com- 
mande à  la  nature  entière,  à  la  foudre,  aux  éclairs,  à  la 
pluie,  si  nécessaire  en  Afrique,  il  nous  semble  empiéter 
sur  les  attributions  de  Saturne,  le  dieu  de  l'agriculture, 
dont  les  autels  sont  si  nombreux  en  Algérie  que  l'on  en 
trouve  sept  dans  la  seule  ruine  d'Aïn-Madjouba  (Nocalicia? 
Poulie).  Faut-il  croire,  d'après  les  inscriptions  de  Khen- 
chela,  publiées  par  M.  A.  Goyt,  que  Saturne  était  surtout 
invoqué  pour  la  conservation  des  troupeaux  (depecoribus)? 

Mais  on  ne  peut  être  étonné  de  ce  que  P.  Marcius 
Crescens  fait  élever  à  ses  frais  un  monument  consacré  au 
Génie  protecteur  de  VArea  Frumentaria,  si  l'on  connaît  la 
fertilité  actuelle  des  terres  du  canton  d'Oudjel,  situées  à 
une  assez  grande  altitude  et  exposées  au  nord  et  aux  in- 
lluences  de  la  mer. 

C'est  à  cause  de  cette  fertilité  que,  de  tout  temps,  des 


—  u  — 

familles  considérables  voulurent  y  posséder  des  terres  de 
culture.  C'est  dans  le  territoire  d'Uzelis  que  se  trouvaient 
les  domaines  (prcedia)  de  Caîlia  Maxima,  femme  clarissime; 
de  nos  jours,  ce  sont  les  Bcn-Zekri,  les  El-IIaoussine,  les 
Messerli-Ali,  les  Ben-Ganali  qui  possèdent  les  plus  riches 
parties  du  sol  labourable. 

Notre  inscription  nous  montre  donc  qu'Uzelis  était  un 
centre  agricole  et  que  de  belles  récolles  venaient  récom- 
penser les  travaux  des  habitants,  il  est  probable  que  c'est 
dans  une  circonstance  pareille  que  P.  Marcius  Crescens 
dédia  une  statue  à  Jupiter,  comme  témoignage  de  recon- 
naissance. 

L'inscription  d'Aïn-Tine  découverte  par  Costa  et  com- 
mentée par  M.  Poulie,  nous  porte  h.  croire  que  l'espace 
cultivé  était  moins  vaste  autrefois  qu'aujourd'hui.  En 
effet,  il  y  est  question  de  Saltus,  forêts  ou  bois  à  pâtu- 
rages, pour  la  conservation  desquels  l'esclave  Numidius, 
actuarius  ou  régisseur,  se  vit  obligé  de  faire  construire 
des  tours  (1). 

«  Les  Uzelitains  n'étaient  pas  seulement  des  cultiva- 
teurs; ils  se  livraient  également  à  la  fabrication  des  ou- 
vrages en  terre  cuite.  Une  partie  des  conduites  d'eau  de 
Girta  était  construite  en  tuyaux  de  celte  provenance;  ils 
portent  imprimés  en  l'elief  la  marque  Uzelit  ou  celle  de 
Uzelitan,  qui  sont  des  abréviations  d'Uzelitani  (1).   » 

Les  berges  de  l'Oued-Klon  renferment  encore  de  puis- 
santes couches  de  lerre  à  potier. 

Le  côté  oriental  de  l'oasis  possède   lé   seul   monument 

(1)  liccucil  de  1876-77,  pages  514-518. 

(2)  Annuaire  de  ConstanfAne,  1853,  pasc  SU. 


-  15  — 

qui  puisse  nous  donner  rino  itiée  tlo  rarchilecture  ries 
Uzelilains.  C'csl  l'arceau,  en  pierres  tle  tarant!  appareil, 
(l'une  haute  porle  qui,  aujourd'hui,  se  dresse  chancelanlc 
au  milieu  (ic  petits  carrés  de  piments  et  de  pastèques; 
à  la  partie  supérieure,  les  pierres  ■  se  disjoignent,  et, 
dans  quelques  mois  peut-être,  ce  vieux  monument  dispa- 
raîtra comme  tant  d'autres. 

Nous  cherchons  en  vain  les  traces  de  la  voie  qui  devait 
y  ahoutir. 

A  la  hauteur  de  la  porle  commence  la  colline  qui 
forme  le  côté  oriental  du  cirque,  ouvert  au  nord,  dans 
lequel  est  assise  la  ville  haute  d'Oudjel.  On  la  reconnaît 
à  des  lamheaux  de  roches  plates,  grisâtres,  déchiquetées, 
de  2  à  3  mètres  de  haut  sur  autant  de  large.  Malgré  les 
lichens  et  les  hachures  multipliées  dont  la  pluie  a  strié 
ces  roches  inclinées  de  l'ouest  à  l'est,  il  est  facile  d'obser- 
ser  sur  chacune  d'elles  une  série  d'inscriptions  surmon- 
tées d'un  croissant.  Notre  temps  est  trop  précieux  pour 
le  consacrer  à  la  lecture  de  ces  textes  à  demi-effacés. 
Nous  préférons  continuer  les  fouilles  de  iMfl''  Robert, 
évèquc  de  Constantine,  à  la  base  d'un  gros  bloc  de  rocher, 
où  nous  parvenons  à  relever  six  épitaphes,  dont  quatre 
appartiennent  à  une  famille  de  Lollius. 

D    M  I)    M  D    M 

IVLIVS  Q-  IVLIVS  LL(3LLIVS 

NAMPÀM  lANVARIV  IVNI 

EVA  LXIÎ-  S-  V-  A-  LXI  VS  V-  A  XX 

SEOT  r.Q-  11-  S-  E-  V  II-  S-  E- 


m 

D    M 

M-  LOLLIVS 

FAVSTVS 
VANNLXXXV 
H-S'O'B-  Q- 


IG  — 


N»  ',"». 


D    M 

Q-  LOLLIVS  FE 
LIXVAXV 
H- SE- 


N»  Kl. 

D    M 

M.  LOLLIVS  F 
AVSTVS  FIL 
IVSVAXXXX 
H-  S-  E- 


Le  long  (lu  sentier  qui  conduit  à  El-Malah,  on  trouve 
d'autres  épitaphes  rupestres  déjà  signalées  par  M.  Cher- 
bonneau  (1).  Malgré  la  violence  du  vent,  nous  retrouvons 
les  inscriptions  relevées  par  l'ancien  Secrétaire  de  la 
Société  et  quelques  autres,  dont  trois  portent  le  nom  de 
Quintillia. 


N"  11. 


N"  12. 


N»  13. 


D    M 

D    M 

D    M 

TANGI 

Q-  FANNIVS 

GLODIA? 

NIVS  MAR 

SEVERVS 

ROGATA 

TIALIS 

VIXIT  ANiNIS 

VANNIS 

VIX  AiNN  LXIII 

LXI-  H-  S- 

XXVI 

H-  S-  E- 

H-  S-  E- 

N»  14. 

N»  15. 

N"  16. 

D    M 

D    M 

D    M 

CVRIA 

TANGINIA 

FANNIA 

QVINTILL 

QVINTILL 

QVLNTILL 

lA-  V-  A- 

lA-  V-  A-  XV- 

lA-  V-  ANN 

XXX 

IS  LI 

s  P 

On  nous  affirme  qu'il  existe  des  roches  à   inscriptions 
jusqu'au-dessous  du  piton  qui  domine  la  ferme  Drouhol. 


(i)  Annuaire  de  1854,  pages,  147-49. 


—  47  - 

La  Notice  place  en  Numidie  révêclié  d'Ullas  (Ululi- 
tani),  qui  ne  peut  être  que  notre  Uzelis,  dont  le  nom  s'est 
altéré.  Aussi,  rapportons-nous  à  celte  dernière  localité 
les  deux  évêques  mentionnés  par  la  Notice  elle-même  : 

Ireneus,  qui  assista  en  255  au  Concile  de  Carlhage,  et 
Quolvultdeus,  exilé  par  Hunéric,  en  484. 

Bab-Troucu.  —  En  franchissant  les  coteaux  couverts  de 
jeunes  moissons  qui  séparent  Oudjei  de  Bab-ïroucli,  nous 
copions  le  fragment  suivant  : 

N»  17. 

DIS  MANl 
BVS  CELIA 
MATRONA 


pendant  que  le  garde-champclre  de  Sidi-Klialifa  nous 
apporte  un  petit  texte  iibyque  tronqué,  il  est  vrai,  mais 
intéressant  à  cause  de  la  station  où  il  a  été  découvert. 

On  donne  le  nom  de  Bab-Trouch  à  quelques  fermes 
isolées  possédant  un  sol  fertile  et  des  eaux  abondantes, 
qui  arrosent  des  jardins  plantés  d'arbres  fruitiers,  renom- 
més dans  le  pays  pour  le  volume  et  la  saveur  de  leurs 
fruits.  On  y  retrouve  des  restes  de  villas  romaines;  les 
indigènes  recueillent  parfois  des  monnaies  plus  ou  moins 
frustes.  M.  Sergent  a  relevé  dernièrement  deux  inscrip- 
tions, une  latine  et  une  Iibyque  entière  et  bien  conservée. 

N»  18. 

D    M 
GAETANV 

SVIX-ANN 

IS  XXII 

II-  s.  E- 

2 


-  18  —    . 

SiDi-KiiELiFA.  —  Au  delà  île  Bab-ïroucli,  on  renconlic 
i'Oued-Klon  qui  longe  la  base  du  Djeljel-Lekal  et,  sur  sa 
rive  gauche,  la  roule  de  ]\lilah  à  l'Oued-Alménia.  Les  mai- 
sons du  village  de  Sidi-Klielifa  sont  éparses  sur  une  même 
ligne  au  pied  de  la  montagne  et  séparées  de  la  rivière 
par  la  roule  et  les  jardins. 

Lors  de  la  création  de  Sidi-Klielifa,  on  déterra  bon 
nombre  de  pierres  libyques,  aujourd'hui  perdues.  Il  en 
existait  également  sur  une  plate-forme  dominant  le  village, 
où  Iç  service  des  Ponts  el  Chaussées  a  fait  une  plantation 
d'arbres.  Elles  partagent  le  sort  des  premières,  c'est-à- 
dire. qu'elles  sont  entrées  dans  les  murs  des  fondations. 
Depuis  que  l'Administrateur  de  la  commune  leur  a  fait 
connaître  l'importance  de  ces  vieux  monuments,  les  colons 
s'empressent  de  lui  signaler  leurs  trouvailles.  C'est  ainsi 
qu'on  a  pu  sauver  quelques  pierres  et  les  déposer  au 
musée  de  Milah. 

Nous  avons  copié,  dans  la  maison  Hubert,  l'épitaphe 
qui  suit  : 

N"  ly. 

SELV---- 

YIXIT  AN 

NIS  LXV 

H'S'E- 

et,  dans  la  maison  Verdun,  un  beau  fragment  libyque. 

En  remontant  la  rivière,  on  laisse  à  droite,  au-dessous 
de  grands  rochers,  la  Zaouia  du  marabout  Sidi-el-iïaous- 
sine,  dont  la  famille  possède  des  terres  immenses  et  du 
meilleur  choix.  Bientôt  on  franchit  le  col  d'El-Hadjeur- 
es-Squassi,   dont    la  nécropole  libyque  nous  a  donné  une 


—  19  — 

série  de  grandes  et  belles  inscriplions,  el  l'on  passe  du 
bassin  de  l'Oued-Kton  dans  celui  d'un  affluent  secondaire 
du  Rhoumel.  Ce  torrent  traverse  une  vallée  fertile  dont 
le  territoire  comprend  celui  de  Bled-Yussef,  village  de 
récente  création.  Elle  présente  à  sa  partie  supérieure  deux 
grands  bassins  en  bonne  maçonnerie  qui  recueillaient 
sans  doute,  autrefois,  des  eaux  venues  de  la  montagne; 
nous  avons  eu  l'occasion  de  les  visiter  en  allant  à  Bordj- 
Beïda. 

Bordj-Beïda.  —  Le  Cheik  de  cette  localité  s'empresse 
de  nous  montrer  les  restes  antiques  qui  ont  échappé  aux 
fouilles  de  l'entrepreneur  du  bordj.  Ce  sont  :  quelques 
pierres  de  grand  appareil,  une  voûte  en  blocage  couverte 
à  sa  partie  supérieure  d'un  pavé  en  opus  reùculatum,  et 
la  moitié  d'un  pressoir  à  buile,  le  seul  que  nous  ayons 
rencontré  dans  celte  partie  de  notre  excursion. 

Kiiorbet-Amdi-el-Kebaïli.  —  Fia  Kliorba  d'Amdi-el- 
Kebaïli  couvre  une  éminence,  située  au  milieu  d'une 
plaine,  à  3  kilomètres  de  Bordj-Beïda.  On  y  voit  les  épi- 
laphes  d'un  centenaire  et  d'une  femme  indigène  portant 
tous  les  deux  un  nom  punique. 

(M)ATTON  IVLIA 

(V.)  A.  C-  GIDA 

II- SE-  VIXIT 

ANNIS 
LXXV 

La  pierre  de  cette  dernière  inscription   offre   au   som- 
met et  à  la  base  d'autres   lettres  qui  n'ont  rien  de   com- 


—  ^20  — 

mun  avec  le   texte,  et  qui,  d'ailleurs,  sont  d'une  lecture 
douteuse. 

Mechta-Rasfa  (Oulkd-Sal\ii).  —  Plus  loin  et  toujours 
dans  la  direction  de  l'ouest,  une  libyque  entière,  passa- 
blement gravée  sur  une  pierre  noirâtre,  nous  arrête  pen- 
dant plus  d'heure,  sur  le  bord  d'un  chemin,  au-dessous 
(le  la  mechta  Rasfa,  de  la  tribu  des  Ouled-Salah.  La  stèle, 
étroite  et  longue,  est  à  demi-enfouie  dans  les  marnes  de 
la  berge.  Elle  est  aujourd'hui  au  musée  de  Milali. 

Kessaria.  —  De  la  I\lecbta  Rasfa,  on  se  rend,  après  de 
nombreux  détours,  à  Kessaria,  ferme  de  l'ancien  cadi 
Magoura-ben-Achour,  parent  de  Bou-Akas.  De  hautes  mu- 
railles, en  pierres  taillées  de  toutes  les  dimensions, 
s'élèvent  au  milieu  d'une  plaine  légèrement  inclinée  vers 
le  Rlioumel,  et  forment  un  grand  rectangle  dirigé  du 
Nord  au  Sud.  Après  un  examen  attentif  de  chaque  bloc, 
notre  chasse  épigraphique  se  borne  à  une  épitaphe  de 
dame  centenaire. 

Is'o  22. 

D     M 

IVLIA  VRBA 

NA  VA-C- 

KiiORBET-EL-BiR  (Ouled-Salali).  —  Pendant  que  nous 
cherchons  le  Ksar-Medjahouna,  près  duquel  nous  devons 
déjeuner,  nos  guides  apportent  de  Kliorbel-el-Bir  deux  tu- 
mulaires  qui  offrent  un  véritable  intérêt.  C'est  la  pre- 
mière fois  que  nous  rencontrons  les  formules  suivantes  : 
Obitum  reddidit,  obitum  nalurœ  reddidit. 


24  


N"  23. 

S-  RVSTIGVS 

OBITVM 
IlEDD  VIXIT 
ANNIS  CXXV 


D  M  S 
L-  GALP 
VRNIV 

S  OB-  N 
A-  UEDD-  VI 

X  ANNIS 
LXXV 

La  pierre  de  Rusticus  est  irès-irrégulière  dans  son 
pourtour;  les  lellres,  quoique  d'une  forme  négligée,  se 
lisent  l'acilement.  Quant  au  nombre  GXXV,  il  a  été  cons- 
taté par  chacun  de  nous,  au  grand  étonnement  des  indi- 
gènes.    . 

Ksau-Medjauouna.  —  Le  Ivsar-Medjaliouna  est  un  tom- 
beau qui,  malgré  son  élal  de  délabrement,  conserve  en- 
core un  aspect  monumental',  rehaussé  par  la  teinte  sombre 
de  ses  matériaux  et  le  calme  profond  de  la  plaine  qu'il 
domine,  loin  de  toute  ruine  importante.  Ses  dimensions, 
cependant,  ne  dépassent  guère  trois  mètres  de  haut  sur 
deux  mètres  cinquante  de  long  et  deux  de  large.  L'inté- 
rieur et  les  abords  sont  encombrés  de  monolithes  "prove- 
nant des  corniches  supérieures  et  de  la  façade  méridio- 
nale, il  est  possible  que  l'un  d'eux  porte  une  inscription 
à  sa  face  tournée  vers  le  sol,  mais  leur  poids  est  trop 
considérable  pour  que  nos  forces  réunies  puissent  les 
retourner. 

Pendant  que  nous  déjeimons,  des  indigènes  nous  ap- 
portent une  pierre  oi'née  du  monogramme  du  Ghrist. 

Serraouat.  —  La  région  où  s'élève  le  Ksar-Medjahouna 
(ail  partie  des  Serraouat.  On  appelle  ainsi  la  partie  supé- 


—  22  -— 

ricure  (800  m.  d'alt.)  des  liauls  plateaux  qui  séparent  le 
bassin  de  l'Oued-En-Ndja  de  celui  du  Rhoumel,  et  des- 
cendent vers  celte  rivière  à  la  hauteur  de  l'Oued-Atménia. 
lis  s'étendraient,  de  l'est  à  l'ouest,  entre  l'extrémité  du 
Cliettaha  proprement  dit  et  le  territoire  des  Ouled-Kebbeb. 
C'est  une  contrée  relativement  froide  et  humide,  et  par 
cela  même  propre  à  la  culture  des  céréales  et  à  l'élevage 
des  bœufs.  La  partie  que  nous  traversons  se  présente  sous 
la  forme  de  petites  plaines  aux  contours  irréguliers,  bor- 
dées par  des  ronflements  du  sol  qui  se  dirigent  dans  tous 
les  sens.  On  y  rencontre  peu  de  mechtas,  si  ce  n'est  près 
des  fontaines,  où  elles  sont  adossées  contre  un  talus,  dans 
une  dépression  du  sol,  au  milieu  de  plantations  de  cactus 
à  demi-broutés. 

Vers  midi,  nous  quittons  les  Serraouat  pour  la  vallée 
de  rOued-En-Ndja.  Arrivés  sur  le  territoire  des  Ghoume- 
riem,  dépendance  du  poste  militaire  de  Fedj-Mzala,  nous 
suivons  un  chemin  qui  doit  nous  conduire  à  Temda.  Mal- 
gré la  roideur  de  la  pente  et  le  nombre  des  lacets  qui 
sillonnent  la  berge  méridionale  de  la  vallée  comprise 
entre  Milali  et  le  Ferdjioua,  nous  pouvons  contempler  à 
notre  aise  le  vaste  panorama  qui  se  déroule  à  nos  yeux, 
des  Babor  aux  Toumiettes. 

Temda.  —  Temda  est  un  village  kabyle  de  ''0  à  4-0 
gourbis  assez  proprement  tenus,  situé  à  18  kil.  de  Milah, 
aux  pieds  des  escarpements  supérieurs  et  à  la  naissance 
d'une  vallée  encaissée,  dont  la  partie  moyenne  est  formée 
de  marnes  gypseuses  contenant  du  sel  gemme  en  petite 
quantité  (l).  La  source  qui   l'alimente   vient- sourdre  au 

(I)  Foiirncl,  Op.  cit.  page  238. 


—  23  — 

milieu  tl'anfracliiosilcs  rocheuses  d'un  accès  iliflicile.  En 
quiUant  la  séguia  creusée  dans  la  pierre,  elle  forme  un 
véritable  ruisseau  d'une  eau  limpide  et  de  bonne  qualité, 
qui,  dans  le  bas  de  la  vallée,  fait  mouvoir  de  nombreux 
moulins.  Réuni  à  d'aulres  plus  ou  moins  saumàlres,  il 
devient  l'Oued-Redjas  et  va  se  jeter  dans  l'Oucd-En-Ndja. 

Ruine  de  Temda.  —  Un  peu  en  aval  et  sur  la  rive 
droite  de  la  vallée,  s'étend  un  plateau  dont  les  flancs  nord 
et  ouest  sont  encore  soutenus  par  des  murs  en  pierres 
(aillées.  15ne  partie  des  blocs  est  descendue,  soit  dans  les 
jardins,  soit  dans  la  rivière.  Une  éminence  blancbàti'e,  où 
aflleurent  des  subslruclions  et  qui  renferme  peut-être 
dans  ses  flancs  les  restes  d'un  édifice  romain,  couvre  une 
partie  de  celte  plate-forme. 

On  voit  encore  des  restes  de  murs  sur  un  mamelon  de 
marnes  irisées,  gypeuses,  que  longe  le  sentier  de  Milah  à 
Temda. 

Entre  le  plateau  et  ce  mamelon,  éloignés  l'un  de  l'autre 
d'environ  5U0  mètres,  on  trouve  un  grand  nombre  de 
pierres  lumulaires,  cippes  souvent  remarquables  par  les 
ornements  de  leur  sommet,  la  beauté  des  lettres  et  la  for- 
mule des  épitaplies  :  Splendklissimœ  memoriœ  mater,  obse- 
(pientissimœ  memoriœ  mater.  Ils  sont  dispersés  sur  un  ter- 
rain incliné,  tanlôt  libres,  lanlôl  à  demi-enfouis  et  affleu- 
rant le  sol.  Quelques-uns,  entraînés  dans  les  jardins,  sont 
entrés  comme  matériaux  dans  les  murs  de  clôture. 

Les  ruines  de  Temda  ne  nous  ont  offert  qu'une  ins- 
cription impériale:  c'est  une  dédicace  à  Caracalla,  de 
l'an  202. 


—  24  — 

N»  25. 

IMPE 
AESARIS  L  SEPI 
SEVERI  PII  PERTIN 
AVG- ARABADIAB  PA 
AX  FIL-  DIVI  M-  ANTO 
NI  PII  GER-  SAR-  NEP 
DIVI  ANTONINIPII  PR 

VI  IIADRIA 

P  DIVI  TRAIA 
ART  DIVI  NER  ADNE 

AVRELIANTONINI  PII 
LICI  AVG  PONT  MAX 
OT' V- COS        FOR 
LICISSIMIQ-PRINGPPS 
SVPER  0  PRIN 

CI\ 

Pm  SahUe?  Imperaloris  Cœsaris  Lucil  Septimi  Severi 
pil  Vertinacis,  Awjusli ,  Arabici,  Adiabenici ,  Parthici 
Maximi  filli,  dioi  Marcl  Antonini,  pli  Germanici,  Sarmatki 
nepotis,  dwi  Antonini  pii  pronepotis,  dim  Uadriani  abne- 
polis,  diii  Trajani  Parthici,  divi  Nercœ  adnepotis. 

Aurelii  Antonini  pii  felicis  Augusti,  Pontificis  Maximi, 
Iribunitia  poteslatis  v,  Consulis,  Proconsulis,  fortissimi  feli- 
cissiniique  principis,  patris  patriœ,  super  onmes  principes 
induhjentissimi. 

Citntas? 

Ce  lexle  est  gravé  sur  une  i)ieri'c  d'un  nièlre  de  long 
sur  soixante  centimètres  de  large;  les  lettres  ont  six  cen- 
timètres de  hauteur.  11    est   regrettable   qu'un   éclat  ait 


—  25  — 

cnlevô  la  partie  inl'érieure  du  inoniiineriL  où  se  Irouvait 
le  nom  de  la  localilé  qui  l'a  élevé  poui-  la  sanlé?  de  Cara- 
calla.  La  pierre  est  sur  le  bord  d'un  canal  d'irrigation  qui 
longe  le  flanc  occidental  du  plateau. 

Les  infcriplions  tumulaires,  au  nombre  de  2:J,  ont  été 
relevées,  soit  par  M.  Sergent  et  M.  le  capitaine  Godon, 
du  3°  Tirailleurs,  soit  par  nous. 


D     M     S  DM 

SIÏTIA   DE  COSCOMA 

LENA  SPLEN  VHBANA  OB 

DIDISSLMAE  ME  SEQVENTISSLMAE 

MOHIAE  MATER  ME.MORIAE 

V-  A-  cm-  11-  MATER 

S-  0-  L5-  0  V- A-  LXX 


Sur    un    beau    ri^ipc    îi 
soiuiuct  orucuiciitc. 


II-  S-E- 

(-'iji]ic  termine  par  un 
fronton  iriaii^.ulaire,  orné 
du  eroiesant. 


N"  '^i.  ^■''  ;?9.  X"  30. 

U  M  S      —  D    M  D    M    S 

IIEREMA  ]•    VOLVSSl  SEX-  VOLVS 

EELICIA  VSCEIL-Q-  SIVS  SEXTIF- 

V-  A-  LXXXV  CASTVS  V-  QVIR-  ROGAT 

II- S   E  A-    LXXXXV  VS  V-  A 

LXXIII 


N'  31. 


OMNIBVS 
HONORIBV:;; 

FViXCTVS 

VA-  LXXII 

0-T-  B-0- 


-  "20  — 


D    .M    S 
1/  IVLIVS 
SALSVL 
VS  V-  A- 

LXXII 

H-  S-  E 


N"  33. 

D  M  S 
Q-   IVLIVS 

VICTOR 

AVGViUNVS 

V-  A-  LXV 

II-  S-  E 


Très -beau     cipjic;  Beau     cippe,    belles 

iiTaudes  et  belles  lettres       lettres. 


uicii  fouscrvces. 


N"  31. 

1)    M    S 

SEX  CLAVDl 

VS  CL.WDLV 

.NVS  ViX-  A- 

LUI 

USE 

Û-T-  B-0- 


N»  3,5. 

D    M    S 

SEX  PONIIVS 

FELICIANVS 

VALXII-  Hic  S 

E-o  T-  r.-o 


X"  .36. 

D   M    S 

A.NLNIVS  CL 

AVDIANVS 

iVXIOR 

VIXIT  AN 

NIS  LXIl 

US  E- 


X"  37. 

n-  M-  S- 

T-   PON 
T  I  V  S 

ISiOORVS 

y-  A-  Li 

II- S-  E- 

Iicltrcs    d'une    basse 
cpoque. 


N'^  3S. 

S I  L  A  N  V 
S-  VIX  A  LXV 
0  T-,B-0 


N''  .30. 

DIS  y\'  s 

SEBÏO 
RIVS  V- 
A- LXXXV 


// 


—  27  - 


N'    1(1. 

U   31    S 

M-  lALLIVS 
IIOGAÏVS  V- 


AN 


USE 


N»    II. 

D    M    S 
G-  AVLEVS-G-  F 
OVIR-  PROCESSI 
ANVS  V-  A-  XVII 
USE-    O-TRO- 


X»  42. 

I)    M    S 
STARERI 
A  MATRO 
NAVALXXX 

Pierre  non  lailk'e-, 
lettres  grandes  et  mal 
gravées. 


X'^    1.1 

G  0  R  N  E 
L  1  A    iM  A 
TRONA  VIX 
IT  A  XXXX 


X'    11. 

D    W    S 

S  ITT 1  A  GATV 

LMNAVAXXI 


N»  45. 

D  M  S 
I  \'  L  I  A 
RLATIGA 
V-  A  LX 
USE 


N°  46. 

D  y\  s 

SVLPIGIA 

.MATROMGA 

V-  A  LV 


X"  47. 

I)    M   S 
IV  LIA   RO 
GATA  YIXIT 
AMS  LXXX 

0-TRQ- 


N»  4.1 

D    .M    S 
SVFIDA  IIO 
XORATA  SVF- 
OPTATVSFILR 
P-  V-  A-  V 
Il  S  E 


Beaucoup  tle  lellrcs  du  n"  48  sont  iiccs;  l'S  et  TE  de 
i^Uhscsi  se  li'ouvcnl  sur  les  cùlés  de  répilaplie,  dans  une 
queue  d'aronde. 

Nous  plaçons  à  la  suite  des  inscriptions  de  Temda, 
d'autres  inscriptions  provenant  de  localités  situées  [tlus 
à  l'ouest,  chez  les  Ouled-Kehbeb  et  dans  le  Ferdjioua,  et 
que  M.  Sergent  nous  a  communiquées. 


28  — 


>;»  49. 


VIXIT 

ANNIS  CXX 

Uiieil-Cliorra,  lerriloire  de  !a  tribi:  dos  Gliouiiieriem. 

N"  50. 

D    iM    S 

Q-  G'  MALLE 

HIVS      .M 

ARGELLINVS 

V-  A 

XXV 

L  * 

Aïn-el-llamra,  chez  les  Ouled-Kebbeb.  Gopie  de  M.  Soiissi, 
interprète  judiciaire  à  .Milali. 

]S'"  51.  N»  52. 


n  M   s 

QSTATIVSCAi: 
CILIVS  BUTKA 
V  A  LXX-  EulT  IN 
HIS  PHAEDUS  AN 
NISXXV-  ANTIO 
Gins  M  A  m  TA 
PROFVTVRVS  L\l 
IJEII  FlLll  CVM  SO 
llOrUBVS  SVIS 
PATRI  DIGNISSLMO 
II-   S-   E 

Aïu-Djcuiil,   tribu    des    Oulccl- 
Kcbbeb.  —  Copie  de  M.  ISergent. 


D    M    S 

PROI  VTVIIVS 

V-  A-  LXII  EGITIN 
IIIS  PRAEDllS  GV.M 
r.VTRA  PATRE  SVO 
ANNIS  XXX  ET  POST 
0B1TV31  PATRIS  AN 
NOS  XXII-  IMBER 
GVM  SORORIBVS 
SVIS  FRATRI  UIGNIS 
SIMO 


Aïii-Djcnul,   tribu  des    Ouled- 
Kcbbcb.  —  Copie  de  M.    Sergent. 


(■}[)  

N»  53. 

DM     SAC 
NAMPVLVS  ET  VRBANA 
CALVVS   ET    CRESGENS 
PARENTES  V-  S-  L-  A- 

Sur  un  anlel  porlniil  un  bas-relief  au-dessus  de  Tins- 
criplion.  —  Akddien,  dans  le  Ferdjioua.  —  Copie  do  M.  le 
capitaine  Karlli ,  du  63*^  île  Ligne,  communiquée  par 
.M.  Sergent. 

Le  cliemin  de  Temda  à  .Milali  est  très-fréquenté.  Ouoi- 
que  tiacè  en  général  à  nii-cùle,  il  descend  plus  d'une  fois 
dans  le  fond  des  vallées  secondaires  pour  gravir  ensuite 
(ks  pentes  rocailleuses.  Pendant  le  trajet,  on  rencontre 
des  meclilas  populeuses,  entourées  de  jardins;  le  Ham- 
mam des  Bou-Hallouf,  dont  l'eau  chaude  (+  'iO;,  légère- 
ment sulfureuse  et  célèbie  dans  le  pays,  sort  des  roches 
de  la  rive  droite  et  remplit  un  bassin  antique?  (IL  Fournel); 
la  Djemàa  de  Lella-Wedjadja,  qui  domine  un  piton  isolé; 
des  agglomérations  de  pierres  de  taille  qui,  jusqu'ici, 
n'ont  donné  aucun  texte  latin  ou  libyque. 

On  aperçoit  plus  ou  moins  distinctement  dans  le  fond 
de  la  plaine,  les  villages  de  Rcdjas  (1),  de  Bou-Foua  (2), 
de  Kouached  [â),  etc.,  nouveaux  centres  de  population 
établis  près  de  ruines  romaines. 

Ras-.Marcuou.  —  La  colline  désignée  sous  le  nom  de 
Ras-Marchou  est  un  contre-fort  du    Djebel-Lekal,  situé   à 

(1)  BoiMie  milliairc,  Recueil  187G-77.  —  Stèles  libyqiies  (Goytj. 

(2)  Stèle  libyque,  Recueil  1879,  ii«  307. 

(3)  Dédioaoe  à  Juiio  Cœlestis,  Recueil  1876-77,  pages  523-.524. 


—  30  — 

3  kil,  au  suil  'Je  Milali.  Un  de  ses  mamelons,  éloiuné 
d'environ  500  mètres  d'Aïn-.^larclioii,  garde  au  milieu 
d'une  pelile  ruine  de  larges  bases  de  colonne  el  un  beau 
fragment  d'inscription,  gravée  sur  une  pierre  d'un  mètre 
de  long  sur  cinquante  centimètres  de  large. 

X'  54. 

•  •  •  m  viRO  Tïïï  COL 

•  •  •  COL  MILEVITANA 

•••  IVLIVS  Q-  FIL-QVIR--- 
•••ABIVS  AGRIPPINVS---- 
IIAIUSSLMAL  AD 

De  Ras-Marchou  sortent  sept  ou  huit  sources  qui  ser- 
vent à  l'alimentation  de  iMilali  et  à  l'irrigation  de  l'oasis. 
Elles  donnent  vingt  litres  à  la  seconile,  dont  trois  sont 
détournés  pour  les  besoins  de  la  ville  européenne.  Après 
avoir  mis  en  mouvement  une  douzaine  de  moulins,  le 
ruisseau  atteint  le  sud  de  l'oî/sis  et  se  divise  en  deux 
parties,  qui  contournent  les  jardins,  l'une  à  l'est,  l'autre 
à  l'ouest,  pour  se  rejoindre  ensuite  en  aval  de  Milali. 

Des  hauteurs  de  Ras-Marchou,  on  voit  se  dérouler  un 
paysage  des  plus  variés;  ou  domine  l'oasis  et  la  ville, 
assises  sur  un  plateau  ondulé,  qui  semble  glisser  dans  la 
vallée  du  Rhoumel,  entre  des  collines  formées  de  terres 
marneuses  de  couleur  rouge  brique. 

Oasis  de  Milah.  — •  L'oasis  est  de  la  contenance  de 
100  hectares;  de  grands  arbres  d'essences  variées  l'abri- 
tent contre  les  rayons  du  soleil  et  rendent  le  sol  peu  pro- 
pice aux  cultures.  C'est  à  cette  raison  sans  doute  qu'il 
faut  attribuer  l'état  d'abandon  habituel  aux  jardins,  A 
peine  découvre-t-on  rà  et  là  quelques   petits   carrés  d'oi- 


—  si- 
gnons ou  (le  pimenis.  Les  citronniers  tle  Milali,  (jui  jonis- 
senl  (.l'une  cerlainc  rt^'pulalion,  sonL  cultivés  (Jans  ta  ville 
même.  Un  compte  \o  jar(Jins  reniermanl  :25   pieds  d'ar- 
bres en  moyenne  (1). 

Un  peu  avant  d'arriv(jr  à  la  porte  de  la  Kasbali,  on 
découvre,  à  droite,  sur  une  grande  étendue,  les  murs  de 
l'enceinte  byzantine.  Cette  vue  rappelle  tout  le  passé  de 
Milah.      ' 

iMiLAH  (Historique).  —  L'histoire  nous  apprend  qu'avant 
l'année  AQ,  iManassès,  allié  de  Juba  et  père  d'Arabion, 
régnait  sur  les  territoires  de  Cirta  et  de  Sitifis;  qu'en 
celte  même  année,  César  jirit  les  meilleures  terres  de  ce 
monarque  et  les  donna,  en  récompense  de  ses  sei'vices, 
à  P.  Sitlius  Nucerinus,  qui  les  distribua  à  ses  soldats.  C'est 
ainsi  que  Cirta,  Cliulln,  lîusicade  et  Milev  (Sarn-iMilev, 
Milevum,  .Mileum,  i\liléon),  formèrent  les  quatre  colonies 
Sittiennes  ou  Cirtéennes.  Quoique  taisant  partie  de  la 
Numidie,  ces  colonies  constituaient  une  confédération  qui 
n'avait  qu'un  corps  de  magistrature  et  élaient  administrées 
à  Cirta  par  des  Triumvirs  annuels  {i;.  Les  habitants 
étaient  presque  tous  inscrits  sur  les  rôles  de  la  tribu 
Quirina,  comme  le  |)rouvent  nos  épitaphes. 

Le  gouvernement  de  Rome,  voulant  donner  aux  quatre 
colonies  des  garanties  contre  les  abus  du  pouvoir  central, 
les  autorisa  à  se  placer  sous  la  [)rotection   d'un  person- 

(ll  Les  eaux  apparticiiueiit  à  60  proprictaires  qiii  se  partagent  les  heures 
d'irrigation  et  dont  le  tour  revient  cliaquc  semaine.  —  ilcnseigucnicnts 
fournis  par  le  capitaine  Godon,  du  3"  Tirailleurs. 

(2)  Triunniri  pnefccti  ColoniU-  et  Triumviri  ^-Ediles.  Boissière  :  Esquisse 
d'une  Histoire  de  la  conquête  et  de  l' Administration  romaine  dans  le  nord 
de  l'Afrique  et  particulièrement  dans  la  province  de  Numidie,  pape  259. 


—  32  — 

nage  inlUienl,  qui  porlait  le  titre  Je  pàtronvs  iiii  Colo- 
niarum.  Chaque  colonie  pouvait  avoir  un  palronus,  cliargé 
de  ses  intérêts  particuliers. 

«  Le  nom  de  Milev  n'apparaît  pour  la  première  fois  dans 
l'histoire  qu'en  250,  au  concile  que    tint  saint  Cyprien  à 
Carthage,  le  l'^''  septemhre,  et  auquel  assista  Polianus  de 
MUeo.  En  305,  nous  voyons  au   concile  de   Cirla,  Purpu- 
rius,  cet  évoque  homicide  qui  se  glorifie  audacieusement 
d'avoir  égorgé  les  deux  fils  de  sa  sœur  dans  la  prison  de 
Milev,  in  carcere  Miki.  L'illustre  saint  Optât  était  évoque 
de  Milev  lorsqu'il  écrivit,  vers  l'an  370,  ses    sept   livres 
contre  Parmcnian,  évêque  donatiste  de  Carthage  et   suc- 
cesseur du  fameux  Donat  (1).  Il  eut  sans  doute  pour  suc- 
cesseur un   certain   Ilonorius   dont   saint  Augustin  parle 
de  manière  à  faire  croire  qu'il  lut  dépossédé.  C'est  l'opi- 
nion du   savant  Morcelli.  Ce   qui  est  certain,  c'est   que, 
dès  396,  Sévère,  que  saint  Augustin  aimait  si  tendrement, 
quoiqu'il  ait  eu  avec   lui   un  petit   différent,  occupait   le 
siège  épiscopal  de  Milev. 

Le  27  août  4-02,  fut  tenu  dans  celte  ville  un  concile 
qui  est  l'un  des  conciles  généraux  de  l'Afrique,  Il  fut 
présidé  par  Aurèle,  et  l'affaire  de  Quodvulldeus  Centu- 
riensis  y  fut  traitée.  A  la  conférence  de  Carthage,  en  41 1, 

(1)  Les  (jcrits  de  saint  Optât  nous  foiiruisseut  \m  tableau  coloré  mais 
fidèle  de  la  grande  persécution  qui,  sous  Dioolétien,  ensanglanta  la  Numi- 
die  et  la  Proconsulaire.  Sou  témoignage  est  confirmé  par  le  précieux  texte 
de  l'insoriptiou  trouvée  près  du  village  de  Ilouiïacli.  Ce  texte  nous  apprend 
que,  sous  le  gouvernement  de  Valérius  Florus,  déjà  cité  par  saint  Optât 
comme  un  cruel  persécxiteur  des  Chrétiens,  le  sang  des  martyrs  coula  dans 
les  rues  de  Milev,  in  clvUato  Milevitana,   in  diehus  turijicaiionis  (1). 

(1)  Voyez  pour  li  siiirnilicatioii  des  mots  :  dies  traditionis  et  turificationis,  le  nié- 
moire  de  M.  Poulie,  dmis  le  iS-  volume  de  la  Soeiété,  paife  ôOô  et  siiiv. 


—  33  —        . 

Adeodatus  ;l)  Milevitanus  fut  un  des  sepl  cliampions  que 
les  Donalisles  opjjosèreiit  aux    callioliqiies,  qui    devaient 
soutenir  la  discussion.  Quant  à  Sévère,  il   parait^ qu'une 
infirmité  l'empêcha   d'assister   aux   séances.  Vers    la    fin 
d'octobre  410,  l'Eglise  d'Afrique  tint  pour  la  seconde  fois 
à  Milev  un  concile  général   dont  l'iiérésic   de   Pelage   fut 
le   principal    objet.    Saint  Augustin   nous   a    conservé    la 
lettre  synodale  de  ce  concile,  lettre  souvent  rappelée  dans 
ses  œuvres.  Après  au  moins  30  ans  d'épiscopal,  au  com- 
mencement de  l'année  A%,  Sévère  mourut;  et  il  ne  peut 
pas  y  avoir  de  doute  sur  cette   date,  car    dans    l'acte   du 
24  septembre  426,  par  lequel  saint  Augustin  tlésigne  Ilé- 
raclius  pour  son  sucesseur,  on  lit  :  qu'il  est  allé,  depuis 
peu,  à  iMilev,  à  la  prière  des  frères  qui   craignaient   que 
la  mort  de  Sévère  devint  l'occasion  de  quelque  désordre, 
et  il  se  félicite   d'avoir   installé   paisiblement   celui    que 
Sévère  avait  choisi  pour  son  successeur.  Le  nom  du  nou- 
vel évoque  de  Milev  ne  nous  est  pas  connu  (2),  et  il  se 
trouve   une    longue   lacune   jusqu'en   //-Si,  où    la  Notice 
nomme  Benenatus  Milevitanus  ic  1 14*^  des  évèqiios  de  Nu- 
midie  qui  répondirent  à  la  convocation  d'IIunéric.  Enfin, 
on  voit  assister  au  concile  deConstantinople,  en  553,  P»es- 
litutus,  episcopus  eccleslœ  catlioUcœ  cinitatia  Mileon,  proviii- 
ciœ  Numidiœ,  et,  depuis  lors,  pour  plusieurs  siècles,  Milev 
disparaît  de  la  scène  (3).  » 
Bien  avant  553,  de  graves  événements  s'étaient  passés 

(1)    Pendant    la    conférence,    une  discussion   des    plus  violentes    s'éleva 
entre  Adeodatus  et  Sevérianus,  évoque  (îitholique  de  Ccramuz;:a-lès-Milev. 
Cerarauw.a  est  \in  point  à  trouver. 
(?)  Optatiis,  II. 
Çj)  Fourncl,  Op.  citât.,  pjges  230-31. 


—  34   - 

à  Milev;  la  ville  avait  été  délruite  >\ans  doule  par  les 
mêmes  tribus  qui,  en  259-00,  dévaslèrent  ses  campagnes 
et  furent  ensuite  battues  par  le  légat  propréteur,  C.  Ma- 
crinus  Decimus  (1). 

Vers  l'an  539,  Salomon,  chargé  pour  la  seconde  fois, 
de  la  direction  des  alîaires,  utilisa  ses  débris  pour  la 
construction  d'une  forteresse  capable  de  résister  aux  atta- 
ques des  Maures,  c'est-à-dire  l'enceinte  actuelle. 

Milah  paraît  n'avoir  joué  aucun  rôle  important  pen- 
dant la  conquête  et  Vinmsion  de  l'Afrique  par  les  Arabes. 
Elle  est  à  peine  mentionnée  deux  fois  dans  l'histoire  des 
révoltes  des  Ketama  contre  le  pouvoir  établi  à  Caïrouan. 

Vers  l'an  902,  l'apôtre  Chiaïte,  Abou-Abdallah,  lieute- 
nant du  Medlii,  vint  s'établir  au  milieu  des  montagnes 
des  Ketama,  dans  un  lieu  appelé  Guidjel,  non  loin  de 
Sétif.  Après  avoir  répandu  les  nouvelles  doctrines,  il  entra 
en  campagne  et,  à  la  tête  de  nombreux  berbères  réunis 
à  Tazerout,  il  vint  attaquer  Milah.  La  ville  fut  prise  par 
la  trahison  d'un  de  ses  habitants  et  le  gouverneur  Moussa- 
ben-Aïesch  mis  à  mort  (2). 

Plus  tard,  pendant  la  seconde  révolte  des  Ketama,  sus- 
citée par  Abou-l'Fhem,  agent  politique  des  Fatimites,  El- 
Mansour,  fils  de  Bologuine,  entra  dans  leur  pays  et  sac- 
cagea Milah  et  tous  le?  villages  Ketamiens  qu'il  trouva  sur 
son  passage  (3). 

Milah  finit  par  se  relever.  Elle  est  citée  par  Ibn- 
Haoukal  au  x*^  siècle.  En   1064,  El-Bekri   la  décrit   telle 

(1)  Lise,  alg,  n"  101. 

(:2)  Ibu-Khaldoun,  vol.  11,  page  513. 

(3)  Ibu-Kha,ldouii,  vol.  H,  page  14,  note. 


—  35  - 

qu'elle  existait  de  son  temps.  Elle  est  entourée,  dil-il, 
d'une  muraille  de  pierres  autour  de  laquelle  existe  un 
faubourg;  elle  renferme  une  mosquée,  des  bains,  des 
marchés,. et  tout  son  territoire  est  arrosé  d'eaux  vives. 
Elle  a  pour  habitants  des  Arabes,  des  hommes  de  la  milice 
et  des  gens  de  races  mélanj^ées.  Elle  a  une  porte  appelée 
Bab-el-Rous,  qui  regarde  l'Orient  et  tout  près  de  laquelle 
est  la  mosquée  Djami,  où  est  la  maison  du  gouverneur. 
La  porte  du  nord  porte  le  nom  de  Bab-cs-Safli.  Tout 
auprès,  dans  l'inléricur  de  la  ville,  est  une  fontaine  ap- 
pelée Abou-l'Siba,  qui  est  amenée  par  un  canal  souterrain 
de  la  montagne  des  Iknou- Seront,  le  faubourg  de  Milah 
renferme  plusieurs  bains,  etc.,  etc. 

Edrisi,  en  1154,  après  avoir  avancé  que  cette  ville 
n'est  éloignée  de  Constantine  que  de  18  milles,  ajoute 
qu'elle  était  autrefois  soumise  au  pouvoii'  du  prince  de 
Bougie,  lahia-ben-El-Azis  (dernier  des  lïaminadites,  dépos- 
sédé par  Abd-el-Moumeni. 

A  partir  du  \n^  siècle,  on  trouve  une  nouvelle  lacune 
dans  l'histoire  de  Milali,  qui  fut,  selon  les  apparences,  liée 
à  celle  de  Constantine-  (Fournel). 

Léon  l'Africain,  en  parlant  de  Mêla  (Milah),  dit  :  Cet 
oppidum,  placé  à  12  milles  de  Constantine,  est  entouré 
de  murailles  imprenables;  il  a  jadis  renfermé  3,000  fa- 
milles; par  le  fait  de  la  guerre,  les  maisons  sont  plus 
rares.  On  y  voit  un  grand  nombre  d'ouvriers  qui  fabii- 
quenl  des  étoffes  dont  on  fait  des  couvertures  de  lit 
(Lodices).  La  fontaine  qui  coule  sur  le  forum  est  limpide. 
Quant  aux  habitants,  ils  sont  rudes  et  grossiers,  mais 
très-vigoureux.  Les  fruits  abondent  ainsi  que  les  céréales 


36 


et  les  troupeaux.  Le  prince  qui  règne  à  Constantine  a 
l'habitude  d'envoyer,  chaque  année,  un  officier  pour  ren- 
dre la  justice  et  percevoir  les  impôts;  or,  il  arrive  quelque- 
fois que  le  juge  est  mis  à  mort  par  le  peuple. 

Pendant  la  domination  turque,  Milah  continue  à  rece- 
voir une  garnison  formée  de  soldats  de  la  milice.  Ces 
derniers,  en  épousant  des  femmes  du  pays,  ont  donné 
naissance  à  de  nombreuses  familles  de  Koulouglis  qui 
existent  encore  aujourd'hui,  et  que  l'on  reconnaît  à  leurs 
noms  turcs. 

C'est  dans  les  environs  de  Milah  qu'est  né  le  fameux 
Zebouchi,  mokadem  de  l'ordre  de  Sidi-Abd-er-Rhaman. 
il  fit  avec  le  chérif  Ben-El-Arch,  en  1804-,  le  siège  de 
Constantine  et  prit  une  grande  part  à  la  défaite  du  bey 
Osman,  dans  un  combat  livré  en  aval  d'El-Milia. 

En  1837,  lors  de  l'arrivée  des  Français,  le  caïd  de 
Milah  administrait  les  tribus  des  Mouïas  et  des  Beni- 
Haroun.  La  ville  payait  1,000  boudjous  d'impôt.  Les  in- 
digènes qui  labouraient  dans  la  banlieue  et  les  jardins 
étaient  soumis  à  l'achour  et  versaient  en  plus  deux  charges 
de  paille;  les  droits  du  marché  appartenaient  au  caïd  (1). 

Milah  a  toujours  été  la  base  d'opération  des  colonnes 
qui  ont  expéditionné  dans  la  Kabylie  orientale.  Pe'n- 
dant  l'insurrection  de  1871,  la  garnison  de  Milah,  com- 
posée d'une  compagnie  d'infanterie  et  d'un  détachement 
du  3^  Tirailleurs,  a  été  vigoureusement  attaquée  par  les 
Kabyles  des  montagnes  voisines.  Quelques  ■  assaillants, 
montés  sur  les  arbres  qui  dominent  la  Kasbah,  ont  blessé 

(1)  Etablissemeut  des  Français  eu  Algérie,  1846. 


-  37  - 

plusieurs  soldats  el  tué  le  sergent  français  dont  la  tombe 
se  trouve  dans  une  cour. 

Epigraphie.  —  Après  avoir  longé  dans  tout  son  déve- 
loppement l'enceinte  byzantine  qui  forme  un  pentagone 
irrégulier,  avec  rentrants  et  saillants,  nous  pénétrons 
dans  la  ville.  On  n'y  voit  aucun  monument  encore  en 
place,  mais  on  rencontre  de  tout  côté  des  entablements, 
des  cliapileaux,  des  colonnes,  etc.,  etc.,  encastrés  dans  les 
murs  ou  soutenant  des  galeries  intérieures.  On  peut  ce- 
pendant trouver  quelque  intérêt  à  visiter  la  Kasbah,  son 
ancienne  mosquée  ornée  de  colonnes,  son  minaret  de  style 
mauresque  tombant  en  ruine,  la  grande  fontaine  citée 
par  Bekri  et  Jean  Léon.  Deux  monuments  d'origine  ro- 
maine, une  arcbe  de  pont  et  la  fontaine  des  Bouchers, 
sont  situés  hors  de  la  ville  (1). 

Nous  cherchons  ensuite  les  inscriptions  publiées  soit 
dans  le  Recueil  de  M.  L.  Renier,  soit  dans  les  Annuaires 
de  la  Société;  beaucoup  d'entre  elles  ont  disparu;  nous 
ne  pouvons  retrouver  que  le.s  suivantes  : 

Casbah  :  près  de  la  porte  de  la  cuisine,  n»  2,311. 

Id.       colonnes  de  la  mosquée,         n^s 2  300,2,312. 

Id.       .lardin,  Si  Genitor  (2). 

Id.      Sommet  d'un  mur,  face  nord,  n°  2,303. 

Id.       Mur,  n»  2,306. 

Ville  :  Place  principale.  —  Mur,  n»  2,304. 

Zaouia  des  Bou-Azous,  n»  2,313. 

Fondouk  européen.  —  2'"  étage,  Matri  Dmm  (3). 

(1)  Archéologie  de  De  la  Mare,  planches  108,  ill. 

(2)  18«  Vol.  du  Recueil,  page  521. 

(3)  Id.  id.        pages  .519-20. 


-  38  — 

Pierre  servant  de  banc.  —  Bue,  Extricatus  (A). 

Le  secrétaire  indigène  de  la  Mairie  veut  bien  nous  con- 
duii"e  dans  la  cour  de  sa  maison  cl  nous  montrer  un 
fragment  remarquable  par  la  beauté  des  lettres  et  ser- 
vant de  seuil  de  porte  : 

AE  SP  MF  OVAE 
ILITSETSIBPOSTR 

Dans  le  mur  extérieur  de  l'enceinte,  nous  n'avons  à 
citer  (|ue  le  n^  2,308,  encastrée  dans  le  côté  occidental. 

La  Zaouia  de  Sidi-bou-iahia,  située  en  aval  de  Milali, 
au  milieu  d'un  admirable  bosquet  de  grands  arbres,  ar- 
rosé par  une  claire  fontaine,  renfermait  deux  beaux  frag- 
ments inédits,  aujourd'liui  déposés  dans  le  jardin  de 
l'Adminislrateur. 

N^»  50.  N»  57. 

•'••COL---^--  •••OCA 

VS---  ••••ICFI-    ••• 

DVS"-  •••AI  AN 

L'insciiption  :  Memoriœ  Aelernce  C.  Valeri  Satunilni  {\) 
se  trouve  gravée  sur  un  cippe  qui  fait  partie  du  pilier  de 
voûte  de  la  Djema. 

En  quittant  la  Zaouia,  nous  suivons  un  indigène,  lieu- 
reux  de  nous  montrer  la  pierre  écrite  qu'il  conserve  pré- 
cieusement dans  son  jardin.  L'inscription  est  gravée  sur 
la  face  supérieure,  dans  un  cartouclie  à  queue  d'aronde  : 

(1)  18"!  .vol.  du  Itcciicil,  pat'c  5'2-J. 

(2)  lîfcucil  de  1875,  pap;e  3 1(3.  -  -  D'après  un  estampaj^c  de  M.  le  capitaine 
A' aller,  nui  nous  a  communiqué,  en  même  temp---,  d'autres  inscriptions  de 
Milah,  publiées  à  la  même  paj;:e. 


39 


N°  58. 

Q-  GRANIVS  MA 
RTIALIS  LATIA 
RIVS  J   XXV  G  F 

Pour  gagner  le  quarlier  européen,  on  francliit  sur  une 
passerelle  primitive  le  ravin  profond  qui  sert  de  défense 
an  côté  occidental  de  l'oasis.  Sur  la  rive  gauche  s'étend 
un  vaste  plateau,  naguère  couvert  de  nioissons,  que  l'Ad- 
ministration a  choisi  pour  l'emplacement  de  la  nouvelle 
cité.  Sur  de  grandes  avenues  et  autour  d'une  place  rec- 
tangulaire plantée  de  jeunes  arbres,  on  voit  s'élever  des 
maisons  confortables  et  élégantes. 

Le  jardin  qui  entoure  en  partie  l'Hôtel  de  l'Adminis- 
trateur est  devenu  le  musée  archéologique.  Il  renferme 
déjà  plus  de  100  monuments  libyques  ou  romains,  re- 
cueillis avec  un  soin  religieux  dans  le  territoire  de  la 
commune  mixte.  La  partie  libyque  constitue  le  fond  le 
plus  riche  de  la  collection;  en  dehors  de  la  borne  qui 
séparait  Vager  acceptus  des  Milevitains  de  Vagcr  publicns 
des  Girtéens,  et  de  la  dédicace  à  Junon  Céleste,  Numini 
Cœksli,  trouvée  à  Houached,  on  ne  compte  que  des 
pierres  tumulaires.  Elles  proviennent  en  général  du  pla- 
teau lui-même,  qui,  sans  doute,  est  l'emplacement  de  la 
nécropole  antique.  Quelques-unes  présentent  la  forme  du 
cippe  à  sommet  ornementé;  d'autres  ne  sont  que  des 
pierres  [dates  avec  croissant  et  rosaces.  Une  ou  deux 
pierres  du  Djebel-Sgao  portent  des  épitaphes  dont  quel- 
ques lettres  ne  peuvent  se  rapprocher  d'aucun  caractère 
latin. 


-  40 


N»  59. 

N»  60. 

N"  61. 

D    M 

D    M 

D-  M-  Q  CLO  ••• 

PAQVIA 

SEX(TVS) 

PVGEL   V-  A- 

SATVRA 

NAM 

XXX 

P-F-QVIR-V 

PAM 

A-  LXII 

V-  A- XXI 

N"  62. 

N»  63. 

N»  6J. 

G-  IVLIVS 

C-  IVLIVS 

DIS  MANIBVS 

ROGATVS 

MARTIALIS 

SAGRVMN-- 

V-  A-  LX 

VA- LXXXI 

VIXIT  ANNIS 

H-  S-  E 

LXXXXV 

0-  T-  B-  Q 

D  E  F 

]S-'  ('5. 

N»  66. 

N»  67. 

IVLIA  L.  FIL 

D  MANIBVS 

D    M 

M  ART  A  V-  A 

A-  PETREIA 

ARISIA  SEX-  FIL 

CV  H-S-EOT- 

V-  A-  XXV 

GLARA  V-  A-  XX 

B-  Q- 

H-  SE 

H-  S-  E 

•      ^'"  6S.     ■ 

N"  69. 

N"  70. 

D    M 

D     M 

APKOXIV 

Q-  FABIVS 

L-  FERRIVS 

S  FELIX 

T-F-Q-  GRIS 

L-FIL-  QVIR 

V-  A-  XXII 

PINVS 

AVITVS 

V-  A-  LXX 

V-  A-  LXXX 

II  S  E 

0-  T-  B-  0- 

• 

N« 

71. 

.  SEXTVS  IVLIVS  SEX-  FIL 

VALTIA 

(JVIR-  SATVRNIXVS 

OTON--- 

V-  A  XXXVII 

A-V* • • 

-  4-1  — 

Il  résulte  des  recherches  auxquelles  nous  venons  de 
nous  livrer,  que  l'épigraphic  Milevilaine  compte  à  peine 
50  textes,  sans  grande  valeur  historique,  en  rien  compa- 
rables aux  grandes  dédicaces  de  Tiddi,  d'Oudjel  et  d'Aïn- 
Phoua,  petites  républiques  d'un  rang  inférieur  à  celui 
de  Milev. 

Placée  sur  la  roule  de  Cirta  à  Cuiculum,  dans  une  con- 
trée lértilo,  au  milieu  de  nombreux  pagus,  notre  cité  a 
dû  èlre  une  ville  assez  importante  et  riche  en  monuments 
dédiés,  soit  à  des  empereurs,  soit  à  des  magistrats  qui, 
par  leur  équité  et  leur  bienveillance,  avaient  gagné 
l'amour  des  populations.  Cependant,  quant  à  ces  derniers, 
nous  ne  possédons  que  la  pierre  élevée  à  son  père,  en- 
fant de  Milev,  dont  le  nom  reste  inconnu,  par  Turania 
Cassia  Commodiana.  (^'csl  à  peine  si  l'état  de  l'inscription 
nous  laisse  entrevoir  le  cursus  Jionorum  de  ce  Triumvir 
Prœfectus  Juris  dicundo,  qui  rendit  la  justice  à  Ruscicadc 
et  probablement  aussi  à  !\lilev. 

D'autre  part,  nous  savons  que  cette  ville  ne  fut  pas 
toujours  considérée  comme  un  centre  assez  honorable  pour 
élever  sur  ses  places  les  témoignages  de  reconnaissance 
qu'elle  offrait  à  ses  bienfaiteurs.  C'est  ainsi  que  la  statue 
de  son  patron  Ceionins  Jtalicus,  personnage'  clarissime  et 
consulaire,  fut  placée  par  son  Ordo  ou  Conseil  municipal 
sur  le  forum  de  Conslantinc  (\'j.  On  avait  déjà  élevé  sur 
une  place  de  cette  ville  le  bige  ou  char  à  deux  ciievaux  que 
décernèrent,  par  souscription,  les  habitants  de  Milev  et  de 
Ruscicade(?;  à  M.  Fabius  Fronlo  06  munificentlas  ejus  (2). 

(1)  Annmdrc  de  1860-GI,  pa-c  137.  —  Square  ii"  2. 

(2)  Id.  id.         pap-e  141. 


—  42  — 

Il  est  vrai  qu(3,  dans  le  premier  cas,  l'élection  ilu  la  slaliic 
avail  eu  lien  par  ordre  des  empereurs  Constance  el  Julien 
et  avec  le  consentement  des  habitants  de  la  Numidie,  el 
que,  dans  le  second,  Milev  agissait  de  concert  avec  Rusci- 
cade,  où  le  cljef  des  Augures  avait  fait  de  nombreuses 
largesses,  comme  nous  l'apprennent  les  n°^  i:i,1C6  et 
^,167  du  Recueil  de  M.  L.  Renier. 

C'est  à  Gonstantine  seulement  que  l'on  peut  trouver 
encore  quelques  monuments  élevés  par  des  magistrats  et 
laisant  connaître  leur  cursus  honorum,  ainsi  que  les  som- 
mes dépensées  ob  flonorem  Triumviratus,  Œdilikilis,  etc., 
en  arcs  de  triomphe,  édicules,  statues,  etc.,  sans  compter 
les  sumina  lionoraria  légitima  versés  pour  chaque  emploi. 

SiDi-M-EROUAN.  —  Les  coteaux  de  Sidi-Merouau,  situés 
à  9  kil.  de  Milah,  au-dessus  du  coniluent  de  TOiied-En- 
Ndja  et  du  Rhoumel,  sont  bien  connus  dans  les  Annales 
militaires  de  l'Algérie.  A  chaque  révolte  des  Kabyles  et 
en  particulier  des  Zouagha,  administrés  par  les  Ben- 
Azzedine,  Sidi-Merouan  devenait  un  poste  d'observation 
occupé  par  un  bataillon  d'infanterie. 

Pendant  l'insurrection  de  1871,  noils  y  avons  campé  à 
noire  (our,  non  loin  d'un  mui'  en  pierre  de  taille  et  d'une 
source  qui  arrosait  des  bosquets  de  grenadiers  à  demi- 
sauvages.  Plus  lard,  terres  el  jardins  ont  été  concédés  à 
des  familles  grecques  orthodoxes  qui,  après  avoir  aban- 
donné la  Corse,  se  sont  établies  en  Algérie. 

Nous  pensions  que  les  travaux  de  construclion  du  vil- 
lage amèneraient  la  découverte  de  quelques  inscriptions 
intéressantes;  mais  nous  avons  élé  complètement  déçu, 
quand,  à  notre  passage,  on  nous  a  montré  deux  fragments 


48 


tl'épilaplies  qui  ornent  la  cour  de  l'école,  où  un  jeune 
prèlre  calabrais  enseigne  le  grec  nnoderne  aux  enfants  du 
village,  filles  el  garçons. 

N"  7;!.  >""  7-I. 

CONS(tantinys)  0-  T-  B-  ()• 

V-  A-  V-  H  S  PRAEC(iLivs^ 
E-  0  T  B  Q  C-  FIL 

FIL  DVLGIS  V-  A-  XXV 
SIMO  H-  S-  E 

PA  T- 

Des  hauteurs  de  Sidi-Merouan,  nos  regards  se  portent 
sur  la  vaste  et  longue  vallée  de  l'Oued-Smendou,  qui,  en 
aval  des  Deux-Ponts,  s'ouvre  laigement  de  l'est  à  l'ouest, 
bornée  au  nord  par  ia  chaîne  du  Sgao  et,  vers  le  sud-est, 
par  les  coteaux  d'El-Aria,  de  Tiddi,  les  escarpements  si- 
nueux du  Khaneg,  d'où  s'échappent  les  eaux  du  Rhouniel, 
et  les  berges  de  couleur  rouge  brique  de  l'Oued-Klon,  etc. 

Confluent  de  l'Oued-En-Nd.ia  et  du  Biioumel.  —  La 
rivière  qui  la  traverse,  après  avoir  mis  en  mouvement  le 
moulin  Pi'iidliomme,  s'inlléchil  de  gauche  à  droite  à  la 
hauteur  de  l'Oued-Milah,  el  unit  bienlùt  son  cours  à  celui 
de  rOued-En-Xdja,  descendu  des  montagnes  de  la  Kabylie, 
situées  au  N,-E.  de  Sétil". 

Leur  point  de  jonction  forme  un  estuaire  sablonneux, 
couvert  au  printemps  d'une  riche  végétation,  caractérisée 
par  des  l)Osquels  de  ]'ik'.v  açpma-castus,  aux  fleurs  bleues. 

L'Oued-el-Kebir  s'engage  ensuite  dans  une  gorge  étroite, 
aux  berges  escarpées,  dernières  pentes  du  Zouagha  et  du 
Djebcl-Msid-el-Aïcha. 


-_  44  — 

Le  senlier  de  Milali  àEI-Milia  longe  lantôl  la  rive  gau- 
clie,  lanlôl  la  rive  tlroile.  Après  de  nombreux  contours, 
il  nous  conduit  dans  un  cul-de-sac,  où  la  vallée  est  barrée 
par  le  prolongement  occidental  du  Msid-el-Aïcha,  qui 
laisse  au  passage  des  eaux  un  étroit  canal  de  quelques 
mètres  de  large. 

Barrage  de  l'Oued-el-Kebir.  -  Quand  on  descend  dans 
la  rivière,  on  a  devant  soi  deux  liantes  et  puissantes  mu- 
railles au  sommet  arrondi  et  de  couleur  blanchâtre,  (|ui 
sont  distinctement  visibles  de  Milali. 

Hammam  des  Beni-Haroun.  —  Celle  de  droite  se  dresse 
à  la  hauteur  de  150  mèlres  ;  elle  offre  à  sa  base  une 
excavation  que  remplissent  les  eaux  du  IJamman  des  Beni- 
Ilaroun.  C'est  le  Guelaal-el-Toum  des  indigènes  qui  ter- 
mine en  réalité  la  chaîne  du  Msid-el-Aïclia  et  présente, 
sur  son  versant  oriental,  ou  col  de  Sidi-Iahia,  des  ruines 
étendues. 

La  muraille  de  gauche  forme  un  piton  isolé  au  milieu 
de  la  vallée  et  se  relie  aux  collines  du  Zouagha  par 
une  terrasse  naturelle  de  50  mètres  de  long,  constituant 
la  plus  grande  partie  du  barrage. 

IIenciiir-el-Abiod.  —  Cette  terrasse  ou  col  est  une 
excellente  position  militaire  pour  la  défense  de  l'Oued-el- 
Kebir.  Les  Romains  ne  manquèrent  pas  de  l'occuper. 
Comme  traces  de  leur  séjour,  nous  citerons  le  mur  en 
pierres  de  taille  qui  soutient  la  plate-forme  du  nord,  où 
reposent,  sous  de  grands  pistachiers  de  l'Atlas  (Betoum), 
les  restes  de  Sidi-el-Abiod,  qui  a  donné  son  nom  à  la 
ruine  :  Ilenchir-el-Abiod. 


—  45  -     ' 

On  peut  citer  encore  une  saillie  rocheuse  en  lornie  de 
pyramiJe  quailrangulairc  que  l'on  voit  au  milieu  du  col  ; 
(les  degrés,  taillés  dans  la  pierre,  pcrinellent  d'atteindre 
facilement  la  partie  supérieure,  étroit  observatoire,  d'où 
le  reitard  s'étend  sur  toute  la  vallée. 

La  ville  proprement  dite  devait  couvrir  la  colline  du 
Zouagha  qui  domine  le  barrage.  On  y  trouve  des  restes 
d'habitations  et,  plus  haut,  les  substructions  d'une  espèce 
de  fortin,  auquel  se  reliait  sans  doute  un  mur  d'enceinte. 

iM.  Sergent  a  relevé,  dans  sa  première  exploration  de 
l'Henchir-el-Abiod,  une  grande  inscription  admirablement 
gravée  sur  une  pierre  noirâtre  de  1  mètre  de  long  sur 
0"i70  de  large. 

N"  76. 

IVLIAE  AVG 
MATRi 

CASTRORVM 

ET 

AVGVSTI 
D    D 

Les  lettres  de  Caslrorum  ont  0"^0d  de  hauteur;  T  et  R 
sont  liés.  La  pierre  se  trouve  sur  le  versant  méridional 
du  col,  à  quelques  pas  du  sentier,  non  loin  du  soubasse- 
ment qui  la  portait. 

L'absence  de  tout  autre  ruine  romaine  constatée  pen- 
dant nos  excursions  dans  la  partie  supérieure  de  la  val- 
lée en  aval  du  coniïuent,  la  dislance  de  20  kil.  environ 
qui  sépare  l'Ilenchir  de  Milah,  l'importance  de  sa  posi- 
tion militaire,  qui  garde  le  passage,  et  l'étude  des  auteurs 
et  <les  itinéraires  anciens  nous  donnent  la  certitude  que 


—  46  — 

la  ruine  de  Sidi-el-Abiocl  occupe  l'emplacement  de  Tucca. 

Ce  municipe  sépara  d'abord  les  royaumes  de  Massé- 
sylie  (Siga)  et  de  Massylie  (Zama)  ;  puis  il  fut  considéré 
comme  le  point  de  séparation  de  l'Afrique  et  de  la  Mau- 
ritanie, fines  Ajriciv  et  Maurilanuv ;  plus  lard,  il  co.nlinua 
à  servir  de  limites  entre  la  Numidie  et  la  iMaurilanie  (I). 

Tucca,  d'après  la  Table  de  Peulinger,  est  à  46  milles 
d'Igilgili.  Bureau  de  la  Malle  la  place  ;'i  9,000  toises  de 
Milali,  au  nord  du  confluent;  il  ajoute  un  septième  pour 
les  sinuosités  de  la  roule  (2). 

D'après  la  Notice,  Tucca  est  un  oppidum  de  la  pro- 
vince sélifienne,  situé  sur  la  frontière  de  la  Numidie. 
VAfrka  christiana  mentionne  deux  de  ses  évêques  : 

Honoratus,  qui  assista  au  concile  de  Cartilage,  en  255, 
et  Uzulus,  le  37e  ,]es  évêques  de  la  Mauritanie  sélifienne 
présents  à  l'assemblée  de  Carlliage,  qui  furent  exilés  par 
llunéric,  en  AM  (3j. 

Il  restait  à  découvrir  un  texle  épigrapliique  à  l'appui 
de  noire  manière  de  voir  sur  l'emplacement  de  Tucca. 
M.  Sergent,  dans  une  récente  visite  à  l'Henchir-el-Abiod, 
a  été  assez  heureux  pour  trouver  deux  inscriptions,  dont 
une  lève  tous  nos  doutes. 

(1)  L'Oued-el-Kebir  (Ampsaga)  ne  sépara  le'  territoire  de  la  Numidie 
de  celai  de  la  Mauritanie  que  danD  la  partie  de  son  cours  comprise  entre 
son  confluent  avec  VOued-En-NdJa  et  la  mer.  La  Numidie,  en  amont  de  ce 
confluent,  s'avançait  fort  loin  dans  l'ouest,'  puisque  Mous  lui  appartenait 
(Numid'm  oppidum  Monte  Notlcia  indlcat)  U',  ainsi  que  Gemellv,  Zaraï, 
Diana,  Ma^sarfllia.  Dans  le  sud,  la  ligne  de  séparatiou  passait  à  l'est  de 
Macri,  Cells.',  Castellum  (^Negaous',  qui  dépendaient  de  la  Mauritanie  Séti- 
flenne. 

(2)  Renseignements  sur  la  province  de  Constantlne,  page  21. 

(3)  Afrlca  christiana,   i"  vol,  page  310. 

(ij  Àfnca  christiana,  1"^  vol.  p.  231. 


_  Al  _ 

N"  77. 

APOLL 
NIAVG 
GMT- 

ApoUiiii  Auguslo  (jenio  municipii  Tuccensis. 

A  Apollon  Augusle,  génie  du  mnnicipe  de  Tucca. 

Galle  dédicace  à  Apollon  est  au  pied  du  col,  sur  le 
versant  méridional,  cnlre  la  rivière  et  la  pierre  de  Julia 
Doinna.  Elle  est  gravée  sur  un  dé  d'autel  d'un  mètre  de 
haut  sur  0=ii50  de  large;  les  lettres  ont  huit  cenlimélres. 

A  lUO  nièlres  au-dessous  de  la  dédicace  à  Julia  Domna, 
M.  Sergent  a  relevé  le  lexte  suivant  : 

N"  78. 

C-  lVL10(p.\Pi) 
RIA  SODALI 

m  VIR  QVAEST 

ÏÏVIRFLAMPP- 
M-  IVLIYS  SODA 
LIS  ET  L' IVLIVS 

CRESCEiNS 
AVÛ  MEREiNTI 

RuiMi;  DU  FED,i-I.\niA.  —  Les  Romains,  non  contents 
d'occuper  la  rive  gauche  de  l'Ampsaga,  établirent  un 
poste  sur  le  revers  orienlal  de  Guelaat-et-Toum,  au  col 
de  Sidi-Iahia,  que  Iraverse  le  chemin  allant  de  Milah  à 
El-Milia,  par  la  rive  droite. 

Les  ruines  qu'on  y  trouve  aujourd'hui,  murs,  suhstruc- 
lions,  pierres  taillées,  etc.,  couvrent  toute  l'étendue   du 


—  48  — . 

col  et  descendent,  au  nord  et  au  sud  de  la  ligne  de  faîte, 
dans  les  vallons  de  Bedsi  et  d'Aïn-Kebira. 

Bedsi.  —  Au-dessus  des  jardins  marécageux  de  Bedsi 
dont  les  eaux  font  mouvoir  quelques  moulins  primitifs, 
nous  avons  relevé  deux  inscriptions. 

MODIA  L    FIL 

ABVDA    HSE- 

V-  A  LXXXI 

La  pierre  était  encastrée  dans  un  mur  de  gourbi  en 
ruine,  au  milieu  d'un  champ  cultivé. 

N»  80. 

S  I M  A  L  A  S 


Ce  nom  indigène  remplit  de  ses  grandes  lettres  un 
carlouclie  à  queue  d'aronde;  la  pierre  gisait  dans  un 
ravin,  au-dessous  d'un  mamelon  couronné  par  les  restes 
d'un  grand  tombeau  qui  disparaissent  au  milieu  de  hautes 
touffes  de  diss. 

La  route  stratégique  de  Milah  à  El-Milia  passe  à  quel- 
ques mètres  au-dessus  de  ce  monument. 

Nécropole  d'Aïn-Kebira.  —  Le  chemin  qui  va  du  col 
h  la  mechla  d'Aïn-Kebira  traverse,  au-dessous  des  crêtes, 
la  nécropole  où  nous  avons  déterré  17  pierres  lumulaires 
portant  des  épilaphes.  La  plupart  d'entre  elles  sont  gros- 
sièrement taillées,  mais  on  remarque  deux  ou  trois  cippes 
qui,  par  leurs  dimensions  et  leurs  vives  arêtes,  se  distin- 
guent des  autres.  Les  ornements  consistent  en  rosaces  et 


—  49   - 


en  croissants;  les  épitaplies  se  lisent  sans  peine,  les  let- 
tres étant  gravées  avec  assez  de  régularité  et  de  profon- 
deur. Elles  ne  diffèrent  en  rien  de  celles  que  l'on  observe 
dans  les  nécropoles  voisines. 

Les  habitants  de  ce  poste,  dont    le  nom  nous  est   in- 
connu, appartiennent  à  la  tribu  Quirina. 


N"  81. 


N"  82. 


N"  83. 


DIS  MANIBVS 

D-  M-  A- 

DIS  MANIBVS 

IVLIA  C-  F 

IVLIA  M-  FIL 

E-Q-  MARCEL 

SOR  OROR  V-  A 

LVLLOSA 

LVS  V-  A  XLX 

XXV-  OT-B-Q- 

V-  A  LVII 

II  SE 
OTBQ- 

II-  S-  E 

N»  Si. 

N»  85. 

NO  86. 

MBIMA 

SITTIA 

DIS  MANIBVS 

F-  IVLll 

PV-  FIL 

M- ANICIVS-  L- 

MV-A 

V-  A- 

F-  QVIR-  MAR 

LXXX    IIS- 

HS-E- 

TIALIS  VAXXII 

0-T-BQ- 

0-T-  BQ- 

USE-    OTBQ- 

Belles  lettres. 

Grandes  lettres. 

N°  87. 

N"  88. 

N"  89. 

GRACILIA 

DIS  MANIBVS 

D-    M- 

L-F-SILVA 

Q-  CORN  EL 

M  IVLIVS 

NA  V-A'XIII 

IVS-Q-  FIL-QVI 

C-  FIL-  QVIR- 

II-S-E- 

RIN-  A.MIA 

PACATVS 

Oï-B-Q- 

NVS  V- 

V-ALXXXVllSE 

Cippe  de  1"'.50. 

A-  XXXXV 

II-  S-  E- 
OT-BQ- 

0-T-B-Q- 

50  — 


N"  90. 

DIS  MAN- 
ANICIA  SEX- 
FIL-VRBANA 

V-  A  LXV 
USE 

0-TBQ- 

N°  93. 

D    M   S 


SEX  LIB-  DONA 

ÏVS  V- AXIX 

H  SE- 

N»  96. 

M-  IVLIVS 

M-  FIL-  QVIR- 

BICCAB  V 

A  XXXXV  HSE 


N»  91. 

IVLIVS- L-F 

MARGELLVS 

V-  A  LXII 

USE-    0-T-BQ- 


N"  94. 

SITTIVS  P-  F- 

QYIR-  CAS 

TVS  V-  A-LV 

USE-    0-T-BO- 


N»  92. 

DIS  MA 

L  SITTIVS  L-  F 

QVmiNA 

VRBANVS 

V-  A-  LXXV 

II- S-     OT-BQ- 

N»  95 

D  MANIB 

S-  OGTAVIA 

SIL-F-  V- A  LXI 

USE-    OTBO- 


N-  97. 

D  MANIBVS 

Q-  POPILIVS  G- 

FIL-  QVIR-  MAR 

TIALIS  V-  A  LXXXI 

USE    OTBQ- 

Nous  venons  de  commencer  à  Bedsi,  au  Fedj  de  Sidi- 
lahia  et  à  la  nécropole  d'Aïn-Kebira,  l'exploration  archéo- 
logique de  la  chaîne  du  Sgao,  que  l'on  voit  dans  toute 
son  étendue  des  boulevards  de  Gonslanline,  à  l'ouest  de  la 
ville.  Il  nous  reste  à  visiter  sur  les  deux  versants  les 
l'uines  découvertes  par  M.  Sergent,  chez  les  Beni-Tlilen, 
à  El-.Ma-el-Abiod  et  sur  l'Oued-Sbikra,  à  l'ouest  de  Smen- 
dou. 

Nous  laissons  à  notre  excellent  conh'ère  et  ami,  M.  A. 
Goyt,  le  soin  de  rendre  compte  de  notre  excursion  dans 
cette  contrée,  si  intéressante  à  tous  les  points  de  vue. 

V.  REBOUD. 


UNE   EXCURSION   AU   DJEBEL-SGAO 


On  donne  le  nom  de  Djebel-Sgao  ou,  plus  impropre- 
ment, celui  de  montagne  des  Mouïa  à  la  chaîne  que,  des 
hauteurs  de  Conslanline,  on  découvre,  au  nord-ouest, 
dans  toute  sa  longueur  et  dont  chacun  connaît  les  trois 
reliefs  importants  : 

Kef  Sidi-Dris  à  l'est  (127G  mètres  d'alt.). 

Kef  Souma  au  milieu  (1341  mètres). 

Mcid-Sidi-Aïcha,  à  l'ouest  (1482  mètres). 

Cette  longue  arête,  qui  s'étend  d'El-Kantour  à  l'Oued- 
el-Kebir,  n'a  jamais  été  explorée  au  point  de  vue  archéo- 
logique. C'est  à  peine  si  iM.  Féraud,  dans  son  article  : 
l'Uued-el-Kebir  et  Cullo  (1),  cite  quelques  ruines  impor- 
tantes dont  il  ne  fait  du  reste  connaître  aucune  inscrip- 
tion. Aussi  avons-nous  cru  devoir  en  faire  le  sujet  d'une 
étude  particulière. 

Parti  de  iMilah  le  26  novembre  dernier  par  un  soleil 
splendide,  avec  M.  Sergent,  qui  connaît  dans  ses  moin- 
dres détails  l'immense  territoire  qu'il  administre,  et  M.  le 
docteur  Heboud,  amaleui'  passionné  de  recherches  archéo- 
logiques, nous  remontons  l'Oued-el-Kebir  jusqu'à  Zitounel- 

(1)  Sevue  africaine,  ii"  15.  —  Fc\Tier  1859,  p.  199  et  suivantes. 


—  52 


el-Bidi,  au  confluent  de  l'Oued  Klon,  où  nous  faisons 
noire  première  station.  M.  Laumesfeld  y  a  bâti  une  mai- 
son sur  l'emplacement  d'une  villa  romaine,  dans  les  rui- 
nes de  laquelle  on  a  trouvé  un  coffret  en  argent  ciselé 
d'une  grande  valeur  artistique,  quatre  ou  cinq  pierres 
lumulaires  et  une  borne  milliaire  de  l'époque  dioclétienne 

N»  98. 

DDNNC-VALERI 

0  DIOGLETIA 
NO  INVICTO 

1  F  AVG 

••AVGETDDN 
IMPER 

VII 

Longueur  de  la  pierre   1"'40;  dia- 
mètre Qn'SO. 

N"  99.  N»  100.  N»  101. 

DM  S  DM  PSAEN 

Q-MVNNENIO  CLAVDIA  QF-QRO 

QFILQAVGVS  CRISPINA  MVLVS 

TALI  V  •  A  LXXX  Y-  A   LXXV  V-  A  XL 

H  S  E  0  T  B  Q 

La  partie   supérieure   a 
été  brisée. 


—  53  - 

Nous  élanl  remis  en  marclie,  nous  traversons  la  rivière 
et  nous  nous  arrêtons,  sur  la  rive  droite,  au  moulin 
Prudliomme  construit  avec  les  pierres  d'une  ancienne  né- 
cropole. Sur  quelques  fragments,  placés  en  parement  sur 
'e  mur  extérieur,  nous  relevons  des  lambeaux  d'épitaplies. 


N°  103. 

N«  103. 

N«  104. 

MARCELIA 

MARTIA 

GAB 

V-  A  LXXXXV 

rpA)TRI 

ATER 

HSEOTBQ- 

(dignOSSIMO 

II  GAI 

N»  105. 

N»  106. 

Q  S  II 

CAE 

E  S  II 

F  lA 

VA 

XVII 

La  nuit  est  proche;  il  nous  faut  prendre,  à  travers 
monts  et  vallées,  la  direction  de  la  maison  forestière  des 
Mouïa  où  nous  sommes  attendus. 

Le  chemin,  quoique  très-accidenté,  n'oflVe  rien  d'inté- 
ressant au  point  de  vue  archéologique.  Cependant  on  nous 
montre  un  moulin  à  huile  des  plus  primitifs  :  c'est  un 
([uartier  de  rocher  sur  la  surface  duquel  on  a  creusé  deux 
bassins  l'un  au-dessous  de  l'autre;  il  est  placé  près  d'une 
jolie  médita,  sur  la  lisière  de  la  forêt  et  dans  un  endroit 
d'où  l'olivier  a  disparu  depuis  des  siècles. 

La  maison  forestière  est  une  habitation  relativement 
confortable;  située  à  environ  1,000  mètres  d'allitude,  sur 
le  versant  sud  du  Djebel-Sgao,  au  milieu  d'une  prairie 
entourée  de  grands  bois,  elle  remplace  avantageusement 
les  pauvres  gourbis  où  des  familles  de  gardes  ont  autre- 
fois passé  de  longs  hivers  au  milieu  de  la  neige.  Du  pre- 
mier étage,  on  jouit  d'une  vue  splendide;  le  soir,  on  dis- 
lingue la  ligne  de  feux  qui  éclaire  Conslantine. 


—  54  — 

Au-dessous  de  la  maison,  s'élend  la  vallée  de  l'Oued- 
Lindjassa  (rivière  des  poires},  célèbre  dans  le  pays  par  la 
belle  source  thermale  appelée  le  Hammam  des  Mouïa. 
Une  ruine  assez  imporlanle  domine  la  source;  nous  y 
avons  copié  l'inscription  tumulaire  suivante  : 

NO  107. 

D   M 

SVRIVS 
CEGILIVS 
VALENT! 

NVS  V-A 

La  forêt  des  Mouïa  est  le  seul  peuplement  de  la  chaîne; 
elle  s'étend  sur  une  surface  de  7(.>0  hectares;  ses  essences 
sont  le  chêne-zéen  et  le  clicne-liége.  Les  jeunes  arbres 
n'ont  que  seize  ans  et  présentent  déjà  un  beau  développe- 
ment. 

Le  lendemain,  à  l'aube,  nous  explorons  le  plateau 
d'El-Ma-el-Abiod.  Ce  plateau  est  incliné  au  sud-ouest  et 
forme  la  tête  de  l'Oued-Melldi.  11  est  traversé  par  la  roule 
de  Constantine  à  El-Milia  rpii  longe  à  droite,  vers  le  tiers 
supérieur,  une  petite  éminence  couverte  de  pierres  de 
grand  appareil,  et  plus  haut,  à  gauche,  quelques  pierres 
lumulaires  dont  une  porte  celle  inscription  : 

N''  108. 

D    M 
MVSÏEO 
LVS  SATVR 
MNVS  VA 

LXX 
II  S    0  T 

B    Q 


—  55  — 

Dans  la  prairie  qui  s'étend  au-dessous,  à  150  ou  200 
mètres  de  la  roule,  on  trouve  des  pierres  tumulaires  qui 
sont  remarquables  par  leurs  formes  massives  et  surtcmt 
par  la  pyramide  quadrangulaire  qui  les  termine. 

Ne  109.  N»  110. 

DM  

NIVAKIS  ïï  P^^ 

AVKATIS  GENTIS 

y.  ^  SALAS 

LXXXI  ^-ALXX 

S-O-T-BQ 

La  journée  est  en  partie  consacrée  à  l'exploration  du 
versant  nord  du  Msid-Sidi-Aïcha,  contrée  des  plus  acci- 
dentées et  des  plus  intéressantes  par  ses  jardins  plantés 
de  grands  arbres.  Ces  jardins  occupent  toute  une  série  de 
vallons  dont  les  thalwegs  sont  inclinés  d'au  moins  ;J0°. 
Le  plus  riche  d'entr'eux  est,  sans  contredit,  celui  des  Beni- 
Izzar;  son  accès  est  difficile,  mais  il  est  arrosé  par  de 
belles  sources.  Là,  de  grands  ormes  remplacent  les  frênes 
si  répandus  dans  les  jardins  de  la  Kabylie. 

Des  Beni-lzzar  à  Guelaïnc,  on  ne  rencontre  (;à  et  là, 
que  quelques  blocs  isolés  sur  des  plate-formes  étroites, 
qui  rompent,  par  intervalles,  la  pente  toujours  très-rapide 
du  versant.  Mais  voici  Guelaïne  où  ^\.  Sergent  a  décou- 
vert une  nécropole  romaine.  En  arrivant  au-dessus  du 
village,  notre  attention  est  frappée  par  les  dimensions  et 
les  matériaux  du  tombeau  de  Sidi-Ahmed-Zarrouch  :  c'est 
une  grande  chambre  de  8  mètres  de  long  sur  environ 
6  de  large,  en  pierres  de  grand   appareil   ajustées   avec 


-  56  - 

(nnl  de  précision  que  nous  la  prenons  pour  une  construc- 
tion romaine,  dont  la  partie  supérieure  a  été  refaite. 

On  nous  signale,  près  de  là,  à  la  porte  de  la  djamâa, 
simple  gourbi  couvert  de  diss,  une  pierre  tumulaire  por- 
tant l'épilaphe  suivante  : 

N°  111. 

D    M 

I-SALCIDIVS 

fAR)ATORIS  FIL 

QVIRINA 

ARATOR 

V-  A-- 

La  nécropole  devait  être  proche;  nous  arrivons  en  elTet 
sur  un  petit  plaleau  cultivé  fju'cnlourent  des  talus  rocail- 
leux et  des  rochers  isolés.  Entre  ces  derniers,  nous 
constatons  la  présence  de  (rois  dolmens,  fouillés  depuis 
longtemps,  mais  ayant  encore  leurs  dalles  supérieures 
qui  sont  de  moyenne  grandeur.  Ces  monuments  nous 
indiquent  une  très-ancienne  nécropole  et  les  colons 
l'omains  y  placèrent  leur  cimetière,  car,  c'est  là  que 
M.  Sergent  a  trouvé  des  pierres  tumulaires.  Avec  le 
secours  de  quelques  indigènes,  nous  parvenons  en  peu 
de  temps  à  déterrer  dix  inscriptions  gravées  sur  des 
cippes  dont  l'un,  celui  de  Q.  CAECILIVS,  est  orné  de 
belles  moulures  et  se  termine  par  un  prisme  triangulaire 
placé  entre  deux  quarts  de  cylindre  formant  rebords  sur 
les  deux  faces  latérales;  en  avant  et  en  arrière,  le  prisme, 
coupé  droit,  présente  un  double  fronton;  sur  celui  de  la 
face  antérieure,  les  moulures  de  la  corniche  se  relèvent 
en   volutes  à  la  rencontre  des  rebords  latéraux;  dans   le 


—  57 


tympan,  on  voif,,   entre  deux  rosaces,  un  cœur  surmonté 
(lu  croissant. 


N'  112. 

D    M 

G  0  S  G  0 

NIVS-  T- 

FIL-  QYIR 

NOYATYS 

Y.  A  LXY 

S-OT-R  0 

N°  115. 

D     M 
VOLYSIAN 
AIYLIA-YA 
NNIS  XX 


X»  113. 

D    M 

Q-  NONIYS 
M- FIL- QYIR 
TYRYSGVS 
YAXXXYII 
S-O-TRQ 


M-  GLODI 

Y  S- M-  F-Q 

SEYERYS 

Y  A  LXY 

II-  S-E 


X"  11^. 
D    M 

0-  P-  FILIYS 
AYENTIYS 

QYIR 

NTOSI  YIX 
IT  AN-  LY 

N»  116. 

M-  CLODI 

VS-MF-Q 

GLODIANYS 

Y-  A  XX Y 

II-  S-  E 


>-"  117. 


>-«  118. 


N'  119. 


[•  HONORA 

TYS   RO 

GATYS 

Y-ALXI 

11- SE- 

QVIRINA 

FIRMYS 

Y-  A  LXXY 

11  S  E 

N°  1-20. 

\E  GAN-- 

G-FQ-YIG 

TORINYS 

Y-  A-  LXY 

USE- 

\ 

D     M 

IVLIYSQ- 
Y- A  XXYI 

--  58  — 

D      M 
Q-  CAECILI 
VSPFILQVIR 

VIGTORl 
INVS  QVI  PRE 
CEPTO  PATRIS 

CARISSIMI 
PARVITETMESO 
LEVM  CVM  ÏRIB 
VNALETARALIBVS 
PERFECITV-ALV-H-S- 
E 

A  iiuiic  reloui',  après  avoir  retraversé  les  jardins  des 
Beni-Izzar,  an  lieu  de  passer  par  Fedj-el-Ahnieur,  comme 
le  malin,  nous  prenons  un  sentier  qui  nous  conduit  à  la 
l'oule  d'EI-Milia.  Le  chemin  longe  le  Djebel-Adjissa,  puis 
le  francliit  et  pénètre  sur  le  teri'itoire  des  Ouled-Embark 
limitrophe  des  Beni-Tliien. 

C'est  dans  celle  dernière  tribu,  à  Tsillil-Knibet,  à 
3  kilomèlres  E.  de  la  maison  forestière,  que  M.  le  capitaine 
Didier,  commandant  supciieur  d'EI-Milia,  a  recueilli, 
dans  une  ruine  qui  occupait  le  milieu  d'un  champ  labouré, 
les  IVagments  d'une  statue  en  bronze,  donnés  par  le  Gé- 
néral Carlerel  au  musée  de  Constantine  (Voir  pi.  i). 

Ces  l'ragmenls  sont  au  nombre  de  sept: 

1°  iMain  droite  à  demi  fermée  et  partie  du  poignel  ; 

2"  Coude  droit  et  partie  de  l'avanl-bras  ; 

o"  Jambe  droite  et  partie  supérieure  de  la  cuisse; 

A°  Demi-jambière; 


—  59  — 

5°,  0°,  7°  Parties  de  la  liiniciue;  la  plus  remarquable 
porte  une  longue  frange  à  torsades. 

La  face  antérieure  de  la  jannbe  est  protégée  dans  toute 
son  étendue  par  une  jambière  remontant  jusqu'au-dessous 
du  genou  et  tombant  sur  le  cou  de  pied;  des  courroies 
passées  à  six  anneaux,  trois  de  cbaque  côté,  et  s'entre- 
croisanl  par  derrière  en  trois  points  différents,  la  fixent 
solidement.  On  voit  par  les  proportions  de  ces  divers 
fragments,  et  notamment  par  la  grosseur  du  poignet  et 
de  Tavant-bras,  qu'ils  appartenaient  à  une  statue  de  deux 
mètres  de  hauteur. 

Sur  quelques  points,  la  surface  métallique  est  formée 
de  plaquettes  rectangulaires  ayant  16  millimètres  de  lon- 
gueur et  7  de  largeur;  leur  composition  diffère  de  celle 
de  la  masse  et  elles  semblent  avoir  été  appliquées  après 
coup. 

iM.  Tissot,  Ingénieur  en  chef  des  Mines,  a  bien  voulu 
lairc  analyser  une  partie  de  chacun  des  Iragmenls  ;  l'opé- 
ration l'aile  par  M.  Poncelet,  chimiste  du  service  des 
Mines,  a  donné,  pour  la  composition  du  métal,  les  résul- 
tats suivants  : 

Cuivre 00,197 

Etain- 8/25o 

IMomb....... 25,318 

Pertes 0,23^2 

Total 100,000 

En  remontant  vers  le  col  d'EI-Ma-el-Abiod  et  le  Kel- 
Souma,  M.  Sergent  nous  indique,  entre  la  roule  et  la 
guelàa  des  Deni-Tlilen,  la  jiosiiion  de  Dandlo,  d'où  il  lit 
transporter  à  El-iMilia,  en  1871,  lorsqu'il  commandait  ce 


—  60  — 

posle,  un  bas-relief  enlourc  d'une  dédicace  à  Saturne. 
M.  Poulie,  mal  renseigné  sur  la  provenance  de  la  pierre, 
a  {)ublié  celle  dédicace  en  la  donnant  comme  une  des 
rares  inscriplions  trouvées  dans  la  vallée  de  l'Oued-el- 
Kebir  (I). 

Le  milieu  de  la  pienc  est  occupé  par  une  niche  dans 
laquelle  est  un  personnage  debout;  il  csl  vêtu  d'une 
tunique  {ïotlanle,  lient  de  la  main  droite  un  bélier  et, 
de  l'autre,  la  bandelette  en  forme  d'anneau  dont  les  deux 
bouts  sont  réunis  et  croisés,  emblème  mystérieux  souvent 
leprésenlé  sur  les  monuments  numidico-puniques  (2) . 
Nous  reproduisons  ici  le  texte  que  M.  de  Villefosse  a 
publié  dans  les  Mémoires  de  la  Société  des  Antiquaires  de 
France,  d'après  un  dessin  de  M.  du  iMarlray,  capitaine 
d'Elal-Major  (3,.  Celui  que  M.  Poulie  lient  de  M.  le 
capitaine  Crouzet  est  un  peu  différent. 

X"  U>2. 


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Satiirno  Aiujusto  sacrum. 

]'ilnus  Marlialis  votum  solvit  libens  anima. 

il)  Recueil  des  N.  et  M.  page  375.  —  Année  1875. 
(2)  Ibid  1860-61  page  'S. 

3)  Mémoires   de    la    Socictô   des   Antiqucdrcs  de  Franee.  —  Année  1876, 
page  87. 


—  61  — 

A  noire  droite  et  au-dessous  d'un  grand  bois  de  zéen 
et  de  fernane,  qui  couvre  le  sofnrnel  du  Kef-Souma  du 
côté  du  nord,  s'étendent  plusieurs  ';liamps  cullivés  au 
milieu  desquels  gisait,  il  y  a  trois  mois,  une  pierre  tumu- 
laire  noirâtre  à  grain  fin  dont  l'épitaphe  contient  des 
caractères  d'une  forme  inusitée.  Cette  pierre  a  été  trans- 
portée à  Milali. 

No  123. 

D    W 

M-  GOVINES? 

V-  A- XXV- H 

E    SEPSVS 

Le  M  de  Manibus  est  renversé,  et,  à  la  dernière  ligne, 
un  sigle  bizarre,  ayant  la  forme  d'un  8  ouvert  en  bas, 
remplace  VLT  de  sepulius. 

Il  faisait  nuit,  depuis  longtemps,  lorsque  nous  sommes 
rentrés  à  la  maison  forestière,  après  avoir  relevé,  à 
El-Ma-el-Abiod,  l'inscription  d'une  pierre  que  les  indi- 
gènes avaient  déchaussée  pendant  notre  excursion  à 
Guelaïne. 

Sous  l'influence  du  sirocco,  l'atmosphère  s'était  remplie 
de  vapeurs  chaudes  qui  l'obscurcissaient,  et  nous  prenions 
pour  les  lumières  de  Conslantine  des  feux  de  diss  allumés 
sur  les  flancs  du  Djebel-Ouach. 

Pendant  notre  absence,  M.  Dockler,  l'un  des  gardes- 
forestiers,  avait  découvert,  à  un  kilomètre  au  sud-est  de 
la  maison,  une  pierre  libyque  entière  et  bien  conservée. 
Il  y  aurait  là,  à  Dar-Karret,  sur  le  territoire  des  Ouled- 
Aiimed,  fraction  des  Mouïa,  une  nécropole  inédite. 
M.   Sergent  recommande  aux  gardes  de   la  fouiller   el 


62 


d'envoyer  au  musée  de  Milah  le  résuUat  de  leurs  recher- 
ches. 

Le  lendemain,  nous  remontons  de  grand  malin  le  vallon 
d'Aïn-Zéena  qu'ombragent  deux  immenses  chênes,  restes 
imposants  de  l'ancienne  forêt  ;  noire  but  est  le  Kef  de 
Sidi-Driss.  A  sa  jonction  avec  le  chemin  stratégique  des 
crêtes,  le  sentier  que  nous  suivons  passe  au  milieu  de 
lumulus  ou  de  Nza;  un  peu  plus  loin,  au  col  de  Salah-Bey, 
quelques  dolmens  attirent  notre  attention. 

Les  cols  de  Salah-Bey  et  de  Dar-el-ïeklj  sont  les  passa- 
ges pratiqués  par  les  habitants  de  la  tribu  des  Beni- 
Oualbane,  lorsqu'ils  vont,  au  printemps,  porter  à  Cons- 
tanline  le  bourre    qu'ils   produisent  en  grande  quantité. 

Parvenus  à  la  hauteur  d'un  relèvement  de  la  croupe, 
relèvement  que  l'on  aperçoit  de  Conslanline,  nous  voyons 
la  chaîne  s'infléchir  vers  le  nord-est  avant  de  se  déprimer 
à  Fedj-el-Renem. 

Ce  col  est  une  vaste  selle  gazonnée  que  dominent  au 
nord-est  les  escarpements  rocheux  el  dénudés  de  Sidi- 
Driss. 

Le  Kef  de  Sidi-Diiss,  qui  termine  la  chaîne  des  Mouia, 
forme  à  son  cxliémilé  une  espèce  de  cirque  ouvert  au 
nord-est.  De  ce  côté,  sur  les  premières  pentes,  un  vieux 
frêne,  couvert  de  mousse,  s'élève  encore,  au  milieu  de 
l'espace  vide,  près  d'une  source  tarie.  Les  crevasses  et 
les  abîmes  du  versant  sud  n'offrent,  comme  végétation 
arborescente,  que  des  toulles  de  laurier,  très-abondant 
dans  toute  la  chaîne.  Au  point  de  vue  archéologique,  ce 
massif  terminal  ne  présente  aucun  intérêt. 

M.  le  docteur  Beboud  se  contente  de  dresser  le  cala- 


—  m  — 

logue  des  planles  dont  il  trouve  quelques  débris  ou  quel- 
ques fleurs  précoces. 

Nous  déjeunons  sur  le  sommet  du  Kef,  près  du  signal 
géodésique,  à  1,270  mètres  d'altitude.  Nous  avons  ('c 
tous  côtés  un  vaste  horizon;  notre  vue  s'étend  des  mon- 
tagnes de  la  frontière  tunisienne  aux  montagnes  de  la 
région  de  Sétif,  et  de  l'Aurès  aux  bords  brumeux  de  la 
Méditerranée.  Après  un  moment  de  contemplation,  nous 
descendons  les  pentes  rapides  qui  conduisent  à  la  zaouia 
de  Sidi-Driss,  célèbre  marabout,  qui  a  donné  son  nom  au 
Kef.  Cette  école  est  située  au  fond  du  cirque,  sur  le  bord 
d'un  ruisseau  encaissé  et  au  pied  d'un  rocher  à  pic  d'où 
sort  une  assez  belle  source.  La  construction,  œuvre  de 
mains  kabyles,  est  couverte  en  tuiles  et  entretenue  avec 
soin  par  l'autorité  militaire.  Le  marabout  et  les  tolba 
nous  introduisent  dans  l'unique  pièce  qui  est  à  la  fois: 
temple,  grenier,  salle  d'école  et  dortoir.  La  cachette  à 
grains,  dont  le  marabout  garde  la  clef,  s'ouvre  en  face 
de  l'entrée.  Le  sol  est  tapissé  de  nattes  ;  ça  et  là,  pendent, 
accrochés  contre  les  murs  ou  suspendus  aux  traverses 
du  toit,  parmi  les  planchettes  qui  servent  à  l'enseigne- 
ment, des  peaux  de  bouc  pleines  de  beurre  et  de  nom- 
breux paniers  de  jonc  contenant  des  provisions. 

Les  Tolba  ne  peuvent  nous  faire  l'histoire  du  fondateur 
de  l'établissement;  ils  ne  savent  rien  de  ses  hauts  faits, 
rien  de  ses  miracles  et  ne  connaissent  ni  l'époque  ni  les 
circonstances  de  sa  mort.  Mais  ils  comptent  Sidi-Okba  au 
nombre  des  saints  personnages  qui  sont  enterrés  dans  la 
zaouia.  Est  ce  ignorance,  ou  voudraient-ils  détourner  à 
leur  profit  une  partie  des  pèlerins  et  des  curieux  qui  vont 
tous  les  jours  visiter  le   tombeau   de  Sidi-Okba   dans  la 


—  64  — 

célèbre  mosquée  des  Zibans?  Marabout  et  tolba  paraissent 
méconlenls  ;  la  foi  diminue,  diseni-ils;  les  arabes  fré- 
quentent de  moins  en  moins  l'école;  les  cadeaux  devien- 
nent de  plus  en  plus  rares;  c'est  à  peine  s'ils  leur 
suffisent  pour  vivre.  Peut-être  voudraient-ils  voir  revenir 
le  temps  où  leur  zaouia,  comme  celle  de  Sidi-Slimane 
dans  le  Clietlaba  et  tant  d'autres,  ne  recevaient  comme 
disciples  que  des  coupeurs  de  routes,  gaillards  solides  et 
vigoureux,  dont  les  profondes  balafres  prouvaient  les 
nombreux  coups  de  main.  On  affirme  qu'à  une  époque 
peu  reculée,  la  zaouia  de  Sidi-Driss  recevait  en  dépôt  tous 
les  objets  volés  dans  les  cantons  voisins  (Ij. 

Il  faut  deux  bonnes  heures  pour  descendre  de  la  zaouia 
de  Sidi-Driss  à  Kherbet-Ez-Zemmouri  sur  l'Oued-Sbikra, 
affluent  de  l'Oued-IIaouima  qui  se  jette  dans  l'Oued - 
Smendou  bien  en  aval  des  Deux-Ponts. 

Nous  arrivons  sur  la  rive  droite  à  la  mechta  de  Chabel- 
Saïd  dont  les  gourbis,  bàlis  au  milieu  des  ruines  avec  des 
pierres,  de  grand  appareil,  occupent  une  partie  de  la 
Kberbet-Ez-Zemmouri.  Ces  restes  sont  ceux  d'un  prœdium 
romain  ;  le  plateau  où  il  était  situé  est  tout  sillonné  de 
substruclions  et,  sur  les  bords  des  talus,  on  voit  encore 
de  nombreux  pans  de  murs  en  briques,  en  blocage  et  en 
pierres  taillées. 

M.  Sergent,  propriétaire  du  domaine  de  Cbabet-Saïd, 
n'y  a  trouvé  jusqu'ici  qu'une  pierre  tumulaire;  l'épitaplic 
est  en  belles  majuscules  grecques  ;  malheureusement,  la 
pierre  a  été  brisée  ;  on  en  a  trouvé   successivement   cinq 

(.1)  Féraud,  Revue  africaine.  —  Auiiée  1875,  u"  110,  page  103. 


—  G5  — 

ou  six  fragments;  certaines  parties  manquent,  ce  qui  en 
rend  la  lecture  difficile  (1).  (Voir  pi.  ii). 

A  cinq  ou  six  cents  mètres  plus  bas,  on  voit  sur  la 
rive  gauche  les  beaux  jardins  d'Oum-el  Assaïb  dont  les 
habitants  sont  décimés  par  la  fièvre;  cependant,  à  l'époque 
romaine,  C.  Munalius  Extricaùus  y  atteignit  l'âge  de 
82  ans  (2). 

A  partir  d'Oum-el-Assaïb,  les  bords  de  l'Oucd-Sbikra 
se  resserrent  graduellement,  le  vallon  devient  une  gorge 
étroite,  espèce  de  défilé  à  peu  près  impraticable  dans 
lequel  nous  nous  engageons,  malgré  les  instances  de  nos 
guides;  le  passage  s'effectue  sans  accident;  mais  non 
sans  difficulté. 

Les  escarpements  de  la  rive  droite  de  la  gorge  sont 
dominés  par  un  plateau  appelé:  le  Guelàat-el-iMaza  ;  la 
surface  du  sol  y  est  couverte  de  pierres  taillées  de  toutes 
dimen.^ions;  sur  l'une  d'elles,  nous  avons  copié  l'niscrip- 
tion  suivante  : 

N"  124. 

IVLIAMAÏU 
ON  A  V  AN 
XXXV  IIIC  S  E- 

Du  rôle  du  nord  ouest,  le  plateau  se  termine  par  un 
talus,  bordé  niilri  l'ois  par  un  uuu'  dunt  les  pieri'es  ont 
roulé  jusqu'au  bas  île  la  pente  où  elles  forment  de  véri- 
tables amas.  C'tsl  de  là  que  nous  avons  relii'é,  avec 
l'aide  des  mdij^ènes  quelques  fragments  libyques  et  les 
épitaphes  que  nous  donnons  ici  : 

(1)  Mccncil  des  N.  et  M.  —  1878,  rage  5:9. 
(2;  là.  id.  530. 


—  66  — 

N»  125.                               N"  123.  N»  127. 

D    1^1                      DM  D      M      S 

IVKIVS                  I^'I^l  ^'S  SITTIA  SATV 

bALirVS                 NIVALIS  RNINA  VIX 

^"^^^'^^^  IT    AN  NO    LX 


Yi        XXV  0-  B-  Q' 

XIT  AN  LXXI 
0-  T   B   Q-. 

Après  avoir  déjonnô  sur  le  pl;ilonn  pnr  un  honii  snj. H^ 
nons  nous  acheminons  vet's  les  j  inlins  de  Talidcasl  que 
nous  apercevons,  à  1,  )0U  ou  -2,01)0  nièlres  de  dislauce, 
sur  les  premières  penles  de  la  vallée  de  rOued-Sinendoii. 
Le  paysage,  ici,  n'a  plus  le  cacliel  d'àpreté  que  nous  lui 
avons  tiouvc  plus  liaul;  les  moiiviMïienls  du  terrain  sont 
adoucis,  el  de  simjdes  ondulations  reiriplacenl  les  escar- 
pements rocheux  et  les  crêtes  déchiquetées. 

Sur  la  lisière  des  jardins,  du  côté  supérieur,  une 
fontaine  abondante  débite  l'eau  nécessaire  aux  irrigations. 
Un  acqueduc,  dont  on  voit  de  distancLi  en  di>tance  des 
tronçons  parfaitement  conservés,  conduisait  autrefois  les 
eaux  vers  un  point  sur  lequel  nous  avons  remarqué  des 
substructions  considérables.  Les  jartlins  sont  du  reste 
encombrés  de  chapiteaux,  de  fragments,  de  colonnes  et 
de  belles  pierres  aux  riches  moulures;  il  y  avait  évidem- 
ment là  une  luxueuse  villa. 

Parmi  les  gourbis  de  la  médita,  on  voit  une  maison 
romaine  que  les  habitants  ont  appropriée  à  leur  usage 
en  y  ajoutant  une  couverture  en  diss. 

A  l'est  de  Tahocasl,  le  défilé  de  lOued-Sbikra  s'ouvre 
dans  une  petite  plaine  couverte  d'anagyre  ou  bois  puant, 


—  67  — 

le  Fonl-Ed-Dih  îles  nrahes.  Le  palmier  nnin  croil,  ça  et  là, 
siii"  les  cièlus  cl  sur  les  p.;iiles  l'uclieu^es  des  montagnes 
voisines. 

Le  .']U  novemliro,  nous  nous  séparons;  M.  le  docleur 
nrlmn  I  se  rt;ii<l  à  Sini-nilui  pour  voir  les  bornes  miliiaires 
:lu  jar.lin  puhlic  el  i;a,^niM'  d:  li  Conslauline,  après  avoir 
visiic  (picl<|iies  i'uiu(;s  au-des.-ns  diis  UcMix-Tonls  el  du 
ILiMima  (Azunaeia;  el  j--lé,  en  pas>anl,  nu  cuup  (rœil 
I apide  sni'  les  prétendus  jardins  de  S.dlu>ie.  Q  lanl  à  nous, 
nous  i-rpicnous  avec  M.  St;r<;i.'nl  !a  direction  de  .\lil;di. 

^■o!re  reloiii  s'clTecIne  par  la  vallée  de  I  Oued-Sinendou, 
mais  nous  l'aidons  enc(U'e  une  station  au  loniljeau  des 
Lollins,  inoniiuniil  de  l'oiine  circulaire,  construit  avec 
(\e^  nialéii.iiix  iiideslruclihles,  el  une  autre,  un  peu  plus 
loin,  à  la  Meclil.i  i\e!iar  située  au  pid!  d'un  pelil  plateau, 
espèce  de  ciladelle  naturelle  rpie  le  Pdioumel  contourne 
avant  de  délioiiclier  dans  la  vallée  de  l'Oued-Smendou. 
En  allant  de  l'une  à  l'aulrc  station,  nous  laissons  â  noire 
gauche,  sur  les  hauteurs  qui  dorninenl  le  Kraneg  (1),  les 
ruines  importantes  de  l'ancienne  Tiddi. 

Nous  nous  arrêtons  sur  un  large  col  d'où  l'on  peut 
descendre  au  fond  de  la  gorge  en  suivanl  un  couloir  qui, 
à  Iravers  les  rochers  et  les  figuiers  de  baibaiie,  tombe 
de  gradin  en  gradin  jusqu'à  la  rivière.  Sur  la  croupe, 
autour  d'un  aibre  vénéré,  est  un  cimetière  arabe  dont 
les  pierres  portent  des  épilaphes  latines. 

Entre  le  col  el  le  plateau,  le  sol  est  encombré  de 
débris  antiques  el,  sur  le  plateau  même,  on  voit  encore 

(1)  Kraneg,  mot  arabe  qui  veut  dire  gorge,  est  spcoialcment  applique  au 
dctilj  L-troii  et  profoud  que  le  Rhoiirael  traverse  pour  se  réunir  à  l'Oued- 
Smeudou. 


68 


une  porte  debout  soutenue  par  une  muraille  qui  a  été 
restaurée.  Près  de  celte  masse  de  maçonnerie,  qui  a 
résisté  au  temps,  gisent  des  tronçons  de  colonnes,  des 
chapiteaux,  des  morceaux  de  corniches,  ornements  mu- 
tilés d'une  place  publique  (1). 

Ces  ruines  occupent  l'emplacement  de  Calda  dont  le 
nom  a  été  trouvé  par  M.  Cherbonneau  :  Genio  municipii 
Caldensium. 

Cet  explorateur  a  passé  sous  silence  les  ruines  qui 
couvrent  le  prolongement  terminal  du  plateau;  elles  ne 
manquent  cependant  pas  d'intérêt,  ne  serait-ce  que  par 
leurs  nombreux  dolmens  et  par  les  arbres  sacrés  qu'en- 
tourent des  centaines  de  pots  à  parfums.  C'est  à  la  pointe 
finale  de  ce  prolongement,  que  la  source  thermale  sort  du 
rocher  par  trois  ou  quatre  ouveitures  dilTérenies,  dans  le 
lit  de  la  rivière  et  au  niveau  des  basses  eaux. 

Pendant  le  trajet  du  tombeau  des  Lollius  à  la  Mechla 
Nehar,  nous  avons  vainement  cherché  les  traces  de  la 
voie  romaine  que  M.  Cherbonneau  a  suivie  jusque  dans 
la  nécropole  de  Tiddi,  au  nord  de  la  ville;  voie  qui, 
d'après  cet  auteur,  ne  serait  pas  à  plus  de  1,^00  mètres 
de  Calda  {i).  Où  allait  cette  voie? 

Nous  ne  nous  éloignerons  pas  du  Khaneg  sans  en  dire 
un  mot,  et  sans  parler  de  la  rencontre  des  deux  rivières, 
particularité  la  plus  remarquable  du  heu.  La  vallée  de 
rOued-Smendou,  large  et  assez  régulière,  est  abordée 
obliquement  sur  la  rive  gauche  par  un  bourrelet  monta- 
gneux qui  vient  s'y  terminer.  C'est  là  qu'est  le  confl.ient. 

(1)  Hecueil  de  N.  et  M.  —  1863.  (Founies  du  Khaneg-Tiddi,    Calda). 
^2>  Recueil  des  N.  et  M.  —  1863.    Fouilles  du   Khaneg   eto,   pages    173 
et  183. 


-  09   - 

En  ce  point,  le  Rlioumel,  dont  rien,  ni  de  loin  ni  de  près, 
ne  décèle  la  présence,  débouche  tout  à  coup  entre  deux 
langues  de  terre  qui  le  conduisent  au  contre-sens  de  la 
vallée  jusqu'à  l'Oued-Sinendou.  La  jonction  des  eaux, 
résultant  de  la  rencontre  des  deux  courants  opposés,  a 
un  aspect  si  anormal  que  l'on  croirait  avoir  devant  soi 
une  bifiircalion  de  l'Oiied-Smendou  plutôt  que  le  confluent 
de  celte  rivière  avec  l'Oued-Rhoumel. 

Vue  du  confluent,  le  Rhoumel  semble  sourdre  au  pied 
des  coteaux,  mais  en  le  remontant  de  quelques  centaines 
de  mèlres  on  lui  voit  faire  un  coude  brusque  vers  la 
gauche  oîi  il  se  trouve  de  jilus  en  plus  encaissé  par  des 
escarpements  dont  la  hauteur  va  croissant.  Si  on  le 
remonte  encore,  on  s'eng;ige  bientôt,  dans  le  lit  môme, 
entre  les  parois  verticales  d'une  tranchée  étroite,  tortueuse, 
giganlei-que,  qui  se  poursuit  à  ciel  ouvert,  à  travers  le 
cœur  de  la  montagne,  jusqu'à  l'ouverture  opposée. 

L'Oued-Smendou  et  l'Oued-Rhoumel  réunis  prennent  le 
nom  d'Oued-el-Kebir  ;  nous  le  passons  assez  en  aval  du 
confluent  pour  prendre,  sur  la  rive  gauche,  le  chemin  de 
Milah. 

De  loin  en  loin,  quelques  pierres  romaines,  quelques 
ruines  attirent  encore  notre  attention;  mais  il  pleut  et 
nous  ne  pouvons  nous  y  arrêter.  Nous  revoyons  toutefois 
en  passant,  au-delà  de  l'Oued-K'ton,  à  partir  de  la  borne 
milliaire  dioclétienne  dont  nous  avons  parlé,  des  pierres 
d'accotement,  déjà  entrevues  lors  de  notre  passage  ;  elles 
se  suivent  sans  interruption  sur  une  assez  grande  longueur, 
conservant  entre  leur  double  ligne  un  reste  de  chaussée. 
Ces  traces,  qui   sont   celles   d'une   voie   romaine,  dispa- 


—  70  - 

raissent  aux  abords  de  la  vallée  de  l'Oued-Milali,  dans 
laquelle  on  a  trouvé  autrefois  une  borne  milliaire  dont 
l'inscription  est  donnée  par  M.  Léon  Renier  sous  le 
n»  2300  des  Inscriptions  Romaines  de  l'Algérie. 

Celte  borne,  qui  porte  le  chilTre  Illl,  fixe  le  parcours 
de  la  voie  entre  Milah  et  le  confluent  de  l'Oued- K'ton. 

Les  anciens  itinéraires  ne  mentionnent,  comme  passant 
à  Milah,  que  la  grande  voie  de  Conslanline  à  Sétil'  et 
donnent  25  milles  pour  la  distance  de  Conslanline  à  Milah. 
Le  chiffre  Vil  de  la  borne  de  l'Oued-K'ton  indiquant 
exactement  la  distance  à  laquelle  celte  borne  se  trouve 
de  Milah,  on  peut  prendre  le  point  qu'il  marque  comme 
un  repère  certain.  Si  on  retranche  7  milles  de  la  distance 
lotale  25  milles,  il  reste  18  milles  soit  27  kiloiné  res 
pour  la  partie  comprise  entre  l'OiiedK'lon  et  Conslanline, 
Or,  l'éloignement  de  ces  deux  point>,  mesuré  au  compas 
sur  la  carte,  étant  de  26  kilomètres,  si  on  n'cva'uc  qu'à 
i  kilomètre  l'augmenlalion  de  di^lance  provenant  du  dcve- 
loppemt^nt  de  la  voie,  on  retrouve  le  chiffre  de  27  kilomè- 
tres qui  est  exactement  celui  de  ladislanci;  qui  doit  rester 
d'après  V Itinéraire  (I).  ^^ous  sommes  donc  porté  à  croire 
que  la  borne  milliaire  de  l'Oued  Milah,  C(.'lle  de  l'Oued- 
K'ton  et  les  restes  de  chaussôe  qui  ex  sient  entre  ces 
deux  points,  appartenaient  à  la  grande  voie  qui  allail  de 
Conslanline  h  Setif  en  passant  par  Milah. 

A  notre  retour  à  Conslanline,  nous  étant  enquis  aupiès 
de  M.  Dupuis,  géomèlre  (lofxiis  longtemps  chargé  des 
travaux  de  colonisali(jn  dans  la  conliée,  i\es,  vestiges  qu'il 
pouvait  avoir  remarqués  dans  le  cours  de  ses  opérations, 

Cl)  Itinéraire  d'Autouin. 


71 


ii  nous  assura  qu'il  existait,  entre  Aïn-Keima  et  l'em- 
boucliure  de  rOued-K'Ion,  sur  plusieurs  points  différents, 
des  traces  certaines  d'une  ancienne  voie.  Celte  assertion, 
qui  venait  ainsi  fortifier  notre  liypothèsc,  nous  rendit 
désireux  de  vérifier  le  parcours  que  nous  pouvions  dès 
Jurs  supposer  à  la  voie  romaine.  Dans  ce  but,  nous  avons 
l'ait  dernièrement  le  trajet  de  Conslantine  à  Milah  en 
passant  par  Aïn-Kcrma,  la  rive  gauche  de  l'Oued-el-Kebir, 
Zilounct-el-l3idi  et  l'Oued-iMilah,  et  voici  ce  que  nous  avons 
remarque  sur  noire  chemin  : 

De  Conslantine  à  Salah-bey,  les  Iraces  de  la  voie  sont 
ccriaines  sur  une  suite  de  points  situés  à  droite  de  la 
roule  aciuelle.  Enire  Salah-bey  et  l'Oued- el-Be'grat,  on 
voit,  par  ci  par  là,  entre  la  roule  et  le  Rlioumel,  des 
mouvemenis  de  terrain  qui  sont  peut-être  les  restes  d'une 
ancienne  chaussée. 

Vers  le  I4«  Kilomètre  de  la  route  de  Milah,  à  la  hau- 
teur de  la  maison  tanlonniiMC,  il  existe  des  ruines  sur 
une  longue  cOtc  liansversale,  qui  s'étend  des  bords  du 
Rhoumel  jusqu'au-dessus  de  la  route,  où  elle  se  raccorde 
aux  ilaiics  du  Clietlaha. 

A  (|uelqiies  centaines  de  mètres  plus  loin,  on  arrive 
à  l'Oued-el-Bcgi'at  dont  la  rive  gauche,  dduiinée  [)ar  nn 
plateau,  présente  un  escar[)ement  sur  lequel  la  voie 
romaine  a  laissé  une  trace  qui  consiste  en  un  couloir 
bii'U  maripié  que  l'on  voit  sur  la  droite  de  la  roule  d'Aïn- 
Ktiina  a|Mès  avoir  frauihi  le  pont.  Un  cheuiin  arabe  Irès- 
fré(pifnlé,  que  nolie  mulelii'i",  un  indigène  de  iMilah, 
appelle  le  treidc  ci  lUnjlik,  monte  par  ce  couloir  et,  con- 
tinuanl  dans  sa  direction  N-0,  côtoie  successivement  le  pied 


—  72  — 

de  deux  mamelons  donl  la  surface  esl  toute  parsemée  de 
pierres  romaines.  Le  premier  de  ces  mamelons  esl  à 
13  kilomètres  de  Constanline  à  vol  d'oiseau;  le  second 
est  à  1,500  mètres  plus  loin  ;  d'Aïn-Kerma  on  les  aper- 
çoit à  1,000  mètres  de  distance  du  côté  du  N.  et  du  N-E; 

ils  sont  figurés  sur  la  carte  au  j^^-^  de  l'Etai-Major. 

V Itinéraire  d'Antonin  n'indique  aucune  slaiion  entre 
Cirta  et  MiltMim,  mais  la  Table  de  Peat'mger  en  donne  deux 
dont  AquartiUœ  qu'elle  place  à  9  milles  (13,^:20  mètres) 
de  Cirta. 

Des  Irois  ruines  que  nous  venons  de  sip;naler,  quelle 
est  celle  qui  mai(|iie  l'emplacement  <y Aquarl' llœ  ? 

En  poursuivant  noire  clh-min,  nous  renconirons  lanlôt 
des  rcsies  v;;giies  de  cli.iussée,  t.iiiiôi.  des  li'jices  plus 
certaines  sur  le  rocher,  et,  au  point  culminant  de  la  pUi- 
pait  des  côtes,  les  vestiges  d'un  poste  ou  de  quelque 
établissement  isolé. 

Nous  arrivons  ainsi,  au  confluent  de  l'Oued-K'Ion,  à  la 
borne  milliaire  de  Zitounel-el-Biili.  C'est  à  partir  de  ce 
point  qu'il  faut  reclierclier  l'emplacement  de  Numiluriana, 
la  seconde  des  stations  intermédiaires,  que  la  Table  de 
Peutinger  place  à  6  milles  de  Milali. 

La  borne  de  Zitounet-el-Didi  indiquant  le  Vll"^  mille, 
nous  devrions  tomber  à  14  ou  1,500  mètres  au-delà  sur 
l'emplacement  cherché.  Mais  la  voie,  donl  les  traces  sont 
très-apparentes,  s'infléchit  plus  loin  et  descend,  après 
un  parcours  de  6  ou  800  mètres,  dans  l'estuaire  de 
l'Oued- el-Kcbir  où  toute  trace  disparaît.  La  voie  ne  quittait 
probablement  le  bord  de  la  rivière  que  pour  remonter  la 
vallée  de  l'Oued-Milah. 


—  73  — 

A  l'endroit  où  le  cliemin  arabe,  qui  en  suit  le  parcours, 
quitte  la  berge  pour  disparaître,  celle-ci  présente  à  droite 
une  éminence  couronnée  par  un  vieux  beloum  et  couverlc 
de  pierres  romaines  grossièrement  taillées.  En  face,  bor- 
dant le  côté  gauche  du  chemin,  est  un  amas  de  gros  cail- 
loux qui  semblent  provenir  d'anciennes  constructions. 

L'heure  avancée  ne  nous  perujet  pas  de  descendre 
jusqu'à  l'erahou'^hura  de  l'Oued-Milah,  mais  nous  cons- 
tatons la  présence  de  ruines  nombreuses  sur  le  sommet 
des  mamelons  qui  dounneiit  la  rive  droite  de  ce  cours 
d'eau  près  de  son  confluent  avec  l'Oued-el-Kebir. 

Si  nous  n'eussions  trouvé  dans  celte  paiiie  qu'une 
seule  ruine  de  quelque  iin|)orlance,  nous  aurions  pu  la 
prendre  pour  l'euiplacemenl  de  Numituriana  ;  au  lieu 
.d'une,  nous  en  trouvons  ving'  aussi  iiisigiiifianles  les  unes 
que  les  auties;  de  là  l'incertitude  dans  laquelle  nous 
restons  au  sujet  de  cet  emplacement. 

La  présence  de  bornes  milliaires,  les  traces  de  voie, 
la  coiitiguration  du  sol  et  l'abondance  des  ruines  sont 
autant  d'indices  positifs  dont  l'ensemble  équivaut,  selon 
nous  à  une  preuve  matérielle.  Et,  bien  que  les  rcsuliats 
de  noire  dernière  excursion  ne  soient  pas  en  tout  |)oint 
satisfaisants,  nous  ne  partageons  pas  moins  l'opinion  du 
colonel  Lapie  qui,  avec  quelque  raison  sans  doute,  place 
Numituriana  sur  l'Oued-el-Kebir.  Conséquemment,  nous 
croyons  que  la  voie  romaine  contournait  au  nord  le  pâté 
montagneux  qui  sépare  Constantine  de  Milah  évitant 
ainsi,  sans  grand  détour  les  profondes  découpures  où 
coulent  l'Oued-el-Begral,  l'Oued-Kseba  et  l'Oued-K'ton. 

A.  GOYT. 


ADDITIONS  AU  MEMOIRE  PRECEDENT 


N»  128. 

Domninc    du  Vald'Or,  à  rOiioil-Alménia,  rond-point  à 
100  mélres  du  Italneum  de  Pompeianus. 
Estampage  de  M.  l'abbé  Noyron. 

D        M 

P  0  M  P  E  I  A 
MAUTILLA 
V-  A-  LXXX 

H    S   E- 

N»  129. 

Le  B()urbier,  au  Î8"  kiloaièlre    de    la   roule    de  Cons- 
lanline  à  Sélif. 

Eïlasïipayc  de  M.  Tabbé  Ncyron. 

D      M 

K  V  C  R 
ETl  A 
YHBA 

NA-  A 
N   VIX 
LXXX 
La  lettre  L  de  Lucrelia  à  la  lorme  du  Lambda. 


75   - 


N»  130. 

Fragment  découvert  par  M.  Sergent  autour  du  Bordj- 
Beïda,  —  M  usée  de  Mi  la. 

IS  MANIBVS 

ANILIU-  LF-QVIR 

MPETRATO  * 

N'  131, 

Mila    -    Copie  de  M.  Soussi,  interprète  judiciaire. 

IVLIA  ANDA 
NIAVALXXX 

II-  S-  E- 

N»  !32. 

Mila.  —  Copie  de  M.  Sergent. 

SALLVSTIA 

1  A  N  V  ARIA 

VIX-  A-  VI 

II-  S-  E- 

N*  133. 

Borne  cylindrique  en  calcaiio  gri.<àlre.  —  Forme  Perri- 
gucl.  —  rive  gaucho  de  rOued-Bigrat,  au  1/^  kil.  de  la 
roule  de  Conslantine  n  Mila. 

DI 

VI  Sr.VERI  Pli-- 
•  ••  DIVI  AiXTO 
N1^M    MAGiNI 

SEVE 

RVs 

PIVS 


•  •   • 


XIIII  (') 


76 


Imperator  Cœsar  divi  Severl  nepos,  divi  Anton'mi  magni 
(ilius,  Marcus  Aurelius  Severas  (Alexander)  pins  felix 
Augustus  Pontifex  Maximus,  trUniniliœ  polestatis  consul 
paler  patriœ. 

Viam  imbribus  et  velustate  conlapsam  cum  pontibus 
reslituii. 

XIIII 

Sur  la  partie  inférieure  de  celte  inscription  qui  est 
entièrement  maitelée,  on  a  gravé  deux  lignes  de  lettres 
grossières  d'une  leciure  difficile. 

N»  134. 

Borne  cylindrique  en  calcaire  grisâtre,  brisée  à  son 
tiers  supérieur.  —  Fermrj  Perrigiiet,  —  rive  gauche  de 
rOued-Begrat,  au  17^  kil.  de  la  route  de  Conslantine  à 
Mila. 

IMP    CAE    DI 

VI  MAGNI  ANTO 

NINI  PIIFILIVSDI 

VI  SEVKRI  NEPOS 

M-  AVRELIVS---- 

PIVS MAXIMVS 

TRIB  POTEST"  CO- 
SIGNAT VS--P 

FELICISSI-'-' 

INDVL 


•  * 


il)  Voir  Rcaueil  de  Léon  Renier,  —  u"  4409  et  4410,  trouvés  à  Smendoa 
et  à  El-Arouoh. 


—  77  — 

Imperaior  Cœsar  divi  magni  Antonini  pii  films,  divi 
Severi  Nepos  Marciis  Aiwelius  Antoninus  pins  Vontifex 
Maximus,  tribuniikn  Poteslatis  ii  Consul  designalus  m  pro- 
consul feliciss'unus  atque  indulgentissunus,  elc. 

Viam  imbribus  et  vetustate  conlapsam  cum  pontibus 
reslituit. 

N°  135. 

Borne  cylindrique  en  calcaire  blanchâtre  mesurant 
1'"  5U.  —  Ferme  Perriguet,  —  rive  gauche  de  l'Oued- 
Begrat,  au  17°  kil.  de  la  route  de  Constanline  à  Mila. 

VII 

La  ferme  de  M.  Perriguet,  colon  intelligent  et  laborieux, 
est  bàlie  sur  la  rive  gauche  de  TOued-Begrat,  à  30  mètres 
environ  au-dessus  du  lit  de  la  rivière  qu'elle  domine  dans 
tout  son  cours  intérieur.  I^lle  s'élève  sur  remplacement 
de  la  Mechia  des  Ouled-Delim  établie  au  milieu  d'un 
amoncellement  assez  considérable  de  pierres  de  dimen- 
sions diverses  dont  une  partie  est  entrée  dans  les  murs  de  la 
ferme  el'l'autre  a  servi  à  ferrer  la  route  de  Mila;  sur  les 
pentes  du  coteau,  on  en  voit  encore  qui  délimitent 
l'étendue  des  premières  constructions. 

Pendant  l'année  1879,  M.  Perriguet,  voulant  agrandir 
son  écurie  et  niveler  sa  cour,  a  déterré  une  quantité 
notable  de  gros  blocs  au  milieu  desquels  se  trouvaient 
les  bornes  qui  nous  occupent,  des  fragments  de  colonnes, 
de  moulins  et  de  pierres  Inmulaires.  A  l'exception  des 
deux  grandes  bornes  en  calcaire  grisâtre,  tous  ces  blocs 
nous  semblent  formés  de  calcaire  ou  de  grès  blanchâtre. 


-  fs  - 

II  y  av.nit  donc  aulrofDis,  sur  le  plnlean  dos  Otiled- 
Deliin,  anjouririiui  propi'iôiô  «le  M.  Ponijiiict,  iiii  élahlis- 
semoiit  a.uricohi  assez  (îIcikI  i.  St;s  d/'hiis  |);ir;iiss<!iil.  avoir 
él»^  ieman|uôs  de  linnn'!  Injure  Furlia  d'Uil);in,  dans  son 
Itecu'il  d'i'/nJrairea  anciens,  pub'ié  en  I8'i5,  l'iiil  suivre 
le  iiDiii  ir.\(|ii.iriil  «TC  lies  iiiols  .  lluiiica  de  i'Oaed-ISafjara',; 
nous  croyons  rpi'il  vcnl  p.iricr  de  ril^-Mclur  des  Uuied- 
I)(d!m,  la  disîance  qui  ^cparJlil  (lirla  d'Aqnailil'ae  n'élant 
pas  de  heancoiip  inlV-rienre  (''  nnilesj  à  ce  le  (pii  cxisle 
entre  Conslanline  ol  la  {".'rnie   de    M.  Peir!,u:net  (17  kl). 

A  nos  yt'iix,  renijdaceiiKMil  de  la  slaiion  romaine 
d'Aqnariil  œ  <'sl  loin  d'elle  ceilain»^;  les  inscriplii»ns  (jue 
nons  avons  l'elevécs  sur  les  hornes  réceimiieiil  déconverles 
par  iiolro  colon  Fraiic-ijomtois,  ne  ponironl  cire  d'un 
grand  secom's;  aucune  d'enlr'elles  n'occupe  sa  place 
priinilive  el  l'on  ignore  leur  provenance. 

N"  136. 

Cliabcl-Medebonab,  à  mi-cliemin  entre  Conslanline  et 
Meclila-Neliar,  r.>ule  d'FI-Milia.  ~  Pilier  de  l'écurie  du 
Bordj  des  Ouled  Si-el-llaoussim. 

E  0      - 

RI  A  SA 
N  C  T  0  R 
FEklG  R- 

Memoria  Sanctorum. 
FelicUer  Reqaiescant  ? 

Les  lettres  de  la  2"^  ligne  nnesurenl  0'"08;  les  autres 
sont  plus  petites  ;  dans  Felic,  L  présente  la  forme  du 
Lambda. 


—  70  ~ 

Celle  in.ecriplion  cliréîienno  nous  fait  ronnaîlre  une 
localib'  ntMivello  où  to>  reshis  il;  qiiel(|iitis  inailyi-s  Iiiient 
déposés.  Ellu  a  élé  décoiivcrlc,  l<;  "2')  mars  1880,  par 
M.  Siiigenl  dans  une  loiiriioe  a.linin:slraiiv.;.  Dans  la  note 
qui  accoinpagii»;  Ci*  précieux  IVaj^iik'iiI,  il  nous  dil  "  que 
l'ins' ripiioM  élail  Iracée  au-des>o'is  (rime  excav.iiioii, 
fermée  |)ar  une  platpie  en  cimeni,  dans  laquelle  des 
indiuènt'S  uni  Ironvé,  il  y  a  \i  an-,  di;  l'orge  en  irès-hon 
clal  de  eon:.erv;iiiun  ».  Le  dessin  (\ne  fanlenr  nous  com- 
munique nous  porte  à  ci'uire  ipie  celle  excavation  est  im 
vénlaLtle  caveau    fanéraire,  Ircs-iéguI  èremenl  cunsiruit. 

Ajoul(ms  à  ces  r^  nseignt;men!s  que  les  mois  Chabet- 
Med^bouah  signdient  :  Itaoin,  dô  lliomim  égorg-,  et  que 
M.  Clu;rl)Ouneau  a,  depuis  longienips,  sig  lalé  la  voie 
ronr.aiiie  qui  le  Iraversii  et  vient  se  piuilre  à  i,5U0  mètres 
un  peu  au  JN-E  de  Mcclila-Neliar  (Calda). 

K»  137. 

Sur  le  Dra  des  Deni-Oiigad,  à  l'IIenr.hir  Mrazli  — 
Melk  de  Si  Ilammi  la  ben  Braliam  bea  Kaïd  Kasba.  — 
Commune  de  Uizot. 

....I-    AVG   SACRVM 

...  .ELPISTVS  AVGVSTALIS  COL 

...  .KO  FILII  FILIAELIB-ET-  HERES  TEM 

<  Sergent). 

Ce  beau  fragment  de  dédicace  à  Jupiter?  git  à  côté 
de  chambres  rectangulaires  et  demi-circulaires  mises  à 
découvert  par  des  fouilles  d'indigènes. 


80 


N"  138. 

Aïn-Kerma,   commune   de  Bizot,   écurie   de  la  ferme 
Moreau. 

D     M     S 

IVLIA  MA 
TROiNA  IV 
LIISATVR 
NINI  FIL 
lA-  Q-  Y- 
A-  LXXX 

(Sergeut). 
N»  139. 


Aïn-Kerma.  —  Ferme  Moreau.  —  Commune 

D    M 

D    M 

A  N  T  0 

L-  DOM 

NIA  SA 

ITIVS  M 

BINAV 

ARTIALI 

A  XLXI 

S-  VA 

cm  OT 

(B-Q-j 

N«  140. 

Poudrerie  de  l'Etat,  à  côié  du  moulin  Lavie. 

muniquée  par  M.  Clierbonneau. 

D     M    S 

HILARVS    ALVM 

NVS  EPISES  ADVOGA 

TI-  V-  P 

i'  XXII 

Com- 


—  81 


No  141. 


Déblais  du  grand  théâtre  de  la   place   Valée.  —  Copie 
de  l'auteur. 


NVS  V-  A 
XXXXI  NI 
CE  A  M  ICO 
CHROMATO 

MER- 


NO  ui 

Rue  nationale,  maison  Mouret,  non  loin  de  l'Edicule 
de  Baccims.  —  Copie  de  l'auteur. 

D     M 

SITTIAE 

STERCVLIAE 

V-  A-  V 

N»  143. 

Sur  un  cippe  en  marbre  blanc,  carré,  brisé  au  sommet, 
trouvé  dans  les  déblais  de  la  maison  Azoulay,  place  Valée. 
—  Musée  de  Constantine,  copie  de  l'auteur. 


CORPORV(M) 
SVCCESSEANI 
ET  CREME 
NTIAI 


—  82  — 

Au-dessous  de  celle  inscriplion  en  belles  leltres  de 
moyenne  grandeur,  on  voit  un  arlire  au  tronc  épais  et 
noueux  portant  un  grand  nombre  de  fruits  de  la  grosseur 
d'une  olive. 

A  la  partie  postérieure  du  monument,  on  remarque 
une  porte  entrebaillée  dont  les  moindres  détails  ressor- 
tent  très-nettement. 

Au-dessous,  sur  une  face  unie  surmontée  d'un  cintre, 
on  lit  avec  peine  :       svc       gravé  en  petites  lettres  très- 

C£$SK  •  • • • 


irrégulières  et  en  partie  effacées. 


V.  REBOUD. 


ERRATA 


Page     12,    17*^    ligne    lisez:  Areae  fnimsntarije. 

n»  51,  6^  ligne  id;  XXXV. 

n»  5-2,  ii'^  ligne  id  •  LVII. 

n»  52,  6^  ligne  id  :  XXXV. 

26®  ligne  id  :  Etablissements  français. 

19^  ligne  id  :  Valerii  SaUirnini. 

20«  ligne  id  :  Caelestis. 

17«  ligne  id:  Juri  dicundo. 
n°  76,  id  :  Augustorum. 


Id. 

28, 

Id. 

28, 

Id. 

28, 

Id. 

36, 

Id. 

38, 

Id. 

39, 

Id. 

41, 

Id. 

45, 

DU  MONT  PAPPUA 

ET    DE    SA    SYNONYMIE    AVEC    LE     DJEBEL-NADÔR 


COMMENTAIRE    SUR  PROCOPE 


PAR 


A.LEXANDRE    PAPIER 

Vi^e-Pr'sideut,  de  rAcadémie  d'Hipp'ine, 
Membre   titaliirj   d>;   la    Soù'té  anh'olviq'ia   de    Coiistantiae,   etc.. 

Officier  d'Académie. 


N'ayant  pu,  malgré  mon  plus  vif  désir,  retourner  au 
Naclor  pour  y  étudier  plus  attentivement  sa  curieuse 
inscription  de  Pappua  et  en  rappoiler  un  meilleur  estam- 
page, j'ai  prié  M.  Mously,  Ingénieur-Directeur  des  mines 
de  zinc  que  la  Société  i  Vieille  Montajne  »  fait  exploiter 
dans  ce  massif,  de  vouloir  bien  m'en  envoyer  non  pas 
une  copie,  un  estampage,  mais  une  bonne  empreinte 
en  plâtre. 

Or,  comme  en  cette  circonstance  nouvelle  ^\.  Mously 
s'est  empressé  de  m'être   utile  et  agréable,  je  n'ai  point 


—  84  — 

tardé  à  recevoir  ce  précieux  moule  et  à  pouvoir  le  poser 
sur  mon  bureau,  juste  en  face  de  moi,  afin  de  l'avoir 
constamment  sous  les  yeux  et  de  façon  à  ce  qu'aucun  de 
ses  moindres  détails  ne  puisse  échapper  à  mon  attention. 

Ainsi  placé  dans  les  meilleures  conditions  de  lumière 
et  d'ombre,  ce  moule,  parfaitement  réussi  d'ailleurs,  ne 
pouvait  faire  autrement  que  de  me  dévoiler  tous  les 
secrets  de  l'inscription  en  même  temps  que  toutes  les 
erreurs  d'une  première  lecture  entreprise  dans  les  cir- 
constances les  plus  défavorables. 

Voici,  en  effet,  les  rectifications  qu'il  m'a  permis  d'y 
faire.  L'inscription  se  compose  non  plus  de  quatre  lettres 
seulement,  mais  de  cinq.  Ce  n'est  point  la  seconde  letlre 
de  la  deuxième  ligne  qui  a  disparu,  mais  la  première. 
Cette  seconde  lettre  (V)  existe,  mais  très-fruste,  il  est 
vrai,  et  traversée  par  une  boucle  qu'on  pourrait  prendre 
pour  un  C  ou  un  G,  si  je  ne  me  hâtais  de  dire  que  sur 
la  pierre  même,  elle  paraît  provenir  plutôt  d'un  coup  de 
ciseau  maladroit  ou  de  quelqu'autre  accident  que  de 
l'une  ou  l'autre  de  ces  deux  lettres.  (1). 

De  plus,  le  cadre  ou  champ  creux  dans  lequel  l'ins- 
cription est  tracée  a  21  centimètres  de  large  au  lieu  de 
11,  et  25  centimètres  de  haut  au  lieu  de  12  seulement, 
ainsi  que  je  l'avais  indiqué  dans  ma  lettre  à  M.  le 
Président   de   la   Société  Archéologique  de  Conslantine,  le 

(I)  Cette  pierre,  eu  tuf  caloaire  giùsâtre,  assee  compacte  et  dur,  à  cas- 
sure ooiichoïdale,  paraît  avoir  été  taillée  à  grauds  coups  de  ciseau.  Cela 
ie  voit  en  beaucoup  d'eudroits  et  voire  même  jusque  dans  le  champ  creux 
qui  renferme  l'inscription.  Enfin,  tout,  jusqu'aux  caraotères  gravés  à  la 
pointe,  y  décèle  une  main  inhabile,  l'œuvre,  sans  doute,  d'un  ouvrier 
mineur  greco-romaiu,  tout  à  fait  étranger  à  l'art  du  lapioide. 


—  85  — 

21  avril  1879  (1).  Mais  ces  dernières  inexactitudes  ont 
si  peu  d'importance  qu'on  me  les  aurait  toujours  par- 
données.  11  n'en  aurait  pas  été  de  même  des  premières, 
si  je  ne  rappelais  ici,  pour  m'en  faire  absoudre,  que  la 
pluie  et  la  grêle  n'avaient  cessé  de  tomber  pendant  que 
je  relevais  l'inscription  et  les  dimensions  de  la  borne, 
qu'elles  avaient  fait  plus  que  mouiller  mes  estampages 
et  les  feuillets  de  mon  carnet,  qu'elles  les  avaient  troués, 
lacérés,  mis,  en  un  mot,  dans  un  état  si  pitoyable,  qu'une 
fois  rentré  chez  moi  je  n'avais  réellement  en  ma  pos- 
session que  des  lambeaux  de  papier-Joseph  et  des  notes 
presque  illisibles. 

Grâce  à  l'obligeance  de  M.  Mously,  je  viens  donc  de 
pouvoir  réparer  toutes  mes  erreurs  de  lecture  sans  sortir 
de  mon  cabinet,  rire  de  la  pluie,  de  la  grêle  et  du  vent 
qui  au  Nador  auraient  pu  me  fouetter  le  visage,  me 
meurtrir  les  doigts,  effacer  toutes  mes  notes,  trouer  mes 
estampages,  si  j'y  étais  retourné  cet  hiver;  joindre, 
enfin,  à  ce  commentaire  une  photographie  de  mon  ins- 
cription, telle  qu'on  la  voit  encore  aujourd'hui  à  l'entrée 
de  la  mine  de  Hammam-N'baïls,  juste  au  pied  du  riche 
et  pittoresque  amas  de  minerai  de  zinc  dans  lequel  les 
Romains  ont  laissé  de  nombreuses  traces  d'exploitation 
et  où  la  Société  «  Vieille  Montagne  >  trouve  encore  de 
nos  jours  à  puiser  si  largement  (2). 

(1)  Recueil  des  Notices  et  Mémoires  de  la  Société.  Aimée  1878.  19*  vol., 
p.  284. 

(2)  Les  Romains  paraissent  avoir  exploite  ce  magnifique  gisement  comme 
minerai  de  plomb  seulement.  Dans  la  longue  galerie  qu'ils  y  ont  creusée, 
on  a  retrouvé  plusieurs  petites  cruches  à  grosse  pause  (genre  gargoulette), 
plusieurs  lampes  en  terre  cuite,  à  anse  ou  sans  anse,  aveo  ou  sans  ornements, 
une  masscttc  et  quelques  petites  monnaies  de  bronre  du  Bas-Empir«. 


—  86  - 

Mais  alors  même  que  ma  lecture  serait  encore  entachée 
d'erreur,  que  mon  inscription  de  Pappua  n'eût  même 
jamais  existé  au  Nador,  je  liens  à  prouver  qu'il  y  a  beau- 
coup plus  de  raisons  pour  placer  le  mont  Pappua  ou 
Pappoua  de  Procope  au  Djebel -Nador  qu'au  Djebel- 
Edotigli,  au  Dabor  ou  ailleurs. 

En  effet,  si  comme  l'admettent  un  grand  nombre 
d'auteurs,  Gélimer  s'était  réfugié  dans  l'Edough,  au  pied 
duquel  était  située  Hippone,  Bélisaire  dont  l'intrépidité 
et  l'audace  même  égalaient  la  circonspection  et  la  pru- 
dence, aurait-il  renoncé  à  poursuivre  le  roi  vandale  dans 
cette  montagne  à  cause  de  l'hiver  (1).  A  cause  de  l'hiver  ! 
Mais  à  moins  que  depuis  cette  époque  (584)  le  climat  de 
l'Edough  se  soit  singulièrement  adouci,  une  telle  raison 
ne  peut  être  admise.  Quiconque  a  séjourné  dans  ce  massif 
pend;mt  un  certain  temps,  sait  fort  bien  q'ie  l'hiver  n'y  est 
jamais  rigoureux.  Sa  situation  d'ailleurs  sur  la  côte,  au 
bord  de  la  mer,  lui  assurait  au  Vi^  siècle  aussi  bien 
qu'au  XIX*'  une  température  relativement  très-douce  pen- 
dant toute  ce'te  saison.  Dans  les  hivers  les  plus  froids,  les 
plus  longs,  nous  n'y  avons  jamais  vu,  de  1858  à  1880,  de 
neige  que  sur  les  sommets  les  plus  élevés,  le  Bou-Zizi, 
par  exemple,  son  point  culminant  (lUO^"";  et  le  Chahiba 
'760'"},  encore  n'y  reslait-elle  que  huit  ou  dix  jours  au 
plus.  Elle  disparaissait  le  plus  souvent  au  bout  de  trois 
ou  quatre  jours. 

Sous  ce  rapport  le  mont  Pappua  ne  peut  donc  pas  être 
identitîé  à  notre    Djebel    Edough.    Il   est   vrai   qu'à  cette 

(!">  Procope:  DclcUo  Vandaîico.  Trad.  lat.  de  Dindorf.,  1.  II,  ch.  4.  — 
Désormais  nous  ne  ferons  plus  qu'indiquer,  au  cours  de  notre  travail,  que 
le  numéro  des  livre»  et  des  chapitres  de  Procope  dans  lesquels  nos  argu- 
menta eut  été  puisés. 


—  87  - 

raison  puérile,  l'historien  grec  en  ajoute  une  autre  plus 
sérieuse.  Il  rapporte  que  ne  pouvant  sans  «langer  rester 
plus  longtemps  éloigné  de  Cartliage,  Bélisaire  était  reparti, 
laissant  à  Pliaras,  ihvf  des  Hérules,  le  soin  de  faire  le 
siège  de  la  montagne  et  de  prendre  Gélimer  1 11.  4).  Mais 
nous  n'avons  pas  à  nous  préoccuper  de  celte  raison  qui 
est  excellente,  en  elTet,  mais  sans  grande  utilité  ni  préju- 
dice pour  notre  thèse. 

Le  Pappua  était  situé,  dit  Procope,  au  fond  de  la 
Numidie  :  TsOxo  Se  to  opzq  é^ti  [xàv  év  ioXg  NcujxiBûî  kr/jx'xoiç 
(II,  A). 

Or,  si  quelque  montagne  peut  être  considérée  comme 
telle,  ce  n'est  certes  pas  l'Edough  qui  est  adossé  à  la 
mer,  au  commencement  de  la  Numidie  et  non  à  la  fin. 
Qu'on  traduise  àj/airot;  par  aux  extrémités  (fmibus)  ou  par 
au  fond  (ni  uUimâ),  comme  nous  venons  de  le  faire, 
jamais  on  ne  saurait  dire  que  telle  est  bien  là,  en  elTet, 
la  position  géographique  de  l'Edough. 

L'Edough  proprement  dit,  c'est-à-dire,  l'arête  princi- 
pale qui  part  du  Cap  de  Garde,  au  Nord-Est,  pour  se 
terminer,  au  Sud-Ouest,  par  le  Djebel  Belout  (I)  est  très 

(1)  L'Edough  se  compose  de  deux  lôues  montagneuses  bien  distinctes 
l'une  de  l'autre  par  leur  direction  et  leurs  caractères  mincralogiques.  L'une 
part  du  Ras-el-Hamra  «Cap  de  Garde'  pour  aboutir  à  l'extrémité  N.-O.  du 
lao  Fetiara;  l'autre  du  Ras-el-Hadid  (Cap  de  Fer.  pour  venir  butter,  eif 
quelque  sorte,  contre  la  première  dout  elle  n'est  séparée  que  par  l'Oued 
el-Aueb  et  l'Oued-Sahel. 

La  première,  dirigée  du  Nord-Est  au  Sud-Ouest  (système  de  la  Côte- 
d'Or),  se  compose  exclusivement  de  gneiss  et  de  micaschistes  avec  bancs  de 
calcaire  saccaroïde  et  dykes  de  fer  oxydulc,  d'amphibolite  et  de  pyroxéuite 
(çrenatifères.  Elle  mesure  d'un  point  à  un  autre  35  kilomètres. 

L'autre,  dirigée  du  Nord-Ouest  au  Sud-Est  (système  des  Pyrénées),  est 
formée  exclusivement  de  porphyres  trachytiques  avec  dykes  basaltique! 
et  roches  scrpcntineuses  recouverts  en  grande  partie  par  un  épais  manteau 
de  grès  uummolitiques.  Sou  plus  grand  diamètre  est  de  40  kilomètres. 


—  88  — 

escarpé  du  côté  de  la  mer  et  présente  également  du  côté 
de  Bône  et  des  Karézas  des  pentes  très-raides,  hérissées 
de  rochers,  mais  en  face  du  lac  Felzara  elle  offre  des 
pentes  assez  douces  pour  permettre  à  un  petit  corps  de 
troupes  armées  à  la  légère  d'en  faire  l'ascension  sans 
beaucoup  de  peine. 

Bref,  l'Edough  ne  peut  être  comparé,  sous  ce  rapport 
comme  sous  celui  de  l'altitude,  au  Jurjura,  au  Babor  ou 
à  l'Aurès  auxquels  seuls  il  est  permis  d'appliquer  ce  que 
Procope  dit  du  Pappua  :  «  xd-pxi  yàp  ù<{^yjAal  kç  aùxo  Tjavxaxoâsv 
oc-dyouz'.  »   (il.  4) 

A  l'extrémité  de  la  montagne  était  située  une  ville 
ancienne  du  nom  de  Médeos  (1j,  ajoute  l'historien  de  la 
guerre  des  Vandales  en  Afrique,  «  /.al  tcôXi?  àpyxix  Mr,M:; 
ovo[j.a  r.xpx  xoj  opiuç  ix    ïrzyxzx  xvkv.  »  (il.  4) 

Or,  a  l'extrémité  Sud-Ouest  de  l'Edough  proprement 
dit  on  trouve  bien,  au  lieu  dit  Ël-Ksour,  quelques  ruines 
romaines,  mais  si  insignifiantes  et  si  peu  élevées  au- 
dessus  de  la  plaine  (2)  qu'on  ne  saurait,  en  vérité, 
prétendre  que  ce  sont  celles  de  la  ville  fortifiée  que 
Pharas  tenta  vainement  de  prendre  d'assaut,  après  trois 
mois  de  siège,  (ii.  7.) 

D'ailleurs  Procope  n'indique  nullement  à  quelle  extré- 
mité de  la  montagne  était  située  Medeos;  «  napà  tou 
opouç  rx  hyxix  xetTat  »  dit-il,  et  pas  un  mol  de  plus. 
J'ignore    donc    d'après    quelle    autorité   l'Académie  des 

(1)  Le  nom  de  cette  anoieuue  ville  est  corit  MlôcOÇ  et  M'.OSVOÇ  dans 
deux  autres  manuscrits  de  Procope. 

(2)  A  15  mètres  environ  au-dessus  de  la  plaine  des  Seuhadja  et  27  mè- 
tres a\i-dessu8  dw  niveau  de  la  mer. 


—  89  - 

Inscriptions  et  Belles- Lettres  et  Louis  Marcns  ont  été 
amenés  à  dire  qu'elle  était  située  au  pied  occidental,  au 
Sud-Oue^l  de  l'Edout^h  (1). 

Trois  mois  de  siège,  une  atlaque  infructueuse  et  la 
perle  de  cent  dix  hommes  pendant  l'assaut,  pour  un  chef 
plein  d'ardeur  et  d'intelligence  comme  Pharas,  pour  une 
troupe  d'élite  comme  celle  qu'il  commandait,  (ii.  4} 
supposent  une  forteresse  bien  autrement  défendue  par  la 
nature  que  ne  pouvait  l'êlre  El-Ksour  à  l'époque  de 
Gélimer  (2). 

D'un  autre  côté,  si  l'on  réfléchit  que  l'Edough  est  aux 
portes  d'Hippone  et  que  sur  tout  son  contour,  du  côté  de 
la  mer,  il  existait  encore,  au  Vl«  siècle,  cinq  slalions 
maritimes  desservies  par  la  route  qui  reliait  llippone  à 
Rusiccada  par  le  littoral  (S),  on   s'explique    difficilement 

(l"i  L.  Mardis  (Hist.  des  VanclaJcs,  1.  m,  ch.  xiii,  p..  389J  considère 
l'Edough  comme  une  chaîne  de  montngiics  bordant  les  rivages  du  Seybous 
(sic)  depuis  les  environs  d'Hippone  ou  Bùna  jusqu'à  ses  sources  Or,  comme 
la  ScybouKC  prond  naissance  dans  le  i^ays  des  Hirnkta,  au  Sud-Est  de 
Guelma,  il  s'en  suivrait  que  tontes  les  monta^^iies  .situées  à  droite  et  à 
gauche  de  la  rivière,  depuis  sa  source  jusqu'à  son  cmboucluire  dans  la 
mer,  à  l'Est  de  Bûiic,  constitueraient  un  seul  et  même  systf'mc,  l'Edough, 
ce  qui  est  orographiquement  et  gcologiquement  impossible.  Le."-  unes  courent 
du  Nord -Ouest  au  Sud-Est,  et  les  autres  du  Sud-Ouest  au  Nord-Est  et 
n'ont,  par  conscqucnt,  ni  la  même  direction,  ni  la  même  oiigine  (11°,  13* 
et  16*  soulèvements). 

L.  Mareus  a  eu  tort  de  ne  point  suivre  plus  scrupuleusement  la  leçon 
du  savant  Mannert  qui,  tout  en  confondant  le  mont  Pappua  avec  l'Edough, 
en  fait  au  moins  une  branche  latérale  des  moûts  Thambls  de  Ptolcmée, 
c'est-à-diro  du  massif  montagneu.K  qui  limite  au  Nord  le  territoire  des 
Harakta  et  qui,  traversant  celai  des  Ilanencha  et  remontant  au  Nord  et 
Nord-Est  juscju'à  Ihi'.la  et  le  Cap  Roux,  sépare  le  bassin  de  la  Medjerda 
fauo.  Bagradas)  de  celui  de  la  Seybouse  (anc.  Ubus). 

(2)  Les  Héralcs  étaient  armés  à  la  légère  et  très-habiles  à  faire  la 
guerre  d'escarmouche. 

(3)  Subluco,  Tacatua,  Mixharur,  Zaca  et  Calaoitause. 


—  90  ~ 

comment  les  Maures  qui  l'habitaient  auraient  élc  aussi 
sauvages,  Bap^api-. ,  que  veut  bien  le  dire  l'historien 
grec  (il.  4.).  A  deux  pas  d'une  ville  aussi  importante 
qu'Hippone  (1),  la  préférée  des  anciens  rois  de  Numidie  : 

«   antiquis  dilectus  regUnis  Hippo  » 

comme  dit  Silius  Italiens  (Punica  3.'259j,  à  deux  pas 
également  de  cinq  petits  ports  de  mer  assez  commerçants 
sans  doute  (2j,  les  Maures  de  l'Edough  devaient  être 
encore  plus  civilisés  et  plus  aisés  que  les  Kabyles  qui 
l'habitent  de  nos  jours. 

Dans  ces  heureuses  conditions  ils  ne  pouvaient  en  être 
réduits  à  passer  toute  leur  vie  dans  de  misérables  cahutes, 
à  n'avoir  pour  tout  vêlement,  clé  comme  hiver,  qu'un 
grand  sarrau  et  une  tunique  de  bure,  à  coucher  sur  la 
dure  et  à  ne  se  nourrir,  enfin,  que  de  froment,  de  seigle 
et  d'orge   moulus   grossièrement  et  à  peine  cuits  (ii.  6.). 

Enfin,  comment  admettre  qu'avec  une  petite  armée  com- 

(1|  Hippone  occupait,  dit-on,  une  superficie  d'au  moins  60  hectares  et 
comptait  de  30  à  iOiOOG  â  mes,  lorsque  Giseric  vint  y  assiéger  Eouiface,  au 
commencement  de  juin  de  l'an  iSO. 

(2)  De  ces  cinq  stations  la  plus  importante  devait  être  assurément  celle 
de  Tac'ilH  f,  aujourd'hui  Takouch,  que  la  Tadlc  de  Feutlngcr  place  à  36 
milles  (93,330  m.)  de  llusiocada  (Philippeville)  et  à  51  milles  (75,553  m.) 
d'Hippo  Regius  (BJne).  Assise  au  pied  de  la  montagne,  à  l'Est  d'un  cap 
(Ras  Takouch)  qui  en  se  séparant  de  la  côte  comme  une  presqu'île  offrait 
alors  comme  aujourd'hui  encore,  un  abri  contre  les  vents  d'Est  et  un  abri 
contre  ceux  de  l'Ouest,  sou  port  convenait  à  toute  espèce  de  bâtiment.  Et 
si,  comme  tout  le  fait  présumer,  Tacarata  était  synonyme  de  Tacattia,  octtc 
station  avait  son  évèque  tout  comme  Hippone,  puisqu'on  trouve  à  la  con- 
férence de  Carthage,  en  411,  un  certain  Aspidius  Tacaratcnsis  et  que  d'un 
autre  côté  la  Notice  place  Crescentius  Tacaratcnsis  le  113«  des  évéques  de 
Numidie  qui  se  rendirent  à  la  convocation  du  roi  Huneric,  en  481.  En 
tout  cas,  il  faut  qu'elle  ait  été  rcellemeut  importante  pour  que  Pline  ait 
pris  la  peine  de  la  mentionner  (Mist.  natur.  v.  4.). 


—  91  — 

inc  celle  qu'il  commandait,  Pliaras  soit  parvenu  à  cerner 
l'Etlougli  au  point  d'empêclier  qui  que  ce  soit  d'en  sortir 
ou  d'y  pénétrer?  Si  habiles  et  vaillants  que  fussent  les 
soldats  qui  la  composaient,  elle  ne  pouvait  certes  empo- 
cher Gélimer  de  s'esquiver  d'un  massif  de  soixante 
kilomètres  de  long,  sillonné  de  plusieurs  vallées  et  d'une 
foule  de  ravins  descendant  les  uns  à  la  plaine,  les  autres 
à  la  mer.  (1) 

J'estime  donc  que,  malgré  l'avis  contraire  de  d'An- 
ville(2),  de  l'Académie  des  Inscriptions  et  Belles- 
Lettres  (3),  deL  Marcus  (4),  de  iJureau  de  la  Malle  (5j,  de 
Pélissier  (G),  de  Fournel  (7j  et  de  M.  Dolly  (8)  qui  prétend 
reconnaître  dans  le  nom  de  Meleg  Gelimini  (9;,  le  lieu  où 

(1)  Ou  peut  se  représenter  l'Edough  comme  \\n  vaste  triangle  monta- 
gneux dont  la  base  est  toute  la  partie  abrupte  qui  longe  la  mer,  du  cap 
de  Garde  au  Cap  de  Fer,  sur  une  longueur  de  soixante  kilomètres,  dont 
le  sommet  est  le  Djclicl-Bellout,  à  l'extrémité  duqiiel  sont  les  ruines 
à'El-Kso>ir,  et  dont  les  deux  eûtes  bordés  par  la  plaine  des  Sanbadja,  le 
lac  Fetzara  et  la  plaine  des  Karczas,  regardent,  l"un  le  Sud-Ouest,  l'autie 
le  Sud-Est  et  mesurent  chacun  de  35  à  40  kilomètres  de  long. 

La  distance  du  Djebel-Uellout  au  Ras-Akc'in,  point  intermédiaire  entre 
le  Ras-cl-Hamra  et  le  Ras-el-IIadid,  étant  de  23  kilomètres  à  vol  d"oiseau, 
il  s'en  suit  que  la  superficie  du  massif  entier  de  l'Edough  peut-être 
évaluée  à  172  lieues  carrées 

(2)  D'Auville,  gèogr.  anc.  ahrég.  p.  665;  ia-4'' ;  imp.  roy.  1834, 

(3)  Rcch  s'fr  riiist.  de  la  part,  de  V  Afr.  sept,  connue  sous  le  nom  de 
Régence  d'Alger,  t.  1.  p.  105-107  in-8^;  imp.  roy    1835. 

(4)  Eist.  des  Vand.  1.  III,  ch.  xiir,  p.  389. 

(5'  Recueil  de  renseignements  sur  la  Prov.  de  Constantine,  p.  232,  in-8*, 
—  Paris  18.37. 

(fi)  Mcm.  hist.  et  gcogr.  sur  V  Algérie,  p.  361  iu-8^  ;  imp.  roy.  1814. 

(7)  Richesse  min.  de  V Algérie,    1.  I.  ch.  i,  seot.  2,  p.  31,  imp.  nat.  1849. 

(8;  Revue  africaine,  année  1862,  p.  475-477. 

(9i  Les  Arabes  donnent  le  nom  de  Meleg  Gelimini  à  un  certain  passage 
situé  à  7  kilomètres  Ouest  de  Bône,  entre  un  rocher  qui  surplombe 
rOucd-cl-Kantara  et  le  pont  romain  qui  conduisait  les  eaux  de  la  mon- 
tagne à  Hippoue. 


—  92  — 

le  roi  Vandale  se  rencontra  avec  Cyprien,  l'envoyé  de 
Béli.-^aire,  et  fit  sa  soumission,  il  y  a  tout  lieu  de  rejeter 
la  synonymie  de  l'Edougli  avec  le  mont  Pappua. 

On  ne  saurait  avec  plus  de  bonheur  identifier  le  Pappua 
au  petit  ou  grand  Babourah  de  nos  cartes,  en  s'appuyanl 
sur  une  analogie  de  son  produit  par  la  permutation,  en 
langue  arabe,  du  p  en  6  et  sur  la  finale  du  mot.  Célimer, 
encore  moins  que  Pharas,  ne  pouvait  aborder  ces  hautes 
monlagnes  en  hiver  à  cause  des  quantités  énormes  de  neige 
qui  d'ordinaire  les  recouvrent  dans  cette  saison  (1).  En 
gagnant  et  occupant  l'une  ou  l'autre,  le  roi  fugitif 
sorlait  d'ailleurs  des  limites  de  la  Numidic,  ce  qui  est 
absolument  contraire  aux  textes. 

On  ne  saurait  non  plus  s'appuyer  sur  ce  que  depuis  le 
versant  oriental  du  Hiibor  jusqu'à  l'Edough,  près  de  Bône, 
on  ne  voit  généralement  que  de  pauvres  cahutes  en 
clayonnages  ou  en  torchis,  recouvertes  en  dis  ou  en 
liège,  dans  lesquelles  gens  et  animaux  logent  pèle  mêle, 
pour  élablir  que  c'est  bien  dans  le  Dabor,  ce  pays  sau- 
vage et  abrupte,  que  Gélimer  s'était  réfugié- ('2). 

Lorsque  Piocope  dit  à  projios  des  Maures  auprès  des- 
quels le  roi  Vandale  avait  trouve  un  asile:  «  l'hiver, 
l'éié  et  tout  aulre  temps  ils  les  passent  dans  de  miséra- 
bles cahutes  où  Ton  peut  à  peine  respirer,  et  dont  ni  la 
neige,  ni  la  chaleur,  ni  d'auires  incommodités  ne  sau- 
raient les  faii-e  sortir;  ils  couchent  sur  la  terre;  les 
hommes   un   peu  à  leur   aise   mettent,    seuls,  quands  ils 

(1)  Le  petit  et  le  grand  B;ibor  sont  à,  15    et    :i   20   kilomètres  seulement 
du  rivage  et  à  1905  et  1970  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer. 

(2)  MevKe  africaine,  auuce  1862,  p.  274. 


—  93  — 

peuvent,  une  peau  sous  eux;  ils  ne  changent  point  de 
vêlennent  selon  les  saisons;  ils  porlent  toute  i'annôe  un 
gros  sarrau  et  une  tunique  de  bure;  le  pain,  le  vin,  tout 
aliment  tant  soit  peu  succulent  leur  est  inconnu;  comme 
les  bestiaux,  ils  vivent  de  froment,  de  seigle  et  d'orge  qui 
ne  sont  ni  cuits,  ni  moulus,  ni  pétris  »  iii.  C),  l'historien 
grec  n'entend  point  parler  seulement  des  Maures  qui 
habitaient  le  mont  Pappua,  mais  de  tous  les  Maures  eu 
général.  Et  cela  est  si  vrai,  qu'avant  ilc  faire  le  tableau 
de  leur  existence,  toute  de  privations,  il  fait  celui  dos 
Vandales  qui,  dei>uis  qu'ils  occupent  l'Afrique,  dit-il, 
prennent  des  bains  tous  les  jours;  i>arnissent  leurs  tables 
de  ce  que  la  terre  et  la  mer  produisent  de  plus  délicat 
et  de  plus  recherché;  portent  des  vêtements  tissés  d'or 
et  de  soie  ;  passent  tout  leur  temps  aux  ihéàlres,  aux 
cirques,  etc.,  elc;  sont  tombés,  en  un  mot,  dans  un  état 
profond  de  mollesse  cl  de  corruption,  (m.  d]. 

On  ne  saurait  se  fonder  davantage  sur  ce  nom  de 
Maures  pour  affirmer  que  c'est  bien  dans  les  montagnes 
du  Balior  que  Gélimer  s'était  retiré,  car  Procope  l'em- 
ploie presque  toujours  pour  désigner  les  Gélules  et  non 
les  habitants  des  deux  Mauritanies. 

Enfin,  c'est  avec  moins  de  bonheur  encore  qu'en 
s'appuyant  précisément  sur  ce  nom  de  Maures  que  l'his- 
torien donne  à  toutes  les  populations  du  Sud,  en  ayant 
bien  soin  d'employer,  au  contraire,  celui  de  Libyens  pour 
celles  du  Tell,  et  qu'en  traduisant  h-l  ;^iv  v/  ~oX:  Nsjij.-.oû; 
hy;xiz'.7  par  situé  tout  au  bout,  à  l'extrém'té,  au  fond  de  la 
Numidie,  on  a  voulu  placer  le  Pappua  dans  l'Aurcs.  Celte 


—  94  — 

nioiil;igiie,  ou  plulôlcel  énorme  massif  de  montagnes 'l, 
est  bien  siliiédnns  l;i  partie  la  plv.s  reculée,  la  plus  extrême 
(le  la  Numidie;  elle  a  bien  des  cimes  Irès-clevées,  très-escar- 
pées, presque  inaccessibles,  tout  comme  le  Pappua,  mais 
Procope  qui  nous  fait  le  récit  des  événements  qui  se  sont 
passés  dans  l'Aurès,  après  le  départ  de  Délisaire  ;  qui 
entre  dans  une  foule  de  détails  sur  les  deux  expéditions 
que  fit  plus  lard  Salomon  contre  les  Maures  de  la  contrée, 
n'aurait  certes  pas  néglige  de  rappeler  à  ce  propos  que  ce 
massif  avait  servi  naguère  d'asile  impénétrable  au  dernier 
roi  Vandale. 

D'ailleurs  qu'aurait  été  faire  ce    roi   détrôné  et  fuvard 

(\)  Par  Aurcs  nous  euteiidoiis  tout  le  massif  montagneux  qui  a  pour 
limites  naturelles  au  Nord:  la  i:ilaiue  des  Ar-hcclies  et  celle  de  Eoumila  ; 
h  r Ouest  rOued-cl -Kantr'a  ;  au  Sud  le  Sahara  algérien,  et  à  l'Ouest 
l"Oucd-cl-Arab,  et  qui  prcscutc,  par  conséquent,  un  carré  à  peu  près  régu- 
lier d'environ  850  kilomètres  de  superficie. 

Il  se  compose  de  trois  grandes  rides  parallèles  courant  toutes  du  Sud- 
Oacst  au  Xord-Est  et  Sf'parées  l'une  de  l'autre  par  l'Oued-el-Abiod  et 
rOued-Abdi.  Ce  sont,  avec  leur  infinité  de  ramifications  très-courtes  et 
couiices  par  des  gorges  étroites  et  profondes,  leurs  prolongements  et  leiirs 
satellites  obligés  :  l'Alimnr-Kkaddou  au  Sud,  le  Djcbcl-Krouma  au  centre 
et  le  Djebel-Mekmel  au  Nord. 

Ptolémée  signale  bien  l'Aurès  qu'il  appelle  A'J3;v,  mais  il  en  fait  une 
liauteur  isolée  et  non  un  massif.  Il  en  est  de  même  de  Procope  qui  applique 

le  nom  d'A'jp^j'.^V  au  massif  montagiieu.x  des  Amamra  (il,  13)  situé  à 
l'Ouest  de  Krenchela  et  qui,  en  dehors  du  Djebel- Aouress  de  nos  cartes, 
renferme  le  groupe  important  du  Djebel-Noughis.  Cependant  quand  il 
leprésente  Yabdas,  prince  des  Maures  de  la  Région  Aurasicnue,  marchant 
à  la  tète  de  30,000  hommes  (ii,  13)  ;  qu'il  place  la  ville  de  Tamugas  à 
l'orient  de  l'Aurès,  (ir,  13)  ;  qu'il  nous  apprend  (il,  19)  qu'un  grand  nom- 
bre de  Maures  s'étaieut,  à  l'approche  de  Salomon,  retirés  au  delà  de  l'Aurès, 
en  Mauritanie,  et  dans  le  pays  berbère  qui  regarde  au  Sud  (Ilodna)  ;  qu'eu 
parlant,  enfin,  de  la  province  de  Zaba  (Zab',  il  la  place  également  au-del'i 
de  l'Aurès,  (ii,  JO)  il  est  clair  que  sous  ce  nom  d'^«<r««io«,  il  entend  parler, 
comme  nous,  de  tout  le  massif  désigné  aujourd'hui  sous  le  nom  à'  Amis  et 
non  du  massif  des  Amamra  seulement. 


—  95  - 

dans  l'Aurès  ?  Pouvait-il  espérer  y  trouver  un  bon  accueil, 
un  refuge  inviolable'^  Les  Vandales  l'avaient  bien  occupe 
sous  Giseric,  mais  ils  n'élaient  jamais  parvenus  à  y  main- 
tenir les  populations  turbulentes  dans  l'obéissance  et  déjà 
sous  Iluméric,  son  successeur,  ils  en  avaient  été  expulsés 
par  les  iMaures  (I.  8). 

Enfin,  pour  couper  court  à  toute  digresssion,  ne 
découle-t-il  pas  du  récit  même  de  Procope  que  Gélimcr, 
en  s'esquivanl  de  son  camp  de  Tricamara,  avant  l'issue  de 
la  bataille,  s'était  enfui  du  côté  d'IIippone,  par  Biilla,  et 
non  du  côté  de  l'Aurès,  par  Admedera  et  Tebessa  ? 

Selon  cet  historien  qui,  en  qualité  de  secrétaire, 
accompagnait  Bélisaire  dans  toutes  ses  expéditions  et 
fui  témoin  oculaire  de  la  plupart  des  événements  qu'il  ra- 
conte, Gélimer  n'attend  pas  que  les  Dyzantins  viennent  l'at- 
taquer de  nuit  une  quatrième  fois  (1)  ;  il  saute  à  cheval  et 
suivi  de  quelques  parents  et  serviteurs  seulement,  çyyysvcïç 
7.X'.  T(7)v  s'.y.£-i(ov  oS'vo-,  il  se  sauve  du  côté  de  la  Numidie, 
y.-A  -r,'/  £-'.  Mzj[j.'.ox:  oipz'jun  ï^fjyt,  laissant  son  armée  sans 
chef  et  sans  ordres  (ii.  3). 

I.es  Vandales  ne  s'aperçoivent  pas  de  suite  de  la  dispa- 
rition de  leur  roi;  mais  dès  qu'ils  apprennent  qu'il  les 
a  lâchement  abandonnés  et  qu'ils  voient  l'ennemi  s'appro- 
cher de  plus  en  plus  du  camp  où  ils  se  sont  retranchés, 
ils  ne  songent  plus  qu'à  fuir  aussi,  laissant  femmes, 
enfants  et  richesses  à  la  merci  des  Grecs  (ii.  3  . 

(1)  Giilimer  s'était  campé  avec  sou  armée  à  Tricamara,  h  140  stadcn 
ou  2G  kilomètres  environ  au  S.  O.  de  Cartliage,  et  venait  de  pcidrc  son 
frère  Tzazon.  après  trois  attaques  sucoessivcs  repoussées  vaillamment. 


-  96  — 

Dès  que  le  jour  paraît,  Bclisaire  assemble  tout  ce  qu'il 
peut  trouver  d'officiers  cl  de  soldais,  et  après  leur  avoir 
reproché  vivement  de  s'èlre  mal  conduits  après  la  vic- 
toire (I),  il  ordonne  à  l'un  do  se?  meilleurs  et  plus 
dévoués  capitaines,  Jean  l'Arménien,  de  prendre  deux 
cents  cavaliers  cl  de  poursuivre  Gclimer  jour  et  nuit, 
lj:r,-t  vj/.Ta  [j.r^-t  hxipT/,  jusqu'à  ce  qu'il  le  prenne  vif  ou 
mort,  Uirr.x  r,  vc7.p;v,  sc  réservant  le  soin  d'aller,  lui 
aussi,  à  la  poursuite  du  roi  fugitif,  dès  qu'il  aura  rassem- 
blé toutes  ses  troupes  et  rassuré  les  vaincus  sur  le  sort 
qui  les  attendait   il.  A). 

Jean  l'Arménien  était  à  la  poursuite  de  Gélimer  déjà 
depuis  cinq  jours  et  cinq  nuits  et  sur  le  point  de  le  saisir, 
è'tj,£ÀX£v  £ç  x^aa;  Ivni,  lorsqu'un  officier  des  gardes  de 
Bélisaii'c,  du  nom  d'Uliaris,  voulant  tirer  un  oiseau,  perça 
de  part  en  part  le  cou  du  vaillant  capitaine  avec  sa  flèche 
et  le  tua  (ii.  4). 

Cet  incident  permit  au  roi  d'échapper  encore  cette  fois 
des  mains  de  l'ennemi  et  de  prendre  d'autant  plus 
d'avance  sur  lui,  que  Bélisaire  qui,  sur  ces  entrefaiies, 
était  arrivé  sur  le  théâtre  de  l'accident,  au  lieu  de  le 
poursuivre  plus  vivement  que  jamais,  se  rend  sur  la 
tombe  de  Jean  l'Arménien,  y  verse  d'abondantes  larmes 
et  perd  un  temps  précieux  à  s'occuper  de  questions  tout 
à  fait  hors  de  saison  (ii.  4). 

(I)  Ai:ii-ès  qiic  les  Vandales  eurent  abandonne  leur  oamp,  le  gros  de 
l'armée  byzantine,  recrutée  un  peu  partout,  comme  on  sait,  (Goths,  Alains, 
Huns,  Persans,  Hérules,  Syriens,  Arméniens)  s'était  répandue  en  désordre 
dans  toute  la  campagne.  Dispersés  de  toutes  parts,  ofSciers  et  soldats,  seul.<; 
ou  réunis  jjar  groupes  de  deux  ou  trois,  s'enfoncèrent  dans  les  bois,  fouil- 
lèrent les  grottes,  les  cavernes  et  tous  autres  lieux  où  ils  croyaient  que 
les  Vandales  avaient  pu  cacher  quelque  chose.  (.Procopc.  De  bclto  Vand.,  ii,  i). 


—  97  — 

L'éminenl  général  ne  renonce  pas  cependant  à  pour- 
suivre l'indigne  descendant  de  Giseric  et  arrive  bientôt 
à  Hippone.  Là,  il  apprend  que  le  roi  fugilit  occupe  le 
mont  Pappua  et  reconnaît  qu'il  ne  peut  aller  le  [irendre 
dans  sa  retraite  à  cause  de  l'iiiver  et  des  affaires  qui  le 
rappellent  à  Carthage  (ii.  4;. 

Il  est  donc  hors  de  contestation,  on  le  voit,  que  Gélimer 
s'était  enfui  du  champ  de  bataille  de  Tricamara  avant 
que  les  Byzantins  aient  définitivement  vaincu  et  qu'il 
s'était  dirigé  vers  la  Numidie  en  |)renant  la  route  de  Bulla, 
qu'il  avait  déjà  prise  d'ailleurs,  avec  le  gros  de  son  armée, 
après  la  balaiUe  de  Decimum. 

Gela  résulte   non  seulement    du    passage   suivant   de 

Procope  :  ï'^-jr;z^t  lï  c'.  BxvsvXc'.  cù/.  z-  Kxpyrjsîva  o-joi  ï: 
liuua/.icv,  oSevTCep  i^y.ov,  àXX  ï~'.  ~o  B;jXav;ç  tcscicv  y.xl  t/îv 
iz  No!j[j/.3a(7  codv  oépsu^r/  (i.  19),  mais  encore  de  ceux  où 
cet  historien  a  soin  de  nous  dire  qu'après  sa  défaite  à 
Decimum,  Gélimer  avait  réuni  tout  ce  qui  lui  restait  de 
soldats  et  de  Maures  alliés  (i.  25)  dans  la  plaine  de  Bulla 
et  que  c'est  de  là  qu'il  marcha,  avec  Tzazon,  son  frère, 
sur  Carthage  (ii.  1)  pour  prendre  sa  revanche  sur  Béli- 
saire  et  ressaisir  son  ti'ône. 

La  lettre  pleine  de  découragement  qu'il  écrit  à  Tzazon 
pour  le  presser  de  quitter  la  Sardaigne  et  de  voler  à  son 
secours  en  fournit  aussi  la  preuve.  «  Il  ne  nous  reste 
plus  rien,  lui  dit-ii,  que  la  plaine  de  Bulla  ;  c'est  là  que 
nous  nous  tenons  dans  l'espoir  que  toi  et  les  tiens  vous 
ne  larderez  pas  à  venir  à  notre  secours  :  Yjy.rv  t£  kr.o'kiXtirr.v. 

c'.'pY£'.  (i.  25). 
Tout  ce  qui  se  trouvait  au-dessous  de  la  ligne  de  Car- 

8 


—  98  — 

lliage  à  Bulla  était  donc  au  pouvoir  des  Maures  qui, 
prévoyant  la  fin  du  royaume  vandale  en  Afrique,  s'étaient 
empressés,  aussitôt  après  la  bataille  de  Decimum,  non 
seulement  d'envoyer  des  ambassadeurs  à  Bélisiiire  pour 
lui  faire  savoir  qu'ils  étaient  prêts  à  reconnaître  la 
suprématie  de  Justinien,  si  l'empereur  voulait  consentir 
à  reconnaître,  de  son  côté,  leurs  titres  et  leur  accorder 
l'investiture  comme  sous  les  Romains,  mais  de  lui  livrer 
encore,  comme  témoignage  de  leur  sincérité,  leurs  enfants 
en  otage  (i.  25). 

Gélimer  ne  pouvait,  par  conséquent,  prendre  d'autre 
route  que  celle  de  Bulla  sans  tomber  entre  les  mains  de 
populations  hostiles  et  perfides. 

Il  est  aussi  hors  de  doute  qu'il  avait  déjà  dépassé 
la  frontière,  lorsque  Jean  l'Arménien,  qui  le  serrait 
de  près,  vînt  à  être  tué  de  la  main  d'Uliaris,  car  en 
admettant  qu'il  ait  fait  seulement  210  stades  ou  40  kilo- 
mètres par  jour  (I),  il  avait   parcouru,    au  bout   du  cin- 

(1)  Procope  dit  bien  qu'un  oorps  d'armée  en  campagne  ue  faisait  pas 
plus  de  74  à  83  Stades  (de  13  à  15  kilomètres)  par  jour  (i,  17;,  mais  il  ne 
dit  rien  de  la  distance  parcourae  en  iin  jour  par  un  corps  de  cavalerie 
marchant  seul.  Ce  renseignement,  il  est  vrai,  iic  nous  serait  pas  d'une 
grande  iitilité,  puisque  les  étapes  militaires  devaient,  à  son  éj)oque  comme 
de  uos  jours,  varier  de  longueur  suivant  les  facilites  ou  les  difficultés  de 
terrain  et  les  exigences  de  la  gaierre.  Ainsi,  lui-même  nous  montre  les 
Byzantins  faisant  tantôt  50  stades  \10  kilom.  euv.)  seulement  par  jour 
[il,  13]  et  tantôt  213  (40  kilom.  euv.),  suivant  qu'ils  marchaient  en  plaine 
ou  dans  la  montagne,  inquiétés  ou  non  par  l'ennemi  (i.  17). 

Qu'il  noua  suffise  donc  de  savoir  qu'il  comptait  10  jour.s  de  marche  de 
Carthage  à  Hippone  (2,100  st.),  et  que  la  Table  de  Peutinger  indique 
seulement  209  milles  (1672  stades)  entre  ces  deux  villes,  pour  établir  que 
la  journée  d'un  piéton  était,  sans  doute,  ici  de  107  stades  ou  31  kilomètres 
et  non  de  210  (39  kilom.  cnv.),  comme  il  le  dit  ailleurs  (i,  1),  et  pour  en 
conclure  que  le  roi  avait  déjà  fait  plus  de  la  moitié  de  la  route  de  Car- 
thage à  Hippone,  qxiaud  Jean  qui  le  i:  oursiiivait,  l'épée  dans  les  reins,  fut 
tué  par  accident. 


—  99  - 

quième,  une  dislancc  de  1050  stades  ou  194  kilomètres 
et  demi  (1)  et  laissé  derrière  lui  Buila  dont  la  plaine 
n'était,  suivant  Procope  (i.19),  éloignée  de  Carlhage  que  de 
quatre  bonnes  journées  de  piéton,  c'est-à-dire  de  840  sta- 
des (162  kilom.  l/'i),  et  à  110  stades  ou  20  kilomètres 
tout  au  plus  de  la  fionlière  (2). 

Seulement,  ce  que  l'historien  grec  ne  dit  pas,  mais 
laisse  deviner  néanmoins,  c'est  que  Gélimer  ignorant  la 
mort  de  Jean  l'Arménien  et  croyant  l'avoir  toujours  sur 
les  talons,  jugea  fort  à  propos,  en  entrant  en  Numidie^, 
de  se  dérober,  c'est-à-dire  de  changer  son  itinéraire  et 
d'obliquer  à  gauche  au  lieu  d'obliquer  à  droite. 

Il  quitte  donc  subitement  la  route  d'Hippone  où  Jean 
n'eût  pas  tardé  à  le  rejoindre,  en  effet,  si  comme  le  dit 
Procope,  le  sort  n'en  avait  décidé  autrement,  vr/r^z  hn- 
i:\o)[j.x  ^uvYjvr/Sï]  -zoUvoi  (ir.  4;.  Il  s'enfonce  dans  le  cœur 
de  la  montagne  par  les  sentiers  les  plus  détournés,  lais- 
sant Bélisaire  galoper  sur  la  grande  route  d'Hippone  avec 
la  douce  illusion  de  le  prendre  soit  en  chemin,  soit  à 
Hippone. 

(1)  Cornélius  Ncpos  {Vif.  Annib.  23)  et  Appieu  (Fioiica  c.  47)  rappor- 
tent qii'Aimibal,  après  la  bataille  de  Zama,  avait,  eu  se  sauvant  à  Adru- 
nicte,  parcouru  eu  deux  jours  et  deux  nuits  3,000  stades  (555  kilom.  1/2), 
mais  CCS  deux  historiens  se  trompent  sur  la  véritable  position  de  Zama  qae 
Polybe  place  avec  raison  près  de  Naragg'ara  (Sidi-Youssef),  c'est-à-dire  ù 
17G0  stades  ou  220  milles  romains  tout  au  plas  d'Adramète  (326  kilom, 
CUV.). 

Mais  si  Annibal  n'en  fit  pas  moins,  dans  cette  mémorable  circonstance, 
1760  stades  en  IS  beures,  soit  161  kilomètres  eu  24  heures,  il  ne  faut  pas 
oublier  qu'il  n'était  alors  suivi  que  de  quelques  cavaliers  (Polybe  XV,  15), 
tandis  que  Gélimer  traînait  à  sa  suite  non-seulement  des  domestiques,  mais 
encore  des  femmes,  des  enfants  (ii,  3  et  7). 

(I)  La  Table  de  PctUinger  compte  129  milles  (191  kilom.)  de  Carthage 
à  Bnlla  par  Tubarbo-Minus  et  VagactSO  seulement  (118  kilom.)  de  Bulla 
à  Hippone  par  Ad  Aquas  et  Odiana. 


—  100  — 

Procope,  d'ailleurs,  ne  dit  pas  que  Gélimcr  est  enlrc 
ilans  Ilippone  et  en  est  sorti  ensuite  pour  gagner  le  mont 
Pappua.  Il  rapporte  simplement  que  Bélisaire,  h  la  pour- 
suite du  roi,  étant  arrivé  à  Ilippone,  apprit  là  que  Géli- 
mcr occupait  cette  montagne  et  qu'il  ne  pouvait  aller  l'y 
prendre  :  BeXuap'.sç  oi  xj-h-)  zh  àvxeîjSsv  eoiwxev,  i;  rSi.'.-i  -t 
Ncj;j.'.oa)v  iy'jpàv,...  àsixôp-evô^,.. .  è'ixxOs  TeAiy-spa  ï^  \\y~"z.)y:) 
TO  opsij  œn^xr^x  z'jvà-'.  àXw7'.;j,ov  Poj[j.:zîô'.7  eiva'..   (il.  4). 

Ce  qui  a  incité  beaucoup  d'auteurs  à  dire  que  Gélimer 
était  entré  dans  Ilippone  et  en  était  sorti  ensuite  pour 
gagner  au  plus  vite  notre  moderne  Edough,  c'est  la  leçon 
du  savant  Dindorf  qui  a  traduit  la  fin  de  ce  passage  de 
Prc>cope  [)ar  :  cognovit  non  posse  a  Romanis  capi  Gelime- 
rem,  occupato  jam  monte  Pappua  (2).  Le  savant  traducteur 
de  Procope  en  a  dit  beaucoup  trop,  on  le  voit,  en  em- 
ployant l'adverbe  ja»i,  déjà,  qui  n'a  point  son  équivalent 
dans  le  texte  grec. 

Enfin,  si  Gélimer  était  entré  réellement  dans  Ilippone, 
il  se  serait  empressé  de  monter  à  bord  d'un  des  bateaux 
que  Boniface,  son  secrétaire,  avail^  au  début  de  la  guerre, 
et  sur  son  ordre,  amenés  à  Hippone,  chargés  de  tous  les 
trésors  de  la  couronne,  et  tenait  prêt  à  partir  pour  l'Es- 
pagne, dans  le  cas  où  les  affaires  viendraient  à  se  gâter  : 
r,')  Ta  TTpayaaTa  ï»(t'.v  ôùv,  eu  xaOïo-Tàij.eva  l'coi  (il.  àj.  Il  eut 
ordonné  de  lever  l'ancre  aussitôt  et  n'eût  pas  été  se 
cacher,  à  coup  sûr,  dans  la  montagne  voisine. 

(2)  Il  n'existe  point  dans  tout  ce  passage  de  Procope  de  mot  qui  réponde 
à  l'adverbe  y»»»,  déjà,  de  la  traduction  latine.  C'est  pour  s'être  laissé  domi- 
ner, sans  doute,  par  la  tradition  qui  veut  que  Gélimer  se  soit  retiré  dans 
rEdongh,  que  le  savant  Dindorf  a  employé  cet  adverbe  si  arbitrairement,  en 
l'accompagnant  encore  du  participe  passé  occupato,  alors  que  l'historien 
grec  emploie  tout   simplement  l'intinitif  î'.va'.,  ôtro. 


—  101  — 

N'élail-cc  pas  en  Espagne,  auprès  du  roi  Tlicuilis,  que 
Gclimer  comptait  se  retirer,  en  effet,  si  la  fortune  des 
combats  venait  à  abandonner  les  Vandales  et  à  ne  leur 
laisser  plus  d'auti-e  espoir  de  salut  que  la  fuite  (ii,  4j  ? 

Or,  Boniface  ne  met  h  la  voile  que  lorsqu'il  apprend, 
non  pas  seulement  l'issue  fatale  de  la  bataille  de  Tricama- 
ra,maisencore  toutcequi  s'était  passé  depuis,  è-£'.  oi  -iyj.j-x 
Y]  h  Tp':/.x[}.ipt))  \}^y.'/'(]  v.xï  -/.  à'ÀAx  Jt-sp  i??"'îO'^  èysyivs'.  (il.    4-;. 

Délisaire  était  déjà  aux  portes  d'ilippone,  m;  oî  xo'.v.t-z 
èc  Ir-zvzoi'-'.v/  B-k'.rjxo'.z:.  11  ne  Douvait  bésiter  plus  long- 
temps,  et  malgré  le  mauvais  état  do  la  mer,  il  leva 
l'ancre.  On  sait  le  reste.  Battu  par  la  tempête,  Boniface 
fut  obligé  de  regagner  llippone  et  de  remellre  toutes  les 
ricbesses  confiées  à  sa  garde  enire  les  m;iins  du  général 
byzantin  (ii  A). 

C'est  de  la  boucbe  de  quelque  messager  officieux, 
Maure  ou  Vandale,  que  Boniface  apprend  donc  la  défaite 
complète  des  Vandales  a  Tricamara  et  non  par  le  roi 
lui-mc:ne.  Celui-ci  se  voyant  poursuivi  et  sur  le  point 
d'être  pris,  s'il  continuait  à  suivre  la  roule  de  Bulla  à 
Hippone  par  ad  Aquas  el  le  revers  septentriDual  des  monls 
Tliambès  iBeni-Salab),  avait  prudemment  quitté  cette 
voie,  comme  nous  l'avons  d<;jà  dit,  pour  s'enfoncer  dans 
le  cœur  de  la  montagne  et  gagner  le  mont  f\ippua 
(Nador)  (1). 

Mais,  objeclera-t-on  sans  doute,  le  Nador  dans  lequel 
je  prétends  que   Gélimer  s'est   retiré    après   sa   dernière 

(I)  Uac  route  devait  relier  ég-nleinciit  Bulla  à  Tai;-astc  (auj.  Rouk-Aliras) 
pu-  la  viU'-c  (lu  Bij-^radi  (Mo  Ijcrda),  rojiiiidre  au  Nord  celle  d'ilippone 
à  Tipasa,  eu  passaut  par  notre  modcnic  Oucd-Chani  et  se  souder,  au  Sud, 
à  celle  de  Cartilage  ;i  Cirta  par  Sicoa  Veueria,  Naraggara  et  Tiibiirsicuiu, 
au  point  appelé  de  nos  jours  Aïn-Guet(ur  (anc.  Thagoura). 


—  102  — 

défaite,  ne  répond  point  à  la  description  que  donne 
Proc(tpe  du  mont  Pappua.  Là,  point  de  cimes  élevées, 
escarpées,  inaccessibles,  etc.,  etc.  Bien  moins  encore  qu'à 
l'Edougli,  Pliaras  ne  pouvait,  avec  sa  poignée  d'Hérules, 
en  garder  toutes  les  avenues,  toutes  les  issues,  au  point 
de  n'y  laisser  entrer  ou  sortir  qui  que  ce  fût  ou  quoi 
que  ce  soit.  Ce  n'est  point  comme  l'Edougli  un  massif 
isolé;  c'est  tout  un  pâté  de  montagnes  qui  se  rattachent 
les  unes  aux  autres  sur  une  éten;lue  considéi'able  de  pays. 
On  y  voit  bien  encore  quelques  ruines  plus  ou  moins 
importantes  à  l'extrémité  d'uu  mamelon  qui  pointe  dans 
un  des  méandres  de  l'Oued-el-Uammam  et  surplombent 
la  rive  gauche  de  cette  petite  rivière;  mais  tout  cela  ne 
constitue  ni  uno  montagne  inaccessible,  ni  une  ville  im- 
prenable. 

C'est  vrai.  Le  Nador  considéré  comme  massif  et  cir- 
conscrit dans  ses  limites  naturelles,  c'est-à-dire  l'Oued- 
Terlra  à  l'Ouest,  la  Sevbouse  et  l'Oued-Melali  au  Nord 
et  l'Oued-el-llammam  à  l'Est  et  au  Sud,  ne  présente  pas, 
j'en  conviens,  les  caractères  qui  distinguent  une  monta- 
gne isolée  (I).  Ces  divers  cours  d'eau  ne  le  séparent  guère 

(1)  A  part  l'Edoiigh,  il  n'existe  dans  la  'province  de  Constantine  (ano. 
Ncimidie)  et  voire  même  dans  toute  l'Algérie,  de  montagne  réellement 
isolée  que  le  Djebel-Sidi-Rglieis,  sorte  de  oône  elleptique  orienté  de  l'Est 
à  l'Ouest  dans  la  partie  de  la  plaine  des  Harakta  oocupée  par  la  fraction 
des  Oulcd-Saïd  et  dont  le  côtj  méridional,  effondré  du  sommet  à  la  base, 
présente  à  l'intérieur  une  suocession  de  pics  échancrés,  d'esoarpemeuts 
verticaux  penchés  au-dessus  de  fondrières  et  de  précipices  effrayants  qui 
en  rendent  l'ascension  impossible  de  ce  côté.  Toutes  les  autres  montagnes 
isolées  dans  la  région  des  Hauts  Plateaux  où  seuls  on  les  rencontre  tout  à 
fait  à  l'Est,  ne  sont,  à  proprement  parler,  que  des  pitons.  Lj  Sidi-llgheïs 
lui-même  n'a  que  dix  on  douze  kilomètres  de  développement  du  Sud-Ouest 
au  Nord-Est,  mais  il  s'élève  à  828  mètres  au-dessus  de  la  plaine  (1628  m. 
aa-dessus  de  la  mer),  alors  que  les  Djebel  Taraguelt,  Mesloula,  Mkerga 
et  Djebel  Guelb  ne  dominent  guère  les  plaines  avoisinantes  que  d'environ 
400  à  500  mètres  et  n'ont  guère  plus  de  4  à  5  kilomètres  de  long. 


-  103  — 

des  montagnes  voisines  avec  lesquelles  il  ne  forme  réelle- 
ment qn'iin  seul  et  même  syslcmo. 

il  est  un  point  cependant,  dans  le  massif  du  Nador,  qui 
commande  à  tous  les  autres,  c'est  le  Nador  proprement 
dit,  superbe  dôme  qui  domine,  au  Nord,  toute  la  vallée 
de  la  Seybouse  et,  au  Sud,  toute  celle  de  l'Oued-eMIam- 
mam  jusqu'au  Kct-el-Aks.  Sa  coupole  arrondie  s'élève  à 
011  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  Seybouse  (!)  et 
de  chacun  de  ses  flancs  jadis  boisés,  mais  aujourd'hui 
défrichés,  sortent  deux  ruisseaux,  l'Oued-el-Abiad  et 
rOued-boU'Zorah  qui,  en  se  rejoignant  à  sa  base,  vont 
grossir,  au  Nord,  l'Oued-Melah  de  leurs  eaux  toujours 
paisibles  en  été  mais  tori-entuenses  en  hiver.  Ils  l'étrei- 
gneni  à  l'Ouest,  au  Nord  et  à  l'Est  comme  dans  une 
ceinture  étroite  et  en  défendent  l'accès  de  ces  trois  côtés 
pendant  la  saison  des  pluies  et  de  la  neige.  Au  Nord, 
comme  au  Sud,  ses  pontes  mises  en  culture  et  où  paissent 
toute  l'année  les  nombreux  et  magnifiques  troupeaux  du 
caïd  Ron-Zerguin,  sont  encore  assez  douces,  tandis  qu'elles 
sont  très-raides  des  deux  autres  côtés. 

Au  sommet  de  la  montagne,  on  voyait  encore,  dans  les 
premières  années  de  notre  occupation,  les  ruines  d'un 
castellum,  d'un  poste  d'observation,  burgus  sperAilatorum, 
les  Romains  ne  pouvant  avoir  négligé  d'occuper  un  point 
aussi  merveilleusement  situé  pour  surveiller  le  pays  à 
dix  lieues  à  la  rontle. 

Le  Pappua  était  très-escarpé  et  on  ne  peut  plus  inac- 
cessible,   r/.pi-:ô;j.Gv    tî    £-'.    7:XeI'":v    v.v.    cî'.vwç   à',3x7:v,    dit 

(1)  A  721  mctrcb  au-dossus  du  iiivcaa  de  la  mer. 


—  104  — 
Procope  (1),  puis   il   ajoute,    enlre    parenthèses,    rA-py.: 

yxp  u^-qkxl  ï;  ocjxh  -iravrayoOîv  xtiyyjj'..  CC  qui  peul  se  tra- 
duire (o'.il  aussi  bien  et  même  mieux  par  :  des  roches  très- 
élevées  l'entourent,  h  dominent  de  toutes  parts,  que  par  : 
sa  cime  est  Jn'rissce  de  roches  très-élevées  (ii  A). 

Or,  le  sommet  ilu  Djcbel-Zergue,  (in  Djebel-Ouarass  et 
du  Djebel-Queraiem  qui  servent  comme  de  saleUiles  au 
Djebel-Nador  à  l'Ouest,  au  Sud  et  à  l'Est,  ne  présente 
partout  qu'une  ma^se  énorme  de  roches  complètement 
nues  dont  les  tranches  horizontales,  bizarrement  contour- 
nées ou  déchiquetées  capricieusement,  attirent  cl  cap- 
tivent l'attention  de  tous  ceux  qui  parcourent  la  contrée. 

A  l'extrémité  de  la  montagne  existait  une  ville  ancienne 
du  nom  de  Ucd-^os,  rS/.'.z  kpyxiv.  Mr^îsoç  o)z\).-/.  r.xpx  tij  zpyjz 
Ta  h'/x-x  v.tr.x'..  C'est  là  que  Gélimer  se  tenait  avec  sa 
suite,  ï-)-x\)OX  VtKvj.ip  ';jv  -rst;  ïr.o'^.vfO'.:  rp's/xjr^  (il,  4). 

(!')  Tout  e;i  reDOiinaissant  que  les  reusciguemeuts  fournis  par  rrocojoe 
sur  l'histoire  de  la  guen-e  des  Vandales  en  Afrique  ont  i\nc  tiès-grande 
valeur  ;  qu'en  sa  qualité  de  secrétaire  de  Bélisaire  et  d'historien  impartial 
et  intelligent,  c'est  encore  le  seul  et  le  meilleur  témoignage  à  invoquer 
dans  la  questioii  du  Pappaa,  nous  no  saurions  lui  pardonner  de  s'être 
exprimé  parfois  avec  plus  d'enthousiasme  que  d'exactitude.  Ses  descriptions 
sont  pittoresques,  très-pittoresques  même,  mais  trop  souven.t  amplitiées. 
Il  abuse  des  superlatifs.  Ainsi,  une  montagne  tant  soit  peu  escarpée, 
a/.piTCy.vV.  comme  le  Pappua,  par  exemple,  devient  facilemnt  sous  sa 
plume,  une  montagne  tcrrlhlcmcnt  inaccessible,  Gî'.VCO^  X^X~OV  (n,  4) 
et  l'Aurcs  \iVjpXj'.y)j ,  a  ses  yeux,  n'a  pas  son  pareil  an  tiiondc,  O'.OV  G"/] 
Y"^;  T?;;  c'.-/.ou;AÉVYi;  £-£p'jJÔi  ù;  ■ç'j.':-x  'l-j\}.'^v:)v.  zvix:^  car  il  s'élève 
à  pic  jKsqn^m  ciel,  'c\f:o  \'Xp  '.o  cpo7  z'Jpx'ii[}:r;Ati  \}?i')  h  "w 
Oi.~Ô~0\iM  XIV/V.  (de  Acditi.  vi,  tj.  C'est  très-poctiq\ie,  mais  très-inexact 
aassi  malheureusement,  [le  point  culminant  de  l'Aurès  (Djebel  Chebia) 
n'étant  qu'à  2312  mètres  au-dessus  de  la  mer,  alors  que,  sans  sortir  même 
de  l'Afrique  septentrionale,  on  en  voit,  au  Maroc  (ancienne  Mauritanie 
Tingitane;,qui  ont  jusqu'à  3U)0  et  3474  mètres  d'altitude  (Djebel    Miltsin). 


—  405  — 

Certes,  les  ruines  du  Hammam  N'baïls  ne  sont  point 
placées  absolument  dans  les  niômes  conditions.  On  n'y 
parvient  qu'après  avoir  doublé  les  rochers  du  Djebel- 
Zergue  qui  les  séparent  du  Nador  proprement  dit,  mais 
elles  occupent  néanmoins  l'extrémité  d'un  mamelon  qu'on 
peut,  à  la  rigueur,  considérer  comme  la  partie  extrême 
du  massif.  Leur  situation  milite  donc  aussi  en  faveur  de 
notre  opinion. 

D'ailleurs,  si  Ethicus  place,  comme  nous  l'avons  déjà 
dit  (1),  Calamam  (Guelmaj  entre  Midorum  et  Constanti- 
nam,  par  Midorum  ce  géographe  entend  parler  évidem- 
ment de  Midenos  comme  ville  principale  des  Midenl  dont 
le  territoire  s'étendait,  dans  les  monts  Thambès,  jusqu'aux 
approches  de  l'île  de  Tabraca  (Tabarca),  suivant  Pto- 
lémée  (2). 

On  pourrait  nous  faire  remarquer,  il  est  vrai,  que 
Calama  était  aussi  bien  entre  la  Midenos  de  l'Edough 
(El-Ksour?)  et  Conslantina,  qu'entre  celle  dernière  ville 
et  la  Midorum  d'Ethicus  (llammam-N'baïls);  mais  à  celte 
objection  nous  répondrons  que  le  géographe  istriote,  en 
nommant  les  64  villes  de  son  océan  méridional  (3),  com- 


(1)  Sec.  des  Not.  et  Mem.  de  la  Soc.  arch.  de  Constantine.  Auuée  1878, 
19«  vol.  p.  296. 

(2)  IV,  3,  page  110,  éd.  Berth. 

(3)  Les  douze  provinces  de  l'Oocaa  méridional  étaient,  saivaut  Etliicua, 
l'Ethiopie,  l'Egypte,  la  Libye,  la  Peutapolini  (Cyréiiaïqiie),  l'Afrique  pro- 
pre, la  Tripolim  (Tripolitaiue),  le  Byzacium  (Byzacèue),  la  Leugi  (Zeugi- 
taue),  la  Gétalie,  la  Niimidie  et  les  deax  Mauritanies  Sititieuue  et  Césa- 
rienne. 


—  106  — 

mence  par  citer  celles  du  littoral  (1)  avant  d'énumérer 
celles  de  l'intérieur  (2),  et  que  parmi  ces  dernières  il 
désigne  Midorum  immédiatement  après  Ad  Medera,  The- 
veste,  Madaure,  Tubursicum  et  avant  Calama,  Conslantina 
et  Mileu. 

Les  renseignements  fournis  par  Ethicus,  loin  de  com- 
battre notre  assertion,  ne  font  donc  que  !a  confirmer 
davantage. 

On  pourrait  nous  objecter  encore  que  Pharas,  obéissant 
aux  ordres  de  Bélisaire,  avait  commencé  par  prendre 
toutes  les  mesures  nécessaires  pour  que  Gélimer  ne 
puisse  s'enfuir  de  la  montagne,  ni  recevoir  quelque 
secours  du  dehors  :  wç  [x-qieih  ôpo;  àTOXiTceTv  Te}d[j.epi  ouvaxà 
è'"^  \x-fiTB  11  Tsô  avay/.atcov  kq  ab"!::)  £7XC[j.[Çe7Gx'.  (il.  4)  ;  qu'après 
avoir  tenté  vainement  d'escalader  le  Pappua  et  perdu 
cent  dix  hommes  dans  sa  malheureuse  entreprise,  ce  chef 
Hérule  avait  repris  ses  premières  positions  et  veillé  de 
nouveau  à  ce  que  personne  ne  puisse  en  sortir  ni  rien  y 
entrer,  -/.ai  ou-e  àTuôoiSpaçzcW  aÙToùç  èvsoi'oo'j  ôyxc  ti  twv  IçwOsv 
£g  à'j-ôu^  ç£p£76a'.  (il.  6)  ;  qu'après  avoir  écrit  au  roi  pour 
l'engager  à  se  rendre,  Pharas  n'en  garda  pas  moins  tou- 
tes les  avenues  de  la  montagne  avec  autant  de  soin  qu'au- 

(1)  Arabia,  Nitiobres,  Fossa  Trajani,  Tliebes,  Tliébaïs,  Béréuice,  Aiumou, 
Ptolémaïs,  Cyrène,  Filéuos,  Nareta,  Oea,  Sabrata,  Leptis  la  Grande,  Ta- 
oape,  Disdum,  Tbeuis,  Leptis  la  Petite,  Adnimète,  Neapolis,  Cleypéïs, 
Carthage,  Utiqiie,  Dyarhytc,  Tabraca,  Hippouc-Royale,  Rusioade,  Calli, 
Saldis,  Qaiuqae  geutiaui,  Rusuocara,  Tipasa,  Cikisarea,  Charteuuas,  Portas 
Maguus  et  Hesperis. 

(2)  Balli,  Laiibus,  Siccciie,  Obla,  Saliilis,  Assuris,  Zama  Royale,  Sufi- 
bum,  SaSetule,  Cilioue,  Theleptis,  Capsa,  Ad  Mederam,  Thcvcstin, 
Madauros,  Tnùursiciinitm,  Midoram,  Calamam,  Constantinam,  Milcn, 
Tamugade,  Laaibese,  Sitifi,   Magri,  Zabi,   Tabusitia  et  Biva. 


107 


[>aravant  :  -9;;  t;,£VTOt  ■Kpo^eopeiag  cuosv  [xeOistç  èo jXaacs  [j.aXXov  -ij 
T:ps-£p;v  (il.  6)  et  que  ce  n'élait  pas,  enfin,  avec  une  poignée 
d'hommes  (1),  si  prompts  qu'ils  fussent  à  se  mouvoir,  à 
se  multiplier  sur  tous  les  points  (2),  que  le  lieutenant  de 
Réiisaire  pouvait  prendre  toutes  ces  mesures  et  empê- 
cher le  roi  Vandale  de  se  sauver  du  Nador. 

Nous  en  convenons.  Ce  n'est  pas  avec  une  petite  armée 
de  400  llérules,  réduite  encore  plus  tard  à  290  hommes, 
par  suite  de  sa  malheureuse  tentative  de  pénétrer  dans 
la  montagne,  que  Pharas,  si  diligent  qu'il  fût,  et  si  agiles 
que  fussent  ses  soldats  (u  ^i,  pouvait  bloquer,  en  efïet, 
Gélimer  dans  le  Nador  au  point  de  l'empêcher  de  fuir 
et  de  le  réduire  aux  tristes  nécessités  qui  le  décidèrent  à 
se  rendre  'ii.  6  et  7j.  Si  à  l'Edough  le  roi  avait  à  ses 
pieds  la  mer  pour  échapper  à  ses  implacables  ennemis,  au 
Nador  il  avait  derrière  lui  tout  un  réseau  de  hautes  mon- 
tagnes où  il  pouvait  se  cacher  aisément  et  de  plus  une 
grande  et  belle  roule,  celle  d'ilippone  à  Tipasa,  qui  pou- 
vait le  conduire  en  quatre  ou  cinq  lieures  sur  celle  de 
Garthage  à  Cirta  et  le  soustraire  aux  poursuites  de  Pha- 
ras. Pourquoi  n'en  aurait-il  pas  profilé  ? 

Pourquoi?  La  raison  en  est  bien  simple.  Gélimer  reste 

(1)  Eli  admettant,  ce  qui  est  peu  probable,  que  Pharas  n'avait  perdu 
aucun  homme  depuis  le  dôbarquemeut  de  l'armce  grecque  à  Caput-Vada 
(2'2  septembre  533),  ce  chef  ne  pouvait  avoir,  au  blooas  du  Pappua,  plus 
de  400  combattants  avec  lui,  puisque  tel  est  le  chiffre  que  Procope  assigne 
au  coutinj^eut  de-!  Ilcrules  dans  l'armée  de  Bélisaire,  au  moment  de  sou 
départ  de  Coustantinople,  le  22  juin  533  (i.  11). 

(2i  D'après  Jornanriès,  les  Hernies  étaient  floues  d'une  agilité  extra- 
ordinaire, qui  les  rendait  d'autant  pins  orgueilleux,  qu'd  n'avait  point  de 
peuple  en  ce  temps  là  qui  ne  voulût  dans  ses  armées  de  leur  infanterie 
légère  (De  Gvtirxm  nlvc  Golhornm  origine  et  rebns  gestis.  Cup.  xxm. 
Trad.  G.  de  MoujanJ 


—  108  — 

confiné  dans  le  Nador  (Pappua)  et  finit  par  se  rendre, 
non  parce  qu'il  ne  peut  en  sortir  à  cause  de  Pharas,  ni 
parce  qu'il  ne  peut  y  supporter  plus  longtemps  la  vue 
des  maux  qui  accablent  les  siens,  mais  parce  qu'il  n'a 
plus  aucun  espoir  de  trouver,  parmi  les  Maures,  aide  et 
protection  ailleurs,  et  qu'il  commence  à  suspecter  même 
la  fidélité  de  ceux  qui  l'ont  accueilli  au  Pappua. 

Procope  donne,  à  la  vérité,  d'autres  raisons  à  la  sou- 
mission du  roi  vandale.  L'hiver  tirant  à  sa  fin,  dit-il, 
Gélimer  avait  à  craindre  que  les  assiégeants  ne  fissent 
bientôt  un  nouvel  effort  pour  gagner  le  haut  de  la  mon- 
tagne :  y.xl  0  FeAtij.sp  sosot'e'.,  xo'jg  TrsX'.ôpy.ôJVxaç  STCaùiov  eux  z; 
[j-xz-piv  àva6-(^(7£Œoat 'jTCCTCTcàuoiv  (il,  7).  Puis  il  ajoute  :  «  ayant 
vu  un  jour  un  des  enfants  de  sa  sœur  et  le  fils  d'une 
fenn.me  maure  se  prendre  aux  cheveux,  à  la  gorge,  pour 
s'arracher  de  la  bouche  une  méchante  galette  de  pain  bis 
encore  toute  brûlante  et  pleine  de  cendre,  tant  ils  étaient 
affamés,  Gélimer  sentit  son  courage  abattu  h.  ce  triste 
spectacle  et  manda  de  suite  à  Pharas  qu'il  était  prêt  à  se 
rendre...  »   (ii.  7). 

Mais,  si  bonnes  que  soient  les  raisons  que  donne  ici 
Procope,  elles  ne  sauraient  exclure  celles  que  nous  venons 
d'exposer  et  qui,  très-vraisemblablement,  sont  celles  qui 
ont  pesé  le  plus  sur  l'esprit  du  roi.  Il  suffit,  d'ailleurs,  de 
jcler  un  coup  d'œil  rétrospectif  sur  l'histoire  des  Vanda- 
les, en  Afrique,  pour  s'en  convaincre  et  reconnaître  avec 
nous  que  leur  dernier  et  lâche  souverain  n'avait  plus 
aucune  chance  de  recouvrer  non-seulement  son  trône, 
mais  encore  sa  liberté  en  s'adressant  aux  Maures. 

En  effet,  si,  loin  de  les  repousser,  ceux-ci  aident  au  con- 


—  109  — 

traire  Giséric  à  chasser  les  Romains  de  toutes  leurs  pos- 
sessions alVicaines,  ils  agissent  tout  autrement  avec  ses 
successeurs.  A  sa  mort  (25  janvier  477),  ils  commencent 
déjà  à  faire  aux  Vandales  une  guerre  des  plus  acharnées. 
IMus  nombreux,  mieux  armés  et  plus  aguerris  surtout, 
ils  les  battent  dans  presque  toutes  les  rencontres  et  leur 
arrachent  chaque  jour  une  nouvelle  portion  de  leur 
royaume.  Sous  Hunéric  (477-484) ,  ils  les  expulsent  de 
l'Aurès  (1,8)  et  de  plusieurs  districts  situés  sur  la  route 
de  Lambèse  à  Sétilîs.  Pendant  le  règne  de  Gundamund, 
(484-496)  leurs  incursions  s'étendent  dans  la  partie  orien- 
tale de  la  Byzacène  jusqu'cà  Prœsidium,  ville  située  à 
336  stades  seulement  (63  kilom.  environ)  de  ïhelepte. 
Durant  celui  de  Trasamund  (496-523),  ceux  de  la  Tripo- 
litaine  se  soulèvent  à  la  voix  de  Cabao  et  leur  livrent  une 
bataille  dans  laquelle  un  grand  nombre  d'entre  eux  sont 
tués  ou  faits  prisonniers  (1,8).  De  523  à  531,  ceux  de  la 
Byzacène,  après  avoir  battu  l'armée  d'Hildéric  comman- 
dée par  Oamcr,  son  neveu,  et  saccagé  les  villes  situées 
sur  la  côte  de  cette  province  (1,9),  s'unissent  à  ceux  de 
la  Tripolilaine  et  envahissent  de  nouveau  leur  territoire 
(11,23).  Si  bien  que,  lorsque  Bélisaire  débarque  à  Caput- 
vada  (22  sept-  533)  et  marche  sur  Carlhage,  les  Maures 
ne  sont  pas  seulement  maîtres  depuis  longtemps  de  toute 
la  .Mauritanie  césarienne  (1,8)  et  de  celle  de  Sétif  (11,13), 
mais  encore  de  toute  la  partie  de  la  Nnmidie  située 
entre  le  Petit  et  le  Grand  Atlas  (11,  5  et  20)  et  menacent 
les  Vandales  jusques  dans  leurs  derniers  retranchements. 

Gélimer  ne  pouvait  donc  s'attendre,  on  le  voit,  à  trou- 
ver ailleurs  une  retraite  plus   sùie   et   songer    surtout  à 


-  110  — 

recruter  de  nouveaux  partisans  parmi  ces  Maures  tou- 
jours si  prompts  à  servir  la  cause  des  nouveaux  venus, 
pourvu  que  ceux-ci  leur  servent  à  chasser  les  anciens  et 
leur  procurent  bientôt  l'occasion  d'en  faire  autant  avec 
eux  (1). 

Maintenant,  si  toutes  les  raisons  que  nous  avons,  sauf 
ces  deux  dernières,  tirées  de  Procope  même  ne  parais- 
sent pas  assez  concluantes  pour  justifier  la  synonymie  du 
Djebel  Nador  avec  le  mont  Pappna,  c'est  h  notre  inscrip- 
tion de  Hammam  N'baïl  à  leur  donner  pleine  et  entière 
confirmation.  Nous  le  désirons  d'autant  plus  qu'en  résol- 
vant une  question  d'histoire  très-intéressante,  elle  résou- 
drait du  môme  coup  une  question  non  moins  intéressante 
de  géographie  comparée  en  donnant  raison  aux  auteurs 
qui  placent,  avec  Ptolémée,  les  monts  Thambès  entre  le 
bassin  de  la  Seybouse  et  celui  de  la  Medjarda  (2),  et  pla- 

(1)  Du  trcs-ijetit  nombre  de  Maures  qui  avaient  bien  voulu  ne  pas  se 
détaolier  tout  à  fait  de  Gélimer,  les  uns  se  tiennent  à  l'écart,  lorsque 
l'armcc  {:,Tecque  descend  en  Afrique  et  marche  sur  Carthage  (i,  25),  les 
autres  refusent  de  prendre  part  au  combat  quoiqu'ils  formassent  l'arrière 
garde  de  l'armée  vandale  à  Tricamera  (ii,  3) 

(2)  Si,  comme  le  pense  le  savant  Bureau  do  la  Malle,  le  mont  Thambès  a 
pris  son  nom  de  la  ville  de  Tliahcna  ou  celle-ci  a  tiré  le  sieu  de  la  montagne 
même,  les  monts  Tham'ucs  de  Ptolémée  représentent  bien  cette  chaîne  de 
montagnes  qui  de  la  rive  droite  de  la  Seybouse  s'étend  du  Sud-Ouest  au 
Nord-Est  jusqu'au  Cap  Roux,  car  Thabcna  ou  Thiabcna  est  indiquée  comme 
voisine  d'Hippone  et  de  Tagaste  daus  une  lettre  de  Saint- Augustin  à 
Alypius  de  Tagaste  (Epist.  83,  n"  t)  et  dans  deux  lettres  écrites  à  Saint- 
Augustin  par  l'évoque  de  Thabena  iPossidius,  In  vit.  August.  c.  XXX^ 

D'un  autre  côté,  si,  comme  l'admet  Berthius  (Theat.  geogr.  veteris.  1619), 
le  Rnbncatiis  n'est  autre  que  V  Avmn't  de  Pline,  aujoiird'hui  l'Oued-Mafrag, 
le  mont  Thambès  que  le  géograp'ac  d'Alexandrie  plane  nur  les  frontières  de 
la  Numidie  et  d'où  il  fait  sortir  le  Rubrioatus,  nul  doute  encore  que  ce 
massif  ne  soit  réellement  celui  que  nous  désignons  sous  le  nom  de  Beui- 
S<tlah  et  d'où  l'Oued-Mafrag  ou   Armua  prend,  en  elïet,  naissance. 


—  111  — 

cent  également  dans  ce  massif  les  Medini  dont  le  nom  ofTro 
une  si  grande  analogie  avec  celui  de  la  ville  de  Medena  ou 
Midenus  de  Piocope,  et  de  Midorum  d'Elhicus. 

Bône,  le  20  décembre  1879  (1). 

A.  PAPIER. 


-€=-^^^4eSQ:2i?&-=3 


(1)  Comme  complément  à  la  savante  dissertation  de  notre  confrère,  nous 
croyons  devoir  rappeler  (jue  le  regretté  Berbrugger,  dans  le  6^  volume  de 
la  Revue  africaine,  p.  475,  a  combattu  avec  force  la  tradition  qui  faisait 
de  l'Edough  la  retraite  de  Gélimer.  Les  deux  crudits  sont  donc  en  complet 
aooord  sur  ce  point. 

(Note  du  Comité  de  rédaction). 


SUPPLEMENT 

AU    CATALOGUE 

DU  Mwm  kmiîmmm  m 

Par    m.    ARGUEL 

Coiiscrvatcnr    de    la   Eibliothèqac    et   dn    Musée. 


Les  ouvrages  Irailnnt  de  l'archéologio  et  surloul  de  la 
numismatique  sont  rares  en  Algérie  ;  si  l'on  trouve 
quelques  livres  spéciaux  dans  les  bibliothèques  des  chefs- 
lieux  des  départements,  les  centres  éloignés  en  sont  dé- 
pourvus; c'est  au  manque  de  renseignements  que  l'on 
peut  altribuer  rindilïérence  de  gens  même  lettrés  pour 
les  objets  quelquefois  précieux  que  le  hasard  leur  fait 
mettre  à  jour. 

Nous  croyons  donc  faire  œuvre  utile  en  continuant  à 
donner  la  description  des  principaux  objets  et  médailles 
qui  composent  le  musée. 

Les-^  personnes  de  bonne  volonté  trouveront  dans  le 
catalogue  et  son  supplément  des  renseignements  (ju'elles 
ne  pourraient  pas  se  procurer  ailleurs. 

10 


114 


RECTIFICATIONS 

Médaille  n"  23.  —La  couronne   est  au-dessus   de  la    chaise 

curule, 
Id.     n"  -iS.  —  C'est  une  médaille  quinaire. 
Id.     n"  49.  —  Au  lieu  de  livinievs,  lisez,  livineivs,   et, 

après  le  mot  tigre,  ajoutez  :  plus  loin,  un 

taureau. 
Id.     n"  158.  —  Pallas  tient  la  hasle  de  la  main  gauche  et 

porte  la  droite  à  la  bouche. 
Id.     n«  581.  —  Yesta  tient  le  Palladium  et  non  une  patère. 
Id.     n°  586.  —  Cette  médaille  est  un  G.  B. 
Id.     no  85-2.  —  Au  lieu  de  i*.  m.  t.  r.  p.   viii,  il  y  a  p.  m. 

T.  R.  p.  VIIII, 
Id.     n°  889.  —  Lisez  avg.  germ.  et  non  avg.  brit. 
Id.     n°  1431.  —  Le  temple  est  à  six  colonnes. 
Id.     n°  1603.  —  Au  revers, il  faut  lire  :  principiaivventvtis. 
Id.     n"  1604.  —  La  légende  du  revers  est  princ.  ivventatis. 
Id.     n°  1617.  —  Li.sez  à  l'avers^  fl.  constantis  bea.  g. 
Id.     n°  1763.  —  Lisez  mag.  et  non  mac. 
Id.     no  2085.  —  La  légende  est  antoninvs  pivs  avg. 
Id.     no  2089.  —  Dans   la  légende   de   la  tête,    supprimez 

PONT. 

Id.     no  2140. —  Cette  médaille,  la  dernière  du  catalogue, 

a  le  n"  2149,  et  non  2140,   comme  on 
l'a  imprimé  par  erreur. 

Page  25.  no  134.  Le  type  de  cette  médaille  est  exactement 
semblable  à  celui  des  médailles  no  3^2  (lladrumetum)  et  n'  39 
(Byzacène),  décrites  l'une  et  l'autre  par  Muller  et  attribuées, 
la  première  à  la  ville  d'Hadrumète,  la  deuxième  au  préfet  de  la 
province,  cette  dernière,  dit  l'auteur,  ne  portant  pas  de  nom  de 
ville. 


-  115  — 

Il  n'y  a  pas  de  doiile  pour  la  médaille  de  Conslantine  ;  c'est 
à  Ilippo  Diarrhylus  qu'il  faut  l'allribuer.  Bien  qu'une  partie  des 
légendes  soient  effacées  ou  peu  visibles,  le  mot  Hippone  est 
très  lisible  au-dessus  des  tèles  des  Césars  Caïus  et  Lucius, 
comme  l'indique  la  gravure  de  la  pi.  iv. 

Page  234,  n°  I99G.  Celte  médaille  gravée,  pi.  iv,  est  celle 
que  Muller  a  décrite,  page  GO,  n"  70  (Cirla  et  villes  alliées), 
sans  qu'elle  lui  eut  passé  sous  les  yeux. 

Page  204,  n"  375.  La  plaque  en  argent  décrite  à  ce  numéro 
a  disparu  à  l'Exposition  universelle  de  1878,  où  elle  avait  été 
envoyée  avec  divers  autres  objet  du  musée. 

C'est  en  vain  que  nous  l'avons  réclamée;  Monsieur  le  Conser- 
vateur du  musée  de  l'exposition  de  l'Algérie  a  déclaré  qu'elle 
n'avait  pas  figuré  à  l'exposition. 

C'est  une  leçon  pour  l'avenir  ! 


§  1er  —  Médailles  consulaires 

/ 

ABURI/V 

2150.  GEM. 'l'ête  de  Pallas  à  droite  avec  le  casque  ailé;    de- 

vant, X- 
R.   M.  ABvru.  uoMA.   Le   Soleil  dans  un    quadrige  au 
galop  à  droite,  tenant  un  fouet.  Or. 

AURELLV 

2151 .  Tète  de  Vulcain  à  droite  avec  un  bonnet  lauré  ;  derrière, 

X  et  des  tenailles  ;  le  tout  dans  une  couronne  de 
laurier. 


—  116  — 

R,  L.  cor.  Aigle  sur  un  foudre  regardant  à  gauche; 
dans  le  champ,  p.  Le  (ont  dans  une  couronne  de 
lauriei'.  Ar. 

nAEBI.\ 

2152.     TAMi'iL.  Télé  de  Pallas  à  gauche  avec  le  casque  ailé; 
devant,  X- 
U.  ROMA  M.  BAEBi.  o.  F.  Apolloo  daiis  un  quadrige  au 
galop  à  droite,   tenant  un  rameau,  un  arc   et  une 
flèche.  Ar. 


CARISIA 

2153.  Buste  ailé  de  la  Victoire,  à  droite;  derrière,  s.  c.  p..  t. 
CAP.isi.  Victoire  dans  un  quadrige  au  galop  à  droite, 
tenant  une  couronne  de  la  main  droite.  Ar, 

CLAUDIA 

5153^^5  Tête  de  Pallas  à  droite  avec  le  casque  ailé. 

R.  c.  PVLCHER.  Victoire  dans  un  bige  au  galop  à  droite. 
Ar. 

CLODIA 

2I54-.     Télé  laurée  d'Apollon  à  droite  ;  derrière,  une  lyre. 

H.  p.  CLODivs  M,  F.  Diane  debout  tenant  deux  torches. 
Ar. 

CLOULIA 

2155      Tête  laurée  de  Jupiter  à  droite;  devant,  X* 

R.  T.  CLOVLi  (dans  le  champ)  o.  (à  l'e.xergue).  Victoire 
couronnant  un  trophée  sous  lequel  est  un  captif  assis". 
Ar. 


-  117  — 

CORNELLV 

2l5(3.     L.  svLLA.  Tèle  diadcmée  de  Vénus,  à  droite  ;   devant, 
(lupidon  tenant  une  longue  paline. 

n.  IMPER.  iTEiiVM.  Prœfericuluin  et  liliius  entre  deux 
Irophées.  Ar. 

FARSULEIA 

2156ôt«  s.  c  MENSon.  Tête  diadémée  de  la  Liberté  à  droite,  dans 
un  collier. 

U.  i.  FAUsvi.Ei.  Figure  militaire,  casquée  debout  dans 
un  bige,  tenant  une  liaste  et  donnant  la  main  à  une 
figure  en  toge  qui  se  dispose  à  y  mouler  ;  sous  le 
bige,  un  scorpion.  Ar. 

HERElNiNIA 

2157.  piETAs.  Tète  diadémée  de  la  Piélé  à  droite. 

n.  M.  iiEP.ENNi.  Un  des  frères  de  Catane  portant  son 
père  dans  ses  bras;  dans  le  champ,  m.  Ar. 

LUCILIA 

2158.  Tête  de  Pallas  à  droite  avec  le  casque  ailé;  derrière, 

pv.  Le  tout  dans  une  couronne  de  laurier. 

R.  HVF.  (en  liant)  .m.  lvgili  (à  l'exergue).  Victoire  dans 
un  bige,  au  galop  à  droite,  tenant  un  iouot.  Or. 

MAENIA 

'2159.     Tèle  de  Pallas  à  droite,  avec  le  casque   ailé;    derrière, 
X. 
U.  p.  MAE.  ANT.iiOMA.  Victoire  dans  un  quadrige  au  galop 
à  droite,  tenant  une  couronne.  Ar. 


—  118  — 

MANLIA 

21G0.     L.  MA^Ll.  l'iio.  Q.  Tête  de  l'allas  à  droite,  avec   le  cas- 
que ailé. 

R.  L.  svLLA  iM.  Sylhi  dans  un  quadrige  au  pas  à  droite, 
couronné  par  la  Victoire.  Ar. 

PETROMA 

2161.  TVKPiLiANVs  m  vir;  FKRo.N.  Tète  (uurrelée  de  la  déesse 

Félonie  à  droite. 

R.  CAESAR  AVGVSTvs  siGN.  RiXK.  l'arilie,   le  genou  droit 
à  terre,  présentant  une  enseigne  luililairc.  Ar. 

RUBRIA 

2162.  DOS.  (Dossenus).  Tête  diadémée  et  voilée  de  Junon  à 

droite,  derrière,  un  septre. 

lî.  L.  RVBRi.  Char  à  droite  tiré  par  quatre  chevaux  ;  en 
haut,  une  Victoire  volant;  sur  le  char,  un  paon?  Ar. 

SAUFËIA 

2163.  Tète  de  Pallas  à  droite,  avec  le  casque  ailé  ;  derrière,  X' 

R.  L.  SAVF.   ROMA.   \  ictoire  dans  un  hige  au  galop  à 
droite,  tenant  un  fouet.  Ar. 


SCRIBOiNIA 

2164.     BON.  KviùNT.  LiDo.  Tête  diadémée  de  Bonus    Eventus  à 
droite. 

R.  PVTKAL  sci'.iiio.x.  Margelle  de  puils  à  laquelle  sont 
attachées  deux  lyres  et  deux  hranches  de  l.iurier  ;  au 
bas  de  la  margelle,  un  marteau.  Ar. 


—  119  - 

TITINIA 

21G5      Tôle  de  Pallas  à  droite  avec  ie  casque  ailé  ;    derrière, 
xvr. 

\\.  c.TiTiNi.  noMA.  Victoire  dans  un  bige  au  galop  à 
droite,  tenant  un  fouet.  Ar. 

VIBIA 

2166.     PANSA.  Tète  laurée  d'Apollon  à  droite, 

R.  c.  viBivs  c.  F.  Pallas  dans  un  quadrige  au  galop 
à  droite,  portant  un  trophée  et  tenant  une  haste.  Ar. 

2 107.     PANSA.  Masque  de  Pan  cà  droite. 

R.  c.  VIBIVS  c.  F.  c.  N.  lovis  AXVR.  JupItcr  Axur  assis 
à  gauche,  la  tête  radiée  et  tenant  une  patère  et  une 
liastc.  Ar. 

Consulaires  incertaines 

!2168      Tête  de  Pallas  à  droite  avec  le  casque  ailé  ;  derrière,  X- 
Pi.  ROMA.  Les  Dioscures  à  cheval,  allant  à   droite.   Ar. 

2169.  Têle  laurée  de  Jupiler  à  droite. 

R.  ROMA.  Victoire  couronnant  un  trophée  ;  dans  le 
champ,  T.  Ar. 

2170.  Tête  d'Hercule  à  gauche;  derrière,  trois  points. 

R.  Proue  de  vaisseau  ;  dessous,  trois  points,  quadrans 
grand  module.  Bronze. 

§  2.   —  Médailles  impériales 

JULES  CÉSAR,  né  l'an  100  avant  J,-C. 

2171 .  CAESAR  IMPER.  Sa  tête  laurée  à  droite. 


—  120  — 

R.  M.  METTivs.  Vénus  Nicéphore  debout  à  gauche  ; 
derrière  elle,  un  bouclier  posé  sur  un  globe;  dans 
le  champ,  a.  Ar. 

MARC  ANTOIlNE  et  OCTAVE 

2172.  M.  AiNT.   IMI».  AVG.   III.  VIR  R.    P.  C.   M.  BARRAT  (sic)    Q.  V. 

Tète  nue  à  droite  de  Marc  Antoine. 

R.  CAESAR  iMP.  PONT.  iii.  Viu.  R.  P.  C.  Tète  nuc  d'Oc- 
tave à  droite.  Ar.  (frappée  en  -i!  avant  J.-C). 

AUGUSTE 

2173.  CAESAR  AVGvsTVs  DiYi  F.  PATER  PATp.iAE.   Sa  tête  iaurée 

à  droite.  Médaille  fourrée  et  incuse. 

2174.  CAESAR  AVGVSTVS.  Sa  tête  nue  à  droite. 

R.  p.  PETRON.  TVRPiLTAN.  III.  VIR.  PégasG  marchant  à 
droite.  Ar.  (Famille  Petronia). 

2175.  Divvs  AVGVSTVS.  Sa  tête  Iaurée  à  droite. 

R.  IMP.  NERVA  CAESAR  AVGVSTVS  RESF.  Daus  le  champ, 
s.  c.  (Restitution  de  Nerva).  G.  B. 

2176.  Voirie  n'\%A. 

LIVIE 

(Femme  d'Augusie) 

2177.  PiETAS.  Buste  voilé  et  diadème  de  Livie  à  droite. 

R.    l.VfP.    T.    CAES.    DIVI    VESP.    F.    AVG.    RESTIT.    DaUS   le 

champ,  s.  c.  (Médaille  de  restitution).  M.  B. 
TIBÈRE 

2178.  Tl.    CAESAR  DIVI  AVG.    F.  AVGVST.    IMP,    VIII.    Sa  têlO    UUO 

à  gauche. 


—  121   - 

R.  PONTIF.  MAXIM.  TRIBVN.  POTEST.  XIII.  DailS  le  cliaiTip, 

S.  G.  M.  M. 

2179.  Ti  CAKSAU  Divi  AVG.  F.  AVGVSTVs.  Sa  lôlG  iiue  à  gauche. 
R.  Autel  orné  de  guirlandes  et  de  deux  tètes  de  bœuf 

en  relief;  de  chaque  côté,  la  lettre  r.  G.  B. 

Médaille  coloniale  d'I'tiqiie 

2180.  TI.  CAESAK  DIVI  AVG.    F.    AVGVST.   IMP.    VllI.  ïêle  nuG  de 

Tibère  à  gauche. 

R.  C.  VIBIOMARSO  PR.  COS.  DR. CAR.  Q.  PR.T.  G.RVFVSF.C. 

Livie  voilée  assise  à  droite,  tenant  une  patère  et  ap- 
puyée sur  un  sceptre;  dans  le  champ,  dd.  pp.  M.  IJ. 

GALIGULA 

2181.  c.  CAESAR  DIVI  AVG.  PRON,  AVG.  S.  C.  Bounet  de  liberté. 
R.  COS.  TERT.  PON.  M.  TR.  P.  III.  P.  P.  Daus  le  champ, 

R.c.  C.  p.  B. 

2182.  Même  légende  el  même  tjpo. 

H.  COS.  QVAT.  PON.  M.  TR.  P.  lui.  P.  P.  Daus  le  champ, 

R.  C.  C.  P.  B. 

r^EROiN 

2183.  NKRO  CLW.  CAE.  AVG.  GER.  Casque  sur  une  colonne; 

derrière,  une  hasie  transversale;  à  droite,  l'égide. 

R.  P.  M.  TR.  P.  LMP.  p.  p.  s.   c.   iJrancbe  d'olivier. 
P.  B. 

VESPASIEN 

2184.  iMp.  CAES.  VESPAsiAN.  AVG.  cos,  III.  Sa  tête  radiée  à 

droite. 

10 


122 


I».  coNconniA  avgvsti.  s.  c.  La  Concorde  assise  à  eau- 
che,  teiiaiil  une  palère  el   une  corne   J'aboiulance 
G.  B. 

TITUS 

*>18o         IMP.  T.    CA!:S.  VESP.    AVG .    V.    M.    TH.    P.    COS.    VllI.    Sa 

le  te  laurée  à  droite. 
R.     AETEn.MT.  AVG.  s.   G.   L'Elemilé  debout   adroite, 
le  pied  sur  un  globe,  tenant  une  hasie  et  une  corne 
d'abondance.    M.  B. 

DOMITIEN 

2180.   IMP.  CAËS.  DOMIT.  AVG.  GERM.  COS.  XI.  CENS.  POT. 

P.P.  Son  buste  lauré  ta  droite,  avec  l'égide. 
R.  MONETA  AVGVSTI  S    C.  La  Monnaie  debout  à  gauclie^ 
tenant  une  balance  el  une  corne  d'abondance.  M.  B. 

2187.  INP.    CAES.   DOMIT.   AVG.     GE1\M.    COS.     XIII II.     CENS.     PER . 

P.  P.  Sa  tête  laurée  à  droite. 
R.  PONT.  MAX.  TP. ,  p.  VIII.  LVD.  SAEC.  S.  C.  Temple; 
à  droite,  Doniilien  assis  sur  une  estrade  sur  laquelle 
sont  placés  deux  vases  ;  devant  lui,  une  femme  de- 
bout lui  faisant  une  offrande  ;  entre  eux,  un  entant 
levant  les  bras;   sur  l'estrade  svf.  pp.  G.  B. 

C'est  un  dos  coins  faux  mentionnés  par  M.  Cahen, 
7"' volume,  page  80,  w  305  de  l'onvrage,  ayant  pour 
litre  :  Description  bistorique  des  monnaies  frappées 
sous  l'empire  romain. 

TRÂJAN 

2188.  IMP.  CAES.  TRAiAN  AVG.  GEiîM.   Busto  bai'bu  d'Hcrcule 

à  droite  avec  la  peau  du  lion  nouée  autour  du  cou. 
R.  s.  c.  Massue.  P.  B. 


—  123  — 

2189,  IMP.    CAES.    NERVA  TRAIAN    AVG.    GERM.    P.     M.    Sa    tête 

radiée  à  droite. 
U.  T!!.  POT.  COS.  iiii.  p.  p.  s.    c.   L'Abondarice  lenaiit 
un  scepire  et  assise  à  gauche  sur  un  siège  dont  deux 
pieds  se  teriniiienl  en  corne  d'abondance. 

Médaille  coloniale  de  Trajan 

2190.  AVT.  KAi.  TPAiANoc  CSB.  Son  busle  lauré  à  druite 

avec  la  cuirasse. 

R.  AAEKAiov?  Personnage  debout  à  gauche,  coiffé 
d(i  modius,  tendaiii  la  main  droite  et  tenant  une 
has!e  ;  à  ses  pieds,  à  gauche,  un  enfant  assis  levant 
le  bras  droit.   Pol. 

ADRIEN 

2191  .     iiADRiANvs  AVG.  COS.  Jii.  P.  P.  Sou  bustc  iiu  à  droite. 

R.  FELICITAS  AVG  S.  C.  Adrien  debout  à  droite, 
ilonnant  la  main  à  la  Félicité  debout  eu  face  de  lui. 
La  Félicité  tient  un  caducée  et  Adrien  un  livre.  M.  B. 

2192  Même  légende.  Sa  tête  laurée  à  droite. 

R.  FKLicn'AS  AVG.  S.  C.  La  Félicité  debout  à  gauche, 
tenant  un  caducée  et  une  corne  d'abondance  ;  à  ses 
pieds,  une  roue.  G.  B. 

2192*»'  HADRiANvs  AVG  COS.  III.  P.  P.  Sou  liusto  lauré  à  droite 
avec  le  paludamenl. 
It.  NiLVS  s.  c.  Le  Ml  couché  à  gauche  accoudé  à  un 
sphinx,  tenant  une  corne  d'abondance  et  un  roseau  ; 
dessous,  un  crocodile,  devant  à  droite,  un  hip[)opo- 
tame.  M.  B. 


_  124  — 

SABINE 

2193.  SABKXA  AVGVSTA  HADRiANi  AVG    P.  P.  Soii  busle lauré  et 

diadème  à  gauche. 
n.  CONCOUDIA  AVG.  S.   c.  I.a  l'oiicorde  assise  à  gau- 
che, tenant  une  patère,  lo  coude  gauche  appuyé  sur 
une  statuette  de  l'Espérance  ;  sous    le    siège,   une 
corne  d'abondance. 

ANTONIN 

2194.  ANTON  IN  vs  AVG.  pivs  P.    P.   TR .   P.   COS.    III.  Sa  lêle 

laurée  à  droite. 

R.  ANCiLLA  (à  l'exergue)  imperator  h  (à  l'entour)  s.  c. 
Deux  ancillesou  boucliers  faits  de  façon  à  ressembler 
à  un  bouclier  ovale  placé  sur  deux  boucliers  ronds. 
iM.B. 

2195.  Même  tête  et  même  légende. 

R.  MONiiTA  AVG.  S.  C.  La  Monnaie  debout  à  gauche, 
tenant  une  balance  surmontée  d'une  grenade  et  une 
corne  d'abondance.  G.  B. 

2196.  AMONiNvs  AVG.  PIVS  P.  P.  Sa  tête  laurée  à  droite. 

R.  TR.  POT.  COS.  11.  s  c.  La  Foi  débouta  droite  te- 
nant deux  épis  et  une  corbeille  de  fruits.  G.  B. 

FAUSTINË 

« 

(Femme  d'Autoniu^i 

2197.  DIVA  AVG.  FAVSTINA.  Son  buste  voilé  à  droite. 

R.  AETEI5N1TAS.  L'iilemité  sous  voile  debout  à  gauche, 
tenant  un  globe  et  un  sceptre.  Ar. 

MARC  AURÈLE 

2198.  M.  AMONINVS  AVG.  TR.  P.  XXVI! .  Sa  tête  laurée  à  droite. 


-  \'2b  — 

R.  GERMAMCO  AVG  IMP.  VI.  cos  III.  S.  c.  Trophée 
enlre  une  (îermaiiie  en  pleurs,  assise  à  gauche  sur 
deux  boucliers,  et  un  Germain  debout  à  droite,  les 
mains  aliachées  derrière  le  dos;  derrière  lui,  un 
bouclier.  G.  15. 

2199.  M.  ANTONiNvs  AVG.  TR .  P.  XXIX.  Sa  tête  laurée  à  droile. 
R.  IMP.  VII.  COS.  III.  s.  c.  Le  Tibre  couché  à  gauche 

accoudé  à  une  urne  d'où  coulent  des  flols^  et   posant 
la  main  droile  sur  une  barque.  G.  B. 

2200.  M.  AVREL.  ANTO.MNVS  AVG.  TR.V.  XXXII.  Sa  lêle  laurés 

à  droite. 
R.  IMP.    viiii.   COS.  m.  p.    p.   s.  c.  L'Equité  debout 
à  gauche  tenant  une  balance  et  une  corne  d'abondance. 
G.  B. 

2'20l.     M.  ANTONiNvs  AVG.  GEHM.  TR.   P.  XXIX.  Sa  tête  laurée 
à  droile. 

R.   LIBERALITAS  AVG.   VI.   IMP.    VU.     COS.     III.    S.    C.   La 

Libéralité  debout  à  gauche,  tenant  une  tessère  et  une 
corne  d'abondance.  G.  B. 

2202.  M.  ANTOMNVSAVG.  ARM.  PARTii.  MAX.   Sa  tête  radiée  à 

droile. 
R,  TR.  p.  XXII.  iMi'.  iiii.  COS.  III.  s.  c.  Pallas  casquée 
debout  à  gauche,  tenant  une  chouette  et  appuyée  sur 
un  bouclier;  une  hasle  repose  sur  son  bras  gauche. 
M.  B. 

FAUSTINE 

(Femme  de  Marc  Aiirèle) 

2203.  FAVSTiNA  AVGVSTA.  Sou  busto  à  droile. 

R.  AVGvsTi  PM  FIL.  s.  C.  La  Coucorde  debout  à  c;au- 
che,  tenant  une  patère  et  une  corne  d'abondance. 
M.  B. 


126 


LUCILLE 

2"20i.     LVCILLA  AVGVSTA.  Son  biisie  à  droite. 

1».  FECV.\DiTAS  s .  c.  La  Fécondité  assise  à  droile,  !e- 
nanl  snr  ses  genoux  un  jeune  garçon  ;  devant  elle, 
une  jeune  fille;  derrière,  un  jeune  garçon,  tous  deux 
debout.  G.  B. 

COMMODE 

2205.     L.  AEL.  AVHEL.  coMM.  AVG .   P.  FRL.  Sa  tète  lauréc  à 
droile. 

R.     p.   M.    TR.    p.    XYH.    IMP.   Vin.    COS.    VII  P.    P.     S.   C. 

Commode  assis  à  gauche  sur  une  esirade  ;  derrière 
lui,  un  ^lersonnage  debout;  devant,  la  Libéralité  de- 
bout, tenant  une  tessère  et  une  corne  d'abondance  ; 
au  pied  de  l'estrade,  un  enfant  tendant  les  bras.  G.  iJ. 

GAUACALLA 

220G.     M    AVi'.Ei..  ANTOMNvs  Pivs  AVG.  GEP.M .  Sou  buste  latiré 
à  droite  avec  le  paludament  et  la  cuirasse. 

P\.      p.    M.   TU.   P.  XVIII,   IMP.   11!    COS.    1111.    P.P.    S.    C. 

Esculape  debout  de  face,  regardant  à  gauche,  le- 
nanl  un  bàlon  autour  duquel  est  enioulé  un  serpent  ; 
à  gauche,  ïélespliore  debout  enveloppé  dans  sou 
manteau  ;  à  droite,  un  globe.  G.  B,  ;  flan  épais. 

220T.     M.  AVREL.  AMONiNVS  ?ivs  AVG.  BUtT.  Sou  busto  lauré 
à  droite,  avec  le  paludament  et  la  cuirasse. 
I\.    p.  M.   Tii .  p.  XVI  COS.  i:i!.  p.p.  Mars  casqué  de- 
bout à  gauche,    tenant  une  "Victoire  et   une  hasle  et 
•   appuyé  sur  un  bouclier;  à  ses  pieds,   un  captif  assis, 
les  mains  liées  derrière  le  dos.  G.  B. 


—  127  ~ 
DIADUMÉNIKN,  fils  de  iMACRlN 

(iiû  eu  208  de  J.-C,  il  est   mort  à  l'âge  de  9  ans.) 
•2208.       M.   OPEL.   ANTONINVS  DIADVMENI  A^  VS  CAES  .   Soil  buSte  IIU 

à  droite,  avec  le  paludament  el  la  cuirasse. 
R.  PiiiNC.  ivvENïVTis.  s.  c.  Diaduiiiéiiien  en  habit  mi- 
litaire di;bout  de  face»  regardant  à  droite,  tenant  une 
enseigne  et  une  liaste  ;  à  droite,  deux  enseignes  sur- 
montées d'une  couronne  et  d'un  aigle.  G.  B. 

ELAGABALE 

2209.  IMP.  CAES.  M.  AVR.  SEV.  ANTONINVS    PiVS    AVG .   Sou  busie 

radié  à  droite  avec  le  paludament  et  la  cuirasse. 
R.   vicTt)ii.   ANTOM.M  AVG.   S.    C.    Victoire  courant  à 
droite  et  tenant  une  couronne  et  une  palme.  iM.  B. 

ALEXANDKE  SÉVÈHE 

2210.  iMP.  c.  M.  AVR.  SEV.  ALEXAND.  AVG.   Son  buslc  lauré 

à  droite  avec  le  paludament. 
R.  p.  M.  TU.  p.  V.   COS.  II.  p.p.   Alexandre  debout  à 
gauche,  sacrifiant,  la  patère  à  la  main,  sur  un  trépied 
allumé  et  tenant  un  livre.    Ar. 

2'iH  .     iJiP.  SEV.  ALEXANDER  AVG.  Son  buste  lauré  cà  droite. 

R.  FiDES  MiLiTVM  (saus  S.  c).  Jupiter  nu  debout  à  gau- 
che tenant  uu  foudie  et  un  sceptre  et  ayant,  au  se- 
cond [)lau,  une  enseigne  derrière  lui;  en  face  de 
Ju|Mter,  Alexandre  en  habit  militaire  debout,  tenant 
une  patère  el  un  sceptre  et  couronné  par  la  Valeur 
casquée  debout  derrière  lui  ;  derrière  la  Valeur,  un 
bouclier;  entre  Jupiter  et  Alexandre  un  autel.   M.  B. 

2212.       IMP.    CAES.    M.     AVR    SEV.    ALEXANDER    AVG.    Soil    bllStC 

lauré  à  droite  avec  le  paludament. 


—  1-28  — 

R.  PONTiF.  MAX.  TR.  P.  H.  COS.  P.  P.  S.  c.  La  Pro- 
vidence  debout  à  gauche,  les  jambes  croisées,  tenant 
une  baguette  et  une  corne  d'abondance  et  appuyée 
sur  une  colonne  ;  à  ses  pieds,  un  globe.  G.  B. 

MAMÉE 

2213.  IVLIA  MAMEA  AVGVSTA.  Son  busie  diadème  ù  droite. 

Pi.  iVNO  AVGVSTAE.  S.  C.  Junon  assise  à  gauche,  te- 
nant une  fleur  et  un  enfant  emmaillollé.  G.  B. 

MAXIMIN  l^r 

2214.  iMP.  MAxiMiNVS  Pivs  AVG .  Sou  buste  lauré  à  droite  avec 

le  paludament  et  la  cuirasse. 
B.  LiBEUALiTAS  AVG.  S.  C.  La  Libéralité  debout  à  gau- 
che, tenant  une  tessère  et  une  corne  d'abondance. 
G.  B. 

2215.  Même  tête  et  même  légende. 

R.  VICTORIA  AVG.  S.  C.  Victoire  marchant  à  pas  pré- 
cipités à  droite,  tenant  une  couronne  et  une  palme. 
G.  B. 

MAXIME 

2216.  c.  iVL.   VERVS  MAxiMVS  CAES .   Sou  busle  nu  à  droite 

avec  le  paludament. 
R.  PRiiNCiPi  ivvENTis  S.   C.   Maxime  debout   à  gauche, 
tenant  une  baguette  et  une  haste  transversale;   der- 
rière lui,  deux  enseignes  militaires.  G.  B. 

PHILIPPE,  père 

2217.  iMP.  M.  ivL  PHiLippvs  AVG.    Son  buste  radié  à  droite 

avec  le  paludament. 


—  129  — 

R.  1',  M.  TR.  P.  II.  COS.  P.  P.  Philippe  assis  à  gauche 
sur  une  chaise  curule,  tenant  un  globe  et  un  sceptre. 
Ar. 

2218.     IMP.   pniLipPVS  AVG.    Son  buste  radié  à  droite  avec  le 
paludament. 
R.  SAECVLVM  NOVVM    Temple  à  six  colonnes;  au  mi- 
lieu, une  statue  assise  de  face,  tenant  un  sceptre.  Ar. 

2-219.     iMP.  M.  IVL.  PHiLippvs  AVG.  Son  busie  lauré  à  droile 
avec  le  paludament. 
R.  NOBiLiTAs  AVGG.  S.  G.    Femme  debout  à  droite,  te- 
nant un  sceptre  et  un  globe.  G.  B. 

"2220.     Même  tête  et  même  légende. 

R.  VICTORIA  AVG.  S.  c.  Victoire  marchant  à  gauche, 
tenant  une  couronne  et  une  palme.  G.  B. 

Coloniale  de  Philippe,  père 

BOSTRA 

2221.  MARC.  IVL.  PHiLippos  CESAR.  Sou  busle  radié  à  droite 
avec  le  paludament. 

R.  COL.  METROPOLis  BOSTRA.  (en  légende  circulaire) 
AKTIA  AOVCAPiA,  en  trois  lignes,  au  centre  d'une 
figure  représentant  un  pressoir,  attribut  du  Bacchus 
arabe. 

Cette  inscription  grecque  dont  nous  devons  l'explica- 
tion à  l'obligeance  de  M.  Chabouillet,  conservateur 
des  Antiques  à  la  Bibliothèque  nationale,  fait  allusion 
aux  Jeux  Adiaques,  célébrés  à  Boslra  en  mémoire  de 
la  bataille  d'Aclium,  sous  l'invocation  du  Bacchus 
arabe,  aovsaph,  que  Tertullien  désigne  sous  le 
nom  de  Dysares. 

L'empereur  Philippe  est  né  à  Bostra  en  204  de  J.-Ch. 

n 


130 


OTACILIE 

2"22"2.     MARCiA    OTAciL.  SEVERA    AVG.   Sou    buste  diadème  à 
droite. 
R.  PiETAS  AVG.  s.  G.  La  Piélié  debout  à  gauche,  levant 
la  main  droite  et  tenant  une  boite  à  parfums.  M.  B. 

PHILIPPE,  fils 

2223.  M.  ivL.  PHILIPPVS  CAES.  Son  buste  radié  à  droite  avec  le 

paludament. 

R.  PRiNCiPi  ivvENT.  Philippe  en  habit  militaire  debout 
à  droite,  tenant  une  haste  et  un  globe  ;  derrière  lui, 
un  soldat  tenant  également  une  haste.  AR. 

TRAJAN  DÈCE 

2224.  iMP.  G.  M.  Q.  TRAiANVS  DECivs  AVG.  Son  buste  lauré  à 

droite  avec  la  cuirasse. 
R.  VICTORIA  AVG.  S.  c.  Victoiro  marchant  à  pas  pré- 
cipités à  gauche,    et  tenant   une   couronne  et  une 
palme.  G.  B, 

Médaille    coloniale  de  Trajan  Dèce 

2225.  AVT.   K,   r.  me.  kv.  traivnoc  aekioc  ceb.  Son 

buste  lauré  à  droite  ;  dessous,  deux  globules. 
R.  AHMAPX.  EHOVCIAC.  S.   C.  Aigle  à  droite,  tenant 
une  couronne  dans  son  bec  et  une  palme  dans  ses 
serres.  Potin. 

ETRUSCILLE 

(Femme  de  Trajan  Dèce) 

2226.  HERENNiA  ETRVSCiLLA  AVG.  Son  buste  diadème  à  droite. 


—  131  ~ 

R.  FECVNDiTAS  AVG.  S.  c.  La  Fécondité  debout  à  gau- 
che, tendant  la  main  droite,  et  tenant  une  corne  d'a- 
bondance ;  devant  elle ,  une  jeune  fille  debout , 
levant  les  bras  vers  elle.  G.  \i. 

HOSTILIEN 

2227.  iMP.  CAE.  c.   VAL.   Hos.  MES.  QViNTvs  AVG.  Son  buslo 

lauré  à  droite,  avec  le  paludament  et  la  cuirasse. 
R.   SECVRiTAS  AVG.  S.  C.  La  Sécurité  debout  à  droite,  les 
jambes  croisées,  posant  la  main  droite  snr  la  tête  e' 
appuyée  sur  une  coljnne.  G.  B. 

TRÉBONIEN  GALLE 

2228.  IMP.  c.  c.  viB,  TREB.  GALLVS  AVG.  Son  bustc  radié  à 

droite  avec  le  paludament. 
R.  PAX  AETERNA.  La  paix,  debout  à  gauche,  tenant  une 
branche  d'olivier  et  un  sceptre  transversal.  G.  6. 

2229.  IMP.  CAËS.  c.  VIBIVS  TREBONIANVS  GALLVS  AVG.  SOH  bustO 

lauré  à  droite  avec  le  paludament. 
R,  PAX  AVGG.   s.  c.   La  Paix  debout  à  gauche,  tenant 
une  branche  d'olivier  et  un  sceptre  transversal.  G.  B. 

VALÉRIEN,   père 

2230.  IMP.  c.  p.  Lie.  vALERiANvs  P.  F,  AVG.   Sou  busto  ra- 

dié à  droite. 
R.    RESTiTVT.    oRiENTis.    Femme    tourelée,  debout  à 
droite,  présentant  une  couronne  à  Valérien  debout  à 
gauche,  en  habit  militaire,  tenant  une  haste.  Bill. 

2231.  Même  tête  et  même  légende. 

R.  viRTVS  AVGG.  Galérien  et  Gallien  debout  en  face  l'un 
de  l'autre  ;  celui  qui  est  placé  à  gauche  tient  une 
haste  et  un  globe  ;  celui  qui  est  placé  à  droite  lient 
une  victoire  et  une  haste  transversale.  Bill, 


—  132  — 

2'232.     IMP.    c.    p.  Lie.   VALERIANVS   AVG.  Son  buste   lauré 
à  droile, 
R.  CONCORCIA  EXEnciT.  S.    C   La  Concorde  debout  à 
gauche,  tetiant  une  palèrc  et  une  double  corne    d'a- 
bondance. G.  B. 

GALLIEN 

2233.  GALLIENVS  P.  E.  AVG.  Son  buste  radié  à  droite. 

R.  vip.TVS  AVGG.  Gallien  en  habit  militaire  debout  à 
droite,  tenant  une  haste  transversale  et  une  enseigne. 
Bill. 

SALONINË 

2234 .  CORN.  SALONiNA  AVG.  Sou  busto  diadème  à  droite  avec  le 

croissant. 
R.  iVNO  REGL\A.  Juuon  dobout  à  gauche,   tenant  une 
patère  et  un  sceptre.  Bill. 

POSTUME 

2235.  IMP.  c.  POSTVMVS  p.  F.  AVG.  Son  buste  radié  à  droite 

avec  lo  paludament. 
R.  NEPTVNO  REDVCi.  Nepluno,  nu,  debout  à  gauche,  le 
manteau  derrière  lui,  tenant  un  dauphin  et  un  tri- 
dent; à  gauche  un  vaisseau.  Bill. 

2236.  IMP.  CM.  cAss.  LAT.  POSTVMVS  P.  F.  AVG.  Sou  buste 

radié  à  droite  avec  le  paludament. 
R.  viCTORiAE  AVG.  Dcux  Victoires  debout,  attachant  un 
bouclier  à  un  palmier  au  bas  duquel  sont  deux  cap- 
tifs assis.  G.  B. 

VICTORIN 

2237.  IMP.  c.  vicTORiNvs  P.  F.  AVG.  Son  buste  radié  à  droile 

avec  le  paludament. 


—  133  — 

R.  SALVS  AVG.  La  Santé  debout  à  gauche  présentant  à 
manger  à  un  scrpent_enroiilé  autour  d'un  autel  P.  B. 

2238.  Même  tête  et  même  légende. 

R.  viRTVs  AVG.  Mars,  nu,  casqué,  le  manteau  flottant 
derrière  lui,  debout  à  droite  tenant  une  haste  et  un 
bouclier.  P.  B. 

CLAUDE  II 

2239.  IMP.  c.  CLAVDivs  p.  F.  AVG.  Son  buste  radié  à  droite 

avec  le  paludament. 
R.  FELic  TEMPO.  La  Félicité  debout  à  gauche,  tenant  un 
caducée  et  un  sceptre;  à  l'exergue,  t.  P.  i>. 

2240.  1.MP.  CLAVDIVS  AVG.   Sou  buste  radié  à  droite  avec  le 

paludament, 
R.  SPES  AVG.  L'Espérance  marchant  à  gauche,   tenant 
une  fleur  et  relevant  sa  robe;  dans  le  champ,  il.  P.  B. 

2211.     IMP.  c.  CLAVDIVS  AVG.  Son  buste  radié  à  droite  avec  le 
paludament. 
R.  viUTVS  AVG.    Mars  casqué  debout  à  gauche,  tenant 
un  rameau  et  une  haste  ;  àses  pieds,  un  bouclier.  P.  B. 

AURÉLIEN 

2242.     IMP.  AVMELiANVS  AVG.  Sou  buste  radié  à  droite  avec  la 
cuirasse. 
B.   ROMAE  AETLR.    Aurélien  debout  à  droite  en  face  de 
Rome  casquée  assise  à  gauche  sur  un  bouclier,  tenant 
une  Victoire  et  une  haste;  à  l'exergue,  q,  P.  B. 

PROBUS 

2'243.     IMP.  c.  PROBVS  p.  F.  AVG.  Sou  buslc  radié  à  droite  avec 
la  cuirasse. 


—  134  — 

R.  FELiciT  TEMP.  La  Félicité  debout  à  gauche,  tenant 
un  caducée  et  un  sceptre;  à  l'exergue,  m.  P,  B. 

"2244.     IMP.  c.  M.  AVR.  PROBVS  P.  F.  AVG .  Son  bustc  radié  à 
à  gauche  avec  le  manteau  impérial,  tenant  un  sceptre 
surmonté  d'un  aigle. 
R.  soLi  INVICTO.  Le  Soleil  radié  à  demi  nu  dans  un  qua- 
drige au  galop  de  face;  à  l'exergue  r  c.  P.  B. 

Médaille  coloniale  de  Probus 

2245.     A.  K.  M.  AVP.  npoBOC  chb.  Son  buste  lauré  à  droite 
avec  le  paludament. 
R.  Aigle  debout,  regardant  à  droite.  B,  petit  méd. 

CARUS 

2*246.     iMP.  cARvs  p.  F.  AVG.  Son  buste  radié  à  droite  avec  là 
cuirasse. 
R.   SPES  PVBLiCA.  L'Espérance  marchant  à  ganche,  te- 
nant une  fleur  et  relevant  sa  robe;  à  l'exergue,  sxxi. 
P.  B. 

CARIN 

2247.  M.  AVR.  cARiNvs  NOB.  CAES.  Son  busle  radié  à  droite 

avec  le  paludament. 
R.  PRiNCiPi  ivvENTVT.  CaHu  en  habit  militaire  debout  à 
gauche,  tenant  un  globe  et  une  haste.  P.  B. 

MAXIMIEN  HERCULE 

2248.  IMP.  c.  MAXiMiANvs  P.  F.  AVG.  Sa  tête  laurée  à  droite. 
R.  coNSERVATORES  VRB.  SVAE.  Temple  à  six  colonnes; 

au  milieu  Rome  casquée  assise  à  gauche,  tenant  un 
globe  et  une  haste;  à  l'exergue,  r,  étoile,  s.  M.  B. 


135 


2249.  iMP.  CM.  VAL.  MAxiMiANvsAVG.  Soiî  buste  radié  à  droite 

avec  le  paUidament. 
II.  lovi  CONSERVAT.  Jupiter,  nu,  debout  de  face  regar- 
dant à  droite,  tenant  un  sceptre  et  un  foudre;  dans 
le  champ,  a;  à  l'exergue  xxi  t.  P.  B. 

CONSTANCE  CHLORE 

2250.  FL.  VAL.  CONSTANTIVS  NOB.  CAEs.  Sa  lêlc  laurée  à  droite. 
R.   GENio  AVGG.   ET  CAESARVM  N.   N.   Génie  coiffé  du 

Modim,  à  demi-nu,  debout  à  gauche,  tenant  une 
patère  de  laquelle  l'eau  coule  et  une  corne  d'abon- 
dance; à  l'exergue,  k  b.  M.  B, 

2251.  Divo  coNSTANTio  Pio.  Son  buste  lauré  et  voilé  à  droite 

avec  le  manteau  impérial. 
R.  MEMORiA  FELIX.  Auiel  allumé  sans  guirlandes;  de 
chaque  côté,  un  aigle;  à  l'exergue,  ptr.  M.  B. 

2252.  CONSTANTIVS  NOB  CAES.  Sa  tête  laurée  à  droite. 

R.    SAC.    MON.    VKB.    AVGG    ET    CAESS.     N.     N.   Type  du 

n°  1347;  à  l'exergue,  H,  croissant,  t.  Don  de  M,  Monl- 
mège. 

GALÈRE  MAXIMIEN 

2253.  IMP.  c.  GAL.  VAL.  MAXiMiANVs  P.  F.  AVG.  Sa  tête  laurée  à 

droite. 
R.  GENIO  AVGvsTi  CMH  (en  monogramme).  Génie  coiffé 
du  Modius,  à  demi-nu,  debout  à  gauche,  tenant  une 
patère  dont  l'eau  coule  et  une  corne  d'abondance;  à 
l'exergue,  smna.  M.  B. 

2254.  Même  tête  et  même  légende. 

R.  GENio  iMPERATORis.  Même  type;  dans  le  champ  à 
gauche  K,  à  droite  a  p;  à  l'exergue,  ale.  Potin. 


—  136  — 

SÉVÈRE  II 

2255.  FL.  VAL.  SEVERVS  NOB .  CAES.  Sa  tête  laurée  à   droite. 

II.  GEMO  AVG.   ET  CAKSAUVM  N.    N.   lléllie  COiffé    du  Mo- 

(lius,  à  demi  nu,  debout  à  gauche,  tenant  une  palère 
dont  l'eau  se  répand  au  dehors  et  une  corne  d'abon- 
dance ;  à  l'exergue,  k  a.  M.  B. 

2256.  Même  tête  et  même  légende. 

R.  SALVis  AVGG.  ET  CAESS.  FEL.  KART.  Femme  dobout 
à  gauche,  tenant  dans  chaque  main  des  fruits  d'espè- 
ces difïéren  tes;  dans  le  champ,  u;  à  l'exergue  r.  M.  15. 

MAXIMIN  II  DAZA 

2257.  GAL.  VAL.  MAxiMiNvs  NOB.  CAES.  Sa  tête  lauréo  à  droite. 
R.  SALVIS  AVGG  ET  CAESS.  FEL.  KAiiT.  Même  type  qu'au 

numéro  précédent;  dans  le  champ,  i;  à  l'exergue,  m. 
M.  B. 

2'258.  iMP.  MAXIMINVS  p.  F.  AVG.  Son  buste  lauré  à  droite 
avec  la  cuirasse. 
R.  soLi  iiNViCTO  coMiTi.  Le  Soleil  radié,  à  demi  nu,  de- 
bout à  gauche,  levant  la  main  droile  et  tenant  un 
globe,  à  l'exergue,  mostt.  Entre  moyen  et  petit 
bronze. 

LICINIUS,  père 

2259,  IMP.  LiciNivs  AVG.  Sou  buste  lauré  à  droite  avec  la 
cuirasse. 
R.  lovi  conservatori  AVG.  Jupiter  tenant  un  foudre  et 
un  sceptre  assis  sur  un  aigle  debout  à  droite  sur  un 
un  arc,  et  regardant  à  gauche;  à  l'exergue,  tarl. 
P.  B. 


~  137  — 

CONSTANTIN  !"• 

2260.  Sans  légende.  Sa  têle  laurée  à  droite. 

R.  CONSTANTINVS  AVG . ,  cn  Irois  lignes  dans  le  champ; 
dessous,  SMRS.  P.  B. 

2261 .  CONSTANTINVS  P.  F.  AVG    Son  buste  lauré  à  droite  avec 

la  cuirasse. 
R.  MARTI  coNSERVATORi.  Mars  casqué  debout  à  droite, 
tenant  une  haste  renversée  et  appuyé  sur  un  bouclier; 
à  l'exergue,  st.  P.  B. 

2262.  iMP.  CONSTANTINVS  P.  F.  AVG.  Son  buslc  lauré  à  droite 

avec  la  cuirasse. 
R.  SOLI  INVICTO  coMiTi.  Le  Soleil  radié  debout  à  gauche, 
levant  la  main  droite   et  tenant  un  globe;  dans  le 
champ,    tf;  à  l'exergue,  pln.  P.    B.   Don    de  M. 
Dufour. 

2263.  iMP.  CONSTANTINVS  P.  F.  AVG.  Son  busle  lauré  à  droite 

avec  le  paludament  et  la  cuirasse. 
R.    SOLI  INVICTO   coMiTi.    Le  Soleil  radié  à  dcmi-nu  dc- 
bout  à  gauche,  levant  la  main  droite  et  tenant  un 
globe;  à  gauche,  un  captif  assis  à  terre,  les  mains 
liées  derrière  le  dos  ;  à  l'exergue,  rt.  P.  B. 

2264.  CONSTANTINVS  AVG.  Sou  busle  à  gauche  avec  un  cas^jne 

surmonté  d'un  cimier  et  la  cuirasse,  tenant  une  haste 
et  un  bouclier. 
R.  vicT.  LAETAE  PRiNCiP.  PERP.  Deux  Vicloircs  dcbout 
posant  sur  un  autel  un  bouclier  sur  lequel  celle  qui 
est  à  gauche  a  écrit  vor,  pr;  à  l'exergue,  globule, 
MSIS.  P.  B. 

CRISPE 

2265.  CRispvs  NOB.  CAES.  Son  buste  lauré  à  gauche  avec  le 

paludament  et  la  cuirasse. 

12 


—  138  — 

R.  DN.  CONSTANTIN  MAX.   AVG.  Autoui'  d'une  couroiine 
de  laurier  dans  laquelle  on  lit  voi.  xx;  à  l'exergue, 

TT.  P.  B. 

HANNIBALIEN 

2266.  FL.  HANNiBALiANO  REGI.  Son  buslc  Hu  à  droile  avec  le 

paludament. 
R.  SECVRiTAS  PVBLicA.  L'Eupliralc  à  demi-nu  couché  à 
droile,  tenant  de  la  main  droite  un  sceptre  et  de  la 
gauche  répandant  des  eaux  de  son  urne  ;  sur  le  se- 
cond plan,  des  roseaux.  P.  B. 

CONSTANTIN  II 

2267.  vie.   coNSTANTiNVS  AVG.   Son  buste  diadème  à  droite 

avec  la  cuirasse. 
R.  viRTVS  AVGvsTi.  Consianliu  II  debout  de  face  regar- 
dant à  droite,  en  habit  militaire,  tenant  une  haste 
renversée  et  appuyé  sur  un  bouclier.  P.  B. 

CONSTANT  I" 

2268.  FL.  coNSTANS  NOB .  CAES.  Son  buste  diadème  à  droite 

avec  le  paludament. 
R.  GLORIA  EXERCiTVS.  Deux  soldats  casqués  debout  se 
regardant,  tenant  chacun  une  hasle  et  un  bouclier  ; 
entre-eux,  une  enseigne  militaire  ;  à  l'exergue,  consa. 
P.  B. 

CONSTANCE  II 

2269.  DN.  coNSTANTivs  P.  F.  AVG.  Sou  buste  diadème  à  droile 

avec  le  paludament  et  la  cuirasse;  derrière  la  lêle,  a. 
R.  coNCORDiA  MiLiTVM.  ('ouslance  en  habit  militaire  de- 
bout de  face,  regardant  à  droite,  tenant  le  labarum  de 
chaque  main;  sur  sa  têle  une  étoile;  dans  le  champ, 
m;  à  l'exergue,  une  globule  ssis.  P.  B. 


—  139  — 

2270.  Même  tête  et  même  légende  sans  lettre  derrière  la  tête. 
R.  FEL.  TEMP.  REPARATio.  Conslance  en  habit  militaire 

debout  à  gauche,  sur  un  vaisseau  voguant  à  gauche, 
tenant  un  phénix  et  le  labarum  ;  à  droite  sur  le  vais- 
seau une  Victoire  assise  à  gauche,  tenant  le  gouver- 
nail; à  l'exergue  tes,  croissant  radié.  M.  B. 

2271.  Même  médaille  donnée  par  M.  Xavier. 

2'272.     coNSTANTivs  P.  F.  AVG.  Son  buste  lauré  à  droite  avec  le 
paludament. 
\\.  Même  revers.  M   B. 

2273.  DN.  coNSTANTivs  P.  F.  AVG.  Sou  busle  diadème  à  droite 
avec  le  paludament. 
R.  FEL  TEMP.  REPARATIO.  Soldat  en  fureur  debout  à 
gauche  tenant  un  bouclier,  perçant  de  sa  haste  et 
poussant  du  pied  un  ennemi  qui  tombe  de  cheval  et 
cherche  à  se  retenir  à  la  crinière;  à  terre  un  bouclier; 
dans  le  champ,  r;  à  l'exergue,  anti.  M.  B. 

2-274.  CONSTANTIVS  P.  F.  AVG.  Son  buste  diadème  adroite  avec 
le  paludament. 
11.  GLORIA  EXERCITVS.  Deux  soldals  casqués  debout  en 
face  l'un  de  l'autre,  tenant  chacun  une  haste  et  ap- 
puyés sur  un  bouclier;  entre  eux,  une  enseigne  mi- 
litaire sans  rien  sur  le  drapeau.  P.  B. 

■2275.     DN.  CONSTANTIVS  P.  F.  AVG.  Sa  tête  diadémée  à  droite. 
R.  Même  revers.  P.  B. 

2276.  FL.  iVL.  CONSTANTIVS  NOB.  c.  Sou  huste  lauré  à  droite 

avec  le  paludament. 
U.  Même  type,  mais  avec  deux  enseignes  militaires  en- 
tre les  soldats;  à  l'exergue,  globule,  smha,  globule. 
P.  B. 

2277 .  Même  tête  cl  même  légende. 


—  140  — 

R.  Même  revers;  à  l'exergue,  t,  couronne,  globule  s. 
P.  B. 

2278.  DN.  coNSTANTivs  P.  F.  AVG.  Sou  busle  diadème  à  droite 

avec  le  paliidamenl;  derrière  la  lète,  a. 
R.  GLORIA  ROM.VNonvM.  Coiislance  nu  têle  en  habit  mi- 
litaire galopant  à  droite  et  dirigeant  sa  haste  contre 
un  ennemi  à  genou  qui  tend  les  mains;  sons  le  che- 
val, une  haste  brisée  et  un  bouclier;  dans  le  champ, 
une  étoile;  à  l'exergue,  rp.  M.  B. 

VETRANION 

(rroclamé  empereur  eu  350  de  J.-C.) 

2279.  DN.  VETRAMO  P.  F.  AVG.  Sou  bustc  lauré  à  droite  avec 

le  paludament. 

R.  coNCORDiA  MiLiTVM.  Vétranion  en  habit  militaire  de- 
bout à  gauche,  tenant  deux  labarums;  sur  sa  tête, 
une  étoile;  dans  le  champ,  ab;  à  l'exergue  tesa.  M.  FJ. 

DÉCENCE 

2280.  MAG.  DECENTivs  NOB.  CAEs.  Sou  busto  uu  à  droite  avec 

la  cuirasse;  derrière  la  tête,  b. 
R.  viCT.  DD.  ^'N.  AVG.  ET  CAES.  Doux  Victoiros  debont 
tenant  une  couronne  dans  laquelle  on  lit  VOT.  v. 
MVLT.  x;  dessous,  une  étoile;  à  l'exergue,  rs.  M.  B. 

2i81.  DN.  DECENTivs  NOB.  CAES.  Son  busto  uu  à  droite  avec 
la  cuirasse. 
R.  victoriae  d  d.  nn.  AVG.  ET  CAE.  Deux  Victoires  de- 
bout posant  sur  un  cippe  une  couronne  sur  laquelle 
on  lit  VOT.  V.  MVLT.  x;  à  l'exergue,  lslc.  M.  B.  Don 
de  M.  Uufour. 


—  141  — 
FLACOILLA 

I Femme  de  Théodose  1") 

228:2.     AEL.  FLACCiLLA  AVG.  Soii  buste  (li.idémé  à  droile. 

R.  SALvs  REiPVBLiCAE.  Vicloire  assise  à  droile,   écrivant 
le  monograme  du  C.hrisl  sur  nu  cippe.  P.  B.  Q. 

BIAXIME 

2283.     DN.  MAG.   MAXiMvs  P.    F.   AVG.  Soii  busle  diadème  à 
droite  avec  le  paludament. 
R.  VICTORIA  AVGG.   Maxime  debout  à  gauclic  eu  habit 
militaire,  tenant  un  globe  surmonté  d'une  Vicloire  et 
un  étendard  ;  à  l'exergue,  lvgp.  M.  B. 

HONORIUS 

2'28i.  DN.  iiONonivs  p.  f.  avg.  Son  buste  diadème  à  droite 
avec  le  paludament. 
R.  VRBS  ROMA  Fpxtx.  Houorius  en  habit  militaire  et  cas- 
qué debout  à  droile,  tenant  une  hasie,  à  droile  un 
bouclier  et  une  vicloire  sur  un  globe;  dans  le  champ, 
OFP.  P.  B. 

§  o.   —  McdaïUes  hi/zantines 

ARGADIUS 

2285.  DN.  AHCAnivs  p.  f    avg.   Son  buste  diadème  à  droite 

avec  le  paludament. 
R.  viKTVS  ROMANORVM.  Ronie  nicéphore  casquée  assise  à 
gauche,  tenant  la  hasle;  à  l'exergue,  mdps.  Ar. 

EUDOXIE 

(Femme  d'Arcadius) 

2286.  AEL.  EVDOxiA  AVG.  Son  buste  diadème  à  droite. 


—  142  — 

R.  GLORIA  ROMANORVM.  Eudoxie  de  face  assise  sur  un 
trône;  au-dessus  de  la  lêle  une  couronne;  dans  le 
champ,  une  croix.  P.  B. 

ANASTASE 

2''28'/.     DN.  ANASTASivs  P.  F.  AVG .  Sou  biiste  diadème  à  droite. 
R.  Indice  m  accosté  de  deux  étoiles  et  surmonté  d'une 
croix;  à  l'exergue,  con.  G.  B. 

JUSTINIEN    1er 

2288.  D.\.  ivsTiMANvs  v.  F.  A.   Son  buste  diadème  adroite. 
R.  Indice  i-b;  entre  ces  deux  lettres,  une  croix;  à  l'exer- 
gue, AASS.  P.  H. 

2289.  DN.  ivsTL\!Ai\"vs  P.  P.  Son  buste  diadème  à  droite. 
R.  Indice  s.  P.  B. 

JUSTIN  II  et  SOPHIE 

2'290.     Les  deux  Augustes  nimbés  assis  de  face  et  tenant  le 
sceptre;  au  milieu  une  longue  croix  sur  un  globe. 
U.  Indice  m  surmonté  d'une  croix;  dessous  r;  à  l'exer- 
gue, THSVP.    ANNO  H  M.  G.  B. 

MAURICE   TIIŒRE 

2291.  i)N.  MAVRi..    ..    Cusle  de  face  et  casqué  de  Maurice 

Tibère,  tenant  le  globe  crucigère  dans  la  main  droite. 
R.  Indice  M  surmonté  d'une  croix  ;  dessous,   b.    anno 
H  II.  G.  B. 

CONSTANT  II 

2292.  Ruste  de  face  et  diadème  de  Constant  II;  à  gauche  une 

étoile;  à  droite  c. 


—  143  — 

R.  Croix  sur  un  globe  eiilre  les  lellros  i  r  ;  à  l'exer- 
gue^ AAES.  P.  0. 

LÉON  V  et  son  fils  CO.NnTWTIN  VU 

'2'293       LEON.    CONS.    I3usle  diadème    et  de  face    des   deux 
primes. 
II.  Indice  m  surmonlé  d'une  petite  croix;  dessous  a;  à 
droite,  nnn;  à  gauche,  xxx.  M.  B. 

LÉON  VI 

2'294.     -|-  LEON  BA.SILEVS  ROM.  Ousle  de  face  et  diadème 
de  Léon  VI. 

R.  +  LEON  EH  0EO   BASILEVS  ROMEON,  en    qualTC 

lignes.  M.  B. 


'o 


CONSTANTIN  XIII  et  EUD()CIE 

2-295  EVAK.  Avrv  lou  Avra)  kont.  ak.  Constantin  XIU  de 
face  et  debout,  la  main  gauche  sur  la  poitrine  et  te- 
nant de  l'autre  une  longue  croix  posée  sur  deux  de- 
grés et  surmontée  d'un  labarum,  conjointement  avec 
Eudocie  de  face  et  debout  à  droite  de  l'empereur. 
R.  EMMANOVHA.  Le  Christ  nimbé  debout  et  adossé  à 
la  croix.  G.  B. 

HEUACLIUS  et  ses  deux  fils 
HERÂCLIUS-CONSTANITN  et  IIERACLEONAS 

:229ô.     Pas  de  légende.  Les  trois  Augustes  diadèmes  de  face  et 
debout,  tenant  chacun  le  globe  crucigère. 
R.  VICTORIA  AVGY.  H   Croix  potencée  sur  trois  degrés; 
à  l'exergue,  conob;  dans  le  champ,  le  monogramme 
d'Heraclius.  Son  d'or. 


—  U4  — 

CONSTANTIN,  POGONAT,  HERACLIUS  et  TIBÈRE 

2-297.  Légende  barbare.  Buste  de  Conslanlin-Pogonat,  le  cas- 
que en  têle,  la  hasle  sur  l'épaule  droite  et  le  bouclier 
au  bras  gauche. 
R.  Héraclius  et  Tibère  debout,  eu  robe  impériale,  tenant 
le  globe  crucigère  et  séparés  par  une  longue  croix 
sur  trois  degrés.  Globule  d'or.  Don  de  M.  le  Capitaine 
commandant  supérieur  du  cercle  d'El-Milia. 

MédailU  attribuée  à  Zimisces 

2298.  ic-xc-NL-KA  aux  quatre  contours  d'une  croix  ornée  de 

globules. 
R,  EMMANOViiA  ic-xc.  Buste  du  Christ  nimbé  adossé  à 
la  croix  et  tenant  le  livre  des  évangiles.  M.  B. 

CONSTANT  II 

2299.  coNSTAMiNvs  pp.  N.  Sou  buste  de  face  et  diadème,  te- 

nant le  globe  crucigère  dans  la  main  droite. 
R.   Dans  un   cercle  de  grênetis,   longue    croix    entre 
deux  xx;  à  l'exergue,  crts.  P.  B. 

MAURICE  TIBÈRE 

2300.  D.  MAVRic.  TiB.  PP.  AV.  Soii  bustc  de  face  et  diadème 

tenant  le  globe  crucigère. 
R,  Croix  entre  deux  points  sur  un  globe  et  dessous,  l'in- 
dice X  entre  deux  points  ;  à  gauche  et  adroite,  les  let- 
tres N.M.  P.   B. 

2301.  DN.   MWRici  P.  Buste  diadème  de  Maurice  à  gauche  ; 

dessous,  légende  illisible. 
R.  Croix  sur  deux  degrés  entre  les  lettres  n.   m.;  à 
l'exergue,  l'indice  x.  P.  B. 


—  U5  — 

2302.  DN.  MAVRi. . .  Son  buste  de  face  diadème.  •* 

R.  Dans  une  couronne  do  laurier,  indice  s  entre  deux 
points;  dessous,  le  nionograme  du  Tlirisl.  P.  B. 

JUSTIN  I" 

2303.  D  N.  IVSTINYS.  Son  busie  diadème  à  droite. 

R.  Indice  i  entre  deux  croix  dans  une  couronne;  à 
l'exergue,  con.  F.  15. 

FOCAS 

2304.  D  N.  FOCAS  PEU.   AVG .   Sou   busIc  de  face  et  diadème 

tenant  le  globe  crucigère. 
R.    Croix  cantonnée  des  lettres  f-o-c-a  et    dessous, 
l'indice  xx  entre  deux  points.  P.  B. 

HERACLIUS,  Consul 

2305.  SRACAio  coNSVLi.  Sou  buste  de  (ace. 

R.  Indice  x  accompagné  de  quatre  points  entre  les  let- 
tres n.m;  en  haut,  une  croix,  en  bas,  une  étoile. 
P.  B. 

Médailles  africaines 

SADRATA 

2306.  Buste  de  Mercure  à  gauche  couvert  du  pélase  ailé  et  de 

la  Chlamyde  ;  derrière,  le  caducée;  devant  légende 
punique. 
R.  Capricorne  à  droite  tenant  un  globe  entre  les  pieds  • 
au-dessus,  une  corne  d'abondance;  au-dessou.s,  un 
gouvernail.  M.  B. 

13 


—  146  — 

Médailles  de  la  Libye 

2307.  Tèle  d'Hercule  à  gauche  recouverte  de  la  peau  de  lion. 

R.  AiBVQN  (à  l'exergue);  un  caractère  punique  (au- 
dessus);  taureau  marchant  à  droite.  Plomb.  Mod.  8. 

CARTHÂGE 

2308.  Tète  de  Gérés  à  gauche. 

R.  Cheval  marchant  à  droite;  au-dessus,  un  astre.  Or. 

2309.  ïête  de  Proserpine  à  gauche. 

R.  Cheval  debout  à  droite;  dessous,  un  globule.  Or,  Petit 
mod. 

23iO.     Tête  de  Cérès  à  gauche. 

R.  Cheval  marchant  à  droite;  dessous,  o.  Ar.  Méd.  dent. 

2311 .  Tête  de  Cérès  à  gauche. 

R.  Cheval  debout  à  droite;  devant,  un  symbole  punique; 
dessus,  un  disque  radié  flanqué  de  deux  uréus.  G.  B. 

2312.  Tète  de  Cérès  à  gauche. 

R.  Cheval  debout  à  droite;  dans  le  fond^  un  palmier; 
devant  le  cheval  des  globules.  P.  B. 

2313.  Tète  de  Cérès  à  gauche. 

R.  Bnste  de  cheval  à  droite  ;  devant,  un  caractère  pu- 
nique. P.  B. 

2314.  Même  tète  de  Gères. 

R.  Buste  de  cheval  à  droite  ;  devant  un  caractère  puni- 
que difl'érent  du  précédent.  Plomb  de  la  dimension 
du  M.  B. 


—  147  — 

Numidie 

CIRTA 

2315.     Tête  de  femme  lourelée  à  gauche;  devant,  une  légende 

punique. 
R.  Cheval  galopant  à  gauche  ;  dans  le  fond,  un  caducée; 

dessous,  la  légende  punique.  M.  B. 
Celle  médaille  est  la  même  que  celle  qui  porte  le  n" 

1998,  mais  en  meilleur  état  de  conservation.  Don  de 

M.  Thouvenin. 

Mauritanie 

AUGUSTE  et  PTOLÉMÉE 

2310.     AVGVSTVS  Divi  F.  Tête  nue  d'Auguste  à  droite. 

R.  REX  PTOL.  (dans  le  champ  au  milieu  d'un  bandeau 
royal  noué  ta  droite)  c.  laetilivs  apvlvs  ii.  v.q.  (à 
l'entour).  P.  B. 

2317.  Tète  d'Isis  à  gauche  coiffée  d'une  dépouille  de  vautour 

et  surmontée  d'un  globe  entre  deux  cornes  de  vache. 
Un  voile,  descendant  sous  la  coiffure,  couvre  le  cou 
et  la  nuque;  derrière  la  tête,  deux  lettres  puniques. 
R.  Trois  épis  réunis  eii  bas;  à  droite,  une  lettre  puni- 
que. P.  B, 

Egypte 

LES   PTOLÉMÉES 

2318.  Tête  de  Jupiter  Ammon  à  droite. 

R.  DTOAEMAiov  BAsiAEQs.  Aigle  à  gauche  sur  un 
foudre  ;  devant  un  symbole.  B.  moyen  méd. 


—  us  — 

2319.  Même  lêle^  même  légende. 

H.  Deux  aigles  à  gauche  sur  un  foudre  ;  devant  les  ai- 
gles, une  corne  d'abondance.  G.  B. 

2320.  Tèle  de  femme  à  droite,  les  cheveux  ceints  d'un  bandeau 

et  pendant  en  longues  mèches;  même  légende. 
R.  Aigle  à  gauche  sur  un  foudre;  devant  les  aigles,  nA, 
en  monograme. 

23-21 .     Têle  de  Plolémée  Soler,  diadémée,  légide  nouée  autour 
du  cou  à  droite. 
R.  Même  légende.  Tête  de  Bérénice  à  droite,  les  cheveux 
ceints  d'un  bandeau  et  pendant  en  longues  mèches 
parallèles;  devant,  une  corne  d'abondance.  M.  B. 

Médailles  diverses 

ATHÈNES 

2322.  Têle  de  Minerve  adroite,  le  casque  orné  d'olivier. 

R.  AGE.  Chouette  de  face  dans  un  carré  creux.  B.  mcd. 

BITHYlNIE.  --  PRUSIAS  II,  roi 

2323.  Têle  de  Bacchus  ceinte  de  lierre  à  droite. 

R.  BASiLEOz  npovsiov.  Centaure,  tenant  une  lyre, 
allant  à  droite;  dans  le  champ  me,  en  monograme. 
P.  B.  épais. 

BÉOTIE 

2324.  Tête  de  Pallas  vue  de  face. 

R.  BOinTQN.  Neptune  debout  à  gauche,  le  pied  droit 
sur  un  rocher,  P.  B. 


-  U9  ~ 

COSSURA 

2325.  Tèle  de  femme  à  ciroile  couronnée  par  la  Vicloire. 

r»,  cossvRA  en  lettres  puniques  dans  une  couronne  de 
laurier.  M.  B. 

DIUM,  ville  d'Arabie 

2326.  Têle  lourelée  de  femme  à  droite. 

U,  AKS-AiON  A,  dans  le  champ  en   trois  lignes,  P.  B. 

JUDÉE,  AGRIPPA  I" 

2327.  BASiAEQi:  ArpinnA.  Parasol  orné  de  franges. 
R.  LS.  Trois  épis.  P.  B. 

ANTIOCHUS  VII 

2328 .  BASiAEfis  ANTiOKOV  EVEPPETOv.  L'ancrc  des  Séleu- 

cides. 
R.  Fleur  de  lys.  P.  H. 

LIPARI 

2329.  Tête  de  Vulcain  à  droite. 

lî.  AinAPAiON.  Dans  le  champ  six  globes  et  une  feuille? 
Médaillon  en  plomb. 

2330      Médaille  semblable  de  plus  petite  dimension. 
R.  Dans  le  champ,  trois  globes.  Plomb. 

MACÉDOINE 

(Iiiterrègue  à  306  av.  J.-C.) 

2331 .     Tête  d'Hercule  jeune  à  droite. 

lî.  BA.  Arc,  massue  et  carquois.  P.  R. 


—   150  — 

PHILIPPE  III 

233ri.     Tête  imberbe  diadéméeà  droite. 

R.  <ï>iAinnov.  Figure  nue  à  cheval  allant  au  galop  à 
droite.  P.  B.  épais. 

2333.  Même  médaille  avec  la  tête  à  gauche.  P.  B.  épais. 

MALTE 

2334.  Tète  de  femme  voilée  à  gauche. 

R.  MEAiTAiov  en  monogramme.  Trépied.  P.  B 

M ÉGARE 

2335.  MET  écrit  entre  deux  dauphins. 
R.  Proue  de  vaisseau.  P.  B.  épais. 

MYTILÈNE 

2336.  Tête  de  femme  à  droite. 

R.  MVTi.  Lyre  formée  d'un  crâne  de  bœuf.  P.  B.  épais. 

Monnaie  Cellibérienne 

2337.  Tête  casquée  d'homme  à  droite. 

R.  Cheval  ailé  à  droite,  dessous  légende  celtibérienne. 
G.  B. 

TÉGÉ 

(  Ville  de  la  ligue  Achéeiiiie) 

2338.  Tête  laurée  de  Jupiter  à  droite. 

B.  TEGE  ACiiAiON  en  monogramme  dans  une  couronne  de 
laurier.  Ar. 

Médaille  Koufique 

2330.     Celle  médaille  porte  des  inscriptions  dont  quelques  par- 
lies  sont  peu  lisibles. 


—  151  — 

M.  Ricol,  interprèle  principal  à  rÉIal-major  lie  la  Division  île 
Conslantine,  qui  a  fait  des  études  spéciales  sur  l'écriiuro  koufi- 
que,  a  examiné  la  pièce  et  voici latraduction  des  mots  qu'il  a  pu 
lire,  les  renseignements  qu'il  a  pu  se  procurer,  grâce  à  ses  cou- 
naissances  particulières,  et  qu'il  a  bien  voulu  nous  communiquer. 

4  La  médaille  est  du  règne  de  l'Alabek  Mahmoud,  fds  aine 
d'Omadeddin  ou  Imadeddin  Zenghi,  portant  le  double  surnom 
d'El  Malik  el  Adel  (le  roi  juste)  et  de  Noureddin  (le  flambeau  de 
la  Foi),  sultan  de  Syrie  et  d'Egypte  (lliO-l  174),  le  Noureddin 
des  croisades.  » 

Les  inscriptions  dont  se  compose  la  légende  sont  en  caractè- 
res koufiques,  d'un  style  médiocre. 

La  première,  gravée  sur  la  face,  se  délache  admirablement; 
elle  indique  le  nom  el  le  titre  du  souverain  :  noureddin  atabek. 

Le  mol  Atabek  signifie  père,  seigneur,  suivant  d'Ilerbelol,  et 
même  sultan  d'après  Ibn-Toula 

La  seconde,  inscrite  sur  le  revers  et  formant  la  bordure  de  la 
médaille,  a  subi  de  graves  altérations  et  parait  peu  lisible. 

La  troisième,  tracée  sur  la  bande  médiale,  est  confuse,  mais 
on  y  distingue  les  mois  Prince  excelle  ni,  souverain  illiislré  par 
la  gloire  religieuse ? 

La  quatrième  occupe  le  centre  el  ressort  nettement  avec  le 
sens  suivant  :  Défenseur  de  la  religion,  Commandeur  des  croyants. 

La  personnage  gravé  en  relief  sur  la  face  est  assis  de  face,  les 
jambes  croisées  à  la  manière  des  Turcs,  tenant  de  la  main  droite 
un  sabre  passé  en  travers  derrière  la  tèle,  et,  de  la  main  gauche, 
une  tête  humaine  suspendue  par  les  cheveux. 

Celte  image  donne  lieu  à  une  remarque  :  un  ancien  manuscrit 
arabe  (Cosmographie  illlistrée  de  Kazouini)  que  j'ai  eu  entre  les 
mains  représente  la  planète  Mars  sous  les  traits  d'un  prince  in- 
dien ou  persan  et  dans  l'attitude  du  sujet  qui  orne  la  médaille. 

J'ignore  si  les  personnages  sont  identiques^  mais  le  rappro- 
chement mérite  d'être  signalé. 


152 


Dans  ce  même  manuscrit  la  constellation  de  Persée  est  repré- 
sentée aussi  par  un  guerrier  brandissant  d'une  main  un  sabre  et 
de  l'autre  la  tête  de  Méduse  ;  seulement,  Persée  est  debout  et  le 
visage  de  la  Gorgone  porte  les  attributs  de  la  Vénus  barbue. 

Deux  médailles  semblables  à  celle  du  musée  sont  gravées  dans 
un  ouvrage  intitulé  Descriplioii  de  l'Egypte.  —  Étal  moderne, 
tom.  2,  pi.  h  —  elles  portent  les  n  »  125  et  d26,  mais  on  ne 
trouve  dans  le  texte  de  l'ouvrage  aucun  ilélail  descriptif  de  ces 
pièces.  Les  gravures  sont  mauvaises,  les  légendes  frusies,  abso- 
lument illisibles.  C'est  avec  beaucoup  de  difficulté  que  M.  Uicot 
est  parvenu  à  établir  plutôt  qu'à  lire  le  nom  de  Moureddin  écrit 
sur  les  faces. 

Notre  médaille,  bien  que  médiocre,  est  mieux  conservée.  Elle 
est  en  bronze  et  revêtue  d'une  couclie  d'argent. 

C'est  un  type  faux  qui  me  remet  en  mémoire  un  fait  défausse 
monnaie  rapporté  dans  l'histoire  des  croisades,  par  M.  Michaud 
au  sujet  du  siège  de  Damas  (2^  croisade),  dans  lequel  Moureddin 
joua  un  rôle  important. 

2310.  Monnaie  d'or  en  caractères  koufiques;  M.  P»icot  estime 
que  cette  pièce  est  du  X"  siècle  ;  mais  les  légendes 
sont  peu  lisibles. 

2341.  Deux  monnaies  ou  jetons  en  verre  à  inscriptions  koufi- 

ques, paraissant  remonter  à  l'époque  de  Noureddin. 

Observations 

Les  pièces  qui  suivent  ne  sont  pas  à  leur  place  dans  un  cata- 
logue de  médailles  antiques. 

Je  les  insère  néanmoins  pour  mémoire  et  dans  l'intérêt  de  leur 
conservation  dans  l'avenir. 

2342.  Amulette,  talisman  arabe  :  feuille  d'or  pesant  environ  5 

grammes,  ronde,  mais  surmontée  d'une  partie  défor- 
me ovale  et  portant  un  anneau  de  suspension. 


—  153  — 

Chaque  face  est  surmontée  de  yatagans  disposés  en  guirlan- 
dais  circulaires  en  relief. 

On  y  lit  deux  inscriptions  arabes;  d'un  côté;  Ceque  Dieuveutj 
expression  de  résignation  aux  peines  que  nous  envoie  la  Provi- 
dence; del'aulre:  0  ProlecleurI  invocation  adressée  à  Dieu 
contre  un  danger,  une  tentation,  etc.  (ïraduclion  et  inlerpréla- 
tion  de  M.  Ricot.) 

SSIB.  iMonnaie  espagnole  :  Ferdinand  V,  le  catholique,  et  sa 
femme  Isabelle^ 
FERDiNANDVS  ET  ELiSABET.  Bustos  du  roi  el  de  la  reine 
placés  face  à  face,  les  lèles  couronnées  el  surmontées 
d'une  pelile  croix.  Dans  le  champ,  s. 
R.  SVB  VMBnAS  ALAiwM  T.  Armoiries  sur  lesquelles  res- 
sort, parmi  diverses  ornementations,  une  tête  d'oi- 
seau paraissant  être  celle  d'un  aigle.  Or. 

2344.     Poids  de  la  ville  de  Toulouse,  sous  forme  de  médaillon 
en  bronze. 
Sur  un  côté  est  écrit  en  languedocien,  meio  cartaro; 

sur  l'autre,  an.  m.  ccxxxviiii. 
Demi-quarteron  de  l'an  1-239. 
Sur  les  laces  figurent  deux  monuments  en  relief;  l'un  repré- 
sente Saint-Servin,  l'antre  une  tour  célèbre,  d'après  les  rensei- 
gnements qu'a  bien  voulu  nous  fournir  M.  Chabouillet,  conser- 
vateur des  Antiques  à  la  Bibliothèque  nationale. 

Dalle  à  empreinte  de  pied  humain 

Il  existe,  depuis  peu,  au  Musée  de  Constantine  une  dalle  rec- 
tangulaire en  terre  cuite,  très-dure,  présentant  l'empreinte  d'un 
pied  humain;  elle  a  été  trouvée  dans  des  ruines  à  l'Est  de  la 
province  et  offerte  par  un  médecin  de  la  ville. 

V Indépendant  du  1"2  septembre  1880,  sans  d'ailleurs  faire 

14 


—  \u  — 

allusion  à  l'empreinle  de  cette  dalle  qu'il  n'a  pas  vue,  annonce, 
sous  la  rubrique  de  «  Les  reliques  de  Mahomel  ï>,le  fait  suivant  : 

«  Une  des  principales  fêles  de  l'Islam,  l'adoration  des  reliques 
de  Mahomet,  a  eu  lieu  à  Constanlinople  le  21  août. 

«  Ce  jour  est  le  quinzième  du  Ramadam. 

%  Les  reliques  du  Prophète  se  composent  de  son  manteau,  de 
sa  barbe  brune  qui  a  trois  pouces  de  long,  d'une  de  ses  dents  de 
devant  et  de  Vempreinte  de  son  pied  sur  une  dalle  carrée. 

(t  Le  Sultan,  continue  le  journal,  accompagrié  de  toute  sa  (!our 
et  d'Ulénias,  est  venu  s'agenouiller  devant  ces  objets  sacrés, 
qu'il  a  portés  à  ses  lèvres  à  plusieurs  reprises.  Après  la  lecture 
de  la  vie  de  Mahomet,  Abdul-Hamid  s'est  retiré  dans  une  cham- 
bre où  il  est  resté  seul  à  lire  le  Coran  et  ii  dire  des  prières,  sept 
heures  de  suite.  » 

11  n'y  a  évidemment  aucun  rapport  entre  ces  deux  empreintes, 
mais  puisqu'elles  ont  une  certaine  analogie,  pourquoi  ne  la  si- 
gnalerai-je  pas? 

§  '^.  —  Lampes  et  autres  objets  en  terre  cuite 

La»ipe  en  argile  rouge.  Le  sujet  qui  en  fait  l'ornemement  rap- 
pelle un  fait  de  l'époque  de  Moïse.  On  voit  dans  l'écusson  deux 
hommes  portant  sur  un  levier  une  énorme  grappe  de  raisin. 

On  sait  que  Moïse  envoya  du  désert  de  Pharan  des  explora- 
teurs dans  la  terre  Chanaan  avec  mission  d'examiner  l'état  du 
pays  et  de  revenir  rendre  compte  en  rapportant  des  fruits. 

Voici  entre  autres  détails  de  ce  voyage  ce  qu'on  lit  dans  une 
bible  imprimée  au  xyi^  siècle,  chap.  XUI,  Des  JSombres,  ver- 
sets 24  et  25. 

ï  Les  espies  (espions)  vendirent  jusqu'au  lorrêl  de  la  grappe 
et  coupèrent  une  grappe  avec  son  raisin,  laquelle  deux  hommes 
portèrent  avec  un  levier  et  apportèrent  aussi  des  grenades  et  des 
figues  de  ce  lieu,  lequel  fut  appelé  Nehesbscol,  c'est-à-dire  le 


-  155  — 

torrent  de  la  grappe  que  les  enfants  d'Israël  a\>porlèrenl  de  là.  » 
Celle    lampe  a  été  trouvée   dans  un  tombeau  à  Enchir-Nini, 
cercle  d'.\ïn-Heïda,  et  offerte  au  Musée  par  M.  Mounier,  lieute- 
nant d'Elat-Major. 

4'8'2.  L.vMPE  de  l'époque  chrélienue;  dans  le  champ,  un  ca- 
valier courant  à  droite. 

-iSS.  Lampr  ronde  en  terre  rouge.  Sujet  :  un  lion  et  un  cro- 
codile. I/allitude  de  ces  animaux  indique  une  lutte.  Sous  la 
lampe  est  écrit  ivmai.exi  ;  elle  [trovient  de  la  succession  de 
M   Luc,  maire  de  (lonslanline,  décédé. 

ASA.  LvMPK  en  terre  rougeàlre  :  Un  homme  armé  d'un  pieu 
et  un  chien  courant  à  gauche. 

•485.  Tète  d'enfant  vue  de  face  dans  une  double  couronne. 

48().  Cheval  ailé  passant  à  droite. 

487.  Deux  personnages  debout  (reliefs  usés). 

488.  Tète  de  femme,  coiffure  ornementée. 

489.  Lion  courant  à  gauche. 

490.  Personnage  nu,  tenant  un  bâton  e(,  sur  le  bras  gauche, 
un  objet  qui  parait  être  une  peau  de  lion. 

491 .  BûXEUfî,  nu,  de  face,  d'une  vigoureuse  conformation;  les 
mains  sont  munies  de  gantelets  armés  de  pointes  et  fixés  à  l'a- 
vant-bras  à  l'aide  de  courroies. 

491  bis.  Lampe  en  terre  blanchâtre  dont  l'anse  es!  une  tête 
de  cheval.  Don  de  M.  Farge,  lieutenant  au  Bureau  arabe  de 
Tébessa. 

Nous  donnons  sommairement  la  description  des  lampes  com- 
prises entre  les  n»»  492  et  505  bis;  elles  sont  gravées  et  chacune 
d'elles  représente  le  type  du  groupe  de  lampes  â  peu  près  sem- 
blables dont  elle  fait  partie. 

492.  Lampes  en  terre  légère  de  forme  élégante,  avec  ou  sans 


—  156  — 

anse,   ornées  do  volutes  et  de  cercles;  de   chaque  côlé,    un 
orcillon. 

493.  Lampe  unique  do  son  espèce  ;  la  partie  supérieure, 
bombée  en  forme  de  demi-globe,  est  garnie  de  créneaux. 

494.  Lampes  en  lerro  rouge  vernissées  en  vert;  le  dessus  est 
percé  do  trous  triangulaires  dont  l'ensemble  imile  la  forme  du 
fer  à  cheval. 

495.  Lampe  à  ornemenlalion  semblable  cl  de  forme  diffé- 
reule;  un  petit  oreillon. 

496.  Lampe  cylindrique  munie  d'un  goulot  brisé  et  d'une  anse. 

497.  Autre  lampe  semblable  avec  anse  et  bec  allongé. 

498.  Lampe  surmontée  d'un  goulot  de  forme  Ironconique. 

499.  FnAGMEîST  dk  lampe  plate  à  bords  évasés. 

500.  Lampes  à  surface  convexe  avec  rainures  dirigées  du  cen- 
tre à  l'extérieur. 

501 .  Lampes  ornées  de  guirlandes  et  de  cercles. 

502.  Lampes  avec  filets  en  relief  de  forme  polygonale. 

503.  Lampe  ronde  avec  anse  plate. 

504  .  Lampe  à  surface  plaie,  une  anse  et  deux  oreillons. 

505.  Lampe  en  terre  rouge  sans  goulot,  anse  massuée,  bec 
brisé. 

505  bis.  Lampes  en  terre  noire  ornées  de  symboles  divers. 

500.  Assiette  en  argile  rouge  à  bords  verticaux  ornés  exté- 
rieurement de  guirlandes;  on  lit  dans  le  fond  lyf.  Collection  de 
M.  Luc. 

507.  Assiette  semblable  sans  ornementation  avec  le  mono- 
gramme SA.  Mê'ne  prover-auce. 

508.  Autre  assiette  en  terre  rouge  trouvée  dans  un  sarco- 
phage près  d'Heidra  iTunisie).  Don  de  M.  Julien,  lieutenant  au 
3e  Tirailleurs. 


—  157  — 

509.  GuTTUS  en  argile  de  forme  élégante.  Don  de  M.  Lemaire. 

510.  Fragment  d'aise  DE  va.se  en  terre  cuite,  portant  une 
lête  de  sphinx.  Den  de  la  Société  archéologique  :  fouilles  de 
Tigisis. 

511.  rîniQUE  à  rebords,  forme  de  trapèze.  Longueur  0'iiG3; 
largeur  :  grand  côté  0"'53,  petit  côté  0'"34;  hauteur  des  rebords 
0"'07  ;  épaisseur  des  rebords  0'"04. 

Sur  la  face  supérieure,  dans  une  empreinte  circulaire  de  11  cen- 
timètres et  demi  de  diamètre,  on liten  gros  caractères  vicciana  de 
DGVLiMS.  Dans  le  demi-cercle  formé  par  cette  inscription  il  y 
a  une  palme  et  les  deux  mots  CA^VLIAE  ciusplnae,  si  nous 
lisons  bien, car  les  deux  derniers  mots  sont  en  partie  effacés. 

Recueillie  dans  des  fouilles  faites  à  Philippeville  et  offerte  au 
Musée  par  M.  le  docteur  Reboud. 

Sur  une  brique,  qui  existait  déjà  au  Musée,  on  lit  le  fragment 
d'inscription  :  c.  vicci. 

b\^2.   Dalle  en  terre  cuite  revêtue  du  monogramme  du  Christ. 

§  3.  —  Sculpture 

513.  Statue  en  marbre  blanc  représentant  une  femme  enve- 
loppée de  la  tête  aux  pieds  ilans  un  long  voile. 

C'est  un  beau  morceau  de  sculpture  et  une  rareté  au  point  de 
vue  de  la  conservation  qui  est  parfaite.  Dans  ce  pays,  on  trouve 
fréquemment  des  fragments  de  statues,  des  torses,  des  tèles, 
mais  rarement  des  statues  entières. 

Représenle-t-elle  la  Pudeur,  est-ce  le  portrait  d'une  femme 
mariée,  d'une  impératrice?  Nous  laissons  à  de  plus  compétents 
que  nous  le  soin  de  le  décider. 

Le  type  a  beaucoup  d'analogie  avec  celui  de  la  statue  de  fem- 
me mariée  tirée  d'un  bas-relief  romain  représentant  une  noce 
el  reproduite  par  Hich,  nu  mot  niUa,  dans  son  dictionnaire  des 
antiquités  romaines. 


—  158  ~ 

C'est  M.  Dufour,  ancien  officier  du  Bureau  arabe  et  ntieniljre  de 
la  Société  archéologique,  qui  a  fait  la  découverte  de  la  statue, 
à  Djemila. 

Elle  a  été  transportée  à  Constantine  par  les  soins  de  M.  le 
Général  commandant  la  division  et  installée  au  Palais. 

514.  Tête  OE  FKMMt',  en  marbre,  trouvée  dans  une  maison 
romaine  de  l'ancienne  Theveste  au  milieu  de  nombreux  frac- 
menls  de  statues  et  d'inscriplioiis  qui  font  supposer  que  celte 
maison  était  celle  d'uu  sculpteur.  Don  de  ,M.  l'abbé  Delapard. 

515.  Tête  de  femme.  La  chevelure  arlistement  arrangée  est 
fixée  an-dessus  de  la  lôte  par  un  large  nœud.  Haut.  0'»26. 

516.  FuAGMENT  DE  MARBRE  rcpréseulanl  un  sphinx. 

517.  Fragment  d'une  grande  statue  dont  il  ne  reste  que  la 
jambe  gauche,  un  globe  et  une  corne  d'abondance. 

518.  Tête  DE  FEMME  remarquable  par  renchevêlrement  des 
cheveux  ;  les  mèches  relevées  et  repliées  sur  elles-mêmes  au- 
dessus  de  la  tête,  forment  une  sorte  d'édifice  approchant  de  la 
couronne  murale.  Haut.  0™15. 

5(9.   Main  en  marbre,  tenant  un  rouleau. 

5'20  Fracment  de  marbre  re[)réseii!ant  un  dauphin  dévorant 
un  poulpe. 

5a! .   SrAruE  d'adolescent  en  marbre.  Il  reste  une  partie  des 

jambes,  le  torse  et  le  bras  gauche.  Il  n'y  a  d'autre  vêlement  que 

la  chliiniys  ou  manteau  court;  la   main  gauche  esl  appuyée  à  la 

hanche  et  l'extrémité  du  vêtement  est  ramenée  sur  l'avant-bras. 

Haut.  0'"50 

52-2.  Toi'.SE  DE  JEU.\E  HOMME  cu  marbre  trouvé  récemment, 
rue  Nationale,  dans  les  subslructions  de  la  maison  construite 
par  M.  Valette. 


—  159  — 

Un  moulin  romain  en  pierre,  i)ien  conservé,  a  élé  découvert 
au  même  endroit. 

523.  Têtic  de  femme  diadémée.  Le  nez  et  le  menton  soiil  lé- 
gèrement mutilés. 

§  4.   —  Objets  en  bronze  et  autres  métaux 

525.  Statuette  en  bronze  représentant  un  homme  parais- 
sant êlre  dans  Tatlilude  de  l'uraleur.  La  toge  est  son  unique  vê- 
lement -,  elle  passe  de  l'épaule  gauche  sous  l'aisselle  droite,  lais- 
sant à  nu  la  poitrine  et  le  bras  droit.  C.  Costa. 

5-25  bis.  î-AiMiM-:  en  bronze  à  forme  de  pied  humain  portée 
par  un  dragon  formant  l'anse.  Le  pied  repose  sur  le  sulen  ou 
sandale  consistant  en  une  semelle  placée  sous  la  plante  et  aîla- 
chée  sur  le  cou-de-pied  et  au  bas  de  la  jambe  par  un  double 
cordon.  Long.  0'nl8,  haut.  0'"03.  Elle  faisait  partie  de  la  collec- 
tion de  feu  M.  Costa. 

526.  Débris  de  statue  en  bronze  découverts  dans  le  cercle 
d'El-Milia,  par  M.  le  Capitaine  Didier,  commandant  supérieur,  et 
offerts  par  M.  le  Général  Carteret-Trécourt. 

5'27.  Tête  DE  PAVOT  en  bronze.  Le  pavot  est  un  attribut  du 
."^ommeil  et  de  Morphée. 

Cet  objet,  trouvé  avec  des  ossements  humains  dans  une  urne 
au  Coudiat-.\ly,  est  une  lampe  funéraire.  Long.  0'"095. 

{)28.  Petite  lami'e  en  bronze.  L'anse  évidée  en  forme  d'an- 
neau est  recouverte  et  dépassée  par  un  appendice  en  forme  de 
cœur. 

529.  Petit  vase  cylindrique  en  bronze  orné  extérieurement 
de  moulures  en  relief.  Haut.  O^'OG. 

530.  Vase  sphérique  en  cuivre.  Diamètre  0'"07. 

531 .  Hache  en  fer  provenant  des  fouilles  des  bains  de  Pom- 
peianus.  Don  de  la  Société  archéologique. 


-   160  — 

53!2.  Tuyau  romain  en  plomb  trouvé  dans  les  fouilles  de  la 
rue  Nationale  et  donné  par  M.  David  Narboni. 

53'2.  Tête  DE  LANCE  en  fer  trouvée  à  Dra-el-Misan  dans  un 
tombeau  qui  conlenait  entre  autres  objets  une  médaillle  de  Marc- 
Aurèle.  Don  de  M.  Chabassière,  instituteur  à  Dra-el-Misan, 

534.  Autre  tête  de  lance  en  fer  recueillie  dans  les  fouilles 
faites  par  les  soins  de  la  Société  archéologique  dans  l'enceinte 
de  l'ancienne  ville  de  Tigisis. 

535.  Ciseau  à  froid. 

536.  Burin. 

537.  Lame  de  poignard,  fragments  de  lames  et  démanches 
pour  armes  et  ouiils. 

538.  Ci.ous  de  construction  de  divers  modèles. 

539.  Clef  en  cuivre. 

540.  Bracelet  en  argent. 

540  bis.  Petite  bague-  en  bronze. 

541.  Poids  en  bronze  (perpendiculum)  destiné  à  tendre  un 
fd  à  plomb. 

Tous  ces  objets  proviennent  des  fouilles  de  Tigisis, 

542.  Romaine  découverle  dans  des  fouilles  faites  aux  environs 
de  Conslanline.  Ellea  été  oflerle  par  M.  Delacroix,  président  du 
Tribunal  civil,  qui  l'avait  acquise  de  la  succession  de  M.  Costa. 

§  5.  -•   Objets  divers 

543.  Bras  de  statuette  en  os  calciné. 

544.  Pltit  buste  de  femme  en  os  bien  conservé;  les  cheveux 
sont  ondulés  et  forment  chignon  derrière  la  tête.  Le  fragment 
de  tige  tronconique,  qui  fait  suite  au  busie,  indique  que  l'objet 
était  une  épingle. 


—  161  — 

545.  Deux  figurines  en  os  calciné;  elles  sont  placées,  l'une 
assise  portant  la  main  droite  à  la  bouche,  l'autre  debout  et  sans 
tête  sur  la  corniche  d'une  colonnetle  dont  il  ne  reste  que  le  cha- 
piteau ;  c'est  probablement  aussi  un  fragment  d'épingle. 

54G.  Masque  en  os  calciné. 

547.  Etui  en  os  garni  de  moulures  et  de  petits  cercles.  Le 
pourtour  extérieur  des  deux  orifices  est  évasé  en  deux  points 
opposés.  Haut.  0'"ll  X/'i. 

548.  Objet  de  même  nature  en  forme  de  colonnette.  Haut. 0™09. 

549.  Deux  jetons  en  os  dont  un  est  calciné. 

550.  Moitié  de  sphère  en  os. 

551.  Tige  en  os  découpée  en  deux  lamettes  creusées  en  ma- 
nière de  canal  et  disposées  de  façon  que  le  côté  convexe  de 
l'une  est  du  même  côté  que  la  partie  concave  de  l'autre  et  réci- 
proquement. 

Il  est  difficile  d'indiquer  l'usage  de  cet  instrument  ;  c'est  peut- 
être  un  genre  de  strigile.  Long.  O'"!^  i/2. 

552.  Tige  cylindrique  en  os  composée  de  plusieurs  parties 
réunies  par  tenons  et  mortaises.  Des  trous  sont  pratiqués  de  dis- 
tance en  distance,  tout  le  long  de  la  lige,  mais  l'extérieur  est 
massif. 

553.  Poinçon  en  os.  Haut.  0'"09. 

554.  Passe-lacet  en  os;  le  trou  à  la  forme  d'un  carré  long. 

55b.  Fragment  de  plaque  en  ivoire  avec  reliefs  en  forme  de 
feuilles. 

556.  Petite  hachette  en  pierre  noire. 

557.  Petit  miroir  rectangulaire  avec  la  monture  composée 
de  lames  minces  en  os  taillées  en  biseau  pour  le  raccordement 
des  angles. 

Ce  miroir  a  été  trouvé  dans  une  urne  cinéraire  qui  contenait 
aussi  une  feuille  d'or,  forme  losange. 

15 


—  162  — 

558.  Pfigne  en  Lois  à  double  rangée  de  dents,  celles  d'un  côté 
étant  plus  fines.  Le  corps  du  peigne  est  découpé  à  jour.  Don  de 
M.  Claris. 

559.  UuNK  cinéraire  en  pierre^,  trouvée  au  faubourg  Saint- 
Jean. 

■  560.  Grain  DE  COLLIER  en  verre  émaillé,  provenant  de  Thigisis. 

56{.  Projectile  en  grès.  Même  provenance. 

562.  Deux  stafulïtes  en  bronze  représentant  le  dieu  Osiris. 
(Envoi  d'Egypte.) 

563.  Pot  à  parfums  en  verre  blanc^  de  forme  cylindrique, 
orné  de  fleurs.  Une  moulure  circulaire  en  relief  maintenant  le 
couvercle. 

Ce  vase  a  été  trouvé  dans  une  urne  cinéraire  en  verre,  enfer- 
mée elle-même  dans  un  augel  en  pierre  au  Coudiat-Aty,  dans 
la  propriété  de  M.  Claris  qui  l'a  offerte  au  musée.  Dans  l'urne  il 
y  avait,  en  outre,  un  peigne  en  bois,  un  petit  vase  en  terre  cuite 
et  des  fils  d'or  mêlés  à  des  ossements. 


MÉDAILLES 

FAISANT  l'AUTIE 

DE    LA    COLLECTION   DE   M.    J.    CARBONNEL 

Membre  de  la  Société  archéologique 


FAMILLK  AEUILIA 

i  .     l'AVLvs  LtriDvs  coNcoPvDiA.  Tête  diatlémée  et  voilée,  de  la 
Concorde  à  droite. 

R.  TER,  PAVLVS.  Paul-Emile  attachant  un  trophée  à  un  ar- 
bre devant  lequel  on  voit  Fersée,  les  mains  liées  der- 
rière le  dos,  et  ses  deux  enfants.  Ar. 

(iCtte  médaille  frappée  vers  54  av.  J.-('.  rappelle  la  défaite 
de  Pei'sée,  dernier  roi  de  Macédoine.  Paul-Emile  le  me- 
na avec  ses  deux  fils  à  la  suite  de  son  char  de  triomphe. 

FAMILLE  ANTONIA 

2.  ANT.  AVG.  m.  vm.  H.['.c.  Galère  prétorieune. 
R.  LEG.  M.  Aigle  entre  deux  enseignes  militaires. 

Même  légende  et  même  type. 
R.  LEO.  xxiii.  Même  type. 

FAMILLE  C.ECILIA 

3.  Q.  METEL.  Pivs.   Tèlo  lauréc  et  diadémée  de  Neptune  à 

droite. 
R.  sciPio  iMP.  Éléphant  marchant  à  droite.  Ar. 


—  164  — 

4.  ROMA.  Tôle  de  Pallas  à  droite  avec  le  casque  ailé;  de- 

vant, X. 
R,  c.  METELLVS.  Figure  couronnée  par  la  Victoire  dans  un 
bige  d'éléphants  à  gauche,  dont  l'un  a  une  clochette  au 
cou.  Ar. 

FAMILLE  DURMIA 

5.  CAESAR  AVGVSTVS.  Tête  nue  d'Octave  à  droite. 

R.  w.  DVRMivs  III.  YiR.  Sanglier  percé  d'une  flèche.  Ar. 

FAMILLE   PL/ETORIA 

6.  CESTiANVs.  Tète  tourelée  de  Gybèle  à  droite;  devant,  un 

globe;  le  tout,  dans  un  collier. 
R.  M.  PLAETORivs  AED.  cvii .  EX.  s.c.  Ghaise  curule  dans 
un  collier.  Ar. 

FAMILLE   SÉPULLIA 

7.  CAESAR  DiCT.   PERPETVO.   Tête  laurée  de  Jules   César  à 

droite. 
R.  SEPVLLivs  MACER.  Vénus  debout  à  gauche  tenant  une 
Victoire  et  la  haste,  au  bas  de  laquelle  est  un  bouclier. 
Ar. 

AUGUSTE 

8.  CAESAR  AVGVSTVS.  Sa  tête  nue  à  droite. 

R.  OB  CIVES  SERVATOS.  Dans  une  couronne  de  chêne.  Ar. 

TRAJAN 

9.  IMP.  CAES.  NERVAE  TRAIANO  AVG.  GER.  DAC.  P. M.  TR.  P.  COS. 

V.  P.P.  Son  buste  lauré  à  droite  avec  l'égide. 
R.  s.p.  Q.R.oPTiMO  PRiNciPi.  S.C.  La  paix  assise  à  gauche, 
tenant  une  branche  d'olivier;  à  ses  pieds,  un  dace  à  ge- 
noux, tendant  les  mains.  G.  R. 


465 


AELIUS 

\0.     L.  AELivs  CAESAR.  Sa  lêle  nue  à  droite 

R.  TR.  TOT.  COS.  II.  s. G.   L'Espéraiice  inarchaiU  à  gau- 
che, tenant  une  fleur  el  relevant  sa  robe.  G.  B. 

ANTON  IN 

11.     ANTONiNVS  AVG.  pivs  P.P.  i.MP.  II.  Sa  lè(e  lauréc  à  droite. 
R.  LiB.  VIII  (dans  le  champ)  p. m.  rn.  pot.  xxi.  cos.  im. 
s. G.  La  Libéralité  debout  à  gauche,  tenant  une  lessère 
et  une  corne  d'abondance.  G.  B. 

C0NT()Rl\1ATË   D'ANTONIN 

■J2.     AMONiiNvs  AVG.  PIVS  PP.  TR .  P.  COS.  III.  Sa  tête  laurée  à 
droite  avec  l'égide;  devant,  une  palme  incuse. 
R.  Deux  femmes  lourelées,   un  guerrier,  quatre  sphiiu  et 
deux  fleuves.  B.  M.,  module  J  l  1/2. 

CARACALLA 

13.     LMP.  ANTONINVS  AVG.  Son  buslo  jouue  lauré  à  droite  avec 
le  paludament. 
R,  FiDES  MiLiTVM.  La  Foi,  de  face,  regardant  à  droite,  te- 
nant un  étendard  et  une  enseigne.  Ar. 

ORBIANE 

\i.     s.a.L.  BARCiA  ORBiANA  AVG.  Sou  busle  diadème  à  droite. 
R.  CONCORDIA  AVGVSTor.vM  s.c.  Alexandre  debout  à  droite, 
donnant  la  main  à  Orbiane  debout  et  tenant  un  livre. G.  B. 

MAMÉE 

15.     IVLIA  MAMEA  AVGVSTA.  Son  busto  diadème  à  droite. 

R.  IVNO  AVGVSTAE  S  c.  Jiiiion  assisc  à  gauche,  tenant  une 
fleur  et  un  enfant  emmaillotlé.  G.  B. 


—  166  — 
TRÉBONIEN  GALLE 

16.  IMP.  CAES.   C.  VIBIVS  TUEBOMIANVS  GALLVS  AVG.    Soil    buSte 

lauré  à  droite  avec  le  paludaineiit. 
R.  l'.M.  TR.  r.  iiii.  COS.   II.  p.r.   s.c.  Trébonien  Galle 
debout  à  gauche,  saccifianl  sur  un  trépied  allumé  et  te- 
nant un  sceptre  court.  G.  IL 

DIOCLÉTIEN 

17.  D.N.  DiocLETiANO  AET Son  busle  lauré  à  droite  avec 

le  manteau  impérial,  tenant  un  sceptre. 

R.  SECVRiT  l'ERP La  Sécurité  debout  à  gauche,  les 

jambes  croisées,  posant  la  main  droite  sur  sa  tête  et  ac- 
coudée à  une  colonne  sur  laquelle  est  un  sceptre  trans- 
versal. M.  B. 

CONSTANCE    CHLORE 

18.  BIP.  coiNSTAMivs  AVG .    Sou  buste  lauré  à  gauche  avec  la 

cuirasse. 
IL  GENio  POPVLi  ROMAN!.  Géiiie,  à  demi-nu,  debout  à  gau- 
che, coiffé  du  nwclius,  tenant  une  palôre  et  une  corne 
d'abondance;  à  ses  pieds,  à  gauche,  un  autel  allumé  en 
forme  de  candélabre;  dans  le  champ,  une  étoile;  à 
l'exergue,  plc.  M.  B. 

CRISPE 

19.  CRispvs  NOB,  CAES.  Sa  tête  laurée  à  droite. 

R.  ARVM  NOS  VM  NOSTRORVM  {sic}  aulour  d'une   couronne 
de  laurier  dans  laquelle  on  lit  vot.  v.  V.  B. 

CONSTANTLN  II 

20.  CONSTANTINVS  IVN.  NOD .  CAES.  Son  buste   lauré  à  droite 

avec  la  cuirasse. 


—  167  — 

R.  CLARiTAS  AVGVSTORVM.  Le  Soleil  radié  debout  de  face 

regardant  à  gauche,  levant  la  main  et  tenant  un  globe  ; 

dans  le  champ,  tf  ;  à  l'exergue,  btu.  P,  U. 

I,e  lypo  du  Soleil  gravé  sur  celle  médaille  se  trouve  dans 
Miounet  et  CoIilmi  avec  la  légende  claiutas  luai'VDLiCAK 
ou  UKii'VB.,  mais  je  ne  l'ai  vu  nulle  part  avec  la  légende 
CLAIUTAS  AVGVSTOiiVM  Irès  lisiblc  sur  la  médaille  dont 
je  m'occupe. 

-21 .     Même  légende.  Son  busle  lauré  à  droite  avec  le  paluda- 
ment  et  la  cuirasse. 
H.  DOMiNOKVM  NOSTUonvM  C'.ESS.  aulour  d'une  couronne 
de  laurier  dans  laquelle  on  lit  vot.  v;  à  l'exergue,  pt.  P.  15. 

Monnaie  byzantine 

IIÉRACLIUS,  Consul 

2'2.     DN.  FRACLivs  coNSVL.  Bustc  de  face  et  barbu  d'Heraclius, 
tenant  un  sceptre  terminé  par  un  croissant. 
R.  Dans  une  couronne,  indice  x.x  entre  une  étoile  et  la 
lettre  e;  au-dessus,  une  croix;  à  l'exergue,  kuts. 

Médaille  de  la  Cijrénaique 

PïOLÉMÉE 

23      Tête  de  Minerve  à  droite. 

R.  nTOAEMAiov  BAsiAEnz.  Aigle,  les  ailes  déployées, 
à  gauche  sur  un  foudre.  B.  Méd. 

CONSTANCE  II 

24.  DN.  CMP.  r.EPARATio  (sic).  Son  buste  diadème  à  droite  ; 
derrière  la  tête,  a. 
FEL.  TE.  DT.  coNSTANTivs.  P.  (sic).  Soldat  en  fureur  à  gau- 
che et  poussant  du  pied  un  ennemi  qui  tient  un  bouclier 
et  est  tombé  par-dessus  son  chevalet  lâchant  de  se  tenir 
à  sa  crinière;  à  terre  un  bouclier;  à  l'exergue,  étoile,  tsa. 


-.  108  — 

Médaille  de  Cirla 

25.  Têlede  femmeloureléeà  droite;  derrière,  légende  punique. 
R.  Deux  épis  dressés  et  légende  punique.  Bronze. 

Médaille  byzantine 
HÉRACLiUS,    Consul 

26.  ERACA.IO  CONSVLI.  Ruste  de  face  et  barbu  d'Héraclius. 

R.  v-TORA-c  en  trois  lignes,  dans  un  cercle  de  grènetis.  Ar. 

Médaillon  du  pape  PAUL  III 

27.  BÂVLVS  m.  PONT.  MAX.  AN.  XII.  Duste  du  pape  à  gauche  ; 

dans  le  champ,  aaexanapos  ehoièi. 
R.  OMNEs  HEGES  SERVIENT  El.  Alexandre  le  Grand  s'incli- 
nanl  devant  le  grand  prêtre  de  Jérusalem. 
Lorsque   Michel-Ange  vit  ce  médaillon,  il  dit  que  l'art  était 
parvenu  à  son  comble. 

Les  objets  gravés  pi.  xviii,  et  dont  la  nomenclature  vient 
ci-après  appartiennent  aussi  à  M.  J.  Carbonnel. 

4 .  Bulle  chrétienne  en  plomb  :  la  vierge  entre  deux  palmes 
tenant  l'enfant  Jésus  dans  ses  bras;  sur  l'autre  face,  un  mono- 
gramme. 

2.  Bulle  de  même  matière  à  double  monogramme. 

3.  Fragment  de  figuiune  en  plomb. 

4.  Médaille  en  plomb. 

5.  Objet  en  plomb. 

6.  Guoix  en  bronze. 

7  et  8.  Épingles  en  bronze. 

9.  Petite  bague  en  or  à  symbole  punique. 

10  et  11.  Deux  clefs  en  bronze. 

4 "2.  Épingles  en  os. 


NARAGGARA 


N'ayant  pas  assez  de  temps  devant  nous  pour  achever, 
avant  la  publication  du  prochain  Recueil  des  Notices  et 
Mémoires,  un  travail  commencé  par  le  cercle  de  Souk-Ahras, 
nous  voulons  cependant  communiquer,  dès  maintenant,  à 
la  Société  l'une  des  plus  importantes  conclusions  qui 
résultent  de  notre  élude. 

Elle  a  trait  à  l'emplacement  de  l'ancienne  ville  de 
Narai^gara. 

Deux  localités  sont  en  concurrence  :  Ksiba  et  Ksar- 
Jabeur,  mieux  connu  aujourd'hui  sous  le  nom  de  Sidi- 
Youcef. 

Les  auteurs  qui  se  sont  occupés  de  cet  emplacement 
ont  été  unanimes  pour  le  reconnaître  aux  ruines  de  Ksar- 
Jabeur.  Shaw,  Hase,  Lapie,  de  Neveu,  qui  paraissent 
avoir  ignoré  les  ruines  de  Ksiba,  ont  partagé  la  même 
opinion  à  laquelle  M.  le  capitaine  Lewal  s'est  rallié,  lui 
aussi,  avec  pleine  connaissance  de  cause. 

L'hypothèse  de  ces  auteurs,  qu'aucune  preuve  maté- 
rielle n'a  encore  justifiée,  est  généralement  admise,  au- 
jourd'hui, avec  une  confiance  qui  nous  semble  prématurée. 

16 


—  170  — 

L'étude  de  M.  le  capitaine  Lewal  sur  cette  iim|)ortante 
question  étant  la  plus  récente,  la  plus  considérable  et, 
selon  nous,  la  plus  autorisée,  nous  la  prendrons  à  partie, 
préférablement  à  tout  autre,  certain  que  notre  critique 
aura  toute  l'efficacité  désirable  si  nous  combattons  avec 
avantage  les  raisons  qui  y  ont  été  produites  en  faveur  de 
Sidi-Youcef  (1). 

Dans  ses  Recherches  sur  le  champ  de  bataille  de  Zama  (2), 
M.  le  capitaine  Lewal,  après  avoir  comparé  les  dislances 
données  par  les  itinéraires  aux  distances  réelles  de  Ksar- 
Jabeur  à  trois  points  différents  :  le  Kef  (Sicca-Veneria), 
Taoura  (Tagura)  et  Souk-Abras  (Tbaga&te),  qu'il  prend 
avec  raison  pour  des  repères  certains,  conclut  ainsi  : 

8  Les  distances  de  V itinéraire,  par  rapport  à  Tbagaste 
et  Taoura,  ne  s'accordent  pas  aussi  bien  avec  Aïn-Ksiba 
qu'avec  Ksar-Jabeur.  » 

Or,  en  prenant  les  dislances  au  compas  sur  différentes 
cartes  (3j  et  les  comparant  aux  distances  de  V itinéraire  (4), 
nous  trouvons  que  l'accord  pour  Ksiba  est  aussi  parfait 
qu'on  puisse  le  désirer,  alors  qu'il  n'existe  réellement  pas 
pour  Ksar-Jabeur,  ainsi  qu'on  peut  le  voir  par  les  tableaux 
comparatifs  suivants,  dans  lesquels  les  milles  ont  été  con- 
vertis en  kilomètres  pour  plus  de  clarté. 

(1)  Bieu  qu'il  ait  nettement  formulé  sou  opiuion,  M.  le  capitaine  Lewal 
ue  considérait  pas  le  problème  comme  résolu;  il  se  proposait  d"y  revenir 
après  une  noii\eIle  exploration.  Les  événements  ne  lui  ayant  sans  doute 
pas  permis  de  donner  suite  à  son  projet,  nous  nous  trouvons  invité  par 
cette  circonstance  à  un  nouvel  examen  de  la  question. 

(2)  Revue  africaine,  2°  année,  pages  111  et  suivantes. 

(3)  Cartes  du  Bépôt  delà  Guerre  au  1/1600,000",  1856,  an  l/400,000s  1869. 

(4)  Itinéraire  d'Antouin. 


—  171   - 

(  d'apr('S  l'itiiiL'raii'o  de  Naraggai'a 

nisTi»rp«    )      à  Sit'ca-Veiieria 45  (1),  à  Tagura  29,  h  Tliagaste  3G  (2) 

DISTANCES.      :,  y^,  j  QJspfm  dg  Ksar-Jabcur 

[      à  Sicca-Veiieria 3G,       h  Tayura  29,  h  Thagaste  37 

Différences.     .     .     9  0  1 

Id'api'és  l'iiiiiL'raii'c  de  Naraggara 
à  Sicca-Vfiioria 45,        h  Tagura  29,  à  Tliagaste  3G 
h  vol  d'oiseau  do  Ksiba  à  Sieca- 
Veiicria 43,        à  Tagiir.i  29,  à  Thagasle  34 

Dll-I-'ÉRENCES.       .       .       3  0  2 

La  longueur  d'une  route  entre  deux  points  devant  être 
au  nfioins  égale  et,  en  pays  accidenté,  supérieure  à  la  dis- 
lance prise  à  vol  d'oiseau,  il  est  étonnant  que  do  Ksar- 
Jabeur  à  Tagura  ces  deux  espèces  de  longueur  aient  la 
même  mesure;  mais  il  est  impossible  que  la  dislance  à 
vol  d'aiseau  entre  Ksar-Jabeur  et  Thagasle  soit  moindre 
que  n'était  la  longueur  de  la  voie  entre  ces  deux  mêmes 
points.  Entre  Ksar-Jabeur  et  Sicca-Veneria  la  longueur  de 
la  voie  excède  de  9  kilomètres  la  distance  mesurée  à  vol 
d'oiseau.  Celle  différence  ne  peut  pas  s'expliquer  par  le 
développement  de  la  voie,  d'autant  moins  que  ce  déve- 
loppement est  nul  ou  négatif  sur  les  deux  autres  direc- 
tions. 

A  Ksiba,  au  contraire,  la  dislance  qui  cadre  le  moins 
bien  est  celle  dont  Ksar-Jabeur  se  prévaut  le  plus;  la  dis- 
lance de  Ksiba  à  Tagura  est  en  effet  la  même  que  celle 
de  Ksar-Jabeur  à  Tagura.  Dans  les  deux  autres  directions, 
la  longueur  de  la  voie  excède  d'une  quantité  proportion- 
nelle la  dislance  prise  à  vol  d'oiseau,  condition  qui  est 
parfaitement  conforme  à  la  réalité.  La  différence  de  •>  ki- 
lomètres entre  Ksiba  et  Sicca-Veneria  et  celle  de  2  kilo- 
Ci)  45  est  un  minimum,  Vitincraivc  donne  une  fois  30  milles  et  imc 
autre  fois  32  milles. 

(2)  36  est  le  chiffre  douné    par  M.    Lewal,  d'après  la  conversion  de  M. 
Dureau  de  la  Malle  ;  uotre  calcul  nous  donnerait  37. 


—  172  — 

mètres  entre  Ksiba  et  Thagaste  ne  sont  pas  seulement 
explicables  mais  nécessaires  pour  un  accord  parlait.  Le 
résultat  de  la  comparaison  des  distances  est  donc  tout  en 
faveur  de  Ksiba. 

On  lit  encore  :  «  On  ne  trouve  pas  de  traces  de  voie 
romaine  distinctes  sur  cette  direction  (de  Ksiba),  tandis 
que  celle  qui  passe  à  Ksar-Jabeur  est  encore  parfaitement 
accusée.  »  Celte  allégation  est  infirmée  par  les  traces  de 
voie  qui  llguienl  sur  un  levé  au  1/100,000°  de  M.  Kessler, 
capitaine  d'Elat-Major.  Le  travail  de  cet  officier  embrasse 
tout  le  pays  compris  entre  Taoura  et  la  frontière  et,  sur 
cette  étendue,  deux  poinis  seulement  portent  l'indication  : 
Vestiges  de  voie  romaine,  mais,  un  peu  plus  loin,  dans  la 
direction  prolongée  de  ces  deux  poinis,  la  voie  romaine 
est  figurée  sur  une  certaine  longueur  et  aboutit  aux  rui- 
nes même  de  Ksiba.  La  voie  est  également  figurée  aux 
abords  de  Ksiba  sur  deux  autres  cartes  (1). 

Rien  de  semblable  ne  se  voit  dans  la  direction  de  Ksar- 
Jabeur  et  il  n'est  pas  à  notre  connaissance  qu'on  y  ait 
jamais  trouvé  des  traces  certaines  d'ancienne  voie. 

Les  établissements  romains  étaient  nombreux  dans  les 
environs  de  Sidi-Youcef,  les  ruines  en  font  foi  ;  mais  ces 
établissements  n'étaient  probablement  desservis  que  par  de 
simples  chemins. 

Plus  loin,  M.  le  capitaine  Lewal  continue  :  «  Cette  voie 
(qu'on  nommait  la  route  de  Numidie)  devant  s'infléchir 
vers   le  sud  pour  gagner  Theveste,  il  n'était  pas  naturel 

(1)  Carte  topographiqae  des  environs  de  Bône  publiée  par  le  Dépôt  de  la 
Guerre,  Paris,  1851,  et  province  de  Constantine,  1"  feuille,  1869;  Lemer- 
oicr  et  C'^  rue  de  Seine,  57,  à  Paris. 


—  173  — 

de  la  faire  monter  an  nord  à  partir  de  Sicca-Veneria  (le 
Kefj  pour  passer  près  d'Aïn-Ksiba  à  Fedj-Meraou  et  son 
tracé  le  plus  rationnel  comme  le  plus  facilement  pratical)Ie 
était  par  Ksar-Jabeur.  j 

Un  renvoi  ayant  trait  n  ce  passage  est  ainsi  conçu  :  «  Il 
est  possible  aussi  qu'il  y  ait  eu  une  autre  l'oute  du  Kef 
h  Tliagaste  par  Fedj-Meraou,  d(3  même  qu'il  y  en  a  deux 
aujourd'bui  entre  ces  deux  points.   » 

Il  est  actuellement  hors  de  doute  que  la  voie  de  Car- 
tilage à  Cirta  se  bifurquait  à  Musti  (!)  ou  à  Siguese  ("2j  ; 
l'une  des  branches  se  dirigeait  sur  Sicca-Veneria  (le  Kef) 
d'où  elle  gagnait  directement  Naraggara,  puis  Tliagaste, 
tandis  que  l'autre  se  continuait  vers  le  Sud-Ouest  et  en- 
trait en  Numidie  par  Ammedera  et  Theveste.  La  considé- 
ration émise  plus  haut  n'a  donc  plus  sa  raison  d'être.  Au 
contraire,  des  deux  branches,  l'une  desservant  les  villes 
et  les  établissements  du  Sud,  l'autre  devait  serrer  de  plus 
près  le  cours  de  la  Medjerda  et  donner  ainsi  accès  dans 
une  région  montagneuse  qui  aurait  pu  être  souvent,  sans 
cela,  un  foyer  de  rébellion.  Du  reste,  le  fracé  par  Ksiba 
établissait  une  communication  plus  siàre,  plus  facile  à  dé- 
fendre et  en  même  temps  mieux  pourvue  en  ressources 
de  toute  nature  entre  les  deux  grandes  cités  de  Carthage 
et  de  Cirta. 

Les  considérations  tirées  de  la  rareté  de  l'eau  sont  aussi 
en  faveur  de  notre  hypothèse  :  Les  historiens  de  la  bataille 

tl)  D"Avezac,  Afrique  ancienne,  tome  II,  page  186. 

(2i  Table  de  Pcutiuger.  Uiic  troisième  voie  partant  de  Siguese  aurait 
pénétré  en  Numidie  eu  suivant  le  cours  de  l'Oned-Mellègue;  De  Siguese  ù 
Vatari,  les  stations  intermédiaires  étaient  :  Flacciana,  Sibus,  Ad  Arnalla 
et  Vico-Valeriani. 


—  174  — 

de  Zama  parlant  de  la  rareté  de  l'eau  à  propos  des  trou- 
pes d'Annibal  qui  eurent  à  en  souflrir,  mais  non  à  pro- 
pos de  l'armée  romaine  qui,  campée  à  Naraggara,  avait 
tout  en  abondance. 

Il  est  incontestable,  en  effet,  qu'en  dehors  du  rayon  de 
Ksiba,  l'eau  est  extrêmement  rare  dans  le  pays.  L'armée 
carthaginoise  campée  sur  la  longue  croupe  du  Djebel- 
Zarora,  à  5  ou  6  kilomètres  Sud-Sud-Est  de  Ksiba,  devait 
manquer  d'eau  tout  en  ayant  à  sa  disposition  les  sources 
insuffisantes  d'Aïn-ben-Sabet  et  d'Aïn-Sidi-Youcef.  L'éloi- 
gnement  île  ces  sources  du  Djebel-Zarora  (1)  nous  per- 
met ô'entendre  les  passages  de  Polybe  et  de  Ïite-Live,  ci- 
tés par  !\1.  le  capitaine  Lewal,  où  il  est  dit  qu'Annibal 
prit  position  à  4  milles  (5,800  mètres)  du  camp  romain, 
sur  une  colline  qui  lui  parut  avantageuse  en  tout  excepté 
pour  l'eau  qui  en  était  un  peu  éloignée. 

En  supposant  Naraggara  et  conséquemment  le  camp  de 
Scipion  à  Ksar-Jabeur,  i\l.  le  capitaine  Lewal  est  obligé  de 
supposer  le  camp  d'Annibal- à  Coudiat-bou-Eusban  où  l'eau 
devait  faire  complètement  défaut;  l'auteur  en  convient 
lui-même  en  ces  termes  :  «  De  plus,  les  sources  d'Aïn- 
Sidi-Youcef  et  d'Aïn-bou-Sabet  étaient  occupées  par  l'ar- 
mée romaine,  forte  eu  cavalerie,  elles  devaient  être  épui- 
sées pour  le  service  des  troupes  de  Scipion  et  l'Oued- 
Zmaïl  ne  pouvait  guère  offrir  d'eau  au  camp  d'Annibal.  » 

11  nous  reste  à  voir  si  la  configuration  du  pays  répond 
aux  particularités  lopographiques  mentionnées  par  les 
historiens. 


(1)  Le  Djebcl-Zarora  est  à  2000  mètres  Ouest  d'Aïii-bou-Sabct  et  ù  450O 
mètres  Nord-Ouest  d'Ain- Sidi-Youcef. 


~  175  — 

Nous  avons  déjà  reconnu  que  le  Djebel-Zarora  est  bien 
placé  par  rapport  aux  ruines  tle  Ksiba,  ruines  dont  nous 
ne  saurions  donner  une  idée  plus  exdcle  qu'en  reprodui- 
sant la  description  que  M.  Berbrugger  en  a  faite,  en  1852, 
dans  un  travail  intitulé  :  lùnéraire  archéologique  en 
Tunisie  (1). 

fi  Les  ruines  de  Ksiba,  dit  M.  Berbrugger,  sont  dispo- 
sées en  amphithéâtre  sur  un  grand  et  haut  mamelon  qui 
se  relève  par  étage  de  l'Ouest  à  l'Est  où  est  son  point 
culminant.  Elles  sont  limitées  au  Sud  par  le  ruisseau  de 
Ksiba;  au  Nord  et  à  l'Est  par  un  escarpement  d'environ 
150  mètres  qui  est  très  abrupte,  surtout  du  côté  de 
l'Orient.  Le  plateau  dominant  est  occupé  par  les  restes  de 
l'acropole  qui  était  bâtie  en  pierres  de  grand  appareil  et 
suivait  sur  trois  côtés  les  sinuosités  de  l'escarpement.  La 
ville  proprement  dite  'car  c'en  était  une  et  de  quelque 
importance)  s'étend  au-dessous  de  la  citadelle  jusque  dans 
la  plaine. 

«  Elle  est  dans  une  belle  position  militaire,  au  centre 
d'un  canton  d'une  grande  richesse  agricole.  Au-delà  du 
ravin  du  Sud  et  d'une  vallée  qui  est  au  Nord,  on  aperçoit 
î.ur  des  crêtes  les  restes  de  deux  tours.  » 

Plus  loin  il  conclut  :  «  Les  ruines  de  Fedj-Mrao,  ou 
celles  de  Ksiba,  peuvent  répondre  au  Naraggara  des  itiné- 
raires et  de  Polybe.  Le  terrain  oi!i  elles  se  rencontrent  est 
d'ailleurs  tout  à  fait  propre  au  déploiement  des  grandes 
armées.  » 

M.  Berbrugger  se  rendant  de  Ksiba  au  Kef  suit  un  che- 
min jalonné  de  ruines. 


(l!  Revue  africaine,  1"  année,  page  268  et  suivantes. 


—  176  — 

Si  l'on  rapproche  celte  description  de  celle  que  M.  le 
cnpilaine  Lewal  a  faite  de  Ksar-Jabeur,  on  trouve  que,  de 
ce  côté  comme  sur  les  autres,  les  probabilités  sont  pour 
Ksiba.  La  faiblesse,  bien  connue,  de  la  position  Je  Ksar- 
.labeur  ressort,  en  clïut,  du  soin  que  l'auteur  des  Recher- 
ches sur  le  champ  de  bataille  de  Zama  a  eu  d'en  pré- 
venir les  objections  en  atténuant  celte  défectuosité  en  ces 
termes  :  «  La  position  était  donc  avantageuse  de  tout 
point.  On  peut  objecter  seulement  que  le  plateau  de  Na- 
raggara  (Ksar-Jabeur),  sur  lequel  nous  supposons  que 
campa  l'infanterie  romaine,  est  un  peu  dominé  par  les 
collines  boisées  de  la  rive  gauche  do  l'Oued-Aïn-Sidi- 
Youcef;  mais  outre  que  la  distance  est  assez  grande,  cet 
inconvénient  n'était  pas  aussi  grave  pour  les  troupes  ro- 
maines qu'il  le  paraîtrait  pour  une  armée  moderne.  » 

Avant  de  terminer,  nous  ferons  un  rapprochemenlde  noms. 

A  1,200  mètres  au  Nord  de  Ksiba,  on  voit  une  ancienne 
Kouba  ;  le  lieu  où  elle  s'élève  s'appelle  Guenara.  Ne  pour- 
rait-on pas  expliquer,  par  une  de  ces  contractions  dont 
les  indigènes  sont  si  coulumiers,  la  transformation  de 
Naraggara  en  Guenara?  car,  il  est  à  remarquer  que  ce 
dernier  nom,  d'une  prononciation  plus  brève  et  plus  fa- 
cile, contient  cependant  tous  les  éléments  constitutifs  du 
premier.  En  supprimant  la  dernière  syllabe  du  mot  Na- 
raggara on  obtient  Narragga  qui  devient  Ganaraou  Guenara 
par  le  déplacement  d'une  seule  syllabe  (1). 

(I)  On  conçoit  mieux  que  Karaggara  ait  pu  devenir  Guenara  à  la  suite 
des  temps  cIict;  des  gens  parlant  une  autre  langue,  que  l'on  ne  conçoit  que 
la  même  ville  ait  pu  être  nommée  indiflféremment  Margare,  Nadagara  et 
Naraggara,  par  des  auteurs  d'une  mémo  époque  et  appartenant  à  une  même 
civilisation  (Poljbe,  Tite-Live,  Itinéraire  d'Antoniu). 


-  177  — 

Ainsi,  l'accord  tles  distances,  la  direction  de  la  voie,  la 
distribution  des  eaux,  la  configuration  du  sol,  la  position 
et  l'importance  des  ruines,  la  ressemblance  des  noms, 
tout  nous  porte  à  croire  que  les  ruines  de  l'ancienne  Na- 
raggara  sont  à  Ksiba  et  non  à  Ksar-Jabeur  comme  on  l'a 
cru  jusqu'ici.  De  plus,  nous  pensons  que  le  savant  auteur, 
dont  nous  venons  de  combattre  l'opinion,  aurait  jugé 
comme  nous  s'il  avait  eu,  en  1857,  date  de  son  élude,  les 
élémenis  d'appréciation  que  le  temps  nous  a  donnés  de- 
puis. Nous  ne  pouvons  donc  que  reconnaître  l'intérêt  que 
présentent  les  publications  qu'il  fil  autrefois  sur  le  cercle 
de  Souk-AIiras  et  continuer  son  œuvre  en  suivant  l'exem- 
ple qu'il  nous  a  montré. 

Constanline,  le  25  février  1880. 


Aug.   GOYT. 


'    SUR 

DEUX  BRIQUES  ROMAINES 

I 

TROUVÉES    A    PIÏILIPPEVILLE 

Par  M.  le  Docteur  V.  REBOUD 


Les  Ir.u'aiix  que  M.  Nicolle  fait  exécuter  dans  son  jar- 
din, situé  à  100  mètres  el  à  droite  de  la  porte  de  Cons- 
tantine,  ont  mis  à  découvert  des  pierres  portant  des 
inscriptions  tumulaires  et  des  briques  qui  sans  doute 
recouvraient  d'anciennes  lombes. 

Deux  de  ces  briques  figurent  aujourd'hui  au  iMusée  de 
Conslanline,  grâce  à  In  complaisance  de  M  Richard,  subs- 
titut (lu  Parquet  de  Philippeville.  L'une  d'elles  est  en  par- 
fait élal  de  conservation  et  mesure  : 

0,59  de  longueur; 

0,42  de  largeur  (maxima)  ; 

0,35  de  largeur  (minima)  ; 

0,04-  d'épaisseur. 
La  saiHie  du  rebord  est  de  o  à  4-  centimètres.  Dans  la 
portion  la  plus  étroite  de  la  brique  est  placée  l'estampille 
du  fabricant,  qui  présente  la  forme  d'un  fer  à  cheval, 
dont  le  diamètre  est  de  12  centimètres.  Au  milieu  se 
trouve  une  inscription  en  relief,  formée  de  trois  lignes;  la 


—  180  — 

supérieure   esl  disposée  en   demi-cercle   cl  entoure    les, 
autres. 

Comme  ornemeni,  on  remarque  deux  épis  liés  par  le 
sommet  et  opposés  l'un  à  l'aulre. 

M.  le  docteur  ,1.  Heboud,  médecin  aide-major,  a  pu  oh-' 
server   sur    place    les   divers   objets   découverts    [)ar   M. 
Nicolle  et  donne  du  texte  inscrit  la  lecture  suivante  : 

VICCIANA    DE    FIGVLINIS 
CANVLIAE 
CRISPINAE 

Nous  lisons  de  la  même  manière,  tout  en  reconnaissant 
fjue  la  ligne  du  milieu  laisse  quelque  doute  dans  notre 
esprit. 

Le  mot  vicciana  ne  se  trouve  dans  aucun  des  grands 
dictionnaires  qui  sont  à  noire  disposition. 

L'estampille  de  celte  fabrique  ne  nous  était  pas  complè- 
tement inconnue.  M.  Cberbonneau  a  publié  (1)  un  frag- 
ment d'inscriplion  gravé  sur  un  morceau  de  brique  appar- 
tenant au  iMusée  de  Constantine  qui  la  rappelle  (i2)  : 

C   VIGCÏ 

L'ancien  secrétaire  de  la  Société  a  jadis  fait  connaître 
à  }\.  L.  F^énier,  qui  l'a  reproduit  dans  son  Rec}teil  [S),  un 
autre  fragment  d'inscription  copiée  sur  deux  tuyaux  en 
terre  cuite.  Toutefois,  ajoute  ^L  Cberbonneau,  cette  mar- 
que commence  par  deux  C  : 

ce   VICCI 

(1)  Annuaire  de  1860-61,  page  153-154. 
(2/  N"  211  du  catalogue. 
(3;  N»  4,  309. 


181 


M.  de  Villefosse,  qui  vient  d'examiner  les  briques  ro- 
maines du  Louvre  (1)  pense  que  les  deux  grandes  briques 
de  Philippeville  sortent  d'une  fabrique  de  Rome,  dont  les 
produits  étaient  apportés  en  Numidie  par  des  navires  qui 
venaient  charger  du  blé  et  de  l'huile. 

Al.  le  docteur  J.  Reboud,  qui  nous  a  fait  connaître  ces 
deux  pièces  intéressantes,  rapporte  deux  épitaphes  de  la 
même  provenance. 

Q.  AVRELIVS 
Q.  LIE.  xNISVS 
V .  A .  XXXV 

II.  S.  E 

Quintus  Aurelius  Quinli  Ubertiis  Nisus  vixit  annis  trigenta 
et  quinque.  Hic  silus  est. 

Quintus  Aurelius,  affranchi  de  Quintus,  surnommé  Nisus, 
a  vécu  ob  ans.  Il  repose  ici. 

DORVS 

VIXIT    ANN 

IS  XXV 

Dorus  a  vécu  25  ans. 

La  pierre  est  ornée  de  trois  rosaces,  placées,  l'une  au- 
dessus  de  l'inscription,  les  deux  aulres,  au-dessous. 

V.    R. 


(I)  Sur  quelques  briques  roiuaiaes  du  Louvre. 


EXCURSIONS  ARCHEOLOGIQUES 

DANS    LES    ENVIRONS 

DK    MILAH    &    DE    CONSTANTINE 

1878-1879 
Par  le  ffi^  y.  rëBOU»  et  A.  GOYT 


SUPPLÉMENT   PAR   M.    V.    REBOUD 

AVEC  TROIS  PLANCHES 


Souk-Ahras  (Hannenchas) 

N"    \U 

Sur  un  bloc  de  grè  rougeâlre,  occupant  le  sommet  du 
monticule  qui  domine  Aïn-Mèkres. 

H  E  R  G  V  L 
A  V  G     SAC 
OPTATVS  M 
G-S-RNIS-VRl 
SVKPICIANI 


Copie  de  M.  Goyt. 


—  184  - 


Ruines  de  Sigus 


N»  145 


Sur  deux  longues  pierres  justaposées,  arrondies  au 
sommet,  recouvrant  en  partie  le  tombeau  de  la  famille 
Avellia  : 


AVELLIA   VR  

BANA    VALXX  AVELLIVS DO 

—  NATVS  V-A   X 
C-OCILIVS  HO  — 
NORATVS  BA  POMPEIVS 
HARIC  NEP-A  RVFVS  VA-L 
VELLIAE  V-A- XXII  — 

—  QAVELLIVS  VRBAN 
C- AVELLIVS  HOS  S-V-AXXV  HS  EST 
PES  VA-  XXV 

—  0  T-B-Q 
IVLIAMATRONA  — 
V-A-  XXV  H-SE  I-  SECVNDA 

—  V-A-   LX 
Q-   AVFIDIVS  H-S-E 
SATVRNINVS 

VA-  LXXV 
H-S-E 

Copie  de  M.  le  capitaine  Prudhomme. 

N»   146 

Sur  un  large  cippe,  arrondi  au  sommet.  Hauteur  lf"20 
sur  Qn'SO  : 


—  185  — 


D.     M.     S 


MEMORI 
0  R  V  M 

L-SITTIVS 
LFILQVIR 
SERVILIVS 
V-A  LXXV 

OT-R-Q- 

Copie  de  M.  Prudhomme. 


AE  SITTI 


N°  147 

Sur  une  dalle  arrondie  au  sommet  : 

D-M 

L-GARGILI 

VS  MESOR 

V-A-XXXV  OE-R.Q 

Copie  de  M.  Prudhomme. 

N»  148 

Sur  un  beau  cippe  à  fronton  ornementé  et  arrondi  au 
sommet.  Hauteur  1^20  sur  0"i80  : 

D-M-S 

L-IVLIVS 

GEM(EL)LVS 

CON 

STANTI 

V-A  XLV 

ET  MES-  V- 


Copie  de  M.  Prudhomme. 


17 


186 


N»   U9 

Sur  un  beau  cippe  en  forme  d'autel.  Hauteur  i^iO 
sur  0^80. 

D-MS- 
BAEBIAA 
RISTILLA 
VIXIT  AN 
NIS 

LTATIVS 
CAPITO 
CONIVGI 
RARISSIMAE 
FEGIT 

Copie  de  M.  le  capitaine  Prudliomme. 

Après  annis,  on  ne  trouve  aucune  trace  de  gravure. 
("Voyez  le  Recueil  de  M.  L.  Renier,  n"  2517  :  Memoriae 
Tatiorurn.) 

N»  150  N»  151 

DM-S  IVLIANIGRA 

IVLIAVRBA  BAR(HICjIS  F-VRB 

NA  SACER  ANA    .     .     . 

DOSMAG  H-S-E 
NA  V-A 

CI   H-S-E 

Copie  de  M.  Prudhomme. 

Sur  un  beau  cippe  à  sommet  arrondi  et  ornementé. 
Hauteur  i^  sur  O'"80  : 


-  487  — 

D  •  M-  S 
I'MVNAT|IVS 
GEMELLVS 
SAGERDOS 
BELLONAE 
V-A---     IVA 
SATVRNINA 
GONIVGIH-S-E 
M  V  N  A  T  I  A  E 
HELLENAE 
V-A  XXIIII 

Copie  de  M.  Prudhomme. 

Aïn-el-Bey.  —  Saddâr 

N»   153 

Sur  un  cartouche  à  queue  d'aronde  : 
GORNELIAGLARA 

Q  •  F • ANVGLA 
V-A  XXXI[  H-S-EST 
GAMBIA  C-F  -CAMBI 
LLA  MATRI  POSVIT 

Copie  de  l'auteur. 

Musée  du  Pénitencier  d'Aïn-el-Bey.   Cette  inscription  a 
été  découverte  par  M.  Turel,  directeur  de  l'établissement. 


—  188  — 

CONSTANTINE 
NO  15-i 

Sur  un  cippe  à  sommet  arrondi  et  orné  d'une  cou- 
ronne et  de  deux  rosaces  latérales  : 

D  •  M 

P  A  C  T  V  M  E I  A 

DONATA 

V    AN    ' 

LXXXXI 

HSE- 

Copie  de  l'auteur. 

Cette  pierre  tumulaire,  trouvée  dans  la  rue  des  Zoua- 
ves, a  été  transportée  dans  le  jardin  de  la  Mairie. 

Nécropole  du  Coudiat-Aty 
/"  Partie  supérieure 

N»  155  N»  156 

C-HORDI  HORDIONI 

ONIVS  A    VERA 

AELIAN  V-A  XXXX 
VSV-VL  OT-B  Q- 

0  T-BQ- 

Copies  de  l'auteur. 

Le  n°  1993  des  1ns.  Rom.  Alg.  nous  donne  l'épilaphe 
d'un  Hordionius  âgé  de  8  ans,  surnommé  salvtaris,  qui 
est  probablement  le  fils  des  deux  personnages  ci-dessus. 


—  189  — 


5^  Vei'sant  Sud- Ouest 

N»  157  N»  158 

Q-APRONIVS  PRAE.., 

FELIX   VA 
LX 


CONIVGI  ME 

RENTI    ARAM 

POSVIT 


Copies  de  l'auteur. 


5°  Route  Blenlait.  —  Maison  Brunache 


N»  159 

M-COMINI 

VSROMAN 

VSVANL 

HSE 

N»    162 

AEMILIVS 

IVL-TANVS 

IVSVAXX 

HSE 


iV  160 

SITTiA 
PARTENOPE 
V  •  A  •   XXX 

HSE 

N»   163 

M  A  R  C  I  A 

0  ['  T  A  T  1  F 

VIXITA-  XX 

HSE 


NO   165 


N"  161 

TADIAE 
ROGATAE 
V-A-   LXX 

HSE 
0-T-BQ- 

NO   164 

L  •  NASID 
IVS  CR 
1  SP  V  S 

VIXIT 
ANNORV 

M  XCV 


HSE 


Copies  de  l'auteur. 

A  rexception|du  n°  158,  ces  inscriptions  sont  gravées 
sur  des  pierres  grossièrement  taillées,  dilformes  et  de  gran- 
deur variable. 


—  190  — 

N»  166 

Sur  une  pierre  en  calcaire  bleuâtre  de  0"^30  centimè- 
tres de  haut  sur  0"^20  de  large  : 

"113  u^i^  iiJ  ]an  SynS  p5<S 

Estampages  de  M.  A.  Goyt. 

A\i  Seigneur,  à  Baal  Hamon  a  consacré  ce  qu'a  consacré 
Himikat,  fils  de  Mattan,  et  Abedachman,  fils  de  Telnaq  ; 
quand  sa  voix  se  fera  entendre,  bénis-le. 

Après  les  explications  que  nous  avons  données  dans  le 
volume  précédent,  nous  n'avons  à  relever  ici  que  trois 
particularités  : 

ri37Dn,   Himilcat  frère  de  la   reine   (déesse  Astarté) 

pour  n^bD^ni^ 

p^Sn  Telnaq  ou  Tolnaq  paraît  être  un  nom  d'origine 
berbère,  comme  le  FI  préformatif  le  prouve.  La  racine 
pjS  n'existe  ni  en  hébreu  ni  en  arabe  i^D"^VZi.  L'irrégu- 
larité de  celte  forme  a  été  signalée  dans  deux  inscriptions 
néo-puniques  ou  numidiques  par  Gesenius. 

Cahen. 

Ruines  des  Beni-Ziad,  près  Rouffâch, 

Ces  nouvelles  inscriptions  du  Castellum'Mastarense  ont 
été  découvertes  par  M.  l'abbé  Delenne,  curé  de  Rouffâch, 
et  copiées  par  M.  le  docteur  J.  ïleboud. 


—  191   - 


N»   167 

Sur  un   fragment   informe   dont   les   lettres  sont  très 
lisibles  : 


•  •  •  •   LIA  SATVRNINA  FIDE 

•  •  •  •  ESTANTIET  AMORE  Dl 
ATA    CASTA    CONIVX 

N--   168 

Sur  un  fragment  plus  long  que  large  dont  tout  le  côté 
droit  est  occupé  par  un  personnage  qne  l'on  dirait  ailé  : 


TE.MPLVM 

C-NOINIVSHOSP 

ESV-SL-A- 


N°   169 

Sur  une  base  d'aulel  plus  longue  que  large  : 

V-S'L-A-P-SITTIVS  NOVELLl  FILIVS 

CVM  ORNAiMEINÏlS   A  SOLO  EX 

DEDICAVIT 

N»   170 

Sur  une  pierre  à  double  cadre,  à  sommet  arrondi  et 
orné  de  deux  rosaces  : 

D  M       ;       DM 
ANTO  j  Q-NONI 
NIAHO  I  VS  Vie 
N  0  R  A        TOR 
TAVA     V-A  C 
LXXV       H • S • E 
HS  E    I 


—  192  — 

NO  171 

Sur  une  pierre  à  sommet  arrondi,  portant  un  croissant 
surmonté  d'une  ampoule  : 

Q-IVLIVS  QFIL 

MARTIALIS    NEPOS 

Y-A  XXI  HS-E 

N»   172  N«  173  N"    174 


D  M 

D-M-S- 

D  M 

MCARGILI 

VALERIA 

MAGNIA 

VS  CAPRARl 

MVSTIA 

MVSTIA 

vs  v-A-  cm 

MATRIRA 

V-A-  LX 

H-S-E 

RISSIMAE 
V-A-   LXXV 

HSE 

Ruines  d'Oudjel  (Uzelis) 
Dans  un  creux  de  rocher  laillé  en  forme  de  coquille  : 

N"  175  N"  176 

D  M  l)  M 

IVLIAMV  IVLIVSVIG 

STIA  V-A-  CVIII  TOR  V-A  LXl 

H-S-E-0'T-BQ  H-S-  0-T-B-Q- 

Copies  de  M.  A.  Goyt  et  du  docteur  J.  Reboud. 

Celte  cavité  renfermait  quatre  épitaphes  de  Julius;  deux 
d'entre  elles  sont  illisibles. 

Chaque  inscription  est  surmontée  du  croissant;  il  en 
est  ainsi  pour  toutes  les  Rupestres  si  communes  sur  la 
colline  Nord-Est  d'Oudjel. 


-  193  — 

A  ï  N  -  T  I  N  N 

(In  praediis  Caeliae  Maximae) 

N»  176  bis 

Sur  une  pierre  ornée  d'un  fronlon  à  corniche  : 

BASILEA 

(BON)  OSA 

V •  A  •  LXV 

HS- 

M.  A.  Goyt  nous  communique,  avec  cette  épitaphe,  le 
Iragmcnl  suivant  : 

N"  176  ter 

C-H-SAC- 

Céleri  Herculi  Sacrum. 

N»  176  guatcr 

Dans  le  mur  du  gourbi,  décoré  du  nom  de  Bordj-ben- 
Zekri,  où  se  trouvent  les  deux  fragments  du  mot  Memo- 
riae  dont  les  lettres  mesurent  0™17  de  hauteur,  nous 
avons  copié  une  épitaphe  à  peine  lisible  que  nous  ré- 
tablissons ainsi  : 

D-    M- 

Q-CEGIKIO 

VIBIO  Y-AN 

N  LXV 

N°  176  quinquc 

A  A  G 

Copie  de  M.  Goyt. 


—  194  — 

Notre  confrère  vient  de  trouver  cette  inscription  dans 
un  tertre  placé  entre  la  route  de  iMilah  et  la  source  ther- 
male d'Aïn-Tinn,  Elle  peut  se  traduire  ainsi  :  Ager 
acceplus  Cirtensiiim.  C'était  donc  une  limite  de  territoire. 

Pendant  son  dernier  séjour  à  Aïn-Tinn,  M.  Goyl  a  dé- 
couvert un  fragment  d'inscription  libyque  que  nous  publie- 
rons dans  le  prochain  volume. 

Nécropole  de  Milah 

Les  travaux  de  construction  du  nouveau  quartier  de 
Milah  qui  s'élève  sur  l'ancienne  nécropole  font  découvrir 
chaque  jour  quelques  pierres  tumulaires  plus  ou  moins 
bien  gravées  sur  des  surfaces  à  peine  dégrossies. 

Le  croissant  paraît  remplacer  le  D.  M.  S.  La  seule  ins- 
cription intéressante,  parmi  les  huit  que  nous  avons 
relevées  récemment,  est  celle  où  nous  trouvons  le  cogno- 
men  de  Sarnus.  Cet  ethnique  rappelle  le  Sarn-Miieo  de 
deux  inscriptions  de  Tiddis  (L.  R.,  n°^  :23^2J,  ^'iM). 


N'  177 

M  AN  LIA 

D-F-FAVSÏl 

LLA  V-A  LXXXX 

II-S-OT-B-Q 


N»  178 

FABIA  G  F- 

FAVSTA  VIX 

ANNIS  LXXXII 

H-S- 


N»  179 

FALCIDIA  SE 
CVNDA  VIX 
AN  11  HSE 


N»  180 


ITVRMAL-F 

QVINTILLA 

V-A  XXV 


N«   181 


IVRIAMA(TRONA) 
V-A  LX  IIS 


N»   182 

L-ATILIVS-C 
ATVLVS  V-A 
XXXV  H-S  E 


~   195  — 

N»  183  N»  184 

L •  STATVL  L  •  IVLI VS    I-  F 

LINVS  QVIRSARNVS 

F  A  T  A  L  I  S    V  •  A  •   •  •   •    C  A  L  I  D  I 
XXV  V-ALXXXH 

H    S-E  S-E  O'ï-B-Q 

Au  milieu  des  pierres  tombales  délerrées  par  les 
colons,  on  remarque  quelques  stèles  puniques  qui  pré- 
sentent d'assez  grandes  différences  avec  celles  de  Cons- 
tantine.  Si  elles  offrent  l'image  de  Tanit,  la  palme,  le  crois- 
sant aux  cornes  relevées  supportant  le  globe  lunaire, 
principaux  symboles  du  culte  de  la  déesse  vénérée  à  Car- 
tilage, elles  ne  présentent  aucune  trace  d'inscription. 
Deux  d'entre  elles,  en  tuf  blancliàire  et  tendre,  ont  une 
largeur  qui  nous  semble  anormale  ;  des  acrotères  ornent 
les  parties  latérales  supérieures  ;  au  milieu,  le  fronton 
triangulaire  classique. 

11  existe  dans  le  jardin  de  l'administrateur  de  Milah, 
au  milieu  de  débris  de  toutes  provenances,  un  fragment 
punique  que  nous  regrettons  de  n'avoir  pas  soustiait  à 
une  destruction  presque  certaine. 

Nous  voulons  parler  d'une  plaque  en  maibre  blanc, 
veiné  de  noir,  ou  l'on  voit,  admirablement  taillée  en 
relief,  l'image  de  Tanil  offrant  des  proportions  que  nous 
n'avons  observées  nulle  part.  Ce  fragment  provient 
des  fouilles  entreprises  autour  de  la  fameuse  statue  colos- 
sale de  Milah,  la  goule  du  jardin  d'El-Mel'liou,  d'après  la 
légende  milévitaine.  Cela  nous  oblige  à  dire  quehjues  mots 
de  cette  découverte  (1). 

(i)  Voyei  l'Indépendant  de  Constantiuc  du  25  mars  1880, 


-   196  — 

Le  juge  de  paix,  en  traversant  les  jardins  situés  au  Sud- 
Ouest  (le  la  ville,  à  quelques  pas  de  la  porte  de  la  Kasba, 
se  heurta  violemment  le  pied  contre  une  pierre  arrondie 
qui  faisait  saillie  au  milieu  du  sentier.  Voulant  enlever 
l'obstacle,  il  appela  le  jardinier  indigène  et  se  mit  à  pio- 
cher avec  lui;  mais  il  ne  tarda  pas  à  reconnaître  qu'il  se 
trouvait  en  présence  d'un  bloc  de  marbre  blanc  profon- 
dément enfoncé  dans  un  sol  en  grande  partie  formé  de 
débris  de  tuiles,  de  briques,  de  poteries  fines  et  gros- 
sières, de  charbon,  d'ossements  plus  ou  moins  calcinés, 
etc.,  etc. 

Curieux  et  tenace,  il  fit  continuer  ses  recherches  par  des 
ouvriers  européens,  et  parvint,  en  peu  de  jours,  à  déga- 
ger la  statue,  le  piédestal,  le  soubassement,  les  murs  sur 
lesquels  il  est  établi  et  l'enceinte  en  pierres  de  taille,  or- 
nées d'un  filet,  qui  semble  avoir  été  le  sanctuaire  d'un 
temple. 

Au  moyen  de  secours  pécuniaires  fournis  par  la  Société 
archéologique  de  Constantine,  il  put  commencer  le  déga- 
gement de  longs  murs  qui  s'avancent  au  loin  sous  des 
remblais;  la  crainte  seule  a  empêché  M.  l'abbé  Gigot, 
curé  de  Milah,  d'achever  l'œuvre  entreprise. 

La  statue  est  assise  au  fond  d'une  excavation  dont  les 
parois  mesurent  jusqu'à  six  mètres  de  haut;  la  face  re- 
garde l'Est. 

Elle  forme,  avec  le  piédestal  et  le  soubassement,  un 
monolithe  de  S^^Q^  de  hauteur.  La  partie  supérieure  est 
fruste;  la  tête  manque  ainsi  que  les  bras.  Cependant  M. 
Sergent  a  vu  recueillir  un  doigt  qui  peut  avoir  appartenu 
à  la  statue. 


197 


Des  draperies  enveloppent  les  cuisses  et  les  jambes  et 
ne  laissent  à  découvert  que  le  pied  droit. 

Sur  les  parties  latérales  du  cou,  légèrement  incliné  en 
avant,  existe  une  rainure  dirigée  de  bas  en  haut,  d'envi- 
ron 0^0:1  de  long  sur  O'^Ol  de  large. 

L'abdomen  offre  une  dépression,  plus  marquée  du  côté 
droit,  de  O'HO  de  profondeur  sur  O'^S?  de  largeur. 

C'est  là  tout  ce  que  nous  avons  à  dire,  pour  le  moment, 
sur  la  statue  de  .Milah.  Nous  renvoyons  le  lecteur  aux 
planches  xx,  xxi,  xxii  renfermant  les  dessins  et  le  plan 
de  MM.  Renaud  et  Valentin,  officiers  du  3®  Tirailleurs, 
qui  valent  mieux  pour  la  connaissance  du  sujet  que  la 
plus  exacte  description  du  monument. 

Pendant  les  fouilles,  le  musée  de  l'administrateur  s'est 
enrichi  de  quelques  fragments  d'inscriptions  qui  peuvent 
appartenir  à  des  dédicaces  en  l'honneur  de  la  divinité; 
ils  sont  au  nombre  de  quatre. 

NO  187 

T 
TR 

Sur  une  plaque  de  marbre.  Hauteur  de  T,  0^]^;  de 
TR,  0^11. 

N"  188 

DED  — LIAS 

Sur  deux  fragments  de  pierre  calcaire  dont  la  partie 
inférieure  est  arrondie;  ils  ont  fait  partie  de  la  même 
inscription  et  proviennent  tous  les  deux  de  l'enceinte.  Hau- 
teur des  lettres  0^13. 


—  198 


N"  189 


lïEiTlS 


Sur  une  plaque  tle  pierre  blanclie  de  0"iOo  environ 
d'épaisseur;  i\!  el  E  sont  liés  ainsi  que  N  et  T.  L'S  ne 
conserve  que  sa  partie   inférieure.    Hauteur   des    lettres 

On  a  recueilli  également  de  très  nombreuses  plaques  de 
marbre  de  couleurs  variées  et  de  la  même  épaisseur,  qui 
servaient  à  l'ornementation  des  parois  du  sanctuaire. 

Nous  faisons  des  vœux  pour  que  ces  renseignements 
accompagnés  d'une  vue  pittoresque  et  des  profils  de  la 
statue,  ainsi  que  du  plan  du  temple,  puissent  aider  à 
découvrir  le  nom  de  la  divinité  cachée  sous  ces  restes  in- 
formes. 

De  MlLAH  A  DjEMlLA 

'1°  De  Milah  à  Fedj-Mzala 

On  compte  généralement  de  30  h  o5  kilomèlres  de 
Milah  au  bordj  de  Fedj-Mzala  où  réside  le  Chef  de  l'an- 
nexe, chargé  de  l'administration  du  Ferdjioua  (1). 

La  route  la  plus  courte  est  l'ancien  chemin  arabe  amé- 
lioré par  les  soins  des  Ponts  etChaussées;  il  longe  d'abord, 
au-delà  du  quartier  européen,  le  prolongement  occidental 
de  Ras-Marchou  et,  après  avoir  franchi  deux  cols  peu 
élevés,  il  débouche  devant  Redjas.  Ce  nouveau  centre  de 
colonisation  couronne  un  vaste  mamelon  d'où  émergent 
des  plaques  de  roche  tendre   semblables  aux  stèles  liby- 


[Ij  34,000  habitants  de  race  kabyle. 


-  499  - 

ques  sur  lesquelles  M.  A.  Goyl  a  copié  quatre  inscriptions, 
découvertes  par  lui  dans  une  nécropole  voisine.  Redjas 
lire  son  nom  d'un  Oued,  aux  nombreux  aflluents,  qui, 
après  sa  jonction  avec  l'Oued-el-.Malali,  se  jette  dans 
rOued-en-Ndja. 

On  sait  qu'à  1500  mètres  de  Redjas,  on  trouve  l'IIencliir- 
Lanbia,  mine  étendue,  si  nous  nous  en  rapportons  à  des 
ouvriers  carriers  qui  en  extraient  de  la  pierre.  On  sait 
également  que  M.  Sergent  y  a  découvert  une  borne  mi- 
liaire  de  l'époque  de  Galère. 

L'aubergiste  du  lieu  possède  de  fort  beaux  échantil- 
lons de  sel  gemme,  de  couleur  jaunàire,  recueillis  sur 
les  berges  marneuses  de  l'Oued-Terada,  non  loin  de'  la 
Kouba  du  fameux  marabout  ben  Zebouchi.  Ce  sel  est  bien 
supérieur  au  sel  grisâtre,  mêlé  de  terre,  de  sable  et  de 
graviers,  que  l'on  extrait  du  puits  des  Ouled-Ivebbab,  situés 
un  peu  plus  à  l'Ouest. 

Le  dôme  de  Redjas,  placé  entre  deux  ravins,  domine  la 
plaine  basse  que  traversent  l'Oued-Melah  et  quelques-uns 
de  ses  affluents  de  gauche. 

A  six  kilomètres  du  village,  on  traverse  une  petite  rui- 
ne, transformée  en  cimetière  et  ombragée  par  un  grand 
tamarix  que  les  indigènes  considèrent  comme  un  arbre 
sacré. 

De  ce  point,  on  découvre  la  chaîne  qui  forme  la  rive 
gauche  de  l'Oued-en-Ndja.  le  Zouagha,  les  Ahrès,  le  Bou- 
Clienaq  et  les  cols  de  Baïnen  et  de  Fdoulès,  ce  dernier 
célèbre  par  son  inscription  rupeslre.  Çà  et  là,  on  distingue 
quelques  petits  massifs  de  chênes  d'espèces  différentes. 

iM.  le  docteur  J.  Reboud  nous  a  rapporté  de  la  mechta 


-  200  — 

de  Chercheri,  une  des  nombreuses  agglomérations  de  gour- 
bis qu'il  a  visitées,  l'automne  dernier,  dans  le  Zouagha, 
le  fragment  suivant  : 


CONDVCTOR 

V-A-    XLVII 

H-S-E- 

La  petite  ruine  où  se  trouve  la  pierre  renferme  quel- 
ques dalles  ornées  de  rosaces  en  creux  et  d'autres  dessins 
variés  en  relief. 

Près  de  nous,  sur  la  partie  droite  de  la  vallée,  se  dres- 
sent les  flancs  ravinés  du  Bled-Rouached  formé  par  le 
prolongement  du  Bou-Cberf  entre  l'Oued-en-Ndja  et  l'Oued- 
Melab.  C'est  une  série  de  coteaux  mamelonnés,  marneux, 
dont  la  bauteur  va  en  diminuant  de  l'Ouest  à  l'Est.  Quoi- 
que l'eau  n'y  soit  pas  très  abondante,  on  se  propose 
d'établir  un  village  près  de  ruines  isolées,  restes  d'anciens 
centres  agricoles  romains,  dont  les  babilants  semblent  avoir 
particulièrement  vénéré  la  Junon  cé\es[e(Numini  Caelestis), 
à  l'exemple  de  ceux  du  Kef-Tazerout. 

On  nous  signale  à  mi-côte,  à  deux  kilomètres  de  la 
route,  une  source  chaude;  elle  vient  sourdre  près  d'un 
mamelon  conique,  au  pied  d'escarpements  couverts  de 
broussailles. 

La  Kouba  de  Si-Beijoudi  s'élève,  au  milieu  de  jardins, 
sur  le  revers  oriental  du  Bou-Clierf,  et  domine  tout  ce 
canton,  qui  doit  être  fertile  puisqu'il  constitue  un  azel  ou 
terre  domaniale. 

En  face  des  escarpements  ravinés   du  Bled-Rouacbed, 


—  201  — 

nous  laissons  à  gauche  Aïn-Khecheba,  que  de  la  Mare 
considère  comme  un  établissement  thermal  ancien  (1). 
Fournel  lui  donne  le  nom  de  Hammam  des  Deni-Guecha. 
Le  capitaine  Saget,  en  1839,  y  a  vu  des  cônes  semblables 
à  ceux  d'Hammam-Meskhoutine.  On  voit  encore,  près  de  là, 
les  restes  de  la  redoute  élevée,  dans  les  premières  années 
de  l'occupation,  pour  assurer  les  communications  de 
Milah  à  Sélif;  une  redoute  pareille  fut  également  établie 
au-dessus  des  ruines  de  Djemila. 

Notre  confrère,  M.  Dufour,  a  visité  les  ruines  assez 
étendues  qui  dominent  Aïn-Khecheba  et  constaté  l'exis- 
tence, au  milieu  de  l'Ilenchir,  des  restes  d'un  fortin  dont 
les  murs  ont  encore  plus  d'un  mètre  de  haut.  Dans  la  né- 
cropole, située  à  l'Est,  il  signale  une  chambre  sépulcrale 
jadis  ornée  de  fresques  grossières.  La  pierre  tumulaire 
à'Opstoria  Maura,  découverte  et  transportée  par  lui  au 
bordj  de  Fedj-Mzala,  est  aujourd'hui  encastrée  dans  une 
des  portes  de  la  cour  centrale. 

Fournel  place  à  Aïn-Khecheba  la  station  de  Fous  came- 
rata,  un  des  postes  qui  jalonnaient  la  voie  romaine  allant 
de  iMilev  à  Cuiculum.  Nous  croyons  qu'on  ne  peut  admet- 
Ire  cette  assertion,  tant  que  la  borne  milliaire  portant  le 
nom  du  lieu  restera  enfouie  dans  le  sol. 

D' Aïn-Khecheba  à  Fedj-Mzala,  la  route  monte  insensi- 
blement, laissant  à  droite  le  Bou-Gherf  et  à  gauche  le 
Djebel-Skhoun  ;  après  une  demi-heure  de  marche,  on  at- 
teint la  faible  dépression  qui  sépare  les  coteaux  cultivés 
s'étendant  à  la  base  des  deux  massifs. 


(i)  Note  sar  uu  bas-relief  trouvé  à  Djemila.  Mevut  archéologique  du   15 
joiu  1849. 

18 


—  202  — 

Le  col  prend  son  nom  d'une  Mzara  placée  au  point  cul- 
minant; il  est  également  connu  des  indigènes  sous  l'ap- 
pellation de  Tirkef,  que  nous  avons  entendu  prononcer 
quelquefois  {)endant  notre  séjour  dans  le  Ferdjioua. 

Le  bordj  s'élève  sur  le  versant  occidental  du  col,  à  150 
mètres  de  la  Mzara.  C'était  d'abord  une  habitation  de  Bou- 
Akkaz,  autour  de  laquelle  il  avait  fait  construire  des  gour- 
bis pour  ses  khammès  et  ses  cavaliers.  Aussi  la  désigne- 
t-on,  dans  certaines  cartes,  sous  le  nom  de  smala  de  Bou- 
Akkaz.  Le  bordj  considérablement  agrandi  constitue  au- 
jourd'hui une  demeure  assez  confortable  pour  le  pays  et 
un  poste  militaire. 

De  la  terrasse,  on  découvre  toute  la  plaine  du  Ferdjioua, 
l'amphithéâtre  de  montagnes  qui  l'entoure,  le  cours  du 
Bou-SIa  traversant,  du  Sud  au  Nord,  sa  lisière  orientale, 
et  celui  de  l'Oued-Ferdjioua,  son  affluent,  qui  draine  la 
vallée. 

Cette  plaine  ou  vallée  présente  les  caractères  d'un  an- 
cien lac;  dans  les  parties  basses,  le  sol  est  noir  et,  çà 
est  là,  marécageux.  Sa  plus  grande  longueur,  de  l'Ouest 
à  l'Est,  c'est-à-dire  du  pied  des  montagnes  au  bordj,  est 
de  quinze  kilomètres;  sa  largeur  moyenne,  de  cinq. 

L'enceinte  montagneuse  (1,100  mètres  d'altitude)  se 
prolonge  dans  la  plaine  en  collines  basses,  admirablement 
cultivées,  aux  nombreuses  mechlas  couvertes  en  diss  ou 
en  tuiles.  Sur  chacun  de  ces  promontoires,  on  trouve,  çà 
et  là,  des  fragments  d'origine  romaine  :  colonnes,  bri- 
ques, blocs  carrés,  pierres  Inmulaires,  etc.,  oi,i  nous  avons 
pu  déchiffrer  les  noms   de  Fortunalus,    de  Secundus,  etc. 

La  seule  ruine  à  signaler  couvre  un  mamelon  de  la 


—  203  — 

rive  gaucho  du  Bou-Sla,  entre  l'Oued -Fer  Jjioua  et  la  sma- 
la de  Si  Ahmed-Khodja-bea-Aclîour,  neveu  de  Bou-Akkaz, 
Notre  confrère,  M.  Heymann,  chef  de  l'Annexe,  a  bien 
voulu  nous  y  conduire  et  nous  montrer  les  restes  d'un 
petit  temple,  des  colonnes,  une  pierre  tombale  et  une 
corniche  présentant  des  ornements  auxquels  la  demi-lune 
sert  de  base  et  qui  se  rapprochent  des  œuvres  d'art  in- 
digène. 

C'est  en  aval,  sur  la  même  rive,  que  M.  Dufour,  en 
fouillant  une  tombe  à  forme  de  Dolmen,  a  trouvé  un  sque- 
lette long  de  2  mètres,  une  hache  en  fer,  des  pendants 
d'oreille  en  bronze  bien  conservés,  un  poignard  et  un 
nombre  considérable  de  dents  de  sanglier  (1). 

M.  le  capitaine  Heymann  n'a  pu  nous  faire  connaître 
la  provenance  d'un  fragment  de  pierre  tumulaire,  ornée 
de  deux  personnages,  que  l'on  trouve  au  bordj  au  milieu 
des  bas-reliefs  décrits  par  M.  Dufour.  Ce  qui  reste  de  l'épi- 
taphe  nous  semble  inédit  : 

C-BLOSVS   SAL--- 
ET  GAEGILIA  V-- 

On  ne  peut  s'arrêter  quelques  jours  au  bordj  hospita- 
lier de  Fedj-Mzala  sans  visiter  le  kraneg  du  Bou-Sla  et 
le  castel  d'El-Hadj-Ahmed-bou-Akkaz-ben-Achour.  Muni  de 
la  brochure  de  Féraud  :  Ferdjioua  et  Zouar'a,  et  accom- 
pagné de  MM.  A.  Goyt,  membre  de  la  Société,  Patorni, 
interprète  militaire,  et  du  docteur  J.  Reboud,  médecin  du 
poste,  nous  franchissons  rapidement,  sous  la  direction  de 
M,  le  lieutenant  Ricaud,  adjoint  au  Bureau  arabe,  les  six 

(1)  Notices  et  Mcm.  xvm'  vol.  p.  529. 


—  204  — 

kilomètres  qui  nous  séparent  de  la  demeure  de  l'ancien 
Clieik,  beau  vieillard  de  85  ans. 

Après  avoir  dépassé  le  moulin  français  et  la  smala 
d'Alimed-Kliodja,  on  traverse  le  lit  du  Bou-SIa  qui  occupe 
toute  la  largeur  de  la  vallée  et  l'on  vient  mettre  pied  à 
terre  devant  le  bordj.  On  est  surpris  de  trouver  dans  celte 
partie  de  la  Kabylie  une  habitation  aussi  considérable, 
avec  des  murs  élevés  et  un  large  toit  couvert  en  tuiles  ; 
elle  s'élève,  au  milieu  de  nombreuses  démolitions,  sur  la 
rive  escarpée  du  Kraneg  et  barre  le  passage;  quoique 
dominée  à  l'Ouest,  sa  position  est  relativement  forte. 

Une  abondante  source  d'eau  tiède  vient  sourdre  à  cent 
pas  du  bordj  et  en  contre-bas  du  cimetière,  dans  un  bas- 
sin muré,  au  milieu  d'une  plate  forme  qui  se  termine  à 
trois  mètres  de  Uà  par  une  berge  à  pic  au-dessus  d'un 
gouffre  de  25  à  30  mètres  de  profondeur.  L'angle  sud  de 
la  corniche  a  pris  le  nom  de  Kef-el-Hammam  et  jouit 
d'une  triste  renommée.  C'est  de  là  que  Bou-Akkaz  préci- 
pitait ses  victimes  dans  le  lit  du  Khaneg,  sur  des  roches 
anguleuses  et  profondément  crevassées,  où  s'engouffrent 
les  eaux  du  Bou-Sla,  à  l'époque  des  crues,  et  qui,  en 
temps  ordinaire,  servent  de  refuge  à  des  bandes  de 
pigeons. 

2"  De  Fedj-Mzala  a  Djemilâ 

Deux  routes  conduisent  à  Djemila.  Uune  remonte  le 
Bou-Sla  dont  le  principal  aifluent  prend  naissance  non 
loin  des  sources  de  l'Oued-Djemila.  C'est  par  cette  voie 
qu'ont  passé  nos  premières  colonnes  se  dirigeant  sur 
Sétif  par  Djemila.  Le  capitaine  Saget  l'a  remontée  et  a  re- 


-  205    - 

connu  quelques  ruines  sur  le?  deux  rives.  Fournel,  qui 
donne  le  nom  de  Bou-Nouraà  l'Oued  Bou-Sla,  place  Modo- 
lana  aux  ruines  de  la  rive  droite,  el  Caput  Budelli  à 
celles  lie  la  rive  gauche;  pour  lui,  Ikirseo  doit  se  trouver 
à  nnoitic  chemin,  entre  Aïn-Kliecheba  et  Modolana. 

L'autre  route  est  plus  directe;  c'est  le  chemin  straté- 
gique. Après  avoir  longe  la  partie  méridionale  de  la  plaine 
et  franchi  quelques  petits  ravins,  elle  gravit  une  série  de 
plateaux  étages,  avant  d'atteindre  l'entrée  orientale  du 
Fedj-Borma.  On  met  une  demi-heure  à  traverser  ce  col 
long  et  étroit,  que  dominent  à  droite  et  à  gauche  des  som- 
mets herbeux.  Le  point  culminant  de  Fedj-Borma  est  à  la 
sortie,  au-dessus  du  village  de  Sidi-Naceur  (1,040  mètres 
d'altitude),  construit,  ain?i  que  la  mosquée,  en  pierres  de 
taille  provenant  d'une  ruine  voisine  (1). 

Plus  loin,  on  suit  généralement  une  ligne  de  crêtes 
jusqu'à  hauteur  des  sources  du  Bou-Sla,  au  Sud,  et  de 
rOued-Djemila,  au  Nord.  Les  champs  labourés  que  l'on 
traverse  présentent  de  nombreux  ravinements  qui  laissent 
à  nu  les  couches  de  marnes  noires  dont  le  sol  est  formé. 

Parvenu  sous  les  jardins  escarpés  de  la  famille  reli- 
gieuse des  BeniSadoun,  expulsée  d'Algérie  depuis  la  ré- 
volte de  1870,  on  longe  le  versant  Nord  d'un  chaînon 
élevé  (1448  mètres  d'altitude)  el  on  ne  tarde  pas  à  gagner 

(1;  M.  A.  Héron  de  Villefossc  a  copiû  près  de  lîi,  sur  une  stèle  arrondie, 
l'épitaphe  suivante  : 

[Homme  di\ipc  debout] 

CIVLIVS  M 

ARCIANVS 

VIXIT  ANNIS 

xxxxin 

Arohiycs  âçB  Missions  scientifiques,  1875,  page  442. 


206 


la  colline  où  s'élèvent  les  ruines  de  l'ancienne  colonie  de 
Cniculum. 

A  deux  cenls  pas  de  là,  le  chemin  traverse  un  col  par 
lequel  il  gagne  Mons  et  Sélif. 

La  première  ruine  que  l'on  rencontre  est  celle  de  l'an- 
cienne Kasbah,  ou  caserne  des  troupes  du  camp  perma- 
nent, bâtie  sur  la  redoute  si  brillamment  défendue,  pen- 
dant cinq  jours  et  cinq  nuits,  par  le  3'^  Bataillon  d'Afrique 
contre  toute  la  population  en  armes  (I). 

Le  paysage  qui  se  déroule  à  nos  yeux  est  monotone  et 
triste;  on  cherche  le  molif  qui  a  fait  choisir  la  colline  de 
Djemila  pour  l'emplacement  d'une  colonie.  La  vallée,  ou- 
verte du  Sud  au  Nord,  est  resserré  entre  deux  lignes  de 
montagnes  nues,  arides,  où  l'on  dislingue,  çà  et  là,  quel- 
ques groupes  de  gourbis  perchés  sur  des  plate-formes  inac- 
cessibles. L'Oued-Djemila  coule  entre  des  berges  au  parois 
verticales  que  de  fréquents  glissements  privent  de  végéta- 
lion.  Des  ravins  profonds  et  étroits,  descendant  des  mon- 
tagnes, découpent  le  sol  labourable  en  parcelles  peu  éten- 
dues et  rendent  la  circulation  impossible. 

La  colline  elle-même  où  se  dressent  l'arc  t!e  triomphe, 
profondément  fouillé  par  la  main  du  temps,  et  les  débris 
d'un  théâtre  et  de  plusieurs  temples,  descend  en  pente 
douce  vers  la  rivière,  entre  deux  ravins  aux  berges  rapi- 
des, où  l'œil,  en  plongeant,  dislingue  des  blocs  entraînés 
par  leur  propre  poids.  Elle  ne  présente  pas  plus  de  cinq 
cenls  mètres  de  large  sur  huit  cents  ou  mille  de  long. 
Malgré  les  monuments  qui  la  décorent,  Guiculum  n'a  pu 
être  qu'une  petite  ville,  une  bourgade,  quoiqu'on  découvre 

(I)  De  la  Mare,  Op.  cit.,  page  9. 


—  207  — 

à  l'horizon  des  massifs  de  pierre  blanchâtre  accusant  l'exis- 
tence |)assée  do  villas  ou  de  fermes.  On  se  demande  com- 
ment le  Conseil  municipal  a  pu  subvenir  aux  frais  de 
construction  des  monuments  qu'il  a  laii  élever;  quant 
à  ces  monuments,  nous  les  trouvons  trop  rapprochés  les 
uns  des  autres, sur  un  espace,  il  est  vrai,  trop  peu  étendu. 

Après  ces  réflexions  faites  à  la  hâte,  nous  venons  dres- 
ser nos  lentes  dans  quelques  jardins  plantés  d'arbres. 
Derrière  nous,  s'élève  l'arc  de  triomplie;  <à  notre  droite, 
le  grand  temple  dont  les  fragments  de  colonnes,  les  cha- 
piteaux de  très  grande  taille  hérissent  le  sol.  Nous  som- 
mes campés  en  plein  forum. 

Une  journée  entière  est  consacrée  à  l'exploration  de  la 
ruine,  à  la  recherche  d'inscriptions  publiées  ou  inédites. 
Tout  d'abord,  nous  croyons  qu'il  est  impossible  de  trou- 
ver des  textes  nouveaux,  après  tant  de  personnes  qui  ont 
pratiqué  des  fouilles  dans  tons  les  sens.  Cependant,  grâce 
à  la  bonne  volonté  de  quelques  indigènes  et  à  l'obligeance 
de  M.  le  lieutenant  Hicaud,  du  Bureau  arabe,  et  du  doc- 
teur .1.  Reboud,  nos  investigatioiis  sont  largement  récom- 
pensées; nous  pouvons  ajouter  à  l'épigraphie  de  Cuiculum 
deux  beaux  fragments  et  deux  grandes  inscriptions  nou- 
velles. 

X°    190 

Sur  un  fragment  de  dalle  engagé  dans  la  façade  orien- 
tale de  la  citadelle  de  Cuiculum,  assise  sur  un  mamelon 
dominant  la  colline  : 

L-TITLNIO  C • 

ACOMMf^NTAnPRI" 
PRAESIDIETPROC--" 
ÂLPlViMiMARlTliMAR--- 

Copie  de  l'auteur  et  du  docteur  J.  Reboud. 


—  208    - 

Le  numéro  2535  des  I.R.A.  renferme  deux  dédicaces 
du  Conseil  municipal  de  Cuiculum  en  l'honneur  de  Clau- 
dia Salma,  femme  de  noire  personnage,  de  Titinius  Maxl- 
mus  Clodianus,  son  fils,  et  de  Titinia  Clodia  Salvia,  sa 
fille? 

Quant  à  L.  Titinius  Clodianus,  il  esl  qualifié  d'egre- 
gius  vir  et  de  procurator  Augustorum. 

Ces  deux  Augustes  ne  peuvent  être  que  Marc  Aurèle  et 
Lucius  Verus. 

N°   191 

Sur  une  dalle  bordée  d'une  moulure  en  haut,  à  droite 
et  h  gauche.  Hauteur  1"i20  sur  0^80. 

M- AYRELIO 
GAES  IMP  CAES 
T-AEL-HADRIAN 
ANTONINI  AYG 
PII  PP'FILTRIBPOT 

COS  0  EXTESTA 
îdENTO  M  -PO.M 
PEl-M  FILQVIRVE 
TERIS  FLAVIANI 
AVG-L-POMPEIVS 
M-FILQVJRIXOVEL 

LVSAEDÏÏVîRAVGiMAX 
AVG  BIS  FRATER 
ADIECTO   PODIS 
MOPOSVIT  ET  LV 
DIS  EDITIS  DEDI 
CAVIT 

Copie  de  l'auteur  et  du  docteur  J.  Reboud. 


—  209  — 

Marco  Aiirelio,  Jmperatoris  Caesaris  Titi  Aelii  Hadriani 
Antonini  Augnsti  pii  Filio,  tribunitia  pokslate.  Consul  II. 
Ex  testamenlo  Marci  Pompel,  Marci  filii,  Quirina  (tribu) 
Velerls  Flaviani,  Auguris,  Lucius  Ponipeius,  Marci  Filius. 
Quirina,  Novellus,  Aedilis  If  vir,  Augur  Maximm,  Augur 
Bis,  frater  adjecto  podismo  posuit  et  ludis  edilis  dedicavit. 

Celte  inscription,  admirablement  gravée  et  d'une  con- 
servation complète,  gisait  enfoncée  dans  le  sol  à  l'excep- 
tion des  syllabes  cavit.  Le  temple,  dans  lequel  elle  se  trou- 
vait adossée  à  un  mur,  doit  être  la  Basilica  Julia,  comme 
semblent  le  prouver  deux  grands  textes  voisins  {n°^  25'^.9 
et  2570).  Ce  temple,  élevé  par  Caius  Julius  Crescens  Di- 
dius  Crescentianus,  renfermait  les  statues  des  empereurs 
Lucius  Verus  et  Marc  Aurèle. 

C'est  également  en  l'honneur  de  ce  dernier,  fils  adoptif 
de  Titus  Aelius  Hadrianus  Antoninus  ("25  février  136),  que 
Marcus  Pompeius,  surnommé  l'ancien  flavieii,  a  dédié  ce 
monument;  il  remonte  à  l'année  145;  Marc  Aurèle  n'était 
encore  que  César  et  remplissait,  pour  la  deuxième  fois,  les 
fonctions  de  Consul. 

Quant  au  testateur,  nous  le  connaissons  déjà  par  son 
épitaphe,  peut-être  inachevée,  et  celles  de  deux  autres 
membres  de  sa  famille  (L,  fî.  n^  2562).  Le  nouveau  texte 
complète  le  premier  en  ajoutant  Flaviano  à  Veteri. 

L'inscription  ne  mentionne  pas  le  motif  pour  lequel 
elle  a  été  gravée.  Elle  n'offre  pas  moins  un  grand  intérêt 
en  nous  faisant  connaître  une  formule  que  nous  croyons 
nouvelle  : 

ADIECÏO   PODISMO 
Par  l'odismus  on  entend  une  sorte  de  mesure  agraire, 


—  210  ^ 

un  arpenlage  par  pied  ou  par  pas  ;  mensores  snnt  qui  ad 
podismum  diinitiunlur  loca  in  qiiibus  lentoria  milites 
fîgant  (1).  Ce  mot  se  trouve  dans  le  n»  A^li)  des  inscrip- 
tions d'Orelli  :  pro  podismo  slruclionis  sca'aris.  Malgré  le 
secours  de  ces  deux  textes,  la  formule  conserve  pour  nous 
toute  son  obscurité. 

N»  192 

Sur  un  dé  d'autel  rustique.  Hauteur  0"i60  sur  1'"  de 
large  : 

H  E  R  C  V  L  1    A  V  G  •    S  A  C  R  V  M  •  C  •  I  V  L  l  V  S 
SATVR^MNVS    SACERDOS    LIBERl 

PATUIS  ARAM  OPERE  QVADRATARIO  A  FVNDAMENTIS 

SVA  PECVNIA  l-X  S-S  8  INVMMIS  FECIT  DEDICAVIT  Q  CVRANTIBVS 

IVLI\  GETVLA  VXORE  ET  IVLUS  GETVLEIS  APA   ET  S.\TVRNI\!0 

IVNIORE  FILllS   EIVS         V  S'L'A 

Copie  de  l'auteur  et  du  docteur  J.  Reboud. 

Nous  devons  la  connaissance  de  cette  dédicace  à  Her- 
cule à  M.  le  capilaine  Heymann  qui  l'a  découverte  dans 
un  mur  de  jardin,  à.  la  pointe  extrême  de  la  colline  ('1S79). 
C'est  là,  au  milieu  même  du  jardin,  que  nous  l'avons  re- 
trouvée et  copiée. 

Les  deux  lignes  supérieures  présentent  des  lettres  plus 
grandes  que  les  autres.  Dans  les  dernières,  la  gravure  est 
négligée  et  (|uelques  lettres  tiennent  presque  de  l'écriture 
cursive. 

Quand  au  surnom  de  APA,  dont  !a  lecture  ne  laisse 
aucun  doute,  il  est  au  moins  singulier;  porté  par    le  fils 

(1)  Veget.  Mil.  2-7  fin. 


—  211   — 

d'une  dame  probablement  indigène,   Julia   iietula,    il  ne 
saurait  être  qu'un  souvenir  de  tribu. 

N»   193 

Sur  plusieurs  fragments  d'une  grande  dalle  en  calcaire 
jaunâtre,  épars  le  long  d'un  sentier  au-dessous  du  théâ- 
tre; grandes  et  belles  lettres  : 

•      •••      •«•II*** 

FELÏCI  AVG 

PARTllICO  MAX--- 
GERAIAN  MAX--- 
T  R I B  POT 

PPCOSlTlPROCOS- 
PATRI 


RESP  CVICVI/DEV 


A  la  grandeur  des  lettres  qui  mesurent  O'"01,  il  est 
facile  de  reconnaître  la  provenance  de  ces  beaux  fragments. 
Il  est  probable  que  l'inscription  ornait  l'atlique  d'un  grand 
monument,  le  théâtre  peut-être,  élevé  en  l'honneur  de 
Caracalla,  quatre  fois  consul,  par  les  colons  de  Cuiculum, 
Respublica  CuicuUtanorum  devota  numini  majestatique  ejus. 

La  nécropole  de  Cuiculum,  visitée  à  la  hâte  par  M.  le 
capitaine  Heymann,  couvre  de  ses  nombreux  monuments 
funéraires  le  coteau  de  la  rive  gauche,  situé  en  aval  des 
ruines.  H  a  remarqué  sur  chacun  d'eux  des  sculptures 
d'un  type  assez  uniforme,  représentant  des  sujets  mor- 
tuaires. L'épigraphie  ne  possède  que  de  rares  épitaphes 
de  Cuiculum.  Nous  engageons  nos  conirères  à  porter  leurs 
investigations  hors  de  la  ruine  principale,  persuadé  qu'ils 


—  212  -^ 

y  feront  une  ample  moisson  d'inscriplions  lumulaires 
inédiles. 

.M.  Dnfour  nous  communique  le  dessin  d'un  sarcophage 
qui  reproiluit  le  lype  observé  par  nous  autour  de  la  mai- 
son du  caïd  Bou-Larès  et  près  de  la  smala  du  Tarf,  c'est- 
à-dire  le  type  phénicien. 

Nous  devons  signaler  la. nécropole  française  où  l'on  voit 
des  noms  de  soldais  et  d'ofliciers  du  camp  de  Djemila 
gravés  sur  des  pieires  romaines;  la  plus  remarquaîjle  est 
celle  du  capitaine  Escanyé,  du  22"^  de  Ligne,  qui  com- 
mandait le  camp  lors  du  passage  de  de  la  Mare.  L'insa- 
lubrité devint  si  funeste  que  l'autorilé  militaire  donna 
l'ordre  d'abandonner  la  Kasbali,  aujourd'hui  en  ruine. 

Les  ruines  de  Djemila,  si  riches  en  monuments  remon- 
lant  en  général  à  l'époque  des  Antonius,  doivent  ren- 
fermer encore  un  grand  nombre  d'objets  d'art. 

On  en  cite  quelques-uns  provenant  des  premières  fouilles  : 

U  Trois  bas-reliefs  et  une  belle  lampe  en  bronze,  dé- 
posés au  musée  d'Alger  (de  la  Mare;; 

2o  Des  fragments  d'un  bas-relief  en  marbre,  représen- 
tant des  sujets  chrétiens  :  Daniel  dans  la  fosse  aux  lions, 
la  colombe  rapportant  dans  l'arche  un  rameau  d'olivier, 
et  le  corbeau  déchirant  de  son  bec  les  yeux  d'un  cadavre 
(de  la  Mare,  op.  citalo). 

Plus  récemment,  M.  Dufour  a  eu  la  bonne  fortune  de 
déterrer  la  belle  statue  qui  fait,  aujourd'hui,  le  principal 
ornement  des  galeries  du  Palais,  à  Constantine.  Ce  remar- 
quable portrait  de  dame  romaine  de  la  contrée  gisait  en- 
seveli sous  les  terres  du  versant  Nord-Ouest,  au  milieu 
d'une  plate-forme  enrichie  de  mosaïques. 


—  213  — 

Noire  confrère  a  fait  don  à  M.  de  Villefo>se  de  Ions  les 
objets  en  ivoire  et  en  bronze  trouvés  dans  un  ateli(M'  de 
tourneur  :  étuis,  épingles,  manches  de  coiUeau,  de  poi- 
gnard, de  miroir,  dés  à  jouer,  petits  chiens. 

Le  [)lus  iu]portant  est  un  petit  bronze,  très  fui,  de  0"'l 
de  hauteur;  il  représenle  un  indigène  montrant  sa  face 
par  l'ouverture  du  burnous  qui  l'enveloppe  entièrement 
et  dont  le  capuchon  est  verticalement  dressé  sur  sa  tête. 
Ce  bronze,  par  sa  couleur  locale,  mérite  d'être  reproduit 
dans  une  de  nos  planches.  M.  Dufour  le  considère  comme 
un  dieu  Lare. 

Si  noire  rapide  excursion  à  Djemila  n'a  pas  été  infruc- 
tueuse, nous  le  devons  à  l'obligeance  amicale  des  officiers 
du  Bureau  arabe  de  Fedj-Mzala  et,  en  particulier,  de  no- 
ire confrère,  M,  le  capitaine  tieymann. 

V.  R. 


SIMPLES  RÉFLEXIONS 

AU   SUJET  DE  LA  DÉCOUVERTE 

D'UN    SACRVM 

A  TÉBESSA 
Par     M.     Abel     FARGES 

LIEUTENANT 

ADJOINT  AU  BUREAU  ARABE  DE  TÉBESSA 


Le  19e  volume  du  Recueil  des  Notices  et  Mémoires  de  la 
Société  fait  mention,  pages  455  et  suivantes,  de  la  décou- 
verte à  Tébessa,  aux  portes  mêmes  de  la  ville  actuelle, 
d'une  construction  romaine  d'où  un  grand  nombre  de 
débris  avaient  été  extraits. 

Grâce  à  la  bienveillance  de  M.  le  capitaine  Rouet,  dont 
les  dessins  seront  appréciés,  nous  n'en  doutons  pas,  à  leur 
juste  valeur,  nous  avons  pu  réunir,  en  quelques  planches, 
ces  fragments  dont  l'étude  nous  avait  paru,  dès  le  premier 
jour  de  la  découverte,  devoir  être  non-seulement  agréable 
mais  utile. 

Sans  avoir  la  prétention  d'écrire  cette  élude,  nous  avons 
risqué  quelques  réflexions  sur  celte  trouvaille,  bien  plutôt 
afin  d'en  accompagner  la  reproduction  par  le  dessin  et 
par  là  d'en  empêcher  la  destruction  complète,  que  d'im- 
poser des  idées  qui,  pour  être  sans  appel,   voudraient 


216 


être  présentées  par  une  plume  autrement  autorisée  que 
la  nôtre  et  devraient  s'appuyer  tle  documents  moins  in- 
suffisants que  ceux  qui  nous  ont  servi. 

Nous  avons  compté  cinquante-trois  fragments  dont  l'état 
de  conservation  nous  a  paru  mériter  les  honneurs  de  la 
reproduction.  Nous  en  donnons  ci-après  la  liste  en  accom- 
pagnant chacun  d'eux  d'annotations  qui,  nous  le  répétons, 
sont  toutes  personnelles  et  restent  soumises  au  contrôle 
et  aux  rectifications  des  nombreux  maîtres  es-Archéologie 
que  possède  la  Société. 

FiG.  1.  Tête  en  pierre  blanche 

Sans  doute  une  tête  de  Junon.  Cette  tête  est  caractéri- 
sée par  le  diadème,  insigne  de  la  royauté. 

Le  type  de  la  figure  est  grec.  On  peut  donner  au  dia- 
dème le  nom  de  frontale.  Les  artistes  grecs  le  plaçaient 
sur  le  front  de  leurs  divinités. 

L:i  le  frontale  retient  sur  le  devant  de  la  tête  la  stola 
retombant  sur  la  tunica  muliebris  dont  elle  est  elle-même 
une  des  parties. 

On  trouve  au  Musée  Borbonico,  m,  pi.  57,  une  statue 
qui  fournit  un  modèle  très  complet  de  stola. 

Ce  type  est  reproduit  à  la  page  1c39  de  V Histoire  des 
Romains,  de  Victor  Duruy. 

FiG.  2.  Tête  en  marbre 

Du  même  style  que  la  précédente,  ornée  comme  elle  du 
diadème. 

Il  y  a  beaucoup  de  ressemblance  entre  cette  tête,  avec 
le  diadème  qui  la  surmonte,  et  la  tête  de  la  Cérès,  trou- 


-  217  - 

vée   h  Oslie  en  1857  et  qu'on  voit  au  Vatican.    (Musée 
Chiaramonli,  paroi  de  l'iiémicycle,  83.) 

FiG.  3.  Tête  de  lion  en  pierre  blanche 

Ce  fragment  a  dû  faire  parLic  du  siège  d'une  divinité, 
d'un  Jupiter  probablement,  !e  lion  étant  l'emblème  de  la 
souveraine  puissance.  11  se  prolonge  en  arrière  en  forme 
de  bras  de  solium. 

Toutefois,  son  peu  de  longueur  ne  permet  pas  de  se 
prononcer.  Il  se  pourrait  que  ce  débris  eut  appartenu  à 
une  poignée  de  pvgio  ou  de  gladivs  dont  aurait  été  ornée 
ou  qu'aurait  tenu  à  la  main  une  statue  de  Mars. 

FiG.  4.  Statue  mutilée  en  pierre  blanche 

Nous  aurons  à  revenir  sur  l'étude  de  celte  statue  lors 
de  l'examen  de  la  figure  28. 

FiG.  5.  Main  en  marbre 

Cette  main  lenait  probablement  un  sceptre.  Elle  devait 
faire  partie  de  l'une  des  nombreuses  statues  dont  nous 
donnons  la  description. 

FiG.  6.  Partie  antérieure,  en  pierre,  d'un  lion 

^Attribut  de  Jupiter,  de  C'ybèle  ou  d'Hercule^ 

Il  figurait,  sans  doute,  comme  symbole,  dans  un  monu- 
ment dédié  à  l'une  de  ces  divinités. 

FiG.  7.  Fragment  d'une  tête  très-difficile  à  décrire 

Il  faisait,  selon  toutes  probabilités,  partie  d'un  bas-relief. 
Un  amateur  de  Tébessa  y  voit  un  Apollon,  il  nous  écrit 
à  ce  sujet  : 

Ce  fragment  peut  se  rapporter  à  une  figure  du  frère  de 

19 


—  218  — 

Diane,  Apollon,  dieu  national  des  Cyrénéens.  Les  Grecs, 
établis  à  Thévesle,  ont  dû  honorer  le  dieu  Pythien  d'un 
culte  spécial  en  souvenir  des  oracles  fameux  rendus  dans 
le  temple  de  Delphes. 

Le  même  chercheur,  dont  les  aperçus  pleins  d'à-propos 
et  marqués  au  coin  d'une  originalité  toute  spéciale,  nous 
ont  souvent  étonné,  a  poussé  plus  loin  encore  son  exa- 
men de  ce  débris. 

En  considérant  attentivement,  dit-il,  ce  fragment,  on 
ne  peut  s'emjiêcher  d'être  frappé  [)ar  un  certain  air  de 
ressemblance  entre  lui  et  le  type  du  Christ,  tel  que  les 
catacombes  nous  l'ont  révélé.  H  y  est  repioduit,  comme 
on  le  sait,  avec  un  fini  et  une  perfection  dignes  des  plus 
beaux  âges  de  l'antiquité. 

L'artiste  auquel  nous  devons  celte  sculpture,  n'était-il 
pas  chrétien,  et,  dans  le  cas  affirmatif,  ne  se  serait-il  pas 
inspiré  de  ce  type  du  Christ  des  premiers  siècles  avec 
l'arrière-pensée,  l'espoir  de  voir  son  œuvre  profiter  bien- 
tôt aux  nouvelles  croyances? 

La  supposition  est  admissible  et,  parmi  les  Saturninus 
et  les  Pullœnus  dont  nous  retrouverons  plus  loin  les 
noms,  il  a  pu  se  trouver  un  de  ces  néophytes  de  transi- 
lion  qui,  à  l'instar  de  la  Marceiliana  dont  parle  Saint- 
Augustin,  adorait  en  même  temps  les  images  de  Jésus  et 
de  Paul,  d'Homère  et  de  Pythagore.  «  Colebat  imagines 
Jesu  et  Pauli,  Homeri  et  Pythagorœ.  t>  De  Heresib.  lib.  m. 

L'hypothèse  de  la  présence  au  niilieu  de  statues  païen- 
nes d'une  image  du  Christ  ou  d'un  Apollon  accommodée 
son  type  paraît  encore  moins  invraisemblable,  lorsqu'on 
voit  une  Julia  Mamî3ea,  initiée  (probablement  par  Origène) 


—  519  — 

aux  mystères  du  clirislianisnie,  favoriser  les  chrétiens  ;  et 
un  Alexandre  Sévèic  montrer  une  telle  admiration  pour 
leur  doctrine,  qu'au  dire  de  Lampride,  il  adorait  le  Christ 
dont  la  statue  en  or  figurait  dans  son  lararium  après 
qu'il  eut  essayé  de  le  faire  recevoir  au  Panthéon. 

Il  n'y  a  rien  d'ailleurs  qui  doive  surprendre  dans  cette 
supposition  si  l'on  lient  compte  des  nombreuses  conces- 
sions mutuelles  qu'en  Afrique  surtout,  chrétiens  et  païens 
ont  dû  se  faire  dans  leur  modiis  vivendi  religieux,  à  cette 
époque  où  l'on  voyait  monter  sur  le  siège  épiscopal 
d'Alexandrie,  l'arien  Lucius,  cher  à  Sérapis,  disent  les 
chroniqueurs,  et  protégé  par  le  gouverneni'  Palladius  et  par 
une  foule  attachée  au  culte  des  idoles. 

Un  Apollon  sous  les  traits  du  Christ,  c'était  là  une  des 
concessions  dont  nous  parlons. 

FiG.  8.  Fragment  en  marbre  d'une  toge  ou  d'une  tunica 
Ce  reste  est  d'un  très  beau  travail. 

FiG.  9.  Fragment  de  la  partie  postérieure  d'un  lion  qui, 
sans   doute,  ornait  un  auîel  d3  Jupiter   ou    de  Cybèle. 

FiG.  10.  Dauphin  en  bas  relief  sur  une  plaque  de  marbre 

Cet  attribut  de  Neptune  semble  attester  que  ce  dieu 
avait  des  adorateurs  à  Thevesle. 

Une  ville  tunisienne  voisine,  Nefia,  autrefois  Nepla, 
paraît  avoir  tiré  son  nom  de  Neptune  ou  de  sa  femme 
Neptys. 

Sans  doute  le  culte  de  ces  deux  divinités,  parti  du  Té- 
narc,  atteignit  les  rivages  libyques  et  parvint  de  là  sur  les 
vaisseaux  des  !\1  inyens  jusqu'en  Numidie.  Un  temple  leur 


—  520  — 

était  consacré  dans  une  île  du  lac  Trilonide,  aujourd'hui 
choit  du  Djerid  ou  Sebkha-Faraoun. 

Ce  culte  dont  nous  relevons  les  traces  à  Theveste  sem- 
ble prouver  que  jadis,  comme  de  nos  jours,  les  habitants 
de  Djerid  étaient  en  relations  commerciales  fré(iuenles 
avec  ceux  de  Tébessa. 

On  peut  citer  une  ville  Vie  ranci(Mine  Japygie,  Brundis- 
sium,  qui  elle  aussi  dut  à  ses  relations  commerciales  avec 
la  Grèce  de  voir  s'établir  chez  elle  le  culte  de  Neptune. 
On  retrouve  sur  ses  monnaies  le  même  emblème  que  celui 
qui  nous  occupe. 

FiG.  11.  Beau  torse  en  pierre  d'une  statue  du  dieu  Mars 

ou  d'Apollon 

Il  est  revêtu  du  paludamentum. 

Ce  fragment  indique  une  belle  époque.  Il  est  de  beau- 
coup supérieur  à  la  plupart  de  ceux  que  nous  examinons. 

FiG.   1^2.   Fragment  d'un  bas-relief  en  pierre,  représentant 
une  tète  coiffée  du  pileus 

Ce  genre  de  bonnet,  usité  chez  les  Romains  et  chez  les 
Grecs,  affecte  ici  la  forme  grecque.  Il  est  orné  d'une 
bande. 

On  donne  celte  coiffure  à  Castor  et  à  Pollux,  ces  deux 
enfants  de  Jupiter,  dieux  de  l'hospitalité. 

Nous  avons  sous  les  yeux  un  sextans  italique  frappé  à 
Formies,  dans  le  pays  des  Volsques,  sur  l'avers  et  le  re- 
vers duquel  les  Dioscurcs  sont  représentés  avec  un  pileus 
en  tous  points  semblable  à  celui  de  notre  bas-relief. 

Castor  et  Pollux  étaient  aussi  les  dieux  de  la  navigation. 
N'avons-nous  pas  devant  nous   le   Iragment  d'un   ex-voto 


—  221  — 

qui  leur  aura  élé  consacré  par  un  voyageur  reconnaissanl? 

La  slalue  de  Salurnc  était  quelquefois  aussi  coiiîée  du 
pileus.  Millier  Visler  en  cite  un  exemple  dans  ses  Monu- 
ments de  l'art  micien. 

On  ne  peut  distinguer  l'embième  placé  sur  la  droite  de 
la  tôle. 

FiG.  13.  Chapiteau  corinthien  en  pierre 

On  reirouve  ici  les  feuilles  de  l'olivier  rappelant  une 
des  principales  productions  du  pays  à  l'époque   romaine. 

FiG.  14  et  14  bis.  Ornement  en  pierre  en  forme  de  calice 

La  fleur  qui  le  termine  est  une  rose. 

Chacun  sait  combien  les  anciens  aimaient  à  employer 
la  rose  dans  leurs  ornements  funéraires.  La  rose  symbo- 
lisait jiour  eux  la  liriéveté  de  la  vie,  témoins  ces  vers  de 
Catulle  : 

ut  inaiie  rosa  viget,  tameu  mox  vcspere  laiiguet  ; 
Sio  modo  qui  fuiinu?,  cras  Icvis  uiubra  sumus. 

Nous  ne  pouvons  résister  au  plaisir  de  citer  ici  une 
inscription  funéraire  inédile  trouvée,  au  moment  où  nous 
transcrivions  ces  notes,  à  quelques  pas  seulement  de  no- 
tre Sacrum,  par  M.  le  lieutenant  Durand,  du  3°  Zouaves: 

D-   M-  S- 

E.MILIA  DONATIVA 
V-  A-  1-  M-llJI-  D-XllI-  II-  S-  E- 
OVAE  DVLCIOH  VIXIT  ROSA 
TVRBO  PATET  DESIGNATA 

MAT-  FIL-  FEC- 

Il  existe,  ainsi  qu'on  le  verra  plus  loin,  des  pierres 
tombales  dans  nos  débris.  Cet  ornement  pouvait  (aire  par- 
lie  d'un  ex-voto  funéraire. 


-    222  — 

FiG.  15.  Fragment  en  pierre  paraissant  représenter 
la  déesse  Vesla,  fille  de  Saturne  et  de  Uhée,  sœur  de  Jupiter 

Vcsia  présidait  au  foyer  clomesliqiic.  On  la  représente 
souvent  sur  les  monnaies,  sacrifiant  sur  un  autel. 

Ici  elle  semble  faire  tles  libations  sur  un  brasier. 

Ce  type  se  trouve  sur  un  grand  bronze  de  Faustine, 
mère. 

FiG.  16.  Bas-j^elief  en  pierre 

Le  fragment  de  droite  a  été  retrouvé  depuis  quelques 
jours. 

Placé  au  fond  d'un  édicule,  il  simulait  sans  doute  le 
vélum  employé  pour  voiler  l'image  d'une  divinité. 

Ce  spécimen  diffère  de  celui  cité  par  Rich,  en  ce  qu'il 
est  tout  d'une  pièce,  tandis  que  celui  dont  il  parle  est 
composé  de  deux  rideaux. 

FiG.  17  et  17  bis.  Colonne  en  pierre  surmontée  d'un  chapiteau 
à  feuilles  de  palmier  et  à  fleurs  de  lotus 

Ces  fleurs  étaient  consacrées  à  Isis.  C(3tte  colonne  n'a-t- 
elle  pas  servi  à  orner  un  édicule,  élevé  par  une  famille  de 
Tbeveste  originaire  d'Fgyplc  ou  alliée  à  une  famille  égyp- 
tienne, à  cette  divinité  dont  les  mystères  étaient  connus 
aussi  des  Romains? 

Nous  avons  trouvé  à  Tébessa  différents  emblèmes,  dont 
un  srai'abée  en  agate,  dénotant  l'existence  h  Theveste 
d'une  colonie  égyptienne. 

FiG.  18.  Fragment  d'un  bas-relief  avec  personnage 
tenant  à  la  main  le  volumkn 

Oïl  représentait  fréquemmment  ainsi  les  sacerdoles.  Ce 


—  223  — 

personnage  élail  sans  doule  un  menfihre  de  la  gens  sacer- 
dolalis  Salurnina  ou  de  la  gens  Pullocna. 

FiG.  19.  Débris  de  rinceaux  ayant  appartenu  à  l'entable- 
ment d'un  autel  de  petites  dimensions. 

Cet  autel  était  probablement  dédié  à  Pomone  ou  à 
Salurne  dont  nons  retrouverons  plus  loin  les  statues. 

On  sait  que  Pomone  présidait  aux  vergers,  et  Macrobe 
écrit  que  Saturne  passait  chez  les  anciens  pour  l'inventeur 
du  miel  et  des  fruits. 

FiG.  20.  On  pourrait  ne  voir  dans  ce  fragment  qu'une 
simple  stèle  funéraire,  sur  laquelle  l'artiste  aurait  figuré 
le  père,  la  mère  et  l'enianl  d'une  même  famille. 

Mais,  ainsi  que  nous  le  dirons  plus  tard,  le  sanctuaire, 
dont  nous  donnons  la  description,  ayant  eu  une  destina- 
lion  toute  spéciale,  nous  préférons  y  voir  les  images  de 
trois  idoles  phéniciennes  au-dessous  desquelles,  sans 
doute,  figurait  la  personne  du  donateur. 

Le  palmier,  phoïnix,  qui  surmonte  le  bas-relief,  nous 
rappelle  en  effet  la  Phénicie,  ainsi  que  les  oasis  de  la 
Lybie. 

Nous  croyons  donc  être  en  présence  de  trois  divinités 
phéniciennes  en  honneur  chez  les  Lybiens  et  les  Numides, 
voisins  des  Carthaginois,  savoir  : 

MELCARTIl-IIÉRACLES  ou  Hercule, 

BÂAL-Ai\)MON  ou  Saturne, 

ASTRO-ARCHES,  la  lune,  Astarté  des  Lyhiens. 

Les  Lybiens,  selon  Hérodote,  adoraient  le  soleil  et  la 
lune. 

Rien  d'étonnant  qu'une  famille  de  Theveste  ait  compté 


—  224  — 

parmi  ses  membres  des  Lybiens  ayant  conservé,  loin    de 
leurs  pays,  le  culte  de  leurs  dieux  préférés. 

Rien  d'exlraoïdinaire  non  plus  dans  la  présence  de  ces 
divinités  étrangères,  au  milieu  des  imtiges  du  paganisme 
romain  qui  dut  être  toujours  fort  accommodant  en  Afri- 
que, surtout  lorsqu'il  s'agissait  de  donner  l'Iiospitalilé  de 
ses  temples  à  des  emblèmes  qui,  sous  un  autre  nom,  rap- 
pelaient encore  ses  propres  divinités. 

FiG.  20.  Bas-relief  représentant  l'image  d'une  divinité 
placée  au  centre  d'un  pronaos 

Les  ornements  de  la  pîirlic  supérieure  semblent  être 
des  feuilles  de  pin. 

M.  Delapard  a  irouvé,  il  y  a  quelques  années,  à  Yok- 
kous,  localité  voisine  deTébessn,  un  bas-relief  sur  lequel 
figurent  un  ceif  et  un  lion,  avec  cette  inscription  :  Cerbus 
antrum  leonum,  le  tout  accompagné  d'une  tête  de  divinité 
dans  le  genre  de  celle-ci. 

i\l.  A.  Héron  de  Villefosse,  l'un  de  nos  plus  sympathi- 
ques archéologues  algériens,  a  reproduit  celte  découverte 
dans  son  rapport  sur  sa  mission  scientifique  en  Algérie, 
1875,  page  117. 

Or,  on  a  vu  dans  celle  divinité  VYokar  ou  Jakous,  dieu 
de  la  chasse,  qui  partageait  avec  Masliman,  dieu  de  la 
guerre,  les  adorations  des  Berbères.  On  a  même  pensé 
que  le  nom  de  Yokkous  venait  de  celui  de  Yakous. 

La  figuj'e  que  nous  examinons  ne  pouvait-elle  repré- 
senter aussi  le  dieu  Iakous,  et  la  branche  de  pin  rappeler 
les  bois  où  l'on  chassait  les  bêles  fauves? 

Toutefois  nous  soumettrons  aux  chercheurs  une  seconde 
hypothèse. 


—  225  — 

En  admellanl  que  la  branche  du  frontispice  soit  une 
branche  de  sylphinm  cyrenaïcum,  on  pourrait  voir  dans 
celle  divinité  Apollon,  cher  aux  Cyréncens. 

FiG.  2^2.   Aiilel  en  pierre  d'une  consermfion  parfaite 

H  est  de  forme  carrée  avec  rainure  pour  l'écoulement 
des  libations  de  vin  et  du  jus  des  viandes  consommées. 

C'est  bien  ici  l'Ara  et  non  le  Cippus  avec  lequel  Uich 
prétend  qu'on  le  confond  souvent. 

Sur  le  devant  on  remarque  en  bas-rolief  deux  béliers. 
Ces  symboles  du  saci'ifice  iie  laissent  aucun  doute  sur  la 
véritable  destination  de  cette  Ara. 

FiG.  2o.  Fragment  d'une  statue  en  pierre 

Ces  débris  présentent  un  fini  d'exéculion  qui  l'ait  d'autant 
plus  regretter  ta  luulilaliuii  ilont  il  a  élé  l'objet. 

On  ne  saurait  déterminer  le  nom  de  la  divinité  qu'il 
représentait.  Vue  de  dos,  une  statue  n'offre  picsque  ja- 
mais des  signes  caiactéristiques  auxquels  on  la  puisse 
reconnaître. 

Sommes  nous  en  présence  d'un  Appollon  du  genre  de 
l'Apollon  Pytliien,  décrit  au  w^  lo  du  catalogue  Fioclmer 
du  Louvre?  Avons-nous  ici  un  .l'ercure,  tel  qu'il  en  figure 
un  à  la  pi.  (>  du  musée  Pio-Clémentino  au  Vatican'/ 
Mystère  ! 

FiG.  '"là.  Fragment  d'une  espèce  de  Mensa  sacmqui  devait 
être  placée  devant  la  statue  d'une  divinité  et  sur  laquelle 
on  brûlait  de  l'encens. 

Les  Berbères  plaçaient  quelquefois  devant  leurs  divini- 
tés des  tables  à  rebords  dans  lesquels  existaient  des  cavi- 
tés où  ils  brûlaient  de  l'huile  ou  de  l'encens. 


—  -2-26  — 

Nous  avons  vu  un  fort  intéressant  spécimen  de  ce  genre 
dans  la  propiélé  Sauvial,  à  Aïn-Taliamimine.  Il  doit  s'y 
trouver  encore,  si  toutefois  il  n'a  pas  subi  le  sort  des 
belles  et  curieuses  mosaïques  que  nous  y  avons  vues  et 
qu'on  y  brisait  alors  à  coups  de  pioche. 

Cet  autel  primitif  est  taillé  dans  un  rocher  de  forme 
pyramidale  sur  lequel  les  iînages  de  plusieurs  divinités  se 
font  remarquer.  Au-dessous  d'elles,  la  pierre  a  été  taillée 
en  marche  et  sur  cette  marche  des  excavations  ont  été 
pratiquées  pour  recevoir  les  offrandes. 

La  Mensa  du  n»  24  porte  les  empreintes  de  deux  de 
ces  excavations,  l'une,  en  forme  de  lampe,  destinée  aux 
offrandes  d'huile,  la  seconde  en  forme  de  vase  pour  les 
offrandes  de  gâteaux  et  autres  aliments  consacrés. 

FiG.  25,  Extrémité  du  museau  d'une  panthère  rappelant 
le  culte  de  Bacchus,  très  en  honneur  parmi  les  Maures. 

Ce  dieu  est  fréquemment  représenté  assis  sur  une  pan- 
thère ou  une  panthère  à  ses  côtés.  C'est  ainsi  qu'on  le 
voit  sur  les  monnaies  de  Corcyre,  d'Antiochus  IV,  roi  de 
Commagène,  etc. 

FiG.  26.    Fragmeiu  en  marbre  d'un  bras 

Ce  débris  est  d'un  intérêt  tout  spécial.  I!  nous  offre  en 
eifet  un  exemple  de  l'un  de  ces  donaria  que  les  romains 
suspendaient  dans  les  temples  devant  la  statue  de  la  di- 
vinité, à  l'intercession  de  laquelle  une  guérison  était  due. 

Ici,  le  donateur  avait  sans  doute  invoqué  l'un  des  dieux 
du  Panthéon  de  Thevesie  pour  obtenir  de  lui  la  guérison 
d'une  plaie  qu'il  avait  au  bras,  et,  celte  guérison  obte- 
nue, il  avait  fait  don  de  cet  ex-voto. 


—  227  — 

1!  manque  l'exlrcmilé  du  membre;  probablement  celte 
extrémité  portait  indiquée  par  un  signe  particulier,  sui- 
vant i'usage,  l'endroit  où  se  trouvait  la  blessure. 

A  la  partie  supérieure  on  remarque  un  appendice  de 
forme  carrée,  destiné  à  suspendre  l'ex-voto.  Cet  appendice 
n'est  pas  apparent  dans  le  dessin  par  suite  de  la  position 
dans  laquelle  le  fragment  a  été  reproduit. 

Un  examen  allenlif  de  ce  donariitm  ne  permet  pas  de 
conserver  des  doutes  à  son  égard,  ni  de  l'attribuer  à  une 
statue.  La  surface  supérieure  est  soigneusement  polie  ;  un 
rebord  faisant  fortement  saillie  existe  t'e  ce  mième  côté; 
en  outre,  l'ex-veto  est  orne  d'un  ton  de  cbair  qui  a  persisté, 
malgré  le  temps,  et  qui  indique  que  cet  objet  formait  un 
don  à  pari,  réellement  affecté  à  la  destination  que  nous 
lui  donnons. 

L'usage  d'offrir  à  la  divinité  bienfaisante  une  représen- 
tation matérielle  de  la  portion  du  corps  protégé  par  elle 
s'est  perpétué  dans  les  temples  chrétiens.  On  y  voit  de 
nos  jours  des  ex-voto,  le  plus  souvent  en  cire,  représen- 
tant des  jambes,  des  bras,  quelquefois  des  corps  entiers. 

FiG.  27.  Débris  en  pierre  d'un  modium  d'où   émergent 
des  épis  et,  des  pacots 

Là  encore,  noire  imagination  prend  plaisir  à  voir  dans 
ces  emblèmes  autre  chose  qu'un  simple  boisseau  mar- 
quant l'abondance  d'une  époque  ou  les  largesses  d'un 
souverain. 

Ce  symbole  figure  en  eflet  très  souvent  sur  les  monnaies 
avec  cette  explication. 

Qu'on  nous  permette,  ici,  d'y  voir  plus  que  cela.  Ce 
débris  à  la  forme  d'un  mausolée.    Dans   cette   hypothèse 


228 


nous  restaurerons  en  esprit  le  monument  volil  dont  il 
faisait  partie  et  que,  suivant  toutes  probabilités,  il  devait 
surmonter. 

Ce  monument  était  alors  dédié  à  Cérès  et  à  Proserpine. 
Nous  ajoutons  qu'il  a  été  découvert  près  de  la  statue  de 
Gérés  dont  nous  donnerons  plus  loin  la  descri|ilion.  Le 
donateur,  grec  d'origine  sans  doute,  avait  dû  faire  des 
emblèmes  que  nous  étudions,  l'expression  physique  des 
principaux  mystères  d'Elensis. 

Le  fond  de  ces  mystères,  on  le  sait,  était  l'enseigne- 
ment des  plus  hautes  vérités  morales,  expliquées  par  les 
phénomènes  de  la  nature,  en  particulier  ceux  de  la  végé- 
tation. 

C'est  ainsi  qu'ici  les  pavots,  symbole  funèbre  attribué 
surtout  à  Proserpine,  rappelaient  que  cette  divinité,  con- 
nue des  anciens  sous  le  nom  de  Koié,  présidait  au  juge- 
ment des  âmes,  ce  qui  indiquait  la  croyance  à  l'existence 
outre-tombe  des  peines  et  des  lécompenses.  Placés  au 
sommet  d'un  ex-voto  funéraire,  en  forme  de  tombeau  à 
pierres  scellées,  ils  signifiaient  aussi  le  sommeil  de  la 
nature  pendant  la  germination  et  la  mort  de  la  créature. 

Les  épis,  attributs  de  Cérès,  symboliseraient  le  réveil  de 
la  nature;  ils  seraient  la  figure  de  lame  et  du  corps  sor- 
tant du  tombeau  et  représenteraient  par  conséquent  la 
lésurrection  des  corps  et  l'immortalité  de  l'âme. 

Les  sacrifices  et  les  épreuves  de  la  vie  avant  cette  trans- 
formation seraient  traduits  par  le  signe  en  forme  de  tay^ 
qui  peut  être  pris,  soit  pour  le  malleusou  gros  maillet  de 
bois  dont  le  popa  se  servait  dans  les  sacrifices  pour  abat- 
tre la  victime,  soit  pour  la  dolaura  ponlificalis   ou   hache 


229 


à  deux  Iranclianls  avec  laquelle  elle  était  immolée  à  l'au- 
lel  par  le  prêtre. 

Enfin  le  mélange  des  épis  et  des  pavots  caractériser;iit 
l'union  dos  cultes  de  Gérés  et  de  Proserpine  et  indique- 
rail  la  croyance  à  l'unité  de  Dieu. 

Que  l'on  nous  pardonne  toutes  ces  indications.  Nous  les 
donnons  à  litre  d'éléments  d'étude.  A  ceux  qui  ne  les 
voudront  pas  admettre  de  s'en  tenir  à  la  simple  définition 
laissée  par  l'auteur  du  traité  élémentaire  de  ISumismatique 
tjénérale,  î\l.  Lefebvre  (Abbeville  1860,  page  236). 

a  Le  boisseau  d'où  il  sort  des  épis  et  des  pavois  est  le 
«  symbole  de  l'abondance  et  des  grains  que  l'on  a  fait 
a  venir  pour  le  soulagement  du  peuple  dans  un  temps 
«  de  famine.   » 

Il  est  probable  que  ceux  qui  ont  habile  Tébessa  mo- 
derne admettront  celle  dernière  explication,  car  aujour- 
d'hui encore  le  pain  y  serait  rare  s'il  y  était  fait  des 
seuls  grains  que  sa  plaine  isolée  fournit. 

FiG.  28.  Statue  en  pierre  d'un  travail  médiocre  repré- 
sentant Saturne,  comme  paraît  l'indiquer  la  dédicace  re- 
produite au  n"  44  et  que  nous  donnons  ici  : 

P.  VETTIVS  SATVRNINVS 

VETERl  lOVi  OPTIMO  iMAXIMO 

SATVRNO 

V«  1^»  Lia  A< 

Nous  traduisons  en  effet  : 

Publias  Vettius  Saturninus  à  Jupiter  l'ancien,  à  l'Op- 
lime,  au  très  grand  Saturne.  Vœu  accompli  d'un  esprit 
sincère. 


—  230  — 

Veteriovi  pour  Veleri  lovi,  puisqu'il  n'y  a  pas  de  signe 
de  séparation  comme  entre  les  autres  mois.  Autrement 
Veter  deviendrait  le  cognomen  du  donateur  et  le  mot 
Salurno  figurerait  ici  dans  une  idée  de  respectueuse  recon- 
naissance pour  celui  que  la  gens  Salurnina  avait  choisi 
pour  patron.  Il  faudrait  alors  voir  un  Jupiter  dans  celle 
statue. 

Nous  préférons  y  voir  le  père  des  dieux,  le  mari  de  la 
grande  déesse,  Ops,  la  Terre,  dont  nous  retrouverons  plus 
loin  le  nom  dans  une  dédicace. 

Le  dieu  est  assis  sur  un  solium  sans  accoudoirs  ayant 
dans  le  milieu  la  forme  d'une  sella  balnearis.  Ses  pieds 
reposent  sur  une  saillie  de  la  pierre  tenant  lieu  du  sca- 
bellum  qui  représente  toujours  la  majesté  divine.  Il  est 
vêtu  d'une  slola  à  la  grecque  dans  laquelle  il  est  voilé. 

La  position  de  la  tête  appuyée  sur  la  main  gauche, 
celle  des  pieds  qui  sont  croisés,  marquent  la  sécurité,  le 
calme  profond  de  celui  qui  ne  sent  rien  au-dessus  de  lui, 
du  père  des  dieux.  C'est  la  quiétude  dans  l'omnipotence. 

On  remarque  sur  le  front  de  Saturne  des  protubéran- 
ces exagérées,  sans  doute  à  dessin,  par  le  sculpteur.  Les 
anciens  croyaient,  en  effet,  que  le  front  était  le  siège  de 
l'intelligence. 

Enfin,  à  droite  et  à  gauche  de  la  partie  inférieure  de 
la  statue,  on  distingue  deux  têtes,  l'une  de  lion,  la  seconde 
de  taureau.  Le  lion,  emblème  de  la  souveraineté,  le  tau- 
reau, symbole  de  la  force,  convenaient,  en  effet,  comme 
attributs  de  Saturne. 

La  main  disparue  tenait  sans  doute  un  sceptre, 

FiG.  ^l^).  Statue  de  Nymphe,  reconnaissable  à  la  zona 


—  231  — 

portée  exclusivement  par  les  jeunes  iilles  au-dcfsus  des 
hanches,  tandis  que  les  femmes  mariées  la  portaient  au- 
dessous  du  sein. 

Elle  est  vêtue  de  la  lunica  muliebris  et  chaussée  du 
calceus   soulier  ordinaire). 

A  sa  gauche  est  un  animal  à  sabots  bifurques. 

Cette  statue  doit  être  évidemment  attribuée  à  Amalthée, 
fille  de  iMelissus,  roi  de  Crète,  qui  nourrit  Jupiter,  com- 
me on  sait,  avec  du  iait  de  chèvre. 

C'est  elle  probablement  que  les  jeunes  mères  de  The- 
vesle  invoquaient  dans  les  moments  critiques  en  faveur 
de  leurs  nourrissons. 

Fi  G.  30.  Buste  en  pierre 

Il  nous  paraît  très  diilkile  de  fixer  la  personnalité  que 
représente  ce  type. 

S'agit-il  ici  d'un  Hercule?  Est-ce  l'image  d'un  Theveslin 
auquel  la  reconnaissance  publique  avait  élevé  ce  monu- 
ment? Serait-ce  le  buste  d'Egrilianus,  le  généreux  donateur 
de  l'arc  de  triomphe  et  des  thermes  de  Theveste? 

Sommes -nous  en  présence  d'une  tête  d'empereur,  de 
celui  qui  figurait  sur  le  dé  n°  40? 

Ou,  enfin,  est-ce  là  un  simple  Terminus? 

On  en  voit  un  au  Louvre  dont  la  (ôte  a  quelque  res- 
semblance avec  celui-ci.  Comme  lui,  il  porte  les  regards 
élevés,  ce  qui  indiquait,  chez  les  anciens,  la  vigilance  dans 
la  garde  de  la  propriété.  (Voir  ce  type,  p.  cxiv  de  l'ou- 
vrage précité  de  iM.  Duruy.) 

Nos  ressources  en  comparaisons  sont  trop  réduites  pour 
nous  permettre  un  rapprochement  qui  mettrait  en  lumière 
ce  point  obscur  de  notre  sacrum. 


—  232  — 

FiG.  31 .  Statue  en  pierre  d'une  Cérès 

Elle  est  velue  de  la  lunica  palagiala.  On  trouvera  clans 
Anlony  Rieli,  une  description  du  patagium,  p.  460. 

Dans  l'exemple  que  nous  donnons  ici,  la  bande  qui 
garnit  le  devant  de  la  tunica  est  très  saillante  et  bien 
conservée. 

C'est  par  analogie  avec  d'autres  statues  de  Cérès  que 
nous  avons  attribué  celle-ci  à  la  fille  do  Saturne. 

FiG.  3"2.  Statue  en  pierre 

Nous  y  voyons  la  représentation  d'Isis.  On  sait  que  les 
mystères  de  cette  déesse  étaient  connus  des  romains. 

Nous  avons  démontré  plus  liant  l'existence  d'une  colo- 
nie égyptienne  à  Tbeveste.  Ce  simulacre  avait  sans  doute 
été  élevé  par  un  adepte  du  culte  isien.  Isis  tient  son  fils 
Horus  qu'elle  allaite.  C'est  ainsi  qu'on  le  représente  or- 
dinairement. 

Elle  repose  son  pied  gauche  sur  la  scabellum,  ce  qui 
lui  permet  de  soutenir  son  nourrisson. 

Notons  ici  une  source  nouvelle  de  comparaison;  une 
Junon  allaitant  Hercule,  exisie  au  Vatican;  elle  est  assise. 
La  statue  que  nous  examinons  a  néanmoins  plus  d'un 
point  de  ressemblance  avec  elle. 

FiG.  3:3.  Statue  asstse  de  Junon 

Elle  est  reconnaissable  au  sceptrum,  emblème  de  la 
royauté,  qu'elle  tient  dans  sa  main  gauche. 

Le  sceptrum,  selon  Virgile  (Mn.  xii,  206),  était  fait 
d'un  jeune  arbre  coupé  à  la  racine. 

Rien  de  saillant  dans  cette  statue  qui  est  vêtue  comme 
les  autres  statues  de  déesses  déjà  décrites. 


--  233  — 

FiG.  34.   Statue  de  Diane?  ayant  pour  attribut  un  chien. 

FiG.  35.  Buste  informe  en  pierre 

Il  semble  que  la  figure  ait  été  ornée  de  plaques.  Elle 
est  percée  assez  symétriquement  de  trous  qui  ont  du 
servir  à  fixer  un  masque. 

Ces  trous  font-ils  simplement  partie  des  mutilations  que 
le  buste  a  subies? 

Ce  buste  peut  être  attribué  à  Saturne. 

FiG.  36.  Statue  en  pierre  de  Pomone 

Elle  est  vêtue  de  la  stola,  qu'on  voit  repliée  sur  ses 
genoux,  et  d'une  tunica  serrée  au-dessous  du  sein,  sui- 
vant l'usage  des  femmes  mariées  Les  manches,  comme 
dans  la  statue  de  Gérés  (fig.  31),  lombenl  jusqu'au  coude 
et  ont  au  milieu  une  longue  fente,  dont  les  bords  sont 
rattachés  de  distance  en  distance  par  des  agrafes  laissant 
entre  elles  des  espaces  libres  à  travers  lesquels  on  aper- 
çoit le  bras  nu. 

Cette  mode,  dit  Rich,  était  généralement  adoptée  en 
Grèce  et  en  Italie  par  les  femmes  de  la  classe  aisée. 

Celte  statue  tient  sur  ses  genoux  une  sportella,  ou  cor- 
beille de  table  chargée  de  fruits,  représentant  encore, 
chose  digne  de  remarque,  les  principales  productions  des 
vergers  de  Tébessa,  telles  que  raisins,  noix,  grenades, 
poires,  pommes,  olives,  etc. 

Nous  ne  croyons  pas  nous  tromper,  en  attribuant  celte 
statue  à  Pomone,  déesse  des  fruits  chez  les  Latins, 
femme  du  dieu  champêtre  Vertumne,  laquelle  avait  un 
temple  à  Rome. 

20 


—  234  — 

FiG.  37.  Socle  en  pierre  de  statue  aux  pieds  chaussés 

de  la  solea 

Au-dessous,  dans  un  encadrement,  se  lit  l'inscription 
suivante,  dont  le  style  aci^use  une  assez  basse  époque  : 

EX  OFICINA  (sic)  AVGVRI  FABRl 

de  l'atelier  de  l'artiste  Auguras. 

Les  pieds  sont  croisés,  ce  qui  permetlrait  de  les  attri- 
buer à  quelque  statue  de  Jupiter  ou  de  Saturne,  divinités 
trouvées  jusqu'ici  par  nous,  représentées  dans  cette 
position. 

FiG.  38,  Fragment  de  pierre  votive 

Elle  représentait  peut-être  les  Dioscures;  peut-être 
aussi  f]gure-t-elle  un  Hermès  Trismégiste.  Les  Grecs  qui 
le  vénéraient  comme  le  dieu  de  la  science,  le  représen- 
taient ordinairement  tenant  un  volumen  dans  l'une  de 
ses  mains. 

FiG.  38.   Fragment  d'une  colonnelle  figurant  un  tronc 

de  palmier 

On  trouve  un  spécimen  de  ce  genre,  page  '433  de 
['Histoire  des  Romains,  de  M.  Duruy. 

Le  palmier  était  souvent  employé  comme  symbole  chez 
les  Carthaginois. 

Ce  débris  faisait  sans  doute  partie  d'un  ex-voto  numide. 

FiG.  40.  Tête  remarquable  de  Jupiter 

Elle  est  en  pierre  blanche. 

Winckelmann,  dans  son  Histoire  de  l'Art,  vi,  31,  cite 
un  buste,  trouvé  à  Otricoli,  qui  passe  pour  être  la  plus 
belle  tête  de  Jupiter  connue. 


—  235  — 

La  tète  que  nous  étudions  peut  supporter  la  compa- 
raison. Elle  porte  la  cœsaries,  ou  chevelure  longue  et 
épaisse  et  une  barbe  soigneusement  coupée  cl  arrangée, 
particularité  qui  peut  servir  à  déterminer  approximative- 
ment l'âge  de  la  statue  et  la  faire  remonter  au  siècle  des 
Antonins. 

Rich  dit,  en  efïet,  «  que  l'épitliète  de  Barbatus  employée 
«  par  les  Romains  pour  désigner  une  longue  barbe,  n'a 
«  été  en  usage,  parmi  les  Latins,  que  jusqu'à  l'an  300  et, 
«  chez  les  Grecs,  jusqu'à  l'époque  d'Alexandre.  Ce  ne  fut 
t  que  sous  Adrien  que  la  barbe  fut  coupée  et  arrangée 
«  avec  art.   » 

Si,  comme  cela  est  probable,  les  artistes  romains,  dans 
l'exécution  de  leurs  statues  de  dieux,  ont  tenu  compte 
des  modes  du  jour,  celte  tête  ne  serait  pas  antérieure  à 
l'an  76  de  l'ère  chrétienne. 

Les*  pieds  se  rapportant  à  cette  statue  ont  été  retrou- 
vés; le  reste  du  corps  manque  encore. 

Les  pieds  sont  croisés.  Le  travail  en  est  aussi  fini  que 
celui  de  la  tête. 

FiG.  42.  Tête  de  cerf  (pierre)  surmontée  d'une  griffe 

Cet  emblème  de  la  chasse  faisait  vraisemblablement 
partie  d'un  groupe  accompagnant  la  statue  de  Diane. 

On  trouve  sur  les  monnaies  de  Bogud,  roi  de  Mauri- 
tanie, le  griffon  à  pattes  de  lion,  dévorant  un  cerf.  Peut- 
être  serait-il  possible  de  faire  un  rapprochement  entre 
ce  fragment  et  le  revers  de  ces  monnaies. 

La  figure  43  reproduit  le  plan  de  la  ruine  dans  l'inté- 
rieur de  laquelle  les  débris  ont  été  trouvés. 

Le  Sacrum  est  situé,  comme  on  le  voit,   presque  au 


—  236  — 

centre  d'une  enceinte  nettement  dessinée  sur  le  sol.  Rien 
d'ailleurs  ici  qui  puisse  nous  guider  d'une  façon  sûre 
dans  nos  recherches  concernant  l'origine  de  celte  cons- 
truction. 

Il  nous  a  seulement  semblé  que  la  construction,  actuel- 
lement mise  à  jour,  a  dû  subir  à  la  dernière  époque  une 
modification  toute  de  circonstance. 

Parmi  les  débris  que  nous  venons  de  décrire  se  trou- 
vaient aussi  quelques  inscriptions  ou  fragments  d'inscrip- 
lions  dont  voici  les  textes  : 

N»  1 

IRA 

En  caractères  d'une  belle  exécution. 

N°  2 

L  CAECIL  SÂTVRMNVS 
PVLEX-  SACERDOS  VSLA 

Lucius  Cœcilius  Saturninus  Pulex,  sacerdos,  volum  solvil 
kbente  animo.  * 

Le  cofpwmen  Pulex  (^puceron)  est  à  noter. 

N°  3 

DIS  M-  SAGR- 
ANTOMA-QF- 
SATVRlNINA- 
VIX-PIAN  LX 
VOLVSINVS- 
CONIVGI-  PI- 
ISSIMAE-  P- 
H-S-E- 


—  237  — 

Diis  Manibus  Sacrum.  Antonia,  Quinti  Filia,  Saturnina, 
vixit  fia  annis  sexagiata.  Volusimis  conjugi  piissimœ  posuit. 
Hjc  sita  est. 

L'inscription  est  surmontée  d'un  croissant,  fréquem- 
ment employé  clans  les  stèles  carthaginoises  et  romaines. 
Il  était  le  symbole  de  la  déesse  Céleste,  dont  le  culte  se 
confondait  avec  celui  de  l'Astarté  des  Phéniciens,  ainsi 
que  celui  de  la  déesse  infernale  ou  Hécate,  qui  présidait, 
avec  Pluton,  au  jugement  des  âmes. 

De  là,  sa  présence  sur  des  pierres  tumulaires. 

N«  3  et  4 

Sur  deux  fragments,  que  nous  croyons  avoir  appartenu 
à  la  même  inscription  : 

a  b 

ION  SAS 

L  V  I  N  D  I  C  I  V  S 

INVS 

que  nous  nous  hasardons  à  reconstituer  ainsi  : 

Jonl  Sanctissimo  Augusto  sacrum.  Lucius  Vindicius 
Salurnimis. 

Monument  consacré  au  très-saint,  à  l'auguste  Ion,  par 
Lucius  Vindicius  Saturninus. 

Ion,  d'après  la  fable,  fils  de  Xulhus  et  de  Creuse  et. 
frère  d'Achéus,  laissa  son  nom  aux  Ioniens. 

Cetic  inscription  peut  aussi  faire  allusion  au  culte  des 
nymphes  lonides,  dont  le  temple,  dans  l'Elide,  auprès  du 
lleuve  Cylhéron  (Péloponèse),  était  fameux  par  les  jeux 
olympiens  qu'on  y  célébrait  en  l'honneur  de  Jupiter 
olympien. 

Il  faudrait  lire  alors  :  lonidibus  sanctissimis  Augusùis 
sacrum. 


—  238  — 


N«    5 

•  •  •  CONSEGRATIONEM  FECEIWNT 

Fragment  d'une  très-belle  inscription. 

N"  6 

OPI,  AVG-  SAC- 
A  POMPEIVS  DATIVVS 
NVMINI-  SANCTISSI 
MO  PER  ANTISTITIS 

IVSSVS  DE  SVO 
FECIT 

Sur  un  cippe  ayant  servi  de  piédestal  à  ia  déesse  Ops. 

Consacré  à  la  déesse  Ops  Auguste.  Monument  votif  of- 
fert à  sa  divinité  très-sainte  par  Auliis  Pompeius  Dativus, 
sur  l'ordre  de  l'Antistes. 

Le  litre  d'Antistes,  ou  premier  prêtre  d'un  temi»le,  peu 
employé  dans  la  hiérarchie  romaine,  était  souvent  porté 
par  les  chefs  du  collège  des  prêtres  grecs  et  en  particu- 
lier ceux  des  Phrygiens.  Il  répondait  à  la  dignité  de  pon- 
lifex  chez  les  Latins. 

N°   7 

VTEFÏ TI.MP*  C  •••• 

•  •  TONINI VIX  •  •  • 

•  •  •  FCILSATV LEXETI  •  •  • 

•  •  LA  •  X  Y  K LANT  •  •  • 

COS 

Pierre  carrée  en  forme  de  dé,  ayant  servi  probablement 
de  socle  au  buste  d'un  empereur. 

L'inscription  peut  se  reconstituer  ainsi,  malgré  les  lacu- 
nes provenant  du  martelage  et  de  la  cassure  de  la  pierre: 


239 


Pro  salute  et  vicloria  impercUûris  Cœsaris  Marci  Aiirelii 
Antoninipii  feMcis  invicti  Augnsti  Lucius  Cœcllius  Saturni- 
nus  Pullex  et  Pullœnus  Votun  solcerunt  libente  animo  die 
quindecima  kalendarum  jamiat  ii .  Antonini  quarto  consulat u. 

Le  mot  Victoria  de  i.i  première  ligne  fait  sans  doute 
allusion  aux  victoires  remportées  en  Afrique  par  les 
Anlonins. 

Ce  monument  pourrait  donc  remonter  au  règne  de 
Marc-Aurèle  qui,  en  166,  réprima  un  soulèvement  consi- 
dérable dans  la  Numidie. 

Toutefois  le  style  épigraphique  de  cette  inscription,  la 
forme  des  T,  terminés  par  une  ligne  courbe  usitée  surtout 
au  m*  siècle,  feraient  pencher  de  préférence  vers  une  date 
postérieure,  l'année  222,  par  exemple,  dans  laquelle  les 
lieutenants  d'Iléliogabale  réprimèrent  en  Atrique  une 
insurrection  assez  importante  des  Maures. 

Celte  année  correspond  au  quatrième  consulat  de  l'em- 
perenr.  D'un  autre  côté,  on  peut  assez  judicieusement 
compléter  par  le  mot  januarii  la  mention  du  mois  dispa- 
rue dans  une  éraillure  de  la  pierre;  car  le  quinzième  jour 
d'avant  les  calendes  de  janvier  (18  décembre)  était  préci- 
sément la  veille  des  Opales,  qui  se  célébraient  à  Rome 
en  grande  pompe  le  lendemain,  18  décembre,  et  coïnci- 
daient avec  l'ôleclion  des  nouveaux  consuls,  dont  l'année 
portait  le  nom. 

Toutes  ces  raisons  portent  donc  à  admettre,  avec  assez 
de  vraisemblance,  que  la  pierre  dédicatoire  a  été  datée  de 
la  veille  des  Opales,  puis  offerte  solennellement  le  lende- 
main, jour  de  la  fête,  avec  la  pierre  votive  précédente, 
n°  6,  en  mémoire  des  événements  remarquables  de  l'an- 


~  240  — 

née  222,  tels  que  les  fêles  en  l'honneur  de  la  déesse,  la 
victoire  remportée  sur  les  Maures  par  les  lieutenants 
d'Iléliogabale,  enfin  l'entrée  de  celui-ci  dans  son  qua- 
trième consulat. 

Enfin,  pour  compléter  l'inventaire  des  objets  trouvés 
dans  le  Sacrum,  je  rappellerai  la  dédicace  à  Jupiter  par 
PuUas  et  PuUœnus,  insérée  au  xix*^  vol.  de  la  Société, 
page  457. 

Nous  consacrerons  ici  quelques  lignes  à  notre  étude 
d'ensemble  sur  l'origine  proprement  dite  des  fragments 
que  nous  venons  d'examiner  et  sur  les  causes  probables 
de  leur  présence  dans  ce  lieu. 

Qu'on  nous  pardonne  la  témérité  de  nos  idées. 

Il  nous  a  paru  en  effet  probable  que  le  Sacrum  de 
ïébessa  devait  être  considéré  comme  une  cachette  oi!i  les 
derniers  partisans  du  polythéisme  romano-numide  ont  dû 
transporter  leurs  idoles,  leurs  ex-voto,  à  cette  heure  fatale 
où  les  30,000  dieux,  dont  parle  Varron,  cédèrent  la 
place  au  Dieu  des  chrétiens. 

Contrairement  à  notre  première  idée,  nous  avons  rem- 
placé l'appellation  larariuin  par  celle  de  sacrum,  mot 
plus  large  d'acception  et  s'appliquanl  mieux  au  sanctuaire 
qui  fait  l'objet  de  celte  notice. 

Ernest  Bosc  donne  la  définition  suivante  du  lararium  : 
«  petit  édicule  consacré  aux  dieux  lares  ;  chambre  dans 
«  laquelle  on  plaçait  les  dieux  lares,  les  génies  tutélaires 
€  de  la  maison.   > 

Cette  définition  ne  s'applique  évidemment  pas  à  notre 
sanctuaire. 

Le   mot   sacrum   pris  dans   le  sens  de  lieu  consacré, 


—  241  — 

donne  une  idée  plus  exacte  de  noire  ruine,  qui  n'est  en 
effet  ni  un  temple,  ni  un  laraire,  mais  seulement  nn  en- 
droit entouré  de  respect  et  de  vénération  pour  les  objets 
saints  qu'il  renferme. 

Les  indigènes  de  Tébessa  ont,  d'ailleurs,  conservé  la  tra- 
dition dans  ce  sens.  Ils  appellent  encore  cette  ruine 
Encliir-Rohban.  Or  ce  dernier  mot,  en  arabe  littéral, 
signifie,  d'après  Kazymirski,  moines,  prêtres,  faisant 
partie  d'une  corporation. 

Notre  Sacrum  était  le  point  choisi  par  la  corporation 
sacerdotale  des  Saturnini  et  des  Pidlœni  pour  y  garder 
leurs  dieux. 

Nous  placerons  ici  quelques  notes  sur  l'ensemble  de  la 
ruine  au  moment  de  sa  découverte.  Elles  appuieront  nos 
déductions. 

Le  Sacrum  était  muré  de  toutes  parts.  Les  débris, 
placés  sans  ordre,  étaient  pour  la  plupart  recouverts 
d'une  couche  de  plâtre  dont  une  grande  partie  avait  dû 
disparaître.  Dans  un  angle,  était  encore  en  place  un  mor- 
ceau d'enduit  avec  traces  de  peintures  consistant  en  lo- 
sanges blancs  et  bleus,  au-dessus  desquels  paraissent,  dans 
certains  endroits,  les  restes  d'une  dernière  couche  de 
badigeonnage  où  ces  losanges  ont  été  divisés  en  quatre 
par  des  lignes  noires  sur  fond  blanc. 

Le  sol  était  une  mosaïque  faite  avec  des  cubes  de  cal- 
caire blanc. 

La  plupart  des  statues  étaient  parées  d'ornements  poly- 
chromes, consistant  en  semés  de  fleurs,  paillelés  et  poin- 
tillés de  diverses  nuances. 

Les  limbi,  ou  bordures  de  la  tunique  de  la  loge  et  de 
la  slole,  étaient  dorés. 


U1 


Sur  le  sol  a  clé  retrouve  un  fragment  carbonisé  de 
propanum  ou  gâteau  rond  et  pl;»t  qui  servait  dans  les 
sacrifices.  Sa  forme  courbe  sur  les  bords  la  rendait  en- 
core parfaitement  reconnaissable. 

Toutes  les  statues  portent  des  traces  profondes  de  mu- 
tilations qu'elles  ont  dû  subir  sous  les  divers  empereurs 
cbrétiens,  comme  aussi  des  restaurations  qu'elles  ont  re- 
çues sous  Julien  l'Apostat.  Celles  mutilées  en  vertu  des 
édits  par  des  mains  craintives  encore,  mal  assurées, 
peut-être  même  intelligentes,  ont  été  raccommodées  à 
l'aide  de  scellements. 

Quand  aux  autres,  dont  les  parties  n'avaient  pu  être 
retrouvées  après  mutilation,  elles  ont  été  complétées  par 
des  parties  semblables  en  terre  cuite,  revêtues  ensuite 
d'une  épaisse  coucbe  de  plâtre,  puis  passées  en  couleurs. 

H  ressort  de  cet  examen  : 

1°  La  disproportion  de  certains  des  débris  avec  l'en- 
ceinte qui  les  contenait; 

2'J  La  diversité  de  ces  mêmes  débris,  pierres  tombales, 
autels,  ex-voto,  statues,  ornements,  etc.; 

3°  Leur  différence  au  point  de  vue  de  l'exécution. 

Que  conclure  de  ce  qui  précède? 

Le  Sacrum  de  Thevesle  était  dans  le  principe  une  cha- 
pelle de  simple  particulier;  il  devint  par  la  suite  le  refuge 
d'objets  consacrés  au  culte.  Telle  est  notre  opinion. 

Et,  maintenant,  d'où  provenaient  ces  débris?  Très-pro- 
bablement du  temple,  dit  de  Minerve,  qui  a  été,  nous 
n'en  douions  pas,  le  Panthéon  de  Théveste. 

Ce  magnifique  monument,  dont  les  emblèmes  si  bien 
conservés  se  rapportent  presque  tous  à  Jupiter,  a  dû  voir 


—  243  — 

dans  son  enceinte,  intactes  et  fières  du  culte  qu'elles 
recevaient,  les  nombreuses  statues  de  Saturne,  de  Jupiter 
et  de  toutes  les  divinités  que  nous  avons  passées  en  revue. 
Là,  chacune  a  eu  sa  place  marquée;  peul-être  même  les 
dieux  étrangers  aux  Romains,  dieux  égyptiens,  dieux  nu- 
mides ou  autres  avaient-ils,  là  aussi,  une  place  tolérée.  De 
même  que,  dans  l'ordre  politique,  conquérants  et  conquis 
vivaient  côte  à  côte,  ainsi,  dans  l'ordre  religieux,  les  dieux 
du  Lalium  et  les  dieux  topiques  se  coudoyaient  pour  le 
plus  grand  bien  de  l'empire. 

Et,  quand  vinrent  les  édits  destructeurs,  lorsque  Cons- 
tantin porta  le  premier  coup  au  paganisme  en  détruisant 
au  nom  de  la  morale  les  temples  d'Afacus,  d'Iléliopolis 
et  d'Egès;  lorsque,  plus  hardi  que  son  frère,  Constance  fit 
ôter  du  Sénat  de  Rome  la  Victoire;  que  Gratien  privait 
de  pensions  et  d'honneur  les  Vestales  jusque  là  respec- 
tées, et  déposf-édait  les  temples  des  revenus  destinés  à 
entretenir  les  sacrifices  et  les  prêtres;  quand  Théodose 
défendait  les  sacrifices  et  supprimait  tout  culte  païen 
malgré  la  supplique  de  Symmaque,  préfet  de  Rome,  après 
l'ordonnance  de  39i'.  qui  défendait  non-seulement  l'immo- 
lation des  victimes  mais  encore  toute  espèce  d'actes  d'ido- 
lalrie;  après  surtout  ce  moment  fatal  où  les  lieutenants 
d'Iïonorius,  Gradentius  et  Jovius,  présidèrent  en  Afrique 
à  l'exécution  des  décrets  de  l'empereur,  prescrivant  de 
renverser  les  temples  et  de  briser  les  statues  (15«  jour 
avant  les  calendes  d'avril,  19  mars  399),  alors  les  statues 
des  dieux  émigrèrcnt.  Et  il  se  trouva  pour  les  garder, 
toutes  mutilées  qu'elles  étaient,  pour  recueillir  môme 
leurs  débris  informes,  des  prêtres,  des  adeptes,  des  fidè- 
les qui  les  emportèrent  et  les  cachèrent,   murant  leur 


—  244  — 

dernier  asile  pour  mieux  les  sauver,  et  mourant,  sans  les 
voir  relevées  et  restaurées,  mais  aussi  sans  livrer  aux  per- 
sécuteurs le  secret  de  leur  sanctuaire  changé  en  tombeau. 

Tous  les  ex-voto,  toutes  les  statues  qui  ornaient  le 
Panthéon  de  Theveste  ne  sont  pas  dans  notre  Sacrum. 
D'autres  prêtres  dévoués  ont  dû  cacher  ailleurs  d'autres 
débris.  Au  Nord-Est  de  Tébessa,  nous  avons  trouvé  la 
statue  mutilée  d'un  Jupiter,  aux  pieds  croisés,  au  front 
appuyé  dans  la  main,  accosté  de  deux  lions,  le  tout  accu- 
sant la  même  origine  que  les  statues  soumises  aujour- 
d'hui à  la  Société. 

Les  parties  non  explorées  du  Sacrum  en  renferment 
elles-mêmes  encore. 

Les  dieux  disparus,  leurs  temples  servirent  au  culte 
nouveau.  Cette  affectation  immédiate  fut  la  cause  de  leur 
salut.  Nous  lui  devons  de  les  admirer  encore  dans  leur 
intégrité.  Le  Panthéon  de  Theveste  nous  fut  ainsi  con- 
servé. C'est  ainsi  que  fut  conservé  le  fameux  temple  de 
Juno-Cœleslis  à  Carthage,  dans  lequel  l'èvêque  Aurélius 
pontifia  le  jour  de  Pâques,  l'année  même  où  furent  exé- 
cutés les  décrets  d'Honorius. 

Détail  curieux  :  c'est  à  la  demande  des  antiquaires  de 
l'époque  que  le  rescrit  d'Honorius  au  proconsul  d'Afrique 
ordonna  la  conservation  de  ces  monuments.  Voici  le  pas- 
sage de  ce  document  tel  qu'il  est  contenu  dans  le  code 
Théodosien,  1.  xvi,  tit.  x,  18  : 

Œdes  illicitis  rebusdacuas  nostrarnm  beneficio  i^anctionum 
ne  quis  conetur  evertere.  Decernimus  enim  ut  œdificioruin 
quidem  sit  integer  status. 


—  245  — 

Deux  ans  avant  l'édit  d'Honorius,  Sainl-Augustin  écri- 
vait aux  habitants  de  Madaure  : 

«  Videtis  certe  simulacrorum  templa  partim  sine  repara- 
4  tione  coUapsa,  parlim  diruîa,  partim  clausa,  partim  iii 
«  usus  alios  commulala;  ipsaque  jimulacra  vel  confringl, 
«  vel  incendi,  vel  includi,  vel  destrui.   » 

C'était  le  dernier  glas  du  paganisme  sonné  par  le  plus 
illustre  pontife  du  culte  nouveau.  Il  tixe  la  date  du  Sacrum 
de  Tlievesle. 


nSTOTE 

SUR   LE   N»   20   DU    PRÉCÉDENT    MÉMOIRE 


Après  avoir  esamiaé  avec  la  plas  grande  attention  le  dessin  dâ  à  l'habile 
orayon  de  M.  le  capitaine  Rouet,  je  me  crois  obligé  d'ajoater  quelques 
mots  aux  commentaires  de  M.   Farges 

Ce  dessin  représente  une  stèle  où  figurent  les  divinités  formant  la  triade 
religieuse  des  Carthaginois,  et  reproduit  très-heureusement  les  traits  juvé- 
niles, si  non  enfantins,  du  3«  personnage,  o'est-à-dire  d'Adonis,  placé  à  la 
droite  de  Tauit,  sa  mère.  La  figure  d'Adonis  offre  «  le  caractère  indécis 
et  audrogyne  qu'a  toujours  le  dieu  jeune  et  fils  dans  les  religions  syro-phé- 
niciennes  (Lcuormaut.).  n 

C'est  la  première  fois  que  nous  voyons  Adonis  représenté  sur  nn  monu- 
ment découvert  en  Numidie.  On  ne  le  trouve  ni  sur  le  bandeau  métallique 
du  musée  de  Coiistantine,  où  l'on  voit  figurer  les  deux  principales  divinités 
et  tous  les  symboles  du  culte  carthaginois,  ni  sur  le  marbre  un  peu  fruste 
d'Aïn-Amara,  publié  dans  le  14°  bulletin  de  l'Académie  d'Hippone,  qui 
représente  Junon  Céleste  (Tanit)  assise  sur  un  lion,  ayant  à  droite,  la  tête 
de  Baal  Hammon  et,  à  gauche,  un  oiseau  placé  au-dessous  du  croissant. 

Mais  Adonis,  Melek  Adôu,  nous  est  connu  par  une  stèle  punique  de 
Costa  (1).  On  l'identifie  avec  lolaos,  dieu  vénéré  en  Grèce  et  sur  la  côte 
libyenne,  l'Ialaou  d'une  inscription  libyque  des  environs  de  Bône  (Halévy). 

Le  Rameau  gravé  en  tête  du  monument  est,  sans  aucun  doute,  une 
branche  de  pin. 

V.    R. 

{\)  Journal  asiatique,  1876.  page  264,  et  Recueil  des  Not,  et  Mim.  de  la  Société 
—  XIX'  vol.,  pages  255  et  256. 


LETTRE  DE  M.  FARCES 


AU    PRESIDENT 


Je  rentre  d'une  tournée  dans  le  Sud  et  je  trouve  votre 
lettre  nri'annonçant  que  je  puis  disposer  de  quinze  jours 
encore  pour  vous  envoyer  les  inédiles  dont  je  vous  ai  déjà 
entretenu.  Afin  de  ne  pas  trop  relarder  la  publication  de 
notre  prochain  volume,  je  m'empresse  de  remplir  tant 
bien  que  mal  ma  promesse. 

Quelles  richesses  épigraphiques  sont  encore  à  décou- 
vrir à  Besseriani  !  A  peine  y  suis-je  resté  quelqi^es  instants, 
qu'une  simple  pioche  arabe  à  la  main,  j'ai  mis  à  jour  les 
huit  fragments  suivants,  d'une  inscription  à  Marc-Aurèle 
que,  mieux  que  moi,  vous  pouvez  reconstituer. 


CA 

GAPi 

s 
TH 

ESM            TONINIV 

MM      6                     7 

S III     PP 

NINO 
VG 

Je  me  bornerai  seulement  à  émettre,  sous  toutes  réser- 
ves, l'opinion  suivante  :  ne  pourrait-on  voir  dans  cette 
pierre  un  souvenir  du  refoulement  vers   les  déserts   de 


—  248  — 

Libye  des  Musulames  et  des  Gélules,  à  la  suite  de  la 
grande  insurrection  de  l'année  170,  sous  le  règne  de 
iMarc-Aurèle? 

On  n'a  pas  opéré  des  fouilles  sérieuses  à  Besseriani. 
Les  inscriptions  qu'on  y  a  recueillies  y  sont  éparses  sur 
le  sol  depuis  longtemps,  bien  avant,  sans  doute,  l'occu- 
pation française  de  cette  région. 

Et  cependant  nous  croyons  pouvoir  dire,  sans  crainte  de 
nous  répéter,  qu'il  y  a  beaucoup  à  trouver  dans  l'oppidum, 
connu  maintenant  sous  le  nom  ôe  Ad  Majores.  Ajoutez  que 
les  fouilles  y  sont  faciles,  car  les  blocs  à  déterrer  ne  sont 
recouverts  que  de  sable  au  lieu  d'bumus. 

Avis  aux  chercheurs  qui  seront  assez  heureux  pour 
pouvoir  consacrer  quelques  jours  à  l'étude  de  cette  im- 
portante localité. 

Un  document  que  je  cite  ici  pour  mémoire  parce  que 
je  ne  le  crois  pas  encore  publié  par  la  Société,  existe  sur 
la  roule  de  Tébessa  à  Heïdra. 

Je  m'abstiens  d'en  faire  ressortir  l'importance,  ce  texte 
étant  actuellement  entre  les  mains  d'un  de  nos  cor- 
respondants les  plus  érudits,  M.  Ant.  Héron  de  Villefosse. 
Toutefois  celle  importance,  double  au  point  de  vue  de 
l'histoire  et  de  la  géographie,  ne  vous  échappera  pas, 
Monsieur  le  Président,  et  vous  lui  donnerez,  je  n'en  doute 
pas,  bonne  place  dans  notre  Recueil. 

Celte  inscription  se  trouve  actuellement  au  lieu  dit 
Khanguet-Naceur,  à  la  sortie  de  la  goige  du  Gourai,  ainsi 
que  je  l'ai  dit,  sur  la  route  d'Heïdra,  et  à  ]4  kilomètres 
de  Tébessa.  A  cet  endroit,  le  débouché  de  la  gorge  s'ou- 
vre comme  une  porte,  ce  qui  explique  le  mot  employé 
Portam,  que  je  crois  pouvoir  y  lire  : 


—  249  — 

EX-ÂVCTORITATE 
IMP-CAES-TRAIANI 
AVG-GER-DACICI 
MVNATIVS-GALLVS 
LEG-  Pno-  PR 
FlNiBVS  MVSVLAMIOR 
•••EGllS-VETVSTATIS 
•••TAM- ABOIE  VIT 

Sur  celte  même  roule  de  Tébessa  à  Ileidra,  j'ai  Irouvé 
les  bornes  milliaires  suivanles,  enlières  ou  en  fragmenls; 

Ou  lis  le  C<o  lirai 

lo 


PIVS- AVGVSTVS 
PARTIIIGVS-M" 
XIMVS  BRITANNI 
CVS-MAXIMVS-GER 
M  A N I G  V S  M  AXI 
MVSTrIbPOTXVHII 
COS  lUI  PATER  PA 
TRIAE  RESTITV 
IT 

Dans  Germanicus,  l'E  et  l'R  sonl  réunies  en  une  seule 
lellre.  La  borne  a  80  cenlimètres  de  hauteur  et  55  de 
largeur. 

2»  S" 

IMP  GAES  D • N 

%  AVRELIVS  GALERIO 

CARYS  INVIGTVS  VALERIO 

ET  AVG  ET  M  AV  XIMANO 

SI 


250 

4. 

DIVO 

AYGVSTO 

GLXX 

DN 

CLAYDIO 

IVLIANO 

SEMPER 

AVGVSTO 

5» 

6° 

DN 

DN 

VALERIO 

FLAVIO 

CONSTANTIO 

VALERIO 

NOBILISSIMO 

CONSTAN 

GAES 

TIO  NOBIL 
ISSIMO 
GAES   AVG 

Toutes  ces  inscriptions  ou  fragments  d'inscriptions  sont 
sur  des  colonnes. 

Plus  loin,  dans  le  territoire  des  Sahiria,  au  milieu  d'une 
ruine  connue  sous  le  nom  d'Enchir-Youssef,  j'ai  relevé 
sur  une  magnifique  colonne  l'inscriplion  ci-après,  gravée 
en  belles  capitales  de  la  plus  parfaite  exécution  : 


\ 


—  251  — 

IMP • GAES 

M  •  AVRELIVS 

ANTONINVS 

PIVS • AVGVSTVS 

PARTHIGVS-MAX 

IMVSBRIÏANNI 

GVS-iMAXIMVS 

GERMAiNIGVS 

MAXIMVS-TRI 

BVNITIAE- POTES 

TATIS-XVIIII-GON 

SVL -mi- PATER  PA 

TRIAE-RESTITVIT 

CLXXX 

Dans  la  même  ruine,  se  voit  une  borne  de  mêmes 
dimensions,  mais  plus  mal  conservée.  Elle  porte  le  chiffre 
CLXXXI  et  une  légende  identique  pour  le  reste. 

En  rentrant  de  relever  les  inscriptions  précédentes, 
j'eus  l'occasion  de  voir  sur  mon  chemin,  près  d'une  source 
connue  des  Arabes  sous  le  nom  d'Aïn-el-Msegfa,  dans  le 
territoire  de  la  fraction  des  Btaïchia,  une  pierre  affectant 
la  forme  d'un  cône  tronqué,  ayant  pour  circonférence 
supérieure  4  mètres,  et  3  mètres  25  pour  circonférence 
inférieure,  et  d'une  hauteur  de  80  centimètres. 

Dans  un  cartouche  étaient  inscrits  les  caractères  ci- 
dessous  : 

lOVI-AVG-ARA 

MORANIVS 

SEGVNDVS-P-F- 

V-S-L 


—  252  — 

De  retour  à  Tébessa,  je  lus  celle  inscription  dans  le 
Recueil  1876-77,  p.  420.  J'ai  pensé  que  son  caractère 
tout  spécial  en  permettrait  une  nouvelle  reproduction  avec 
la  lecture  nouvelle  que  j'en  donne  et  que  j'atteste  exacte. 
Cet  autel,  Ara,  taillé  dans  un  bloc  énorme,  placé  sur 
un  des  sommets  du  Dyr  et  dans  la  partie  la  plus  abrupte 
de  cette  chaîne,  est  en  parfaite  harmonie  avec  les  autres 
lignes  qui  lui  servent  comme  de  cadie.  On  n'a  aucune 
peine  à  se  représenter,  près  de  lui,  le  sacrificateur  anti- 
que offrant  au  dieu  suprême,  Jupiter,  son  holocauste  sur 
ce  bloc,  à  peine  taillé,  au  milieu  d'une  nature  sauvage, 
la  vieille  Théveste  à  ses  pieds,  et,  derrière  lui,  les  dolmen, 
plus  vieux  encore,  dont  parle  celui  qui,  le  premier,  a 
signalé  cette  inscription. 

Je  termine,  Monsieur  le  Président,  celle  lettre  déjà 
trop  longue,  par  deux  copies  de  stèles  funéraires, 
récemment  découvertes  dans  la  propriété  Cambon ,  à 
Tébessa  : 

FORTVNA 

TVS-IN-PACE 

BENEEMERI 

TVS  VETRA 

NVS 

Sur  une  large  dalle  et  enfermée  dans  un  cercle  : 

D  •  M  •  S 
COELIA-QVINTA*V-A 
LXV-AVIDIA-SISSONIA 
FIETATIS-CAVSA-ET-GAE 
LIVS-CAIVS-FILEIVS 
POSVERVNTHS-E 


—  253 


Des  fouilles  plus  récentes  m'ont  permis  de  réunir  divers 
types  de  sépultures  anciennes  en  usage  à  Théveste.  Je 
m'occupe  de  les  réunir  en  diverses  planches.  Je  vous  les 
adresserai  pour  figurer  au  21^  volume. 


.^s»-«=..^ 


LE 

CENTENARlUnn    D'AQUA-FRIGIDA 

ET 

LE  PRŒSES  T.  AURELIUS  LITUA 


PAR 


A.     POULLE 


-< — •'CN2,-fG5K3VvO-'v'-^~'- 


En  suivant,  sur  le  bord  de  la  mer,  le  chemin  de  Bougie 
à  Djidjeli,  ou  rencontre,  un  peu  au-delà  du  cap  Aokas,  un 
bouquet  de  trembles  séculaires  au  pied  d'un  mamelon  qui 
forme  le  dernier  anneau  des  contreforts  qui  descendent 
de  la  chaîne  du  Babor. 

Le  quartier  s'appelle  Sidi-Réhan,  du  nom  d'un  mara- 
bout dont  on  aperçoit  la  kouba  un  peu  plus  haut. 

Le  mamelon  est  celui  d'Andriach,  qui  répond  au  nom 
de  Maslubium  des  routiers  romains. 

De  là  se  détache  une  ancienne  voie  romaine  sur  Sétif, 
qui  longe  la  rive  droite  de  l'Oued  Sidi-Réhan  et  monte 
droit  au  Sud  avec  ce  ruisseau,  qu'elle  traverse  à  sa  source 
au  col  de  Kafrida.  A  vol  d'oiseau,  la  distance  est  courte, 
six  kilomètres;  mais  la  montée  est  rude,  et  quand  on  est 
arrivé  au  col,  on  éprouve  un  véritable  soulagement,  qui 
ne  tarde  pas  à  faire  place  à  un  sentiment  d'extase,  si  on 


—  256  — 

se  retourne  et  que  l'on  promène  ses  regards  sur  le  vaste 
horizon  qui  se  déroule  devant  soi. 

On  a  à  ses  pieds  les  villages  que  l'on  vient  de  heurter, 
Akkar,  Islt,  Meusbah,  et  les  autres  qui  s'étagent  noncha- 
lamment sur  ce  fond  admirable  du  golfe  de  Bougie  :  Bouta- 
Allah,  Aïl-Saadi,  Ouzelian,  Ilchiouen,  Aliouen,  Iralien, 
Irouraren,  Terment,  Tililit,  ïiazibt,  qu'en  partant  on  a 
laissé  à  droite  sur  un  chemin  kabyle  qui  serpente  le  long 
de  la  rive  gauche  de  l'Oued  Sidi-Réhan. 

Au  Nord-Ouest,  c'est  Bougie,  avec  ses  maisons  en 
amphithéâtre,  dominées  par  une  couronne  de  verdure 
que  leur  fait  le  vieux  quartier  des  Cinq  Fontaines  et  abri- 
tées par  la  crête  rocheuse  et  nue  du  Gouraya,  qui,  en  fai- 
sant à  la  ville  un  immense  rempart  contre  les  vents  du 
Nord  et  de  l'Ouest,  la  livre  sans  défense  aux  caresses 
brûlantes  du  soleil  et  des  vents  du  Sud. 

Un  peu  plus  à  l'Ouest,  se  dresse  le  djebel  Arbalou,  du 
pied  duquel  sort  l'Oued  Gbir,  qui  arrose  les  belles  oran- 
geries de  Toudja,  dont  les  fruits  rivalisent  depuis  long- 
temps avec  ceux  de  Portugal. 

Au  Nord  et  à  l'Est,  c'est  la  mer  dans  son  immensité, 
sillonnée  parfois  par  les  navires  qui  naviguent  entre 
Alger  et  Philippeville. 

On  a  de  la  peine  à  s'arracher  à  ce  spectacle  grandiose, 
et  le  souvenir  y  trouve  encore  du  charme  quinze  ou  vingt 
ans  après  qu'on  a  pu  le  contemjder. 

Le  col  ou  Tizi-Kafrida  est  droit  au  sud  de  Sidi-Réhan, 
sur  la  limite  du  territoire  des  Beni-Mahmed,  que  l'on 
vient  de  traverser,  et  de  celui  des  Beni-Ismaïl,  dans  lequel 
on  va  entrer;  il  est  situé  à  l'extrémité  orientale  du  Djebel 
ou  Adrar  Nefad. 


—  257  — 

I!  est  marqué  sur  la  carte  au  1/200,000  de  la  grande 
Kabylie  de  1855;  il  ne  figure  pas  sur  la  carie  révisée  et 
complétée  de  1867. 

A  environ  300  mètres  au  Sud-Ouest  du  col,  est  une 
belle  source  encadrée  par  des  pierres  de  taille  et  dési- 
gnée sous  le  nom  de  Tala  Aïzraren.  Sur  une  de  ces  pier- 
res existe  une  inscription  dont  M.  Faure,  ingénieur  de  la 
G'®  des  mines  du  Djebel  Anini,  m'avait  communiqué  une 
copie  incomplète,  mais  suffisante  cependant  pour  me  faire 
deviner  la  valeur  de  l'original.  Notre  confrère,  M.  le  capi- 
taine Lac  de  Bosredon,  naguère  chef  de  l'annexe  de 
Takitount,  a  eu  la  complaisance  de  m'en  adresser  un 
estampage  bien  réussi,  sur  lequel  je  lis  ceci  : 

IMPPCAESSC-AVREL-FL- VALDIoCLETIA 

ETM-AVREL-VAL  MAXIMIANO  II 

VICTIS  PUS  FF  AVGGET  CONSTAN 

ET    MAXIMIANO    NOBILISSI 

MIS  CAESARIBVS  TAVRELIVS  LITVA 

VPPPMCAES  CENTENARIVM 

AQVA  FRIGIDA  RESTITVITA-  •  •  • 

•••ADMELIoREM  FACIEM  REFORMA 

FELICITER 

La  pierre  a  été  un  peu  entamée  sur  le  côté  gauche; 
elle  mesure  encore  0™48  de  hauteur  et  0"^63  de  largeur. 
L'inscription  est  complète;  sur  la  dernière  ligne  il  n'existe 
pas  de  traces  de  lettres  autres  que  celles  du  mot  qui  la 
termine.  Les  lettres  ont  0^04  et  0"i02  seulement  au 
dernier  mot. 

Imperaloribus  Caesaribus  Cdio  Aurelio  Flamo  Valerio 
Diocletiano  et  Marco  Aurelio  Valerio  Maximiano  invictis. 


258 


piis,  feUcibus,  Augiistis,  et  Constantio  et  Marimiano,  nobi- 
lissimis  Caesaribus,  Titus  Aurelim  Litua,  vir  perfectissimus, 
prœses  promnciœ  Mauretaniœ  Caesariensis ,  centenarium 
Aqua-Frigida  reslituit  atque  ad  meliorem  Jaciem  refonnavit. 
Féliciter. 

Par  ordre  des  empereurs  Césars  Gains  Aurelius  Flavius 
Valerius  Dioclelianus  et  iMarcus  Aurelius  Valerius  Maxi- 
miaiius,  invaincus,  pieux,  heureux,  Augustes;  et  de  Cons- 
tancius  et  de  Maximianus,  très  nobles  Césars,  Titus 
Aurelius  Litua,  homme  perfectissime,  gouverneur  de  la 
Mauritanie  Césarienne,  a  reconstruit  le  Centenarium  d'Aqua 
Frigida  et  lui  a  donné  une  meilleure  forme.  C'est  heu- 
reux! 

On  pourra  trouver  vingt  autres  formules  pour  traduire 
l'exclamation  féliciter. 

Si  on  rapproche  le  nom  actuel,  Kafrida  ou  Qafrida,  de 
la  localité  des  mois  Aqua-Frigida,  on  voit  que  ces  der- 
niers ont  formé  le  premier  par  la  seule  suppression  des 
syllabes  a  et  gi.  Le  nom  ancien  a  donc  été  conservé  avec 
une  légère  altération,  probablement  par  un  simple  effet 
de  la  prononciation,  et  l'on  sait  combien  il  est  difficile  à 
ceux  qui  ne  connaissent  pas  l'arabe  ou  le  kabyle  de  trans- 
crire intégralement  les  noms  prononcés  par  les  indigènes. 

Le  Centenarium,  d'après  la  racine  du  mot,  indiquerait 
une  construction  fortifiée  pour  une  garnison  de  cent  hom- 
mes. L'estampage  que  j'ai  reçu  n'était  accompagné  d'au- 
cun renseignement  lopographique  et  j'ai  le  regret  d'avoir 
passé  trop  rapidement  dans  le  pays  sans  l'explorer.  Mes 
notes,  recueillies  il  y  a  plus  de  vingt  ans,  ne  me  signalent 
que  la  ruine  de  deux  tours  sur  chacun  des  côtés  du  che- 


—  259  — 

min,  presque  au  col.  Ces  tours  ne  me  paraissent  pas 
avoir  pu  contenir  cent  hommes  el  je  présume  que  la 
pierre  provient  d'une  ruine  plus  importanle. 

Un  kabyle  du  pays  m'écrit  qu'il  existe,  en  eiîet,  à  une 
assez  faible  distance,  une  grande  ruine  du  nom  de  Kherbet- 
el-Ksar,et  près  de  celle-ci  une  petitequ'on  appelle  Kherbet- 
Merdj-el-Anasser. 

Les  inscriptions  nous  ont  déjà  signalé  deux  Centenarium; 
l'un  à  Bou-Atelli,  chez  les  Deni-Raten  (grande  Kabylie), 
est  daté  de  329;  la  pierre  était  encastrée  dans  les  murs 
d'un  tombeau  et  n'était  pas  à  sa  place  primitive;  le  géné- 
ral llanoleau,  auteur  de  la  découverte,  n'indique  pas  à 
quel  monument  elle  avait  appartenu  (1). 

L'autre  était  à  Biar-IIaddada,  au  Sud-Est  de  Sélif,  au 
pied  du  Djebel-Youcef.  L'inscription  a  été  publiée  incor- 
recte dans  la  Revue  africaine  (2).  Je  l'avais  copiée  au  mo- 
ment où  un  colon,  M.  Marcou,  venait  de  la  déterrer  et  je 
l'ai  reproduite  exactement  dans  le  Recueil  de  notre 
Société  (3j.  Elle  est  de  315  à  317,  sous  Constantin  et 
Lininius. 

Ici  le  Centenarium  était  dans  une  ville  entourée  de 
murailles  et  n'était  point,  par  conséquent,  une  forlifica- 
lion  isolée  dans  les  conditions  où  nous  rencontrons  les 
postes  garde-routes.  Il  devait  constituer  un  réduit,  un 
quartier  militaire,  un  castellum  dans  le  genre  de  ceux 
que  les  inscriptions  nous  ont  signalés  à  Guellal  et  à  Aïn- 
Zada^  une  sorte  de  Casbah,  comme  nous  disons  aujour- 
d'hui.   Il   différait   du   Burgus,   que  nous  retrouvons  au 

(1)  Eev.  Afr.,  vol.  V,  p.  176  et  184. 
Ci)  Vol.  IV,  p.  189  et  vol.  V,  p.  184. 
(3)  Vol.  XVI,  p.  40^2,  année  1864. 


—  260  — 

Djebel-Selloum  et  à  Klierbel-el-Bordj,  casielhm  parmilum, 
dit  Végéce  (1),  placé  en  assez  grand  nombre  sur  les  rou- 
tes stratégiques,  ajoute  Orose  (^). 

Et  en  effet,  nous  en  voyons  sur  les  principales  voies 
dans  la  Kabylie  de  la  Mauritanie  sélifienne. 

Il  s'agit,  dans  notre  inscription,  d'une  reconstruction 
avec  modifications  apportées  à  la  forme  extérieure  de  la 
fortification. 

Quand  et  à  quelle  occasion  le  centenarium  primitif 
avait-il  été  démoli?  Question  difficile  à  résoudre  et  à  la- 
quelle il  ne  faut  pas  chercher  une  réponse  chez  les  histo- 
riens ou  les  chroniqueurs,  qui  se  sont  fort  peu  occupés 
de  ce  qui  s'était  passé  en  Afrique. 

Mais  comme  Aurélius  Litua,  une  de  nos  connaissances, 
avait  pris  le  soin  d'écrire  sur  la  pierre  deux  de  ses  expé- 
ditions, peut-être  a-t-il  vouJu  réparer  les  maux  causés  par 
les  insurrections  qui  lui  avaient  valu  des  lauriers  et  a-t-il 
tenu  à  le  faire  savoir  à  la  postérité.  Je  rappellerai  donc 
ces  expéditions,  dont  j'ai  eu  déjà  à  m'occuper  et  qui,  à 
la  suite  du  texte  de  Kafrida,  amèneront  quelques  obser- 
vations. 

Sur  une  pierre  découverte  à  Cherchel,  Aurélius  Litua 
se  félicitait  d'être  rentré  sain  et  sauf  dans  sa  capitale  avec 
les  troupes  de  Dioclétien  et  de  Maximien,  après  avoir 
battu  complètement  les  Babares  d'au-delà  des  lacs, 
Babari  transtagnenses  (3). 

(1)  De  rc  mil.  IV,  10. 

(2)  Hist.  VII,  32 pcr  castra  dispositos . . .  atque  ita  etiam  nomen  ex 

opcre  jjrœstiinsisse,  quia  crchra  per  limitem  habitaciila  coiistituta,  Bitrgos 
vulgo  vacant. 

(3)  I.  A.,  u»  4035. 


261 


Les  Babares  ont  laissé  leur  nom  aux  Babors.  Environ 
trente  ans  avant,  ils  avaient  envahi  la  partie  occidentale 
de  la  Numidie  et  soulevé  tout  le  pays  montagneux  depuis 
Mila  jusqu'à  la  grande  Kabylie,  où  ils  avaient  donné  la 
main  à  la  confédération  des  Quinquégenliens  Ils  avaient 
été  battus  par  le  légat  Macrinius  Decionus  (1). 

Il  s'agit  bien  ici  des  Babares  qui  occupaient  les  mon- 
tagnes du  Babor.  Ce  sont  les  Mauri  Baveres  de  la  liste  de 
Julius  Ilonorius,  publiée  par  Mommsen,  de  même  que  les 
Mauri  Gensani  de  celle  liste  sont  les  Quinquégenliens. 

Mais  nous  ne  saurions  retrouver  aussi  sûrement  le 
gisement  des  Babares  transtagnenses.  Si  ce  qualificatif 
signifie  qu'ils  avaient  leurs  canlonnemenls  au-delà  des  lacs, 
il  faudrait  les  placer  au  Bou-Taleb,  chez  les  Righa,  la 
région  des  Choit  commençant,  en  effet,  au  Sud  de  Sétif, 
au  Sebkha-Melloul,  et  s'étendant  à  l'Est  jusqu'à  AïnBeïda. 

L'histoire  et  les  inscriptions  nous  montrent  que  les  in- 
surrections prenaient  des  proportions  considérables  dans 
ces  pays  d'un  accès  difficile  et  habités  par  des  populations 
turbulentes  et  belliqueuses.  On  peut  donc  préjuger  que, 
si  la  révolte  avait  grondé  dans  les  montagnes  situées  au 
Sud  de  Sétif,  elle  avait  gagné  celles  du  Nord,  si  elle  n'y 
avait  pas  pris  naissance,  et  que  c'est  à  la  suite  d'un  coup 
de  main  heureux  des  insurgés  que  le  Cenlenarium  d'Aqua- 
Frigida  avait  été  détruit,  s'il  ne  l'avait  pas  été  déjà  lors 
de  l'insurrection  réprimée  par  Macrinius  Decianus. 

Ce  n'est  pas  la  seule  révolte  qu'ait  eu  à  combattre 
Aurélius  Litua.  Les  Quinquégenliens,  qui  occupaient  les 
deux  rives  de  l'Oued-Sahel,  lui  avaient  aussi  fourni  l'occa- 

(1)  I.  A„  no  101. 


—  262  ^ 

sion  (l'un  buUelin  de  victoire.  Avec  le  secours  des  troupes 
des  deux  Augustes,  tirées  de  la  Mauritanie  césarienne  et 
de  la  sétifienne,  il  était  parvenu  à  les  battre,  à  en  tuer 
et  à  en  prendre  un  grand  nombre  et  à  faire  du  butin. 

J'ai  |)ublié  dans  le  volume  de  la  Société  de  1802  (1) 
l'inscription  de  Bougie  qui  nous  donne  ces  détails. 

Je  m'en  étais  servi  pour  essayer  de  préciser  la  date 
d'un  fait  bistorique,  la  division  de  la  Mauritanie  césarienne 
en  deux  provinces.  Je  faisais  remarquer  que  c'est  le  mo- 
nument le  plus  ancien  qui  mentionne  la  sétifienne;  parmi 
d'autres  raisons  que  j'invoquais,  je  disais  qu'une  inscrip- 
tion de  Sélif  (2)  nous  donnant  le  nom  de  Flavius  Pecua- 
rius  comme  gouverneur  de  la  Mauritanie  césarienne  en 
288,  et  Maximien  Hercule  ayant  fait  sa  campagne  contre 
les  tribus  Quinquégentiennes  au  plus  tard  en  297,  c'est 
entre  ces  deux  dates  que  se  place  l'expédition  d'Aurélius 
Litua  contre  les  mêmes  tribus,  par  le  motif  qu'il  n'aurait 
pas  osé  s'attribuer  une  victoire  sur  des  peuplades  que  son 
empereur  venait  de  vaincre,  de  soumettre  et  de  transpor- 
ter, dit  le  panégyriste. 

Et  comme  les  chroniqueurs  signalent  des  révoltes  en 
Afrique  dès  288,  je  supposais  qu'Aurélius  Litua  avait  fait 
son  expédition  en  290  ou  291,  et  qu'il  avait  fait  graver 
l'inscription  de  Bougie,  qui  mentionne  la  Sétifienne,  lors- 
qu'il était  sorti  de  charge  ou  que  la  division  de  la  Mau- 
ritanie césarienne  était  un  fait  accompli. 

Je  présumais  que  cette  division  avait  eu  lieu  à  l'épo- 
que de  la  création  des  Césars  Constance-Chlore  et  Galère, 
c'est-à-dire  en  29'2. 

(i)Voi.  VI,  p.  no. 

(2j  I.  A.,  u"  3283.  —  liée.  Soc,  VI,  p.  173. 


—  263  — 

L  inscription  de  Kafrida,  sur  laquelle  les  Césars  sont 
dénommés,  ne  juslilie  pas  l'exaclilude  de  celte  déduction. 
Aqua-Frigida  occupait  une  position  qui  avait  dû  passer 
forcément  dans  la  nouvelle  province,  et  Aurélius  Lilua, 
pendant  qu'il  était  gouverneur  de  la  Césarienne,  n'aurait 
pas  été  autorisé  à  y  relever  les  murs  de  la  forteresse. 

L'élément  nouveau  fourni  par  le  monument  lapidaire 
de  Kafrida,  loin  de  trancher  la  question,  en  embarrasse 
la  solution.  Il  nous  place  entre  deux  textes  presque  con- 
temporains, dont  l'un  suppose  la  division  de  la  province 
et  dont  l'autre  semble  l'exclure.  Mais  le  premier,  en  dis- 
tinguant la  Sétifienne  de  la  Césarienne,  affirme  le  démem- 
brement de  celle-ci  sous  l'administration  d'Aurélius 
Litua,  et  il  doit  se  rapporter  à  un  fait  postérieur  à  celui 
que  l'autre  nous  révèle. 

Je  présume  donc  que  l'insurrection  des  Bavares  dont 
parle  l'inscription  de  Cherchai  et  qui  avait  ruiné  le  cen- 
tenarium,  est  antérieure  à  celle  des  Quinquégenliens,  et 
que  la  reconstruction  de  cet  établissement  de  défense 
militaire  avait  eu  lieu  immédiatement  après. 

L'inscription  de  Bougie,  relative  à  la  révolte  des  tribus 
Quinquégentiennes,  aurait  été  gravée  peu  de  temps  après 
celle  de  Kafrida,  alors  que  la  Mauritanie  sétifienne  avait 
pris  sa  place  sur  la  liste  des  provinces  de  l'empire.  Et 
comme  les  fonctions  des  gouverneurs  ne  duraient  que 
trois  ans,  cet  avènement  aurait  été  réalisé  dans  les  deux 
années  de  la  création  des  Césars,  c'est-à-dire  en  292 
ou  293. 

Aux  noms  d'Aurélius  Litua,  que  nous  connaissions, 
notre  inscription  ajoute  le  prénom  de  Titus.  Le  qualifi- 


—  264  — 

calif  jrigida  qu'elle  donne  aux  eaux  de  Kafrida  est  juste  ; 
ces  eaux,  très  abondantes,  sont  encore,  chez  les  gens  du 
pays,  renommées  pour  leur  fraîcheur. 

J'ai  identifié  plus  haut  les  ruines  d'Andriach  à  Muslu- 
bium.  La  synonymie  n'est  établie  par  aucun  texte,  mais 
elle  est  certaine,  quoique  la  position  ne  réponde  pas  aux 
distances  fournies  par  les  routiers. 

La  Table  et  l'Itinéraire  marquent,  en  effet,  28  milles  de 
Saldae  à  Muslubium  et  la  même  distance  de  ce  dernier 
point  à  Choba,  ce  qui  donne  56  milles  ou  84  kilomètres 
de  Saldse  à  Choba.  Or,  la  position  de  Choba  est  indiquée 
par  des  inscriptions  recueillies  sur  place  à  Ziama,  à  l'em- 
bouchure de  l'Oued-Ziama,  l'Oued-Djebessa  de  nos  cartes; 
les  remparts,  très  curieux,  sont  en  grande  partie  encore 
debout. 

De  Bougie  à  Andriach,  il  y  a  tout  au  plus  30  kilomè- 
tres; il  y  en  a  1o  ou  14  de  ce  dernier  point  à  Ziama; 
soit  environ  44  kilomètres  de  la  première  de  ces  localités 
à  la  dernière,  ce  qui  représente  29  ou  30  milles,  c'est-à- 
dire  à  peu  près  la  moitié  de  la  distance  marquée  par  les 
routiers.  La  voie  suivait  le  bord  de  la  mer  depuis  Bougie 
jusqu'au  cap  Aokas,  qu'elle  traversait  par  une  montée  et 
une  descente  1res  raides;  elle  reprenait  ensuite  la  plaine 
jusqu'à  rOued-Agrioun;  là,  elle  montait,  par  la  rive  droite 
du  premier  affluent  de  cette  rivière,  sur  la  colline  des 
Beni-Sigoual  qui  borde  la  mer,  et  aboutissait  à  Ziama 
par  un  léger  détour. 

Sur  tout  ce  parcours,  on  ne  rencontre  d'abord  que  les 
ruines  de  quelques  fermes  et  de  quelques  citernes  au 
quartier  d'Acherchour  et  un  peu  au-dessus  de  l'embou- 


—  265  — 

chure  (le  rirzer-Nekaren,  chez  les  Deni-Mimoun,  d'où  par- 
lait une  autre  voie  sui-  Sétif,  {gardée  par  des  postes,  dont 
le  premierest  au  pied  oriental  du  Djebel-Djoua,  etqui  allait 
rejoindre  à  peu  près  au  Sebl  des  UeniSliman  noire  route 
des  crêtes;  apiès  ces  ruines,  on  ne  voit  plus  que  celles 
d'Andriacli,  d'une  superficie  suflisanle  pour  un  petit  vil- 
lage et  les  greniers  de  l'Administration  notés  par  la  table 
peulinj;crieniie.  Les  pierres  que  j'y  remuai,  le  \S  avril 
\Sb'6.  ne  me  firent  découvrir  qu'un  serpent  encore  en- 
gourdi. 

Entre  Andriach  et  Ziama,  on  ne  rencontre  plus  aucune 
ruine  digne  d'être  notée  comme  ayant  pu  constituer  le 
plus  petit  groupe  de  fermes.  On  est  donc  contraint  de 
placer  iMuslubium  au  premier  de  ces  puints. 

Je  voulais  me  borner  à  parler  ô'Aurélius  Litua,  mais 
je  ne  puis  pas  ajourner  la  publication  d'une  inscription 
qui  nous  fait  connaîlre  les  noms  d'.un  autre  personnage 
qui  a  occupé  une  position  considérable  en  Afrique.  La 
voici,  d'après  une  copie  prise  par  M.  Pincemaille,  conduc- 
teur des  Ponts  et  Chaussées,  et  transmise  par  M.  Lac  de 
Bosredon  : 


22 


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La  pierre  a  été  trouvée  au  Bou-Taleb,  à  la  Bahira,  chez 
les  Riglia-Guebala,  à  environ  40  kilomètres  au  Sud  de 
Sétif.  La  lacune  qui  existe  à  la  dernière  ligne  provient 
peut-être  d'une  cassure;  ce  qui  en  reste  me  semble  de- 
voir être  revu  sur  l'original.  J'attendrai  donc  pour  parler 
de  Flavius  Victorianus,  homme  clarissime  de  premier 
ordre  et  comte  d'Afrique,  d'avoir  obtenu  un  complément 
de  renseignements,  et  je  me  borne  à  faire  prendre  date 
à  la  découverte  de  M.  Pincemaille. 


ERRATA 


Page  169,  ligne    3,  au  lieu  de  :  commencé  par  le  cercle, 

lisez  :  commencé  sur  le  cercle. 

Page  171,  ligne  5,  au  lieu  de  :  Différences  9. . .   0. . .  .1 , 

lisez  :  Différences  9 , .  .0 .  . .—  I . 

Page  171,  ligne  16,  au  lieu  de  :  vol  d'aiseau,  lisez  :  vol 

d'oiseau. 

Page  171,  ligne  16,  au  lieu  de  :  soit  moindre,  lisez  :  soit 

plus  grande. 

Page  173,  à  l'avant-dernière  ligne,  au  lieu  de  :  Ad  Arnala, 

lisez  :  Ad  Ariialla. 

Page  174,  ligne  1,  au  lieu  de  :  parlant,  lisez  :  parlent. 

Page  174,  ligne  ''H,  au  lieu  de  :   étaient  occupées,   lisez  : 

étant  occupées. 

Page  176,  ligne  7,  au  lieu  de  :  les  objections,  lisez  :  l'ob- 
jection. 

Page  180,  ligne  9,  au  lieu  de  :  canyliae,  lisez  :  canvleiae 

(Borgliesi). 

Page  197,  ligne  6,  lisez  :  caché  sous  ces  restes. 


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TABLE  DES  MATIÈRES 


Pages 

Présidents  iiONor.Air.ES v 

Composition  du  bureau  pour  1881 v 

Commission  des  manuscrits v 

Membres  honoraires vi 

Membres  titulaires vu 

Membres  correspondants ix 

Sociétés  correspondantes xii 

Sociétés  correspondantes  étrangères  ....  xvii 

Excursions  archéologiques  dans  les  environs 
de  Milah  et  de  Constantine  (avec  cartes  et 
planches),  par  le  D""  V.   Reboud  et  A.  Goyt, 

membres  correspondanls 1 

Addition  au  mémoire  précédent,  par  le  D''  V. 

Reboud 74 

Errata •    .    .  82 

Du  mont  Pappua  et  de  sa  synonymie  avec  le 
Djebel  Nador,  par  A.   Papier,  vice-président 

de  l'Académie  d'IIippone 83 

Supplément  au  catalogue  du  Musée  archéolo- 
gique de  Constantine,  par  M.  Arguel,  con- 
servateur de  la  Bibliothèque  et  du  Musée  .    .  113 

Naraggara,  par  A,  Goyt 169 

Sur  deux  briques  romaines  trouvées  a  Philip- 

peville,  par  le  D""  V.  Reboud 179 


—  270  — 


Pages 


Excursions  archéologiques  dans  les  environs 

DE    MlLAH    ET    DE   CONSTANTINE,    par    le    D""    V. 

Reboud  et  A.  GoYT.   —   Supplément   par   le 

D""  V.  Reboud  (avec  trois  planches) 183 

Simples  réflexions  au  sujet  de  la  découverte 
d'un  Sacrum  a  Tébessa,  par  M.  Abel  Farges, 
lieutenant,  adjoint  au  Bureau  arabe  de  Tébessa  215 

Note  de  M.  V.  Reboud  sur  le  n"  20  du  précédent 

mémoire 245 

Lettre  de  M.  Farges  au  Président 247 

Le  centenarium  d'Aqua-Frigida  et   le  prises 

T.  Aurelius  Littua,  par  A.  Poulle 255 

Errata 267 

Cartes  et  planches 


CARTE  ARCHEOLOGIQUE  des  oi.vii-cms  iIcMlLAn  ,1,-CONSTANTINE  . 


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INSCRIPTION 


Relevée    au  Djebel-Nador, 


STATUE    COLOSSALE   TROUVÉE  A   MILAH, 
Pcïsiri  dr  M'  Valbnlin  lirul'  d  Eui-onajar 


CltOOns  CT   ni.MKNSIONS 

DE    LA    STATUE 

Ti-nii-Tc  ,1  MlLAH.-ii  l-ï-VTH-i-  iHK.i 


Dl'Ssiu  ilr  M!  Rfiiaull 

ni  iiu  3^Jutiillfiirv 


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PL.\N    rit:S    FOUII.LKS 


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Eolicllt  tli"  tfTm  pour  mt-trc. 


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SACRUM     DE    TEBESSA 


JJcJ.Mouet;  (ù^.  d E'ùit  ^'^la/or . 


lrip..-t.JfrvJiii'n.',  (iinstaniin&.  . 


n.Axv 


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Fi(5.11.  (x 


Rd.l2  (i) 

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SACRUM    DE   TEBESSA 


/'f/.  h'ouet-.  Cof)  WFtaC-Miifor 


liii^y  .4 .  BraJuun. .  Lôiistcuitul'C 


PI  IXVT 


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SACRUM    DE    TEBES5A 


Vel.  Hmoet,  Cap.  U  'Etat.  Ifa/pr. 


[nip..4.  BfaJu4m.  C^nStoJlU'ie^. 


Pl.XXMI 


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Yii.  Z3  (|) 


SACRUM    DE    TEBESSA 


l^f/.  Rviitt .  /afi.d'Ffar  :  IfuJor. 


Juif  .J  Pitx/iain .  fi'nstfzn-tvc: 


Yià.lo  (i 


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Pl.XXMJl 


SACRUM!     DE    TEBESSA 


/11/,  h'iiitct .  Cà/^e/'Ftii^ ./fil/'oi'. 


lmp..i.BitiAant ,  CotistarUifK'  . 


Pl.XXiX 


£lo/2Mt) 


Tid.31(|) 


Ro.30.(t) 


rid32(i) 


SACRUM    DE    TEBESSA 


Del.  làui ■/ .  (hp- d  h'hit .  Uujoi ■ . 


/•lie  .  I.  Biyi/iiWi  .  ('imit<ifi/iiir  . 


PL  XXX 


Y.pz  {}) 


Ro  35  (t) 


Jxô.y^  (I) 


s.pe  (i) 


SACRUM    DE    TEBESSA 


Del.  Roue/,  (iyj  d'Ftct(J}îafor. 


frnp.  ^-î  .  BnaJtarn ,  (onstiiriftnr 


PI  XXXI 


Fio.  37.(1) 


Yi6M) . 


Fag.3S.(i) 


Fid.39.(^) 
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Pi6.il.  I  il 


Fiô.  iZ 


SACRUM    DE    TEBESSA 


J>el.  Rouil.  (iip  ci'Flat-AIaipr. 


Iin.f>.^.  Brtihain..  (hnflantinf . 


Pl.XKXIl 


PLAN  DU  SACRUM 
de 

TKBKSSA. 


Eclielle  de   0^002 


//f/.  h'umt,  Cîi/>  c/'/'.'lnf  -.//a/oir'. 


/iiit>  ,  lit .f>'ni!iitiii ,  (hii.^ttt/it)iu' 


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UNIVERSITY  OF  FLORIDA 


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