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Presented to the
LIBRARY of the
UNIVERSITY OF TORONTO
by
CANADA
NATIONAL LIBRARY
4
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GOMPTE RENDU SOMMAIRE
TRAVAUX DU CONGRES
25 971. — PARIS, IMI'RIMEME GE>EUALE LAUURE
1), rue de Fleiris, 9
V' CONGRES INTERNATIONAL DE NAVIGATION l.NTERlEliRE
PARIS 1892
COMPTE RENDU SOMMAIRE
DES
TRAVAUX DU CONGRES
PARIS
IMPRIMERIE GENERALE LAHORE
9, RUE DE FLEURUS, 9
1892
re
5
u
AVANT-PROPOS
Le Coni^rrt's International de Navigation Interieure a tenu sa cinquieme
session* a Paris, dii 21 auoO juillet J(S92, en execution de la decision prise
a Manchester, dans la seance de cloture du IV"" Congres, sur Tinvifation
faite par les representants autoriscs de la Chambre de Commerce de Paris.
L'organisation du Congres f'ut confiee a une Commission' composee de
delegues de la Chambre de Commerce de Paris, des Minisleres interesses
el de la Sociele des Ingenieurs Civils et aussi, conformement aux decisions
du Congres de Mancbesl(M', de membres eirangers designes, dans les divers
pays qui avaient pris pni I aux precedents congres, parmi les pcrsonncs les
plus compelentes en matiere de navigation interieure. Celte Commission
s'esl reunie.pourla premierefois, a la Bourse de Commerce, le '20 juillet 1891,
sous la presidence de MM. Cousle. President de la Chamljre de Commerce
de Paris, et Voisin-Bey, Inspecteur General des Ponls et Chaussees, ancien
President des Delegations duMinistere des Tiavaux Publics aux Congres de
Vienne, de Francfort et de Manchester.
Grace aux etudes prealables poursuivies sous la direction de M. Voisin-
Bey, la Commission put, des cette premiere seance :
Tracer le plan complet de ses travauxet les repartir entrecinqcomitesexe-
cutifs^;
Arreter le Beglement^ du Congres;
Determiner le programme des Questions' qui seraient soumises a ses
deliberations.
1. Ainsi que ciiacun io salt, les qualie premieres sessions ont ele ttiuies respectivc-
menl : a Bruxelles, en 188.'>; a Vienne, en ISSr.; a Francfoii-sur-le-Mein, en 1888, et a
Manchester, en 1800.
2. VoT page XIX.
5. Comite d'Administration; Comile des Finances; Comite Technique et de Redaction ;
Comile des Excursions et Hoceptions: Comite de I'Exposilion. — Voir paee xrx.
A. Voir page xsiii.
5. Voir page xxvii.
VI ^ AVANT-PROPOS.
Peu tie temps apres, pour des raisons de sante, M. Voisin-Bey croyait
devoir rcnoncer a cooperer a rorganisation du Congres et demandait a
etre releve de ses lonclions de President, sans que I'expression una-
nime des regrets les plus vits ait pu le faire revenir sur sa resolution. Sa
succession fut devolue a M. I'lnspecleur General des Fonts et Chaussees
Guillemain.
Cependarit. un grand nombre de personnes parmi les plusversees dans
les questions de navigation, en Europe et en Amerique, avaient repondu a
I'appel du Comite Technique et promis des rapports sur les differentes
questions du programme. En fin de compte, 5i rapporls lormant une
veritable encyclopedie de 1500 pages accompagnees de 85 planches out
pu etre publics en troislangues* et distiibues avant rouverturedes travaux
du Congres.
D'autre part, sur les demarches faites par la Commission d'Organisation,
M. le President de la Uepublique avail daigne accorder son haul patronage
au V'"' Congres Intcrnalionalde Navigation Interieure, et les Minislres titu-
laires des departements les plus interesses avaient bien vonlu accepter la
prcsidence d'honneur. La Commission d'Organisation pensa qu'il convenait
de grouper autour de ces haules personnalites, dans des Comites dc patro-
nage, les notabilites particulierement inleressees aux questions de naviga-
tion, qui pouvaient fournir I'appui moral indispensable pour assurer le
succes coraplet du Congres.
Cette idee, qui constituait une innovation par rapporl aux errements
precedemment siiivis, a etc tres I'avorablement accueillie, comme on pent
s'en convaincre en parcourant la lisle'" des personnes, au nombre de 145,
qui ont bien voulu donner leur patronage au Congres, tanl en France qu'a
relranger\
Avec de pareilles references, Toeuvre de propagande plus particuliere-
ment confieeau Comite d'Administralion s'annoncait sous les plus heureux
auspices; elle a Icnu tout ce qu'elle promettait. On nous excusera si nous
I'aisons ici un peu de stalistique.
Aux premiers rangs des Membres du Congres figurcnl les Delegues des
Gouvernements el des Collectivites.
Le nombre des Delegues de Gouvernements s'est eleve, en total, a 72,
savoir* :
1. \]n setilement, celiii de M. Beta de Gonda sur la 10' Question, n'a pu, faute de temps,
^tre traduit en allemand et en angtais.
2. Voir page xui.
T). Kn Alleniagne, Autriclie, ISelgique, Grande-Bretagne, Ilollande, Ilongrie, Italie, Nor-
vege, Russie el Suede.
4. Voir page xxsiii.
AVANT-PROPOS.
France* 9
Allemagne 20
Aiitriche i
Belgique 8
Bresil 1
Ktats-Unisd'Amerique 1
Grande-Bretagne A
Ilollande .3
Hongrie i
A reporter 54
Report .
Italie . .
Norvege .
Perse . .
Portugal .
Roumanie
Riissie. .
Siam . .
Suede . .
Suisse. .
54
1
4
4
1
1
9
Ton
Les Delogiies des Collectiviles ontatteinl Ic nombre total dc 558, savoir
Delegues de 154 Collectivites frangaises-
Delegues de 86 Collectivites etrangeres^
Total. . .
202
15li
55<S
D'lin autre cole, parmi les lemoigiiages iioii equivoques d'inleret qui
out ete donnes au Coii'^res, nous nc saurions, a coup siir, pas«;cr sous
silence les subsides fouinis, en dehors de ceux des Minisleres des Travaux
Publics el de rAgriculturc, du Conscil Municipal et de la Chambre de
Commerce dc Paris, par 70 Donaleurs* qui ont tenu a participer aux
charges de I'entreprise par le versement d'une somnie quelquefois tres
importante ct loujours nolablement superieure au montant lixe pour la
colisation.
En resume, le nombre des adherents^ munis de la carte personnelle visee
au paragraphe 3 de Particle 4 du Reglement s'esi eleve a i04'2. ainsi
repartis entre les diverses nationaliles :
France
Allemagne
Grande-Bretagne . .
Hollande
Russie
Autriche
Etats-Unis d'Amerique
Belgique
Hongrie
Italie
Portugal
619
192
56
25
22
14
15
6
Report.
102:
A reporter 1025
Suisse . .
Kgyple . .
Espagne. .
Roumanie.
Bresil. . .
Bulgarie .
Danemark .
Norvege. .
Siam . . .
Suede . .
Turquie. .
Total 1042
1. Delegues : parle Ministere des Travaux Publics, 2;parleMinistere derAgriculture, 5;
par leMinislereduCommerce et de I'lndustrie, 2; par leSous-Secrelariat des Colonies, 2.
2. Voir page xxxix.
5, Voir page lix.
4. Voir page lxxv.
5. Voir page lxxix.
y,„ AVANT-PROPOS.
En ajoulant la Perse, qui a etc representee officiel lenient par un Fran-
gais, on trouve que 25 nationalites etrangeres onl pris part au Congres.
Le nombrp des participants etrauf^ers s'est eleve a 4'-25 , soil 41 pour 100
du total.
Si, d'autre part, on reflechit que parmi les 1042 adherents, il en est
bon nombre qui reprdsentaient chacun une nombreuse collectivite , on
pent se faire une idee de Timportance de la manifestation dont la naviga-
tion in'erieure a etc Tobjet a Paris, en 1892.
C'est dans la partie occidentale du Palais de I'lnduslrie, aux Champs-
Elysecs, gracieusement mise a sa disposition par M. le Minislre des Tra-
vaux Publics, que la Commission d'Oi'ganisation avait trouve les locaux les
plus convenables pour I'installalion du Congres et de I'Exposition speciale
y annexee. Grace a la complaisance des Administrations des Palais
Nationaux et du Mobilier National, cette installation a ete tout a fait satis-
faisantc et, dans certaines parties, veritablement somplueuse.
Comme les precedents, le Congres s'est divise en un certain nombre de
sections, quatre, cntre lesquelles les differentes questions a examiner ont
ete reparties. Le travail produit a ete considerable. Independamment de
la seance solennelle d'ouverture presidee par M. le Ministre des Travaux
Publics et de deux autres seances plenieres generates*, on il a ele rendu
compte des deliberations des sections, celles-ci n'ont pas consacre moins
de r)3 seances a la discussion des questions qui leur etaicnt soumises.
Dans le present volume intitule Compte rendu sommaire des Travaux
du Com/res, public en trois langues par les soins du Comite Technique,
on trouvera reproduits, d'apres la stenographie, les proces-verbaux des
seances plenieres. Les proces-verbaux des seances des sections forment la
plus grande partie d'un autre volume ayant pour litre Proces-verbaux des
Seances des Sections et Compte rendu des Excursions. Les discussions y
sont reproduites dans la langue oii elles onl ete tenues'.
L'Exposition occupait, au 1" elage' du Palais, trois salles et une galcrie
mesurant ensemble une superficie de 2 500 metres carres. hidependam-
ment de la France, des envois avaient ete fails d'Allemagne, d'Aulriche,
de Belgique, d'Espagne, de Grande-Bretagne, de llollaride, de Ilongrie,
(I'llalie, de Norvege, de Russie et de Suede. Le Catalogue de VExposition
deModeles, Cartes, Dessins et Ouvrages relatifs a la Navigation Interieure
ne raentionne pas moins de 424 objets ou groupes d'objets, parmi lesquels
1. Des resumes de ces proces-verbaux sont d'ailleurs donnes dans le corps du present
volume.
2. Un modele d'ascenseui- pour bateaux avait ele, vu sos dimensions consideral»les,
installe au rez-de-ctiaussee.
AYANT-PROPOS. ix
plus de 200 modMes, plans en relief ou appaieils en viaie grandeur: il
est d'ailleurs accompagne d'un certain nombre de Vues photographiques
qui donnent une idee exacte des installations du Congres. C'est ici le
lieu de mentionner la publication faite par les soins du Comite de I'Expo-
sition, d'un Catalogue des Publications parues su7' la Navigation Inte-
rieure^y travail bibliographique destine, semble-t-il, a rendre de reels
services et repondant, en tout cas, a un desideratum plusieurs fois
exprime dans les congies precedents.
Les excursions ont pris une tres grande place an Congres de Paris*.
Avant I'ouverture des deliberations, pres de 200 congressistes, repondant
a I'invitation qui leur avail el6 faite de sc reuriir des le 18 juillet au soir
a Lille, ont consacre deux jours a visiter les voies navigables et les ports
du Nord.
Pendant le Congres menie, de nombreuses courses ont ele faites sur les
voies navigables des environs de Paris ainsi que sur la Seine maritime,
au Havre et a Rouen.
Enfm, a Tissue du Congres, pendant les journees des 51 juillet, I, 2 et
5 aoiit, 200 congressistes environ ont fait sur les canaux du Centre, sur
la Saone et sur le Rbune, a Lyonet aSaint-Klienne, une excursion que bon
nombre d'entre eux, pres d'un tiers, out prolongee pendant Irois jours
encore jusqu'a Avignon, Aries, Saint-Louis et Marseille.
Nous lenons a rendre ici un public liommage aux Municipalites el aux
Chambres de Commerce, aux Societes savantes, aux Compagnies minieres,
aux Enlreprises de transport et aux granils Industriels qui ont rivalise
pour iaire. sur tous les points du territoire, aux membres du Congres de
navigation, I'accueil le plus sympathiquc et le plus brillant.
Ce rapide historique resterait incomplet si nous nc mentionnions avec
reconnaissance I'accueil particulierement flatteur et bienveillant que
M. le President de la Piepublique, desireux d'exereer ed'ectivement les pi-ero-
gatives de son baui patronage, a fait aux bureaux du Congres et des
Sections, le jeudi 28 juillet. au cbateau deFontainebleau'.
Ln terminant, qu'il nous soil permis d'exprimer la pensee que loutes
les personnes reunies au Congres de Paris auront remporte un agreable
souvenir de ces jours passes a travailler et a voyager en commun. Les
publications^ en tete desquelles doit etre place le present avant-propos ont
1. Lahure, Editeur, 9, rue de Fleurus. a Paris.
2. Voir page i2'2 du present volume et page 675 du volume intitule Proces-verbaux
des Stances des Sections et Cornpte rendu des Excursions.
5. Voir page 121 du present volume et page 069 du volume intitu'e : Proces-verbaux
des Seances des Sections et Cornpte rendu des Excursions.
i. V<nr la liste complete des Publications du Congres a la page csxnr.
X AVANT-PROPOS.
justement pour objet de preciser ces souvenirs el de les rendre plus
durables; nous voulons e^perer qu'elles seront accueillies avec faveur par
nos eollegues.
La Commission d'Organisation.
Paris, le 15 mars 1893.
RENSEIGNEMENTS GENERAUX
PATRONAGES
COMMISSION D'ORGANISATION
REGLEMENT
PROGRAMME DES QUESTIONS ET NOMS DES RAPPORTEURS
DELEGUES DE GOUVERNEMENTS
DELEGUES DE COLLECTIVITES FRANQAISES
DELEGUES DE COLLECTIVITES ETRANGERES
DONATEURS
LISTE GENERALE DES ADHERENTS
BUREAU DU CONGRES ET BUREAUX DES SECTIONS
ORDRE CHRONOLOGIQUE DES TRAVAUX DU CONGRES
LISTE DES PUBLICATIONS DU CONGRES
V"^ CONGKES liNTERNATIONAL
BE
NAVIGATION IINTERIEURE
TENU A PARIS EN 1892
SOUS LB HAUT PATRONAGE
DE
M. CARNOT
PKESIDEM DE LA KEl'l BLlnUE
PRESIDENTS D'HOXIVEUR
LE MINISTRE DES TRAVAUX PUBLICS.
LE MINISTRE DE LA MARINE ET DES COLONIES.
LE MINISTRE DE L'AGRICULTURE.
LE MINISTRE DU COMMERCE ET DE L'INDUSTRIE.
COMITE DE PATRONAGE FRANCAIS
Berthelot, Senateiir, Membre do I'Inslitut, President de la Societe Nationale
d'AgTiculture de France.
Cuvinot, Senateur, Inspecteur General des Ponts et Chaussees en retraifo.
Deprez (A.), Senateur, President de la Chambre de Commerce de Bethiine.
Krantz. Senateur, Inspecteur general des Ponts et Chaussees honoraire.
Poirrier, Senateur, ancien President de la Chambre de Commerce de Paris.
Aynard. Depute, President de la Chambre de Commerce de Lyon.
Deluns-Montaud, Depute, Rapporteur de la Commission parlementaire des
Voies navigables, ancien Ministre des Travaux Publics.
Faure (Felix), Depute, ancien Sous-Secretaire d"Elat an Ministere de la Marine
el des Colonies.
Guyot (Yves), Depute, ancien Ministre des Travaux Publics.
Ouvre, Depute, President d'honneur de la Chambre Syndicale du Commerce des
Bois a bruler.
Baron Reille, Depute, President du Comite des Forges de France.
Deschamps, President du Conseil General de la Seine.
Sauton, President du Conseil Municipal de Paris.
Bernard (Fmile), Inspecteur General des Ponts et Chaussees, Vice-President de
la Commission de I'Hydraulique Agricole au Ministere de I'Agriculture.
x,v RENSEIGNEMEMS GfiNERAUX.
Buquet (P.), President de la Societe des Ingenieurs Civils.
Darcy, President du Comite Central des Houilleres de France.
Guillain, Conseiller d'Etat, Directeur des Routes, de la Navigation cl des Mines
au Ministere des Travaux Publics.
Josseau, ancien Depute, ancien President de la Societe Nationalc dAgriculturc
dc France.
dolonel Laussedat, Directeur du Conservatoire National des Arts et Metiers.
Leblanc, Inspecteur General des Ponts el Chaussees, Vice-President du Conseil
General des Ponts et Chaussees, ancien Directeur de la Navigation au Ministere
des Travaux Publics.
Philippe, Directeur de I'Hydraulique Agricole au Ministere de I'Agriculture.
Picard (A.), President de la Section des Travaux Publics au Conseil d'Etat, Direc-
teur General honoraire desPonts etChaussees, des Mines .etdesChemins defer.
Rousseau (A.), Conseiller d Etat, ancien Sous-Secretaire d'Etat aux Ministeres
des Travaux Publics et de la Marine et des Colonies, ancien Directeur de la
Navigation au Ministere des Travaux Publics.
Voisin-Bey, Inspecteur General des Ponts et Chaussees en retraite. ancien Presi-
dent de la Delegation du Ministere des Travaux Publics aux Congres Interna-
tionaux de Navigation Interieure de Vienne, de Francfort-sur-le-Mein et de
Manchester.
Bacot (L.), President de la Chavnbre de Commerce de Sedan.
Brunei (H.), President de la Chambre de Commerce de Bordeaux.
Chamussy, President de la Chambre de Commerce de Macon.
Coulon (M.), President de la Chambre de Commerce de Cette.
Courtois de Vigose, President de la Chambre de Commerce de Toulouse.
Darquer, President de la Chambre de Commerce de Calais.
DelamC; President de la Chambre de Commerce de Valenciennes.
Due (M.), Vice-President de la Chambre de Commerce de Lyon.
Duchemin, President de la Chambre de Commerce de Rouen.
Dupuis, President de la Chambre de Commerce de Bourges.
Dupont (A.), President de la Chambre de Conunerce de Reauvais.
Feraud (A.), President de la Chambre de Commerce de Marseille.
Gaulin-Dunoyer, President de la Chambre de Commerce de Dijon.
Givors (E.), President de la Chand)re de Conmierce de Saint-Dizier.
Latham, President de la Chambre de Commerce; du Havre.
Le Blan (.1.), President de la Chandjre de Commerce de Lille.
Mariolle-Pinguet, President de la Chambre de Commerce de Saint-Quentin.
Mathon (H.), President de la Chambre de Commerce de Roubaix.
Merisse, President de la Chambre de Conmierce de Saint-Nazaire.
Miellez (E.), President de la Chandjre de Commerce d'Armentieres.
Muratier-Serdon, President de la Chambre de Commerce de Chalon-sur-Saone.
Petyt, President dc la Chambre de Commerce de Dunkerque.
Rivron, President de la Chambre de Commerce de Nantes.
Rog6, President de la Chambre de Commerce de Nancy.
Sculfort, President de la Chambre de Commerce d'Avesnes.
Walbaum, President de la Chambre de Commerce de Reims.
PATRONAGES. xv
PATROXAGES ETRAI\GERS
ALLEMAGNE
Bassermann. Reclitsauwalt, Priisident des Verbandes der Particularschiffer
Jus et JiistUia, Mannheim.
Bellingrath (E.). Generaldirektor der deulschen Elbschifffahrts-Gesellschafl
Kelte, Mitglied der Handels- und Gewerbe-Kammer, Dresden.
Bethcke (I.. I.). Vorsitzender der Handelskamnier, Halle a. d. Saale.
Broemel (Max), Mitglied des Reichstags, Berlin.
Crasemann (Rudolph), Priisident der Handelskamnier, Hamburg.
Damme, Vorsitzender des Vorsteheranites der Kaulmannschaft, Danzig.
Diffene (Ph.), Prasident der Handelskammer fur den Kreis Mannheim, Mannheim.
Flinsch (H.), Stadtrath, Vorsitzender des Vei-eins zur Ilebung der Fluss- und
Kanalschill'fahrt fiu' Siul- und \Vest-Deutschland, Fi-ankfurt-a.-M.
Frentzel (A. E.), Geheimer Commerzienralh, Prasident des Aeltesten-Collegiums
der Kaufmannschaft, Berlin.
Gruner (Th.u Prases der Handelskammer, Bremen.
D"^ Hammacher, Landtagsabgeordneler, Berlin.
Freiherr von Hammerstein, Landesdirektor, Hannover.
Herrenschmidt A.), Prasident der Handelskammer, Strassburg-i.-E.
Freiherr Heyl von Hermsheim, Worms.
Hubbe, Koniglicher Connnerzienrath, Vorsitzender der Aeltesten der Kaufmann-
schaft, Magdeburg.
Hultzsch (Ph.), Commerzienralh, Prasident der Handels- und Gewerbe-Kammer.
Dresden.
Kochhann (H.), Stadtrath, Mitglied des Aeltesten-Collegiums der Kaufmann-
schaft, Berlin.
Konigs, Prasident der Handelskammer, Crefeld.
Lindenmeier (C), Prasident des Vereins zur Wahrung der Rheinschifffahrt-
Interessen , Lud\vigshafeu-a. -R .
Michel (St. C), Geheimer Commerzienralh, Prasident der Handelskammer, Mainz.
Michels (G.). Geheimer Commerzienrath, Prasident der Handelskammer, Koln-
a.-R.
Molinari (L.). Commerzienrath, Vorsitzender der Handelskammer, Breslau.
Petsch-Goll (J. P.), Geheimer Commerzienrath, Prasident der Handelskammer,
Frankfurt-a.-M.
Pfeiffer (W.), Prasident der Handelskammer, Diisseldorf.
Ritzhaupt, Commerzien- und Admiralitatsrath, Obervorsteher der Kaufmann-
schaft, Konigsberg.
Scharff (Hugo), Vice-Prasidenl der Handelskammer, Leipzig.
Schenkel, Geheimer Oberregierungsrath, Grossherzoglich Badischer BevoU-
miichtigter zur Centralkommission fiir die Rheinschifffahrt, Karlsruhe-i -B.
Stuber (A.), Koniglicher Commerzienrath. Prasident der Handels- und Gewerbe-
Kammer, Wiirzburg.
Von Wendt, wirklicher Geheimer Oberregierungsrath, Koniglich Preussischer
Bevollmachtister zur Centralkommission fiir die Rheinschifl'fahrt, Berlin.
RENSEIGNEMENTS CENERAIX.
AUTRICHE
Baron von Banhans (A.), Geheiinor Rath, ehemaliger K. K. Handels-Minister,
Prasideiil der 1'" K. K. P. Donaii-Danipfschifffalirts-Gesellschaft, Wicn.
Ritter von Bazant, K. K. Sections-Chef im Handels-Ministerium, Wien.
Berger (F.), K. K. Oberbaurath, Stadtbaiidirektor, Wien.
Graf Kinski (Christian), Geheimer Rath, Landmarschall nnd Prasident des nieder-
osterreichischen Landtags, ehemaliger Prasident der Organisations-Kora-
mission des II. Internationalen Binnenschifffahrts-Congresses, Wien.
Klunzinger (P.). Civil Ingenieur, Schriftfiihrer des Donau-Yereins, Wien.
Matscheko (M.), Prasident des niederoslerreichisehen Gewerbe-Vereins, Wien.
Mauthner (M.), Rcichsraths-Abgeordneter, Vice-Prasident der Wiener Handels-
Kamnier, Wien.
Naschauer (W.), niederusterreichischer Landtags-Abgeordneter, Wien.
(Elwein (A.), K. K. Professor an der Forst- iind Landwirthsehaftlichen Hoch-
sehuh% General-Direktions-Rath der K. K. uslerreichischen Staatsbahnen,
Wien.
D'' Peez (A.), Reichsraths-Abgeordneter, Wien.
Proskowetz (E., Ritter von Proskow und Mastorif), Reichsraths-Abgeordneter,
Kwassitz (Midiren).
Rosier, K. K. Ministerialrath im Ministerium des Innern, Wien.
Von Scheiner (C), Yorstand des technischen Departements der K. K. Statt-
halterei, Prag.
Schromm (A.), K. K. Regierungsrath, Schifl'fahrts-Gewerbe-Inspektor, Wien.
Baron von Schwegel (J.), Geheimer Rath, Reichsraths-Abgeordneter, Wien.
BELGiaUE
Finet, Senateur, Bruxelles.
De Smet de Naeyer, Membre de la Chambre des Representanls, Gand.
Lamal, Directeur General des Ponts et Chaussees, Bruxelles.
GRANDE- BRET AGNE
The Right Hon. Sir Michael Hicks Beach, Bart., M. P., President of the Board
of Trade, London.
The Right Hon. The Lord Balfour of Burleigh, Parliamentary Secretary Jo the
Board of Trade, London.
PATROiNAGES.
HOLLANDE
Fock (C), Gommissaire de la Reiiie dans la province de Hollande meridionale.
La Have. .^;.
Schorer (J. W. M.), Gommissaire de la Reine dans la province de Hollande
septentrionale, Haarlem.
VeningMeinesz (S. A.), Bourgmeslre, Amsterdam.
Lycklama a Nijeholt (P.), Bourgmestre, Piotterdam.
Roest A. J.), Bourgmostre, La Have.
Reiger (B.), Bourgmestre, Utrecht.
Fransen van de Putte (L. D.), Membre de la 1"^ Chambre des Etats-Gene-
raux, La Have.
Van Eysinga (F. F.), Membre dela ^ Chambre des Etats-Generaux, Leuwarden.
Viruly Verbrugge (W. A.), Membre de la IP Chambre des Etats-Generaux,
Rotterdam.
Mees (R. P.), Membre de la IP Ghambre des Etats-Generaux, Rotterdam.
Van Beuningen (H. A.), Membre de la W Chambre des Etats-Generaux, Lirecht.
Cordes (D.j, President de 'a Chambre de Commerce, Amsterdam.
De Monchy (M. M.), President de la Chambre de Commerce, Rotterdam.
Ruys (1». E.), Directeur de la C'-^^ de Navigation a vapeur Rolferdamshe Lloyd,
Rotterdam.
Baron Tindal (G. A.), President dela Societe Nederland, Amsterdam.
Boissevain (J.), Directeur de la Societe Nederla/id. Amsterdam.
Fegelberg (P. E.), Directeur de la Societe Nederland, Amsterdam.
Hendricks (A. M. J.), Vice-President de la Chambre de Commerce et dindustrie,
Amsterdam.
HONGRIE
Comte de Tisza (L.), Conseiller intime de S. M. 1. et H., Membre do la Chambre
des Deputes.
Comte de Zichy (E.), Conseiller intime de S. M. I. et R., Membre de la Chambre
des Deputes, Gommissaire du Gouvernement pour le Canal Frangois.
Bela de Lukacs, Secretaire d'Etat au Ministere Royal du Commerce.
De Gorged {.!.), Conseiller ministeriel au Ministere Royal du Commerce.
De Rapaics (R.), GonseiUer ministeriel au Ministere Royal do lAgricultuie.
De Kvassay (E.), ConseiHer de section an Ministere Royal de I'AgricuKure, Chef
du Service des Travaux hydrauliques et des Travaux techniques de culture.
Wallandt ^E.), Conseiller de Section au Ministere Royal du Commerce, Chef de
I'Agence superieure des Travaux de regularisation des Portes de fer.
Comte Geka de Andrassy, Membre de la Chambre des Deputes.
Comte de Bethlen (E.), Membre de la Chambre des Deputes.
De Bokross (A.), Vice-President de la Ghambre des Deputes.
Luezenbacher de Szob (P. ahie), Membre du Senat.
Nemenyi (A.), Mombre de la Chambre des Deputes.
xvm
RENSEIGNEMEJiTS GEiNERAUX.
Colonel de Kiss (J.)' Dirocleur General du Canal Frangois.
De Thaly (E.), Directeur de I'exploitatiou, en Hongrie, de la Societe de Naviga-
tion a vapeur sur le Danube.
Pfeiffer de Ikva (L.), President du Conseil d'Administralion de la Societe de
Navigation a vapeur de Gyor.
Szarvasy (A.), Directeur de la Societe de Navigation a vapeur sur le lac Balaton.
ITALIE
S. E. le Commandeur Brin (B.), Ministre des Affaires Etrangeres, Rome.
Commandeur Professeur Cremona, Senateur, Directeur de I'Ecole d' Application
des Ingenieurs, Rome.
DucVisconti di Modrono (G.), Senateur, Milan.
NORVEGE
S. E. Hans Nysom, Ministre des Travaux Publics, Christiania.
RUSSIE
S. E. de Witte (Serge), Ministre des Finances, ancien Gerant du Ministerc des
Voies de communication, Saint-Petersbourg.
S. E. Possiet (C), Amiral, Aide-de-camp general de S. M. I'Empereur, ancien
Ministre des Voies de communication, Saint-Petersbourg.
S. E. de Ghercevanof, Conseiller prive, Directeur de llnstitut des Ingenieurs
des Yoics de communication, Saint-Petersbourg.
S. E. Fadeieff (P.), Conseiller prive, Directeur des Routes et des Voies navi-
gables au Ministere des Voies de communication, Saint-Petersbourg.
SUEDE
Waern (C. F.), ancien Ministre des Finances, President du College de Commerce,
Stockholm.
Comte de Cronstedt (R.), Chef de I'Administration des Chemins de fer de I'Etat
Suedois, Stockholm.
Conlre-Amiral Peyron (K.), Stockholm.
Sidenbladh (E.), Directeur en chef du Bureau central de Statistique de Suede,
Stockholm.
COMMISSION D'ORGANISATION
PRESIDENTS
Couste, President de la Chambre de Commerce de Paris, Paris.
Guillemain, Inspecteur General des Ponts et Chaussees, Directeur de i'Ecole
Nationale des Pouts et Chaussees, Paris.
VICE-PRESIDENTS
Bouvier, Inspecteur General des Ponts et Chaussees, detache au Ministere de
I'Agriculture, Paris.
Fargue, Inspecteur General des Ponts et Chaussees, Paris.
Hielard (L.), Vice-President de la Chambre de Commerce de Paris, Paris.
Molinos, Ingenieur Civil, Paris.
Nicolas, Conseiller d'Etat, Directeur du Commei'ce Interieur au Ministere du
Commerce et de Tlnduslrie, Paris.
SECRETAIRE GENERAL
De Mas, Ingenieur en chef des Ponts et Chaussees, Paris.
SECRETAIRES
Captier, Secretaire de la Chambre Syndicale de la Marine, Paris.
Flamant, Ingenieur en chef des Ponts et Chaussees, Paris.
Hirsch, Ingenieur en chef des Ponts et Chaussees, Paris.
Lainey, Membre de la Chambre de Commerce de Paris, Paris,
1. La Commission d'Organisation comprend cinq Comites ainsi constifues :
Comity d'Administration. — President, Hiklard L.); Secre'laiie, de Mas; Membres, d'Artois
DE BOURNOSTILLE, BeaDRIX-GrESSIER, BeRNARD (Martial), CaRIMA.NTRAXD, LaROCHE, MENGfN-LECRElLX, MOLISOS,
JiicGLAs, PoixtARK ; Secretaire- Adjouit, de Brevans.
Comite des Finances. — President, Dehayxis (F.); Tre'sorier, Ma£s; Secretaii-e, Captier;
Membres, Beacrix-Gressier, Carlier, Liebaut, Way; Secretaire-Adjoint, de Brevaxs.
Comite Technique et de Redaction. — President, Holtz; Secretaire, Flamaxt; Membres
francais, Bodvier, Camere, Colvreur, Delauxay-Belleville, Fleury (J.), de Mas, Poxtzex, Rabel,
Robert-Mitchell; Membres etrangers, Pescheck (AUemagne) ; D" V. Ross (Autriche); de Raeve (Bel-
gique); Coxrad (Hollande); Commandeur Boupiaxi (Italie; ; de Sytexko (Russie) ; Secretaire-Adjoint,
JOZAX.
Comity des Excursions et Receptions. — President, Berxard (Martial); Secretaire, Laixev;
Membres, Boule, Lefebvre (U.), Lodrdelet, Noblemaire, Poxtzex, Baron Qcixette de Rochemoxt;
Secretaire-Adjoint, Wexder.
Comite de I'Exposition. — President, Fxtigve; Secretaire, Hirsch; Membres, Cot ard, Flamaxt,
Holtz, Laroche, Laskolles, Sdilliot; Secretaire- Adjoint, Javarv.
RENSEIG.NEMEMS GEJiERAlX.
MEMBRES FRANGAIS
D'Artois de Bournonville, President de la Chainbre Syndicale de la Marine,
Paris.
Beaurin-Gressier, Chef de la Division de la Navigation au Ministere des Travaux
Publics, Paris.
Bernard (Martial), Secretaire de la Chambre de Commerce de Paris, Paris,
Boule, Inspecteur General des Ponts et Chaussees, Paris.
Camere, Ingeniour en chef des Ponts et Chaussees, Paris.
Carimantrand, Directeur de la Compagnie de Touage de Conflans a la mer, Paris.
Carlier, Inspecteur General des Ponts et Chaussees, Paris.
Cotard, Ingenieur Civil, Paris.
Couvreur, Membre de la Chambre de Commerce de Paris, President duSyndicat
du Bassin de la Villette, Paris.
Dehaynin (F.), Tresorier de la Chambre de Commerce de Paris, Paris.
Delaunay-Belleville, Membre de la Chambre de Commerce de Paris, higenieur-
Constructeur, Paris.
Floury (J.), Ingenieur Civil, Paris.
Holtz, Inspecteur General des Ponts et Chaussees, Paris.
Laroche, Inspecteur General des Ponts et Chaussees, Paris.
Lasmolles, Directeur de la Compagnie du Touage de la llaute-Seine, Paris.
Lefebvre (U.), Vice-President du Syndicat de la Marine, Paris.
Liebaut, Ingenieur, Membre du Comite consultatif des Arts et Manufactures,
Paris.
Lourdelet, Membre de la Chambre de Commerce de Paris, Paris.
Maes, Membre de la (ihambre de Commerce de Paris, Paris.
Mengin-Lecreulx, Inspecteur General des Ponts et Chaussees, Paris.
Noblemaire, Membre de la Chambre de Commerce de Paris, Directeur de la
C''^ des Chemins de fer de Paris a Lyon et a la Mediterranee, Paris.
Poincare, Inspecteur General des Ponts et Chaussees en retraito, attache au
Ministere de I'AgricuIture, Paris.
Pontzen, Ingenieur Civil, Paris.
Baron Quinette de Rochemont, Inspecteur General des Ponts et Chaussees,
Paris.
Rabel, Ingenieur en chef des Ponts et Chaussees, Paris.
Robert-Mitchell, Depute, President de la C'*^ de Navigation du Havre a Paris et
Lyon, Paris.
Suilliot, Membre de la Chambre de Commerce de Paris, Paris.
Way, Membre de la Chambre de Commerce de Paris, President du Syndicat des
grains, graines, farines et huiles, Paris.
DELEGUES ETRANGERS
Allemagne. . . Franzius, Obcrbaudirektor der freien Hansestadt Bremen,
Bremen.
Allemaoe.
Adtriche. . . .
BEf.GIQCE. . . .
Graxde-Bretagne.
hollande. . . .
HOKGRIE. . . .
Italie.
NORVEGE. .
RUSSIE. . .
SOEUE. . . .
Suisse, . . .
COMMISSION D'ORG^MSATIOxN. 't^'
Professor Honsell, Grossherzoglich Badischer Baiidirektor.
Karlsriihe-i.-B.
Pescheck, Koniglich Preussischer Regierungs- und Baurath,
Frankfurt-a.-Oder.
Fanner (G.), K. K. Oberbaurath im K. R. Ministerium des
Innern, Yertreter der Donaii- Regulierung- Kommission,
Wien .
D^ Russ (V.)' -^fitglied des Abgeordnetenhauses, Mien.
De Raeve, Administrateur, Inspecteur General des Pouts et
Chaiissees, Bruxelles.
Dufourny, Ingenieiir principal de 1"^ classe des Ponts et
Chaussees, Bruxelles.
Sir Courtenay Boyle, K. C. B., London.
Sir Jenkinson (E. G.), K. C. B., Richmond (Surrey).
Sir Lee (J. C), K. T., Manchester.
Conrad. Inspecteur General du ^Vaterstaat, La Have.
Deking-Dura (A.), Ingenieur en chef, ZwoUe (Over-Yssel).
Koloman de Kenessey, Inspecteur superieur de I'Inspeclion
generale Hongroise des Cheniins de fer et de la Navigation
au Ministere Royal du Commerce, Budapest.
Commandeur Bompiani iG.), President du Conseil des Tra-
vaux Pnblics, Rome.
Chevalier Luiggi (L.). Ingenieur du Genie Civil, Secretaire de
S. E. le Ministre des Travaux Publics, Rome.
Saetren, Directeur de TAdministration des Canaux de Nor-
vege, Cbristiania.
S. E. Raffalowich (A.), Conseiller d'Etat actuel, Agent du
Ministere des Finances de Russie en France, Corres-
pondant de I'lnstitut de France, Paris.
S. E. Florine, Conseiller d'Etat actuel, Inspecteur des Voies
navigables au Ministere des Voies de communication,
Saint-Petersbourg.
Wilken, Ingenieur, Cbef de bureau au Ministere des Voies
de communication, Saint-Petersbourg.
De Hoerschelmann, Ingenieur, Chef de bureau au Ministere
des Voies de communication, Saint-Petersbourg.
De Timonoff, Ingenieur de la Section technique de la Direc-
tion des Ports, Professeur-adjoint a I'lnstitut des Ingenieurs
des Voies de communication, Saint-Petersbourg.
De Sytenko, Redacteur en chef du Journal du Ministere des
Voies de communication, Saint-Petersbourg.
Colonel Richert, Chef de FAdministration et du Corps royal
des Ponts et Chaussees, Stockholm.
De Morlot, Inspecteur en chef des Travaux Publics de la
Confederation Suisse, Berne.
,xii RENSEIGNEMENTS GEN^RAUX.
BANQUIERS
Claude-Lafontaine, Martinet et C'% Paris.
SECRETAIRES-AD JOINTS
De Brevans, Secretaire de la Bourse de Commerce de Paris, Paris.
Javary, Ingenieur des Ponts et Ciiaussees, Paris.
Jozan, Ingenieur des Ponts et Chaussees, Paris.
Wender, Ingenieur des Ponts et Chaussees, Melun.
REGLEMENT
Article PREMiEn.
Confonnement a la resolution prise par le Congres InternaUonal de Nav.galion
Int'rieu enu a Manchester en 1890, dans sa seance de cloture, ct c«™™f-'«
lux Con'r s tenus a Franctort-sur-le-Mein en 1888, 4 V.enne en 1880 et a
ruxell": en 1883, un Congres International do Navigation Inteneure sera tenu
' Lfcorgrfst.v,.ira lejeudi 21 iuiUet 1892, dans le Palais de Vlndustrie. aux
Champs-fiiysees; sa duree sera de dix jours.
Article 2.
Le Congres a pour objet retude des questions d'ordre general relatives a la
navigation sur les rivieres et canaux.
Article o.
^'5Mrsp— squiseferon. inscrire au Secretariat de ,a Commission d'Orga-
nisation. soil avanl. soil pendant la dur6e de la session.
Article 4.
./inscription sur la liste des membres da Congres comporte adhesion aux dis-
^trLfn.^rs d^Ss versent, au moment de leur inscription, une
cotisation de 25 francs.
XXIV RENSEIGNEMEMS GENERAUX.
Chaque membre du Congres regoit une carte personnelle qui liii donne le droit
d'assister aux seances et de prendre part aux excursions. Les frais des excur-
sions ne sont pas compris dans la cotisation.
Article 5.
Le programme des questions a soumettre aux deliberations du Congres est
arrete par la Commission d'Organisation, qui provoque, sur cbaque question, la
production de rapports preparatoires devant servir de base aux discussions. Ces
rapports ou leurs traductions sont envoyes aux membresdu Congres avantrou\'er-
ture de la session.
Les communications qui, en debors de ce programme, pourraient etre sou-
mises au Congres, doivent etre adressees par leurs auteurs, avec rapport a
I'appui, a la Commission d'Organisation, avant le 1" juin 1892; la Com-
mission prononce sur I'admission des communications qui lui sont ainsi sou-
mises.
Article 6.
La session dn Congres comporte :
1" Des seances plenieres,
2° Des seances de section,
7}° Une exposition,
4" Des excursions.
Les questions a traitor sont examinees d'abord en seance de section, puis dis-
cutees en seance pleniere.
Article 7.
Chaque membre, au moment de son inscription, fait connaitre la ou les sec-
lions dont il desire faire partie.
Les excursions sont facultatives ; chaque membre ne pave que les frais des
excursions auxquelles il prend part.
AUTICLE 8.
Au debut do la session, le bureau de la Commission d'Organisation fait proce-
der a la nomination du bureau du Congres et des bureaux des Sections.
Les Sections sont au nombre de quatre.
RfiGLEMENT. xxv
Les questions a trailer sont reparties entre elles comme il suit :
i'" Section. — Construction et entretien des voies navigables.
2* Section. — Exploitation technique.
5* Section. — Exploitation commerciale et questions economiques.
4^ Section. — Voies navigables dans leurpartie maritime
Article 9.
Les deliberations en sections s'ouvrent par un resume sommaire des rapports
preparatoires.
Apres discussion des questions qui lui sont soumises, chaque Section designe
un ou plusieurs rapporteurs charges de soutenir en seance pleniere les conclu-
sions qu'elle a adoptees.
Article 10.
Les deliberations en seances de section et en seances plenieres ont lieu en trois
langues : francais, anglais et allemand.
Au cours des discussions, les orateurs ne pourront garder la parole pendant
plus de quinze minutes, ni parler plus de deux fois sur le meme sujet, a moins
d'une decision speciale de I'Assemblee.
Article 11.
Les proces-verbaux des seances, rediges par les secretaires, seront imprimes et
distribues dans le plus href delai. A cet effet, les orateurs remettront, dans les
vingt-quatre heures, aux secretaires un resume succinct de leurs observations;
faute de quoi, le texte redige par les secretaires en tiendra lieu. Ces resumes,
dans le cas ou ils seraient trop developpes, pourront etre reduits paries soinsdu
bureau.
Article 12.
La Commission d'Organisation arrete a Tavance le programme des seances et
des excursions, sous reserve des modifications qui seront jugees utiles par le
bureau du Congres.
Ce programme est remis a tons les membres au debut de la session.
Les bureaux du Congres et des Sections arretent, chacun en ce qui le concerne,
les ordres du jour des deliberations.
Article 15.
La Commission d'Organisation rests en fonction pendant la duree et apres la
cloture du Congres.
XXVI RENSEIGNEMENTS GENERAIX.
En outre de lorganisation materielle de la session et de I'elaboration prealable
des questions a soumettre au Congres, elle est chargee de recouvrer les cotisa-
tions et les frais d'excursions, d'employer les fonds, de preparer I'exposition.
d'organiser et de diriger les excursions, ainsi que les services du secretariat, de
la correspondance, de la stenographic, de la traduction, de I'impression, de la
distribution, etc.
AUTICLE 14.
II sera redige, par ses soins, un compte rendu de la session dont un exemplaire
dans I'une des trois langues mentionnees precedemment sera remis a chacun des
membres du Congres.
Les communications a faire a la Commission d'Organisation doivent etre
adressees au Secretariat general du V^'^^ Congres International de Navigation
Inte'rieure, Bourse de Commerce, rue du Louvre, Paris.
PROGRAMME DES QUESTIONS
NOMS DES RAPPORTEURS
r*' Question. — Consolidation des berges des canaux.
Moyens employes ■pour la consolidation des herges des canaux en vue d'une
exploitation a gvande vilesse. Resultats obtenus; prix de revient; influence de la
largeur de la voie.
Allemagme. . . Professor Schlichting, Prasident des Central-Yereins fur
Ilebung der deutschen Fhiss- und Kanalschifffahrt, Berlin.
France. . . . Peslin. Ingenieur en chef des Ponts et Chaussees, Douai.
IIoLLAiNDE. . Van der Sleyden (Ph. W.), Ingenieur en chef du AVaterstaat,
Maestricht.
Ri'ssiE. . . . De Hoerschelmann, Ingenieur, Chef de bureau au Ministere
des Voies de conimunication, Saint-Petershourg.
2*^ Question. — Alimentation des canaux.
Consommation d'eau des canaux. Elements divers dont elle se compose. Mesure
dans laquelle varie la consommation avec V augmentation du mouillage.
Proce'de's a employer pour se procurer les ressources alimentaires : sources,
ruisseaux, eaux perennes, reservoirs, machines elevatoires. Prix du metre cube
d'eau. Avantages et inconvenients de chacun de ces proce'de's.
Belgiqde. . . . Leboucq, Ingenieur des Ponts et Chaussees, Ypres.
France. . . . Denys. Ingenieur en chef des Ponts et Chaussees, Epinal.
3'' Question. — Etanchement des cakaux.
Proce'de's divers d' etanchement : etanchemeyxt au sable ou a I'argile; corrois;
be'tonnages. Prix de revient de ces proce'de's. Leur efficacite'. Leurs avanlages et
leurs inconvenients.
Italie.
RENSEIGNEMENTS GENERAUX.
Commaiideur Bompiani (G.), President dii Conseil des Tra-
vaux Publics, Rome,
et
Chevalier Luiggi (L.), Ingenieur du Genie Civil, Secretaire de
S. E. le Ministre des Travaux Publics, Rome.
4f Question. — Reservoirs.
Divers types de reservoirs. Leiir mode de construction, avec digues en terre on
en magonnerie. Hauteur et profil des digues. Fondations. Precedes d'exe'cuiion.
Ouvrages accessoires : de'versoirs, prises d^eau, hondes de fond.
Conditions techniques et administratives spe'ciales aux reservoirs a destination
mixte. Inconvenienis et avantages de Cemploi d'un mime reservoir a Valimenta-
tion des canaux, aux irrigations et aux usines.
Egypte.
ESPAGNE.
France.
RussiE.
Barois, Secretaire General du Ministere des Travaux Publics,
Le Caire.
De Llaurado, Ingenieur en chef du District Forestier, Madrid.
Bouvier, Inspecteur General des Ponts et Chaussees, Paris.
Cadart (Gustave), Ingenieur des Ponts et Chaussees, Langres.
Fontaine, Ingenieur en chef des Ponts et Chaussees, Dijon.
De Hoerschelmann, Ingenieur, Chef de bureau au Ministere
des Voies de communication, Saint-Petersbourg.
5"^ Question. — Chomaces des cainaux et des rivieres canamsees.
Chomages imposes a la navigation pour lexe'cution des travaux d'entretien des
canaux et rivieres canalise'es, dans Vetat actuel de ces voies.
ipoques habituelles et dure'e de ces chomages. Circonstances qui commandent
ces epoques : difficulte de remplissage des hiefs; ne'cessite's d' approvisionnement
de certains marches; periodes cVaclivile de la navigation.
Simultaneite et e'chelonnement des chomages. Est-il possible d'obtenir une date
uni forme pour le debut des chomages sur ioutes les voies d'un reseau; sinon, quels
sont les principes de V echelonnement?
Procedes techniques on d' organisation a appliquer pour re'duire autant que
possible la dure'e des chomages.
Allemagne. . . Germelmann, Koniglicher Wasserbauinspektor, Berlin.
Belgique . . . Mailliet, Ingenieur en chef, Directeur des Ponts et Chaussees,
Bruxelles.
France. . . . Captier, Secretaire du Syndicat de la Marine, Paris.
— Derome, Ingenieur en chef des Ponts et Chaussees, Com-
piegne.
— Mazoyer, Ingenieur en chef des Ponts et Chaussees, Nevers.
PROGRAMME DES QUESTIONS.
6'^ Question. — i" Tractio>- scr les canaux. — ii" Traction sur les rivieres
CA.NALISEES. 0° TrACTION SUR LES RIVIERES A COURANT LIRRE.
Sijstemes divers de traction en usage sur chaque vole de navigation consideree.
Correlation du systeme de traction avec les conditions de la voie, savoir :
1° Conditions techniques : dimensions de la voie navigable, gabarit, tirant
d'eau, e'lat des berges, courants, crues, chomages, materiel a trainer, etc. Dans
quelles circonstances et dans quelles limites peut-on admettre le passage par le
canal d'eaux destinees aux irrigations et aux usines? Examiner la question au
point de vue technique et financier.
2° Conditions d' exploit at ion : le materiel de traction est ou nest pas dans les
mimes mains que le materiel de transport et la voie navigable; il y a lieu de
tenir compte de loutillage des ports, des temps perdus, soil comme jours de
planche, soit pour tout autre motif, des relations avec les voies de transport voi-
sines, etc.
5" Enfin, conditions administratives : les reglements de police et actes de con-
cession imposent parfois des suje'tions qui re'agissent imme'diatement sur le systeme
de traction.
Donne'es sur les re'sultats e'conomiques realises.
Allemag.ne.
f Bellingrath, General-Direktor der deutschen Elbschiflfahrts-
) Gesellschaft Kette, Dresden,
) und
V Dieckhoff, Geheimer Baurath, Potsdam.
— Mutze, Uheinschifffahrts-Inspektor, Koniglich Preussischer
^^asserbauinspekto^, Coblenz.
— Thiem, Koniglicher Baurath, Eberswalde.
Etats-Ums. . . Bogart (J.), Consulting Engineer, New-York.
France. . . . Camer6, Ingenieur en chef des Fonts et Ghaiissees, Paris.
— Derome, Ingenieur en chef des Fonts et Chaussees, Com-
piegne.
— Lasmolles, Directeur de la C'*^ du Touage de la Haute-Seine,
Paris.
Molinos, Ingenieur Civil, Paris,
et
De Bovet, Directeur de la C'<^ du Touage de la Basse-Seine et
de rOise, Paris.
7e Qnestion. — Taxes ou peaces sur les voies kavigables.
Taxes ou pe'ages pergus au profit de I'itat sur les voies navigables administrees
par lui. Definition du caractere de ces pe'ages. Conslituent-ils simplement iin
impot sur les transports rentrant au meme titre que tout autre impot dayis les
ressources ge'neralesdu budget? Le produit refoit-il, au contraire, une affectation
MX RENSEIGISEMEMS GfiNERAUX.
spe'cialise'e soit a I'entretien des voies navigables, soil a Vexeculion de travaux
neufs ou d' amelioration?
Sous quelle forme ces pe'ages sont-ils percus et quel en est le taux?
Existe-t-il line redevance pour la manoeuvre de jour ou de nuit des outrages
mobiles, tels quecluses, barrages, ponts-tournants?
Quelles raisons peuvent juslifier le maintien de ces droits ou en motiver la
suppression dans les Etats ou lis subsistent?
Allemagne. . . Sympher, >Vasserbauinspeklor, Hollenau-Kiel.
France. . . . Beaurin-Gressier, Chef de la Division de la Navigation au
Ministere des Travaux Publics, Paris.
— Couvreur, Membre de la Chambre de Commerce de Paris,
President du Syndicat du Bassin de la Villette, Paris.
Grande-Bretaoe. Clements, Secretary to the Mansion House of Association on
Bailway and Canal Traffic, London.
HoLLANDE. . . Deking-Dura, Ingenieur en chef, Zwolle (Over-Yssel).
RussiE. . . . De Sytenko, Redacteur en chef du Journal du Ministere des
Voies de communication, Saint-Petersbourg.
8* Question. — Rkgime des ports de .navigation interieure.
Regime sous lequel sont place's les ports de navigation interieure au.r divers
points de vue de la construction, de Ventretien et de Sexploitation. En quoi con-
siste leur outillage? Dans quelles conditions cet outillage est-il mis a la disposition
du public? Raccordement des ports inter leur s par voies ferrees avec les chemins
de f'er.
Allemagne. . . Von Doemming, Koniglich Preussischer Elbstrombaudirektor,
Kegier Lings- und Baurath, Magdeburg.
Iraroth, Grossherzoglich Hessischer Oberbaurath, Darmstadt,
und
Roessler, Roniglicher Regierungsbaumeisler, Kostheim-bei-
Mainz.
France. . . . Delaunay-Belleville, Membre de la Chambre de Commerce
de Paris, Ingenieur-Constructeur, Paris.
— Monet, Ingenieur des Ponts et Chaussees, Nancv.
9e Question. — Roles respectifs des voies navigables et des chemins de fer
DANS I.'iNDUSTRIE DES TRANSPORTS.
Definir le role respectif des voies navigables et des chemins de fer dans Vin-
dustrie des transports. Faire connaitre le trafic qui appartient a chacune de ces
voies de communication. Examiner les circonstances dans lesquelles elles se font
Allemagne.
PROGRAMME DKS QIESTIO.NS. xxxi
concurrence et celles dans lesqueUes elles se viemient en aide. Distinguer le cas
des voies paralleles et celui des voies perpendiculaires. Consequences de la juxta-
position des deux voies au point de vue particulier du chemin de fer et au point
de vue plus general de la region qu elles desservent.
I D' van der Borght, Sekretar der Handelskammer zu Kuin,
Kuln-a.-Rli.,
Harttung, Direktor der Schleppschitlfahi't a. d. Neckar,
Ileilbronn,
D' Landgraf, Syndikus der Handelskammer zu Mannheim,
Mannheim,
iiiid
Merkens (Franz), Yorsitzender des ^Vestdeutschen Fluss- und
Kanal-Yereins, Koln-a.-Rh.
Pescheck, Konighch Preussischer Kegierungs- und Baurath,
Frankfiu't-a.-Oder.
Pollack (R.), Sekretar des Elbc-Vereins, Topiilz (Bohnien).
Schromm, K. K. Regierungsrath, Schiftfahrts-Gewerbelnspek-
tor, ^Vien.
North (E. P.). Civil Engineer, New-York.
Ely, President of the Central Nntional Bank, Cleveland.
Roberts (T. P.), Chief Engineer of the Monongahela Naviga-
tion C*', Pittsburg.
Fleury (J.), Ingenieur Civil, Paris.
Halasz, Professeur agrege a I'Ecole Polytechnique, Budapest.
AUTRICHE.
Etats-Ums.
Fr\m:e.
HONGRIE. .
10'= Question. — Amelioration des fledyes da.>s leur partie maritime,
Y COMPRIS l'emBOUCHDRE.
Regime d'amont : debit d'eau douce en e'tiage, en temps ordinaire et en crues.
Nature et importance des matieres charrie'es. — Regi7ne d\ival : carle marine,
maree evte'rieure, vents, courants. Nature et importance des apports inarins. —
Plans du fleuve; profit en long, profits en travers. Nature des rives du lit; harres
et hauls- fonds ; leurs fluctuations. — Regime des mare'es et des courants dans le
fleuve. Debit de maree. — Travaux execute's : re'gularisation, endiguements, dra-
gages. Leur influence constate'e sur le regime du fleuve et sur ses conditions de
navigabilite.
Allemag.ne.
Belgique.
Etats-Ums.
. Franzius, Oberbaudirektor der freien Hansestadl Bremen,
Bremen.
Troost, Ingenieur en chef, Directeiir des Ponts el Chaussees,
Anvers,
et
Vandervin, Ingenieur des Ponts et Chaussees, Bruxelles.
Corthell. Civil Engineer, Chicago.
RENSEIG^EMEMS GENERAUX.
France.
Gr.vnde-Bretagne.
hollande.
HONGRIE. .
RUSSIE.
Guerard, Ingenieiir en chef des Fonts et Chaussees, Marseille.
Mengin-Lecreulx, Inspecteur General des Fonts et Chaussees,
Paris,
et
Fargue, Inspecteur General des Fonts et Chaussees, Faris.
Vernon-Harcourt, Civil Engineer, London.
Welcker, Ingenieur en chef du Waterstaat, Zwolle (Over-Yssel).
B6la de Gonda, Conseiller technique au Ministere du Com-
merce, Budapest.
De Timonoff, Professeur-adjoint a I'lnstitut des Ingenieurs
des Voies de communication, higenieur de la Section
technique de la Direction des Forls, Saint-Fetersbourg.
DELEGUES
DE GOUVERNEMENTS
FRANCE
MINISTERE DES TRAVAUX PUBLICS.
Leblanc, Inspecteiir General des Punts et Chaussees, Vice-President du Conseil
General des Ponls et Chaussees.
Guillain, Conseiller d'Etat, Directeur des Routes, de la Navigation et des Mines.
MINISTERE DE L AGRICULTURE.
Bouvier, Inspecteur General des Ponts et Chaussees, Rapporteur pres la Com-
mission de I'Hydraulique Agricole.
Poincar6, Inspecteur General des Ponts et Chaussees, Rapporteur pres la Com-
mission de I'Hydraulique Agricole.
Biette, Ingenieur des Ponts et Chaussees, Chef du Service des Etudes techniques
et du Secretariat des Commissions consultatives de la Direction de I'Hydrau-
lique Agricole.
MINISTERE DU COMMERCE ET DE L INDUSTRIE.
Nicolas, Conseiller d'Etat, Directeur du Commerce Interieur.
LiSbant, Membre du Comite Consultatif des Arts et Manufactures.
SOUS-SECRETARIAT D ETAT DES COLONIES.
Fourni6, Inspecteur General des Ponts et Chaussees, Inspecteur General desTra-
vaux Publics des Colonies.
O'Ocagne (M.), Ingenieur des Ponts et Chaussees, Secretaire du Comite perma-
nent des Travaux Publics des Colonies.
c V
REiNSEIGNEMENTS GfiNfiRAUX.
ALLEMAGNE
S. E. Schultz, Ministerial-Direktor im Koniglich Preussischeii Ministerium der
offenllichen Arbeiten, wirklicher Geheimer Rath, Berlin.
Wiebe, Koniglich Preussischer Oberbaudirektor, Berlin.
D"" von Rumpler, Ministerialrath im Koniglich Bayerischen Staats-Minislerium
des Koniglichen Hauses und des Aiissern, Miinchen.
Professor Honsell, Grossherzoglich Badischer Baudirektor, Karlsruhe-i.-B.
Franzius, Oberbaudirektor der freien Hansestadt Bremen, Bremen.
Keller, Koniglich Preussischer Geheimer Baurath, Berlin.
Baensch, Koniglich Preussischer wirklicher Geheimer Oberbaurath, Berlin.
Professor Hagen, Koniglich Preussischer Geheimer Oberbaurath, Berlin.
Von Doemming, Koniglich Preussischer Elbstrom-Baudireklor, Regierungs- und
Baurath, Magdeburg.
Oppermann, Regierungs- und Baurath, Vorsitzender der Koniglich Preussis-
chen Kanal-Kommission im Miinster-i.-W., Miinster-i.-W.
Pescheck, Koniglich Preussischer Regierungs- und Baurath, Frankfurt-a.-O.
Mutze, Rheinschifffahrts-Inspektor, Koniglich Preussischer Wasserbau-Inspektor,
Koblenz.
Fell, Koniglich Bayerischer Regierungs- und Kreisbaurath, Speyer.
Fleischmann, Koniglich Bayerischer Bauamtmann, Aschaffenburg.
Mensch, Grossherzoglich Mecklenburg-Schwerinscher Oberbaudirektor, Mecklen-
burg-Schwerin.
D' Schaeffer, Ministerialrath, Vorsitzender der Grossherzoglich Hessischer Minis-
terial-Abtheilung fiir Bauwesen, Darmstadt.
Imroth, Grossherzoglich Hessischer Oberbaurath, Darmstadt.
Nehls, Wasserbau-Direktor der freien Hansestadt Hamburg, Hamburg,
Willgeroth, Kaiserlicher Ministerialrath, Wasserbau-Direktor, Strassburg-i.-El.
Weber, Koniglich Siichsischer Baurath, Dresden.
AUTRICHE
D'' Russ (Victor), Mitglied des Abgeordnetenhauses, Wien.
Schromm (A.), K. K. Regierungsrath, Schifffahrts-Gewerbe-Inspektor, Vertreter
des K. K. Handels-Ministerium, Wien.
Faenner (Gottlieb), K. K. Oberbaurath im K. K. Ministerium des Innern, Vertre-
ter der Donau-Regulierung-Kommission, Wien.
Lauda (E.), Oberingenieur im K. K. Ministerium des Innern, Wien.
DfiLEGUES DE GOUVERNEMENTS.
SELGIQUE
De Raeve, Administrateur, Inspecteur General des Fonts et Chaussees, Bruxelles.
Mailliet, Ingenieur en chef, Directeur des Fonts et Chaussees, Bruxelles.
Troost, Ingenieur en chef, Directeur des Fonts et Chaussees, Anvers.
Bovie, Ingenieur en chef des Fonts et Chaussees, Directeur du Service des Voies
navigables, Druxellos.
Vanderlinden, Ingenieur Frincipal des Fonts et Chaussees, Gand.
Dufourny, Ingenieur Frincipal des Fonts et Chaussees, Bruxelles.
Nyssens-Hart, Ingenieur des Fonts et Chaussees, Chef du Cabinet du Ministre
de I'Agriculture, de I'Industrie et des Travaux Publics, Bruxelles.
Vandervia, Ingenieur des Fonts et Chaussees, Bruxelles.
BRESIL
Calheiros da Graga (F.), Capitaine de vaisseau, Directeur du Departement du
Service Hydrographique, Rio-de-Janeiro.
ETATS-UNIS
Com3tock(C. B.), Colonel of Engineers, Brevet Brigadier General, President Mis-
sissipi River Commission, Representing the War Department of the United
States, New- York.
GRANDE-BRETAGNE
Sir Courtenay Boyle, K. C. B., London.
Sir Joseph Lee, K. T., 'Manchester.
Alderman Sir Harwood (J. J.), Chairman of the Committee of the Manchester
Corporation, Chairman of the Executive Committee of the Manchester Ship
Canal C", Manchester.
Bickersteth (J. F.), Esq., Watford (Herts).
XXXVI RENSEIGNEMEMS GOERAUX.
HOLLANDE
Conrad, Inspecteur General du \Yaterstaat, La Have.
Deking-Dura, Ingenieur en chef, Z\Yolle (Over-Yssel) .
Welcker (J. W.), Ingenieur en chef du Waterstaat, ZwoUe (Over-Yssel).
HONGRIE
B6la de Gonda, (^onseiller technique au Minislere Royal de Commerce, Buda-
pest.
Koloman de Kenessey, Inspecteur Superieur de I'lnspectiou Generate Hongroise
des Chemins de fer et de la Navigation au Ministere Royal de Commerce, Bu-
dapest.
Farago (L.), Conseiller technique au Ministere Royal d'Agriculture, Budapest.
Aladar de Kovacs S6besteny, Ingenieur en chef du Ministere Royal d'Agricul-
ture, Temesvar.
ITALIE
Commandeur Bompiaui (G.), President du Conseil Superieur des Travaux Publics,
Rome.
Chevalier Luiggi (L.), Ingenieur du Genie Civil, Secretaire de S. E. le Ministre
des Travaux Publics, Rome.
NORVEGE
Saetren, Directeur de I'Administration des Cauaux de Norvege, Christiania,
PERSE
Cou8t6, President de la Chambre de Commerce de Paris, Paris.
DELEGUES DE GOUVERNEMENTS. . xxsvu
PORTUGAL
De Sonza Gomes (J. P.), Ingenieur de 1- Cksse, Lisbonne.
Mendes Guerreiro, Ingenieur de l--^ Classe, Lisbonne.
Da Costa Lima (P. J.)- Major d'Engenharia, Lisbonne.
Da Costa Couraga, Ingenieur du Ministere des Travaux Publics, Lisbonne.
ROUNIANIE
Mironesco, Inspecteur General des Ponts et Cbaussees, Membre du Conseil des
Travaux Publics, Professeur a PEcole des Ponts et Cbaussees, Bucarest.
Cantacuzene, Ingenieur en cbef des Ports, Bucarest.
RUSSIE
S. E. de Tonr, Conseiller prive, Membre du Conseil du Ministere des Finances
de Russie, Bade.
S. E. Raffalovich, Conseiller d'Etat actuel. Agent du Ministere des Finances de
lUi'^sie en France. Correspondant de I'Institut de France, Paris.
De Hoerschelmann, Ingenieur, Chef de bureau au Ministere des Voles de com-
munication, Saint-Petersbourg.
De Timonoff, Professeur-adjoint a I'Institut des Ingenieurs des ^oles de commu-
nication, Ingenieur de la Section technique de la Direction des Ports, Saint-
Petersbourg.
SIAM
Wilberforce Wyke, Secretaire de la Legation de Siam, Paris.
SUEDE
Colonel Richert, Chef de FAdministration etdu Corps Royal des Ponts et Cbaus-
sees, Stockholm.
SUISSE
De Morlot (A.), Inspecteur en chef des Travaux Publics, Berne.
Lyon (Max), Ingenieur, ancien eleve de I'Ecole Polytechnique Federale, Pans.
DELEGUES
COLLECTIVITES FRANCAISES
ASSOCIATION SYNIJICALE DU COMMERCE DES HUILES.
Winter (D.), President de I'Association Syndicale du Commerce des Huiles, Paris.
Lesienr, Membre de I'Association Syndicale du Commerce des Huiles, Paris.
ASSOCIATION SYNDICALE DES MARCHES DE BLE, SEIGLE EI AVOINE DE PARIS.
Lednc (L.), Vice-President de rAssociation Syndicale des Marches de Ble, Seigle
et Avoine de Paris, Paris.
BANQUE DE FRANCE.
Magnin, Senateur, Gouverneur de la Banque de France, Paris.
BUREAU VERITAS.
{Registre International de Classification des Navircs).
Piand (L.), Ingenieur en chef du Bureau Veritas, Paris.
CHAMBRE DE COMMERCE D AUXERRE.
Piat (J.), Secretaire-Tresorier de la Chambre de Commerce d'Auxerre, Auxerre.
CHAMBRE DE COMMERCE DE BEAUVAIS.
Noel, Secretaire de la Chambre de Commerce de Beauvais, Beauvais.
RENSEIGiSEMENTS GENERAUX
CHAMBRE DE COMMERCE DE BOURGES.
Dupuis (L.), President de la Chambre de Commerce de Bourges, Hosieres par
Saint-Florent (Cher).
GIIAMBRE DE COMMERCE DE CALAIS.
Darquer (A.), President de la Chambre de Commerce de Calais, Calais.
GIIAMBRE DE COMMERCE DE CAMBRAI.
Cornaille (G.), Membre-Tresorier de la Chambre de Commerce de Cambrai,
Cambrai.
CHAMBRE DE COMMERCE DE CETTE.
Coulon (M.), President de la Chambre de Commerce de Cette, Cetle.
CHAMBRE DE COMMERCE DE CIIALON-SUR-SAONE.
Maurin (C), Chef du Service de navigation des Mines de Blanzy, Membre de la
Chambre de Commerce de Chalon-sur-Saone, Chalon-sur-Saone.
CHAMBRE DE COMMERCE DE DIJON.
Cailletet (L.), Vice-President de la Chambre de Commerce de Dijon, Dijon.
Mortet (C), Directeur des Forges des Chatillonnees, Membre de la Chambre de
Commerce de Dijon, Sainte-Colombe-snr-Seine (Cote-d'Or).
CHAMBRE DE COMMERCE DE DUNKERQUE.
Petyt (A.), President de la Chambre de Commerce de Dunkerque, Dunkerqne.
Douau (Max), Ingenieur, Directeur des Services de la Chambre de Commerce de
Dunkerque, Dunkerque.
DELEGUES DE COLLECTIVITES FRANQAISES.
CHAMBRE DE COMMERCE DE GRAY ET DE LA HAUTE-SAONE.
Mercier, Depute, Membre de la Chambre de Commerce de Gray et de la Haute-
Saone, Paris.
CHAMBRE DE COMMERCE DU HAVRE.
Latham, President de la Chambre de Commerce du Havre, Le Havre.
CHAMBRE DE COMMERCE DE HOiSFLEUR.
Ullern (A.), President de la Chambre de Commerce de Honfleur, flonfleur.
CHAMBRE DE COMMERCE DE LILLE.
Le Gavrian, Depute, Ingenieur, Vice-President de la Chambre de Commerce de
Lille, Paris.
CHAMRRE DE COMMERCE DE MARSEILLE.
F6raud (A ), President de la Chambre de Commerce de Marseille, Marseille.
CHAMBRE DE COMMERCE DU DEPARTEMENT DE LA MEUSE.
Grosdidier, Membre de la Chambre de Commerce du Departement de la Meuse,
Commercy.
CHAMBRE DE COMMERCE DE NANCY.
Diog6ne (Abraham), Entrepreneur de transports par eau, Membre de la Chambre
de Commerce de Nancy, Nancy.
CHAMBRE DE COMMERCE DE NANTES.
Rivron, President de la Chambre de Commerce de Nantes, Nantes.
mi RENSEIGNEMENTS GENERAUX.
CHAMBRE DE COMMERCE DE NARBONNE.
Cros (B.), Membre de la Chambre de Commerce de Narbonne, Narboniie.
CHAMBRE DE COMMERCE DE NEVERS.
Magnard, President de la Chambre de Commerce de Nevers, Voiteur (Jura).
CHAMBRE DE COMMERCE DE PARIS.
Coust6, President de la Chambre de Commerce de Paris, Paris.
Hi6lard (L.), Vice-President de la Chambre de Commerce de Paris, Paris.
Bernard (Martial), Secretaire de la Chambre de Commerce de Paris, Paris.
Dehaynin(F.), Tresorier de la Chambre de Commerce de Paris, Paris.
Couvreur, Membre de la Chambre de Commerce de Paris, Paris.
Delaunay-Belleville, Membre de la Chambre de Commerce de Paris, Paris.
Lainey, Membre de la Chambre de Commerce de Paris, Paris.
Lourdelet, Membre de la Chambre de Commerce de Paris, Paris.
Maes, Membre dela Chambre de Commerce de Paris, Clichy (Seine).
Noblemaire, Membre de la Chambre de Commerce de Paris, Paris.
Suilliot, Membre de la Chambre de Commerce de Paris, Paris.
Way, Membre de la Chambre de Commerce de Paris, Paris.
CHAMBRE DE COMMERCE DE ROUBAIX.
Mathon (H.), President de la Chambre de Commerce de Roubaix, Roubaix.
CHAMBRE DE COMMERCE DE ROUEN.
Duchemin (E.), President de la Chambre de Commerce de Rouen, Rouen.
CHAMBRE DE COMMERCE DE SAINT-ETIENNE .
Verny (L.), Directeur des Houilleres de Roche-la-Moliere etFirminy, Delegud de
la Chambre de Commerce de Saint-Etienne, Firminy (Loire).
Gholat (C), Administrateur-Delegue des Acieries de Saint-Etienne, Delegue de la
Chambre de Commerce de Saint-Etienne, Saint-Etienne.
DELEGUES DE COLLECTIVITES FRANgAISES. xlui
CHAMBRE DE COMMERCE DE SAINT-QUENTIN.
Rouart, Vice-President de la Cliambre de Commerce de Saint-Quenlin , Saint-
Quentin.
CHAMBRE DE COMMERCE DE SENS.
Barbier (E.), Delegue de la Chambre de Commerce de Sens, Sens.
CHAMBRE DE COMMERCE DE VALENCIENNES.
Dombre (L.), Ingenieiir, Dirocteur-Gerant de la C'*^ des Mines deDoiichy, Delegue
de la Chambre de Commerce de Valenciennes, Lourches (Nord).
CHAMBRE SYNDICALE DES BOIS DE SCIAGE ET D INDUSTRIE.
Amory, Vice-President de la Cliambre Syndicate des Bois de Sciage et d'ludustrie,
Paris.
GlIAMBRE SYNDICALE DU COMMERCE DES BOIS A BRULER.
Rolet, Agent general du Commerce des Bois a Bruler, Paris.
CHAMBRE SYNDICALE DU COMMERCE D EXPORTATION.
Pector (E.), Membre de la Chambre de Commerce de Paris, President de la
Chambre 5?yndicale du Commerce d'Exportation, Paris.
CHAMBRE SYNDICALE DU COMMERCE ET DE LA FABRICATION DE LA
QUINCAILLERIE.
Vaillant, President de la Chambre Syndicale du Commerce et de la Fabrication
de la Quincaillerie, Paris.
xLiv RENSEIGNEMENTS GENERAUX.
CHAMBRE SYNDICALE DES GONFECTIONNEURS POUR IIOMMES ET ENFANTS.
Simon, President de la Chambre Syndicale des Confeclionneurs pour Homines et
Enfants, Paris.
CHAMBRE SYNDICALE DE l'eCLAIRAGE ET DU CIIAUFFAGE PAR LE GAZ ET
l'electricite.
Rosier fds, Delegiie de la Chambre Syndicale de I'Eclairage et du Chauffage par
le Gaz et I'Electricile, Paris.
CHAMBRE SYNDICALE DES ENTREPRENEURS DE CHARPENTE DE LA VILLE DE PARIS
ET DU DEPARTEMENT DE LA SEINE.
Borderel. Delegue de la Chambre Syndicale des Entrepreneurs de Charpente,
Paris.
CHAMBRE SYNDICALE DES ENTREPRENEURS DE FUMISTERIE.
Bienfait, President de la Chambre Syndicale des Entrepreneurs de Fumisterie,
Paris.
CHAMBRE SYNDICALE DES ENTREPRENEURS DE MAgONNERlE DE LA VILLE DE PARIS
ET DU DEPARTEMENT DE LA SEINE.
Chapelle, Vice-President de la Chambre Syndicale des Entrepreneurs de Magon-
nerie, Paris.
CHAMBRE SYNDICALE DES ENTREPRENEURS DE MENUISERIE ET PARQUETS.
Simonet, President de la Chambre Syndicale des Entrepreneurs de Menuiserie et
Parquets, Paris.
Didier, Vice-President dela Chambre Syndicale des Entrepreneurs de Menuiserie
et Parquets, Paris.
Ferembach, Membre de la Chambre Syndicale des Entrepreneurs de Menuiserie
et Parquets, Paris.
DELEGUES DE COLLECTIVITES FRANCAISES. xlv
CIIAMBRE SYNDIGALE DES ENTREPRENEURS DE SERRURERIE ET DE CONSTRUCTIONS
EN FEU.
Leclere, President de la Chambre Syndicale des Entrepreneurs de Serrurerie et
de Constructions en fer, Paris.
CHAMBRE SYNDICALE DES FABRICANTS DE CRISTAUX ET VERRERIES DE FRANCE.
Appert (L.), President de la Chambre Syndicale des Fabricants de Cristaux et
Verreries de France, Paris.
CnAMBRE SYNDICALE DES FABRICANTS FRANQAIS DE MACHINES A COUDRE.
Pied (A.), Secretaire-Tresorier de la Chambre Syndicale des Fabricants fran^ais
de Machines a coudre, Paris.
CHAMBRE SYNDICALE DE LA GRANDE INDUSTRIE CHIMIQUE.
Joulie, Vice-President dela Chambre Syndicale de la Grande Industrie Chimique,
Paris.
CHAMBRE SYNDICALE DES IMPRIMEURS-LITHOGRAPHES DE PARIS.
Parrot, Tresorier de la Chambre Syndicale des Imprimeurs-Lithogi-aphes, Paris.
CHAMBRE SYNDICALE DES IMPRIMEURS-TYPOGRAPHES DE PARIS.
Lahure, Vice-President do la Chambre Syndicale des Imprimeurs-Typographes,
Paris.
CHAMBRE SYTsDICALE DES INDUSTRIES DIVERSES.
Ducret (L.), President de la Chambre Syndicale des Industries Diverses, Paris.
Dupin-Varenne, Vice-President de la Chambre Syndicale des Indusfries Diverses,
Paris.
CHAMBRE SYNDICALE DES INSTRUMENTS ET APPAREILS DE L ART MEDICAL.
Wickham (G.), President de la Chambre Syndicale des Instruments et Appareils
de I'Art medical, Paris.
xi.vi RENSEIGNEMENTS GENfiR\UX.
CllAMBRE SYNDICALE DES MAITRES DE BA.TEAUX-LAVOIRS.
Bailly, Vice-President de la Chambre Syndicale des Maltres de Bateaux-Lavoirs,
Paris.
CHAMBRE SYNDICALE DES MARCHANDS DE BOIS ET CHARBONS.
Nizerolle (L. L.), Delegue de la Chambre Syndicale des Marchands de Bois et
Charbons, Paris.
CHAMBRE SYNDICALE DES MARCHANDS CARRIERS ET FOUIINISSEURS DU BATIMENT.
Letellier (Max), Delegue de la Chambre Syndicale des Marchands Carriers et
Fournisseurs dii Batiment, Paris.
CHAMBRE SYNDICALE DES MARCHANDS DE CHARBONS DE TERRE EN GROS ET DEMI-
GROS.
Panchevre (L.), President de la Chambre Syndicale des Marchands de Charbons
de terre en gros et demi-gros, Paris.
Girouard (C), Vice-President de la Chambre Syndicale des Marchands de Char-
bons de terre en gros et demi-gros, Paris.
Touchet (P.), Vice-President de la Chambre Syndicale des Marchands de Char
bons de terre en gros et demi-gros, Paris.
CHAMBRE SYNDICALE DES MARCHANDS DE VERRES A VITRES.
Balliman, President de la Chambre Syndicale des Marchands de Verres a vitres,
Paris.
Turpin, Vice-President de la Chambre Syndicale des Marchands de Verres h
vitres, Paris.
CHAMBRE SYNDICALE DE LA MARINE (NAVIGATION INTERIEURe).
D'Artois de Bournonville, President de la Chambre Syndicale de la Marine.
Paris.
Captier (G.), Secretaire de la Chambre Syndicale de la Marine, Paris.
DELEGUES DE COLLECTIVITfiS FRANCAISES.
CUAMBRE SYNDICALE DES MECANIQENS, CHAUDRONNIEfiS, FONDEURS.
Bougarel, Secretaire -Tresorier-Archiviste de la Chambre Syndicale des Mecani-
ciens, Chaudronniers, Fondeurs, Paris.
CHAMBRE SYNDICALE DES MIROIflERS.
Robcis (P.). President dp la Chambre Syndicale des Miroiliers, Paris.
CUAMBRE SYNDICALE DES NEGOCIAMS-COMMISSIONNAIRES-EXPORTATEURS.
Pra (C), President de la Chambre Syndicale des Negociants-Commissionnaires-
Exportateurs, Paris.
CHAMBRE SYNDICALE DU PAPIER ET DES INDUSTRIES QUI LE TRANSFORMENT.
Ch6deville (A. A.), Secretaire-Tresorier de la Chambre Syndicale du Papier et
des Industries qui le transforment, Paris.
CUAMBRE SYNDICALE DE LA STEARINERIE ET DE LA SAVONNERIE.
Lenoel, President de la Chambre Syndicale de la Stearinerie et de la Savonnerie,
Paris.
Petit (H.), Vice-President de la Chambre Syndicale de la Stearinerie et de la
Savonnerie, Paris.
Jacotin, Secretaire de la Chambre Syndicale de la Stearinerie et de la Savon-
nerie, Paris.
Vesier, Directeur de la Manufacture des Bougies de I'Etoile, Delegue do la
Chambre Syndicale de la Stearinerie et de la Savonnerie, Paris.
CHAMBRE SYNDICALE DE LA TABLETTERIE.
Quentin, President de la Chambre Syndicale de la Tabletterie, Paris.
RENSEIGNEMENTS GENERAUX.
CHAMBRE SYNDICALE DES TISSUS ET NOUVEAUTES DE FRANCE.
Petit (F.), Secretaire de la Chanibre Syndicale des Tissus et Nouveautes de
France, Paris.
CIIAMDRE SYNniCALE DES TRANSPORTS FLUVIAUX.
Leneru (L.), President de la Chambre Syndicale des Transports Fluviaux, Paris.
COMITE CENTRAL DES CHAMBRES SYNDICALES.
Crinon (C), President du Comite Central des Chambres Syndicales, Paris,
COMITE CENTRAL DES HOUILLERES DE FRANCE.
Darcy, President du Comile Central des Ilouilleres de France, Paris.
Gruner (E.), Secretaire du Comite Central des Houilleres de France, Paris.
COMITE DE LA CLASSE 32 DE l'eXPOSITION DE MOSCOU.
Rigel (J.), Delegue du Comite de la Classe 52 de I'Exposilion de Moscou, Paris.
GOMITE DES FORGES DE FRANCE.
Baron Reille, Depute, President du Comite des Forges de France, Paris.
Pinget, Secretaire du Comite des Forges de France, Paris.
COMPAGNIE D ASSURANCES GENERALES MARITIMES.
Sorel (A.), Direcleur de la C'^ d'Assurances Generales Maritimes, Paris.
COMPAGNIE DU CANAL DE LA SAMBRE A l'oISE.
Hervouet (F.),lngenieur de la C*^ du Canal dela Sambre a I'Oise, Etreux (Aisne)
DKLI-OrKS DE COLLECTIMTES FRANCAISES. xti
COMPAGiME DES COURTIERS DE MARCIIANDISES ASSERMEXTES AU TRIBUNAL
DE COMMERCE DE LA SEINE.
Coiffier (E.), Syndic-Rapporteur de la C'« des Courtiers Assermentes, Paris.
COMPAGNIE DES ENTREPOTS ET MAGASINS GENERAUX DE PARIS.
Lair, Administrateur-Directeur de la C'* des Entrepots et Magasins Generaux de
Paris, Paris.
COMPAGNIE DE FIVES-LILLE.
Bass6res (B.), Ingenieur en chef du Service de Mecanique generale a la C' de
Fives-Lille, Paris.
COMPAGNIE « LA FONCIERE-TRANSPORTS »
Dibos (M.), Ingenieur Civil, Inspecteur technique [de la C'« La Fonciere-Trans-
ports, Paris.
Mallet, Sous-Directeur de la C'* La Foncierc-Transports, Paris.
COMPAGNIE DES FORGES DE CHAMP.AGNE ET DU CANAL DE SAINT-DIZIER A WASSY.
Dedet (A.), Directeur de I'Exploitalion des Forges de Champagne et du Canal de
Saint-Dizier a Wassy, Ponl-Varin pres Wassy (Haute-Marne).
COMPAGNIE FRANgAlSE DE TRANSPORTS FLUVIAUX ET MARITIMES.
Frasey (J.), Administraleur de la C'^Fran^aise de Transports fluviaux et mari-
tinies, Paris.
De Carrere, Administrateur de,la C'« Francaise de Transports fluviaux e. mari-
times, Paris.
Fleuret (A.), Administrateur de la C'^ Francaise de Transports fluviaux et mari-
times, Paris.
Josle (P.), Administrateur de la C'* Francaise de] Transports fluviaux et mari-
times, Enghien-lesBains.
Petit (Marcel), Directeur de la C'^ Francaise de Transports fluviaux et mari-
times, Paris,
J, RENSEIGNEMENTS GENERAIJX.
COMPAGME GENEUALE DES BATEAUX PARISIENS.
Caubet, Administi-ateur-Delegue de la C'« Generale des Bateaux Parisiens, Paris.
GOMPAGNIE GfiNERALE Tlt^NSATLANTIQUE.
P6reire, President du Conseil d' Administration de la C'« Generale Transatlan-
tique, Paris.
COMPAGNIE LYONNAISE DE NAVIGATION.
Bonnardel (J.), President du Conseil d'Administration de la C* Lyonnaise de
Navigation, 'Lyon.
Larue, Directeur de la C'« Lyonnaise de Navigation, Lyon.
COMPAGNIE DES MESSAOERIES MARITIMES.
Tranchant (Ch.), Adminislrateur de la C'« des Messageries Maritimes, Paris.
COMPAGNIE DES MINES DE BETHUNE.
Plichon, D6pute, Adminislrateur de la C'« des Mines de Bethune, Paris.
Dumont (D.), Agent general des Mines de Bethune, Bully (Pas-de-Calais).
COMPAGNIE DES MINES DE UOUILLE DE COURHIERES.
Varl6 (P.), Ingenieur Civil, Representant de la C'-^ des Mines de Houille de Cour-
rieres, Paris.
COMPAGNIE DES MINES DE ROCHE-LA-MOLIERE ET FIRMINY.
Verny (L.), Directeur de la C'" des Mines de Roche-la-Moli6re et Pirmin^yi
Firminy (Loire).
DELfiGUES DE COLLECTIVITES FRANCAISES. u
COMPAGNIE DES MINES DE VICOIGNE ET DE NCEUX.
Agniel, Agent general des Mines de Vicoigne et de Nceux, Nceux-les-Miues (Pas-
de-Calais).
COMPAGNIE DE NAVIGATION DU HAVRE A PARIS ET LYON.
Jossier pere, Administrateur-Delegue de la C'« du Havre a Paris et Lyon, Paris.
COMPAGNIE DE NAVIGATION DE LA BASSE-LOIRE.
Vaury (A.), Administrateur de la C'^de Navigation de la Basse-Loire, Paris.
COMPAGNIE PARISIENNE D ECLAIRAGE ET DE CHAUFFAGE PAR LE GAZ.
Bertrand, Ingenieur des Ponts et Chaiissees, Ingenieur-adjoint a la Direction de
la C"^ Parisienne du Gaz, Paris.
COMPAGNIE DE TOUAGE DE CONFLANS A LA MER.
Garimantrand (J.), Directeur de la O'' de Touage de Conflans a la mer, Paris.
COMPAGNIE DU TOUAGE DE LA HAUTE-SEINE.
Mautin (C), Administrateur de la C'« du Touage de la Haute-Seine, Paris.
COMPAGNIE DE TOUAGE ET DE REMORQUAGE DE L YONNE.
P6rier de F6ral, Administrateur de la C'*^ de Touage et de Remorquage de
I'Yonne, Paris.
COMPAGNIE DES TRANSPORTS RAPIDES DE LA SEINE.
Amaury, Directeur de I'Exploitation de la C'« des Transports Rapides de la Seine,
Paris.
RENSEIGNEMENTS CENfiRAFX.
COMPTOIR METALLURGIQUE DE LONGWY.
Aube (G.)» Directeur-Gerant du Coniptoir Metalliirgique de Longwy, Longvvy-
Bas (Meurthe-et-Mosello).
COMPTOIR NATIONAL D ESCOMPTE.
Gallay (A.), Sous-Directeur du Comptoir National d'Escomple, Paris.
CONSEIL D ADMINISTRATION DES CHAMBRES SYNDICAI.ES DE L INDUSTRIE ET DU
BATIMENT.
Bertrand (F.), President du Conseil d'Adniinislration des Chambres Syndicales
de rinduslrie et du Batiinent, Paris.
CONSEIL GENERAL DU DEPARTEMENT DE LA SEINE.
Deschamps, President du Conseil General de la Seine, Paris.
Lefoullon, Menibre du Conseil General de la Seine, Paris.
Laffont, Membre du Conseil General de la Seine, Paris.
Bailly, Membre du Conseil General de la Seine, Paris.
Davrill6 des Essarts, Membre du Conseil General de la Seine, Paris.
Deligny, Membre du Conseil General de la Seine, Paris.
Jallon, Membre du Conseil General de la Seine, Paris.
Gibert, Membre du Conseil General de la Seine, Paris.
Leveque, Membre du Conseil General de la Seine, Paris.
P6an, Membre du Conseil General de la Seine, Paris.
Petitjean, Membre du Conseil General de la Seine, Paris.
Prunieres, Membre du Conseil General de la Seine, Paris.
Quentin-Bauchart, Membre du Conseil General de la Seine, Paris.
Le Roux, Directeur des Affaires Departementales a la Prefecture de la Seine,
Paris.
CONSEIL MUNICIPAL DE PARIS.
Sauton, President du Conseil Municipal de Paris, Paris.
DELEGUES DE COLLECTIVITES FRANCAISES.
CREDIT LYONiNAlS.
Enders, Directeur du Credit Lyonnais, Paris.
ECOLE CENTRA LE DES ARTS ET MANUFACTURES.
Gauvet, Dircoleur de I'Ecole Centrale des Arls et Manufactures, Paris.
MANUFACTURE DE GL^CES ET PRODUITS CIIIMIQUES DE SAINT -GOBAIN, CIIAUNY ET
CIREY.
Lefebvre (U.}, Vice-President de la Chainbre Syndicale de la Marine, Delegue
de la ManufacUu-e de Glaces et Produits Cliimiques de Saint-Gobain, Cliauny
et Cirev, Paris.
RAFFINERIE C. SAY (SOCIETE ANONYBFe).
Cronier (E.), Administrateur-Delegue dc la Raffinerie Say, Paris.
SOCIETE DES AGRICULTEURS DE FRANCE.
Conile de Salis, Ingenieur Civil, President de la Section dii Genie Hural de la
Societe des Agriculteurs de France, Paris.
SOCIETE ANONYME DES ClfARGEURS RKUMS.
Fould (II.). President du Conscil d"Adniinislralion dc la Societe des Chaif ?urs
Reuni?, Paris.
SOCIETE ANONYME DES MESSAGERIES NATIONALES.
Brun, Directeur de la Societe anonvme des Messageries Naliouales, Paris.
Mv RENSEIGNEMENTS GENERA UX,
SOCIETE ANONYME DE TOUAGE ET DE REMORQUAGE DE L OISE.
Williams (F.), President du Conseil d'Adminislration de la Sociele anonyine de
Touage et de Remorquage de I'Oise, Paris.
SOCIETE DES ETUDES COLONIALES ET MARITIMES.
Bouquet de la Grye, Membre de I'lnstilut, President de la Societe des Etudes
coloniales et maritimes, Paris.
Baron de Cambourg, Vice-President de la Societe des Etudes coloniales et
maritimes, Paris.
De Rautlin de la Roy, Ingenieur de la Societe des Etudes coloniales et marir
times, Paris.
SOCIETE FRANQAISE DES CHEMINS DE FER A NAVIRES.
Sebillot (A.), Ingenieur, Directeur de la Societe Fran^aise des Chemins de fer a
Navires, Paris.
SOCIETE GENERALE ANONYME DE NAVIGATION SUR LES CANAUX DU CENTRE.
Laurent, Administrateur de la Societe generale anonyme de Navigation sur les
Canaux du Centre, Paris.
Volant (P. F.), Directeur de la Societe generale anonyme de Navigation sur les
Canaux du Centre, Roanne.
SOCIETE GENERALE DE CREDIT INDUSTRIEL ET COMMERCIAL.
Monvoisin (F.), Sous-Directeur de la Societe generale de Credit Industriel et
Commercial, Paris.
SOCIETE GENERALE POUR FAVORISER LE DEVELOPPEMENT DU COMMERCE ET DE
l'iNDUSTRIE en FRANCE.
Thirria (H.), Censeur a la Societe Generale, Paris.
DfiLEGUES DE COLLECTIVITES FRANCAISES. it
SOCIETE DE GEOGRAPllIE GOMMERCIALE DE PAWS.
Ganthiot (C), Secretaire General de la Societe de Geographic Commerciale de
Paris, Paris.
SOCIETE DE GEOGRAPllIE DE LILLE.
Crdpy (P.)» President de la Societe de Geographic dc Lille, Lille.
SOCIETE DE GEOGRAPHIE ET D ARCIIEOLOGIE D ORAN.
Trotabas, Lieutenant de vaisseau en retraile, Delegue de la Societe de Geogra-
phic et d'Archeologie d'Oran, Paris.
SOCIETE DES GRANDS MOULINS DE CORBEIL.
Wallut (C), President du Conseil d'Admiuistration de la Societe des Grands
Moulins de Corbeil, Paris.
SOCIETE HOUILLERE DE LIEVIN.
Viala (G.), Directeur de la Societe Houillere de Lievin, Lievin (Pas-de-Calais).
SOCIETE INDUSTRIELLE DE ROUEN,
De Coene (J.), Ingenieur, Delegue de la Societe IndustricUe de Rouen, Rouen.
SOCIETE LNDUSTRIELLE DE SAINT-QUENTIN ET DE L AISNE.
Garez (E.), Ingenieur, Vice-President de la Societe Industriellc de Saint-Quentin
- et de I'Aisne, Saint-Quentin.
UENSEIG.NEMEMS GENEHAUX.
SOCIETE DES INGENIEL'RS CIVILS.
Buquet (C), President de la Societe des Ingenieiirs Civils, Paris.
Badois, lugenieur Civil, Paris. ...
Briill (A.), Ingenieur Civil, Paris.
Ch6lu-Bey (A.), Ingenieur Civil, Direcleur an Minislere des Finances d'Kgyple,
ancien Ingenieur en chef du Soudan, Le Cairo (Egypte).
De Coene (J.), Ingenieur Civil, Rouen.
Cotard (C), Ingenieur Civil, Paris.
Fleury (J.), Ingenieur Civil, Paris.
Hallopeau (A.), Ingenieur Civil, Paris.
Le Brun (R.), Ingenieur Civil, Paris.
Molinos (L.), Ingenieur Civil, Paris.
Pontzen (E.), Ingenieur Civil, Paris.
De Dax, Agent general de la Societe des Ingenieurs Civils, Paris.
SOCIETE DES MINES DE LENS.
Danel, President du Conseil d'Administration de la Societe des Mines de Lens,
Lille.
SOCIETE DES PRODUITS CIIIMIQUES ET MATIEfJES COLORANTtS DE SAINT-DEMS.
Poirrier, Senateur, President du Conseil d'Administration de la Societe des
Produits Chimiques et Matieres Colorantes de Saint-Denis, Paris.
SOCIETE SOLVAY ET C'c.
Marquet (A.), Direcleur des usines de Dombasle (Societe Solvay et G'«), Dom-
basle-s.-Meurthe (Meurthe-et-Moselle) .
iYNDICAT DU BASSIN DE LA VILLETTE ET DES CANAIIX ADJACENTS,
Bichoffe, Vice-President du Syndicat du Bassin de la Yillette, Paris.
~"'^^, SYNDICAT DE LA BOULANGERIE.
eornet. President du Svndical de la Boulangerie, Paris.
DELKGUES DE COLLECTIVITES FRANCAISES. lyh
SYNDICAT DU COMMERCE DES BOIS DE LA MEVRE.
Boutroux (P.). President dii Syndicat du Commerce des Bois de la Nievre,
Never s.
SYNDICAT COMMERCIAL ET IXDUSTRIEL DE LYOX.
Lyonnet (G.), President du Syndicat Commercial et Induslricl de Lyon, Lyon.
SYNDICAT DES FABI^ICANTS DE SUCRE DE FRANCE.
Mariage, Delegue du Syndicat des Fabricants de sucre de France, Tliiant
(Nord).
SYNDICAT GENERAL DES CORPS GRAS.
Collot, President du Syndicat General des Curps Gras, Paris.
SYNDICAT GENERAL DES GRAINS, GRAINES, FARINES, HUILES, SUCRES ET ALCOOLS,
A LA BOURSE DE COMMERCE DE PARIS.
Lanier (D.), President du Syndicat General a la Bourse de Commerce de Paris,
Paris.
SYNDICAT GENERAL DE L UNION NATIONALE.
Muzet, Conseiller Municipal de Paris, President du Syndicat General de I'Union
Rationale, Paris.
Poupinel, President de la Chambre Syndicale des Bois de Sciagc et d'lndustrie,
Vice-President du Syndicat General de I'Union Nationale, Paris.
Leneru (L.), President de la Cbambre Syndicale des Transports fluviaux, Dele-
gue du Syndicat General de I'Union Nationale, Paris.
Panchevre (L.}, President de la Cbambre Syndicale des Marchands de Charbons
de terre en gros et demi-gros, Delegue du Syndicat General de I'Union Natio-
nale, Paris.
SYNDICAT DES PAPIERS EN GROS.
Pailliot (A.), President du Syndicat des Papiers en gros, Paris.
urn KENSEIGNEMEiMS GENERA UX.
SYNDICAT DE LA PARFUMERIE.
Guerlain (A.), President du Syndicat de la Parfumerie, Paris.
SYNDICAT PROFESSIONNEL DU CAOUTCHOUC, DES TOILES CIREES, ETC.
Sriber, President du Syndicat Professionnel du Caoutchouc, des Toiles Cirees,
etc., Paris.
Chapel (E.), Secretaire du Syndicat Professionnel du Caoutchouc, des Toiles Ci-
rees, etc., Paris.
SYNDICAT PROFESSIONNEL DES MARINIERS DE FRANCE « LA BATELLERIE
FRANgAlSE ».
Blanchon (S.), Membre du Comite de La Batellerie frangahe, Paris.
Verlay (C), Membre du Comite de La Batellerie frangaise, Paris.
Finance (R.), Secretaire de La Batellerie frangaise, Paris.
SYNDICAT PROFESSIONNEL DE L UNION DES FABRIGANTS DE PAPIER DE FRANCE.
Person du Bief, Secretaire-Adjoint du Syndicat Professionnel dc I'Union des Fa-
bricants de papier de France, Paris.
SYNDICAT DES TEINTURIERS EN SOIE, LAINE ET COTON EN FILS.
Hulot (L.), President du Syndicat des Teinturiers en Soie, Laine et Coton en fils,
Puteaux (Seine).
UNION CERAMIQUE ET CHAUFOURNIERE DE FRANCE.
Sachot, Vice-President de I'Union Ceramique et Chaufom^niere de France,
Paris.
Metz, Secretaire de PUnion Ceramique et Chaufourniere de France, Paris. -
UNION SYNDICALE DES MARCHANDS DE BOIS DE FRANCE.
Pelletier de Martres, President de I'Union Syndicate des Marchands de bois de
France, Paris.
DELEGUES
COLLECTIVITES ETRANGERES
ALLEMAGNE
iJLTESTEN DER KAUFMANNSCHAFT ZU MAGDEBURG.
Hatscheck (H.), D"" Juris, Syndicus der Kaufmannschaft zu Magdeburg, Magde-
burg.
BASALT-AKTIEN-GESELLSCHAFT.
Zervas (W.), Prasident der Basalt-Aktien-Gesellscliaft, KoIn-a-R,
BREMER SCHLEPPSCHIFFFAHRTS-GESELLSCIIAFT.
Muller (G.), Vorstand der Bremer-Schleppschifffahrts-Gesellschaft, Bremen.
BROMBERGER SCHLEPPSCUlFFFiHRTS-AKTlEN-GESELLSGlIAFT.
Bumke (F.\V.),Direktor der Bromberger Schleppschifffahrts-Aktien-Gesellschaft,
Bromberg.
CENTRAL-VEREIN FUR HEBUNG DER DEUTSCIIEN FLUSS- UND RANAL-SCUIFFFAHRT.
Schlichting (T.), Professor fur Wasserbau an der Koniglichen technisohen
Hochschule zu Berlin, Prasident des Centralvereins, Berlin.
D'' Rentzch (H.), erster Stellv. Prasident des Centralvereins, Berlin.
Wernekinck, Regierungs- und Baurath a. D., zweiter Stellv. Prasident des Cen-
.. tralvereins, Berlin.
Kurs, Ingenieur-Major a. D., General-Sekretar des Centralvereins, Berlin.
Arnhold (E.), K. Commerzienrath, Schatzmeister des Centralvereins, Berlin.
Brcemel (Max), Reichstags-Abgeordneter, Berlin.
Franzins, Oberbaudirektor, Bremen.
tx RENSK[GNEMKNTS GR.NERAUX.
Von Guaita, Vice-Prasident der Handelskammer Franckfurf-a.-M., Frankfurt-
a.-M.
Philippi (Karl),T)ii'oklordcrdeiitschcn Elbschifffahrts-Gesellschaft Ketle, Dresden.
Strohler, Eisenbahn- und SchiffFahrts-Direktor a. I)., Berlin.
Tonne, Ilauplniann a.D., Schiffsiiieder, Magdeburg.
Kaumann, Stadtbauralh, Vertreter der Stadl Breslau, Breslau.
Merkens (Franz), Benfner, Vertreter der Wcstdeutschen Fluss-und Kanal-Vereins,
K6ln-a.-R.
Berenz (E.), Kaufmann, Scbiirsrbcder, Vertreter der Aelteslcn der Kaufmann-
scbaft zu Danzig, Danzig.
Sachsenberg (G.), Fabrikbesitzer, Vertreter der Handelskammer fiir das Her-
zogtbum Aulialt zu Dessau, Rosslau-a.-Elbe.
Frings, Stadtbauratb, Vertreter der Sladt Diisseldorf, Diisseldorf.
Flinsch (H.), Fabrikant, Vertreter des Vercins zur Hebung der Fluss- und Kanal-
scliifiTabrt fiir Sud- und Wesldeutschland und der Stadt Frankfurt-a.-M., Frank-
furt-a.-M.
Puis (0.), Consul, Vertreter des Vereins zur Hebung der Fluss- und KanalschitT-
fabrt fiir Sud- und Westdeutscbland, Frankfurt-a.-M.
Vowinckel, Direklor und Vertreter der Providentia, Frankfurter Versicherungs-
Gesellscliaft, Frankfurt-a.-M.
Siewert, Handelskammer-Syndikus, Vertreter der Handelskammer Halbersladt,
Halbersladt.
Werther (H.), Kaufmann, Vertreter der Handelskammer Halle-a.-S., Halle-a.-
Saale.
Geek, Ingenieur, Gesohaflsfidn^er des Vereins fiir Hebung der Fluss- und Kanal-
scbifffalirt fiir Niedersacliscn, alsdessen Vertreter, Hannover.
Meyer, K. K. (Esterr. Ung. Consul, Vertreter des ostpreussiscben Provinzial-
Vereins fiir Hebung der Fluss- und Kanalschifffahrt, Konigsberg-i.-P.
Puppel (0.), Kaufmann, Vertreter des ostpreussiscben Provinzial-Vereins fiir
Hebung der Fluss- und Kanalschifffahrt, Konigsberg-i.-P.
Ritzhaupt, Commerz- und Admiralitats-Rath,Obervorsteher der Kaufmannschaft
Konigsberg-i.-P., Vorsitzender des Ausscbusses des ostpreussiscben Pro-
vinzial-Vereins fiir Hebung der Fluss- und Kanalschifffahrt, Konigsberg-i.-P.
D"" Gensel (W. J.), Handelskammer-Sekretar, Vertreter der Handelskammer
Leipzig, Leipzig.
Possehl, Kaufmann, Vertreter der Handelskammer Lfibeck, Liibeck.
D"" Hatschek, Syndikus der Kaufmannschaft, Vertreter der Aelteslen der Kauf-
mannschaft zu Magdeburg, Magdeburg.
Bassermann, Rechtsanwalt, Vertreter des Verbandes der Particularschiffer Jus
el Jmtitia, Mannheim.
Diffene, Prasidenl der Handelskammer Mannheim, Vertreter derselben,
Mannheim.
Kessler, Direktor und Vertreter der Mannheimer Dampfschleppschiflfabrts-
Gesellsehaft, Mannheim.
Dietrich, Rechtsanwalt und Notar, Vertreter der Stadt Prenzlau, Prenzlau.
Herrenschmidt , Handelskammer-Prasident , Vertreter der Handelskammer
Slrassburg-i.-E., Strassburg-i.-E.
DELfiGUfiS DE COLLECTIVITfiS ETRANGERES. lxi
COXC. S^CHS. SCHIFFER-VERELN.
Philippi (Karl), Direktor der deulschen Elbschifffahrts-Gesellschaft Kette,
Dresden.
FREIE HAiNSESTADT HAMBURG.
Nehls, Wasserbaudirektor der freien Hansestadt Hamburg, Hamburg.
FREIE H.VKSESTADT LUBECK.
Rehder, Wasserbaudirektor der freien Hansestadt Liibeck, Lfibcck.
FRANKFURTER ARCHITEKTEX- UiND INGENIEUR-VEREIN.
Schmick, Regierungsbaumeister, Schriftfiihrer des Frankfurter Architekten-
und Ingenieur-Vereins, Frankfurt-a.-M.
IIANDELSKAMMER BHEMEX.
Gruner (E.), Prases der Handelskammer Bremen, Bremen.
Pagenstecher (G.), Mitglied der Handelskammer Bremen, Bremen.
Frese (Hermann), Mitglied der Handelskammer Bremen, Bremen.
Nebelthau, D' Juris, Svndikus der Handelskammer Bremen, Bremen.
HANDELSKAMMER FUR DAS HERZOCTIIUM BRAUNSCHWEIG.
D"" Vosberg Rekow, Svndikus der Handelskammer fur das Herzogthum Braun-
schweig, Braunschweig.
HANDELSKAMMER BRESLAU.
D' Eras (W, E.), Syndikus der Handelskammer Breslau, Breslau,
Lxii RENSEIGNEMENTS GEiNERAUX.
HANDELSKAMMER CREFELD.
Konigs (K.), Prasident der Handelskammer Crefeld, Crefeld.
HANDELSKAMMER DORTMUND.
Bernhardi, Sekretar der Handelskammer Dortmund, Dortmund.
HANDELSKAMMER DRESDEN.
Bellingrath (E.), Generaldirektor der deutschen Elbschifffahrts-Gesellschaft
Kette, Dresden.
HANDELSKAMMER DUSSELDORF.
Pfeiffer (W.), Geheimer Commerzienrath, Prasident der Handelskammer Diissel-
dorf, Diisseldorf.
HANDELSKAMMER FUR DEN KREIS ESSEN.
Heyden (Karl), D"" Juris, Syndikus der Handelskammer fur den Kreis Essen,
Essen (Ruhr).
HANDELSKAMMER FRANKFURT-AM-MAIN;
Von Guaita, Vice-Prasident der Handelskammer Frankfurt-a.-M., Frankfurt-a.-M.
Von Neufville(A.), Mitglied der Handelskammer Frankfurt-a.-M., Frankfurt-a.-M.
HANDELSKAMMER HALLE-A.-SAALE.
Werther (H.), Kaufmann, MitgHed der Handelskammer Halle-a.-S., Halle-a.-S.
HANDELSKAMMER HAMBURG.
Grasemann (R.), Kaufmann, Hamburg.
Gutschow (D. C), Sekretar der Handelskammer Hamburg, Hamburg.
Laeisz (C. F.), Mitglied der Handelskammer Hamburg, Hamburg.
Sanders (L.), Kaufmann, Hamburg.
DELEGIJES DE COLLECTIVITES ETRANGERES. lmii
HANDELSKAMMER KOLN-AM-RHEL\ .
Michels (G.), Comnierzienrath, Handelskammer-Prasident, Koln-a.-Rh.
iK van der Borght, Handelskamraer-Sekretar, Koln-a.-Rh.
HANDELSKAMMER LEIPZIG.
Scharff (Hugo), Stadtrath, Vice-Prasident der Handelskammer Leipzig, Leipzig.
D' Gensel (\V. J.), Sekretar der Handelskammer Leipzig, Leipzig.
HANDELSKAMMER LUBECK.
Fehling (H.), K. K. osterreich. ungar. Consul, Liibeck.
Franck (G. H. H.), D"" Juris, Sekretar der Handelskammer Liibeck, Lubeck.
Possehl (E.), Kaulmann, Mitglied der Handelskammer Liibeck, Lubeck.
HANDELSKAMMER FUR DEN REGIERUNGSBEZIRK MAGDEBURG ZU HALBERSTADT.
Siewert, Handelskammer-Syndikus, Han>ersladt.
HANDELSKAMMER MAINZ.
Melchers, Direktor der Act. Ges. fur Handel und Schifffahrt H. A. DiscA, Tice-
Gonsul der Ver. Staaten von Nord-Amerika, Mainz.
HANDELSKAMMER MANNHEIM.
Diffen^ {^h.), Prasident der Handelskammer Mannheim, Mannheim.
HAUPT- L'ND REZIDENZSTADT BRESL.<U.
Kaumann, Stadtbaurath, Breslau.
uiT RENSEIGNEMENTS GfiNfiRAUX.
KANALVEREIN FUR MEDERSACUSEN ZU HANNOVER.
Lichtenberg, Biirgermeister, Vorsilzender des Ranalvereins fiir Niedersachsen,
Hannover-Linden.
Geek (F.), Ingenieur, Geschaftsfiihrer des Ausschusses zur Forderung des Rhein-
Weser-Elbe-Ranals, Hannover.
MAGISTRAT DEU STADT DORTMUND.
Schmieding (W.), Oberbiirgermeister der Stadt Dortmund, Dorlmund.
Marx (C), Stadtbaurath der Stadt Dortmund, Dortmund.
Schiichtermann (H.), Stadtralh der Stadt Dortmund, Dortmund.
Fewaag, Rechtsanwalt und Stadtverordnetcr der Stadt Dortmund, Dortmund.
Heym (P. 0.), Ingenieur, technischer Beirath far die Stadt Dortmund, Dortmund.
MAINZER SCHLEPP-DAMPFSCHIFFFAIIRTS-GESELLSCHAFT.
Steger (J.), Direktor der Mainzer Schlepp-Dampfschifffahrts-GeseUschaft, Mainz.
MANNHEIMER LAGERIIAUSGESELLSCHAFT.
Knecht, Direktor der Mannheimer LagerhausgeseHscbaft, Mannheim.
NAUTISCIIER VEREIN IN LUBECK.
Heitmann (J. A.), Capitain a. D., Lubeck.
OBERRHEINISCHE VERSICHERUNGS-GESELLSCHAFT.
Sternberg (0.), Direktor der Oberrheinischen Yersicherungs-GeseUschaft,
Mannheim.
OSTPREUSSISCHER PROVINZIAL-VEREIN ZUR HEBUNG DER FLUSS- UND KANAI.-
SCIIIFFFAHRT ZU KONIGSBERG-IN-PREUSSEN.
Puppel (0,), Kaufmann, Kdnigsberg-i,-P.
DELfiGUES DE COLLECIIVITES ETRANGERES. : lx\-
SCHI.EPPSCHlFFFAnRT AUF DEM ^ECKAR.
Harttung (Max), Direktor der Schleppschifffahrt auf deni Neckar, Heilbronn.
STADT ALTONA.
Stahl (Berlhold), Stadtbaurath, Allona.
STADT DUSSELDORF.
Frings, Sladtbauralh, Diisseldorf.
STADT FRANKFURT-AM-MAIN.
Flinsch (H.), Stadlralh, Frankfurt-a.-M.
Lindley (\V.), Stadtbaurath, Frankfurt-a.-M.
STADT k6lN-AM-RHEIN.
Bauer (W.), Stadtbauinspcktor, Koln-a.-R.
STADT PRElNZLAU.
Dietrich, Advocat, Prenzlau.
VEREIN RHEINISCHER BASALT-INDUSTRIELLEX.
Zerwas (W.), Prasidenl des Vereins rheinischer Basalt-Industriellen, Koln-a.-R.
VEREIN DER KANALISIRUNG DER RUUR.
Heyden (K.), Gerichts-Assessor, Essen-a.-Ruhr .
e F
txvi RENSEIGNE.MENTS GENERAUX.
VEREIN FUR FORDERUNGDER FLUSS- UND KANALSCHIFFFAURT IN SUD- UND WEST-
DEUTSCHLAND.
May (Martin), Stadtverordneter, Frankfurt-a.-M.
VERFFN ZUR IIEBUNG DER FLUSS- UND KANALSCIIIFFFAIIRT IN SUD- UND WEST-
DEUTSCIILAND.
Flinsch (II.), Stadrath, Frankfurt-a -M.
VEREIN DEUTSCIIER HOLZ- UND FLOSSEREI-IMEnESSEMEN.
Hirschberg (L.), Handelskammer-Sekretar zu Bromberg, Vorsitzender des
Vereins deutscher Holz- und Flosserei-Iiiteressenten, Bromberg.
VEREIN DER KAUFMANNSCIIAFT ZU MUNSTER-IN-WESTPIIALEN.
Sprickmann-Kerkerinck, Schriftfiihrer des Vereins der Kaufmannscbaft zu
Miinster-i.-W., Miinster-i.-W.
VEREIN ZUR WAHRUNG DER GEMEINSAMEN WIRTIISCIIAFTLICIIEN INTERESSEN
IN RIIEINLAND UND WESTPIIALEN. .
D"" Beumer (W.), General-Sekretar des Vereins zur Wahrung der gemeinsamen
wirthscbaftlichen Interessen in Rbeinland und Westphalen, Diisseldorf.
WESTDEUTSCHER FLUSS- UND KANAL- VEREIN.
Merkens (Franz), Vorsitzender des Westdeutschen Fluss- und Kanal-Vereins,
Koln-a.-R.
DELEGltS DE COLLECTIVITES ETRANG^RES. Lxvn
AUTRICHE
DONAU-VEUEIN IN WIEN.
Rilter von Goldschmidt (Th.), K.K.Bauralh, Civil Ingenieur, Wiener Stadtrath,
Wien.
ElBE-VEREIN.
Pollack (R.), Sekrelar des Elbe-Vereins zii Aussig-in-Bohmen, Toplitz.
ERSTE K. K. rniV. DONAL'-DABIPFSCHIFFFAnRTS-GESELLSCHAFT.
D"" Anton, Baron von Banhans, K K. wirklicher Geheimer Bath und Minister a. D.,
Administralions-Prasident der erslen K. K. priv. Donau-Dampfschifffahrls-
Gesellschaft, Wien.
Deutsch (J.), Ingenieur, Administrationsratli der erslen K. K. priv. Donau-
DampfschifTfahrts-Gesellscliaft, Wien.
Franckl (L.), Adminislrationsrath der ersten K. K. priv. Donau-DampfschilTfahrts-
Gesellschaft, Wien.
Ca|)itain Suppan (C. V.), Schiffiaspektor, Chef der nautischen Section der
ersten K. K. priv. Donau-DampfschifTfahrts-Geselischaft, Wien.
IIANDELS- UND GEWERBE-KAMMER IN OLMUTZ.
Proskowetz (Emanuel, Bitter von Proskow und Marstro(f), Zuckerfabrikbesitzer,
Reichsraths- und Landtags-Abgeordneter, Wien.
INGENIEUR-KAMMER IM KONIGREICIIE BOHMEN.
Kaftan (J.), Beichsraths-Abgeordneter, Frag.
LANDES-AUSSCHUSS DER MARKGRAFSCHAFT MAIIREN.
D' Hugo, Bitter von Manner, Landesausschuss-Beisitzer, Brunn
Friedrich (A.), Landes-Oberingenieur, Briuin.
Lxriu RENSEIGNEMENT5 GENERAUX.
OSTERREICHISCHER INGENIEUR- LND ARCIIITEKTEiN-VERELN.
Ritter von Kink (A.), Ingenieur, Mitglied des Vereins, Wien.
Klunziger (P.)> Ingenieur,' Milgliod des Vereins, Wien.
Kortz (P.), Ingenieur, Mitglied des Vereins, Wien.
OSTEIIREICIIISCHE NORDWEST-DAMPFSGFIIFFFAIIRTS-GESELLSCIIAFT ZU WIEN.
Hoselmayer (J.), Ingenieur und Abthcilungsvorstand der usterr. Nordwest-
DampfschifTfahrts-Gesellscliaft zu Wien, Dresden.
Libbertz (0.), Generaldirektor der osterr. Nordwest-Dampfschiirfahrts-Gesell-
schaft zu Wien, Dresden.
STADT WIEN.
Ritter von Goldschmidt (T.), K. K. Bauralh und autorisirler Civil Ingenieur,
Wiener Gemeinderath und Stadtrath, Wien.
SUDOEUTSCIIE DONAU-DAMPFSCIIIFFFAIIRTS-GESELLSCIIAFT.
Hceniger (K.), Betriebs-Direktor der Siiddeulschen Donau-Dampfschifffahrts-
Gesellschaft, Wien.
TECIINISCIIE IIOCHSCHULE IN BRUNN.
Rilter von Weber-Ebenhof (A.), K. K. mahr. Statlhalterei-Baurath, Briinn.
TECHNISCIIE IIOCHSCHULE ZU LEMBERG.
Rychter (J.), Professor derK. K. technischen Hochschule zu Lemberg, Lemberg.
BELGIQUE
UNION DES ClIARBONNAGES, MINES ET USINES DE LA PROVINCE DE LIEGE.
Habets (A.), Professeur a I'lniversilc de Liege, Li^ge.
DfiLfiGUfiS DE COLLEGTIVITfiS filRANGfiRES. tx«
ETATS-UNIS
AMERICAN SOCIETY OF CIVIL ENGINEERS.
Ely (G. H.), President of the Central National Bank, Cleveland (Ohio).
Professor Fuertes, Director, College of Civil Engineering, Cornell University,
Ithaca (N.-Y.).
North (E. P.), Civil Engineer, New-York.
CIVIL ENGINEERS CLUB OF CLEVELAND.
Cady Staley, Civil Engineer, Cleveland (Ohio).
ENGINEERING ASSOCIATION OF TOE SOUTH.
Gude (A. v.). President of Engineering Association of the South, Atlanta (Georgia)
WORLD S COLUMBIAN WATER COMMERCE CONGRESS.
Hon. John C. Dore, Ex-President of the Chicago Board of Trade, Chairman ol
the World's Columhian Water Commerce Congress, Chicago (111.).
GRANDE-BRETAGNE
BARROW DOCKS .\ND RAILWAY.
Sir James Ramsden, Delegate, Barrow-in-Furness.
BRIDGEWATER CANALS (MANCHESTER SHIP CANAL COMPANY).
Collier (W. H.), Esq., Manager Bridgewater Canals, Manchester.
'ja RENSEIGNEMENTS G^NfiRAUX.
GRAND CANAL COMPANY (iRELANd).
Palmer (J. E.), Esq., Director of Grand Canal C", Howth (C^ Dublin).
MANCnESTER SHIP CANAL COMPANY.
Marshall Stevens, Esq., Manager of the Manchester Ship Canal C°, Manchester.
Hunter (W. H.), Esq., M. 1. C. E., Manchester.
MANSION HOUSE ASSOCIATION ON RAILWAY AND CANAL TR.\FFIC.
Clements (Edwin), Esq., Secretary to the Mansion House of Association on Railway
and Canal Traffic, London.
ROCHDALE CANAL COMPANY.
Dykes, Esq., Manager of Rochdale Canal C", Manchester.
Thornder, Esq., Engineer of Rochdale Canal C*", Manchester
■SHARPNESS NEW DOCKS AND GLOUCESTER AND BIRMINGHAM NAVIGATION COMPANY.
Keeling (G. W.), Esq., M. I. C. E., Cheltenham.
HOLLANDE
CHAMBRE DE COMMERCE d' AMSTERDAM.
Cordes (D.), President de la Chambre de Commerce d'Amsterdam, Amsterdam.
CHAMBRE DE COMMERCE DE ROTTERDAM.
De Monchy, President de la Chamhre de Commerce de Rotterdam, Rotterdam.
DELEGUfiS DE COLLECTRITfiS ETRANGERES,
INSTITDT ROYAL DES INGEMEURS NEERLANDAIS.
De Jongh (G. I.), Ingenieur en chef, Directeur des travaux de la Villa de Rot-
terdam, Rotterdam.
Van der Sleyden, Ingenieur en chef du Waterstaat, Maestricht.
Tideman (J.), Secretaire de I'lnslitut Royal des Ingenieiirs Neerlandais, La Have.
Van Zuylen (G. E. V. L.), Colonel du Genie, ancien Chef du Genie Militaire aux
Indes Neerlandaises, La Haye.
LOQMER-POLDER.
Van Hattnm, President du Loqmer-Polder, Sliedrecht.
VILLE D AMSTERDAM.
Schuurmann (J. A.), ancien Lieutenant-Colonel du Genie, Directeur des tra-
vaux de la Ville d' Amsterdam, Amsterdam.
VILLE DE ROTTERDAM.
De Jongh (G. J.), Ingenieur en chef, Directeur des travaux de la Ville de
Rotterdam, Rotterdam.
HONGRIE
ADMINISTRATION ROYALE DES CHEMINS DE FER DE L ETAT IIONGROIS.
Egan (E.), Ingenieur de I'Administration Royale des Chemins de fer de I'Etat
Hongrois, Budapest.
r.OUVERNEMENT ROYAL DES ROYAUMES-DNIS DE CROATIE, SL.AVONIE ET DALMATIE.
Augnstin (G.), Conseiller technique du Gouvernement, Agram (Croatie).
uxii , RENSEIGNEMENTS G£n£RAUX.
UNION DES ARCHITECTES ET INGENIEURS CROATES.
Augustin (G.), Gonseiller technique du Gouvernement, Agram.
Eisenhuth (L.), Ingenieur Royal diplome, Karlstadt.
Sec (F.), Ingenieur Royal diplonne, Ruma.
Payer {¥.), Ingenieur Civil, Agram.
VILLE DE BUDAPEST.
Barothi (C), Ingenieur de la Ville de Rudapest, Rudapesl.
ITALIE
SOCIETE DES INGENIEURS ET ARCHITECTES ITALIENS.
Cadolini (G.), President de la Societe des Ingenieurs et Architectes Italiens,
Rome.
Commandeur Betocchi (A.), Inspecteur du Genie Civil, Vice-President de la
Societe des Ingenieurs et Architectes Italiens, Rome.
De Sanctis (P. E.), Ingenieur du Genie Civil, Rome.
Chevalier Tuccimei (C), Ingenieur du Genie Civil, Rome.
PORTUGAL
CIIAMBRE DE CO.MMERCE FRANgAISE DE PORTUGAL.
Maury (A.), President de la Ghambre de Commerce fran?aise de Portugal,
Lisbonne.
DELfiGUfiS DE COLLECTlViTfiS ETRANGERES.
RUSSIE
SOCIETE IMPERIALE POLYTECHMQUE DE RUSSIE.
S. E. de Gherc6vanof, Conseiller prive, Vice-President de la Societe Imperiale
Polytechnique, Directeur de I'lnslitut des Ingenieurs des Voies de commu-
nication, Saint-Petersbourg.
De Sytenko (N.), Vice-President de la VlII^ Section de la Societe Imperiale Poly-
technique, Saint-Pelersbourg.
SUISSE
ASSOCIATION DES AXCIENS ELEVES DE l'eCOLE POLYTECHMQUE FEUERALE SUISSE.
Lyon (Max), Ingenieur Civil, Delegue du Gouvernement Helvetique, Paris.
DONATEURS
MINISTERE DES TRAVAUX PUBLICS.
MINISTERE DE L'AGRICULTURE.
GONSEIL MUxNIGIPAL DE PARIS.
GHAMBRE DE GOMMERGE DE PARIS.
Association Syndicale dg Commerce des Hiiles sur la place de Paris.
Association Syndicale des Marches de Ble, Seigle et Avoine de Paris.
Banque de France.
Belle-Jardimere (Ch. Bessand, Rochard et C'^).
Bon Marche (Plassard, Morin, Fillot et C'^).
Chambre Syndicale des Bois a (Euvrer.
CiiAMBRE Syndicale do Commerce des Bois a Bruler.
Chambre Syndicale du Commerce et de la Fabrication de Quincaillerie.
Chambre Syndicale des Confectionneurs pour Hommes et Enfants.
Chambre Syndicale des Entrepreneurs de Charpente de la Yille de Paris et du
Departement de la Seine.
Chambre Syndicale des Entrepreneurs de Fumisterie.
Chambre Syndicale des Entrepreneurs de Ma^onnerie de la Ville de Paris et du
Departement de la Seine.
Chambre Syndicale des Entrepreneurs de Menuiserie et Parquets de la Ville de Paris
ET DU Departement de la Seine.
Chambre Syndicale des Entrepreneurs de Serrurerie et de Constructions en fer.
Chamrre Syndicale des Fabricants de Cristaux et Verreries de France.
Chambre Syndicale de la Grande Industrie Chimique.
Chambre Syndicale des Maitres de Bateaux-Layoirs dans Paris et sa Banlieue.
Chambre Syndicale des Marchands de Charbonsde Terre en gros et demi-gros.
Chambre Syndicale de la Marine (Navigation lnterieure).
Chambre Syndicale des Mecaniciens, Chaudronniers, Fondeurs.
Chambre Syndicale des Miroitiers.
Chvmbrr Syndicale du Papier et des Industries qui le transforment.
Lxxvi RENSEIGNEMENTS GENERAUX.
Chambre Sy.NDiCALE DES Produits Chimiques.
Chambre Sy.ndicale DES Tissus et Nouveautes de France.
Chauchard, Proprietaire a Paris.
CoMiTE Central des Ciiambres Syndicales (Union des Syndicats professionnels).
CoMiTE Central des Houilleres de France.
COMITE DE LA ClASSE 52 DE l'ExPOSITION FRAN5AISE A MoSCOU.
COMPAGXIE ANONYME DE ToUAGE ET DE ReMORQUAGE DE l'YoNNE.
CoMPAGNiE d' Assurances Generales Maritimes.
COMPAGNIE DES CoURTIERS DE MaRCHANDISES AsSERMENTES AU TRIBUNAL DE COMMERCE DE
LA Seine.
COMPAGNIE DES ENTREPOTS ET MaGASINS GeNERAUX DE PaRIS.
COMPAGNIE DE FiVES-LlLLE POUR CONSTRUCTIONS MECANIQUES ET EkTREPRISES.
COMPAGNIE FrANQAISE DE TRANSPORTS FlCVIAUX ET MaRITIMES.
COMPAGNIE GENERALE DE BaTEAUX PaRISIENS .
CoMPAGNIE GENERALE TrANSATLANTIQUE.
COMPAGNIE DES MeSSAGERIES MaRITIMES.
Compagnie DES Mines de Bethune.
Compagnie des Mines de houille de Courrieres.
compagme des mines de vicoigne et de nceux.
Compagnie de Navigation du Havre a Paris et Lyon.
Compagnie parisienne d'Eclairage et de Chauffage par le Gaz.
Compagnie du Touage de la Haute-Seine.
CoMPTOiR National d'Escompte de Paris.
CoNSEiL d' administration DES Chambres Syndicales de la Ville de Paris et du Departe-
MENT DE LA SeINE (INDUSTRIE ET BaTIMENt).
Credit Lyonnais.
Darblay pere et fils, Industriels.
La Fonciere (Compagnie d'Assurances costre les risques de transport et les acci-
dents de toute nature).
LoREAU, Depute, Lndustriel.
Manufactures de Glaces et Produits Chimiques de Saint-Gobain, Chaunt et Cirey.
Marcuard, Banquier a Paris.
Menier freres, Industriels.
PiKETTY, LeNERU, GuERIN ET C'*', TraNSPORTEORS PAR EAU ET DrAGUEURS.
Raffinerie C. Say (Societe anonyme).
Baron A. de Rothschild, Banquier, a Paris.
Societe anonyme des Chargeurs Reunis.
Societe A.NONYME des MessageriesNationales.
Societe generale anonyme de Navigation sur les Canaux du Centre.
Societe generale de Credit Industriel et Commercial.
Societe generale pour favoriser le Developpement du Commerce et de l'Ikdustrie bn
France.
Societe des Grands Moulins de Corbeil.
Societe des Inge;<ieurs Civils.
DONATEURS. lxxvii
SociETE DES Mixes de Lens.
SOCIETE DES PrODUITS CHIMIQDES ET M.VTIEIIES COI.ORANTES DE SaI.M-De.MS.
SOLVAT ET C''^ (SoCIETE AXONYME).
Symdicat du Bassin de la Villette ET DES Ganaux adjacems.
Syndicat DES Fabricants de S'-Cre de France.
Syndicat General des Grains, Graines, Farises, Huiles, Slcres et Alcools a la Bourse
DE Commerce de Paris.
Syxdicat profession.nel du Caoutchouc, des Toiles Cirees, etc.
Syndicat professionnel de l'Union des Fabricants de Papier de France.
LISTE GENERALE DES ADHERENTS
Agniel, Agent general des Mines de Noeux, Noeux-les-Mines (Pas-de-Calais).
Alard, Ingenieur en chef des Fonts et Chaussees, 54, rue de Prony, Pans.
Albert (E.), Negociant, 62, rue de Richelieu, Paris.
Alby (A.), Ingenieur des Ponts et Chaussees, 64, boulevard Malesherbes, Paris.
Alexandre (P.), Ingenieur en chef des Ponts et Chaussees, 5, rue de Siam, Paris.
Alexandrovitch (C), Ingenieur des Voies de communication, Ministere des
Voies de communication, 117, Fontanka, Saint-Petersbourg, Russie.
Amaury, Directeur de I'Exploitation de la C'^ des Transports Rapides de la Seine,
5, rue Rougemont, Paris.
Amory (L.), Vice-President de la Chambre Syndicale des Rois de Sciage et d In-
dustrie, 58, boulevard de Charonne, Paris.
Annecke (W.), Consul z. D., General-Sekretar des deutschen Handelstages,
52-54, Neue Friedrichstrasse, Berlin C, Allemagne.
Antonetti (A. .1.), Sous-lngenieur des Ponts et Chaussees, 41, rue Jacques Dulud,
Neuillv (Seine). , r ■ t ',
Appert (L.), President de la Chambre Syndicale des Fabricants de Cnstaux et
Verreries de France, 50, rue de Londres, Paris.
Armand, Ingenieur des Ponts et Chaussees, Avignon (Vaucluse).
Arnhold (E.), Koniglicher Coramerzienrath, 55, Franzosischestrasse, Berlin ^^.,
xVllemagne.
Arnodin (F. J.), Ingenieur-Constructeur, Chateauneuf-sur-Loire (Loiret).
DArtois de Bournonville, President de la Chambre Syndicale de la Marine,
78, rue Taitbout, Paris.
Arzens, Bourse de Commerce, rue du Louvre, Paris.
Association des Ing6nieurs Civils Portugais, Lisbonne, Portugal.
Aub6 (G.), Directeur-Gerant du Comptoir Metallurgique de Longwy, Longwy-Bas
(Meurthe-et-Moselle).
Auberger (C), Inspecteur de la C- de Navigation du Havre a Pans et Lyon,
Laroche (Yonne).
Aubry, Entrepreneur de terrassements, 5, rue de Metz, Levallois-Perret Seine).
Augustin(G.), Conseiller technique du Gouvernement, Agram (Croatie), Hongrie.
Babinet, Ingenieur des Ponts et Chaussees, 5, rue Washington, Pans.
Freiherr von Babo, Ingenieur, 64, Stephanienstrasse, Karlsruhe-i.-B., Aiie-
ma°"ne.
Bader^ Oderstrom-Baudirektor, Geheimer Regierungsrath, 12', Garvestrasse,
Breslau, Allemagne.
Badois, Ingenieur Civil, 12, rue Blanche, Paiis.
Lixs RENSEIGNIJIEiNTS GfiNERAUX.
Baensch, Koniglicli Preussischer wirklicher Geheimer Ober-Bauralli, 5'", Kleist-
strasse, Berlin W., Allemagne.
Bailly, Membro dii Conseil General de la Seine, ill, rue de Becon, Courbevoie
. (Seine).
Bailly, Vice-President de la Chambi'e Syndicate des Maitres de Bateaux-Layoirs
de Paris et de la Banlieiie, Bateau-Lavoir dii quai Bourbon, Paris.
Balliman, President de la Chanibre Syndicale des Marchands de Yerres a vitres,
174, rue de Bivoli, Paris.
Freiherr von Banhans, K. K. wirklicher Geheimer Balli, Minister a. D., Admi-
nistrations-Priisident der !"■ K. K. P. Donau Dampfschifffarts-Gesellschaft,
Wien, Autrichc.
Baratte, Ingenieur des Pouts et Chaussees, Troyes (Aube).
Barbet (L.), Ingenieur des Ponts et Chaussees, Douai (INord).
Barbier (Emile), Conservateur-adjoint de la Bibliotheque de la Chambre de
Commerce de Paris, 2, place de la Bourse, Paris.
Barbier (Ernest), Negociant, Sens (Yonne).
Barbier (Victor), Transporteur par eau, 1, boulevard Diderot, Paris.
Bardot (C), Ingenieur des Ponts et Chaussees, Valence (Drome).
Barois (J.), Ingenieur en chef des Ponts et Chaussees, Secretaire General du
Ministere des Travaux Publics d'Egypte, Le Cairo, Egypte.
Barothi (C), Ingenieur de la Ville de Budapest, Lipotuctza 55-54 szam", 11"= etage,
n'' 26, Budapest, Hongrie.
M'"'' Barothi, Lipot uctza 52-54 szam, 11-= etage, n° 26, Budapest, Hongrie.
Barrat (L.), Industriel, 5, boulevard Morland, Paris.
Basse, K. Wasser-Bauinspektor, Saargemund, Allemagne.
Bassel (R.), Oberingenieur, 47, Gaertner Weg, Frankfurt-a.-M., Allemagne.
Basseres (B.), Ingenieur, Chef du Service de Mecanique generale de la C'"' de
Fives-Lille, 64, rue Caumartin, Paris.
Bassermann, RechtsauAvall, President des Verbandes der Particularschiffer
Jus et Justitla, Mannheim, Allemagne.
Basset (J. A.), Proprietaire, 40, rue Louis-Blanc, Paris.
Basset (L.), Manufacturier, 40-42, rue Louis-Blanc, Paris.
Batard-Razeliere, Ingenieur des Ponts et Chaussees, Cette (Herault).
Bauche, Imprimeur-Editeur, 9, rue de Fleurus, Paris.
Baudin, Conseiller Municipal de Paris, H6tel-de-Ville, Paris.
Bauer, Ingenieur en chef des Ponts et Chaussees, 51, rue de I'Hospice, Nancy
(Meurthe-el-Moselle) .
Bauer (W.), Stadtbauinspektor, 5, Rathhausplatz, Koln-a.-R., Allemagne.
Bazin, Inspecteur General des Ponts et Chaussees, 140, boulevard Raspail, Paris.
Beamisch, Administrateur-Delegue de la Societe des Voyages Economiques,
17, rue du Faubourg -Montmartre, Paris.
Beaurin-Gressier, Chef de la Division de la Navigation au Ministere des Travaux
Publics, Paris.
Bechmann(G.), Ingenieur en chef des Ponts elChaussees, 1, place del'Alma, Paris.
Becker, Ingenieur des Ponts et Chaussees, Beauvais (Oise).
Beckmann (0.), Koniglicher Bauinspektor, Stade (Hannover), Allemagne.
B6la de Gonda, Conseiller technique au Ministere Royal du Gonmlerce, Buda-
pest, Hongrie.
LISTE GEKERALE DES ADIIEREMS. lxxxi
B^lelnbski (N. A.), Professeur a I'lnstitut des Ingenieurs des Yoies de communi-
cation, St-Petersboiirg, Russie.
Belleville, Ingenieur des Fonts et Chaussees, 49, rue Bouquet, Rouen (Seine-
Inferieure).
Bellingrath (E.), Generaldirektor der deutschen Elbschifffahrts-Gesellschaft
Kette, Dresden, Allemagne.
Benjamin (G.), Transporteur par eau, 2, boulevard de la Contrescarpe, Paris.
Beranger (C), Ingenieur Civil des Mines, 15, rue des Saints-Peres, Paris.
Berard, Ingenieur en chef des Ponts et Chaussees, Grenoble (Isere).
Berenz (E.), Kaufmann, 19, Schaferei, Danzig, Allemagne.
Berger (F.), K. K. Oberbaurath, Stadtbaudirektor, Wien, Autriche.
Bernard (Emile), Inspecteur General des Ponts et Chaussees, 45, avenue du
Trocadero, Paris.
Bernard (Henri), Inspecteur General des Ponts et Chaussees, 56, boulevard
Haussmann, Paris.
Bernard (Martial), Secretaire de la Chambre de Commerce de Paris, 19, boule-
vard Malesherbes, Paris.
M""" Bernard (Martial), 19, boulevard Malesherbes, Paris.
Bernhardi, Sekretar der Handelskammer zu Dortmund, 5, Hohenzollernstrasse,
Dortmund, Allemagne.
Bernstein (C), Ingenieur, Directeur des travaux du Chemin de fer de Porto-
Rico, 15, place Vendome, Paris.
Bertrand, Ingenieur des Ponts et Chaussees, Ingenieur-adjoint a la Direction de
la C'*" Parisienne duGaz, 6, rue Condorcet, Paris.
Bertrand (F.), President du Conseil d' Administration des Chambres Syndicales
de rindustrie et du Batimcnt, 100, avenue de Clichy, Paiis.
Bessand (C), ancien President du Tribunal de Commerce de la Seine et de la
Chambre de Commerce de Paris, 2, rue du Ponf-Neuf, Paris.
Bethge, Schifffahrtsinspektor auf dem Bodensee, Friedrichshafcn, Allemagne.
Commandour Bettocchi (A.), Professeur, Inspecteur du Genie Civil, President
de la Section tlydraulique au Conseil Superieur des Travaux Publics, Vice-
President de la Societe des Ingenieurs et Architectes Italiens, 127, Mon-
tecitorio, Rome, Italie.
D"" Beumer (W.), Generalsekretar des Vereins zur Wahrung der gemeinsamen
^Yirthschaftlichen Interessen in Rheinland und Westphalen, 59, Gartenstrasse,
Diisseldorf, Allemagne.
Van Beuningen (H. A.), Membre de la 11*^ Chambre des Etats-Generaux, Utrecht,
llollande .
Bichoffe, Vice-President du Syndicat du Bassin de la Villette, 176, rue Lafayette,
Paris.
Bickersteth (J. P.), Esq., Grove Mill House, Watford (Herts), Grande-Bretagne.
Bienfait (D.), President de la Chambre Syndicate des Entrepreneurs de Fumiste-
rie, 92, rue de Bondy, Paris.
Biette, Ingenieur des Ponts et Chaussees, detache au Minist^re de I'Agriculture,
Paris.
Bixby (W. H.), Captain of Engineers U. S. Army, Newport (R. I.), Etats-Unis.
Blanchon (S.), Marinier, Membre du Comite de La Balellerie Frangaise (Syn-
dicat Professionnel des Mariniers de France), 14, rue Francois Miron, Paris.
Lxxxii RENSEIGNEMENTS GEN£RAUX.
Boemches (F.), Ingenieur en chef du Service Hydraulique, Ministere des Finan-
ces, Sofia, Bulgarie.
Boes (T.), Kuniglicher Baurath, Naumburg-a.-Saale, Allemagne.
Bogart (.1.)' Consulting Engineer, 71, Broadway, New- York, Etats-Unis.
Bohnstedt (A.), Koniglicher Landbauinspektor, zugetheilt der Kaiserlichen Bot-
scliaft in Paris, 4, rue Marbeuf, Paris.
Boileau (H.), Ingenieur a la C'<^ de Touage de la Basse-Seine et de I'Oise, 50, quai
de la Marine, He Saint-Denis (Seine).
Commandeur Bompiani (G.), President du Conseil Superieur des Travaux Pu-
blics, 60, Via Vittoria, Rome, Italic.
Bonnardel (J.), President du Conseil d'Administration de la G'*^ Lyonnaise de
Navigation, 5, quai d'Occident, Lyon (Rhone).
Bonneau, Ingenieur des Ponts et Cbaussees, 9, rue Saint-Pierre-le-Donjon, Sens
(Yonne).
Bonneau du Martray, Ingenieur en chef des Ponts et Cbaussees, Dijon (Gote-d'Or).
Bonnin (R.), Ingenieur, 23, boulevard de la Ghapelle, Paris.
Borderel, (N.), 135, rue de Glignancourt, Paris.
D"" van der Borght (R.), Sekretar der llandelskammer zu Koln, 8, Rheingasse,
Koln-a.-R. , Allemagne.
De Borsenko (A.), Avocat a la Gour d'appel de Moscou, rue Povarskaia, Troubni-
kow pereoulok, maison Smolianinoff, Moscou, Russie.
Bosse (R.)^ Ingenieur, Sterkrade (Rheinland), Allemagne.
BcBttinger (H. F.), Mitglied der Preussischen Abgeordnetenhauses, Elberfeld,
Allemagne.
Bouffet, Ingenieur en chef des Ponts et Cbaussees, Carcassonne (Aude).
Bougarel, Secretaire-Tresorier-Archiviste de la Chambre Syndicale des Mecani-
ciens, Chaudronniers, Fondeurs, 24, rue de Dunkerque, Paris.
Boule (A.), Inspecteur General des Ponts et Cbaussees, 25, rue La Boetie, Paris.
Boulle, Ingenieur des Ponts et Chaussee, Apt (Vaucluse).
De Boulongne, Ingenieur des Ponts el Cbaussees, Nevers (Nievre).
Bouquet de la Grye, Membre de I'lnstitut, President de la Societe des Etudes
Goloniales et Maritimes, 4, rue Marbeuf, Paris.
Bouquet de la Grye (A.), Conservateur des Forets, 11, rue Faraday, Paris.
Bourdet, Administrateur-Delegue des Anciens Etablissements Call, 15, quai de
Grcnelle, Paris.
Bourdier, JoailUer, 8, rue dela Michodiere, Paris.
Bourguin, Ingenieur des Ponts et Cbaussees, f. f"°* d'Ingenieur en chef, Sois-
sons (Aisne).
Bousigues, Ingenieur en chef des Ponts et Cbaussees, Valence (Drome).
Boutillier, Inspecteur General des Ponts et Cbaussees, 24, rue de Madrid, Paris.
Boutroux (P.), Negociant, President de la Chambre Syndicale du Commerce des
Bois de la Nievre, 5, rue du Sort, Nevers (Nievre).
Boutteville, Ingenieur des Ponts et Cbaussees, Mantes (Seine-et-Oise).
Bouvaist, Ingenieur en chef des Ponts et Cbaussees, Vesoul (Haute-Saone).
Bouvier, Inspecteur General des Ponts et Cbaussees, detache au Ministere de
1' Agriculture, 4, rue Paillet, Paris.
De Bovet (A.), Directeur de la C'^ de Touage de la Basse-Seine et de I'Oise,
47, rue Taitbout, Paris.
LISTE GENfiRALE DES ADHERENTS. ixxxrn
Bovie (E.), Ingenieur en chef des Fonts et Chaussees, Directeiir dii Service des
Yoies navigables, 14, rue de Toulouse, Bruxelles (Belgique).
D"^ Brehmer (A.), Vorstandmitglied des Elb-Trave-Kanalvereins, Liibeck, AUe-
magne.
Breuille, Ingenieur des Fonts et Chaussees, Auxerre (Yonne).
De Brevans (E.), Secretaire de la Bourse de Commerce de Faris, 68, avenue de
la Grande-Armee, Paris.
Broemel (Max), Mitglied des Reichstags, 14, Schellingstrasse, Berlin \Y., AUe-
magne.
Brondel, Entrepreneur de Transports par eau, I'lsle-sur-Doubs (Doubs).
Brosselin, Inspecteur General des Fonts et Chaussees, 89, boulevard Males-
herbes, Faris.
Brown (A.), Shipbuilder and Engineer, London ^Yorks, Renfrew (Scotland),
Grande-Bretagne.
Brun, Directeur de la Societe anonyrae des Messageries jNationales, 10, place de
la Republique, Paris.
Bruyer, Negociant en charbons, 71, quai d'lvry, Ivry-Fort (Seine).
Bumke (F. NY.), Direktor der Bromberger Schleppschifffahrt-Akliengesellschaft,
Bromberg, AUemagne.
Buquet(F.), President de la Societe des Ingenieurs Civils, 52, rue Laffitte, Paris.
Biirgermeisterei der Provinzial-Hauptstadt Mainz, Mainz, AUemagne.
Blisser (0.),Technicker, Oderberg-i.-Mark (via Berlin), AUemagne.
Gadart (Gaston), Ingenieur des Fonts et Chaussees, 27 bis, rue Stanislas Gi-
rardin, Rouen (Seine-lnferieure).
Gadart (Gustave), Ingenieur des Fonts et Chaussees, Langres (Haute-Marne).
Gadolini (G.), President de la Societe des Ingenieurs et Architectes Italiens.
57, via Aracoeli, Rome, Italic.
Cady Staley, Civil Engineer, School of Applied Science, Cleveland (Ohio), Etats-
Lnis.
Gaillez (P.), Ingenieur des Fonts et Chaussees, Saint-Quentin (Aisne).
Galand (P.), Inspecteur en chef du Waterstaat, 14, J., Frinsenvinkenpark, La
Haye, Hollande.
Calheiros da Graga (F.), Capitaine de vaisseau, Directeur du Departement du
Service Hydrographique, Legation du Bresil, Paris.
Baron de Gambourg, Yice-President de la Societe des Etudes Coloniales et
Maritimes, 85, rue de Lauriston, Paris.
Gamere, Ingenieur en chef des Fonts et Chaussees, 18, rue de Douai, Paris.
Gamus, Membre de la Chambre de Commerce de Paris, 20, rue Daunou, Paris.
Chevalier Ganavesio, Armateur, 8, Yiale Monforte, Milan, Italie.
Gandlot, Directeur commercial de la Societe des Ciments frangais de Boulogne-
sur-Mer, Boulogne-sur-Mer (Fas-de-Calais).
Gantacuzene (J. B.), Ingenieur en chef des Services Hydrauliques, 192, Galea
Yittoriei, Bucarest, Roumanie.
Gaptier (G.), Secretaire de la Chambre Syndicale de la Marine (Navigation Inte-
rieure), 78, rue Taitbout, Faris.
Garey (A. E.), Esq., M. I. C. E., I. R. G. S., I. G. S., 2, Deans Yard, ^Yestminster
S. \V., Grande-Bretagne.
Lxxxiv RENSEIGNEMENTS GENERAUX.
Carez (E.), Ingenieur, Vice-President dc la Societe Industrielle de Saint-Quentin
et de I'Aisne, 36, rue Saint-Thomas, Saint-Quentin (Aisne).
Carimantrand (J.), Directeur de la C'"" de Touage de Conflans a la mer, 39, rue
dc Chatcaudun, Paris,
earlier, Inspecteur General des Ponts et Chaussees, 9, rue de Sontay, Paris.
Garoli (W.), Vorstand der Rheinbauinspeklion Freiburg-i.-B. und Bezirksinge-
nieiir, 3, Maricenstrasse, Freiburg-i.-B., Allemagne.
Carpentier (A.), Agrege des Facultes de Droit, Avocat du Ministere des Travaux
Publics, 4, rue du Cardinal-Lemoine, Paris.
De Carrere (F.), Administrateur de la C'« Frangaise de Transports fluviaux et
maritimes, 11 bis, rue de Milan, Paris.
General Casey (T. L.), Chief of Engineers, Washington (D. C.), Etats-Unis.
Casse (A.), 7, rue du Gouvernement Provisoire, Bruxelles, Belgique.
Casset, Ingenieur des Ponts et Chaussees, Troyes (Aube).
Caubet, Administrateur-Delegue de la C'<=generale des Bateaux Parisiens, 125, ave-
nue de Versailles, Paris.
Cauvet, Directeur de I'Ecole Centrale des Arts et Manufactures, 1, rue Mont-
golller, Paris.
Cavallier, Ingenieur attache a la Direction de la Societe anonyme des Ilauts-
Fourneaux et Fonderies de Pont-a-Mousson, Pont-a-Mousson (Moselle).
Cercle de la Librairie et del'Imprimerie, H7, boulevard Saint-Germain, Paris.
Cerf (L.), Negociant, 8, rue Frangaise, Paris.
Cetre (C), Ingenieur des Ponts et Chaussees, 23, rue de I'Avoine, Saint-Omer,
(Pas-de-Calais).
Chabert, Ingenieur en chef des Ponts et Chaussees, 6, rue du Mont-Thabor, Paris.
Chalvet (P.), Directeur de la C'« Fonciere de France, Administrateur de la So-
ciete anonyme de la Bourse de Commerce de Paris, Bourse de Commerce, rue
du Louvre, Paris.
Chambre Syndicale du Commerce des Bois de la Nievre, Nevers (Nievre).
Chambre Syndicale des Prodnits Chimiques, 9, place des Vosges, Paris.
Chapel (E.), Secretaire de la Chambre Syndicale des Caoutchoucs, Toiles
cirees, etc., 46, rue Lepic, Paris.
Chapelle, Vice-President de la Chambre Syndicale des Entrepreneurs de Magon-
neric, 1, rue Louis David, Paris.
Chargueraud, Ingenieur des Ponts et Chaussees, Calais (Pas-de-Calais) .
Chartrey (J.), Publiciste, 4, rue de Bagneux, Paris.
Chassin, Ingenieur de la G''= des Chemins de fer du Sud de la France, Directeur
du reseau de la C6te-d'0r, Dijon (Cote-d'Or).
Chateau (J.), Ingenieur des Ponts et Chaussees, Digne (Basscs-Alpes).
Chauchard, Proprietaire, 5, avenue Velasquez, Paris.
Chedeville (A. A.), Secretaire-Tresorier de la Chambre Syndicale du Papier et
des Industries qui le transforment, 9, rue Bertin-Poiree, Paris.
Chelu-Bey (A. J.), Ingenieur Civil, Directeur au Ministere des Finances
d'Kgypte, ancien Ingenieur en chef du Soudan, Le Caire, Egypte.
Choquet (E.), Membre de la Chambre de Commerce de Paris, 13, rue de Seine,
Paris.
De Churruca (E.), Ingenieur, Directeur du port de Bilbao, Bilbao, Espagne.
Claise, Ingenieur des Ponts et Chaussees, Mezieres (Ardennes).
LISTE GENfiRALE DES ADHERENTS. lxxxv
Clarard, Ingenieur des Ponlset Chaussees, 56, rue de la Charile, Lyon (Rhone).
Claude-Lafontaine (L.), Membre de la Charabre de Commerce de Paris, 52, rue
de Trevise, Paris.
Claudon (G.), Membre de la Chambre de Commerce dc Paris, 18, avenue Vic-
toria, Paris.
Clement (Lewis M.), Civil Engineer, 1013, Central avenue, Oakland (California),
Etats-Unis.
Clements (Edwin), Secretary to the Mansion House of Association on Railway
and Canal Traffic, Eastcheap Buildings, London E. C, Grande-Bretagne.
Clerc (J. C. A.), Ingenieur des Ponts el Chaussees, Vernon (Eure).
Clery, Ingenieur des Ponts et Chaussees, Nevers (Nievre).
CochotfG.), Ingenieur-Constructeur, 56, avenue Ledru-Rollin, Paris.
De Coene (.1.)' ancien Delegue du Ministere du Commerce au Congres de Man-
chester, Deleguedela Societe Industrielle de Rouen, 21, boulevard Jeanne-
d'Arc, Rouen (Seine-Inferieure).
Coiffier (E.), Syndic-Rapporteur de la C'<= des Courtiers de Marchandises Asser-
mentes, 6, rue Coquilliere, Paris.
Coignet (E.), Secretaire de la Societe des Ingenieurs Civils, 5, rue des Mathu-
rins, Paris.
Coiseau (L.), Ingenieur Civil, Entrepreneur de travaux publics, 120, avenue des
Champs-Elysees, Paris.
Colburn (E. \V.), 67, Mount-Yernon Street, Boston (Mass.). Elats-Unis.
Collard (C), Ingenieur des Ponts et Chaussees, Beaune (Cole-d'Or).
Collier (W.H.), Manager Bridgewater Canals, Bridgewater Canal Offices, Chester
Road, Manchester, Grande-Bretagne.
Collot, President du Syndicat General des Corps Gras, 4, rue Paul Lelong, Paris.
Colmet-Daage, Ingenieur des Ponts et Chaussees, 54, rue du Faubourg-Saint-
Hoftore, Paris.
Colson, Ingenieur des Ponts et Chaussees, Mailre desRequetes au Conseil d'Elat,
65, rue de Rennes, Paris.
Comstock (C. B.), Colonel of Engineers, Brevet Brigadier General, President
Mississipi River Commission, Representing the War Department of the United
States, Army Building, 39, Whitehall Street, New-York (N.-Y.), Etats-Unis.
Cone. Sachs. Schiffer-Verein, Dresden (Allemagne).
Conrad (J. I W.), Inspecteur General du Materstaat, La Ilaye, Hollande.
M"*= Conrad, La Have, Hollande.
Considere (A.), Ingenieur en chef des Ponts et Chaussees, Quimper (Finistere).
Cordes (D.), President de la Chambre de Commerce d'Amsterdam, Amsterdam,
Hollande.
Core, Marchand de hois et charbons, 242, rue de Bercy, Paris.
Cornaille (G.), Membre-Tresorier de la Chambre de Commerce de Cambrai,
28, Grande-Rue Saint-Martin, Cambrai (Nord).
Cornet, President du Syndicat General de la Boulangerie Francaise, 54, rue
Rochechouart, Paris.
Corthell (E. L.), Civil Engineer, The Temple, Chicago (HI.), Etats-Unis.
Corvol (L.), Entrepreneur de dragage, 5, boulevard Morland, Paris.
Cosmi (J.), Ingenieur des Ponts et Chaussees, 7, rue J.-J.-Rousseau, Nantes
(Loire-Inferieure).
Lxxxvi RENSEIGNEMENTS GENfiRAUX.
Da Gosta Couraga, Ingenieur au service du Ministere des Travaux Publics,
Lisbonue, Portugal.
Da Costa Lima (P.)» Major d'Engenharia, Lisbonue, Portugal.
Cotard (C), Ingenieur Civil, 35, boulevard Haussmann, Paris.
Cottancin (P.), Ingenieur des Arts et Manufactures, 22, rue Chalignv, Paris.
Coulon (M.), President de la Ghambre de Commerce de Cette, Cetle (Herault).
Coureau, Administrateur de la C'« de Navigation du Havre a Paris et Lyon,
Chalon-sur-Saone (Saone-et-Loire).
Sir Courtenay Boyle, K. C. B., Board of Trade, London, Grande-Bretagne.
Couste (J. D.), President de la Chambre de Commerce de Paris, 78, avenue
Marceau, Paris.
M'"^ Coust6, 78, avenue Marceau, Paris.
Couvreur (L.), Membre de la Chambre de Commerce de Paris, President du
Syndicat du Bassiu de la Yillette, 2o7, rue Lafayette, Paris.
Couvreux (A.), Ingenieur Civil, 78, rue d'Anjou, Paris.
Crahay de Franchimont, Ingenieur des Ponts et Chaussees, f. f""* d'Ingenieur
en chef, 17, rue Vital-Carles, Bordeaux (Gironde).
Crasemann (I\.), Kaufmann, 21, Bohnenstrasse, Hamburg, Allemagne.
Cr6py (P.), President de la Societe de Geographic de Lille, Lille (Nord).
Crinon (C), President du Comite Central des Chambres Syndicates, 45, rue de
Turenne, Paris.
Cronier (E.), Administrateur-Delegue de la Raffinerie Say, 123, boulevard de la
Gare, Paris.
Cros (B.), Industriel, Membre de la Chambre de Commerce de Narbonne, Nar-
bonne (4ude).
Crugnola (G.), Ingenieur en chef de la province des Abruzzes, Teramo
(Abruzzes), Italic.
Cucchini (E.), Ingenieur Royal, 84, Borgoleoni, Ferrara, Italie.
Cuvinot, Senateur, Inspecteur General des Ponts et Chaussees en retraite, 15, rue
de Phalsbourg, Paris.
Dane], President du Conseil d'Administration de la Societe des Mines de Lens,
Lille (Nord).
Darblay (P.), Manufacturier, 1, rue du Louvre, Paris.
Darcy, President du Comite Central des Houilleres de France, Chateau de Brim-
boi'ion, Sevres (Seine-et-Oise).
Dardenne, Ingenieur des Ponts et Chaussees, Dunkerque (Nord).
Darley (G. W.) Esq., Engineer-in-Chief Harbours and Rivers Department,
Department of Public "Works, Sydney (Nev\-South Wales), Australie.
Darquer (A.), President de la Chambre de Commerce de Calais, Calais (Pas-de-
Calais).
De Dartein, Ingenieur en chef des Ponts et Chaussees, 189, boulevard St-Ger-
main, Paris.
David, Ingenieur des Ponts et Chaussees, 11, rue Montalivet, Paris.
Davrill6 des Essarts, Membre du Conseil General de la Seine, 30, rue de Naples,
Paris.
De Dax (A.), Agent general de la Societe des Ingenieurs Civils, 10, cite de Rou-
gemont, Paris.
LIS.TE GENERALE DES ADHERENTS. lxxxvii
Dayd6, Ingenieur-Constmcteur, 29, rue de Ghateaudun, Paris.
Debarle, Entrepreneur de travaux publics, 41, rue de I'Ourcq, Paris.
Debauve, Ingenieur en chef des Ponts et Chaussees, Beauvais (Oise).
Debray, Ingenieur des Ponts et Chaussees, 41, avenue Kleber, Paris.
Decauville (P.), Senateur, Petit-Bourg (Seine- et-Oise).
Decoeur (P.), Ingenieur des Ponts et Chaussees, 81, boulevard Richard Lenoir,
Paris.
Dedet (A,), Directeur de I'Exploitation du Canal et des Mines de fer de Wassv,
Pont-Varin pres Wassy (Haute-Marne).
Dehaynin (F.), Tresorier de la Chambre de Commerce de Paris, 244, rue do
Rivoli, Paris.
Dehollain (E.), Membre de la Chambre de Commerce de Paris, 29, rue du Mail,
Paris.
Deking-Dura (A.), Ingenieur en chef, Zwolle (Over-Yssel), HoUande.
Delaunay-Belleville, Membre de la Chambre de Commerce de Paris, Ingenieur-
Constructeur, AOfer, rue de Douai, Paris.
Delebecque (A.), Ingenieur des Ponts et Chaussees, Thonon (Haute-Savoie).
Deligny, Membre du Conseil General de la Seine, 16, rue de Chaillot, Paris.
Delmiche (J.), Ingenieur, Directeur-Gerant des Mines de Drocourt, Ilenin-
Lietard ( Pas-de-Calais).
Deloche (R.), Ingenieur en chef des Ponts et Chaussees, 5, rue Marengo, Saint-
Etienne (Loire).
Delocre, Inspecteur General des Ponts et Chaussees, 1, rue Lavoisier, Paris.
Delombre (P.), Redacteur au Journal Le Temps, 59, rue de Monceau, Paris.
Demouy, Inspecteur General des Ponts et Chaussees, 177, boulevard Pereire,
Paris.
Denizot, Agent commercial de la C''' des Mines de Douchy, 14, rue de Ram-
bouilkt, Paris.
Denys (R.), Ingenieur en chef des Ponts et Chaussees, 5, rue des Corvees, Epinal
(Vosges).
Dennery (Myrtil), Negociant, 64, rue du Faubourg-Sainl-Antoine, Paris.
Derome, Ingenieur en chef des Ponts et Chaussees, 17, rue d'Alger, Compiegne
(Oise).
Deschamps, President du Conseil General de la Seine, 53, boulevard Saint-
Michel, Paris.
Deschamps (J.), Ingenieur Civil, ancien Eleve de I'EcoIe Polytechnique, 12, rue
de risly, Paris,
Deslandres (II.), Ingenieur des Ponts et Chaussees, Pontoise (Seine-et-Oise).
Desprez, Ingenieur des Ponts et Chaussees, Le Havre (Seine-lnferieure).
Deutsch (H.), Industriel, 50, rue de Ghateaudun, Paris.
Deutsch (J.), Ingenieur, Administrationsrath der l'^" K. K. P. Donau-Dampf-
scliifffahrts-Gesellschaft, 2, Lindengasse, Wien VII, Autriche.
Deves (P.), Senateur, President du Conseil d'Adminislration de laSociele anonyme
de la Bourse de Commerce, Bourse de Commerce, rue du Louvre, Paris.
Deviolaine (E.), Membre du Conseil General de I'Aisne, Maitre de Yerrerie,
Vauxrot pres Soissons (Aisne).
Dibos (M.), Ingenieur Civil, Inspecteur technique de la 0" La Fonciere-Trans-
porls, 12, place de la Bourse, Paris.
LXXXVIII
RENSEIGNEMENTS GENfiRAUX.
Didier , Vice-President de la Chambrc Syndicale des Entrepreneurs de Menui-
serie et Parquets, 50, rue Saint-Germain-I'Auxerrois, Paris.
Dieckhoff, Geheimer Baurath, 12, Moltke-Strasse, Potsdam, Allemagne.
Van Diesen (G.), Inspecteur en chef du Waterstaat, 50, Bazarstraat, La Haye,
HoUande.
Dietrich (H.), Advocat, Prenzlau, Allemagne.
Diffene (P.), Geheimer Commerzienrath, President der Handelskammer, Mann-
heim, Allemagne.
Digeon, Ingenieur, Constructeur demodeles et plans en relief, 56, rue de Lancry,
Paris.
Diogene (Abraham), Entrepreneur de Transports par eau, Membre de la Chambre
de Commerce de Nancy, 26 bis, rue Sainte-Catherine, Nancy (Meurthe-et-
Moselle).
Doell, Kairserlicher Baurath, Saarburg-i.-Lothringen, Allemagne.
Von Dcemming, Koniglich Preussischer Elbstrombaudirektor, Begierungs- und
Baurath, 28, Augusta-Strasse, Magdeburg, Allemagne.
Dolgorouky (S.), Etudiant, 8, quai Gagarine, Saiht-Petersbourg, Russie.
Dollot (E.), Ingenieur, 9, rue Yiete, Paris.
Dombre (L.), Ingenieur, Directeur-GeranI de la C«<= des Mines de Douehy, Lour-
ches (Nord).
Donau-Verein in Wien, H, Eschenbachgasse, Wien, Allemagne.
Donnat (L.)' ancien Membre du Conseil Municipal de Paris et du Conseil
General de la Seine, 11, rue Chardin, Paris.
Hon. John C. Dore, Ex-President of the Chicago Board of Trade, Chairman of
the World's Columbian Water Commerce Congress, 149, La Salle Street, Chi-
cago (111.), Etats-Unis.
Dor6mieux, Maitre de Forges, 5, rue Eugene Delacroix, Paris.
Douau (Max), Ingenieur, Directeur des Services de la Chambre de Commerce de
Dunkerque, Dunkerque (Nord).
Dreyfus (S.), Ingenieur des Ponts et Chaussees, Pontoise (Seine-et-Oise).
Dreyfuss (J.), Ingenieur des Ponts et Chaussees, Chalons-sur-Marne (Marne).
Dru (L.), Ingenieur, 60, rue Pierre Charron, Paris.
Dubail (E.), Proprietaire, 26, rue des Champs-Elysees, Paris.
Dubar (P.), Directeur de la Succursale des Anciens Etablissements Cail a Saint-
Denis, boulevard de la Bridie, Epinay (Seine).
Ducherain (E.), President de la Chambre de Commerce de Rouen, 55, place Saint-
Sever, Rouen (Seine-Inferieure).
Ducret (L.), President de la Chambre Syndicale des Industries Diverses, 15, rue
de Bi'uxelles, Paris.
Ducrocq (T.), Ingenieur des Ponts et Chaussees, 29, boulevard Francois I", Le
Havre (Seine-Inferieure).
Dufourny (A.), Ingenieur Principal de !■•« Classe des Ponts et Chaussees,
10 i, rue de la Limite, Bruxelles, Belgique.
M'"'^ Dufourny, 104, rue de la Limite, Bruxelles, Belgique.
Dulau, President du Syndicat des Entrepreneurs de travaux publics de France,
70, boulevard de Courcelles, Paris.
Dumas (P. H.), Ingenieur des Ponts et Chaussees, Romorantin (Loir-et-Cher).
Dumont (D.), Agent general des Mines de Bethune, Bully (Pas-de-Calais).
LISTE GENERiLE DES ADHERENTS. lxxxix
Dumur (A.), Ingenieur des Fonts et Chaussees, Forcalquier (Basses-Alpes) .
Dupin-Varenne, Vice-President de la Chambre Syndicale des Industries Diverses,
7, boulevard Voltaire, Paris.
Dupont , Entrepreneur de Transports par eau, Jiige suppleant au Tribunal de
Commerce de la Seine, 8, quai de Seine, Paris.
Dupont (M.), Ingenieur des Ponts et Chaussees, Rouen (Seine-Inferieure).
Dupuis (L.). President de la Chambre de Commerce de Bourges, Rosieres par
Saint-Florent(Cher).
Durenne (J.), Ingenieur, 4, rue Legendre, Paris.
Durieux (A.), Administrateur de la C'« generale des Chemins de fer Bresiliens,
15, avenue Matignon, Paris.
Busing, Koniglicher ^Vasserbauinspecktor, Rheinstrom-Baudirektion, Coblenz,
Allemagne.
Dusuzeau, Ingenieur des Ponts et Chaussees, Compiegne (Oise).
Dykes, Esq., Manager Rochdale Canal 0>, 75, Dale Street, Manchester, Grande-
Bretagne.
Ecole polytechnique de Delft, Delft, HoUande.
Egan (E.), Ingenieur de I'Administration des Chemins de fer de I'Etat Hongrois,
75, Andrassy sir., Budapest VI, Hongrie.
Egan (W.), Gerant der Rheinischen Transport-Gesellschaft, Frankfurt-a.-M., Alle-
magne.
Eisenhuth (L.), Ingenieur Royal diplome, Karlstadt (Croatie), Hongrie.
Ely (G.H), President of the Central National Bank, Cleveland (Ohio), Etats-
Unis.
Emden (11.), Eigenthumer der Zeitung FinanzHerold, 43, Trutz, Frankfurt-a.-M.,
Allemagne.
Enders (J.), Directeur du Credit Lyonnais, 19, boulevard des Italiens, Paris.
Engels, Professor an der technischen Hochschule, 6"', Burgerwiese, Dresden,
Allemagne.
Equer, Ingenieur des Ponts et Chaussees, Montargis (Loiret).
D' Eras (W. H.), Syndikus der Handelskammer zu Breslau, Breslau, Alle-
magne.
Etard (G.), Publiciste, Redacteur a I'Agence Dalziel, 50, rue Notre-Dame-des-
Victoires, Paris.
Eyriaud-Desvergnes, Inspecteur General des Ponts et Chaussees, 102, boule-
vard Haussraann, Paris.
Faber (E.), Staatsbauassistent, Berchtesgaden (Oberbayern), Allemagne.
S. E. Fad6ieff (P.), Conseiller prive, Directeur des Routes et des Voies navigables
au Ministere des Voies de communication, 2, Ivanowskoia, Saint-Petersbourg,
Russie.
Failliot (A.), President du Syndicat des Papiers en gros, 57, rue Sainle-Croix-
de-la-Bretonnerie, Paris.
Faenner (Gottlieb), K. K. Oberbaurath im K. K. Ministerium des Innern, Vertreter
der Donau-Regulierung-Kommission, 15, Walnerstrasse, Wien I. B., Autriche.
Farago (L.), Conseiller technique au Ministere Royal d'Agriculture, Budapest,
Hongrie.
xc RENSEIGNEMENTS GfiNfiRAUX.
Fargue, Inspecteur General des Fonts et Chaussees, 121, avenue de Wagram,
Paris.
Faure (Felix), Depute, 18, rue de Madrid, Paris.
Fehling (H.), K. K. Osterreich. Ungar. Consul, Liibeck, AUemagne.
Fell (F.), Koniglich Bayerischer Regierungs- und Kreisbaurath, Speyer, AUe-
magne.
Feraud (A), President de la Chambre de Commerce de Marseille, Marseille,
(Bouches-du-Rhone) .
F6rembach (L.), Entrepreneur de Menuiserie et Parquets, 25, rue Saint-Ferdi-
nand, Paris.
Fernez (A.), Industriel, 5, boulevard Morland, Paris.
Fevrier, Ingenieur des Ponts et Chaussees, Gueret (Creuse).
Fewaag, Rechtsanwalt und Stadtverordneter, Magistrat der Stadt Dortmund,
Dortmund, AUemagne.
Finance (R.), Secretaire de La Batellevie Frangaise (Syndicat Professionnel des
Mariniers de France), 14, rue Fran?ois-Miron, Paris.
Flaissiere (R.), Traducteur-Jiire, 14, rue de Castiglione, Paris.
Flamant, Ingenieur en chef des Ponts et Chaussees, 76, avenue de Villiers,
Paris.
Fleischmann (E.), Koniglich Bayerischer Bauamtmann, Aschaffenburg, AUe-
magne.
Fleuret (A.), Ingenieur-Architecle, Administrateur de la C*" Frangaise de
Transports fluviaux et maritimes, 41, avenue de Wagram, Paris.
Fleury (A.), Directeur du Secretariat de la Chambre de Commerce de Paris,
2, place de la Bourse, Paris.
Fleury (J.), Ingenieur Civil, 12, rue du Pre-aux-Clercs, Paris.
Flinsch (H.), Stadtralh, Frankfurt-a.-M., AUemagne.
S. E. Florine (N.), Conseiller d'Etat actuel, Inspecteur des Voies navigables,
Ministere des Yoies de communication, 117, Fontanka, Saint-Petersbourg,
Russie.
Floucaud de Fourcroy, Ingenieur en chef des Ponts et Chaussees, Laval
(Mayenne).
Fontaine (A. J. B.), Ingenieur en chef des Ponts et Chaussees, Dijon (C6te-d'0r).
Fontes (J.), Ingenieur en chef des Ponts et Chaussees, 3, rue Romiguiere, Tou-
louse (Haute-Garonne).
Forestier, Inspecteur General des Ponts et Chaussees, 5, rue de Lille, Paris.
Foucher (G.), Membre de la Chambre de Commerce de Paris, 175, rue du Fau-
bourg-Poissonniere, Paris.
Fould (H.), President du Conseil d'Administration de la Societe anonyme des
Chargeurs Reunis, 11, boulevard des Italiens, Paris.
Fourni6 (Y.), Inspecteur General des Ponts et Chaussees, Inspecteur General des
Travaux Publics des Colonies, 9, rue du Yal-de-Grace, Paris.
De Foville (A.), Professeur d'Economie industrielle et statistique au Conserva-
toire des Arts et Metiers, Chef de la Statistique au Ministere des Finances,
President de la Societe d'Etudes Economiques, 60, rue des Saints-Peres,
Paris.
Franck (C. H. H.), Doctor Juris, Sekretar der Handelskaramer zu Liibeck, Liibeck,
AUemagne.
LISTE GENERALE DES ADHERE>TS. xci
Franken (L.), Banquier a Londres, Amsterdam et Paris, Administrateur de la
Societe anonyme de la Bourse de Commerce de Paris, Bourse de Commerce,
. rue du Louvre, Paris.
Franki (L.), Administrations-Rath der i"^° K. K. P. Donau-Dampfschifffahrts-
Gesellschaft, ^Vien, Autriche.
Fransen van de Putte (L. D.), Membre de la I""*^ Chambre des Etats-Generaux,
La Have, Hollande.
Franzius, Oberbaudirektor der freien Hansestadt Bremen, 21, Werderstrasse,
Bremen, Allemagne.
Frasey (J.), Administrateur de la C'*^ Frangaise de Transports fluviaux et mari-
times, 17, rue Saint-Marc, Paris.
Frese (H.j, Mitglied der Handelskammer zu Bremen, Bremen, Allemagne.
Fresneau, President de la Chambre Syndicate du Commerce des Charbons de
bois, 15-17, boulevard Bourdon, Paris.
Fretigny (F.), Armateur, 17, rue Centrale, lle-Lacroix, Rouen (Seine-Inferieure).
Freund-Deschamps, Industriel, Vieux-Jean-d'Heurs (Meuse).
Frey iL.i, Fabrikant, Guebwiller (Elsass), Allemagne.
Friedrich (A.), Landes-Oberingenieur, Vorstand des Landesmeliorationsamtes
der Markgrafschaft Mahren, Landhaus, Brunn, Autriche.
Frings, Stadtbaurath, 22". Cavalleriestrasse, Diisseldorf, Allemagne.
Froideval, Negociant, 19, boulevard Gambetta, Saint-Quentin (Aisne).
Professor Fuertes, Director, College of Civil Engineering, Cornell University,
Ithaca (N.-.Yj, Etals-Unis.
Fumouze (A.), Membre de la Chambre de Commerce de Paris, 130, rue Lafayette,
Paris.
D"" Fux (H.), Abgeordneter und Biirgermeister, >'eutitschein (Mahren), Autriche.
Galezowski (L.), Ingenieur du Materiel et de la Traction des Chemins de fer de
I'Etat, 40, faubourg Bannier, Orleans (Loiret).
Galland (J.), Inspecteur General des Ponts et Chaussees, 50, rue de Pologne,
Pera, Constantinople, Turquie.
Gallay ( A. ), Sous-Directeur du Comptoir National d'Escompte, li, rueBergere, Paris.
Galliot, Ingenieur des Ponts et Chaussees, Dijon (Cote-d'Or).
Garbe (H.), Geheimer Baurath und Professor, 106, Kurfiirstenstrasse, Berlin,
Allemagne.
M'"'^ Garbe, 106, Kurfurstenstrasse, Berlin, Allemagne.
Gauthiot (C), Membre du Conseil Superieur des Colonies, Secretaire General de
la Societe de Geographic Commerciale de Paris, 5, rue de Savoie, Paris.
Gautier, Proprietaire exploitant de carrieres, Commercy (Meuse).
Gautier, Industriel, 10, rue de Strasbourg, Paris.
Gay, Membre de la Societe d'Economie Politique, 10, rue Las Cases, Paris.
Gebbe, Sekretar des Centralvereins, 28, Birkenstrasse, Berlin N. \V., Allemagne.
Geek (F.), Ingenieur, Geschaftsfiihrer des Ausschusses zu Forderung des Rhein-
Weser-Elb-Kanals, Hannover, Allemagne.
D"" Gensel (\V. J.), Handelskammer-Sekretar zu Leipzig, Neue Borse, Leipzig,
Allemagne.
Gerdau (Berthold), Oberingenieur der Firma Haniel und Lueg, Dusseldorf-
Grafenberg, Allemagne.
xcn RENSEIGNEMEMS GENERAUX.
Gerlach, Koniglicher Regierungs-Baumeister, 21-22, Kurfiirstenstrasse, Berlin
W., Allemagne.
Germelmann, Koniglicher Wasser-Bauinspektor, 77, Yorkstrasse, Berlin, Alle-
magne.
Gerson (G.), Banquier, 5, rue Drouot, Paris.
S. E. de Ghercevanof (M.), Conseiller prive, Directeur de I'lnstitut des Ingenieurs
des Voies de communication, Saint-Petersbourg, Russia,
Gibert, Membre du Conseil General de la Seine, 6, rue de rAlouette, Saint-
Mande (Seine).
Gibert (E.), Membre de la Chambre de Commerce de Paris, 8, quai de la Megis-
serie, Paris.
Gieseler (E. A.), Assistant Engineer, U. S. Engineer Office, Sainte-Augustine
(Fla.), Etats-Unis.
Gillet (A.), Negociant en bois et charbons, 9, rue Saint-Ferdinand, Paris.
Gioia (E.), Ingenieur, 15, piazza Independenza, Rome, Italic.
Girardon (H.), Ingenieur en chef des Ponts et Chaussees, 5, quai des Brotteaux,
Lyon (Rhone).
Giraud (P.), Agent de proprietes, Gaston avenue, Dallas (Texas), Etats-Unis.
Girouard (C), Vice-President de la Chambre Syndicale des Marchands de Char-
bons de terre en gros et demi-gros, 128, quai Jemmapes, Paris.
Gliickher, Baurath, Strassburg-i.-E., Allemagne.
Gobert (A.), President de la Commission d'Organisation du l*^"" Congres Interna-
tional de Navigation Interieure, 222, Chaussee de Charleroi, Bruxelles, Bel-
gique.
Godard (L.), Ingenieur des Ponts et Chaussees, Honfleur (Calvados).
Godot, Ingenieur en chef des Ponts et Chaussees, 123, rue du Faubourg-Poisson-
niere, Paris.
Goedkoop (P.), Directeur de la Societe anonyme Werf Conrad, Haarlem, Hol-
lande.
Ritter von Goldschmidt, K. K. Baurath und autorisirter Civil Ingenieur,
7, Niebelungengasse, Wien I, Autriche.
Gonin (L.), Ingenieur, President honoraire de la Societe Vaudoise des Ingenieurs
et des Architectes, 4, avenue Belles-Roches, Lausanne, Suisse.
Goetz (P.), Regierungs-Baumeister, Neuschleussig-Leipzig, Allemagne.
Goetz-Rigaud (A.), Mitglied der Handelskammer zu Frankfurt-a.-M., 70, Mainzer-
landstrasse, Frankfurt-a.-M., Allemagne.
Gottschalk (A.), ancien President de la Societe des Ingenieurs Civils, Membre
du Comite Consultatif des Chemins de fer, 15, rue Auber, Paris.
Gouton, Ingenieur en chef des Ponts et Chaussees, Cherbourg (Manche).
'Grandin (M.), Negociant en grains, 10, rue Fremicourt, Paris.
Greve (J.), Koniglicher Regierungs-Baumeister, 65, Beseler-Allee, Kiel I, Alle-
magne.
jime Greve, 65, Beseler-Allee, Kiel I, Allemagne.
Grosdidier (R.), Secretaire de la Chambre de Commerce de la Meuse, Commercy
(Meuse).
Gruner (E.), Secretaire du Comite Central des Houilleres de France, Secretaire
de la Societe des Ingenieurs Civils, 6, rue Ferou, Paris.
Gruner (H.), Ingenieur Civil, Bale, Suisse.
LISTE GENERALE DES ADHERENTS. xcm
Gruner (T.), Prases der Handelskammer zu Bremen, Haus Schiitting, Bremen,
Allemagne.
Gruson, Ingenieur en chef des Fonts et Chaussees, Lille (Nord).
Von Guaita (M.), Vice-Prasident der Handelskammer zu Frankfurt-a.-M.,
21, SchJifergasse, Frankfurt-a.-M., AUemagne.
Guary (H.), Directeur General de la C- des Mines d'Anzin, Anzin (Nord).
Gude (A. v.), President of Engineering Association of the South, Atlanta (Geor-
gia), Etats-Unis. .
Guerard (A.), Ingenieur en chef des Ponts et Chaussees, 16, rue Moustier, Mar-
seille (Bouches-du-Bhone).
Guerin, Marchand de Bois a hruler, 13, rue Desrenaudes, Paris.
Guerlain (A.), President du Syndicat de la Parfumerie, 15, rue de la Paix,
por»i o
Guiard {G.\ Ingenieur en chef des Ponts et Chaussees, Bouen (Seine-Inferieure).
Guillain, Conseiller d'Etat, Directeur des Boutes, de la Navigation et des Mines
au Ministere des Travaux Publics, Ministere des Travaux Publics, Pans.
GuiUemain, Inspecteur general des Ponts et Chaussees, Directeur de 1 Ecole
Nationale des Ponts et Chaussees, 28, rue des Saints-Peres, Pans.
Guillemin (P.). Inspecteur general de la Navigation et des Ports du Departe-
tement de la Seine, Pavilion du Port, quai de la Tournelle, Pans.
Guillon. Ingenieur en chef des Ponts et Chaussees, Orleans (Loiret).
Guillotin (A. L. J.), ancien President du Tribunal de Commerce de la Seme,
77-79, rue Lourmel, Paris.
Guinet (J.), Bepresentant de marine, Montereau (Seine-et-Marne).
Guinet (J M.), Bepresentant de marine, Montereau (Seine-et-Marne).
D^ Gutschow, Sekretarder Handelskammer zu Hamburg, Hamburg, AUemagne.
Guy (L.), Vice-President de FAlliance Syndicale, President honoraire de la
Chambre Svndicale des DistiUateurs en gros, 29, quai de Yalmy, Pans.
Guyot (Yves)," Depute, ancien Ministre des Travaux PubUcs, 95, rue de Seine,
Paris.
Haas (J.), Membre de la Chambre de Commerce de Paris, 71, rue du Temple,
Paris. ., u ,
Habets (A.), Professeur a I'Universite de Liege, 4, rue Paul Devaux, Liege, Bel-
gique. ^ in-
Hachette (G.), Editeur, ancien Membre de la Chambre de Commerce de I aris,
195, boulevard Saint-Germain, Paris. ^
Professor Hagen (L.), Koniglich Preussischer Geheimer Oberbaurath, o4, Gen-
thinerstrasse, Berlin, AUemagne.
M'"« Hagen, 54, Genthinerstrasse, Berlin, AUemagne.
Haguet (H.), Publiciste, 29, rue de Londres, Paris.
Hallopeau, Professeur a I'Ecole Centrale, 24, rue de Lyon, Pans.
Harle, ancien Ingenieur des Ponts et Chaussees, 12, rue Pierre-Charron, Pans.
Harttung (M.) Direcktor der Schleppschifffahrt a. d. Neckar, Heilbronn (^^ur-
temberg), AUemagne.
Aldermann Sir John J. Harwood, Chairman of tbe AVater Committee of the
Manchester Corporation, Chairman of the Executive Committee of the Man-
chester Ship Canal C^ Jown Hall, Manchester, Grande-Bretagne.
xciv RENSEIGNEJIENTS GENERAUX.
Van Hasselt (J.), Ingenieur de la Societe des Eaux, 20", Wiesperzyde, Amster-
dam, Hollande.
Hatscheck (II.), Doctor Juris, Syndikus der Kaufmannscliaft, Borse, Magdeburg,
Allemagne.
Van Hattum, President du Loqmeer-Polder, Sliedrecht, Hollande.
I)'' Hansen (G.), Oberlandesgerichtsrath, Hamburg, Allemagne.
Heese (J), Commerzienrath, 5, Hitzigstrasse, Berlin W., Allemagne.
Heitmann (J. A.), Capitain a. D., 34, Rochstrasse, Liibeck, Allemagne.
Helbing, Wandsbeck, Allemagne.
De Hemptinne (L.), Membre de laChambre des Representants, 17, rue aux Draps,
Gand, Belgique.
Henry, Ingenieur des Fonts et Chaussees, Sedan (Ardennes).
Hensch, Koniglich Preussischer Wasser-Bauinspektor, 72, Schifferstrasse,
Frankfurt-a.-M , Allemagne.
Hermann (W.), Directeur des Chantiers de construction de Bateaux Danubms,
Neupest-Budapest, Hongrie.
Herpin (C.), ancien Directeur de la Societe Generale, 58, avenue de I'Alma, Paris.
Herrenschmidt (A.), President der Handelskammer zu Strassburg, Strassburg,
Allemagne.
Hersent (G.), Ingenieur, 60, rue deLondres, Paris.
Hersent (H.), Ingenieur Civil, 00, rue de Londres, Paris.
Hersent (J. B.), Ingenieur des Arts et Manufactures, 60, rue de Londres, Paris.
Hervouet (F.), Ingenieur de la C'" du Canal de la Sambre a I'Oise, Etreux
(Aisne).
Hess (A.). Koniglicher Bauratb a. D., 46, gr. BarHngstrasse, Hannover, Alle-
magne.
Heurtault, Ingenieur des Ponts et Chaussees, Melun (Seine-et-Marne).
Heuzer (R.), Stadtverordneter, 8, Neumarkt, KoIn-a.-R., Allemagne.
Heyden (C), Doctor Juris, Syndicus der Handelskammer fiir den Kreis Essen,
154, Lindengut, Essen-a.-R., Allemagne.
Heyden (E.). Gerichts-Assessor, 154, Lindengut, Essen-a.-R., Allemagne.
M"" Heyden (A.), 154, Lindengut, Essen-a.-R., Allemagne.
Freiherr Heyl von Hermsheim, Worms, Allemagne.
Heym (P. 0.), Ingenieur, technischer Beirath fiir die Stadt Dortmund, Magistrat
der Stadt Dortmund, Dortmund, Allemagne.
Hielard (L.), Vice-President de la Chambre de Commerce de Paris, 6, cite Va-
neau, Paris.
Hirsch (J.), Ingenieur en chef des Ponts et Chaussees, 1, rue Castiglione, Paris.
Hirschberg (L.), Handelskammer-Sekretar zuBromberg, Yorsitzender des Vereins
deutscher Holz- und Flosserei-Interessenten, 12, Wilhelmstrasse, Bromberg,
Allemagne.
M"''' de Hittnern (L.), Agram (Croatie), Hongrie.
Holtz, Inspecteur General des Ponts et Chaussees, 24, rue de Milan, Paris.
Hceniger (K.), Betriebs-Direktor der Siiddeulschen-Donau-Dampfschifffahrts-
Gesellschaft, 8, Maxiniilianstrasse, Wien I, Autriche.
Professor Honsell (M.), Grossherzoglich Badischer Baudirektor, 40, Leopold-
strasse, Karlsruhe, Allemagne.
Hoogenboom (B.), Ingenieur en chef du Waterstaat, Bois-le-Duc, Hollande.
LISTE GENERALE DES ADHERENTS. xcv
De Hoerschelmann (E. F.), lugenieur, Chef de Bureau au Ministere des Yoies
de communication, 117, Fontanka, Saint-Petersbourg, Russia.
Hoeselmayer (J.), Ingenieur und Abtheilungsvorstand der Ost. .\ordwest-Dampf-
schifffahrts-Gesellschaft zu Wien, 52, Friedrichstrasse, Dresden, Allemagne.
Howaldt (G.), Ingenieur, Kiel, Allemagne.
Hubou (E.), Ingenieur Civil des Mines, 28, allee Victor-Hugo, Le Raincy (Seine-
et-Oise).
Hugghens Blackith, Publiciste, 194, rue de Rivoli, Paris.
Hulot (L.), President du Syndicat des Teinturiers en sole, 23, quai National,
Puteaux (Seine).
Humblot, Inspecteur General des Ponts et Chaussees, 4, avenue Victoria, Paris.
Hunter (II.) Esq., M. I. C. E., 41, Springs Gardens, Manchester, Grande-Brelagne.
Huot (J.), Membre de la Chambre de Commerce de Paris, 10, rue des Jeii-
neurs, Paris.
Hutton(W. R.), Chief Engineer Hudson Tunnel, 00, Broadway, XeM-York,Etats-Unis.
De larintzef (F.), Directeur, Inspecteur des Travaux Hydrauliques de la Marine
Iniperiale Russe, Ministere de la Marine, Saint-Petersbourg, Russie.
lelski, Ingenieur des Voies de communicalion, Berdiansk, Russie.
Imbeaux (E.), Ingenieur des Ponts et Chaussees, 17, rue Stanislas, Nancy
(Meurthe-et-Moselle) .
Imroth, Grossherzoglich Hessischer Oberbauralh, Darmstadt, Allemagne.
Ivanoff (P. D.), Ingenieur des Voies de communication, Gare du Chemin de fer
Baltique, Saint-Petersbourg, Russie.
Jackson (G.), Esq., Solicitor, Lower Gates, Rochdale, Grande-Bretagne.
Jacobi, Director der Gutehoffnungshulte, Sterkrade-bei-Oberhausen (Rheinland),
Allemagne.
Jacotin, Secretaire de la Chambre Syndicate de la Stearinerie et de la Savonnerie,
rue des Peupliers, Billancourt (Seine).
Jacquelin, Transporteur par eau, 50, avenue du Trocadero, Paris.
Jallon, Membre du Conseil General de la Seine, Bourg-la-Reine (Seine).
Jarlauld (F.), Membre de la Chambre de Commerce de Paris, 56, quai de la
Rapee, Paris.
Jattefaux (E.), Prote de I'lmprimerie Generale Lahure, 9, rue de Fleurus, Paris.
Javary, Ingenieur des Ponts et Chaussees, 1, rue du Cardinal Lemoine, Paris.
Joly, Ingenieur en chef des Ponts et Chaussees, Dunkerque (Nord).
De Joly (G.), Ingenieur des Ponts et Chaussees, Saint-Nazaire (Loire-Inferieure).
De Jongh (G. I.), Ingenieur en chef, Directeur des travaux de la Ville de Rot-
terdam, Hollande.
Jordan (Samson), ancien President de la Societe des Ingenieurs Civils de France,
5, rue Viete, Paris.
Jorre (J. B.), Entrepreneur de travaux publics, Rangiport par Gargenville
(Seine-et-Oise).
Josle (P.), Administrateur de la C'^ Franf^aise de Transports fluviaux ct mari-
times, Enghien-les-Bains (Seine-et-Oise).
Josseau (F. J. B.), Avocat^ ancien Depute, ancien President de la Societe Natio-
nale d'AgricuIture de France, 7, rue de Surene, Paris.
xcvi RENSEIGNEMENTS GENERAUX.
Jossierpere, Administrateur-Delegue de la C''= de Navigation du Havre a Paris et
Lyon, 28, boulevard de la Contrescarpe, Paris.
Jossier (Albert), Directeur de la C'*" de Navigation du Havre a Paris et Lyon,
5, rue de Paris, Lyon (Rhone).
Jossier (.Vuguste), Directeur de la C'* de Navigation du Havre a Paris et Lyon,
Auxerre (Yonne).
Jossier (Lucien), Directeur de la C'^ de Navigation du Havre a Paris et Lyon,
28, boulevard de la Contrescarpe, Paris.
Joulie, Vice-President de la Chambre Syndicale de la Grande Industrie Chimique,
191, rue du Faubourg-Saint-Denis, Paris.
Jozan, Ingenieur des Ponts et Chaussees, 20, rue des Pyramides, Paris.
Jozon (M.), Ingenieur en chef des Ponts et Chaussees, Macon (Saone-et-Loire).
Jullien, Ingenieur en chef des Ponts et Chaussees, 6, cours Jourdan, Limoges,
(Haute-Vienne).
Jullien (C), Ingenieur des Ponts et Chaussees, Calais (Pas-de-Calais).
Juncker (A.), Ingenieur en chef des Ponts et Chaussees, 20, rue Euler, Paris.
Kaftan (J.), b. a. Givilingenieur, Reichsraths-Abgeordeneter, 5, Ferdinand-
Strasse, Prag (Bohmen), Autriche.
Kampffmeyer (T.), Ingenieur, 20, Friedrichstrasse, Berlin S. W., Allemagne.
Kanalverein fur Niedersachsen, Hannover-Linden, Allemagne.
Kantel, Koniglicher Regierungs-Assessor, 13, Herrengartenstrasse, Wiesbaden,
Allemagne.
Kastor (E.), Negociant-Commissionnaire, 1, rue du Mail, Paris.
Kastor (L.), Negociant-Commissionnaire, 1, rue du Mail, Paris.
Kaumann, Sladt-Baurath, 59", Kaiser- Wilhelmslrasse, Breslau, Allemagne.
Keeling (G. W.) Esq., M. I. C. E., 10, Lansdown Terrace, Cheltenham, Grande-
Bretagne.
Kermina (M.), Entrepreneur de travaux publics, Membre du Syndicat des Entre-
preneurs de travaux publics de France, 55, boulevard liaussraann, Paris.
Kessler, Direktor der Mannheimer DampfschleppschifTfahrts-Gesellschaft,
Miihlau-Mannheim, Allemagne.
Kievitz (D. W.), Haarlem, Hollande.
Ritter von Kink (A.), Ingenieur und Fabrikbesitzer, 3, Niebelungengasse, Wien I,
Autriche.
Graf Kinsky (Christian), GeheimerRath, Landmarchall und Prasidentder nieder-
osterreichischen Landtags, 15, Herrengart., Wien I, Autriche.
Klausmann (A.), Ingenieur, 50, Grafenbergerstrasse, Diisseldorf, Allemagne.
Klunsiger (P.), Ingenieur, 5,l{athhausstrasse, Wien 1, Autriche.
Knecht (H.), Direktor der Mannheimer Lagerhaus-GeseHschaft, Mannheim,
Allemagne.
Knowles (E. R.), Esq., District Canal Manager, Groevenor Road, Chester, Grande-
Bretagne.
Kolb (J.), Administrateur-Delegue des Etablissements Kulmann, Lille (Nord).
Kolb-Bernard (G.), Directeur-Gerant des Mines de Courrieres, Billy-Montigny
(Pas-de-Calais).
Koloman de Kenessey, Inspecteur superieur de I'lnspection Generate Boyale
Hongroise des Chemins de fer et de la Navigation, Budapest, Hongrie.
LISTE GEXKRALE DES ADHERENTS. xcvii
Koenigs (C), President der Handelskammer zu Crefeld, Grefeld, Allemas^ne.
Kortchinsky, Ingenieur des Voies de communication, Direction des travaux du
port, Taganrog, Russie.
Kortz (P.), Ingenieur der Stadt Wien, Redacteur der Zeitschrift des Ost. big. imd
Arch. Vereines, Rathhaus, AVien I, Autriche.
De Kostienietzky, Ingenieur en chef des^Eaux et Chaussees, Yarsovie, Russie.
De Kounitsky (S.), Professeur-adjoint a I'lnstitut des Ingenieurs des Voies de
communication, Ligowkam. II, log. 3, Saint-Petersbourg, Russie.
De Kovacs S6besteny (Aladar), Ingenieur en chef du Ministere Royal d'Agricul-
ture, Temesvar, Hongrie.
Kowalski (C), Ingenieur a la C'' des Chemins de fer de Paris a Lyon et a la Me-
diterranee, 11, rue Allard, Sainl-Mandc (Seine).
Kraft de la Saulx, Ingenieur en chef de la Societe Cockerill, Seraing, Relgique.
Kurs,GeneralsekretardesCentralvereins,14',Kessel-Strasse,ReclinNX.,Allemagne.
Eurz, Bauamtsassessor, Aschaffenburg, Allemagne.
De Kwitzinsky (L.), Ingenieur des Voies de communication, 5, rue Eriwanska,
Yarsovie, Russie.
Labbaye, Ingenieur des Ponts et Chaussees, CharoUes (Saone-et-Loire).
LaBderich, Inspecteur de la Navigation et des Ports du Departement de la Seine,
Pavilion du Port, quai de la Tournolle, Paris.
Laeisz (C.F.), MifgliedderHandelskammerzuHamburg, 14, Neueburg, Hamburg,
Allemagne.
Laffont, Membre du Conseil General de la Seine, rue Saint-Ililaire, La-Varenne-
Saint-Hilaire (Seine).
Lagout (R.), Ingenieur.en chef des Ponts et Chaussees, Chalons-sur-Marne (Marne).
Lahaye (C), Ingenieur en chef, Directeur des Ponts et Chaussees, 54, rue de
Pascale, Bi'uxelles, Relgique.
Lahure (A.), Imprimeur-Editeur, 9, rue de Fleurus, Paris.
Lain6 (C), Xegociant, 3, rue Meyerbeer, Paris.
Lainey, Membre de la Cliambre de Commerce de Paris, 6, lue du Louvre, Paris.
Lair, Administrateur- Directeur de la C''^ des Entrepots et Magasins Generaux de
Paris, II, rue Croix-des-Petits-Champs, Paris.
De Lalande (II.), Docteur en droit, 116, boulevard Saint-Germain, Paris.
D' Lamouroux(A.), Conseiller Municipal de Paris, 150, rue de Rivoli, Paris.
Lanier (D.), President du Syndicat General a la Bourse de Commerce de Paris,
6, rue de Marengo, Paris.
La Riviere, Ingenieur en chef des Ponts et Chaussees, Rar-le-Duc (Meuse).
Laroche, Inspecteur General des Ponts et Chaussees, 110, avenue de Wagram,
Paris.
Lartigue (.M.), Publiciste, 29, rue de Londres, Paris.
Lartigue (R.), PubHciste, 29, rue de Londres, Paris.
Larue, Directeur de la C'<^ Lyonnaise de Navigation, 11, quai Rambaud, Lyon,
(Rhone).
Lasmolles, Directeur de la C'"" du Touage de la Haute-Seine, 54, quai Henri lY,
Paris.
Latham, President de la Charnbre de Commerce du Havre, Le Havre (Seine-
Inferieure).
xcvm REiNSEIGNEMElMS GENER.\11X.
Lauda (E.), Obor-Ingenieur im K. K. Ministeriiim des Inneni, T), Holier Markt,
"Wien I, Autriche.
Laurent, Adininistraleur de la Societe de Navigation sur les Canaux du Centre,
144, rue de Rivoli, Paris.
Colonel Laussedat, Directeur du Conservatoire National des Arts et Metiers, Con-
servatoire des Arts et Metiers, Paris.
Leblanc (E.), Inspeeteur General des Ponis et Chaussees, 65, rue des Vignes,
Paris.
Le Brun (R. L.), Ingenieur, 4, rue de Copenhague, Paris.
Lechalas (G. M.j, Ingenieur en chef des Ponts et Chaussees, ] 5, quai de la Bourse,
Rouen (Seine-Inferieure).
Le Chatelier (L.), Ingenieur des Ponts et Chaussees, 95, rue de Rennes, Paris.
Leclerc (A.), President de la Communaute des Marchands de Bois k oeuvrcr, 39
et 42, avenue de Versailles, Paris.
Leclerc (J. A.), Negociant, 4, rue Say, Paris.
Leclere, President de la Chambre Syndicale des Entrepreneurs de Serrurerie et
de Consiructions en fer, 57. avenue de Saxe, Paris.
Lecoeur, Marchand de bois a bruler, 8 boulevard de la Contrescarpe, Paris.
Le Cornec, Ingenieur des Ponts et Chaussees, Toulouse (Haute-Garonne).
Leduc (L.), Vice-President de I'Association Syndicale des Marches de Ble, Seigle
et Avoine de Paris, \, rue Baillif, Paris.
Lefebvre (P.), Commissionnaire de transports, 25, quai d'Anjou, Paris.
Lefebvre (U.), Vice-President du Syndicat de la Marine, 26, rue Geoffroy-l'Asnier,
Paris.
Lefort (L.), Ingenieur des Ponts et Chaussees, Soissons (Aisne).
Lefoullon, Membre du Conseil General de la Seine, 4, rue Chabanais, Paris.
Le Gavrian (P.), Ingenieur, Depute, Vice-President de la Chambre de Commerce
de Lille, 282, boulevard Saint-Germain, Paris.
Legrand (C), Ingenieur-Conseil, 47, rue des Palais, Bruxelles, Belgique.
Lehucher (G.), Negociant, 50, rue du Temple, Paris.
Lemoine, Ingenieur en chef des Ponts et Chaussees, 76, rue d'Assas, Paris.
Lemoine (H.), Membre de la Chambre de Commerce de Paris, 17, rue des Tour-
nelles, Paris.
Leneru, Transporteur par eau, 2, quai Henri IV, Paris.
Leneru (L.), President de la Chambre Syndicale des Transports fluviaux,2, quai
Henri IV, Paris.
Lenoel, President de la Chambre Syndicale de la Stearinerie et de la Savonnerie,
157, rue du Faubourg-Saint-Denis, Paris.
Lenoir (A.), Ingenieur Civil, ancien Chef du Bureau technique de la C'« du Canal
de Suez, Ingenieur-Conseil de la Societe du Canal de Corinthe, 22, rue
Albert Joly, Versailles (Seine-et-Oise).
Lentheric, Ingenieur en chef des Ponts et Chaussees, Nimes (Gard).
Leonard, Negociant en bois el charbons, 44, avenue de Breteuil, Paris.
Lerouge (A.), Negociant, 115, quai de la Care, Paris.
Lerouge pere, Negociant, 115-115, quai de la Gare, Paris.
Le Roux, Directeur des Affaires Deparlementales a la Prefecture de la Seine,
4, rue Cambaceres, Paris.
Leroy (H.), Rouen (Seine-Inferieure).
LISTE GE.XERALE DES ADHEREMS. xcis
Leroy (L.), Rouen (Seine-Inferieure).
Lesieur, Industriel, 29, rue de Londres, Paris.
De Lespinats, Adminislraleur-Delegue de la Societe Metalkirgique de Cliampi-
gneulles et Neuves-Maisons, Neuves-Maisons par Pont-Sainl-Vincent (Meurthe-
et-Moselle).
Lestelle, Ingenieur en chef des Fonts et Chaussees, 15, rue Bouchardon, Chaii-r
mont (Haute-Marne).
Lesueur (G.), Senateur, Administrateur-Delegue de la Societe anonyme de la
Bourse de Commerce, Bourse de Commerce, rue du Louvre. Paris.
Letellier (M.), Fabricant de platre, 123, quai Valmy, Paris.
Lethier, Ingenieur en chef des Ponts et Chaussees, 26, rue Bourneil, Auxerre
(Yonne).
Letrange (L.), President de la Chambre Syndicale des Metaux. 1, rue des Hau-
driettes, Paris.
L6veque, Membre du Conseil General de la Seine, 69, rue du Liegat, Ivry (Seine).
Levy (Maurice), Ingenieur en chef des Ponts et Chaussees, Membre de I'lnstitut,
Professeur au College de France, 258, boulevard Saint-Germain, Paris.
L6vy (P.), Ingenieur Civil, Sous-Chef du Service technique de la Direction de
FHydraulique Agricole au Ministere de I'Agriculture, 62, rue de Provence,
Paris.
Libberts (Otto), General-Direktor der Osterr. Xord-West-DampfschilTfahrts-
Gesellschaft zu M'ien, 29, Leipziger-Strasse, Dresden N., AUemagne.
Lichtenberg, Biirgermeister, Vorsitzender des Kanalvereins fiir Xiedersachsen,
Hannover-Linden , A Uemagne .
Liebaut, Ingenieur, Membre du Comite Consultatif des Arts et Manufactures, 72,
avenue Marceau, Paris.
Limasset, Ingenieur des Ponts et Chaussees, Chalons-sur-Marne (Marne).
Limousin, Publiciste, 44, rue Beaunier, Paris.
Lindley (H.), M. I. C. E., F. G. S.. Stadt-Baurath, 29, Blittersdorfs-Platz,
Frankfurt-a.-M.. AUemagne.
De Llaurado, Ingenieur en chef du District forestier, 6, Calle del Marques de la
Ensenada, Madrid, Espagne.
Lochner, Ingenieur, Sterkrade (Rheinland), AUemagne.
Loidl (F.), Capitain der Donau-Dampfschifffahrts-Gesellschatt, Elvensee (Ober-
osterreich), Autriche.
Lcenartz, Geheimer Baurath, Oppern (Preussisch. Schlesien), AUemagne.
Loreau, Depute, 10, rue d'Anjou, Paris.
Lotter (G.), Regierungsassessor, 4, Exerzierplatz, Wiirzburg (Bayern), AUemagne.
Lourdelet (E.), Membre de la Chambre de Commerce de Paris, 69, boulevard
Magenta. Paris.
Lueg, Firma Haniel und Lueg, Diisseldorf, AUemagne.
Chevalier Luiggi (L.), Ingenieur du Genie Civil, Secretaire de S. E. le Ministre
des Travaux Publics, Rome, Italie.
Lycklama a Nijeholt, Bourgmestre, 12, Rivierstraat, Rotterdam, Hollande.
Lyon (Max), Ingenieur Civil, Delegue du Gouvernement federal Suisse. 6i, rue
Basse-du-Rempart, Paris.
Lyonnet (G.), President du Syndicat Commercial et Industriel, 31, rue du Bas-
d' Argent, Lyon (Rhone).
c RENSEIGNEMENTS GENER\l]X.
Maciet, Pivsidont do la Chambre Syiidicale des Maitres de Bateaux-Lavoirs de
Paris et de la Banlieue, BaJeau-Lavoir dii Pont-Neuf, Paris.
Maes (G.), Membre de la Chambre de Commerce de Paris, 15, rue dii Reservoir,
Clichy (Seine).
Maganzini (I.), Ingenieur en chef Royal, 48, Coiirs Victor-Emmanuele, Ferrara,
Italie.
Magnard, Ingenieur, President de la Chambre de Commerce de Nevers, Voiteur
(Jura).
Magnin, Senateui-, Couveineur de la Banque de France, Banque de France,
Paris.
Mahan (F. A.), Captain Engineers U. S. Army, Oflice of the Light House Board,
Washington (D. C), Etats-Unis.
Mailliet (T. V.), Ingenieur en chef, Directeur des Ponts et Chaussees, 221, rue
de la Victoire, Bruxelles, Belgique.
Malenfant (B.), Ingenieur des Ponts et Chaussees, 2i, boulevard Cambetta,
Narbonne (Aude).
Malfilatre (L.), Conseiller General de la Seine-lnferieure, Yillequier par Cau-
debec-en-Caux (Seine-lnferieure).
Mallat, Ingenieur des Ponts et Chaussees, Lorient (Morbihan).
Mallery (J. C), Major of Engineers U. S. Army, U. S. Engineer Office, Sainte-
Augustine (Fla.), Etats-Unis.
Mallet, Sous-Directeur de la C''' La Fonciere-T ransports, J 2, place de la Bourse,
Paris.
Mallez, Ingenieur en chef des Ponts et Chaussees, 4, place de la Prefecture,
xVrras (Pas-de-Calais) .
Mancel, Ingenieur en chef des Ponts et Chaussees, 18, quai Saint-Jean, Blois
(liOir-et-Cher).
Mange, Inspecteur de la C'^' du Chemin de fer d'Orleans, 8, rue de Londres,
Paris.
Mange (F.), Ingenieur, 41, boulevard Magenta, Pai-is.
D'' Hugo, Ritter von Manner, Landesausschuss-Beisilzer, Landhaus, Brunn,
Autriche.
Manning (R.) Esq., M. 1. C. E., 4, Upper Ely Place, Dublin (Ireland), Grande-
Bretagne.
Mantin (C), Administrateurde la C''^ du Touage de la Haute-Seine, 46, rue Notre-
Dame-des-Victoires, Paris.
Marcuard (J.), Banquier, 62, avenue Marceau, Paris.
Manage, Fabricant, Thiant (Nord).
Marion, Ingenieur en chef des Ponts et Chaussees, Aurillac (Cantal).
D' Marmottan (H.^, Depute, President du Conseil d'Administration des Mines
de Bruay, 31, rue Desbordes-Yalmore, Paris.
Marquet (A.), Directeur des Usines de Dombasle (Sociele Solway et C'«), Dom-
basle-sur-Meurlhe (Meurlhe-et-Moselle) .
Marshall Stevens, Manager of the Manchester Ship Canal C°, 41 , Spring Gardens,
Manchester, Grande-Bretagne.
Martin ^M.), Ingenieur des Ponts et Chaussees, Macon (Saone-et-Loire).
Martineau (G.), Agent adminislralif du Canal de jonction de la Sambre a I'Oise,
22, rue Drouol. Paris.
LISTE GK.NEKALE DES ADHEliEMS. ci
Marx (E.), Stadlbauratli, Magistral der Stadt Dortmund, Dortmund, Allemagne.
De Mas, Ingenieur en chef des Fonts et Cliaussees, 3, rue Dufrenoy, Paris.
Massalski (J.), Ingenieur maritime, 53, boulevard de Strasbourg, Paris.
Masson (G.), Membre de la Chambre de Commerce de Paris, 120, boulevard
Saint-Germain, Paris.
Mathon (H.\ President de la Chambre de Commerce de Roubaix, Roubaix (Nord).
Matthyssens (H.), Ingenieur Civil, 14, rue Chateaubriand, Paris.
Maurin (C), Membre de la Chambre de Commerce de Chalon-sur-Saone, Chef du
Service de navigation des Mines de Blanzy, Chalon-sur-Saone (Saone-et-Loire).
Maury (A.), Ingenieur Civil, President de la Chambre de Commerce francaise de
Portugal, 8, rua da Creche, Lisbonne, Portugal.
May (Martin). Stadtverordneter, 27, Darmstadter-Lond-Strasse, Frankfurt-a.-M.,
Allemagne.
Mayoussier, Directeur commercial des Produils Chimiques de Saint-Gobain, 9.
rue Sainte-Cecile, Paris.
Mazoyer (M.), Ingenieur en chef des Ponts et Chaussees, Nevers (Nievre).
Mazuc, Inspecteur General des Finances d'Egypte, Le Caire, Egypte.
Mees (R. P.), Membre dela I^ Chambre des Elats-Generaux, Rotterdam, HoUande.
Melchers (P.), Direklor der Act. Ges. fiir Handel und SchiftTahrt H. A. Disch,
Vice-Consul der Ver. Staaten von Nord-Amcrika, Mainz, Allemagne.
M""^ Melchers, Mainz, Allemagne.
Menche de Loisne, Inspecteur General des Ponts et Chaussees, 89, rue de Cre-
nelle, Paris.
Mendes Guerreiro (J. Y.), Ingenieur de l'^'' Classe, 14, Calcada do Sacramento,
Lisbonne, Portugal.
Mengin-Lecreulx, Inspecteur General des Ponts et Chaussees, 14, boulevard
Raspail, Paris.
M6nier (G.), Industriel, 56, rue de Chateaudun. Paris.
Menier (H.), Industriel, 56, rue de Chateaudun. Paris.
M6nier (P.), Industriel, 56, rue de Chateaudun, Paris.
Mensch, Grossherzoglich Mecklenburg-Sclnverinscher Oberbaudirektor, Mecklen-
burg-Schwerin, Allemagne.
Mercier, Depute, Membre de la Chambre de Conuuerce de Gray et de la Haute-
Saone, 32, rue de I'Universite, Paris.
Merkens (F.), Vorsitzender des Westdeutschen Fluss- und Kanal-Vereins, 22, am
Hof, Kuln-a.-Rh., Allemagne.
Metz (A.), Secretaire de I'lnion Ceramique et Chaufourniere de France, 12,
rue de Strasbourg, Paris.
Meunier iP.), Ingenieur des Ponts et Chaussees, 8, rue de la Porte Saint-Jean,
Bordeaux (Gironde).
De Mey (P.), Ingenieur Principal des Ponts et Chaussees, Ostende, Celgique.
Meyer (A. P.), Civil Ingenieur, 1', Reichenbachstrasse, Dresden, Allemagne.
Meyer (F. W.), Miihlenbesitzcr, Hameln-a.-Weser. Allemagne.
Meyer (J.), Civil Engineer. B. 16, Exchange Buildings, Liverpool, Grando-
Bretagne.
Meyer (J. L.), SchilTbaumeisler und Fabrikant, Papenburg-a.-Ems (Hannover),
Allemagne.
Michelin-Vernier, Negociant, 8, rue de Bellefond, Paris.
cit RENSEIGNEMEiMS GENERALiX.
Michels (G.), Gominerzienrath, Handelskamiiier-Prasidenl zu Koln, Koln-a.-Rh.,
AllemagTie.
De Miniac (A.), Ingenleur en chef des Fonts el Chaussees, Bayonne (Basses-
Pyrenees).
Minthe (F.), Ingenieur, Mainz, AUeniagne.
Mironesco (C. M.), Inspecteur General des Fonts et Ghaussees, Menibre dii Gon-
seil des Travaux Publics, Professeur a I'Ecole des Fonts et Ghaussees do
Bucarest, 18, Strada Uotarilor, Bucarest, Roumanie.
Moisant (A.), Menibre de la Ghambre de Gonnnerce de Paris, 20. boulevard de
Vaugirard, Paris.
Molini, Ingenieur, Directeur du port de Huelva, Huelva, Espagne.
Molinos, Ingenieur Givil, 15, rue Eugene Flachat, Paris.
Moll (A.), Koniglicher Bauanitmann, Schweinfurt (Bayern), AUemagne.
Moeller (M.), Professor, 5, Spielmannstrasse, Braunschweig, AUemagne.
De Monchy, President de la Ghanibre de Gonnnerce de Rotterdam, Rotterdam,
Hollande.
Monet (A.), Ingenieur des Pouts et Ghaussees, Nancy (Meurthe-et-Moselle).
Mongermont (A.), Metteur en pages des travaux du Gongres a I'lmprimerie
Generate Lahure, 9, rue de Fleurus, Paris.
Monmerqu6, Ingenieur des Fonts et Ghaussees, 4, rue de la Bienfaisance, Paris.
Monvoisin (F.), Sous-Direcleur de la Sociele Generale de Gredit Industriel et
Gonimercial, 6(3, rue de la Victoire, Paris.
Moraillon, Sous-Ingenieur des Fonts et Ghaussees, Genelard (Saone-et-Loire).
Moreau-Varenne, Gonducteur des Fonts et Ghaussees, f.f""** d'Ingenieur ordi-
naire, i'i, rue Duvivier, Rochefort (Gharentc-Inferieure).
Morillon (V.), Entrepreneur de dragage, 5, boulevard Morland, Paris.
De Morlot, Inspecteur en chef des Travaux Publics dc la Gonfederation Helveti-
que, Berne, Suisse.
Mortet, Directeur des Forges des Ghalillonnees, Membre de la Ghambre de Gom-
uierce de Dijon, Sainte-Colombe-sur-Seine(G6te-d'0r).
Mortier (X.), Ingenieur des Arts et Manufactures, Entrepreneur de travaux
publics, 3, rue Bodin, Saumur (Maine-et-Loire).
Mouton (J.), Gonducteur principal des Fonts et Ghaussees, f.f'"'^^ d'Ingenieur ordi-
naire, Verdun (Meuse).
Mozet, Membre de la Ghambre de Gommerce de Paris, 59, rue de la Bienfaisance,
Paris.
Miiller (A,), Ingenieur des Voies de communication, Ministere des Voies de com-
munication, 117, Fontanka, Saint-Petersbourg, Russie.
Miiller (G.), Vorstand der Bremer Schleppschifffahrts-Gesellschaft, 16, Holzpforte,
Bremen, AUemagne.
Munier (J.), Gonstructeur, Frouard (Meurthe-et-Moselle).
Miitze, Rheinschifllarhts-lnspektor, Koniglich Freussischer Wasserbau-Inspektor,
6, Rheinzollstrasse, Goblenz, AUemagne.
Muzet (A.), Conseiller Municipal de Paris. President du Syndicat General delXnion
Nationale du Gommerce et de I'lndustrie, 5, rue des Pyramides, Paris.
Nadporojski, Ingenieur des Voies de communication, Directeur des travaux du
port d'Arkangel,Arkangel, Russie.
I.ISTE litNEBALE DES ADHERENTS. ""
Naahel (\ ) In^nieur, Chef des Iravaux da port de Riga, Riga. Russie.
Stns!^uV(5ax),,ng.„ieurCivi,6,n,ede,a«^^^^^
Naoumoff(B.), Ingenieur des Voies de commumcal.on, Mmisli.e des
commu icalio„,.17, Fonlanka, Sainl-Petersbourg, Russ.e^
D' Nebelthau (F.), Sjnd.kus de. Ha,,deUkaran>er zu Bremen. Haus SchuU,„„,
Neht;™;t':r„-l.i,.e,U0,. de,. r,.eie„ Ha„ses.ad, Hamburg, 51. Hi.-s.en-
strasse, Hamm-Hamburg, Allemagne. Frankfurl-
Von Neufville (A.),Uitglied der Handelskaminer zu trankfu.l-a.-M..,
Ni^uL'clnSrdttaU Du-ecteu. du Cc.e.ce Int.neur au Minist.re du
Commerce et de I'lndustrie, 8U, rue de Varenne Pans.
Nierstrasr (B.), Birecteur dc la C^^ de Nav.gaUon a vapeur .ui 1 Amstel,
el le Mein. Handelskade. Amsterdam, lloHande.
NizeroUe (I L.), Marchand de bois et cbarbons. 2, rue Jule.-t.esai, ^^'\
NobTemaire (G.l^ Membre de la Cbambre de Commerce de Par,s, 08, ..e La BoeUe.
NoeUM ■), Secretaire de la Chambre de Commerce de Beauvais, Noyon (Oise).
Noirot, Ingenieur des Ponts et Cliaussees, Cien (Loiret). Ktats-Lni^
North E. P.), Civil Engineer, 1^7 East, t>5^> Street, ^e^^-\ork (.N.A.), Ktats Lnu.
M° North 27 East, l> Street, ^^^^^^^^^ - ,. . ,
Lua"hac'-Pioch, Ingenieur des Ponts et Chauss.es, Directeur des Is.nes de
K '^TSn ' " r ':" piiis ::tuss.es. Chef du CaMnet du Min.stre
""'T?;^ otdes Travaux P.bli.s, U, rue Juste-Upse,
Bruxelles, Belgique.
D'Ocagne (M.l, Ingenieur des Ponts el Chaussees. Senelaire du Comile pernn,:
..-"' 4 r^rtrtl- ™d^tr:.HZ, HoeHse,„„e.
■"'r^bDireeti'on:^:;!. a'er I K. Usien-eicb. S.^dsbabnen. Wie^^^^ ..^jcbe.
Oldham Incorporated Chamber of Commerce, 2«. 'Jueen Sl.eet, (ildham.
V ''ZtTn'r toenieur du SVa.erstaal. Pelsrijckenslraal, .^vnben,. Hollande.
rpermanrtr:::-u„dBauran.,Ursi..^^^^^^^^^
Suach^e (C mb, c 3e la Cbambre de Commerce de Paris, 1 7 qua, Co„i,, Par.s.
°0«:rf(lld.?i) Depu«. P.^sident d'honneuv de la Cbamb,. .vnd.cale du Con,-
merce des Bois a bruler, 47. quai de la (,are. I aris.
Pabst (V ) Ingenieur du porl de Riga. Bf.rsen Go.nile, Riga. Russie
J^gensteoher (G.). M,tglied der Handelska„,n,er z„ B.^emen, o,, iAerns.,.a.e,
Palm:™ ("eT'"^"'"'-'"- "'■ '-"' '■■»-' '- """'" <'" """""■ '"'"""•
Panchtf(u'p.esident de la Chambre Sjndicale des ^larchands de Cba.bons
de le.-re en gros el demi-g.'os. 25o. ,ue de \augn-a,d. Pa.,s.
CIV RK-NSKIGNEWENTS GEMilHAUX.
Panhard (il.)» Mecanicien, 19, avenue d'lvry, Paris.
Panne (H.), Kaufmann, oP, Schillerslrasse, Hannover, Allemagne.
Parrot, Tresorier de la Chambrc Syndicale des Imprimeurs-Lilhographes de
Paris, 12, rue du Delta, Paris.
Partiot, Inspecteur General des Ponts et Chaussees en retraite, 31 , rue de Sevres,
Paris.
Pasqueau (A.), Ingenieur en chef des Ponts et Chaussees, 6, rue de la Tremoille,
Paris.
Pavie (G.), Ingenieur des Ponts ot Chaussees, 6, rue de Lille, Paris.
P6an, Membre du Conseil General de la Seine, 50, rue Bernard, aux Lilas
(Seine).
Pechiney (A. U.), Directeur-Gerant de la C''' des Produils chimiques d'Alais et
de la Camargue, Salindres (Gard).
Pector (E.), Membre de la Ghambre de Commerce de Paris, o, rue Rossini,
Paris. fA
Pelletier de Martres, President de I'Union Syndicale desMarchands de Bois de
France, 4, rue Chaptal, Paris.
Pelletreau, Ingenieur en chef des Ponts et Chaussees, Constantino (Algerie). -
P6reire, President du Conseil d'Administration de la C'* Geuerale Transatlantique,
6, rue Auber, Paris.
Perier de Feral, Administrateur de la C''^' de Touage el de Hemorquage de PYonne,
54, boulevard de la Contrescarpe, Paris.
Person du Bief, Secretaire-adjoint du Syndicat Professionnel de I'llnion des
Fabricants de papier de France, G, rue du Pont-de-Lodi, Paris.
Pescheck, Koniglich Preussischer Regierungs- und Baurath, Frankfurt-a.-Oder,
Allemagne.
Peslin (H.), Ingenieur en chef des Ponts et Chaussees, Douai (Nord).
Petit, Vice-President de la Chambre Syndicale de la Stearinerie et de la Savon-
nerie, lOi, r. du Landy, Plaine-Saint-Denis (Seine).
Petit (F.), Secretaire de la Chambre Syndicale des Tissus et Nouveautes de
France, 40, rue de Lancry, Paris.
Petit (G.), Directeur de la Bourse des Metaux et Charbons, Bourse de Commerce,
rue du Louvre, Paris.
Petit (Marcel), Directeur de la C'*^ Francaise de Transports fluviaux et maritimes,
46, quai de Seine, La Villette, Paris.
Petitjean, Membre du Conseil General do la Seine, 26, rue Saint-Bernard, Paris.
Petitpont (G.), Fabricant, Choisy-le-Boi (Seine).
Petroff (C.), Capitaine de la Marine Imperiale Russe, Ingenieur attache au Minis-
tere des Voies de communication, QQ, rue Sadovaia, log. 5, Saint-Petersbourg,
Russie.
Petsch-Goll (J. C), Geheimer Commerzienrath, President der Handelskammer
zu Frankfurt-a.-M., 1, Munzgasse, Frankfurt-a.-M., Allemagne.
Petyt (A.), President de la Chambre de Commerce de Dunkerque, Dunkerque
(Nord).
Pfeiffer (W.), Geheimer Commerzienrath, Prasident der Handelskammer zu
Diisseldorf, Diisseldorf-a.-Rh., Allemagne.
Philippe, Directeur de I'Hydraulique Agricole au Ministere de I'Agriculture, Mi-
nistere de I'Agriculture, Paris.
LISTE GE.NERALE DES ADHERE.NTS. cv
Philippi (K.), Direklor der deutschen ElbschifiTahrts-Gesellschaft Ae//e, Dresden,
AUeinagne.
Philippoteaux (A.), ancien Vice-President de la Chamljre des Deputes, Admi-
nistrateur de la Societe anonyme de la Bourse de Commerce de Paris, Bourse
de Commerce, rue du Louvre, Paris.
Piat (J.), Secretaire-Tresorier de la Chambre de Commerce d'Auxerre, Auxerre
(Yonne).
Piaud (L.), Ingenieur en chef du Bureau Veritas, 8, place de la Bourse, Paris.
Piault (J.), Vice-President de la Chambre de Commerce de Paris, 91, rue de Se-
vres, Paris.
Picard (A.), President de la Section des Travaux Publics au Conseil d'Etat, Direc-
teur General honoraire des Ponts et Chaussees, des Mines et des Chemins de
fer, 12, cite Vaneau, Paris.
Pied (A.), Secretaire-Tresorier de la Chambre Syndicale des Fabricanls fran^ais
de Machines a coudre, 57, quai de Seine. Paris.
Pierret (L.), Ingenieur des Ponts et Chaussecs, Clermont (Oise).
Pigache, Ingenieur des Ponts et Chaussees, Soissons (Aisne).
Piketty, Entrepreneur de Transports par eau, 2, quai Henri IV, Paris.
Pillet (J.), Professeur a I'Ecole des Ponts et Chaussees, 18, rue Saint-Sulpice,
Paris.
Pingault, President de la Chambre Syndicale des Bois a bruler, 88, boulevard La-
tour-Maubourg, Paris.
Pinget. Secrelaire du Comite des Foi-ges de France, 3. rue Scribe, Paris.
Plassard (J.), Gerant du Bon Marche, lb, rue de Crenelle, Paris.
Plichon, Depute, Administrateur de la C'*' des Mines de Bethune, 2, rue de l.is-
bonne, Paris.
Poincare (A.), Inspecleur General de FHydraulique Agricole, 4, Carrefour de
rOdeon, Paris.
Poirrier, Senateur, ancien President de la Chambre de Commerce de Paris,
105, rue Lafayette, Paris.
Pollack (Richard), Sekretar des Elbe-Vereins, Toplilz (Bobmen). Aulriche.
Polonceau (E.), Ingenieur en chef du Materiel et de la Traction a la C'*^ du
Chemin de fer d'Orleans, ancien President de la Societe des Ingenieurs Civils,
2, rue Villersexel, Paris.
Pontzen, Ingenieur Civil, 5, avenue du Coq, Paris.
Possehl (E.), Kaufmann, Mitglied der Handelskammer zu Lubeck, Liibeck, Alle-
magne.
S. E. Possiet (C), Amiral, Aide de camp general de S. M. I'Empereur, ancien
MinistredesYoiesde communication, 12, quai Anglais, St-Petersbourg, Russie.
Potin (F.), Negociant, 105, boulevard Sebastopol, Paris.
Pettier, Publiciste, Redacteur au Journal Le Temps, 5, boulevard des Italiens,
Paris.
PouUain (C), Membre de la Chambre de Commerce de Paris, 99, rue de
Flandre, Paris.
Poupinel, Vice-President du Syndicat. General de I'Union Nationale du Commerce
et de rindustrie, 57, quai de la Gare, Paris.
Pra (C), President de la Chambre Syndicale des Negociants-Commissionnaires-
Exportateurs, 89, rue Taitbout, Paris.
CM RE^SK'G.NEMEMS GfiiNERAUX.
De Preaudeau, Ingenieur en chef des Fonts et Chaussees, 21, rue Saint-Guil-
laume, Paris.
D"" Predoehl (Max), Rechtsanwalt, 6', Adolphsplatz, Hamburg-, AUemagne.
Preobrajennsky (D. A.), Ingeniour des Voies de communication, Ministere des
Voies de communication, 117, Fontanka, Saint-Petersbourg, Russie.
Preston (A. E.), Esq., 31. I. C. E., 14, Exchange, Bradford (Yorks), Grande-Bre-
tagne.
Preverez (E.), Ingenieur des Ponts et Chaussees, Cahors (Lot).
Privorsky (F.), Representant de la Societe Frangaise des Chemins de fer a
Navires, 17, boulevard Haussmann, Paris.
Proskowetz (E., Bitter von Proskow und Marstroff), Reichsraths- und Landtags-
Abgeordneter, Prasident der K. K. Mahr. Schless. Landwirthschafts-Gesell-
schaft in Brlinn, i, Schwarzspanierstrasse, Wien IX, Autriche.
Prunieres, Menibre du Conseil General de la Seine, 5fi, rue de FOurcq, Paris. .
Prusmann, Baumeister, Sterkrade (Bheinland), AUemagne.
De Pulligny, Ingenieur des Ponts et Chaussees, Marseille (Bouches-du-Rli6ne).
Puis (0.), Syndikus der Handelskammer zu Frankfurt-a.-M., General-Consul,
Wiesenaustrasse, Frankfurt-a.-M., AUemagne.
Puppel (0.), Kaufmann, 11, Bahnhofslrasse, Konigsberg, AUemagne.
Quellmatz (E.), Bankier, 4, Waisenhaustrasse, Dresden A., AUemagne.
Quentin, President de la Chambre Syndicale de la Tabletterie, 22, rue de Bondy,
Paris.
Quentin-Bauchart, Membredu Conseil General de la Seine, 31, rue Francois I",
Paris.
Baron Quinette de Rochemont, Inspecteur General des Ponts et Chaussees,
18, rue de Marignan, Paris.
Rabel, Ingenieur en chef des Ponts el Chaussees, 5, rue de Logelbach, Paris.
Raclet (Joannis), Ingenieur Civil, 10, place des Celestins, Lyon (Rhone).
De Raeve, Administrateur, Inspecteur General des Ponts et Chaussees, 51, rue de
Stassart, Bruxelles, Belgique.
S. E. Raffalovich (A.) , Conseiller d'filat actuel. Agent du Ministere des Finances de
Russie en France, Correspondant de I'lnstitut de France, 19, avenue Hoche,
Paris.
Sir James Ramsden, Managing Director of Barrow Docks and Railway, Furness
Abbey, Barrow-in-Furness, Grande-Bretagne.
Ranvier (J.), Membre de la Chambre de Commerce de Paris, 116, rue de Tu-
renne, Paris.
De Rautlin de la Roy, Ingenieur de la Societe des Etudes Coloniales et Mari-
times, 59 ter, rue Bonaparte, Paris.
Ravaut (E.), Negociant en bois et charbons, 27, rue Demours, Paris.
Ravaut (P.), Etudiant, 78, avenue Marceau, Paris.
Ravaut (P. J.), Proprietaire, 94, avenue Victor-Hugo, Paris.
Raveneau (L.), Professeur agrege d'Hisloire, Ecole Normale Superieure. 45, rue
d'Ulm, Paris.
Rehbock (T.), Diplomingenieur, Baudirection, Bremen, AUemagne.
LISTE GE.NERALE DES ADHERK.NTS. rvii
Rehder, Wasserbau-Direktor der freien Hansestadt Liibeck, 15, Gertrudenstrasse,
Liibeck. Allemagne.
Reiger (B.), Bourgmestre, Utrecht, Hollande.
Baron Reille, Depute, President du Cpmite des Forges de France, 5, rue Scribe,
Paris.
Reinhardt (M.), AVasserbau-Inspektor, 8, Louisenslrasse, ^Vornls. Allemagne.
Reitlinger (Sigismond), Negociant, 20, rue Drouut, Paris.
Renaud (G.), Ingenieur en chef des Ponts et Chaussees, 29, rue Scheffer, Paris.
Renaud (M.), higenieur des Ponts et Chaussees, 55, rue de Saint-Petersbourg,
Paris.
Renner (W.;, Schiffbau-Oberingenieur, Grabow-Steltin, Allemagne.
Reverdy (Richard), Kuniglicher Baurath, Biirg-i.-D. Holstein), Allemagne.
Ribiere, Ingenieur des Ponts et Chaussees, 45, avenue du Trocadero, Paris.
Richard (J.), Constructeur, 8, impasse Fessart, Paris.
Colonel Richert (J.G.), Chef de I'Administration et du Corps Royal des Ponts et
Chaussees, Karlavagen I. C, Stockbolm, Suede.
Rickard, Ingenieur de la Societe Cockerill, Hoboken-les-Anvers, Belgique.
Rigaux (P.), Ingenieur en chef des Ponts et Chaussees. Charleville (Ardennes).
Rigel(l.), 25, rue Coquilliere, Paris.
Rigoni (Gughelmo), Ingenieur, 11, Via Casteltidardo, Milan, Italie.
Del Rio (J. M.), Ingenieur, 42", Lindenaustrasse, Dresden, Allemagne.
Rippl (W.), Ordentl. Professor an der K. K. deutschen technischen Hochshule in
Prag, Prag, Autriche.
Rivron, President de la Chambre de Commerce de Nantes, Nantes (Loire-Infe-
rieurei.
Robcis (P.), President de la Chambre Syndicale des Miroitiers, 75, rue du Fau-
bourg-Saint-Antoine, Paris.
Robert-Mitchell, Depute, President du Conseil d'Adininistralion de la C'"' de
Navigation du Havre a Paris et Lyon, 49. rue Cambon. Paris.
Roberts (T. P.), Chief Engineer of the Monongahela NavigalionC% 8, Woodstreet,
Pittsburg (Pensylvania), Etats-Unis.
Robin, Marchand de hois a bruler, \S, avenue de Lamotte-Piquet, Paris.
Rodanet (A. H.), Membre de la Chambre de Commerce de Paris, 56, rue Vivienne,
Paris.
Roeder (F. , Koniglicher Baurath, Hamm-i.-^V., Allemagne.
Rceder (R.), Regierungs- und Baurath, 17, Sohwindgasse, AVien IV. Autriche.
Rog6. Maitre de Forges, Pont-a-Mousson (Meurthe-et-Moselle).
Rolet, Agent general du Commerce des Bois a bruler. 20. quai de Bethune, Paris.
Rosier Ills, Representant de la Chambre Syndicale de I'Eclairage et du ChautYage
par le Gaz et I'Electricite, 50, boulevard de Strasbourg, Paris.
Rossignol, Ingenieur des Ponts et Chaussees, Ingenieur de la Voie a la C"^ du
Che^nin de fer du Nord, 70, rue Blanche, Paris.
Rcessler (H.i, Koniglicher Regierungs-Baumeister, Kostheim-bei-Mainz, Alle-
magne.
Roth, Conducteur des Ponts et Chaussees, f. f""' d'Ingenieur ordinaire, Toul
(Meurthe-et-Moselle).
Baron de Rothschild (A.), 2, rue Saint-Florentin, Paris.
Rouquairol, Xegociant-Commissionnaire, 1, rue du Mail, Paris.
cviii RENSEIGNEMENTS GEAERAUX.
Rousseau (A.), Conseiller d'Etal, ancien Sous-Secretaire d'Etat aux Ministeres des
Travaiix Publics et de la Marine el des Colonies, 134, boulevard Sainl-Germain,
Paris.
Rousset (F.), Redacteur en chef du Journal UUnion Nationale, 10, rue de Lan-
cry, Paris.
Rouy, Secretaire General du Syndicat de la Presse Parisienne, 61, rue Lafayette,
Paris.
Rowley (J.), Ironfoundor, Barn Meadow Iron Works, Dukinfield, Grande-Bre-
lagne.
Rump (Harold), Ingenieur Hydraulique de I'Etat, Haarboor, Lenwig, Daneniark.
D' von Rumpler, Ministerialrath im Koniglich Bayerischen Slaatsministerium
des Kuniglichen Hauses und des Aiissern, Mi'uichen, Alleniagne.
D'' Russ (Victor), Mitglied des Abgeordnetenhauses, \^, Elisabethstrasse, Wien,
Autriche. ;
M"* Russ, 12, Elisabethstrasse, Wien, Autriche.
Ruys (1). T.), Directeur de la C'"' de Navigation a Vapeur Rotterdam Lloyd,
Rotterdam, llollande.
Rychter, Professor der K. K. technischen llochschule zu Leniberg, Lemberg,
Autriche.
Sachot, Vice-President de rUnionCeramique et Chaufourniere de France, 49, rue
de Chabrol, Paris.
Salgues, Ingenieur de la C'^ du Canal de Suez, 12, rue du Monl-Thabor, Paris.
Conite de Salis, Ingenieur Civil, President de la Section du Genie Rural de la
Societe des AgricuUeurs de France, 8, place de la Concorde, Paris.
Salomon (L.), Ingenieur en chef du Materiel et de la Traction de la C''" du Che-
niin de fer de I'Est, 175, rue du Faubourg-Poissonniere, Paris.
De Sanctis (P. E.), Ingenieur du Genie Civil (Travaux du Tibre), 5, piazza Pol-
larola, Rome, Italic.
Sanders (L.), Kaufnianu, Doveuhoff, Hamburg, Alleniagne.
Sankey (H.), Esq., Director of the Grand Canal C", Dublin (Ireland), Grande-
Bretagne.
Satre (H.), Ingenieur-Constructeur, 8, quai Rambaud, Lyon (Rhone).
Saetren (G.), Directeur de 1' Administration des Canaux de Norvege, Christiania,
Norvege.
Sauton, President du Conseil Municipal de Paris, H61el-de-Ville, Paris.
Sauvage (E.), Ingenieur des Mines, 4, rue Chaptal, Paris.
Sayer, Professor an der technischen Hochschule zu Karlsruhe, Karlsruhe -i.-B.,
Alleniagne.
Schachtler (J.), Ingenieur, Membre de la Societe francaise d'Hygiene, 97, rue
Monge, Paris.
D' Schaeffer, Ministerialrath, Vorsitzender der Grossherzoglich Hessischen
Ministerial-Abtheilung fiir Bauwesen. 46, Heinrichslrasse, Darmstadt, Alle-
niagne.
D"^ Schanz (G.), Professor der Nationalokonomie, 5, Sanderring, Wiirzburg
(Bayern), Alleniagne.
ScharfF (H.), Stadtrath a. D., Yice-Prasident der llandolskammer zu Leipzig,
16, Wintergartenstrasse, Leipzig, Alleniagne.
LISTE fxEXERALE DKS ADHERENTS. cix
Scheck (R.), Koniglicher Wasserbau-Inspektor, 100, Fiirstenstrasse, Breslau,
Allemagne.
Schimmelpfeng (\Y.), 23, Charlotfenstrasse, Berlin W., Allemagne.
Professor Schlichting (J.), Prasident des Central-Vereins fur Hebung der deut-
schen Fluss- iind KanalschilTfarht, 99, Knesebeckestrasse, Cbarlotlenburg-
Berlin, Allemagne.
Schlumberger (T.), Fabrikbesitzer, 5, Deutscbgasse, Miiibausen (Elsass), Alle-
magne.
Schmieding (W.), Oberbiirgermeister, Magistral der Sladt Dortmund, Dortmund,
Allemagne.
Schneider (H.), Koniglicher Regierungs-Baumeister, Danzig, Allemagne.
Schoeller (L.), Fabrikant, Diiren-bei-Aachen, Allemagne.
Schoeller (L.), Geheimer Commerzienrath, Mitglied des Abgeordnetenbauses,
5*, Konigsplatz, Breslau, Allemagne.
Schoen (J. G.), Professor an der K. K. tech. Hochschule zu Wien, K. K. Regie-
rungs-Rath, 22, Cottagegasse, Mien XVIU, Autriche.
Schonberg (A. C.), Esq., M. I. C. E., 55, Parliament Street, Westminster, Lon-
don S. W., Grande-Bretagne.
Schoendcerffer (P.). Ingenieur en chef des Ponts el Chaussees, Lons-le-Saunier
(Jura).
Schromm (A.), K. K. Regierungsrath, Schifffahrts-Gewerbe-Inspektor, Yertreter
des K. K. Handels-Ministerium, 55, Veronikagasse, Wien XYIl, Autriche.
Schiichtermann (H.), Stadtrath, Fabrikbesitzer, Magistral der Stadt Dortmund,
Dortmund, Allemagne.
Van der Schueren (P. J.), Ingenieurdes Ponts el Chaussees, 10, rue Damhouder,
Bruges, Belgique.
S. E. Schultz (A.), Ministerial-Direktor im Koniglich Preussischen Ministerium
der offentlichen Arbeilen, wirkhcher Geheimer Ralh, 60, Mohrenstrasse,
Berlin W., Allemagne.
Schuurmann (J. A.), ancien Lieutenant-Colonel du Genie, Directeur des tra-
vaux d'Amsterdam, 158, Keizersgracht, Amsterdam, Hollande.
Schwabe, Geheimer Ralh, 24, Bayreulherstrasse, Berlin W., Allemagne.
Schwartz (T.), Ingenieur und SchiffTahrts-Direktor, Ruhrort-a.-Rh., Allemagne.
Sebillot (A.), Ingenieur-Directeur de la Sociele Francaise des Chemins de fer a
Navires, 17, boulevard Haussmann, Paris.
Sec (F.), Ingenieur Royal diplome, Ruma (Croatie), Hongrie.
S6dillot, Negociant, 7, rue Saint-Fiacre, Paris.
Sentilhes, Ingenieur des Ponts et Chaussees, 87, rue Nauville, Bordeaux (Gironde) .
Sergueev (C), Docteur en philosophic, 66, Newsky-Prospekt, Saint-Petersbourg,
Russie.
Siewert, Handelskammer-Syndikus zu Halberstadt, Halberstadt, Allemagne.
Sigault (H.\ Ingenieur des Ponts et Chaussees, Nevers (Xievre).
Sim6on (P.), Representant de la Societe Pavin de Lafarge, 16, place Yendome,
Paris.
Simon (E.), President dela Chambre SyndicaledesConfectionneurs pourHommes
et Enfants, 9, rue Croix-des-Petits-Champs, Paris.
Simonet, President de la Chambre Syndicale des Entrepreneurs de Menuiserie
et Parquets, 60, avenue de Breteuil, Paris.
ex P.ENSEIGNEMENTS G^NERAUX.
Van der Sleyden (P.W.), Ingenieur en chef du Waterstaat, Maestricht, Hoiiande.
De Smet de Naeyer, Membre de la Chambre des Representants, 8,Petite-Riie-du-
Nord, Bruxelles, Belgique.
Society de G6ographie de Lisbonne, Lisbonne, Portugal.
Sonne (E.), Professor, Geheimer Baurath, 15, Martinstrasse , Darmstadt, Alle-
magne.
Sorel (A.), Directeur de la C'<" d'Assiirances Generales Marilimes, 87, rue de Ri-
«'helieu, Paris.
De Souza Gomes, Ingenieur de 1''' classe, Membre du Conseil des Travaux
Publics, 8, Largo da Bibliotheca, Lisbonne, Portugal.
Sprickmann-Kerkerinck, Schriftfiihrer des Yereins der Kaufmannschaft zu
Miinster-i.-\V., Mimster-i.-W., AUemagne.
Sriber (A.), President de la Ghambre Syndicale des Caoutchoucs, Toiles cirees, etc.,
12, rue de I'Arcade, Paris.
Stahl (Berthold), Stadtbaurath, Gonz-bei-Trier, AUemagne.
Steger (J.), Direktor der Mainzer Schleppdampfschifffahrls-Gesellschaft, Mainz-
a.-Rh., AUemagne.
Sternberg (0.), Direktor der Oberrheinischen Yersicherungs-Gesellschaft, Mann-
heim, AUemagne.
Stewart (J. Vaughan), Civil Engineer, Harbours and Rivers Department, Bris-
bane (Queensland), Australie.
Stieltjes (E. H.), Ingenieur Civil, Membie du Conseil de surveillance des Che-
mins de fer en Hoiiande, La Haye, Hoiiande.
Stinnes (G.), Theilhaber der Firma Malh. Stinnes, Miilbeim-a.-d.-Ruhr, AUe-
magne.
Stcecklin, Inspecteur General des Pontset Chaussees, 6, avenue de I'Alma, Paris.
Strasser (E.), Direktor des Lagerhauses der StadtWien, 2, K. K. Prater, Wien 11,
Autriche.
Stuhlfauth, Regierui^gsrath, 54, Zvvinger, Wiirzburg (Bayern), AUemagne.
Stutzer (\V.), Schiffbaumeisler, Havelberg, AUemagne.
Suilliot, Membre de la Chambre de Commerce de Paris, 21 , rue Sainte-Croix-de-
la-Bretonnerie, Paris.
Capitain Suppan (C. V.), Schiffinspektor, Chef der nautisclien Section der
1""» K. K. P. Donau-Dampfschifffahrts-Gesellschaft, 4, Dampfschiffstrasse,
Wien 111, Autriche.
Suzanne, Directeur de 1^ Societe d'Etudes de la C"^ maritime et fluviale de Trans-
ports, 17, rue Bonaparte, Paris.
Swindels (Rupert) Esq., M. 1. C. E., 1. R. G. S., Witton YiUa, The Firs, Bowdon
(Cheshire), Grande-Bretagne.
De Sytenko (N.), Yice-President de la YHl" Section de la Societe Imperiale Poly-
technique Russe, Redacteur en chef du Journal du Ministere des Voies de
communication, 11, place Michel, Saint-Petersbourg, Russie.
M"'' Sztrokay, Yll, Karoly Korul 1, Budapest, Hongrie.
De Szystowski (M.), Ingenieur des Yoies de communication, Directeur-adjoint
des travaux du port de Riga, 25, rue des Ecoles, Riga, Russie.
Talvard (L.), Directeur commercial de la Societe Solvay etC'% 24, rue Pavee-au-
Marais, Paris.
LISTE GENER.\LE DES ADHERExMS. cxi
Tapscott (R. Lethbridge) Esq., Civil Engineer, M. I C. E., F. G. S., F. R. A. S.,
F. R. M. S., 62, Croxteth Road, Liverpool, Grande-Bretagne.
Tavernier (H.), Ingenieur en chef des Fonts et Chaussees, 2, rue Sala, Lyon
(Rhone).
Tcherntsoff (,M. V.), Ingenieur des Voies de communication, Ministere des Voies
de communication, 117, Fontanka, Saint-Petersbourg, Russie.
Technische Hochschule zu Braunschweig, Braunschweig, Allemagne.
Telders, Professeur k I'Ecole Polytechnique de Delft, Delft, Hollande.
Teubert (0.), Ronigiicher Wasserbau-Inspektor, Diez-a.-Lahn, Allemagne.
Thanneur, lng>^nieur en chef des Ponts et Chaussees, Boulogne-sur-Mer (Pas-de-
Calais).
De Th6lin , Ingenieur en chef des Ponts et Chaussees, Tarbes (Hautes-Pyre-
nees).
Thibouville-Lamy, Membre de la Chambre de Commerce de Paris, 11, rue Mo-
litor, Paris-Auteuil.
Thiebaut (V.j, Membre de la Chambre de Commerce de Paris, 52, rue Guersant,
Paris.
Thiem, Koniglicher Baurath, Ebersvvalde, Allemagne.
Thinet, Marchand de bois a briiler. 10, rue de Pontoise, Montmorency (Seine-et-
Oise).
Thirria (H.), Censeur a la Societe Generale, 20, rue de I'Arcade. Paris.
Thomas (G.), Esq., Engineer, Manchester, Angleterre.
Thomas (G.), Negociant, 26, boulevard Scaliger, Agen (Lot-et-Garonne).
Thompson (S. A.), Secretary, Duluth Chamber of Commerce, Diiluth (Minn.),
Etats-Unis.
Thornder, Engineer of Rochdale Canal C", 75, Dale Street, Manchester, Grande-
Brefagne.
Thoux, Ingenieur en chef des Ponts et Chaussees, Nancy (Meurthe-et- Moselle).
Tideman (J.), Secretaire de I'lnstitut Royal des Ingenieurs Neerlandais, 32, Wes-
tende, La Haye, Hollande.
De Timonoff (V.), Ingenieur de la Section technique de la Direction des Ports,
Professeur-adjoint a I'lnslitut des Ingenieurs des Voies de communication,
6, quai de I'Amiraute, log. 54, Saint-Petersbourg, Russie. .
M'"*' de Timonoff, 17, rue Miestchanskaia, Odessa, Russie.
Baron Tindal, President de la Societe Neflerland, 1, Sarphstrade, Amsterdam,
Hollande.
Tonne (G.), Rheder, Magdeburg, AHemagne.
Touchet (P.), Ingenieur Civil, Vice-President de la Chambre Syndicale des Mar-
chands de Charbons de terre en gros et demi-gros, 62, quai de la Rapee,
Paris.
Toulon (P.), Ingenieur des Ponts et Chaussees, 56, avenue du Maine, Paris.
Toulot (E.), Ingenieur de la C'-^ francaise de Transports fiuviaux et maritimes,
46, quai de Seine, Paris.
Tourgis, Publiciste, Redacteur a I'Agence Havas, oi, rue Notre-Dame-des-Vic-
toires, Paris.
Tranchant (C), Administrateur de la C'*^ des Messageries Maritimes, 28, rue
Barbet-de-Jouy, Paris.
Troost, Ingenieur en chef, Directeur des Ponts et Chaussees, Anvers, Belgique.
cxii RENSEIGNEMENTS riENERArX.
Trotabas, Lieutenant de vaisseau en retraite, 65, rue de la Victoire, Paris.
Trystram, Senateur, President de la Chambre de Commeree de Dunkerque.
95, rue de Rennes, Paris.
Chevalier Tnccimei (C), Ingenieur du Genie Civil, 10, via dell'Anima, Rome,
Italia.
Turpin, Vice-President de la Chambre Syndicale des Marchands de verres a
vitres, do, rue Bleue, Paris.
General Tiirr (E.), President de la Societe du Canal Francois en Hongrie,
45, rue de Prony, Paris.
Twining Hadley (A.), Professor of Political Economy, Newhaven, Etats-Unis.
Ullern (Axel), President de la Chambre de Commerce de Honfleur, Honfleur
(Calvados).
Union des Chambres Syndicales Lyonnaises, 7, rue de la Republique, Lyon
(Rhone).
Vaillant, President de la Chambre Syndicale du Commerce et de la Fabrication
de la Quincaillerie, 9, place des Vosges, Paris.
Valtat, Marchand de bois a bruler, 7, 9, 11, 13, rue d'Edimbourg, Paris.
Vanderlinden (J. F.), Ingenieur Principal des Ponts et Chaussees, 51, chaussee
de Courlrai, Gand, Belgique.
Vandervin (H.), Ingenieur des Ponts et Chaussees, 204, rue des Coteaux,
Bruxelles, Belgique.
Vandrunen (J.), Professeur a I'Ecole Polylechnique de Bruxelles, 9, rue des
Champs-Elysees, Bruxelles, Belgique.
Varle (P.), Ingenieur Civil, Representant des Mines de Courrieres, 22, rue de
Dunkerque, Paris.
Vaury (A.), Administrateur de la C'*^ de Navigation de la Basse-Loire, 162, rue
de Rivoli, Pari^.
Vaury (H.), 54, boulevard de la Contrescarpe, Paris.
Vauthier (L. L.), Ingenieur des Ponts et Chaussees, 41, rue Spontini, Paris.
Verlay (Charlemagne), Marinier, Membre du Comite de La Bafellerie Frangaise,
(Syndicat Professionnel des Mariniers de France), 14, rue Francois-Miron,
Paris.
Vernon-Harcourt (L. F.), Esq., C. E. M. A., M. I. C. E., 6, Queen Amies Gale,
Westminster, London S. \V., Grande-Bretagne.
Verny (L.), Directeur de la C'*" des Mines de Roche-la-Moliere et Firminy, Fir-
miny (Loire).
V6sier, Directeur de la Manufacture de Bougies de I'Etoile, avenue de Paris,
Plaine-Saint-Denis (Seine).
Vetillart (H.), Ingenieur en chef des Ponts el Chaussees, Le Havre (Seine-Infe-
rieure).
Viala (G.), Directeur des Mines de Lievin, Lievin (Pas-de -Calais).
Vidal (P.), Ingenieur des Ponls et Chaussees, Dieppe (Seine-Inferieure).
Viele (M. A.), Assistant Engineer, Aqueduct Commissioners, Katonah (N.-Y.),
Etats-Unis.
Villemeur (J.), Conducteur des Ponls et Chaussees, f. f«"^ d'Ingenieur Ordinaire,
Orthez (Basses-Pyrenees).
LISTE GENERALE DES ADHERENTS. cxm
Viruly Verbrugge (W.), Membre de la 1I« Chambre des Etats-Generaux, Rotter-
dam, Hollande.
Due G. Visconti di Modrono, Senateur, 28, Cerva, Milan, Ilalie.
Voisin, liigeiiieur dos Fonts et Chaussees, Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais).
Voisin-Bey, Inspecteur General des Fonts et Chaussees en retraite, 3, rue Scribe,
Faris.
Volant (F. F.), Directeur de la Societe Generale de Navigation sur les Canaux du
Centre, 18, quai de la Loire, Pioanne (Loire).
De Volontat (R.), Ingenieur des Fonts et Chaussees, 517, boulevard de Caude-
ran, Bordeaux (Gironde).
D"" Vosberg Rekow, Syndikus der Handelskammer fiir das Herzogthum Braun-
schweig, 8, Adolfstrasse, Braunschweig, Alleraagne.
Vowinckel (M.), Direktor der Providenfia, Frankfurter Versicherungs-Gesell-
schaft, Prasident des Rheinschiffs-Register-Yerbandes, Frankfurt-a.-M., Alle-
magne.
De Vries (H. F. .1.), Ingenieur du Waterstaat, Lemvarden, Hollande.
Vuillaume (R.), Directeur du Journal Le Yacht, 55, rue de Chateaudun, Paris.
Vuillemin [E.], Ingenieur-Administrateur de la C'*^ des Mines d'Aniche, Aniche
(Xord).
Wagner (P.), Ingenieur-Direktor, 6, Mechtildisstrasse, Koln-a.-Rh., Allemagne.
Walker (A. Tannett), Civil and Mechanical Engineer, Leeds, Grande-Bretagne.
Wallbrecht (F.), Senator, Baurath, Mitglied des Hauses der Abgeordneten, 17,
Prinzenstrasse, Hannover, Allemagne.
Wallon (11.), Membre de la Chambre de Commerce de Rouen, 45, rue duYal-
d'Eauplet, Rouen (Seine-Inferieure).
Wallut (C), President du Conseil d'Administrationde la Societe des Grands Mou-
lins de Corbeil, 210, rue de Rivoli, Paris.
Watson (W.), Secretary of American Academy of Sciencies and Arts, 107,Malbo-
rough Street, Boston (Mass.), Etats-Unis.
Way (H. A.), Membre de la Chambre de Commerce de Paris, 84, avenue Henri-
Martin, Paris.
Weber (M.), Kouiglich Sachsischer Baurath, 1, Leipziger-Strasse, Dresden N.,
Allemagne.
Ritter von Weber-Ebenhof (A.), K. K. Baurath der mahrischen Stalthalterei,
supplirender Professor des Wasserbaues an der K. K. technischen Hochschule in
Briinn, Ijiiinn, Autriche.
Weismiiller (E.), Maschinen-Fabrikant, Bockenheim-bei-Frankfurt-a.-M., Alle-
magne.
Welcker (J. W.), Ingenieur en chef du Waterstaat, Zwolle (Over-Yssel), Hol-
lande.
Wender, Ingenieur des Fonts efChaussees, Melun (Seine-et-Marne).
Wernekinck (A.), Regierungs- und Baurath, 82, Potsdamer-Strasse, Berlin \Y.,
Alleraagne.
Werner, Regierungs- und Baurath, 27', Wartenburgstrasse, Berlin S. W., Alle-
magne.
Werth-er (H.), Kaufmann, Mitglied der Handelskammer zu Halle-a.-S., 21-22, Mark-
platz,Halle-a.-S., Allemagne.
h V
cxiv . RENSEIGNEMENTS GfiNERAUX.
Van de Wetering (P.), Entrepreneur de travaux publics, Scheveningen, Hol-
lande.
Weyer. Ingenieur, Royat (Puy-de-D6me).
Wheeler (W. H.), Esq., Civil Engineer, Boston (Lincolnshire), Grande-Bretagne.
Lady Wheeler, Boston (Lincohishire), Grande-Bretagne.
Wiart (A.), Ingenieur des Fonts et Ghaussees, Confolens (Charente).
Wickham (G.), President de la Chambre Syndicate des Instruments et Appareils
de I'Art Medical, 16, rue de la Banque, Paris.
Widmann (D. E.), Directeur General des Services de la Societe des Forges el
Chantiers de la Mediterranee, 1, rue Yignon, Paris.
Wiebe (A.), Koniglich Preussischer Oberbaudirektor, 8, Derfflingerstrasse, Ber-
lin \\., Allemagne.
j\Ime Wiebe, 8, Derfflingerstrasse, Berlin \V., Allemagne.
Wiggers (M.), friiher Mitglied des Reichstags und Advocat, 2, Friedrich-Franz-
Strasse, Rostock-i. -Mecklenburg, Allemagne.
Wilberforce Wyke, Secretaire de la Legation de Siam, 14, rue Pierre-Charron,
Paris.
Willcocks (G. W.), M. 1. G. E., 4, College Hill Cannon Street, London E. C,
Grande-Bretagne.
Willgeroth, Raiserlicher Ministerialrath, Wasserbaudirektor, Strassburg-i.-E.,
Allemagne.
Williams (E. L.), Chief Engineer of the Manchester Ship Canal C", Manchester,
Grande-Bretagne.
Williams (F.), President du Conseil d'Administration de la Societe anonyme de
Touage et de Remorquage de I'Oise, 11, rue Michel-Ange, Paris.
Williams (J. E.), Esq., M. 1. C. E., F. G. S., Witham Office,Boston (Lincolnshire),
Grande-Bretagne.
Winter (D.), President de I'Association Syndicate du Commerce des Huiles, 64,
rue Tiquetonne, Paris.
S. E. de Witte (Serge), i\Iinistre des Finances, ancien Gerant du Ministere des
Voies de communication, Saint-Petersbourg, Russie.
Wolfers (A.), Industriel, 105, rue Lafayette, Paris.
Wolters (G.),Inspecteur General des Ponts et Ghaussees, Professeur a I'Ecole du
Genie Civil de Gand, 111, rue de I'Avenir, Gaud, Belgique.
Woods (T. D.), Civil Engineer, 67, Mount-Vernon Street, Boston (Mass.), Etats-
Unis.
Zbrogek (T.), Inspecteur de I'lnstitut des Ingenieurs des Voies de communica-
tion, 11, Zabalcansky, Saint-Petersbourg, Russie.
Zeis (L.), Diroktor der Zeitschrift Danubius, 31, Lainzerstrasse, Wien XIIP,
Autriche.
Zervas (W.), Bergwerksbezitzer, K6ln-a.-Rh., Allemagne.
Van Zuylen (G. E. V. L.), Colonel du Genie, ancien Chef du Genie militaire au.K
hides Neerlandaises, 8, place du Prince-Henri, La Haye, Hollande.
BUREAU DU CONGRES
France.
PRESIDENTS
Coust6, President de la Chambre de Commerce de Paris,
Paris.
Guillemaln, Inspecteur General des Ponts el Chaussees,
Directeur de I'Ecole Nationale des Ponts et Chaussees,
Paris.
VICE-PRESIDENTS
Frahce.
Alj,emag.ne.
autriche. . . .
Belgique. . . .
Bresil. . . .
ESPAGNE. . . .
Etats-Ums. . .
Grande-Bretagne.
hollande. . . .
Hongrie. . . .
Italie.
NORVEGE. . . .
Bernard (Martial), Secretaire de la Chambre de Commerce de
Paris, Paris.
Bouvier, Inspecteur General des Ponts et Chaussees, detache
au Ministere de I'Agriculture, Paris.
Dehaynin (F.), Tresorier de la Chambre de Commerce de
Paris, Paris.
Fargue, Inspecteur General des Ponts et Chaussees, Paris.
Hi6lard (L.), Vice-President de la Chambre de Commerce de
Paris, Paris.
Holtz, Inspecteur General des Ponts et Chaussees, Paris.
Molinos, Ingenieur Civil, Paris.
Nicolas, Conseiller d'Etat, Directeur du Commerce Interieur
au Ministere du Commerce et de I'lndustrie, Paris.
S. E. Schultz, Ministerial-Direktor im Koniglich Preussis-
clien Ministerium der olfenthchen Arbeiten, wirklicher
Geheimer Rath, Berlin.
Wiebe, Koniglich Preussischer Oberbaudirektor, Berlin.
D' Victor Russ, Mitglied des Abgeordnetenhauses, Wien.
De Raeve, Administrateur, Inspecteur General des Ponts et
Chaussees, Bruxelles.
Calheiros da Graga, Capitaine de vaisseau, Directeur du
Departement du Service Hydrographique, Rio-de-Janeiro.
De Llaurado, Ingenieur en chef du District Forestier, Madrid.
Comstock, Colonel of Engineers, Brevet Brigadier General,
President Mississipi River Commission, New- York.
Sir Courtenay Boyle, K. C. B., London.
Conrad, Inspecteur General du Waterstaat, La Haye.
B6la de Gonda, Conseiller technique au Ministere Royal du
Commerce, Budapest.
Commandeur Bompiani (Gaetano), President du Conseil Su-
perieur des Travaux Publics, Rome.
Saetren, Directeur de I'Administration des Canaux de Nor-
vege, Christiania.
PORTDGAL.
KOUHANIE.
RUSSIE.
Sum.
Suede.
Suisse.
Fbance.
France.
Allemagne.
autriche.
Belgique.
Hollande.
Suisse.
RENSEIGNEMENTS G£NERAUX.
Mendes Guerreiro, Ingenieiir de !'« classe, Lisbonne.
Mironesco, Inspecteur General des Fonts et Chaiissees, Membre
du Conseil des Travaux Publics, Professeiir a I'Ecole des
Ponts et Chaussees, Bucarest.
S. E. de Tour, Conseiller prive, Membre du Conseil du
Ministere des Finances de Russie, Dade.
S. E. de Ghercevanof, Conseiller prive, Directeur de I'lii-
stitut des Ingenieurs des Voies de Communication, Saint-
Petersbourg.
Wilberforce Wyke, Secretaire de la Legation de Siam, Paris.
Colonel Richert, Cbef de I'Administration et du Corps Royal
des Ponts et Cbaussees, Stockliolm.
De Morlot, Inspecteur en chef des Travaux Publics de la Con-
federation Suisse, Berne.
SECRETAIRE GENERAL
De Mas, Ingenieur en chef des Ponts et Chaussees, Paris.
SECRETAIRES
Captier, Secretaire de la Chambre Syndicale de la Marine,
Paris.
Flamant, Ingenieur en chef des Ponts et Chaussees, Paris.
Hirsch, Ingenieur en chef des Ponts et Chaussees, Paris.
Lainey, Membre de la Chambre de Commerce de Paris, Paris.
Schoendoerffer, Ingenieur en chef des Ponts et Chaussees,
Lons-le-Saulnier (Jura).
D"" Nebelthau, Syndicus der Handelskammer Bremen, Bremen.
Bitter von Goldschmidt, K. K. Baurath, Civil Ingenieur,
Stadtrath, Wien.
De Mey, Ingenieur principal des Ponts et Chaussees, Ostende.
Deking-Dura, Ingenieur en chef, Zw^oUe (Over-Yssel).
Lyon (Max), Ingenieur Civil, Paris.
France.
TRESORIER
Maes, Membre de la Chambre de Commerce de Paris, Paris.
France.
SECRETAIRES-ADJOINTS
De Brevans, Secretaire de la Bourse de Commerce de Paris,
Paris.
Javary, Ingenieur des Ponts et Chaussees, Paris. . .
Jozan, Ingenieur des Ponts et Chaussees, Paris.
Wender, Ingenieur des Ponts et Chaussees, Melun.
BUREAUX DES SECTIONS
SECTION
France.
PRESIDENT
Rousseau (A.), Conseiller d'Etat, ancien Sous-Secretaire
d'Elat aux Ministeres des Travaux Publics et de la Marine
et des Colonies, Paris.
France.
Allemagn:
Belgiqde.
HONGRIE.
VICE-PRESIDENTS
earlier, Inspecteur General des Ponts et Chaussees, Paris.
Professor Schlichting, Prasident des Central-Vereins fiir
Hebung der deutschen Fluss- und Kanalschifffahrt, Berlin.
Troost, ingenieur en chef, Direcleur des Ponls et Chaussees,
An vers.
Koloman de Kenessey, Inspecteur Superieur de I'lnspection
Generale Boyale Hongroise des Chemins de fer et de la
Navigation au Ministere du Commerce, Budapest.
France.
Belgiqle.
Italie.
BussiE.
SECRETAIRES
Bourguin, Ingenieur des Ponts et Chaussees, f, f°»» d'lnge-
nieur en chef, Soissons.
Cadart (Gustave), Ingenieur des Ponts et Chaussees, Langres.
Pavie, Ingenieur des Ponts et Chaussees, Paris.
Pigache, Ingenieur des Ponts et Chaussees, Soissons.
Vanderlinden, Ingenieur principal des Ponts et Chaussees,
Gand.
Chevalier Luiggi (L.), Ingenieur du Genie Civil, Secretaire de
S. E. le Ministre des Travaux Publics, Rome.
De HcBrschelmann, Ingenieur, Chef de bureau au Ministere
des Voies de communication, Saint-Petersbourg. -
CXTIII
RENSEIGNEMENTS GEN^RAUX.
France.
France. .
Allemagne.
aotriche.
Belgique.
France.
Allemagne.
2"'^ SECTION
PRESIDENT
Buquet, President de la Societe des Ingenieurs Civils, Paris.
VICE-PRESIDENTS
Pontzen, Ingenieur Civil, Paris.
Professor Honsell, Grossherzoglich Badischer Baudirektor,
Karlsruhe-i.-B.
Schromm (A.), K. K. Regierungsrath, Schifffahrts-Gewerbe-
Inspektor, Wien.
Mailliet, Ingenieur en chef, Directeur des Pontset Chaussees,
Bruxelles.
SECRETAIRES
Alby, Ingenieur des Ponts et Chaussees, Paris.
Clerc, Ingenieur des Ponts et Chaussees, Vernon (Eure).
Petit (Marcel), Directeur de la 0" Frangaise de Transports
fluvi'aux et maritimes, Paris. ,
D"" Vosberg Rekow, Syndicus der Handelskammer fiir das
Herzogthum Braunschweig, Braunschweig.
ME
SECTION
France.
PRESIDENT
Yves Guyot, Depute, ancien Ministre des Travaux Publics,
Paris.
VICE-PRESIDENTS
France. . . . Guillotin, ancien President du Tribunal de Commerce de la
Seine, Paris.
Allemagne. . . D"" von Rumpler, Ministerialrath im Koniglich Bayerischen
Staatsministerium desKoniglichenHauses und des Aiissern,
Miinchen.
Etats-Unis. . . Professor Fuertes, Director, College of Civil Engineering,
Cornell University, Ithaca (N. Y.).
RossiE. . . . S. E. Raffalovich, Conseiller d'Etatactuel, Agent duMinistere
des Finances de Russie en France, Correspondant de I'lnsti-
tut de France, Paris.
BUREAUX DES SECTIONS.
CXIX
SECRETAIRES
France.
HOLLANDE.
HONGRIE.
Godard, Ingenieur des Fonts et Chaiissees, Honfleur.
Perier de F6ral, Administrateur de la C*« de Touage et de
Remorquage de I'Yonne, Paris.
De Vries, Ingenieur du \Yaterstaat, Leuwarden.
Farago, Conseiller technique au Ministere Royal d'Agricul-
ture, Budapest.
ME
SECTION
PRESIDENT
Frajsce,
Guvinot, Senateur, Inspecteur General des Ponts et Cliaus-
sees en retraite, Paris.
VICE-PRESIDENTS
France. . . . Baron Quinette de Rochemont, Inspecteur General des
Ponts et Chaussees, Paris.
Allemagne. . . Franzius, Oberbaudirektor der freien Hansestadt Bremen,
Bremen.
Etats-Unis. . . Gorthell, Civil Engineer, Chicago (III.).
Hollakde. . . Welcker, Ingenieur en chef du \\^aterstaat, Zwolle (Over-
Yssel).
Grande-Bretagne. Vernon-Harcourt, Civil Engineer, London.
SECRETAIRES
France.
Belgique.
RussiE.
Dreyfuss (J.), Ingenieur des Ponts et Chaussees, Chalons-sur-
Marne.
De PuUigny, Ingenieur des Ponts et Chaussees, Marseille.
Ribiere, Ingenieur des Ponts et Chaussees, Paris.
Vandervin, Ingenieur des Ponts et Chaussees, Bruxelles.
De Timonoff, Ingenieur de la Section technique de la Direc-
tion des Ports, Professeur-adjoint a I'lnstitut des Inge-
nieurs des Voies de communication, Saint-Petersbourg.
ORDRE CHRONOLOGIQUE
TRAVAUX DU CONGRfiS
Lundi 18 Juillet . .
Mardi 19 Juillet . .
Mercredi 20 Juillet.
Jeudi 21 Juillet . .
Vendredi 22 Juillet.
Samedi 23 Juillet.
Dinianche 24 Juillet.
Lundi 25 Juiltet . .
Mardi 26 Juillet .
Mercredi 27 Juillet.
Reunion et Reception a Lille.
Excursion dans le Nord.
Continuation de I'Excursion dans le Nord.
Reception a la Bourse de Commerce de Paris.
Apres-midi : 1''® Seance pleniere (Seance d'ouverture).
— Reunion des quatre Sections.
Matin : Seances des qualre Sections.
Apres-midi : Reception au Ministere des Travaux Publics.
— Seances des o'"<= et A""^ Sections.
Matin : Seances des quatre Sections.
Apres-midi : Excursion sur la Rasse-Seine et la Seine mari-
time.
Continuation de I'Excursion sur la Seine maritime.
Matin : Seances des quatre Sections.
Apres-midi : Seance de la 4°"= Section.
— Excursion sur les Canaux de la Ville de Paris.
— Excursion sur la Haute-Seine.
Matin : Seances des quatre Sections.
Apres-midi : Seance de la 4"« Section.
— Excursion a Noisiel, sur la Marne.
Matin : Seances des quatre Sections.
Apres-midi : Seance de la 5"^ Section.
— Excursion a Joinville-le-Pont, sur la Marne.
— Excursion sur les Canaux de la Ville de Paris.
Jeudi 28 Jut! let.
Vendredi 29 Juillet.
Samedi 30 Juillet.
Dinia7iche 31 Juillet
Lundi I''"' AoUt .
Mardi 2 Aout. .
Mercredi 3 4ou^
Jewrfi 4 Aoiit . .
Vendredi 5 Aoul
Samedi 6 i4ouf .
RENSEIGNEMENTS GENfiRAUX.
Matin : Seances des 2"^ 3""« et 4"^ Sections.
Apres-midi : Reception des Membres du Bureau du Congres
et des Bureaux des Sections par M. le Pre-
sident de la Republique au chateau de Fon-
tainebleau.
— • Excursion a Suresnes, Bougival et Saint-
Germain.
Matin : 2« Seance pleniere.
Apres-midi : Seance de la S""^ Section.
Matin : 5* Seance pleniere (Seance de cloture).
Excursion du Centre.
Continuation de I'Excursion du Centre.
Continuation de I'Excursion du Centre.
Continuation de I'Excursion du Centre.
Excursion sur le Rhone et a Marseille.
Continuation de I'Excursion sur le Rhone et a Marseille.
Fin de I'Excursion. — Separation.
LISTE DES PUBLICATIONS
DU COAGRES'
I. - RAPPORTS'
1" Question.
ScHLicHTi.NG. — ConsoHdation des berges des canaux.
Peslin. — Consolidation des berges des canaux dans la region du Nord de la
France.
Van der Sleyden. - Consolidation des berges des canaux des Pays-Bas.
De Hcerschelmann. — Sur quelques travaux de Consolidation des berges des
canaux executes en Russie.
2° Question.
Leboucq. — Alimentation des canaux de la Belgique.
Denys. — Alimentation des canaux principalement dans I'Est de la France.
3' Question.
BoHPiAMi et Ldiggi. — Moyens employes en Italic pour I'Etancheraent des canaux.
4* Question.
Barois. — Des Reservoirs dans les Indes anglaises.
De Llacrado. — Reservoirs etablis en Espagne.
Bouvier. — Les Reservoirs dans le Midi de la France.
Cadart (Gustave). — Les Reservoirs du departement de la Haute-Mariie.
Fontaine. — Les Reservoirs d'alimentation. Canal du Centre et Canal de Bour-
gogne.
De Hcerschelhann. — Des principaux Reservoirs etablis en Russie.
i. Cette liste ne comprend pas :
— La collection du Bulletin officiel. Les indications donnees au jour le jour dans ce Bulletin
pendant la duree du Congres, se trouvent maintenant reproduites dans les autres publications.
— Le Catalogue des Publications parues sur la yavigation interiewe. Bien qu'il ait ete edite
a I'occasion du Congres et par les soins du Comite de I'Exposition, il fait I'objet d'une entreprise
particuliere, et la vente en est reservee a la maison Lahure, 9, rue de Fleurus, a Paris.
2. Ges Rapports ont ete publies en francais, en allemand et en anglais; un seul, celui de
M. Bela de Gonda sur la \0' Question, n'a pu, faute de temps, etre traduit en allemand et
en anglais.
RENSEIGNEMENTS GfiNfiRAUX.
5° Question.
Germelmann. — Chomages sur les canaiix et les rivieres canalisees.
Mailliet. — Chomages des canaux et des rivieres canalisees en Belgique.
Captier. — Chomages des canaux et des rivieres canalisees en France.
Derome. • — Chomages des canaux et des rivieres canalisees.
]\Lvi:oYER. — Renseignements sur les Chomages des voies navigables de la region
du Centre de la France.
6° Question.
BELLmcRATH et DiECKHOFF. — La Traction des bateaux dans les bassins de I'Elbe et
de rOder.
MiJTZE. — Traction des bateaux sur les canaux et les rivieres a courant libre du
. bassin du Rhin.
Thiem. — La Traction des bateaux sur la ligne de Hohensaaten a Spandau.
BoGART. — Traction des bateaux sur le canal Erie et Notes relatives au transport
des charbons sur I'Ohio.
Camere. — Traction sur les rivieres canalisees (la Basse-Seine prise comme
exemple).
Derome. — Traction sur les canaux. Regions du Nord et de I'Est de la France.
Lasmolles. — La Traction des bateaux.
MoLiNos et de Bovet. — Traction des bateaux sur les rivieres canalisees. Remor-
quage et Touage.
7' Question.
Sympher. — Taxes et peages sur les voies navigables en Allemagne.
Beauriin-Gressier. — Des Taxes de navigation interieure.
CouvREUR. — Des Taxes et peages per^us sur les voies navigables.
Clements. — Taxes et peages sur les voies navigables du Royaume-Uni.
Deking-Dura. — Taxes et peages sur les voies navigables dans les Pays-Bas.
De Sytenko. — Taxes et peages sur les voies navigables en Russie.
8' Question.
YoN DoEMMiNG. — Etablissemeut et Exploitation des Ports de navigation interieure
dans les bassins de I'Elbe et de I'Oder.
Imroth et Rcessler. — Les Porls de navigation interieure du bassin du Rhin.
Delaunay-Belleville. — Du Regime commercial des Ports de navigation interieure
en France. Importance et variations du trafic; conditions de son developpement.
Monet. — Du Regime des Ports de navigation interieure.
LISTE DES PUBLICATIONS DU CONGRES.
9' Question.
Van der Bought, Harttung, Landgraf et Merrens. — Roles respectifs des voies
navigables.et des chemins de fer dans rindustrie des transports.
Pescheck. — Roles respectifs des voies navigables et des chemins de fer dans le
mouvement des marchandises des bassins de TElbe et de I'Oder.
Pollack. — L'Elbe, son trafic et ses tarifs.
ScHROMM. — Roles respectifs des voies navigables et des chemins de fer dans
rindustrie des transports en Autriche.
Ely. — Les Grands Lacs de TAmerique du Nord.
]\Tqpth — Roles respectifs des voies navigables etdes chemins de fer aiix Etats-Unis.
Roberts. — Roles respectifs des voies navigables et des chemins de fer dans
rindustrie generale des transports aux Etats-Unis.
J. Fleury. — Roles respectifs des voies navigables et des chemins de fer dans
rindustrie des transports.
Halasz. — Roles respectifs des voies navigables et des chemins de fer dans rin-
dustrie des transports en Hongrie.
10'' Question.
Franzios. — I/Amelioration des flcuves dans leur partie maritime.
Troost et Vandervin. — Amelioration de I'embouchure de I'Escaut.
CoRTHELL. — Amelioration de I'embouchure des fleuves, principalement en Ame-
rique.
Gderard. — Amelioration de I'embouchure du Rhone.
MENGix-LECREULxetFARGCE. — La Seine maritime. — Conditionsd'elablissement des
traces rationnels des rives artificielles d'une riviere navigable a fond mobile.
Verjjon-Harcourt. — Amelioration de la partie maritime des fleuves, y compris
leurs embouchures.
Welcker. — Amelioration de la voie fluviale de Rotterdam a la mer'.
Bela de Gonda. — La Regularisation des Porles-de-fer et autres cataractes du Bas-
Danube.
De Timonoff. — Les Embouchures du Volga.
II. — GUIDE-PROGRAMME OFFICIEL
1. Les planches a I'appui de ce Rapport forment une brochure speciale comprise parmi les
Comiliunications. (V. page cxxvi.)
RENSEIGNEMENTS GfiNERAUX.
in. - COMMUNICATIONS
A" Question.
Pelletreau. — Considerations sur les grands barrages en ma^onnerie.
6° Question.
Captier. — Le Marinier.
Galliot. — Touage electrique des bateaux. — Rapport de la Commission d'exa-
men nommee par M. le Ministre des Travaux Publics.
10" Question.
De Mey. — L'Escaut maritime.
CoMSTOCK. — Notes sur 1' Amelioration du Mississipi.
Pasqueau. — Statistique graphique des passes de la Gironde et de la Garonne
maritime.
Welcker. — Amelioration de la voie fluviale de Rotterdam a la mer (Planches).
Mendes Guerreiro. — Le Tage portugais.
IV. — COMPTE RENDU SOMMAIRE DES TRAVAUX DU CONGRES
V. - PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS
ET COMPTE RENDU DES EXCURSIONS
VI. - CATALOGUE DE L'EXPOSITION
VII. - VUES PHOTOGRAPHIQUES DES INSTALLATIONS
DU CONGRES
1. Ce Compte rendu a ete publie en franfais, en allemand et en anglais.
TRAVAUX DU CONGRES
PREMIERE SEANCE PLENIERE
GOMPTE RFNDU SOMMAIRE DES SEANCES DES SECTIONS
DEUXIEME SEANCE PLENIERE
TROISIEME SEANCE PLENIERE
VISITE A M. LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE
COMPTE RENDU SOMMAIRE DES EXCURSIONS
PROCES-VERBAL
DE LA
PREMIERE SEANCE PLENIERE
;SEA>CE DOUVERTIRE)
Jeudi 21 Juillet (apres-midi).
Presidence de M. VIETTE
Ministre des Travaux publics.
Le jeudi 21 juillet 1892, a 2 heures apres midi, au Palais de I'lndus-
trie, dans la salle des seances plenieres, le V Congres International de
Navigation interieurea ete ouvert en presence d'une affluence considerable.
Aux cotes de M. le Ministre avaient pris place sur I'estradc, indepcn-
damment des membres du Bureau de la Commission d'organisation du
Congres et des delegues des Gouvernemenls etrangers :
Commandant Courtes-Lapeyrat, representant M. le Presidem de la
Republique ;
CuvLNOT, Senateur, Inspecleur General des Ponts et Chaussees en
retraile ;
Felix Faure, Depute, ancien Sous-Secretaire d'Etat au Ministere de
la marine et des colonies ;
Yves Guyot, Depute, ancitm Ministre des travaux publics;
BuQUET, President de la Societe des Ingenieurs civils;
GuiLLAix, Conseiller d'Etat, Directeur de la navigation au Ministere
des travaux publics:
Leblanc, Inspccteur general des Ponts et Chaussees, Vice-President
du Conseil general des Ponts et Chaussees, ancien Directeur de
la navigation au Ministere des travaux publics;
Philippe, Conseiller d'Etat, Directeur de I'Hydraulique agricole au
Ministere de I'agricullure;
PiCARD, President de la Section des travaux publics au Conseil
d'Etat, Directeur general honorairc des Ponts et Chaussees, des
Mines et des C hem ins de fer ;
Rousseau (Armand), Conseiller d'Etat, ancien Sous-secretaire d'Etat
au Ministere des travaux publics et au Ministere de la marine
et des colonies, ancien Directeur de la navigation au Ministere
des travaux publics.
i F.
2 . jro SEANCE PLENIERE.
Parmi les membres du Congres qui remplissaient la salle, les partici-
pants aiix precedentes reunions de Bruxelles, Vienne, Francfort et Man-
chester elaient en grand nombre; on rcmarquait aussi la presence de
quelques dames que la perspective d'un debat technique n'avait pas
effrayees.
M. LE MiNisTRE se Icvc ct prend la parole :
Mesdames, Messieurs, je serai I'interprete de vos sentiments, en presen-
tant a M. le President de la Republique, qui a bien vouhi accepter la
Presidence d'honneur de ce Congres, vos remerciements et I'hommage de
votre respect.
Je suis heureux de souhaiter la bienvenue aux membres de cette grande
reunion, ou dix-liuit nations elrangeres sont representees.
L'empressement que vous avez mis a repondre a I'invitation de la
Chambre de commerce de Paris est la preuve eclalante du juste retour de
I'esprit public a la question de la navigation interieure.
Le temps est loin ou Ton osait proposer serieusement de combler les
canaux pour construire des chemins de fer sur leurs lits desseches. On a
compris la necessite d'utiliser toutes les voies de communication pour
resoudre le probleme des transports a bon marclie.
Yos efforts n'ont pas ete infructueux : vous avez Icnu qualre fois deja
vos laborieuses assises, a Bruxelles, a Vienne, a Francfort, a Manchester;
vous avez voulu grouper toutes les competences, comparer tons les
svstemes, etudier sous tous ses aspects, et dans ses multiples details, la
question qui domine le regime economique de cette epoque.
L'enfantement des idees hardies, le genie de I'invention, la creation
d'un oulillagc tout-puissant, telle est I'oeuvre grandiose du siecle qui
disparait. 11 a rempli glorieusement sa mission; il a plus que centuple
Feneroie humaine en mettanl a sa disposition des serviteurs infatigables.
Avant de mourir il ne lui reste, pour couronner son oeuvre, qu'a mobiliser
sa gigantesque production.
Alors qu'il avail deja parcouru plus de la moitie de sa carriere, la loco-
motive etait consideree comme un monstre, une vainc exageration de
force, une ogresse qui devait epuiser rapidement les regions ses tribu-
taires et s'endormir, la plupart du temps, faute de clientele, dans un
repos inutile.
Auiourd'hui, les voies ferrees sont debordees par le trafic.
Le voyageur oublieux du coche appelle I'electricite pour remplacer la
vapeur au pied lent. Les marchandises, moins hatives et plus parcimo-
nieuses, recherchent avant tout le bon marche : elles nous demandent de
prolonc^er dans I'interieur des lerrcs, en perfeclionnant les arteres natu-
relles et en ouvrant des veines artificielles, la mer fatiguee par le com-
merce.
Les nations se sont mises a I'oeuvre; vous avez pu constater ce renoii-
SEANCE D'OUVERTURE. 3
veau dans vos nombreuses excursions, car vous parcourez tons les pays
avec I'unique pensee de vous communiquer vos decouvertes, de vous
glorifier de votre oeuvre lorsqu'ellc est reussie, et de vous inspirer de celle
d'aulrui si elle est plus parfaite.
Ces etudes ne se poursuivraient pas seulement sur le globe terrestre,
s'il faut en croire certains astronomes qui reviennent de loin. Avec les
yeux de la science, on apergoit sur la surface de Mars des tranchees syme-
triques dont les bergcs presentent un parallelisme parfait. Ces lignes,
d'une impeccable correction, ne portent ceriainenient pas le sceau de la
nature capricieuse : elles decelent une ecole poly technique. {Rires et
applaudissements.) Ce sont, il n'est pas interdit de le croire, des canaux
larges comme des bras de mer, et aupres desquels les notres sont a peine
des ruisseaux.
Lorsque les opticiens arracheront Mars aux profondeurs mysterieuses
des espaces sideraux pour Tapprocher a quelques kilometres de nous,
vous pourrez etudier a loisir les ecluses et les barrages celesles sur cette
planete, le paradis de la batellerie, le Walhalla oi'i transmigrent les ames
des ingenieurs, et ou leurs ombres construisent elernellement, avec des
budgets intarissables, des ouvrages sans fin.
Le pere de la Guerre, Mars lui-meme, ne dedaigne pas plus que vous
les arts de la Paix.
Si nous descendons du ciel sur la terre, nous voyons que I'elan est
universel : I'Amerique cherche a utiliscr les grands lacs, son Ocean inte-
rieur. L'Angleterre se sent a I'etroit au sein de ses vastes mers. Le cercle
de ses rivages se ferme trop tut au gre de ses desirs et, pour echapper a
leur etreinte. elle creuse des ports interieurs. Pour meltre son fleuve en
liberie et briser ses entraves, I'Autriche force les Porics de Fer. Parlout,
I'agriculture et I'industrie cberclient dans les voies de communication et
dans le dcveloppement de la navigation interieure Tallegemcnt des crises,
dont la periodicite est la consequence de la surproduction.
La patrie de Riquet ne peut rester en arriere : les representants de la
France vous indiqueront les grandes lignes de la loi que nous avons
soumise a nos deux Chambres. Nous ne relournons pas, comme on Fa dit
bien a tort, au regime fiscal. Nous proclamons hautement la liberie de la
batellerie, qui est pour nous un principe. Nous nous contenterons de
demander le loyer et Tamortissement de I'outillage dont nous voulons
doter nos ports et nos canaux, et encore, ce loyer sera-t-il temporaire,
tandis que I'impot ne avec I'homme ne disparaitra qu'avec lui.
Cette loi sera feconde. Nous devons a nous-memes, a nos institutions, a
notre genie national, de lui imprimer un caractere democratique. Nous
ferons une large part a la petite batellerie, dont le sort excite notre vif
interet : le mariuier, pour toute ricliesse, a son bateau ; la patrie mou-
vante est souvent le lieu natal ou il abrite ses penates d'argile et le nid de
sa famille. Ce bateau est le domicile, le berceau, le gagne-pain. Le batelier
4 i ' SEANCE PLENiERE.
aura voix deliberative, et il pourra defendre a son gre sa cause qui nous
parait d'autant plus interessante qu'elle est plus humble el plus modeste.
Yous avez mis en pleine lumiere ces questions; yous avez appele sur
elles I'altcntion des gomernemenls et des peuples; vous avez rendu aiiisi
au nionde enlier un signale service. Voire presence en aussi grand nombrc
est le gage certain que les travaux du Congres de Paris seront dignes dc
Yous, dignes de cetle capitale et de la nation qui ont I'honncur de vous
oflrir une cordiale hospilalite. {Applaudissements repctes.)
M. Cousie, President du Congres, repond en ces termes a M. le Ministre
des travaux publics :
Messieurs, je suis tres flatte, je I'avoue, de la mission qui m'est devolue
dc prendre la parole a cette seance d'ouverture du A'" Congres interna-
tional de Navigation interieure. J'eprouve un legitime sentiment de fierle
pour la Cliambre de Commerce de Paris, que j'ai I'honneur de representer
et a qui on a reserve une si large part dans I'organisation de ce Congres.
Monsieur le Ministre des Iravaux publics, en nous en confiant la prepa-
ration, vous avez eu raison de compter sur nos efforts les plus etendus;
la marque de sympatliie dont vous avez ainsi honore la Chambre de Com-
merce est tout d'abord dc ccllcs qn'on tient a ca?ur de juslifier; puis,
I'oeuvre a laquclle nous elions convies, s'elevant au-dessus des interels
parliculiers pour servir la cause de tons les peuples, devait forcemcnt
caplivcr notre attention, exciler notre emulation et feconder nos travaux.
Recevez ici. Monsieur le Ministre, le femoignagc public de notre grati-
tude; permcttez-nous de vous remercier clialeureusemcnt de vos encoura-
gements; laissez-nous encore vous exprimcr notre reconnaissance pour les
precieuses collaborations que vous avez eu I'obligeance de nous adjoindre :
celle de I'honorable M. Guillemain, Inspecteur general et Directeur de
I'Ecole des Ponls et Chaussees, President du Congres au meme (ilre que
moi; coUe enfm de tons les ingenieurs distingues qui ont bien voulu
accepter de faire partie du Comite d'Organisation et qui n'ont menage ni
leur temps, ni leur immense savoir.
Je croirais manquer a mon devoir si je n'adressais nos souhaits de
bienvenue et nos remercienients a vous aussi. Messieurs les adherents
francais et ctrangers, qui etes venus consacrer par voire presence I'impor-
tance de nos reunions; vous aurez concouru a enrichir le domaine du
progrcs, et c'est grace a vous que nos discussions pourront elre couron-
nees de succes. Si nous avons eu Phonneur d'etre les pi'omoleurs dc
I'oeuvre, vous avez Pavanlage d'en elre les ouvriers, et j'ai Pintime con-
viction que voire labour ne restera pas iniproductif.
Permettez-moi enlin. Messieurs, de rendre un public et sincere hom-
mage au corps des ingenieurs; leur courloisie n'a d'egale que leur merile,
et nous Savons que, quelle que soil la nationalile a laquelle ils appar-
tiennenl, ils represenlent toujours le (ievouement, la science et I'honneur.
SfiANCE D'OUVERTURE. 5
L'existence intensive de notre epoque donne parfois prise, Messieurs, a
de nombreuses et justes critiques; mais aucun homme de bonne foi ne
pourra cependant meconnaitre que cette fin de sieele, si souvent decriee,
est fertile en idees genereuses et utiles, an nombre desquelles les Congres
internationaux tiennent une des premieres places.
Tons les esprits eleves tenlent de s'aflVanchir aujourd'hui de ce senti-
ment de rivalite qui separe trop souvent les nations les plus civilisees.
Artistes, savants, industriels, economistes, travailieurs, tons se recher-
chent et s'assemblent pour discuter et resoudre en commun les grands
problemes qui interessent non seulement leur pa trie, mais encore I'huma-
nite entiere.
II n'est pas dans mon role de traiter ici la grave question economique
et sociale, si importante et si complexe, qui preoccupe en ce moment
tout I'univers; mais je ne crois pas outrepasser les limites de mon mandat
en faisant ressortir I'anomalie qui existe cntre ces deux couranis : I'un,
qui porte les peuples a se reunir, a echanger leurs idees, dans une gran-
diose pensee de fraternite et de justice; I'autre, qui dresse d'insurmon-
fables barrieres a leurs frontieres et les cmpeche d'echanger librement
leurs marchandises.
Bien qu'ayant un but tout special, Messieurs, notre Congres interesse
neanmoins la richesse, et par cela meme la grandeur des dix-huit nations
qui ont bien voulu s'y faire representer; permettez-moi done de compter
a la fois sur vos lumicres pour I'etude des questions qui vous seront sou-
mises, et sur voire dcsinteressemenl pour faciliter I'applicalion des deci-
sions que vous allez prendre.
II est inutile, je crois, de vous exposer en detail le programme de nos
travaux; la lecture des remarquables rapports que vous avez rerus, et
I'excursion qu'un grand nombre d'entre vous vient d'enlreprendre dans
la region du Nord de la France ont deja pu vous faire pressentir les conse-
quences que notre Congres, complctant ceux de Bruxelles, de Yienne, de
Francfort et de Manchester, pent exercer sur les conditions futures des
voies navigables.
Ces voies de transport qui, devant I'enorme puissance et la multiplicite
des chemins de fer, semblaient devoir elre promptement delaissees, ont
acquis au contraire un developpement de plus en plus considerable; mais,
avec les exigences du trafic, se sont accrues aussi les difficultes dela navi-
gation. La science de I'ingenieur y a certes remedie dans une large
mesure; il reste cependant beaucoup a faire pour detruire tous les
obstacles qui s'opposent encore a une bonne et rapide navigation sur nos
lignes d'eau.
Nous pouvons, je crois, examiner avec fierte les magnifiques ecluses,
les vastes bassins de nos canaux; mais, vraiment, il n'est plus de noire
epoque de voir subsister les nombreuses taxes qui grevent nos transports
fluviaui. Jean Rouvet, descendant le premier la Seine sur un train de
6 1^' SEANCE PLENIERE.
bois, en 1549, les subissait deja, ces taxes; n'esl-ce pas le cas de recon-
naitre, ime fois de plus, la lenteur du progres?
II faut, Messieurs, que notre civilisation, nos besoins actuels aient
raison de ces derniers vestiges d'un autre age; il importe que les voies
navigables ne cessent d'attirer les soins constants de tons les gouverne-
ments; il ne suffit pas qu'elles constituent d'admirables ouvrages que la
main de I'homme s'ingenie a creer ou a perfectionner; il faut que leur
role economique soit reconnu, proclame, augmente; il faut enfin que,
partout et toujours, elles prennent rang parmi les plus puissantes forces
produclives des nations.
Je ne crois done pas m'etre abuse en vous affirmant que I'influence de
ce Congres devait etre fructueuse et salutaire au plus haut point ; la mis-
sion dont vous etes investis comporte I'examen de reformes urgentes :
vous aurez, j'en suis persuade, le grand merite de les elaborer.
Vous savez cependant, Messieurs, que la Science ne s'arrete pas en
chemin, et que tout est d'ailleurs perfectible; il appartiendra done aux
Congressistes de I'avenir de completer notre oeuvre. (Applaudissements.)
S. E. M. ScHULTz, Directeur au Ministere des travaux publics de Prusse,
prend la parole en ces termes :
Mesdames et Messieurs, les paroles avec lesquelles le Y' Congres inter-
national de Navigation interieure vient d'etre inaugure n'auront pas manque
de remplir tous les assistants de la satisfaction la plus vive. En venant
remercier M. le Ministre des travaux publics et M. le President de la Com-
mission d'Organisation de leurs brillants ct aimables discours d'ouverture,
je vais pouvoir alleguer, pour ma legitimation, que I'Empire Allemand —
a part la circonstance accidentelle que I'initiale de son nom tient la pre-
miere place dans I'alphabet — que I'Empire Allemand, dis-je, est pour la
premiere fois representu officiellement dans un Congres de navigation inte-
rieure siegeant a I'etranger.
En Allemagne, la conviction qu'il est necessaire de corriger et de regler
les fleuves naturels, d'elargir et de completer le reseau des voies fluviales
artificielles, est aussi generate que vive ; elle augmente et devient plus
profonde — on pent le dire sans exageration — de jour en jour. Les gou-
vernements font les efforts les plus soutenuspour reparer ce qui a ete jadis
trop souvent neglige dans ce domaine, pour retirer les tresors contenus
dans les voies navigables, et pour en realiser les benefices dans I'interet
commun.
De meme les assemblees particulieres s'appliquent avec ferveur et con-
stance a eveiller et a repandre I'interet que les citoyens portent a ces ques-
tions, ainsi qu'a disposer les esprits en faveur des efforts faits par les gou-
vernemenls. A cote de I'amelioration et de la regularisation des fleuves
naturels ainsi que de I'augmentation des voies fluviales artificielles, c'est
la diminution des dangers resultant des grandes crues et des giaces flot-
SEANCE D'0U\T:RTURE. 7
tanles qui occupe continuellement I'opinion publique et qui exige es soins
les plusassidus des gouvernernenls.Permettez-moi,Mesdameset Messieurs,
de vous dire que S. U. I'empereur d'Allemagne et roi de Prusse, mon au-
guste maitre, vient d'ordonner de sa propre initiative I'etude la plus scru-
puleuse des causes des inondations et des debordements recemment surve-
nus. Sa Majeste tient surtout a savoir si les principes appliques pour la
regularisation et la canalisation des fleuves ont contribue a augmenter les.
dangers causes par les grandes crues.
La methode raisonnee et positive, couronnee des plus beaux succes, avec
laquelle les Congres internationaux anterieurs ont traite et epuise toutes
les questions occupant au plus hautdegre I'opinion publique, n'a pas man-
que d'impressionrier vivement les gouverneinents, et je ne doule pas que
I'Empire AUemand ne soit represente ofticiellement dans tous les Congres
futurs.
C'est pour cette raison que nous abordons les discussions avec I'espe-
rance que, non seulement, elles augmenteront Tinteret porte a toutes les
questions concernant la navigation interieure, et qu'elles nous rendronl
plus babiles et plus instruits pour accomplir notre tache commune, mais
qu'elles contribueront bien encore a developperet a favoriser le commerce
pacifique entre les nations. {Applaudissements .)
Sir CouRTENAY-BoYLE, Secretaire du BouiyI of Trader prononce le discours
suivant :
Mesdames et Messieurs, je suis ici pour vous exprimer la satisfaction
avec laquelle le gouvernement de la Reineaaccepte I'invitation de se faire
repr6senter a ce Congres et mon plaisir personnel d'avoir ete pour la troi-
sieme fois clioisi comme son representant.
Mesdames et Messieurs, quelles que soient les opinions poliliques du
moment, quelque cbangement qui puisse survenir dans la face politique
du monde, ce grand probleme auquel votre president a fait allusion, le
grand probleme des transports a bon marche reste du plus profond interet
pour la communaute de tous les Etats du monde civilise. J'ai eu le plaisir,
il y a deux ans, d'etre le representant du gouvernement anglais a Manches-
ter, qui a reuni de nombreuses notabilites de ce pays et d'autres nations,
tous influents par leurs positions, leur experience et leur capacite.
J'ai I'espoir qu'a ce Congres de Manchester, que n'a malheureusement
pu presider Sir Joseph Lee, par suite de maladie, on a appris quelque
chose, meme les savants qui y ont assiste. J'ai mieux encore, I'espoir, et je
puis dire, la certitude, qu'a ce Congres, nous aurons beaucoup a voir et
encore plus a apprendre. Le Gouvernement de la Reine d'Angleterre est, je
le repete, heureux de recevoir I'invitation que vous nous avez adressee.
Comme representant du corps officiel, dont la tache est de s'occuper des
chemins de fer et des canaux (dans la mesure oil I'Etat entreprcnd cette be-
sogne) je dis que plus les chemins de fer et les canaux marchent la main
8 1" SEMCE PLENIERE.
dans la main en vue de developper et d'encourager le trafic, plus ils en ti-
rent profit les uns et les aulres. {Applamlissemenls .)
Telle est I'opinion, que voiis pouvez nous enseigner cette annee ; les
canaux n'ont rien a craindre dcs chemins de fer> ni ceux-ci des canaux.
Mesdames et Messieurs, je vous exprime encore une fois la gratitude avee
laquelle le gouvcrnement de la reine d'Angletcrre a accepte voire invita-
tion et s'est fait representer a I'lnteressant Congres qui s'ouvre aujour-
d'hui. {Applaudiitsements.)
- M. CousTE presente ensuite au Congres les rapports qui ont ete envoyes
a la Commission d'Organisation et qui ont ete traduits en allemand et en
anglais.
II propose au Congres de nommer des maintenant son Bureau.
M. DE GoLDsciiMiDT propose de nommer comme noyau du Bureau celui de
la Commission d'Organisation qui a prepare avee taut de soins les questions
et la publication des rapports. (Applaudissemenls.)
[La proposition, misc aux voix, est adoptee par le Congres.)
M. DE Mas, Secretaire general. — Messieurs, conformement aux prece-
dents, aux regies de la courtoisie et aussi a I'inleret des travaux du Congres,
nous vous proposons de completer le Bureau en designanl des Vice-Presi-
dents parmi les representanls des Gouvernemenls qui nous ont honores
de leur participation au Congres. Je vais vous donner lecture de la liste des
noms qui nous ont paru devoir etre soumisa vos suffrages, liste etablie par
ordrealpliabetique des nations, demaniereanefroisseraucunesusceptibilite.
Ali.emaoe S. E. M. SciiuLTz, Direcleur au Ministere des tra-
vaux publics, a Berlin.
WiEBE, Directeur superieur de construction, a
Berlin.
AuTRiCHE D"" Victor Buss, Membre du Parlement.
Belgique DE Baeve, Admiuistrateur-iuspecteur general des
Fonts et Chaussees.
Bresii Fhakcisco Calheiros da Graqa, capitaine de vaisseau.
EsPAGNE DeLlaurado, Ingenicur en chef du district forestier
de Madrid.
Etats-Unis CoMSTocK, Coloucl du genie, Brigadier general bre-
vete.
Grande-Bretagne . . . . Courtenay-Boyle, Secretaire du Board of Trade.
Hollande Co.NRAD, luspcctcur general du Waterstaat.
IIongrie Bela de Gonda, Conseiller technique.
Italie BoMPiANi, President du Conseil superieur des Tra-
vaux Publics.
Norwege Saetren, Directeur de I'administration des canaux.
Portugal Mekdes Guerreiro, Ingenieur du Gouvcrnement Por-
tugais.
SEANCE D'OUVERTLRE. 9
Rol'malmk MiRONEsco, Inspecteur general des Fonts et Chaus-
sees.
Rlssik DE Tour, Conseiller prive, membra du Conseil du
Ministere des finances.
Ghercevanof, Directem^ de I'lnstitnt des voies de
communication.
SiAM AViLBERFORCE Wyke, Secretaire de la Legation.
SiiEDE Colonel Richert, chef de I'administration royale
des Fonts et Chaussees.
Suisse de Morlot, Inspecteur en chef des Travaux Fublics.
Four ceux d'entrenous qui ont suivi les travaux des precedents Congres,
presque ions ces noms sont connus et, je crois pouvoir le dire, connus de
la facon la plus sympathique. {Applaudissements.)
{La liste, mise mix voix, est adoplee par le Congres.)
Apres les Yice-Fresidents, les Secretaires. Vu rimportance des travaux
du Congres, il n'est pas douteux que le Bureau aura pour ces fonclions
grand besoin de I'aideetdes lumieres de collegues ctrangers. Toutefois, il
ne pouvait etre question de demander un secretaire a cliacun des pays
representes, d'autant plus qu'il fallait tenir compte des connaissances lin-
guistiques et des aplitudes de chacun, de fa^on a rendre aussi faciles que
possible les rapports entre les membrcs du Congres.
Yoici la liste que nous avons I'honneur de vous soumettre :
MM. Deklng-Dura, Ingenieur en chef a Zwollc, delegue du Gouvernement
IloUandais;
De Goldschmidt, Conseiller imperial royal, delegue de la ville de Vienne;
Max Lyon, Ingenieur civil, delegue du Gouvernement Helvetique ;
De Mev, Ingenieur principal des Fonts et Chaussees a Ostende;
Nerelthan, Syndic de la Chambre de (Commerce de Breme ;
ScH(EiND(ERFFER, lugenicur en chef des Fonts et Chaussees a Lons-le-Saunier.
{Cette liste, mise mix voix, est adoptee par le Congres.)
Je passe maintenant aux Bureaux des Sections. Comme vous avez pu le
voir, les Questions proposees a I'etude du Congres sont au nombre de 10;
elles sont reparties entre 4 Sections.
f' Section. — Construction et entretien des voies navigables.
2" Section. — Exploitation technique.
5'" Section. — Exploitation commerciale et questions economiques.
4' Section. — Voies navigables dans leur partie maritime.
Pour le choix des personnalites qui doivenl composer les Bureaux des
Sections, nous nous sommes inspires des memes idees que pour celui des
Secretaires; nous avons eu, avant tout, en vue la bonne conduile et la
marche fructueuse des travaux des Sections. Cependant, une autre consi-
deration nous a preoccupes, dont je dois vous direquelques mots.
Quand vous aurez termine vos travaux, quand vous nous aurez quittes,
10 4" SEANCE PLENIERE.
Messieurs, tout ne sera pas fini; il y aura a preparer et a publier les
comptes rendus, et ce sera, sans doule, pour le present Congres, un travail
de grande importance. C'est aux Secretaires qui resleront, c'est-a-dire a
nos compatriotes, qu'incombera ce travail; aiissi avons-nous cru bien faire
en doublant et triplant ces posies de secretaires, pour etre siirs qu'ils seront
toujours occupes d'une fagon sallsfaisante.
En consequence, nous vous proposons I'adoption de la liste suivanle :
1"= SECTION.
President : M. Arma>d Rousseau ;
Vice-Presidents : MM. Carlier, de Kennessey, Schlichting et Troost;
Secretaires : MM. Bourguin, Cadart (Gustavo), de Hoerschelmann, Luiggi,
Pavie, Pigache et Vanderlinden.
2= SECTION.
President : M. Buquet ;
Vice-Presidents : MM. Honsell, Mailliet, Pontzen et Schromm ;
Secretaires : MM. Alby, Clerc, Marcel Petit et Yosberg Rekow.
3- SECTION.
President : M. Yves Guyot;
Vice-Presidents : MM. Fuertes, Guillotin, RafTalowich et de Rumpler;
Secretaires : MM. Farago, Godard, Perier de Feral et de Yries.
4« SECTION.
President : M. Cuvinot;
Vice-Presidents : MM. Corthell, Franzius, Quinette de Rochemont, Yernon-
Harcourt et Welcker ;
Secretaires : MM. Dreyfuss, de Pulligny, Ribiere, de Timonoff et Vandervin.
[Cette liste, mise cmx voix, est adoptee par le Congres.)
Je terminerai par une motion d'ordre. II est dans les intentions de la
Commission d'Organisation du Congres de vous proposer de faire suivre la
seance pleniere actuelle de seances de Sections, dans lesquelles cbaque Sec-
tion installerait son Bureau et reglerait son ordre du jour. II a paru aussi
que les operations de ces premieres seances seraient grandement facilitees
si, au prealable, les Presidents de Sections avaient avec le Bureau du Comite
technique et de redaction qui a prepare les rapports et les autres details
d'organisation, une courte conference. Nous vous proposons done que celte
conference ait lieu immediatement a I'issue de la presente seance ple-
niere; une demi-heure apres, les Sections se reuniraient dans leurs salles
respectives. {Adoptc.)
Yoici enfin quelques renseignements utiles :
Les locaux affectes au Congres seront ouverts de huit heures du matin a
six heures du soir.
Sur le palier du grand escalier d'entree, vous avez pu remarquer le bureau
de distribution tout entoure de casiers dont I'ensemble peut etre compare
SEANCE D'OITERTURE. H
a line espece de ruche d'abeilles. Chaciine des cases est affectee aunmem-
bre du Congres pour rccevoir la correspondance et les pieces de toute
nature qui lui sont deslinees. MM. les Congressistes sont pries de s'adresser
a ce bureau pour avoir tous renseignements et documents, en donnant leur
numero d'inscription, en vue de faciliter le travail ; nous leur recomman-
dons aussidefaire reproduire ce numero sur tous les envois qui leur seront
faits.
Beaucoup d'entre vous, Messieurs, connaissent deja le Secretariat. Vousy
trouverez un personnel tres desireux de vous salisfaire, et de repondre a
toutes vos demandes. Cependant comme I'affluence pent etre variable, tres
grande, a certains moments, et comme le personnel est constant, je solli-
cile a I'avance voire indulgence pour les agents du Secretariat.
A cote est une salle de correspondance; enfm au rez-de-chaussee est
installe un bureau special pour la participation aux excursions ; nous vous
prions de vous y faire inscrire le plus tot possible, pour eviter I'encombre-
ment.
Tellessont, Messieurs, les indications de detail dontjedesirais vous faire
part. {Applaudissements.)
M. LE Mlmstre. — Messieurs, je declare ouvert le Y* Congres de Naviga-
tion interieure.
La seance est levee a 5 heures 20.
COMPJE RENDU SOMMAIHE
SEANCES DES SECTIONS
r' SECTION
CONSTRUCTION ET ENTRETIEN DES VOIES NAVIGABLES
La 1'' Section a tenu 6 seances ; le Bureau etail constilue ainsi qu'il suit :
President : M. Armand Rousseau, Inspecteur general des Pouts et Chaussees,
Conseiller d'Etat;
Vice-Presidents : MM. Carlier, de Kekessey, Schlichilng et Troost ;
Secretaires : MM. Boukguix, Cadart (Gustavo), oEHcEnscHELMANN, LriGCi, Pavie,
Pig ACHE, Vanderlinden.
1" SEANCE. — Jeudi 21 Juillet (apres-midi).
Apres una allocution de bienvenue adressee aux Membres etrangers,
M. LE President expose a la Section que ses travaux ont pour objet la con-
struction et Tentretien des canaux, et comprennent les 4 premieres Ques-
tions du programme.
Treize rapports ont ete distribues aux membres de la Section, savoir :
Sur la 1'' Question (Consolidation des bcrges des canaux), ceux de
MM. Schlichting, Peslin, Van der Sleyden et de Hcersclielmann ;
Sur la 2' Question (Alimentation des canaux), ceux de MM. Leboucq et
Denys ;
Sur la 5* Question (Etanchement des canaux), celui de MM. Bompiani et
Luiggi ;
Enfin, sur la 4^ Question (Reservoirs), ceux de MM. Barois, de Llaurado,
Bouvier, Cadart, Fontaine et de Iloerschclmann.
En outre, une communication sur les grands barrages en magonnerie,
emanant de M. Pelletrcau, a ete admise en vertu de Particle 5 du Regle-
ment.
U COMPTE RENDU SOMMAIRE DES SEANCES DES SECTIONS.
La Section decide que la discussion des questions qui lui sont soumises
aura lieu dans I'ordre du programme, etqu'elle commencera lelendemain
par I'examen du rapport de M. Schiichting.
2 SEANCE. — Vendredi 22 Juillet (matin).
La Section commence I'etude de la r" Question. (Consolidation des berges
des canaux.)
M. ScHLicHTiNG aualysc le rapport qu'il a presente sur la consolidation
des berges des canaux en insistant particulierement sur les a vantages des
berges a parois verticales ou presque verlicales, et il propose d'adopter les
deux conclusions formulees dans son rapport.
En ce qui concerne la premiere, <■< choisir le profit en travers du canal
« de telle sorte que le rapport enire la section immergee du bateau et la
« section mouillee du canal soit au moins egal a 1/4 pour les canaux inte-
« rieurs, et a 1/6 pour les canaux maritimes. » M. Peslln reconnait que
les chiffres indiques par M. Schlicliting soni ralionnels, et qu'il est prefe-
rable d'avoir des canaux a large section, mais qu'il est difficile d'adopter
une conclusion aussi formelle, basee sur des chiffres precis ; car le profit
d'un canal depend non seulemcnt des dimensions des bateaux, mais aussi
de teur vitesse.
M. ScHLicHTiNG rcpond que la proportion de 1/4 a etc adoptee au Congres
de Yienne, mais il n'en reconnait pas moins la justesse del'observation de
M. Peslin.
M. ScH(EiND(ERFFER conclut daus le meme sens que M. Peslin.
M. LE Phesident resume la discussion, et propose d'adopter la premiere
des conclusions formulees par M. Schiichting sous la reserve que la redac-
tion en sera altenuee par une observation tenant compte des considera-
tions relatives a la vitesse des baleaux.
La discussion est ensuite ouverte sur la deuxieme conclusion presentee
par M. Schiichting, et ainsi formulee par lui : « Etablir des berges resis-
« tantes, solidement assises, a paroi verticale ou a pen pres, s'etendant
« au-dessous du niveau de I'eau jusqu'a la profondeur ou Taction des
ff vagues se fait surtout sentir, et s'elevant au-dessus de la surface libre, a
« une hauteur suffisante pour empecher les vagues d'atteindre le talus
« superieur de la berge ou la berme, s'il en existe une. »
M. Vanderlinden rend compte des experiences qu'il a failes sur le canal
maritime de Gand a Terneuzen, et qui ont consiste a faire marcher un stea-
mer a diverses allures. Une reduction de vitesse de 43 pour 100 fut con-
slatee par rapport a celle obtenue en pleine mer, et une vague unique consi-
derable succedaita la denivellation produite par le navire; le ressaut attei-
gnait 1 m. 25 a 1 m. 50.
\" SECTION. 15
M. Vanderlinden admet les defenses a parois verticales, preconisees par
M. Schlichling, sur les canaux anciens, a la condition d'effacer le plus pos-
sible les saillies exterieures; mais, sur les canaux neufs, il preferc les per-
res inclines qui font I'oflice de brise-lames.
M. ScH(END(ERFF£R proposc un tcxtc dc resolution tendant a recommander
des experiences en vue de determiner les relations qui existent entre la
vitesse, les efforts de traction et la section des bateaux d'une part, et la sec-
tion mouillee des canaux d'autre part.
Apres differentes observations de M. dk Raeve, on conclut a I'adoplion de
ce voeu en ajoutant que les experiences soienl etendues aux canaux mari-
times.
M. Reverdy se rallie a I'opinion de M. Vanderlinden, il pense que le pro-
fil propose par M. Sclilicbting n'offrira pas toujours, surtout dans les ter-
rains sablonneux, une securile suffisanle,, et qu'il y aura lieu de recourir
dans certains cas a I'emploi de perres maconnes et inclines destines a briser
les vagues.
M. ScHLicHTixG croit que les objections qui lui out ete faites resultent d'une
interprelallon erronee de scs propositions qui visent uniquement les ques-
tions de principe, et non les details d'execution.
11 demande que la discussion definitive en soil renvoyee au lendemain.
M. Peslin analyse son rapport sur les defenses de bcrges, endecrivant les
differents types adoptes dans son service, et la Section adopte la conclu-
sion qu'il presente, savoir :
« Les systemes de defense de rives appliques sur les canaux du Nord de
« la France, limites au voisinage du plan d'eau, et consistant en petils pieux
« au-dessous du plan d'eau eten revetements de tres peu d'elendue au-dessus,
« systemes reconnus suffisants sur les canaux oii il n'y a qu'une circulation
« a tres faible vitesse, sont recommandes par la V Section du Congres. »
M. DE lIcERscHELMANN resume ensuite les moyens exposes dans son rapport
pour la defense des rives en Russie (Canaux du lac Ladoga).
3' SEANCE. — Samedi 23 Juillet (matin).
A la suite d'une assez tongue discussion a laquelle prennent part
MM. ScHLicHTLNG, ExGELs, Werneklnck ct R.vExscH, cc dcmicr rend compte
des importants travaux qu'il a executes sur le canal de la mer du Nord a la
Baltique, oil les berges, primilivement prevues a I'inclinaison de 1 pour 1,
ont atteint une inclinaison voisine de 1 pour I 1/2 avant Texecution des
revetements.
M. Carlier, en I'absence de M. Yan der Sleyden, rend compte du rapport
presente par cet ingenieur. M. Carlier fait observer ensuite que les conclu-
sions de M. Van der Sleyden ne font que justifier et confirmer celles pro-
posees a la seance precedente par MM. Schcendarffer et Vanderlinden.
16 COMPTE RENDU SOMMAIRE DES SEANCES DES SECTIONS.
II termine en insistant sur le prix eleve des defenses verticales, qui se
transformcraient en veritables mars de quai sur les canaux ou la circula-
tion se fait a grande vitesse, si la defense devait etre etenduetantau-dessous
qu'au-dessus du plan d'eau sur toute la hauteur attaquee par la vague, etil
presente un projet de voeu dont le lexte est donne ci-dessous.
M. Vaxderltnden appellc I'attenlion du Congres sur quelqucs passages
d'une extreme importance du rapport de M. Van der Sleyden, notamment
ceux oil il dit qu'on n'a accepte rapplication de files de pieux et palplanches
en contre-bas du plan d'eau que comme pis-aller, parce que I'execution
de tout autre systeme de defense eut rencontre trop de difficultes, et qu'on
n'etait pas encore parvenu jusqu'ici a une solulion convenable.
M. ScHLicHTiKG proposc la resolution suivante :
« Considerant : 1° que la resistance du profit du canal a Taction des
« vagues provoquees par Ic passage des bateaux est plus grande avec des
« talus plus escarpes ;
« 2° Qu'il semble possible de rcaliser des travaux economiques avec
« des talus plus escarpes.
« La Section emet le voeu qu'il soil fait des essais porlant sur des talus
« a pen pres verticaux, ces essais ayant ete tres rares jusqu'ici, et que des
« rapports sur leurs resullats soient presentes au prochain Congres. »
Ce projet de resolution donne lieu a une discussion. M. de Raeve con-
teste absolumcnt le premier considerant; M. Vanderlinden, en s'appuyant
tant sur sa propre experience que sur les (ermes du rapport de M. Van
der Sleyden, conteste non moins energiquement le second. Tons deux s'as-
socient, d'ailleurs, a MM. Schlicliting et Engels pour demander qu'il soit
precede a des essais avant le prochain Congres.
M. LE Presideist resume la discussion, et la Section adopte les resolutions
proposees par MM. Scho3nda?rffer, de Raeve et Carlier, savoir :
« La V Section emet le voeu suivant :
« 1" Que des experiences soient faites dans les diflerents pays, pour
« completer et elendre les resultats et les consequences de celles faites
« sur le canal Erie, en vue de determiner les relations qui existent entre la
« Vitesse, relfort de traction de la section immergee des bateaux d'une
« part, et, d'aiitre part, la surface el la forme de la section mouillce des
« canaux taut maritimes que de navigation interieure;
« 2° Que ces memes experiences soient faites en vue de determiner I'in-
« fluence du degre d'inclinaison des berges sur Taction de la vague pro-
« duite par la propulsion des bateaux a des vitesses croissantes;
« 5° Que la critique de ces experiences fasse le sujet d'une des questions
« a trailer au prochain Congres. »
Les debats sont clos sur la 1'' Question, et M. Peslin est designe comme
rapporteur. La discussion est ouverte sur la 2'' Question. (Alimentation des
canaux.)
M. DE Raeve, apres avoir donne un souvenir de regret a M. Leboucq,
1" SECTION. 17
recemment decede, fait I'analyse du rapport que cet ingenieur a redige sur
ralimentation des canaux beiges, rapport qui ne comprend point, d'ailleurs,
de conclusions susceptibles d'etre soumises an vote.
4^ SEANCE. — Lundi 25 Juillet (matin).
M. De>ys resume le rapport qu'il a presente et insiste sur les difficultes
qn'ollVe le probleme dc Talimentation des canaux, probleme qui ne com-
porte pas dc solution generale.
Dans la region de I'Est, la caracleristique parait eire Temploi de machines
tres generalement preierees aux reservoirs qui sont rarcs, en raison memc
des conditions geologiques qui en rendent retablissement difficile.
L'emploi exclusif de machines ou de cours d'eau perennes pent offrir
certains dangers, si on ne dispose pas d'un petit reservoir permettant de
remplir le bief de partage apres un chomage. M. Denys termine en exami-
nant la question des betonnages, et la correlation de I'etanchement et de
I'alimentation des canaux.
M. Peslin fournit d'interessanls renscignements sur I'alimentation du
canal de Roubaix qui traverse une region absolument depourvuc d'eau.
On alimente ce canal en puisant duns la Deule, et en rcfoulant environ
25000 metres cubes dans le bief de partage a 55 metres de hauteur.
Le bief de partage y joue le role de reservoir.
M. BoL'RGDi> indique que le lableau des prix de revient du metre cube
d'eau elevee donne par M. Denys serait utilement complete par I'indica-
tion de ce que dcvicndraicnt cos prix si les usines fonctionnaient a leur
maximum de production.
M. LE President fait remarquer que la premiere partie de la question
relative a la variation de la consommation avec I'augmentation du mouil-
lage n'a etc qu'effleuree.
11 soumet a la Section le projet dc resolution suivant, qui est adopte a
I'unanimite :
« La Section emet I'avis que I'importante question de I'alimentation des
« canaux demande des etudes incessantes, et que, si les intercssantes
« communications qui lui ont ete soumises meritent d'appeler I'attention
« des ingenieurs, on ne saurait trop les engager a mettre en lumiere les
« resultats de leur experience personnelle, au profit de I'interet general
« et international.
« Elle remarque que la premiere partie de la question posee laisse par-
« ticulierement beaucoup a faire de nouvelles etudes, et conclut qu'il y a
« lieu de recommander aux futurs Congres de continuer a donner, dans
« leur programme, a la question dont il s'agit la part d'importance qui
« lui revient. »
M. Dejnys est charge de presenter le rapport sur la 2" Question.
18 COMPTE RENDU SOMMAIRE DES SEANCES DES SECTIONS.
Les debats sont ouverts sur la o*" Question. (Etanchemenl des canaux.)
M. LuiGGi presente I'analyse du rapport qu'il a redige, en collaboration
avec M. Bompiam.
M. LE Pkesidekt appelle I'aKention de la Section sur les canaux soumis a
la fois a des perles par infitration dans certaines saisons et a des sous-
pressions dans d'autres — ce cas ne se presentant pas generalement en Italic.
M. Lestelle fait observer que, dans la Ilaute-Marne, le beton de 10 cen-
timetres est toujours revetu d'une cbape de 15 millimetres d'epaisseur, et
qu'on emploie egalement les etanchements par corrois de 80 centimetres
d'epaisseur executes au rouleau, meme sur les talus.
M. BouRGuiN expose que, dans son service, on etend au pinceau, sur le
b6ton, du ciment tres liquide, puis une couche de coaltar flambe.
M. Lestelle fait connaitre que, surlesremblais,lcbetonse fendillefrequem-
ment. On nettoie alors la fente et on la rejointoie au ciment. Le goudron-
nageempeched'apercevoir les fentes,ce qui est un inconvenient assezserieux.
M. Peslin croit que I'epaisseur de 10 centimetres est trop faible. II est
d'avis d'adopter 15 centimetres.
M. HoLTz expose que, sur le canal de la Marne au Rhin, I'epaisseur admise
est de 15 centimetres quand il n'y a pas de sous-pression, et de 20 centi-
metres quand il y en a une. Le goudronnage des chapes augmente consi-
derablement I'etancheite. Cette etancheite est plus grande pour une chape
en morticr de chaux goudronnee que pour une chape en mortier de ciment
non goudronnee. On arrive, avec les chapes goudronnees, a une etancheite
aussi parfaite que possible; les pertes sont reduites a 200 ou 500 litres
par metre courant lorsqu'il n'y a pas de sous-pression, et a 700 litres
quand il y en a une.
M. Denys fait connaitre qu'il a tres souvent retrouve des fentes dans les
belonnages, malgre le goudronnage.
M. Peslin ne met pas de matelas de terre sur le beton; il n'a pas alors a
enlever le matelas pour retrouver les fentes, et il n'a jamais observe de
degradations serieuses provenant de coups de gaffe.
M. IIoLTz dit que les raisons d'etablissement du matelas etaient la crainte
des coups de gaffe et, pour la partie superieure des berges, la crainte de
la gelee.
M. Peslin a observe que les mariniers n'appuient point leurs gaffes sur
les surfaces lisses; ils les appuient sur les parties en terre des talus.
M. MoRAiLLON croit a I'utilite du recouvrement en terre contre les gelees.
M. Denys pense que, pour les anciens betonnages du canal de la Marne au
Rhin executes avec des materiaux d'une qualite mediocre, la protection
d'un matelas en terre etait tout indiquee : I'experience a meme montre
qu'elle etait insuffisante. Aujourd'hui les materiaux employes sont d'une
qualite bien superieure au point de vue de la resistance a la gelee; et il
serait intcressant d'experimenter le type de betonnages de M. Peslin, qui
est d'une execution plus facile.
1" SECTION. 19
M. LE President resume la discussion sur la 5" Question, en presentant
la conclusion suivante qui est adoptee :
« La Section estime que Tetude des divers systemes d'etanchement de
« la cuvette des canaux, connexe de celle de Talimentation, appelle, d'une
« maniere pernianente, I'attention des ingenieurs et des Congres de navi-
« gation. Elle croit devoir recommander specialement, au point de vue
« des economies realisables, celle de I'epaisseur a donner au betonnage
« et des dispositions speciales de ce genre de travail. »
M. Lestelle est charge du rapport sur la 5'' Question.
La discussion s'ouvre sur la 4" Question. (Reservoirs.)
M. BouviER resume son rapport el arrive aux conclusions suivantes :
Temploi de digues en terre doit etre limile aux ouvrages ne depassant pas
15 metres de hauteur; pour celles en mnconnerie, il recommande le type
applique au barrage de Chartrain ; enfm il y a lieu de signaler aux inge-
nieurs la recherche des mesures a prendre pour prevenir les infiltrations
a travers les magonneries des barrages.
5' SEANCE. — Mardi 26 Juillet (matin).
M. FoMALNE analyse le rapport qu'il a presente en insistant particuliere-
ment sur les dispositions donnees au deversoir et a la tour de prise d'eau
du resei'voir de Torcy-Neuf.
M. Cadart developpe egalement les conclusions de son rapport en signa-
lant Toppoitunite de donner en plan aux digues en ma^onnerie une forme
courbe convexe vers I'amont.
M. DE lIcEuscHELMANN resume lesinteressants renseignements donnes dans
le rapport qu'il a redige.
M. Peli.etreau fait une communication sur un projet de barrage de
reservoir pour lequel il propose un nouveau protil de digue de forme trian-
gulaire, et par consequent avec parement aval recliligne. Ce profit evite
tout effort a Textension, et diminue la compression dans la partie supe-
rieure ; il dispense de tout calcul, etne conduit qu'a une augmentation de
cube d'environ 12 pour 100 sur le profil theorique d'egale resistance.
M. Pelletreau donne ensuite quelques details sur I'emploi avantageux
dans certaines parties de I'Algerie de sables obtenus par le broyage des
roches.
Une interessante discussion, a laquelle prennent part MM. Delocre, Bou-
viER, Pesli>" et Cadart, s'engage alors sur les differentes questions soule-
vees et traitees par M. Pelletreau, et la Section constate qu'en fait la
theorie de M. Pelletreau ne conduit pas a des resultats bien differents du
type adopte pour le barrage de Cliartrain.
20 COMPTE RENDU SOMMAIRE DES SEANCES DES SECTIONS.
6* SEANCE. — Mercredi 27 Juillet (matin).
M. Cadart analyse les rapports presentes par MM. Barois et de Llaurado,
siir les reservoirs dans les Indes et en Espagne.
M. Carlier soiimet au Congres un projet de conclusions sur lequel s'en
gage la discussion.
A la suite d'un echange d'observations entre MM. Bouvier, Schlichting,
Pelletreau, Decceur, Delocre, Carlieh, Fontaine et Cadart, la Section adopte
les 9 resolutions suivantes applicables aux digues en terre et aux digues
en ma^onnerie.
« I. — En ce qui concerne les digues en terre :
« A) Bien que les exemples de digues d'une hauteur superieure a 15 me-
« tres soient pen nombreux en France, il parait possible de depasser cette
c( hauteur ; dans ce cas, la solution de la question depend essenliellement
« de la quantite et de la qualile des terres que Ton a a sa disposition,
« de la comparaison entre les prix de revicnt de la digue en terre et de la
« digue en maQonnerie, et de la nature du sous-sol.
« B) Le corroyage mecanique des terres, a la vapeur ou tout au moins
« avec la traction animate, doit etre rccommande comme donnant des
« resultals excellents, et Ton doit proscrire, autant <}ue possible, le bat-
« tage a la main comme tres couteux, et ne produisant qu'un travail
« incomplet et absolument inegal.
« C) II est prudent de ne pas elever avec trop de rapidite les digues en
a terre corroyee, et surtout de ne pas executer les revetemenls magonnes
« du talus d'amont en meme temps que le corroi. Un delai de deux hi vers,
« menage entre I'elevation des remblais et celle des revetements sur les
« parties correspondantes, parait devoir etre conseille.
« D) La solution adoptee aux Water-Works d'Edimbourg et a Torcy-Neuf,
« consistant a elablir les prises d'eau dans une tour isolee, placee en
« dehors et en amont de la digue, et encastree le plus possible dans le
« terrain naturel, I'aqueduc de tuite issu du pied de cette tour et passant
« sous la digue, facilite singulierement I'execution d'un corroi homogene,
« et doit etre recommandee.
« E) La methode rapide indiquee par M. Cadart pour revaluation
« approximative du prix d'un reservoir avec digue en terre parait suscep-
« tible de rendre des services dans I'etude d'un avant-projet, lorsque les
« estimations n'aurontpas besoin d'etre faites avec une grande precision.
« 11. — En ce qui concerne les digues en magonnerie :
a F) Le profit de la digue de Chartrain ou tout autre profil s'en rappro-
« chant, et combine de fagon a supprimer, autant que possible, le travail a
« I'extension sur I'arete exterieure, doit etre recommande.
« G) Avec de bons materiaux, on peutfaire travailler les magonneries a
1" SECTION. 21
« la compression sans imprudence jusqu'a une limite de 12 kilogrammes
« par centimetre carre.
ct H) La forme en plan d'une courbe tournant sa convexite vers i'amont
« parait devoir etre recommandee pour les digues en magonnerie, en rai-
« son surtout des effets, sur la region superieure des digues, de la dilata-
« tation et de la contraction dues aux variations de la temperature.
« 1) II convient d'appeler I'attention des ingenieurs sur les mesures a
« prendre pour eviter les infdtrations dans les magonneries, et pour en
« attenuer les effets au cours de I'exploi tation. »
M. Cadart est designe comme Rapporteur de la 4" Question.
M. Dec(eur fait une communication sur le belier hydraulique dont il est
I'inventeur.
Ce belier a ele decrit dans la chronique des Annales des Ponts et Chans-
sees (Decembre 1891) ; il est de construction simple et robuste; il utilise
les plus faibles chutes, et donne son maximum de rendement avecle debit
minimum de la source, et avec de petites oscillations qui supprimcnt
presque completement les chocs et les frottcments dans le tuyau d'arrivee.
Le rendement est considerable ainsi qu'ori I'a constate dans les appareils
d'essais installes au Conservatoire des arts et metiers, et chez MM. Rouart
freres, Constructeurs.
On pent installer economiquement une batterie de ces beliers dans un
barrage rustique, dont on assure au besoin I'etancheite par des detritus
broyes et jetes contre la digue.
M, LE President termine en resumant Toeuvre des Congres et en remer-
ciant les membres etrangers.
M. Vaisderllnden, au nom des membres etrangers, remercie les inge-
nieurs frangais et en particulier MM. Rousseau et Carlier qui ont preside
les seances de la Section.
22 COMPTE RENDU SOMMAIRE DES SEANCES DES SECTIONS.
2' SECTION
EXPLOITATION TECHNIOUE
La 2" Section a tenii sept seances; le Bureau etait conslilue ainsi qu'il
suit :
President : M. Buquet, President de la Societe des Ingenieurs civils;
Vice-Presidents : MM. IIonsell, Maim.iet, Pomzkn et Schhomm;
Secretaires : MM, Ai.by, Clerc, Maucel Petit, Voscerg Reckow.
1"^ SEANCE. — Jeudi 21 Juillet (apres-midi).
M. le President fait appcl a rindulgcncc et a la bicnveillance des membres
de la Section, et presentc les treize rapports imprimes relatifs a I'exploi-
tation technique des canaux et des rivieres, savoir :
Sur la 5" Question (Clioinages des canaux et des rivieres canalisecs),
ceux de MM. Germeimann, Mailliet, Caplier, Derome et Mazoyer;
Sur la 6" Question (Traction des bateaux sur les canaux, les rivieres cana-
lisees et les rivieres a courant libre), ceux de MM. Bellingrath el Dieckliofl',
Miitze, Thieni, John Bogart, Camere, Derome, Lasmolles, Molinos et de Buvet.
La Section a re^u en outre deux communications relatives a la 6" Ques-
tion, I'une de M. Galliot sur le touage eloclrique des bateaux, et I'autre de
M. Captier sur le Marinier.
Les auteurs des rapports sont pries de presenter a la Section le resume de
leur travail. La discussion sera ensuileouverle sur les questions developpees
el on votera, s'il y a lieu, des conclusions; celles-ci seront soutenues en
seance pleniere par un rapporteur designe a cet eil'el.
2= SEANCE. — Vendredi 22 Juillet (matin).
La Section commence Fetude de la 5" Question (Chomages).
M. Derome resume son rapport, et propose de diviser la question en
examinant tout d'abord le priucipe meme et I'ulilite des chomages, et
ensuite leurs dates et leurs durees.
Apres un echange d'observations entre xMM. Derome, Camere, FoNTAiiSE et
Delocre, M. le President fait remarquer que la Section semble reconnaitre
2' SECTION. 23
que les chomages sont inutiles sur les grands fleuves canalises dont les
retenues sont munies d'ecluses doubles comme la Basse-Seine, et qu'ils
doivent etre, sinon supprimes, du moins reduits siir les canaux.
Au sujet de I'epoque des chomages, M. Derome fait remarquer qu'au
point de \ue technique, elle devrait etre placee de mai a juin pour les
canaux, et de juillet a septenibre pour les rivieres canalisees, mais que
ces deux epoques ne con\iennent pas au commerce. En presence de ces
interets divergents, on a choisi le 15 juin comme origine des chomages
pour I'ensemble des voies navigables; cette date a etc sanctionnee par
une convention internationale de 1887. II se produit un echange d'obser-
vations au sujet de la possibilite de mettre en hiver les chomages, ce qui
a ete pratique autrefois en France, sur le canal de la Marne au Rhin, et
r6cemment, en AUemagne, sur le canal de Finow, ou M. Germelmann a
construit de nombreux pouts et ecluses, pendant les hivers des annees
1873 a 1885, en employant des precautions speciales.
M. Germeuiann rappeile qu'en AUemagne on fait de graudes reparations
aux ouvrages d'art des canaux en hiver; pour eviter Tefiet des gelees, on
emploie des fours a coke, on couvre les ouvrages de hangars; les frais
de ces travaux s'elevent a 50 pour 100 au-dessus des frais ordinaires.
On execute de cette maniere les reparations depuis 1876, sans le
moindre inconvenient.
La Section adopte sur la proposition de M. LeChatelier, le voeu suivant :
« La Section emet le voeu que des renseignemenls soient reunis pour
« le prochain Congres sur les conditions techniques et pecuniaires d'exe-
« cution des travaux pendant les chomages de gelee, notamment en ce
« qui concernc les ma^onneries. »
Elle decide ensuite que I'origine des chomages doit etre maintenue au
15 juin.
Apres un court echange d' observations entre MM. Derome et Molinos, il
est decide que la duree des chomages ne devra pas exceder dix jours par
an pour les travaux d'entretien courants, et un mois pour I'execution des
travaux d'anielioration.
La Section examine ensuite la possibilite d'attenuer les chomages qui
resultent forcement pour la navigation de la formation et du charriage
des glaces en hiver.
M. Camere rend compte des mesures prises sur la Seine pendant I'hiver
1890-91, pour hater le moment de la reprise de la navigation; il cite no-
tamment les travaux de deglagage executes sous la direction de M. Jozan
dans le bras de Marly, et qui ont consiste a ouvrir un chenal de 3 kilo-
metres de longueur a I'aide d'explosifs, et meme avec la scie et la hache.
Apres explications fournies par MM. De>ys, Clerc, Derojie, Fo>jtaine,
ScHROMM et Delocre, au sujet des observations qu'ils ont faites sur les
voies navigables dont I'exploitation technique leur est confiee, la Section
emet le voeu « que la question de I'attenuation des chomages imposes a
24 COMPTE RENDU SOMMAIRE DES SEANCES DES SECTIONS.
« la navigation par la formation et le charriage des glaces soit mise a
« I'etude, et posee devant le prochain Congres ».
3' SEANCE. — Samedi 23 Juillet (matin).
La Section aborde la question de la simultaneite ou de I'ecJielonnement
des chomages. Un court echange d'observations a lieu entre MM. Mailliet,
Delocre el Dekome; il en resulte que le sysleme de la simultaneite, adopte
aussi bien par la Commission francaise du Minislere des travaux publics
que par les Commissions Internationales, presente une superiorite incon-
testable que I'experience a consacree.
On examine ensuite la question de la recherche des moyens les plus
propres a reduire la longuenr des chomages; la Section est unanime a ap-
prouver les mesures suivantes proposees par M. Mailliet : emploi de pare-
ments en materiaux d'excellenle qualite pour les ouvrages; cassage de la
glace sur les ponts-canaux en ma^onnerie; vidange des baches metalliques
en temps de gelee; emploi de types d'ouvrages uniformes par grandes
sections de voies navigables; emploi de rainures pour batardeaux a pou-
trelles au droit des ponts ; emploi de portes de garde aux abords des rem-
blais de grande hauteur ou de construction recente.
Une discussion s'engage sur la nature des materiaux les plus conve-
nables pour les portes d'ecluses entre MM. Mailliet, Delocre, Maurice Levy
et Derome. II en ressorl que tous les systemes de portes d'ecluses sont bons,
pourvu que la qualite des materiaux employes et I'entretien, notamment la
peinture, ne laissent rien a desirer ; les portes en fer employees en France
ont donne toute satisfaction.
M. Mazoyer donne ensuite d'interessantes explications en resumant le
memoire qu'il a presente sur les chomages dans la region du Centre de la
France, et la Section adopte la conclusion suivante :
« La Section est d'avis que la duree des chomages peut etre encore re-
« duite, et doit I'etre, meme au prix d'une augmentation dans les depenses.
« Sur les grandes rivieres canalisees, la suppression totale des chomages
« doit etre poursuivie.
« Sur les canaux, leur duree peut, des maintenant, sauf des cas excep-
« tionnels, etre reduite a dix jours par an pour les sections a I'etat com-
et plet d'entretien, et a un mois pour les sections en cours de transformation. »
M. Derome est charge de presenter le rapport sur la 5*^ Question.
4° SEANCE. — Lundi 25 Juillet (matin).
Le President ouvre la discussion sur la 6^ Question. La Section est una-
nime a la diviser en deux parties: Traction sur les rivieres canalisees; —
Traction sur les canaux.
2- SECTION. 25
M. DE BovET developpe les conclusions de son rapport en ce qui concerne
les rivieres. 11 insiste particuliereraent sur I'avantage que presente, d'une
maniere generale, I'emploi des chaines sur celui des cables dans I'installa-
lion d'un service de touage. La Section ecoute avec attention les explications
tres detaillees fournies par M. de Bovet, sur la poulie a adherence niagne-
tique dont il est I'inventeur.
La parole est ensuite donnee a M. Camere, qui rend compte des obser-
vations contenues dans son rapport, etfournit des explications detaillees au
sujet des recherches experimentales qu'il a entreprises sur la Basse-Seine,
et propose le voeu suivant qui est adopte :
« II seraittres desirable que Ton recherchat experimentalement la repar-
« tition des efforts de traction dans les differents biefs des rivieres cana-
« lisees, en s'inspirant de la methode appliquee dans les experiences actuel-
« lenient poursuivies sur la Basse-Seine par MM. Camere et Clerc, et dont
« il a ete rendu compte par M. Camere dans son rapport. »
M. Camere veut bien ensuite, en I'absence de leurs auteurs, resumer le
rapport de M. Thiem et celui de MM. Bellingrath et Dieckhoff, et conclut
que, de I'ensemble des renscigncments fournis, on peut indiquer comme
prix moyen de la traction d'une tonne kilomelrique 5 millimes sur les
rivieres canalisees, taudis que ce prix ne serait que de 3 millimes sur les
canaux. Cette economic n'est du reste qu'apparente, attendu que la vitesse
de marche est plus grande sur les rivieres que sur les canaux. Au sujet de
la duree des voyages sur les rivieres et sur les canaux, un echange d'obser-
vations a lieu, au point de vue de la marche de nuit sur les rivieres et sur
les canaux, entreMM. Derome, Camere et Clerc.
5' SEANCE. — Mardi 26 Juillet (matin).
La Section aborJe la question de la traction sur les canaux.
M. DE BovET explique I'adaplation de son systeme de traction electrique
aux canaux ; il donne quelques details sur le systeme de M. Biisser indique
dans le rapport de M. Miitze. Ce systeme procede comme le sien, de celui
de M. Bouquie, mais il comporte I'emploi d'une roue a empreintes qui lui
parait offrir des inconvenients.
M. Maurice Levy presente au systeme de M. de Bovet quelques objections.
Les phenomenes de self-induction diminueront dans une proportion consi-
derable le rendement prevu ; les essais n'ont ete fails qu'a I'etat statique.
Les frais de premiere installation seront plus eleves que M. de Bovet ne
le pense, et il sera difficile de lutter sur le terrain de I'economie avec le
halage a chevaux. M. Levy redoute les derangements que la double chaine
entrainera dans le service ; il ignore si le fil de rctour peut etre supprime ;
c'est la un essai sur lequel I'experience n'a pas prononce.
26 COMPTE RENDU SOMMAIRE DES SEANCES DES SECTIONS.
Enfin les fils de prise de coiirant seront sourais a une usiire particuliere
a cause de la grande longueur qu'on devra Icur laisser necessaire-
ment.
En resume, il estimeque lesysteme propose ne reduit aucun des termes
de la formule generale des frais de traction (A. -+- B n) ou n represente le
nombre des bateaux.
Dans le halage par chevaux, A est tres faible; dans le halage funiculaire,
c'est B; dans le systeme de M. de Bovet, au contraire, les deux termes
sont tres importants.
M. DE BovET replique que des essais ont ete faits sur des poulies en mou-
vement, et que la self-induction n'a pas produit les pertes dont s'effraie
M. Maurice Levy, que les appareils de son systeme sont loin de couter plus
cher que ceux qu'on emploie dans le halage funiculaire. II termine en
disant que le coefficient de la depense par bateau sera dans son systeme
aussi reduit que dans le halage funiculaire.
M. MoLiNos estime, comme M. Maurice Levy, que le halage mecanique ne
pent pas presenter de grands avantages au point de vue de I'economie,
mais seulement au point de vue de la regularite du service, et du develop-
pement de la capacite du trafic.
II est hostile aux syslemes mecaniques qu'on ne pent commander a
volonte. Ces systemes peuvent reussir dans un essai restreint, mais il ne
croit pas a leur succes s'ils sont employes sur une grande echelle.
Les cables entrainent, aumoindre derangement, des degats considerables ;
on y a renonce dans beaucoup d'usines de la region du Nord.
Son experience personnelle I'a convaincu que les systemes de halage sur
une chaine ou un cable fixe sont superieurs aux systemes des cables en
mouvement, et c'est a ce point de vue que le systeme de M. de Bovet lui
parait particulierement interessant.
M. Galliot presente, non une solution generale du probleme de la traction
mecanique, mais un projet qu'il va appliquer dans le cas particulier du
touage a travers le tunnel du bief de partage du canal de Bourgogne dont la
longueur estde 6 kilometres. Apres diverses etudes pour recueillir et trans-
porter sur les toueurs la force motrice des ecluses terminales, M. Galliot
s'est arrete, comme reunissant les meilleures conditions pratiques etecono-
miques, au systeme suivant :
A chaque ecluse terminate, une turbine mettra en mouvement une
dynamo; les dynamos seront reunies en tension, et un contact a roulette
permettra de faire une prise de courant sur le fil de retour ; la tension ne
depassera pas 500 volts sur ce fil. La receptrice placee au fond du toueur
permettra de developper un effort de 1 200 kilogrammes avec une vitesse
de 0 m. 75 a la seconde.
L'installation electrique coiitera, au maximum, 100000 francs, ce qui,
pour 6 kilometres, donne un prix de revient inferieur au prix indique par
MM. Maurice Levy et de Bovet.
2" SECTION. 27
L'entretien et ramortissement, largement eslimes, s'eleveront a 15000 fr.
par an, au lieu que les installations actuellesen coiitent 20000.
M. LE President remercie M. Galliot de son interessante communication,
et la Section vote I'impression de son memoire.
M. FoMAiNE ajoule que le projet a ete approuve la veille par le Conseil
general des Ponts etChaussees, et Tassemblee, sur sa proposition, demande
que le rapport de M. Flamant sur le projet soit egalement imprime.
Apres des observations de M. Maurice Levy, et sur sa proposition, la
Section emet le voeu suivant :
« Considerant que le halage funiculaire constituerait une solution pra-
« lique de la traction sur les canaux a grand trafic, sans les effets du vril-
« lage du cable qui subsistent encore quelquefois, malgre les precautions
« prises pour le prevenir, la Section emet le voeu que les experiences de
« Saint-Maur, d'une part, et celles du canal de I'Oder a la Spree, d'autre
« part, soient continuees, dans le but special d'etudier les causes du vril-
« lage, et surtout de completer le remede aux effets d'entrainement qu'il
« pent encore exercer sur les remorqucs des bateaux. »
Enfm, sur la proposition de M. Foistaine, « la Section emet le voeu que,
« outre les experiences sur le halage funiculaire, il en soit fait egalement
« sur I'emploi du systeme de touage electrique invente et expose par M. de
ft Bovet. »
6' SEANCE. — Mercredi 27 Juillet (matin).
M. de Mas presente une communication au sujet des recherches experi-
mentales qu'il poursuit depuis 1890 sur le materiel dc la batellerie, et rap-
pelle qu'il a ete charge d'executer ces recherches en vertu d'une decision
ministerielle du 19 novembre 1889 donnant satisfaction a un vceu emis au
Congres de Francfort I'annee precedente, qu'il les a entreprises en 1890, et
continuees depuis cette epoque dans une partie de la Seine large, pro-
fonde et presque sans vitesse. La methode et les appareils employes,
ainsi que les resultats obtenus en 1890, ont fait I'objet d'unfa^icule paru
en 1891.
Ces premiers resultats, dont M. de Mas donne une analyse detaillee, lui
permettront de conclure qu'il n'y a aucune proportionnalite entre I'effort
necessaire a la traction et le tonnage des bateaux. Ce tonnage ne pent done
plus etre pris pour base du calcul des frais de traction.
Pour mettre les tarifs de remorquage en rapport avec le service effecti-
vement rendu, M. de Mas propose de voter la resolution suivante :
« II est a desirer que tout bateau soit le plus tot possible pourvu d'un
« document ofticiel faisant connaitre, pour les differentes vitesses relatives,
a sa resistance a la traction, et fournissant ainsi une base equitable a I'eta-
« blissement des frais de remorquage au moins sur les rivieres. »
28 COMPTE RENDU SOMMAIRE DES SEANCES DES SECTIONS.
M. LE President remercie M. de Mas de sa Ires interessante communica-
tion el met aux voix sa proposition.
M. Derome appuie cette proposition.
MM. HiRscH et Camere sont du meme avis, mais demandent la suppres-
sion de laseconde partie duvoeu, en raison des difficultes qu'elle pourrait
soulever dans I'application.
Apres une courte observation de M. Moliisos dans le meme sens, M. de
Mas acceptant la suppression demandee par M. Ilirsch, la Section adople
la proposition formulee ainsi qu'il suit :
« II est a desirer que tout bateau soil, le plus tot possible, pourvu d'un
« document officiel faisant connaitre , pour les differentes vitesses rela-
« lives, sa resistance a la traction. »
L'asscmblee vote ensuite, sur la proposition de M. Le Chatelier, le voeu
suivant :
« La Section, appreciant la portee considerable des experiences entrc-
« prises par M. de Mas, emet le voeu que ces experiences soient poursui-
« vies dans tons les details qu'elles comportent, notamment en ce qui con-
« cerne I'inlluence de I'etat des surfaces sur la resistance a la traction. »
M. Derome resume son rapport relatif a la traction sur les canaux, et ter-
mine en formulant les desiderata a realiser :
1" II conviendrait de disposer aux eclnses d'une force importante pour
assurer rapidement la mise en marche des bateaux; le systeme de M. Mau-
rice Levy parait atteindre ce but;
2° Dans une installation de touage, une double chaine parait indispen-
sable sur un canal a grand trafic; ce systeme presente cependant des
inconvenients dans les courbes de 120 metres de rayon ;
3° Dans une application du systeme de touage electrique de M. deBovet,
il conviendrait de tenir compte de la variation de distance du bateau a la
ligne electrique.
Pour terminer, M. Derome insiste sur la necessite de I'organisation de
systeme de traction pour permettre a la batellerie d'entreprendre des trans-
ports a grande distance.
M. DE BovET espere que Temploi de I'electricite permettra de realiser les
desiderata qu'il a indiques; il propose le voeu suivant, qui est adopte par
la Section :
« La Section emet le voeu que la question de la meilleure organisation
« economique de la traction sur les voies navigables soil soumise au pro-
« chain Congres. »
M. HiRscH explique le systeme de M. Thoureau, contremaitre aux ateliers
de la Compagnie P.-L.-M., a Villeneuve-S'-Georges. 11 s'agit d'une locomotive
a adherence par pression sur rail central analogue au systeme Fell. Le gene-
rateur serait place sur le bateau en marche, etla machine motrice pourrait
etre a vapeur ou electrique. Ce systeme constitue une bonne solution au
point de vue technique, mais n'est pas susceptible d'etre applique au point
2' SECTION. 29
de vue economique. La pose du rail entraine, en effet, une depense kilo-
metrique de 30000 francs, et le systeme exigerait I'emploi d'une double
voie.
M. HiRscH resume ensuite le rapport tres remarquable de M. John
Bogart, relatif a la traction des bateaux sur le canal Erie et au transport
des charbons sur I'Ohio. Le trafic enorme qui a lieu sur le canal Erie a
motive I'amelioration de cette voie de transport; elle est installee aujour-
d'hui de maniere ;i permettre sur presque toute la longueur du parcours la
circulation de trains composes de Irois bateaux porteurs et d'un porteur-
remorqueur a vapeur, avec un chargemcnt de 900 tonnes. Sur TOhio, le
transport des houilles s'opere par convois cnormes, comportant jusqu'a
25 bateaux pousses par un remorqueur avec roues a I'arriere. Dans ces
conditions, le fret descend a des prix cxtremcment bas : 0 cent. 68 par
tonne et par kilometre sur le parcours de Buffalo a ^'e^Y-York, et 0 cent. 16
sur rOhio.
M. HiRscH est nomme Bapporteur sur la 6' Question.
7^ SEANCE. — Jeudi 28 Juillet (matin).
M. Derome presente quelques observations au sujet du rapport deM. John
Bogart
11 etablit un parallele entre les prix du fret indiques par M. Bogart pour
la partie du canal de Buffalo a Albany oii la traction se fait par chevaux
de halage, et les prix payes habiluellement sur la ligne de la Belgique a
Paris, qui s'elevent a plus du double.
M. Captier lit une etude sur le niarinier dans laquelle il retrace la phy-
sionomie si interessante de ce modeste auxiliaire de I'cxploitation des voies
navigables, et la Section emet, sur la proposition de M. Lasmolles, le voeu
que la note de M. Captier soit imprimee.
M. LE President declare clos les travaux de la Section ; avant dc lever la
seance, il constate I'accord unanime de tous ceux qui ont parte a recher-
cher les progres de la navigation; il remercie .MM. les membres du
Congres qui ont assiste aux seances de leur bienvcillante attention, les
membres du bureau dc leur precieux concours, et il exprime sa convic-
tion que cette collaboration sera feconde en resultats.
50 COMPTE RENDU SOMMAIRE DES STANCES DES SECTIONS.
3' SECTION
EXPLOITATION COMMERCIALE ET QUESTIONS ECONOMIQUES
La 5" Section a tenu dix seances; le Bureau elait constitue de la maniere
suivante :
President : M. Yves Guyot, Depute, ancien Ministre des travaux
publics ;
Vice-Pr^esi dents : MM. Fueutes, GulLLOTI^^ Raffalowich el de Rumpler;
Secrelaires : MM. Farago, Godard, Peiuer de Feral et de Vries.
1^' SEANCE. — Jeudi 21 Juillet (apres-midi).
Apres une courte allocution, M. le President expose a la Section que ses
travaux ont pour objet Fexploitation commerciale des voies navigables qui
comprend les 7% %" et O*" Questions du programme.
Dix-neuf rapports imprimes ont etc distribues aux membres de la Sec-
tion, savoir :
Sur la T Question (Taxes ou peages sur les voies navigables), ceux de
MM. Sympher, Reaurin-Gressier, Couvreur, Clements, Deking-Dura et de
Sytenko;
Sur la 8" Question (Regime des ports de navigation inferieure), ceux de
MM. Von Dannming, Imroth et Roessler, Delaunay-Belleville et Monet;
Enfm, sur la 9* Question (R(Mes respectifs des voies navigables et des
chemins de fer dans I'industrie des transports), ceux de MM. Merkens,
Pescbeck, Pollack, Schromm, Fleury, Ilalasz, North, Ely et Roberts.
La Section commence I'etude de la T Question (Taxes et peages), et
decide d'entendre le resume des rapports presentes sur ce sujet.
M. Bfaurin-Gressier analyse sommairement son rapport sur les taxes de
navigation interieure dans lequel il justifie les principes poses dans le
projet de loi relatif a la navigation interieure qui est soumis au parlement
francais.
M. Courtenay-Boyle prend la parole et demande pourquoi la construc-
tion, I'entretien et Fexploitation des voies navigables et des voies ferrees
ne sontpas confies, en France, a desparticuliers qui exploileraient a leurs
risques et perils, ainsi que cela se passe en Angleterre, oii tout est entie-
rement a la charge desdits particuliers, I'Etat n'intervenant que pour
fixer les tarifs ou les peages a percevoir.
5^ SECTION. 3i
Cette question n'etant pas a I'ordre du jour, la Section decide qu'elle
terminera d'abord I'examen des rapports presentes sur la question des
taxes et peages.
M. Clements resume son rapport sur les taxes et peages per^us dans le
Royaume-Uni, et indique les projets a I'etude au Board of Trade pour
modifier, a bref delai, ces taxes dont quelques-unes sont plus elevees que
le tarif kilometrique de la voie ferree concurrente.
Get abaissemenl des taxes est impatiemment attendu par tons les inte
resses.
2' SEANCE. — Vendredi 22 Juillet (matin).
En 1 'absence de M. de Sytenko, M. Raffalowich resume les conclusions
de son rapport.
M. Deki>g-Dlra explique la situation partiruliere dans laquelle se trouve
la navigation fluviale en lloUande. II pense que les peages pergus dans
differents Etats, qui sont tous appliques a la tonne kilometrique, de-
vraient etre a base kilometrique decroissante, comme le sont maintenant
les tarifs de chemins de fer.
M. HoLTz resume le rapport de M. Sympher, qui n'a pu venir au Con-
gres. D'apres M. Sympher, les voics naturelles doivent etre exemptes de
tout peage.
M. CouvREUR combat les taxes ou peages sur les voies navigables, sous
quelques formes qu'elles se presentent. Si des taxes etaient etablics, la
batellerie, impuissante a en supporter le poids, ne tarderait pas a dispa-
raitre, au detriment de toute I'induslrie et de la consommalion.
II combat fmalement la creation des Chambres de navigation en
France.
L'examen des six memoires relatifs a la V Question etant termine, la
Section, en attendant le commencement de la discussion qui a ete fixee
au lendemain matin, entend le resume du rapport de M. Monet sur le
regime des ports de navigation interieure, et les conclusions qu'il depose
en vue de la discussion (voir page 45).
M. CouRTENAY-BoYLE devcloppe la question qu'il a signalee a la Section
dans la l""" Seance sur la construction et I'exploitation des canaux par I'in-
dustrie privee qui sont pratiquces en Angleterre.
M. Deking-Dura repond qu'en Ilollande le systeme de concession des
canaux n'a pas donne de bons resultats, et qu'il est pen probable que le
Gouvernement persiste dans cette voie.
M. Captier dit que cette question ne pent etre resolue que par chaque
Elat, les conditions etant differentes dans chaque pays.
MM. Beaurin-Gressier et Limousin prennent la parole sur le meme sujet.
M. Robert Mitchell soutient qu'il est impossible au Congres d'adopter
52 COMPTE RENDU SOMMAIRE DES SEANCES DES SECTIONS.
des mesures g6nerales s'appliquant a tous les pays. En Angleterre, la
concurrence est tellement grande entre les Compagnies de chemins de
fer, qu'on s'occiipe peu des voies navigables.
En France, au contraire, il y a une voie navigable importante lon-
geant la voie ferree de Bordeaux a Cette et concedee a la Coinpagnie
des chemins de fer du Midi; tous les interesses reclament le rachat
de cette voie navigable dont les taxes sont plus elevees que celles de la
voie ferree.
M. Robert Mitchell traite ensuite la question des Chainbres de Naviga-
tion, et demande s'il est opportun de laisser le Congies formuler un voeu
sur cette question faisant I'objet d'un projet de loi.
MM, Tranchant, Bouquet de la Grye, de Coene, prennent ensuite la parole
sur la proposition de resolution de M. Courtenay-Boyle.
M. Lalney soumet a la Section le texte du voeu qui a ete adopte, sur cc
point, par le Congres de Manchester en 1890, et qui est libcllc ainsi
qu'il suit et propose de le renouveler :
« La grande valeur des voies navigables pour le pays pris dans son
« ensemble, et le fait qu'elles alimentcnt les chemins de fer dont elles sont
« un supplement indispensable, justifient rintervention de I'Etat et des
« Pouvoirs publics pour aider, autant que possible, a la construction et a
« Tentretien de voies navigables de dimensions uniformes, de maniere a
« encourager les transporls a grande distance et a prix reduits. »
[Adopte.) (Voir ci-dessous.)
3= SEANCE. — Vendredi 22 Juillet (apres-midi).
M. le President signale I'amendement au voeu de Manchester propose
par M. de Coene, qui consiste a ajouter apres les mots : « a la construction
et a I'entretien », les mots : « et a I'exploitalion ».
Apres une discussion a laquelle prennent part MM. Douau, d'Artois de
BouRNONviLLE, Jacquelin, Fleury, Lainey, Beaurin-Gressier, Captieu et Carlier,
M. de Coene retire son amendement, et le texte de ce voeu est adopte
par la Section, dans les termes indiques a la fin du compte rendu de la
'2" seance.
Sur I'invitation de M. le President, M. Beaurin-Gressier expose, a litre
de simples renseignements, les principes generaux qui ont preside a la
preparation du projet de Loi sur la navigation interieure presente au Par-
lement fran^ais.
3' SECTION. 55
A' SEANCE. — Samedi 23 Juillet (matin).
M. d'Artois ayant demande a donner connaissance a la Section d'une
leltre emanant d'un syndicat de mariniers et relative au piojet de Loi sur
la navigation interieure, cette question est ecartee par Ic bureau comme
ne pouvant elre soumise a la discussion de la Section.
M. LE President donne lecture de trois propositions de voeux sur les taxes
et peages qui sont deposees respectivement par MM. Raffalowich, Boule et
d'Artois, pour eti'e mises en discussion, et qui sont formulees ainsi qu'il
suit :
Proposition de M. Raffalowich.
l** On doit considerer comme un principe esscntiel qu'aucun imput ne
doit etre etabli sur la navigation interieure.
2" Le budget general de la nation doit, autant que possible, pourvoir
aux depenses d'elablissement et d'amelioration des voies faisant partie
inlegrante du rescau, ou pouvant etre considerees comme en formant le
complement necessaire.
3" Si le budget general ne pent subvenir dans un delai raisonnable aux
depenses mentionnees dans la resolution n" 2 ci-dessus, il convient de
se resigner a en bater la realisation, du moins pour partie, au moyen
d'avance de capitaux portant interet et amortissement payables a I'aide
d'un peagc, et d'eviler ainsi un ajournement de la jouissance des amelio-
rations a realiscr.
4"" 11 doit etre enlendu que le taux d'un peage ne devra jamais repre-
senter qu'une fraction des avantages assures aux usagers pour I'execution
des travaux dont la depense motive I'etablissement dudit peage.
5° Les ameliorations locales ne touchant qu'a des interets speciaux bien
determines et bien circonscrits, tels qu'elablissement de rivages, ports
locaux, garages, etc., peuvent etre laissees, en partie du moins, comme
dans le passe, a la charge des communes, des socieles privees ou des
particuliers.
A defaut de I'intervention financiere des communes qui ne consenti-
raient pas a metlre la depense des ameliorations les interessant a la
charge de Icurs contribuables, il pent convenir de recourir a la charge
des usagers.
6° II imporle que les interets touchant aux transports par eau soient
representes par des elablissements publics speciaux constitues par voie
d'election; par cxemple, en faisant appel au sufirage direct des intercsses
ou de mandataires elus eux-memes deja par les inleresses.
Proposition de M. Boule.
1° 11 ne doit etre perqu aucun impot fiscal sur les transports des mar-
chandises, et c'esl a juste titre qu'en France, apres avoir supprime I'impot
5 F.
34 COMPTE RENDU SOMMAIRE DES SEANCES DES SECTIONS.
sur les transports en petite vitesse par les chemins de fer, on a supprime
ensiiite les anciens droits fiscaux sur la navigation.
2° On ne doit pcrcevoir sur les voies navigables que des taxes d'usage
en remuneration de services rendus.
Le produit de ces taxes doit etre exclusivement consacre a des depenses
profitables a la navigation sur la voie oii elles sont pergues.
5° On ne doit percevoir aucune taxe de circulation sur les voies natu-
rellement navigables.
.... . *
Leur correction et regularisation, comme leur entretien, incombent a
I'Etat, qui doit administrer et conserver le domaine public fluvial, dans
I'interet de tous, sans nuire aux riverains, conserver la peche dont les
produits lui appartiennent, et ameliorer I'ecoulement des eaux, aussi bien
pendant les crues que pendant les socheresses, cela meme sur les cours
d'eau qui ne sont pas frequentes par la batellerie.
4" La navigation doit, au contraire, supporter des taxes d'usage pour
routillage de la voie et des ports, sur les rivieres aussi bien que sur les
voies artificielles.
5° On pent, dans certaines circonstances, admettre des taxes semblables
pour I'usage des ouvrages de canalisation des rivieres, tels qu'ecluses et
barrages dont les frais d'entretien et de manoeuvre croissent avec le trafic
et avec le perlectionnement de la voie.
Ces taxes d'usage sont principalement justiflees sur les voies navigables
artificielles oii il faut entretenir, outre les ecluses, des ponts mobiles el des
reservoirs, des machines d'alimenlation, ainsi que des travaux d'etan-
cliement ou autres.
6" Enfin, lorsqu'il s'agit de creer une nouvelle voie navigable artifi-
cielle, I'Etat peut subordonner son concours, et meme la declaration
d'utilite publique de I'entreprise, a la perception de droits de peages
destines a amortir la partie des depenses de premier etablisseraent qu'il
ne croit pas devoir mettre a la charge de I'ensemble des contribuables.
Refuser de supporter cette taxe equivaudrait pour les interesses a s'opposer
a I'etablissement de la nouvelle voie.
Proposition de M. d'Artois.
i° L'existence et le developpement de la navigation interieure consti-
tuent un element indispensable de la prosperity des nations.
2° La circulation sur les voies navigables ne doit etre soumise a aucune
taxe ni peage, tout retablissement de droits ne pouvant que compromettre
l'existence de la batellerie.
Le i"'' paragraphede cette derni ere proposition est adopte par la Section.
M. North donne des renseignements sur la navigation fluviale aux Etats-
Unis. Les canaux et voies navigables y sont, en general, la propriete de
I'Etat, et sont administres par lui. Tous les frais d'entretien sont a la
charge du gouvernement general.
5" SECTION. 55
II n'y a, sur ces voies, ni impt»ts ni peages; aussi,les transports y sonl-
ils a tres bon marche.
M. NoBLE.MAiRE Tappelle qu'au Congres des chemins de fer, en 1889,
il avait compare les voies navigables et les chemins de fer relalivement
aiix sacrifices faits par I'Etat et aux benefices que celui-ci en retirait. An
Congres actuel, il ne parlera que comme membre de la Chambre de
commerce de Paris.
11 expose qu'il y a deux ecoles en matiere de droits de navigation : la
premiere veut la gratuite, la seconde reclame des peages pour les services
rendiis, tout Ic monde etant d'accord pour refuser un peage qui n'aurait
pas ce dernier caractere et qui serait un inipot fiscal. II a analyse ce qui
se passe en Angleterre, en Hollande, en Allemagne, et constate que le
principe de la gratuite est loin d'etre en faveur dans ces differents pays.
5'^ SEANCE. — Lundi 25 Juillet (matin).
M. NoBi.EMAiRE, continuant le discours commence dans la 4" seance, envi-
sage la repartition des voies navigables en France, ou elles desservent au
plus le tiers du lerritoire, et conclut qu'il est contraire a 1 equite et a la
raison de faire supporter la charge de leur construction et de leur entre-
tien entre tons les contribuables.
S'il ne peut ctre question de peages pour Tusage des voies vraiment
naturelles, le peage s'impose au contraire pour I'usage de voies entiere-
ment artificielles, et pour les cours d'eau dont Tetat nalurel a ete radica-
lement transforme par la science des ingenieurs, souvent au prix de
depenses considerables.
L'orateur conclut au retablissement des peages sur toutes les voies
navigables autres que les voies vraiment naturelles, dans Tinteret de la
batellerie qui doit desirer le perfectionnement de routillage, et aussi dans
I'interet de la bonne tenue des budgets de I'Etat.
M. Deki>g-Dura presente a la Section quelques observations sur les con-
clusions que M. Noblemaire a tirees de son rapport.
M. IIoLTz rectifie egalement certaines des conclusions que M. Noblemaire
a deduites des chiffres donnes par M. Sympher.
M. Ely fait connaitre, en reponse a ^DI. Raffalowich et Gude, qu'il
n'existe ni droits ni peages sur les canaux aux Etats-Unis, sauf en Pensyl-
vanie ou il n'y a qu'une faible longueur de canaux, etou ils appartiennent
a des entreprises privees. Les canaux qui traversent plusieurs Etats sont
exempts de toutes taxes, et le gouvernement general subvient a tons les
frais d'amelioration, de reparation, etc. L'Etat de I'Ohio pourvoit a I'entre-
tien de ses canaux, et on peut dire qu'il n'y a pas de droits, sauf une taxe
36 COMPTE RENDU SOMMAIRE DES SEANCES DES SECTIONS.
minime perdue pour renregistrcment du bateau; mais la situation des
canaux est tres precaire, en raison de la concurrence acharnee des che-
mins de fer.
M. CouvREUR soutient le principe dc la gratuite absolue sur toutes les
Yoies navigables ; il faut que les mariniers, dont la situation est tres pre-
caire, puissent gagner leur vie, et le retablissement d'un peage ruinerait
leur Industrie.
Les voies navigables, quoique ne desservant pas en fait toutes les regions
de la France, sont un facteur essentiel de la prosperite du pays dans son
ensemble, car elles constituent un des elements principaux de la produc-
tion a bon marche, et par suite doivent etre entretenues et developpees aux
frais de I'Etat.
M. CARrEJiTiER pose, au point de vue general et juridique, la question
d'elablissement des canaux par I'Etat on par des concessionnaires. Si Ton
choisit un concessionnaire, il faut necessairement des taxes.
L'Etat intervient pour la declaration d'utilitc publique, pour les regle-
ments de police; quant a I'element, a I'eau, il appartient au domainc pu-
blic et, par la, on justifie I'exploitation par I'Etat.
M. CARPEiNTiER trouvc qu'uu peage ne devrait correspondre qu'a un ser-
vice rendu en dehors des frais d'entretien, et il depose le projet de voeu
suivant :
« Les canaux doivent etre exploites par I'Etat qui seul pent assurer la
« gratuite de la navigation, et les frais d'etablissement et d'entretien de
« ces voies de navigation doivent demeurer a sa charge; mais les bate-
« liers doivent payer les services qui ne correspondent pas a la liberie
« de navigation proprement dite, mais surtout a la traction, ou au plus
oc facile embarquement ou debarquement des objets transporles. »
M. Robert Mitchell estime que les voies navigables doivent etre
construites et entretenues aux frais de tons, de meme que tons les
contribuables, meme ceux qui sont eloignes des chemins de fer, sont
appeles a parfaire les garanties d'interets qui sont scrvies aux Compa-
gnies par I'Etat.
Depuis la suppression des droits de navigation, le trafic de la batellerie
a considerablement augmente et le prix des transports a notablement di-
minue, meme sur les chemins de fer, el surtout sur les lignes voisines des
voies navigables.
L'Elat projetle la creation de corporations privees pour donner a la ba-
tellerie lesuperflu qu'elle ne demande pas, et I'orateur nevoit pas I'ulilite
de modifier un regime qui a permis son developpement actuel.pour y sub-
stituer un regime de taxations dont on a un si facheux exemple dans les
canaux du Midi.
II conclut en demandant le maintien de la situation actuelle, et I'execu-
tion de tous les nouveaux travaux aux frais de I'Etat.
3" SECTION. 57
6^ SEANCE. — Mardi 26 Juillet (matin).
M. Ely expose, d'apres son rapport, la situation de la navigation sur les
grands lacs de TAmerique dii Nord ou Ton a transports plus deCo millions
de tonnes en 1890.
Le developperaent des populations du littoral a ete de 85 pour 100 en
dix ans.
En 1891 le trafic s'est eleve a plus de 500 millions de francs, et le prix
da fret est descendu a 0 fr. OOi par tonne kilometrique.
Ce tarif est moindre que le cinquieme du tarif le moins eleve qui ait ete
pergu sur les chemins de fcr des Elats-Unis; c'est le tarif le plus bas que
Ton connaisse.
L'existence d'une ligne navigable profonde a seule rendu possible le de-
veloppement des mines de fer du Lac Superieur, dont les produits entrenl
pour 50 pour 100 dans le tratic de la voie.
Les Americains sont ainsi devenus les plus gros producteurs du monde
cntier pour le fer brut et I'acier Bessemer.
Lorsqu'en 1896 on aura obtenu une profondeur de 6 m. 10, sur toute
I'etendue des lacs, eomme le Saint-Laurent ne doit donncr, meme avec les
travaux en vue, qu'un mouillage de 4 m. 27, il sera necessaire d'ouvrir
un nouveau debouche vers I'Atlantique, a travcrs le territoire americain,
par riludson, soit par la ligne du canal Erie,soit par les chutes du Niagara
et le lac Ontario.
La discussion sur les taxes et peages est reprise.
M. DouAU ramene d'abord la question au point de vue international. II
estime que le 2® paragraphe du voeu de M, d'Artois (voir page 54) ne
Concorde pas avec le voeu adopte dans la seance du 22 juillet. Puis, si
Ton n'accepte pas certains peages, comment realiser les ameliorations
futures? Dans les ports de mer fran^ais, la construction et I'entretien sont
effectues par I'Etat ; mais les ameliorations sont faites avec le concours
des interesses.
Si Ton repousse le concours des interesses, comment fmir le canal de la
Marne a la Saone pour lequel il faut encore 28 millions, puisque le budget
ne pent y affecter qu'un million par an?
D'apres M. Douau, trois solutions se trouvent en presence, savoir :
1° Demander a I'Etat tous les sacrifices pour les ameliorations de toute
nature a realiser sur les voies navigables ;
2" Realiser ces ameliorations en demandant aux interesses de participer
aux depenses dans une mesure delerminee ;
3° Renoncer a toute amelioration.
II estime que la seconde de ces solutions est la seule acceptable; I'exem-
ple des ports maritimes est probant, etles taxes qui ont ete etablies en pa-
reil cas n'ont pas empeche le developpement du trafic, le commerce trou-
38 COMPTE RENDU SOMMAIRE DES SEA^'CES DES SECTIONS.
\ant, en effet, dans les ameliorations faites, des avanlages superieurs aux
charges qui lui etaient imposees.
M. d'Artois vient de noiiveau protester au nom du Syndicat de la marine
contre les charges que Ton veut imposer a la batellerie.
Pour lui, lorsqu'en 1880 la Chambre a supprime les droits de naviga-
tion, elle n'a pas entendu supprimer les travaux que I'Etat doit faire pour
que la navigation interieure reste prospere.
Lorsque les droits de navigation existaient, TEtat en etait seul maitre
et pouvait les modifier suivant les circonstances, notamment en cas
de mauvaise recolte. Les Cliambres de navigation auront-elles le meme
pouvoir?
MM. DouAU et Couste protestent contre une allegation dc M. d'Artois
qui a laisse entendre que les Chambres de commerce n'etaient pas satis-
faitcs du concours qu'elles auraient fourni a TEtat.
M. BouLE demande a rentrer dans I'ordre du jour du Congres interna-
tional, en faisant treve aux discussions d'interet exclusivement fran^ais.
II defend les conclusions qu'il a proposees dans la 5' seance (voir
page 55) et qui resument les avis de divers rapporteurs, MM, de Sytenko,
Beaurin-Gressier, Couvreur et Sym})her.
L'orateur fait la distinction entre I'imput fiscal ct les peages corres-
pondant a des services rendus, et pense que les usagcrs qui refuseraienl
d' accepter un peage pour ramelioration d'une voie navigable agiraient
contre leur interet.
II presente ensuite diverses considerations touchant les dcpenses
faites par I'Etat en faveur des chemins de fer et de la navigation,
ainsi que les profits que I'Etat retire de I'exploitation des voies ferrees,
et il termine en indiquant qu'il est pret a se rallier aux conclusions
deposees par M. Raffalowich, qui sont analogues aux siennes, si la Section
les prefere.
M. Pescheck presente au nom de M. Sympher I'amendement suivant au
5^ paragraphe de la proposition de M. Boulc :
« On pent, dans ccrtaines circonstances, admettre des taxes pour
« I'usage des ouvrages de canalisation des rivieres, tels qu'ecluses et
« barrages, mais ces taxes ne devraient pas depasser la partie des frais
« d'entretien et de manoeuvre croissant avec le trafic.
« Ces taxes d'usage sont principalement justifiees sur les voies navi-
« gables artificielles, ou il faut entretenir, outre les ecluses, des ponts
« mobiles, des reservoirs, des machines d'alimentation, ainsi que des
« travaux d'elanchement ou autrcs. »
M. Lainey demande si, dans un Etat qui, depuis vingt-cinq ou trente
ans, a fait tons ses efforts pour racheter toutes les concessions qu'il
avail donnees, il est sage de conceder a des corps nouveaux ce qu'il a
eu tant de peine a racheter a d'autres. A son avis, un Etat doit pren-
dre a sa charge tout ce qui concerne la construction et I'entretien. II
3« SECTION. 59
admel le principe contraire pour rexploitation (halage, remorquage) et
I'outillage.
Les droits de navigation qui existaient anterieurement a 4880 etaient
d'un si mauvais rendement pour I'Etat, que ces droits, en raison des frais
de perception, etait plutot une charge pour lui. M. Laikey se declare
dispose a voter la proposition de M. d'Artois (voir page 54), a la condition
de modifier le paragraphe 2 ainsi qu'il suit ;
« La circulation sur les voies navigables ne doit etre soumisc a aucune
c( taxe ni a aucun peage, tout retablissement de droits ne pouvant que
« compromettre leur developpement. »
ct d'ajouter un S*" paragraphe stipulant que
« La navigation doit, au contraire, supporter des taxes d'usage pour
« I'outillage de la voie et des ports, sur les voies naturelles coinme sur
« les voies arlificielles. »
M. Hatschek expose que les membres de la Section semblent etre par-
tages en deux camps : ceux qui ne veulent absolument aucun droit de
navigation et ceux qui demandent Tetablissement de certaines taxes dans
I'interet meme de la navigation. 11 est a peu pres partisan du systeme de
MM. Boule, Raffalowich et Beaurin-Gressier pour I'application de taxes
sur les voies navigables arlificielles, mais sous la reserve formelle que ces
taxes ne s'appliquent qu'aux voies a creer, et qu'il ne soit rien ajoute aux
droits qui existent sur les voies actuelles, afin de ne pas modifier les con-
ditions des industries de toutes sortes etablies le long de ces voies, et qui
ont base leurs entreprises sur les conditions actuelles des peages.
M. Hatschek depose une proposition de resolution ainsi concue :
« Pour ne pas changer la situation economique de tons les etablissc-
« ments situes sur les voies navigables, ni cellc de la batellerie, il ne doit
« etre admis ou retabli aucun peage ni taxe sur les voies navrgables qui
« en sont alTranchies actuellemcnt; il ne faut pas davantage augmenter
« les peages ou les taxes qui sont pergus aujourd'hui sur les voies navi-
« gables. »
7^ SEANCE. — Mercredi 27 Juillet (matin).
M. Cameke tient a constater que I'exemple de la Seine, sur laquelle on a
execute de nombreux travaux d'amelioration, ne saurait etre invoque a
I'appui du retablissement des peages.
En effet les derniers travaux executes pour obtcnir le tirant d'eau de
3 m. 20 entre Paris el Rouen ont coute 60 700000 francs; or, en 1888,
le nombre de tonnes kilometriques transporlees a ete de 589 668 546 ; la
subvention de I'Etat, calculee a raison de 5 pour 100 du capital de
premier etablissement, ne represente done que 0 fr. 007 par tonne
kilometrique.
40 COMPTE RENDU SOMMAIRE DES SEANCES DES SECTIONS,
Pour les chemins de fer, d'apres la statistique relative a I'annee 1877,
la subvention fournie par I'Etat etail en nombre rond de 4 milliards, et
le nombre de tonnes kilometriqucs de 10 milliards; on arrive au chiffre
de 0 fr. 020 par tonne, lequel s'abaisse, il est vrai, a 0 fr. 012, si Ton fait
entrer en ligne de compte le nombre de voyageurs kilometriques, soit
7 milliards 500 millions.
Comme on le voit, les donnees relatives aux travaux de premier elablis-
sement ne sauraient justitier le retablissement des droits de navigalion
sur la Seine; et il en est m6me en ce qui concerne les depenses d'enlretien
el d'exploitation de la voie qui ne sauraient evidemment etre mises en
comparaison avec I'importance de la garanlie d'interet que I'Etat a assumec
vis-a-vis des chemins de fer.
M. Captiei? passe en revue les divers rapports deposes sur la 7' Question,
cl constate que les opinions favorables a la gratuite sont les plus nom-
b reuses.
L'attitude des chemins de fer qui demandent le retablissement des droits,
et celle de la balellerie qui le repoussenl, prouvent que cette mesure serait
funeste aux inlerets de la navigation interieure.
L'idee des peages ne decoule pas d'ailleurs de I'application d'un prin-
cipe, mais d'un besoin momentane resultant de la siluation des budgets,
lesquels ne permellent pas d'executer les travaux utiles ; pour la France,
cet expedient est dangereux ; M. Captier repousse done les peages pour la
voie, qu'il s'agisse de la construire ou de Tameliorer.
II admet cependant les taxes pour I'outillage des ports, mais il ne pense
pas qu'il soit utile, pour obfenir ces ameliorations, de recourir a des
organismes nouveaux.
L'orateur attribue raccroissement du tonnage des voies navigables
(50 pour 100 en dix ans) a la suppression des droits de navigation qui
date de 1880, et il engage tons les membres etrangers a voter pour le
principe de la gratuite qui a produit en France de si feconds resultats.
M. Leon Donnat veut preciser les debats pour faciliter le vote; on se
trouve en presence de trois principes dont deux sont extremes : d'une
part, M. d'Artois veut la gratuite absolue; d'autre part, M. Noblemaire
demande le retablissement des droits anciens; entre les deux, MM. Boule
et Raffalowich sont partisans du maintien du slatu quo pour le passe,
mais admeltent la possibilite d'imposer une remuneration des services
rendus par Texecution de travaux neufs ou I'amelioralion de I'outillage.
L'orateur n'insiste pas sur I'argumentalion de M. Noblemaire, puisque
la Section est manifestement hoslile au relablisscment des droits gene-
raux. Si, d'aulre part, on n'etablit aucune taxe pour remunerer les tra-
vaux neufs, ces travaux ne seront pas executes, puisque la delation
annuelle des budgets diminue sans cesse.
On ne doit pas d'ailleurs affirmer que la prosperitc de la balellerie a ete
assuree par I'etablissement de la gratuite en 1880, car de 1880 a 1885 le
3* SECTION. 41
tonnage des voies navigables s'est a peine developpe; au contraire, les
grands travaux executes de 1880 a 1885, et qui ont absorbe 311 millions,
ont provoque une augmentation du trafic de 135 millions a 240 millions
de tonnes kilometriques, de 1885 a 1891.
II faul done permettre rachevement des travaux commences et I'execu-
tion de ceux qui ne sont pas encore entrepris, dans I'interet de la batel
lerie, en donnant a I'Administration les moyens financiers nccessaires par
retablissement de taxes speciales dont la perception cessera avec I'amor-
tissement des depenses engagees, et en employant le systeme de coopera-
tion qui a ete si fecond pour la construction des chemins de fer.
M. JosLE demande que la voie navigable soil libre de tout peage, commc
les routes, et que I'Etat fasse les frais de toutes les ameliorations ou con-
structions reconnues necessaires, comme il I'a fait en realite pour les
chemins de fer, puisque c'est lui qui, par la garantie d'inleret, remunere
effectivement les capitaux fournis par I'industrie privee. Toutes les taxes
sur la voie navigable sont dangereuses pour la balellerie, parce qu'elles
sont a la disposition de ceux qui ont interet a les augmenter, et doivent
etre repoussees.
Quant a Toutillage des ports, la traction, etc., ils constituent des ser-
vices qui doivent etre retribues : mais, il n'est pas necessaire de recourir
a des organismes nouveaux, et il suffil de laisser agir I'initiative privee
qui pent sous I'empire de la legislation actuelle, realiser les ameliorations
utiles pour la rapidite des transports et des manutentions.
M. Paul Delgmbre, se plagant au point de vue general et international,
estime qu'il faut aboutir a une conclusion qui puisse etre acceptee par
tous les delegues des nations etrangeres chez lesquelles on a effectue des
travaux considerables en demandant aux inleresses une remuneration des
services rendus ; neanmoins il reconnait que le Congres a neltement
indique la necessite d'une orientation vers la suppression de tout imp6t
sur la navigation interieure, et que le desir de tous doit etre de permettre
I'intervcntion de toutes les initiatives privees, dans I'interet de la balel-
lerie, pour I'execLition des travaux restant a faire.
Puisque I'Etat ne pent achever ces travaux que sur les fonds du budget
ordinaire, et qu'on n'admet pas I'eventualite de peages, quelles ameliora-
tions deviendront possibles, et quelle sera la situation de la batellerie, si
I'etat des budgets devient moins satisfaisant?
D'autre part, il serait possible qu'un Parlement redoutat le developpe-
ment des voies navigables en raison de la diminution des recettes des
chemins de fer qui pourrait en resulter, au detriment de I'equilibre du
budget. Les representants de la batellerie et des voies navigables doivent
done garder precieusement cet instrument d'avenir, les peages, pour per-
mettre I'execution des travaux que I'Etat refuserait de faire.
Dans ces conditions, il parait facile de concilier les divers interets en
presence, et M. Delombre depose la proposition suivante :
42 COMPTE RENDU SOMMAIRE DES STANCES DES SECTIONS.
« La circulation sur les voies navigables ne doit, autant que possible,
(( etre soumise a aucun imp6t ;
« Des peages speciaux peuvent etre aulorises pour payer ou gager, a
« defaut de ressources publiques, toute depense de nature a favoriser le
a developpement des voies navigables et de la batellerie. »
M. Limousin parle au nom du Syndicat de la Batellerie frangaise, com-
pose de mariniers, et declare que, s'il ne faut plus penser au retablisse-
ment des droits fiscaux, il n'y a rien de vexatoire ni d'il legitime a la per-
ception d'une taxe pour la remuneration d'un service rendu ; que d'ailleurs
il ne voit pas ce que la navigation el I'industrie ont gagne a la suppression
des droits, car le produit de ces droits est forcement compense par les
impots qui sont toujours payes par le contribuable, mais sous une forme
diffcrente. L'orateur terminc en affirmant que le groupe de bateliers qu'il
represente adhere a Telablissement de peages destines a faire des travaux
d'amelioration qui augmenteront leurs benefices, et qu'ils sont prels a y
contri])uer.
La cloture de la discussion sur les taxes et peages est prononcee : avant
le vote, M. Lainey depose, d'accord avec MM. Couvreur et d'Artois, la pro-
position suivante qui renferme une partie de la proposition de M. d'iirtois,
avec un amendement, savoir :
« L'existence et le developpement de la navigation interieure constituent
« un element considerable de la prosperite des nations.
« La gratuite de la circulation sur les voies navigables, seul regime qui
« donne une complete satisfaction a I'interet public, n'est contraire a
« aucun principe de justice; c'est le but auquel doivent tendre tons
« les pays.
« La navigation doit au contraire supporter, quand il y a lieu, des per-
« ceptions d'usage telles que celles qui representent les services rend us
« par I'etablissement de moyens de traction, ports locaux, engins de char-
« gement el de dechargement. »
MM. Raffalowich et Boule retirent leurs propositions respectives en
faveur de la proposition de M. Delombre.
M. Hatscheck, sans etre partisan des resolutions presentees par MM. Raf-
falowich, Boule et Delombre, retire neanmoins son projet de voeu dans
lequel il ne visait que le maintien de la situation actuelle sur les voies
existantes.
M. Robert Mitchell estime qu'il est tres difficile d'emettre un vote d'en-
semble sur cette question Internationale, chaque pays ayant a tenir compte
de sa situation particuliere.
La Section decide de donner la priorite a la proposition de M. Delombre
ainsi formulee :
« La circulation sur les voies navigables ne doit, aulant que possible,
« etre soumise a aucun impot.
« Des peages speciaux peuvent etre autorises pour payer ou gager, a
S'' SECTION, 43
« defaiit de ressources piibliques, toute depense de nature a favoriser le
« developpement des voies navigables et de la batellerie. »
Cette proposition mise aux voix, apres un scrutin par appel nominal, est
adoptee par 70 voix contre 42.
M. DoNKAT est nomme Rapporteur du vceu de M. Delombre (7* Question),
etM. Raffalowich Rapporteur de la resolution de Manchester (voir page 32)
(7*^ Question),
8^ SEANCE. — Mercredi 27 Juillet (apres-midi).
M. LE President donne lecture d'une lettre de M. North exprimant le desir
que les Congres futurs mettent a I'etude la question de savoir si le prolon-
gement d'une voie navigable ou la construction d'un embranchement
augmentent la valeur des travaux existanls dans une proportion que Ton
puisse apprecier. {Adopte.)
La Section passe a I'examen de la 8" Question : ((Du regime des ports de
navigation interieure. »
M. Monet a resume son rapport dans la 2* seance, et depose les conclu-
sions suivantes :
« II y a interet, au point de vue de la rapidite des op(?rations de char-
(( gement et de dechargement, a pourvoir les ports de murs de quais,
(( toutes les fois que le trafic justifie cette mesure.
« II convient, pour assurer le degagement rapide des quais, de multi-
(( plier les bassins de virage des bateaux, que ces bassins soient confondus
« ou non avec les ports eux-memes.
« On doit chercher a avoir des terre-pleins assez etendus pour permettre
(( de localiser les principalcs marchandises sur des emplacements choisis,
(( et pour permettre de conceder des lieux de depcjts permanents, sans
(( gener les operations courantes du port.
« II est necessaire d'avoir sur les ports publics un outillage egalement
(( public, approprie a la nature des marchandises qui frequentent le port,
(( et susceptible d'etre mis a la disposition de tons ceux qui veulent s'en
« servir.
(( L'usage des ports publics doit etre subordonne a des reglements sim-
« pies, et ne contenant que des mesures propres a sauvegarder la securite,
« et a assurer, sans privilege et sans entraves, la liberie commerciale.
ot II faut multiplier les points de contact des canaux et des chemins de
(( fer, et creer des raccordements partout ou doivent se faire des transbor-
« dements efTectifs et suffisants de marchandises.
« II y a lieu de rechercher les moyens de rendre obligatoire, lorsqu'il
« ne Test pas, tant pour la voie ferree que pour la voie navigable, I'etablis-
« sement de tout raccordement dont I'utilite est dument demontree. »
M. Imroth resume son memoire, et M. Raffalowich donne lecture des
44 COMPTE RENDU SOMMAJRE DES SEANCES DES SECTIONS.
conclusions des rapports de MM. Von Doemming, Delaunay-Belleville, Van
der Borght, Fleury, Halasz, Schromm et Pescheck.
M. DE Preaudeau presente quelques observations generales sur les 8* et
9" Questions ; il constate que la situation de la navigation s'est notablement
amelior^e depuis i880, que le tonnage s'est eleve de 2 007 millions a
3 238 millions de tonnes kilometriques, et que le parcours moyen d'une
tonne qui, sur les chemins de fer n'a varie que de 124 a 127 kilometres
de 1885 a 1887, a passe, sur les voies d'eau, de 110 a 155 kilometres de
1882 a 1889.
Les voies navigables paralleles aux grandes lignes de chemins de fer
transportent actuellement plus de 80 pour 100 du tonnage des voies ferrees
concurrentes, tandis qu'en 1885 ellesn'en transportaient que 50 pour 100.
II y a lieu de comparer, non pas les recettes des transports, mais le ton-
nage; les voies navigables transportent actuellement plus de 22 pour 100
du trafic total des voies navigables et des chemins de fer, soit 1/5 environ,
tandis qu'en 1885 elles n'en transportaient que 17 pour 100 : ce sont les
travaux d'amelioration des voies navigables, plut6t que la suppression des
droits, qui out produit ce resultat.
C'est sur les voies principales qui donnent la majeure partie du trafic
total (80 pour 100), qu'il faut fairs porter les ameliorations, et non pas
sur le reseau secondaire.
En terminant, I'oraleur depose le projel de voeu suivant :
« La Section emet le voeu que la Commission d'organisation du prochain
« Congres melte a I'eludedes dispositions a adopter pour faciliter, dans les
« statistiques officielles de chaque pays, les comparaisons entre les trans-
« ports de marchandises en petite vitesse effectues soit par les chemins de fer,
« soit par les voies navigables, notammeni sur les lignes en concurrence. »
M. Jacquelix depose le projet de resolution suivant :
« La Section emet le voeu que les Compagnies de chemins de fer redigent
« les prix de leurs tarifs d'une maniere nette et precise, et qu'il ne soit
« plus fait de prix fermes de garc a gare pour concurrencer la batellerie. »
9*' SEANCE. — Jeudi 28 Juillet (matin).
Au debut de la seance, M. Beaurin-Gressier presente le rapport de mission
de M. Vetillart sur les voies navigables aux Etats-Unis.
La discussion continue ensuite sur la 8'' Question. Apres un echange
d'observations entre MM. Voiv Dimming, Imroth, Holtz, Boule, Fleury, Carlier,
GiRARDON, Denys, Douau, Colson ct Raffalowich, la 5'' Section adopte les
resolutions suivantes qui ont ete en grande partie proposees par M. Von
Doemming, savoir :
« 1" Partout ou s'effectuent des operations de chargementou de dechar-
3« SECTION. 45
« gement, soit en voie courante, soit dans des ports speciaux, il y a lieu
« d'amenager les berges de fagon a faciliter le plus possible la rapidite de
« ces operations.
« Lorsque la nature des voies navigables exige la creation de bassins
« pour la protection de la batellerie contre le danger des crues et des glaces,
« il est utile d'amenager ces bassins d'hivernage comme des ports com-
« merciaux.
« 2° Pour developper la navigation interieure et assurer a celle-ci son
« plein rendement economique, on a besoin d'un outillage mecanique
« etendu et perfectionne, de tene-pleins assez vastes, ainsi que de maga-
« sins et de hangars avec une installation conforme aux exigences mo-
« dernes.
« La navigation supportera des taxes calculees d'apres les frais d'entre-
« tien et les interets du capital, pour Tutilisation des installations de ce
« genre, beaucoup plus facilemenl que les dommages resultant pour elle
« de I'insuffisancede I'outillage des ports.
a 5° L'usage des ports publics doit etre subordonne a des reglemenls ne
« contenant que des prescriptions propres a sauvegarder la securite et
a I'ordre, sans restreindre la liberie de la circulation au profit de personnes
« isolees. Cette regie nedevrait comporter d'exceptionsque dans le cas ou
« des parliculiers fourniraient la totalite ou une partie notable des res-
« sources necessaires a I'installation et a I'entrclien de ces ports.
« 4° II importe de faciliter lY'change des marchandises entre les voies
« ferrees et les voies navigables : les moyens de transbordement destines
« a operer cet echange doivent elre consideres comme une partie essen-
« tielle de I'outillage des ports, y compris les ports d'hivernage.
« II appartient aux gouvernements d'user, au besoin, de leur autorite ou
« de leur legitime influence aupresdes Administrations et des Compagnies
« de chemins de fer pour assurer la construction et I'exploitation de ces
a: raccordements, sur les ports publics, sans autre augmentation de taxe que
« celle qui resulte du parcours kilometrique, et sur les ports prives, dans
a les conditions de droit commun concernant les embranchements parti-
« cullers. »
M. Yon DIMMING est nomme Rapporteur de la 8' Question.
La Section passe ensuite a I'examen de la 9*= Question (Roles res-
pectifs des voies navigables et des chemins de fer dans I'industrie des
transports).
MM. Carlier et Holtz proposent de renouveler le voeu deja adopte par le
Congres de Manchester, et de le libeller ainsi qu'il suit :
« Le V Congres international de Navigation interieure ne pent que repro-
« duire et confirmer, a la suite des rapports qui lui onl ete soumis, la
« declaration votee par le IV Congres tenu en 1890 a Manchester, et deja
<i formulee en principe au 11'= Congres tenu a Vienne en 1886, declaration
« ainsi con^ue :
46 COMPTE RENDU SOMMAIRE DES SEANCES DES SECTIONS.
« L'exislence et le developpcment simultanes des chemins de fer et des
« Yoies navigables sont desirables :
« r Parce que ces deux moycns de transport sont le complement I'un
« de I'aulre, el doivent concourir, chacun suivant ses mcrites speciaux, au
« bien general;
« 2" Parce qu'en voyant les choscs dans leur ensemble, le developpe-
« ment industriel et commercial qui est le resultat certain du perfection-
« nement des voies de communication, finit par profiter a la fois aux che-
« mins do fer et aux voies navigables. »
M. Pescheciv propose d'adopter toutes les conclusions de son rapport sauf
la 6^
M. Fleury depose le projet de resolution suivant :
« La concurrence est I'etat naturelet legitime des deux moyens de trans-
« port, bateau et cbemin de fer, lorsqu'ils desservent les memes points. II
a est desirable que les Pouvoirs publics ne favorisent pas plus Tun que
« I'autre.
(■( Dans les pays ou les chemins de fer sont constitues a Petal de mono-
« pole, la concurrence que leur fait la batellerie est Pun des moyens les plus
« efficaces d'oblenir d'eux des tarifs reduils. 11 est doncd'interet general de
« ne rien faire qui puisse diminucr les effets de cette concurrence. »
M. Perier de Feral soumct a la Section lo projet de vceu suivant :
« Les Administrations et Compagnies de chemins de fer ne doivent pas
« etablir des tarifs de gare a gare ou passer des marches privcs n'ayant
« pour but que d'enlever un Irafic a la batellerie, ou de faire voyager en
« grandc vitesse des marchandises tarifees d'apres les baremes de petite
('■ vitesse, toujours dans le meme but.
M. CoLsoN soutient les conclusions ci-apres, dont la seconde eslemprun-
teepresque tcxtuellement au rapport de M. Sympher :
« I. -_ Toutes les fois qu'un transport pent emprunter la voie d'eau ou
« la voie ferree, il est desirable que la voie suivie soit celle sur laquelle le
« prix de revient est le moindre, toutes choses egales d'ailleurs. On doit
« considerer comme contraire a I'interet public tout systeme de regle-
« mentation, de tarifs ou de peages qui tend a faire emprunter par una
« marchandise une voie par laquelle la depense a faire pour le transport
« excederait la depense a faire par Pautre voie, sans que Pecart soit com-
« pense par des conditions plus avantageuses.
u II. — La creation d'une voie navigable nouvelle entre deux points deja
« relies par cheminde fer n'estjustifieeau point de vue economiquo qu'au-
« tant que :
« 1' Tout en assurant a meilleur marche des transports qui s'cffec-
« tuaient deja, ou en permcttant le transport de nouvelles marchandises,
« soit en creant ou en mettant en valeur de nouvelles industries, elle pro-
« cure un avantage tel que, non seulement les frais d'entretien et d'admi-
« nistralion, ainsi que I'interet du capital, soient couverls, mais aussi les
5^ SECTION. 47
« pcrles eventuelles pouvant resulter, pour les autres voies, de la creation
« de la nouvelle voie navigable ;
« 2" Les avantages a tirer de celte nouvelle voie navigable ne puissent
« etre realises autrement d'une fagon plus convenable. »
10° SEANCE. — Vendredi 29 Juillet (apres-midi) .
M; Lainey depose un projet de voeu ainsi couqu :
« La diversite des services rendus respectivement par les voies naviga-
« bles et les chemins de fer font, de ces deux moyens de transport, le comple-
« inent necessaire Tun de I'autre, et le developpement simultane des deux
« systemes profile, a la longue, a I'un et a I'autre, et au bien general. »
M. LE Preside>'t annonce qu'il a regu de M. Gensel la proposition ci-
apres :
« 1° Afin de satisfaire les besoins de circulation des peuples, les che-
« mins de fer et les voies navigables doiventse donnerla main (cooperer);
« 2° Lorsque les voies navigables et les cbemins de fer se croisent plus
« ou moins a angle droit, le developpement du trafic est chose naturelle ;
« 5° Lorsque les voies navigables et les chemins de fer sont paralleles,
ot ils se font concurrence, il est vrai. A la longue, I'experience montre que
« I'augmentation des voies de communication apporte un tel developpe-
« mcnt iiidustrielet, par suite, un tel accroissement des transports que les
« deux voies (eau et fer) en tirent avantage ;
« 4" En ious cas, le developpement des voies navigables ne doit pas etre
a neglige sous pretexte qu'il en resulterait un dommage pour les voies
« ferrees. »
Enfin M. Boule depose la proposition suivante, en addition a celle de
MM. Carlier et Holtz (voir page 45) :
« Lorsqu'une Compagnie de chemins de fer est a la fois proprielaire ou
« concessionnaire d'une voie navigable et d'une voie ferree paralleles, elle
(c ne doit pas se borner a percevoir des taxes de circulation sur la voie
« navigable.
« Elle doit exploiter les deux voies dans les memes conditions, et entre-
« tenir sur la voie navigable un materiel de batellerie suffisant pour trans-
« porter par cau, a des prix et dans des delais determines, toutes les mar-
« chandises que les interesses prefereront confier a la voie d'eau plutot
« qu'a la voie de fer. »
MM. Lainey et Ge.nsel declarent qu'ils retirent leurs propositions respec-
tives, et qu'ils adherent au voeu de MM. Carlier et Holtz.
Apres la cloture de la discussion generale a laquelle prennent part
MM. SCHROMM, DE RuMPLER, NoRTH, ScHLICHTlNG, ClEMENTS, BeAURIN-GrESSIER,
DouAu, BouLE, Ely, Sankey, North, Fleury et Raffalowich, le vau deja for-
48 COMPTE RENDU SOMMAIRE DES SEANCES DES SECTIONS.
mule par le Congres de Manchester, et repris par MM. Carlier, IIoUz, Lainey
el Genscl, est adopte dans les terraes suivants :
« Le V" Congres inlernalional de navigation interieure ne pent que repro-
« duire et confirmer, a la suite des rapports qui lui ont ete soumis, la
« declaration votee par le lY" Congres, tenu en 1890 a Manchester, et deja
« formulee en principe au 11" Congres tenu a Vienne en 1886, declaration
« ainsi con(;'ue :
« L'existence ct le developpemenl simultanes des chemins de fer et des
« Yoies navigables sont desirables :
« 1" Parce que ces deux moyens de transport sont le complement I'un
« del'autre, et doivent concourir, chacun suivant ses merites speciaux, au
« bien general ;
« 2" Parce qu'envoyant les choses dans leur ensemble, le developpement
« industriel et commercial, qui est le resultat certain du perfectionnement
« des voies de communication, fmit par profiler a la fois aux chemins de
« fer et aux voies navigables. »
Sur la demande de MM. de Rumpler et Raffalowich, la Section decide
d'ajoutcr a cette resolution le f aragraphe 4" des conclusions du rapport de
M. Peschcck formule ainsi qu'il suit :
« Le role respectif des voies navigables etdes voies ferrees dans un pays
« determine depend surlout des conditions naturelles existant pour la
« navigation, ainsi que ducaractcre de la politique economique qui preside
« au mouvement dos marchandises. »
Les propositions de MM. Boule (page 55) et Perier de Feral (page 46),
mises aux voix, ne sont pas adoptees.
La Section adople ensuite un vceu de M. North analogue a celui de M. de
Preaudeau (voir page 44), et ainsi conc^u :
« Que la Commission d'Organisation du prochain Congres mette a I'etude
« les dispositions a adopter pour faciliter, dans les statistiques officielles,
« la comparaison du trafic des chemins de fer et des voies navigables, sur-
« tout sur les lignes en concurrence. »
M. CoLsoix retire sa proposition).
La proposition de M. Fleury opposee a celle de M. Carlier, qui vient d'etre
adoptee, n'est pas mise aux voix.
Sur la demande de M. Couvreur, la Section decide d'annuler son vote
sur le paragraphe 1*' de la proposition de M. d'Artois.
M. DouAu est nomme Rapporteur de la 9^ Question concernant les rela-
tions des voies ferrees et des voies navigables.
Les travaux de la 5* Section sont clos par des discours de MxM. Couvreur,
Fleury, Holtz et de M. le President qui remercie tous les membres et les Rap-
porteurs du concours qu'ils ont apporte aux travaux de la Section.
4" SECTION. 49
4' SECTION
VOIES NAYIGABLES DANS LEUR PARTIE MARITIME
La 4^ Section a tenu dix seances; le Bureau elait constilue ainsi qu'il
suit :
President : M. Cuvinot, Senateur, Inspecteur general desPonts et Chaussees;
Vice-Presidents : MM. Corthell, Fraiszius, le baron Quinette de Rochemo>t,
YEnNON-IlARcouRT, Welcker ;
Secretaires : MM. Dreyfuss, Ribiere, de Pullig>y, de Timonoff ct YA^iOERviN.
l--^ SEANCE. — Jeudi 21 Juillet (apres-midi).
Apres une courte allocution, M. le President expose a la Section que ses
travaux ont pour objct la 10'' Question du programme (Amelioration des
fleuves dans leur partie maritime, y compris Tembouchure), et qu'il a ete
imprime dix rapports surce sujet, savoir : ceux de MM. Franzius, Troost et
Vandervin, Corthell, Guerard, Mengin-Lecreulx, Yernon-IIarcourt, Welcker,
Bela de Gonda et de TimonofT.
D'autre part, la Section est saisie d'une communication de M. Pasqueau
sur la Gironde ct la Garonne maritime. La Section decide d'cntendre,
avant toute discussion, I'analyse de ces memoires par MM.les rappor-
teurs, et les observations que cette analyse suggerera aux merabres de la
Section.
MM. Fra>zius et Troost analyscnt leurs rapports respeclifs : dilferentcs
questions leur sont posees par MM. Yoisin-Bey, Quiwette de Rochemont, de
CoENE, Welcker, Yernon-Harcourt. de Mev, Partiot ct Yakdervin, sur le
regime de Testiiaire du Bas-Weser et les travaux qui y sont entrepris ou
projetes d'une part, et d'autre part, sur le fonctionncment d'un bar-
rage construit en travers de la Sonne, et qui laisse passer le courant du
flot de I'Escaut, tout en permettant au jusant I'ecoulement des eaux supe-
rieures et de maree.
2= SEANCE. — Vendredi 22 Jnillet (matin).
M. Welcker analyse son rapport 'sur la voie fluviale de Rotterdam a la
mer.
50 COMPTE RENDU SOMMAIRE DES SEANCES DES SECTIONS.
Apres avoir rendu, aii prealable, hommage a ses predecesseurs, et sur-
tout a M. Caland, et exprime le regret que M. Franzius n'ait pas cru
devoir rappeler, dans son rapport, que M. Caland a, le premier, traite
theoriquement la question de I'amelioration des lleuves a maree,
M. Welcker s'attache surtout aux points suivants :
1° Retrecir les digues ou jetees a I'embouchure des lleuves mari times,
constilue une des manoeuvres les plus prejudiciables a I'amelioration.
2" En calculant par des formules mathematiques les conditions a
realiser pour Famelioration des lleuves a maree, on ne peut qu'ariiver a
des desillusions; ce calcul parait impossible\ .
5° Dans les apports remplissant les embouchures de la Meuse, rien ne
provient d'alluvions maritimes.
4" A cause de son lit unique, ne recevant aucun bras lateral et de la
duree de I'ebe superieure a celle du flot, la Meuse, meme par les hivcrs
les plus rigoureux, reste ouverle a la navigation qui n'est meme pas
genee par les glagons charries.
Apres cet expose M. Fiunzius se defend d'avoir jamais oublie ce qui est
du a M. Caland, auquel il a maintes fois rendu hommage dans des
ouvrages didactiques.
Quant au mode de calcul des travaux d'amelioration du Weser, lis
etaient commandos par la dilTerence essentielle entre le Weser et la iMeuse.
Ce dernier fleuve a une faible amplitude de maree et un cube important
d'eaux superieures; le Weser, au contraire, presente une forte amplitude
de maree et un afflux d'amont insionitiant.
A la suite de ces explications, MM. Coissidere, Vernon-Harcourt, Vau-
THiER, Partiot, de Mey, Fargue, Troost et Quinette de Rochemont posent a
M. Welcker une serie dc questions pour preciser encore les travaux
executes et la nature physique du lit de la Meuse.
3= SEANCE. — Vendredi 22 Juillet (apres-midi),
M. Mengin-Legreulx analyse son rapport sur la Seine maritime dans
lequcl il s'est systematiquemcnt abstenu d'aborder le regime de I'estuaire;
il est amene a conclure que les dragages en cours dans la parlie maritime
de la Seine, en approfondissant le lit dans Finteret de la navigation,
diminueront la vitesse exageree des courants et faciliteront la transmission
des marecs. La suppression du mascaret sera une consequence de ces
dragages. L'orateur ajoute que la depense totale de 28 millions de francs
n'est pas disproportionnee avcc Fimportance du tralic, qui depasse
1 COO 000 tonnes au port de Rouen, et que I'inteiet de cette somme est
convert aux deux tiers par les taxes perQues.
M. Fargue analyse la courle note qu'il a presentee a la suite du travail
4= SECTION. 51
dc M, Mengin. Elle porte sur un seul point de geometrie fluviale, en
quelque sorle.
Si Ton vcut que les profondeurs d'une riviere a fond mobile varient
d'une fagon continue, il faut que les courbures de son trace en plan
varient suivant une loi semblable.
La nature a fourni cette conslatation a I'auteur dans la Garonne, dont il
a etc charge : il I'a verifiee ensuite sur la Seine, et sur une petite riviere
artificielle creee a cet ettet. Enfin, ses indications semblent confirmees
par les memoires de MM. Welcker et Franzius.
M. Me>"gi> tient a taire observer que quelques auteurs (dont I'lionorable
M. Vernon-Harcourt) ont dit que si le courant de jusant creusait les conca-
vites du lit, en revanche le courant de flot altaquait ses convexiles; il
serait heureux. de voir la Section examiner cette question.
Une longue discussion s'engage entre MM. Fargue, Laroche, Framzius,
Voisin-Bey, Troost, AYelcker, Yautbier, A'erkon-Harcourt et Coasidere au sujet
des avantages des lits courbes et de I'existence de deux chenaux, I'un de
(lot, I'autrc de jusant.
4' STANCE. — Samedi 23 Juillet (matin).
M. Vernox-IIarcol'rt analyse son rapport sur les embouchures des fleuves
en general, et donne quelques details sur les travaux d'amelioration des
rivieres Usk, Tyne et Ribble, dont les resultats ont ete conformes a ses
previsions.
L'orateur donne ensuite des details d'un tres grand interet sur ses expe-
riences au moyen de modeles d'estuaires sur la Seine.
M. Partiot fait a l'orateur des objections sur la difficulte de reproduirc
les conditions actuelles dans les experiences: le rapporteur lui repond
que ce qui lui permet d'avoir foi dans les conditions approximatives rea-
lisees, c'est qu'au moyen des experiences sur les embouchures dans I'etat
ancien, il a reproduit les etats actuels. II pent done esperer obtcnir de la
meme fagon les effets que produirait I'execution des divers projets exa-
mines.
M. Mengin informe la Section que, d'apres I'exemple de M. Vernon-Har-
court, FAdministration des travaux publics a prescrit de faire des expe-
riences semblables a Rouen, sur un modele a plus grande echelle. Ces
experiences, tres interessantes et delicates, sont en cours.
M. DE CoENE demande quels resultats ont efe obtenus.
M. Mexgin repond qu'on verra le modele a Rouen, mais que les tatonne-
ments preparatoires sont longs, et que les resultats ne sont pas en etat
actuellement pour avoir une valeur dogmatique quclconque au point de
vue des consequences des projets proposes.
52 COMPTE RENDU SOMMAIRE DES SEANCES DES SECTIONS.
M. Vernon Harcourt, au nom du Comite local pour I'Angleterre, adresse
a MM. les membres de la ¥ Section une invitation speciale a se rendre a
Londres en 1895, au Congres des travaux maritimes, qui se tiendra dans
cette ville vers la fin du mois de juillet, suivant la decision prise a I'una-
nimile, dans la seance du 22, par la Commission permanente du Congres
des Travaux maritimes.
5= SEANCE. — Lundi 25 Juillet (matin).
M. Vernon-Harcodrt donne quelques explications complementaires sur le
regime de I'estuaire de la Mersey, comme suite a sa precedente communi-
cation.
M. DE PuLLiGNY FGnd eusuitc compte brievement du memoire de M. Gue-
rard : il appelle notamment I'attention sur les belles experiences faites par
liii, de 18G5 a ce jour, sur les matieres charriees par le Rhone, ainsi que
sur les deplacements de son delta, et signale que M. Guerard attribue a la
difference de densite des eaux fluviales et maritimes un role important
dans la formation des barres. Ce role ne parait pas avoir ete signale avant
lui, et il semble bien demontre par I'etude de barres situees dans des
mers moins salees que la Mediterranee, telles que la Baltique et la mer
Noire, ainsi que par I'^tude du passage du Riione dans le lac Leman.
Quelques breves observations sont presentees par MM. Laroche, Partiot,
VernoxvHarcourt et Vauthier, sur la question des embouchures du Rhone,
apres quoi M. de Timonoff rend compte de son etude sur I'embouchure du
Volga.
M. DE TiMONOFF exposc que les conditions favorables pour I'amelioration
des rivieres sans maree sont la proximite de grandes profondeurs pros
de I'embouchure ou I'existence de courants littoraux, qu'enfm dans le cas
ou le debit, d'amont n'est pas trop considerable et ou le delta n'est pas
tres etendu, la creation d'uu canal lateral pent defmitivemcnt changer
les conditions de I'entree.
C'est lout I'inverse qui existe pour le Volga, fleuve a profondeurs tres
faibles, dont I'orateur fait la monographic extraite de son rapport, en
meme temps qu'il indique les travaux qui y out ete executes, leur pen
d'efficacite, et les projets actuels.
Get expose est suivi d'une serie de questions posees a M. de Tlmonoff
par M. Vauthier sur les jaugeages indiques dans son rapport, par M. Vernon-
Harcouht sur I'avancement annuel du delta du Volga, par MM. L^uioche,
Mekgin et Vernon-Harcourt sur la navigation du Volga, la constitution des
rives, les chenaux, les proportions des malieres d'alluvions, par M. Vernon-
Harcourt sur la formation des iles de la mer Caspienne, par MM. Welcker,
Laroche et Vauthier sur I'utilite de reprendre les travaux abandonnes de la
passe de Kamysiak.
4' SECTION. 00
Le rapport de M. Corthell est ensuitc analyse par M. de Tolomat.
6^ SEANCE. — Lundi 25 Juillet (apres-midi).
M. Pasqueau presente a la Section deux atlas de statistique graphique
relatifs a la Gironde et a la Garonne maritime, dans lesquels sont coor-
donnes des renseignements tres complets siir tout ce qui, depuis cin-
quante ans, interesse ces deux rivieres.
Le premier de ces atlas concerne la Garonne maritime entre I'ecluse des
Castets et Bordeaux partie non accessible aux n'avires de mer.
Le second a trait a la Garonne maritime et a la Gironde dans la partie
accessible a la navigation maritime. Ce dernier atlas a deja ete presente
par I'auteur au Congres des Travaux maritimes de 1889, mais il a ete mis
a jour jusqu'en 1892.
Ces diagrammes montrent que les travaux d'endiguements longitudinaux
executes jusqu'en 1848 ont produit d'abord des resultats assez encoura-
geants, mais que ces heureux elTets ont ete essentiellement ephemeres, par
suite, soil de I'abaissement du plan d'eau resultant de I'amelioration pos-
terieure des seuils situes en aval du point considerc;. soit du rclevement
du fond produit par le depot des matieres mises en mouvement par I'endi-
guement des seuils d'amont.
M. Pasqueau ajoute que le profil en long permet de constater qu'il serait
assez facile de realiser un tirant d'eau permanent de 2 metres sur toutes
les passes du haul de la riviere, en construisant vers Cadillac un barrage
mobile ecluse de 5 m. 50 a 4 metres de chute.
Le bief de la retenue permettrait de faire a chaque etale de basse mer
une puissante lachure d'eau claire, qui augmenterait dans,une large
mesure la predominance du jusant sur le flot pendant la periode active, et
entrainerait I'enorme quantite de vase molle qui tend a compromettre
I'existence meme du port de Bordeaux.
Les planches du deuxieme atlas font clairement ressortir la marche
lente, mais ascendante, de I'amelioration de la partie de la Garonne acces-
sible aux navires de mer, par suite des travaux executes depuis trente-
cinq ans. Le regime de cette partie diftere essentiellement du regime de la
Garonne en ainont de Bordeaux : la pente est tres faible, I'abaissement du
plan d'eau, s'il se produisait comme a I'amont, serait plutot utile que
nuisible, car la navigation ne se fait qu'a pleine mer; de meme I'accrois-
sement des vitesses, consequence des endiguements sur les rivieres ordi-
naires a pentes notables, serait egalement plus utile que nuisible s'il se
produisait. Les endiguements, dragages et rectifications de rives par voie
de rescindement peuvent done etre employes sans inconvenient en aval de
Bordeaux.
54 COMPTE RENDU SOMMAIRE DES SEANCES DES SECTIONS.
Apres diverses observations de MM. Laroche, Quinette de Rochemont,
Yauthier et Yernon-Harcourt, M. Pasqueau expose qu'en amont de Bordeaux,
on a oblenu des elTets assez stables au moyen de dragages en sillons, de
15 metres de largeur seulement, executes dans les seuils.
7^ SEANCE. — Mardi 26 Juillet (matin).
M. DE Mey fait a la Section une interessante communication sur I'Escaut
dans sa parlie maritime.
La situation est tres satisfaisante, surtout en aval de Flessingue. Lcs
fonds ont une stabilile relative tres grande. On pent I'attribuer a la lon-
gueur de la partie soumise a Taction d'une maree importante (4 metres
jusqu'a 100 kilometres, et 5 metres jusqu'a 170 kilometres), a la duree
inegale des courants de jusant et detlot, eta la plus grande vitessc du pre-
mier; enfm, aux mouvemenls giratoires des courants liltoraux qui ne pro-
duisent que des deplacements locaux.
A la difference de la Seine, TEscaut n'a aucun debit de sable, ni a
I'amont a partir deGand, ni a I'aval a sa sortie en mer.
Les mouvements dufond consistent en transports a courte distance, et les
bancs ainsi formes ne sont alimenles que par les corrosions des berges.
La section mouillee du fleuve varie ainsi tres peu et reste, suivant I'heu-
reuse expression de M. Mengin, uniquement fonction de la puissance
htjdraulique du fleuve.
Comme conclusion, M. de Mey estime qu'un estuaire sablonneux pent
etre beaucoup plus stable qu'on ne le croirait, et que les dragages peuvent
y donner des resultats tres heureux, presque inattendus. (Exemples :
I'Escaut et la Mersey.)
Apres un echange d'observations entre MM. de Mey, Vernon-Harcourt et
Mengin, M. le President propose de passer a la discussion generale.
Forme du lit. — M. Fargue expose a la Section ses vues sur le trace du
lit des rivieres, d'apres les etudes theoriqucs et experimentales qu'il a fai-
tes sur la Garonne, et propose, avec M. Yandervin, un projet de resolution
tendant a generaliser ces etudes.
Estuaires, digues et dragcujes. — MM. Mengin, Partiot etQuiNETTE de Ro-
chemont echangent avec M. Yauthier quelques observations sur I'utilite des
digues hautes et des digues basses.
Apres avoir adopte un voeu de M. de Raeve relatif a la definition dans
chaque cas particulier de la partie du fleuve qu'on designe sous le nom
d'estuaire, la Section etudie les avantages et les inconvenients respectifs
des endiguements et des dragages, pour ameliorer les embouchures des
llcuves.
Apres une discussion a laquelle prennent part MM. Laroche, Yernon-
A' SECTION. 55
Harcourt et DE Mey, partisans ties dragages, et MM. Mengin, Vauthier ct
QuiNETTE DE RocHEMOM, partisans dcs digues, M. le PREsroENx constate qu'il
n'est pas possible d'arreter en principe la mesure dans laquelle il y a lieu
de recourir aux dragages ou aux endiguements. Cette proportion varie
cssentiellement suivant les cspeces.
8 SEANCE. — Mardi 26 Juillet (apres-midi).
Reservoirs lateraux. — MM. Troost et Vandervin soumettent a la discus-
sion les conclusions enoncees, a la fin deleur rapport, sur les reservoirs
lateraux.
MM. Mengix, Vauthier, Ql'ikette de Rocbemont, de Met, prennent part a la
discussion soulevee par cette proposition, et la Section atlopte un voeu
dont le texte est indique plus loin.
Embouchures rctrecles. — M. Partiot expose sa theorie des embouchures
retrecies, et conclut qu'il pent etre parfois utile de donner a un fleuveune
embouchure retrecie.
Cette proposition est combattue par MM. Vauthier, de Mey et Verxox-
Harcourt.
M. Qulxette de Rochemont fait seulement quelques reserves sur la theorie
de M. Partiot, et sur certaines de ses assertions.
M. Mexgix constate que des travaux de cette nature font courir les plus
grands risques pour le maintien des profondeurs, et qu'on trouverait peu
d'ingenieurs pour les entreprendre sous leur responsabilite. La proposition
de M. Partiot n'est pas adoptee.
9= SEANCE. — Mercredi 27 Juillet (matinj.
M. Guerreiro fait une interessante communication sur les estuaires en
general, et sur celui duTage en particulier.
II donne, en tei minant, son avis sur les experiences entreprises par
MM. Yernon-Harcourt et Mengin a I'aide de modeles a petite echelle.
M. Yeuxox Harcourt fait un court historique de ses etudes des fonds
mobiles a Taide de modeles reduils de rivieres et donne d'interessants de-
tails sur les motifs qui ont determine le choix des modes operatoires
adoptes.
II a pu, apres d'assez nombreux tatonnements, realiser la maree double
de la Seine, et obtenir les chenaux qui existaient sur ce fleuve en 1854,
en reproduisant les largeurs et les profondeurs du fleuve a cette epoque.
11 n'ignore aucune des objections qui peuvent etre faites a son systeme.
On ne reproduit ni I'effet du vent ni celui des vagues. Les courants sont
50 COMPTE RENDU SOMMAIRE DES SEANCES DES SECTIONS.
plus forts que clans Tesluairo; le sable, si fin qu'il soil, represente encore,
a rechelle, d'enormes galets ; plusieurs autres differences existent encore
entre le modele et la nature. Neanmoins il croit que les comparaisons
entre les resultats obtcnus pour divers formes du fond et des berges four-
nissent des indications eminemment utiles, et en consequence il propose a
la Section d'adopter une resolution recommandant les etudes de ce genre a
I'attenlion des ingenieurs qui projctlent I'amelioration d'un estuaire.
M. Meis'gin rappelle les etudes qu'il a entreprises avec le concours des
ingenieurs de la Basse-Seine dans la voietracec par I'honorable M. Vernon-
Ilarcourt. Son modele est a une echelle notablement plus grande, ce qui
permet d'observer les resultats obtcnus avec plus de precision, en meme
temps que Ton a mis a jour des causes d'erreur dont on a pu s'affranchir.
On a pu reproduire d'une fagon tres satisfaisante la maree actuelle de
la Seine, et les formes de son lit dans I'estuaire actuel. Ce n'est qu'ensuite
qu'on a cherche I'effet que produiraient divers travaux executes dans cet
estuaire.
Bien que ces experiences n'aient pas ete poursuivies assez longtemps
pour permettre des deductions fermes, il parait permis d'en conclure que
la continuite et la regularite des berges out une" grande importance pour
assurer aux profondeurs du lit les memes qualites. Le trace des digues de
M. Lavoinne donne de bons resultats; celui de I'Administralion, avec quel-
ques cbangementsa la digue nord, parait egalement satisfaisant. 11 semble
avantageux de prolonger les digues.
En resume, les etudes de cette nature ne peuvent manquer de fournir
des resultats utiles, et devant I'imporlance des problemes qu'elles con-
tribuent a eclaircir, on pent dire que la depense et la peine qu'elles occa-
sionnent ne doivent pas etre regrettees.
Apresun echangc d'observations entre MM. [de Mey, Vajsdervin et Vernon-
Harcouiit, Vauthier cIMengin, la Section adopte, au sujetdeces experiences,
une resolution dont le texte est donne page 59.
Divers membres de la Section font remarquer au sujet de la resolution
concernant les reservoirs laleraux (voir page 59), qu'elle ne doit s'appli-
quer qu'aux reservoirs a creer, etnon pas a ceux qui existent naturellement,
c'est-a-dire que la Section n'a pas entendu approuver a priori le comble-
ment des epanouissements ou des faux bras existant sur les rivieres ma-
ritimes, ni d'une fa(;on generate, ni dans une espece determinee.
10' SEANCE. — Jeudi 28 Juillet (matin).
M. Fargue, considerant I'interet general que presente la communication
de M. Pasqueau sur les resultats des travaux dela Garonne, ct les elements
caracteristiques de ce fleuve, propose a la Section d'emettre le voeu que ce
4' SECTION. 57
rapport, avec planches a I'appui, soit imprime auxfraisdu Congres, et dis-
tribue a ses membres,
M. LE Presidem propose d'emetlre un voeu semblable pour les communi-
calions precedemment failes par MM. de May et Guerreiro ; il exprime ega-
Icment le desir que le rapport de M. Welcker soit complete par les carles
qui onl ete soumises a la Section.
Ces divers voeux sont adoptes a I'unanimite.
La Section designe M. MenglvLecreulx comme rapporteur general sur
la lO"" Question, et passe a la discussion des conclusions qui resumeront
les debats sur les divers sujets examines.
En dehors des resolutions deja votees, M. Mengln propose d'adopter celles
proposees par M. Vernon-Harcourt dans son rapport.
Apres une discussion tres vive entre MM. Mexgin, Cuvinot, de Timonoff,
CoNsiDERE, Yernon-Harcourt ct Fargue, Iq l'* conclusion du rapport do
M. Vernon-Harcourt est adoptee avec une modification tendant a recom-
mander avant tout I'essai des dragages.
Les conclusions n"' 2, 3, 4 et 6 sont egalement adoptees; la resolution
n° 5 ne conlenant que I'expose de faits d'observations, est suppriraee sur
la proposition de M. de Mimac.
En resume, les resolutions adoptees par la 4« Section sont recapitulees
ci-apres, savoir:
Fleuves sans maree.
1. « Si, apres eludes ou mieux apres essais prealables, il est rcconnu
c que I'emploi des dragages doit etre ecarte, la seule melhode pour ap-
« profondir I'embouchure de fleuves charriant des depots et se jetant
(! dans des mers sans maree, consiste a prolonger un des chenaux de leur
c; delta, au moyen de jctees paralleles, jusqu'en dehors de la barre, de
« sorte que le courant prolonge, concentre au travers de la barre, puisse
« creuser un chenal plus profond et transporter les depots plus avant
« dans I'eau profonde.
2. « II faut choisir Tun des plus petits bras, si son chenal dans le delta
« se prele ou pent facilement se preter aux exigences de la navigation,
« el il faut se garder d'entraver le debit du fleuve par les autres bras.
« L'avancement du delta a I'un des petits bras est plus lent, et la distance
« jusqu'a la barre est moindre ; d'ou moins de frais pour la construction
« des jetees ; d'autre part, si on augmentait le debit en entravant la marche
« du courant par les autres bras, on augmenterait en meme temps le
« volume des matieres charriees, on accelererait l'avancement du delta
« et on rendrait plus tot necessaire le prolongement des jetees.
5. « Le succes du systeme de jetees depend d'un rapide approfondis-
« sement de la mer en face de I'embouchure, de la tenuite et de la legerele
« des matieres charriees, ainsi que de I'existence d'un courant littoral,
« de sa vitesse et de la profondeur a laq^uelle s'ctend son action. Toute
58 COMPTE RENDU SOMMAIRE DES SEANCES DES SECTIONS.
« action erosive des vents et des vagues le long des bords du delta est
« favorable a ce systeme, de meme que toute reduclion de la densite de
« I'eau salee, telle qu'on la rencontre dans une mer interieure.
4. « Si le sol sous-marin est plat, si une forte proportion des matieres
« charriees presente une grande densite au point d'etre roulees sur le
ft fond du fleuve ou a une faible distance de ce fond, si I'embouchure
« fait face aux vents dominants dans la region, etenfin s'il n'existe aucun
« courant littoral, Tamelioration de I'embouchure pent etre impralicable,
« ct alors il faut avoir recours a un canal lateral qui doit se separer du
« fleuve a quelque distance en amont de son embouchure et penetrer
« dans la mer au dela de la zone d'influcnce des alluvions debitees par
« la riviere.
5. « Le sysleme des jetees ne constitue pas une amelioration perma-
« nente; tot ou tard, suivant la mesure dans laquclle les conditions phy-
« siques sont defavorables ou favorahles, une barre se forme plus au loin
« et un prolongement des jetees devient necessaire. »
Fleuves a maree.
1. « Les diverses acceptions donnees par les divers auteurs au mot
« estuaire ont amene des confusions. II n'a pas paru possible et expe-
« dient de defmir exactement le sens de ce mot, mais il est recommande
« vivement aux ingenieurs qui traitent de questions relatives aux embou-
« chures d'indiquer exactement ce qu'ils entendent par estuaire dans les
« cas speciaux dont ils s'occupent.
2. « Les dimensions et la profondeur d'un fleuve a maree etant surtout,
« en general, la consequence de Taction de la maree, tous travaux aug-
« mentant le volume et etendant rinfluence de celle-ci, (els que la sup-
« pression d'obstacles, le dragage de hauts-fonds compacts, I'abaissement
c( du niveau de la maree basse obtenu par I'approfondissement du chenal,
« assurent une amelioration dans le regime de la navigation, tandis que
« tous, les travaux restreignant I'entree de la maree, meme si I'energie
« donnee au courant produit un approfondissement local, peuvent porter
« atteinte aux ressources generates qu'un fleuve a maree ofTre a la navi-
« gation.
5. « La regularisation des rives des fleuves a maree, de maniere a sup-
« primer les variations subites en largeur, egalise le courant, reduit les
« alterrissements et facilite le flux de la maree : elle constitue done un
« important moyen d'amelioration, meme quand une legere reduction
<c de capacite d'admission de la maree en certains endroits I'accompagne,
« par suite de la disparilion des anfractuosites de la rive ; car ce dernier
« inconvenient est, d'ordinaire, plus que compense par I'amelioration du
« cuurant et I'abaissement du niveau de la maree basse qui en est la
« consequence, surtout lorsque Ton fait en meme temps disparaitre les
<i hauts-fonds.
4» SECTION. 59
4. « II faul demander, retendue du bassin de remplissage, necessaire
« au bon fonctionnement des fleuves et de leiirs embouchures, a Tamena-
« gement methodique et rationnel des sections et des largeurs, et non a
« des reservoirs lateraux qui ont souvent de graves inconvenients et ne
« sont a creer que dans des cas speciaux.
5. « Le dragage ofTre un moyen tres precieux d'approfondir un fleuve
« a maree. On pent prolonger les operations bien au dela des limites du
« pouvoir erosif naturel du tleuve, si le mouvement commercial d'un port
« justifie une grosse depense, et Ton arrive ainsi a transformer un petit
« fleuve en une voie accessible aux gros navires a tous les etats de la
« maree : la Tyne fournit, sur ce point, un remarquable exemple.
a De plus, par ces dragages, on arrive a faciliter la transmission des
« marees, et a augmenter le debit alternatif au profit de Tembouchure.
« En somme, et moyennant les perfectionnements que Tart des dra-
ft gages a regus dans ces dernieres annees, le champ d'action de cc moyen
« d'amelioration s'est beaucoup etendu.
6. « II y a lieu d'appeler I'attention des ingenieurs sur I'utilile qu'il
« pent y avoir, pour les fleuves a maree comme pour les autres, a gene-
« raliser Tetude qui a etc faite sur la Garonne, en ce qui concerne la corrc-
« lation entre la courbure du lit et la profondeur du chenal.
<i Les resultals de ces etudes, lors du prochain Congres, seraient rap-
(i proches les uns des autres, en vue des regies a adopter pour le choix
« des traces et la constitution, s'il y a lieu, d'un lit mineur, tant pour les
« rivieres sans maree que pour les rivieres a maree.
7. « D'aprcs les experiences faites notamment par M. Yernon-Ilarcourt,
a il parait y avoir utilite, avant de faire un projet d'endiguement d'un
« estuaire large a fond mobile, et dans lequel les matieres alluvionnaires
« s'introduisent avec le flot, a etudier a I'aide d'un modele a petite echelle,
a avec autant de precision que possible, les resultats que les differents
« alignements des digues produisent dans le modele, non pour deter-
« miner exactement la nature du chenal et les profondeurs definitives
« qu'on obtiendrait, mais pour comparer les difl"erents projets entre eux,
« au point de vue de la fixite du chenal, de son importance et de la dis-
« Iribution des bancs ou atterrissements. »
Resolutions diverses.
« II serait desirable que les communications faites a la 4^ Section par
« MM. le General Comstock, sur le Mississipi,
« GuERREiRo, sur Ic Tage,
« De Mey, sur I'embouchure de TEscaut,
« Pasqueau, sur la Garonne,
« ainsi que les planches additionnelles au Memoire de M. Welcker, pussent
« etre imprimees et distribuees. »
60 COMPTE RENDU SOMMAIRE DES SEANCES DES SECTIONS.
M. DE PuLLiGNY fait I'analyse d'lme communication sur les travaux du
Bas-Mississipi presentee par M. le general Comstock.
Cette notice debute par la description minutieuse et precise de cette
partie du fleuve, aux dimensions gigantesques.
L'auteur examine ensuite les travaux entrepris, et donne notamment les
plus interessants details sur les procedes adoptes pour I'execution des
fascinages, sur les depenses faites, sur les resuUats obtenus.
Les travaux de la Section etant termines, M. Vernon-Harcourt se fait I'in-
lerprete des sentiments de tons en exprimant a M. le President la recon-
naissance de la Section pour son excellente direction des debats et sa bien-
veillance.
M. CuviNOT remercie dans une courte allocution.
M. DE Raeve propose a la Section de voter ses plus vifs remerciemenis
aux eminents rapporteurs de tous les pays qui ont envoye des renseigne-
ments d'un si haut interet. Cette motion est adoptee a I'unanimite, et spe-
cialement recommandee a M. le rapporteur general Mengin pour la seance
pleniere.
Enfm, sur la proposition de M. Guerreiro, la Section vote des remer.
ciements a son Bureau, et specialement a ses Secretaires.
PROCES-VERBAL
DE LA
DEUXIEME SEANCE PLENIERE
Vendredi 29 Juillet (matin).
Presidekce de M. GUILLEMAIN.
La seance est ouverte a 9 h. 45.
M. LE President. — Messieurs, vous savez qu'il y aura I'annee prochaine
une Exposition internationale a Chicago. L'honorable M. John C. Dore, de-
legue de Chicago au Congres de Paris, desire nous inviter a y assister. Je lui
donne la parole a cet eflet.
M. John C. Dore. — Monsieur le President, Messieurs, j'ai I'honneur de re-
presenter au y Congres International de Navigation interieure les Congres
annexes de TExposition Colombienne universelle des Etats-Unis qui se
tiendra a Chicago en 1895.
Tandis que I'Exposition Universelle sera une exposition de produits, les
Congres annexes ont pour but de montrer les progres accomplis dans tou-
tes les branches de la civilisation : agriculture, arts, commerce et finances,
education, genie civil, gouvernement, litterature, travail, medecine, refor-
mes sociales, musique, presse, religion, science et philosophic, tempe-
rance.
Je suis autorise et invite a vous informer que la cooperation de vos mem-
bres distingues au Congres du commerce des voies navigables qui se tien-
dra a I'occasion de I'Exposition Universelle de 1895 est tres vivement de-
siree.
C'est ce desir de s'assurer votre collaboration qui a fait que j'ai ete
charge d'assister a vos seances, et de vous inviter tons, personnellement et
coUeclivement, de la fa^on la plus cordiale et la plus empressee, a assister
et a prendre part aux deliberations de notre Congres.
J'espere que vous voudrez bien accepter cette invitation pour vous-me-
mes ou pour les delegues que les corps que vous representez voudront bien
designer, et preparer a I'avance des rapports sur les principales questions
interessant la navigation interieure. {Applaudissements.)
M. LE President. — Au nom du Congres, je remercie M. Dore de sa gra-
cieuse invitation, et je le prie de remercier pour nous les compagnies dont
il est le delegue. Tons ceux d'entre nous auxquels les circonstances le per-
62 2= SEANCE PLENlgRE.
mettront ne manqueront pas de repondre a cet appel dont nous sommes
tous ici reconnaissants. [Applaudissements .)
Nous allons examiner maintenant les propositions presentees par la
l''' Section. Mais je vous ferai d'abord une observation generate ; nous
avons a prendre des decisions sur 10 Ouestions; chaque Question com-
porte plusieurs resolutions ; c'est vous dire qu'il y aura un grand nombre
de votes. Comme il est indispensable que nous terminions demainnos tra-
vaux, je proposerai an Congres de voter I'adoption ou le rejet de chaque
proposition; celles qui seraient rejetees seraient renvoyees de droit au pro-
chain Congres ; il ne nous parait pas possible de reprendre, meme som-
mairement, les discussions qui ont eu lieu dans les Sections. Cette proposi-
tion aura, je I'espere, Tassentiment du Congres ; elle a pour but de lui eviter
une fatigue que je puis dire pen motivee, car loutes les Questions ont etc
etudieesdans les Sections avec un soin extreme. Nous aurons ainsi apporte
I'ordre et la promptitude qui sculs permettront la clolure de nos travaux
dans les delais voulus.
M. Captier. — Je comprends bien que les discussions ne puissent etre
recommencees ; maisil y aurait peut-etre un moyen terme entre la discus-
sion et le vote pur et simple sur les propositions : ce serait que la minorite
d'une Section eut le droit de presenter, comme la majorite, une proposi-
tion, et I'assemblee plenicre choisirait entre les deux.
M. LE President. — II serait anormal qu'on put presenter un amende-
ment sans pouvoir I'appuyer. L'immense majorite ne saurait pas quel est
son veritable sens ; une discussion s'ouvrirait inevitablement et nous en-
trainerait bien au dela des limites que nous nous sommes imparties. Je
vais appeler I'assemblee a voter sur la proposition que nous lui avons
faite, en lui faisant remarquer qu'elle est conforme aux precedents : c'est
ainsi que les choses se sont passees a Manchester, et partout ou le temps,
comme ici, mena^ait de faire defaut.
Ainsi je vous demande de voter par oui ou par non, suivant que chaque
resolution vous paraitra devoir etre adoptee ou renvoyee a I'examen du
prochain Congres.
[La proposition, mise mix voix, est adoptee par le Congres.)
M. Raffalowich. — Au Congres de Francfort il y avail eu discussion.
M. le President. — Le vote est acquis, et a une grande majorile.
Nous allons done proceder comme il vient d'etre decide.
La r*" Section a Iraite des 4 premieres Questions.
Je donne la parole a M. Carlier, sur la V Question.
M. Carlier. — En I'absence de M. Peslin, Rapporteur, rappele dans son
service pour des necessiles professionnelles, je vous demande la permis-
sion de lire son rapport fait au nom de la 1" Section, sur la T- Question :
« Consolidation des berges descanaux, principalement en vue d'une exploi-
tation a grande vitesse ».
2= SEANCE PLEiMERE. - 63
RAPPORT DE M. PESLIN
SUR LA 1- QUESTION
Sur celte question, quatre rapports ont ete rediges et distribues aiix
membres du Congres.
Le premier, de M. le Professeur Schlichting, de Berlin, traite de la con-
solidation des berges des canaux, en general, et des travaux fails en parti-
culier sur divers canaux, tant en Allemagne que dans les autres pays.
Le second rapport, redige par M. Peslin, Ingenieur en chef a Douai, traite
de la consolidation des berges des canaux dans la region du Nord de la
France.
Le troisieme, depose par M. Van der Sleyden, Ingenieur en chef a Maes-
tricht, discule les travaux fails en HoUande pour le meme objet dans ces
dernieres annees.
Enfin, le quatrieme rapport fait par M. de Iloerschelmann, Ingenieur a
Saint-Petersbourg , decrit quelques travaux de consolidation de berges
effeclues en Russie.
Dans une premiere seance, M. Schlichting a developpe les arguments
contenus dans son rapport, et en a justifie les conclusions.
Ces conclusions se resument de la fagon suivante :
1° Donner au profit en travers des canaux des dimensions aussi grandes
que possible, et s'arranger pour que le rapport de la section immergee du
bateau type a la section mouillee du canal soit au moins de 1 a 4 pour les
canaux ordinaires, et de 1 a 6 pour les canaux maritimes;
2" Etablir des berges resistantes, solidement assises, a parois verticales
ou a pen pres, s'etendant au-dessous du niveau de I'eau jusqu'a la pro-
fondeur ou Taction des vagues se fait senlir, et s'elevant au-dessus a une
hauleur suffisante pour cmpecher les vagues d'alteindre le talus superieur
de la berge ou la berme, s'il en existe une.
MM. Peslin et Schoendoerffer ont declare reconnaitre qu'en ce qui concerne
la premiere conclusion, il n'est pas douteux qu'il faut donner aux canaux
une section mouillee aussi grande que possible, mais que I'experience faite
en France depuis de tongues annees, et notamment sur les canaux du Nord,
prouve qu'on pent tirtr an excellent parti et desservir convenablement un
gros tratic avec des canaux dans lesquels le rapport ci-dessus indique
atleint et meme depasse le chiffre de 1 a 5.
En ce qui concerne la seconde conclusion, plusieuis membres ont fait
les plus expresses reserves au sujet de I'inclinaison verticale , ou a pen
pres, des berges, proposee par M. Schlichting. lis ont fait observer que cette
disposition est sinon impossible, au moins excessivement difficile a realiser
sur les canaux a berges ebouleuses ou sablonneuses qui existent dans beau-
coup de pays. Its ont ajoulc qu'il ne leur est pas demontre que ces berges
presentent, au point de vue de I'amorlissement de la force vive des
64 2° SEANCE PLENIERE.
vagues, tous les avantages que M. Schlicliting parail en altendre. 11 semble
necessaire dc faire, a cet egard, des constatalions precises qui n'ont pas
encore ete realisees.
M. Yanderlinden a rendu compfe des experiences qu'il a eu occasion de
faire a cct egard sur le canal maritime de Gand a Terneuzen avec un bateau
a vapeur (cargo-boat) jaugeant 425 tonneaux, mais n'en portant que 370.
Le rapport des sections mouillees du bateau et du canal ctait de 1/8,
par consequent tres avantageux.
Dans la premiere experience, la vitesse du bateau etait de 15 kilometres
a I'heure, dans la seconde, del2kil. 1/2 et dans la Iroisieme, dc 10 kil. 1/2.
Les forces correspondantes developpees par la machine etaient de 572 che-
vaux, 454 et 518 chevaux (on \oit qu'a partir d'un certain point, une aug-
mentation considerable de la force ne produit qu'une augmentation de
vitesse absolument insignifiante, c'est du charbon depense en pure perte).
Ce meme bateau, en pleine mer, filait facilement 15 noeuds, soit 24 kilo-
metres a I'heure, avec I'effort de 572 chevaux.
M. Yanderlinden a constate que le cargo-boat marchant a la grande
allure produisait une vague atteignant et depassant 1 metre de hauteur
verticale, mesuree centre la berge, et produisait dans cette berge des desor-
dres considerables, quoiqu'elle fut garnie a la ligne d'eau d'lme file jointive
de pieux formes de vieilles traverses de chemin de fer, et garnie au-dessus
et au-dessous d'une forte couche de pierrailles couronnee par un gazon-
nement a queue.
M. Reverdy a appuye les observations de M. Yanderlinden ; il pense que
le profit propose par M. Schlichting n'offrira pas toujours, surtout dans
les terrains sablonneux, une securite suffisante, et qu'il y aura lieu dc
recourir, dans certains cas, a I'emploi de perres magonnes et inclines des-
tines a amortir la force des vagues.
Sur la demande de M, Schlichting, le vote sur ces conclusions a ete remis
a une dale ulterieure.
La parole a ete ensuite donnee a M. Peslin, qui a analyse son propre rap-
port en decrivant les differents types de defenses de berges usites sur les
canaux du Nord de la France. Les conclusions de M. Peslin sont adoptees
a Funanimite, dans les termes suivants :
« Les systemes de defense de rives appliques sur les canaux du Nord
« de la France, limites au voisinage du plan d'eau, et consistant en pelits
« pieux au-dessous du plan d'eau et en revetements de tres peu d'etendue
« au-dessus, systemes reconnus suffisants^sur les canaux ou il n'y a qu'une
« circulation a tres faihle vitesse, sont recommandes par la Section. »
M. LE Presideint. — Lecture va etre donnee de cette proposition, succes-
sivement en allemand et en anglais.
[La proposition de resolution est adoptee par le Congres.)
M. Carlier [continuant la lecture du rapport de M. Peslin).
2' SEANCE PLENn<]RE 65
M. de Hoerschelmann a ensuite expose, conformement au rapport qu'il a
redige, les differents precedes en usage en Russie pour la consolidation des
berges des canaux, et principalement du groupe connu sous le nom de
canaux de Ladoga-
Dans une seconde seance, M. Schlichting a repondu aux objections qui
lui avaient ete faites dans la premiere. 11 a reconnu la difficulte de fixer
un chiflre precis et absolu pour le rapport de la section inimergee du
bateau a la section mouillee du canal, et a abandonne celte partie de ses
conclusions ; mais il pense que le principe de la verticalile (ou a peu pres
des berges doit etre mainlenu, el il a ajoute que si un canal ne pent pas
elre mis a sec, on pent affirraer que I'un des moyens de proteger ses
berges consistera a construire une parol verticale en bois assez haute pour
qu'elle ne soit pas surmontee par les vagues.
Cette proposition a ete appuyee par M. Engels, qui a depose un projet
de resolution dans cc sens.
M. Baensch a fait ensuite I'expose des imporlants travaux de defense des
berges qui s'executent actuellement sous sa direction sur le canal de la
Baltique a la mer du Nord.
II lui incombait, dans ce cas particulier, de consolider environ 200 kilo-
metres de berge dans des terres generaleraent peu consistantes,et avec une
navigation comportant les plus grands steamers, et meme les navires cui-
rasses de la marine militaire. La vitesse reglementaire des navires a la tra-
versee du canal a ete reduite a 10 kilometres a I'heure. Meme dans ces
conditions, I'onde produite est considerable et tres destructive pour les
berges. Le rapport minimum des sections mouillees est de 1 a 6.
M. Baensch a declare qu'apres des essais multiples, il a du renoncer aux
profits, non pas verticaux, mais meme voisins de I'inclinaison a 45". Les
talus etablis avec cette inclinaison s'eboulaient avant qu'on ait eu le temps
de les perreyer. Du cote de la mer du Nord, les perres sont a pierre seche;
ils ont une inclinaison de un et demi pour un, et sont constitues par des
moellons de 700 a 800 kilogrammes poses sur un lit de gravier.
En resume, M. Baensch recommande les defenses de berges peu inclinees,
et a surface aussi lisse que possible, pour obtenir Vepanouissement de la
vague au lieu de la briser.
M. Carlier, en I'absence de M. Van der Sleyden, a resume le remarquable
rapport presente par cet Ingenieur.
M. Carlier a fait observer que les conclusions de M. Van der Sleyden ne
font que justifier et confirmer celles proposees a la Section par MM. Schoen-
doerffer, Peslin et Vanderlinden.
II a termine en insistant sur le prix de revient eleve et sur les difficultes
d'execution des defenses de berges verticales, quand elles doivent s'etendre
sur toute la partie exposee au choc des vagues, tant au-dessous qu'au-
dessus du plan d'eau, et conclut en proposant, pour le texte de la resolution
5f
6 2* SEANCE PLfiNlfiRE.
definitive, la redaction suivante qui, apres quelques nouvelles observations
de M. Vanderlinden, a I'appui de cette redaction, a ete adoptee a I'unani-
mite des membres presents.
« La l""" Section emet le voeu suivant :
« 1° Que des experiences soient faites dans les differents pays, pour
« completer et etendre les resultats et les consequences de celles faites
« sur le canal Erie, en vue de determiner les relations qui existent
« entre la vitesse, I'effort de traction et la section immergee des bateaux,
« d'une part, et, d'autre part, la surface et la forme de la section mouillee
« des canaux, tant maritimes que de navigation interieure;
« 2° Que ces memes experiences soient faites en vue de determiner
a I'influence du degre d'inclinaison des berges sur Taction de la vague
« produite par la propulsion des bateaux a des vitesses croissantes ;
« 3° Que la critique de ces experiences fasse le sujet d'une des ques-
« tions a traiter au prochain Congres. »
[Ce vceu, mis aux voix, est adoptepar le Congres.)
M. LE President. — Je remercie M. Peslin ct M. Carlier.
La parole est a M. Denys pour la lecture de son rapport sur la 2* Ques-
tion : « Alimentation des canaux ».
RAPPORT DE M. DENYS
SUR LA 2-= QUESTION
La Commission d'Organisation a libelle comme il suit la 2'" Question
relative a I'alimenlation des canaux ;
« Consommation d'eau des canaux. Elements divers dontelle se compose.
Mesure dans laquelle varie la consommation avec I'augmentation du
mouillage.
« Precedes a employer pour se procurer les ressources alimentaires :
sources, ruisseaux, eaux perennes, reservoirs, machines elevatoires. Prix
du metre cube d'eau, avantagesetinconvenienlsde chacunde ces procedes. »
Deux rapports ont ete presentes :
L'un par M. Leboucq, Ingenieur des Ponts et Chaussees a Ypres, relatif
a I'alimentation des divers canaux beiges au moyen de machines elevatoires.
Le second par M. Denys, Ingenieur en chef des Ponts et Chaussees a
Epinal, relatif a I'alimentation des canaux dans la region de I'Est de la France.
La Section a eu le regret d'apprendre le deces recent de M. Leboucq.
M. rinspecteur general de Raeve a bien voulu, apres avoir paye a la
memoire de I'auteur du rapport un juste tribut de reconnaissance et de
regret, faire I'analyse succincte du travail interessant prcsente par cet
ingenieur. Ce rapport ne comprend point d'ailleurs de conclusions suscep-
tibles d'etre soumises a un vote.
•2' SEANCE PLENIERE. 67
M. Denys, apres avoir analyse tres succinctement son rapport, a fait
ressorlir qu'ii ne comportait pas non plus de propositions theoriques
susceptibles d'une discussion academique : il a insiste sur les difficultes
du probleme de I'alimentation des canaux, probleme quisle comporte pas
de solution generate. Sa seule ambition a ete de fournir des donnees nume-
riques certaines, et il a exprime sa reconnaissance aux ingenieurs qui ont
bien voulu lui fournir les moyens d'accomplir cette tache.
Dans la region de I'Est les emplacements favorables aux reservoirs sont
rares, en raison des conditions topographiques, et surtout geologiques de
de la region. La caracterislique de I'alimentation parait done etre I'emploi
des sources et des eaux perennes, complete par I'adjonction de machines
elevatoires, mues en general par des chules d'eau.
L'ensemble des ressources annuelles consacrees a ralimentation de ces
canaux est de plus de 127 millions de metres cubes, et la depense faite ou
projetee est de plus de 44 millions de francs. Le prix de revient d'un
metre cube varie de 0 fr. 007 a 0 fr. 060.
L'emploi exclusif des machines et des cours d'eau perennes pent offrir
cependant certains dangers, si on ne dispose pas d'un petit reservoir per-
mettant de remplir rapidement un bief de partage apres un chomaged'ete.
M. Denys insiste, en terminant, sur la correlation de la question des
etanchements et de celle de Talimentalion : sur les canaux anciens, aussi
bien que sur les canaux neufs, le choix a faire entre ces deux systemes se
pose constamment a I'ingenieur charge d'assurer I'exploitation de la voie
navigable.
M. Peslin donne d'interessants renseignements sur I'alimentation du
canal de Roubaix dont le bief de partage traverse une region absolument
depourvue d'eau. On alimentc ce canal en puisant dans la Deule, et en
refoulant au moyen de machines a vapeur environ 25 000 metres cubes
dans le bief de partage, a 55 metres de hauteur. Le bief de partage est
depourvu de tout reservoir ; aussi ne le met-on jamais en chumage.
M. Bourguin, Ingenieur en chef du canal de I'Aisne a I'Oise, fait
remarquer que le prix de revient de I'eau refoulee dans ce canal est base
sur la consommation reelle, laquelle est seulement le tiers de la capacite
productrice de I'usine. Les renseignements contenus dans le rapport de
M. Denys pourraient done etre utilement completes par I'indication de ce
que deviendraient ces prix si les usines fonctionnaient a leur maximum de
production.
Le rapporteur, tout en reconnaissant le bien-fonde de cette observation,
a pense qu'il valait mieux se borner a donner les chiffres reellement
constates : le rapport renferme d'ailleurs tons les elements necessaires
pour que chaque lecteur puisse en tirer lui-meme des indications en
rapport avec la nature de ses propres recherches.
M. le President expose que la premiere partie de la question, relative
68 2* SEANCE PLENIERE.
aux divers elements tie la consommation et a raugmentation des pertes
avec relevation du mouillage, n'a ele qu'effleuree dans les travaux pre-
sentes au Congres.
II soumet en consequence a la [Section le voeu suivant qui est adopte a
I'unanimite :
« La Section emet I'avis que I'importante question de raliinentation des
« canaux demande des etudes incessantes, et que, si les interessantes
« communications qui lui ont etc soumises meritent d'appeler I'attention
« des ingenieurs, on ne saurait trop les engager a mettre en lumiere les
« resultats de leur experience personnelle, au profit de I'interet general
« et international.
« Elle remarque que la premiere partie de la question posee laisse
« particulierement beaucoup a faire de nouvelles etudes, et conclut qu'il
« y a lieu de recommander aux futurs Congres de continuera donner dans
« leur programme, a la question dont il s'agit, la part d'importance qui
« lui revient. »
{Ce v(Bu, mis aux voix, est adopte par le Congres.)
M. LE Presideint. — Je remercie M. Denys de son rapport.
La parole est a M. Schoendoerffer qui nous donnera lecture du rapport de
M. Lestelle sur la 3^ Question : « Etanchement des canaux ».
RAPPORT DE M. LESTELLE
SUR LA 7>' QUESTION
M. Luiggi a expose a la Section que presque tons les canaux italiens ser-
vent a deux fms : la navigation et I'irrigation, la navigation et le drainage.
Les premiers, ceux qui servent a la navigation et a I'irrigation, tra-
versent en general des terrains d'alluvion ou d'origine glaciaire, qui sont
tres permeables. Leur plan d'eau est toujours au moins a 3 metres au-
dessus de la nappe d'eau souterraine. lis sont essentiellement permeables,
et les travaux que Ton a ete conduit a y faire ne sont pas soumis a des
sous-pressions.
Les seconds, ceux qui servent a la fois a la navigation et au drainage,
sont au contraire ouverts dans des terrains impermeables ou I'argile pre-
domine. Leur plan d'eau est le plus souvent au meme niveau que la nappe
souterraine, ou meme au dessous de ce niveau, de sorte que ces canaux,
loin d'etre exposes a des per!es par filtration, ofTrent en general un debou-
che aux eaux d'alenlour, et sont ainsi sujets a des crues.
Certains canaux de ce groupe ont, a la verile, des parties en remblai;
mais comme la cuvette est toujours formee par des terres argileuses peu
permeables, et comme I'alimentation est abondante, il n'y a guere a s'in-
quieter des deperditions d'eau. — Les precautions que Ton prend n'ont
2' SEANCE PLENIERE. 69
pour but que d'eviter la transformation des terrains adjacents en mare-
cages. . ,
Les canaux de navigation italiens servent presque toujours a deux ims,
et les quelques canaux exclusivement affectes a I'irrigation et au drainage
etant, a raison de leurs grandes dimensions et de leur grand debit, presque
assimilables aux precedents, il est inutile d'etablir des distinctions cntre ces
divers ouvrages dans Texamen des moyens propres a les etancher.
Parmi ces movens, les uns, indirects, ont pour objet principal de pre-
venir la corrosion du lit, dont ils assurent par surcroit retancheite; les
autres, directs, consistent a empecher les deperditions d'eau par de veri-
tables revetements impermeables du plafond et des berges. — On les
emploie surtout dans les canaux du premier groupe.
Moijens indirecls pour empecher les pertes cVeau. — Les moyens d'etan-
chement indirects consistent :
r A construire le canal avec des parois etanches, en adoptant pour ces
parois, soit des digues en terres argileuses corroyees, soit des murs en
ma^onnerie de chaux hydraulique ;
2° A etablir au pied des digues et a I'exterieur, de lourds terre-plems
disposes en banquettes et ayant pour but de supprimer les suintements ou
d'en reduire notablement I'importance; ce precede est employe lorsque
les digues ne sont pas completement etanches ;
5» A proteger les talus au moyen de fascinages, de clayonnages ou de
plantations; ce precede est usite lorsque les pertes d'eau sont la conse-
quence de la corrosion des berges;
4° A revetir les talus de paves ou de moellons poses a sec.
Les pavages a sec ont 0 m. 15 a 0 m. 20 d'epaisseur; le prix de revient
du metre carre est peu eleve, et varie de 0 fr. 50 a 0 fr. 80: mais ces
pavages se deteriorent facilement.
Les revetements en moellons a sec consistent, soit en moellons disposes
en perres et poses a plat sur les talus, soit en massifs de pierres seches
elcves en forme de murs de soutenement.
Les revetements en perres ont 0 m. 25 d'epaisseur; ils coiitent 3 fr. 10
le metre carre, et ont donne de bons resultats. — Les reparations annuelles
donnent lieu a une depense d'environ 250 francs par kilometre de berges
ainsi revetues.
Les murs de soutenement a sec ont generalement une epaisseur de
0 m. 40 au sommet avec un fruit exterieur de |. Ils reviennent a 2 fr. 50
le metre carre. Les resultats obtenus sont mediocres.
Moyens directs employes pour rendre etanche le lit des canaux. —
Les moyens propres a prevenir la deperdition des eaux consistent, dans
I'emploi des eaux troubles ou limoneuses, dans le revetement des talus
avec des corrois en terres argileuses, et dans des revetements executes
avec des paves poses sur mortier, avec du beton ou de la magonnerie.
L'etanchement avec emploi d'eaux troubles ou limoneuses est applique
70 2- STANCE PLENIERE.
en Italic en utilisant le limon tenu en suspension par les eaux qui s'ecou-
lent dans le canal memo. — C'est un procede ancien, peu couteux et tres
efficace. Mais il est lent, et il exige plusieurs annees pour produire son
effet. — 11 est tres repandu en Italie.
Les revelements argileux consistent, soil dans une couche de terre
argileuse ou de mottcs de gazon s'etendant sur le plafond et sur les talus
du canal, soit dans les biefs en remblai ou a flanc de coteau, dans un
bouclier en bois forme de madriers clones a des pieux, et place en avant
des talus inlerieurs. — On dispose derriere ce bouclier un bourrelet en
mottes de gazon de 0 m. 20 a 0 m. 50 d'epaisseur, et on garnit ensuite
avec de la terre I'espace compris enlre ce bourrelet et le talus.
Le bouclier en bois est quelquefois remplace par une murette de gros
galets poses a sec.
Ce genre de protection, qui coute de 5 a 6 francs le metre carre, pre-
sente I'avantage de consolider les berges.
On reproche aux revetements en terre argileuse de pouvoir etre dete-
riores a I'epoque des curages. Aussi les remplace-t-on souvent par des
diaphragmes en terre argileuse places a I'interieur des digues.
On a recours aux revetements en paves avec mortier de chaux hydrau
lique dans les pays ou les galets abondent, el ou les terres argileuses font
au contraire defaut.
Ces pavages s'executent, soit en arrosant avec du mortier les paves
prealablement poses avec du sable, soit en posant les paves a bain de
mortier.
Le premier mode de pavage ayant donne des resultats peu salisfaisants,
on lui a substitue le second mode, qui revient a 2 francs environ le metre
carre pour une epaisseur de pavage de 0 m. 20 et qui a donne de bons
resultats.
Les revetements en paves avec mortier de chaux hydraulique cessent
d'etre economiques dans les localites ou les paves n'existent pas a proxi-
mite des lieux d'emploi.
On a eu recours alors aux revetements en beton.
On leur a donne d'abord 0 m. 50 d'epaisseur, puis 0 m. 25. Plus tard,
pour diminuer les frais d'entretien, on a reconvert ces betons d'un enduit
en mortier de ciment qui revient a 0 fr. 60 le metre carre.
On a execute recemmcnt des betonnages imporlants en donnant au
beton une epaisseur de 0 m. 20, et en le recouvrant de 0 m. 50 de terre.
On fait actuellement des betonnages avec une epaisseur de 0 m. 15,
qui a m6me ete reduite a 0 m. 10.
Les betonnages doivent d'ailleurs etre consideres comme incompara-
blement moins permeables que les pavages.
Enfm les revetements en magonnerie consistent, soit en perres a pierres
seches rejointoyees avec du mortier, soit en perres ou murs en magon-
nerie avec mortier.
2* SEANCE PLEMERE, 7t
Les perres a pierres seches rejointoyees avec du mortier ont 0 m. 40
d'epaisseiir, et s'appiiient sur des talus de 1 de base pour 2 de hauteur.
La depense est de 2 fr. 50 par metre carre.
Les revetements en magonnerie avec mortier consistent tantot dans des
murs, tantot dans des perres.
Ces travaux sont en general anciens, et les donnees manquent pour en
faire revaluation; pour les plus recents le prix du metre cube de mu^on-
nerie avec mortier est d'environ 10 francs.
Resume. — En resume, mettant de cote les systemes peu recomman-
dables ou de peu d'imporlance, on pent dire que quatre principaux sys-
temes sont a present employes avec succes en Italic pour rendre imper-
meables les lits des canaux :
V L'etanchement par les eaux troubles;
2" Le revetement en pavage a bain de mortier, dont la depense par
metre carre varie de 0 fr. 80 a 2 fr. 30 ;
5" Le revetement en beton, qui est surtout applicable aux canaux qu'on
ne cesse pas d'alimenter en hiver; il est plus impermeable que le pavage
et coute de 1 fr. 60 a 5 francs pour des epaisseurs de beton variant de
0 m. 10 a 0 m. 50;
■i" Les murs de revetement, qui sont tres couteux, et ne sont a recom-
mander que lorsque le revetement en beton ou en pavage n'est pas appli-
cable.
Discussion. — A la suite de cet expose, M, Lestelle fait observer que
sur les canaux de la Haute-.Marne, de Saint-Dizier a Yassy et de la Marne
a la Saone, on cmploie indifferemment, pour etancher les biefs, les cor-
rois en lerre argileuse ou les butonnages, et que, pour le choix du sys-
teme, on ne se laisse guider que par le prix du metre carre de surface a
etancher.
Dans les belonnages I'epaisseur du beton est de 11 centimetres reduits
a 10 par le savetage; le beton regoit un enduit en mortier de ciment de
0 m. 015 d'epaisseur qui est reconvert d'une couche de terre ayant au
plafond 0 m. 50 d'epaisseur, et sur les talus, une epaisseur variable et
d'au moins 0 m. 50.
Pour les corrois, I'epaisseur adoptee pour la couche de terre argileuse
est de 0 m. 80. Elle permet de corroyer les terres, aussi bien sur les talus
que sur le plafond, au moyen d'un rouleau en fer traine par des chevaux.
M. Lestelle ajoute qu'on emploie egalement l'etanchement a I'eau trouble;
mais que, I'eau de la Marne etant generalement limpide, on est oblige de
Jeter dans le canal du sable fin legerement argileux.
M. Bourguin fait remarquer que, sur le canal de I'Oise a I'Aisne, les
betonnages sont goudronnes, et que ce goudronnage produit d'excellents
resultats au point de vue de I'etancheite.
M. Lestelle fait observer que, lorsque les betonnages sont executes sui
des remblpis, ils se fendent quelquefois, et que ia presence au goudron
7-2 2' SEMCE PLENIERE.
doit rendre Ires difficile la recherche des fentes, qui d'ailleurs se reparent
facilemenl enles nettoyanteten les rejointoyant avecdu mortier de ciment.
M. Denys dit qu'il a eu I'occasion de rechercher des fentes sur des
betonnages goudronnes, ef. qu'il les a trouvees facilement.
M. Peslin fait connaitre que, dans les canaux du Nord, les betonnages ne
sont pas proteges par de la terre. Le beton, qui a 0 m. 20 d'epaisseur, est
reconvert d'un enduit en mortier de ciment, sur lequel est etendue une
couche de goudron. 11 ajoute que ces betonnages se comportent bien, et ne
sont deteriores ni par la gelee ni par les coups de gaffe des mariniers.
M. Holtz fait remarquer que le matelas de terre que Ton a I'habitude de
prevoir a pour objet de preserver le beton de la gelee ainsi que des coups
de gaffe des mariniers. 11 se peut, d'ailleurs, que la gelee n'endommage
pas les betons dans le Nord; mais dans I'Est, ou le climat est plus rigou-
reux, il ne serait pas prudent de supprimer le matelas de terre. — II
ajoute que sur le canal de la Marne au Rhin ou Ton a execute de nom-
breux betonnages, I'epaisseur donnee au beton est de 0 m. 15 lorsqu'il
n'y a pas de sous-pression, et de 0 m. 20 quand il y en a. — Le beton est
toujours reconvert d'un enduit en mortier de cimenl.
M. Holtz estime d'ailleurs que le goudronnage des chapes augmente
considerablement I'etancheite des betonnages. Des experiences ont prouve
qu'une chape en mortier de chaux hydraulique goudronnee est plus
etanche qu'une chape en mortier de ciment.
Conclusion. — M. le President, apres avoir resume la discussion, pre-
sente les conclusions suivantes qui sont adoptees :
« La Section estime que I'etude des divers systemes d'etanchement de
« la cuvette des canaux, connexe de celle de I'alimentation, appelle d'une
« maniere permanente I'altention des Ingenieurs et des Congres de navi-
« gation. Elle croit devoir recornmander specialement, au point de vue
« des economies realisables, celle de I'epaisseur a donner au betonnage
« et des dispositions speciales de ce genre de travail. »
[Ces conclusions sont adoptees par le Congres.)
M. LE President. — Je remercie MM. Schoendcerffer et Lestelle, et je
donne la parole a M. Cadart sur la 4* Question : « Reservoirs ».
RAPPORT DE M. CADART
SUR LA 4-= QUESTION
Introduction. — Six rapports ont ete distribues avant le Congres sur la
4* Question relative aux modes de construction des digues de reservoir.
Un septieme rapport a 6te lu par M. Pelletreau, Ingenieur en chef des
Ponts et Chaussees, au cours de la seance du 26 juillet de la premiere
section qui a emi« le voeu que ce rapport soit egalement imprime.
2" SEANCE PLENIERE. 73
Cette question des modes de construction des digues de reservoir a ete
ainsi traitee au Y* Congres de Navigation avec une ampleur, une exten-
sion beaucoup plus grande que dans les Congres precedents.
Rapport de M. Barois. — M.Barois, secretaire general du Ministere des
Iravaux publics, au Caire, a donne la description succincte des principaux
reservoirs des Indes anglaises. Des milliers de ces ouvrages, dont beaucoup
sont fort anciens, mais dont le developpement est poursuivi d'une maniere
continue, emmagasinent le trop-plein de la tres courte periode des pluies,
et assurent pendant toute Tannee I'alimentation des villes et villages, et
surtout les irrigations. La plupart de ces reservoirs sont tres petits. Quel-
ques-uns cependant, generalement de construction recente, ont des etendues
considerables. C'est ainsi que M. Barois cite le reservoir de Veeranum, qui
fut ferme par une digue de 20 kilometres, et celui de la Mutha dont la
capacite atteint 146 millions de metres cubes,
Presque toutes les digues sont construites en terre ; elles sont executees
avec lenteur, et le tassement s'effectue sous Taction combinee du pietine-
ment des homraes et des pluies de plusieurs annees. Quelques-unes ont
une hauteur considerable : 30 metres a Cummun, et 57 m. 50 a Lokain.
Lorsque le talus amont est perreye, il revolt a peu pres la meme incli-
naison generate qu'en Europe. Mais, lorsque les materiaux font defaut, on
remplace le revetement par de simples fascinages en roseaux, et on adopte
alors une inclinaison plus douce.
Le prix de revient des reservoirs des Indes est generalement tres peu
eleve. II varie entre 0 fr. 019 et 0 fr. 197 par metre cube d'eau emma-
gasine.
Rapport de M. Llaurado. — De meme que dans les Indes, les reservoirs
d'Espagne outpour but I'irrigation des terrains situes en aval, ainsi que la
preservation des villes et villages des inondations ; les grands barrages sont
construits en magonnerie. Un grand nombre d'entre eux sont fort anciens.
Plusieurs datent du xvi^ siecle, leur hauteur est extremement considerable;
elle devait atteindre 95 m. 55 au barrage del Gaseo construit en 1788, mais
non acheve. Cinq grandes digues, dont trois de plus de 40 metres de hau-
teur, ont cependant encore ete edifices depuis 1850. La plupart des reservoirs
s'envasent tres rapidement, et des dispositifs speciaux doivent etre adoptes
pour permettre des chasses energiques, faute desquelles le reservoir pent
etre perdu. C'est ainsi que le reservoir de Lorca reste aujourd'hui partielle-
ment envase, et que celui du Yal de Infierno Test en totalite. De grands
reservoirs sont actuellement projetes pour defendre plus efficacement contre
les inondations la Huerta de Murcie.
Les digues des petits reservoirs d'irrigation sont en terre battue.
M, Llaurado s'est demande si, un volume d'eau donne devant etre
emmagasinedans une vallee, il convenait de construire un grand reservoir
unique ou plusieurs reservoirs moins vastes echelonnes. II donne la prefe-
rence a la seconde de ces solutions, bien qu'elle soit la plus onereuse.
74 2' SEANCE PLENIERE.
Rapport de M. Bouvier. — Le rapport de M. I'lnspecteur general
Bouvier donne la description des grands barrages du Midi de la France,
dont les nns servent a I'alimentation de canaux, les autres a celle des villes.
aux besoins industriels et agricoles, et a rattenualion des inondations. II
existe danscette region trois anciens reservoirs. Les digues de deux d'entre
eux, ceux de Saint-Fcrreol et de Couzon, de 31 metres de hauteur de
retenue, sont construites dans le systeme mixte en terre et magonnerie;
un mur central en magonnerie est llanque de remblais sur les deux faces
amont et aval ; ceux d'amont n'atteignent pas la crcte du mur. La digue
du troisieme, le reservoir de Lampy, de 15 m. 65 de hauteur de retenue,
est un mur en magonnerie de section trapezoidale consolide a I'aval par
des contreforts egalement en magonnerie. Le systeme mixte, dont le type
est la digue de Saint-Ferreol edillee par Riquet, le celebre constructeur du
canal du Midi, n'a pas donne de bons resultats, notamment au point de
vue de I'etancheite, et aucun ingenieur ne songe plus aujourd'hui a
construire des digues heterogenes dont les diverses parties, prises isole-
ment, seraient insuffisantes pour resister a la poussee de I'cau.
Les reservoirs modernes de la region du Midi sont ceux du Gouffre
d'Enfer sur le Furan (ou Furens), du Ternay, du Ban, du Pas-du-Riot et
de Chartrain. Leur hauteur de retenue est comprise entre 53 m. 50 au
Pas-de-Riot et 50 metres au Gouffre d'Enfer. Leurs digues en magonnerie
de moellons sont construites suivant un profil rationnel d'egale resistance
qui fit I'objet des etudes les plus approfondies de MM. Delocre et
Bouvier, et dont la realisation la plus recente et la plus parfaite est donnee
par la digue de Chartrain, ou Ton s'est, de plus, preoccupe d'eviter toute
possibilite d'effort a I'extension ; ce profil est connu aujourd'hui sous le
nom de profil frangais, et il parait devoir etre recommande pour tous les
grands barrages en magonnerie fondes sur le roc incompressible. II realise,
en effet, le maximum des economies conciliables avec la prudence et une
absolue securite.
Dans ces cinq reservoirs, la forme en plan de la digue est celle d'une
courbe tournant sa convexite vers I'amont.
M. Bouvier signale la difficulte d'eviter, sous les fortes pressions d'eau,
les infiltrations a travers la magonnerie, infiltrations qui se traduisent
par des efflorescences calcaires sur leparement aval, et appauvrissent pro-
gressivement les mortiers. On a jusqu'ici combattu efficacement ces infil-
trations, sans cependant les faire disparaitre tout a fait, par des rejoin-
toiements au ciment du parement amont descendus jusqu'a la fondalion,
et surtout par I'application d'eilduits sur ce meme parement.
M. Bouvier termine son tres remarquable rapport par la description
d'un barrage de 17 metres de hauteur construit dans le but de relever
le niveau du lac d'Oredon, situe dans les Pyrenees a une altitude de
1 852 metres, dans une region difficilement accessible, oii on ne trouvait
que des terresgraveleuses. Ces circonstances tres particulieres ont conduit
2« SEANCE PLfiNIERE. 75
a une solution toute speciale dont M. Bouvier a donne une description
detaillee.
Rapport de M. Cadart. — Le rapport de M. Cadart nous transporte dans
I'Est de la France, oil trois reservoirs ont ete etablis pour I'aliinentation
du canal de la Marne a la Saone en construction. Deux digues, celles de
Wassy et de la Liez, sont en terre battue, et ont dcs hauteurs de 1 5 m. 90 et
de 14 ra. 48, avec une longueur d'un pen moins de 500 metres. Le talus
d'aniont, dont I'inclinaison generale est de 5 de base pour 2 de hauteur,
est forme par une succession de petits gradins a 45 degres et de bermes
presque horizontales, revetus les uns et les autres, sur 0 m. 40 a 0 m. 50
d'epaisseur, d'un perre a mortier fonde sur beton. Le talus d'aval sim-
plement gazonne est recoupe par deux bermes de 2 metres de largeur. Un
ecran en maconnerie, ditmurde garde, est place sous le pied du talus amont;
il traverse toutes les couches d'alluvion, et est ancre dans les terrains
anciens impermeables. A la digue dc la Liez, les terres employees dans le
corroi, qui n'etaient pas suffisamment sableuses, ont du etre melangees
avec la moitie de leur volume de gravier. Le melange et le battage des
terres etaient effectues au moyen d'une installation unique analogue a
celle du labourage a vapeur par la methode Fowler. Un cable, actionne
successivement par deux treuils a vapeur places aux extremites de la
digue, etait anime d'un mouvement de navette, et il suffisait d'y attelcr a
tour de role la herse et le rouleau-comprcsseur.
La troisieme dwue des reservoirs du canal de la Marne a la Saone, celle
de la Mouche, est construite en maconnerie. La hauteur de la retenue
est de 22 m. 55 au-dessus du seuil de la prise d'eau inferieure, ct de
28 m. 82 au-dessus du sol de fondation. Les prises d'eau sontetablies dans
deux demi-tours accolecs au parement amont, et doublement fermees par
deux series de vannes, les unes exterieures, les autres interieures aux
demi-tours. Le profit du mur a ete etudie sur les memes principes que
celui de Chartrain. Un chemin vicinal de 7 metres de largeur suit le cou-
ronnemcnt de la digue. La partie pleine de ce couronnement n'a regu
neanmoins qu'une largeur de 3 m. 50 et le surplus de I'assiette du chemin
a ete obtenu en accolant au parement aval un viaduc forme de 40 arches
de 8 metres d'ouverlure. II y eut ainsi tout a la fois economic et meilleur
effet architectural.
La digue etant rectiligne en plan, les grands froids produisent au sommet
de pctites fissures quise referment en ete, et les fortes chaleurs des defor-
mations de I'alignement droit extremement variables dune annee a I'autre
et le plus souvent sinusoidales. Ces inconvenients eusseni ete sans nul
doute evites par I'adoption de la forme curviligne convexe vers I'amont.
M. Cadart termine son rapport en indiquant une methode rapide fort
simple pour evaluer approximativement le prix d'un reservoir avec digue
en terre, au moyen d'un tres petit nombre d'elements faciles a recueillir.
Rapport deM. Fontaine. — M. Fontaine decrit les reservoirs des canaux
76 2' SEANCE PLENIERE
du Centre et de Bourgogne. Sur les six reservoirs du canal de Bourgogne,
quatre sonl fcrmes par des digues en maQonnerie. Unescule deces digues,
celle de Pont, de date recente, a refu le profit rationnel d'egale resistance.
Celles de Grosbois, de Chaziily et du Tillot, contemporaines de la construc-
tion du canal, n'ont qu'un fruit trcs faible a I'aval, landis que leur pare-
ment amont est forme derelraites successives. Elles durent etre consolidees
par d'enormes contreforls en magonnerie, edifies devant le parement aval,
qui produisent uneffet architectural grandiose.
Les digues des deux aulres reservoirs du canal de Bourgogne, Panthier
et Cercey, et celles des douze reservoirs du canal du Centre sont en terre
battue; la digue de Torcy-Neuf, edifice de 1883 a 1887, reunit tons les
perfectionnements successivement realises dans la construction des digues
en terre. Aucune modification de quelque importance n'a ete apportee
dans la forme du profit et des revetements, nori plus que dans celle du
mur de garde; mais la tour des prises d'eau a etereportee en amont de la
digue, qui n'est ainsi traversee que par I'aqueduc de fuite. Les resistances
passives du mouvement des vannes ont ete rcduites de 92 pour 100 par
d'ingenieuses dispositions dues a MM. Resal ct Hirsch, qui substituent
des frottements de roulement a la plus grande partie des frottements de
glissement. M. Fontaine estime qu'a I'avenir on pourrait faire mieux
encore en employant la vanne cylindrique a couvercle Fontaine-Moraillon.
Les cretes fixes des deversoirs sont arasees a 0 m. 40 en contre-bas du
niveau de la retenue, et surmontees de hausses mobiles en chene tres
legeres, qu'un seul homme pent aisement enlever au moment d'une crue.
Cette disposition est tres recommandee par M. Fontaine.
Rapport de M. de Hoerschelmann. — II existe, sur quelques-uns des fleu-
ves de la Bussie, et notamment sur le haut Volga, des barrages, la plupart
datant du siecle dernier ou de la premiere moitie de ce siecle, qui retien-
nent les eaux provenant de la fonte des neiges et des pluies abondantes
dans le lit deborde du fleuve et de ses affluents, ainsi que dans de nom-
breux lacs naturels qui communiquent avec eux, pour les laisser ecouler
au moment de I'etiage, et permettre la navigation en aval a une epoque
ou le faible mouillage naturel I'aurait interrompue. Ces barrages n'ont
qu'une lointaine parente avec les digues de reservoirs; ce sont a propre-
ment parler des barrages mobiles en riviere s'etendant sur le lit majeur.
Les passes sont fermees par des vannes levantes en bois. Le radier et les
piles sont presque toujours en charpente; exceptionnellement ils sont en
ma^onnerie aux barrages Zavodsky et Berezaisky. La hauteur de retenue
maxima est de 5 m. 53 ; c'est celle des barrages Verkhnevoljsky et Zavodsky,
qui sont les plus importants. Le premier produit une retenue s'etendant
sur une longueur de 96 kilometres, et emmagasinant I'enorme volume de
397 millions de metres cubes dont I'ecoulement prolonge de quatre-vingts
a quatre-vingt-dix jours la duree de la navigation en relevant en aval le
mouillage du Volga sur une longueur de pres de 700 kilometres. Ce rele-
2" SEANCE PLENIERE. 77
vement du mouillage est de 0 m. 85 a 155 kilometres en aval du barrage;
il est encore de 0 m. 43 a une distance de 340 kilometres. Les resultats
obtenus sont, on le voit, considerables.
Rapport de M. Pelletreau. — M. Pelletreau, dans le but d'eviter dans
les murs de reservoir tout effort a I'extension, etde ne soumettre qu'a une
compression tres moderee la partie siiperieure qui est exposee a des
accroissements de charge relativement considerables lors d'une sureleva-
tion accidentelle du niveau de la retenue, propose pour les murs un profit
Iriangulaire. Avec un tel profil il n'y aurait pas d'effort a I'extension. On
ne serait oblige de recourir au profil d'egale resistance que pour les
barrages tres eleves; le surcroit de depenses resultant de la substitution
du profil triangulaire au profit theorique d'egale resistance ne serait que
de 12 pour 100, et en realite de 4 ou 5 pour 100 seulement, car on ne
pent adopter exactement un profil theorique d'egale resistance. M. Pelletreau
estimc que ce n'est pas acheter trop cherement I'augmentation de la
securite qui resulte de la suppression totale des efforts a I'extension.
M. Pelletreau ne croit pas qu'il y ait lieu de proscrire le deversement
des eaux des crues sur la digue elle-meme. La chute des eaux, deja
amortie par la rencontre du parement aval, creuse, au pied de la digue,
une fosse qui se remplit d'eau, et joue le role d'un matelas protecteur ; en
sortc que cette fosse ne continue pas a se creuscr jusqu'au roc vif sur
lequel la digue est fondee. II est d'avis, comme M. Cadart, que la forme
curviligne du trace en plan doit elre adoptee en vue des variations de la
temperature.
M. Pelletreau a applique les principes ci-dessus developpes au projet
qu'il vient de dresser du barrage de I'Oued-Atmenia, dont la hauteur de
retenue sera de 43 m. 50 au-dessus des fondations.
Discussion. — A. la seance de section du 27 juillet, MM. les Inspecteurs
generaux Delocre et Bouvier ont presente diverses considerations sur le
profit triangulaire de mur de reservoir propose par M. Pelletreau. lis ont
fait remarquer notamment qu'il etait loin d'etre sans interet de reduire
les depenses au minimum, resultat qui n'etait pas atteint avec le profil
triangulaire. M. Delocre a resume la discussion en faisant remarquer qu'il
y avail accord sur ces points que, dans les barrages de grande hauteur, la
partie inferieure du profit doit dans tons les cas etre determinee par la
consideration de la resistance des materiaux, et qu'elle est par suite la
meme d'apres les deux methodes, et que, en ce qui concerne la partie
superieure, d'une part les profits de Chartrain et de la Mouche evitent
egalement les efforts a I'extension, tandis que, d'autre part, M. Pelletreau
est necessairement conduit a s'ecarter de la forme triangulaire et a se
rapprocher de ces derniers pour obtenir une largeur convenable au cou-
ronnement. II a ete alors reconnu que les prolils de I'une et de I'autre
espece, qui d'ailleurs ne pourraient differer que dans leur partie mediane
et se ressembleraient par suite beaucoup, satisfaisaient bien tons deux a la
78 2' STANCE PLENIERE.
condition de ne pas soumettre les magonneries a des efforts a I'extension.
En ce qui concerne les dispositions a adopter pour les deversoirs, la
section , apres une inleressante discussion a laquelle prirent part
MM. Schlichting, Bouvier, Fontaine et Cadart, fut d'avis que, tout en
reconnaissant que la disposition adoptee a Torcy-Neuf convient parfaite-
ment a ce cas particulier, on ne saurait la considerer comme une solution
susceptible d'etre appliquee d'une maniere generate, la subordination de
I'ecoulement des crues a une manoeuvre pouvant, dans bien des cas,
presenter de graves inconvenients.
La question soulevee par M. Llaurado de savoir s'il valait mieux con-
struire, pour emmagasiner un volume d'eau donne, un seul grand reser-
voir ou plusieurs pelits echelonnes dans la vallee, n'a pas paru susceptible
d'une solution generate. L'etude en devra etre faite dans chaque cas parti
culier, en ayant egard aux circonstances locales.
11 fut egalement reconnu qu'on ne saurait indiquer une hauteur precise
et determinee au-dessus de laquelle une digue en terre battue cesserait
d'etre recommandable, beaucoup de considerations autres que celles de la
hauteur devant entrer en ligne de comple, et que les solutions adoptees a
la digue de la Mouche, tant pour I'amenagement des prises d'eau que pour
assurer le passage d'un chemin vicinal sur le couronnement, tout en
repondant parfaitementaux besoins de I'espece, elaient trop speciales pour
pouvoir ctre I'objet d'une recommandalion generate.
Conclusions. — Enfin, les neuf conclusions suivantes, dont I'initiative
appartienta M. Carlierpour la premiere, a M. Fontaine pour la seconde, a
M. Bouvier pour les sixieme, septieme et neuvieme, et a M. Cadart pour les
quatre autres, out reuni I'adhesion unanime de tons les membres de la
l""" Section qui a Thonneur d'en proposer I'adoption au Congres :
I. — « En ce qui concerne les digues en terre :
« A) Bien que les exemples de digues d'une hauteur superieure a
« 15 metres soient pen nombreux en France, il parait possible de de-
« passer cette hauteur : dans ce cas, la solution de la question depend
« essentiellement de la quantite et de la qualite des terres que Ton a a
« sa disposition, de la comparaison entre les prix de revient de la digue
« en terre et de la digue en magonnerie, et de la nature du sous-sol.
« B) Le corroyage mecanique des terres, a la vapeur ou tout au moins
« avec la traction animale, doit etre recommande comme donnant des
ft resultats excellents, et Ton doit proscrire, autant que possible, le
« baltage a la main comme tres coiiteux et ne produisant qu'un travail
« incomplet et absolument inegal.
« C) II est prudent de ne pas executer les revetements magonnes du
« talus amont en meme temps que le corroi.
« D) La solution adoptee aux Water-Works d'Edimbourg et a Torcy-
« Neuf, consistant a etablir les prises d'eau dans une tour isolee, placee
« en dehors et en amont de la digue, et encastree le plus possible dans
2' STANCE PLEiNIElRE, 79
« le terrain naturel; I'aqueduc de fuite issii du pied de cette tour, et
« passant sous la digue, facilite singulierement I'execution d'un corroi
« homogene et doit etre recommandee.
« E) La methode rapide indiquee par M. Cadart pour revaluation
« approximative du prix d'un reservoir avec digue en terre parait suscep?
« tible de rendre des services dans I'etude d'un avant-projet, lorsque les
« estimations n'auront pas besoin d'etre faites avec une grande precision.
II. — « En ce qui concerne les digues en magonnerie :
« F) Le profil de la digue de Chartrain ou tout autre profil s'en rappro-
« chant, et combine de fagon a supprimer autant que possible le travail
« a I'extension sur I'arete exlerieure, doit etre recommande.
a G) Avec de bons materiaux on pent faire travailler les ma^onneries
« a la compression sans imprudence jusqu'a une limite de 12 kilo-
« grammes par centimetre carre.
« H) La forme en plan d'une courbe tournant sa convexite vers I'amont
« parait devoir etre recommandee pour les digues en magonnerie, en
« raison surtout des effets, sur la region superieure des digues, de la
« dilatation et de la contraction dues aux variations de la temperature.
a /) II convient d'appeler I'attention des ingenieurs sur les mesures
« a prendre pour eviter les infiltrations dans les maponneries, et pour
« en attenuer les effets au cours de I'exploitation. »
M. LE President. — Vous venez d'entendre les propositions qui vous
sont soumises; elles sont connexes.La division entrainerait 9 votes succes-
sifs, et, si personne ne la demande, je mettrai I'ensemble aux voix.
{L' ensemble des 9 propositions est adopte par le Congres.)
Je remercie M. Cadart de son rapport.
Nous allons examiner maintenant les travaux de la 4'" Section. Cette sec
tion a (itudie la lO'' Question : « Amelioration de la partie maritime des
fleuves y compris leurs embouchures ».
Je donne la parole a son rapporteur M. Mengin-Lecreulx.
RAPPORT DE M. MENGIN-LECREULX
SUR LA 10== QUESTION
La 4^ Section du Congres etait chargee de trailer les sujets compris
dans la 10'' Question du programme et relatifs a I'amelioration des fleuves
maritimes y compris I'embouchure.
Du 21 au 28 juillet, la Section atenu dix seances sur lesquelles cinq ont
ete employees a I'expose sommaire des rapports presentes, et cinq a la
discussion des conclusions de ces rapports ainsi que de diverses questions
soulevees a leur sujet.
La 10^ Question avait pour objet principal de provoquer la production
80 2' SEANCE PLENIERE.
de memoires ou rapports faisant connailrc sous une forme a la fois aussi
concise et aussi complete que possible, d'une part ioutes les conditions
fluviales et maritimes qui determinent le regime de chaque fleuve, d'autre
part les travaux deja executes et leurs resultats constates.
En effet, I'extreme diversite des conditions naturelles est pour le pro-
blemc de I'amelioration des fleuves mnritimes une grave difficuKe et, pour
arriver a poser des regies, a preconiser des melhodes, il importe au plus
haul degre d'avoir au prealable une connaissance approfondie des carac-
teres specifiques de chaque fleuve, connaissance qui elle-meme exige de
longues etudes faites par des hornmes experimentes.
Get appel aux hornmes speciaux a ete entendu. Des rapports circon-
stancies ont ete promis et adresses par :
M. Corthell, surle Mississipi;
M. Franzius, sur leAVeser;
MM. Troost et Yandervin, sur I'Escaut beige;
M. Welcker, sur la Meuse;
M. Bela de Gonda, sur le Danube;
M. Vernon-Harcourt, sur le regime compare des fleuves, sur leurs
methodes d'amelioration, sur I'emploi des modeles a petite echelle;
M. Fargue, sur I'influence du trace des rives sur la profondeur, la
continuite et la permanence du chenal;
M. Mengin-Lecreulx, sur le regime de la Seine;
M. Guerard, sur I'embouchure du Rhone;
M. de Timonoff, sur le Volga et son embouchure.
Outre ces rapports qui avaient ete traduits, imprimes et distribues par
les soins du Congres, d'importantes communications ont ete faites au cours
des seances par :
M. le colonel Comstock, sur le Mississipi :
M. Guerreiro, sur le Tage;
M. de Mey, sur I'embouchure de I'Escaut;
M. Pasqueau, surle regime de la Garonne.
La Section, ayant reconnu I'importance deces communications, exprime
le desir qu'elles soient traduites, imprimees et distribuees par les soins du
Congres, au meme titre que les memoires primitifs.
De plus, M. I'Inspecteur general Partiot a depose sur le bureau et remis
aux membres du Congres un important memoire sur le regime de la
Seine, de la Loire et de la Garonne, et sur la theorie des embouchures a
goulet qu'il soutient depuis longtemps avec tant d'ardeur.
L'ensemble des documents produits combine avec les observations
echangees constitue, independamment de toutes vues theoriques, de toutes
conclusions de principe, par la haute competence des auteurs, par la
variete des circonstances naturelles niises en lumiere, par la constatation
2* SEANCE PLENIERE. 81
raisonnee des grands resullals acquis sur divers points et pour ne parler
ici que des plus recents, sur la Meuse et sur le Weser, enfin par I'etude
comparative des opinions rmises pnr les divers Ingenicurs, un monument
considerable, une source d'instruction infmiment precicuse.
Le Congres, le pays lui-meme, ne sauraient etre trop reconnaissants
cnvers les hommes eminents qui ont bien voulu, de tous les points du
globe, nous apporter le fruit de leurs travaux et de leur experience.
Cependant la mission de la 4' Section n'efait pas limitee a I'expose des
faits; on pouvait, on devait meme e saver d'en tirer des consequences.
Pliisieurs ingenieurs et en particulier MM. Franzius, Vernon-IIarcourt,
Troost, Vandervin, Partiot, Vaulhier, de Timonoff, ont formule des conclu-
sions. La Section les a examinees, mais n'a pu statuer sur toutes. Le temps
materiel faisait absolument defaut ; de plus, il faul bien le reconnaiiie,
la complexite du probleme est telle que, sur beaucoup de points, il serait
aujourd'hui premature et imprudent de formuler des regies precises. EUe
a cependant adopte, et elle propose au Congres quelques resolutions, soit
pour poser des principes generaux, soil pour indiquer quelques points
dont I'etude doit ctre specialement recommandee aux Ingenieurs.
Fleuves sans marees. — M. Yernon-Harcourt a magislralement formule
et justifie les regies qui doivent presider a I'a melioration de I'embouchure
du fleuve sans maree. II faut endiguer jnsqu'aux eaux profondes I'une des
passes d'un delta, en choisissant la micux orientee et de preference Tune
des plus pelites, et en s'abstenant soigneusement de toucher aux autres, de
maniere a ne pas attirer plus que de raison les matieres dans le bras navi-
gable, elant bien entendu que le resultat oblenu n'est que temporaire, et que
plus ou raoins tot suivant les circoustances il faudra prolonger les digues
au fur et a mesure de I'avancement du delta, que la methode proposee a
d'ailleurs pour effel de retarder ou tout au moins de ne pas accelerer.
Cependant M. Yernon-Harcourt ne parlait pas des dragages. M. de
Timonoff dans sa communication sur le Yolga a montre clairement que,
pour I'embouchure de ce fleuve, c'etait aux dragages qu'il fallait avoir
recours.
La Section, prenant notamment en consideration les grands progres que
I'art des dragages a faits dans ces dernieres annees, a pense qu'il pourrait
en etre de meme dans d'autres cas, et, tout en adoptant la formule de
M. Yernon-Harcourt, elle- a tenu a exprimer qu'a son avis, les endiguements
ne devraient jamais etre entrepris avant qu'on se fiit assure que les
dragages ne sont pas suffisants.
Fleuves a marees. — II est des fleuves, endigues et retrecis de main
d'homme, voire meme barres et canalises, qui debouchent a la mer avec
un faible courant serpentant peniblement et sans profondeur sur les plages
du littoral.
D'autres que la nature avait cependant etablis dans les memes conditions,
qui n'ont pas un bassin Quvial plus important, arrivent a la mer avec un
82 2' SEANCE PLENIERE.
courant large et profond qui balaye tous les obstacles, livre passage aux
grands navires et provient bien moins du debit propre du fleuve que du
mouvement alternatif des caux de maree.
Cette observation, la constatalion de cette difference profonde, oeuvre de
rhomme, contient en ellc-meme toute la doctrine aujourd'hui acquise des
fleuves a maree.
C'est ici, si Ton nous pardonne un rapprochement assez naturel en
matiere de voies commerciales, la doctrine du libre echange des eaux entre
la terre et la mer.
Ces idees et celles qui s'y rattachent, formulees deja dans les derniers
Congres,ont ete reprises et presentees par M. Vernon-Harcourt dont la
4'' Section s'est assimile les formules.
Cependant le reservoir de maree destine a accroitre ce qu'on pent appelcr
la puissance hydraulique du fleuve pent etre fourni soit par le fleuve lui-
meme moyennant un amenagemenl rationnel et methodique de la largeur,
soit par desbassins lateraux, anses, faux bras, criques, maraisou affluents.
A la suite d'une discussion tres developpee, provoquee par MM. Troost
cl Vandervin, la Section a reconnu qu'il est toiijours bien preferable de
demander le bassin de remplissage au fleuve lui-meme convenablement
amenage en largeur et en section, que les bassins lateraux ne sauraient
conslituer unsystemeacreer de toutespieces, mais que, quandils existaient,
il fallait y regarder de tres pres avant de seresoudre a les supprimer.
Cette idee est formulee dans les resolutions proposees.
La profondeur est Tobjcctif direct et la condition primordiale de la
navigation, mais de plus c'est elle seiile qui pent assurer la libre transmis-
sion des marees. Toutes les fois done qu'on la produit diiectement par
dragages, non seulemcnt on realise une amelioration locale, mais de plus,
en facilitant les couranls de maree, on ameliore le regime general du fleuve
ct on augmente sa puissance hydraulique.
De plus, I'art des dragages a ete I'objet dans ces dernieres annees de
perfectionnements tres importants qui augmentent sa puissance, reduisent
son prix de revient et elendent singulierement le champ de ce moyen
d'action qu'on pent considerer aujourd'hui comme le facleur principal des
mcthodes d'amelioration. La 4'' Section a tenu a s'affirmer a cet egard.
L'observalion a montre qu'il y avait une relation clroite, dans les
fleuves a marees comme dans les autres, entre la profondeur, la fixite et
la continuite du chenal de navigation et le trace des rives, I'amenagement
de leurs courbures et le raccordcment de ces courbures entre elles. II y a
la comme une geometric fluviale, un moyen d'amelioration qu'il n'est pas
permis d'ignorer puisqu'il permet, sinon toujours, au moins souvent,
d'obtenir de plus grands resultats sans plus de irais, ce qui est I'essence
meme de I'art de I'lngenieur.
Les idees emises a cet egard en France, principalement par M. I'lnspec-
teur general Fargue, commencent a se repandre ; mais il imporle que les
i' SfiANCE PLENIERE. 85
observations qui leur servent dc base soient repetees, suivies, ct s'il y a
lieu confirmees sur un plus grand nombre de fleuves ; un voeu est propose
dans ce sens.
M. Yernon-IIarcourt surtout et M. Osborne Reynolds en Angleterre,
M. Mengin-Lecreulx en France, a leur cxcmple, appliquant les idees de
Froude sur la similitude hydrauliquo, ont organise, avec des modeles a
echelles reduiles, des experiences sur Faction des courants sur les sables,
dans les estuaires sablonneux avec differents syslemes d'endiguements.
Les resultals obtenus sont a coup sur interessants, ils sont meme plau-
sibles. Sont-ils probants? la Section ne croit pas encore pouvoir Faffirmer,
mais elle proclame hautement Finteret qui s'atlache a la conlinualion de
ces experiences.
En dehors de ce moycn d'invesligalion, cl en cc qui conccinc les
methodes proposees pour Famenagement des estuaires ouverls, endigue-
ments plus ou moins espaces, digues hautes ou basses, gouleis, dragages,
la 4*" Section n'a eu ni le temps materiel ni la volonle de les trancher.
Au contact de la mer les forces en jeu deviennent encore plus diverscs,
plus grandes, plus difliciles a mesurer. Dans Finteret meme dc la science,
toute conclusion hative serait prematuree et imprudente. II faut continucr
a travailler, a observer, a essayer.
A ce propos d'ailleurs, la Section a remarque que Ic mot cstuaire clail
souvent employe par les auteurs dans des acceplions difterenles. ce qui
engendre des confusions facheuses. Apres discussion elle a reconnu qu'une
definition precise etait difficile et inopportune, mais que les Ingenieurs
devraient, dans chaque cas, expliquer pour le fleuvc considere le sens
qu'ils attachent a ce mot.
La 4* Section conclut en proposant au Congres d'adopter les resolutions
suivantes :
Fleuves sans maree.
1. « Si, apres etudes, ou mieux, apres cssais prealables, il est reconnu
« que Femploi des dragages doit elre ecarte, la seule methode pourappro-
« fondir Fembouchure de fleuves charriant des depots et se jetant dans
« desmers sans maree, consiste a prolonger un des chcnaux deleur delta,
oc au moyen de jetces paralleles, jusqu'en dehors de la barre, de sorte
« que le courant prolonge, concentre au travers de la barre, puisse creuser
« un chenal plus profond et transporter les depots plus avant dans Feau
« proton de
2. « II faut choisir Fun des petits bras, si son chenal dans le delta
« se prete ou peut facilement se preter aux exigences de la navigation, et
« il faut se garder d'entraver le debit du fleuve par les autres bras. L'a-
« vanccment du delta a Fun des petits bras est plus lent et la distance
« jusqu'a la barre est moindre, d'ou moins de frais pour la construction
84 2« SEANCE PLENIERE.
« des jetees ; d'autre part, si on augmentait le debit en entravant la
« marche du courant par les autres bras, on augmenterait en meme temps
« le volume des matierescharriees, on accelererait I'avancement du delta
« et on rendrait plus tot necessaire le prolongement des jetees.
3. « Le succes du systeme de jetees depend d'un rapide approfondis-
« scment de la mer en face de rembouchure, de la tenuite et de la
« legerete des matieres charriees, ainsi que de rcxistence d'un courant
« Iktoral, de sa vitesse et de la profondeur a laquelle s'etend son action.
« Toute action erosive des vents et vagues le long des bords du delta est
« favorable a ce systeme, de meme que toute reduction de la densite de
« I'eau salee, telle qu'on la rencontre dans une mer interieure.
4. « Si le sol sous-marin est plat, si une forte proportion des matieres
« charriees presente une grande densile au point d'etre roulees sur le
« fond du fleuve on a une faible distance de ce fond, si Tembouchure fait
« iace aux vents dominants dans la region, et enfm s'il n'existe aucun cou-
« rant littoral, ('amelioration de I'embouchure pent elre impraticable, et
« alors il faut avoir recours a un canal lateral qui doit se separer du
« fleuve a quelque distance en amont de son embouchure et penelrer dans
<i la mer au dela de la zone d'influence des alluvions debitees par la
« riviere.
5. « Le systeme des jetees ne constitue pas une amelioration perma-
« nente ; tot ou tard, suivant la mesure dans laquelle les conditions phy-
« siques sont defavorables ou favorables, une barre se forme plus au loin
« et un prolongement des jetees devient necessaire.
M. Mengin. — Ces premieres propositions concernent les fleuves sans
maree. Je proposerai a M. le President d'appeler le Congres a les voter. Je
passeraiensuite a la question des fleuves a maree. [Assent iment.)
[Les propositio?is, niises aux voix, sont adoptees par le Congrds.)
M. Mengin {continuant la lecture des conclusions de son rapport) :
Fleuves a maree.
1. « Les diverses acceptions donnees par les divers auteurs au mot
« estuaire ont amene des confusions. II n'a pas paru possible et expedient
« de defmir exactement le sens de ce mot, mais il est recommande vive-
« ment aux ingenieurs qui traitent de questions relatives aux embou-
« chures d'indiquer exactement ce qu'ils entendent par estuaires dans les
« cas speciaux dont ils s'occupent.
2. « Les dimensions et la profondeur d'un fleuve a maree etant sur-
« tout en general la consequence de Taction de la maree, tons travaux
« augmentant le volume et etcndant I'influence de celle-ci, tels que la
« suppression d'obstacles, le dragage de hauts-fonds compacts, I'abaisse-
« ment du niveau d'cau de la maree basse obtenu par I'approfondissement
« du chenal, assurent une amelioration dans le regime de la navigation,
2" SEANCE PLENIERE. 85
« tandis que tous les travaux restreignant I'entree de la maree, meme si
« I'energie donnee au courant produit un approfondissement local, peu-
« vent porter atteinte aux ressources generates qii'un fleuve a maree offre
« a la navigation.
3. a La regularisation des rives des fleuves a maree, de maniere a
« supprimer les variations subites en largeur, egalise lo courant, reduit
« les atterrissements et facilite le flux de la maree : elie constitue done
« un important moyen d'amelioralion, m^me quand une legere reduction
« de capacile d'admission de la maree en certains endroits I'accompagne,
« par suite de la disparation des anfractuosies de la rive, car ce dernier
a inconvenient est d'ordinaire plus que compense par I'amelioration du
« courant et I'abaissement du niveau d'eau de la maree basse qui en est
« la consequence, surtout lorsque Ton fait en meme temps disparaitre
« les hauts-fonds.
4. « 11 faut demander I'elendue du bassin de remplissage necessaire
« au bon fonctionnement des fleuves et de leurs embouchures a I'amena-
« gement methodique el rationnel des sections et largeurs, et non a des
« reservoirs lateraux qui ont souvent de graves inconvenients, et ne sont
« a creer que dans des cas speciaux.
5. « Le dragage ofl"re un moyen tres precieux d'approfondir un fleuve
ot a maree. On pent prolonger les operations bien au dela des limites du
« pouvoir erosif naturel du fleuve, si le raouvement commercial d'un port
« justifie une grosse depense, et Ton arrive ainsi a transformer un petit
« fleuve en une voie accessible aux gros navires a tous les etats de la
« maree : la Tyne nous fournit, sur ce point, un remarquable exemple.
« De plus, par ces dragages on arrive a faciliter la transmission des
« marees et a augraenter le debit alternatif au profit de I'embouchure.
« En somme, et moyennantles perfectionnements que I'art des dragages
« a rcQus dans ces dernieres annees, le champ d'action de ce moyen
« d'amelioralion s'est beaucoup etendu.
6. « II y a lieu d'appeler I'attention des ingenieurs sur I'utilite qu'il
« pent y avoir, pour les fleuves a maree comme pour les autres, a gene-
« raliser I'etude qui a ete faile sur la Garonne en ce qui concerne la
a correlation entre la courbure du lit et la profondeur du cherial.
« Les resultats de ces etudes, lors du prochain (longies, seraienl rap-
cc proches les uns des autres, en vue des regies a adopter, pour le choix
« des traces et la constitution, s'il y a lieu, d'un lit miiieur, tant pour les
« rivieres sans maree que pour les rivieres a maree.
7. « D'apres les experiences faitesnotamment par M. Vernon-Harcourt,
« il parait y avoir utilite, avant de faire un projet d'endiguement d'un
« estuaire large a fond mobile, et dans lequel les matieres alluvionnaires
« s'introduisent avec le flot, d'etudier avec un modele a petite echelle,
tt avec autant de pi'ocision que possible, les resultats que diflerents ali-
« gnements des digues produisent aans le modele, non pour determiner
86 2" SEANCE PLENIERE.
« cxactement la nature dii chenal et les profondeurs definitives qii'on ob-
« liendrait, mais pour comparer les differents projets enlre eux au point
« de vue de la fixitc du chenal, de son importance ct de la distribution
« des bancs ou atterrisscments. »
Ces conclusions sont suivies de cette proposition :
Resolutions diverges.
« II serait desirable que les communications faites a la A" Section par :
« MM. le general Comstock, sur le Mississipi,
Guerreiro, sur le Tage,
De Mey, sur I'embouchure de I'Escaut,
Pasqueau, sur la Garonne,
« ainsi que les planches additionnelles au memoire de M. Tingenieur en
« chef Welcker, pussent etre imprimees et distribuees ».
{Toutes ces conclusions et propositions sont adoptees par le Congres.)
M. LE Preside.nt. — Je remercie M. Mengin de son int6ressant rapport.
{Applaudissenients.)
Messieurs, je vous rappelle que la 5'" Section doit avoir une derniere
seance aujourd'jjui a une heure ct demie.
Domain matin a 0 h. 1/2 pourrait avoir lieu une o^ seance pleniere dans
laquellc nous eludierions les propositions des 2'' et 5" Sections. Nous tache-
rons que cette seance soit la derniere, de fagon a laisser aux mcmbres du
Congres toute I'apres-midi librc avant le depart pour les excursions. {As-
sentiment.)
La seance est levee a midi.
PROGES-VERBAL
DE LA
TROISIEME SEANCE PLENIERE
(SEANCE DE CLOTURE)
Samedi 30 Juillet (matin).
PfiESIDENCE DE M. GUILLEMAIN
La seance est ouverte a neuf heures et demie.
M. LE President. — L'ordre du jour appolle rexamen des travaux de la
2* Section comprenant les 5* ot G'' Questions.
Je donne la parole a M. Hirsch pour la lecture de son rapport sur la
0" Question : « Traction sur les voies navigables ».
RAPPORT DE M. HIRSCH
SUR LA 5' QUESTION
M. Hjrsch. — Je diviserai mon expose en deux parties :
1° Resume des communications et rapports presentes a la Section ;
2° Resolutions votees par la Section.
Rapports et Communications.
Les documents soumis a la Section se rapporlent, les uns aux canaux,
les autres aux cours d'eau soit libres, soit canalises.
Sur les canaux, sauf cas exceptionnels, la navigation a lieu par bateaux
isoles; sur les cours d'eau, elle se fait le plus souvent par convois; les
deux problemes sont done tout a fait differents, et doivent etre examines
isolement.
Traction sur les canaux. — L'orateur resume les rapports presentes a
la Section, par :
MM. Derome. — Canaux du Nord et de I'Est de la France.
John Bogart. — Canal de I'Erie.
Thiem. — Yoie navigable de Ilohensaaten a Spandau.
Lasmolles. — Voies navigables convergeant vers Paris.
Bellingr.ith et Dieckhofl". — Reseaux canalises de I'Elbe et de I'Oder.
Miitze. — Canaux du bassin du Rhin.
88 5" SEANCE PLENIERE.
De Tensemble de ces rapports et dcs discussions auxquelles ils ont
donne lieu, resultent certaines consequences interessantes :
Le mode dc traction le plus usite est le halage par chevaux ; sur quel-
ques voies, on se sert aussi de mulels et meme la traction a bras est par-
fois encore en usage.
Dans ces conditions, le prix du fret oscille en general entre I et 2 cen-
times par tonne kilometrique; les depenses de traction representent
environ 1/3 de ce prix, soil 0*,004 a 0^005. Le cheminemenl annuel n'est
guere que de 1000 a 2000 kilometres.
Sur le canal Erie, le cheminement annuel atleint 10 000 kilometres, et
le prix du fret descend a 1/2 centime.
Sur dlverses sections tres chargees des canaux frangais, la necessite de
ne pas diminucr la capacite de trafic de la voie a amene a organiser la
traction, en restreignant au besoin ou meme en sacrifiant I'independance
ordinaire de la batelleric; sur certains points le halage par chevaux a ete
regularise; sur d'autres, on a installe la traction mecanique.
Les resultats ainsi obtenus sont en general tres favorables, non seule-
ment comme debit de la voie, mais meme au point de vue economiquc.
L'usage des vapeurs porteurs sur les canaux est exceptionnel.
Le probleme si important de la traction mecanique sur les canaux n'a
pas encore rcfii de solution qui soil consacree par la pratique. En dehors
du touage ordinaire, qui n'est guere praticable que sur les longs biefs,
deux syslcmcs principaux sont aujourd'hui en presence, le halage funi-
culaire el le touage electrique.
Le halage funiculaire a ete essaye en France sur le canal Saint-Maurice
et en Allemngne sur le canal de I'Oder; il a fonctionne regulierement, a
part un accident, le vrillage du cable qui s'est [troduit dans quelques cas.
M. Biisser d'un cote, M. de Bovet de I'autre, proposcnt des systemes de
touage par I'electricite. Dans le systeme de M. de Bovet, I'lidherence sur
la chaine est obtenue a Vaidc d'une poulie aimantee par un courant elec-
trique.
M. Galliot a decrit le systeme de touage electrique propose pour le bief
de partnge du canal de Bourgogne.
EiifmM. Tourrcau propose le halage a I'aide d'un chariot prenanl appui
sur un rail pres'-e entre deux galets moteurs.
Traction sur les rivieres. — Belativement a la traction sur les cours
d'eau, soil libres, soil canalises, les rapports suivants ont ete presenles :
M. Camere. — La Basse-Seine entre Paris et Rouen.
MM. Molinos et de Bovet. — La Seine entre Paris et I'embouchure de
I'Oise.
M. Lasmolies. — Touage sur la Haute-Scine et sur I'Yonne. (Renseigne-
menls contenus dans le rapport deja cite.)
M. Miitze. — Le Rhin et ses affluents. (Renseignemcnts contenus dans
le rapport deja cite.)
SEANCE DE CLOTDRE. 89
MU. Bellingralh et Dieckhoff. — L'Elbe et I'Oder. (Renseignements con-
tenus dans le rapport deja cite.)
M. J. Hogait. — Transport dos charbons sur I'Ohio. (Renseignements
contenus dans le rapport deja cite.)
La traction mecanique par convois est de beaucoup le procede le plus
en usage sur ies rivieres; sur quolques cours d'eau on se sert de vapeurs-
porleurs, meme pour Ies marchandises; le service des voyageurs est fait
uniquement par des vapeurs portcurs. Le halage animal est de plus en
plus abandonne. Assez souvent ies bateaux descendent sur nage.
Comme engins de traction a vapeur, on dispose aujourd'hui des toueurs
et des remorqueurs. Le touage sur cable n'est plus guere praliijuc que sur
la partie du Rhin qui s'etend entre Bingen et Bonn; ailleurs on y arenonce,
a cause des deplacements lateraux que subit le cable, de son usure rapide
el de la difficulte des epissurcs. L'appui estpris sur le cable a Laide d'une
poulic a machoires du systeme Fowler.
Le touage sur chaine est fort en usage; I'adherencc est obtenue au
moyen de deux tambours accouples, sur lesquels la chaine fait plusieurs
circuits. Avec ce systeme, le jet de la chaine devient difficile, ce qui con-
duit a I'exploitation par Iroquages.
Sur Ies cours d'eau a grande profondeur et a courant modere, le touage
doit ceder le pas au remorquage. Les remorqueurs sont a roues ou a
helice, leur construction s'est considerablement perfectionnee dopuis
quelques annees.
, M. de Bovet propose d'appliquer au touage en riviere la poulie aimantec
par un courant electrique, dont nous avons deja parle et qui rendrail
facile le jet de chaine.
Etudes diverses. — M. de Mas a fait des experiences du plus grand inte-
ret sur les efforts necessaires pour trainer un bateau dans diverses con-
ditions. Les resultats qu'il a constates sont nouveaux sur plus d'un point.
Les experiences failes sur la Seine par MM. Camere el Clerc, et men-
tionnees dans le rapport de M. Camere, out egalemeiil fourni des resultats
qui meritent d'attiier I'attention.
M. Caplier a donne lecture a la Section d'une etude remarquablc sur le
Marinier.
La Section a termine ses travaux par les propositions suivantes qu'ellc
soumet a I'approbation du Congres :
Resolutions votees par la Section.
« r II serait tres desirable que Ton recherchat experimentalement la
« repartition des efforts de traction dans les dilferents biefs des rivieres
« canalisees en s'inspirant de la methode appliquee dans les experiences
« lictuellement poursuivics dans la Basse-Seine par MM. Camere et Clerc, et
« dont il a ete rendu compte par M. Camere dans son rapport.
« 2° Considerant que le halage funiculaire constituerait une solution
yO 3' SEANCE PLEMERE.
« pratique de la traction sur les canaux a grand trafic, sans les effets du
« vrillage du cable qui subsistent encore quelquefois malgre les precau-
« lions prises pour le prevenir, la Section emet Ic voeu que les expe-
« I'iences de Saint-Maur d'une part ct celles du canal dc I'Oder a la Spree
« d'iiutre part soient continuees dans le but special d'eludier les causes
« (lu vrillage, et surlout de completer le rcmede aux eflels d'entrainement
« qu'il pent encore exercer sur les reniorques des bateaux.
« 3° La Section emet le voeu que, outre les experiences sur le halage
« funiculaire, il en soit fait egalemenl sur I'emploi du systeme de touage
« electrique invente et expose par M. de Bovet.
« 4" II est a desirer que tout bateau soit le plus tot possible pourvu
« d'un document officiel faisant connaitre, pour les differentes vitesses
« relatives, sa resistance a la traction.
« 5° La Section appreciant la portee considerable dcs experiences eritte-
« prises par M. de Mas emet le voeu que ces experiences soient poursui-
« vies dans tous les details qu'elles comportent, notamment en ce qui
« concerne Tinfluence de I'etatdes surfaces sur la resistance a la traction.
<c 6° La Section emet le voeu que la question de la mcilleure organisa-
« tion economique de la traction sur les voies navigables soit soumise au
« prochain Congres. »
{Les propositions mises aux voix sont adoptees par le Congres.)
M. LE President. — Je remercie M. Hirsch de son interessant rapport.
La parole est a M. Derome pour la lecture de son rapport sur la
5* Question : « Chomages des canaux et des rivieres canalisees «.
RAPPORT DE M. DEROME
SUR LA 5<- QUESTION
La 5* Queslion concerne les chomages imposes a la navigation pour
I'execution des travaux d'entretien et d'amelioration des canaux et des
rivieres canalisees.
Cette Question a fait I'objet de cinq riippoi ts presentes par :
MM. Germelmann, Inspecteur des travaux hydrauliques a Berlin ;
Mailliet, Ingenieur en chef, Direcleur des Fonts et Chaussees a
Bruxelles ;
Captier, Membre secretaire de la Chambre syndicale de la marine a
Paris;
Mazoyer, Ingenieur en chet des Ponis et Chausses a Nevers;
Derome, Ingenieur en chef des Fonts et Chaussees a Compiegne.
Ces rapports trailent respectivement des chomages :
Sur les voies navigables de I'Allemagne;
SfiANCE DE CLOTURE. 91
Sur les principales lignes de navigation de la Belgique;
Sur les voics navigables du centre de la France ;
Sur les canaux et les rivieres eanalisees de la region du Nord et de I'Est
de la France;
M. Captier a etudie la question au point de vue special des interels de
la batcllerie et du commerce.
La 2" Section a entendu le resume des cinq rapports preciles.
Elle a ensuite aborde successivement la discussion des differents points
suivants :
Principe et ulilite des chdmages:
Epoque et dureo des chomages;
Comparaison du systeme de In simultaneite et de celui de I'echelonne-
ment des chomages;
Mesures a prendre pour reduire la frequence et la duree des chomages.
En cc qui concerne le premier point, c'est-a-dire le principe de I'utilite
des ch6mages, la discussion a abouti aux conclusions ci-apres :
Les chomages ne sont pas indispensables sur les rivieres eanalisees qui
offrent un chenal de grande largeur et dont les chutes sont rachetees par
des ecluses multiples, comme la basse Seine.
Les chomages nc peuvent etre supprimes, quant a present, sur les
cani'ux de largeur normale avec ecluses simples, non plus que sur les
rivirres eanalisees assimilables a ces canaux ; mais la duree doit en etre
reduile aulant que possible.
D'autre part, il est d'usage en France comme en Belgique, de faire
chomer les voies navigables pendant la bonne saison.
Et unc convention intcrnationale du 8 oclobre 1887 a fixe au 15 juin la
date initialc des chomages sur les canaux et les rivieres eanalisees qui
mettcnt en communication la France, FAllemagne et la Belgique.
La Section a ete d'avis que cette date concilie le micux possible tons les
interels en jeu. Elle pcrmet de I'emplir en temps utile, apres I'achevement
des travaux, les biefs superieurs des canaux a point de partage; elle n'offre
pas d'inconvenient serieux pour les rivieres dont les eaux commencent en
general a baisser d'une maniere notable dans lecourant dejuin. Elle laissc
cnfin au commerce le temps necessaire pour effectuer commodement ses
approvisionnements d'ete, aprcs la fin do la mauvaise saison.
La Section a eleneanmoins frappee de ce fait, signale par M. I'lnspecteur
Gcrmelmann, que, dans la region Est de I'Allemagne, les voies navigables
ne choment qu'exceptionnellement durant Fete : tons les travaux d'entre-
tien dont Fexecutinn ne pouriait avoir lieu sans inlerrompre la circula-
ti' n sont effectues pendant la saison des glaces qui arrelent la navigation
trois ou quatre mois chaque annee.
« C'cst alors, dit M. Gcrmelmann a la page 4 de son rapport, que d'or-
« dinaire Ton repeint et Ton remplace les portes d'ecluses, que I'on pro-
92 5' SEANCE PLENIERE.
<i cede aux grands travaux de betormage el de maQonnerie, que Ton repaie
« les buses et les chambres des ecluses.
ft On ne recule pas devant les frais enormes nocessaires pour elever la
« temperature sur les chantiers, au moyen de brasiers de coke et de fours
« allumes de maniere a chauffer artificiellement les maleriaux et a recon-
« struire completement meme des parties entieres d'ouvrages.
« C'est ainsi que, durant les annees 1875-78 et 1880-85, le canal de
« Finow, qui met en communication I'Oder et la Havel, a ete elargi sur
« une longueur de 100 kilometres, creuse, pourvu de 18 ecluses nou-
« velles et d'un grand nombre de nouveaux ponls, sans que la circulation
« ait ete interrompue, sauf pendant les chomages d'hiver. »
La Section a vote des remerciements a M. Germelmann pour son inte-
ressante communication ; elle n'a pas cru, faute de renseignements, pou-
voir discuter les questions qu'elle souleve, et s'est bornee aemettre le voeu
que I'etude en soil confiee au prochain Congres.
Incidemment, la Section s'est occupee des mesures a prendre pour
reduire la duree des chomages causes par les glaces sur les canaux et les
rivieres canalisees. Des explications lui ont etc fournies a ce sujet par les
Ingenieurs preposes au service de differentes voies navigables. Ces expli-
cations ayant demonlrela necessitede proceder sur ce point a de nou\elles
etudes, la Section a emis le voeu que cetle imporlante question soit egale-
ment soumise au prochain Congres.
Revenant ensuite aux chomages d'ele, elle a adopte les conclusions sui-
vantes :
L'entretien normal des canaux et des rivieres canalisees assimilables
aux canaux pent etre assure d'une maniere generate, sauf certains cas
exceptionnels, par des chomages annuels de dix jours au plus.
Les travaux d'amelioration auxquels donnent lieu ces voies navigables
n'exigent pas, en general, de chomage d'une duree superieure a 50 jours.
Elle a d'ailleurs admis, d'accord avec trois de ses rapporteurs, qu'un
chomage d'une duree ne depassant pas 10 jours ne porte aucun preju-
dice serieux au commerce non plus qu'a la batellerie, lorsqu'il est fixe a
une epoque convenable et annonce suffisamment a I'avance.
D'autre part, la Section a reconnu la necessite de coordonner les cho-
mages de telle sorte qu'ils aient lieu simultanemcnt sur toutes les voies
navigables de chaque region et meme, autant que possible, sur toutes
celles des regions limitrophes, conformement aux dispositions de la con-
vention internationale du 8 octobre 1887.
Elle a par suite ecarte le systeme de Y echelonnemenl des chomages, qui
a jadis ete adopte pendant nombre d'annees sur les lignes de la Belgiquc
vers Paris, mais auquel on a renonce depuis 1884.
La Section a enfin examine les mesures proposees par les differents
SEAiNCE DE CLOTLRE. 95
rapporteurs pour reduire la frequence et la duree dcs chomages, et notam-
ment celles indiquees par M. ringenieur en chef Mailliet.
Elle a ete unanime a les approuver en principe, laissant aux ingenieurs
le soin d'appliquer dans chaque cas particulier celles qui se rapportent le
mieux aux circonstances locales, aux convenances de chaque service et aux
ressources dont ils disposent.
Les mesures dont il s'agit se repartissent en deux categories distinctes.
Les unes tendent a diminuer I'importance des travaux a executer pour
I'enlretien de la voie navigable et la reparation des ouvrages.
Les autres doivent permettre d'executer ces travaux sans interrompre la
navigation, on tout au moins a Taide de chomages locaux et de faible
duree.
Leh premieres comprennent la mise de la cuvette et des ouvrages en
parfait etat, la defense des berges au niveau de la flottaison sur tous les
points oil elles ne sont pas solidement protegees, et la consolidation des talus
partout ou des affaissements sont a craindre.
Parmi les mesures de la seconde categoric, il convient de mentionner
specialement les suivantes :
Les passages a voie unique devraient etre supprimes et les ecluses dou-
blees sur les canaux et les rivieres qui desservent un tratic sufiisant pour
justifier cette mesure.
Les portes d'ecluses seraient ramenees sur chaque ligne a un type uni-
forrae, au moins en ce qui conccrne les colliers, les tourillons, les ven-
telles et les autres pieces qui s'usent le plus rapidement. Ces pieces seraient
disposees de maniere que le remplacement puisse en etre opere sans cho-
mnge. On devrait tonjours avoir en magasin les approvisionnements et les
appareils de levagc necessaires pour parer a tous les besoms.
Chaque service serait dole d'un nombre suffisant de dragues speciale-
ment disposees pour retablir la cuvette des canaux suivant le profit nor-
mal, meme dans les biefs etanches a I'aide de revetements en magonnerie
ou en beton.
Des scaphandres seraient deposes aux principales ecluses, et les agents
de la navigation devraient se servir de ces cngins pour la visile des
ouvrages et les menues reparations a effectuer sous reaii.
Des bateaux cloches appropries aux exigences du service des canaux
seraient mis a la disposition des ingenieurs pour les grosses reparations
qui pourraient etre executees sans trop de frais a I'aide de ces appareils.
Des dispositifs de barrages seraient menages sur le parcours des biefs
assez longs pour qu'il y ait interet a les maintenir partiellement en eau
durant les chomages.
Des aqueducs de vidange seraient 6tablis en nombre suffisant pour per-
mettre d'evacuer rapidement les eaux de chaque bief ou partie de biefa
mettre en chomage.
L'activitc des entrepreneurs en temps de chomage serait efficacement
94 7,' SEANCE PLENIERE.
stimulee par la promesse d'une prime en cas d'achevement des Iravaux
avant I'epoque fixee, et par la menace de penalites severes dans le cas con-
traire.
En resume la Section a emis les voeiix et vole la resolution ci-apres :
1° « La Section emet le voeu que la question de I'atlenuation des ch6-
mages imposes a la navigation par la formation et le charriage des glaces
soit mise a I'etude et posee devant le prochain Congres.
2° « La Section emet le voeu que des renseignements soient reunis pour
le prochain Congres sur les conditions techniques et pecuniaires de I'exe-
cution des travaux pendant les chomages causes par les gclees, notamment
en ce qui concerne les travaux de magonnerie.
3° « La Section est d'avis que la duree des chomages pent ctre encore
reduite et doit I'etre, memc au prix d'une augmentation dans les depenses.
« Sur les grandes rivieres canalisees la suppression totale des chomages
doit etre poursuivie.
« Sur les canaux, la duree des chomages peut ctre des maintenant, sauf
des cas exceptionnels, reduite a dix jours par an sur les sections a I'etat
complet d'entretien, et a trente jours sur les sections en cours de transfor-
mation. »
[Ces propositions sont adoptees par le Congres.)
M. LE President. — Je remercic M. Derome. {Applaudissemenfs.)
Nous passons a la 3' Section qui a eludie les 7% S*" et 9' Questions.
Je donne la parole a M. Raflalowich pour la lecture de son rapport sur
une partie de la 7" Question relative a«x taxes et peages sur les voies navi-
gables.
RAPPORT DE M. RAFFALOWtCH
SlIU LA ?•= QUESTION
La 3* Section s'etait vu assignor I'examen des questions d'un ordre eco-
nomique et commercial. Comme vous le savez, les discussions y ont cte
vives, animees, si etendues meme qu'elles n'ont pris fin qu'hier a quatre
heures et demie.
Sur la demandc de M. Courtenay-Boyle, Secretaire du Board of Trade,
desireux, nous disait-il modestement, de s'eclairer de Texpcrience conti-
nentale, la 3'' Section a donne comme preface, comme introduction a ses
travaux, une excursion dans la question des attributions de I'Etat.
M. Courtenay-Boyle nous a demande pourquoi la construction des canaux
devail etre une affaire de I'Etat. Jusqu'ici, en Angleterre, la seule fonction
de I'Etat avail ete de fixer dans une certaine mesure le larif, de determiner
le peage; mais I'Etat avail laisse a I'induslrie privee le soin de construire,
d'entretenir a ses risques et perils les canaux interieurs. M. Clements,
SEANCE DE CLOTLBE. 95
representant une association de commerQants interesses dans Ics qaestions
detarifs, de transports par rails et par eau, est venunous tracer le tableau
que vous connaissez tous de la condition actuelle de la navigation inte-
rieure en Angleterre, de la diversile dans la largeur, la profondeur des
canaux, la multiplicite des tarifs, I'impossibilite presque absolue de con-
nailre a Tavance le cout du transport. 11 nous a montre les canaux ne con-
tribuant qu'aux charges generales de I'Etat par les impots payes par les
proprietaires de ces canaux, qui emploient les recettes des peages a I'en-
(retien de la voie navigable, a la remuneration et a Tamortissement dn
capital. M. Clements nous a donne des renseignements sur Tenquete que Ic
Board of Trade vient de commencer relativement au prix du transport sur
les canaux, et qui sera le pendant de la revision de<^ tarifs sur les cherams
de fer, revision qui a ete accompagnee de la production de 1 500 tableaux
statistiques et qui a fait le plus grand honneur a notre honorable colleguc,
M. Courtenay-Boyle.
M. Courlenav-Bovle, en exprimant ses remerciements de c.e que la Ejec-
tion avait place" la question du role de I'Etat par rapport aux canaux, s'est
rendu parfaitement compte de la difference qui existe entre le systeme
anglais, tel qu'il a fonctionne jusqu'ici et le systeme contmental, sys-
teme mixte dans certains pays, systeme de construction par I'Etat dans
d'autres.
M. Beaurin-Gressier, dont la haute competence et la tournure d'esprit
eminemment scientifique ont cle si appreciees a ce Congres, a eclaire la dis-
cussion, a laquelle ont pris part MM. Captier, Robert Mitchell, Deking-Dura,
Douau, Bouquet de la Grye, de Coene, d'Artois.
M. Lainey, qui avait ete le delegue de la Chambre de commerce de Paris
au Congres'de Manchester, nous a propose de reprendre un voeu qui avail
e emis a Manchester et qui etait formule comme suit :
« La grande valeur des voies navigables pour le pays pris dans son
ensemble et le fait qu'elles alimentent les chemins de fer dont elles sont
un supplement indispensable, justiflent I'intervention de I'Etat et des pou-
voirs publics pour aider, autant que possible, a la construction et a I'en-
Iretien des voies navigables de dimensions uniformes, de maniere a encou-
rager les transports a longue distance et a prix reduit. »
Contre le principe de I'intervention de I'Etat en matiere de navigation, il
Ti'a pas ete souleve d'objection grace a I'addition de la formule conciliante,
formule de politesse et formule permettant toutes les reserves menlales.
L'Etat et les pouvoirs publics ont done la mission d'aider a I'etablissement
ct a I'enlretien des voies navigables, sans cependant qu'on puisse pro-
noncer I'exclusion de I'initiativc privee, soit sous forme individuelle, soit
sous forme collective. Si I'on a ete d'accord sur cetle proposition d'un sens
general, qui avait eu le merite d'un vote a Manchester, quelques-uns de
nos collegues sont venus nous demander d'ajouter le mot d'exploitation
96 3* SEANCE PLENIERE.
par I'Etat. Nous avons ete d'avis que ce mot pretait a confusion, qu'il
prelait a une double signification, qu'il eveillait certains scrupules : I'ex-
ploitation est faite par la batellerie, qui se sert du canal; il faut laisser le
halage, la traction a la libre initiative autant que possible et partout ou les
circonslances le permettent. L'interet que I'Etat porte a la navigation se
manifesle par la construction et I'entrelien, et dans ce mot d'entretien, il
est permis de comprendre non seulement la reparation des dommagcs, le
maintien des ouvrages en bon etat, mais aussi les manoeuvres.
Nous avons eu la satisfaction d'arriver a une entente; nos collogues nous
ont cependant demande de constater que le mot entretien serait pris dans
son acception la plus large.
La discussion du r61e de I'Etat a pris une tournure pratique en quelque
sorte, qui a trouve expression dans le debat passionne qui s'est livre autour
de la 7" Question, et dont vous enlretiendra M. Donnat.
En resume, nous avons 6te d'avis que le libclle de la resolution de Man-
chester etait assez large pour sauvegarder tons les interets legitimes en
presence, aussi bien ceux de I'Etat et de la masse des contribuables d'une
part, aussi bien l'interet budgetaire en vue des travaux futurs, aussi bien
le role eventuel de I'initiative privee, que les interets des usagers de la
navigation interieure.
C'est dans cet ordre d'idees que la 5* Section propose au Congres d'adopter
a nouveau la proposition votee a Manchester.
« La grande valeur des voies navigables pour le pays pris dans son en-
« semble et le fait qu'elles alimentent les chemins de for, dont elles sont
« un supplement indispensable, justifient I'intervention de I'Etat et des
« pouvoirs publics pour aider autant que possilde a la construction et a
« Tentretien des voies navigables de dimensions uniformes, de maniere a
« encourager les transports a longue distance et a prix reduits. »
Avant de descendre de la tribune, je me permettrai, malgre toute la
deference que j'ai pour M. le President, de regretter qu'hicr, a la suite
d'un malentendu, nous ayons rompu avec les traditions de Yienne et de
Francfort. La discussion y avail ete ouverte au sein des reunions gene-
rales.
M. IE President. — J'ai fait erreur, en eftet, lorsque j'ai dit hier qu'a
Francfort on n'avait pas discule les conclusions soumises a I'assemblee
generale; mais, au fond, la question de temps me paraissait preponde-
rante, et il me semljlait indispensable que le Congres fiit termine aujour-
d'hui, desirable meme qu'il prit fin ce matin. Nous ne saurions regretter
que lesv^interessants rapports qui nous ont ete soumis aient ete aussi nom-
breux, ni\que les savantes discussions qui ont eu lieu au sein des Sec-
tions aient ^.nb^orbe autant de temps; mais ceci etant acquis, nous
n'avions plus la m«ime latitude; et, quelle qu'ait ete la solution adoptee a
\
\
SEANCE DE CLOTURE. 97
Francfort, c'est avec raison, suivant moi, que le Coiigres liier a pris la
decision que regrelte M. Rafl'alowich.
Pour evitcr lout malenlendu, jc dcmande a rassemblec de vouloir bicn
confirmer celte decision par un vote.
[La decision est confirmee.)
Mainfenant, jemets auxvoix la proposition presentee par M. RafTalowich
sur la 7" Question, en le remerciant de son interessante communication.
(Cette proposition est adoptee par le Congres.)
La parole est a M. Douau sur la 0'' Question : « Roles respectifs des
voies navigables et des cliemins de fer dans I'industrie des transports ».
RAPPORT DE M. DOUAU
SUR LA 0' QUESTION
La 9' Question du programme des Iravaux du Congres etait libcllee
comme suit :
Rules respectifs des voies navigables et des cliemins de fer dans Vin-
dustrie des transports. — Delinir le role respectif des voies navigables et
des cliemins de fer dans I'industrie des transpoits. — Fa ire connaitrc le
Irafic qui appartient a chacune de ces voies de communication. — Exa-
miner les circonstancrs dans lesquelles elles se font concurrence et cellos
dans lesquelles elles se viennent en aide. — Distinguer le cas des voies
paralleles et cclui des voies perpcndiculaires. — Consequences de la juxta-
position des deux voies au point de vuc particulier du chemin defer, et an
point de vue plus general de la region qu'elles desservent.
Cette Question, dont Tcnonce meme indique toute I'importance, se rot-
tache tres dircctement a la T*" (Taxes on peages sur les voies navigables);
aussi a-t-elle donne lieu a unc discussion approfondie mettant en presence
les inlerets des cliemins de fer, de la balellerie, des consommateurs et
Aqs producteurs.
Prealablemenl aux conclusions de cette discussion que nous devons
vous presenter, nous avons a passer en revue les memoires soumis a
I'examen de la 3* Section, et dans lesquels elle a trouve des elements lui
permettant de soumeltre a voire haute approbation un projet de resolution
generale.
M. Pescheck a fourni un travail remarquable sur le mouvement des
marchandises des bassins de I'Elbe et de TOder. Apres avoir donne une
description generale de ces bassins, au point de vue des conditions qu'ils
offrent pour la navigation et rexploitation des chemins de fer, I'auteur
passe en revue les principales marchandises qui circulent sur chacune
des voies de transport.
Considerons les sept principales d'entre elles (liquide, houille, froment,
7 F.
98 5« SEANCE PLENIERE.
seigle, farine et son, fer brut et fer oiivre); les chiffres ci-apres de 1889
presentent quelque interet a etre ciles :
„ , , , . , ( voies ferrees. . 51 2(30 000 tonnes ou 80 p. 100 de I'ensemble.
Tola! des transports ; . , , r. o.>- ,,aa ^ i
^ I — navigables o 8'2o 000 — 11 — —
Si I'on reinai^que, d'auti'e part, que la longueur du reseau feiTeesta pcu
pres triple de celle du reseau navigable, on voil que la proportion du Irafic
de chacune d'elles par unite de longueur est dans le rapport de 8 a 3.
M. Pescheck passe ensuite en revue les roles respectifs des deux voies de
transport, el mettant en parallele les discussions devant les Cliambres fran-
Qaises en 1872-1874 — 1880-1884 et devant la Chambre des Seigneurs
prussienne en 1886, il en tire cette conclusion que nous avons cru devoir
signaler parliculierement : que le dcveloppement de I'industrie du aux
voies navigables conlribue iiatui'elleinent a la prosperite des chemins de
fer en creant de nouveaux transports.
M. Ricbaiil Pollack nous donne dans son memoire, tElbe, son trafic el
scs tarifs, des rcnseignements qui completent fort beureusement ceux de
M. le Conseiller Pesclieck ; il nous signale les principales inarchandises
qui einpiuntcnt regulierement la voie d'cau et dont cerlaines, telles que :
Ic ble, le Sucre, la lainc, dont le trafic est important, ne peuvent etre
classees paiMiii les matieres pondereuses el de peu de valenr.
Les tableaux des tarifs des frets pour le bassin de lElbe et de ceux
correspondant aux transports par cbemin de fer pour les meines parcours
sont interessanls, et nous montrent que les premiers sonl de beaucoup
inferieurs aux seconds.
M. Pollack signale enfin les projets ayant pour but de completer le
reseau des canaux de I'Elbe, el de relier cc fleuve aux grands cours d'eau
paralleles a rAllemagne.
M. A. Schromm, dans un travail tres subslanliel, complete par des
tableaux statistiques du plus haul interet, nous renseignc sur les voies
navigables de PAutriche.
L'auteur, apres avoir etudie les bassins du Danube, de I'Elbe et de la
Moldau, de la Vistule et de ses affluents, donne les chiffres suivants qui
concernent I'annee 1890, et qui dispensent de tout commentaire :
Chemins tie fer. Voies navigables.
Longneur des voies de transport. . . 15 507 kilometres. 1 OoO kilom.
„ , ,. / nuantite totaie . . . 7'J 1)59 604 tonnes. 5 258 00(5 tonnes.
MarcliandlSCS V ' ... ,, . r, o- .i or- <u r ^n- raQrm
' tonnes kdonietrKinos 7 2o2 2/o015 — 44() 498 1)01 —
transportees ) i i ', ,,-, n-r t^.-n i-^-^"
^ ( ~ par kdometre Ab-i 4()4 — 2(_)i» ()2o —
Pri.\ de transport par tonne kilomelrique 0 Ir. 045 (wagon coniplet). 0 fr. 012.
M. Alexandre Ilalasz, nous donne, pour la Ilongrie, un travail scmblable
a celui de M. Schromm, et la 5" Section a eu ainsi des renseigncmeiits com*
plots sur une des principales nations d'Europe.
SEANCE DE CLOTURE. 99
Nous nous bornerons en consequenee a mellre en regard les chiffres
correspondant a ceux qui viennent d'etre cites.
Cliemins de fer. Voies navigablos.
Longueur des voies de transport 11 it56 kilometres. o 008 kilometres.
Marchandises transportees. . . 21 286 520 tonnes. 2 859 572 tonnes.
Tonnes kilometriques 2 797 152 572 — 1002 180 777 —
Proporlion 88,5 p. 100. 11,7 p. 100.
M. Thomas P. Robeils fait remarquer, Irop modestemenl selonnous, qu'il
est didicilede repondre exaclemcut, en ce quiconcerne les Etats-Unis, a l.i
question generate posee par la Commission d'organisalion. Le pays est,
dit-il, trop jeune, trop remuanl. pour se livrer a des etudes retrospectives
serieuses. Et pourtant quelles indications utiles et interessanles a la fois
ne trouvons-nous pas dans le rapport qui nous occupe! Les tableaux qui
Ic completcnt nous donnent, en effet : 1" non seulemcnt la designation
detuillee des voies navigables, mais encore des indications precieuses sur
Icur proprietaire ou fermier, pour nous servir de I'expression propre dc
I'auteur; 2° les elements concernant les voies ferrees.
Les questions d'amelioration de la navigation des grands lacs sont
egalement Iraitees d'une fa^on remarquable.
M. Edouard P. ?sorth nous monlre que les transports aux Etats-Unis ne
s'effectuent pas exclusivement sur les chemins de fer, comme on le croit
generalement, mais qu'au contraire rimportance du mouvemenl sur les
voies navigables et notamment sur les grands hies du Nord est considerable.
Les graphiques concernant ces transports sont des mieux congus, et des
plus interes^ants a consulter.
L'auteur estime que la reduction continue apportee dans les larifs de
transport represente un facleur important clans le developpement du pays
au double point de vue du producteur et du consommateur, el ii nous
montre les resultats atteints aux Etats-Unis.
Enfin M. Fleury a fourni a la 5*" Section, avec le talent qu'on lui connait,
une etude documentaire des plus interessanles; il signale, sans chercher a
la cacher, la concurrence des chemins de fer el des voies navigables, sur-
tout en France, etilse resume ainsi : « Giace au\ perfectionnements de leur
outillage, de leur voie et de leur pratique commerciale, les chemins dc
fer se monlrent capables de reculer la frontiere qui separait, jusque dans
ces dernieres annees, leur action legitime de celle de la navigation; mais
pour soutenir la lutte, au plus grand benefice de TintenH general, la
batellerie, une fois sa voie mise en etat, n'a a realiser que quelques progres
plus encoie dans Tordre economique et commercial que dans Tordre
technique, et qu'il lui sufht de le vouloir. »
En presence de documents aussi considerables el aussi importants, com-
pletes du reste par les explications des auleurs, I'examen de la 9'" question
a pris, comme nous le disions en commcngant, une grande ampleur;
100 0° SEANCE PLENiERE.
heureusement le resume qui precede facilite singulierement la tache du
rapporteur, qui s'est efl'orce d'ecarter tout ce qui etait eiranger aux roles
respeclifs des \oies navigables et des chemins de fer dans I'industrie dcs
transports.
Dans cet ordre d'idees nous devious nous bonier a signaler la tres
remarquable et a la fois seduisanle argumentation de M. Colson, laquellc
nous ramenait plus specialement a la V Question, s'il ne s'en degageait
celte conclusion grave qu'en maliere do (arificalion de chemin de fer, on
devait laisser aux compagriies unc plus graiide latitude dans les abaisse-
ments de tarifs qu'clles proposent pour soutenir la concurrence de la
navigation interieure qui n'a pas a supporter de charges equivalentes ou
comparables a celles qui incombent aux voies ferrees.
Aux yeux de nombreux membres de la o' Section, cette maniere d'en-
visager les chemins de fer et les voies navigables a paru avoir pour conse-
quence de declarer que les deux moyens de transport ne pouvaient vivre
qu'a I'elat de lutte, et en parcil cas la conclusion natnrelle a tirer est
que I'une dcs deux doit forcemenl disparaitre.
Cette sorte de consequence negative n'a pas paru devoir etre admise, et
elle a ete vivement combatlue.
M. Carlier et apres lui M. Holtz out montre que les deux voies dcvaient
exisler simultanement, qu'elles devaient se completer Tune par I'autre,
qu'il fallait, ainsi que le signalait M. North, se preoccuper de Tinteret
general du pays, c'est-a-dire du producteur et du consommateur; que le
wagon ou le bateau ne constituait qu'un nioyen, et que I'interet public
exigeait des transports a bon marche.
M. Douaucitanl ensuite pour exemple le portde Dunkerque dontletrafic
annuel atteint 2 600 000 tonnes de marchandises, partageegalemcnt entre
la voie ferree et la batellerie, a signale que, dans cette region du Nord si
commercante, si industrieuse, les deux moyens de transport rivalisaient
entre eux et etaient egalement prospercs; on ne saurait done jamais ad-
mettre qu'il fiit possible de favoriser Tun au point de faire disparaitre
Tautre. Le producteur doit recevoir le plus economiquement possible les
matieres premieres qu'il doit transformer; le consommateur ne doit point
voir grever les transports de taxes excessives; a ce point de vue, etce, d'une
maniere generate, it y a correlation etroite, absolue, dans I'existence des
canaux et des chemins de fer.
M. Fleury, en dernieje analyse, constate que la concurrence est I'etat
naturel des deux industries en presence.
Detous les rapports presentes, et de la discussion qui asuivi, se degageait
trop clairement et Irop nettement I'interet jmblic poui' que la 5" Section,
apres avoir enlendu MM. Ely, Peschcck, North, Beaurin-Gressier et Boule,
se reporlant a ce qui avail ete dit au Congres de Manchester, ne fiit pas
amenee a en reprendre sur ce point les conclusions tout a fait generates.
SEANCE DE CLOTURE. 101
Ce sont ces conclusions, aiixquelies MM. Lainey, Pescheck, Convreur,
Gensel et Hatschek se sont successivemenl rallies, que nous soumetlons
avec confiancc a voire haulc approbation.
Nous ajouterons en terminant qu'elles comportent Taddition d'un
5' paragraphe, vole sur la proposition de MM. de Rumpler, Pescheck,
Raflalowich, addition qui n'est autre que la 4" des conclusions du savant
memoire de M. le Conseiller Pescheck.
EUes sont formulees ainsi qu'il suit :
a Lc V" Congres international de Navigation inteiieure ne pent que
« reproduirc et confirmer, a la suite des Rapports qui lui ont ete soumis,
« la declaration votee par le IV" Congres, tenu en 1890 a Manchester, et
« deja formulee en principe au 11" Congres tenu a Vienne en 1886, decla-
« ration ainsi concue :
« L'existence et le developpement simultane des chemins de fer et des
« voies navigables sont desirables :
« 1" Parce que ces deux moyens de transport sont le complement I'un
« de I'autre, et doivent concourir, chacun suivant ses merites speciaux,
« au bien general ;
« 2° Parce qu'en voyant les choses dans leur ensemble, le developpement
<i industriel et commercial, qui est le resultat certain du perfectionne-
« ment des voies de communication, tinit par profiler a la fois aux che-
« mins de fer et aux voies navigables.
{Adopte par le Congres.)
Ce texte est celui deja vote a Manchester.
Voici maintenant I'addition proposee par MM. de Rumpler, Pescheck et
Raffalowich :
« Le role respectifdes voies navigables et des voies ferrees dans un pays
« determine depend surtout des conditions naturelles existant pour la
« navigation, ainsi que du caractere de la politique cconomique qui pre-
« side au mouvement des marchandiscs. »
[Cettc proposition est adoptee par le Congres.)
M. LE PitEsiDENT. — Jc remcrcie M. Douau de son excellent rapport.
{Applaitdissements.)
Je donne maintenant la parole a M. Donnat sur la suite des proposi'
tions concernant la 7*" Question.
RAPPORT DE M. DONNAT
SUR LA 1" QUESTION
La 7" Question portee a Pordre du jour de la 5" Section est relative aux
taxes ou peages sur les voies navigables.
102 3° SEANCR PLEMERK.
Ellc a (lonne lieu a dcs rapports pleins d'interet par Ics faits qii'ils
exposenlet par les opinions qu'ils discutent. Ccs rapports sontles suivants :
Taxes et peagcs siir les voies navigables en AUemngiic, parM. Sympher;
Des taxes de navigation interieiiie, par M. Beaurin-Gressier;
Des taxes ct peages pergus sur les voies navigables, par M. Couvrcur;
Taxes et peages sur les voies navigables du Royaume-Uni, par M. Clements ;
Taxes et peages sur les voies navigables dans les Pays-Bas, par M. Deking-
Dura;
Taxes et peages sur les voies navigables en Russie, par M. de Sytenko.
Ces divers rapports, les discussions auxquelles ils ont donne lieu dans
plusieurs seances successives, et les projets de vceux qu'ils ont suscites
manifestent trois opinions differenles.
La premi6re opinion se resume en un mot : gratuite de la circulation
sur les voies navigables; ni tax'^s, ni peages, ni droits d'aucune sorte pou-
vant compromettre I'existence de la balellerie. Telle est la proposition de
M. d'Artois, qui a etc souteinie par son auteur, appuyee par M. Couvreur
dans I'interet dela vie a bon marche et de la situation prccairede la batel-
lerie, defendue cnfin par MM. Robert Mitchell, Josle, Captier, et, avoc un
amendement relatif a I'outillage des ports, ainsi qu'aux moyens de Irac-
tion, par M. Lainey.
La seconde opinion a ete developpee par M. Noblemaire, qui n'a pas depose
de proposition, mais quia conclu au retablissement des taxes d'entretien
sur les voies cxislantes, el a rinslilution de peages pour couvrir les depenses
nouvelles de continuation.
Entre ces deux opinions extremes une opinion moyenne a ete resumee
des le debut dans les propositions de voeux de MM. Arthur RafTalowich et
Boule. Cette opinion a ete defendue par MM. Beaurin-Gressier, Douau,
Boule, Limousin, Leon Donnat.
Dans le meme ordrc d'idecs, M. Paul Delombre a fait remarquer que, le
Congres etant international, il convenait de rechercher les solutions de
nature a rallier les voix de tons les pays rcpresentes, et cela en un texte
aussi succinct que possible. 11 a depose, en consequence, la proposition
suivante :
r\ La circulation sur les voies navigables ne doit, autant que possible,
ctre soumise a aucun impot;
2M)es peages speciaux peuvent eire autocises pour payer ou gager, a
defaut de ressources publiques, toute depense de nature a favoriser.le
developpement des voies navigables et de la batellerie.
Le vote sur la proposition deM. Delombre a cu lieu par appel nominal.
II y a cu 70 voix pour, 42 contre.
Les arguments en faveur du voeu adopte, tels qu'ils resultent des expli-
cations de M. Delombre et desorateurs qui avaient anterieurement soutenu
la meme opinion, peuvent etre resumes de la fagon suivante.
SEANCE DE CLOTURE. 105
Lcs droits de navigation, qui sonl des droits fiscanx, verses directement
dans la caissc generate de I'iitat, sans afTectation speciale, ne doivent pas
ctre confondus avec les peages et taxes d'usage destines a remunerer les
services rendus par la constraction d'ouvrages nouveaux on par Tetablis-
scment de moyens de traction, de ports locaux, d'cngins de chargement
et de dechargement.
Lcs droits de navigation, justemcnt supprimes en France en 1880, ont
dispani on tendent a disparaitre dans tons les pays. Loin de chercher a les
retablir, on doit dcsirer^d'arriver partont a la gratuite. C'est une orienta-
tion generale dims le sens du progres. '
En France, si nous avons un reseau entretenu par I'Etat, les orateurs
qui ont defendu les propositions Raffalovicli, Boule et Delombre, ont emis
I'avis qu'en principe et d'une fa^on generale aucune laxe ne devait 6lre
etablie snr les voies faisant partie integrante de ce resean.
Les memes orateurs. ont considere qu'il en etait autrement pour les
constructions nouvclles dans le ens ou le budget general ne pourrait y
subvcnir. Proscrire d'une fagon absolue lout peage sur lavoie nouvelle, et
meme par exception sur une voie ancienne qu'elle ne ferait que doubter,
ce serait renoncer a des constructions et a des ameliorations importantes
dont la batellerie serait la premiere a profiler.
Si I'on jette les yeux sur le budget de I'exercice 1893, on voit que les
credits affectes a certains canaux sont si minimes que les travaux ne
pourront etre acheves qu'en 50 ou meme 60 ans. Et ces delais n'ont guere
chance d'etre abreges, parce que des dcpenses plus urgentes encore les
feront prolonger.
On s'apergoil d'ailleurs, en consultant la statistique de la navigation
interieure, que les dotations annuelles pour les canaux vont sans cessc
en decroissant.
Comment les relever aujourd'hui qu'on a renonce aux budgets d"em-
prunt? Pourrait-on esperer que le budget extraordinaire des travaux publics
s'ouvrirait a nouveau pour les voies navigables lorsqu'il resterait ferme
meme pour les depenses de la defense nationale?
D'autre part on a parle. a maintes reprises, du systeme des chemins de
fer francais et des sacrifices que FEtat a fails en leur faveur. Mais, preci-
sement, FEtat a ses interets tellement lies a ceux des Compagnies de
cbemins de fer. qu'un Parlcment pourrait redouter de developper les voies
navigables en raison du dctournement de trafic dont les voies ferrees
pourraient avoir a souflfrir. Les representants de la batellerie ont done
avantage a garder Farme des peages, pour permettre, le cas echeant, les
travaux et les ameliorations que FEtat refuserait de faire.
La batellerie comprendra rnieux ses interets que ne semblent le croire
quelques-uns de ses representants an Congres. Si Fon construil a une
104 5^ SEAKCE PLENIERE
Yoie navigable une derivation necessaire, si Ton fait disparaitrc des
obstructions qui occasion nent des pertes de temps considerables, si le
parcours journalier du bateau excede la moyenne derisoire de 5 kilo-
metres, si, par suite de ces travaux, le batelier pent augmenter le
nombre de ses voyages annuels avec tous les avantages qui en resultent
pour lui, croit-on qu'il refuseia de participer par un peage a la depense
faite, et qu'il preferera le maintien d'un statu quo dont il est le premier a
souffrir?
Et I'Elat ou les corporations qui prendront I'initiative de ces perfec-
tionnements, nc seront-ils pas plus certains de faire une ceuvre utile, si
les interesses consacrent un sacrifice pour I'accomplir, que s'ils obeissent
a des suggestions soustraites a un tel controle? Le peage accepte par la
batelleric, c'est le criterium le plus siir de la valeur des ameliorations
projetees. C'est la metliode experimentale avec sa certitude et ses ga-
ranties.
Ce n'est pas, comme on I'a'pretendu, la suppression des peagcs qui a
produit le developpement recent de la batelleric. Ce sont les 300 millions
de travaux neufs executes de 1880 a 1884.
En 1878, lorsque les travaux sur la Seine out etc decides, le nombre
de tonnes transportees etait de 111 248 000. En 1885, cinq aus apres la
suppression des droits de navigation, il n'etait encore que de 135372000.
Les travaux out cte aclieves en 1886, et cinq ans apres, en 1891, le ton-
nage a atteint 245 16 i 000 tonnes ; il a double par le fait de ces travaux.
De 1881 a 1890 le tonnage de la batelleric a augmente, il est vrai, de
60 pour 100, de 2 milliards de tonnes a plus de 5 milliards 200 millions;
mais, dans le meme espace de temps, les canauxet rivieres a grande section
qui etaient de 1200 kilometres, ont acquis 3 800 kilometres, soil une
augmentation de plus de 200 pour 100.
Dans le systeme exprime par le vcjcu que la 5® Section a adopte, les
travaux des voies navigables se feront parce que c'est ainsi que les chemins
de fer se sont fails. Si I'Etat avail du construire le premier, le second, le
troisieme reseau, y serait-il parvenu avec ses ressources budgetaires?
N'attendrions-nous pas encore I'execulion de la plupart de nos voies? Si
nous avons atteint le but, ne le devons-nous pas au concours des capi-
taux fournis par les actionnaires et les obligataires des diverses Com-
pagnies?
Le reseau des voies navigables ne saurait s'achever entieremenl, surtoul
a bref delai. En cette maliere, comme en bien d'autres, I'initiative privee
est le moyen le plus fecond. L'Etat pent I'encourager, la soutenir par des
subventions et des garanties d'interet; il ne saurait entieremenl se
substituer a die. Elle seule pent avoir raison du temps, concilier les
inlerets de la batelleric et des contribuables. Elle seule peul, sans com-
promeltrc les existences actuelles, preparer et assurer I'avenir.
SEANCE DE CLOTURR. 105
La 3' Section a I'honneur de soumottre a voire vote les resolutions
suivantes :
« 1" La circulation sur les voies navigables ne doit, autant que pos-
« sible, etre soumise a aucun impot ;
« 2" Dcs peages speciaux peuvent etre autorises pour payer ou gager,
« a detaut de ressources publiques, toute depense de nature a favoriser
« le developpement des voies navigables et de la batellerie. »
{Adopte par le Congres.)
M. LE PiiEsiDENT. — Jc rcmercic M Donnat de son intcressant rapport.
{Applaudissements .)
La parole est a M. Yon Doemming sur la 8" Question : « Regime des
ports de navigation interieure ».
RAPPORT DE lYI. VON DCEMMING
SLR LA S'^ QLESTIU.N
La S" Question : Inslallation et exploitation des ports interieurs, a fait
I'objet de qualre rapports rediges res()ectivement par iMM. Monet, Delaunay-
Belleville, Inirotb et Roessler, et par moi. On trouvc dans ces rapports
I'exposc de la situation, envisagee a des points de vue divers, dans les
ports acluels de France et d'Allemagne, I'indicalion dcs conditions legales
de ces ports et des principes administralifs qui out servi de base a leur
clablissement et a leur utilisation; on y trouve egalement la description
des inslallations faites pour les chargemenls et dechargements, des rac-
cordements avec les voies ferreos, ainsi que I'expose des conditions d'ex-
ploitation. Les renseignements precieux, au point de vue technique commc
au point de vue commercial que contiennent ces rapports ont conduit
leurs auteurs a des conclusions qui, quelque differentes que soient les
conditions speciales a chacune des regions considerees, concordent a peu
pres dans leurs parties cssentielles.
En Section, la discussion de ces rapports a eu lieu en meme temps que
celle des rapports prcsenlessurles 1' et 9" Questions; a I'une des premieres
seances, M. Monet a presente son rapport et depose ses conclusions, puis
dans les seances speciales tenues pour la discussion de la question,
M. Imroth a expose ses idees, et j'ai moi-meme presente a la Section les
conclusions — partiellement completees et modiliees d'accord avec M. Im-
roth — auxquelles j'arrivais dans mon rapport. La discussion amena I'ac-
cord sur les points essentiels, en meme temps que quelques autres points
importantsetaient prisen consideration a la demandede MM. HoltzetCoison,
et incorpores aux decisions defmitivement soumises au vote de la section.
Avant de lire ces conclusions, je passerai rapidement en revue les points
principaux dela question. Tould'abord, ence qui conccrne la construction
im 5^ SEANCE PLENffiRE.
dcs ports, la Section a cru devoir se bonier a recommander en general
ramenagement des berges de facon a permetire d'efYectuer les operations
de manutention aussi rapidement et aiissi convenablement que possible.
Les conditions locales sont trop varices pour que Ton puisse formuler a ce
sujet des propositions plus precises. Le niveau de I'eau qui subit des varia-
tions importantes dans tel port, reste au contraire invariable ou ne subit
que de legeres variations dans tel autre. La nature du trafic, celle des
marchandises, des circonstances locales dc tout ordrc influent sur lechoix
du mode d'amenagement des berges qu'il convient d'adopter dans chaque
cas parliculier. On ne saurait non plus donner une formule generate a
I'egard de la forme qu'il convient de donner en plan aux ports, cette forme
elant commandee par les conditions topographiques locales et les besoins
speciaux du trade.
Les ports servant d'abri aux bateaux pendant I'hiver ontfait I'objet de la
deuxieme proposition. Ces ports n'inleressent pas au meme degre tous les
pays et toutes les voies navigables; car ks dangers qui menacent la
navigation a cette epoque resultent des conditions climateriques et de
la nature meme des voies navigables. Aussi la Section s'est-elle bornee a
recommander d'etablir ces ports de refuge de maniere a ce qu'ils puissent
servir commeporls de trafic. Cette precaution est du reste imposee dans une
certaine limite par le role meme que sont appeles a jouer les ports de
refuge. Le marinier surpris par les glaces et force de chercher refuge
dans les ports d'hivernage, doit y trouver les moyens d'assurer par
d'autres modes de transport la livraison des marchandises qu'autrement
I'hiver pourrait forcer a un sejour prolonge dans le port de refuge ; cela
n'exige d'ailleurs que des installations pen couteuses ; il y a done interfit
a tous egards a ce que les ports de refuge soient construits de maniere a
servir de ports de commerce partout ou Ton pent esperer un trafic, ct
cela d'autant mieux que, en general, les capitaux depenses pour I'instal-
lation de ports dece genre trouveraient ainsi — directementou, au moins,
indirectement — une meilleure remuneration.
Une troisieme resolution, et des plus imporlaHtes, presentee a la Section,
est celle relative a I'outillage des ports. Grace a la sollicitude constante
apportee par les gouvernements a I'ainelioration des voies navigables, graice
aussi aux perfectionnements des services de remorquage, les transports
par eau out pris, dans tous les pays, une extension extraordinaire. Mais si
les ameliorations realisees jusqu'ici ont permis de reduire la duree des
voyages, I'activite des travaux de manutention dans les ports n'a pas pro-
gresse de meme, et il existe une disproportion choquante enire la duree
de sejour dans les ports et la duree des voyages proprement dits. La cause
en est surtout dans I'insuffisance de I'outillage des ports. Le pcrfection-
nement des installations pour les dechargements, les chargements et Fcm-
magasinage n'aurait pas seulement pour avantage de permettre une meil-
SEANCE DE CLOTHE. 107
leiire utilisation des voies navigables, 11 assurerait en outre a la batelleiie
le transport de nouvclles matier3s, en rendant possible la livraison plus
rapide de ces marchandiscs.
L'augmentalion des taxes a laquelle pouri'ait donner lieu ce perfec-
tionneuient de routillage serait compensee par la possibilite d'une meil-
leure utilisation des bateaux, et pourrait etre supportee plus aisement que
le prejudice resultant des installations defectueuses.
Sur le quatrieme point, utilisation des ports publics, la Section a ete
d'avis qu'en dehors des prescriptions necessaires pour le bon ordre et la
securite, la reglemenlation ne devait pas porter atteinte a la liberfe du
commerce pour creer des situations privilegiees, les exceptions a cette
regie n'etant justifiees que si ceux qui sont appeles a jouir des privileges
contribuent pour la lotalite ou pour une large part aux depenses d'etablis-
sement et d'entretien des installations.
Enfin, la Section s'est occupee des dispositions destinees a faciliter le
transbordement des marchandiscs des chemins de fer sur les voies navi-
gables et reciproquement. Les avantages qui resultent pour le commerce
de la multiplication des raccordements entre les deux moyens de transport
sont si nombreux, et I'augmentation de traficque procure aux voies navi-
gables toule nouvelle jonction est si connue que toute discussion a ce
sujet eul ete oiseuse. La Section a ete d'avis qu'il appartenait aux gouver-
nements d'encourager la construction et I'exploitation de raccordements
ferres de ce genre, et d'empecher qu'il soil perQu pour leur utilisation des
taxes plus elevees que sur les autres chemins de fer.
Les decisions prises par la Section sont les suivantes :
1° « Partout ou s'elTectuent des operations de chargement ou de de--
« chargement, soit en voie courante, soit dans des ports speciaux, il y
« a lieu d'amenager les berges de fa^on a faciliter le plus possible la
« rapidite de ces operations.
« Lorsque la nature des voies navigables exige la creation de bassins
« pour la protection de la batellerie contre le danger des crues et des
tt glaces, il est utile d'amenager ces bassins d'hiveniage comme des ports
« commerciaux.
2° « Pour developper la navigation interieure et assurer a celle-ci son
« plein rendement economique, on a besoin d*un outillage mecanique
a etendu et perfectionne. de terre-pleins assez vastes, ainsi que de maga-
« sins et hangars avec une installation conforme aux exigences modernes.
« La navigation supportera des taxes calculees d'apres les frais d'entre-
a tien et les interets du capital, pour I'utilisation des installations de ce
^ « genre, beaucoup plus facilement que les dommages resultant pour elle
« de I'insuffisance de I'outillage des ports.
« L'usage des ports publics doit etre subordonne a des reglements ne
108 5^ SEANCE PLEiNIERE.
« contenant que des prescriptions propres a sauvegarder la securile ot
« I'ordre, sans restreindrc la liberie de la circulation au profit de per-
« sonnes isolees. Cetle regie no devrait comporter d'exccptions que dans
« le cas oil des particuliers fourniraient la totalite ou une partie notable
« des ressources necessaires a I'installation et a I'entretien de ces ports.
5" « II importe de faciliter Techange des marchandises entre les voics
« ferrees et les voies navigables : les moyens de transbordement destines
c( a operer cet echange doivent elre consicleres comme une partie ossen-
« lielle de I'outillage des ports, y compris les porls d'hivernage.
« II appartient aux gouvernements d'user au bcsoin de leur autorile
« ou de leur legitime influence aupres des adniinislrations et des compa-
« gnies de chemins de fer pour assurer la construction et I'exploitation de
« ces raccordements, sur les ports publics sans autre augmentation de
« taxe que celle qui resulte du parcours kilometrique, et sur les porls
« prives dans les conditions dtj droit commun concernant les embranche-
« ments particuliers. »
{Achpte par le Congres.)
M. LE Preside-m. — Je remercie M. Yon Da3mming de son rapport.
[Applaud issements . )
La parole est a M. Raifalowich pour presenter un \ceu redige par
M. Nortli.
M. Raffalowich. — Messieurs, la 3'' Section a adopte a I'unanimite un
voeu presenle par M. Norlb. Voici la lettre que M. North a adressee a la
Section, et le voeu qu'elle contient :
« Monsieur le President, je prends la liberie d'atlirer voire attention
« sur le fait qu'il y a un grand manque de connaissances relativement a
« la valeur future d'une addition a la longueur d'une voie navigable, si
« bien que nous ne pouvons predire si uiie extension proposee ou une
« branche nouvelle augmentera I'utilite des travaux existants en propor-
« tion de sa longueur ou dans une proportion quelconque.
« Pourriez-vous avoir la bonte de suggerer a la 3^ Section, dont vous
« eclairez, si magistralement les deliberations, qu'il y aurait lieu de
« dcmander la mise a I'ordre du jour de cette Question lors d'un Congres
« fulur.
« Respectueusement,
« Ed. -P. North. »
[La proposition, mise aux voix, est adoptee par le Congres.)
M. LE Presideint. — La parole est a notre secretaire general qui a des
communications a faire au Congres.
M. de Mas. — Pour repondre aux demandes de quelques-uns de nos
coUegues, je crois devoir vous donner les indications suivantes :
SEANCE DE CLOTURE. 109
Demain matin paraitra un numero du Bulletin officiel du Congres. II en
sera porte a la gare de Lyon un nombre d'exemplaires suffisant pour qu'il
soil distribuea tons les menibres du Congres qui prennent part a I'excnr-
sion du Centre. En meme temps, le bureau de distribution restera ouvert
demain matin, afin que cliacun puisse envoyer chercher les doeumcnts
restantdans sa casesur la presenlation de sa carte de membre du Congres.
Le Bulletin sera publie jiisqu'a ce que Ic compte rendu des debats soit
epuisc. Les numeros ulterieurs et lous les autres documents, s'il y a lieu,
continueront a elre mis dans les cases, et nous ferons le necessaire pour
que le contenu en parvienne aux porteurs des numeros correspondanls,
aussitot qu'il sera possible. [Applaiidissements .)
M. LE President. — La parole est a M. Conrad.
M. Conrad. — Monsieur le President, Messieurs, plusieurs membres du
Congres onl manifeste a mes collegues neerlandais et a moi le desir que Ic
prochain Congres de Navigation interieure en 1894 ait lieu en Hollande.
Ce desir nous a non seulemenl honores parliculierement, mais nous
sommes charmes que ces membres aient choisi le pays des canaux, des
rivieres et des digues pour la leunion du YP Congres.
Puisque vous tons, Messieurs, etes d'accord avec les membres que je
viens de ciler, j'ai I'honneur de vous proposer aussi, au nom des membres
neerlandais presents, dc decider que le YP Congres de Navigation inte-
rieure aura lieu en Hollande.
Tres probablement la villc de la Have sera choisie pour le point de
reunion du Congres et de depart des excursions. Cependant, Messieurs,
avant de vous decider definitivement, je me permcts de vous fairc
observer qu'il ne taut pas vous attendre a un Congres aussi splcndide
et aussi grandiose que la reception que le Comite frangais nous a oflerte
a Paris.
Le YP Congres en Hollande aura des proportions plus modestes.
Cependant quoique le programme doive ctre moins elendu, eu egard a
la quantite des questions a examiner dans les Sections, et des notices que
vous recevrez avant I'ouverture du Congres, nous vous ofl'rons en compen-
sation I'assurance que nous serous heureux de vous recevoir chez nous,
et que vous pouvez compter sur une reception cordiale et amicale.
Yous me permettrez. Monsieur le President, de dire, avant de finir,
encore un mot de remerciement sincere au nom de mes compatriotes
neerlandais pour la maniere eminente dont vous avez dirige nos delibera-
tions, et un mot d'adieu a tons vos compatriotes, membres du Congres,
pour I'accueil splendide et amical avec lequel ils nous ont recus pendant
notre sejour a Paris.
Quand nous nous rappellerons le Y' Congres de Navigation interieure,
nous nous rappellerons toujours les beaux jours passes avec vous dans
votre belle pati'ie, la France. [Applaudissenients .)
HO 5' SEANCE PLENIERE.
M. LE Presidevf. — Messieurs, vos applaudissemenls unanimes me dis-
pensent d'adrcsser a M. Conrad les remercieinents les plus vifs au nom du
Congres, taut pour lui-meme que pour la nation hoUandaise dont il s'est
fait I'interprete si bienveillant. {Applaudissemenls.)
S. E. M. ScHULTz. — Messieurs, je crois etre d'accord avec vous lous en
remerciant encore une fois, aussi chaleureusemcnt que possible, MM. les
Presidenis d'honneur, les membres du Comite de patronage et surlout les
Presidents et les membres de la Commission d'Organisalion, de leurs efforts
pour la reussite de notre Congres. Celui qui a ete jamais oblige d'entamer
une pareille entreprise saura apprecicr la grandeur de leurs efforts. Les pre-
paratifs pour les seances, le choix dcs questions mises en deliberation et
leur expedition, les apprets de I'Exposition jointe au Congres, les arran-
gements des excursions el inspections aussi agreables qu'instruclives et,
par-dessus tout, I'hospitalite et I'amabilite de I'accueil, sont reunis pour
donner au Congres le caracteie d'une barmonie complete et d'un perfection
parfaile. Nous tons quittcrons la France, j'en siiis siir, remplis des meil-
leures impressions pour nos botes, et avec le sentiment de la reconnais-
sance la plus sincere et la plus profonde des agrements que nous devons
a Tobligeance et a I'amabilite de nos botes. Les souvenirs des beaux jours
que nous avons passes ici seront agreables et de longue duree. [Applaudis-
semenls.)
M. LE D'' Russ. — M. le President, Messieurs, le Gouvernement autricbien
a pris part aux Congres en envoyant une delegation a partir du IP' Congres,
tenu a Vienne. C'est pour moi un devoir que je tiens a remplir de rappeler
ici le triste souvenir de noire prince berilier, I'Arcbiduc Rodolpbe, qui
avail bien voulu donner Pappui de son baut patronage au IP Congres,
qui suivait ses travaux avec un vif interet et auquel j'ai eu le plaisir et
I'bonneur, comme President du Congres, de presenter les delegues des
Gouvernements etrangers.
Je me joins aux sentiments que vient d'exprimer M. Schultz en adressant
au nom des delegues des Gouvernements etrangers nos plus chaleureux
remerciements pour I'accueil bienveillant que nous avons regu parmi vous.
Nous lous, etrangers, nous nous sommes retrouves volontiers dans ce
cbarmant pays qui est le voire, dans sa capitate admirable.
La France a precede longlemps les nations, el a su provoquer I'emula-
tion generate dans la voie du progres. Nous avons le vif desir el la pleine
confiance que le prochain Congres, a la suite des interessanles delibera-
tions qui out eu lieu dans les Sections el dans les seances plenieres, mar-
quera de nouveaux progres pour la science, pour les travaux publics, pour
notre ceuvre.
Je vous renouvclle lous nos remerciements en vous disanl : Adieu, ou
plulol au revoir! A la Huye! {Applaudissemenls .)
SEANCE DE CLOTLRE. Ill
M. Ghercevanof. — Messieurs, je crois etre I'interprete des sentiments
de tons les etrangers presents au V" Congres international de Navigation
interieure, en adressant ces quelques mots de remerciements a tous ceux
qui ont pris une part si active dans I'organisation de ce Congres. En pre-
miere ligne, c'est a M. le President de la Republique, qui a daigne prendre
ce Congres sous son haut patronage et nous a honores d'un si gracieux
accueil, ensuite a nos lionorables et lionores Presidents, M. Couste et
M. Guiilemain, a notre infatigable et sympathique Secretaire general du
Congres, M. de Mas, et enfin a tous les membres franrais do la Commis-
sion d'Organisation,.ouxquels est incombe tout le travail complique de la
conduite de celte affaire Internationale.
En cffet, nous faire faireune si riche moisson de connaissances speciales
et de documents intck^essants dont nous avons tous profite, en un intervalle
de temps aussi restreint et dans des conditions de transport facilitees au
plus haul degre, et assaisonnees par une constante manifestation de voire
cordiale liospilalite francjaise, est une tache difficile a rcmplir, et je suis
SLir que nous tous, membres elrangers du Congres, nous emporlerons
dans nos pays respectifs le meilleur souvenir de voire beau pays et de
voire charmanle hospitable.
De plus, je dirai que celte affabilile, celte bienveillance que nous avons
trouvee ici, celte fagon toute fraternelle, de la part de vos coUegiies
frangais, de partager avec nous les fruits de leur science et de leur longiie
pratique, auronl necessaircment ceresultat quechacun denous, represen-
tants de la science de divers pays, conservera la tendance de conserver
avec vous, nos aimables holes, ces bonnes relations el cet echange perpe-
tuel d'idees el de connaissances. Tout cela ne pent qu€ concourir a resserrer
ces liens de fraternite de toutes les nations, que tout palriote eclaire desire
si ardemment pour son pays.
Je finis en vous adressant encore une fois, Messieurs, nos plus cha-
leureux remerciements. {Applaudissements.)
M. MiROKEsco. — Messieurs, nous voila arrives au ierme des travaux du
V"" Congres de Navigation interieure, et bientot nous allons tous rentrer
dans nos foyers.
Avant de nous separer cependant, nous avons. nous membres etrangers
qui avons pris part a ce Congres, un agreable devoir a remplir envers
ceux dont nous futies les hcMes pendant quelque temps, irop court a notre
gre. C'est done a ce litre. Messieurs, que j'ai I'honncur de prendre la
parole pour remercier hautemenl el de tout coeiir tous ceux qui nous ont
regus d'une fagon si cordiale et si aimable.
Lorsquc, Messieurs, le Congres commengail ses interessantes excursions
a Iravers les belles contrees du Nord et de FOuest, on nous souhaila la
bicnvenue, et on nous dil : « Yous etes, Messieurs, les holes dela France;
vous eles done chez vous. »
112 5° SEANCE PLEMERE.
Et en cffet, Messieurs, depiiis bienlot quinze jours que nous sommes en
France, on nous a accueillis partout el toujours avcc la meme sympalhie
el avec les memes egards.
Mais celte reception, Messieurs, ne nous a pas ete faile seulemenl par
telle on lelle AJlle en particulier.
Ce n'est pas le Havre, ce beau port maritime dont la France est fiere
a juste litre, qui nous a accueillis avcc les marques dc la plus vive
sympalhie.
Ce n'esl pas Rouen, la vleille ville normande qui, a la fois port maritime
et port fluvial, relie I'interieur du pays a I'Ocean et forme, pour ainsi
dire, Tanncau de manage entre les navigations maritime et lluviale.
Ce n'est pas Dunkerque et Calais; ce n'est meme pas Paris scul, cette
vil'e etonnante qui nous fascine et nous eblouit.
C'est la France ellc-memc qui nou3 a fait accueil, Messieurs, et elle
nous a regus d'une fagon brillante ct digne de son grand renom.
Nous avons etc rcgus, Messieurs, non seulemcnt avcc sympalhie et
courloisie, mais encore avec les marques les plus inconleslables de la
bonne el vieille hospitalite frangaise.
Voila pourquoi, Messieurs, en quittant la France, ou nous avons pu
admirer les beaux et remarquables travaux de ses eminenls et illustres
ingenieurs, nous avons lenu a lui exprimer noire gratitude pour I'accueil
chaleurcux qui nous a ete fait.
Nous adressons done d'abord respectueusement nos remerciemenls au
premier magistral du pays qui en est la personnification la plus elevee, a
M. Carnot, President de la Republique.
Nous remercions egalement MM. les Ministres, qui out bien voulu s'in-
teresser a nos travaux.
Nous remercions enfin nos sympathiques et infatigables Presidents
M. CousteelM. Guillemain, Inspecteur general des Ponts et Chaussees, ainsi
que noire aimable Secretaire general, M. dcMas, qui n'ontrienepargne pour
que nous emportions de noire sejour en France un excellent et charmant
souvenir qui restera a jamais grave dans nos coeurs. {Applaiidissements.)
M. GuHXE.MAiN, President du Congres. — Vos travaux. Messieurs, sent
arrives a leur terme; les questions posees dans le vaste programme qui
nous avail ele trace ont ete disculees; MM. les secretaires des Sections
vous ont soumis les proces-verbaux de nos deliberations; ces proces-
vcrbaux resteront annexes aux rapports, et consacreront la haute valeur
de ces documents, valeur que chacun de nous avail pressenlie en lisant le
nom des auteurs, et que I'elude a confirmee dans la plus large mesure.
Puisque vous avez bien voulu. Messieurs, me donner qualite pour parler
en voire nom, qu'il me soil permis tout d'abord et au nom du Congres
d'adresser de sinceres remerciemenls a tons ceux qui ont donne a notre
reunion une ampleur qui a depasse nos esperances.
SEANCE PE CLOTURE. 113
Notre premiere expression de gratitude sera pour M. le President
de la Republique, qui nous a donne lant de preuves d'une speciale
bienveillance. En occupant la premiere magistralure de la Republique, il
n'a pas oublie que ses debuts onteu lieu dans la carriere que nous parcou-
rons; et si, comme chef de la nation, il tient a favorisernos etudes, nous
avonsla conviction qu'il les suit avec Taltention. j'oseraispresque direavcc
le coeur de I'ingenieur.
Apres M. le President de la Republique, nous remcrcierons nos Presidents
d'honneur, MM. les Ministres de la Marine etdes Colonies, de TAgriculture.
du Commerce et de I'lnduslrie, et specialement M. le Ministre des Travaux
publics. Tons vous avez garde le souvenir du discoursaussispirituelqu'elo-
quent par lequel noire Congres a ete inaugure; vous avez apprecie le
charme d'une parole qui. apres nous avoir entraines un moment au dela des
spheres terreslres, a su nous y ramener en nous rappelant Jes vues econo-
miques qui rattachent notre specialite aux grands probleraes qui s'agitent
aujourd'hui dans le monde entiar.
A M. le Ministre des Travaux publics nous associerons son collaboratcur
devoue, M. le Direcleur des Routes, de la Navigation et des Mines, Tun des
principaux auteurs des superbes creations que nous avons admirees dans
le Nord et le Pas-de-Calais, et qui, apies une carriere technique si bien
remplie, veille aujourd'hui avec autant de vigilance que d'autoritc sur les
interets que vous representez, et donl il est le gardien et le defenseur.
Nous remcrcierons encore la Chambre de Commerce de Paris qui, a Man-
chester (vous en avez garde le souvenir), a pris I'initiative de la reunion a
Paris du Y^ Congres de Navigation interieure, el qui est si dignement repre-
sentee au milieu de nous par son honorable President, M. Couste, que
vous avez voulu maintenir a notre tete. Dans sa tachc hnspilaliere, il a eu
pour collaborateurs non sculement le Bureau, mais encore tons les Mem-
bres decetle haute Assemblee, I'elile du commerce parisien, quon trouve
toujours a Toeuvre, qu'il s'agisse d'ecoles professionnelles, de musees, de
science economique ou de Congres internationaux, en un mot, toutes les
fois qu'on remue des idees grandes et fecondes.
Nous n'oublierons pas les hommes eminents qui onl consenti a diriger
les debats de nos Sections, et ont su apporter a nos deliberations, en meme
temps que le concours de leurs lumieres et d'une experience acquise dans
les plus hautes positions, I'ordre et la melhode qui seuls pouvaient per-
mettre, en aussi pen de temps, I'examen des graves problemes qui ont ete
Tobjet de vos discussions. Qu'ils recoivent ici I'exprossion de notre recon-
naisance; qu'ils la partagent avec les membres dela Commission d'Organi-
sation, avec les Comites qui ont si bien prepare nos travaux, et, avec notre
devoue Secretaire general M. I'ingenieur en ciief de Mas, qui n'a pas quilte
la brechedepuis le debut : I'intelligence et le zele infatigable que ses colla-
borateurs et lui ont apportes a I'oeuvre commune n'ont echappe a aucun
d'entre vous.
8p
lU 3* SEANCE PLENIERE.
Nous enveiTons aiissi, Messieurs, uii souvenir reconnaissaiit aux villes et
aux Chambrcs de Commerce qui nous ontfait un accueil si flalteur, si lar-
gemcnt hospitalier, Dunkerque, Calais, Lille, le Havre et Rouen. Nous irou-
blierons pas ecs grands ct puissanls etablissements, Lens, Bruay, Maries,
Noisiel, Essonnes, qui ont Men voulu faire fonctionner dcvant nous les
rouages d'industries qui sont, pour le pays tout entier, une source d'hon-
neur et de prosperitc. Que les soiris dont ils cntourent leurs populations
ouvrieres leur assurent a jamais- I'attachemenl dont ils sont dignes!
Enfiii, Messieurs, quand vous nous aurez quittes, vous porlerez Fexpres-
sion do notre reconnaissance aux Comites de patronage qui, dans chaque
pays, ont bien voulu reco;nmander le Congres; et vous me permettrez
encore de vous demander un mot pour les ingenieurs qui ont prepare nos
excursions et double, par leurs explications bienveillantes, I'interet du spec-
tacle qu'ils nous otfraient.
Ce devoir accompli, et il m'etait doux de le remplir, je me conformerai,
au risque d'abuser de votre patience, a I'usage qui ra'impose le devoir de
resumer vos travaux. Je leferai tres brievement.
Dans votre f' Section, vous aviez a trailer de la construction et de I'en-
Irelien de> canaux. Yous avezetudie les procedes de defense des berges qui
peuvent permeltre, a I'u'de d'une plus grande vitesse de marche, d'abreger
la dureo des voyages. C'est la, en effet, une reforme que vos rapports ont
unanimoment reconnuenecessaire. Son importance est d'autant plus grande
(jue la rcgularite en sera certainement la consequence, et que ce progres
atlenuera la valeur de deux des principaux i-eproches qui sont adresses a
la navigation interieure.
Dans le meir.e ordre d'idces, ralimentatioii des voies navigables joue un
role capital, et devaitatlirer votre attention. Yous avezetudie les moyensde
couserver aux bateaux le moiiillage normal, soit en diminuaut par des pro-
cedes d\itanchement des pertes malbeureusement inevitables, soit en
remontant, a I'aide de machines, I'eau consommee,soiten approvisionnant
pendant I'hiver les eaux surabondantes dans de vastes reservoirs qui les
restitueront aux cours d'eau pendant la saison seche. C'est la un ensemble
de mesures que vous avez recommandees. Une stride economic de I'alimen-
tation, en effet, n'estpasseulement unavantageau point de vue de la navi-
gation, elle a aussi pour effet de laisser son epargne a la disposition de
I'agriculture. II y a memeplus; cettc accumulation des eaux, judicieuse-
ment administree, est en meme temps une source de ricbesses pour la
culture, et le meilleur palliatif des inondations.
Yous avez reuni les types divers de ces ouvrages tels qu'on les etablit en
Belgique, en IloUaude, on AUemagne, en Italic, en Russie. Yous avez, en ce
■ qui concerne les reservoirs, empruute des exemples a I'lude et a FEspagno,
oil le climat impose un scrupuleux amenagemcut des eaux, el vous avez
examine sur le meme sujet Tenquete faite en France, oii celte etude n'a
peut-etre pas ete sans fruit.
siEance de cloture. iiS
La 2^ Section avail a s'occuper de I'exploitation technique des voies
navigables.
Elle a tout d'abord examine la question des chomages, et reconnu sans
conleste que les chomages devaient etre rendus aussi rarcs et aussi courts
que possible. Beaucoup de ses membres ont toutefois pense qu'un court
ch6mage periodique, de loin en loin, annonce longtemps a I'avance, et
strictement maintenii dans ses limites, n'imposait au commerce qu'une
gene acceptable, et pouvait avoir de bons effets; grace a lui, la surveillance
est plus facile et I'entretien mieux assur^. On pent mieux eviter les choma-
ges accidentels qui sont un trouble grave dans les relations, et les repara-
tions faites a temps sont plus economiques.
Mais pour que ces ch6mages soient^aussi courts, aussi rares que possible,
il faut que les voies navigables soient preparees en vue de cet avenir. Yous
avez indique les mesuresa prendre dans cet ordre d'idees, ainsi que les rai-
sons qui peuvent motive r I'epoque de I'interruplion; pour le moment,
iletait difiicile de faire plus.
Abordant ensuitc la question si importante et si discutee des modes de
traction des bateaux, vous avez etudie I'inlluence de la voie elle-meme, de la
forme des bateaux et de la nature dumoteur, sur uneexploitalion faibleou
intense. Ces divers elements de la question reagissent les uns sur les autres,
et rendent le probleme inflniment complexe. 11 semble resulter des fails
soumis a voire jugemenl que, pour une frcquentation faible, les precedes
primitifs et economiques, fiissent-ils lents, sont preferes.
Sur les cours d'eau nalurels, lorsqu'ils sont torrentiels et a chenal
etroit, tout en desservant une circulation active, le touage, tel qu'il se
pratique aujourd'hui, pent avoir des avantages qui comperisent et au dela
ses inconvenients. Sur les grandes rivieres, larges et a courant modere,
le puissant remorqueur entrainant un convoi est le systeme qui parait
prendre la premiere place. L'Amerique, sous ce rapport, vous a fourni de
remarquablcs exemples, et une analyse concluantede son experience acquise.
En ce qui concerne les canaux, la question, il faut le reconnaitre,
demeure encore a I'elude. Des essais se poursuivent qui arriveront, pro-
chainement pout-ctre, a nous eclairer. Le halage funiculaire sera-til une
solution economique et susceptible de se generaliser? Les porleurs a
vapeur, les porteurs-remorqueurs sont-ils preferables aux convois remor-
ques? Y a-t-il lieu de rendre obligatoire le procede de traction qui semble
le mieux approprie aux besoins locaux? l)oil-on, comme au canal Erie.
agrandir canaux et ecluses, et favoriser I'usage des convois? Ces questions
sont encore plutot posees que resolues. Yous avez vu naitre I'idee d'une
solution nouvelle par I'application de relectricite au touage, en vue de
substituer a la solidarile trop grande dii toueur et de sa chaine, une
adherence electrique dont on pourrait a volontc faire naitre ou supprimer
la puissance. 11 y a la une idee neuve dont les prochains Congres aiironl a
apprecier la portee pratique.
116 5* SEANCE PLENIKRE.
Voire 5*" Section, Messieurs, avail a agiler des questions vitales pour la
navigation interieure. Elle avait a examiner tout d'abord la liberie de
circLilalion sur les voies navigables aflranchies de tout impol proprcment
dit.
En CO qui concerne les voies d'eau naturelles, cc principe a paru hors
de discussion; en ce qui concerne les voies artificielles, les avis se sont
partages. Pour les canaux executes par des concessionnaires, on a genera-
lement considere qu'il y avait un droit acquis, et qu'il fallait, ou racheter
la concession, si les ressources le permetlaieril, ou en attendre le terme.
Pour les voies qui ont ete construites par I'Etat, on a pense que le capital
d'etablissenrient, au moins, devait etre considere comme la part du Ti-esor
dans une entreprise d'interet public, et que la remuneration s'en trouve
dans les pioduits indirects que font naitre de nouvelles transactions.
Beaucoup ont meme estime que les frais d'enlretien des canaux, aussi
bien que ceux des routes, c'est-a-dire des voies de circulation libre,
devaient etre a la cbarge de tons.
Toutefois, si I'impot proprement dit a ete netteraent ecarte, il n'en a
pas ete de meme des taxes speciales et tcmporaires qui pourraient etre
indispensables, soit pour routillage des voies d'eau, soit pour cclui des
ports, soit meme pour les perfectionncments urgents que pent exiger le
dcveloppement du trafic, et que les ressources budgetaires ne permet-
traient de realiser qu'a la longne. Afleclees avec specialisation a ce genre
d'ouvragcs, ces taxes, dans I'opinion de la majorite, ne seraient pas un
impot, mais la remuneration d'un service rendu, et pourraient etre
acceptees dans une mesure qui doit rcster sage et proportionnee a I'interet
en jeu. Ainsi congues, elles conslitueraient non une charge, mais une
laciiite donnee au commerce et un element de prosperite que, I'Etat
aidant, fournirait I'association ainsi realisee entre tons les usagers d'une
voie navigable pour sa meilleure utilisation.
Yotre troisiemc Commission a ensuite aborde I'etude des roles rcspectifs
des chemins de fer et de la navigation. Tous les documents reconnaisseiit
que les chemins de fer, par leur rapidile, leur regularite de marche, leur
facilite a penetrer partout, sont un instrument de transport plus parfait
que la voie d'eau; mais il n'est pas contestable que les matieres de peu de
valeur pour lesquelles le fret est un element important du prix commercial,
.les objcts encombrants ou d'un grand poids, trouvent dans la batellerie
des ressources qu'il serait facheux de voir, je ne dirai pas se supprimer,
mais meme s'amoindrir. Le transport par eau doit done etre encourage,
soutenu, aide; c'est un auxiliaireen meme temps qu'un moderateur ; c'est,
comme on I'a dit, un element indispensable de la prosperite nationale. II
convient de marcher resolument dans la voie que certains pays ont deja
tracee, en faisaul concouiir les deux modes de transport a I'interet gene-
ral, en les soudant Tune a I'aulre le plus frequemment possible, en facili-
tant les transbordements et les echanges. On verra alors se produire par-
SEANCE l)E CLOTURE. 117
tout ce qui nous est deja signalc dans les pays qui ont favorise ce progres.
« La concurrence existe, nous disent ceux qui ont fait 1 experience, mais
chacun des deux concurrents profile de Taction de I'autre; ils se complolent
mutuellement, et trouvent leurs parts respectives dans le developpement
dela fortune publique. » Ou encore : « Les voies na\igai)les et ferrees, tout
en demeurant en antngonisme, les unes avec les autres, et en se faisant
concurrence ont, en soinme, mutuellement favorise leurs inlerets reci-
proques. » Ce sont la des paroles rassurantes, car dans le developpement
que vous poursuivez au nom de rutilite genorale, vous tenez a respecter
tons les intercts, et a ne voir s'amoindrir aucune des sources de la richesse
publique.
Reste la 4" Section dont la mission etait d'etudier la jonction de la navi-
gation interieure a la navigation maritime, en facilitant I'acces de nos es-
luaires aux navires de mer. et en leur ouvrant les fleuves partout ou la
nature permet d'en tenter I'entieprise dans une mesure utile et remunera-
trice. Au point de vue technique comnie au point de vue commercial, on
trouvepeu de questions aussi digries d'attention soit par lesresultats qu'ellc
procure, soit par les difficultes qu'elle presente. C'est surtout au point de
vue technique que les documents que vous avez recueillis fournissenl aux
ingenieurs une riche inoisson d'exemples au milieu des fails si divers,
parfois meine confradictoires en apparence, qui caracleriscnt chaque
embouchure. Que de circonstances, en effet, pesent sur les resolutions a
prendre! C'est la mer et son cordon littoral lendinl a consolider et a ac-
croitre lesopports fluvialik's: ce sont les marecs, pnissantes sur cerkiins
points, insensibles sur d'autres, iutlueiictjes partout par raflUix voiiablc
des caux douces; c'est la forme du lit reagissanl a son tour sur le mo-
vement des eaux, et faisant nailre ou laissant se reproduire des hauls fonds
sous I'empire de lois naturelles inevitables; ce sont les tempetes, les lame?,
les vents regnants; et, dans ce conflit de forces immcnscs, vous nous
apprenez a discerner celles qui peuvent nous servir d'auxiliaii-es ct, les dra-
gages aidant, nous conduire au but, malgre les autres. Dans vos rcchcrchcs,
vous avez consulte TAngleterre, ou la Clyde et la Tyne ont pieseiite les
resultats les plus beaux et trace la veritable voie des ameliorations; lEs-
caut, la Meuse, le Weser ou le succes va grandissanl; la France ou la
Seine se pcrfectionne, oil le Rhone et la Garonne s'eludicnt; la Russie ou
le puissant delta du Volga doit s'ouvrir pour rattachcr Astrakan a la mer
Caspienne; Ic Danube ou la bouche de Sulina Iransformee s'apprele a
recevoir les produits que lui apportera de toute I'Europe centrale I'ouver-
ture si desirable et si bardie dun chenal a travers les Fortes de Fer. Enfin,
Messieurs, vous avez regu de I'Amerique les details les plus instructifs
sur ses Grands Lacs qui sont des mers interieures, ainsi que sur la lutte
grandiose qui se poursuit dans le golfe du Mexique, aux bouches duMis-
sissipi, a I'embouchure de la riviere Brazos au Texas, et, vers Tampico,
a celle du rio Panuco.
118 :y Stance pLfiNiERE.
Dans la grande enquete qui a etc ouverte, chaque pays a apporte sa part
de renseignements. Les savants auteurs des memoires qui yous ont ete
soumis sont arrives en general a des conclusions qu'ils ont pu developper
ici avec fails et documents a I'appuij'; la discussion orale a mis sous les
yeux de tons les principes qui ont guide chaque opinant, ainsi que I'appli-
cation qui en a ete faite autour de lui, el vous avez pu constaler sur plu-
sieurs points des divergences. Ainsi lorsqu'il a fallu, dans les Sections,
generaliser la reponse aux questions posees, la tache est devenue delicate;
et vous avez vu paraitre, a cote de quelques principes nettement pos^s,
des demandes d'etudes nouvelles et des vceux plutotque des resolutions.
Pouvait-ii en etre autrement?
Non, assuremeni, Messieurs, et il en sera toujours ainsi, pares que les
situations changent partout, a mesnre que le progres suit sa marche. Les
questions que vous traitez sont rarement susceptibles d'une solution gene-
rale et durable; et, en tout cas, elies ne sont pas de celles ou les decisions
a prendre pcuventetre dictees. EUes comportenl chez (out promoteur d'une
idee, une initiative d'abord, puis ensuite une responsabilite qu'ancun pre-
cedent ne pent enchainer. En second lieu, elles ont pour point de depart
une etude specialedu milieu dans lequel elles se posent, milieu qui change
a notre epoque avec une rapidite telle qu'on voit se transformer chaque
jour non seulement les precedes d'execution, mais encore les besoins, les
aspiratioi s, les moeurs et la legislation elle-meme qui subit I'influence du
milieu qu'elle regit et en est en quelque sorte le reflet.
Qui nous eut dit, au commencement de ce siecle, que nous verrions les
chemins de fer sillonner le monde entier, et implanter tout d'un coup la
civilisation au fond de contrees desertes? Qui eut pu prevoir I'otablisse-
ment de ces rapides navires qui parcourent, a jour etpresquea heure fixe,
toutes les mers dumontle?Qui eut pense que relectricite(et ellen'est qu'au
debut des surprises qu'elle nous reserve) permettrait d'envoyer en un
instant, sur toute la surface du globe, instructions et nouvelles, permet-
trait meme de converser a grande distance assez distinctement pour recon-
naitre une voix amie et oublier I'eloignemenl? Qui, sous le rapport econo-
mique , eut pu prevoir le developpement si rapide du Commerce , de
rindustrie et de la Fortune publique a travers les phases diverses d'un
siecle si i'econd en evenements?
Ne regrettons done pas la prudence qui laisse al'avenir le soin deresou-
dre les problemes encore indecis. Nous ne sommes pas un tribunal tenu
de rendre un jugement; notre mission consiste avant tout a rechercher la
verite et a exposer sincereraent nos convictions et nos doutes. Nous enre-
gistrons nos succes, nous ne cachons pas nos echecs qui sont souvent une
lecon fructueuse, et le but que nous poursuivons est atteint lorsque, dans
nos enquetes Internationales, nous avonsreuni et discute les elements mul-
tiples, divers et changeants des questions qui nous occupent.
Dans cet ensemble de donnees, il appartient ensuite a Fhomme d'Etat
SEANCli; DE CLOTURE. 119
a I'ingenieur de choisir celles qui lui paraissent le mieux garantir le succes
dans le milieu auquel il consacre ses efforts et son devouement.
C'est la ce que vous avez fait, Messieurs, et les documents aussi nom-
breux qu'instructifs ou se trouve consignee votre oeuvre resteront comme
un temoignage eclatant de Tutilile de nos Congres.
Nous sommes fiers de I'honneur que vous nous avez fait en nous char-
geant de la direction de nos travauxet, au nom des Bureaux du Congres et
des Sections, je vous adresse nos vifs et sinceres remerciements.
Laissez-moi enfln, et c'est par la que je termine, adresser I'expression
de notre vive gratitude, aux hommes eminents qui, des pays etrangers,
ont bien voulu nous apporter ici le concours d'une science profonde, et
d'une experience consommee dont ils nous ont genereusement livre les
fruits.... Qu'ils veuillent bienagreer tous nos remerciements et nous lais-
ser, en se separant de nous, I'espoir qu'ils conserveront de nous un sou-
venir aussi precieux que celui qu'ils nous laissent.
Je declare clos le V* Congres de Navigation inlerieuve. {Applaudissenients
prolonges.)
VISITE
M. LE PRESIDENT DE LA REPUBliQUE
28 Juillet. — Reception au palais de Fontainebleau par
M. le PRESIDENT DE LA RfiPUBLIQUE.
Depart de Paris par train special a midi et demi.
Entree au palais de Fontainebleau sous la eonduite des Officiers de
la Maison militaire du President de la Republique.
Presentation individuelle a M. le President de la Republique de
tons les Membres des Bureaux du Congres et des Sections, com-
prenant les Delegues des Gouvernements etrangers.
Lunch dans les salons du rez-de-chaussee.
Promenade dans le pare.
Yisite des salles historiques du chateau.
Promenade en foret et retour a la gare en voitures.
Rentree a Paris a 6 heures du soir.
COMPTE RENDU SOMMAIRE
DES EXCURSIONS
EXCURSION DANS LE NORD
18 jiiillet, — A 9 h. 1/2 clu soir, reunion a I'holel de la Sociele Indus-
trielle du JNord de la France, des Congressistes ari'ivant par la frontiere du
Nord. — Reception par la Commission d'Organisation.
19 juillet. — Visile des rivages de la Societe des Mines de Lens et des
installations pour le chargement des houilles. Dejeuner offert par la Societe.
Apres le dejeuner, visile des rivages des Societes des Mines de Bruay et de
Maries. Lunch offert par les deux Societes. Le soir, visife du port de Dun-
kerque, banquet de trois cents converts offert au Congres par la Municipa-
lite et la Cliambre de Commerce de Dunkcrque.
20 juillet. — Visite de I'ascenseur hydraulique des Fontinettes. All heures
du matin, depart pour Calais. Reception et lunch offerts par la Ville et la
Chambre de Commerce de Calais. L'apres-midi, visite du port et depart
pour Paris a 8 heures du soir.
EXCURSION SUR LA BASSE-SEINE ET LA SEINE MARITIME
25 juillet. — Excursion en bateau a vapeur surla Seine, entre Saint-Pierre
du Vauvray et Pont-de-FArche. Visite du barrage de Poses. Depart de Pont-
de-1'Arche en chernin de fer pour le Havre : arrivee au Havre a 7 heures
du soir. A 9 h. 1/2, reception a I'Hotel de Ville par la Municipalite et la
Chambre de Commerce.
24 juillet. — Dans la matinee, visite du port du Havre; a 10 heures,
embarquemcnt surla Gazelle, et excursion jusqu'a Rouen.
A Rouen, lunch a I'hotel de la Chambre de Commerce, visite du port de
Rouen. Le soir, retour a Paris.
COMPTE RENDU SOMMAIRE DES EXCURSIONS. 125
EXCURSIONS AUX ENVIRONS DE PARIS
Ganaux de la Ville de Paris.
25 et 27 jiiillct. — Depart en break du Palais de I'lndustrie a 3 heiires
apres midi : visite de Fecluse de 9 m. 92 de chute, du hassin dela Yillette,
et du ponl-levant de la rue de Crimee. Relour au centre de Paris a 5 heures
du soir.
Suresnes, Bougival et Saint-Germain.
28 juillet. — A midi, embarquement, au pont de la Concorde, dans un
bateau-express. Visile des ouvrages de Suresnes. Trajet en tramway a
vapeur du pont de Courbevoie a Bougival : visile des ouvrages de Bougival
et de la machine de Marly. Arrivee a Saint-Germain a 6 heures et demie :
diner dans deux des hotels de la ville ; relour a Paris par les trains du
soir.
Haute-Seine.
25 juillet. — Visite du port des Bas-Vignons, appartenanl a M. Darblay,
proprielaire de la papeterie d'Essonnes. Lunch olTert p;ir M. Darhlay. Embar-
quement en bateau a vapeur, et voyage sur la Seine jusqu'a Paris, en visi-
tant les barrages d'Evry, Ablon et Port-a-l'Anglais.
Joinville-le-Pont.
27 juillet. — Depart en voiture pour Joinville a 1 heure apres-midi,
visite du barrage de Joinville et excursion de Joinville a Charenlon en visi-
tant le halage funiculaire elabli surle Canal Saint-Maurice entre Charenlon
et I'ecluse de Gravelle.
Noisiel.
26 juillet. — Depart de la gare de rEst,en train special a I heure apres
midi pour Emerainville et Noisiel. Visite du barrage de Noisiel et de I'usine
de MM.Menier freres. Lunch offert par >DL Menier. Relour a Paris a 7 heures
du soir.
124 GOMPTE RENDU SOMMAIRE DES EXCURSIONS.
EXCURSION DANS LE CENTRE ET LE MIDI
51 juillet. — Depart de Paris a 9 heures du matin. Visite des chantiers
du pont-canal de Briare. Lunch offert par M. Loreau, Depute. Le soir, cou-
cher a Nevers et a Moulins.
1*' aout. — Arrivee au Creusot a 10 heuros du matin. "Visite des usines.
Dejeuner offert par MM. Schneider. L'apres-midi, visite des reservoirs de
Torcy-neuf et de Montaubry, et des ecluses a grande chute du canal du
Centre. Lunch offert par le Service du Canal. Coucher a Lyon.
"2 aout. — Excursion sur la Saone, de Saint-Germain au Mont-d'Or a
Lyon, et sur le Rhone, de Lyon a Vienne. Le soir, retour a Lyon, et banquet
offert par la Chambre de Commerce dans la salle du Casino.
3 aoiit. — Depart pour Saint-Etienne. A 10 heures du matin, depart en
voiture de Saint-Etienne pour le barrage du Gouffre d'Enfer. Banquet offert,
a u pied du barrage, par la Ville et la Chambre de Commerce de Saint-Etienne.
Visite des reservoirs du Gouffre d'Enfer et du Pas-de-Riot. Le soir, retour
a Saint-Etienne, et de la a Lyon.
4 aoiit. — A 6 heures du matin, embarquement sur le Gladiateur et
descente du Rhone, de Lyon a Avignon. Coucher a Avignon.
5 aoiit. — Descente du Rhone, d'Avignon a Saint-Louis. Dejeuner offert
a bord par la Compagnie Lyonnaise de Navigation. Arrivee a Marseille le
soir, et reception a la Bourse par la Chambre de Commerce de Marseille.
C aoiit. — Visile du port de Marseille et tin des excursions.
INDEX ALPHABETIQUE SOMMAIRE
mentation des Canaux, 16, 17, GQ, \ Consolidation des berges des canRux, ] A,
68, 114. 15, 16, 62, 65, 64, Q6, 114.
Amelioration des fleuves dans leur partie Construction des canaux par I'Etat ou
marilirae, y compris rembouchure, par I'industrie privee, 50, 52, 56, 94,
49,57,79,^85,117. 95,96.
Amelioration des voies navigables, 55, Courtexay-Boyle, 7, 50,51.
56, 57. 58, 40, 41, 45, 94, 102, 105,
116.
Artois de Bour.noxville (d"), 52, 55, 54,
38, 42.
Bae.nscu, 15.
Barrage de chasse sur la Senne, 49.
Beairi.n-Gressier, 50, 51, 52, 44, 45, 47.
Be'lier hydraulique Docoeur, 21.
BoLLE, 55, 58, 42, 44, 47.
Bouquet de la Gryk, 52.
Bourgui.n, 17, 18.
BouviER, 19, 20.
BovET (de),25, 26, 28.
BuQUET, 22, 29.
Cadart, 19,20,21,72.
Camere, 22, 25, 25, 28, 59.
Captier, 29, 51, 52, 40, 62.
Carlieu, 15, 20, 52, 44, 45, 62, 64.
Carpemier, 56.
Chambres de Navigation, 50, 51, 52,
56, 58,40, 41.
Chomages des canaux et des rivieres ca-
nalisees, 22, 90, 94, 115.
Clements, 51, 47.
Clerc, 25, 25.
Goe.ne (de), 52, 49, 51.
Colso.x, 44, 46, 48.
Coxrad, 109.
considere, 50, 51, 57.
CoosTE, 4, 8, 58.
CouvREL-R, 51, 56, 42, 48.
CuviNOT, 49, 57, 60.
Dec(eur, 20, 21.
Deki.ng-Dlra, 51, 55.
Delocre, 19, 20, 22, 25, 24.
Delombre (Paul), 41.
De.nys, 17, 18,25, 44, 66.
Derome, 22, 25, 24, 25, 28, 29, 90.
Designation des Bureaux du Congres et
des Sections, 8.
Digues et dragages, 50, 55, 54, 56, 57,
59, 85, 84, 85.
D(EMMi>G (von), 44, 45, 105.
Do.n.nat (Leon), 40, 45. 101.
DoRE (John), 61.
DoDAD, 52, 57, 58, 44, 47, 48, 97.
Kly (Georges), 55, 37, 47.
Embouchures re'tre'cies, 50, 55, 80.
Excels, 15.
Estuaires (definition des), 54, 58, 80,
84.
i,tanchement des canaux, \^, 19, 68,
72, 114.
Etude de la valeur future d'une addition
ala longueur d'une voie navigable ou
d'un enibranchement, 45, 108.
Experiences avec des modeles a petite
echelle, 51, 55,56, 59, 80, 85.
126
INDEX ALPHABETIQUE SOMMIRE.
Exploitation des voies navigables, 50,
52, 56, 47, 95.
Fargue, 50,51, 54,56, 57.
Fixation du lieu de reunion du Yl'' Con-
gres de Navigation interieure de 1894
en Hollande, 109.
Fi.EURY, 52, 44, 46, 47, 48.
Fleuves a maree, 49, 58, 81, 84.
Fleiives sans maree, 49, 52, 57, 81, 85.
Fo.NTAiNE, 19, 20, 22, 25, 27.
Fra^zius, 49, 50, 51.
Galliot, 26.
Gensel, 47.
Geonietrie fluviale, 51, 54, 59, 80, 85,
Germelmann, 25.
Ghehcevanof, 111.
Girardon, 44.
Goldschmidt (de), 8.
Gl'de, 55.
GlERRElRO, 55, 60.
GOILLEMAIN, 61, 87, 110, 112.
GuYOT (Yves), 50, 48.
Halage funiculaire, 27, 89.
Halage par locomotives (systeme Tliou-
reau), 28.
Hatscheck, 59, 42.
HiRscH, 28, 29,87.
HCERSCHELMANN (de), 15, 19.
HoLTz, 18, 51, 55, 44, 45, 48.
Imroth, 43, 44.
Invitation au Gongres du Gommerce des
voies navigables de FExposition de
Chicago en 1895, 61.
Invitation au Gongres des Travaux nia-
ritimes a Londres en 1895, 52.
Jacquelln, 52, 44.
Jetees, 50, 55, 57, 58, 81, 85, 84.
JOSLE, 41.
Lestelle, 18, 19, 68.
Levy (Maurice), 24, 25, 27.
LiMODsiN, 51, 42.
LuiGGi (Luigi), 18.
Mailiiet, 24.
Marinier (Le), monographic, 29.
Mas (de), 8, 27, 108.
Mazoyer, 24.
Me-ngi.n-Lecreulx, 50, 51 , 52, 54 , 55,
56, 57, 79.
Mey (de), 49, 50, 54, 55, 56.
MiMAC (de), 57.
MlRONESr.O,. 111.
Modeles a petite cchelle, 51, 55, 56, 59,
80, 85.
MoLiKos, 25, 26, 28.
MoiNET, 51, 43.
MoRAH.LOiN, 18.
Navigation a grande vitesse sur les ca-
naux, 14, 66.
Noble MAI RE, 55.
North, 54, 45, 47, 48, 108.
Oidillage des ports, 55, 35, 36, 40, 41,
i2, 43, 45, 105, 106, 107.
Lainey, 52, 38, 39, 42,
Laroche, 51, 52, 54.
Lasmolles, 29.
Le Chatelier, 25, 28.
47.
Partiot, 49, 50, 51, 52, 54, 55.
Pasqueau, 55, 54.
Pelletreau, 19, 20.
Perier de Feral, 46.
Pescheck, 58, 46.
Pesli.n, 15, 17, 18, 19, 65.
Ports dliivernage, 45, 107.
Ports de raccordement entre les voies
ferrees et les voies navigables, 45,
45, 107, 108.
Preaudeau (de),44.
President de la Republique, 121.
Projet de loi sur la Navigation interieure
en France, 30, 32, 35, 58, 40.
Pulligny (de), 52, 60.
OUINETTE DE RoCHEMO^T, 49, 50, 54, 55.
Raeve (de). 15, 16. 54, 60.
INDEX ALPIIABETIQUE SOM.MAIRE.
127
Raffalowich, 51, 33, 35,42,45, 44, 47,
48, 62, 94, 96, 108.
Regime des ports de navigation inte-
rieure, 31, 45, 105, 107, 116.
Reservoirs, 19, 20, 72, 78, 79, 114.
Reservoirs laterauv, 55, 56, 59, 85.
Ri:vERiiY, 15.
KoBERT-MlTCHELL, 31, 32, 56, 42.
Roles respectifs des voies navigablos et
des chemins de fer dans rindustiie
des Iransporls, 44, 45, 46, 47, 48,
97, 101, 116.
Rousseau (Arraand), 15,21.
Rlmpler (de), 47, 48.
Ross, 110.
Sa.nkey, 47.
schlichting, 14, 15, 16,20, 47.
sch(endcerffer, 14, 15, 68.
SCHROMM, 22, 47.
SCHULTZ, 6, 110.
Statistique de la navigation interieure,
44, 48.
Taxes on pe'ages sur les voies naviga-
bles, 50, 32, 42, 45, 47, 94, 90, 97,
101, 105. 107, 116.
TiMONOFF (de), 52, 57.
Touage e'lectrique sur les canaux — sys-
temes de Rovet, Riisser, Galliot, 25,
26, 90.
Trace des rivieres a fond mobile, 51,
54, 59, 80, 85.
Traction des bateaux sur les rivieres et
les canaux, 24, 27, 28, 88, 89, 115.
Experiences de MM. Camere et Clerc,
25, 89.
Experiences de M. de Mas, 28, 89.
Trai>'cham, 32.
Troost, 49, 50, 51, 55.
Vaxderllnde.n, 14, 15, 16, 21.
Va.ndervix, 49, 55, 56.
Vautiiier, 50, 51, 52, 54, 55, 56.
Vernon-Harcourt, 49, 50, 51, 52, 54,
56, 57, 60.
Viette, 1 , 2, U .
Voisl\"-Rev, 49, 51.
VoLO^TAT (de), 55.
AVelcker, 49, 50, 51, 52.
wer^eki.^•ck, 15.
TABLE DES MATlfiRES
Avant-Propos
RENSEIGNEMENTS GENERAUX
Patronages xiii
Commission d'Organisation xix
Reglement xxin
Programme ties Questions et Noras des Rapporteurs xxvii
Delegues de Gouvernements xxxiii
Delegues de Collectivites Fran^aises xxxix
Delegues de Collectivites Etrangeres lix
Donateurs lxxv
Liste generale des adherents lxxix
Bureau du Congres et Bui'eaux des Sections cxv
Ordre chronologique des Travaux du Congres cxxi
Liste des Publications du Congres cxxni
TRAVAUX DU CONGRES
Proces-verbal de la 1'^ Seance pleniere 1
(Seance d'ouverture. — Jeudi 21 Juillet (matin).
DISCOURS
De MM. Viette, Ministre des Travaux publics 2
Coust6, President du Congres 4
Schultz, Delegue du Gouvernement allemand 7
Courtenay-Boyle,Delegue du Gouvernement anglais 8
Designation du Bureau du Congres et des Bureaux des Sections 9
~ 9 F.
130 TABLE DES MATIERES.
Gompte rendu sommaire des Stances des Sections 13
I''" Section. — Conslruclion et Entretien des voies navigahles.
!■■« Seance. — Jeudi 21 Juillet fapres midi) 15
2« — — Yendredi 22 Juillet (matin) 14
3^ — — Samedi 25 Juillet (matin) 15
4« — — Lundi 25 Juillet (matin) M
5e _ — Mardi 26 Juillet (matin) 19
6e _ _ Mercrerli 27 Juilllet (matin) 20
2*^ Section. — Exploitation technique.
V^ Seance. — Jeudi 21 Juillet (apres midi) 22
2« — — Yendredi 22 Juillet (matin) 22
5« — — Samedi 25 Juillet (matin) 24
4*= — — Lundi 25 Juillet (matin) 24
5e __ _ Mardi 26 Juillet (matin) 25
6e _ — Mercredi 27 Juillet (matin) 27
7e _. __ Jeudi 28 Juillet (matin), 29
5^ Section. — Exploitation commerciale et Questions e'conomiques.
i'^ Seance. — Jeudi 21 Juillet (apres midi) 50
2^ — — Yendredi 22 Juillet (matin) 31
5° — — Yendredi 22 Juillet (apres midi) 32
4« — — Samedi 25 Juillet (matin) 33
5« — — Lundi 25 Juillet (matin) 57
Qe _ __ Mardi 26 Juillet (matin) 57
7« — — Mercredi 27 Juillet (matin) 59
8« — — Mercredi 27 Juillet (apres midi) 45
9e — — Jeudi 28 Juillet (matin) 44
10« — — Vendredi 29 Juillet (apres midi) 47
4^ Section. — ■ Amelioration des flenves dans leur partie maritime.
1''*= Seance. — Jeudi 21 Juillet (apres midi) 49
2« — - Yendredi 22 Juillet (matin) 49
5'^ — — Yendredi 22 Juillet (apres midi) 50
4« — — Samedi 23 Juillet (matin) 51
5*^ — — Lundi 25 Juillet (matin) 52
B** — — Lundi 25 Juillet (apres midi) 55
7« — — Mardi 26 Juillet (matin) 54
8« — — Mardi 26 Juillet (apres midi) 55
9^ — — Mercredi 27 Juillet (matin) 55
IQe _ _ Jeudi 28 Juillet (matin) 56
TABLE DES MATIERES. 131
61
Proces-verbal de la 2" Seance pleniere
Vendredi 29 Juillet (matin).
RAPPORTS GENERAUX
De MM. Peslin sur la J""^ Question {Consolidation des berges des canaur). 63
Denys sur la 2*= Question [Alimentation des canaux) 66
Lestelle sur la 5" Question (/i/rt»c/?e/?*e/?/ f/es crt««!<.r) 68
Cadart sur la 4-^ Question (Reservoirs) 72
Mengin-Lecreulx sur la 10^ Question [Amelioration des fleuves
dans leur partie maritime) '^
Proces-verbal de la 3^ Stance pleniere 87
(Seance de cloture. — Samedi 50 Juillet (matin).
RAPPORTS GENERAUX
De MM. Hirsch sur la 6'= Question [Traction sur les canaux, sur les
rivieres canalisees et sur les rivieres a courant libre. ... 87
Derome sur la 5'^ Question [Chomage des canaux et des rivieres
90
canalisees
Raffalowich sur la 7-= Question. [Taxes ou peages sur les voies
navigables.) (Yceu de Manchester) ^^
Douau sur la 9«^ Question [Holes respectifs des voies navigables et
des chemins de fer dans rindustrie des transports) 97
Leon Donnat sur la 7*^ Question [Taxes ou peages sur les voies
navi(/afc/e.s.) (Proposition Delombre) ' '. " ^'^^
Von Doemminci sur la 8^ Ouestion [Regime des ports de navigation
interieure
DISCOURS
De MM. Conrad, Delegue du Gouvernement hollandais 109
Schultz, Delegue du Gouvernement allemand HO
le D'' Russ, Delegue du Gouvernement autrichien MO
Ghercevanof, Membre du Comite de patronage russe .... IH
Mironesco, Delegue du Gouvernement roumain HI
Guillemain, President du Congres ^12
132 TABLE DES MATIERES.
Visite a M. le President de la Republique 121
Gompte rendu sommaire des Excursions 122
Excursion dans le Nord 122
Excursion sur la Basse-Seine et la Seine Maritime 122
iCanaux de la ville de Paris
Suresnes, Bougival et Saint-Germain
Haute-Seine \ 123
Joinville-le-Pont
Noisiel
Excursion dans le Centre et le Midi 124
Index alphabetique sommaire 125
Table des matieres 131
25 971. — Imprimerie LAHunE, rue dc Fleurus, 9, a Paris.
PROCfiS-VERBAUX
DES
SEANCES DES SECTIONS
ET
COMPTE RENDU DES EXCURSIONS
25968. — rAIlIS, IMPRIMERIE LAHURE
9, rue de Fleurus, 9
V" CONGRES INTERNATIONAL DE NAVIGATION INTERIEURE
PARIS 189 2
PROCES-VERBAUX
DES
SEANCES DES SECTIONS
ET
COMPTE RENDU DES EXCURSIONS
PARIS
IMPRIMERIE GENERALE LAHURE
9, RUE DE FLEURUS, 9
1892
PROCES-VERBAUX
DES
SEANCES DES SECTIONS
1^^ SECTION. — Construction et Entretien des voies navigables.
(SIX SEA^'CES.)
2« SECTION. — Exploitation technique.
(SEPT SEAA'CES.)
S'' SECTION. — Exploitation commerciale et questions economiques.
(DIX SEANCES.)
4« SECTION. — Voies navigables dans leur partie maritime.
(DIX SEANCES.)
r' SECTION
CONSTRUCTION ET ENTRETIEN
DES VOIES NAVIGABLES
BUREAU DE LA SECTION :
PRESIDENT :
France . . . Rousseau (A.), Conseiller d'Etat, ancien Sous-Secretaire d'Etat
aux Ministeres des Travaux Publics, de la Marine et des Colo-
nies, Paris.
VICE-PRESIDENTS ;
France . . . Carlier, Inspecteur General des Ponts et Chaussees, Paris.
Alleuagne . . Professor Schlichting, Prasidenl des Ceutral-Vereins fiir Hebung
der deutschen Fluss- und Kanalschifffahrt, Berlin.
Belgique . . Troost, Ingenieur en Chef, Directeur des Ponts et Chaussees,
Anvers.
HoNGRiE. . . Koloman de Kenessey, Inspecteur superieur de I'lnspection
Generale Royale Hongroise des Ghemins de fer et de la Navi-
gation au Ministere du Commerce, Budapest.
SECRETAIRES :
France . . . Bourguin, Ingenieur des Ponts et Chaussees, f. f"°* d'Ingenieur
en Chef, Soissons.
— Cadart (Guslave), Ingenieur des Ponts et Chaussees, Langres.
— Pavie, Ingenieur des Ponts et Chaussees, Paris.
— Pigache, Ingenieur des Ponts et Chaussees, Soissons.
Belgiqle . . Vanderlinden, Ingenieur Principal des Ponts et Chaussees, Gand.
Itaije . . . Chevalier Luiggi (L.), Ingenieur du Genie civil. Secretaire de
S. E. M. le Ministre des Travaux Publics, Rome.
Russie . . . De Hoerschelmann, Ingenieur, Chef de Bureau au Ministere des
Voies de Communication, Saint-Petersbourg.
PROCES-VERBAUX DES STANCES DES SECTIONS.
PREMIERE SEANCE
Jeudi 21 Juillet (apres-midi).
Presidence de M. Armand ROUSSEAU
La seance est ouvertc a trois heures et dcmie.
M. LE President. — Au debut de nos deliberations, permeltez-moi de
reclamer tout d'abord votre bienveiliant concours, et de vous adresser,
particulierement a nos collegues etrangers, quelques paroles de bien-
venue.
Les questions que nous avons a trailer ensemble sont de celles sur les-
quelles les rivalites nationales ne sauraient avoir do prise. Elles interessent
le developpement de la richesse et du bien-etre chez tous les peuples, et ne
peuvent susciter entre eux qu'une emulation fcconde.
Nous discuterons cordialement ensemble les solutions nouvelles et les
ameliorations que comportent les entreprises de navigation inlerieure, et
nous aurons la conscience de travailler ainsi a une ceuvre de paix et de
civilisation. [Applcmdissements.)
Messieurs, avant de commencer la discussion des questions soumises a
la Section, ilconvient de fixer Tordre denos eludes.
Le programme comportait quatre questions, savoir :
La consolidation des berges des canaux;
L'alimentation des canaux;
L'etanchement des canaux;
Les reservoirs.
Sur ces 4 sujets, 15 rapports ont ete produits, savoir : siir la 1'* Ques-
tion, ceux de MM. Schlichting, Peslin, Van der Sleyden et de Hoerschel-
mann; sur la 2% ceux de MM. Leboucq et Denys; sur la 3% celui dc
MM. Bompiani el Luiggi; entin sur la 4% ceux de MM. Barois, de Llaurado,
Bouvier, Cadart, Fontaine et de Hcerschelmann.
La Section est saisie en outre d'une communication de M. Pelletreau sur
les grands barrages en maQonnerie, faite en vertu de Tarticle 5 du Regle-
ment, et qui serattache a la 4*' Question, « Reservoirs ».
Je vous propose de commencer la discussion des questions qui nous sont
soumises, en suivant I'ordre du programme, et de commencer demain
matin par I'examen du rapport de M. Schlichting sur la consolidation des
berges des canaux. [Assentiment.)
La seance est levee a quatre heures.
1" SECTION. — 2* SEAXCE.
DEUXIEME SEANCE
Vendredi 22 Juillet (matin).
PresideiXce de M. Aiinand ROUSSEAU
La seance est ouverte a 8 h. 50.
M. LE Presidem. — Messieurs, j'espere qu'etant donnee la nature des
questions que nous avons a traiter, — questions qui comportent plutot
des ronstatations interessantes a introduire dans nos rapporls que des
discussions, — nous pourrons, en siegoant tons les matins, terminer nos
travaux dans la seance du mardi matin ^Ocourant.
Notre rapporteur general devra ensuile preparer son rapport, qui sera
souhiis aux assemblees generates.
Nous commencerons ce matin I'etude de la V Question, « Consolidation
des Berges des Canaux », sur laquelle 4 rapports ont ete deposes par
MM. Sclilichting, Peslin, Van der Sleyden et de Iloerschelmann.
M. LE Pr^sidem. — La parole est a M. Sclilichting, pour faire un resume
de son rapport.
Herr Professor ScHucHTiNG. — MeineHerren! Seitdem die Bestrebungen,
die Fahrgeschwindigkeit in den SchillTahrtscanalen zu vermehren, immer
mchr auftreten und durcli die Biicksicht auf die Notlnvendigkeit geboten
sind, das Verkehrsmiltel der Canale so weit zu verbessern, dass es den
Eisenbahnen ebenbiirtig ist, — seit dieser Zeit ^vird die Frage der Befes-
tigung der canalhuschungen immer dringender. Wir haben uns schon
auf dem erslen internationalen Binnenschillfahrtskongress zu Briissel
mit dieser Frage beschaftigt, und ich werde auf diesen Punkt und die dort
erzielten Ergebnisse noch zuriickkommen.
Fragen wir zunachst nach der Ursache : weshalb jetzt im Vergleich zu
friiiier eine solidere Befestigung der Canalbusclmngen erforderlich ist? —
So erkennen wir als solclie sehr bald die grossere Fahrgeschwindigkeit dei
M. ScHt.icHTiNG. — Messieurs, la question de la consolidation des berges des
canaux est devenue de plus en plus importante en presence des efforts constants
faits en vue d'augmenter la vitesse des bateaux qui circulent sur ces canaux, el
d'ameliorer ces voies de communication, de maniere a les placer au meme rang
que les chemins de fer. Nous nous sommes occnpes deja de cett£ question a
Bruxelles, lors de notre premier Gongres de navigation interieure, et j'aurai a
revenir sur les resultats acquis a ce moment. Si nous envisageons les causes qui
nous font rechercher aujourd'hui des moyens de consolidation plus efficaces que
ceux en usage autrefois, nous trouvons en premiere ligne la plus grande vitesse
des bateaux a vapeur qui donne lieu a une plus grande resistance, a des courants
6 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
Dampfschiffe, welche grossornn Schiffswidersland, starkere Stromung und
heflige Wellen erzeugen, daher eincn starkeren Angrilf auf die Boschungen
bewirken als bei der TreidelschiU'Cahrt. Ich will Sie iiicht damit ermuden,
Ihncn vorzufiihren, in welcher AVeise sich die Wasserbewegungcii bildeii,
muss aber im allgemeinen auf die Ursachen der Beschadigung der
Buschungen — das ist erstens Slromung, und zweitens Wellenschlag, —
hinweiscn. Die Slromung entsleht bekanntlieh diirch den Abfluss des von
den Schifl'en angestauten Wasscrs,'der Wellenschlag durch dieEinwirkung
der Schraubc. Beide Moiiienfe sind nichl bcsondcrs naclilhcilig so lange
die Schifle langsam fahren. Mil der Vermehrung der Fahrgeschwindigkeit
wacbst aber ganz bedeulcnd der Schiflswidersland und der Angriff auf
das Ufer.
Unsere Aufgabe besteht nun darin die beiden Ursachen zu mildern und
dies wiirde bezi'iglich der Slromung dadurch gcschehen konnen, dass wir
das Kanalprohi vergrossern, und bezuglich des Wellenschlages dadurch,
dass wir vertikalc odcr nahezu verlikale Uferwande errichten. Die Stromung
wird um so geriiiger, je breiler das Protil isl. Wir sehen das an den
Fli'issen. In dem breilen Flussbell hat das Schiff und die Welle wenig Ein-
fluss auf das Ufer, wiihrend im Canal und namentlich im engen Canal diescr
Einfluss sehr bedeulend isl, indcm die Wellen nach alien Erfahrungen
durch den Anprall an das Ufer, durch die Brandung sowie durch dasAuf-
und Ablaufen auf der geneigten Boschung, die Zerslorung des Ulers veranlassl.
Ausserdem kommt noch in Betracht dass die Fliiche, auf der sich die
W'clle entwickelt, bei der geneigten Boschung ungefahr doppelt so gross
ist als bei der vertikalen Wand. Gerade das Auflaufen und das Ablaufen
plus forts, et a des vagues plus profondes, partant a une action plus violento sur
les berges que la navigation parhalage. Je ne veux pas vous fatiguer de details
sur la maniere dont les mouvements de I'eau se developpent, mais je dirai quel-
ques mots sur les deux causes principales de degradation des berges : les courants
d'une part, le choc des vagues d'autre part. Les courants sont dus, vous le savez,
a I'ecoulement de I'eau refoulee par le niouvement du bateau, et les vagues a
Taction de I'helice. Tant que les bateaux vont lentement, courants et vagues ne
sont pas trop prejudiciables aux berges; mais il n'en est pas de meme des que la
vitesse augmente.
Nous devons done chercher a amoindrir ces deux causes de degats, ce a quoi
nous parviendrons : pour les courants, en augmentant la section du canal, et pour
es vagues, en etablissant des berges verticales ou presque verticales. Les courants
seront d'autant moins prononces que la section sera plus grande. La navigation
fluviale le montre : sur les rivieres larges, le passage des bateaux et les vagues
n'exercent que peu d'influence sur les rives, tandis que sur les canaux, et surtout
sur les canaux elroits, Icur influence est tres considerable, le choc des vagues sur
les rives, leur va-et-vient le long des talus inclines provoquant la destruction des
berges.
11 faut tenir compte egalement de ce que la surface sur laquelle se developpent
les vagues est a peu pres deux fois plus grande pour les talus inclines que pour
i" SECTION. — 2' SEANCE. , 7
sowie das Begegnen der auf- und ablaufenden AVellen bringen die unregel-
massigeii Bewegiingen hervor, denen die Boschiingen auf die Dauer nicht
Aviderstehen konneii. Will man diese Bewegungen vereinfachen iind weniger
nachtheilig fur die Canalufer gestalten, so gelangt man zu dem Besiillat,
eine vertikale Wand oder eine nahezu vcrtikaie Wand als Ufer zu wahlen,
weil dann die Welle am Ufer eine grossere Wassertiefe vorfindet, sich von
hier nach oben, nach der Luft zu entwickelt, nach Verzehrung ihrer leben-
digen Kraft zurijckfallt und die neu ankomraende Welle zum Theil zerstort.
Nun, meine Herren, ist das nicht etwa ein neuer Gedanke; es ist vielmehr
von der Wissenschaft und Praxis langst festgestellt, dass sich am Meeres-
ufer die vertikale Wand am besten bewahrt. Erfahrungen hieriiber liefern
aber auch hoUandische Canale in denen nahezu vertikale Ufer angelegt
worden sind. Auch das Ergebnis der Berathungen des ersten Kongresses
in Briissel spitzt sich dahin zusammen, dass die Erfahrungen am Suezcanal
ebenfalls fiir die vertikale Wand sprechen, denn es heisst im Proces ver-
baux du Congres, 1885, page 9, etwa : « Je steiler die Boschungen, desto
weniger heftig sind die Wasserbewegungen ».
Nun lasst sich in der Praxis von den angegebenen Mitteln — Vergros-
serung des Canalprofils und llerstellung vertikalerUfer — nur beschrankter
Gebrauch machen. Wir kunnen das Canalquerprofil nicht sehr erheblich
vergrossern, weil dies sehr kostspielig werden wiirde. Man Avird in der
Kegel wohl den canal nicht breiter und nicht tiefer anlegen, als das Bc-
diu^fnis der Schifffahrt erfoidert, allerdings dabei auch bcriicksichligcn
miissen, dass der Schiffswiderstand nicht erheblich wird. Aus letzterem
Grunde hat man auf dem Congress in Wien den Beschluss gefasst, dem
les parois verticales, sans compter que le va-et-vient des vagues et leurs chocs
mutuels donnent naissance a des mouvements irreguliers a raction desquels les
talus ne peuvent resister longtemps. Si Ton veut simplifier ces mouvements, et
les rendre moins prejudiciables pour les berges, on est amene a adopter pour
celles-ci une parol verticale ou presque verticale.La vague trouve alors une plus
grande profondeur d'eau; elle deferle en Pair et, apres avoir epuise sa force vive,
vient retomber sur la vague suivante dont elle amortit ainsi en partie la violence.
L'idee du reste, Messieurs, n'est pas nouvelle. Depuis longtemps la science et la
pratique ont etabli que sur les bords de la mer les parois verticales etaient celles
qui se comporlaient le mieux. Les canaux hollandais nous offrent egalement des
exemples pratiques a cet egard, car sur presque tous ces canaux les berges sont
verticales. Le Congres de Bruxelles avait aussi reconnu que Pexperience du canal
de Suez etait en faveur des berges verticales ; on lit en effet aux proces-verbaux
du Congres de 1885 (p. 9) : o Plus les talus des berges sont raides et moins les
mouvements de I'eau sont violents. »
Mais, dans la pratique, les moyens indiques, — augmentation de la section du
canal et etablissement de berges verticales, — ne peuvent etre appliques que
dans une certaine mesure. La section du canal ne pent pas etre augmenlee no-
tablement, parce que la depense serait considerablement accrue. En general,
on ne fera le canal ni plus large ni plus profond qu'il n'est necessaire pour la
8 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
Binnencanal ein solches Canalquerprofil zu geben, dass es 4 mal grosser
ist als der eingetaiichte Schiffsquerschnitt. Mit diesem Maasse wird man
sich nach den Erfahrungen auf dem Eriecanal ziinachst begnugen konnen,
wenn die Fahrgeschwindigkeit nicht zu erheblich ist.
Von den Canalen, auf denen Dampfschifffahrt in erheblichem Maasse
getrieben wird, nenne ich die schwedischen Canalc, den Trollhatta-Gota-
canal, den Suezcanal undeinigeCanale der Mark-Brandenburg, den Finow-
canal, neuerdings den Oder-Spreecanal. Ueberall dort ist die Erfahrung
gemacht worden, dass dieGeschwindigkeit desDampfers ein gewisses Maass
erreichen kann wenn die Boschungen befestigt sind. Es wird dort, aller-
dings aufPersonendampfern, mit Geschwindigkeiten von 8 bis 10 Kilometer
pro Stunde gefahren. Fiir die Schleppdampfer mit grossen Schifl'en, wird
man solche Geschwindigkeiten nicht zulassen wollen; immerhin aber wird
man etwa 5 bis 6 Kilometer Geschwindigkeit pro Stunde, bei welchem der
Widerstand noch iiberwindbar ist, und bei welchen die Stromung und der
AVellenschlag noch massig ist, annehmen konnen. Wie sehr mit der Ge-
schwindigkeit der AYiderstand wachst, ergiebt sich daraus, dass pro Qua-
dratmeter benetzter Schifl'soberflache, allerdings nur nach gewissen Ver-
suchen im Eriekanal, bei 5 Kilometer Geschwindigkeit der Widerstand
1,12 Kg., bei 6 Kilometer schon 4,i9 Kg. und bei 9 Kilometer Geschwin-
digkeit 10,10 Kg., betragt. Trotzdem konnen wir ein gewisses Verhaltnis
des eingetauchten SchilTsquerschnitts zum Canalquerschnitt aus Kosten-
nayigation; il convient toiitefois de veiller a ce que la resistance des bateaux ne
soit pas trop grande. C'est cetto derniere consideration qui dicta au Congres
de Vienne sa resolution consistant a recommander de donner aux canaux inte-
rieurs une section transversale quatre fois plus grande que la section immergee
des bateaux. L'experience du canal Erie a montre que cette proportion pouvait
suflire quand la vitesse des bateaux n'est pas trop considerable.
PariTii les canaux sur lesquels la navigation a vapeur a une grande impor-
tance, je citerai les canaux suedois, le canal Trollhoetta-Goeta, le canal de
Suez et quelques canaux de la Marche de Brandebourg, le canal Finow et celui
de rOder a la Spree, de construction recente; sur tons ces canaux l'experience a
montre que la vitesse des vapours pouvait atteindre, sans inconvenient pour les
berges, une certaine importance lorsque celles-ci sont consolidees. On a pu
admettre, pour les vapeurs a voyageurs, des vitesses de 8 a 10 kilometres a
I'heure. Ces vitesses ne sauraient etre admises pour les vapeurs remorquant de
gros bateaux ; mais on pent leur donner des vitesses de 5 a 6 kilometres a I'heure,
avec lesquelles la resistance est encore surmontable, tandis que les vagues et les
courants restent moderes. Des experiences faites sur le canal Erie permettent de
se rendre compte de la facon dont s'accroit la resistance en fonction de la vitesse ;
ces experiences montrent que la resistance elant de 1 kilog. 1!2 par metre carre
de section immergee par une vitesse de 5 kilometres, elle prend successivement
les valeurs 'i^kilog. 49 et 10 kilog, 10 pour des vitesses de 6 et 9 kilometres.
Mais les considerations pecuniaires ne permettent pas de depasser une certaine
proportion entre la section transversale immergee du bateau et celle du canal, et
1" SECTION. — 2= STANCE. 9
riicksichten nicht uberschreiten und vielleicht ist 1 : 4 bei Binnencanalen
und 1 : 6 bei Seecanalen im allgemeinen ausreichend.
Das zweiteMittel bietet bessere Chancen, das Mittel, namlich die Ufer-
wande vertikal oder nahezu vertikal herzustellen, insofern es den Vortheil
bielet, dass die Welle sich regelmassiger entwickelt, als bei der geneigten
Wand. Ich babe vor einigen Wochen die Arbeiten des Nordostseecanals
besichtigt und dort die Beobachtungen gemacht, dass auf denjenigen
Boschungen, die bereits abgepflastert sind in eincrNeigung von etwa 1 : 2,
die Welle erheblich starker ansteigt als dort, wo augenblicklich noch im
Torfboden die Uferwandung vertikal ist.
Lassen Sic mich dasjenige, was auf den Briisseler Congress iiber die
Frage der TJferbefestigung durch Herrn Gioia, Commandeur und Ingenieur
zu Rom — ein Mitglied der zur Verbesserung des Suezcanals berufenen
Internationalen Commission — gesagl wurde, dem Wortlaut noch wieder-
holen (vergl. Proces-verbaux 5. Juin 1885, Pag. 9) :
« Bei unseren Untersuchungen iiber die Wirkung der Wellen haben wir
uns iiberzeugt, dass sich die Bewegung bis auf 2 Meter unter dem Wasser-
spiegel bemerkbar machen und dass sie sich nicht iiber 1 Meter iiber
diesem Niveau erheben. Sonach miissen die lifer hauptsachlich auf eine
vertikale Kobe von 5 Meter geschiitzt werden. Ausserdem haben ivir
hemerkt, class je mehr sich die Uferivande der Verlikalen ndhern, desto
iveniger heffig sind die Wasserbewegungen. »
cellos de 1 : 4 pour les canauxinterieurs et de 1 : 6 pour les canaux maritimes sent
suffisantes en general.
Le second moyen presente plus de chances de succes : retablissementdeberges
verticales ou a peu pres verticales a pour eifet de permettre aux vagues de
s'etendre d'une facon plus reguliere qu'avec les parois inclinees. J'ai visite, il y
a quelques semaines, les travaux du canal de la mer du Nord a la Baltique, et
j'ai pu y constater que les vagues soot beaucoup plus violentes sur les berges deja
pGur\aies de revetements avee rinclinaison de 1 : 2 environ que sur celles ou la
berge coupee dans la tourbe est encore verticale.
Permettez-moi de vous rappeler ce que disait au Congres de Bruxelles,a propos
de cette question de la consolidation des berges, M. le Commandeur Gioia, inge-
nieur a Borne et membre de la Commission Internationale pour I'amelioration du
canal de Suez. (Voir proces-verbaux,2 juin 1885, p. 9). « Nos recherches sur Fac-
tion des vagues nous ont conduit a cette conclusion que. I'agitation a laquelle
elles donnent lieu est sensible jusqu'a 2 metres de profondeur, et ne depasse pas
la hauteur de 1 metre au-dessus du niveau de I'eau; c"est done 5 metises de hau-
teur verticale de berge a proteger. Nous avom en oulre remarque que cette agita-
tion diminuait a mesure que les berges se rapprochaient de la verticalite. »
Dans la partie au-dessous de I'eau, la parol a peu pres verticale peut etre eta-
blie economiquement, et de la fagon la plus convenable, au moyen de revete-
ments en bois, comme cela a ete fait deja sur des canaux transformes. 11 est fa-
cile de battre une rangee de palplanches le long de rives deja construites; on peut
meme, en etablissant des batardeaux legers, poser le chapeau de la file de pal-
10 PROCES-VERBAIIX DES SfiANCES DES SECTIONS.
Man wird die nahezu verlikale Wand unterWasser voraussichllich durch
eine llolzkonstriiktion am billigsten und audi am zweckmassigsten her-
stellen konnen, wie dies in schon bestehenden Caniilen bereits geschehen
ist. Ein Bolilenwerk lasst sich in einem bestehenden Canal ohne Schwie-
rigkeit einrammen, es lasst sich sogar durch Aiifsetzen von leichten Fang-
dammen der Holm des Bohlenwerks dauernd iinter den niedrigsten
Wasserstand legen. Dagegen wiirde sich die Construktion iiber dem Wasser
aiis Holz wohl nicht bewahren wegen der schnellen Zerstorung. Ilier wird
man also zur Steinkonstruktion ubergehen. Nun sind derartige Konstruk-
tionen — und Sie finden sie in den Referatcn aller Herren mehr oder
weniger wieder — jetzt schon vorhanden so zwar dass iiber dem Wasser
die Steinboschung und unler dem Wasser die Holzwand sehr steil sind.
Die bedeutendston Erfahrungen in dieser Beziehung hat man in Holland
gemacht; es ist dies in einer VeroiTentlichung des Ingenieurs des Water-
staals, van Kerkhoff, speciell angegeben und zwar in der « Zeitschrift van
het Koninglijk Institut van Ingenieurs » im Jahrgang 1888-89. Ich kann
ihre Aufmerksamkeit, meine Herren, nur dringend auf diesen Artikel
lenken; Sie linden dort nichl nur die Construction der Canalbefesligungen,
sondern auch die Kosten, die Angaben der Wasserliefc, der Schiflsiau-
chung, u. s. w.
Wenn man nun auch bei Binnencanalen die nahezu senkrechte Wand
allenfalls bis zur Sohle des Canals durchfiihren konnte ohne gcrade sehr
bedeutende Kosten, so wird man dies doch bei Seecaniilen nicht anstreben
woUen; denn eine nahezu senkrechte Wand von 6, 7, 8 Meier Tiefc unter
Wasser, wird man, wenn sie nicht nolhwendig ist, ja nicht ausfuhren.
planches au-dessous du niveau de Tetiage. Par contre, au-dessus de I'eau, le
bois ne donne pas de bons resultats, a cause de sa destruction rapide, et Ton est
oblige de recourir aux revetements en pierre. Des constructions de ce genre exis-
tent des niaintenant (vous en trouverez des exemples dans tousles rapports), a sa-
voir, talus en pierre au-dessus de I'eau, parol en bois au-dessous, les deux tres
raides. C'est en Hollande qu'ont ete faites les experiences les plus importantes a
cet egard, et les resultats en ont ete consignes dans une note de M. van Kerkhoff,
ingenieur du Waterstaat, publiee dans le Zeitschrift van het Koninldijk Institut
van Ingenieurs de 1888-1889. Je ne puis qu'appeler tres vivement votre attention
sur ce travail ; vous y trouverez non seulement la description des travaux pour la
defense des berges avec la depense correspondante, mais aussi des indications
sur le niouillage, Tenfoncement des bateaux, etc.
Mais si Ton pent, sur les canaux interieurs, etablir sans depense excessive des
berges verticales ou a pen pres, descendant jusqu'au fond du canal, il n'en est pas
de raeme sur les canaux maritimes.On n'executeracertespas un nnu' presque ver-
tical de 6, 7, 8 metres de profondeur au-dessous de I'eau, si ce mur n'est pas ne-
cessaire; on limitera plutot la parol verticale a la profondeur ou se fait sentir
Taction des vagues, c'est-a-dire sur les canaux maritimes a 2 metres, et sur les
canaux interieurs a 1 metre au plus. II va de soi que, dans ce cas, la parol de la
berge doit etre stable. Or, les ouvrages executes en Hollande montrent que cette
1" SECTION. — 2'SfiANCE. . 11
Man wird vielmehr die senkrechle Wand beschranken auf diejenige Tiefe,
in der sich die Wellen bemerkbar machen, das ist bei Seecanalen ehva
2 Meier und bei Binnencanalen allerhochslens 1 Meter. Wird dus canal-
querprofil so hergcstelll, so muss die Ufcnvand selbslverslandlich slabil
sein. Die in Holland angefiihrten Werke ober zeigen, dass die Stabiiiliit
keine sebr bcdeutenden Dimensionen der Maiier erfordert, deshalb nicht,
^vcil ja der Erddiuck kein bedeutender ist. Wenn die Ufenvand bei dem
Binnencannl 50 Centimeter iiber dem Wasserspiegel liegt, so kann eine
etwa 60 Centimeter hohe Mauer keine grosse Slarke beansprnchen, urn
slabil zu sein. Beim Seecanal wurde das Maass etwa 1 Meter betragen, die
Mauer wiiidc also zwar starker sein mussen, immcrhin abcr doch nur
massig stark sciii. Zur Dichtung und Verstarkung der Mauer und Bohlwand
konnte man von dem in neuererZeit viclfach angewandten Miltel Gebrauch
machen, namlicli von dem Mittel der llinterbetlung mit Sandbeton und
zwar, wic ich annchme, ehva 30 bis 40 Centimeter slark. Sandbeton ist
beispielsweise beim Nordostsi-ecanal mit dem grosslen Erfolge angewandt
wnrclen — also der gewohnliche Beton, nur an Slelle der Steine Sand.
Man hat doit Belonplatten ausgefiihrt in Starke von 15 bis 20 Centimeter,
die, direkt auf die Boschung aufgeselzt, eine sehr solide Befestigung
ahgeben. Es lassl sich gegen diese Boschungen nicht das geringste ein-
wenden, Avenn es moglich gewesen ware, die Wand naliezu verlikal auszu-
(uhren. Das wird aber bei Belonplatten nur durch ei'hebliche Verstarkung
dcsselbe moglich sein.
Meine Herren, die Publikalion des hollandischen Ingenieurs van Kerkholl
giebt den Beweis, dass der Vorschlag, wie Sie ihn am Schlusse meines
Referats dargestellt finden, in der That dnrchfiihrbar ist; es ist eigentlich
stabilite peut etre oblenue sans donner de dimensions exagerees aux murs, parce
que la poussee des terres n'esl pas considerable. Si Ton suppose un canal oi'i la
berge soil a 0 m. 50 au-dessus du niveau de Teau, il est certain qu'un mur de
0 m. 60 a pou pres de hauteur n'aura pas besoin, pour etre stable, de presenter
une grande epaisseur. Sur les canaux maritimes, les murs devant avoir 1 metre
environ seront un peu plus forts, mais sans qu'il soil necessaire de leur donner
une epaisseur exceptionnelle. On pourra du reste augmenter la compacite et la
resistance des murset des revetements en palplanches en faisant usage du moyen,
souvent employe dans ces derniers temps, qui consisted les garnir en arriere avec
du beton de sable sur une epaisseur de 50 a 40 centimetres. Le beton de sable a
ete employe de cette facon sur le canal de la Ballique a la mer du Nord avec le
plus grand succes. On s'est servi sur ce canal de plaques de beton de 15 a 20 cen-
timetres d'epaisseur qui, posees direclement sur les talus, ont donne une defense
tres solide. Ce systeme ne laisserait place a aucune objection s'il permettait I'eta-
blissement de parois presque verticales ; malheureusement cela n'est possible que
moyennant un renforcement notable des plaques de beton.
Messieurs,la publication de M. I'ingenieur hollandais van Rerkhoff donne la preuve
que la proposition que vous trouverez enoncee a la fin de mon rapport est realisable
en fait. Je ne propose rien autre en realite que ce qui se fait en Hollande, avec
12 PROCES-VERBAUX DES SEMCES DES SECTIOiNS.
nichts anderes, als was man in Holland ausgefuhrt hat mit deni einzigen
Unterschiede, dass das Aufsteigen ein steileres ist : in Holland hat man 1 :
1/2 und 1 : 1/4, wahrend ich 1 : 0,1 vorschlage. Man wird also die Ufer-
wande immer solide konstruiren miissen; die Erfahrung wird sich sehr
bald gewinnen lassen, ob und welche Schwierigkeit erwachsen. In Holland
miissen diese Eifahrungen bekannt sein, weW man dort die Methode der
Herstellung der Uferwand unter Wasser aus Holz und iiber Wasser aus
Stein durchgefiihrt hat. Sie finden in der genannten Publikation auch die
Preise angegeben und diese sind nicht sehr iibermiissig. Wenn man sie
vergleicht mit den Preisen fiir die Arbeiten, die am Nordostseecanal
ausgefuhrt worden sind. so sind sie verhaltnissmassig sehr billig. Aller-
dings wird man durch die Yermehrung der Kosten liir die Befestigung der
Ufer die Pientabilital der Canale etwas beeinflussen ; aber die erste P.edin-
gung ist doch die, dass, wenn man ein Werk schafft, es auch gut ist, und
ich glaube, dass, nachdem die Nothwendigkeit vorliegt. die Ufer zu
befestigen, wenn man iiberhaupt mit starkerer Geschwindigkeit fahren
will, man auch dieser E')edingung entsprechen musse.
Es erubrigt noch die Frage zu beantworten ob nicht vielleicht die Kette
ein bequemeres Mittel sei, die Wellenbewegung zu vermindern? Der Wel-
lenschlag entsteht ja durch die Einwirkung der DampfschilTe, der Schraube
und der Rader. Bei der Ketle wiirde diese Ursache fortfallen. Aber
trotzdem ist die Kette meines Erachtens nicht wirtschaftlicii auf dem
Kanal. Die Kette ist, wie Sie wissen, nur wirksam und wirthschaftlich gut
in Fliissen mit starkem Gelalle; dort that sie ihre Dienste. Nun kOnnte
eingewendet werden dass : die Kette, trotzdem sie nicht wirthschaftlich
cette seule difference que je donne une pente plus raide a la berge; en Hollande
on prend 1 : 0,5 et 1 : 0,25 tandis que je propose 1 : 0,1. On augmenterait aussi
un peu la solidite jusqu'a ce que I'experienee ait montre les difficultes a eviter.
Cette experience est acquise en Hollande, car on y a applique la methode de con-
struction des berges en hois au-dessous et en pierre au-dessus de I'eau.La publi-
cation deja signalee donne les prix de revient, et vous pourrez voir qu'ils n'ont
rien d'excessif; ils sont meme tres reduits si on les compare auxprix des travaux
de meme nature executes sur le canal de la Baltique a la mer du Nord. II est
certain que I'execution de ces tra\aux de defense des berges influera sur les con-
ditions financieres de I'etablissement des canaux; mais quand on fait quelque
chose, il faut le faire bien, et pour nioi la consolidation des berges est une neces-
sile, surtout si on veut naviguer avec des vitesses un peu importantes.
II me reste encore a repondre a une question : le touage sur chaine ne serail-
il pas un moyen plus commode de diminuer I'agitation de I'eau? Le touage sur
chaine supprimerait en effet les helices et les roues dont le niouvement donne
Heu aux vagues ; pourtant je suis d'avis que ce systeme n'est pas economique sur
les canaux. Comme vous le savez, le touage sur chahie n'est efficace et econo-
mique que sur les fleuves a forte pente; la il rend des services. On pent objecter
sans doute que, bien qu'il ne soil pas economique sur les canaux, le touage sur
chaine n'en supprime pas moins des causes serieuses de degradation des berges ;
1" SECTION. - 2° SfiANCE. 13"
ist, die Uferangriffe vcrmeidel ! Darauf lasst sich envidern : dass zunachst
zii ermitteln sein wurde, welclie Kosten grosser sind, die Erhallung der
Kette oder dieVersinzung der Kosten fur die Befestigung der Uferboschung.
Was also gegen die Kette in diesem Falle spricht, das ist der Nachtheil
dass sie nur in einem monopolisirten Canal statlhaft erscheint, weil sie
den freien Verkehr behindert. Aus diesem Grunde wird auch von den
Mitteln, die in der neueren Zeit versuchsweise eingefuhrt sind, dem Seil-
betiieb und dem Lokomotivbetrieb , wahrscbeinlich ini Grossen kein
Gebraucb gemaebt werden, abgesehen von denjenigen Canalen, in denen
ein sehr bedeutender Verkehr besteht und in denen der ganze Betrieb in
einer Hand liegt, also in der Hand des Staates oder eines Unternehmers.
Meines Erachlens, meine Herren, muss die Schifffahrt frei sein, wenn sie
ihren Zweck ganz erfiillen soli. Yergessen wir nicht, dass ein Zweck der
Vcrwendung der Wasserstrassen darin besteht, einen Regulator bei Festset-
zung der Tarife des Einsenbahnverkehrs zu bilden.Hat derStaatdie bciden
Verkehrsmittel, Eisenbahnen und canale ganz allein in der Hand, so ist er
in der Lage, die Tarife so festzustellcn, wie es die Bediirfnisse des Budgets
verlangen, worunter ober die wirtschaftlichen Verhaltnisse der Binnen-
schiflTaahrt leiden konnen. Das ist nicht der Fall, wenn freie Schifffahrt
herrscht und die Freiheit der Bewegung besitzt. Dann ist derjenige Staat,
der die Eisenbahnen hat, gezwungen, sichnachdiesenTarifeneinzurichten,
wenn er nicht wirtschaftliche Verluste erlciden will. Mit Biicksicht hierauf
wurde ich niich fiir das Betrieb auf dem Canal entweder mil der Kette,
oder mit dem Seil oder mit Lokomotiven nicht erwarmen konnen.
Meine Herren, im iibrigen kann ich mich im Allgemeinen auf mein Rcferal
niais a cela je repondrai qu'il faudrait d'abord voir quel est le plus couteux de
I'entretien d'uiie chaine, ou de raniortissement des depenses faites pour la de-
fense des rives. Un autre inconvenient de la chaine, c'est de creer une sorte de
monopole en enipechant le trafic libre. C'est ce meme inconvenient qui empe-
chera la generalisation de I'usage des moyens de locomotion appliques dans ces
derniers temps a titre d'essai : traction sur cable, traction au moyen de locomo-
tives, sauf sur les canaux tres frequentes et dont I'exploitation est dans la meme
main, que ce soit celle de I'Etat ou d'une entreprise particuliere.
A mon avis. Messieurs, la navigation doit rester libre si Ton veut qu'elle rem-
plisse completement son objet. N'oublions pas que I'un des effets de I'utilisation
des voies navigables, c'est Taction regulatrice exercee sur les tarifs de chemins
de fer. Que I'Etat ait en mains les deux moyens de communication, et il pourra
regler les tarifs selon les besoins du budget, diit la situation ecjonomique de la
navigation interieure en souffrir. 1! n'en peut etre de meme quand la navigation
est libre; car I'Etat, qui possede les chemins de fer, est oblige de regler ces tarifs
d'apres ceux de la navigation s'il ne veut pas subir de pertes. Ces considerations
font que j'eprouve fort peu d'enthousiasme pour I'adoption des systemes de trac-
tion mecanique, chaine, cable ou locomotives sur les canaux.
Yous trouverez, Messieurs, dans mon rapport, des details sur quelques points
speciaux, en meme temps que des types de consolidation des berges executes a
14 PROCES-YERBAUX DES STANCES DES SECTIONS.
berichten, in solchem die einzelnen Punkte speciell erlautert worden sind.
Auf z"svei Planen sind dort die zum Zweck von Versuchen in Deutschland
eingefuhrten Canaliiferbefestigungen mitgetheilt, die indessenauch an dem
Feiiler kranken, an dem bisher ailc Canale kranken, dass die Ufer geneigt
sind, und ich meine, es ware an der Zeit, dass man dem Beispiele der hol-
landischen Canale folgte und molir zu senkrechten Uferwanden ubcrgingc.
Von diesem Gesichtspunkl aus erlaube ich mir,Ihnen den Antragzu unter-
breiten den Sie als Resolution in meinem Referate fmden und der folgen-
dermassen lautet :
Die Seklion empfiehlt zur Befesligung der Ufer in Canalen fiir grosse
Fahrgeschwindigkeiten.
1) Normirung des Canalquerprofils derartig, dass das Verhaltniss des
eingetauchten Schiffsquerschnitts zum henetzten Canalquerschnitt mindes-
tens fiir Binnencanale von 2 bis 2,5 Meter Wassertiefe = 1:4 und fiir
Seecanale = 1:6 betragt, und
2) Herstellung widerstandsfahiger, sicher fundirter, verticaler, oder
naliezu verticaler Uferwande, welche unterhalb des Wasserspiegels bis zu
derjenigen Tiefe hinabragen, in der sich die Wellenbewegung vorzugsweise
geltend macht, und den Wasserspiegel soweit iiberragen, dass ein Ueber-
schlagen der Wellen auf die obere Boschung des Ufers oder auf die Berme,
falls solche vorhanden ist, nicht eintreten kann.
Meine Herren, es ist nur ein Vorschlag, den ich Ihrer Erwagung unter-
breite. Bitte, verbessern Sie ihn, wenn Sie aber glauben, dass er zur Aus-
fuhrung nicht geeignet sei so lehnen Sie ihn ab. (BeifalL)
M. LE President. — Vous venez d'entendrc I'exposequeM. Schlichting vient
litre d'essai en Allemagne. Ces types presentent la defectuosite que Ton re-
trouve jusqu'ici sur tous les canaux : liiiclinaison des berges. Je pense qu'il serait
temps de suivre I'exemple des llollandais et d'en venir aux berges verticales,
et j'ai I'honneur de vous soumettre la resolution suivante enoncee dans mon
rapport :
La Section recommande pour la defense des berges sur les canaux oil la cir-
culation est rapide :
1° Le choix du profd en travers du canal de maniere que le rapport de la
section immergee des bateaux a la section moiiillee du canal soit au moins egale
a I : 4 pour les canaux interieurs de 2 metres a 2 m. 50 de tirant d'eau, et a
1 : 6 pour les canaux maritimes.
2'' L'etablissementde berges resistantes, solidement assises, verticales oupresque
verticales s'etendant au-dessous de I'eau jusqu'a la profondeur ou Paction des
vagues se fait surtout sentir, et s'elevant au-dessus du plan d'eau a une hau-
teur suffisante pour que les vagues ne puissent atteindre le talus superieur de la
de la berge ou la berme, s'il en existe une.
Messieurs, ce n'est qu'une proposition que je vous soumets. Ameliorez-la, je
vous en prie, et si vous pensez qu'elle ne soit pas realisable, repoussez-la. [Applau-
dissemenU.)
\" SECTION. — 2^ SEA>'CE. 15
de faire de son rapport, ainsi que ses conclusions definitives. Je vais, en con-
sequence, ouvrir la deliberation sur ces conclusions; la parole est a M. Pes-
lin sur le premier point, savoir la dimension du profil en travers du canal,
el la proportion qui doit existerentre la section mouilleedu canal et la sec-
tion immergee des bateaux.
M. Peslln. — Les chiffres donnes par M. Schlichting me paraissent avoir
etc parfaitement raisonnes, mais je crois qu'il est difficile d'arreter des
chiffres aussi precis. II est evident que, d'une fagon generale, la section
mouillee des canaux doit etre aussi considerable que possible.
Dans beaucoup de canaux, en France, la section mouillee n'est que de
trois fois la section des bateaux completemenl immerges, et I'experience
prouve qu'avec cette disposition la navigation pent se faire dans de bonnes
conditions. 11 vaudrait mieux evidemment que la section mouillee fut 4, 5
ou 6 fois plus grande que la section immergee, et il est certain que la pro-
portion doit etre encore plus considerable sur les canaux ou les bateaux
marchent a une vitesse plus grande.
Mais il me parait bien difficile, pour ma part, de donner a priori des
conclusions aussi precises que celles de M. Schlichting, de dire par exemple
qu'au-dessous de la proportion de 1 a 4 la solution est mauvaise. II faut
que le canal soil aussi profond que possible, mais il y a la une question de
depenses.
Quand un canal est a petite section on pent regler ensuite la dimension
et la vitesse des bateaux, de fagon a obtenir la proportion voulue. mais je
ne pense pas qu'on puisse donner des chiffres absolus, et j'estime qu'on ne
doit pas prendre a cet egard de decision fermc.
M. Schlichting. — Nous avons deja, a Yienne, discute cette question des
canaux de navigation interieure, en nous basant sur les experiences qui ont
ete faites en Amerique, et nous en avons conclu que la proportion de 1 a 4
serait preferable pour les canaux de navigation interieure, et celle de 1 a 6
pour des canaux maritimes.
Nous avons elabli nos chiffres sur la foi des experiences faites, et d'ail-
leurs, si nous ne donnions pas des chiffres, ce debat n'aurait aucune
valeur.
Vous avcz ditquevous avez en France des canaux construitsdans la pro-
portion de I a 5, mais cette proportion est bien faiblepourla grande vitesse.
M. Peslin. — Cela depend evidemment de la vitesse; il vaut mieux avoir
une proportion plus considerable. Mais surnos canaux ou la proportion est
de 1 a 5, nous avons une vitesse qui varie de 2 kilometres et demi a 3 kilo-
metres a I'heure : et cela nous suflit.
M. Schlichting. — Je ne parle aussi que de la grande vitesse, et non des
canaux moins impoi tants. 11 faudrait le preciser dans nos conclusions.
M. LE President. — II faudrait alors ajouter a vos conclusions qu'elles ne
s'appliquent qu'aux canaux sur lesquels les bateaux circulent avec une
vitesse de 5 a 6 kilometres.
16 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
M. ScHCENDORFFER. — Je me rallie aux reserves qui ont ete presentees par
M. Peslin, mais pour des raisons differentes.
Les chiffres qui ont ete adoptes au Congres de Vienne et qui ont ete main-
tenus ici sont bases exclusivement sur les experiences faites sur le canal
Erie. Ces experiences n'ont pas ete. soumises a une critique suffisante,
et elles sont uniques. Je crois done que la question de la profondeur des
canaux comparee a la vitesse des bateaux est en ce moment a I'etude en
France. Le fruit de ces etudes, qui est le resultat de nos deliberations dans
les Congres, sera un element qui nous permettra de tixer des chiffres avec
plus de precision qu'il ne nous est possible de le faire maintenant.
M. LE President. — Personne ne demande plus la parole?...
Je vais resumer les opinions qui se sont fait jour et qui ne me parais-
sent pas bien divergentes.
M. Peslin reconnait que les chiffres indiques par M. Schlichting sont
tres rationnels et tres defendables : seulement il fait des reserves en disant
que sur les canaux ou les bateaux ne marchent pas a grande vitesse, il
n'est pas absolument necessaire d'employer la proportion indiquee.
M. Schlichting convient qu'on pent adopter la proportion indiquee par
M. Peslin entre la section mouillee et la section immergee, sauf a regle-
menter la navigation comme le propose M. Peslin.
Nous mentionnerons cette proportion comme rationnelle, mais n'ayant
qu'un caractere relatif, et comme devant etre subordonnee a la vitesse des
bateaux. Nous n'attribuerons pas a la conclusion un caractere absolu.
Est-ce que, presente sous cette forme, ce premier point souleve des
objections?
M. Yanderlinden. — Je voudrais tout a I'heure presenter quelques objec-
tions concernant la seconde question, mais il me sera pour cela necessaire
de rentrer dans la premiere question, et je vous en demande des mainte-
nant I'autorisation.
M. LE President. — 11 n'y aura aucun inconvenient a cela. Nous abor-
dons precisement la seconde question, et je vous donne la parole.
M. Vainderlinden. — Messieurs, pour contribuer a elucider les deux points
que M. Schlichting vient de soumettre a nos deliberations, je voudrais
vous faire part de quelques constatations que j'ai eu I'occasion de faire
sur la partie beige du canal internalional de Gand a Terneuzen.
En vue de vous permettre de bien comprendre mes explications, je vous
dirai quelques mots au sujet de cette voie navigable, et du mode employe
pour reparer les erosions de ses berges.
Sur la section beige, elle presente un mouillage de 6 m. 50, une largeur
de 17 metres au plafond et de 56 metres a ligne d'eau.
D'une fa^on normale, des bateaux de mer de 5 m. 50 de tirant d'eau et
11 m. 50 de largeur peuvent arriver jusqu'a Gand. La difference enire le
mouillage du canal et le tirant d'eau pratique des bateaux (de 6 m. 50 a
5 m. 50) resulte de cette circonstance que le seuil de Peel use de Terneuzen
1" SECTIOX. — 2= SEANCE. 17
est trop elcve pour perinettre, eu egard a I'altitude normale des marees
hautesdansrEscaiitoccidentalence point, untirantd'eausuperieuraom. 50.
Des que la navigation a vapeur a pris de Textension, on a reconnu la
necessite de consolider les berges. Les moyens qui ont ete employes ces
dernieres annecs pour restaurer les erosions de celles-ci, consistent a
battre a la ligne de flottaison, plus ou moins jointivement, une file de
vieilles billes de chemins de fer arasees a 0 m. 10 environ au-dessus du
plan d'eau, a couler, derriere celles-ci, une couche de briquaillons de
0 ra. 50 a 0 m. 40 d'epaisseur, et a placer sur cette couche, suivant le
talus du canal incline a 5 sur 1, des blocailles de Lessines pesant 10 a
60 kilos. Ces blocailles s'etendent jusqu'a 1 metre (mesure suivant le
talus) au dela de la file des billes, et le talus superieur est consolide par
un gazonnement a queue surmonte d'un gazonnement a plat.
Ces travaux ont ete commences en 1885 a titre d'essai, et poursuivis
regulierement jusqu'a cc jour. Leur prix de revient est tres avantageux.
En 1888 ils ont coiite, par metre courant, 12 fr. 71: en 1889 et en
1890, 11 fr. 44: et en 1891, 15 fr. 85.
Malheureusement, cet avantage est contre-balance par le defaut de
solidite, et j'ai, pour ma part, de tres grandes apprehensions au point de
vue de la duree de ce travail.
Des 1889 j'ai constate personnellement qu'en divers endroits les billes
etaient poussees vers le canal jusqu'a 1 metre en dehors de I'alignement
primilif, que les blocailles de revetement etaient descendues a 0 m. 20
au-dessous du niveau de I'eau, et que deniere les billes existaient des
nappes d'eau atteignant jusqu'a 2 metres de largeur. Pour prevenir, en
certains points, la mine complete de ce mode de consolidation, on a dii
couler des enrochements a pierres perdues devant et derriere les billes.
Voici d'aillcurs comment ces effets sont produits :
Lorsqu'un steamer passe avec une cerlaine vitesse, il se produit dans
la nappe d'eau, au droit du navire, une denivellation tres prononcee, suivie
tout aussitot d'une vague puissante qui vient deferler sur les talus. Un
courant impetueux creuse le, sol devant les billes et entraine le sable de
derriere celles-ci. II se produit ainsi devant les billes un dechaussement
qui pent en certains cas atteindre 1 m. 50 de hauteur: d'autre part, les
briquaillons et blocailles descendent graduellement.
De ces constatations je conclus, Messieurs, que des qu'on oppose a la
vague une paroi verticale. il est indispensable de lui donner une tres
grande resistance. II nc me parait pas que le type presente par M. Schlich-
ting reponde a cette condition.
Passant a I'examen du type de defense des berges d'un canal maritime
propose par M. Schlicliting, je dirai, Messieurs, que ce type offre, selon
moi, I'inconvenient de presenter des saillies sur la surface du parement. II
en resulterait des troubles dans le mouvement de la vague, lesquels
pourraient provoquer des degradations serieuses.
2
18 PROCRS-VERBAUX DES STANCES DES SECTIONS.
L'importance de celles-ci serait d'autant plus grande que le baltage des
palplanches laisserait plus a desirer.
Ce n'est pas, Messieurs, que je condamne d'une faQon absolue la parol
vei'ticale ou legerement inclinee. Loin de la ; mais j'estime qu'il n'y a lieu
d'y recourir que quand il n'y a guere moyen de faire autrement, notarn-
ment pour consolider les berges d'un canal existant.
A ce sujet je ferai connaitre que sur la partie neerlandaise du canal de
Gand a Terneuzen on vient d'adjuger, a litre d'essai, 720 metres courants
de consolidation de berges a effectuer suivant ce systeme. Seulement on a
pare a I'inconvenient auquel j'ai fait allusion plus haul en supprimant
toute saillie sur la surface dc devant du revetement : on n'a prevu qu'unc
ligne de palplanches de 75 millimetres d'epaisseur, reunies a la hauteur
du plan de flottaison par une moise, le tout retenu de distance en distance
par des pieux d'ancrage. Suivant un developpement vertical de 50 centi-
metres, a compter de la moise, le talus est consolide a I'aide d'un pavage
en briquaillons.
Au point de vue de la depense, je ferai observer que ces travaux sont
eslimes a 55 francs le metre courant, soil 10 francs de plus que la somme
indiquee par M. Schlichting, alors que les travaux projetes en Holiande sont
moins importants que ceux proposes par M. Schlichting.
S'il s'agit d'un canal a construire je considererais comme plus avanta-
geux de consolider des berges avec des perres ma^onnes. Ceux-ci presentent
cet avantage d'offrir une surface sur laquelle la vague provoquce par le
passage du steamer peut se developper, perdre sa force vive, puis retom-
ber dans le canal sans avoir cause aucun dommage sensible.
D'ailleurs il me parait que la description de M. Schlichting, du mouve-
ment des vagues au passage d'un navire marchant a grande vitesse, est
quelquepeu erronee.
II n'y a pas d'une fa(;on appreciable des courants en sens contraire et
des vagues qui se heurtent; il n'y a, au point de vue qui nous occupe,
qu'une vague, provoquee par une denivellation se produisant au droit du
navire et qui est plus ou moins grande, suivant la vitesse du navire et le
rapport de sa section immergee a celle du canal.
Cette vague, tres puissante parfois, produit, des qu'elle rencontre une
parol verticale, les effets que j'ai Indiques tout a Theure, alors qu'elle
s'epanouit sur un plan incline sans provoquer de dommages appreclables.
Je voudrais maintenant vous rendre compte, tres succinctement, de quel-
ques experiences de navigation auxquelles, de concert avec mon collegue,
M. ringenieur Lefebvre de Bruxelles, je me suis livre sur le canal dont je
vlens de vous entretenir.
Ces experiences out cMe faites a bord d'un cargo-boat, le « Sea Belle »,
dont la construction date de 1889. Ce navire presente 61 metres de longeur
et 8 m. 90 de largeur, le creux de cale est de 5 m. 80 et le lirant d'eau, a
pieine charge, est de 12 pieds a I'avant et de 14 pieds et demi a I'arriere.
\" SECTION. _ 2- SEA.NCE. ,j
11 file, en pleine mer, 12 nceuds a I'heure. Pendant „«s experiences le
nav„.e ela, mcomplelemenl charge ; il calait a I'avant 10 pieds a I'arr e e
lo p,eds, et son chargement etait de 370 lonneaux. alors que on tonna'e
max,mum s'elevc a 425 tonneaux. D'apres les declarations du capi taTe °n
Le rapport de la section mouillee du canal a la section immer.ee de ce
baleau^eta.t au moment des experiences de 1 a 8.2, rapport qui p^rait uS
-\o»s avons successiyement fait marcher le bateau a des vitesses dilTe
rentes, en notant chaque fois le nombre des tours de la machine la pr!
.on de la chaud.ere, de maniere a nous rendre compte de la pui sance
developpeeiNous avons egalement releve les distances parcouru s e, e
temps employe a les parcourir. ce qui nous a donne la vites e >
seconde. viies^e pai
Alapremiereexperiencelebateaumarchaitarallurede «Fullspead» c'est
a-due adm,ss,on pleine de vapeur. Cest a celte allure que le baletu wc '
en mer; ,1 d veloppe alors 610 chevaux de force, son helice t 60 t nr
par mmu e el la prcss.on des chaudieres est de 160 livres par pouce car"
P.ous n avons pas pu nous placer tout a fait dans les m/mes c di 1 T
le cap,ta,ne n osant pas mettre les chaudieres sous lenr pression m la
^ anmoms nous nous sommes approches sensiblement de ces cond Z'
ar hehce tournaU a 83 tours el la pression de la chaudiere 'l ail d^
loo hvres par pouoc carre. Dans ces conditions la force developne p r a
mach,ne est de 572 chevaux; soil 38 chevaux de moins ,i!lZll
JLlTZZTf:'' alors a raison de 3 m. 60 par seconde ou 13 kilo-
Trande vilesse ' ""' "" '" " """"'' ^^'' P""'' "" -"»'• "- "-
A la deuxiemc experience, Ic bateau a marche a I'allure « Halfspead .
ces -a-d,re demi-admission de la vapeur; le nombre de tours de I'hclice
cta>l de bo par mmule et la pression dans les chaudieres de 14" livre ' nar
pouce carre; la force developpee par la machine etait de 454 ehev"ux ef a
Vitesse du bateau egale a 3 ni. 53 par seconde.
A 1 allure « Slow » (admission moderee de la vapeurl de la troisieme
experience, ces divers elements elaient : F ; ™ la tioisitmt
Nombre des tours de rWlice par minute
Pression de la rapeur en livres par pouce carre
Force developpee par la machine
Vitesse du steamer par seconde
45
142
5i8ch.
2 in. 92
avec une press," , de 14 " I Vet ", T",' """'■ '' '"' '^^"*™"«^ ^ "' ' =« =«"' f"il«
enooresoLforpt:st';;r;:*d?;:\"::;:r:."^"^'''''^'^''''"'''"^'-^'»-"
20 PROCES-YERBAUX DES STANCES DES SECTIONS.
Pour line 4*^01 une 5' experience respectivement a Tallure de « Fullspead »
et « Halfspead », nous avons releve :
4° Experience 5° Experience
Fullsjiead. Halfspead.
iNombre de tours de I'helice par minute 60 52
Pression de la vapeur en livres par pouce carre 152 152
Force developpee par la machine 585 ch. 552 ch.
Vitesse du steamer par seconde 5 m. 55 5 m. 50
Vous me permettrez. Messieurs, de faire ressortir quelques resullats de
ces experiences. La 5*^ et la l"' se sont faites sensiblement dans des condi-
tions de pression de vapeur en rapport avec les allures adoptees. Ces expe-
riences montrent qu'alors que la force developpee passe de 552 chevaux
a 572 chevaux, soit une augmentation de Co pour 100, la vitesse ne s'est
accrue que de 5 pour 100.
Les experiences 3 et 2 ont eu lieu avec une pression de vapeur superieure
a celles des allures experimentees, mais egale pour les deux cas; les
resultats peuvent done etre compares. On constate que pour passer de fai-
lure « Slow » a « Halfspead » la force developpee s'est accrue de 518 a
454 chevaux (45 pour 100 d'augmentation environ), et que la vitesse
a augmente de 22 pour 100 en passant de 2 m. 92 a 5 m. 55 par se-
conde.
Si maintenant nous mettons en regard les resultats des experiences 5 et
2 se rapportant toutes deux a Failure « Halfspead », mais avec des pres-
sions tie vapeur differentes, nous trouvons des forces developpees de
352 chevaux et 454 chevaux (augmentation de 29 pour 100) et des vitesses
de 5 m. 50 et 3 m. 55 par seconde ne differant que de 1,4 pour 100.
A premiere vue ces resultats etonnent et paraissent inexplicable^ ; ils se
justifient cependant aisement par le mouvement deseaux dans le canal au
moment du passage du navire.
Lorsque celui-ci prend I'allure « Fullspead », on observe qu'uiie forte
denivellation se produit sur les talus a peu prcs au droit de la poupc du
bateau et qu'une vague tres accentuee suit a quelques metres derriere ;
cette denivellation et cette vague sont telles que les talus sont complele-
ment decouverts sur 4 a 5 metres a partir des lignes de vieilles billes en
bois dont j'ai parte tout a I'heure ; de plus, un courant intense se produit
le long de ces billes et les eaux jaillissent au-dessus de celles-ci et viennent
ballre vivement les blocailles deposees sur le talus.
Le ressaut que Ton remarque en avant de la vague depasse 0 m. 75 et
atteint meme, a certains moments, 1 metre a 1 m. 25.
A Failure « Halfspead », la denivellation dont je viens de parler se
manifeste vers le milieu du navire et la vague suit immediatement derriere
la poupe de celui-ci; bien que cette denivellation et cette vague n'aient
plus la meme inlensite que dans le premier cas, ellessont encore trop im-
1" SECTION. — 2' SfiAiXCE. 21
porlantes pour que. sans danger, la machine puisse conserver cette allure
pendant longlemps.
A Failure « Slow », la denivellation et la vague diminuent notablement,
et se reduisent a un batillage Ires prononce le long des lignes de billes
limitant le plan d'eau.
Les mouvements des eaux dont il vient d'etre question expliquent I'ano-
malie qui, a premiere vue, semble exister entre les vitesses accusees pour
les diflerentes allures du navire; lorsque celui-ci marche a « Fullspead »
ou a « Halfspead », sa poupe est au milieu d'eaux tres agitees et les courants
qui se produisent annihilent les effets de propulsion de I'heliee, quelle
que soit la vitesse rotative que celle-ci prenne.
L'agitation des eaux vers le derriere du navire est telle que le gouvernail
fmit meme par elre sans action sensible sur le bateau; celui-ci irait cer-
tainement se jeter sur les talus si ces allures de marche etaient main-
tenues.
Si maintenant nous comparons la vitesse prise dans le canal par le
steamer a Tallure de « Fullspead » de la premiere experience a celle qu'il
prend a la memo allure en pleine nier, nous constatons que dans le canal
il a marche avec une vitesse de 7 noeuds a I'heure alors qu'en pleine mer
il filerait, dans les memes conditions de chargement et de pression,
12 noeuds 28 ; c'est-a-dire que dans un canal dont la section mouillee est
plus de 8,2 fois superieure a la section immergee du bateau, il y a une
diminution de vitesse de 5 noeuds 28, soit de 43 pour 100.
Ceci prouve. Messieurs, que dans lescanaux maritimes, tels qu'ils sont
generalement etablis, la vitesse maximum des bateaux a vapeur reste nota-
blement au-dessous de celle qu'ils peuvent prendre en pleine mer.
D'autre part, il y a une vitesse minimum que ces bateaux doivent pou-
voir prendre (environ 5 noeuds a I'heure selon nous) pour s'assurer en tout
temps, dans un canal, une bonne navigation.
C'est en partant de cette derniere vitesse, et en se basant sur des expe-
riences dans le genre de celles dont je viens de vous enlretenir, qu'il con-
viendrait, a notreavis, de determiner le rapporl a assigner entre la section
transversale mouillee de la voie navigable et la section immergee des
bateaux a vapeur au maitre-couple.
M. LE President. — Yous admettez neanmoins les conclusions qui ont ete
preeedemmentenoncees, tout en disant qu'il y a des etudes a faire au sujet
de la proportion qui doit exister entre la section mouillee des canaux et la
section immergee des bateaux, pour permettre aux navires de mer d'y deve-
lopper le plus possible leurs moyens.
M. Yanderlenden. — Parfaitement! Je suis de I'avis des orateurs qui m'ont
precede.
M. LE Presideint. — M. Schlichting reconnait du reste le bien fonde de vos
observations. ^
Sur le second point, vous avez indique que les parois verticales parais-
22 PROCES-VERBAUX UES SEANCES DES SECTIONS.
saient avoir des avantages serieux, surtout qiiand on les applique a la
transformation d'un canal existant pour y faciliter la navigation a grande
vitesse. Mais vous faites des reserves en ce qui concerne I'applicalion du
profit indiqne par M. Schlichting a la construction d'un canal neuf. Vous
dites que, pour un canal neuf on Ton a ses coudees tranches, vous pre-
ferez un talus incline avec des perres ma^onnes faisant I'effet d'un brise-
lame.
Telles sont, Messieurs, les conclusions de M. Vanderlinden.
II fait encore d'autrcs reserves sur le second point des explications de
M. Schlichting. 11 reconnait que son systeme est tres rationnel, mais il
observe que la construction des parois verticales enirainerait de grandes
depenses, que, de plus, en realite les parois verticales, par suite du ressac
produit par les vagues et de la poussee des terres, sont versees en avant et
se couchent.
Je fais remarquer du reste que les conclusions qui viennent d'etre posees
prouvent d'une fagon tres-nette que la question du rappoit entre la section
niouillee des canaux et la section immergee des bateaux n'est pas du tout
elucidee.
On propose a la section d'emettre le voeu suivant :
« Que des experiences soient faites dans les difterents pays pour com-
« pletcr et etendre au besoin les resultats et les consequences de celles
« faites sur le canal Erie, en vue de determiner les relations qui existent
« entre la vitesse, I'elfort de traction et la section du bateau d'une part,
« et d'aulre part la section mouillee des canaux. »
M. DE Raeve. — II est bien entendu que ce vceu s'applique surtout a la
marche des steamers. Les experiences qui ont ete faites sur le canal Erie
ont porte sur les bateaux de faible tonnage, tandis que nous nous preoc-
cupons surtout en ce moment de la navigation sur les canaux mari-
times.
M. Peslin. — Mais il est interessant aussi d'etudier la question en ce qui
concerne les canaux non frequentes par les steamers.
M. LE PisEsiDEiNT. — 11 faudrait alors ajouter a la proposition qui vient
d'etre lue I'indication que ces experiences devront etre faites a differentes
vitesses des bateaux, tant sur les canaux interieurs que sur les canaux
mari limes.
Je reviens maintenant au second point sur lequel nous ne nous
sommes pas encore prononces, et sur lequel M. Vanderlinden a etabli des
reserves.
M. Vanderlinden, tout en admetlant dans une certaine mesure le prin-
cipe pose par M. Schlichting, dit que quand on eonstruit un canal neuf et
qu'on a la libre disposition de son plan, il y aurait le plus souvent avan-
tage a faire des berges inclinees sur lesquelles les vagues produites par
les navires en marche viennent mourir.
M. DE Raeve. — M. Vanderlinden a envisage le cas d'un canal ou on ne
1" SECTION. — 2* Sfi-OCE. 25
peut pas fa ire de chomages ni d'abaissements dii plan d'eau. C'est dans ces
condilions exceptionnelles qu'il admet le systeme qui est preconise par
M. Schlichling et. qui a ete employe a Terneuzen. Dans ce cas on se tire
d'affiiire comme on pent, mais le systeme n'est pas recommandable quand
on construit un canal ou lorsqu'on dispose du chomage.
II vaut mieux. dans ce cas, elablir des perrcs, et consolider les talus
inclines.
Hcrr Reverdv. — Mcine Herren, ich mochte mich audi den Bedenken des
Herrn Yanderlinden anschliessen. Es ist zu bedenken, dass, -vvenn dieBefes-
ligung des Ufers in senkrecliter Weise vorgenommen wird, auch die Bodenar-
ten, die hinter dieser Bel'estigung sind, einigermassen in vertikaler Boscliung
stehen miissten. Es ist bei dem Vorsclilage des Herrn Professor Schlichting
durchaus keine Befestigung hinter dieser sehr schwachen Mauer ange-
nommen,und diese hat an der Riickseite ebenfalls eine nahezu senkrechte
Boschung. Daraus folgt, dass, falls die Mauern in sandigem Terrain aus-
gefiihrt sind, sie denjenigen Zerstorungen ausgeselzt sein werden die Herr
Van der Linden Ihnen vorhin auseinandergeselzt hat. Die Bewegung der
Welle wird den Sand veranlassen, durch die horizonlalen und vertikalen
Fugen auszutreten, mehr als hinter einer geneigten Boschung. Sie finden
in den Protilen, die Ilerr Peslin Ihnen vorgelegt hat, unter }sr. 5 unter einer
Boschung, die 1 : 1 geneigt ist, noch eine Unteri)ettung, die man oftenbar
fiir nothig gehalten hat, um das Aussagen des Sandes aus den Boschungen
zu verhindern. Hinter einer vertikalen Mauer wiirde bei Sandboden diese
Art der Befestigung noch viel nothwendiger sein, als hier schon angezeigl
ist. Dadurch werden aber die Kosten der Ausfiihrung bedeutend grosser
werden, und es wird sich fragen, ob statt der Kosten dieser Verstarkung
der Befestigung nicht Kosten dafiir aufgewendet werden sollen, dass man
M. Reverdv. — Messieurs, je voudrais m'associer a I'objection de M. Yander-
linden. Si la consolidation des berges est faite enleur donnantuneparoi verticale,
les terres qui se trouvent derriere devront se maintenir aussi dans une certaine
mesure verticalenient. Dans le type propose par M. le Professeur Schlichting,
aucunemesure deconsolidation n'est prevueen arriere du murtres-faibleforniant
revetement, et la face posterieure de ce mur est egalement a peu pres verticale.
11 en resulte que, si le mur est etabli dans un terrain sablonneux, il sera expose
aux actions destructives que M. Yanderlinden enumerait tout a I'heuredevant vous.
Le mouvement des vagues entrainera le sable a travers les joints horizontaux ct
verlicaux bien plus qu'wec un talus incline. Yous pouvez voir que le n" 5 des profils
presentes par M. Peslin dans son rapport comporte, malgre un talus incline 1 a
1, une fondation que Ion a toujours jugee nccessaire pour empecher I'affouille-
ment du sable des talus. Ce moyen de consolidation deviendrait bien plus neces-
saire encore derriere un mur vertical, et il en resulterait une augmentation con-
siderable des depenses, de sorte que Ton peut se demander si la depense resul-
tant de ce renforcenient des consolidations ne seraitpas employee plus utilement a
Padoucissenient des talus.
24 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
in Einschnitten, die keine grosse Tiefe haben, die Boschung flacher macht.
Ich l)in also der Meiiuing, dass wir uns nicht von vorn lierein fiir senk-
rechte Maiiern aussprechen diirfen; denn die Frageder Kosten wird insehr
vielen Fallen entsclieiden miissen, ob man senkrecbt gelien kann untcr
Vermehrung der Kosten oder Uferdeckungen, oder ob man nicbt besser
that, die Boschiingen flacher zu machen und die Erdarbeiten zu ver-
meil ren.
Herr Professor Schmchting. — Meine Herren, ich babe vorausgesetzt,
dass Eimvendungen gegen meine Vorschlage der Ulerliefesligung erho-
ben werden wiirden, muss aber doch daranf binweisen, dass die beiden
Herren Vorredner zum Tbeil von irrtbiimlicben Yoraussetzungen ausge-
gangen sind. Herr Reverdy glaubt, dass die Ufermauer nur dann stabil
sein wLirde, wenn der dahinter liegende Sand in einer dem Boschnngs-
verhaliniss des Bodens entsprechender Weise abgebosclit sei und hat auf
die Zeichnung Nr. 5 des Peslin'schen Referats hingevviesen, wakrend
doch die Zeichnung Nr. 7 eine viel steilere Boschung und zwar von etwa
1 :J/4 bcsitzt.
Ein weiterer Irrthum des Herrn Reverdy besteht darin, dass er die von
mir angenommenen Sandbetonirung hinter der Ufermauer ubersehen hat.
Es steht ausdriicklich in meiner Zeichnung Fig. 19 « Hinterkleidung mit
Sandbetou)). Es kommt aber auf meine Projectskissen gar nicht an, denn Sie
finden in der vorgeschlagenen Resolution kein Wort von der Konstruktion
selbst ervvahnt, es ist vielmehr dort nur vom Princip die Rede dass fiir
Canale die vertikale oder nahezu vertikale Uferwand das Rationellste sei.
Um Weileres handoll es sich nicht.
Je suis d'avis, en consequence, que nous ne devons pas nous prononcer a pnori
pour les murs verticaux, car, dans la plupart des cas, e'est la question de depeoses
qui decidera si Ton peut etablir des murs verticaux en augmentant les frais de
revetement des berges, ou si on ne fera pas mieux d'adopter des talus plus doux
et d'augraenter les terrasseraents.
M. ScHLiciiTiNG. — Messieurs, je pensais bien que mes propositions pour la
consolidation des berges souleveraient des objections, mais je dois dire que les
deux orateurs qui m'ont precede s'appuient en partie sur des hypotheses erronees.
M. Reverdy croit que le mur de revetement ne sera stable qu'autant que le sable
qui se trouve derriere aura un talus correspondant au talus naturel du sol, et
it nous cite le profd n" 5 du rapport de M. Peslin; mais il y a dans le meme rap-
port un autre profit (n" 7) avcc un talus beaucoup plus accentue et presentant
un fruit de 1 : 4.
Une autre erreur de M. Reverdy, c'est qu'il ne tienl pas compte du betonnage
que je propose d'etabhr en arriere du mur, et qui est indique expressement sur
mon dessin fig. 19 : « Revetement posterieur avec beton de sable ». S'il n'en est
pas parte dans le texte des resolutions proposees, c'est que dans ce texte il n'est
nullement question du mode de construction, et qu'il ne s%git*t[ue du principe :
pour les canaux, la berge verticale est la plus rationnelle ; il n'est pas question
d'autre chose.
1" SECTION. — 2- SEANCE 25
HeiT Yanderlinden hat darauf hingewiesen, dass in Holland die ausge-
fuhilen Uferdecke andere seien, dass sich die vertikale AVand nur erstreckt
bis zum AVasserspiegel, dass nur oberhalb eine Abdeckung mit Steinen
eingetreten sei. Alles das trifVt aiich zu fiir das angegebene Profil, elienso
bezugiicb der Kosten, dass namlich die von mir angenommenen Kosten
geringer seien als in Holland. Was Herr Yanderlinden sagte trifFt aber
nicht zu. Wenn Sie auf Seile 16 des Textes in meinem Referat angegebene
Arl der Befestigung in der Binnen-Aa betrachlen, dort werden Sie linden :
Bolilen von 3,50 Meter Holie, 7 Centimeter Starke, Neigung von 1 : i/2,
Pfahle von 5,25 Meter Lange, also langer als in meinem Project ange-
iiommen sind, und dariiber eine Mauer in Ziegeln von 1,80 Meter Hohe,
wiihrend bei mir nur ehvas iiber 1 Meter angenommen ist in der Starke
einesZiegels. DasUferwerks in der Binnen-Aa kostet 25,33 Mark, die Kosten
meines Uferdeckwerks etwa 20 Mark. Das schliesst nicht aus, dass man in
jedem einzelnen Falle den Yerhiiltnissen der Bodenart Rechung tragt. Man
^viirde z. B. im Nordostseecanal eine seiche Starke wahlen miissen, welche
dem leichten Boden entspricht. Oft aber werdcn sich Bodenarten finden,
in dencn eine nahezu senkrechte AYand auszufiihren ist.
Dann hat Herr Reverdy noch gesagt, man solle statt des holzernen
Werkes unter Wasscr eher eine massive Wand erbauen. Gewiss ist das viel
besser, aber auch viel Iheurer. Dariiber scheint aber Uebereinstimmung zu
herrschen, dass in einem Canale, der nicht trocken gelegt werden kann
und in dem die Boschungen befestigt werden miissen, die nahezu senk-
rechte Wand von Holz die zweckmassigte ist. Ich meine, es wird \vohl das
beste sein, \venn Sie erst in der nachsten Sitzung iiber die eingebrachten
M. Yanderlinden a declare qu'en Hollande les berges etaient execulees d'une
facon differente, la parol verlicale ne s'etendant que jusqu'au niveau de I'eau,
et qu'il n'y a de revetement en pierre qu'au-dessus du plan d'eau. Mais cela
vient a I'appui dii profd propose. M. Yanderlinden trouve egalement que la
depense que j'ai prevue est moins considerable que celle constatee en Hollande;
si pourtant vous voulez bien vous reporter a la page to de mon rapport, ou je
rends compte du mode de consolidation des berges sur I'Aa interieure, vous y
lisez : « Palplanches de o m. 50 de hauteur, 0 m. 07 d'epaisseur et inclinaison
de 1 : 2; pieux de 5 m. 25 de longueur (plus longs par suite que ceux que je
propose pour mon profd) et au-dessus, un mur enbriques de 1 m. 80 de hauteur »,
alors que dans mon projet la partie du mur au dela de 1 metre de hauteur n'a
que I'epaisseur d'une brique. Le revetement des berges de I'Aa interieure coiite
51 fr. 66, et j'evalue le prix de revient de mon type de berge a 25 francs environ.
Cela n'empeche pas, au surplus, que Ton ne tienne compte, dans chaque cas
particulier, de la nature du sol. Pour le canal de la Baltique a la mer du Nord,
par exemple, on choisirait un type donnant une resistance correspondant a la
nature du sol ; mais on rencontrera souvent des terrains qui perraeltront dexe-
cuter des parois a peu pres verticales.
M. Reverdy a encore dit qu'il etait preferable, au-dessous de I'eau, de recourir
a un mur plain plutot qu'a un ouvrage en bois. 11 n'y a pas de doute a cet egard.
26 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
Resolutionen beschliessen. Ich mochte Ihnen also vorschlagen, dass wir
die sainmtliche Resolutionen \ereinigen und erst in der nachsten Silzung
dariliber abslimmen.
M. DE Raeve. — J'ai encore un renseignement a communiquer a la Sec-
lion sur la question des berges.
M. rinspecteur general Saint- Yves a fait un meinoire a ce sujet a propos
du canal de Corinthe. — Ce memoirc se trouve dans les documents du
Congres de Manchester.
Dans le canal de Corinthe, dit M. Saint- Yves, les parois sont a pen pres
verticales; c'est une mauvaise disposition pour la navigalion a vapeur, et
voici pourquoi :
Les navires, a leur passage, produisent des depressions profondes qui
sont immediatement suivies de longues vagnes. Ces vagues, en rencontrant
des parois verticales, relombent dans le canal et viennent battre les flancs
des navires, ce qui ralentit considerablement leur marche.
Je vous soumets simplement cette indication, et je vous engage, si vous
etudiez la question, a vous faire communiquer le rapport de M. Saint-Yves
ou la question a ete examinee dans une ccrtaine mesure.
M. LE Presdent. — M. de Raeve nous invite a nous reporter au memoire
de M. Saint-Yves, et M. Sclilichting demande que le vole do la resolution
a intervenir sur cette question conlroversee soil renvoye a la prochaine
seance.
M. Carlier. — II serait d'autant plus prudent d'adopter la proposition
de M. Schlichting, que la seconde parlie qu'il a traitee a un rapport incon-
testable avcc les resolutions qui peuvent resulter des conclusions des
aulres rapports rediges sur la meme question.
M. LE President. — M. de Hoerschelmann, dans son rapport sur les
canaux du lac Ladoga, arrive precisement a d'autres conclusions.
M. Carlier. — C'est pourquoi il me semblerait preferable de ne voter
que quand tons les rapports auront ete discutes.
M. LE PresideiNt. — Nous sommes tons d'accord pour ajourner le vote
de la resolution sur le second point, jusqu'a ce que nous ayons epuise la
discussion sur cette premiere question.
Sous cette reserve, nous laissons momentanement de cdte le rapport dc
M. Sclilichting, et nous passons au rapport dc M. Peslin.
Je donne la parole a M. Peslin, pour nous faire un resume de son rap-
port.
M. Peslin. — Messieurs, je n'ai eu a examiner, dans le rapport qu'on m'a
•mais le mur plein est aussi beaucoup plus cher. Tout le moiide est d'accord, je
crois, a ce sujet : dans un canal qui ne peut etre mis a sec, le revetement presque
vertical en bois est le plus convenable. Je pense que le niieux serait de reserver
jusqu'a la prochaine seance la decision a I'egard des resolutions proposees; je
voudrais aussi proposer la reunion de toutes les resolutions sur lesquelles on
voterait dans la prochaine seance. *"-
1" SECTION. — 2^ SEANCE. 27
charge de faire, que les questions que j'ai pu apprecier raoi-meme dans lo
service de canaux dont j'ai la direction.
Ces canaux n'ont pas la dimension des canaux maritimes dont on \ous
a parle lout a I'heure, et ce sont generalemenl des canaux a petite section.
Leur largeur au plafond est comprise entre 10 metres et 12 metres; leur
profondeur est uniformement de 2'", 20 quand ils viennent d'etre conslruits
ou recemment cures; elle est habituellement de 2 metres. Les bateaux qui
les frequentent ont oS'^.oO de longueur, 5 metres de largeur et P,80
de tirant d'eau avec un chargement complet do 300 tonnes de marchan-
dises.
Dans ces conditions, le rapport de la section immergec a la section
mouillee est pen eloigne du tiers. Ce sont des conditions evidemment tres-
desavanlageuses pour la defense des berges ; mais, d'un autre cote, les
bateaux ne sont hales que par des chevaux, ou tres exceptionnellement par
des toueurs dans les parties les plus frequentees du reseau. Le nombre des
bateaux a vapeur circulant sur ces canaux est tres restreint. La vitesse des
bateaux ordinaires nc depasse generalement pas 5 kilomelres a Theure dans
les parties droites des canaux, et elle s'abaisse de 2 kil. 1/2 a 2 kilometres
dans les courbes ou dans les endroits ou il y a des obstacles, et ils sont
nombreux. La region desservie par nos canaux est tres industrielle; il y a
beaucoup de circulation, et comme beaucoup de pouts n'ont qu'un pertuis
de 5"", 20, les bateaux doivent s'arreler a pen pres completement pour les
franchir et la vitesse moyenne se trouve diminuee.
Depiiis un grand nombre d'annees nous avons essaye differents systemes
de defense des berges, et j'ai indique dans mon rapport le resullal denos
experiences. Dans cette question de la defense des berges, il faut se defier
des principesgeneraux; ce sont surtout des questions d'especes, et on doit
dans chaque cas particulier utiliser les ressources que la nature met a
notre disposition.
Les defenses de berges sont des travaux tres dispendieux, non seulement
comme premier etablissement, mais comme entretien, et la question du
profit a adopter est excessivement delicate. Comme il s'agit d'une tres
grandc longueur, si le profit n'est pas parfaitement etudie et si la question
de I'economie de construclion n'est pas examinee dans ses plus petits
details, on risque de faire des depenses considerables en pure perte. 11 faut
done, dans chaque cas particulier, etudier par des experiences la nature
des terres et Taction des vagues produites par les bateaux, sur les berges.
Quand on connait bien les degradations auxquelles il faut resister, on
etudie les bons effets que peuvent produire les maleriaux les plus econo-
raiques, soil les vegetaux vivants, soil les produits qu'on pent oblenir au
meilleur marche possible.
11 faut faire des tentatives d'abord moderees que I'on developpe ensuite
si on constate des degradations plus importantes. Quand on veut pouvoir
augmenter la vitesse des bateaux, ou si Ton veut permettre aux bateaux a
28 PROCES-VERBAllX BES SEANCES PES SECTIONS.
vapeiir de circulcr sur Jes canaux, dans ce cas, il est necessaire d'aug-
menter la force de resistance des defenses de berges.
Ce sont des questions exclusivement d'espece ; les experiences qu'on
proposait tout a Theure sont ties-interessantes et elles ne sont pas assez
nombreuses, mais je crois que, dans le cas actuel, il faut se garder
d'emettre des principes absolus.
Vous avez vu tout a I'heure que nous n'avons pas pu concliire sur une
question en apparence assez simple, celle de I'inclinaison a donner aux
defenses de berges. Doit-on construire des parois verticales ou des talus
tres-raides, ou des talus de 2 ou de 2 1/2 pour 1? La question est tres
controversee. Pour ma part, j'ai dans men service des defenses de berges
presque verticales — profit n" 7 — avec de pctits murs magonnes. Ce
systeme m'a donue de bons resullats, mais je ne I'ai pas beancoup deve-
loppe.
Je crois qu'en general les parois verticales out a resister a des efforts
plus grands, et qu'elles sont plus sujettes a se miner par des eboulements
dans les fondations. Nous avons, en effet, toujouts a craindre ces eboule-
ments de pied, parce que nous avons affaire a des terres mobiles et sablon-
neuses, et que les murs verticaux se disloquent plus facilement dans ces
conditions que les perres inclines.
On a dit que les vagues qui viennent battre une parol verticale ont unc
action plus forte, et sont ensuite renvoyees sur les flancs des bateaux. On
manque absolument d'experiences sur ce point, mais j 'incline a penser
qu'une lame produit nn effort plus grand et perd moins vite sa force vive
lorsqu'elle vient battre une parol inclinee.
Je suis done plus partisan, d'une fagon generate, des defenses inclinees,
mais je ne pourrais pas poser de principes absolus.
Dans les defenses de berges dont j'ai eu a m'occuper, il y a a considerer
la partie sous I'eau et la partie au-dessus de I'eau.
Pour la partie sous I'eau, quand on n'a pas de chomage, comme cela
existe dans les canaux maritimes, les difiiculles sont plus grandes; en
general, il faut se mefier des abaissements d'eau quand les berges sont
peu consistantes, et il est plus prudent de faire les travaux en eau haute.
II faut done employer un type de defenses qu'on puisse executer en eau
haute, et il ne peut pas etre question de travaux de maQonnerie ; il fau-
drait pour cela desbatardeaux longitudinaux qui couteraient presque aussi
cher que la defense elle-meme.
Je suis absolument partisan de defendre les berges sous I'eau au moyen
de pieux qui content generalement bon marche. Leur dimension doit etre
calculee d'apres la consistance des berges ; its doivent etre aussi petits que
possible et espaces de 0'",75 a 0'",80. Nos pieux sont en general espaces de
0'",80 et plus ou moins gros, selon le terrain.
Je suis done d'avis de battre, a peu pres au niveau de la flottaison, une
ligne de pieux espaces de 0",80. Assez habituellement, ces pieux depassent
V' SECTION. — 2' SEAiNCE. 29
de O^jlO a 0",15 le niveau de I'eau, et on les garnit par derriere avec dcs
fascines on des planches. Cette disposition est mauvaise, car elle occasionne
des travanx d'entretien conleux. La partie du bois qui est allernativement
mouillee et sechee pourrit rapidement : aussi je prescris maintenanl dans
mon service d'enfoncer les pieux et les planches au niveau d'etiage de la
voie navigable. On a alors une fondation solide et de plus longue durce.
11 faut employer des bois le meilleur marche possible, car Feconomie
est le point capital; il faut se garder de grosses depenses qui seraient sou-
vent inutiles.
Une fois les pieux enfonces, on pent mettre derriere des fascines; c'est
generalemenl ce qu'il y a de plus economique. Les fascines ont de plus cet
avantage que quand elles sont en bois vert et, placees en bonne saison,
elles poussent et donnent une defense de tres longue duiee et de fort peu
d'entretien. Mais cette defense ne peut etre employee que sur les canaux
a petite frequentation.
On emploie aussi avec succes les roseaiix sur les rivieres oii ces vegetaux
poussent facilement a cause du petit nombre des bateaux.
Sur les canaux a grande frequentation, les vegetaux vivanis seraient
detruits par les coups de gaffe.
Quand on veut une defense plus forte pour resister a des efforts plus
grands, on met derriere les pieux deux ou trois cours de planches hori-
zontalcs.
Sur mes canaux je n'ai jamais employe de cours de planches verticales.
Nous n'avons pas en France, comme en Belgique, de vieilles billes de che-
mins de fer, car les chemins de fer n'appartiennent pas a I'Etat; les billes
ou traverses que les Beiges ont a leur disposition ne coutent presque rien
et otTrent une resistance considerable. Nous employions autrefois, comme
je I'iii dil dans mon rapport, de ^ieilles planches de bateaux en chene, qui
ne coutaient pas cher et duraient longlemps sous I'eau. Nous employons
maiutenant des planches de sapin qui coutent plus cher et durent moins
longtemps. Derriere ces pieux et ces planches nous mettons un massif de
briquaillons ou des dechets.
Une fois la partie mouillee consolidee, ilfaut consolider la partie supe-
rieure avec des materiaux plus resistants. Ce sont d'abord des scories, des
briquaillons, du laitier et ensuite les inateriaux les plus economiques
qu'on Irouve dans le pays, la pierre, ou la brique dans les pays ou la pierre
ne se rencontre pas couramment. Dans leNord nous n'avons pas de bonne
pierre et il faut la faire venir de tres loin, tandisque nous avons de bonnes
briques avec lesqucUes nous faisons des defenses de berges suivant les
types n° 5 et n° 6.
Ce sont les defenses les plus repandues, et nous les avons employees sur
la plupart de nos canaux depuis une dizaine d'annees; elles nous ont
donnc de tres bons resultats et I'entretien a etc tres-peu coiiteux.
Vous pouvez voir sur les prolils annexes a mon rapport que la fondation
50 PROCfiS-VERBAUX DES STANCES DtlS SECTIONS.
de ces perres est descendue a 0'°,15 ou 0",20 sous I'eau. On peut obtenir
generalement ce leger abaissement de plan d'eau sans nuire a la naviga-
tion et sans etablir de batardeau sur la risberme.
Les defenses que nous avons faites dans ces conditions nous ont coute
en general 10 a 12 francs le metre courant, et nous ont donne de tres bons
resultats sur des canaux ou la frequentation est considerable et atteint
2 millions et demi de tonnes, oii les bateaux sont en general des bateaux
de 500 tonnes marchant a 2 kilom. 1/2 a 5 kilometres a I'heure.
Nous employons tantot des moellons de Belgique poses a pierres seches,
lantol des briques maQonnees. J'incline a employer les briques ma^onnees
parce que, dans les courbes, les mariniers se servent d'un outil compose
d'un manche en bois assez fort et d'une fourche afm d'avoir un point
d'appui et de pouvoir tourner. lis enfoncent la pointe de leur outil dans
les joints des perres a pierres seches, et dechaussent ainsi les pierres, qui
roulent au fond du canal. Ce fait m'a occasionne des depenses assez
considerables de reparation.
Pendant I'hiver 1890-1891 nous avons eu des glaces assez prolongees
sur les canaux du Nord, ce qui n'est pas tres frequent — environ un hiver
sur sept — et nous avons eu sur les perres a pierres seches des degrada-
tions assez iniportantes, bien que nous avons casse la glace avec de la
dynamite et par tous les moyens possibles.
Au contraire, sur les magonncries en briques, les degradations ont ete
beaucoup moins grandes.
De plus, les perres de briques n'offrent pas de prise aux oulils des maii-
niers, et sont par cette raison moins destructibles.
Aussi preferons-nous les perres magonnes. lis reviennent a 10 francs
environ le metre courant, el depuis dix ans nous n'avons presque pas eu
de frais d'entretien.
A propos de la partie sous I'eau des defenses des berges, on disait tout
a I'heure que les vagues des navires produisent souvent des eboulements
de sable ou des excavations. 11 arrive alors, quelle que soit la defense de
berge employee, que le perre tombe dans le canal, ce qui necessite une
reparation tres difficile. II faudrait. pour bien faire, assecher le canal,
construire un perre de fond et etablir des batardeaux; tout cela est tres cou-
teux , et dans le Nord nous ne pouvons pas facilement mettre a sec nos canaux.
Cela pose, nous employons depuis quelques annees, pour reparer ces
eboulements, du caplein ou menue marne, c'cst-a-dire des dechets de craie.
Nous jetons ce caplein dans les excavations qui se sont produites, et il
forme alors avec le sable un conglomerat tres-dur qui resiste parfaitement
a I'eau. Le caplein ne coiile pas cher dans le pays, il revient a 2 fr. 50 ou
5 francs le metre cube, et on peut en avoir a discretion. On peut, a I'aide
de ce caplein, reconstituer ainsi sous I'eau un perre tres solide.
Je recommaude cette experience a ceux d'entre vous qui pourraient se
procurer cette menue marne a bon marclie. {Applaudissements.)
1" SECTION. — 2» Sfi.iL>'CE. 51
M. LE Presideist. — Si personne ne souleve d'objections aux observa-
lions presentees par M. Peslin, je vais resumer ses conclusions.
II se defend de poser des principes generaux, et d'indiquer des solutions
qui soient toujours applicables.
Pour les canaux de sa section, dit-il, le rapport de la section immergce
des bateaux a la section mouillee est environ de 1 a 3, et il recommande
le procede indique dans son rapport, et qui consiste a faire des defenses
de berges avec une ligne de pieux enfonces autant que possible jusqu'au
niveau de floltaison et meme au-dessous; pour la partie superieure, il
recommande les vegetaux vivants, les fascines ou les roseaux dans les
canaux a faible frequentalion, et dans les canaux a grande frequentation
des perres qu'il prefere magonnes. Quant au talus en avant des pieux, il
recommande de le consolider au moyen du caplein qui se durcit sous
I'eau en se melangeant au sable.
La Section est-elle d'avis de sanclionner les conclusions de M. Peslin,
c'est-a-dire d'en recommander I'application aux iiigenicurs? [Assentiment
inianime.)
M. LE President. — Les conclusions de M. Peslin sont adoptees.
Le troisieme rapport est celui de M. Van Der Sleyden, mais I'auteur est
absent.
Nous passons au rapport de M. de Hoerschelmann, a qui je donne la
parole pour nous fournir quelques explications complcmenlaires.
M. DE Il(ERscHELMA>N. — Mcssicurs, je ne propose pas dans mon rap-
port de conclusions generates. Je n'ai fait qu'indiquer quelques exemples
qui se rencontrent dans notre pays, et je les ai resumes a la fin de mon
memoire.
Les methodes qui ont ete appliquees chez nous ne sont pas les m6raes
que celles qui ont ete indiquees par les autres rapporteurs, mais je ne me
fonde pas sur ce fait pour exprimer une opinion differente de la leur.
Jccroisseulement qu'ils pourraient etudier les moyens que j'ai indiques,
ct peut-etre en tirer un certain benefice.
M. LE President. — Vous ne posez pas, a vrai dire, de conclusions, vous
exposez les moyens que vous avez employes dans votre pays et qui vous
ont reussi, mais vous n'elucidez pas la question de la defense des berges.
Jc remarque cependant dans votre rapport quelque chose qui s'y rat-
lache. Yous dites que pour le lac Ladoga vous avez reconnu qu'il y avail
avantage a employer des talus verticaux : c'est un element de discussion.
Dans les autres canaux vous avez coupe les talus par des etages, par des
bermes successives ; mais a la page 4 de votre rapport je lis ceci :
« On s'est bientot convaincu de I'insuffisance de tous ces systemes de
consolidation des berges, et peu a pen on les a remphices par des talus a
pente douce, revetus de gazons et quelquefois de perres a sec. C'est de la
meme maniere qu'on a defendu les berges des autres canaux du lac
Ladoga construits au siecle actuel. »
52 PROCES-\"ERBAUX DES SfiA?fCES DES SECTIONS.
M. DE HcERSCHELMANN. — La raisoii en est plutot que les parois plus ou
moins verticales n'etaient pas suffisamment solides, et qu'on n'avait pas a
sa disposition les moyens de realiser la solidite necessaire.
Les talus gazonnes que nous avons employes dans les derniers temps
me paraissent etre un etat intermediaire, et je crois qu'un mur vertical ou
a peu pres, avec une file de pieux, conslituerait peut-etre un perfectionne-
ment.
M. LE President. — Vos canaux sont-ils frequentes par des bateaux a
vapeur?
M. DE HcERSCHELMANN. — Oui, Ics cauaux du lac Ladoga; mais ce n'esl
que pour le service des voyageurs. Mais, comme je I'ai dit dans le rapport,
on a essaye d'y introduire la traction a vapeur.
M. LE Presidext. — Vous figurez,aux pages 6 et 7 de votre rapport, les
profits que vous employiez autrefois, et ceux auxquels vous eles arrives
maintenaut.
iM. Schlichting fait observer que si ces profils n'ont pas reussi, c'est
qu'ils n'ont pas ete construits assez solidement : cette question rentrera
dans la discussion des defenses verticales.
Nous avons ainsi passe en revue trois des rapports relatifs a la defense
des rives en laissant de cote le rapport de M. Van Der Sleyden. M. Van Der
Sleyden sera ici demain, et nous resumera son memoire.
Je renvoie la seance a demain matin huit heures et demie.
La seance est levee a onze heures.
TROISIEME SEANCE
Samedi 23 Juillet (matin)
PresideiNce de M. Arma.nu ROUSSEAU
La seance est ouverte a 8 heures et demie.
Herr Professor Schuchtlng. — Meine Herrcn, es sind gestern gegen die
Projecte, die in mcinem Referat dem Kongress zur Erwagung anheimgestellt
worden sind, Einwendungen erhoben worden. Icli kann diese Eimven-
dungen nicht fiir gerechtfertigt halten und ^verde mir erlauben, sie zu
widerlegen.
M. Sci!MciiT!N(;. — Messieurs, des objections out ete presciilees liier conire
les types de berges que j'ai joints -a men rapport au Congres. A mon avis, ces
objections ne sont pas fondees et j'essayerai de les refuter.
1" SECTION. - 7f SKANCE. 33
Abereins mochte ich vorausschicken. Ich habe bis jetzl nocli nicht ver-
langt, — und das steht aiich nicht in meinem Referat, — dass der Kongress
diese Projektc gul heissen soil, sondern es ist meine Skizze nur eine Typus,
ein Beispiel einer Construction von denvielen moglichen.
Was die Einwendungen im speziellen betrifft, so werden sie schon dadurch
widerlegt, dassderartige Werkein holiandischen Canalen in grosserer oder
geringerer Tiefe ausgefiihrt worden sind, ^venn auch nicht so ^veit vertikal,
als in meinem Projekt angegeben ist. Ich glaube, wir sehen von den Pro-
jekten, die ich gcgeben habe, iiberhaupt ganz ab; denn ich ^vunsche und
beantrage nur, der Kongress moge das Prinzip nahezu vertikaler Ufer-
wande fiir eins der anzuwendenden Mittel erklaren.
Am besten Aviderlegen sich die Einwendungen durch die Ausfiihrungen
in meinem Referate selbst. Auf Seile 15 und 16 sind die bereits ausgo-
fiihrten Konstruktionen vertikaler und wenig geboschter Uferwande speziell
beschrieben und sie beweisen,dass sich die von mir vorgeschlagenen Werke
ausfiihren lassen und auch bis jetzt erhalten haben.
Ich verweise dann auf den Bericht des holiandischen Ingenienrs Van der
Sleyden, eines der Referenten iiber diese Frage. Ei- aussert sich in folgender
Weise :
« Alle ausgefuhrten Arbeiten lassen sich in zwei Categorien bringen,
namlich :
a 1° Boschungen mit Steindeckwerken ;
« 2" Reihen von Pfahlen und Spitzbohlen.
Mais il est un point que je voudrais tout d'abord eclaircir, c'est que jusqu'ici
je n'ai pas demande — non phis que dans men rapport — que le Congres declare
bons ces types que je ne considere que eomme des exemples d'un mode de
construction parmi les nombreux types possibles.
En ce qui concerne les objections memes, elles sent deja refutees par ce fait
que Ton trouve des ouvrages de ce genre sur les canaux hollandais avec des hau-
teurs d'eau plus grandes ou moindres, quoique les profds se rapprochent nioins
de la verticale que je ne le propose. Mais nous pouvons laisser tout a fait de cote
ces types de berges; car ce que je desire et propose, c'est que le Congres recon-
naisse comme favorable a la defense des berges le principe des revetements a pen
pres verticaux.
Les explications donnees dans mon rapport repondent d'ailleurs aux objections
presentees. Les details donnes pages 15 et 16 sur les berges verticales ou tres
escarpees, montrent, en effet, que le mode de construction que je propose peut
etre realise et donne de bons resultats. Je vous renverrai egalement au rapport
de M. I'ingenieur hollandais Van der Sleyden, I'un des rapporteurs sur cette ques-
tion, qui s'exprime ainsi :
« Toutes les constructions executees peuvent etre classees en deux categories,
savoir :
1" Celle des talus empierres;
2*^ Celle dee pieux et palplanches.
34 PROCES-VERBAIX DES SEANCES DES SECTIONS.
« Die erste Categorie, die der Steindeckwerke,findet Anwendungbei den
« Uferii, die abwechselnd uber und unter Wasser sind; Ausfuhrung mid
« Unterhaltung konnen unter Wasser nicht stattfinden. Die zweile C.ate-
« goriedagegen, die der Holzconstructionem, bedarf zu ihrer Ausfuhrung
« keiner Wassersenkung ; es ist sogar fiir die Dauerhaftigkeit dieser Anla-
« gen erforderlich, dass sie beslandig unter Wasser seien.
« So lange diese letzlere Bedingung erfiillt ist, bieten die Holzconstruc-
« tionem sehr erhcbliche Vortheile. Da die Pfahle und Spitzbohlen vertical
« Oder sehr steiler Neigung eingeschlagen sind, wahrend die naliirliclie
« Boschungtheilweise verschwindet, so haben diese Anhigen das Bestreben
« dasBeti soviet als moglich zu verbreilen. Ferner kann die Ausfuhrung
« wahrend der Dauer des Schifffahrtsverkehres stattlinden so dass man
« nicht notliig hat. zu diesem Zweck mitten im Somnier Sperren anzuor-
<i dnen. »
Dann verweise ich nochmals auf den Bericht des Herrn Peslin. Auch
dieser Bericht gelangt in Nr. 7 der Zeichnung zu demselben Resullat. Wir
fmden dort ein Bohlwerk als Unterstiitzung und daruber cine Mauer, die
ehva w'le 1 : 1/4 geneigt ist, — das Maass ist niclit da eingeschrieben, ist
also nur schiitzungsweise gegriflen. Die Mauer ist ausgefuhrt aus Mauer-
werk 0,58 stark mit einer Steinhinlerpackung.
Herr Reverdy hat ferner noch hervorgehoben, es konnte ein Durchsaugen
der Erde durch die Uferwand hindurch stattfinden. Nun, meine Ilerren,
wenn man, wie hier von Ilerrn Peslin geschechen ist, eine Ilinterkleidung
durch Steinschiittung oder, wie ich vorgeschlagen habe, durch Sandbeton
ausf^efuhrt wird, so ist dem Uebelstande des Durchsaugens wohl begegnet.
« La premiere categorie, celle des empierrements, Irouve son application sur
les berges qui sent alternativement k sec et sulimergees ; ni I'execution ni I'entre-
tien ne peuvent se faire dans I'eau. Au contraire, la seconde categorie, celle des
constructions en bois, n'a pas besoin de la baisse des eaux pour etre executee;
pour qu'ils soient durables, il faut meme que ces travaux soient submerges con-
stamment.
« Taut que cette derniere condition est remplie, les constructions en bois
olTrent des avantages tres appreciables. Les pieux et les palplanches etant
enfonces verticalement ou en'pente tres raide, tandis quele talus naturel disparait
partiellement, ces constructions tendent a elargir la cuvette autant que possible.
Puis I'execution pent avoir lieu en temps de navigation, de sorte qu'on n'a pas
besoin de decreter des chomages a cet efTet au beau milieu de I'ete. »
Je vous demanderai la permission de revenir encore au rapport de M. Peslin,
ou vous pouvez voir le profit n° 7 qui conduit au meme resultat. On y trouve en
effet une ligne de pieux et palplanches comme fondation, et au-dessus un mur
ayant un fruit d'un quart environ (le fruit n'est pas cote et ne peut etre deter-
mine qu'approximativement). Le mur a 0 m. 50 d'epaisseur et est renforce en
arriei-e par un bourrage en pierre.
M. Reverdy a parte en outre dela possibilite d'affouillement du sol a travers le
mur, mais il semble que ce danger n'est plus a craindre si le mur s'appuie sur
1" SECTION. — 5' SEANCE. 35
Wir konnen uns hier aber unmogiich auf ein einziges Project bescliran-
ken, sondern miissen uns dariiber klar wcrden, ob wir im Priiizip aner-
kennen, dass die vertikale oder nahezu vertikale Uferwand ein Miltel zur
Befesligung der Ufer bietet.
Ueber die geneigten Boscliungs-Befestigungen liegen reiche Erfahrungen
vor, und die sind doch derartig, duss wir nach etwas besserem streben
miissen. Wenn man nun sieht, dass holIandischcCanale thatsachlich verti-
kale oder steil geneigte Wande haben, dann, meine ich, sollte man auch
die Ein^Yendungen dagegen nicht starker hervorheben, alssie wirklich ver-
dienen.
Ein weiterer Einwand bezieht sich darauf, dass die Welle mil ausseror-
dentlicher Kraft auf das Bohhverk stosse. Das ist schon richtig; man ver-
gesse aber nicht, dass sich dort ein starkes Wasserpolster vorfmdet, wel-
ches den Stoss mildert und in die vertikale Richlnng iiberleitet, AVenn
dieser Stoss so bedeutend ware, dass er das Bohhverk beschadigen
konnle, so miisste das bei den holliindischen Werken doch auch der Fall
gewesen sein und Zcrstorungen veranlasst haben.
Die Einwendungen bezuglich der Construklion glaube ich im wesent-
lichen widerlegt zu haben : dagegen sind die Einwendungen, die erhohen
sind beziiglich der Festsellung eines Verhaltnisses zwischen dem Quers-
chnitt des Schiffes und dem Querschnitt des Canals, viel wichtigcr. Wir
haben in Wien das Yerhiillniss von 1 : 4 festgeselzt, und diese Festsetzung
griindet sich auf Versuche, die im Erie-Kanal mit einem amerikanischen
Schiffe ausge.''iihrt worden sind. Desshalb haben wir aber auch in Wien
hervorgehoben dass diese Versuche nicht absolut maassgebend seien. dass
D^
un boiirrage en pierre comme I'indique M. Peslin, ou sur un revetement en beton
de sable, comme je I'ai propose.
II est impossible que nous nous limitions ici a un projet unique, mais il faut
que nous nous decidions si nous voulons reconnaitre qu'en principe la quasi-
verticalite des berges constitue un nioyen de defense de celle's-ci.
Les resullats d'experiences abondent a I'egard de la consolidation des berges
en talus, et pourtant ils sont de nature a encourager a cherclier quelque chose
de mieux. Si Ton se reporte aux canaux hollandais avec leurs berges verticales
ou a talus Ires raide, il ne me semble pas que Ton doive exagerer les objections
auxquelles elles peuvent donner lieu.
Une autre critique est basee sur la violence avec laquelle les vagues viennent
heurler les revetements en pieux et palplanches, et qui peut compromettre ces
ouvrages. Cela est exact, mais il ne faut pas oublier qu'il y a en avant de ces
revetements un matelas d'eau qui adoucit le choc et le detourne dans la direction
verticale. Au surplus, si ce choc etait assez violent pour endommager les revete-
ments, ce serait aussi le cas sur les canaux hollandais, oil cependant des avaries
de ce genre ne paraissent pas avoir ete constatees.
Je crois avoir refute dans leurs parties essentielles les objections relatives a la
construction des berges. J'arrive maintenant aux objections beaucoup plus
importantes formulees a I'egard de la valeur a donner au rapport entre la section
7,6 PROCKS-YERP.AIX OES SKANCES DES SECTIONS.
sie uns aber einen ungefahren Anlialt geben konnen, und daher haben wir
jenes Verhiiltniss fur den Binnencanal als mindestmaass vorgeschlagen*
Fiir den Seecanal habe ich in meinem Referat vorgeschlagen 1 : 6. Ich
ziehe diesen Yorschlag zuruck, nicht well ich ihn fiir unpraktisch halte,
sondern weil ich ihn nicht beweisen kann und nur einzelnen ausgefiihrten
Scecanalen entnommen habe. Es bestehen daruber keine Versuche, und
desshalb mochte ich Ihnen vorschlagen, dass wir den erslen Theil meiner
geslern eingebrachten Resolution fallen lassen und uns auf eine Resolu-
tion beschranken, die nur den zweiten Punkt hervorhebt und ausserdem
noch feststellen, dass in beslehenden Canalen, die nicht trocken gelegt
werden konnen, das System dernahezu vcrtikalen Uferwande,unter Wasser
aus IIolz, iiber Wasser aus Stein, eins der anwendbaren Mittel ist; es giebt
deren noch mehrere.
Herr Professor Engels. — Meine Ilerren, die Frage, welcheMittel es giebt
um Ufer in Canalen zweckmassig zu befestigen, in welchen mit einer ver-
haltnissmassig grossen Geschwindigkeit gefahren wird, diese Frage ist in
\ ier Referaten beantwortet worden. Letztere lassen sich in zwei llauptgruppen
scheiden : drei der Referenten haben sich im wesentlichen darauf beschrankt,
iiber ausgefiihrte Uferbefesligungen zuberichten, und von diesen drei Refe-
raten ist dasjenige des Herrn Peslin deshalb meiner Ansicht nach das
werthvollste, weil es sagt : die und die Uferbefestigung hat sich bewiihrt,
sie ist zu empfehlen.
Nun, meine Herren. sind wir aber, giaube ich, nicht nur hier, um
Erfahrungen der Praxis auszutauschen, sondern wir sind auch hier, um in
weitere Spekulationen einzutreten. Von diesem Gesichtspunkte ausgehend,
du bateau et celle du canal. Nous nous etions arretes, a Vienne, au rapport 1 : 4
base sur les experiences faites sur le canal Erie avec un bateau americain^.
Mais nous avions fait cette reserve que les experiences n'avaient pas une valeur
absolue, et ne pouvaient donner qu'un renseignement; de sorte que le rapport
fixe avait ete propose comme un minimum pour les canaux interieurs. Dans mon
rapport j'ai propose pour les canaux maritimes la valeur i : 6. Je retire cette
proposition, non pas que je la considere comme mauvaise en pratique, mais
parce que je ne puis la justifier, et que je I'avais seulement deduite des dimen-
sions adoptees pour quelques canaux maritimes executes. l\ n'existe pas d'expe-
riences a ce sujet; aussi vous proposerai-je d'abandonner la premiere partie de
la resolution que je vous presentais hier, et de nous borner a voter une resolu-
tion ne concernant que le second point, en ajoutant que dans les canaux exis-
lants, qui ne peuvent etre mis a sec, le systeme des berges presque verticales,
en bois sous Teau et en maconncrie au-dessus, est Vun des moyens applicables;
il y en a d'autres.
M. EiNGELS. — Messieurs, la question des moyens convenables pour consolider
les berges des canaux sur lesquels les bateaux circulent avec une vitesse relati-
vemeut grande, a donne lieu a quatre rapports. Ces rapports peuvent se diviser
en deux groupes principaux ; trois des Rapporteurs se sont bornes a rendre
compte, dans leurs parties essentielles, des consolidations de berges executees
I" SECTION. — 5' SEANCE. 37
crlaube ich, sind Avir dem vierten Referenten, Herrn Professor Schlichting
zu besonderem Danke verpflichtet, dass er in die Spekulation eingetretcn
ist. Meine Herren, ich sage ^veiter : Avenn cine Spekulation zu einem
Resultat fiihrt und wenn die Spekulation selbst in ihrer Logik nicht zu
widerlegen ist, dann ist es die Pflicht von uns Ingenieuren, durch
Erfahrungen die Resultate einer solchen Spekulation zu bestatigen zu
suchen.
Auf die Spekulation des Herrn Professors Schlichting hier eingehend,
glaubeich, kommt es im wesenllichen beziiglich der Form der Uferwande auf
folgendes hinaus : je vertikaler eine Uferwand geneigt ist, urn so geringer
ist der Angriff der biandenden Wellen auf die Uferbefestigung selbst. Rei
flachen Roschungen wird die Kraft der brandenden Welle vernichtet,
verzehrt auf der Roschung selbst; die Roschung wird angegriffen. Je mehr
sie eine solchc Uferboschung in die Verlikale stellen, um so geringer wird
der Angriff auf die Roschung sein. Aber gleichzeitig tritt eine andere
Erscheinung der brandenden Welle ein : je vertikaler eine Uferwand ist,
um so mehr erhebt sich die brandende Welle. Und das fiihrt zunachst
beziiglich der Form des ganzen Canalprofils zu der Konsequenz, dass je
vertikaler eine Uferwand ist, um so grosser die Wassertiefe vor derselben
sein muss, damit die hoher brandenden parallel dem Ufer laufenden und
sich iibersturzenden Wellen ein Wasserpolster treffcn. Ist die Tiefe vor der
nahezu vertikalen odcrganz vertikalenUferwandnicht gross genug, dann wird
die brandende Welle die Solile treffen und da^ fiihrt zu der Konsequenz,
dass vor dem Ufer die Sohle in der entsprechenden Rreite geniigend
befestigt werden muss.
jusqu'ici. Des trois rapports rediges dans cet esprit, celui de M. Peslin est Ic plus
remarquable, a men avis, parce qu'il indique que telle ou telle disposition a
donne de bons resultats et doit elre reconimandee.
Mais nous ne sommes pas seulement ici, je crois, pour echanger nos viies sur
les resultats de la pratique, mais aussi pour discuterces resultats. Aussi suis-je
d'avis que nous devons reraercier I'auteur du quatrieme rapport, M. le profes-
seur Schlichting, d'etre entre dans cette voie.
Messieurs, j'irai plus loin. Lorsqu'un raisonnement logique conduit a une
consequence, il est de notre devoir, a nous ingenieurs, de chercher a verifier par
Pexperience cette consequence. En ce qui touchele travail de M. Schliciiling, sa
conclusion relative a la forme des berges peutse resumer ainsi qu'il suit: plus la
parol se rapproche de la verticale, et plus s'affaiblit Taction des vagues sur la
defense meme des berges. Avec les berges a talus peu prononce, la force vive
des vagues se depense sur le talus meme et a son detriment; a mesure que la
parol de la berge se rapproche de la verticale. Faction des vagues sur le talus
diminue; mais en meme temps la vague s'eleve davantage, ce qui nous conduit a
cette consequence pour la forme de la section entiere du canal, que plus la
berge se rapprochera de la verticale, et plus la profondeur d'eau devra etre
grande au pied de cette berge, afm que les vagues les plus hautes qui courent
parallelement aux rives trouvent un matelas d'eau qui en amortisse I'effet des-
58 PROCES-YERBALX DES SEANCES DES SECTIONS.
Meinc Herren, nicht nur die Frage nach der construkliven Aiisbildung
der lifer ist hierzii disciitiren, sondcrn cs ist auclidie Frage nach der Ufer-
forminsofernvonselirerheblicherBcdeutung,alsYonderUferformwcsentlich
abliangt der Scliiffswiderstand. Wenn ich zwei Uferbefestigungen milci-
nander vergleiche, eine solche, welche vielleichl das doppelle kostet von
einer andern, wenn aber die erstere theurere Uferbefestigiing einer
erheblich geringeren Schiffswiderstanddarbictet, so kannunter Umstanden
diese erslere den Vorzug verdienen. Bedenken sie wohl, dass die Ver-
mehrunff des Schiffswiderstandes oleichbedeutend ist mit einer dauerden
Belastung der Schifffahrt. Nach meinem Dafiirhalten ist es zweifellos, dass
"von vertikalen Ufern eingefasste Canale einen geringeren Schiffswidcrstand
darbieten, als solche, mit geboschten Ufern, vorausgesetzt, dass bei beiden
Profilen die Wasserspiegelbreile dieselbe ist.
Meine Herren, vveim Sie gegen die Spekulation nichts einzuwenden
haben, dass der Angriff auf die Uferbefestigiing um so geringer wird, je
steiler die Wande sind, so meine ich, miissen Sie anch die weitere Konse-
qiienz ziehen, dass es ^Yunschens^verth sei, Erfahrungen zu sammeln iiber
diese nahezu vertikale Form. Die bis jetzt vorliegenden Erfahrungen sind
vorzugsweise gesammelt bei geboschten Uferbefestigungen, wahrend die
Erfahrungen iiber die nahezu vertikalen Wande sich vorzugsweise auf
Holland beschranken. Die Uferbefestigungen, die Herr Pcslin in seinem
Referat empfiehlt, und die offenbar don Beifall cines jeden konstrukliv
denkenden Ingenieurs finden miissen, haben auch noch nicht die Erfah
rungen hinter sich, die wir gerade hier herbeifiihren wollen, indem auf
den belreffenden Canalen nicht mit einer grossen Geschwindigkeit gefahren
Iructeur. Si la profondeur devant les berges presque verticales ou tout a fait ver-
ticales n'est pas assez grande, les vagues attaqueront le fond, et ron se verra, par
suite, oblige de le defendre sur une largeur convenable.
Messieurs, la discussion ne doit pas porter seulement sur la disposition de
construction de la berge, mais aussi sur la forme m^me de la herge, qui a une
importance considerable, puisque de cette forme depend essentiellement la resis-
tance des bateaux. Entre deux defenses de berges pourretablissement desquels la
depense varie du simple au double peut-etre, il pourrait se faire que, dans cer-
taines conditions, on doive donner la preference a la plus couteuse, si elle offre
une resistance beaucoup plus faible au mouvement des bateaux. 11 ne faut pas
oublier que toute augmentation de cette resistance correspond a une surcharge
permanente. Or, a mon avis, il n'est pas douteux que les canaux encaisses entre
les berges verticales presentent une resistance moindre que ceux avec berges en
talus pour une m^me largeur au plan d'eau.
Messieurs, si vous n'avez rien a objecter a Tegard du principe que Taction des
berges est d'autant moins violente que les parois sont plus raides, vous ne
pouvez vous soustraire a cette consequence qu'il est desirable de reunir des
renscignements sur les resultats obtenus avec ces berges a paroi presque verti-
cale.
Les renscignements recueillis jusqu'ici sont surtout relatifs aux berges en
I" SECTION. ~ 5' SEAN'CE. 59
wird. ^^"\r haben gehort, dass die Fahrgesch^vindigkeit auf den Canalen
iiur etwa 2 bis 5 Kilometer pro Stunde betragt, wahrend eine grossere
Fahrgesduvindigkeitgleichbedeutend ist miteiner solcbenvono Kilometer.
Kurz, icli meine, wir sollten nicht ohne weiteres von derFrage abgehen,
ob vertikale Uienvande zu empfehlen seien; \\\t sollten vielmehr, wenn
Spekulation nns das Yortheilhafte derForm vorgefuhrt wird, bestrebt sein,
dureh Erfahrungen die Bestatigung dessen za suchen, was die Spekulation
gegeben hat. Ich glaube, es wird im allgemeinen nicht rationell sein, dass
wir auf die konstruklive Ausbildung nahezu vertikal stehender Ufenvande
eiugehen; da sind zweifellos eine grosse Anzahl von Construktionen
moglich, Construktionen, die abhangen von der Beschaffenheit der Ter-
rains, von der ortsiiblichen Bamveise, von dem Baumaterial u. s. w. Der
Typus, den uns Ilerr Professor Schlichtingvorgeschlagen, ist nach meinem
Dafiirhalten als solcher durchaus gut, wenn ich auch fiir meinen Theil
Bedenken habe bezuglich der Stabilitat der vorgeschriebenen Uferbefes-
tigungen in den speciellen Massen. Aber ich meine, das ist nebensiichlich.
Herr Sclilichting hat entschieden die Absiclit gehabt, vorzuschlagen eine
Type, welchc in erster Linie stabil ist, und ist diese Type alien Anforde-
rungen nicht entsprechend, so ist es ein kleineSi^sie zu andern.
Das, was Herr Reverdy gestern bezuglich dcs Aussaugens hinter einer
solchen Wand sagte, kann ich nicht unterschreiben ; wenn eine Wand dichi
ist, kann ein Aussaugen nicht eintreten. Ueberdies ist die Erscheinung
einer brandenden Welle vor einer nahezu vertikalen Wand ganz anders als
auf einer flachen Ufcrboschung. Auf lelztcrer haben Sie allerdings ein
Absaugen vor einer vertikalen Wand nicht. Die Welle bewegt sich in der
talus, et ceux sur les berges a parol presque verticale se limitent a peu pres aui
canaux hollandais. Les types de defense de berges que reconimande M. Peslin
dans son rapport, et que tout ingenieur approuvera, n'ont pas non plus la conse-
cration de la pratique que nous voudrions trouver, puisque sur les canaux ou ils
sont en usage la vitesse de progression des bateaux n'est pas considerable.
M. Peslin nous a dit, en effet, que la vitesse sur ces canaux n'etait que de 5 kilo-
metres a I'heure, tandis qu"il faut arriver a 5 kilometres pour qu'il puisse etre
question de vitesse considerable.
En un mot, je pense que nous ne devons pas ecarter sans autre forme de proems
la question de savoir si les berges a paroi verticale doivent etre recommandees,
et qu'il faut au contraire, puisque le raisonnement nous indiquecette disposition
comme la plus avantageuse, cherciier a verifier experimentalement si ces avan-
tagos sont reels. Je crois qu'il ne serait pas rationnel de discuter en detail le
mode de construction des berges presque verlicales, car it n'est pas douteux
qu'il existe un grand nombrc de systemes de construction possibles, lesquels
dependent de la nature du terrain, du genre de construction en usage dans la
region, des materiaux dont on dispose, etc. Le type que nous a propose M. le
professeur Sclilichting pent etre considere comme absolument bon, quoique j'aie
pour ma part des objections a faire a I'egard de la slabilite de la consolidation de
la berge decrite. Mais je crois que cest la une question secondaire; M. Schlichting
40 I'KOCES-VERBAIX 1>ES SEANCES DES SECTIONS.
Lothrecliton und fiillt in sich zusammen. Aber selbst wenn eiii Absaiigen
stattfindcn sollte, so wiirde das in einfachster Weisc gehindert werden
dadurch, dass man die Wand dicht herstellt, und Sie werden gesehen haben,
dass gerade die Hollander grossen Werth darauf legen, die Wand dicht zu
liallen dadurcb, dass sie hinter die Fugcn noch besondere Leistcn einge-
rammt haben.
Also, meine Herren, ich meine, wir solllen unter Anerkennung derldee,
dass die vertikalen Uferwande Yortlieile darbieten, eineResolution einbringen,
wclclie es als wiinschcnswerth liinslellt, dass mit dieser Form Erfahrungen
gesammelt werden, zumal solche bis jetzt nicht vorliegen. Ich werde im
Laufe der Discussion eine dem entsprechendc Resolution einbringen.
Ilerr Geheiraer Oberbauralh Baensch. — Meine Herren, wenn ich auf den
Gegensland audi meinerseits etwas eingehe, so licgt das daran, weil eine
Aufgabc mir selbst obliegt, welche in Bczug auf ilire Ausdehnung von
grosser Bedeutung ist. Es handelt sich um die Deckung eines Ufers von
•200 Kilometer Lange init einem Koslenaufwand von circa 11 Millionen. Sie
konnen dies denken, dass die higenieure sich bei dieser Gelegenheit sehr
eingehendmit den verschiedenenFragen, die dabei auftauchen,beschaftigt
haben. Eine der Hauptfragen war ja naliirlich die Geschwindigkeit der
Schiffc. Diese Geschwindigkeit ist fur das Maximum auf 10 Kilometer per
Slunde festgesetzt. Die Welle, die dadurch erzeugt wird, hangt wesentlich ab
von dem Verhaltniss deseingetauchten Querschnitts zum Canal und von der
Geschwindigkeit. Das sind zwei Fakloren, die zusammen gehoren; und je
grosser der eingetauchte Querschnitt ist und je schneller das Fahrzeug geht,
deslo starker ist die Welle. Diese W'elle geht parallel zum Ufer: siezieht sich
a cherche a nous presenter un type qui fut stable, et si ce type ne repond pas a
toutes les exigences, c'est peu de chose que de le modifier.
Je ne saurais du reste m'associer aux craintes qu'exprimait bier M. Reverdy k
I'egard de raffouillenient du sol derriere le mur ; si le mur est compact, il ne
pent y avoir affouillement. L'action des vagues en presence d'une parol presqiie
verticale est tout a fait differente de leur action sur une berge en talus. Avec
celle-ci il y a certainement une aspiration du sable qui ne se produit pas avec
celle-la, la vague se mouvant dans le sens vertical et retombant sur elle-meme.
Mais cette aspiration dut-elle meme se produire qu'elle serait empechee de la
fagon la plus simple en veillant a ce que le mur soit compact. Vous avez remar-
que precisement que les Hollandais attachent une grande importance a cette
compacite du revetement, puisqu'ilsbaltent encore des tringles derriere les joints.
Messieurs, je suis done d'avis que, reconnaissant que les berges a parol verti-
cale offrent des avantages, nous prenions une resolution declarant qu'il est desi*
rable que des essais de cette disposition soient faits, puisque jusqu'ici nous
n'avons pas de donnees a cet egard. Je presenterai une resolution dans ce sens
au cours de la discussion.
M. Baensch. — Messieurs, si j'interviens dans la discussion, c'est que je suis
charge d'un travail de grande importance en raison de son etcndue. 11 s'agit d'un
revetement d'une rive de 200 kilometres de longueur pour lequel une depense
1"= SECTION. — 3= SEANCE. 41
am Uier entlangund ihre Bewegung hatinfolge der Stellung des Kielwassers
eine ein klein wenig schrag gegen das Ufer geneigte Richtung. Machen Sic
eine flachcre Boschung, so finden Sie eiiien Unlerschied zwischen 2 Formen
derBoschung namlich ob die Boschung glattoder rauh ist. 1st die Boschung
rauh, so hat die Welle an ihrem Fusspunkt nicht die Schnelligkeit wie in
ihrem Scheitel. Infolge dessen bricht sie, bricht fiber und giebt auch noch
einen vertikalen Stoss auf die Uferboschung. 1st die Boschung glatt, so wird
die Welle in ihrem Fusspunkt nicht so gehemmt, sie schiesst lang aus und
Sie konnen, wenn Sie an solchem Ufermit grosser Geschwindigkeit enllang
fahren, sehen, wie die AVelle in dem Falle der rauhen Boschung cine starke
Brandung zeigt, in dem andern Falle eine lang ausschiessende glatte
Oberflache. Der AngriiT mit der Brandung ist ungleich starker als der, wo
die glatte Ausfuhrung stattgefunden hat. Aus diesem Grunde sind wir auch
dazu ubergegangen, die Yerdcckung moglichst glatt zur Ausfuhrung zu
bringen. Im Anfang wollten ^vir ebenfalls eine moglichst steile Boschung
annehmen. Ueber die Art der Ausfuhrung hat Herr Professor Schlichting
in dera Referat betreffend den Canal zwischen der Nord- und der Ostsee
speziellc Mittheilen gemacht. Ich brauche dieselben daher wohl kaum zu
wiederholen, aber ich muss anfiihren, dass die erste Boschung in der
Neigung von 1 : 1 angenommen war. Es war dies auch mit Riicksicht
darauf geschehen, dass wir in den Kostcn sparen wollten. Aber 200 Kilo-
meter sind nicht in unmittelbarer Folge gedeckt mit einem Sleinrevetement ;
das ist eine so kolossale Ausfuhrung, dass die Boschungen geraume Zeit in
Ruhezusfand stehen miissen, und cspassirte auch, dass derartige robe Ufer
einfach abglitten und wir nachher schwerer nachzuarbeiten batten. Um
de 13 millions de francs a ete prevue. Yous pensez bien qu'a celte occasion, les
ingenicurs out etudie de tres pres les difi'erentes questions qui se rattachent a
cette operation. L'une des principales etait naturellement la vitesse des bateaux;
on s'est arrete au maximum de 10 kilometres a I'heure. L'importance des vagues
produites depend essentiellement du rapport entre la section immergee et celle
du canal, et de la vitesse. Ce sont deux facteurs qui vont de concert. L'importance
des vagues augmente avec celle de la section immergee et avec la vitesse de la
propagation des bateaux. Ces vagues courent parallelement a la rive avec une
orientation un peu oblique par rapport a celle-ci. Dans le cas d'une bergc a talus
peu inclines, vous trouverez une difference d'action selon que la surface du talus
sera lisse ou non. Avec le talus non dresse, la vague n"a pas au pied la vitesse
qu'elle a au sommet ; il en resulte qu'elle se brise et donne un choc vertical con-
trele talus; tandis que dans le cas d'un talus lisse, la vague, qui n'est plus
genee au pied du talus, glisse le long de la berge. Vous pouvez constater, en
effet, sur les rives le long desquelles les bateaux circulent avec une grande vitesse
que, dans le cas de talus non dresses, la vague deferle violemment, tandis qu'elle
glisse doucement le long des surfaces de talus lisses. Or, Taction destructive est
incomparablement plus energique dans le premier cas que dans le second. Ces
considerations nous out anicnes a cxecuter les revetements de maniere a avoir
une surface aussi lisse que possible. Au debut nous voulions egalement adopter
42 PROCES-YERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
dem zii entgehen, verliessen wir das Verhaltniss von 1 : 1 und gingen zu
1 : 1,5 iiber mil Riicksicht aiif den Zeitaufwand, den wir brauchten, um
die Deckling \oll herzustellen. Die stcileie Bosciiung war in dieser Form
nicht durchfiihrbar. Man hatle zu weiteren kunstlichen Construktionen
iibergeben konnen, indessen auch da stellten sich die Koslen erheblich
grosser. Die Starke eincr solclien Deckung wachst mit der Steilheil, weil
man den Erddruck, der binter der vertikalen Wand auftritt dazu bekommt.
Dann tritt noch einanderer Umstand bierzu, der bei uns eine sebr bedeut-
liche Seite hatte, das ist das Grundwasser und derWasscrwechsel im Canal
selbst. Wir baben Wasserwecbsel bis 1 Meter, und wcnn das Wasser das
niedrige Niveau hat> so drangt das Grundwasser von binlen nach, und es
erzeugen sich unter diesen Umstanden ebenfalle Butschungen die sich auch
bei uns gczeigt haben. Ich mochte immer dafiir sprechen, dass derartige
Deckungen mindestens dem Grundwasser freie Vorfluth geben. Auch dafiir
ist gcsagt worden, dadurch dass die gewohnliche Bruchslein- oder Ziegel-
decken Fugen hat. Ucberall kann das Wassej' austreten Es darf nur nicht
in zu konzentrirten Strahlen austreten, weil es dann den feineren Sand sehr
leicht wegfiihrt. Wir haben an der Seekuste meilenlangc Deckungen gegen
die Nordsee und haben daselbst schwcren Seeschlag. Unsere Deckungen sind
ausgefiihrt gegen die Nordsee in der Neigung von 1 : 1,5, und die Cons-
truktion ist aus Steinen gewahlt. Ich spreche diesmal ausdriicklich von der
Nords.ee selbst. Diese Steine haben ein Gewicht von 7 bis 800 Kg. Es sind
also kolossale Steine; wir legen aber alle diese Deckungen auf Kies (Gravel).
Das massigt ausserordentlich den Austritt des Wassers aus dem hinterlie-
genden Terrain und iiihrt es sanft wieder durch die Fugen ab, ohne dass
des talus Ires escarpes. Une communication speciale fut faite a ce sujet par M. lo
professeur Schlichting dans le rapport relatif au canal de la mer du Nord a la
mer Baltique. Je n'ai pas besoin de revenir sur ce travail ; je dirai seulement que
ce fut le talus a 1 pour 1 qui fut admis, en ajoutant toutefois que ce choix fut
guide par le souci de reduire autant que possible les depenses. L'etablissement de
200 kilometres de berges avec revetement en pierre ne se fait pas en un instant;
c'est un travail si colossal que les berges doivent rester longtemps sans defense ;
or, avec un talus de 1 : i nous eussions eu infailliblement des eboulements, et
nous n'aurions pu achever les berges que difficilement. C'est pour eviter ces diffi-
cultes que nous avons abandonne le talus de 1 : 1, et que nous nous sommes con-
tentes de I'inclinaison de 1 : 1,5, eu egard,je lerepete, au dclai dont nous avons
besoin pour parfaire les revetements sur toute la ligne. Dans ces conditions, des
talus plus raides n'eussent pas ete executables; it aurait fallu rocourir a des
constructions accessoires qui eussent augmente notablement la depense. Lepais-
seur d'un revetement de ce genre croit avec la raideur du talus, parce qu'il faut
tenir compte de la poussee des terres qui se trouvent en arriere du mur. Une
autre circonstancc qui avait un cote tres facheux dans notre cas, c'est la presence
(le la nappe etles variations du plan d'eau dans le canal meme. Nous avons des
variations qui atteignent jusqu'a 1 metre, et lorsque le plan d'eau dans le canal
est a son niveau inferieur, I'eau de la nappe sort des terres et donne lieu a des
1" SECTION. — 5' SEAiNCE. 43
der hinterliegende Sand zu sehr in Bewegung gesetzl wird. Wo aber dieser
Sand sehr fein ist, Avie wir ihn namentlich in der Gegend der Diinen haben,
die immer niir feiner gewaschener Sand haben, sind wir nun genothigt
gewesen unterhalb des Kiesesentlang ehvas festerer Material unlerzubringen,
damit das durchlretende Wasser nicht unmiltelbar den Sand anfiihrt, der
dahinter liegt. Diese Erfahrung, die man an der Nordscc gemacht hat, hat
man auch fiir die Canalseite in Betracht gezogen : sammtliche Steindec-
kungen sind auf groben, leieht Wasser abfiihrcnden Sand gelegt, sodass
die Entwasserung aiis dem hinterliegenden Terrain immer frei nach dem
Canal zu vor sich gehen kann, ohne die eigenlliche Deckcn zu schadigen.
Die Kosten werden bei uns dadurch hoch, dass wir an Steinen ganz aiis-
serordentlich wenig Material in dem nati!irlichen Terrain besitzen. Wir
miissen die Steine zum Theil von weit her heranfahren und sind deshalb
auch an vielen Stelleu zu Ziegeln ubergcgangen. Bei der Ausfuhrung kam
auch die Frage zur Sprache, ob wir diese Steindeckung welche in der
jS'eigung von 1 : 1,5 niedergeht. mit Fusspfahlcn decken sollten, wie dies
auch von vielen der Herren vorgeschlagen ist. Wir haben davon Abstand
genommen. Bei eine Lange von 200 Kilometer bedurfen Sie, wenn Sic auf
jeden Meter 2 Pfahle stellen, allein 400000 Pfahle. Esrechnet also gewallig
in die Kosten, und desshalb ist audi mit Bucksicht auf die Absicht, ein
Wassei'polster zu schaflen, vor dieser Steindeckung eine Barme angelegt.
Diese Barme richtet sich in ihrer Breile nach der Oualitat und nach der
Widerstandsfahigkeit des unterliegenden Materials. Und aus dem Grunde,
■sveil wir dort bereits einen festen Untergrund haben, also eine fesle Fun-
dirung fiir diese Steindecken, haben wir sie ruhig gegen das Bankets gestellt,
eboulements comme nous avons pu en constater sur nos chantiers. Je voudrais
m^me faire reniarquer que ce mode de revelement doit au moins laisser librc
cours aux eaux souterraines. Nous y avons pourvu avec los joints des revetements
ordinaires en moellons ou en briques.
Parlout I'eaupeut sortir, sans cependant pouvoir jaillir en jets concentres, parce
que le sable fin eut eteentrainetres aisement sur la cote marine ; nous avons des
kilometres de revetements exposes au coups de mer de la mer du Nord. Ces revete-
ments ont ete etablis avec la pente de 1 : 1 ,5 et construits en pierres pesanl de
7 a 800 kilogrammes ; je parle ici expressement de la mer du Nord. Ce sont done
des pierres colossales, mais tons les revetements sont fondes sur gravier ; ce
revetement modere d'une fagon extraordinaire la sortie de I'eau contenue dans le
terrain en arriere du revetement; cette eau s'ecoule doucement a travers les joints
sans que le sable qui se trouve derriere soit trop entraine. Mais la ou le sable
est tres fin, notamment dans les dunes, il a ete necessaire de placer au-dessus
^ du gravier une fondation en materiauxun peu plus compacts, afin que I'eau ne vint
pas en contact direct avec le sable qui se trouvait en arriere. Ces experiences
faites sur la merdu Nord ont ete utilisees aussi pour les berges du canal: tousles
revetements en pierre sont etablis sur une fondation de gros sable se laissant
facilement traverser par I'eau, de maniere que le drainage du terrain puisse tou-
jours s'effectuer librement vers le canal, sans dommage pour le revetement pro-
44 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
haben aber ihren Fuss noch mit einer kiirzen Steindeckung vorgelegt und
dadiirch eine grosse Starke gegeben. An einzelnen Stellen haben wir das
Bankctt ziemlich breit mit Steinen iiberschiittet, um das Bankett gegen den
Wasserstoss zu sichern. Damit haben wir die Pfahle erspart, well, wenn
eine Ausspiilung eintritt, die Pfahle auch wehgehen.
Die Frage, ob ein Reflex einer solchen Welle eintritt, ist fiir mich zwei-
felhaft. Derartige Reflexe haben sich bei den Deckungen, die wir benutzen,
nicht gezeigt. Im Gegentheil! Rei einer steilen Wand geht die Welle ziem-
lich glatt und ruhig entlang und hebt und senkt sich wieder,
Wir haben also darauf keine besondere Riicksicht zunehmen. Die SchifTe
haben darunter nicht zu leiden. Die Schift'e erzeugen in dem Wasser recht
erhebliche Stromgeschwindigkeiten. AVenn wir das Profil des Canales zum
Schifl' ] : 6 haben, so bekommen wir Geschwindigkeiten von circa 1,5 bis
1 ,8 Meter und damit werden unter Umstanden die Ufer ziemlich angegrifl"en
werden. Indessen die Zahl derjenigen Schift'e welche eine solche kolossale
Grosse haben, ist so gering, dass auch solche Angriffe nicht von besonderer
Wirkung sein werden. Der cingelauchte Querschnitt eines Schifles war zu
60 Qm angenommen worden; er stammt von den transatlantischen
Dampfern, die von Hamburg nach Amerika gehen. Darnach hat der Quer-
schnitt des Canals 560 Qm zu erhalten ; dieser Querschnitt haben wir an
gewissen Stellen auf 580 Qm an erweitert. Das ist das erste Mittel, was
prement dit. Los depenses ont ete elevees chez nous parce que nous ne possedons
qu'extremement peu de picrres naturelles, et qu'il nous a fallu, par suito, faire
venir la pierre de loin, ou recourir a la brique.
Lors de rexecution, nous nous sommes demande si nous devious, ainsi que cela
a ete propose souvent, proteger par des pieux battus au pied cos revetements de
pierre etablis avec pente de 1 : 1,5. Nous n'avons pas cm devoir le faire. Sur une
longueur de 200 kilometres, il nous aurait fallu, a raison de deux pieux par
metre, -400000 pieux; e'eiit ete une depense considerable, c'est pourquoi — et
aussi pour creer un matelas d'eau en avant du revetement — nous avons menage
une berme et renonce aux pieux. La largeur de cette berme est reglee suivant la
qualite et la resistance des materiaux formanl le sous-sol. Comme nous avons au
canal de la Baltique un sous-sol resistant, et par consequent une bonne fondation
pour les revetements en pierre, nous avons place ceux-ci simplement contre la
banquette en etablissant toutefois encore en avant de leur pied un petit perre qui
leur donne une grande resistance. Sur certains points, la banquette, assez large*
a 6te recouverte de pierres, pour la proteger contre le choc des vagues ; nous
avotis ainsi pu supprimer les pieux. Du reste, dans le cas d'affouillement les
pieux partiraient aussi.
La possibilite de reflexion des vagues me parait douteuse ; nous n'avons jamais
constate de reflexion de ce genre avec les revetements que nous etablissons. Au
contraire, avec un mur escarpe, la vague se propage assez lisse et tranquille le
long du nmr, s'elevant et s'abaissant tour a tour. Nous n'avons pas tenU compte
de cette circonstance, les bateaux n'en souffrant pas.
Les bateaux produisent dans I'eau des courants d'une vitesse considerable ;
1- SECTION. — 3' STANCE. 45
HeiT Professor Schlichting angefiihrt hat, Es handelt sich darum, den
Canalquerschnitt moglichst gross zu machen, um Ruhe in die Bewegung
zu bringen. Dem entsprechend sind diese Grossen so genommen, damit
Nvir den gewaltigen Angriffen gegeniiber, die durch die Schifte eintreten,
gewachsen sind. Es gehijren dahin namenllich die grosseren Fahrzeiige der
Kriegsmarine, welche den grossten Querschnitt haben. Die Fahrzeuge
haben eine Breite bis zu 20 Meter und einen Tiefgang von 7 Meter und
verdriingen viel Wasser, sodass sie mit moglichst geringen Geschwindig-
keiten durchgehen miissen, weil sie sonst die Canalboschungen zu sehr
angreifen. Die gewohnliche Handelsschifffahrt dagegen, welche zwischen
Nord- und Ostsee geht, hat nur 12 Meter Breite und 6 Meter Tiefgang.
Ich habe meinerseits gegen die steilen Wande nichts zu erinnern, aber
ich glaube, dass man bei dem Canalbau schliesslich an den Kosten schei-
tern wiirde. Die Kosten sind so erheblich, dass man davor zuriickschreckt.
Bei den BinnenschilTfahrtscanalen liesse sich die Sache viel leichter
machen. Indessen glaube ich, wird es gut sein, auf diesem Gebiete die
Versuche abzu^varten und nichl gleich Beschliisse zu fassen.
Es sind vorhin die Kosten fiir Binnencanale angegeben, ^Yelche sich auf
12 bis ISFranken steilen sollen; wir bezahlen im Durchschnitt 55Franken
per laufenden Meter, bei denDeckungen, die uns obliegen. Diese Deckungen
haben \erschiedene Breiten. Sie sind durchschnitllich angelegt fur 1,5 Meter
dans le cas d'un canal dent la section est a celle du bateau comme 6 est a 1 , on
constate des vitesses de 1 m. 50 a 1 ra. 80 qui, dans certaines circonstances,
donneraient lieu a des degradations des berges ; mais le nombre des bateaux d'une
telle grandeur est si faible que Taction facheuse qu'ils peuvent exercer ne sau-
rait avoir une bien grande importance- Pour trouver un navire ay ant une section
immergee de 60 metres carres, il faut prendre les transatlantiques qui font le
service entre Harabourg et I'Amerique ; pour ces bateaux la section du canal
devrait done etre de 560 metres : nous I'avons portee sur certains points a
580 metres. C'est le premier moyen indique par M. le professenr Schlichting ;
agrandir autant que possible la section du canal pour que les bateaux circulent
sans troubler la tranquillite de la nappe. C'est dans cet esprit que nous avons
adopte la dimension indiquee, afm d'eviter des actions violentes auxquelles donne
lieu le passage des bateaux dans les canaux trop etroits. Les gros navires de la
marine de guerre sont ceux qui presentent la plus grande section ; ils mesurent
en effet jusqu'a 20 metres de large avec un enfoncement de 7 metres, et deplacent
beaucoup d'eau, de sorte qu'ils ne doivent circuler qu'avec une vitesseaussi reduite
que possible, pour ne pas endommager les berges. Les navires de commerce qui
font letrajet ordinaire entre la mer du Nord etla Baltique n'ont au contraire que
12 metres de large et 6 metres d'enfoncement.
Pour mon compte personnel, je n'ai pas d'objection a faire contre les berges
escarpees, mais je crois que le systeme echouera a cause de la depense, si consi-
derable que Ton en est effraye. Sur les canaux interieurs la chose pourra se faire
beaucoup plus aisement; c'est pourquoi je pense qu'il serait bon d'attendre les
essais sur ce terrain, el de ne pas prendre de decision immediate.
4fi progeShVERbaix des seances des sections.
Huho und wachsen bei dem Bankett bis 2 Meter und 5 Meter Hohe, urn den
Sloss des Wassers abziifangen.
Ilerr Regierungsrath Wernekunck. — Nur ein paar Worte fiir Vorbereiten
eiiier Resolution sagen, welche ich gern unterstutzen wurde. Wir haben,
glaube ich, durch die Mittheilungen des Herrn Oberbaurath Baensch fiber
die Versuche, die im Nordostseecanal gemacht sind ini grossen Ganzen
die Ueberzeugung gewinnen konnen, dass mandort bereits giinstige Erfah-
riingen gemacht liat, iiber steile Uferwande und dass solche zvveckmassig
sind fiir die Verhiiltnisse, welche dort herrschen in Bezug auf Tiefe und
Breite des Canals, in Bezug auf Geschwindigkeit und Eintauchung der
Schifl'e, wenn nicht der Kostenpunkt vielleicht eine kleine Abweichung
\vllnschens^^•erth machte von dieser prinzipiell als richtig anerkannten
Bauweise; und vielleicht ist auch eine Abweichung durch Rucksichtauf die
Bauzeit begriindet, welche man sich vorgesetzt hat, und welche maninne zu
halten fiir nuthig halt. Desshalb glaube ich die Versammlung aulTordern
zu diirfen in diesem Sinne eine Resolution zu fassen. Sie wiirde durch
dieselbe anerkennen, dass unter den meislen Verhaltnissen fur unsere
neuen Canale, nahezu senkrechte Uferwande zvveckmassig sind, dass
Abweichungen aber fiir angemessen erachtet werden konnen, je nach der
Bauzeit, je nach vorhandenen Material und je nach der Kosten.
AYenn man glauben sollte, dass man bei geringeren Verhaltnissen nur
gegeniiber der grossen Verhaltnissen, wie sie im Nordostseecanal bestehen,
zu flachen Boschungen iiberzugehen hatle, so will ich doch darauf auf-
merksam machen, dass gerade bei einem kleinen Canal, — namlich am
Landwehrcanal in Berlin — auch bereits die Erfahrung griindlich gemacht
ist, dass die steilere Boschung eine grossere Geschwindigkeit der Fahr-
On a indique comme prix des revetements sur les canaux interieurs les prix de
12 a 15 francs; nous payons en moyenne 55 francs par metre courant pour les
revetements qui nous incombent. Ces revetements ont des longueurs variables :
ils sont etablis en moyenne pour 1 m. 50 de hauteur, et, lorsqu'on emploie une
banquette, atteignent jusqu'a 2 metres et 5 metres de hauteur pour amortir le
choc de I'eau.
M. Wernekinck. — Quelques mots seulement sur une resolution que j'appuie-
rais volontiers. La communication de M. Baensch sur les essais fails sur le canal
de la mer du Nord a la Baltique a du vous convaincre que les berges escarpees ont
deja a leuractif des experiences favorables, et qu'elles ontetejugees convenables
pour les conditions speciales de cette region : profondeur et largeur du canal,
Vitesse et enfoncement des bateaux : seule la consideration des depenses pourrait
donner lieu a une critique de ce mode de construction reconnu comme conve-
nable en principe. Peut-etre une autre objection pourrait-elle etre basee sur la
duree prevue pour les travaux, et dont il est juge necessaire de ne pas s'ecarter.
Quoi qu'il en soit, je crois devoir demander a I'assemblee de prendre une resolu-
tion dans ce sens. Vous reconnaitriez par ce vote que, dans la plupart des cir-
constances, les berges a pen pres verticales sont les plus convenables pour nos
1- SECTION. — 7f SfiANCE. 47
zouge in einem Canal zulassig macht und grosseren Querschnitt scliallt.
Dort ist jetzt die Amvendung derDampfkraft, welche fruher bei den flaclien
Erdbosclmngen nicht zulassig war, eingefiihrt. Steilerc Buschungen sind
hicr mit Spundwanden, Beton, in Mauerwerk aus Ziegeln und Haustein
hergestellt. AVir haben also zwei passende Beispiele, bei denenin der That
schon Erfahrungen gemacht sind. Ich glaube, dass selbst wenn csbezweifelt
wiirde, ob man bereits geniigende Erfahrungen gesammelt hat, man doch
die Ueberzeugung haben kann, dass steile Boschungen im Princip auge-
messen sind fur neue Caniile. Die Erfahrung, welche am Strande der
Nordsee gemacht wurde, ist mindestensgleichwerthig mifeinerErtahruno-,
welche gemacht werden kann, beim Diirchfahren von Dampfschiflen durch
einen Canal. Es ist durchaus nicht zu bezweifeln, dass das, was hier
mitgetheilt ist iiber sleile Uterwande, in der Zeit auf Erfahrungen
beruht.
M. LE Presidem. — M. Carlier demande qu'avant de mettre les conclu-
sions aux voix, nous epuisions la premiere question; c'est aussi I'avis de
M. Schliciiting.
II est en effet preferable de ne conclure qu'apres avoir passe en revue
tons les rapports, parcequ'ils contiennent des questions qui se rattachent
a I'inclinaison des talus.
La parole est a M. Carlier pour nous faire un resume du rapport de
M. Yan der Sleyden.
M. Carlier. — Messieurs, nous regreltons tons I'absence de M. Van der
Sleyden qui, grace aux experiences tres-remarquables qu'il a faitcs dans
les canaux de Ilollande, aurait pu nous donner quelques developpements
interessants relativement aux questions traitees dans son rapport.
nouveaux canaux, mais que certaines considerations relatives a la duree d'execu-
tion des travaux, aux materiaux dont on dispose et aux depenses a eno'ager, peu-
vent conduire a s'en ecarler.
A ceux du reste qui seraient tentes de croire qu'il faut revenir aux talus nioins
escarpes pour les canaux qui n'ont pas les grandes dimensions du canal de la Bal-
tique a la mer du Nord, je citerai I'exemple d'un petit canal— le canal Landwehr
a Berlin, — oil Ton a constate que les talus escarpes permettent une phis o-rande
Vitesse des bateaux tout en procurant une section transversale plus considerable.
L'emploi de la vapeur, qui n'etait pas admissible jusqu'ici sur ce canal, avec les
berges en talus, a pu etre adopte depuis I'etablissement de berges verticales
construites avec palplanches, beton, maconnerie de brique et de pierre de taille.
Nous avons done deux exemples d'application du systeme, et je crois que, meme
si Ton juge ces exemples insuffisants, il ne saurait y avoir de doute sur ce point
que, en principe, les berges escarpees conviennent bien pour les nouveaux canaux.
L'experience faite sur les bords de la mer du Xord vaut bien I'experience qui
pourrait etre faite en faisant circuler un bateau a vapeur sur un canal. 11 n'y a
pas a en douter, tout ce qui a ete communique ici sur les berges escarpees
repose en fait sur des experiences.
48 PROCfiS-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
M. Van cler Sleyclen a Iraite la question telle qu'elle avail ete posee par
la Commission d'Organisation du Congres, et il s'est snrtout preoccupe des
termcs memes dans lesquels elle avait ele posee : moycns employes pour
consolider les berges des canaux en vue d'une exploitation a grande
Vitesse.
11 a traite la question dans tout son ensemble autanl que les experiences
faites jusqu'a present sur la vitesse permettent de le faire.
U a fait remarquer que, dans Ic debut, avec les faibles vitesses des
bateaux traines par des chevaux au trot, la defense des berges etait extre-
mement commode et relativement peu couteuse, mais que cette vitesse
ayant augmente par suite de I'emploi de la vapeur, les degradations des
berges avaient augmente. On avait songe a limiter reglementairement la
vitesse, ce qui avait reslreint les degradations dans uno certaine propor-
tion, mais on a du renoncer a cette mesure.
.Passant a I'examen de I'ensemble de la question et des resultats de
rexperience, il arrive a cette constatation qu'il n'est pas inutile de vous
faire remarquer :
« La cuvette de la plupart des canaux est assez large pour permettre
sur la plus grande partie de la voie le croisement des bateaux de dimen-
sions maxima. La section immergce des bateaux pent alors atteindre un
tiers de la section mouillee du canal ; mais, comme des bateaux de toutes
dimensions circulent sur les canaux, ordinairement la proportion est de
beaucoup plus avantageuse.
« Tant que la navigation a vapeur resle prohibee, les travaux d'entre-
tien sont peu couteux. lis se bornent a des dragages peu importants, a
des revetements de rives avec des gazons, et aux soins qu'exigent les plan-
tations de roseaux. Parfois encore, quand les talus, au niveau du plan
d'eau, ne resistent pas a Taction des vagucs soulevees par le vent ou par
le passage des bateaux, on les protege par une petite haie, « kieltuin »,
haute de 30 centimetres, construite en fascinages.
« Tout change des que les bateaux a vapeur sont admis sur le canal. II
n'y a pas de talus naturels assez stables pour se maintenir centre Taction
corrosive des vagues et des courants produits par le passage des bateaux
et le mouvemcnt rotatoire de Thelice. 11 faut alors proteger les berges par
des rev6lements empierres, des tiles de pieux et palplanches, ou d'aulres
ouvrages. »
M. Van der Sleyden examine tout ce qui a ete fait sur les differents
canaux de IloUande, et il fait remarquer que partout on s'est d'abord
preoccupe, et avec juste raison, de Taugmentation de la hauteur de la
va<yue proportionnellement a Taccroissement de la vitesse. On a cherche
par tons les moyens possibles a reconstituer le talus au-dessous du niveau
de Teau. Et effectivement, si nous considerons tons les procedes de defenses
de berges que nous avons eus sons les yeux dans les differents croquis de
MM. Van der Sleyden, Peslin et de Hoerschelmann, nous remarquons que
1" SECTION. - 3' STANCE. 49
tousces travauxsebasentenprincipe sur I'existence d'lm talus au-dessous
du niveau de I'eau,
Le jour oii le talus disparait, on tombe dans le neant, et on s'expose a
des depenses extremement considerables.
De sorle qu'en Hollande on avait applique tous les soins a reconstituer
ce talus, a le consolider et a le mettre en etat de resister. Et suivant la
vieille coutume que j'ai souvent vu appliquer dans le Nord, a rimitation
des HoUandais, on avait revetu ces talus d'une couche d'argilesur laquelle
on repandait une couche de gravois un peu plus mince, qu'on recouvrait
de moellons formant un perre a sec. On n'a pas recule devant cette depense
considerable pour obtenir le resultat qu'on cherchait.
Mais cela nc suffisait pas et on a encore ete oblige de defendrc les berges
a la parlie correspondant au niveau de I'eau avec des pilotis. Neannioins
les defenses naturelles profectrices des talus devenant de plus en plus
insuffisiinles, et les eboulements devenant de plus en plus frequents par
I'effct des vagues, on a execute sur certains canaux des travaux de
defense a estacades ou en pieux bardes qui ont atteint une tres grande
hauteur.
« Une experience d'environ 10 ans, dit M. Van der Slevden, n'est pas
favorable a ce genre de construction. Le lalus inferieur s'en va de plus en
plus et les pieux s'inclinent vers la cuvette. Sur les points les plus attaques
on a deja du renouveler la construction en remplagant les pieux de 1 m. 80
par des pieux plus longs, qui vont jusqu'a 3 m. 25.
« Le prix de revient des travaux en fascinages est d'un demi-florin
(i fr. 04) par metre courant. »
M. Van der Slevden dit qu'il faut etre tres circonspect en fait de con-
clusions.
Les conclusions de M. Van der Sleyden, dont M. Schlichting a donnc
lecture precedemment, ont surtout ceci de remarquable qu'etant donnee
la competence dc I'auteur, elles justifient absolument les conclusions de
M. Vanderlinden dont le memoire si interessant nous a ete communique
hier, conclusions qui ont donne lieu a la proposition de M. Schcendorffer.
En realite, quel est I'ennemi contre lequel il faut lutter? C'est la vague
qui se produit en apparence au niveau dc I'eau et qui, au fur et a mesure
que la vitesse augmente, s'approfondit davantage.
Tant que nous n'aurons pas de donnees fournies par des experiences
precises sur les vilesses admissibles, aussi bicn pour I'exploitation com-
merciale des canaux que pour leur exploitation technique, et pour assurer
la possibilile de leur enlretien, nous serons dans une periode de tatonne-
ments pendant laquelle les essais successifs arriveront a propager les effets
de la vague destructive a des profondeurs de plus en plus considerables
et lui feront parfois atteindre la profondeur totale des canaux.
II est, je crois, certain pour tout le monde que la solution du probleme
de la Vitesse et de la constitution d'un sol susceptible d'etre maintenu
50 PROCES-VERBALX DES SEANCES DES SECTIONS.
consisterait a disposer de la largeur necessaire pour pouvoir etendre lale-
ralement les berges dcs canaux sur un terrain solide et incline : ce serait
la I'ideal, le procede d'etablissement necessitant la depense d'entretien
minima, sinon une depense a peu pres nulle.
Serre comme on Test generalement sur les canaux existants — et meme
sur les canaux en construction, puisque le probleme dc la vitesse n'est pas
resolu — par le cout toujours eleve du terrain aux abords des voies navi-
gables, on est oblige a des defenses que je qualifierai de defenses de fortune.
Si on dcvait adopter partout la berge verticale s'etcndant au-dessous du
niveau de I'eau jusqu'a la profondeur ou Taction des vagues se fait sentir,
si la vitesse elait suffisante pour que I'epaisseur de la lame mise en niou-
vement fiit de 2 metres, on serait oblige de recourir a ce systeme, irreali-
sable au point de vue de la depense, du murde quai vertical, qui nc serait
plus une simple estacade pouvant resister a la poussee des terres.
11 faudrait un mur de quai ordinaire, et personne au monde n'oserait
conseiller a un constructour de canaux de se lancer dans une depense aussi
formidable. Nous savons tons que, lorsqu'on est enserre cntre des conslruc-
tions, des elablissements ii;du<triels par cxemple — et il y a ici un dc !ios
Rapporteurs qui a pu tout recemmeiit apprecier combien cela coule — on
arrive a des depcnses de 300 000 a 400 000 francs par kilometre.
On ne pent, par consequent, eriger en principe la possibilite de songcr
a des defenses verticales se prolongcant jusqu'au fond du canal.
Je crois done que la Section devrait voter en premiere lignc, avant loule
resolution sur les systemes de defense des canaux, la proposition de
M. Schoendorffer, qui demande des experiences devant faire Tobjel d'une
des questions a trailer au prochain Congres.
Jc vous propose d'y ajouler ceci comme solution provisoire :
« Les resultals de ces experiences pouvant seuls d'ailleurs permellre
« d'apprecier dans quelle limite de profondeur Taction de la vague pro-
« duite par le mouvement du bateau pent necessitcr ile desccndre les
« ouvrages defensifs de la berge, il ne serait pas possible d'emettre prea-
« lablement une opinion suffisamment raisonnee relalivement aux divers
« systemes a recommander et a Tinclinaison a donner aux berges. »
i\l. i.E Preside>;t. — La parole est a M. Yanderlinden.
M. Yandeullnde.n. — Je voudrais specialement appeler voire attention
sur deux points de Tinteressant rapport de M. Van der Sleyden.
M. Scblichting, dans la defense du type de consolidation des berges qu'il
propose, s'est base specialement sur ce qui a ete fait en llollande. Or, je
constate que M. \an der Sleyden dit dans son rapport qu'une des diffi-
cultes de la consolidation des berges en Hollande provient de ce qu'on
n'y a pas de baisses d'eau annuelles.
« Cette sujetion, dit-il, constitue une complication serieuse du pro-
bleme; avant (ie choisir le proccde qui parait preferable, on est oblige
d'eliminer les types dont Texecution serait trop difticile. Pour les talus en
1" SECTION. — 3' SfiANCE. 51
contre-bas du plan d'eaii on est done reduit, — et je me permets de soii-
ligner ce mot — , a rapplication de files de pieux et de palplanches. »
Ce dernier systeme, qui forme la base du type de M. Schlichting, ne
constitue done, suivant M. Yanderlinden, qu'une solution de pis aller a
laquelle on a recours faute de mieux.
Plus loin, M, Van der Sleyden, apres avoir expose succinctement tout
ce qui a ele fait en llollande pour les consolidations des berges avec re-
vetement en charpenle, dit, entre autres, ce qui suit :
<c Dans les constructions execulees depuis pres de quarante ans, on tend
evidemment a descendre de plus en plus en contie-bas du niveau
d'cau. »
« On ne saurait affirmer pourlanl qu'on soit arrive des a present a une
solution convenable qui ne laisse rien a desirer au point de vue de la duree
du travail. »
II semble done que la pratique n'a pas consacie un type semblable
a celui propose par M. Schlichting.
M. LK PitesiDE.M. — Nous allous resumer maintenant dans des conclu-
sions les leponses que nous avons a faire a la premiere question. Nous
avons entendu quatre rapports et les commontaires dont ils ont cte
I'objet, mais je suis obhge de rappeler a la Section le texte de la question;
j'auraisdii le faire hier, car je crois que nous nous en sommes quelque pen
ecartes.
La 1'" Question est ainsi couQue :
« Consolidation des berges des canaux. — Moyens employes pour la
consolidation des berges des canaux en vue dune exploitation a grande
vitcsse. — Uesultats obtenus; prix de revieni. — Influence de la largeur
de la vole. »
Nous avons parte hier des canaux du Nord sur lesquels les bateaux
circulent a petite vitesse, et nous avons eu des renseignements extre-
memcnt inlcrcssants sur les conditions dan^ lesquelles on defend leurs
berges.
Resumant ce qui a etc dit dans la discussion et ce qui est expose dans
les quatre rapporls que nous avons etudies, je proposerai a la Section de
conclure par une resolution dans ce sens :
D'abord, etablirpour les canaux a petite vilesse — jene crois pas qu'on
ait conteste Tutilite des moyens employes sur Ics canaux du Nord — des
pcrres maconnes pour les parlies voisines du plan d'eau et les parlies qui
sont placees au-dessus, et des files de pieux et de palplanches pour les
parlies situees au-dessous du plan d'eau. C'est le systeme preconise par
M. Peslin, et nous pouvons dire, je crois, que d'une maniere generate la
Section recommande ce systeme; il n'y a du reste pas de contestations sur
ce point.
M. Schlichting a preconise dans son rapport, pour les canaux a grande
vilesse, I'elargissement du profit. II a indique un chiffre qu'on a trouve
52 PROBES-VERBAUX DES SEAiNCES DES SECTIONS.
tres rationnel, mais peut-etre trop absolu comme indication; mais la Section
ne verrait sans doute pas d'inconvenient a faire connaitre son sentiment
sur I'utilile d'elargir le profit des canaux an fur et a mesure qu'on
augniente la vitesse de marche des bateaux, en donnant comme solution
rationnelle celle que presente M. Schlichting.
M. DE Raeve. — M. Schlichting a retire sa proposition, se reservant de
proposer une conclusion lorsque les experiences que nous demandons
auront ete faites.
M, LE President. — Alors nous ne mettrons pas aux voix cette partie dc
la resolution.
Sur la troisieme resolution — celle qui, en somme, a donne lieu a
toute la discussion qui s'est deroulee ici depuis deux jours — MM. Carlier
et Schlichting paraissenl d'accord pour se rallier a la proposition de
M. Schoendorffer. Cette proposition consrste a demander qu'il soit fait des
experiences sur les canaux a grande vitesse au sujet de Taction des vagues
et des effels produits sur les talus de diverses inclinaisons.
Le projet de resolution presente par M. Schoendorffer est ainsi couqu :
La r" Section emet le voeu :
« 1° Que des experiences soient faites dans les differents pays, pourcom-
« pleter et etendre les resultats et les consequences de celles faites sur le
« canal Erie en vue de determiner les relations qui existent entre la
« vitesse, I'effort de traction et la section plongee des bateaux, d'une part,
« et d'autre part la surface et la forme de la section mouillee des canaux
« taut marilimes que de navigation interieure;
« 2" Que des experiences analogues soient faites en vue de determiner
« rinfiuence du degre d'inclinaison des berges sur faction de la vague
« produite par la propulsion des bateaux a des vitesses croissantes;
« 3° Que la critique de ces experiencesTasse le sujet d'une des questions a
« trailer au prochain Congres. »
M. Carlier se rallie a cette resolution. M. Schlichting propose une redac-
tion differente, je lui donne la parole.
Herr Professor Schlichting. — Mit Riicksicht darauf, dass es wiinschens-
wert ist, zu einer Resolution zu gelangen sowie mit Riicksicht darauf, dass
der Gegenstand sich hcutenicht abschliessen liisst, da Erfahrungen fehlen,
ziehe ich meine Resolution zu Gunsten der Engelschen zuriick, die darin
gipfelt,dass iiberdie Form der Canalprofile noch Versucheangestellt werden
sollen utiter der Yoraussetzung des Prinzips, dass vertikale Uferwande gut.
sind und dass diese Erfahrungen dem nachsten Kongresse mitzutheilen.
M. Schlichting. — Comme il faut arriver a une conclusion, et qu'on ne saurait
le faire aujourd'hui par suite du manque de donnees experimentales, je retire ma
resolution en faveur de celle de M. Engels, qui se resume en ceci : (pie des expe-
riences doivent etre faites sur la forme du profit des canaux en partant du prin-
cipe que les berges verticales sont bonnes, et que les resultats obtenus soient com-
muniques ati prochain Congres.
1" SECTION. — 5- SEANCE. 55
M. LE President. — M. Schlichting retire sa resolution, et la remplacc
par une resolution qu'il a redigee d'accord avec M. Engels.
En voici le texte :
« Considerant que d'nn cote la forme du profil dii canal, sous le rapport
de la resistance opposee par les defenses, devient plus avantageuse
lorsque les talus sont plus raides; que, d'un autre cute, il semble possible
d'effectuer des travaux economiques en etablissant des talus peu inclines,
il serait a souhaiter qu'on fit de nouveaux essais sur les talus a peu pres
verticaux, essais tres rares jusqu'a present, et qu'en se basant sur les
resultals ainsi obtenus, on presentat un rapport au prochain Congres. »
La parole est a M. de Raeve.
M. DE Raeve. — Je suis partisan de la seconde partie de la proposition,
mais non de la premiere. Nous ne pouvons pas eriger en principe que
la parol verticale est une disposition avantageuse. J'admets qu'on tasse des
experiences, et qu'on en expose les resultats au prochain Congres; mais je
ne voudrais pas qu'on aftirmat absolument des aujourd'hui que la parol
verticale est une disposition recommandable en tout cas.
Je vous avoue d'ailleurs que, quant a moi, sans essayer de faire pre-
valoir mon opinion, je suis absolument contraire a ce moyen. D'ailleurs je
crois qu'il faudrait etablir une difference absolue entre les canaux mari-
timcs, oil la vitesse atteinte par les bateaux est tres considerable —
10, 11 ou I'i kilometres a I'heure — et les canaux de navigation inte-
rieure oil la vitesse est toujours tres faible.
Les deux cas sont, a mon avis, tres differenls, et il faudrait, dans les
experiences qui seront faites, proceder par categories.
M. Peslin. — Je me rallie a Tobservation presentee par M. de Raeve, et
je demande aussi que les experiences faites soient classees en deux
categories.
M. Vainderlinden. — Je crois devoir combatlre le second considerant de la
resolution de M. Schlichting, d'abord parce que le fait y avance ne me
parait pas etabli, ensuite pour le motif que le Congres n'a pas a se pro-
noncer sur ce point.
Je ferai rcmarquer aussi que dans son interessant rapport M. Van der
Sleyden dit, au sujet du cout des paremenls en charpente et des perres, ce
qui suit : « Le prix de revient des constructions en bois, y compris
le per reyage du talus superieur, ne depasse pas le prix d'un talus perreye
sur toute I'etendue necessaire. »
M. Schlichting. — Je ne demande a la Section que de decider qu'on fera
des experiences sur les parois verticales.
M. le President. — Nous sommes done tons d'accord pour demander
qu'on fasse des experiences, et pour ne pas imposer des solutions qu'on
pourrait considerer comme consacrees par des resultats.
Au prochain Congres nous pourrons presenter des conclusions basecs sur
des fails certains.
54 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
Je mels aux voix la resolution proposee par M. Schcendorffer (Voir
page 52).
(Cette resolution, mise aux voix, est adoptee.)
Pour cette 1''' Question, nous avons a designer un Rapporteur qui sera
charge de presenler nos conclusions a I'A'ssemblee generate du Congres.
Je propose a la Section de chai'ger de ce soin M. Peslin, qui a piis une
part importantea la discussion.
11 n'y a pas d'opposition?
M. Peslin est nommc Rapporteur sur la 1"" Oucstion.
M. i.E PuiisiDENT. — Sur la 2" Question, « Alimentation des canaux », il y
a un premier rapport de M. Leboucq sur I'alimentation des canaux en
Relgique. el un autre de M. Denys qui Iraite piincipaleincnt le sujet au
point de vue de la region de I'E^ de la Fiance.
Malheureusement M. Leboucq est niorl; il cut pu nous donnerdes details
interessants sur les dilVerents modes d'alimenlation artiticielle qu'il a elu-
dies sur un certain nombre de canaux de tons pays.
M. de P»aeve vent bien se charger de nous faire un court resume des
explications funinics par M. Leboucq.
M. DE Raeve. — Messieurs, je tiens d'abord a adresser un souvenir afllc-
tueux a M. Lebouc([, a ce jeune ingenicur qui est mort a la tache. et qui
eut pu fournir au Congres des renseignements cxlremement interessants.
M. Leboucq a expose d'une fagon assez detuillec les moyens d'alimenla-
tion des canaux employes en Belgiqueet a indique qu'on se sert en general
de pompes ; sur certains canaux on utilise des pompes centrifuges et sur
d'autres des pompes verticales.
Le systeme des pompes centrifuges a donne d'excellents resullats, la sui'-
tout ou Ton doit alimenter un canal d'une grande elendue. Ces appareilsne
fournissent pas un rendement tres remarquablc; toutefois, dans les cas
oil ils ne doivent pas fournir un travail permanent, mais au contraire
produire un grand cftet immediat, ils sont tres recommandables, dit
M. Leboucq.
Sur le canal de la Lys dont il s'est spccialement occupe, il etait d'avis
d'employer des pompes. Nous y avons maii, tenant installe des pompes
Worthinglondont I'efl'et utile est considerable; comme I'alimenlation devra
y etre continue, on a donne la preference a ce sysleme, et je crois qu'on a
eu raison.
Je ne veux pas vous decrire la machine, que vous connaissez tons.
M. Pkslix. — Je crois que le rendement de la pompe Worthington est
plusavantageux que celui de la pompe rolative.
M. de Raeve. — La pompe rotative rend 50 pour 100 et la pompe Wor-
thington 80 pour 100. Parlout ou I'alimenlation doit etre continue on a
adopte les pompes Worthington.
Si quelques ingenieurs avaient a etudier Talimentation des canaux, et qu'il
leur fut utile de savoir ce qui a ete fait en Belgique, I'Adminislration de
V SECTION. — 4' SEANCE. 55
notre pays se mettrait volontiers a leiir disposition pour leur fournir tous
les renseigiiements necessaires.
Le metre cube d'eau, sur le ciinal de la Lys, est revenu a 4 dixiemes de
centime.
Sur le canal de Charleroi, le prix est un peu plus eleve, mais comme
I'alimentation artificielle est intermiltente, et qu'elle est interrompue envi-
ron pendant 5 mois, il est dilticile d'elablir nn prix de revient exact.
M. LE PiiEsiDENT. — Eu rcsumc, du rapport de M. Leboucq nous aurions
a deduire la comparaison entre la pompe rotative et la pompe Worthington
en indiquant que Texperience amene a donner la preference a la seconde.
Quant aux resultats economiqucs, on pent les comparer a ceux que nous
avons obtenus dans I'Esl de France.
En somme, le rapport de M. Leboucq n'est qu'un expose de faits, et nous
ne pouvons, comme conclusion, qu'appeler I'atlention du Congres sur les
travaux importants d'alimentation artificielle qui ont ete faits en Belgique.
Nous procedons maintenant a Texamen du rapport de M. Denys, qui ana-
lyse des faits concernant noscanaux de I'Est, faits qui, rapproches de ceux
exposes par M. Leboucq, peuvent fournir des comparaisons interessantes.
Mais M. Denys, comme M. Leboucq, ne pose pas de conclusions
fermes.
Dureste, dans notre section technique, nous sommes dans cette situation :
nous pouvons indiquer que sur lei ou tel point on a applique telle ou telle
methode avec succes, mais nous ne pouvons pas poser de priiicipes
absolus.
C'est par I'examen du rapport de M. Denys que nous commencerons la
prochaine seance, qui aura lieu lundi a 8 lieures et demie.
La seance est levee a 10 heures 50.
QUATRIEME SEANCE
Lundi 25 Juillet (matin).
Presidence de M. CARLIER, vicp-presidenl.
La seance est ouverte a 9 heures.
M. President. — M. Rousseau, notre President, est retenu hors de Paris
et m'a charge de le remplacer.
Je commence par lui adrcsser tous nos regrets de ne pas le voir parmi
nous, et je vous pric dc m'accorder votre indulgence.
Nous allons continuer la discussion de la 2' Question, « Alimentation
des canaux », par I'examen du rapport de M. Denys, a qui je donne la
parole pour nous faire un resume de son memoire.
56 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
M. Denys. — II parait difficile de resumer d'une facon inleressante le
travail que j'ai soumis au Congres. Je n'ai pas eu, en effet, la pretention
d'exposer une these pouvant donner lieu a une discussion academique.
Mon seul desir a ete de fournir des chiflres recents en ce qui concerne la
consommation d'eau des canaux, et les moyens employes pour y faire
face.
Ces chiffres sont longs a recueillir, longs aussi a lire, et je crois qu'il ne
serait pas tres interessant de vous les repeter.
Le comite de redaction nous avait pries de deduire de nos travaux des
conclusions susceplibles d'etre soumises a un vote on a une discussion.
C'est surtout pour satisfaire a ce desideralum que j'ai cherche a degager
des renseignements que j'avais recueillis un principe applicable a I'etude
generale du trace des voies navigables nouvelles ; mais je ne demande pas
que ce principe donne lieu a un vote formel.
Je me bornerai done a vous presenter qiielques considerations generales.
Les questions d'alimentation varient avec chaque voie navigable, et il est
tres difficile de formuler des regies absolues. En fait, d'ailleurs, on ne
pourrait presque jamais les observer rigoureusement.
Pour alimenter un canal il Taut beaucoup d'eau, beaucoup plus qu'on ne
le croit generalement. On a beau faire de larges previsions, la plupart du
temps, du moins dans les canaux que jeconnais, onn'a pas eu assez d'eau;
on a sans cesse ete conduit a augmenter les ressources alimentaires, et je
crois que ce n'est pas fini. D'abord la frequentation augmentera encore;
en second lieu la navigation exigera de plus en plusun mouillage profond
et pai'faitement regulier, conditions qui rendent necessaire une alimenta-
tion de plus en plus abondantc.
J'appelle d'ailleurs voire attention sur les variations cnormes que
subissent les pertes quand on passe d'un bief a un autre.
Les pertes se mesurent generalement par metres cubes, par metre courant
et par 24 heures. C'est une commune mesure qu'il est desirable de voir
adopter par tous les ingenieurs.
On ne connait d'une maniere un peu precise que les pertes moyennes
par bief, puisque le bief est en quelque sorte I'unite d'alimentation : com-
ment se repartit la perte tolale d'un bief entre ses diverses parties? 11
n'existe a ma connaissance aucun moyen precis de le savoir.
Les chiffres que que j'ai donnes ne sont meme pas des chiffres particu-
liers de pertes par bief; pour abreger, j'ai indique des chiffres de pertes
par groupes de biefs, chaque groupe etant alimente par une meme prise
d'eau. A la page 3 de mon rapport vous pouvez voir que sur le canal de
I'Est (versant de la Moselle), les pertes varient de 4 metres cubes par metre
courant et par 24 heures a 23 metres cubes.
Si au lieu de prendre ces moyennes par groupes de biefs alimentes par
une meme prise d'eau, moyennes dans lesquelles on pent avoir une cer-
taine confiance, on considere au contraire des biefs isoles dans lesquels la
4'^ SECTION. — 4« SEANCE. 57
mesure de ralimentation est encore bien plus difficile a cause des pertes
propres, des portes, on arrive a des difl'erences beaucoup plus grandes, a
des pertes de 25 metres cubes et de 50 metres cubes par exemple, c'est-a-
dire a des quantiles qui semblent tout a fait extraordinaites.
Au contraire, dans d'autres parties du meme canal i'ai constate des pertes
de 400 litres ou 500 litres seulementpar metre courant; enfin, au moment
des crues, dans les biefs exposes a des sous-pressions, non seulement on
n'alimente pas, mais les biefs degorgentjusqu'a 50 metres cubes par metre
courant et par 24 heures. On ne pent done pas dire d'une fagon ferme
qu'un canal consommera un metre cube ou deux metres cubes d'eau par
metre courant. II y a telles parties sur lesquelles on ne pent jamais, sans
betonnages, realiser I'etancheite correspondant a ce chiffre, et d'autres par-
ties au contraire qui, naturellement, sans travaux, ne consomment que
quelques litres par 24 heures.
Le probleme de I'alimentation est done tres difficile a resoudre, puisque
generalement on ne sait meme pas d'une fagon precise quelle quantite d'eau
on consommera.
II faut, en consequence, etabiir des projets susceptibles d'elre executes
successivement, au fur et a mesure que les besoins reels sont reconnus,
c'est-a-dire apres les premiers essais de mise en eau.
C'est alors seulement qu'on pourra juger s'il est preferable d'augmen-
ter les ressources alimentaires ou de diminuer la consommation par
I'execution de travaux d'etanchement.
Doit-on, une fois les besoins determines, recourir pour y satisfaire a des
reservoirs, a des machines hydrauliques ou a vapeur? Doit-on au contraire
se borner a utiliserexclusivement des cours d'eau perennes? II n'y a pas
non plus de solution applicable a tous les cas. II faut utiliser ce qu'on a
sous la main, tout ce qu'on a sous la main.
En premier lieu se presentent les cours d'eau; mais il ne faut pas
oublier, quelque soin que Ton ait apporte aux jaugeages, qu'il se presen-
tera tot ou tard une annee beaucoup plus seche que toutes les prece-
dentes.
Dela un deficit assure qu'il s'agit de combler par les moyens artificiels.
Le plus anciennement connu est la constitution de reservoirs : ils font
I'objet special de la 4" Question. Je ne crois done pas avoir a en parler.
Dans la region de I'Est les conditions geologiques sont generalement
defavorables a la construction des reservoirs. Cependant vous trouverez
dans mon rapport certains nombres de chiffres relatifs a la capacite des
reservoirs, aux previsions de remplissage, aux surfaces versantes, a la
possibilite d'utiliser une ou plusieurs fois par an la capacite des reservoirs,
et enfin de nombreuses donnees relatives a la depense de construction.
J'appelle particulierement voire attention sur les bassins de laminage
projetes au canal de la Marne a la Saone. Ce n'est encore qu'un projet ;
mais I'experience sera eminemment interessante.
58 PROCES-VERBAUX DES STANCES DES SECTIONS.
J'ai traite un pen plus longuement la question des machines alimen-
taires, et surtout la question des machines hydrauliques.
Les usines de Conde ont donne, je ne dirai pas le premier modelc de ce
o-enre, car j'ai vu, il y a deja plus de vingt-deux ans, en Amerique, une ali-
mentation de canal realisee a I'aide de ce moyen, — mais elles ont puis-
sammenl contribue a leui- developpement en raison meme de leur succes
inconteste.
On a installe plus tard les machines du canal de I'Est, et enfin tout
recemment la machine de Bourg-et-Comin qui sert a Tali mentation du canal
de rOise a I'Aisne.
Yous ti ouverez dans le rapport des chiffres nombreux relalifs a la force
et aux frais d'entretien de ces machines ; je crois que je prendrais inutile-
ment votre temps en vous les repetant.
J'appelle encore votre attention sur les pertes propres des rigoles motrices
ou des rigoles alimentaires. II y a eu a cet egard bien des deceptions.
Je dois tons ces chiffres a Tobligeance des ingenieurs qui dirigent ces dif-
ferents services. lis ont mis une complaisance inepuisable a me fournir
tous ces renseignements, et je suis heureux de leur adresser ici mes vifs
remerciements.
Je ne vous dirai qu'un mot des machines a vapeur :
En general, on ne s'en sert que comme auxiliaires, quand il s'agit sim-
plement de venir en aide a une alimentation momentanement insuffisante.
Dans ces conditions on ne brule pasbeaucoup de charbon par an. Mais en
revanche les frais generaux paraisscnt enormes, comme vous le constaterez
en prenaut connaissance des chiffres du rapport.
Cet element de depenses s'abaisseraitnaturellement beaucoup si on avail
a faire face a une alimentation permanente au moyen de machines a
vapeur.
Beaucoup de villes s'alimentent ainsi, et, en cas de besoin, c'est aux
services municipaux que vouspourrez vous adresser pour obtenir les don-
nees numeriques les plus recentes et les plus dignes de foi.
Dans I'ensemble des voies navigables enumerees a la page 49, le prix de
revient varie de 0 fr. 007 a 0 fr. 060. Le prix de 0 fr. 060 est afferent a des
machines a vapeur qui ne fonctionnent que par intermittences ; le prix
de 0 fr. 007 est applicable au contraire a des machines hydrauliques mar-
chant d'une maniere continue.
Pour les reservoirs, le prix de revient varie de 0 fr. 010 a Ofr. 055.
On peut tirer de ces fails cette conclusion que la possibilite d'employer
les machines conduira probablement a modifier des idees sur le trace des
nouvelles voies navigables a creer. Generalement, autrefois, on remontait
le cours d'eau le plus haul possible, on suivait la vallee tracee par la
nature et on passait d'un bassin dans I'autre vers leur partie superieure.
Mais quand on remonte ainsi les cours d'eau, on arrive souvent dans des
pays pauvres, desherites par' la nature. Ces pays ont peu de commerce, peu
1- SECTION. — 4' SEANCE. . 59
d'indiistrie el ne sonl qu'iin lieu de Iransit, do sorle que la parlie la plus
coiiteuse du canal est preciseinent celle qui donne le moins de trafic.
Plus tard, sion veut elablirdes relations d'un bassin a un autre, on fera
peut-etre passer les voies de commuircation plus pres des parties basses
des vallees. A cet endroit les rivieres ont un debit suffisant pour permettre
I'alimentalion au moyen de machines hydrauliques puissantes. On peut
citer rembranchement de Nancy qui vicnt rejoindre la Moselle dans sa par-
tie inferieure, et la Mcurlhe egalement tres-loin de sa source. Cet < mbran-
chement traverse un pays abondamment pourvu de mineral I'e fer et il s'y
fait un trafic C')iisider.ible. Du jour au lendemain de I'ouverlure de la voie
navigable, la navigilion est montee a 200 000 tonnes par an, ce qui est
asscz remarquable.
L'alimentalion de I'embranchem.'nt de Nancy est faite uniquemenf par
des machines; elle revient a un prix tres modere et ne donne lieu a aucune
difficulle.
Cependant Temphji exclusif des machines et des cours d'eau perennes
presenfe un danger : si on ne peut pas menager a cote du bief de partage
un reservoir, si petit qu'il soit, on peut eprouver de grandes difficultes a
procedcr a un remplissage rapide apres un chdmaged'ete.
Or, on a reconnu dans la 2'' Section la necessite des chumages ; il
y en a toujours eu : autrefois ils ont ete tres frequents et tres longs; a
I'avcnir il y en aura moins et ils seront courts; mais je crois que la 2^ Sec-
tion est tres disposee a admettre le principe de I'impossibilite de la sup-
pression absolue des chomages. Or, le remplissage d'un bief de partage a
I'aidedes machines etdes cours d'eau perennes est tres difficile ; il y a done
interet a etablir, a cote, un petit reservoir contenanl une fois ou une fois
et demie lacapacite du bief de partage, diit-on memerecourir a des machines
pour le remplir.
Ttdles sont, en matiere d'alimenlation proprement dites, les considera-
tions qu'il m'a paru ulile de soumettre a I'examen du Congres.
J'avais souleve accessoirement une question qui ne sera pas presentee
d'une fagon tres-complete au Congres, celle des etanchemenls. La constitu-
tion des ressourcos alimentaires est en effet absolument correlative de la
question de I'etancheite des canaux.
Quand I'alimentation d'un canal laisse a desirer, et cela arrive souvent,
on se trouve en face de cette question : vaut-il mieux augmenter les res-
sources ou diminuer les depenses?
C'est ce probleme qui fait le fond de la discussion de tous les budgets,
sur notre planete du moins, mais probablement aussi sur la planete Mars.
Heureusement, il est presque toujours possible de prevoir avec un certain
degre d'approximaliou le prix d'un metre cube d'eau a approvisionner et
celui d'un metre cube a economiser.
La comparaison des deux chiffres ne permet presque jamais d'hesitation
sur le choix de la solution a adopter.
60 PROCfiS-VERBAUX DES STANCES DES SECTIONS.
Tels sont, Messieurs, le but pratique et I'utilite des donnees numeriques
dont la collection constitue, a proprement parler, tout mon rapport.
Cette collection de chifTres n'est pas complete: elle ne s'applique qu'a
une region assez circonscrite, celle de I'Est de la France. Je serais particu-
lierement heureux si, dans les Congres suivants, ceux des ingenieurs qui ont
a alimenter des canaux pouvaient nous fournir des renseignements analo-
gues a ceux que j'ai pu reunir grace, je le repete, a la grande bienvcil-
lance de mes coUegues, auxquels j'exprime de nouveau mes sinceres remer-
ciements. [Applaiidissements.)
M. Peslin. — Je pourrais aj outer quelques mots aux renseignements
fournis par M. Denys, en parlant d'un canal qui fait partie de mon service
et qui est alimente artificiellement. lls'agit d'un canal de petite longueur,
le canal de Roubaix. L'ancien canal de Roubaix est une riviere canalisee,
mais le nouveau canal, qui a ete construit a une date plus recenle, est un
canal a bief de partage, et il traverse une region absolument depourvue
d'eau. Ce canal relie le bassin de la Deule a celui de I'Escaut, et dessert des
interets importants, notamment les deux villes de Roubaix etde Tourcoing,
qui representent une population industrielle de 200000 habitants. Ce canal
n'cst pas tres ancien, et il possede cependant un trafic de 500 000 tonnes;
c'est un gros chiffre.
II est alimente d'une fa^on cntierement artificielle, et ne rcQoit pas une
goutte d'eau naturelle. On prend I'eau de la Deule dans la villc de Lille au
moyen de machines a vapeur, et on envoie cette eau a une hauteur de
35 metres. C'est absolument comme pour I'alimentation d'une ville. On
envoie ainsi de 20 000 a 25 000 metres cubes d'eau par jour dans le bief
de partage. Vous comprenez que, dans ces conditions, et pour un aussi
petit volume, I'eau coute assez cher ; elle revient a peu pres au m6me
prix que I'eau d'alimentation d'une ville. Je n'ai pas sous les yeux le
chiffre exact ; mais il est, je crois, 0 fr. 02 ou 0 fr. 025 par metre cube.
C'est un chiflre eleve comparativement a celui qu'on a indique. Malgr6 cela,
la depense n'a rien d'excessif, et depuis seize ans le canal fonctionne dans
des conditions tres-satisfaisantes.
M. Denys a dit qu'il fallait autant que possible etablir un reservoir aupres
du bief de partage pour remplir le canal apres le chomage.
II a dit que le chomage s'imposait d'une fagon generate dans la region
de I'Est, et principalement sur les canaux oii, comme sur le canal de Rou-
baix, Teau est chere.
Je ne suis pas tout a fait de cet avis. Quand nous avons a faire, dans la
region du Nord, des travaux qui necessitent la mise a sec d'un canal sur
une certaine longueur, nous faisons habituellement des batardeaux a droite
et a gauche du chantier, nous vidons le canal sur les points oii c'est neces-
saire, mais nous ne voudrions pas perdre la quantite d'eau considerable
que contient un bief de partage.
Du reste, dans le canal de Roubaix, le biefde partage jo ue lerolede reser-
i" SECTION. — 4* SfiANCE. 61
voir, c'est-a-dire que le niveau reglementaire peut etre releve de \ metre. Cela
est surlout precieux en cas d'avarie aux machines, car nous avons la une
reserve d'eau pour quelques jours.
L'etancheite d'un canal alimente arlificiellement doit etre aussi grande
que possible, afin de prevenir les pertes d'eau.
Nous avons eu des pertes d'eau assez considerables sur le canal de Rou-
baix, au debut, car le canal est en remblai sur de grandes longueurs. Une
digue s'est rompue, et un bief de 1 800 metres de longueur s'est deverse en
une nuit sur la ville de Roubaix ; nous avons eu de ce fait a payer des indem-
nites s'elevant a plusieurs centaines de raille francs.
Nous sommes cepcndant arrives a etancher completement la cuvette, et
pour cela nous avons eu recours au betonnage. C'est le procede qui m'in-
spire le plus de confiance. J'ai essaye des corrois, des difterentes melhodes
d'etanchement par le sable, et je suis toujours revenu au betonnage. Nous
avons un betonnage qui a ete fait il y a une quinzaine d'annees dans de
bonnes conditions, avec une couche de beton de 0 m. 20 d'epaisseur recou-
verted'une chape de ciinentde 0 m. 02, mais sans addition de terre comma
on le fait habituellement dans I'Est.
Ce betonnage donne des resultats exccllents, et, sur toutes les parties
oil nous I'avons applique, nous avons completement supprime les fuites.
De plus, nous n'avons jamais constate de cassures pouvnnt provcnir des
coups de gafle des mariniers.
M. BouRGULN. — J'ai quelques observations a faire au sujet du tableau
qui termine le rapport de M. Denys, tableau Ires-interessant qui donne le
prix du metre cube d'eau dans les differentes installations ctudiees, et four-
nit en quelque sorte un apercu de la valeur relative de ces diverses instal-
lations.
Je croisque,pourquela comparaisonsoit complete, il conviendrait, pour
chaque etablissement, non seulcment de rapporter les prix au nombre de
metres cubes reellement montes pour I'alimentation des voies navigables
telles qu'elles existent actuellement, mais de tenir compte de la capacite
lotalede production de ces usines.
Ces observations me sont suggerees notamment par le chiflfre donne
pour le canal de TOise a I'Aisne, qui fait acluellcment partie de mon
service. Le chiflre de 11 millions de metres cubes qu'indique M. Denys
est deja sensiblement depasse, et dans une annee de secheresse comme
celle-ci, nous serous probablement conduits a 15 ou 18 millions de metres
cubes.
Dans ces conditions, le prix de revient du metre cube d'eau diminuera
d'une fagon notable. Les installations hydrauliques de Bourg peuvent four-
nir un volume beaucoiip plus eleve que celui qu'on emploie actuellement,
car il est dit dans le rapport meme de M. Denys que I'usine n'est utilisee
que pour un tiers environ de sa production. Je lis en effet a la page 57 du
rapport : « On n'a utilise effectivement que les" 0,585 de la puissance
62 PROCfiS-VERBAUX DES STANCES DES SECTIONS.
reollc dc I'usine. Chaque turbine n'amarchc en moyenne que 6 heures par
jour. »
Par consequent, en faisant marcher les usines d'unefaQon aussi complete
que possible, on pourrait tripleret presquememequadrupler la production,
sans augmenter d'une fa^on notable la depense.
L'augmentalion de depense ne serait guere que de 4000 francs ou
5000 francs, ctaulieu du chiffrc de 0 fr. 055 qui est indique pour le total,
on aurait un chiffrc qui ne serait que la moitie ou le tiers de cctle
somme, suivant la production de I'usine.
Uestprobablequc, pour les autres installations, il y aurait aussi des reduc-
tions analogues a faire; mais je tiens a faire remarquer qu'en particulier
pour les usines de Bourg, la reduction serait tres notable, parce que la
capacite de production est deux outrois fuis plus grande quele rendement
actuel.
Ce qu'il y aurait aussi a faire remarquer, c'est que le prix de premier
etablissement a ete majore d'une tres-forte somme par ce fait qu'on s'est
trouvc dans la necessitc d'elargir un bief navigable dc 20 kilometres par
lequel se fait I'amenee des eaux. Cetle depense aurait aussi une importance
relative d'autant moins grande que le cube fourni par retablissement serait
plus considerable,
Je crois done que, pour avoir unecomparaisonexacte, il faudrait donner
le chiffrc normal et le chiffrc maximum de la production totalc des usines.
M. LE PiiEsiDEiNT. — Jc crois que la questioji est epuisee a la suite des
discussions qui viennent d'avoir lieu.
11 est evident que cette question est IK's interessante ; ellc est toule d'ex-
periences, ef, an prochainCongres, les ingenieurs frangaispourront donner
des rcnseignements utiles ; j'app3lle leui' altentioii sur ce point, d'autant
plus que depuis quelques annecs nos canaux sonl dans une periode de
transformation, surtout au point de vue tie la profondeur du mouillage.
11 faut maiiitenant conclure, et prendre une resolution sur la question.
Si personne ne propose de resohition, je vous proposerai la suivante :
« La Section emit I'avis que I'impoitante question de I'aliinentation des
« canaux demande des etudes incessanli^s, et que, si les interessantes
« communications qui lui out ete soumises merilent d'appeter Tattention
« des ingenieurs, on ne saurait trop les engager a metlre en lumiere les
« resultats de leur experience personnelle au profit de I'interet general et
« international.
« Elle remarque que la premiere partie de la (piestion posee laisse
« particulierement beaucoup a faire a de nouvelles etudes, et conclut qu'il
« y a lieu de rccommanderaux futurs Congres de continuer a donner, dans
« leur programme, a la question dont il s'agit la part d'imporlance
« qui lui revient. »
C'est une resolution un pen platoriique si vousvoulez ;je lametsaux voix.
(La resolution est adoplee a I'unanimite.)
i" SECTION. — 4^ SEANCE. 65
M. i.E PfiEsiDEiNT. — Nous allofis aborder la 5'' Question, celle dc I'etan-
chemenl des canaux, sur laqaelle nous n'avons maiheureusement <|u'un rap-
port. M. Thoux, qui s'etait charge de rcdiger un rapport sur I'etanchemenl
des canaux dans I'Esl de la France, est tombe malade, et nous sommes
prives des renscignements qu'il nous eiit fourni<?, et qui eussent etc tres
interessanls.
Nous n'avons done que le rapport de MM. Bompiani et Lui^gi.
La parole est a M. Luiggi.
M. LuiGGi. — Presque tous les canaux navigables italiens servent a deux
fins : la navigation et Virrigatlon ou la navigation et le drainage. Cclte
double con lition de fonctionnement permct seule d'expliquer certaincs
parlicularitc> de construction qui leur sont propres.
11 faut done etablir une distinction enlre les canaux de navigation et les
canaux d'iirigalion.
Les canaux du premier groupe traversenl en general des terrains d'allu-
vion ou d'origine glaciaire, desagreges, formes de galels, de gravier et de
sable plus ou moins fin. La position de leur plan d'cau au-dessus de la
nappe souterraine vaiie entre les limiles ires larges de 3 et 45 metr. s. Us
seraient done natui'ellement siijets a de grandes deperditions d'eau si Ton
n'avait soin d'y parer par des revetemenis de maleiiaux impermeables.
C'est en effel sur les canaux de ce groupe qu'on rencontre surtoul les im-
portants travaux d'etanchement qui lout le principal objct de notrc
memoire.
Les canaux du second groupe, au contra ire, sont presque toujours ou verts
dans des terrains plus ou moins compacts, ou I'argile predomine. Leur
plan d'eau est d'ailleurs, le plus souvent, au niveau de la nappe souter-
raine. oumeme au-dessous de ce niveau. Dien loin, des lors, d'etre exposes
a des pertes d'eau par filtrations. its oftrent en general un debouche aux
eaux d'ulentour, et sont ainsi sujets ados crues.
Comme chez nous I'irrigation est aussi importanle que la navigation
elle-meme, certains canaux out des vitesses de 2 metres et de 2 m. 50. Le
grand canal de Milan atteint meme, a certaines epoques, une vitesse de
4 m. 50. Les revetemenis ont done une tres-grande importance, et il faut
recourir a des moyens de protection qui sont generalement ks suivants :
a) Mode dc construction des digues dans les parties plus elevees que les
terrains avoisinants;
h) Formation de banquettes et sous-banquettes au pied des digues ;
c) Revelementdes talus au moyen de fascines, de clayonnages,de planta-
tions diverses, de semis, etc.:
d) Protection des berges par des pavages ou des murs a sec.
Lorsque le niveau des canaux est superieur a celui des regions Iraversees,
les parois laterales de la cuvette sont quelquefois des murs en briques ou
en moellons, avec mortier de cliaux hydraulique. On en trouve des exem-
ples sur les canaux ULivigables de Bologne, de Modene, de Paderno, de la
64 PROCHS-VERBAUX DES SfiANCES DES SECTIONS.
Marlesana et sur quelques autres. Mais le plus souvent les miirssont rem-
places par des digues en terre argileuse bien corroyee, telles qu'on les
rencontre dans les canaux du second groupe, notamment dans tous ceux
qui parcourent les parties basses de la vallee du P6.
J'ai menlionne dans mon rapport les moyens a I'aide desquels on fait
les revetements et les precautions qu'on prend pour mener les travaux a
bonne fin.
Un des moyens les plus employes pour empecher les pertes d'eau est le
renforcement des digues.
Renforcement des digues. — Lorque les regies qui precedent el certaines
autres, plus particulieres achaque cas special, ne suffisent pas pour empe-
cher les filtralions, on doitaugmenter la largeur des digues ou les flanquer
a I'exterieur de lourds terre-pleins, disposes en banquettes ou sous ban-
quettes, qui ont le plus souvent pour effet de supprimer les suinlements
ou d'en reduire notablement I'importance.
Protection des talus au moijen de fascinages et de plantations. — Les
filtrations sont quelquefois la consequence de corrosions produites sur les
talus, soit par la tiop grande vilesse d'ecoulement des eaux, soit par le
clapotis resultant de vents violents. On observe ces effels dans les biefs
inferieurs d'un grand nombre de canaux navigables des Romagnes, de la
Polesine et de la province de Ravenne.
Pour empecher les vagues de deteriorer les berges des canaux et d'occa-
sionner des infiltrations, on revet aussi ces berges avec des pavages ou des
moellons jetesa pierres perdues.
Naturellement tous ces moyens indirects de rendre etanche le lit des
canaux n'ont pas la meme importance que les moyens directs.
Ces moyens sont de trois sortes :
a) Emploi d'eaux troubles ou limoneuses, qui deposcnt leur limon dans
les interstices du sol a travers lequel elles tendent a filtrer.
b) Revetement des talus, soit par des corrois argileux, soit par des mottes
herbeuses, ou construction de diaphragmes en argile a I'interieur des digues.
c) Revetement de la cuvette en pave avec mortier, en beton, ou en
ma^onnerie.
Le precede le plus ancien, le plus simple, le moins couteux, le plus
efficace, mais aussi le moins prompt, consiste a uliliser le limon tenu en
suspension par les eaux qui s'ecoulenl dans le canal meme. L'applicalion
en a etc faite, en des temps eloignes, aux canaux du Piemont, de I'Emilie
et dela Venelie. On continue d'en faire usage lorsque, les eaux d'alimenta^
tion etant troubles et abondantes, on pent en perdre impunement une cer-
taine quantite par infiltration durant les premieres annees de mise en ser-
vice du canal.
Le depot de limon donne en ce cas d'excellents resultats. Deux ou trois
annees ont suffi pour supprimcr toute deperdition d'eau dans les canaux
derives de la Dora Riparia.
1'' SECTION. - /r SEANCE. 65
C'est un des fleuves qui eontiennent la plus grande quantile de limon
en suspension; les eaux en sont meme quelquefois noires.
Le meme fait a ete constate pour le canal Bisatto et pour un grand
nombre d'autres canaux des provinces de Verone, de Padoue, de Trevise et
de Vicence, alimentes par les eaux de I'Adige et par les eaux tres limo-
neuses de la Brenta et de la Piave. Bien que ces canaux aient ete ouverts
dans des terrains tres permeables, formes de galets ou de graviers, le
limon argilo-calcaire depose par les eaux d'alimentation sur le plafond et
sur les (alus a determine, au bout d'un petit nombre d'annees, tantot
Petancheite absolue de la cuvette, tantot une diminution tres-notable des
infiltrations.
Dans le cas du canal Cavour, pour accelerer la formation des depots
dans les parties ou les fiiites etaienl le plus abondantes, on a d'abord
rendu le fond niuins permeable au moyeu d'une mince couche d'argile ; on
a ensuite maintenu au repos dans la cuvette de leau bourbeuse dont la
decantation a contribue a I'obturation des terrains avoisinants. Lorsque
cette eau avait depose la plus grande partie de son limon, on la faisait
ecouler et on la rempla^ait par une nouvelle quantite d'eau trouble. Get
artifice, applique sur divers tron^onsdu canal Cavour et specialement dans
le voisinagedes ouvrages d'art, a donne d'excellents resultats.
On fait aussi des revetements au rnoyen de diaphragmes argileux lorsque
les eaux troubles font defaul, ce qui est le cas d'un grand nombre de
canaux de Lombardie, alimentes par les eaux claires du Tessin et de I'Adda,
ou encore lorsque la quantite d'eau d'alimentation dont on dispose est trop
petite pour qu'on puisse la prodiguer.
Je ne parte pas des revetements, parce qu'on en fait en France. Vous
trouverez dans le memoire un court resume des moyens qu'on emploie
chez nous.
Je cite seulement ces quelques details relalifs aux revetements en paves
et en beton.
On a recours aux revetements en paves dans les pays ou les galets
abondent et ou les terrcs argileuses font au contraire defaut. Tel est le cas
des parties hautes de la Lombardie et de la province de Verone.
Ces pavages sont, tantot sur forme de sable et simplement arroses de
mortier, tantot a bain de mortier. Dans les pavages a sec, arroses de mor-
tier, les galets, tres peu seires, reposent a peine sur le sol et les vides
qu'ils laissent entre eux ne sont remplis ni de sable, ni d'aucune autre
matiere. Le travail etant ainsi prepare, on procede a un premier arrosage
a I'eau, puis a un second avec du mortier tres-liquide dont on facilite la
penetration entre les galets par un damage energique, en ayant soin de rem-
plir a nouveau de mortier les vides qui apparaissent a la suite du da-
mage.
. Ce pavage donne quelquefois des resultats peu satisfaisants, surtout
lorsque le terrain sur lequel il repose n'a pas son assiette complete.
5
G6 PROCftS-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
Le remede a ces degradations, applique au canal Villoresi, consiste en
un rejointoiement general- au mortier.
Bien que ces revelements puissent donner des resultats assez satisfai-
sants, dans certaines conditions propices, il est a noter qu'au canal de
Yilloresi les degradations, au bout de cinq ans, ont ete reconnues assez
importantes ponr conduire a I'abandon du systeme et a I'adoption des
pavages a bain de mortier.
Ce dernier mode de revetcment est Ires usite dans la haute Italie. En
Lombardie, les berges du « Naviglio grande » en sont couvertes sur une
longueur d'environ 80 kilometres ; celles du canal Bereguardo sur 20 kilo-
metres. On I'a adopte pareillement au canal navigable de Pavie, a celui de
Martesana, a celui de Villoresi, etc. On en trouve aussi d'importantes appli-
cations dans la province de Verone et dans 1' « Agro Pisano ».
Le revetementen paves n'est pas toujours economiquement applicable;
dans les pays ou Ton trouve en abondance le sable et le gravier, on a
adopte avec avantage le pavage en bcton, donl les applications ont ete
nombreuses et importantes en Italie.
La preference pour le beton, dans la partie mouillee de la cuvette, a
aussi ete commandee par la conviction qu'un beton bien confectionne
constitue le revetement le plus resistant et le moins permeable. Le pavage
au-dessus du plan d'eau a ete adopte par raison d'economie.
Dans le canal de Verone, on n'a fait de revetement en pavage qu'au-
dessus du niveau de Lean; toute la cuvette, au contraire, a ete revetue en
beton.
Vous trouverez dans le rapport des details sur la maniere de faire ce
beton, sur son prix de revient et sur les procedes employes pour le metlre
en place.
La preference que Ton donne, suivant les cas, au pavage a bain de mor-
tier ou au beton, depend surtout de la nature des materiaux (galet ou
sable et gravier) que Ton trouve en abondance sur place. Les ingenieurs
s'accordent toutefois a reconnaitre que, toutes choses egales d'ailleurs, le
pavage a bain de mortier doit etre prefere, comme moins sujet a Taction
des gelees. dans les canaux qu'on a coutume de mettre a sec en hiver.
L'entretien de ce pavage consiste uniquement a en rejointoyer la surface;
le beton, au contraire, peut etre atteint jusqu'a d'assez grandes profondeurs
et la reparation en dcvient alors couteuse.
Par contre, le beton est incomparablement moins permeable a Teau que
le pavage; il peut d'ailleurs etre mis a I'abri des gelees et des avaries acci-
dentelles par le revetementen terre adopte au canal de Villoresi.
II convient enfin d'avoir egard, dans le choix du systeme, a la nature
des eaux que le canal doit debiter. S'il est vrai, en effet, comme certaines
observations recentes semblent I'etablir, que les eaux tres-pures, ou lege-
rement alcalines, attaquent a la tongue les mortiers, meme les plus hydrau-
liques, et fmissent par leur faire perdre toute cohesion, on devra donner
1'^ SECTION. — 4^ SEANCE. 67
la preference an pavage, lorsque ralimentation sera faite avec des eaiix de
cette qua lite.
On emploie aussi des muraillemenls, soit en pierre seche jointoyee an
mortier, soit en magonnerie avec morticr. On en pent citer d'imporlantes
applications dans les canaux navigables de Lombardie, et dans divers
autres canaux a ecoulement rapide de construction relativement an-
cienne.
C'est ainsi que le grand canal navigable de Milan, sur un parcours de
40 kilometres, et le canal navigable de Bereguardo, sur 14 kilometres, sont
revetus, tantot de murs en galets avec tablettes de granit interposees,
tant6t de murs en moellons. Les berges du canal navigable de Pavie sont
bordees, sur 49 kilometres, de murs en briques et mortier, tantot verti-
caux, tantot avec un certain fruit. Les revetements, sur les autres parties
du trace, sont en murs a sec de galets ou de blocs de poudingue equarris
et jointoyes. Le canal navigable de Paderno et le canal de Martesana sont
hordes de murs en pierre et mortier, a parements verticaux, le premier
sur 3 718 metres, le second sur 25 kilometres environ.
Je dirai a cet egard quo, comme la l'*^ Section a discute les eftets des
parois verticales et inclinees, nous esperons faire en Italic des expe-
riences assez concluantes a ce sujet, parce que nous avons une grande
quantite de canaux a parois verticales, le canal de Pavie, par exemple,
qui sur une longueur de 50 kilometres est entierement revelu en magon-
nerie.
M. LE President. — Avez-vous des bateaux a vapeur?
M. LuiGGi. — Non, nous n'avons que des chevaux, mais nous tacberons
de les faire marcher un pen plus vite.
M. LE President. — En tons cas le Vl'' Congres vous sera tres recon-
naissant de vos experiences.
M. LuiGGi. — J'arrive tout de suite aux conclusions.
En resume, mettant de cote les systemes de pen d'importance ou peu
recommandables, on pent dire que quatre principaux systemes sont a pre-
sent employes avec succes en Italic pour rendre impermeables les lits des
canaux decouverts :
1** Etanchement par les eaux troubles. — Le limon que ces eaux tien-
nent en suspension, se deposant lentement sur le plafond et sur les talus,
finit par obturer les intersticees du terrain a travers lequel les filtrations se
produisent tout d'abord. Ce procede est efficace lorsque les eaux d'alimen-
tation sont abondantes et tres chargees de matieres terreuses, comme c'est
loujours le cas chez nous pendant I'ete au moment de la fonte des glaces.
II ne produil son entier effet qu'au bout de trois ou quatre annees. Mais
cet effet est certain, durable, et obtenu a peu de frais. II en a ete fait de
nombreuses applications en Italic.
2° Revetemeiit en pavage a bain de mortier. — A recommander lorsque
les cuvettes, mises a sec en hiver, sont exposees a la gelee. II est frequem-
68 PROCKS-VERBACX DES SfiANCES DES SECTIONS.
ment employe et avec succes. La depense varie de 80 centimes a 2 fr. 30
par metre carre.
5° Revefement en helon. — Approprie aiix canaux qu'on ne cesse pas
d'alimenter pendant I'liiver. On pent d'ailleurs I'abriler contre les gcl^es
par la superposition d'une couche de terre. II est plus impermeable que le
pavage. Son prix de revient, relalivement eleve, varie entre 1 fr. 60 et
3 francs par metre carre pour des epaisseurs de beton comprises entre
iO et 50 centimetres; mais la depense d'entretien est sans importance. On
en fait souvent usage de nos jours.
4° Murs de revetement. — Systeme adopte dans les canaux deja anciens,
alimentes par des eaux claires, a ecoulement rapide, ce qui est le cas des
premiers canaux navigables de la Lombardie et de I'Emilie. Les resultats
sont excellents; mais le prix tres eleve varie enlre 4 fr. 50 et 5 fr. 50 par
metre carre. Ce mode de protection ne peutetre recommande aujourd'hui
que dans quelques cas particuliers, lorsque le revetement en pavage ou
en beton n'est pas applicable, ou encore lorsqu'on se propose, tout a
la fois, de soutenir et de rendre impermeables des berges en terrains
ebouleux.
M. LE Pbesident. — Monsieur Luiggi, vous avez fait ressortir les avan-
tages de ces differents systemes, mais je crois que vous n'en avez pas
indique les inconvenients.
M. Luiggi. — Les revetements en pavage content peu a etablir, mais ils
ont I'inconvenient de s'abimer promptement; les depenses d'entretien sont
en consequence assez notables, comme je I'ai indique dans le rapport.
Les frais d'entretien des pavages a bain de morlier montent a 0 fr. 02
par an et par metre courant. C'est le resultat fourni par I'experience de
quelques annees, notamment sur le canal Valori.
M. LE President. — II est certain que les renseignements fournis par
r honorable rapporteur sur les travaux executes en Italic sont des plus
interessants, precisement parce qu'il s'agit de canaux a grande quantite
d'eau, et a vitesse d'ecoulement quelquefois tres considerable.
Mais je me permettrai de lui faire remarquer qu'il a decrit deux
systemes de canaux, les canaux destines a I'irrigation et les canaux des-
tines an drainage. 11 nous a dit : « Nous avons des canaux dans lesquels
nous avons a craindre la deperdition d'eau par les berges, et d'autres dans
lesquels nous avons d'autres inconvenients » ; mais il n'a pas traite la
question. — 11 n'existe peut-etre pas en Italic d'ailleurs des canaux dans
lesquels on soil alternativement expose a des pertes par infiltration, et
dans ccrlaines autres saisons a I'arrivee, par infiltration aussi, d'une quan-
tite d'eau supplementaire compensant la perte.
Cette situation rend le probleme de I'etanchement plus delicat encore.
M. Luiggi. — Get inconvenient ne se presente pas cliez nous.
Nous avons dans la Lombardie tout un systeme de canaux d'irrigation.
Quand il survient de grandes pluies, les eaux s'ecoulent des champs dans
i
1" SECTION. - i' SEANCE. 69
les canaux particuliers de drainage sans aller augmenter les eaux des
canaux navigables.
Au contraire, s'il y a une grande secheresse, comme la nappe d'eaii sou-
terraine est toujours plus haute que le niveau du canal, nous ne craignons
pas de deperdition par infiltration. Nous ne sommes done pas exposes a
des alternatives.
M. LE President. — En somme, et la contexture du memoire I'indique
bien, vous n'avez pas en Italic cette situation mixte du canal servant
I'hiver de drain, et I'ete de canal d'alimentation.
M. LuiGGi. — Non; les deux conditions sont nettement separees.
M. LE President. — Eu egard a I'importance des travaux d'etanchement
executes en Italic, il eiit ete tres instructif pour nous de savoir comment
on fait dans ces cas-la. Nous ne pouvons que regretter d'aulant plus
Tabsence de M. Thoux, qui aurait pu nous fournir des renseignements tres
precis.
En somme. Monsieur Luiggi, vos conclusions ne sont que I'expose des
differents procedes et vous les recommandez suivant les cas. Je crois que
c'est plus prudent, car il ne pent pas y avoir de theorie absolue.
M. Lestellet. — Nous avons a faire dans la Ilaute-Marne des etanche-
ments assez nombreux ; nous employons deux procedes differents, le beton-
nage et le corroi. Nous les employons indifferemment, et notre choix n'est
guide que par la question de prix.
Pour les betonnages nous employons I'epaisseur de 0 m. 10 indiquee
par M. Luiggi; mais comme nous considerons que cette epaisseur ne
donnerait pas I'etancheite voulue, nous recouvrons toujours le beton d'une
chape de 0 m. 015. Je n'ai jamais fait dans mon service d'experience
prouvant qu'une epaisseur de beton de 0 m. 10 sans chape ne donnerait
pas I'etancheite cherchee ; mais la necessite d'une chape a toujours ete
admise.
Je fais cette observation, parce que je crois que dans son rapport,
M. Luiggi ne parte pas d'enduit, ou du moins qu'il n'eii parte pas d'une
faQon bien explicite.
En ce qui concerne les corrois,nous les faisons en general de 0 m. 80
d'epaisseur normale au plafond et sur les berges du canal. Le corroyage
se fait maintenant au moyen dun rouleau qui presente des cannelures
ayant a pen pres 0 m. 05 de saillie sur la generatrice du cylindre.
Nous preferons I'eraploi du rouleau au pilonnage, parce que, quelle que
soit la surveillance, le pilonnage est toujours execute d'une fac^on qui
laisse a desirer. Le corroyage au moyen du rouleau est au conlraire une
operation qui se fait toujours tres-bien, et qui s'execute facilement avec
I'epaisseur de 0 m. 80 que nous donnons au plafond ou a la berge du
canal. En effet, dans les talus, a cette epaisseur normale de 0 m. 80 cor-
respond une largeur horizontale de 1 m. 40 environ qui permet le fonc-
tionnement du rouleau.
70 PnOCKS-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
Quant aux elanchements par I'eau trouble, nous les employons aussi;
mais comme les eaux de la Marne sont p.eu limoneuses, on fait usage de
sable fin argileux qu'on rcpand dans le canal, et qui produit peu a pen
I'etancliement.
M. BouRGuix. — Dans men service on a employe pour les revetemenls
en beton quelques artifices complementaires qui paraissent avoir donne
d'excellents resultats.
Sur la couclie de beton de 0 m. 10 a 0 m. 15, qui est savatee et damee
a plusieurs reprises, nous etendons au pinceau deux couches de ciment
tres-liquide, de fa^on a faire une espece de peinture qui entre dans les
pelits interstices du beton. Par-dessus nous ajoutons une couche de
coaltar, c'est-a-dire de goudron de gaz.
Ce complement du travail du betonnage nous a donne d'excellents
resultats sur les canaux de la vallee de I'Aisne.
M. Lestelle. — J'ai renonce a goudronner les betonnages, pour les
motifs suivants.
Dans mon service les betonnages tiennent tres bien dans les tranchees;
mais quand on se trouve sur les remblais, il arrive presque loujours que
les betonnages se fendent au pied des talus, et quelquefois meme suivant
Taxe du plafond du canal. Cela tient a des tassements qui ont pour effet
d'abaisser les pieds des talus interieurs par rapport au milieu du plafond,
et d'ouvrir Tangle forme par les talus et le plafond.
Les crues de la Marne viennent souvent baigner le pied des remblais et
accentuent I'importance de ces tassements.
Ces fentes se reparent d'ailleurs facilement; il suffit pour cela de les
neltoyer Tannee suivante et de les remplir avec du mortier de ciment. Les
experiences que nous avons faites a ce sujet nous ont permis de conslater
qu'au bout d'un an les fentes sont presque completcment etanchees.
Le goudronnage nous parait avoir I'inconvenient de masquer les fentes.
Or des pertes d'eau quelquefois tres-considerables peuvent se produire par
des fentes qui se sont ouvertes dans des betonnages a la suite du tasse-
ment des remblais.
Ainsi, au canal de la Marne a la Saone, apres avoir completement
betonne un bief, nous nous sommes apergus qu'il perdait 13 m. c. par
metre courant. Nous avons decouvert les fentes; nous les avons remplies
avec du mortier de ciment, et, I'annee suivante, les pertes etaient a peu
pres annulees. Nous pensons qu'il nous aurait ete difficile de decouvrir ces
fentes si la chape avait ete goudronnee.
M. Pesltn. — Je crois que I'epaisseur de 0 m. 10 est peut-etre un peu
faible. Mon opinion personnelle, confirmee par les observations que vient
de presenter M. Lestelle, est que pour avoir un betonnage d'une resistance
suffisante il faut lui donner une epaisseur d'au moins 0 m. 15, avec chape
en ciment de 0 m. 03 en plus.
Les differents betonnages que j'ai executes dans mon service ont 6le
1" SECTION. — 4^ SEANCE. ' 71
fails dans ces conditions, et j'ai toujours obtenu des resultats complete-
ment satisfaisants a tons les points de vue.
Les betonnages ne se sont pas fendus, les depenses d'entretien ont ete
absolument nulles et I'etancheite parfaite, meme apres un temps assez
long.
Je dirai a I'appui des observations de M. Bourguin que nous avons I'ha-
bilude de coaltarer tons nos betonnages. Apres avoir etabli une couche de
beton de Om. 15 avec du beton bien savate, nous posons la chape, et nous
passons par-dessus une couche de coaltar.
J'ai visile des betonnages qui ont ete fails il y a quinze ans dans ces
conditions; ils etaient dans un etat parfait.
Si par hasardil s'etait produit quelquespetites fissures, je leseusse par-
faiteirient vues malgre la couche de coaltar, et on les aurait reparees tout
aussi bien avec une chape goudronnee qu'on les eut reparees avec une
chape non goudronnee.
Je suis done partisan de constiluerainsi les betonnages : une couche de
beton de 0 in. 15 au moins; une chape de 0 m. 05; une couche de coaltar.
M LE Presidem. — Mon experience personnelle me permet d'aj outer un
mot.
II s'agit de biefs places dans une situation tout a fait exceptionnelle, et
ayant une digue en deblai I'autre en remblai, une riviere coulant au pied
de cette derniere. En sorteque les cassuresque M. Lestelle a pu reinarqiier
sont dues non a un defaut d'epaisseur du betonnage, mais a un deverse-
ment du a I'epaisseur de la beige elle-meme.
On eut adopte n'importe quelle epaisseur que les clioses se fussenl pas-
sees exactement de la meme fagon.
M. Denys pourra nous fournir quelques renseignements sur I'epaisseur
qui a ete admise sur le canal de la Marne au Rhin, mais auparavant
je donne la parole a M. Holtz, qui a ete charge autrefois de ce service.
M. Holtz. — Sur le canal de la Marne au Rhin, I'epaisseur habituelle du
beton est de 0 m. 15 au plafond et de 0 m. 20 quand il existe une sous-
pression. Elle va d'ailleurs en se reduisant sur les berges.
C'est une des plus giandes applications qui aient ete faites de ce mode
d'etanchement, car elle porle sur une centaine de kilometres de longueur.
Or, on n"a jamais constate de cassures importantes; ilest vrai que le beton
est reconvert d'une couche de terre qui le protege et augmcnte Tetancheite.
Depuis que M. Malezieux a, pour la premiere fois, employe ce systeme,
on a conserve sans changemcnt les procedes qu'il a decrits d'une maniere
si magistrate. On s'est borne a y apportcr une legere amelioration de detail :
on goudronne maintenant les chapes avant de les recouvrir de terre. Cette
operation permet de boucher les fissures produites par la dessication et
contribue d'une maniere tres-efficace a assurer i'etancheite.
M. Roth, conducteur faisant fonctions d'Ingenieur a Toul, a fait a ce
sujet quelques essais interessants. II se servait d'une grande cuve pleine
Vi I'ROGKS-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS,
d'eau, dont le fond etait forme par les chapes differentes donl on voulait
apprecier le plus ou moinsde permeabilite. II est arrive a ce resultal carac-
tferistique que, sous une charge d'eau de 2 m. 50, on obtenait une etan-
clieite plus complete avec des chapes goudronnees en beton et mortier
ordinaire qu'avec un enduit en ciment non goudronne.
En somme, je crois que cette experience du canal de la Marne au Rhin,
faite sur une echelle considerable, est absolument decisive en faveur de ce
iiiode d'etanchement des canaux.
Par ce procede, on pent reduire les pcrtes, quand il n'existe pas de
sous-pression, a 200 ou 300 litres par jour et par kilometre, sous une charge
de 2 m. 50, et memequelquefois dans une proportion plus forte. Dans le cas
contraire, on est force d'etablir des drainages qui recueillent les eaux de
sous-pression et desbarbacanes a clapet, qui les cvacuenl a I'inlerieur de la
cuvette. Les pertes sonl alors naturellement plus fortes et peuvent atteindre,
sous la charge que je viens d'indiquer, 700 litres par kilometre et par
24 heures ; mais c'est la un maximum qu'on ne rencontre qn'autant qu'il
existe une sous-pression. (ApplamUssements.)
M. LE Presidem. — Nous remercions M. Holtz de son inleressanle com-
munication. Ses explications sont d'autant plus precieuses que M. Holtz a
I'experience du canal de la Marne au Rhin, et qu'il a fait des etudes appro-
fondies com me Professeur du Cours de Navigation.
M. Denys. — Vous avez fait appel a n^on experience, et j'ai en effet con-
state quelques fails analogues a ceux qu'a signales M. Lestelle. Le gou-
dronnage ne m'a pas paru avoir les inconvenients qu'il signalait tout a
I'heure.
J'ai eu aussi des biefs qui se sont tasses et ouverts, el nous avons fort
bien trouve les fentes, bien que le betonnage eut ete goudronne a fond. Ce
qui aide le plus a les Irouver, ce sont de petites herbes, des morceaux de
bois, des debris de vegetaux et meme de poissons qui viennent se coller
contre la fente et qui permettent de la retrouver, et par consequent de la
reparer lorsqu'on enleve la terre.
M. Peslin. — Je profile de I'occasionpour poser une question aux inge-
nieurs qui ont pratique le betonnage.
Je vois que dans la region de I'Est on a toujours reconvert les beton-
nages d'unecouche de terre aussi bien sur le talus que sur le fond. Dans
le Nord au contraire nous n'avons pas jusqu'a present employe ce procede,
ce qui nous permet de retrouver plus facilement les fentes. Dans la region
de I'Est, en effet, on est oblige pour les decouvrir d'enleverle matelas de terre.
II faut dc plus augmenter la section d'une faQon importante, puisqu'on
doit y prendre le logement du matelas de terre : d'ou augmentation notable
des frais de premier etablissement et des frais d'entretien.
De plus, je ne comprends pas bien la necessite de cette couche de terre.
Elle a surtout pour objet, dit-on, de proteger la couche de beton contre les
coups de gaffe des mariniers.
1" SECTION. — 4' SEAME. 75
Je citais tout a I'heure le canal de Roubaix» sur lequel les betonnages
ont ete fails en 1877 et 1878. J'ai visite recemment ces betonnages, et jc
n'y ai vu aucune espece de trou produil par les coups de gaffe des mari-
niers.
M. HoLTz. — Je n'oserais repondre d'une maniere tres affumative a la
question posee par M. Peslin.
II esl certain que c'est la crainte des avaries qui a determine a poser
cette couche de terre, et qui engage a perseverer dans les memes errements.
Evidemment, le nombrc des coups de gaffe depend un peu des habi-
tudes des bateliers, des sinuosites de la voie et de I'intensite des vents qui
rejeltent les bateaux sur les berges.
Mais dans I'Est de la France il existe, au moins en ce qui concerne la
partie superieure des talus, une autre cause de deterioration, c'est la
rigueur du climat. Si le belon n'etait pas reconvert de terre, il resterait
directement expose a la gelee ; c'est une consideration qui a ])ien sa valeur.
Or, il serait difficile de revetir la partie superieure, sans en faire autant
pour le surplus du talus. On est done ainsi conduit a etendre le revete-
ment sur toute la hauteur.
Quant a la necessite de proteger le beton contre les coups de gaffe, je
ne puis me prononcer d'une maniere aussi positive. 11 est possible que ce
danger soit peu a redouter sur certaines voies a frequentation restreinte.
Mais, sur le canal de la Marne au Rhin, dont le trafic atteint 1 500 000 tonnes
par an, il me parait beaucoup plus serieux. Les courbes y sont nom-
breuses, les vents sont souvent violents. Toutes ces circonslances reunies
obligent le marinier a se servir plus frequemment de la gaffe. Ce qui le
prouve. c'est que, quand on vide le canal, on trouve dans le matelas de
terre superpose au beton des traces de coups tres nombreux : si ce mate-
las n'existait pas, ces coups porteraient naturellement sur le beton.
M. Pesltn. — Evidemment, sur les parties des canaux on les defenses
de berges donnent nn point d'appui solide, on trouve, quand on vide le
canal, des traces de coups de gaffe tres-nombreuses. C'est ainsi que les
mariniers enfoncent leurs outils dans les joints des moellons non ma^on-
nes et les dechaussent. Au contraire, les moellons maQonnes ou les briques
forment une surface lisse qui n'offre pas de prise aux gaffes.
Nous remarquons tres bien, et M. Barbet ici present — qui est ingenieur
de la navigation dans les parties les plus frequentees de mon service sur
des points ou il se fait un trafic de "2 millions et demi de tonnes par an —
peut confirmer mon dire, que, partout ou nous avons a la ligne d'eau des
defenses de berges lisses, elles demandent beaucoup moins d'entretien;
les mariniers « boutent » alors dans la partie en terre du talus, qui du
reste est tres ravinee.
Get inconvenient se presente surtout sur les sections ou le halage se fait
par rames ou convois de bateaux traines par des toueurs a vapeur, et il
est particulierement accuse dans les courbes convexes. On comprend, en
74 PROCES-VERBAIX DES SEANCES DES SECTIONS.
effet, qu'un bateau de 58 m. 50, charge de 300 tonnes de merchandises et
faisant partie d'unconvoiayant plusieurscentaines de metres de longueur,
offre una grande resistance pour se plier aux inflexions souvent tres pro-
noncees d'un canal, et que, pour eviter un accoslage tres dangereux, le
marinier soit oblige de s'arc-bouter surlaberge avec une enorme gaffe, en
y faisant un trou qui a quelquefois pres d'un metre de diametre et 0 m. 50
de profondeur.
Pour eviter cet inconvenient, nous avons essaye depuis deux ou trois
ans, dans le service de M. Barbet, d'implanter dans les talus, au-dessus
des perres de flottaison, ce que nous appelons des pierres a trous de gaffe.
Ce sont des l)locs grossiercment ebauches de pierre de Tournai, ayant
environ 0 m, 50 de tons sens, dont le parementpose dans le plan du talus
normal de la berge offre une cavite de forme cylindrique grossiercment
taillee d'environ 0 m. 25 de diametre et 0 m. 16 de profondeur, offrant un
excellent point d'appui aux outils des mariniers.
M. MoRAiLLON. — Sur le canal du Centre, on a constate que la partie supe-
rieure des chapes en beton etait deterioree par la gelee et par le frotte-
ment des bateaux.
Depuis ce temps on recommande de les recouvrir de terre.
M. Peslin. — Je suis de votre avis en ce qui concerne la gelee, et je
crois qu'il serait bon d'etablii' a 0 m. 25 ou 0 m. 50 de I'eau une petite
risberne.
M. Denvs. — Sur certaines parties des canaux de mon service, il y a un
revetement de 0 m. 05 a 0 m. 06 d'epaisseur en beton de ciment ou de
chaux a tres-pefits grains. La gelee n'a pas cause plus de degals aux endroits
reconverts qu'a ceux qui ne le sont pas. Je n'ai done qu'une opinion tres
vague sur I'utilite des revetements.
M. Bardet. — Dans les defenses de bcrges ma<;onnees, nous parous a la
difiicultequ'on a signalee en recouvranl le belonnage des perres en ma^on-
nerie de briques qui epousent la forme du talus, et que nous descendons
de 0 m. 25 sous I'eau.
M. LE President. — Je crois qu'il ne faudrait pas nous perdre dans la
discussion des petits details d'execution, sous peine de tomber dans un
debat interminable.
La question des betonnages me parait assez imporlante pour fixer I'at-
tention des ingenieurs et pour faire I'objet d'une etude au prochain
Congres; mais, quant a present, je vous propose d'arreter la discussion.
Si personne ne demande la parole sui" la question generate des etanche-
ments, et si on ne propose pas de resolution, je vous soumettrai la reso-
lution suivante :
« La Section estime que I'etude des divers systemes d'etanchement de
« la cuvette des canaux, connexe de celle de I'alimentation, appelle, d'une
c( maniere permanente, I'attention des ingenieurs et des Congres de Navi-
« gation. Elle croit devoir recommander specialement, au point de vue des
1" SECTION. — 4' SEAXCE. 75
« economies realisables, celle de I'epaisseur a donner au betonnage et des
« dispositions speciales de ce genre de travail. »
Cette resolution, mise aux voix, est adoptee.
M. LE President. — Nous pourrions laisser a nos successeurs le soin
d'etudier la question, car il y a encore de nombreuses experiences a faire
avant d'arriver a une formule absolue.
II nous resle a etudier la 4" Question, Reservoirs, qui a donne lieu a un
nombre considerable d'interessants rapports.
Les memoires que nous devrions examiner tout d'abord sont ceux de
MM. Barois et de Llaurado ; mais comme leurs auteurs sont absents, je
donne la parole a M. Bouvier.
M. Bouvier. — Messieurs, j'ai eu a etudier le mode d'execution et de
fonctionnement d'un certain nombre de reservoirs etablis dans le Midi de
la France. Je connaissais deja plusieurs d'entre eux ; j'ai eu I'occasion d'en
visiter quelques-uns depuis et, d'autre part, les ingenieurs qui les ont
dans leurs services m'ont transmis a leur sujet des renseignements tres-
interessants et tres-detailles, que j'ai essaye de resumer dans mon rapport.
Ces reservoirs sont places dans des situations particulieres. Tons ceux
que j'ai decrits sont etablis sur des terrains primitif's, et generalement a
d'assez grandes bauteurs. Les pluies sont abondantes dans leurs bassins,
les eaux ne sont pas exposees a s'y perdre par infiltration et la proportion
du volume qu'on pent y rccueillir est tres elevee. De sorte que, tout en
s'adressant a des bassins dont I'etendue varie seulement de 2000 hectares
a 6000 hectares, on a pu y disposer de reserves importantes.
Mais, en meme temps, on s'est trouve sur des cours d'eau a forte pente,
et les reserves qu'on a creees ont exige des ouvrages eleves.
Les plus anciens sont : celui que Riquet a fait construire pour I'alimen-
tation du canal du Midi, le reservoir de Saint-Ferreol ; dans son voisinage,
le reservoir de Lampy ; et, dans la vallee du Gier, celui du Couzon. Leurs
barrages sont mi-partie en terre et mi-partie en magonnerie.
Le barrage Saint-Ferreol et celui du Couzon renferment une partie cen-
trale en magonnerie, formee par un mur qui est insuffisant pour resister
a la poussee de I'eau. On a contre-bute ce mur a I'aval par des remblais
qui s'elevent jusqu'a la hauteur du mur, et a I'amont egalement par des
remblais, mais qu'on a eu soin d'arreter au-dessous du niveau de I'eau
pour qu'ils ne soient pas degrades par les vagues.
On a ainsi constitue une espece de massif pen homogene qui n'a pas
donne de tres bons resultats. Le remblai d'amont a ete perce par les infil-
trations ; le mur lui-meme a ete atteint et traverse, et a Couzon il a flechi et
donne lieu a des ecoulements tres-abondants.
A Saint-Ferreol, on avail place dans la galerie de vidange une vanne a
I'amont du mur, mais on a du y renoncer, et on ne se sert plus que de la
vanne d'aval ; encore y a-t-il souvent des reparations importantes a faire a
cette galerie.
76 I'ROCES-YERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
De sorte que, geneialement, on a ete conduit, a la suite des etudes qui
ont ete faites pour la construction des reservoirs dans ces regions, moins
pour le service des canaux que pour I'alimentation des villes, a employer
les barrages en niagonnerie.
On est arrive ainsi au profil-type, qui a ete successivement applique a
plusicurs de ces barrages et, en premier lieu, au barrage du Gouffre d'Enfer,
sur le Furens.
On a construit ce barrage de maniere a ce qu'il offrit les meilleures
garanties de resistance tout en evitant les epaisseurs inutiles de magon-
nerie qu'on avail adoptees notamment dans les barrages espagnols, et de
maniere a reduire les depenses d'une fagon notable, tout en donnant a cet
ouvrage une grande hauteur.
J'ai expose dans mon memoire la marche progressive de la construction
de ces sortes d'ouvrages, qui a commence par le Gouffre d'Enfer et qui s'est
successivement etendu aux barrages du Ternay, du Ban, du Pas-du-Riot,
tons situes dans la meme region et, en dernier lieu, au barrage de Char-
train, qu'on acheve a I'heure actuelle. J'ai rappele les diverses formules
qui ont ete appliquees a Tetude de la resistance de ces ouvrages.
Je crois inutile d'indiquer comment ces formules sont constituees; on les
trouve dans les ouvrages et dans les cours. EUes tendent a prendre pour
base une certaine limite de resistance de magonnerie, limite qui a ete eta-
blie par I'experience et les recherches faites depuis fort longtemps, par
Yicat notamment, sur la resistance des mortiers hydrauliques. Ces barrages
sont, en effet, construits en moellons ordinaires hourdes avec du mortier,
de maniere a former une masse homogene ; par consequent, c'est la resis-
tance du mortier hydraulique qui est la caracteristique de la resistance de
I'ouvrage lui-meme.
Toutes ces experiences ont permis de reconnaitre qu'on pouvait sans
danger porter jusqu'a 12 kilogrammes par centimetre carre les pressions
auxquelles ces magonneries peuvent etre soumises. C'est la theorie gene-
ralement admise, et dont la pratique a etabli I'exactitude.
Je crois cependant devoir attirer I'attention des ingenieurs sur les infil-
trations qui se produisent a travers ces ouvrages, quelque soin qu'on
apporte a leur construction. Ces infiltrations sont inevitables et plus ou
moins abondantes, suivant les soins apportes a la construction, et surtout
suivant la nature des materiaux employes, car les garanties de resistance
dont j'ai parte sont absolument subordonnees a I'emploi d'excellents mate-
riaux et a une execution soignee. Malgre I'excellence des materiaux em-
ployes pour tons ces barrages, des infiltrations se sont produites plus ou
moins abondantes sur le parement d'aval ; elles se sont revelees par des
efflorescences calcaires ; par consequent, I'eau traverse et appauvrit le
mortier en lui cmpruntant sa chaux qu'elle vient deposer a la surface
exterieure.
Si ce phenomene ne se produisait que dans les premiers temps, il ne
1" SECTION. — 4' SfiANCE. 77
serait pas de nature a inspirer de grandes inquietudes, mais j'ai pu
constater le fait suivant sur le barrage du Ternay : on a enleve les efflo-
rescences sur une partie de la surface ou elles s'etaient produites et, vingt
ans apres la construction, elles se sont reformees.
Toutes les eaux de ces reservoirs, a Ternay notamment, sont des eaux
excessivement pures, coulant sur des terrains granitiques, et ayant une
grande puissance de dissolution. C'est la un effet tres dangereux, et qu'il
conviendrait d'arr^ter pour assurer I'existence de ces ouvrages, et pour
eviter les catastrophes qui resulteraient de leur rupture.
D'autre part, avec ces pressions enormes, ces mesures sont plus difficiles
a prendre qu'on ne le croit, et on ne peut guere empecher I'eau de penetrer
dans la maQonnerie.
Au barrage du Ternay, que je connais particulierement puisqne j 'ai dirige
sa construction, je m'etais bien preoccupe dece danger, et j'avais pris toutes
les precautions possibles.
J'avais d'abord employe du mortier fait avec 400 kilogrammes de chaux
par metre cube de sable, ce qui serait une proportion exageree en temps
ordinaire.
Nous avons du faire des fouilles tres-profondes pour arriver a un rocher
granitique compact et solide, ct, en amont du mur, il existait des exca-
vations. J'avais eu la precaution de les combler avec du beton jusqu'au
niveau du terrain, et le parement d'amont avait ete rejointoye au
ciment.
Les infiltrations continuaient neanmoins et, sur les 160 metres de lon-
gueur de I'ouvrage, elles atteignaient 5 a 4 litres par seconde. Un revete-
menl au mortier de ciment que j'ai fait poser ensuite n'a pas reussi a les
arreter completement.
11 faut done exercer, a cet egard, une surveillance de tous les instants.
Heureusement ces reservoirs sont mis a sec tous les ans, en grande partie
du moins, et Ton peut constater I'etat des ouvrages. Tous les ans, on peut
visiter le parement d'amont avec une grande attention, chercher ou les
vides se sont produits et s'efforcer de les faire disparaitre.
Sur quelques-uns de ces barrages, I'imporlance des infiltrations est
assez considerable. Au barrage du Ban notamment, lorsque le reservoir
est plein, le volume des infiltrations s'eleve jusqu'a 10 litres par seconde.
II est vrai que cet ouvrage a ete construit avec des moellons schisteux
assez mediocres.
J'ai eu I'occasion de parler d'un barrage qui a ete construit dans des
conditions un peu differentes, mais quia cependant donne des resultats tres-
satisfaisants. Sa construction me parait digne de retenir votre attention.
C'est le barrage du lac d'Oredon, etabli dans les Pyrenees, a 1 800 metres
d'altitude.
Les ingenieurs qui ont execute ce travail ont fait un barrage n terre qui
n'a qu'une hauteur de 17 metres. Le plan d'eau a ete releve de 17 melres
78 PROCES-VERBAUX DES SfiANCES DES SECTIONS.
cl, d'autre part, la prise d'eau a ete etablie a 7 metres en contre-bas du
plan primitif du lac. On a done line reserve correspondant a une hauteur
de '24 metres et a un volume de 7 270 000 metres cubes.
Le systeme qui a ete adopte a consiste a reporter tons les moyens de
preservation contre les eaux a I'amont du remblai, et a faire du remblai
un massif tres compact. A cet effet, on n'a pas, comme on le fait habi-
tuellement, apporte et ensuite comprime des terres.
L'ingenieur, qui a dirige ces travaux et qui s'est installe sur les lieux, a
eu soin, en apportant ces remblais dans I'excavation qui devait constituer
le barrage vers le col du lac, au moyen d'une buse vers laquelle il diri-
geait un fort courant, de nettoyer constamment ce remblai des parties
terreuses qui etaient entrainees par le courant. 11 ne restait sur place que
des matieres graveleuses, du sable ou des cailioux qui s'amalgamaient,
constituant un tout tres compact et pen sujet a des affaissements.
C'est en amont du remblai ainsi constitue qu'on a etabli le systeme de
protection contre les infiltrations.
Ce systeme consiste, d'abord en un perre ordinaire a pierres seches
etabli au-dessus du remblai, puis au-dessus en une couche de belon de
©■"j^O d'epaisseur, et au-dessus de cette couche de beton on a mis un autre
perre a pierres seches destine a recueillir toutes les eaux d'infiltration qui
traverseraient le perre de protection lui-meme.
Quant a ce perre, il a ete forme d'une couche de beton tres epaisse, puis
d'une petite couche de bitume et enfm d'un perre a pierres seches destine
a proteger ce revetement contre la gelee.
Les resultats obtenus ont ete tres satisfaisants. Le perre a pierres seches,
place immediatement en arriere du revetement en beton, recueille les infil-
trations qui traversent ce revetement et les conduit dans une galerie trans-
versale percee de barbacanes. Le perre en pierres seches s'appuie sur le
berceau de cette galerie, et les eaux qu'il recueille tombent dans la galerie
qui vient aboutir dans I'interieur du barrage au droit de la galerie qui
sert d'acces aux robinets, de sorte que les eaux sont delournees et s'ecou-
lent sans pouvoir penetrer dans le remblai.
Du reste, les precautions prises ont donne d'excellents resultats : le
volume des infiltrations ne depasse pas 2 litres par seconde. Le remblai
reste completement sec ; c'est done une grande garantie de solidite qu'on
n'a pas pu realiser dans les autres barrages en terre.
De I'ensemble de ces observations, il m'a paru decouler cette conclu-
sion que, lorsqu'on a a faire un reservoir dans ces conditions, et qu'on pent
etablir ses fondations sur une base solide, il est prudent de ne pas donner
aux constructions en terre une trop grande hauteur, et qu'il vaut mieux
ne pas depasser la hauteur de 15 metres.
Quand il y a lieu, dans les conditions dont je viens de parler, de recourir
a des barrages en magonnerie, en appliquant les profits que j'ai indiques,
et qui ont ete employes en dernier lieu au barrage de Chartrain, on pent
!■= SECTION. — 4^ SEANCE. 79
obtenir des ouvrages tres-resistants, offrant toute espece de garanties, sous
les reserves que j'ai signalees; on peut ainsi atfeindre et meme depasser
la hauteur de 50 metres.
De sorte que, si j'avais a proposer I'examen de questions relatives aux
reservoirs, je serais d'avis deles faire porter sur les points suivants :
A quelle hauteur convient-il de porter d'une maniere generate et, sauf
exception, les barrages de reservoirs construits en terre?
Quel est le mode et le systeme de profil qu'il convient d'adopter pour
les barrages en magonnerie ?
Qiielles sont les recommandations a faire, soit pour la construction de
ces ouvrages, soit pour leur entretien ?
Yoici maintenant quelle serait, selon moi, la reponse a ces trois questions .
Je crois que les barrages en lerre ne doivent pas depasser la hauteur de
15 metres :
Que pour les barrages en maQonnerie, il y a lieu, dans les conditions
d'execution qui ont ete indiquees, de recourir au type qui a ete applique
en dernier lieu au barrage de Cliarfrain ;
Et qu'en ce qui concerne les soins a donner a I'entretien de ces construc-
tions, il imporle de signaler aux ingenieurs les mesures a prendre pour
arrMer completement les infiltrations a travers la magonnerie. [Applaii-
dissements.)
M. LE President. — Nous continuerons demain I'examen des interessants
rapports qui ont ete rediges sur celte question.
Je renvoie la seance a demain, 8 heures et demie.
La seance est levee all heures.
CIi\QUIEME SEANCE
Mardi 26 Juillet (matin).
Presidence de M. CARLIER, vice-president.
La seance est ouverte a 8 heures et demie.
M. LE President. — Nous avons termine la seance d'hier par I'examen du
rapport de M. Bouvier.
M. Bouvier, ne pouvant assister au debut de noire seance d'aujourd'hui,
m'adresse des projets de resolutions a soumetlre a la Section.
Leur discussion vous paraitra probablement, commc a moi, devoir venir
plus utilement apres I'expose des rapports qu'il nous reste a examiner, et
desquels il pourra ressortir des indications de nature a eclairer la dis-
cussion.
Les rapports doiit nous devrions nous occuper maintenant sont ceux de
80 PROCES-YERBAUX DES STANCES DES SECTIONS.
MM. Barois c.t de Llaurado. Leurs auteurs n'etant pas au Congres, nous
prierons M. Cadart de nous presenter un resume de ces memoires.
Je donne maintenant la parole a M. Fontaine.
M. FoNTAiisE. — Messieurs, j'ai eu a rediger un rapport, tres sommaire
et tres modeste, sur les reservoirs d'alimentation du canal du Centre, que
j'ai eu longtemps dans mon service, et du canal de Bourgogne. Je serai
tres bref. Plusieurs de ces reservoirs d'ailleurs ne presentent pas beaucoup
d'inleret.
Les dispositions notamment qui ont ete adoptees au canal de Bourgogne
ne sont pas tres recommandables, et aujourd'hui on ne les mettrait plus en
usage. Nous avons encore a projeler pour ce canal un nouveau reservoir,
avec digues en terre ou en magonnerie. On n'adoptera certainement pas
les memes types.
De 1882 a 1886, on a construil un nouveau reservoir pour le canal du
Centre; il est assez important, et a ete fait dans des conditions qui paraissent
satisfaisantes. II presente surtout deux points un pen nouveaux.
Le premier, c'est Tadoption, pour prendre I'eau el pour I'envoyer au
canal, de moyens situes a I'exlerieur de la digue, dans une grande tour
situee en amont de la digue. C'est la premiere fois qu'on faisait ainsi
en France. J'ai vu dans I'un des rapports du Congres que ce dispositif etait
imite de reservoirs d'Ecosse; je I'ignorais.
Celte solution presente, entre autres, un grand avantage au point de
vue de I'economie, parce que la digue en terre, sur toute sa longueur, a
pu etre battue au moyen de rouleaux a vapeur ou a chevaux.
Le second point, plus curieux et elegant peut-etre encore que recom-
mandable, est le systeme adopte pour les vannes de prises d'eau.
Jusqu'alors, sous des charges tres-grandes, toutes ces vannes etaieni
faites a frottement de glissement. Toute la pression se traduisait alors par
un frottement considerable. Par une disposition tres ingenieuse, due a
M. I'lngenieur ordinaire Eugene Resal, ces frottements ont etc transformes,
pour 92 pour 100, en frottements de roulement; il a imagine la des
vannes cylindriques roulantes, comme nous avions a nos ecluses des
vannes cylindriques levantes, qui donnent deja d'excellents resultats. Les
dessins de toutes ces vannes, a grande echelle, sont a I'Exposition du
Congres, ainsi qu'un modele en relief de la vanne levante.
Pratiquement, les vannes de Torcy-Neuf ne paraissent reduire les frot-
tements que de 85 pour 100 environ. C'est deja tres considerable.
Elles fonctionnent fort bien, et cependant je ne les recommanderais pas
trop, et je ne les emploierais sans doute plus si j'avais un nouveau
reservoir a construire. On pent en elTet, je crois. adopter une disposition
beaucoup pins simple, indiquee dans mon rapport, et consistant seule-
ment a placer au fond de la tour de prise d'eau une ou deux petites
vannes cylindriques levantes. Avec 0'",80 a 0^,90 de diametre, elles
donneraient tout le debit quv» Ton pent demander a une vanne de prise
[" SECTION. — 5- SEANCE. 81
d'eaii dc reservoir, seruieiit tres-legeres, d'une manoeuvre Ires I'acile, cou-
teraient tres-peu, et, scraient moins delicates, plus rustiques et plus
robustes que les vannes cylindriques roulantes de Torcy-Neuf.
Au nouveau barrage du canal de Bourgogne, on compte etablir deux
vainies cylindriques levantes; I'une devant servir en ens de reparation
a Tautre, cas a prevoir loujours, bien que les reparations soient ici peu a
redouler. M. Moraillon, qui est I'inventeur des vannes cylindriques levantes,
a etudie avec nous, a cet effet, les dispositions a leur donner pour les
reservoirs.
Je renvoie toujours, pour tons les details, a mon rapport au Congres.
J'insisterai un peu sur I'avantage tres-grand que nous avons trouve
a battre les terres en corrois avec un rouleau a vapeur. II faut arriver
a abandonner le battage a la main, avec lequel on ne fait jamais que du
travail fort mediocre et tres-couleux, et c'est en grande partie pour le
supprimer que nous avons mis toutes les prises d'eau a I'exterieur.
Lc battage avec des chevaux est acceptable, mais bien moins satisfaisant,
et plus cher qu'a la vapeur.
Pour ce battage, un rouleau compresseur special a ete construit, dans
des conditions assczdifficiles, par M. Resal. II a rendu de tres-bons services.
Nous avons pu obtenir des corrois excellentset tres-resistants. Quand, dans
nos tournees, un corroi etait termine devant moi, je pesais dessus tout
enlier, sur une canne en fer de I centimetre carre de surface circulaire :
c'etait une prcssion de 100 kilogr. par centimetre carre. Si la canne enfon(;ait
dans le corroi de plus d'un millimetre, on faisait rebattre encore. Ce
rouleau pouvait tourner dans un rayon de 5 metres seulement, et
acceder ainsi a peu pres partout. Nous n'avons presque pas fait de battage
a la luain, et le prix de revient moyen du battage a ete tres-faible.
Je reprends maintenant rapidement le resume qui termine mon rapport
et ses conclusions.
M. le President vous a lu la proposition de M. I'lnspecteur general
Bouvier. J'adhere pleinement a cette resolution, avec une leserve cependant
sur la premiei'e parlie. M. Bouvier estime qu'un bairage en terre nc doit
pas depasser 15 metres de hauteur. Nous n'en avons pas, au canal du
Centre, ni au canal de Bourgogne, qui depasse ce chiffre. Mais, si j'avais a
fairc un reservoir dans la region du canal du Centre, ou les terres
sont excellentes, et presentent sou vent la composition type la meilleure,
deux tiers de sable pour un tiers d'argile, et que ce reservoir diit avoir
20 metres de hauteur, je n'hesiterais pas a le construire en terre. Ce point
depend surtout, je croi^, de la qualite des terres dont on dispose. J'hesi-
terais d'ailleurs probablement a depasser la hauteur de 20 metres.
Les conclusions de mon rapport sont les suivanles.
« De I'expose de ces systemes divers d'etablissement des reservoirs, il
n'y a pas a tirer de conclusions generates. Les depenses de construction,
extremement variables avec les conditions locales, nc peuvent etre com-
6
82 PROCES-VERBAUK DES SEANCES DES SECTIONS.
parees entre elles avec quelque utilite. A chaque cas convient sa solution
particnliere. »
J'avais cru devoir faire ce rapport tres-sommaire. Je n'ai meme rien dit
des depenses, me limitant sans doute trop strictement au chifTre de
vingt pages, qui avail etc indique comme maximum. Le sujet pouvait
preter a de bien plus longs developpements. En somme, le reservoir de
Torcy-Neuf a coute a pen pres 2 230000 francs. Mais ce chiffre comprend
580 000 francs pour une deviation de chemin de fer, d'une longueur de
pres de 3 kilometres, avec trois voies, ainsi que pour la deviation, a cole
de ce chemin de fer, d'un chemin de grande communication fort impor-
tant, qu'il a aussi fallu deplacer d'une fagon considerable. Les terrains
out coute 770 000 francs. Les depenses totales pour le barrage et ses
accessoires se sont elevees a 880 000 francs. C'est, je crois, fort modere.
Mais, comme cette question des depenses varie beaucoup avec chaque
region, elle n'a pas grand interet, sans doute, devant vous. Je vous pro-
poserai seulement ici des conclusions relatives aux digues en terre des
grands reservoirs, que j'ai eludiees plus completemcnt dans mon rapport.
Si je puis avoir quelque competence sur la question des reservoirs,
ce n'est que sur celle des reservoirs en terre. II y a quelques tres-beaux
reservoirs en magonnerie au canal de Bourgogne, notamment le reservoir
de Grosbois, qui est d'un aussi bel etfet architeclonique, dans son genre,
que I'aqueduc de Roquefavour ou le Pont du Gard; mais leurs dispositions
sont fort pen rationnelles.
« Les terres les meilleures sont celles qui se rapprochent le plus d'une
teneur de deux de sa])le pour un d'argile. Avec de bonnes terres on pourrait
admettre des hauteurs de retenue atteignant jusqu'a 20 metres au moins.
Le profil le plus satisfaisant et le plus economique est, pour le talus
interieur, celui a pelits gradins independants. de r",50 a l'",80 de
hauteur, inclines a 45 degres et separes par des bcrmes de O'^jSO a 1 melre
de largeur, avec une berme de largeur double tous les 5 a 6 metres. Le
talus exterieur pent n'etre incline qu'a 1 1/4 ou 1 1/2 pour 1 . Le meilleur
rcvetement, pour les bermes comme pour les perres, est une mafonnerie
de moellons, sur beton, de 0°',40 a 0'",50 d'epaisseur totale. »
Le profil ci-dessus decrit est celui qui a ete suivi dernierement au canal
du Centre, a Torcy-Neuf, et qui a ete imite d'un profil deja fort ancien,
adopte, vers 1825, par M. I'lngenieur en chef Noel.
La plupart des reservoirs du canal du Centre avaient j usque-la pour
revetement, au moins sur les bermes, une chape en beton ou en bitume.
Un certain nombre d'autres systemes y avaient ete essayes aussi; aucun
n'avait resiste aux alternatives de secheresse et d'humidite; le soleil et la
pluie avaient a pcu pres tout desagrege. Nos revetements en moellons,
faits depuis cinq ans — ce n'est pas encore bien long, il est vrai —
paraissent ne pas devoir se laisser detruire; ils semblent en aussi bon
etat qu'au premier jour.
1" SECTION. — 5' STANCE. 85
Lc talus exterieur etait projete d'abord a deux de base pour un de
hauteur. On Ta raidi sensiblement en augmentant la largeur de certaines
bermes du cote de I'eau. On n'y a pas constate d'inconvenient, ce qui pent
tenir d'ailleurs a lexcellente qualite des terres, et au soin tres-grand
apporte au battage.
« Le battage des terres a la main doit etre evite autant que possible,
pour ne guere admettre que celui par chevaux, et surtout celui a la
vapeur. »
11 faudrail, si on le pouvait, proscrire absolument le battage a la main,
qui equivaut presque a zero.
« On peul battre les terres en corrois, a la vapeur, pour moins de
25 centimes par metre cube. »
J'aurais pu ecrire 20 ou 21 centimes, car nous avons eu notre machine
un peu tard, et nous ne I'avons employee que pour les deux tiers du cube
a battre.
« 11 importe de ne pas interposer dans la digue des massifs de magon-
neries interrompant le battage en grand.
« Les couronnements des deversoirs doivent etre tenus bas, et completes
par des hausses facilement amovibles, afin de pouvoir debiter les plus
fortes tombees d'eau. »
C'est une disposition que Ton a toujours appliquee dans mon service, et
que je crois bonne: elle dispense tout au moins de calculs dont les bases
sont generalement fort arbitraires.
« Les prises d'eau peuvent etre etablies avantageusement dans une tour
elevee au pied et en amont de la digue. »
« De petites vannes cylindriques verticales seraient tres-commodes et
economiques. »
L'experience n'est pas encore faite. Elle le sera sans doute dans trois
ou quatre ans, et je crois qu'aucun systeme ne serait plus pratique.
« A defaut de vannes cylindriques, on pent encore manoeuvrer des vannes
avec des appareils de levage de faible puissance, meme sous de grandes
charges d'eau, en transformant en frottements de roulement la plus grande
parlie des frottements a vaincre. »
Les cries de Torcy-Neuf sont ires faibles, en general au cinquantieme, et
ils levent des vannes chargees de 14", 50 d'eau.
« On pent aussi, avec la tour en amont de la digue, reduire beaucoup,
sinon supprimer les deversoirs speciaux. Au moyen d'une vanne de garde,
la hauteur de chute des tirements ou des devcrsements pent etre reduite a
volonte. »
11 y a la encore, sans doute, un detail interessant. On ne s'est pas
contente, a Torcy-Neuf, des trois vannes de prise d'eau; on a ajoute une
quatrieme vanne. C'est la premiere fois, je pense, qu'on adopte une vanne
de garde fermant entierement tous les pertuis.
Nous avons ainsi obtenu ce resultat, sur lequel nous comptions bien
8i PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
qu'on pent, dans la tour de prise d'eau, maintenir I'eau an niveau exact
qu'on desire. Quand nous avons presente le projet de cette tour, nous
avions commis rimprudence de demander a supprimer tout deversoir
special, siniplement par economie; tous les excedenls d'eau devaient
tomber dans la tour, et s'echapper par I'aqueduc de fiiite des prises d'eau.
Le Conseil general des Fonts et Chaussees a rejete ce systerae, dans la
crainte que les deversements, par leur chute dans la tour, n'en ruinassent
les ma^onneries. Cette crainte etait, a mon sens, excessive. II n'en etait pas
moins beaucoup plus prudent, pour une premiere tentative de ce genre,
d'adopter I'avis du Conseil general. Nous avons done construitun deversoir
special. Mais, au fait, nous aurions pu nous en passer sans inconvenient,
car nous sonimes fort bien arrives a reduire a notrc gre la hauteur des
chutes dans la tour.
Pour cela nous barrons plus ou moins I'aqueduc de fuite par une grande
vanne qui pent le fermer tout entier; en tatonnant un pen, on obtient
assez vitc le debit voulu pour que la quantite d'eau qui tombe dans la tour
s'equilibre avec celle qui s'en echappe. Le deversement a done une hauteur
aussi reduite que I'on veut.
Mais on ne pent realiser cette disposition qu'avec des vannes cylin-
driques, roulantes ou levantes; les aulres systemes, pour une surface de
vannes de 2 metres carres, donneraient lieu a des frottements enormes.
En admettant les frottements de glissement, il serait bien difficile de se
rendre maitre du debit de la tour.
« On pent enfm, par une rigole regulatrice, maintenir automalique-
ment une serie de biefs courts a une tenue constante, et alimenter le canal
au dela sans passer par ces biefs. »
Ceci nc rcntre pcut-etre pas absolument dans la question des reservoirs.
Cependant c'est une question aimexe, et j'ai tenu a en dire quelques mots,
parce que je crois que les rigoles regulatrices, connues depuis soixante
ans au canal du Centre, ne le sont a pen pres pas ailleurs. Or elles pre-
sentent de grands avantages; elles out ete imaginees encore par M. Noel,
qui avait deja determine le meilleur profil des digues de reservoirs en
lerre. Par ces rigoles nous obtenons, dans les series de biefs tres-courts,
un niveau constant et automatique, ce qui assure de grandes facilites a
la balellerie. {Appkuirlissoneuts.)
M. Cadart. — Je me rallie absolument en tous points aux conclusions
de M. Fontaine.
II me semble seulement qu'il y aurait lieu de rediger en termes moins
absolus celles de ses conclusions relatives aux deversoirs.
M. Fontaine preconise une disposition qui, sans nul doute, est excel-
lente, celle consistant a elablir un deversoir fixe arase sur toute la lon-
gueur a 40 ou 60 centimetres en conlre-bas du niveau de la relenue.
Toutelbis, la solution adoptee au canal de la Marne a la Saone, et qui en
est d'ailleurs bien pen diflerente, me parait egalement satisfaisante : au
1" SECTION. — 5= SEANCE. 85
lieu d'etablir la lotalite de la longueur du deversoir en contre-bas de la
retenue, on arase une partie exactement au niveau de la retenue, et I'autre
parlie a 1 m. 25 en contre-bas. Cette seconde parlie est fermee par des
vannes qui, ne supportant qu'une faible pression, sont tres faciles a
nianoeuvrer.
Je crois qu'on pourrait adopter une redaction dont les termes un peu
moins formels ne condamnassent pas ce sysleme.
M. FoMAiNE. — Je serais desole de condauiner ce systeme, parce que je
le crois sensiblement equivalent au notre.
Je suppose seulement la disposition que nous avons adoptee plus econo-
mique; les pertuis, qui n'ont que 60 centimetres au plus de hauteur, sont
fermes par de petiles poutrelles que le garde pent tres facilement enlever
a la main.
M. Cadart. — Je desire simplement une redaction plus elastique et
englobant les deux solutions. On pourrait dire, par exemple :
« que tout ou partie du deversoir soit arase en contre-bas du niveau de
la retenue, et ferme par un systeme mobile. »
Sous cette reserve, je crois que les conclusions de M. Fontaine, d'ailleurs
tres-justes et parfaitcment etudiees, ne peuvent soulever aucune objection.
M. Fontaine. — J'ai eu seulement pour but d'indiquer que les deversoirs
arases au niveau meme de la retenue, qu'on trouve dans beaucoup d'ou-
vrages anterieurs, constituent une erreur; mais j'adhere entierement a
ramendement de M. Cadart.
M. LE President. — La parole est a M. Cadart pour resumer son rapport.
M. Cadart. — Messieurs, M. I'ingenieur en chef Denys, dans son rapport
sur la 2'' Question, [a fait connaitre les grandes lignes de I'alimentation
des canaux de la Haute-Marne et de la Marne a la Saone. Ces canaux,
d'une longueur totale de 253 kilometres, ne forment en realite qu'une seule
voie navigable a point de partage unique, situe sous Langres, qui traverse
dans toute sa longueur du nord au sud le departement de la Haute-Marne;
cette voie navigable n'est pas encore achevee; elle est entierement con-
struite et ouverle a I'exploitation sur une longueur de 198 kilometres;
55 kilometres restent encore a construire ou sont en construction.
Les principaux ouvrages d'art de ces canaux font I'objet d'un album et
d'une notice delaillee exposes dans la salle des albums sous le n° 157.
Quelques photographies sont, en outre, exposees dans la salle des modeles.
La plus grande partie de cette voie navigable, soit une longueur de
190 kilometres, en y comprenant I'embranchement de Wassy qui a
23 kilometres, doit etre alimentee par des reservoirs. Ces reservoirs sont
au nombre de 5, dont 5 sont actuellement consti'uits et mis en service, et
dont 2 restent encore a construire.
Je n'ai etudie, dans le rapport que j'ai presente au Congres, que les trois
premiers. J'en ai fait la description et j'ai dit avec la plus grande franchise,
— je pouvais etre d'autant plus impartial que je ne suis personnellement
86 PROCES-VERBAUX DES STANCES DES SECTIONS.
le constructeur d'aucune des trois digues, — toules les dispositions heu-
reuses que je croyais avoir ete realisees.
Mais aussi, persuade qu'il est au moins aussi instriictif, en vue de
Tavenir, de savoir eviter les fautes que de realiser des ameliorations, j'ai
indique avec la meme franchise les points que je considere comme laissaut
a desirer ,• les conclusions auxquelles j'arrive consistent simplement a dire :
c{ Voila ce que nous avons fait, voila, d'un cote, les dispositions que nous
croyons honnes, dont nous sommes satisfaits et que nous recommandons,
et voila, de I'autre, celles que nous considerons comme laissant a desirer et
ne devant pas etre imitees. »
Avant d'exposer ces conclusions, je rappellerai en deux mots les dispo-
sitions principales et le mode de construct ion des digues des trois reser-
voirs en service.
Deux des trois digues sent en terre battue; ce sont les digues de la Liez
et de Wassy. Elles sont anterieures de quelques annees :» la digue de
Torcy-Neuf, et par consequent un peu moins parfaites. Leurs dimensions
principales sont indiquees dans mon rapport.
La longueur est a peu pres la meme pour les deux digues; elle est de
492 m. 30 a la digue de la Liez, et de 467 m. 75 a celle de Wassy. La
hauteur de la digue de la Liez est de 14 m. 45; celle de la digue de Wassy
de 15 m. 90. La largeur au pied est de 61 m. 02 a la Liez, et de 65 m. 60
a Wassy.
Ces digues ont ete corroyees, a Wassy avec un rouleau a chevaux pesant
5010 kilogrammes a pleine charge, et a la Liez avec un rouleau pesant
4400 kilogrammes a pleine charge, actionne par la vapeur, mais d'un sys-
teme assez different de celui employe a Torcy-Neuf par M. I'ingenieur en
chef Fontaine. Au lieu d'un rouleau automoteur portant lui-m6me sa
chaudiere et sa machine, comme les cylindres-compresseurs des routes,
I'inslallation etait absolumont analogue a celle du lahourage a vapeur par
Ic systeme Fowler. A chaque extremite de la digue se trouvait une voie sur
laquelle se mouvait un chariot portant un treuil et une locomobile. Ces
deux chariots etaient relies par un cable au milieu duquel etait attache le
rouleau, et chacune des machines travaillant a tour de role imprimait un
mouvement de navette au rouleau. Le rouleau etait a 2 essieux servant
chacun d'axe a un cylindre cannele, et un ouvrier monte sur le rouleau
pouvait le diriger a sa volonte en faisant converger ou diverger les essieux.
Ce systeme nous a donne de boiis resultats. Je ne puis etablir de com-
paraison avec le systeme employe par M. Fontaine, et nous ne pouvons
discuter sur les merites respeclifs des deux appareils; mais si M. Fontaine
est satisfait du systeme qu'il a employe, nous sommes contents aussi de
I'instruraent dont nous nous sommes servis.
M. LE President. — Bien que president, je vous demande la permission
d'inlervenir dans la discussion. M. Fontaine nous a dit combien il etait
satisfait du rouleau a vapeur automoteur qu'il a employe, surtout a cause
l'^ SECTIO-X. — 5' SEANCE. 87
de sa mobilile ct de la facilite de le faire tourner dans un espace exlr^me-
ment restreint.
Mais il faut tenir compte de cette circonstancc tout a fait speciale au
canal dii Centre, qu'on avail a sa disposition des terres d'une qualile
exceplionnellement favorable, qui pouvaienl elre employees sans aucune
especc de melange de matieres etrangeres, et qui contenaient en elles-
mcmes tons les elements d'une excellenle terre a corroi. Dans ces condi-
tions, la main-d'ceuvre a executer pour le batlage des terres consistait en
un simple corroyage pouvant se faire a I'aide d'un instrument unique.
Rien n'etait alors plus simple que d'employer un rouleau porlant lui-meme
son moteur, se mouvant, comme le ferail un pietun. pour ainsi dire et
virant dans un espace extremement restreint.
Mais, au reservoir de la Liez, les conditions etaicnt bien differentes; les
terres Irop argileuses dont un disposait devaient etre melangees avec du
gravier.
On etait done oblige, comme M. Cadart Ta indique dans son rapport —
et si j'inlerviens c'est parce que j'ai assisle a toutes les phases de I'execution
qu'il n'a evidemmenl pas aussi presenles a la memoire que je les ai moi-
meme — de repandrc une couche de terre argileuse sur le sol, sur une
faible epaisseur, de superposer une couche de gravier et de melanger le
tout.
L'execution de ce melange necessitait une main-d'oeuvre speciale qui,
pour elre economique, a du elre executee egalement a la vapeur.
En somme, il y avait d'abord labourage des couches repandues, puis
corroyage.
Si on penl executer facilement un corroyage avec un instrument auto-
mobile, je crois que le labourage et le melange ou malaxage de terres de
diflcrentes natures ne pourraif pas se faire facilement avec un instrument
aussi mobile que le rouleau decrit par M. Fontaine, et que dans ce cas le
systeme du labourage a vapeur avec va-et-vient est particuUerement appli-
cable.
M. Cadaiit. — Du reste, le systeme du labourage n'est guere pratique
que quand la digue est rectiligne, et son application serait tres-difficile
sur une digue courbc.
Dans tons les cas. comme vient de le faire remarquer M. le President,
ce qui fait que nous avons ele si satisfaits de ce systeme de pilonnage par
va-et-vient, c'est qu'avec le m6me outil on faisait 2 operations : le melange
des teries et leur batlage.
Le melange se faisait avec un instrument tout a fait analogue a la
charrue Fowler, sauf que les socs etaient un pen moins grands et ana-
logues a celui de Finstrument aratoire appele scariflcateur: Fensemble des
appareils etait dispose de maniere a ce qu'on put atteler sur le cable
tantot le rouleau, tanlot la herse-charrue, de maniere a faire alternative-
ment, et avec le meme outil, le battage et le melange.
8S PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
C'est evidemment la qu'etaient reconomie et ravantage tin systeme;
M. Fontaine, n'ayant pas a satisfaire aux memes l)esoins, a cle conduit a
employer un systeme different.
M. I'ingenieur en chef Fontaine vient d'exposer lout a I'hcure les avan-
taoes qu'il a rencontres a placer la tour en amont de la digue, et a I'isoler.
Nous avons fait a la Liez et a Wassy la contre-epreuve. Ces digues ont etc
construilcs quelques annees avant celle de Torcy-Neuf, et le systeme qui y
a ete employe n'est pas parvenu a notre connaissance en temps utile.
Nous avons constate les difficultes enormes et les inconvenients consi-
derables que presentent les prises d'eau etablies a I'interieur meme des
massifs de terre.
Dans nos prises d'eau, le puits se trouve dans I'axe meme de la digue.
Le corroi, dans sa moitie amont, est ainsi coupe par un chenal de
i m. 20 de largeur menage entre deux grands murs qui s'avancent sur
toute la largeur du lalus amont de la digue. Cette disposition est absolu-
ment mauvaise et presente deux inconvenients tres-graves : elle rompt
complelemeiit I'homogeneite de I'ouvrage et elle siiscile des dilficultes de
construction considerables.
L'liomogeneite est rompue parce qu'au milieu d'un massif de remblai,
toujours susceptible de se tasser, se trouvent interposees des magonneries
qui, ne pouvant tasser. ont toujours une tendance a se decoller des
terres.
Les difficultes de construction sont enormes, parce qu'on est oblige d'in-
terrompre le pilonnage a cet endroit. II faut faire deux pilonnages succes-
sifs en faisant passer le rouleau derriere la tour. De plus, par prudence,
on ne pent faire approcher le rouleau jusqu'au bord de la magonnerie. 11
faut I'arreter a une certaine distance, pour eviter une chute.
On est oblige de faire un corroyage a la main pres des maconncries, ce
qui est toujours difficile et couteux, et, comme le disait M. Fontaine, mal-
gre toutes les precautions possibles, on n'arrive pa> a le bien faire.
De la cette conclusion identique a celle que presentait tout a I'lieure
M. Fontaine, qu'il y a lieu d'abandonner completement la disposition qui
consiste a raettre les ouvrages de prise d'eau a I'interieur du massif des
terres.
.le crois qu'il est prudent de ne pas executer les digues en terre avec une
trop grande rapidile; c'est une de mes conclusions. On en a fait I'expe-
rience sur le canal de la iMarne a la Saone : I'execution de la digue de
Wassy, ayant 492 metres de longueur et 16 metres de hauteur, a etc faite
avec une rapidite vertigineuse : elle n'a dure que 14 mois. Des considera-
tions financieres obligeaient a une execution tres rapide ; un concession-
naire avait interet a livrer le canal tres vite.
11 s'est produit des glissements sur le talus amont qui a du etre retabli
ct consolide avec des contreforts, comme a la digue de Cercey.
A la Liez on avail execute tres-vite les trois gradins inferieurs en faisant
1" SECTION. — 5^ SEANCE. 89
les revetements en meme temps que les corrois. II s'est produit des tasse-
ments, tres-faibles il est vrai, mais suffisants pour produire des cassures
dans ces gradins.
On a alors pris le parti d'aller moins vite, de faire d'abord le remblai et
de nc faire le revetement que deux hivers apres. Cette disposition, qu'on a
appliquee ensuite, a parfaitement reussi.
Je crois done qu'on pent recommander de laisser un intervalle de temps
assez considerable, un hiver tout au moins, deux si on a le temps, entre
I'execution du batlage et celle du revetement maQonne.
Pour terminer avec les digues en terre, j'ai cru devoir exposer dans mon
rapport un systeme que j'ai employe I'annee derriere dans une etude
d'avant-projet pour faire tres-rapidement, d'une maniere approximative,
une comparaison entre divers reservoirs egalement possibles, au point de
vue du prix de revient.
La methode est excessivcment elementaire; mais comme elle m'a reussi,
j'ai cru qu'il etait peut-elre interessant de la faire connaitre.
Elle consiste tout simplement a decomposer, comme dans toute evalua-
tion d'ouvrages, la depense totale en un certain nombre d'elements par-
tiels, et a appliquer a chacun le prix unitaire qui lui convient. Le tout est
de faire un choix judicieux de ces elements. L'ouvrage — il ne s'agit que
des digues en terre — est divise en quatre parties :
Le corroi :
Le revetement du parement amont;
Le mur de garde et le parapet.
Les ouvrages de prise d'eau et de decharge ;
On evalue assez rapidemcnt le cube du corroi lorsqu'on a arrete le profit
type du barrage. U suffit d'un metre d'une heure, puisqu'onn'a qu'a appli-
quer ce profil-type au profit en travers de la vallee a I'emplacement de
l'ouvrage, seul profit qu'on ait a lever. Si Ton ne dispose pas de rensei-
gnemenls anterieurs sur la nature du terrain, il convient, en meme temps
qu'on leve le profit, d'executer quelques sondages pour determiner la pro-
fondeur moyenne du mur d'ancrage qu'il faut descendre dans les terrains
impermeables, et que nous appelons, comme nous venons de le dire, mur
de garde.
Le second element est le prix du revetement du talus amont. On le
ramene a la surface verticale de projection de la digue sur un plan verti-
cal parallele a son axe, projection a laquelle la surface du revetement est
proportionnelle. On agit ainsi par analogic avec la methode employee pour
ramener la depense des grands viaducs en ma^onnerie au metre superfi-
ciel de la surface en elevation, mais avec beaucoup plus d'exactitude.
Le volume du perre amont, qui recouvre une serie de bermes et de talus
d'une inclinaison constante, est evidemment proportionnel a cette surface
de projection, il suffit done d'appliquer un second prix unitaire convena-
blement choisi pour evaluer ce second element de la digue.
90 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
Le Iroisieme element qui se compose du mur de garde et du parapet, est
proportionnel a la longueur de la digue qu'on trouve egalement sur le
profil leve; il suffit d'avuir soin, dans I'etablissement du prix unitaire a
appliquer, d'attriljuer au mur de garde la profondeur moycnne qu'il doit
avoir.
L'evaluation ainsi faite est a peu pres rigoureuse en ce qui concerne
les trois premiers elements.
Celle du qualrieme element est un peu moins precise.
Pour les ouvrages de dechargc, j'ai admis que la depense etait propor-
tionnelle a la hauteur ; ce n'est pas tout a fait vrai. C'est a peu pres
exact pour les ouvrages de prise d'cau et pour le canal de decharge qui
descend du deversoir dans le fond de la vallec; il n'en est pas de m6me
pour le deversoir et le vannage de decharge dont les dimensions et I'im-
portance dependent surtout du debit des crues a ecouler; mais comme ces
premiers ouvrages coutent peu par rapport aux prises d'eau ct au canal
de decharge, on ne commet pas line bien grande erreur en admeltant pour
le tout la proportionnalite a la hauteur.
J'avais a considerer une vingtaine de reservoirs possibles parmi les-
quels il fallaitenchoisir deux, et estimer approximativement les avantages
de chacun. Comme on se trouvait en presence d'ecarts importants, une
grande precision n'etait pas necessaire et j'ai pu arriver en quelques
semaines a comparer entrc eux tons ces reservoirs, de maniere que le
choix s'imposat sans hesitation possible.
Dans Tetablissement d'un reservoir, les expropriations coutent souvent
autant que la digue.
II fallait done se rendre compte aussi du cout des terrains a acquerir;
mais ici encore nous avons adople une methode rapide en calculant, non
sur la superficie exacte des emprises, qui est tres longue a determiner,
mais bien sur la superficie au plan d'eau qu'on trouve sur une carte, en
appliquant la courbe de niveau, sauf a majorer convenablement le prix de
I'hectare pour tenir compte de la difTerence entre les deux surfaces.
L'experience des reservoirs conslruits a prouve qu'on arrive, par cette
methode, a une exactitude assez grande.
J'arrive a la digue de la Mouche, dont je voudrais dire quelques mots.
C'est une digue en magonnerie beaucoup plus elevee que les digues en
terre dontje viens de parler. Elle a 410"", 25 de longueur, 22"", 55 de hau-
teur de retenue au-dessus du seuil de la bonde de fond, et 20", 98 au-des-
sus du thalweg. La hauteur apparente de la retenue est done de 22'", 55,
mais la retenue reelle est de 28"\82 au-dessus du sol de fondation. Les
terrains solides, qui sont des marnes tres-dures et tres-corapactes du lias
superieur, etaient, en efTet, a une profondeur considerable en contre-bas
du terrain naturel.
Les fondations ont une profondeur de 7", 26 au minimum au droit du
thalweg; cette profondeur atteint 21 metres a I'enracinement sur I'un des
1- SECTION. — 5= SEANCE. 91
coteaux, les terres superficielles se relevant beaucoup plus sur les coteaiix
que sur les lerrains primilifs. La plus grande hauteur de I'ouvrage enlre
les fondations et le parapet atteint ainsi 54". 92.
C'est une circonstance assez particuliere d'avoir des fondations aussi
importantes, puisque si on fait separcment le calcul du cube de ma^on-
nerie qui se trouve au-dessus du terrain de la vallee, on trouvc que le cube
des maconneries vues n'cst que 44 pour 100 du cube total, et qu'il y a
50 pour 100 des magonneries enfouies sous le sol.
Aussi ces fondations ont-ellesdonne lieu a des diflicultes d'execution assez
grandes.D'importants glissements se sont produitssurl'un descoleaux; on
s'en est parfaitement rendu niaitre sous I'habile direction deM.Carlier, alors
Ingenicur en chef, en batlant des enceintes de pieux et de palplanches et
en les descendant assez profondement pour atteindre le terrain en place.
Sur I'autre coteau, on a ete assez heureux pour eviter tout glissement, ou
plutot pour I'arreter net des le debut.
On a construit tres-rapidement des contreforts de soutenement du
coteau qui menacait de se mettre en mouvement; on les a doubles, puis
triples, de maniere a obtenir un secteur de soutenement continu qu'on a
ensuite epaule contre la maqonnerie de fondation de I'extremite de la digue
qu'on edifiait en meme temps en arriere.
La composition du morlier est analogue a celle qu'a indiquee M. Bou-
vier pour les digues du Midi. Le dosage est de 590 kil. par metre cube de
sable pour la chaux de I'Aube, et de 550 kil. pour la chaux de Teil qui
est plus legere.
Le profit a ete calcule exactement d'apres la methode prcconisee par
MM. Bouvier et Guillemain, c'est-adire qu'on ne s'est pas .borne a la con-
sideration de sections horizontales, mais qu'apres avoir calcule le protll,
on en a fait une verification minutieuse par des sections obliques et que,
dans un cas comme dans I'autre, on a tenu compte de la tolalite de la
resullante, en la considerant comme appliquant le solide superieur sur le
solide inferieur, sur une surface egale, non a la section tout entiere,
mais seulement a la projection de cette section sur une perpendiculaire a
la resultante. Ce sont les modes de calcul qui donnent les epaisseurs les
plus grandes et le maximum de securite. On s'est attache aussi a main-
tenir dans la partie superieure la courbe des pressions a 1 interieur du
tiers median; aussi, dans cette partie, les pressions sur le parement aval
sont-elles bien inferieures a la limite de resistance qu'on s'etait assignee.
II nc pent done y avoir d'effort a la traction en aucun point du parement
amont.
Les pressions par centimetre carre ne depassent pas 6''^', 26 lorsque le
reservoir est plein et6''^',56 lorsqu'il estvide. Ces pressions sont, sansdoute,
bien faihles pour des magonneries ; mais les marnes du lias, qui servaient
de terrain de fondation, ont une resistance beaucoup moindre que les
roches tres-dures sur lesquelles sont fondees les digues du reservoir du
92 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
midi, et il n'a pas paru prudent de depasser ces pressions; non, je le
repete, en vue des magonneries, mais uniquement en consideration de la
nature de la roche marneusc servant de fondation.
Ce qu'il y a d'original dans la digue de la Mouche, c'est la disposition
qui a ete adoptee pour permeltre le passage, sur son couronnemcnt, d'un
chemin vicinal de 7 metres de largeur.
Cetle disposition, qui produit le plus heureux effet, est due a M. Carlier,
notre honorable President.
Le chemin, large lui-meme de 7 metres, devait, avec le parapet et le
garde-corps, occuper une largeur totale de 7^,60. II n'etait pas rationnel
de donner a la digue une largeur en couronne aussi considerable, c'eut
ele couteux et ce n'etait pas necessaire. On ne lui a done donne qu'une
largeur de 5"", 50 et on a accole sur le parement aval une sorte de viaduc
forme de 40 arches do 8 metres d'ouverture. Ce viaduc a la meine largeur
que la partie pleine du couronnement, et un encorbellement supporte la
plinthe et le garde-corps d'aval. Cette solution, en meme temps qu'elle
economise la magonnerie, donne a TouYrage un aspect architectuial gran-
diose et des plus satist'aisants.
C'est un pen le meme, aspect que presente la digue de Grosbois dont
parlait tout a I'heure M. Fontaine, mais avec cette difference que les contre-
forts de Grosbois ne font pas partie inlegrante d'un ouvrage construit ration-
nellement et d'un seul jet, tandis qu'il en est lout autrement des arceaux
de la Mouche, qui constituent une solution eminemment rationnelle eteco-
mique en meme temps qu'irreprochable au point de vue technique. II a
etc tenu compte du viaduc dans les calculs de resistance de la digue; la
melhode suivie pour ces calculs est exposee dans mon rapport, ou les per-
sonnes que cela interesse pourront la retrouver; il serait trop long de I'ex-
poser ici.
Je crois done qu'on pourrait proposer cette conclusion pour le cas par-
ticulier ou un chemin large doit passer sur le couronnement d'une digue
en ma(;onnerie ;
« La solution adoptee au reservoir de la Mouche pour permettre le pas-
sage d'un chemin vicinal sur le couronnement d'une digue en mac^onnerie
parait tres-heureuse, tant au point de vue technique qu'a celui de I'effet
decora tif obtenu. »
Enfm les prises d'eau out ete disposees comme elles Favaienl ete deja
dans un reservoir du canal de I'Est, celui de Bouzey.
On a accole a I'araont de la digue une demi-tour ayant cxterieurement la
forme d'un demi-decagone de 5"", 15 d'apotlieme, et evide interieurement
par un demi-cercle de l'",I5 de rayon. Sur les faces exterieures se trouvenl
des vannes de prise d'eau espacees verlicalement de 4"°, 50 les unes des
autres ; elles etablissent la communication entre le reservoir et le puits
interieur de la demi-tour ; sur la face plane de ce puits se trouvent deux
vannes de garde qui permettent I'evacuation de I'eau, une fois qu'elle est
1'-^^ SECTIO>. — 5' SEAxNCE. 95
enlree dans la lour. II y a done double garde. En temps ordinaire, on leve
les vannes de garde interieures sans pression : mais leurs cries de manoeuvre
ont cependant cte calcules pour que ces vannes puissent ctre levees sous
la pression de la retenue lotale. C'est pour celle raison qu'on a ete conduit
a etablir deux petites vannes de garde jumelles an lieu d'nnegrande vanne
unique.
Si un accident arrivait a une vanne exterieure, ou si un corps etran-
ger empecliaii sa fermeture, on pourrait done conlinuer le service avec
les seules vannes interieures jusqu'a la prochaine vidange du reser-
voir.
Ainsi que I'a expose M. Fontaine a I'occasion de Torcy-Neuf, la double
garde presenle encore Tavantage de permettre de disposer du niveau de
I'eau a I'interieur de la tour, et d'attenuer autant qu'on le veut la chute
dans le puits de Teau ecouleepar les orifices de prises d'eau exterieurs a la
demi-tour.
Notre ventellerie n'est pas aussi perfectionnee que Test celle de Torcy-
Neuf; nousn'avons aucun systeme permetlant de substiluer le froltement
de roulement a celui de glissement. Nos vannes sont de simples plaques de
fer placees devant des giissieres rabotees du meme metal. Leur epaisseur
varie de 20 a 45 mm. Avec cetle derniere epaisseur, les vannes devien-
nent, il est \rai, de veritables petites plaques de blindage. Nous avons trouve
quece systemeetait suffisant, et nous sommes contents du fonctionnement,
parce qu'il n'est nullement necessaire, dans les reservoirs, que la manoeuvre
soil rapide. II convient, au contraire, qu'elle soil extiememcnt lente. La
pression sur les vannes etant considerable, nous avons des ciics de manoeuvre
tres-puisscints, et par consequent a grande multiplication de force. Leur
rapport est de 1 a 1000 pour les grandes vannes. 11 faut ainsi une minute
pour lever la vanne de 2 centimetres. Mais ce n'est pas la un inconve-
nient. En temps d'alimentation normale, la variation a faire subir a la
position de la vanne d'un jour a I'autre pour conserver un debit constant
nc depasse jamais 2 centimetres; ct ce n'est certes pas excessif d'imposer
aux barragistes un travail d'une minute par jour.
Quand on commence ralimentation, il n'est pas prudent de lever trop
vite les vannes parce qu'il s'ensuivrait un (lot qui produirait de grandes
degradations dans les moulins, les meuniers n'ayant pas le temps de pre-
parer leurs vannages en vue du nouveau debit a ecouler. II convient que
I'eau arrive graduellement, et on a bien plus de securite a ce point de vue
eu ne donnant aux barragistes qu'un outil qui ne leur permet pas une
manoeuvre rapide.
Je n'ai pas la pretention neanmoins de conclure que nos vannes, qui
sont d'un systeme tout a fait primitif, soierit superieures aux vannes per-
feclionnecs et si ingenieuses de Torcy-Neuf. J'indique seulement ce qu'on
a fait,et j'ajoute simplement que les resultats obtenus nous paraissent suf-
tisants, sans pretendre qu'on ne puisse faire mieux. On a deja fait mieux
94 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
a Torcy-Neuf, et M. Fontaine vient do nous dire qu'on pourrait faire micux
encore a I'avenir.
J'ai lermine mon rapport par une consideration sur la forme a donner
en plan aux digues en magonnerie. La digue de la Mouche est rectiligne et
Taction de la temperature y a produit de petites deformations et meme
de petites fissures; il n'est absolument pas douteux que ces mouvements
soient dus exclusivement a la temperature. On a suivi les deformations el
les fissures avec la plus grande attention, et on a observe qu'il s'etait
forme en hiver des fissures ayant en moyenne 1 millimetre; quelques-unes
etaient fort petites ; la plus grande atteignait 2 millimetres.
Ces fissures presentaient leur maximum d'ouverture au sommet de la
di^'^ue, etdisparaissaientcompletementa 8 metres au-dessous du plan d'eau.
Elles etaient beaucoup plus ouvertes sur le parement aval, sur lequel out
eterelevees les dimensions donnees ci-dessus, que sur le parement amont
ou elles n'etaient que pen visibles.
Seule,. cette forme des fissures indiquerait deja qu'elles etaient dues a
la conlr.:ction produite par le froid, puisque dans les parties oil la tempe-
rature reste constante, c'est-a-dire dans les parties inferieures du pare-
ment d'amont ou les couches inferieures de I'eau restent toujours a 4 degres,
il ne s'est pas produit de fissures.
Mais I'observation suivante est plus probante encore. En ete, non seule-
ment les fissures se referment. mais la digue se deforme en plan, la fer-
meture des fissures n'etant pas suffisante pour faire face a sa dilatation. On
a place des reperes au quart, au milieu et aux trois quarts de la longueur
de la digue, et on a pu observer que la digue prenait en ete des formes
courbes excessivement variables, generalement a points d'inflexion.
L'ecart le plus grand qui ait ete constate a ete de 19 millimetres au
milieu de la digue, mais la digue varie conslamment de forme et, il y a
quelques mois, elle est par hnsard revenue un instant a une forme presque
identique a celle initiate, a la forme rectiligne.
11 semble que ces phenomenes ne se profluisent pas avec des digues
curvilignes : convexes vers I'amont; j'ai lu avec beaucoup de soin le rap-
port deM. Bouvier, et je n'ai pas vu que des fails du meme genre fussent
signales sur les digues curvilignes du Midi. Je trouve du reste cette diffe-
rence absotument rationnelle.
En donnant aux digues une forme courbe, la forme d'un arc de circon-
ference convexc vers i'amont. on soumet, en effet, la dilatation et la con-
traction a une loi precise, au lieu de les laisser agir d'une maniere arbi-
traire. La dilatation se traduit par un developpemeiit plus grand de Tare
de cercle ; pour que le developpement soil plus grand, il suftit que Tare
s'eloigne du centre de courburc, et si la courbiire est uniforme, I'allonge-
inent par metre courant est partout le meme.
Par consequent il ne doit y avoir sur chaque unite de longueur que des
deformations absolument infinitesimales, et qui ne peuvent pas, comme
\" SECTm\ — 5' SEANCE. ' 95
siir des digues rectilignes, se cumuler sur des longueurs da 40 ou 50 metres
pour produire des fissures.
Dans ces condilions, le rayon de courbure augmenterait en ele et dinii-
nuerait en liiver dans les parties exposees aux variations de temperature,
et resterait constant dans les parties submergees. Le pied de la digue ne
bougeant pas, le fruit du mur d'amont diminuerait en ete, augmenterait
en hiver ; il se produirait, ainsi que nous venons de le dire, une sorte
de mouvement elastique et periodique, et on n'aurait a redouter ni fissures
ni deformations permanentes.
Je crois que ce n'est pas la simplement de la theorie, et que ces fails
sontdejaconfirraes par I'experience. En eflet, on n'a pas observe de fissures
apparentes slir les digues curvilignes ni surtout de fissures s'ouvrant et
se fermant alternalivement. Au contraire, toutes les digues rectilignes de
grande longueur se sont fissurees. De plus, on a fait recemment des expe-
riences sur les grandes arches en magonnerie.
M. I'ingenieur Drauxa rendu compte, dans un article recemment public
dans les Annates des Fonts et Chaussees des observations qu'il a faites sur
de grandes voutes en maQonnerie, dont il a mesure, avec des instruments
de haute precision, les mouvements pendant plusieurs annees. II a obseive
que la clef de la voiite s'elevait en ete et s'abaissait en hiver par un mou-
vement absolument periodique et en quelque sorte elastique, sans que
jamais la moindre fissure se produisit.
Je pense done qu'on pent admettre la conclusion que j'ai proposee en
faveur des digues curvilignes, non seulement parce qu'clle est conforme a
la theorie, mais parce qu'elle est confirmee par la pratique, notamment
par les observations faites tant sur les digues rectilignes ou curvilignes
que sur les voutes en maconnerie de grande ouverture.
M. LE President. — Nous renverrons, comme nous I'avons dit au debut
de la seance, la discussion des conclusions presentees par les differents
rapporteurs a la suite de I'expose de tons les memoires : il nous en reste
encore trois a examiner sur la question des reservoirs, et bien que ni les
uns ni les autres ne contiennent de conclusions, leurs auteurs pourraient
nous fournir des renseignements de nature a eclairer les discussions ulte-
rieures.
La parole est a M. de Hoerschelmann pour faire un resume de son
rapport.
M. DE HiERscHELMANN. — Lcs priucipaux reservoirs etablis en Russie ont
deux particularites : D'abord, la plupart ne servent pas a I'alimentation
des canaux a ecluses, comme c'est souvent le cas dans d'autres pays, et
deuxiemement, Taugmentation du volume d'eau n'est pas atteint par des
retenues tres elevees, mais par I'etendue des lacs, que dans la plupart des
cas on a utilises pour installer les reservoirs.
Comme le plus grand de nos reservoirs, le reservoir Verkhnevoljsivy,
sert a I'alimentation d'une grande riviere, le haut Volga, il faut qu'il
96 PROCES-VKRBALX DES SEANCES DES SECTIONS.
doiine beaucoup d'eau a la fois, pour que ralimentation aitilicielle puisse
etre de quelque utilitepour la navigation.
En diet, le barrage Verkhnevoljsky donne passage, dans des conditions
ordinaires, a un debit de 60 metres cubes par seconde, ce qui donne une
elevation assez considerable du niveau du Volga. A une distance d'a peu
pres 150 kilometres, la crue artiticiclle atteint une hauteur de 0 m. 85. A
des distances plus grandes, sa hauteur diminue graduellement, et Ihiit
par ne plus etre appreciable a une distance d'environ 700 kilometres du
reservoir.
Ce debit de 60 metres cubes par seconde, le reservoir le donne pendant
une duree de 80 a 90 jours, ce qui fait en tout un volume d'eau d'alimen-
tation d'a peu pres 400 millions de metres cubes.
On fait profiler la navigation de cette eau d'alimentation a deux epoques
diflerenles : d'abord dans la premiere partie de I'ete (du 22 mai au 2 juil-
let). C'est vers cette epoque que la crue printaniere naturelle du lleuve
finit, et les bateaux qui se sont mis en marche pendant les hautes eaux,
avec un tirant d'eau considerable, ont besoin d'une alimentation artificielle
du lleuve, pour atteindre le but de leur voyage. Vers le commencement de
juillet, I'eau du reservoir commence a s'epuiser. Cost alors qu'on ferme
le barrage pour emmagasiner encore une certaine quantite d'eau, dont on
profile pour alimenter le flcuve de la fin de juillet jusqu'a la moitie de
septcmbre. A cette epoque la hauteur naturelle du fleuve atteint ordinaire-
ment son minimum, et pour donner la possibilite de navigucr aux bateaux
qui ontpris des chargemenis au mois de juillet, on alimente, a nouveau,
artificiellcment le fleuve jusqu'au 15 septcmbre environ, epoque a laquelle
il ya d'ordinaire des pluies plus oil moins fortes. Ccs pluies augmententle
debit du fleuve, etpermettent aux bateaux denaviguer jusqu'au commence-
ment des gelees, avec un tirant d'eau moins grand, toutefois, qu'au printemps.
La partie du Volga comprise enlre les villes de Tver et deRybinnsk,c'es[-
a-dire a une distance d'a peu pres 350 a 700 kilometres du reservoir Ver-
khnevoljsky, est encore alimenlee artificiellcment par une partie des eaux
du reservoir Zavodsky, qui, a roriginc, a ele cree seulement pour ahmen-
ter la voie navigable Vychnevolotsky.
Comme sur cette voie, qui a ete construite au commencement du siecle
dernier, il existe des rapides tres-dangereux, qui ne pourraient etre ame-
liores qu'au prix de depenscs excessives, on a, au debut du siecle actuel,
reuni le Volga et la Neva au moyen d'une nouvelle voie, le systeme des
canaux Marie. C'est par ces canaux, qui presentent beaucoup plus de com-
modites pour la navigation, que passe actuellement la plus grande partie
des marchandises se dirigeant par eau du Volga a St-Petersbourg.
Ainsi le reservoir Zavodsky pent etre utilise, en partie, pour I'alimenta-
lion du haul Volga, avec leciuel il commuiii(iue par le canal Tverctsky et
la Tvertsa, qui se jette dans le Volga pres de Tver, a 550 kilometres en
aval du reservoir Verkhnevoljsky.
i" SECTION. — 5' SfiANCE. 97
Lc reservoir Zavodsky a pour particularite de ressembler a un grand
lac artificiel, d'une superficie de presque 70 kilometres carres; il sert au
transport des produits d'une grande quantite d'etablissements, de difte-
rentes industries, installes sur ses Lords.
Les autres reservoirs du systeme fluvial Vychnevolotsky ont une moin-
dre importance que le reservoir Zavodsky.
Tous ces reservoirs sont fermes par des barrages d'une construction
ires simple, et composes de montants et de vannes glissantes en bois. La
hauteur dela retenue ne depasse pas2sagenesetdemie, c'est-a-direom.oS.
La quantite d'eau d'alimentation, fournie par tous les reservoirs du sys-
teme fluvial Vychnevolotsky, atteint presque 600 millions de metres cubes.
Des donnees que j'ai exposees dans mon rapport, je ne pretends pas de-
diiire des principes ou des conclusions generates ; j'ai seulement voulu
montrer qu'en Riissie , des circonstances locales permettent quelquefois,
avec des moyens tres modestes, de faciliter sensiblement la navigation sur
les rivieres, en introduisant dans leur lit des volumes considerables d'eau
d'alimentation supplementaire.
C'est cette signification, que je vous prie de vouloir bien altribuer a
mon rapport. [Applaudissemenls.)
M. LE President. — Nous ne pouvons que remercier M. de Hoerschelmann
de son interessante communication.
Les explications sommaires dans lesquelles il est entre sont un comple-
ment des plans contoniis dans son rapport.
Comme il le dit lui-meme, son memoire ne comporte pas de conclu-
sions; il a traite la question d'une maniere generate, parce qu'il parle
de constructions tout a fait particulieres, mais ses indications permettent
des comparaisons tres-interessantes.
La Section a regu communication d'un rapport qui n'a pas pu etre im-
prime, celui deM.Pelletreau, ingenieuren chef aConstantine. Le sujet qu'il
a traite est un projet de barrage a etablir dans son service.
Je donne la parole a M. Pelletreau, en le priant de vouloir bien nous expo-
ser les considerations qui I'ont porte a proposer un nouveau type de barrage.
M. Pelletreau. — Messieurs, je me trouve dans une situation assez difficile.
N'ayant pas assiste aux precedents Congres, je me suis trompe sur le
role assigne aux rapporteurs. J'ai cru que ceux-ci etaient charges de pre-
senter un rapport d'ensemble sur les communications presentees par les
divers membres du Congres. Si j'avais su que j'aurais a developper mon
travail devant des personnes ne I'ayant pas lu auparavant, je me serais
arrange pour le rediger autrement.
II m'est impossible de justifier de vive voix des calculs. II me faudrait
au moins un tableau. Je ne puis done que vous donner un resume tres-
rapide de mon travail, et je vous dirai seulement le profit que je compte
adopter pour le barrage de I'Oued-Alhmenia, bien que ce reservoir ne soit
encore qu'a I'elat de projet approuve.
7
98 PROCES-VERBAUX DES STANCES DES SECTIONS.
II doit contenir 72 millions de metres cubes d'eau, et il doit etre edifie
a un kilometre en amont d'un centre important. La plus grande prudence
est done necessaire.
Dans la note communiquee par moi au Congres, j'ai commence par
emettre theoriquement des doutes sur Texactitudedes formules fondamen-
tales de la resistance des materiaux et, a I'appui de cette opinion, j'ai cite
i'accident du barrage de Saint-Denis du Sig, lequel serait inexplicable si les
formules etaient justes. Elles donnent en effet, au moment de la rupture,
une pression trop faible pour produire un ecrasement, et une extension
trop forte pour qu'aucune magonnerie puisse y resister.
J'ai alors voulu proceder par experiences directes, et j'ai construit des
poutres droites en ma^onnerie dont j'ai regie la section pour resister a
2 kilogrammes a I'extension. Au decintrement, elles nous ont echappe; je
crois done que les magonneries ne peuvent supporter que des eflbrts d'ex-
tension insignifiants, et qu'il convient de les supprimer completement.
II y a longtemps deja que j'ai emis pour la premiere fois cette conclu-
sion; mais si j 'avals connu les memoires communiques au Congres il m'au-
rait scmble, sans doute, inutile d'y revenir, car dans tous les nouveaux
profits de barrage, les ingenieurs se sont eflbrces de la realiser.
Le reservoir dont il s'agit ici doit etre etabli sur une riviere qui pre-
sente des crues tres-fortes et tres-rapides. Nous en avons observe de 800
metres cubes, mais il y en a eu de plus fortes dont nous ne connaissons
pas I'intensite.
II laut done adopter un profit dans lequel les pressions sur I'arete aval
aillenten diminuant tres rapidement depuis la base jusqu'a la partie supe-
rieure de I'ouvrage.Sans cela uneerreur d'appreciation dans la crue maxi-
mum pourrait nous conduire a des pressions dangereuses au sommet du
barrage.
Ces deux conditions sont admises aujourd'hui ; mais il convient d'obser-
ver qu'on doit y satisfaire dans une mesure d'autant plus large qu'on est
moins fixe sur la hauteur maximum possible du plan d'eau d'amont.
Autrefois j'ai donne dans les Annales I'equation de la courbe d'egale
pression, c'est-a-dire de la courbe qu'il faut donner au parement aval pour
que la pression soit la meme a toutes les profondeurs.
Cette courbe n'est que theorique, et nul n'oserait I'adopter, malgr6 que
I'epaisseur en couronne qu'on donne a I'ouvrage diminue le travail de la
partie superieure.
Quand on veul reellement supprimer les extensions, apres de tres-labo-
rieux calculs, on arrive a des profils de barrages qui sont sensiblement rec-
tilignes. C'est done cett(! forme que j'ai franchement adoptee*
Supposons un profit triangulaire forme par une droite verticale a I'a*
mont et, a I'aval, par une autre droite faisant avec la premiere un angle ct
dont la tangente soit i /^« D etant la densite des mafonneries-
i" SECTION. — 5' S£.L\CE. 99
Quand le barrage sera vide, la pression passera an tiers, ducoteamont, de
chaque joint horizontal, et quand le barrage sera plein, la pression passera
an tiers du joint du cote d'aval.
II n'y aura done pas d'extensions.et les pressions seront proportionnelles
aux profondeurs.
Si Ton suppose que la rupture, an lieu de se faire dans un plan horizon-
tal, tende a se produire dans une section oblique quelconque, on trouve
que le profit est toujours au moins tiers, c'est-a-dire qu'il n'y a pas non
plus d'extensions. Quant aux pressions, elles ne sont modifiees que dans
une proportion insignifiante. Ce profit satisfait done tres bien a la double
condition de non-extension et de decroissance des pressions.
Si on lui ajoute uneepaisseur en couronne convenable, le profit continue
a jouir des memes proprietes.
J'ai Youlu me rendre compte de ce qui arriverait si la crue maximum
etait superieure aux previsions. Avec une erreur du simple au double, le
calcul montre que I'extension ne depasserait pas 7 a 8 dixiemes de kilog.
En outre, si la maconnerie ne pouvait pas resister a cet elFort, le mur se-
rait simplement decapite sur une faible hauteur, et le profit redeviendrait
un profit sans extension.
Le profit rectiligne me parait done un tres-bon profit, a la condition de
donner un tres-leger fruit au parement amont, car it n'est guere possible
pratiquement d'elever un mur de 50 a 40 metres parfaitement vertical.
J'ai donne dans les Annates une formule qui permet de calculer la sur-
face d'un profit d'egale resistance. Si Ton compare cette surface a celle d'un
profit rectiligne, on trouve que le rapport est de 88 a 100. Mais personne
n'oserait executer un profit d'egale resistance : On renforcerait toujours la
partie superieure, et, en fin de compte, I'ecart entre le profit rectiligne et
un profit courbe sans extension devient insignifiant.
Cela est du reste evident a priori. Si ]X est la compression maximum
N
qu'on vent avoir, a partir de la profondeur ^ le profit est force. La courbe
amont et la courbe aval sont commandees I'une et I'autre par la condition
de ne pas depasser la pression N dans le reservoir vide comme dans le re-
servoir plein.
D'un autre cote I'epaisseur en couronne est determinee par des raisons
independantes de la resistance a la poussee statique. Elle doit done etre la
meme, quel que soit le profit qu'on adopte, et son influence ne se fait sentir
que jusqu'a une profondeur assez faible.
Si done on calcule un profit courbe sans extension, it diflerera tres-peu
du profit rectiligne. II presentera seulement une legere echancrure au point
ou la partie verticale rencontre le fruit d'aval du profit rectiligne.
Cela vaut-il la peine de faire de tres-longs calculs, et de se priver d'un
cxces de resistance a la partie superieure? Je ne le crois pas, d'autant plus
que, si Ton se sentenpleine securite pour la partie superieure de I'ouvragej
160 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
on peut augmenter la pression maximum a la base. Avec de bons materiaux
je ne craindiais pas d'aller jusqu'a 12 ou 15 kilog. Je n'oserais pas aller
aussi loin avec un autre profil.
Yoici maintenapt dans quellcs conditions se trouvera Touvrage que nous
avons a executer, et dont le projet a ete approuve par M. le Ministre de
I'Agriculture.
Le reservoir est a 52 metres au-dessus de I'etiage.La partie insubmersible
a 34 m. 50. Pour arriver au solide, il faut descendre a 9 metres au-dessous
de I'etiage, a travers les alluvions.
L'ouvrage sera fonde sur un calcaire parfaitement sain.
En plan, le barrage est cinlre suivant une courbe de 250 metres de rayon,
et cela pour les raisons qui viennent d'etre exposees, il y a un instant, par
M. Cadart.
II n'est pas certain que la dilatation nous donnera des fissures. Dans
les barrages algeriens, ces fissures ne se sont produites qu'a partir du point
ou la vallee depasse en largeur celle que nous aurons a la partie supe-
rieure de notre mur.
Si elles se manifeslent, la forme courbe aura un avantage evident. Tant que
le reservoir est plein, la dilatation nepeut produire qu'un effet de serrage.
Qiiand il est vide, le mur peut eire decompose en grands blocs. Avec la
forme rectiligne ces blocs ne so preteraient plus un appui quand on remet-
Irait le barrage en eau. Avec la forme courbe ils viendront s'appuyer de
nouveau les uns Gonlre les autres, a la maniere des voussoirs d'une voiite.
Voici notre procede de fondation : aux deux extremites de lafouille nous
construirons deux murs formant batardeaux, et constituant avec les pa-
rois en rocher une cavette parfaitement etanche.
Ces murs seront edifies au moyen de caissons en bois, les inegalites du
rocher ue permettant pas I'emploi facile d'un caisson en tole. Pour ne pas
avoir de caissons trop larges, nous avons donne aux murs une epaisseur
qui serait faible pour une poussee d'eau de 9 metres.
II nous faudra done epuiser et elever I'eau dans un canal menage a mi-
hauleur ; les caissons une fois enleves, on renforcera les murs en arriere,
el les epuisements pourront cesser. L'ecoulement se fera de lui-meme par
un canal lateral. Ce canal lateral est destine a detourner le debit apparent
ordinaire. Mais, outre le debit souterrain de 200 litres a la seconde, nous
devons compter que la fouille sera comblee deux ou trois fois par les crues,
car nous ne pourrons pas fonder en ete a cause de la fievre. Nos epuise-
ments seront done assez importants.
Les pompes rolatives travaillent mal quand elles sont en aspiration de
plus de 5 a 6 metres. II faut les descendre dans la fouille, ainsi que la ma-
chine, ce qui conslitue une operation delicate, une perte d'argent et de
temps. Les pulsometres se deplacent tres-facilement sans qu'on ait besoin
de toucher au generateur de vapeur, mais ils consommeiit beaucoup plus
que les pompes.
i" SECTION. — 5' SfiANCE, 101
II parait done indiqiie d'installer la machine et les pompes a poste fixe,
bien a I'abri des ernes; d'epuiser avee les pompes jusqu'a la profondeur
de 5 m. 50 ; d'etablir a celte profondeur un canal formant relais, et d'y
amener avec les pulsometres les eaux prises dans le fond de la fouille.
La capacite du reservoir est de 75 millions de metres cubes. EUc est su-
perienre de 25 millions environ a la capacite necessaire pour assurer le
service, et voici pourquoi.
En amont de I'ouvrage, la vallee a, dans tons les sens, des pentes tres-
faibles.
La retenue aura 6 kilometres avec un etranglement an milieu : nous
serons done envases par la queue principalement. D'autre part, nous
n'avons pas d'eau a perdre, etnousne pourrons pas interrompre le service.
Dans ces conditions, aucun des systemes de desenvasement connus n'est
susceptible de reussir. Quant au dragage direct, il est trop cher.
Nous avons essay6 de transporter la force au barrage au moven de
I'electricite, et d'evacuer les deblais dans une grande conduite en les addi-
tionnant de 7 a 8 fois leur volume d'eau. On arrive a une depense de
0 fr. 25 par metre cube. Or, d'apres nos jaugeagcs des debits solides de
la riviere, nous comptons sur 250 000 metres cubes d'apports annuels. II
fallait done trouver autre chose.
La forme exceptionnelle de la gorge a heureusement fourni une solution.
Pour passer de la capacite de 50 000 000 a celle de 75 000000, il suffit de
monter le mur de 2 m. 50, et de depenser 200000 francs. On se procure
done pour cette somme la capacite necessaire pour logcr les vases pen-
dant un siecle — I'eternite pour une entreprise humaine.
La question du desenvasement se trouve done resolue d'une fagon tres
heureuse, mais ce n'est qu'une solution d'espece.
Un mot sur les deversoirs.
J'ai lu dans le rapport d'un des membres du Congres qu'il ne fallait
jamais laisser I'eau passer par-dessus le mur de retenue. Cette opinion me
semble trop categorique. Evidemment il vaut mieux un deversoir lateral;
mais, si la depense qu'il doit entrainer est considerable, je crois que, dans
bien des cas, on pent sans inconvenient laisser I'eau passer par-dessus le
mur. Si le sol de fondation est resistant, et s'il est, en outre, garanti par
une couche d'alluvions, la securite est, pour moi, absolue. Avant d'arriver
enbas, la lame deversante, dans les crues maximum, rencontre le parement
aval, contre lequel elle produitun chocinsignifiant ; elle s'ecrase et tombe
au pied de I'ouvrage avec une vitesse tres-reduite; elle creuseun Iron dans
les alluvions; ce trou seremplit d'eau et constitue un matelas impenetrable.
En voici quelques exemples :
A Relizane, toutes les crues dela Mina n'ont affouille que de quelques
metres depuis des siecles, dans un terrain relativement pen resistant.
A I'Habra, c'est la partie du mur formant deversoir qui est seule restce
intacte au moment de I'accident.
102 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
A Orleansville,ily avait une cuvette magonnee ; elle a ete disloquee,mais
a sa place, il s'est forme un trou d'eau qui a suffi pourproteger un terrain
tres-affouillable.
. A la Djidiounia, descrues importantes ont deja surmonte I'ouvrage, sans
laisser de traces de leur passage. Pour I'Oued-Atlimenia, on a prevu, sur la
rive droite, un deversoir rocheux permettant de debiter les crues jusqu'a
150 metres cubes. Les crues plus fortes passeronl sur une partie du mur
qui a ete arase a 0 m. 50 au-dessus du deversoir rocheux. — Le reste du
mur est insubmcrsible afin de garantir les prises.
Enfm, sur la rive gauche, on a pu, sans grande depense, etablir un
second deversoir rocheux tres-large a 0 m. 60 au-dessus de la partie sub-
mersible dumur.Ce deversoir soulagera pendant les crues exceptionnelles,
et il servira en meme temps de clique d'epanouissement pour les lames.
Ces dispositions ont permis de realiser une economic de 180000 francs.
En lerminant, je parlerai du sable. Sur les hauls plateaux de la province
de Constantine, il manque absolument; dansle Tell, ilest mauvais. Pour en
avoir du bon, il fallait alter a Philippeville, et faire 84 kilometres en chemin
de fer, plus 45 kilometres en voiture; il serait revenu a un prix exorbi-
tant. Sachant que les sables artificicls avaient deja etc employes avec suc-
ces dans plusieurs ouvrages importants, nous avons essaye d'en faire avec
la roche mSme qui doit servir a la construction. Apres de longs tatonne-
ments, nous sommes arrives a un type tres-bon, car il nous a donne des resis-
tances superieures a celles des meilleurs sables de mer. Dans ma note je
suis entre a ce sujet dans des details assez complets, avec chiffres a
I'appui. Ici, je ne puis que donner un resume rapide. Tout le secret
de la fabrication parait etre dans I'emploi d'une machine tres-forte
marchant tres vite. Avec un granulateur a 4 marteaux muni d'un cylin-
dre de 0 m. 05, nous avions pris d'abord une machine de 6 chevaux.
Elle a donne de mauvais resultats. Avec une machine de 12 chevaux, le
travail a ete 4 fois plus considerable, a la condition de faire 600 tours a la
minute. Le sable nous est alors revenu a 6 fr. 65. Je crois qu'on pourrait
diminuer ce prix, car nous perdons encore 14 pour 100 de poussieres par
la grille d'arriere. Avec une machine plus forte et un granulateur a 8 mar-
teaux, on arrivcraii probablement a reduire le prix a 5 fr. 50.
En lerminant je vous demande principalement de vouloir bien porter
voire attention sur les profits a sections rectilignes.
Tons les profits actuels sen rapprochent extremement ; ils remplissent
tres bien toutes les conditions desirables; ils ne sont pas plus chers, et ils
ne demandent aucun calcul. {Applaudissements.)
M. Peslin. — Je demanderai des renseignements complementaires a
M. Pelletreau sur la question des sables qui m'interesse tout particuliere-
ment. Je voudrais savoir quelle est la nature des roches qu'il emploie.
M. Pelletreau. — Ce sont des calcaires presentant la plus grande analogie
avec ceux de la Haute-Marne.
1" SECTION. — 5« SEANCE. 105
M. Peslin. — Puisque M. Pelletreau a Iraite cette question d'une fagon
detaillee dans son rapport, il serait a desirer que ce rapport fut imprime.
Cette question des sables est fort interessante.
M. LE President. — Nous pourrions demander I'impression du rapport de
M. Pelletreau a la suite des proces-verbaux.
M. Pelletreau. — Puisque cela interesse M. Peslin, je puis lui donner
quelques indications complementaires.
Le granulateur avait un crible de 13 millimetres, qui nous a donne un
premier type de sable. Nous avons ensuite fait passer siiccessivement aux
cribles de 9, 6, 5, 1 mill. 5, et chaque fois nous avons experimente a la
fois le sable passant dans le crible et le sable qui y restait.
Les sables restant dans les cribles ont toujours ete superieursa ceux qui
y passaient, c'est-a-dire que les meilleurs sables sont ceux qui ne contien-
nent pas de poussieres, mais I'exces de resistance etait si faible qu'il ne
justifiait pas un dechet et une main-d'ceuvre. Nous avons alors compare
seulement entre eux les sables de tout venant. Celui du crible de 9 milli-
metres a donne la plus grande resistance, mais en prenant cette resistance
pour unite, celle du tout venant du crible de 15 millimetres etait encore
0,95. Dans ces conditions nous avons adopte le tout venant du crible de
13 millimetres, pour nepas avoirundechetsupplementaire de 28 pour 100,
et c'est celui-lii seul que nous avons ensuite compare au sable naturel.
M. Peslin. — Alors, si votre machine moins forte donnait de mauvais
resultats, c'est parce que la pulverisation n'etait pas complete.
M. Pelletreau. — II pouvait y avoir de cela. Mais il y a aussi une ques-
tion de rendement. Enfin les grains, a cause de leur forme, ne s'enche-
vetraient sans doute pas aussi bien.
M. Peslin. — Vous croyez que la forme des grains influe sur la qualite
du m or tier.
M. Pelletreau. — En voici une preuve. Pendant que nous faisions nos
experiences, un industriel creusait, a la dynamite, un tunnel dans une
roche semblable a la n6tre. Nous avons remarque que la dynamite avait pro-
duit un sable lanceole tres-different du notre comme forme de grains.
Nous I'avons experimente, et il nous a donne une resistance superieure
de 20 pour 100 a celle de notre sable.
M. Peslln. — Cette question, bien que sortant un peu de notre programme,
est extremement interessante pour tous les ingenieurs quels qu'ils soient,
et je demande I'impression du rapport de M. Pelletreau.
M. Bouvier. — II y a une partie de I'expose de M. Pelletreau que je n'ai
pas bien saisie, au sujet de I'ecoulement des crues. Quelles sont les difficultes
que vous rencontrez a etablir sur le versant de votre reservoir un canal
qui rcQoive les crues, et un deversoir a I'aval?
M. Pelletreau. — Je puis avoir des crues de 1 600 metres cubes a la
seconde.
M. Bouvier. — Cela prouve la necessite d'un long deversoir.
104 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
M. Pelletreau. — J'aurais ete tres heureux d'etablir completement en
rocher un deversoir suflisant pour debiter les plus fortes crues, mais e'etait
une question d'argent. De meme que la substitution du sable artificiel au
sable naturel a fait gagner 480 000 francs, I'emploi d'une partie 9u mur
comme deversoir a fait gagner 180000 francs. D'ailleiirs les eaux ne passe-
rontpas souventsur le mur, puisquele deversoir rocheux pent debiter jus-
qu'a 130 metres cubes. Quand I'eau passera sur le mur, en supposantque
la lame deversante ait 2 m. 50, elle rencontrera le parement aval a mi-
hauteur en produisanl un choc insignifiant. II lui faudrait ensuite tra-
verser 8 a 9 metres de limon pour arriver au plan de fondation ; il n'y a
done rien a craindre.
M. BouviER. — La question de pression se rattache a cela ; elle croit tres-
rapidement avec la hauteur d'eau.
M. Peixetreau. — C'est vrai, mais j'ai calcule mon profit en supposant
que le plan d'eau serait a la hauteur correspondante a une criie de
2000 metres cubes, alors que, selontouteprobabilite, il n'y en aura pas eu
plus de 1 600 metres cubes.
M. LK President. — Je crois que M. Cadart pourrait nous donner des
indications interessantes sur la question incidente du sable artificiel.
M. Cadart. — Nous n'avons pas fait dans la Ilaute-JVIarne d'experiences
analogues a celles de M. Pelletreau sur les variations de resistance par rap-
port a la grosseur des grains de sable, mais le sable artificiel se fait sur
une grande echelle.
Non seulement le reservoir de la Mouche a ete construit entierement
avec ce sable, mais tous les ouvrages d'art et les travaux publics se font
dans des pays avec du sable artificiel.
M. Pesliix. — Quel est le prix de revient de ce sable?
M. Cadaht, — Le broyage coiite a peu pres 1 fr. 50. II est difficile de don-
ner un prix exact, parce qu'il est variable; il est en general de 6 a 7 francs.
Nous avons rompu aussi beaucoup de briquettes, mais plutot pour com-
parer ce sable avec des sables naturels que nous faisions venir de la Saone
et qui coutaient tres cher, et nous avons toujours trouve des resistances
superieures.
M. Pelletreau. — J'ai un mot a ajouter au sujet de la comparaison des
sables artificiels avec les sables naturels. Le sable artificiel a toujours eu
I'avantage. Seulement I'ecart a etc en augmentant avec Page pour les mor-
tiers dans I'eau, et en diminuant pour les mortiers dans Pair. Notre inten-
tion est done, quand nous construirons notre barrage, de le tenir toujours
partiellement en eau, meme avant qu'il soil termine. Cela permettra en
outre de repartir les pressionsde telle maniere que les maconneries fraiclKJS
tasseront egalcnient.
M. Pesun. — 11 faudrait savoir quel sable de mer vous aviez.
M. Pelletreau. — Le sable le plus beau et le plus pur qu'on puis^se ren-
contrer.
1" SECTION. — 6' SEANCE. 105
M. Peslin. — Puisque votre sable artificiel etait du tout venant, il y avait
des grains de toutes grosseurs.
M. Pelletreau. — En voici la composition.
Grains passant au crible de 15 millimetres, mais ne passant
pas au crible de 9 millimetres 28 pour 100
passant a 9 millimetres, et ne passant pas a
6 millimetres 9 pour 100
passant a 6 millimetres, et ne passant pas a
3 millimetres 21 pour 100
passant a 5 millimetres, et ne passant pas a
1 mil. 5 25 pour 100
poussiere 19 pour 100
M. Delocre. — Je crois qu'il n'y a rien d'absolu, et qu'on ne peut pas
formuler les principes a imposer aux ingenieurs.
Ce sont des resultats remarquables qu'on etudiera dans des rapports spe-
ciaux.
M. LE President. — Nous avonsen effetpousse cette etude un peu loin,et
je prierai la Section de passer a la discussion des resolutions qui aura lieu
a la seance de demain matin.
La seance est levee a onze heures.
SIXJEME SEAXCE
Mercredi 27 Juillet (matin).
PREsinE>'CE DE M. Armand ROUSSEAU.
La seance est ouverte a 9 heures.
M. LE President. — Je donne la parole a M. Cadart, pour nous faire un
resume des rapports de MM. Bai'ois et de Llaurado, qui se sont pas rendus
au Congres.
M. Cadart resume les deux rapports et termine par la comparaison entre
les systemes consistant a employer, pour emmagasiner un grand volume
d'eau, soit un grand reservoir, soit une serie de reservoirs plus petils.
Cette comparaison est faite danslerapport deM;de Llaurado (pages 2 et 5).
M. LE President. — Quelqu'un des membres du Congres a-t-il des obser-
vations a faire?
M. Delocre. — L'installation de plusieurs reservoirs prcconisee par
M. de Llaurado est subordonnee a la coniiguration des vallees. La dispo-
sition de certaines vallees permet Tetablissement de plusieurs barrages,
106 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
tandis que d'autres vallees ne se pietent qu'a la construction d'une seule
digue.
M. LE President. — M. de Llaurado ne pose pas de conclusion absolue,
mais il indique qu'il pent y avoir avantage a construire deux reservoirs
au lieu d'un, dans les vallees ou c'esl possible.
Si aucun autre membre de la Section n'a d'observations a faire, nous
allons passer a la discussion des conclusions que nous devons presenter.
M. Caulier. — J'ai examine les proces-verbaux de nos deliberations et
les differentes conclusions presentees par les rapporteurs, et voici ce que
j'aurai I'honneur de vous proposer.
V Resolution. — II parait convenable d'arreter autant que possible la
Crete des deversoirs, en tout ou en partie, a un niveau sensiblement plus
bas que celui de la retenue, en complelant la diflerence de la hauteur a
I'aide de vannes facilement maniables, afin de pouvoir ecouler les plus
fortes tombees d'eau.
C'est la conclusion de M. Fontaine.
M. BouviER. — Je suis tres-partisan des deversoirs lateraux etablis de
maniere a empecher les crues de surelever- le plan d'eau, et de determiner
dans le barrage des augmentations de pressions dangereuses.
Seulement, si Ton soumet celte disposition a des manoeuvres de vannes
ou d'appareilsquelconques, on pent etre expose a rencontrer des difficultes
dans la pratique, et je me demande s'il ne serait pas preferable de donner
une plus grande extension au deversoir, qui est en general pen coulcux,
plutot que d'adopter un systeme mobile commc celui-la.
M. Carlier. — L'un n'empeche pas I'autre.
M. Pelletreau. — Quand il s'agit d'un grand reservoir comme ceux
que I'on construit pour les irrigations, ce systeme est absolument imprati-
cable, parce que ces reservoirs peuvent recevoir des crues considerables
et qu'il faudrail des vannes enormes.
M. Carlier. — C'est pour cela que nous avons mis : « autant que pos-
sible ».
M. Pelletreau. — II faudrait preciser que cela ne pent s'appliquer qu'a
des petits reservoirs, parce que, avec une crue de 2000 metres cubes
par exemple, il est impossible de manceuvrer une vanne.
M. ScHLicHTiNG. — Jc vous pric de ne pas adopter cette proposition,
parce qu'elle est trop couteuse et trop dangereuse dans quelques cas.
M. Delocre. — Je suis aussi d'avis de ne pas adopter cette resolution.
La forme du deversoir depend de la construction du reservoir, des condi-
tions dans lesquelles il est alimente, etdu but qu'il doit remplir.
D'une maniere generate, je crois que nous ferions mieux de ne pas
emettre de resolution sur ce sujet.
M. Carlier. — C'etaitla conclusion de M. Fontaine qui, jusqu'a present,
n'avait pas souleve d'objection ; j'ai cru devoir la reproduire.
M. LE President. — Bien que cette conclusion soit combattue par un
1" SECTION. - 6" SfiANCE. 107
certain nombre de membres de la Section, je la me(s neanmoins aux voix.
{La resolution, mise aux voix, n'est pas adoptee.)
Nous passons rnaintenant aux conclusions que M. Carlier a extraites des
autres rapports.
M. Carlier. — En ce qui concerne les digues en terre, M. Bouvier avail
propose d'indiquer qu'il etait prudent d'en limiter la hauteur a 15 metres.
Mais il resulte du rapport de M. Fontaine d'une part, et de ce que nous
venons d'entendre dire du rapport de M. Barois d'autre part, que cettc
limite pourrait etre depassee.
Je vous propose done la resolution suivante :
« On ne pent assigner une hauteur limite aux digues en terre qu'il
parait possible d'etablir, dans beaucoup de cas, avec une hauteur supe-
rieure a 15 metres. Lorsque cette hauteur est susceptible d'etre atteinte
ou depassee, la solution de la question depend essentiellement de la quan-
tite et de la qualite des lerres qu'on a a sa disposition et de la compa-
raison entre le prix de revient des digues en terre et des digues en
maconnerie. »
M. BoLviER. — II arrive frequemment, lorsque les digues en terre
atteignent une trop grande hauteur, qu'il se produit des afl'aissements et
des glissements.
M. Dei.ocre. — J'ai vu, au canal de Bourgogne, des digues en terre qui
sont en mouvement depuis qu'elles onl ete construites.
M. LE President. — En somme, il ressort des rapports qui nous ont ete
soumis qu'on n'aborde pas en general des hauteurs superieures a 15 ou
20 melres.
On nous signale qu'aux Indes on a construit en terre des barrages de
57 metres, mais il ne faudrait pas recommander I'emploi des digues en
terre de cette hauteur d'une maniere courante.
M. Bouvier. — II serait bon de dire qu'a moins d'exception, la hauteur
de 15 metres doit etre consideree comme limite; je crois que cette conclu-
sion ne serait pas trop absolue.
M. HoLTz. — En Angleterre, on ne rencontre guere que des digues en
terre, et elles atteignent des hauteurs notablement superieures.
Au Congres de Manchester, nous avons visile un reservoir destine a
I'alimentation ; la digue en terre avail 50 ou 40 metres. J'avoue que ce
fait m'a beaucoup frappe,
M. Carlier. — La meme chose existe pour Edimbourg, et c'est apres
avoir visite les travaux d'Edimbourg. en 1880, que je n'ai pas hesite a
projeter, pour le reservoir de la Mouche, dont la digue a ete faite en
maQonnerie, une digue en terre qui avail 51 melres; il devait y avoir
21 metres de rctenue.
Mais j'ai ete arrete precisement parce qu'au moment de la mise a exe-
cution, je n'avais pas a ma disposition une quantite suffisante de terre de
bonne qualite.
108 PROCfiS-YERBAUX DES STANCES DES SECTIONS.
Apres line etude comparalive, nous sommes arrives a cette conclusion
qu'une digue en maQonnerie coiiterait moins cher qu'aurait coute une
digue en terre avec tous les ^transports et les frais de malaxage et de
melange de terres auxquels il aurait fallu avoir recours.
M. Delocre. — II existe en effet des regions ou la terre ne peut donner
I'etancheite.
M. Dec(eur. — Toutes les terres sont de bonne qualite, pourvu qu'on
ait en amont du barrage une machine a faire de la pate a papier. Des que
la pate s'introduit dans le barrage, quelle que soil la qualite de la terre,
le barrage est etanche en 2i heures.
N'importfc quelle matiere peut du reste servir a faire cette pate : il siiffit
par exemple de ramasser les feuilles qui tombent dans la riviere.
M. Carlier. — C'est une question de prix de revient.
M. le President. — L'opinion qui s'est fait jour est qu'on ne doit pas
fixer de limite absolue pour la hauteur des digues en terre, tout en indi-
quant que, d'une maniere courante, on ne doit pas depasser 15 metres.
Nous pouvons aussi faire connaitre qu'on a observe des barrages beau-
coup plus cleves, mais dont I'execution exige des precautions speciales et
un choix severe des terres.
II ne faudrait pas, sur une question aussi peu elucidee, que le Congres
emit une recommandation formelle; mais admettriez-vous la resolution
sous cetle forme :
« On n'a guere, en France, depasse la hauteur de 15 metres: mais
neanmoins il a ete produit au Congres des exemples de hauteurs beaucoup
plus grandes, exigeant du reste, dans leur execution, la plus grande pru-
dence. »
M. Fontaine n'etait pas la au moment du vote sur la premiere conclu-
sion relative aux reservoirs ; mais s'il avail des observations a presenter,
nous serions heureux de les entendre.
M. FoNTAL>'E. — Je n'insiste pas sur la recommandation que j'avais
faite, mais je crois cependant que le systeme que nous avons suivi est Ic
plus economique.
Les hausses qu'il faut enleveren cas de criie ont au plus 50 a 60 centi-
metres de longueur et 20 centimetres de hauteur; elles sont superposees,
et le garde du reservoir, — il faut toujours admettre un garde qui, quand
une crue s'annonce, veillera la nuit, — les enleve facilement a la main,
car il ne s'agit pas de vannes de grandes dimensions.
L'enlevement de ces hausses est un jeu, et c'est une disposition beau-
coup plus simple qu'un long deversoir.
M. LE President. — Evidemment la Section ne s'est pas prononcee d'une
maniere absolue centre ce systeme que vous indiquez comme pouvant
etre applique avec des conditions faciles de manoeuvre ; seulement la reso-
lution etail redigee dans des termes tels qu'elle paraissait devoir etre
appliquee en tout etat de cause.
!'• SECTION. — 6- SEANCE. 109
M. FoMAi-NE. — Je crois que son application pourrait etre presque
generale.
M. LE President. — Les ingenieurs qui etudient les dispositions qui ont
ete deja employees, nolamment par des hommes de voire experience et
de voire autorite appliquent les solutions suivant les circonstances locales;
mais on ne pent pas dire que cette disposition soit a recommander d'une
manifere generale dans une region ou les crues peuvent etre fortes et
subites.
M. Fontaine. — Mon sentiment est que ce serait applicable partout.
M. Delocre. — Dans la Haute-Loire, ce serait imprudent, parce que les
crues sont trop subites. Nous avons vu se produire, d'un seul coup, des
crues de 1 metre.
M. LE President. — Yous considerez qu'il vaut mieux ne pas formuler
de recommandation sur ce point.
Nous nous en tiendrons done a la resolution adoptee, tout en tenant compte
des observations tres-interessantes et tres-importantes de M. Fontaine.
M. Carlier. — Voici comment on pourrait rediger la resolution relative
a la hauteur :
« Bien que les exemples de digues d'une hauteur superieure a 15 metres
a soient peu nombreux en France, il parait possible de depasser cette hau-
« teur : dans ce cas, la solution de la question depend essentiellement de
« la quantile et de la qualite des terres que I'on a a sa disposition, de
« la comparaison entre les prix de revient de la digue en terre et de la
« digue en magonnerie, et de la nature du sous-sol. »
M. LE President. — 11 n'y a pas d'opposition?...
La resolution est adoptee.
M. Carlier. — Seconde resolution au sujet des digues en terre.
« Le corroyage mecanique des terres, a la vapeur ou tout au moins avec
c< la traction animate, doit etre recommande comme donnant des resultats
c( excellents, et Ton doit proscrire, autant que possible, le battage a la
« main comme tres-couteux, et ne produisant qu'un travail incomplet et
ct absolument inegal. »
M. LE President. — II n'y a pas d'observation?
Cette conclusion est adoptee.
M. Carlier. — « II est prudent de ne pas elever avec trop de rapidite les
« digues en terre corroyee, et surtout de ne pas executer les revetements
« magonnes du talus amont en meme temps que le corroi. Un delai de
« deux hivers, menage entre I'elevation des remblais et celle des revele-
« ments sur les parties correspondantes, parait devoir etre conseiUe. »
M. le President. — Personne ne souleve d'objeclion?
La resolution est adoptee.
M. Carlier. — « La solution adoptee aux Water- Works d'Edimbourg et
« a Torcv-Neuf, consislant a etablir les prises d'eau dans une tour isolee,
« placee^en dehors et en amont de la digue, et encastree le plus possible
HO PROCES-YERBAUX DES STANCES DES SECTIONS.
« dans le terrain naturel, raqueduc de fuite issu du pied de celle tour
« passant sous la digue, facilitc singulieremeut I'execution d'un corroi
« liomogene, et doit etre reconimandee. »
(Cette resolution, mise aux voix, est adoptee.)
M. Carlier. — « La methode rapide indiquee par M. Cadart pour I'eva-
« kiation approxinnative du prix d'un reservoir avec digue en terre parait
« susceptible de rendre des services dans I'etude d'un avant-projet, lorsque
« les estimations n'auront pas besoin d'etre faites avec une grande pre-
« cision. »
(Cette resolution, mise aux voix, est adoptee.)
M. Carlier. — « En ce qui concerne les digues en maconnerie, les expe-
riences deja faites prouvent qu'on pent clever la hauteur des digues
jusqu'a 50 metres. »
M. BouviER. — On pourrait dire: « et meme au dela ».
M. LE President. — D'apres le rapport de M. de Llaurado, le reservoir
del Gaseo a 93 metres.
II est done bien difficile de fixer une limile.
M. Delocre. — 11 y en a une : c'est la limite de resistance des materiaux.
M. le President. — Mais les materiaux varient tellement avec les pays
qu'il faudrait dire que la hauteur possible est variable suivant la force
des materiaux cl la difterence des morticrs.
M. Carlier. — Mainlenant viendrait la question des profits de digue;
M. Bouvier a propose de recommander, pour les barrages en magonnerie
le profil du barrage de Chartrain, nous pourrions presque dire: le « bar-
rage classique en France ».
M. Pelletreau est venu a son tour preconiser le type du profil triangu-
laire trapezoidal.
M. Pelletreau. — H y a fres peu de difference ; toutes les fois qu'on fait
un barrage ou on ne veut pas avoir d'extension, on retombe sur le profil
rectiligne. Le profil triangulaire donne les memes resultats, mais il est
plus facile a calculer et il exige moins d'epures ; c'est pour cela que je le
recommande. On pourrait dire : « On doit s'appliquer a ce que les efforts
aillent en decroissant de la base au sommet et a ce qu'il n'y ait pas
d'extension. »
M. Delocre. — Je crois qu'il ne faudrait pas ]abandonner le vieux profil,
et si le profil de M. Pelletreau est bon, c'est parce qu'il se rapproclie de
I'autre.
Nous pouvons, dans nos conclusions, appeler Patlention des ingenieurs
sur le profil preconise par M. Pelletreau, mais sans paraitre dire qu'on
s'est trompe jusqu'a present.
M. Pelletreau. — Je dis au contraire que le profil triangulaire se
rapproche toujours du profil curviligne, tout en exigeant des calculs moins
developpes.
M. Delocre. — Quand on arrive a des reservoirs d'une grande hauteur,
1" SECTION. — 6- SfiAKCE. HI
les economics doivent etre recherchees des le debut, parce qu'on s'expose
h des augmentations considerables.
M. Pelletreau. — Le rapport entre Ic profit rectiligne et le profit d'egale
resistance n'est que de 12 pour 100.
M. BouviER. — L'adoption de lignes courbcs pour les parements amont
et aval du barrage du Gouffre d'Enfer a ete dcterminee par des conside-
rations fondees sur la resistance des maconneries a I'ecrasement, et on n'a
pas cherche a satisfaire a cette condition que les resultantes passent par
le tiers des sections successivement considerees, mais I'ouvrage n'en est
pas moins tres solidc, et les personnes qui feront I'excursion du Gouffre
d'Enfer pourront s'en rendre compte.
II est a remarquer que I'application de la ligne droite a cette conse-
quence d'augmenter encore le cube de la magonnerie dans la partie
superieure. On augmente, par cela meme, la pression sur la base, ou elle
est deja la plus elevee; il y a done lieu de chcrcher a alleger le profil dans
la partie superieure.
M. Carlier. — L'elargissement qu'on donne a la partie superieure est un
element nuisible ; c'est une des considerations qui, a la digue de laMouche,
nous ont conduit a I'eviter autant que possible, et a edifier le demi-viaduc
dont on vous a parte.
M. BouviER. — Le meme profil a etc applique au Chartrain; il est a
remarquer qu'une partie est presque verticale a I'aval ; c'est une ligne
qui se rapproche beaucoup de la ligne droite, mais neanmoins si Ton con-
struisait le parement suivant une ligne droite du sommet a la base, on
augmenterait sensiblement le cube de maQonnerie et les pressions ; il y a
done un double avantage a adopter la ligne courbe.
Quant a la question de construction et de calcul, j'avoue qu'a I'execution
clle ne presente aucune difficulte. L'execution en courbe du barrage et de
ses parements a meme cet avantage que quand on se trompe — on n'arrive
pas toujours a une precision parfaite — leserreurs, qui seraient revelees
par l'adoption de lignes droites, ne sont pas apparentes.
M. Delocre. — Cela depend beaucoup de la hauteur du barrage. Avec
un barrage tres-haut, si Ton adoptait la ligne droite, on augmenterait sin-
gulierement la depense.
M. Pelletreau. — II est certain que le profil rectiligne ne pent s'appli-
quer que jusqu'a la hauteur ou Ton est oblige d'etablir un fruit a I'amont.
A partir de ce moment-la, il n'y a plus de profil rectiligne.
Du reste, toutes les fois qu'on cherche a eviter le travail a I'extension,
on retombe sur le profil rectiligne.
M. le PresideiNt. — Nous n'avons pas I'habitude de poser des solutions
absolues.
Nous signalons les ouvrages qui ont ete executes dans des conditions
satisfaisantes, et qui ont donne de bons resultats. A ce point de vue nous
pourrions recommander les profits du Gouffre d'Enfer et du Chartrain.
112 PROCES VERBAUX DES SfiANCES DES SECTIONS.
M. BouviER. — Au Chartrain on a applique tons les perfectionnemenis
connus.
M. LE President. — Nous pourrions ajouter : « Ou les profils s'en rap-
prochant ». Ceci donnerait satisfaction a M. Pelletreau puisque le profit
qu'il preconise se rapproclie du profit du Ctiartrain.
M. Cadaht. — Je voudrais faire une observation au sujet de la redaction.
La Section semble avoir adopte comme limite la hauteur de 50 metres. Ce
chiflVe ne repond a rien : le profil du Chartrain est tout aussi recomman-
dable avec des hauteurs superieures ou inferieures a 50 metres, et je ne
vois pas la necessite d'indiquer une hauteur limite.
M. BouviEU. — En eft'et, le profit du Chartrain est toujours bon, meme
au-dessous de 50 metres, et il n'y a pas necessite de fixer un chiffre
absolu.
M. LE President. — D'autre part, comme le prouve le reservoir cite par
M. de Llaurado, et qui a 93 metres, il n'y a pas de limite a la hauteur des
digues en magonnerie.
M. Cadart. — Comme I'a fort bien dit M. Delocre, il n'y a pas d'autre
limite que celle de la resistance des materiaux.
M. Carlier. — Nous pouvons fort bien, dans la redaction de notre
resolution, supprimer I'indication relative a la hauteur des barrages en
maconnerie.
Nous pouvons alors libeller notre conclusion de la fa^on suivante :
« Le profil de la digue de Chartrain, ou lout autre profil s'en rapprochant
« et combine de fa^on a supprimer autant que possible le travail a
c( I'extension sur I'arete exterieure, doit otre recommande. »
M. le President. — Cette redaction ne souleve pas d'objections?
La resolution est adoptee.
M. Carlier. — Voici une conclusion un pen particuliere : je vous la
soumets parce qu'elle se trouve dans le rapport de M. Cadart :
« La solution adoptee au reservoir de la Mouche pour permettre le
passage d'un chemin vicinal sur le couronnement d'une digue en magon-
nerie parait tres heureuse, tant au point de vue technique qu'a celui de
I'effet decoratif obtenu. »
M. Bouvier. — Cela a aussi ete applique au Chartrain, mais c'est un peu
parliculier.
Yous ne parlez pas d'une limite de pression a laquelle on doit s'arreter.
J'avais moi-meme indique qu'avec du bon morlier et des bons moellons
on pouvait admeltre une pression de 12 kilogrammes. Peut-etre serait-il
bon de faire de cetfe question I'objet d'une resolution.
M. Pelletreau. — Je serais partisan de fixer un chiffre, mais il faudrait
qu'il fut proportionnel a la resistance des materiaux qu'on emploie.
Nous ne pouvons pas fixer absolument la limite de resistance a 1'2 kilo-
grammes, parce quetoutes les pierres ne sont pas egales sous ce rapport.
M. Delogre. — On a precede dans cette voie avec beaucoup de timidite :
!■' SECTION. — 6' SEANCE. 115
on avail admis, sur le canal de la Marne au Rliin, une resistance de 4 kilo-
grammes, et on I'a ensuite porlee a 6 kilogrammes.
M. Cadart. — Au reservoir de la Mouche on s est arrete a 6 kilog. 250 a
cause du terrain de fondation qui est de la marne.
M. LE President. — Voudriez-vous adherer a une conclusion indiquant
le chitTre de 12 kilogrammes?
M. Pelletreau. — Oui, en ajoutant qu'il s'agit de pierres ayant deja une
bonne resistance a I'ecrasement.
M. Carlier. — Voici done la resolution, telle que nous vous proposerions
de la voter :
«t Avec de bons materiaux on peut faire travailler les maijonneries a la
« compression, sans imprudence, jusqu'a une limite de 12 kilogrammes par
« centimetre carre. »
(Cctte resolution, mise aux voix, est adoptee.)
M. Carlier. — a La forme en plan d'une courbe tournant sa convexite
« vers I'amont parait devoir etre recommandee pour les digues en magon-
« nerie, en raison surtout des efl'ets, sur la region superieure des digues,
ff de la dilatation et de la contraction dues aux variations de la tem-
a perature. »
(Celte resolution, mise aux voix, est adoptee.)
M. Carlier. — « II convient d'appeler I'attention des ingenieurs sur les
« mesures a prendre pour eviter les infiltrations dans les magonneries, et
« pour en attenuer les efl'ets au cours de I'exploilation. » •
C'est une proposition de M. Bouvier.
M. Bouvier. — J'ai signale ce fait qu'on peut conslater, je crois, sur tons
les barrages, qu'il se produit des infiltrations malgre toutes les precau-
tions qu'on peut prendre.
L'eau des infiltrations emporte la chaux et produit un appauvrissement
continu des mortiers, ce qui peut occasionner des dangers pour I'avenir.
II est done prudent d'appeler I'attention des ingenieurs sur les precautions
a prendre pour eviter les infiltrations ou les arreter.
M. le Presidem. — Je mets aux voix la resolution proposee par
M. Bouvier.
(Cetlc resolution, mise aux voix, est adoptee.)
M. Carlier. — Yoici une derniere conclusion de M. Cadart.
« L'amenagement des prises d'eau dans une demi-tour polygonale accolee
au parement amont d'une digue en maQonnerie et presentant un evidement
demi-cylindrique, disposition qui permet d'etablir deux series distincles
de vannes, la premiere a I'exterieur, la seconde a I'interieur de la tour,
ainsi que cela a etc realise d'abord a la digue de Bouzey, et ensuite a celle
de la Mouche, parait egalement tres recommandable. »
M. Bouvier. — Je crois que c'est tres variable; suivaut les conditions
dans lesquelles on se trouve, on est amene a adopter tel ou tel mode de
\idange.
114 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
M. Delocre. — M. Graeff n'avait pas admis I'etablissement de vannes
dans les magonneries et il les presentait comme un danger ; ii etablissait
un tunnel lateral avec une vanne dans le tunnel.
II est a remarquer que tons les ouvrages qu'on elablit dans des barrages
en maQonnerie coutent Ires chcr parce qu'ils exigent Temploi de materiaux
de choix; je crois done qu'il vaut mieux ne pas emettre de resolution sur
ee sujet.
M. LE President. — II n'y a pas d'autre conclusion ?
Si aucun des membres de la Section n'a d'autre resolution a presenter,
nous n'avons plus qu'a nous entendre pour la continuation de nos travaux.
Les rapporteurs designes voudront bien faire leurs rapports en y deve-
loppant les conclusions qui ont ete adoptees par la Section. Ces rapports
seront leur oeuvre personnelle, et ils en donneront lecture a la premiere
Asscmblee generate. Notre Section, en efl'et, doit presenter la premiere ses
conclusions dans les deliberations de I'Assemblee generate.
Je donne maintenant la parole a M. Decoeur qui a demande a faire au
Congres une communication sur un belier hydraulique dont il est I'inven-
teur. Notre reglement dit que nous ne devons mettre en deliberation que
les questions qui ont ete I'objet de rapports ecrits, mais M. Decoeur a ete
autorise par le Comite d'organisation a faire cetle communication.
M. Decceur. — Yoici la communication que j'ai a faire sur le belier
hydraulique a pulsations rapides dont je suis Tinventeur.
Ce belier a etc decrit dans la Chronique des Annales des pants et chaussees
(decembre 1891).
On sait qu'en terminant une conduite d'eau par une cloche a air, on
evite Taction destructive des chocs dus a de brusques fermetures d'un
robinet ou d'une soupape d'echappement.
La machine elevatoire connue sous le nom de belier hydraulique
s'obtient en ajoutant a la cloche un clapel de retenue et un tuyau de refou-
lement.
Quand la soupape d'echappement s'applique sur son siege, I'eau en
mouvement souleve le clapetet passe dans la cloche, en pressant le matelas
d'air, qui la refoule avec une vitesse a pen pres uniforme dans le tuyau
d'ascension.
Apres I'epuisement de la force vive, le clapet s'abaisse et, la soupape
ouvrant a nouveau I'orifice d'echappement, le courant reprend sa vitesse.
Nous avons perfectionnc celte machine en rapprochant les orifices
d'echappement et de refoulement, et en activant avec des ressorts le mou-
vement oscillatoire de la soupape.
Nos appareils, sans espaces nuisibles, n'exigent que des tuyaux de peu
de longueur droits ou courbes.
lis sont d'un poids tres reduit, avec soupapes legeres, battant sur sieges
metalliques indeformables.
Deux ressorts anlagonisles, presses au moyen des leviers d'arret et de
1" SECTION. — 6' SEANCE. H5
mise en marche, permettent d'augmcnter ramplilude et la duree des oscil-
lations proporlionnellement a la quantite d'eau a depenser.
Quand le belier fonctionne sans aspiration d'air, la duree dune demi-
oscillation peut se calculer approximativement par la formulc t =—,
(jh
I, representant la longueur du tuyau d'arrivee ;
g, I'intensite de la pesanteur;
h, la chute motrice diminuee de la perte en frotteinenls ;
cl V, la Vitesse acquise au moment de la fermeture de I'echappement,
Vitesse qui est a peu pres double de la vitesse moyenne d'ecoulement.
Quand on veut une marche sans bruit, on laissc rentrer Fair sous la
soupape par un trou lateral incompletement ferme par une vis. 11 se produit
alors une onde de relour, qui diminuc le rendement en eau montee, mais
qui, dans le cas ou le tuyau d'ascension est ferme, a I'avantage de reduire
de moitie la pression au refus dans la cloche, et la depense d'eau avec des
oscillations d'une duree double.
La marche devient absolument silencieuse, si on detend le ressort
du clapet de retenue.
Ces nouveaux beliers admettent de grandes variations de chute et de
debit.
Ilsont Tavantage d'utiliser parfaitement le debit minimum de la source,
avec de petites oscillations qui suppriment presque completement les
chocs et frottemenls dans le tuyau d'arrivee.
lis peuvent etre employes en cascade pour de grandes elevations, el
en batterie sur la meme conduite pour de grands debits.
Pour de petites elevations, ils donnent un rendement superieur a celui
des machines elevaloires composees depompes etde moteurs hydrauliques.
On peut les installer economiquement dans un barrage rustique, dont on
assure au besoin I'etancheitepar des detritus broyesetjetescontre la dioue.
Le prospectus de MM. Rouart freres, conslructeurs a Paris, donne le
dessin au 1/5 du petit appareil que nous avons installe, sous un robinet de
fontaine, au rez-de-chaussee du Palais de I'Exposition.
On peut repeter sur ce belier les experiences interessantes qui ont ete
faites au Conservatoire des Arts et Metiers.
Nous presentons en meme temps le plan d'un appareil pour grands
debits, qui va etre essaye a I'usine de Saint-Maur, dans le Service des Eaux
de Paris.
M. LE Presidemt. — Messieurs, nous aliens nous separer, mais je tiens
auparavant a vous remercier du concours que vous nous avez prete et du
zele avec lequel vous avez aide a I'ceuvre de progres qui est notre but.
J'espere que les membres etrangers emporteront un bon souvenir de ce
travail en commun et de I'accueil qu'ils ont rcQU parmi nous.
Au moment ou on a organise ce Congres, des esprils mefiants se sont
ecries : « Yous allez faire visiter a des membres de toutes les nations
116 PROGES-VERBAUX DES SEA.NCES DES SECTIONS.
les voies navigablcs de noire pays ; — il pourrait y avoir la de grands
dangers ».
En pareille nialiere, nous n'avons pas de secrets, et chacun dans nos
pays, nous travaillons a ce qui doit developper la richesse publique.
Je crois que dans I'avenir, si au dela de ce siecle nous regardons dans
les siecles futurs, des ententes semblables s'etabliront souvent entre les
peuples pour faire de ces grands problemes des questions internalionales et
les mener a bien, tandis qu'aujourd'hui elles avortent souvent parce
qu'elles ne font I'objet que des preoccupations d'une seule nation.
En lout cas, des Congres comme celui-ci, oil nous collaborons cordiale-
ment, sont de nature a faire esperer cette heureuse eventualite, et quant a
moi, je me felicite grandement d'avoir eu a en presider une Section. {Vifs
applaudlssemenls.)
M. Yanderlikden. — Au nom des membres etrangers de ce Congres,
je liens a remercier MM. les ingenieurs francais de I'accueil cordial qu'ils
nous ont fait. Croyez bien, Messieurs, que nous en garderons un excellent
souvenir.
Qu'il rnc soil permis en outre de remercier MM. les Presidents Rousseau
ct Carlier, pour la maniere distinguee et charmante dont ils ont conduit
les travaux de noire Section, travaux qui, a raison de I'importance des
questions trailees, contribueront pour une bonne part au progres de la
science si complexe de Tingenicur. (Applaudissements.)
M. LE PiiEsiDEM. — Lc complimcnt s'adresse au moins autant a M. Carlier
qu'a moi, puisque j'ai ete oblige de m'abscnter, el qu'il a bien voulu
prendre ma place.
M. Carlier. — Le president est impersonnel.
M. LE Presidem. — La seance est levee.
2' SECTION
EXPLOITATION TECHNIQUE
BUREAU DE LA SECTION :
PRESIDENT :
France , . . Buquet, President de la Societe des Ingonieurs Civils, Paris.
VICE-PRESIDENTS :
France . . , Pontzen, Ingenieur Civil, Paris.
Allemagne. . Professor Honsell, grossherzoglicji Badischer Baudirektor,
Karlsruhe.
AuTRicHE , . Schromm, [K. K.' Regierungsrath, Schifffahrts-Gewerbe-Inspec-
tor, Wien.
Belgique . . Mailliet, Ingenieur en Chef, Direcleur des Ponts et Chaussees,
Bruxelles.
SECRETAIRES :
France . . . Alby, Ingenieur des Ponts et Chaussees, Paris.
— Glerc, Ingenieur des Ponts et Chaussees, Vernon (Eure).
— Petit (Marcel), Directeurde la Compagnie Francaise des Transports
Fluviaux et Maritimes, Paris.
Allemagne . . D' Vosberg Rekow, Syndicus der Handelskammer fur das Herzog-
thum Braunschweig, Branuschweig.
118 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS
PREMIERE SEANCE
Jeudi 21 Jnillet (aprSs-midi).
Presidence de M. BUQUET.
La seance est ouvertc a 3 hcures 50.
M. LE President. — Messieurs, je dois I'honneiir de presider la 2^ Section
a ma situation de President de la Societe des Ingenieurs civils qui a etudie,
a diverses reprises deja, plusieursdes solutions qui nous sont presentees
sur I'exploitation technique des cours d'eau.
Nous avons plus specialement a nous occuper de tout ce qui se rapporte
a la preparation des voies navigables en vue d'en faciliter I'usage econo-
mique au commerce et a I'industrie; ce sont la des questions d'ordre ge-
neral dans I'examen desquelles ma bonne volonte ne fera pas defaut ; per-
mettez-moi toutefois, Messieurs, de reclamer votre bienveillant concours
sans lequel je ne pourrais mener a bonne fin la tache qui m'est devolue.
[Applandissements.)
Nous avons a etudier les rapports relatifs aux 5^ et 6^ Questions du pro-
gramme, c'est-a-dire aux chomages des canaux et des rivieres canalisees,
et a la traction sur les canaux, les rivieres canalisees et les rivieres a cou-
rant libre.
Cinq rapports ont ete presentes sur la 5' Question (Ch6mages), et impri-
mis; ce sontceux de MM. Germelmann, Mailliet, Captier, DerOme et Ma-
zoyer.
Sur la 6" Question (Traction), nous avons huit rapports, ceux de MM. Bel-
lingrath et Dieckhoff, Mulze, Thiem, John Bogart, Camere, Derome, Las-
molles, Molinos et de Bovet.
D'autre part, deux communications relatives a la 6" Question ont 6te
acceptees, en vertu del'article 5 du Reglement, par la Commission d'Orga-
nisation, ce sont : 1° celle deM. Galliot sur letouage electrique des bateaux,
et 2", celle de M. Captier sur le marinier.
Les auteurs des rapports seront pries de presenter a la Section le resume
de leur travail ; la discussion sera ensuite ouverte sur les questions develop-
pecs, et la Section votera, s'il y a lieu, des conclusions qui seront presen-
tees a I'assemblee pleniere du Congres par un rapporteur special.
Cette methode de travail est adoptee par la Section, et la reunion est
renvovee au lendemain matin.
2* SECTION. — 2' SEANCE. H9
DEUXltME SEANCE
Vendredi 22 Jnillet (matin).
Presidence de M. BUQUET.
La seance est ouverte a 9 h. 1/2.
M. LE President. — Messieurs, nous devons commencer aujourd'hiii la
discussion de la S*" Question : Choraages des canaux et des rivieres cana-
lisees.
Je donne la parole a M. Derome.
M. Derome. — D'apres le programme des travaux du Congres, la 5^ Ques-
tion concerne les chomages imposes a la navigation pour I'entretien des
canaux et des rivieres canalisees.
Cette question comprend trois points principaux, savoir :
1" Les epoques habiluelles et la duree des ch6mages;
2° Les systemes adoptes pour la coordination des ch6mages sur les dif-
ferentes voies d'un meme reseau ;
5" Les procedes a appliquer pour reduire autant que possible la fre-
quence et la duree des ch6mages.
Ces trois points constituent en realite des questions distinctes, et il
serait avantageux, a mon avis, pour la facilite de la discussion, de les exa-
miner successivement.
M. le President. — Si tout le monde est d'accord pour adopter la divi-
sion du travail, telle que vient de I'indiquer M. Der6me, je n'y vois pour
ma part aucun inconvenient.
Vous avez dit, monsieur Derome, que, suivant vous, la premiere ques-
tion etait celle de I'epoque des chomages.
M. Derome. — Peut-6tre conviendrait-il de discuter au prealable le prin-
cipe meme des chomages, et d'examiner notamment dans quelle mesure il
peut etre necessaire ou simplcment utile de faire ch6mer periodiquement
certaines categories de voies navigables.
M. le President. — Nous pouvons, en effel, trailer prealablement cette
question de I'utilite ou de I'opportunite des chomages. Si I'assemblee est
d'accord pour proceder ainsi, le bureau n'y voit pas d'inconvenient.
M. Derome. — Les divers ingenieurs qui ont presente des rapports sur
la 5" Question paraissent unanimes a constater que, dans I'etat actuel des
choses, I'entretien des ouvrages ne pourrait etre convenablement assure
sans I'aide des ch6mages periodiques, sur les canaux comme sur les
rivieres canalisees, abstraction faite des cours d'eau de grande largeur
munis d'ecluses multiples.
120 PROCES-YERBAUX DES SfiAMCES DES SECTIONS.
Cclte siijetion est inherente ii la nature et a la disposition des oiivrages;
elle a greve de tout temps la batellerie, et il ne serait possible de Ten
affranchir d'une maniere absolue qu'au prix d'une transformation com-
plete des voies navigables dont il s'agit.
D'autre part, les Rapporteurs paraissent egalement d'accord sur la nc-
cessite de proscrire les chomages generaux de longue duree, et de ne plus
admettre desormais, a moins de circonstances exceptionnelles, que des
chomages locaux aussi courts que possible.
J'estime des lors que la discussion doit porter en premier lieu sur ce
fait qu'en principe les chomages sont indispensables pour permettre d'as-
surer normalement I'entretien des canaux et des rivieres canalisees.
Et en second lieu sur ce desideratum que la duree des chomages soit
reduite desormais autant que le comportent les exigences de chaque
service.
M. Camere. — C'est un desir qui me parait parfaitement realisable dans
bien des cas.
Sur la Basse-Seine notamment, ou la navigation a vapeur est tres active,
on est arrive a supprimer toute espece de ch6mage, au grand profit des
industries de transport et du commerce.
11 est certain que les depenses d'entretien deviennent alors plus elevees ;
mais toute la question est de savoir si I'excedent de depenses qui en
resulte n'cst pas largement compense par les avantages que le commerce
en retire.
Sur la Basse-Seine canalisee au moyen de barrages ecluses, dont quel-
ques-uns ont de grandes chutes, les travaux d'entretien comportent, d'une
part, des dragages pour le retablissement de la profondeur du chenal, et
des reparations de rives a la suite des crues et des glaces, et, d'autre part,
le maintien en bon etat de fonctionnement des ecluses et barrages.
Nulle difficulte pour I'cxeculion des travaux de dragages du chenal et
de reparation des rives, sans avoir recours a des chomages.
Quant a I'entretien des ecluses, il est rendu facile, sans chomage, par
le parti que Ton a pris d'avoir recours a I'emploi de deux ecluses accolees,
de fagon a pouvoir toujours en avoir une en service.
II est vrai que ces deux ecluses n'etant pas de mSme grandeur, I'une
ayant etc construite en prevision du passage de bateaux isoles, la ferme-
lure momentanee a la navigation de la grande ecluse, pent, en particulier,
entrainer certains retards pour la batellerie; mais, en tout cas, pas d'arret
absolu.
En ce qui concerne les barrages, voici comment Ton procede pour
eviler tout chomage pendant les reparations d'entretien.
Les barrages de la Basse-Seine sont de deux types dilTerents : les uns
comprennent des fermettes se couchant au fond de I'eau, et les autres des
cadres suspendus a des ponts au-dessous desquels ils peuvent etie reteves
en temps de crue.
i' SECTION. — 2* STANCE. 121
En ce qui concerne les fermettes, j'ai ete amene a reconnailre que leur
reniplacement n'etait pas pratique en dehors de la saison des basses eaux,
c'est-a-dire, lorsque les barrages sont fermes. Pendant la periode des
hautes eaux, en effet, la violence du courant, rend non seulement cette
operation dangereuse, mais a pen pres impralicable par suite de I'impos-
sibilile oil se trouvent les scaphandres de pouvoir proceder a la visite des
fermettes, a I'enlevement ou au remplacement des coins maintenant leurs
tourillons dans les crapaudines, enfin a leur arrimage.
Apres avoir fait visiter, par un scaphandre, les parties immergees des
fermettes d'un barrage, et constate ainsi celles qui sont faussees ou cas-
sees, on etablit en amont, au droit de la fermette a remplacer, soit un
rideau d'aiguilles appuye sur des poutres horizontales qui reportent la
pression sur les fermettes voisines, lorsqu'il s'agit d'un barrage a aiguilles,
soit un cofTre mobile en charpente formant masque, et prenant son point
d'appui egalement sur les fermettes voisines, lorsqu'il s'agit d'un barrage
a rideaux articules.
A I'abri de ces especes de batardeaux, il devient facile d'enlever les fer-
mettes avarices ct de les remplacer sans baisser la retenue.
C'est une operation qui se fait couramment dans le service, meme lors-
qu'il s'agit, comme a Port-Villez, de retenues de 4 metres de hauteur au-
dessus du seuil, et do fermettes de 5 m. 50 de hauteur, pesant en nombre
rond 2 000 kilogrammes.
Pour les barrages a cadres suspendus a des ponts superieurs, les repara-
lions sont faites, au contraire, de preference au moment des hautes eaux,
c'est-a-dire lorsque les engins de fermeture se trouvent releves au-dessus
de I'eau, et qu'il n'y a, par suite, aucune difficulte pour les visiter, les
reparer ou les changer.
Grace a cette maniere de faire, on est parvenu, sur la Basse-Seine, a
eviter a la batellerie toute interruption de navigation, sauf, bien en-
lendu, pendant les glaces et les crues ; mais les chomages forces dus a ces
causes ne sont evidemment pas imputables a i'Administration.
Ces observations montrenl done que, par une bonne disposition des
ouvrages, et en appliquant des methodes d'entretien convenables, on
pourrait arriver, dans bien des cas, a supprimer tout ch6mage, comme
cela se pratique sur la Basse-Seine.
M. Derome. — J'ai pris soin tantot, en parlant de la necessite des ch6-
mages, de faire une reserve au sujet « des cours d'eau de grande largeur
munis d'ecluses multiples ».
J'estime en eflet, avec M. Camere, qu'il est possible de supprimer tout
chomage sur ces cours d'eau, sauf pendant la periode d'execution de cer-
tains travaux exceplionnels.
Cette suppression est realisee depuis plusieurs annees sur la Basse-
Seine, et j'espere y arriver egalement sur I'Oise apres I'achevement des
Iravaux enlrepris pour I'amelioration de cclle riviere; mais elleme parait
in PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
absolument impraticable sur les canaux do la region du Nord et de I'Esl
de la France.
Ces canaux ne sont pas, comme la Basse-Seine, dotes d'ecluses jumelles
qu'on puisse faire chomer alternativemenl, et il suffit qu'une seule des
nombreuses ecluses simples qu'on y rencontre exige certaines reparations
pour que la navigation doive 6tre necessairement interrompue.
Or, les avaries susceptibles d'entrainer des reparations de celte nature ne
sont pas rares, meme sur les canaux recemment construits et qui ne des-
servent encore qu'un faible trafic.
Elles sont particulierement frequentes sur les canaux de la region du
Nord, qui re(;oivent un tonnage considerable, etdont les ecluses, plus que
seculaires, n'ont pas toujours ete convenablement entrelenues, faute de
credits suffisanls.
Tons ces canaux ne peuvent, a mon avis, se passer de chomages. II est
possible de reduire, dans une certaine mesure, la frequence et la duree de
ces chomages, mais non de les supprimer d'une inaniere absolue.
Les difterents rapports presentes au Congres sont nettement affirmatifs a
cet egard pour les canaux frauQais, comme pour ceux de Belgique et
d'Allemagne.
M. Camere. — Quand j'ai dit tout a I'heure que j'estimais que Ton pou-
vait, dans bien des cas, supprimer les chomages, j 'avals surtout pourobjec-
tif les rivieres canalisees.
J'ajouterai, pour repondre a une des observations de M. Derome, que la
suppression complete des chomages sur la Basse-Seine a ele realisee meme
avant I'execution des ouvrages recemment construits pour le mouillage de
5 m. 20, et alors que Ton se servait de barrages ecluses dont I'etablisse-
sement remonte, pour certains, a 1858.
M. Le President. — Quelqu'un demande-t-il la parole?
M. Fontaine. — Monsieur le President, je voudrais dire que, sur un cer-
tain nombre de canaux, on ariivera, non pas peut-etre a supprimer entiere-
ment les chomages, mais du moins a n'en avoir presque plus. Au canal de
Bourgogne, on execute beaucoup de travaux d'entretien et de reparations,
sans presque arr^ter la navigation, en ne la suspendant souvent que trois
ou qualre heures par jour. On fait afficher huit jours, quinze jours memo
a I'avance, qu'on ne passera pas sur telle partie, a telle ecluse du canal,
de telle a telle heure. En travaillant, en outre, la nuit, on parvient de la
sorte a executer des travaux difficiles et importants, meme des restaura-
tions de bajoyers d'ecluses, sans entraver sensiblement la navigation.
Nous esperons fermement que, sur le canal de Bourgogne et sur celui
du Centre, on arrivera a n'avoir plus de chomages generaux que tons les
dix ans, et a reduire leur duree a quinze ou vingt jours a peu pres. On
aurait par exemple vingt jours de choraage tons les dix ans, ou dix jours
tous les cinq ans.
Un membre. — Plutot dix jours tous les cinq ans, ce serait preferable.
2' SECTION. — 2^ SEANCE. 123
M. Fontaine. — Nous avons pu, par exemple, faire des demolitions et
reconstriiclions de ponts, avec exhaussement, sans arreter la navigation
plus de trois heures consecutives,
Je crois qu'on fait beaucoup plus de ch6mages qu'il n'est necessaire, et
qu'on pourrait les reduire davantage sur certains canaux.
M. LE President. — Quelqn'un demande-t-il encore la parole sur cette
question?...
La conclusion me semble resulter nettement de la discussion qui vient
d'avoir lieu. II est clair en principe que. de tous cotes, on semble vouloir
s'appliquer non seulement a diminuer le nombre des chomages, mais
encore leur duree : les nombreux travaux qui sont entrepris actuellement
soit sur les canaux, soit sur les rivieres canalisees, ne me paraissent pas
avoir d'autre but. Comme conclusion, nous pourrions remercier I'Admi-
nistration d'entrer dans cette voie, la prier d'y perseverer, et surtout de
ne pas menager aux services des ingenieurs les fonds necessaires pour
arriver le plus tot possible a une solution pratique.
M. Delocre. — C'est du reste la tendance du Ministere des Travaux
publics. J'ai eu Thonneur d'etre, cette annee-ci, president de la Commission
des ch6mages, et nous nous sommes toujours efforces de les reduire au
minimum.
II est bien evident cependant qu'il y a certains travaux qu'on ne pent pas
faire sans chomer forcement. On ne pent pas enlever une porte d'ecluse
en laissant passer dans I'ecluse.
M. Fontaine. — Je vous demande pardon : nous avons fait ce travail sans
arreter la navigation, si ce n'est une heure ou deux, en enlevant le vantail
a reparer, et en en mettant un provisoire en sapin.
Je repete qu'on pourrait, je crois, reduircles chdmages beaucoup plus
qu'on ne le fait, el arriver a n'avoir que des interruptions tres-courtes :
15 a 20 jours, par exemple, tous les dix ans.
M. Derome. — II en est ainsi sur plusieurs canaux aujourd'liui. II est
probable que si Ton avail la possibilite budgetaire d'avoir toujours par
devers soi des approvisionnements el un materiel suffisant, de maniere a
etre toujours pret, a toute heure, a parer a toutes les eventualites qui peu-
vent se presenter; si Ton possedait, par exemple, le nombre de dragues
suffisant pour qu'on puisse draguer pendant les grandes eaux les canaux
etles rivieres, on arriverait rapidement a supprimer les chomages.
M. Fontaine. — J'ai oublie d'ajouler que, sur nos canaux, les travaux
ne nous reviennent pas beaucoup plus cher en les executant sans chomage
comme je I'ai indique.
M. Derome. — Les biefs de la ligne navigable de la Belgique vers Paris
sont generalement cures a I'aide de dragues fournies par des entrepreneurs.
Mais ces dragues ne peuvent etre employees dans les parties betonnees des
canaux, dont le curage doit necessairement etre elTectu6 en eaux basses.
Peut-etre arivera-t-on a creer un materiel special qui permettra de curer
124 PROCfiS-VERBAUX DES STANCES DES SECTIONS.
sans ch6mage les biefs etanches aii moyen de rev6tements en belon ou en
ma^onnerie; mais ce problemc n'a pas encore ete resolu jusqu'a present.
Le remplacement des portes d'une ecluse exigerait au moins deux ou
trois jours si les ma^onneries etaient en parfait etat; mais il en est rare-
ment ainsi sur les canaux exceptionnellement frequentes de la region du
Nord.
Les ecluses, de dale fort ancienne, repoivent par an jusqu'a 22000 ba-
teaux dont la largeur est a peine inferieure a Tecartement des bajoyers.
L'arete des cliardonnets est par suite exposee a des chocs incessants et
sert en outre frequemment de butee a la gaffe des mariniers : aussi se
trouve-t-elle en general plus ou moins epaufree sur toute sa hauteur. On
profile d'ordinaire du renouvellement des portes pour remplacer les pierres
les plus endommagees, a I'effet de supprimer les pertes d'eau qu'elles
occasionnent.
Les autres pierres les plus exposees au choc des bateaux ou au frolte-
menl des cordes de halage doivent, de menie, 6tre remplacees au bout d'une
certainc periode, ce qui iniplique generalement un chomage de quelques
jours.
II convient d&s lors de tenir compte, dans I'examen de la question, de
I'etat des ouvrages et des deteriorations speciales qu'ils eprouvent a la
tongue par le fait d'une fr6quentation plus ou moins active.
Une autre consideration importante vient encore militer en faveur de la
necessite des chomages periodiques sur les canaux.
Les bateaux qui parcourent la Basse-Seine, se trouvant traines par des
remorqueurs, s'ecartent peu du milieu du chenal, et restent par suite a une
assez grande distance des rives, tandis que ceux qui circulent sur les
canaux cotoient necessairement I'une ou I'autre berge.
Or, les bcrges des canaux sont habituellement defendues a la flottaison
par des perres a pierres seches, et ces perres ont beaucoup a souffrir des
coups de gaffe des mariniers qui deplacent parfois des moellons et les font
toniber a Teau .
II arrive aussi frequemment que des promeneurs ou des pecheurs a la
ligne se servent d'une pierre pour s'asseoir, et la poussent ensuite du pied
dans le canal.
Les pierres qui roulent ainsi sur les berges sont fort dangereuses pour
les bateaux, et, malgre le soin que prennent les agents de la navigation
d'enlever toutes celles dont ils peuvent soupgonner la presence dans la
cuvette, ces pierres occasionnent d'assez frequents sinistres.
Le nombre en serait beaucoup plus considerable si Ton ne protilait
chaque annee du chomage pour vider successivement tons les biefs, enlever
Ics pierres qui s'y trouvent, et consolider soigneusement les perres au-des-
sous de la floHaison.
M. FoNTAiiNE. — Celte visite ne doit pas exiger un chomage de plus d'un
jour ou deux.
2' SECTION. — 2* SEANCE. 12:.
M. Derome. — 11 est generalement impossible de vider simullaneineut
lous les biefs d'un canal d'une certaine longueur. Celte longueur doit etre
divisee en plusieurs sections dont les biefs sont vides successivement I'un
dans I'autre, ce qui exige necessairement un temps assez long.
La visile du canal do Saint-Quentin, par exemple, ne pent dans ces con-
ditions s'eflectuer en moins de dix jours.
Je crois devoir ajouter d'ores et deja, bien que ce fait se rapporte
plutut a un autre point de la discussion, qu'un chumage d'une dizaine
de jours en saison convcnable, annonce longtemps a I'avance, et finis-
sant a date fixe, ne porte qu'un leger prejudice aux interesses, et que ce
prejudice se trouve largement compense par les economies qu'il
permet de fairs sur I'entretien des grandes lignes de navigation, ainsi
que par la securite qu'il procure a la batellerie pour le reste de la
campagne.
M. Delocre. — C'est aussi mon avis : je suis persuade qu'un chomage
d'une dizaine de jours, surtout s'il n'esl pas absolument annuel, n'est pas
une mauvaise chose.
M. MoLLNos. — II est utile, meme s'il est annuel, pourvu qu'il soil
annonce longtemps a I'avance.
M. Camere. — Je demande a presenter une observation.
En presence des raisons qui viennent d'etre indiquees, je suis bien
oblige de rcconnaitrc que des chomages peuvent etre encore indispensables
sur cerlaines voies navigables, el je regrette d'autant plus cet etat de
choses que les chomages des voies navigables des parties superieures des
vallees ne lesent pas seulement les interels de la marine par eux-mcnies,
mais par la perturbation qu'ils entrainent dans le regime des voies navi-
gables situees en aval.
Quaud on vide, par exemple, les biefs de la Haute-Seine, de laMarnc, dc
I'Yonne, etc., pour les travaux de chomage, on est bien oblige, sur la Basse-
Seine, de laisser passer les flots provenant de ces lachures sans pouvoir en
rclenir la moindre partie pour parer a la disette d'eau qui se produira au
moment du remplissage des biefs superieurs. II devient aiors tres difficile
de maintenir le mouillage ncccssaire au passage des bateaux, surtout dans
les biefs a forte retenue.
Comme on le voit, les chomages qui out lieu dans la partie superieure
du bassin de la Seine exercent une inlluence tres facheuse sur la naviga-
tion des plus actives dc la Basse-Seine, lors meme que cette voie n'est pas
en chomage.
C'est encore une des raisons qui font que je suis, en principe, hostile
aux chomages, et demande qu'on les reduisc le plus possible.
U.N me.mbre. — C'est aussi a ce point de vue-la que je me place pour
rcpousser autant que possible I'idee du chomage; j'ai ete tres souvent gene
pour le meme motif.
M. Derome. — Je ne conteste pas qu'il reste de notables ameliorations a
126 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
apporter dans la pratique des chomages, mais j'estime qu'il a ete realise
do serieux progres depuis quelques annees.
Avant 1880, on abaissait d'urgence tons les biefs de la ligne de la Bel-
giqiie a la Seine, et on les laissait a sec ou en eaux basses jusque dans les
dcrniers jours du chomage. La visile generale des biefs s'operait ainsi fort
commodement, mais I'eaumanquait ensuitc au moment du remplissage, et
la reprise de la navigation se trouvait souvent retardee de ce chef de sept
a huit jours.
Ces errements sont aujourd'hui entierement abandonnes : on n'abaisse
plus des I'origine du chomage que les biefs ou il est necessaire d'executer
des travaux au-dessous de la'flottaison, et Ton procede ensuite par sections
a la visite des autres biefs en les vidant successivement I'un dans I'autre,
de fagon a n'avoir a remplir, dans les derniers jours du chomage, qu'un
nombre de biefs aussi restreint que possible.
Ce nombre est encore aujourd'hui assez considerable, eu egard a I'im-
porlance des travaux executes chaque annee pour augmenter la capacite de
frequentation de la ligne dont il s'agit; mais il permet neanmoins de ter-
miner le remplissage en temps utile.
On opere generalement de meme sur les autres voies navigables de la
region, et on evite ainsi les retards qu'occasionnaient les anciens erre-
ments.
Ces explications me paraissent repondre a la crainte qu'exprimait
M. Fontaine.
M. FoNTAiiSE. ' — Ce n'est pas une crainte, c'est la constatation d'un fait.
Les chomages causent toujours une certaine gene : je suis convaincu
qu'on pourrait les reduire plus qu'ils ne Ic sont, et que I'Administration est
loin d'avoir atteint dans ce sens la limite qu'elle pourrait atteindre.
M. Derume. — II est incontestable que d'importants progres ont ete rea-
lises depuis quinze ans dans la pratique des chomages. Ces progres se
developpent chaque annee, et j'estime qu'on arrivera dans un avenir pro-
chain a un resultat des plus satisfaisants.
M. Le President. — II resulte de la discussion qui vient d'avoir lieu sur
le principe de la suppression et de la reduction des chomages que, si nous
avons une resolution a prendre, elle consiste a engager I'Administration a
prendre tons Les moyens possibles pour arriver non pas a la suppression
radicale des chomages, mais a leur diminution et a leur reduction au
strict necessaire.
M. Derume. — Je prie M. le President de vouloir bien me permeltre d'a-
j outer, avant la cloture de la discussion, que les deux dernieres campa-
gnes ont ete absolument exceptionnelles en ce qui concerne les chomages.
L'hiver de 1890-1891 a ete desastreux pour les voies navigables de la
region du Nord el de I'Esl, et malgre les degradations considerables qu'onl
subies les ouvrages, I'Administration n'a autorise Pan dernier qu'un tres-
courl chomage, dans I'interet du commerce, eu egard a I'interruption pro-
2' SECTION. — 2= SEANCE. 127
longee des transports par le fail des glaces duranl les premiers mois de
I'annee.
Le chomage de 1892 a des lors ete notablement plus long qii'il ne I'eut
ete sans cette circonslance, en raison de Timportance des travaux de repa-
ration qui restaient a executer.
M. Le President. — II en est de ces sorles de travaux comme de tout : il
n'y a rien d'absoIu,etil est impossible de decrelerd'une fa^on categorique
qu'on chomera ou qu'on ne chomera pas.
J'ai dit tout a I'heure quelle resolution la Section me paraissait disposec
a prendre pour clore la discussion sur ce point. EUe pourrait se resumer
ainsi :
« Les chomages sont inutiles sur les grands fleuves canalises dont les
« retenues sont munies d'ecluses doubles, comme la Basse-Seine; ils
« doivent etre sinon supprimes, tout au moins reduits sur les canaux. »
II n'y a pas d'opposition?...
Nous passons alors a la seconde question qui est cclle de I'epoque a fixer
pour les chomages.
M. Derome. — Les epoques successivement adoptees pour les chomages
dans la region du Nord donnent lieu a une remarque interessante.
De 1810 a 1836, 1'Escaut et le Canal de Saint-Quentin ont chome succes-
sivement durant les mois de septembre et d'octobre, c'est-a-dire au mo-
ment des plus basses eaux.
Mais a mesure que ces voies navigables se sont perfectionnees, I'epoque
des chomages a ete progressivement avanceede septembre en aout.etd'aoilt
en juillet, pour commencer enfin au 15 juin.
Les chdmages des autres voies navigables de la region du Nord ont suiv i
sensiblement la meme marche.
Cette progression reguliere s'explique par les considerations suivantes.
La navigation se trouvait jadis interrompue ou forlemenl entravee sur les
canaux pendant la periode de secheresse, faute d'une alimentation suffi-
sante, et Ton profitait naturellement de cette periode pour I'execution des
travaux.
Puis I'accroissement des ressources alimentaires a permis de maintenir
la navigation en temps de basses eaux, et Ton a pu faire chomer chaque ca-
nal a I'epoque la plus propice aux interets locaux.
Enfin le reseau des voies navigables du Nord et de I'Est s'est constitue,
et Ton a du coordonner les chomages suy toute I'etendue de ce reseau de
maniere a concilier le mieux possible les interets des differents services
techniques avec ceux de la balellerie et du commerce.
Cette coordination a offert de serieuses difficultes en raison de la diver-
gence des interets en jeu.
L'epoque la plus favorable au point de vue technique pour le chomage
des canaux est celle des mois de mai et de juin. Les jours ont alors leur
plus grande duree, la main-d'oeuvre est generalement abondante jusqu'au
l'J8 I'ROI.KS-AKRBALX DES SEA.NCES DES SECTlaNS.
moment de la lenaisoii, dans la seconde quinzaine de juin, et le debit des
coui's d'eau est encore assez considerable pour permettre de remplir rapi-
dement les biefs.
Mais celte dcruiere circonstance, fort avantageuse pour les canaux, est
au contraireextrememcnt defavorable pour les rivieres canalisees.Leseaux
se mainliennent d'ordinaire pendant le mois de mai, et souvent pendant
toute la duree du mois de juin, a un niveau trop eleve pour que Ton puissc
commodement travailler en riviere, si ce n'est a I'abri de batardeaux dont
I'etablissement fait perdre un temps precieux et augmente notablement la
depense. Aussi les mois les plus propices au chomage des rivieres canali-
sees sont-ils habituellement ceux de juillet et d'aout, les eaux etant alors
suffisammenl basses pour I'execution des travaux en lit de riviere.
Mais elles ne sent plus d'ordinaire assez abondantes au mois d'aout, et
meme paifois dans le cours de juillet, pour assurer en temps utile le rem-
plissage des biefs superieurs des canaux a point de partage.
D'autre part le commerce se montre en general absolument contraire
aux ciiomages de mai ou de juin. II a bcsoin en effet, apres la mauvaise
saison, du temps necessaire pour combler les vides que I'hiver a fails
dans ses magasins, et assurer ses approvisionnements pour la campagnc
d'ete. Or le mois de mai lui est indispensable a cet effet et quelquefois m6mc
celui de juin. lorsque la navigation a ete enlravee par les gelees ou par les
crues durant le mois d'avril. Aussi se prononce-t-il d'habitude en favour
des chumages de juillet ou d'aout qui lui laissent, apres le retablissement
dela navigation, un lemps suffisant poureffectuer ses approvisionnements
en vue de la saison d'liiver.
Les exigences du service technique des canaux se Irouvent des lors en
opposition avec les commodiles du service technique des rivieres canalisees,
ainsi qu'avec les interets gencraux du commerce.
On a cherche jadis a les concilier sur le canal de la Marne au Rhin, en
profitant, pour entretcnir les ouvrages, de I'interrupfion naturelle de la
navigation par les glaces. Le canal etait alors presque neuf et n'exigcait
que peu de reparations; le seul travail important avail pour objet la con-
struction de piedroits ma^onnes dans le souterrain de Mauvages, et il suf-
fisait de fermer les deux extremites do ce souterrain pour s'y trouver a
I'abri de la gelee. On a d'ailleurs renoncc aux ciiomages d'hiver sur le
canal dont il s'agit des que les reparations a ciel ouvert sont devenues plus
importantes.
Mais il resulle du rap})ort de M. Germelmann, qui.% dans les bassins de
la Yistule, de la Netze, de la Warthe, de I'Oder, de la Spree et de la Havel,
tons les travaux dont Texecution ne pourrail avoir lieu sans interrompre
la navigation sunt ajournes a I'epoque des chomages naturels d'liiver.
« C'cst alors que, d'ordinaire. Ton repeint et Ton rcmplace les portes
« d'ecluse, que Ton procede aux grands travaux de belonnage et de magon-
« ncrie, que Ton repare les buses et les chambres des ecluses. »
2^ SECTION. — 2= SEA>'CE. 129
M. Germelmann cite meme ce fait tres curieux que le canal de Finow, qui
relie I'Oder a la Havel et recoil annuellement plus de 16000 bateaux, a
etc elargi sur une longueur de 100 kilometres et pourvu de dix-huit ecluses
. nouvelles pendant les chomages d'hiver des annees 1873-1878 et 1880-
1885, dont la duree moyenne a etc d'environ trois mois.
On fait done couramment sur les canaux d'AUemagne des magonneries
en temps dc gelee, tandis qu'on a complctement renonce en France a tout
travail de cette nature.
M. DelocrE: — II est certain qu'on ne peut pas magonner pendant les
gelees. Sur les lignes neuves que j'ai eu a construire, j'ai vu des travaux
de magonnerie se deteriorer, s'elfriter parce qu'ils avaient eu a subir des
gelees plus ou moins fortes apres leur achevement.
M. Derome. — J'ai eu maintes fois I'occasion d'observer, dans la region
de I'Est, des faits analogues a ceux que vient de citer M. I'inspecteur
general Delocre. Aussi, je considere comme un veritable tour de force
d'avoir pu reconstruire presque entierement un canal pendant une suite
de gelees assez fortes pour interrompre la navigation.
M. Fontaine. — Les resultats dont parte M. Germelmann sont tres inte-
ressants.
U-N MEMBRE. — J'ai cliome pour ma part trois ou quatre fois en liiver, et
j'ai reconnu qu'il n'etait pas pratique de travailler ainsi. Je serais tres
desireux de savoir comment on s'y est pris en Allemagne.
M. Derome. — La communication de M. Germelmann est en effet tres
interessante, et je souhaiterais, moi aussi, qu'il voulut bien nous donner
des explications supplementaires.
Un membke. — J'ai eu, pour ma part, I'occasion de faire de la macon-
nerie dans une grande chambre chauffee; mais on ne peut pas, il me
semble, faire cela en grand. J'ai vu aussi faire des travaux analogues en
chambre close, en faisant chauffer I'eau pour la confection des mortiers;
mais ce sont la des travaux tres-couleux et tresdelicats.
M. Fontaine. — On n'a pas du avoir besoin de prendre toutcs ces pre-
cautions en Allemagne. En tous cas, il serait tres interessant de pouvoir
etre renseigne la-dessus.
M. Delocre. — II y a encore une autre question a considerer. On peut, a
la rigueur, faire des travaux ncufs dans une chambre renfermee; mais
quand il s'agit de reparations a execuler sur un tres-grand nombre
de points, le probleme me parait impossible a resoudre de cette
fagon.
J'ajouterai qu'il est extremement dangereux de metlre les biefs a sec
par les temps de forte gelee. Les magonneries courent le risque d'etre
avarices et, a un autre point de vue, les talus, la cuvette sont sou-
leves par la gelee, et les portes ne se trouvent pas absolument ctanches
quand on les remet en place. Ces travaux presentent done de grands
inconvenicnts, surtout quand on doil abaisser les biefs.
130 PROCES-YERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
M. FoiNTAiNE. — Si M. Germelmann est ici, j'espere qu'il voudra bien
prendre la parole, et nous donner quelques details sur cette partie de
son rapport.
M. Germklmann fournit les explications demandees, et M. Schromm en
donne le resume suivant :
M. Germelmann declare que la temperature est beaucoup plus basse
en AUemagne qu'en France, mais que, malgre cela, il est possible d'ex§-
culer quelques travaux pendant les chomages d'hiver. En ele, au con-
traire, il serait absolument impossible d'interrompre la navigation, ne
fut-ce que pendant deux ou trois semaines.
Les reparations se font pendant la nuit. Pour lulter contre la tempera-
ture, on installe des fourneaux pleins de coke dans le bassin ou Ton
Iravaille, et Ton couvre de bangars I'endroit ou se font les reparations.
Les travaux content un pen plus cher, mais pas autant qu'on pourrait le
croire.
M. LE Presideist. — Quelqu'un a-t-il des observations a presenter?
M. Camere. — Je voudrais demander a M. Germelmann si les biefs mis a
sec ne subissent pas d'avaries par I'effet des gelees.
M. Delocre vient de signaler I'inconvenienl de cette operation en hiver,
et s'il me semblc possible d'executer cei'tains travaux de maQonnerie
concentres sur un point determine et que Ton peut abriter contre la
gelee par des loiles sous lesquelles on entretient du feu, il me semble,
par contre, impossible d'agir de meme pour soustraire tout un bief a
Paction du froid.
Je serais tres heureux si M. Germelmann pouvait nous donner quelques
explications a cet egard.
M. FoNTALNE. — Est-ce qu'on ne pourrait pas demander a I'auteur du
rapport de nous faire un petit memoire sur la faQon dont le travail a etc
execute? 11 serait tres-utile pour nous tons d'avoir des cclaircissements
sur la fagon dont on peut construire en hiver.
M. Germelmann declare que les travaux qu'il a eu I'occasion d'executer
n'ont presente aucun inconvenient au sujet de la solidite des magonne-
ries. Ces travaux s'appliquaient non pas a des biefs, mais a des ouvrages
d'art rapproches, c'est-a-dire faciles a couvrir par des hangars.
II n'a pas eu a executer de travaux dans les biefs qui setrouvent dans
des parlies tres-profondes de la riviere, et ne sont presque jamais mis a
sec. II ne s'agit done pas de Tenlretien des biefs et des canaux proprement
dits, mais d'ouvrages particuliers tels que ponts, ecluses, bref d'ouvrages
pouvant etre converts par des hangars.
Un membre. — Je tiens a conslater que Paugmentalion de depenses de
ces magonneries-la monlait encore a 50 pour 100.
Sur divers bancs. — C'cst deja raisonnable.
M. Fontaine. — J'ai fait un pen de ces sortes d'ouvrages, mais j'avais
jusqu'a 70 pour 100 d'augmentation.
2' SECTION. — 2= SEA.NCE. 151
M. Derome. — Je dois ajouter, du resle, qu'il n'est question dans le
memoirc de M. Germelmann que d'interruptions de trois, quatre et cinq
mois, c'est-a-dire de tres longue duree. Lcs interruptions par suite des
glaces sont beaucoup plus courtes en France, et si nous discutions en ce
moment la question de la duree des chomages, je vous dirais qu'a mon
avis on peut, sauf pendant les annees extraordinaires et exceptionnelles
comme celle de 1890-1891, supprimer, j'oserai presque dire d'une fagon
absolue, les chOmages causes par le fait des glaces. Par consequent, la
question du chomage pendant I'hiver perd beaucoup de son interet, au
moins pour nous, puisque celui qui provient du fait des glaces devait
etre a peu pres supprime. Dans tons lcs cas, celle question n'offre pas
la.meme imporlance en France qu'en Allemagne ou les chomages d'hiver
provoques par les glaces sont de tres-longue duree.
M. Fo>"TAi>E. — Vous venez d'aborder la une question bien interessante,
celle de la suppression des chomages causes par les glaces, ou tout au
moins de leur diminution. Ces chomages sont encore de tres-longue duree,
et je n'ai jusqu'ici trouve aucune indication meme pour les reduire :
quandnous avons des glaces de 25 ou 50 centimetres d'epaisseur.nous de-
meurons tout a fait impuissants. Ya-t-ilun moyen de reduire ces chomages?
M. Derome. — Je n'en connais qu'un : c'est de ne pas laisser la glace se
former, ou, si ce n'est pas possible, de ne pas lui laisser alteindre une
epaisseur considerable. A ceteffet, il faut etablir dans le canal un courarit
continu. Ce procede ne peut que retarder la formation des glaces. S'il
arrive qu'elles se forment malgre cetle precaution, il faut lous lcs jours,
matin et soir, et souvent meme plusieurs fois par jour, briser la surface
congelee en employant des brise-glace qu'on fait circuler d'une maniere
permanente dans les biefs.
M. Fo>TAi>'E. — Nous faisons cela pendant plusieurs jours, mais les
glaces arrivent rapidement a une epaisseur telle qu'il n'y a plus moyen,
meme avec des bateaux brise-glace a vapeur.de continuer la lutte contrecet
element. Finalement, nous sommes forces de nous arrcter pendant quatre
ou cinq jours.
Un membre. — Dans quelles conditions employez-vous voire bateau?
M. Fontaine. — C'est un petit bateau a helice. L'helice donne de bons
resultats quand les glaces ne sont pastrop epaisses, mais au dela do 8 a 10
centimetres elle n'a plus d'effet.
M. Clerc. — Je puis vous donner quelques indications au sujet de
I'cmploi d'un vapeur pour briser les glaces dans les canaux etroits. La
rupture se produit par le choc de I'avant du bateau. Yoici comment j'ai
procede.
Je me suis servi d'un petit vapeur de I'Elat que j'ai lance vers le banc de
glace. Quand il arrivait aupres, je I'arretais, et il se produisait des ondula-
lions qui soulevaient la glace, laquelle retonibait brisee. C'est, je crois. Je
moyen le plus pratique : il est d'une application facile dans les canaux.
132 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
M. Fontaine. — J'ai oblenu exactement le meme resultat.
M. LE President. — M. Denys demande a dire iiii mot.
M. De>ys. — Messieurs, je me demande s'il y a lieu de considerer le bri-
sage des glaces com me bien utile, lorsque ces glaces atteignent une epais-
seur un peu notable, 8 a 10 centimetres par exemple, pour fixer les idees.
Pendant plusieurs hivers, nous avons, dans la traversee des Vosges, depense
5 ou 600 francs pour briser les glaces; aucun des bateaux qui stationnaient
dans les biefs n'a voulu se mettre en marche tant que les glaces brisees
restaient coupantes. Les peniches qui constituent la majorite des bateaux
frequentant les voies navigables du Nord et de TEst de la France sont
presque toutes en bois : la moindre eraillure dans leurs bordages tres
minces et souvent un peu vieux constitue une voie d'eau tres dangereuae.
Uiic fois que le degel commence, la glace s'attendrit, ses angles coupants
s'arrondisscnt, et les bateaux peuvent passer avec des epaisseurs de glace
flottante atteignant 8 ou 10 centimetres et meme davantage. Mais quand il
fait froid, quand il gole a 6, 10 et meme 15 degres, comme cela arrive fre-
quemment dans les Yosges,nous avons beau casser la glace, personne n'en
profile; les mariniers restent tranquilles; ils nous regardent memetravail-
ler avec une certaine ironie. lis demandent an conlraire que Ton casse la
glace quand il degele. Alors, les mariniers nous pretentgratuitemcnt leurs
chevaux, ce qui diminue d'autant nos depenses.
En resume, jecroisque, dans les pays ou il gele tres-fort et longtemps, il
n'y a plus d'interct a casser la glace des qu'elle a atteint 6 centimetres, et
qu'il continue a faire froid. Peut-etre d'autres membres dela Section ont-ils
eu I'occasion de faire des observations analogues, et je serais hcureux,pour
mon compte, de connaitre leurs conclusions.
M. Clerc. — Les observations faites sur la Seine concordent exactement
avec celles de M. Denys, sauf en ce qu'il a dit de I'epaisseur des glaces ;
cette epaisseur pent, avec des froids persistants et tres-vifs, atteindre en
deux nuits 4 a 5 centimetres. II n'est peut-etre pas tres utile, pour la circula-
tion immediate des bateaux, de casser la glace, mais ce cassageparait utile
pour hater le moment oil Ton pourra obtenir une reprise de la circulation.
En laissant les choses en I'etat, Tepaisseur des glaces pent atteindre des
dimensions comme celles qu'elle atteint sur lescanauxde Paris en particu-
lier, et il arrive un moment ou le cassage des glaces a la reprise de la cir-
culalion est excessivcment long. Ainsi, sur les canaux de Paris, apres
riiiver de 1890, la circulation n'a pu reprendre qu'une dizaine de jours plus
lard que sur les derivations de la Seine qui sontabsolument assimilables a
des biefs de canaux. Par consequent, lestravaux que nous avions fails pour
ne pas laisser les glaces atteindre une epaisseur trop considerable avaient
etc utiles. Les mariniers ne se sont pas pretes a ce travail, mais les pro-
prietaires, les industriels qui dirigent les Compagnics de navigation nous
avaient offcrl tout leur concours, et etaient intervenus aupres de Icur per-
sonnel pour le determiner a nous aider dans noire travail. Si les mariniers
2' SECTION. - 2' SfiANCK. ^33
ii'ont pas apprecie lout de suite I'utilite de ce travail, les Compagnies de
navioation I'avaient apprecie, el avaient compris que s'il n'offrait pas un
inter^'et immediat, il en presentait un tres-grand pour une ccheance rappro
chee, celle du degel. . .
M. Depsys. — II est fort possible que nos differences d'appreciation tien-
nent a des differences locales. Sur les canaux de la region dc I'Est, il nous
est assez facile de produire, au moment ou le degel vacommencer, unabais-
sement des plans d'eau. A ce moment-la, la glace est fendue sur les bords,
mais elle est encore epaisse au milieu : elle commence par se detacher des
berges, et cet abaissement du plan d'eau, qui ne saurait d'aiUeurs causer
de dommage excessif anx berges, quand celles-ci sont formees de sable ou
de gravier, suffit pour casser la glace, de sorte que nous n'avons pas besom
de I'entretenir cassee pendant vingt, trente et meme cmquante jours de
suite, uniquement dans le but de pouvoir la casser plus facilement au
moment de la reprise de la navigation.
M. Derome. - Je suis d'un avis contraire a celui de M. Denys, en ce qui
concerne le cassage de la glace sur les canaux.
On arrive chaque hiver a maintenir la navigation sur le canal de haint-
Ouentin tant que le froid n'est pas trop intense, en elablissant un assez fort
courant dans les biefs, et en y faisant constamment circuler des brise-glace
traines par des chevaux.
On a soin d'ailleurs d'evacuer autant que possible les glacons par les
ecluses et les deversoirs menages de distance en distance.
Cette derniere precaution est indispensable, car les glacons laisses sur
place se ressoudent rapidement, et ne tardent pas a former des bancs que
les brise-glace ne peuvent plus entamer.
L' evacuation des glagons, qui n'offre aucune difficulte sur les rivieres,
est au contraire fort penible sur les canaux, et il conviendrait, pour faci-
liter cette operation, de multiplier les deversoirs de superficie qui sont
generalement trop eloignes les uns des autres.
"^ Moyennant cette mesure, j'estime que la navigation peut etre inaintenue
sur les canaux sans trop de depenses, tant que Tepaisseur de la glace qui
se forme chaque nuit ne depasse pas 5 ou 0 centimetres.
Les depenses de cette nature sont d'ailleurs largement compensees dans
la region du Nord par les benefices qu'en retirent Tindustrie el le com-
merce.
Les fabriques de sucre et les distilleries font en effet d'imporlanls trans-
ports de betleraves par bateaux pendant le mois de decembre, ainsi que
durant la premiere quinzaine de Janvier, et elles eprouvent des perles con-
siderables lorsque ces transports sont rendus impossibles par des gelees
intenses, comme celles qui se sont produites pendant I'hiver de 1890-1891.
J'estime, d'autre part, qu'il y a d^ordinaire un serieux interet, au moms
sur les canaux du Nord, a continuer le cassage des glaces meme lorsque
la navigation est arrelee. On peut ainsi relablir la circulation des que sur-
134 PROCES-^TRBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
vicnt le degcl, et I'on cvite les frais assez eleves qu'entraine le cassage des
bancs de glace de forte epaisseur, ainsi que la reparation des avaries sou-
vent imporlantes qu'eprouvent les berges du fait de cette operation.
M. Camere. — II y a, en efl'et, une tres-grande difference entre les rivieres
canalisecs ct les canaux au point de vue des glaces.
Voici comment Ton precede sur la Basse-Seine : Tant que les glaces
charriccs ne sont ni dures, ni abondantes, on maintient les barrages debout
de maniere a n'arreter la navigation que lorsqu'il deviendrait imprudent
de laisser ces ouvrages en service. Pendant cette periode, on brise, en outre,
la glace dans les derivations qui accompagnent les ecluses, ou elle lend a
se prendre en masse continue par suite de Tabsence de courant.
Le cassage de la glace dans les derivations a lieu au moyen de bateaux
brise-glace que Ton fait circuler sans interruption dans le chenal, et Ton
se debarrasse des glacons en les eclusant vers I'aval. line fois les barrages
ouverts, la navigation est forcement arretee faute d'un tirant d'eau suffi-
sant, et tout cassage de glace devient, en consequence, sans objet,
sauf :
r Pour maintenir libres de glace les emplacements des barrages afm
d'eviter que des embacles ne puissent s'y former, ce qui serait desastreux
pour la conservation des barrages a fermettes;
2" Pour detruire, au fur et a mesure qu'ils se ferment, les embacles
qui tendcnt a se produire aux passages des ponts, et qui pourraient entrainer
leur chute.
Chercher, pendant cette periode, a maintenir un chenal libre de glace en
vue de permettre une remise en service hative des barrages et diminuer
ainsi le temps d'arret de la navigation, nous parait une operation illusoire
et meme dangereuse, si j'en juge par ce qui s'est passe sur la Basse-Seine
pendant le rigoureux hiver de 1890-1891.
Cette operation est illusoire en ce sens qu'on ne peut esperer maintenir
le chenal ouvert d'une faQon permanente, meme au prix de grands sacri-
rices,si le froidpersiste. Elle est de plus dangereuse, car elle est de nature
a provoquer la formation d'embacles en dirigeant, sur I'aval, des masses
considerables et toujours renouvelees de glacons, avant que leur ecoule-
ment ou leur fonte soil assuree dans les parties inferieures de la riviere.
Je puis citer, a I'appui de cette opinion, ce qui s'est passe dans la partie
de la Seine comprise entre Elbeufet Rouen, et dont le mouillagen'est assure
par aucLin barrage.
Non seulement il fut impossible de maintenir un chenal permanent
malgre I'emploi de trois vapeurs amies pour briser les glaces, et circulant
constamment entre ces deux villes, car les glapons se ressoudaient au fur
ct a mesure, mais cette operation dut etre arretee sur la demande des inge-
nieurs du port de Rouen, ou les glaces descendant d'amont tendaient en
etleta s'accumuler d'une maniere dangereuse pour les naviressous Taction
du flot et du jusant.
2' SECTION. — 2^ SeA>XE. • 155
La question devient toute differente lorsquc le degel s'annonce et com-
mence; a ce moment-la, il y a un interet capital a faire ecouler les glaces
afin de permettre a la navigation de reprendre le plus rapidcment possible.
Pour obtenir ce resultat, j'ai employe, siir la Basse-Seine, pendant Thiver
1890-1891, la dynamite etla melinite dans les endroils ou la glace formait
embacle ou occupait des bras entiers; j'ai meme eu recours au sciage de
la glace pour preparer I'evacuation du chenal.
En resume, j'estime que, sauf pour maintenir libres de glace les barrages
a fermettes en vue d eviter qu'il puisse s'y former des embacles cxtr6me-
ment dangereux pour leur conservation, et pour detruire les embacles
aux abords des ponts, on ne doit attaquer les glaces qu'au moment ou la
debacle est proche, de fa^on a I'aider en provoquant la dislocation des
glaces dans les bras completement pris, ainsi que celle des embacles sur
tous les points ou ils tendent a se former, en commengant ces operations
par I'aval, de fagon a ce que les glaces venant d'amont trouvent toujours
un passage assure.
Vouloir maintenir d'une maniere permanente pendant toute une
longue periode de froid un chenal libre, me parait, au moins sur la
Basse-Seine, 6tre une operation sans utilite, presenlant pen de chance de
succes, meme au prix de grandes depenses, et n'etant pas exempte de
danger.
M. Fo>TAiNE. — Est-ce que nous ne pourrions pas prier le prochain
Congres d'etudier cette question-la?
Toules les fois que nous sommes pris par la gelee, nous manquons d'eau
dans nos reservoirs; nous n'avons plus le courant suffisant; de plus, les
mariniers, craignant d'etre arretes au milieu de leur Irajet, neveulentplus
voyager du tout. II y a cependant des bateaux presses qu'on nous demande
de faire passer quand meme.
Je crois que la question est asscz interessante et assez importante pour
etre signalee au prochain Congres.
M. Derome. — La question dont il s'agit me paraitrait devoir etre elargie
de maniere a comprendre nolamment I'etude des dispositions qu'il serait
possible d'adoptei- pour maintenir les barrages mobiles en service durant
les gelees ordinaires, malgre le charriage des glaces.
J'ai eu I'occasion d'etablir sur la Moselle un certain nombre de barrages
du systeme Poiree, et j'ai pu les laisser parfois debout pendant plusieurs
jours, sans abaisser la retenue des biefs, bicn que la riviere charriat abon-
damment, moyennant le sacrifice de quclques aiguilles et d'une ou deux
fermettes par barrage.
On pourrait sans doute aller plus loin dans cette voie, et eviter ainsi tout
chomage du fait des glaces sur les rivieres canalisees, sauf le cas de gelees
exceplionnelles.
La question me parait assez interessante pour 6tre soumise au prochain
Congres avec celle dont nous a entretenus M. Fontaine.
loG PIlOllES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
M. Fontaine. — Ce sont des questions qui n'ont pas ete abordees d'une
fa^on bien complete jusqu'ici.
Un memhre. — II y a une autre question. Les bateaux, les peniches ontre
autres, qui sont assez sensibles a Taction des giaces, peuvent se proteger
au moyen d'une petite armature mobile. Elles ne peuvent pas briser des
giaces de 5, 6, 7 et 8 centimetres d'epaisseur ; mais si ces giaces sont
brisees, il n'y a plus qu'a les entrainer, et je crois que, moyennant certaines
precautions, quelques armatures provisoires, elles peuvent tres-bien con-
linuer a marcher. II arrive evidcmment un moment ou elles ne le peuvent
plus; mais nous arrivons a retarder ce moment pendant un certain
nombre ^e jours, et meme quelquefois pendant toute la duree de gelees.
II y a la une serie de questions extremement interessantes, et j'appuie la
proposition de M. Fontaine ayant pour but d'en saisir le prochain Congres.
M. Fontaine. — J'ajoute que c'est le seul cliumage qui me preoccupe :
je ne vois pas de chomage serieux en dehors des giaces.
M. Clerc. — La possibilite de maintenir les retenues libres est absolu-
mcnt realisable. Au barrage de Poses, j'ai obtenu ce resultat par une
petite gelee simplement au moyen de la man(]euvre du rideau. La charge
qui restait sur le barrage etait tres-faible.
C'est un fait que je tenais a indiquer au Congres, puisque M. Der6me a
souleve la question.
M. ScHROMM, — Permettez-moi, Messieurs, de vous dire deux mots au
sujet des bateaux brise-glace de Hambourg. Ce sont des bateaux a vapeur
d'une capacite de 2 000 tonnes. lis sont construits de telle fagon que la
pariie avant est destinee a etre remplie avec de I'eau : il y a a cet efl'et un
reservoir d'une capacite de 1000 tonnes: on remplit I'avant du bateau
avec ce poids enorme de 1 000 tonnes, et on le fait marcher au-dessus de
la glace. J'ai vu briser par ce procede des giaces de 30 centimetres
d'epaisseur. Cela revient assez cher, mais a Hambourg la depense importe
pen ; aussi ne peut-on guere employer ce procede que dans les fleuves,
abstraction faite des canaux.
J'ai cru devoir vous faire cette communication, d'aulant plus que la
question me semble devoir etre remise au prochain Congres.
M. Denys. — M. Camere a parte tout a I'heure du sciage des giaces. J'ai
essaye ce procede-la, il m'a paru un peu long. Je serais bien aise de savoir
comment il s'y est pris.
M. Camere. — C'est dans la derivation du barrage de Bougival, imme-
diatement en amont de cet ouvrage, que I'operation a etc faite sous la
direction de M. I'ingenieur Jozan. Nous avions d'abord eu recours aux
explosifs pour debarrasser le bras de Marly de ses giaces, mais nous avons
cru prudent de ne plus les employer* en cet endroit, dans la crainle de
nuire aux ouvrage's.La glace etait sciee en remontant le bras suivant deux
alignements distants de 4 melres; la bande de glace ainsi formee etait
ensuiie recoupee par des traits de scie diriges perpendiculairement, puis,
2- SECTION. - '2' SE.VNCE. 1^7
aumoyen de crocs, Ton faisait passer les glaQons ainsi detaches sous les
rives de glace, de maniere a debarrasser le chenal a ouvrir.
Comme prix de revient, ce mode d'operation a ete pliit6t moms onereux
que celui base sur Temploi d'explosifs. La manoeuvre est loutefois plus
lente, car avec les explosifs on peut plus facilement multiplier les pomts
d'attaque.
M Denys. — Quelle epaisseur avail la glace?
M CvMERE. - 55 centimetres. J'ajoulerai que Ic sciage de la glace, en
permetlant de la debiter en fragments pen volumineux, est tres-avanta-
o-eux pour assurer la prompte fusion des glacons au moment de la debacle,
ce qui ne manque pas d'interet au point de vue du degagement r^^pide de
1*1 riviere
M. Delocre. - J'ai souvent redechi a cette question, qui n'a peut-etre
pas ete suffisamment eludiee jusqu'ici.
Avec le sciage, on a I'avantage de pouvoir fairedes blocs tres-reguliers,
et de proportionner son sciage de fagon a faciliter la decollation: tandis
qu'avec les explosifs il n'en est pas de meme, on ne peat que vaner la
charge. Aussi sont-ils a pen pres inutilisables sur les canaux, ou 1 on ne
saurait, ie crois, tirer aucun parti de la dynamite. ^
M. Fontaine. - Je persiste a penser que cette question n a pas ete sut-
fisamment etudiee jusqu'ici.
M Camere. - Je suis persuade que le sciage est une operaUon pratique,
du moins sur la Seine. J'ai du reste mis a I'etude un projet de petit bateau
muni d'une scie a vapeur pour cet usage.
M LE President. - Je crois qu'au point de vue des glaces, nous sommes
tons d'accord pour renvoyer a I'etude d'un prochain Congres les moyens
de s'en defaire, notamment en les coupant ou en les brisant.
La conclusion me semble devoir elre la meme, quant a la question de
savoir comment on pourrait armer les peniches et les bateaux de fa?on
a leur permcltre de marcher quand les glaces sont dans un certain
etat de cohesion ou quand elles out ete simplement cassees. [Assenti-
ment
M. Fontaine. - L'altention da prochain Congres devra etre tout specia-
lement appclee la-dessus. .
M LE President. - Puisque personne ne s'oppose a une conclusion
redioee dans le sens que jc viens d'indiquer, je ferai observer a la Section
quc^cette question des. glaces nous a entraines un pen loin; nous avons
pris en quelque sorle la tangente, et je crois qu il scrait utile de revenir
a notre point de depart, c'esl-a-dire a I'epoque des chomages.
M Derome. - Si Ton fait abstraction de la saison dhiver, il reste a
choi'sir, pour les chomages, I'epoque la plus favorable durant la periode
demars a octobre. ,. ., • ^..
11 y a lieu d'ccarter d'cmblec les mois de mars et d avnl, en raison dt.
crucs plus ou moins fortes qui se produisent habituellement pendant ces
158 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
deux mois sur la plupart des rivieres canalisees, et rendent souvent tout
travail impraticable.
Les mois de septembre et d'octobre ne pourraient 6(re adoptes sans leser
gravement les interets de Tindustrie sucriere, et par suite ceux des popu-
lations agricoles de la region duNord.
Les mois de mai et de juin sont propices aux chomages des canaux,
mais ils ne repondent pas aux inter6ts du service technique des rivieres,
non plus qu'a ceux du commerce.
Les mois dejuillet et d'aoiit sont, au contraire, favorables a ces inte-
rets, mais leur adoption compromettrait le remplissage des canaux dans
les annees seches.
La question de I'epoque a choisir pour les chomages est, par suite, fort
delicate.
Elle se trouve actuellement tranchee en ce qui concerne les canaux ct
les rivieres canalisees qui relient la France, I'Allemagne ct la Belgique,
par la convention internationale du 8 octobre 1887, qui fixe le 15 juin
comme date initiate, et assigne par suite aux chomages d'un mois la
periode moyenne du 15 juin au 15 juillet, « sauf les derogations comman-
dees par des situations parliculieres ou des besoins exceptionnels. »
Cette solution me parait concilier autant que possible tous les interets
en jeu, et j'estime qu'il y a lieu de I'adopter pour I'ensemble du reseau
dans les annees ordinaires.
II conviendrait d'ailleurs :
1° De retarder jusqu'en juillet I'origine des chomages a la suite des
hivers exceptionnellement longs et rigoureux, ainsi qu'on I'a fait en 1891 ;
2° D'avancer la date initiate jusqu'au l^' juin durant les annees de grande
secheresse, ou Ton aurait a craindre de ne pouvoir remplir commode-
ment en juillet les biefs superieurs des canaux a point de partage.
Telles sont les conclusions que je propose de soumettre au vote de la
Section quant a I'epoque des chomages.
M. LE Presidem. — Quelqu'un demande-t-il la parole?
M. Delocre. — Je crois que les conclusions formulees par M. Der6me
sonttres-sages.
M. le President. — II ne nous reste plus, alors, qu'a mentionner au
proces-verbal que la Section a 6te unanime pour les sanctionner.
Nous arrivons maintenant a la duree des ch6mages, c'est-a-dire au troi-
sieme point.
M. Derome. — La duree des ch6mages annuels a varie depuis quatre-
vingts ans entre des limites tres-etendues ; elle depassait souvent trois mois
au temps jadis lorsqu'on avail a executer quelque travail important.
Le canal de Saint-Quentin notamment a chome, pendant cent jours par
an, de 1828 a 1831 ; les chomages de ce canal ont ete ensuite uniforme-
ment de deux mois jusqu'en 1849, et la duree en a ete reduite a un mois
pour chacune des onze annees suivantes.
2^ SECTION. — 2= SEANCE. 139
D'autre part, la periode de 1861 a 1880 comprefid neuf ch6inages bisan-
niiels de vingt jours, et la navigation n'a pas ete interrompiie pendant les
onze annees intermediaires.
Depiiis 1881, le canal a chome regulierement un mois par an, en raison
des importants travaux executes chaqiie annee pour Tamelioration de cette
voie navigable.
Les chomages des autrcs sections de la ligne de la Belgique vers Paris,
ont ete progressivement reduits dans la meme proportion que ceux du
canal dc Saint-Quentin : ces sections n'ont egalement chome que vingt
jours tons les deux ans durant la periode de 1861 a 1880.
II n'y a eu par suite, pendant toute cette periode, sur Tensemble des
lignes de Mons et de Charleroi vers Paris, que des chomages bisannuels de
moins de ti'ois semaines.
Ces deux lignes n'ont^donne lieu a aucun travail important durant les
vingt annees dont il s'agit ; mais elles ont ete entretenues d'une maniere
assez salisfaisante pour suffire aux besoins d'un trafic qui s'est progressi-
vement eleve jusqu'a 1 800 000 tonnes.
Ce fait demontre qu'il est possible d'assurer I'entretien normal des canaux
et des rivieres canalisees de la region du Nord avee des chomages bisan-
nuels de vingt jours.
Les chomages annuels de trente jours adoptes depuis 1880 pour la ligne
deMons a la Seine ont permis d'executer sur cette ligne d'importants travaux
d'amelioration dont le montant depasse actuellement 10 000 000 de francs.
Ces travaux comprennent notamment la transformation de 45 ecluses,
dont la longueur a ete augmentee de 6 a 7 metres et qui ont ete munies
d'aqueducs de remplissage, ainsi que d'aqueducs de vidange. Cette opera-
tion a generalement presente d'assez serieuses difficultes en raison de la
nature da sol. El!e a ete effectuee, pourchaque ecluse, en deux campagnes
successives ; les fondations ont necessite un premier chomage, et Ton a
execute les maconneries en elevation au chomage suivant.
Le m^me precede parait pouvoir etre employe pour tous les travaux
d'amelioration que comportent les canaux de la region, et j'estime qu'il est
toujours possible de les mener a bonne fin avec un ou plusieurs chomages
annuels de trente jours.
Cette duree constitue d'ailleurs, a mon avis, une limile au-dessous de
laquelle il n'est guere possible de descendre pour des travaux d'une cer-
taine importance, la vidange et le remplissage des biefs, I'organisation des
chantiers, les pertes de temps occasionnees par les pluies, les fetes locales
et les exigences des ouvriers reduisant d'ordinaire d'un tiers au moins le
nombre des jours de travail effectif.
Mais I'entretien normal des canaux dont il s'agit pent etre assure, soil
comme je I'ai expose tantot, avec des chomages bisannuels de vingt jours,
soil avec des chomages annuels d'une dizaine de jours.
Cette derniere solution me parait de beaucoup la plus avantageuse a
1 10 PROCES-VERBAllX DES SEANCES DES S. CTIONS.
tous egards. Elle permct, en eflet, de proceder plus fiequcmmcnt a la visile
des biefs et a la conslatation do Tetat des ouvrages, de reparer Ics degra-
dations avant qu'elles se soient notableinent aggravees, et de prevenir
ainsi les avaries de nature a entrainer des chomages accidenlels, tout en
assurant dans de meilleures conditions la marche reguliere de la naviga-
tion pendant le reste de la campagne.
J'ai deja fait reraarquer, d'auire part, qu'un chomage de dix jours n'oc-
casionne aucune gene serieuse au commerce, quand il a lieu a une epoque
convenable et qu'il est annonce longtemps a I'avance.
J'ajoutcrai que les rnariniers savent employer utilement les chomages
de courte duree pour remettrc leurs bateaux en bon etat et effectuer le
goudronnage annuel qu'ils exigent.
Un chomage de dix jours ne pent d'ailleurs leur causer un grave preju-
dice, puisqu'ils accordent d'ordinaire a leuis clients une quinzaine de jours
de planche pour le chargement et le dechargement des marchandises.
Dans ces conditions, je suis d'avis qu'il y a lieu d'adopter les conclu-
sions suivantes en ce qui concerne la duree des chomages :
a L'entretien normal des canaux et des rivieres canalisees assimilables
« aux canaux pent etre assure d'une maniere generale, sauf certains cas
« exceptionnels, par des chomages annuels de dix jours.
« Les travaux d'a melioration auxquels donnent lieu ces voies navi-
« gables n'exigent pas normalement de ch6mage d'une duree superieure
« a trente jours. »
M. MoLiNos. — La realisation des idees que vient d'exposer M. Derome
serait tres-desirable. Si nous pouvions arriver a un chomage annuel reduit
a dix jours, personne ne pourrait se plaindre.
Je suis persuade aussi que dix jours tous les ans vulent mieux que vingt
jours tous les deux ans. Le Congres ferait ceuvre utile s'il voulait bien
voter une resolution demandant que toutes les mesures soient prises,
ainsi que le reclamait tout a I'heure M. Derome, afin de reduire les cho-
mages a une dizaine de jours. Ce serait un progres enorme sur le present;
je puis meme ajouter que ce progres serait suffisant : il n'y aurait plus
rien a reclamer apres cela. Nous sommes loin a I'heure actuelle de ce desi-
deratum : nous en sommes toujoursaux chomages d'un mois. C'est beau-
coup trop; j'estime qu'il faut sortir au plus tot de cette situation.
M. Dekome. — 11 demeure bien entendu que cette fixation des chomages
a dix jours annuellement ne saurait etre appliqu6e qu'a partir de I'ache-
vement des travaux d'amelioration en cours. D'ailleurs, j'ai pose en priri-
cipe qu'un mois suffisait pour executer des travaux de toute espece.
M. MoLI^os. — II ne faut pas regarder a des supplements de depense
quand il s'agit de gagner du temps. Les appareils a air comprime vulga-
rises aujourd'hui sous bien des formes permettent de reconnaitreles dom-
mages et de travailler a les reparer sans vider les biefs. Ce precede est, a
coup sur, un pen plus cher ; mais il faut avoir egard au mouvement enorme
2« SECTION. — 2= SEANCE 141
dc la navigation, et a I'importance qne presentc la reduction des chomages.
C'est la une question capitale, et je crois que, pour la resoudre, il ne faut
pas s'arreter devant une augmentation de depense, pourvu qu'ellc soit
bien employee.
M. Fo>TAiNE. — Cette augmentation n'est d'ailleurs pas tres-considerable.
M. MoLLNos. — Tel est le voeu que nous pourrions emettrc. J'ai la convic-
tion qu'il rendra de grands services a la batellerie et au commerce, et je
suis heureux de voir tout le monde d'accord sur la possibilite de Ic realiser.
M. FoNTALNE. — II y a la du reste tout un programme, et peut-etre serait-
il bon d'examiner maintenant les divers procedes permettant d'arriver a
la reduction tant souiiaitee des chomages.
M. Derome. — Les deux choses se tiennent : la Section pourrait peut-etre
consacrer une deliberation speciale a I'examen que vient de proposer
M. Fontaine.
Nous discutous en ce moment la question de la durec normale des clio-
m.ages; il y en a une autre qui s'y raltache tout naturellement : je veux
parler des moyens propres a arriver au but poursuivi. II scrait a coup sur
tres-ulile que cliacun des ingenieurs etrangers qui sont ici vouliit bitn
nous faire connaitre les procedes employes chezcux pour arriver a rcduirc
les chomages aulant qu'il est possible de le faire.
M. r.E Pbe-ident. — Quelqu'un demande-t-il encore la parole ?
11 ne reste plus maintenant a la Section qu'a statuer sur le vceu indiquc
par M. Molinos.
Personne ne s'y oppose ?. . . -
Je vous proposerai done de nous ajourner a domain matin, a 9 heures.
Voici quelle est la composition de notre ordre du jour :
Suite de la discussion sur la 5" Question. Rapports dc MM. Mazoyer et
Mailliet.
Ces messieurs pourront prendre la parole demain.
Nous aborderons ensuitc la C Question : Traction des bateaux sur les
canaux et les rivieres canalisees.
A ce propos, je dois informer la section que M. Gaillot a remis une com-
munication sur un mode de traction elect rique dont il est I'auteur, et a
demande la parole pour la developpcr.
La seance est levee a 11 heures 25.
U2 PROCES-\ERBALX DES SEANCES DES SECTIONS.
TROISIEME SEANCE
Samedi 23 Juillet (matin).
Presideince de M. BUQUET
La seance est ouverte a 9 heures.
M. le President. — Messieurs, M. Derome a bien voulu hier commencer
rexamen des questions principales que nous avons a tiaiter. M. Mailliet
accepte de continuer cct expose ce matin.
M. Le Chatelier. — Je vous demanderai la permission, Monsieur le Pre-
sident, de presenter en deux mots a la Section quelques observations rela-
tivement aux resolutions prises a la seance d'hier, et tendant a elargir un
peu les indications du voeu qui a ete emis.
II me semble que la question de la possibilite d'executer certains Ira-
vaux pendant les chomages de gelee, est extremement interessante pour
tout ingenieur qui a la charge d'assurer I'entretien d'un canal. Elle n'a
ete qu'effleuree hier, et je crois qu'il serait d'un Ires-grand inlcret que
d'ici au prochain Congres la plus gi'ande quantite possible de documents
flit rcunie au sujet, non seulement des conditions techniques dans les-
quelles ces Iravaux peuvent s'executer, mais egalement des conditions
financi^res a realiser pour les accomplir.
Dans cet ordre d'idees, j'ai I'honneur de proposer a la Section d'emettre
le voeu suivant :
« La 2" vSection emet le vceu que des renseignements soient reunis
« pour le prochain Congres sur les conditions techniques -et pecuniaires
« d'execution des travaux pendant les chomages de gelee, notamment en
« ce qui concerne les travaux de maconnerie. »
M. LE President. — Personne ne s'oppose a I'adoption du voeu qui vient
d'etre lu ?
Le voeu est adopte.
La parole est a M. Mailliet.
M. Mailliet. — Messieurs, nous avons passe en revue hier la necessite,
I'epoquc et la duree des chomages ; il nous reste a examiner maintenant
la question de leur simultaneite ou au contraire de leur echelonnement.
Cette question demande a etre etudiee au double point de vue du remplis-
sage des biefs et du Irafic.
Lorsque le chomage se fait avec baisse d'eau, la remise a flottaison
pent exiger beaucoup de temps et offrir des inconvenients tres graves a
cause du remplissage. Dans ce cas, on peut etre amene a echelonner des
Q'' SECTION. — 5' SEA.\CE. 143
chomages. C'est ce que nous faisons sur le canal de Charleroi h Bruxelles
ou les eaux sont generalement rares.
C'est principalement pour les voies navigables ou la duree des transports
est de plusieurs semaines, qu'il y a lieu d'etudier le choix a faire enlre la
-simultaneite et rechelonnement des dates de chomage. Sur la ligne de
Charleroi a Paris par la Sambre, on a pendant longtemps pratique reche-
lonnement; mais ce systeme a ete abandonne depuis 1884.
Je crois qu'en pratique il est preferable d'avoir des chomages simul-
lanes dans un meme reseau. En effet, aussi longtemps que la circulation
est interrompue sur un point quelconque, il y a trouble general dans le
reseau tout entier, et cot inconvenient doit etre evite a tout prix. D'une
maniere generate, nous n'avons plus actuellement en Belgique que des
chomages simultanes dans chaque reseau.
La Section pourrait peut-etre se prononcer sur la question de savoir si
les chomages doivent etre simultanes ou echelonnes.
M. Delocre. — La Commission des chomages du Ministere des Travaux
Publics, a emis tres-fermement I'opinion qu'il ne fallait pas les echelonner,
precisement pour la raison que vient d'indiquer M. Mailliet, a savoir que
ce systeme aboutit en somme a faire persister le chomage partout pendant
sa duree totale sur le reseau, depuis le commencement, a un bout, jusqu'a
la fin, a un autre bout.
C'est aussi I'avis etnis au sein dela Commission Internationale.
M. LE Phesidem. — Tout le monde me parait d'accord sur ce point-lii.
Tous les rapports rcQus aboutissenta la meme conclusion, et la convention
inlernationale passee entre la Belgique, la France et I'AUemagne admct
egalement ce principe.
M. Derome. — L'experience a du reste confirme de tout point les obser-
vations de M. Mailliet.
Le systeme de I'echelonnement a ete pratique sur une grande echelle,
entre la Belgique et Paris, de 1849 a 1885, tant sur la ligne de Mons que
sur celle de Charleroi.
Ces deux ligncs se pretaient le mieux possible au fonctionnement du
systeme, les houilleres de Belgique, du >'ord et du Pas-de-Calais leur pro-
curant dans la direction de Paris un trafic de beaucoup superieur a celui
qu'elles desservent dans la direction opposee. Malgre cette circonstance
cminemment favorable, I'echelonnement des chomages a presente sur ces
deux lignes de graves inconvenients.
II partaiten effet de la frontiere, a I'approche des chomages, un nombre
de bateaux descendants notablement superieur au debit normal des eclu-
ses, le sens conventionnel de la descente correspondant a la direction de
la Belgique vers Paris. Ces bateaux s'accumulaient par suite dans les biefs,
etl'on se Irouvait oblige, pour les faire passer en temps utile, d'arreterles
bateaux montants une semaine au moins avant I'ouverture du chomage,
ce qui encombrait le chenal, et retardait encore la maiche des avalants.
144 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
Ccs derniers parvenaient neanmoins a gagner Paris avant la baisse des
caiix ; mais ils ne pouvaient rcvenir aux rivages houillers que plus de
deux mois apres la reprise de la navigation. Et les expedileurs ne dispo-
saient pendant cette periode que d'un nombre de baleaux vides absolu-
mcnt insuffisant ; aussi le fret s'elevait-il d'ordinaire de 20 a 25 pour 100*
a la suite des chomages echelonnes.
Or, tons ccs inconvenients ont disparu dcpuis que le systeme de la
simultaneitc a ete substitue en 1884 a celui de recbelonnement. La navi-
gation continue sa marche normale jusqu'a la \eille des chomages ; les
ecluses ont cessc d'etre encombrees, et les bateaux montants ne sont plus
arretessept ou huit jours a I'avance.
D'autre part, les bateaux vides arrivent en temps utile aux ports de
chargcment, et le fret ne subit plus de hausse exageree lors du retablisse-
ment de la navigation.
M. LE President. — Personne ne demandant la parole, j'en conclus que
nous sommes tous d'accord, et je crois qu'il n'y a aucune espece de desi-
ratum a formuler sur ce point. {Assent iment.)
iM. Mailliet. — Nous passons par consequent au quatricme point :
Recherche des moycns propres a reduirc la frequence et la duree des cho-
mages.
Je crois qu'il faudrait d'abord cherchcr le moyen d'evitcr les causes
des chomages. Sur nos nouveaux canaux beiges, ils sont beaucoup moins
frequents que sur les anciens qui sont en mauvais etat. Je crois, quo pour
eviterautant que possible les causes des chomages, il fuut tout d'abord
construire les ouvrages avec beaucoup de solidite, et eviter de placer dans
les parements exterieurs des materiaux qui se deteriorent. On a eu le tort,
en Bclgique, de faire beaucoup de bajoyers d'ecluses en ma{;onnerie de
briques. Ce genre de magonnerie se boursoufle a la suite des gelees, et
exige, au bout de dix ans, des reparations qui, natiirellement, entrainent
des interruptions de la navigation. On a renoncc, depuis, a cette economic
mal entendue, el on fait maintenant les parements des nouvelles ecluses
en moellons bien resistantscontre les gelees. C'est generalement en hiver
que nos ouvrages se deteriorent : nos ecluses et nosponts-canaux resistent
mal a Taction de la gelee. Ujie bonne precaution a prendre pendant que la
navigation est interrompue a cette epoque, c'est de tenir le niveau d'amont
, dans le sas des ecluses, afm de souslrairc une grande partie des bajoyers
a Paction des gelees.
Les ponts-canaux, je I'ai dit, resistent, eux aussi, tres-difficilement a
Taction du froid. La prijicipale mesure preventive que Ton puisse prendre
est de casser la glace lout le long des bajoyers. L'emploi des ouvrages
metalliqucs est aussi a recommander. 11 est bon egalement de vider le
canal, quand la navigation doitetre interrompue par la gelee : a cet etfet,
nouspla^ons, a Tamont, des portes de garde qui nous permettent d'eva-
cucr Teau du pont-canal.
2' SECTION. — 5'= SEANoE. 115
J'ai cite le cas qui s'est produit en Belgique d'une pression accentuee se
faisant sentir sur certains ouvrages d'art, sur des ecluscs etablies dans
Ics terrains houillers. II se produit la un mouveinent considerable : les
ecluses se lezardent, et nous avons ete bien souvcnt obliges d'arreter la
navigation pour ce motit. 11 faut done, autant que possible, se tenir en
dehors de I'influence des endroits charbonniers.
Un moyen radical d'eviter les chomages, ce seraii d'avoir des canaux a
double Yoie et des ecluses jumelles; mais ce sont la des.travaux qui occa-
sionnent de grosses depenses, et que Ton ne pent entreprendre, par con-
sequent, que dans des cas bien rares, lorsqu'il s'agit d'un trafic tres-intense.
Dans le but de reduire la duree et la frequence des chomages, il y a lieu
d'exaniiner le genre de materiaux a employer. II serait interessant de
savoir, par exemple, si la porte d'ecluse en fer est une cause de moindre
chomage que la porte d'ecluse en bois. Je n'ai encore pu faire une expe-
rience bien concluante sur le fer. Je n'ai qu'un seul ouvrage de cette
nature; il est etabli depuis dix ans, et s'est toujours Ires bien comporte
jusqu'a I'heure actuclle; mais cette experience n'est pas assez tongue. Si
quelqu'un parmi vous, Messieurs, a eu I'occasion de faire cette compa-
raison entre les portes d'eclusesen bois et celles en fer, je lui serais recon-
naissant de vouloir bien m'en faire connaitre le resultat.
M. Delocre. — Le Conseil General des Ponts et Chaussees est d'avis que
les portes d'ecluses doivent elre faites avec I'ossature en fer et le borde en
bois, attendu que les ecUisiers peuvent reparer un bordage en bois, tandis
que si la porte de fer regoit un choc qui produise un accroc dans les toles,
il devient tres- difficile de faire executer la reparation : il faut aller cher-
cher un forgeron, et il y a des pays ou il n'y en a pas. Voila pourquoi —
au moins pour les ecluses ordinaires — le Conseil des Ponts et Chaussees
pousse a ne faire que des portes avec ossature en fer et borde en bois.
Je reconnais cependant qu'il a ete conslruit dans le canal du Centre de
tres-belles portes en fer. Si M. Fontaine etait la, il pourrait nous renseigner
sur ces travaux dont il est I'auteur, mais il les a faites avec un assez grand
luxe : elles sent en tole galvanisee.
M. Mailliet. — Et ces portes existent depuis plus de dix ans?...
M. Delocre. — II y en a dans ce cas, mais tres pen.
M. Maurice Levy. — H y a dans mon service, notamment sur le canal de
Saint-Maur et sur celui de Saint-Maurice, des portes d'ecluse complelement
en fer avec bordages en tole, et qui out une trenlaine d'annees d'existence.
II n'y a d'ordinaire aucun travail de reparation a y faire. L'annee derniere
seulemeni, nous avons du executer une reparation generale et uniforme
a pen pres a toutes ces portes-la. Sur tout le pourtour des ventelles, les
loles s'etaient brisees, et cela n'a rien d'etonnant. II est assez facile de
comprendre, en effet, que, par suite du mouvement de I'eau, la tole des
ventelles eprouvc des oscillations qui fmissent par la rompre sur tout son
pourtour. Nous avons consacre a ce travail ordinaire un chomage.
10
146 PROGES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
J'estime que ces portes resisteront encore pendant une dizaine d'annees
sans eprouver le moindre degat et sans exiger d'entretien sensible, etje
crois fermement que les porles completement en fer sont tres-recomman-
dables au point de vue de la suppression des chomages.
M. Mailliet. — Les fourrures des poteaux busques et des tourillons se
sont bien conservees?
M. Maurice Levy. — Absolument.
M. Mailliet. — Je crains toujours que ce ne soitpar ces fourrures que des
causes de deteriorations ne viennent a se produire. Cela doit s'abimer
assez vite.
M. Maurice Levy. — Elles se sont tres-bien coraportees, et il n'y a pas
de raison, si elles sont bien appliquees contre le metal, pour qu'elles ne
se comportent pas aussi bien que les poteaux busques eux-menies des
portes en bois, avec I'avantage de se remplacer tres-facilement.
Je Ic repete, partout ou les portes en tole ont ete employees, on en a
toujours ete tres-satisfait : jamais elles n'ont occasionne de chomages.
M. Mailliet. — Pas meme par suite des chocs des bateaux?
M. Maurice Levy. — II est bien rare qu'il se produise des chocs contre
les portes. On parte toujours de cet inconvenient, mais, enrealite, il se pro-
duit tres-rarement. II est peu frequent que les courants d'alimentation
soient assez forts pour que les bateaux ne puissent pas se diriger. Meme
dans les rivieres, ils le peuvent. J'ai dans mon service des barrages defec-
tueux a ce point de vue, oii les ecluses sont tres-mal placees; voila dixans
que j'ai le service de la Maine, il n'y a jamais eu d'accidents dus a des
chocs de bateaux a I'entree de ces ecluses; a plus forte raison ne peut-il
guere s'en produire sur les canaux.
Je crois done qu'il faut considerer comme nulle cette cause de deterio-
ration des portes, et pour ma part je prefere de beaucoup les portes com-
pletement en fer au systeme adopte depuis quelques annees par le Conseil
General des Fonts et Chaussees, qui preconise I'emploi d'une charpente en
fer avec bordage en bois. Je suis meme persuade que le bordage en bois
durera beaucoup moins longtemps sur une charpente en fer que sur une
charpente en bois : bois sur fer a moins de solidite que bois sur bois,
parce que le bois s'echauffe au contact du fer, et je serais d'avis d'employer
ou des portes completement en bois ou des portes completement en fer.
Pour les petites ecluses, les portes en bois font un tres-bon service.
Au surplus, ce ne sont pas, en regie generate, les portes d'ecluses qui
causent les chomages : en principe, toutes les portes sont bonnes, a mon
avis, pourvu qu'elles soient bien construites; mais j'aime mieux carre-
ment et franchement, soit des portes en bois, soit des portes en fer.
Un membre. — II s'est produit au canal de Saint-Maurice des corrosions
dans les bordages par I'effet de coquillages qui s'etaient fixes contre les
bords. II me semble avoir lu dans I'ouvrage de M. Guillemain le recit d'un
accident de cette nature; on fut alors oblige de changer un certain nombrc
2' SECTION. — 3' SEANCE. 147
de feuilles de tole des bordages qui s'etaient corrodees par I'effet de ces
coquillages.
M. Maurice Levy. — Si cet accident s'est produit, c'est bien avant que
j'aie pris possession du service, et il me surprend, car les coquillages sont
plutot de nature a conserver le fer. Mais il est evident que M. Guillemain
n'a pas dii etre aussi satisfait que moi des portes avec bordage en tole,
puisqu'il a eie le proraoteur du systeme adople aujourd'hui par le Conseil
General des Fonts et Chaussees, et qu'il a employe des portes mixtes dans
le projet d'amelioration du canal de I'Aisne a la Marne qui etait dans son
service et qui est aujourd'hui dans le mien. Ces portes ne se comportent
pas mal; mais, elles sont trop recentes pour qu'on puisse les juger. Je
crois au surplus, comme je I'ai dit tout a I'heure, que toules les porles
sont bonnes Ce n'est pas d'elles que proviennent les causes les plus fre-
quentcs de chomage, mais plutot des parements de magonneries des
ecluses. J'ai la conviction qu'on ne saurait trop depenser pour obtenir des
parements exlremement soignes et resistants.
M. Mailliet. — Nous avons cependant en Belgique des canaux ou il ne
se produit de chomage que pour renouveler les portes.
M. Maurice Levy. — Ellcs ont peut-etre ete mal construites : je crois
que des portes solidement construites, qu 'elles soient en bois, en fer ou
mixtes, donneront rarement lieu a des reparations necessitant des cho-
mages. Si vous employez de mauvais bois, il est evident que des accidents
peuvent survenir, mcme en temps ordinaire; mais si les materiaux ont
(ile de premier choix, il n'arrive pas d'accidents, il ne doit pas en arriver.
M. Derome. — II existe de nombreuses portes en bois sur la ligne de la
Belgique vers Paris. Elles desservent, en general, des ecluses de 5 m. 20
de largeur qui fonctionnent jour et nuit, et resolvent plus de '20000 bateaux
par an.
Ces portes sont, par suite, exposees a des chocs incessants, et sup*
portent des fatigues tout a fait exceptionnelles ; elles se comportent
cependant d'une maniere tres satifaisante, et durent en moyenne de
25 a 50 ans.
Mais ce resultat implique certaines sujetions : il est indispensable que
les bois mis en oeuvrc soient d'excellente qualite, faute de quoi la duree
des portes pent se trouver reduite de plus de moitie.
Les vantaux doivent etre repeints tons les ans, ou au plus tard tous les
deux ans: el il faut avoir grand soin de reparer en temps utile les avaries
qui resultent du choc des bateaux ou des coups de gaffe des mariniers.
Les porles en bois reclament, par suite, des chomages annuels de huit a
dix jours, eu egard a la necessite de gralter a fond toutes les faces appa^
rentes et de laisser secher les bois avant d'appliquer la peinture.
II existe egalement sur la ligne de la Belgique vers Paris un certain
nombre de portes en fer avec bordage en bois, qui fonctionnent d'une
maniere satisfaisante a tous egards.
148 PnOCES-VERBAl'X DES SEANCES DES SECTIONS.
Mais elles comptent a peine six ou sept annees de service, et Ton ne
pent, qiianl a present, prevoir quelle en sera la duree.
Toutefois, la pratique a deja demontre que I'ossature mdtallique de ccs
portes presente plus de rigidite que celle des portes en bois.
M. Mailliet. — Oui, les portes en fer se disloquent moins.
M. Derome. — II est impossible, en effet, d'eviler que les assemblages
des pieces de charpente ne prennent a la longue un certain jeu, quelle que
soit la maniere dont on les consolide.
L'emploi des cadres metalliques me parait offrir ti ce point de vue de
serieux avantages.
Ces cadres sont d'ailleurs moins couleux que ceux en charpente, eu
cgard au prix actuel des bois de cliene d'excellente qualile.
J'estime neanmoins que le bois doit etre conserve pour le bordage des
portes. Les bordages en bois sont, en effet, facilcs a remplacer sans qu'il
soit besoin d'ouvriers speciaux; ils supportent mieux les chocs et les
coups de gafle que ceux en tole. Ces dernicrs ofl'rent d'ailleurs des chances
speciales de destruction, ainsi qu'il ressort de certains faits observes en
1877 et en 1881 a I'ecluse de Charenton, sur le canal Saint-Maurice,
et relates dans le cours de navigation intei-ieure de M. I'lnspecleur general
Guillemain.
On peut, de plus, se procurer aisement les madriers necessaires a la
confection des bordages, tandis qu'il est souvent tres-difficile d'obtenir
les bois de fort equarrissage et de grande longueur qui entrent dans la
construction des cadres des portes en charpente.
M. Mailliet. — Et il faut avoir soin de faire scicr le bois d'avance.
II me semble que nous pouvons maintenant passer a un autre point, a
la question des pieces de rechange. Je crois qu'on sera reduit tot ou tard
a rendre identiques dans un meme reseau les vantaux et les ventelles,
afin que, quand une avarie vient a se produire, on puisse rapidement
reparer la piece deterioree.
La duree des chomages peut etre aussi nkluite en faisant les devase-
ments non pas a Fair libre, mais a la drague; mais je me demande s'il
est pratique, s'il est possible meme d'eflectuer, avec des navires a vapeur,
des devasements de 10 a 15 centimetres. Les dragages que nous faisons
sont plutot des dragages a la main; je ne crois pas qu'un navire a vapeur
permette de n'enlever qu'une dizaine de centimetres.
M. Derome. — Je partage entierement sur ce point I'avis de M. Mailliet;
mais il est facile de lourner la difUculte en donnant aux biefs un excedent
de profondcur de 20 a 25 centimetres, et en ne procedanl au curage que
lorsquc I'epaisseur de la couche de vase atteint une trentaine de centi-
metres.
M. Mailliet. — -Pai indique ensuite dans mon rapport I'un des moyens
que nous employons quelquefois en Belgiquc pour stimuler le zele des
entrepreneurs dans I'execution des travaux a faire pendant les baisscs
2° SECTION. — 5- STANCE. 149
d'eau : nous leur promettons parfois le payenient d'line prime pour cheque
jour qu'ils nous feront gagner sur le chumage prevu. Je crois que ce systeme
vaut mieux que I'application d'une retenueou d'amendes en cas de retard,
parcc que, dans ce dernier cas, les entrepreneurs trouvent toujours le
moyen de se faire rembourser ce que Ton a deduit : ils invoquent le
mauvais temps, des cas de force majeure et, si ce n'est pas immedialc-
ment, c'est quelques annees plus tard qu'on leur rend en grande partie
les amendes qui leur ont ete infligees. Avec la prime, au contraire, il faut
fmir a date fixe, sinon la prime n'est pas payee.
M. Derome. — Ce procede donne, en effel, de tres-bons resultats, surtout
quand la prime est payee directement aux ouvriers, ou tout au moins
quand I'entrepreneur leur en abandonne la majeure partie.
La pratique demontre, en effet, que I'ouvrier auquel on promet un sur-
croit de salaire notable s'il a fini un travail a date fixe, n'hesite pas, pour
I'obtenir, a donner au besoin un vigoureux coup de collier.
M. M.uLLiET. — II faut supposer dans ce cas qu'on travaille la nuit.
M. Derome. — Cetle hypothese ne me parait nuUement necessaire.
M. Mailliet. — Le travail de nuit comporte deux brigades, ce qui est
tres-couteux pour I'entrepreneur, qui se decide difficilement a occuper une
brigade de nuit.
M. Derome. — II est evident que I'entrepreneur ne fera pas travailler la
nuit, si son marche ne lui en impose pas I'obligation.
D'autre part, le travail de nuit ne produit ordinairement de bons resul-
tats que dans des circonstances toutes speciales. Ce mode de travail est
parfois avantageux pour les chantiers en souterrain; mais, a I'air libre, il
est generalement beaucoup moins remunerateur que le travail de jour.
On se trouve d'ailleurs le plus souvent dans I'impossibilite d'y recourir
en temps de chomage, faute de pouvoir recruter un nombre d'ouvriers
suffisant.
J'estime par suite qu'en ce qui concerne les chomages, on doit s'atta-
cher a obtenir des ouvriers le maximum d'eft'et utile qu'ils peuvent
fournir durant le jour, plutot que de les faire travailler la nuit, et le
systeme des primes directes est, d'ordinaire, le plus efficace que Ton
puisse employer a cet effet.
M. Maurice Levy. — Cette question ne me semble pas pouvoir donner
lieu a une resolution. Ce n'est pas une question de principe, mais une
question d'espece.
II y a des cas — celui de travaux extraordinaires par exemple — ou il
pent etre tres-utile de travailler la nuit. Lorsque, dans ces dernieres
annees, j'ai execute des travaux d'amelioration imporlants dans mon
service, j'ai beaucoup travaille de nuit, et j'ai obtenu de tres-bons resul-
tats. II suffit d'avoir quelques lampes electriques pour obtenir un tres-bon
travail, moins productif toutefois que celui de jour, cela va de soi.
La premiere obligation a imposer a I'entrepreneur dans ce cas-la, c'est,
150 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
comme le disait tout a I'heiire M. Derome, d'avoir deux equipes travaillant
douze heures chacune, car il est clair que le meme homme ne peut pas
travailler nuit et jour. Que I'equipe de nuit produise un peu moins, c'est
un fait incontestable, mais tout ce qu'elle fait vient s'ajouter integrate-
ment au travail de I'equipe de jour et, par consequent, le travail se ter-
mine plus rapidement.
II faut laisser a chaque ingenieur une grande latitude sous !e rapport
des moyens a employer pour que les travaux soient termines a la fin du
ch6mage. Ce sont la des affaires d'adminislration pour I'ingenieur. Sui-
vant le caractere de son entrepreneur, il lui promettra une prime, ou bien
il en promettra une aux ouvriers. Ce dernier cas me parait plus difficile a
realiser, car ce n'est guere qu'a I'entrepreneur qu'une prime peut etre
proposee a la condition qu'il travaille jour et nuit avec deux equipes diffe-
rentes.
C'est, je le repete, une affaire d'adminislration interieure dans chaque
service : il me parait bien difficile de transformer cette question en ques-
tion de principe, etd'en faire I'objet d' une resolution delapartduCongres.
M. LE President. — C'est evident : la conduite a tenir depend des cas
particuliers, des circonstances speciales dans lesquelles on se trouve.
M. Mailliet. — Nous pouvons alors passer aux reparations a faire aux
ouvrages d'art pendant les ch6mages.
II y a deux cas a considercr : les grands travaux d'amelioration ou de
reparation, et les travaux d'entretien ordinaires. Pour les grands travaux
de reparation ou de reconstruction, personne n'hesitera, si c'est possible,
soit a faire une derivation, soit a employer les batardeaux, soit a recourir
a Temploi de caissons a air comprime. Pour les travaux de moindre im-
portance, au contraire, je crois qu'on sera toujours conduit a arreter la
navigation, car il est impossible, pour une reparation qui doit durer quel-
ques jours seulement, d'employer les moyens couteux que je viens d'in-
diquer. J'ai dit a cet endroit de mon rapport que, pour diminuer la duree
du remplissage, il etait necessaire de pouvoir diviser les biefs en une serie
de trongons au moyen de batardeaux a poutrelles etablis au droit des
ponts. En Belgique, sur tons les longs biefs on place des rainures, et on
etablit meme des portes busquees de telle sorte que, s'il se produit une
deperdition inquietante dans une digue, on peut localiser le mal rapidement
en fermant les portes busquees.
M. Maurice Levy. — Je crois que I'emploi de rainures et de portes de
garde est manifestement bien utile, surtout dans le cas que vous cilez, de
biefs tres-eleves, et pouvant par consequent devenirdangereux. Neanmoins,
je prefere simplement des rainures et un jeu de poutrelles a des portes
de garde, parce que ces dernieres, ne servant pas en temps ordinaire, ne
sont pas entretenues, et ont, par suite, bien des chances de se trouver en
defaut quand on en a exceptionnellement besoin. Des rainures et des pou-
trelles, voila, selon moi, ce qu'il y a de mieux et de plus pratique.
2' SECTION. — 3" SEA>'CE. 151
M. Mailliet. — Nos portes de garde sont entretenues soigneusement;
elles sont manoeuvrees tous les mois, des reglements nous y obligent.
M. Maurice Levy. — Les reglements sont sur le papier, et les portes sont
en rase campagne.
M Mailliet. — Et elles se ferment bien plus vite qu'un barrage- a pou-
trelles.
M. Maurice Levy. — Oui, si elles fonctionnent.
M. Mailliet. — Cela depend, il est vrai, des accidents qu'on peut avoir
a redouter: mais si un danger est a craindre, les portes de garde sont bien
preferables aux poutrelles.
M. Maurice LfivY. — Le danger ne saurait jamais etre bien imminent.
On est toujours tres-attentif au moment ou la perte commence, et il est
bien invraisemblable qu'une digue puisse etre emporlee en un instant sans
que I'ingenieur ait jamais eu la pensee que cet accident pourrait arriver.
M. Derome. — Les barrages a poutrelles peuvent servir dans les deux
sens : les portes de garde n'ont pas cet avantage.
M. Mailliet. — Elles sont doubles.
M. Delocre. — On ne doit, selon moi, recourir a ce procede que lorsqu'on
a des biefs exceptionnels.
M. Mailliet. — Tel est notre cas : nous avons des digues de 15 metres.
Un membre. — Je demande la parole pour indiquer que, dans le grand
bief du canal de Briare, Tadministration a decide la construction de deux
portes busquees doubles a cause des remblais, qui sont assez grands et de
construction recente. Nous avons deja en ce moment-ci une serie de portes
busquees qui divisent ce grand bief pendant 19 kilometres de longueur.
Ces remblais n'ont guere, il est vrai, que 5 a 6 metres, maiscomme ils sont
neufs et que nous ne possedons qu'une digue en sable, la securite etaitloin
d'etre absolue.
Je voulais declarer aussi qu'en 1858 il existait dans le canal lateral a la
Loire un bief dont on n'etait pas sur, et qui etait protege par une serie de
portes busquees. J'ignore depuis quand ces portes ont disparu ; on en voit
encore les enclaves. II est probable qu'on les a supprimees quand la securite
est devenue absolue, et que le besoin ne s'en est plus fait sentir : elles n'ont
pas ete remplacees.
Nous possedons egalement des rainures dans nos grands biefs. — Nous
les remplissons par couches horizontales, c'est-a-dire que nous cherchons
a avoir, au moment du remplissage, une couche horizontale sur tout le bief;
ensuite nous elevons successivement le niveau. Noustrouvons que ce pro-
cede degrade moins les biefs ; cela peut etonner plusieurs de mes collegues,
mais c'est special aux grands biefs : il est necessaire de ne les remplir
qu'avec beaucoup de precaution, a cause des courants qui sont extremement
violents. J'ai des biefs qui sont presque a la hauteur normale de 1 m. 60
au debut du bief, alors qu'a la fin il n'y a pas une goutte d'eau. II est done
facile de comprendre que le plan d'eau est assez incline, et qu'il se produit
152 PROCES-VERBAUX DES Sf:.\NCES DES SECTIONS.
line vitesse et des corrosions qui imposent certaines precautions dans Ic
remplissage.
M. Mailliet. — Vous devez 6tre oblige de vider vos biofs completement?
Un membre. — Parfaitement. Nous possedons a cet effet un certain nom-
bre dedeversoirs echelonnes sur toute la longueur des biefs. Nous les rem-
plissons par un seul point, I'eau venant d'aniont, inais nous les vidons par
cinq ou six deversoirs.
Je considere egalement les portes busquees comine extremement neces-
saires en cas de rupture de digues. Des ruptures de ce genre se sont pro-
duces pendant la nuit sur le Canal duNivernais.Le sous-sol elait argileux;
on avail des craintcs pour ces digues : la rupture s'est produite pendant la
nuit, et la navigation a du etre interrompue pendant 15 jours.
Nous avons done un ensemble de portes dont la manoeuvre est prevue
periodiquement. Je crois qu'il faut prendre I'habitude de manoeuvrer les
portes a inlervalles fixes, de fagon a pouvoirtoujours elre surqu'elles fonc-
tionnent. C'est la une indication dont je remercie M. Mailliet, et que je con-
sidere comme tres utile.
M. LE PREsiDEiNT. — Jo crois quc la discussion est epuisee sur ce sujet?...
Monsieur Mazoyer, voulez-vous prendre la parole sur voire rapport ?
M. Mazoyer. — Je repondsa I'invitation de M. le President, mais je ticms
k faire observer que mon travail est peut-etre un peu local. Le seul interet
d'ordre general qu'il presente, c'est qu'on pent y suivre les efforts inces-
sants de I'Administralion pour reduiie les chomages : c'est la son but et
son avantage.
Pourquoi voulons-nous autant que possible supprimer les ch6mages ?
Parce que depuis que les transports par chemins de fer existent, le com-
merce a pris des habitudes de regularite dont il ne peut plus se defaire.
Les voies navigables seraient delaissees de leur clientele si elles ne mettaient
pas une cerlaine regularite dans leurs transports : malheureusement cette
regularite ne peut pas etre aussi grande ici que quand il s'agit des voies
ferrees.
La grande ennemiedes voies navigables, c'est la glace. Pour qu'elles puis-
sent assurer les transports, il leur faut de I'eau et non de la glace, et nous
avons eu dernierement un exemple deplorable de leur inferiorite, pendant
le grand hiver de 1890-1 89 l.Jesaisbien que ce sont la deschosesexception-
nelles dans notre pays, mais ces inconvenients n'en empecheront pas moins
les canaux de se developper.Je n'ignore pas non plus qu'il y a des regions
de la terre ou les periodes pendant lesqnelles I'eau demeurea I'etat liquide
sont encore bien moins tongues que dans notre pays. En France meme, les
canaux de I'Est et du Nord se congelent plus facilement. Sur la ligne de
Paris a Lyon, il y a une periode tres-sensible pendant laquelle le canal de
Bourgogne chome par suite de la congelation, alorsque le canal du Bour-
bonnais, qui est moins eleve et se trouve situe plus au centre, peut conti-
nuer a assurer les transports. II y a, il est vrai, une autre raison delasupe-
2* SECTION. — 5' SEANCE. 155
riorite dc la ligne du Bourbonnais, c'est que celte ligne relie deux rivieres
qui sont relativement calmes, la Seine et la Saone. La ligne de Bourgogne
au contraire, dont le faite se trouve a une altitude plus elevee, emprunte la
riviere I'Yonne qui est eminemment torrentielle : d'ou un double motif
d'interruption.
Les crues et les glaces, voila Ics deux grands ennemis des voies navi-
gables. Ce sont la des defectuosites inherentes a leur nature; on ne pent
pas y remedier, du moins d'une facon absolue.
Mais il y a encore d'autres causes qui entravent I'exploitation.Plusieurs
de nos canaux ont ete construits tres-anciennement : ceux de mon service
ont ete termines avant I'achevement des reseaux de chemins de fer et de
chemins vicinaux, et il est a remarquer qu'on a fait les ouvragcs avec des
materiaux dii pays parce qu'on ne pouvait pas aller en chercher d'autres;
c'est la un tres grand inconvenient : ces canaux, quoique elablis par les
meilleurs construcfeurs, reclament de nombreuses reparations.
La region du Centre sc trouve placee sous ce rapport dans un etat d'in-
feriorite evident. II s'ensuit que nous somnies forces de proceder periodi-
quement a des reconstructions qui entrainent certains chomages. Et cela
n'est pas etonnant. Nos predecesseurs se faisaient cette reflexion en
construisant : « Meltons I'eau dans le canal, tachons d'assurer les trans-
ports, et nous amenerons ensuite ce qu'il nous faudra au moyen de cette
eau. »
Ce que Ton pent dire, c'est que le type de la voie navigable la plus per-
fectionnee serai t incontestablement un canal dont I'alimentation serait
absolument constante, parce qu'alors il n'y aurait plus a redouter les crues,
et qu'on pourrait retarder la congelation au moyen de courants ou de mou-
vemenls d'eau. Dans ce cas, la congelation ne pourrait se produire qu'en
meme temps que dans les grandes rivieres, c'est-a-dire lorsque la tempe-
rature descendrait au-dessous de cinq degres.
Nous faisons des depenses importantes pour briser la glace. Nous avons
de petits bateaux brise-glace qui nous coutent seulement de 2 a 500 francs :
nos agents, aides des mariniers que Ton prend a la journee, cassent la
glace en balancant le bateau en meme temps qu'on hale ce bateau a la
corde. Les gens qui sont dedans lui impriment un mouvement de va-et-
vienf. Nous faisons done, vous le voyez, tout ce que nous pouvons pour
rclai'der les causes de suppression des transports.
La ligne laterale a la Loire a ceci de remarquable qu'elle a etc faite au
moment ou nos predecesseurs abandonnaient completement la navigation
sur le fleuve, en raison de la mobilite excessive du sable quand.il arrive
la pluslegere crue. C'est un fleuve tres-dangereux.
Dcrnierement encore on m'a apporle la nouvelle de la mort par noyade
de quatre ou cinq personnes qui avaient commis I'imprudence de s'y bai-
gner ; les gens qui connaissent le mieux le fleuve y trouvent eux-memes
frequemment la mort.
154 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
II n'y a guere que les gardes de service qui peuvent descendre dans
leurs bateaux calant 40 a 50 centimetres. C'est une excursion que je ne
proposerais certainement pas aux membres du Congres. Quand j'ai besoin
de m'y rendre, je me contente pour ma part d'une voiture.
L'action des basses eaux est excessivement nivelante; elles attaquentles
berges des bancs de sable, minent les berges et provoquent leur affaisse-
ment, do sorte que plus les eaux sont basses, plus elles tendent a le devenir.
Ceci vous explique pourquoi nos predecesseurs d'il y a un demi-siecle se
sont dit : « 11 n'y a rien a faire avec ce fleuve ».
C'est vers 1838 que fut terminee la ligne navigable de Digoin a Briare;
elle a ete complelee ensuite, et I'Etat se trouve aujourd'hui en possession
d'une ligne navigable tres-belle et tres-prospere, qui a 1 m. 60 de tirant
d'eau el des ecluses de 50 metres de longueur. On ne supposait pas a cette
opoque qu'un bateau depasserait Paris. Nous avons marche depuis et le
programme, les conditions a remplir aujourd'hui sont fort differents. On
veut actuellement I'unification complete du reseau de France et, comme
cette ligne a un tonnage considerable, son tour est arrive d'etre transformee
en canal a 2 metres de mouillage — nous aurons m6me 2 m. 20 afm de
pouvoir parer a I'entretien — avec des ecluses de 58 m. 50.
Nos ch6mages sont aujourd'hui necessites par la visile des ouvrages
d'art. Nos dragages a I'air libre et a main nous reviennent assez cher; lis
peuvent de plus devenir une cause d'insalubrite par suite du depot de la
vase sur les berges : aussi serait-il bien preferable pour nous d'avoir un
dragage mecanique, et aussitot apres la transformation du canal lateral, ce
sera une des choses que nous soumettronsa I'Administralion.
Ce qui caracterise surtout cette ligne, c'est son excellente alimentation :
il y a a Roanne une prise d'eau qui donne un debit tres-abondant, et c'est
seulement dans le cas ou le canal du Forez viendrait a prendre toutcs les
eaux auxquelles il a droit en vertu de concessions, que nous pourrions
avoir des observations a presenter. En vertu de la repartition qui assure
la division des eaux de la Loire, le canal du Forez pent prendre 4 metres
cubes sur 5. II est vrai que le debit de la Loire est sou vent superieur a
5 metres cubes, et que d'autre part le canal du Forez n'est pas termine et
ne le sera pas d'ici longtemps, de sorte qu'en fait nous n'avons pas a nous
plaindre. Mais je tiens a signaler ce fait qu'a Roanne, pendant I'ete, nous
sommes obliges de mettre des toiles cirees ou goudronn^es sur le barrage
et que, moyennant cette precaution, nous avons toujours une alimentation
suffisante : cela equivaut a faire couler I'eau de la Loire dans une cuvet'e
arlificielle.
L'ouverture du barrage de Roanne est un pen faible. Ce barrage com-
prend une partie mobile et une digue basse formant deversoir fixe. En cas
de crue, nous ouvrons totalement la partie mobile; il n'en resulte aucun
inconvenient pour la ville de Roanne; mais cette petite digue basse forme
obstacle dans le lit meme du fleuve et est generalement emportee. II en
2° SKCTION. — 3^ SEAN'CE. loo
resulte que la prise d'eau et ralimentation dii canal se troiivent compro-
mises. C'est line question au siijet de laquelle nous allons envoyer prochai-
nement un projet a rAdminislration. L'alimentation se trouve, il est vrai,
un peu augmentee a Digoin par les eaux du canal du Centre, et en meme
temps au moyen d'une rigole speciale qui nous amene les eaux d'une
petite riviere, I'Arroux, qui sort du massif du Morvan.
Je voudrais encore signaler un trait caracteristique de cette grande voie
navigable. A un moment donne, elle rencontre I'Allier : il faut done, ou
qu'elle change de rive ou qu'elle francliisse ce grand affluent de la Loire.
On a choisi la solution qui consisle a passer I'Allier, pour la raison qu'on
ne pouvait pas passer entre Nevers et la Loire. De plus, il y a d'autres villes
situees a Test de la Loire, et il eut ete difficile, soit de passer entre ces villes
et le fleuve, soit de les contourner pour laisser le canal sur leur droite, car
les canaux ne peuvent pas facilement s'elever sur les plateaux pour une
faible longueur etenredescendreensuile. Telle est la raison d'etre du pont-
canal du Guetin.
On a done eu Fidee fort naturelle de faire une prise d'eau dans I'Allier,
un peu en amont de ce pont-canal : c'est notre seconde prise d'eau impor-
tante.
L'avantage qui en resulte, c'est que nous avons une alimentation abon-
dante; mais il y a aussi un inconvenient, c'est que nous avons une trop
grande masse d'eau a envoyer a des distances considerables.
Nous avons done demande a I'Administration de supprimer a I'origine
de la prise d'alimentation les passes marinieres a un bras. Cela pent vous
paraitre extraordinaire, anormal; mais c'est special a nos canaux en raison
de la Vitesse considerable que prennent les eaux pour assurer l'alimenta-
tion du canal a longue distance : Teau de la Loire doit faire plus de
130 kilometres de Roanne au Guetin, et du Guetin a Briare il y en
a 70 pour le parcours de I'eau de I'Allier.
Nous avons peu de services acceleres ayant le droit de naviguer la nuit.
Dans ces conditions, nous admettons une navigation de jour tres-pro-
longee. Vous n'ignorez pas que les mariniers ont des habitudes tres-mati-
nales. Nos agents peuvent donner seize heures de travail; il est vrai que
tout ce qui depasse douze heures est considere comme passage de nuit et
donne lieu a une petite retribution pour I'eclusier: avec ces seize heures
de navigation, nous pouvons assurer l'alimentation pendant la nuit. Bien
peu de monde en souffre.
vSans ces procedes speciaux d'alimentation, nous aurions peut-etre des
difficultes. Quand la consommation d'eau a ete un peu forte, j'ai ete moi-
meme temoin de mouvements de vitesse qui atteignent 10 centimetres par
seconde, alors que la vitesse moyenne des bateaux qui remontent le cou-
rant est seulement de 10 a 15 centimetres par seconde.
La France possede done la une ligne qui a ses inconvenients, mais qui
pourvoit aux transports, et qui y pourvoira encore mieux quand les trans-
156 PROCES-VERDAL'X DES SEANCES DES SECTIONS.
formations qui se poursuivent seront achevees. Nous esperons avoir des
ouvrages d'art tres solides et balls avec des pierres de tres-bonne qualite ;
une grande partie de ces pierres vient de Villebois, dans I'Ain, et — c'est
un point a considerer — ces carrieres paraissent inepuisables jusqu'a ce
moment. Quand nous aurons remis nos ouvrages d'art a neuf, nous espe-
rons pouvoir supprimer tons les chomages.
Dans mon service se Irouvc un autre canal, celui du Nivernais qui va
de Decize a Auxerre, qui est assujetti a des servitudes assez curieuses.
D'abord il est commun avec des rivieres — I'Yonne et I'Aron — qui sent
torrentielles, et toutes les fois qu'il y a des crues, il s'ensuit des interrup-
tions d'un jour ou deux sur le canal.
Examinons maintenant I'influence du floltage sur les chomages du
canal.
La riviere d'Yonne lui apporte, par le moyen du flottage, les bois qui
sont ensuite diriges sur Paris au moyen du canal. C'est un canal d'exploi-
tation vers Paris, et son etablissement n'a pas ete et n'est pas encore tres
bien vu dans le pays; les proprietaires de la-bas regardent volontiers de
travers I'Administration parce que, dans les voies navigables canalisees
regulierement, il faut une traction, tandis que dans le flottage, il n'y a
aucunc especc de traction ; mais c'est un mode de navigation qui ne pent
avoir lieu que dans un seul sens. De plus, le flottage des trains de bois au
moyen des eclusees, tel qu'il se pratiquait autrefois, est tres-dangereux et
exige le concours de gens resolus.
II y a encore une autre pratique qui tend a disparaitre tons les jours,
maisdontj'ai cru bon neanmoins de vous dire quelques mots;jeveux
parler du flottage a biiches perdues. Ce genre de transport consiste a re-
pousser au fil del'eau les biiches qui s'arreten t aux sinuosites, aux racines
ct aux branchages ; mais il y a des reglements tres-severes qui protegent
la propricte de ces bois quand ils sont tombes a I'eau et ensuite repris et
deposes sur les berges en vertu de servitudes legales, speciales au flottage.
Ce sont la des servitudes assez curieuses qui remontent a Louis XIV.
Elles furent justifiees par la necessite d'approvisionner Paris en bois. Ces
reglements draconiens avaient bien alors d'ailleurs leur raison d'etre, et
constituaient, par rapport a I'elat anterieur, un Ires-grand progres. Les sei-
gneurs, en effet, exer^^aient leur droit absolu de haute et basse justice sur
les transports de bois, et pouvaient faire payer des indemniles exorbitanles.
11 a fallu toute I'autorite de Louis XIV pour mettre un terme a ces abus.
Au passage a niveau de Basseville, pendant la periode de dix a vingt
jours que dure le flottage , la navigation n'a lieu que deux jours par
semaine. Au passage a niveau de Beuvron, on ne pent passer que pendant
la nuit. J'ai explique dans mon rapport que nous avions interet a ne pas
trop contrarier le flottage. II n'en est pas moins vrai que c'est la un des
grands inconvenicnts du canal du Nivernais. Sur la ligne de Roanne a
Briare on n'admeltrait jamais pareille sujetion, et il y a entre les deux
2' SECTIO.N. — 3' SEANCE. ' 157
canaux la meme difference qu'entre deux lignes de chemiiis de fer dont
Tune possederait un ou deux trains omnibus par jour, et I'autre des trains
rapides et express.
Quand tout ce bois arrive aux ports de tirage qui sont communs au
canal et a la riviere, on lire ce bois et on I'empile ; c'est la un spectacle
assez curieux, c'est un cote de la navigation interieure tres-peu connu en
France.
Surle versant de la Seine, dans la vallee par laquelle le canal du Nivcr-
nais gagne le faite separatif des bassins de la Loire et de la Seine, il y
avait, avanl retablissement du canal, un litde ruisseau; on peutse deman-
der pourquoi on a garde ce ruisseau. C'est parce que les gens du pays se
recriaient ; ils disaient :« Jamais les ingenieurs ne pourront faire un canal
ici, c'est impossible; on ne pent pas remonter un coleau comme cela, et
au moins nous voulons conserver noire ruisseau; nous ne voulons pas
qu'on nous enleve notre voie de floltage pour la remplacer par un canal
qui ne pourra jamais servir. » Le canal sert, vous le savez, il est tres utile,
et le ruisseau est toujours la.
Le trafic n'y est pas Ires-considerable, et voici pourquoi : nous avons
des souterrains qui out ete creuses dans des terrains argileux, a couches
savonneuses; ils n'ont ele termines qu'en 1858 par I'un des veterans de
notre corporation, M.Charie-Marsaines: mais on n'a pu menager qu'un pas-
sage pour honimes sur les banquettes ; de sorle que, sur cette portion decanal
le halage a I'aide d'hommes est obligatoire, ce qui fait que le trafic tend
a diminucr. Ce qu'il nous faudrait, c'est un remorqueur, fut-ce un remor-
queur d'un type demode. Nous n'avons guere que trois ou quatre bateaux
par jour. II est impossible de ne pas attribuer ce mediocre resultat a la
necessite dans laquelle se Irouve le marinier d'embarquer ses animaux ct
de se mettre a baler lui-meme pendant 3 kilometres, ce qui est tres
penible.
J'ai fait des etudes dans le but d'arriver a essayer de recouper la voutc
pour avoir le passage d'un cheval ; mais, d'apres les dessins que nous
avons, on a mis toute espece de choses dans cette voute; elle se trouvc
dans un etat d'equilibre plus ou moins stable, ct il est impossible d'y tou-
cher. Si c'etait une voute ordinaire, comme les pieds-clroils sont assez mas-
sifs, on pourrait arrivcr a recouper et a donner le gabarit necessaire au
passage d'un cheval; mais, en raison du systcme de construction, c'est
impossible.
Nous avons dans ce canal un bief de partage tout particulier. On a
derive I'Yonne dans une rigole extrememcnt pittoresque. Cette rigolc a 28
ou 50 kilometres, ct est accrochce au flanc ou coteau du Morvan, sur des
terrains qui lui donnent une assielte suffisantc. II ne se produit que trcs
pcu de ruptures de digues. Des pertes se produisaient dans les roclici's,
mais tout reccmmcnt I'administration a bien voulu nous laisser exccuter
des clanchcmcnls qui font que I'apport au point final est prcsque aussi
158 PROCES-VEKBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
considerable qu'au debut. II y a environ 30 kilometres entre les deux
points. Cette rigole d'Yonne constitue notre principale source d'alimenta-
tion : elle donne au bief de partage 60000 metres cubes par jour. EUe
presente ceci de particulier, qu'a un moment donne elle est obligee de
changer de versant dans la vallee secondaire qu'elle parcourt. En ce point
on I'a fait passer sur un aqueduc de 55 metres de hauteur; la charge
d'eau est tres-faible et, par consequent, I'aqueduc qui passe a une hau-
teur considerable est exlremement legcr. C'est la pour nous une reserve
sans laquelle nous n'aurions qu'une navigation des plus precaires, et c'est
seulement grace a cette rigole que nous parvenons a avoir un peu de regu-
larite dans notre service.
11 y a nalurellement une periode — la periode du flottage — pendant
laquelle nous n'avons pas le droit de prendre I'eau de I'Yonne; aussi som-
mes-nous obliges a ce moment-la, pendant dix a vingt jours, de recourir a
nos etangs; c'est une periode tres-difficile. On a bien fait une seconde
rigole qui pourrait servir, mais nous n'avons pas encore le droit de pren-
dre de I'eau dans la riviere I'Aron, a I'origine dc la rigole. C'est la un tres
grand inconvenient au point de vue international; nous sommes, en effet,
forces, au canal du Nivernais, de chomer au mois d'aoiit, c'est-a-dire a
I'epoque ou la consommation de I'eau est la plus considerable. En septem-
bre, il survient generalement des pluies qui genent les travaux. Tout ce
que nous avons pu faire, c'est de reenter le chomage a I'extreme limite, au
16 septembre. Nous sommes loin encore du chomage du prinlemps. Le
jour oil nous aurons les ressources suffisanles, nous ne demanderons pas
mieiix que de nous unifier avec la Belgiquc et rAllemagne. Je dois ajouter
que les commercants en bois sont pour le chomage de printenips, mais
qu'ils admettent bien volontiers — cela rcsulte des enquetes — ie cho-
mage d'automne qui est impose par la nature des choses.
A Briare, nous marquons egalement I'insuffisance d'eau par un cho-
mage qui a lieu au moment oil la Seine est a I'etiage; mais quand nous
aurons termine le pont-canal en construction, nous serons, au moyen clc
I'alimentation dont je viens de parler tout a I'heure, nous serons absolii-
ment independants des basses eaux de la Loire, et nous pourrons essayei'
de revenir au chomage de printemps et a I'unification si desiree.
Tels sont dans leurs grandes lignes les details de mon service.
Le Centre de la France est relie a Paris par la Seine, qui est une tres-*
belle voie navigable, peu torrenlielle; elle ne Test que par I'apport de
I'Yonne, avec laquelle on pent arriver a une belle tenue d'eaU de deux me-
tres : sur cette riviere, les chomages sont presque insignifiants : il ne s'en
produit guere d'aulres que ceux qui resuUent des crues et des glaces, et
Ton ne doit pas compter rur une interruption de plus de 50 jours par an.
Vient ensuite I'Yonne; c'est la le cote faible de la ligne de Bourgogne : V
il y a de nombreuses interruptions causees par les crues. j
Puis nous renconlrons le canal de Bourgogne qui est transforme, tres
\
'i' SEGTIOiN. — 5^ SEANCE. 159
bien alimente, niais dans lequel les glaces exercent une influence facheuse,
et nous retombons sur la Saone, qui est une excellente artere navigable et
se trouve a peu pres dans les memes conditions que la Seine.
Cette ligne serait done sans ce malheureux emprunt a I'Yonne — et
elle est meme malgro cela — Tune de nos belles voies de navigation.
Toutefois la ligne du Bourbonnais leur sera bien superieure encore
quand les ecluses seront transformees, ce qui va etre accompli bientot ;
mais pour allonger une ecluse, il faut 60 jours : au canal du Centre et au
canal de Briare, ces sortes de travaux diriges par des ingenieurs actifs et
competents ont demande ce meme delai.
Dans la direction du Bourbonnais, vous trouvez, apres la Seine, le canal
de Briare dont la transformation s'acheve.
II y a la encore un petit point faiblel c'est I'alimentation du bief de par-
tage qui est insuftisante. II y a un projet qui consisterait a prendre I'eau
de la Loire en aval pour la refouler au moyen de conduits — projet dont
on s'occupe en ce moment-ci.
Apres le canal de Briare, qui laisse un peu a desirer sous le rapport de la
quantite d'eau, vous avez le canal lateral a la Loire dont j'ai eu I'honneur
de vous entretenir, et le canal du Centre qui est a peu pres dans la meme
situation que le canal de Bourgogne. Sur cette ligne, les crues de I'Yonne
causent des interruptions tres-genanfes. Quand les travaux seront (ermines
nous aurons done la, de la Saone a la Seine, une ligne qui ne sera inter-
rompue que 25 jours par an.
La situation n'esl done pas mauvaise de Paris a Lyon : le tonnage est
grand, et les voies sont administrees de la maniere la plus liberate.
En definitive, si nous pouvons rendre de grands services au commerce,
c'est parce que nous lui apportons les raarchandises dont ie transport est
peu presse, les marchandises qui peuvent, qui doivent meme s'accumuler
a I'usine lelles que le mineral et la houille, et dont ce serait une impru-
dence de la pari d'un industriel de n'en avoir pas la consommalion de trois
ou quatre mois d'avance dans sa cour.
Les chomages nc sont done pas bien graves, et n'empechent pas les ca-
naux de rendre de grands services. Lorsqu'il n'y aura plus que des inter-
ruptions accidentelles de dix jours tons les desiderata du commerce et de
I'industrie seront realises, car ces dix jours, n'auront presque aucune in-
fluence au point de vue des besoins de la grande Industrie.
C'est pourquoi, malgre leur apparente inferiorite sur les chemins de fer,
malgre leur defaut de continuite de circulation, nos canaux ont encore un
tTes grand role economique a remplir.
M. Le President. — Quelqu'un demande-t-il la parole?...
La discussion est done terminee, et nous en avons fini avec la 5" Ques-
tion. Nous pourrons commencer lundi, a 9 heures, I'etude de la 6- Question,
« Traction sur les canaux et les rivieres canalisees ».
II y a beaucoup d'orateurs inscrits, et de nombreux rapports ont ete
ILO PROCES-VERBAUX DES SEAMCES DES SECTIONS.
presentes : je crois que nous serous ampleraent occupes durant las quatre
jours de la semaine prochaine qui sont reserves au travail des Sections.
Je vous ai prevenus deja que nous cntendrions M. Galliot, qui doit nous
donner des explications sur un systeme de traclion electrique qu'il a ima-
gine.
M. de Mas m'a iuforme, d'autre part, quit demanderait la parole pour
rendre compte au Congres d'experiences qu'il a ete charge de faire par
M. le Minislre des Travaux Publics sur la resistance des bateaux a la trac-
tion.
La seance est levee a 11 heures 5 minutes.
QUATRIEME SEANCE
Lundi 25 Juillet (matin),
Pr^sidence de M. BUQUET.
La seance est ouverle a 9 heures 5 minutes.
M. LE President. — Messieurs, avanl de commencer I'etude de la 6* Ques-
tion, il est nccessaire de nommer un Rapporteur charge de presenter a la
seance pleniere du Congres le resume des travaux de la Section, et la jus-
tification des decisions ou des vreux emis sur chacune des questions du
programme. Si vous le voulez bien, nous prierons M. Derome, qui veut
bien accepter cette tache, de presenter le rapport sur la question des
chomages. [Assentiinent.)
Nous abordons maintement la (3^ Question : Traction des bateaux sur les
rivieres canalisees ct sur les canaux.
L'un de nos collegues m'a fait demander s'il ne serait pas possible de
scinder cette discussion : comme les questions de traction nc sont pas
identiques lorsqu'elles s'appjiquent aux canaux ou aux rivieres canalisees,
il a pense qu'il serait utile de trailer succcssivement chacune des parties
de cette discussion. Si vous n'y voyez pas d'inconvenient, nous commen-
cerons par les rivieres canalisees.
Les rapports presentes sur la 6' Question sont au nombre de 7.
Nous pouvons discuter tout d'abord celui de MM. Moliuos et de Bovet sur
la traction des bateaux sur les rivieres canalisees (Reraorquage et Touage).
La parole est a M. de Bovet.
M. DE Bovet. — Messieurs, pour nie conformer, a la decision qui
vicnt d'etre prise, je ne m'occuperai aujourd'hui que du touage sur les
rivieres.
2' SECTION. — 4* SEANCE. 161
La superiorite du touage, en tant que moyen de traction, n'est, je crois,
cuntestee par personne. II la doit a son meilleur rendement, et elle est
naturellement d'autanl plus grande que TefTort de traction necessaire est
plus considerable, puisque dans les autres systemes, a mesure que TelTort
augmente, la quantite de force produite pour etre inutilement perdue
augmente egalement. Auti'ement dit, elle se traduit par une economic
absolue des frais de traction dont rimportance relative est variable, suivant
les conditions dans lesquelles se fait la navigation. Cette importance est
naturellement tres-grande lorsqu'il s'agit de remonter des courants
rapides : elle est telle que, dans certains cas — dans les rivieres qui cou-
lenl a grande vitesse et ou il n'y a que peu d'eau — le touage seul est
possible. Elle diminue ensuile a mesure que Ton considere des courants de
moins en moins rapides, jusqu'a devenir assez faible (si du cas de la
remonte on passe a celui de la descente) pour etre insuffisante a compenser
certains inconvcnients que presenle alors le touage, et le laisser, en cc cas
special, dans une condition d'inferiorite par rapport au remorquage.
Quels que puissent etre du reste les avantages relatifs du touage, il est
clair qu'on ne pent songer a I'utiliser que lorsque le trafic est sul'iisant
. pour que I'economie realisee sur ces frais de traction permette de payer le
supplement de depense qu'enlraine son installation, et qui provient de la
necessite de mouiller une chaine et d'achetcr des bateaux toueurs dont le
prix est plus eleve que celui des remorqueurs ordinaires. Cela se pro-
duira d'autant plus vile, c'est-a-dirc pour un tratic d'autant moindre, qu'il
s'agira de rivieres a cours plus rapide.
11 en est de cela comme des chemins de fer : il est incontestable que la
traction est a meilleur marche sur un chemin de for que sur une route; il
n'y a cependant d'interet a faire un chemin de fer que pour un trafic
minimum determine. Nous avons ete conduits dernierement, par exemple,
a nous occuper des conditions de la traction sur le Rhone, et il paraitrait
resulter de ce premier examen que I'equilibre se trouve aux environs de
500000 tonnes: c'est-a-dire qu'au-dessous de 250000 tonnes le remor-
quage parait plus economique; entre 250 et 300000, il y aurait a peu pres
equivalence; maisau-deisus de 500000 tonnes, le touage serait plus avan-
tageux ou, en d'aulres termes, I'economie realisee deviendrait suftisante
pour payer la chaine, quoique celle qu'il faudrait employer sur un ileuve
extremement rapide, comme celui-la, doive etre lourde, et par consequent
tres-chere.
II n'en est pas moins vrai que le developpement qu'a pris le touage
n'est pas en proportion des avantages manifestes qu'il presente au point
de vue de la remorque. On en fait toujours, tout au moins sur une partie
des rivieres ct des fleuves ou la navigation est difficile, sur le Danube, le
Rhin el I'Elbe par exemple; il est pratique a peu pres exclusivement sur
le Neckar et le Mein, et enfin, il est reste en usage sur la Seine, quoique
ce fleuve ait un courant beaucoup moindre. Mais presque partout il se
11
162 PROCES-VERBAUX DES SfiiNCES DES SECTIONS.
trouve en liitte avec le remorquage, et la lutte ne parait pas toiijours s
dessiner a son avantage. II faut evidemment qu'il y ait nne raison a cet
etat de choses, et cette raison nous croyons qu'elle provient des inconve-
nients inherents a I'appareil de touage actuellement pratique.
Je n'ai pas besoin de decrire ici cet appareil : tout le monde le connait.
Vous savez que la chaine s'enroule sur deux treuils un pen de la meme
fa^on qu-'une corde sur les deux poulies d'un palan, et que c'est par cet
enroulement de plusieurs lours qu'on obtient I'adherence suffisante pour
faire equilibre a I'effort de traction. II est de toute necessite, quoique cela
soit difficile a obtenir, que les gorges de ces treuils soient tenucs au
meme diametre afin que le chemin decrit par chacune d'elles soit bien
exaclemenl le meme. Si on n'y arrive pas, cela provoque sur les brins de
chaine des tensions anormales qu'il est tres-difficile de chiffrer, mais dont
on ne saurait contester I'exislence, etant donnee la quantile de ruptures
qui se produisent sur les treuils alors que I'effort maximum doit avoir
lieu, en principe, sur la parlie lendue a I'avant du toueur. Or on ne peut
pas y arriver d'une fagon suffisamment rigoureuse. Sur la Basse-Seine,
par exemple, la chaine casse une fois sur deux sur les treuils, et je ne
suis pas eloigne de croire que, quand elle casse a Teau, la cassure se
produit a un cndroit on elle avail ele preparee par un passage anterieur
sur I'appareil de touage. II y a done la un premier inconvenient qui, sans
etre une cause de danger, se traduit par des ennuis et de grandes pertes
de temps infliges aux mariniers remorques.
Mais cet inconvenient n'est pas le seul, il y en a au moins un autre :
c'est que le toueur se trouve beaucoup Irop solidaiie de sa chaine a
laquelle il est vraimenl asservi, et que pratiquemenl il ne peut quitter
alors qu'il aurait inlerel a le faire pour la descenle, comme nous le ver-
rons plus loin.
II en porte, sur ses treuils, en moyenne 40 metres qu'il ne peut pas
Jeter a I'eau quand il est arrive a la fin de son parcours ou qu'il a aban-
donne le dernier bateau de son train, car on ne pent ni I'accumuler vers
I'amonl, ni crcer aux points intermediaires du parcours un mou de
pareille longueur darigereux pour les loueurs suivants.
Ne devant pas jeter la chaine qui exisle sur ses treuils, il pourrail la
conserver a bord apres I'avoir coupee et la remporter a I'aval pour la
remettre au point de depart. Cette seconde solution est facile a pratiquer,
mais elle a, elle aussi, ses defauls. Elle se traduit par un cheminement
general de toute la chaine, de 40 metres a chaque voyage, puisque les
extremites restant fixes, 40 metres pris chaque fois en amont sont replaces
en aval.
Pour noire service, par exemple, qui comporte au depart de Conflans
environ un millier de departs par an, cela ferait un cheminement total de
40 kilometres par an sur 72 que comporte la ligne entiere. La chaine se
trouverait completement deplacee en deux ans, et il en resullerait una
2- SECTION. — i' SfiANCE. 163
consequence tres fachcuse au point de vue de I'entretien. Siir noire
parcours en effet — je suppose qu'il en est de meme parlout — I'effort
de traction est tres-inegal : il y a des points, les passages de ponts par
cxemple, ou le courant est tres-fort et ou I'cfTort est, par consequent,
plus considerable. L'entretien rationnel de la chaine consiste a remettre
toujours les parties neuves aux endroits ou la resistance h la traction est
la plus forte. Cela nous conduit, il est vrai, a remanier jusqu'a qualre et
cinq kilometres quand nous en replagons un neuf, mais de cette facon
nous pouYons entretenir notre chaine dans des conditions qui ne soient
pas trop onereuses, et telles qu'elle nous dure vingt ans. S'il nous fallait
laire en sorte qu'elle oflrit partout la meme resistance, il la faudrait
renouveler beaucoup plus vite, peut-elre tons les huit ou dix ans, c'est-a-
dire accepter une depense tout a i'ait inadmissible.
II y a done, du fait meme de I'appareil de touage ^actuellement usile,
impossibilite de donner au toueur une indcpendance suffisante par rap-
port a la chaine : impossibilite d'une part au point de vue de la securite
du service, et d'autre part, au point de vue de l'entretien rationnel et
suffisamment economique de la chaine. La consequence, c'est que le
toueur reste sur sa chaine aussi bien a la descente qu'a la montee, fait la
navelte entre ceux qui le precedent et le suivent, et echange sun train
avec eux quand il les rencontre. L'operation s'appelle un troquage ; elle
est toujours genante, ne fiit-ce que comme perte de temps, difficile toutes
les fois qu'il y a un courant un peu rapide, et meme en ce cas dangereuse
si le toueur montant et le toueur descendant out chacun un train. II faut
souvent, du reste, en pareille circonstance, commencer par amarrer les
trains a la rive.
Elle conduit, en realite, a faire faire un veritable service en relais.
Si le troquage, en effet, est relativement facile en basses eaux, il n'en est
plus de meme en hiver : il faut alors operer en des points determines ou
la manoeuvre soit plus facile et plus sure, et ou les toueurs sont obliges
de s'attendre : or, on connait tous les inconvenients des services en
relais. Un ingenieur tres au courant de ces questions m'assurait derniere-
ment que ce service en relais se fait partout, et que partout on le supporte
sans s'en plaindre. Eh bien, il y a au moins une exception : sur la Seine,
les mariniers s'en plaignent amerement, si amerement meme que c'est
une des raisons pour lesquelles ils vont volontiers demander leur traction
aux remorqueurs de preference aux toueurs. Ces exigences des mariniers
de la Seine viennent probablement de ce qu'ils sont trop bien servis : ils
ont a leur disposition des moyens de remorquage extremement complets,
surabondants, et la concurrence force a donner aux clients que Ton veut
allircr le plus do satisfactions possible. Peut-elre les bateliers sont-ils
moins favorises sur les autres rivieres, et ne songent-ils pas encore, pour
ce motif, a se plaindre du touage en relais.
Quoi qu'il en soit, ces exigences existent ici, elles ne disparaitront pas.
164 PROCES-VERBAUX DES SEA.NCES DES SECTIONS.
II est done tout au moins de Finteret bien enlendu des Compagiiies de
touage de se mettre en mesure de les satisfaire, si possible, en supprimant
le Iroquage et parlaiit le relais.
Cela est d'autant plus do leur interet que le service a une voie tel
qu'elles le font aujourd'hui Ics conduit a une tres mauvaise utilisation de
leur materiel. En etret, d'une part, la complication beaucoup plus grande
du troquage, sa duree plus tongue quand il y a deux trains, d'autre part
I'incapacite absolue du toueur a faire de la remorque d'avalants des que
le courant est rapide, ou simplement qu'il y a sur le parcours des points
de courant rapide, les out tres generalement conduits a renoncer a peu
pres entierement a faire de la traction en descente.
Les toueurs montent avec des trains, ils redescendent toujours. ou a peu
pres, a vide; ils sont done mat utilises.
Cetle inaptitude du touage en matiere de descente que nous venous de
signaler tient en somme a deux causes : en eau ealme, a la complication
qui en resulte par les manoeuvres a faire en route, en eau courantc a
I'impossibilile de derouler la chaine a toute allure, si bien que le train
peut vcnir se jeter sur le toueur qui est cense le eonduire quand il rencontre
un passage tres rapide. Get accident est du reste toujours a craindre en
eas de rupture de chaine. Et c'esl la, au fond, la vraie raison qui a permis
sur la Basse-Seine au remorquage de se developper comme il I'a fait.
Les remorijueurs, en effet, y sont venus d'abord pour trainer des ava-
lanls : plus aptes a ce service que les toueurs, ils leur ont ete preferes et ont
Irouve la tout naturellement une clientele abondante, puis, au lieu de
remonter a vide une fois descendus a Conflans, ils ont chercbe a utiliser
leur voyage de retour en faisant de la traction, et ils ont a eet effet augmente
la puissance de leurs machines.
Si, par exception, sur la Haute-Seine la Compagnie du touage fait encore
beaucoup de descente, c'est qu'elle s'est ingeniee plus que d'aulres a la
conserver parce que la plus grande partiede son trafic va sur Paris : c'etait
pour elle une question vitale. La chose lui a ete faeilitee pour deux raisons.
La profondcur de I'eau est moindre sur la llaule-Seine, ce qui rend dif-
ficile d'y faire circuler des remorqueurs puissants. De plus, les biefs sont
tres-courts, les ecluses beaucoup plus nombreuses, la concurrence est
moins lentee par ces conditions plus mauvaises. Mais du reste eette com-
pagnie n'a obtenu pareil resultat qu'en adjoignant des remorqueurs a son
materiel de touage.
Puisqu'il V a un gros interet a laisser la chaine libre pour les bateaux
montant seuls, a la faire abandonner, par consequent, aux toueurs ava-
lants, et puisqu'en descente le remorquage est meilleur que le touage, la
solution des difticultes que nous venons de signaler serait — si elle est
possible — d'avoir un bateau qui puisse faire le touage a la remonte parce
qu'il est plus economique, et le remorquage a la descente, c'est-a-dire un
bateau qui soil a la fois toueur et remorqueur.
2' SECTION. — 4« SEANCE. 165
D'tine fa^on generale, on objectera que les outils a deux fins sont d'or-
dinaire mediocres pour chacune des deux fins auxquelles on les destine :
il ne semble pas pourtant, dans I'espeee, que cette objection soit bien
grave : ik supposer qu'un bateau soit un bon remorqueur, je ne vois pas
pourquoi il cesserait de Tetre parce qu'on liii aurait adjoint un appareil
de touage. Get appareil supplemenlaire ne pourra qu'augmenter son poids
et son prix.
II semble done que la solution soit possible, cela nous aparu, du moins,
assez vraisembable pour nous engager a la chercher.
En definitive, ce dont souflre le service actuel, c'est en realite de la dif-
ficulto pour le toueur de se debarrasser de sa chaine, parce qu'il y en a trop
a bord. Ce qu'il faut trouver, c'est un moyen d'obtenir I'adherence neces-
saire en n'utilisant qu'une tres petite longueur de chaine, longueur que
nous avons suppose pouvoir etre de 5 a 6 metres, et la solution sera d'au-
tant plus satisfaisani.e si cela se pent faire avec des appareils qui soient
moins destructeurs de cette chaine que les treuils actuels.
II y a bien un systeme de touage qui parait a priori remplir au moins
une partie de ces conditions : je veux parler du touage sur cable. II se
pratique en employant une poulie Fowler; le cable n'y fait qu'un demi-
tour, il n'y en a done qu'une tres petite quantite d'enroulee; I'appareil de
touage est place sur le cote et permet de la jeter facilement.
11 semble done que ce puisse etre la solution cherchee; mais en y
regardant de plus pres, il est facile de voir qu'il n'en est rien.
Le toueur a cable ne pent pas jeter son cable en un point quelconque de
la riviere. Si faible que soit son enroulement sur la poulie Fowler, il faut
en avant et en arriere le guider sur un ensemble de poulies de beaucoup
plus grand diametre que celles qui suffisent pour de la chaine, bien plus
souple, et, en fait; la quantite de cable existant sur I'appareil de touage
est d'environ 10 metres; c'est plus qu'il n'en faut pour former pres-
que inevitablement une boucle si on les jetait a I'eau. On ne pourrait pas
accepter un mou de cette importance et pratiqucment le toueur ne quitle
le cable qu'aux deux exlreiriites du parcours oii se trouvent des bateaux
reservoirs: au bateau d'amont, il donne 10 metres de cable et au bateau
d'aval, il reprend ces 10 metres.
On a dit que le cable oft'rail plus de securite que la chaine et represen-
tait une grande economic.
La securite n'est pas bien demonlree. Tout au moins faudrait-il voir a
quel point de vue elle se trouve garantie, S'il s'agit de resister a des chocs,
le cable vaut incontestablement mieux.
Pour resister a un eft'ort de traction, il est plus solide que la chaine,
quand il est neuf; je croirais volontiers qu'il Test moins au bout d'un
certain temps de service, ou plutot qu'il cesse vite de I'etre assez, etant
donne que, a cause de la difficulte des epissures, on ne saurait consentir
en service un nombre de ruptures comparable a celui qui est acceptable
166 PROCES-VERBAUX DES STANCES DES SECTIONS.
dans le cas de la chaine. L'usure sc produit en somme de la meme fa(;on
sur la surface du cable que sur les longs cotes de la chaine. Sur celle-ci
elle diminuela section, dans une parlie ou, les deux longs cotes de I'anncau
travaillant, elle est surabondante.
Avec celui-la, au contraire, tons les fils venant a la surface les uns apres
les autres, tons etant touches par l'usure, ce sont tous les elements de la
section qui se trouvent atteints. La securite des lors doit diminuer assez vite,
et cela est si vrai que le renouvellement du cable doit se fait tres-frequem-
ment. Sur le Rhin, par exemple, ou les cables employes sont tres-gros et
tres-resistants, le remplacement a lieu au bout de six ans. J'ai eu entre
les miiins des morceaux de cable retire du service. II n'est pas douteux
qu'ils ont encore une force portante enorme ; il n'y a qu'a regarder la sec-
tion pour s'en convaincre; mais tous les elements sont uses et tous sont
prets de rompre. Cette obligation de renouveler frequemment le cable
fait qu'en somme, bien que son prix d'achat soil moins eleve que celui de
la chaine, I'economie est contestable. Si Ton prend du cable de tres
bonne qualite, tel par exemple que celui qui sert en ce moment-ci a Paris
a la compagnie qui exploite le funiculaire de Belleville, qui coute 1 franc
le kilogramme et se revend 5 francs les 100 kilogiammes, alors que la
chaine coute 30 francs les 100 kilos et se revend a peu pres 6 a 7 francs,
il est facile de calculer qu'un tel cable, a supposer qu'il dure six ans, revient
a 50 francs de plus que la chaine par kilometre et par an pour la meme
resistance.
On a aussi argue en faveur des toueurs a cable d'une plus grande facilite
de direction. Qu'ils gouvernent bien, du moins sur le Rhin, ce n'est pas
douteux, mais cela tient-il au cable ou au Rhin?
Cette facilite plus grande de gouverner tiendrait pour une part a ce que
la distance entre le point d'entree et le point de sortie du cable n'est que de
9 metres environ, tandis qu'elle est, entre les galets verticaux des toueurs
a chaine, de pres de 50 metres, de sorte que quand le bateau est oblique
sur la direction du cable, le bras de levier du couple cree par le fait de
cette obliquite est beaucoup moindre. Le fait serait vrai a obliquite egale,
mais le degre d'obliquite qu'il faut obtenir est loin d'etre le meme dans
les deux cas. De plus, avec les appareils nouveaux dont jc parlerai tout a
I'heure, il serait tres-facile de realiser, pour Tentree et la sortie de la chaine,
les memes conditions que dans le cas du cable.
Elle serait due, pour une autre part, a la fagon dont sont attaches les
bateaux remorques dans le cas des toueurs a cable, du cote babord des
toueurs au cote tribord des bateaux : il n'y a rien la de special et qui ne
puisse, si on le desire, etre realise dans les toueurs a chaine.
En fail, a cause de la position de I'appareil detouage sur un cote du ba-
teau dans les toueurs a cable, les conditions de gouverne sont tres-inegales
selon le cote ou Ton veut alter, cequi deja n'est pas bon. Seraient-elles en
toute circonstance plus faciles que dans les toueurs a chaine (et nous ne
2= SECTION. — 4' SEANCE. 167
le croyons pas), ce ne serait pas encore une superiorite, mais bien line ne-
cessite, car a cause de sa plus grande legerete, le cable se souleve a I'avant
beaucoup plus loin que la chaine ; il se laisse de plus riper beaucoup plus
sur le fond sous Taction d'une traction transversale, et le toueur se trouve
en courbe, absolument oblige de faireavec la direction du cable des angles
beaucoup plus grands que ceux que doit faire avec la direction de la chaine
un toueur a chaine. On arrive a des angles tels que I'utilisation de I'eflbrt
moteur devient tres-mediocre, et que la superiorite de touage, qui tient
en fait a cette bonne utilisation, disparait du coup.Et cela est si vrai que le
cable, ripe vers Tinterieur des courbes, en arrive a sortir du lit de la ri-
viere et a venir sur les rives (canal du lac Erie par exemple).
Que si a cela on ajoute les difficultes serieuses qui peuvent provenir de
toute rupture ou de toute necessite de couper le cable a cause de I'epis-
sure ou des deux epissures qui en seront la consequence, on ne sera pas
surpris que, aussi bien sur I'Oder que sur le canal de I'Erie.aussi bien sur
la Moskowa que sur le Danube, le cable apres essaie ait ete abandonne et
considere comme defectueux.
II n'a en fait reussi que sur le Rhin, et, pour nous, cesucces tient unique-
ment a la nature du fond dans la zone oil le touage est exploite. La le lit
du fleuve est herisse de pointes de rocher auxquelles le cable s'accroche,
qui empechent le ripement, grace auxquelles le toueur n'a pas a faire en
courbe avec la direction du cable des angles de plus de 60°! C'est unique-
ment cette particularite qui rend son emploi possible, non seulement pos-
sible, inais meilleur que ne serait celui de la chaine, carcelle-ci ne resis-
terait pas aux coups de fouet qui se produisent quand le cable tire vers le
haul echappe a I'obstacle qui le retenait, parfois presque a I'aplomb du
toueur. Mais il ne faut voir la qu'un cas exceptionnel tres-particulier, et
qui n'infirme en rien Topinion que nous avons sur la valeur respective du
cable et de la chaine. C'est pourquoi,cherchant la solution du touage dans
les conditions que j'ai precedemnient indiquees, nous I'avons cherchee
avec la chaine et non avec le cable.
Cette solution, il y a deja quelques annees que la Compagnie de la
Basse-Seine la recherche. Un procede avail ete indique par la Compagnie
de Fives-Lille, qui paraissait devoir donner de bons resullats. II compor-
tait une chaine passant sur le pourtour d'une poulie d'assez grand diame-
tre dont la gorge etait munie de griffes pressees par de I'eau comprimee.
Avant de nous decider a employer cet appareil et en raison des compli-
cations qu'il presente, nous avons tenu a chercher s'il ne serait pas pos-
sible de faire plus simple et nous pensons y etre ai-rives.
Nous serons fixes bientot, car le toueur dont jc vais vous parler n'existe
pas uniquemcnt a I'etat de projet : il a ete fait a Lyon et mis en route
pour venir a Paris, ou nous esperions le voir arriver a temps pour le mon-
trer au Congres. II est en route dcpuis le 9 de ce inois : mais le malheur
a voulu qu'il se trouvat arrete sur la Saone pendant une huitaine de jours
UB PROCfiS-VERBAUX DES STANCES DES SECTIONS.
faute d'eaii pour passer une ecliise. Peut etre arrivera-t-il assez a temps
pour mepermettre de le montrer a ceux que cela pourrait interesser,inais
seulement au repos : il n'est meme pas cntierement fini, n'a pas pu fonc-
tionner jusqu'a present; ce seront done encore des considerations un peu
theoriques que je vais avoir a vous exposer.
L'idee qui parait devoir nous mener au resultat que nous cherchons
consiste a prendre comme appareil de touage une poulie aimantee.
Nous ne savions guere au commencement quel pourrait etre le resultat
total donne par I'aimantation.
Pourrait-elle etre utilisee pour soulager I'effort a exercer un moyen d'ap-
pareils mecaniques simples ; des galets serrant, au moyen d'eau com-
primee, la chaine sur le pourtour d'une poulie de touage, et auxquels il eiit
fallu demander, s'ils eussent travaille seuls, des pressions tout a fait inac-
ceptables?
Pourrait-elle, au contraire, nous donner a elle seule tout ce dont nous
avions besoin?
L'incertitude etaitgrande, I'apprecialion exacte a priori, je crois, impos-
sible, d'autant plus que le fonctionnement de I'appareil est complcxe.
II y a, d'une part, I'efTet d'aimantation qui doit coUer la chaine sur la
poulie et, d'autre part, Teft'et d'enroulement d'un organe flexible embras-
sant un angle assez considerable qui vient s'ajouter au premier. II etait
done necessaire de recourir a I'experience.
Nous avons construit pour notre premier essai une poulie de ti'es-petite
dimension. Lcs resuUats ayant ete encourageants, nous avons ensuile fait
faire une seconde poulie de la dimension que nous pensions devoir etre
employee sur un toueur, c'est-a-dire ayant un peu plus d'un metre. Je crois
qu'il etait necessaire de ne pas prendre une trop grande dimension. Nous
voulions n'avoir qu'une tres petite quantile de chaine, et pouvoir la jeter
facilement. 11 fnllait pour cela faire moins d'un tour complet, pour que le
deroulement fut facile, et prendre un petit diametre.
D'autre part, la vitesse du toueur etant limitee, un grand diametre nous
eiit conduits a de tres-petites vitessesde rotation, a un mecanisme par con-
sequent lourd et couteux, puisque I'effort a transmettre ne variait pas.
Nous avons clioisi 1 m. 25.
Cette poulie est representee sur la partie superieurc du dessin expose
dans cette salle.
Vous y pouvez voir comment elle est construite : la chaine vient se pla-
cer dans la gorge de fagon a fermer en aussi court circuit que possible le
circuit niagnetique developpe par le passage du courant.EUe a ete essayee
a I'atelier au repos : elle etait placee, de fagon a ne pouvoir tourner, sur
un chevalet ; nous avons enroule dessus de la chaine de touage neuve,
puisde la vieille, etnous avons mesureles efforts necessaires pour la faire
glisser avec des quantiles de courants variables dans la bobine.
Je ne veux pas vous reciter toute une s6ri6 de chiffres, dont la lecture
2- SECTION. — 4' SEANCE. 169
serait fasticlieuse, et qui se trouvent dans le rapport que nous avons pre-
sente au Congres;je me contenterai de resumer les resultats.
Nous avons pris d'abord de la chaine de touage vieille. Tres-usee, elle
pese a peu pres la moitie de ce que pese la neuve (soit 9 kilogr. par metre
au lieu de 15) ; elle est allongee par I'usage; les anneaux sont deformes ;
les contacts sont tres-mauvais, puisque la chaine neuve elle-meme ne pre-
sente magnetiquement pas un contact bien merveilleux. II faut done
s'altendre a un dechet considerable. Nous avons trouve pour trois quarts
de tour une adherence comprise entre 6000 et 6 500 kilogrammes. II est
probable, dans ces conditions, qu'une chaine neuve donnera une adherence
d'environ 10 000 kilogrammes, en ne tenant compte que du supplement de
poids de la chaine, et non des conditions meilleures de contact qui se ren-
contrent dans les chaines neuves.
Nous nous sommes contentes de cette probabilite sans pousser I'essai
jusqu'au bout, avec de la chaine neuve, parce que le chevalet dont nous
disposions ne nous a pas paru assezsolide pour porter 10000 kilogrammes
et parce que nous etions assures deja d'avoirplus qu'il ne nous etaitneces-
saire.
En effel, I'effort le plus considerable constate en Seine, par les eaux
hautes, n'atteint guere plus de 4500 ou 5 000 kilogrammes; nous avons
mieux deja avec de la vieille chaine, et en pratique on ne rencontre que de
la chaine neuve partout ou il y a a faire un gros effort. Mais nous avons
verifie que le mouillage ou le vrillage de la chaine n'empecheraitpas un
fonctionnement satisfaisant du systeme. II existera sans doute entre
I'essai fait au repos et co qu'on obliendra en marche un peu de dechet,
a cause du retard provenant du temps necessaire pour que I'aimantation
de la chaine soit complete. J'estime que ce retard pourra equivaloir tout
au plus a 8 ou 10 degres d'enroulement. Or, comme I'enroulement est plus
grand qu'il n'est necessaire, nous nous trouvons garantis.
Les resultats obtenus ayant paru assez concluants, la Compagnie de
touage de la Basse-Seine et de I'Oise decida de faire construire un toueur
neiif muni de cet appareil, qui put quitter sa chaine a un moment quel-
conque du parcours, se retourner pour descendre en faisant du remor-
quage, et realiser ainsi, avec une chaine unique, le service a deux voies
sans manoeuvres nitroquages en route. II est represente surle grand dessin
que vous avez sous les yeux.
Nous lui avons donne une forme de coque un peu plus satisfaisante que
celles qui ont ete usitees jusqu'a present : il ressembleplutot a un remor-
queur. Nous lui avons conserve deux gouvernails pour pouvoir exercer. en
vue du maintien de la chaine en place, des efforts tres-energiques, mais
celui d'avant est dispose de facon a n'apporter aucune gene au service du
remorquage. Le bateau est dessine ici dans la position qu'il doit occuper
quand il marche comme toueur. A I'avant et a I'arriere se trouvent des
compartiments oil Ton peut mettre de I'eau de fagon a avoir un relevement
170 PROCES-VERBAUX DES SfiANCES DES SECTIONS.
de I'avant quand le bateau doit marcher comme remorqueur. D'ailleurs, le
dessin indique suffisamment quel a ete le mode de construction pour que
je n'aie pas a entrer dans une description minutieuse,et je n'insisterai que
sur les points qui peuvent presenter quelque interet.
Celui qui pent a prfo?^/ pa raitre le plus delicat est la question du decolle-
ment de la chaine, qu'il faut pouvoir produire facilement. Je crois que
nous obtiendrons ce resultat dans de bonnes conditions. Voici les precau-
tions que nous avons prises pour I'assurer.
De part et d'autre de la poulie de touage, la chaine passe, a I'entree et a
la sorlie, sur deux gros galets qui la guident et qui sont montes sur des
chariols mobiles, afin de faciliter les manoeuvres de raise en place et d'en-
levement et de permettre de regler Tangle d'enroulement.
Le galet d'avantest construit en metal non magnetique, de fa^on a nepas
desorganiser le champ dans la region de I'entree de la chaine, et a laisser
Faimantation se produire aussi completement et aussi siirement que possible.
Ce galet pent, selonles besoins, etre plus ou moins rapproche de la grande
poulie.
Le galet d'arriere doit au contraire etre maintenu an contact de la poulie
de touage. II est en fer, et nous avons donne a la jante une tres-grande
6paisseur, afin qu'elle presente au passage du courant magnetique
une resistance beaucoup moindre que celle de la chaine. Dans ces con-
ditions, ce sera le galet qui fermera le champ magnetique et non plus la
chaine, qui, placee entre deux pieces aimantees, devra alter presque aussi
facilement sur I'une que sur I'autre. Pour assurer le decollement dans les
cas oil la precaution ci-dessus serait insuf'fisante,nous avons mis entre les
galets un decameur en metal non magnetique.
Les cas de marche en arriere sont accidentels; le toueur ne doit pas
descendre sur chaine, ou sinon on doit le retourner de fagon qu'il
descende en avant. II n'est expose a faire machine en arriere que pour des
mana?uvres, a I'entree des ecluses, par exemple. Toujours est-il que, dans
ce cas, il n'aura pas a developper sur la chaine des efforts comparables
a ceux qu'il est oblige de faire quand il marche en avant. Nous avons done
dispose un rheostat qui permet de diminuer en pareil cas la quantite de
courant envoyee dans la grande poulie, de faQon que, la chaine adherant
moins fort, le decollement, qui ne pent alors etre assure que par Taction
du decameur, reste encore facile.
Au surplus, meme en casde marche reguliere avec aimantation complete,
le decollement par le decameur seul pourrait encore se faire dans des con-
ditions suffisantes.
J'aimesure la force d'arrachement suivant le rayon en employantun sys-
tems de deux anneaux representant un element de chaine bien complet.
J'ai trouve que, en supposant que cette force conserve la meme valeur
pendant un parcours de 2 centimetres des anneaux de chaine qui s'eloi-
gneront du centre sous Taction du doigt du decameur, le travail corres-
2' SECTION. — 4' SEANCE. 171
pondant a la vitesse normale de rotation de la poulie ne serait guere que
de 1/3 de cheval. Dans ces conditions, on pourrait done admettre le fone-
tionnement, meme dans le cas ou le galet de sortie n'interviendrait pas.
Quant a la force totale a depenser jJar la poulie de touage pour pro-
duire une aimantation capable de donner une adherence de 10 000 kilo-
grammes, elle n'est que de 4 clievaux. Pour la marche normale, il est
probable qu'on n'aura pas a demander aux machines speciales qui pro-
duiront le courant plus de 2 a 5 chevaux. Ces machines consistent
en une dynamo et un petit moteur distinct fournissant, independamment
des conditions de marche de la machine du bateau, le courant necessaire
a la poulie de touage et aux autres appareils electriques disposes a bord,
et que je dois au moins signaler.
Nous avons dispose a I'arriere du toueur un puits de chaine, comme il
en existe sur les toueurs d'Allemagne. Dans notre pensee, ce puits de
chaine est destine a faciliter les manoeuvres lors des passages dans les
courbes, car ce sera la Tune des principales difficultes que Ton rencon-
trera a faire passer le toueur sur la chaine toujours dans le meme sens.
La chaine est ripee vers la rive convexe des courbes de telle facon que,
sur nos bateaux actuels nous estimons qu'on ne pourrait pas monter
plus de cinq ou six trains de suite si Ton ne profitait pas de la descenle
pour la replacer.
Des gouvernails, meme puissants, ne nous ont pas paru devoir suffire
a resoudre cette difficulte : nous croyons pouvoir y arriver avee un moyen
de conserver sur le pont le mou qui se produit a I'entreeen courbe pour le
rendre petit a petit pendant le passage, c'est-a-dire avec la possibilite
de ne pas ecouler a I'arriere a chaque instant exaclernent la quantite
de chaine qui entre a I'avant. D'ou le puits de chaine, dont le fonctionne-
ment doit etre assure au moyen d'un frein graduable que vous voyez
sur le dessin. C'est une poulie construite avec de moindres dimensions,
de la meme fagon que la poulie de touage. Si Ton y envoie du courant, on
fait coller d'une part la chaine, d'autre part un sabot en fer qui
Tempeche de tourner, Teffet obtcnu pouvant etre gradue par la variation
du courant.
Quand ee frein fonctionnera, la chaine ne coulera pas par Teffet de son
poids seul sur un chemin qui est pen incline; il faudra, pour assurer
sa descente, meltre en mouvement le petit galet qui se trouve a I'entree
du puits. Nous nous servirons pour cela d'une petite dynamo qui pourra
mettre en route et arreter ce galet a volonie. Pour la transmission de
mouvement de la dynamo au galet, j'ai fait intervenir encore I'adherence
magnetique. Mais j'aurai d'ailleurs a reparler de ce systeme quand nous
nous occuperons de la question du touage sur les canaux. Je vous deman-
derai done la permission de ne pas insister aujourd'hui, afin de ne pas
allonger encore cette communication deja trop longue.
Un des principaux avanlages de ces dispositions c'est que toules ces
172 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
manoeuvres peuvent etre concentrees dans une seiile main, les commu-
tateurs permettant de regler le coiirant dans la grande poulie, dans le
frein, dans la dynamo d'entree du puits de chaine elant reunis dans
line petite boite placee sur la pass'erelle du capitaine, a cote de la roue du
gouvernail arriere.
Tel qu'il vient d'etre decrit, il me semble que ce systeme de touage
repond manifestement au programme que j'ai expose en commencant.
Puisque la quantite de chaine employee n'est que de 3 metres, il sera
toujours facile de perdre ces 3 metres sans faire de mou. Et d'aulre part,
puisque I'appareil est construit de telle fa^on qu'il ne doit abimer la
chaine en aucune fagon, celle-ci est beaucoup mieux gai'antie des causes
de destruction que dans les systemes actuels.
J'ai parte des toueurs fonctionnant sur cable. Quoique ce precede ne
soit, a mon sens, avantageux que dans des cas tres particuliers, je crois
que, dans ces cas-la, I'appareil que je viens de decrire pourrait etre
employe et qu'il donnerait toutes satisfactions. Si les renseignements qui
m'ont ete fournis sont exacts, le cable en usage sur le Rhin pese un peu
plus de 6 kilogrammes le metre. I'appareil toueur comporte 4 tres
grandes poulies, dont deux — les extremes — sont mobiles de fagon a
accompagner les deviations du cable, et dont les deux autres — celles
qui se trouvent au centre — sont, I'une une poulie Fowler, et I'autre
une simple poulie-guide fixe.
II suffirait de rendre motrices les deux poulies centrales — celles qui
sont fixes — pour enrouler sur leur gorge, en y faisant un demi-tour
sur chacune, la quantite de cable susceptible de donner une adherence
qui serait plus que suffisante, puisqu'elle pourrait alteindre 15 a
16000 kilogrammes. II serait bon, en ce cas, d'employer un cable comple-
ment metallique et de renoncer a la gaine de matieres plastiques. Cette
gaine repond surtout a la necessite de preserver le cable de I'ecrasement
dans les machoires de la poulie Fowler, et elle pourrait etre supprimee
sans inconvenient dans le cas ou Ton n'aurait plus a redouter cet incon-
venient.
J'ai termine, Messieurs, pour ce qui concerne la question du touage
sur les rivieres. J'aurai a vous parler des canaux dans une seance ulte-
rieure, et je reste a votre entiere disposition, si vous voyez quelque
detail qui puisse avoir de I'interet pour vous, et sur lequel vous desiriez
plus d'explications. [Applaudissements .)
M. LE President. — La parole est a M. Camere pour analyser son rapport
sur la traction des bateaux, en particulier sur la Basse-Seine.
M. Camere. — Messieurs, la lecture de mon rapport exigerait beaucoup
de temps; aussi vais-je me contenter, pour ne pas abuser de vos instants,
de vous en faire un resume :
Dans la premiere partie de mon travail, apres avoir defini quel etait
autrefois le regime naturel de la Basse-Seine, c'est-a-dire de la partie de la
2' SECTION. — i' S£Ai\CE. 175
Seine comprise entre Paris et Rouen, j'ai indiqiie celiii qu"elle possedc
actuellement par suite des ouvrages de canalisation dont elle a ete I'objet,
en vertu de la loi du 6 avril 1878, et qui lui ont assure un mouillage, en
tout temps, de 3 m. 20, correspondant, pour la marine, a un tirant d'eau
disponiblc de 5 metres.
J'ai ensuite fourni un certain nombre de renseignements sur ces ou-
vrages, sur le mouvement commercial de cette voie navigable, sur le
materiel de batellerie qui la frequente, enfin sur les prix de fret qui y sont
appliques.
Les retenues existant sur la Basse-Seine sont au nombre de neuf pour
un parcours de 250 kilometres.
Leur chute hydrostatique varieentre 1 m. 76 et 4 m. 1 8 . La premiere est
celle de la retenue des Mureaux-Mezy et la seconde celle de la retenue a
Amfrevillc-Poses.
Le bief le plus court estcelui deSaint-Aubin-Martot, qui n'a que 15 kilo-
metres, et le plus long celui d'Amfrevilie-Poses, qui a 41 kilometres.
Les ouvrages qui commandent chaque bief sont, d'une maniere generate,
composes d'un ou de plusieurs barrages desservis par une grande et une
petite ecluse.
La grande ecluse presente dans le sas une longueur utile de 141 metres
sur une largeur de 17 metres; elle est destinee au passage des convois de
bateaux. La petite ecluse offre, dans lesas, une longueur utile de 41 m. 60
sur une largeur de 8 m. 70; elle est specialement destinee au passage des
bateaux isoles.
Les barrages qui accompagnent ces ecluses ne sont pas tons du meme
type : les uns sont a fermettes et vannages composes soit d'aiguilles, soit
de vannes de moulin, soit de rideaux arlicules; les autres sont a cadres
suspendus sous des ponts, avec vannages constitues par des rideaux arti-
cules.
Parmi ces derniers figure le barrage de Poses, dont la chute atteint
4 m. 18 en basses eaux, et dont le vannage a une hauteur de 5 m. 30.
On pent estimer qu'en moyenne, par an, les barrages sont ouverts a la
navigation pendant cinquante jours, et que le nombre de manoiuvres d'ou-
verture complete ne depasse pas deux.
Pendant que les barrages sont en fonction, la vilesse du courant varie
entre 0 m. 50 et 1 metre a la seconde; pendant qu"ils sont ouverts et que
la riviere est renduc a elle-memc, cette vitesse atteint 1 m. 50 a la seconde
en riviere libre, et 2 m. 50 sous certains ponts.
La navigation, sur la Basse-Seine, ne subit d'arret que du fait des glaces
et des crues accentuees, en raison surtout du manque de hauteur des ponts.
On pent estimer en moyenne a 12 jours par an la duree de ce chomage
force.
La Basse-Seine est une des plus importantes voies navigables de France;
elle dessert, d'une part, un courant de navigation ayant pour principal
174 PROCES-VERBAUX DES STANCES DES SECTIONS.
objectif Paris, Rouen et le Havre, et d'autre part, iin courant de navigation
provenant dii Nord, deboiichant en Seine par I'Oise, k Conflans Sainte-
Honorine, et ayant surtout Paris pour destination.
Depuis 1879 jusqu'en 1891, le tonnage effectif, remonte et descente com-
prises, a passe, pour la parlie allanl de Rouen a I'Oise, de 867 994 tonnes
a 1694534 tonnes, et, pour celle s'etendant cntre I'Oise et Paris, de
2 240 874 tonnes a 3 550 937 tonnes.
Le materiel de batellerie qui frequcnte la Rasse-Seine comprend a la fois
des bateaux speeiaux a cette voie et des bateaux en provenance ou a desti-
nation des autres voics navigables interieures de la France.
La Rasse-Seine revolt en outre un certain nombre de bateaux de mer
affectes au cabotage.
Par suite de ces conditions particulieres, ce materiel comprend un grand
nombre de types de bateaux.
En cc qui concerne les bateaux sans moteur, et en ne considerant que
les types extremes, on rencontre sur la Rasse-Seine des penicbes portant
300 tonnes et des chalands portant 1 000 lonnes, ces derniers construits
specialcment pour le service de cette voie navigable.
Tons les transports sur la Rasse-Seine se font actiicUemenl au moyen de
la vapeur et a I'aide d'un materiel comprenant des toueurs, des propul-
seurs, des remorqueurs, des remorqueurs-porteurs, des porleurs, enfm
des caboteurs a vapeur.
Certains remorqueurs, des derniers types construits, ont une force nomi-
nate de 400 a 500 chevaux. Quant aux caboteurs a vapeur le Parisien et le
Bercy, construits tout specialcment pour pouvoir remonter jusqu'a Paris,
ils ont des machines d'une force nominate de 450 chevaux, et peuvent porter
500 tonnes en riviere.
L'activite de la navigation sur la Seine est mise en evidence par trois
graphiques joints a mon rappoi't et qui representent son mouvement pour
trois journees de I'annee 1890 se rapportant respectivement aux basses
eaux, aux eaux moyennes et aux hautes eaux.
Ces graphiques montrent, d'autre part, combien I'etat des eaux exerce
une influence considerable sur le tonnage que pent porter ou remorquer
tel ou tel type de vapeur.
Cette influence est surtout mise en evidence par le graphique qui se
trouve en bas de la planche III de mon rapport, duquel il ressort que les
toueurs de la Compagnie du Touage de la Rasse-Seine et de I'Oise remor-
quent en basses eaux 2 506 tonnes, 2 122 en moyennes eaux et seulement
1428 en haules eaux.
Ce graphique montre en outre :
1" Que la puissance de traction des remorqueurs decroit rapidement
avec la hauteur des eaux, et cela principalement pour les plus foi'ts;
2° Qu'il en est de meme pour les toueurs, mais dans une moindre pro-
portion ;
2- SECTION. — 4' SEANCE. 175
5" Que, pour les porteurs-remorqueurs et les propulseurs. la decrois-
sance de la puissance de traction est beaucoup moins rapide;
4° Enfin, que pour les bateaux-porteurs, cette decroissance est relative-
nient minime.
Les \itesses de marche atteintes par les bateaux sont tres-variables et
dependent non seulement du moteur, mais de leur charge et de I'etat des
eaux.
En ne considerant que la remonte, qui conslitue le point de \ue le
plus interessant, on peut dire que les \itesses de marche a I'heure varient
pour :
Les toueurs entre '2 kil. 500 et 4 kilometres;
Les remorqueurs entre 5 et 5 kilometres ;
Les porteurs entre 4 kil. 500 et 6 kilometres;
Les steamers entre 8 et 14 kilometres.
Mais, en fait, par suite des passages aux ecluses, des arrets effectues par
la batellerie pour divers motifs, on peut admettre que la distance de
226 kilometres qui separe Rouen de I'ecluse de Suresnes, la premiere en
aval de Paris, est franchie :
Par les toueurs en 4 a 5 jours;
Par les remorqueurs en 2 jours 1/2 a 5 jours;
Par les porteurs en 1 jour 1/2 a 2 jours;
Par les caboteurs a vapeur en 2 jours environ.
Certains porteurs a marche acceleree et naviguant jour et luiit ne mettent
toutefois que 30 heures pour franchir les 213 kilometres qui separent
Rouen de la Briclie, ou debouche en Seine le canal de Saint-Denis.
Le prix du fret entre Rouen et Paris, c'est-a-dire a la remonte, qui
s'elevait au commencement du siecle a 0 fr. 0607 par tonne kilometrique,
n'etait plus en 1890 que de 0 fr. 0148, et continue a baisser.
Ces prix ne s'appliquent qu'aux marchandises lourdes, et non aux mes-
sageries.
Dans la seconde partie de mon rapport, j'ai rendu compte d'experionces
sur lesquelles je crois devoir insister d'une maniere toute particuliere,
persuade qu'elles constituent une methode tres-pratique pour I'exploiation
des rivieres en vue de I'amelioration de leurs conditions de navigabilite.
Si les grands travaux executes sur la Basse-Seine, et dont je viens de
parler, ont parfaitement atteint le but poursuivi, a savoir, lui assurer, en
tout temps, un mouillage minimum de 5 m. 20, il est certain qu'ils ne
suffisent pas pour donner a cette grande voie navigable toute la valeur
qu'elle comporte eu egard a ce mouillage.
A notre epoque, alors que la concurrence est extreme, alors que le prix
du fret a une influence considerable sur I'importance et la conservation
du trafic, toute amelioration des conditions de navigabilite pouvant amener
un abaissement de ce prix, et justifiee, en meme temps, au point de vue
de la depense a faire, ne saurait etre negligee.
176 PROCES-YERBAUX DES STANCES DES SECTIONS
En ce qui concerne la Basse-Seine en particiilier, il est hors de doule
que tons les biefs ne presentent pas les memes facilites de navigation et
que, dans un meme bief, on rencontre sur certains points des resistances
a la traction plus considerables que sur d'autres.
Les mariniers savent par experience qu'il en est ainsi, mais ils ne se
rendent pas assez exactement compte des differences que presentent ces
resistances, suivant les points consideres, pour qu'il soit possible de se
baser sur leurs renseignements pour apprecier, avec une rigueur suffi-
sante, les difficultes reelles de chaque passage defeclueux, d'aulant plus
qu'elles tiennent a des causes multiples, telles que le manque de largeur
du chenal, sa mauvaise direction, son insuffisance commc profondeur,
alors meme qu'elle realise le mouillage reglementaire de om. 20, enfm la
presence de certains ouvrages fixes.
Comme ces passages obligenl les bateaux a vapeur, remorqueurs,
toueurs, propulseurs, etc., a fournir a leur traversee des efforts de traction
bien superieurs a ceux necessaires pour parcourir les parties normales de
la riviere, et jouent ainsi, au point de vue de la navigation, le meme role
que les rampes sur les routes et les chemins de fer, non seulemcnt leur
connaissance, mais celle de la resistance a la traction qu'ils entrainent
s'impose pour I'etude des ameliorations a apporler a la voie navigable, en
sus de celle realisee par Taugmentation pure et simple du tirant d'eau.
11 m'a paru que la recherche de ces passages par la voie cxperimenlale
devait etre la plus rapide, la moins couteuse et en meme temps la plus
cificace, et voici de quelle maniere j'ai precede sur la Seine.
Qiiand j'ai commence mes experiences, j'esperais pouvoir les pousser
assez loin pour etre a meme de soumcttre au Congres un travail complet,
pour tout le cours de la Basse-Seine; malheureusement les armateurs qui
exploitent cette riviere n'ont pu mettre leur materiel a ma disposition, par
suite des exigences de leur trafic.
Je n'ai done pu jusqu'a present poursuivre I'exploration de cetfe voie
que dans des limites Ires-restreintes, et en n'y faisant circuler que des
bateaux isoles remorques par un petit vapeur appartenant a I'Elat sur
lequelun dynamometre enregistrait les efforts detraction.
Ce sont les resultats des experiences, faites en reraorquant a la remonte,
entre les eclusesde Notre-Dame de laGarenne et Vernon, leschalands « Hor-
tense » et « Paquebot n" 19 », qui sont resumes sur les deux feuilles de
graphiquequeje depose sur le bureau et dont la reproduction se trouve,du
reste, dans mon rapport.
Dans la partie inferieure de chacune de ces feuilles figurent le profit en
long du chenal et le plan developpe du bras navigable.
Au-dessus et en concordance, se trouve un tableau graphique sur lequel
sont tracees les lignes representatives de la marche du convoi, desdiverses
vitesses de marche observ6es, enfm des efforts de traction enregistres.
Lorsque Ton examine ces graphiques, on pent constater, en laissant de
2' SECTION. — 4* SfiANCE. 177
cote les points de details, qu'il existe una correlation manifeste entre la
grandeur des efforts de traction et les conditions que presente le chenal
en tant que profondeur et largeur.
Toutefois, comme la vitesse du convoi n est pas uniforme pendant la
duree du trajet, ces graphiques ne sauraient, a eux souls, deceler d'une
maniere precise et les passages defectueuxde la riviere et leur importance.
Pour arriver a cette determination d'une maniere rapide, j'ai eu recours
a la methode graphique suivante :
J'ai rapporte, pour chacune des experiences failes, en portant d'une
part, en abscisses, les efforts, et d'autre part en ordonnees, les vitesses,
toutes les relations fournies entre ces elements par les graphiques de
marche, y compris celles exi slant entre les efforts moyens et les vitesses
moyennes.
Puis, de chaque cote, et a meme distance des points fournis par ces der-
nieres relations, j'ai trace deux courbes passant par I'origine des coordon-
nees et englobant le plus grand nombre possible des autres points.
Les points compris entre ces deux courbes representent les vitesses et
les efforts de traction qui sont compatibles avec le cours normal de la
riviere. Quant a ceux qui se trouvent au-dessus et au-dessous de cette
gerbe, ils correspondent forcement, les premiers, a des passa-^es faciles de
la riviere, puisqu'ils fournissent des efforts faibles pour degrandes vitesses,
et les seconds, aux passages difticiles par la raison inverse.
Comme on le voit, on peut arriver tres-faciloment, par cette methode, a
determiner les passages defectueux d'une riviere etla gene qu'ils font peser
sur la navigation.
Une fois cette reconnaissance faite, rien n'est plus facile que de serendre
compte des travaux a executer, et si la depense devant en resulter est en
rapport avec les avanlages a en retirer.
A I'appui de la valeur pratique de cette methode, je signalerai que la dis-
cussion des resultats des voyages des chalands « Hortense » et « Paquebot
n" 19 » a fait ressortir, pour certains passages faciles a ameliorer, des
augmentations de traction de 11 pour 100 sur reffort normal, augmenta-
tions qui atleindraient meme pour d'autres passages 18 pour lOOd'apres
un groupe d'experiences citees par moi.
J'ajouterai que, depuis la presentation de mon rapport, les experiences
poursuivies sur la Basse-Seine ont fourni des resultats analogues, et que,
d'apres les recherches faites dans mes archives, j'ai pu constaler que la
plupart des passages signales comme mauvais par ces experiences ont
donne lieu jadis a des travaux de dragage qui n'ont pas ete suffisants ou
dont le bon effet a disparu.
A propos de ces experiences, je tiens a signaler le concours precieux
que j'ai trouve pour leur execution de la part de M. I'ingenieur Clerc, mon
collaborateur immediat, et de M. Jacob, conducteur des Ponts et Chaussees,
qui a suivi personnellement toutes les experiences de traction.
13
178 PROCES-VERBAUX DES SEAKCES DES SECTIONS.
J'ai egalement rendu comptc, dans la scconde paiiie de mon rapport,
d'etiides sur la traction des bateaux en eaux limitees que j'ai eu occasion
de faire en 1873 sur le canal de Bourgogne.
Les experiences ont ele faifes au moyen de trois bateaux : la flute « La
Marguerite » , sans chargement ; la flute « Port d'Appoigny » , avec chargeinent
de 27 tonnes, et la tone « La Fanny », portantun chargement de 150 tonnes.
Les resultats de ces experiences peuvent etre representes dans les limites
oil elies ont ete faites par trois formules algebriques qui se trouvent dans
mon rapport, et donl la figure 2 de la planche fournit I'interpretation gra-
phique.
Je me contente de signaler en passant que, d'apres ces formules, la resis-
tance a la traction n'est pas seulement fonction du carre, mais du cube de
la vitesse.
Enfm la Compagnie du Touage de la Basse-Seine et de I'Oise ayant bien
voulu me communiquer divers resultats d'experiences de traction faites
par elle, tant en canal qu'en riviere, je les ai citees dans mon rapport, et
j'ai essaye d'en tirer certaines conclusions pratiques dont le developpement
ici m'entrainerait trop loin.
En resume, dans la deuxieme partiede mon rapport, j'ai essaye de mon-
trer que la question de la traction sur les rivieres cana Usees presente encore
bien des inconnues, nolamment en ce qui concerne Tinfluence qu'elle
pent exercer sur la reduction des prix de transport, et qu'il ne suffit pas,
pour resoudre ce probleme, de s'attaclier uniqucment au moteur et au
bateau, mais egalement aux ameliorations de details de la voie navigable
elle-meme, en supposant resolue son adaptation generate a un mode de
navigation determine.
J'ai en outre indique de quelle maniere on pouvait, en vue de ces ame-
liorations, rechercher experimentalement, et par une methode graphique
des plus simples, les passages defectueux d'une riviere et arriver, en
meme temps, a se rendre compte de I'augmentation sur Teffort normal de
traction qu'ils imposent a la marine, et par suite, de leur influence sur le
prix de fret.
Je vous remercie, Messieurs, de I'atlention que vous avez bien voulu
prefer a ma communication, et serais tres heureux si elle pouvait engager
quelques-uns d'entre vous a me suivre dans la voie que je vicns de tracer.
{Marques cV approbation.)
M. LE President. — Nous avons encore a examiner le rapport de MM. Bel-
lingrath et Dieckhoft" sur la traction des bateaux dans les bassins de I'Elbe
et de I'Oder, ainsi que celui de M. Miitze sur la traction des bateaux sur
les canaux et les rivieres a courant libre du bassin du Rhin, et enfin celui
de M. Thiem sur la traction des bateaux sur la ligne de Hohensaaten a
Spandau.
Quelqu'un demande-t-il la parole au sujei de I'une ou I'aulre de ces
communications ?. . .
i
2' SECTIO:^. — 4^ SEA>XE. 179
Je prierai alors M. Camere, qui en a fait une elude approfondie, et qui a
urie si grande competence en ces matieres, de vouloir bien les resumer
pour la Section.
M. Camere. — Je vais essayer de vous resumer aussi brievement que
possible les rapports que vient de citer M. le President et qui sont extre-
mement interessants pour les renseignements precis et tres-nombreux
qu'ils renferment.
Le rapport de MM. Bellingrath et Dieckhoff est relatif a la traction des
bateaux dans les bassins de I'Elbe et de I'Oder. L'Elbe, en y comprenant la
Moldau, forme une voie navigable de 777 kilometres de longueur dont la
pente, en dehors de la partie soumise a Taction de la maree, varie entre
0 m. 529 et 0 m. 124 par kilometre, et dont la vitesse du courant qui, d'une
maniere generate, se liententre 0 m. 50 et 2 metres en basses eaux, atteint,
en hautes eaux navigables, 5 metres et memt; 5 m. oO.
Ouant au mouillage, il est extremement varia])le, non srulcment eu
egard a la hauteur des eaux, mais suivant la portion consideree de la voie
navigable.
Les bateaux frequentant I'Elbc peuvent atteindre, en hautes eaux, un
enfoncement maximum de 1 m. 56 a 1 m. 70, mais les remorqucurs, pour
pouvoir passer en tout temps, ne doivent pas presenler des enfoncements
excedant :
Entre Aussig et la frontiere allemande. ... 5^ centimetres
De la frontiere allemande a Magdebourg. . . 60 a 05 —
De Magdebourg au confluent de la Havel. . . 80 —
Du confluent de la Ilavel a Hnm])ourg. ... 90 a 1 —
L'amelioration de celte voie navigable a etc oblenue par un ensemble
de travaux comportant, suivant la nature du lit, des revetemenls de
berges, des digues paralleles isolees et des epis diriges normalement au
courant, enfin des dragages, et conduits de maniere a fournir au fleuve
une largeur normale passant progressivement de 104 metres pourl'amont
a 315 metres pour I'aval.
Le remorquage sur TElbe se fait au moyen de vapeurs a roues, et de
toueurs a chaine, mais il y a lieu de remarquer qu'au fur et a mesure
que l'amelioration du fleuve s'est produite, et que la construction des
bateaux a vapeur a fait des progres, les remorqueurs arrivent a travailler
dans des conditions plus economiques que les toueurs, du moins dans la
partie aval comprise entre llambourg et Torgau. En amont, il n'en est
plus de meme, et I'a vantage finit par rester aux toueurs dans la partie tout
a fait superieure du fleuve.
M. Bellingrath pose en principe que, du moment ou la pente depasse
0 m. 50 par kilometre, les remorqueurs cessent de pouvoir lutter avec
les toueurs.
Les bateaux a marchandises qui circulent sur I'Elbe sont tres-variables
corame tonnage et comrae dimensions, mais ceux frequentant seulement
180 PROGES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
ce fleuve, peuveiit alteindre iin tonnage de 450 a 750 tonnes avee un
enfoncement de 1 m. 56 a 1 m. 70, une largeur de 8 m. 50 a 10 metres
et une longueur de 60 a 70 metres.
Quant aux remorqueurs a roues, les nouveaux types ont une largeur de
16 m. 50 et une longaeur de 66 metres; ils possedent des machines com-
pound de 600 a 650 chevaux ne depensanl que 800 grammes ou 1 kilo-
gramme par cheval-vapeur indique, tandis que les machines a haute pres-
sion des toueurs depensent 1 kilog. 6.
Le prix de fret kilomelrique est en moyenne :
Ala remonte de 0 fr. 0125
A la descente de 0 fr. 0100
L'Oder, bien que navigable, a parlir de Ratibor, sur une longueur de
702 kilometres, ne comporte de navigation avecremorquage a vapour (jue
sur la partie exempte d'ecluses comprise entre Breslau et Stettin, soit sur
492 kilometres.
La pente moyenne de Om. 24 par kilometre en amont decroit progressi-
vement jusqu'a 0 m. 02, applicable aux 80 derniers kilometres d'aval.
Au moment des eaux favorables, soil principalement au printemps, les
bateaux naviguent a pleine charge avec un enfoncement de 1 m. 55 a
1 m. 40, mais en general, ils ne disposent que d'un tirant d'eau de 82 a
85 centimetres, et meme souvent inferieur.
Le tirant d'eau des vapeurs remorqueurs circulant au-dessous de Breslau
nedepasse pas 70 a 80 centimetres.
En amont de Breslau, I'amelioration de I'Oder est realisee au moyen
d'ecluses ; en aval, elle est poursuivie par des travaux de regularisation du
lit ayant pour objectif une profondeur minima de 1 metre.
Bien que ce mouillage n'ait pas encore etc atteint, les facilites de
navigation obtenues ont ete assez marquees pour que le trafic ait passe
de 190 000 tonnes en 1880 a 900000 tonnes en 1889, et continue a
augmenter.
C'est un rcsultat tres remarquable, etant donnee la faiblesse du tirant
d'eau disponible.
Lc rapport dont je rends compte fournit en outre des renseignements
analogues sur les affluents navigables de I'Oder et sur les canaux voisins,
ainsi qu'au sujet des systemes de remorquagc pratiques sur les voies navi-
gables de la Marche entre I'Elbe et I'Oder.
Parmi les nouveaux modes de remorquage essayus sur les voies navi-
gables des bassins de I'Elbe et de I'Oder ou en projet, le rapport cite des
experiences de traction par cable sans fin et par locomotive, lesquelles
n'auraient pas donne des resultats extremement satisfaisants, et des
etudes de traction par I'electricite.
Le rapport de M. Miitze a trait a la traction des bateaux sur les canaux
et les rivieres a courant libre du bassin du Rhin. D'apres ce rapport, le
Rhinetses affluents fourniraient de tresgrandes facilites pour la navigation.
2^ SECTION. — 4= SEANCE. ^81
Leur navigabilite naturclle a cte notablement amelioree par des travaux
de regularisation et de canalisation executes par les soins des Etats rive-
rains, et des canaux ont ete etablis pour relier entre elles les diverses voies
navigables et y rattacher differents centres de trafic.
Le reseau actuel de ces voies navigables atteint 3 200 kilometres en
nombre rond, dans lesquels :
Les canaux figurent pour 16 pour 100
Les rivieres canalisees pour 13 pour 100
Les rivieres regularisees pour 71 pour 100
Ces dernieres representent I'element le plus important, tant au point
de vue de leur longueur que de leur trafic. Les transports s'y effectuent au
moyen de bateaux a vapeur et de bateaux portant 500 tonnes.
La navigation a vapeur existe sur :
4 pour 100 des canaux et rivieres canalisees;
70 pour 100 des cours d'eau regularises.
Les bateaux portant plus de 500 tonnes circulent sur :
4 pour 100 des canaux et rivieres canalisees;
36 pour 100 des cours d'eau regularises.
Apres cet expose, M. Miitze examine successivement les conditions de
navigation des sept groupes entre lesquels on peut repartir, d'apres leur
position geographique, les voies navigables de ce bassin. a savoir :
1" Le lac de Constance et la section du Rhin qui s'y rattache jusqu'a
SchalTouse; 2° les canaux d'Alsace-Lorraine, y compris le canal des houil-
leres de la Sarre et la Sarre canalisee; 3° le i\eckar; 4° le Main avec
le Regnitz et le canal Louis; 5" la Moselle et la partie non canalisee;
6° la Lahn, la Ruhr et la Lippe; 7° le Rhin en aval de Rale avec les canaux
de Frankenlhal, d'Erft, de Rheinberg et de Spoy.
Ne pouvant entrer, ici, dans tons les details fournis au sujet de ces
voies navigables, je vais mecontenter de vous en indiquer les traits carac-
teristiques.
La navigation sur le lac de Constance, y compris le lac d'Ueberlingen et
le lac Inferieur, est faile par des bateaux a vapeur a voyageurs et a mar-
chandises de grande vitesse, desservant les principales stations des lignes
de chemins de fer qui y aboutissent, par des bacs pouvant porter 16 wagons
et par des bateaux a voile ou remorques.
Entre Stein et Schatfhouse existent egalement des services reguliers de
bateaux a vapeur.
Le tirant d'eau de cette batellerie ne depasse pas 1 m. 65.
L'ensemble de ces voies preseiite un parcours de 250 kil. 4.
Sur le reseau des canaux de I'Alsace-Lorraine, le canal des houilleres
de la Sarre et la Sarre canalisee, voies dont la longueur totale est de
433 kil. 6, la traction des bateaux se fait au moyen du halage par che-
vaux et mulots, et a bras d'hommes.
Sauf des exceptions de peu d'importance, les bateaux qui y circulent ont
d82 PROCES-YERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
line longueur comprise entre 50 metres et 54 m. 50, une largeur de
5 metres u 5 m. 10 et un tirant d'eau de 1 m. 40.
Leur tonnage varie entre 150 et 200 tonnes.
Le Neckar, qui est navigable a parlir de Cannstadt, a une longueur de
489 kilometres. On y pratique le halage par chevnux dans la parlie supe-
rieure, et le louage a vapeur par trains et a la renionte, dans la partie
infericure seulement.
En amont, les bateaux ont 50 metres de longueur, 4 m. 50 de largeur,
4 metre de tirant d'eau et un tonnage de 75 tonnes. En aval, ils presentent
une largeur de 6 metres, des longueurs de 58 a 45 metres et des lirants
d'eau de 80 centimetres a 1 m. 10 avec un tonnage de lOO a 255 tonnes.
Les crues et b's glaces y interrompent la navigation pendant 41 jours,
en moyenne, par an.
Le Main navigable, y compris le canal Louis qui le relie au Danube, a
504 kilom. 4.
Dans la partie canalisee du Main peuvent circuler des bateaux de
76 metres de longueur, 40 metres de large et d'un tirant d'eau de 4 m. 90
en attendant 2 m. 50, et portant 4 000 tonnes.
La traction y est faite a la remonte au moyen de chevaux de halage et
du ton age.
Dans la partie du Main non canalisee, les dimensions maxima des bateaux
sont : longueur 44 metres, largeur 7 metres, tirant d'eau 1 m. 50 et ton-
nage 275 tonnes.
On y pratique le halage, la navigation a voiles et a vapeur.
Enfin, sur le surplus du reseau, les bateaux ont, au maximum, 52 rn. 40
de longueur, 4 m. 49 de largeur, 4 m. 29 de tirant d'eau, et un tonnage
de 127 tonnes.
La traction par chevaux y est seule en usage.
Le reseau de la Moselle et de la Sarre canalisee a une longueur de
405 kilom. 6, le halage par chevaux y est exclusivement pratique, sauf
toulefois dans la partie de la Moselle non canalisee ou les voyageurs et les
marchandises sont transportes ou remorques par vapeur.
Dans cette derniere partie, les bateaux peuvent atleindre de :
57 m. 60 a 45 m. 60 en longueur;
5 m. 80 a 6 m. 90 en largeur;
4 m. 50 a 2 metres comme tirant d'eau,
et un tonnage de 225 a 550 tonnes.
Dans les autres parties de cette voie navigable, les dimensions maxima
des bateaux sont : longueur de 55 metres a 55 m. 50; largeur, 5 metres
a 5 m. 80; tirant d'eau, 1 m. 25 a 4 m. 60: tonnage 460 a 220 tonnes.
L'interruption de la navigation peut atteindre 67 jours par an.
La Lahn, la Ruhr et la Lippe constituent une voie navigable de 599 kilo-
metres, sur laquelle peuvent circuler des bateaux de 54 m. 40 a 58 m. 60
I
2' SECTION. — 4^ SEANCE. 185
de longueur, 5 metres a 6 m. 40 de largeur, 1 metre a 1 m. 40 de tirant
d'eau, et d'un tomiage de 140 a 200 tonnes.
La traction par chevaux y existe seiile. La navigation y est interrompue
pour cause de basses eaux, de crues, de glaces et de reparations pendant
11 a 14 semaines par an.
Le Rhin, en aval de Bale, avec les canaux de Frankenthal, d'Erft, de
Rheinberg et de Spoy, forme un reseau de 967 kilom. 200.
Le halage par chevaux est pratique snr toutes ces voies, le remorquage
a vapeur sur le Rhin entre Strasbourg et Rotterdam et sur le canal d'Erft,
le touage a vapeur sur le Rhin entre Mannheim et Ruhrort, enfm la naviga-
tion a voiles sur quelques parties du Rhin, sur le canal de Rheinberg et
sur le canal de Spoy.
Sur le Rhin, la navigation a vapeur a surtout de I'importance a la des-
cente en aval de Mannheim. En dehors des grands bateaux a vapeur qui y
circulent, on y voit des remorqneurs trainant de 4 a 5 bateaux charges de
3 500 a 4 000 tonnes. La partie aval du Rhin est egalement frequentee par
des vapeurs faisant un service entre Cologne et Londres, Cologne et
Breme.
Le tirant d'eau maximum disponible sur le Rhin est de 1 metre a 1 m. 07
en amont de Mannheim, et au-dessous, de 5 metres a 4 m. 40; il descend
toutefois a 50 centimetres en basses eaux entre Bale et Strasbourg. Au-
dessous de cette ville, les bateaux atteignent des longueurs de SO a 85 me-
tres, des largeurs de 9 m. 20 a 10 m. 50 et peuvent porter des tonnages
de 1 000 a 1 470 tonnes avec des enfoncements de 2 m. 30 a 2 m. 65.
Sur les canaux, excepte celui d'Erft, le tirant d'eau varie entre 2 m. 30
et 2 m. 70, et le tonnage des bateaux de 30 a 47 metres de longueur et de
5 m. 30 a 6 m. 50 de largeur est de 200 a 250 tonnes avec des enfonce-
ments de 1 m. 50 a 2 metres.
Sur le canal d'Erft, ou la profondour atteint 3 m. 40, les dimensions
maxima des bateaux sont : longueur 80 metres, largeur 10 metres et
enfoncement 2 m. 50 pour une charge de 1 200 tonnes.
La navigation sur le Rhin, par suite des basses eaux, des crues et des
glaces, est interrompue, en moyenne, pendant 37 jours par an.
Le trafic du Rhin est tres-important ; en 1890, ce fleuve a ete parcouru
par 661 bateaux a vapeur representant 32 621 chevaux de force et par
5 841 bateaux portant 25 964 942 tonnes.
Les prix de remorquage sur leRhin sont tres-faibles ; ils sont en moyenne
de 0 fr. 0026 a 0 fr. 0050 par tonne kilometrique.
Laissant de cote nombre de renseignements interessants, je passe aux
conclusions generates du rapport deM. Miitze. lesquelles sont les suivantes :
1° Les rivieres regularisees permettent a la navigation d'atteindre libre-
ment son plus complet developpement.
2" Pour les rivieres a courant libre et a forte pente, il y a lieu de preferer :
a. Le touage sur chaine dans les petites profondeurs du chenal.
184 PROCES-VERBAUX DES SfiANCES DES SECTIONS.
b. Le touage siir cable dans les grandes profondeiirs partout ou le par-
cours a desservir se trouve etre suf'fisamment long.
5" Pour les rivieres a courant libre et a chenal suftisamment large, il y
a tout particulierement avantage a recourir au remorquage :
a. Au moyeu de vapours a roues sur les parcours de profondeur moyenne
el de forte pente.
b. Au moyen de vapeurs a helice sur les parcours d'assez grandc profon-
deur et de faible pente.
Je passe maintenant au rapport de M. Thiem sur la traction des bateaux
sur la ligne de Hohensaaten a Spandau.
Cette voie de communication, dont la longueur est de 102 kilometres,
relie I'Oder qui aboutit au port de Stettin a la Havel, et par suite a la Spree
qui passe par Berlin.
EUe est en communication, vers I'Est, avec la Vistule et les cours d'eau
de la Russie par I'Oder et ses affluents, et, vers I'Ouest, avec I'Elbe par la
Havel.
EUe est constituee par des portions de cours d'eau naturels relies entre
eux par des trongons de canaux creuses de main d'homme.
Le point de parlage de cette voie navigable qui comporte 18 ecluses est
silue sur la Havel.
Elle mesure, aux endroils les moins larges, 16 metres de largeur au
plafond, etotfre, en etiage, 1 m. 75 de mouillage compatible avecun enfon-
cement de 1 m. 45 pour les bateaux.
En hautes eaux, ce mouillage oflVe des augmentations tres variables sui-
\ant les parties de la voie considerees.
Cette voie est soumise a un chomage annuel de 5 mois, du 15 decembre
au 15 mars, en vue d'executer economiquement les reparations.
L'importance de cette voie de communication est considerable ; il passe
en moyenne, par an, par I'ecluse de Liebenwalde du bief de partage,
30 260 bateaux charges ou vides et 2 150 trains de bois floltes.
Les bateaux qui circulent sur la voie navigable de Hohensaaten-Spandau
peuvent avoir 40 m. 20 de longueur, 4 m. 00 de large, et leur tonnage
moyen est de 175 tonnes. Son tratic est de 2 908 920 tonnes, correspondant
a un tonnage kilometrique de 296 709 840 tonnes.
Divers modes de traction en relation avec ses difl'erentes largeurs sont
appliques sur cette voie. Avant le doublement des ecluses et I'amelioration
du chenal, on avait recours a la voile, a la rame, a la gaffe, au halage a
bras et par chevaux. Depuis lors on emploie, dans certaines parties du
canal, des vapeurs qui peuvent remorquer 6 bateaux, et des toueurs sur
cable avec machoires Fowler pour le remorquage de trains de bois ayant
400 metres de longueur et 16 m. 50 de large.
Le rapport de M. Thiem se termine par certaines considerations sur les
conditions auxquelles doit satisfaire la traction mecanique des bateaux;
par une discussion sur les avantages et les inconvenients de la traction par
2« SECTION. — 4" SEANCE. 185
des locomotives et de la traction funiculaire; enfin par le voeu de voir
mettre a Tessai les systemes de traction proposes par M. Biisser et bases,
soit sur I'emploi de la traction funiculaire avec cable plat mis en mouve-
ment par des iisines electriques, soit sur I'adaptation, a bord de chaque
bateau, de petits moteurs a pi'trole ou actionnes par un courant eleclrique
fourni par une usine centrale.
A son rapport, M. Thiem a joint, comme annexe, une note de M. Biisser
relative a son systeme, lequel, dit-il, aurait pour but d'assurer sur le canal
de Ilohensaaten a Spandau la realisation d'une des conditions primor-
diales de la navigation sur les canaux : la propulsion independante de
chaque bateau; ce a quoi on arriverait en munissant chaque bateau, a son
entree dans le canal, d'une machine motrice speciale qu'il abandonnerait
lorsqu'il quitterait le canal.
Cette machine serait, soit un moteur a petrole, soit une dynamo mettant
en mouvement une poulie sur laquelle s'enroulerait la chaine de touage.
La dynamo serait mise en mouvement par un courant electrique emprunle,
au moyen d'une traille glissant sur un fil conducteur dispose le long du
canal et aboutissant a des usines electriques.
Ces moteurs, dans Tun et I'autre cas, seraient etablis de maniere a etre
peu pesants, et a prendre facilement place a I'avant des bateaux ou les
fixerait un dispositif tres simple.
D'apres M. Biisser, la depense de premier etablissement pour I'installa-
tion du touage electrique sur la ligne Hohensaaten-Spandau ne depasserait
pas 3 500 000 francs, et celle d'entretien annuel 845 000 francs.
Dans ces conditions, on pourrait esperer voir les frais de traction par
tonne kilometrique descendre a 0 fr. 05125, alors qu'ils atleignent 0 fr. 0575
avec des chevaux.
M. LE President. — Messieurs, puisque les auteurs de ces rapports ne
sont pas la, y aurait-il parmi vous quelques membres desireux de presenter
des observations a leur sujet?
M. Camere. — A propos du rapport de M. Thiem, je crois devoir signaler
que je suis absolument d'accord avec lui au sujet de I'opinion qu'il emet,
a la page 15 de son rapport, a savcirque I'emploi d'un enginde locomotion
rapide, telle qu'une locomotive, sur les canaux, est des plus discu-
tables.
Les courbes indiquees a la figure 5 de la planche VI de mon rapport et
qui representent graphiquement les resultats d'experiences que j'ai eu
occasion d'executer, en 1875, sur le canal de Bourgogne, en faisant du
remorquage au moyen d'une locomotive monorail, montre en effet que les
efforts de traction augmenlent avec une rapidite extreme des que Ton
depasse de faibles vitesses.
En ce qui concerne le rapport de MM. Bellingrath et Dieckhoft", j'ai egale-
ment a signaler un point sur lequel je partage entierement leur maniere de
voir, et qui a trait aux avantages que presentent les toueurs sur les remor-
186 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
queurs des que la pente de la riviere ou, ceqiii revicnt au meme, la vitcsse
des eaux devient un peu elevee.
Le graphique de la figure 2 de la planche III de mon rapport fait ressortir
nettement que, surla Basse-Seine, les ei'fets utiles de la traction diminuent
beaucoup plus vite pour les remorqueurs que pour les toueurs au fur ct a
mesure de I'augmentation de vitesse des eaux, et qu'il n'y a que les por-
teurs a vapeur qui soient peu sensibles a celte influence, probablement du
fait de leur forme et de leur navigation isolee.
J'ai releve egalemcnt, aux pages 9 et 10 du rapport de MM. Bellingrath
et Dieckhofl", comme prix moyens du transport de la tonne kilomelrique sur
I'Elbe, celui de 0 fr. 0156 a la remonte et de 0 fr. 0095 a la descente pour
les grosses marchandises, lesquels se rapprochent scnsiblement de ceux
appliques sur la Basse-Seine, en 1890, et qui ont ete de 0 fr. 0148 a la re-
monte et de 0 fr. 0107 a la descente.
Ouant a la part de ces prix a imputer a la traction propreinent dite,elle
me paraitrait pouvoir etre fixee approximativement sur les rivieres cana-
lisees a 0 fr. 005,d'apres ce qui se passe surla Basse-Seine, tandis qu'elle
serait de 0 fr. 0056, je crois, pour les canaux d'apres le rapport de M. De-
rome.
M. Derome. — 0 fr. 003 seulement.
M. Camere, — II convient toutefois d'ajouter que sur les rivieres canali-
sees comme la Basse-Seine, on peut marcher beaucoup plus vite que sur
les canaux, de sorte que I'inferiorite du prix de trad ion afferent aux
canaux, sur celui applicable aux rivieres canalisees, n'est qu'apparente.
M. Derome. — II est cependant plus facile de marcher de nuit sur les
canaux que sur les rivieres. D'apres le temps que met un bateau pour alter
de Paris a Rouen, je ne crois pas que le voyage serait plus long s'il s'effec-
tuaitsur un canal, etantdonneque, sur le canal, il serait possible de voya-
ger jour et nuit, tandis que sur la Seine, malgre toutes les ameliorations
dont on nous a entretenus, la navigation de nuit n'est pas encore arrivee a
etre pratique.
M. Camere. — EUe est praticable, mais non pratiquee.
M. Clerc. — Pour le moment la navigation de nuit est absolument libre ;
les eclusiers sont tenus de laisser passer les bateaux. Mais les mariniers
ne profitent pas de cette faculte. lis ont des points, toujours les memes,
ou ils trouvent commode de s'arreter pour coucher. C'est une habitude
qu'il serait bien difficile de leur faire perdre.
De plus la composition de Tequipage serait absolument insuffisante. La
marche de nuit doil etre tres-penible ; elle ne pourrait pas etre soutenuc
d'une maniere courante avcc le personnel actuel. Les bateaux qui circuleiit
de nuit sur la Seine — il y en a quelques-uns, entre autres les steamers qui
font le service de Londres a Paris — ont un personnel assez nombreux et
prepare a la navigation de nuit.
II y a encore d'autres bateaux qui font ce service-la, notamment ceux
2^ SECTION. — 4= SE.iNCE. 187
qui vonl de Rouen a Paris et font une concurrence de vitcsse au chemin
de i'er. Je crois qu'il y a la un fait assez curieux a signaler : ces bateaux
embarquent la marchandise a Rouen le samedi soir et la livrent dans Paris
le mardi matin.
lis naviguenl la nuit, bien entendu, et arrivent a faire letrajet de Rouen
a Paris en 56 hcures.
M. Camere. — J'ai parte de cette particularite dans mon rapport, et a la
page 15 j'ai indiquc qu'un service de bateaux porteurs dit « service ra-
pide » organise par la CompagnieH. P. L. ct la Compagnie Fran^aisc arri-
vait a faire le Irajet sans arret entre Rouen et la Villette en 56 heures, ce
qui correspond a une vitesse de marche de 7 kil. 88 a I'heure a la remonte,
et, en tenant compte du passage des ecluses, a une vitesse de marche
reduite de 6 kil. 86 a I'heure.
11 est vrai qu'il ne s'agit la que de bateaux isoles, et que, peut-etre, la
navigation de nuit de trains de bateaux ayant 5 a 600 metres de longueur
presenterait quclques diflicultes, que pourrait lever, probablement, un
systeme d'eclairage et de signaux approprie.
En tout cas, la marine ne parait pas disposee encore a enlrer dans cette
Yoie, bien qu'il n'y ait pas d'impossibilite pratique.
M. LE Preside.m. — Personne ne demande la parole?...
II n'y a plus personne d'insciil a propos de la traction sur les rivieres
canalisees. La question qui se pose est done de savoir si vous voulez com-
mencer aujourd'hui les canaux ou vous ajourncr a deinain.
M. Clerc. — Monsieur le President, voulez-vous me perrnettre de faire
observer qu'il y aurait pcut etre lieu de formuler un vceu comme conclu-
sion de la discussion qui vient de se poursuivre.
Des experiences que j'ai poursuivies sous la direction et d'apres le pro-
gramme arrete par M. Camere, il semble resulter ceci : c'est que si dans
les canaux, I'effort de traction est a peu pres constant et les variations de
cet effort tres-faibles dans un meme bief, il n'en est pas de meme pour
les rivieres canalisees.
II serait done interessant, au point devue de la canalisation des rivieres,
de faire tout ce qui est necessairepour rendre I'effort a peu pres uniforme
sur toute la longueur du bief, aiin dc n'imposer a la traction des bateaux
aucun effort supplementaire inutile sur certains points et dene pas obliger
les mariniers a avoir a bord un moleur pour donner en quelque sorte ce
coup de collier exceptionnel. II faudrait done pour cela verifier I'etat des
rivieres. De sorte que le voeu a emettre me semblerait etre que des expe-
riences analogues a celles decrites par M. Camere soieiit entreprises pour
voir s'il y a reellement interet a realiser dans les biefs des rivieres canali^
sees les modifications de detail dont il vient d'etre question.
M. le President. — Quelqu'un s'oppose-t-il a un voeu redige dans ce
sens?
Je prierai alors M. Camere de vouloir bien le formuler.
188 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
La Section pensera peut-etre qu'il y a lieu de remettre a demain la ques-
tion de la traction sur les canaux.
La seance est levee a 11 heures.
CINQUIEME SEANCE
Mardi 26 Juillet 1892 (matin).
Presidence de M. BUQUET.
La seance est ouverte a 9 heures.
M. LE President. — La parole est a M. Clerc.
M. Clerc. — J'ai I'honneur de soumettre a la Section le texte du voeu a
emettre au sujet des experiences dont il a ete question dans la derniere
seance.
Ce voeu pourrait etre libelle ainsi :
« II serait tres desirable que Ton recherclial experimentalement la repar
« tition des efforts de traction dans les biefs des rivieres canalisees en
« s'inspiranl de la methode appliquee dans les experiences actuellement
« poursuivies sur la Basse-Seine par MM. Camere et Clerc. »
M. Camere. — Je desirerais que ce voeu fiit complete par la phrase
suivanle :
« Et dont il a ete rendu compfe par M. Camere dans son rapport. »
A I'unanimite des membres presents, le texte propose ainsi complete est
approuve.
• M. le President. — Nous avons aujourd'hui a reprendre I'etude de la
6* Question, en ce qui concerne la traction sur les canaux.
La parole est a M. de Bovet pour continuer sa communication.
M. DE Bovet. — L'ordre du jour de la seance d'aujourd'hui appelle la
discussion de la traction sur les canaux. II est presque inutile de revenir
sur I'importance de la question : elle a ete suffisamment mise en relief
par tous les Congres anterieurs.
Bien des moyens ont ete proposes ou essayes jusqu'a present. L'un des
plus serieux — mais il a ete insuffisamment experimente — a ete celui
de M. Bouquie. Depuis, on a propose I'emploi de locomotives. Ce systeme
a evidemment les memes inconvenients, il offre meme de plus grands
inconvenients que le touage proprement dit ; or le touage est a peu pres
impraticable sur les canaux, sauf dans des castres-speciaux, comme celui
de la traction dans les biefs de partage, a cau.se de la necessite d'ecluser
2' SECTION. — 5= SEANCE. 189
les peniches separement, et de I'incompatibilite qui existe entre cet eclusage
el la traction par trains dans les biefs.
De tons les systemes imagines, il n'en est done reste qu'un seul, celui
de M. Maurice Levy dont les derniers Congres se sont phi a reconnaitre les
avantages pratiques.
Malgr6 tous ces avantages, ce precede n'en presente pas moins, a mon
avis personnel, un inconvenient tres-grave, qui tient au fond meme, a la
necessite de conserver en marche sur des distances tres considerables un
cable assez lourd et dans des conditions telles que, s'il se produit un
derangement sur un point quelconque du parcours, le mecanicien, qui ne
le voit pas, ne peul par consequent arreter sa machine a temps : un
accident en lui-meme pen grave pent de la sorte prendre des proportions
desastreuses.
Ce cole faible que je signale, et auquel pour ma part j'attache une grande
importance, est tout a faitindependant du mode d'execution : et je me fais
un plaisir de reconnaitre, avec tout le raonde, tout ce qu'il y a d'absolu-
ment remarquable dans la fa(;on dont M. Maurice Levy a su aboulir a la
realisation pratique du systeme qu'il propose. Mais, tres-frappe par Tob-
jection que je viens de dire, j'ai ete tout naturellement conduit a rechercher
un procede qui permelle de n'avoir en mouvement que des appareils qui
soient sous la surveillance immediate de quelqu'un. Je I'ai fait sans vouloir
realiser un accroissement Ires-sensible de vilesse de marche qui couterait
fort cher. Je me contenle d'une vitesse de trois kilometres a I'heure, esli-
mant qu'il n'y a pas avantage a faire plus. Ce n'est pas la qu'est le veritable
interet d'une bonne solution de la traction mecanique, mais bien dans le
fait que seule elle pent donner la regularile absolue du service, c'est-a-dire
la possibilite pour le marinier d'avoir a chaque instant, sur tous les points
du canal, la force motrice qui lui est necessaire, cette regularite devant
naturellement amener une augmentation considerable de la capacite des
canaux, en meme temps qu'une meilleure ulilisalion du materiel flottanl.
Cela, du reste, doit etre obtenu en laissant au batelier I'independance la
plus complete, de fa^on a ce qu'il puisse s'arreter ou marcher a sa
volonte.
Est-il possible d'avoir en meme temps une diminution de prix tres
considerable par rapport a ce qui existe actuellement? Ceci nous parait
plus douteux : Tabaissement du prix est certainement possible, mais il
est improbable qu'il puisse etre tres-grand, si I'on songe qu'il faut en
arriver a emietter en quelque sorte la force motrice. a la disperser, a la
creer en un point pour I'eparpiller ensuite, en la laissant sur un par-
cours considerable a la disposition de ceux qui en ont besoin par petites
fractions.
Cette distribution de force, il semble a priori que Telectricite soil
susceptible, la comme dans d'autres cas, de la realiser, el de la realiser
peut-etre plus economiquement que tout autre moyen. II elait done lout
190 PROCES-VERBAIIX DES SEANCES DES SECTIONS.
naturel de songer a son emploi, si nalurel que nous n'avons pas ete les
seuls a y penser.
M. Galliot, notamment, a imagine pourle canal deBourgogne un systeme
ou I'electricite joue un grand role, ct sur lequel il nous donnera lout a
Fheure d'interessants renseignements. Dans les rapports presentes au
Congres, je remarque en outre une note de M. Biisser annexee au rapport
de M. Thiem, et dans laquelle il propose de son cotel'usage de I'electricile
comme force motrice. M. Biisser parle bien, il est vrai, d'un moteur a
petrole, mais c'est une simple indication qu'il donne au debut de sa noti;
qui, en realite, est bien faite pour prcconiser I'emploi de releclricite. Le
projet de M. Galliot concerne un toueur destine a tractionner des trains
dans le bief de partage du canal de Bourgogne : dans la note de M. Biisser,
comme dans le rapport que M. Molinos et moi avons eu I'honneur de pre-
senter au Congi'es, c'est uniquement de la traction individuelle des peniches
qu'il s'agit, et c'est de cette question seule que je voudrais m'occuper.
Je dois tout d'abord signaler entre les propositions de M. Biisser et les
notres un point sur lequel nous nous sommes absolumenl rencontres. L'un
et I'autre systeme sont Ires-manifestement inspires, au point de vne des
dispositions de detail, de I'organisation du materiel, de son installation
a bord, des dispositions indiquees autrefois parM. Bouquie. L'un et I'autre
aboutissent, comme le procede Bouquie. a faire du touage sur chaine,
l'un et I'autre recourent a I'emploi d'un moteur electriquo qui doit per-
mettre de se passer d'un mecanicien special. La necessite de cet homme
supplementaire utait justement le point le plus faible du systeme Bouquie ;
le moteur a p6trole n'eu dispenserait pas, et c'est pourquoi nous pensons
que M. Biisser a absolument raison de ne pas insister sur son utilisation
possible.
II y a ccpeiidant, a mon avis, une difference essentielle entre le projet de
M. Biisser et le notre. Ce a quoi, pour nous, nous attachonsde I'importance,
ce n'est pas a I'idee d'utiliser une force motrice electrique, idee qui nous
est commune a tons deux surement, et a bien d'autres probablement, c'est
a la maniere de s'en scrvir, ou plutot a la nature des appareils employes
pour I'adapter au mieux des besoins auxquels il faut satisfaire.
La condition essentielle a remplir sur un canal, est en elTet, de trouver un
outil suffisamment souple pour permettre la traction des bateaux malgre
des conditions de resistance parfaitement irregulieres. L'effort de traction
necessaire varie, en effet, constamment : dans un bief donne, par le seul
fait du croisement de deux bateaux; pour peu que le bief soil court, par
I'effet de la vague produite par les eclusees; auxecluses, a cause des diffi-
cultes de I'entiee dans un passage retreci et de l'effort de demarrage a la
sortie.
Et c'est pourquoi des appareils analogues a celui dontj'ai eu I'bonneur
de vous parler hier me paraissant particuliercment aptes a donner toute
la souplesse necessaire, je me suis trouve conduit a etudierleur application
2' SECTION. — 5= SEANCE. 191
possible a la traction siir les canaiix. Dans notre poulie toueuse, en effet,
que nous proposons tout naturellenient d'utiliser ici, Tadherence de
la chaine sur la poulie est tres-elroi lament dans la dependance de la
quantite de courant qui y est envoyee. II suffit de diminuer la quantile de
courant pour diminuer en meme temps radherence et, ])our une intensite
de courant determinee, il y aura glissement des que I'effort depassera la
limite correspondante a cetic intensite. Par consequent, avec la poulie de
touagc seule, une peniche aymt a entrer dans une ecluse, par exemple,
palinera plus ou moins sur la chaine, mais continuera cependant a avancer
sans que le moteur soitcale. On aura ainsi un appareil realisant un effort
de traction constant, et, sous Taction de cet effort constant, une vitesse
variable selon la resistance a vaincre.
J'ai cru devoir assurer davantage cet effet par I'adjonction d'un autre
organe egalement souple constituant, avec plus de siirete encore qno le pre-
cedent, un bon limiteur de force. C'est une petite poulie aimantee dont la
construction est tout a fait analogue a celle des poulies de touage dont je
vous entretenais hier, que je place sur I'axe de la dynamo, et que j'em-
ploie pour entrainer par adherence magnetiqiie le premier volant de la
transmission de mouvement, au lieu d'un engrenage ou d'une courroie.
Supposez qu'un organe de ce genre soit mis a la place de la petite poulie
d'une dynamo generalrice, legerement appuye conire le volant de com-
mande, et que sa bobine de fil soit dans le circuit que parcourra le cou-
rant produit par cette dynamo. En circuit ouvert, une tres faible pression
suffira a assurer I'entrainement de la dynamo : que Ton ferme le circuit, il
y aura de suite tendance au glissement, mais il y aura aussi commence-
ment d'aimantation des qu'il naitra un pen de courant, et plus la dynamo
prendra de travail et produira d'amperes, plus I'aimantation, et partant
I'adherence, augmenteront: I'accroissement d'adherence se fera commc
I'accroissement du champ magnetiquc de la dynamo. C'est en somme
une forme nouvelle de commande par friction, manifestement tout aussi
applicable, avec un courant existant, dans le cas d'une dynamo receptricc
que dans le cas d'une generatrice.
Les surfaces en contact sont de tres-faible etendue, il est done evident a
priori que cet appareil ne pent permettre de transmettre que de petites
forces, mais des essais que nous avons fails nous pouvons conclure qu'aux
vitesses oii marchent d'ordinaire ces dynamos il pent aller facilement jus-
qu'a cinq ou six chevaux. Ces essais, a I'epoque ou nous avons fait notre
rapport, n'etaient pas assez avances pour nous permettre d'achcver un des-
sin de I'appareil de touage des psniches tel que nous le prevovons. Xous
I'avons pu faire depuis, et si vous le voulez bien je vous en passerai quelques
exemplaires qui vous permettront de suivre plus aisement mes explica-
tions, mais que je vous prie de considerer comme un dessin schematique.
L'appareil comporle, comme vous voyez, d'une part une poulie de touage
aimantee, de 0 m. 40 de diametre, avec le guidage convenable par la
192 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
cliaine, d'autre part une dynamo motrice avec la petite poulie que je
viens de decrire, qui constitue un limiteur de force d'un lonctionnement
tres-sur, et qui permet d'avoir une dynamo tournant a grande vilesse,
petite, par consequent legere et economique, sans engrenages pen pra-
tiques a ces grandes vitesses, ni courroies demandant de la place. Entrc
les deux, ad libitum un ou deux jeux de roues dentees a des vitesses ou
leur usage est absolument admissible.
Dans ces conditions, avec un appareil construit conformement aux
indications generates qui resultent des dessins que vous avez entre les
mains, on obtient, avec une dynamo tournant a 1 000 ou 1 200 tours, une
force de 3 chevaux au moins. Get appareil a 1 m. 25sur 1 m. 25 et a pen
pres 80 centimetres de hauteur; il ne pese que 1200 kilogrammes, et,
quoi qu'il arrive en route, on peut Mre doublement assure que la dynamo
ne risque pas de se caler. L'ensemble est cnferme — avec le graissage
convenable afin que le marinier n'ait pas a s'en occuper en route — dans
une boite contenant en outre les rheostats necessaires et qui ne laisse passer
que la manette du commutateur. Celle-ci peut etre mise par le marinier
lui-mcme aux positions d'arret, de pleine marche ou de demi-vitesse
indiquees par des marques bien apparentes, de sorte qu'il doit etre tout
a fait inutile d'avoir a bord aucun ouvrier special.
Pensant pouvoir arriver a realiser un appareil de traction bien adaple
aux conditions des canaux grace aux dispositions speciales que je viens
d'indiquer, il elait assez naturel, puisqu'il fallait du couranl, d'employer
egalement ce courant pour actionner une machine motrice. C'est de cette
faQon que nous avons ete conduits a preconiser I'usage de I'electricite
comme moyen de realiser la traction mecanique sur les canaux; on y
pouvait etre conduit autrement par la simple consideration des avantages
qu'elle presente pour la facile distribution de la force motrice. A ce
point de vue aussi, elle nous parait lout a fait interessanle, et c'est la,
je crois bien, le terrain commun sur lequel nous nous retrouvons avec
M. Biisser qui, dans sa note, n'insiste pas particulierement sur la nature
des appareils a employer pour realiser la traction sur la chaine. C'est
ainsi, par exemple, qu'il indique simplement « une roue a chaine » —
par quoi il faut probablement entendre une roue a empreintes. — Or les
essais de M. Bouquie ont assez montre I'insuffisance de ces roues et il
n'est pas doutcux que la realisation de Tadherence necessaire sur la
chaine restait une des difficultes serieuses du probleme.
L'ensemble d'une installation, avec les appareils que je viens de decrire,
comporterait, a noire sens, selon la longueur du canal, un ccrlain nombre
de stations generatrices et de posies de transformation. J'ai eu occasion
de faire a ce point de vue une etude de I'application possible du systeme
a un canal determine : le canal que j'ai pris comme exemple est le canal
de la Sensee, qui a une longueur de 25 kilometres, et un trafic assez
considerable.
2' SECTION. — 5' SEANCE. lyj
Nous avons admis pour ce cas une station generatrice et une autre de
transformation. Dans la premiere on aurait deux dynamos, dont une
envoyant du courant a haute tension a un transformateur ; ce dernier et
la seconde dynamo de la station principale fournissant le courant
d'alimentation de la ligne.
Les prises de courant se feraient a peu pres comme pour les tramways,
scion toute apparence sans grande modification; ce qui a reiissi pour
ccux-ci doit convenir ici a plus forte raison, puisque la vitessc est plus
lente, et qu'on peut eviter toute espece de chance de deraillement.
Le canal etant a grand trafic, j'ai admis qu'il y aurait uri conducteur
de chaque cole : Fun servant aux bateaux montants et I'autre aux bateaux
descendants. Mais ces deux conducteurs, relies Tun a I'autre de distance
en distance, ne seraient en somme que les deux moilies d'un conducteur
unique. Ayant une chaine noyee dans Teau sur toute sa longueur, je crois
possible de I'utiliser pour completer le circuit, et par consequent d'cviter
I'emploi d'un fil de retour. J'ai suppose que la traction se ferait a raison
de 5 kilometres a I'heure, ce qui necessite une force d'environ 3 chevaux
par bateau charge.
L'habitude du service de la Seine ou le remorquage ne se fait que dc
jour m'a conduit, en quelque sorte inslinclivement, a admettre qu'il en
scrait de meme sur le canal, et que la duree du service y serait en
moyennc de 10 heures par jour en tenant compte dcs jours d'hiver. Dans
ces conditions, cstimant que la traction de trois bateaux vides peut
equivaloir a celle d'un bateau plcin, on aurait, avec le trafic actuel de ce
canal, en moyennc 40 bateaux en marche simultanee, tant dans un sens
que dans I'autre, ce qui, a raison de 3 chevaux par bateau, correspond
a une force totale de 120 chevaux.
Nous avons pense qu'il nous suftirait pour les obtenir d'une machine a
vapeur avec sa dynamo d'une force de 100 chevaux, pour la production
direcle de courant' a basse tension, et d'une seconde machine de 200 che-
vaux pour la dynamo a haute tension dont le courant irait au transfor-
mateur place dans le voisinage d'une eclusc et sous la surveillance d'un
eclusier. Cette surveillance se reduirait d'ailleurs a peu pres au balava<^e
dc la salle le matin et a I'entrelicn des appareils de graissage.
Nous avons done un total dc 360 chevaux pour en distribuer 120,
c'est-a-dire un rendement de 50 pour 100.
Jc ne vois pas grand'chose de capital a ajouter a ces indications. Vous
pouvez voir que la difference essentielle qni existe entre le systeme quo
nous preconisons et ceux qui ont pu etre proposes par ailleurs reside
uniquemcnt dans I'emploi des organes speciaux que comprend I'appareil
de propulsion; c'est la ce qui en fait I'originalite. Preoccupe de la neces-
site absolue de n'avoir pas besoin a bord de chaque penirhe d'un ouvrier
special, et de la difficulte qu'il y aurait a laisser conduire sans un meca-
nicien une machine qui devrait a chaque instant proporlionncr son effort
15
194 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIOiNS.
a des resistances continuellemeut variables, nous avons cherche a consli-
tuer un mecanisme qui permetle, avcc un effort constant, de realiser la
vitesse correspondant aux resistances rencontrees, sans qu'il y ait risqua
dc le voir cale ou avarie, ce qui serait difficile avec les transmissions
ordinaires a fonctionnement geometrique, elant entendu que le marinier
lui-meme doit pouvoir donner a eel effort constant au moins deux valours
determinees, cc qu'il fait par la manceuvre d'une simple manette. C'est la,
nous semble-t-il, unc condition necessaire, eu egard aux conditions
d'irregularite de I'elfort de traction sur les canaux. [Approbation.)
M. Maurice Levy. — Je voudrais presenter quelques tres-courtes obser-
vations en reponse a I'importante communication de M. de Bovet.
Nul plus que moi n'apprecie son invention. Ce n'est pas que la pensee
d'obtenir radlicrence au moyen de Telectricite soil nouvelle; il n'y a pas
beaucoup d'idees nouvelles sous le soleil; mais personne jusqu'ici n'avait
cu la foi necessaire pour alter jusqu'a la realisation complete de cette
idee. Par consequent, le dispositif certainement tres-simple imagine par •
M. de Bovet doit porter de grands fruits.
Les experiences n'ont, je crois, ete faites que sur une poulie a I'etat
slatique. Qu'on ait obtenu alors une force d'adherence tres-considerable,
cela n'a rien d'etonnant. La nature n'est avare que du travail : quand
vous ne lui demandez pas d'en produire, ou quand vous lui demandez
une force sans depiaceraent appreciable du point d'application, elle vous
la donne a bon comple; mais des que vous reclamez d'elle du travail,
elle preleve alors un tribut plus ou moins eleve. C'est evidemment ce qui
vous arrivera quand vous passerez des experiences a I'atelier aux expe-
riences sur le bateau.
Vous aurez alors a chaque instant a rompre voire contact magnetique,
et il est bien certain que la nature, qui est un douanier tres-regardant,
vous prelevera quelque chose la-dessus. Sous quelle forme? II n'est pas
malaise de le prevoir. A chaque instant, vous rompez voire circuit
electro-magnetique : vous allez creer une self-induction a jet continu dans
voire circuit. Oh! il n'est pas contestable que cela vous arrivera. C'est
exactement comme si vous donniez a chaque instant un coup de belier
dans une conduite d'eau; il se produira une perte analogue : ce sont des
coups de belier sans cesse renouveles que produira votre arrachement.
Ce que vous evalucz a 2 ou 5 chevaux vous en coutera peut-etre, 6, 8
ou 10, c'est-a-dire quelque chose d'a peu pres equivalent a ce qui
existe avec les toueurs ordinaires. C'est probablement la qu'il faudra en
venir : que vous obteniez I'adherence par champ magnetique ou par
frottement, je crois que vous serez amene a depenser la meme somme de
travail. Est-ce une objection contre votre systeme? Oui et non.
Non, si vous vous en tenez a la Seine, c'est-a-dire au gros touage. Si
vous n'avez que de gros toueurs, comme pour le service do la Seine, je
considere comme Ires-peu important que votre adherence coule 3 chevaux
2= SECTION. - 5" SfiANCE. 195
ou 10 chevaux : c'est secondaire en comparaison des a vantages que voiis
pouvez esperer de voire invention; je veux bien admettre qu'alors la
perte de force est insigniliante.
Mais tout autre est la situation, si vous pretendez quitter les rivieres
pour penetrer sur les canaux.
La, ce n'est pas quelques gros toueurs que vous avez a construire : il vous
faut improviser chaque peniche en toueur. Yous avez done deja le desa-
vantage de la division de la force, puisque vous avez besoin, sur chaque
peniche, d'un petit moteur electrique. 11 vous faut, en outre, creer le cou-
rant pour I'adherence de voire tambour electro-magnetique, et cela pour
chacune de vos peniches : il y a done lieu d'y regarder a deux fois si,
comme c'est certain, la self-induction vous demande beaucoup plus de
force que vous ne croyez.
C'est que, sur les canaux, vous renconlrez un concurrent tres-redou-
table : le penichien ordinaire, lehalage par chevaux, qui a survecu a tous
les progres modernes. Yotre poulie va-t-elle etre sa tombe?
II y a des siecles qu'il vit, malgre tous les progres de la mecanique et
do la physique moderne.
Vous pretendez lui faire concurrence et vous reconnaissez cependant
qu'il est bien difficile de Iravailler a plus bas prix que lui; vous avouez,
d'autre part, qu'il n'y a pas interet a augmenter la vitesse. Par consequent,
tout ce que vous pouvez invoquer comme avantage sur lui, c'est une plus
grande regularite dans le service. Yous admettcz comme un axiome que
vous produirez ce resultat.
M. DE BovET. — Je I'espere.
M. Maurice Levy. — Yous nc le pouvez pas.
Yous dites : il est difficile de travailler a plus bas prix que le penichien ;
mais vous paraissez etre certain que vos prix ne serontpas beaucoup plus
eleves que les siens. C'est encore une de vos propositions qui reste a
demontrer. II faudrait prouvcr : 1** que I'emploi de votre systeme ne
reviendra pas beaucoup plus cher; 2° qu'il rendra les memes services.
Je dis que vous rendrez a pen pres le meme service sans plus de vitesse
et sans plus de regularite, en ne donnant pas plus que le haleur et peut-etre
moins, a cause de la neccssite de Iransformcr, d'improviser inslantanement
chaque peniche en toueur, ce qui n'est pas toujours simple, meme avec
I'appareil dont je vois la ledessin, etquand meme cet appareil ne peserait
que 1200 kilogrammes. — 1 200 kilogrammes, c'est un poids qui ne s'en-
leve pas deja si facilemcnt, et qu'il ne sera pas bien commode d'installer
sur une peniche chargee. Le marinier ne vous permeltra pas de changer
quoi que ce soil a la disposition de son bateau : il vous faudra faire votre
installation la ou elle pourra tenir. C'est un probleme. De plus, cetle
installation prendra un certain temps, et je ne suis pas du tout conv^ncu
que vous fournirez un service aussi regulier que celui qui n'a que ses che-
vaux a alteler pour partir.
196 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
Au point de viie du prix de revient, vous dites que voire service nc
coutera pas plus clier, ou du moins pas beaucoup. Je pretends que vous
serez oblige de travailler a un laux deux ou trois fois plus eleve. Void, en
efl'et, le calcul que je vous soumets; vous Texaminerez, il me parait
bien simple.
Pour trainer une peniche, le charrelier a besoin de deux chevaux : ces
deux chevaux avec leur harnachement et leur attache ne valent certaine-
ment pas en moyenne plus de 1000 francs. fjYoila done lout le capital qu'un
charrelier a besoin d'avancer pour trainer une peniche : 1000 francs.
Movennanl ccla, il part quand on veut et, quand il n'a pas de travail, il
peut utiliser ses chevaux ailleurs.
Voyons maintenanl quel est le capital qu'il vous faudra a la place de ces
I 000 francs. Vous avez d'abord a acheter pour chaque peniche une machine
dynamo-electrique receptrice. Vous dites que trois chevaux vous sufti-
senl : admetlons-le. Une pareille machine vaut toujours bien 2500 ou
5000 francs.
M. DE BovET. — 1 200 francs seulemenl.
M. Maurice Levy. — Je ne crois pas qu'une machine dynamo de trois
chevaux, lournant a 1000 tours, coute moins de 2500 francs.
II est certain, d' autre part, que pour le transport de la force de la
generatrice jusqu'a cette petite machine receptrice, vous perdrez environ
50 pour 100.
M. de Bovet. — Je prevois memc davanlage.
M. Maurice Levy. — Vous avez done neuf a dix chevaux a produire en
lout pour en avoir deux ou trois d'utiles. Vous dites que non?... Meltons
six a huit a la machine generatrice. L'experience fixera ce chifTre.
Voire machine receptrice vous coutera done 2 000 ou plutot 2500 francs.
II vous faut ensuite un tambour : je ne connaispas le prix de ce tambour,
mais il ne doil pas coiiter beaucoup moins cher que la dynamo.
M. DE Bovet. — Un tambour de dimensions aussi petiles ne vaut guere
plus de 140 francs, 160 francs au maximum.
M. Maurice Levy. — C'est bien peu, mais je ne puis pas discuter la
chose.
M. DE Bovet. — Je suis certain du prix, car j'ai eu I'occasion de m'en
informer dernierement en vue d'une autre application.
M. Maurice Levy. — Vous avez ensuite la transmission de mouvement
qui se fera par engrenages ou par poulies de contact.
Je ne pense pas que vous puissiez vous en tirer a moins de 3500 francs.
Voire appareil avec poulie magneto-electrique, la machine receptrice, la
transmission de mouvement, les plaques sur lesquelles le lout est dispose,
je doute que vous puissiez vous procurer tout cela a moins de 5500 ou
4 000 francs.
Par consequent, la ou le haleur met 1 000 francs, vous etes oblige de
raeltrc plus du triple, et cela pour un seul bateau. Voila ou vous en arri-
2' SECTION. — 5= SEANXE. 197
verez, sans compter encore les locaux pour loger les appareils, le per-
sonnel, I'entrctien. Je crois que, dans ces conditions-la, il est evident, a
priori, que la concurrence vous sera quelque peu difficile.
D'un|autre cote, le charretier, une fois ses 1000 francs engages, pent
faire le service ; il n'a besoin de rien de plus. Tandis que vous, avee le
capital triple ou quadruple dont je viens de parler, qu'est-ce que vous
avez? Une machine que je vols dessinee la; mais vos bateaux restent
encore a I'etat slationnaire, il vous faut de plus une installation propor-
tionnee au nombre des bateaux, il vous faut une double chaine sous I'eau,
■— car je ne pense pas que vous puissiez vous contenter d'une seule
chaine.
M. DE BovET. — Si, j'admets une seule chaine sur les canaux a tres-pelit
trafic.
M. Maurice Levy. — Alors, ce ne doit pas 6tre bien commode.
M. DE BovET. — D'une fagon generate, j'en prevois deux, mais sur les
canaux a faible trafic, une seule suffirait.
M. Maurice Levy. — Dans ce dernier cas, je ne crois vraiment pas que
vous puissiez songer a appliquer votre systeme. Par consequent, il faut
compter sur deux chaines.
En outre de ces premiers frais generaux qui sont deja le triple ou le
quadruple de ceux du halage, vous aui^ez encore a acheter vos deux
chaines et a installer une ligne electrique, le transport de la force, une
dynamo-generatrice, qui devraetre doublee, afin d'en avoir une de rechange,
et enfin une machine a vapeur puissante, puisque vous reconnaissez que
vous n'avez pas 55 pour 100 de rendement; vous aurez m^me beaucoup
moins pour peu que la self-induction dont j'ai parte soil superieure a ce
je I'ai evaluee : cette evaluation est assez difficile a faire a priori.
Yous aurez done une immense machine a vapeur, et cette immense
machine a vapeur, il faudra qu'elle fonctionne, qu'il y ait ou qu'il n'y ait
pas de bateaux.
Vous me reprochiez tout a I'heure de trainer mon cable, qu'il y ait un
bateau ou qu'il y en ait vingt, indifferemment : s'il y a beaucoup de
bateaux, c'esl tant mieux ; s'il y en a peu, c'est facheux. Mais vous avez le
meme inconvenient, et a un degre beaucoup plus accentue.
Avec une machine a vapeur, j'entraine autant de bateaux qu'on voudra,
en depensant seulement 2 chevaux par peniche, tandis qu'il vous en
faudra 6. Tout ce qu'on pent reprocher au halage funiculaire, c'est I'obli-
gation de mettre un cable en mouvement, qu'il y ait ou qu'il n'y ait pas
de bateaux. Yous avez egalemQnt cet inconvenient, vous I'avez mSme au
double ou au triple sous une forme differente, cela est absolument certain.
Et du moins, avec le halage funiculaire, quand la machine et le cable sont
installcs, c'est fini, la peniche n'a qu'a se presenter pour partir imme-
diatement; tandis qu'avec votre systeme, vous avez encore une installation
premiere a peu pres egale, une force motrice beaucoup plus grande, et en
498 PROCES-YERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
outre, une depense de plusieurs milliers de francs pour chaque peniche,
et avec tout cela, la peniche qui se presente ne peut pas parlir imme-
diatement : il faut que vous commenciez par la transformer en toueur; je
ne veux pas insister sur les details de I'operation, mais il est bien certain
que ce n'est pas aussi simple qu'on le croit, et que cela nuira beaucoup a
la regularite du service.
II est bien certain aussi que, dans les courbes, vos deux chaines vont
prendre du mou. Vous me repondrez a cela que vous le reduirez, que ce
n'est pas la meme chose avec votre poulie electro-magnetique qu'avec la
poulie ordinaire, puisquele mou est beaucoup plus faible. La reponse est
excellente, tanl que vous restez sur la Seine; vous arrangez votre toueur
comme vous voulez ; vous pouvez avoir dans votre compartiment de reserve
20 ou 30 melres de chaine; vous avez im personnel exerce, capable de
compenser le mou qui se produira. Mais lorsque vous transformez la
peniche en toueur que le marinier seul est charge de conduire, vous ne
pouvez compter sur rien. Vous n'avez pas tons les appareils necessaires,
et par consequent la double chaine seule serait un serieux obstacle a la
misc en pratique de votre systeme. Je crois done qu'il pourra rendre
d'immenses services, mais sur les grandes rivieres seules, et sauf I'imprevu
sur lequel il faut toujours compter, lorsqu'il ne s'agit que d'experiences.
Et puis, cet arrachement magnetique ne nuira-t-il pas a la duree meme
de voire poulie? 11 est sur, il est probable tout au moins, que I'usure pourra
se produire sous cette forme-la : il est possible, par consequent, que celte
rupture perpetuelle du champ magnetique, outre le travail qu'elle vous
fera perdre, diminue beaucoup la duree de votre appareil electro-magne-
tique.
Pour entrer dans un detail, en passant, vous parlez de la prise de force
a operer; vous dites que c'est la meme chose que dans les chemins de fer
electiiques. Ce n'est pas tout a fait la meme chose. Dans les chemins de
fer, le fil longe le rail toujours a la meme distance, tandis que votre
peniche va circuler, tantot pres d'une rive, tantot pres de I'autre. II faut,
par consequent, que votre fil de derivation soit assez long pour que la
peniche puisse s'eloigner le plus possible, dans les courbes, du fil princi-
pal; mais alois, dans le cas contraire, quand elle se trouvera pres du fil
principal, le fil de derivation trainera par terre. Assurement, dans certains
canaux, vous pourrez placer des mats; mais ce ne sont pas ces mats qui
empecheront le fil de derivation de trainer par terre et s'il rencontre des
herbes, des roseaux, des piquets plantes par les pecheurs, il est expose a
se rompre.
Je crois done que votre fil de derivation devra etre, non pas un fil ordi-
naire, mais un cable arme. Ainsi, en plus des autres outils que vous serez
oblige d'avoir, il vous faudra encore un petit cable soub-marin.
Enfin, vous comptez sur un fil unique, Je crois qu'il est possible de se
passer d'un fil de retour, mais cela n'a pas encore etc experimente. Lors-
2= SECTION. — 5= SEANCE. 199
que le premier chemin de fer electrique a ete constriiit, I'idee aurait du
venir aux ingenieurs de n'etablir qu'iin seul fil au lieu de deux : s'ils ne
I'ont pas fait depuis, c'est qu'il doit y avoir la des inconvenients pratiques.
L'experience dira si vous reussissez; je vous le souhaite, et c'est possible.
Je me resume aiiisi : quel que soit le mode de traction employe, la
depense se compose de deux termes, a savoir :
r Un terme constant quel que soit le nombre des baleaux traines; ce
sont les frais generaux.
2° Un terme proportionnel au nombre des bateaux tires.
Dans le halage par chevaux, I'un des deux termes disparait presque
completement : ce sont les frais generaux.
Dans le halage funiculaire, c'est au contraire I'autre terme qui disparait
presque. Les frais d'installation sont considerables. Le cable a etablir doit
6tre aussi solide que possible : qu'il y ait un bateau ou qu'il y en ait
mille, il faut qu'il ait la meme solidite parce que, la on un seul bateau
pent passer, il peut en passer mille; c'est un inconvenient s'il n'y a qu'un
bateau, un avantage s'il y en a mille. Les frais d'exploitation sont egale-
ment assez eleves. Mais une fois ces depenses faites, elles restent presque
constantes, quel que soit le nombre des bateaux.
Ainsi, des deux termes dont je viens de parler : les frais generaux d'une
part et le terme proportionnel au nombre des bateaux de I'autre, c'est,
dans le halage par chevaux, le premier, — c'est-a-dire les frais generaux
— qui est presque nul; dans le halage funiculaire, c'est le contraire qui
se produit; le coefficient de proportionnalite est presque nul parce que,
une fois qu'on a un certain nombre de bateaux, les frais n'augmentent
pour ainsi dire plus.
Voila done deux systemesqui sont comparables : lorsqu'il n'y a que pen
de bateaux, c'est le halage par chevaux qui I'emporte, parce que le
premier terme est pen importani; lorsqu'il y a beaucoup de bateaux, au
contraire, le halage funiculaire devient preferable, parce que c'est alors
I'autre terme qui disparait presque.
Chez vous, au contraire, les deux termes sont I'un et I'autre tres-
importants.
Je suis done persuade que vous ne pourrez lutter centre personne sur
les canaux; mais que vous pourrez faire de tres-belles choses sur les
livieres.
Puisque j'ai la parole, je voudrais ajouter quelques mots qui m'ont ete
inspires par la lecture des rapports de MM. Thiem, Bellingrath et Dieckhoff
sur la meme question.
En dehors de cette excursion de MM. Molinos et de Bovet sur le domaine
des canaux et des rivieres, il existe en eflet d'aulres rapports ayant trait a
la meme question : je citerai notamment le rapport de M. Derorae, »elui
de MM. Bellingrath et Dieckhoft et enfin celui de M. Thiem.
M. i.E PuEsiDEM. — II me semble, Messieurs, qu'il importerait de ler-
200 PROCKS-VERBAUX DES SEAiNCES DES SECTIONS.
miner lout d'abord la question du halagc electrique. M. Maurice Levy
poiirra terminer ensuite sa communication en ce qui concerne les autres
rapports dont il a I'intention de vous entrelenir.
M. DE BoYET. — Je deinande la parole pour repondre a M. Maurice Levy.
M. LE President. — Vous avez la parole.
M. DE BovET. — Je ne veux repondre qu'a quelques-unes des objections
que vient de soulever M. Maurice Levy, M. Molinos s'etant reserve de
repondre aux autres.
II est bien entendu que nous n'avons pas la pretention de tuer le halage
par chevaux aussi rapidement que vous I'avez suppose : si c'etait si facile
que cela, vous I'auriez tue bien avant nous!
Parmi les objections que vous avez faites, je tiens a relever d'abord
celle relative a la self-induction : je ne crois pas qu'elle ait I'importance
que vous lui attribuez. De la fa^on dont se comporte la chaine sur la
poulie, une fois I'appareil en mouvement, le circuit magnetique reste
indefiniment compose de la meme fagon; tout anneau arrache se trouvant
remplace par un autre anneau. Pour toute partie de la chaine qui se
deplace dans le champ en s'eloignant du centre de la poulie, une autre
parlie egale s'y deplace d'une meme quantile, mais en se rapprochant
du centre. Les deux self-inductions resultantes, qui sont en sens inverse,
ne se detruiront-elles pas a bien pen de chose pres? J'ai indique hier,
comme cause de per!c, le retard a Taimantation de la chaine a son arrivee
sur la poulie, retard que j'ai suppose equivalent a une diminution de
10 degres a peu pres d'enroulement, or, comme avec 270 degres, j'ai
beaucoup plus qu'il ne me faut, je me crois de ce cote absolumerit garanti.
J'ai, de plus, cherche a evaluer, j'ai dit comment, le travail a depenser pour
I'arrachement de la chaine, s'il le faut faire mecaniquement (et je n'ai
tenu aucun compte du petit travail utile qui pent, en sens inverse, se pro-
duire du cote de I'entree); je ne vois pas d'autres causes de perte, et crois
que les choses se passeront de la fagon que j'ai indiquee.
J'ai eu du reste I'occasion de mettre en experience non plus une chaine
sur une poulie au repos, mais quelque chose d'equivalent : un systeme
comportant une poulie en marche avec, enroule dans une pai'tie de la
gorge, un organe flexible comme la chaine. Nous avons fait des essais
nombreux a des vitesses tres variables, la poulie tournait, mais I'ensemble
restait toujour^ semblable a lui-meme. Nous n'avons constate aucune
perte anormale, et les resultats obtenus n'ont fait que contirmer ceux que
nous avions constates avec une chaine et une poulie au repos. Je ne puis
done croire a la cause de perte que vous indiquez.
Si nos previsions ne se trouvaient pas verifiees, il nous resterait la res-
source de recourir a un autre mode de construction de la poulie auquel
j'avais pense tout d'abord, permettant de desaimanter la region dans
iaquelle la chaine doit decoller.
L'appareil serait alors beaucoup plus complique et beaucoup plus dif-
2' SECTION. — 5= SEANCE. 201
ficile a enlretenir; je lui prefere celui dont je vous ai donne la description,
diit-il couter un peu plus cher, ce que je ne crois pas.
Quant au prix, je crois que vous I'exagerez un peu. Vous evaluez la
dynamo, une dynamo de trois chevaux, a 5 ou 4000 francs.
M. Maurice Levy. — Meltons 2500 francs.
M. DE BoYET. — J'ai d'abord pense meltre sur mon toueur une dynamo
qui pout faire a peu pres six chevaux (celle que jai prise est plus
forte).
Eh bien, I'ensemble, la dynamo, avec la machine a vapeur qui la fail
marcher, le tout sortant d'une maison qui, soignant tres-remarquable-
menl sa fabrication, ne peul pas viser au bon marchc, coute 5000 francs :
la dynamo et son moleur tournanl a 550 tours.
M. Maurice Levy. — Ce n'est pas cher. Je regrelte de n'avoir pas sous
la main les prix couranls des dynamos : elles coiitent beaucoup plus cher
que cela.
M. de Bovet. — Celle dont je vous parte sort d'un atelier dont les pro-
duits etant d'excellenle qualite, sont necessairement chers par rapport aux
prix que Ton peut trouver courammenl.
M. Maurice Levy. — 11 est vrai quc,'quand on descend d'un cheval ou
deux, les prix ne diminuent pas dans la proportion du nombre des
chevaux. C'est egal, 5000 francs pour une machine de six chevaux!...
M. LE Bovet. — Oui, le moteur et la machine tournanl a 550 tours.
M. Maurice Levy. — On ne vous a pas fait payer cher; mais, puisque c'est
un fait, je n'ai rien a ajouter.
M. DE Bovet. — J'en viens aux treuils de touage. Pour etre sur de ne
pas me laissei' entrainer — chacun se laisse alter volontiers a reduire les
prix de ses devis, de faQon a montrer la superior ite de son systeme — j'ai
prie quelqu'un de faire pour mon compte le devis de la partie eleclrique
de rinslallation. Ce quelqu'un est un homme a qui sa competence speciale
en la matiore doit faiie accorder quelque confiance, c'est M. Picou. Pour
le prix des treuils, je crois que nous pouvons arriver a 5000 francs.
Je ne contesle pas que cela fait un appareil assez cher; mais il faut voir
I'ensemble de Tinslallation. Dans I'elude que nous avons faile du canal
de la Sensee, nous avons suppose une circulation de 2500000 tonnes,
correspondant a 40 bateaux perpetuellement en marche sur les 25 kilo-
melres qu'a le canal.
Nous avons admis que la traction se faisait pendant dix heures par
jour, et qu'il y aurait dans le canal deux chaines de 4 kilos le metre. Un
poids moindre pourrait suffire au point de vue de la traction el de I'adhe-
rcnce sur ces poulies, mais il nous a semble preferable de forcer un peu
pour mieux eviter les deplacemenls en courbe. L'ensemble des installa-
tions, machines, dynamos, appareils de touage pour les 40 bateaux, ligne,
chaine, appareils de levage pour les manoeuvres aux extremiles corres-
pond a un prix total un peu moindre de 500000 francs. Cela fait a peu
202 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIO>S.
pres 20000 francs par kilometre. Je crois que ces prix ne depassent pas
beaucoup les votres.
M. Maurice Levy. — C'esl a pen pres la meme chose.
M. DE BovET. — II faut compter en outre 3000 fr. environ pour les cha-
riots de prise de courant qu'il ne me parait pas naturel de laisser au comple
des mariniers comme materiel de la peniche.
En plus, par mesure de securite, j'estime qu'il faut prevoir au moins
dix treuilsde rechange, etdes chaudieres, machines a vapeur et dynamos en
reserve. Le toutetant comptea 125 000 francs, a rajouteraux 500 000 francs
ci-dessus, nous donne un total de 25000 francs par kilometre.
M. Maurice Levy. — Oui, c'est a pen pres la meme chose que cliez moi,
nous sommes d'accord.
M. DE BovET. — C'est, en effet, a peu pres la meme chose, et je vous
avoue que je m'en etais aperQu, mais je dois dire seulement assez long-
temps apres I'etablissement de mon devis, car je n'avais pas eu a cette
epoque vos chiflVes sous les yeux.
Quant aux prix de consommation, je reponds au reproche que vous nous
avez fait dans la fin de votre examen critique que, lorsqu'il n'y aura qu'une
seule peniche sur le canal, la machine ne consommera pas autant de
charbon que lorsqu'il y en aura 40, par cxemple.Il est vrai que nous som-
mes, comme vous du reste, dans I'obligation de tourner pour une seulc
peniche, mais nous n'avons qu'une machine qui tourne (et qui produit
alors peu de courant) et nontoutun cable en marche, et c'est justement ce
qui me parait preferable.
M. MoLiNos. — Monsieur le president, voulez-vous me permettre quelques
observations?...
Nous avons etudie depuis bien longtemps I'application de divers systemes
mecaniques au halage sur les canaux, notamment I'un des plus ingenieux
et des plus seduisants, le systeme Bouquie, et nous avons du y renoncer,
apres avoir acquis la conviction qu'il ne pouvait donner une economic
sur I'emploi des chevaux, au contraire.
Je suis done absolument d'accord avec M. Maurice Levy au sujet de la
difficulte d'obtenir sur les canaux un avantage de prix sur les haleurs
ordinaires au moyen d'un systeme mecanique quelconque. Je crois avoc
M. de Bovet — et nous I'avons dit dans notre rapport — qu'il ne faut pas
chercher dans I'installation d'un systeme mecanique une economic sensi-
ble sur la traction.
Ce qu'on pent en obtenir, c'est un peu plus de vitesse, une granderegu-
larite et unegrande puissance, avantagesqui ne sont pas a dedaigner pour
des voies surchargees de trafic.
Je ferai remarquer tout d'abord que les objections presentees par
M. Maurice Levy au systeme de M. de Bovet sont plus generates qu'il ne
parait lecroire, et portent sur tons les systemes mecaniques possibles parce
que, dans tons les systemes, on sera conduit a un prix d'installation par
2^ SECTION. — 5' SEANCHl. 205
kilometre qui n'est pas comparable a ce qui est depense par les haleurs
non plus qu'au point de vue des frais generaux et de I'enlretien.
On pourrait peut-elre reprocher a M. Maurice Levy d'avoir emis des
appreciations troppessimistes sur tous les points qui sont encore tant soil
peu incertains dans le projet de M. de Bovet, sur tout ce qui n'est pas en-
core demontre d'une fagon absolue. Evidemment, il ne peut 6tre jusqu'ici
question que d'essais. Tant qu'un systeme n'a pas ete essaye, et essaye non
seulemcnt en petit, mais en grand, c'est-a-dire industriellement, on ne peut
guerese prononcer. Car en general on arrive a tout faire marcher en petit,
pourvu qu'on ne parte pas d'un point de depart absurde : le funiculaire de
Belleville lui-meme a bien fini par marcher; mais fonclionne-t-il d'une
maniere satisfaisante au point de vue industriel? C'est une aulre question.
(Soinnres.)
Au sujet de tous les systemes actuellement proposes indistinctement, on
peut trouver des objections a faire. A propos de celui de M. de Bovet, par
exemple, on peut faire observer qu'il presente encore un certain nombre
d'incertitudes, qu'il y a lieu de poser, pour ainsi dire, quelques points
d'interrogation ; mais on ne peut pas dire d'une fagon calegorique : il est
a rejeter parce que ces incertitudes vont donner des pertes, ici de 10 pour
100, la de 15 pour 100. Ce sont des chiffres absolument inconnus de nous
tous.
Tous les systemes proposes presentent des inconvenients : le halage par
cable notamment en presente de tres-grands. D'une maniere generale, je
suis tres-oppose pour ma part a un systeme mecanique que met en mouve-
ment un organe principal qu'on ne voit pas. II y a une vingtaine d'annees,
j'ai assiste aux debuts du cable Hodgson comme moyen de transport dans
le Nord; tous les sucriers de la region out cru a ce moment-la qu'on leur
apportait la solution recherchee depuis longtemps : le transport des bctte-
raves a bon marche. J'ai vu etablir autourde moi plusieurs de ces cables.
Deux ans apres, il n'y en avail plus un seul. La raison de cet abandon
est bien simple. La machine tire brutalement sur le cable. Qu'il arrive le
moindre accident, que le cable, par exemple, vienne a sortir d'une poulie,
la machine continue de lircr et transforme en un degat grave un accident
qui auraitete peu important, si elle avail pu etre immedialement arretee.
Je ne suis pas non plus partisan du systeme analogue applique au funi-
culaire de Belleville. Je crois beaucoup plus au touage, c'est-a-dire un
systeme dans lequel on tire sur un organe immobile avec un moteur qui
se trouve sous la main du mecanicien ; celte idee me semble plus juste,
plus rationnelle au point de vue mecanique, parce que tous les organes en
mouvement sont sous I'oeil et la main de I'homme.
Le systeme de M. de Bovet remplit parfaitement cette condition, a mon
avis, capitate; il donne toutes les facilites desirables pour la mise en
marche, I'arret, la moderation de la vitesse. en un mot pour Vindepen-
dance du bateau.
20-4 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
II pent sans doule preter a des objections. Quel est le systeme qui n'en
presente pas? Mais il offre aussi des a vantages evidenls sur tout ce qui a ete
propose jusqu'a ce jour.
C'est a Texperience a prononcer.
Telles sont les courtes observations que je voulais presenter. Je puis
parler du projetde M. deBovet d'autantplus librement qu'il lui appartient
en propre : je n'ai fait que lui procurer les moyens d'eludier des perfec-
tionnements a apporter au touage, que je jugeais absolument necessaires,
dont le programme etait depuis longtemps arrete dans mon esprit, etdont
je cherchais la solution depuis huit ans.
L'invention de la poulie magnelique me parait I'avoir donnee de la ma-
niere la plus satisfaisante. J'ai etudie I'application qu'il propose au halage
sur les canaux ; je la trouve tres-interessante, et je crois qu'elle mciite
d'etre essayee. C'est mon unique conclusion. [Applaudissemenls.)
M. Le President. — Monsieur Galliot, vous avez la parole.
M. Galliot. — Messieurs, le projet dont je vais avoir I'honneur de vous
entretenir n'est pas aussi general que ceux dont il a ete question jusqu'ici :
au lieu d'etudier d'une fagon generale un systeme de touage des baleaux
par I'electricite, je me suis contente de chercher a appliquer I'electricite
sur un point tout a fait particulier. 11 y a — je le crois du moins| — un tres
grand avantage a operer de cetle fagon : j'ai pu ainsi arriver a un projet
qui a ete etudie jusque dans ses plus infimes details, pour chacun des
points speciaux en presence desquels nous nous trouvions, et qui ne com-
porle, pour ainsi dire plus, a I'heure actuelle, aucun alea.
II s'agit de faire le touage electiique dans le souterrain du bief de par-
tage du canal de Bourgogne qui s'elend sur une longueur de 6068 metres,
enlre le bassin de Pouilly-en-Auxois, sur le versant de I'Yonne, et celui
d'Escommes, sur le versant de la Saone. Le souterrain se trouve au milieu
et mesure 3 533 metres de long : il est a simple voie et tres-peu large ;
aux extremites du souterrain existent deux tranchees egaleinent a simple
voie,etayant loutes deux la meme longueur, soit 930 metres environ. Sur
toute cette longueur, c'est-a-dire sur un parcours de pres de 6 kilometres,
la navigation s'effectue au moyen d'un toueur a vapeur, a raison de deux
convois dans chaque sens par jour : nous depensons a cet effet une somme
d'environ 20 000 francs par an, tout compris.
Dans CCS conditions, comme le trafic, quoique ayant notablemcnt aug-
mente dans ces dernieres annees, est toujours reste assez faible, nous
avons pense qu'il y aurait peut-^tre moyen de diminuer les frais d'exploi-
tation en utilisant les forces naturelles que nous avions la possibilite de
recueillir aux chutes des ecluses qui terminent le bief de partage. C'est
meme dans ceci que consiste la principale particularite de notre projet,
puisqu'en somine, ainsi que j'aurai I'honneur de vous I'indiquer tout a
I'heure, les appareils electriques que nous avons prevus ne different pour
ainsi dire pasde ceux qui sont employes pour la mise en marche des tram-
2' SEGTIOiN — 5= SEANCtl, 205
Avays et des chemins de fer, et qui, pourtant, sont tres-connus do vous
tous : ce qui constitue la specialite, I'onginalile de noire systeme, c'est
precisement la suppression de toute macliine a vapeur.
Afin de savoir si nous pourrions arriver a cette suppression, il nous a
fallu d'abord rcchercher quelle etait la force acluellement necessaire au
passage de nos bateaux, et ensuitc quelle puissance nous pouvions esperer
recueillirde I'eau d'alimenlation qui traverse nos ecluses terminales. Cette
etude a pu se faire assez facilement, et voici quels sont les resultats qui
ont ete obtenus.
Nous versons en cemoment-ci a chacune de nos ecluses terminales des
quautites d'eau dont Timportance est naturellement plus ou moins grande
suivant les epoques, et qui varient entre 9000 metres cubes au minimum
ct 2(5 000 et meme 50000 metres cubes par jour, Mais nous pouvons tres-
facilement, en raison meme de la disposition des reservoirs du canal de
Bourgogne, arriver a augmenlcr tres-sensiblement le contingent de nos
chutes d'eau : tousces reservoirs sont en cffet siluesala parlie superieure,
de sorte que si, a une epoque determinee, on avail besoin d'unc force plus
grande que celle qu'il est possible d'obtcnir des debits actucls des ecluses,
il suCHrait pour la realiscrd'envoyer une parlie de I'oau au bief departage,
au lieu de la diriger vers les biefs inferieurs. Bref, il resulte de I'etude que
nous avons faile relalivement a cette question de la force disponible, que
nous pouvons utiliser a chacune de nos ecluses terminales la puissance
de 20 ou 30 000 metres cubes d'eau par jour tombanl d'une hauteur de
2 m. 75.
Tel etait le premier point que nous avions a examiner : il nous restait
ensuite a comparer la force dont nous pouvions disposer avec celle qui est
necessaire au touage des bateaux.
Cette force a ete relevee a pi usieurs reprises. On s'en etait meme occupc
depuislres-longtemps,carj'ai retrouve les resultats de certaines experiences
faites par M. I'inspecteur general Bazin; ces experiences ont encore etc
renouvelees au moment de I'installafion du toucur a macliine Lamm-
Francq, en 1886. Si bien qu'en resume, les chitfres auxquels je me suis
arrete sont des chitfres dans lesquels j'ai pleine confiance.
Voici le resume des diverses tensions relevees sur la chaine du toueur.
Lorsqu'il s'agit de remorquer un bateau seul, la force de traction neces-
saire est de 450 kilogrammes. D'autrepart, la plus foi'le rame de bateaux
que nous ayons rencontree comf)renail 0 bateaux, el a exige un elfoi I de
traction de 1000 kilocrrammes. J'ai fait un rcleve assez considerable de
tous les resultats que j'ai pu me procurer, et je suis arrive a savoir a peu
pr^'s quelle etait la force de traction corrcspondaut a chaque convoi
remorque.
Ceci fait, commc le service du canal tient un regislre des differents con-
vois el du nombre des bateaux de chaque convoi, j'ai pu etablir un tableau
du nombre de kilogrammelres employes chaque jour a la traction, el par
206 PROCfiS-VERBAliX DES SEANCES DES SECTIONS.
consequent comparer le nombre de kilogrammetres necessaire pour louer
Ics bateaux au nombre de kilogrammetres donne par les chutes desecluses.
11 est resulte de ce travail que le rendement necessaire pour suffire a
Tcxploitation, deduction faite de la perte subie a cause de Tappareillage
hvdraulique servant a capter les forces aux ecluses, le rendement total
necessaire, dis-je, meme a I'epoque la plus mauvaise de I'annee, au moment
ou il doit elre maximum, n'atteint que 16,7 pour 100; il nous faut done
obtenir 10,7 a 17 pour 100 de rendement pour pouvoir marcher.
Ceci pose, ayant reconnu la possibilite d'installer dans de bonnes condi-
tions sur cette partie du canal de Bourgogne un systeme de touage meca-
nique qui economiserail lecharbon que nous brulons ence moment, etper-
mettraitde Iransformer nos chutes d'ecluses en energie utilisable, j'ai eu a
rechercher de quelle maniere pourrait se fa ire cette ulilisation.
L'installation aux ecluses ne saurait presenter aucune difficulte : nous
etablirons des turbines a chacune d'elles. Et meme, a ce point de vue, je
pourrais ajouter des maintenant que I'avant-projet dontj'avais donne un
extrait pour le Congres ne sera pas suivi completemenl. Nous avions prevu
que les chutes, apres le doublement, auraient 4 metres a chaque ecluse;
il resulte d'une etude plus avancee qu'elles seront beaucoup plus fortes ;
maisje nem'arrcte par sur ce point-la. Les chutes seront vraisemblablement
de 7 metres, et chaque ecluse recevra une turbine aiitant que possible
proportionnee a son debit d'eau journalier; comme il y a un versant du
canal qui consomme beaucoup plus d'eau que I'autre, les deux turbines
seront par consequent de tailles differentes.
Jusque-la, tout allait pour le mieux, mais une fois ces differcnts points
resolus, etant entendu que nous avions la force necessaire et que, pour la
capter, nous nous servirions de turbines, restait a rechercher quel serait le
moven que nous emploierions pour faire passer cette force de nos turbines
sur le bateau toueur. Je n'insisterai pas sur les differentes etudes qui ont
ele faites a ce sujet. J'ai d'abord essaye I'aircomprime, quipouvait certai-
nement donner de bons resultats mais coutait assez cher, J'ai etudie
ensuite I'etablissement d'un cable sans fin; dans les conditions ou nous
nous trouvons, avec une installation tres courte et un nombre de bateaux
assez faible, nous arrivions a des prix tout a fait inadmissibles, et qui se
rapprochaient de tres-pres d'ailleurs de ceux indiques par M. MauriceLevy
dans sa communication au Congres de Manchester. Je suis done arrive a
cette conclusion que, probablement, I'electricite serait leseul precede pos-
sible pour faire passer les forces de nos chutes d'ecluses sur le toueur.
Voici dans quelles conditions j'aiete amene a laire cette etude, etfmalement
a adopter ce systeme.
Le maximum de tension que nous puissions avoir a realiser sur la chaine
de touage est de 1 200 kilogrammes. D'un autre cote, notremarche moyenne
a une vitcsse inferieure en general 75 centimetres par seconde. J'ai pris
ces deux termes les plus eleves que nous ayons rencontres comme base do
•2' SECTION. — 3' SEANCE 207
monprojet.Le probleme se posait done ainsi : produire I'iOO kilogrammes
et marcher a la vitesse de 75 centimetres par seconde. II s'agissait par
consequent de realiser cette force sur le bateau toueur, en d'autres terme;;,
de creer aux chutes des eel uses la force necessaire, en tenant compte de la
perte en ligne.
Je vous ai dit deja que nos deux versa nts ne consommaient pas a beau-
coup pres la meme quantite d'eau : celui de I'Yonne, qui partde Pouilly,a
un debit beaucoup plus eleve que celui de la Saone, dont I'origine est a
Escommes. Nous avons compte que nous pourrions realiser a I'ecluse de
Pouilly une force de 14 chevaux, et a celle d'Escommes une force de
11 chevaux, soit au total 25 chevaux pour obtenir les 10 dont nous avions
besoin sur le toueur. II fallait ensuite installer les dynamos necessaircs.
Deux precedes etaient en presence : assembler ces dynamos en quantite ou
. en tension. Dans le premier sysleme, les dynamos etant placees aux deux
extremites, on pouvait relier les poles de meme nom par deux fils seule-
ment : un contact prenait le courant sur chacun de ces fils pour I'amener
dans le toueur.
Ce precede, qui avail tout d'abord paru le plus simple, nous a semble
ensuite un peu defectueux, en raison du deplacement du toueur. En effet,
lorsqu'on partirait d'une des extremites de la ligne, la dynamo du toueur
se Irouverait, pour ainsi dire, en court circuit avec la generatrice de Tecluse
voisine; lorsqu'au conlraire on arriveraita I'autre bout, ce serait I'inverse
qui se produirait. La societe Gramme, qui a bien voulu m'aider dans I'ela-
blissement de mon projet, a trouve que ces conditions de marche n'elaienl
pas aussi bonnes qu'on pouvait le desirer, et comme d'aulre part nous
avions a notre disposition un autre precede tout aussi simple d'ailleurs et
qui evitait cet inconvenient, c'est a lui que nous avons fini par aboutir.
11 consiste a relier les dynamos en tension. Nous partons. par exemple,
de I'ecluse do Pouilly : on relie Tun des poles dc la generatrice de cclte
ecluse, au moyen d'un fil, avec le pole de nom contraire de la generali'icc
d'Escommes : on obtient ainsi un circuit. Des deux aulres poles des deux
dynamos generatrices situees a chaque exlremite partent les fils de laliguc
qui suivent une nouvelle fois toute la longueur, et c'est sur ces seconds
fils qui sont isoles a chaque bout que nous prenons le courant. De cette
faQon, quelle que soit la position du toueur sur la ligne, la longueur du cir-
cuit reste egale au parcours alter et retour entre les deux generatrices.
Nous avions ensuite a fixer la grosseur du fil de ligne qui pouvait etre
variable suivant qu'on voudrait employer de hauls potentiels avec defaihlcs
debits, ou le contraire.
Le premier precede auquel nous nous etions d'abord arretes consislait a
employer des potentiels un peu eleves : nous arrivions jusqu'a 900 volls,
mais nous pouvions en revanche employer des fils de 7 millimetres de dia-
melre. Cette idee n'a pas prevalu. Nous nous contenterons probablemenl
de 450 ou 500 volts seulement, de maniere a eviter toute chance d'accident.
208 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTlOiNS
et aussi afin que risolement de la ligne puisse se faire plus f'acilemenf.
Nous aurons clone aux deux dynamos generatrices 500 Yolts en chiffrcs
ronds, qui nous seront fournispar I'ecluse dePouilly pour 300 volts, et par
celle d'Escommes pour 200 volts — etant donne, ainsi que je I'ai deja
indique, que Pouilly dcbite a pen pres une fois et demie autant que
Escorames — non compris naturellement la peitc en ligne, qui sera d'en-
viron 90 volts.
Ceci indique, il me reste k vous dire comment nous prenons le courant.
Jusqu'ici, on s'etait surtout servi de tubes. C'est un procede extremement
simple et tres siir, mais qui, en revanche, necessite des conducteurs
d'un prix tres eleve, meme en n'employant que des tubes fendus et en ne
les payant pas trop cher.
Aussi, je propose d'cmployer un systeme qui a eu un certain succ6s en
Amerique et qui est meme actuellcment employe en Europe. II consiste a
se servir de^ simples fils conducteurs ordinaires, un peu plus gros que
les fils telephoniques, puisqu'ils auront jusqu'a 9 millimetres, et sous
lesquels passe un contact a roulelle. 11 me semble que ce systeme, qui
reussit pour des tramways maichant a la vitesse d'un cheval au trot,
aura des chances de donner chez nous, avec un toueur marchant a I'allure
de 75 centimetres par seconde, des contacts tres-bons, beaucoup meil-
leurs a coup sur qu'avec les tramways.
Notre projet comporte done en resume des turbines, les deux dynamos
generatrices, la dynamo receptrice et les prises de courant.
II est probable, en outre, qu'on ajoutera sur le toueur, a cdte de la
receptrice, une batteric d'aecumulateurs.
Nous avons craint en elTet qu'a certaines heures, le touage piU exiger
une force un peu plus grandc que celle que nous avions prevue; d'auire
pnrt, a certains moments de la journee, les ecluses qui termincnt le bief
de partage donnent un debit d'enu un peu plus foible que la moyenne
sur laquellc nous avons compte. II ctait done necessaire de tcnir compte
de toutes ces inegalites, ct il m'a semble que le proeede de beaucoup le
pins simple pour y parer consistait a introduire sur le toueur, en deriva-
tion sur la prise du courant, une batterie d'aceumulateui-s se chargeant
pour une tension un peu plus forte que celle a laquellc nous marchons
d'habiludc, c'est-a-dire superieure a 500 volts. Celte batterie pourra 6tre
chargee de nuil, au moment ou les toueurs ne marchent pas, en faisant
fonctionner une seule des turbines, celle qui aurait le plus besoin de
debiter de I'eau. II suffira d'accoupler les accumulateurs en une ou
plusieurs series, de les meltre en contact, de fayon a pouvoir les charger
avec la tension donnee par I'une ou I'autre de nos generatrices.
Tel est dans ses grandes lignes notre projet. II sera peut-^tre interessant
pour les membres du Congies d'avoir quelques details sur les prix
auxquels nous arrivons.
L'installation actuelle comprend un bateau toueur a machine Francq
2'^ SECTION. — 5' StA^CE. 209
ayant coulc 105 000 francs ct unc chainc dc o^ 000 francs. Les frais de
premier etablissemenl montcnt done au total a 157 000 francs. De plus,
I'usiire est assez rapide. Notre premiere chaine a ele mise hors d'usage
en vingt et quelques annces; nous avons use un loueur dans le memc
laps de temps. De sorle qu'il faut compter vingt ans en moyenne pour
I'usLire complete du systeme.
Les aulres precedes que j'ai etudies, le cable sans fin aussi bien qnc
I'air comprime, coiitent encore plus cher.
L'inslallation electrique au contraire, telle qu'elle est prevue dans
le petit projet qui a ete depose devant le Congres, ne montera qu'a
80 000 francs, mais 80 000 francs dans des conditions toutes speciales :
j'ai estime les dynamos au prix de fabrique, et je compte tout en double;
c'est ainsi qu'il y a une bobine de rechange pour chaque dynamo; tout a
etc compte aussi largement. et nous n'arrivons encore qu'a 80 000 fiancs.
II est vraisemblable que Tadjonclion de la batterie d'accumulateurs dont
je vous ai parle va faire hausser un peu cette estimation, mais nous ne
depasserons pas a coup sur le maximum de 100 000 francs.
Par consequent, comme frais de premier etablissemenl, j'ai deja unc
economic considerable sur tons les autres precedes ct je dois vous faire
rcmarquer que mon evaliiation se rapporte a un parcours de 6 kilo-
metres; je suis done bien loin du cliiflVe de 20 a 25 000 francs par kilo-
metre indique par MM. Maurice Levy et de Bovet.
Pour I'amortissement, j'ai fait mes calculs d'une fagon encore plus
large; j'ai prevu que mes prises de courant pourraient s'user en un an;
j'ai comple 1/20 des frais d'etablissement pour I'amorlissement des sup-
ports et de la ligne, 1/5 pour celui des machines electriques. Eh bien, en
etablissant mes calculs d'une fagon aussi large, en tenant compte de tout
et meme du personnel actuel, trop nombreux pour la nouvelle installa-
tion, j'arrive a une depense annuelle pour amortissement et entrction
d'environ 15 000 francs, tandis qu'aujourd'hui nous arrivons au chillVe
de 20 000 francs.
II y a done, en resume, une economic Ires considerable au triple point
de vue de ramortissement, de Fentrctien ct de la mise en exploitalion.
Enfin, avec le projet definitif, nous n'aurons nulle part de tensions
superieures a 500 volts, en sorte qu'aucun danger n'est a craindre pour
I'exploitation. {Applaiidissements .)
M. DE Bovet. — Je dcmande que le rapport de M. Galliot, qui est ma-
nuscrit et n'a par consequent pas ete distribue, soit imprime dans le
compte rendu.
M. FoxTAixE. — Le projet que M. Galliot vient de vous exposer dune
fa^on si claire et si complete a ete soumis hier au Conseil general des
Ponts et Chaussees : le Conseil a bien voulu I'approuver, et decider qu'on
ferait autographier lememoire de M. Flamant qui etait charge du rapport.
Si vousle desircz, nous pourrions demander que Ton fasse autographier
14
210 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIOA'S.
en plus un certain nombrc d'exemplaires qui seraient envoyes aux mem-
bres de la Section.
M. LE President. — II me semble qu'il y aurait interet a imprimer
quand meme le travail de M. Galliot en y joignant le rapport de M. Fla-
mant. L'un n'empeche pas I'autre d'ailleurs.
Je crois que nous sommes tous d'accord....
Par consequent, I'impression aura lieu.
M. DE BovET. — Je demande a ajouler un mot sur un point que M. Mau-
rice Levy a traite tout a I'heure. Les explications que M. Galliot vient de
fournir me permettent de revenir sur la question.
M. Galliot a dit en effet que le prix d'une installation electrique etait
beaucoup moins eleve que celui d'un cable. J'ai donne tout a Pheure des
chiffres d'oii il ressort que les frais de premiere installation sont sensible-
ment les memes chez moi que chez M. Maurice Levy; mais j'ai oublie de
dire qu'ils sont prevus dans mon projet pour une traction moyenne de
dix heures par jour et pour un trafic de 2 500 000 tonnes, mais correspon-
daient a un debit possible — si toutefois le canal le permettait — de
4 millions 1/2 a 5 millions de tonnes, et non pas de 2 millions.
M. LE President. — Personne ne demande plus la parole sur cette
question?...
Monsieur Maurice Levy, vous avez la parole sur le rapport de MM. Bel-
lingrath et Dieckhoff.
M. Maurice Levy. — Mcs observations porteront simplemenl sur les con-
clusions de ces messieurs, en me plagant uniquement au point de vue de
ia traction funiculaire dont ils parlent dans leur rapport.
Ces messieurs semblent conclure a ceci que, des divers systemes de
traction mecanique essayes jusqu'a present, ce serait le halage funiculaire
qui serait le plus avantageux, sans Pinconvenient du vrillage du cable.
Ils lui reprochent aussi qu'on augmentera la depensepar suite de Pobli-
oation de mettre le cable en mouvement, qu'il y ait ou qu'il n'y ait pas
de bateaux.
Sur ce point, je crois qu'il existe un simple malentendu. Comme je le
disais touta I'lieure, le fait d'etre oblige d'installer un cable et de le mettre
en mouvement n'est pas un inconvenient, s'il y a assez de bateaux pour
payer cette depense. Et quand on a depasse le chiffre de bateaux necessaire
pour la payer, pour payer les frais d'amortissement et d'exploitation, le
systeme devient extremement economique. 11 est incontestable qu'il y a un
chilTre de trafic au-dessous duquel il ne faut pas employer le halage funi-
culaire et au-dessus duquel il devient tres-rapideinent avantageux.
J'ai estime dans mon rapport a Manchester le chilTre a partir duquel le
halage par chevaux ne doit plus pouvoir lutter contre le halage funiculaire
a 900 000 tonnes. M. Derome, en tenant comple de ce qu'il travaillc
18 heures par jour, pense que le halage par chevaux pourrait soufenir la
concurrence jusqu'a 1 500 000 tonnes, mais qu'au dela, c'est le halage
2* SECTION. - y' SEA>XE. 211
funiculairc qui remporlerait. Ces chiffres ne peuvent etre etablis qu'apres
des experiences de plusieurs annees.
Ce qui est sur, e'est qu'il existe un certain tonnage pour lequel il y a
equivalence entre le halage par chevaux et le halage funiculaire : au-
dessous de ce tonnage, il ne fautpas installer de cable, tandis'qu'au-dessus
il y a avantage a le faire. Que cette limite se trouve vers 900 000 ou
1 500 000 tonnes, il est bien difficile de discuter sur de pareils chiffres; il
faudra une experience plus ou moins longue pour arriver a une deter-
mination approximative.
On reproche quelquefois au halage funiculaire de trainer un cable,
quoique le trafic suit insuffisant : il est evident qu'il faut, dans ce dernier
cas, s'entenir au halage par chevaux, tout le monde est d'accord la-dessus.
J'arrive maintenant a la seconde objection; ces messieurs disent : le
halage funiculaire serait pratique, s'il ne presentait pas I'inconvenienl
provenant du vrillage du cable. Us ajoutent qu'on ignore la cause de ce
vrillage.
On dit qu'il provient des poulies de direction, et on a essaye de se sous-
Iraire au vrillage en employant du cable plat. Je suivrai pour ma part
avec grand plaisir les experiences qui pourraient etre failes sur des cables
plats, etje serais tres heureux, s'il s'en failen Allemagne, que ces messieurs
voulussent bien nous tenir au courant; mais j'avouc que je ne crois pas a
la possibilite de I'emploi d'un cable plat pour la traction mecanique :
L'obliquite de la traction, lorsqu'il passe sur les poulies, le fera se retour-
ncr, il y prendra des mouvements de torsion, et je ne suis pas meme
convaincu qu'on se soustrairait au vrillage.
En tout cas, je crois qu'en principe il importe pen, quand un cable est
au repos, qu'il soit plat ou rond ; mais un cable qui doit se mouvoir dans
loutes les directions doit etre rond. S'il en est ainsi, la question du vrillage
devient d'autant plus difficile. Elle se pose ainsi : avec un cable rond, est-
il possible d'empecher le vrillage?
Pour le savoir, il faudrait connaitre la cause du vrillage; or, comme le
disent ces messieurs, on ne la connait pas. Je crois cependant la connaitre;
je n'en suis pas sur. Je vais done vous soumcltre I'explication du vrillage
d'apres mon opinion personnelle : je compte faire des experiences pour la
controler.
MM. Bellingrath et Dieckholf pensent, comme tout le monde, que le
vrillage doit tenir aux poulies de direction, aux changements de direction
du cable.
Pour savoir s'il en est ainsi, je me suis pose la question suivante :
Je suppose — cela ne pourrait pas etre realise, mais on peut le concevoir
— je suppose un cable de 1000 kilometres, par exemplc, un cable inde-
fmiment prolonge dans les deux sens, et qui n'aurait aucune espece de
retour; il est place sur ses poulies verticales, au repos; je le fais avancer
sur lui-meme; va-t-il vriller? Je pretends que oui, bien qu'il n'y ait pas
212 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
de changement de direction. Voici pourquoi. C'cst assez difficile a expli-
qucr : s'il y avail un tableau noir, je poiirrais mienx me faire com-
preiidre.
Je crois, dis-je, que le cable vrillera; pourquoi? II ne vrillerait pas s'il
i*eposait sur cbaque poulie verlicale par un simple point de contact, cc
qui arriverait s'il avail une tension infinie. Mais comme il n'en est pas
ainsi, qu'il repose sur les poulies par une courbe de longueur appreciable,
il vrillera, meme s'il est rectiligne.
Voici en effet ce qui arrive. Prenez un petit morceau de cable, avant
qu'il n'arrive sur la poulie, alors qu'il est en ligne droite; ce petit morceau
en arrivant sur une poulie va en prendre la courbure ; je dis qu'en se cour-
bant, il faut qu'il prenne aussi un mouvement de torsion.
En efl'el, representez-vous une spire complete d'un toron d'un cable
rectiligne dont les deuxextremitessc trouvent sur la generatrice superieure
du cylindre que forme le cable. Je flccbis le cable : le pas de la spire va
s'accroitre; mais la longueur de la spire no s'accroit pas sensiblement, son
rayon non plus. Or, si les deux points restaient, apres la courbure, sur la
meme generatrice, c'est-a-dire si la spire etait toujours complete, la lon-
gueur de la spire aurait augmente. Pui^^qu'il n'en est pas ainsi, c'est que
la spire n'cst plus complele. Par consequent, les deux extremites quietaient
d'abord sur une meme generatrice du cylindre primitif, ne s'y trouvent
plus apres la courbure, et il y aura un mouvement de detorsion du toron
cl, comme cbaque morceau qui vienl aura ce mouvement, le cable tournera
de fagon a se detcndre.
II est vrai que si, d'autrc part, je considerc une spire inverse, c'est-
a-dire une spire dont les deux extremites se trouvent sur la generatrice
infcrieure du cylindre forme par le cable primitif, celle-la se comprime;
le pas diminue, les deux points extremes tendenl a se rapprocher, ce qui
conduit a admettre un effet de torsion en sens contraire de I'efTet deter-
mine dans la premiere spire considerce.
II semblcrait done, puisque certains points du ill s'allongent et que
d'autres se raccourcissent, que ces deux mo'ivements en sens contraire
doivcnt au total se compcnscr. Cc n'cst pas vrai pour deux raisons.
En effet, la spire qui a ses deux extremites a la generatrice superieure
pent s'allonger; mais les spires inferieures ne peuvent pas obeir complete-
ment au mouvement contractile qui les sollicile, parce qu'elles se serrent
les unes centre les autres. Par consequent, il restera un petit mouvement
de torsion residuel qui so produira pour cbaque petit morceau de cable
qui viendra se placer sur la poulie.
Mais vous me direz : Ce petit morceau de cable qui est d'abord en ligne
droite et qui vient se placer sur la poulie en flechissant et en se tordant,
ainsi que je vieus de le demontrcr, va redevenir sensiblement rectiligne en
quittant la poulie. 11 semble done que le mouvement residuel dont je viens
de parler ne va pas subsister, va se detruire. Cela se passerait ainsi s'il
2' SECTION. - 5-^ SE.L\CE. 213
n'y avait pas froltement des fils les uns contre les aufres. Mais le frotte-
ment empeche Ic redressement d'etre complet.
Par consequent, ce petit residu se forme apres chaqiie passage du cable
sur une poiilie et. comme il se renouvelle pour cliaque portion du cable
qui vient s'appuyer sur chaque poulie, il en resulte un petit mouvement
de torsion continu, une espece de rotation du cable sur lui-meme.
Si cette explication est exacte, il en resulte que, meme avec un cable en
ligne droite, il y a torsion. Les changements de direction viennent natu-
rellement compliquer ce mouvement.
S'il en est ainsi, existe-t-il un precede quelconque permeltant de sup-
primer ou tout au moins d'attenuer dans une certaine mesure le vrillage
du cable? 11 y aurait en efl'et peut-etre un moyen : ce serait, au lieu de
faire un cable forme de torons enroules en lielice, de faire une sorte de
tresse ressemblant un pen a une trcsse de cheveux. J'essaierai ce precede
et je suis persuade qu'avec une tresse on arrivera au moins a diminuer le
vrillage, si on ne le supprime pas : il n'y a pas d'ailleurs necessite de
le supprimer completement.
J'ai pense aussi a un cable fixe de petit diametre place a cote du cable
haleur et servant a guider I'appareil qui sert a s'atteler a celui-ci, comme
la fente d'egout sert a guider le gripp, et a empecher ainsi le vrillage dans
les chemins de fer funiculaires. Je ferai I'etude de ces precedes, dont le
dernier, s'il reussit, serait le remede absolu contre le vrillage.
Cette etude est tres-interessante a poursuivre : la cause du phenomene
est tres-cachee et assez difficile a determiner. II n'y a pas longtemps que
j'ai I'explication que je viens de presenter, et que je ne donne d'ailleurs que
sous reserve des verifications experimentales, car je ne I'ai pas encore
experimentee. C'est une question extreniement interessante, et je desirerais
beaucoup que le Congres emit le va?u qu'elle fiit etudiee. J'ai fait des
experiences a Saint-Maur et a Saint-Maurice; les ingenieurs allemands les
ont repetees sur le canal de I'Oder a la Spree. Je serais tres-heureux que
le Congres emit le voeu que ces experiences fussent poursuivies dans le
but special d'etudier les causes du vrillage, et surtout les remedes qui
pourraient en dctruire les eft'els nuisibles.
Par consequent, je crois que si le Congres emettait un voeu de cette
nature, il ferait une chose utile parce que, non seulement en France, mais
en AUemagne et dans d'aulres pays interesses, on pourrait examiner la
question a ce point de vue special.
En prenant les choses dans I'etat actuel, avec mon appareil que vous
verrez demain a Saint-Maur et a Saint-Maurice, je ne puis pas dire que je
n'ai jamais de vrillage, mais je n'en ai que bien rarement et toujours aux
memes points. II y a des points ou le vrillage est formidable, et c'est tou-
jours a ces points-la qu'il enlraine le cable, quand cela arrive. C'est assez
rare d'ailleurs, et toutes les fois que cela s'est produit, j'ai remarque que
c'etait toujours par le fait de la negligence des agents, qui donnaient aux
214 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DFS SECTIONS.
mariniers iin appareil plus ou moins faiisse — nc tournant pas bien, se
coin^ant sur le cable — ou encore parce qu'ils donnaient un appareil qui
n'etait pas propre et qui collait au cable.
Encore eel inconvenient du vrillage peut-il etre supprime si le marinier
enraye le mouvement avant qu'il n'y ait un lour complet de fait sur le
cable, en donnant un coup sec sur la corde; mais au bout de deux tours,
c'est fini. Or, avec le systeme funiculaire, les mariniers ont lini par prendre
I'habilude de ne plus du tout regarder ce qui se passe : J'ai vu souvent
circuler des bateaux sans un homme sur le pont; tous etaient en bas dans
leur cabine : personne n'etait la pour regarder la corde, et c'est ainsi
qu'ils se font prendre. S'ils etaient diligents, il ne se produirait jamais
d'accident. Mais il faut compter dans la pratique avec I'incurie des
employes, et surtout des mariniers.
Par consequent, quoique mon appareil enipficlic les effets du vrillage
dans I'immense majorile des cas, comme je ne puis pas affirmer qu'il les
evile d'une maniere absolue — cequi, je le reconnais, serait tres-desirable
en pratique, je serais tres-hcureux, je le repete, que le Congres emit le voeu
que I'examen de cette question ful poursuivi a ce point de vue special.
Le halage funiculaire pent revenir plus ou moins cher, mais il est
absolument praticable, sauf ce petit inconvenient tres-mitige deja avec
mon mode d'atlache.
M. LE President. — M. Fontaine a demande la parole.
M. Fo?sTAi>iE. — Messieurs, tout en attachant une grande importance a
I'adoption du voeu que vient de proposer M. Maurice Levy, je desirerais
demander a la Section de vouloir bien en emettrc un second afm que les
experiences, tres inleressantes egalcment pour un grand nombre de voies
navigables, du systeme de M. de Bovet, soient continuees et portees a la
connaissance des ingenieurs des Congres futurs.
Le sysleme de M. Maurice Levy a de nombreuscs qualites, mais il ne
saurait s'appliquer a toutes les voies navigables. Nous venous de mani-
fester tout Tinteret que nous portions a celui de M. Galliot en votant I'im-
pression de son rapport. Nous comptons beaucoup egalement, plusieurs de
mes coUegues et moi, sur le systeme de M. de Bovet. Ne serait-il pas utile
que la Section s'associal en quelque sorte aux tentalivcs de M. de Bovet en
reclamant la continuation des experiences?
M. Maurice Levy. — H y a une distinction a faire entre les deux va3ux
que Ton vous propose.
Le systeme funiculaire est employe aussi bien en AUemagne qu'en
France : notre resolution consisterait en une sorte d'invitation adress^e
aux Gouvernements de ces pays en vue d'elucider un point special, mais
qui interesse tous les pays qui pratiquent ce mode de halage.
La question de la traction electrique, au contraire, est une question
d'ordre prive qui ne regarde qu'une Industrie particuliere. La Compagnie
du touage, qui a invente la poulie electro-magnetique dont M. de Bovet
2» SECTION. - 6-= SEANCE. 215
vous a entretenus, a tout interet a poursuivre ses experiences; maisil n'y a
aucune raison pour que les Etals, les Gouvernements lui viennent en aide.
M. LE President. — Je vous demande pardon, monsieur Maurice Levy :
cette seconde question est d'interet general au menie litre que I'autre.
Si vous y tenez, cependant, nous pourrions scinder les deux voeux.
M. LEVYSOumet au vote de la Section le projet de vceu suivant :
a La 2^ Section,' considerant que le halage funiculairc se presen-
terait comme praticable sans les effets du vrillage du cable qui subsistent
encore quelquefois malgre les precautions prises pour les prevenir, emet
le voeu que les experiences de Saint-Maur. d'une part, et celles du canal
de rOder a la Spree, d'autre part, soient continuees dans le but special
d'etudier les causes du vrillage et surtout de completer le remede aux
effets d'entrainement qu'il peut encore exercer sur les remorqucs de
bateaux. » • • i
M. LE President. — Vous avez entendu la lecture de la proposition de
M. Levy.
Tout le monde est d'accord?...
En consequence elle est adoptee.
M. Fontaine depose le voeu suivant :
«• La 2- Section emet le voeu qu'en outre des experiences exposees
dans le precedent voeu et qui offrent un trcs grand interet, il en soit fait
aussi sur I'emploi du systeme de touage electrique invenle et expose par
M. de Bovet. »
M. LE President. — Je crois que nous sommes encore tons d'accord pour
adopter cette redaction?... Elle est aussi adoptee.
La seance est levee all h. 1/2.
SIXIEME SEANCE
Mercredi 27 Juillet (matin).
Presidence de M. BUQl'ET.
La seance est ouverte a 9 h. 5 minutes.
M. LE President. — Messieurs, la parole est a M. de Mas.
M. DE Mas. — Messieurs, je dois d'abord remercier notre President, et
vous remercier vous-memes, de I'obligeance que vous avez bien voulu
temoigner a mon egard, en me permettant de prendre la parole des le
Gommencement de la seance, de fagon a me mettre a memo de retourner
216 PROCES-YERBAUX DES SEANCES DES SECTIO>'S.
le plus lot possible aux occupations nombreuses qui m'absorbent en ce
moment.
Au Congies de Francfort, tenu en 1888, il a ele emis un vocu tendant
a ce que des experiences fussent faites en vue de determiner, autant que
possible, les ameliorations dont le materiel de la batellerie pourrait etre
susceptible, au triple point de vue de la plus grandevitesse a oblenir en
marche, du moindre effort a exiger et des perfeclionnements a realiser
dans les qualites nautiques. Deferant a ce voeu, en ce qui concerne la
France, M. le Ministre des travaux publics a, par une decision du 19 no-
vembre 1889, institue un service de recherches experimen tales sur le
materiel de la batellerie et a bien voulu me charger de ce service.
Les recherches ont commence des 1890 et un premier fascicule a ete
publi6 en 1891, I'annee derniere par consequent. Ce fascicule, qui est
connu d'un certain nombre d'entre vous, donne, d'une part, le compte
rendu des quelques experiences faites en 1890 el d'autre part, avec
d'assez longs developpcmenls, la melhode suivie dans ces experiences,
ainsi que la description des appareils employes et tous les autres details.
Je ne reviendrai pas sur cette partie descriptive, d'aulant plus que les
appareils dont je me sers figurent a I'exposition du Congres et sont mis
en fonction au gre de tous ceux qui peuvent avoir interet a les examiner.
Quant aux rcsultats oblenus pendant cette premiere annee, et consignes
dans le fascicule auquel je viens de faire allusion, ils ne s'appliquent
qu'a un petit nombre de bateaux el peuvent se resumer en trcs peu de
mots.
Les bateaux experimentes, au nombre de six, avaient ete choisis parmi
les types les plus usites sur nos canaux et paraissaient a priori — au
point de vue des formes — aussi mal construits les uns que les autres.
lis ont donne, en ce qui concerne la resistance a la traction, des rcsultats
tout a fait differents, a tel point que, pour la vitesse tres moderee et ires
couramment usitee sur nos rivieres de 1 m. 50 a la seconde, I'effort a
exercer par tonne de deplacemenl a pu varier, d'un type a I'autre, de
plus du simple au double.
II y avail done la, a dcfaut d'autre chose, une preuve formelle de
I'utilitc des experiences, et un encouragement a les poursuivre. C'esl ce
qui a ete fait avec loute I'activite possible. Les essais ont ete continues en
1891, nous les avons repris cette annee, et ilsferont I'objct d'un deuxieme
fascicule qui est en preparation. Cependant, comme ce fascicule ne pourra
pas paraitre avant I'hiver prochain, j'ai pense — et la commission
d'organisation a bien voulu parlager cet avis — qu'il pourrait y avoir un
certain interet a vous donner au moins un apergu de ce qu'il contiendra,
en n'insistant, bien entendu, que sur les points principaux.
Je prends la liberie de vous rappeler que toules les experiences en
question ont ete faites dans une partie de la Seine large, profonde, presque
sans courant, c'est-a-dire en eau calme et indefinie. Quelque faible
2' SECTION. — 6« SEANCE.
217
(I'ailleiirs que soil le coiirant, les instruments donnent exaelement la
vilesse relative du bateau et de I'eau; ils indiquent, d'autre part, a chaque
instant, relTort correspondant a la vitesse. Avec les vitesses comme
abscisses et les efforts correspondants comme ordonnees, sont construites
les courbes que j'appelle courbes de Resistance lotale, et c'est en comparant
CCS courbes que je me propose d'etudier les qualites des divers bateaux.
Les experiences qui ont ete faites depuis la publication du premier
fascicule, et dont je vais vous rendre compte, ont eu pour objet de
degager autant que possible les divers elements qui peuvenl entrer dans
la composition de cette Resistance lotale. J'ai d'abord recherche si, pour
un meme bateau experimente a des enfoncements differenls, la Resistance
totale etait proportionnelle a la section immergee au maitre-couple, c'est-
a-dire proportionnelle a I'enfoncement, puisque, nos bateaux ayant une
section rectangulaire, la section immergee au maitre-couple est proportion-
nelle a I'enfoncement. 11 resulte de ces premieres experiences que reifort de
traction n'est pas proportionnel a la section immergee au maitre-couple.
Avant d'aller plus loin, je vous demande la permission de mettre sous
vos yeux un dessin qui vous indiquera quel est le type de bateau sur
lequel ont porte les experiences ; ce bateau appartient au type flute
qui est tres repandu sur la Haute Seine. Comme, d'aulre part, j'aurais a
vous citer quelques chiflVes et que les chilTres simplement enonces de
vive voix sont assez difliciles a retenir, j'ai fait autographier et je remets
entre vos mains trois tableaux respectivement rclatifs aux trois series
d'experiences dont je compte vous entretenir.
La premiere serie a ete faite avec la flute Alma, experimentee aux
enfoncements successifs de 1 metre, 1 m. 50 et 1 m. 60.
Si vous considerez le tableau n" 1, vous constaterez : 1° que la section
(" TABLEAU
Efforts de traction relatifs a la flute ALMA aux trois enfoncements
de 1 metre, 1 m 30 et 1 m. 60
E.NFO.NCEMEM DU BATEAU.
Fiute Alma
a 1 melre d'enfoiicement . .
a 1 m. 50 d'enfoiicement . .
a i m. GO d'eufuncement; .
riESISTANCE TOTALE AUX VITESSES SUCCESSIVES DE
0 m. 50
kilog
59
U
54
I 00
I.tS
1.58
1 in. (KJ
kilog.
129
145
16-2
1.00
1.11
1.2G
1 111. 50
kilog.
280
515
555
1.00
1.15
1.27
2 111. 00
kilog.
502
579
6C4
1.00
1.15
1.52
-2 111. 50
kilog.
805
955
1.119
1.00
1.18
1.59
N. B. — Aus enfoncements successifs de 1 metre, 1 m. 30 et I in. 60, la surface mouillee totale de
VAlma est :
En valeur absolue de 264"^ 288*- 512"-
En valeur relative de 1.00 1.09 l.!8
218 PROCES-YERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
immergee au maitre-couple croit proportionnellement a I'enfoncement ;
2° que la surface mouillec tolale du bateau croit moins vite que I'enfon-
cement; 5° que la Resistance totale croit moins vite que la section
immergee au maitre-couple el plus vite que la surface mouillee tolale.
11 parait assez naturel d'en conclure que cette resistance pourrait bien se
composer de deux lermes au moins : I'un que j'appellerai Resistance de
forme qui dependrait a la fois de la forme et de la surface de la section
immergee au maitre-couple; I'aulre que je nommerai Resistance de sur-
face qui dependrait de la surface mouillee totale du bateau.
Comme vous le voyez, cette premiere serie d'experiences porte a penser
que la surface mouillee totale a sur la resistance une influence notable.
J'ai voulu tirer la chose au clair et pour mettre cette influence complete-
ment en evidence, j'ai entrepris une deuxieme serie d'experiences toujours
avec le meme bateau, VAIma, mais en raodifiant successivement la nature
de sa surface.
En I'absence d'une cale de radoub, et pour eviter les frais qu'auraient
pu occasionner plusieurs mises a terre successives, je me suis contente,
en realite, de modifier seulement la portion de la surface qui est tantot
immergee et tantot a I'air libre, suivant que le bateau est ou n'est pas
charge. Cette partie de la surface forme une zone, une sorte de ceinture
qui est a la surface totale immergee a I'enfoncement de 1 m. 60 — toules
ces experiences ont 6te faites avec le meme enfoncement de I m. 60 —
dans le rapport de 1 a 5,23. Et alors, en considerant comme vraisem-
blable la proportionnalite du frottement a la surface, on est assez natu-
rellement conduit a faire le raisonnement suivant : Si, en modifiant la
zone en question, j'obtiens une certaine difference dans TelTorl de
traction, j'obtiendrais une difference 3,23 fois plus forte en modifiant la
totalite de la surface mouillee du bateau. Dans cet ordre d'idees, j'ai
modifie parliellement la surface de VAlnia de quatre faQons ditl'e-
rentes.
Pour la premiere experience, le bateau avail cle prealablement tire a
terre et gratte de fa^on a ramener le bois a son etat naturel. Pour la
deuxieme, le bois a ete goudronne. Pour la troisieme, en vue de rendre le
frottement, I'adherence de I'eau contre les parois, aussi forts que possible,
le bois a ete reconvert d'une grosse toile d'emballage formant comme un
quadrillage sur les flancs du bateau. Enfin, pour la derniere experience,
la zone en question a ele recouverte de toile ciree, dans le but d'attenuer
autant que possible le frottement.
Les resultats de ces experiences sont consignes dans un deuxieme ta-
bleau qui vous donne : dans la partie A, les resistances reellement obser-
vees, et dans la partie B, les resistances qui auraient ete obtenues en
cas de modification complete de la surface mouillee, en admettant que,
dans ce cas, les dilferences de resistance se seraient accrues dans la pro-
portion de 3,23 a 1.
2^ SECTION- — 6' SEANCE. 219
2' TABLEAU
Efforts de traction relatifs a la flute ALMA avec differentes
natures de surface.
j^ — Une partie seulement de la surface totale est changee de nature; la surface totale est a celte parlie
dans le rapport de3.23 a 1.
NATURE DE LA SURFACE LATERALE
Bois a I'etat naturel
Bois goudronne . .
Toile d'emballage .
Toile ciree . . . .
RES1STA>CE TOTALE AUX VITESSES SUCCESSIVES DE
0 in. .^0
kilogr.
5i
55
57
46
1 m. (HI
kilojr.
162
164
169
142
1 in. 50
kilogr.
555
560
568
508
-2 \\\. 00
kilogr.
664
675
686
558
2 in. 50
kilogr.
1.119
l.lc8
1.155
906
B. — La surface latt-rale est supposee changoo completeinent do nature
NATURE DE LA SURFACE LATERALE
Bois a I'etat naturel . . . .
Bois goudronne
Toile d'emballage
Toile ciree
RESISTANCE TOTALE AUX VITESSES SUCCESSIVES DE :
0 m. 50
kilogr.
54
57
64
28
I in. 00
kilogr.
162
168
185
97
1 in. 50
kilogr.
555
571
597
203
2 in. 00
kilogr.
664
700
755
522
2 rn. 50
kilogr.
1.119
1.180
1.255
451
Vous pouvez constater que Tinfluence de la nature de la surface est
considt^rabie. C'est ainsi que pour ce m6me bateau Alma a I'enfonce-
ment de 1 m. 60 et a la vitesse de 1 m, 50, la resistance a la traction,
si Ton admet la proportionnalite du frottement a la surface, ne serait plus,
avec un revetement complet en toile ciree, que 57 pour 100 de ce qu'elle
est lorsque le bois est a son etat naturel.
Je vous demande la permission de vous presenter ici quelques obser-
vations a propos des tableaux qui vous sontremis. Je vous ai dit comment
etaient construites les courbes de Resistance totale; les tableaux donnent
les resistances correspondant aux vitesses de 50 centimetres, 1 metre,
1 m. 50, 2 metres et 2 in. 50. S'ils ne comprennent pas de vitesses
superieures a 2 m. 50, c'est qu'il est, en effet, tres rare de pouvoir
obtenir de semblables vitesses.
Tant6t c'est le remorqueur qui n'a pas la force necessaire, tantot c'est
le bateau qui devient tres difficile a diriger, ou dont la securile pourrait
etre menacee. Les portions des courbes de Resistance totale qui correspon-
dent a des vitesses superietires a 2 m. 50 ne presentent done plus les memcs
garanties d'exactitude. II en est de meme pour les portions de ces courbes
qui correspondent a de tres petites vitesses. Effectivement. au-dessous de
70 a 80 centimetres par seconde, 11 est tres difficile d'obtenir en eau inde-
220
PROCES-VERBAUX DES SfiANCES DES SECTIONS.
finiedes vilesses assez constantes pour qu'on puisse 6lre certain, a un mo-
ment donne, d'avoir bien i'effort qui correspond a une vitesse determin6e.
Ceci dit, je reviens au point ou j'en etait reste, a savoir que la nature
de la surface des bateaux parait avoir une tres grande influence sur la
resistance.
J'ai fait alors une troisieme serie d'experiences dont les resultats sont
consignes dans le troisieme tableau place sous vos yeux, J'ai pris trois
3° TABLEAU
EfForts de traction relatifs aux trois flutes ALMA, RENE et ADRIEN
a renfoncement de 1 m. 60
.NOMS DES BATEAIX ET LO^Gl■El■I!S
liESlSTA.NCES AUX VITESSES SUCCESSIVES DE :
0 m. oO
1 in. fX)
1 m. 50
2 m. 00
2 in. 30
Alma : 58 metres
Rene : 50 metres
Adrien ; 20 m. 50
kilogr.
54
51
51
kilofir.
162
100
160
kilogr.
555
555
555
kilogr.
664
665
665
kilogr.
1.119
1.120
1 120
flutes de formes exactement semblablcs a I'avant et a I'arriere, ayant la
meme largeur et le meme enfoncement, mais de longueurs diff'erentes :
I'une de ces flutes avail, en nombre rond, 38 metres de long, I'autre 50 et
la derniere 20 m. 50. Je n'ai pas ete peu etonne, je vous I'avoue, de Iron-
ver des courbes de Resistajice totale tout a fait pareilles pour les trois.
Les chiflres qui figurent au tableau sont tellement idenliques que je ne
puis attribuer cette identite qu'a un hasard d'experience et que je ne veux
pas m'en prevaloir d'une fag on absolue ; mais ils pourraient presenter des
differences de quelques kilogrammes dans un sens ou dans Tautre qu'il
n'en resterail pas moins acquis que ces trois flutes de longueurs tres dif-
ferentes out exige le meme eflbrt de traction et qu'une flute de 38 metres
n'est pas plus lourde a trainer qu'une autre de 20 m. 50.
Cela parait assez paradoxal et absolument contraire a ce que je viens
de dire tout a I'heure de I'influence des surfaces, puisque, evidemment, la
surface de la flute de 20 m. 50 est beaucoup moindre que celle de la
flute de 58 metres. Tout s'explique cependant, si Ton se reporte aux idees
cxposees depuis longtemps deja par Du Buat sur cette maliere. 11 distin-
guait, lui aussi, deux resistances : la resistance proprement dite, celle que
j'appelle Resistance de forme, et la Resistance de surface. Mais il admetlait
que cette resistance proprement dite se compose de deux parties : la
pression vive sur I'avant du bateau, qui est constante et independante de
la longueur, et la non-pression a I'arriere qui, elle, au contraire, varie
en raison meme de cette longueur ou plutot du rapport de la longueur a
la largeur.
En admettani cette Iheorie, on pent parfaitement concevoir que pour un
-2' SECTION. — 6= SEANCE. 221
baleaii tres-court, la non-pression a I'arriere soit plus graiide que pour
un bateau plus long, et que cette plus grande valeur de la non-pressiou
compense exactement, comme cela s'est produit dans les experiences dont
je viens de vous parler, le moindre effort resultant de la moindre surface
de froltement. Le rapport de la longueur a la largeur paraitrait done
jouer aussi un grand r61e dans la question de resistance.
Ainsi que vous le voyez, Messieurs, au fur et a mesure que des recher-
ches sont faites, les choses sont loin de se simplifier; elles se compliquent
au contraire, et le champ des investigations ne fait que s'etendre. Aussi
serais-je bien embarrasse pour formuler aujourd'hui une conclusion
quelconque au point de vue scientique. Au point de vue pratique, au
contraire, j'ai la conviction qu'on pent des maintenant s'arreter a unc
conclusion tres-ferme et tres-nelte que j'aurai I'honneur de vous sou-
metlre sous forme de resolution. J'espere que vous voudrez bien sanc-
tionner cette proposition par votre vote, afm qu'elle puisse eire por-
tee ensuite, si vous le jugez necessaire ou utile, a rassemblee plenierc
du Congres.
Mais auparavant je voudrais alter audevant d'une objection qui pour-
ralt m'etre faite.
Dans le fascicule deja public, j'ai affirme a plusieurs reprises que je
ni'occupais surtout des bateaux qui naviguent sur les canaux. Or, dans
les investigations dont je viens de vous rendre compte, il s'agit bien, en
effet, de bateaux susceptibles de naviguer sur les canaux, mais ccs inves-
tigations ont ete faites en pleine riviere, en eau libre, et chacun sait que
dans les canaux la resistance a la traction est grandement induencec par
le rapport de la section mouillee du canal a la section mouillee du bateau
au maitre-couple. On pourrait done me dire : Pourquoi continuer vos
recherches uniquement dans le meme sens? Pourquoi vous borncr a des
experiences en riviere, en eau indefinie? Pourquoi ne pas passer aux
canaux, etaborder toutde suite Telude de cette influence des sections rela-
tives qui peutinfirmer, qui pent detruire peut-etre ce que vous avez observe
sur les rivieres ?
La rai^on, c'est qu'en France — et c'est surtout au point de vue de ce
qui inleresse mon pays que je me place — le reseau des voies navigables
est essenlielleraent un reseau mixte.
Les trajets le plus habituellement suivis par la batellerie comportenl a
la fois des canaux et des rivieres. J'ai fait le relcve des parcours les plus
frequentes, en metlant d'un cote la longueur totule et de i'autrc la lon-
gueur empruntee aux rivieres.
Eh bien, en ne considerant que les grandes rivieres comme la ?e"n^
rOise, la Marnc, I'Yonne et la Saone, et sans faire entrer en lignc de
compte des rivieres de moindre importance ielles que I'Aa, I'Escaut, la
Scarpe et la Sambre, dont la section est cependant beauconp plus grande
que celle des canaux, en ne considerant que les grandes rivieres, on trouve
222 PROCIiS-VERBAUX DES STANCES DES SECTIOiNS.
que le rapport de la longueur en riviere a la longueur totale du parcours
varie de 32 pour 100 a 71 pour 100 et est, en moyenne, de 46 pour 100,
soil pres de la moitie.
II s'ensuit que, m6me pour les bateaux qui empruntent les canaux,
Tetude des conditions de navigation en riviere presente une importance
capitale, aussi grande que celle des conditions de navigation sur les cours
d'eau a section reduile.
Cette question est du reste depuis longtemps a I'ordre du jour. Ceux
d'entre vous qui lisent regulierement les journaux de navigation, ont pu
voir qu'il y a quelques mois, une campagne a ete menee dans ce sens. On
disait aux penichiens : Prenez garde, la plus grande partie de votre bene-
fice vous est mangee par les frais de traction en Seine ; il y a la quelque
choseafaire; il importe de realiser une organisation commei'ciale de la
traction qui permette aux peniches de ne payer que juste le prix du ser-
vice rendu.
S'il pent etre utile de realiser une semblable organisation commerciale,
il est tout aussi inleressant, et il est tout a fait dans le r6le[des ingenieurs,
de chercher d'abord a diminuer I'importance du service a rendre en dimi-
nuant rcftbrt de fraction necessaire pour chaque bateau.
Je ferme ici (Ctte parenthese qui a ete un pen longue, mais qui etait
necessaire pour justifier la proposition que je vais vous soumeltre. Je
reviens done a ma conclusion pratique, qui est celle-ci :
Des fails que je vous ai exposes il resulte que dans les rivieres, tout au
moins, il n'y a aucime proportionnalile entre Teffort necessaire pour
remorquer un bateau et le deplacement, le tonnage de ce bateau. C'est
ainsi, par exemple, qu'un bateau ayant une cerlaine longueur n'exigera
pas un effort de traction moins considerable qu'un autre bateau ayant une
longueur double, toutes autres dimensions egales d'ailleurs, et, par con-
sequent, un tonnage double.
Dans ces conditions, il n'est vraiment plus possible de continuer a
prendre, comme on le fait aujourd'hui, le tonnage pour base de I'appli-
cation des tarifs de remorquage. Les frais de traction doivent desormais
etre calcules d'apres le service effectivement rendu, d'apres I'efforl de trac-
tion necessaire.
Je vous ai expose tout a Tbeure les doutes que je pouvais concevoir au
sujet de I'etablissement d'une formule matbemalique permettanl de cal-
culcr, dans tons les cas, la resistance d'un bateau a la traction. Mais cette
formule n'est, fort heureusement, pas indispensable, et Ton peul arriver
au resultat voulu en prescrivant que chaque bateau devra avoir un proces-
verbal de jaugeage a la resistance, comme il en a un au point de vue du
deplacement, dii tonnage. Au moyen des appareils dont je me suis servi
depuis trois ans, el qui sonl exposes ici, ce scrail la chose la plus simple
du monde. Ce proces-verbal ne scrail ni long ni couteux a etablir, et on
trouverait la non seulement une base equitable pour I'assiette du prix de
2' SECTION. — 6= SEANCE. 223
remorquagc, mais encore un moyen pratique de decider les entrepreneurs
de b;itellerie a ameliorer leur materiel. Le jour oil un bateau possederait
une piece officielle constatant qu'il est lourd ou leger, qu'il coilte cher ou
bon marche a remorquer, les entrepreneurs s'ingenieraient a donner a
Icurs bateaux des dispositions permettant d'obtenirla traction la plus facile
et la moins couteuse.
Je conclus done en formulant le voeu ci-apres, que je prierai M. le Pre-
sident de vouloir bien mettre aux voix :
« II est a desirer que tout bateau soit, le plus lot possible, pourvu d'un
« document ofticiel faisant connaitre, pour les differentes vitesses rela-
« lives, sa resistance a la traction, et fournissant ainsi une base equitable
« a I'etablissement des frais de remorquage, au moins sur les rivieres. »
(Applaudissements.)
M. LE President. — Vous avez entendu la proposition que vient de faire
M. de Mas. Tout en le remerciant de sa tres-intercssante communication,
je dois vous demander, Messieurs, si quelqu'un d'entre vous a des objec-
tions a presenter a I'encontredu voeu qui vient d'etre formule....
M. Derome. — Je suis absolument de I'avis de M. de Mas, et je rappelle
que cette proposition a deja ete faite a I'Administration a plusieurs re-
prises, notamment en 1883, ainsi que le fait a ete relate dans I'une des
seances du Congres de 1889. Jusqu'a present, elle n'a pas ete accueillie
par elle, et je crois qu'il serait bon que le Congres voulut bien emcttre
un va3u dans ce sens, atln de lui montrer I'importance de la ques-
tion.
J'appuie done energiqucnient, pour cc qui me concernc, la proposition
de M. de Mas.
M. Hlrsch. — Je dcmande la parole.
Je prie la Section de vouloir bien supprimer la deuxieme partie du voeu
qui a trait a I'indication du but dans lequel on a fait les essais. II y a la
mille questions qui se soulevent,et nous pourrions nous jetcr dans des em-
barras dont nous ne nous doutons pas, si nous votions ainsi a I'impro-
viste. Les compagnies ont des obligations; elles sont reglees par certaines
cliarles. Je suis d'avis qu'il y a lieu de supprimer la seconde partie du
voeu tel qu'il est redige par M. de Mas.
M. LE President. — La proposition de M. Hirscb aboutirait a la redaction
suivante :
« II est a desirer que tout bateau soit le plus tot possible pourvu d'un
document ofticiel faisant connaitre pour les differentes vitesses relatives sa
resistance a la traction. »
Un membre. — J'appuie la proposition de M. Hirsch. Sur la Saone, la
plupart des bateaux appartiennent a des compagnies de navigation. Je pre-
tends qu'il n'est pas necessaire d'indiquer que le but du proces-verbal
qu'on propose de leur imposer serait d'etablir le prix du fret, car elles
pourraient repondre que c'est leur affaire. II est inutile de dire que le
2-2-4 PROCi^S-VERBAUX DES SEANCES DES SECTRINS.
proces-vcrbal de resistance a la traction a pour buH'etablissement des frais
de remorquage, et ramendement de M. Ilirsch repond tres-bien a la situa-
tion particuliere de la Saone.
M. DE M\s. — Je ne vois aucun inconvenient a I'adoption de ramende-
ment de M. llirscli, et je m'y rallie volontiers.
La scconde pnrtie de ma proposition decoule lout naturellement de !a
premiere, et ilne me parait pasqu'elle doive presenter autant de difficulles
d'application qu'on parait Ic croire ; mais je n'insiste pas.
M. MoLiNos. — Je ticns a declarer qu'a la Compagnie du touage de la
Basse-Seine, il y a bien longtemps qiic, sans avoir malheureusement les
rcnseignements si interessants et si precis que vientde nous donner M. de
Mas, nous avons diminue de moitie le tarif de la traction des chalands de
Rouen par rapport a celui des peniches. Nous nous etions done par la pra-
tique rapproches de ce principe que ce n'est pas tant suivant le tonnage
qu'il faut etablir les prix, mais proportionnellement a I'effort reclame; en
sorte que le principe n'est pas du tout en antagonisme avec ce que la force
des choses impose.
M. )laurice Levy. — La fixation des prix de remorquage regarde chaque
Compagnie particuliere; il faut leur laisser une absolue liberie, et je crois
qu'il serait tres-sage de supprimer la seconde partie de la proposition de
M. de Mas.
M. DE Mas. — Je me rallie tres-volontiers a Tamendement.
M. C.vMERE. — Dans des experiences que j'ai poursuivies a un autre
poitit de vue, j'ai ete conduit a constater que les resistances des bateaux,
quand ils sont en convoi, n'etaient pas uniquemcnt proportionnelles a
I'effort que demande cbaquc bateau isolemcnt. Sur la Seine, oii Ton
remorque beaucoup de convois, il est evident que le proces-verbal en
question ne pourrait pas servir d'une maniere absolue a determiner
quel est le prix de la traction que Ton doit demander a cbaquc
bateau.
II y aurait done la une certaine difficulte d'application.
M. LE President. — L'amendement de M. llirscb est appuye par plusieurs
d'entre nous, et accepte par M. de Mas lui-meme.
Pcrsonne ne s'y oppose?
11 est adoptc. Nous arretons par consequent la redaction aux mots : « sa
resistance a la traction ». Le reste est supprime.
M. Le Chatelier. — Je demande a ajouter quelques mots.
Dans la communication qu'il vicnt de nous faire, M. de Mas fait connai-
tre le detail des experiences qu'il a entreprises dans le but d'apprecier I'in-
fluence de I'etat des surfaces. Ces experiences sont d'un interel capital u
point de vue de la construction et peut-etrc surtout de I'enlretien des ba-
teaux. 11 me semble done qu'il serait tres-desirable de les voir aboulir, au-
tant que possible et peut-etre penserez vous que la Section pourrait utilement
dans ce but et avant lout, pour marquer a quel degre la communication
2* SECTION. — 6* STANCE, 225
de M. de Mas et les etudes qu'il a entreprises I'ont interessee, emettre iin
voeu dans le sens suivant :
« La 2*" Section, appreciant la portee considerable des experiences entre-
prises par M. de Mas, emel le voeu que ces experiences soient poursuivies
dans tons les details qu'elles comportent, notamment en ce qui concerne
rintluence de I'etat des surfaces sur la resistance a la traction. »
M. MoLiNos. — J'ajouterai ceci : c'est qu'en regardant les tableaux de
M. de Mas on est frappe d'une chose, a savoir que cette espece d'acte de
naissance qu'on donnerait aux bateaux n'indiquerait I'efforl de traction
que dans certaines conditions, dans des conditions qui pourraient varier de
54 a 28, c'est-a-dire dans des proportions enormes.
II y a done la une assez grande difficulte.
M. LE President. — Messieurs, vous avez entendu la lecture du voeu que
M. Le Chatelier vous propose d'emettre.
Quelqu'un d'entre vous a-t-il des observations a presenter?
La proposition de M. Le Chatelier est adoptee.
La parole est a M. Derome sur son rapport.
M. Derome. — Le rapport que j'ai presente concernant la G*" Question
s'applique specialement a la traction des bateaux sur les canaux et les
rivieres canalisees de la region du Nord et de I'Est de la France.
Les differenis modes detraction actuellement en usage danscette region
sont, d'une part, le halage par des hommes ou par des betes de trait, et,
d'autre part, la propulsion ou la traction par des machines a vapeur.
Je laisse de cote la navigation a la voile, au fil de I'eau et a la derive,
ainsi que la marche a I'aviron et a la gaffe qui ne sont guere usitees que
pour de faibles parcours, c'est-a-dire a litre purement accidentel.
Le halage a bras d'hommes est interdit par les reglements de police sur
les voies navigables de la region precitee ; il est toulefois tolere pour les
bateaux vides, a condition d'etre pratique par des hommes de I'equipage.
En fait, les mariniers profitent tres peude celte autorisation par la raison
suivante :
Le loyer d'une peniche, — c'est le genre de bateau le plus frequemment
employe dans la region dont il s'agit, — varie normalement de 8 a 10 fr.
par jour. Or a supposer que le halage a bras procurat une cerlaine econo-
mie aux mariniers, cette economic se trouverait largement compensee par
I'augmentation des frais generaux, la vitesse correspondanle a ce mode de
halage etant de beaucoup inferieure a celle que Ton peut atteindre par
d'autres procedes.
Le halage a bras est des lors inconnu sur les voies navigables du Nord et
de I'Est, ou du moins il n'y est pratique que rarement, et d'une fa^on tout
a fait exceptionnelle.
Ce mode de halage est, aucontraire, couramment employe sur Ics canaux
du Centre, mais pour des bateaux beaucoup plus petils que les peniches,
entrainant par suite des frais generaux bien moins considerables. II parait
15
226 PROCES-VERBACX DES SEANCES DES SECTIONS.
qu'il y rend des services appreciables, et peut meme lutter dans une cer-
taine mesure contre le halage par chevaux.
II existe, d'autre part, un systeme mixle dans lequel la traction est operee
par un ane et par I'liomme qui le conduit : ce mode de halage est tres-
usite dans la region du Centre, et notamment sur le canal du Berri ; il est
absolument inconnu dans la region du Nord et de I'Est, ou les bateaux ont
un tonnage cinq a six fois plus considerable que les berrichons .
Dans cette derniere region, le halage est presque exclusivement pratique
par des chevaux; on n'y emploie qu'exceptionnellement des boeufs, des
mulcts ou des anes.
L'usage veut que les chevaux soient reunis deux par deux sous la con-
duite d'un charretier ; ils forment ainsi ce que Ton appelle une courbe.
Les bateaux charges sont d'ordinaire hales isolement ; on accouple assez
frequemment deux bateaux vides a la suite I'un de I'autre.
Une seule courbe suffit en general a trainer sur les canaux un bateau
charge ou deux bateaux vides accouples.
Onn'emploieegalement qu'une seule courbe a la descente sur les rivieres
canalisees, mais la remonte exige un nombre de courbes variable suivant
le courant et le tonnage des bateaux.
Les chevaux de halage se divisent en plusieurs categories.
Les uns appartiennent aux mariniers et sont loges a bord;
D'autres sont au service de haleurs libres, que Ton designe sous le nom
de haleurs aux long jours, parce qu'ils ont tout interet, etant payes au
kilometre, ii se lever de bonne heure et a se coucher tard, en un mot a
travailler le plus longtemps possible.
D'autres enfm dependent d'entreprises particulieres plus ou moins im-
portantes, ou sont groupes en relais organises soit par I'Etat soit par ses
ayants cause.
Les mariniers qui se font haler par leurs propres chevaux sont relative-
ment peu nombreux. lis frequentent surtout les canaux de I'Est et evitent
autant que possible les voies navigables du Nord, qui sont generalement
pourvues de services de traction obligatoires, et ou ils ne pourraient des
lors employer leurs chevaux.
Ce mode de halage est d'ordinaire assez peu avantageux, en raison
des arrets prolonges que subissent les bateaux par le fait des chomages
annuels, des crues et des glaces, ainsi que des nombreux jours de planche
employes a Tembarquement ou au debarquement des marchandises. Tout
compte fait, les chevaux loges a bord ne travaiilent pas en moyenne deux
jours sur trois, ce qui en rend I'entretien fort onereux pour les mariniers.
Le systeme de halage aux longs jours est beaucoup plus usite que le
precedent; il fonctionne sur presque tons les canaux qui ne possedent pas
de service de traction obligatoire. Ce systeme laisse toute liberie aux mari-
niers, mais il les oblige a s'arreter aux lieux habituels de billage et a
diseuter longuement avec les charretiers pour se procurer des chevaux a
2' SECTION. — 6' STANCE. 227
un prix plus ou moins raisonnable, ce qui leur fait souvent perdre deux
ou trois jours.
Les haleurs aux longs jours comprennent d'ailleurs beaucoup de culti-
vateurs qui utilisent leurs chevaux a trainer les bateaux aux epoques ou
ils ne peuvent les employer aux travaux des champs, et qui desertent les
canaux quand arrive le moment des labours, des semailles ou de la
moisson.
Le nombre des chevaux affectes au halage se trouve alors reduil dans
une forte proportion, et devient insuffisant pour les besoins de la naviga-
tion. II se produit par suite des encombrements sur les canaux tres-fre-
quentes, et les haleurs de profession en profitent pourelever considerable*
ment leurs prix, au grand detriment des mariniers.
La situation oftVe moins d'inconvenients lorsque les haleurs libres sont
en concurrence avec des services de traction comma ceux qui fonctionnent
depuis nombre d'annees sur le canal lateral a I'Oise par les soins des
sieurs Pavot. Ces entrepreneurs fournissent a prix fixe des chevaux aux
mariniers qui s'engagent a se servir exclusivement de leurs relais pendant
un certain nombre d'annees.
Ces mariniers ne sont pas des lors astreints a s'aboucher avec les char-
retiers aux longs jours, et ils peuvent calculer a I'avance la somme q'u'ils
auront a debourser pour frais de halage, ce qui leur permet de trailer
sans trop de risques avec les affreteurs.
Mais les contrats qu'ils passent avec les entrepreneurs de halage ne sti-
pulent d 'ordinaire aucun delai pour la fourniture des chevaux, non plus
que pour I'arrivee des bateaux a destination. Ces contrats les laissent par
suite entierement a la merci des relayeurs, qui leur font souvent perdre
un temps precieux, et augmentent ainsi notablement leurs frais generaux.
L'Administration a remedie a cet elat de choses sur les voies les plus
frequenlees de la region du Nord, en y organisant un service de traction
par chevaux dans des conditions toutes speciales.
Ces voies sont divisees en lots dont la longueur varie de 3 a 18 kilo-
metres, selon les circonstances locales.
L'exploitation de cliaque lot est concedee pour six ans a un entrepreneur
par voie d'adjudication publique, aux conditions d'un cahier des charges
approuve par decret.
Le halage ainsi organise est obligatoire pour tons les bateaux charges,
tant a la remonte qu'a la descente, a I'exception des bateaux mus ou re-
morques par la vapeur; il est facultatif pour les bateaux vides.
L'Administration conserve le droit de conceder tout autre mode de
halage qui n'admettrait pas les chevaux corame moyen de traction ; mais
aucun essai de cette nature n'a ete tenle jusqu'a ce jour.
Les mariniers n'usent d'ailleurs qu'exceptionneliement, et pour de faibles
parcours, de la faculte qu'ils possedent de faire haler leurs bateaux vides
par des hommes de I'equipage.
228 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
Les enlrepreneiirs du halage jouissent par suite, en fait, du monopole
aljsolii de la traction des bateaux, a Texception de ceux a \apeur.
Ces entrepreneurs sont tenus de lialer les bateaux sans aucun retard,
avec une vitesse de 2 kilometres a I'heure.
Les taxes qu'ils per(;oivent sont reglees, par tonne et par kilometre,
d'apres les prix du tarif determine par le rabais de radjudication.
Ces prix sont aujourd'hui inferieurs de 60 a 65 pour 100 aux taxes
maxima fixees par le decret d'organisation du service.
Or ces taxes maxima correspondent a celles que Ion payait normale-
ment a I'epoque de la promulgation de ce decret, lequel est en date du
IQjuin 1875.
L'etablissement du service dont il s'agit a des lors abaisse les prix de
traction dans une proportion considerable.
Ce service est en outre beaucoup plus avantageux que les relais des
sieurs Pavot et aulres enlreprises analogues, en ce qui conccrne la regu-
larite et la rapidite de la navigation.
II permet notamment aux bateaux de parcourir sans difficulte, en un
jour et demi, la section du canal de Saint-Quentin comprise entre celle
ville et Chauny, soit un trajet de 41 kilometres avec 12 ecluses, tandis que
les relais des sieurs Pavot ne leur donnent pas la possibilite de franchir
en moins de 2 jours les 54 kilometres du canal lateral a I'Oise, bien que
ce canal n'offre que 4 ecluses.
Les prix per^us par les relayeurs sur ce dernier canal varient de 3 mil-
limes a 3 mil. 6 par tonne et par kilometre ; ils sont en moyenne de 3 mil. 4.
Les taxes du service organise dans la region du Nord en vertu du decret
de 1875 ressortent par tonne kilometrique a 2 mil. 4 sur le haut Escaut,
— a 5 mil. 1 sur le canal de la Deule ainsi que sur le canal de Saint-
Quentin, — et a 3 mil. 2 sur le canal de la Sensee. Ces taxes s'elevent a
3 mil. 6 sur le moyen Escaut, en raison des crues qui se produisent par-
fois sur celle riviere.
Les prix du halage aux longs jours subissent des variations considerables
suivant les saisons et I'activite des transports; mais ils ne descendent
guere au-dessous de 5 a 6 millimes par tonne et par kilometre, en raison
des frais exorbitants qu'entraine la nourriture des chevaux et des char-
retiers. Ces frais s'elevent en effet jusqu'a 15 francs par jour et par courbe
dans les auberges des vallees de I'Aisne et de I'Oise.
Les avantages et les inconvenients respectifs des Irois systemes precites
peuvent des lors se resumer comme il suit.
Le halage aux longs jours est generalement fort couteux, et impose aux
mariniers des arrets plus ou moins prolonges aux lieux de billage; mais il
leur permet d'effectuer assez rapidement le trajet a parcourir.
Les enlreprises analogues a celle des sieurs Pavot pratiquent le halage
a des prix moins eleves, mais font perdre d'ordinaire beaucoup de temps
aux mariniers tant au depart qu'en cours de route.
2' SECTION. — 6- SfiANCE. 229
Les services de halage organises par rAdministration sur les canaux du
Nord sont a la fois les moins couteux et les plus rapides. On peut leur
reprocher de porter atteinle a la liberie du halage, mais cette atteinte est
justifiee par les avanlages considerables qu'ils procurent a la batellerie et
ail commerce, sous le triple rapport de la regularite, de la rapidile et du
bon marche des transports par eau.
Ces avantages sont tels que la Societe concessionnaire du canal de la
Sambre a I'Oise, agissant dans I'interet bien entendu des mariniers, qui se
confond d'ailleurs a cet egard avec celui de ses actionnaires, a ctabli des
services de traction analogues, d'abord sur son propre canal, puis sur la
Sambre canalisee qui forme, avec ce canal, un trongon important de la ligne
de Charleroi a Paris.
Les bateaux sont hales gratuitement sur le canal de la Sambre a I'Oise,
moyennant le peage que la Sociele pergoit en vertu de I'ordonnance de
concession.
Les depenses qui lui incombent de ce chef se sont elevees en
moyenne, durant les cinq dernieres annees, a 4 mil. 2 par tonne kilome-
trique.
Les taxes de halage que la Societe pergoit sur la Sambre, par voic
d'abonnement, sont de 3 mil. 8 a la descente et de 6 mil. 5 a la remonte.
Ces taxes ne lui laissent qu'un benefice fort modique, eu egard aux
difficultes que le courant de la riviere oppose a la traction des bateaux
montants pendant une notable partie de I'annee, ainsi qu'aux interruptions
frequentes et de longue duree qu'eprouve habituellement la navigation par
le fait des crues.
Mais elles permettent a la batellerie de lutter contre la concurrence du
chemin de fer pour le transport des houilles de Charleroi vers Paris et la
region de I'Est, et procurent ainsi au canal de la Sambre a I'Oise un trafic
annuel d'environ 600 000 tonnes, qui disparaitrait en grande partie si les
mariniers avaient a payer sur la Sambre des (axes notablementplus elevees,
faute d'un service de halage convenablement organise.
Tels sont, resumes a grands traits, les renseignements consignes dans
mon rapport au sujet de la traction par chevaux.
J'aborde de suite la traction et la propulsion par la vapeur.
Abstraction faite de quelques services locaux de touage sur chaine
noyee, la vapeur n'est appliquee, quant a present, sur les canaux de la
region du Nord et de I'Est, qu'a la propulsion d'une trentaine de bateaux-
porteurs qui naviguent isolement.
Ces bateaux font un service plus ou moins regulier de Paris a Lille et a
Valenciennes, — de Paris et de Rouen a Pieims par I'Oise, — de Paris a
Saint-Dizier et a Nancy par la Marne.
lis vont, a I'occasion, charger ou decharger des marchandises au dela
de leurs points d'arrivee habituels, de sorte que les lignes desservies
s'etendent en fait vers le Nord jusqu'a Dunkerque el Conde-sur-Escaut, —
230 PROCES-VERBAUX DES STANCES DES SECTIONS.
vers le Nord-Est jusqu'a Vouziers et Charleville, — vers le Siid-Est jusqu'a
Epinal.
Les marchandises transportees consistent surtout en epicerie, denrees
alimentaires, vins, huiles et autres produits d'une valeur assez grande
pour qii'il soit possible de leur faire supporter un fret relativement eleve.
Ce fret varie suivant le trajet et la nature des marchandises; il ne
depasse pas habituellement les trois cinquiemes de celui que per^oivent les
compagnies de chemins de fer.
Malgre cet ecart, le tonnage annuel des marchandises transportees par
bateaux a vapeur n'excede guere 40 000 tonnes sur les voies les plus fre-
quentees de la region.
La vitesse des porleurs est limitee r^glementairement a 6 kilometres
par heure sur les canaux et rivieres canalisees de largeur restreinte, dans
I'interet de la conservation des berges. Cette vitesse est reduite a 2 kilo-
metres au passage des ponts et a la rencontre d'autres bateaux, afm d'eviter
tout remou nuisible a la conservation des ouvrages ainsi qu'a la solidite
des peniches et aulres embarcations de construction legere.
Les porteurs n'atteignent pas des lors en moyenne une vitesse superieure
a 3 kil. 6 ou 4 kilometres a I'heure pour I'ensemble des lignes desservies,
abstraction faite des rivieres de grande largeur telles que la Seine, la
Marne, I'Oise et I'Aisne.
La pratique demontre d'ailleurs que cctte vitesse est suffisante pour
les mettre a meme de faire concurrence aux services de messageries des
voies ferrees, du moins pour certaines categories de marchandises.
Or la coque et les machines des porteurs sont generalement disposees
en vue de leur permettre de marcher avec des vitesses de beaucoup supe-
rieures a celles qu'autorisent les reglements.
II me paraitrait preferable a tons egards de les construirc avec des for-
mes moins affinees et des machines moins puissantes, ce qui en reduirait
notablement le prix.
Les porteurs ainsi modifies ne mettraient guere plus de temps pour
effectuer le meme trajet, et comporteraient un plus fort tonnage.
J'estime que, dans ces conditions, il serail possible de leur faire trans-
porter a bas prix des houilles et autres marchandises analogues, pourvu
qu'ils fussent charges et decharges a chaque voyage en deiix ou trois jours
au plus.
Giacc a celte transformation, les porteurs a vapeur ne tarderaient pas
vraisemblablement a se multiplier sur le reseau des voies navigables de la
region du Nord et de I'Est.
Ce reseau ne possede encore aucun service de traction a vapeur, en
dehors des quelques services locaux deja mentionnes.
Ce fait s'explique par la raison que les canaux qui en formentla majeure
partien'offrent que des ecluses simples et desbiefs de longueur restreinte.
Or la navigation par convois est impraticable sur de tels canaux des
2° SECTION. — 6« SEANCE. 251
qu'ils desservent un trafic de quelque importance, ainsi que je vais le
demontrer.
Je suppose, a cet effet, qu'un convoi de quatre bateaux, par exemple, se
presente a une ecluse.
Le sassement de ce convoi n'exigera pas moins de deux heures,
tandis qu'un bateau vide s'ecluse normalement en trente minutes au
plus.
Les reglements de police prescrivent en effet de profiter autant que pos-
sible de la meme eclusee pour faire passer deux bateaux marchant en sens
contraire, et cette prescription est rigourcusement observee sur les canaux
frequentes, dans le but de menagcr les ressources alimentaires des biefs et
d'accelerer le sassement des bateaux.
Le convoi choisi comme exemple perdra des lors une heure et demie a
chaque ecluse par rapport a un bateau isole.
L'experience demontred'ailleurs que la vitesse moyenned'un semblable
convoi ne peut, quelle que soit la puissance du remorqueur, depasser
3 kil. 6 a I'heure sur un canal desservant une frequentation active, en
raison du ralentissement obligatoire au passage des ponts ainsi qu'aux
points de croisement, tandis qu'un bateau isole traine par deux chevaux
Iranchit normalement 2 kilometres a I'heure.
D'apres ces bases, le convoi dont il s'agit devrait parcourir 6 kilom. 750
pour regagner le temps qu'il perdrait a chaque ecluse.
La navigation par convois de 4 bateaux ne pourrait des lors 6tre prati-
quee sans desavantage, au point de vue de la vitesse, que dans une serie
de biefs d'au moins 0 kilom. 750 chacun.
La longueur correspondante calculee en vue de convois de 3 bateaux
serait de 4 kilom. 500.
Or il resulte de I'examen des plans et profits des canaux du Nord et de
I'Est, que peu de biefs offriraient une etendue suffisante pour permetlre
de reunir avantageusement 4 bateaux, ou meme 3 bateaux seulement, en
un seul convoi.
On ne pourrait d'ailleurs adopter normalement des convois de 2 bateaux,
sans augmenter outre mesure les frais de traction.
La navigation par convois offre d'ailleurs un autre inconvenient plus
grave encore, qui ne permet en aucun cas de I'admettre sur les canaux les
plus importants de la region.
Pour le demontrer, je considere une suite d'ecluses simples A,B, C, D...
et j'admets, a I'effet de simplifier le raisonnement, que les biefs interme-
diaires offrent tons une longueur de 2 kilometres.
Je suppose, d'autre part, pour fixer les idees, qu'un convoi montant de
4 bateaux arrive a Fecluse A au moment ou une peniche, egalement mon-
tanle, sort de cette ecluse pour continuer sa route.
Le convoi mettra 2 heures pour franchir I'ecluse A, puis 50 minutes
en nombre rond pour parcourir le bief AB. II n'arrivera des lors a I'ecluse B
252 PROCES-VERBAUX DES SfiANCES DES SECTIONS.
qu'au bout de 2 heiires et demie, soit une heure trop tard pour lournir
en temps utile un bateau montant a cette ecluse.
La penicbe qui le precede n'aura mis en effet qu'une heure pour effec-
tuer le trajet AB, puis un quart d'heure pour franchir I'ecluse B; cette
ecluse aura livre passage durant le quart d'heure suivant a une peniche
descendante, et chomera par suite depuis une heure, faute de bateau mon-
tant, lors de I'arrivee du convoi.
L'ecluse C chomera a son tour dans les memes conditions pendant deux
heures, Tecluse D pendant trois heures, et ainsi de suite.
La duree du chomage de l'ecluse B serait de 50 minutes pour des biefs
de 3 kilometres, — de 56 minutes pour des biefs de 4 kilometres, — de
23 minutes pour des biefs de 5 kilometres, — de 10 minutes pour des biefs
de 6 kilometres de longueur. Les ecluses G, D... chomeraient respective-
mentdans chaque cas pendant un nombre de minutes double, triple... des
chiffres qui precedent.
La navigation cesserait d'etre entravee lorsque la longueur des biefs
atteindrait 6 kilom. 750.
A cette longueur correspond, pour des convois de trois bateaux, un trajet
de 4 kilom. 500.
Or j'ai deja fait remarquer que peu de biefs offrent de telles longueurs
sur les canaux de la region.
Aussi I'Administration a-t-elle deja refuse a plusieurs reprises de laisser
etablir des services de traction par convois remorques sur les plus frequentes
de ces canaux, notamment sur le canal de Saint-Quentin.
Elle a neanmoins organise des services de touage sur certains biefs qui
presentent des difficultes exceptionnelles, savoirle bief de partage du canal
de Sainl-Quentin, celui du canal de la Marne au Rhin, — le souterrain de
Ham sur une derivation de la Meuse canalisee, — et la Scarpe moyenne
dans la traversee de Douai.
Le bief de partage du canal de Saint-Quentin offre une longueur
de plus de 20 kilometres et comprend deux souterrains, I'un de pres de
5700 metres, I'autre de 1100 metres de developpement. De part et
d'aulre de ces souterrains, il exisle une serie de passages etroils separes
par des sections a 'double voie, et dont le developpement total depasse
4500 metres.
Le trace en est d'ailleurs assez sinueux; les rayons des courbes varient
generalement de 200 a 500 metres, et descendent sur quelques points
a i 75 metres. L'une de ces courbes, celle de Vendhuile, offre un developpe-
ment de pres de 180 dcgres.
Ce bief presente des lors des conditions eminemment defavorables pour
la navigation.
Le touage y tonctionne neanmoins depuis vingt-trois ans, d'une maniere
tres-salisfaisante a tous egards.
Le service est exploite en regie par I'Etat a I'aide de trois toueurs, dont
2° SECTION. — 6° SEANCE. 253
un de rechange; les deux autres desservent chacun un relais de 10 kilo-
metres.
Les bateaux se forment en convois dans des gares menagees aux extre-
mites du bief; les convois se croisent dans une gare centrale contigue a la
tete sud du grand souterrain. lis franchissent normalementles deux relais
en 12 heures, ce qui permet de faire passer par 24 heures deux trains dans
chaque sens, I'un de jour, I'autre de nuit.
Les convois comprennent d'ordinaire de 15 a 25 bateaux — et offrent
une longueur de 800 a 1500 metres; leur tonnage varie en general de
3 600 a 6 000 tonnes dans la direction de Paris, et de 1 200 a 2000 tonnes
dans la direction de la Belgique.
lis franchissent sans difficulte les courbes les plus raides, grace a des
estacades disposees du cote de la rive convexe, et qui offrent au niveau de
I'eau une glissoire a I'aplomb du pied du talus.
Les convois de 25 bateaux forment une demi-circonference complete au
passage de la courbe de Vendhuile, la tete et la queue des trains marchant
en sens contraires.
La vitesse des convois varie, suivant la charge remorquee. de 35 a
50 centimetres dans le grand souterrain, — de 40 a 55 centimetres dans
le petit souterrain, — et de 50 a 60 centimetres dans les tranchees.
Les frais de premier etablissement du service et de ses dependances se
sont eleves a 545000 francs; ils sont aujourd'hui entierement amortis.
Les frais d'exploitalion se montent a 75000 francs par an, y compris
I'entretien et les grosses reparations du materiel.
Les bateaux vides sont remorques gratis ; les bateaux charges payaient
jusque dans ces derniers temps un droit d'attache de 0 fr. 0025 par tonne
kilometrique. Co droit est reduit a 0 fr. 002 depuis le 1" aout.
Letrafic desservi en 1891 s'est eleve ennombre rond a 3350000 tonnes,
et la recette a 156 000 francs.
La traction est revenue a 0 fr. 0011 par tonne kilometrique.
Le service de touage dont il s'agit donne, par suite, des resultats d'une
haute importance. 11 dessert avec une regularile parfaite, et dans des con-
ditions exceptionnellement eeonomiques, un mouvement annuel de plus de
20000 bateaux, et permet au besoin de faire circuler par jour 60 bateaux
dans chaque sens, avec une vitesse moyenne d'environ 1 700 metres a I'heure,
dans un bief oii se trouvent accumules, pour ainsi dire, tons les obstacles
que la navigation pent rencontrer sur un canal.
Les autres services de touage precites s'appliquent egalement a des
passages ctroits ou la navigation presente des difficultes exception-
nelles.
lis procurent aussi de grands avantages a la batellerie, et I'exonerent
de lourdes charges, tout en lui assurant une marche reguliere suffisamment
rapide.
Les services de la Meuse et du canal de la Marne au Rhin sont exploites
234 PROCES-YERBAUX DES STANCES DES SECTIONS.
directement en regie au compte de I'Etat, comme celui dii canal de
Saint-Quentin.
Le service de la Scarpe est au conlraire concede a des entrepreneurs.
U existe en outre sur le canal de la Deule, aux abords de Douai, un ser-
vice detouage libre qui dessert une longueur de 13 kilometres sans ecluse,
concurremment avec le halage aux longs jours. Les taxes per^ues sur ce
parcours varient de 0. fr. 0045 a 0. fr. 0055 par tonne kilometrique ; elles
depassent de plus de 65 pour 100 cellesque les mariniers ont a payer sur
la section voisine du mSme canal ou fonctionne un service de halage orga-
nise par TAdministration.
II ressort de ce qui precede que la traction des bateaux par convois ne
peut etre avantageusementpratiquee sur les canaux du Nord et de TEstjdu
moins en I'etat actuel des ouvrages, abstraction faite de certains passages
exceptionnelleinent difficiles, et de quelques biefs de grande longueur.
Le touage et le remorquage a vapeur ne comportent des lors sur ces
canaux que des applications restreinles.
II en est de meine de la traction par locomotive, qui a ete essayee sur les
canaux de Neuffosse, d'Aire et de la Deule, entre les Fontinettes et les
abords de Douai, sur un parcours de 77 kilometres avec une seule ecluse,
et qui n'a pu lutter centre la concurrence du halage aux longs jours.
Mais I'emploi de la vapeur me parait appele a rendre de grands services
sur les voies navigables de la region, des qu'on pourra I'appiiquer econo-
miquement a la traction des bateaux isoles.
Divers systemes ont ete successivement proposes a cet effet.
J'ai cite dans mon rapport le systeme Bouquie, qui comporte I'installa-
tion a I'avant de chaque bateau d'une locomobile actionnant une poulie a
empreintes sur laquelle passe une chaine de touage.
Ce systeme a ete experimente en 1861 sur le canal Saint-Denis, I'Oise et
le canal de Saint-Quentin, en presence d'une Commission composee d'in-
genieurs fruuQais et d'ingenieurs beiges. II a fait I'objet d'un rapport favo-
rable de la part de cette Commission, et un decret du 31 juillet 1865 en a
autorise I'application, aux risques et perils de I'inventeur, sur la ligne de
la Belgique vers Paris, entre Conde et Conflans-Sainte-llonorine; mais
M. Bouquie n'a jamais profile de cette autorisation.
J'ai mentionne egalement le halage funiculaire, que les membres du
Congres ont pu voir fonctionner sur le canal Saint-Maurice et qui a deja
fait I'objet d'une inleressante communication de M. Maurice Levy.
A la suite de ces deux systemes vient, par ordre de date, celui que
MM. Molinos et de Bovet ont expose dans leur rapport, et que la Section a
discute dans sa derniere seance.
Elle a temoigne, par les voeux qu'elle a emis a ce sujet, du haut interet
qu'elle attache au perfectionnement du halage funiculaire et a la reussite
des essais de traction electrique que va entreprendre M. de Bovet.
II me parait des lors opportunde signaler certains desiderata fort impor-
'
2* SECTION, — 6* STANCE. 255
tants que doit realiser, a mon avis, tout systeme de traction mecanique
sur un canal tres-frequente, notamment sur le canal de Saint-Quentin.
Ce canal ne desservait, il y a douze ans, qu'un tratic inferieur a
2 000 000 de tonnes, et ce trafic etait considere comme la limite de sa
capacite de frequentation.
11 a regu depuis lors d'importantes ameliorations qui ontsuccessivement
recule cetle limite, et le trafic a progresse d'annee en annee dans la m^me
proportion, de sorte que le mouvement des marchandises depasse actuel-
lement 5 500 000 tonnes, et qu'il est non moins indispensable aujourd'hui
que par le passe d'augmenter encore la capacite de frequentation des
ouvrages pour faire face aux besoins sans cesse croissants du commerce.
II importe a cet effet de diminuer d'une maniere notable la duree des
eclusees. Cette duree atteignait jadis20 minutes; elle a ete successivement
reduite a un quart d'heure, puis a 12 minutes, et Ton pent maintenant au
besoin ecluser un bateau en 10 minutes, grace a I'obligation imposee aux
entrepreneurs d'atteler aux bateaux, a I'entree et a la sortie des ecluses,
des chevaux de renfort en nombre suffisant pour accelerer autant que pos-
sible cetle double operation.
L'etablissement de la traction mecanique doit permettre d'aller plus loin
encore dans cette voie, et de realiser sur la duree des eclusees une nou-
velle reduction d'au moins 2 minutes, qui correspondrait a une augmen-
tation de 20 pour 100 sur la capacite du trafic.
Or, ce resultat ne peut 6tre atteint que si Ton dispose aux ecluses d'un
ex cedent de force suffisant pour rendre le demarrage des bateaux nota-
blement plus rapide.
Le halage funiculaire repond parfaitement a cette necessite ; il est vive-
ment a desirer que la traction electrique .resolve egalement le probleme
d'une maniere satisfaisante.
D'autre part, la marche reguliere de la navigation sur un canal tres-fre-
quente exige imperieusement que la traction des bateaux montants n'en-
trave nullement celles des bateaux descendants, et vice versa.
Le halage funiculaire ne laisse rien a desirer sous ce rapport.
La traction electrique ne peut satisfaire a cette necessite que moyennant
I'emploi d'une double chaine.
Le croisement de deux bateaux tones sur une meme chaine retarderait
en effet de plusieurs minutes la marche de ces bateaux, et les retards de
cette nature, en se cumulant, feraient perdre aux mariniers tout le bene-
fice qu'ils pourraient retirer des autres avantages du sysleme.
Or, la presence de deux chaines dans un canal relativement etroit et
sinueux souleve une question fort delicate.
La pratique demontre que la chaine unique qui existe dans certains
biefs se porte invinciblement vers la rive convexe au passage des courbes
de faible rayon.
Les deux chaines juxtaposees se trouveront done necessairement en
236 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
contact siir le parcours de ces courbes, et il est fort a craindre qu'elles ne
s'enchevetrent par I'eftet du vrillage au point de rendre le touage impos-
sible.
M. Thiem indique, il est vrai, iin inoyen de remedier a cet inconvenient,
dans le rapport qu'il a presente au siijet de la traction des bateaux sur la
ligne de llohensaaten a Spandau, mais le fonctionnement regulier de son
« preneur de cable » n'est, a mon avis, nullement assure.
La difficulte subsiste done et me parait tres serieuse; j'espere nean-
moins que M. de Buvct arrivera a la resoudre dans des conditions satis-
faisantes.
Je me permels d'ailleurs d'appeler son attention sur un autre point.
M. de Bovet admet que le courant motcur serait pris sur un ceible
place le long du canal, au moyen d'un chariot et d'un fil souple abou-
tissant d'une part au chariot, d'aulre part a la dynamo, et soutenu par
une poulie fixee au mat de fagon a etre maintenu au-dessus du chemin
de halage.
« Cast, en somrae, le dispositif frequemment employe pour les tram-
ways electriques. »
Mais dans les tramways, la distance du cable a la dynamo est sensible-
ment constante, tandis que, sur les canaux, celte distance varierait dans
des limites tres etendues.
Les mariniers ne peuvent, en effet, maintenir un ecartement invariable
entre leurs bateaux et la berge; ils s'en rapprochent ou s'en eloignent a
chaque instant, selon les circonstances.
La transmission du courant serait des lors moins simple sur les voies
navigables que sur les tramways et exigerait certaines dispositions spe-
ciales.
J'ajouterai quelques mots, pour terminer, au sujet de Torganisation de
la traction sur les canaux.
11 est, a mon avis, extremement desirable que la traction mecanique
puisse etre appliquee le plus tot possible sur les voies Ires-frequentees.
Ce mode de traction presente en effet des avantages exceptionnels au
point de vue de la regularite et de la rapidite de la navigation; il pent
seul peimettre, dans I'etat actuel des choses, d'abaisser notablement le
prix du fret en reduisant a la fois les frais de halage et les frais generaux
des mariniers.
Quant aux voies moins frequentees, et dont le trafic n'est pas suflisant
pour remunerer un service de traction mecanique, j'estime qu'il convien-
drait d'y organiser, d'une maniere generate, un service de halage par
chevaux.
Cette organisation rend des services inappreciables sur la ligne du Nord
vers Paris, et contribue, dans une large mesure, a assurer la prosperite
de cette ligne.
Elle procure egalement de grands avantages a la batellerie sur I'em-
2* SECTION. — 6' Sg-LXCE. 237
branchemcnt de Charleroi, bien que cet embranchement nedesservequune
frequenlation moyenne. Et ces avantages ne peuvent elre mis en doute,
puisque la Societe concessionnaire dii canal de la Sambre a I'Oise n'hesite
pas a assurer le halage a ses frais, tant sur ce canal que sur la Sambre
canalisee.
Les autres voies navigables retireraient evidemment des avantages ana-
logues de la mesure dont il s'agit.
Cette mesure, appliquee d'une maniere generale, produirait en outre un
resultat de la plus haute importance.
Elle developperait les transports par eau a grande distance et complete-
rait ainsi I'ceuvre de 1' unification du reseau des voies navigables, que I'Etat
vient de realiser au prix de sacrifices considerables.
Malgre cette unification, les mariniers ne se risquent guere en dehors
des lignes qn'ils ont I'habitude de parcourir, faute d'y rencontrer des ser-
vices de halage organises qui assurent la traction de leurs bateaux a un
prix invariable, et dont ils puissent se rendre compte a I'avance.
Ce resultat n'implique pas d'ailleurs necessairement I'adjudicalion du
halage d'apres les bases adoptees sur les canaux du Nord.
II suflirait a cet effet d'une organisation plus ou moins analogue a celle
qui a ete appliquee de 1855 a 1860 sur la ligne de Mons a Paris, entre
Conde-sur-Escaut et Conflans-Sainte-lIonorine.
Ce parcours elait divise en un certain nombre de relais desservis par des
haleurs locaux enroles dans ce but, aux prix et conditions d'un tarif pre-
pare chaque annee par les ingenieurs, arrete par le Prefet apres enquete,
et public dans la seconde quinzaine d'oclobre.
Les personnes qui desiraient concourir au halage etaient tenues de se
faire inscrire dans la seconde quinzaine de novembre.
Les ingenieurs dressaient ensuite la liste des haleurs agrees et les met-
taient a I'oeuvrele 1" Janvier, apres leur avoir fait elire des chefs relaveurs
charges de la surveillance du service.
Les haleurs agrees etaient tenus de fournir des chevaux aux mariniers,
a toute requisition, suivanl leur tour de role, soit de jour, soil de nuit;
ils devaient en outre trainer les bateaux a la vitesse determinee par le
reglement.
Le service ainsi organise etait facullatif pour les bateaux vides et
obligatoire pour tons les bateaux charges, a I'exception des bateaux a
vapeur.
Ce mode d'organisation, plus ou moins modifie, concilierait les interets
des mariniers avec les droits acquis des populations riveraiiies.
II permettrait a la batellerie d'entreprendre en toute securite de lon^s
trajets sur les voies navigables des regions du Nord, de I'Est et du Centre,
et rendrait ainsi eflective I'unification du reseau, pour le plus grand avan-
tage de I'induslrie et du commerce. (Applaudissements.)
M. DE BovET. — Je demande la parole.
258 PROCES-VERBAUX DES STANCES DES SECTIONS.
M. LE President. — La parole est a M. de Bovet.
M. DE Bovet. — Je tiens d'abord a remercier M. Derome pour les indi-
cations qu'il a bien voulu me donner au point de vue des desiderata que
doit realiser une installation de traction mecanique siir un canal : je
crois que personne ne connait raieux que lui ces questions, et ne pourrait
avec j)lus d'autorite indiquer les resultats qu'il faut obtenir pour arriver
a une organisation pratique.
Je suis persuade, du reste, que les conditions dont il demande la reali-
sation peuvent etre obtenues aussi facilement avec le systeme de traction
electrique qu'a I'aide du systeme funiculaire. L'electricite est, en effet,
une force extremement souple, et qui permet tres-aisement d'employer
des moteurs susceptibles de donner un coup de collier a un moment
donne. C'est ce que j'ai prevu en indiquant que les moteurs des treuils
pouvaient 6tre regies pour au moins deux allures determinees. Si dans un
cas la masse du cable fait volant pour aider a passer un endroit plus
difficile, dans I'autre des moyens differents permettent d'arriver au memc
resultat.
M. Derome a parte du deplacement possible de la chaine dans les pas-
sages en courbes; d'apres lui, un cable de touage serait meilleur. Cela, je ne
le crois pas. Un cable fonctionne dans de bonnes conditions sur le Rhin,
c'est vrai, mais en realite ce sont uniquement les saillies de roches qui
herissent le fond du lit qui en permettent I'emploi. II est certain que le
cable a une tendance beaucoup plus grande que la chaine a venir vers le
centre des courbes.
Je suis vraiment confus d'accaparer a ce point la 2" Section, mais je
voudrais encore revenir sur une autre question que vient de soulever
M. Derome, et qui a trait a la meilleure organisation de la traction qu'il
serait possible d'etablir sur les canaux et en general sur les voies navi-
gables. Je crois que cette question n'est a I'ordre du jour ni de la Section,
ni du Congres, mais je voudrais demander qu'elle soil inscrite a celui
du prochain Congres, car elle prescnte une importance capitate. C'est ce
que je voudrais montrer en deux mots, sans rentrer dans la discussion
qui se poursuit depuis le commencement de nos reunions a la 5" Section,
et qui tonche de fort pres a ce dont je parte.
Je crois qu'il est absolument impossible de fairs payer a la marchan-
dise transportee la totalite des frais qu'entraine la construction des voies
navigables ou meme leur amelioration et leur entretien, de meme qu'on
ne lui fait pas payer la totalite des frais d'etablissement des chemins de
fer; mais je suis convaincu que, s'il est possible de la faire utilement
contribuer a ces depenses, ce ne saurait etre en lui imposant, sous quelque
forme que ce soil, des taxes d'usage, mais uniquement en agissant sur le
prix de transport ou de traction.
II faut necessairement pour cela une organisation qui permetle, tout en
pratiquant des prix assez bas, de realiser des benefices suffisants pour
2* SECTION. — 6* STANCE. 239
qu'il soil possible d'en prelever une partie qui soil affectee aiix depenses
d'entretien de la voie. II suffit, pour montrer que la chose est possible,
d'invoquer justement I'exemple, que vient de ciler M. Derome, du canal
de Saint-Quentin, oii Ton est arrive a un prix de traction infime obtenu a
cause de I'enormite du trafic, mais aussi parce que le halage est fait
obligaloirement par une seule entreprise; ayons le courage de dire le
mot, avec un monopole.
II semble done qu'il puisse etre rationnel de faire faire la traction sur
les voies navigables par des entreprises assez puissantes, a raison de
Tetendue du reseau qui leur serait concede et de son trafic, pour qu'elles
puissent trouver dans I'exploitntion de ce reseau la possibilite de realiser
a la fois unprix detraction tres-bas, et un benefice suffisant pour qu'une
partie de ce benefice resolve une affectation speciale. II y a lieu de noter
qu'une entreprise de ce genre serait elle-meme interessee a I'entretien et
a I'amelioration de la voied'ou pourrait decouler une plus grande frequen-
tation. EUe serait interessee egalement a obtenii' des mariniers I'amelio-
ration de leur materiel de fagon a en rendre la traction moins onereuse,
et, assuree de profiler elle-meme des modifications utiles qu'elie provo-
querail, elle aurait dans ce sens une action bien plus efficace que ne
pourraient avoir plusieurs entreprises concurrentes sur la meme voie.
Nous ne contestons pas qu'il y aurait de ce fait atteinte a la liberie
individuelle, mais I'atteinte existe par exemple avec le regime dont on
vient de nous parler sur le canal de Saint-Quentin, et nous ne pensons
pas, pour notre part, que ce soit necessairement un mal. C'est I'avis de
M. Derome, avec lequel nous sommes heureux de nous rencontrer. La ou
I'Etat a depense des millions pour la creation et ramelioration des
canaux, il a tout droit, c'est m^me un devoir, de faire produire a ces
depenses le maximum d'cffet utile, et il est telles circonstances oil le
moyen le meilleur pent etre le recours a des concessions avec cahiers de
charges appropries.
L'importance de Fobjet concede pent du reste etre variable selon les
circonstances, et les charges imposees au concessionnaire doivent natu-
rellement lui etre proportionnees.
Sur un canal, il est possible qu'il faille que la concession soil complete,
mais dans d'autres endroits, sur les rivieres, par exemple, une concession
absolue n'est pas indispensable. Je prendrai pour exemple le cas de la
Seine, ou il se fait du touage.
II est evident que I'autorisation de mellre une chaine de touage dans
la riviere constitue un privilege en favour de celui auquel on I'a accordee,
puisqu'on ne saurait pratiquement en permeltre deux sur le meme
parcours. Ce privilege a I'origine equivalait en fait a un monopole, ce qui
justifiait les obligations ediclees alors par les cahiers des charges des
compagnies de touage, allant jusqu'a leur imposer d'une fagon tres-slricte
I'application de tarifs rigoureusement determines. Vous avez pu voir dans
240 PROCES-YERBAUX DES STANCES DES SECTIONS.
les differents rapports qui ont ele distribues an Congres, qu'aujourd'hui,
pour plusieurs de ces compagnies au moins, et je pense bienlot pour
toutes, I'obligation relative a la fixation du tarif ne consiste plus que dans
I'elablissement d'un maximum qui ne doit pas etre depasse, mais au-
dessous duquel il est licite de se mouvoir librement. Cetle modification
etait devenue non seulement raisonnable, mais indispensable : avec le
developpement du remorquage, consequence des travaux de canalisation,
les compagnies de touage n'avaient plus aucune espece de monopole de
fait, et se trouvaient au conlraire en face d'une autre Industrie pouvant
faire, par d'autres moyens il est vrai, exactement la meme chose qu'elles.
11 est clair qu'aucune indnslrie n'est praticable avec un tarif obligatoire
vis-a-vis de concurrents libres de leurs prix, et que, de plus, le fait meme
de la concurrence devenue possible constiluait au profit du public une
garantie infiniment meilleure que tons les cahiors de charges. Nous
trouvons la un exemple bien net de la necessite d'etablir et de conserver
une juste proportion entre les avantages accordes par voie de concession
et les obligations correspondantes.
II est encore un autre aspect de la question, el non des moins impor-
tants, que signale M. Derome, mais sur lequel il ne se prononce pas.
A qui doitil appartenir, dans le cas ou Ton renonce au regime de la
liberie complete, d'organiser les services de traction? A I'Etat ou a des
compagnies conslituees ad hocl
Nous n'hcsitons pas, pour notre part, a nous prononcer pour la
seconde alternative, estimant que ce pent etre le role de I'Etat de pour-
suivre des travaux de construction qui sont d'interet general, mais qui
conduisent a des depenses sans contre-partie, mais qu'il vaut beaucoup
mieux recourir a Tinitiative privee des qu'il s'agit de realiser, meme
dans les limites marquees par un cahier de charges, une exploitation
dont on veut essayer d'obtenir un benefice. D'autres, sans doute, seront
sur ce point d'un avis tout different : j'espere du moins avoir montre
combien de questions interessantes pent soulever la discussion de la
meilleure organisation de moyens de traction : doit-elle etre la meme
sur les canaux et les rivieres ; faut-il laisser alter, ou recourir au regime
des concessions; vaut-il mieux avoir peu de grandes entreprises ou
beaucoup de petitcs; dans quelles limites doivent varier les obligations
imposees aux concessionnaires quand il y en a, et dans quelles limites le
role de I'Etat et celui de I'industrie privee? II me semble qu'il y a la de
quoi justifier la mise a I'ordre du jour du prochain Congres quej'ai demandee.
M. LE PijEsiDEKT. — Si vous voulcz bicii r^diger une resolution, je la
mettrai aux voix.
M. DE BovET. — Voici la redaction que je propose :
« La 2" Section emst le voeu que la question de la meilleure organisa-
tion economique de la traction sur les voies navigables soil soumise au
prochain Congres. »
2^ SECTION. -. 6' SEANCE. ' 241
M. LE President. — Yous avez entendu la proposition de M. de Bovet :
il n'y a pas d'opposition?
La proposition de M. de Bovet est adoplee.
M. MoLLNos. — Avant que nous abordions un autre ordre d'idees, je
voudrais demander a M. Derome son avis sur une question qu'il parait
avoir murement etudiee. Je suis tres-frappe de I'objection qu'il a faite au
sujet de I'emploi de deux chaines sur un canal qui renferme des courbes
tres-raides. C'esl la une question qui me preoccupe. S'il ne s'agissait que
d'une ou deux sections particulierement difficiles, on pourrait toujours
trouver une solution, soit qu'on aniarre la chaine, soit autrement. Mais,
en y reflechissant, je me suis demande si, I'effort de la peniche sur la
chaine etant tres-faible, — cet effort est a peu pros de 200 ou 500 kilo-
grammes en marche courante....
iM. Maurice Levy. — Cela depend de la vitesse de marche.
M. DE Bovet. — En marche courante, dans un bief, a une vitesse
moyenne de 5 kil. qui correspond a peu pres a celle des chevaux,
une peniche oflVe a la traction une resistance que j'evalue a 200 kilo-
grammes.
M. MoLixos. — Ce sont des efforts excessivement faibles. Si vous prencz
la puissance vive de la peniche, il vous restera en reserve une quantite de
travail enorme qui pourra deplacer facilement une chaine excessivement
legere, puisqu'elle ne pesera que 5 ou 4 kilogrammes le metre. Je me
figure — c'est peut-etre a tort — que, sur un canal, un effort de traction
aussi faible suffira, dans le cas d'une peniche isolee, pour deplacer la
chaine a droite et a gauche.
M. de Bovet. — Je ne lepensepas. La question n'est plus du tout la meme
que s'il s'agissait d'un toueur. Les mcmbrcs du Congres ont pu voir Ics
preoccupations que nous avons cues dans la construction denotre nouveau
toueur pour ce qui regardc la manoeuvre. C'est une question tres-impor-
tante et tres-difficile a resoudre, car si un toueur manceuvre mal, on pent
etie siir que le toueur suivant ne pourra pas passer.
M. Derome. — C'est une question que I'experienceseule pourra resoudre.
Jo profiterai du moment oil la navigation sera moins active pour faire
quelques cssais et lacher de tircr un peu la question au clair, car elle
presente pour le monde un grand inleref.
M. le President, — La parole est a M. Hirsch.
M. IlmscH. — M. le President a bien voulu me charger |de vous donner
quelques indications sur un petit moteur qui scrait destine a la traction
des bateaux sur les canaux, et qui a ele invenle par M. Thoureau, contre-
maitre des ateliers du Paris-Lyon-Medilcrranee a Yilleneuve-Saint-Georges.
Je vais vous en faire une description aussi courte que possible.
Le systeme de M. Thoureau consisle en un pelil chaiiot, qui se deplace
le long d'un rail installe sur la berge, et qui traine a I'aide d'une cordc
le bateau a remorquer.
16
242 PROGES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
L'inventeur s'est parfaitement rendu compte des conditions d'ordre
technique auxquelles il avait a salisfaire, et il a organise les choses en
consequence.
Ce n'est pas au poids de la locomotive qu'il a demande I'adherencc : il
I'a obtenue par iin procede analogue a celui adopte jadis par M. Fell au
chemin de fer du Mont-Cenis. L'appareil est done tres-leger, il ne comporle
pas de chaudiere : la vapeur ou le fluide moteur, quel qu'il soil, est
envoyee du bateau lui-meme qui porle le generateur.
Dans sa tres-courte lettre, laquelle ne contient d'ailleurs aucune des-
cription, M. Thoureau indique que la puissance motrice pourrait etre
obtenue a I'aide de I'electricite.
Au point de vue mecanique, la solution parait satisfaisante.
Au point de vue economique, il me suffira de vous dire que la voie
seule — qui devra etre tres-solide a cause des efforts considerables aux-
quels elle aura a resister, — reviendrait a un prix fort eleve.
C'est la une consideration capitate dont I'importance ne saurait vous
echapper, et sur laquelle il est inutile d'insister.
La Section a bien voulu egalement me charger de faire le resume som-
maire d'un remarquable rapport, qui nous a ele envoye par M. John
Bogart, ancien ingenieur du Gouvernement de I'Etat de New-York, et qui
traite de la traction des bateaux sur le canal Erie ; a la suite de ce rap-
port, se trouvenl de courtes notes relatives au transport des charbons sur
rOhio.
Je regrette de ne pas pouvoir me contenter de vous lire ce rapport : il
est extremement bien fait, et ecrit avec une nettet6, une precision, une
clarte incomparables.
Le canal Erie est I'une des voies les plus importantes de I'Etal de New-
York. De Buffalo, son point de depart sur le lac Erie, il s'etend a Albany,
ou il s'embranche sur la riviere Hudson, qui le prolonge jusqu'a New-
York. Sa longueur est de 564 kilometres ; il reste 240 kilometres enlre
Albany et New-York : la voie navigable presente ainsi un parcours de plus
de 800 kilometres sans rupture de charge. La difference de niveau totale
est de 174 metres, avec quelques points bas et faites intermediaires : la
hauteur franchie est rachetee par 72 ecluses.
Un point important merite d'etre signale : toutes les chutes sont con-
centrees sur de faibles parcours et franchies a I'aide d'echelles d'ecluses
tres-raides.
Les biefs out des longueurs atteignant 50, 100 et meme 200 kilo-
metres. Les conditions d'exploitation sont done tres differentes de celles de
nos canaux, ou la repartition des ecluses est au contraire beaucoup plus
uniforme et les longs biefs extremement rares.
La vitesse de I'eau est a peine sensible sur la plus grande partie du par-
cours, excepte sur quelques courtes sections ou elle ne depasse pas
1 600 metres a I'heure.
2' SECTION. — 6^ SEANCE. 24i
Au canal Erie se rattache un reseau de canaux affluents qui ont moins
d'importance.
Le canal Erie est surtout destine au transport des cerealcs, qui sont
apportees en quantites extremement importantes a Buffalo, et qui \iennent
de tous les points de ces immenses lacs de I'Amerique du Nord.
Permettez-moi d'extraire de ce remarquable rapport un paragraphe
intercssant a plus d"un point de vuo.
(c Grace aux facilites cconomiques qu'il procure, par Ic transport jus-
qu'au bord de la nier des produits des vastes regions de I'Ouest, ce canal
a ete I'un des plus importants elements du developpement de la prosperite
commerciale des Etats-Unis d'Amerique. Depuis des annees, il a regle-
rnente les tarifs de transport des grains de toutes les contrees de I'Oucst
jusqu'a rOcean Allantique. Relie a la grande navigation sur les lacs Erie,
Huron, Michigan et Superieur, il offre une voie navigable sur laquelle les
raarchandises peuvent etre transportees a des prix qui enR-vcnt aux che-
mins de fer toute possibilite de percevoir des tarifs exageres. Cette fonction
regulatrice donne au canal Erie un rule de tout premier ordre pour le
transport des choses necessaires a la vie et pour le commerce du monde
enlier. L'Etat deNew^York, en maintenant ce canal en bon etat, a contribue
a assurer et a conserver la suprematic commerciale de la cite et du port
de New-York vis-a-vis des autres ports atlantiques des Etats-Unis. »
Yoila bien, n'est-il pas vrai, le veritable role des voies navigables indi-
que avec une nettete et une precision parfaites.
Le canal Erie est entretenu par I'Etat de New-York. Quant a I'exploita-
lion, elle est faite uniquement par des compagnies particulieres. Jus-
qu'en 1883, TEtat percevait quelques droits : ils sont completement abolis
aujourd'hui, et la navigation est entierement libre.
Ce canal a ete construit en huit ans : commence en 1817, il a ete ter-
mine en 1825. II etait etabli sur petite section : la largeur au plafond etait
de 8 m. 55, et les dimensions maximum des bateaux etaicnt de 25 m. 8S
de long, 4 m. 59 de large et 1 m. 05 de tirant d'eau.
En 1862, toutes les dimensions ont ete augmentees dans des proportions
considerables, et le canal transforme en une voie magistrate. La section
comporte aujourd'hui 16 metres de largeur au plafond, une profondeur
d'eau de 2 m. 15 et des ecluses de 55 m. 55 sur 5 m. 48. Les baleaux tirent
1 m.85 en charge, et jaugent jusqu'a 250 tonnes. Ce gabarit ne differe pas
beaucoup de celui adoptc en France; mais il y a une grande difference au
point de vue de la voie elle-meme ; son plafond a trois fois la largeur du
plafond du bateau, el le tirant d'eau du bateau a 50 centimetres de moins
que la profondeur de la voie; si Ton compare les sections, on voit que la
section du bateau n'est que le quart de celle de la voie, tandis que sur nos
canaux elle atleint a pen pres le tiers.
Jusqu'en 1871, la traction s'est faite entierement au moyen de chcvaux
et de mulcts et par bateaux isoles, remorques a raison de deux chcvaux
244 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
ou de deux mulcts par bateau : c'est absolument le mode de traction pra-
tique sur la plus grande partie de nos cauaux.
Toutes les ecluses sent doubles, c'est-a-dire qu'il y a a chaque retenue
deu\ ecluses Tune a cole de I'aulrc : les bateaux monlants passent par
une des ecluses et les bateaux descendants par I'autre.
De plus, il a ete introduit une amelioration considerable. Dans chaque
groupe, I'une des deux ecluses a ete doublee en longueur, de maniere a
permcttre d'ecluser deux bateaux ensemble. Get allongement n'a pas et6
etendu a tout le canal, et il n'a d'ailleurs d'importance que lorsqu'il s'agit
d'ecluses eloignees les unes des autres.
Des que cette amelioration a ete terminee, I'exploilation s'est transfor-
mee : au lieu de naviguer par bateaux isoles, on a'accouple deux bateaux
en longueur, I'avant de I'un touchant I'arriere de Fautre, et les deux
bateaux se trouvant relies ensemble de fagon a pouvoir sc mouvoir autour
de leur exlremite commune comme autour d'une charniere ; c'est le bateau
d'arriere qui sert de gouvernail au bateau d'avant, et I'ensemble est tire
par six chevaux ou mulcts.
La Vitesse de marche n'est pas bien grande; elle ne differe pas sensible-
ment de celle que nous pratiquons en France, quoique la section du canal
soit beaucoup plus considerable : elle est a peu pres de 2 kilometres 1/5
par heure. Mais il y a une difference capitate, et sur laquellc je ne saurais
trop appeler votre attention : c'est, le cheminemenl journalier, qui est
considerable, puisque les bateaux font 50 et 60 kilometres par jour. Vous
savez combien faible est le cheminement journalier de la plupart de nos
bateaux : en tenant compte des jours de planche, on arrive a un chemine-
ment insignitiant de quelqucs kilometres a peine par jour.
Sur le canal Erie, un bateau fait en moyenne 6 voyages par an, ce qui
correspond a un parcours annuel de 10000 kilometres. Voila des resultats
qui ne sont pour ainsi dire jamais attoints chez nous, et qui denotent une
utilisation du materiel a peu pres ignoree dans nos pays.
Les bateaux content en moyenne 17500 francs chacun.
En 1871, FEtat de New- York, prevoyant le moment ou la traction par
moteurs animes allait devenir insuffisante, se resolut a essayer la traction
mecanique et mit la question au concours. Je ne vous entretiendrai pas des
conditions de ce concours qui sont detaillees dans le rapport de M. Bogart :
pendant trois annees, le concours fut proroge parce qu'il n'avait pas pro-
duit du premier coup les resultats sur Icsquels on comptait.
A la tin de la troisieme annee , les primes furcnt distribuees :
273000 francs furent ainsi repartis, et on arriva a praliquer la traction
d'une fagon peu ditfercnte de celle qui est aujourd'hui usitee. Voici com-
ment les choses se passent :
Les bateaux moteurs sont a la fois porteurs et remorqueurs ; ce sont des
steamers a helice mus par des machines a vapeur. La marche generale-
ment adoptee consistc a faire agir le steamer comme propulseur : la
2' SECTION. — 6« SfiANCE. 245
peniche est en avant, le bateau a vapeurvient ensuite: ils sont reimis Tun
a I'autre d'une facon rigide.
De plus, dans la plus grande partie du canal, oil les biefs sont suffisam-
nient longs, non seulement Ic bateau a vapeur pousse un bateau porteiir
devanl hii, mais il entrairie encore, a I'aide d'une longue remorque, deux
autres baleaux; de sorte que chaque bateau a vapeur porte, en sus de son
combustiljle, un chargement de 180 tonnes, et entrainc encore un bateau
en avant et deux en arriere, ce qui fait trois bateaux portant chacun
250 tonnes. Ce systenie ne peut se praliquer que dans des biefs trcs-longs :
on ecluse alors successivement chaque moilic du convoi. Dans les biefs
courts, lout le systeme est disloque et chaque bcteau passe successivement
les ecluses. Lorsqu'on est arrive sur I'lludson, la place ne manque pas, et
Ton s'organise de facon a faire le touage dans Ics meilleures conditions
economiques possibles. Le groupement des bateaux est alors change ; on
met un bateau porteur en avant, une peniche de chaque cote, et au milieu
le bateau a vapeur. Get ensemble forme un tout qui manoeuvre a I'aide du
gouvernail du bateau a vapeur.
Ces bateaux n'olTrent du reste rien de particulieremenl remarquable :
leur machine a vapeur a une chaudiere dans le genre des chaudieres tubu-
laires; certains d'enlre eux sont munis d'une macliine compound, lis
marchent, en dehors des ecluses, a la vitesse de 4 kilometres et leur vitesse
moyenne est de 2 kilometres 1/4, e'est-a-dire a pen pres la meme que cclle
qui est obtenue a I'aide des chevaux. Le canal Erie n'est ouvert a la circu-
lation que pendant sepl mois de I'annee, mais les steamers en question ne
reslent pas au repos pendant le reste du temps.
Grace a cette organisation, on est arrive sur le canal Erie a des prix de
transport excessivemenl has. Ainsi, pour ce qui concerne la traction par
chevaux, en tenant compte de ce fait que la plus grande partie du Irafic se
tail a la descente et que, a la remonte, c'esl-a-dire en allant de New-York a
Buffalo, le tonnage n'est que la moitic du tonnage avalant, on arrive a une
depense, tout compris, de 6 millimes 2/5 par tonne kilometrique; le prix
de la traction represente a peu pres le tiers, soil 2 millimes et quelque
chose.
Avec le remorquage a la vapeur, on realise des prix encore plus has : le
transport ne revient qu'a 5 millimes par tonne kilometrique.
Parmi les perfectionnemcnts a apporter au remorquage a vapeur,
M. John Bogart cite raugmentation de la vitesse, qui pourrait etre portee
a 4 kilom. 8 a I'heure. Dans le programme du concours de 1871, la
vilesse ne devait pas depasser 4 kilom. 800; en fait, on ne I'atteint gene-
ralement pas. Neanmoins, elle est parfaitement acceptable sur un canal
suffisamineut large : il sutfit de porter quelque attention sur I'entreticn
des berges.
Puisque je parte des berges, je voiidrais vous en dire un mot en pas-
sant. Elles sont, sur le canal Erie, I'objet d'une vigilance attentive. Tous
246 PROCES-YERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
les talus sont rev^tus, dit M. Bogart, d'un perre construit, soit avec des
galets de moyenne grosseur, soit avec des moellons que Ton trouve dans le
\oisinage. .
On a essaye le touage par cable sur la partie du canal Erie comprise
entre BulTalo etLockport, soit sur une longueur de 50 kilometres; ce cable
a etc prolonge peu a peu, et en 1879 il atteignait 128 kilometres. Ce
systeme a malheureustiment presente I'inconvenient signale tout a I'heure
da ripage dans les courbes : le cable arrivait parfois a serrer la rive de
si pres qu'il atteignait le sommet de la berge. II parait qu'a moins de pre-
cautions particulieres, cet inconvenient est devenu tellement serieux que
le cable n'a pas larde a etre enleve.
Le rapport de M. Bogart se termine par quelques indications sur le
transport des charbons sur I'Ohio.
Les mines de charbon de la vallee superieure de rOhio concentrent la
plus grande parlie de leurs produits a Pittsbourg. De la ces produits
descendent I'Ohio et le Mississipi,et se repartissent entre Louisville, Saint-
Louis, la Nouvelle-Orleans, Cincinnati et autres localites.
Le transport des charbons se fait par masses enormes. II existe a cet
elTet qnatre sortes de bateaux. On emploie d'abord d'immenses caisses,
des sortes de radeaux qni ne font que descendre la riviere, Yiennent en-
suite d'autres bateaux un peu mieux construits appartenant a trois types
differents, et pouvant porter les uns 5 a 600 tonnes, les autres 250 et les
derniers 150 seulement.
Tons ces bateaux naviguent par convois de 10 a 15 bateaux a la fois.
Leur disposition est a peu pres la meme que celles des compagnies dans
im balaillon : trois bateaux de front; derriere celte premiere file, encore
trois bateaux de front, et ainsi de suite. II y a done quatre ou cinq rangees
de trois et le bateau a vapeur se trouve pour ainsi dire encadre dans la
derniere rangee qui ne comprend que deux bateaux.
Tous les elements de cet ensemble sont relies rigidement les uns aux
autres et tout leconvoi navigue sous la propulsion de la machine a vapeur
et sous sa direction.
A parlir de Louisville, les choses prcnnent des proportions encore plus
considerables. M. Bogart donne le graphique d'un convoi qui comporte
28 bateaux : tous ces bateaux sont reunis,et le steamer se trouve toujours
en queue. On arrive ainsi a un prix de fret qui n'est que de 1,6 millimes
par tonne kilometrique.
M. LE PuEsiDENT. — Nous ttc pouvous quc remercier M. Hirsch de sa
tres-interessante communication. Je voudrais meme alter un peu plus
loin.
Vous savez que chaque Section doit nommer sur chaque Question un
Bapporteur dont la mission est de presenter a la seance pleniere les reso-
lutions qui ont ete prises par la Section. M. Derome a bien voulu se charger,
de nous representer pour ce qui concerne les chdmages des canaux et des
2» SECTION. — V SEANCE. 247
rivieres canalis6es. Reste la 6* Question, celle de la traction pendant I'etude
de laquelle nous avons pris quelques resolutions.
II a semble au Bureau qu'il serait peut-etre difficile de demander a I'un
des auteurs des memoires qui ont ele deposes de se faire I'avocat de la
Section en seance pleniere, et nous avons etc unanimes a penser que
M. Hirsch voudrait bien accepter cette charge.
M. Hirsch. — Je suis extremement flatte de la proposition que vient de
me faire M. le President au nom du Bureau.
M. LE President. — Nous avons encore une seance demain matin. Voici
quelle sera la composition de notre ordre du jour.
M. Derome a demande la parole pour quelques instants afin d'ajouter
quelques renseignements a la communication de M. Hirsch sur le travail
de M. Bogart.
M. Captier doit ensuite nous donner lecture d'une monographic sur le
marinier, dont il est I'auteur.
Enfin, je pense que vous trouverez opportun que nous revoyions avant
de terminer nos travaux les resolutions que nous avons prises pour les
coordonner, les completer au besoin, afin de faciliter autant que possible
le travail de nos rapporteurs MM. Derome et Hirsch.
La seance est levee a 11 h. 55.
SEPTIEME SEANCE
Jeudi 28 Juillet (matin).
Presidence de M. BUQUET.
La seance est ouverte a 9 heures.
M. LE President. — M. Derome a demande la parole pour presenter
quelques reflexions sur le rapport de M. John Bogart qui a ele analyse
hier.
M. Derome. — Je me propose de soumettre a la Section, au sujet du
remarquable rapport de M. Bogart, quelques considerations qui ne me
paraissent pas rentrer dans I'ordre d'idees aborde hier par M. Hirsch.
M. Bogart donne le detail des frais annuels de deux bateaux couples de
250 tonnes chacun, faisant par an six voyages, alter et retour, entre Buf-
falo et New-York, par le canal Erie et la riviere Hudson.
11 arrive, dans I'hypolhese du halage par chevaux sur le canal, a un
prix de revient de 4 mil. 5 par tonne kilometrique, pour un trajet de
248 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
796 kilometres, en admettant que les bateaux voyagent a pleine charge
dans les deux sens.
Mais ce prix s'eleve en realite a 6 mil, 8, les bateaux, completement
charges a Taller, ne portant d'ordinaire au retour que iOO tonnes chacun.
Or, le chiffre de 6 mil. 8 est de beaucoup inferieur aux frets les plus bas
pratiques eu France tant sur les canaux que sur les rivieres canalisees,
et il est, a mon avis, fort interessant d'en rechercher la cause.
Les deux bateaux couples du canal Erie coutent ensemble 35 000 francs,
soil 17 500 francs I'un; ils portent chacun 250 tonnes, et la duree en est
evaluee a quinze ans.
Les peniches des canaux du Nord de la France coiltent au plus
15000 francs; elles portent 500 tonnes, et durent de vingt-cinq a trenle
ans; Fentretien en est d'ailleurs moins couteux que celui des bateaux
americains.
Les chevaux de halage, que M. Bogart estime 810 francs Fun avec leurs
harnais, sont un pen moins chers en France qu'en Amerique.
De plus, la somme de 1 620 francs portee pour les frais generaux de
chaque bateau, — assurances, commissions et droits de quai, — depasse
notablement les frais de meme nature que paie d'habitude une peniche sur
la ligne de la Belgique a Paris.
D'autre part, Fentretien des chevaux pendant toute Fannee doit rendre
le haloge plus onereux sur le canal Erie que sur les canaux fran^ais, toules
choses egales d'ailleurs, ce canal etant ferme a la navigation par les glaces
duranl cinq mois sur douze, et les chevaux restanl inoccupes tant que les
bateaux naviguent sur la riviere Hudson.
II semblcrait des lors a priori que la peniche fran^aise pent sc con-
tenter d'un fret notablement inferieur au prix de I'evient des transports
sur la ligne de Bufialo a New-York.
Malheureusement nos canaux les plus frequentes n'ont pas, comme le
canal Erie, des ecluses doubles ou triples, et les mariniers suivcnt eii
France des errements qui les mettent dans un etal d'inferiorite manifeste
vis-a-vis des bateliers americains.
Ces derniers marchent en effet jour et nuit sans interruption, ce qui
exige 5 hommes d'equipage ct 6 chevaux pour le service de deux bateaux
couples, tandis que le marinier frangais, seul a bord de sa peniche, ne
marche pas en moyenne 12 heures par jour.
Les bateliers americains arrivent ainsi a effectuer dans une campagnc
de sept mois un trajet beaucoup plus considerable que nos mariniers dans
une campagne de dix mois et demi.
D'autre part, le temps perdu au chargement et au dechargement ne
depasse pas 5 jours a New-York el 4 ou 5 jours a Buffalo, soil 10 jours au
plus, d'apres M. Bogart, pour un parcours de pres de 800 kilometres,
tandis que sur la ligne de la Belgique a Paris, par exemple, le marinier
subit d'ordinaire 20 a 25 jours deplanche pour un trajet de 500 kilometres.
\
2^ SECTION, — 1" SEA>XE. 249
Enfinles expeditions de Paris vers la Belgique n'atteignent pas 20 pour
100 du tonnage des marchandises que Paris regoit de la direction du
Nord, tandis que le fret de retour de New- York vers Buffalo depasse les
40 centiemes du trafic inverse.
D'apres ce qui precede, I'elevation du prix du fret sur les canaux fran-
Qais par rapport au prix de revient des transports sur la ligne de Buffalo a
New-York tient a quatre causes principales, savoir :
1° L'absence d'ecluses multiples sur nos canaux les plus frequenles;
2° L'arret normal des peniclies pendant la nuit:
5" La disproportion entre le nombre des jours de plancho et le parcours
cffectue a chaque voyage ;
4° La rarete relative du fret de retour.
Je dois montionner en lerminant une erreur d'impression qui s'est
glisseedans la traduction frangaise du rapport de M. Bogart.
On lit a la page 12 de ce rapport : « le transport de Thectolitre de ble
« de Buffalo a New-York revient dans ces conditions a 0 fr. 12215.... »
Or il s'agit, non pas de riiectolilre, mais du busbel ou boisseau, qui
mesure 55 litres. La dilTerence me parait assez notable pour etre signalee.
M. LE Presidem. — Je crois que la Section tout entiere se joindra a moi
pour remercier M. Derome des observations si interessantes, si substan-
tielles qu'il vicnt de nous presenter.
Est-ce que quelqu'un d'entre vous, Messieurs, demande encore la parole
sur la 6*" Question?...
Elle a ete, il me semble. longuemcnt etudiee et examinee sous toutes
scs faces.
Parmi les rapports presentes, il ne reste, je crois, que ceux de MM. Las-
molles et Miitze qui n'aient pas fait I'objet de communications verbales,
et qui n'aient ete analyses par personne.
Nous n'avons pas eu I'honneur de les voir. M. Miitze est cependant ici.
11 a declare, parait-il, qu'il n'avait rien de particulier a ajouter a son rap-
port, qui est surtout un recueil de fails et de renseignements.
Dans ces conditions, je puis donner la parole a M. Captier.
M. Captier. — Messieurs, apres avoir assiste a tons les Congres — sauf
a celui de Yienne — qui se sont lenus de deux ans en deux ans
depuis 1884, j'ai etefrappe de ce fait que, dans aucun, il n'avait ete ques-
tion du marinier. On avail parte do tout, de la traction, de la voic, de la
consolidation des berges, de beaucoup d'autres choses encore ; mais on
n'avait pas souffle mot'du marinier, c'esl-a-dire de celui qui se sert de
tons ces travaux dont nous nous entretenons — et c'est justice — avec un
si grand luxe de details.
11 m'a semble que le premier Congres frangais devait combler cette
lacune; il m'a semble que, dans un pays essenlicUement democratique
comme le notrc, oil Ton se preoccupe lant du sort de Touvrier, du tra-
vailleur, 11 imporlait de poser cetle question.
250 • PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
J'ai done pense a faire une sorte de monographie du marinier. Mon
travail n'entre pas dans tons les details du sujet, c'est plulot une plate-
forme quej'aivoulu dresser, une preface pouvant ser\ir.non pas d'exemple,
mais de prodrome, d'entree en matiere a d'aulres essais qui pourront se
produire dans I'avcnir; c'est une indication, une esquisse a grands traits,
plutot qu'une etude. Je vous demande la permission de vous en donner
lecture.
M. Captier donne lecture de sa monographie. [Applaudissements.)
Je vous demanderai maintenant la permission d'ajouter quelques mots
a cette lecture.
Dans la S*' Section, M. Noblemaire, Directeur de laCompagnie Paris-Lyon-
Mediterranee, a soutenu la these du peage, ce qui ne saurait d'ailleurs
etonner personne, et il s'est empare, croyant y trouver des arguments en
faveur de sa cause, du rapport de M. Couvreur, d'ou il ressorlirait qu'apr^s
trois voyages effectues pendant I'annee, le marinier du Nord aurait par-
devers lui une somme de 1888 fr. 50 de benefice net.
M. Noblemaire a presente cette somme comme representant un benefice
net pour le marinier. Etant sans doute tres-presse, il est probable qu'il a
hi un peu superficiellement le rapport en question, car M. Couvreur ajoute
que, de cette somme de 1888 fr. 50, il y a lieu de defalquer I'amortisse-
ment du bateau, les reparations et tous les frais qui n'entrent pas dans
I'exploitation courante, c'est-a-dire qui ne sont pas faits a roccasion de la
marche du bateau.
En serrant le calcul de plus pres, en supposant que le marinier fasse
toujours trois voyages par an comme dans le Nord — nous prenons tou-
jours le Nord comme terme de comparaison, parce que c'est la region prin-
cipale de la navigation en France, et parce que c'est dans cette region que
I'organisation est la meilleure et la batellerie la plus active — a supposer
que le marinier fasse bien ces trois voyages, qu'il ne survienne pasd'avarie
a son bateau, que la maladie ne I'arrete pas, que I'annee ait ete normale,
qu'il n'ait pas eu a subir trop de chomages el trop d'arrets du fait des intem-
peries, en admettant toutes ces conditions favorables, c'est a peine s'il
revient au marinier, tous comptes faits, 4 a 500 francs par an de benefice
reel, de benefice net.
Vous voyez done que nous avons absolument raison de soutenir que sa
position est tout a fait precaire. Je n'insiste pas davantage, et je conclus
en disant que la charge qu'on voudrait faire peser sur lui, sous quelque
forme qu'on I'etablisse, serait trop lourde pour ce qu'il pent sup-
porter.
M. LE Presidem. — Personne nc demande la parole?...
Toutes les questions qui figuraient a notre ordre du jour sont par conse-
quent epuisees.
Nous pouvons done terminer la seance par une revue retrospective des
voeux et des resolutions qui ont ete prises ces jours derniers, de fa^on a
2^ SECTION. - "r SEANCE. 251
les coordonner un pen ct a fournir aux rapporteurs les renseignemenls
dont ils peuvent avoir bcsoin.
Nous pouYons commencer par la Q'' Queslion que M. Hirsch a bien voulu
se charger de rapporter, Messieurs les Secretaires n'ayant pas encore tout
a fail termine la redaction des resolutions qui se rapportent a la 5^
Dans sa seance du 2G juillel, la Section a emis le voeu suivanl :
« II serait tres desirable que Ton recherchat experimentalement la repar-
« tition des efforts de traction dans les biefs des rivieres canalisees en
« s'inspirant de la methode appliquee dans les experiences actuellement
« poursuivies sur la Basse-Seine par MM. Camere et Clerc, et dont 11 a ete
« rendu compte par M. Camere dans son rapport. »
Autre voeu, dont je donne lecture :
« Considerant que le halage funiculaire se presenterait comme praticablc
« sans les effets du vrillage du cable qui subsiste encore quelquefois
a malgre les precautions prises pour le prevenir, emet le voeu que les
« experiences de Saint-Maur d'une part et celles du canal de TOder a la
« Spree d'autre part devraient etre continu^es dans le but special d'etudier
« les causes du vrillage, et surtout de completer le remede aux effets d'en-
« trainemcnt qu'il pent encore exercer sur les remorques de bateaux. »
M. Maurice Levy. — Le Secretaire avail fait remarquer, au moment de la
discussion, qu'il y aurait peut-etre lieud'ajouter « au point de vue technique »
apres le mot « praticable ».
11 est bien certain que le mot « praticable » ne saurait signifier que le
halage funiculaire pourra etre pratique dans tous les cas.
L'obser Nation de M. Clerc ne manquait done pas de juslesse, et voici le
texte que je propose :
« Considerant que le halage funiculaire pourrait 6tre utilement applique,
« lorsque le trafic est suffisant, sans les effets du vrillage, etc.... »
M. Clerc. — Le mot « suffisant » n'est pas assez precis : il faudrait
donner un chiffre.
M. Maurice Levy. — Ce chiffre est inconnu. II est certain qu'il existe,
mais personne ne pent le preciser : il n'est d'ailleurs pas necessaire de le
faire.
M. Clerc. — II me semble qu'il y a deux points de vue differents : le
considerant a trait a un point de vue d'applicalion, et le vceu lui-meme se
rapporte a un point de vue Ires-technique, Ires special.
M. Maurice Levy. — II n'y a pas de distinction : c'est une affaire d'appli-
cation.
M. Clerc. — C'est plutot theorique en somme.
M. Maurice Levy. — C'est au contraire tout ce qu'il y a de plus pratique.
II pourrait 6tre mis en application demain pour les gros trafics — c'est
I'opinion de tous ceux qui I'ont vu fonclionner — si Ton ne craignait
qu'il n'y ait encore de temps a autre des entrainements par I'effet du vril-
lage.
252 PROCES-VERBAUX DES SEA^■CES DES SECTIONS.
J'ai trouve bon d'indiqucr qu'il fallait commencer "par recherclicr la
cause du mal, parce que c'est la premiere chose a faire pour leviter, mais
j'ai ajoute immediatement : « mais surtout le remede ».
Je crois done avoir neltement indique ^qu'il s'agit d'une chose pra-
tique, et d'un dernier perfeclionnement qu'il serait Ires-desirable d'y
apporter.
M. LE President. — II faudrait neanmoins donner un chiffre, indiquer un
tonnage.
M. Maurice Levy. — 11 esl impossible de fixer ce chiffre.
M. Clerc. — Voulcz-vous que nous metliuns, pour ne pas faire de spe-
cialisation : « constituerait une solution pratique »...?
M. Maurice Levy. — II ne s'agit pas de specialisation. Tons les rappor-
teurs ont conclu en sa faveur ; ils ont tons essaye les locomotives sur la
rive et le halage funiculaire, et ils ont tons conclu en disant : le halage
funiculaire serait une bonne solution s'il n'y avail a craindre le vrillage.
C'est leur avis a tons.
M. LE President. — Messieurs, voulez-vous ecouter la lecture de ce vffiu
sur lequel vous allez avoir a vous prononcer. Le consid6rant a ete modifie;
voiei ce que propose M. Levy :
« Considerant que le halage funiculaire pourrait elre utilement appli-
« que lorsquc le trafic est suffisant, sans les eflets du vrillage... », etc
La fin reste la meme.
M. HiRscH. — Je demande la parole.
M. LE President. — Vous avez la parole.
M. HiRscH. — Je demande la suppression complete de cette premiere
partie, et voici pourquoi.
M. Maurice Levy. — Je demande a ce que la Section ne revienne pas sur
son vole. Si Ton doit revenir sur la premiere partie qui est votee, je retire
mon amendement.
M. Hirsch. — Siramcndcmcnt est retire, je n'ai plus rien a dire.
M. Clerc. — M. Ilirsch pourrait quandmeme etre ecoute; I'amendement
peut etre repris par I'un de nous.
M. HiRscii. — Je voulais dire tout simplcment que, sous cette forme, la
proposition de la 2" Section se prcsente d'une maniere beaucoup plus
affirmative que sous I'ancienne. 11 est certain que le halage funiculaire
semble presenter toutes les chances de succes, pourvu que Ton parviennc
a surmonlcrcertaines difficultes materielles telles que celle du vrillage, et
d'autres encore que la pratique pourra reveler, Mais enfin, il est toujours
quelque peu imprudent de se faire prophete en faveur d'un systemc qui
n'a pas encore ete essaye sur une grande echelle. Je trouve que, dans cet
ordre d'idees, il convient d'etre extremement reserve, et je me contentc-
rais de dire tout simplement : « Considerant que le halage funiculaire
rencontre une difficulte pratique qui est le vrillage de I'amarre qui tient
le cable... etc. »
2' SECTION. — 7' SEANCE. 255
M. Maurice Liivv. — Cela equivaudrait a nc fairc ressorlir qu'un incon-
venient qui arrive une fois tons les six mois, et a laisser dans I'ombre
tons les avantages reconnus par Irois annees d'experience. Voila quelserait
le resultat de I'adoption de co voeu.
Comment ! Voila un systemequi est expose depuis qiiatreansa la critique
de tout le monde, a la critique de tous les ingenieurs fran^ ais ou etran-
gers, et cela auv portes memcs de Paris ou tout le monde pent alter I'ap-
precier, oil tous ceux dont il lesera les interets peuvent alter le critiqucr,
qui a ete expcrimente en Allemagne, et les ingenieurs allemands viennent
declarer, apres ces experiences, que de tous les systemes essayes jusqu'k
present — ils sont infiniment plus afiirmatifs que le considerant que j'ai
donne — c'est en somme celni-la qui parait convcnir le mieux lorsqu'il y
a un trafic suftisant, sauf pourtant un inconvenient qui est serieux et qui
parait s'etre produit chez enx bcaucoup plus souvent quechez moi, proba-
blement parcc que mon appareil construit par cux n'etait pas tout a fait
aussi parfait que mon appareil original, sauf, dis-je, le vrillage qu'il serait
tres-desirable d'empechcr d'nne maniere absolue. Vraiment, il est impos-
sible qu'un parcil voeu ne soit pas adopte apres des experiences aussi
concluantes.
J'ai tres-franchement inclique aux ingenieurs allemands la difficulte
dont je viens de parler, parce que je tiens a rester absolument librc, et a
n'avoir aucune responsabilile dans ce qui pourra se passer si Ton applique
mon systeme.
Ce qui est indeniable, c'est que ce systeme a fonctionn^ pendant deux
ans d'une faQon satisfaisante. A'ouloir venir indiquer tout d'abord commc
beaucoup plus grave qu'il n'est en realite le seul inconvenient qui soit
demontre, et nous le reproclier sans tenir comple des resultats obtenus
pendant trois annees — car c'est a quoi aboutirait I'amendement de
M. Ilirsch — ce serait induire les inleresses en erreur, et je retirerais pure-
ment et simplement le voeu que j'ai depose.
M. LE Pr^sidem. — Voulez-vous me permettre, monsieur Maurice Levy,
d-e vous faire une observation? .Je ne crois pas qu'il soit dans Pintention
de M. Ilirsch d'attaquer votre systeme. Mais il est tout naturel que, dans
une assemblce com me cclle-ci, dans une reunion du genre de la notre, on
puisse ne pas etrc absolument affirmatif au sujet d'un systeme qui a etc
experimenle, mais qui n'est pas encore arrive d'une fa^on flagrante et cer-
laine a une exploitation pratique.
M. Maliuce Lew. — II ne pent pas etrc arrive a une exploitation pra-
tique avant d'etre exploite. C'est mateiiellement impossible.
M. LE pREsiDEKT. — L'asscmblec pent vouloir ne pas sc Her d'une fagon
absolue. 11 mesemble que tout le monde aurait satisfaction, si Ton disait :
« Considerant que le halage funiculaire constituerait une solution pratique
de la traction sur les canaux a grand trafic sans les inconvenients du
vrillage... »
254 PROCES-VERBAIX DES SEAxNCES DES SECTIOiNS.
M. Maurice Lew. — Je suis pret a accepter cette redaction, mais il fau-
drait ajouter « des a present », et dire « constituerait des a present ».
M. LE Pkesidem. — II me semble que la redaclion que j'ai lue vous
donne completement satisfaction. Au sujet du fond, personne ne discute,
mais une assemblee ne saurait etre aussi calegorique que I'inventeur lui-
meme. Yous pomez, je crois, vous conlenter de cette redaction.
M. Maurice Levy. — Je I'accepte, monsieur le President.
M. le President. — Nous sommes done d'accord sur ce point, et la re-
daction adoptee est la suivante :
« Considerant que le halage funiculaire constituerait une solution pra-
« tique de la t-faclion sur ies canaux a grand trafic sans les effets du vril-
« lage du cable, qui subsiste encore quelqucfois, malgre les precautions
« prises pour le prevenir, la Section emet le voeu que les experiences de
« Saint-Maur, d'une part, et cellcs du canal de TOder a la Spree, d'autre
c( part, soient continuees, dans le but special d'eludier les causes du vril-
« lage, et surtoul de completer le remede aux effets d'entrainement qu'il
« peut encore exercer sur les remorques des bateaux. »
Je passe au voeu suivant, qui a ete adopte dans la meme seance du 26 :
« La ^t Section emet le voeu qu'en outre des experiences exposees dans
« le precedent voeu et qui offrent un tresgrand interet, il en soit fait aussi
« sur Femploi du systeme de touage electrique invente et expose par M. de
« Bo vet. »
Tout le monde parait d'accord?...
Nous passons a la seance du 27. Premier voeu :
« II est a desirer que tout bateau soit le plus tot possible pourvu d'un
« document officiel faisant connaitre pour les differentes vitesses relatives,
« sa resistance a la traction. »
II n'y a pas d'observation?...
Je donne lecture du voeu snivant :
« La 2' Section, appreciant la portee considerable des experiences entre-
« prises par M. de Mas, emet le voeu que ces experiences soient poursuivies
« dans tons les details qu'elles comportent, notammenten ce qui concerne
« I'influence de I'etat des surfaces sur la resistance a la traction. »
Enfni :
« La 2'^ Section emet le vceu que la question de la meilleure organisation
« econoinique de la traction sur les voies navigables soit soumise au pro-
« chain Congres. »
Personne ne demande la parole au sujet de ces resolutions?...
Elles sont adoptees.
M. Lasmolles. — Messieurs, vous avez bicn voulu accueillir dans voire
Section un petit ouvrage deM. Capticr, une sorte de monogiaphie du ba-
telier qui nese raltachait pas a votre Section plutot qu'a une autre. Nous
avons pense, queiquesuns de mes amis et moi, qu'en raison precisement
de ce que ce travail ne renfermait ricn qui rentrat de bien pres dans la
2' SECnON. — 7" SEA-NCE. 255
specialile de I'une ou I'autre Section, il pourrait etre interessant de le
soumettre a I'assemblee pleniere.
C'est en quelque sorle unc etude curieuse indiquant le caractere, les
usages, les moeurs de nos mariniers, et qui pourrait servir de preambulc a
la discussion de toutes les questions qui interessent la navigation interieure.
Je viens done vous demander, au nom de plusieurs de mes amis du
Congres et au mien, s'il ne conviendrait pas a la 2* Section d'emettre le
voeu que I'assemblee pleniere enlendit la lecture de la monographic de
M. Captier sur le batelier, lecture qui a ete faite devant elle apres la dis-
cussion des dilTerents rapports deposes sur la 6^ Question.
Je profile de cette occasion pour vous pricr de m'excuser si je n'ai pas
montre plus d'assiduite a assister a vos deliberations : mon devoir m'obli-
geait a sieger dans d'autres Sections.
M. LE Presidem. — Le travail de M. Captier nous a ete envoye par la
Commission d'organisation qui en a pris connaissance, avec une note
nous engageant a appeler sur lui I'attention de la Section. Nous n'avons
a nous prononcerque sur les questions qui figurenl a notre ordrc du jour.
C'est au Bureau du Congres seul que revient la prerogative de regler
I'ordre du jour des seances plenieres, et c'est a lui, par consequent, que
devrait etre soumise cette question.
Tout ce que nous pouvons faire, c'est de demander I'impression de la
note de M. Captier : cela rentre dans notre pouvoir.
M. Lasmolles. — Je prierai la Section de vouloir bien staluer sur la pro-
position si bienveillanle qui vient d'etre faite par M. le President relative-
menl a I'impression du travail de M. Captier.
M. LE pRESiDEM. — Sur cc poiut-la, je crois que nous sommes una-
nimes....
L'impression aura lieu.
Nous pouvons maintenant reprendre Pexamen des dilTercnts voeux.
Nous en avons termine avec la 6*" Question. La 5® serecommandc a I'atten-
tion de M. Derume qui a bien voulu accepter d'en etre le rapporteur.
Dans la seance du 22 juillet, nous avons emis le voeu suivant :
« La 2^ Section emel le vaui que la question de I'attenuation des cho-
« mages imposes a la navigation par suite des glaces, soil mise a I'etude
« et posee devant le prochain Congres. »
Le second voeu est ainsi con^u :
a La Section est d'avis que la durec des chomages pent etre encore re-
duite, et doit I'etre meme au prix d'linc angmentation dans les depenscs.
Sur les rivieres canalisees, la suppression totale des chomages doit etre
ponrsuivie; sur les canaux, leur durec pent, des maintenant, etre reduite
a dix jours par an pour les sections a I'etat de complet entretien, et a un
mois pour les autres en cours de transformation. »
M. Clerc. —Cette redaction resume mieux la discussion qui a eu lieu dans
la Section.
256 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIUNS.
M. Derome. — II y aurait quelques reserves a faire sur la seconde
parlie du voeu, a I'egard de certains canaux dont le remplissage presenle
certaines difficultes.
M. Clehc. — Pourrepondre a I'objection de M. Derome, nous pourrions
changer ainsi la redaction : « Sur les canaux, Icur duree pent des main-
tenant, saiif dans des cas exceplionncls, e!rc reduite... etc. »
M. LE President. — Tout le monde est d'accord?...
M. Mailliet. — Pourquoi faire cette dislinction cntre les rivieres et les
canaux?
M. Cleuc. — Elle rcsuite de la discussion a laquelle nous avons assiste.
M. Derome, nolamment, a cite ceriains[canaiix sur lesquels il est impossible
ou lout au nioins tres difficile de cliomcr moins d'uu mois, a cause du
I'emplissage.
M. Mailliet. — Sur les rivieres canalisees, les prises d'eau sont encore
plus necessaircs que sur les canaux.
M. Derome. — Quand nous parlons des rivieres canalisees, nous avons
surtout en vue les grands ficuvcs tels que la Seine; il n'y a guere que les
pctites rivieres canalisees, telles que I'Escaut, qui soient assimilables aux
canaux.
M. Mailliet. — Alors, il faut preciser ct dire : « Sur les grandes
rivieres canalisees ».
M. LE pREsiDEAT. — 11 n'v a pas d'opposition?...
Les modifications pi'oposees par MM. Clerc et Mailliet sont adoptees, et
le second vmu est libelle ainsi qu'il suit :
« La Section est d'avis que la duree des cliomages pent etre encore re-
ft duite, etdoit I'efre, meme au piixd'une augmentation dans les depenses.
« Sur les grandes rivieres canalisees, la suppression totale des cho-
<c mages doit etre poursuivie. Sur les canaux, leur duree pent, des main-
« tenant, sauf dans des cas exceptionnels, etre reduite a dix jours par an
« pour les sections a Telat do complet entretien, et a un mois pourles sec-
« tions en cours de transformation. »
Nous passons au troisieuie et dernier voeu emis le 25 juillet :
« La 2'' Section emct le voeu (jue des renseignements soient icunis pour
«■ le procliain Congres sur les conditions techniques el pccuniaires d'exe-
« cution des Iravaux pendant les gelees, notamment en ce qui concerne
« les travaux de magonnerie. »
Puisque personne nc demande la parole au sujet de ccs voeux, noire
ordre du jour est epuise et nos travaux sont clos.
Avant de nousseparer, je crois que nous avons quelque raison do nous
feliciter des Iravaux que nous avons accomplis.
En ce qui concerne la question des chomages, vous avez pu voir com-
bien nous avons cte unanimes pour chercher autant que possible a conci-
licr les interels du commerce et de Tinduslrie avec les exigences du
service.
2- SECTION. _ 7- SEANCE. 257
Pour ce qui est de la traction, cetle question nous a permis d'assister a
une discussion tres-vive et tres-interessante qui nous a procure I'occa-
sion de recevoir quelques IcQons de ceux de nos collegues qui onl bicn
voulu nous en donner.
II nous resle a remercier nos collegues etrangers du concours qu'ils
nous out prele, et MM. Derome et Ilirsch d'avoir acceple do parler en notre
nom a la Seance pleniere.
Quant a moi, Messieurs, je me souviendrai toujours de la bienveillance
que vous m'avez temoignee, el je me rappellerai avcc le plus grand plaisir
les quelques jours que j'ai passes au milieu de vous. {Vifs applaudisse-
ments.)
La seance est levee a 10 h. 25.
17
1
i
3' SECTION
EXPLOITATION COMMERCIALE
ET
QUESTIONS ECONOMIQUES
BUREAU DE LA SECTION
France
PRESIDENT :
Guyot(Yves), Depute, AncienMinistre des Travaux Publics, Paris.
VICE-PRESIDENTS :
France . . . Guillotin, Ancien President du Tribunal de Commerce de la
Seine, Paris.
Allemagne. . D' Von Rumpler, Ministerialralh im kuniglich Bayerischen
Staatsminislerium des koniglichen Hauses und des Aussern,
Munchen.
Etats-Unis. . ProfessorFuertes, Director, College of Civil Engineering, Cornell
University, Ithaca (N. Y.).
RussiE . . . S. E.M. Raffalovich, Conseillerd'Etatactuel, Agent du Ministere
des Finances de Russie en France, Correspondant de I'lnstitut
de France, Paris.
SECRETAIRES :
France. . . Godard, Ingenieur des Ponts et Chaussees, Honfleur.
— P6rier de Feral, Administrateur de la Compagnie de Touage et
de Remorquage de I'Yonne, Paris.
HoLLANDE . . De Vries, Ingenieur du Waterstaat, Leuwarden.
HoNGRiE. . . De Farago, Conseiller technique au Ministere Royal d'Agricul-
ture, Budapest,
260 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
PREMIERE SEANCE
Jeudi 21 Juillet (apres-midi).
Presidence de M. Yves GUYOT.
La seance est ouverte a 3 h. 45.
M. LE President. — Messieurs, appele a rhonneiir de presider la 3" Sec-
tion, je m'efforcerai de diriger vos travaiix de maniere a pouvoir en rem-
plir lout le programme.
Notre tache sera facile, grace a MM. les rapporteurs dont les travaux si
complets et si rcmarquables serviront de base solide a nos etudes.
La 3" Section devra examiner les V, 8' et 9* Questions du programme
qui ont donne lieu a 20 rapports, savoir :
Sur la T Question « Taxes ou peages sur les voies navigables », ceux de
MM. Sympher, Beaurin-Gressier, Couvreur, Clements, Deking-Dura et de
Sylenko;
Sur la 8'' Question « Regime des ports de navigation inlerieure », ceux
de MM. Von Doemming, Imroth et Roessler, Delaunay-Belleville et Monet;
Sur la 9" Question « Roles respectifs des voies navigables et des chemius
de fer dans I'industrie des transports », ceux de MM. Merkens, Pescheck,
Pollack, Schromm, Ely, North, Roberts, Fleury et Halasz.
Nous debuterons par la V Question « Des taxes ou peages sur les voies
de navigation interieure », et je donnerai d'abord la parole a undcs rappor-
teurs etrangers, si Tun d'eux est prfit a la prendre.... A defaut d'un mcmbre
etranger, jeprierai M. Beaurin-Gressier d'ouviir la deliberation.
M. Beaurin-Gressier. — Je ne m'attendais certainement pas a prendre la
parole aujourd'hui, ni surtout a ouvrir la deliberation. Cependant, il faut,
je le reconnais, que quelqu'un debute, et le sujet que nous abordons m'est
assez familier pour quejepuisse essayer, sanstrop d'audace, d'en esquisser
les donnees principales, de signaler les difficultes qu'il presenle, et de
degagcr quelques-uns des points sur lesquels portera principalement le
debat, en ce qui concerne, du moins, la legislation fran^aise.
Les origines de la navigation interieure sont les memes dans tons les
pays. Aussitot que les echanges se developpent suffisamment pour donner
lieu a une industrie des transports, les entrepreneurs qui se chargent de
cette categoric de services imaginent que, dans la direction des vallees, la
Yoie la moins encombree, la plus reguliere £t la plus facile est cclle des
cours d'eau. A la descente au moins, c'est celle qui presente la moindre
resistance a la traction. Le cours d'eau n'e^t, u I'origine, I'objet d'aucune
5- SECTION. — 1" SEANCE. 261
occupation, d'aucune reglementation. Sen sert qui veut, sauf a I'adapter
lui-meme a I'usage qu'il en veut faire. A ce moment, qui precede celui
d'une certaine division du travail, c'est un seul et meme entrepreneur qui
reunit et concentre la serie des operations diverses que comporte le service
des transports. L'enlreprise destransporlspar eau dans les temps primitifs,
comme dans les temps modcrnes, se decompose en trois elements princi-
paux correspondant a la mise en etat de la voie, a la fourniture du vehicule
et a la mise en jeu des forces"necessaires a la traction, ou si Ton veut, a la
fourniture du moteur. La remuneration de ces differentes fractions du ser-
vice ne se subdivise pas. Ellc va tout entierea celui qui se trouve etre I'en-
trepreneur general du transport.
Mais aussitot que les premiers germes de la civilisation se developpent,
que les populations deviennent plus denses, que le mouvement des echanges
s'accentue, que la circulation devient plus active, que les hommes se don-
nent ou subissent une organisation politique plus complexe, le service du
transport comme tous les autres, tend a se subdiviser. La question de secu-
rile et de police prend unc place a part de celle des efforts memes que com-
porte le deplacement des etres et des choses. Le premier element qui prend
une allure distincte est celui qui correspond au fonds meme sur lequel
doit s'operer le transport, c'est-a-dire a la voie.
Je m'occupe, ai-je dit, principalement de la France. Nous constatons
qu'en ce qui conccrne la voie, les regimes y ont profond6ment varie. —
Dans la periode antericure a I'occupation romaine, on n'aper^oit aucune
trace d'organisation touchant a I'usage des cours d'eau. La situation
change peu dans la periode gallo-romaine, et bien des siecles s'ecoulent
encore avant qu'on puisse discerner les traces de I'inlervention, — nous
ne dirons pas de I'Etat, dont la notion n'est pas nee, — mais d'un pouvoir
social.
Alors meme que la nation tend a se constitucr, et que, sous le regime
feodal, on voit apparailre les premiers agregats nalionaux, les pouvoirs
qui les representent ne disposent pas de ressources sufGsantes pour assumer
la fonction d'adapter les cours d'eau a leur destination de voie navigable.
Dans ces premiers temps, le soin de la mise en etat des cours d'eau 6lait
laisse aux usagers, c'est-a-dire aux entrepreneurs de transports qui se
reunissaient en colleges ou corporations. Plusieurs de ces groupements
sont resles celebres. Les noms de « la liansc des marchands de I'eau a
Paris », de la corporation des « marchands navigateurs de la Loire » sont
dans toutes les memoires.
Ce n'est qu'au commencement du xvi^ siecle qu'on voit se manifester
les premieres interventions de la Royaule dans les travaux de perfection-
nement des voies navigables. Auparavant, son action ne s'exer(;ait guere
que pour garantir autant qu'il etait en son pouvoir, la libre jouissance des
cours d'eau, consideres comme formant le bien commun des populations
fixees au territoire.
262 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
Pendant la periode de trois siecles qui se termine a la duree de la
monarchie franQaise, les travaux de navigation, avec des alternatives diverses,
regoivent, en definitive, un reel essor. On commence a recourir au systeme
des taxes pergues a des litres divers. Pour les rivieres, les depenses sent
couvertes au moyen depeageslocaux, a Tinsuftisance desquels ilest pourvu
au moycn d'imposilions payees par les villes ou les provinces interessees.
Pour les canaux, on a recours presque exclusivement au systeme des con-
cessions, systeme dans lequel la remuneration du concessionnairc est
assuree au moyen de la delegation sur les produits de taxes de peages et
autres taxes qu'il est autorise a percevoir.
Au fond, la voie est deja detachee des biens susceptibles d'approprialion
privee, elle est consideree comme faisant partic du domaine do la Cou-
ronne. Mais, a defaut d'autres ressources, c'est principalemcnt au systeme
des taxes que Ton a recours pour couvrir les depenses que necessitenl
Pamelioration, le developpement ou I'cntrctien de la voie.
Avec la Revolution frangaise, avec unc affirmation plus nette de I'unite
Rationale, I'idee de domanialite des voies navigables s'accentue davantage.
On pose le principe qu'il appartient a la nation de pourvoir a la conserva-
tion et a I'extension du reseau des voies navigables. Mais une certaine con-
fusion apparait dans les idees en ce qui concernc le mode suivant lequel
il sera fait face aux charges de cette attribution. On songe a demander les
ressources au budget general de la Nation. On commence par revoquer les
concessions anterieures, par abolir les peages; mais les fonds manquent
et, apres un certain nombre d'annees d'hesitations et de talonnements, on
est oblige de recourir aux precedes que Ton avail ecartes. Au systeme des
concessions, on tente de substituer celui de regies administrees sous I'au-
torite directe de TEtat et qui, en fait, etaient substituees aux anciens
concessionnaires pour le recouvrement des taxes.
Le meme regime etait etendu aux fleuves et rivieres par une loi du
30 floreal an X. Cetlc loi instituait une taxe de navigation dont les pro-
duits devaient etre specialement affectes aux travaux d'amelioration ou
d'enlrctien des cours d'eau sur lesquels ils avaient ete pergus. Les res-
sources ainsi creees, souvent detournees de leur destination, n'etaient pas
de nature a fournir les elements d'une operation d'extension du reseau.
Ces Elements furent demandes a I'empruntpardes lois de 1821 et de 1822.
Mais le service de I'emprunt 6tait lui-meme gage au moyen de taxes dc
peage. Enfin, dans un grand nombre de cas, on n'hesita pas a recourir de
nouveau au systeme des concessions, avec delegations de peage.
Le grand defaut de ces diverses conceptions etait, nous I'avons laisse
voir, Tincoherence, I'absence d'organisation et de ligne de conduite. Les
resultats de cette incolierence se firent sentir surtout quand on en vint a
I'application de taxes dont on n' avail pas suffisamment prevu Paction et
combine la juxtaposition.
On ne pouvait toucher aux taxes relatives aux voies qui avaient fait
3« SECTION. — 1" SEANCE. '2t)3
I'objet de concession ; on s'effor(;a d'apporter plus de melhode dans
I'etablissenient des larifs applicables au surplus du reseau. Tel fut Tobjet
de la loi du 9 juillet 1836 qui, abrogeant les taxes anterieures, instituait
des droits de navigation a percevoir d'apres un tarif uniforme pour tous
Ics cours d'eau administres par I'Etat. — Ce n'etait encore la qu'une
reforme peu efficace, tant que subsistaient les taxes pergues au profit de
concessionnaires de canaux, ou de soumissionnaires des emprunts con
trades en vertu des lois de 1821 et de 1822. De tongues negociations
s'ouvrirent pour le rachatdes droits concedes. EUes n'aboutirent, en partie
seulement, qu'en 1855, oii une premiere serie de lois (3 mai 1853) pro-
noncerent le rachat d'un certain nombre de voies concedees. Cette
mcsure fut complelee 10 ans apres, par plusieurs lois du 20 mai 1863 qui
ne laissaient plus subsister, a I'etat d'exception, qu'un petit nombre de
canaux concedes.
Sous le regime des concessions, les taxes de navigation consenties au
profit des concessionnaires avaient le caractere de phages ; il en etait de
meme des taxes specialisees de la loi de floreal an X. Les droits de naviga-
tion de la loi de 1836, en perdant leur specialite, devenaient un veritable
impot, independant du service rendu, general, permanent.
Du moment ou les droits de navigation translbrmes en impot ne presen-
laient plus aucune correlation avec les travaux a faire pour la conserva-
tion et la mise en elat des voies navigables, ils n'apparaissaient plus que
comme des entraves a la circulation, dont la gene devenait d'autant plus
choquante qu'elle n'etait meme plus justifiee par un produit capable de
couvrir les depenses annuelles occasionnees par le reseau de navigation.
Les droits de navigation, apres plusieurs reductions successives, furent
supprimes definitivement par une loi du 19 fevrier 1880.
Depuis lors, on a souvent agite la question de savoir si Ton avait eu
raison ou tort de supprimer les droits de navigation. La question etait
generalement soulevee a I'insligalion des inlerets qui gravitent aulour des
chemins de fer, et qu'offusquait I'abandon gratuit de la voie navigable aux
entreprises de navigation.
Le Gouvernement frangais a toujours soutenu energiquement, et avec
succes, que ce serait une detestable operation financiere, une mesure
desastreuse pour les inter^ts generaux du pays, que de relablir I'impot
supprime.
Cependant la question entre dans une nouvelle phase. Le Parlement
vient d'etre saisi d'un projet de loi sur la navigation interieure, depose
I'annee derniere precisement par M. Yves Guyot, qui preside aujourd'hui
notre Section.
Un litre de ce projet est consacre aux taxes de navigation. Si le principe
d'un impot sur la navigation y est formellement repousse, il y est reconnu
que Ton ne saurait songer, dans toutes circonslances, a faire supporter a
I'ensemble des contribuables I'integralite des depenses d'amelioration et
264 PROCES-YERBAUX DES SEANCES DES SECTIO.NS.
d'outillage des voies navigables, dont les usagers speciaux sont seuls a
profiler. Leprojel de loi propose I'institulion de quatre categories de taxes,
dont les trois dernieres ne seraient d'ailleurs que la consecration et la
regularisation des pratiques actuelles.
La premiere categorie de taxes seulevise una innovation. — II s'agit de
peages a percevoir pour gagcr tout ou partie des depenses afferentes a
certains travaux de perfectionnement du reseau de navigation actuel, et ne
rentrant pas dans la masse de ceux que I'Etat conserve a sa charge. Les
taxes de peage sont pergues sur tons les bateaux et sur toutes les unites de
trafic empruntant une partie determinee d'une voie.
La seconde categorie s'applique aux taxes a percevoir pour I'usage de
certains engins dont Texploitation ne pent etre en aucun cas abandonnee a
la librc action de I'industrie privee, et doit donner lieu a un cahier des
charges et a un tarif.
La troisieme categorie a trait aux taxes a percevoir pour I'usage d'outils
ou d'appareils dont I'exploilation, tout en etant abandonnee a Tindustrie
privee, doit faire I'objet d'une reglementation pour empecher les abus
possibles. *
La quatrieme vise les redevanccs pergues sur le domaine public fluvial a
I'occasion d'operations qui ne touchent pas directement a la circulation
des bateaux.
Ainsi, — au point de vue special dont notre Section doit s'occuper, — la
loi nouvelle prevoit les circonstances et les conditions dans lesquellesune
retribution specialepourra etre demandee aux usagers des voies navigablcs.
II est sagede prevoir cetle retribution meme pour le cas d'amcliorations
a apporter a des voies existantes ; car, si Ton avail la pretention de mettre
toute la depense a la charge du budget general de I'Etat, on courrait
risque de voir abandonner des travaux notoirement avanlageux, que le
manque d'elasticite des budgets et le deCaut de criterium pour en apprecier
I'utilite ne permettraient pas d'entreprendre.
Le projet de loi auquel je fais allusion determine aussi la qualite des
concessionnaires auxquels pourraient etre deleguees les taxes a instituer,
et Texploitation des outillages consideres comme publics. Craignant que
des concessionnaires prives ne soienl entraines a chercher des benefices
excessifs dans la gestion des services qui leur seraient confies, les auteurs
de la loi ont songe, soit a s'adresser a des etablissements publics exislanl
deja, tels que les chambres de commerce et meme les communes, soit a en
creer de speciaux. lis instituent a cet egard des etablissements nouveaux
auxquels ils donnent le nom de « Chambres de navigation ».
II sera cerlainement, dans la suite de nos deliberations, parle plus
longuement du projet de loi dont je viens d'esquisser I'economie. Je ne
veux pas m'etendre davantage aujourd'hui. Mon role etait simplement
d'ouvrir la discussion. Je I'ai fait en termes sommaires; j'ai fini. Mais,
je tiens a le repeter, je ne savais pas que je serais appele a prendre la
5« SECTION. — 1" SEANCE. 265
parole aiijourd'hui; je n'etais pas suffisamment prepare, etje reclame toiite
rindulgence de mcs auditeurs pour cet expose un peu rapide et insuffi-
samrnent coordonne. (Applaudissements.)
M. LE President. — L'honorable M. Beaurin-Gressier a eu votre indul-
gence, et meme voire approbation, comme le prouvcnl vos applaudisse-
ments. Son expose de la question a ete tres clair et tres bien fait.
Sur cette question des taxes et peages, nous avons encore a examiner
les rapports de MM. Couvreur, Clements, Deking-Dura, Sympher et de
Sylenko. Je suis pret a donner la paiole a celui des rapporteurs qui serait
dispose a resumer son memoire des maintenant.
M. JosLE. — Les rapports appellent de nombreuses observations, et la
batellerie est loin d'approuver toutes leurs conclusions. Je demande si la
discussion sera ouverte sur chaque rapport apres que Ic rapporteur aura
fait son expose; ou si, quand ils auront tous termine, il y aura unc dis-
cussion d'ensemble.
M. Raffalowich — II vaut mieux que tous les rapporteurs aient termine
leur expose avant d'ouvrir la discussion; sinon, il sera impossible de
discuter un rapport sans empieter sur les autres.
M. LE President. — Pour la bonne melhode de travail, il est preferable
que la Section, avant de discuter, reunisse le plus possible d'informations :
or ces informations se trouvent justemenl dans les rapports. Une fois ces
rapports exposes, des la 3* seance, si possible, nous commencerons la dis-
cussion.
La parole est a M. Courlenay-Boyle.
M. CouRTENAY-BoYLE. — Unc chosc m'a frappe dans I'interessant expose
de M. Beaurin-Gressier. Sur quoi s'appuie-t-il pour dire que les canaux
doivent etre construits par I'Etat? En Angleterre, il n'y a ni canaux, ni
chemins de fer d'Etat. La seule fonction de I'Etat est de fixer les peages
que percevront les Compagnies proprietaires. Aussi je me demande pour-
quoi les canaux doivent etre construits par I'Etat.
M. LE President, — En France, nous avons une tout autre idee qu'en
Angleterre du role qui apparlient a I'Etat. C'est une question de principe
qui pourrait peut-etre etre mise en tete de notre discussion. Mais pour le
moment, je crois qu'il convient de ne pas entamer ce sujet, avant que nous
ayons pris connaissance de tous les rapports.
Je fais appel aux membres etrangers, et je leur demande s'il en est
parmi eux qui soient prets a resumer leurs rapports.
M. Clements. — Je suis pret a exposer mon rapport.
M. LE President. — Vous avez la parole.
M- Edwin Clements. — Gentlemen, the unique position of Great Britain as
regard canals will be gathered from my statement. There are absolutely no
M. Clemems. — Messieurs, mon rapport montre la situation unique de la Grande-
Bretagne au point de vue des canaux. II n'y a absolument pas de canaux de I'Etat
266 PROCES-VERBAUX DES SfiANCES DES SECTIONS.
State-owned canals in the United Kingdom, the only function which the
State performs, as has been stated by Sir Courtenay Boyle, is to fix the
maximum or limiting tolls which may be charged for the transport of
traffic on the canals. The direct contribution to general taxation made
by the canals is comparatively insignificant, as their total revenue amounts
to only about L. 2 000 000. Practically all the [canals in Great Britain
have been constructed in pursuance of Acts of Parliament, in which are
prescribed certain tolls which may not be exceeded by the proprietors.
The construction of most of the artificial waterways took place in the reign
of George the Third, that is between the years 1760 and 1820. Having
been constructed when the conditions under which trade transport were
conducted were very different from those how prevailing, the canals are in
this position, — that, if the charges authorised by Parliament were
enforced, they would practically stop the traffic.
There is a total absence of uniformity in the maximum charging" powers
of the canals. The tolls are the principal charges, but even the expression
« toll » is not capable of a simple definition of general application. It
might be thought that, apart from some other charges, as distinguished
from tolls, the tolls would be chargeable upon some common basis; but
this is not the case. They vary in the most remarkable manner. With
regard to these statory charges, the Board of Trade has just issued a return
dans le Royaume-Uni ; le seul roledel'Etat consiste, comraera dit sir Courtenay-
Boyle, a fixer les maximums ou taxes limites pouvant etre pergues pour les trans-
ports sur canaux. La contribution directe des canaux aux taxes generates est
relativement insignifiantc, car leur revenu total n'excede guere 50 millions
de francs. En fait tous les canaux de la Grande-Bretagne ont ete construits en
vertu d'actes du Parlement qui prevoient certains tarifs ne pouvant etre
depasses par leurs proprietaires. La construction de la plupart des voies de
navigation artificielles remonte au regno de Georges III, c'est-a-dire a la periode
de 1760-1820, a une epoque oil les conditions du transport des marchandises
etaient tres differentes de ce qu'elles sont aujourd'hui ; aussi ces canaux se
trouvent-ils dans cette situation que I'application des taxes autorisees par le Par-
lement aurait pour effet pratique d'arreter le trafic.
II n'y a d'ailleurs aucune uniformite dans les tarifs maximums sur les divers
canaux. Les droits (tolls) sont la principale charge; mais cette expression « toll »
n'est pas susceptible d'une definition generale simple. On pourrait croire au
moins que les droits sont etablis d'apres une base commune, mais il n'en est
rien; la encore il y a une diversite remarquable. Le Board of Tirade vient de
publier un releve des tarifs maximums imposes aux compagnies de canaux; mais,
comme ce document n'est qu'une compilation des releves faits par les compa-
gnies elles-memes, il n'est malheureusement pas complet. L'enquete en cours
actuellement devant le Board of Trade en vue de la revision des pouvoirs des
compagnies de canaux a montre en effet que ces releves etaient incomplets et
meme dans quelques cas, involontairement inexacts ; c*est ainsi par exemple
qu'il n'y est pas fait mention de ce fait que beaucoup des « Canal Acts n exemp-
5= SECTION. — 1- SEANCE. 267
Setting out the maximum powers of the canal companies. But as that
return has been compiled from the statements made by the companies
themselves, it is unfortunately not exhaustive. These statements have
been found in the course of the inquiry now proceeding before the Board
of Trade with regard to the revision of canal companies powers to be in-
complete, and in some cases unintentionally misleading, no mention being
made, for example, of the fact that many of the Canal Acts of Parliament
exempt certain articles from the payment of toll. In the circumstances
I have mentioned it is often a mailer of extreme difticully to ascertain that
the legal toll upon a consignment of merchandise between any two given
points may be. The charges actually made arc of three descriptions : tolls
and rates, and charges which cannot be included under either of these
heads. The reason for this is that some of the canal companies convey
merchandise as carriers on their own navigations, while others which do
not so convey, nevertheless perform certain services which are not covered
by the tolls. Only 10 of the 60 or 70 principal canal owners in the United
Kingdom act as carriers. The canals are mostly owned by companies,
many of these being railway companies. The number of the latter pos-
sessing canals is 18, and t-hey own or control altogether 1575 miles out
ol the total of 3 813 miles of waterway (other than purely tidal navigations).
Of canal companies proper and other bodies, there are 44, of public
tent certains articles du paiement des droits. Dans ces conditions, il est souvent
extremement difficile d'etablir d'uue fagon sure le montant legal des droits pour
des marchandises entre deux points donnes.
Les charges qui grevent actiiellement le trafic sont de trois sortes : les droits,
les taxes et les charges qui ne peuvent etre rangees ni dans I'une ni dans I'autre
des deux premieres categories. Quelques compagnies font en effet actes de trans-
porteurs sur leurs propres canaux, tandis que d'autres, bien que ne faisant pas
de transports, assurent neanmoins quelques services speciaux qui ne sont pas
soumis aux tarifs. 10 compagnies seulement sur les 60 ou 70 principales qui
existent dans le Rovaume-Uni font acte de transporteur. Les canaux sont pour la
plupart aux mains de societes dont beaucoup sont des compagnies de chemins de
fer. Le nombre de ces dernieres possedant des canaux est de 18, et elles pos-
sedent ou dirigent un ensemble de 2200 kilometres de voies de navigation sur le
total de 6100 kilometres (en dehors des rivieres a maree). On compte 44 com-
pagnies et autres associations et 20 canaux administres par des commissaires
publics, aux designations diverses suivant les cas. Trois municipalites (en Angle-
terre) possedent des canaux, et dans 5 autres cas, les proprietaires sont des
particuliers. Pour des raisons diverses, I'administration des canaux duRoyaume-
Uni s'est relachee, et Ton peut dire qu'a part quelques exceptions peu impor-
tantes, il n'est affccte qu'une partie comparativement faible des recettes a I'ame-
lioration des voies ou a I'execution de nouveaux ouvrages; plusieurs canaux
meme ne sont pas convenablement entretenus. Le cas de la riviere Neve se pre-
sente a mon esprit conime un exemple des canaux qui ne sont pas la propriete
de compagnies de chemin de fer. Sur cette riviere la navigation est considerable-
268 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
trusts 20, the latter being variously described as conservancy Jjoards,
commissions, and trusts. Three municipal corporations (in England) are
canal proprietors, and in five other cases the ownership is vested in pri-
vate individuals. The administration of canals has for various reasons
become feeble in the United Kingdom, that it is safe to assert that with
a few notable exceptions, only a comparatively small proportion of the
receipts is applied to the « improvement of the waterways or the execution
of new works » ; and that several of the canals are not properly maintained.
The case of the river Neve occurs to me as an instance among the canals
not owned by railway companies. The navigation of that river is greatly
impeded by a huge shoal, which may not be removed because the late Duke
of Bedford, a riparian owner, obtained a perpetual injunction forbidding
its removal, fearing that the water he required for irrigating his lands
might pass away down the river. As regards the action of the railway
companies owning canals, it has been proved to be most delrimintal to [he
public interest. In this connection, the Kennett and Avon canal may be
cited. It is a notorious instance of neglect, and the bad condition of the
canal has been upon several occasions the subject of judicial and depart-
mental inquiry. Happily under a general statute passed three years ago
— the Railway and Canal Traffic Act (1888) — the charging powers of
canal companies are to be revised. The first stage of the revision has
been instituted, and there have been deposited with the Board of Trade
revised classifications of merchandise and revised schedules of tolls, rates
mcnt entravee par uu enorme haut-fond qui ne peut etre drague parce que feu
le due de Bedford, proprietaire riverain, a obfenu une injonction perpetuelle
intordisant Tenlevement de ce banc, dans la crainte de perdre I'eau dont it a
besoin pour irriguer ses proprietes. 11 a d'ailleurs ete prouve que les agissements
des compagnies de chemins de fer qui possedent des canaux portaient prejudice
a I'interet public. A cet egard, on peut citer le Kennelt and Avon canal qui offre
un exemple notoire de negligence, et dont le mauvais etat a donne lieu a plusieurs
reprises a des enquetes judiciaires et administratives.
Heureusement est intervenue, it y a trois ans, une loi generate — le « Railway
and canal Traffic act, 1888 » — qui ordonne la revision des pouvoirs des compa-
gnies de canaux en matiere de droits. Cette revision a ete commences, et il a ete
depose devant le « Board of Trade » des classifications revisees de marchandises
et des baremes de droits, taxes et redevances que les compagnies proposent d'au-
toriser pour etre substitues aux taxes maxima en vigueur actuellement.
Pour en revenir a celles-ci, on peut dire que dans les « Acts » du Parlement qui
reglent la concession de plusieurs voies navigables, il y a quelques similitudes
dans les classifications des marchandises, et dans le nombre des categories entre
lesquelles elles sont reparties. Dans ces cas, les charbons et autres matieres
minerales, les pierres, les engrais el quelques autres marchandises sont enumeres
en deux ou trois classes, et toutes les autres sortes de marchandises et produits
forment une autre classe. Le montant des droits varie pour chaque classe, le
droit le plus eleve etant g(^neralement appUcable aux marchandises autres que
5' SECTION. — 1" STANCE. 269
and dues which the canat companies propose, shall be aulhorised by the
Legislature in substitution for their existing powers. Referring again to
the present powers of the companies, may say that in the Acts of Parliament
governing many of the navigations there is some approach to similarity
in the classifications of merchandise and the number of divisions into which
they are separated. In such cases, coals and other minerals, stones,
manures, and a few other articles of merchandise, are enumerated in two
or three classes, and all other descriptions of goods, wares, or merchan-
dise, form another class. The amount of the toll differs for each class,
the highest toll being generally chargeable in respect of goods other than
those specifically mentioned. It is exceedingly difficult to make a typical
selection from amid such great variety, but in the examples given in my
paper the canals upon which a large volume of assorted traffic is conveyed,
and which are situated in various parts of the country, have been chosen
as most fittingly representing English waterways. Each description of
ownership is also taken into consideration. I should not forget to state
that upon a considerable number of canals road materials and manures
are exempt from toll. Recurring to actual tolls and charges, — prior to
thecommencement of the Board of Trade Inquiry now proceeding — it was
exceedingly difficult to obtain particulars. Our railway and canal com-
panies are it is true required by an Act of Parliament passed in 1873
(amended by the Act of 1888) to keep rate books at all their stations, in
which are to be set out the rates and tolls in force; but so far as the
celles specifiquement mentionnees. II est extremement difficile de faire un choix
typique au milieu d'une aussi grande variete, mais dans les exemples que j'ai
donnes dans mon rapport, les canaux sur lesquels le trafic comporte une grande
quanlite de marchandises diverscs, et qui sont situes dans les differentes regions
du pays, ont ete choisis comme representant le plus exactement les voies navi-
gables anglaises; il a etetenu compte egalement des divers types de propriete. Je
ne voudrais pas oublier de signaler que, sur un nombre considerable de canaux,
les materiaux d'empierrement et les engrais sont exempts de droits.
Avant que I'enquete du ((Board of Trade » ait ete commencee.il (itait excessive-
ment difficile d'obtenir des renseignements. Un (( Act » du Parlement passe en 1875
(amende par I'act de 1888) obligeait, il est vrai, les compagnies de chemins
de fer et de canaux a tenir dans toutes leurs stations un livre do tarifs sur lequel
devait figurer les taxes et droits en vigueur; mais en ce qui concerne les canaux
cette obligation legale est restee lettre morte.
En ce qui concerne le mode de calcul et de perception des droits, il n'v a pas
de regie gen(erale, mais il n'y a que peu de difference entre les pratiques suivies
par les compagnies a cet egard. Les droits sont pergus soit sur le nombre de
tonnes et suivant la nature des marchandises declar(je par le conducteur du
bateau, soit sur le poids que les compagnies etablissent elles-memes en jaugeant
ou en pesant (par deplacement) le bateau. Cette derniere methode parait etre
celle qui est le plus frequemmenl adoptee. Quant aux taxes speciales pour
services particuliers, tels que travaux de jour ou de nuit, etc., plusieurs autres
270 PROCES-\ERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
canals are concerned, this statutory obligation is a dead letter. With re-
gard to the method of levying and collecting the tolls, although there is
no rule of general application, the difference in the practise of the com-
panies is inconsiderable. They either take tolls upon the number of tons,
and according to the description of merchandise which the person in
charge of a vessel declares, or upon the weight which they themselves
ascertain by gauging or weighing {by displacement) the vessel. The latter
appears to be the method most frequently adopted. Wittf reference to any
special charges for particular appliances, day or night work, etc., there are
several instances other than those mentioned in the paper which might
be quoted. Upon the Aire and Calder navigation for instance — one of
the greatest importance — the locks 1 believe are generally closed about
8 or 9 hours.
The justification for maintaining the tolls lies in the fact that most of
the canals in the United Kingdom were constructed by private enterprise,
and so long as this state of affairs continues tolls may be equitably impo-
sed, provided they are levied at a rate which is just and reasonable, not
merely in regard to the statutory powers of the companies and the general
statutes relating to canals, but also in relation to public requirements.
The revision of the companies powers already referred to was expected to
be completed during the recent session of Parliament. This was prevent-
ed however by the general elections. It was then adjourned until October
next. It is likely to occupy a great deal of time. The schedules of only
two canals have been disposed of. It is to be deplored that the canal
companies have seen fit to seek powers to levy tolls which are not only
excessive, having regard to the circumstance under which they are to be
applied, but are positively higher in amount for the lower classes of traffic
— that is to say, the very traffic for which canals can best compete —
carried short distances, than the conveyance i^ates, including lolls, for the
exemples que ceux mentionnes dans men rapport peuvent etre cites. Sur I'Aire
et la Calder par exemple — I'une des lignes de navigation les plus importantes
— les ecluses sont, je crois, generalement fermees pendant 8 ou 9 heures.
Le maintien des droits se justifie par ce fait que la plupart des canaux du
Royaume-Uni ont ete construits par des entreprises privees ; tant que cet etat
de choses ne se modifiera pas, il est equitable de percevoir des droits, pourvu
toutefois qu'ils soient pergus a un taux juste et raisonnable, en tenant compte
non seulement du droit strict des compagnies et des actes generaux relatifs aux
canaux, mais aussi des exigences du public. On esperait que la revision des
pouvoirs dent il a ete parle deja pourrait etre terminee pendant la derniere
session du Parlement; il n'a pu en etre ainsi, a cause des elections generales,
qui ont fait ajourner I'enquete jusqu'en octobre prochain. Cette enquete prendra
beaucoup de temps; jusqu'ici elle n'a examine que les baremes de deux canaux
seulement. II est regrettable que les compagnies de canaux aient cru devoir
demander a percevoir des taxes, non seulement excessives eu egard aux circon-
3' SECTION. — 1" STANCE. 271
principal railways authorised by Parliament last year. It is certain that
if the tolls for which the canal companies ask be aulhorised and enforced,
traffic upon canals must soon cease to exist. Until the acquisition of the
canals by the State takes place — and that event does'not appear to be yet
within the range of practical politics, — it is unnecessary to answer the
second part of the question before the Congress, so far, at least, as the
United Kingdom is concerned. If, however, the British inland waterways
are lo be treated, and — which is much more important, — used by the
public, as highways, it is desirable that all restrictions upon traffic should
be removed, and we earnestly hope that Parliament will be induced to
considere the whole question so soon as the report of the Board of Trade
upon the present enquiry is before them. [Applause.)
M. Le President. — Avant de continuer la seance, je vous propose de
nous reunir demain matin a 9 heures. L'ordre du jour serait la continua-
tion de I'examen des rapports des questions.
Une voix. — Comme nous ne pourrons pas assister a toutes les seances,
je demanderai si la discussion sera ouverte a la suite de I'examen de
chaque question, ou s'il sera fixe un jour determine par le vote sur
toutes les questions.
M. LE President. — En ce qui concerne les taxes de navigation interieure,
il ne peut evidemment y avoir un vole demain ; je ne crois pas qu'il puisse
intervenir un vote partiel avant la cloture de la discussion generate, dis-
cussion qui commencera peut-etre samedi matin ou demain soir, si nous
decidons qu'il y aura seance.
Un autre membre. — Les questions que la Section a a examiner sont tres
importantes, et seront suivies de voeux pour lesquels chacun tiendra a etre
present et a donner son avis. Je propose done qu'il soit fixe un jour ou
ces voeux seront mis aux voix.
stances dans lesquelles elles doivent etre appliquees, mais encore positivement
plus elevees, pour les classes inferieures du trafic — c'est-a-dire pour la partie
du trafic qui convient le mieux aux canaux — et pour de courtes distances, que
les taxes autorisees fan dernier par le Parlement pour les principaux chemins de
fer, et comprenant les droits. 11 est certain que si les droits que demandent les
compagnies de canaux sont autorises et mis en vigueur, le trafic sur les canaux
aura bientot cesse d'exister.
Jusqu'a ce que I'Etat rachete les canaux, et ce rachat ne parait pas etre encore au
rang des possibilites politiques, il est inutile de repondre a la deuxieme partie
du questionnaire, autant du moins qu'il s'agit du Royaume-Uni. Toutefois, si
Ton veut trailer les voies de navigation interieure britanniques comme les routes,
et — ce qui est beaucoup plus important — si elles doivent servir au public
au meme titre que les routes, il est desirable de voir disparaitre toutes les restric-
tions de nature a nuire au trafic, et nous avons la ferme esperance que le Parle-
ment aura a envisager la question tout entiere, des qu'il aura ete saisi du rapport
du Board of Trade sur I'enquete qui se poursuit. [Applaudissements .)
272 PROCfiS-VERBAUX DES STANCES DES SECTIONS.
M. LE President. — II est absolument impossible de fixer line date des
maintenant, puisque nous ne savons pas combien de temps sera neces
saire pour I'expose des rapports et la discussion ; mais sans trop nous aven-
turer, nous pouvons fixer a samedi matin le commencement de la discus-
sion. Quant au vote, il est impossible de liii fixer une date, ce scrait sup-
poser qu'il puisse y avoir un entr'acte entre la cloture de la discussion et
le vote.
Le membre precedent. — Je crois justement qu'on pourrait faire cet
entr'acte. Lesvoeux doivent etre soumis a la seance pleniere; les sections
respeclives termineront done leurs travaux avant la reunion pleniere. II y
a un inter6t general a ce que tout le monde puisse participer au vote.
Je demande qu'un jour soit fixe d'avance afin de permettre de venir voter
a tons ceux qui le desirent.
M. Raffalowich. — Je proteste vivement centre une theorie qui semble
se faire jour. Nous sommes ici pour etudier les questions, et voir a quel
resultat nous arriverons de bonne foi, et non pour fixer un jour ou on
n'aura qu'a venir voter. Les membres de I'assemblee doivent courir les
chances que courent tous les membres d'une assemblee deliberanle ; ils
assistent aux seances et a la discussion ; s'ils sent presents, ils prennent
part au vote, s'ils sent absents, tant pis pour eux!
M. Captier. — Nous sommes ici des negociants, des transporteurs, et
malgre que ces questions economiques nous interessent fort, nous pr6-
voyons que nos occupations nous empecheront peut-Stre d'assisler a toutes
les seances ; ce n'est pas trop que de demander quel jour approximative-
ment aura lieu le vote.
M. LE President. — II m'est impossible de proposer une determination
semblable.Le vote aura lieu a un moment quelconque, suivant la longueur
des debats. Jamais, dans aucune assemblee deliberante, on ne fixe d'avance
le moment ou serarendue une decision.
M. Josle. — L'assemblee est toujours maitresse de son ordre du jour, et
je ferai cette proposition ferme que le vote sur la question des taxes et
peages ait lieu samedi.
M. le President. — Remarquez que la discussion est deja engagee.
MM. Reaurin-Gressier et Clements ont fait un expose de leurs rapports.
Demain matin, nous continuerons I'audition des rapporteurs. Des mainte-
nant je vous proposerai de tenir une seance demain soir.
(La proposition, mise aux voix, est adoptee.)
Dans ces conditions, il est probable que les deux seances de demain suf-
firont pourepuiser I'expose des rapports, et que la discussion commencera
samedi matin.
La seance est levee a 5 beures 10 minutes.
3' SECTION. — 2* SE.OGE. 275
DEUXIEME SEANCE
Vendredi 22 Juillet (matin).
PRESroENCE DE M. YvEs GUYOT.
La seance est ouverte a 9 heures 10 minutes.
M. Raffalowich donne lecture des conclusions du rapport de M. de
Sytenko qui ne viendra pas au Congres.
M. LE President. — M. Deking-Dura a la parole pour resumer son rap-
port.
M. Dek[>g-Dura. — Messieurs, avant de resumer mon memoire, je
dois rectifier une faufe d'impression que \ous trouverez au has de la
page 7 :
II faut lire 0,5 cent, au lieu de 0,1 cent.
Je me suis efforce dans mon rapport, Messieurs, de vous esqiiisser his-
toriquement la maniere dont les canaux se sont developpes en Hollande,
puis je vous ai indique la situation actuelle. Je crois qu'il n'y a aucune
utilite a repeter tout cela.
Je veux seulement fixer encore voire attention sur le point important des
differences entre I'histoire des canaux et des chemins de fer en Hollande
et cette histoire dans les autres pays.
Chez nous, nous n'avons pas connu cette periode de negligence totale
des voies navigables. C'est bien le contraire qui a eu lieu. La construction
des chemins de fer a ete retardee bien longtemps, justement parce qu'on
nous opposait ce fait que nous avions beaucoup de voies navigables, et que
nous n'avions pas besoin de chemins de fer. Vous voyez que c'est tout a
fait I'oppose de ce qui a eu lieu dans les autres pays.
C'est seulement depuis I'annce 1860 que nous sommes entres entiere-
mcnt dans la voie de la construction des chemins de fer, c'est-a-dire a une
epoque ou cette construction dans les autres pays avail deja pris un tres
grnnd developpement, et ou meme ce developpement avail deja eu des in-
fluences bien funestes pour la navigation interieure.
Apres avoir montre I'etat tres complique de cette question dans mon
pays, je suis arrive a la conclusion suivante :
« Dans mon opinion, la question des peages sur les canaux est, avant tout,
une question d'opportunite, qui ne comporte pas une solution generale.
La suppression totale de ces peages n'est possible que dans les Etats forte-
inent centralises, comme la France, ou presque tons les canaux apparlien-
nent a I'Etat.
« Dans les autres pays la perception de peages raoderes, tout en elant equi-
18
274 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
table dans le principe, a le grand avantage de permeltre aux corporations
autres que I'Etat de s'occuper de la construction et de 1 'amelioration des
canaux. »
Je ne m'etais pas attendu, en venant ici, que la question des peages sur
les canaux, qui est avant tout une question d'opportunite, serai t traitee
d'une maniere aussi large, meme des I'ouverture du Congres dans le dis-
cours de M. le Minislre des Travaux publics, et dans celui de M. Beaurin-
Gressier. Je crois que c'est la demonstration complete de ma these.
Dans mon rapport, je me suis tenu aulant que possible a des faits resul-
tant d'observations personnelles, et dont on avait pu apprecier les conse-
quences. On nous a pries de reserver les considerations generates jusqu'au
moment de la discussion.
Je voudrais encore appeler votre attention sur un point qui n'est pas
traite, et qu'il n'y avait pas lieu de trailer dans mon rapport, parce que,
par la situation particuliere ou nous nous trouvons en Hollande, le prin-
cipe dont je vaisparler ne parait pas recevoir d'application,ou plut6t parce
qu'il y rcQoit une application toute naturelle.
Ce qui m'a frappe en lisant les divers rapports qui nous ont ete distri-
bues, c'est que partout on s'en tient au principe de la lonne kilometrique.
Dans le rapport de M. de Sytenko, j'ai trouve cette opinion qu'il y aurait lieu
d'adopter le principe generalement suivi sur les cliemins de fer, et consis-
tant a pcrcevoir des peages suivant un bareme etabli d'apres les distances,
ou encore mieuxpar zones, comme cela existc pour leschemins de fer dans
la Hongrie. Ainsi qu'il est tres bien dit dans un des rapports, mSme avec
le tarif a base kilometrique, lorsque la voie que Ton parcourt est longue,
on arrive a la fm a des peages qui sont absolument prohibitifs.
Ce resultat pourrait etre amelioreen adoplant un tarif par zones, comme
je viens de I'indiquer.
Chez nous, en Hollande, comme je I'ai deja dit, I'application de ce prin-
cipe se fait d'une maniere toute naturelle. Notre pays n'est pas grand; les
canaux sont courts. Generalement, c'est sur un tron^on de canal ou Ton
pergoit des peages que se fait une partie du transport; le reste du voyage
s'accomplit sur les grandes rivieres ou sur le Zuyderzee.
11 s'ensuit, je le repete, que le principe des tarifs a base kilometrique
decroissanle s'applique d'une fa^on naturelle.
II n'cn est pas de meme en France, en Angleterre et en Russie.
Tout en admetlant, comme je I'ai fait, que la perception des peages est
matiere tres equitable, el que Ton ne saurait s'en passer, je crois que les
consequences souvent nuisibles de ce systeme pourraient etre evitees en
adoplant le principe que je viens d'indiquer, et qui consisterait a faire payer
les taxes d'apres une base kilometrique decroissanle. On pourrait par exem-
plc les percevoir entierement pour les premiers 25 kilometres, en perce-
voir moitie pour les 25 kilometres suivants, et le reste pourrait etre lout
a fait grdluil.
3* SECTION. — 2* STANCE. 275
Je Youdrais ainsi completer ma conclusion :
« S'il y a necessite de percevoir des peages, les consequences souvent
« nuisibles de ceux-ci pour la navigation seraient de beaucoup attenuees
« en adoptant un bareme a base kilometrique dccroissante ou un tarif par
« zones. » {Applaudisscments .)
M. LE President, — La parole est a M. Holtz pour donner communication
du rapport de M. Sympher.
M. Holtz. — Messieurs, je regrette vivement que M. Sympher ne soit pas
ici pour analyser lui-meme son remarquable rapport. A defaut de I'auteur,
j'essayerai d'en faire ressortir les points principaux.
M. Sympher commence par faire connaitre la legislation qui existe actuel-
lement en Allemagne. II rappelle plusieurs paragraphes de I'article 5i de
la Constitution de I'Empire Allemand. Dans le paragraphe4 — je me borne
a cet extrait — il est dit : « Sur tons les cours d'eau naturels il ne pourra
« ctre per^u de taxes que pour I'utilisation d'installations speciales des-
« tinees a faciliter le trafic. Ces taxes, ainsi que celles pergues pour la na-
« \igation sur les cours d'eau artificiels qui soiit propriete d'Etat, ne doi-
« vent pas depasser les frais necessaires pour I'entretien et les reparations
« ordinaires des installations. Ces prescriptions seront egalement appli-
« quees au flottage pratique sur les cours d'eau navigables. »
L'auteur mentionne un certain nombre de lois particulieres qui reglent
I'application du principe general pose par la Constitution de I'Empire. Ces
dernieres n'offrent, au point de vueou nous nous plaQonsici, aucuninteret
special. Elles portent sur des cours d'eau appartenant soit a I'EtatjSoit aux
villes ou aux particuliers.
Apres cet examen sommaire de la legislation, M. Sympher determine les
conditions de propriety des voies navigables en Allemagne et les defmil
ainsi qu'il suit :
« Tons les cours d'eau naturels appartiennent aux Etats ; il en est de
« meme, sauf de tres rares exceptions, pour tons les cours d'eau artifi-
« ciels.
« Les ports interieurs sont propriete, soit de LEtat, soit des villes, soit
de particuliers. »
Ainsi, il distingue les voies navigables proprement dites des ports desti-
nes a leur utilisation. Les premieres sont, en general, propriete de I'Etat ;
les ports interieurs, au contraire, n'appartiennent qu'accidentellement a
I'Etal ; plus generalement ils sont la propriete des villes et des particu-
liers.
Cela dit, il examine les bases adoptees pour la fixation des taxes. II en
donnedes exemplesdansuneserie d'annexes qui sont jointes a son rapport.
Puis il passe a la comparaison des depenses annuelles faites dans la der-
niere periode decennale et des recettes percues au moyen de taxes, soit sur
les voies navigables elles-memes, soit sur les porls qui en dependent. Je
me borne k signaler le resultat final.
276 PROCES-VERBAUX DES STANCES DES SECTIONS.
Depuis dix ans, I'Allemagne consacre, en moyenne cheque annee, sur
ses voies navigables, 12 500 000 marks aux depenses ordinaires , el
13500000 marks aux depenses extraordinaires, soil en totalite : 26 mil-
lions de marks. Je n'ai pas besoin de vous rappelerque le mark represente
1 fr. 25.La depensetotale del'Elatestpar consequent d'en\ iron 52 millions
de francs.
Quant a la perception des recettes, elle se traduif par la somme tres
modeste de 2 millions de marks. C'est done une recetle de 2 millions oppo-
see a une depense de 26 millions.
Le rapport contient un tableau qui donne, pour chacune des voies navi-
gables, le total des recettes et des depenses.
Je passe ce long tableau donl je viens de faire corinaitre le resultat prin-
cipal.
L'auteur enlre ensuite dans un examen plus detaille des tarifs. A litre
d'exemple, il cite celui des droits pergus sur les voies navigables artifi-
cielles qui joignent les bassins de I'Oder et de I'Elbe.
On y distingue trois tarifs : le tarif ordinaire, celui des raarchandises
brutes, et celui des bateaux vides.
Le tarif ordinaire est de 1/10 de pfennig pour les bateaux de 200 tonnes
par tonne kilometrique; le tarif des marchandises brutes est de 5/100, et
celui des bateaux vides de 2/100 de pfennig. Le pfennig, je le rappelle,
represente un centime 1/4.
Le canal Louis fournit a M. Sympher un second type de tarifs en voie
courante.
Puis, il fait connaitre les perceptions etablies sur divers ports publics.
Comme ports d'Elat. il ne mentionne que ceux qui se trouvent dans le
ressort de la Prefecture de police de Berlin. Parmi les ports municipaux,
il cite celui de Mayence. Enfin, comme exemple de ports prives, il signale
celui de Bromberg, qui est etabli sur la Yistule, et qui constitue un grand
port de floltage.
L'auteur fait suivre d'un court resume cette premiere partie de son
rapport. II rappelle que les depenses annuelles se sont elevees, dans la
derniere periode decennale, a 26 millions de marks centre une recette de
2 millions de marks. Encore cette recette de 2 millions comprend-elle les
taxes perQues pour 1' utilisation des ports. Si Ton en retranche ces der-
nieres, qui ont un caracterc tout special, il ne reste pour les voies navi-
gables proprement dites que 1 200 000 marks environ.
Apres ces donnees, qui ont en quelque sorte un caractere stalistique,
l'auteur discute successivement, au double point de vue theorique et pra-
tique, I'utilite des droits de navigation et le taux a leur assignor. 11 com-
mence par une remarque preliminaire sur laquelle j'appellevotreattention,
ct que je crois devoir reproduire textuellement, parce qu'elle indique
I'esprit dans lequel se place l'auteur :
« Une remarque preliminaire est necessaire. Dans ce qui va suivre sur
5' SECTION. — 2« SEANCE. 277
« le taux le plus convenable a fixer pour les droits de navigation, tout ce
« qui se rapporte a des voies navigables artiticielles encore a construire,
« ou pouvant etre considerees comme artificielles par suite de Icur trans-
« formation radicale, ne doit s'enlendre que des voies navigables de ce
« genre qui sont justifiees economiquement. Or, une voie navigable arti
« ficielle n'est justifiee au point de vue economique qu'aux conditions
a suivantes :
« 1° Tout en assurant a meilleur marche des transports qui s'effec-
« tuaient deja, ou en permettant le transport de nouvelles marchandises,
« soil en creant ou en mettant en valeur de nouvelles industries, elle doit
« procurer un avanlage tel que, non seulement les frais d'cntretien et
« d'administration ainsi que I'interet du capital d'installalion soient cou-
« verts, mais aussi les perles eventuelles pouvant resulter pour les autres
« voles de trafic de la creation de la nouvelle voie navigable;
« 2° Les avantages a tirer de cette nouvelle voie navigable ne doivent
« pouvoir etre realises autrement d'une fagon plus convenable. »
Passant alors a I'examen des voies navigables appartenant a I'Etat, il
etudie successivement la question aux deux points de vue qu'il avail indi-
ques prccedemment.
Au point de vue theorique, ses observations ou conclusions se resunient
a peu pres en ces termes :
« 11 y a lieu de renoncer a toute perception de taxe sur les voies navi-
« gables naturelles, parce que celles des depenses d'entretien qui croissent
<i avec le trafic sont relativenient faiblcs et que les taxes correspondantes
« couvriraient a peine les frais de perception, et de ne prelever en
« moyenne sur les voies navigables artificielles qu'un quart des depenses
« d'entretien el d'administration.
« Prises dans leur ensemble, les taxes perQues en realite sur les voies
(c navigables allemandes ne s'eloignenl pas bcaucoup de ces donnees ;
« mais on Irouve, dans quelques cas, des ecarts assez sensibles qui peuvenl
« donner lieu, et donnent lieu en effet, a des inconvenients economiques,
« quel que soil d'ailleurs le sens dans lequel ils se produisenl. »
Au point de vue pratique, M. Sympher ajoutc :
« 11 n'est pas toujours possible de se maintenir dans ces conditions
« theoriques, el leur observation rigoureuse pent m6me avoir, en cer-
« taines circonslances, de fachcuses consequences, et conlribuer a jeter
« le discredit sur les voies navigables.
« II importe du reste, dil-il, de dislinguer les voies de navigation natu-
« relies des voies artificielles. Pour les premieres un sentiment naturel
« vient renforcer la verite economique : aucune taxe ne doit etre perdue.
« Quand le sentiment et la science sont ainsi d'accord, il n'y a qu'a s'in-
« cliner, d'aulanl que non seulement la Constitution de I'Empire Allemand,
a mais aussi celles de la pluparl des autres pays assurent la libre navi-
« gallon sur les fleuves. Mais il n'en est plus de m^me pour les voies arlifi-
278 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
« cielles ou pour les voies naturelles que la main de rhomme a seule
.« permis d'uliliser, ou a ameliorees d'une fagon sensible. Partout ou de
« vieillescoutumes, ou les lois en vigueur, dispensent complelemenl ou a
a peu pres du payement de taxes, il serait evidemment difficile d'intro-
« duire de nouvelles charges. Mais la question qui se pose est celle-ci :
« Doit-on creer de nouvelles voies navigables artificielles avec les res-
« sources publiques?
« Dans les pays oil les chemins de fer sont surtout entre les mains do
« I'Etat, on sera bcaucoup moins dispose a construire de nouvelles voies
« navigables exemptes de taxes, et par suite ne donnant pas de revenus,
(c que dans d'autres Etats ou les canaux sont consideres comme un regu-
« lateur pour les taxes des chemins de fer exploites surtout par des par-
« ticuliers. »
M. Sympher rappelle ensuite les observations qu'il avail deja presentees
sur cette question au IP Congres international de navigation interieure,
et termine par des conclusions qu'il soumet a la bienveillante attention
du Congres, et qui sont detaillees a la page 28 du memoire.
Enfin ce rapport est complete par une serie d'annexes qui contiennent
des chiffres et des renseignements statistiques a I'appui des considerations
presentees par I'auteur.
Je regretle, je le repete, que I'absence de M. Sympher ne lui ait pas
permis d'analyser lui-meme son rapport bien micux que je n'ai pu le
faire. Les conclusions qui y sont formuleos pourront donner lieu a dis-
cussion; peut-etre, a ce moment-la, aurai-je moi-meme quelques obser-
vations a presenter. Mais par I'abondance des renseignements qu'il con-
tient, par la generalite des principes qui y sont poses et I'imporlance des
considerations qui y sont developpees, ce travail n'cn constitue pas moins
un document d'une haute valeur et du plus grand interet. {Applaudisse-
vienls.)
M. LE President. — Monsieur Couvreur, je vous prierai do vouloir bien
donner un resume de votre rapport.
M. Couvreur. — Messieurs, j'ai ete charge de vous presenter un rapport
sur la question des peages per^us sur les voies navigables. Je I'ai fait au
point de vue frangais.
Je vais en quelques mots vous exposer de nouveau les considerations
qui m'ont guide.
Je dois dire, au debut, que j'apporte ici une conviction absolue qui se
traduit par les deux propositions que je vais enoncer :
D'une part, la navigation interieure est un element indispensable de la
prosperile publique.
D'autre part, toute taxe qui porterait sur la navigation interieure con«-
damnerait a mort cette navigation.
Je ne rentrerai pas. Messieurs, dans les donnees retrospectives que j'ai
cyn devoir presenter au debut de mon rapport, M. Beaurin-Gressier, avec
5- SECTION. — 2'= SEANCE. 271)
la competence tres grande que vous lui connaissez, a esquisse hier cet
apercu historique bien mieux que je nc pourrais le faire.
J'arrive tout de suite a un point du passe qui a une grande importance
pour la question, c'est le suivant : par deux lois de 1879 et de J880, tous
les droits perpus sur les voies navigables appartenant a I'Etat ont ete abolis
en France.
Aujourd'hui, la situation est ccllc-ci : sur 12700 kilometres de voies
d'cau exploitees par la navigation, 800 kilometres seulement sont encore
Tobjet de peages. Moilie environ de ccs 800 kilometres font I'objet dc
concessions perpetuelles. Les exceptions qui ont survecu a la mesure gene-
rale s'expliqucnt par cetle raison que ces voies n'appartiennent pas a I'Etat
et que, pour des causes diverses, le rachat n'ena pas, jusqu'a ce jour, etc
effectue.
La Ville de Paris est comprise dans celto categoric pour les 120 kilo-
metres de canaux qui sont sa propriete. EUe continue a y percevoir des
droits de navigation. Est-ce une derogation qui fasse echec au principe de
la gratuite que j'enon^ais il y a un instant? Je ne le pense pas, Messieurs.
D'abord la Ville de Paris est placee dans des conditions autres que I'Etat.
Elle n'est pas obligee d'avoir, au meme litre que lui, la conception de Tin-
teret general du pays; en outre, elle accomplit actuellement dans ses
canaux une transformation complete au point de vue de la profondeur du
mouillage et des ecluses. Ce sont de magnifiques travaux dans le detail
desquels je n'ai pas a entrer ; des ingenieurs, ayant la competence qui
me fait defaut, ne manqueront assurement pas d'en faire ressortir le
merite. L'evaluation des depcnses etait, au debut, de 14 millions. En tenant
compte, tant des travaux accessoires que de I'imprevu, le chiffre a depenser
s'elevera a 18 millions. Yoila un motif pour justifier d'une maniere satis-
faisante I'exception relative a la Ville de Paris.
Pour le canal du Midi, la question des droits de navigation se rattache
a la concession et a I'exploitation du reseau des chemins de fer de la
region. II y a la des considerations speciales qui ne vous echappent assu-
rement pas, et qui ont empeche de poursuivre de ce cote la realisation dc
la reforme.
Si nous retirons ces 400 kilometres des 800 encore greves de peages, il
resle seulement en France 400 kilometres de canaux echappant, pour des
raisons diverses, a la regie generate qui a ete posee. Quoi qu'il en soit, la
gratuite au point devue fran^ais, et en principe, pent etre regardee comme
acquise. Notre honorable President, qui a pendant si longtemps, a la
grande satisfaction de tous, je me plais a le dire, preside aux destinees des
travaux publics en France, ne me contrcdira pas, je pense, si je dis que
ce n'est pas la faute du Gouvernement si cette gratuite n'est pas generale
et absolue dans ce pays.
Pourquoi faut-il alors. Messieurs, que cette question ait ete soulcvee
devant le Congres, si le principe est aussi generalement admis en France
280 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
et s'il parait meme aujourd'hui realise? Eh, Messieurs, les raisons, c'est
d'abord que vous eles un Congres international, que ce qui touche la
France ne vous concerne pas tous, et qu'ensuile, au point de vue exclusi-
vement frangais, nous sommes periodiquement en butte a des propositions
tendant a retablir ce que les lois de 1879 et 1880 ont supprime. C'est
done a tres bon droit que, dans le programme du V* Congres, a ete intro-
duite la question des taxes ou peages sur les voies navigables, et notam-
ment le § 5 : « Quelles raisons peuvent justifler le maintien des droits de
navigation, ouenmotiverla suppression, dans les Etats ou ils subsistent? »
Abordons, par consequent, ce point special : Quelles sont les raisons
qui peuvent justifier ou empecher le rctablissement des droits?
Quelle methode d'argumentation pouvons-nous prendre? Messieurs, nous
allons droit aux motifs, aux pretextes qui sont allegues pour demander le
rctablissement de ce qui a ele supprime. C'est, en effet, a ceux qui
reclament des changements a apporter des raisons a I'appui de leurs
demandes.
Quelles sont celles qu'on donne pour justifier le rctablissement des
droits? C'est ce que je me propose d'examiner tout d'abord.
Ces raisons vous les connaissez mieux que moi, mais je dois, pour la
suite de mes explications, les reprendre une a une :
On fait valoir d'abord la question budgetaire. On dit : I'Etat a un budget
lourd ; il a besoin de ressources pour le couvrir. II doit s'adresser a toutes
les manifestations de I'activile nationale; la navigation est un de ces ele-
ments : c'est a bon droit qu'il la frappera.
Quelle est la valeur de cet argument? C'est un argument de chiffres; il
vaut done ce que valent les chiffres qu'il represente. En 1879-1880, quand
les droits ont ete supprimes, que rapportaienl-ils? Environ 4 millions. lis
etaient etablis a des taux qui paraitraient certainement aujourd'hui exces-
sifs, prohibitifs, et personne ne songerait a les retablir avec les quotites
anciennes. Par consequent, ce chiffre de 4 millions doit 6tre grandement
reduit. II s'agit done d'une somme qui oscille entre 2 et 3 millions. Je vous
I'ai dit, Messieurs, I'argument que j'examine est un argument de chiffres;
il a I'importance que peuvent presenter 2 ou 5 millions dans un budget
de 3 milliards. II est, vous le comprenez, d'une mince portee; aussi n'y
insiste-t-on pas beaucoup.
On dit ensuite : I'Etat a supporte I'etablissement des voies navigables ;
il en a paye le cout; il est juste qu'il recupere sous forme de revenus
annuels une partie de ses debourses.
Eh bien, suivant moi, I'Etat ne calcule pas ainsi par Doit et Avoir. II
fait les sacrifices qui lui paraissent necessaires pour assurer la prosperite
du pays ; il recupere ses depenses sur ceux qui peuvent payer. Ce n'est pas
le casici. La navigation ne pent pas payer : c'est ce que j'esperedcmontrer
par la suite de mes explications.
On dit enfin ; Les chemins de fer ont pour concurrence les voies navi-
o" SECTION. - 2' SEANCE. 281
gables. Les Compagnies out paye line partie de I'etablissement des voies
ferrees; elles en supportent I'entretien annuel. De plus, les chemins de fer
rendent a I'Etat d'importants services qui se traduisent annuellement par
de grandes economies dans le budget.
Eh bien, Messieurs, est-ce que I'Etat — je reponds au second argument
en meme temps qu'au troisieme — n'a pas fait de grands sacrifices pour
I'elablissement des chemins defer? Est-ceque je me trompeen disant qu'il
a depense environ 4 milliards en France dans ce but? Est-ce qu'il n'y a
pas la une balance tout etablie, ct qui repond suffisamment a I'argument
tire des depenscs faites pour la navigation?
L'Etat trouve cerlaines economies dans le fonctionnement des chemins
de fer, et il a, suivant moi, raison d'en profiler, car la vapeur ne depend
pas d'un interet particulier; elle appartient a tons. La transformation eco-
nomique, sociale, qui derive de I'invention de la vapeur, mais c'est noire
bien commun.Nous avons tous le droit d"y participer, et I'Etat aussiil'eco-
nomie qui se produit dans les transports par I'effet de la vapeur substituee
aux chevaux, c'est notre patrimoine a tous. Quand la vapeur rend des ser-
vices a I'Etat, aux particuliers, a tout le monde, elle ne fait que son
devoir.
Les conventions de 1883 ont rendu I'Etat solidaire jusqu'a un certain
point, et temporairement, de I'exploitation des chemins de fer; on saisit ce
pretexte pour dire a I'Etat : Mais vous operez mal, vous entretenez gratui-
tement,benevolement, une concurrence qui est faite tous les jours, souvent
avec sucees, a qui? Mais a vos associes, aux Compagnies de chemins de fer.
Vous agissez, au point de viie financier, d'une maniere deplorable ; vous ren-
dez les conventions de 1883 beaucoup plus onereuses qu'elles ne devraient
I'etre. C'est done un jcu de dupe. Faites payer la navigation ; vous pourrez
faire relevcr les tarifs des chemins de fer ; la clause de garantie inseree
dans les convenlions de J 883 sera moins onereuse pour vous, et voire
budget s'en trouvera bien.
Heureusement, le budget de I'Etat est dans des mains experimentees qui
n'acceptent pas ces formes de raisonnement. II est confie a des financiers
qui se disent : Nous n'operons pas comme des negociants qui font leurs
inventaires tous les ans, et qui cherchent a avoir dans leurs caisses la plus
forte somme de profits. Ce n'est pas I'esprit fiscal qui dirige les affaires en
France, c'est un gouvernement qui represente I'interet general du pays.
Qu'est-ce qui est le plus favorable a cet interet? C'est la notre seul objectif.
Get interet reside surtout dans la production a bon marche. Et quel est le
premier element, la premiere condition pour produire a bon marche? C'est
d'avoir les transports a bas prix.
Nous ne sommes pas en France dans une situation industrielle toujours
favorable. Je parte de la grosse Industrie ; quand on s'occupe des ques-
tions de transport, c'est surtout a elle qu'il faut penser, car evidemment
ces questions n'ont pas le meme interet en ce qui concerne la soie ou la
282 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
bijouterie par exemple. Quand on traite de la question des transports, on
a en vue les exploitations pour lesquelles cette question est primordiale,
fondamentale, pour lesquelles les prix de transport sont decisifs. Pour
ces grandes industries, quand la situation est-elle le plus favorable?
Mais, c'est quand tousles elements de production sont juxtaposes, quand,
par exemple, si nous parlous de I'industrie metallurgique, le mineral
et le combustible sont dans la meme localite. Ces conditions tres favora-
bles, nous ne les avons pas en France. II faut que la houille aille trouver
le mineral, ou que le mineral se deplace pour se joindre a la houille, c'est-
a-dire au combustible. II en est de meme de bcaucoup d'autres branches
de I'industrie nationale. C'est la qu'intervient la fonction de la navigation,
et vous voyez. Messieurs, quelle est la preoccupation du Gouvernement
quand il protege la navigation interieure : il pense, et il a bien raison, a
I'industrie nationale.
On dit encore, — et ce nouvel argument se lie a celui que j'examine en
ce moment, — on dit : Mais ce n'est pas un interet general pour toute la
France, puisqu'il y a 18 departements qui, n'ayant aucune voie navigable
exploitable, payent des impots sans profiler en rien des depenses qui sont
faites pour la navigation.
Cet argument n'a pas, a mes yeux, plus de valeur que I'autre. Tout le
monde n'est-il pas interesse a la production a bon marche? Admetlez qu'un
seul deparlement fran(;ais fabrique le fer; n'y aurait-ilpas un interet abso-
lument national, incontestablement national a ce que ce seul departement,
remplissant les conditions necessaires pour fabriqucr le fer, le produisit
a bon marche? Toutes les autres parties du territoire ne profileront-elles
pas du bas prix?
Voild, Messieurs, je crois, I'ensemble des considerations qui guident le
Gouvernement dans la question qui nous occupe, de sorte que les critiques
qu'on adresse a sa gestion linanciere passent a cote, et sans le toucher.
Faut-il, messieurs, que je rapporte encore un argument qu'on emploie
contre la navigation. Oh! celui-la est bien pauvre! On vous dit : « Mais
vous avez besoin de vous defendre, vous Industrie fran^aise; prenez garde,
les transports par eau profitent beaucoup aux etrangers; ils apportent du
dehors des marchandises a bon marche sur votre territoire, et ces objets
viennent vous faire concurrence. »
C'est le contraire qui existe. Nous importons actuellement pour 2 mil-
liards de matieres premieres. Qu'est-ce qui est necessaire, desirable pour
I'industrie fran^aise? C'est que ces 2 milliards de matieres premieres arri-
venl au moindre prix possible a pied d'oeuvre, c'est-a-dire dans I'usine. Eh
bien, c'est la, comme nous I'avons dit, que la navigation interieure mani-
feste son utilite.
Nous avons passe en revue les moyens d'atlaque qui sont usites contre
la navigation interieure. Yous apprecierez si nous y avons repondu.
11 y a encore une condition que remplit la navigation et qui nous parait
5« SECTION. — 2« SEANCE. 283
considerable, c'est celle-ci : Le bateau est le grand agent d'approvisionne-
ment pour certains produits, notamment pour la houille. II est impossible
de se figurer, quelles que soient la puissance et Tactivite de nos entre-
prises de chemins de fer avec le materiel dont elles disposent actuellement,
que I'industrie frangaise puisse etre approvisionnee en houille et en
matieres premieres, si elle n'a pas le bateau a sa disposition, et non seu-
lement I'usine, mais meme la consommation generate! Je vais citer pour
exemple le port de Paris, et meme specialement le bassin de la Villctte.
Dansle 4^ trimestre de 1888, c'est-a-dire pendant le trimesire qui precede
I'hiver, I'excedent des arrivages de houille sur la moyonne trimestrielle a
ele de 47 000 tonnes de combustible. 11 represente I'approvisionnement de
Paris en combustible pour un trimestre, ou plutot une parlie de cet appro-
visionnement, puisque j'omels les arrivages par la Seine dans Ics rensci-
gnements que je vous apporte.Oulogeriez-vous cetle masse de combustible
sans le bateau? Cela serait impossible. Le bateau c'est la securite de I'ap-
provisionnement, pour I'industrie et pour la consommation generale.
Un voyage d'excursion qu'un certain nombre de membres du Congres
viennentde faire nous a encore fourni un exemple de cette utilile speciale
des bateaux. Lors du changement qui a eu lieu dans les droits d'entree du
ble, il est arrive, vous le savez, une tres grande quantite de cereales par
mer, notamment dans le port de Dunkerqiie. L'encombrement s'est trouve
tel que, malgre tons les moyens d'emmagasinage qu'offre ce port dont
vous connaissez I'agrandissement recent, il n'y avail plus ou loger un sac
de ble. Qu'est-il arrive? C'est que ce sont les bateaux qui ont regu les den-
rees que les magasins ne pouvaient pas contenir. On nous a indique a
Dunkerque le chilTre considerable des bateaux qui ont attendu que les pro-
prietaires des marchandises eussent des destinations a leur donner.
Vous voyez qu'au point de vue de I'approvisionnement, le bateau, c'est-a-
dire ce magasin floltant qui se transporte oil Ton veul, qui s'en va ou on
lui dit d'allcr, a une ulilite considerable.
Je vous ai parte, Messieurs, des droits de navigation au point de vue
general. Je vous demande la permission devous dire quelques mots de ces
droits dans leurs relations avec une proposition actuellement soumise au
Parlement frangais sous le nom de Projet de loi sur la navigation inle-
rieure.
Le but principal du projet de loi est de faciliter rexecution de travaux
utiles a la navigation interieure, travaux qui seront compenses, remuneres,
par une taxe sur les transports par eau.
Loin de moi la pensee de critiquer dans sa conception, dans son origine,
ce projet. II repondait a une preoccupation tres vive chez nous. On avait
senti a un certain moment la necessite de completer I'outillage national.
Dans la question d'outillage, les ports et les moyens de transport ont une
importance considerable. M. de Freycinet, dans le programme auqucl son
nom est reste attache, avait voulu etendre le reseau des chemjns de fer,
284 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
ameliorer nos ports et enfin agrandir le champ d'activite de la navigation
interieure.
On ne pent qu'applaudir a ces preoccupations patriotiques.
On avait reussi,par la convention de 1883, a donner une grande exten-
sion au reseau des chemins de fer. En attribuant aux Chambres de com-
merce certains travaux a executer dans les ports, on obtenait les ameliora-
tions demandees. Dans notre recente excursion, nous avons vu les traces
frappantes de cette combinaison dans les ports de Dunkerque et Calais.
Restait un point : la navigation interieure. Comment faire pour elle
quelque chose d'analogue a ce qui avait ete fait pour les chemins de fer et
les ports? C'est alors qu'est intervenue la conception dont je m'occupe
maintenant. Les Chambres de commerce avaient etc, au debut, indiquees
pour executer les travaux de navigation interieure, comme ellesexecutaient
avec succes les travaux dans les ports. Mais une difficulte so presentait :
Taction des Chambres de commerce ne pent s'exercer que dans un rayon
limite; or les voies navigables s'etendent souvent au dela de ce perimetre.
Notre loi constitutive des Chambres de commerce ne leur permet pas de se
grouper. II fallait done un organismeiiouveau; on I'a trouve dans des con-
ditions liberales, democratiques que nous devons approuver; on n'en a
pas fait un organisme d'Etat ; on ne lui a pas donne un caractere exclusi-
vement adminislratif; on I'a fait reposer jusqu'a un certain point sur
I'election. En un mot, I'organisation prevue indique de la part de ses
auteurs des idees tres liberales auxquelles nous devons rendre justice.
Ce ri'est done pas sur ce point que je veux faire porter mes observations,
c'est sur le retablissement des taxes de navigation que le projet comporte
et rend meme indispensables.
Est-il possible de retablir les taxes de navigation en leur maintenant
rigoureusement la specialite? Acela M. Beaurin-Gressier, si competent en
cette matiere, vous repondrait, avec plus d'autorite que moi, que, pour le
passe, cette specialite n'a jamais exisle, ou, au moins, n'a jamais ete main-
tenue. Si elle a ete etablie, elle n'a pas resiste au temps. Les ressources
produites par les taxes de navigation venaient toujours se fondre dans le
grand tout, dans le budget. On depensait ce qu'on pouvaitpour la naviga-
tion, mais sans rapport aucun entre les produits de celle-ci et les depenses
faites pour elle.
Aujourd'hui, dit-on, on pourra prendre certaines precautions; il y aura
un budget special. Des que nous nous adressons, nous dit-on, que nous
confions Tetablissement des ameliorations relatives a la navigation, a un
organisme special, I'etre moral nouveau sera separe de I'Etat; il percevra
et depensera, et la specialite sera ainsi maintenue.
Eh ! Messieurs, on prendra des precautions comme on en avait pris
dans les lois anterieures, comme on avait cru en prendre. Viennent les
moments de grandes difficultes financieres, et toutes les precautions
prises perdront leur effet devant la necessite.
o' SECTION. — 2* STANCE. 285
II y a un autre danger dans le fonclionnement de I'organisation projetee;
c'cst celui-ci, et je crois que vous en serez frappes : la construction
d'ouvrages nouveaux, I'elablissement des ameliorations pour la navigation
interieure reposant sur des emprunts qui seront gages par des laxes, il
faut que ces taxes rapportent. On n'admet pas que les emprunts qui
seront fails resteront sans remboursement, que les interns ne seront pas
payes; il faut done que des produils viennent subvenir et aux charges
annuelles et a I'amortissement final. Or, voici ce qui pent se produire, ce
qui se produira, suivant moi, d'une maniere cerlaine. Je demande a faire
ma demonstration par un exemple. Vous connaissez tous, Messieurs, la
ligne de navigation du Nord ; vous savez combien elle est considerable
par son trafic. Vous savez I'immense quantite de houille qui vient de la
Belgique et des departements du Nord. Vous connaissez aussi les aulres
elements d'activite de cette ligne exceptionnelle. Vous la voyez, cette voie
formant vers Chauny une sorte de nceud dans lequel viennent se souder
dilTerents fils qui, dans la direction du Nord et dans celle du Midi, se
separent; il faut que tous les couranls que comporte chacun de ces fils
viennent passer par un elranglement que vous connaissez.
Supposez qu'une Chambre de navigation efablie dans la region cree
une voie parallele de faQon a decharger la partie a laquelle je fais allusion
d'une portion de son trafic. Supposez I'emprunt necessaire a I'entreprise
effeclue. II faut en payer les arrerages, il faut I'amortir. Par consequent,
la Chambre de navigation qui a fait executer le travail se trouve dans la
necessite de prelcver une taxe sur les bateaux, sur le trafic qui passera par
le nouveau canal. On se trouve done en presence de deux voies paralleles
dont I'une est afll'ranchie de toute taxe, et — je suppose le cas ou, de nou-
veau, il sera intervenu un texte legislatif pour etablir un droit de naviga-
tion — la voie nouvelle dans laquelle on ne pent pas passer sans payer
une redevance. Qu'arrivera-t-il? C'est que tout le monde, ou a peu pres,
passera par I'ancien canal. Ce que voyant, la Chambre de navigation qui
aura contracte I'emprunt se retournera vers le Gouvernement et lui
dira : Voyez dans quelle situation je suis! J'ai depense et je ne peigois
rien ou presque rien. Venez a mon secours, etablissez I'equilibre; ce sera
une mesure de justice; mettez un droit sur la voie parallele et concur-
rcnle.
Ce langage n'est-il pas d'avance tout indique? Et, entre ces deux cou-
rarits. Tun qui ne faisait rien, I'autre qui laisait tout, I'equilibre se reta-
blira : mais il se retublira, — passez-moi cette expression vulgaire, —
sur le dos de la navigation, c*est-a-dire que la batellerie, au lieu d'etre
aflranchie d'un cote, payera de deux cotes.
Voila ce qui, je ne me permetlrai pas de dire, condamne le projet
nouveau, — ce n'est pas mon sentiment, — mais ce qui nous donne les
plus grandes apprehensions. Je crois qu'on repondra difficilement a cette
objection.
286 PROGES-VERBAUX DES STANCES DES SECTIONS.
Y a-t-il moyen d'assurer legislativement a la navigation la franchise
dont elle jouit sur les canaux existants aujoiird'hui tout en admettant
I'etablissement de droits devant s'appliquer exclusivement a des travaux
neufs? Je ne le crois pas. En effet, une loi en annule line autre, et s'enga-
geat-on aujourd'hui, et pour toujours, a laisser indemnes de toute rede-
vance les voies navigables qui existent actuellement, que cela n'engagerait
en aucune faQon les deputes de la prochaine legislature. Or, pour ceux
qui, comme moi, ont la conviclion absolue, que j'exprimais en commen-
Qant, que la navigation interieure est un element indispensable de la
prosperity generale, et qu'elle ne peut pas vivre avec une taxequelconque,
toule porle ouverte au retablissement des droits est un danger auquel
nous ne pouvons nous exposer.
Les exploitations de chemins de fer font sans cesse de nouvelles econo-
mies par la reduction des frais de traction, par la diminution relative
des frais generaux et de I'amorfissement qui sonl d'annee en annee
repartis sur une masse de transports plus considerable; toules choses
qui reduisent tons les ans le prix de revicnt de ces entreprises, et leur
donnent le moyen d'abaisscr indefiniment leurs taxes de transport. Deja,
dans les conditions actuelles, la batellerie peut a peine vivre, et encore
si Ton peut appeler vie I'existence du batelier dans certaines regions.
Je n'ai pas voulu mettre dans mon rapport certains details qui auraient
trop assombri le tableau. Vous verriez qu'ils sont navrants, si je les
apportais ici.
Je suis loin de me plaindre de la concurrence qui existe entre les
deux modes de transport; un des roles de la navigation est precisemcnt
de determiner cclte rivalitc qui doit amener, au profit de I'inteiet public,
la baisse progressive et generale des prix de transport ; mais ce resultat
m^me serait compromis, si de nouvelles charges, venant frapper la batel-
lerie, la mettaient dans I'impossibilite de lutter.
Pour toutes ces raisons, les frais qui ferment actuellement les elements
de nos prix de transport par eau ne peuvent pas etre augmentes. 11 n'y a
rien a prendre sur I'existence des bateliers si miserable et si penible.
Je recommande. Messieurs, a voire haute competence la navigation
interieure dans tons les pays et particulierement en France. {Vifs applau-
dissements.)
M. LE President. — Messieurs, le resume du rapport de I'honorable
M. Couvreur, si complet et si precis, termine la serie des rapports sur la
7* Question, de sorle que, si nous ne nous etions pas engages hier a ne
commencer la discussion sur celte 7* Question que demain matin, nous
pourrions I'enlreprendre actuellement. Je souligne ce fait — je ne
demande pas a la Section de revenir sur son vote — pour montrer
I'inconvenient de s'engager d'avance.
En attendant, nous pourrions tout de suite entendre le resume des
rapports sur la 8" Question relative a I'exploitation des canaux et
3' SECTION. — 2' SEANCE. 287
rivieres et au regime des ports interieurs, et coramencer cette apres-midi
la discussion de la question posee par M. Courtenay-Boyle : « Les canaux
doivent-ils eire conslruits par I'Etat? », discussion preparatoire de celle
de demain matin sur les taxes et peages.
La parole est a M. Monet pour resumer son rapport.
M. Monet. — Messieurs, le rapport que j'ai eu I'honneur de preparer
pour le Congres de navigation interieurc se borne a un expose a pen pres
pur el simple de la situation des ports de navigation interieure sur le
reseau des canaux fran^ais; je vais en resumer, en quclques mots, les
principaux paragraphes. Je n'ai pas formule de conclusions, n'ayanl eu
pour but que de provoquer la discussion sur les points les plus interes-
sants.
Men expose est divise en quatre chapitres :
Dans le premier, et dans un premier paragraphe, je m'occupe simple-
ment de la disposition des ports frangais au point de vue technique, en
indiquant les principales formes qu'on leur donne, leurs dimensions et
les procedes employes pour en rendre les berges accessibles et les quais
exploitables. Dans un second paragraphe, est expliquee la manicre dont
on a procedc pour se procurer les ressources ncccssaires a leur etablis-
sement. Ce paragraphe intitule « Frais d'etablissements des Ports »
distingue les ports publics des ports prives. Enfin, dans un troisieme
paragraphe, je parle de la situation des ports au point de vue legal, en
m'eiendant particulierement sur leur situation en France, laquelle etait
pour moi la mieux connue.
Le second chapitre est consacre a I'entrctien des porls, qui comporte
d'abord I'entreticn des bassins proprement dits, c'est-a-dire des profon-
deurs, puis I'entretien des quais et talus, enfin I'entrctien des terra*
pleins.
Le chapitre troisieme traite de I'exploitalion, qui est subordonnee a
I'observation des reglements de police, et, eventuellement, a celle des
reglements particuliers a chaque port.
Enfin, dans un quatrieme chapitre, j'ai aborde la question la plus
imporlante de celles qui sont a examiner par le Congres, a propos des
ports : celle des porls de transbordement.
Les ports de transbordement cntre les voies navigables et les chemins
de fer sont, en France, pen nombreux et insuffisanls. 11 y aurait grand
interSt a les developper. Cette conclusion n'est pas formulee sous forme
de proposition, mais je crois I'avoir suffisamment dessinee pour que la
discussion puisse s'ouvrir utilement.
Apres cette courte enumeration des paragraphes essentiels de ma
notice, je me bornerai a en faire un resume tres succinct aux membres
ici presents du Congres.
Chapitre premier : Construction et ^tablissement des porls.
§ 1". — Disposition des ports au point de vue technique.
288 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
A noter simplement une grande vari6te dans les formes et les dimen-
sions des bassins. Un type predominant de port sur toutes les voies navi-
gables est le simple elargissement de la cuvette permettant de garer,
parallelement au chenal, une scule ligne de bateaux. C'est un type de port
qui est employe de preference dans les petites localiles et par de nombrcux
etablissements industriels.
En ce qui concerne les revetements, ils consistent surtout en murs de
quai autour des ports les plus importants. Dans les ports secondaires, on
a maintenu les talus ordinaires avec ou sans revetements. Dans un assez
grand nombre de ports, ou on a du s'en tenir a ce precede, faute de
ressources suffisanles, on a simplement maintenu le gabarit ordinaire
des talus.
§ 2. — Frais d'etablissement des ports. — Les ports publics sont con-
slruits le plus souvent aux frais de I'Etat, quelquefois a frais communs
par I'Etat, les communes et les departements. Les ports prives sont lou-
jours construils aux frais des particuliers qui out, en outre, a payer une
redevance.
§ 3. — Situation legale des ports. — Les ports sont generalement ratta-
ches au domaine public, lorsqu'ils ont ete construits aux frais de I'Etat
ou des communes. Les ports prives restent propriete des particuliers.
Des qu'un port prive est classe port public, celui qui I'a etabli ne paye
plus de redevance.
L'entretien des ports (chap. II) publics est generalement fait par I'Etat.
II comprend non seulement celui des bassins, mais encore celui des
terre-pleins. Dans quelques ports assez rares, l'entretien est fait par les
communes, quelquefois a frais communs par I'Etat et les communes.
L'entretien des ports prives est toujours effectue par ceux qui les ont
construits.
L'exploitation des ports (chap. Ill) est regie en France par le reglement
de police des voies navigables, et par des reglements speciaux relatifs a
I'eclairage et aux matieres dangereuses, etc., enfin par des arretes
locaux de police qui se bornent la plupart du temps a definir la duree de
sejour admise pour les depots sur les ports.
L'outillage des ports est generalement nul sur les ports publics, du
moins sur ceux qu'on pent appeler ports courants de navigation interieure.
II y a exception pourun certain nombre deports qui sont en partie ports
maritimeset en partie ports de navigation interieure.
Ceux-ci sont quelquefois assez bien outilles, mais, sur les premiers, le
mouvement des marchandises s'effectue ordinairementa bras. On ne trouve
d'outils que pour certaines natures de marchandises. Ces outils ont ete
installes moyennant une aulorisation temporaire ct revocable par un par-
ticulierqui s'en sert pour ses besoins, et qui, bien qu'il y soit tenu, les met
rarementa la disposition du public.
La question d'outillage est certainement une des plus importantes de
^
3^ SECTION. — 2* SEANCE. 289
celles qui sont soumises a I'examen du Congres, car la necessile de deve-
lopper cet oiitillage se fait sentir actucllement partout.
Enfin, en ce qui concerne les ports de transbordement (chap. IV), j'ai
fait remarquer, apres Ics avoir definis, que leur petit nombre en France
est surtout attribuable aux difficultes qu'on rencontre lorsqu'on cherche a
s'entendre avec les Compagnies de chemins de fer pour les etablir.
Les Compagnies sont hostiles a leur execution. La legislation, malheu-
reusement, ne donne pas de moyens d'action suftisants pour permetlre, je
ne dirai pas de leur forcer la main, mais meme d'etablir, malgre elles et
sans dies, des ports de transbordement qui sont quelquefois necessaires el
indispensables.
U y a done encore la una question fori interessante a examiner, et qui
pourrait sc traduire par le voeu suivant : c'est qu'il convient de recher-
cher les moyens d'assurer la creation de ports de transbordement entre
les canaux et les chemins de fer, quand il est etabli que ces ports sont
utiles et necessaires.
N'ayant pas ajoute de conclusions a mon rapport, je vous demanderai,
la permission, Messieurs, de deposer sur le bureau les suivantes qui me
paraissent resumer les principaux points relatifs a la question des ports de
navigation interieure.
Parmi ces vceux, il y en a de plus ou moins importants ; il est toujours
facile de faireun triage pour la discussion.
Premier point : « II y a interct, au point de vue de larapiditedes opera-
tions de ciiargementet de dechargement, a pourvoir les ports de murs de
quai, toutes les fois que le trafic justifie cetle mesure.
« 11 convient, pour assurer le degagement rapide des quais, de multi-
plier les bassins de virage des bateaux, que ces bassins soient confondus
ou non avec les ports eux-memes. »
C'est un point qui ressort du premier paragraphe. 11 n'a pas une
importance exceptionnelle, mais les murs de quai dans les ports de navi-
gation interieure presentent, je le repete, un grand interet et meritent
d'etre recommandes, car un bateau qui ne pent aborder facilementa quai
perdbeaucoup de temps.
La question des bassins de virage est analogue.
Un bateau qui est oblige d'aller chercher un virage a plusieurs kilome-
tres perd lui-meme et fait perdre un temps considerable aux bateaux qui
le suivent.
II y a beaucoup de ports importants ou Ton n'a pas menage la possibilite
du virage, et c'est une lacune.
M. LE Preside-m. — Permettez-moi une observation. La question que vous
traitez me parait etre du domaine de la 2^ Section, tandis que celle qui
nous est soumise est celle-ci : « Regime des ports de navigation inte-
rieure.... En quoi consiste leur outillage?Dans queJles conditions cet outil
lage est-il mis a la disposition du public ?... »
19
290 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
M.Monet. — Parfaitement, Monsieur le President. On pourra la laisser
de cote. Elle n'etait pas explicitement inscrite dans le programme ; mais
11 pouvait etre utile de la poser, ear elle presente uncaractere mixta et
interessc a la fois I'etablissement et I'exploitation.
Autre point : « On doit chercher a avoir des terre-pleins assez etendus
pour permeltre de localiser les principales marchandises sur des emplace-
ments choisis, et pour permettre de conceder des lieux de depots perma-
nents, sans gener les operations courantes du port. »
II y a interet, sur les ports, a localiser des marchandises qui peuvent se
nuire les unes les autres, comme la houille et le sel, parexemple, des
emplacements occupes par certaines marchandises devenant souvent inu-
tilisables pour d'autres.
II arrive aussi que les gros etablissements voisins d'un canal deman-
dent a louer des emplacements sur les ports, a litre permanent ou a long
bail. Generalement on est oblige de les Icur refuser, faute d'espace. Si on
pouvait disposer d'emplacements, sans nuire, bien entendu, au mouvement
ordinaire du port, il y aurait interet a recueillir ces demandes. Par con-
sequent, au moment ou Ton s'occupe de la creation d'un port, et ou Ton
arquiert des terrains pour Tetablir, il faudrait prevoir quels seront les
besoins ulterieurs de ce port, non seulement au point de vue de son
exploitation publique, mais encore au point de vue de son exploitation par
les grandes industries qui existent ou sont appelees a venir s'installer
dans la region. Cette question encore est moitie technique, moitie com-
merciale. Les deux choses se lient toujours.
Autre point : » II est necessaire d'avoir sur les ports publics un outillage,
eoalement public, approprie a la nature des marchandises qui frequentent
le port, et susceptible d'etre mis a la disposition de tons ceux qui veulent
s'en servir.
« L'usage des ports publics doit etre subordonnea des reglements sim-
ples, et ne contenant que des mesures propres a sauvegarder la securite
et a assurer, sans privilege et sans entraves, la liberie comraerciale. »
Dernier point : « II faut multiplier les points de contact des canaux et
des chemins de fer, et creer des raccordements partout oil doivent se faire
des transbordements effectifs et suffisants de marchandises.
« 11 y a lieu de rechercher les moyens de rendre obligatoire, lorsqu'il
ne Test pas, tant pour la voie ferree que pour la voie navigable, I'etablis-
sement de tout raccordement dont I'utilite est diiment demontree. »
M. LE President. — Messieurs, M. Ely et M. North preferent remettre a
une autre seance la communication de leurs rapports.
Nous pourrions tout de suite commencer la discussion de la ques-
tion posee par M. Courtenay-Boyle : « L'Etat doit-il construire les ca-
tiaux? »
Monsieur Courtenay-Boyle, je vous donne la parole.
5' SECTION. — 2' SEANCE. ijyi
Sir Courtenay-Boyle. — I have very little to say except to express my
thanks for your kindness in opening a discussion upon this subject,
because the subject is a particularly English one and particularly interest-
ing to Englishmen. In England the State has nothing to do with the
construction of canals or railways. It has contributed a small sum to the
construction of railways in certain parts of the United Kingdom, but only
in certain parts. The consequence is that the construction of canals and
railways was from its earliest moment left entirely to private enterprise.
The State stands aloof. The State sees, as far as it is possible to do so,
fair-play between the proprietors of the canals and the traders who use
them. The Stale does nothing more, and this is the result : that we have
in our system of canals such a diversity of gauge, such a diversitv ot
depth, such a diversity of system that the through transport of merchandise
from one side of the Kingdom to the other or from one end of the Empire
to the other, becomes a matterof the greatest difficulty. The boats are of
dilferent dimensions ; the canals are of different gauge ; and there is so
much necessity for transshipment that the cost of transport is very largely
increased indeed. It is on these grounds that we Englishmen hope to learn
from you the reasons which have led the various Stales represented at this
Congress to themselves become responsible for the creation and mainte-
nance of canals, so that the cheap transport of merchandise may be encou-
raged by that representative of the whole public interest : the State itself.
These are the reasons which have induced mc to bi'ing this subject before
M. CoiRTENAY-BoYLE. — Mcssieurs, je n'ai quo peu de chose a dire, mais je
liens a vous exprimer mes remerciements pour avoir bien voulu ouvrir uue
discussion sur ce sujet particulier a TAngleterre, et qui interesse surtout les
Anglais. Chez nous, I'Etat n'intervient pas dans la construction des canaux ni des
chemins de fer. Sur certains points du Koyaume-t.'ni, il a contribue pour une
faible somme a la construction des chemins de fer, mais cela ne s'est produit
que sur certains points, et, des le debut, la construction des canaux et des
chemins de fer a ete entierement abandonnee aux entreprises privees. L*Etat
s'est tenu a I'ecart ; il a laisse, autant que faire se pouvait, toute liberie aux pro-
prietaires de canaux et aux commercanls qui usaient de ces voies, et n'a rien
fait de plus. Le resultat de celte non-inlervenlion est que notre systeme de
canaux comporte une telle diversite de gabarits, de profondeurs, de regimes^
que le transport des marchandises d'un bout a I'autre du royaume sur ces voies
navigables souleve les plus grandes difficultes. Les bateaux sont de dimensions
differentes ; les canaux n'ont pas le meme gabarit, et les transbordements neces'^
saires deviennent si nombreux qu'il en resulte une augmentation tres notable
des prix de transport. C'est pourquoi nous autres Anglais, nous esperons
apprendre de vous quelles sont les raisons qui ont conduit les divers Etats repre-
sentes a ce Congres a s'occuper eux-memes de la creation et de I'entretien des
canaux, de maniere a pouvoir encourager, dans I'inleret public, les transports a
bon marche. Ce sont ces considerations qui m'ont conduit a soumettre ce sujet
au Congres; je suis certain que I'echange des idees sur ce sujet, non seulement
292 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
the Congress, because I feel certain that in the exposition of those views not
only those governments will gain who have stood aloof like the English but
those governments will be strengthened who like this country have laken
the utmost interest in the construction and the maintenance of canals.
M. LE President. — Messieurs, vous venez d'entendre I'exposede la ques-
tion posee par M. Courtenay-Boyle. Quelqu'un.repondant a son invitation
veut-il prendre la parole?
M. Dekikg-Dura. — Messieurs, en HoUande aussi, nous avons fait I'epreuve
du systeme de concession qui regne absolument en Angleterre. Les canaux
hollandais ont ete construits par des compagnies ou des particuliers, apres
autorisation obtenue.
Maintenant, il importe de vous indiquer quelle a ete I'experience acquise
de cette maniere. Je dois commencer par dire qu'elle est absolument mau-
vaise, et qu'on n'accordera pas aisement de nouvelles concessions.
Deja, pour les chemins defer, ilest assez difficile de faire un bon cahier
de charges; mais cette difficulle est plus grande encore pour les canaux,
surtout dans un pays comme le notre. Les chemins de fer soiit un mode
de transport qui n'a rien a faire avec certains interets de pays, tandis que
les canaux touchent intimement aux interets de I'agriciilture, avec I'ecou-
lemcnt de I'eau et tout ce qui s'ensuit.
En etablissant les clauses d'un cahier de charges, il arrivera presque
toujours qu'on n'aura pas pu tout prevoir. Apres un certain nombre d'an-
nees, il se sera developpe des besoins qui n'existaient pas au moment ou a
ete donnee I'autorisation. On s'adressera a la compagnie, et la compagnie,
constituee dans un but financier, naturellement, ne cherchera jamais a
tenir compte des interets publics ; elle consultera seulement son cahier
de charges. Elle se dira : Suis-je oblige a satisfaire a ces demandes ? Et
c'est son droit, parce qu'elle ne serait pas dechargee vis-a-vis des action-
naires en faisant autrement. Cependant, s'il ne s'agissait que decela, peut-
etre les suites du systeme adopte ne seraient-elles pas encore si desas-
treuses ; mais il y a autre chose. Presque toutes les compagnies qui ont
pourobjet I'exploitation des canaux sont dans une situation financiere bien
mauvaise, du moins cheznous, et quand on s'adresse a elles pour pourvoir
au bien public, elles repondent presque toujours: « Non possumus ».
Aussi, chez nous, nous avons la conviction que prochainement, du
moins si Ton veut sauvegarder les interets publics, tons les canaux des
compagnies concessionnaires devront etre rachetes, soit par I'Etat, soit
par les provinces. {Tres bien ! Applaudissemenls.)
M. Captier. — Messieurs, je viens vous demanderla permission d'ajouter
sera utile aux Gouvernements qui, comme I'Angleterre, se sont desint^resses de
la construction des canaux, mais aussi encouragera a continuer dans la voie
qu'ils ont suivie jusqu'ici ceux des Etats qui, comme ce pays, ont pris le plus de
part a la construction et a I'entretien des canaux.
0' SECTION. — 2' SEiNGE. 295
quelques mots relativement a celte question de savoir si I'Etat doit con-
struire les canaiix.
En principe, il me semble qu'on pent faire une assimilation entre les
routes et lescanaux, et que, si I'Etat construit les routes, il doitconstruire
aussi les canaux ; mais, dans toutes ces questions economiques, il me
parail que les questions de principe regoivent, en fait, de telles entorses
qn'il esf tres difficile de poser une regie a ce sujet.
Vous avez tons lu, Messieurs, le rapport qui a ete fait sur les canaux en
Hollande. 11 y a la une tendance au rachat et a I'exploitation par I'Etat.
En France, a I'epoque ou la centralisation dont nous jouissons aujour-
d'hui — si ce mot pent s'employer dans ce cas — n'existait pas, les pro-
vinces et les particuliers a defaut de TEtat ont etabli des voies navigables.
Puis, lorsque la centralisation est arrivee, et que le budget de I'Etat s'est
developpe, on a senti I'ulilite, la necessite de racheter tous ces canaux,
toutes ces voies navigables, et de les faire exploiter par I'Etat.
Par consequent, il me semble qu'il est tres difficile de determiner un
principe, et qu'il faut laisser aux circonstances, aux necessites budgetaires,
a I'etat politique et economique des differents pays, la tache de se tirer
d'affaire, au mieux des interets particuliers ou generaux. Dire que I'Etat
doit creer les canaux ou les exploiter, ou que ce doivent etre des particuliers
ou des compagnies, c'est presenter la question d'une fagon trop absolue
pour qu'il n'y ait pas inconvenient a emettre une opinion formelle.
Telles sont les seules considerations que je voulais exposer au sujet de
celte question.
M. Lai>ey. — Je prends la parole. Messieurs, simplement pour rappeler
a la Section que le Congres de Manchester a deja exprime un voeu en ce
qui concerne le point particulier qui nous occupe, et I'informer que j'ai
I 'intention d'y revenir dans la suite de la discussion.
D'un autre cote, dans ce que vient dire I'honorable M. Captier, je crois
qu'on pent relever une expression qui a peut-etre trahi sa pensee. II a
parle de I'exploitation des canaux par I'Etat. L'Etat construit les canaux,
mais je ne sache pas qu'il les exploite. Ce sont les bateliers qui les exploi-
tent. L'Etat met seulement un moyen de transport a la disposition de ceux
qui veulent s'en servir.
Je vous demande pardon de faire cette rectification.
M. Captier. — C'est exact.
M. Beaurin-Gressier. — Je n'ai, Messieurs, qu'unc observation tres courte
a presenter. Elle est d'ordre theorique. Elle vise la determination de la
categoric de biens a laquelle se rattachent les voies navigables.
Les voies navigables rentrent incontestablement dans cette categorie de
biens qui sont communs a la population tout entiere attachee au territoire
qu'elles traversent. II y aurait les plus graves inconvenients, au point de
vue de I'interet social, a permettre I'appropriation privee d'un cours d'eau,
et surtout d'un cours d'eau navigable, a laisser se constituer un monopole
294 PROCES-VERBAUX DES SEMCES DES SECTIONS.
au profit d'un detenteur privilegie qui se trouverait ainsi arme du pouvoir
de rangonner tous ceux qui auraient a se servir du cours d'eau monopo-
lise. C'est pour ces sortes de fonds qu'une categorie speciale a ete creee
dans la classification des biens : le domaine public inalienable, impres-
criptible, hors du commerce.
L'incorporation d'un fonds dans le domaine public a pour objectif de
reserver a tous I'avantage attache a cc fonds. Cetle reserve de I'interM
general peut d'ailleurs etre obtcnue de deux manieres differentes. Et cha-
cune de cos deux manieres se trouve etre la caracteristique du regime
a dm is en matiere de voies navigables, par les races dont le regime derive
du droit roniain, d'une part, et par les races anglo-saxonnes d'autre part,
ou toute propriete tire son origine de la conqufile.
Dans le regime anglo-saxon, on est bien oblige d'admettre, comme nous
le falsons en France, que les eaux courantes sont le bien commun des popu-
lations dont elles arrosent le territoire. Ces eaux ont partout des usages
multiples. Elles servent d'abord et surtout a transmettre I'humidite et la
fraicheur, conditions indispensables de toute vegetation; elles sont aussi
Telement de forces motrices puissantes ; elles constituent de veritables
reservoirs a poisson; elles sont employees a tous les usages domestiques,
et, a toutes ces qualites utiles, elles joignent celle de servir comme voie
navigable.
Tant qu'un cours d'eau n'est pas navigable, el qu'il ne s'agit que des
premieres qualites utiles, il ne peut y avoir grand inconvenient a ne pas
le soustraire a I'appropriation privee, a la condition cependant de re-
server les droits des tiers interesses, ce que semble admettre le regime
anglais.
Pourtant, une distinction reste encore necessaire entre I'eau qui court
et le lit dans lequel elle s'ecoule. Si le lit est a la rigueur appropriable,
I'eau courante,par sa nature fugitive, echappe a toute manucaption, et ainsi
a toute appropriation effective.
En Angleterre, on resout la difficulte en disant : a Nous ne meconnais-
sons pas la nature particuliere du cours d'eau. Nous donnons satisfaction
a toutes les necessites, en laissant le caractere de biens prives aux cours
d'eau, mais en mettant un certain nombre de restrictions aux droits du
titulaire de la possession du cours d'eau, et en lui imposant le respect des
besoins des autres interesses.
On voudra bien remarquer que c'est intentionnellement que je n'em-
ploie pas ici I'expression de proprietaire, c'est que ces mots « proprietaires,
proprietes » sont une cause d'ambiguite, et la source de divagations et
d'erreurs inextricables.
Les formes et les conditions do la possession varient a I'infini. Entre la
propriete d'un immeuble et d'un meuble, d'un fruit que Ton consomme
et d'un fonds que Ton cultive, il y a des differences incommensurables. Si
Ton reconnait generalement que la propriete d'un fruit entraine la faculte
5* SECTION. — 2* S£A.\CE. 29o
de ]e consommer, on ne saurait, la plupart du temps, admettre le meme
pouvoir a I'egard d'un fonds, dorit la propriete n'est que la faciilte d'eii
tirer les avantages qu'il comporte, et reste soumise a de nombreuses et
importantes restriclions. Le proprietaire d'une foret, par exemple, pent
bien en jouir dans les conditions correspondantes a sa destination, mais,
dans aucun pays civilise, il ne lui est loisible de la defricher, de la delruire,
sans qu'il ait ete reconnu qu'une semblable operation n'est pas de nature
a apporter une perturbation certaine dans le regime des eaux de la region.
De meme, les proprietaires de biens fonciers dans un centre babite ne peu-
vent faire de leur fonds un usage de nature a troubler leurs voisins. La
possession, a titre prive, d'un cours d'eau comporte des limites analogues.
Les populations de races anglo-saxonnes ont, je le repete, parfaitement
bien reconnu la necessite de ces limites. Seulement, au lieu d'en tirer
argument pour soustraire les eaux courantes au regime de I'approprialion
privee, elles ont cherche la solution de la difficulte dans des restrictions
apportees aux droits des possesseurs des cours d'eau; dans I'obligation,
imposee a ces derniers, de subir cerlaines servitudes etablies en vue de
reserver satisfaction a certains interets generaux. Telle est I'obligation
pour les possesseurs des eaux navigables de laisser passer les bateaux et
meme de ne rien faire qui soit de nature a apporter obstacle a leur circu-
lation. II faut bien le reconnaitre, les Anglo - Saxons obtiennent un
resultat qui ressemble assez a celui que poursuivent les peuples qui
recourent au classement des cours d'eau navigables dans le doniaine
public.
Dans les pays qui ont subi I'influence des traditions du droit romain et
du droit coutumier, je veux parler ici de toutes les nations de I'Europe
continentale, les voies navigables sont au contraire classees dans le do-
maine public.
En France, notamment, les eaux courantes, qui sont toujours conside-
rees comme biens communs, entrent dans le domaine public du moment
ou, parl'importance et la regularite deleur debit, elles deviennent propres
a la navigation. Elles rentrent egalement dans le domaine public quand
leur navigabilite est le resultat de travaux speciaux d 'adaptation au role
de voie navigable. Le domaine public fluvial pent d'ailleurs 6tre exploite
de fagons diverses que j'ai signalees dans la seance d'hier. C'est ainsi qu'il
pent 6tre I'objet d'une gestion directe, ou qu'il pent elre gere par un con-
cessionnaire. Le bon ordre et I'equilibre sont, dans tons les cas, assures
par une reglementation d'autant plus minutieuse et plus stride que les
interets en presence sont plus nombreux et plus complexes.
La reglementation, les restrictions apportees aux droits de certains titu-
laires sont, comme en Angleterre, le moyen d'assurer I'exercice de cer-
taines facultes reconnues necessaires dans I'interet du milieu social.
En Angleterre, on tient beaucoup a maintenir le principe d'appropria-
tion, — mais, precisement, I'appropriation demeure entouree de nom
296 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
breuses restrictions; les biens appropries sont I'objet de servitudes rigou-
reuses.
C'est en procedant ainsi que les reseaux de canaux, de chemins de fer,
voire meme de routes, ont pu se constituer en Angleterre, a titre de biens
prives. Mais il ne faut pas croire que ces voies et ces moyens de trans-
ports puissent elre assimiles purement et simplement a des proprietes
privees. Pour constituer ces sorles de biens speciaux, il faut toujours,
en Angleterre, rintervention de bills qui sont I'equivalent de nos lois
declaratives d'utilite publique. Ces bills speciaux, souvent meme des
bills genera ux, ne manquent pas d'imposer a la gestion et a I'exploitation
de ces sortes de biens de nombreuses et de rigoureuses restrictions.
On voit, encore une fois, que, par le procede qui consiste a classer les
voies de communication dans le domaine public, comme par celui qui
consiste a les laisser dans la categorie des biens appropriables, en assuje-
tissant ceux qui en jouissent a des restrictions d'ordre public, on arrive a
des resultals assimilables, et que, entre les deux regimes, il existe des
differences bien moins profondes qu'on n'aurait pu le supposer apr6s une
comparaison superficielle. Dans les deux pays, la legislation et les
usages tiennent compte de la necessite de sauvegarder les interets de la
communaute et, sous des formes diverses, elles apportent a I'appropria-
tion privee les restrictions que reclame le bon ordre social.
Ajoutons que les Anglais ont, comme nous, ete forces de faire entrer
dans la communaute certains biens qu'il leur eut ete impossible de main-
lenir dans I'orbite de la propriete privee. C'est ainsi qu'ils ont procede a
regard de la partie inferieure des fleuves, jusqu'au point ou se fait sentir
le grand flot de Mars. A ce moment, en effet, il eut ete impossible de con-
cilier un droit de propriete privee avec les besoins du public. En Angle-
terre, pays insulaire, les cours d'eau n'ont pas de dimensions qui puissent
permettre de les comparer a nos grands fleuves, et ce n'est guere que
dans la partie soumise a I'influence de la maree que la navigation presente
quelque importance.
M. Courtenay-Boyle nous demandait tout a I'heure, pourquoi en Fratice,
nous chargeons I'Elat de conslruire et d'ameliorer les voies navigables,
tandis qu'en Angleterre ee soin semble laisse a I'initiative privee. Pour lui
faire comprendre la difference de ces deux regimes, et la raison d'etre de
celte difference, j'ai cherche a remonter aux origines memes de la ques-
tion. En Angleterre, on impose des restrictions tres etendues aux proprie-
taires ou aux entrepreneurs de services genera ux. — En France, et dans
la plupart des pays de I'Europe continentale, on prefere, quand la restric-
tion devient trop grande, declarer publics les biens et les services. Les
deux systemes partent en somme d'une meme idee philosophique. La
question qui se degage des observations qui precedent est celle-ci : Vaut-il
mieux, pour sauvegarder les interets generaux de la societe, agir par voie
de restrictions imposees a la propriete privee, ou enlever completement
5' SECTION. — 2* SEANCE. 297
aux individus rappropriation de biens dont I'usage est necessaire a la
coramunaute pour en confier la geslion a I'Etat? Chaque pays la resout
suivant ses traditions et son genie.
Telle est Texplication que j'ai cru utile de presenter rapidement en
reponse a I'observation de M. Courtenay-Boyle. [Tres-hien. — Applaudis-
sements.)
M. Limousin. — Messieurs, on vient d'agiter la question de savoir si les
voies navigables doivent eti e construites par I'Etat ou par des particuliers,
et appartenir a I'Elat ou a des particuliers.
D'autre part, ['honorable representant de la Hollande nous a dit que
dans son pays on etait oblige d'en venir a I'exploitation par I'Etat, et non
pas a la construction par I'Etat, puisque les canaux sont construits.
11 me semble qu'il en resulte une constatation importante, c'est que,
quel que soit le regime, I'Etat doit intervenir, parce qu'on est en presence
d'une situation particuliere.
M. Beaurin-Gressier nous a fort bien fait remarquer qu'en somme, la
propriete d'une riviere, d'une foret, n'est pas I'equivalent d'une propriete
ordinaire. Ce n'est pas la propriete d'un fruit qu'on peut consommer, ce
n'est en sorte qu'une demi-propriete. C'est le domaine superieur de la
societe qui intervient toutes les fois que I'interel general le commande.
Qu'une nation juge a propos de faire construire par des Compagnies, parce
que c'est plus conforme a son genie, elle a raison. Qu'une autre nation,
comme la France, juge a propos de faire construire par les fonctionnaires
du Gouvernement, si c'est plus conforme a son genie, elle a egalement
raison. Mais ce que I'on doit considerer avant tout, c'est que I'Etat, la
societe en general, ne peut pas se desinteresser des voies navigables; c'est
que, alors meme qu'elle admet que ce sont des particuliers qui les con-
slruisent. elle doit intervenir pour fixer les condilions de la conces-
sion.
M. Courtenay-Boyle nous disait tout a I'heure : II y a en Angleterre des
canaux de diverses largeurs, en sorte qu'un bateau ne peut parfois aller
d'un canal dans un autre. Cela prouve qu'autrefois le gouvernement anglais
ne s'occupait pas assez des questions generates , et laissait trop faire a
I'initiative privee. Maintenant, il s'en occupe davantage.
Dans tons les cas, on peut tres bien comprendre que des Compagnies
construisent des canaux, mais a la condition, comme en France, de se
soumettre a des cahiers de charges, a une reglemenlation, quelle qu'elle
soit, etablie par le Gouvernement. Et j'ajoute que Ton peut toujours dire
— ici, je reponds a I'honorable representant de la Hollande — que les
cahiers de charges seront susceptibles d'etre modifies. Nous en avons un
exemple en France avec nos chemins de fer dont les cahiers de charges
peuvent en grande partie etre modifies au fur et a mesure des evenements
qui surviennent.
On peut done admettre qu'il est possible de concilier Faction privee avec
298 PROCES-VERBAUX DES STANCES DES SECTIONS.
Taction publique, Taction privee executant et Taction publique faisant les
reglemenis gorieraux.
J'insiste sur ce point, parce que je crois qu'ii faut diviser les fonctions,
et qu'a TEtat n'appartient pas la fonction d'exploilation.
Tout a Theure on a fait observer a M. Captier que TEtat n'exploitait pas
les canaux. M. Captier a repondu que oui. Cependant TEtat prend une
certaine part a Texploitation. Sur les canaux, il y a une surveillancfe a
exercer pour Tentretien, pour la manoeuvre des ecluses; il y a une sorte
d'exploilation qui n'est pas equivalente, evidemment, a celle des chemins
dc fer, puisque les Compagnies font circuler des wagons et des locomo-
tives sur les chemins de fer : c'est une demi-exploitation. Je crois qu'il
faut, autant que possible, admettre TEtat dans Texploitation, qu'il faut en
faire un surveillant ou, si vous voulez, — pardonnez-moi le mot que je
prends en bonne part, — un policier, etant bien entendu que c'est con-
forme au genie de la nation, mais qu'on ne peut, en aucun cas, admettre
dans les voies navigables la non-intervention de TEtat, et qu'il faut que
celui-ci, qui est souverain legislateur, agisse au mieux des conditions du
pays et des conditions du temps.
M. Raffalowich. — Messieurs, je crois qu'au point de vue economique,
nous serous tons a pen pres d'accord sur ce point, c'est qu'il est difficile
que TEtat se desinteresse de la navigation interieure. Mais il y a un autre
point qui me preoccupe beaucoup, et sur lequel je serais heureux d'avoir
I'opinion de la Section. C'est celui qui concerne les voies et moyens que
vous mettez a la disposition de TEtat pour ameliorer et pour etendre le
systeme de navigation interieure.
II me semble que les principes poses par M. Sympher dans son rapport sont
les donnees les plus justes que Ton puisse trouver. Lorsque, par exemple,
M. Sympher nous dit que les conditions qu'il pose ont pour consequence
que toute voie doit 6tre en etat de supporter des taxes suffisantes pour
couvrir les depenses d'entretien, Tinteret et Tamortissement du capital
d'etablissement, il est ulile, surtout pour se lancer dans Tagrandissement
du reseau existant, de savoir si les frais que vous imposerez pour la con-
struction et Tentretien pourrontetre recuperes'd'unefagon quelconque, et
il faut certainement prendre en consideration les interets des contri-
buables,en general, et non pas seulement ceux des gens qui ont a se servir
de la voie au point de vue du transport et de Texploitation. II me semble
que les considerations budgetaires doivent en cetle matiere jouer un tres
grand role.
11 y a une distinction a faire entre un pays, comme TAngleterre, qui se
trouve, en ce qui concerne les canaux, en face du chaos et de Tanarchie,
et oil tout est a faire par TEtat, et un pays comme la France, qui est arrive
a un developpement tres considerable.
Dans la question de^ navigation interieure, il est tres difficile, je crois,
de poser des principes absolument generaux.
5' SECTION. — 2" SfiANCE. 2()9
M. RoBERT-MiTTCHELL. — Je pense qu'il est impossible pour le Congres de
prendre des resolutions generales, s'appliquant a tous les pays.
En Angleterre, la concurrence est tellement grande cntre les Compa-
gnies de chemins de fer que les voies navigables n'ont que peu d'impor'
tance.
En France, il y a une voie navigable importante longeant la voie ferree
de la Compagnie du Midi, de Bordeaux a Cette, et appartenant a cette Com-
pagnie; les taxes y sont tellement elevees,que les marchandises ontinter^t
a prendre la voie de fer; aussi tous les interesses reclament-ils le racliat
du canal du Midi et du canal lateral a la Garonne, pour pouvoir en
profiter.
D'autre part, si j'examine la question des Chambres de navigation, dont
le projet a ete developpe par M. Beaurin-Gressier, je me demande s'il est
opportun que le Congres formule un voeu sur cette question qui est soU'
mise au Parlement fran^ ais.
M. LE President. — Je ne pense pas, en effet, que la Section puisse expri'
mer son opinion sur ce projet de loi.
M. Deking-Dura. — J'ai quelques observations a faire en reponse a
M. Limousin.
II va sans dire que chez nous, en Hollande, la tache de I'Etat se borne a
la construction et a I'entretien.Le service des bateliers est tout a fait libre,
Je conviens qu'a la rigueur, il est possible de faire un bon cahier de
charges, que quelquefois on pourra tenir compte des besoins ulterieurs et
urgents, mais le meilleur cahier de charges ne sert a rien des qu'on a
aflaire a une Compagnie dont la situation est mauvaise, qui a peine a bien
entretenir ses travaux et a pourvoir a ses besoins. Chez nous, I'experience
nous a demontre que, dans 90 pour 100 des cas, c'est ce qui a lieu. II n'y a
presque pas de Compagnies prosperes. Par consequent, il est presque
impossible de tenir suffisamment compte de I'inter^t public en face d'une
Compagnie concessionnaire.
M. Tranchast. — Je crois qu'il y a un mot a ajouter. Le cahier de
charges conticnt les conditions sous [lesquelles une Compagnie a regu
son entreprise. EUe a compte sur elle pour son exploitation. On pent bien
admettre que, pour certains details, il soil possible de modifier quelques-
unes de ces conditions, mais on ne pent pas le faire d'une facon radicale;
on manquerait aux engagements pris. Je crois que M. Limousin n'a pas
suffisamment tenu comple de cette situation dans ses observations.
M. Lainey. — Messieurs, la resolution adoptee par le Congres de Man-
chester dont je vous ai parle tout a I'heure est conQue dans des termes un
peuvagues, parceque,comme il s'agit d'un voeu s'adressant a divers Etats,
onne peut s'exprimer avec autant de nettete et de precision que s'il s'agis-
sait d'une resolution visant un Etat particulier.
Voici ce voeu : « La grande valeur des voies navigables pour le pays pris
dans son ensemble, et le fait qu'elles alimentent les chemins de fer dont
500 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
elles sont un supplement indispensable jiislifient I'intervention de I'Etat
et des pouvoirs publics pour aider, autant que possible, a la construction
et a I'entretien des voies navigables de dimensions uniformes, de maniere
a encourager les transports a longue distance et a prix reduits ».
Je demanderai a la Section de vouloir bien prendre ce voeu en considera-
tion comme le texte sur lequel elle pourrait deliberer, et au besoin
voter.
M. LE President. — Messieurs, cette resolution a ete adoptee il y a deux
ans par le Congres de Manchester. M. Lainey demande a la Section de vou-
loir bien la voter. Je m'associe, pour mon compte, a cette proposition.
Quelqu'un a-t-il des observations a faire a ce sujet?
M. Bouquet de la Grye. — Je crois. Messieurs, que ce voeu pourrait 6tre
acccpte par tout le monde, attendu qu'il est absolument anodin. II est
certain que tout le monde desire que I'Etat aide a la construction et a
I'entretien des voies navigables. Seulement, ceci s'ecarte un peu du point
qui avail ete traite au commencement :
« L'Etat doit-il tout faire, ou doit-il laisser une partie de son action a
I'initiative privee? »
Voila le dilemme, pour ainsi dire brutal, et on ne pent pas I'eluder.
II est incontestable que, si nous regardons les precedents d'avant la
Revolution, nousvoyons que I'Etat nefaisait pas tout; il faisait, en quelque
sorte, le moins possible.
Nous sommes en ce moment sous I'influence du regime du premier
Empire : Csesar jubet, Csesar imperaf.
Devons-nous rester sous ces conditions qui representent I'ancienne tra-
dition, ou laisser a I'initiative privee un plus grand essor?
Si nous regardons a cote de nous, — je ne parte pas de I'Angleterre qui
a peut-etre abuse de cette initiative privee, — nous voyons, a I'heure qu'il
est, un peuple nouveau ayant une action puissante, le peuple americain
qui veut couvrir I'Amerique de canaux. Est-ce qu'il va s'adresser a I'Etat
pour cela? Je ne le crois pas; il dira : « I'initiative privee agira. » Comme
elle a agi en ce qui concernait les chemins de fer en faisant des choses
prodigieuses, les Americains comptent qu'en fait de canaux elle fera aussi
d'excellenles choses.
Tout a I'heure on a parle du rachat du canal du Midi comme' devant
inaugurer ou plutot continuer cetle ere cesarienne de I'Etat faisant tout,
donnant pour ainsi dire a chacun sa part, je ne dirai pas sa part de nour-
riture, car il me semble que la premiere chose que devrait faire I'Etat,
si Ton faisait du socialisme, ce serait, puisqu'il faut d'abord vivre, de
nous nourrir; or, il ne nous nourrit pas. Si Ton propose le rachat du
canal du Midi, est-ce pour le confier a I'Etat? Non; c'est pour faire le
canal des Deux-Mers.
M. le President. — Non; la question ne se pose pas en ce moment.
M. Bouquet de la. Grye. — Je I'ai enlendu exposer comme le seul moyen
3' SECTION. — 2' STANCE. 501
d'arriver a la creation du canal des Deux-Mers, de sorte que I'objection
tombe d'elle-meme, puisque ce ne serait pas I'Etat qui le ferait.
En HoUande, il y a un certain nombre de canaux d'Etat et un certain
nombre de canaux provenant de I'initiative privee.
Je considere que ce systeme est le meilleur. En France, nous I'avons
applique aux chemins de fer. Apres avoir donne a I'initiative privee la
plus grande part dans la construction des chemins de fer, I'Etat a dit :
Ne serait-il pas bon d'avoir un reseau de I'Etat a cote des chemins de fer
prives? Je crois que cette idee est excellente, parce qu'elle permet la con-
currence des initiatives ; il est bon, de meme, que I'Etat construise et
entrelienne un certain nombre de canaux; mais je ne comprendrais guere
que Ton affirmat comme un dogme : Jamais I'Etat ne cedera a une Societe
quelconque la construction d'un canal. Si, en effet, des industriels
viennent dire a I'Etat : « Nous avons besoin d'un canal qui coutera tant;
construisez-le ou laissez-nous le construire », I'Etat qui ne voudrait pas
faire la depense se refuserait egalement a la laisser faire par les interesses,
et Ton se trouverait dans cette situation, qu'un canal utile, necessaire, ne
pourrait etre construit parce que I'Etat voudrait conserver le monopole des
travaux? Evidemment, cette situation n'est pas acceptable.
M. LE Presidem. — Je vous ferai remarquer. Messieurs, que le projet de
resolution ne dit pas : L'Etat devra construire toutes les voies navigables;
il justifie I'intervention de I'Etat afin de determiner le regime sous lequel
seront conslruites les voies navigables.
M. DE CooE. — Messieurs, si je me permelsde prendre la parole aujour-
d'hui, c'est pour defendre un procede que j'ai soutenu dans differents
pays, et que j'ai cherche a faire entrer dans les habitudes frangaises : c'est
I'emploi de I'initiative privee.
On a parle du canal du Midi qu'on veut racheter aujourd'hui. Mais qui
est-ce qui a fait ce canal? C'est Riquet. Qu'est-ce qu'etait Riquet? Un simple
particulier. Vous voyez done que I'initiative privee a fait de grandeschoses.
On parlait de la Hollande. Mais la HoUande a demande aussi a I'ini-
tiative privee de faire de grandes oeuvres.
Tons voyez que partout, dans les pays les plus liberaux, comme dans
les autres, on s'est adresse a I'initiative privee. On nous a cite tout a
riieure I'Amerique. Par consequent, I'initiative privee doit etre mainlenue
dans les pays de democratic comme le notre.
C'est la que s'arretera mon observation.
Je voudrais maintenant simplement demander que, dans le voru qui a
ete vote a Manchester et que j'ai vote moi-meme, on ajoutat un mot. II y a
dans ce vceu les mots : « a la construction et a I'entretien ». Eh bien, je
constate que les voies de navigation, comme les voies de chemins de fer,
ont aussi une exploitation, et je voudrais que, dans le voeu, on indiquat
cette fonction speciale des voies de navigation en mettant ces mots : « a la
construction, a I'entretien et a I'exploitation des voies navigables ».
I
302 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
M. LE President. — Messieurs, il y a un amendement de M. de Coene.
Est-il appuye?
M. Lainey. — J'aurais plutot a le combattre, parce que je crois que ce
qui justifie rinterventioii de i'Etat — je parle au point de vue frangais —
dans la construction et I'entretien. c'est justement qu'il n'exploite pas, el
que Texploitation est abandonnee a cliaque marinier ou conducteur de
bateau.
Je crois qu'il y aurait inconvenient a ce que, dans le voeu, on parut
cncourager I'Etat a exploiter quoi que ce soil. L'Etat construit les routes
fluviales, et il les livrc au public. A mon avis, le voeu ne gagnerait pas a
ce que le mot « exploitation » y fut introduit.
M. DE Coene. — Le mot exploitation a un double sens. M. Lainey parle
du marinier qui a simplement a conduire son bateau. Mais I'exploitation
ne comprend pas seulement la conduite d'un bateau, elle comprend les
ports, les appareils de dechargement, etc. Ne croyez-vous pas qu'il y ait
a ce point de vue une intervention fort necessaire de I'-Etat qui pent aider
a I'exploitation?
Qu'est-ce qu'il y a de plus facheux sur nos voies de navigation inte-
rieure? C'est le manque d'outillage. Je pourrais vous citer certaines
parties du port de Rouen, c'est-a-dire d'un des ports les plus actifs, ou il
faut payer 2 francs par tonne de ble, et oti on ne payerait pas ce prix, si
Ton avait des outillages mecaniques. Ces outillages, dans les canaux, in-
terviennent dans une large niesure pour diminuer les frais. C'est pourcela
que je voudrais qu'on indiquat dans le voeu que I'exploitation doit etre
aussi prise en consideration. L'exploilation, je le repele, comprend beau-
coup de choses; je n'en ai indique qu'une, mais il y a aussi : la traction,
le remorquage, el d'aulres encore pour lesquelles I'Etat pent aider la navi-
gation par des subventions. C'est ce que je voulais indiquer dans mon
voeu, et je dois dire qu'il y a beaucoup de personnes autour de moi qui
demandent que le mot exploitation soil mis a cote des mots « construction
et entrelien ».
M. DouAu. — Messieurs, je crois devoir appuyer ce que vient de dire
M. de Coene.
M. LE President. — Je crois que du moment que I'amendement de M. de
Coene est appuye nous devons remettre la suite de la discussion a cetle
apres-midi a trois heures et demie, avec continuation de la discussion de
la question posee par M. Courtenay-Boyle et de la resolution votee par le
Congres de Manchester*
La seance est levee a 11 heures 30.
5* SECTION. — 5' SEANCE. 305
TROISIEME SEANCE
Vendredi 22 Juillet (apres-midi).
PRESIDENCE DE M. YvES GUYOT.
La seance est ouverte a 3 h. 50.
M. LE President. — Messieurs, voici le texle du voeu deja vole a Man-
chester, et dont I'adoption est de nouveau proposee au Congres :
« La grande valeur des voies navigables pour le pays pris dans son en-
« semble et le fait qu'elles alimentent les chemins de fer dont elles sont
« un supplement indispensable justifient I'intervention de I'Etat et des
« Pouvoirs publics pour aider, autant que possible, a la construction et
« a I'entretien des voies navigables de dimensions uniformes, de maniere
« a encourager les transports a longue distance et a prix reduit. »
II y a a ce texte un amendement propose par M. de Coene qui consiste a
ajouler apres les mots « ... a la construction et a I'entretien... » les
mots «... et a I'exploitation... ».
M. DouAu. — Je suis de I'avis de M. de Coene. Peut-etre ce mot d'ex-
ploitation n'esl-ilpas le mot propre a employer; mais j'estime que I'inter-
vention de I'Etat ne doit pas se borner a la construction et a I'entretien des
voies navigables. Les ingenieurs des ports pourraient nous dire que,
quand on -a construit des bassins et des quais, on n'a pas tout fait ; il faut
y ajouter toute une serie d'installations, un outillage indispensable, el les
canaux sont dans des conditions analogues a celles des ports de mer :
outre I'entretien, il faut une exploitation simple et economique. Les solu-
tions peuvent etre differentes suivant les pays, I'induslrie privee aidera
plus ou moins I'Etat, mais il est certain que le bateau, de mer ou d'eau
douce, va ou la marchandise I'appelle, et la marchandise elle-meme est
guidee par le prix du transport ; a ce prix de transport viennent s'ajouter
comme accessoires les frais de manutention plus ou moins eleves. Les
prix de fret se ressentent toujours des frais supplementaires de decharge-
ment. Cast la batellerie qui est en cause, qui est interessee a la bonne
installation, au bon outillage, puisque leur influence reagit sur le prix du
transport.
Sans entrer dans les details, je crois indispensable que I'Etat intervienne,
non seulement dans la construction et i'entretien, mais aussi dans I'ou-
tillage, les installations, les amenagements.
La question qui nous occupe se rattache indirectement a celle de la
creation des charabres de navigation, et je me reserve de reprendre la
b
304 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
question qui nous occupe lorsque celte derniere viendra en discussion.
Pour le moment je me borne a approuver I'amendement de M. de Coene.
M. DE Coene. — Je voudrais ajouter un mot sur la question qui est d'un
interet superieur pour I'industrie des transports.
En ce qui concerne la rapidite du degagement du vehicule sur la voie,
le temps a une importance considerable sur la voie d'eau plus qu'ailleurs;
les ports ne sont satisfaisants que quand leur outillage permet de faire
circuler rapidement le bateau charge d'un transport. Les puniches n'echap-
pent pas plus que les autres bateaux a cette condition. L'une des conse-
quences de mon amendement serait justement de gagner du temps par un
meilleur outillage.
M. LE President. — M. Lainey et un autre membre de la Section ont fait
cette observation quele mot d'exploitation avait I'inconvenient de prater a
I'equivoque. L'exploilation, a dit M. Lainey, consiste dans la batellerie,
dans I'industrie privee. Un individu qui fait circuler un bateau sur un
canal en fait I'exploitation. 11 y a aussi I'exploitation dont vous parlez, ct
qui consiste dans les amenagements, I'eclusage, I'outillage. Mais, en
ajoutant le seul mot d'exploitation a ceux votes a Manchester, on ajoute
un mot qui sera pris dans deux acceptions differentes. Je demande a
M. de Coene s'il ne conviendrait pas de choisir un autre mot.
M. DE Coene. — Le mot d'outillage ne suffirait pas, car il laisse de cote
le remorquage qui represente la traction, et non I'outillage du bateau.
M. LE President. — La question est delicate : il s'agit de savoir a qui
incombera I'outillage, a une Chambre de commerce ou de navigation ou a
I'Etat, ou eniin a une entreprise d'industrie privee. Par exemple le systeme
funiculaire de M. Levy, dont la visite compte parmi les excursions du Con-
gres, par qui le faire exploiter?
M. de Coene. — A Manchester, nous etions dans un pays oii I'Etat a pour
regie de ne jamais intervenir.
M. d'Artois. — II semble qu'il serait bon de tenir compte de I'avis des
bateliers qui sont les premiers interesses. Or ils sont absolument opposes
aux rc'glemenlations exagerees, et ils demandent qu'en ce qui concerne
I'outillage, liberie soil laissee aux particuliers. Quand les baleliers y ver-
ront avantage, ils sauront tres bien ne pas menager les sacrifices. Ce sont
les idees que je suis charge de defendre au Congres en ma qualite de Presi-
dent de la Chambre Syndicale de la navigation interieure. Retenu loin de
Paris par des raisons de sante, je suis un pen pris de court, ne pensant
pas que la question des taxes et peages dut venir des aujourd'hui.
M. LE President. — Nous discutons en ce moment une question speciale;
celle des taxes et peages ne doit venir en discussion que demain
matin.
M. d'Artois. — Ces questions se tiennent; il y a de la part de I'Etat une
tentative de prehension sur les voies navigables qui, pour nous, depasse
les limites raisonnables. En ce qui concerne routillage, notre avis est qu'on
5' SECTION. — 5« SEANCE. 505
laisse la plus grande liberte possible aiix Chambres de commerce, aiix
interesses, aux usagers.
M. Jacquelln. — Le mot d'exploitation n'est pas juste : nous desirous
tous que la construction et I'entretien restent aux frais de I'Etat, ma is
I'outiilagedoit etre a la charge des usagers. Ainsiil n'y a pas de confusion
possible : la manoeuvre des ecluses et Tentretien doivent etre a la charge
de I'Etat, et la traction, comme rinstallalion de I'outillage, aux frais des
ba tellers.
M. LEPREsroENT. — Jc vous feral remarquer que je suis en presence d'un
texte comportant la « construction et I'entretien », et d'une proposition
d'addition du mot « exploitation » a ce texte. Si vous proposez autre chose,
redigez un troisieme texte.
M. Fleury. — II est impossible de confier a I'Etat le soin de haler les
bateaux, de les charger et de les decharger.... Cette serie de fonctions doil
etre laissee a I'initiative individuelle. La question est engagee dans notre
pays de telle fagon qu'on ne pent pas dire comme en Angleterre : « Vous
croyez qu'un canal est profitable a 'vos interets, faifes-le ! » L'exemplc de
I'Angleterre ne montre pas qu'il faille laisser a I'initiative privee la con-
struction et I'exploitation des canaux : les canaux anglais sont dans une
situation des plus precaires, et ils sont, de la part de leurs concurrents
naturels, I'objet d'une mainmise absolue. Les chemins de fer se sont en-
tendus pour devenir proprietaires de trongons de canaux, et sont ainsi
devenus les maitres des voies de communication qui desservent les memes
regions.... Une loi recente, a laquelle M. Courtenay-Boyle n'a pas ete etran-
ger, a voulu enlever aux Compagnies de chemins de fer un droit qui semble
devoir appartenir a tous, celui d'acheter quelque chose, nolamment des
canaux. C'est la preuve que I'initiative privee, qui a reussi a la race anglo-
saxonne dans tant de circonstances, ne lui a pas reussi dans celle-ci.L'An-
gleterre est dotee d'estuaires magnifiques, ou elle fait du cabotage sans
etre obligee, comme sur les continents, de faire des parcours interieurs
de 700 et 800 kilometres. Quand les exigences semblent excessives, on a
recours au cabotage.
On ne pent done pas raisonner de la meme maniere chez nous; il nous
faut des canaux, des routes et des voies ferries qui se servent mutuellement
de contrepoids. Dans toute I'Europe, les prix de transport sur voies fer-
rees sont influences par leur parallelismeavec les voies navigables....
Mais je m'apergois que j'empiete sur une autre question et sur une com-
munication que j'ai redigee pour le Congres. Je conclus : pour que le com-
merce puisse se servir des canaux, il faut que I'Etat intervienne dans leur
construction, pour qu'ils puissent concurrencer les chemins de fer. II faut
que I'Etat intervienne, et dans la construction — me voici rentre dans la
question — et dans I'entretien, c'est-a-dire la reparation des dommages
causes par le temps, les crues, ainsi que pour la manoeuvre des portes
d'ecluses, des ponts mobiles, etc.
20
506 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
M. Beaurin-Gressier. — Je suis completement de I'avis de mon ami,
M. Floury, en ce qui concerne les caracteres generaux des attributions de
I'Etat. En matiere de navigation, comme en tonte autre, I'Etat ne doit pas
sortir de ses fonctions. A I'egard des voies navigables, elles consistent
principalement a construire la voie, a I'entretenir et a reglementer la
circulation, I'exploitation reslant a I'industrie privee. Mais il importe de
ne pas laisser etablir de confusion sur la valeur des mots. II est bien
difficile de donner des mots « entrctien, exploitation », une interpretation
satisfaisantc. Dans Tetat acluel du reseau frangais qui ne fonclionne
qu'aii moyen d'ecluses, il est naturel que I'entretien et la mancxjuvre de
ces ouvrages soient laisses a la cbarge de TElat, el je suis d'accord avec
M. Fleury et beaucoup d'autres membrcs de notre Section pour recon-
nailre qu'il serait regrettable de changer cette manierc de faire. Cepen-
dant, si, a un moment donne, on trouve qu'il serait preferable de rem-
placer une ecluse par un appareil d'exploitation plus perfectionne, tel
qu'un ascenseur, un plan incline, une ecluse a grande chute, il est permis
do se demandiT si I'etablissement et la manoeuvre du nouvel ouvrage
peuvent etre consideies comme rentrant dans les operations d'enlretien
laissees a la charge du budget genei'al de I'Etat.
Plusieurs voix. — Certainement!
M. Beaurin-Gressier. — Je sais que quelques-uns d'entre vous sont de
I'avis de I'affirmative. Yous me permettrcz d'emettre une opinion con-
traire, en mon nom personnel bien cntendu. II serait, scion moi, tres
dangereux de declarer a priori ^comme un prlncipe, que ces depenses
seront a la charge de I'Etat. On ne sait pas ce que I'avenir nous reserve
et les baleliers seraient peut-etre les premiers a regretter d'avoir etabli
un semblable principe. lis peuvent etre certains qu'il n'y a pas de meil-
leur ami de la batellerie que celui qui parte en ce moment. II y a vingt
ans qu'il s'occupe des questions qui la concernent, et, s'il soutient en ce
moment une these qui met a la charge des usagers certaines depenses,
ce n'est pas mu par un interet etranger qu'il agit, mais uniquement par
I'interct public, par I'interet bien entendu de la batellerie. Si les baleliers
persistaient dans cette pretention que loutes les ameliorations apportees
a I'inslallation et au fonclionrtement de la voie doivent etre supportees
par le budget general de I'Etat, its arriveraient a en empecher la realisa-
tion.
Pour preciser ma pensee, j'admets que toutes les fois qu'il s'agit de
constiluer un reseau de navigation, de I'entretenir, d'assurer le fonction-
nement des ouvrages ordinaires, il convient de rester dans la pratique
actuelle, mais s'il s'agit de poursuivre des ameliorations interessant un
mode d'exploitation plus perfectionne et pour lesquelles il est necessaire
de constituer des voies et moyens, il ne faut pas former la porte a la
possibilite de creer ces rossources.
Dans la redaction qui nous est soumise, il faudrait eviter d'impliquer
3= SECTION. — 5' SEANCE. ."07
cctte idee que, des niaintenant et toiijours, I'Etat sera charge non seiile-
ment de la construction et de I'enlretien, mais meme de pourvoir a
I'exploitation dans les conditions que je viens d'indiquer, Je voterai done
contre I'amendement de M. de Coene. [Tres bien sur plusieurs bancs.)
M. Captier. — II y aurait cependant un moyen de nous entendre.
Lorsque I'Etat viendra dire aux interesses, commerce et batellerie :
« Yoici des ameliorations utiles que le budget ne nous permet pas de
faire, voulez-vous contribuer a la charge? » la batellerie sera trop sou-
cieuse de ses interels pour s'y refuser. On pourrait done ajouter a la
redaction proposee les mots : « en principe », ce qui laisserait la porte
ouverte aux circonstances difficiles que craint M. Beaurin-Gressier. Les
premieres routes avaient ete faites droites; on les a reconnues imprati-
cables et on les a detournees, en mettant ces depenses a la charge des
beneficiaires; cependant les nouvelles routes constituaient une ameliora,
tion sur les anciennes. De meme, lorsque, sur les voies navigables
d'ancien sysleme, on trouve des ameliorations a faire, on les met a la
charge de I'Etat, sauf le cas, ou faute de ressources, on mellrait les inte-
resses en demeure de se prononcer, ce qu'on pent Iraduire par Taddition
des mots : « en principe ». C'est une solution qui donnerait satisfaction
a M. Beaurin-Gressier, en meme temps qu'elle sauvegarderait nos idees.
M. Caulier. — Je repondrai a M. Captier que, a une epoquc qui n'est
pas encore eloignee, les rectifications de routes ont ete faites en grande
partie a I'aide de peoges, de concessions a peages. Les peages ont ele
supprimes en principe en 1848....
Plusieirs voix. — En 1809.
M. Carlier. — Bien plus tard. Au debut de ma carriere d'ingenieur,
j'ai eu dans ma circonscription des routes dont les peages ont ete sup-
primes en 1849.
M. Captier. — Les peages ont ete supprimes par Napoleon dans I'espoir
de developper les relations commerciales dans TEmpire. Ce n'est
qu'exceptionnellemcnt qu'il est, peut-etre, reste quelques peages apres
1809.
M. Carlier. — C'est une erreur : sous Louis-Philippe on a concede une
grande quantile de rectifications de routes appuyees sur des peages.
M. LE President. — C'est une question retrospective; mais enfin il faut
tenir en grande valeur raflirmation de M. Carlier qui declare avoir vu
sous Louis-Philippe conceder des rectifications de routes moyennant
peages, et en avoir eu dans son propre service.
Tsous sommes depuis quelques minutes hors de la question. Le texte
qui nous est propose ne dit pas le moins du monde que TEtat construira
toujours des canaux, mais seulement que la grande valeur des voies navi-
gables justifie I'intervention de I'Etat pour aider autant que possible a
leur construction. M. de Coene propose d'ajouter aux mots de « construc-
tion et entretien » le mot d' « exploitation ». Plusieurs membres ont fait
5C8 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
observer que ce mot avait iin double sens qui en rendrait I'addition dan-
gereuse. Voila la question qui est posee, et je prierai les oraleurs de bien
s'y renfeimer.
M. CouRTEiNAY-BoYLE. — Lcs resolutlons d'un Congres comme le notre
gagnent bien plus de force a ne pas etre trop precisees. En confirmant la
resolution du Congres de Manchesler, \ous liii donnerez I'autorite d'une
nouvelle approbation. En changeant la forme de cette decision, vous lais-
serez croire qu'il y a divergence d'opinion entre les Congres de Man-
chester et de Paris. {Applaudissements.)
M. DE CoENE. — 11 a ete entendu dans la discussion que le rapporteur
de la Section expliquerait a I'assemblee pleniere dans quel sens large
nous entendons le mot d'entretien. Dans ces conditions je retire mon
amendement. {Applaudissements.)
M. LE Presideim. — En consequence, je mets aux voix la resolution
votee au Congres de Manchester il y a deux ans, et proposee de nouveau
par M. Lainey.
J'en donne una nouvelle lecture.
« La grande valeur des voies navigables pour le pays pris dans son
« ensemble, et le fait qu'elles alimentent les chemins de fer dont elles
« sonl un supplement indispensable, justifient I'intervention de I'Etat et
« des Pouvoirs publics pour aider, autant que possible, a la construction
« et a I'entreticn des voies navigables de dimensions uniformes, de
« maniere a encourager les transports a longue distance et a prix
« reduits. »
(La proposition, mise aux voix, est adoptee.)
Dans notre seance de demain matin, nous examincrons la question des
taxes et peages sur les voies navigables, conformement a la decision que
nous avons prise. Cependant, deja nous avons fait un certain nombre
d'empietements sur la discussion. Pour terminer la seance, je prierai
M. Beaurin-Gressier de nous exposer en quelques mots I'economie d'un
projet de loi que j'ai depose comme Ministre, dont on a souvent parle,
et dont je crois necessaire que la Section ait bonne connaissance, comme
preambule a la discussion qui doit commencer demain matin.
Je ne crois pas, a la verite, quele Congres puisse se prononcer sur un
projet de loi soumis en ce moment aux deliberations des Ciiambres. En
demandant a M. Beaurin-Gressier de nous exposer les dispositions de ce
projet, je n'ai nullement I'intention de vous appeler a voter sur les divers
articles. Comme President, je ne vous le proposerai pas, et si c'etait pro-
pose, j'en refererais au bureau. Je ne crois pas que la 5e Section puisse
emettre I'avis qu'un projet de loi soumis a Texamen desChambres doit etre
adopte ou repousse, d'autant plus que le Congres est international. Mais il
y a dans cette loi un certain nombre de principes qui, eux, peuvent 6tre
soumis a notre examen, et peuvent etre I'objel de resolutions. Ce que je
demande done a M. Beaurin-Gressier, ce n'est pas de nous exposer article
5' SECTION. — 3« SEANCE. 509
par article le projet de loi, mais de nous resumer les principes qui ont
preside a son elaboration.
M. Captier. — Ces principes sont deja exposes dans le rapport de
M. Beaurin-Gressier. II y soutient les avantages de retablissement de peages
pour services rendus ; ce qui est justement la base du projet de loi.
M. LE President. — 11 n'y a certainement aucun inconvenient pour la Sec-
tion a connaitre I'economie generate d'un projet de loi auquel on a fait
constamment allusion dans la discussion.
M. Raffalowich. — M. Viette, dans le discours qu'il a prononce a I'ouver-
ture du Congres, a annonce que ce projet de loi serait expose dans diffe-
rentes Sections, que les ingenieurs fran^ais auraient I'occasion de nous en
entrctenir, et il I'a qualifie d'excessivement important.
M. Lainey. — Le projet de loi fait evidemment partie de la 7^ Question,
laquelle est dans notre programme. C'est avec raison que M. le President a
dit qu'on en pouvait detacher les principes pouvant donner lieu a une dis-
cussion intcrnationale. II est bon dcmettre en garde nos collegues fran^ais
contre la tendance nalurelle a ne voir que leurs interets. Ce sera faire
oeuvre utile qued'examiner au point de vue international les principes sur
lesquels s'appuie le projet de loi.
M. d'Artois. — II serait en tout cas preferable de repondre de suite.
M. LE Presidext. — Non; parce que, contrairement a mon avis, du
reste, il a ete decide que la discussion ne commencerait que demain
matin.
La parole est a M. Beaurin-Gressier.
M. Beaurln-Gressier. — Ce n'est qu'ala fin de notre seance du matin que
M. le President m'a fait connaitre son intention de me confier le soin de
Yous entretenir du projet de loi sur la navigation interieure. Je ne croyais
meme pas etre appele a prendre la parole aujourd'hui. Le temps de la pre-
paralion m'a fait defaut. La Section voudra bien m'en tenir compte. Ceci
dit, je tacherai de me conformer au programme que vient de me tracer
M. le President, et, dans I'expose que je suis invite a faire, je m'efforcerai
de presenter les questions, non sous leur aspect exclusivement local, fran-
^ais, mais en me placant a un point de vue plus eleve, a un point de vue
de doctrine, de nature a interesser en meme temps les representants des
differentes nations conviees a un Congres international.
Le projet de loi sur la navigation interieure depose par M. Yves Guyot,
Ministre des travaux publics, sur le bureau de la Chambre des deputes
dans sa seance du 15 juillet 1890, est divise en cinq litres :
I. — Dispositions generates.
II. — De la police et de I'outillage des voies navigables et flottables.
III. — Des peages, taxes et redevances qui peuvent etre pergus sur les
voies navigables et flottables.
IV. — Des etablissements publics qui concourenl a Texploitation des
voies navigables et flottables.
310 PROCES-VERBAUX DES SfiANCES DES SECTIONS.
V. — Dispositions diverses.
Dii litre T, qui ne comporte que deux courts articles, je n'aurai que
peu de choses a dire. Je noterai seulement que dans sa brievete, il devrait
i€i satisfaire lout ie monde, car il contient rafiirmation et la consecralion
de ce principe reclame avec tant d'ardeur, celui de la liberte de circula-
tion siir toutes les votes navigables administrees par I'Etal. — La realisa-
tion de ce principe a d'ailleurs ete, en BYancc, I'objectif constant des pou-
Yoirs publics depuis de tongues annees deja. C'cst dans cet esprit que la
plupart des concessions ont ete rachetees. Si Ton n'a pas ete plus loin, en
faisant disparaitre les quelques concessions qui subsislent encore, c'est
qu'il fallait compter avec les ressources du pays. 11 semble que cette affir-
mation, au fronlispice meme de la loi, devrait etre denature a rassurer tons
les esprits sur les tendances des auleurs de la loi.
La premiere partie du litre 11 est relative a la police des voies navigables.
Un point essentiel, dans toute nation policce, est que chacun puisse
faire librement tout ce qui est compatible avec le bon equilibre du milieu
social, mais aussi que personne ne soil admis a faire quoi que ce soil d'at-
lentatoire aux droits d'autruiT
En ce qui concerne les voies navigables qui font parlie du domaine
public, adminisire par I'Etat dans Tinteret de tous, il importe avant tout
que, si les usagers sont admis a y circuler librement, ils soient en meme
temps tenus de ne rien faire qui soit de nature a porler atleinte a la con-
servation de la voie, des ouvrages, a compromettre leur bon fonctionne-
ment, a entraver la circulation. Precisement parce que tous ont des droits
egaux, le fait de I'un ne doit causer aucune gene aux autres. II est neces-
saire que I'administration publique soit armee a cet cffet de pouvoirs de
police qui la mettenl a meme, par exemple, de s'opposer a la circulation
d'un bateau en mauvais etat, insuffisamment muni des agres necessaires,
usant de moyens de locomotion propres a deteriorer les berges. Elle doit
regler les conditions de I'usage en commun de la voie, les rapports des
bateaux entre eux, les mouvements a operer dans les croisements, I'ordre
de priorite de passage aux ecluses. Cette attribution de police est d'ordre
essentiel. 11 ne s'agit pas d'une entrave a la liberte, mais d'une condition
indispensable a la libre jouissance de tous. — Au surplus, cette idee
remonte a I'origine des voies publiques; le projet de loi n'a fait que la
reprendre et lui donner une formule legale.
A ce point de vue cependant, le projet de loi contient une innovation
importante dont nous devons dire quelques mots. Dans I'etat actuel de la
legislation, les prefets sont seuls amies des pouvoirs de police, souls ils
sont aples a prendre des arrfites reglementaires, lesquels ne sont par suite
yalablcs que dans I'etendue de leur circonscription administrative. — Or,
si cette regie pouvait se comprendre a une epoque ou la diversite du gaba-
rit des voies et des dimensions des ouvrages d'art limitait la circulation
des bateaux a un parcours ne s'etendant que sur un scul ou sur un petit
3* SECTION. — 3' SfiANCE. 311
nombre de departements, il n'en est plus de meme aujoiird'hui oli, grace
a runification des types, les voyages s'etendent siir dcs centaines de kilo-
metres, et empruntent souvent le territoire d'un grand nombre de departe-
ments. Aiissi, le projel de loi delegue-t-il au Ministre des travaiix publics,
organe central, le pouvoir de faire des reglements de police touehant a la
liberie de la circulation, a la securite et a la rapiditc de I'exploitalion d'une
Yoie ou d'un groupe de voies navigables determinees. Le Prefct, agissant
sous I'autorite du Minisire des travaux publics, ne conserve competence
qu'en ce qui concerne les conditions locales a imposer dans les limiles do
sa circonscriplion. Je n'insisterai pas d'ailleurs sur ce point special du
projet. Je ne veux faire qu'un expose sommaire et je passe.
J'arrive a I'outillage. L'outillage d'une voie navigable, — et, par ce
mot, on vise I'enscmble dcs organes et des services utiles a son exploita-
tion, — implique la possibilite d'occuper une parlie de la surface liquide
ou solide de la voie, avec ou sans modification de son assiette. 11 pent etre
etabli dans I'interet d'un seul entrepreneur ou dans I'interet de tons ceux
qui sont exposes a s'en servir. Le projet de loi qui tend a faire une a?uvre
d'ensemble, devait envisager et distinguer les difterentcs circonstances
dans lesquelles un ou tillage peut etre elabli et fonctionner. Tout en appor-
tant de I'ordre dans celte matiere, on s'est efforce de tenir compte des
regies precedemment admises, des pratiques ordinairement suivies.
Certaines categories d'outillages peuvent etcndre leur action a I'ensem-
ble de la voie. II en est ainsi des outillages de traction, tels que des ser-
vices et appareils de touage, de halage mecanique, ou de remorquage.
Prenons, si Ton veut, un service de touage. Par les conditions materielles
de son installation, un semblable service met obstacle a la coexistence
d'autres services analogues, et constitue, dans une certaine mesure, enire
les mains de celui qui I'exploite, un monopole ; il est des lors inadmissi-
ble qu'il conserve son caractere prive. S'il conservait, eneffet ce caractere,
si le beneficiaire de I'entreprise restait libre de fixer les prix de ses ser-
vices, cet enirepreneur se trouverait en mesure de rangonner les usagers
forces (le recourir a son intervention. Un semblable outillage doit etre
declare public ; ce qui ne veut pas dire qu'il sera necessairement mis en
ceuvre par des agents directs de I'administration publique, mais qu'il
sera soumis a une reglementation et a un tarif. L'etablissement et I'exploi-
tation pourront en etre confies a des entrepreneurs prives, a titre de con-
cessionnaires. 11 serai t meme regrettable que I'exploitation ful forcement
reservee a des agents directs de I'Etat. Mais il importe, encore une fois,
qu'on sache bien que ces sortes d'outillages ne rentrent pas dans I'orbite
exclusif de I'aetivite privee.
II peut se faire aussi que I'occupation d'un point de la rive, situe dans
un emplacement particulierement avantageux, aux abords d'un centre de
population, par exemple, appelle une intervention de I'administration pu-
blique. Supposons qu'il s'agisse d'etablir un appareil de dechargement,
312 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
line grue fixe, en un point Ires frequente d'un port fluvial, il convient,
dans ce cas, sans recourir a une concession proprement dite, de sou-
mettre ime installation de ce genre a une autorisation,eta certaines condi-
tions de nature a defendre le public contre des abus de la part du per-
missionnaire. C'est ce que fait le projet.
Une derniere categoric d'operations touchant moins directement a I'ex-
ploitation de la voie, bien que comportant occupation de certaines de ses
parties, est prevue par le projet de loi. II s'agit de I'utilisation de parties
du domaine public, en vue d'un objet etrangera sa destination principale,
c'est-a-dire d'un objet etranger a la navigation proprement dite. Les
autorisations de cette nature, qui ne sont d'ailleurs admissibles qu'au-
tant qu'elles ne sont pas susceptibles de gener la navigation, ne peuvent
elre donnees qu'a titre precaire, avec redevance au profit de I'Etat,
quand les occupations entrainent emprise sur le domaine public ou modi-
fication de son assiette.
Les diverses autorisations auxquelles nous venous de faire allusion,
peuvent elre delivrees par le Prefet quand I'installation ne s'etend que sur
un departcment, parte Ministre quand ellc s'etend sur plusieurs.
Avant de quitter I'outillage, notons que le projet reserve a des decrets
rendus en la forme des reglements d'administration publique, le pouvoir
d'imposer sur certaines voies ou certaines fractions de voies, I'usage d'un
outillage public de traction determine, et cela, dans I'interet de la secu-
rite et de larapidite de I'exploitalion. II faut d'ailleurs, pour que le Gou-
vernement dispose de ce pouvoir, qu'il s'agisse d'un outillage public
de traction etabli et administre par I'Etat ou par un etablissement public.
Les regies de droit que Ton propose d'edicler en ce qui concerne I'outil-
lage lie difl'erent pas profondement de celles qu'ont sanctionnees jusqu'ici
la pratique et la jurisprudence. Nous allons trouver des innovations plus
considerables en ce qui concerne les taxes.
Le titre III, je le rappelle, est relatif aux peages, taxes et redevances
qui peuvent etre perQus sur les voies de navigation interieure. II n'y a pas
de matiere sur laquelle la confusion ait regne plus completement que sur
celle des taxes de navigation interieure. Pendant quarante ans, en France,
on a connu les droits de navigation, et Ton s'imagine encore volonliers,
quand on parte d'instituer des taxes sur la navigation interieure, qu'il
s'agit de retablir les droits de navigation supprimes par la loi du
17 fevrier 1879. Or, les taxes dont s'occupe le projet de loi dont j'ai I'hon-
neur de vous entretenir n'ont rien de commun avec les droits supprimes.
II s'agit de bien s'entendre sur la portee des mots. Les definitions du pro-
jet de loi sont tres claires, et ne paraissent laisser aucune place a I'equi-
voque. Ecoutez le libelle de Particle 12 du projet, le premier du
titre III :
« Art. 12 — Les peages sont des droits qui peuvent elre imposes aux
« bateaux, marchandises ou voyageurs passant ou stationnant sur une
5« SECTION. — 5* S£a>'CE. 515
« partie determinee de la voie d'eau ou de ses dependances, a raison de
« ce passage ou de ce stationnement.
« Les taxes sont tous les autres droits ayant le caractere de remunera-
« lion d'un service rendu par un outillage public au bateau, a la mar-
« chandise ou au voyageur. »
On voit de suite que les auteurs de la loi ont entendu faire une distinc-
tion tres-nette entre les taxes de peage et les taxes d'usage. Les premieres
s'appliquant a tous ceux qui, d'une maniere generate, empruntent la\oie;
les secondes a ceux qui yre^oiventdes services speciaux. On constate dans
la suite du projet que les taxes de peage sont per^ues a I'occasion de tra-
vaux d'amelioration des voies existantes, et pour servir a la remuneration
de tout ou partie des capitaux employes a la realisation de cette amelio-
ration. Sans avoir la pretention de faire payer, en toutetat decause, I'usage
de la voie, on se reserve la faculte de demander aux usagers une partici-
pation a des ameliorations locales, et dont ils sont appeles a tirer un bene-
fice certain et facile a chiffrer. On se reserve la faculte de leur dire avant
d'executer les travaux : « Les ressources de I'Etat sont insuffisantes pour
lui permettre d'entreprendre iin travail que vous desirez; voulez-vous
apporter a I'oeuvre votre concours dans la mesure de I'avantage que vous
comptez en tirer? » On subordonne I'execution des travaux a la creation
des moyens de realisation des ressources. En procedant de la sorte, I'Etat
s'assure un double avantage. En premier lieu, il se procure des ressources
pour un travail utile, et a defaut desquelles ce travail serait demeure en
suspens; en second lieu, il se donne un criterium de rutilite du travail,
criterium qui sans cela lui aurait echappc.
L'absence de ce criterium pour les travaux anterieurs, il faut bien le
reconnaitre, a ete tres-dommageable a nos finances publiques.
Notre reseau de voies navigables frangais, on me pardonnera de le dire
devant des etrangers, dans un Congres international, est un tres-beau
reseau. Tout le monde sait dans quelle mesure les nombreux canaux qu'il
comporte sont venus apporter un heureux complement aux voies natu-
relles qui sillonnent notre sol. Et cependant ce magnifique reseau a ete
execute dans de telles conditions financieres que, lorsque, pour certaines
parties, on rapproche les sommes depensees des travaux executes, on est
parfois oblige de reconnaitre que les sacrifices fails sont hors de propor-
tion avec les resultats obtenus. 11 est vrai qu'on rencontre d'autres parties
du reseau ou les ameliorations ont exige relativement pen de sacrifices et
ont ete une incontestable source de prosperite pour les regions traversees.
L'explication de ces iiiegalites est facile a donner. Elles tiennent a ce que,
dans la recherche a laquelle se livrent les pouvoirs publics des motifs
qui peuvent justifier I'execution d'un travail, ils n'ont d'autres moyens de
se renseigner que de recourir a des enquetes officielles. On est bien oblige
alors de tenir compte des dires des deposants, et on sait que les deposants
ne sont pas generalement ceux qui paient les travaux, puisque, dans le
514 rROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
systeme de Fcxecution aiix frais du budget, toute la charge est reservee a
renscmble des contribuables ; les deposants sont seulement ceux qui
doivent tirer avantage du travail et qui, du moment qii'ils n'ont person-
nellement rien a debourser, ne le trouvent jamais trop cher, et n'hesitent
pas a imposer au pays de lourds sacrifices, quand bien meme ils ne
doivent personnellemenl en tirer qu'un mince profit. II est done bon,
j'insiste sur ce point, qu'en declarant qu'ils sont disposes a payer une
quote-part de la depense, les usagers apportent un criterium de I'ulilite
de I'entreprise.
Je ne voudrais pas cependant qu'on se meprit sur la portee de la pcnsee
que j'exprime. Je n'ai pas I'intention de dire que tout travail d'ameliora-
tion doit 6tre integralemcnt paye par les usagers. Tout d'a])ord il est bien
entendu que le passe est acquis, et qu'il ne saurait etre question de
reclamer aucun peage pour des travaux executes anterieurement avec
les ressources budgetaires. Ce serait d'une detestable politique financiere
et economique, ce serait manquer a I'equite que de remettre des droits
sur la navigation a raison des services qu'elle a regus dans le passe, qui
sont amortis peut-etre, ou tout au moins passes par profits et pcrtes, qui
sont acquis a Tindustrie des transports par eau. J'ajoute que, du moment
oil Tensemble du reseau a ele etabli au compte du budget general, s'il
s'agit de completer le reseau dans ses grandes lignes, par I'execution de
voies nouvelles a etablir sur des portions du territoire qui en sont encore
depourvues, il serait peu rationnel et peu equitable de dire aux regions
interessees : « II est trop tard pour vous. Le regime vient de changer. Ce
que les autres out obtcnu de la liberalile de la nation, vous le paierez de
vos deniers. » Ce langage serait difficilement admis. II y aurait done
encore a examiner si, dans cette hypothese, on ne doit pas demander a
la nation de se charger au moins d'luie part importante de la depense.
Mais la these change s'il s'agit d'amelioralions locales a apporter a des
parties determinees du reseau, s'il s'agit de I'etablissement d'un port
nouveau, d'une derivation, du remplacement d'une echelles d'ecluse par
un appareil plus perfectionne. Pour ces sortes d'amelioralions, on pourra
rechercher a qui elles profiteront, on pourra s'eclairer sur leur degre
d'utilite, et on ne sera renseigne que par la participation des interesses,
c'est-a-dire des usagers. Sans doute, on ne leur dcmandera pas d'aban-
donner tout le profit resultant de I'amelioration appoi'tee a la voie, mais il
ne sera pas excessif de leur reclamer, par exemple, 25 ou 50 centimes
pour un travail qui sera pour eux I'origine d'une economie de 1 franc. Tel
est I'csprit du projet de loi.
Ceci dit, il reste encore a mieux caracteriser ce que les autcurs de la loi
ont entendu par le mot pcage. II importe surtoul de bien ecarter toute
confusion entre I'idee de peage et celle d'impot. Le peage ne doit pas etre
un impot.
L'impot est du par tout habitant d'un pays pour subvenir aux charges
5' SECTION. — 3« SfiANCE. 315
de la nation : defense contre les dangers de I'exterieur, police a I'interieur,
gestion de certains interets generaux.
Dans la repartition de ces charges, on s'efforce d'obtenir que chacun v
contribiie proportionnellement a ses facultes, bien plus que proportionnel-
lement aux avantages qu'il retire effectivement de la protection et de
I'intervention de la societe. II est, en effct, impossible d'apprecier el de
chiffrer exaclement les avantages que chacun retire effectivement de tra-
vaux executes el de depenses faites pour assurer la securite de la nation,
pour proteger sa dignite, pour accroitre son prestige. Les charges ordi-
naires de la nation, les seules auxquelles on deinande a I'impot de faire
face, ne peuvent faire I'objet d'une ventilation de ce genre; elles courent
d'une fagon reguliere ; elles ont un caractere annuel. 11 ne saurait elre
question depercevoir Timpot par accident, momentanement et a I'occasion
d'une ceuvre utile speciale. L'imput est permanent et general. Le peage, au
contraire, a ceci de caracteristique qu'il est special, qu'il est aflecte spccia-
lement a Taccomplissement d'une oeuvre determinee, que son produit ne
pent etre employe a Taccomplissemcnt dune oeuvre distincte, et encore
moins a la satisfaction de besoins generaux. II est limite, temporaire et
s'eteint avec la realisation du but en vue duquel il a ete etabli. Je suppose
qu'on ait etabli un peage pour la construction d'une ecluse a grande chute
et que le produit de la perception ait convert la depense de premier etablis-
sement, il ne sera plus permis de continuer la perception et d'en affecter le
montant a un autre objet. Or, le projet pose la regie de la specialisation
d'une fagon absolue. Si, par exemple, le produit d'un peage gageant un
emprunt excede la somme necessaire au paiement de I'annuite, le montant
de ce peage sera applique ou a abreger la periode d'amortissement, ou il
sera I'objet d'une revision tendant a en reduire le taux. Le projet de loi
precise done le caractere des peages. Mais je prie ceux qui m'ecoutent de
bien remarquer que le projet dont j'ai I'honneur de les entretenir ne tend
a instituer, quanl a present, aucune taxe. II s'agit exclusivement d'une loi
organique posant des principes et habilitant le Gouvernement a etablir des
peages dans des conditions strictement determinees. Apres avoir defini les
peages, le projet se borne a determiner quelles seront les bases et les
conditions de perception auxquelles on pourra avoir recours, les cir-
constances dans lesquelles il pourra etre fait application des principes
poses.
Ces principes touchent a deux ordres d'idees : 1° Sur quelles bases la
perception pourra-t-elle etre autorisee? Quelle en sera I'assiette? 2" Quels
sont les maxima que les peages etablis par decret ne pouiront depasser?
Arretons-nous d'abord aux bases de la perception. Les droits pergus
anterieurement en France sur la navigation par des concessionnaires, ou
par I'Etat, soit a titre de peage, soit a litre d'impot, reposaienl le plus
souvent sur I'unile de distance combinee avec Tunite de poids. On comptait
par tonne et par kilometre. Un certain correclif eiait en meme temps
316 PROCfiS-VERBAUX DES SEA^XES DES SECTIONS.
demande a la nature et a la valeur des marchandises, soumises a cet effet
a line classification. On ne s'inquietait pas dc savoir si I'expedition etait
urgente ou non, si les objets transporles etaient ou non volumineux, s'ils
entrainaient ceiiaines sujetions d'emballage ou de manutenlion, quelle
etait leur divisibilite, quel etait leur degre d'alterabilite, quels etaient les
risques de la route. Surtout, on laissait completeraent de cote les moyens
que pouvait avoir le trafic de s'adresser a des procedes de transports con-
currents. On ne tenait aucun compte de sa capacite contributive, c'est-
a-dire de son aptitude a supporter dans son prix de revient a destination
une majoration de frais du fait du transport. Le tarif ne con tenait qu'un
petit nombre de classes dans lesquelles devaient rentrer tons les objets.
Ce mode de proceder etait eminemment defectueux. On a cherche a intro-
duire dans le projet de loi des bases de perception plus rationnelles, plus
pratiques, plus equitables. On y tient compte de la duree du sejour du
bateau au port et sur la voie. On espere obtenir ainsi des entrepreneurs
de transport qu'ils n'encombrent pas inutilement la voie; on accroilra
ainsl du m6me coup I'utilisation de la voie et du materiel de transport.
On tient comple en meme temps et de la capacite du vehicule, du poids,
de la nature de la marchandise, comme on tient compte du nombre de
teles d'animaux pour le betail. La distance parcourue entrera en ligne de
compte, non seulement comme unite kilometrique, mais aussi pour per-
mettre de faire decroitre la taxe kilometrique avec I'accroissement de la
longueur du trajet. L'unite de distance ne sera plus un element exclusif
de taiification, mais se combinera avec les elements que nous venons de
nommer. Les tarifs a etablir pourront encore varier d'apres I'espece du
bateau et la nature de la marchandise. II pourra etre prevu des attenua-
tions de tarifs, des abonnements et des exemptions. 11 est bien entendu
que la mulliplicite des bases ne veut pas dire qu'il sera necessairement
fait application de chacune d'elles dans chaque tarif. L'exploitant, I'Etat
ou le concessionnaire, pourra choisir entre ces bases diverses, en com-
biner les elements. Si plusieurs bases fonclionnent ensemble, la taxe
aflerente a chacune d'elles pourra etre extremement basse. Elle ne serait
alors justifiee que si elle se trouvait, dans chaque cas, appliquee a un
nombre d'intercts taxables raisonnables. Supposons, par exemple, que
Ton adopte comme unite taxable le poids des marchandises pour le pas-
sage dans un ascenseur; il serait inadmissible qu'on mit en mouvement
un appareil dont chaque operation est couteuse, pour le passage d'un
bateau minuscule ou d'un bateau ne contenant qu'un chargement intime,
si le produit de la taxe imposee au transporteur n'atleint pas un certain
chiffre. En prevision de cette eventualite la loi permet la fixation d'un
minimum de perception pour le passage d'un bateau ou d'un chargement
et cela pour chaque element du tarif. Quant a la faculte d'abonnement, elle
se justifie par cette consideration que Ton doit des avantages, c'est-a-dire
des moderations de prix, aux clients qui font un usage frequent de la voie
3' SECTION. — 3* SEANCE. 517
et assurent une recette iraportante. Les auteui's de la loi se sont ample-
ment inspires, pour la redaction de cette parlie de la loi, des remarquables
etudes laissees sur la question des peages par un homine qui a illustre le
corps des Ponts et Chaussees, disparu de ce monde depuis longtemps deja,
mais dont le souvenir a suhsiste. Je veux parler de M. I'lnspecteur general
Dupuit. Des 1849, dans un memoire insere aux Annales des Ponts et
Chaussees, et qui sera longtemps encore consulte avec fruit, il tragait les
regies a suivre pour I'etablissement et le fonctionnement de tai'if's appli-
cables a I'exploitation des ouvrages publics. Son idee dominante etait que
Ton ne doit pas apprecier I'utilite d'un ouvrage public par la seule recette
qu'il fournit a I'exploitant, non plus que par la difference entre les prix
pratiques au passage ameliore par cet ouvrage avant son execution et les
prix resultant des nouveaux tarifs, mais par la somme des economies et
des avantages que I'existence de cet ouvrage assure en meme temps a
Texploitant, aux usagers directs et a tons ceux qui en ressentent Tinfluence.
Or, les conditions dans lesquelles la taxe est etablie et maniee exercenl
une grande influence sur I'utilisation de I'ouvrage qui en est I'objet. Cette
observation s'applique a tons les instruments de transports, que les
transports s'efTcctuent par terre ou par eau. Pour se concilier avec le
maximum d'utilisation possible d'un ouvrage ou d'un appareil, le tarif des
taxes doit acquerir une flexibilite suffisante pour permettre a tons les
elements du trafic susceptibles de le faire, de recourir a I'usage de cet
appareil ou de cet ouvrage. La taxe doit, pour chaque categoric d'elements
de trafic, s'abaisser jusqu'a la limite au-dessous de laquelle cette categoric
d'elements se serait derobee. L'exploitant doit done avoir une certaine
dexterite dans le maniement des taxes, de fagon a n'eliminer aucun ele-
ment de trafic, sans toutefois comprometlre la productivite des taxes.
Quelques annees apres avoir ete exposees par Dupuit, ces considerations
ont rcQU d'un grand administrateur de chemins de fer, M. Solacroup, une
formule que, pour ma part, je trouve tres saisissante dans sa concision et
sa nettele : « Le tarif des taxes, dans une exploitation bien conduile, doit
(c demander a chaque usager tout ce qu'il pent donner, mais rien que
« ce qu'il peut donner. » D'apres ce principe, toute taxe qui chasserait un
element de trafic serait mauvaise en meme temps pour I'usager ecarle,
pour Texploitant qui perdrait une recette meme faible, pour I'ouvrage dont
I'utilisation serait restreinte. Inversement, toute taxe inutilement abaissee
aurait, de son cute, I'inconvenient de faire perdre une ressource a I'ope-
ration, et d'obliger a demander cette ressource a une autre categoric
d'usagers pourtant plus inleressante puisque sa force contributive serait
moindre. Ce n'est la, au surplus, que I'application aux services publics
d'une loi economique qui est celle du commerce en general. 11 n'y a pas
de commergant digne de ce nom qui ne sache qu'on doit graduer ses prix
non seulement d'apres la quotite et le prix de revient de la marchandise,
mais aussi d'apres la capacite d'achat de chacun des groupes de clients
518 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
auxquels on s'adresse. Les idees que je viens de rappelcr n'ont certaine-
ment pas echappe aux auleurs du projet de loi dans la redaction de I'ar-
tii le 15 dont j'ai prccedcmment donne I'analyse.
Les auteiirs de la loi ne se sont pas bornes a definir les bases de percep-
tion auxquelles pourrait recourir le Gouvernement, quand, dans I'avenir,
il voudrait instituer des peages. lis ont tenu eigalement a determiner stric-
tement les limites maxima au-dessous desquelles pourraient se mouvoir
les taxes, lis entendaient, en posant ces limites, doiiner aux usagers la
garantie que les peages institues par decret, resleraient forcemont mode-
res, lis ont done adopte, vous allez le voir, des maxima extremement
modcstes, declarant d'ailleurs dans I'expose des motifs que leur intention
etait de reserver, an legislateur, le soin d'instiluer par des lois speciales
les peages d'une certaine importance. Je ne puis mieux faire, pour \ous
edifier sur la modicite des maxima, quede vous lire I'article 10 du projet :
« Les peages elablis par decret ne peuvent depasser les maxima ci-apres
« fixes :
(c 1° Quand le peage est relatifau passage sur une parlie de la voie navi-
« gable, amelioree par un ouvrage nouveau ou modifie :
« 0 fr. 05 par tonne de jauge de bateau;
« 0 fr. 05 par tonne do marchandise ou par voyageur;
« 2° Quand le peage est relatif an stationnement dans un port et ses
« dependances, ou dans une paitie delerminee de la voie :
« 0 fr. 025 par tonne de jaugc du bateau et par jour, avec maximum
« de perception de 0 fr. 25 par tonne ;
« 0 fr. 025 par tonne de marchandise et par jour, avec maximum de
perception de 0 fr. 25 par tonne;
« 0 fr. 25 par voyageur;
« 5° Quand le peage est relatif a une circulation :
« 0 fr. 001 par kilometre et par tonne de jauge du bateau ;
« 0 fr. 001 par kilometre et par tonne de marchandise ou par voya-
« geur. »
Jusqu'a present, je n'ai parte que des taxes de peages per^ues a I'occa-
sion du simple passage ou du seul stationnement sur une voie. Des prin-
cipes analogues ont preside a I'elaboration des dispositions relatives aux
taxes etablies pour Tusage d'outillages publics. Le projet de loi prevoit
differents cas : celui ou Toutillagc public est etabli et exploite par un entre-
preneur, celui ou I'outillage public est construit et gere par un etablisse-
ment public. Dans le premier cas, il fixe a dix ans la duree assignee a la
validite des tarifs maxima; cette meme duree est reduite a cinq ans dans
le second cas.
Je ne puis, au surplus, entrer ici dans plus de details en ce qui con-
cerne les taxes. Je I'ai deja dit, je n'ai pas a vous donner une analyse et
un commentaire complets du projet de loi, mais uniquement a en indiquer
I'economie et les grandes lignes. Je me rassure, en outre, en pensant que
3' SECTION. — 3' SEANCE. 319
si mes explications ont ete insuffisantes, un des principaux auteurs de la
loi, son editeur responsable, est la pour les completer et les rectifier au
besoin.
Pour achever ma tache, il me reste a dire au profit de qui el par qui
seront pergues les taxes, notamment les taxes de peage, par qui les pro-
duits en seront centralises.
En these generale, il y a des inconvenients a ce que les peages soient
etablis au profit de lEtat, a ce que les produils en soient centralises par
une administration publique. Deja, dans une precedente seance, j'ai eu
I'occasionderappelerlesmecomptes du passe en ce qui concerne la France.
Les lois du 50 floreal an X et du 2i mars 1825 avaient institue, au profit
de I'Etat, des peages speciaux sur certaines rivieres. Le produit de ces
peages devait etre reserve aux rivieres sur lesquelles ils etaient pergus.
Mais les difficnltes finnncieres sontsurvenues pour I'Etat; des besoins d'ar-
gent se sont raanifestes et, meconnaissant la specialite des peages, I'Etat
en a fail rentrer les produils dans les ressources generates du budget. II
faut eviter le rctour de pareilles eventualites. Au surplus, il eiit ete diffi-
cile aujourd'hui d'instiluer des peages speciaux et d'en centraliser les pro-
duils dans un compte special du budget. Les regies acluelles de noire
comptabilite publique s'opposent a une semblable piatique. Un des prin-
cipes de noire regime financier est celui de I'unile budgelaire. Le scul
moyen d'assurcr la specialite du produit des peages elait done de recourir
a I'interposition d'un etablissemenl public jouissanl de la personnalite
civile, el qui serail charge d'encaisser les produils et d'en assurer I'emploi.
II existe deja un precedent pour la centralisation de taxes qui presentent la
plus grande analogic avec celles donl le projet de loi propose rinstilution.
Dans certains ports maritimes frangais, les Chambres de commerce en-
caissent el cenlralisent les produils des droits de tonnage pergus a I'enlree
de ces ports; e'les se chargenl en meme temps de contracler des emprunts
gages au moyen des produils des droits, el d'en verser le montanl dans les
caisses du Tresor, pour etre aftecte a des travaux determines. Cette inter-
vention des Chambres de commerce a permis d'executer, depuis un demi-
siecle, de grands travaux d'amelioration dans nos ports maritimes; elle
s'est meme etendue d'une fagon plus directe encore, a Texecution et meme
a I'exploitation de travaux d'oulillage.
La premiere pensee qui devait se presenter aux auteurs du projet de loi
sur la navigation interieure, elait de recourir, pour la centralisation des
taxes qu'ils songeaient a instiluer, a ces memes Chambres de commerce
donl le concours avail ele si fecond en ce qui concerne la navigation mari-
time. Malheureusement, les situations n'etaiont pas idenliqucs, eliln'elait
pas possible de proceder exactement de la memo maniere duns les deux
cas.
Un port maritime represenle un appareil concentre, bien delimite, facile
a rattacher a la circonscriplion d'une Chambre de commerce delerminee,
3-20 PROCES-YERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
laquelle a le plus souvent son siege dans la ville meme que dessert le port.
II n'en est pas de meme d'une voie navigable qui se developpe en lon-
gueur, parcourant et desservant des territoires sans limiles precises, qui
est solidaire, a ses extremites et par ses embranchements, de I'ensemble
du reseau dont elle fait partie. Les clients d'une voie navigable ne sont
pas, comme ceux d'un port, localises aux abords de ses ouvrages, le long
de sesquais,et ce serait la plupart du temps se tromper gravement que de
considerer comme representant exactement les interets de la clientele
d'une riviere ou d'un canal, les Chambres de commerce dont les circon-
scriptions confinent a leur cours. A defaiit des Chambres de commerce, on
songea a constituer, sous le nom de Chambres de navigation, des per-
sonnes morales ayant une origine et des caracteres analogues, aptes a
grouper et representer aussi exactement que possible les interets engages.
Le probleme etait difficile a resoudre. Je ne dis pas que la solution
du projet soit parfaite, — la perfection est impossible a atteindre en
pareille matiere, — mais, a mon sens, elle est aussi satisfaisante qu'on
pent le souhaiter, et s'ecarte aussi peu que possible des donnees de la jus-
lice et de la logique. Le principe auquel cherche a se rattacher la solution
proposee est d'appeler a la constitution de la personne morale, de la
Chambre de navigation, les interesses eux-memes, dans la mesure ou il
est possible de les saisir et de les connaitre. Ces interesses, ce sont tous
ceux| qui circulent sur les voies navigables que Ton considere, ce sont
ceux qui expedient ou recoivent les marchandises qui empruntent les
memes voies : entrepreneurs de transports par can, commergants et
industricls. Ajoutons de suite qu'en dehors des interets que nous venons
de signaler, il en existe d'autres qui ne sont pas sans importance ; nous
voulons parler de certains interets d'ordre general, stralegique, adminis-
tratif et autres. La personne morale a constituer doit representer tous ces
interets ; elle doit etre administree par des delegues de ces inlerels.
11 est possible a la rigueur de connaitre les transporteurs, — sinon
ceux qui seront ulterieurement appeles a se servir d'une voie ou d'un
reseau, — au moins ceux qui orit I'habitude de les frequenter. Le projet
de loi accorde aux transporteurs un quart de la representation; leurs
delegues doivcnt etre designes au moyen d'elections. Un second quart est
attribuc aux administrations publiques interessees ; les delegues sont ici
nommcs par decret.
Quant aux expediteurs et destinataires de la marchandise, — les prin-
cipaux int6resses, en definitive, a I'existence et au fonctionnement d'une
voie de transport, puisque c'est pour eux qu'est creee toute voie et que
c'est pour eux que travaillent les transporteurs et les administrations
publiques, — on ne saurait songer a les connaitre d'avance, a les grouper
el a les faire intervenir directement dans la designation des delegues.
Les interesses si nombreux et si dissemines du dernier groupe dont
nous venons de parler ont, d'ores et deja, des representants legaux de
3« SECTION. — 3" SEANCE. 321
leurs interets commerciaux. Ce sont les Chambres de commerce. On a
pense qu'il serail rationnel de considerer comme electeurs du premier
degre toutes les Chambres de commerce dont les ressortissants fournissent
du trafic a une voie ou a un reseau, et d'altribuer a chaque Chambre de
commerce, dans relection des delegiies des expediteurs et destinalaires,
une influence en rapport avec I'importance du trafic fourni par sa circon-
scriplion.
Pour apprecier le nombre de voix a donner a chaque Chambre de com-
merce, on s'est livre a un travail laborieux et minutieux de statistique, de
facon a degager, pour chaque circonscription, le nombre de tonnes embar-
quees ou debarquees, au cours d'une annee determinee, a destination ou
en provenance de reseaux prealablement delimites. Ce sont les chiffres de
ce premier depouillement qui serviraient de base a la premiere repartition
des voix.
II y aurait quatre reseaux principaux, et autant de Chambres de navi-
gation principales : du Aord, du Centre, de I'Est, du Sud-Est. Ce chiffre
pourrait d'ailleurs etre augmente.
En dehors des Chambres de navigation principales, designees par la loi,
il pourrait y avoir des Chambres secondaires instiluees par simple decret.
Ces Chambres constituees, elles auraient, cornme nous I'avons dit, a
eclairer I'Administration sur les travaux d'amelioralion a enlreprendre,
sur I'opportunite d'elablir les taxes a percevoir, a cenlraliser les produits
des taxes de peage ou d'usage, a reunir les fonds necessaires aux travaux,
en gageant les emprunts contractes au moyen des produits des taxes, a
ctablir et a administrer, le cas echeant, les services d'outillage qu'on
aurait reconnu utile de leur confier.
Le projet de loi, api'es avoir passe en revue les attributions des Chambres
de navigation, regie les elements conslitutifs de leuis ressources, le mode
de gestion de ces ressources, leur fonclionnement.
Je ne crois pas avoir a enlrer dans le detail des dispositions nombrcuses
et tres etudiees que comporte le projet a ces diflerents points de vue.
M. le President m'a invite a me borner aux grandes lignes, a un expos6
de principes. II me semble que ma tache est terminee. {Applaudisse-
ments.)
M. LE President. — Je remercie M. Beaurin-Gressier de son resume si
complet et si clair. Conformement a ce qui a ele entendu, la discussion ne
doit commencer que demain matin sur la T Question du programme :
« Taxes ou peages sur les voies navigables. »
La seance est levee a 5 heures 30.
2t
322 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
QUATllIEME SEANCE
Samedi 23 Juillet (matin).
Presidence de M. Yves GUYOT.
La seance est ouverte a 9 h. 15 minutes.
M. LE President. — Vous savez, Messieurs, que I'ordre du jour comporte
la discussion des resolutions presentees sur la 7'' Question.
11 est incontestable qu'il faut un textede resolution surlequel nous puis-
sions discuter. Deux de nos honorables collegiies, MM. Rafl'alowich et Boule
ont redige chacun une serie de resolutions qui pouiront servir de bases a
la discussion, et dont voici le texte :
Conclusions de M. Raffalowich.
« 1" On doit considerer comme un principe essentiel qu'aucun impot ne
« doit etre etabli sur la navigation interieurc;
« 2° Le budget general de la nation doit, autant que possible, pourvoir
« aux depenses d'etablissement et d'amelioration des voies fyisant parlie
« integrante du reseau, ou pouvant etre considerees comme en formant le
« complement necessaire;
« 3° Si le budget general ne pent subvenir dans un delai raisonnable aux
« depenses mentionnees dans la resolution n" "2 ci-dessus, il convienl de
« se resigner a en hater la realisation, du moins poui- parlie, au moyen
« d'avances de capitaux portant interet et amorlissement, payables a I'aide
« d'un peage, et d'eviter ainsi un ajournemcnt de la jouissance des amelio-
« rations a realiser.
« 4" 11 doit etre entendu que le taux d'un peage ne devra jamais repre-
« scnter qu'une fraction des avantages assures aux usagers par I'execu-
« tion des travaux dont la depense motive I'etablissement dudit peage.
« 5" Les ameliorations locales ne touchant qu'a des interets speciaux
« bien determines et bien circonscrits, tels qu'etablissements de rivages,
« ports locaux, garages, etc., peuvent etre laisses, en partie du moins,
« comme dans le passe, a la charge des communes, des societes privees ou
« des particuliers.
« A defaut de I'intervention fmanciere des communes qui ne consenti-
« raient pas a mettre la depense des ameliorations les interessant a la
« charge de leurs contribuables, il pent convenir de la mettre a la charge
« des usagers.
« 6" II importe que les interets touchant aux transports par eau soient
•« representes par des etablissements publics speciaux constitues par voie
o« SECTION. — 4« SEANCE. 323
« d'election; par exemple, en faisant appel au suffrage direct des inleresses
« ou de mandataires elus eux-memes deja par les interesses. »
Conclusions de M. Boule.
M. Boule propose d'adopter les conclusions suivantes, qui lui paraissent
resumer celles de MM. de Sytenko, Beaurin-Gressier et Sympher :
« 1° II ne doit etre pergu aucun impot fiscal sur les transports des mar-
« chandises, et c'est a juste titre qu'en France, apres avoir supprinie
« I'irnpot sur les transports en petite vitesse par les chemins de fer, on a
« supprime ensuite les anciens droits fiscaux sur la navigation.
« 2" On ne doit percevoir sur les voies navigables que des tax* s d'usage
« en remuneration de services rendus.
« Le produit de ces taxes doit etre exclusivement consacre a des depenses
« profitables a la navigation sur la voie ou elles sont peri^-ues.
« 3" On ne doit percevoir aucune taxe de circulation sur les voies natu-
« reliement navigables.
« Leur correction et regularisation comme leur entretien incombent a
« I'Etat, qui doit administrer et conserver le domaine public fluvial, dans
« rinteret de tons, sans nuire aux riverains, conserver la peche dont les
« produits lui appartiennent, et ameliorer Tecoulement des eaux, aussi
« bien pendant les crues que pendant les secheresses, cela meme sur les
« cours d'eau qui ne sont pas frequentes par la batellerie.
« 4° La navigation doit, au contraire, supporter des taxes d'usage pour
« I'outillage de la voie et des ports, sur les rivieres aussi bien que sur les
« voies artificielles.
« 5" On peut, dans certaines circonstances, admettre des taxes sem-
« blables pour I'usage des ouvrages de canalisation des rivieres, tels
« qu'ecluses et barrages, dont les frais d'entretien et de manojuvre croissent
« avec le tralic et avec le perfectionnement de la voie.
« Ces taxes d'usage sont principalement justifiees sur les voies navigables
« artificielles ou il faut entretenir, outre les ecluses, desponts mobiles et
« des reservoirs, des machines d'alimentation, ainsi que des travaux
« d'etanchement ou autres.
« 6° Enfm, lorsqu'il s'agit de creer une nouvelle voie navigable artifi-
ce cielle, I'Etat peut subordonner sur concours, et meme la declaration
« d'utilite publique de I'entreprise, a la perception de droits de peages
« destines a amortir la partie des depenses de premier etablissement qu'il
« ne croit pas devoir raeltre a la charge de I'ensernble des contribuables.
« Befuser de supporter cette taxe equivaudrait pour les interesses a s'op-
« poser a I'etablissement de la nouvelle voie. »
M. BouLE. — Les deux premiers articles sont a peu pres entierement
extra its du rapport de M. de Sytenko.
Le troisieme article est extrait du rapport de M. Sympher.
M. LE President. — Messieurs, ces projets de resolutions seront imprimes
h
524 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
dans le prochain niimero dii Bullelin officiel du Congres. II est evident
que nous ne pouvons les discuter loutes immediatement, parce que noire
seance sera courle.
Je demanderai a M. Rafralowich de vouloir bien traduire en anglais ct en
allemand la premiere des resolutions presentees par M. Boule. C'est sur
cette premiere resolution que nous allons engager lout de suite la discus-
sion.
M. d'Artois. — Je ne voudrais pas que les propositions qui viennent
d'etre failes fussent disculees sans qu'on ait examine en meme temps des
contre-resolulions.
M. LE President. — Parfaitemenl.
M. d'Artois. — Voici le texte de la resolution que je soumels a la Section :
Propositions de M. d'Artois.
« i° L'exislence et le developpement de la navigation interieure consli-
« tuent un element indispensable de la prosperile des nations.
« 2" La circulation sur les voies navigables ne doit etre soumise a aucune
« taxe ni peage, tout relablissemcnt de droits ne pouvant que compro-
« meltre l'exislence de la batellerie. »
Je Yous demanderai encore, Messieurs, si le bureau veut bien m'y auto-
riser, la permission de donner connaissance d'une lellre relative au projet
de loi du Gouvernemenl francais sur les Chambres de navigation, et ema-
nant du Syndicat de la Batellerie frangaise.
M. LE President. — Messieurs, je ne crois pas — je I'ai deja dit ici —
que nous puissions, dans une section du Congres de Navigation interieure,
trailer des questions soumises au Parlement. Nous pouvons disculer les
questions de principe, mais je ne crois pas que nous puissions examiner le
del ail du projet de loi soumis aux deliberations du Parlement. Par conse-
quent, je prie U. d'Artois de ne pas donner lecture de sa lellre.
M. d'Artois. — Je demanderai seulemenl, Monsieur le President, a
faire une observation. Ce projet meme a ete porle a la connaissance du
Congres dans son inlegralile. II en a etc fait une analyse extremement com-
plete, et, en definitive, nous nous Irouvons aujourd'hui autorises, et obli-
ges, a examiner la question dans ses details.
Je suis assez d'avis qu'on n'aurait pas dii apporler au Congres un projet
de loi fort discule, qui a soulevede Ires grandes oppositions dans la batel-
lerie et dans le commerce.
Aujourd'hui la question est posee, et nous ne pouvons que formuler
notre opposition au projet de loi dont il nous a ete donne connaissance
hier.
M. LE President. — Messieurs, un Syndicat a envoye a tons les membres
du Conares le texte du projet de loi.
M. d Artoi'^ — Je puis declarer que je suis elranger a cet envoi.
5" SECTION. — 4« SE.OCE. - 535
M. LE PREsroENT. — Ce n'est pas un reproche.
Tous les membres du Congres connaissent done leprojel. Maisje faisune
cerlaine distinction entre un envoi que tout le monde a le droit de faire,
et la lecture de cette lettre du Syndicat de la Batellerie francaise.
M. le Ministre des travaux publics a parte, dans la seance d'ouverture du
Congres, du projet de loi sur la navigation interieure. Par consequent, au
fond de beaucoup des preoccupations dont il s'agit, se Irouve ce projet de
loi relatif aux Chambres de navigation. Je n'ai pas voulu le dissimuler, et
I'honorable M. Beaurin-Gressier a bien voulu en faire une analyse. De plus,
j'en ai fait apporter un certain nombre d'exemplaires. Les voici a la dispo-
sition des membres qui veulent en prendre connaissance.
Nous ne tenons done pas le moins du monde a ie mettre sous le boisseau.
Mais — j"ai deja eu I'occasion de m'expliquer a ce sujet — il y a une
certaine diilerence entre discuter des principes surlesquels pent s'appuyer
ce projet, etdiscuter par le detail, dans un Congres international, un projet
de loi qui emane du Gouvernement frangais, et qui est soumis a laChambre
des deputes.
Je dois vous rappeler. Messieurs, que nous sommes un Congres interna-
tional, et que nous ne pouvons pas faire abstraction de ce caractere du
Congres.
Des principes generaux comme ceux qui out ete formiiles dans les reso-
lutions presentees par I'honorable M. Raflalowich et I'honorable M. Boule,
sont des textes sur lesquels pent deliberer et discuter Ic Congres.
Je prierai done les membres de la 0' Section de vouloir bien se borner
a discuter dans les conditions que j'ai indiquees. {Approbation.)
M. d'Artois. — Je ferai observer que I'analyse extremement complete
qui a ete donnee du projet de loi, appelle une discussion de ce projet, ou
du moins fera intervenir dans la discussion des allusions a ce projet.
M. LE President. — Des allusions, c'est evident. Mais s'il s'agissait de
resolutions precises et speciales, je dois dire que, si quelqu'un insistait
pour qu'on les mit aux voix ou qu'on les discutat, je serais oblige d'en
referer au bureau du Congres.
Un MEMBfiE. — II cut ete plus simple de s'en tenir au rapport de
M. Beaurin-Gressier qui posait la question de principe, sans s'occuper du
projet de loi qui nous divise.
M. LE President. — Je vous ferai observer que c'est a litre d'information
que cette communication a ete faite. II avail ete entendu auparavant
que la 3^ Section ne discuterait pas le projet de loi. Nous avons vu
M. Robert Mitchell lui-mSme, au .moment ou il allait aborder cette ques-
tion, faire ses reserves et demander si reellement elle pouvait etre traitee.
Je ne crois pas que Ton puisse arguer, en faveur de la discussion
du projet de loi, d'une communication qui a ete faite a la 5^ Section,
afin que celle-ci eiit entre les mains tous les elements d'appreciation
possible.
526 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
M. d'Artois. — Je m'incline; je n'ai pas a insistcr davantage.
M. LE President. — Du reste, vous rentrez parfaiteinent dans cet esprit
par la proposition de resolution que vous nous soumeltez.
M. Captier. — Je demanderai a dire un mot sur un complement que je
desirerais voir ajouter a la resolution du Congres de Manchester qui a ete
renouvelee hier.
Je propose, si la Section est de cet avis, de faire ajouter au proces-
verbal, que le mot « entretien » est compris dans le sens le plus large,
c'est-a-dire dans le sens de « toutes les ameliorations que cet entretien
comporte » . ,
II y a eu une petite discussion hier a ce sujet. M. Beaurin-Gressier a
fait une observation a iaquelle j'ai repondu. Je crois avoir ete I'interprete
de la majorite de la Section, et je desirerais que cette addition au voeu fut
voice, parce que le mot « entretien », prif; lout seul, ne comporte pas la
question des ameliorations.
M. le President. — Monsieur Captier, je vous ferai observer qu'il est
extremement difficile d'interpreler ainsi une resolution adoptee par la
5'' Section.
Nous ne pouvons pas revenir sur le texte adopte hier.
Votre observation sera mise au proces- verbal.
M. Captier. — C'est tout ce que je dcmande.
M. le President. — Messieurs, vous avez entendu la lecture du projet de
resolution propose par M. d'Artois.
Je ne crois pas qu'il y ait une grande discussion sur la premiere partie
de cetle resolution.
Quelqu'un demande-t-il la parole?
Je mets aux voix cette premiere partie de la resolution. (Adoptee.)
M. IE President. — Nous avons maintenant la seconde partie de la pro-
position qui pose le principe general que la circulation sur les voies navi-
gables ne doit etie souinisea aucunetaxe, ni droit de navigation, ni peage.
Au contraire, M. Raffalovvich fait une distinction. Suiviint lui, on doit
considerer comme un principe essentiel qu'aucun impot ne doit etre
etabli sur la circulation interieure, c'est-a-dire aucun droit fiscal tombant
d^ns les ressourccs generates du budget. II ne dit pas que, dans certaines
circonstances, il ne doive pas etre etabli certaines taxes ou certains peages
pour remuiierer certains services ou capitaux employes a la construction
ou a I'amelioratioii des voies navigables.
Nous avons enfin la premiere resolution de M. Boule, qui ne dilFere que
par la redaction de la premiere resolutiqn de M. Raft'alowich.
Par consequent, nous nous trouvons en face de deux textes precis.
Je vais donner la parole aux personnes qui se sont deja fait inscrire sur
cette question.
L'honorable M. North pourrait nous donner quelques renseignements
sur les taxes et peages aux Etats-Unis.
5° SECTION. — i" SEANCE. 527
M. Edward P. North. — In the United States most of our canals and water-
ways are under the charge of the general Government, except in the case of
three or four States — Pennsylvania, New- York, Ohio, and one canal in
Illinois, [n these instances the canals are under State or proprietory con-
trol. The Pennsylvania Canal and the Delawar-Hudson Canal — wich is
a coal canal — are owned by private individuals or coal companies. The
Erie canal is owned by the State of New^ York ; the Ohio Canals, by the State of
Ohio. There is also one small canal, 100 miles long, in Illinois, owned by
the State. All the Government waterways, whether canals, lakes or rivers,
are entirely free from tolls. Since 1885 the Erie Canal and its branches
in the State of New York have been free from tolls. Both these systems of
canals — the Government canals and the Erie Canal and its branches — are
maintained by the General or State Government, and are free to every one
without any toll. Merely a small charge for registering the vessel is made
when it is first put into Commission and that covers all the charges for the
use of the waterways. The State of New York spends between 800000 and
900 000 dollars a year in the maintenance of the Erie Canal, and that is
included in the general State tax, so that the cost does not fall on the trans-
porters but on the people of the State. The General Government makes
an appropriation every year or every two years for the improvement of the
canals and harbours, both on the lakes and on the sea coast. These appro-
priations in the last ten years amounted to a little over 100 000 000 dollars.
Since the commencement of our Government, the appropriations for the
M. North. — Aux Etats-l'nis, la plupart de nos canaux et voles navigables depen-
dent du gouvernement general, sauf pour trois ou quatre Etats, — Pensylvanie
New-York, Ohio et un canal de I'lllinois — ou les canaux sont exploites par I'Etat
ou par leurs proprietaires. Le canal de Pensylvanie et le canal de la Delaware a
I'Hudson — qui est un canal charbonnier — sont la propriete de particuliers ou
de compagnies de charbonnages; le canal Erie est Ja propriete de I'Etat de New-
York, et les canaux de rOhio, celle de I'Etat d'Ohio. L'Etat dTllinois possede
aussi un petit canal de 160 kilometres de long.
Toutes les voies navigables appartenant au gouvernement : canaux, lacs ou
rivieres, sont entierement exempts de droits. Depuis 1883, le canal Erie et ses
embranchements dans I'Etat de New-York sont egalement exempts de droits.
Ces deux systemes de canaux, canaux du gouvernement et canal Erie avec ses
embranchements, sont entretenus par le gouvernement general ou par celui de
I'Etat; Pacces en est Hbre a tous, et aucune taxe n'est pergue, si ce n'est un
leger droit pour I'enregistrement des bateaux qui y circulent pour la premiere
fois. L'Etat de New-York depense de 4 a 5 millions de francs par an pour I'en-
tretien du canal Erie, et les ressources necessaires sont puisees dans le rende-
ment de la taxe generate d'Etat, de sorte que les depenses ne sont pas a la charge
des seuls transporteurs, mais bien de la population tout entiere de I'Etat. Le
gouvernement regie, chaque annee ou tous les deux ans, les depenses a faire pour
I'amelioration des canaux et des ports etablis soit sur les lacs soit sur la cote.
Lesdepenses faites dans ce but durant les 10 dernieres annees se sont elevees a
I
328 PROCES-VERBAIX DES SfiANCES DES SECTIO?JS.
improvement of rivers harbours and waterways generally by the General
Government have amounted to 204, 157, 649 dollars. \Yherever the
Government has any waterway it charges no tolls. The operation has been
a very successful one so far as cheapening freights and the returns to the
country from cheap freights are concerned. The last census shows that on
the great lakes — lakes Superior, Michigan, Huron and Erie, extending
from Duluth and Chicago to Buffalo, in the State of New York — the total
commerce amounted to .oO odd million tons, wich were transported an
average distance of 566 miles, so that the ton-mileage amounted to over
17 000 000000. That was about one quarter of the ton mileage of our
171000 miles ofi'ailroad. The charge for freight on this system of water-
ways averaged the 13/100 of a sou per ton-mile. Compared with the ave-
rage rate on all our railroads, which was 911/1000 of a sou per ton-mile.
These were the figures reported by our inter-Stale railroad commissioners.
Thus the saving in freight to the people who used the waterways amounted
to 135 800000 dollars in one year. The total sum appropriated for the
improvement of these lakes and their harbours and the rivers running into
them was been less than 29000 000 dollars, so that the return in one
year for the expenditure in and around these lakes was four and a half
times the entire expense of improving then during the last 100 years.
Or, to put it another way, if the saving were capitalised at 5 per cent it
would justify an expenditure of 2 700 000 000 dollars. We in the United
States think that the reduction in freight rates — which in 25 years have
plus de 500 millions de francs, et, depuis les debuts de noire gouvernement, il
a ete alfecte une somme de 1 milliard 80 millions de francs a Tamelioration des
rivieres, ports et voies navigables en general. Pourtant nulle part le gouverne-
ment ne percoit de droits ni de taxes. Celte maniere de faire a donne des resuUats
tres heureux en ce qui concerne I'abaissement des frets et le benefice que lire
le pays de cet abaissement. Le dernier recensemenl montre que le trafic total
sur les grands lacs — lacs Superieur, Michigan, Huron et Erie, s'etendanl de
Duluth et Chicago jusqu'a Buffalo dans I'Etat de New-York — s'eleve a 30 mil-
lions de tonnes transportees a une distance moyenne de 906 kilometres, de sorte
quele trafic est superieur a 27 milliards de tonnes kilometriques, et equivaul a
peu pres au quart du tonnage kilometrique de nos 275 600 kilometres de
chemins de fer. Le fret sur ce systeme de voies navigables est en moyenne de
1 mill 5/tO par tonne-mille (0 fr. 004 par tonne kilometrique) tandis que par
les chemins de fer il atteint 9, 11 mills par tonne-mille (0 fr. 028 par tonne
kilometrique) d'apres les releves de nos commissaires des chemins de fer. L'eco-
nomie de fret realisee par la population qui se sert des voies navigables s'eleve
done a 679 000 000 de francs par an ; la somme totale affectee aux travaux d'ame-
lioration des lacs, de leurs ports et des rivieres qui y debouchent n'a pas depasse
145 millions de francs, de sorte que le benefice annuel couvre 4 fois i/2 les
depenses totales faites pendant le siecle dernier pour I'amelioration des voies na-
vigables. Autrcment dit, si I'economie annuelle realisee etait capitalisee a 5 0/0,
elle justifierail une depense d'etablissemenl de 15 milliards 1/2 de francs. Aux
3= SECTION. — 4° SEANCE. 529
been reduced to about one fourth of what they ^Yero, so that instead of our
having the highest freight rates in the world we now have the lowest, — ■
is largely due to our free watercourses and to the fact that they are being
continually enlarged. The canal out of lake Superior into the main svstem
known as the Sault St-Mary Canal was opened as a private business with
11 1/2 feet ot water on its mitre sills. The Government bought it and
made one lock 515 feet long, 80 feet wide, with 17 feet on the mitre sill.
The result of that was a large increase of traflic, especially in the matter
of iron ore, which is one of the principal sources of freight. Before the
large work was made a fair average was perhaps 5 1/4 dollars from Mar-
quette to lake Erie ports. Since the canal were opened this freight has
fallen to 1 dollar 10 cents perhaps on the average. The canals in Pennsyl-
vania as I said, are nearly all owned by railway companies or coal com-
panies. One of these reaches from the coal mines in the Lehigh country to
the New Jersey line and the traflic is there taken by the Morris and Essex
canal across the State of New Jersey to New York harbour. The same people
who own these coal canals generally furnish the boats to the boatmen.
Apart from their coal traffic they have very little general traffic and thev
are little importance, in influencing freight rates as they have not been en-
larged. The system of canals from New York to Pennsylvania, from
Pennsylvania into the Chessapeake, and from the Chessapeake down into
the Carolina Sounds, consists also of toll canals, but the tolls are small
and the canals carry about 7 to 8 feet of water. Their traffic is not influen-
Etats-Unis les tarifs de transport ont ete reduits au 1/i environ de ce qu'ils etaient
il y a 25 ans, de sorte qu'apres avoir ete les plus eleves dans le monde entier
ce sont aujourd'hui les plus reduits; chez nous, on est generalement d'accord
pour penser que cette reduction des tarifs est due, pour une large part, a la liberte
de la navigation et a I'amelioration continuelle de nos voies de communications.
Le canal qui relie le lac Superieur au systeme principal, et que Ton designe
sous le nom de canal du Sault-Sainte-Marie, fut oiivert par une ent reprise privee
avec une profondeur d'eau de 5 m. 50 sur les buses des ecluses. Le gouverne-
ment I'acheta et construisit une ecluse de 157 metres de long, 24 m. 58 de large
et 5 m. 18 d'eau sur le busc. Le resultat fut une augmentation considerable du
tonnage, surtout pour les minerals de fer qui sont fun des principaux elements
de ce trafic. Avant la construction de la grande ecluse, la moyenne du fret etait
a peu pres de 16 fr. 25 de Marquette aux ports du lac Erie; depuis que le canal
a ete ouvert, ce fret est tombe a 5 fr. 50 environ en moyenne.
Comme je f ai dit, les canaux de Pensylvanie sont presque tons la propriete de
compagnies de chemins de fer ou de societes de charbonnages. L'un de ces
canaux va des mines de charbon du Lehigh jusqu'a la ligne de New-Jersey oil le
trafic est repris par le Morris a Essex-Canal jusqu'au port de New-York, a travers
I'Etat de New-Jersey : les proprietaires des canaux fournissent generalement les
bateaux aux bateliers. Le trafic de ces canaux est du resfe assez faible en
dehors de celui fourni par les mines, et ces voies sont de peu d'importance car
elles n'ont pas ete amehorees. Le systeme des voies qui relie New-York a la
330 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
tial, but it is proposed to ask the Government to buy these canals and
increase theii' depth to 20 feet or more.
M. Leon Donnat. — It would be useful if M. North would explain to us
what he exactly means when he speaks of the Government. Does he mean
the Government of the State or the Federal Government? And if he means
the Government of the State, what happens in cases where a canal passes
through three or four States?
M. North. — The general Government controls all waterways that pass
through more than one State. The State of New York, the State of Ohio, and
the State of Illinois each controls waterways which are contained entirely
within their own boundaries and the general Government has I think, no-
thing to do with any canal or other waterway, that is entirely in one State
unless it is connected with the ocean or some navigable waterway that is
common by two or more States.
M. Leon Donnat. — How about the tax?
M. North. — There is no tax.
M. Leon Donnat. — I mean the maintenance. In the case of an interstate
canal, who pays for it?
M. North. — The general Government.
M. LE President. — Nous allons maintenant commencer la discussion
des resolutions qui sont proposees, savoir la 2' resolution de M. d'Artois,
la 1^^ de M. Raffalowich et la V de M. Boule.
Pensylvanie, puis cet Etat a la baie de Chesapeake et enfin a Tinterieur de la Caro-
line, est forme de canaux siir lesquels sont per^us des droits de navigation ;
mais ces droits sont peu eleves et les canaux n'ont guere que 2 m. 10 a 2 m. 50
de tirant d'eau. Leur trafie n'a pas d'importance jusqu'a present ; pourtant il est
question de demander au gouvernement de racheter ces canaux, et de porter
leur profondeur a 6 metres et au dela.
M. Leon Donnat. — II serait utile que M. North voulut bien nous expliquer
exactement ce qu'il entend par le mot gouvernement. S'agit-il du gouvernement
de I'Etat ou du gouvernement federal? et s'il s'agit du gouvernement de I'Etat,
qu'arrive-t-il dans les cas ou un canal traverse trois ou quatre Etats?
M. North. — C'est le gouvernement general qui controle toutes les voies navi-
gables traversant plus d'un Etat. L'Etat de New-York, I'Etat d'Ohio et I'Etat
d'lllinois controlent chacun les voies navigables qui se trouvent contenues entie-
rement dans leurs limites respectives, et le gouvernement general ne s'occupe
pas, je crois, des canaux ou autres voies de navigation qui ne sortent pas des
limites d'un Etat, a moins qu'ils ne soient relies a I'ocean ou a quelque autre
voie de navigation commune a plusieurs Etats.
M. Legjj Donat. — De combien sont a peu pres les droits?
M. North. — D n'y a pas de droits.
M. Leon Donnat. — Dans le cas d'un canal commun a plusieurs Etats, qui paye
les depenses d'entretien?
M. North. — Le gouvernement general.
3' SECTION. — 4^ SEANCE. 551
II y a plusieurs orateurs inscrits; mais je dois dire qu'apres M. Noble-
maire qui est inscrit le premier, je donnerai la parole a M. Ely.
M. NoBi.EM.AiRE. — Messieurs, je ne crois pas vous surprendre en vous
disaiit que j'ai rintention de combattre le projet de resolution tendant a la
suppression absolue de loute taxe de navigation propose par M. d'Artois,
et de n'approuver qu'avec reserves les resolutions proposees tan I par
M. Boule que M. Raffalowich; je suis d'accord sur le principe qu'ils invo-
querit, que la navigation ne doit etre soumise a aucun impot fiscal pro-
prement dit ; mais je crains d'etre en desaccord avec eux sur les conse-
quences que probablement — car ce que j'ai entendu de I'enonce de leurs
projets ne I'indique pas — ils en veulent tirer.
J'ai eu I'occasion, il y a trois ans, dans ce meme local, par une singu-
liere coincidence, de trailer cette meme question des droits de navigation :
j'ai defendu mon opinion avec moins d'esperance de la voir triom-
pher immediatement que de conviction, en me disant comme autrefois
Caton {Soiirires) :
« Victrix causa diis placuit, sed vicfa Catoni. »
J'etais place a cette epoque dans un milieu tout special, fort different
de celui devant lequel j'ai I'honneur de parler aujourd'hui. C'etait au
Congres des chemins de fer, comj)Ose d'hommes de chemins de fer assez
intelligents, vous n'en doutez pas {Nouveaux sourires), pour savoir quel
est I'accord qui pent et doit intervenir entre les chemins de fer et la navi-
gation, assez intelligents pour ne pas jalouser les progres fails par elle,
mais, au contraire, pour y applaudir, et pour feliciter les ingenieurs qui
en out fait, avec tant de succes depuis quelques annees, I'occupation de
leur vie.
Je m'etais place a un point de vue tout particulier, au point de vue de
la comparaison des situations respectives faites par la collaboration, par
la cooperation de I'Etat aux deux modes de transports, necessairement et,
je I'ajoute dans I'interet general, heureusement concurrents. J'avais mis
en regard I'importance des subventions consenties par I'Etat et I'impor-
tance des produils que I'Etat avail retires des sacrifices qu'il s'etait imposes
pour Tune et I'autre voie.
J'avais dit, et je me borne a le repeter ici tres sommairement, que
I'Etat avail consenti en faveur de la navigation interieure des sacrifices
qui, a cette epoque, — c'etait en 1889 — se soldaient en chiffres ronds,
par 1 500 millions, et qu'il avait consenti en faveur des chemins de
fer un sacrifice qui, a cette epoque egalement, se soldait en chiffre rond
par 5 milliards 1/2, c'est-a-dire par un sacrifice plus que double. Dans
ces 3 milliards il convenait cependant de faire une distinction : 1 mil-
liard environ a ete consacre a la constitution, par voie de rachat de di-
verses compagnies du reseau des chemins de fer de I'Etat. L'Etat a ete con-
duit par les evenements a se constituer un reseau. C'est une operation que
332 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
je ne me permets ni d'apprecier, ni de discuter, ni a plus forte raison
de blamer, mais enfin, c'est une operation d'une nature speciale.
En la laissant de cote, je Irouvais que I'Etat avail donne aux compagnies
de chemins de fer proprement dites, qui supportenl tout le resle des
depenses de construction et I'integralite des depenses d'entretien de leurs
voies, une subvention de 2 milliards 500000 000 de francs et une autre
de 1 500 millions a la navigation.
Ces chiffres represenlant la situation en 1888 sont incontestables ; mais
ce qui est incontestable aussi, et ce qu'on oublie trop souvent de dire,
c'est que, en dehors des avantages generaux qui existent des deux cotes, les
1500 millions donnes a la navigation ne produisent quoi que ce soit a
I'Etat, et que les 2 milliards 500 millions donnes aux Compagnies lui
produisent, tant en perceptions directes qu'en economies realisees sur les
transports a la charge des differents services publics, un interet annuel de
9 pour 100. C'est un placement d'enfant prodigue dans le premier cas, de
pere de famille dans le second. Je tenais a signaler cette situation d'en-
semble, dont la premiere partie est accusee couramment dans toutes les
discussions, el dont la seconde partie est soigneusement passee sous
silence.
Voila le point de vue special auquel je m'etais place dans I'assemblee
egalement speciale devant laquelle j 'avals I'honneur de parler il y a
trois ans.
Ce point de vue ne sera plus du tout le mien aujourd'hui. Je ne pronon-
cerai plus meme le mot de chemins de fer.
Je ne discuterai en aucune fagon les questions de concurrence entre les
chemins de fer et la navigation.
Je ne suis plus ici un homme de chemins de fer. Je parle devant vous
en qualite de membre de la Chambre de commerce de Paris a laquelle les
electeurs parisiens m'ont fait I'honneur tres immerite de m'envoyer.
Je vous parle au point de vue de la raison pure, de I'equite pure. Je ne
suis pas meme un de ces hommes que M. Camille Pelletan...
M. LE President. — Vous parlez chemins de fer en ce moment-ci.
{Sour ires.)
M. NoBLEMAiRE. — ... Daus un de ses articles si spirituelset si mordants,
ecrasait hier encore sous ce qualificatif un pen dedaigneux de « I'un de
nos economistes les plus 6minents ». Economiste, je ne le suis guere.
Je fais de I'economie politique un pen tous les jours, comme M. Jour-
dain faisait de la prose, sans s'en douter. [Sourires.) Quant a la science
economique, je professe pour elle, je I'avoue timidement, ce respect
instinctif qu'inspirent toujours les choses un peu mysterieuses. Mes rai-
sons sont accessibles a tout le monde, et c'est au point de vue pur de
I'equite et de la raison que je me placerai pour examiner si, oui ou non,
il est bon que les voies de navigation interieure soient exonerees des
droits de peage remunerant aumoins leurs depenses d'entretien; et, dans
5» SECTION. — V STANCE. 335
cet exaraen, j'envisagerai la navigation en elle-meme abstraction faite de
toute comparaison avec une autre voie, concurrente ou non, de transports.
Sur cette question vous avez re(;u, Messieurs, cinq rapports extreme-
ment interessants, je le suppose du moins; j'en suis sur pour quatre
d'entre eux que j'ai lus hier beaucoup plus hativement que je ne I'aurais
voulu, etant donnee I'autorite de leurs auteurs. Le cinquieme m'esl arrive
ce matin : cehii de M. de Sytenko. Je n'ai pas eu le temps de le parcourir;
mais j'ai lu du moins ses conclusions : « Impossibilite d'etablir sur la
« navigation des taxes fiscales proprement dites ; mais necessite de peages
« acquittes par ceux qui en protitent, et exclusivement consacres au deve-
ff loppement et a I'amelioration des voies navigables. » Ccs conclusions
ne m'ont pas etonne, car j'avais discute avec lui cette meme question au
Congres des chemins de fer de 1889, et j'etais bien sur qu'elles ne
seraient pas differentes de celles que j'ai I'honneur et I'intention de
defendre devant vous.
Lcs quatre premiers memoires que vous avez lus certainement, Mes-
sieurs, puisque tons vous vous interessez, quelques-uns meme d'une
maniere passionnee, a la question des droits de navigation, sont : pour la
France, le rapport de M. Beaurin-Gressier dont la haute competence en
ces matieres n'est plus a demontrer; le rapport de mon honorable col-
legue a la Chambre de commerce et ami, M. Couvreur, qui ne s'etonnera
pas de m'avoir pour contradicteur, car ce n'est pas la premiere fois que
j'ai ce deplaisir; pour I'Allemagne, le rapport de M. Sympher, ingenieur
en chef a Holtenau, et pour la Hollande, celui de M. Deking-Dura, inge-
nieur en chef du Waterstaat a Zwolle.
II y a, Messieurs, en matiere de droits de navigation, deux ecoles. Ces
deux ecoles sont d'accord sur ce point, que I'Etat doit s'imposer de tres
gros sacrifices pour fonder, developper, ameliorer et etendre la naviga-
tion. A cet egard, il n'y a aucune difficulte et aucune contradiction chez
personne.
La premiere ecole, — c'est celle de M. Couvreur, — je demande la per-
mission de designer les ecoles par le nom des auteurs des memoires,
mais je sais que M. Couvreur n'est pas seul de son avis — la premiere
ecole ajoute qu'il ne faut absolument aucune espece de droits de naviga-
tion, ni pour remunerer le capital de conslruction, ni mSme pour couvrir
les frais annuels d'entretien. C'est ce que demande le projet de resolution
depose par M. d'Artois.
La seconde ecole, au contraire — c'est celle de MM. Beaurin-Gressier,
Sympher, Deking-Dura et de Sytenko — declare plus ou moins limide-
ment, plus ou moins ouvertement, qu'il faut des droits de navigation, et
que ces droits sont necessaires, sont justes, ne serait-ce que pour permettre
les developpements ulterieurs de la navigation. Cette ecole admet meme,
au moins en theorie, — car dans la pratique elle ne va pas toujours
jusque-la, — que la quotite de ces peages legitimes doit etre telle qu'elle
334 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
couvre, non seulement les frais annuels d'entrelien cles voies navigables,
mais aussi Tinteret et meme ramortissement du capital employe a leur
construction.
Bien que cette derniere ecole soil la mienne, mon ambition n'irait peut-
etre pas si loin. Couvrir a la fois et les frais d'entretien et les frais
d'amortissement du capital, cela me parait tellement difficile que, formuler
unc proposition pareille, c'est vouloir ecraser le malade sous le poids du
remede. On arriverait, pour les voies navigables actuellement exislantes,
a couvrir tant bien que mal les frais d'entretien annuels en jetant a Feau
le capital d'etablissement depense dans le passe, que ce serait deja, je le
crois, un resultat que certains d'entre vous considereraient comme
exagere, et dont, pour ma part, je saurais me contenter.
Etablissons done nettement notre point de depart.
Nous sommes bien tons d'accord sur la necessite absolue, ineluctable,
non seulement d'utiliser les voies d'eau naturelles, mais de creer des
voies artificielles, de les ameliorer, de les developper, et de faire, en
capital, des depenses aussi considerables qu'il sera necessaire pour cela et
que I'etat general, que les ressources du budget le permettent.
Mais ces depenses, il ne faut pas les faire contre Tequite, contre la
raison. Or, I'equite et la raison me paraissent d'accord absolument pour
s'opposer a ce qu'on suive plus longtemps le systeme adopte jusqu'ici.
II n'est pas naturel que, non seulement les frais de construction pour
I'etablissement des canaux et pour I'amelioration des rivieres, mais que
les frais d'entretien annuels, qui sont d'une importance et d'un caractcre
bien differents, soient paves integralement et exclusivement par I'Etat,
c'est-a-dire par I'universalite des contribuables du pays, alors que pour
certaines nations — pour la France en particulier — I'usage des voies
d'eau ne profile qu'a une partie plus ou moins restreinte du pays.
Sur ce point, je suis bien d'accord avec I'un des auteurs des memoires
que j'ai cites, iM. Sympher, qui resume ainsi cette idee, et c'est tout a fait
mon opinion :
« Si la taxe de navigation est trop faible pour couvrir les depenses
« resultant du trafic correspondant, ces depenses tombent a la charge de
« I'ensemble des contribuables, sans qu'il resulte du transport des mar-
« chandises ainsi attirees dans le trafic un benefice economique equiva-
« lent aux depenses que ce transport a imposees sous forme d'augmenta-
« tion des depenses d'entretien. »
Ces conditions generates exposees, je voudrais tout d'abord debarrasser
la discussion de ce que je me permets d'appeler une question de send-
ment qui figure, et qui joue meme un grand role, si j'en crois a I'argu-
ment « in caudd venenum », dans le rapport de M. Couvreur : c'est la
situation personnelle des bateliers, justifiant la necessite de ne pas
imposer de droits de navigation par suite desquels les bateliers, deja fort
malheureux, ne pourraient plus vivre.
3' SECTION. — 4"= SEANCE. " 355
Ce n'est pas a coup siir que la situation des bateliers n'excite en moi
le plus vif interet. Elle nous a ete sommairement rappelee dans des
termes touchants et eleves, par M. Viette, Ministre des travaux publics,
quand il a inaugure notre Congres. Elle nous a ete exposee dans des
termes plus interessants encore, peut-etre, par M. Couvreur, au moyen de
chiffres, et rien n'est plus touchant que des chiffi-es en pareil cas. Ceux
que je trouve dans son rapport que, tons preJevements faits des charges
qui s'imposent au batelier, il lui resle pour vivre, pour clever scs enfants
qui naissent et meurent sur le bateau, pour pourvoir a ses distractions
— quand il a le moyen de s'en otliir, — a ses besoins, un benefice annuel
de 1 888 fr. 50. ^
Assurement, le chiffre est modeste ; mais il ne faut pas se laisser
entrainer plus que de raison par le coeur, ni trop introduire le sentiment
dans les allaires. Sans doute, la situation des bateliers est digne de toute
notre sollicilude; mais, est-ce que par hasard les baleliers sont les seuls
qui se trouvent dans cette situation? Et, pour ne cherchcr d'exemples que
dans des professions similaires, la situation est-elle moins modeste chez
les marins d'cau salee? Est-ce que ces rudcs populations de marins qui
quittent chaque annee les rivages de notre Bretagne, de Eecamp, de Bou-
logne, de Dunkerque, pour alter vivre loin de leur famille, trop sou vent
mourir loin d'elle, a la peche du harcng ou de la morue, v realisent
annuellement un revenu de I 888 fr. 50? Et ceux-la ne sont-ils pas plus
dignes encore d'interet que les bateliers d'eau douce dont la vie familiale
n'ollVe pas du moins ces dangers? Xe nous appesanlissons done pas trop
sur ces questions de sentiment qui n'onl vraimenl rien a voir dans una
discussion d'alTaires.
line autre consideration plus seiieuse sur laquelle M. Couvreur s'appuie,
pas de sentiment, celle-la, mais de mode tout au moins, c'est I'invocalion
de I'exemple des pays etrangers.
L'exemple de I'etranger est utile. Savoir ce qui se fait ailleurs est
necessaire; mais, ce qui se fait ailleurs cst-il a suivre chez nous? Get
ailleurs a-t-il les memes interets que nous, les memos populations, les
memcs traditions? Une chose qui se fait ailleurs sera-t-elle necessaire-
ment bonne en France? devra-t-elle y etre appliquee par cela seul qu'elle
I'est a I'etranger?
II faut, en tout cas, voir exaclement ce qui se passe a I'etranger, et c'est
ce petit examen que je vousdemande I'autorisation de faire en m'appuyant
sur les elements que m'ont fournis les rapports que j'ai ici sous la main.
M. Couvreur, dans son memoire, n'a pas invoque l'exemple de VAngle-
terre, et il a eu raison; car, en Angleterre, tout se fait par I'industrie
privee, et I'industrie privee ne construit pas gratis. Elle ne pent pas se
conlenter de couvrir ses frais d'entretien annuels, les frais d'exploitation
de ses voies navigables ; il faut, a peine de perir, qu'elle couvre Tinteret
et I'amortissement de son capital.
336 PROGES-VERBAUX DES SEA.NGES DES SECTIONS.
On aurait pu invoquer celui des Etats-Unis, car, d'apres ce que nous
venons d'apprendre a I'instant, dans ce pays que nous croyions de toutes
les liberies et de toutes les initiatives privees, il se trouve que la situation
est radicalement I'oppose de'ce qu'elle est en Angleterre. Au lieu de confier
I'etablissement des voies de navigation a I'induslrie privee, c'est, par un
sentiment de centralisation pousse aussi loin qu'on le pousse en France,
— et ce n'est pas peu dire! — c'est, nous a4-on dit, I'Etat qui construit
tons les canaux, qui les entretient, qui fait presque tout ce qu'on fait en
France; non sans quelque surprise, je le constate, et j'en donne acte.
M. Couvreur n'a pas invoque non plus I'exemple de la Hollande, et il a
bien fait; car la Hollande ne se trouve pas dans une situation bien favo-
rable a sa cause. Ecoutez, en effet, ce qu'en dil M. Deking-Dura dans son
memoire : « Sauf des exceptions, dit-il, — et il les enumere, — on pent
« admetlre comme regie generale quon percoit des peages sur tons les
« canaux des Paijs-Bas^ et que ces peages ont le caractere d'une retribu-
« tion pour service rendu. »
Sur ce point, nous sommes bien d'accord. Nous le sommes aussi, au
moins dans la definition, avec M. Boule, dont le projet de resolution porte :
« Suppression d'impots fiscaux. » A merveille; mais I'assimilation cntre
les impots fiscaux et les peages ne pent pas etre faite un seul instant. Je
renverrais ceux qui seraient disposes ou exposes a faire celte confusion a
la discussion....
M. Boule. — Je ne I'ai pas faite.
M. NoBLEMAiRE. — Jc Ic sais, ... a la discussion si lumineuse que M. Beaurin-
Gressier a inseree dans son memoire.
Ainsi, pas d'impots fiscaux, c'est-a-dire pas de taxes qui ne soient pas
fondees sur des services rendus. Ce qui caracterise I'impot, c'est, pour ne
prendre qu'un exemple, I'emploi, rendu obligatoire dans certains cas, du
papier timbre, qui prend de ce chef une valeur conventionnelle de 60 cen-
times au lieu d'une fraction de millime que vaudrait une feuille de papier
ordinaire : nous sommes ici en presence d'une valeur arlificielle, purement
fiscale, qui ne repose sur aucun service rendu.
M. LE President. — II est preleve pour des services genera ux.
M. NoBLEMAiRE. — Bicu cntcndu : les necessites generales de I'Etat sont
ici en jeu; mais bien different d'un imp6t fiscal est le peage qui n'est que
la remuneration d'un service special effectivement rendu.
M. Boule. — C'est ce que j'ai dit.
M. NoBLEMAiRE. — Parfaitcment, et je constate cet accord. 11 ne tiendra
peut-etre pas jusqu'au bout. C'est bien le moins que je le salue au passage,
si je ne dois pas le revoir. [Tres bien! — Rh^es.)
« En Hollande, dit M. Deking-Dura, les canaux etant repartis d'une
« maniere tres inegale sur Vetendue du pays, des considerations d'equite
« ont conduit tout naturellement a I'etablissement de tarifs de peage.... La
a maniere la plus pratique et, il faut le reconnaitre, la plus equitable de
5' SECTION. — 4« STANCE. 337
« faire face aux depenses, a consiste dans le prelevement de peages sur la
(( navigation. »
Quelle est I'importance de ces peages?
Nuls sur les voies naturelles, sur les 2 000 kilometres environ de grandes
rivieres navigables, ils existent, sauf tres peu d'exceptions, sur toutes les
voies artificielles de navigation.
Sur les 569 kilometres de canaux administres par I'Elat, les frais annuels
d'entretien sont de 1 278 000 florins; le montant des peages pergus est de
218 000 florins, soit 1/0 de la depense efTective.
Ainsi, i'Etat ne couvre pas ses frais d'entretien; je le trouve mauvais et
facheux; mais enfin il en couvre le 1/6. Je dois ajouter, pour etre com-
plet, que, probablement parce que le Gouvernement considere qu'encaisser
218 000 florins, cela n'en vaut pas la peine, un projet de loi a ete depose,
parait-il, par M. le Ministre des voies et communications de Hollande, pour
supprimer, comme en France en 1880, les di'oits de navigation sur les
canaux de I'Etat.
Mais ces canaux de I'Etat en Hollande ne formcnt que 18 pour 100 du
reseau des voies navigables artificielles; les qualrc-vingt-deux autres cen-
tiemes de ce reseau sont des voies privees, et representent 2 603 kilometres
sur 3 172. (les seuls chiffres vous montreraient, .Messieurs, si deja vous ne
la connaissiez, I'importance du reseau hollandais de voies navigables rela-
tivement a la petite etendue du pays. Sur ces 2 605 kilometres de canaux
prives, les peages existent, et ils out naturellement plus d'importance que
surle reseau de I'Etat. lis varient, d'apres les renseignemenls de M. Deking-
Dura, du tiers aux deux tiers des frais d'entretien. lis ne les couvrent pas,
en general, sauf toutefois dans deux provinces : le Brabant septentrional,
oil le produit des peages depasse de 25 pour 100 les frais d'entretien
annuels des canaux, et dans la province d'Over-Yssel qui, elle, plus heu-
reuse, va jusqu'a servir un interet de 2 ou 5 pour 100 au capital d'etablis-
sement.
Apres ces premisses exposees et ces chiffres tres interessants que j'ai
notes avec le plus grand soin au passage, voyons les conclusions d'un
homme aussi competent en matiere d'exploitation de canaux que Test
M. Deking-Dura. Je le cite, je ne veux m'appuyer sur I'autorite grande de
ces Messieurs qu'en les citant textuellement :
« II est rationnel et logique, dit-il, de pretendre que les frais d'entretien
« et d'administralion, ainsi que I'interet et Tamortissement du capital de
« construction des canaux, doivent etre payes par ceux qui en pro^tent....
« Le principe a etc maintenu dans toute sa rigueur en Angleterre, ou la
« construction des canaux est laissee exclusivement a I'initiative privee, et
« en AUemagne, oii c'est I'Etat qui se charge de leur construction. »
Puis, jetant un coup d'ceil sur ce qui s'est passe dans notre pays, il
ajoule :
« La suppression des peages n'est possible que dans les Etats fortement
22
338 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
« centralises, comme la France, ou presqne tons les canaux appartiennent
« a I'Elal.... Mais cette suppression a le grave inconvenient de rendre
« impossible la construction des canaux par tout autre que par I'Etat lui-
« meme... et pcut-etre aurait-il ete preferable, en 1880, de se borner a
« Tamelioralion des canaux el a la reduction des peages excessifs. »
Je ne peux que m'associer aux conclusions dc M. Deking-Dura, et repeler
avec lui :
« Quand les canaux sont I'epartis d'une maniere tres inegale sur la sur-
« face d'un pays, I'equite doit conduire nalurellement a retablissement
« d'un tarif de peage... et il est rationnel et logique que ce peage sur les
« voies navigables soit supporte par ceux qui en profitent. »
C'est precisement, — et, dans de bien meilleurs termes, ce que j'avais
I'honneur de vous dire en commenQant, — c'est exclusivement parce que
les canaux ne sont pas, dans notre pays, repartis d'une maniere a peu pres
egale; c'est tant qu'ils resteront repartis d'une maniere extremement ine-
gale entre les differentes parties de notre pays frangais qu'independamment
de ce que font, pour d'autres raisons, les pays etrangers, je demande ou
reclame I'etablissement ou le retablissement du peage absolument juslifie
par celle inegalite.
Si cet argument est vrai pour les Pays-Bas, combien n'est-il pas plus vrai
pour la France, ou le developpement des voies navigables, relativement a
la surface tolale du pays, est infiniment moindre que dans les Pays-Bas, et
ou la disproportion des voies navigables par departement, en France, est
autrement grande qu'elle n'est dans les Pays-Bas.
Arrivons enfm a VAllemagne, sur I'exemple de laquelle s'est appuyc,
d'une maniere speciale, M. Couvreur.
11 est contredit, comme je viens de le dire, par M. Deking-Dura. Mais
jusqu'ici nous sommes en presence de deux simples affirmations. L'lm dit :
« En Allemagne la circulation sur les voies navigables est affranchie de
« toute taxe », et I'autre dit : « En Allemagne le principe des peages est
« maintenu dans toute sa rigueur. » Voyons ce qu'il en est.
D'apres M. Couvreur « une complete harmonic existe en Allemagne dans
« I'exploitation des chemins de fer et des canaux, bien que dans ce pays
« la circulation sur les voies navigables soit afl'ranchie de toute taxe. »
Une complete harmonic existe en Allemagne dans I'exploitation des chemins
de fer et des canaux. Je le crois bien, les canaux et les chemins de fer
appartiennent tons a I'Etat. Pour des motifs sur lesquels je n'ai pas a
m'appesantir, I'Etat allemand a cru devoir racheler aux tres..., aux trop
nombreuses compagnies de chemins de fer toutes leurs concessions. II s'est
inspire — ceci dit sans que j'aborde un terrain trop brulant — de consi-
derations d'ordre politique au point de vue de I'unification du pays, ct au
point de vue militaire, considerations que je comprends a merveille de sa
part, et que nous n'avons pas a discuter.
En France, telle n'est pas la situation. Les canaux sont entre les mains
5* SECTION. — 4' SEANCE. 539
de I'Etat; les chemins de fer n'y sont pas. Les Compagnies y sont infiniment
moins nombreuses qu'elles n'elaient en Allemagne. 11 est de mode dc
beaucoup crier centre elles, de dire qu'elles sont retrogrades, de leur
demander de faire plus vite dcs progres qu'elles font a pas trop lenls. En
somme, je crois pouvoir dire qu'elles rendent de grands services au pavs
et qu'elles meritent tres bien de lui; et mon honorable ami n'est pas, que
jc sache, de ceux qui poussent, — et ils ne sont pas un bien grand nom-
bre — a la solution qui a prcvalu en Allemagne, a I'absorption de tons les
chemins de fer par TEtat.
Restons done ou nous en sommes, avec nos tendances decentralisatriccs,
notre temperament propre et notre esprit national.
Voyons exactement, Messieurs, ce qui se passe en Allemagne, et, pour le
savoir, reportons-nous au memoire de M. Sympher.
II nous apprend, il m'apprend tout au moins, que dans la Constitution
de I'empire du 16 avril 1871 — le [G avril 1871 on avail le temps en
Allemagne de s'occuper de navigation! — il est dit, article 54 : « Sur les
« cours d'eau naturels il n'y a pas de peages, en principe. » C'est ce que
M. Deking-Dura nous a deja dit, el c'est bien naturel. Mais — il v a un
« mais » — la situation change, si des travaux ou des installations speciales
ont ete fails sur les voies naturelles poui- facililer le trafic. « Dans ce cas,
« pour les cours d'eau naturels, et, dans tons les cas, pour les cours
« d'eau artificiels, proprieles de I'Etat — il ne s'agit que de I'Etat — il est
« pergu des peages qui ne doivent pas depasser les frais necessaires pour
« I'entretien et les reparations ordinaires des installations. » D'accord, et
je souligne qu'il ne s'agit ici que des canaux ou rivieres proprietes dc
VElat.
L'Etat a une qualite — qu'il soit allemand, russe, beige, frangais ou
espagnol — I'Etat est par nature, par essence, par malheur, si vous voulez,
un grand liberal et un grand depensier. L'Etat n'est pas un industriel : sa
complabilite n'a rien de commun avec la comptabilite industrielle ou
commerciale; il n'a qu'un compte d'etablissement, il n'a pas de compte
d'exploitation, ou plutot il en a un, mais il n'y porte que des depenses.
— Sur quelle ressource fait-il I'amortissement de son outillage? Nous ne
le savons que trop : sur I'emprunt et I'impot. C'est dangereux pour les
esprits reflechis et prevoyants, mais c'est si commode jusqu'a ce que
la machine craque! {Rires.)
Je me suis laisse entrainer a une digression en parlant des canaux et
rivieres de I'Etat ; pour les canaux, proprietes des provinces et des particu-
Hers — et il y en a en Allemagne comme ailleurs — il y a dos peages.
Quels en sont les chitTres?
Les cours d'eau dits naturels^ nous apprend M. Sympher, representent
11108 kilometres sur 15 788 kilometres de voies naAigables allemandes.
Ici, la proportion entre les voies de I'Etat et les voies des particuliers est
inverse de ce qu'elle est en Hollande. En Hollande, ['& pour lUO des canaux
540 PROGES-VERBAIX DES SEANCES DES SECTIONS.
appartiennent a I'Etat, 82 pour 100 aux particuliers. En Allemagne, c'est
a peu pres la proportion inverse, et meme un pen plus forte.
Les cours d'eau nalurels, je le repete, sur lesquels, theoriquement au
nioins, il n'y a pas de peages, representent 11108 kilometres. La depense
d'entretien annuel — je ne parte pas des depenses de premier etablisse-
mcnt — de ces 11 108 kilometres — est de 12 millions et demi de marks,
la recette de 2007000 marks, soit environ 1/6. C'est la meme proportion
qu'en HoUande.
Quant aux canaux ou rivieres a peages qui ne forment que 2 680 kilo-
metres, la depense d'entretien estde 2609000 marks, et la recetle annuelie
est, par un singulier hasard, la meme que pour les 11 108 kilometres ci-
dessus, c'est-a-dire de 2 007 000 marks.
Nous sommes loin de la gratuite alleguee, et nous voyons que, meme
dans ce pays, il est inexact de dire, d'une maniere absolue, que le regime
des voies navigables est affranchi de toute taxe.
Je ne veux pas exagerer les conclusions a tirer de ces chitlres. Je les ai
mis sous vos yeux, car rien n'est plus eloquent que les chiffres, dont il
n'est utile de forcer ni la valeur ni les consequences.
Pour les canaux prives, il faut necessairement unc remuneration plus
forte que pour ceux de I'Etat, lc([uel, grace a I'impot, peut a la rigueur se
passer de toute remuneration.
M. Sympher s'exprime ainsi : « llimportede distinguer les voies de navi-
« gation nalurelles des voies de navigation artificielles; pour les premieres
« un sentiment nalurel vient renforcer la verite economique : aucune taxe
« ne doit etre perdue. Mais il n'en va plus de meme pour les voies artifi-
« cielles ou pour les voies naturelles que la main de I'homme a seul pcr-
« mis d'utiliser, ou a amelioiees d'une fagon sensible. »
Je ne puis que m'approprier cette distinction en repetant de son meinoire
la phrase que j'ai deja citee :
« Si la taxe do peage est trop faible pour couvrir les depenses du trafic
correspondant, ces depenses tombent a la charge de I'ensemble des con-
tribuables, sans qu'il resulte du transport des marchandises ainsi attirees
dans le trafic un benefice economique equivalent aux depenses que ce
transport a imposees sous forme d'augmentation des depenses d'entretien. »
J'ai tini. Messieurs, I'examen que je m etais propose de faire de la situa-
tion des voies navigables a I'etranger, situation sur laquellc on s'appuie
pour combattre dans notre pays I'etablissement ou le retablissement d'un
peage, ne fut-il destine qu'a couvrir les frais annuels d'entretien de nos
voies navigables.
M. LE President. — La suite de la discussion doit etre remise a lundi. En
tout cas, Messieurs, je serai I'interprete de tous les membres de la Section
en remerciant M. Noblemaire d'avoir ouvert la discussion par le discours
que vous venez d'entendre. {Approbation.)
La seance est levee a 10 heures et demie.
5' SECTION. — 5' SEA^XE. 541
CINQUlfiME SEANCE
Lundi 25 Juillet (matin).
Presipexce de M. Yves GUYOT
La seance est ouverte a 9 heures.
M. LE President. — La parole est a M. Noblemaire pour h suite de son
discours.
M. NoBLEMAiRE. — Messicurs, il n'est pas facile de faire un expose coupe
en deux parties a 48 heures d'intervalle, et je vous demanderai la per-
mission, nefut-ce que pour me mettre, pour ainsi dire, en haleine, et pour
mettre au courant ceux d'entre vous qui elaient absents a la derniere
seance, de reprendre brievement les considerations que je developpais
devant vous avant-hier.
Mon intention est de combalire la proposition qui vous a etc faile ct
tendant a ce qu'aucun peage, aucune taxe ne soient percns sur une voie
navigable quclconque. Pour appuyer ma proposition, je ne pouvais faire
mieux que d'examiner et discuter successivement les cinq memoircs qui
vous ont ete distribues, et dont Tun approuve resolumcnt, dont les quatre
aulres, plus ou moins ouvertement, combattent la proposition qui vous
est soumise.
J'avais pris parliculierement a partie, et je lui en demande pardon, mon
coUegue et ami M. Couvreur. Je suis heurcux de Tavoir — je ne dirai
pas pour adversaire, mais pour contradicleur ; car il est impossible, je le
sais depuis longtemps, d'avoir un contradicleur plus loyal, plus convaincu
et sur les opinions duquel Tinteret personnel joue un moindre role. C'est
un eloge que je n'adresserai pas absolument a tout le monde. [Applau-
dissements.)
Je le prendrai encore comme point de mire ce matin. En examinant les
opinions qu'il a exposees. j'avais voulu ecarter d'abord de la discussion
un argument que j'appelais de sentiment, qui a son importance cepen-
dant, I'interet des bateliers et leur droit a la vie. Je disais que les bateliers
d'eau douce m'inspiraient autant qu'a qui ce soit interet et sympathie; je
compatissais a la modestie des ressources de ces gens qui naissent, vivent
et mem-entsur leurs bateaux; mais j'ajoutais que si celle population est
des plus digne3 d'interet, le meme interet doit s'attacher a bien d'autres
populations qui, malheureusement, ne sont pas plus riches, et, en parli-
culier, aux marins d'eau salee qui ont, cux aussi, femmes et enfanls,
mais qui, a I'inverse des premiers, ne vivent pas toujours au milieu de
542 • PROCES-YERBAUX DFIS SEANCES DES SECTIONS.
leiirs families et trop soiivent meurent loin d'elles, sans recueillir cepen*
dant comme nos mariniers un benefice net annuel de 1888 fr. 50.
Je crois, du reste, que la situation personnelle des ouvriers de la navi-
oation n'est pas pariiculierement en cause ici. M. Couvreur se preoccupe
l)caucoup de ce que I'etablissement ou le retablissement de taxes et peages
sur les Yoies navigablcs compromettra la situation des baleliers. Je me
pormets d'etre d'une autre opinion : esl-il done exact qu'avant 1880,
epoque ou, tres a tort suivant moi, Ires justement suivant lui, les droits
do navigation ont ete supprimes, le produit net du batelier, sinon de Ten-
trepreneur, ait ete inferieur a ce qu'il est depuis? Pour moi, je n'en sais
rien. Personne n'aurail ete plus competent pour repondre a cette question
que M. Couvreur lui-meme, et une demonstration avec chiffres exacts et
comparables eut etc, emanant du meme honnete homme, des plus intc-
ressantes. Jusqu'a present, il reste a demontrer par des calculs precis et
detailles, analogues a ceux que M. Couvreur a fails pour Tepoque actuelle,
qu'avant 1880 le batelier etait moins riche qu'aujourd'hui. Alors seu-
lemenl I'argument de M. Couvreur aurait une vaieur qu'il n'a pas
j usque-la.
Pour moi, je crois que la situation du batelier, pas tres brillante assu-
rement aujourd'hui, no I'etait pas davantage avant 1880, et qu'entre les
deux epoques il no doit pas y avoir de diflerence bien sensible. Non pas
que la suppression des droits ait eu des effets nuls ; mais ce n'e»t pas aux
batcliers, aux ouvriers de la navigation, que cette suppression a profile,
c'est aux entrepreneurs, aux compagnies de navigation et aux industriels
riverains des voies navigables. Leur inleret est grand aussi, et digne de
consideration, je le reconnais, mais a coup sur pas de la meme nature.
Quittant ensuite les arguments de sentiment, j'ai passe en revue la situa-
tion de differents pays. 11 faut imiter I'exemple de ces pays, si les condi-
tions dans lesquelles ils se trouvcnt sont semblables aux notres, et le repu-
dier, au contraire, si ces conditions ne sont pas analogues.
Nous sommes en presence de cette affirmation qu'il n'y aurait a I'e-
tranger, en particulier en Allemagne, aucun droit de navigation. D'apres
ce que Ton nous a dit avant-hier matin, cette opinion de mes contradic-
tcurs serait pleinement appuyee par I'exemple de ce qui se passe aux
Etats-Unis. 11 parait, je Pignorais pour ma part, qu'il n'y a aucune taxe
d'aucune nature, dans ce pays beni de la navigation. Cela m'etonne, mais
pen importe, je Penregistre. Cela peut cependant s'expliquer, du moins
c'est une hypolliese, par I'enorme importance de la navigation naturelle
sur les lacs ou les grands lleuves par rapport a la navigation artificielle.
Je ne connais pas I'importance relative de la navigation qui se fait sur ces
lacs qui sont en realite des Mediterranees, quoique nous les voyions si
pelits sur les cartes. Le tonnage sur ces voies naturelles ou la main de
i'liomme n'a presque rien eu a faire, doit ^tro enorme par rapport a celui
des voies artificielles; s'il en etait autrement M. Couvreur serait autoris6
5" SECTION. — 5" SfiANCE. * 545
a s'en prevaloir ; mais si, an contraire, I'iraportance de la navigation sur
les voies naturelles, utilisees telles que la nature les n f-iiles ou a peu pres,
est de beaucoup superieure a celle des voies navigables artificielles, vous
reconnaitrez avec moique I'argumentperdrait singulierementdesa valeur;
car nous sommes bien tous d'avis, il n'y a a ce sujet aucune discussion,
que, sur les voies naturelles, il est impossible de pretendre qu'aucun droit
de navigation puisse etre impose.
En Angleterre la these de M. Couvreur est absolument inexacle: c'est
incontestable. Et cela s'explique ; dans ce pays d'initialive privee, le gou-
vernement ne faitrien : il ne donne aucune subvention, tout est fait par le
concours d'actionnaires. de villes, d'enlrepreneurs; il faut qu'ils tirent de
leur travail une remuneration, qu'ils couvrent les frais d'enlretien annuel,
que les recettes de I'exploitation couvrent I'interet et I'amortissement du
capital engage.
En Russie, dont je n'ai pas eu le loisir de parlcr suffisamment, le
memoire et les conclusions de M. de Sylenko contredisent la these de
M. Couvreur. Mais ce pays n'est guere comparable au notre, et ses condi-
tions interieures ne sont pas du tout les memes que chez nous.
Pour la llollande et TAllemagne, j'ai analyse les rapports dcMM. Deking-
Dura et Sympher. J'y ai trouve qu'en llollande 18 pour 100 des voies navi-
gables artificielles appartenaient a I'Etat, et ne produisent que des peagcs
insigniliants (un sixieme de la depense anniKllo d'entretien), ct il n'est
question de rien pour la remuneration du capital, bicn entendu. Au con-
traire, 82 pour 100 des canaux sont voies privees, construites par des par-
liciiliers, sur lesquelles le peage est bien plus important; il est souvent
encore insuffisant pour couvrir les depenses d'exploitation ; cependant. au
lieu de produire 1/6 des frais d'entretien, il produit au minimum 1/5, et
meme, dans certains cas, il arrive non seulement a couvrir les frais annuels
d'entretien, mais a produire 5 pour 100 du capital d'etablissement.
Pour I'Allemagne, la proportion est renversee entre les voies des parti-
cullers et les voies de I'Etat, mais la situation est la meme quant au
resultat des peages. En Allemagne, les voies considerecs comme natu-
relles, sur lesquelles, du moins en principe, il n'y a pas de peage forment
les 80 pour ] 00 de la longueur totale du reseau. Sur ces voies il y a cepen-
dant un peage qui represente, comme en llollande, 1/6 de la valeur totale
des depenses annuelles d'entretien.
Tels sont les chiflres, extraits des memoires qui nous sont distribues,
que j 'avals mis sous nos yeux, et que je vous soumets de nouveau, pour
raccorder ce que je disais I'autre jour avec ce que je vais dire en quelqnes.
mots maintenant.
Je n'ai pas parte encore du beau memoire de M. Beaurin-Gressier, sur
lequel je ne me suis appuye qu'incidemment a propos de la distinction y
faire entre I'impot et le peage. Je vais vous en citer quelques lignes, de
peur de I'affaiblir en le resumant :
544 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
« Le peage, dit-il, a pour objet de remunerer les services rendus pour
c( ramenogement, I'extension, le perfectionnement, radministration des
« voies navigables. Les services auxquels il s'applique sont rendus par
« I'Etat, et interessent a la fois tous les usagers de la voie amelioree :
(c chaque usager en profile sans qu'il lui soit directement rendu Les
« procedes qui consistent a recourir au budget pour se procurer les res-
« sources necessaires tombent sous le coup d'une grave critique. lis ont
« pour consequence de faire payer a I'ensemble des contribuables d'une
« nation des travaux, des services dont ces contribuables ne retirent pas
« un avantage direct, des depenses qui ont m6me parfois pour resultat de
« leur causer prejudice dans leurs professions particulieres, en favorisant
« la concurrence a I'egard des services ou des produits qu'ils ont continue
« de faire. «
II conclut par consequent a la convenance et a la justice, non pas de
Vimpol qu'il combat comme nous tous, mais d'un peage qui aurait le
caractere d'un service rendu comme je le veux avec lui, et avec MM. de
Sytenko, Sympher et Deking-Dura.
M. Beaurin-Gressier declare que le peage doit comprendre des elements
nombreux pour tenir compte du plus grand nombre possible des elements
de trafic dans la determination de la part contributive qui leur sera deman-
dee... toute recette perdue du fait d'un element de trafic indument ecarle
dcvra se repartir sur les autres elements de trafic, la detaxe des uns ne
pouvant etre obtenue qu'au moyen d'une surtaxe imposee aux autres. Je
suis loin d'y contredire, mais je n'insiste pas, mon dessein etant moins de
recbercher les bases rationnelles d'un peage que d'etablir la raison d'etre
de son existence m6me; sur ce point, M. Beaurin-Gressier ne se separe pas
des auteurs que je viens de citer, et sa conclusion est la meme : « Le taux
« normal des taxes que comporte un peage doit etre calcule de maniere a
« faire face a la depense effectuee... Non seulementle peage ne doit porter
« que sur ceux qui sont appeles a tirer profit du travail execute, mais le
« produit en doit etre exclusivement aflecte a couvrir la depense si elle est
« annuelle, a I'amorlir s'il s'agit d'une depense d'etablissement... La per-
« ception en doit cesser des que ses produits ont atteint le chiffre de la
« depense qu'il avait a couvrir. »
C'est, auxtermespres, la conclusion du memoire de M. de Sytenko pour
la Russie.
« II ne doit pas y avoir d'impots fiscaux sur la navigation.
« Les droits de navigation doivent etre repartis sur tous ceux tirant
« profit des voies navigables.
« La navigation ne doit jamais avoir a payer que la remuneration des
« services a elle rendus, et les sommes payees par elle ne doivent 6tre
« depensees qu'a son profit. »
Je n'adresserai a M, Beaurin-Gressier qu'une critique : dans ses 17 con-
clusions, il y en a 7 ou 8 qui indiquent avec precision ce que doivent etre
5* SECTION. — 5« SEANCE. 345
la nature et les bases d'un peage. II oublie de dire nettement tout d'abord :
II faut un peage. C'est cet oubli que je veux combler, en le disant nette-
ment, car il faut avoir le courage de son opinion. Ai-je, en le faisant, Tes-
perance de vous convaincre, Messieurs? Non, je sais ce que sont chez les
uns les opinions inveterees, meme combattues par rinfluence du raison-
nement el de la reflexion ; je sais trop cc que pent chez d'autres I'interet
personnel pour avoir I'illusion de vous ramener tons; je n'en aurais
rameneque quelques-uns que je me croirais tres satisfait.
M. Beaurin-Gressier pense qu'il faut tenir compte des considerations
historiques, des traditions d'un pays. C'est evident. « On fera difficilement
a admettre aux populations, dit-il, que quand un systeme de navigation a
« ele il tort ou a raison commence aux fraisdel'Etat, que les depenses des
« parties restant a ex6culer seront integralement demandees au peage. »
C'est difficile assurement, mais non impossible; en tout cas, c'est neces-
saire parce que c'est jusleet raisonnable, et il ne se pent que I'equile et la
raison ne finissent par prevaloir contre I'injustice, sur laquelle I'interet
prive accepte trop souvent de s'appuyer.
Comme je le disais I'autre jour, I'Etat, a la fin de 1888, avait consacre
1 500 millions a la construction des voies arlificielles de navigation en
France. II me parait radicalement impossible de retirer une remuneration
quelconque de ces 1 500 millions. Je pense que cela n'est venu a I'idee de
pcrsonne, et qu'il faut passer par profits et pertes cette grosse somme ;
mais je pense, en m^me temps, qu'a partir d'aujourd'hui il est indispen-
sable de remunerer le capital nouveau que I'Etat dcpensera, s'ily est encore
dispose, pour le perfectionnement des voies navigables. S'il croit devoir
persister dansla voie qu'il suit depuis Louis XIV, c'est-a-direfaire la depense
du capital, je demande du moins, au nomde I'equite, qu'il ne continue pas
une heure deplus a se charger des depenses annuelles d'entretien.
Certaines personnes ont ete tellement entrainees par ce laminoir d'ini-
quite, qu'elles n'ont pas recule, lorsqu'on a experimente recemment a
Charenton des appareils de traction funiculaire sur le canal lateral a la
Marne, devantl'eventualite de I'etablissement, toujours aux frais de I'Etat,
de chutes d'eaux, de turbines assurant le remorquage gratuit. Ces per-
sonnes sont logiques : Abyssus ahyssum vocat.
II n'est que temps de s'arreter dans cette voie. II est evident pour moi
que I'Etat francais doit abandonner toute pretention a une remuneration
quelconque pour les 1 500 millions deja depenses; mais, s'il veut encore,
contrairement a mon desir, perseverer dans le systeme qui consiste a
fournir le capital necessaire au developpement des voies navigables actuelles,
au moins qu'il ne continue pas a s'imposer les charges annuelles de leur
entretien.
Je me resume, et avec M. de Sytenko, qui precise le plus neltement la
situation, je dirai : Pour les cours d'eaunaturels, utilisablessans travaux ou
a peu pres, il ne pent pas etre question d'instiluer un peage quelconque,
546 PROCfiS-VERBAFX PES SfiANCES DES SECTIONS.
pas plus qu'on n'en peut imposer sur I'air que nous respirons, sur la
lumiere qui nous eclaire; ce serait un impot, et nous sommes d'accord
qu'il ne faut pas d'imput sur la navigation. Mais il faut une remuneration
des services rendus, il faut creer un peage, et sur les canaux crees de
toutes pieces, et sur les rivieres qui ont ete tellement transformees et a
tant de frais, qu'elles ne ressemblent en rien a leur etat primitif.
La Seine par exemple, a toujours ete une voie de penetration de pre-
mier ordre. Des Charlemagne, elle elait la voie des invasions guerrieres :
depuis et jusqu'a nos jours, elle est demeuree une voie commerciale fai-
sant I'urgueil et la richesse de Paris. Depuis 15 ans, I'Etat a depense
70 ou 80 millions pour la transformer; il n'est plus possible de lui con-
server lecaraclere de voie naturelle depuis qu'on y a fait, pour augmenter
son tirant d'eau, les travaux enormes qui font le plus grand honneur aux
ingenieurs charges de les executer.
Le Rhone, lui aussi, a servi des I'anliquite de voie de transport par
hiquelle ont penetre en France toutes les civilisations. Grace aux travaux
simples comme idee et comme precedes d'execution, census et executes
par un ingenieur dont je salue respectueusement la memoire, M. Jacquet,
des resultats importants, et, je I'espere, sans vouloir Taffirmer, durables,
ont ete obtenus ; mais il est vraiment impossible de considerer encore le
Rhone, quoique fleuve, comme un cours d'eau naturel, et impossible,
pour moi du moins, d'admettre son utilisation gratuite, sans peages.
Si encore tout le pays etait egalement, ou a peu pres, dote de voies navi-
gables artificielles, il n'yaurait rien a dire; ce serait veritablement I'equi-
valent des routes; — car on m'a dit quelquefois : Si vous demandez des
peages sur les canaux, pour e(re logique, il faut aussi en demander sur
les routes. Assurement les deux choses se tiennent : les peages sur les
routes, qui ont disparu au commencement de ce siecle, etaient on ne peut
plus justifies, parce que les routes etaient alors tres inegalemenl distri-
buees sur la surface du pays; il n'en est plus de meme aujourd'hui, et
faire payer leurs frais d'entretien par ceux qui s'en servent, c'est-a-dire
par I'universalite des citoyens, ou les laisser a la charge de I'Etat qui
represente cette universalite, c'est identiquement la meme chose. — En
est-il de m^me pour les voies artificielles de navigation ? Le Ministere des
travaux publics a edile une carte des routes et une des canaux; comparez-
les ; celle des routes forme une toile d'araignee complete, sillonnant toute
la surface du pays; il suffit, au contraire, d'un coup d'oeil sur la carte
des voies navigables pour voir que le tiers a peine de notre pays jouit des
bienfaits de la navigation interieure.
Cette question des routes me donne I'occasion d'adresser une nouvelle
critique a M. Couvreur. II nous dit : « Les rivieres et canaux sont des rou-
« tes et, par suite, doivent etre degagees de toute entrave fiscale. » II cite
a I'appui de cette theorie un edit de 1672... « faisant defense a tous sei-
« gneurs hauts justiciers, ecclesiastiques ou laiques d'exiger aucune
0' SECTION. — 5' SEA5CE. ' 347
« somme de deniers, sous peine de concussion, des voitures allant par les
«c rivieres conduire les bateaux charges de marchandises pour la provision
<c de Paris. »
C'est une grosse erreur de principe ; ce n'est pas parce qu'elle est route
qu'une riviere est d'usage gratuit, — ce ne pent etre que si elle est route
naturelle, comme I'etaient encore, en 1672, la Seine, TYonne et I'Oise;
mais s'il s'agit d'une route creee, non par la nature, mais par la main de
riiomme, el a quels frais! il ne pent etre question de gratuite, aussi
longtemps du moins qu'elles ne seront pas a peu pres egalement reparties
sur toute la surface du pays.
Ainsi pour les voies navigables, tellcs que la nature les a faites, il ne
pent pas etre question de peagc. Pour les voies exclusivement artificielles,
comme les canaux, pour les voies naturelles, devenues artificielles par
I'importance des travaux qu'on y a fails, la question d'un peage s'impose
necessaircment.
Je conclus done qu'il faut retablir les peages qu'on a eu la mauvaise
idee, au point de vuede la raison et do la justice, et I'imprudence au point
de vue budgtMaire, de supprimer en 1880.
C'est, a la verite, plus facile a dire qu'a faire, et M. Couvreur, que je
citerai pour la derniere fois, dit meme que ce serait tellement contraire a
I'interet qcneral [sic] que la question ne saurait pas meme etre posee.
Pardon! Je la pose pour ma part el tres serieusement, je crois, avec
des arguments qu'on pourra combatlre, mais qui commandent, ce me
semble, attention et reflexion. M. Beaurin-Gressier, moins absolu que
M. Couvreur, nous dit : « Les usagers qui ont fait entrer cette situation
<i dans le calcul de leur prix de revient sont fondes a repousser le retablis-
tf sement d'une taxe qui viendrait apporler une perturbation profondedans
« le jeu des transactions. »
Qu'ils la repoussent, cela ne fait pas doute, mais ils n'y seront pas
fondes; pas plus que ne Telaienl une foule d'industriels qui, en 1880,
allaient se trouver leses par cet a vantage nouveau fait a leurs concurrents.
On a passe outre a leurs prolestations. J'estirae qu'il ne faut pas se laisser
davantage arreter par les plainles de certains inleresses, et je parte "^ci
des industriels ; car, que Ton retablisse ou non les droits, les bateliers
restent indemnes. L'avanlage naturel qu'ont les industriels demeurant
dans des regions de plaine est deja grand. La suppression des droits
en 1880 a rompu I'equilibre anterieur entre ces industriels et ceux qui
vivenl dans les regions plus ou moins montagneuses,
Cet equilibre ne pent exisler d'une fa^on absoluc, c'est evident ; mais il
ne faut pas aggraver encore la situation des moins avantages. C'est ce que
dit M. Beaurin-Gressier lui-meme dans une phrase que je citais tout
a I'heure : a propos des depenses failes pour les voies d'eau sur le budget
general, il estime « qu'elles ont meme parfois pour rcsultat de causer pre-
« judice aux contribuables dans leurs professions particulieres en favori-
548 PROCES-VERBAUX DES SfiANCES DES SECTIONS.
« sant la concurrence a I'egard des services ou des produits qu'ils onl
« coutume de fournir. »
Je conclus done qu'il est indispensable de retablir les peages sur toutes
les voies navigables aiitres que les voies vraimenl naturelles.
Vous me rendrez, Messieurs, celte justice que j'ai rempli mon pro-
gramme en envisageant la navigation exclusivement en elle-meme, et sans
dire m6meun mot d'une Industrie concurrente de la navigation. (Sourires.)
U>E voix. — Nous I'avons bien compris !
M. NoBLEMAiRE, — Jc ne saisis pas bien I'interruplion, mais peu importe :
si on m'a bien compris, lout est pour le mieux, car c'est mon ambition.
J'en ai une autre, c'est d'etre suivi. Au nom de la raison, de lequito,
que j'ai seuls invoques, je demande le retablissement des droits sur la
navigation; il s'impose, dans I'interet meme, oserai-je dire, de la naviga-
tion, dans I'interet de I'Etat qui doit necessairemcnt developper et perfec-
tionner I'outillage du pays, il s'impose au nom de la bonne tcnue de nos
budgets, chose grave et interessante, car nous sommes. Messieurs, dans
une pauvre planete, et non dans cette planete de Mars, ce Walhalla des
ingenieurs que I'imagination humoristique de M. le Ministre des travaux
publics nous faisait entrevoir I'autre jour, dans son discours d'onverture
du Congres, ce Walhalla ou des ingenieurs sans nombre executeront des
travaux sans fin aux frais de budgets intarissables ce que les notres ne
soni pas! {Applau(lissement>(.)
M. LE President. — Pour continuer la discussion si brillamment com-
mencce par M. Noblemaire, je donnerai la parole alternativement dans
chaque sens. Mais je vais commencer par les membres etrangers qui
auraient des observations a presenter.
M. Deking-Dura. — Je n'ai pas besoin de dire que I'aimable fa^on dont
un homme competent comme M. Noblemaire a parl6 de mon rapport m'a
fait le plus grand plaisir. Cependant je tiens a faire une rectitication.
M. Noblemaire a perdu de vue une difference capitale entre le rapport
de M. Sympher et le mien. M. Sympher ne fait aucune difference enlre les
voies navigables naturelles et les canaux; dans le chiffre qu'il donne
comme prix de I'enlrelien des voies navigables, il fait enlrer jusqu'a I'en-
tretien des ports. II ajoiite que j'ai donne, a la page 5, des chiffres qui se
rapportent exclusivement aux voies artificielles. Or, j'avais une excellenle
raison de ne pas parler des rivieres, c'est que chcz nous les depenses
qu'on a faites pour leur amelioration ont eu un double but : les amcliorer
et prevenir la rupture des digues. Si done j'avais donne les chiffres des
sommes depensees par I'Etat pour la navigation, j'aurais donne des
chiffres faux, puisque ces sommes avaient un but autre que I'amelioration
proprement dite. En Ilollande, les depenses annuelles faites pour I'entre-
tien des rivieres depassent de plus du double celles de I'entretien des
canaux. Ainsi la relation 1/0 donnee par M. Noblemaire doit etre lue ;
1/18. {Applaudissements.)
5- SECTION. - :>• StoCE. 'W
M HoLTZ. - Je tiens aussi a rectifier les assertions deM. Noblemaire en
oe qui concerne le rapport de M. Sympher ; M. Soblemaire a pns le tola! de
2 millions de marks comme s'ils se rapportaient qu'aux peages. Or vous
verrez. a la page 7 du rapport, que la somme affectee aux peages est seu;
lement dc 1200000 marks, soit une difference du simple au double ou a
pcu pres. lieporlez-vous d'autre part a la page 24 oi. M. Sympher formu e
ses conclusions : 11 est loin du 1/6 dont parle M. Noblcjnaire II est d av,s de
renoncer a toute taxe s«r les voies navigables ualurelles. Or leur propor-
tion est de 80 pour 100 en .Ulemagne, dc telle sorle que le produ.t a en
retirer ne saurait alteindre le 1/6 dcs frais annuols d'enlrelien; pour es
autres il ne faut. dit-il, prelever en moyenne qu'un quart de 1 ensemble
,les dipenses d'entretien et d'administration. Cette double reet,(,cat,on
change singulierement les conclusions que M. Noblema.re croyait pouvo.r
tirer°du rapport de M. Svmpher, en ce qui concerne TAllemagne.
M. R..ff;loxvo„ (addressing M. Ely). - We «ant lo ask you a quesUon
about the taxes on American inland navigation. M. NoWeman-e under-
stood that there was no taxation vvhatever, and M. >orlb explained to u.
that there was in general no taxation, that it was only on the Pennsyl-
vanian canals thai it existed.
' M George II. E,.t. - 1 will say in reply that there is no laxal.on on those
waterways which are improved and mainlained by the g^"^;;^' /^^'.^
Government. Those waterways which pass trough several d'«'^«^"' ^^^'^
are entirelv free from taxation. The Erie canal ,s owned by the State ol
New-York. It also is free from all taxation or tolls. Ihere .s very I ttle
canal mileage in the State of Pennsylvania. The Delawar and Hudson
canal is owned by a railroad company and that is a pr.vate coriM,ral>on.
In general the waterways thai are eslablished, improved and mamlamed
bv "the United Slates are free from taxation. „ ,. ,.,.,.„
"m. Albebt V. GuDE. - May I ask M. Ely one question on the subject .'Aie
M. Raffuovick isadressant a M. Ely). - Xous voudrions vous poser mio
question sur les taxes prelevees sur les voies de navigation >"'e™ure d 1 Ame-
1 que. M. Noblemaire a compris qu'll ny avail aucune perception, «' «■>»;"
nous a explique quen general, en elVet, il n'y aval, pas de taxes, el qu il n en
etait percii que sur les canaux de Pensylvanie.
. Gfobc 'eu-. - Je dirai pour repondrc a cette question qu ancuiic tax i, e
pergue sur les voies de navigation qui soot amehorces el ent,-etenue> pa, le
To rnienient federal general. Cos voies, qui traversen, phisieurs t^.s d.neren.s
,0Dt entierement exemptes de taxes. Le canal Erie est la propriete de 1 Etat de
C-Y^ Te aussi 'exempt de tous droits et taxes. En Pensylvanie on ne
lrou.1 qu-une laible longueur de canaux. Le canal de la Delaware a I Hudso
est la propriete d'une compagnie de cliemins de fer qu. est une societe piivee En
general, fcs voies navigables elablies, ameliorees et entretenues par le. ttats-
Unis sont exemptes de droits. 9 mv a f il nas
M. Albert V. Gude. - M. Ely veut-il me permettre une question? N y a-t-il pas
')hO
PROCES-VERBAUX DE^ SEANCES DES SECTIONS.
there not a good many canals in your State — llie Slate of Ohio — that
belong to private companies and upon which tolls are levied?
M. Ely. — The canals in the State of Ohio all belong to the State of
Ohio. They have been built and arc maintained by the State out of the
Slate treasury. The business of the Ohio canals during the last few years
has fallen off very much owing to the deadly competition of the East and
West Railroad and there have been propositions in the Ohio legislature for
the last five or six years to sell the canals to a syndicate of individuals or
of railroads.
Up to this time these propositions have been resisted, not on account of
the great traffic over the canals, but on account of the regulating influence
of the canals on railroad transportation. {Applause.)
M. GuDE. — Are no tolls paid, then?
M. Ely. — None at all, except, perhaps, a trifling toll on the boat. It
may be said there is no tax at all. I do nol know that the outcome of that
will be. I had the honour to be a member of the Ohio Senate for four years.
For myself, I opposed the sale or transfer of the canals simply on the
ground that they did operate to regulate and keep down the rates of trans-
portation on the railroads, even it they run at right-angles to them. {Ap-
plause) .
M. LE Prksidekt. — Les resolutions proposees a I'adoption de notre Sec-
tion ont ete imprimees dans le Bulletin officiel, et tout le monde pent en
avoir le lexte sous les yeux. Ce que nous discutons en ce moment, c'est
la deuxieme partie de la proposition de M. d'Arlois, ainsi congue :
« La circulation sur les voies navigables ne doit etre soumise a aucune
dans voire Etat — I'Etat d'Ohio — un certain nombre de canaux appartenant a
des compagnies privees, et sur lesqiiels sont parous des droits?
M. Ely. — Les canaux de I'Etat d'Ohio appartiennent tous a I'Etat. lis ont ete
construits et sont entretenus par I'Etat a ses frais. Le trafic sur ces canaux a
beaucoup baisse dans ces dernieres annees par suite de la concurrence mortelle
du East and West Railroad, et des propositions ont ete faites au pouvoir legislatif
de I'Etat d'Ohio, pendant ces cinq ou six dernieres annees, pour vendre les canaux
dont il s'agit a un syndicat de particuliers ou de chemins de fer. Jusqu'a present
une fm de non-recevoir a ete opposee a ces propositions, non a cause de I'im-
portance du trafic sur ces canaux, mais pour maintenir leur influence regulatrice
sur les transports par chemins de fer. {Applaudissemenls.)
M. GuDE. — Aucune taxe n'est payee, alors?
M. Ely. — Aucune, sauf peut-etre un droit insignifiant pour I'enregistrement
des bateaux. On peut dire qu'il n'y a pas de taxes du tout. J'ignore ce qu'il en
resultera;j'ai eul'honneur de faire partie dusenatdel'Ohio pendant quatre ans, et,
quant a moi, je me suis oppose a tout projet de vente ou de transfer! des canaux,
pour cette seule raison qu'ils exercent une influence regulatrice et mainliennenl
a des tarifs reduils les prix de transport par chemins de fer, meme pour ccux dont
le parcours est perpendiculaire a celui des canaux. {Applaudissements.)
3' SECTION. — 5' SEAXCE. Tiol
taxe ni peage, tout retablissement de droits ne pouvant que comprometlre
I'existence de la batellerie. »
Monsieur Couvreur, yous avez la parole.
M. Couvreur. — Messieurs, c'est un perilleux honneur pour moi que de
prendre la parole pour repondre aun orateur alors que I'assemblee est en-
core sous rinfluence de son eloquence cntrainanle.
Ce n'est pas unelache facile que de repondre a M.Noblemaire. Elle m'ef-
frayerait si je n'avais au service de la cause que je soutiens les lumiercs
de I'assemblee qui saura suppleer a ce qu'il y aura d'incomplet dans les
considerations que je lui presenterai, et la conviction profonde que j'y
apporte.
M. Noblemaire a suivi dans sa discussion un ordre que j'adopterai moi-
meme. S'il m'a pris plusieurs fois a partie a I'occasion du travail modeste
que j'ai presente au Congres, c'est que c'est dans mon rapport qu'il a cru
trouver les considerations les plus nettes en faveur de la gratuite. Ce sera
la en effet la conclusion a laquelle j'espere vous rallier.
M. Noblemaire a presente ses critiques dans les formes courtoises qu'on
pouvait attendre d'un homme comme lui, et dans des termes tels que de
celui qu'il a combattu il a fait son oblige. 11 a commence par relever la
raison de sentiment qu'il a rouvee a la fm de mon travail. II s'etonne que
je ne trouve pas satisfaisant un salaire annuel de 1888 fr. 50 pour le ba-
telier. J'ai apporle la des raisons de sentiment, et je ne le nie pns. Aujour-
d'hui, avec les preoccupations qui animent ceux qui participent a Taction
gouvernementale, le sentiment a sa place marquee. Est-ce que les Compa-
gnies — et je regrette que M. Noblemaire ne soit plus ici pour m'entendre
— ne font pas intervenir le sentiment dans la question des traitements et
des avantages de toute nature qu'elles accordent a leur employes? Est-ce
queM. Noblemaire lui-meme se contenterait, comme moyenne de la remu-
neration de son personnel, de la somme de 1888 francs, meme avec les
50 centimes qu'il n'a pas manque d'ajouter a chaque fois qu'il en a parte?
II y a dans le patronage bienveillant auquel je fais allusion une pensee Ires
louable, et Ton ne pent qu'encourager aperseverer dans cette voie ceux qui
sont charges de pourvoir aux besoins des hommes. (Applaudissements.)
Mais ai-je bien merite cet eloge d'apporter ici une question de senti*
ment? Je n'ai pas autant parte, en elTet, du sort du batelier que du sort
du bateau, et si j'ai mentionne le batelier, c'est parce que c'est lui qui le
represente. Si j 'arrive a prouver que, d'une part, le fret ne pent pas etre
augmente, que d'autre part la batellerie ne pent supporter aucune nouvelle
charge sans sombrer, ma demonstration sera faite, j'aurai prouve de la
facon la plus peremptoire qu'il est impossible d'etablir des taxes. Permeltez-
moi de remettre sous vos yeux, en ce qui concerne cette somme de
1 888 fr. 50, le dernier paragraphe de mon rapport :
« C'est sur ce faible produit que le batelier doit trouver le moyen de
a payer les grosses reparations qu'il est indispensable de fairc periodique-
552 PROCES-VEllBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
« inent au bateau; c'est d'line aiissi modique recelte qu'il doit distraire Ic
« monlant des termes diis au conslructeur, si, comme cela arrive le plus
« souvent, il a achete le bateau a credit; qu'il doit, en tout cas, constituer
« la reserve n^cessaire a ramortissement de la valeur du bateau, soit 12 a
« 15 000 francs, puisque son remplaceinent s'imposcra quand la vetuste
« I'aura atteint, ou quand les changements apportes aux dimensions des
« ecluses ou a la profondeur du mouillage I'auront rendu irnpropre au ser-
« vice,
« Si, apres tous ces retranchements, on cherche a degager ce qui pent
« rester au batelier, on trouve a peine une somme de 4 francs par jour pour
« clever une famille souvent nombreuse; ce n'est pas sur ce chetif salaire
« qu'il peut faire face a la depense qu'entrainerait I'instruction de ses
« enfants au dehors; il doit se contenter pour eux de leur apparition dans
« les ecoles qui existent sur les points ou il sejourne, avec 7 ou 8 chan-
ce gements par an, et le temps passe en route completement perdu pour
« eux. »
Vous voyez pour quels motifs je faisais intervenir le batelier el le bateau
dans ma discussion. M. Noblemaire vous a apporte une consideration — de
sentiment aussi — celle du marin breton qui nous est apparu avec un
salaire encore plus bas peut-etre que celui du marin d'eau douce. Cette com-
paraison est-elle bien juste? Le batelier dont nous parlous ici, c'est le
patron du bateau, le veritable entrepreneur, prenant des engagements dont
il a la responsabilite. S'il y a un rapprochement a etablir, ce n'est pas avec
un serviteur inferieur de la marine, mais avec le patron, un capitaine au
cal»otage. Alors tout I'avantage est au marin d'eau salee centre le marin
d'eau douce.
De quelque maniere par consequent qu'on envisage cette l''^ question,
par les sentiments ou par les chiflres, elle est interessante, et il y a lieu de
la retenir.
D'ailleurs, dans mon travail, j'ai envisage la partie de la marine inte-
rieure qui a le plus d'aisance. J'ai eu en vue le batelier qui conduit sa
peniche sur les canauxdu Nord et en Belgique. Sij'avais voulu prendre un
exemple topique, j'aurais vise les bateliers des autres regions, et notamment
ceux qui desservent cerlaines voies parallelesaux lignes de M. Noblemaire.
Le batelier y mene une existence qui ne s'eloigne pas beaucoup de celle
des animaux, anes ou chevaux, avec lesquels il vit dans une promiscuile
de tous les jours. II m'aurait ele facile d'apporter un sombre tableau ou
on n'aurait pas vu ce chiffre de 1 888 fr. 50, et j'aurais mis a nu la misere
de notre navigation. Je ne I'ai pas voulu parce que nous sommes dans un
Congres international, et qu'il ne fallaitpas que des rapports imprimes et
destines a la publicite vinssent attester celte misere. [Appkmdissemenls.)
J'arrive au 'i" point qu'a traite M. Noblemaire. II a releve des omissions
que j'aurais commises intentionnellement ou non. Je n'auraispas, notam-
ment, dit un mot de I'Angleterre.
3» SECTION. — 5' SEA>'CE. 353
Assurement. D'abord mon travail a ete fait avant la distribution des
rapports de nos collegues etrangers; je n'ai done pas pu m'eclairer de
leurs renseignements. En tout cas, il etait impossible de s'appuyer sur
I'exemple de I'Angleterre, dont les conditions economiques n'ont rien de
comparable aux notres. M. Clements dit lui-meme des droits de navigation
qu'ils vont faire I'objet, de la part du Board of tirade, d'une enquete au
cours de laquelle on examinera les centaines d'actes du Parleraent fixant
les taxes actuellement pergues par les Compagnies, ce qui est de nature a
montrer au Congres combien peu d'attention a ete apportee aux canaux et
voies de navigation de la Grande-Bretagne.
C'est, en effet, le regime de laisser-faire, que je me garde de critiquer,
qui est la caracteristique du genie anglais. Cela se traduit, au point de vue
des transports, par une concurrence sans frein tant entre les entrepreneurs
de chemins de fer, qu'entre ces derniers et la navigation ; les exemples tires
de I'Angleterre sont done sans signification, comme comparaison avec ce
qui se passe en France. Les chemins de fer, en France, ont ete etablis
d'apres un systeme tout different. On dit que c'est le regime du monopole.
En droit, c'est inexact ;j'ai soutenu le contraire, et je ne voudrais pas qu'il
flit entendu que nous avons le monopole en France. Le Gouvernement ne
s'est pas interdit de creer des lignes concurrentes ; c'est une arme dont, a
un moment donne, il pourrait se servir. Mais le monopole existe en fait, et
ce n'est pas une mauvaise chose, car on ne pourrait rien imaginer de plus
anti-economique, par exemple, que de creer une nouvelle ligne de Paris a
Lille.
En Angleterre, la situation est toute differente en ce qui concerne les
canaux; une enquete se poursuit depuis 1888, et n'a pas encore donne de
resultats. Ces resultats, a ce que j'ai entendu dire, sont attendus avec
anxiete. Tons les reseaux de canaux, en Angleterre, appartiennent a des
particuliers, et il est impossible de faire une comparaison quelconque
entre ce regime et le notre. En France, la plus grande partie des trans-
ports appartenant aux chemins de fer organises comme nous I'avons dit,
la navigation interieure apparait comme une garantie necessaire. En An-
gleterre, la concurrence etant sans limite entre les chemins de fer, celte
garantie peut ne pas etre regardee comme indispensable. C'est une diffe-
rence capitale, et qui explique que nous n'ayons pas a prendre d'exemples
de ce cote.
En ce qui concerne I'Allemagne, j'ai dit, dans mon rapport, je ne dissi-
mulerai pas leserreurs que j'ai pu commettre, que la navigation interieure
etait libre de toute entrave fiscale. J'aurais, si je le voulais, des autorites
considerables a apporler a I'appui de cette assertion, mais je ne les invo-
querai pas, ne voulant pas mettre en cause des personnes absentes qui ne
pourraient s'expliquer. Mnis prenons les choses telles qu'elles vous ont ete
presentees dans le rapport qui vous est soumis par M. Sympher. Sur
14 Etats, 7 ne reclament rien pour la circulation sur les voies navigables.
25
554 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
L'ensemble des depenses annuelles d'entretien coute 42 500 000 marks;
les depenses extraordinaires onl ete de 13 500 000, soil 26 millions de
marks.
Quant aux recettes, la circulation sur les voies navigablcs a produit
1 200 000 marks. En faisant la proportion de 1 200000 marks de recettes
a 12 500 000 de depenses ordinaires et 15 500 000 de depenses extraordi-
naires, on trouve que les recettes produites par la circulation sur les
canaux sont de 1/10 des depenses d'entretien et de 1/20 des depenses
totales. Peut-on tirer de cette situation un argument pour le retablissement
des droits en France? Non! Au conlraire, s'il est vrai qu'en Allemagne on
se contente de demander a la navigation 1/20 de ce qu'elle coute, c'est
qu'en principe la navigation ne doit pas payer ce qu'elle coute. La quotite
si minime des taxes qui existent, et le fait que dans 7 Etats allemands il
n'en existe pas (M. Sympher, tableaux I et II) ont pu faire dire qu'en
Allemagne la navigation etait libre.
Cela se rapproche bien de ce qui existe en France, oil la navigation est
reputee affranchie des taxes. Je ne sais pas ce que rapportent en France les
droits de navigation qui ont ete maintenus. M. Beaurin-Gressier pourrait
peut-etre nous le dire. Ce serait a ajouter a tous les autres renseignements
qu'il a eu I'obligeance de me donner, et pour lesquels je suis heureux de
lui renouveler publiquement les remerciments que je lui ai deja adresses
dans son cabinet.
En Allemagne, la circulation sur les canaux produit 1 500 000 francs ; en
France, si je ne me trompe, les droits qui ont survccu a la mesure gene-
rate de suppression s'elevent bien a 800 000 francs, c'est-a-dire a la moitie,
ce qui n'empeche pas de dire qu'en France la navigation est exempte de
droits.
La situation est done analogue en Allemagne et en France, et je ne suis
guere coupable si j'ai dit qu'en Allemagne la navigation etait libre.
Si, au lieu de faire porter le calcul sur l'ensemble des voies navigables,
on le restrcint au rapport entre les recettes annuelles et les depenses
annuelles sur les canaux encore frapp6s de taxes, ^videmment le rapport
sera different. C'est ici une question de bonne foi, et je prouve ma sincerite
en disant que si vous restreignez la comparaison des chiffres aux
2 500 kilometres encore frappes de droits en Allemagne, la proportion sera
superieurea 1/20 deladepense. C'est comme si on limitait au canal lateral
a la Garonne les considerations relatives aux canaux frangais encore sou-
mis aux droits.
J'arrive a la HoUande. M. Deking-Dura, qui a pristouta I'heure la parole
avec sa competence et sa sincerite habituelles, a bien deblaye le terrain
et simplitie ma reponse.
« Le Ministre des finances, dit M. Deking-Dura, vient de dcposer un
projet de loi ordonnant la suppression des peages tant sur les grandes
routes que sur les canaux appartenant a I'Etat.
5- SECTION. — 5* SEANCE. 355
Ce fait, si M. Noblemaire I'avait connu, I'aurait empeche dc placer la
Hollande parmi les Etats qui conlredisent notre these.
« Ce projet de loi est surtout motive par cetle verite indiscutable que
tout peage entrave la circulation sur les routes comme sur les voies navi-
gables. Puis il est bien difficile de maintenir les peages encore existants
sur les canaux de I'Etat, apres les avoir abolis pour diverses raisons sur
les canaux enumercs plus haul.... (Plus haut, il y a une liste d'un certain
nombre de canaux ayant un caractere maritime particulier sur lesquels
les peages ont deja ete supprimes.) ...le rendement des peages abolis
depassant le produit de ceux qui ont ete maintenus jusqu'a present. »
J'en appelle encore au temoignage de M. Deking-Dura sur deux points.
« Ce systeme, dit-il plus loin, a eu cependant en Angleterre des conse-
quences tres facheuses pour la navigation interieure, tandis qu'en Alle-
magne les canaux importants sont encore pour la plupart en construc-
tion; de sorte qu'on ne pent pas savoir si des tarifs assez eleves pour
atteindre le but n'empechcront pas le developpement de la navigation. »
Enfin, voici les conclusions de son rapport; ellcs sont dignes de voire
attention :
a Dans mon opinion, la question des peages sur les canaux est avant
tout une question d'opportunite qui ne comporte pas une solution gene-
rale. La suppression totale de ces peages n'est possible que dans les Etats
fortement centralises, comme la France, ou presque lous les canaux appar-
tiennent a I'Etat. Dans les autres pays, la perception de peages moderes,
tout en etant equitable Mans le principe, a le grand avantage de permettre
aux corporations autres que I'Etat de s'occuper de la construction et de
I'amelioration des canaux.
« Toutefois I'experience acquise dans les Pays-Bas tend a demontrer
qu'on se fait illusion en voulant couvrir par le produit de ces peages non'
seulement les frais d'entretien et d'adminislmtion, mais encore I'interfi
et I'amortissement du capital de construction. »
Je ne crains pas d'etre contredit en disant que si, en Hollande, on pou-
vait racbeter les canaux et etablir la gratuite partout, on n'hesiterait pas.
En France, nous avons ete assez heureux pour oblenir la gratuite, mais
tons les budgets ne peuvent pas supporter les frais de cette amelioration.
Je me resume en ce qui concerne les pays etrangers : vous avez vu,
d'apres ce qui vient d'etre dit par un de nos honorables collegues, qu'en
Amerique c'est le systeme de la gratuite qui prevaut. En Angleterre, le
regime des transports ne permet aucune comparaison. En Hollande, la
gratuite n'a de limites que la possibilite de I'etablir. En Allemagne, c'est
des a present Ja quasi-gratuite.
Ayant ainsi parcouru la premiere serie des observations de M. Noble-
maire, je vais renlrer pour un instant dans des considerations generates,
mais sans fatiguer longtemps votre attention, car il est clair que dans un
Congres de courte duree comme le notre, il faut alter vile.
356 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
Vous avez constate avec moi que Texistence d'line batellerie vivant et
se developpant est necessaire a la prosperity d'un pays. Lorsqu'une decla-
ration dans ce sen« a ete soumise a la Section par M. d'Artois, plusieurs
ont souri, et M. le President lui-meme, ici je fais de I'interpretaoon, n'a
mis aux voix cetle premiere partie de la proposition qu'en se demandant
s'il etait bien necessaire de faire voter sur une verite d'une aussi grande
evidence.
Celte banalite, ce lieu commun, je m'en empare, et je me demande
dans quelles conditions cette batellerie qu'on regarde comme indispen-
sable pent exister assez nombreuse et en se developpant? C'est ce que je
vais examiner en terminant.
Je demanderai a notre honorable President la permission de le citer;
c'est du ministre que je veux parler : Y a-t-il jamais eu plus formelle
declaration a I'appui de la necessite d'entretenir la batellerie a I'abri de
toute taxe que celles que M. Yves Guyol, ministre, a apportees a dilTerentcs
reprises ?
On lui exprimait certaines craintes a propos du projet de loi qu'il venait
de deposer. « Soycz tranquille, a-t-il dit, j'ai soutenu comme depute la
graluitedela circulation :je saurai la maintenir comme ministre. » Ce sont
des declarations qui apparliennent a I'histoire. Vous voyez que nous
sommes en bonne compagnie. (Applaudissements et vires.)
M. LE President. — La gratuite au point de vue tiscal!
M. CouvREUR. — Au reste, la batellerie, ce n'est pas la le but. Nous ne
sommes pas ici pour la favoriser. Moi-meme jc ne suis pas de la batellerie,
et n'y ai aucun interet. J'ai commence, il est vrai, avec elle it y a plus d'un
demi-siecle. Mais, depuis, Ics chemins de fer avec leur marche puissante
m'ont entraine dans leur orbite, et je suis pour les 4/5" leur client. Ce ne
sont done pas des interets particuliers qui viennent se faire jour ici. C'est
I'interet du pays ou plutot des nations, car nous sommes en Congres
international. C'est de la batellerie prise comme moven de prosperite que
nous avons a parler.
La batellerie a pour fonction principale de mettre les elements du
travail induslriel a la portee des usines, c'est-a-dire de determiner la
production a bon marche. On vient dire qu'il n'y a qu'un certain norabre
de departements qui soient privilegies sous le rapport des canaux. Mais
I'Etat ne saurait envisager la question sous ce point de vue etroit; il voit
de plus haul. La navigation est un element de prosperite generale comme
les chemins de fer, et le besoin general de transports a bon marche ne
pourrait avoir satisfaction si, en France ou ailleurs, il n'y avail qu'un
moyen unique de transport. En France, la navigation n'est pas une con-
currence serieuse pour les chemins de fer, mais enfin c'est un stimulant
qui les engage a faire face aux necessites et a suivre le courant de la
baisse qui est notre objectif, a nous industriels et commergants, et qui
est d'autant plus necessaire en France qu'il se produit partout ailleurs.
5" SECTION. — b' SEANCE. 557
On oppose a cela diverses objections et on fait appel a ce qu'on montre
comme im principe de justice. On dit : II y a deux sortes de transports.
Pourquoi proteger I'un au detriment de I'autre? Ne faut-il pas que la
navigation paye scs charges comme les chemins de fer?
Je reponds d'abord : Les voies navigables ct les chemins de fer sont-ils
done des moyens de transport concurrents? Je ne le crois pas. Si j'avais
a choisir des actions de chemins de fer dans deux pays dont Tun serait
pourvu et I'autre prive de canaux, mon choix serait tout fait, et je m'inte-
resserais sans hesitation au chemin de fer situe dans une contree ou,
comme dans notre region du nord, il y aurait des canaux en abondance.
Je suis done absolument convaincu qu'il n'y a ni antagonisme, ni con-
currence. En effet, la navigation va chercher les houilles, les minerais,
les matieres premieres au lieu de production, et les transporte au lieu de
transformalion. C'est ainsi que I'industrie travaille a bon marche, et qui
en profile? Le chemin de fer. 11 n'apportera pas toute la matiere premiere,
mais il emportera jusqu'aux extremes limites les produits fabriques.
11 y a cooperation, solidarite entre les deux moyens de transport. Mais
admettons qu'il puisse y avoir concurrence : cette concurrence ne s'exer-
cera que dans les cas ou les voies seront paralleles, et nous verrons tout
a I'heure quel est le peu d'importance de ce parallelisme. En France,
nous aurons bientot un reseau de 40 000 kilometres qui ira chercher les
marchandises jusque dans chaque canton, dans toutes les grandes usines,
pourrions-nous dire, car on doit prevoir que dans un temps donne toute
la grosse Industrie sera reliee au chemin de fer, evitant ainsi tous les
frais de camionnage.
Et permettez-moi d'ouvrir ici une parenthese sur I'importance du
camionnage : il y a 50 ans, le transport de la tonne de charbon d'Anzin a
Paris coutait 20 francs, et le camionnage 2 francs, soit 1/10 du transport.
Aujourd'hui, le prix de transport est de 6 ou 7 francs, suivant qu'on
emprunte la voie d'eau ou de fer, et on ne peut pas deplacer une tonne
de charbon dans Paris a moins de 5 ou 4 francs. Yous voyez Timportance
qu'a acquise le camionnage par rapport a la depense principale. Le chemin
de fer a fait faire des progres merveilleux dont tout le monde profile;
mais qu'on ne vienne pas parler de la concurrence que lui ferait le bate-
lier qui suit toujours la memc route pas a pas, faisant trois voyages par
an, arrete par les glaces, le vent, la crue, le chomage, etc., et avec lequel
les expediteurs ont, dans beaucoup de cas, de lourds frajs ^e camionnage
a supporter.
On dit encore, au nom de la justice, qu'on a depense 1 milliard 500 mil-
lions pour la navigation.
Pour un Etat, ce n'est pas un gros chifTre, surtout s'il faut faire remonter
les elements de I'addilion a un temps immemorial. Mais qu'a-t-on done
depense pour les chemins de fer? est-ce 5, est-ce 4 milliards? Et nous ne
sommes pas au bout! On ne sail pas*ou nous meneront les conventions.
358 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
L'idee de justice, comme nos contradicteurs I'entcndent, aiirait ete misc
en echec des I'annee 1842, el au profit des chemins de fer. A cette 6poque,
alors que Ton considerait le cheniin de fer comme un coucou ameliore,
I'Etat a decide qu'il supporterait tous les travaux d'infra-structure. Les
Compagnies qu'on appelait a exploiter n'avaient plus qu'a poser les rails.
Ou etait le principe de justice? {Applaiidissements.)
C'etait pourtant irreprochable alors, si Ton considere qu'on n'avait
aucune notion sur le developpement du trafic. L'Etat voulait des chemins
de fer pour raettre la France au niveau des nations etrangeres, mais sans
pouvoir en apprecier le produit. S'il s'est oblige a payer toute la construc-
tion, sauf les rails, ce n'etait pas pour favoriser les Compagnies, pas plus
qu'aujourd'hui nous ne reclamons de favour pour les bateliers : nous
demandons seulement ce qu'exige I'interet public. C'etait l'idee dominanlc
en 1842; ce doit etre l'idee dominante aujourd'hui. M. Fleury, qui a pre-
sents au Congres un travail consciencieux sur la concurrence eiitre les
chemins de fer et la navigation, fail ressortir dans un tableau tres instruc-
tif que 1/7" au plus des voies navigables sont paralleles aux voies ferrees;
de sorte que ce grand argument de la concurrence sereduitau 1/7" comme
longueur kilometriqueet au 1/10'' comme importance de trafic. Vous voyez
que la concurrence n'existe pas, si surtout vous tenez compte de ce que,
d'annee en annee, cette proportion sera diminuec. Le reseau des chemins
de fer grandit sans cesse, et j'y applaudis de tout cceur, mais ce n'est plus
parallelement aux voies navigables : cetle partie de la besogne est faite;
on retrecira les mailles du reseau; personne ne pent dire combien peu,
dans 50 ans, il restera des 56000 communes frangaises qui n'auront pas
leur gare, et I'organisme qui mettrait ainsi en communication toules les
parties du pays craindrait la concurrence du bateau!
J'ai reserve pour la fin I'argument qui semble le plus puissant : II faut
des travaux neufs; vous n'obtiendrez pas de I'Etat qu'il les fasse graluite-
mcnt, sans espoir de remuneration; il faut done, ou renoncer a ces amelio-
rations, ou admettre le principe de la taxe. Get argument, je I'avoue, m'a
beaucoup louche, je I'ai confesse a M. le President, mais je ne le crois pas
sans replique. D'abord, quand il s'agit de travaux d'interet public, national,
I'Etat doit trouver le moyen de les executer. Je vous parlais vendredi du
Canal du Nord. Pour moi, je crois a la necessite d'une voie nouvelle qui
desserve le Nord, la Belgique. II faut ameliorer le canal qui existe et le
dedoubler. Mais est-ce que c'est un travail qui concerne le Nord, un travail
special a la region? Nullement. II amene les houilles dans la capilale, et
dans certaines eventualites, dont je ne parlerai pas plus longuement, il
serait necessaire a I'approvisionnement de Paris. L'etablissement d'un
deuxieme canal vers le Nord est done essenliellement d'interet national.
Au point de vue economique, tout le pays n'est-il pas inleresse a ce que
Paris et la region soient approvisionn6s, que I'industrie y soit florissante?
n'ost-ce pas de la que part le mouvement qui donne la vie au reste de ia
5' SECTION. — 5' SEANCE. 559
France? Quand I'Elat aura depense 50 millions pour atleindre ce resultat,
il aura travaille dans I'lnteret public.
En dehors de ces grands travaux, d'autres, ayanl le caractere d'agence-
ments, d'approprialions, peuvent ctre realises par I'initiative privee. Mais
pour cela, il est necessaire d'ecarter un prejuge. Je demande pardon d'em-
ployer ce terme devant les ingenieurs emineats qui veulent bien m'ecouter,
mais je desire exprimer toute ma pensee. Je regarde comme un prejuge
cette regie absolue d'apres laquelle le domaine public, inalienable en prin-
cipe, c'est entendu, ne pourrait, pendant un temps limite, et a des condi-
tions determinees, etre mis a la disposition de certaines entreprises pour
faire des travaux concourant a Finleret public, quoique ayant neanmoins
le caractere prive. En pareille circonstance, le principe doit flecliir. On a,
par exemple, propose, il y a quelques annees, d'etablir sur le bas port du
bassin de I'Arsenal, a Paris, de magnifiques docks. On consentait a con-
struire sur les plans de la Yille de Paris, a assurer un minimum de ton-
nage, a payer le loyer du terrain ct, dans un temps donne, la Ville serait
devenue proprietaire des etablissements pour rien! Mais le prejuge a pre-
valu, de sorte que la partie du canal qui pouvait etre amelioree, continue
a etre affectee a des depots de pierres de taille. {Applaudissements .)
J'ai termine. On m'avait accorde un tour de parole de faveur pour me
donner le dangereux honneur de repondre a M. Noblemaire. J'ai pu rester
au-dessous de ma tache, mais du moins a mon langage I'interfit particulier
est reste absolumcnt elranger, et je n'ai apporle dans ce debat qu'une con-
viction absolue remontant a 50 ans. {Applaudissements.)
M. LE President. — Comme President de la Section, je remercie M. Cou-
vreur de I'clevation avec laquelle il a soutenusa these. [Applaudissements.)
M. CouRTENAY-BoYLE. — M. Couvrcur a dit que I'enquete commencee en
Angleterre n'etait pas encore terminee. Ce n'est pas tout a fait exact. II est
bien vrai qu'en 1888 est intervenue une loi ordonnant cette enquete; mais,
depuis cette epoque, le Board of Trade a revise 250 tarifs de chemins de
fer. C'etait une grosse affaire, et jusqu'a present on n'a pu s'occuper des
canaux. On s'en est bien occupe, mais seulement a partir de mai dernier;
nous avons tenu a peine une dizaine de seances. M. Couvreur me pardon-
nera cette petite rectification que je fais pour que vous n'ayez pas une
mauvaise opinion du Board of Trade. [Applaudissements.)
M. LE President. — Aucun membre etranger n'a plus d'observation a
presenter?...
M. Carpentier. — J'ai ecoute avec un vif interet les discours qui out ete
prononces dans cette seance. Je me permettrai de faire observer aux diffe-
rents orateurs qui se sont succede a la tribune, qu'ils ont peut-etre un peu
trop perdu de vue le cote international de ce Congres pour s'attacher sur-
tout aux interetsfrauQais, et en particulier a I'eternel antagonisme des che-
mins de fer et des voies navigables, qui ne conslitue cependant que la
9* Question proposee a vos deliberations.
560 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
Plagant la discussion sur iin autre terrain, sinon plus eleve, au moins
plus etendu, je me bornerai a me demander si, quel que soit le pays vise,
il eonvient que la circulation sur les canaux y soit taxee, et dans quelle
proportion?
C'est la un point qui ne pent etre resolu, selon moi, qu'autant qu'on a
pris parti sur une premiere question : les canaux doivent-ils ou non etre
compris dans le domaine public? Qui serait assez simple, en eftet, pour
aller proposer a une Compagnie concessionnaire d'un canal, d'y assurer la
circulation sans percevoir de taxe ni de peage? L'Etat seul est maitre de
dire : « Je ferai de telle voie navigable un chemin libre », ou bien, au con-
traire, « je me ferai remunerer des depenses et des soins que me couteront
I'etablissement et I'entretien de la voie ».
Deux systemes radicalement opposes sont en presence : 1" toutes les
voies navigables doivent etre centralisees enlre les mains de I'Etat; 2° les
rivieres et les canaux, et plus particulierement les canaux, doivent etre
soumis a la loi de la libre concurrence.
Je pense que ces deux systemes sont egalement faux, etque la verite se
trouve dans un systeme inlermediaire qui laisse a I'Etat une certaine part,
et une autre a I'industrie privee.
Mais, avant de chercher a determiner cette part, il eonvient de distinguer
soigneusement, dans la navigation interieure et dans les canaux qui en
sont le principal moyen, deux choses : 1" le but pour lequel ils sont crees,
leur destination ; 2" I'organisme dont ils se composent, I'instrument.
C'est en considerant specialement le but des canaux qu'on est tente de
s'ecrier : « La navigation doit e(re libre et, par consequent, gratuite; I'Etat
doit y demeurer ctranger! » Ne sont-ils pas te vehicule indique pour les
marchandises pondereuses, et le mode de locomotion lente auquel celles-ci
sont assujetties pourrait-il s'accommoder de frais qui iraient en s'accu-
mulant avec le temps? Dans cet ordre d'idees, une comparaison vient natu-
rellcment a la pensee : les routes ne sont-elles pas libres? J'estime qu'il
faut bien se garder d'une pareille assimilation. Ce n'est pas parce que les
routes, les chemins de fer et les canaux contribuent tons les Irois a la cir-
culation qu'on pent songer a les identifier. Leur ressemblance a ce point
de vue est superficielle. lis se distinguent par de profondes differences
qu'on pent mettre en relief en deux mots.
Tons les moyens de transport, en eftet, peuvent se ranger dans trois com-
binaisons :
1° Ils sont crees et exploites par I'Etat;
2" lis sont crees et exploites par des particuliers ;
3° Ils sont crees par I'Etat et exploites par des particuliers, ou inverse-
ment.
Comment pourrait-on assujettir les routes de terre a aucune de ces com-
binaisons? II pent bien etre question de les creer; mais comment parler de
les exploiter sous un regime qui n'a plus rien de feodal? C'est I'organisme
5' SECTION. — 5- SEANCE. 361
essentiel de la locomotion humaine; c'cst un instrument sans lequel la
sociabilite n'existerait pas, puisqu'on ne pent mettre le pied hors de chez
soi sans fouler un chemin ou une route, et qu'en dehors des chemins et
des routes, il n'y a que proprietes privees, c'est-a-dire heritages dont I'acces
pent elre defendu. A ce point de vue, on ne concjoit done pas qu'on puisse
barrer, interdire une route; on ne couQoit pas davantage qu'on puisse I'in-
terdire a toute une categoric de gens, puisque tout le mondc est naturelle-
ment appele a s'en servir. En fait, d'ailleurs, quels usages prohiber et taxer?
quels usages laisser libres? Faudrait-il distinguer entre la promenade, les
besoins domestiques, le voyage, le transport? Et a supposer que cette
incroyable inquisition soit theoriquement consacree, comment I'assurer
pratiquement? par quels immenses et multiples tourniquets? La route de
terreest done essentiellemcnt libre parcequ'elle seprete a tons les usages.
Pour les chemins de fer, comme pour les canaux, au contraire, Tides
d'exploitation s'impose :
1° lis ne sont crees que pour un certain mode de circulation : le trans-
port des voyagcurs et des marchandises ;
2° lis sont agences de telle fa9on, que ce transport ne pent pas etre libre
et doit etre reglcmcnte. Comment concevoir, en effet, des trains qui se
croisent ou se succedent sans ordre sur un reseau? Comment concevon^
des eclusees incessanles? De la I'idee de direction unique, presque de mono-
pole, qui se fait jour. — De la, en tons cas, et, tout au moins, la possibi-
lite de recourir, pour eux, a une des trois combinaisons susenoncees :
creation et exploitation par I'Etat; creation et exploitation par I'industrie
privee; creation par I'Etat et exploitation par I'industrie privee, ou inver-
sement.
Ces trois systemes ont ete, soit successivement, soit meme simultane-
ment, pratiques en France. Aujourd'hui, la tendance parait etre de laisser
a I'Etat le soin de construire et d'cxploiter les canaux, de conccder, au
contraire, Texploilalion des chemins de fer a des Compagnies, sauf a les
faire etablir, au besoin, par I'Etat ou a ses frais.
Pourquoi cette difference entre les deux modes de transport? Est-ce un
pur eftet de I'arbitraire administratif ou des besoins financiers du moment?
Je ne le crois pas; je pense qu'elle pent se juslifier par les raisons les plus
elevees, et que ces raisons, si elles sont bien deduites, doivent du meme
coup determiner la mesure des sacrifices que I'Etat, exploitant des canaux,
pent legitimement demander a I'industrie privee.
Oublions pour un moment que les canaux, comme les chemins de fer et
comme les routes, sont des moyens de communication ; laissons de cote
leur destination ; n'envisageons que leur organisme.
Si nous I'analysons avec soin, nous voyons qu'il suppose essentiellement
I'emploi d'un element, qui, par sa nature meme, est du domaine commun
de tons les citoyens, sinon du domaine public : Veau; I'eau que la nature
avait impartie a I'homme comme moyen de communication avant meme
562 PROCES-^'ERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
qu'il songedt a etablir des routes; I'eau, que, pour cette raison, toutes les
legislations ont soustraite a I'appropriation privee; I'eau enfin, qui n'inle-
resse pas seulement les communications entre les hommes, mais qui inte-
resse egalement la ferlilite du sol, la santepublique, la securite d'un pays! !
Comment I'eau intervient-elle dans les ri\ieres et les canaux envisages
comme moyens de communication? Comme le vehicule meme, assoupli par
I'homme a ses besoins, comme I'instrument sans lequel aucune circulation
ne serait possible! !
Est-il admissible que dans ces conditions I'Etat se desinteresse d'un
moyen de transport qui, s'il est mal admiriistre, pent conduire a la dilapi-
dation et au gaspiilage d'un element aussi essentiel de la vie sociale?
Avec les routes et les chemins de fer, rien de semblable : I'intervention
de I'Etat s'y jiistifie bien sans doute encore par des raisons de police, parce
qu'il convient que, partout ou la sociabilite s'exerce d'une fa^on particu-
liere, le bon ordre soit assure ; mais comme le terrain sur lequel ils repo-
sent n'est qu'uneconquMe du domaine public surledomaineprive, et qu'il
ne pent eire affecte a aucun autre usage, Fexploitation de la voie par des
parliculiers (la oii elle est possible) n'a rien qui cheque; I'intervention de
I'Etat s'y reduit de la fa^on la plus naturelle a une mission de surveillance
et de contrdle, et ce n'est qu'exceptionnellement qu'on peut 6tre amene a
lui reconnaitre, dans des cas d'abus signales et par le mecanisme de la
decheance, le droit de se substituer a I'exploitant.
Ces points poses et admis, la question de la legitimitc des taxes que I'ad-
ministration peut etre amenee a perccvoir sur la navigation, se resout pour
ainsi dire d'elle-meme.
Dans les fleuves et rivieres navigables et flottables, il ne peut etre ques-
tion d'en percevoir aucune, puisque I'Etat ne fournit rien qui n'existe deja,
el que sa mission se reduit a un pouvoir de police inherent a sa Constitu-
tion et, par suite, essentiellement gratuit.
Dans les canaux qui ne sont qu'une transformation ou qu'un complement
du domaine public fluvial, et ou I'eau continue a jouer le role de vehicule,
il ne peut etre question, pour la meme raison, de taxe de circulation pro-
prement dite. Peut-il du moins etre question de peage representatif de la
creation ou de I'enlrelien des ouvrages d'art necessaires a I'existence du
canal, el du salaire des gens de service employes, non au contrdle, mais a
la mise en train et a la garde de ces ouvrages?
Ces dernieres taxes se justifieraient a coup sur theoriquement. Mais
pourrait-on les percevoir pratiquement a bon escient? A qui faudrait-il les
faire supporter pour etre equitable? A la batellerie ou au public en general?
Et dans 1 un el I'autre cas, dans quelle proportion a chaque batelier ou a
chaque citoyen ? Si le batelier parail plus directement interesse par le trans-
port qu'il efleclue lui-meme et dont il per^oit les produits, il ne fiiul pas
perdre de vue que le public y trouve egalement son compte dans les econo-
mies realisees par le transport? Le batelier, d'autre part, n'est pas un loca-
5- SECTION. — 5« SEANCK. 365
taire qui doive des frais d'entrelien : il fait partie du public ; tout le mondc
peut jouer le meine rule que lui a titre provisoirc ou definitif, et la ou il
n'y a pas de locataire, il est de regie que c'est le proprietaire (dansl'espece,
I'Etat) qui doit mettre sa chose en etat. Chaque balelier ou chaque citoyen
ne peut done 6tre astreint, en definitive, a supporter legitimemenl que les
reparations des degradations qu'il aura personnellement causces. Mais
nous voici bien loin de I'idee de taxe qui suppose, non seulement I'obliga-
tion de reparer un tort delermine, mais I'obligation vague et incertaine de
contribuer a des degradations dont on n'est pas I'auteur, et meme a des
degals dus a la seule veluste.
L'etablissement de taxes d'entretien n'est done pas desirable. EUe Test
d'aulant moins chez nous que les canaux sont peu nombreux, que le nombrc
n'en augmentera vraisemblablement pas, que I'Etat peut en supporter les
charges sans faire un trop lourd sacrifice, ctque, si on voulait les etablir
proportionnellement a la circulation des difl'erentes arteres, on se heurte-
rait a une nouvelle impossibilite.
J'arrive ainsi a cette conclusion, que si les canaux doivent etre affectes
d'un peage, ce n'est quedans les limites restreintes ou ce peage correspond
a un service rendu en dehors de la circulation proprement dite ou de l'eta-
blissement et de I'entretien des ouvrages d'arl qui constituent ces voics
navigables : remorqiiage, traction, facilite procuree dans rembarqiiement
ou le debarquement des marchandises, etc.... Ne paye-t-on pas de meme
sur les routes, I'usage d'un cheval de renfort? Que ces taxes soient payees
a une Chambre de commerce, de navigation ou a I'Etat, peu importe. II
suffit que chacun soit libre d'etablir les ouvrages qui en justifient la per-
ception. C'est a cela, a mon avis, que doit se resoudre la libre concurrence
sur les canaux. Quant a la direction meme de I'exploitation du canal par
I'Etat, nous rappelons qu'elle nous parait indispensable, et qu'il n'y a pas
la moindre analogic en tous cas a etablir enlre les routes ou la circulation
est essentiellement libre, les chemins de fer ou elle est forcemcnt restreintc,
puisqu'elle ne peut s'opcrer que dans une seule direction, sur une meme
voie, et les canaux qui tiennent le milieu entre ces deux voies de commu-
nication, en ce sens que si chacun peut y circuler dans une direction ou
dans une autre comme sur une route, le passage cependant n'y peut etre
assure qu'a I'aide d'eclusiers qui correspondent assez bien aux aiguilleurs
sur les chemins de fer.
J'ai I'honneur de deposer, en consequence, sur le bureau, la proposition
suivante :
« Les canaux doivent etre exploites par I'Etat, qui, seul, peut assurer la
« gratuile de la navigation, et les frais d'etablissement et d'entretien de ces
« voies navigables doivent demeurer a sa charge : mais les bateliers doi-
« vent payer les services qui ne correspondent pas a la liberie de la circu-
« lation proprement dite, mais plutot a la traction ou au plus facile embar-
« quement ou debarquement des objets transportes. »
364 PROCES-VERBAIIX DES SEANCES DES SECTIONS.
M. LE President. — La parole est a M. Robert Mitchell.
M. Robert Mitchell. — Ce qui se disciite, c'est I'etei'nelle querelle entre
les chemins de fcr et les cananx. M. Noblemaire a joue dans cc proces le
role du ministere public. Je I'ai ecoule avec beaucoup de plaisir, tout en
regrettant la severite du reglement qui mesure la parole aux orateurs
et ne leur accorde qu'un quart d'heure pour developper leur pensee.
(Rh^es.)
M. le President. — 11 n'a pas ete applique.
M. Robert Mitchell. — Je ne partage pas les idees de M. Noblemaire, je
n'ai pas besoin de le dire; ce n'est pas la premiere fois que j'ai I'occasion
de constater que nous n'avons pas la meme maniere de comprendre les
interets de la batellerie.
M. Noblemaire nous a fort savamment cxplique qu'il demandait un
droit dans I'interet de la batellerie. Tout se demontre. J'ai meme vu un
economiste tres distingue, et mon coUegue, M. Yves Guyot, le connait
comme moi, qui pretendait que le droit sur le ble etait tres avantageux
aux mendiants, parce que comme les mendiants mangent surtout du pain,
ce droit les elevait a la dignite de coutribuables. {Rh^es.)
La batellerie se passerait volontiers du cadeau qu'on veut lui faire.
M. Noblemaire a developpe une theorie seduisante, basee surl'egalite de
tons devant I'impot; il nous a dit : Tout citoyen, sans exception, contribue
a I'entretien et a I'amelioration des voics navigables. Cependant tout
citoyen ne contribue pas a la circulation sur ces voies, ne s'en sert pas
forcement pour les besoins de son Industrie. Cela est vrai; mais il est aussi
equitable d'obliger les habitants d'un canton que ne dessert pas une voie
d'eau de contribuer aux taxes servant a son amelioration, que d'obliger les
habitants d'un arrondissement ou les chemins de fer sont encore a I'etat de
projet a contribuer a la garantie d'interet dont beneficieiit les grandes
Compagnies. {Applaudissements .) De meme les provinciaux contribuent
pour la plus large part a la subvention de i'Opera, bien qu'ilsen profitent
rarement; cependant ils ne protestent pas.
On pent encore ajouter — et je regrette que M. Noblemaire ne soit pas
present pour m'entendre — que, grace a la tres habile direction de M. No-
blemaire, la Compagnie P.-L.-M. n'a jamais recours a la garantie d'interet,
et cependant les populations du Sud-Est de la France sont obligees de con-
tribuer a parfaire les dividendes de la Compagnie de I'Ouest, dont ils n'em-
ploient jamais les voitures.
La verite, c'est que la voie d'eau, comme la voie ferree, concourt a la
prosperite generate, et que nul n'a le droit de s'en desinteresser sous pre-
texte qu'elle ne favorise pas son interet personnel. Nous avons reclame la
liberie, la graluite, et nous I'avons obtenue non pas seulement dans I'in-
teret de la navigation, mais pour le bien public. Aujourd'hui, on nous
propose un systeme nouveau, mixte, dont je crois que I'honorable M. Yves
Guyot est I'auteur, et qui nous conduirait au retablissement du peage.
.V SECTION. — 5' SEANCE. 365
Cependant, depuis que la gratuite exislc, le trafic a considerablement
augmente; c'cst iinprogres appreciable. Les frais de transport ontdiminue
dans des proportions considerables, et les chemins de fer eux-memes,
gagnes par la contagion, ont profile du bon exemple que nous leur avons
donne. Avant raffranchissement des canaux, c'etait un axiome pour les
Compagnies qu'on ne pouvait pas abaisser le prix de transport au-dessous
de 3 centimes par tonne et par kilometre. Le lendemain de la suppression
des droits, les grandes Compagnies ont ete eclairees d'une lumiere sou-
daine; elles ont comprisqu'elles pouvaient descendre au-dessous de 3 cen-
times, et elles ont accorde des conditions bien plus douces a ceux qui
avaient la possibilile d'opter entre la voie de fer et la voie d'eau. 11 est vrai
qu'elles se sont ratlrapees la ou la concurrence n'etait pas a redouter.
[Applaudissernents . )
Si demain on retablissait les droils de navigation, comme le demandait
tres loyalement M. Noblemaire, les chemins de fer, delivres de la salutaire
crainte de la concurrence, demanderaient le relevement de leurs tarifs.
Que deviendraient les petites industries qui se sont creees sur les voies
d'eau apres la suppression des droits de navigation?
Je sais bien qu'on ne veut pas revenir sur les progres accomplis, et que
I'Etat ne cherche pas a nous reprendre ce que la loi nous a donne. Mais
I'Etat nous garantit le necessaire, et il voudraits'adresser aux corporations
privees pour nous donner — comment dirai-je? -— le confort, le luxe, le
superflu. C"est I'esprit du projet de loi dont mon ami, M. Beaurin-Gres-
sier, nous a donne le resume avant-hier. Je ne voudrais pas parler de ce
projet de loi, car cela nous est interdit parM. le President et par les conve-
nances. II est actuellement entie les mains d'une Commission parlemen-
taire dont j'ai I'honneur de faire partie; nous I'avons beaucoup amende et
je crois que, lorsqu'il arrivera a la tribune, mon collegue Yves Guyot aura
peine a reconnaitre son enfant. {Rires.)
Je ne pense pas que ce projet, tel qu'il est, soil adopte par la Chambre,
ni que le projet tel que nous I'avons modifie soil applicable dans le pays.
La gratuite absolue dont nous avons joui me parait etre le regime auquel
nous demeurerons attaches. Les resultats que nous avons obtenus grace a
ce regime sont tellement probants que je ne m'explique pas comment, a
I'heure qu'il est, on pourrait apporter a la tribune un argument quelconque
conlre cette liberie complete grace a laquelle les prix de tons les transports
ont ele abaisses, pour le plus grand profit du commerce et de I'industrie.
Grace a cet abaissement progressif, un jour viendra ou nous pourrons mo-
difier dans un sens liberal nos tarifs douaniers actuels, qui ne sont pas tres
populaires chez les pays voisins et amis.
Je termine, tenant a me renfermer dans le reglement. {Rires.) La batel-
lerie a des visees modestes; elle se contenle de ce qu'elle possede aujour-
d'hui. Le simple entretien des canaux lui suffit. Elle n'est pas la rivale,
mais I'auxiliaire des chemins de fer. Son role, c'est d'effectuer le trans-
566 PROCES-VERBAUX DES STANCES DES SECTIONS.
port a bon compte, le transport deraocratique, et pour qu'elle puisse con-
tiniier a le jouer, il ne faiit pas que, sous pretcxte de rembellir, de lui
creer des palais aquatiques, des gares d'cau, des appareils minutieux et
perfectionnes, on I'oblige, en s'imposantiine charge nouvelle, a augmenter
les prix de ses transports. Alors elle ne serait plus I'auxiliaire des cliemins
de fer, mais leur subordonnee. Nous en avons un exemple assez trisledans
le Canal du Midi et le Canal lateral a la Garonne : on voit ce que deviennent
des voies d'eau admirables qui devraient augmenter la prosp6rite des
regions qu'elles traversent, et qui portent 20 bateaux par an, parce
qu'elles sont entre les mains des chemins de fer, ennemis-nes de la navi-
gation. II ne faut pas en douter un instant quand nous voyons les Compa-
gnies se prononcer contre la batellerie en faveur du retablissement des
droits et de la creation de Charabres de navigation. J'en demande pardon
a mon collegue, cetle campagne a ete sinon inspiree, du moins recom-
mandee par les chemins de fer. {Applaudissements .)
On veut tuer la navigation interieure frangaise. Le but est avouable :
I'Etat payantla gorantie d'interet aux chemins de fer, et ayant a certaincs
epoques le droit de partage sur les reccttes, il est naturel que ceux qui
representent I'Etat se preoccupent de la situation faite aux chemins de fer
par les voies navigables.
C'est une concurrence. M. Couvreur le nie. Je liii en demande pardon :
c'est une concurrence, mais feconde, utile au grand public et il faut I'en-
courager. {Applaudissements.)
Je voudrais ne pas faire de motion, car nous n'en finirions plus, si
cliaque orateur soumettait ses idees a voire vote, et je m'associerai a la
proposition de M. d'Artois. II me semble qu'en volant la premiere parlie
de cetle proposition vous avez vote la deuxi6me. En indiquant que la batel-
lerie etait un grand service public, vous avez indique par la meme a qui
devait incomber la charge de ce grand service public : I'Etat, I'Etat seul,
sans I'intervention d'aucun parliculier.
Dans ces conditions, je demanderai a faire au paragraphe 2 de la pro-
position de M. d'Artois la substitution suivante :
« II est souhaitable que I'Elal en supporle toules les charges; c'est dans
« le developpement de la prospcrite commerciale et industrielle qu'il doit
« chercher et trouver sa seule remuneration. »
On vous a dit tout a I'heure qu'il ne pouvait plus y avoir de tourniquets
arrelant les passanls sur chaque route. Aujourd'hui, apres avoir reconnu
que les tourniquets sur les routes 6laient une institution gothique, on
voudrait la retablir sur les canaux. Vous ne vous associerez pas a une pa-
reille proposition, et vous ne la fortifierez pas de voire vote. {Applaudis-
sements.)
II y a quatre ans, au Congres de Francfort, nous avons pu etudicr sur
place le systeme mixte, ni privileges ni liberie, sur lequel je ne revien-
drai pas. II y a deux ans, a Manchester, nous avons constate aussi sur place
3* SECTION. - 6* SEANCE. 5fi7
les desastreux effets du systeme anglais, c'est-a-dire rexploitation par les
parliculiers. La navigation existe a peine en Angleterre dans les canaux
navigables. En France, noire systeme est celiii de la liberie, de la gratuite
absolue; il fonctionne sans entrave depuis une dizaine d'annees. Vous avez
sous lesyeuxles publications du Ministere des Travaux publics. 11 est
facile de constater les merveilleux rcsultats obtenus grace a la gratuite.
Apres ces experiences decisives, concluantes, je ne sais pas ce qu'un bale-
lier etranger pouri-a penser, mais je suis convaincu que pas un balelier
frangais, pas une personne s'interessant a la batellerie ne pourra accepter,
mcme temporairement, une taxe repondant a un besoin dont nous ne
reconnaissons pas I'urgencc. {Applaudissements .)
La Section decide qu'elle se reunira le lendcmain matin a 9 heures.
La seance est levee d 11 h. 45.
SIXIEME SEANCE
Mardi 26 Juillet (matin).
PRESIDENCE DE M. YvES GUYOT
La seance est ouverte a 9 h. 1/4.
M. LE President. — La parole est a M. Ely pour nous donner un resume
de son rapport sur les grands lacs de TAmcrique du Nord.
M. George H. Ely. — M. President and genllemen, the great lakes of
North America contain more than one half the area of all the fresh water
on the Globe. They have an area of 95 460 square miles, and they make
up the largest system of deep water inland navigation in the world. They
lie stretching East and West between the 41'' parallel and the 47"" parallel,
from the tide-water on the St-Lawrence to the head of Lake Superior, a
distance of 1400 miles and from New York, by way of the Erie Canal, to
Chicago, a distance of 1400 miles. These lakes therefore penetrate into
M. Ely. — Monsieur le President, Messieurs, les grands lacs de I'Ame-
rique du Nord representent plus de la moitie de la superficie de toutes
les eaux douces du globe ; ils ont une surface de 2 i7 000 kilometres car-
res, et constituent le plus grand systeme de navigation interieure en eau
profonde qui soit au monde. La chaine de ces lacs s'etend de I'Est a I'Ouest
entre le 41^ et le 47*= paralleles, depuis la partie maritime du Saint-Laurent
jusqu'a I'extremite du lac Superieur, sur une longueur de 2 240 kilometres. La
meme distance separe New-York de Chicago si Ton suit le canal Erie. Les grands
568 PROCES-VERBAIX DES SEANCf:S DES SECTIONS.
the heart of the Continent, within the limits of the north temperate zone.
These lakes border on eight of the most populous and wealthy Slates of
the whole Union, in which are more than half the population of the United
Stales. With regard lo their commercial relations, while I here has been
navigation from the beginning, with the exception of the Sault St. Mary
River, much has been done by the Canadian Government and by the United
Stales Government to improve these w-aterways. These works of impro-
vement commenced years ago. It must be remembered the boundary line
between these two English speaking peoples on the American Continent
begins on the St. Lawrence and passes through Ihe middle of each of these
lakes and so on to the Pacific Ocean. About one half the area of the
North American Continent is British ; the other, the Southern half, is
United Stales territory. On the Northern, the Canadian portion, there is
far less arable land. There is also a scantier population; so that the
advantage is heavily on the side of the Republic. But these two great
English speaking peoples occupy this continent from the mouth of the St.
Lawrence to the Pacific Ocean at Vancouver. Now, the waters of Lake Su-
perior are 600 feet above tide water. The Government of the United States
commenced the improvement on its side of Sault Si. Mary at the foot of
Lake Superior, in 1855. It built a lock there carrying 11 1/2 feet of water.
Immediately thereafter the traffic on Lake Superior, out and in, became so
large that within less than ten years the construction of a new lock had lo
be begun. It was ten years in building, and was opened in 1881. The
figures of its transport traffic are given in my pamphlet, and I need not
lacs penelrent au coeur du continent sans sortir de la zone temperee du Nord;
ils baignent huit des plus peuples et des plus prosperes desEtats de I'Union, qui
comptent a eux seuls plus de la moitie de la population totale des Etats-Unis.
Eu egard aux relations commerciales enlre ces Etats, et quoique la navigation se
soit exercee des le debut sur ces lacs, sauf sur la riviere du Sault-Sainte-Marie,
le Gouvernement canadien et le Gouvernement des Etats-Unis ont beaucoup fait
pour ameliorer ces voies de navigation ; les travaux d'amelioration executes par
ces deux Gouvernements ont ete entames il y a bien des annees. II ne sera pas
inutile de rappeler que la ligne frontiere entre les deux peuples de langue
anglaise sur le continent americain commence au Saint-Laurent, passe au milieu
de chacun des lacs, et va gagner ensuite le Pacifique. La moitie a peu pres de la
superficie de rAmerique du Nord est anglaise, le reste, la moitie sud, est terri-
toire des Etats-Unis. Au nord, du cote du Canada, il y a beaucoup moins de terres
arables et la population est plus clairsemee, tous les avantages se trouvent done
du cote de la Republique, bien que les deux peuples s'etendent du Saint-Laurent
jusqu'au Pacifique, a Vancouver. Les eaux du lac Superieur sont a 183 metres
au-dessus du niveau de la mer; le Gouvernement des Etats-Unis a entame les
travaux d'amelioration de ce cote au Sault-Sainte-Marie, a I'entree du lac Supe-
rieur, en 1855. II y construisit a cette epoque une ecluse avec 5 m. 50 de tirant
d'eau. Mais le trafic d'entree et de sortie du lac Superieur devinl immediatement
si important que, moins de 10 ans apres, il fallut commencer une nouvelle
5' SECTION. — 6» SEANCE. 36L
enlarge upon them, but they are very significant and very impressive.
This second lock had hardly been completed before the necessity for a
third become apparent, and the Government of the United States is now
engaged in building that third lock. The existing lock, which has been in
use since 1881, is 575 feet long, 100 feet wide, and has a depth of 17 feet
on the mitre sill; so that since that lock has been in operation vessels pas-
sing in and out of Lake Superior have been using from 14 1/2 to 15 1/2
feet of water for navigation purposes. The new lock, which has been
under construction for four years past, and which will be finished in 1896,
is 800 feet long, 100 feet wide, and will have 21 feet of water on the mitre
sill. Now, 21 feet, from the St. Mary River, would amount to very little
on the transportation business of the great Lakes if we had not the same
depth of water all the way from Duluth to Buffalo and from Chicago to Buf-
falo. There are six other places where there are obstructions the removal of
which will cost 5,400,000 dollars. Congress, in the course of the present
session, — about two months ago — appropriated 575,000 dollars that the
work of removing these obstructions may be begun. It is expected that
they will all be removed by the spring of 1896. There will then be
20 feet of water from Duluth to Buffalo and from Chicago to Buftalo.
Now, the shipbuilding on these lakes has advanced very rapidly. The port of
Cleveland, where I live, at the southern end of Lake Erie, last year launched
71 822 tons of shipping. It is the second shipbuilding port in the world,
second only to the Clyde. Last week the day before I started for Paris, a
ship was launched there; and the week before, at Chicago, her sister-ship.
eclusc. Cetle ecluse resta 10 ans en construction et ne fut ouverte qu'en 1881.
J'ai donne dans men rapport les cliiffres relatifs au Irafic, et je n'ai pas besoin de
m'y arretei", car lis sent tres-significatifs d'eux-memes. Celte deuxieme ecluse
etait a peine terminee que Ton reconnut la necessile d'en etablir une troisieme
que le Gouvernement des Etats-Unis fait construire en ce moment. L'ecluse
actuelle, en service depuis 1881, a 156 m. 96 de longueur, 24 m. 58 de largeur
et 5 m. 18 de hauteur d'eau sur le seuil, en sorte que depuis sa mise en service,
les navires entrant ou sortant du lac Superieur peuvent profiter d'un tirant d'eau
de 4 m. 40 a 4 m. 72. La nouvelle ecluse, en construction depuis 4 ans, et qui
doit efre achevee en 1896, aura 245 m. 80 de longueur, 50 m. 48 de largeur et
6 m. 40 d'eau sur le busc. Mais la realisation du tirant d'eau de 6 m. 40 sur la
riviere Sainte-Marie ne procurerait pas un tres-grand avantage au commerce, si
la navigation ne devait pas trouver la meme profondeur sur toute la ligne depuis
Duluth jusqu'a BulTalo, et depuis Chicago jusqu'a Buflalo. Or, pour obtenir ce
resultat, il y a encore des obstacles a faire disparaitre sur dix autres points, ce
qui necessitera une depense de 17 millions de francs. Au cours de sa session
actuelle, le Congres a vote — il y a deux mois environ — 1 875 000 francs
pour commencer les travaux, et Ton espere qu'ils pourront etre menes a bien
pour le printemps de 1896. II y aura alors 6 m. 10 d'eau de Duluth a Buffalo et
de Chicago a Buffalo.
Les constructions navales se sont developpees tres rapidement sur les lacs;
24
370 PROCES-YERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
Each of these ships will carry 3 000 tons on the present draught of water and
4000 tons on 17 feet of water. They are contracted to do it. They will
carry on the 20 feet of water which we expect to have in 1896 over
5 000 tons. Now I wish to say a few words as to the agency of these great
lakes in developing the Lake Superior iron ore traffic. It must be well
known to you that on the borders of Lake Superior, on the north side, on
the south side, and on the borders of Lake Michigan, these arc vei-y exten-
sive iron ore districts. The iron ore produced there is second to none in
the world. The mineral treasures on Lake Superior first, drew the
explorer up there. It was the iron ore and the copper ore that caused this
wilderness around Lake Superior to be invaded by commerce and to
become the scene of production on a grand scale; and from that day to this
these has been an outflow of mineral treasures into the United States
and the world. These four districts produce more than one half the iron
ore that is consumed in the United States. We consumed in the United
States last year 17 500 000 tons of iron ore, and more than one half of that
came from the Lake Superior region brought to the south shores of Lake
Superior and Lake Miclngan by Railroads and thence by vessels down the
Lakes to Chicago, and Lake Erie, and thence distributed to mills and fur-
naces from ten different ports on the south shore of Lake Erie. Now when
I say that the United Stales produces more pig-iron, more Bessemer steel
lingots, more Bessemer steel rails, than any other nation on earth, the ma-
c'est ainsi que dans le port de Cleveland, oii j'habite, a Textremite du lac Erie, le
tonnage des bateaux lances I'an dernier attaint 71 822 tonnes, ce qui place ce
port au second rang — immediatement apres Jes ehantlers de la Clyde — parnii
les ports de constructions navales du monde entier. La semaine derniere, la
veille de mon depart pour Paris, on a lance encore un bateau; la semaine prece-
dente, on en avait lance un autre analogue a Chicago. Chacun de ces deux
bateaux portera 5 000 tonnes avec le tirant d'eau actuel, 4 000 quand celui de
5 m. 18 pourra etre realise, et plus de 5 000 tonnes avec le tirant d'eau de
6 m. 10 qu'on espere avoir en 1890.
Je voudrais dire quelques mots de Tinfluence de ces grands lacs sur le deve-
loppement du trafic du mineral de fer sur le lac Superieur. Vous savez que sur
les bords de ce lac, au Nord, au Sud et sur les rives du lac Michigan, il existe des
gisements tres-importants de mineral de fer, dont la production n'est egalee
nuUe part ailleurs dans le monde entier. Ce sont ces tresors mineraux du lac
Superieur qui ont altire les explorateurs sur ses bords, ce sont les minerals de
fer et de cuivre qu'on y trouve qui ont provoque I'envahissement de ces solitudes,
et en ont fait le theatre d'une production inepuisable inondant non seulement
les Elals-Unis, mais le monde entier de ses richesses.Ces qualre districts produi-
sen' -plus de la moitie du mineral de fer consomme aux Etats-Unis, et nous en
avonss consomme I'annee derniere 17 500 000 tonnes. Les 9 millions de tonnes
de mmei'ais extraits de la region du lac Superieur sont amenes par chemin de
fer jusqu'aux rives meridionales du lac Superieur et du lac Michigan, d'oii des
vaisseaux les transportent a Chicago et sur le lac Erie, pour etre reparties ensuite
3« SECTION. — 6* SEANCE. 371
gnitiide of the contribution which the Lake Superior districts make to this
vast business may be conceived. But Lake Superior never could have
been opened up but for these great lakes and their deep water. That iron
ore never could have gone to the coal regions, in the great central
states of our country, on wheels; so that these great lakes not only have
been vastly instrumental in transporting between the Great West and the
East, and vice versa, and in promoting the great agricultural interests
of the North-West, but have actually originated, developed, and they will
for ever sustain this important iron ore production, which will continue
to make the United States the largest iron producer of the world. At the
end of my paper is an appendix which gives the work of one oftheye
steamships sailing from the south shore of Lake Erie to the north shore of
Lake Superior in the year 1890. That vessel, the Manola, carried an
average of 2500 tons of iron ore each trip. The season of navigation (m
Lake Superior lasts on the average about 250 days. The Manola, made
50 round trips, andin each one of these she traversed 1486 miles, carrying,
as I have said, 2 500 tons. She occupied in the transportation both wavs, in
loading her cargo and discharging it at the port of delivery on the average
7 days and 9 1/2 hours. I submit that that is a pretty fair season's business
for one steamship in our western country. I doubt whether so much tonnage
has been carried so many miles elsewhere. The Manola ran over 50 000 miles
to do that in the 220 days. That is the style of steamships we are now build-
dans les usines metallurgiques de 1(J ports differonts des cotes Sud de ce lac.
Quand j'aurai ajoule que les Etats-Unis produisent plus de fer brut, plus d'acier
Bessemer en lingots, plus de rails en acier Bessemer qu'aucune autre nation de la
terre, on appreciera mieux encore I'influence des districts du lac Superieur sur
ce vasle mouvement d'affaires. Mais le lac Superieur n'aurait jamais eu de
debouche sans les Grands Lacs et leurs eaux profondes. Jamais le mineral de fer
n'aurait pu gagner sur essieux les regions charbonnieres de nos grands Etats
du Centre, de sorte que les Grands Lacs n'ont pas eu seulement la plus grande
importance pour les transports entre I'Ouest et I'Est, et vice versa, et pour favoriser
lee interets agricoles considerables duNord-Ouest; ils ont aussi provoque, deve-
loppe, et soutiendront toujours celte production exceptionnelle de mineral de
fer, et contribueront ainsi a assurer aux Etats-Unis le premier rang parmi les
producteurs de fer.
J'ai donne en annexe a mon rapport le releve pour 1890 des operations d'un
des navires a vapeur qui naviguent de la cote sud du lac Erie a la cote Nord du
lac Superieur. Ce navire, la Manola, a transporte en moyenne 2 500 tonnes de
mineral de fer a chaque voyage. La saison de navigation sur le lac Superieur
dure en moyenne environ 220 jours ; la Manola a fait 50 voyages au cours de
chacun desquels elle a parcouru 2 578 kilometres, transportant, conime je I'ai dit,
2 500 tonnes. Le transport, alleret retour, le chargement et le dechargement de
la cargaison prennent en moyenne 7 jours et 9 heures 1/2. La campagne du
Manola est une campagne moyenne pour un vapeur dans nos contrees de I'Ouest;
mais je doute qu'on puisse retrouver ailleurs un transport a une distance aussi
372 PROCES-YERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
ing in our port. Now, in regard to the shipbuilding on the great lakes
in 1890, five per 100 of the shipbuilding of the whole of the United States
was on our western rivers, 8 per 100 was on the Pacific slope, 41 per
100 was on the Atlantic coast, and 46 per 100 was on the great lakes.
We who live on the lakes feel that when in 1896 we get our 20 feet of water,
and having, as we do now have, afloat on the lakes a capital of 68 000 000
dollars, we have got to get out to the Atlantic Ocean. A convention war, held
last decembcr in the city of Detroit in reference to the removal of those
remaining obstructions from the lakes, and also in reference to this other
great object of originating a movement for the construction of a ship canal
of a depth of 20 from the foot of Lake Erie to New York by way of the Hud-
son River. That convention, very earnestly addressed Congress on that
subject. We only asked for the appropriation of 100000 dollars for a
survey. That Bill was favourably reported. 1 think that within a year and
a half we shall have a survey of engineers for that great work reported to
Congress, and that then the work will be begun. There are only two routes
possible. One is on the line of the Erie canal, and that canal belongs to
the State of New York. There might therefore be difficulties about dis-
turbing its ownership. The other route is by a ship canal from the Niagara
Falls to Lake Ontario and thence by that Lake to the port of Oswego then
locking up to a summit near Utica and dropping down by the valley of the
Mohawk River, and reaching the upper waters of the Hudson River, which
considerable, d'un tonnage aussi important. Cela represente en efTet pour la
Manola un parcours de plus de 80 000 kilometres en 220 jours. Ce navire est du
type des bateaux a vapeur que nous construisons maintenant dans notre port.
Pour donner une idee de riniportance de ces constructions navales, il est bon de
faire remarquer que, sur I'ensemble de la construction des Etats-Unis, nos
rivieres de I'Ouest contribuent pour 5 pour 100, le versant du Pacifique pour
8 pour 100; les cotes de I'Atlantique pour 41 pour 100, et enfin nos Grands Lacs
pour 40 pour 100. Nous qui vivons sur ces lacs, nous sentons bien que, lorsque
en 1896 nous aurons 6 m. 10 de tirant d'eau, avec les 340 millions de francs
engages dans le materiel qui flotte sur nos eaux, il nous faudra trouver un
debouche jusqu'a I'ocean Atlantique. Cette question a ete soulevee en decembre
dernier dans une « conference » qui s'est reunie a Detroit, pour examiner la
question de I'enlevement des obstacles restant encore dans les lacs, et aussi dans
le but de provoquer un mouvement d'opinion en faveur de la construction d'un
canal maritime de 6 m. 10 de tirant d'eau du has du lac Erie jusqu'a New-York,
par la riviere Hudson. Cette conference a presente une adresse tres-serieuse a ce
sujet au Congres. Nous demandons seulement I'allocation de 500 000 francs pour
les etudes; cette proposition a fait I'objet d'un rapport favorable. J'espere que
dans 18 mois nous aurons un rapport des ingenieurs adresse au Congres sur
cette grande entreprise, et que les travaux commenceront peu apres. 11 n'y a du
reste que deux routes possibles, I'une par le canal Erie et les canaux apparlenant
a I'Etat de New-York; il pourra y avoir de ce cote quelques dilficultes pour
obtenir la renonciation de I'Elat a sa propriete. L'autre route serait celle repre-
5" SECTION. — 6« Sfi.OCE. 575
has 25 feet of water in it now, except in the upper portion for about 25 or
30 miles. That upper position of the Hudson River has ah^eadv been sur-
veyed. The cost of getting 20 feet of water from the city of New York to
Albany and Troy, where, theErie Canal jointtheHudson, hasbeen estimated
at 6 000000 dollars. These are 69000 000 dollars invested in the mines of
Lake Superior. There are about 100 of these mines in actual operation.
There are in addition 9000 000 dollars invested in docks and equipments
at the ore ports of Lake Superior and Lake Michigan for receiving the iron
ore and shipping it on the vessels. You will find the particulars on page 8 of
my report There are also employed as capital on six or seven railroads
leading from the mines to these Lake Superior ports over 27 000 000
dollars. All these figures are official, except that which I am now going
to read, which is my own estimate. From the nature of the case it had
to be estimated, and having had 25 or 30 years' experience. in transporta-
tion on these lakes I felt qualified to make an estimate of the floating capi-
tal that is exclusively employed in moving the traffic down from the upper
to the lower lake ports; and I have put it down at close upon 30 000000.
There are besides in the docks and equipments for receiving the ore out of
the vessels, handling it on the docks, and putting it on the cars at lower
lake ports a capital of 12000000 dollars. From the Lake Eric ports, the
ore is conveyed to the mills and furnaces which consume it by 12 or 13
railroads crossing the States of Ohio and Western Pennsylvania, and on
sentee par un canal maritime contournant les chutes du Niagara pour gagner le
lac Ontario et, par ce lac, le port d'Oswego, atteignant son point culminant pres
d'Utica pour redescendre ensuite par la vallee de la riviere Mohawk, et atteindre
les eaux superieures de rtludson, dans lequel on trouve 7 m. G2 d'eau, sauf
dans la partie superieure sur 40 a 48 kilometres environ. L'approfondissement
de cette partie de I'Hudson a ete deja etudie, et la depense neccssSire pour
donner 6 m. 10 d'eaii depuis New-York jusqu'a Albany et Troy, oil le canal
Erie se jetle dans I'Hudson, a ele eslimee a 20 millions de francs. Or, 543 mil-
lions de francs sent engages dans les mines du lac Superieur, et Ton compte
dans cette region une centaine de mines en exploitation. 45 millions de francs
sont en outre engages pour les docks, et I'oulillage des perls a mineral du lac
Superieur et du lac Michigan, pour la reception du mineral et son chargement
dans les navires; vous trouverez du reste le detail des sommes engagees a la
page 9 de mon rapporl, oil vous verrez que 6 ou 7 ligues ferrees reliant les mines
aux ports du lac Superieur representent encore un capital de plus de 153 mil-
lions de francs. Tous les chiffres relates sont officiels; ceux que je vais donner
mainlenant proviennent de mes propres estimations. La nature speciale de ces
affaires, et I'experience de 23 ou 50 ans que je possede en maliere de transports
sur ces lacs, me donnent qualite pour faire une estimation du capital flottant
employe exclusivement pour le mouvement du trafic en descente du port le
plus en amont, au port le plus en aval; j'arrive dans cette estimation au chiffre
de 130 millions de francs, etil faut compter encore en sus 60 millions de francs
pour les docks et installations pour la reception du mineral a la sortie des
374 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
these a capital of26 000 000 dollars is employed. So that altogether there
is employed in the mines, on the railroads, in the 'docks, and also in the
form of floating capital on the lakes, in the docks below, and in the rail-
roads below, a sum of 175000000 dollars, exclusively employed in trans-
porting one product. Now let me refer to the business of the St. Mary canal
which, you know, is at the foot of Lake Superior. That lake and canal passed,
in 1890, no fewer than 9 041 000 tons. 90 per 100 of those nine million
tons was composed of five commodities and what we call primary products,
that is products whose value is small in proportion to their bulk and weight.
Those five commodities are wheat, corn, iron ore, coal and lumber.
Over 50 per 100 that year of those five commodities was iron ore. As to
the cost of moving the business that went through that lake in 1890, as
reported by general Poe, the engineer in charge, let me first explain that
every ton was carried an average distance of 800 miles. The cost of car-
rying those 9 000000 tons 800 miles was 1 mill and three- tenths of a
mill per ton per mile. I do not think the history of the world shows
another case of transportation at so low a rale on so large a scale. At
least this is true. The ton-mileage of the whole of the United States that
year was over 9 mills. I know of only one railroad in the United States
that ever came down below 5 )nills, and that I believe was the Mitchigan
Central Railroad. Now take the rate of freight reported by general Poe as
that at which this stuff was moved, and compare it with the average rate
on all the railroads, and you will find that if that stuff had gone at the
railroad rale its transport would have cost 147000 000 dollars more than
navires, sa manutention dans les docks et son chargement en wagons dans les
ports d'aval; puis des ports du lac Erie le minerai est expedie aux hauts-four-
neaux qui rutilisent, par 12 ou 13 chemius de fer sillonnant les Etats d'Ohio et
de Pensylvanie occidentale, et sur lesquels est engage un capital de 150 millions
de francs. De sorte qu'en prenant I'ensemble : usines, chemins de fer, docks,
capital flottant, docks d'aval, chemins de fer d'aval, on arrive a une somme de
875 millions de francs comme capital exclusivement employe an transport d'un
produit unique.
Permettez-moi maintenant de vous parler du trafic du canal Sainte-Marie, qui
se trouve, vous le savez, a I'entree du lac Superieur. Ce lac et ce canal n'ont
pas vu passer en 1890 moins de 9 041 000 tonnes, dont 90 pour lOOrepresentes par
cinq produits que nous appelons « produits primitifs », c'est-a-dire produits
de pen de valeur comparativement a leur volume et a leur poids. Ges cinq pro-
duits sont : le ble, le mais, le minerai de fer, le charbon et le bois de char-
pente. Cette annee le minerai de fer entrait pour plus de 50 pour 100 dans le
tonnage correspondant a ces cinq produits. Quant au prix de transport de ce
trafic sur le lac en 1890, M. le general Poe, I'ingenieur charge des travaux, I'etablit
ainsi qu'il suit : chaque tonne a ete transportee a une distance moyenne de
1 280 kilometres, et le prix de transport a ete de 1 mill. 5/10 par tonne-milie
(0 fr. 004 par tonne kilometrique). Je ne crois pas qu'il existe dans I'histoire
du monde un autre exemple de transports effectues a aussi has prix sur une
3« SECTION. — 6° SEANCE. 375
it did cost. Is not this a result which justifies our Federal Government in
expending, as it does every two years, large sums in river and harbour
improvements, and especially on those great works on the lakes? As I
said in opening, these lakes are bordered by eight of the most populous
and wealthy States in the union. The population of these States num-
bers over 56 000 000 and there are 6000 000 more in the North -West
beyond the lakes whose productions and traffic are contributory; so that
public opinion in the Norlh-West, in the AVest, and in the Central States,
as well as all over the country touched by these lakes, will never let
our Congress rest until the deepest water, the freest navigation, is ob
tained for all products of the forest, of the field, and of the mine.
{Applause.)
M. LE PiiEsiDEiNT. — La paroIc est a M. Douau.
M. DouAU. — Je n'ai que quelques mots a dire.
J'estime, personnellement, que la discussion s'est un pen egaree; on a
perdu de vue le caractere international du Congres pour mettre direc-
tement en cause des questions qui n'interessent que notre pays. 11 faut
revenir au point de vue international, prendre la question dans son
ensemble et rechercher les solutions simples qui pourraient s'appliquer a
tous les cas en general. Chaque pays fera ensuite ce que comportera sa
situation economique, son temperament commercial.
Trois propositions ont ete deposees par M. d'Artois, par M. Raffalowich,
et par M. Boule.
Le § 1 de la proposition d'AHois a ete vote sans difficulte. Le § 2 est
aussi grande echelle. Mais telles sont les choses. Le prix de transport de la tonne,
pour I'ensemble des Etats-Unis, a depasse cette annee 9 mills; je ne connais qu'un
seul chemin de fer aux Etats-Unis dont les tarifs soient jamais descendus au-des-
sous de 5 mills, c'est, je crois, le Milchigan Central. Prenez maintenant le tarif
indique par M. le general Poe comme etant celui applique au transport des
produits qui nous occupent, et comparez le prix total de transport qui en resulte
avec celui que donnerait I'application du taux moyen pour tous les chemins de
fer, vous verrez que ce transport effectue par chemin de fer aurait coute
755 millions de francs de plus qu'il n'a coute sur les lacs. N'est-ce pas la un
resultat de nature a encourager le Gouvernement federal a depenser, comme il
le fait tous les deux ans, de grosses sommes pour I'amelioration des voies navi-
gables et des ports, et surtoutpour les grands travaux sur les lacs? Ainsi que je
le disais en debutant, ces lacs sont hordes par huit des Etats les plus peuples et
les plus prosperes. La population de ces Etats depasse .36 millions d'ames, sans
compter les 6 millions d'habitants du Nord-Ouest au dela des lacs qui apportent
egalement leurs produits et leur trafic. L'opinion publique de toute cette region
idu Nord-Guest, de I'Ouest, des Etats du Centre, ainsi que de toutes les contrees
baignees par les lacs ne laissera pas de repos au Congres jusqu'a ce qu'elle ait
oblenu des eaux profondes et la navigation libre pour tous les produits des forets,
de la terre et des mines. {Applaudis&ements.)
576 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
excellent en principe; mais remarqnez que deja Ic 22 juillel la Section a
emis un vote moins radical que celui-la :
« La grande valeur des Yoies na\igables pour le pays pris dans son
ensemble, et le fait qu'elles alimentent les chemins de fer dont dies sont
un supplement indispensable, juslitient I'intervention de I'Etat et des
pouvoirs publics pour aider, autant que possible, a la construction et a
I'entretien des voies navigables de dimensions uniformes, de maniere a
encourager les transports a longue distance et a prix reduits ».
On a ajoute les mots : autant que possible; c'est ouvrir la porte a toutes
les solutions et, par suite, a celles qui peuvent etre admises pour realiser
des ameliorations determinees. Je crois done que la question de retablis-
sement des peages doit rester ouverte.
En effet, M. Couvreur, en terminant son discours, disait qu'il avail ete
vivement toucbe par cet argument que, si Ton n'admettait pas a un moment
donne le retablissement de certains peages, dans des conditions a deter-
miner, on n'arriverait pas a realiser les ameliorations necessaires.
La question se resume tout entiere dans cette consideration.
Des a present, un point est acquis : les travaux des ports maritimes
comme ceux des canaux se font par I'Etat; les travaux d'entretien des
memes ouvrages sont egalement fails par I'Etat.
A un moment donne, lorsque I'Etat a fait tons les sacrifices possibles,
quand la navigation exterieure ou interieure vient demander certaines
ameliorations, on se trouve malheureusement en presence d'une bourse
qui n'a pas I'elasticite dont parlait M. le Ministre dans son discours d'ou-
verture, et il n'y a plusde ressources disponibles. Que faire?
Dans ce cas," I'experience des ports maiitimes I'a prouve, il y a une
solution tres-juste : faire a I'Etat, pour lui permeltrc d'executer les travaux
indispensables a la prosperite du pays, une avance dont le remboursement
s'operera par des peages determines.
L'exemple que donnent les ports est probant : a Dunkerque, a Calais, a
Boulogne, au Havre, a Bordeaux, partout on a pu execuler des travaux que
tout le monde reconnaissai.t indispensables, et qui ne se seraient pas fails
si Ton n'avait pas trouve cette solution.
Autre exemple : le canal de jonction de la Marnc a la Saone a ete vote,
on aTait de grosses depenses; aujourd'hui, il ne reste plus qu'un tron^on
a terminer dont les travaux sont evalues a 28 millions; le budget ne pent
fournir qu'un million par an, et encore ce million est-il en partie perdu
par les travaux d'entretien ; consequence : faute de ressources voila toutc
une voie d'une utilite incontestable qui ne pent etre aclievee.
En resume, en maliere de construction de ports et de canaux, I'Etat
intervient, et il doit le faire dans la plus large mesure possible. C'est du
reste ce qui a etc vote.
Personne, d'autre part, n'est, je crois, d'avis de demander le retablisse-
ment des droits de navigation; il n'est entre dans I'esprit d'aucun des
3' SECTION. ^ 6« SEAN'CE. 377
orateurs, sauf d'un seul et pour cause, de les defendre et de les rcclamer.
Dans ces conditions, la seule solution pratique est de laisser la porte
ouverte a la realisation possible, meme par voie de participation, de toute
amelioration reconnue necessaire; c'est d'ailleurs ce qui a deja etc fait en
votant le voeu du 22 juillet.
Pour conclure, trois solutions sont en presence :
1" Ou rester dans le stato quo; pas de travail nouveau, pas d'amelio-
rations ;
2" Ou demander des ameliorations et ne vouloir rien faire pour les voir
aboulir;
3" Ou, enfin, faire intervenir le budget general dans la plus large
mesure possible et, pour le reste, faire supporter certaines taxes speciales
aux usagers.
Je ne crois pas que la premiere des solutions soil admissible et que la
batellerie s'en montre enchantee.
Restent les deux autres, etles indiquer c'est en tirer la seule conclusion
possible.
De deux choses Tune : ou les ameliorations que vous reclamez sont
inutiles, ou elles n'ont pas Tutilite que vous leur attribuez, et alors, en
refusant d'y participer, vous demandez une protection d'un ordre parti-
culicr; ou vous voulez satisfaire des intercts prives devant lesquels I'in-
ter^t general disparaitrait dans une tres-large mesure, et la question ne me
parait pas pouvoir etre envisagee a ce point de vue dans un Congres inter-
national.
Croyez bien que si le budget general n'avait pas etc draine par une
serie de dcmandes successives et excessives basees sur cette idee qu'il n'y
a aucun souci a avoir, puisque c'est I'Etat qui paye, on serait certainemcnt
arrive a des solutions bien plus avantageuses. Quand, au contraire, on
doit intervenir pecuniairement d'une fagon quelconque, on proportionne
sa demande aux benefices qui peuvent en resulter, et a ce qu'on peut
payer.
C'est ainsi, qu'en reportant tout a I'Etat, Ton a, un peu partout, gaspille
les ressources, pourne pas dire les finances; une solution radicale s'impose
pourtant,etilfaut aujourd'nui absolument renoncer a celte fagon d'operer.
[Applaudissements.)
M. d'Artois. — Au nom du Syndicat de la navigation interieure, je viens
combattre les propositions qui vous sont faites,et qui tendent a substituer
a I'etat de choses actuel, un etat de choses nouveau, veritable negation
des principes qui, jusqu'a present, et meme sous le regime des peages ou
des droits encore existants avant 1880, ont ete la regie de conduite de nos
gouvernements.
Ce que nous pretendons, ce que les fails demontrent peremptoirement,
c'est que le regime qui seul convient a notre navigation interieure, le seul
qui puisse assurer, en France, au commerce, a rindustrie,a I'agriculture,
578 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
I'active et precieiise concurrence des transports par can, c'est I'affranchis-
sement des charges que les lois de 1870 ou de 1880 ont suppriraees; c'est
que le remplacement du systeme de la gratuite, en vigueur depuis plus de
12 ans, par celui qu'on propose d'etablir, nous ramenerait aux plus mau-
vais jours que la batellerie ait jamais eu a traverser.
M. Beaurin-Gressier, au contraire, preconise le systeme de la taxation, objet
principal du projet de loi presente en 1890 par le Ministere des Travaux
publics. II y a puise les elements du rapport qui vous a etc distribue, ct
vous en a fait en outre un tres-habile expose, non sans se prevaloir de I'au-
torite qu'un pareil document apporte a ses propres vues. Quant a nous,
loin d'etre seduits par le projet ministeriel, nous I'avons combattu de
toutes nos forces, et nous pouvons ajouter que, des qu'il a ete connu, il a
souleve une opposition considerable, et qui se renouvellera certainement
devant la Chambre. Comment, en effet, pourrait-on,en presence des resul-
lats acquis, venir lui proposer de detruire I'oeuvre realisee par sa devan-
ciere, grace a la grande reforme votee a I'unanimite par la Chambre et le
Senat en 1879.
Ces resultats, on n'en saurait certainement contesler I'importance, devant
I'accroissement considerable qui s'est produit dans le tonnage des voies
navigables.
Jusqu'en 1880 leur frequentation n'avait pu depasser le chiffre de
1 800 millions a 2 milliards de tonnes kilometriques. Des 1881, le trafic
commence a progresser, ct le mouvement ascensionnel va toujours s'ac-
centuant, jusqu'a atteindre,en 1891, le chiffre de 3 milliards 536 millions
de tonnes.
Tel a ete I'effet produit par la suppression des droits de navigation; aussi
est-ce hi6n a elle que M. Versigny s'est attaque lorsqu'en 1888 il a sou-
mis a la Chambre une proposition tendant au retablissement de ces droits,
en soutenant que c'etail a leurdisparition quedevait etre attribuee la mar-
che toujours progressive du tonnage des voies navigables.
Par 481 voix contre 47, la proposition a ete repoussee. De tous les cotes
de la Chambre, on a vote dans ce sens, et il serait certainement desi-
rable que, dans Tinteret du pays, le meme accord se produisit plus
souvent.
Plusieurs membres. — Vous oubliez que nous sommes en Congres inter-
national.
M. d'Artois. — Mon observation n'a, si vous le voulez, que I'importance
d'un sentiment personnel que j'ai cru pouvoir exprimer,
A peine celte tentative etait-elle repoussee que TAdminislration des Tra-
vaux publics preparait le projet de loi dont la Chambre est actuellement
saisie, et qui ne tend a rien moins qu'a soumettre la batellerie a de nou-
velles charges bien autrement onei'cuscs que celles qui existaient.
Mais comment concilier les votes de la Chambre en 1879-1880, celui de
1888 qui avail repousse la proposition Versigny, la resistance meme que
5^ SECTION. — 6'= SEANCE. 579
le Ministere des Travaux publics lui avail opposee, avec ce nouveau pro-
jet? I>a etait rembarras.
Alors on a imagine cette distinction subtile que M. Beaurin-Grcssier s'ef-
force d'etablir
M. i.E Pbesidem. — M. Beaurin-Gressier n'est pas en cause.
M. d'Artois. — Non, mais ce qui est en cause, et ce que j'ai Ic droit de
combaltre, c'est la these qu'il a soutenue devant cette assemblee, avec un
talent et une conviction auxquels je me plais a rendre hommage, mais
qui sont insut'fisants pour nous faire admettre des taxes et des peages qui,
sous une autre denomination, constitueront des charges bien autrement
lourdes que les ancicns droits.
On assure, il est vrai, qu'il n'est pas question de retablir un impot qu'on
s'accorde a reconnaitre justement condamne; qu'il s'agit seulement d'une
remuneration a percevoir, en raison des avantages et des economies que
pourront procurer a la batellerie les travaux a executer.
Ici, messieurs, nous croyons necessaire de vous renvoyer au rapport de
M. Beaurin-Gressier dans lequel se trouvent indiques, page 12, les elements
d'appreciation devant ou pouvant servir de motifs aux peages projetes.
De ces explications, congues dans des termes qui peuvent etre familiers
aux inities a la science economique, mais dont nous avons quelque peine,
nous I'avouerons, a penetrer I'obscurite, ce qui ressort le plus claircment
pour nous, c'est la multiplicite des taxes dont nous sommes menaces, et
qui auront pour base, non seulement la distance parcourue, mais encore
le volume, lepoich, la densite, la nature de la marchandise Iransportee,
sa masse, sa forme, sa divisihilile, et, de plus, son aptitude a supporter,
du fail du transport, une majoration de prix! !
Or, on peut etre certain que ces droits qu'on critique, qu'on declare
n'avoir ete qu'un impot onereux, anti-economique, renaitront de plus
belle.
Ces droits! Mais, si la loi proposee vient jamais a etre votee, ils pullule-
ront sous la quille des bateaux ; ils seronl les microbes de la batellerie ;
ils la mineront et la ruineront!
On a beau affirmer que ces charges multiples ne sonl pas des droits ; la
verite domine, I'expression s'impose, comme le prouve I'article 12 du pro-
jet, ainsi congu :
« Les peages sont des droits qui peuvent etre imposes aux bateaux, mar-
« chandises ou voyageurs, passant ou stationnant sur une partie determi-
« nee de la voie d'eau ou de ses dependances, a raison de ce passage ou
« de ce stationnement. »
Droits, taxes ou peages, quel que soit le nom qu'on lui donne, ce qu'on
se propose de creer n'en constituera pas moins I'impot le plus compli-
que, le plus ecrasant que I'industrie des transports par eau ait jamais eu
a subir.
Les anciens droits de 1 et 2 millimes, pergus sur les marchandises,
580 PROCES-VERBAUX DES SEA>CES DES SECTIONS.
divisees en deux classes, avaient du moins siir ceiix dont nous sommes
menaces ravantage d'elrc simples, clairs et invariables, de ne donner
aucune prise a I'arbitraire, aux exagcrations, et de permellre aux mari-
niers d'etablir leur fret sur des bases precises. En outre, its etaient compa-
rativement d'une extreme moderation.
Et qu'on n'essaye pas de nous leurrer par une dislinction qui n'est qu'il-
lusion ou subtilite. Ce qui a ete supprimepar la loi de 1879, dans I'esprit
de tons ceux qui I'ont votee, dans I'esprit meme du Gouvernement, ce sont
toutes les charges fiscales qui pesaienl sur notre navigation inlerieure, ou du
moins sur toutes les voies navigables appartenant a I'Etat. Aussi bien que
les droits de navigation, les peages ont ete ou devaient clre compris dans
la mesure.
C'etaient bien des peages, en effet, qui, en 1880, elaient percus sur le
canal de I'Est, execute au moyen des 65 millions auxquels s'elevaient les
fonds de concours fournis paries departemenls en 1875. C'etaient bien des
peages egalement qui existaient sur les canaux de Beaucaire et sur la
Scarpe inferieure, dont le gouvernement de la Republique a rachete les
concessions. Et il les a supprimes, sans avoir la pensee d'etablir une
distinction entre les droits et les peages.
Quant a la question de principe, il serait difficile, il faut le reconnaitre,
de formuler une opinion absolue sur le regime administratif et financier
qu'il pent convenir d'appliquer, dans les divers Etats, a la navigation
interieure. Ce regime depend evidemment de la situation particuliere de
chacun d'eux, deS conditions politiques, economiques et fmancieres dans
lesquelles il se trouve. Et c'est la conclusion qu'on pent seulement tirer
des renseignements que contiennentles rapports qui vous ont ete distribues.
II en resulle, en effet, que I'exploitation des voies navigables presente,
chez les nations etrangeres, des diflerences notables. Aux Etats Unis, a
I'exceplion de la Pensylvanie, le regime applique est la gratuite. En Bel-
gique, sur certains cours d'eau, les transports se font en franchise ; sur
d'autres, ils sont soumis a des peages. En Allemagne, la plupart jouissent
du regime de la gratuite; les exceptions s'expliquent par la diversite des
Elats qui font partie de I'Allemagne du Nord. En ce qui concerne les Pays-
Bas, M. I'ingenieur en chef Deking-Dura, tout en emetlant un avis per-
sonnel dans le sens de peages moderes, par des considerations speciales
d'ailleurs a la Hollande, oii partie des canaux apparlient a des Compagnies,
constate que le Ministre des finances vient de deposer un projet de loi
ayant pour objet la suppression des peages, tant sur les grandes routes
que sur les canaux appartenant a I'Etat. Et, ajoute-t-il, cette proposition
est surtout motivee par cette verite indiscutable que tout peage entrave la
circulation sur les routes comme sur les voies navigables.
En resume, ce qui resulte de I'examen de I'etat de la question dans les
divers pays sur lesquels des renseignements ont ete fournis, c'est que
cette question ne comporte pas de solution generale, et que dans les
5' SECTION. — 6' SEA^'CE. 381
Etats ou des obstacles insurmontables ne s'y opposent pas, elle tend de
plus en plus a etre resolue dans le sens de la gratuite; c'est surtout
qu'unc fois resolue dans ce sens, soit d'une maniere generale, soit par-
liellement, on ne s'aviserait pas de revenir sur la reforme realisee, etde
retablir les peages supprimes.
C'est pourtant ce qu'on se propose de faire en France, ou cela parait
moins praticable que partout ailleurs. Dans la plupart des autres pays, en
effet, les voies navigables et les voies ferrees se pretenl un mutuel con-
cours et s'alimentent les unes par les autres. En France, au contraire,
I'antagonisme est constant et ardent. Les chemins de fer, non seulement
par des abaissements continuels de leurs prix de transport, mais par des
combinaisons multiples, font a la navigation une guerre a laqucUe celle-ci
serait dans Fimpossibilite de resister, pour peu qu'elle fut empechee dc
maintenir I'ecart qui doit necessairement exister entre ses prix et ceux de
la Yoie ferree pour que I'equilibre entre les deux modes de transport ne
soit pas compromis, au grand detriment des interels publics dont leur
action concurrente est la plus sure garantie. Et c'est parce que cet equi-
libre etait gravement menace que le Parlement, pour le sauvegarder, a pris
le parti de faire I'abandon des 4 millions que produisaient encore les droits
de navigation, lorsque sont intervenues les lois de 1879 et 1880.
Mais est-ce a dire que pour cela I'Etat soit degage de I'obligation d'txe-
cuter sur nos cours d'eau les travaux d'amelioration et de perfectionne-
ment necessaires a leur bon fonctionnement? Le pretendre, ce serait se
soustraire au rule et au devoir qui lui incombent. et qui liii sont imposes
autant par I'equite que par I'interet public qui exige que la concurrence de
la navigation soit mainlenue a cote des chemins dc fer. Or, comment cela
se pourrait-il si I'Etat, qui a jete dans la balance lout le poids des sacri-
fices qu'il s'est imposes en faveur du chemin de fer, refuse a la navi-
gation intcrieure les compensations auxquelles elle a droit?
11 importe, en effet, de remarquer que, en France, nous nous trouvons
en presence d'une situation hybride qui n'exisle dans aucun autre pays.
Les chemins de fer ne se sont pas eiablis chez nous avrc les seuls capitaux
des Compagnies qui les exploitent. Celles-ci n"ont pas elendu leurs reseaux,
et ne pourvoient pas a leurs depenses d'exploilation avec leurs seules res-
sources et leur seul credit. L'Etat y a largement conlribue; outre qu'a ces
six grandes Compagnies, qui se partagent la France, il a concede un mono-
pole colossal, le chiffre des depenses pour lesquelles il a parlicipe a leur
etablissement s'eleve aujourd'hui a plus de 4 milliards. On a vainement
essaye de le con tester.
De plus, il est venu en aide aux Compagnies par des avances et des
garanties d'interets qui lui imposent chaque annee de nouveaux sacrifices,
les secondant ainsi puissamment dans leurs efforts et leur action contre la
concurrence de la voie navigable.
Et a labatellerie qui, elle, ne jouit d'aucun monopole, qui, sur les voies
582 PROCES-\ERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
qu'elle exploite, est aux prises avee tant de difficultes, tant de causes d'in-
feriorite resultant des chomnges, des glaces, des grosses eaux, de la lon-
gueur des parcours, ou voudrait faire supporter les charges resultant des
depenses les plus necessaires, comme s'il n'etait pas de toute justice
qu'une part lui soil faite aussi dans les largesses du Tresor ! {Applaudis-
sements.)
Et pourquoi done notre navigation interieure ne serait-elle pas traitee
comme les routes auxquelles les voies navigables sont absolument assimi-
lables, elant comme elles ouvertes a la libre concurrence de tons? L'ana-
logie est complete, et trop d'autorites I'ont etablie pour qu'on essaye de la
contesler, mais on objecte qu'il ne serait pas juste de faire peser sur les
regions qui ne sont point Iraversees par des cours d'eau navigables les
depenses budgetaires qu'entraineraient des travaux dont seraient seules
appelees a profiter celles qui en sont pourvues. Singulier argument, qui ne
tient pas devanl le simple examen du budget des Travaux publics!
Voit-on les contribuables de nos departements de I'Est et du Centre pro-
tester contre les depenses occasionnees par les Iravaux executes pour
Tamelioration et I'agrandissement de nos ports de mer, I'etablissement de
phares, etc. ; les localites eloignees des lignes de chemins de fer, et qui out
plutot perdu que gagne a leur creation, se refuser a participer aux charges
imposees au Tresor en faveur des grandes Compagnies; lesvilles qui n'ont
ni monuments a conslruire ou a entretenir, ni theatres subvenlionnes,
declarer qu'elles n'entendent point supporter une part quelconque des
depenses portees au budget pour ces causes!
Dans I'espece qui nous occupe surtout, c'est une grave erreur de dire
que tout le pays ne "pro fite pas des sacrifices fails pour I'ajiiielioration des
voies navigables, puisqu'il en resulte necessairemcnt une diminution dans
le prix de revient de la marchandise transportee a un point quelconque
du territoire, ou la navigation etant interrompue, elle doit ctre livree, soit
au chemin de fer, soit a la route.
C'est bien ce que les precedents gouvernements avaient compris lorsque,
pour remedier a Tinsuffisance des recoltes et a la cherte du ble, en 1847
et 1848, de 1853 a 1859, en 1861, 1862 et 1868, ils supprimaient les droits
de navigation sur les denrees alimentaires, se rendant bien comple que,
dans leur diffusion sur tons les points du territoire, leurs prix seraient
reduits d'autant.
Eta cepropos jeferairemarquer que si des circonstances semblables se
representaient, avec institution des Chambres de navigation, etant donnes
les engagemenis qu'elles contracteront envers ceux qui fourniront les fonds
necessaires a I'execution des travaux que reclament nos voies navigables,
il sera impossible d'appliquer les memes mesures.
Mais en quoi cette innovation, qui ne laissera pas d'entraincr des frais
considerables, dont, en fin de compte, la batellerie supportera la charge,
est-elle utile ? N'est-il pas bien plus simple que I'Elat fasse directement
5« SE.OCE. — 6' SEANCE. 585
appel aux interesses, comme il I'a fait pour le grand canal de I'Est? Et
peut-on admeltre qu'il ne soit pas en mesure de pourvoir a I'amortisse-
ment des avances qui lui seront faites, avec un budget de 5 milliards
800 millions?
M. LE President. — 5 milliards 250 millions !
M. d'Artois. — Je croyaisetre siir du chiflVeque j'ai trouve dans le bul-
letin financier d'un de nos grands journaux...
U> Me.mbre. — M. d'Artois veut sans doute parler des budgets departe-
mentaux et communaux qui s'appliquent aux routes.
M. LE President. — Le chiffre n'en est pas moins faux dans cette hypo-
these.
M. d'Artois. — Devantles observations qui me sont faites, jene peux que
tenir pour exact le chiffre de 5 milliards 250 millions, que je trouve bien
suffisant d'ailleurs pour permettre a I'Etat de faire ce qu'il faut pour noire
navigation interieure, apres avoir tant fait pour les cherains de fer.
En faveur du projet de loi presente par le Gouvernement, on nous
oppose, il est vrai, I'odhesion que lui auraient donnee plusieurs Cham-
bres de commerce, dont la plupart avaient vivemenl proteste, en 1888,
contre le retablissement des droits de navigation. Comment ont-elles ete
amenees a se dejuger ainsi? C'est ce que nous ne pouvons nous expliquer
que par I'insuffisance des renseignements qui leur onl cle fournis. On
leur a affirme que les droits de navigation fie seraient pas relablis; elles
ne se sont pas rendu compte que les peages et les taxes proposes constitue-
raient des charges bien plus lourdes que ces droits. J'en appelle de ces
Chambres de commerce a elles-memes mieux edifices.
M. Beaurin-Gressier a proteste de scs sympathies et de son interel pour
la batellerie. Nous n'en avons jamais doute, mais qu'il nous soil permisdc
lui dire qu'il se trompe, ou du moins que le Gouvernement dont il est
I'organe se trompe sur les moyens a adopter pour mieux prouver cet
interet, et que les resultats qu'on en obtiendra seront tout autres que ceux
qu'on se propose.
J'ai ete en relation avec les mariniers pendant plus de 40 ans, et je puis
dire que, sous tousles rapports, ils meritent que le Gouvernement ne leur
marchande pas les sacrifices qu'en bonne justice ils sont en droit d'atlen-
dre de lui. C'est une classe de travailleurs honn^tes et paisibles, ce qui
est fort appreciable dans les temps ou nous vivons. Qu'on se garde done
de donner a cette classe si utile et si interessante des raisons de croire
qu'on s'inquiete assez pen de son sort pour la soumettre a des charges au-
dessus de ses forces, et que ses qualites et les services qu'elle rend influent
moins sur les decisions du Gouvernement que les defauts ct les erreurs
qui poussent aux agitations et aux greves.
M. DouAU. — Je demande la parole pour une rectification.
M. le President. — La parole est a M. Douau.
M. Douau. — On a parte des Chambres de commerce, et on a paru croire
584 ' PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
qu'elles s'etaient laisse leurrcr, el avaient pris la proie pour rombre. Je
protesle contre un pareil langage au nom des Chambres de commerce,
celles maritimes specialement, qui, depuis 20 ans, onl preleleur concours
a I'Etat. Elles savent tres-bien comment fonctionnentles taxes de tonnage,
et savaient parfaitement ce qu'elles faisaient en se pronongant d'une fa^on
favorable sur une question qui est, dureste, etrangere a un Congres inter-
national.
M. CousTE. — Comme President de la Chambre de commerce de Paris,
je m'associe pleinement aux paroles de M. Douau.
M. d'Artois. — II n'etaitcertainement pas dans mapensee derien dire qui
put etrcblessant pour les Chambres de commerce, etje declare que si, dans
mes paroles, il est quelque expression qui ait pu donner lieu a une pareille
interpretation, je suis pret a la retirer.
M. LE President. — Cost, du reste, en dehors de la discussion.
J'ai tenu a laisser la plus grande liberie aux oraleurs, et je I'ai prouve;
mais voyez, monsieur d'Artois, I'inconvenient d'apporler des allegations
hasardeuses ; vous avez mis contre vous les Chambres de commerce.
M. d'Artois. — On a invoque I'exemple des Chambres de commerce
pour proposer I'etablissement de taxes sur les canaux. Mais il taut remar-
quer que ces droits se bornent au sejour des navires dans le port, et ne les
poursuivent pas en cours de route ; de plus, les ports sont ouverts, et on
desire y attirer le plus possible la navigation etrangere : c'est bicn le
moins que la navigation etrangere paye des droits en France pour des tra-
vaux dont clle profile. 11 faut remarquer encore que I'Etat subventionne
la marine marchande, soil pour sa construction, soil pour ses voyages au
long cours ; I'annee derniere, cela lui a coute 110 millions. Que le Gouver-
nement en fasse done moitie moins pour la navigation interieure !
M. LE President. — La parole est a M. Boule.
M. BouLE. — Je voudrais essayer de rentrer dans la queslion Internatio-
nale que les discussions d'interels exclusivement franqais menacent de
faire oublicr.
La Section avait deja consacre 3 seances a discuter la l"" Queslion, et je
croyais que la discussion generate etait close, lorsque je me suis permis de
proposer une formule de resolutions, sans savoir que M. Raffalowich en
faisait autant de son c6te. Mais la discussion gcnerale a continue a la fois
sur les 3 questions soumises a la Section ; c'est sur la 7' que j'ai voulu
faire une proposition, en me bornant a resumer les conclusions des rap-
ports du plus haut interet qui nous ont ete distribues.
Les deux conclusions de M. de Sylenko sont tres-generales, etje les ai
reproduites tout d'abord presque textuellement, en proposant seulement
de changer les derniers mots de la premiere.
Au lieu de : « 1" II ne doit pas y avoir d'impots fiscaux sur la navigation »,
je propose de dire : « ... sur les transports de marchandises ». Je ne vols
pas de motif pour que Ton impose, ou que I'on degreve un moyen de
5' SECTION. — 6' SEANCE. 585
transport pkilot qu'un autre, et, quand on parte de la suppression des
droits de navigation, it ne faut pas oublier qu'elle n'a ete en France qu'un
simple acte de justice : on venait de supprinier un inipot de 5 pour 100 sur
les transports en petite vitesse des cheniins de fer, qui rapportait bien plus
que les droits de navigation. En outre, sur beaucoup de rivieres, les droits
ne couvraient pas meme les frais de perception, et sur les canaux les plus
frequentes, ccux du Nord de la France, la taxe destinee, dans le principe,
a couvrir les frais d'etablissement et d'entretien etait souveraiiiement
injuste, car les depenscs faites par I'Etat pour ces canaux etaient amorties
depuis longtemps par raccumulation des droits percus, et ces droits, s'ils
avaient continue a etre specialises, auraient du elre supprinies depuis
fort longtemps.
La 2* conclusion de M. de Sytenko est ainsi congiie :
« 2° La navigation ne doit jamais avoir a payer que la remuneration de.
« services rendus, et les sommes payees par elle nedoivent etre depensees
« qu'a son profit. »
Je propose d'ajouter : u ... sur la voieou elles ont ete percucs ; » car les
Yoies navigables different tellement entre elles, que les recetles et les de-
penses me paraissent devoir etre completement specialisees.
Apres avoir repris ces deux conclusions tres-gcnerales de M. de Sytenko,
je propose de reprendre dans les rapports de MM. ISeaurin-Gressier et Svm-
plier les conclusions suivanles, dans lesquelles on distingue les taxes que
peuvent supporter les differentes voies. Cela est tres -important, car les
voies navigables different considerablement entre elles, alors que les cbe-
mins de fer sont tons semblables.
« 3" Sur les voies naturellenient navigables, on ne doit percevoir aucune
« taxe de circulation, aucun peage. »
■ Ce serait un impot fiscal, car ramenageinent general des eaux, la cor-
rection, la regularisation et Tenlretien des fleuvcs et rivieres incombent a
I'Etat. II doit administrer le domaiiie public tluvial, dont les produils lui
appartiennent. notamment ceux de la peche ; il doit faire le necessaire pour
ameliorer et regulariser recoulement des eaux, tant au point de vue des
inondations, qu'au point de vue des secheresses, el cela dans I'interet gene-
ral, sans distinguer les rivieres frequentees par la batellerie de celles qui
ne le sont pas, ou qui ne le sont plus depuis I'etablissement des cbcmins
de fer.
« 4° La batellerie doit au contraire supporter iles taxes d'tisage pour Fou-
« tillage des voies navigables et des ports etablis sur les rivieres aussi bien
« que sur les canaux artificicls. »
Dans les ports de mer il n'est pas conteste que, quand on sc sert dune
grue ou d'un remorqueur, on doit en payer Femploi. M. d'Arlois, qui de-
mande la gratuite absolue.ne la demande pas, je I'espere. pour la traction,
parce qu'alors il n'y aurait plus de motif pourne pas demaiider la gnituile
des transports.
-20
5SG PROCES-YERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
« 5° On pent, dans certaines c/?T0?2s/«/ices,admeltre des taxes analogues
« pour I'usage dc cerlains ouvrages a etablir pour la navigation sur les
« rivieres naturellement navigables, que Von entreprend de canaliser. »
En cffct, les frais d'etablissement, d'cntretien et de manoeuvre dc ces
ouvrages, ecluses, barrages on autres, croissent avec le trade ct avec Ic
perfcctionnenient de la voie.
xM. Boaurin-Gressiera mugistralement defnii,dans son rapport lumineux,
les mots : inipots, peag.'s, taxes d'usage; ce sont choses differcntes qu'il
ne fant pas confondre.
Les taxes d'usage sont principalement motivees sur les voies navigables
arlificielles, ou il faut enlretenir, outre les ecluses, des ponts mobiles, des
reservoirs et parfois des macbines d'alimentation,etaussi des travaux dis-
pondieux d'ctanchement et de defense des rives.
Veut-on cbomer pendant les secberesses, ou bien payer I'entretien des
machines et pompes alimentaires? Yoila la question.
C'cst une grande amelioration pour la batellerie qiiand on alimente un
canal avec une machine a vapeur, car cela permet de supprimer des cho-
mages. II est done naturel ijue les batelierspayent une partiede la depense
dcsmacbines.Celan'estpasunimp6t,c'estla remuneration d'un service rendu.
Voici maintenant le dernier paragraphe de ma proposition :
« 6" Lorsqu'il s'agit de creer une nouvelle voie navigable arlificielle.
« I'Etat pent subordonner son concoiirsctla declaration d'utilite publique
« dc T'entreprise a la perception d'un droit de peage desline a amorlir la
« partie des depenscs de premier etablisscment, qu'il ne croit pas devoir
« mettre a la charge de I'cnsemble des conlribuablcs. »
Les inlercsses qui refuseraient dc supporter cette taxe, s'opposeraient en
definitive a retablissement de la nouvelle voie; ils agiraient contre leur
inteiet, car il n'y aurait aucun moyen d'obliger I'Etat a faire la depense a
lui seul, ni meme aucun motif pour justifier cette obligation.
M. d'Artois ct quelques autres veulent que I'Etat paye tout; mais si I'Etat
ne le vent pas, ils resteront dans le statu quo.
Sont-ils asscz ennemis du progres pour se refuser a tout changement,
pour vouloir conserver I'etat actuel, qui les rend incapables de supporter
la concurrence des chemins de fer, plutot que de payer une legerc taxe
pour obtenir la construction d'ouvrages et de machines dont I'l^tat offrc de
payer la plus grosse part? J'espere qu'ils prefcreront concourir an progres.
Dans noire excursion dans le Nord nous avons vu, pres de Douai, des
ponts tournants sur lesquels le chemin de fer du Nord franchit la voie
navigable. II y a longtemps qu'on projette de detourner le canal, et on no
le fait pas faulc d'argent. Si on avail pu le faire a condition dc percevoir
une taxe, il y a longlemps que ce serait fait, et la taxe aurait ete tres-vite
amortie. Elle aurait etc moins onereuse a la batellerie que les retards
que lui causent les ponts tournants.
La proposition de M. UalYalowich et celle que j'ai formulee a peu pres
5' SECTION. — 6« SEANCE. 5S7
en mcme temps sont, au fond, tres concordanles. Vous clioisircz; je siiis
pret a me rallier a celle qui paraitra preferable.
Mais jc Youdrais maintcnant repondie an discours de mon eminent ami
M. Noblemaire. II a ouvert la discussion generale par une brillante confe-
rence comme il a I'habitude d'en faire avcc un talent que j'envie, el nous
a tonus sous le charraede sa parole aussi elegante que savante. Mallieureu-
sement il n'avait pas assiste aux seances precedcntes de la Section, non
plus qu'aux quatre Congres de navigation interieure, ct peut-etre s'est-il
montre un peu etranger a nos etudes antcricures. Puis il a melange les
1\ S'" ct 9'' Questions, et il ne nous a pascacbe qu'il n'aime guere rcconomic
politique. Cependant, d"apres Ic programme dii Congres, la o^' Seclion est
consacree aux questions economiqucs; mais il craindrail sans doute
d'alourdir ses charmants discours par unelitterature ennuyeuse, a laquelle
il conteste peut-eire le nom de science.
Celte science n'est pas tres en faveur aujourd'bui. Cependanl nous en
avons ici des represcntants, el non des moindres, et M. Noblemaire n'a pu
eviter de faire de Teconomie politique, comme M. Jourdain faisail de la
prose, nous a-t-il dit : aussi en a-t-il fait d'assez singuliere. II croit que
I'Elat pent faire toutes les depenses qu'il lui plait pour les canaux, car,
dit-il, les ressources de I'impnt sont inepuisables.
Pour elablir le budget, on fait le total des depenses prcvues,puis il suffit
de fix. r le montant des impols de maniere a oblenir I'equilibre. Celte opi-
nion est de nature a etonncr les economistes, mais il declare ne pas I'etre,
je n'insislc done pas.
II a rappele que si I'Etat a donne ^2 milliards 500 millions de subven-
tions aux Compagnies de cbemins de fer, il a depense 1500 millions pour
les voics navigables. J'ai rccberche les cbiffres dans le Bulletin du
Ministere des Travaux publics, et j'ai trouve pour les subvenlions des cbe-
mins de fer, en 1889, 3000 millions; en 1890, 100 millions de plus; puis
il faulajouter les garanlies d'inleret allouees aux Compagnies, 507 millions,
jusqu'en 1890 ; de sorle que les depenses faites par lEtat pour les cbe-
mins de fer depassent 4 milliards.
Quant aux fonds affecles aux rivieres et canaux, d'apres la stalistique
de la navigation inlerieure, publiee en 1888 par le Ministere des Travaux
publics, et dislribuee au Congres deFrancforl, cllcss'elevaienl a 15'29 mil-
lions; mais c'est le total des depenses faites depuis 1814 sur tons les
canaux et toutes les rivieres, meme celles oil il n'y a plus de navigation
depuis la construction des cbemins de fer. Ce tolal comprend des depenses
faites sur I'Allier, lArve, les Dranses, le Gers, I'lsere, le Tarn, le Var et
bien d'autresqui ne sont plus frequentccs depuis qu'il y a des cbemins de
fer. 11 est clair que les depenses faites autrefois sur des rivieres on les cbe-
mins de feronl fail disparaitre labatelleric et meme leflotlage, doivenl elrc
passees aux profits et pertes. Le Paillon y figure pour 560 000 francs; cela
suffit pour vous edifier.
588 PROCES-YERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
En etudiant les tableaux de detail, on Irou-veiait dans le comple des
depenses consacrccs a la navigation : le nouveau pont de Rouen, les ponts
Morand et Lafayette a Lyon, le pont de Tolbiac a Paris, des etablissemenls
de pisciculture, des quais et des digues d'inondations, el beaucoup d'autres
depenses aussi peu utiles a la batellerie.
il est bien facheux qu'il manque au budget, et par consequent dans les
statistiques, un cbapitre pour les depenses que I'Etat ne pent se dispenser
de faire sur les rivieres, mais qui n'interessent en rien la batellerie. On
verrait combien il resleraii peu de cliose au chapitre special a I'a meliora-
tion de la navigation. C'est cependant tout ce que le budget a fait, et pent
faire pour la batellerie, tant qu'elle ne participera pas aux depenses.
Si lesCompagnies de chemins de fer ont re(;u de I'Etat 4 milliards, elles
en ont depense elles-memes 11, et voila pourquoi leur rescau couvre la
France de mailles si serrees. Si les interesses ne fournissent rien pour les
voies navigables, celles-ci ne feront aucun progres, car le budget general
ne pent supporter a lui sciil (oute la depense. Ceci me ramene malgre moi
au projct de loi dont on a deja trop parte : il est asscz singulier que les
Conipagnies de chemins de fer y applaudisseuttandis que les entrepreneurs
de batellerie le repoussent. Onne voit des deux cotes que les taxes; je crois
qu'on se Irompe des deux coles, et que le projet de loi a pour but dcmettre
la batellerie en mesure de resister a la concurrence des chemins de fer.
M. LE PriE^iDEisT. — Ce n'esi pas exact : les Compagniesde chemins de fer
ont vivcment combattu le projet.
M. PoLLF. — Elles demandent le fond : des droits de peage sur les voies
navioables. Quant aux cnlreprises de batellerie, elles confondent le peage
avec le droit fiscal. 11 y a la une confusion que M. Beaurin-Gressier a pour-
lant bien expliquee dans son remarquable rapport.
Mais jc voudiais repondre a un autre point de I'argumentafiondu Direc-
teur de la grande Compagiiie P.-L.-M., qui a bien voulu quitter pour un
instant ses occupations habituelles pour elre notre collegue d'un jour.
11 a cherche a comparer les chemins de fer aux voies navigables, mais
rien n'cst moins comparable.
Personnellement, j'attendais depuisbienlongtemps. Messieurs, I'occasion
d'entendre mon ami Noblemaire devclopper ses idees. J'esperais qu'avec le
talent de conferencier que je lui envie, il nous apporterait des idees nou-
velles. Mais il nous a repete ce que les Compagnies de chemins de fer
publient partout depuis dix ans. La navigation ne supporte, dit-il, aucun
impot en France, et ceux que payent hs chemins de fer representent
rinteret a 10 pour 100 des subventions allouees par I'Etat aux Compa-
gnies.
On a deja refute souvent cellc allegation; je I'ai fait moi-meme en 1889,
au Congres de Lulilisation des eaux fluvialcs, dans une petite bi'ochure
que bien peu de personnes ont lue, car je ne pouvais esperer la grande
piiblicite dont disposent les Compagnies dc chemins de fer.
5< SF.CTION. - 6- SEANCE. '''"
Cette Observation, c'esl le grand cheval de balaille des Compagnies; Ics
slat ones annuelles qa'olles publicn. eonsacrcnt „n tableau specal aux
m 6 en question, et il imporic d'en examiner la nature, defin.e con n,e
Usuit dans ce tableau, dontlescbiflVes seuls xarientd-uue annee a laul.e.
et importent d'ailleurs asscz peu en ce momenl.
r Impots sur les voyageurs et la grande Vitesse.
On ne saurait les pereevoir sur la navigation ; elle ne ya pas vite, el elle
ne tran„orle guere de vovageurs, sauf. sur de trcs-faibles parcours. dans
h iravers" de Paris et di Ivon. D'ailleurs ee soiit les voyageurs e. non
les Compa»nies de chemins de fer qui payent ces unpots montant
87 mSns -254 228 francs en 1888. C'esl la moitie dn total du tableau, et
1 ini^O sur la ^rande vitessc vient d'etre considerablement diininue.
"Ssl , .' : inrp.s sur les voyageurs et la grande v.tess. .ennen, :
2" Contributions fonc.ercs et patcntos '-orr^ _
5- Licences, estampilles, plombs de douane. .... -^^J
4" Abonnement pour le timbre des actions et obbga- ^ ^^^ ^^^_^
tions ." ' 1 4 '■^00 '^5 1
5^ Droits de transmission sur les titres.. .0^9100^ —
6Mmp6t sur le revenu des valeurs mobiberes !.'^ ,:ij'' _
7" Timbres des recepissesetlettresdevoitures 'l^^^^ _
?:::: t:s: . rapporiem- . de; ;n;..s ^^;»x^x:bS t^
'ZZ:^:^ heureuses de payer d'aussi ^'^sn<^^^^^^;^
leurs actions et obligations. D'ailleurs, ee sonl les acl.onnaires
»ataires qui payent, et non les Compagnies.
^ 9" DroUs de douane per?us sur les houi les el cokes
consoinn,.setsurdiverses.atiereseinp^^^^^^^^^^^
,o!:,!:.":r;rii =^S.- -- ' - ^-^;:^:?; ■;::;:
des bouilles el autres marchandises francaises, pour ev.le, les dioib
douane. 5 819 iTo francs
iL'rLtaiSulnopole: ^n ne peut-rien dcn.nder . ce propos .
la balellerie-. elle ne possede aucun monopole.
H- Droits de timbre de 0 fr. 10 sur les quittances ^ _^^^ ^^^ ^^^^^^
'' cX'ot-n'es-t pa's plus' special ..^ -cbemins de'ter que les timbres-
^tne eomprends done V^^^-f^^^:,'::]:^:^^L'^
peage, destine a remunerer les capitaux des actionnanes
590 PROCES-YERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
taires; mais les marchandiscs tie faible valeur, les seules que la hatcllerie
transporle habitiiellcment, ct que les chemins de fer Iransportent a des
tarifs speciaux Ires-red uits, nc payent pas plus de peage siir les chemins
de fer que sur les canaux.
Sur les voies de fer, on se contente de leur demander un peu plus que
les frais de traction et d'ulilisalion du materiel, mais bien peu; le peage,
c'est-a-dire I'interet des frais de premier etablissement et les frais gcne-
raux, sont uniquement payes par les voyageurs, la grande ■vitesse et les
marchandiscs des premieres classes, laxees au tarif general, ou par la
garanlic (Viiitcret.
Ce dernier cas se presente quclquefois lorsqu'on etablit un tarif de un
cenlime et demi ; j'en pouriais citer quclques-uns, dontle but avere est de
faire concurrence a la batellerie. 11 est temporaire et sera releve lorsque la
batellerie aura disparu de la region.
M. LE PnE^'.IDE-^T. — Remarquez que nous disculons la 7* Question.
Je sais bien qu'il est diflicile de la trailer sans trailer les autres; mais
j'aimerais mieux vous voir reserver ces observations pour la 9" Question.
M. BouLE. — En ce cas, j'en reviens a mes conclusions; elles devaient
tenir comptc de la situation existante dans les divers pays representes a ce
Congres; les mcmbres frangais trouveront peut-etre qu'il y est trop ques-
tion de taxes et de peages; ce serait mon avis, si je n'elais convaincu que
noire reseau de navigation ne pourra jamais etre acheve, tant qu'on vou-
dra en laisser toute la charge a I'Etat, el. si les repn'sentants de la batelle-
rie Yotent contre mes conclusions, ils agiront conlre leur interet.
M. Baffalowich en presente d'autres; nous ne nous elions pas concertes;
vous choisircz enlre les deux redactions, et je suis tout pret a me rallier a
celle de noire ami, le delegue russe, si vous la preferez. {Applaudisse-
Dicnfs.)
M. LE PitEsiDEiNT. — Avaut dc donner la parole a M. Lainey, je previens
la section que j'ai rcQU de M. Pescheck au nom dc M. Sympher un amen-
dement au § 5 de la proposition de M. Boule, ainsi cont^u :
« On pent, dans ccrlaines circonstanccs, admellre des taxes pour I'usage
« des ouvrages de canalisation des rivieres, tels qu'ecluses et barrages,
« mais ces taxes ne devraient pas depasser la partie des frais d'entretien
« et de manoeuvre croissant avec le trafic.
« Ces taxes d'usage sont principalement justitiees sur les voies navi-
« gables artificielles ou il I'aut entretenir, outre les ecluses, des ponts mo-
« biles et des reservoirs, des machines d'alimenlation, ainsi que des tra-
ce vaux d'etanchement ou autres. »
M. Lainey. — Je vais essayer de me renfermer dans la 7* Question con-
formement au desir de la Section, et de voir les choses au point de vue
international.
La question se pose ainsi : Dans un Etat qui, depuis pres de trente ans,
a fait tant d'efforls pour racheter toutes les concessions qu'il avait donnees,
5« SECTION. — 6" SEANCK. 591
est-il sage de faire de nouvelles concessions meme en Ics meltant entrc
les mains de corps presentant des garanties comme des Chambres de com-
merce, des municipaliles ou d'antres que jc ne nommerai pas, pour ne pas
parler du projel de loi francais.
En ce qui concerne la construction et I'entrelien des voies navigables,
il seniit desirable que, dans tons les pays, ce fut le Gouvernement qui s'en
chargeat, aux frais du budget general dans I'interet public. Quant a
I'outillage et aux moyens d'exploitation, je ne vols pas d'inconvenient a
ce qu'on entre dans une voie analogue a celle dont il a ele tant parle ici.
Toutefois, il sera bien i.ecessaire de preciser la distinclion entre le cours
d'eau (natui'el ou artificiel) et ses ouvrages d'art, garages, ecluses. etc...
qui constituent la voie devant rester libre de redcvances, et les moYcns
de circulation et d'exploitation, tels que touage, balage, outillage de char-
gement et de decbargcment, qui pcuvent etre sujets a payei" la remunera-
tion du service rendu.
D'autre part, les droits de navigation, taxes, peages sont d'un rendement
net tres minime a cause des depcnses de perception qu'ils neccssitent;
alors qu'ils existaient en Fiance, les droits de navigation produisaient
une somme nelte de 5 a 4 millions pour une perception brute d'une
dizaine de millions. C'est ce qui explique qu'ils aient ete supprimes si
facilement.
En resume, je suis dispose a voter la proposition de M. d'Arlois avec les
amendements suivanis : au lieu des mots: «... I'exislence de la balel-
lerie » qui termine sa proposition, je mettrais : «... Ic developpement des
Yoies navigables ». J'ajouterais eusuite le § suivant (sauf a modifier la
forme de la phrase) : « La navigation doit au contraire supporter des
taxes d'usage pour routillagc de la voie et des ports sur les voies nalu-
relles, comme sur les voies artificielles. » (Applaudissemeuls.)
M. LE President. — La parole est a M. Hatscheck.
D" IlATstHECK. — Meine Herren, in der vorigen Sitzung sind uns in
geistreicher, und vorzuglicher Reden die Ansichten sowohl derjenigen,
welche die Freilieit von jcder Gcbiilir undAbgabe verlreten,vie derjciigen,
die im Interesse der SchiflTahrt die Zulassung von Taxen und Peages
unter gewissen Bedingungen befiirworten, entwickelt worden. l']s sind
viele Griinde fiir und wider in treffender Weise ausgefuhrt wordcn, und
Avir haben durch die verschiedenartige Beleuchtung der Saclie sehr viel
lernen kunnen. Indessen beriihrt die Fragc uns aus den anderen Landern
M. Hatscheck. — Au cours de la derniere seance nous avons entendii les discours
eloquents de ceux qui detendent la liberie de la navigation, et repoussent toute
taxe ou peage, et de ceux qui, an contraire, plaident pour I'adoption de taxes et
peages, dans certaines conditions, dans I'interet meme de la navigation. Beaucoup
d'argunients ont ete presentes pour et contre, et cet echange de vues conlradic-
toires a beaucoup eclaire la question, qui du reste a moins d'importance pour
592 PROCES-VERBAILX DES SEANCES DES SECTIONS.
nur in bescliranklem Umfange als die Herren in Frankreich, die die Frage
viel naher angelit als uns.
Man kunnte von unserem S(andpunktc jenen Ausfiilirungen ziistimmcn,
die ini allgemeinen die Frcilieil auf alien Wasserslrassen feslhallen iind
nur, soweit gewisse Leislungen fiir die SchiffTahrt vorliegen, und soweit
es sich um die Erhaltung denen Wasserslrassen handelt, die Erhebung
gewisser Gebulircn und Taxen zugestehen.
Nun vermisse ich in den gestellten Anlragen Bestimmungen dariiber, wie
es gehalten werden soil auf Wasserslrassen, die gegenwaitig uncnlgelllich
benutzl wcrdm konnen, auf denen keine oder nur geringfiigige Taxen (fiir
Durchsclilcusen) erhoben werden. Es isl mir nicht klar, obnicht auch diese
Wasserslrassen nach den uns vorgeleglen Propositionen kiinflig unter
gewissen Bedmgungen duicb Abgaben und Taxen getroffen werden konnten.
Diese Frage i'. t, glaube ich, von solcher Bedeulung, dass es nothwendig scin
wird, zu alien Proposilionen einen Zuzalz zu machen, welcher sich ganz
streng und energisch dahin ausspricht, dass nicht die wirthschafllichen Ver-
hallnisse zahlrcicher Industrie-Etablissenienls und anderei'Untersuchungen,
welehe bisher mil der Unenlgeltlichkeil der Wasserslrassen rechncn, durch
die Einfiihrung von Taxen geanderl werden. Es istganz klar, dass zahlrciche
induslrielle Uiilcrnehmungen sich geradcdarum an gewissen Orten nieder-
gelassen haben, weil sic mil der unentgelllichen Benulzung der Wasser-
slrassen rcchnen konnten. Nun dcnken Siesich den Zusland, wennplolzlich
durch eine Ncuerung die Unenlgeltlichkeil beseiliglund Taxen und Abgaben
eingefiihrt werden ! Dadurch wurden alle diese Unlernehmungen in ein
viel unffiinsliocres Stadium jierathcn und ihre Konkurrenz bedeulend
nous elningers que pour la France, que le sujet louche de beaucoup plus pres.
A noire point do vuo, on pourrail adopter les propositions qui etablissent en
general la liberie sur loules les voies navigables, et n'adnieltre la perception de
certains droits et taxes que pour repondre a des besoins de la navigation, ou s'il
s'agit de rentrelien de ces voies. Je me permeltrai toulefois quelques observa-
tions a I'egard des voies navigables qui, actuellement, peuvent etre utilisees
gratuitement, et sur lesquelles il n'est pergu aucune taxe ou seulement une
taxe insignifiante pour I'eclusage. Je ne vols pas bien si, avec les resolutions
proposees, des droits et des taxes ne pourraient pas etre pergus a I'avenir sur ces
voies. C'est la, je crois, une question importante, car il sera necessaire d'ajouter
a toutes les propositions un menibre de phrase expriinant tres-nottenient et
energiquement que les nonibreux etablissements induslricis et autres entreprises
qui jusqu'ici ont table sur la gratuite de la navigation, ne verront pas modifier
les conditions economiques de leur fonctionnement par I'introduction de taxes.
II est evident que de nombreuscs cnliepiises industrielles se sont fixees en
certains points precisement parce qu'elles complaient profiler de la gratuite de
circulation sur les voies navigables. Yoyez un peu quel bouleversement si cette
gratuite venait a etre suppriniee brusquement el que des faxes et droits fussent
etablis! Toutes cos entreprises se trouveraient placees dans des conditions beau-
5' SECTION. — G' SEANCE. 595
erscliwert werden. Ich glaiibe nicht, dass dies im Sinne der bisherigenllei rcn
Antragsteller liegen kann; doch isl es vielleicht richtig aiisdriicklich den
\oriiegenden Aiitragen einen Zusatz in dem Sinne hinzuzufiigen :
« Um die wirlhschaftliche Lage der an den Wassers'.rassen gelegenen
« Unternelimungen, wie um die Interessen dor Schillfahrt niciit zu
« schadigen, sollcn keineilci Gebiihren oder Abgaben auf jenen Wasser-
« slrasscn zugelassen oder ^vieder eingefiihil \verden, welchc gegenwiirtig
« unentgelllich bcnulzt werden konnen: ebensowenig sollen die Gebiihren,
« wo sie heute beslehen, erhoht werden. »
Diesen Yorschlag, meine Herren, konnen Sie annehmen, auf welchcm
prinzipielien Slandpunkt Sie auch stehen mOgen. Er ist selbstretend
annehmbar fiir die Herren, welche die voUste Freiheit der Schifffahrt von
jedcr Abgabe veitretcn. Aber auch jene Herren, welche unter gewissen
Beschrankungen dieZulassung solcher Taxen ini hiteresse desStaatsbudgets,
im Interesse der Schifffahrt, zur Befurderung der Kanalbaulen oder aus
welchen Grimden immer fiir zulassig und moglich halten, konnen, glaube
ich, mit gutem Gcwissen diesen Zusalz annehmen: denn auch in deren
Sinne kann es nicht liegen, dass durch eine derartige Maassregel die
wirtschafflichen Verhiiltnisse zahh\ncher Unternehmen verschohen werden,
und dass in manchen Fallen in der That ein cmpfmdlicher Schaden fiir
Handel und Schifffahrt durch Einfiihrung derartiger Taxen entstehen konnte.
Dasistdaseinzige,wasichzubetonenmichfurvcrpfliclitetglaubtc.(fi(?ii/a//.)
M. i.E President. — Commc I'excursion d'aujourd'hui doit commencer de
bonne heure, je vous propose de lever la seance. (Assentiment.)
La seance est levee a 1 1 heures 40.
coup moins favorables, et ne pourraient plus soutenir que difficilement la concur-
rence. Je ne pense pas que cette mesure ait ete dans I'esprit des auteurs de pro-
positions, mais je crois qu'il serait peut-LMre bon d'ajouter expressement aux
propositions un paragraphe ainsi concu : (i Pour ne pas changer la situation eco-
« nomiquc de tons les etablissemenls situes sur les voies navigables, ni celle
« de la batellei'io, it ne doitetre admis on retabli aucun peageni taxe sur les voies
« navigables qui en sont affranchies actuellement; it ne faut pas davanlage
« augmenter les taxes sur les voies navigables oil il en existe aujourd'hui. »
Cette proposition pourra etre votee par tout le monde, pour quelque principe
que Ton tienne. II va de soi qu'elle est acceptable pour ceux qui desirent I'exemp-
tion complete de toute taxe pour la navigation; quant a ceux qui dans I'interet
du budget de I'Etat, dans I'interet de la navigation, pour activer la construction
des canaux ou pour toute autre laison, admettent et tiennent pour possible le
prelevement de taxes maintenues entre certaines limites, ils peuvent, je crois,
accepter ramendement en toute secuiite, car il ne saurait cntrer dans Jeurs vues
de bouleverser par des niesures comnie celles queje voudrais evitcr les conditions
economiques de nonibreuses entreprises, ni de causer, dans beaucoup de cas,
un prejudice sensible au commerce eta la navigation par I'introduction de taxes.
C'est la le seul point sur lequel j'ai cru devoir appeler votre attention.
PROCES-YERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
SEPTJEME SEANCE
Mercredi 27 Juillet (matin).
Presidence de M. Yves GUYOT.
La seance est oiiverle a 9 heures 10.
M- LE Prksidekt. — La parole est a M. Camerc pour ime rcctificalion.
M. Camere. — Dans le discours qii'il a prononce a cette Section en
faveur du retablissement des droits de navigation, M. Noblemaire a cite
Tcxemple de la Seine; il a declare que ce fleuve, ayant constitue dcpuis
la plus haute antiquite une voie de navigation des plus florissantes, il
admet volontiers que, si I'Etat I'avait laisse dans ses conditions nalurelles
de navigabilite, aucun droit de navigation nc saurait equitablement etrc
impose a la batellerie qui le frequente, ma is qu'il n'en est plus de
meme aujourd'hui, car I'Etat a recemment modifie cette situation en
depensant des sommes considerables pour ameliorer la navigation de la
Seine, sans compter toutes les depenses faites anterieurement dans le
meme but.
Quant a ces dernieres depenses, M. Noblemaire a bien fait de ne pas les
faire entrer en compte, car toutes celles faites sur la Basse-Seine avant le
commencement du siecle I'ont ete, non pour la batellerie, mais contra
elle, temoin le pont-barrage de Pont-de-l'Arche, execute au ix^ siecle par
Charles le Chauve pour arreter les incursions des Normands, et dont
I'influence nefaste s'est fait sentir jusqu'au commencement de ce siecle;
I'etablissement, sous le regne de Louis XIV, du bariage fixe destine a
assurer la marche de la machine de Marly aft'ectee a I'alimentation de
Yersailles, barrage dans lequel se trouvait le fameux pertuis de la Morue,
qui exigeait I'emploi de 40 chevaux pour la remonte d'un bateau; enfin
de nombreux pouts obstrues par des moulins, des pecheries fixes, etc.
Bien plus, tons ces Iravaux, qui constituaient des cntraves extremement
prejudiciables a la navigation, par une ironic amcre, servaient de pretexte
a des peages onereux pour la batellerie.
L'Etat, en executant a partir de 1855 des travaux pour remedier a cette
situation deplorable, au moment ou la concurrence des chemins de fer
elait de nature a avoir enfin raison de cette batellerie qui, depuis des
siecles, el malgre des enlraves de toute nature, avail mainlenu des com-
munications economiques entre Paris et la mer, n'a done fait qu'unc
(jeuvre de justice.
J'ajouterai que c'est la batellerie elle-meme qui fit les frais do ces pre-
5" SECTION. — 7' SfiANCE. 595
miers travaiix, car ils n'egalerent pas le montant dcs droits dc navigation
qu'ellc payait depnis 180!>, sans profit pour elle, bien que la loi du
50 floreal an X, en retablissant les droits de navigation, en eut prevu la
specialisation.
Quant aux travaux executes en verlu de la loi de 1878, je reconnais
volontiers qu'il ont cree pour la Seine des conditions de navigation supe-
rieures a celles que pouvait donner la riviere libre, e'est-a-dire duns son
6tat de nature; reste a voir quel est le sacrifice que i'Etat a fait dans ce
but, et pour cela je n'ai qu'ii reproduire ici les conclusions de la confe-
rence que j'ai faite sur la Seine au Congres de 1889.
Etant donne que les depenses faites pour les travaux du mouiliage dc
5 m. 20 ont ete de 60 700 000 francs, et qu'en 1888, le nombre de tonnes
kilometriques transportees a ete dc 589 568 546, la subvention de I'Etat,
calculee^a raison de 5 pour 100 du capital de premier etablissement, no
rcpresente que 0 fr. 007 par tonne kilometrique.
En faisant le meme calcul, en ce qui concerne la construction dcs
chemins de fer, et en parlant des chiffres donnes par la statislique relative
a I'annce 1877, a savoir que la subvention fournie par I'Etat, a cette
epoque, etait en nombre rond de 4 milliards, et le nombre de tonnes
kilometriques de 10 milliards, on arrive au chillVe de 0 fr. 020 par tonne,
lequel s'abaisse, il est vrai, a 0 fr. 012 si Ton fait entrer en ligne de
comptelenombrede voyageurskilomelriques, soit 7 milliards 500 millions.
Comme on le voif, les donnees relatives aux travaux de premier etablis-
sement ne sauraient justifier le retablissement des droits de navigation
sur la Seine, et il en est de meme en ce qui concerne les depenses d'entrc-
tien et d'exploitation de la voie, qui ne sauraient evidemment etre mises
en comparaison avec rimportance de la garantie d'interet que I'Etat a
assumee vis-a-vis des chemins de fer. (AppIaucUssements .)
M. LE Phesidem. — La parole est a M. Captier.
M. CAriiER. — Messieurs, MM. Couvreur, d'Artois et Robert Mitchell,
avec rincontestable merits qii'ils possedent, ont developpe les raisons qui
doivent faire repousser le systeme des peages applique a la navigation
interieurc.
11 ne reslerait done plus rien a dire en ce sens, si, dans un siijet si
complexe, il n'y avail pas toujours quelques details laisses de cute au
cours du dcbat. Si nous prenons les six rapporls qui ont traile des taxes
et peages sur les voies navigables, nous en trouvons :
Un nellement favorable, comme principe et en fait, aux peages;
Un favorable mais particulierement en fait;
Un completement oppose;
Trois a conclusions mitigees, mais montrant de fortes tendances a la
gratuite.
II y a done partage d'opinions; cependant celles favorables a la gra-
tuite I'emportent.
596 PROCES-VERBAIX DES SEANCES DES SECTIONS.
M. Boiile faisait ressortir hicr, avec infinimenl de raison, la contradic-
tion appnreiile qui se monlrc a I'egard de ces peages, dcmandes sons pre-
texte uc i'avoriscr la navigation intorieure par des travaux nonvoaux.
La batellerie les repousse, et les compagnics de chemins de fer concur-
rentes y sonf, au contraire, favorables. Comment se fait-il que I'une sc
montre hostile a une mesure qu'on lui presente comme etant en sa
faveur, tandis que les autres I'approuvent? II n'y a, Messieurs, qu'une
explication qui puisse concilier ces deux appreciations opposees, c'est
qu'au fond, les chemins de fer, comme la batellerie elle-meme, la jugcnt
funcste aux interets de la navigation interieure.
Nous voulons vous signaler une singularite de plus.
Comment, vous demandez-vous sans doule, Messieurs, se peut-il faire
que pareille opinion, favorable aux peages se soit produite avec I'autorite
qu'on lui reconnait a bon droit, dans un rapport emanant du seul pays
jouissant de la gratuite complete; et que ce resultat, obtcnu apres tant
d'annees de discussion et d'eflbrts, puisse etre mis en cause apres avoir
produit d'aussi feconds effets?
En voici les raisons :
Nous n'avons pas a craindre de les exposer; elles sont tout a I'honneur
de I'administration fran^aise, et ne font que demontrer sa preoccupation
de faire des travaux — des travaux utiles a la batellerie.
La suppression des droits en 1880 n'a ete que la derniere phase d'un
mouvement depuis longtemps comnjenc6, celui de la reduction progres-
sive des droits anciens.
Depuis, et jusqu'en 1888, aucune tentative n'avail ete faile pour cher-
cher a introniser le systeme des peages. En 1888 meme, une note, a
caractere a peu pres officiel, soutenait la gratuite contre le projet de reta-
blissement des droits, presente par quatre Deputes mal inspires, et
M. Felix Faure, aux applaudissements de la presque unanimile de la
Chambre, — assimilant les voies navigables aux routes, — reclamait le
maintien de la gratuite, et en enlevait le vote en quelques paroles.
Que s'est-il done passe depuis? Ccci, Messieurs : c'est que les budgets
qui fournissaient le moyen de faire des travaux devenaient de plus en
plus insuffisants, que le Parlement supprimait le budget extraordinaire,
et qu'il fallait, pour en executer de nouveaux, chercher ailleurs des res-
sources.
C'est alors que I'idee des peages se fit jour.
Elle ne se presente done pas, vous le voyez, comme Fapplication d'uji
principe qui aurait ete meconnu, mais uniquement comme un expedient,
et je n'emploie pas ce mot dans I'acception douteuse qu'on luidonneparfois.
A ce litre, son application est absolument contingente. Elle depend
uniquement des multiples conditions economiques des differents pays.
Et c'est ce qui explique la diversile des regimes que manifestent les six
rapports presentes au Congres sur les peages.
3- SECTION. — 7" SEANCE. 397
Descendue de la hauteur d'un principe, la question se reduit ainsi a
savoir si I'expedient est ou non favorable a la navigation interieure.
C'est a cliacun des pays en cause a I'apprecier dans les conditions
particulieres ou il se trouve.
Pour la France, nous n'hesitons pas a le dire, I'emploi dc cet expedient
non seulement est inutile, il serait des plus dangereux. M. d'Artois vous
I'a montre d'une fagon qui me dispense d'iusister. Nous devons done le
repousser.
Mais, nous a dit M. Douau, il y a des travaux necessaires, comment les
fercz-vous?
lei, Messieurs, une distinction s'impose.
II y a deux sortes de travaux, ceux de la voie et ceux de Toutillage.
Les premiers incombent a I'Etat, non seulement comme construction de
voies nouvelles, mais comme amelioration des voiesexistantes, et dans les
conditions d'une complete gratuite. Onparait I'avoir, en majorile, sinon a
I'unanimite, deja reconnu ici.
Que si, des creations etantjugeesindispensables, on croit devoir recourir,
pour ces cas pen nombreux et exceptionnels, a des moyens exceptionnels
aussi, comme on I'a fait pour le canal de I'Est, c'est question speciale a
examiner pour cliaque cas parliculier.
Mais qu'on ne fasse pas, de Texpedient adople faule de mieux, un systeme
generalise applicable aux travaux les plus considerables pour Icsquels il
peut elre parfois utile, comme aux plus modestes pour lesquels il n'est
pas necessaire.
Dans ces derniers sont compiis ceux de I'outillage.
Ici, Messieurs, I'iniliative privee, soit personnelle, soit en association,
mais en dehors de tout caractere administralif, suffit, sans qu'il soit besoin
de recourir a un organisme nouvcau. Elle I'a prouve partout oii cela etait
necessaire. II n'y a qu'a la laisser continuer.
Je voudrais, cependant, repondre quelques inols a la these soutenue par
M. Douau. ingenieur, Directeur des services de la Chambre de commerce
de Dunkerque.
Nul plus que moi ne rend hommage a I'oeuvre accomplie par les Cham-
bres dc commerce des ports marilimes, et, en particulier, par celle de
Dunkerque, qui, grace a des efforts energiqueset incessants, a su arriver a
de si remarquables resultats. Mais il me semble que M. Douau et ceux qui
partagent sa fagon de voir, trompes par des analogies superficielles, n'ont
pas asscz vu les differences reellement existantes. J'insiste la-dessus parce
que I'assimilation des organes a creer aux Cliambres de commerce des
ports, a etc Tun des trompe-l'op/il qui ont pousse au projet de loi — dont
nous ne devons pas parler. Nous vous demandons la permission de vous
ciler le passage suivant du travail oppose par la Chambre syndicale de la
marine a ce projet :
« Les differences sont nombreuses et importanles. Ce n'est pas seule-
398 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
ment ragglomeration ct lo nombre des intorcsscs, mais bien plus encore cl
plus gravement la nature des choses, la nationalite dcs vehicules, et la diver-
gence des inlerets qui rendent les situations tout autres.
« Pour nous servir d'une expression matbematique, les ports sont des
lieux geometriques de transactions et d'operations maritimes, en dcliors
desquels les raanutentions regulieres du commerce maritime sont impos-
sibles. En transports maritimes, un expediteur, un transporteur et un dcs-
tinataire pourront cboisir entre les divers ports, mais ils seront obliges
d'aller a I'un d'eux. Ce sont des points forces. Aucune operation ne sera
praticable en dehors d'eux. La sculement ils Irouveront roulillagc neces-
saire, pourront remplir les formalites auxquelles ils sont astreints, etc.
Tout est d'accordici, les necessites etl'interet, et quant aux taxes, ilscrait
vraiment deraisonnable que nous ne fissions pas payer aux navires etran-
o'crs, qui frequenlent nos ports en plus grand nombre que les notrcs, les
avantagcs dont nous leur donnons le benefice. Les niomes conditions sont
loin d'exister pour les transports tluviaux, et, partant, les memes conse-
quences logiques n'en decoulent pas. Les ports, ici, ne sont pas de neces-
site absolue; meme etablis,ils ne satisfont pas tons les interels; et les ope-
rations peuvent s'echelonner sur des centaines de kilometres de parcours,
surgir meme, inopinement, sur toute cetle etendue.
« La meme difference exisle pour les natures de marcbandises transpor-
tces ct la nationalite des bateaux. Celles de la marine lluviale qui forment
les irois quarts de son tonnage n'exigent que des moyens plus simples et
moins couteux, et la presque lotalile de ses vehicules est francaise. Par
suite, le role des Chambres de navigation, beaucoup plus etcndu com me
cspace, serait bien plus reslreinl comme objet, et c'est sur nous-memes
que nous percevrions les droits qui dans les ports pesent surtout sur les
etrangcrs.
« Enfin, celte etendue, en tant qu'espace, est elle-meme une source de
divergences d'interets qui n'existe pas dans les ports maritimes, precise-
ment a cause du plus petit nombre et de I'agglomeration des interesses.
Et ces deux dernieres conditions constituent en meme temps un incontes-
table avantage de direction et de fonctionnement.
« II n'est pas douteux que sur la Basse-Seine, par exemple, Mculan, Mantes,
Yernon, les Andelys, Oissel se disputeraient Tattention, I'interet, les res-
sources d'une Chambre de navigation, tandis que la Chambre de commerce
de chacun des ports maritimes n'a pas a se preoccuper d'autres interets
que ceux du port, etc., etc. »
Done, Messieurs, nous devons repousser I'cxpedient des peages, et c'est
a cettc opinion, nous I'esperons, que vous vous rallierez.
Un vote en ce sens ne serait pas, au reste, un vote simplement fran^ais,
ce serait aussi un vote international.
La France, Messieurs, a fait Iteaucoup d'experiences, les unes bonnes,
les autres mauvaises. Celle de la suppression des droits sur la navigation
5' SECriO.N. — 7' SEANCE. 599
interieure a ete parliculierement feconde. Ce qui le prouve , c'cst qu'apres
elre reste enforrne enlrc Ics chiffies de 1 milliard 800 millions a 2 mil-
liards de tonnes kiloniLMriques, pendant Ics '25 annecs environ qui ont
precede 1880, le mouvemcnt dc la navigation inlerieure a passe, aprcs, de
2 025 000 000 de tonnes kilometriques en 1878, a o 216 000 000 en 1890, c'cst-
a-dire s'est accru en douze ans de 50 pour 100. L'eloquence de ccs chif-
frcs compares vaut tons les raisonnements. Cette experience est done de
nature a scrvir d'exemple aux autres pays ou la lendancc a la gratuite se
manifeste si incontestablcment. En votant contre les peagos, les membres
etrangers qui participent au Congres actuel emetlront done une opinion
utile aux interets memes de leur pays, lis aideront a maintenir largemenl
ouvcrte la porte par laquelle nous sommes passes, pour y passer apres
nous, lorsque riieuie sera venue pour eux. C'est en cc sens que la defense
de la navigation inlerieure en France, contre les penges, est aussi celie de
la navigation interieure a I'elranger. (Applaudissements.)
M. LE President. — J'ai re^u de M. llatscheck, de Magdeljourg, la propo-
sition de resolution suivante : « Pour ne pas changer la situation econo-
« mique de tons les etablissements silues sur les voies navigables, ni celle
« de la balellerie, il nc doit etre admis ou retabli aucun peage ni taxe sur
« les voies navigables qui en sont affranchies actuellement ; il ne faut pas
« davantage augmenterles peages ou les taxes qui sont pergus aujourd'liui
« sur les voies navigables. »
La parole est a M. Donnat.
M. Leon Do.nnat. — Au point ou en est la discussion, de longs develop-
pements seraient inutiles et intempestifs. Vous me permettrez sen lenient
de presenter quelques observations pour donner plus de precision au
debat, et preparer le vote a intervenir.
Trois principes ont ete soutenus : le premier, un principe extreme, est
contenu dans les propositions de M. d'Artois sur lesquelles je ne revien-
drai pas : c'cst la gratuite absolue, non seulement au point dc vue fiscal,
mais pour les taxes et peages, a quelque objet qu'ils s'adressent, et quels
que soient les travaux passes ou futurs qu'ils concernent.
Une autre opinion extreme a ete emise par M. Noblemaire : il n'a pas
ose demander le retablissement des droits fiscaux de navigation, mais il a
demande que les taxes et peages d'entretien s'appliquent non seulement
a la retribution des travaux futurs d'outillage qui seront fails pour I'usage
de la balellerie, mais a I'enlretien des travaux passes.
Enfin un moyen terme est compris dans les propositions de MM. Raf-
falowich et Boule : pour le passe, maintien du statu quo; ni droits, ni
peages, ni taxes d'entretien pour les reseaux existanls et pour les amelio-
rations qui en seront le complement necessaire. Pour Tavenir, possibilite
d'etablir des peages destines a remunerer les travaux juoe> necessaires
par la balellerie elle-meme, el a permeltre la creation d'culillages indis*
pensables dans les ports, sur les fleuves, sur les canaux.
400 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
Je ne discuterai pas ces trois opinions au point de vuc theorique ; j'exa-
minerai seulement quels scraient les effets prochains de chacun de ces
systeraes, s'il venait a Iriompher.
Je commence par la proposition de M. d'Artois. Elle comprend deux
paragraphes ; le premier est sympalhique ici a tout le mondc.
Nous avons deja vote, en principe, que : « L'existence etle developpement
de la navigation interieure constituent un element indispensable de la
prosperite des nations ».
Voici maintenant le § 2 : « La circulation sur les voies navigables ne
doit etre soumise a aucune taxe ni peage, lout retablissement de droits
ne pouvant que compromeltre l'existence de la batellerie ».
J'essayerai de vous demontrer que ces deux propositions sont incon-
ciliables. La premiere votee, vous n: pouvez pas voter la deuxieme : elles
sont incompatibles.
iM. d'Artois, en lisant quelques lignes du rapport de M. Beaurin-Gressier,
a paru vouloir meconnaitre le caractere scientilique dc ce travail. Si
M. Beaurin-Gressier a parte un langage un pen abstrait, c'est le langage
dc la science, et je ii'ai pas ete peu surpris en cntendanl M. d'Artois dire
que cette profondeur dc style etait destinee a masquer les obscuritcs de
I'economie politique. L'economie politique est habituee a ces attaques;
pour ma part, je les ai entendues souvent : j'ai passe outre, pensant que
le mieux, pour moi et les autres, etait de commencer par apprendre l'eco-
nomie politique, et en le faisant, j'ai reconnu que I'lionncur des econo-
mistes, depuis Turgot et Adam Smith, etait d'avoir place leur doctrine,
resolument et sans cesse, au-dessus des interets prives. {Applaudisse-
ments.)
Mais il s'agit moins ici d'economie politique que d'economies budge-
taires : cc desideratum, qui constitue la deuxieme proposition de M. d'Artois,
ne pourra eti'c realire si Ton abolit d'une facon permanenle les taxes et
peages. J'aurais voulu pouvoir consulter les documents internationaux;
mais, no les ayant pas sous les yeux, je me bornerai aux documents fran-
Q.ais. Du resle, au point de vue des principes, les conclusions sont les
memes pour la France et pour les autres pays.
J'ai sous les yeux le projet de loi rclatif au budget de 1895,ainsi que les
statistiques de la navigation interieure, Je me bornerai a cboisir quelques
lignes dans ces deux documents interessants. Dans le 1", je vois que, pour
le canal de Bourgognc, il y a a dcpenscr a partir de 1893, 2500000 francs,
et le credit demande pour la meme annee est de 600 000 francs. 11 faudra
done quatre ans pour terminer les travaux. line note de I'Adminislration
dit : « II conviendrait de consacrer a ce canal un credit annuel d'un million
pour en terminer rapidement I'amelioration; la batellerie y est tres-active
et souffre de I'elat actuel ».
Pour le canal de Briare, il faudra encore depcnser 5 millions. Or, on
n'inscrit que 500 000 francs, en avouant que les travaux sont urgenls.
5' SECTION. — 1' SEANCE. 401
Pour le canal de I'Est, il y a encore 1790000 francs a depenser, et on
demande 200 000 francs; il faudra six ans pour en finir, et la note ajoute
que I'alimentation du canal est insuffisante, et qu il serait neccssaire de
doubler au moins le credit.
Pour le canal de la Marne a la Saone, ou il y a 28 200000 francs a
depenser, la dotation annuelle est de 900 000 francs. II faudra done, ace
compte, trente etun ans pour achever les travaux; et la note ajoule que
cette lenteur est tres-onereuse pour I'Etat.
Enfin, dernier exemple, le canal de Montbeliard (Haute-Saone) exigera
24 760 000 francs; comme le credit annuel est de 400 000 francs, il faudra
soixante ans pour le terminer!
Pourra-t-on abreger les delais? Je crois, au contraire, qu'ils augmente-
ront, parce que, chaque annee, il s'infiltre sous ces depenses des depenses
nouvelles. Les 80 millions prevus deviendrontdans quelques annees 150 ou
140 millions. II y a les travaux d'entretien et rimprevu auxquels il faut
pourvoir. L'Etat, naturellement, consacre de preference les sommes dont
il pent disposer aux travaux d'extreme urgence, plutot que d'entrcprendre
des travaux d'avenir.
De plus, vous savez que le budget extraordinaire est supprime, et on ne
rouvrira pas pour les travaux publics une porle qui demeure fermee a la
guerre et a la marine.
Enfin, il y a une autre raison de perdre tout espoir d'un prompt ache-
vement de ces travaux : si on releve, au tableau financier de 1879 a 1891,
les sommes annuelles prelevees au budget sous differentes formes pour la
construction, la reparation et I'entretien des canaux et rivieres, on voit
que ces sommes etaient en :
1879 59 millions
1880 62 —
1881 67 —
1882 63 —
1883 72 —
1884 45 —
1885 32 —
Et la decroissance continue: 28, 21, 20, 19, 18 millions en 1891.
« L'Etat doit des travaux; il les fera », affirme la theorie de la batellerie
parisienne.Mais, en admettantqu'il les doive, il ne les fera pas, parce quil
ne pourra pas en supporter la charge. Et il en sera de meme tant que let,
depenses indispensables qui lui incombcnt, pour I'entrelien journalier du
domaine public, Tempecheront de prevoir et de preparer I'avenir, contrai-
rement aux interets memes de la batellerie fran^aise.
Ce developpement do la batellerie, necessaire a la prosperite de la
nalion, n'aura done pas lieu. Mais, dit M. d'Arlois, la prosperite de la
batellerie a commence a parlir de la suppression en 1880 des taxes et des
peages ; I'honorable orateur qui m'a precede a cette tribune a reproduit
•26
402 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
cette argumentation; c'est I'adage : Post hoc, ergo propter hoc. II est evi-
dent que la batellerie a fait de grands progres. Sont-ils dus a la sup-
pression des peages? J'ai sous les yeux des chiffres qui prouveront le con-
tra ire.
Lcs droits ont ete supprimes en 1880; de 1880 a 1885, on a depense
311 millions sur les voies navigables pour en augmenter le tirant d'eau
et les ameliorer de diverses fa^ons. Cette depense a permis de construire
des bateaux nouveaux et de developper la batellerie. Ce n'est pas la sup-
pression du peage qui a cree la prosperite, c'est la depense que I'Etal a
faite dans I'interet de la batellerie fran<^aise. Un exemple probant est
sous nos yeux: c'est celui de la Basse-Seine. En 1878. avant les travaux,
le tonnage etait de 111 millions de tonnes kil. En 1885, les droits sont
supprimes, mais les travaux ne sont pas acheves; le tonnage est de 155
millions de tonnes kil. Pour une periode de cinq ans, c'est unc augmen-
tation bien faible : la suppression des droits n'avait done pas empeche le
tonnage de rester presque stationnaire. Mais, en 1886, les travaux sont
livres, et cinq ans apres, en 1891, le tonnage a monte de 155a 245 millions
de tonnes kil. Dans la premiere periode, apres 1880, augmentation d'un
tiers; dans la seconde, apres les travaux, augmentation de 80 pour 100.
Voila la verite ! Le relevement de la batellerie ne date pas de la suppres-
sion des droits, mais des travaux d'amelioration que I'Etat a fails avec le
concours des Yilles, des Chambres de commerce et des corporations.
{Applaudissements .)
Je n'insiste pas sur la deuxieme serie des observations deM.Noblemaiie.
Je ne peux pas I'attaquer en son absence. D'ailleurs c'est un homme d'es-
prit, et je ne serais pas etonne, s'il etait present, qu'il votat contre son
propre projet. Ce projet consisterait a faire retablir les peages pour I'en-
tretien des travaux anciens, travaux qu'il estime a 1 400 millions. II ne
demande pas que ces peages paient I'interet des sommes depensees, mais
il voudrait que la batellerie, et non I'Etat, supportat, pour I'entretien, une
surcharge annuelle de quelques millions.
Cette evaluation de M. Noblemaire, 1 400 millions, est superieure a la
realite : il faut reduire de moitie,et peut-etre plus, les depenses aft'ectees
uniquement a la construction et a I'entretien des canaux, en dehors des
autres depenses auquelles I'Etat est appele a pourvoir. 11 en resulterait des
droits de quelques millimes par tonne, etla perception serait, comme il est
arrive souvent, plus onereuse que fructueuse pour I'Etat. On ne saurait
d'ailleurs comment repartir ce prelevement; les droits de navigation
seraient retablis sous une forme deguisee, et c'est ce que Ton ne veut pas.
Je ne crois pas que la proposition de M. Noblemaire soit soutenue, et je
n'insiste pas davantage.
Jarrive a la troisieme serie de propositions qui a ete imprimee, qu'on
a commence a discuter, et qui parait, sauf modifications de formes qu'il est
toujours possible d'adopter, devoir reunir tons les suffrages. Je vais
3- SECTION. — 7° SEANCE. ^05
essayer, en suivant le plan que je me suis trace au debut de ces observa-
tions, de vous montrer que rapplication de ces propositions permettrait ce
developpement, cette prosperite de la batellerie que nous desirous tons.
La proposition dc M. Raffalowich commence ainsi :
« 1° On doit considerer comme un principe essentiel qu'aucun impot
« ne doit etre etabli sur la navigation interieure ;
« 2° Le budget general de la nation doit, autant que possible, pourvoir
« aux depenses d'etablissement et d'amelioration des voies faisant partie
« integrantedu reseau, ou pouvant etre considerees comme en formant le
.« complement necessaire. »
Yous Yoyez qu'ilnes'agit pas seulement du reseau actuel, mais du plan
general de nos voies navigables ; s'il y a quclques travaux annexes pouvant
etre consideres comme se rattachant au budget general, ils serontdeman-
des a I'Etat; pas de discussion a ce sujet.
« 5" Si le budget general ne pent subvenir, dans un delai raisonnablc,
« aux depenses mentionnees dans la resolution n" 2 ci-dessus, il convient
« de se resigner a en hater la realisation, du moins pour partie, au moyen
« d'avances de capitaux, portantinteretetamortissement, payables a I'aide
« d'un peage, et d'eviter ainsi un ajournement de la jouissance des amelio-
« rations a realiser. » '
Voila le § 5; cet ajournement, j'ai demontre tout a I'heure qu'il etait
inevitable.
Le peage est-il done impossible a etablir? M. d'Artois disait que la batel-
lerie ne I'admettrait jamais. J'ai, quant a moi, une meilleure opinion des
bateliers que lui-meme; si la question leur etait poseed'unecertaine fagon,
ils seraient les premiers, non pas a accepter le peage propose, mais a le
desirer. Supposons, eneffet, qu'il s'agisse d'etablirune derivation de canal,
une amelioration qui ferait disparaitre quelque gene permanente pour la
navigation ; supposons qu'on disc aux bateliers : Une fois I'ouvrage fait,
au lieu de 5 voyages, vous en ferez 5; vous amortirez par consequent plus
\ite le prix de votre bateau, et vous paierez plus facilement les interets du
capital engage;, les irais speciaux resteront peut-elre a peupresles memes,
mais les frais generaux seront diminues dans la proportion de 5 a 3 ; chif-
frez vous-memes le benefice que vous retireriez de I'amelioration qu'on
vous propose : supposons que ce benefice soit de 1 franc par tonne par
exemple; eh bien, donnez 10 sous, I'Etat en donnera 5, et on trouvera
probablement une corporation quelconque qui donnera les 5 autres.
Croit-on que les bateliers n'accepteraient pas de donner 50 ou 75 centi-
mes pour faire un benetice de 1 franc ?Ne sont-ils pas assez instruits pour
comprendre que cette taxe qu'on leur prend aujourd'hui leur sera payee
demain, avec un avantage qui constituera le meilleur de leur profit? J'ai
une trop bonne opinion d'eux pour admettre qu'ils ne penseront pas ainsi.
S'il en etait autrement, votre devoir serait de lesinstruire et non de les ega-
rer! {Applaudissements,)
AOA PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
M. d'Artois nous a fait celte objection qu'on tendait a retablir d'une fagon
subreptice, a la sourdine, les droits de navigation, en etablissant une taxe
pour tel et tel ouvrage. L'objection ne porle pas. II s'agit de faire un
ouvrage quelconque, reconstruction, amelioration, outillage. L'Etat pent
charger une corporation de faire ce travail : c'est alors la corporation qui
percevra la taxe. Une fois que I'interet et I'amortissement des sommes de-
pensees auront ele payes integralement, la taxe disparaitra. L'Etat n'inter-
viendra pas pour demander peage sur pcage ; it y aura specialisation de
service et de retribution. Je crois done qu'ilne resullera de ce systeme ni
gene ni inconvenient pour la batellerie, mais seulement avantages et be-
nefices.
Ce sera encore un bienfaitpour I'Etat, en ce qu'il ne s'engagera plus dans
des depenses pouvant le mener trop loin, et telles qu'il ne pent plus les sup-
porter. Ce sera I'application de la methode experimentale. Pour les che-
mins de fer, on a souvent demande et obtenu des travaux inutiles. Desor-
mais, si Ton demande a la batellerie, et si elle accepte de contribuer pour
partie a un travail, croyez-vous que I'Etat ne sera pas bien plus certain de
la necessite de ce travail que lorsqu'on lui demande de prendre tout a la
charge du budget ?
On a parte de la solidarite qui unit toutes les parties de la nation fran-
^aise. On a cu raison ; mais si Ton vient dire a un Breton : On fait un canal
dans I'Est; il serait tres-utile pour tous, et aurait une repercussion favo-
rable sur vos interets, le Breton pourra repondre que ce canal ne servira
peut-etre arien,etla preuve, c'estquelesinteresses n'y meltent pasun sou.
Si, au conlraire, ces interesses en paient une portion, le Breton sera bien
plus convaincu qu'il ne le serait par un rapport d'un membre de la Cham-
bre el un vote du Parlement. Voila le criterium utile a I'Etat et aux con-
tribuables. Certes, on ne pent s'affranchir de la solidarite, mais faut-il au
moins qu'elle soit officace et qu'elle n'ait pas pour resultat de jeter a I'eau
des millions inutiles. {Applaudissements.)
Avec le systeme queje defends, les travaux se feront comme nous le de-
sirous tous. C'est ainsi, du reste, que les chemins de fer se sont faits. Si
I'Etat avait dii construire les 5 reseaux du territoire francjais, pensez-vous
qu'ils seraient en pareille voie d'achevement? Si I'Etat a donne des sub-
ventions aux chemins de fer, comme il en donnera aux canaux, c'est qu'il
est venu a lui des actionnaires et desobligataires qui ont apporle dcssom
mes bien plus considerables, sans lesquelles on n'aurait jamais pu achever
ce reseau de voies ferrees indispensables a la prosperite du pays.Pourquoi
ce qui est vrai pour les chemins defer ne le serait-il pas pour les canaux?
Pourquoi ne pas faire appel a I'initiative privee toujours feconde, toujours
en eveil sur ses interets, pourquoi ne pas I'appeler a cooperer a cetle
oeuvre du developpement de la batellerie frangaise? {Applaudissements.)
Tous les orateurs n'ont pas soutenu une these aussi absolue. On trouve
dans le langage de quelques-uns de ceux qui m'ont precede a la tribune un
5* SECTION. — 7' SfiAKCE. 405
terrain d'entente. M. Lainey, par exemple, n'admet pas de peages pour les
travaux des canaiix ; il est plus absolu que moi-meme a cet egard, mais
il admet bien qu'on retablisse des taxes d'usage pour roufillage des ports,
le touage, les moyens de faciliter rembarquement et le debarquement
des marchandises.
M.Couvreur, lui aussi,parait absolu, mais ne Test pas — un commergant
est difficilement absolu ; — il a longtemps etudie la question, et il se rappro-
che de la these que je defends. M. Couvreur a dit un mot des travaux que
la Ville de Paris a fails pour lescanaux de Paris ; pourquoi done ne pas I'ad-
meltre pour les autres? la Ville aurait-elle done depense ces 18 millions
sans avoir I'esperance de recouvrer, sous une forme ou sous une autre,
une parlie de ses sacrifices?
Xullement ; il en sera de tons les canaux comme il en est des canaux
de la Ville de Paris : si vous voulez obtenir un resultat, il faut y cooperer.
Si vous voulez que I'Elatintervienne, etje ne m'y oppose pas, associez-vous
a lui; ne demandez pas tout, parce qu'il ne vous donnera alors que des
promesses; les annees succederont aux annees, et la batellerie restera dans
I'elat stationnaire que nous deplorons. Dans notre civilisation actuelle, le
statu quo, c'est la morl. 11 faut alter de I'avant, et progresser sans cesse.
Or, on ne progresse que par I'effort individuel, en comprenant les condi-
tions memcs du progres, en mcttant soi-meme la main a sa poche, en con-
tribuant sans hesiler aux depenses produclives, sauf a demander a I'Etat
son concours dans rinterel general du pays.
Sous quelque forme qu'il soit exprime, vous devez tous vous rallier a ce
principe. Tous les aulres ne pourront que tuer la poule aux oeufs d'or,
tandis que celui-ci aura pour resultat de preparer et d'assurer I'avenir,
dans I'interet meme de ceux qui demandent ici qu'il leur soit assure.
[Vifs applaudissements.)
M. d'Artois. — Je demande a repondre quelques mots.
M. LE President. — La parole est, par ordre d'inscriplion, a M. Josle.
Je ferai observer a M. d'Artois qu'il a deja parle deux fois sur la question.
Le reglement a prevu ce cas; quel que soit mon desir de laisser toute lati-
tude aux oraleurs, il est important que nous en finissions ce matin avec
la T Question. Apres le vote sur cette Question, nous aurons encore a
examiner les 8" et 9" Questions.
M. d'Artois. — Je croyais n'avoir parle qu'une fois, et j'aurais voulu
repondre a divers points importanls du discours de M. Donnat.
M. Josle. — Messieurs, je crois qu'il est necessaire de preciser la question,
et d'etablir ou nous en sommes dans la discussion.
Nous sommes tous d'accord sur ce point que le retablissementdes droits
est chose impossible. II est contraire aux lois de la nature que les fleuvcs
remontent vers leur source. La libre circulation est aujourd'hui admise,
sauf quelques exceptions qui tendent a disparailre. C'est le but vers lequel
toules les nations tendent. Mais, et c'est ici que la lutte prend corps, on
406 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
veut, a I'aide de taxes, el sous differents noms, mettre la main sur le prix
du fret.
Toute line serie de fonctionnaires ont ete supprimes par la suppression
des peages et des taxes : maintenant on ne tend a rien moins qu'a retablir
de nouveaux organes, de nouveaux organismes financiers, pour percevoir
les taxes qu'on va inventer.
On distingue, ici je reprends la theorie de M. Beaurin-Gressier, trois
choses dans I'industrie des transports : la Yoie, la traction, le vehicule.
Quant a la \oie, nous demandons qu'elle soit libre de tout peage, que sa
construction et son amelioration soient, comme les routes, a la charge de
I'Elat. On a construit autrefois des ponts en les faisant rembourser par des
peages. Dans pen de temps ces derniers vestiges du passe auronl disparu :
on considere a juste litre que ces voies de communication appartiennent a
I'outillage national, et doiventetre payees par la nation, parce que la reper-
cussion du bienfait qu'elles apportent s'etend sur le pays tout cntier. Qu'on
ne nous parlepasde distinction savante entre le peage, la taxe, la redevance,
le droit : tout cela c'est de I'impdt, tout cela est invente pour plumer I'oi-
seau sans le faire crier. Tout ce qui n'est pas paye librementest de I'impot;
tout est impot, sauf un contrat librement debatlu. Nous demandons que,
dans un pays democratique et egalitaire comme le notre, les voies de com-
munication soient gratuites, routes etcanaux. On dit quel'initiative privee
a fourni 12 milliards aux Compagnies, et que c'est ce capital qui leur a
permis de faire des chemins de fer. Ces 12 milliards, c'est encore I'Elat
qui les a fournis en les sauvant de la faillite, par exemple I'Orleans et le
P.-L.-M., qui etaient loin de couvrir leurs frais dans les premieres annees
de I'exploitation. Si I'Etat ne garantissait pas les interets, les choses
seraient tout autres : c'est I'inter^t qui garantit les capitaux. A la verite,
I'Etat fournit la garantie d'interet des capitaux engages. Vous diles que
ce n'est pas lui qui fournit les capitaux a I'industrie. Nous, nous disons
que c'est I'Etat qui, outre les 4 milliards accordes directement depuis qua-
rante ans, a fourni les 12 milliards apportes soi-disant par I'industrie
privee. Les 176 millions de garanlies d'interet payes chaque annee sont
aussi bien a la charge de la batellerie que des autres contribuablcs.
L'Etat ne retire de cette somme de 16 milliards aucun revenu, mais il a
bien fait de I'avancer, parce qu'il a augmente I'outillage national dans
lequel sont comprises les voies navigables qu'on veut negliger. On a deja
demontre la necessite pour I'Etat de conserver parallelement ces deux
outillages, celui-ci servant de contre poids au monopole abusif de celui-la.
Si nous resistons tant a ce qu'uue taxe nous soit imposee, c'est qu'elle
sera a la disposition ou de I'Etat ou d'une corporation sur laquelle les
chemins de fer auront la main, et nous voulons, avant tout, ne pas laisser
notre prix de fret a la discretion de gens qui ont interet a nous empecher
de naviguer. Comment naviguerons-nous desormais avec le moindre profit,
si Ton nous met en concurrence avec les chemins de fer qui ont, eux, la
5= SECTION — r SEiVXCE. 407
liberie d'abaisser leurs prix plus bas que le prix d'usure du materiel? II
sont certains que les insuffisances de Tcxploitation seront couvertes par la
garanlie d'interet; on va done abaisser lestarifs pendant deux ou trois ans
jusqu'a ce que la batellerie soit ruinee; ensuite on les relevera.
Une Voix. — C'est impossible.
M. JosLE. — Youlez-vous un exemple? Du Havre a Gaillon, la taxe kilo-
metrique est de 8 fr. 75. L'Ouest a fait alors etablir un tarif differentiel de
2fr. 75 du Havre a Rouen at de 2 fr. 75 de Rouen a GaiUon. Alors, au lieu
d'appliquer la taxe de 8 fr. 75, on applique les deux pour faire concur-
rence a la batellerie.
M. LE President. — Nous sommes dans la 9^ Question.
M. JosLE. — Comme vous I'avez dit vous-meme, le sujel prete a la reunion
des Questions. Je precise : il convient d'empecher d'etablir des taxes quel-
conques sur la batellerie, parce qu'elles seront a la disposition de ceux
qui ont inleret de les augmenter.
l\ est done bien etabli que toute taxe, tout peage sont contraires a I'ega-
lite et a la notion que nous avons en France du role de I'Etat et de I'utili-
sation des impots.
En ce qui concerne la traction, si des ameliorations sont utiles dans
I'outillage des canaux, on trouvera toujours dans I'iniative privee un con-
cours utile; I'emploi des capitaux a des choses utiles et fructueuses n'est
pas deja si frequent que I'initialive privee ne s'empresse de saisir une
occasion d'etre remuneree. Nous avons pleine confiance dans I'initiative
privee, et nous ne voulons pas servir a payer les experiences de MM. les
Ingenieu^'s.
Ainsi, voielibre; amelioration, traction, exploitation a I'initiative privee.
Nous avons une loi francaise qui reconnait les syndicats. Laissez les syn-
dicats juges des ameliorations, et ne les failes pas aux depens des interesses
et malgre eux.
M. IE President. — La parole est a M. Delombre.
M. Delombre. — Au point ou nous en sommes, je me bornerai a essayer
de tirer du debatqui dure depuis plusieurs jours les conclusions generates
et pratiques qu'il comporte.
Je vous rappellerai, tout d'abord, que nous sommes reunis en Congres
international, que de nombreux delegues nous ont fait I'honneur de repre-
senter parmi nous les nations etrangeres, de repondre a notre invitation,
et qu'il importe de nous degager devant eux des preoccupations purement
locales, pour arriver a formuler des propositions susceptibles d'etre votees
par tous les representants des pays qui ont pris part a ce Congres.
Certains Etats ont admis la gratuite des transports par voie fluviale;
d'autres ont eu recours a des taxes speciales, grace auxquelles des Com-
pagnies, des corporations, ont accompli de grands travaux. On est done
en presence de systemes differents; mais, tout en tenant compte des
circonstances particulieres a chaque nation, ne peut-on pas se mettre
408 PROCES-VEfiBAUX DES STANCES DES SECTIONS.
d'accord sur un desir, sur un voeu, celui d'arriver parlout a la gratuite?
C'est une orientation generale dans le sens du progres : tout le monde doit
la souhaiter.
C'est un premier point sur lequel le Congres peut etre unanime.
II semble resulter de toutela discussion que la voie navigable est tine voie
essentiellement economique, et que, vis-a-vis des chemins de fer, elle est
le grand regulateur des prix de transport. La ou elle inlervient, les prix
tendent a s'abaisser, une emulation feconde s'etablit dans I'interet de la
production nalionale. Notre plus grand desir est done de developper le
plus possible la batellerie.
Ou la divergence de vues commence, c'est quand on arrive aux moyens
d'obtenir ce developpement. Pouvons-nous, cependant, declarer d'une
fagon absolue, et en principe, que les voies navigables, toutes etpartout,
devront etre etablies par I'Etat? Non, nous ne le pouvons pas : nous nous
heurterions a une realite contraire. Nous faisons ici oeuvre de gens desi-
reux d'arriver a un resultat tangible, et, autant nous devons exprimer le
desir general qu'on lende vers la liberte de la navigation, autant nous
devons prendre garde tie blesser certains interets legitimes et respectables,
en paraissant condamner les methodes grace auxquelles nombre de pays
ont realise des ameliorations indeniables. II est indiscutable qu'en Hol-
lande, en Anglelerre, dans plusieurs des Etats representes au Congres, on
a eftectue des travaux considerables qu'en I'absence de toute remunera-
tion des services rendus, c'est-a-dire sans peages, on n'auraitpas accomplis,
au grand prejudice des regions interessees el de la batellerie elle-meme.
Nous ne pouvons done pas, a priori, ecarter ce mode de concours qui a
rendu de signales services. Nous irions a I'encontre du progres.
Sans revenir sur les preoccupations et les debats plus particuliers a
notre pays, j'appelle I'attention de mes compatriotes sur une double con-
sideration ; ils ne souhaitent pas plus vivement que moi le developpement
de la navigation interieure ; mais, si Ton met a la charge de I'Etat la tola-
lite des frais d'amelioration des voies navigables, on court un gros risque :
la situation budgetaire peul, en efl'et, etre telle que I'Etat soil impuissant
a repondre auxbesoins: a un moment donne, vous pouvez vous trouver en
face d'une impossibilite materielle, absolue, le deficit. Je suis oblige ici de
parler de choses fran^aises : nous avons supprime le budget des emprunts.
Nous avons reconstitue nos finances, je puis le dire avec orgueil devantles
representants des puissances etrangeres qui me font I'honneur de m'ecou-
ter. {Applaudissements .)
Mais I'Etat, en s'interdisant de recourir a I'emprunt, s'interdit de parer,
le cas echeant, comme il le faudrait, a I'insuffisance des ressources dont
dispose la navigation interieure.
Aujourd'hui,d'aiitre part, beaucoupde personnescoiisiderenlque le canal
fait une concurrence grave au chemin de fer. Or, en raison de notre orga-
nisation speciale, le chemin de fer et I'Etat sont des associes indissolubles.
5' SECTION. — V SEA>XE. 409
Personne n'ignore les sacrifices que I'Etat a faits pour les chemins de fer;
on les a exageres, il est vrai, et si je voulais examiner de pres ces 4 mil-
liards dont il a ete question, on verrait qii'ily a bien a en rabatlre. Mais je
n'entrerai pas dans cette discussion. L'Etat, en France, est garant des obli-
gations et, dans une certaine mesure, du capital-actions. Des lors, toutes
les fois que des credits seront demandes au Parlement pour des voies navi-
gables, il est a craindre qu'on ne reponde, visant la concurrence des canaux
et des chemins de fer: C'est au budget mcmeque vbus allez porter atteinte,
et par les depenses des nouveaux travaux et surtout par le detournement
du trafic. L'Etat n'etant pascopartageant des recettes des voies navigables,
tout prelevement sur les recettes des chemins de fer est effectue au detri-
ment des recettes de la nation. La question est grave, et je craindrais d'en-
lever par un vote, car voire vote est appele a peser d'un grand poids dans
la balance, la possibilite eventuelle de I'etablissement de peages tels qu'on
puisse, en tout temps, poursuivre les ameliorations projetees en faveur du
reseau navigable.
Dans ces conditions, etant donnee runanimite du Congres sur la neces-
site d'une orientation vers la suppression de tout impot sur la navigation
interieure, etant donne notre desir de permettre I'intervention de toutes
les initiatives privees dans I'interet de la batellerie, je ne crois pas impos-
sible de rallier tous les membres du Congres dans un meme vote.
Si I'Etat pent faire les ameliorations necessaires, qu'il les fasse,maisne
liez pas les mains a I'initiative privee qui, par des combinaisons multiples,
pent assurer, a defaut de I'Etat ou de concert avec lui, I'amelioration et le
developpement des voies navigables.
Je me resumerai en vous donnant lecture d'une proposition- que je
depose sur le bureau, etqui meparait tenir compte, dans une large mesure,
des desirs legitimes et des aspirations de chacun. {Applaudissements.)
II a pu ^trepresente de meilleurs textes, mais le mien a I'uvantage d'etre
court. 11 faut reserver aux Parlements et aux commissions competentes
I'examen des details; pour nous, Congres international, ce qui importe,
c'est de degager les principes. C'est ce que j'ai essaye de faire dans la pro-
position de resolution suivante, laquelle, bien entendu, est susceptible
d'amendement :
« La circulation sur les voies navigables ne doit, autant que possible,
« etre soumise a aucun impot.
« Des peages speciaux peuvent etre autorises pour payer ou gager, a
« defaut de ressources publiques, toutc depense de nature a favoriser le
« developpement des voies navigables et de la batellerie. »
Je dis autant que possihle parce que, en fait, il y a des pays ou I'irapot
fonctionne, et nous avons a tenir compte des conditions de fait. Mais c'est
un principe que nous entendons poser.
Dans le g 2, nous disons -peages speciaux et non generaux, c'est-a-dire
cmbrassant toutes les voies de navigation ; c'est une distinction qu'on ne
/dO PROCES-TERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
veut pas toujours faire. L'id^al serait que I'Etat put subvenir a tous les
besoiris des voies navigables; mais si les ressources publiques viennent a
manquer, on pourra recourir a des peages speciaux pour effectuer des
■depenses ou gager des emprunls. II n'y a pas ici, ce me semble, un repre-
sentant de la batellerie qui ne puisse accepter cette resolution, puisqu'elle
tend a favoriser la batellerie. {Applaudissements.)
M. LE President. — La parole serait a M. Fleury; mais il est absent.
II n'y a plus d'orateur inscrit en faveur de la proposition de M. d'Artois.
M. Mange a renonce a la parole, et la parole est a M. Limousin. {La clo-
ture!)
M. Limousin. — Je viens parler au nom de la Chambre syndicale de la
Batellerie fran^aise, composee de pctits mariniers. Cependant j'ai pris part
a la campagne tendant au retablissement des droits. II y a done contradic-
tion entre ma situation et mes idees, au moins en apparence. II y a de
meme des personnes qui etaient adversaires des droits de navigation, et
qui aujourd'hui sont partisans du retablissement de taxes.
M. Noblemaire s'est efforce de ne pas parler des chemins de fer, mais tout
le monde n'a vu en lui que le Directeur des chemins de fer P.-L.-M. Pour
moi, je vais cssayer de parler en economiste, bien que ce mot soit quel-
quefois matiere a plaisanterie.
M. Couvreur, dans son rapport puis dans son discours, a pris les inlerets
des bateliers. Je Ten remercie. Mais est-il bien certain que I'abolition des
droits de navigation ait contribue a ameliorer le sort des bateliers? Les
negociants ont dit aux bateliers, en 1880 : Les droits elant abolis, vous
allez nous faire des concessions, et finalement ce n'est pas la batellerie qui
a profile de I'abolition des droits. La voie d'eau n'est pas I'ennemie, mais
I'auxiliaiie des chemins de fer : ceux-ci ont du demander des homologa-
tions de tarifs plus reduits, et la situation reciproque est celle qu'elle etait
avant 1880. L'honorable M. Donnat a rendu ma tache facile en vous mon-
trant qu'il n'y avait pas eu augmentation de trafic depuis 1880, mais seu-
lementdepuis I'amelioration de certaines voies. II faut aussi tenir compte
du developpement general des affaires dans le pays.
Je ne vois pas bien ce que la navigation et I'industrie ont gagne a I'abo-
lition des droits : I'Etat recevait une somme qui servait a couvrir des
depenses ; aujourd'hui il ne regoit plus d'argent, et les depenses se font tou-
jours; on demande done au contribuable ce qu'on ne demande plus au
consommateur : or le contribuable el le consommateur, c'est la meme
chose ; c'est la poche droite et lapoche gauche : ce qu'on ne prend pas dans
I'une doit se prendre dans I'autre.
On a confondu constamment I'impot et la taxe ; I'impot est une somme
prelevee sur le pays, et le peage est le payement d'un service rendu : le
timbre-poste n'est pas un impot : c'est la remuneration d'un service rendu.
II n'y a la rien de vexatoire ni d'illegilime.
II y a en ce moment un courant en France en faveur du protectionnisme ;
:y section. — 7' SEANCE. 411
il ne faut pas aller a I'encontre en permettant aux marchandises de pene-
trer trop facilement par les voies navigables.
J'abrege mes explications, carvoiis devez avoir hate de prendre une deci-
sion. Les droits de navigation sont supprimes, et il est evident qn'ils ne
peuvent etre retablis. Ce serait troubler a nouveau I'economie cominer-
ciale, ou bien il faudrait relever en meine temps les tarifs de chemin de fer,
ce qni est impossible. Tout lemonde sail qu'un tarif de chemin de fer, une
fois abaisse, ne pent etre releve.
M. le President, qui a ete Ministre des cherains de fer, pourra nous Ic
dire : il faut I'autorisation ministerielle, et un ministre ne I'accorderait
pas. S'il y a des moyens detournes de violer ces regies, les Compagnies
peuvent en etre les premieres victimes et le Ministre est toujours maitre
d'intervenir.
Generalementlesmarchandiseslourdesetencombrantesvontala batellerie,
et les autres au chemin de fer, mais ilya des entreprises qui vont presque
aussi vite que la voie ferree, et font reellement concurrence a cette voie;
ces entreprises recoivent une subvention deguisee : on ne leur sert pas de
garantie d'interets, mais on eulretient leur voie, et on leur rend des ser-
vices. Ce n'est pas la de la justice, et il conviendrait d'etablir des droits
sur cette batellerie speciale. On pourrait choisir comme base de perception
la vilesse.... [La cloture!)
M. LE Presidem. — Je vous ferai remarquer que vous discutez la 9^ Ques-
tion.
M. Ldiousin. — Je rerilre dans la 7*. J'adhere en principe aux proposi-
tions exposees par MM. Donnat et Delombre, sous reserve du choix des
moyens. Le groupe de la Batellerie francaise que je represente adhere aux
peages destines a faire des travaux d'amelioration; les mariniers esperent
que ces travaux augmenteront leurs benefices, et ils sont prels a y contri-
buer. Toutefois, il y a des reserves a faire.... (La cloture!)
Un Membre. — Au nom de qui parle-t-il?
M. LE Presidem. — Vous n'avez pas la parole. M. Limousin a declare
qu'il parlait au nom d'un syndicat de mariniers : nous n'avons pas verifie,
et nous ne commencerons pas maintenant a le faire, les titres des per-
sonnes qui se sont declarees mandataires.
M. Limousin. — 11 serait injuste de faire peser sur la petite batellerie les
charges des travaux et de la concurrence qu'on lui susciterait.
Je conclus done qu'il y a lieu d'examiner la situation des Compagnies
qui transportent des marchandises de valeur, et qu'il y a lieu d'etablir
des taxes pour engager des travaux, sous reserve des precedes — car je
ne suis pas partisan du projet de loi sur les Chambres de navigation.
M. LE President. — II n'est pas en question.
M. Limousin. — Je me rallie aux conclusions de MM. Donnat et Delombre.
{La cloture de la discussion est mise aux voix et prononcee.)
M. LE President. — Nous nous trouvons en face de diverses propositions.
412 PROCES-VEPAUX DES SEANCES UES SECTIONS.
La plus absolue, sur laquelle on areellement discute, est celle de M. d'Ar-
tois :
a 1" L'existence et le developpement de la navigation intcrieure con-
« slitiient iin element indispensable de la prosperite des nations.
« 2° La circulation sur les voies navigables ne doit 6tre soumise a
« aucune taxe ni peage, tout retablissement de droits ne pouvant que
« compromettre l'existence de la batellerie. »
Les propositions de MM. RatTalowich et Boule acceptent les peages dans
certaines conditions. Une proposition de M. llatscheck est ainsi congue :
« Pour ne pas changer la situation economique de tous les etablisse-
« ments situes sur les voies navigables ni celle de la batellerie, il ne doit
« etre admis ou retabli aucun peage ni taxe sur les voies navigables qui
« en sont affranchies actuellement ; il ne faut pas davantage augmenter
« les peages ou taxes qui sont pergus aujourd'hui sur les voies navi-
« gables. »
Enfin une proposition a ete deposes par M. Delombre qui, par sa gene-
ralite, correspond bicn a la proposition en sens contraire de M. d'Artois :
Proposition de M. Delombre.
« 1° La circulation sur les voies navigables ne doit, autant que possible,
« etre soumise a aucun impot;
« 2" Des peages speciaux peuvent etre aulorises pour payer ou gager, a
« defaut de ressources publiques, toute depense de nature a favoriser le
(( developpement des voies navigables et de la batellerie. »
M. Raffalowich. — Je retire ma proposition en faveur de celle de
M. Delombre. {Applcmdissements.)
M. Boule. — Je retire aussi la mienne en faveur de la meme proposi-
tion. {Applaudissements .)
M. Robert-Mitchell. — Je demanderai la parole sur la position de la
Question quand nous aurons pris connaissance de toutes les propositions.
M. LE PREsiDEiNT. — La parolc est a M. Lainey.
M. Lainey. — Je depose ramendement suivant a la proposition de
M. d'Artois qui, sans doute, I'acceptera.
« La gratuite de la circulation sur les voies navigables, seul regime qui
« donne une complete satisfaction a I'interet public, n'est contraire a
« aucun principe de justice : c'est le but auquel doivent tendre tous les
« pays.
« La navigation doit au contraire supporter, quand il y a lieu, des
« perceptions d'usage telles que celles qui representent les services
« rendus par I'etablissement de moyens de traction, poits locaux, engins
« de chargement et de dechargcment. »
Le § 1 de la proposition de M. d'Artois a ete vote. Un membre etranger
m'a cependant fait observer que les mots : « element indispensable de la
5^ SECTION. — V SEANCE. 415
prosperite des nations » n'etaient pas exacts, car il y a des nations qui
n'ont pas de reseaux de canalisation. Je propose done de remplacer
« indispensable » par « considerable ».
M. LE President. — L'obscrvation est juste.
M. Hatscheck. — Je retire ma proposition. {Applauclissements .)
M. d'Artois. — J'accepte Tamendement de M. Lainey a ma proposition.
M. LE President. — Nous nous trouvons en presence do deux proposi-
tions : celle de M. d'Artois modifiee, puisqu'il accepte le principe du
peage pour I'etablissement de moyens de traction, pour les engins de
chargement et dechargement ; et. d'autre part, la proposition de
M, Delombre qui specifie, au contraire, que I'etablissement de certaines
Yoies fluviales pent donner lieu a des taxes et peages pour le rembourse-
ment de la depense faite.
M. Robert-Mitchell. — Je ne me rends pas bien compte de la resolution
que nous allons prendre. Toute personne qui portc ici inleret a la navi-
gation aspire a la suppression de toute taxe, et a la graluite complete.
Je fais exception pourM. Limousin, qui nous a olFert Texemple surprenant
d'un batelier qui se juge insuffisamment impose. {Rii^es.)
Le seul ordre du jour acceptable est celui-ci : « L'exploitation des
canaux doit etre gratuite partout ou la gratuite est possible. » Dans les pays
ou la gratuite n'cst pas possible, on legiferera au mieux des inlerets et des
habitudes. Comment imposer a ietrangcr le systeme frangais, et pourquoi
les etrangers nous imposeraient-ils le leur? J'admets que dans un depar-
tement, par exemple, ou il y a a creer une nouvelle voie que I'Elat a
rayee de son programme, on fasse appel le plus largement possible a
rinitiative privee; mais partout oil I'Etat a cree une voie d'eau, il doit la
maintenir en bon etat. Je ne suis pas absolu, pourquoi voulez-vous que
le Congres le soit? Doit-on mettre aux voix une resolution qui semble
inspiree par M. de la Palisse? Demandcz aux bateliers s'ils veulent navi-
guer gratuitement. Ceux qui repondront : non, ne sont pas sinceres; ils
n'ont pas de mandat qui leur ait ete confie par la batellerie; s'ils en ont
un, c'est I'Administration superieure qui le leur a impose.
En somme, c'est a chaque Elat a determiner dans quelles conditions il
lui plait le mieux de se rapprocher de la gratuite qui est I'ideal que nous
devons voter comme principe applicable a la batellerie.
Quant au vote, je demande qu'il soit nominal, pour que ce vote ait de
I'autorite, pour que nous connaissions les opinions, pour ou contre, de
chacun.
M. Delombre. — Je demande a dire seuleinent quelques mots : je ne
peux pas laisser passer sans reponsc ce qui vient d'etre dil par M. Robert
Mitcbell : ses observations eussent gagne n etre presentees, non pas a la
fin, mais au commencement de la discussion, car elles eussent rendu
inutiles les deliberations auxquelles nous nous livrons depuis plusieurs
jours. S'il est etabli que nous n'avons pas de decision generale a prendre,
414 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
il est superflu que le Congres indique une orientation generale qui doit
etre celle des delegues des dilTerenls £tats representes.
II aurait ete plus simple de ne pas nous convoquer. Mais je crois qu'il
est dans vos sentiments de poser des principes nets a la suite de cette
discussion interessante dans laquelle il y aura largement a puiser dans
I'avenir. 11 me semble que nous pouvons poser des conclusions pratiques,
prendre une solution autre que celle qui consisterait a dire que nous
n'avons qu'a nous separer.
Dans ces conditions, je demande la priorite en faveur de ma proposi-
tion, non pas par defaut de modestie, mais dans I'interM general.
En second lieu, je demande, moi aussi, le vote par appel nominal.
M. LE Preside.nt. — La question parait desormais nettement posee.
M. Robert Mitchell demande qu'on ne vote pas.
M, Robert Mitchell. — On votera si Ton veut, mais je dis que le vote
sera illusoire. 11 n'y a que deux principes sur lesquels nous puissions
voter : la construction des canaux par I'Etat, et la gratuite ou la con-
struction et I'cxploitation par I'initiative privee. En dehors de cela il n'y
a que des mesures d'application locale sur lesquelles il est impossible a
un Congres de se prononcer d'une faQon generale.
M. le President. — Je vous ferai observer que la 3" Section s'est deja
engagee sur ce point en reprenant le voeu vote par le Congres de Man-
chester. La Section n'a pas demande le moins du monde, dans ce voeu, que
les canaux dussent elre forcement construits par I'Etat.
Je vais donner lecture de ce voeu pour que nos votes soient bien
eclaires :
« La grande valeur des voies navigables pour le pays pris dans son
« ensemble, et le fait qu'elles alimentent les chemins defer dont elles sont
« un supplement indispensable, justifient Tintervcrition de I'Etat et des
« Pouvoirs publics pour aider, autant que possible, a la construction et a
« I'entretien des voies navigables de dimensions uniformes de maniere a
« encourager les transports a longue distance et a prix reduits. »
Le texle est : « ...pour aider... »
M. Robert Mitchell. — Je vous remercie d'avoir place ce texte sous mes
veux; je I'ai vote a Manchester. Je me souviens que ce fut sur une obser-
vation de M. Vernon-IIarcourt, President de la Section, que le voeu, favo-
rable a la construction par I'Etat, fut modifie. En Angleterre, I'initiative
de I'Etat est limitee, et il n'y avail pas lieu d'emettre un voeu qui accordat
a I'Etat une initiative qu'il ne reclamait pas.
M. LE PresidExNT. — Mais ce texte a ete adopte en Angleterre et ici!
M. Robert Mitchell. — Voici comment je formule ma proposition :
« Le Congres est d'avis qu'il est de I'interet de la batellerie que la navi-
« gation interieure ne soit frappee d'aucune taxe. »
Ceci laisse a chaque Etat la liberie de decider comme il I'entend pour le
reste.
3' SECTION. — 7= SEANCE. 415
Plusieurs membres. — Mais c'est la proposition de M. d'Artois!
M. Robert Mitchell. — Eh bien, je la reprends!
M. DoiSNAT. — Je demande la priorite pour la proposition de M. De-
lombre.
M. LE President. — Je mets aux voix la priorite qui est demandee en
faveur de I'ordre du jour de M. Delombre. Je rappelle que doivent seuls
voter les membres du Congres.
(La proposition de priorite est adoptee.)
J'appelle maintcnant la Section a voter sur la proposition.
On a demande qu'il fut procede par appel nominal.
M. Robert Mitchell et plusieurs de ses collegues. — Et par scrulin
public!
M. le President. — On demande I'appel nominal et le scrutin public.
J'invite en consequence MM. les Membres du Congres a s'adresser a Tun
de MM. les Secretaires de la Section. Chacun donnera son immero d'ins-
cription, son nom, et se prononcera par : « oui » ou par « non », suivant
qu'il est favorable ou oppose a la proposition de M. Delombre.
(Le vote a lieu.)
(Pendant le vote, la Seclion fixe a 3 heures de I'apres-midi la prochaine
seance.)
Le dcpouillement du scrulin donne 70 voix pour et 42 contre; en con-
sequence la proposition est adoptee. {Voh^ le detail du scrutin page 662.)
M. Robert Mitchell. — Je demande que les noms des volants soient
inscrits au Bulletin officiel du Congres avec, en regard, leurs qualites et
leurs votes [Assentiment.)
M. le President. — Tres-volontiers; ce sera tres-interessant.
II resle a nommer un Rapporteur charge de soutenir la proposition
devant I'Assemblee pleniere. J'ai demande a M. Delombre s'il voulait bien
s'en charger. Mais M. Delombre sera absent samedi, et il prie la Section
de designer un autre Rapporteur.
Plusieurs voix. — M. Raffalowich! M. Donnat!
M. LE President. — M. Raffalowich se recuse. Je vous propose done le
nom de M. Donnat qui a ete prononce.
(A I'unanimite M. Donnat est nomme Rapporteur de la proposition de
M. Delombre.)
M. LE President. — Nous avons done a nous prononcer sur une propo-
sition de modification d'une resolution deja adopt ee par la Seclion sur la
demande de M. d'Artois, et ainsi congue :
a L'exislence et le developpemenl de la navigation inlerieure constituent
« un element indispensable de la piosperite des nations. »
Plusieurs membres etrangers ont fait remarquer que certaines nations
n'ont pas de canaux ou en ont tres peu, mais possedent des rivieres
navigables. 11 y aurait done lieu de remplacer le mot « indispensable »
par : « considerable ».
416 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
Mais ici, j'en appelle a M. d'Artois lui-meme, et je me demande si nous
devons reellement maintenir cetle proposition. N'y a-t-il pas quelque nai-
vete, dans un Congres de Navigation interieure, a affirmer la necessite de
I'existence et du developpement de la navigation interieure?
M. d'Artois. — II y aurait naivete aujourd'hui; il n'y aurait pas eu
naivete si le § 2 avail ete adopte; ils formaient un lout. Du resle on discu-
tait, il n'y a pas longtemps encore, sur Tinutilite et I'utilite de voies navi-
gables.
Ceci dit, et dans I'etat acluel des choses, je ne liens pas a ma proposi-
tion. Ceux qui ont a faire destravaux ont vote « pour » et ceux qui doivent
en souffrir ont vote « contre ».
M. Raffalowich. — Je proteste energiquement contre cetle interpreta-
tion!
M. LE President. — Dans les paroles qu'il vient de prononcer, M. d'Artois
a manque de courtoisie a I'egard de ses collegues.
M. Raffalowich. — Surtout a I'egard des etrangers.
M. CouvREUR. — Je demande la suppression de la proposition votee.
C'etait le § 1 d'une proposition, et il etait intimement lie au suivant.... Le
lien est rompu, et la phrase isolee n'a plus de sens : ce seraitune naivete.
M. LE President. — Je mets aux voix la proposition tendanl a la sup-
pression du § 1 deja vote a la proposition de M. d'Arlois, le § 2 ayant ete
repousse.
(La proposition de suppression du § 1 est adoptee.)
La seance est levee a 11 h. 30.
HUITIEME SEANGE
Mercredi 27 Juillet (apres-midi).
Presidence de M. Yves GUYOT.
La seance est ouverte a 5 h. l/L
M. le President. — J'ai re^u de M. North la lettre suivante :
« Monsieur Ic President,
« Je prends la liberie d'attirer voire attention sur le fait qu'il y a un
« grand manque de connaissances relativement a la valeur future d'une
« addition a la longueur d'une voie navigable, si bien que nous ne pou-
« vons predire si une extension proposee ouunebranche nouvelle augmen-
5' SECTION. — 8' SEANCE. 417
« tera I'utilite des travaux existanls en proportion de sa longueur ou dans
« une proportion quelconque.
« Pourriez-vous avoir la bontu de suggerer i\ la 5*' Section dont vous
« eclairez si magistralement les deliberations, qu'il y aurait lieu de de-
« mander la mise a I'ordre du jour de celle question lors d'un Congres
« futur.
« Respectueusement,.
« Ed. -P. North. »
Je nc crois pas que la proposition de M. North rencontre la moindre
opposition; nous serons unanimes a la voter. {La proposition est adoptee.)
L'ordre du jour appelle la discussion de la 8" Question sur le Regime
des ports de navigation interieure. La parole est a M. Imroth pour nous
donner un resume de son rapport.
Herr Grossherzoglicher hessischer Oberbauralh Imroth. — Meinc
Herren, ehe ich ein kurzes Resume aus meinem Referat gebe,
mochte ich vorausschicken, dass mit Riicksicht darauf, dass als ncferenton
fur die 8te Frage Techniker bestcllt waren, es wohl ganz natiirlich war,
dass die technische Seite dieser Frage weiter behandelt wurde als die kom-
merzielle Seite.
Wenn ich jctzt zu den llaf'en am Rhein selbsl iibergehe, so mochte ic'i
vorausschicken, dass sich die Rhein hiifen ganz wesentlich von den llafeu
in Frankreich, von denen wir ja einc Anzahl kennen gelernt haben, unler-
scheiden. AVahrend am Rhein die Ilal'en durchwcg oderdoch zum grosslen
Theil am Fluss liegen und durch den Wechscl und zwar den sehr bedeu-
tenden Wechsel des Wasserstandes beeinflusst werden, liegen die Iliifen in
Frankreich zum grossten Theil in Haltungen und haben einen gestauteu
Wasserspiegel, der sich seiir wenig andert. Die Konstrucklionen in bau-
licher Beziehung miissen deshnlb in den Rheinhafen ganz anderc sein als
in den Ilafen in Frankreich.
M. Imroth. — Messieurs, avant de vous presenter le resume de men rapport,
je desire vous faire remarquer que les rapporteurs designes pour la 8« Question
etant des techniciens, cette question a ete etudiee tout nalurellenient plutot au
point de vue technique qu'au point de vue commercial.
En ce qui concerne les ports du Rhin, je voudrais, tout d'abord, appeler votre
attention sur la difference essentielle qui existe entre ces ports et les ports fran-
(jais dont nous avons pu etudier un certain nombre. Sur le Rhin, les ports so
trouvent generalement dans le tleuve meme, et subissent par suite I'influence
des variations souvent tres consideiabJes du plan d'eau, tandis qu'en France la
pliipart des ports sontsepares du lleuve, et leur plan d'eau ne varie que fort peu.
Les modes de construction des ports du Rhin doivent done etre tout a fait
differents de ceux adoptes pour les ports frangais. Les ports du bassin du Rhin
sont encore caracterises par cette circonstance qu'il a fallu procurer a la flotte
extremement nombreuse des ports de refuge ou les bateaux puissent s'abriter
lors des glaces ou des crues. Comme vous avez pu le voir sur les tableaux
27
418 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
Die Hafen im Rheingebiet charakterisiren sich weiter noch dadurch, dass
am Rhein fiir die ausserst zahlreiche Flotte Schutzhafen geschaft'en werden
musslen, um den SchilTen beim Eintritt von Eisgang und hohen Wasser-
standen den nothigen Schutz zu gewahren. Wie Sie aus den Zusammen-
stellungen in der angeschlossenen Tabelle ersehen haben werden, sind
namenllich in letzterer Zeit eine Reihe von neuen Schutzhafen erbaut
worden, und man ist auch jetzt bemiiht, diese Schutzhafen mit den Eisen-
bahnen in Verbindung zu bringen, wo dies irgend wie thunlich ist.
Man kann am Rhein die Hiifen unterscheiden in Handelshafen, Schutz-
hafen und Flosshafen. Den Handelshafen, deren Zweck die Vermittlung des
Wasser- und Landverkehrs ist, konnen auch zugerechnet werden die
Schutzhafen, weil viele Hafen existiren, die beiden Zwecken dienen. Ausser-
dem miissen zugerechnet werden die Hafen m olfenem Strome, bei denen
der Verkehr von Wasser zu Land und zur Eisenbahn vermittelt wird. Es
sind eine grosse Anzahl von sehr bedeutenden Hafen, in denen sich der
Verkehr des Umschlages voHzieht.
Wenn ich zum Ban der Hafen iibergehe, so mochte ich hervorheben, dass
die dcutschen Hiifen sich noch ganz wesentlich von den franzosischen
unterscheiden. Wahrend man am Rhein meist sehr breite Flussflachen vor
sich hat und in der Lage ist, entweder durch Coupiren von alten Strom-
armen oder durch Erbauung von Seitendammen grosse Stiicke des Slromes
abzubauen, ist man in Frankreich mehr gezwungen, mit kiinstlichen Er-
weiterungen sich zu behelfen. \n Deutschland kommen derartige Hafen,
wo grosse Bassins durch Ausschachtung geschaffen werden mussten, auch
vielfach vor und besonders an grossen Handelsplalzen wie Mannheim,
Ruhrort, wo der Strom biii weitem nicht fiir die Bewaltigung des Verkehrs
ausreicht.
annexes a men rapport, toute une serie de nouveaux ports de refuge a ete
construite dans ces derniers temps, et Ton s'est efforce de reher ces ports au
reseau ferre autant que cela a ete possible.
Les ports du Rhin peuvent se diviser en ports de commerce, ports de refuge
et ports de flottage. Les ports de refuge peuvent etre comptes comme ports de
commerce parce qu'il existe beaucoup de ports appartenant a la fois aux deux
categories. 11 faut en outre ajouter les ports en riviere ouverte pour le decharge-
ment direct de la riviere a terre ou sur une voie ferree.
Au point de vue de la construction, les ports allemands different essentielle-
ment des ports fran(;ais. Sur le Rhin on a, le plus souvent, devant soi un fleuve
a large section, ce qui permet, soit par la coupure d'un ancien bras du fleuve
ou par construction de digues laterales, d'emprunter une grande parlie du
fleuve, landis qu'en France on est oblige de recourir a des agrandissements arti-
ficiels, Pourtant ontrouve aussi, en Allemagne, beaucoup de ports dans lesquels
de grands bassins ont du etre creuses dans le sol, et cela notamment dans les
grands ports de commerce comme Mannhein, Ruhrort, ou le fleuve ne suffisait
pas pour I'importance du trafic.
3' SECTION. — 8' SEANCE. *19
Die Flosshafen unterscheiden sich von den Handelshafen nur dadurch,
dass die Ticfe derselben nicht so bedeulcnd zu sein braucht wie bei den
Schutzhiifen. und dass fiir den Zweck des Entladens und Umladens von
Holz nur ganz geringe Vorkehrungen nothwendig sind, wahrend bei den
Handelshafen eine ganz bedeutende Ausriislung diirch Krahne und Um-
ladungsYorrichtungen. durch Schiippen und dergleichen erforderlich ist.
Die Form der Hafenbeckcn am Rhein ist me'M und namentlich bei den
in neuerer Zeit gebauten eine langgestreckfe, gradlinige mit der Einfahrt
vom untern Ende. Weniger haufig und meist durch besondere ortliche
Verhaltnisse begriindet ist die Anordnung der Einfahrt in der Mitte des
Hafenbcckens. Ausserdem finden sich noch verschiedeneHafen, namenthch
bei dem Zusammenfluss eines Nebenflusses mit dem Hauptstrom, mo eine
obere und eine untere Einfahrt ist und nvo die untere durch eine Schleuse
cxeaen das Hochwasser und den Wechsel der Wasserstande abge-
schlossen ist. rp , „ ...
Ueber die Grosse des Hafenbeckens ist den Angaben der Tabelle nichts
hinzuzufiigen. Die Tiefe der Hafen ist im allgemeinen so gross zu wahlen,
dass die Schiftc bei niedrigstemWasscrstande mit voller Ladung sich auf-
halten konnen. Am Rhein ist dies, obgleichdort schon recht viel geschehen
ist und recht grosse und bedeutende Hafen erbaut sind, noch nicht voll-
standig durchgefiihrt und z^var aus' dem Grunde, weil die Schifffahrl mit
crrossem Vortheil die Sommerwasserstiinde des Rheines benutzt, und weil
die niedrigsten Wasserstande nur eintreten, wenn im Winter der A\asser-
zufluss von den Gebirgen voHstandig aufgehurt hat und dabei im Slrome
Eis cxeht, Wahrend man im Rhein den gemittellen niedrigsten ^^asserstand,
der ''fur die Bestimmung der Tiefe massgebend ist, auf 1,50 Meter am
Peoel zu KOln annimmt, ist der absolut niedrigste Wasserstand noch
Les ports de (lottage ne se distinguent des ports de commerce que par la pro-
fondeur qui n'a pas besoin d'etre aussi grande, et par la simplicite des installa-
tions pour le dechargement et le chargement du bois, tand.s que I'outillage des
ports de commerce est tres important, et comporte des grues pour les operations
de chargement et de dechargement, des hangars, etc.
La forme des bassins des ports du Rhin est le plus souvent, surtout pour ceux
cmi ont ete construits dans ces derniers temps, la forme allongee en hgne droite
avec entree a I'aval. Parfois des conditions locales speciales conduisent a placer
I'entree au milieu; on trouve aussi differents ports, notamment au contluent
dun affluent et du fleuve principal, avec entree a chaque extremite, 1 entree
d'aval etant protegee contre les eaux par une ecluse qui empeche les variations
du plan d'eau. , ,
Je n'ai rien a ajouter aux indications donnees aux tableaux annexes a mon
rapport, en ce qui concerne la grandeur des bassins. En general la profondeur
doit elre assez grande pour que les bateaux puissent y sejourner a pleine charge
par les plus basses eaux. II n'en est pas loujours ainsi sur le Rhin, bien qu on y
ait deja construit de grands ports, et cela parce que la navigation utilise avec de
420 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
1 Meter liefer. Fiir den Rhein selbst sind die anzustrebenden Fahrtieien
mit Riick'^icht auf diescn gemittelten niedrigstcn Wasserstand diirch Ver-
handUingcn mit den Uferstaaten festgestellt. Es hat sich alDer gezeigt, dass
bei den sehr niedrigen Wasserstanden der letzteren Jahre der Ilafen von
Ruhrort nicht die nuthige Tiefe halts und die SchitTe gezwungen waren zu
leichtern. Man kunnte noch anfiihren, dass von dieser Forderung, die
Hafen so lief zu machcn, dass die SchilTe immer 1 Meter unter dem ge-
mittelten niedrigstem Wasserstande abgeladen werden konnen, Abstand
genommcn werden kann, wenn in dem Hafen die nothigen Losch- und
Ladevorrichtungen vorhanden sind, weil bei der sehr kurzen Unterbrechiing
der Schilffahrt man es im allgemeinen vermeidet, die SchitTe langere Zeit
im Hafen liegen zu lassen, und eine Umladung auf die Eisenbahn vorzieht.
Die Befestigung der lifer ist zum grossen Theil durch Quaimauern herge-
steHt, aber noch bei weitem zum grosseren Theil durch schriige Ufermauern
und gepflaslei'lc Boschungen ausgefiihrt. Wahrend die senkrechten Ufer-
mauern, die am meisten zu cmpfehlen sind, gestatten, dass die Schilfe bei
jedem AVassei'stand in demsclben Abstand zu den Uferausrustungen sich
bcfinden. ist dies bei den schragen Boschungen nicht der Fall, und man
hat Ersatz gesuchl dadurch, dass manentweder fiber den geboschten Ufer-
mauern Geriistc vonHolz hergestellt hat, auf denen die Krahne aufgeslellt
sind, oder an einzelnen Stellen Pfeiler erbaut hat, auf denen sich die
Krahne befuiden.
Diese letzteren Anlagen sind am Rhein namentlich da sehr beliebt, wo
grosse induslrielle Werke am Ufer liegen und wo dementsprechend mit
grossere Bewegungsfreiheit moglich ist, als dies in den geschlossenen
llafenbecken der Fall ist.
Die Unterhaltung der Rheinhafen bietet technisch durchaus keine
grands avantages les bassos eaiix d'ete; et parce que les plus basses eaux ne se
produisent qu"eii hiver quand les monlagnes ont cesse completement d'apporter
leur tribiit, et que le lleuve se couvre de glaces. On adopte comrae valeur
moyenne d'etiage dcvant regler la profondeur, I rn. 50 a rechelle de Cologne,
taiidis que I'etiage absolu est encore inferieur de 1 metre. Pour le Rhin meme,
les profondeurs a atteindre pour la navigation sont fixees d'accord avec les
aulres Etats riverains, en tenant compte de cat etiage moyen, mais on a pu
constater qu'avec les tres-basses eaux de I'annee derniere, le port de Ruhrort
n'avail pas la profondeur necessaire, et que les bateaux elaient obliges de s'alleger.
Quant a la condition d'etablir des ports assez profonds pour presenter un mouil-
lage depassant toujours 2 metres au-dessous de I'etiage moyen, on peut s'en
alTrauchir lorsque le port comporte les installations necessaires pour le dechar-
gement et le chargement, car pendant les tres-courtes interruptions de navi-
gation, on evite en general de laisser les bateaux longtemps dans le port, et Ton
prefere operer le transbordement sur wagon.
La defense des rives est obtenue en grande partie par des murs de quai, mais
pour une partie plus considerable encore par des murs incHnes et des talus avec
3= SECTION. — 8" SEANCE. 421
Schwierigkeiten, iind es ^Yerden fur die Unterhaltung auch nicht sehr
bedeutende Kosten aufgewendet. Die Pflicht der Unterhaltung liegt den
Eigenthiimern der Hiifen ob. Ais Besilzer fungiren in erster Linie dor Staal,
in zweiter Linie oft grossere Stadte, dieaufihre Kosten oder mit staatlicher
Unterstiitzung den Hafen gebaut haben und die auch den Betrieb derlliifen
unterhalten. Es sind fur die Unterhaltung in Rheingebiet die Bestimmungen
der Rheinschifffahrtsakte massgebend und es ist dort die Bestimmung ge-
troffen, dass die sammtlichen Einnahraen aus den Hafengebi'ihren nur ziir
Unterhaltung der Iliifen verwendet werden diirfen. Ein ahnliches Verbal L-
niss befindet sich auch in eineni der grossten Hafen, in Ruhrort, v,o einc
ganz besondere Kasse existirt, die ganz selbstandig Yer^Yaltet wird und aus
deren Ertragnissen nicht allein die Unterhaltung des Hafens sondern auch
die Erweiterung der Hafenbecken bestritten wird. Dieser grosse Ruhrhafen
ist also nur aus eigenen Mitteln der sogenannlen Ruhrkasse gebaut und
der Staat leistet zu dieser grossartigen Anlagen, die ja doch indirekt im
Besitzc des Staates sind keinerlei Zuschuss.
Der Verkehr, der sich in den deutschen Rheinhafen vollzieht, ist ein ganz
bedeutender. Im Jahre 1890 betrug der Gesammtumsalz auf deutschem
Gebiet 15 Millionen Tonnen, und einschliesslich der belgischen Iliifen am
Rliein nahezu 18 Millionen Tonnen. Unterden Nebenfliissen hat der Main in
Frankfurt mit 565 000 Tonnen den grossten V^erkehr aufzuweisen.
Ueber die Ausriistung der Hafen, zunachst also fiber die Befesligung der
Ufer habe ich schon vorher das Nothige erwahnt und ich kann liiei nur
noch hervorheben, dass fiber die llohe der Ufer oder Kais namentlich eine
allgemeine Vorschrift sich nicht aufstellen lasst und cine Einigung niclit
erzielt isl. Wenn man die ganzen Flachen hochwasserfrei legen vvollte, so
sind Ufermauern bis 91/2 und 10 Meter Hohe efforderlich und so ist es
revetement. Les inurs de quai verticaux doivent etre recommandes, car ils per-
mettent aux bateaux de se placer a la meme distance des apparaux disposes sur
le quai quel que soit le niveau de I'eau, ce qui n'est pas le cas avec les berges
en talus. Dans ce cas on place les graes sur des estacades en charpente etablies
en avant de la crete des perres inclines, ou sur des piles etablies de place en
place a cet effet. Ces dernieres installations sent surtout tres-goiitees sur le
Rhin, la ou de grandes industries se trouvent sur la rive meme du fleuve, et ou
les mouvements sont beaucoup plus libres que dans un port ferine.
L'entretien des ports du Rhin ne presente absolument aucune difficulte tech-
nique, et ne necessite pas de depenses tres-considerables. Cet entretien incombe
aux proprietaires des ports parmi lesquels on trouve en premiere ligne I'Etat,
puis, souvent, les grandes villes qui ont construit leur port a leurs frais ou avec
le concours de I'Etat, et qui assurent aussi I'exploitation des ports. L'entretien est
regie par les prescriptions des actes relatifs a la navigation sur le Rhin en vertu
desquelles I'ensemble des recettes produites par les taxes ne pent etre applique
qu'a I'enlretien des ports. On retrouve cette disposition dans un des plus grands
ports, celui de Ruhrort, oii il existe une caisse toute speciale, avec una adminis-
422 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
ganz naturlich, dass man bei denjenigeii Produkten, denen ein Ueber-
strdinen mit Wasser nicht schadet, selbstverstandlich diese hohen Mauern
nicht ausfiihrt, sondern dass man die ganzenFlachenetwa bis 1 1/2 Meier
iinter Hochwasserspiegel anlegt. Es ist das auch fur den Verkehr bei
weitem giinstiger iind es kommt hinzu, dass gerade in den Zeiten, wo
derarlige Anlagen in Folge der Ueberstromung nicht benutzt werden
konnen, auch die Schifffahrt von selbst auf dem Rhein ruhen muss wegen
der hohen Wasserstiuide. Es ist fiir die einzelnen Pegelstationen eine
Marke festgesetzt, bei deren Ueberschreitung die DampfschitTfahrt voU-
stiindig untersagt ist und nur den kleinen Segelschiften noch die Fahrt
eestattet ist. Diese Marken sind aber so hoch, dass eine rationellc Aus
iibung der Schifffahrt sich dann von selbst verbietet. In den Tabellen, die
diesem Referate angeschlossen sind, sind weiler noch angegeben die An-
zahl der hydraulischen Kri'ihne, der Dampf- imd Handkrahne und weiter die
in den Rheinhafen in grosser Zahl vorhandenen Lagerhauser unlerschieden
nach gedeckten und ungedeckten, ferner die Getreidespeicher besonders
die mit Silos versehenen. Es sind von den Gelreidespeichern mit Elevatoren
in Ruhrort '2, in Duisburg dagcgen 20 Lagerhauser und 3 Silos fiir den
Getreideverkchi'.
Uebcr die Flosshafen und ihre Einrichtung ist wenig zu sagen. Es sind
nur an verschiedcnen Stellen Ausschleifen nothig. Die Neigung dieser Aus-
schleifen ist sehr verschieden. Es kommen Neigungen vor von 1 : 4 und
man geht hinunter bis 1 : 10. An einzelnen Hal'en sind noch besondere
Gleitvorrichtungeu angebracht. Im allgemeinen geniigt aber fiir den
Holzverkehr eitie einfache schiefe Ebene.
tration independante, et dont le produit est affecte non seulement a I'entretien
du port, mais aussi a rextension des bassins. Ce grand port de la Ruhr a ete
construit sur les seuls fends de cette caisse dite « caisse de la Ruhr », et
I'Etat n'a accorde aucune subvention pour ces installations grandioses qui se
trouvent cependant indirectement en sa possession.
Le trafic des ports allemands du Rhin est tres considerable; il s'elevait en 1890
au chiffre total de lo millions de tonnes, et alteignait presque 19 millions de
tonnes en y ajoutant le trafic des ports beiges du Rhin. Parmi les affluents, c'est
le Main a Francfort qui donne le plus gros chiffre : 565 000 tonnes.
J'ai deja parte du mode d'etablissement des terre-pleins, j'ajouterai seulement
ici qu'il n'y a pas de regie generate qui fixe la hauteur de la berge ou du quai, et
qu'on n'est meme pas d'accord a ce sujet. Pour mettre toute la surface a
I'abri des crues, il faudrait des murs de quai ayant jusqu'a 9 m. 50 et 10 metres
de hauteur, et il est tout naturel que, pour les produits qui peuvent elre noyes
sans inconvenient, on n'execute pas ces murs eleves, et que Ton tienne seulement
toute la surface a 1 m. 50 environ au-dessous du niveau des hautes eaux. Cela
est aussi beaucoup plus avantageux pour le trafic, sans compter que lorsque les
installations de ce genre ne peuvent plus etre utilisees par suite de la montee
des eaux, la navigation doit etre egalement suspendue sur le fleuve par suite de
3' SECTION. — 8" SEANXE. 425
Die Hafenordnungen, die den Betrieb der Hafen regain, sind fiir die
deutschen Hafen sammtlich vorhanden, fiir jeden Hafen, und zwar sind
dieselben von den Regierungen der einzelnen Uferstaaten fesfgestellt. Die
aHgemeinen Bestimmungen in diesen Hafenordnungen sind im grossen
und ganzen dieselben. Es ist daraus namentlich hervorzuheben, dass sich
die ankommenden Schiffsfiihrer sofort nach ihrer Ankunft beim Hafen-
meister zu melden haben, der ihnen die Anlageplatze anweist. Es ist weiter
meist vorgeschrieben, dass die Schiffe gut befestigt werden und dass vor
alien Dingen die Hafenmiindungen frei bleiben miissenund kein Schiffden
Verkehr eines andern in irgend einer Weise behindern darf. Yerunreinig-
ungen des Hafens, Beschiidigungen, u. s. w. sind selbstverstiindlich ver-
bolen. \Yeiter ist iiberall vorgeschrieben, dass Schifte, welche leek sind
oder zu sinken drohen, aus dem Hafen beseitigt werden miissen. Bei der
Benutzung der Krahne wird die Reihenfolge der Anmeldung eingehalten.
Es ist ferner noch vorgeschrieben, dass Vorsicht beim Krahnen anzuwenden
ist und dass das vorgeschriebene Gewichl nicht iiberschritten werden
darf. Dann lindet sich noch eine Abtheilung in den Hafenordnungen, in
der Dispositionen iiber den Verkehr getrolTen werden, die natiirlich iiberall
verschieden sind.
Ueber die Gebiihren fiir die Benutzung des Hafens ist Allgemeines kaum
zu sagen. Einige Hiifen sind ganz frei von Gebiihren, namentlich ist in
dieser Beziehung Mannheim sehr liberal vorgegangen, wo Gebiihren iiber-
haupt nicht erhoben werden, wiihrend in den meislen iibrigen Hiifen Ge-
biihren fur den Winterschutz von den Fahrzeugen zu zahlen sind. Die
iibrigen Gebiihren, also AVerftgebiihren fiir die Lagerung, Krahngebiihren,
la crue. A I'egard de la suspension de la navigation, chaque echelle porte une
marque a partir de laquelle la navigation est interdite pour les bateaux a vapeur,
les petits bateaux a voile pouvant seuls continuer a circuler. Ces marques sont
du reste placees a une hauteur telle qu'en fait toute navigation se trouve
empechee.
Les tableaux annexes a mon rapport donnent le nombre de grues hydrauliques,
a vapeur et a bras, ainsi que les magasins, converts et non converts, qui
existent en grand nombre dans les ports du Rhin, et les greniers a grain, notam-
ment ceux pour\'us de silos.
On trouve deux greniers a grain avee elevateurs a Ruhrort et a Duisbourg, et
20 magasins et 5 silos pour le seul trafic des grains.
Je n'ai que pen de chose a dire sur les ports de flottage et leurs installations.
Des rampes de tirage sont menagees de place en place, et leur inclinaison est
tres-variable ; on en trouve inclinees a 1/4, et d'autres dont I'inclinaison descend
jusqu'a 1/10. Dans quelques ports on trouve aussi des installations speciales pour
le halage des bois; mais en general on se contente d'un simple plan incline.
Les orSonnances qui reglent I'exploitation des ports sont redigees, pour
chaque port, par les gouvernements des Etats riverains. Les prescriptions gene-
rales de ces ordonnances sont a peu pres les memes pour tons les ports. 11 faut
424 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
Windegebuhren,Verladegebuhren,Lagerhaiisgebiiren,u.s.w.charakterisiren
sich als Entgelt fur die Benutzung der besondeien fiir den Verkehr herge-
stellten Anlagen, aber nicht fiir die Benutzung des Hafens selbst. Audi in
den Hafen, wo Entgelt fiir Winterschutz erhoben wird, kann jedes Schiff
frei ein- und ausfahren. In den grossen llafen bestehen auch noch Vor-
schritten iiber das Verbringen der Schiffe in und aus den Hiifen. In ein-
zelnen Hiifen hat der Besitzer des Ilafens, der Staat oder die Stadt, be-
sondcre Schleppdampfer, die das Ycrbringen der Schiffe besorgen. In ein-
zclnen ist Schleppzwang vorgeschrieben, in andern giebt es auch noch pri-
vate Schleppdampfer, fiir die feste Gebiihren nicht bestehen, Die Winter-
schutzgebiihren sind nicht besonders verschieden. Ich mochte hier an-
fiihren, dass fiir Schiffe bis 5 Tonnen Tragfahigkeit 1 xMark, von 5-10
Tonnen 2 Mark, von 20-30 Tonnen 6 Mark, von 30-50 Tonnen 8 Mark und
fiir weiter je 5 Tonnen 40 Pfennig erhoben werden. Dampfschiffe bis
30 Meter Liinge zahlen 20 Mark fur jeder weiten Meter Lange 1 Mark.
Die Verbindung der Hafen mit der Eisenbahn ist in Deutschland wo hi an
alien grosseren Verkehrspliitzen in ausreichenderWeise durchgefiihrt und
wenn von den 41 deutschen llafen, die in der Tabelle aufgefiihrt sind, 28
diese Verbindung vollstandig haben, so ist die iibrig bleibende Zahl dess-
halb nur nicht in Verbindung gesetzt, weildieseletzteren Hiifen fast aus-
signaler notamment robligation pour les mariniers de s'adresser des leur arrivee
dans le port au maitre de port, qui leur indique un emplacement ; il est en outre
present le plus souvent que les bateaux devront etre bien amarres, que, avant
tout, les entrees du port devront rester lihres, et que les bateaux ne doivent se
gener mutuellement en aucune fagon. II est naturellement defendu de deposer
des immondices sur les ports, et de les endommager; de plus il est present
par tout que les bateaux qui coulent a fond ou menacent de couler doivent etre
enleves du port. Les grues sont utilisees suivant I'ordre d'inscription; il est
d'ailleurs prescrit d'operer avec prudence, et de ne pas depasser la force de I'ap-
pareil. Enfin la partie des ordonnances relatives aux dispositions pour le trafic
varie naturellement d'un port a I'autre.
On ne peut guere donner de renseignements generaux touchant les taxes
per^ues pour I'utilisation du port. Dans quelques ports, il n'est exige aucune taxe;
a Mannheim par exemple on a ete tres liberal, et aucune taxe n'est perdue; mais
dans la plupart des autres ports les bateaux payent des droits pour I'hivernage.
Les autres droits : droits de quai pour le depot des marchandises, taxes de grues,
de treuils, droits de dechargeraent, droits de magasins, etc., ont ce caractere
commun de s'appliquerh I'utilisation d'installations speciales faites pour le trafic,
et non a I'utilisation du port lui-meme. De meme dans les ports ou il est pcrgu
un droit d'hivernage, les bateaux peuvent entrer et sortir librement. Dans les
grands ports on trouve des prescriptions sur I'entree et la sortie des bateaux ;
dans certains ports, le proprietaire du port, Etat ou ville, se sert de remorqueurs
a vapeur speciaux pour ces operations. Parfois le remorquage est obligatoire;
parfois il y a des remorqueurs prives pour I'usage desquels il n'existe pas de
a" SECTION. — 8' SEANCE. 425
schliesslich als Schutzliafen fungiren. die vom Staate gebaut sind, und in
denen ein bedeutender Verkehr nicht slaltfindet. In alien Hafen, wo die
Eisenbalinvcibindiing vorhanden ist — und dahin gehoren alle grosscren
— sind die nothwendigen Vorrichtungen liir die Ueberladung vom Schift
auf die Eisenbahn in jeder Form vorhanden. Man hat hydraulische Vor-
richtungen, Vorrichtungen mit Handbetrieb u.. s. w. Die Zahl und Trag-
fiihigkeit desseljjen ist in der Tabelle ausreichend angegeben.
Die Schlussfolgcrungen, zu denen ich nach der vorliegenden Arbeit ge-
kommen bin, sind auf den 14. und 15. Seiten meines Referats gedriickt.
Ich konnte hier nattirlich nur fiir das Rheingebiet die Schlussfolgerungen
aufstellen und muss es den iibrigen Referenten iiberlassen, fiir die Gebiete
fiir welche dieselben die Referate abgefasst haben, diese Schlussfolgerungen
eventuell abzuandern.
Ich mOchle noch erwahnen, dass es sehr schwer sein wird, eine allge-
meine Resolution uber die Ausnutzung der Hafen aufzustellen, weil die
Verhaltnisse in Frankreich, Deutschland und den iibrigen Liindern sehr
verschiedene sind. Der Herr Monet hat bereits ein Vorschlag fiir eine all-
gemeine Resolution aufgestellt. Ich bin mit di«'ser Resolution, die ganz all-
geraein gehalten ist, einverstanden, wenn dieselbe dahin abgeiindert wird,
dass nicht senkrechte Kairaauern erhoben werden, sondern dass hier ein
tarif fixe. Les droits d'abri en hiver ne different pas d'une facon sensible; pour les
bateaux de moins de 5 tonnes, c'est 1 fr. 25; de 5 a 10 tonnes, 2 fr. 50; de 20 a
50 tonnes, 7 fr. 50; de 50 a 50 tonnes 10 fr. et au dela 0 fr. 50 par chaque
5 tonnes. Les bateaux a vapeur jusqu'a 50 metres de longueur paient 50 francs;
au dela ils payent un supplement de 1 fr. 25 par metre de longueur en plus.
En Allemagne, le raccordement des ports avec les chemins de fer est effectue
d'une facon suffisante pour toutes les grandes places de commerce; sur les
41 ports qui figurent au tableau annexe a mon rapport, 28 sont relies au reseau
ferre, et si les autres ports ne sont pas relies aussi, c'est qu'ils servent presque
exclusivement comme ports d'hiver construits par I'Etat, et que le trafic n'y est
pas considerable.
Dans tous les ports relies au reseau ferre — et tous les grands ports sont dans
ce cas — on trouve les appareils necessaires pour le transbordement des marchan-
dises du bateau sur wagons : appareils liydrauliques, appareils a bras, etc. Le
tableau joint a mon rapport en donne le nombre et la puissance d'une fagon
suffisante.
Les conclusions auxquelles m'a conduit mon travail sont indiquees aux pages
14 et 15 demon rapport, je crois devoir faire remarquer toutefois queje ne puis
naturellement conclure que pour le bassin du Rhin, les autres rapporteurs pou-
vant modifier mes conclusions pour les bassins fluviaux dont ils se sont occupes.
Je voudrais ajouterqu'il sera tres difficile d'arreter une resolution generate sur
I'utilisation des ports, parce que les conditions d'utilisation sont tres differentes
en France, en Allemagne et dans les autres pays. M. le rapporteur Monet a deja
presente un projet de resolution que j'approuve, parce quelle se tient dans les
426 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
Zusatz eingefiigt wird, indem entweder gepflasterte Ufermauern empfohlen
werden oder gesagt wird « besonders herzustellende Vorrichtungen je
nach der Art des Verkehrs ».
Man kann iinmoglich fiir die Verhaltnisse am Rhein eine Resolution
annehmen des Inhalts : ... es sich empfiehlt, senkrechte Ufermauern aus-
zufiihren. [Beifall.)
M. Raffalowich. — Nous retrouvons dans M. Imroth le sympaihique
collegue qui nous a fait les honneurs du Congres de Francfort d'une fagon
si aimable et si courtoise, et nous sonimes heureux de lui renouveler ici
I'expression de toute notre gratitude. (Applaudissements.)
Quoique possedant bien la langue fran^aise, M. Imroth n'a pas eu assez
confiance en lui, et je vais vous traduire ses paroles.
(Suit un resume en fran^ais du discours de M. Imroth fait par M. Raffa-
lowich . {Applaudissements . )
M. LE President. — Je remercie M. Raffalowich du resume qu'il a bien
voulu nous faire du rapport de M. Imroth.
M. Raffaloamch. — En terminant, M. Imroth a dit qu'il etait difficile de
prendre une resolution ferme uniforme surla question, vu la diversite des
circonstances. Les conclusions de M. Monet ont aussi un caractere general,
mais surla question des murs verticaux, il est en desaccord avec lui. Ceci,
du reste, rentre plutot dans les questions d'exploitation technique.
M. LE President. — Absolument.
M. Raffalowich. — Si done, dit M. Imroth, on adoptait la proposition
de M. Monet, il y ferait un amendement.
M. LE President. — Les deux propositions devront etre placees en regard,
pour faire I'objet d'une discussion.
M. Monet a deja presente le resume de son rapport, et depose des con-
clusions. {Voir pages 287 a 290.)
M. Von Doemming est absent. Je prierai M. Raffalowich de vouloir bien
nous donner un resume de son rapport.
M. Raffalowich resume le rapport de M. Von Doemming, et donne lecture
des trois conclusions (pages 22 et 23 du rapport).
M. le President. — J'appelle I'attention de la Section sur la 3" conclu-
sion qui me parait tres importante, et qui est ainsi libellee :
« 5° II est necessaire pour la prosperite de la navigation interieure, et
« pour que le commerce en puisse tirer tout le parti economique possible,
« que les ports soient pourvus abondamment d'installations mecaniques
generalites, a la condition toutefois qu'elle soil modifiee de maniere a mentionner
les murs de quai non verticaux, en ajoutant un paragraphe recommandant les
berges ave(' reveteraents en pierres ou visant les : « installations speciales a
etablir suivant le mode de trafic » . II est impossible, en presence des conditions
que Ton trouve sur le Rhin, d'accepter une resolution disant : « il convient d'eta-
blir des murs de quai verticaux ». {Applaudissements.)
3' SECTION. _ 8' S£A>XE. ^127
« perfectionnees, pour faciliter les chargements et dechargements, et com-
c< portent des magasins avec un outillage repondant aux derniers pertec
« tionnements. La navigation supportera les taxes etablies - d apres les
« frais d'amorlissement et d'entretien - pour futilisation des installations
« de ce genre, beaucoup plus facilement que les domraages qui resultent
cc pour elle de rinsuffisance de I'outiUage des ports. » ^^ ^ ^^ , . ,
M. LE President. - M. Delaunay-Belleville elant absent, M. Raffalo^vlch
voudra bien lire les conclusions de son rapport.
M Raffalowich lit les conclusions formulees par M. Delaunay-Bel eville.
« 1" En ce qui touche la voie proprement dite, I'achevement de 1 uniU-
« cation des voies navigables de premiere classe.
« ^70 En ce qui loucbe plus specialement I'organisation des ports, ieur
« liaison intime avec leslignes de cheminsde fer. {Tres Men! Tres hien.)
M LE President. — MM. les Secretaires voudront bien mentionner au
proces- verbal que les conclusions des rapporteurs absents ont etc lues. Cha-
cun de nous ayant les rapports sous lesyeux pourra s'y referer.
En attendant que les auteurs des rapports sur la 8^ Question, et les
membres de la Section puissent discuter les conclusions presentees, nous
passons au resume des rapports concernant la 9* Question. (Roles respecils
des voies navigables et des chemins de fer dans I'industrie des transports.)
MM. Van der Borght, Max Harltung, Landgraf et Frangois Merkens ont
reuni ensemble leurs rapports. Aucun de ces messieurs nest present.
M. Rallalowich voudra bien donner lecture de leurs conclusions.
M. Raffalowich donne lecture des conclusions de M. Nan der Rorgnt
enoncees aux pages 3 1 , 32 et 35 du rapport.
Les rapports de MM. Harttung et Landgraf ne contiennent que des ren-
seicrnements, sans conclusions fermes susceptibles d'etre discutees.
M LE President. - MM. Ely et North ont deja resume leurs rapports.
{Voir pages 527 el 267.) Les autres rapporteurs sont absents : ce sont
MM Halasz, Pescheck, Pollack, Roberts, Schromm et Fleury. Nous conti-
nuerons a avoir recours a Tobligeance de MM. Ratl•alo^vich pour la lecture
de leurs conclusions. M. Roberts a fait un expose, des comparaisons, mais
sans formuler de conclusions. 11 en est de meme de M. Schromm.
M. Raffalo^vich lit les conclusions de M. Fleury (page 1 / du rapport), les
conclusions de M. Halasz (page 15 et 16 du rapport), celles de M. Schromm
(page 15 du rapporl), et celles de M. Pescheck (pages 18 et 19 du rapport).
M LE President. - M. Pollack presente des considerations sur la naM-
gation de FElbe ; il ne formule pas de conclusions qui puissent etre discu-
tees n
Demain pourra s'ouvrir une discussion sur ces rapports (8^ et 9^ Ques-
tions); mais il serait desirable que quelques membres de la Section ^ou-
lussent bien formuler des conclusions ayant un caractere assez general
pour etre adoptees par le Congres. La parole est a M. de Preaudeau.
428 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
M. DE Preaudeau. — Mes observations porleront sur les rapports de
MM. Delaunay-Belleville sur la 8' Question, et Floury sur la 9'.
Apres avoir lu le rapport de M. Fleury, j'avais pris quelques notes sur
des points sur lesquels son expose de la situation comparative deschemins
de feret des voies navigablesen France me paraissait devoir etre rectifie.
Mais j'ai trouve depuis la plupart de ces rectifications faites dans le rap-
port de M. Delaunay-Belleville, et si ce dernier rapport volis avait ele
resume, mes observations auraient sans doute ete sans objet.
Je signale en passant, que, dans les discussions precedentes, on a repre-
sente la batellerie comme etant dans une situation difficile, presque mal-
heureuse. Je ne puis partager cette opinion : le tonnage kilomelrique des
voies navigables qui etait, en 1880, de 2007 millions de tonnes kilo-
metriques, est passe, en 1889, a 3 238 millions; le parcours moyen d'une
lonne de marchandises qui, sur les chemins defer, a peu varie (de 124
a 127 kilometres entre 1885 el 1889) s'est eleve, sur les voies d'eau, de
110 kilometres, en 1882, a 135 kilometres en 1889. C'est une augmenta-
tion du trafic total de 50 0/0 correspondant a un accroissement de 23 0/0
dans les embarquements. Ces chiffres n'ont pas besoin de commentairc.
Je passe maintenant au rapport de M. Fleury.
Dans la situation acluelle, dit M. Fleury, les voies navigables n'entrent,
d'une fagon sensible, en concurrence avec les voies ferrees que sur 1/7 du
developpement kilometrique de celles-ci, et cette concurrence se limite a
un trafic qui represente moins de 1/10 de la recette brute des chemins de
fer.
La concurrence des voies navigables ne s'exerceguere que sur 1/7 de la
longueur du reseau des chemins de fer : cela est assez exact; mais les
lignes de chemins de fer en concurrence avec la batellerie sont les plus
importantes, cellesqui transportent plus du tiers du tonnage kilometrique
total des chemins de fer en petite vitesse. Or, les lignes de navigation en
concurrence avec les chemins de fer, en se restreignant aux lignes princi-
pales, transportaient, en 1883, 50 0/0 du tonnage des voies ferrees con-
currentes, et cette proportion s'est elevee a 80 0/0 en 1887, c'est-a-dire
que sur ces lignes, pour 100 tonnes kilometriques empruntant la voie
ferree, les voies navigables, qui recevaient 50 tonnes en 1883, enontregu
80 en 1887,
La concurrence des voies navigables estlimitee dl/10 de la recette brute
des chemins defer; mais onsaitque les produitstransportesparla batellerie
sont presque exclusivement ceux dont le prix de transport est le moins
eleve sur les chemins de fer. II faut done comparer les tonnages plutot
que les recettes : or, si on fait le total des tonnages kilometriques des
deux reseaux, on trouve que, dans le mouvement total, la part proportion-
nelle de la batellerie est passee de 17,72 0/0 en 1883, a 22,66 0/0 en
1889; cest done plus du cinquieme du Irafic total.
La suppression des droits de navigation a pu contribuer a ce progres,
3- SECTIOX - 8- SEANCE. «9
mais il est du surlout a,.x iOl millions de travaux executes depuis 1879.
™ 1 e resulte que des ameliorations considerables ont e e rea Usees a«
point de vue de la voie, et que les reserves que formule M. Fleu.y a ce
suiet portent surtoul sur le reseau secondaire.
0 sur 12 500 kilometres de voies navigables friquenlees,es vo>cs prn. .
ciX ont une longueur rf.5 630 kilomelres. Le nombre des k.lometres
s^ isant a la lo^ de 1879, qui a fxe les condd.ons de nav.galn e
de ce reseau, est passe de 1 459 kilometres, en 18,8 a .-,965 en 1890
et e mouill^ge de' 2 m. 00, a ete atteinl sur 4758 k.lometres. S,d a, 1-
leu s on reraarquc que les voics principales resolvent pres de 80 0,0
des enrarquements, et plus de 90 0/0 du trafic kilo„«tr>que on recon-
naU." que •intercl economique sattache surlout, en France a lacheve-
m Lt et a ramelioration des voies principales; quant au reseau secon-
Taire, il peut y avoir des molils de le conserver, ma,s non de le deve-
'"Te ™us signalerai, en Icrminant, une queslion qui se raltache tres inti-
,nem n a notre etude, qui a un earaoterc internat.ona et qu. s, le
elail resolue permeltrail de preciser encore davantage la situation res-
pe i c d i s defer et d'eau. 11 s'agit del'amoliorationdes s.a.istiques .
en ue de facililer les comparaisons, il pourrait y avoir quelques mod.li-
cat onsi eludicr, soit dans la classification des marchan.lises set dans
e mites des sections des voics en concurrence. Jc demande done a sou-
ineltrTlux deliberations de la Section uuvceu qui pourrait etre utilement
mis a Tetude pour le Congres prochain. , p •
Vo ci le text' que je propose : « La Section emet le voe. que la Commis-
sion d'organisatbn du prochain Congres de navigation intcneure mel^ a
•Itude les dispositions a adopter pour facil.ter, dans les s tat, tiques offi-
idles de chaquepays, les comparaisons entre les t™-P-;"e J- » ;
discs en petite vilesse effectuees, soil par les chemins "e 'c , so. par e
voies navigables, notamment s«r les l.gnes en concurrence. • (Applaud,^
"'M.'tL,,o.,cH.-ll seraitintercssant d'attirer I'attentioi. de la Section
el de l'.issemblee pleniere sur la question. U y a quatrc ans, a Frai.efort,
on avail nommc une Commission dc slatis.ique. Je ne sais si ellecxiste
Tnl'Tatmmtion a fail ses ..udes, et a clos ses travaux au
'Ttt!::t -In tout cas, U sc-ait in.ressanl de porter la queslion
^\frPa'!:t^M. Holt, aura Fobligeance de sen.endre avecM.de
Preaudeau pour revoir ce texte, o. pour fonnuler "- P-/-; ^^^^;,
Concorde avTC ce qui a ete fait a Manchester. Je .emerc.e M. deP.eaudeau
d'avoir soulcve celte inleressante question.
La parole est a M. Jacquelin.
430 PROCES-YERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
M. Jacquelin. — Je suis balelier, et je vous parlerai chemins de fer, tout
comme M. Noblemaire qui, homme de chemins de fer, vous a parle navi-
gation.
L'antagonisme entre les chemins de fer et la navigation part d'un point
bien simple : les premiers emploient tons les moyens possibles pour ne
pas appliquer leurs tarifs reglementaires, mais des tarifs reduits pour
concurrencer la voie d'eau. Je pourrais en citer de nombreux exemples:
j'avais un jour a transporter des paves; or je me suis procure une lettre
de M. Robertin, agent commercial du Nord, indiquant qu'en appliquant a
ces paves le tarif des houilles on pourrait soustraire ce transport a la voie
d'eau. Sont-ce des marchandises assimilables?
Rue de Trevise, 66, il y avail, il y a quelque temps, une agencc qui,
sous pretexte de faire de la reclame dans les vagons, faisait au commerce
qui I'employait des reductions de 10 pour 100 sur les prix de certains
transports. Pourquoi ces procedes deloyaux ! La batellerie demandc a
bien savoir les prix contrc lesquels elle a a hitter. Elle demande que la
classification des marchandises soit faite d'une fa(jon plus claire, et sur-
toul que le meme tarif soit applicable a tons les reseaux frangais. Tout le
monde y trouverait son compte, et, en lout cas, la concurrence serait plus
loyale.
Je depose le projet de voeu suivant :
« La Seel ion emet le voeu que les Compagnies de chemins de fer redi-
« gent les prix de leurs tarifs d'une maniere nctte et precise, et ,qu'il ne
« soit plus fait de prix fermes de gare a gare pour concurrencer la batel-
« lerie. »
M. LE President. — Je vous propose de remettre la seance a demain
matin. Demain soir il ne pourra pas y avoir de seance a raison de I'ex-
cursion projetee. II serait done desirable que nous pussions terminer nos
travaux a la prochaine seance. En ce qui concerne les propositions a voter,
il y a jusqu'a present celles de M. Monet, celle de M. dePreaudeau et celle
deM. Jacquelin. Enfin, d'autres pourronl etre formulees au cours de la
seance.
La seance est levee a 4 heures 30.
NEUVIEME SEANCE
Jeudi 28 Juillet (matin).
Presidence de M. Yves GUYOT.
La seance est ouverte a 9 heures.
M. LE President. — Les proces- verba ux des seances d'hier ont ete inseres
3- SECTION. - 9- SeANCE. *51
dans le Bulletin officiel du CongrH. Personne n'a d'obsenation a prc-
''t'L'vBE™. - Je voudrais presenter quelques observations, non pas
sur le proces-verbal, mais a propos du proces-verbal de a seance dh.er
matin. Cest hier, apres quatre jours et demi de debats, q« -' ■»';7;"";-
moment psvehologique, pour employer le terme consacre, '^ ™'<= ;"[ '■>
7- Ouestion. Pour moi, la solution adoptee n'ela.t pas la medleure tant
•en fan tun mot surfout ne correspond pas aux express.ons employee
dans la discussion, ui a I'etat d'esprit d'aueun de nous R,e„ u a ele d,t
pen antcesqualrejour„.esquijustifiennsertiondumot.«,oHa„s are^^^^^
lution Ce mot a une importance d'autant plus grande, que vous 1 avez
adopte aprracquiescement de MM. Boule et RafTalovvieh. Ces Mess.eurs
avaientpresenle une resolution ires ponderoe.... „ ,„ f„„H
M. LE PBtsiDE.T. Je fais remarquer a M. Couvreur quM rentre dans le fond
de la discussion. , , m i n x^ia^,^* Ip
M. CouvBEUR. - Je me rends aux observations de M. le President Je
ne puis rouvrir le debat. Je voulais constatcr que ce-mot impot a ete intro-
duit en quelqne sorte a Tinsu de f.issemblee. (ffotestuHons.)
M IE Pbesident. - Vous ne pouvez pas dire cela; M. Delombre a In sa
proposition; je I'ai moi-mtoe lue trois fois. Apres ces leclnres et ces expli-
cations, IWssemblee a du etre assez eclairee pour qu on ne puisse pas due
nue le vole a eu lieu a son insu.
M CoovBECR. - Je me rends a ees justes observalions. Je me borne seu-
lement a cette constatation, que je vous prie de retenir, que, si je na. pas
pris hier la parole a ce sujet, Cest que j^etais lie par le reglement qui
interdit de prendre trois fois la parole sur la mime question.
M. .,E PbLe»t. - Vous n'etiez pas lie par eet article du reg ement la
discussion generale etait close. La resolution de M. Delombre etai. en dis-
cussion, et si vous avie. demande la parole sur cette proposition, je vous
I'aurais doiinee. " . , j n ..'on n<i ms
M. Couvreur. - Mors je ne sais a qui m en prendre. II n en est pas
moins vrai qu'on a introduit dans la proposition un mot qui n a pas ete
prononce pendant quatre jours et demi de discussion
M. Raffalowich. - J'ai vote en pleine connaissance de cc que je faisais.
Ne voulant pas rouvrir la discussion, je crois inutile d'msister.
M. LE President. — L'incident est clos. ^
M. BE.UR1N-GRESSIER. - Mcssicurs, j'ai une courte communication a vous
faire. II s'agit de vous presenter un volume sorti hier seulement des presses
de I'Imprimerie Nationals et qui vient d'etre livre an Ministere des travaux
publics. Cest, a I'heure actuelle, un exemplaire unique; c est, en quelque
sorte, une epreuve qui comporte encore quelques corrections typographi-
ques car le tirage de I'ouvrage n'est pas encore effectue et ne sera continue
que dans quelques jours. Get ouvrage a pour titre : la Nav^gaUon an.
Etats-Unis Rapport de mission. Renseignements historiques, financiers.
432 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
descriptifs et stalistiques sur les points el les votes navigablts. C'est I'oeuvre
de M. Vetillart, Ingenieur en chef des Fonts et Chaussees, et le resultat
d'line mission qui lui avait ete donnee par M. Yves Guyot, noire President,
alors Ministre des travaux publics, a la fin de 1889 et a I'occasion d'une
Conference internationale maritime, tenue a Washington. M. Vetillart, qui
representait le Gouvernement frangais a c.ette conference, avait ete invite
par M. Yves Guyot a profiler de son sejour en Ameriquc pour eludier, d'une
maniere aussi complete que possible, les ports maritimes et les voies navi-
gables des Elats-Unis et du Canada, au point de vue technique, adminis-
tratif et economique.
Le volume que je vous presenle sera accompagnc d'une carte qui n'esl
pas encore tiree. J'ai vu cependant cette carte, et je puis vuus dire que
c'est une merveille, au point de vue de la conception et de I'execution.
Malheureusement, elle ne pourra etre tiree que dans quelques semaines.
II aurait ele desirable que cet ouvrage put etre mis sous les yeux du Con-
gres des le debut de ses seances. Cela n'a pas ete possible. Le volume de
texte arrive cependant encoie a propos, au moment oii la 5'^ Section discute
la question du role respectif des voies navigables et des chemins de fer. Ce
volume, je le repete, est le premier qui sort des presses de I'lmprimerie
Nationale, et j'ai ete charge par M. le Directeur de la navigation, au nom
de M. le Ministre des travaux publics, d'en olTrir la primeur a M. Yves Guyot
a qui elle revient tout naturellement. {Applaudissements .)
Si M. le President m'y autorise, j'ajouterai encore quelques mots sur
I'csprit general de I'ceuvre. J'ai dit que le comple rendu de M. Vetillart est
presente au triple point de vue, technique, statistique el economique. Je ne
m'occuperai que du dernier point de vue :
M. Vetillart nous fait assister a la genese des voies navigables etdes ports
aux Etats-Unis. II nous montre ce pays de civilisation nouvelle metlant
quelques dizaines d'annees a faire ce, qu'en Europe, nous avons mis plu-
sieurs siecles a accomplir. On voit les nouveaux venus s'etablir sur les ter-
ritoires inoccupes, agir sans eprouver la gene du voisin, sans aucun souci
d'une societe qui n'est encore qu'a I'etat rudimentaire, sans controle par
suite. Puis la population devenant plus dense, les besoins colleclifs se
manifestant, le caractere de communaute de certains biens frappe les yeux.
L'aclion commune s'impose, I'interet public apparait. Les interests indivi-
duels, Taction des individus doivent reenter devant les necessiles de la
conservation sociale. Nouvelle preuve que la propriete individuelle, pas plus
que la liberie individuelle, dans le sujet dont nous nous occupons a ce
Congres, ne peuvent s'entendre d'un pouvoir de disposer sans restriction
de tons les biens dont ont pu s'emparer les individus, lorsque surtout ces
biens correspondent d'une fagon evidente a la satisfaction d'interets publics.
Pour ma part, je suis un individualiste declare, en ce sens que je n'ad-
mets pas I'intervention de la loi sociale dans la sphere d'action exclusive-
menl reservee a la personnalite humaine. Maisjen'hesite pas a reconnaitre
5° SECTION. — 9° SEANCE. 433
que I'individu ne peul refuser d'assouplir son action suivant les necessiles
de la constitution sociale du milieu liumain dont il depend.
En Amerique, disais-je, nous voyons, en un petit nombre d'annees, des
individus s'etablir sur les bords de la mer et des fleuvcs. Mais, pen a peu,
les Etats particuliers se forment, et metlent I'empreinte de leur domania-
lite speciale sur les ouvrages execul(^s en vue de satisfaire des interets
communs. Puis, lorsque la communaute d'interets s'etend a plusieurs Etats,
la geslion de ces interets rentre sous I'autorite du pouvoir federal. M. Velil-
lart nous fait assisler a cette evolution qui s'etend aux grands fleuves, aux
canaux, aux embouchures, puis aux ports et a leurs dependances.
Le temps me manque pour preciser davanlage. 11 faut lire ce volume.
Tout seraita ciler, et je m'arrete; je tenais surtout a signaler I'ouvrage de
M. Vetillart des son apparition. II eut ele dommage qu'il n'en fiit pas dit
un mot a ce Congres. [Applaudissements.)
M. LE President. — L'ordre du jour appelle la discussion des 8^ et 9'* Ques-
tions. La parole est a M. Boule.
M. Boule. — Je propose d'adopter la conclusion n" 5 de M. Von Docm-
ming, ainsi conQue :
« 11 est necessaire, pour la prosperite de la navigation interieurc, et
« pour que le commerce en puisse lirer tout le parti economique possible,
« que les ports soient pourvus abondamment d'inslallations mecaniques
« perfectionnees pour faciliter les chargements ft les dechargements, et
« comportent des magasins avec un outillage repondant aux derniers per-
« fectionnements.
« La navigation supportera les taxes etablies, d'apres les frais d'amorlis-
« sement et d'entretien, pour I'utilisation des installations de ce genre,
« beaucoup plus facilement que les dommages qui resultent pour elle de
« I'insuffisance de I'outillage des ports. »
M. HoLTz. — J'ai I'honneur de deposer une proposition additionnelle a ce
texte. La voici :
« II importe de faciliter I'echange des marchandises enlrg les voies fer-
« rees et les voies navigables; les raoyens de transbordement destines a
« operer cet echange, doivent etre consideres comme une partie essen-
« tielle de I'outillage des ports.
« 11 appartient auxGouvernemcnts d'uscr, au besoin, de leur autorite ou
« de leur legitime influence aupres des Compagnies de chemins de fer pour
« assurer la construction et I'exploilation de ces raccordements sur les
« ports publics. »
II est utile que le Congres insiste sur la necessite de voies ferrees de
raccordement entre la navigation et les voies principales, partout ou cette
disposition est realisable, et ou Ton pourra desservir un certain tralic
d'echange. Ce voeu presentera peut-ctre moins d'interet pour les etrangers
que pour nous, car, si nous jetoiis les yeux sur une des cartes de Finte-
ressantc exposition de PAllemagne, nous trouvons que presque partout,
28
iU PROCES-YERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
les ports sont munis de voies ferrees. A Magdebourg, Mannheim, Mayence,
et dans tous les ports allemands, il existe des voies reliant les bateaux
avec les magasins, et ceux-ci avec les voies principales. En Belgique, la
situation est a peu pres la meme : il' n'y a guere de port digne de ce nom
qui soit prive de voie de raccordement ...
En France, la situation est tout autre : il existe, sur quelques points
isoles, ct exceptionnellement, quelques voies de transbordement que TElat
a concedees aux Compagnies. Partout ailleurs, lorsqu'on veut etablir un
raccordement, meme sur les points ou les interets generaux de la region
I'exigeraient, on se heurte a des difficultes a peu pres insurmontables, et a
I'opposition systematique des Compagnies.
Ici j'insiste, non pas seulement dans I'interet de la batellerie, mais dans
I'interet plus eleve du pays : la batellerie, comme le chemin de fer, est
un outil de transport; ce n'est pas le but vers lequel doivent converger
tous les efforts : ce but, c'esl I'augmentation de la richesse publique. A ce
point de vue, il est essentiel, ainsi que les orateurs precedents I'ont deja
fait remarquer, que Tantagonisme qui divise en France les chemins de fer
et la batellerie fasse place a une cooperation d'efforts, et I'Administration
doit s'ellorcer d'atteindre ce but desire; or, I'un des moyens les plus surs
c'est de favoriser les echanges que ces deux voies peuvent faire entre elles
au grand profit du pays. Les chemins de fer transporteront au port les
produits qu'ils ne transportent pas, et inversenjent les voies navigables
apporteront les matieres pondereuses pour les disseminer dans I'interieur
du territoire.
Je demande que le Congres veuille bien affirmer ce principe, et que les
Gouvernemenls, partout ou ce sera necessaire, usent de leur autorite et
de leur legitime influence, soit dans les negociations avec les Compagnies,
soit dans les conventions qui peuvent survenir, pour imposer la construc-
tion et I'exploitation de ces raccordements.
Je n'entrerai pas dans de plus longs details, quoiqu'il y ait beaucoup a
dire sur ce sujet, et je me borne a formuler ce voeu, cette proposition de
resolution que je demande a la 5* Section d'accepter. {Applaudissements.)
M. LE President. — M. Perier de Feral a aussi depose une proposition de
resolution sur la S'' Question. La voici :
(c Que les Etats obligent les Compagnies de chemins de fer a etablir des
« voies de raccordement avec les voies fluviales, sans taxes speciales, par-
te tout oil le besoin s'en fait sentir. »
Voici maintenant une proposition de MM. Von Doemming ct Imroth :
« 1° Partout ou s'effectuent des operations de chargement ou de dechar-
« gement, soit en voie courante, soit dans des ports speciaux, il y a lieu
« d'amenager les berges de fa<;on a faciliter le plus possible la rapidite
« de ces operations.
« Lorsque la nature des voies navigables exige la creation de bassins
« pour la protection de la batellerie contre le danger des crues et des
3° SECTION. — 9° SEANCE. ^55
« glaces, il est utile d'amenager ces bassins^d'hivernage comme des ports
« commerciaux, et de les raccorder avec les voies ferrees.
« 2" Pour developper la navigation interieure, et assurer a celle-ci son
« plein rendement economique, on a besoin d'un outillage mecanique
« etendu et perfectionne, de terre-plcins assez vastes, ainsi que de ma-
ce gasins et de hangars, avec une installation conforme aux exigences
a modernes.
« La navigation supportera des taxes calculees d'apres les frais d'en-
« tretien ct les interets du capital, pour I'utilisation d'installations de ce
« genre, beaucoup plus facilement que les dommages resultant pour elle
« de rinsuffisiince de I'outiilage des ports.
« 5" L'usage des ports publics doit etre subordonne a des reglements ne
« contenant que des prescriptions propres a sauvegarder la securite et
« Tordre, sans restreindre la liberte de la circulation au profit de personnes
« isolees. »
Cette proposition est substiluee a celle que M. Von Dimming a propo-
see a la fin de son rapport, et dont M. Boule a repris le § 3.
M. Boule. -- La redaction que j'ai reprise parait, en effet, plus simple
et plus generale.
M. LE Presideist. — La proposition de M. Boule, qui constituait Ic § 3
des conclusions du rapport de M. Yon Damming, comporte avec la prece-
dente des points communs qu'il s'agit de dcgager.
MM. Ton Doemming et Imroth disent dans leur § 1 :
c< Partout ou s'effectuent des operations de chargement et de decharge-
« ment... il y a lieu d'amenager les berges de fagon a faciliter le plus
« possible la rapidite de ces operations ».
Ce desideratum pourrait paraitre superflu, personne ne contestant la
necessite d'amenager les berges d'une maniere suffisante pour rendre les
chargements aussi rapides que possible.... Mais on me fait observer qu'il
s'agit de remplacer autant que possible les berges inclinees par des berges
verlicales. Aucune indication de ce genre n'est comprise dans la propo-
sition de M. Boule. 11 n'y a done pas double emploi.
« Lorsque la nature des voies navigables exige la creation de bassins
« pour la protection de la batellerie contre le danger des crues et des
« glaces, il est utile d'amenager ces bassins d'hivernage comme des ports
ot commerciaux et de les raccorder avec les voies ferrees. »
lei encore, pas de double emploi.
M. Hoi.Tz. — Mais ce qui concerne les raccordements viendrait a I'appui
de la proposition que j'ai faite d'accord avec M. Boule.
M. LE Presidem. — Oui, mais je compare le texte primitif de M. Yon
Doemming avec le nouveau texte qu'il vient de nous soumettre.
« T Pour developper la navigation interieure, et assurer a celle-ci son
« plein rendement economique, on a besoin d'un outillage mecanique
cc etendu et perfectionne, de terre-pleins assez vastes, ainsi que de ma-
436 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
« gasins et de hangars avec une installalion conforme aux exigences
« moderncs. »
Ce paragraplie rcproduit celui tendant a ce que les ports soient poiirvus
d'installations mecauiqucs perfectionnees, el qui elait ainsi con(ju :
« II est necessaire, pour la prosperile de la navigation interieure, et
pour que le commerce puisse en lirer tout le parti economique possible,
que les ports soient pourvus abondamment d'installations mecaniques
perfectionnees pour faciliter les chargements et les dechargements, et
comportent des magasins avec un outillage repondant aux derniers per-
fectionnements. »
M. HoLTZ. — C'est une traduction differente du meme lexle.
M. LE President. — Le paragraphe suivant est identiqiie.
« La navigation supportera des taxes calculees d'apres les frais d'en-
trelien et les interets du capital, pour I'utilisation des installations de ce
genre beaucoup plus facilement que les dommagcs resultant pour elle de
I'insuffisance de I'outillage des ports. »
Les § § 3 et suivants sent nouveaux :
« L'usage public des ports doit etre subordonne a des reglements ne
contenant que des prescriptions propres a sauvegarder la securitc et
I'ordre, sans restreindre la liberie de la circulation au profit de personnes
isolees. »
Les nouvelles propositions de MM. Von Doemming el Imroth paraissent
presenter un ensemble plus elendu que la resolulion de M. Boule, et je
crois qu'il vaudrait mieux les adopter comme base de discussion.
M. BouLfi. — J'avais fait une proposition comprenant un resume des
idees de ces Messieurs. Us font eux-m6mes cette proposition; c'est evidem-
ment preferable.
M. LE President. — Nous avons maintenant a examiner une proposition
de M. Perier de Feral.
M. Perieu de Feral. — Ma proposition est a peu pres resumee dans la
proposition amendee de M. Holtz et Boule que je ne connaissais pas, mais
je demande, en plus, que les voies de raccordement des chemins de fer
avec les voies lluviales ne soient pas I'objet d'une taxe speciale. Par la j 'en-
tends dire que, pour 1 ou 2 kilometres, les compagnies de chemins de fer
n'aient pas la liberie de prendre 1 ou 2 francs par tonne. En France, il
y a des voies de raccordement soumises a des tarifs de ce genre.
M. le President. — Vous soulevez la,evidemment, une question tres-inte-
ressante. Personne ne demande la parole a ce sujet?...
Votre proposition sur les taxes spcciales viendrait comme amendement
a la resolution concernant les gares d'eau; quant au reste, vous I'ac-
ceptez....
Votre proposition, monsieur Iloltz, vient comme amendement a celle de
M. Von Doemming?
M. HoLTz. — Parfaitement.
S" SECTION. - 9« SEANCE. «7
M. LE President. — Voici le texte :
« II est utile d'amenager ces bassins d'hivernage comme des ports com-
merciaux et de les raccorder avec les voies ferrees.
a II importe de faciliter I'echange des marchand.ses entre les ^oies
ferrees et les voies navigables : les moyens de Iransbordement destines a
operer cet echange doivent etre consideres comme une parlie essentielle
de routiUage des ports, y compris les ports d'hivernage >>.
C'est ici que viendrait I'addition de M. Pe.ier sur les taxes speciales.
Mais, monsieur Holtz,je crois que ce serait maintenant quil faudrai
introduire voire proposition. II faudrait la fondre dans le §1 de celle de
M Von Dcemming, de fa^on a faire un tout bien coordonne.
* M. HoLTz. - Ma proposition ne s'applique pas seulement aux ports
d'hivernage, mais a tons en general. , , ., j
M L. PbeLdent. - Cerlainement. M. Von DcBmmmg consent a etendre
sa proposition, non pas aux souls bassins d'luven.age, raa.s a tons
les ba sins. On pourrait faire de la question du raccordement une
question speciale, et on dirait : «... tons les bassins, y compns ceux d h.-
vernage.
'c"e "serait alors la resolution de M Holtz qui viendrait s'ajouter a
ramendemeiit de M. Pericr. , . , j v v««
M Holtz. - On pourrait raccourcir notablement le texte de M. Von
Doimming, tout en disant sensiblement la meme chose.
M. i-E President. — Cast un detail.
Voici, sauf changements de redaction qui auraient pour but de conden-
ser un peu le texte sans en alterer le sens, la 1" proposition que je sou-
mets a vos votes : j j • i
« V Partout oil s'efl'ecluent des operations de cbargement ou de dechar-
. gement, soil en voie courante, soil dans des ports specmux, >1 j a heu
. d'ameniger les bergesde f=«on a faciliter le plus possible la rap.d.te de
' rioTsque hnature des voies navigables exige la creation de bassins pour
, la protection de la balellerie centre le danger des crues et des glaces, .1
. est ulile d'amenager ces bassins d'hivernage comme des ports commer-
« ciaux. »
(Ce ^ 1 est mis aux voix et adopte.) ,
« 2° Pour developper la navigation interieure et assurer a celle-ci son
« plein rendement economique, on a besoin dun outillage mecanique
cc 6tenduet perfectionne, de terre-pleins assez vastes, amsi que de maga-
cc sins et de hangars avec une installation conforme aux exigences mo-
« dernes. , ,, , , p • j>„„4„„
« La navigation supportera des taxes calculees d apres les frais d entie-
« tienet les interets du capital, pour I'utilisation des installations de ce
« genre, beaucoup plus facilement que les dommages resultant pour elle
« de I'insuffisance de I'outillage des ports. »
458 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
(Ce § 2, mis aux voix, est adopte.)
« 5° L'lisage des ports publics doit etre subordonne a des reglements ne
« contenant que des prescriptions propres a sauvegarder la securite et
« I'ordre, sans restreindre la liberie de la circulation au profit de per-
« sonnes isolees. »
M. Deinys. — Je demande la parole.
M. LE President. — La parole est a M. Denys.
M. Denys. — Sur le canal de I'Est, nous avons construit un certain
riombre de ports avcc le concours des parliculiers. lis ont donne cbacun
10000 ou 12000 francs pour des quais de 300 metres dont ils n'utilisent
qu'une parlie. Si Ton donnait une suite effective au voeu qui est propose,
^ces particuliers pourraient se trouver inquietes dans leurs interels. En fait,
nous les laissons presque toujours jouir d'une fagon presque privee d'une
;partie du port a I'execution duquel ils ont notablement contribue. 11 serait
done bon de faire une modification dubitative au texte, ou une addition, de
fa^on qu'on puisse continuer a appeler les particuliers a contribuer aux
depenses de construction. On pourrait ajouter, par exemple, la formula de
politesse : autant que possible.
M. Raffalowich. — M. Von Doemming, qui a compris ces observations,
accepte cette modification.
M.. FLEuav. — Ces mots me font craindre qu'il ne s'agisse de donner a cette
resolution le caractere d'une plus grande ampleur accordee a I'initiative
de I'Elat, etsurtoutl'emploi desfonds publics pour cetle sortede depenses.
II y a des industriels qui ont fait des amenagements particuliers, qui ont
installe des ports et des grues. C'est dansce sens qu'il fautencouragerces ame^
liorations, bien plus que parrinterventiondel'Administration. Quand unin-
dustriel fait unquai vertical, installe des grues, des voiesderaccordement, etc.,
il sait bien ce qu'il fait : il est guide par I'interet prive. Si Ton veut meubler
la riviere de quais verticaux, de grues et autres perfectionnements, et si
on ne les utilise que peu, on aura rendu service a certains usagers, mais
ce sera, en somme, un outillage qui aura coiite tres cher.
Je voudrais done etre bien rassure, et savoir que, dans les resolutions
q^ue nous prenons, il ne s'agit pas de limiter ni de decourager en quoi que
ce soit I'initiative privee.
M. LE President. — Les mots : « autant que possible » constituent une
attenuation et une formule de politesse destineea empecherque le Congres
decide d'une fagon absolue. Mais cette formule est deja dans le texte du
vceu adopte a Manchester, et que nous avons confirme. La meme formule
se retrouve encore dans le texte de la proposition que nous avons adoptee
hier. Si nous avions une attenuation a apporter a la proposition de M. Von
Doemming, il vaudrait mieux employer une autre expression. On pourrait,
par exemple, introduire une exception pour les particuliers qui auraient
contribue a construire nn port.
M. Raffalowich. — JVIM. Von Doemming et Imroth me disent qu'ils sont
5' SECTION. — 9» SEANCE. ^^59
d'accord pour reconnaitre qu'il y a la une situation exceptionnelle pour
laquelle on pourrait formuler une exception.
M T.E President. - Je suis d'avis de specifier, et d'ajouter une phrase
libellee dans le sens suivant : «... sauf le cas ou des particuliers auraient
« fourni tout ou parlie des ressources necessaires a la construction de ces
« ports. » ,. jj-t-
M Raffvlowich. - MM. Von Doemming et Imroth acceptent cette addition.
M. J.cQUELiN. -Le direcleur de la Compagnie du Centre a fait de grandes
depenses d'amenagements a Roanne. Moi-meme, j'ai eu une grande entre-
prise de transports a Roanne. Je dis « je », mais j'ajoute : grace a la b.en-
veillance du service des Fonts et Chaussees, toujours devoue aux interets
de la batellerie ; car il ne faut pas qu'il y ait de confusion sur nos senti-
ments : bien que nous ne soyons pas d'accord en certains cas, nous ne
sommes pas inoins reconnaissants envers ce corps de tons les services qu i
nous rend. Grace a la bienveillance des ingenieurs, nous avons souvent
obtenu des permissions, dites temporaires, pour etablir nos abris et nos
quais. C'est bien ce que veut dire Taddition « sauf le cas ou les particu-
liers auront fait eux-memes les avances des fonds necessaires a 1 mstal-
lation. » . , .
M Fontaine. - Au lieu de dire, « tout ou partie des ressources », je
demande qu'on disc : « la totalite ou une partie notable des ressources
necessaires ». II y a, en effet, des particuliers qui contribuent pour 60 ou
100 francs a I'execution d'un ouvrage, et il ne faudrait pas qu is s imagi-
nent que cela leur donne des droits ; il y a des contributions si faibles qu on
ne saurait en lenir compte.
M. LE President. — Je vous propose de rediger amsi ce ^ o :
« ^ 5. L'usage des ports publics doit etre subordonne a des reglements
« ne^ontenant que des prescriptions propres a sauvegarder la securite et
« I'ordre, sans restreindre la liberie de la circulation au profit de personnes
« isolees. Cette regie ne devrait comporter d'exceptions que dans le cas ou
a des particuliers fourniraient la totalite ou une partie notable des res-
« sources necessaires a finstallation et a fentretien de ces ports. >>
Si personne ne demande la division, je mets aux voix I'ensemble du para-
graphe.
(Cette redaction, mise aux voix. est adoptee.) _ ^
Nous en arrivons a la proposition additionnelle de M. Hollz, amsi confue :
c< 4° n importe de faciliter I'echange des marchandises entre les vo.es
« ferrees et les voies navigables : les moyens de transbordement destines a
« opp.rer cet echange doivent etre consideres comme une partie essentielle
« de I'outiUage des ports, y compris les ports d'hivernage. »
A ce texte, M. Perier de Feral propose d'ajouter les mots : « Les taxes sur
« les voies de raccordement seront calculeeskilometriquement, su.vant les
« tarifs kilometriques les plus reduits du parcours principal, sans taxes de
« raccordement ou tarifs speciaux. »
440 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
M. Carlier. — Voila des mots dangereiix ; gerieialement on enlend par
tarif special iin tarif reduit.
M. CoLsoN. — Les mots « sans taxes de raccordement h repondraient a
I'idee qu'on exprime quand il n'y a pas de taxc particuliere pour le passage
de la voie ferree a lavoie d'eau, en empruntant lesrailsdu raccordement..,
Les mots « tarifs spcciaux » donneraient lieu a une confusion complete.
M. Perier de Feral. — H y a forcement une taxc kilometrique quand la
gare d'eau se trouvc a 2 kilometres de la gare reelle.
M. CoLsoN. — On pourrait dire : « sans augmentation de taxe autre que
« celle resultant de I'augmentation du parcours kilometrique. » {Assen
timent.)
M. DouAu. — 11 y a cependant une autre difficulte : lorsqu'on se trouvera
en presence d'un port appartenant a un particulier, si Ton fait le raccorde-
ment, on se trouvera regulierement, legalement, en face d'un raccorde-
ment industriel, et le voeu qu'on emettrait pourrait ne pas recevoir de
sanction. II faut done bien sous-entendre, et je crois que ce sera votre avis
a tons, que le voeu ne s'applique qu'aux ports publics. {Assentiment,)
M. CoLsoN. — On pourrait faire exception pour les quais qui auraient des
embranchements particuliers.
M. Fleury. — Laissons-les beneficier do notre silence.
M. Carlier. — II n'y a qu'a ajouter « ence qui concerne les ports publics ».
M. LE President. — C'est une simple question de redaction. Ces Messieurs
auront I'obligeance de revoir ce texte.
M. CoLsoN. — Je propose : « sur les ports publics, sans autre augmenta-
« tion de taxe que celle qui resulte du parcours kilometrique, et sur les
« ports prives dans les conditions de droit commun concernant les
« embranchements particuliers. »
M. Mange. — Au point de vue du droit strict, les Compagnies ne sont
pas tenues d'accepler le raccordement avec les ports; si elles le faisaient,
ce ne serait que dans les conditions d'un embranchement particulier.
II ne serait pas possible d'obliger les Compagnies a percevoir une taxe
kilometrique, en supprimant celle resultant du parcours de la marchan-
dise. Du moins je parle pour la France: je ne sais pas comment les
choses se passent a I'etranger.
M. Fleury. — Cost un simple voeu que nous formulons.
M. YoLAM. — Je voudrais citer un seul exemple de faits contraire a ce
que dit M. Mange.
A Roanne cxiste un embranchement qui a ete construit par I'Etat, puis
cede a la Compagnie P.-L.-M. Une loi de 1886 oblige les Compagnies a
appliquer le tarif sur cet embranchement comme s'il faisait partie de la
ligne principale, c'est-a-dire au kilometre, de la gare d'eau a la gare
reelle. C'est ce que demandait M. Perier : la loi existe, etpar suite I'asser-
tion de M. Mange est inexacte.
M. CoLsoN. — Voici I'explication de ce fait : I'embranchement de
S" SECTION. — 9' SEANCE. 441
Roanne fait partie d'urie ligne concedce a la Compagnie P.-L.-M. a titrc de
ligne non denommee; ce n'est pas une voie de raccordement.
M. LE President. — Parfaitement : c'est une situation exceplionnelle.
M. Volant. — La loi n'est pas appliquee a Roanne, parce que la Compa-
gnie pretend qu'il n'y a pas de place pour reeevoir les marchandises.
A la gare de Gimouille, il y a un raccordement entre la voie ferree et le
canal : on paye suivant le tarif kilometrique du reseau. II exisle encore
d'autres exemples de ce mode de larificalion. .
En somme, cela depend de I'Etat, qui demandeplus ou moins aux Com-
pagnies.
M. LE President. — Nullement; car, lorsqu'il s'agit de faire une nou-
velle ligne, I'Etat pent bien discuter les conditions des tarifs; mais quand
il y a un central, I'Etat n'a pas le droit de le violer lui-meme ; ce serait
revenir a la politique de Philippe le Bel.
M. CoLsoN. — Nous ne discutons pas la question au point de vue du
droit en France, mais au point de vue de ce qui est desirable; il me
semble done difficile de ne pas maintenir la distinction : pour les ports
publics, ou tout le monde doit pouvoir acceder, la Compagnie doit faire
un service public en percevant la taxe ; mais si Ton elablit un embranche-
ment dans un port prive, ou tout le monde ne peut pas faire de charge-
ments, il parait difficile de ne pas recourir au regime des embranche-
ments particuliers. Ce que nous demandons, c'est I'egalite de traitement
pour la voie de transbordement entre la voie ferree et la voie d'eau. Cette
^galite consiste a payer la taxe kilometrique la ou il y a service public,
sauf a etablir une taxe parliculiere quand il s'agit d'un embranchement
particulier. II ne semble pas qu'on puisse alter jusqu'a demander une
perception de service public sur un embranchement particulier.
M. le President. — J'appelle I'attention do MM. Iloltz et Perier sur ce
point.
M. DouAU. — C'est absolument ce que je voulais dire.
M. Fontaine. — On pourrait ne parler que des ports publics ; cela sim-
plifierait le texte.
M. lIoLTz. — Je tiens beaucoup a ce qu'on parte des ports prives : c'est de
Ici que viennent toutes les difticultes et le mauvais vouloir des Compagnies.
M. Fontaine. — Les ports prives pen vent debattre eux-memes leurs con-
trats.
M. FLEDiiY. — Vous allez consacrer la prohibition des cahiers de charges.
M. CoLsoN. — Au contraire !
M. LE President. — Voici la proposition de M. Colson ajoutee a celle de
M. Holtz :
« II appartient aux gouvernements d'user au besoin de leur autorite ou
« de leur legitime influence aupres des administrations et des Compa-
« gnies de chemins de fer pour assurer la construction et I'exploitation
« de ces raccordements, sur les ports publics, sans autre augmentation de
442 PROCfiS-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
« taxe que celle qui r^sulte du parcours kilometrique, et sur les ports
a prives dans les conditions de droit commun concernant les embranche-
« ments particuliers. »
M. GiRARDON. — Un port prive dans lequel se fait le transbordement n'a
aucun rapport avec le port prive dans lequel I'industriel recoil des mar-
chandises pour les besoins de son industrie. Je ne vois guere d'autre
port prive ou Ton ait a faire le transbordement, qu'un port exploite par
une Compagnie de magasins generaux. Est-il necessaire d'admettre que,
parce que la marchandise passera par un magasin general, elle payera
plus cher que sur un port public?
M. CoLsoN. — Pas « plus cher >■> ; mais « plus cher dans certains cas,
moins dans d'aulres ». L'organisation n'est pas la meme.
Dans les ports publics, la Compagnie fait le chargement, et per^oit une
taxe de manutention; elle est limitee comme temps. Dans les ports prives,
elle amene les wagons a I'entree de I'embranchement particulier, et le
proprietaire paye une taxe pour I'usage du wagon pendant le temps qu'il
s'en sert, et c'est lui qui I'emmene dans I'usine ou au port. Les taxes ont
des bases diflerentes.
M. GiRARDON. — C'est du droit frangais que nous faisons la. II s'agit
d'emettre le voeu que les marchandises arrivant par voies ferrees privees
ne payent pas plus cher qu'ailleurs.
M. Raffalgavich. — M. Yon Doemming me fait observer qu'en ce qui
concerne la region de I'Elbe et de I'Oder, les embranchemcnts qui con-
duisent aux ports interieurs sont traites comme des embranchemcnts
industriels. On fait payer le droit de passage de la voie principale a la
voie annexe, et en dehors de ce peage, de ce droit de passage, on applique
le tarif ordinaire. II n'y a pas uniformite de taxe dans le rayon que
connail M. Von Doemming, et recemment des plaintes tres-vives se sont
elevees contre le taux des droits per^us.
M. CoLsoN. — Ma proposition est internationale : dans tous les pays, il
y a des regimes dift'erents entre la gare publique et la gare privee.
M. Mange. — On fait confusion quand on assimile la gare d'eau a la
gare publique : dans la gare publique, tous les expediteurs ne peuvent pas
aller chercher leurs marchandises : ils sont soumis a certaines restric-
tions. La seule chance d'arriver a un resultat, c'est de demander I'assi-
milation de ces raccordements entre les voies d'eau et les voies ferrees a
un embranchement particulier. C'est ce qui se passe en Allemagne.
M. LE President. — M. Girardon, avez-vous formule votre idee dans un
texte de resolution?
M. Girardon. — Je demande qu'on ne disc pas qu'il est desirable que
les transports fails sur chaque fraction de ligne de raccordement entre
les chemins de fer et les ports ne soient pas greves d'autre charge que
celle du transport d'apres la longueur kilometrique.
M. Raffalowich. — Pour une pareille question il est bien difficile d'eta-
3« SECTION. — 9' SEANCE. 445
blir une regie s'appliquant a tons les pays elrangers. En ce qui me con-
cerne, je me rallie au texte de M. Colson. Si nous voulons que nos voeux
aient une portee pratique, il faut les faire Ires-limidement. Si nous y
metlons des truismes, ce sera comme si nous ne faisions rien. Pour moi,
je voterai le texte de M. Colson.
M. Carlier. — Nous pourrions laisser la distinction enlre les ports
publics et pri\es, et ajouter : « sans qu'il y ait d'autres frais que ceux
« resultant du parcours kilometrique a faire sur la voie ferree ».
M. LE President. — Je prefere la redaction de M. Colson a la v6tre,
parce qu'il y a la une question de droit general : la distinction des ser-
vices publics et prives.
M. Carlier. — Du moment ou il est admis que, dans tons les pays, la
legislation est distincte et speciale pour les embranchements parliculiers,
je me rallie a la proposition de M. Colson.
M. Girardon. — II semble que nous nous egarons un pen sur une ques-
tion de legislation.
M. le President. — Nous ne faisons que cela ! ce sont des voeux de
legislation que nous formulons.
M. GiRARDoiv. — Notre desir est de laisser a chaque Etat le choix des
moyens legislatifs.
M. LE President. — En definitive, c'est un regime que nous demandons.
M. Girardon. — II semble que le regime que nous demandons, c'est que
la ligne qui aboutit a la voie d'eau ne paye pas de transport, quant a la
longueur kilometrique. C'est du moins le desir de plusieurs d'entre nous.
M. Mange. — Ce regime serait plus onereux que celui actuel pour cer-
tains embranchements en particulier.
M. Girardon. — C'est tout a fait special a certains cahiers de charges
frangais.
M., DouAu et plusieurs de ses collegues demandent la priorite pour la
proposition de M. Colson.
M. LE President. — Je mets d'abord aux voix la premiere partie du § 4,
proposee par M. Holtz. J'en donne une nouvelle lecture :
« II importe de faciliter I'echange des marchandises entre les voies
i< ferrees et les voies navisables; les moyens de transbordement destines
« a operer cet echange doivenf etre consideres comme une partie essen-
ce tielle de I'outillage des ports, y compris les ports d'hivernage. »
(Adopte.)
Yoici la deuxieme partie, proposee par M. Hollz :
« I! appartient aux gouvernements d'user au besoin de leur autorite
(( ou de leur legitime influence aupres des administrations et des Compa-
« gnies de chemins de fer pour assurer la construction et I'exploitation
« de ces raccordements. »
Je m'arrete ici, pensant que nous somraes d'accord pour cette pre-
miere partie du texte. {Adopts.}
444 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS. '
M. Colson propose d'ajouter : « ... sur les ports publics, sans autre aiig-
« mentation detaxe que cello qui resulte du parcours kilometriquc, et sur
« les ports prives dans les condilions de droit commun concernant les
« embranchements particuliers. »
M. Fleury. — Mais ce sont les chemins de fer qui nous font voter un
pareil texte !
M. LE Preside>t. — Nous sommes Congres international, et c'est a ce litre
que nous votons.
Personne ne demande la division sur cette^ phrase?
M. Perier de Feral. — On pourrait ajouter : a sans que le tarif kilome-
« trique soil depasse ».
M, le President. — Veuillez formuler votre addition par ecrit.
(M. Perier de Feral renonce a cette addition. — M. le President met aux
Yoix la proposition dont il vient de donner lecture; elle est adoplee.)
M. Fleury. — L'auteur de I'amcndement I'abandonne, et sans prevenir!
M. LE President. — Nous avons maintenant a nommer un rapporteur
pour la 8* Question et les resolutions dont elle a etel'objet.
Ce rapporteur semble tout indique : c'est M. Von Doemming.
(A I'unanimite, M. Von' Dcemming est nomme Rapporteur.)
M. LE President. — Nous passons a la 9" Question. (RAles respeclifs
des voies navigables et des chemins defer dans I'industrie des transports.)
M. Carlier. — J'ai I'honneur de deposer, de concert avec M. Holtz, la
proposition de resolution suivante :
« Le V* Congres international de navigation interieure ne pent que repro-
« duire et confirmer, a la suite des rapports qui lui ont ete soumis, la
« declaration votee par le IV*" Congres, tenu en 1890 a Manchester, et deja
« formulee en principe au 11<^ Congres tenu a Vienne en 4886, declaration
« ainsi congue :
« L'existence et le developpement simultane des chemins de fer et des
« voies navigables sont desirables :
« 1° Parce que ces deux moyens de transport sont le complement Fun
« de I'autre, et doivent concourir, chacun suivant ses merites speciaux,
« au bien general;
« 2" Parce qu'en voyant les choses dans leur ensemble, le developpe-
« ment industriel et commercial, qui est le resultat certain du perfection-
« nement des voies de communication, finit par profiter a la fois auxche-
« mins de fer et aux voies navigables. »
Je demande a vous dire quelques mots pour vous expliquer ce voeu.
Lorsque nous sommes alles a Vienne en 1886, les membres de la delega-
tion frangaise et moi, nous etions bien convaincus de la verite de ce prin-
cipe qu'entie les voies navigables et les chemins de fer il y a parallelisme
et nullement antagonisme. Cette verite n'avait pas cours en France et,
comme pour le 3 0/0 en Bourse, il faut des efforts considerables pour la
faire arriver au pair dans I'opinion publique.
5' SECTION. — 9^ SEANCE. 445
L'annee piecedente, en 1885, il s'etait tenu,en Ilalie, je crois, un grand
Congres de chemins de fer, dans lequel une haute noloriete, un ingenieur
des plus eminents et connu comme lei dans toule I'Europe, avail fait unc
charge a fond contre les voies navigables, et emis cette idee, qui a encore
ses partisans en France, que le mieux serait de consacrer les sommes qu'on
affecte au developpement des voies navigables a des subventions aux com-
pagnies de chemins de fer, pour leur faire abaisser leurs tarifs, en vue d'ar-
river a des prix de transport qui ne depassent pas les prix de transport
pergus sur les canaux. C'est unc theorie qu'on aurait appelee autrefois
communiste; je ne sais pas comment on dirait aujourd'hui ; les mots ont
tant change de valeur depuis quarante ansi Cette Iheorie consiste a consa-
crer I'argent pris dans la poche des contribuables a payer les marchandises
au-dessous de leur valeur en vue d'atrophier le travail national et indivi-
duel. Nous etions dans ces sentiments, en arrivant a Vienne, prevenus par
cette charge a fond, et notre premiere idee a ete de consulter, en conver-
sation, les Membres du Congres, ingenieurs etrangers, qui nous avaient
recus avec cette cordialite qui sera notre meilleur souvenir du Congres de
Vienne.
A notre question, ils ont eprouve un etonnement profond, nous deman-
dant ce que nous voulions dire, lis nous ont repondu : Mais c'est une verite
de M. de la Palisse! 11 n'y a chez nous aucun antagonisme, pas la moindre
concurrence, dans le sens defavorable du mot, entrela voie navigable el la
voie ferree : il y a concours, union complete.
Cependant un de nos collegues a cru devoir soulcver le debat dans une
des Sections de ce meme congres, pour appeler Tattention sur la question,
et lui donner un point de depart. La discussion de cette question en seance
pleniere a fourni a un aimable collegue I'occasion d'un joli discours, aussi
remarquable au point de vue lilteraire qu'inleressant au point de vue des
idees, et que je conseille de relire, en fran^ais, dans les Comptes rendus du
Congres de Vienne. Ce discours a etc convert d'applaudissemcnts ; mais
I'impression generate etait que c'etait beaucoup d'efforts fails pour enfoncer
une porle ouverte. Aussi on n'y a pas attache, au moment des resolutions,
une importance exageree ni meme suffisante, et on a traduil ces senti-
ments dans le texte suivant : « L'importance economique des voies navi-
« gables artiticielles, en ce qui concerne avant lout I'echange des rnarchan-
« discs, est si considerable qu'il convient, malgre les lignes de chemins do
« fer exislantes, d'etablir dc5 voies navigables artiticielles dans les re-
« gions convenables. »
C'etait un acquiescement au principe, mais on aurait dit que le Congres
jugeail superflu de faire plus pour nous.
En 1890, a Manchester, nous etions sur un autre terrain, dans un paysou
le dogme de la libre initiative individuelle est respecle a tel point que le
gouvernement hesite, dans la pluparl des cas, a user de sa legitime
influence pour empecher la concurrence de devenir abusive. Depuis cette
446 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
epoque, le Gouvernement s'est rendu compte de la n^cessite d'agir plus
directement; mais, avant le Congres, Taction du Gouvernement ayant ete
nulle sur les Compagnies de chemins de fer, elles etaient arrivees a absor-
ber par voie de rachat plus du tiers des voies navigables du Royaume-Uni.
Les autres voies navigables etaient ecrasees par des abaissemcnts de tarifs
exageres, au point d'etre amenees a capituler a bref delai. Si I'attitude du
gouvernement n'avait pas sensiblement change depuis cette epoque, le
rachat, c'est-a-dire la ruine complete de la batellerie aurait ete chose
accomplie.
Done, lorsque la question a ele soulevee au Congres de Manchester, 11
y a eu, au debut, certaines manifestations des sentiments que nous rencon-
trons en France ; mais cette attitude n'a pas tenu, des qu'on a eu entendu
les explications de M. Lindley, eminent ingenieur anglais, Directeur et con-
slructeur du port de Francfort-sur-le-Main, et de M. Puis, Membre de la
Chambre de Commerce de la meme ville. Ces messieurs ont dit au Congres :
Vous qui parlez d'antagonisme cntre les deux voies, voyez done ce qui
s'est passe a Francfort : le Main est horde des deux cotes par une ligne de
chemin defer; avant I'amelioration de la navigation sur cette riviere, avant
1887, il y avail un trafic de 152425 tonnes, et I'ensemble des chemins de
fer riverains representait 897 712 tonnes.
Depuis 1887, les deux mouvements ont progresse parallelemeni, d'une
fagon continue, si bien qu'en 1889 le developpement des transports est
arrive a 577 610 tonnes pour la voie d'eau, et a 1534148 pour les voies
ferrees.Le trafic de la navigation a triple et celui des chemins defera aug-
mente de moitie. Dites done maintenant qu'il y a antagonisme. L'augmen-
tation a ete plus forte pour la navigation que pour la voie de terre, mais
ce n'est pas etonnant. L'economie que nous a apportee Faugmentation de
la voie navigable a ete, en 1887, de 1 141 000 marks, ou 1 427 000 francs ;
en 1888 : 1693000 marks, ou 2 116 000 francs. Mais il n'enest pas moins
vrai que la navigation n'a pas fait tort au chemin de fer, puisque celui-ci
a encore augmente de 50 pour 100.
Aussi y eut-il presque unanimite, apres ces explications et celles don-
nees par M. Holtz pour les lignes et les canaux de I'Est de la France qu'il
connait si bien, en faveur de la proposition que j'ai eu I'honneur de
deposer sur le bureau.
Depuis le Congres de Manchester, nous avons eu, comme faitsnouveaux,
les rapports deposes et analyses par la 3'' Section, tous tres-edifiants et tres-
instructifs. Dans les rapports de M. Van dcr Borghl et Merkens, nous lisons
que, de 1886 a 1891, le mouvement de la navigation sur le Rhin prussien
a cru dans la proportion de 9 750 000 tonnes, en 1886, a 15 714 000 en
1890. La proportion est a peu pres la meme entre les expeditions etles arri-
vages. Pour les chemins de fer, les rapporteurs declarent ne pouvoir saisir
que les expeditions; sur les deux rives, le mouvement etait, en 1886, de
46579000 tonnes, et, en 1890, de 58607000. II y a done augmentation
3= SECTION. — 9^ ScANCE. 447
des deux trafics, et la proportion entre les chemins de fer et les voies navi-
gables etant de 59 millions de tonnes a 14 millions, on ne pent pas dire
que la navigation a tue les chemins de fer.
Dans le memoire de M. Pescheck, on trouve les resultats de la navigation
sur I'Elbe et surl'Oder : en 1889, ilsetaientde 5825000 tonnes, et pour les
chemins de fer qui occupent la aussi les deux rives, 51 269 000. En conse-
quence, cette navigation intensive n'a pas nui au chemin de fer. Aussi
M. Pescheck conclut-il tres nettement qu'il n'y a pas a redouter que la voie
fluviale porte quelque prejudice a la voie ferree.
M. Pollack s'occupe aussi de TElbe, et compare le tratic de ce fleuve a
celui des voies etablies sur les rives. Sa conclusion est identique a celle de
M. Pescheck.
En France, il y a des regions ou la navigation date du xf siecle,
peut-etre avant ; c'estune anciennete respectable. Dans les pays ou la navi-
gation est plus ancienne, les voies navigables ont ete amenagees plus tot.
Dans le iSord, la navigation a pris, depuis quarante ans, des proportions con-
siderables : c'est justement la que le chemin de fer a pris le plus d'exten-
sion ; la prosperite de notre reseau egale celle des nieilleurs reseaux etran-
gers. Depuis quelques annees, la navigation du Nord sur Paris a triple :
elle a passe de 1200 000 tonnes a 5 500000. Or, cela n'a nullement fait
baisser les recettes de la Compagnie du Nord ; cependant, ce reseau a ouvert,
comme lesautres,une serie de lignes qu'on pent qualifier d'improductives,
— ce mot n'ayant pas, sur le Nord, le sens absolu qu'il faut lui donncr sur
les autres reseaux ; — mais les lignes mises a la charge de la Compagnie
du Nord par les conventions de 1885 nesontpas de nature a augmenterles
dividendes des actionnaires. Cependant, ce dividende n'a cesse de s'accroitre
dans des conditions qui satisfont tons les interesses. Si nous pouvions
savoir, — en France, ce n'est pas possible — quel est le trafic exact kilome-
trique des lignes paralleles aux voies de navigation, il n'est pas probable
que, sur le Nord, particulierement, puisque nous en parlons, nous trou-
vions une diminution dans les recettes pour ces lignes paralleles.
Quant aux autres Compagnies de chemins de fer, elles sont vivement
preoccupees de ce qu 'elles appellent I'antagonisme des voies navigables. Pre-
cisement, c'est dans cette meme Section qu'avant-hier, je crois, on emettait
le vceu que des statistiques fussent etablies en vue de permettre la compa-
raison enire les voies de navigation et les lignes seulement paralleles. Par
exemple, sur le reseau de I'Est. il n'est pas douteux que le canal de la
Marne au Rhin abaisse le trafic de la voie ferree; mais, ce qui n'est pas
douteux aussi, pour un grand nombre des collegues qui m'ecoutent, c'est
que si Ton I'faisaitces voies de raccordement au sujet desquelles vous venez
d'emettre un voeu, si Ton realisait cette liaison etroile entre les canaux et
la voie ferree, si on faisait en France ce qu'on execute avec tant de bon-
heur et de continuite en AUemagne, les voies paralleles ne perdraient
peut-etre rien, et les lignes perpendiculaires trouveraient, dans les ports.
us PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
des elements de trafic' considerables, qui compenseraient, et au dela, les
quelques perles eventuelles et momentanees des lignes principales. A Mag-
deboiirg, on a depense 4 millions pour amenager des ports el les relicr
aux voies ferrees. En Aulriche, deux Compagnies ont depense autant pour
creer des ports immenses a leurs frais. Je voudrais que celtc liaison intimc
de la navigation et des voies des grandes Compagnies fut chose realisee en
France, et c'est dans ce desir que j'ai presenlc au nom de M. llollz et au
mien la proposition du renouvellement du voeu de Manchester. {Applau-
dissements.)
M. I.E President.— La parole est a M. Pescheck.
M. Pescheck. — Messieurs, je n'ai pas I'intention de prononcer un dis-
cours. Je voudrais seulement dire quelques mots pour appuyer les con-
clusions qui terminent mon rapport.
Voici la premiere : ♦
« La regularisation des grands fleuves au moyen de digues destinees k
assurer le libre ecoulement des caux basses el moyenncs dans un lit
mineur invariable, de maniere a emp6cher des marais de se creer aux
abords, favorise en ineme temps la navigation, et provoque I'amelioration
des canaux, sans tendre a cr^er une concurrence aux chemins de for. »
C'est une erreur repandue en Allemagne, comme ailleurs, que I'amena-
gement des voies navigables porte prejudice a ragriculture; on dit que,
quand il y a beaucoup d'ecluses, les fleuves sonl trop longtcmps hauls et
que I'agriculture en soufTre. C'est une erreur capitalc. On dit encore que
lestravaux des ecluses ont eleve le niveau des eaux, cc qui est evident, et
qu'il en est de meme pour la regularisation, ce qui est faux. II suffit de-
faire un voyage sur les fleuves, et d'etudier un peu la question pour se
convaincre que c'est le contraire qui est la verity. C'est ce que je tends a
affirmer dans ma premiere conclusion.
« 2° Les chemins de fer et les voies navigables sont egalement aptcs a
effectuer tous les grands transports ; et plus les voies navigables et I'orga-
nisation des transports sont ameliorees, plus leur reviennent les marchan-
dises peu encombrantcs. »
Je reponds la a une autre erreur. On dit souvent que les marchandises
encombrantcs sont du domaine des voies navigables. C'est un tort. On
dit, en revanche, que les chemins de fer ne peuvent pas bien faire les
grands transports. Nouvelle erreur : il y a des pays ou la navigation n'esl
pas possible, et les chemins de fer suppleent tres-bien aux grands trans-
ports. D'autre part, surtout dans les voies d'eau ou la regularisation est
terminee, on trouve a bord des bateaux des marchandises fines et peu
encombrantes.
3" « Les voies navigables exigent avant tout, a I'heure presente, pour
lutter avec les chemins de fer, un outillage plus complet pour la manu-
tention des marchandises a embarquer ou a debarquer. »
M. Bellingrath, qui connait bien la question, a dit dans son rapport qui
3= SECTION. - 9' SEANCE, 449
a etediscute dans une auire Section, que, par suite du manque d'outillage
dans les ports, un bateau ne circule en moyenne que 75 jours par an; les
225 autres, sur les 500 jours de navigation annuels, sont perdus dans le
stationnement et le dechargement.
C'est a ce prejudice que je fais allusion dans cette troisieme conclusion.
'« 4° Le role respectif des voies navigables et des voies ferrees, dans un
pays determine, depend surtout des conditions naturelles existant pour la
navigation, ainsi que de la polilique economique qui preside au mouve-
ment des marchandises. »
11 est clair que rien n'est comparable entre votre regime, par exemple,
comportant plusieurs grandes Compagnies, et le notre, c'est-a-dire
I'exploitalion par I'Etat. C'est a cause de la concurrence des Compagnies
qiie vous avcz supprime I'impot sur la batellerie. line telle mesure ne
s'impose pas che* nous oii les chemins de fer sont entre les mains de I'Etat.
« 5° Les voies navigables permettent, avec plus de facilite et d'efficacite
qiie les tarifs speciaux des chemins de fer, la participation dc I'ensemble
du public aux frais des grands transporls, dont le bon marche est indis-
pensable pour la prosperitc de I'industrie et de I'agriculture. »
11 s'agit de faire parliciper le public aux frais des grands transports.
Tout le monde connait le succes oblenu par la reglementation etablie sur
leMain. Les fails ont ete exposes au Congres de Manchester. Un autre
exemple est celui de I'Oder : le canal a ete inaugure I'annee derniere. Dans
I'annee de I'ouverture, le nombre des bateaux a triple, et les bateaux sont
en general plus grands.
En Allemagne, les peages ne sont pas abolis, mais ils sont insuffisants
pour couvrir le cout de I'entretien : ils afteignent a peine 1/3 de la de-
pense: C'est une des raisons pour lesquelles on s'est precipite sur la voie
nouvelle, plus grande, et ou Ton va plus vite.
« 6" La creation de voies navigables artificielles se justifie economique-
ment en general, meme la ou les charges resullant de la construction et
de I'entretien ne doivent etre compensees que par I'economie que realise le
client par rapport aux frais de transport en chemin de fer; et il n'y a pas
a redouter que les voies ferrees eprouvent aucun prejudice de la creation
dc ces canaux. »
Les charges d'entretien et d'araortissemerit s'egalisent avec le profit que
tire le public.
Telles sont les conclusions que je vous propose d'adopter. [Applaudis-
semenls.)
M. LE President. — Je remercie M. Pescheck de nous avoir fait le commen-
taire de son rapport.
Nous sommes en face de la proposition de >BI. Holtz et Carlier repro-
duisant le voeu de Manchester, et des six conclusions de M. Pescheck.
La: parole est a M. Floury.
M. Fleury. — Je ne vous reliendrai pas longlemps.
29
450 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
J'ai 6t6 frappedes paroles de M. Carlier nous parlant de paix el de Con-
corde ; certes, nous avons vote son texte a Yienne, mais je ne crois pas
qu'il doive avoir tant de consequences.
Mes conclusions, appuyees sur de nombreux chiffres qui ont peut-6tre
effraye beaucoup d'enlre vous, sont que la concurrence est I'etat normal
et legitime de deux moyens de transport dont les points d'arriv^e et de
depart sont commnns. Les chemins de fer et les voies navigables sont en
concurrence partout. M. Carlier a vu dans les rapports de collegues etran-
gers, qu'cn Allemagne il y aurail concours. J'y ai vu aussi que, quand la
voie navigable est en bon etat, la recette des chemins de fer paralleles
baisse. Cela se lit dans les rapports de MM. Pollack, North et Merkens. Ce
dernier dit meme : « II y a lieu d'esperer que la pression qu'exercent les
prix de transport de la navigation sur les prix de transport des chemins de
fer s'augmentera encore, et que les consequences favorables de la coexis-
tence de bonnes voies navigables et de chemins de fer seront encore ampli-
fiees par I'extension et I'amelioration du reseau des voies navigables etdes
canaux. »
Ce ne sont pas la autre chose que des constatations d'une concurrence
qu'il faut accepter. Ce qui rend plus delicate la question dans nos pays
d'Europe, c'est que I'Etat est intervenu pour les uns et les autres. Son
devoir est, en general, de ne nuire ni aux uns ni aux autres. Comme le
disait M. Iloltz, il faut que tous travaillent dans I'interet geneial, c'est-a-
dire, dans la circonstance, en vue du bon marche du transport.
Dans ces conditions, nous n'avons qu'a demander le respect des droits
de chacun, de fagon a faciliter, autant que possible, le mouvement des
marchandises. Je propose done de dire, conlrairement a M. Carlier :
« La concurrence etant I'etat naturel et legitime des voies navigables et
« des chemins de fer desservant les memes points de depart et d'arrivee,
« il est a desirer que les pouvoirs publics maintiennent entre eux I'egalite
« de traitement. »
En ce qui regarde les perfectionnemenls, les chemins de fer ont fait
beaucoup, c'est a la batellerie d'en fuire autant. EUe n'est pas seulement
venue ici chercher des eloges, mais des conseils. EUe verrace qu'il y a afaire
dans I'elegissement des formes du bateau, I'organisation commerciale et
les details. 11 faut, pour soutenir la concurrence, qu'elle sache profiler de
tous les progres. En agissant ainsi, la batellerie sera bien plus forte pour
dire a I'Etat : * Aidezmoi, ne faites pas plus pour les uns que pour les
autres. »
En presentant ma proposition, j'entends moins faire une discussion sur
les personnes que sur les principes, et je conserve un excellent souvenir
de M. Carlier, que j'ai ete heureux d'avoir comme voisin, coUegue et ami
a Yienne, a Francfort et a Manchester.
M. Carlier. — Je ne considere nullement voire proposition comme I'op-
posee de la mienne. Ce serait plutdt une addition.
3* SECTION. — 9' SEANCE. 451
M. Pescheck. — Je declare retirer ma 6* conclusion.
M. LE President. — La parole est a M. Colson.
M. Colson. — Je prie la Section de m'excuser si, en traitant la 9* Ques-
tion, je reviens par instants sur la V. M. le President a fait Ires justement
observer que les deux questions elaient tellement solidaires qu'il etait bien
difficile de les separer; en effet, le parlage du trafic entre les chemins de
fer et la navigation est, aujourd'hui, regie bien plutot par la legislation
sur les peages que par la nature rneme des transports et les prixde revient.
Mais je m'efforcerai de ne parler peages que dans la mesure indispen-
sable.
Je commencerai par dire que je mets absolument en dehors de la ques-
tion I'interet des chemins de fer et celui de la batellerie. Le chemin de fer
et la batellerie ne sont que des moyens ; le but est le transport, et sauf les
mesures transitoires destinees a menagcr les situations acquises, on ne
doit envisager dans la question que deux interets : celui des transports
qu'il convient d'assurer au plus bas prix possible, celui des contribuables,
a qui il importe que cet abaissement soit realise aux moindres frais pos-
sible.
Au point de vue des contribuables , il importe de repondre quelques
mots a ce qu'a dit M. Boule au sujet des sacrifices qui leur ont (5te impo-
ses pour I'un et I'autre reseau. II convient de n'attacher qu'une impor-
tance relative aux statistiques generates qui, par leur generalite meme, ne
prouvent pas grand'chose, et ou on met un peu tout ce qu'on vent. Cepen-
dant, il y a des cas oil leurs conclusions sont si evidentes , qu'elles s'im-
posent, mSme en admettant aux chil'fres toutes les corrections possibles.
Pour les voies navigables, que le capital effectivement depense pour la
navigation soit d'un milliard ou d'un milliard et demi , il n'en est pas
moins vrai que la totalile des interets de ce capital et la presque totalile
des frais d'entretien incombent a I'Etat.
Pour les chemins de fer, la part de I'Etat est d'environ 5 800 millions
et celle des Compagnies de 10 500 millions. L'Etat contribue pour la
majeure partie a la construction des lignes nouvelles; il arrivera done
vite a avoir fourni 4 ou 5 milliards, plus d'un tiers du capital total, aux-
quels il fautajouter comme depense annuelle 50 ou 60 millions de garantie
d'interets.
Le tableau des profits qui en sont la contre-partie , sous sa forme ordi-
naire, peutdonner lieu a bien des discussions; mais il n'en est pas moins
vrai que ces contre-parties ont une importance considerable.
L'impot sur la grande vitesse rapportait 92 millions avant le degreve-
ment; il en rapporlera au moins 45 apres.
M. Boule n'en veutpas tenir compte, par Ic motif que la grande vitesse
n'est pas en concurrence avec la navigation. Mais alors il faudrait deduire
aussi des subventions la plus grosse part, celle qui a ete donn^e pour les
lignes de montagne, qui ne font evidemment pas concurrence a la batelle-
452 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
rie. M^me pour les lignes de plaine, il faudrait distinguer, dans les subven-
tions de rttat, la part donnee en vue du service de grande vitesse et celle
qui a eu pour but de faciliter les transports en petite vitesse. Cette der-
niere distinction serait impraticable, et, quand on yeut parler statistique
generate des chemins, il faut bien confondre la grande vitesse avec la
petite en receltes, parce qu'on ne peut pas les separer en depenses.
Les 32 millions de timbre des recepisses sont bien un impot sur les
transports par chemins de fer que ne paye pas la navigation.
Les 46 millions d'impots sur les litres ne sont sans doute pas des charges
directes pour les Compagnies ou qui leur soient speciales, mais enfm, ce
sont des receltes que le Tresor encaisse, dont la majeure partie constitue
un prelevement sur le revenu de capitaux reunis pour la construction de
la voie elle-meme et n'existerait pas si cette voie avail ete construite au
moyen d'impots ou d'emprunts contractes directement par I'Etat, comme
I'ont ete les canaux.
Les 8 millions de produit net du reseau d'Etat sont aussi un revenu
direct.
Voila done 126 millions de revenus dont la presque totalite echapperait
a I'Etat si les chemins de fer etaient traites comme les canaux.
Les economies realisees par I'Etat sont aussi fortement exagerees. Mais,
enfm, sur les 71 millions que porte le tableau pour les postes et telegra-
phes, et les 46 millions relatifs au transport des marins et militaires, on
peut admeltre qu'une bonne partie repond a des prestations que I'Etat
obtiendrait, meme en I'absence de toute stipulation du cahier des charges,
a un prix moins eleve que les prix commerciaux par comparaison avec
lesquels on a etabli les chiffres du tableau. Mais enfin I'Etat n'en realise
pas moins, de ces deux chefs, des economies qu'on ne peut pas chiffrer a
moins de moitie des chiffres du tableau, 50 ou 60 millions, soil une
somme egale a la garantie d'interet.
Aussi I'Etat, qui a fourni un tiers au plus du capital des chemins de
fer, trouve dans les impots correlatifs de cette depense, je ne dirai pas 10
pour 100 de ses avances, mais certainement la remuneration de moitie
au moins dii capital qu'il a fourni, ce qui reduit sa subvention aun sixieme ,
au plus de son capital total, qui est ainsi compensee.
Mais ces calculs generaux, qui confondent loutes les lignes, ne prouvent
rien. Prenons plutot, avec M. Camere, une ligne speciale : la Seine, de
Paris a Rouen, sur laquelle, dit-il, la subvention de I'Etat par tonne kilo-_.
melrique n'est pas plus elevee que sur I'ensemble des chemins de fer. Mais,
si I'on prend une voie navigable speciale, ce q^u'il faut y comparer, c'est le
chemiri de fer qui la longe. La ligne de Paris au Havre a coute 17 millions
a I'Etat el 234 millions a la Compagnie. EUe rapporte, abstraction faite des
impots y relatifs, 9 millions de plus que I'interet des capitaux depenses
par la Compagnie pour sa constitution. Ces 9 millions, I'Etat ne les^
encaisse pas',"thaiy lis sbrit deverses sur d'autres lignes dont les deficits,
5" SECTION. — 9' SEANCE. ' 453
sans (ce secours, incomberaient entierement au Tresor. it me parait diffi-
cile d'admettre que cette ligne he rapiporte rien aii Tresor, tandis que' la
Voie navigable lui coute Tinteret de plus de 60 millions enlre Paris et Rouen,
de plus de 20 millions entre le Havre et Tancarville, sans parler des frais
d'entretien.
Les resultats seraient analogues pour toutes les lignes en concurrence
directe avec une voie navigable, qui sont en general les lignes d grand
trafic, et, sans epiloguer sur les details de la statistique, il est difficile de
contester que sur ces lignes les transports par chemin de fer payeat la
totalite des frais d'entretien et la tolalite ou la presque totalite de I'interet
des capitaux, tandis que les transports par eau ne payent ni Tun ni I'autre.
Pour couvrir ces charges generates, chaque transport par chemin de fer
supporte une certaine taxe en sus des depenses speciales qu'il occasionnc.
Mais cette taxe est tres inegale suivant la nature des produits ; elle est mi-
nime sur les marchandises de pen de valeur; elle est double, triple, qua-
druple du prix de revient du transport pour les marchandises de valeur.
Et ceci nous ramene a la question du partage du trafic entre les deux
voies.
On dit souvent qu'a la voie navigable doivent appartenir les marchan-
dises pondereuses, au chemin de fer les marchandises de valeur. Sans
doute, si Ton envisage seulement les marchandises de grande valeur, I'orfe-
vrei'ie ou la soierie, le chemin de fer en a presque le monopole; car, pour
ces marchandises, les prix de transport sont negligeables. Mais le trafic
qu'ellcs constituent aussi est presque negligeable ; et si nous envisageons
le seul trafic important, celui des marchandises de faible valeur ou de
valeur moyenne, nous voyons, qu'en fait, il se partage dans la meme pro-
portion entre les deux voies.
C'est ce que dit formellement, pour le Rhin, M. Van der Bofght, a la
page 14 de son rapport. Sur le Danube, M. Schromm nous dit que les pro-
duits manufactures representent 41 pour 100 du trafic, les grains 42
pour 100, les charbons 9 pour 100 seulement. Sur I'Elbe, a la frontiere
de Boheme, il est vrai, les lignites constituent la majeure partie du trafic.
Mais a Hambourg les sucres, bles, metaux. laines, petroles, farines, y
entrent pour 1600 000 tonnes; les picrres, briqiies, bois, charbons et
engrais pour 450 000 seulement. Sur la Seine, entre Rouen et le confluent
dc rOise, les produits agricoles et alimentaires (bles et vins surtout) repre-
sentent 44 pour 100 du trafic, les produits industriels 12 pour 100, soit
plus de la moitie du trafic total. Sur I'ensemble du reseau frangais, la sta-
tistique nc doniie pas les memes cadres de repartition sur les chemins dc
fer et la voie ferree. Mais la houille, qu'on cite souvent comme la client'e
par excellence de la voie d'eau, n'entre que pour 29 pour 100 dans son
trafic, et pour 52 pour 100 dans celui du chemin de fer en 1888, derniere
annee de statistique parue.
Ce qui frappe particuliercnleTit, c'est qu'a mesure qu'on perfectionne li
454 I'ROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
voie navigable, le trafic qu'elle gagne sur le chemin de fer se compose
surtout de ces produits de valeur, et rimportance relative de ce trade croit
beaucoup plus que celui des marchandises pondereuses. Sur une voie
encombree, comme celle du Nord, les services acceleres, avec droit de
trematage, sont necessairement en nombre ires restreint, et restent tres
lents; I'obstruction causee par les houilles empeche les autres trafics de
se developper. Mais quand une voie comme la Seine arrive a donner un
passage rapide et facile a tous les transports, le chemin de fer arrive bien
encore a soutenir la concurrence pour les produits pondereux. II la sou-
tient bien plus difficilement pour les marchandises de valeur moyenne.
Et cela s'explique facilement par ce fait que, pour les houilles, les mine-
rals, le regime des chemins de fer ressemble bien plus a celui de la voie
d'eau que pour les autres produits. Dans les tarifs a 3 ou 4 centimes, le
peage entre a peine pour moitie. Dans les tarifs a 2 centimes et au-
dessous, je ne dirai pas que le peage est nul. Jc crois que sur les lignes a
bon profit, comme celles qui sont en concurrence avec la voie d'eau, et
pour des transports par trains complets, ces tarifs donnent encore un
excedent appreciable des recettes sur les depenses qui ressemble a un
peage; mais enfin, ce peage est faible; tandis que dans les tarifs a 5, 6,
8, 10 centimes que payent les bles, les vins, les colons, les laines, les fils,
les tissus, le p6age entre pour moitie, deux tiers, trois quarts ou davan-
tage. Aussi, comme le disait, dans un travail analyse au Bulletin des Tra-
vaux publics, en 1889, M. le consciller Todt, de Cologne, les prix de
chemin de fer sont a peine superieurs a ceux de voie d'eau pour les mar-
chandises pondereuses, mais ils en sont doubles, triples ou quadruples
pour les marchandises de valeur ; et il en resulte que si toutes les voies
navigables etaient assez perfectionnees pour offrir un parcours facile et
rapide, nous les verrions sans doute enlever aux chemins de fer les vins,
bles, laines, colons, sucres, dans une mesure plus large que les houilles
et les minerals.
Si cette repartition tenait a ce que la voie d'eau est effectiveraent plus
economique, il n'y aurait rien a dire. Mais si c'est la difference de regime
legal qui en est la cause, il y a la un fait tres facheux. Tout le monde
reconnaitra qu'on ne pourrait, sans ecraser le contribuable, lui faire sup-
porter la totalite des interets du capital de 14 milliards consacre a con-
struire les chemins de fer, en sus de celui de plus d'un milliard consacre
a la navigation. Et Ton est d'accord aussi pour dire que la part de ces
charges a faire payer par les transports doit peser surlout sur les mar-
chandises de valeur. Pour un produit comme la houille, le mineral, la
tangue, qui vaut au point de production quelques francs la tonne, le
prix de transport est souvent egal ou superieur a cette valeur. C'est le
coiit des transports qui limite I'expansion et I'utilisation de ces produits;
I'interet public commande done de reduire ce cout au minimun, au prix
de revient. Quand un produit vaut 200 francs la tonne comme le vin ou le
5' SECTION. — 9' SEANCE. 455
«
ble, 2000 francs ou 5000 francs comme le coton ou la laine, il peut payer
un pen plus, et Ton ne pcut sans injustice exonerer celui qui profile du
transport de toute participation dans les frais d'etablissement de la voie
qu'il utilise.
Je dirai done, non pas tout a fait comme M. Boule le disait I'autre jour,
que ces marchandises de valeur devaient apparlenir au chemin de fer, et
les autres a la voie navigable, mais que les premieres devaient appartenir
a la classe des transports frappes de peage, les autres a la classe des mar-
chandises exemptes, et qu'une fors ce principe pose, on devait laisser au
commerce le soin de choisir la voie la plus avantageuse, en tenant compte
du prix, de la celerite, etc.
Non seulement la pratique actuelle ne le fait pas, puisqu'elle attire toutes
les marchandises indistinctement a la voie d'eau en leur faisant les memes
avantages; mais encore elle empeche le chemin de fer d'imiter partielle-
ment ce qui se fait sur cette voie, pour defendre son trafic. Je montrais
tout a I'heure que, pour les marchandises de valeur, le peage represenic
souvent les trois quarts du tarif du chemin de fer. Dans bien des cas, en
reduisant ce larif de moitie, le chemin de fer retiendrait le trafic, a cause
de sa superiorite comme rapidile, comme brievete de trajet, etc., et dans
son prix nouveau, le peage entrerait encore pour moitie. Mais cette reduc-
tion, une adminislration de chemin de fer prudente ne peut I'etendre a
lout le reseau sans sacrifier une recette indispensable pour couvrir ses
charges generales ; elle propose done un prix ferme. Aussit6t la batellerie
proteste centre la concurrence abusive; le public accuse de bouleverser
les situations geographiques ceux qui, en realite, subissent une situation
et ne la font pas, et I'homologation est refusee.
Et bien, je dis que, commencer par exonerer do tout peage les marchan-
dises qui emprunlent une voie, interdire ou entraver sur la voie con-
currente de simples reductions qui seraient bien loin d'aller jusqu'a
I'exemption complete, c'est fausser le mecanisme de la repartition du trafic
entre les deux voies. C'est imposer aux contribuables des sacrifices plus
eleves qu'il ne serait necessaire pour obtenir les abaissements de prix de
transport que Ton a en vue.
Ce qui importe dans I'interet public, c'est que la marchandise prenne
la voie qui est en elle-m6me la plus avantageuse, eu egard au prix de
revient et aux conditions de vitesse, de rcgularite, etc., de telle sorte que,
si elle paye quelque chose de plus que ce prix de revient, ce quelque chose
vienne en deduction des charges des contribuables. Rien n'estplus facheux
qu'un regime qui peut avoir cette consequence que, quand le prix de
revient d'un transport est de 2 francs par une voie et 3 francs par I'autre,
la sccondc soil preferee, parce qu'on veut maintenir sur la premiere un
peage egal a 2 francs qui porte a 4 francs le prix total.
Au point de vue des voies nouvelles, je dirai de meme qu'on doit eviter
de faire, pour leur etablissement, des depenses en capital, qui substitueraient
456 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
simplement Tusage d'une voie nouvelle a celui d'une voie ancienne, sans
procurer au public des avantages au moins egaux aux charges que s'im-
pose le Tresor; que si Ton veut faire des sacrifices pour degrever le public
sur un certain parcours, il faut les faire sous la forme qui impose les
moindres charges au Tresor, et non sous une forme ayant simplement
pour effet d'enlever les transports a une voie pour les donner a une
autre qui en differe moins par le prix de revient reel que par la regie-
mentation.
Et je formulerai mes conclusions dans les deux resolutions suivantes,
dont la seconde est a peu pres textuellement empruntee au rapport de
M. Sympher (page 22) :
a I. — Toutes les fois qu'un transport pent emprunter la voie d'eau ou
« la voie ferree, il est desirable que la voie suivie soil celle sur laquelle
« le prix de revient est le moindre, toutes choses egales d'ailleurs. On doit
« considerer comme contraire a I'interet public tout systeme de regle-
« mentation, de tarifs ou de peages qui tend a faire emprunter par une
« marchandise une voie par laquelle la depense a faire pour le transport
« excederait la depense a faire par I'autre voie, sans que I'ecart soit com-
« pense par des conditions plus avantageuses.
« IL — La creation d'une voie navigable nouvelle enlre deux points
« deja relies par chemin de fer n'est justifiee au point de vue economique
« qu'autant que :
« 1° Tout en assurant a meilleur marche des transports qui s'effec-
« tuaienl deja, ou en permettant le transport de nouvelles marchandises,
« soit en creant ou en mettant en valeur de nouvelles industries, elle
.« procure un avantage tel que, non seulemenl les frais d'entretien et
« d'administration, ainsi que I'interet du capital, soient converts, mais
« aussi les pertes 6ventuelles pouvant resulter pour les autres voies de la
« creation de la nouvelle voie navigable;
« 2° Les avantages a tirer de cette nouvelle voie navigable ne puissent
« 6tre realises autrement d'une fagon plus convenable. » [Applaudis-
sements.)
M. LE President. — Outre les reponses qu'amenera ce discours, ]VIM. Beau-
rin-Gressier, North et Hatscheck sont inscrits. Comme il est trop tard pour
que nous puissions entendre ces messieurs ce matin, il est indispensable
que noiis tenions une nouvelle seance. La 2' seance pleniere d<evant avoir
lieu demain matin, je vous propose de nous reunir domain a 1 heure 1/2,
car il n'est pas probable qu'il y ait une nouvelle seance pleniere a 2 heures;
sinon, nous nous reunirions a Tissue de cette seance pleniere. Si Tordre
du jour n'est pas trop charge, nous pourrons demander a I'assemblee
pleniere de se reunir a 4 heures, a Tissue de notre seance. De toutes
manieres, nous pouvons done annoncer une seance dc la 5^ Section pour
demain 1 heure 1/2.
MM. Ep. North (New-York) ; G. Ely (Cleveland, Ohio) ; Fuertes (Cornel}
5' SECTION. — 10' SEANCE. Ul
University); E. Clemems, Londres, secretaire de la Railway and Canal
Trader's Association, retenus dans d'aulres sections, demandent a faire
consigner au proces-verbal que, s'ils avaient ete presents, ils eussent vote
pour la proposition de M. Delombre.
La seance est levee all heures 45.
DIXIEME SEANCE
Vendredi 29 Juillet (apres-midi).
Pbesidexce de M. Yves GUYOT.
La seance est ouverte a 1 heures 45 minules.
M. LE Presidem. — II nous reste a examiner certaines resolutions con-
cernant la 9" Question. II est indispensable que nous terminions nos tra-
vjux aujourd'hui. La derniere seance du Congres doit avoir lieu demain
matin, de fa^on que chacun puisse disposer de I'apres-midi, avant le de-
part pour la derniere excursion.
M. Pescheck. — J'ai une observation a faire, nonpas sur le proces-verbal
de la derniere seance, mais sur la traduction anglaise de mon rapport. Dans
la 6® conclusion, les mots : « even » et « not » sont de trop.
M. le President. — La rectification sera redigee par ecrit, et il en sera
pris bonne note.
M. Fleury me fait savoir qu'il a apporte des changements a la redaction
de sa proposition (voir page 450).
Voici la nouvelle redaction proposee :
« La concurrence est I'etat naturel et legitime des deux moyens de trans-
port, bateau et cbemin de fer, lorsqu'ils desservent les memes points; il
est desirable que les pouvoirs publics ne favorisent pas plus I'un que I'autre.
« Dans les pays oil les chemins de fer sont constitues a I'etat de mono-
pole, la concurrence que leur fait la batellerie est I'un des moyens les plus
efficaces pour obtenir d'eux des tarifs reduits; il est done d'inter6t general
de ne rien faire qui puisse diminuer les effets de cette concurrence. »
Outre la proposition de M. Fleury, nous sommes saisis d'une proposition
de MM. Carlier et Hollz reproduisant la resolution adoptee a Manchester.
M. Fleury. — Ma proposition ne pourrait que difficilement se souder avec
celle de Manchester : les auteurs m'ont, du reste, fait savoir que nous
n'etions nuUement d'accord. Je demanderai done a h Section de vouloir
bien choisir entre les deux textes.
458 PROCeS-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
M. LE President. — M. Lainey a depose une proposition ainsi congue :
« La diversite des services rendus respectivement par les voies naviga-
bles et les-chemins de fer font, de ces deux moyens de transport, le comple-
ment necessaire I'un do I'autre, et le developpement simultane des deux
systemes profite a la longue a I'un et a I'autre, et au bien general. »
M. Lainey. — J'ai presente cettc resolution parce qu'un membre influent
duCongres m'a fait observer que, si Ton se contentait de toujourscondrmer
les voeux anterieurs, il y aurait une certaine uniformite dans nos deci-
sions qui pourrait 6tre attribuee a I'insuffisance de nos travaux. II serait
done bon, pour eviler ce reproche, de faire varier les textes tout en disant
la m6me chose. J'ai presente cette proposition pour remplacer celle voice
a Manchester. Je pense que mes coUegues, qui ont repris cette derniere, se
rallieront a la mienne ; si non, je me rallierais a la leur.
M. LE President. — Je trouve absolument inutile de changer les textes.
Je crois, au contraire, qu'il vaudrait mieux montrer qu'il y a une cerlaine
tradition dans les Gongres internalionaux dans lesquels evidemment les
questions nationales ont toujours une certaine predominance. Si votre
proposition ne contient pas d'autres idees que celles contenues dans la
resolution de Manchester qui est reprise par vos collogues, je crois qu'il
vaudra mieux I'abandonner, et voter le m6me texte.
Du reste, vous-memes avez etabli cette jurisprudence en reproduisant
une autre proposition votee a Manchester, et elle a ete votee a Tunanimite
par la Section.
M. Laeney. — Comme je viens de le dire, je n'avais fait cette proposi-
tion que sur la demande d'un de nos collegues qui croyait bon de changer
les textes. Je retire bien volontiers cetle proposition, et je me rallie a celle
de MM. Holtz et Carlier.
M. le President. — J'ai regu de M. Gensel, de Leipzig, une proposition
ainsi congue :
« 1° Afin de satisfaire les besoins de circulation des peuples, les che-
mins de fer et les voies navigables doivent se donner la main (cooperer).
« 2" Lorsque les voies navigables et les chemins de fer se croisent plus
ou moins a angle droit, le developpement du trafic est chose naturelle.
« 3° Lorsque les voies navigables et les chemins de fer sont paralleles,
ils se font concurrence, il est vrai. A la longue, I'experience montre que
Taugmentation des voies de communication apporle un tel developpement
industriel et par suite un tel accroissement des transports, que les deux
voies (eau et rails) en tirent avantage.
« 4° En tout cas, le developpement des voies navigables ne doit pas
etre neglige, sous pretexte qu'il en resulterait un dommage pour les voies
ferrees. »
M. Raffalowich. — Je ferai remarquer que nous nous trouvons en face
d'un programme bien determine compris dans le questionnaire du Gon-
gres; il serait bon de nous en rapprocher le plus possible de fa^on k faire
3* SECTION. — 10' SfiANCE. 459
des reponses fermes aux questions fermes, et la proposition de M. Gensel
me semble repondre parfaitement a cet ordre d'idees.
M. LE President, — Je rappellc que M. Pescheck, a la suite de son remar-
quable rapport sur le role respectif des voies navigables et des chemins de
fer, a propose une serie de 6 resolutions. II a retire la derniere. II ne pro-
pose done a notre approbation que les 5 premieres resolutions indiquees
ci-dessus (pages 448 et 449).
M. Raffalowich. — M. Schromm a egalement depose des conclusions
precedees d'un commentaire dont je vous demande permission de donner
lecture, M. Schromm etant absent.
Messieurs, avant la lecture de mon rapport sur la 9* Question, permet-
tez-moi de vous communiquer mon opinion sur la valeiir d'une telle lec-
ture. Puisque mon rapport se base surtout sur des chift'res statistiqucs,
des chiffres qui ne peuvent guere interesser en general, je me bornerai a
la communication des conclusions, le temps est trop precieux pour en
.abuser par la communication des details.
Pour juger la navigation interieure en Autriche, il faut bien considerer
les circonstances tout a fait exceptionnelles dans lesquelles cette navigation
doit s'effectuer.
Quand on parte d'une navigation interieure qui peut lutter avec succes
eontre les chemins de fer, il ne peut elre question que de la navigation
sur le Danube et sur I'Elbe, et parmi ces deux voies navigables c'est seule-
ment la derniere qui presente de I'imporlance.
Les conditions vitales pour une navigation fluviale sont, d'apres mon
avis, les suivantes :
1° Alimentation permanente de la navigation par des matieres premieres,
par exemple, charbon, fer, grains, petrole, pierres.
2° Possibilite de naviguer, pendant la saison, avec un tirant d'eau favo-
rable a la navigation ; done il faut que la voie navigable soit bien reglee,
que cette voie ait toujours assez d'eau pour rendre profitable la naviga-
tion.
5° II faut que le transport des matieres premieres se fasse a la descente
du fleuve, et que les bateaux trouvent au terminus de leur voyage un char-
gement suffisant pour le transport a la remonte.
Partout ou nous voyons remplies ces trois conditions, la navigation est
profitable, elle est florissante.
Examinons done la navigation en Autriche, c'est-a-dire sur les fleuves
« Danube » et « Elbe » ; nous trouverons I'etat suivanl :
Sur le Danube, le transport des matieres premieres se fait seulement d
la remonte', done le tarif pour ces matieres ne peut dilferer de beaucoup
des tarifs des chemins de fer, d'autant plus que le courant du fleuve dans
la partie superieure du Danube est en moyenne de 1 m. 80 a 2 metres par
seconde. Les matieres premieres transporlees a la remonte se bornent a
des grains, savoir : ble, orge, mais, etc., c'est-a-dire a des produits dont
4«^ PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
i'impoiiation depend d-'un temps favorable, soitenhiver, soil en ete. Si le
bonDieu ne donne pas un ete humide etchaud, le transport siir le Danube
est presque nul^ ear tons les grains prodilits |^soit en Roumanie, soit en
Serbie oil en Hongrie, sont consommes dans ces pays memes.
Tine alitre circonstance est tres defavorable a la navigation du Danube,
c'est que I'importation des grains s'effectue naturellement apres la recoltc,
c'est-a-dire en ete, et c'est justement a cette epoque que le Danube a tres
pell- d'eati. Les bateaux ne peuvent done jamais, ou au moins tres rare-
ment, profiter de leur capacite.
Vous voyez, Messieurs, que la navigation sur le Danube n'a pas seule-
ment a lutter centre la concurrence des chemins de fcr qui abaissent Icurs
tarifs pendant la saison de la navigation ouverte, mais elle doit lutler
aussi centre des obstacles naturels exterieurs.
Je dois mentionner encore des obstacles pour ainsi dire interieurs, c'e
sont des obstacles dans le fleuve meme : les rochers du Struden, les
endroits sees a Gouyo, les rochers aux Portes-de-Fer.
Les gouvernements autrichienel hongrois sont actuellement en train de
se debarrasser de ces obstacles pour assurer a la navigation un chemin
convenable. Ces gouvernements n'epargnent pas I'argent pour regulariser
tout le cours du Danube, pour arriver enfin au but desire.
Retournons maintenant a I'Elbe; sur ce fleuve nous rencontrons toutes
les conditions lavorables a une navigation active.
Nous voyons d'abord comme matiere premiere en grande quantite : le
charbon dont un tonnage considerable est transporte a la descente; les
chiflies statistiques nous disent, par exemple, qu'en 1890 ont ete exportes
par bateaux a pen pres 2 millions de tonnes de charbon. Nous voyons que
sur I'Elbe les bateaux d'une capacite de 500 tonneaux et plus arrivent
dans la partie superieure, c'est-a-dire jusqu'a Aussig, port principal pour
I'exploitation, meme dans la saison des basses eaux.
Nous voyons, outre cela, qu'a I'embouchure de I'Elbe se trouve le port
important de Hambourg qui donne la possibilite de charger les bateaux
pour I'importation, c'est-a-dire a la remonte.
Les chiflres statistiques montrent que les transports a la remonte sont
presque aussi considerables que ceux a la descente; ce fait explique les
tarifs excessivement bas sur I'Elbe dans les deux sens du transport.
Sur I'Elbe s'est etabli egalement un service naval de grande vitesse,
seVvice accelere, c'est-a-dire que des marchandises susceptibles de subir
des tarifs plus eleves, comme la biere, les meubles, le papier, le sucre, les
draps, etc., sont transportees par des bateaux a vapeur, dits chargcurs a
grande vitesse; ces steamers peuvent charger eux-memes 150 a*200 ton-
neaux, ils remorquent en outre des bateaux charges de 200 a 250 tonneaux,-
done on transporte a la fois au moins 550 tonneaux de marchandises, ton-
nage egal a celui d'un train de chemin de fer de 55 wagons.
Ges bateaux a vapeur- a grande vitesse parcourent le chemin, de la frouj-
5' SECTIOX. — 10' SEANCE. 461
tiere aiitrichienne jusqua Hambourg, 630 kilometres, en trois jours et
vice versa, de Hambourg, a la remonte, en huit ou neuf jours.
Ce service a grande vitesse demontre bien les grands avantages de la
continuite du transport sur les voies navigables.
Aucune ligne de chemin de fer, meme sans passer la frontiere du pays,
n'est capable de transporter 300 a 400 lonneaux de marchandises en trois
jours a une distance de 630 kilometres, car un train de marchandises, qui
au resle ne peut jamais comprendre a la foisSo a 40 wagons, doit s'arreler
a un grand nombre de stations, ou il doit attendre le passage des autres
trains.
Je veux encore aj outer que ce service naval a grande vitesse se fait aussi
regulierement que le service des chemins de fer, car les baleaux. partent
au jour et a I'heure lixes d'avance. 11 va sans dire qu'un tel service naval
ne peut s'effectuer que sur une voie bien regularisee, comme I'Elbe..
D'aprcs ce que je viens de dire. Messieurs, on volt que la comparaison
entre la navigation sur I'Elbe et sur le Danube ne peut se faire a la legere,,
il faut bien considerer toutes les circonstances pour arriver a un jugement
equitable. On ne peut pas comparer les trafics sur le Danube avec ceux de
I'Elbe ou du Rhin, ou d'autres voies navigables.
La navigation sur les fleuves ne pourra prendre jamais en Autriche le
developpement que nous admirons sur les fleuves fran^ais, americains,
allemands, etc., car nous possedons seulement les parties superieures des
fleuves sur lesquelles un developpement considerable de la navigation est
impossible.
Le Danube n'a en Autriche que 360 kilometres, I'Elbe 109 kilometres,
la Yistule 140 kilometres.
Malgre tous ces fails contraires au developpement dela navigation, nous,
voyons les tarifs sur tous ces fleuves bien plusbas que les tarifs CQfrespon-
dants des chemins de fer.
Messieurs, vous trouverez dans mon rapport en langue allemande, a la
page 14, les tarifs respectifs de la navigation sur les diflercnts fleuves. ie.
vous prie de vouloir bien prendre note qu'il y a plusieurs fautes d'impres-
sion; par exemple, au lieu de I'abreviation />•. ajoutee au premier rang des
chifl'res, il faut mettre kr (Kreuzer). Dans le rapport en langue fran^aise,
page 13, les chiffres sont exacts.
Dans ce petit tableau vous voyez, Messieurs, que le tarif par tonne et par.
kilometre sur toutes les voies navigables en Autriche est en moyenne un
centime (f. 0,012) en comparaison avec le tarif moyen des chemins de fer,
qui s'eleve a 4 centimes (0,045).
Sur I'Elbe on payaitpour le transport du charbon seulement 3millimes,
et sur les chemins de fer paralleles 3 centimes, c'est-a-diredix fois plus!
Ces chifl'res suffisent amplement pour demontrer la valeur economique
des voies navigables.
A la fin de mon rapport je voudrais mentionner encore un point qui n'a
462 PROCES-VERBAUX DES STANCES DES SECTIONS.
6te louche dans aucune brochure traifant de la valeur des voies navigables.
Vous savez. Messieurs, qu'il existe en Europe des fleuves qui presentent
un caractere international, par exemple lo Danube, le Rhin, I'Elbe; ils sont
done accessibles a chaquc nation, comme la mer. Ce caractere donne la
possibilite d'adoucir partiellement par des taiHfs directs les entraves qu'ap-
portent parfois les tarifs douaniers protectionnistes au trafic entre les
divers Etats.
Les bateaux charges font sur ces fleuves le chemin entier sans interrup-
tion, tandis que les chemins de fer ne peuvent pas offrir le meme avan-
tage, car, a la frontiere, les wagons d'une Compagnie doivent elre admis
par I'autre Compagnie; le procede commercial est alors plus complique.
Ma conclusion est done que « dans les transports internationaux la
navigation sera loujours pour le commerce le moyen de transport le plus
commode el le plus econoraique ».
M. LE President. — Ce transport international par bateaux ne pent pas
s'appliquer partout.
Je viens derecevoir avis de M. Colson qui declare retirer la l'^ des reso-
lutions qu'il avail presentees hier matin (page 456), et se rallier a la redac-
tion du § 1 de M. Fleury (page 457) dont la derniere phrase traduit exac-
temenl sa pensee.
La 2* proposition de M. Colson est presque textuellement empruntee au
rapport de M. Sympher (page 22).
M. Boule a depose aussi une proposition additionnelle a celle de MM. Car-
lier et Holtz, ainsi couQue :
« Lorsqu'une compagnie de chemin de fer est a la fois proprietaire ou
concessionnaire d'une voie navigable et d'une voie ferree parallele, elle ne
doit pas se borner a percevoir des taxes de circulation sur la voie navigable.
« Elle doit exploiter les deux voies dans les memes conditions, etentrete-
nir sur la voie navigable un materiel suffisant pour transporter par eau,
a des prix ct dans des delais determines, toutes les marchandises que les
interesses prefereront confier a la voie d'eau plutot qu'a la voie de fer. »
Nous voici en presence d'un grand nombre de propositions. Je dois vous
rappeler que nous tenons ce moment notre derniere seance. Le reglement
interdit aux orateurs de prendre la parole plus d'un quart d'heure, et plus
de deux fois. Je ne I'ai pas applique jusqu'a present; mais comme il faut
que nous terminions aujourd'hui, et en prenant le temps necessaire pour
voter en connaissance de cause sur chaque proposition, j'ouvre la discus-
sion generate, en priant les orateurs de se restreindre autant que possible.
La parole est a M. Lainey.
M. Lainey. — L'honorable Secretaire de la Chambre de commerce de
Leipzig, M. Gensel, m'informe qu'il neconnaissait pas le texte de la proposi-
tion de MM. Carlier et Hollz au moment ou il a presente le sien, et il s'em-
presse de se rallier a leur proposition en relirant la sienne.
Je me fais un devoir de reconnaitre que la proposition de M. Gensel 6tait,
3' SECTION. — 10* SEANCE. 463
bien plus que la n6tre. une reponse precise au questionnaire du Congres ;
mais la n6tre a cet avantage de former (radition, ayant ele deja volee par
le Congres de Manchester, et je remercie M. Gensel de s'etre rallie a nous.
(Applaudissements.)
M. Le President. — Je demanderai en ce cas a M. Gensel s'il veut bien
ajouler son nom a ceux de \r\I. Carlier, Holtz et Lainey.
(M. Gensel accepte, et remercie M. le President.)
M. DE RuMPLER. — Messieurs, conformemenl a lademande de M. le Presi-
dent, je me bornerai a dire quelques mots.
Nous sommes en presence d'une grande quantite de documents pre-
cieux, mais non encore complets, sur la question qui nous occupe. Tous
les paysinteressesne nous ont pas encore donne les renseignements qui les
concernaicnt; il y a encore lieu d'attendre des renseignements des Pays-
Bas, de la Russie, de I'ltalie, et d'autres pays. II me parait done rationnel,
en cet etat, d'en revenir a ce qui a ete dit a Manchester, a la resolution
qui y a ete prise, et dont les termes, je crois, satisferont tout le monde.
Nous eviterions ainsi de nous avancer trop dans une des questions
les plus difficiles qui soient. La question des rapports des chemins de fer
et des voies navigables est, quant aux transports, une question economi-
que, politique et pratique des plus ardueset des plus interessantes pour un
Congres international, a cause de la diversite des solutions poursuivies.
Les systemes fran^ais, anglais et allemand sont totalement differenls. Je
me garderai bien d'entrer dans le fondde la question ; je veux seulement
vous montrer par la la difficulte de choisir. 11 suffira, pour cela, de nous
rallier a ce qui a ele dit a Manchester, en remeltant aux Congres futurs ce
qui reste a dire encore.
Peut-6tre M. Pescheck, dans cet ordre d'idees, voudra-t-il bien retirer les
conclusions qu'il a presentees dans un rapport remarquablement fait,
J'admets presque toutes ses conclusions, mais je ne voudrais pas que le
Congres international prit des maintenant une decision qui parut dire
qu'il est suffisamment edifie.
Cependant il y a une clause du m6me M. Pescheck' qui me parait un
excellent terrain d'entenle. C'est celle-ci (elle porle le numero 4) :
« Le role respectif des voies navigables et des voies ferrecs, dans un pays
« determine, depend surtout des conditions naturelles existant pour la navi-
« gation, ainsi que du caractere de la politique economique qui preside
« au mouvemenl des marchandises. »
Ceci est la verite, et nous pouvons tous la lormuler ainsi; mais je crois
aussi que nous ne pouvons pas dire plus pour le moment.
Je vous propose doncd'adopter la resolution de Manchester, et d'y ajouter
ce § 4 des conclusions de M. Pescheck.
Je termine en remerciant Messieurs les Rapporteurs denous avoir donne
tant de precieuses informations, et en exprimant le \oeu qu'ils continuent
a nous en donner d'inedites. {Applaudissements.)
iU PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
M. LE President. — D'apres I'allure que prend la discussion, il ne resterSt
bientot plus qu'une seule proposition, celle de Manchester, a laquelle
serait ajoutee la 4* conclusion de M. Pescheck.
M. Pescheck. — En presence du grand nombre de propositions deposees,
et pour entrer dans les vues de M. de Rumpler, je retire mes conclusions
autres que la 4% et je vous propose avec lui de I'ajouler au texte de Man-
chester ( Tres Men I)
-M; LE President. — La parole est a M. North.
Mr. North. — I wish before commencing my remarks to acknowledge
my indebtedness to tlie following gentlemen, without whose kindly aid
it would have been impossible for me to communicate the information
which I have given in my paper :
Mr. John P. Meany, Editor of « Pool's Manual of Railroads ».
Mr. John Bogart, ex-State engineer of New- York and Treasurer of the Ame--
rican Society of civil engineers ;
Mr. Charles Paine, past President of the American Society of civil engi-'
neers and for a long time superintendent of the Lake Shore and Michigan
Southern Railroad;
And Mr. C. P. Leland, Auditor of the Lake Shore Railroad and Treasurer of
the Cleveland engineers club;
Also the Banking houses of Winscow Laneir and C" of New-York et
Richardson Hile and C° of Boston..
These gentlemen aided me in procuring figures' the result of which I
have presented to you, and these figures, I think, constitute the most im-
portant part of my paper., They show that on the seven trunk lines, as we
M. North. — Avant de commencer, je desire remercier ici publiquement les
personnes dont les noms suivent, et qui ont bien voulu me fournir des rensei-
gnements sans lesquels il m'aurait ete impossible de fournir les indications que
j'ai donnees dans mon rapport :
MM. John P. Meany, editeur du Manuel de Poor sur les chemins de fer;
John, Bogart, ex-ingenieur de I'Etat de New-York, tresorier de la Societe
des ingenieui's civils americains;
CliarLes Paine, ancien president de la Soeiele des ingenieurs civils americains
et longtemps surintendant du Lake Shore et Michigan Southern Railroad et
C. P. Leland, verificateur du Lake Shore Railroad et tresorier du club des
ingenieurs de Cleveland;
ainsi que les maisons de banque Winscow Laneir et C'« de New-York, et Richardson
Hile et C'« de Boston.
Ces messieurs m'ont aide a me procurer les renseignements que je vous ai
presentes, et qui constituent, je crois, la partie la plus importantede mon rapport.
Ces renseignements montrent que sur sept lignes principales {trunk lines) s'eten-
dant de Boston et New-York a Chicago, parallelement a noire grand systeme de
voies navigables, les tarifs de transport sont tombes en 1890 a 25 1/2 pour 100
de ce qu'ils etaient en 1865; c'est-a-dire qu'en vingt-cinq ans, nous avons Teduit
5' SECTION. — 10' SEANCE. 463
call them, extending from Boston and New- York to Chicago, parallel with
our great system of watercourses the freight rates had been reduced
in 1890 to 23 1/2 per cent of what they were in 1865. That is to say, in
25 years we have reduced our freight rates on those seven lines to within a
quarter of what they were. This has been done without reducing the
wages of Ihe emploijes, and in the case of the seven trunk roads at least
there has been no reduction in the value of the capital stocks. They were
at par 25 years ago, and they are virtually at par now. At the same time
that this reduction in freight charges has been made, the net income has
increased from 29,207 per cent, to 51,95 percent, a very material gain on
so large a business.
This announcement is now for the first time made public, that this
reduction has been accompanied by an increase in net income on the
seven roads specified.
While it is clearly recognised that like results may, or may not, be
possible under other circumstances, it is improbable that the managers of
any transportation company will feel justified in reducing his charges for
the purpose of increasing their net earnings, and it will generally require
a powerful competition like that offered by the great waterways of the
United States. In presence of this competition the railroad companies
found themselves forced either to reduce their rales or lose their traffic,
they had only one other alternative, and that was to give up paying divi-
dends, if not operating expenses unless they improved their methods.
Before speaking of the relations between the two routes, let me explain
that when I speak of the Government I mean the Government of the whole
of the United States, and that when I speak of a State I mean one or other
nos tarifs sur ces sept lignes a un quart de leur valeur, et cela sans reduire les
salaires des employes, et sans que, au moins pour les sept lignes envisagees, on
puisse constater aucune diminution de la valeur des actions qui, au pair il y a
vingt-cinq ans, y sont encore virtuellement. En meme temps en effet que se pro-
duisait cette diminution des tarifs de transport, la quotite du revenu net passait
de 29,20 pour 100 a 31,95 pour 100, temoignant ainsi d'une augmentation tres
sensible pourune affaire aussi colossale.
C'est la premiere fois que Ton constate publiquement que ces reductions de
tarifs ont ete accompagnees d'une augmentation du revenu net sur les sept lignes
specifiees.
Jusqu'a ce qu'il soit nettement etabli que les memes resultats sont ou ne sont
pas possibles dans d'autres circonstances, il n'est pas probable qu'aucun admi-
nislrateur d'une compagnie de transports se croie fonde a reduire les taxes pour
augmenter les reccltes nelles, et il est probable que cela ne se produira qu'en
presence d'une concurrence puissante comme celle qu'exercent les grandes voies
navigables des Etats-Unis. En presence de cette concurrence, les compagnies de
chemin de fer se trouvent forcees elles-memes de reduire leurs tarifs sous peine
de perdre leur trafic. Ellos n'ont d'autre alternative, a moins de renoncer au
50
406 PROCKS-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
of the 44 separate Slates that make up the Union. The General Government
made its first appropriation for the improvement of waterways in 1800.
About 1808 or 1809 it also made some appropriations for highways, or
waggon roads, but these appropriations have never been large, though
the roads built were quite effective at one time. At the close of the war
of 1812, or, more strictly speaking, in 1817, the States which had in the
war time chartered turnpike waggon roads, either chartered canals or
built them with State funds. The States of New York, Ohio, Pennsylvania,
Illinois, and Indiana, lead the canal building. When the construction of
railroads commenced, canal building declined, and for a time it was
thought there would be no more use for canals. The States in all cases
control the railroads within their borders. Until about 1850 each railroad
was built by a special charter, but about that date the State of New York
passed that was called a general railroad law, under the provisions ot-
which 13 men could combine to build a railroad, by filing an organisation
paper and paying a nominal sum into the office of the Secretary of Stale.
They then became a body corporate and of they could raise money enough
to build their railroad they were free to do so. Thus if any man thought
himself injured by a railroad and could set 12 men to join him and put up
the money be could build a railroad within the bounds of the State. That
payement de tout dividende, siiion des frais d'exploitatioii (jue d'ameliorer leurs
methodes d'exploilation.
Avant de parler des relations entre les deux moyens de transport, laissez-moi
vous expliquer que quand je parle du Gouvernement, j'entends parler du Gou-
vernement de I'ensemble des Etats-Unis, et que quand je parle d'un Etat, il s'agit
de Tun ou de I'autre des 4i Etats qui ferment cette Union. Le Gouvernement
general a participe pour la premiere fois en 1800 a ramelioration des voies
navigables; vers 1808 ou 1809 il a pris part aussi a quelques travaux de routes,
mais dans une mesiire toujours assez restreinte, malgre I'utilite de ces travaux.
A la fin de la guerre de 1812, ou pour parler plus exactement, en 1817, les
Etats qui avaient concede les routes a peages concederent des canaux ou les
construisirent a leurs frais. Les Etats de New- York, de I'Ohio, de Pensylvanie, de
ITllinois et d'lndiana prirent la lete de ce mouvement qui subit un temps d'arret
au momenlde la construction deschemins defer, car on crut alors, pendant quelque
lemps, n'avoir plus besoin des canaux. Les Etats, dans tous les cas, exercerent
leur influence sur les chemins de fer etablis dans les limites de leur territoire.
Jusque vers 1850 chaquechemin de fer etait construit suivantun conlrat special;
mais, vers cette epoque, I'Elat de New-York adopta ce qu'on appela une loi
generale sur les chemins de fer, d'apres laquelle 15 personnes pouvaient se reunir
pour construire un chemin de fer en remplissant une note d'organisation, et en
versant une somme nominate au bureau du secretaire d'Elat. lis formaient des
lors une societe, et pouvaient, pourvu qu'ils pussent trouver I'argent necessaire,
construire leur chemin de fer. Ainsi toute personne qui se trouvait lesee par un
chemin de fer pouvait, a la condition de trouver 12 personnes disposees a se
joindre a elle, et de se procurer les fonds necessaires, construire un chemin de
5' SECTION. — lO' SEANCE. 407
Stale law has been adopted by nearly all the States, except some of the
North-Eastern States and one or two others. So that in nearly all the
States of the Union railroads can be built by any yrison who chooses. Thus
we have free waterways and free railroads. Thai is thought to be the
cause of our low freights.
About 1850 the Government commenced its system of land grants under
which the Illinois Central Railroad system and most of the Pacific railroads
were built. The appropriations for the improvement of waterways have
amounted to over 400 000 000 dollars. Up to 1860 only 7 2/10 per cent
of that had been appropriated. In Die decade, from 1870 to 1880, 35 5/TO
per cent of it was appropriated, and from 1880 to 1890, ho 2 10 per cent,
or 188 615 066 was devoted to the improvement of our waterwavs. This
has been possible on account of the general conviction tliat the waterways
were an important factor in procuring the reduction in freight rales. In
other countries, where there has been no improvement of canals, freights,
I believe, have remained stationary. Persons connected with railroad say
it is the competition of the railroads themselves that has reduced those
freights, bull will explain to the section why the contrary opinion is held
by many. When the lake navigation opens rates are reduced on most east
of west lines throughout the United Slates because freight destined say from
fer dans les hniites du territoire de lEtat. Celte loi d'Ktal a ete adoptee par
presque tous les Elats, sauf quelqucs-uns du Nord-Est el un ou deux autres, de
sorte que, dans presque toute I'etendue du tenitoire des Etats-Unis, les chemins
de fer peuveiit el re etablis par toute personne qui le desire. Nous avons done
liberie complete, aussi bien pour les voles de navigation que pour les chemins de
fer, etc'est la la cause presumee de nos tarifs reduits. Vers 1850, le Gouvernement
commenca a appliquer le systeme de concession de terrains sous le regime
duqiiel furent construils le reseau du Central Illinois et la plupart des lignes du
Pacifique.
Les somines affectees a I'amelioration des voies navigables se sent elevees a
plus de 2 milliards; en 1860, 7,2 pour 100 seulement de ces sommes avaient
ete depensees; 55,5 pour 100 furent depensees dans la decade 1870-1880, el
55,2 pour 100, soil exactement 945 065 550 francs,, furent allribiies a I'ame-
lioration dc nos voies navigables durant la periode de 1880-1890. Ces depenses
n'ont ete possibles que grace a la conviction generale que les voies de navigation
jouaient un role important dans la reduction des tarifs de transport. Dans les
autres pays oii Ton ne s'est pas preoccupe d'anieliorer les voies navigables, les
tarifs de transport sont restes, je crois, stationnaires Ceux qui s'occupent de
chemins de fer disent bien que c'est la concurrence des chemins de fer entre eux
qui a provoque cette reduction des tarifs, mais beaucoup sont d'opinion contraire,
j'explicpierai pourquoi.
Quand la navigation fut ouveite sur les lacs, les tarifs de transport furent
reduits sur la plupart des lignes Je I'Est et de I'Ouest, parce que les marchandises.
en provenance de Chicago, par exemple, pour une ville du Sud, etaient trans-
portees par les steamers des lacs et des cotes en un point tel que Savannah, d'ou
468 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
Chicago to a southern city is [billed by the lakes and coastwise steamers
to some point like Savannah and taken to its destination by a southern
road at any price in excess of operating expenses. This forces other rail-
roads to lower their freights. The most extreme case on record is the
instance of a road, belonging to the Union Pacific system, running north
and south at right angles to the lake system through Utah, Idaho and
Montana, nearly 1000 miles west of the western most point of Lake Supe-
rior, which reduced its freight rates on the opening of navigation, because
the Northern Pacific could give through bills of lading via Lake Superior
at lower rates than obtained during winter. It is a well known fact that
the Pennsylvania Railroad, owning a line to Chicago, keeps a line of
steamers on the lakes between Erie, the terminus of one of their branches,
and Chicago.
The New York Central also has a line of steamers running from Chicago
to Buffalo so that the railroads themselves compete with each other as lake
carriers as well as against all rail carriers. The general effect of this
reduction was given by Mr Jeans in his book « the Railway problem » as
representing to the United States a saving of 1 000 000 000 dollai's a year
over the like rates in Great Britain. As a matter of fact our rates in 1865
were decidedly higher than the rates an British railroads, whereas they are
now only about 40 per cent of the rates an British rjads. If the suppo-
sition is tenable, and I think it is, that the freight rates in the United
States have fallen from 4 cents on the average in 1 S65 to 9 mills and a
dies etaient ramenees a destination par un chemin de fir du Sud, le tout a un
prix inferiaur aiix frais d'exploitation, ce qui forga les autres chemins de fer a
abaisser leurs tarifs. L'exemple le plus frappant a cet egard est celui d'une ligne
ferree appartenant au reseau de Y Union-Pacific et etablie du nerd au sud dans
one direction perpendiculairc a celle du systeme des lacs, a travers I'Utah, I'ldaho
et le Montana, a pres de 1 600 kilometres a i'ouest du point le plus occidental
du lac Superieur. Cette ligne dut reduire ses tarifs lors de I'ouverture de la
navigation parce que le Northern Pacific pouvait accorder des tarifs de transit
applicables aux transports via lac Superieur, a des prix inferieurs : c'est du
reste un fait bien connu que le Pennsylvania Railroad, dont une ligne aboutit a
Chicago, possede un service de steamers sur les lacs entre Erie, terminus de
Tune de ses lignes, etCliicago. LeNew York Central di aussi unehgne de steamers
entre Chicago et Buffalo, de sorte que les chemins de fer se font concurrence
entre eux aussi bien sur les lacs que sur rails. M. Jeans, dans son livre « The
Railway Problem », ecrit que le resultat d'ensemble des reductions de tarifs a ete
pour les Etats-Unis une economic annuelle de 5 milliards de francs par rapport
aux tarifs de la Grande-Bretagne. II est un fait, c'est que, il y a vingt-cinq ans,
nos tarifs etaient franchement sup^rieursa ceux des chemins de fer britanniques,
andis qu'aujourd'hui ils ne sont plus guere que les 40 pour 100 de ces tarifs.
En supposant, et je crois cette supposition fondee, que les tarifs pour le transport
des marchandises aux Elats-Unis soient tombes de 4 cents (0 fr. 20) en moyenne
en 1865, a 9 mills et une fraction (9 mills = 0 fr. 045), on arrive meme a une
3' SECTION. — 10' SEANCE. 461t
fraction in 1890, that means a saving of 2 000 000 000 dollars a year to
producers and consumers in the United States. While that change in
freight rates has been going on, concurrent with it, if not dependent upon
it, (here has been another very important change. The United States has
passed from the position of a debtor to that of perhaps the most stable
nation financially in the world. We have passed from the third rank as a
manufacturing nation to the first rank; and the balance of trade, which
amounted to i oOO 000 000 dollars against us, has been converted into a
balance of nearly 1 800 000 000 in our favour. The one instance I have
given of a concurrent drop in the freight rates and a continued steadiness
in the value of railroad securities, which I myself did not expect to find
when I commenced my investigation, is not enough to prove the general
thesis that all railroads can reduce their freight rates and a I the same lime
increase their net receipts, but I offer it to this Congress in the hope that
those who are in possession of fuller statistics will look into the matter
for themselves and ascertain how far it is really possible for a railroad
Company to reduce its rates to a point that would seem absurdly low and
still increase its net receipts. {Applaudissements.)
M. LE President. — M. North n'a pas depose de conclusions. Du reste, ce
qui ressort de son intercssante communication, e'est une adhesion a la
formule de Manchester.
La parole est a M. Schlichting.
Ilerr Professor Schlichting. —Meine Herren, ich glaube, wir sind dariiber
economic annuelle de 10 milliards pour les producteurs et les consommateurs
aux Etats-Unis.
En meme temps que cette reduction des tarifs, se produisait un autre change-
ment tres important correspondant au premier, sinon dependant de lui. De la
situation d'un debiteur, les Etats-Unis passaient a celle de la nation dont la
situation financiere est la mieux etablie peut-etre du monde enlier; comme
nation industrielle, nous passions du troisieme rang au premier, et la balance
du commerce qui se soldait primitivement par une somme de 7 milliards
500 millions de francs a notre desavantage donne aujourd'hui un excedent de
pres de 1» milliards en notre faveur. L'exemple que j'ai donne de la fermete
soutenue des valeurs de chemins de fer malgre la presence dune concurrence
abaissant les tarifs, fermete que je ne m'attendais pas moi-meme a trouver quand
je commen?ai mes recherches, ne suffit pas evidemment a demontrer qu'en
these generate, tous les chemins de fer peuvent reduire leurs tarifs de marchan-
dises, et en meme temps accroitre leurs recettes nettes; mais j'ai cru devoir le
soum'ettre au Congres dans I'esperance que ceux qui disposent de renseignements
slatistiques plus complets voudront bien rechercher eux-memes, et verifier jusqu'a
quel point il est reellement possible pour une compagnie de chemins de fer de
reduire ses tarifs dans des proportions qui sembleraient absurdes, et d'augmenter
neanmoins dune faQon constante ses recettes nettes. {Applaudissements.)
M. Schlichting. — Messieurs, je crois que nous sommes tous d'accord sur ce
point que nos resolutions ne suffiront pas pour diriger les transports vers telle
470 PROCES-YERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
einig, dass iinsere Resolutioneii dem Transportverkehr nicht die Wege vor-
schreiben wcrden. Der Kaufmann, der Industrielle wird sich desjenigen
Verkehrsinittels bcdienen, welches fiir ihn das geeignctstc isl. Bishcr war
das geeignetste Verkehrsmittel meist die Eisenbahn; deshalb miissen wir
dafiir sorgen, dass die Wasserstrassen verbessert werden, damit der Kauf-
mann, der Industrielle erwage: aufwelchemWege transportire ich billiger?
Und auf den billigeren Transport kommt es ihm ja doch an.
Nun muchte ich doch glauben, dass fiir die Resolution, die wir fasseti,
der Wortlaut nicht von so grosser Bedeutung ist; es kommt nicht so sehr
darauf an, ob man dies oder jenes Wort gebraucht. Wenn wir nur in der
Hauptsache sagen : die beiden grossen Yerkehrsmittcl Eisenbahn und
Wasserstrassen sind Schwestern einer Familie, d. i. des Yerkehrs, und
beide dazu berufen, dem Wohle der Volker zu dieneii! \yir konnen uns
an die Resolution von Manchester anschliessen, aber noch weiler gchen,
wie Herr von Rumpler, in dem wir in einer Resolulion noch ganz besonders
darauf hinweisen, dass die Zukunfl des Yerkehrs wesentlich auf der Ver-
besserung der Wasserstrassen beruht. Ich glaube, dass wir alles, was sich
von selbst versteht, wie beispielsweise der Satz, dass de*r Verkehr sich nach
den Verhaltnissen eines Landes richtet, weglassen. Wir miissen nur iin
grossen und ganzen sagen : die Wasserstrassen sind fiir die Enlwickelung
des Yerkehrs der Lander uncnlbehrlich und miissen, so weit als thunlich,
vermehrt und verbessert werden.
J'ai dit que je ne croyais pas nccessaire de declarer que les voies fer-
rees etfluviales sont necessaires au developpcment de larichesse publique.
Pour moi, je me contenterai de voter la resolution de Manchester. [Applau-
dissements . )
ou telle voie. Le negociant, I'industriel continueront a s'adresscr a celle qu'ils
jugeront la plus convenable. Jusqu'ici la voie preferee elait celle des cliemins
de fer, aussi devons-nous nous efforcer d'ameliorer les voies navigables, afin
d'amener les negocianls et les induslriels a se poser cette question : Sur quelle
voie pourrai-je obtenir le transport a meilleur compte? Et soyez surs qu'il viendra
a la voie la plus economique.
Je ne pense pas du reste que, pour les resolutions que nous adoplons, la
formule choisie soit de si grande importance, il ne s'agit pas de savoir si Ton
doit employer tel ou lei mot. 11 suffit que nous disions la chose principale : les
deux grands moyens de transport, chemins de fer et voies navigables sont
membres d'une meme familie et sont appeles tous deux a assurer le bien-etre
des populations ! Nous poui rions nous rallier a la resolution de Manchester,
niais on pent aller plus loin, et indiquer avec M. de Rumpler, d'une facon toute
speciale, que I'avenir des transports repose essentiellement sur ramelioration
des voies navigables. Je crois que tous nous sommes prels a laisser de cote tout
ce qui va de soi, comme, par exemple, le paragraphe visant les conditions spe-
ciales k chaque pays. Nous devons simplement declarer, en somme, que les
voies navigables sont indisponsables pour le developpcment du trafic et qu'olles
doivent etre ameliorees et etendues autant que faire se peut.
5' SECTION —10= SEANCE. 471
M. LE Presidem. — La parole est a M. Clements.
M. Clemems. — I desire to say a few words or the subject of M. North's
paper, and particularly to put before the Congress Great Britain as the
« shocking example » in the matter of canals. (Laughter.) We may claim,
as every body knows, a very large share of the maritime traffic of the
world, and we can also hold our own in the matter of railways, but in
regard to our canals we occupy the poorest possible position. Our position
may be summed up in a very few words. AVe are engaged in a triangular
duel. Those who are familiar wilh English literature will remember the
triangular duel in « Midshipman Easy ». Well that is the sort of conflict
in which we in England are engaged. The railways quarrel with the
canals, the traders quarrel with both, and the State sils up in the clouds
as a sort of umpire and occasionally comes down and takes cognizance of
their proceedings. It does, however, practically nothing beyond fixing the
maximum charges which may be made. We have now come to the pro-
cess of revision, and are all very anxiously awaiting the result. We shall
probably know it in twelve months time, but until that revision is made I
am afraid matters must remain for us very much where they are. With
regard to the resolutions before the meeting I wish to express my very
strong concurrence with them. But from my point of view Ihey perhaps
hardly go far enough. That the canals should serve as feeders to the rail-
ways is, I think, very proper. It is natural that they should do so, being
better adapted for heavy traffic and raw material which does not require
M. Clements. — Je desire dire quelques mots au sujet du rapport de M. North
et montrer au Congres que la Grande-Bretagne donne un « shocking example »
en matiere de canaux. (Rires.) Nous pouvons pretendre, comme chacun sail, a
une large part du trafic maritime du monde, et nous tenons egalement notre
rang a I'egard des voies ferrees; mais, pour les canaux, nous sommes dans une
situation aussi piteuse que possible. Cette situation peut se resumer en quelques
mots : nous sommes engages dans un triple duel. Ceux d'entre vous qui sont
verses dans la litterature anglaise se rappellent le triple duel de « Midshipman
Easy )) qui donne une idee du conflit existant en Angleterre, entre les chemins
de fer et les canaux d'une part, entre les commercants et les deux moyens
de transport d'autre part, I'Etat restant comme une sorte d'arbitre toujours
dans les nuages et n'en descendant que de temps a autre pour marquer les
coups echanges. Car, praliquement, I'Etat ne fait rien au dela de la fixation
des maxima pour les taxes a percevoir. Nous en sommes maintenant arrives a
une revison generate dont tout le monde attend anxieusement le resultat. Nous
le connaitrons probablement dans un an; mais, jusque-la, je crains bien qu'il
n'y ait pas grand'chose de change. En ce qui concerne les resolutions de ce
Congres, je desire y exprimer tres fortement mon adhesion; mais, a mon avis,
elles ne vont peut-etre pas assez loin. Que les canaux doivent servir pour
aliment^ les chemins de fer, c'est la, je crois, une idee tres juste. 11 est nature!
que ce soil leur role, car ils sont raieux appropries au transport des marchan-
dises lourdes et des materiaux bruts qui n'exigent pas un transport rapide.
472 PROCES-VERBAUX DES Si!;ANCES DES SECTIONS,
quick expedition. But so long as in Great Britain the canals and the rail-
ways remain in the hands of private individuals or trading companies,
then, I think the canals must be something more than feeders to the
railways; they must actively and efficiently compete with them to aft'ord
any advantage to the public. That is the only fault, if it is a fault, that
I find with the resolution, and as Great Britain is here in a hopeless mino-
rity, my criticism is not perhaps of much account. As I was able to show-
in my paper to the Congress when it met at Manchester in 1890, we cannot
talk about our canal system, because we have none. We have, to use a
railway expression, break of gauge all over the Kingdom. Transhipment
is necessary in the case of every long journey. Tolls and other charges
also vary; in fact, it may be said that every thing varies whenever it is
possible for it to do so. We are therefore in a most deplorable position,
so for as our canals are concerned. I wish to put this on record, because
it may greatly assist the traders if these statements go forth in connection
with this Congress, at which so much valuable information has been given
as to the admirable part which waterways play in contributing to the
prosperity of countries in which they are properly developed. (Applause.)
M. LE President. — M. Fleury a demande la parole pour appuyer la pro-
position de resolution qu'il a deposee sur le bureau. La considerez-vous
comme un amendement additionnel a celle de M. Carlier?
M. Fleury. — Pour moi, je la vois en antagonisme absolu avec la pro-
position de MM. Carlier, Holtz, Lainey et Gensel.
M. IloLTz. — Nous I'admettons ainsi.
M. LE President. — Monsieur Boule, vous avez depose aussi une proposi-
tion, mais comme elle est additionnelle a celle de MM. Carlier et autres, il
est inutile que vous preniez la parole dans la discusion generale a I'occa-
G'est ce qui a lieu en Grande-Bretagne, ou les canaux el les chemins de fer
sent entre les mains de particuliers ou de compagnies de commerce. Mais je
crois que les canaux doivent etre quelque chose de plus que les collecteurs des
chemins de fer; ils doivent entrer en concurrence active et efficace avec eui
pour le grand avantage du public. C'est la le seul defaut, si e'en est un, que je
trouve au projet de resolution; mais comme la Grande-Bretagne n'est ici qu'en
infime minorite, ma critique n'a peut-etre pas beaucoup de poids. Ainsi que je
vous I'ai montre dans men rapport au Congres de Manchester en 1890, nous ne
pouvons pas parler de notre sysleme de canaux, car nous n'en avons pas. Sur toute
I'elendue du Royaume-Uni, nous nous trouvons en presence de changements de
gabarits qui rendent les transbordements necessaires pour tout voyage de quelque
longueur. Les taxes et autres droits varient aussi ; en un mot, on peut dire que
tout varie chaque fois que cela est possible. Nous somraes done dans une situation
deplorable en ce qui concerne nos canaux. Je tiens a signaler cet etat de choses,
parce que cela peut etre du plus grand secours aux negociants que de trouver
cette constatation dans les travaux de ce Congres qui montrent si bien quelle part
peuvent prendre les voies navigables a la prosperite des pays dans lesquels elles
ont 6te convenablement developpees. [Applaud issements.)
3- SECTION. - 10- SEANCE. •i'Jo
sion de celte proposition. Pour le bon ordrc de la discussion, il vaut
mieux que chacun ne prenne la parole qu'nne fois.
La parole sur la discussion generale est a M. Beaurin-Gressier.
M Beaurin-Gressier. — Je desirerais dire quelques mots au sujet du dis-
cours Iresinteressant, tres elegant, tres nourri, prononce par M. Colson a
la fin de la precedente seance, et auquel personne n'a repondu.... iSous
sommes fatigues, il est tard, et il serait sans doute inopportun de re-
prcndrc un par un tons les points d'une argumentation donl la refutation
appellerait de longs developpements. Je ne veux m'arreter que sur un
point qui resume, du rcste, I'esprit du discours de M. Colson. Dans sa
pensee, le chemin de fer semble constituer, a I'heure acluelle, comme
moyen general de circulation, un instrument superieur a la voie navi-
gable. 11 me semble bien difficile de se prononcer dans une comparaison
de cette nature. Pour moi, la superiorite est une question decirconstances.
Et je me declare incapable de porter un jugement categorique. Peut-etre
d'autres ont-ils des raisons d'avoir une conviction plus nette. Mais je tiens
a ne pas laisser dire, sans protester, que, d'une fagon generale, les voies
navicrables sont inferieuies aux chemins de fer.
Demeurant dans des vues d'ensemble, je pourrais deja vous citer des
elements caracteristiques de superiorite des voies navigables sur les voies
ferrees. Sur les voies navigables, on rencontre le minimum d'adherence el
reffort de traction est intiniment reduit. Cos conditions speciales permet-
tent I'emploi de vehicules de grandes dimensions, d'autant plus vasles que
la largeur et la profondeur de la voie sont elles-memcs plus considerables.
Les frais de construction et d'entretien des vehicules, c'est-a-dire des ba-
teaux, les frais de conduite, les frais de traction, diminuent, chacun le sait,
en raison directe de I'augmentation des dimensions de ces vehicules. Ce
sont la, pour la navigation, des elements de superiorite qu'il est impos-
sible de nier, el qui ont permis aux prix des transports par eau de s'abaisser
a des minima qu'en fait, les chemins de fer n'ont jamais pu atteindre.
Laissez-moi ajouter que nous sommes loin d'etre arrives en France au
terme du progres auquel il nous est permis d aspirer en maliere d'abaisse-
ment de prix des transports par eau.
Prenons noire reseau tel qu'il se comporte, c'est-a-dire avec des ecluses
de 38 m. 50 de longueur et de 5 m. 20 de largeur, pour la plupart de nos
canaux, permetlant ainsi la circulation de bateaux d'une conlenance de
300 tonnes. II est bien certain que la navigation est loin, a I'heure actuele,
de tirer de ce reseau tout le profit qu'il est susceptible de donner. L'ulili-
sation du reseau augmenterait co'nsiderablement si I'on arrivail, par des
procedes dont il a ete longuement question dans une autre Section du Con-
gres, a diminuer les causes de chomages, qu'elles proviennent de circon-
stances naturelles ou accidentelles, ou meme de mesures reglementaires.
L'utilisation du materiel s'accroitrait en meme temps; mais elle recevrait
une impulsion non moins feconde de perfectionncments dans I'exploitation
474 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
des vehiciiles, des moteurs, des appareils d'embarquement, de debarque-
ment et de maniitention sur les bateaux et dans les ports. II y a pourmoi,
dans cet ordre d'idees, une marge indefinie au progres. Les releves statis-
tiques pubiies en 1888, par le Minislere des Travaux publics, a la suite du
premier recensement du materiel de la batellerie, permettaient d'etablir
que le parcours moycn journalier d'un bateau ressorlait alors a 3 kilome-
tres. Ce chiffreest eloquent et se passe de commentaires. Je snis bien que
dans les elements constitulifs de la moyenne figurent des bateaux inuli-
lises; que, de plus, les peniches el chalands sont frequemment employes au
port comme magasins ct rendent ainsi des services dont ne tient pas
compte la moyenne ci-dessus. Mais il me sera bien permis de dire que cet
emploi du bateau n'est guere conformea sa destinalion, quiestdecirculcr.
C'est dans ces conditions que le prix du fret s'est abaisse aux cours que
nous connaissons, confinant au prix de 0 fr. 01 par tonne et par kilo-
metre, descendant souvent au-dessous pour les longs parcours, lorsque le
patron du bateau est assure d'un fret de retour.
Je pretends qu'il ne serait pas impossible de doubler, de quadrupler
peut-etre les chiffres de la moyenne journaliere que je viens d'indiquer.
Les prix de revient, les prix de fret, subiraient alors une reduction sinon
correspondante, au moins considerable, laissant a la batellerie un surcroit
de remuneration que nous serious tons heureux de lui voir oblenir.
Aucun autre ordre de voies de communication ne pent, a mon sens,
aspirer a de semblables resultats.
Dans ces conditions, et pour tons ceux qui poursuivent Teconomie des
transports, on pent dire que, partout ou il y a des voies navigables, car je
n'ai pas la pretention de demander qu'on en fasse partout, ces voies au-
ront une feconde influence.
Ce n'est peut-etre pas cependant dans les considerations que je viens de
developper que se trouvc le principal element de superiorite de la voic
navigable.
Dans les transports par voie ferree, la domanialite s'etend non seule-
ment a la voie, mais encore au vehicule, au moteur, aux services acces-
soires. Voie, vehicule, moleur, sont, par la force des choses, entre les
mains du meme entrepreneur, et cette reunion tend a fortifier son mono-
pole. C'est la un immense inconvenient. La voie navigable permet, au
contraire, la libre circulation des vehicules, I'emploi de moteurs indc-
pendants, elle laisse ainsi toute son action au libre jeu de la concurrence.
Nous nedevons pas laisser amoindrir le merite d'un semblable instrument
dans la comparaison qu'on en fait avec les chemins de fer. {Applaudisse-
merits.)
En France, le jugement a porter entre les deux ordres de voies est certes
ires delicat, parce que I'Etat s'est trouve entraine a faire des sacrifices
considerables pour I'un et pour I'autre. Pour lequel des deux en a-t-on
fait le plus? La formule de comparaison est bien difficile a degager. 11 ne
5' SECTION. — 10 SEANCE. 47b
semble pas en tous cas que les chemins de fer aient rien a envier a la
navigation.
A la verite, on a fait de gros sacrifices pour la navigation, peut-etre de
trop gros pour cerlaines lignes defectiieuses, parce qu'on s'est laisse en-
trainer par de mauvaises melhodes d'appreciation, parce qu'on a entame
certaincs voies sans se rendre suffisamment compte si les services a en
attendre elaient a la hauteur des frais a faire. Mais helas! les memes
erreurs se retrouvent en matiere de chemins de fer. Ce que nous deplorons
tous, c'est la creation, au compte de I'Elat, de mauvaises voies ferrees
comme de mauvaises voies fluviales; c'est I'emploi des deniers publics en
vue detravaux pour lesquels on n'a pas la garantie qu'ils seront bons et
utiles.
Je passe sur le reste de ma discussion qui pourrait s'etendre encore a
plusieurs points du discours de M. Colson, et je conclus : Ce que nous
devons tous desirer, dirai-jo, c'est que dans Tavenir, par le maintien et
I'introduction de Tinitiative privee parlout oii elle est possible, par I'emploi
d'un meilleur criterium de I'utilite des entreprises publiques, nous arri-
vions a ecarler, autant que faire se pourra, I'execution de mauvaises
lignes de chemins de fer, comme de mauvaises lignes de navigation.
[Applaudissements . )
M. LE President. — La parole est [\ M. Douau.
M. Douau. — Je garderai la reserve deM. Beaurin-Gressier, etant donnces
I'heurc et la leinperaturc. Mais il est un point du discours de M. Cohon
qu'il est impossible de laisser sans rcponse : M. Colson nous a declare, si
mes souvenirs sont exacts, et il me r<;prendra si je me trompe ; que Ton
etait arrive sur les chemins de fer a faire des transports a 0 fr. 01 et
0 fr. 015 par tonne pour les marchandiscs pondereuses; je ne conruiis
pas, pour mon compte, de tarifs aussi bas, meme dans la region du Nord;
pourtant, dans la situation que j'occupe, j'ai des elements d'appreciation
de laconcurreice enlrc canaux et chemins de fer des plus profitables a
rinteret public. 11 y a bien des tarifs ou Ton arrive sur une certaine dis-
tance a appliquer 1 centime par kilometre, mais voici comment : les 25
ou 50 premiers kilometres coutent 2 ou 5 centimes; les 50 kilometres
suivants coiitent un pen moins, et Ton arrive au bout de 200 ou 500 kilo-
metres a une fraction de 1 centime; mais I'ensemble du transport coute
hien plus de 1 centime.
M. Roui.E. — II e.\iste un larif special de garc a gare pour les minerais
de .Meurthe-et-Moselle destines au\ forges du Nord et du Pas-de-Calais a
0 fr. 0172 par tonne kilometrique, et un tarif de retour pour les houilles
du Nord et du Pas-de-Calais dirigees vers la Meurlhe-et-Moselle a 0 fr. 0202.
M. Fleury. — Et encore faut-il transporter plus de 500 tonnes. Cesont,
du reste, les seuls tarifs inferieurs a 0 fr. 0205.
M. Douau. — L'observation ne d6lruit pas la regie qu'il n'y a pas, sauf
une ou deux exceptions, de tarifs inferieurs a 0 fr. 0205.
476 PROCES-YERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
Dans ces conditions, est-il indispensable de posseder les deux moyens
de transport? Tout le monde se prononcera pour raffirmative, et, si j'ai
pris la parole, c'est que, si j'ai bien compris le but de certains orateurs,
ils tendraient a prelendre laisser aux chemins de fer la liberie absolue des
larifications, leur permeltant, en cas de lutte contre un canal, do tarifcr a
des prix tellement bas que le canal devrait renoncer a la concurrence, et
nous arriverions a une solution economiquc desastreuse pourle pays.
J'appuie sans reserves M. Hollz nous disant : ni le wagon ni le bateau
ne constituent une oeuvre economique : ce sont des moyens. Ce qui nous
interesse, c'esl le consommatcur et le producleur : nous donnons au pro-
ducteur la matiere dans Ics conditions le plus economiques possible, et
nous apporlons ensuite au consommatcur la matiere fabriquee dans les
meilleures conditions. La concurrence pour ccla est necessaire, et en
aucune circonstance les Compagnies ne peu\ent avoir la liberie, par des
tarifs speciaux, de transporter au prix qui leur convicnt. La navigation est
indispensable pour entrclenir la concurrence contre la voie ferree, el il
ne faut pas favoriser une voie plus que I'autre. A Dunkerque, nous faisons
2 600000 tonnes par an; la batellerie en prend 1300 000. II est un fait
certain, que les ingenieurs de la Compagnie du Nord avec lesquels j'ai
occasion de me trouver souvent pour alTaires de service sont les premiers
a reconnaitre, c'est que si la batellerie n'existait pas, la Compagnie serait
impuissante a salisfaire les exigences d'un trafic comme celui de Dun-
kerque. Si, d'aulre part, nous obtenons des reductions, c'esl a la presence
de la batellerie que nous le devons.
Nous tenons a conserver cetle situation de concurrence, et nous deman-
dons d'une faQon expresse que les Compagnies de chemins de fer nc puis-
sent pas avoir, en matiere de larification, une liberte telle qu'a un moment
donne elles puissent se debarrasser d'un concurrent necessaire a la pros-
priete publique. (Applaiidissements.)
M. LE President. — La parole est a M. Ely.
M. Ely. — I do not wish to detain the section more than a few moments.
M. Ely. — Je ne veux pas retenir la section plus que quelques instants, mais je
desirerais faire une simple remarque a I'egard du rapport de M. North. 11 peul
paraitre etrange que (ainsi que le rapporteur I'a dit au Congres) les frets sur les
chemins de fer et sur les canaux aient pu etre reduits comme ils Tent ete tout
en laissant subsister des receltes et des dividendes, et sansdiminuer les salaires.
II faut cliercher Texplication de cette anomalie apparente dans ce fait que, choz
nous, chaque diminution des prix de transport sur les chemins de fer et les voies
navigables provoque une augmentation de la surface de production et un accrois-
sement correspondant du tonnage transporte. Bien que la navigation sur les lacs
ne dure que 7 mois de I'annee, elle n'en a pas moins transporte I'an dernier
197 000 000 de boisseaux (71 millions d'hectolitres) de grains, des ports du lac
Superieur et de Chicago, Detroit et Toledo. Le prix de transport par cette voie,
entre Chicago et Buffalo, n'a ete, pendant ces trois dernieres annees, que de 1 cent
5' SECTION. — 10' SEANCE. 477
but I should like to make a single remark in reference to M. North's paper.
It may seem very strange Ihat (as he has told the Congress), freights both
on railways and on ^Yaler^vays can be reduced to such an extent as they
are shown to have been reduced and yet dividends and earnings maintained
and wages not diminished. The explanation is to be found in Ihis fact,
that with every successive reduction in freights on railroads or waterways
in our country the area of production is so much enlarged and the tonnage
to be moved correspondingly increased. The hikes are open only seven
months in the year, yet last year there were 197 000 000 bushels of grain
carried upon them from Lake Superior porls and from Chicago, Detroit
and Toledo. Now, the rate of transport by lake from Chicago to Buffalo
during the last three years has been only 1 cent and 75/100 of a cent.
The freight from Chicago to New York by way of the lakes and by the Erie
canal for the last Ihrce years has been only 6 cents and 67/100 of a cent,
whereas the freight on the railroads all the way through from Chicago to
New York averaged during the same period 14 cents and 87/100 of a cent.
I was anxious to impress these facts upon the Congress and to explain why
these low rates can be maintained. The traliic is so immense and our
country is settling so rapidly in the North and Norlh-West that the railroad
is justified in spending millions in improving its plant and machinery,
while the same justification exists for building ships that cost 250 000 dol-
lars apiece for the lake traffic as rapidly as they can be completed.
[Applause.)
M. LE Presidext. — La parole est a M. Sankey.
M. Harry S. Saxkev. — Unfortunately, my knowledge of the French
language has not enabled me to follow the various speakers in this dis-
cussion, but there is one gentleman from England whom I have been able
to understand, and to follow him would take a long time. I think it neces-
sary to point out that there is a great difference between the position ot
canals in our country and that of canals on the continent. Canals in our
country are private property, and we look for dividends, whereas canals
et 75/100 de cent par tonne et par mille. Le fret de Chicago a New-York par les
lacs et par le canal i^rie n'a ete, pour ces trois memes annecs, que de 6 cents 67,
tandis que le prix du transport par cherain de fer se tenait en moyenne, pour la
meme periode et le meme trajel, a 14 cents 87. J'ai tenu a exposer ces faits
devant le Congres, et a expliquer pourquoi ces tarifs si has peuvent etre conserves.
Le trafic est tellement considerable, et notre pays s'agrandit si rapidement au
nord et au nord-ouest, que les chemins de fer sont fondes a depenser des
milUons pour ameliorer leur materiel; il en est de meme pour la construction
des bateaux, qui coutent 1 150 000 francs I'un, mais qui sont utilises sur les lacs
aussitot qu'ils peuvent etre termines. {Applaudissements .)
M. Harry S. Sa.nkey. — Ma connaissance imparfaite de la langue francaise ne
m'a malheureusement pas permis de sdivre les divers orateurs qui ont pris part
a la discussion, mais j'ai pu suivre I'argumeutation d'un de ces messieurs les
i78 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
here are managed by the State and the State finds money lo build them.
M. Clements appears here and gives us a very nice little story about a
triangular duel in which he says the canals, the railways, and the traders
are engaged. Now, M. Clements, it must be known to, gentlemen here,
appears in rather an anomalous position. I understand that he is the
representative of the London and Mansion House Railway and Canal Traders
Association, whose object it is to reduce rates. Tliis explains the « trian-
gular duel » business. [Laughter.) lie wishes to knock the third man out,
and to have the canals and the railways straight opposite each other. He
might have adopted a dilTeroiit illustration and recalled the old story of the
two litigants pulling the head and the tail of the cow while the lawyer
milks it. {Laughter.) Our canals are in close competition, as it is, with the
railways, and to make that competition more real would do the canals
serious harm, and 1 will tell the Congress why. The passenger traffic on
many of our railways which run near canals is very large, and if those
railways chose to lower their rates without regard to dividends for a few
years, the canal companies could not stir, because the railways would
iiave their passenger traffic to pay their working expenses, while the canal
companies would only have the freight, that is to say, supposing you were
to carry, freight for nothing to cut each others throats. I must therefore
lake exception to the manner in which the case has been put before the
Congress by M. Clements.
M. LE President. — M. Noitli demande a repondre quelques mots.
M. North. — I will only say one word nioie in regard lo the observations
of the last speaker (M. Sankey) on the question of competition between
railroads and canals. The English ti-aders, as I understand, contend that
Anglais, et je desirerais y repondre. Je crois celte reponsc necessaire pour bien
marquer la grande difference qui existe cntre la situation des canaux dans notre
pays, et celle des canaux sur le continent. Chez nous, les canaux sont des pro-
prietes privees, ils sont exploites en consequence en vue des dividendes,.tandis
qu'ici les canaux sontadministres par I'Etat, qui trouve I'argent necessaire pour
les construire. M. Clements intervient ici, et nous parle tres-spirituellement du
triple duel engage entre les canaux, les chemins de fer et les negocianls. Mnis
M. Clements me parait dans une situation anormale ; il represente ici, vous le
savez, la London and Mansion-House Railwaij and Canal Traders Association,
qui poursuit la reduction des tarifs. Cela explique le jeu du triple duel. {Rives.)
On desire se debarrasser du troisieme tenant, et ne voir plus en face I'un de
I'autre que les canaux et les chemins de fer. M. Clements aurait pu choisir une
autre comparaison, et rappeler la vieille hisloire des deux adversaires tirant une
vachc qui par la tete, qui par la queue, pendant que I'avocat la trait. {Rives.) La
concurrence existe entre nos canaux et nos chemins de fer, et, a la rendre plus
serieuse, on risquerait de porter un grave prejudice aux canaux. Voici pourquoi.
Nombre des chemins de fer etablis a proximite des canaux ont un trafic de voya-
geurs tres important, de sorte que si ces chemins de fer avaient la faculte, en
renoncant aux dividendes pour quelques annees, d'abaisser leurs tarifs, le
5' SKCTION. — 10' SEANCE. 470
their interests have been prejudiced by high tolls and by the poor mainte-
nance of Ihe canals. Whether that is so or not I cannot say, but I believe
I am right in stating that for 58 years the only material reduction in the
English freight rates has come from the charter of the Manchester Ship
Canal, and that was made while they were fighting the charter. It con-
sisted in a reduction between Liverpool and Manchester, where freights
cost up to that time what they had cost 55 years before. It would not be
becoming for an American to enter into conflict with Englishmen on such •
a question at this Congress, but I believe it is a fact that to-day the English
freight rates are the highest in the world because the capital of the rail-
way interest holds its hands on the throat of Parliament and prevents any
enlargement ol the canals.
M. LE President. — Je mets aux voix la cloture do la discussion generalc.
(La cloture est prononcee.)
Nous sommes en presence du texle vote a Manchester et repris par
MM. Carlier, Holtz, Lainey ct Gensel.
J'en donne une nouvelle lecture :
« Lc V^ Congres international de navigation interieure ne pent que
« reproduire et confirmer a la suite des rapports qui lui ont ete soumis,
« la declaration voteo par le IV Congres, tenu en 1890 a Manchester, et
« deja formulee en principe au 11^ Congres tenu a Vienne en 1886, decla-
« ration ainsi conguc :
« L'existence et lc developpement simultane des chemins de fer et des
« voies navigables sont desirables :
« r Parce que ces deux moyens de transport sont le complement I'un
compagnies de navigation ne pourraient pas tenir, parce que les chemins de far
auraient toujours leur trafic de voyageurs pour payer les depenses d'exploitation,
tandis que les compagnies de canaux n'out que leurs marchandises. Je fais done
loutes reserves sur la maniere dont les choses ont ete exposees devant le
Congres par M. Clements.
M. North. — Je veux seulement repondre quelques mots a ce que vient de
dire M. Sankey sur la concurrence entre chemins de fer et canaux. Les commer-
?anls anglais, a ce que je vois, jugent que leurs interets ont ete leses par des
droits eleves et par la defectuosile des canaux. Que cela soil reel ou non, je ne
puis le dire, mais je crois etre dans le vrai en constatant que, depuis trente-huit
ans, la seule reduction materielle dans les tarifs de transports anglais est venue
de la charte du canal maritime de Manchester et s'est produite pendant qu'on
combattait celle charte. Cette reduction portait sur le tarif entre Liverpool et
Manchester, qui elait reste a cette epoque ce qu'il etait trente-cinq ans aupara-
vant. 11 n'apparlient pas a un Americain d'entrer en discussion a ce sujet avec les
Anglais, mais je crois qu'il est notoire qu'aujourd"hui les tarifs anglais pour mar-
chandises sont les plus eleves du monde entier, parce que le capital engage sur les
chemins de fer tient le Parlement a la gorge et empeche toute amelioration des
canaux.
48U PROCKS-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
« de I'autre, et doivent concourir, chacun suivant ses merites speciaux, au
« bien general.
« 2° Parce qu'en voyant les clioses dans leur ensemble, le develop-
« pement induslriel et commercial, qui est le resultat certain du perfec-
« tionnement des voles de communication, fmit par profiter a la fois aux
« chemins de fer et aux voies navigables. »
M. Lainey donne lecture du texte anglais.
M. LE President. — M. Fleury a domande la parole contre cette reso-
lution.
M. Fleury. — La proposition de mcs honorables collegues est excellente;
je I'ai \otee a Manchester. Mais le temps a marche depuis. Nous pouvons
peut-etre trouver qu'il convient de ne plus se contenler de formules gene-
rales. II y a concurrence entre deux moyens de transport : il ne fauf pas
craindre de le dire et de le constater; concurrence ne signifie pas guerre :
c'est I'etat naturel de deux industries chercliant a rendre un meme ser-
vice. Leur concurrence a pour effet que ce service est rendu a meilleur
compte.
Les chiffres inseres dans mon rapport ont trait a la France; mais les
chiflVes indiques pour I'elranger par nos collegues ne sont pas moins
topiques.
En Angletcrre, la question n'a pas la meme gravite que chez nous,
parce qu'on peut toujours recourir au cabotage, ce qui empeche toute
comparaison avec les pays de I'Europe continentale.
Sur le continent, I'Etat a fait beaucoup, et pour les chemins de fer, et
pour la navigation. En France, les chemins de fer ayant pris une siiperio-
rite enorme, il est a craindre qu'ils n'arrivcnt a detruire leur concurrent,
la navigation. C'est ce qui inquicte M. Douau, quand il dit qu'il nefaul pas
que les chemins de fer puissent abaisser indefiniment leurs prix. Heureu-
sement, un tarif, une fois abaisse, ne peut pas etre releve a moins d'unc
procedure Ires longue et trcs rarement essayee.
M. LE President. — Certainement, vous pouvez dire qu'il n'y a pas de
tarif releve.
M. Fleury. — Le cas est cependant prevu, et des relevements ont cu
lieu. J'en connais : par exeinple, entre Saint-Nazaire et Nantes, un certain
nombre de tarif's ont ele releves il y a une douzaine d'annees.
Seulement ce n'est pas le chemin de fer qui a demande des relevements,
c'est la batellerie, qui Irouvait qu'avec les prix reduits de ces larifs, les
chemins de fer lui faisaicnt une Irop victorieuse concession, ce qui prouve
qu'en pareille matiere I'Etat doit voir les choses de plus haul, et se placer
au point de vue de I'interet general, c'est-a-dire du bas prix des trans-
ports; on peut tendre deplus en plus vers la gratuite, sans, bien entcndu,
chercher a I'atteindre, comme une asymptote. Aux Etats-Unis, la libre con-
currence a produit, a cet egard, de ties grands effels. On en trouve la men-
tion dans les communications si interessantes de nos collegues MM. North
5' SECTION. — 10= SEANCE. 481
et Roberts. Chez nous, comme chez eux, la batellerie est le fiein qui
empeche le chemin de fer dc ran^onner I'industrie.
11 faul done que nous exprimions le voeu modeste qu'il ne soit rien fait
qui puisse diminuer les utiles effets de cetic concurrence. Ma proposition
meparait laisser de cote toutes les questions de detail et d'application, ce
qui est necessaire dans un Congres international. iMais, en meme temps,
elle consacre ce principe que la concurrence est necessaire entre les voies
d'eau et ferree desservant les memes points de depart et d'arrivee. 11 Taut
que la balance soit tenue egale entre les deux, et qu'on ne laisse pas un
moyen de transport ccraser I'autre, qui est precisement le plus humble et
le plus democratique ; dans lespajs ou leschemins de fer sont constitues a
I'etat de monopole, la concurrence que leur fail la batellerie est le seul
moyen d'obtenir d'eux quelques tarifs reduits.
Telles sont les idees que je vous soumels dans ma proposition {Voir
page 457).
M. LE President. — Vous presenlez votre proposition comme en anlago-
nisme avec celle de MM. Carlier, Holtz, etc.?
M. Flelry. — Parfaitement.
M. LE President. — Vous dites que dans les pays ou il y a des canaux, la
concurrence est le seul moyen d'obtenir des tarifs reduits des chemins de
fer. Permeltez-moi de vous dire que c'est contraire aux fails. Vous venez
d'en avoir un exemple par le degrevement de la grande vitesse du 1" Avril.
La concurrence entre la batellerie el les chemins de fer a ele inutile dans
ce cas : sans qu'ils eussent a lutter contre elle, ils ont eux-memes,
d'accord avec le Ministre, pris I'initiative d'une redticlion de tarifs.
J'appelle I'altention de la Section sur I'inconvenient qu'il y aurait a faire
endosser par le Congres la responsabilite d'un fail qui n'est pas exact
dans toutes ses parties.
M. Fleury. — II n'en esl pas moins vrai que, sur nombre de lignes, des
reductions de tarifs de petite vitesse n'ont ete oblenues que par suite de la
concurrence de la batellerie.
M. LE President. — Regardez la carte de France : vous verrez que sur la
grande partie, la concurrence de la batellerie ne s'exerce pas; la ligne de
Paris a Rordeaux, tout le reseau breton ne peuvent etre consideres comme
en concurrence avec la batellerie.
La concurrence n'existe guere que sur la Seine et quelques aulres
regions, et cependant toutes les Compagnies ont des tarifs inferieurs au
tarif general pour la petite vitesse: Pourtant ce sont elles qui, d'apres
leurs cahiers des charges, ont Finitiative des reductions de tarif. J'appelle
Fattenlion de M. Fleury sur ce point, et je ne doute pas que lui, qui est
un esprit scientifique, methodique, ne se rcnde a cette raison, qu'il serait
mauvais de faire promulguer comme un dogme que, dans les pays oii les
chemins de fer sont constitues a 1 etat de monopole, la concurrence
que leur fait la batellerie est le seul moyen d'obtenir des tarifs re-
31
482 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
duits. Les faits sont journellement en contradiction avec cette affirma-
tion.
M. Fleurt. — Les observations de M. le President sont justes : j'en ai
fait d'analogues dans le rapport que j'ai presente au Congres. Dans mon
esprit, comme dans celui de tous, il est entendu que nous ne parlons pas
de concurrence a la grande vitesse.
M. LE President. — Ce que je dis est vrai, meme pour la petite vitesse.
M. Fleury. — Je suis tout dispose a tenir compte des observations de
M. le President, et a mettre dans ma proposition qu'il ne s'agit pas de la
grande vitesse. Quaiit a la petite vitesse, lorsqu'on etablit un tarif reduit
en vue de la concurrence d'une voie navigable, bien que cette voie ne soit
parallele au cliemin de fer que sur une partie, le tarif est applicable sur
tout le reseau. II est difficile de ne pas accorder a tout le reseau ce qu'on
a accorde a une partie; ce pourrait etre, disons-le en passant, un achemi-
nement a I'abaissement indefini que redoutent certaines personnes.
Sur les cotes de France, d'Angleterre, d'Espagne et d'ltalie, il se fait un
cabotage actif qui n'est pas sans influencer les Compagnies quand elles
diminuent leurs tarifs. Je vous remercie d'avoir attire mon attention sur
cette formule que j'ai redigee precipitamment, et qui est un peu absolue.
Je propose de remplacer les mots « leseulmoyen » par « I'un des moyens
les plus efficaces » par exemple.
M. le Presidekt. — C'est ce que je voulais dire.
M. Carlier. — M. Fleury a dit que sa proposition etait I'oppose de la
notre. Nous ne sommes pas aussi absolus, et nous croyons que la formule
de Manchester, qui a ete tres-etudiee, quoiqu'elle semble pouvoir etre
redigee d'une fagon plus comprehensible, plus etendue, est cependant
generale, et comprend tout ce qu'il y a de general dans la proposition de
M. Fleury. Comme I'a dit M. le President, la concurrence de la batellerie
n'est pas le seul moyen d'avoir des tarifs bas. On a essaye, dans la formule
de Manchester, de ne pas donner prise a des discussions de mots, car
aujourd'hui ieur signification se deplace aussi vite que les chemins de fer,
et non comme le bateau. Tel mot a une signification grammaticalement et
en a une autre dans le langage usuel. Concurrence, concours : quelle est
la difference? Aussi, a Manchester on n'a pas voulu de ces expressions ;
mais il est certain que la coexistence de deux moyens de transport paral-
leles desservant le meme pays constitue une sorte d'emulation qui tend a
faire baisser au minimum le prix de transport. Dans cette formule de
Manchester : « Ces deux moyens de transport sont le complement I'un de
I'autre », le mot complement a une acception generale comportant tout ce
qu'il pent y avoir dans le mot d'emulation, de concurrence loyale, hon-
nete, sans porter prejudice a aucun des interets serieux du pays ou des
entreprises de transport dont reffondrement, par suite d'une concurrence
exageree, pourrait devenir une sorte de malheur public. Nous pensons
que tout ce qui est motive dans la proposition de M. Fleury se retrouve
3° SECTION. — 10-= SEANCE. 485
dans la formule de Manchester, ct nous demandons pour cette derniere le
benefice de la priorite. Toutefois nous convenons qu'on pourrait y ajouter
un paragraphe a peu pres emprunte a M. Fleury, et ainsi congu :
« 11 importe que les pouvoirs publics, tout en pretant leur concours a
« chacun des deux modes de transport dans la plus large mesure, ne
« favorisent pas plus I'un que I'autre. »
M. Fleury. — M. Carlier veut bien accepter la premiere partie de ma
proposition; mais comme celle de Manchester, elle a un caractere general,
vague ; il faudrait quelque chose de plus net, et conformement au rapport
que j'ai eu I'honneur de presenter au Congres, j'ai formule une opinion
sur I'influence que labatellerie — je ne dis pas la navigation interieure —
pent exercer sur les tarifs de chemins de fer.
Tout en remerciant M. Carlier de donner I'hospitalite a la premiere
partie de ma proposition, je regretterais de voir la deuxiemc tomber dans
I'oubli, et si M. Carlier ne croit pas pouvoir I'accepter, je demande qu'elle
ne reste pas separee, et qu'il soit decide sur la totalite de ma proposition,
sur I'ensemble en une seule fois.
M. Raffalomicii. — J'insiste pour que nous ajoutions au texte de Man-
chester, conformement aux considerations qu'a developpees M. de Hum-
pier, le § 4 des conclusions de M. Pescheck, ainsi con^u :
« Le role respectif des voies navigables et des voies ferrees dans un
pays determine, depend surtout des conditions naturelles existant pour la
navigation, ainsi que de la politique economique qui preside au mouve-
ment des marchandises. »
M. HoLTz. — Nous y souscrivons volonliers; il n'y a d'anfagonisme
qu'entre la proposition de M. Fleury et la notre.
M. BouLE. — J'ai presente un article additionnel a la proposition de
MM. Holtz et Carlier, mais je voudrais dire un mot sur les propositions
principales.
II y a une opposition complete entre celle de MM. Carlier et Holtz et celle
de M. Fleury. M. Fleury defend le grand principe du laisser faire et de la
libre concurrence, qui est bien peu en faveur en ce moment. II a parfai-
tement raison en theorie, mais le principe n'est pas applicable lorsqu'on
est en presence d'un monopolecommecelui dont jouissent en fait les grandes
compagnies de chemins de fer.
Des 1845, M. Collignon, qui construisait a la fois le canal de la Marne
au Rhin et le chemin de fer de I'Est, a publie un volume sur le concours
des chemins de I'er et de la navigation ; il soutenait qu'il ne doit pas y
avoir concurrence, mais concours dans I'inter^t general, et c'est dans cet
ordre d'idees que j'ai presente un amendement, dans le but d'empecher
une compagnie de chemins de fer de supprimer la concurrence d'un
canal.
M. LE President. — Je vous ferai observer que nous ne discutons en ce
moment que sur la proposition de M. Carlier, et sur celle deM. Fleury qui
484 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
lui est opposec. Quand viendra votre amendement, je vous donnerai la
parole sur cc point special.
M. BouLE. — M. Fleury est partisan de la libre concurrence ; je soutiens,
comme MM. Curlier et Holtz, qu'il ne doit pas y avoir concurrence entre
les voies navi3ables ct les chemins de fer, mais concours dans I'interet
general, commc on I'a reconnu aux Congres anterieurs, oil se trouvaient
a la fois des ingenieurs de navigation et des represenlants de chemins
de fer.
La discussion n'est pas facile avec ceux-ci ; leurs Congres sont fermes,
on n'y admet que des invites; ici, dans un Congres ouvert a tons, ils ne
viennent pas.
On nous a dit que les membres des Congres de chemins de fer etaient
fort intellif^ents. En ell'ct, ils ont refuse de voter le retablissement des
droits de navigation, et s'ils etaient ici, ils reconnaitraient certainement
que les membres du Congres de navigation sont egalement iritelligents,
conciliants et disposes a laisser de cote tons les interets particuliers pour
ne s'occuper que des interets generaux.
Ici, on est venu parler de la cause victorieuse qui plait aux dieux et de
la cause vaincue qui plait a Caton.
Je soutiens qu'il ne doit pas y avoir de cause victorieuse ni de cause
vaincue, mais qu'il faut appliquer le principe inconteste de I'economie
politique : la division du travail.
Les chemins de fer doivent transporter les marchandises de valeur qui
peuvent payer la vitesse. Les canaux doivent transporter les marchandises
lourdes et encombrantes qui ne peuvent supporter que des prix de trans-
port Ires-reduits, mais peuvent accepter de longs delais de livraison.
Agir contrairement a ce principe serait contraire a I'interet general et
meme a I'interet des chemins de ler.
M. LE President. — Je vous ferai remarquer que vous rentrez la dans la
discussion generale et qu'elle est close.
M. Boule. — Alors je me borne pour I'instant a voter contra la propo-
sition de M. Fleury, et a me rallier a ccUe de MM. Garlier et Holtz, com-
pletee par mon amendement.
M. LE President. — Je mets aux voix la priorile qui est demandee pour
la proposition de MM. Carlier, Holtz, Lainey et Gensel.
(La priorite, mise aux voix, est adoptee.)
M. Clements a demande la parole pour un fait peisonnel.
M. Clements. — I understand that while I was out of the room a gentle-
M. Clements. — J'etais absent quand M. Sankey a fait quelques remarques sur
le corps que j'ai Thonneur de representer a ce Congres. Mon rapport parle de
lui-meme, et je declare energiquement que ma situation ici n'a rien d'anormal.
Je represente les commercants de la Grande-Bretagne, et non pas une partie
speciale d'entre eux, et ce sont les comraergants qui, comme clients, fournissent
5' SECTION. — 10' SEANCE. 485
men from Ireland made some remarks with reference to the body I have
the honour to represent ot this Congress. Willi regard lo my paper, it
speaks for itself, but I deny emphatically that my position here is in any
way anomalous. I represent the traders of Great Britain, not any parti-
cular division of them, and the traders are the persons who as customers
provide the dividends of the canal companies. It is no doubt true that
competition does exist, but only to a very limited extent, and I quite agree
wilhM. Sankey that the canals only exist on suffrance, for the very reason,
however, that "they are insufficient. When they have been put upon a
proper footing, the position of things will be very different.
M. LE Presidem. — Je mets aux voix la resolution votee a Manchester et
representee par MM. Carlier, Holtz, Lainey et Gensel (voir page 444).
(La resolution est adoptee.)
En consequence la proposition de M. Fleury tombe.
M. Fleury. — Je m'en apergois bien !
M. LE President. — II y a maintenant une proposition additionnelle de
MM. Carlier et Holtz. puisque M. Fleury ne maintient pas la sienne.
M. Fleury. — Je n'ai plus rien a maintenir. M. le President vient de
declarer que jetais tombe. {Rires.)
M. LE President. — Justement je veux dire que vous ne maintenez pas
vous-meme votre proposition additionnelle. Yous avez dit, en elTet, que
votre amendement etait en contradiction avec la proposition de M. Carlier,
vous les avez mis en antagonisme; par consequent, du moment que la
proposition de M. Carlier est adoptee, votre amendement tombe.
M. Fleury. — Nous sommes d'accord.
M. le President. — Quant a M. Carlier, il ne maintient pas son article
additionnel (page 483).
MM. de Rumpler et Raffalowich proposent de maintenir la proposition
n" 4 de M.Pescheck, qui deviendrait le § 5 de la proposition adoptee. J'en
donne une nouvelle lecture.
« Le r6le respectif des voies navigables et des voies ferrees dans un
pays determine, depend surtout des conditions naturelles existaut pour la
navigation ainsi que du caractere de la politique economique qui preside
au mouvement des marchandises. »
(La proposition est adoptee.)
M. Lalney. — Mais je demande qu'il soit fait observer que cet article
n'etait pas compris dans le texte de Manchester, dans I'interet de I'exac-
titude.
des dividendes aux compagnies de canaux. II est vrai, sans doute, qu'une
competition existe, mais dans une etendue fort limitee, et je suis tout a fait
d'accord avec M. Sankey pour reconnaitre que les canaux souffrent, mais pour
cette excellente raison qu'ils sent insuffisants. Quand ils auront ete mieux appro-
pries a leur destination, les choses changeront de face.
486 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
M. LE President. — C'est entendu.
II nous reste a examiner deux articles additionnels, ceux de MM. Boule
et Perier de Feral.
Celui de M. Boule est ainsi eongu :
« Lorsqu'une Compagnie de chemin de fer est a la fois proprietaire ou
concessionnaire d'une voie navigable et d'une voie ferree paralleles, elle
ne doit pas se borner a percevoir des taxes de circulation sur la voie
navigable.
« Elle doit exploiter les deux voies dans les memes conditions et entre-
tenir sur la voie navigable un materiel de batellerie suffisantpour trans-
porter par eau a des prix et dans des delais determines toutes les mar-
chandises que les interesses prefereront confier a la voie d'eau plut6t qu'a
la voie de fer. »
M. Mange. — Cette proposition n'a pas le caractere international, ne
s'appliquant qu'aux pays qui, comme I'Angleterre et I'Amerique, ont des
compagnies exploitant a fois la voie ferree et la voie d'eau.
M. Boule. — II y en a aussi une en France; cela fait deja trois nations
interessees, le caractere international me parait done tres-marque.
M. Raffalowich. — Etant donne le sous entendu que nous connaissons
tons, nous risquons fort de donner a cet article un caractere trop
local.
M. Boule. — J'ai au contraire principalement en vue ce qu'on nous a
dit au Congpes de Manchester. On nous y a en effet parte de chemins de
fer qui acheterit un canal, puis y entravent la navigation. En France, il y
a un fait unique do ce genre; mais c'est un cas tout-a-fait particulier dont
je ne compte pas parler.
M, LE President. — Vous etes libre de le faire.
M. Boule. — On a deja trop parte, dans les discussions precedentes, des
interets frangais; mais je prie mes coUegues etrangers de ne pas s'en
formaliser, car on n'a fait a Paris qu'imiter ce qui avait eu lieu dans les
Congres aiiterieurs.
A Bruxellcs, on s'est etendu largement sur la question de Bruxelles port
de mer, etla rivalite d'Anvers et de Bruxelles.
A Vienne, on a beaucoup parle des projets de canaux du Danube a I'Elbe
ou a I'Oder, et de la regularisation du Danube.
A Francfort, la question principale etait le port du Main, la rivalite
fructueuse des ports do Francfort, Mayence et Mannheim.
A Manchester, enfin, le Ship-Canal etait la preoccupation de tons.
II est impossible de laisser de cote les preoccupations du pays ou le
Congres a lieu.
En bien, je dis qu'en Angleterre, en Amerique et aussi en France des
Compagnies de chemin de fer ont achete des canaux pour les immobiliser
et que cela est deplorable : un canal fait partie du domaine public, il est
d'interet public qu'on I'utilise. Par ce seul fait qu'une compagnie de
5» SECTION. — 10' SEANCE. 487
chemins de fer, ou autre, est concessionnaire ou proprietaire d'un canal,
elle doit Tutiliser et non rimmobiliser.
Elle doit y entretenir un materiel de batellerie comme elle entretient
des wagons sur ses rails. Elle doit, en outre, laisser la batellerie passer
sur ce canal, moyennant peage.
Posseder un canal et faire en sorte qu'il ne puisse pas etre utilise par la
batellerie, cela est controire a I'interet general. II faut done trouver un
moyen d'empecher ce fait dommageable a tous. La solution que je propose
me parait la plus simple et la plus logique. Elle sera en meme temps
profitable aux chemins de fer.
II est incontestable que les transports par eau sont moins couteux que
les transports sur rails.
Que le chemin de fer possedant un canal y transporte les marchandises
lourdes et encombrantcs qu'on lui confie, il percevra le meme tarif que
sur ses rails et son benefice augmentera.
Les transports de voyag-eurs et de marchandises de valeur seront plus
faciles et plus rapides sur les voies de fer moins encombrees, et le grand
principe de la division du travail ne peut recevoir une application plus
facile et plus utile.
Enfm le grand principe de la libre concurrence ne sera pas viole, car,
Men entendu, I'exploitation par la Compagnie n'empechera pas les aulres
mariniers de circuler librement sur le canal.
On a beaucoup parte des bateliers, et on s'est apitoye sur leur sort; il y
a des compagnies de navigation qui les aiment tant que si, elles pouvaient,
elles les absorberaient tous dans leur exploitation. Mais ils ne veulent pas
etre salaries; ils veulent rester de petits industriels, libres et patentes, el ils
payent tous les impols gerieraux comme les compagnies de chemins de
fer, meme les timbres-poste; ils sont dignes de toute noire soUicitude et
je ne veux nuUement les remplacer par les Compagnies de chemins de fer
ou autres, mais conserver leur tres-utile concurrence.
Je crois qu'en principe il est mauvais que la propriete d'un canal appar-
tienne a une Compagnie de chemin de fer, mais j'aime encore micux voir
la Compagnie de chemin de fer exploiter le canal, que d'y interdire toute
circulation.
(La proposition de M. Boule, mise aux voix, n'est pas adoptee.)
M. LE PRESIDE^-T. — M. Pcricr de Feral a depose un autre article addi-
tionnel ainsi congu :
« Les Administrations et les Compagnies de chemins de fer ne doivent
pas etablir des tarifs de gare a gare ou passer des marches prives n'ayant
pour but que d'enlever un trafic a la batellerie, ou de faire voyager en
grande vitesse des marchandises tarifees d'apres le bareme de petite
vitesse, toujours dans le meme but. »
La parole est a M. Douau.
M. Douau. — Je suis oppose a cette proposition qui n'a pas un caractere
488 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
general international. De plus, apres les decisions que nous venons de
prendre et apres les explications echangees, noire derniere resolution
perdrait de sa valeur si cette addition etait adoptee. 11 y a la des conside-
rations d'ordre franpais dans lesquelles je ne saurais entrer.
M. Mange. — Nous avons reconnu que les voies navigables etaient
necessaires pour obtenir des Compagnies le bon marche des transports, il
ne serait pas heureux de voter ensuite des dispositions d'apres lesquelles
les Compagnies ne pourraient pas abaisser leurs prix.
M. Perier de Feral. — Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire : nous sommes
d'accord pour empecher les Compagnies de trop concurrencer la voie navi-
gable : au point de vue international, je propose que les Compagnies
ne puissent pas etablir des tarifs tellement bas qu'ils ruineraient la
batellerie.
M. Mange. — Je m'en refere aux observations de M. Fleury.
M. Fleurt. — Et au peu de succes qu'elles ont obtenu.
La proposition de M. Perier ressemble beaucoup au § 2 de ma propo-
sition. Je n'y mets pas d'amour-propre d'auteur, et si la proposition de
M. Perier pouvait etre acceptee, j'en serais enchante.
M. LE President. — La proposition de M. Perier n'a pas le meme caractere
que la votre, puisque, je le repete, vous avez donne a la votre le caractere
d'antagonisme centre celle de M. Carlier. M. Perier, au contraire, ne pro-
pose qu'une addition a celle de M. Carlier. C'est une question d'ordre dans
le debat.
M. Fleury. — Ou de forme.
M. Perier de Feral. — Lorsqu'une voie ferree est concurrente d'un canal,
d'une Compagnie privee de canaux, il faut que la Compagnie de chemins
de fer ne puisse pas etablir de gre a gre des marches prives pour ecraser
completement la voie navigable, et ne puisse pas davantage faire voyager
en grande vitesse des marchandises tarifees a petite vitesse.
M. Flecry. — Je tiens a retirer ce que je disais il y a un instant, car ce
n'est nuUemcnt la meme pensee qui nous anime. Je ne demande pas qu'on
empeche les Compagnies de chemins de fer d'appliquer des tarifs bas; je
voudrais au contraire qu'on les excitat a le faire.
Les Compagnies n'iront jamais plus bas qu'elles ne le peuvent, car nous
avons toujours la garantie de I'impossibilite du relevement de tarif.
M. Carlier. — Cela se fait en Amerique; et nous sommes en Congres
international.
M. Fleury. — La question n'est plus la m^me en Europe, et dans les
pays d'origine anglo-saxonne; il semble que ce soil une question de
race : I'une pleine d'initiative, I'autre semblant en avoir de moins en
moins.
Dans les pays oil I'Etat a contribue a faire chemins de fer et canaux, son
devoir est tie ne pas favoriser les uns aux depens des autres. Pour moi, il
ne faut pas empecher les Compagnies de reduire leurs tarifs, puisqu'elles
^
5' SECTION. — 10' SEANCE. 489
ne les peuvent pas elever ensuite, grace a la vigilance de I'Administration
qui continuera sans doute a s'exercer sur ce point. Par consequent, je ne
me rallie pas a la proposition de M. Perier de Feral, comme j'ai failli
le faire.
M. Jacquelin. — M. Perier n'a pas tout a fait dit cela : il a dit que les
Compagnies employaient des moyens deguises de faire une concurrence
que j'appelle deloyale, par exemple I'expedition en grande vitesse de mar-
chandises tarifees en petite. {La cloture!)
M. LE PRESIDENT. — Si vous dcposiez une proposition en ce sens, vous
concluriez que les chemins de fer ne doivent jamais abaisser leurs
tarifs.
Je ferai aussi observer a M. Perier qu'il y a des mots inadmissibles dans
son voeu au point de vue fran^ais : Vous dites : « ou passer des marches
prives ». En France, c'est impossible.
M. Perier de Feral. — A I'etranger, c'est possible. Je pourrais, au
besoin, modifier ma phrase.
M. LE Preside.nt. — Je mets aux voix la proposition additionnelle de
M. Perier de Feral. (La proposition n'est pas adoptee.)
M. Colson a depose une proposition qu'il a developpee dans la seance de
mercredi soir.
M. CoLso'. — Je retire volontiers ma proposition, qui ne pourrait etre dis-
cutee eu egard a I'heure avancee. En la presentant, mon intention avaitete
surlout de mettre en relief, en lui donnant le caraclere d'une conclusion,
une affirmation que j'avais ete heureux de trouver dans le rapport d'un
ingenieur de navigation aussi autorise que M. Sympher, et c'est pour cela
que j'avais reproduit textuellement une phrase de son rapport, bien que
cette phrase, surtout avec les commentaires qui la precedent et la suivent,
allat dans la voie des restrictions encore plus loin peut-etre que ma propre
pensee.
M. LE President. — La proposition est retiree.
J'ai rcQu de M. North la proposition de voeu suivante : « Que la Commis-
sion d'organisation du prochain Congres mette a I'etude les dispositions a
adopter pour faciliter, dans les statistiques officielles, la coniparaison du
trafic des chemins de fer et des voies navigables surtout sur les lignes en
concurrence. »
(Cette proposition est mise aux voix et adoptee.)
II nous reste a nommer un Rapporteur pour la proposition adoptee a
Manchester, et que la Section a adoptee il y a quelques jours sur la 7" Ques-
tion (Voir page 412).
(Sur la proposition de M. Lainey, M. Raffalowich est nomme Rapporteur
pour ce voeu.)
11 reste enfin a designer un Rapporteur pour la proposition que nous
avons adoptee aujourd'hui sur la 9^ Question.
(M. DouAD est nomme Rapporteur.)
490 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
Je prierai IVIiVI. les Rapporteurs de tenir leurs rapports prets pour demain
matin neuf Iieures et demie. M. le President et les Membres du Bureau du
Congres tiennent beaucoup, comme nous tous sans doute, a ce que le Con-
gres soit clos dans cette seance de demain matin, pour que chacun soit
libre de I'emploi de I'apres-midi.
M. CouvREUR. — Messieurs, je suis assure d'etre ici votre interprete en
remplissant un agreable devoir, celui d'adresser nos vifs remerciements a
notre President, M. Yves Guyot; vous I'avez vu pendant les seances gardant
une impartialite absolue, maudissant la grandeur qui I'obligeait au silence.
Je croisexprimerle sentiment de tons en lui adressant I'expression de notre
sincere gratitude et I'assurance de toute notre sympathie. {Applmulisse-
ments.)
M. Fleury. — Monsieur le President, j'associerai aux remercicmcHts que
vous a adresses si justement M. Couvreur, vos Collegues du Bureau, et
nolamment M. Raffalowich, qui a mis tant de devouement a Iraduire les
communications internationales.
Je remercie enfin MM. les Secretaires et ceux qui vous entourent; je
serai I'interprete de tous mes collegues en disant combien nous leur
sommes reconnaissants de leur assiduite, de leur devouement et des
encouragements qu'ils nous ont donnes a formulerlibrement nos opinions.
{Applaudissements.)
M. HoLTz. — J'ajoute, — M. Fleury ne le pouvait pas, — que nos remer-
ciements s'etendent a MM. les Rapporteurs qui nous ontfourni de precieux
elements pour nos travaux.
M. LE PaEsiDENT. — Mcssicurs, j'avais moi-meme intention d'adresser des
remerciements, au nom de la Section, a MM. les Rapporteurs. Certes, le tra-
vail d'une Section est singulierement facilite quand les seances sont prece-
dees par le depot de i-apports aussibienetudies, comprenant des conclusions
aussi neltes, aussi precises.
Je tiens a presenter mes excuses a MM. les Membres etrangers qui ont
peut-etre trouve que la discussion d'une seule Question avait dure un peu
longtemps. Mais, its le savent, dans tout Congres il se presente des preoccu-
pations particulieres au pays ou il se tient, et cette predominance de ques-
tions locales est un des motifs de I'utilite des Congres internationaux et de
leurs sessions alternatives dans divers pays.
M. Couvreur a bien voulu rendre justice a I'impartialite que je me suis
efforce de garder comme President. Je n'ai fait que mon devoir.
Je remercie les Membres de la 5' Section qui ont pris part a la discus-
sion, de I'elevation avec laquelle ils ontaborde des questions passionnantes.
J'ai pu cependant regretter un moment qu'il y ait eu une sorte d'anta-
gonisme entre ce qu'on a appele la batellerie et la construction des voies
navigables. Je suis convaincu que cet antagonisme etait, en realite, seule-
ment dans les mots, qui ont pu quelquefois depasser la pensee de certains
• Membres, qu'il venait simplement d'une ardeur de polemique; mais les
5- SECTION. — 10' SEANCE. ^^^
bateliers et les representants de leurs interets savent fort bien que le grand
developpement de la balellerie a ete dii aux grands travaux fails
depiiis 1880, al^rs que les voies navigables a grande section ont eteportees
de 1200 kilometres a 5800. Sans doute,si, a c6te des travaux qu'ont fails
les ingenieurs il ne s'etait pas trouve des hommes d'initiative pour les uti-
liser, ils seraient resles lettre morte; les depenses que lEtat a faites pour
I'amelioration de nos voies navigables seraient demeurees inutiles, le ton-
nage de la batcllerie n'aurait pas passe de 2 milliards de tonnes kilome-
triques a plus de 5220 millions. C'est grace a I'esprit d'initiative des bate-
liers, des entreprises de transport, a la maniere dont ils ont su mellre a
profit les travaux mis a leur disposition que nous avons pu constater celte
augmentation de tonnage de plus de 60 pour 100.
Je demande en meme temps aux bateliers de vouloir bien considerer que
les ingenieurs ne cherchent pas a construire des travaux uniquement pour
les travaux eux-m6mes, afaire de I'art pour I'art, mais, au contraire, que
leur plus grande recompense est de permettre a la balellerie de se servir
d'un materiel plus perfectionne, d'en faire un usage plus protilable. [Ap-
plaudissements.)
Toutes les discussions qui ont eu lieu ici ont eu pour but de chercher les
moyens les plus rapides d'obtenirdes voies navigables le maximum d'effet
utile, nolamment en France, et de mettre un reseau plus complet et
mieux oulille a la disposition de la balellerie.
Voila, au fond, la preoccupation de tons ceux qui ontpris la parole. On
a pu concevoir de diverses manieres les interets de la navigation iiiterieure,
mais, a coup sur, tout le monde a voulu, dans la plus grande sincerite,
I'amelioration des transports sur les voies navigables. {Vifs applaudisse-
ments.)
Je declare clos les travaux de la 3* Section.
La seance est levee a 4 h. 45.
4' SECTION
VOIES NAVIGABLES
DANS LEUR PARTIE MARITIME
BUREAU DE LA SECTION :
PRESIDENT :
France . . . Cuvinot, Senateur, Inspecteur general des Fonts et Chaussees en
retraite, Paris.
VICE-PRESIDENTS :
France . , . Baron Quinette de Rochemont, Inspecteur General des Fonts et
Chaussees, Faris.
Allemagne. . Franzius, Oberbaudirektor der freien Hansestadt Bremen,
Bremen.
Etats-Ums. . Corthell, Civil Engineer, Chicago (111.).
HoLLANDE . . Welcker, Ingonieur en Chef duWalerstaat, a Zwolle(Over-Yssel).
G''«-Bretagne. Vernon-Harcourt, Civil Engineer, M. A., M. I. C. E., London.
SECRETAIRES :
France . . . Dreyfuss (J.), Ingenieur des Fonts et Chaussees, Ghalons-sur-
Marne.
— De Pulligny, Ingenieur des Fonts et Chaussees, Marseille.
— Ribiere, Ingenieur des Fonts et Chaussees, Faris.
Belgique , . Vandervin, Ingenieur des Fonts e.t Chaussees, Bruxelles.
RussiE . . . De Timonoff, Ingenieur de la Section Technique de la Direction
des Forts, Frofesseur adjoint a I'lnstitut des Ingenieurs des
Voies de Communication, Saint-Fetersbourg.
494 PROCES-VERBAUX DES STANCES DES SECTIONS.
PREMIERE SEANCE
21 Juillet (apres-midi).
Presidence de M. CUVINOT.
La seance est ouverte a 3 heures 30.
M. LE President. — Messieurs, en proposant de m'attribuer la presi-
dence de la 4' Section, les organisateurs du Congres ont bien voulu se
rappeler qu'avant d'entrer dans la vie politique, j'appartenais au Corps
des Ponls et Chaussees. A mon grand regret, mes litres passes ne justifient
pas suffisamment I'honneur qui m'est echu.
Quand je vois assis a cote de moi et devant moi les maitres incontestes
de I'art de I'ingenieur, les techniciens les plus eminents de I'Europe, je
me reproche d'occuper une place que tout autre eut, certes, beaucoup
mieux remplie. La 4" Section a pour mission d'examiner et de discuter les
questions les plus complexes, les problemes les plus difficiles qu'offre
I'etude des voies navigables, et c'est le moins competent parmi vous qui
a la charge de diriger vos debats.
Pour accomplir cctte tache, j'ai besoin de faire appel a votre indul-
gence; je sais d'ailleurs que je puis compter sur votre bienveillant
concours.
En prenant possession du fauteuil de la presidence, je tiens a adresser
tout d'abord un salut cordial et les remerciements de mes collegues de
France aux ingenieurs etrangers qui ont accepte de prendre part au
Y" Congres de navigation. Nous serons particulierement lieureux de les
entendre et de profiler de leur experience, heureux aussi de leur commu-
niquer les resultats obtenus dans notre pays.
Nous ne saurions, a coup sur, avoir la pretention d'aboutir a des regies
generates embrassant les travaux si varies que comportent les embouchures
des fleuves et les lits des rivieres a maree ; mais il est permis d'esperer
que de vos entretiens se degageront les methodes les plus sures, et les
principes essentiels qu'il convient d'observer dans la preparation des projets
et dans leur execution.
Votre collaboration ne s'arretera pas au lieu de nos reunions; les rela-
tions creees par le Congres subsisteronf, j'en ai Tassurance, avec les senti-
ments d'estime et les sympathies durables qui naitront de votre rappro-
chement. Ce rapprochement meme est la manifestation eclatante de la
pensee commune qui vous guide, de votre devouement a la science de
ringenieur et de votre zele a en assurer les progres.
Je n'ai pas d'autre ambition, Messieurs, que de seconder vos efforts, et
4* SECTION. — 1" SEANCE. 495
de justifier, par ma bonne volonte tout au moins, le choix dont j'ai ete
honore. {Applaiidissements.)
M. LE President lit ensuite I'article 9 du reglement du Congres, et propose
a la Section de mettre a I'ordre du jour le resume des rapports presentes
a la Section, resume qui sera fait par les auteurs eux-memes.
La Section decide d'entendre, avant toute discussion d'ordre general, les
resumes des rapports, et les observations ou questions que cetle analyse
suggerera a ses membres.
Elle fixe I'ordre qui sera suivi pour I'examen des rapports, de maniere
qu'il n'y ait pas surprise, et que ses membres puissent prendre leurs
dispositions pour assister aux resumes qui les intcressent.
L'ordre adopte est le suivant : Rapports de M. Franzius sur I'amelio-
ration des fleuves dans leur partie maritime, de MM. Troost et Vandervin
sur I'amelioration de I'embouchure de I'Escaut, de M. Welcker, sur I'ame-
lioration de la voie fluviale de Rotterdam a la mer, de M. Mengin-Lecreulx,
sur la Seine maritime et de M. Vernon-Harcourt, sur Famelioration de la
partie maritime des fleuves, y compris leurs embouchures.
M. LE President. — La parole est a M. Franzius pour I'analyse de son
rapport.
M. Fra>zius resume en allemand le memoire qu'il a soumis aux delibe-
rations de la Section. 11 s'en excuse, et regrette que le peu qu'il comiait de
la langue frangaise ne lui permette pas de s'en servir. II s'en console
parce qu'il sait que ses paroles seront fideleinent reproduites par le secre.
taire de la Section, M. Dreyfuss. [Uabsence accidentelle cVun stenograplie
allemand a empeche de reproduire textuellement cette communication.)
Dans son rapport, M. Franzius a insiste sur le fait que les differences
que presentent les embouchures et les parties maritimes des fleuves,
dependent surtout du rapport entre I'importance du fleuve et celle des
marees devant son embouchure.
Lorsque Faction des marees fait defaut, on trouve des embouchures en
deltas, comme celles du Nil, du Rhone, du Mississipi. L'amelioration des
embouchures de cette categoric ne pent etre obtenue que par I'etablisse-
ment de digues paralleles, cnserrant et limitant la largeur du fleuve.
Les embouchures soumises a de fortes marees sont les seules ou I'on
puisse avec certitude obtenir une profondeur plus grande que celle exis-
tant dans la partie fluviale. Les moyens essentiels et efficaces pour I'ame-
lioration sonl : la formation d'un lit unique et regulier se retrecissant
progressivement de I'aval vers I'amont, et regie de fagon a ne gener en
aucune fagon le jeu des marees; la suppression des iles et des bancs de
sable; le rassemblement des eaux dans un lit mineur encaisse entre des
digues basses, et Fouverture du lit le plus grand possible pour I'introduc-
tion des hautes mers.
Dans les cas intermediaires ou la maree existe, quoique faible, les
circonstances speciales conduisent a adopter des moyens mixtes en se
496 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
basant sur les traits communs avec I'un ou I'autre des cas princi-
paux.
La question que M. Franzius s'esl propose de traiter plus particuliere-
ment est celle de ramelioration des fleuves a fortes marees, dont il a fait
et poursuit encore Texperience sur le Bas-Weser.
Tout en renvoyant a son rapport pour les details et les renseignements
numeriques relatifs a cette amelioration, M. Franzius insiste sur quelques
remarques particulieres aux travaux.
II a reconnu qu'il y avait interet a construire le plus rapidement possible
les digues longitudinales, et a n'executer que posterieurement le barrage
des bras lateiaux. Les digues paralleles font cooperer le fleuve a I'amelio-
ration et produisent un approfondissement progressif; la coupure trop
rapide des bras lateraux pent au contraire produire un effet temporaire-
ment nuisible.
Pour I'amelioration d'un fleuve sur une centaine de kilometres comme
au Bas-Weser, il faut poursuivre deux resultats qui ne peuvent etre obtenus
par les memes moyens : d'une part I'amelioration rapide de la navigabilite
jusqu'au point situe le plus loin en amont, d'autre part I'approfondis-
sement progressif et conforme a la theorie. 11 y a la deux interets
importants a concilier par rapplication ponderee de travaux de nature
differente.
En fait, les travaux, sans rien sacrifier des principes generaux, ont ete
conduits de maniere a porter en trois campagnes le tirant d'eau a Breme,
a I'amonl, de 2 m. 75 a 5 metres, ce qui etait necessaire pour permettre le
plus rapidement possible Faeces du nouveau port de Breme aux grands
navires. Ce port est termine depuis 1888, et ce resultat a ete obtenu en
s'attachant a ce qu'en aucun cas, pendant la duree des travaux, la situa-
tion de navigabilite ne fiit plus mauvaise qu'avant les travaux d'ameliora-
tion, surtout pres des coupures des bras secondaires. La moitie du credit
de 30 millions de marks prevu a ete depense au cours de ces trois cam-
pagnes; il reste a poursuivre I'approfondissement a I'aval et a I'exterieur,
comme le montrenl les cartes annexees au rapport.
M. Franzius termine en ajoutant que I'appetit vient en mangeant; devant
I'importance des resultats obtenus, I'Etat de Breme I'a charge de pousser a
6 metres, au lieu des 5 metres primitivement envisages, I'approfondisse-
ment du fleuve. II espere y arriver sans augmentation du credit primitif,
et ce a I'aide de dragages seulement.
M. DE CoENE. — Je demanderai a M. Franzius s'il a suffisamment porte
son attention sur I'amelioration de I'estuaire, et je leprierai de donner son
opinion a ce sujet.
M. Franzius. — En 1891 j'ai fait construire, dans I'estuaire, a partir de
Bremerhafen, ou la largeur du fleuve est d'environ 2 kilometres, une digue
longitudinale de 6 kilometres de longueur, qui, en trois mois, a produitsur
la barre un approfondissement general de 0 m. 70, porte a 1 m. 20
4* SECTION. — 1" SEAN'CE. 497
dans le chenal. Ce resullat a ele obtenu sans aucun dragage. Me basant
sur cette experience, j'eslime que I'amelioration de I'esliiaire doit etre rea-
lisee par la construction de digues longitudinales et I'execution de dra-
gages, faite a propos.
J'ajouterai que, depuis trois semaines, Ton precede a des dragages dans
I'estuaire; on a reconnu a ce propos que les dragues et les chalands a
clapels se pretaient difficilement a ce travail, auquel il serait preferable
d'eraployer des dragues maritimes.
M. Welcker. — J'ai fait la meme experience sur la voie fluviale de Rot-
terdam a la mer, et les dragues suceuses m'y ont donne d'excellents resul-
tats. Pourquoi M. Franzius, pour draguer un cube si considerable, n'a-t-il
pas immediatement accorde la preference aux dragues suceuses sur celles
a godets? Pour ma part, j'ai reconnu que I'emploi des dragues a godets etait
impossible quand la boule dcpasse 0 m. 20. De combien est done la houle
du Bas-Weser? Est-elle si petite qu'on puisse esperer reussir avec le mode
de dragages dont parte Torateur?
M. Franzius. — L'outillage de dragues acquis pour I'amelioration de
la partie maritime du fleuve depasse en valeur 500 000 marcs; pour
draguer une si petite etendue de barre dans I'estuaire, on s'est resigne
a employer les dragues a godets que Ton possede, pour no pas acheter
d'appareils speciaux. Au surplus, on ne drague dans I'estuaire qu'en ete,
ou la houle est faible, et non au printemps et a I'automne.
M. Welcker. — Je fais remarquer que le dragage est peu imporlant, et
qu'en definitive, M. Franzius et moi sommes d'accord pour reconnaitre la
superiorite des dragues a succion dans les estuaires de fleuves comme
le Weser ou I'Escaut.
J'estime toutefois que M. Franzius sera amene, a son corps defendant, a
acheter et a employer des dragues suceuses, par suite de I'extension que
prendront a mon avis dans I'avenir les dragages dans I'estuaire.
M. Yerkon-Harcolrt. — Je voudrais demander a M. Franzius s'il va conti-
nuer les travaux d'approfondissement plus en aval dans I'estuaire, ou s'il
s'y trouve une profondeur suffisanle; les dragages dont vient de parler
M. Franzius doivent-ils etre continues, el y a-t-il un projet d'ensemble pour
les Iravaux en cequi concerne Festuaire?
M. Fra.nzius. — La profondeur y est provisoirement suftisante; elle est de
plus de 6 metres en basses mers, et de 9 m. 50 en haules mers; par
Famelioration que produira, et que produit deja la digue longitudinale
dont j'ai parte, onobtiendra 10 m. 50 d'eau sur la barre. En aval de cette
barre, les plus petites profondcurs sont, en elTet, actuellement deja de
10 metres en hautes mers, et d'aulrepart, par suite de I'amelioration entre
Breinerhafen et Breme, le volume d'eau augmenfera dans cette partie aval
et I'approfondira.
En resume, je n'estime pas que la situation de navigabilite de I'estuaire
doive empirer, a moins que Ton ne veuille faire remonter des navires de
32
498 PROCES-VERBAUX DES SEAiNCES DES SECTIONS.
plus fort tirant d'eau que ceux actuels. II ajoulc que le projet d'ensemble
des travaux a executer eventiielleracnt est prepare.
M. DE Mey. — Je desirerais avoir des renseigncments sur la nature des
fonds de I'estuaire; est-ce du sable, ou du sable vaseux? Avant la construc-
tion de la digue longitudinale de 6 kilometres, la passe navigable etait-elle
fixe ou mobile?
M. Frainzius. — Les fonds superieurs sont constitues par la vase; plus
bas on Irouve du sable et du gros gravier.
Quant au clienal, il etait tres-variable, ct la digue longitudinale a eu
pour but et pour resullat de le fixer.
M. Partiot. — A-t-on eludie, pour I'embouchure, des digues allant en se
relrecissant corame celles que M. Caland a elablies pour la barre du
Rio-Grande au Bresil?
M. Franzius. — J'ignorecequ'a fait M. Caland au Rio-Grande. Mais je suis
convaincu qu'avec des digues se relrecissant on aurait empire la situation
au lieu d'ameliorer la navigation du Ras Weser.
M. Vandervin. — Les bras barres sont-ils destines a clre complelement
fermes, ou doit-il y avoir communication entre ces bras et le flcuve?
D'autre part, de quelle maniere le rapport enlre les sections du lit
majeur et du lit mineur a-t-il ete determine?
M. Fra^zius. — Les bras sont barres vers leiir milieu ; a Tamont du
bariage, ils servent de lieux de depot pour les produits des dragages et se
comblent d'ailleurs rapidement avec les matieres charriees ; a I'aval, les
bras restcnt ouveris au jeu des marees, de maniere a augmentcr le volume
des eaux utiles a I'amelioration.
Quant a la determination des lits majeurs et mineurs, j'ai donne a ce
sujet les explications les plus detaillees dans les divers ouvrages auxqucls
je rcnvoie. Lelit mineur et le lit majeur doivent cooperer a I'augmcntation
du cube et de la vitcsse des eaux dans le fleuve.
M. i.E Presidekt. — Les observations sommaires presentees au rapport
de M. Franzius etant epuisecs, la Section est-elle d'avis d'aborder imme-
diatement le resume du rapport de MM. Troost et Vandervin ?
Cette proposition est adoptee.
M. le President. — La parole est a M. Troost pour analyser le rapport
qu'il a presente avec M. Vandervin.
M. TiioosT. — Notre rapport a ete rediye dans le but de repondre au
programme propose a la Section, qui demandait de faire connaitre tons
les fails caracterisliques du regime des fleuves a maree etudies par les
rapporteurs. Nous avons taclie de grouper ces fails de maniere a permettre
aux membrcs du Congres de faire connaissance avec I'Escaut et les
rivieres de son bassin soumises a la maree. C'est ainsi qu'apres avoir
donne une description sommaire du fleuve ct de ses affluents, nous avons
fait connaitre succinctement les elements constitutifs du lit de FEscaut, le
regime des eauxsuperieures, celui des marees au large, lescourbes locales
4* SECTION. — 1" SEA.NCE. ,499
des marecs aux diverses sections dufleuve et de ses affluents, les moyennes
decennales des marees haiites et des marees basses selon les epoques et les
circonstances, les lieux geometriques de ces marees, les etablissements
des ports, les courbes instanlanoes, les vilesses de propagation de Tonde-
maree, celles des courants de maree, les volumes d'eau demaree, la salure
des eaux, les effets des endiguements.
Nous desirous attirer specialement I'attention de la Section sur ce
dernier point, notre rapport emeltant a ce sujet une opinion que nous
avons Thonneur de soumettre a I'apprecialion du Congres.
Les digues qui bordent partiellement I'Escaut. n'ont point ete etablics
en vue des necessiles dn regime du fleuve. A I'epoque de leur construc-
tion, la navigation ne reclamait pas de grandes profondeurs, et celles
qu'offraient I'Escaut etaient amplement suffisantes pour repondre a tous
les besoins. La conquete, a I'abri de ccs digues, de larges plages d'al
luvion a seule dicte Tetablissement de ces digues, dont le plan capri-
cieux a cree de grandes irregularites dans les sections du fleuve. U
en est resulte, le long de parlies de rives non endiguees, de vrais reser-
voirs lateraux.
Le flot, en arrivant au droit d'un de ces reservoirs, silue en anient
de la region du fleuve frequentee par les eaux de maree venant de la
mer, n'cst plus contenu lateralement, il s'epanche, I'onde s'affaisse;
la vitesse dans la section elargie diminue. Des depots se ferment et
contribuent, avcc I'affaissement de I'onde, a la reduction des profondeurs
d'eau qui altere la puissance vive de la maree au detriment de toule la
region d'amont.
Au jusant, les bassins formes par Tclargissement se vident, et la masse
d'eau introduite ainsi brusquement dans le courant exerce une action
retardatrice sur le volume des eaux descendant dans le lit normal du
fleuve, dont la vidange se fait moins bien, moins completement, et oii le
niveau de la maree basse se releve en consequence.
Le reservoir lateral, ayant ainsi pour effet de deprimer !a maree haute
et de relever la maree basse, reduit done I'amplitude de la maree dans le
fleuve au droit du reservoir et en amont. Celte reduction entraine pour
I'amont une reduction correspondante des debits de flot et de jusant ainsi
que de la section, le relevement du fond et une diminution de la profon-
deur du fleuve.
Get effet des reservoirs lateraux devient plus apparent lorsqu'on se
rapproche du cas limite oii le reservoir acquiert une etendue Ires-
considerable. Avec un reservoir d'etendue infmie, I'amplitude deviendrait
nulle tant dans la partie correspondante du fleuve qu'en amont, oil le
regime lui-merae deviendrait simplement fluvial.
Les reservoirs sont appeles a disparaitre a la longue par le colmatage.
En attendant, ils creent entre deux parties du fleuve qui se font suite une
disproportion, une disconlinuite de sections prejudiciables al'utilisation de
500 PROCES-VERBAUX DES SfiANCES DES SECTIONS.
la voie maritime. En consequence, la forme la plus favorable a donner a
cette voie est cclle qui realise une progression continue des sections de
I'amont vers I'aval.
Des faits corroborent cette theorie.
Des ruptures de digues, en creant soudainement des reservoirs latcraux,
ont permis a differentes reprises d'observer directement, sur I'Escaut ou
sur ses affluents, la diminution consecutive de I'amplitude de la maree.
Tons les hivers, d'ailleurs, des irrigations sont faites sur les prairies
etendues qui bordent la Durme, I'un de ces affluents, et, pendant cette
periode, on remarque une diminution considerable de Tamplitude de
maree, bien que le debit des eaux superieures soit Ires-restreint, le bassin
hydraulique de la Durme ctant tres faible lui-meme.
Vers I'embouchure, I'inconvenient des reservoirs lateraux diminue
graduellement. Si I'estuaire est suflisamment large, la communication
avec le grand reservoir de I'occan pent etre si courte et si facile, que les
bassins peuvent en quelque sorte y puiser directement ce qui leur est
necessaire, et qu'ils ytrouvent aussi touj ours une dechargesuffisante. Dans
ce cas, il parail meme probable qu'ils contribuent a I'entretien du goulet
etablissant la communication entre la mer et le fleuve, et empecbent la
formation de barres.
L'hisloire du port d'Ostende est intimement liee a celles de reservoirs
analogues, dont la suppression avail amene la decadence du port, et
auxquels on a dus'efforcer de suppleer par la creation de bassins de chasse
artificiels.
Sur I'Escaut, la situation la plus defavorable est a la hauteur de Bath, ou
se trouve le grand reservoir des plages submergees de Salftinge, et ou
debouchait I'Escaut oriental dont la fermeture a produit momentanement
une certaine amelioration.
II nous parait que la solution a donner en chaque cas au pro-
bleme demande une etude tres attentive de la situation; que, dans
tous les cas, les reservoirs lateraux doivent etre proscrits dans la
region qui n'est pas frequentee par les eaux venant de la mer, et
oil, par consequent, ils ne pourraient recevoir que des eaux supe-
rieures refoulees par le flot; et que, dans la region qui est, au con-
traire, frequentee par des eaux de maree venant du large, il y a lieu
de se preoccuper de la facilite avec laquelle I'eau de la mer peut
gagner le reservoir sans diminuer la quantite de cette eau remontant
le fleuve en amont, et si ensuite la vidange du reservoir dans la mer
peut s'effectuer sans empechement pour la descente des eaux du fleuve
venant de I'amont.
Apres I'analyse des effets de I'endiguement, notre rapport fait connaitre
la situation resultant de la derivation d'une grande partie des eaux supe-
rieures du bassin de I'Escaut, et expose les travaux projetes par M. Troost
et ceux executes jusqu'a present pour la regularisation de la partie supe-
4' SECTION. — I" SfiANCE, -,01
rieure du lit maritime du fleuve comprise entre In ville de Gand et un
point silue un peu en aval de Termonde.
A Gand existent des barrages desservant les besoins de la navigation
dans le Haut-Escaut et dans la Lys. Ces travaux ont pour but principal et
immediat de permettre au fleuve d'ecouler les eaux de crue de son bassin,
ou tout au moins de ne recourir aux canaux de derivation existants que
pour ecouler les sommets des crues exceptionnelles, tout en mettant la
ville de Gand a I'abri des inondations, catamites auxquelles elle etait
exposee.
L'accroissement du debit de la partie maritime du fleuve, lors de ses
crues, produira un efl^et salutaire sur les passes de celui-ci, notamment
sur celles de jusant, dont le fond est expose a se relever en ete, alors que
les eaux de la Lys et du Haut-Escaut sontdetournees respectivement pour
les besoins de I'hygiene et de I'alimentation des canaux.
Les travaux donlil s'agit consistent en coupures dont I'ensemble raccour-
cira le lit d'une douzaine de kilometres, et dans la regularisation des
parties conservees du lit du cours d'eau en amont de ces redressements.
Les sections a realiser d'apres mon projet sont celles de I'ancien lit
suppose normalise, et developpe. d'aval vers I'amont, suivant le lit redresse
du fleuve. De cette maniere celui-ci recevra a sa sortie de Gand une sec-
tion equivalente acelle qui existait au point situe a 12 kilometres en aval,
et la progression des sections de I'amont vers I'aval dans le lit ameliore
sera celle que presentait le fleuve en aval du meme point.
Un diagramme des elements constitutifs du lit du fleuve ameliore avail
permis de dresser prealablement une courbe de ces sections, en faisant
abstraction de celles qui devaient etre considerees comme repondant a
des points anormaux du cours d'eau.
Apres avoir signale les resultats obtenus par la partie deja executee des
travaux, notre rapport rappelle brievement les travaux de rectification des
quais de I'Escaut a Anvers, en indiquant le resultat qu'ils ont eu au point
devue des profondeurs de la rade, puis les travaux executes au Rupel, le
principal affluent de I'Escaut; ce chapitre, d'interet retrospectif, nous
permet de rendre hommage a un ingenieur beige, M. Belpaire, charge en
1845 du service de cette riviere, et qui avait, des cette epoque, indique
deja presque tons les grands principes que Ton parait etre d'accord
aujourd'hui pour suivre dans I'amelioration des rivieres a maree. Un autre
chapitre d'interet retrospectif est ensu-ite consacre aux barrages de
I'Escaut oriental, et le rapport se termine par I'indication de dispositions
speciales projetees pour certains ouvrages de la Senne par M. Yandervin.
Pour eviter toute perte de force vive du flot remontant la riviere, M. Yan-
dervin a donneaux culees des ponts a reconstruire d'apres le projet general
des travaux d'amelioration de la riviere, une forme parabolique, realisant
une section tres favorable a I'ecoulement des eaux, et se raccordant aux
talus fort inclines de la riviere (3/1), par des perres dont la generatrice,
t)02 • PROCES-YERBAIX DES STANCES DES SECTIONS.
qui a commeplan directeurle plan vertical normal a la direction desculecs,
n'cst autre que la parabole meme du profit de la culee. Les eaux sont
conduites ainsi sans choc, par une sorte d'cntonnoir, jusqu'au droit du
pont et, a sa sortie, la veine liquide reprend graduellement sa forme
normale.
Un barrage ayant du etre etabli a peu pres a I'extremite de la region
maritime, afin de permettre de regagner par un ressaut du plafond la
perte de pente resultant des redressements d'aval, M. Vandervin, pour nc
point creer d'olistacle a la propagation de la maree qui se fera dans de
meilleures conditions, ct plus loin, apres I'amelioration de la riviere, a
constitue le vannage de ce barrage au moyen de cadres superposes, dans
lesquels tournent des ventelles a pcu pres equilibrees autour d'un axe
horizontal. Le Hot, en remontant, pent ouvrir ces ventelles. et se propagcr
dans le bief superieur. Les ventelles seront d'ailleurs tenues partiellement
ouvertes de maniere a permettre I'ecoulement des eaux du jusant tout en
realisant la retenue commandee par les exigences de I'amont.
M. LE Presidem. — Je remercie M. Troost de sa communication, et je
vous propose, Messieurs, de nous reunir demain matin a 9 heures. [Assen-
iiments.)
La seance est levee a 5 heures.
DEUXIEME SEANCE
Vendredi 22 Juillet (matin).
Presidence de M. CUYINOT.
La seance est ouverte a 9 heures 15.
M. LE President. — Notre ordre du jour appelle I'examen du rapport de
M. Welcker sur I'amelioration de la voie fluviale de Rotterdam a la mer.
Je prie M. Welcker de vouloir bien analyser son rapport.
M. Velcker. — Messieurs, je suis I'exemple de M. Troost et de M. Van-
dervin, en demandant quelques instants d'atlention pour elucider et
eclaircir les points principaux de mon rapport.
Je profiterai de I'occasion pour vous montrer, au moyen de quelques
cartes, les progres de la question que j'ai a etudier devant vous, et pour
laire quelques remarques scientifiques, au sujct des travaux executes ou
en voie d'execution.
Je commence par vous presenter mes excuses a propos de certaines
imperfections de detail que vous trouverez dans mon rapport, et qui sont
causees par renormo dil'iiculte do traduire, d'une langue dans une autre,
un sujct aussi special.
4' S'XTION. — 2' SEANCE. 505
Comme ces imperfections pourraient avoir line influence sur votre juge-
mcnt, vous me permettrez de les corriger an cours de mes observations.
J'ai fait apposer ici, sur les murs, des cartes represcntant annee par
annee, rembouchure de la nouvelle voie fluviole, depuis 1882, c'est-a-
dire depuis le commencement des travaux entrepris a la suite du rapport
de la Commission d'Etat, jusqu'a ce jour. Pour vous permcttre de bien
saisir la dilTerence qui cxiste entre le passe et le present, j'ai, suivant le
bon conseil de M. Quinette de Rochemont, fait placer, au-dessus Tune de
I'autre, deux cartes, represcntant Tune la situation de 1882, I'autre I'etat
actuel de rembouchure de la Mouse. J'ai apporte encore une autre carte,
que je vous montrerai tout a I'heure, et qui vous permettra de vous
orienter. Je resumerai autant que possible mes observations pour ne pas
trop abuser de votre patience.
En premier lieu, je constate que I'pmelioration du cours d'eau reliant
Rotterdam a la mer a ete le premier exemple en Europe de la creation
d'une voie navigable rendue accessible aux grands navires, dans la partie
inferieure d'un grand fleuve soumis a I'influence des marees.
II m'a paru bon d'ctablir des le debut la priorile de ce projet sur lous
les autres. C'est M. I'ingenieur P. Caland qui, en 1801, a public un
ouvrage sur les flots et les marees des fleuves dans leur partie inferieure.
Ce travail a servi de base au projet d'amelioralion de la voie fluviale de
Rotterdam a la mer.
II est a remarquer que dans la plupart des brochures et des livres
spcciaux qui out paru dans ces dernieres annees, on a omis de parler de
I'experience puisec dans les travaux de Rotterdam pour la construction
des voies maritimes.
Hier j'ai recju une letlre de M. P. Caland, appelant inoii attention sur ce
fait que, dans le rapport de M. Franzius, il n'est pas dit lui mot de la voie
fluviale de Rotterdam. Or, le projet d'amelioration du Bas-Weser est
fonde sur les memes bases scientifiques que celui de la voie de Rotterdam,
et son auteur a ete en Hollande preparer son projet du Bas-Weser.
Mes collegues comprendront que j'avais le droit de dire un mot sur
ce point. M. Caland m'ecrit encore que son travail, relatifau flot et au
jusant dans la partie maritime des fleuves, a ete public p.ir I'lnstitut
Royal des Ingenieurs HoUandais en 1861. Cet ouvrage a ete traduit en
allemand en 1862; il a paru dans le Journal des Architecles allemamls,
en 1864.
M. Caland me dit qu'il a cru devoir ajoutcr ce detail pour que je
puisse en faire honncur a mon pays. Yous comprenez que je ne puis
manquer de remplir ce devoir, qui a son origine dans I'amour que je porte
a ma patrie.
A la page suivante de mon rapport, je donne un apergu de I'etat
des communications entre Rotterdam et la mer vers 1850; j 'expose le
plan de M. P. Caland, tel qu'il a ete propose p.r lui au Consoil du
504 PROCES-YERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
Walerstaat, ct adopte par la loi de 1863. Les piincipes qui ont prevalu
dans celte loi onl toujours ete suivis jusqu'a ce jour pendant I'execution
des travaux.
La grandc difficulte residait surtout dans I'elat sablonncux de la plage,
et dans I'existence d'un grand banc de sable a rembouchure du fleuve
avant rexeciilion du projet.
La Meuse, apres avoir traverse Rotterdam, sc divisait en deux branches
en aval de Vlaardingen.
Le projet de M. Caland tendait a abandonner le bras sud et a percer la
cote de lloUande au nord de rembouchure de la Meuse, pour alleindre
aussitot que possible la| ligne des fonds de 10 metres.
Cette protbndeur etail restee invariable sur la cute nord de rembou-
chure pendant des siecles, tandis que le sable charric par la Meuse tendait
a eloigner de plus en plus de son embouchure les fonds de 10 metres.
Le second principe consistait a faire ecouler les eaux par une embou-
chure unique.
J'ai rappele ccs principes dans mon rapport, mais le temps m'a manque
pour y joindre des cartes explicatives. Si M. le President et cetle assemblee
y consentent, cette omission pourra elre reparee dans le compte rendu.
M. LE PREsroENT. — II cst legreKable, en effet, que des cartes ne soient
pas jointes au rapport.
M. VELCKEii. — Par suite de circonstances independantes de ma volonte,
le temps m'a manque pour faire ce travail.
Mais si le Congrcs y consent, on pourra dresser, pour le compte rendu
et a une echelle moindre, les cartes que je vous presente.
M. VoisL\ Bet. — Nous emetlons le voeu que le Secretariat general joigne
ces cartes au compte rendu.
M. i.E Presidem, — Le rapport serait bien plus interessant avec cette
adjonction.
Nous avons a etudier dans notre Section plusieurs autres m6moires qui
renferment des cartes; je nc vols aucune raison pour que le rapport
actuellemenl en discussion ne soil pas complete de la meme fagon.
M. Wei.cker. — Un examen de quelques minutes vous montrera la diffe-
rence enorme qui existe entre les deux cartes generates que je vous pre-
sente : la premiere indiquant la situation en 1882, la seconde Petal
acluel.
La partie la plus difficile de I'oeuvre residait dans le chenal de I'embou-
chure, ou I'on n'avait qu'une profondeur de 5 m. 50 a maree basse.
Cette annee le minimum est de 7 m. 40 dans les memes condi-
tions et a maree haute ordinaire la profondeur atteint 9 metres.
Je rappelle a ce sujet que le chiff're indique par la commission d'Elat
et le Conseil du Walerstaat comme desideratum pour les besoins de la
navigation, elait de 6 m. 50, ce qui equivaut a une profondeur de 7 m. 60
a haute mar6e.
4* SECTION. — 2« STANCE. 505
Dans la suite de mon rapport, j'ai indique les resultats et les conse-
quen(5es des travaux executes depuis 1882.
II n'est pas necessaire de recapituler ce que j'ai dit des intermittences
qu'a subies le travail, car nous aurons I'occasion de revenir sur ce point.
II resulte de men rapport que le tonnage moyen par navire a ete de
1595 metres cubes en 1879, de 1807 metres cubes en 1889, et de
1 980 metres cubes en 1891.
Le chenal de I'embouchure est pour ainsi dire la clef de tout le travail.
Sa profondeur est passee de 5 metres en 1882 a 7 m. 20 en 1891, tou-
jours a maree basse ordinaire, a maree haute ordinaire ccs profondeurs
sont augmentees de 1 m. 60 a 1 m. 70.
Les diflerenles cartes que je vous presente ont toutes la meme couleur
pour les memes profondeurs.
Si vous passez de la carte de 1885 a celle de 1891, vous constatez la
difl'erence. La couleur verte que vous voyez sur la carte de 1891 et qui va
jusqu'a la mer, indiquant la plus grande profondeur, manque totalement
a la carte de 1885. Ce n'est qu'en 1888 que ces profondeurs vont penetrer
entre les jetees jusqu'a la mer, et que la barre qui s'etail formee pendant
I'cxecution des travaux, par des causes que j'ai decrites dans mon rapport,
a disparu lentement dans le cours des annecs.
Vous voyez que la couleur verte devient de plus en plus frequente a
mesure qu'on approche de 1891. Le chenal, dans I'etat actuel, a une lar-
geur minimum de 220 metres.
Permeltez-moi d'appeler voire attention sur une traduction imparfaite
qui se trouve a la page 8 de mon rapport. 11 y est dit : « La profondeur
generate existant dans I'axe de la voie navigable, creee par les rectifica-
tions, est sensiblement plus grande. »
II faut lire : « La profondeur continue existant dans I'axe de la voie
navigable marquee par les phares, est sensiblement plus grande. »
Trois lignes plus bas on rencontre le mot « tranchees » ; il faut le rem-
placer egalement par « phares » .
Avec ces corrections, vous le voyez, lesens devient tout autre.
De meme a la page 11, deuxieme ligne, au lieu de 5 m. 50 a maree
basse, il faut lire; 6 m. 50.
Enfin, page 10, neuvieme ligne, au lieu de 1889, il faut lire : 1891.
Les resultats dont je viens de vous entretenir ont ete atteints grace au
sysleme preconise par M. Caland, et qui consiste.a reunir la force des
eaux superieures dans un seul bras, et a transporter ces eaux a la mer
entre deux jetees suivant les profondeurs exigees pour les besoins de la
navigation. Pour arriver a ce but, il fallait ne rien abandonner aux forces
des courants, ne se tier en aucune fagon aux vagues de la mer, et eviler
autant que possible de laisser charrier par les courants qu'on creait des
sables vers la mer.
Ceci m'amene au rapport de M. Franzius, qui dit que dans le Bas-Weser,
506 PROCfiS-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
on a confie a la force des couraiits renlcvcment d'unc parlie du cube a
draguer, et qu'on a siiivi cette melhode avec interition. Certes il cxiste
line grande difference enlre ce principe et celui que je viens d'indiquer
precedemment. Mais, en verite, les situations elaient si differentes que,
meme si Ics ingenieurs hollandais s'etaient concertes avec M. Franzius, its
n'auraientpas pu agir de meme. M. Franzius avail un estuaire de grande
etendueen aval de Brenie. Tel n'etait pas noire cas en Hollande, oii nous
avions une cote sablonneusepresquchorizontale donl la pente nedepassait
pas 1/50'^; et chaque metre cube de sable rapporle sur cette pente, ou les
courants naturellement ont tres-peu de force, aurail obstrue le passage.
C'est ainsi que sur une cote sablonneuse comme cclle de la Hollande, ou
il n'y a pas d'esluaire entre le fleuve et la mer, il est necessaire de draguer
le sable, de draguer le cbenal et la riviere au profit voulu, et meme, si
c'etait possible, de draguer jusqu'au dernier metre cube.
C'esl cc qu'on n'a pas fait en Hollande avanl 1882 ; de la sont survenus
lous les desastres. Dcpuis qu'on a compris la necessite d'abandonner la
route SLiivie jusqu'alors, ainsi que la methode de travail, le succes a suivi.
J'ai indique dans mon rapport les causes de la formation de la barre.
Les courants onl, dans la suite des annees, eu le temps d'enlrainer le
sable au-devanl de Fembouchurc, et il disparait de plus en plus jusqu'a
ce que la profondeur soil atteinte.
En 1885, les lignes de profondeur ne passaienl pas sans interruption de
la mer au fleuve; et meme la forme du chenal, quin'avail que 4 melres de
profondeur, etait telle qu'il n'elait pas propre a la navigation des grands
na vires.
La seconde jelee du Sud a ete construite en 1882 et 1885; on pourrait
croire qu'il devait en resuller un relrecissemenl de I'embouchure, c'est-
a-dire que cette seconde jelee ne diminuait la largeur qu'a rextremile,
mais il n'en est rien ; ce n'est pas la un relrecissemenl des jelees ni de
I'embouchure, mais une diminution de la largeur normale de lout le
fleuve.
La Commission d'Elal avail la conviction qu'avec une largeur de
900 melres, il n'elail pas possible d'alteindrc la profondeur voulue de
6", 50 au minimum.
Quelques membres m'onl demande si la jetee submersible construite en
1882 avail ete executee en vue des consequences que j'ai rappclees lout a
I'heure.
Sa construction avail engendre un progres, et on me demandail encore
si Ton ne pourrait pas appliquer ce systeme a d'autres fleuves, en France
par exemple.
Ces considerations m'amenenl a faire allusion a un passage du rapport
de M. Franzius, passage que j'approuve d'ailleurs. Noire honore collegue
dit qu'il faut eviter lous les impedimenta de la maree enlrante. C'esl cc
qu'on a fait au Bas-Weser.
4° SECTION. — 2= SEANCE. o07
Aiiisi. si la Commission d'Etat avail propose uiie jelec submersible relre-
cissant rcmbouchure sur iin seul point, au lieu de retrecir la largeur
normale du fleuve sur tout son conrs, elle cut commis une grande faute,
dont les consequences funestes se sera lent bienlut fait senlir.
Je ne saurais m'elever avec trop de force centre le syslcme du retre-
cissement des jelees a Fembouchurc d'un fleuve a maree. C'est, permellez-
moi I'expression, meltre la corde au cou du pendu. [On rit.)
Un mot mainlenant sur la valeur aleatoire des calculs malhematiques
dans le probleme de I'amelioration des lleuves. Sur ce point je suis arrive
a cette conclusion qu'il faut considerer commc un travail superflu la deter-
mination theorique prealable, par des calculs arithmetiques, de la dimen-
sion qu'il faudrait donner a la partie maritime d'un Ileuve qu'on vent
regulariser au point de vue de la navigation. Sur ce point, il y a entre
M. Franzius ct moi un dilTerend sur lequel, malgre lout le respect que je
lui dois, je no saurais passer. [Pares et applaudissements.)
M. Franzius a iadique dans son rapport la maniere dont il a precede
pour arriver aux rcsultats qu'il a obtenus. Son magnilique travail est
connu en llollande, mais on n'y a pas suivi son systeme.
En llollande, la Commission d'Etal a determine pour la Meuse presque
exactement la largeur a adopter aussi bicn que la capacite de navigation a
venir, sans exagerer ses evaluations. Le fait doit ctre attribue, dans une
certaine mesure, a I'experience technique ct au coup d'oeil pratique de la
plupart des commissaircs.
II y a la plus que partout ailleurs une question d'intuition, d'experience
consommee.
C'est ce que M. Troost a fait a Gand; il a choisi ses sections, et il a dit
qu'avec un pen de connaissance du fleuve on pent obtcnir de bons
resultats.
Un devis lendant a determiner les dimensions des cours d'eau a ame-
liorer, en prevision des hauteurs de maree, des profondeurs dans le chenal
fulur, et des vitcsses de courant a venir, ne pent donner que des indi-
cations generates pour I'avenir. Le resultal s'ecartera toujours, dans une
forte mesure, des previsions fournies par les elements qu'on aura fait
entrer en ligne de compte.
A I'embouchure surtout apparaissent des facteurs qui ne peuveiit etre
formules en chiffres, et qui nelaissent pas que d'exercer leur intluence, tels
que : la difference des poids specifiques de I'eau de mer et de I'eau douce,
les crues, les directions diffeientes des courants de flot et d'ebe, la resis-
tance que rencontre I'ecoulement de I'eau douce pendant les lempetes, le
depot des matieres solides charriees a I'epoque des crues, qui diminue ou
supprime meme completement Fecoulement de I'eau douce pendant la
formation du ftol dans la mer.
Tous CCS elements ne peuvent etre donnes par le calcul, ct c'est ainsi
que toujours le calcul conduira en ces matieres a des desillusions.
508 PROCftS-VERBAUX DES STANCES DES SECTIOiNS.
M. Franzius a donne liier, sans le vouloir sans doute, la preuve que mes
assertions sont conformes a la verite.
M. Franzius a dit que la profondeur du Bas-Wescr,entreBr6meeHa mer,
permettait aux grands navires de naviguer sur le fleuve. A ce moment,
vous Yous en souvenez, il a ajoute : L'appetit vient en mangeant. Les
negociants de Breme m'ont demande un demi-metre de profondeur de
plus ; j'ai I ache de les salisfaire, et je leur ai dit que leur desir etait rea-
lisable sans augmentation de frais.
Mais alors si I'on fait un devis, une determination theorique d'une
grande dimension pareille a celle qu'on trouve dans le travail de
M. Franzius, et que I'on constate ensuite que les profondeurs minima pri-
mitivement calculees peuvent differer d'un demi-metre, je me demande a
quoi servent tons les calculs prealables. M. Franzius pourra eclaircir ce
point; pour moi, mon opinion, conforme d'ailleurs a celle des ingenieurs
de llollande, est qu'il est superflu de chercher a determiner les facteurs
principaux de I'amelioration d'un fleuve a maree par la \oie theorique, sur-
tout quand il s'agit de creer une grande voie navigable oii la profondeur
minimum est le facteur capital.
Ce que j'ai dit sur la forme horizontale des fleuves n'exige pas de nou-
veaux eclaircissements.
Je dirai un mot seulement sur I'origine des bancs de sable qui se fer-
ment a I'embouchure de la Meuse. Lorsque j'etais charge de la direction
des travaux, j'ai eu I'avantage de faire connaissance avec une foule d'in-
genieurs etrangers. Plusieurs d'entre eux ont emis I'idee que le sable qu'il
faut loujours draguer dans le chenal pour entretenir la profondeur voulue,
venait de la mer, que surtout pendant les fortes marees, il y avait des
collisions entre les eaux superieures des hautes crues et les eaux de la
mer; il en resultait que le sable se deposait a I'embouchure.
Pour moi, j'ai ecrit dans mon rapport qu'a mon sens il n'y a pas un seul
metre cube de sable venant de la mer qui reste dans I'embouchure. Je me
hate d'ajouter que les eaux superieures de la riviere ont une force consi-
derable.
Je puis donnerla preuve de ce que j'avance. Vous n'avez qu'a jeter les
yeux sur la difference qui existe entre la carte de 1888 et celle de 1889. Le
chenal s'est considerablement elargi, et la deuxieme couleur verte, qui
correspond a une profondeur de plus de 8 metres a basse mer, a marche
jusqu'au-devant des jetees en 1889 ; le chenal devient presque regulier, et,
dans les annees suivantes, il s'est encore developpe. II est vrai qu'entre
temps nous avions eu la grande tempele du 9 fevrier 1889. Si cetle tcmpete
avait pu avoir une influence funeste, vous pensez bien que, dans I'espace
de quelques mois, il aurait ele impossible d'en effacer les traces.
A I'appui de mon observation, je ferai passer sous vos yeux deux petiles
cartes que j'ai apportees. Vous verrez les sondages faits en decembre 1888,
cinq semaines avant la tempete, puis les sondages operes trois semaines
4' SECTION'. — 2= SE.OCE. 509
apres, le 2 mars 1889. La difference entre les deux situations est tres-
remarquable.
Pendant la tempele, tout le debit d'eau douce se trouva arrete pendant
presque vingt-quatre heures. Le fleuve, ses affluents et le petit bras en amont
de Rotterdam etaient envahis d'eau qui n'avait pu s'ecouler dans la mer.
Apres cette tempete, il survint un courant d'ebe d'une violence extraordi-
naire. 11 en resulla que les lignes de profondeur de 7 metres a maree basse
entre les jetees, lignes qui jusqu'a ce journ'atteignaient pas la mer, se reu-
nirent pour la premiere fois aux lignes identiques existant dans la mer
Pour enfniir d'un mot sur les jetees de la Mouse, j'ajouterai qu'on a eu
raison d'attircr I'attenlion des ingenieurs du monde entier sur leur con-
struction simple, leur cout minime, leur grande force de resistance et le
chiffre insignifiant de leurs frais d'entretien.
Ici jedemande a faire une correction a la page 17 de mon rapport ou il
s'agit des jetees dans la mer; il faut lire de la fagon suivante : « Indepen-
damment de I'emploi de materiaux excellenls et a pen pres imperissables
au-dessous de la surface de I'eau, de fascinages, ce resultat unique est
amene surtout, pourne pas dire exclusivcment, par leur hauteur minime.
EUes ont peu a souffrir du flot et du choc des vagues, tout en disparaissant
entierement sous I'eau par les violentes tempetes. Et encore, par suite de
Tabsence de pontes roides, le choc des vagues est insignifiant lors des
temps et des marees ordinaires. »
Je voudrais parler surtout de la hauteur des jefees. La jetee du Nord,
d'une longueur de 2 kilometres, n'a qu'une hauteur de 0",15 au-dessus du
niveau de la demi-maree ; la difl'erence entre la maree haute et la maree
basse ordinaire est de 1",70.
La jetee du Sud, la jetee primitive longue de 2400 metres, ne depasse
que de O'^jlO a 0'",*20 la limite des hautes marees ordinaires.
Ainsi, pendant les grandes tempetes, tout est submerge, et pendant la
maree haute ordinaire, on ne voit qu'une seule jetee, la jetee Nord etant
submergee.
Pourquoi cette construction? Pourquoi n'a-t-on pas exhausse les jetees
au-dessus des plus hautes marees?
C'est qu'il fallait envisager avant tout le but pour lequel on construisait
les jetees; il fallait creer un courant dans I'embouchure de la mer vers
I'interieur. Ce but a ete atteint par les jetees, telles qu'elles sont construites.
Au moment ou la maree monte, le courant du .flot cesse d'entrer dans
I'embouchure des que la jetee du Nord est submergee ; de memo, des que
le jusant commence a sortir, la jetee du Nord commence a apparaitre au-
dessus de I'eau.
A la rigueur, on aurait pu se conlenter de donner a la jetee Sud la memo
hauteur qu'a la jetee Nord, mais M. Caland a volonlairement rehausse la
premiere d'environ 1 metre.
Pendant les tempetes, avec les vents entre Sud-Ouest et Nord-Ouest, le
oIO PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
courant du flot auroit traverse I'embouchure au-dessus des jetees submer-
gees, et c'est ce qu'il fallait eviter.
On a prcYcnii ce danger par le rehaussement d'un seul metre. Bien que
les plus grandes tempetes fassent monter la mer que.lquefois a 2 metres
au-dessus des marees ordinaires, meme dans ce cas il n'existe pas dc cou-
rant accentue dans la direction de la cote si pres de la ligne coliere.
Yous sentez bien quel chiffre enornie aurait atteint le prix de jetees qui
se seraient elevees au-dessus des plus hautes marees ; c'est pour cela que
je me suis permis d'employer tout a I'heure Texpression de cout rainime.
Sans doute la depense est considerable, mais j'ai voulu dire qu'elle etait
relativement faible.
Ainsi done il n'est pas necessaire de reiiaussor les jetees au dela de ce
qui est indispensable pour assurer un courant fixe et incessant dans I'em-
bouchure, pendant que les courants du flot et du jusant existent elTecti-
Yement.
II ne faut pas croire que pendant une assez forte lempete, alors que les
jetees sont submergees, la navigation se heurte a de bien grandes diffi-
cultcs. Les vagues sont assez insignifiantes et ne causent aucun embarras
aux navires. Si Ton se place sur la dune, on aperc^oit la baute mer tres
forte, tandis qu'entre les jetees la vague, bien qu'assez haute, est tres regu-
iiere, et les paquebots enlrent sans difficulles.
La question des jetees me donne encore Toccasion d'appelcr voire
attention sur le changement de place du cbenal, dans le cours des annees.
Yous voyez la ligne verte et la ligne rouge : ce sont les coulcurs corres-
pondantes des pbares qui sont sur la cote, et dans la direction que les
navires a grand tirant d'eau doivent suivre pour entrer sans accident dans
rembouchure.
Si vous suivez les annees consecutives, vous voyez que cetle ligne s'avancc
toujours de plus en plus vers le nord, c'est-a-dire que le cbenal s'avancc
en meme temps dans la meme direction ; le cbenal se porte vers sa place
naturelle dans la projection horizontale du fleuve; il forme une courbe
assez forte, tandis que, dans les premieres annees, il se trouvait dans la
moitie meridionale du fleuve, aujourd'liui il se rapproche de la parlie nord.
La est le secret de notre reussite de I'embouchure, car, a mon sens, il
aurait etc impossible d'obtenir les profondeurs auxquclles nous sommes
arrives, si le chenal etait reste au milieu da fleuve. Encore pen de temps,
et il aura atteint la place ou il doit se trouver, pour etre aussi fixe que
possible.
En ce moment, pour accelerer ce deplacement, on est en train de dra-
guer environ 1 million de metres cubes dans la partie nord. Le travail
doit etre en execution a I'heure actuelle.
II est a remarquer qu'on n'a jamais cte oblige de draguer au nord dc ce
chenal; on a dii draguer sur la limite sud, afin d'empecher le sable de
s'avancer dai]«v le chenal
A' SECTION. — 2' SEANCE. Ml
On s'est demando pendant combien de temps on pouvait laisser I'em-
bouchure sans aucim dragage; j'ai eu I'occasion de constalcr que, pendant
trois mois consecutifs, on pouvait laisser rembouchure sans aucun dra-
gage ; cela depend surtout de la hauteur des eaux superieures et de I'elat
dela mer, qui ne doivcnt pas etre tout-a-fait anormaux. Quand le clienal se
sera transporte dans la parlic de la coupe horizontale ou est sa place natu-
relle, celte periode deviendra beaucoup plus longue, et il sera possible de
lui conserver une largeur et une profondeur plus que suflisantes sans dra-
gage permanent. A I'appui de ce que j'avance, je dirai que, dans ces der-
nieres annces, on n'a jamais drague dans la partic nord de I'embouchure,
ou le fleuve a toujours conserve sa profondeur, et oulechenal se trouve en
cc moment.
Vous voyez comment les eaux ont creuse une route dans la ligne paral-
lelc a la cote, le lleuve s'est forme un passage dans les fonds sous-
marins.
Avant de terminer, je ne puis pas ne pas remarquer qu'une question
des plus difficiles a resoudre est celle des rivieres qui so jetlent dans la
mer sur une cote sablonneuse.
Je me permettrai de constater que, pendant I'hiver si rigoureux de 1890
a 1891, la Meuse a Rollerdam, a ete le seul fleuve sur le continent qui
soit resle constammcnl ouvcit aux plus grands navires. II y avait bien de
la glace, mais le courant elait suffisant pour charrier a chaquc jusant dans
la mer plus de glace qu'il ne s'en formait dans le fleuve.
La Chambre de commerce de Rotterdam me demandait, au mois de
fevrier 1891, a quelle cause il fallait attribuer cet heureux phenomene.
Cette question me fut posee au sujet d'une lettre du Conseil general a
Anvers, qui Iraduisait le mecontentement cause aux Anversois par la fer-
meture de I'Escaut.
A cette occasion, j'ai ecrit une courte note, que la Chambre de commerce
a trouve d'un interet tel qu'clle I'a fait Iraduire en plusieurs langues et
publier dans I'Europe entiere.
Dans cette note, j'ai demontre que ce fait etonnant etait du d'abord a
I'absence de toute branche accessoirc en dehors du lit normal du fleuve,
ainsi qu'a la force du courant d'ebe et du flot, landis que sur I'Escaut, sur
I'Elbe, sur la partic infcrieure du Weser, il y a des bancs de sable de grandc
etendue, qui sont les veritables fabriques de glace et les magasins ou elle
se depose.
Dans la Meuse, rien de tout cela ; un seul cours d'eau, un seul lit, avec
un courant toujours en mouvemcnt dans I'un ou I'autre sens.
C'est pour cela que le fleuve a toujours ete a meme de repousser les
glaces qui lui etaient apportees de I'un ou de I'autre cote. II en est resulte
pour Rotterdam une force commerciale, que les annees ne feront qu'aug-
menter, je I'espere.
En tout cas, au point de vue technique, cela montrc quelle est la valeur
512 PROCES-VERBAUX DES STANCES DES SECTIONS.
de la capacite de la riviere superieure pour rentrelien de la navigation
pendant I'hiver. Dans la partic maritime, plus sa capacite sera grande,
plus grande sa chance de rester libre pendant I'hiver.
C'est le corollaire du fait que j'ai mentionne dans mon rapport, a savoir
que le courant d'ebe de la Meuse est d'une plus grande duree que le cou-
rant de flot.
Qu'il me soit permis maintcnant de m'excuser d'avoir abuse de la patience
des membres de la Section. J'espere que raes observations auront eclairci
les points principaux de mon rapport; dans tous les cas, j'avoue qu'il m'a
ete fort agreable de vous montrer les resullats des grands travaux auxquels
j'ai consacre une partie de ma vie.
J'ai tache d'etre aussi clair que possible, et vous comprendrez que ce
n'est pas sans une sorte de fierte nationals bien naturelle, que je vous ai
parle avec quelques details du premier fleuve maritime du continent qui a
ete ameliore selon les regies de la science, alors que ce fleuve est situe
dans ma patrie. (Applaudissements.)
Ilerr Generaldirektor Franzius. — Meine Hcrren! Weniger, um meine
Schrift und meine Arbeit, mein Projekt und die Ausfiihrung desselben zu
reclitfertigen, als um unnotliiger Weise scheinbare Widerspruche aufkom-
men zu lassen, mochte ich einige Worte erwidern.
Zunaclist darf ich ein paar Worte ervvidern auf einen gewisscn Vorwurf,
den Ilerr Welcker mir gemacht hat, dass ich in meiner Schrift niclit die
Arbeit des Herrn Caland erwahnt habe. Ich habe in dieser Schrift nur all-
gemein meine Ansichten iiber die alJgemeinen Fragen ausgesprochcn und
einen Nacjiwcis iiber die Arbeiten an der Unterweser gegeben; dagegen
habe ich in meinen verschiedenenSchriften, die in Deutschland erschienen
sind, im Handbuch der Ingenieurwissenschaften, u. s. w., mit besonderem
Danke gerade audi die Arbeiten des Herrn Caland erwahnt.
M. Franzius. — Messieurs, je voudrais repondre quelques mots, moins pour
defendre mon travail et justifier mon projet ainsi que sa mise a execution, que
pour prevenir des objections inutiles.
Je repondrai d'abord deux mots au reproche que m'a fait M. Welcker de n'avoir
pas mentionne dans mon rapport le travail de M. Caland. Mon rapport n'est que
le simple expose de ma maniere de voir au point de vue de I'ensemble de la
question, completee par le compte-rendu sommaire des travaux executes sur le
Weser inferieur; par centre, dans mes differents ecrits publics en Allemagne :
M(muel de la science de Vlngenieur, etc., j'ai toujours mentionne avec eloges les
travaux de M. Caland.
Je voudrais signaler I'enorme difference qui existe entre le Weser inferieur et
la Meuse. Sur le Weser nous avons a peine 300 metres cubes d'eau en moyenne
a Breme; a Bremerhaven nous en avons deja 6400 et a I'embouchure de I'estuaire
15G000 a la seconde. Avant les travaux de correction, la maree ne se faisait pas
sentir a Breme tandis qu'elle atteignait une hauteur de 5 m. 30 a rerabouchure.
Au contraire dans la Meuse la hauteur de maree a I'embouchure n'est que de
4* SECTION. — 2' SEANCE. 515
Sodann mochte ich nun namentlich auf die iingeheure Verschieden-
heit der Unterweser einerseits und der Maas andererseits hinweisen. Bei
der Weser haben wir bei Bremen nicht voile 500 Cubikmeler Wasser im
Mittel, bei Bremerhaven scbon 6 000 und an der .Miindung des Aestuariens
136 000 Cubikmeter in der Secunde und dabei am oberen Ende bei Bremen
vor der Correction gar keine Fluthohe und in der Miindung 3,30 Meter
Fluthohe.
Umgekehrt ist in der Maas die Fluthohe in der Miindung nur 1,70 Meter
und bei Rotterdam 1,50 Meter, also wenig Unterschied, und dabei sehr viel
kleiner als in der unteren Weser. Der Fluss selbst aber, die Maas, ist viel
bedeutender als die Weser. Folglich gehort die Maas zu den Fliissen,
welche ich im Anfang meines Exposes bezeichnet habe als eine Zwischen-
stufe zwischen den Fliissen mit grossem Fluttrichter und mit ganz geringem
Flutintervall und ohne Fluttrichter und ich darf den Satz, den ich auf
Seite 2 franzosisch gcsagl habe, wiederholen :
« — II va sans dire qu'entre les deux cas extremes on rencontre de
« nombreux cas intermediaires. C'est ainsi que pour certains fleuves a
« delta, comme le Rhin, »
— und ich habe die Maasmiindung als im allgemeinen zum Rhein zuge-
horig angenommen —
« le Gange, I'lrawaldy, chacune des branches du delta debouche dans la
« mer par un estuaire en entonnoir plus ou moins spacieux. »
Also dieser Fall der Maas ist ein Solcher, welche die Mitte halt zwischen
den in England vorkommenden grossen Aestuarien und den Miissen, die
keines haben. Wie die Kai'te zeigt, hat die Maas fast gar keins, und deshalb
ist die Korrektion der Maasmiindung eine ganz andere; es geniigen dazu
nahezu parallel angelegte Damme. Sie haben sie zwar etwas erweilert; in
der Unterweser ist aber dasBild ein anderes : bier der Fluss so klein, dass
1 m. 70, et elle est encore de 1 m. 30 a Rotterdam; il n'y a, on le voit, que peu
de difTerence, et I'lmportance de la maree est beaucoup moins grandeque sur le
Weser inferieur. D'un autre cole, le fleuve meme, la Meuse, est beaucoup plus
considerable que le Weser; il en resulte que la Meuse appartient a la categoric
de tleuves que je designais au debut de men expose comme intermediaire entre
la categorie des fleuves a large embouchure en entonnoir et celle des tleuves
deboucliant dans des mers a faibles marees. Vous pouvez lire en efl'et a la page 2
de mon rapport :
« II va sans dire qu'entre les deux cas extremes on rencontre de nombreux cas
intermediaires. C'est ainsi que pour certains fleuves a delta, comme le Rhin (et
je considere I'embouchure de la Meuse comme appartenant au delta du Rhin), le
Gange, I'lrawaddy, chacune des branches du delta debouche dans la mer par un
estuaire en entonnoir plus ou moins spacieux. »
Lecas dela Meuse lient doncle milieu entre les grands estuaires que Ton trouvc
en Angleterre et les fleuves qui n'ont point d'estuaire. Ainsi que le mon Ire la
carte, la Meuse n'a pour ainsi dire pas d'estuaire; c'est pourquoi les travaux de
33
514 PROCES-YERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
er fiir gewohnlich nur 150 bis 300 Cubikmeter Wasser fiihrt, wahrend bei
Bremerhaven 6 bis 7 000 und welter unten sich weit iiber 100000 Cubik-
meter in der Secunde im Mittel bewegen.
Wegen dieser "grossen Verschiedenheit musste auch die Behandlung
des Projekts der Unterweser ein ganz anderes sein. Weiin Herr Welcker
also sagt : wozu dieser Embarras von Rechnungen? — die ich vorgenom-
men habe, so gebe ich ihm Recht, dass bei der Maas eine weitlaufige
Rechniing nicht nuthig war; bei der Weser war sie aber nothig, urn an
jeder Stelle das richtige Verhiiltniss zwischen Wassermenge, Querprofil
und Geschwindigkeit zu finden.
Ich glaubc also den Beweis erbracht zu haben, meine Herren, dass die
Verschiedenheit in dem, was wir beiderseitig gesagt haben, nur eine
scheinbare ist, und dass wir viel mehr zusammen gehen, als es nach
dem Vortrage des Herrn Welcker vielleicht manchem geschienen hat.
{Bei fall.)
M. Welcker. — Messieurs, M. Franzius, en expliquant la difference des
procedes employes pour I'amSlioration du Weser et de la Meuse, a paru
croire que j'avais fait la critique de la maniere dont on a travaille sur Ic
Bas-Weser; I'assemblee me rendra cette justice que tel n'a pas ele le but
de mes observations. Je suis le premier a conceder que les devis mathe-
matiques et la determination theorique peuvent avoir leur raison d'etre
pour le Bas-Weser, mais j'ajoule qu'ils n'etaieni pas 'necessaires pour
la Meuse. Cependant je ne retire rien de ce que j'ai avance, au sujet de la
valeur alealoire des calculs mathematiques; je me demande comment il
a et6 possible, apres avoir fait ces calculs mathematiques prealables, de se
rendre au desir du commerce de Breme, d'agrandir d'un demi-metre
la profondeur minimum du fleuve, que la determination theorique avail
primilivement arretee. C'est sur ce cas particulier que je me bnse, pour
correction de rembouchure de la Meuse sent tout differents de ceux du Weser ;
des endiguements a peu pres paralleles suffisent, vous les avez toutefois ctablis
un peu divergents. Mais sur le Weser inferieur, la situation est tout autre : le
fleuve est si peu important que son debit ordinaire ne depasse guere 150 a
oOO metres cubes, tandis qu'a Bremerhaven le debit atteint 6 a 7000 metres, et
que plus loin en aval il depasse 100 000 metres cubes en moyenne. En presence
de conditions aussi dilTerentes il est clair que le projet d'amelioration du Bas-
Weser ne pouvait etre traite de la meme facon que celui de la Meuse. Aussi quand
M. Welcker demande : a quoi bon cet embarras de calculs, je lui accorde que ces
calculs n'etaient pas necessaires pour la Meuse, mais il reconnaitra qu'il n'en
etait pas de meme pour le Weser, ou il fallait determiner pour chaque point la
relation conveuable entre le debit, le prolll et la vitesse.
Je crois avoir ainsi montre, Messieurs, que les divergences dans les opinions
emises ne sont qu'apparentes, el que nous sommes au contraire plus d'accord
avec M. Welcker qu'on n'aurait peul-etre pu le penser d'apres son expose,
{Applaudissements.)
4' SECTION. — 2° SEANCE. 515
demander quelle est rimportance qu'on peut attachera une determination
theoriqiie.
M. LE President. — La determination theorique ne donne jamais qu'une
approximation.
M. CoNsiDERE. — Je voiidrais demander im renseignement complemen-
laire. Quel est le rapport entre le cube d'eau et le cube des apports dc la
riviere? 11 est possible qu'un fait particulier a la Meuse, et qui cause
en parlie son succes, soit le faible rapport entre les apports solides et
les apports en eau.
M. LE President. — II s'agit de savoir quelle est la difference entre
la Meuse et le Weser au point de vue des apports de sable d'un cote, et
d'un autre cote au point de vue de la quantite d'eau debitee.
M. AVelcker. — Je ne puis repondre sur ce point, n'ayant pas sous la
main les donnees sur cette question.
M. Coasidere. — Cette dilference peut etre considerable et influer sur le
succes.
M. Vernon-Harcourt. — II serait important de savoir si la plage du sud
a ete avancee par la jetee du sud, et si elle a etc exhaussee par cette jelee.
Je demanderai en second lieu s'il n'est pas possible que le sable venant de
la plage ait ete depose au nord de la jetee sud, d'ou cette consequence de la
marche dii cbenal vers le nord.
M. Welcker. — La ligne coliere est bien plus avancee au sud de la
jetee sud. Quant a la seconde question, je ne sais si j'en ai bien saisi
la portee.
M. Vernon-Harcourt. — Je demande si le sable qui s'est depose entre les
jetees et qui a sans doute pousse le chenal vers le nord, n'est pas venu de
la plage par Taction des vagues et des tempetes.
M. Welcker. — Cela ne se peut pas, parce que la jetee du sud est plus
haute que la jetee du nord. De plus le profit entre les deux jetees est une
riviere ordinaire, qui jette ses eaux dans la mer. Du reste, on ne drague
jamais dans la partie sud sur le haut-fond entre le chenal et la jetee
sud.
M. LE President. — Vous pensez que le sable qui s'est depose du cote de
la jetee sud, vient non pas de la mer, mais des eaux de la riviere ?
M. Welcker. — Je crois que le sable provient des eaux de la riviere.
M. Vernon-Harcourt. — Pourquoi voire chenal reinonte-t-il vers le nord?
M. Welcker. — C'est le creusement dans la Iravee concave qui pousse
le chenal; c'est la force corrosive des courants qui le deplace naturelle-
ment. Mais, je lerepete, dans la partie sud on ne drague jamais; la quan=
tite de sable reste a pen pres invariable.
M. Vauthier. — II me semble que, dans sou rapport, M. Welcker ne
donne pas le debit de la Meuse a Rotterdam. Je voudrais connaitre cet
element.
M. Welcker. — Je puis repondre de memoire sans craindre de m
51 G PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
tromper beaiicoiip. L'apport minimum de la Meuse a Rotterdam est
de 26 millions de metres cubes.
M. LE President. — Cela fait 500 metres cubes par seconde.
M. Welcker. — La moyenne est beaucoup plus elevee, clle atteint
70 millions de metres cubes.
M. LE President. — C'est-a-dire 800 metres cubes par seconde.
M. Partiot. — M. Welcker a proteste encrgiqiiement contre toute idee de
retrecir une riviere a son embouchure. Je ne puis laisser passer cette pro-
testation sansune observation.
Pour entrevoir I'effet du retrecissement des rivieres a leur embouchure,
nous n'avons qu'a consuller ce qu'il y a dans la nature. Or, en France,
nous avons un grand exeinple d'une riviere ainsi retrecie, c'est I'embou-
chure de la Gironde. Get exemple est interessant a etudier, tant au point de
vue de la vitesse du courant qu'au point de vue de la largeur et du debit.
II est a remarquer que dans ce fleuve^les sections vont toujours en augmcn-
tant. C'est le phenomene qu'on remarque depuis Pauillac jusqu'a la pointe
de Grave inclusivement, sur une longueur de 70 kilometres environ. Mais
il ne faut pas en conclure que la largeur augmente a I'embouchure.
De plus vous avez une profondeur de 30 metres entre la pointe de Grave
et la cote qui lui fait face; cette profondeur se propage en amont et en
aval a une tres-granJe distance. Ainsi, du cute d'amont, vous avez au milieu
de la riviere des profondeurs qui atteignent 20 et 25 metres: au milieu
des sables de I'Ocean, qui entourent la cote d'entree de la Gironde, il se
forme un chenal qui se termine par une barre ou Ton trouve 8 et
10 metres de profondeur.
Ces excellentes conditions seraient profondement modifiees si la pointe
de Grave venait a etrc coupce ou raccourcie par les eaux. La seconde
embouchure qui se formerait ferait perdre sa profondeur a I'embouchure
actuelle.
Aussi le gouvernement a-t-il fait de grands efforts pour empecher
que la pointe de Grave ne fiit coupee. L'embouchure retrecie telle qu'elle
existe acluellement est bien preferable a une embouchure elargie. C'est, du
reste, une question que nous reprendrons plus tard.
M. DE Mey. — M. Welcker a deja repondu aux renscignements que je
voulais lui demander; il a dit que le sable de la Meuse provenait de
I'amont. Cepcndant, quand on etudie les cartes que nous a soumises notre
coUegue, on constate des changements tres-remarquables, et notamment
un mouvemcnt des sables. Je voudrais demander a M. Welcker quel sens il
faut altacher a ces bancs de sable. II a dit tout a I'heure qu'ils ne venaient
pas de la mer, et qu'ils restaient invariables. 11 me semble cependant que
I'on peut constater des apports.
M. WELCKEn. — J'ai dit qu'il n'entrait pas un metre cube de sable de la
mer dans I'embouchure; cepcndant, lors des grandes tempetes, il y a des
apports de sable, mais le jusant suivant les cmporte.
4* SECTION. — 2' S£ANCE. 517
L'observation de M. de Mey s'explique par ce fait que le chenal con-
tinuant son mouvement vers le nord, les fonds, dans la parlie sud, doivent
augmenter; mais,danslesdernieresannees,la marche du chenal se ralentit,
et, par consequent, les diflerences constatces dans la berge meridionale
deviennent de plus en plus faibles. II est certain que, dans un fleuve ou
le chenal se deplace, les hauteurs doivent varier; mais, je le repete, a
mesure que la marche du chenal dans la direction septentrionale se
lalentit, par ce fait ineme, les changemenls deviennent moindres sur la
berge meridionale.
M. DE Mev. — A voir les cartes, il semble qu'il n'y a pas la un simple
deplacement de sable, mais une augmentation dcs apports. Je demande si
cesapporls viennent de la mer.
M. Welckeh. — lis viennent de la riviere.
M. DE Mey. — Yous avez dit que les tempetes enlrainaient du sable vers
I'inlerieur. Je voudrais savoir [si vous considerez ce sable comme venant
du fleuve ou de la mer?
M. Welcker. — II vient du fleuve. Supposons que le chenal soit arrive
dans sa position definitive, nous aurons alors un prolil qui sera represenle
par un certain nombre de metres carres. A chaque jusant, il va passer
une quantile d'eau, qui correspond a la quantite d'eau superieure,
augmentee de celle qui est entree pendant le flot precedent, et, lorsque le
chenal aura alleint sa place, alors le profit deviendra constant. Si le fleuve
ne repondait pas a ces exigences, il serai t impossible de faire ecouler
les caux dans la mer dans des conditions normales et constantes.
En resume, le sable qui se trouve dans la partie sud vient du fleuve,
et la quantite augmente par suite du deplacement du chenal.
Dans les trois dernieres annees, on volt fort peu de changements; le
chenal est presque a la limite que la nature lui a assignee, et qu'il ne
pent franchir ; alors Taugmentation de la largeur de la berge sud s'arrete
peu a peu.
M. Fargue. — Y a-t-il une difi'erence de nature geologique entre le sable
venant de la source et le sable de la plage? Autrement dit, les sables de la
Meuse sont-ils calcaires, etceux de la plage sont-ils siliceux? Quelle est la
nature du sable qui se Irouve le long de la digue sud?
M. Welcker. — Les sables qu'on rencontre sur la plage ont deux
origines : il y a d'abord le sable qui arrive du cote de I'Angleterre et de la
France, etle sable qui, apporle par la riviere depuis'des siecles, se repand
dans la mer.
Le sable qu'on trouve dans la mer est tellement mele qu'on ne pent pas
en connaitre I'origine.
M. Troost. — M. Welcker a cite mes travaux sur I'Escaut a I'appui de
sa maniere de voir. II a paru en conclure que je repousse les precedes de
calcul de M. Franzius. Je dois faire remarquer que, pour realiser ce projet
d'amelioralion de la partie superieure de I'Escaut maritime, je me suis
518 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
trouve dans iine situation tout a fait speciale. En ce qui concerne le Wescr
et la Meuse, on est en presence de rivieres ouvertes constamment ali-
mentees par I'amont ; an contrairc, la parlie maritime de I'Escaut est
^arree a Gand par des ouvrages d'art, et n'est pas alimentee en ete par
des eaux superieures : il ne m'etait done pas possible d'appliquer des
methodes de calcul analogues a celles donl s'est servi M. Franzius, Je n'ai
pas, en effet, de debit d'amont pendant toute une periode de I'annee; de
plus, en hiver les debits sont tres-variables; de ce chef le probleme efait
difficile a resoudre au moyen du calcul; je m'en suis tire comme j'ai
pu, en me guidant d'apres mon experience; mais on ne doit pas en con-
clure que je desapprouve la methode adoptee par M. Franzius. Cette me-
thode est un guide qui lui a permis de calculer les successions d'ac-
croissemcnt des sections de telle sorte que, nulle part, la vitesse ne soil
moindre qu'en amont; il veut avoir une vitesse progressive croissante en
aval ; son procede de calcul est de nature a lui donner toules garanties.
Quant aux profondeurs que M. Franzius a voulu atteindre, il a procede
par voie de minimum : il a fait une hypothese qui lui donnait les moindres
quantites auxquelles il pouvait pretendre. 11 a pu ensuite avoir une marge
suffisante pour les besoins de ses travaux. Aujourd'hui que ces travaux
sont en cours, et que M. Franzius voit qu'il pent encore alter plus loin
qu'il ne se I'etait propose d'abord, il est en droit d'esperer qu'il pourra
obtenir plus qu'on ne lui demandait.
Je tenais a ce qu'il n'y eut aucun malentendu sur ce point, et c'est pour
cela que j'ai demande la parole.
M. QumETTE DE RocHEMONT. — M. Welclvcr a dit tout a I'heure qu'on ne
drnguait pas au dela des musoirs des jetees ; il est vrai qu'on ne drague
plus depuis quelques annees, mais je me rappelle qu'on a drague pendant
un certain temps.
M. Welcker. — De mon temps, on n'a jamais drague qu'au sud de la
ligne, a 50 metres de la ligne des phares, c'est-a-dire seulement pour
entretenir le chenal, et non pas pour faire disparaitre les bancs au dela des
jetees. Les bancs de sable qui sc trouvaient devant I'embouchure, dans la
partie concave, ont disparu dans le cours des annees. On s'est simplement
contente de tenir le chenal aussi ouvert que possible pour mainlenir la
navigation.
C'est le but pour lequel on reservait tons les efforts.
M. LE President. — Je crois que nous ne pouvons pas engager aujour-
d'hui une autre discussion. Je proposerai done a la Section de se reunir cet
apres-midi, a deux heures, pour entendre M. Mengin-Lecreulx el discuter
les conclusions de son rapport.
La seance est levee all heures 20.
4° SECTION. — 5° SEANCE. '^^^
TROISIEME SEANCE
Vendredi 22 Juillet (apres-midi).
Presidence de M. CUVINOT
La seance est ouverte i\ 2 heures.
M. MErsGiN-LECREULx. — Messicurs, aux tcrmes dii programme du Congres,
je dois faire un resume sommaire de mon memoire. Je tacherai d'etre
aussi bref que possible, eu egard a I'etendue du sujel.
Je vous dirai d'abord ce qu'on trouve dans mon rapport, et ce qu'on n'y
trouve pas; c'est tout simplement un expose de fails, sans doctrine et
sans conclusion. En agissant ainsi, j'ai sui\i les instructions et le desir du
Comite technique d'Organisation.
Nous autres, ingenieurs des fleuves, quand nous nous reunissons, nous
sommes un peu comme des medecins qui n'auraient chacun qu'un
malade.Chacun apporte les traitements qu'il a ordonnes avec plus on moins
de succes, generalement avec succes, car des autres cas on ne parte guere
{Sourires)', il en conclut que ses traitements convienncnt a tout le monde.
Les autres agissent de meme de leur c6te, mais cela ne suffit pas. Que
faire done? Que font les medecins? On nepeut pas rassembler les fleuves
dans un hopital pour les etudier simultanement. II faut done que chaque
medecin ou chaque ingenieur connaisse le temperament et les faits parti-
culiers aux fleuves traites par les autres. Pour cela les voyages sont insuf-
fisants; le temps fait defaut, el dans des matieres aussi complexes, un
voyage rapide ne permet de rien voir.
On pent bien etudier sur place et rapidement les ponts et les ecluses, etc. ,
mais pour les fleuves, on ne pent pas se rendre compte de ce qui se passe;
il faut done que les ingenieurs eux-memes rendent compte de tons les faits
relatifs a la voie navigable dont ils s'occupent.
Ainsi une des conditions primordiales de I'avancemcnt de cetle science,
encore dans I'enfance, dont nous nous occupons, est que tons les inge-
nieurs possedent les documents relatifs aux autres fleuves, afin d'appliquer
les methodes d'observation et de comparaison, qui,- ajoutees a leurs obser-
vations personnelles, permetlent seules d'aboutir a des resultats fructueux.
11 faut aussi que ces comptes rendus soient courts, parce que, de notre
temps, on vit tres-vite.
Les livres longs sont comme les longs sermons qu'on n'ecoute pas. Ce-
pcndant il faut qu'ils soient complets, c esl-a-dire qu'ils comprennent a
peu pres tons les elements importants de la question. II arrive en eff'et
parfois que, dans lesecrits techniques, on voitlout, exceptece qu'on cherche.
520 PROCfiS-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
Pour 6tre a la fois court et complet, il faut adopter uncertain ordre. une
classification des caracteres specifiques qu'il s'agit de faire connaitre.
La 10^ Question du programme, par son Hbelle meme, a indique cette
classification. Nous y avons repondu, en ce qui concerne la Seine, a titre
de specimen de la maniere dont nous comprenons ce genre de travail, en
nous bornant a I'expose du fait, ct en nous abstenant systematiquement
d'emeltre aucune doctrine, de formuler aucune conclusion, de preconiser
aucun projet d'avenir.
A beaucoup d'enlre vous cet expose de fails n'apprendra ricn, car la
question de la Seine a ete bien souvent debattue, on pent meme dire
ressassee. Je dois m'excuser vis-a-vis d'eux : j'aime lant la Seine qu'il me
serait penible qu'elle put dcvenir ennuyeuse.
Cela dit, j'aborde I'examen succinct demon rapport.
Je considere d'abord ce que j'ai appele Ic regime d'amont et le regime
d'aval, c'est-a-dire les faits independants des travaux qu'on a pu ou qu'on
pourra executor dans la partie maritime.
Le regime d'amont comprend le debit d'eau douce, et ce quej'ai appele
le debit solide, c'est-a-dire les matieres charriees.
Le debit d'eau douce est important et relativement regulier. De 175 me-
tres par seconde, au plus bas etiage, il est de 250 metres en basses eaux
ordinaires, de 4 a 500 metres enmoyenne annuello, de 2000 a 2500 metres
dans les plus grandes crues.
II est interessant de comparer ce debit au debit de maree.
Pour faire cette comparaison d'une maniere simple, nous convenons
d'appeler gain de jusant le rapport entre le debit total du jusant et le debit
total du flot, rapport qui varie avec le lieu, suivant qu'on est plus ou
moins pros de la mer, et avec le moment, suivant qu'on est en etiage ou en
crue, en vive eau ou en morte eau.
A la Risle, extremite des digues, il est de 1,53 en moyenne, de 1,10
en vive eau et en etiage, de 2,50 en morte eau et en crue.
Quant au debit solide d'amont, ilest faible; la Seine charrie peu, et des
dragages relativement peu importanls suffisent pour equilibrer les apports
qui constituent un facteur negligeable dans le regime de la Seine,
Ainsi done : debit d'eau douce important et assez regulier, debit solide
d'amont tres-faible; voila I'une des caracterisliques de la Seine, bien dif-
ferente en cela de quelques autres fleuves, et notamment de la Mouse.
M. Welcker nous a dit que dans ce fleuve les matieres deposees a I'em-
bouchure etaient exclusivement fluviales. A I'embouchure de la Seine,
nous disons, nous, qu'elles sont exclusivement maritimes.
J'arrive au regime d'aval, c'est-a-dire au regime maritime, au sujet
duquel je ferai ressorlir un caractere specifique tres-importanl, a savoir
que toutes les actions des vents, des courants et des lames font converger
vers I'emboucliure de la Seine toutes les matieres qui, de temps immemo-
rial, out ete arrachces aux cotes voisines, et qui ont forme en avant de
4' SECTION. — 0' SfiANCE. 521
rembouchiire la vaste accumulation sous-marine connue sous le nom de
bancde Seine, grace a laquelle il n'existe guere, au large de I'embouchure,
dc grands fonds maritimes dans toute Tacception du mot, puisque a 10 kilo-
metres a I'ouest de I'entree du Havre on ne trouve guere encore que des
fonds de 10 metres a basse mer.
II y a la un caractere specifiquc Ires important. 11 y a des fleuvcs en
avant desquels les actions littorales font cheminer les matieres dans un
seul sens, et tendent a leur faire doubler I'embouchure ou clles ne s'arre-
tent qu'un instant. D'aulres out dans leur voisinage d'autres estuaires ou
des baies absorbantes. Rien de pareil dans la Seine, el c'cst la pour le
regime de I'embouchure une difficulte grave.
En ce qui concerne les courants qui ont cte souvent dccrits, nous nous
bornerons a appeler I'attention sur le mode de representation tres-clair, a
ce qu'il nous semble, qui figure aux planches 2 et 5, et que nous avons
emprunle au memoire de M. I'ingenieur Ileraud sur rhydrographie des
abords du Havre en 1883.
Pour les apports marins, j'cxplique que les grands mouvements de
matieres constatees dans I'estuaire paraissentetresurtout, et presque uni-
quement, des phenomenes d'echange, et que les apports des cotes sont
probablement assez faibles relativement.
On a parte de 1 000 000 ou 1 500000 metres cubes par an, mais ce chifTre
est douteux.
La convergence des actions extcrieures produit I'iamplitude de la maree,
et I'etale de haute mer au Havre. Celle etale a une grande importance
pour le regime du fleuve, c'est elle qui lui permet de se remplir malgre
les obstacles opposes a la libre transmission des marees.
Un autre caractere specifique du regime d'aval, c'cst la grande diffe-
rence entre les vives eaux et les mortes eaux, I'amplitude pouvant varier
de 7 m. 50 a 3 metres. C'est la une difficulte pour I'amenagement du
fleuve.
Plan du fleuve; larcjeur. — Yous trouverez a la planche 4 un petit
plan du fleuve, etau-dessous, un diagramme des largeurs qui a de I'interet.
Entre Martot et Caudebec, sauf a Rouen ou le fleuve est retreci par
les quais, la largeur est sensiblement constante et egale en moyenne a
500 metres environ aux abords de Rouen. Cette largeur est grande relati-
vement au debit, les vilesses sont faibles et le fleuve ne s'entrelient que
grace a la faiblesse du debit solide d'amont.
La largeur etant constante, la vitesse va en augmentant de Tamont a
I'aval, a Caudebec elle est deja un peu forte. Au dela, dans la partie endi-
guee, elle s'accroit rapidement, et devient bientot exccessive pares qu'on a
adopte pour les largeurs du nouveau lit une loi d'accroissement insufli-
sante. Cette circonstance est correlative de la mauvaise transmission des
marees dont nous parlerons tout a I'heure.
Les rives sont tantol les falaises crayeuses contre lesquelles s'appuient
522 PROCES-YERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
les concavites, tantot des depots alluvionnaires tres-meubles qii'il a fallu
defendre de main d'homme.
Le trace tres-siniieux est presque partout defectueux, aussi bien dans la
partie nouvelle endiguee que dans la partie naturelle en amont de la
Mailleraye.
Le plafond du fleuve, entre Rouen et la mer, est en moyenne horizontal,
mais, dans le detail, offre une succession de mouilles profondes deter-
minees par les circonstances du trace, et de hauts-fonds qui sont au zero
des cartes.
Jusqu'a Caudebec, et memeen aval jusqu'a Aizier,les fonds actuels sont
trespeu mobiles; Temploidesdragagescst indique; on s'y estmisresolument
et, a tresbref delai, on aura obtenu sur tons leshauls-fondsdu lit endigue
un approfondissement d'un metre donnant a haute mer des tirants d'eau
de 7 metres a 9 metres suivant les marees.
Dans I'estuaire, les fonds sont partout alluvionnaires sur de grandes
profondeurs. Le thalweg du chenal, creuse par le jusant, et surtout par le
dernier jusant, est changeant et presque toujours sinueux. Les variations
affectent d'ailleurs une sorle de caractere periodique et paraissent dues a
Taction permanente des courants eux-memes plutot qu'a des actions acci-
dentelles de vents et de tempetes. Les parties les moins profondes sont au
zero des cartes dans les bonnes annees, et dans les mauvaises a 0,50 au-
dessus environ.
Marees de la Seine. — La transmission des marees se faitd'une maniere
differente de celle de la plupart des autres fleuves.
Le fleuve est libre par I'amont et encombre par I'aval. Par consequent
le lieu geometrique des basses marees et le profil instanlane des ecoule-
ments de jusant aflectent une forme tres-inclinee a I'aval, et au contraire
presque horizontale en amont, entre Caudebec et Rouen.
Dans les fleuves a transmission libre comme I'Escaut, la Tamise, la Gi-
ronde, elc, c'est tout a fait le contraire; le lieu geometrique, la courbe
instantanee est presque horizonlalea I'aval, elle descend meme a partir de
la mer, et ne se releve qu'a une grande distance.
La Seine est done cncombree vers Taval ; il en resulte que les amplitudes
ne se transmettent pas. A Caudebec, qui n'est pas loin de la mer cepen-
dant, vousn'avez guere que la moitiede I'amplitude des marees au Havre. Ce
cas a ete etudie depuis longtcmps par beaucoup d'ingenieurs, parmi les-
quels je citerai particulierement M. Vauthier ; ils out montre qu'il y avait
decechef de grands progres a realiser. 11 faut faciliterla transmission des
marees; or, parmi les causes qui influent sur cette transmission, la princi-
pale c'est la profondeur. II faut done de ce chef approfondir, et on le pent
facilement par de simples dragages, puisque les vitesses sont excessives. En
meme temps on est certain de reduire, voire meme de faire disparaitre le
mascaret qui n'est qu'une forme des obstacles apportes a la transmission
des marees.
k" SECTION. — 3^ SEANCE. 523
Nous appelons rattentionsur les details donnes acet egard dansle rapport.
Ciibatures. Debit de maree. — Pour savoir ce qui passe, pour avoir une
idee de tons les phenomenes, on est conduit a rechercher quels sont les
cubes d'eaux qui passent en chaque point. On y arrive par des procedes
graphiquesque nous avons beaucoup appliques, mais dont je ne vous par-
lerai pas, car lous les ingenieurs sauront trouver et appliquer des me-
thodes analogues.
Salure des eaiix. — II y a la des fails qu'il est assez utile de connailre.
Ainsi, sur presque toute la Seine, les eaux ne sont pas salees; a Rouen il
n'y a pas un atome d'eau salee, a Caudebec non plus; a Quillcbeuf, lout pres
de I'estuaire, la salure est extremement faible.
Yous voyez done que le mouvement des eaux dans la Seine est presque
partout un mouvement d'oscillation des eaux.
Hijdrographie de Vestuaire. — Nous n'avons fait ici que mentionner les
mesures prises pour se rendre compte des phenomenes. Pour cela ii faut
proceder a des sondages. Des releves hydrographiques de I'estuaire ont ete
fails par les ingenieurs hydrographes de la marine en 1854, 1855, 1865,
1866, 1869, 1875 et 1880.
De noire cole nous en avons fait en 1871, 1872,1882, 1885, 1884, 1889
et 1891.
Je ne pouvais d'ailleurs mettre les carles relatives a ces sondages dans
une brochure telle que celle qui vous a ete distribuee.
Balisage de Vestuaire. — Dans I'estuaire, et en attendant la fixation du
chenal, nous sommes arrives, apres bien des tentatives, a realiser un sys-
temede balisage interessant devant lequel on reculait autrefois.
Nous avons place de distance en distance une grande quantite (40 envi-
ron) de bouees Ires-legeres, que nous deplagons suivant les besoins au fur
et a mesure que le chenal se modifie. C'etait la une tache que Ton consi-
derait, il y a quelques annes, comme impraticable, et qui cependant ne
presente pas de bien grandes difficultes.
Nous avons si bien reussi,que, comme I'appetitvient en mangeant, ainsi
que le disait M. Welcker, nous allons etablir un eclairage.
Un certain nombre de nos bouees (16 environ) seront lumineuses.
Pour cela nous avons imagine un type de bouee-bateau, tres-leger, por-
tant un accumulateur et qui convient tres-bien au but que nous poursui-
vons.
Seine endicjnee. Sondages. — Bien que les fonds du lit endigue soicnt
relativement pen mobiles, nous avons cependant reconnu la necessite d'or-
ganiser un service hydrographique et un systeme de sondages continus de-
puis Rouen jusqu'a I'estuaire.
Ces sondages, qui ont lieu environ deux fois par an, sont rapportes au
moyen de courbes et de teintes sur des cartes imprimees a I'avance et de
petites dimensions; I'experience prouvanl en effet que, quand les plans sont
trop grands, personne ne les i-egarde. {On rit.)
524 PROCES-VERBAIX DES STANCES DES SECTIONS.
Nous avons ainsi pour la Seine, jusqu'a I'estuaire exclusivement, treize
feuillcs, et comme je desircrais en faire saisir rensemble, vous verrez sur
cette grande toile qui est au fond do la salle, la collection de ces carles
hydrographiques rapprocliecs les unes des aulres suisanl leur orientation
respective.
C'esl ainsi que nous pouYons etudier les fluctuations des fonds et les
eflets des Iravaux.
Marcgraphie. — Je n'ai rien a ajouter a ce que j'ai dit sur ce point dans
mon rapport.
Regime de la navigcUion. — La navigation de la Seine est et restera une
navigation de maree, au moins pour les naviresdemoyen et de grand tirant
d'eau. Les navires remontant avec leflot peuvent, presque toujours, arriver
a Rouen sans arret, grace au regime des deux pleins, conseculif a I'etale
du Havre.
La descente est plus difficile ; quelle que soit I'heure du depart a Rouen,
les bateaux descendants ne peuvent eviter de rencontrer une basse mer en
route.
II y a la une difficulte speciale qui deviendra moindre au fur et a mesure
que les hauls fonds s'approfondiront.
Cependant pour la navigation de la Seine, il faudra toujours operer en
fuisant, en quelque sorte, des graphiqucs de marche, c'est-adire que les na-
vires doivent savoir a peu pres a quel point ils sont a chaque instant. C'est
une sujetion, mais qui, dans la pratique, n'est pas terrible quand il y a un
bon pilotage, ce qui a lieu aujourd'hui.
Travaiix el depenses. — Dans mon rapport, j'ai aborde la question
des depenses qu'ont entraiaees les travaux enlrepris jusqu'ici sur la
Seine.
La raison de cette etude est qu'au bout du compte les ingenieurs ne sont
pas seulement des professeurs, ils sont aussi des praticiens ; ils font des
choses pratiques, et ils doivent considerer les rapports qui existent entre
les sacrifices et les resultats.
Nous avons quelque satisfaction a montrerque, pour la Seine, les resul-
tals ont ete largement equivalents a la depense. Ainsi I'ensemble de toutes
les depenses faites pour Ic port de Rouen et pour la Seine pent s'elever a
50 millions environ, mais on a conquis pour I'agriculture des terrains
dont la valeur alteint 22 millions; par consequent le sacrifice pour la for-
tune publique n'est guere que de 28 millions. J'estime a peu pres a 5 1/2
pour 100 le sacrifice annuel qui y correspond, c'est-a-dire 4 pour 100
pour I'interet et 1 1/2 pour 100 pour I'cntretien et la gestion, soit done
environ 1 million 600 000 francs.
Le port de Rouen manipule aujourd'hui, par an, une quantitedemarchan-
dises, qui varie de 1 400 000 a 2 millions de tonnes. Vous voyez que la
tonne de marchandises coiite a la fortune publique de ce chef a peu pres
1 franc. Sur ce franc les 2/3 environ sont supportes par les taxes de navi-
4* SECTION. — 5' SE.OICE. 525
gation, perQues, soil an profit do I'Etat, soil au profit des pouvoirs
locaux.
C'est done 30 ou 40 centimes que la tonne coute au contribuable fran-
^ais.
Cet ordre de considerations serait interessant a aborder sur d'autres
points ; elant bien entendu d'ailleurs qu'on considerera toutes les circons-
fances, qu'on tiendra compte des voyageurs, de la peche, de tous les ser-
vices rendus.
En cc qui concerne Tavenir, je dirai que, dans le probleme de la Seine,
il y a une partie facile et une partie difficile; la parlie facile, c'est I'ame-
lioration du lit endigue; la, pas d'hesitation, pas de contestation; il y a
20 ans qu'on aurait dii commencer; il faut s'y meltre, c'est ce que nous
faisons. Quand nous aurons lermine sur ce point, nous aurons fait deja
un grand pas.
Quant a I'estuaire, nous aurons egalement a nous en occuper, mais,
comine je I'ai dit, ce n'est pas mon sujet en ce moment. (Applaudisse-
ments.)
M. LE pREsroEXT. — Aprcs I'expose si interessant et si lucide que vient
de faire M. Mengin, je donnerai la parole a celui qui voudra demander
des explications.
Personne ne demande la parole?
Je me suis servi a\ec raison du mot « lucide » a propos du disco urs
de M. Mengin, puisque ses observations ne provoquent aucune demande
d'explications.
M. Mengin, — 11 y aurait trop a demander, c'est pour cela qu'on ne
demande rien. {Sour ires.)
M. LE President. — Alors la parole est a M. Fargue sur son rapport.
M. Fargue. — Je serai tres bref; d'autant plus que la note qui fait suite
au travail de M. Mengin porte sur un seul point un peu exclusif, que je
puis caracteriser d'un mot en disant que c'est un point de geometiie
fluviale.
J'ai rencontre dans ma carriere d'ingenieur le probleme suivant : Est-il
indifterent de donner aux rives d'une riviere, soit dans sa partie fluviale,
soit dans sa partie maritime, une forme quelconque? Est-il indilferent de
faire couler I'eau on ligne droite, suivant un arc de cercie ou suivant une
courbe a courbure variable?
Ce probleme, je I'ai aborde par la voie de I'experience ; de plus, j'ai inter-
roge la nature sur les rivieres que j'ai eu a etudier; et la natuic m'a
rcpondu qu'il n'etait pas indilferent que I'eau, coulant sur un fond mobile,
flit enfermee dans des rives affectant telle ou telle forme.
J'ai cru conslater que les profondcurs etaient d'autant plus grandes que
les formes de la riviere repondaient a un certain signalement. Ce signale-
ment est caracterise par la continuite de la courbure.
Si les courbures varient brusquement, les fonds varient brusquement.
52G PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
Si ail contraire Ics courbures varient d'line maniere continue, les pro-
fondeurs suivcnt la meme gradation.
D'abord la profondeur est faible, puis elle s'accroit jusqu'a un certain
maximum pour decroitre encore.
J'ai fait cette constatation sur la Garonne, je Tai verifiee sur la Seine et
sur un certain nombre de cours d'eau. L'occasion m'a ete donnee de faire
cette verification sur une petite riviere artificielle, dont il est rendu compte
dans la brochure.
Cette riviere artificielle a ete faite a l'occasion d'une enquete qui a eu
lieu a Bordeaux. La commission qui a ele chargee de rassembler les
faits a depose son rapport. Ce rapport a ete favorable aux conclusions
auxquelles j'etais arrive moi-meme; j'en rends compte d'une fagon tres
sommaire.
Je crois done qu'il est prouve par I'experience que, lorsqu'on a de
grands travaux de rectification de rivieres, de correction de lits de fleuves,
il y a un grand interet a tracer les rives d'une fa(,"on rationnelle. Une etude
prealable est necessaire, elle consiste a copier la nature dans les points ou
elle a donne aux rivieres de grandes profondeurs.
L'eau coule indifieremment, quelle que soil la forme de son lit; elle
entraine le fond mobile au contact duqucl elle se trouve; mais comme
I'homme veut se servir des cours d'eau pour transporter les bateaux, il
n'est pas indifferent que la profondeur soil faible ou grande, il n'est pas
indifferent qu'elle sc succede par trous isoles ou par chenal continu.
Les faits semblent montrer que, pour que le chenal soit continu, la cour-
bure des rives doit varier d'une maniere continue.
Tel est le point que j'ai Iraite dans divers memoires, et que j'ai resume
dans la petite annexe que j'ai ajoutee au rapport si interessant de
M. Men gin.
De plus, j'ai trouve la confirmation de mon opinion dans le memoirede
M. Welcker et dans celui de M. Franzius. lis ont dit que la courbure et la
longueur des courbes jouent un r61e important. Je n'ai pas dit autre chose,
j'ai simplement serre d'un peu plus pres ce point special de la question.
[Applaudissernents.)
M. Me.ngin. — Je voudrais faire une simple observation, et demander
qu'il soit parte d'un point qui a ete mis en avant a diverses reprises,
notamment a I'etranger, sur la question du courant de flot et du courant
de jusant.
II a etc ecrit, notamment par M. Vernon-Harcourt, que les courbes, les
concavites ctaient bonnes pour les couranis de jusant qui, en effet, y
creusaient des fosses, mais que, dans les rivieres a maree, le cas ctait
bien different, le courant dc flot creusant au contraire des fosses du cote
convexe.
Si la question n'a pas ete posee d'une maniere aussi nette. on a dit
quelque chose d'approchant; et des lors il me semble qu'aujourd'hui ou
4^ SECTION. — 3^ SEANCE. 527
plus tard, selon que M. le President le jugera bon, ce point, qui est assez
precis, pourrait etre traite, savoir s'il y a entre le courant de flot et le cou-
rant de jusant une difference en quelque sorte specifique qui ferait que
I'un agirait d'une maniere tout a fait differente de I'autre.
Pour ma part, je n'en crois rien; mais je pose la question, parce qu'elle
me parait interessante et qu'elle est posee dans des termes assez precis
pour donner lieu a quelques observations utiles.
M. LE PREsiDEiNT. — On pourrait la trailer, puisqu'elle n'implique aucune
discussion generale pouvant se prolonger.
M. Fargue. — Je vais condenser ma reponse. II faut distinguer deux cas :
I'estuaire d'une pari et la portion maritime du fleuve d'autre part.
Pour I'estuaire, je ne peux pas repondre; mes observations ne s'elendent
pas jusque-la.
J'appelle « estuaire » un bras de mer s'etendant dans I'interieur des
terres. II y a la de telles quantites d'eau dont le debil est si considerable
par rapport aux largeurs, les vitesses, le mode de propagation different
tellement des courants ordinaires, que les lois que j'ai formulces dans mon
memoire ne s'appliquent cerlainement pas a ce cas.
On monlrerait, par exemple, au moyen de carles que les profondeurs
existent sur les caps convexes, que les alterrissements se forment dans les
concavites, que je n'y contredirais pas; c'est un fait d'observation autre
que celui qui fail I'objet de mon etude.
Au contrairc, dans la portion maritime des rivieres, la oii le courant
est alternalifde Tamont vers I'aval, et de I'aval vers I'amont, les lois sont
les memes.
Les profondeurs se forment le long des rives concaves, les atterrisse-
ments se font le long des rives convexes, avec cette particularite que
I'ecart se trouve reporte taut vers I'amont que vers I'aval, de sorte que les
profondeurs sont reparties de part et d'autre du sommet des courbcs, et
les alterrissements se trouvent repartis de part et d'autre des sommets
convexes.
C'est la seule differeuce, mais la loi est la meme ; c'est un fait d'obser-
vation.
En un mot, dans Testuaire de la Gironde, la repartition des profondeurs
et des depots n'est pas du tout conforme a ce que j'ai dit dans ma note,
mais dans la portion de la Garonne en amont du bee d'Ambez, et dans la
portion de la Seine en amont de Tancarville, les fails se passcnt comme je
I'ai explique dans mon memoire.
M. Mengin. — J'ajoule que dans la Seine, a Tancarville et ailleurs, les
memes points sont parcourus par le courant montant comme par le courant
descendant, sans aucune difference; par consequent on pent bien faire des
distinctions, mais il ne faut pas les enonccr comme un fait; il ne faut pas
dire que le courant de flot agit d'une maniere, et le courant de jusant d'une
autre; ces courants agissent de la meme fagon. Mais quand vous etes a
5^28 PROGES-YERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
rembouchure, a la cote exterieure, c'est-a-dire a la mer dont vous ne dis
posez pas, le courant de flot agira suivant la force qu'il a regue de I'exle-
rieur, tandis qu'iine fois ce courant enferme par des digues et guide aussi
bien de I'aval que de I'amont, les deux courants, I'un dans un sens, I'aulre
dans I'autrc agissent de la meme maniere.
M. Laroche. — A roccasion du trace des chenaux artificiels, M. Franzius
a dispose dans le Weser une partie du trace qui est recliligne sur une assez
grande longueur.
Youdraii-il nous dire s'il a observe dans cette longue parlie rectiligne
que les courants des eaux divaguent, c'esl-a-dire ne conservent pas toujours
la nieme direction?
Ilcrr Generaldirektor FRA^z[us. — Ich darf nur darauf antworten, dass
der Strom in dem Niedrigwasserbelt bis zu dieseni Augenblick noch nicht
ausgebildet ist, dass also die Leitdamine jetzt nocb verhaltnissniassig zu
^veit auscinanderstelien und noch nicht das richtige Verhaltnis zur Wasser-
menge haben. Abcr ich babe schon jetzt beobachtet, dass sich die gerade
binie recht gut hall. Ich kann kein Schlangeln oder Serpenliniren er-
kennen und ich glaube, dass, weil ich das Medrigwasserbett sehr enge
gefasst habe, sich um so mchr spater, Avcnn sich erst die delinitive
AVassermenge entvvickelt haben wird, durchaus keine Neigung zum
Schlangeln ergeben wird.
M. LARocHb:. — Je ne suis pas Ires etonne que M. Franzius ait adopte
cette solution, car en ce moment, sur le Danube, un ingenieur des plus
experimentes a Fintention de faire en ligne droile une enorme coupurc
dont je ne me rappelle plus la longueur.
M. Fargue. — 11 s'agil d'une coupure dans une portion du fleuve dont
le fond n'est pas mobile; or lout ce que nous avons dit a ce sujet est
relatif a une riviere a fond mobile.
M. Laroche. — Je connais assez le Danube pour savoir que le terrain
dans lequel on fera la coupure est immobile; mais ailleurs, en amont et
en aval, les rives du Danube sont corrodees tres-forlcment, et un des
ouvrages importants comme travail et commc depense, actuellement en
cours, consiste precisement a prolcger ces rives dans la branclie dont jc
parle.
M. Fargde. — Tout cela est une question de quantile de matieres
charriecs par le fleuve. Si le lleuve charrie pen, il est indifferent de
faire la coupure en ligne droile, courbe ou circulaire; c'est de I'eau
qui coule, elle coule dans le lit qu'on lui ouvre. Mais il n'en est pas de
M. Franzius. — Je ropondrai seulemenl que jusqu'ici le chenal n'est pas encore
fixe dans le lit mineur; les digues sont encore relativement trop eloignees Tune,
de I'aulre, et ne sont pas encore en relation convenable avec le debit. Mais j'ai
des maintenanl observe que la dheclion rectiligne se maintient. Je n'ai reconnu
aucun serpentement, et je crois que plus tard, quand le debit definitif sera
4' SECTION. — o' SfiANCE. o2'J
ineme si la riviere chairie des iiialieres solides, c'est-a-dire si le I'ond est
mobile.
M. Voisl\-Bey. — La coupure en question, situee dans la paitie iiife-
rieure du bras de Sulina, a une distance d'uiie quinzaine de kilometres
de rembouchure, a nne longueur d'environ 10 kilometres et procurera
un raccourcissement de parcoui^ de pres de 8 kilometres. Elle est ouverte.
en ligne droite, a travers les terrains d'alluvions du Delta qui, sur son
trace, se trouvent a 0 m. 85 en contre-bas du plus bas etiage de la riviere.
Elle est creusee a 5 m. 50 au-dessous de ce plus bas etiage, avec une lar-
geur de 107 metres (350 pieds anglais) au plafond, en talus a 45 degres.
Les terres draguees sont deposees, au moyen de dragues a long couloir, en
cavaliers destines a former les berges, a une distance de 5 m. 70 des
cretes de la fouille, et s'elevent jusqu'a !2 m. 15 au-dessus du plus bas
cliage. Le talus de ces berges, dresse a 1 l/'2 pour 1, est protege par des
enrochements.
Les ingenieurs ont calcule que I'augmentation de vitesse du courant
devant resuller du raccourcissement ne sera que de 5 12 pour J 00; en
sorte qu'une corrosion des rives n'est pas a redouter. lis estiment d'ail-
leurs, en revancbe, que la vitesse additionnelle produira un effet salutaire
sur le lit du fleuve, en le debarrassant plus efficacement desormais des
depots de sable qui s'y accumulent toujours, tantot sur un point, tantot
sur un autre, en temps de crues.
II est a noter que, sur tons les points de la moilie inferieure du bras
oil, au moyen de digues longitudinales et d'cpis, la largeur de la riviere a
ete reduite a 107 metres, les profondeurs obtenues a I'aide de ces retre-
cissements, aides parfois de dragages, se maintiennent generalement bien
sans le secours de nouveaux dragages,
M. Laroche. — J'avoue que je suis assez partisan des tiaces un pen
couj'bes, ne serait-ce qu'avec de tres-grands rayons ; et ce n'est pas la
premiere fois que j'enlends dire, et je crois meme avoir lu dans diffe-
rents memoires, qu'il fallait se garder de faire de trop longs alignements
droits.
II y a la une contradiction enire ingenieurs egalement experimentes; il
serait peut-etre interessant de discuter cette question.
M. Fargue. — C'est une question d'espece.
Herr Generaldirektor Frakzius. — Meine Herien! Icb glaube, die Ansicht
vieler Ingenieure, dass ein Fluss immer scrpentiniren miisse, berulit
darauf, dass die wenigsten Fliisse bis jelzt so corrigirt sind, dass das
realise, le courant aura d'aulant moins de tendance a prendre un cours sinueux
que j'ai prevu un lit mineur tres-etroit.
M. Franziis. — Je crois quel'opinion admise par beaucoup d'ingenieurs, qu'un
fleuve doit toujours prendre un cours sinueux repose sur ce que, jusqu'a ce jour,
peu do Oeuves ont ete corriges en fixant le lit mineur en vue du debit minimum
530 PROCES-VERBAUX DES STANCES DES SECTIONS.
kleinste Wasser ein festes Belt hat; man hat mit die gewohnliche Was-
ser gerechnet. Das Serpentiniren zeigt sich daher hauptsachlich boi
kleinstem Wasser und liegt daran, dass das Bett hierfiir zu breil ist, so
dass das kleine Wasser Platz hat, hin und her zu serpentiniren. Wenn
man aber das kleine Wasser festfasst, wie es auf einigen Strecken bci
der Oberweser geschehen ist, so liegt die Bahn fest und das Serpentiniren
hort auf.
M. Laroche. — II resulte de toutes ces explications que, pour le trace
des fleuves sans maree comme pour le trace des fleuves a maree, la
question des courbes et des alignements droits reste encore une question
d'espece pour chaque cas.
En general, on admet que, dans une riviere d'une certaine importance,
il se forme presque toujours des lies qui sont la manifestation de I'impuis-
sance de I'eau a balayer tout son cours.
Alors le courant se divise, tourne ces iles, et prend une certaine sinuo-
sity, meme dans les parties a peu pres en lignes droites.
Ainsi, dans la Gironde en particulier, il y a un enorme alignement
droit qui est partage par une s6rie d'iles en ligne droite.
M. Troost. — Je crois etre I'interprele de M. Franzius en disant que,
d'apres lui, le courant ne serpentera pas dans le lit mineur, des que le lit
mineur sera suffisamment etroit pour que, dans toute la largeur de la
section, il regne une vitesse assez considerable pour evitcr les apports.
C'est la, je crois, la condition qu'il faut realiser pour qu'il n'y ait pas
de depot d'un cote dans le lit mineur.
Si vous faisiez le lit mineur Irop grand,, alors vous pourriez vous
heurter aux circonstances que vicnt de vous signaler M. Laroche.
C'est la la diflerence qui separe les deux ordres d'idees.
M. Laroche. — H y a fort peu de rivieres qui soient amenagees de lelle
faQon qu'on y ait creo un lit mineur regulier.
M. Me^gin. — Si la vitesse etait constante, si le fleuve debitait toujours
la meme quantite d'eau, le raisonnement se comprendrait; mais une
objection se presente, elle a sa source dans les variations de vitesse. Yous
eles en crue ou vous etes en grande maree; a ce moment vous avez des
vitesses intenses, et si voire fleuve charrie, les eaux qui circulent debitent
de grandes quantites de maticres solides, tantot dans un sens, tantot dans
un autre. Ensuite il survient souvent un etat de choses tout a fait diffe-
rent ; la crue cesse ou la vivo eau se transforme en morte eau ; dans ce
cas une grande partie des matieres, qui etaient dans I'eau, se deposent
et qu'on s'est base sur les eaux ordinaires. Le serpcnlement, qui se produit surtout
en basses eaux, est du k ce qu'en general le lit est trop large pour ces eaux
et lein* laisse de la place pour divaguer. Mais si Ton fixe le lit mineur de maniere
a ce qu'il corresponde au debit d'etiage, ■comme cela a etc fait sur quelques
points du Weser superieur, le chenal reste fixe et le serpentement cesse.
A' SECTION. — 3' STANCE. 55 1
et comment? Si vous avez un lit rectiligne calcule pour uii certain regime,
ellessedeposentn'importe comment, presque suivant les circonstanees, et
ellcs creent necessairement, a I'endroit ou elles se deposent, un liaut
fond.
Si vous avez plus de profondeur qu'il ne vous en faut, vous ne vous
en preoccuperez pas. iMais il n'en sera pas de mcme si vous avez juste la
profondeur voulue (ce qui est le cas le plus frequent); vous serez o^nes.
L'art de I'ingenieur consiste a serrer les questions au plus pres.
Avec des traces courbes, les matieres solides viennent se deposer sur
des points qu'on connait d'avance, contre la convexite; le chenal se
reduit en largeur, mais ne se reduit pas en profondeur. Voilii Tubscrva-
tion que je voulais presenter.
M. Laroche. — Je m'associe aux paroles de M. Mengin.
Les benefices de la courbure pour le lit d'une riviere sont evidents ; il
est d'ailleurs tres-facile d'etablir un trace a grands rayons.
M. Fargue. — Le debit des matieres solides d'une riviere, en general,
n'est pas continu, il est intermittent; il s'ecoule de I'amont vers I'aval
une certaine quantite de raalieres solides; ces malieres s'arrelent en
route; elles formeront des depots; oii les mettre?
Avec une riviere en ligne droite, on ne sail pas oil se formeront ces
depots. Avec des rives courbes. on connait au contraire la place ou ils
s'arreteront; ils ne generont pas, et on sera a bonne portee pour les
draguer.
M. Laroche. — Yous etes d'avis d'avoir un trace au moins un pen
courbe; j'en suis heureux.
M. Welcker. — Sur toute la longueur de la Meuse. le courant du flot
marche avec la meme force que le courant du jusant ; c'est ce que
W. Fargue a observe.
S'il ne pent etre question d'un estuaire dans la veritable acceplion du
mot, on peut dire qu'il s'agit ici d'un lleuve entierement corrige.
Quant aux courbes. pour moi, si I'ouvrage etait a refaire, et si j'etais
entierement libre, avec I'experience que j'ai acquise, j'accentuerais encore
les courbes.
Dans le projet primilif, on a recule dcvant les questions d'expropria-
tions et devant certaines difficultes locales.
M. Laroche. — Yotre observation vient a I'appui de mon opinion; si
vous aviez a refaire le projet relatif a la Meuse, vous y apporteriez quel-
ques modifications.
M. Welcker. — Mes paroles ne sont pas une critique a I'adiesse do mon
predecesseur ; si j'avais a recommencer les travaux, et que je fusse dans
la meme situation que lui, je ferais de meme, a cause des difficultes
auxquelles on s'est primitivement heurte.
Mais je pense que la direction courbe serait meilleure au point de vue
scientifique ; elle assurerait un chenal plus profond.
552 PKOCES-VEUBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
M. Fargue. — Avec le trace ciirviligne, il sc forme lout naturellemcnt
un lit mineur plus retreci entre los depots qui se forment le long des
lignes con vexes.
M. Laroche. — Alors I'opinion que les traces courbes sont avantageux
parait partagee par tout le Congres.
Quant a la question du flot et du jusant, je crois que quand le flot est
bien etabli, il suit exactement le meme chemin que le jusant; mais dans
le phenomene dc la maree, ily a, au moment du changement du jusant au
flot, ce qu'on appelle le premier flot. Je pense qu'il est bien etabli que le
premier flot a un caractere special, qui commence a se faire senlir sur Ics
rives convexes a tel point qu'on voit le flot remonter sur ces rives-la, en
meme temps que le jusant descend sur la rive concave.
M. LE Presidem. — Cetle question est tres interessante, je proposerai
done a la Section de le reserver pour une discussion ulterieure.
D'ici la. lous les membres pourront rcsumer leurs observations, et
apportcr devant la reunion un jugement plus condense et plus precise.
M. Troost. — J'ai dit tout a I'heure que je croyais eire I'interprele de
M. Franzius. Cependant au point de vue de I'application, j'avoue que je
suis plutot de I'avis de M. Fargue, quand il s'agit de Tamelioration des
rivieres.
J'ai fait beaucoup de coupures; mais toujours mes traces out ele courbes.
Je tiens a faire cette declaralion, pour qu'on ne puisse pas m'accuser
d'etre partisan de la ligne droite.
M. Vauthier. — Lorsqu'on ouvre un canal a berges et fond fixes, sous
pente uniforme, dans Icquel il s'agit simpl^ment de donner issue a I'eau
evacuee, qu'on le fasse en ligne droite, rien de mieux. C'est ce qu'on pra-
tique sous de fortes pentes, dans des lits maconnes, pour certains torrents
des Alpes, et Ton a raison. Mais lorsqu'il s'agit de cours d'eau navigables,
a fond mobile et debit constamment variable, ou se forment des depots a
droite ou a gauche, c'est tout autre chose.
Du reste, est-ce qu'on peut jamais diriger un cours d'eau naturel en
ligne droite? Ce n'est pas possible. II a son chemin marque d'avance dans
la vallee. Le mouvement en courbes lui est impose. 11 n'y a qu'a savoir
comment on doit tracer les courbes, et c'est la qu'interviennent les idees
de M. Fargue, dont la rationalite est, pour moi, incontestable.
M. Verison-IIarcourt. — Dans une riviere, dont je suis Fingenicur, on
trouve en plusieuis endroils un chenal de flot et un chenal dc jusant.
Le chenal continu, c'est celui de jusant, mais il y a des chenaux qui
sont en cul-de-sac.
II faut trouver une explication; comme on I'a dit, le jusant continue a
couler apres que le fleuve commence a remonter; c'est le premier flot qui
va aussi droit que possible.
Voila ce qui conslilue ces chenaux qui affectcnt la forme de cul-de-
sac.
4' SECTION. - 4' SfiANCE. 555
Vous trouverez ces chenaux-la quand le lit mineur est ouvert dans iiri
fond mobile, et quand la section du lit mineur est Irop grande.
M. CoNsiDERE. — J'admets qu'il y ait egalile entre le trace rectiligne ct
le trace courbe au point de vue du resultat technique ; mais au point de
vue de la depense, il y a un grand avantage a se servir du trac6 courbe,
parcc qu'il permet de n'endiguer que le lit majeur; tandis qu'avec le trace
rectiligne, il faut endiguer le lit majeur et le lit mineur.
M. LE PiiEsiuEiNT. — Jc dcmandcrai la permission de clore la seance et
de fixer I'ordre du jour de nos prochaines reunions.
Je vous demanderai de vouloir bien remettre a mardi la discussion des
questions relatives aux embouchures des fleuves.
Demain matin, samedi, nous entendrons M. Vcrnon-Harcourt et, le cas
echeant, M. Pasqueau qui a depose une communicalion.
Lundi matin, on entendrait M. de Pulligny, qui presentera le resume du
Rapport de M. Guerard, et la communication de M. de Mey, sur I'embou-
chure de I'Escaut.
Mardi matin, nous commencerions la discussion generale.
M. Mekgln. — Je crois qu'il serait bon que, pour cette discussion gene-
rale, les membres qui desirent trailer certains points, les fissent con-
naitre a I'avance.
La discussion a ete tres-courte aujourd'hui, et certains d'entre nous
tiendraient a serrer de plus pres quelques-uns des points de la question.
Aussi, pour qu'il y ait de I'ordre dans la discussion, je demande que les
membres indiquent lundi prochain les sujets qu'ils ont I'intention de
trailer.
M. LE President. — C'est precisement la proposition que j'allais {aire.
Je crois qu'il n'y a aucun inconvenient a s'y conformer.
La seance est levee a 5 heures.
QUATRIEME SEANCE
Samedi 23 Juillet 1892 (matin).
Presibence de M. CUVINOT.
La seance est ouverte a 9 heures.
M. Ver.\on-Harcourt. — Messieurs, il est rationnel que mon rapport soil
examine le dernier, car il a trait a la parlie maritime et aux embouchures
des rivieres. Les rapports precedents ont, en effet, donrie chacun la descrip-
tion d'un seul fleuve, tandis que le mien contient des conclusions plus
generales. Bien que j'aie ete specialement charge de presenter des observa-
554 PROCES-VERBAUX DES SfiANCES DES SECTlOiSS.
tions sur mes experiences a I'aide de modeles a pelile echelle, j'ai pense
qu'il n'etait pas inutile de dire quelqiies mots des rivieres sans marce
et a maree, et d'indiquer les caracleres distinctifs de ces deux catego-
ries de fleuves.
J'ai divise mon rapport en trois parties : [° les rivieres sans maree;
2" les rivieres a maree; o° une partie que j'avais ete plus specialement
charge de traiter, a savoir, mes experiences personnelles sur deux fleuves
avec des modeles a petite echelle.
Ce dernier point est en opposition avec les opinions deM. Mengin, quine
voudrait pas que Ton mit en discussion les questions sujettes a contro-
verse. Mais comme on m'avait prie de donner quelques renseignements
sur les experiences que j'avais faites, il ne m'etait pas possible de ne pas
deferer a ce desir.
Cependant je ne pouvais m'en tenir la, car la Societe royale de Londres
a public mon memoire relatif a mes experiences et si je m'etais borne a ne
traiter que ces questions, j'aurais couru le risque de vous parlerde choses
que vous connaissez deja. Aussi ai-je ajoute quelques observations sur
les rivieres sans maree et sur les rivieres a maree, choisissant trois
exemples de cours d'eau, dont je n'avais pas parte au dernier Congres de
Manchester.
La question relative aux rivieres sans maree est assez simple. Je dirai a
ce propos qu'a mon sens la seule facjon d'apporter des ameliorations sen-
sibles aux rivieres sans maree, c'est de construire a I'embouchure des
jetees paralleles. Ces jetees conduisent le chenal a des profondeurs plus
grandes, dirigentet concentrent le courant centre la barre, et rejettent les
alluvions a de plus grandes distances au large.
J'ai donne I'exemple du Rhone; dans mes etudes sur ce point, j'ai eu
recours a I'excellent memoire de M. Guerard, Ingenieur en chef, que je
regrette beaucoup de ne pas voir a cette reunion. J'ai egalemcnt donne
quelques renseignements sur le Danube et sur le Mississipi. Ces trois
rivieres ont etc ameliorees. On a surtout essaye de les ameliorer par des
jetees a peu pres paralleles en prolongement de I'embouchure.
Dans le cas du Rhone, on n'a pas reussi a obtenir assez de profondeur
pour permettre I'entree du fleuve aux vaisseaux a grand tirant d'eau.
Les travaux qu'on s'elait propose de faire dans le Danube etaient ana-
logues a ceux du Rhone. Mais, depuis la publication de mon rapport, j'ai lu
une communication aux termes de laquelle on aurait propose, avant le
commencement des travaux, de construire un canal lateral commengant
dans le bras Saint-Georges, et qui se serait dirige versle sud, en dehors du
delta des bouches de Kedrilles.
Pour I'amelioration de I'embouchure du Danube, on a choisi le plus
petit bras qu'on a endigue avec les jetees que vous connaissez.
On a propose d'cndiguer le bras de Saint-Georges qui est au sud de celui
de Sulina; on en donnait pour raison que c'etait le meilleur chenal, qu'il
4' SECTION. — 4' SEANCE. 555
elait moins sinueux que celui de Sulina et que les grandes profondeurs
etaient plus pres de la cole. Cependant il a fallu choisir le bras de Sulina,
parce que les travaux etaient moins couteux, et parce qu'il avail un chenal
plus profond a ce moment-la sur la barre que les autres chenaux. On a
approfondi le chenal a travers la barre a I'embouchure de Sulina par des
jelees longiludinales.
Sur le Mississipi on a fait a peu pres la meme chose. On voulait prendre
le bras du sud-ouest parce que laetait le meilleur chenal a travers le delta,
et celui qui avail le plus de profondeur sur la barre. Mais, en fin de compte,
on a choisi le bras du sud parce que la depense etait moindre, et que la
barre etait plus pres de la cote.
J'ai pense qu'il serait inleressant de montrer les ameliorations qui ont
ete faites sur les barres de ces rivieres, et de les montrer a la memeechelle.
Le premier plan que vous trouverez dans mon rapport vous montre a la
meme echelle les jetees du Danube et du Mississipi. Je n'ai puvousdonner
les plans des rivieres elles-memes a la meme echelle, parce que la diffe-
rence de grandeur de ces deux cours d'^au n'en permet pas la compa-
raison.
Vous verrez cependant que les trois coupes longiludinales sont a la m^me
echelle horizontale et a la meme echelle verticale, celle-ci beaucoup plus
grande.
Malhcureusement, au moment ouje composais mon rapport, je n'avais
pas les documents necessaires poury annexerle plan de la barre du Rhone,
telle qu'elle existait avant le commencement des travaux. Depuis, M. Gue-
rard a eu I'obligeance de m'envoyer une carte de I'embouchure du Rh6ne
en 1842 avec des sondages, carte qui m'a permis defaireun profil en long
du chenal. Je puis done vous dire aujourd'hui qu'elle etait plus pres de la
cote autrefois. J'ai consulte les cartes, telles qu'elles etaient avant le com-
mencement des travaux et j'ai raonlre les conditions du chenal depuis
cette epoque.
Pour le Mississipi et pour le Danube, on pent conslater qu'on a beaucoup
approfondi le chenal. On voit aussi que la barre est poussee plus vers le
large, mais il est a supposer que, dans un temps plus ou moins long, elle
se reformera comme autrefois.
Je crois que ces renseignements sont suffisants sur les rivieres sans
maree ; mais je tiens a insister sur ce point que la conslruclion des jetees
est la seule fagon d'ameliorer les rivieres sans maree. Ces jetees en effet
sont un prolongement des berges de la riviere, et conduisent les courants
a travers la barre, mais tot outard cette barre se reformera plus avant dans
la mer, cela depend des quantites des matieres charriees ; cela depend aussi
de la Vitesse des courants. Depuis qu'on a construit les jetees sur le
Danube, on constate que les depots se forment au sud des jetees, et que le
meijleur chenal est dirige vers le nord. On constate le m6me phenomene
dans le Mississipi.
a.-.O PROCES-VERBAUX DES STANCES DES SECTIONS.
Je pensc que le vent n'y est pas etranger ; sans doute la maree est tres
faible, mais. telle qii'clle est, elle va avec les vents predominants, qui
poussent les matieres a I'ouest des jetees, ou elles se deposent.
11 est encore un fait important que je tiens a signaler.
Dans le Danube et le Mississipi on a choisi pour I'ameliorer le plus petit
chenal, celui ou il y avail le moins de debit, mais aussi le moins d'allu-
vions. D'ou cetle consequence que la barre se formera moins vite. Mais on
a eu bien soin de laisser toutes les autres passes ouvertes.
Dans le Rhone, au contraire, on a ferme toutes les autres passes; aussi
toutes les alluvions du fleuve suivent la passe qu'on a laisse ouverte; d'ou
cetle consequence naturelle que la barre s'est exhaussee rapidement plus
au large, et Tamelioration obtenue par les travaux a ele presque perdue.
Le chenal se dirige dans le golfe de Fos ; c'est un tres-petit golfe, a I'abri
des vents predominants qui, ainsi que le dit M. Guerard, vont de Test a
I'ouest; aussi n'a-t-on pas eu beaucoup d'approfondissement sur la barre.
Dans le Danube et le Mississipi, on a laisse toutes les passes ouvertes, et
on n'a pas donne plus de debit au courant; et meme dans le cas du Mis-
sissipi, on a mis des fascines dansle fond a I'entree des autres passes pour
eviter que le debit de la passe du sud ne fut detourne dans ces passes; on
a donne ainsi a la passe du sud le meme debit qu'ellc avail autrefois.
Ainsi, « 1° la seule melhode d'approfondir I'embouchure de fleuvcs
« charriant des depots, el se jelant dans des mers sans maree, consiste a
« prolonger un des chenaux de leur delta au moyen de jetees paralleles,
« jusqu'en dehors de la barre, de sorte que le courant prolonge con-
« centre sur la barre puisse creuser un chenal plus profond et trans-
« porter les depots jusqu'a Teau profonde. »
« 2" 11 faut choisir Fun des plus petits bras, si son chenal dans le delta
« se prete, ou pent facilement se preter aux exigences de la navigation, et
« il faut se garder d'eutraver le debit du fleuve par les autres bras. »
Je puis dire a cet egard qu'on a depuis longtemps ameliore peu a peu le
bras de Sulina; en amont de Fembouchure, pour le rendre plus propre a la
navigation, on a fait des coupures et des retrecissements, donne plus de
profondeur, et drague les hauls fonds.
« L'avancement du delta a Fun des petits bras est plus lent, et la dis-
« tance jusqu'a la barre est moindre, d'ou moins de frais pour la cons-
« truction des jetees; d'autre part, si on augmentait le debit, en entra-
« vant la marche du courant par les autres bras, on augmenterait en
« meme temps le volume des matieres charriees, on accelererait Favan-
« cement du delta, et on rendrait plus tut necessaire le prolongement des
« jetees. »
« 3° Le succes du systeme de jetees depend d'un rapide approfondisse-
« ment de la mer en face de Fembouchure, de la tenuite et de la legerele
« des matieres charriees, ainsi que de Fexistence d'un courant littoral, de
« sa vitesse et de la profondeur a laquelle s'ctend son action. »
4' SECTION. — 4' SKANCE. 557
A CO propos j'ai omis de vous parler de la difference de la bjrro du
Danube coinparee a celles duMississipi et du Rhune; j'aurais dii vous dire
que la pente de la barre du Danube en ainont est assez douce; mais que
dans le cas du Mississipi et du Rhone, la pente vers la nier est bien raide.
Je crois comme M. Guerard que la cause de cellc forle pente reside dans la
diflerence entre la constitution et la gravile specifique des matieres char-
riees.
Dans le Mississipi, les matieres soni, pour la plupart, roulees surlefond.
M. Guerard dit qu'il en est de meme dans le Rhone.
Dans le Danube au conlraire, les maliercs sont plutot en suspension;
elles sont entrainees par le courant, qui naturellenient les porte plus loin
dans la nier. U s'ensuit qu'elles se deposent moins vite.
II ne faut done pas oublier que la gravite specifique des matieres char-
riees a una grande importance sur le regime de la barre des rivieres sans
maree.
Vous pouvez constater, au moyen des plans annexes au rapport et
dresses a la memeechelle, la difference quiexiste entre la pente du Danube
et celle du Rhone. C'est la cause de la difference qui distingue les deux
rivieres.
« Toule action erosive du vent et des vagues le long des bords du delta
« est favorable a ce systeme, de meme que toute reduction de la densite
« de I'eau salee, telle qu'on la rencontre dans une mer interieure. »
L'eau de la mer Noire est bien moins salee que celle du golfe du Mexique,
et par consequent les matieres sont entrainees plus au large al'embouchuie
de Sulina.
EUe est aussi moins salee que la Mediterranee ; par consequent la diffe-
rence entre la densite des eaux de mer et des eaux douces est moindre. II
s'ensuit que les courants qui charrient les matieres sont moins arretes, ils
vont plus loin, et ces matieres se deposent plus au large.
Je puis dire, au sujet du Danube, que le courant littoral est probablement
constitue en entier par les vents du nord-ouest; ces vents vont a traversles
jetees qui elles-memes sont a pen pres dirigees vers le nord-est.
La direction des jetees vers I'est comme un epi entraine I'erosion de la
cote et de la plage du cote du nord, sous Taction des vagues et du courant
littoral. Les sondages qui out ete operes a differentes epoques prouvent la
verite decetle assertion.
La plage du cole du sud avance; les digues proteg'ent les depots du cote
du sud, et le courant va conire la jetee au nord; la consequence est que
la plage recule au nord et avance au sud.
« 4" Si le sol sous-marin est plat, si une forle proportion des ma-
ce tieres charriees presente une grande densite au point d'etre roulee sur
« le fond du fleuve, ou a une faible distance de ce fond, si Fembou-
« chure fait face aux vents dominants dans la region et enfin s'il n'existe
« aucun courant littoral, I'amelioration peut 6tre impraticable. »
558 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
S'il n'y avail pas moyeii.d'ameliorer le Rhone, sauf par le chenal qu'on
a choisi, toiitcs ces conditions dans ce fleuve seraient defavorables ; si on
avait choisi un autre bras allant vers le sud, pour rendiguement, sans
boucher les autres bras, on aurait eu sans doute un chenal moins direct,
mais il est probable que c'eiit ete preferable pour Tenlevement des allu-
vions qui auraient ete entrainees par le courant littoral de la Medilerranee
et se seraient moins deposees sur la barre.
« Quand I'amelioralion est impraticable, alors il faut avoir recours a
« un canal lateral, qui doit se separer du fleuve a quelque distance en
« amont de son embouchure, et penetrer dans la mer au dela de la zone
« d'influence des alluvions debitees par la riviere. »
Dans le cas du Mississipi, avant les travaux des jetees, on songeait,
comme dans le cas du Danube, a faire un canal lateral qui aurait debouche
au dela de I'influence des alluvions du delta. C'est ce qu'on a fait pour la
navigation du Rh6ne au moyen du canal Saint-Louis.
« Le systeme des jetees ne constitue pas une amelioration permanente;
« car, tot ou tard, suivant la mesure dans laquelle les conditions physi-
« ques sont defavorables ou favorables, une barre se forme plus au loin,
« et un prolongement des jetees devient necessaire. »
Nous passons aux cas des rivieres a maree.
J'ai lu le rapport de M. Franzius sur cette question, et j'lii ete heureux de
constater que ses idees concordaient avec les miennes. A son avis, il y a
trois especes de rivieres, les rivieres sans maree, les rivieres a maree et
les rivieres a pen pres a demi-maree, c'est-a-dire avec tres-peu de maree
et beaucoup de debit, comme par exemple le Gange, fleuve qui charrie
une enorme quantite d'alluvions formant un delta, bien que la maree
monte, je crois, a 5 metres au moins, a I'embouchure.
C'est egalement le cas du Rhin et de la Meuse, dont une des passes, la
branche Scheur, a un grand debit d'eau douce et ou la maree raonte a
2 metres environ a I'embouchure.
En jetantles yeux sur une carte on constate que cette branche est la plus
petite, et naturellement celle qu'il convient d'ameliorer. II est sans doute
avantageux d'avoir la maree, mais bien plus avantageux d'avoir un grand
debit d'eau douce joint a une forte maree.
J'ai cite dans mon rapport trois rivieres qui ont ete ameliorees, ou qui
sont en voie d'amelioration. C'etait la laprincipale difficulte de mon travail,
car, au Congres de Manchester, j'avais parte des ameliorations a apporter
aux estuaires, j'avais cite un grand nombre de cas, et j'avais essaye de
donner sur ce point une loi scienlifique comportant sans doute beaucoup
d'exceptions.
Dans le rapport actuel que j'ai I'honneur de vous soumeltre, j'ai cite
trois rivieres dont je n'ai pas parte au Congres de Manchester; ces trois
rivieres sont I'Usk, la Tyne el la Ribble.
L'Usk a une maree qui monte plus que partoul ailleurs, en Angleterre;
4" SECTION. — 4' SEANCE. ^39
mais on n'y a pas encore fait de travaux d'amelioration, on a laisseagirla
nature et, quoique la nature fasse de bonnes choses, elle a quelquefois
besoin d'etre corrigee.
L'autre riviere est la Tyne sur laquelle j'ai regu des renseignements de
I'ingenieur charge du service de la region. Yous trouverez dans les profils
en long les differences entre le lit du fleuve et les profondeurs de 1860 a
1888.
La troisieme riviere que j'ai choisie est la Ribble : on a essaye d'ame-
liorer son cours, pour favoriser le port de Preston. J'ai eu a etudier ce
fleuve; on a propose de I'ameliorer par des endiguements. 11 y a quelque
temps j'ai compare I'esluaire de la Ribble a I'estuaire de la Seine. L'es-
tuaire de la Ribble est tres-vaste; il debite tres-peu d'eau douce; c'est le
plus mauvais cas qu'on pouvait choisir; cependant la maree y monte a
une grande hauteur (8 m. 50), aux marees de vives eaux d'equinoxe, un
pen moins qua Liverpool.
Pour I'Usk, il s'agissait de draguer le fond et de regulariser les bords
de la riviere; il fallait aussi empecher le courant rapide de corroder les
rives.
La Tyne est une riviere trfes-petite qui offre quelques ressemblances
avec la Meuse, a son embouchure bien entendu.. La on a eu peu de choses
a regulariser. On a regularise un peu le fleuve, mais on a surtout drague
le fond. Je crois qu'on a drague sur ce fleuve plus que sur aucun autre
fleuve du monde. Vous trouverez des renseignements a ce sujet dans mon
rapport.
Le resultat de ces dragages frequents a ete de donner a cette riviere un
mouvement tres considerable de navigation. Newcastle, le principal port
d'embarquement pour les charbons du Nord de I'Angleterre, est situe sur
la Tyne. Autrefois il y avail tres-peu de profondeur dans cette riviere,
meme au moment des hautes marees; aujourd'hui, a maree basse, la pro-
fondeur est plus grande qu'autrefois a maree haute. Mais, quand on com-
mence a draguer comme on I'a fait sur cette riviere, il est impossible de
s'arreter dans cette voie; il faut toujours continuer a draguer, sinon il se
formerait des depots qui entraveraient la navigation.
De plus on a construit des jetees a travers la barre, mais elles ne
son! pas encore terminees, bien qu'elles aient ete commencees en 1858.
On pense y faire un port de refuge pour la cote nord d'Angleterre. Ces
jetees, qui forment des brise-lames en magonnerie-et en beton, par I'abri
qu'elles procurent, permettent de draguer la barre et de la faire dispa-
raitre.
Sur la Ribble, on a commence vers 1842 des endiguements en aval de
Preston. Cette riviere a un tres-petit debit et de grandes marees, qui
determinaient presque uniquement la condition de I'embouchure de la
riviere, avantqu'iln'ait etc fait aucune amelioration. A ce propos, j'estime
que, si les ingenieurs doivent eturlier les conditions d'une riviere avant de
UO PROCES-VERBAUX DES STANCES DES SECTEONS.
commencer les travaux, ils doivent egalement se rendre compte de ce qui
se passe apres que les travaux sont commences.
Vous trouverez dans mon rapport a la planche II une carle de la Ribblc
en 1761, et une autre carle dalant de 1856; vous y verrez qu'a ces deux
epoques, les chenaux sont bien diiTerenls, mais que Ic chenal du sud est
le seul qui soit resle a pen pres invariable, tandis que le chenal du nord a
change continuellemenl. Mais, comme vous pourrcz le constater par les
profits en long, il existe une barre, et Ton a peu de profondeur an dela des
endiguements. La aussi il a falludraguer beaucoup; en outre, le niveau de
basse mer de vives eaux a ele abaisse. 11 s'ensuit que la mer monte davan-
tage dans le chenal, mais quelle monte moins dans I'estuaire.
Du cote de la mer les apports sont considerables, car la plage est sablon-
neuse.
On a depens6 des sommes considerables pour avoir un bon chenal afin
de permettre aux vaisseaux a grand tirant d'eau de remonter la riviere.
Aujourd'hui, a Preston, on a un bassin a flot, qui est assez profond pour
contenir les plus grands vaisseaux, mais ces vaisseaux ne peuvent pas
remonter le lleuve au dela. On a depense beaucoup plus qu'on ne croyait
pour faire un chenal d'endiguement, et lorsqu'en 1883 la question a ete
soumise au parlement d'Angleterre, on a dit : « Nous aurons un bon
chenal jusqu'a la mer avec les travaux projetes ».
Pour moij'aidit : aVousaurez un mauvais chenal en aval des endigue-
ments; I'elTel de I'endiguement n'ira pas plus loin que I'extremite
des digues, et vous etes a 8 kilometres des grandes profondeurs. Vous
serez obliges de continuer ces digues jusqu'aupres de ces fortes profon-
deurs, pour avoir le tirant d'eau necessaire aux grands navires.
La commission qui a ete nommee il y a deux ou trois ans a em is la
meme opinion que moi, c'est-a-dire qu'il fallait d'une fa^on ou d'une
autre prolonger les digues jusqu'a la mer, mais les capitaux ont ete
epuises. Pour moi je suis heureux que les digues ne soient pas prolon^ees, '
car la ville de Southport, sur la plage sud de I'estuaire de la Ribble, est une
ville de bains do mer, et elle perdrait ce caractere, si Ton continuait les
digues.
Au sujet de I'Usk, quand on m'a consulte, j'ai dit qu'il etait necessaire
d'avoir plusieurs profils transversaux pour se rendre compte de ce qui se
passait dans la riviere. On m'a montre des cartes a maree haute et des
cartes a maree basse en 1868 et 1878 ; je n'ai pu en lirer aucune conclu-
sion, car les sondages n'etaient pas fails aux memes points pour les deux
periodes. La carte a maree basse me donnait le fond de la riviere, mais
non la partie qui etait plus haute que la maree basse.
Quand on veut ameliorer une riviere ou un estuaire, il y a grand interet
a faire des piofils a travers la riviere, pour savoir exactcment s'il y a des
depots, et connailre le point ou ils s'arretent, ainsi que tous les changements
qui se produisent.
4= SECTION. — 4' SEANCE. 541
Voici mes conclusions sur ces differents points :
« 1. Dans les fleuves a maree, le chenal de sortie est surtout maintenu
« par le flux et reflux de la maree, auquel il importe, par suite, de con-
« server rigoureusement son volume. La barre a rembouchure est formee,
« dans ce cas, par les apports de la mer, laquelle tend a former une plage
« continue le long de la cute. »
Vous voyez que les barres des rivieres a maree sont bien diflerentes des
barres des rivieres sans maree.
Dans les rivieres a maree, la barre est formee par le sable qui vient dc
la mer ; ce sable se depose sur le fond, et il essaye naturellement de fairc
une plage conliime jusque devant Tembouchure. Mais ce sont assurement
les eaux du flux et du reflux qui, avec les eaux douces, empechent la
plage d'etre continue.
« Le chenal. au Iravers de cette plage, se trouve maintenu par le mou-
« vement de la maree dans I'estuaire, et aussi par le debit d'eau douce.
« La profondeur du chenal, a travers la barre, varie avec les conditions
« physiques existant a I'embouchure ; cetle derniere a sa section en
« rapport avec les volumes de la maree montante el descendante et le
« debit du fleuve. »
Pour que la maree puisse entrer convenablement'et autant que possible
dans le fleuve. il faut que la section du chenal aille en diminuant a partir
de I'embouchure.
« 2. Les conditions relatives a Tamelioration des fleuves a maree dif-
« ferenl entierement de celles des fleuves sans maree: car non seulement
« le volume de la maree (un facteur qui n'existe pas dans la derniere
« categoric des coars d'eau examines) contribue essentiellement a cntre-
« tenir les larges estuaires et les embouchures des fleuves a maree, mais
« les allerrisscments qui obstruent frequemment les estuaires a maree
« dans certains cas, ainsi que la formation de la barre a I'embouchure,
« sont dus respectivement au flot charge de vase et a Taction des vagues,
« et non aux malieres alluviales apportees par le fleuve. »
Cependant il y a des cas, comme celui du Gauge, par exemple, oil la
barre se forme par les alluvions de la riviere, car ce fleuve cliarrie
beaucoup de sediments. Si vous jetez les yeux sur une carte, vous
verrez que le Gauge forme un delta, bien qu'il se jette dans une mer a
maree.
C'est ce qui m'a conduit a proposer les conclusions 5, 4, 5 et 6 de mon
rapport pour les ileuves a maree [pfKjcs 50 e< 51 dudit rapport).
II y a une semaine environ, j'ai vu I'lngenieur en chef de Liverpool ; il
m'a dit qu'il preparait un projet de dragage qui pcrmettrait d'enlever a
la barre de la Mersey 4 000 tonnes dc matieres par heure au moyen d'une
drague a succion.
II a fait un chenal de 1 m. 50 a i m. 80 de profondeur a travers la crele
dc la barre.
542 PROCES- VERBA UX UES SEANCES DES SECTIONS.
Cela est fort possible; il en sera comme pour le port de Dimkerque, ou
Ton a creuse au moyen de dragues a succion un chenal que peu d'inge-
nieurs croyaicnt pralicable avant le commencement des travaux.
Je crois que la barre de la Mersey pourra etre abaissec de cette fagon ;
c'est une question de depenses et d'entretien. Vous savez, on eflet, que
quand on commence a draguer, il faut toujours conlinuer, sans quoi le
chenal se comble et la profondeur disparnit.
C'est ce que j'ai exprime dans les conclusions 7 et 8 de mon rapport
pour les fleuves a maree [pcicies 51 el 52 dudit rapport).
J'arrive a la troisieme partie de mon rapport, et j'ai pense qu'il serait
interessant de vous montrer les diagrammes que j'ai presentes a la Societe
Royale d'Angleterre. Ces diagrammes indiquent les resultats des expe-
riences a petite cchelle que j'ai faites il y a quelques annees sur I'estuaire
de la Seine et sur I'estuaire de la Mersey.
II s'agissait de savoir quelle etait la meilleure maniere de prolonger les
digues, car dans un temps plus ou moins eloigne on voudra un meilleur
chenal que celui qui existe acluellement en aval des digues qui se termi-
nent a Berville ; mais il serait bien facheux qu'une belle riviere comme
la Seine fut endiguec de fagon a ne pas produire les meilleurs resultats,
ct a demontrer que les Ingenieurs sont dans I'impossibilite d'approfondir
un estuaire sablonneux.
J'ai pense qu'il serait possible de reconstituer la riviere telle qu'elle
cxistait avant que les digues fussent commencees, ct, apres bien des
experiences, apres m'etre servi de beaucoup de materiaux differents pour
le fond, j'ai reussi a construire un modele qui reproduit a peu pres
cxactement la carte de 1854. Sur la carle dressee en 4880 par M. Germain,
ingenieur hydrographe, carte que je dois a la bienveillance de M. Vau-
thier, j'ai vu qu'il cxistait a Amfard et au Ratier des bancs de gravier ou
de roclier.
Dans mon modele, je les ai fails durs, puisqu'en realite le courant
n'avait pas pu les eroder.
J'ai construit ensuite les digues jusqu'a Berville, telles qu'elles existent
aujourd'hui. La j'ai eprouve une premiere difficulte. Je n'avais pas sans
doute de sable assez fin ; je n'ai pas reussi d'abord a faire les atterrisse-
ments derriere les digues. Apres bien des essais, j'ai en fin trouve un sable
l)lus fin.
En modifiant la forme du bassin modele qui faisait la baisse ct la
montee des marees, j'ai change Tangle de la charniere qui le joignait au
modele parce que je trouvais que la maree ne s'introduisait pas comme
dans la nature. Apres ces changerrients, j'ai reussi a reproduire le mascaret
a Caudebec, la verhaule pres du Havre, et, apres quelques tatonnemenis,
a produire derriere les digues des atterrissements tels qu'ils existent a
I'heure actuelle.
J'ai execute ensuite les differents travaux tels qu'ils sont projeles. Jc
A' SECTION. — 4° SEANCE. 543
siiis arrive aux resultals que vous trouverez dans la planche ii° III.
J'ai fait encore d'aufres experiences dont je ne puis parler ici, car je
veux eviter toute controverse. Je dirai simplement que dans cette affaire
mon seul desir est d'arriver a la verite ; mais je n'insiste pas.
A propos du canal maritime de Manchester qu'on voulait faire
deboucher dans la Mersey, un ingenieur, a deux reprises differentes, en
1885 et en 1884, a propose d'aller au milieu de I'estuaire d'amont au
moyen d'un cndiguement, pour Irouver de I'eau profonde.
Mais I'estuaire de la Mersey contient un grand bassin en amont de Liver-
pool; entre Liverpool et la mer, il y a un chenal tres profond et une barre
a quelque distance en aval, dans la bale de Liverpool, avec "2 m. 40 a
2 m. 70 seulement de profondeur aux basses mers.
Les cartes que vous avez sous les yeux vous montrent qu'il y a beaucoup
de sable dans I'estuaire.
Quelques ingenieurs, qui avaient etudie cette question, disaient : « Vous
pouvez tres-bien endiguer la Mersey ». D'autres ingenieurs disaient au
conlraire : « Si vous endiguez la Mersey dans I'estuaire en amont, vous
detruisez le port de Liverpool. »
Pour moi, sans alter jusque-la, je pensais que I'endiguement rehausse-
rait la barre, ce qui d'ailleurs revenait au meme, car il n'y a pas trop dc
profondeur sur la barre de la Mersey; les vaisseaux doivent souvcnt
attendre pour enlrer au port; et, de nos jours, alors que les heuresont
une grande importance, c'est un grand point que de ne pas attendre.
On a fait alors le canal de Manchester avec un autre lrac«3 qui enire par
trois ecluses a maree dans la Mersey, pres dEastham, et qui longe la cote
ouest de I'estuaire.
Cependant, j'ai pense qu'il y aurait interet pour la sience a savoir
laquelle des deux opinions citees plus haul etait la vraie, c'est-a-dire quels
elaient les ingenieurs qui avaient raison. J'ai fait un modele a petite
echelle ou j'ai essaye de reproduire aussi exactement que possible I'etat
actucl de la Mersey. Vous pouvez constater les resultats au moyen des
cartes que je vous montre.
J'ai fait encore une autre experience en introduisant les digues du
projet de 1883-84, et j'ai trouve ce qui se passerait avec le projet de
Leader Williams.
J'ai constate qu'il y avail des atterrissement dans I'estuaire en amont
derriere les digues, et que le chenal entre les digues s^approfondissait.
Si Liverpool n'existait pas, si le canal de Manchester ne se souciait pas
d'avoir une barre plus haute qu'aujourd'hui, ce projet pourrait reussir.
Mais, au lieu d'avoir une barre au large, elle venait a la cote, et Ton
avail moins de profondeur sur cette barre qu'autrefois. L'estuaire d'amont
formant le bassin de chasse etait diuiinue par les atterrissemenis des
digues, et naturellemcnt il avail moins de flux et de reflux.
La Mersey debite tres-peu d'eau douce ; la barre et le chenal de Liverpool
544 I'ROCES-VKRBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
dependent de la maree ; si Ton diminue la marec on diminue du raemc
coup la profondcur du chenal, ct la barre est exliaussee.
J'ai redij^e, en consequence, des conclusions speciales, relatives aux
experiences avec des modeles d'esluaires, que yous Irouverez aux pages
52 et 53 de mon rapport et que je soumets a la discussion de la Section.
{Applaudissemenis .)
M. rARTior. — La grande difficulte des petits modeles pareils a ceux de
M. Vernon-Harcourt reside dans la reproduction des actions nalurelles du
Hot el du jusanl. M. Vernon-llarcourt a fait des experiences tres intercs-
santes, mais il n'a pas pu reproduire les actions de la maree telles
qu'elles se produisent ordinairement.
Voici une carte de I'embouchure de la Seine en 1865, extraite d'un
travail de M. Vauthier. Yous apercevez une grande fosse au milieu d'atter-
rissements considerables qui viennent par le Sud ; presque rien ne vient
par le Nord. Si Ton construisait des digues, on aurait une grande riviere
allant jusque vers le Nord. Mais cettc carte vous montre ce qui arriverait;
c'est que la partie Sud s'atterrirait ainsi que la partie Nord.
JVl. VerinOx>-Harcourt. — Je repondrai que, grace a mon modele, j'ai a
peu pres reproduit les faits, et des lors pourquoi ne reproduirais-je pas
les effets des projcts?
Si je n'avais pas reproduit les conditions de I'estuaire avanl les endi-
guemenls, si je n'avais pas reproduit les effets des endiguemenls, mon
modele ne signifierait rien. Mais puisque j'ai reussi a reproduire cc qui
s'est passe avant, je puis pretendre que mon modele vous apprend ce qui
arrivera apres.
M. Partiot. — Cen'est qu'une approximation.
M. DE Mey. — Je voudrais demander un renseignement a M. Vernon-
llarcourt.
L'estuaire de la Mersey ofTre-t-il de la stabilite dans son ensemble? Par
la comparaison de I'etat actuel avec une ancienne carte de l'estuaire a
une epoque suffisamment eloignee, a-t-on constate que I'ensemble des
bancs et des passes de l'estuaire offre une stabilite relative?
Si j'ai bonne memoire, lorsquc je suis alle a Liverpool, on m'a plus
ou moins aftirme que les profondeurs se sont maintenucs dans un etat
relalivement permanent, sauf quelques oscillations qui n'ont jamais
depasse cerlaines limites.
Je demande a M. Vernon-llarcourt si cette appreciation est exacte.
M. VernovHarcourt. — Les cbenauxont cbange, mais fort peu, dans les
dernieres annees.
M. iME]NGL\. — L' Administration m'a autorise a construire un modele
analogue a celui de M. Vernon-Harcourt, mais sur une ccbelle un peu plus
grande. On pourra levoir a Rouen. La question est tres-inlercssante, mais
singulierement delicate.
4* SECTION. — 4' SEANCE. 545
M. QoiNETTE DE RocHEMOM. — Jg voudrais repondre a I'observation faite
lout a I'heure par M. deMey.
D'apres mes renseignements, a Liverpool, la barre change un peu de
direction, mais la profondeur reste a peu pres constante. Cependant elle a
une tendance a s'ecarter de la cote.Depuis une certaine periode, elle recule
toujours.
La barre diminue un peu en profondeur. Quand on s'est occupe de la
question du canal maritime de Manchester, on a donne les profondeurs a
differentes epoques, et il m'a semble que cette profondeur a diminue de
deux ou trois pieds dans une periode assez longue. Je crois qu'au com-
mencement du siecle la barre etait plus profonde qu'aujourd'hui.
M. DE CoENE. — M. Mengin nous a dit qu'il avait fait des experiences
avec un modele plus grand que celui de M. Vernon-Harcourt : je desirerais,
pendant la discussion generate, demander a M. Mengin des renseigne
ments sur les resultats qu'il a obtenus. 11 est assez naturel que dans ce
Congres ou Ton examine ces grosses queslions, nous connaissions ce qui
s'est passe sur le modele de la Seine construil a Rouen.
M. Mengin. — M. Vernon-Harcourt nous a dit tout a I'heure qu'il avait
durecourira des tatonnements tres-longs; a plus grande echellc on voit
mieux ce que Ton obtient, et Ton se rend mieux compte des defecluosites.
Nousavons obtenu quelques resullats, mais ils ne sont pas en etat d'etre
prescntes comme ayant une valeur dogmatique quelconquc sur ce qu'il y
a a faire dans I'estuaire.
Vos verrez le modele et les plans, mais je ne suis pas en mesure actuel-
Icment dc lirer des conclusions bien pratiques des experiences qui ont ete
tentees.
M. Vernon-Harcourt. — Je suisabsolument de I'avis de M. Mengin : mieux
vaut avoir un modele a grande echelle; mais, dans mon cas, une admi-
nistration ne venait pas a mon aide. J'ai construit mon modele a mesfrais,
j'ai du le faire petit.
La carte que vous voyez represente a peu pres I'echelle du modele; avec
le modele de la Seine, j'ai pu reproduire I'elat actuel de I'estuaire avant
et apres les endiguements. J'esperc que M. Mengin tirera de ses expe-
riences des resultats plus exacts que les miens.
J'avais deja dit au Congres de Francfort que mon espoir etait qu'on
construirait un modele plus grand que le mien. [Applaudissements.)
M. LE President. — L'obligation ou sont quelques-uns d'entre nous de
prendre part a rexcursioii de Rouen nous oblige a raccourcir cette dis-
cussion si interessante ; cependant, avant de lever la seance, je donne la
parole a M. Vernon-Harcourt, qui a une communication a faire.
M. Vernon-Harcourt. — Messieurs, hier la Commission permanente
du Congres des Travaux maritimes a tenu seance pour decider du lieu oil
se reunirait le prochain Congres des Travaux maritimes, dont la date avait
ele precedemment fixee a 1893.
33
546 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
Avant de quitter Londres, j'ai ete autoris6 par le comite local d'Angle-
terre a demander que le lieu de reunion du prochain Congres fiit fixe a
Londres.
Or, la Commission a decide a I'unanimite que le deuxieme Congres des
Travaux maritimes se tiendrait vers la fin de juillet prochain a Londres.
J'espere que les membres de la 4" Section viendront assister au Congres
et etudier sur place les estuaires, les docks, les bassins a flot, les phares et
les ports de la Grande-Bretagne. {Applaudissements.)
La seance est levee a 10 h. 45, et renvoyee a lundi matin.
CINQUIEME SEANCE
Lundi 25 Juillet (matin).
Presidence de M. le baron QUINETTE DE ROCHEMONT, Vice-President.
La seance est ouverte a 9 heures 30.
M. LE President. — La parole est a M. Vernon-Harcourt sur un point
special qu'il n'a pas eu le temps de trailer a la seance de samedi matin.
M. Vernon-Harcourt. — Messieurs, je n'ai que quelques mots a dire sur la
question de I'endiguement de I'estuaire exterieur de la Mersey en aval de
Liverpool, esluaire dont j'ai presente deux diagrammes.
Quandj'eus termine mes experienaes sur les digues de I'estuaire inte-
rieur, j'ai pense qu'il serait interessant de rechercher s'il etait possible
d'ameliorer la barre en faisant des digues au large.
Les deux cartes que je vous presente montrent le trace que j'ai adopte
dans le modele pour les digues de I'estuaire exterieur de la Mersey, afin
de diriger le courant a travers la barre. (Voir aussi planche III, fig. 9 de
mon rapport.)
Comme il y avail un chenal etroit enlre Liverpool et Birkenhead, il
n'etait pas necessaire de donner une tres-grande largeur entre les deux
digues qu'il fallait construire pour diriger sur la barre le courant qui
venait du bassin de chasse forme par I'estuaire interieur.
Apres plusieurs marees dans le modele, j'ai obtenu les profondeurs que
vous voyez sur la premiere carte.
La barre s'est notablement abaissee; mais j'ai trouve que le chenal se
dirigeait un pen trop vers le nord. J'ai pense ensuite qu'il serait possible,
avec le modele, de faire comme si de faibles dragages avaient ele operes,
pour diriger le chenal plus droit.
i' SECTION. - 5« SfiA^'CE. 547
J'ai done enleve du sable de la pointe nord du banc, a I'est du
clienal et j'ai reussi a diriger le chenal plus au large a travers la
barre que le courant a ensuite approfondie. (Voir planche III, fig. 8 de
mon rapport.)
On peut done esperer que la barre sera abaissee par les dragages qui
ont ete commences. II est cependant important de se demander si la con-
struction de digues exterieures n'est pas preferable a I'approfondissement
du chenal a travers la barre par des dragages continuels. C'est une ques-
tion de depense ; il s'agit de savoir s'il est plus coiiteux d'endiguer le che-
nal que de continuer a draguer la barre.
Je crois qu'il serait tres-avantageux d'avoir un seul chenal endigue au
lieu dedeux chenaux debouchant a angle droit, et qui empechent la maree
d'entrer dans I'estuaire aussi facilement que par un chenal unique.
(Planche 111, fig. 6 de mon rapport.)
Yous voyez done qu'il est possible d'avoir des digues bien nuisibles dans
un estuaire interieur de cette forme; tandis qu'il est avantageux de faire
des digues a I'exterieur pour ameliorer le chenal a travers la barre.
Je crois devoir vous parler aussi d'un effet singulier produit a I'em-
bouchure de la rivieie Yare par la maree dont la montee n'atteint pas
deux metres, meme en vives eaux : c'est le point oil la maree est la plus
faiblesurtoutes les coles de I'Angleterre. Or j'ai constate, au mois de mars
dernier, qu'a 52 kilometres en amont de I'embouchure on distinguait
neltemeiit et regulierement I'effet de la maree, quoique le niveau ne variat
que de 0 m. 07.
A une distance de 2 kilometres au-dessus, soil a 54 kilometres de la
mer, la montee etait encore reguliere, mois ne s'elevait qu'a 0 m. 02, pen-
dant les vives eaux d'equinoxe.
Ce phenomene m'a frappe, surtout a cause de la faible hauteur de la
maree a Tembouchure, et j'ai pense qu'il serait interessant de vous en
faire part.
Je crois devoir encore vous signaler une circonstance particuliere sur
la salure des eaux de cette riviere. A 58 kilometres en amont de I'embou-
chure, la riviere Yare communique avee un lac dont les eaux sont salees, et
certaines personnes avaient conclu de ce fait, ainsi que du precedent, que
cetle eau salee venait de la mer par la riviere, et par suite que la maree
cntrait dans ce lac.
Or on a reconnu au contraire qu'en descendant la riviere, nolamment
a moilie de la distance de rembouchure, I'eau etait moins salee qu'aux
abords du lac, au lieu de I'etre davantage.
Bien plus, dans un autre lac en communication avec le premier, et
situe en amont, I'eau etait encore plus salee que dans I'etang en question.
Cette salure est due simplement a des sources qui viennent directement
de la mer a travers les dunes de sable dans I'un de ces etangs qui n'est
cloigne de la mer que de 2 kilometres. II en resulle que I'eau de la riviere
548 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIO'S.
est plus salee a 58 kilomelres en amont de I'embouchure qu'elle ne i'est
a 20 kilometres. {Applaudissements.)
M. LE President. — La parole est a M. de Pulligny, pour donner une
analyse du memoire de M. Guerard siir I'amelioration de rembouchure
du Rhone.
M. DE Pulligny. — Messieurs, bien que je sols sous les ordres de M. Gue-
rard, les embouchures du Rhone ne sont pas dans raon service; je ne les
connaissais par consequent pas beaucoup mieux que n'importe lequel
d'entre vous avant d'avoir lu la notice de M. Guerard.
Je vous prierai de m'excuser si je trahis la pensee de M. I'lngenieur
en chef du port de Marseille, car je suis incompetent sur la question des
embouchures des fleuves.
Dcpuis 1865, soit comme ingenieur ordinaire, soit comme ingenieuren
chef, M. Guerard s'est occupe de la question des embouchures du Rhone.
Pendant celle periode, il a institue des experiences dont il vous rend
compte dans sa note, et qui, par suite ineme de leur longue duree, pre-
scntent un grand interet.
Ces experiences ont porte d'abord sur la proportion des matieres qu'on
Irouve en suspension dans les eaux. M. Guerard a fait recueillir avec beau-
coup de soin ces matieres a diverses hauteurs et les a envoyecs a I'Ecole
des Ponts et Chaussees, ou elles ont etc etudiees et analysees; les obser-
vations auxquelles elles ont donne lieu forment un volume important.
M. Guerard a institue encore des observations annuelles sur les atterris-
sements a I'embouchure et dans le voisinage de rembouchure du Rhone;
il a pu donner les lois de leur formation, en etudiant I'effet des travaux
d'endiguement qui avaient ete faits peu de temps avant son arrivee.
La notice de M. Guerard debute par une description de la geographic
du Rhone.
Ce fleuve a deux bras, et nous ne nous occuperons que de I'un, le bras
principal qui debouche dans la direction de Saint-Louis-du-Rhune, apres
un trajet d'environ 52 kilometres depuis Aries.
L'autre branche, dile du Petit-Rhone, a un parcours de 58 kilomelres,
mais elle n'est pas praticable a la navigation.
Le partage des eaux entre ces deux branches s'eftectue dans les propor-
tions suivantes : grand Rhone, 84 pour 100; petit Rhone, 10 pour 100. Le
debit du Rhone est de 500 metres cubes a I'eliage, et dans les plus hautes
eaux il atleint 7 800 metres cubes. Vous remarquerez I'importance de celte
variation.
Les vitesses qui en resultent sont en general de 50 centimetres par
seconde a Saint-Louis; elles atteignent dans les plus fortes crues 2 m. 50;
ce qui constitue une vitesse susceptible de modifier profondement
le lit.
Des jaugcages, operes a Aries, ont permis de tracer la courbe des debits
du fleuve en fonction de la hauteur des eaux mesurees a Techelle dc ce port.
4- SECTION. — 5' SEANCE. 549
M. Guerard a calcule de cette fa^on la quantite d'eau jelee par le Rhone
a la mer; en d8G9 il a trouve 40 milliards de metres cubes environ, et, en
"1870, 50 milliards. Le premier chiffre lui parait correspondre an regime
normal du tleuve.
M. Guerard etudie ensuite, au moyen des experiences que je rappelais
tout a I'heure, la nature et I'importance des matieres charriees par les eaux.
II pense que le sable est, pour la plus grande partie, charrie sur le fond
du lit, au lieu d'etre transporte par Teau elle-meme.
Dans le voisinage de la mer, les eaux du Rhone ne tiennent plus en
suspension qu'un limon tres-leger qui donne a la couche des eaux douces
repandues sur I'eau salee une couleur terreuse. Cette coloration rend tres
nette la ligne de separation entre la couche d'eau douce et la surface de
la mer.
D'apres ce que j'ai cru comprendre dans la notice, les vases jouent un
double role dans la formation de la barre du Rhone. Elles sont reunies a
la surface de la mer, elles rencontrent le couranl littoral predominant
Irop faible pour arracher les moindres matieres lourdes de la barre.
Les matieres tenues sont portees dans la direction de I'ouest, et con-
courent a la formation du promontoire, mais pas a la formation
de la barre, qui scrait due principalement aux sables routes sur le lit
du fleuve.
M. Guerard etudie ensuite le regime de la mer et la contlguration de la
cote. Cette configuration de la c6te a ceci de special, c'est qu'apres le
bord de la mer, on trouve, sur une certaine largeur, une sorle de plateau
avec des profondeurs qui varient de 100 a 500 metres. Puis ce plateau
est brusquement rompu par une falaise abrupte, dont la hauleur varie
suivant les points de 200 a 400 metres, et au pied de laquelle commencent
les grands fonds de la Mediterranee. La crete de ce plateau va a pen pres
en ligne droite de Port-Vendres a Toulon.
M. Guerard a etudie la hauteur des eaux a Saint-Louis, le regime des
vents et les grosses mers. Yous trouverez un diagramme sur la frequence
et sur la direction des vents depuis 1864 jusqu'en 1890, puis un dia-
gramme de la frequence relative des grosses mers.
Les grosses mers correspondent aux vents dominants. Le premier dia-
gramme vous montre que les vents dominants : le Nord-Ouest ou Mistral
et le Sud-Est, qui soufflcnt 195 jours dans I'annee en moyenne, sont les
vents les plus violents, et ceux qui donnent les plus-grosses mers.
La proportion des mers duNord-Ouest est de40 pour 100; celle du Sud-
Est, venant du large, est de 50 pour 100. Ce sont les vents du Sud-Est qui
ont le plus d'action sur la barre du Rhone. Ces vents, en effet, engendrent
des lames assez fortes qui arrivent, suivant la partie du promontoire qu'on
considere, normalement ou obliquement a ce promontoire.
Dans les parties on elles arrivent normalement, elles ont pour eflel de
former un cordon littoral; elles remuent les matieres, ramenent cclles
550 PROCES-VERBAUX DES STANCES DES SECTIONS.
qui sont legeres a la surface de la mer ou elles peuvent 6tre charriees par
le courant littoral, et laissent retomber les plus grosses sur la barre.
Dans les endroils ou la plage est en pente douce, ces matieres charriees
forment un bourrelet qui emerge parfois au-dessus des eaux, ct forme de
petits.etangs sales en arriere.
La ou le fond de la mer est un talus raide, ce bourrelet est sous-marin
ct devient la barre.
Quand au contraire les lames et les vents ont une direction oblique, le
transport s'eft'ectue dans une direction oblique.
Quand cette obliquite augmente, il en resulte un action reflechie, qui
donne lieu a un courant dont la vitesse atleint jusqu'a deux metres par
seconde.
En dehors du courant littoral, il y a quelques courants locaux dont les
effets sont generalement concordants avec ceux du courant principal et de
meme ordre, c'est-a-dire d'un ordre tres-faible.
J'en exceple le courant des lames, qui est capable de charrier des ma-
tieres solides, mais jamais sur une grande etendue, a cause des courants
littoraux et locaux qui le genent dans son action.
Ces courants locaux proviennent d'un certain nombre d'etangs, existant
le long de la cote. Ces etangs se remplissent pendant la maree montante,
et ils se vident quand la maree baisse; ils donnent lieu ainsi a des cou-
rants dont Teffet s'ajoute a celui du courant littoral general.
Examinant les travaux executes sur le Rhone, M. Guerard remonte
assez loin dans I'histoire pour decrire ceux de ses predecesseurs.
II parle de ceux de Marius; mais, pour ne pas exceder le temps qui m'est
accorde, je laisserai de c6te tous ceux qui ont ete executes avant 1840.
Nous rencontrons a cette epoque le projet de M. I'ingenieur Surell.
Les travaux projetes consistaient dans un endiguement destine a reunir
toutes les eaux du Rhone dans un mfime lit pour les jeter sur la barre ;
vous trouverez une planche a ce sujet dans la notice.
Get endiguement n'a pas donne les resulfats qu'on en attendait.
On avail arrete les digues a 700 melres en amont de la barre. La pre-
miere annee qui a suivi I'execution des travaux, la profondeur a 6le plus
grande, a la suite de crues; mais elle est retablie bientot apres, telle qu'elle
etait precedemment.
Aujourd'hui encore elle n'a pas change. Par consequent les travaux
enlrepris dans le Rhone, qui ont consiste a construire une digue, et
a boucher les bras secondaires pour envoyer un plus grand volume
d'eau dans le bras principal, n'ont pas eu les resultats heureux qu'on en
esporait.
Cette augmentation du volume d'eau a ete cependant considerable; elle
a fait passer ce volume de 3 a 7 ; les 5/7 du volume des eaux passaient
dans le lit actuel avant la confection des digues et 4/7 par les autres bras.
A la suite de I'etablissement des digues, les 7/7 ont passe dans leseulbras
4' SECTION. - 5' SfiANCE. 551
laisse ouvert. Cependant la barre a ete reculee de 500 metres, sans gain
notable de profondeur.
M. Guerard indique qu'eii presence de I'insucces de Tendiguement, on
s'est decide a adopter la solution d'un canal lateral a I'embouchure. C'est
le canal Saint-Louis, qui part d'un point du Rhone situe a 9 kilometres en
amont de la barre pour aboutir a la mer dans le golfe de Foz au nord du
promontoire de I'embouchure. Le tirant d'eau de ce canal est de 6 metres
en basse mer, sa largeur au plafond est de 30 metres et a la ligne d'eau
de 63 metres ; sa longueur est de 3 500 metres.
Nous passons ensuite a la barre du Rhone, representee sur la planche III
de la notice. Cette barre forme un bourrelet en face du Rh6ne. Au con-
traire, au Nord et au Sud, dans la region des embouchures, elle affecte la
forme d'une plage a pente douce.
Ce qui la distingue, c'est qu'elle a un talus assez raide, ayant 7 de base
pour 1 de hauteur dans la partie Sud-Est; au Nord, la pente s'adoucit
successivement et mesure 13, puis 21, de base pour 1 de hauteur.
Au nord du golfe de Foz, on trouve une surface ayant une pente extreme-
ment douce.
La position de la passe sur la barre est variable^ elle varie dans une
etendue d'environ 2 a 3 kilometres. Elle se deplace lentement et progres-
sivement lorsque les eaux sonl dans leur regime ordinaire. Elle se fixe
lorsqu'elle arrive au point ou la tangente a la ligne exterieure des fonds
de deux metres a la direction sud-ouest.
Les grandes crues ouvrent toujours une passe unique dans la direction
des digues; mais cette passe se deplace ensuite progressivement dans la
direction du sud.
Les crues moyennes ouvrent le plus souvent une passe secondaire en
laissant subsisler I'ancienne. Mais, au bout de quelque temps, seule la
barre du sud reussit a se maintenir.
M. Guerard passe a I'etude des causes qui agissent pour former la barre
du Rhone. A son avis, ces causes sont au nombrededeux : d'une part, les
vagues de la mer retroussent les materiaux de I'embouchure pour former
le cordon littoral, et d'autre part, I'epanouissement des eaux du fleuve
en nappe mince a la surface de la mer : les eaux douces ont une densite
et une viscosite moindres que celles des eaux salees; elles ne se melan-
gent pas avec elles et, quand elles arrivent a la mer, elles se repandent
immediatement a la surface de la mer en une couche de quelques decime-
tres a peine d'epaisseur, abandonnant les materiaux qu'elles roulaient
sur le lit du fleuve. II se forme ainsi entre le fleuve et la mer un dos
d'ane que les matieres roulees par le fleuve gravissent pour retomber de
I'autre c6te, et ce bourrelet se distingue par la rapidite de sa pente du cote
de la mer.
M. Guerard trouve la confirmation de cette explication dans ce qui se
passe a I'entrce du Rhone dans le lac de Geneve ou un phenomene inverse
552 PROCfiS-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
se produit. Les eaux du Rh6ne etant plus chargees de matieres, el le plus
souvenl plus froides que le lac, passent sous les eaux de celui-ci ; au lieu
d'abandonner les matieres solides, le fleuve continue a les charrier. Le
Rh6ne se cree ainsi un veritable lit sous-lacustre, qui s'etend jusqu'a
neuf kilometres du point oil il entre dans le lac, avec une tranchee dont
la profondeur atteint 50 metres a 800 metres du rivage. Cette profondeur
est encore de 10 metres au dela de Saint-Gingolphe par 500 metres de fond.
M. Guerard reconnait que la barre de la Neva et des fleuves qui se
jettent dans la Ballique, ainsi que la barre du Danube, ont une hauteur
moins grande et une pente bien moins prononcee. La raideur de la pente
est beaucoup moindre du cute dela mer ; le talus est en pente douce commc
il arrive au debouche des fleuves ou les depots affectent rarement la forme
d'un delta, mais plutol celle d'un banc de sable. Ce phenomene propre aux
fleuves de la Ballique et de la mer Noire provient, d'apres M. Guerard, de
la diflerence de salure qui exisle enlre ces deux mers et la Mediterranee,
dont les eaux ont une dcnsite dc 1040, tandis que la densite de la mer
Noire est de 1 017, et celle de la mer Ballique est de 1 004. C'est a cette
cause qu'il faut attribuer la forme en quelque sorte fluviale du delta de
ces fleuves.
Comme je I'ai deja dit, le resultat de I'endiguement a ete peu conside-
rable. II y a eu parfois des profondeurs gagnees momentanement, surtout
apres une forte crue; mais cet approfondissement n'a jamais ete que
momentane.
D'apres M. Guerard, on auraitobtenu une passe plus stable et plus pro-
fonde si Ton avail dirige le cours du Rhone et la passe dans la partie du
promontoire oil la mer est capable de creer des courants de transport par
reflet des lames, courants qui se chargeraient d'enlever les matieres que
le fleuve aurait pu meltre en mouvement a la suite d'une crue; ou mieux
encore si, au lieu de barrer lebras secondaire, on s'etait borne a endiguer
le bras de Roustan.
De I'avis de M. Guerard on ne pent jamais 6tre certain d'un resultat per-
manent. Car la cause qui agit pour approfondir la passe est intermittente,
tandis que les causes principales qui produisentla barre sont permanentes.
Telles sont les conclusions du rapport de M. Guerard que vous lirez
tous, j'en suis persuade, avec un extreme interet, [Applaudissemenls.)
M. Laroche. — Je demande s'il n'y a pas une erreur d'impression a la
page 19, oil Ton dit : « Dansle sud, comme danslenord de la passe, I'incli-
naison est encore plus grande ; au sud,elle atteint 1/7 et danslenord, 1/15. »
11 s'agit de la plage sous-marine qui atteint 1/7; c'est bien extraordi-
naire.
M. LE President. — II existe des plages de 1/7.
M. Laroche. — Des plages de sable?
M. DE PuLLiOY. — M. Guerard dit ailleursque, du cole de la mer, les fonds
de 10 metres sont a 160 metres seulement de distance de la crete de la
4' SECTION. — 5* SfiANCE. 555
barre dans la passe. C'est done une pente totalede 1/16; celle de 1/7 parait
done possible, et je ne pense pas qu'il y ait d'erreur d'impression.
M. LaroCiie. — Si vous croyez que le fait est certain, je m'incline, mais
il me parait bizarre.
M. Partiot. — Dans le lit du Rhone, il doit y avoir des passes a talus
tres-raides ; dans certains endroits, la profondeur du fleuve entre les digues
atteint 15 ou 16 metres; par consequent le talus doit etre extremement
rapide.
M. Mengin-Lecreulx. — Les exemples que cite M. Partiot sont dans la
partie du Rhone qui contient des galets.
M. Vernon-Harcourt. — M. Guerard dit qu'il n'y a pas de galets en aval
d'Arles. Pourriez-vous me dire si, dans la Mediterranee, il y a des plages
de galets?
M. DE PuLLiGAY. — On cu trouvc en certains endroits, mais en dehors de
la zone d'alterrissements du Rhone. Les passes a talus tres-raide dont parle
M. Partiot existent, en effet, dans la partie inferieure du Rhone, mais elles
sont ouvertes dans les terrains d'alluvions du fleuve, composes en grande
partie de couches argileuses dont la cohesion est tres-grande.
M. LE President. — Dans le memoire de M. Guerard, il n'est pas question
des mesures qu'on pourrait prendre pour ameliorer la riviere; M. Guerard
avait redige un autre memoire qui a ete autographic, et dans lequcl il
traitait cette question. II y avait la un ordre d'idees un pen general qu'il
eut ete interessant de faire connaitre ; mais je reconnais que M. de Pul-
ligny ne pent nous en donner connaissance, puisqu'il n'en a pas ete charge.
M. Laroche. — M. de Pulligny a cite ce fait que la barre n'est pas situee
tres-loin en avant des jetees ; je crois que cela tieut a cetle situation spe-
ciale que I'embouchure est justcment orientee droit au vent regnant du
Sud-Est. Je pense que ce vent, rejetant le sable a droite et a gauche, em-
peche I'avancement de la barre.
Si I'orientation avait ete differente, j'estime que le prolongement des
jetees n'aurait pas eu pour effet de localiser la barre a une petite distance
des jetees.
M. DE Pulligny. — La barre se serait un peu plus eloignee; M. Guerard
semble indiquer qu'un debouche vers le Sud aurait ete preferable, car il
aurait ete tangentiel au vent regnant. Le plan de la page 51 du memoire
montre tres-neltement quels out ete les avancements de la barre en ses
divers points.
M. Laroche. — S'il n'y avait pas eu I'inconvenient de combler le golfe
de Foz, on pent se demander s'il y aurait un interet quelconque a changer
cetle orientation.
M. DE Pulligny. — Vous n'etes pas partisan de ce changement?
M. Laroche. — 11 pent etre motive par I'interet qu'il y a a ne pas cnvaser
le golfe; mais je crois que, sans ce danger, I'orientation qui se maintient
avec tant d'avantages peut etre conservee.
554 PROCES-VERBAUX DES STANCES DES SECTIONS.
M. DE PuLLiGNY. — Jc reviens a la question qui m'a ete posee relativement
a la question des galets du Rh6ne. Void ce que dit M. Guerard : « Les
galets disparaissent a 7 kilometres en amont d'Arles, a Saujean ; on n'en a
jamais trouve en aval. De ce point a la mer, il n'y a plus dans I'eau que
du limon et du sable. Le sol de la Camargue est exclusivement compose de
ces matieres ; on n'y rencontre pas le moindre galet.
M. Le Brun. — Quel est I'effet espere de la reouverture des bras?
M. DE PuLLiGNY. — II parait 6lre surtout de diminuer I'ensablement du
golfe de Foz.
M. Laroche. — M. Vernon-Harcourt, dans une de ses communications
precedentes, a fait observer que certaines embouchures de fleuves sans
maree ont ete ameliorees, et il a paru attribuer le succes en partie a ce fait
qu'on a choisi une embouchure qui n'avait pas un debit trop considerable.
A tort ou a raison, c'est une solution en sens inverse qu'on a adoptee
autrefois pour le Rhone. On a cru qu'on ne pourrait ameliorer ce fleuve
qu'eu concentrant dans une seule passe le plus grand volume possible
d'eau.
M. Vernon-Harcodrt. — Je penseque,si Ton avait a refaire les travaux, on
les conduirait d'une fa^on differente.
M. Vauthier. — Je ne suis pas tres-surpris de ce qui s'est passe a I'em-
bouchure du Rh6ne. II me semble que dans un cas comme celui-ci, il faut
arriver jusqn'a la barre. C'est ce qu'on a fait pour le Mississipi. Dans le
Rh6ne, on s'est arrete a une certaine distance de la barre, et celle-ci n'a
pas ete coupee.
Quant au changement d'orientation, je considere qu'il es\ excellent a un
certain point de vue ; on va bien plus rapidement aux grandes profon-
deurs, et on n'arrive pas dans un golfe susceptible de s'envaser.
Je ne sais pas quelles sont les intentions de I'auteur de ce projet, et s'il
compte atteindre les grands fonds avec son endiguement ; s'il ne les atteint
pas, je crois que le phenomene qui s'est produit a I'embouchure actuelle
se reproduira dans des conditions idenliques.
Je sais bien qu'il y a une objection a atteindre les grands fonds : il faut
aller tres-loin; mais si Ton approchait des fonds de 50 metres, on aurait
toujours sans doute des phenomenes analogues a ceux qui ont ete observes
dans I'embouchure actuelle ; seulement le deversement des sables dans des
fonds de 50 metres entrainerait des effets tout differents de ceux du dever-
sement de ces memes sables et de leur accumulation dans les fonds de
10 metres. II faudrait, pour cela, prolonger les digues jusqu'a 5 kilome-
tres. Assurement la depense serait forte, mais la navigation du Rhone en
vaut la peine.
M. LE Presidem. — C'est la une question qui pourra revenir plus tard.
M. Vernok-Harcgurt. — Depuis que j'ai ecrit mon memoire, j'ai du
rechercher quels etaient I'etat et la position de la barre du Rhone avant
que les endiguemenls n'eussent ete faits, pour comparer la situation a cette
4' SECTION. — 5' SEANCE. .^,55
epoque avec la situation actuelle. M. Guerard a eu robligeance de m'en-
voyer, il y a quelques semaines, un plan de rembouchure du RhOne qui
m'a permis de faire un profil en long selon le chenal le plus profond, vers
1841, je crois.
Si j'avais eu a temps ce document, je I'aurais mis dans mon memoire.
Je puis dire qu'autrefois la barre etait plus au large. On I'a approfondie
dans une certaine mesure, mais pas encore suffisamment. Je regrette de
ne pas pouvoir vous montrer en ce moment les deux plans comparatifs du
Rh6ne en 1841 et du Rhone tel qu'il est aujourd'hui.
M. LE President. — La parole est a M. de Timonoff, pour rendre compte
de son etude sur I'embouchure du Volga.
M. DE Timonoff. — Messieurs, on divise generalement les fleuves en plu-
sieurs categories, quand on traite la question d'amelioration de leurs
embouchures. Jusqu'ici on vous a parte des fleuves a grande maree, des
embouchures de fleuves a maree moyenne; enfm, on vient de vous parler,
dans un memoire extremement interessant, de I'embouchure d'un tleuve
qui se jette dans une mer sans maree.
II faut encore distinguer plusieurs cas parmi les fleuves de cette derniere
categoric. II arrive quelquefois, et c'est un grand avanlage, que les mers
sans maree, ou les fleuves vont se jeter, presentent de grandes profondeurs.
Comme I'a fait observer M. Yauthier, nous devons alors alter vers ces
grandes profondeurs, et faire en sorte que le fleuve ne depose pas ses allu-
vions de fagon a empecher la navigation.
Un autre cas favorable encore, c'est celui ou Ton trouve, a une faible dis-
tance de la cote, des courants plus ou moins puissants capables d'entrainer
avec eux les alluvions ; tel est le cas du Danube.
Si les dimensions du delta d'un fleuve ne sont pas trop considerables, il
y a une solution qui est souvent la meilleure, c'est celle de la creation d'un
canal lateral ; c'est la solution adoptee pour le Rh6ne, elle est de nature a
fournir d'excellents resultats.
Malheureusement, il existe un cas different des conditions que je viens
d'cnumerer, c'est celui d'un fleuve a debit tres-considerable et a delta tres
grand se jetant dans une mer sans maree, mais dans un endroit ou les
profondeurs de la mer sont extremement faibles, et ou il n'y a pas de cou-
rants puissants pouvant disperser les alluvions. La construction d'un canal
lateral devient alors un probleme economiquement impossible. C'est le cas
du Volga.
Le probleme de I'amelioration des bouches d'un semblable fleuve pre-
sente, non seulement un interet particulier pour le cas special dont j'ai
I'honneur de vous entretenir, mais il presente aussi un interet general, et
c'est la mon excuse de vous avoir soumis mon memoire.
II est peut-etre un peu long, mais je tacherai de le resumer le plus pos-
sible.
Le Volga se jette dans la mer Caspienne, qui occupe une depression par-
156 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
faitc, dont le niveau est a 26 metres en contre-bas de celui de la mcr Noire.
La separation des deux mers s'est produite a une epoque geologique asscz
recenle, celle de la mer Caspienne et de la mer d'Aral est survenue plus
tard encore. On ne saurait dire si le mouvement de contraction de la mer
Caspienne s'est arr6te ou non ; les observations prouvent que le niveau de
la mer n'esl rien moins que stable ; qu'il varie d'annee en annec, tanl6t
dans un sens, tantut dans I'autre; mais jusqu'a present aucune loi ne pent
elre deduite; ni meme le fait de I'abaissement ou de la stabilite du niveau
moyencorrespondanta de longues periodes, demontre.
La region nord de la mer Caspienne est caracterisee par de faibles pro-
fondeurs, ce sont des cotes plates formees en grande partie d'alluvions
fluviales. Les vents et les fleuves exercent une grande influence sur I'etat
de cette partie de la mer. Ce sont euxquidonnent naissance aux courants,
et qui font varier le niveau de I'eau.
Les vents dominants sont le Sud-Est et le Nord-Ouest.
L'amplitude totale maxima des variations du niveau pres des bouches du
Volga, sous Taction des vents, est de 5 m. 66. Pour un vent et un moment
donnes, la hauteur dont le niveau monte ou baisse diminue dans de
grandes proportions avec I'eloignement du lieu d'observation de la cote.
Pres des bouches du Volga, cette loi est modifiee quant a I'emplacement de
I'abaissement maximum. II n'a pas lieu sur les points voisins de la cote,
mais sur des points eloignes de 15 milles (27 kilometres) vers le Sud, et
situes pres de I'endroit appele Merkourievski Stan ou imde de 9 pieds.
Les bouches du Volga ne sont accessibles de la mer que par deux bras,
le Bakht^mir ayant un chenal avec 2 m. 44 de profondeur minimum par
temps calmes, et le Kamysiak dont la passe n'offre que l'",37.
Ces profondeurs peuvent augmenter par les vents favorables jusqu'a 12
(5'",66)etmeme 14 pieds (4"", 27) pour le Bakhtemir, jusqu'a 8 et peut-etre
davantage pour le Kamysiak ; par contre, les vents de terre diminucnt la
profondeur sur les passes des deux bras, de fagon a les rendre presque
impraticables aux bateaux meme d'un tres-faible tirant d'eau.
La creation d'une station maritime a ete la consequence de cet elat de
choses. Cette station est un des phenomenes les plus etranges du commerce
Volgo-Caspien. Elle se trouve en pleine mer a 27 kilometres de la cote, elle
n'a aucun abri naturel ou artificiel; c'est ce qu'on appelle la « rade de
9 pieds ».
Une autre rade est en voie de creation plus loin encore, a 60 kilometres
de la cote. Elle est egalement depourvue de tout abri et porte le nom de
« rade de 12 pieds ». C'est dans ces deux rades que stationnent les navires,
que s'effectue le transbordement des marchandises et des voyageurs.
Le port d'Astrakhan n'etant aussi qu'un port de transit analogue a celui
de Rotterdam, par exemple, les marchandises venues de la mer y sont
soumises souvent a de nouvelles operations coiiteuses.
11 va sans dire que ces conditions doivent etre modifiees. Un grand
4' SECTION. — 5" SEANCE. 557
nombre de projels onl ete dresses pour ramelioralion des bouches du
Volga ; ils peuvent se diviser en trois categories, correspondant a trois
ordres d'idees differents : regularisation, canal ecluse, dragage.
Yous trouverez a la fm de mon rapport une planche portant le n" II, et
indiquant les bouches dont se sert la navigation.
J'ai marque, du reste, les chenaux sous-marins qui representent la route
suivic par les navires.
Des deux bras que la navigation utilise aujourd'hui, le Bakhtemir et le
Kamysiak, c'est le Kamysiak qui se rapproche davantage de I'ideal. II se pent
que des eludes plus detaillees que celles qu'on a pu entreprendre jusqu'a
present dans le della Volgien I'assent decouvrir une voie meilleure encore.
Mais, jusqu'a nouvel ordre, la preference doitetre donnec au Kamysiak pour
Tetablissement d'une sortie profonde dans la mer.
C'est sur lui d'ailleurs que s'est portee maintenant Tattention du Gou-
vernement. L'insucces des travaux du canal de 1858-69 aboutissant a la
bouche Zuidovaia fait preferer pour le point de depart du nouveau canni
une autre bouche du Kamysiak, la Nikitski. Nous croyons qu'il serait
peut-etre plus avantageux de revenir Iranchement aux travaux abandonnes
de la bouche Zuidovaia.
M. Larochi!.. — Le trace abandonne etait-il endigue?
M. DE TiMONOFF. — II etait endigue. La planche n° Hide mon rapport
contient les profils des digues qui y out ete executees.
Dans mon rapport, j'ai donne egalemcnt des details sur ces travaux qui
n'ont gucre aujourd'hui qu'un inferet historique.
M. Laroche. — Le trace abandonne etait endigue ; ce n'est pas comme
les autres exemples que vous avez cites tout a I'heure.
M. DE TiMOKOFF. — C'ctait un canal sur les deux cotes duquel on avail
construit des digues, mais d'un type defectueux; elle ne pouvaient pas
servir de digues directrices.
La bouche ancienne, celle qui etait a Lembouchure du canal dont je viens
dc parler, est la bouche Zuidovaia. Je crois que c'est a cette bouche qu'il
faudrait avoir rccours, si on voulait faire un nouveau canal sans digues
laterales.
Elle a pour moicc grand avantage, si important au point de vue nautique,
qu'elle est le prolongement naturel du Kamysiak et se Irouve sur une meme
droite avec ce bras et le canal a creuser sur la barre,
Je ne saurais terminer sans chercher a excuser, nc fiit-ce qu'en partie,
la longueur de mon rapport et ses defectuosites. Un delta elant, ainsi que
je I'ai dit, le resultat de Taction mutuelle d'une mer et d'un fleuve, on ne
pourrait etudier avec fruit le regime et les moyens d'amelioration des
embouchures du fleuve sans une etude physique aussi complele que pos-
sible du regime de la mer et des cotes.
L'histoire des changemcnts qu'ils ont subis, et qui les ont amenesa I'etat
oil nous les voyons, aulrement dit Telude de la geologic physique de la
558 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIOiNS.
region, doit 6tre consideree comme une base indispensable a I'etude d'en-
semble d'un delta comprenant son hydrographie, sa meteorologie, les tra-
vaux qui y ont ete executes, etc. Pour bien comprendre les phenomenes
complexes de la vie d'un delta (je dis « de la vie », car les deltas naisseni,
grandissent, arrivent a maturite et meurent), il faut encore, pour chacune
de ces etudes partielles, embrasser un vaste champ dans le temps et dans
I'espace.
On congoit aisement tout ce que la realisation d'un lei programme exige
de travail et de science. Est-il necessaire de dire que je n'ai nulle preten-
tion d'avoir meme aborde un semblable probleme pour Ic Volga, probleme
qui ne pourrait etre resolu convenablement que par plusieurs generations
d'observateurs.
Or, jusqu'a present, quelque grande que soil la place du Volga parmi les
fleuves du globe terrestre, on a fait bien peu pour I'elude de son delta,
curieux cependant sous bien des poinis de vue. J'ai done uniquement
cherche a classer el a analyser les donnees de quelques observateurs
anciens et modernes, les chiffres tires des archives administratives et des
resultats d'une reconnaissance personnelle des lieux ou les eaux du lleuve
le plus long d'Europe se melent a celles d'une mer mysterieuse.
Je ne me dissimule pas les lacunes que presente une 6tude si sommaire,
mais j'invoque comme excuse la difficulte de tout premier pas. Si mon
travail facilite pourtant un second pas en avant, je serai satisfait. Je serai
heureux si mon esquisse des bouches volgiennes, sommaire et imparfaite,
reussissait, par la grandeur du sujetqu'elle traite, a arreter pour quelques
instants I'attention des ingenieurs savants reunis en ce Congres, et leur
inspirait le desir d'exprimer leurs pensees sur les meilleurs moyens d'ame-
liorer les conditions de la navigation volgo-caspienne. [Applandissemenls.)
M. Vauthier. — Je demanderai a M. de Timonofl si les debits du Volga,
tels qu'il les indique dans son tableau, pages 12 et 13, ont ete observes, et
s'il peut garantir I'exactitude des chiffres qu'il donne.
La question est tres-imporlanle, car ce document fournirait des rensei-
gnemenls extremement uliles pour I'hydraulique generale.
Sont-ce des jaugeages precis que vous puissiez garantir? Par quels
moyens ont-ils ete fails ?
M. DE TiMONOFF. — Ccs chiffrcs sont le resultat d'une etude entreprise il
y a deux ans par une commission speciale. lis ont ete oblenus au moyen
des methodes ordinaires, les jaugeages ayant ete fails a I'aide du moulinet
de Woltmann.
M. Vernon-IIarcourt. — Quel est I'avancement annuel du delta?
M. DE TiMONOFF. — Jusqu'a present I'avancement du delta volgien n'a
"pas ete etudie d'une fagon suffisante.
Nous avons bien des carles qui remontent au commencement de cc
siecle. Ces cartes ont ete faites d'une fagon peu exacle. De plus, on ne sail
pas quel est le zero auquel ces cartes se rapporlent.
4* SECTION. — 5^ SEMCE. 559
M. Vautuier. — Les observations ont-elles ete faites sur des points diffe-
rents du Volga, ou sur le meme point? Comment les pentes ont-elles ete
observees ?
On fait une section, etonvous dit qu'il y a une pente dans cette section;
mais la pente se repartit sur un certain intervalle; il serait bon d'avoir
des renseignements sur les conditions dans lesquelles les tableaux ont ete
dresses.
M. DE TuioNOFF. — Nous avous a notre exposition une collection de docu-
ments qui donnent une idee complete de la maniere dont on a fait ces
observations. Si M. I'lnspecteur general veut en prendre connaissance, je
pourrai lui soumettre cette collection.
M. Verno'-Harcourt. — Je voudrais savoir si on a fait des recherches
sur I'avancement du delta et sur les matieres que charrie le fleuve en dif-
ferents points. Je crois qu'il est bien difficile de connaitre exactement la
nature des alluvions et la quantite des matieres solides qui sont char-
riees.
Je demanderai encore a M. de Timonoff quelle est la densite specifique
de la mer Caspienne. Tons ces points sont Ires-imporlants pour decider
si Ton pent, oui ou non, ameliorer un fleuve sans maree, de quelle fagon
et a quel endroit on devrail I'ameliorer?
Je n'ai pas eu le rapport sous la main pour I'etudier, mais je pense qu'il
a du trailer egalement la question des vents dominants.
M. DE Timonoff. — A la page 11 de mon rapport, j'ai donne quelques
indications au sujet de la question que me pose M. Vernon-Harcourt.
Les dimensions du delta volgien sont enormes : ce delta occupe presque
14000 kilometres carres, ce qui fait que les observations n'ont pu porter
que sur quelques points; de plus, il y a cette grosse question du zero des
cartes qui intervient partout, et qui fait que les cartes dressees a des
epoques differentes ne sont pas comparables.
Cette question est des plus complexes pour le Volga, car il y a des varia-
tions tres-considerables du niveau de I'eau, qui sont dues exclusivement
a Taction des vents.
Dans mon rapport, j'ai indique cette particularite des bouches. Ainsi,
lorsque les vents soufflent de la cote, il en resulte un abaissement du plan
d'eau. Cet abaissement n'est pas le meme pour tous les points, de sorte
que, par cette action des vents, la surface horizontale se transforme en une
surface courbe. Or, comme toutes les cartes marines sont dressees par
des sondages directs fails en bateau, il en resulte que les cartes anciennes
ne sont pas comparables aux cartes nouvelles qui sont apportees a un
plan horizontal. Aussi, je ne saurais citer comme absolument exact un
seul chiflre de I'avancement d'un point du delta.
Cependant, dans une carte qui a ete exposee ici, j'ai fait pi ecisement ce
que M. Vernon-Harcourt me demande : j'ai fait porter sur une des cartes
anciennes, les courbes de niveau de la partie maritime du fleuve actuel ; il
^60 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
resulte de la comparaison que ravancement annuel du delta serait d en
\iron 150 metres.
D'autres auteurs ont fait les memes recherches au moyen des cartes; ils
sont arrives a un avancement annuel de 182 sagenes, soit 388 metres.
Les donnees sur la salure des eaux sont indiquees a la page 21. La salure,
variable en general, est en moyenne de 0,0075 pour la region nord et dc
0,01 a 0,014 pour celle du sud.
M. Laroche. — Y a-t-il des villages de pecheurs pres des bouches du
fleuve ?
M. DE TiMONOFF. — On en Irouve un certain nombre.
M. Laroche. — Alors ces villages pourraient servir de repere?
M. DE TiMONOFF. — Cc scrait possible si nous avions des cartes ou ces vil-
lages sont porles avec exactitude.
M. ME^Gli^•-LECREULx. — A partir d'aujourd'hui on pent en faire des
reperes.
M. Laroche. — Les branches du delta affectent-elles une forme fixe? Un
grand nombre d'entre elles ne disparaissent-elles pas d'annee en annee?
M. DE TiMo>oFF. — Rien n'est plus variable que la forme des branches.
Dans cette partie du delta, outre les villages de pecheurs, il existe des lies
Ires-hautes, bcaucoup plus importanles et qui ne sont pas formees par les
alluvions du fleuve.
Ces lies pourraient servir de point de repere a la condition que la ligne
cotiere soit bien indiquee sur les cartes. Mais, comme celte ligne c6liere
varie indefiniment a la suite des marees produites par les vents, et que
d'ailleurs elle n est pas portee sur les carles anciennes de fagon a corrcs-
poudre a un etat du fleuve determine, les points de repere, quels qu'ils
soienf, ne donneraient que des resultats contestables.
M. LARocHii:. — Comment expliquez-vous la presence de ces iles hautes?
M. DE TiMONOFF. — C'cst uu problemc qui n'est pas definitivement resolu
par les geologues.
M. Me>cii>-Lecreulx. — Les rives des passes navigables sont-elles pro-
tegees ?
M DE TiMONOFF. — Prcs dcs villages seulement.
Comme les passes sont ties larges, il n'y a pas d'inconvenient a ce que
les bateaux naviguent a toute vilesse.
M. MekglvLecreulx. — Ces passes ne cliangent-elles pas?
M. DE TiMONOFF. — Ellcs changeut lentement.
iM. Laroche. — Les bateaux qui descendent le Volga sont-ils assez
solides pour pouvoir passer devant Astrakan, sortir des passes et venir
par la « rade de neuf pieds » ?
M. DE TiMONOFF. — lls sout souvcut asscz solides, mais ils ne peuvent
franchir les passes, leur lirant d'eau est trop considerable.
M. Laroche. — Alors il y a un transbordement?
M. DE TiMONOFF. - Parfaitcment ; il y a des bateaux qui font le trajet
4' SECTION. - 5' SEANCE. 561
direct, mais en general les embarcations fluviales s'arr6tent a Astrakan.
M. Laroche. — Alors il y a deux transbordements au lieu d'un.
M. MENcm-LECREULx. — Si Ton creusait a 14 pieds on pourrait sortir sans
alleges ?
M. DE TiMONOFF. Oui.
M. Laroche. — Les bateaux naviguent-ils a la voile ou a la vapeur?
M. DE TiMo.NOFF. — II y a beaucoup de bateaux a vapeur et de remor-
queurs, mais la navigation a voile est egalement tres-importanle. Nous
avons ici des panneaux photographiques donnant les modeles des bateaux
qui circulent sur le Volga.
M. Ver>on-Hargourt. — Quelles sont les proportions des matieres d'allu-
vion ?
M. DE TiMONOFF. — Les observations sont insuffisantes sur ce point:
nous en avons quelques-unes qui indiqueraient que le Volga aurait
transports pendant une crue, en cinquante jours, jusqu'a 1 million de
metres cubes de matieres solides.
M. Verno.n-Harcourt. —- Les iles haules ne seraient-elles pas dues a
I'abaissemenl graduel du niveau de la mer Caspienne ? Ces iles n'ont pas
change, et la mer Caspienne a certainement baisse.
M. DE TiMONOFF. — Jc nc puis que vous donner ma maniere de voir h ce
sujet ; il est incontestable que les dimensions de la mer Caspienne etaient
beaucoup plus vastes autrefois, ainsi que je I'ai indique dans la premiere
partie de mon rapport.
Les iles sont sans doute les bancs fixes de cette mer ancienne ; il n'est
pas douteux non plus que I'ancien delta du Volga etait bien different de
celui que nous considerons comme son delta actuel.
On ne sait pas oil commence le delta volgien. Ce qu'on pourrait dire,
c'est que meme pres de Tsaritsyne, et au dela, il y a des chances de
trouver des depots maritimes, parce que, pres de cette ville, le Volga coule
deja au-dessous du niveau de la mer Noire.
M. Laroche. — A quelle distance la ville de Tsaritsyne est-elle de I'em-
bouchure?
M. de TiMONOFF. — A 500 kilometres environ. L'elendue de la region de
la mer Caspienne se trouvant en contre-bas du niveau de la mer Noire est
d'ailleurs tres-nettement dessinee sur les cartes si remarquables du general
Thillo, qui figurent a notre exposition.
M. Welcker. — Sij'ai bien compris, M. de Timonoff prefererait choisir
la passe de Kamysiak, dont les travaux ont ete abandonnes.
Je lui demanderai qu'elles sont les causes de cette preference. Je ne les
ai pas trouvees nettement indiquees dans le memoire.
M. DE TiMONOFF. — Ellcs sont cependant detaillees a la page 58 du rap-
port ; d'autre part, les ouvrages executes autrefois existent toujours; ils ne
sont pas entretenus, mais ils ne sont pas detruits.
M. Laroche. — Sont-ce des fascinages?
36
562 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
M. DE TiMONOFF. — Ce sont des fascinages et des enrochemenls.
Ces digues se sont ensablees, de sorte qu'il s'est forme deux hauls
fonds, qui constituent une petite protection contre les apports de la mer.
M. Welcker. — La deuxieme question que je voudrais poser est celle-ci :
Quelle est la situation de la rade au regard de la profondeur?
M. DE TiMONOFF. — Vous trouverez tons les renseignements sur la planche
n° I, ou les profondeurs sont exprimees en pieds anglais.
M. Welcker. — La profondeur diminue-t-elle sur la rade dans le cours
des annees?
M. DE TiMONOFF. — C'est possible; dernierement encore un banc de
7 a 8 pieds est venu se former dans la rade; mais comme les sondages
exacts a 1 pied pres sont tres-difficiles, a une distance de 30 kilometres de
la cote, il est evident que nos observations ne peuvent pas etre tres-rigou-
reuses.
M. Welcker. — II faudra fmir par faire un port interieur quelque part.
M. de TiMONOFF. — Ce port interieur existe, c'est celui d'Aslrakan, mais
la grande question, c'est de pouvoir y arriver; jusqu'a present on ne le pent
pas, parce qu'il y a des barres a toutes les passes.
M. Vauthier. — M. de Timonoff nous dit dans son rapport que le systeme
navigable du Volga comporte un developpement de 11 000 kilometres.
L'expression « navigable » est un peu vague. Quelle est la profondeur
avec laquelle on pent naviguer dans cette etendue de 11 000 kilometres?
Y a-t-il quelques observations precises a ce sujet, car une voie est navi-
gable lorsqu'il y a un metre de tirant d'eau ? Quel est le sens exact de
celle expression dans voire rapport?
M. de TiMONOFF. — Cette expression n'a pas un sens tres-precis. Une voie
navigable est une voie qui permet a des bateaux de transporter des mar-
chandises dans des conditions favorables au point de vue economique.
M. Vauthier. — Quel est le tirant d'eau?
M. DE TiMONOFF. — Lc tirant d'eau est extremement variable.
M. Vauthier. — Vous vous contentez d'arriver par des fonds de 9 pieds
dans les projets qui sont con^us. N'y aurait-il pas un Ires grand avantage
au point de vue des communications avec Astrakan a atteindre des fonds -
plus considerables?
Cela ne parait pas impossible. La carle indique des profondeurs de
18 pieds. A-t-on fait des sondages a ce sujet? Croit-on pouvoir se proposer
ce programme?
M. DE TiMONOFF. — Lc programme qu'on se propose est celui dont j'ai
parle; il consisle a construire un canal de 14 pieds de profondeur.
On ne va pas au dela, parce que jusqu'a present sur la mer Caspienne,
les bateaux a vapeur n'ont pas un tirant d'eau superieur.
M. Vauthier. — Mais vous n'atteignez pas cette profondeur dans vos
projets ?
M. DE TiMONOFF. — Jc VOUS dcmaudc pardon, nous Tatteignons.
V SECTION. — 5' SEANCE. 565
M. LE President. — Personne n'a plus d'observations a presenter?
Je rappelle alors a la Section ce qui a ete convenu : les personnes qui,
dans la discussion, desireraient traiter quelques points particuliers, vou-
dront bien remettreau bureau unenote sommaire indiquant ces points.
Maintenant je donne la parole a M. de Volontat, pour resumer le rapport
de M. Corthell sur I'amelioration de I'embouchure des fleuvcs, principale-
ment en Amerique.
M. DE Volontat. — Le rapport dont j'ai I'honneur de faire le compte
rendu est celui de M. Corthell, ingenieur civil a Chicago.
Ce rapport examine quelle action peut avoir retablissement des jetees
sur la tenue des barres qui tendent a se former a Tembouchure des
fleuves dont les eaux sont chargees de matieres en suspension. M. Corlhell
estime, d'apres I'experience qu'a pu lui donner une longue pratique,
qu'aujourd'hui on peut generalement admettre qu'il est possible de faire
disparaitre, d'une fa^on sure et sans depenses excessives, les barres
encombrant I'embouchure des fleuves dont les eaux sont chargees, et de
maintenir, d'une fagon permanente, dans I'estuaire de ces fleuves, un
chenal navigable, au moyen de jetees construites depuis la cote jusqu'aux
eaux profondes de la mer.
Les travaux auxquels a ete attache plus particulierement M. Corthell
sont ceux du Mississipi, du Brazos et du Panuco, fleuves qui se jetlent
tons dans le golfe du Mexique.
J'ai apporte des cartes de ces deux derniers fleuves, qui sont peu
connus.
Le Mississipi deboucheau nord, le Brazos au nord-ouest, le Panuco a Test.
Avant d'adorder la description de ses travaux, M. Corlhell rappelle que
depuis longtemps, en Europe, ce mode d'amelioration des embouchures a
ete employe avec succes, et qu'il a suffi a lui seul pour entretenir les pro-
fondeurs en n'obligeant qu'exceplionnellement a des dragages.
II cite notamment sept rivieres d'Allemagne visitees en 1874 par
M. Eads, le promoteur des jetees du Mississipi, pour lesquelles la moyenne
des augmentations de profondeur sur la barre etait a cette epoque de
5 m. 33 avec un minimum d'augmentalion de 2 m. 13 pour la Warne, et
un maximum de 5 m. 19 pour I'Oder. Les ameliorations ainsi oblenues en
1874 se sont sensiblement maintenues ou augmentees, si bien qu'en
1891, pour ces sept memes rivieres, la moyenne des augmentations de
profondeur etait de 3 m. 74, avec un minimum de 2 m. 60 pour la Wipper
et un maximum de 3 m. 41 pour I'Oder.
M. Corthell cite le travail execute sur la branche de Sulina, a I'embou-
chure du Danube, oil la hauteur d'eau sur la barre de la mer Noire a ele
ainsi portee de 2 m. 70 a 6 m. 40. Cette amelioration s'est maintenue sans
dragages, et, malgrecela, I'utilitedeprolonger les jetees vers le large, par
suite de I'avancement de la barre, etait moins accentuee encore en 1887
que dix-huit ans auparavant.
564 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
M. Corlhell fait ensuite connaitre sommairement le regime du golfe du
Mexiqiie, ou debouchent les trois fleuves donl il va decrire les travaux.
Le golfe du Mexique constitue une grande mer interieure reliee a I'ocean
Atlantique et a la mer des Antilles par les detroits ouverts de chaque cole
dc rile de Cuba.
Par suite do cette situation, la maree n'a guere que 56 centimetres
d'amplitude moyenne et ne se produit qu'une fois par vingt-quatre heures.
Le courant du Gulf-Stream penetrant dans cette mer interieure par le
detroit de Yukatan, suit la cote jusqu'au nord du Panuco. La il vient se
perdre, mais au detroit de la Floride il reprend son allure normale d'un
couiant profond et puissant pour courir le long de la cote atlantique des
Etats-Unis, et gagner ensuite la cote occidentale de I'Europe en traversanl
diagonalement I'Ocean.
Me Laroche. — Les vents sont au Nord generalement.
M. DE VoLONTAT. — La dircctiou est variable.
Le Mississipi qui oil're avec ses affluents 25000 kilometres de voies
navigables, draine une surface de 1 900 000 kilometres carres. Le bassin
s'etend sur des regions tres-septentrionales et sur des regions presque
tropicales.
Aussi I'embouchure se trouve-t-elle en crue pendant plusieurs mois de
Tannee ; ces crues sont provoquees en hiver et au printemps par les pluies
qui tombent sur la partie meridionale du bassin, au printemps et au
commencement de I'ete par la fonte des neiges de la partie septentrio-
nale.
Pendant les fortes crues, le debit de la riviere atteint 34 000 metres
cubes a la seconde, et tient environ 69 metres cubes de matieres solides
en suspension; la vitesse en hautes eaux, atteint de 1 m. 35 a 1 m. 77 par
seconde.
Le delta du Mississipi presente sur la ligne des cotes du goli"e une saillie
d'un pen plus de 500 kilometres. L'avancement moyen est d'une soixan-
taine de metres par an ; il est du entierement a la quantite enorme de
matieres sedimentaires tenues en suspension dans les eaux du fleuve,
lesquelles peuvent etre granitiques ou calcaires suivant la provenance.
Le fleuve, qui presente une largeur de pres de 2 kilometres et demi, avec
une profondenr de 9 metres, se divise a son embouchure en trois branches
formant un delta tout a fait regulier. Les deux branches extremes evacuent
chacunc environ 45 pour 100 du debit total et debouchent dans le golfe
a une distance de 24 kilometres I'une de I'autre; la troisieme branche
traverse le delta en suivant a peu pres la bissectrice de Tangle forme par
les autres; elle cvacue les 10 pour 100 restant du debit.
Comme il existe des courants littoraux tres-violents, les produits^ sedi-
mentaires qui sont envoyes a I'extremite des jetees sont separes par
les courants et disperses dans la partie profonde du golfe.
La proposition de M. Eads d'ameliorer la branche principale ne fut
4' SECTION. — 5' SEANCE. 565
pas acceptee, et on I'autorisa a ameliorer la branche centrale, c'est-a-dire
la moins importante.
M. Eads proceda a la construction de deux digues paralleles partant de
lextremite des terras de chaque cote de I'embouchure de la passe et
gagnant les eaux profondes du golfe a 5 kil. 600 environ au large en fran-
chissant la barre.
Les ouvrages furent etablis avec des branchages de saule et des pierres
calcaires. Les branchages places par couches entre deux cadres en voliges
de pin fortement joints entre eux, formaient des matelas de 60 centimetres
d'epaisseur, ayant 30 m. 50 de longueur et une largeur variant de 7 m. 60
a 15 m. 20. On les construisait sur des plans inclines en charpente, et on
les langait comme un bateau. lis etaient ensuite amenes a leur place le
long des lignes des jetees, et immerges en les chargeant avec des moellons
ordinaires.
Des le debuf, la riviere coopera a la construction de ses nouvelles rives.
A peine les matelas ctaient-ils immerges que la riviere les enveloppait de
ses sediments, formant des alterrissements etendus vers le large et prote-
geant les ouvrages contrc Taction des vagues du golfe, tout en les rendant
impermeables aux eaux fluvialcs, qui des lors ne purent plus s'epandre
laleralement, et bientot, en 1879, c'est-a-dire quatre ans apres le com-
mencement des travaux, le chenal maximum requis etait atteint.
Le raisonnement de M. Eads etait le suivant : Si Ton reportait artificiel-
lement et instantanement I'extremite de I'embouchure a 5 kil. 600 au
dela du debouche actuel, il faudrait 120 ans pour qu'une nouvelle barre
se format dans les memes conditions que celle existant actueUemcnl.
Mais, comme il existe de forls courants littoraux a Templaccment du
debouche projete, la presence des jetees accelerera les courants transvcr-
saux dans le golfe, de sorte que les sediments seront entraines au dela des
ouvrages, a I'ouest de ceux-ci, et des annees se passeronl avant qu'il soit
necessaire d'allonger les digues.
Le chenal presentait une profondeur de 7 m. 90 sur 600 melres de large
avec une profondeur de 9 metres au centre. Depuis cette epoque, c'est-a-
dire durant 13 ans, le chenal s'est maintenu sans que les ouvrages aient
ete prolonges d'un metre, et meme pour la jelee Est, les derniers 60 metres
ne sont constitues que par les fondations preparees pour cette jetee
en 1875.
Le creusement du chenal s'est fait par la seule action des courants, sauf
1/100 environ du cube total qui a ete obtenu a la drague sur les points ou
la constitution du fond n'en permettait pas I'attaque par les courants.
Apres que les matelas de saule eurent ete immerges, les ouvrages furent
consolides, et leur surface superieure protegee centre Taction des vagues
au moyen de blocs de pierre artificiels, dont quelques-uns, a I'extremite
de la jetee Est, pesaient plus de 200 tonnes; c'est du reste cette jetee
qui est la plus exposee. La jetee Quest n'a regu qu'un couronnemenl en
56G PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
beton sur 1(300 metres environ de longueur pour garantir les ou\iages
conlre les lames.
Tel est le resume tres-succinct des Iravaux executes sur le Mississipi et
dont les resultals sont exlrfimement satisfaisants,
M. Laroche. — Est-ce bien la jetee Quest qui est garantie comme vous
Ic dites?
M. DE Voi.oNTAT. — C'est la jetee Est qui a ele protegee; la jelt^e Quest n'a
regu qu'un levetement en beton parce qu'elle est couverte par la jetee Est.
M. LE President. — La partie la plus interessante du memoire de
M. Corthell est celle qui \ient d'etre exposee. Elle concerne les travaux
executes sur le Mississipi. Je prierai M. de Volonlat de vouloir bien
resumer tres-sommairement les deux dernieres parties.
M. DE VoLONTAT. — Le debit du fleuve Brazos n'excede pas 50 a 80 metres
cubes par seconde, mais il s'eleve a 800 metres en eaux moyennes, et
atteint 1 600 metres en temps de crue. La proportion des mati^res en
suspension varie d'une faQon considerable avec la hauteur des eaux;
presque nulle en etiage, elle s'eleve a 1/600 et souvent a 1/400 en cas de
crue et dans des conditions extraordinaires. La largeur moyenne de la
riviere dans les derniers 30 kilometres avant d'arriver au golfe est d'en-
viron 135 a 165 metres, et on trouve generalement dans le chenal une
profondeur de 6 metres.
La riviere commence a presenter des atterrissements pres de son
embouchure; avant les travaux d'amelioration on ne trouvait guere que
1 m. 50 a 2 metres d'eau sur la crfite de la barre dans le golfe, a 1 200 metres
environ de la cote.
Le chenal etait tortueux ; au lieu de se repandre en forme d'6ventail,
il formait un courant principal qui suivait le trace de la riviere; cependant
la profondeur etait tres-faible, et on decida d'adopter le systeme des jetees
parallcles qui avail ete applique au Mississipi.
Les jetees ont ete construites d'une maniere analogue a celles du Missis-
sipi, sauf qu'elles ont ete completees par de courts eperons fails en saillie
dans le chenal normalement a la direction des digues. Ces eperons sont
destines a proteger les jetees contre Taction erosive des courants qui etaient
tres-violenls par suite de la concentration des eaux dans un lit unique.
Quoique incomplets, les travaux ont deja donne des resultats tres-satis-
faisants. De grands navires a vapeur ou a voile, d'un tirant d'eau de 4 m. 20
a 4 m. 80, penetrent sans difficulte entre les jetees, et remontent jusqu'a la
nouvelle ville de Velasco, situee a C kilom. 400 en amont. Ce nouveau
port a ete relie au systeme important des chemins de fer du Texas par une
ligne speciale gagnant les quais qui ont ete construits le long de la rive. On
pent des maintenant considerer comme d'une realisation certaine la pre-
diction de I'ingenieur, que, les jetees achevees, on aurait un bon chenal
navigable accessible aux navires de 6 metres de tirant d'eau.
En ce qui concerne les travaux des jetees de Tampico, ils ont ete com-
4* SECTION. — 5* SEANCE. &67
mcnces il y a deux ans environ. D'apres ce qui a ete dit sur Ic regime
du golfe du Mexique, il existe a Tampico un courant qui est dirige
vers le nord, le long de la c6te.
A certains moments, sous I'influence des vents du nord, le courant change
de direction et marche vers le sud.
La riviere Panuco n'a pas de delta et, comme pour le Brazos, sa barre
n'a jamais avance beaucoup au dela de la ligne des c6tes.
On n'a pas de renseignements sur le debit de la riviere.
Entre Tampico et son embouchure, la riviere est large et profonde et
constitue I'un des meilleurs ports interieurs que Ton puisse trouver pour
abriter un commerce important. Le chenal offre partout une profondeur
de 6 metres sur 240 metres au moins de large ; la plupart du temps, on y
trouve meme une profondeur de 9 metres; I'intervalle entre les rives n'est
pas inferieur a 400 metres.
Quant a la barre, son tirant d'eau sur la cr^te oscille entre 1 m. 80 et
5 metres. Pendant les crues, la direction du chenal est en general tout
a fait rectiligne vers le golfe; quand les crues ont cesse, les vents du nord
le font devier vers le sud.
Le principe de I'amelioration de cette riviere a ete le m^me que pour les
deux autres fleuves ; on a construit des jetees paralleles en fascinages ;
les jetees ne sont pas normales a la cote, mais normales aux courants
littoraux. La seule difference entre ces jetees et celle de Mississipi, c'est
qu'elles ont ete ex6cutees a I'aide d'un pont de service a deux voies, etabli
suivant I'emplacement meme des jetees. La presence de ce pont a permis
d'executer facilement ces jetees et de les construire tres-solidement.
Les resultats obtenus ont 6te satisfaisants.
La profondeur du chenal a passe de 2 m. 40 a 6 et m6me 9 metres,
sur presque toute la largeur entre les jetees. II n'existe plus que deux
hauts fonds surlesquels on trouve 5 m. 50 de tirant d'eau. M. Corthell expose
ensuite le mode de protection employe pour garanlir les jetees.
Les ouvrages, constitues par des matelas de branchages, ont ete sur-
montes d'un couronnement forme non de gros blocs artificiels, mais de
pierres de taille disposees de maniere a ne pas presenter de face verticale a
Taction des lames.
M. Corthell a donne les conclusions qu'il croit pouvoir tirer des travaux
qu'il a executes. Cos conclusions sont au nombre de neuf. Elles se resument
dans la phrase que j'ai citee au commencement de eel expose; on pent
generalement admettre qu'il est possible de faire disparaitre, d'une faQon
sure et sans depenses excessives, les barres encombrant I'embouchure des
fleuves dont leseaux sont chargees, et de maintenir d'une fagon permanente
dans I'estuaire de ces fleuves un chenal navigable, au moyen de jetees
construites depuis la cote jusqu'aux eaux profondes de la mer.
M. Corthell termine parun expose des resultats commerciaux,mais cette
question est plut6t de la competence de la 5* Section. {Applaudissements.)
568 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
M. LE President. — Je remcrcie M. de VoloBtat d'avoir bien voulu se
donner la peine de faire a la Section I'expose du rapport de M. Corthell, et
surlout de I'avoir fait d'une faQon aussi elegante.
Je rappelle que la prochaine seance commencera a 2 heures et demie de
I'apres-midi. Nous avons a entendre deux rapports, I'un de M. Pasqueau,
I'autre de M. Bela de Gonda. La seance est levee all heures 45.
SIXIEME SEANCE
Lundi 25 Juillet (apres-midi).
Presidence de M. le baron QUINETTE DE ROCHEMONT, vice-president.
La stance est ouverte a 2 h. 45.
M. LE President. — La parole est a M. Pasqueau.
M. Laroche. — Avant de commencer, monsieur Pasqueau, nereviendrez-
vous pas sur la question que vous avez presentee au Congres des travaux
maritimes ?
M. Pasqueau. — Ma communication actuelle a un tout autre objet.
M. Laroche. — C'est qu'a mon sens, celte question n'a pas eu au Congres
des travaux maritimes le succes qu'elle meritait. Vous avez emis des idees
vraiment originales et nouvelles. II me semble qu'il serait bon de profiler
de I'occasion de ce que nous nous occupons ici de travaux maritimes,
pour en parler.
M. Pasqueau. — Je vous remercie, monsieur I'lnspecteur general, de
voire bienveillante appreciation.
Si la question est posee pendant la discussion generale, je suis pret a
prendre part au debat. J'ai constate d'ailleurs avec plaisir que les expe-
riences de M. Yernon-Harcourt confirmaient sur ce point ma mani^re de
voir.
On pourrait reprendre plus tard cette discussion.
Ma communication actuelle est relative a la statistique graphique des
passes de la Gironde et de la Garonne maritime.
Le service de la Gironde et de la Garonne maritime possede des rensei-
gnements precis et complets sur tous les travaux executes depuis plus de
cinquante ans, pour tacher d'ameliorer ces deux rivieres, et sur les profon-
deurs qui ont ete observees pendant ce meme temps sur leurs differentes
passes.
Ces documents sont precieux; car les experiences de cette nature exi-
gent des d6penses de plusieurs millions, et ce n'est qu'au bout de plusieurs
i' SECTION. — 6' SEANCE. 569
annees qu'on peut apprecier sainement les resultats obtenus. J'ai done
pense qu'il etait utile de coordonner ces documents sous forme de tableaux
graphiques, de maniere a mettre en evidence les enseignemenls qu'on
en peut tirer. Ces graphiques formenl deux atlas que je soumets au Con-
J'avais deja presente au Congres des travaux maritimes celui qui con-
cerne la Garonne en aval de Bordeaux. Aujourd'hui je vous soumets plus
specialement celui qui est relatif a la Garonne en amont de Bordeaux. Get
atlas concerne la Garonne maritime entre Castets et le pont de pierre de
Bordeaux, c'est-a-dire la partie du fleuve qui est soumise au regime des
marees, mais qui n'est pas frequentee par les navires de mer. Ces navires
sont arrStes par le pont de Bordeaux.
Je commencerai par exposer ce qui resulte de cet atlas.
La partie de la Garonne soumise aux variations de la maree, mais inac-
cessible aux navires de mer, s'etend depuis le 'port de Bordeaux jusqu'a
I'ecluse de Castels, sur une longueur de cinquante kilometres.
La premiere planche de cet atlas est une carte qui a pour but de men-
tionner toutes les passes dont le tirant d'eau est inferieur a 1 m. 60 au-
dessous des plus basses eaux connues.
Elle indique leur position, etpermet d'apprecier le rapporl de ces passes
entre el les.
La planche n** 2 represente le profit en long de la riviere avec les abaissc-
ments successifs du niveau de I'etiage, qui ont ete conslates a la suite des
travaux d'endiguemeut executes de 1840 a 1870.
J'ai represente sur cetle planche les etiages qui ont ele reellemcnt
observes. C'est d'abord un etiage de 1852, anterieur aux travaux dont je
m'occupe, un eliage de 1854, et enfm un etiage de 1870, qui est poste-
rieur la period e des memes travaux.
Je regrette de n'avoir pas des releves d'etiages plus recents, mais nous
avons ete detournes de I'etude de cette partie de la riviere par les ques-
tions concernant la Garonne en aval de Bordeaux.
Quant aux fonds, ils ont ete releves avec moins devdctitude; je n'ai
pu me procurer les fonds correspondant exactemenl dux etiages men-
tionnes plus haul. J'ai du me contenter de figurer des piofils du fond
releves a des epoques voisines.
De ce profil en long il resulte ce fait, que les ameliorations successives
.qui ont ete apportees aux differentes passes ont eu pour effet de produire
un abaissement considerable du plan d'eau. Cet abaissement atteint jusqu'a
1 m. 72 au kilometre 14, el il a reduit a 1 m. 10 le tirant d'eau de
2 metres, qui existait autrefois sur I'ecluse de Castets.
Je n'insiste pas sur ce profil en long, parce que ces fails seront mis en
Evidence encore plus nettement par les planches qui vont suivre.
La planche 5 figure le graphique des profondeurs successives observees
sur la premiere passe qu'on rencontre, la passe de Castets. J'ai en outre
570 PROCES-VERBAUX DES SfiANCES DES SECTIONS.
porte sur ce graphique les travaux successifs qui ont ete fails et les p^riodes
de temps pendant lesquelies ils sont et6 executes.
On constate immediatement sur ce profil le resultat suivant : c'est que le
systeme des endiguements longitudinaux, qui a ete pratique sur une vaste
echelle jusque vers 1848, avait produit une amelioration qui avail paru
considerable. Le tirant d'cau qui elait de 0 m. 45 etait arrive a 2 m. 20;
par consequent le succes paraissait complet. Mais ce resultat n'a dure que
quatre ou cinq ans. Aussitot apr^s, le fond s'est releve, et, des qu'on a pu
constater un nouvel etiage, on s'est apergu que I'amelioration du seuil
avait disparu.
Dans la periode qui va de 1846 a 1857, un eliage nouveau s'est produit,
et on a pu se convaincre qu'il etait a 40 centimetres en contre-bas du pre-
cedent; aussi, a parlir de cette derniere date on a cesse de rapporter les
sondages a I'^tiage de 1832, et on les a rapportes a I'etiage nouveau. Par
ce simple fait, le tirant d'eau qui 6tait, sur la passe de Castets, avant les
travaux, de 43 centimetres, et qui avait ete porte a 2 m. 20, n'etait plus
en 1857 que de 96 centimetres.
Si on continue cet examen, on trouve 0 m. 65 en 1865, puis un nouvel
abaissement du plan d'eau ayant ete constate, on ne trouve plus que 0 m.'60
en 1873, de sorte qu'au boul de dix ans I'amelioration oblenue avait
presquc totalement disparu, et qu'au bout de vingt ans on etailrevenu au
point de depart.
M. Laroche. — En morte eau, la ligne d'etiage de 1870 n'est-elle pas
relevee un pen par les marees ?
M. Pasqueau. — La parlie de la riviere dont je m'occupe en ce moment,
a une pente assez forte ; elle atleint 4 melres sur une longueur de
50 kilometres. La maree varie de 3 m. 50 a 5 m. 50 a Bordeaux. Elle est a
peu pres nuUe a Castets. Les basses mers de morte eau descendent a
Ires peu pr6s aussi bas que les mar6es de vive eau a Bordeaux et en
amont.
Nous parlons en ce moment d'une partie de riviere qui est presque une
riviere a courant conlinu ; les etiages qui sont constates sont rares, car il
foul non seulement des marees et des vives eaux, mais en m6me temps la
coincidence d'un debit excessivemenl faible de la riviere.
J'ai ete attache pendant huit ans au service du Rhone; la I'observation
des etiages a ete plus frequente et plus facile; quand la riviere baissait,
je faisais surveiller les 6chelles pendant quelques jours, et 'on saisissait le
moment ou le debit de la riviere etait minimum : a ce moment on prenait
exactement les cotes sur toutes les echelles.
M. Laroche. — J'admets que la ligne de 1870 soit la ligne du plus bas
niveau, observee a ce moment dans ces regions, mais quand cet etiage
etait realise, est-ce que m6me en morte eau, a basse mer, il n'y avait pas
une petite surelevation?
M. Pasqueau. — A Bordeaux, comme je I'ai deja dit, la basse mer de
4* SECTION. — Q' SEANCE. 571
morte eau coincide a 0,10 pres avec la basse mer de vive eau. Cette diffe-
rence deja si faible devient nulle en amont. La surelevation dont parle
M. rinspecteur general Laroche est done pratiquement nulle.
C'est la cote observee a I'etiage qui est figuree sur le graphique.
M. Laroche. — Ce n'est pas la cote des basses mers ?
M. Pasqueau. — Si bien, mais au moment du plus faible debit de la
riviere ; c'est le point le plus bas auquel la riviere est descendue a cette
epoquc.
M. Laroche. — Mais quand la liautc mer est revenue, n'a-t-on pas con-
state une surelevation de 20 centimetres?
M. Pasqueau. — Ce fait n'a pas ete observe. II s'agit acUiellement du
niveau des basses mers d'etiage et ce niveau dans cette partie de la riviere
est important.
M. Laroche. — Je comprends tres bien que cette ligne ait baisse et
qu'alors, au lieu d'avoir I'etiage a cette cote que je trouve la, je constate
un abaissement de pres d'un metre. Mais si par liasard au moment de la
maree haute, cela avait fait regagner 50 ou 60 centimetres?
M. Pasqueau. — On n'a pas observe a la maree haute. Ce qu'on veut
obtenir, c'est I'augmentation du tirant d'eau a basse mer. Le tirant d'eau
a haute mer reste le meme. Dans la partie voisine de Bordeaux on ne s'en
preoccupe pas, car la on navigue a la maree; par consequent les gabares
partant a la maree trouvent un tirant d'eau suffisant. Cependant on a cru
necessaire de faire, meme sur les passes voisinesde Bordeaux, des travaux
d'amelioration considerables; vous voyez par exemple la passe de Langon,
ou Ton fait encore des dragages tons les ans pour les gabares et les na-
vires a voyageurs, qui circulent entre Agen et Bordeaux. Ces na vires ne
font le voyage que s'ils trouvent un tirant d'eau suffisant sur toutes les
passes a basse mer, de sorte que c'est surlout pour ces services de voya-
geurs qu'il est important d'avoir un tirant d'eau suffisant a basse mer dans
ces regions de la riviere.
En resume, lorsqu'on a constate le tirant d'eau a Castets au bout de
dixouvingt ans, on a vu que, par suite de I'am^lioration des scuils d'aval,
le tirant d'amont avait baisse; de sorle que bienlot nous retrouvons sur
cette passe le tiraut d'eau qu'on avait en 1853 avant qu'on eut fait des
depenses pour I'ameliorer.
La passe de Castets est la derniere passe que Ton trouve avant le canal
lateral a la Garonne; la maree y est presque nulle; II fallait I'ameliorer
pour qu'on put entrer dans le canal lateral et en sortir.
Vous voyez sur cette m6me planche la serie des dragages qui ont ete
fails.
Les autres planches representent le regime des autres passes d'apres les
memes principes. Si vous les suivez, vous voyez que des phenomenes iden-
tiques se sent produits.
Le resserrement a amene une amelioration qui a dure cinq ou six ans;
572 PROCES-VERBAUX DES STANCES DES SECTIONS,
ensuile il s'est produit des variations provenant surtout de rabaissement
du plan d'eau, qui a alteint 1 m. 73, puis le relevement du fond.
Dans mon rapport de 1878 sur le Rh6ne, j'ai montre quesurune riviere
a pente continue, on ne pouvait arriver a I'amelioration gen6rale des seuiis,
parce que generalement les ameliorations produites sur un seuil avaient
pour effet d'aggraver le seuil precedent.
A cette epoque j'ai montre que les abaissements produits par le derase-
ment de plusieurs seuiis consecutifs s'ajoutent sur les passes d'amont, au
point d'annuler les ameliorations precedemment realisees sur ces der-
nieres.
Les rivieres sont comparables a un escalier; si Ton aplanit une marche,
on cree une marche deux fois plus haute; sil'onen coupe deux, la premiere
marche restante est trois fois plus elevee, et si Ton continue, on arrive a
un pic qu'on ne pent plus franchir ; de sorte que I'amelioration successive
des passes a pour effet de concentrer la penle sur un meme poinl.
II en resulte un accroissement de la vitesse et un entrainement du fond.
Get entrainement provoque un deplacement de materiaux; ces materiaux
se deposent quelque part, ils s'arretent sur les passes d'aval et produisent
les effets que vous voyez sur tous ces graphiques, ou vous constatez non
seulement un abaissement du plan d'eau, mais encore un relevement du
fond.
Le fond, apres avoir ete abaisse par les travaux, se releve pen a peu et
en outre le plan d'eau s'abaisse.
Je crois que le simple examen de ces graphiques met ce fait en evidence.
On peul se demander si reellement il n'existe aucun moyen d'ameliorer
cette riviere. Le moyen a employer serait celui qui a reussi sur toutes les
rivieres a pente continue ; il consisterait a creer des barrages mobiles a
des distances suffisantes.
Le profit en long de la planche n° 2 montre que dans cette partie de la
Garonne cette operation serait des plus faciles, car la pente n'est pas tres
forte et pent etre rachetee, vers Gadillac, par un barrage qui n'aurait pas
une chute superieure a 5 m. 50; on I'etablirait avec des vannes mobiles
et on obtiendrait sur I'ecluse de Castets le tirant d'eau primitif que les
cndiguements ont fait perdre.
On pourrait craindre que la creation de cette retenue fiit nuisible au
regime d'aval. C'est un point sur lequel je veux m'expliquer, parce qu'on
parait dire que la creation d'un barrage diminuerait Taction de la mar6e,
en diminuant la quantite d'eau acquise, sur les passes d'aval.
Selon moi, ce barrage permettrait au coniraire d'ameliorer les passes
d'aval. 11 pourrait en effet fonctionner comme un vaste reservoir de chasse
dans lequel les eaux de I'amont s'emmagasineraient a chaque maree et
permettraient a chaque basse mer de faire unelachure qui produiraitune
action j9/ws efficace que le meme volume d'eau melange avec les eaux
d'aval pendant le resle de la maree.
4- SECTION. - 6' SEANCE. 575
Si vous considerez, en effet, un reservoir de chasse non muni de portps,
la mer va entrer et sortir librement, et la quantite d'eau entrant dans ce
reservoir de chasse et en soriant va determiner un certain courant dans
le chenal d'acces. C'est comme si a Dunkerque on ouvrait en permanence
tons les bassins. II se produirait un courant analogue a celui qui se pro-
duit dans le Tage par suite de la presence du lac interieur.
Mais il est evident que, si Ton munissait ce reservoir de cliasse de portes
mobiles qui permettraient de retenir la maree haute, et de ne laisserecouler
cettc quantite d'eau que par la tres-basse mer, au moment oii la nappe
d'eau estfaible, en la laissant ecouler rapidement, on produirait une chasse
dans le chenal.
II est done certain qu'un bassin de chasse pourvu de portes produit un
effet plus efficace qu'un bassin de chasse qui ne serait pas pourvu de
vannes tournantes.
De meme avec un barrage muni de hausses, la quantite d'eau qui
s'ecoulerait dans la riviere serait la meme; avec cette difference qu'on
serait maitre de manoeuvrer a volonte ce reservoir pour ne laclier les eaux
qu'a basse mer, et produire une chasse pins efficace.
M. Voisin-Bey. — Vous dites que la quantite d'eau serait la meme, vous
laissez done entrer la maree?
M. Pasqueau. — Le niveau dans le bief remonlerait a la meme hauteur
a chaquc pleine mer, et c'est la masse d'eau venant de la riviere qui rele-
verait ce bief au niveau de la pleine mer.
Pour assimiler complelement le bief du barrage a un reservoir dc
chasse, il faudrait considerer un reservoir de chasse susceptible d'etre
alimente par une source d'eau vive Ires abondante, telle que le niveau du
reservoir ferme puisse monter aussi vite que la mer, ce qui n'a pas lieu
dans les bassins de chasse ordinaires.
Sur la Garonne, le debit sera toujours suffisant pour ramener une
tranche de 1 a 2 metres, par le seul fait de la riviere, de sorte que la
lachure serait plus ou moins forte suivant la quantite d*ea dont on dispo-
serait.
M. Voisin-Bey. — Mais vous empechez la mer de renfrpr, la quantite
d'eau ne pent etre la meme.
M. Pasqueau. — La quantite d'eau qui agit au moment du jusant est
pareille. Quant a I'eau qui vient de la mer pendant le tint, elle produit
une augmentation du courant du flot, mais elle r'amene autant de sable
qu'elle en emporte. Ce qu'il faut avant lout, c'est d'etaM'i" la predomi-
nance du jusant sur le flot.
M. Voisin-Bey. — Je demande un eclaircissement sur ce"e phrase: « la
quantite d'eau sera la meme ». II me semble difficile qu^ 'e niveau de la
retenue soil le meme.
M. Pasqueau. — Le niveau de la retenue remontera a ^Haque maree a
son niveau normal. II sera toujours possible de manoeuvrer les organes
57-4 PROCES-VERBAUX D! S SEANCES DES SEGTlOxNS.
mobiles de telle sorte que le niveau de la retenue revienne a la m6me
hauteur apres la lachure ou m6me plus haut.
M. Laroche. — Voire chenal serait endigu6 a I'aval de votre barrage
parce que vous auriez alors ce bief aval qui, au moment de la chasse,
serait parcouru par un mascaret.
M. Pasqueau. — La quanlite d'eau qu'on pourrait lacher pendant le
jusant doublerait la vilesse du courant a basse mer, mais celte vitesse
ainsi augmentee n'excederait certainement pas celle de la mi-maree et
n'attaquerait pas plus les berges que cette derniere ne le fait en I'etat
actuel.
M. Laroche. — La chasse produit comme un mascaret.
M. Pasqueau. — Cela se produit dans les reservoirs de chasse des ports
du Nord, parce que ces reservoirs sont fermes par de grandes vannes
tournanles a axe vertical qu'on ouvre brusquement alors sur toute leur
hauteur; mais ce mascaret n'est pas a craindre avec un barrage ferme par
des hausses de men systeme ou par des rideaux Camerc. II serait mSme
impossible de le produire, vu le temps necessaire a la manoeuvre.
M. Laroche. — Je vous signale cela parce que les chasses sont tres bru-
tales; si vous lancez un courant un peu fort, il produira des effets terr
ribles. II faudrait defendre vos berges.
M. Pasqueau. — La position de ce barrage serait dans la partie fluviale
de la riviere,
Le barrage de Martot est plus bas relativement dans la Seine que celui-
la ne le serait dans la Garonne. II serait vers Cadillac; il aurait pour efl'et
d'ameliorer definitivement la partie fluviale de la riviere soumise a une
tres faible maree.
Je passe maintenant au second atlas qui concerne le port de Bordeaux,
la Gironde et la Garonne maritime, dans la partie du fleuve accessible a la
navigation de mer. Get atlas a deja ete produit au Congres des travaux de
navigation en 1889. Mais je I'ai mis a jour a la main jusqu'au 1" Janvier
de la presente annee.
Je me propose de montrer que les ameliorations r^alisees depuis cin-
quante ans dans cette partie ont ete constantes et relativement conside-
rables.
L'exemplaire que vous avez la ne porte pas I'annee 1891 ; il ne va que
jusqu'en 1890.
La premiere passe que vous trouvez en aval de Bordeaux est la passe de
Bacalan. En 1863, cette passe donnait 2 m. 10; ellea ete amelioree progres-
sivement. Les travaux executes depuis cinq ans, qui consistaient dans la
construction d'une digue en Queyries, ont eu pour effet de porter son
tirant d'eau a 3 m. 60, ce qui est superieur a la quantite promise par la loi
del881.
Gette loi avail pour but de porter a 3 m. 50 le tirant d'eau de toutes les
passes. Depuis quelques mois le tirant d'eau de cette passe atteint
4' SECTION. — 6' SEANCE. 575
4 metres. Vous voyez done que les travaux executes depuis vingt ans, et
particulierement les travaux executes en vertu de la loi de 1881, ont pro-
duit une amelioration lente et continue qui a atteint le but qu'on se pro-
posait.
Si nous arrivons a la passe de Carriel, nous constatons que le meme
resultat n'est pas encore obtenu. Les travaux projetes pour Tameliorer ne
sont pas encore executes.
La passe de Bassens qui se trouve un peu apres Bordeaux est due a la
divergence du couranl de flot et du courant de jusant.
Le courant de jusant passe le long de la digue de Bassens qui a etc
construite de 1861 a 1868, tandis que le courant de flot s'obstine a passer
sur la rive gauche. II en resulte qu'entre les deux courants il s'est forme
un banc qui se maintient.
On avait projete de faire deux rescindements qui devaient couter 17 mil-
lions. Nous avons remplace ces travaux par un projet de 5 millions qui
consiste a draguer le long de la digue de Bassens « un chenal d'appel »
de 5 metres de profondeuret de 100 metres de largeur.
J'avais en outre propose d'etablir sur la rive gauche des « epis clayonnes
tres plongeanls », pour fermer la fausse rade de flot, et pour realiser la con-
centration des courants de flot et de jusant dans un chenal unique. Ces
epis n'ont pas ete approuves.
Pendant la construction du materiel de dragage, j'ai demande un dra-
(rage provisoire destine a permettre d'altendre I'exocution du materiel
necessaire pour faire le travail defmitif. Ce dragage provisoire a ete fait
jusqu'a 4 metres, mais il s'est rapidement comble par I'apport de vases
legeres venant de la rade de Bordeaux. II s'est comble parce que la difl"e-
rence de profondeur qu'on avait realisee sur la rive droite comparativement
a celle du chenal de rive gauche, n'etait pas suffisanle pour determiner le
courant de flot a se jeter sur la rive droite; il aurait fallu arriver a 5 metres.
On va reprendre ces travaux.
La passe de Bassens ne donnait en 1855 que 2 m. 20; elle donne aujour-
d'hui 3 m. 10.
Je crois qu'on obtiendra quand on voudra I'amelioration complete de
cette passe par un dragage suffisant, et en faisant les clayonnages de la
rive gauche comme je I'avais propose.
La passe de Montferrand, pour laquelle on a fait des travaux en 1855,
n'avait que 2 m. 50 de tirant d'eau. Cette passe est arrivee a 4 metres de
profondeur depuis 1865 apres la construction des digues de Lagrange et
de La Becassine. Ce tirant d'eau n'est pas tombe au-dessous de 4 metres
depuis cette epoque.
M. Voisin-Bey. — II ne se produit pas ici le meme fait que dans la passe
de Bassens?
M. Pasqueau. — Non, car il y a la une courbure plus grande. Les
cartes qui ont ete faites pendant ces vingt derni^res annees accusent le
576 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECIIONS.
mcme elal; le courant a ete fixe dans la concavite dela digue de Lagrange.
M. Voisln-Bey. — Probablement parce que laprofondeur est plus grande.
M. Pasqueau. — La profondeur a ete des le premier jour assez conside-
rable pour que le courant de jusant n'ait pas pu se porter ailleurs.
Dans la passe du Caillou on a obtenu un tirant d'eau de 3 m. 40, alors
que la profondeur n'etait en 1867 que de 1 m. 60, de sorte que le
resultat cherche est a peu pres obtenu.
D'apres le projet actuel, non encore execute, on doit faire un nouveau
dragage qui produira sur cette passe une profondeur de 4 metres qu'on
espere maintenir ensuite.
M. LE President. — Je voyais sur le dessin qu'il y a eu une perte sur
les profondeurs dans cette passe.
M. Pasqueau nous indique que depuis vingt-cinq ans on a obtenu une
amelioration considerable.
Mais depuis quelques annees it s'est accuse une diminution de profon-
deur.
M. Pasqueau. — II reste peu de choses a faire pour obtenir un effet
complet sur cette passe. Nous avons un peu d'excedent de largeur. J'avais
propose de faire quelques clayonnages sur la rive gauche et de pratiquer
des dragages pour renouveler le sillon d'appel. C'est une question d'entre-
tien. Si Ton avail drague depuis douze ans, on aurait maintenu le tirant
d'eau de 4 metres. Mais nous ne considerons pas cette passe comme un
obstacle a la navigation, aussi ne s'en est-on pas occupe.
Cette passe est sur un point d'inflexion ou la largeur est plus forte que
plus haul et que plus bas. Or, il est de principe qu'il faut avoir une lar-
geur moindre au point d'inflexion. II faudrait done resserrer ce passage
par un clayonnage, mais on n'attache aucune importance a cette passe.
Cependant, quand le lirant d'eau prevu sera realise sur les autres passes,
il sera necessaire de I'atteindre sur celle-ci, et il sera facile de le faire.
Nous arrivons aux passes du Bec-d'Ambes ; c'est le point principal de la
riviere, car les difficultes que presente I'amelioration des rivieres a
maree sont compliquees ici par la presence de deux rivieres. Le seul eflet
de cette rencontre determine un changement de vitesse et des atterrisse-
ments, de sorte que le confluent sera toujours un des points les plus diffi-
ciles a ameliorer. On a essaye toute une serie de travaux, mais la passe
du Bec-d'Ambes se compose en realite de deux passes : Tune, la passe
aval, qui se deplace du kilometre 26 au kilometre 28; I'autre, qui se
trouve entre le kilometre 21 et le kilometre 25, et que nous appelons la
passe d'amont.
On voit de suite, par le graphiquc, que ces deux passes sont pour ainsi
dire comme les deux plateaux d'une balance; quand la passe d'amont
s'ameliore, I'autre se derange : ces passes qui, en 1870, avaient un tirant
d'eau de 1 m. 20 et meme souvent moindre, ontete ameliorees d'une fa^on
lente mais incontestable depuis trois ou quatre ans.
4" SECTION. — 6^ SfiANCE. 577
J'ai reussi en effet a maintenir iin tirant d'eau de 5 a 4 melres sur ces
passes, pendant ces trois dernieres annees, au moyen d'un tres long
clayonnage etabli dans le prolongement du Bec-d'Ambes, a la suite des
constatations suivantes.
En 1888 la Garonne avail pratique une ouverture dans le Bec-d'Ambes;
il s'etait forme une coupure de 2 m. 50 de fond a basse mer. La chute
des eaux avail creuse un trou de 7 a 8 metres de profondeur en Dordogne
au dela de cette breche.
Les eaux de la Garonne se deversaient dans la Dordogne. Ce deversement
produisait une aggravation tres rapide de la passe d'Ambes. Pour y reme-
dier j'ai fait etablir un clayonnage qui a ferme ce thalweg de deversement.
En outre, nous avons appuye ce travail par un dragage execute suivant
la ligne de la plus courte distance entre les deux rades de Cazeau et du
Marquis. Nous avons obtenu ainsi un tirant d'eau de 5 m. 50 que nous
maintenons a 5 m. 20, et je crois qu'on pent obtenir encore mieux. En fait,
nous n'avons pas cesse depuis trois ans d'avoir 5 metres sur les deux
passes, resultat qu'on n'avait jamais vu auparavant.
J'arrive a la derniere passe, celle de Beychevelle.
A Beychevelle il y avail deux passes; la premiere elait formec par un
seuil de cailloux relativemenl resistant; nous I'appelons seuil geologique,
parce que ces cailloux n'ont pas ete apportes dans la riviere a I'epoque
hislorique.
La seconde passe elait en amont. Nous avons ouvert sur la passe aval
un chenal de 200 metres de largeur sur 4 m. 50 de profondeur. Immedia-
tement cette passe a ete amelioree. De plus, nous avons vu avec satisfac-
tion que la passe d'amont s'etait amelioree en meme temps et sponlane-
ment. J'en ai conclu que la passe d'amont avail ete constituee par des
vases qui se sont ecoulees par le chenal ouvert sur la passe d'aval.
Depuis 1886, c'est-a-dire depuis cinq ans, I'amelioration s'est maintenue
dans I'ensemble des deux passes, Beychevelle amont et Beychevelle aval.
II reste toutefois sur la partie gauche un banc rocheux ou plutot marneux
qui se trouve sur le chemin prefere par la navigation; mais vous vovez
que la continuite d'un tirant d'eau de plus de 4 metres est assuree sur ees
deux passes, quoique le thalweg soil un peu sinueux par suite de la pre-
sence de ce banc rocheux. 11 suffirait de mettre des bouees sur le banc et
d'obliger les bateaux a prendre la ligne sinueuse pour avoir un tirant
d'eau de 4 metres depuis Pauillac jusqu'au Bec-d'Ambes. Cependant,
comme les bateaux preferent la ligne droite, on etudie un projet qui con-
sislerait a faire sauter ces rochers ou a les draguer. Avec de fortes
dragues, on arriverait a les faire disparaiire completement.
La planche suivante represente les tirants d'eau pratiques de la riviere.
Pour chaque annee j'ai choisi celle des passes qui produisait le tirant d'eau
le plus faible et qui constituait ainsi le principal obstacle a la navigation.
La serie de ces coles indique, par suite, la navigabilite de la riviere.
37
578 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
Yoiis poiivez constater que ce tirant d'eau a subi des oscillations, mais
qu'il suit une marche ascendanle assez notable, el que le tiront d'eau
pratique de la riviere est cote en 1891 a 5 m. 10. II est determine acluel-
lenient par la passe de Bassens.
M. Laroche. — Combien cela donne-t-il en morte eau?
M. Pasqueau. — Nous avons maintenant 6 m. 85 sur toule la longueur du
fleuve de Bordeaux a la mer par les plus faibles mortes eaux d'equinoxe,
et 8 m. 60 par les fortes marees de vives eaux d'equinoxe.
La maree est de 5 m. 50 en vive eau et de 5 m. 75 en morte eau
d'equinoxe; si j'ajoute ces deux quantites a chacun des tiranis d'eau de
la planche YllI, j'obtiens deux courbes, I'une rouge, I'autre bleue, que
vous voyez sur la planche IX et qui indique la limite pratique de la navi-
gation.
La planche suivanle represente le tonnage. Vous voyez que ce tonnage,
qui etait de I 200000 tonnes en 1857, est de 5 900 000 tonnes en 1888,
c'est-a-dirc qu'il a triple en trente ans.
M. Voisix-Bey. — Et le tonnage maximum des navires qui frequentent
Bordeaux?
M. Pasqueau. — J'avais foil un travail sur cette question au raoyen de
renseignements qui m'avaient ete fournis par des hommes competents en
cette matiere speciale. 11 en resulte que le tirant d'eau des navires a
augmente dans des proportions considerables.
On a cite lesnoms des navires qui, aux differentes epoques, etaient con-
sideres comme les plus grands navires pouvant arriver dans le port de
Bordeaux; on a pu constater une progression des plus rapides.
Au surplus, le but de ma communication n'est pas de discuter les
travaux du port ou de la riviere, mais de produire les resultats gra-
phiques des fails. Chacun peut interpreter comme il I'enlendra ces resul-
tats qui serviront de base aux eludes futures.
M. Yoisin-Bey. — Mais il y a une parlie de votre communication qui est
relative aux barrages a faire; c'est cellc-la qui donnera lieu a discussion.
M. Vauihier. — Je voudrais demander a M. Pasqueau si les moyennes
qu'il a prises de 5 m. 75 et de 5 m. 50 au-dessus des passes les moins
profondes donnent une approximation suflisanle pour le mouillage utile
a maree de morle eau et a maree de vive eau?
De Beychevelle a Bordeaux il n'y a pas toujoiirs la meme montee d'eau
sur les passes; d'ou il suit qu'il y a quelque chose d'inexacl dans le
tableau 9.
M. Pasqueau. — Ce sont des chiffres moyens, des limites. D'apres
I'annuaire des marees, la montee maxima de la maree n'est pas loujours
la meme. Ainsi il y a des annees oii I'annuaire ne donne pas, pour Bor-
deaux, de maree inferieure a 5 m. 75; d'autres annees il donne 5 m. 50.
M. Yauthier. — Sur la passe d'amont il y a plus de montee que sur la
passe d'aval?
4^ SECTION. — 6" SEANCE. 579
M. Pasqueau. — A Bordeaux nous sommes dans un cas particulier.
La maree y monte exactement autant qu'a Cordouan; le coefficient est
zero.
On a toujours admis que la montee est la meme sur toute la riviere a
quelqiies centimetres pres.
M. Vauthier. — Pourquoi avez-vous pris pour votre graphique du ton-
nage les tonneaux de jauge des navires, au lieu des poids transportes?
M. Pasqueau. — Nous avons les deux graphiques; je vous les soumettrai
si vous le desirez. Nous n'avons pas reproduit le graphique que vous
demandez, parce qu'il s'agissait sculement dc^montrer I'accroissement du
tonnage, qui est moins soumis aux fluctuations du commerce et qui est
en rapport plus direct avec la navigabilite de la riviere. Nous avons aussi
le tableau des tonnes a Bordeaux, et nous admettons qu'en moyenne le
tonnage en niarchandises est les 5/4 ou les 2/5 du tonnage en tonneaux
de jauge.
M. Vauthier. — Remarqucz qu'avcc le temps et dans un meme port, le
coefficient moyen de chargemont peut varier dans de notables proportions.
Ainsi, a Bordeaux, le coefficient de chargement a diminue.
M. Pasqueau. — II a augmente dans ces dix dernieres annees.
M. Vauthier. — II n'a pas augmente: le coefficient de chargement moyen
a diminue pendant la periode embrassee par M. Pasqueau. Les tonneaux de
jauge en definitive, au point de vue du trafic commercial, ne sont pas un
element determinant a considerer. Qii'imporle qif il entre dans un port des
navires presentant un tonnage de jauge considerable, s'ils ne portent pas
de marchandises !
Je crois pouvoir affirmer en fait que, dans la periode que vous consi-
derez, le coefficient de chargement s'est notablement abaisse a Bordeaux
ainsi que le coefficient donnant le rapport de la sortie a fentrce. De telle
sorte que si Ton instituait une statistique d'apres le tonnage de jauge, et
une autre d'apres les tonnes transportees, on aurait dans la seconde des
lignes moins inclinees que celles que vous donnez.
Le poids transporte est un element trcs fixe, tres net, donnant des indi-
cations irrecusables, tandis que le tonnage de jauge ne fournit que des
iiifiices souvent trompeurs. Aussi compare-t-on tres mal deux ports entre
cux en les compaiant d'apres le tonnage de jauge, tandis que, quand on
les compare d'apres le poids transporte, on s'appuie sur une unite qui est
toujours la meme. Les ports peuvent differer a d'aut-res egards; mais, au
point de vue du Irafic commercial dans ses rapports avec les appareils de
transport, on a une base certaine que ne donne pas le tonnage de jauge.
M. Pasqueau. — Le but de ma communication n'est pas d'eclaircir cette
question, mais simplement de montrer qu'a Bordeaux le tonnage a triple
dans I'espace de trente ans.
M. Laroche. — II faut considrrer un pen le commerce maritime au point
de vue de ses iuterets ; il y a un moment ou it est tres actif ; alors il est de
580 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
la plus haute importance d'avoir de grands navires, parce qu'ils apportent
en une seule fois des quantites considerables de marchandises; il y a des
moments oii les grands navires sont completement charges et ccla est
particulierement vrai pour le port de Bordeaux qui reroit les navires de
la Compagnie des Messageries Maritimes ; souvent ces navires sont hondes.
M. Pasqueau. — Nous prefcrons comparer les tonnages de jauge, car la
question de savoir si un bateau est plein ou ne Test pas est une question
commerciale qui n'a rien a voir avec les travaux proprement dits. Au
contraire, la frequenlation du port en tonneaux de jauge nous interesse
surtout au point de vue des travaux, et il nous est utile de savoir le nom-
bre des tonneaux de jauge des navires qui y entrenl.
M. Vernon-Harcourt. — Je ne sais si j'ai compris, mais je crois avoir
entendu qu'il y avail un abaissement du niveau des basses mers a un cer-
tain point en amont de Bordeaux.
Croyez-vous que cet abaissement ait amene une amelioralion de la
riviere en aval ?
M. Pasqueau. — Je ne crois pas que cet abaissement ait ete favorable
aux passes d'aval. 11 a augmente, il est vrai, le volume des marecs agissant
sur ces passes, mais, par contre, il a diminue la pente ct par suite la
force d'expulsion du jusant. En outre, il a mis en mouvement une masse
enorme de deblais qui oscillent encore entre Pauillac et Bordeaux.
J'ai lu altenlivement votre rapport, et j'ai meme ete charge de reviser
la traduction frangaise qui ena ete faite. J'y ai vu que vous aviez constate
sur les rivieres d'Angleterre des abaissements considerables dans le plan
d'eau d'amont. Ces abaissements -peuvent etre avantageux sur vos rivieres
parce qu'ils augmenlent le volume des eaux ; ils ne produisent pas d'incon-
venients parce que vous no vous preoccupez pas de la navigation fluviale
qui est au-dessus.
Dans nos rivieres, au contraire, qui sont extremement tongues, la
navigation fluviale atteint un chifTre considerable.
La statistique oflicielle n'evalue qu'a 160900 tonnes le tonnage en
amont du port de Bordeaux, mais ce chifl're n'est pas conforme a la realite
des fails. D'apres un comptage tres complet que j'ai fait faire en 1888, nous
sommes arrives a 1 219 715 tonnes. J'ai ete conduit a faire faire cette opera-
tion parce que le chifire de 160 000 tonnes me paraissait invraisemblable.
La navigation en amont du port de Bordeaux est en effel cinq ou six fois
superieure a celle qui existe sur le Rhone.
La dillerencc considerable qui existe entre la statistique oflicielle et
notre comptage s'expliquc d'une maniere tres simple. La statistique ofli-
cielle de radministialion est faite par la methode des declarations de char-
gement. C'est en ajoutant ces declarations les unes aux autres qu'on eta-
blit la statistique.
Or, a la suite d'instructions cnvoyees par le Ministere de la marine, les
inscrits maritimes ont ete dispenses de cette declaration, c'est-a-dire que,
4« SECTION. — 6^ SEA>'CE. 581
s'ils ne la font pas, on ne pent pas dresser proces-verbal contre euy.
II en est resulte que les inscrits marilimes ne se donnent pas la peine de
faire leurs declarations.
Ces fails vous montrent que la navigation fluviale en amont de Bordeaux
est considerable, puisqu'elle atleint 1200000 tonnes.
M. LE Pkesident. — Je ne crois pas que vous ayez repondu a la question
de M. Yernon-Harcourt. Cette question etait celle-ci : Y a-t-il un abaisse-
ment du niveau de la basse mer dans le port de Bordeaux?
M. Pasqueau. — A Bordeaux nieme il est reel, mais il est tres minine.
M. DE YoLONTAT. — L'abaisscment est tres leger, il rentre dans la cate-
goric de ceux qu'on avail vus precedemment.
M. Pasqueau. — Nous nc nous preoccupons pas de rabaissemcntdu plan
d'eau qui pourt'ait exister enlre Bordeaux et la mer, parce que toute la
navigation enfre Bordeaux et la mer est faite a la maree. C'est pour cela
que les syslemes qui pourraient elre eftlcaces dans une partie du fleuve
ne le sonl pas dans I'autre.
Le sysleme des endiguements n'a pas donne de bons resultats dans la
partie haute de la riviere; au contraire, dans la partie maritime du fleuve
qui est en aval du port de Bordeaux, la pente est sensiblement nulle et nous
n'avons pas a nous preoccuper de I'abaissement du plan d'eau. Aussi vous
voyez que les ameliorations ont ete reelles et permanentes.
M.YERNO.vIlAncouRT. — Maisil y a unabaissementen amont de Bordeaux.
M. Pasqueau. — Oui, certainemenl. J'ai dit qu'il atteigriait i m. 70.
M. Yerno-IIarcourt. — Aprcs les travaux d'endiguement el de dragage?
M. Pasqueau. — Oui, comme vous pouvez le voir par I'atlas n" 1. Ces
fails observes sur la Gironde ont confirme les principes que j'ai soutenus
dans mon rapport du 15 aout 1878 sur I'amelioralion du Rhone.
Dans ce rapport, m'occupant d'une riviere sans maree, j'avais etabli par
des raisonnements, — que les fails sont venus appuyer, — que les ame-
liorations par endiguement el par dragage sur les seuils determinaient des
abaissemenls du plan d'eau et constiluaient un cercle vicieux, dans lequel
chaque entreprise lendail a delruire les resultats oblenus par les enlre-
prises precedenles.
M. LE Presidem. — M. Pasqueau a dit, en prenant la planche 9, que le
tirant d'eau avail augmente. Effeclivement, le tirant d'eau pratique mini-
mum sur les passes pendant les pleines mcrs a augmente. Mais jc vois
qu'il y a eu une periode tout a fait critique.
De 1875 a 1879, la profondeur a diminue de pres de 1 metre, puis est
survcnue une periode de 1880 a 1885, dans laquelle le tirant d'eau moyen
a ete de 1 metre moindre qu'il ne I'elait dans la periode precedente.
Depuis 1885 les profondeurs recommencent a croltre.
M. Pasqueau pourrait-il nous expliquer ce fait?
M. Pasqueau. — En 1875 et en 1879, nous avons eu troisinondationsexcep-
lionnelles qui ont determine unapprofondissementpendantplusieursannees.
582 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
M. DE VoLOMAT. — Dans la periode qui a suivi la crue de 1879, nous
avons eu deux annees tres sechcs en 1881 et en 1882.
M. LE PresideiNt. — De 1880 a 1885 vous avez une periode maigre et,
dcpuis 1885, les approfondisseraents reparaissent.
M. Pasqueau. — Ces approfondissemenls sont la consequence des travaux
qui ont ete commences depuis sept ans seulement. Mais I'amelioration
nc peut se manifcster que la ou Ton a travaille, dans la passe de Teyche-
velle et dans les passes d'Ambes. Enfin il y a les travaux de Monlferrand
et ceux de Bacalan, qui ont produit des resultats satisfaisants ; de sorte
que, dans celte partie de la riviere, I'etude des faits anlerieurs conduit
a penser qu'on peut avoir coniiance dans Tavenir.
M. VEnNON-HARCouRT. — Lcs penles de la riviere en amont de Bordeaux
sont-elles trop grandes pour oblenlr des ameliorations par dragages, au
lieu de construire des barrages?
M. Pasqueau. — L'allas n" 1 que je presente a precisement pour but
d'elablir que les dragages considerables executes chaque annee depuis plus
de vingt ans n'ont pas pu rcaliscr en fait une amelioration notable et
durable parce que la pente est trop forte. Vous trouverez dans mon me-
moire sur les rivieres a pente continue I'explication de ces faits. Les rivieres
se composent de seuils separes par des mouilles tres profondes sur les-
quelles la pente est sensiblement nuUe: ce sont de veritables lacs.
Au conlraire, sur les seuils, I'eau se deverse d'un lac dans I'aulre et la
la pente est tres forte.
Sur le Rii6ne, ou la pente est considerable, il se produit une (^hute qui
est visible a I'oeil nu.
Si Ton baisse ce barrage naturel par un moyen quelconque, endiguement
ou dragage, la chute qui existait disparait, Ic lac superieur se met au
niveau du lac inferieur ; il en resulte un abaissement du plan d'eau et la
chute aval s'ajoute a la chute amont.
Si Ton veut appliquer le meme systeme a toute I'etendue d'une meme
riviere, on arrive a ce resultat d'avoir abaisse le niveau general du lit sans
avoir augmente le tirant d'eau.
Dans les rivieres marilimes ceci n'a pas lieu, parce que la mer conserve
un niveau constant, mais sur les rivieres a long parcours, comme le
Rhone, ce fait se produit partout ; que Ion fasse des dragages ou que Ton
construise un endiguement, le resultat est sensiblement le meme.
Cependant sur la Garonne nous appliquons un systeme de dragage en
sillons qui produit des resultats assez satisfaisants.
Ce systeme a ete regulierement organise par M. Fargue pendant qu'il
etait charge du service. II faisait creuser sur chaque passe des sillons qui
n'avaient que 15 metres de large et 1 m. 50 a 3 metres de profondeur. Ces
sillons avaient cet avaniage qu'ils ne modifiaient pas d'une maniere sensible
la section mouillee des profils en travers. lis ne determinaient pas I'aggra-
vation des seuils superieurs ; cependant ils donnaient une sorte de canal
4' SECTION. — 6= SEANCE. 583
dont la largcur et la profondeur etaient suffisantes pour laisser passer les
bateaux dc voyageurs.
Ce systeme est applique depnis longtemps sur la Garonne maritime
superieure et je I'ai maintenu pendant loiite la duree de ma gestion.
Jc vous montre, par exemple, la passe de Langon dans les graphi(|ues;
rhacune des denis de scie que vous voyez represente un dragage.
L'efl'et d'un dragage ne dure pas plus de six mois ou un an, quelquefois
deux ans, mais presque tons les ans 11 faut draguer dans la meme passe;
puis elle se comble de nouveau. Cep«ndant, comme le cube a extraire est
relativcment minime, on a pu, avec iine depcnse tres faible, maintenir,
grace a ce moyen, une profondeur a peu pres suffi!?ante pour la navigation.
Ce graphiquc montre, en outre, que les dragages pousses a 5 metres ne
durent pas plus que les dragages pousses a 1 m. 50.
II est probable que les crues remuent les fonds de la riviere aussi bien
a 3 metres qu'a 1 m. 50. Cependant, dans I'etat actuel des choses, c'est ainsi
qu'on procede.
Ceci repond h M. Yernon-Harcourt, qui demande si Ton ne pourrait pas
ameliorer les passes par des dragages; je lui montre comment on pratique
ce systeme d'une maniere continue sur la Garonne maritime superieure.
Mais les dragages n'ont pas produit d'effet defmitif, parce que nous nous
occupons dune parlie de riviere qui difi'ere de celles que M. Yernon-
Harcourt a I'habitude de considerer.
M. Yernon-Harcourt s'occupe des questions purement maritimes, tandis
qu'ici nous parlous d'une partie de riviere qui est presque sans marce.
M. LE Prlsidem. — Je pense que toutes les observations se sont produites
sur le rapport de M. Pasqueau.
Je remercie notre collegue de sa communication qui est fort interessante.
Demain, seance a 9 heures. Discussion generate sur les rivieres a maree.
La seance est levee a i heures.
SEPTIEME SEANCE
Mardi 26 Juillet ( matin
Presidexce de M. CUVINOT.
La seance est ouverte a 9 h. 30.
M. LE President. — Conformement a la demande que j'avais faite au
nom du Bureau, un certain nombre de membres de la Section ont indique
les questions sur Icsquelles ils desirent ouvrir une discussion.
Je vous propose de remettre a une seance ulterieure la question des
5S4 PROCES-VERBAUX DES STANCES DES SECTIONS.
estuaires, et de commencer des maintenant I'etude de questions moins
longues.
Je voiis proposerai done le programme suivant :
l""* question. — Traces a adopter pour le lit. — Courbes ou alignements
droits. — Lit majeur et lit mineur. Digues hautes el digues basses. Dra-
gages, leur role, limite de leur application.
T question. — Actions des reservoirs lateraux (des conclusions ont etc
deposees par MM. Troost et Yandervin).
5'' question. — De 1 'influence des .grands estuaires interieurs sur les
barres des fleuves. Embouchures evasees ou retrecies.
4' question. —Etude des projets d'amelioration des estuaires. Theories,
calculs, experiences.
Nous aurions ainsi un ensemble sur lequel chacun pourrait prendre la
parole et formuler des conclusions.
Avanl de commencer la discussion de ces differentes questions, je donne
la parole a M. de Mey, qui a demande a faire une communication relative
a I'estuaire de I'Escaut. Cette communication servirait d'inlroduction a la
discussion ulterieure.
M. DE Mey. — Messieurs, la communication que je desire faire au sujet
de I'Escaut concerne sp6cialement la partie du fleuve situee a I'aval d'An-
vers, y compris I'embouchure.
Dans le rapport que j'ai ecrit sur celte question, j'ai fait ressortir en
premier lieu, que les fonds sous-marins de I'esluaire sont d'une fixite
relative remarquable ; les bancs puissants existant a I'embouchure du
fleuve, de memo que les passes qu'ils comprennent, n'ont subi aucune
alteration profonde, ni dans leur situation, ni dans leur forme. Ce fait est
non seulement du au regime favorable des marees de I'Escaut, mais aussi
au regime de la mer a I'embouchure.
Comme je I'explique dans mon rapport, I'Escaut n'a pas de debit solide
d'aval. II est entendu que je parte du debit des sables, et non de celui des
vases, formees principalement d'argile, dont les elements se Irouvent a
I'etat de divisibilite extreme, et se tiennent en suspension dans les eaux
en mouvement.
J'ai tache de faire voir toute la difl'erence qui existe entre I'estuaire de
I'Escaut et un cstuaire comme celui de la Seine.
Je pense que le regime de I'estuaire pent etre compare jusqu'a un
certain point a celui de la Mersey ; e'est aussi un cstuaire sablonneux
dont les passes, quoique entourees de bancs plus eleves encore que
ceux de I'Escaut, se maintiennent dans des conditions de slobililc relative
satisfaisantes, ainsi que M. Vernon-Harcourt nous I'a dit. Aussi, je suis
convaincu que le projet recemment mis en execution et consistant a dra-
guer la barre de la passe principale, le Queens Channel, est la vraie solu-
tion pour ameliorer siirement I'entree du fleuve ; les resultats qu'on obtiendra
depasseront, j'en suis sur, les esperances. Ce qui me confirme dans cette
kt SECTION. — V SEANCE. 585
opinion, c'est qu'a Test d'Ostende, nous avons drague une passe a travers
un banc situe a 2 500 metres de la cote, et quoique ce banc, par suite de
circonstances speciales inlierentes a sa situation, soit moins fixe que la
gcneralite des bancs du littoral des Flandres, la passe creusee se main-
tient tres bien.
M. Welcker nous a decrit la nouvelle embouchure de la Meuse.
En realite, il ne s'agit pas la d'un veritable estuaire, et le cas n'a rien
de semblablc avec celui de la Seine, par exemple ; il presente plutot une
cerfaine analogic avec rembouchure de la Tyne. C'est simplement un
clienal ouvert a travers une plage de sable, et qui ressemble a ceux des
ports de Calais, de Dunkerque et d'Ostende.
Apres avoir parle dans mon rapport du debit solide d'aval de I'Escaut,
j'ai appele I'attention sur ce point, que ce fleuve n'a pas non plus de debit
solide d'amont. Cependant il s'y produit des mouvements d'alluvion consi-
derables. J'en ai decrit sommairement les principaux, et, apres en avoir
indique le caractere, j'ai fait voir que, d'une maniere generate, ces mou-
vements de sable s'operent a des distances relalivemeut restreintes, et qu'ils
sont specialcment actives par raffouillemcnt et la corrosion des rives
concaves, dont les sables sont entraines vers les atterrissements des rives
convexes et vers les hauls fonds exislant au milieu du fleuve.
Quant aux malieres en suspension dans les eaux , elles circulent con-
stamment en abondance dans le fleuve, mais elles ne se deposent active-
mcnt que dans les criques et les faux bras plus ou moins soustraits a
Taction des couranls de maree.
J'ai fait rcmarquer aussi que, malgre la grande irregularitc du lit,
toutes les parlies du fleuve sont solidaires entre elles, et que cette soli-
darite se dessine neltement jusqu'aux passes de I'embouchure.
J'ai termine par les conclusions suivantes :
Dans I'estuaire de certains fleuves a maree el a regime sablonnenx,
comme celui de I'Escaut, les bancs et les passes otYrcnt relativement
beaucoup de fixile, et les apports y sont tout au moins fort lenls. On est
generalement porte a exagerer les mouvements de sable qui s'y produisenl,
et a conclure de certains deplacemenls de ces matieres, s'operant dans des
proportions et a des distances limitees, a un ensablement general im-
portant.
Quand on se trouve en presence d'un pareil estuaire, et que les passes y
manquent de profondeur ou sont obstruees par des barres, comme c'est
le cas pour la Mersey, les dragages peuvent donner des resultats tres
heureux, lorsqu'ils sont conduits avec perspicacite, et apres une etude
attentive du regime des fonds sous-marins de I'embouchure du fleuve. Au
bout de peu temps d'ailleurs, les approfondissements parliels obtenus per-
meltront de prevoir jusqu'a quel point les dragages seront efficaces.
Dans les estuaires de cette nature, le systeme des endiguements est, a
tons egards, moins a conseiller pour I'amelioration des passes, car il est
586 PROCES-VERBAUX DES SfiANCES DES SECTIONS.
d'lme application plus difficile, et peut conduire a de graves mecomptes.
Pour ce qui est d'un fleuve comme I'Escaut, qui presente des parties
d'une grande largeur ainsi que des coudes fort irreguliers, on apergoit
immediatement que les principes si judicieux poses par M. Fargue ne se-
raient pas applicables pour y ameliorer la stabilite des passes. II serait
impossible, en pratique, de creer dans ce fleuve une succession de cour-
bes d'un parametre convenable et oflrant, dans leur ensennble, I'ordre de
transition voulu.
Ce qu'il y a de mieux a faire a mon avis, c'est de suivre tout d'abord le
conseil que M. Mengin nous a donne dans une seance precedente, c'est-a-dire
de reunir les carles bydrograpbiques des diflerentes epoques, de les com-
pleter par des sondages periodiques, et de recbereber, au moyen de ces
documents, dans quelles conditions le flot et le jusant tendent le mieux a
maintenir la continuite entre les differentes mouilles; cette etude permet-
trait de voir en quels points des dragages sagement combines pourraient
etre executes avec succes pour approfondir une passe existante, ou venir
en aide a I'oeuvre de la nature dans le creusement d'une passe en voie de
formation.
Ajoutons que dans I'Escaut, quand une passe s'obstrue plus ou moins,
cela ne se produit jamais brusquement; j'ai fait voir qu'il s'agit, en
general, de fails locaux intimement lies auxaffouillementsetaux corrosions
des rives. D'ailleurs dans la parlie tres large du fleuve, a I'aval de Batb,
lorsqu'une passe perd en profondeur ou s'oblitere peu a peu, on constate
qu'une passe laterale se creuse ou qu'il se forme a proximite une passe
nouvelle.
C'est done aux dragages, je le repete, qu'il convient, d'apres moi, d'avoir
recours dans I'Escaut, pour y remedier aux entraves qui peuvent resulter,
a un moment donne, de I'exbaussement des seches. Mais pour que ces
dragages soient efficaces et n'atteignent pas des proportions excessives, il
faudrait en meme temps fixer le plus possible les parties de rives qui sent
rongees par les courants et dont les sables alimentent les atterrissemenls
des passes menacees. [Applaudissements .)
M. Vernon-Harcourt. — A-t-on protege les berges, afin d'arreter les ero-
sions de la cote?
M. DE Mey. — Non, a part quelques travaux de defense executes aux
environs de Flessingue, ainsi que pres de Terneuzen, ou les erosions
paraissaient devenir dangereuses pour la securite des polders avoisinanls.
M. Vernon-Harcourt. — Ne serait-il pas necessaire de faire des travaux
de protection en amont du coude? Car Taction des eaux va continuer, et
vous aurez une courbe plus prononcee au bout d'un certain temps.
M. DE ]\1ey. — Je suis de votre avis.
M. Vernon-Harcourt. — Les fonds sont-ils tous sablonneux?
M. DE Mey. — lis sonl formes de sable ; mais en divers endroits il existe
des depots de vase, notamment dans les faux-chenaux siluis entre les bancs.
4* SECTION. — 7« SfiANCE. 587
M. Mengik-Lecreulx. — Vons avez parle d'une grande circulation de
vases; il me semble que dans ce que nous appelons I'estuaire, c'est-a-dirc
dans la partie comprise entre la frontiere de Hollande et Flessingue, il
devrait se deposer de grandes quantites de vases.
M. DE Mey. — Elles ne se deposent que la ou, par suite de la configura-
tion du fond et des bancs, Taction normale du flot et du jusant est entra-
vee ; c'cst ainsi qu'elles envahissent activemenl les criques et les espaces plus
ou moins abrites, souvrant sur les rives du fleuve.
M. LE President. — Nous avons termine I'examen des divers rapporls et
des communications qui ont ete soumis a la Section, ct qui ont ete resumes
par leurs auteurs ou par d'autres membres de la Section ; nous pouvons
maintenant aborder la discussion des questions soulevees par ces rapports,
et je vous propose de suivre I'ordre que nous avons adopte au debut dc la
seance. M. Fargue a remis des conclusions en ce qui louche la premiere
question : traces a adopter pour le lit, courbes ou alignements droits.
La parole est a M. Fargue.
M. Fargue. — Quelle est la forme qu'il faut donner aux rives du lit
moyen dans I'interet de la navigation? La reponse a cette question doit, a
mon avis, etre cherchee dans I'elude de la nature. II faut recueillir des
faits en aussi grand nombre que possible, comparer entre eux les traces
auxquels correspondent les bons chcnaux,etchercher a demeler les carac-
teres communs quits peuvent presenter. S'ils ne se retrouvent pas dans
les traces accompagnes de chenaux defectueux, ces caracleres communs
const itueront la definition meme du meilleur trace.
Cest dans cet ordre d'idees que j'ai entrepris, il y a une vingtaine d'an-
nees, une etude sur la Garonne. L'expose detaille de cette elude ne saurait
trouver ici sa place. Le compte rendu en a d'ailleurs etc public en 1868,
dans le tome XV des Annales des Fonts et Chaussees. Je me propose seu-
lement de vous en faire connaitre en quelques mots la methode et les
resullats.
La methode est experimentale et graphique. Elle a pour base un dia-
gramme synoptique des courbures et des profondeurs.
J'ai pris une portion de riviere de 22 kilometres de longueur dans laquelle
les rives sont fixes, et ont un ecartement sensiblement constant. N'ayant
pas a tenir compte des variations de la largeur, j'ai pu considerer les
courbures d'une seule ligne ideate formant I'axe de la riviere.
J'ai suppose cet axe developpe en ligne droite.' En chacun des points
correspondant a un profit de sondages, j'ai porte deux ordonnees; Tune,
representant la profondeur du chenal, a ete portee en dessous de I'axe des
abscisses; I'autre, representant la courbure, a et6 portee tantot en dessus
tantot en dessous de cet axe, pour figurer aux yeux les changements du
sens de cette courbure.
En examinant avec quelque attention cette sorte d'itineraire ou de dia-
gramme synoptique, on voit que le profil en long du chenal est generate-
k
588 PROCfiS-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
ment parallele a la ligne qui represente la succession des courbures tour-
nees dans un certain sens ; pour les courbures tournees en sens contraire,
et en raison meme des dispositions du dessin, le parallelisme est remplace
par la symetrie.
A chaque changement dans le sens de la courbure, correspond un mini-
mum de la profondeur, c'est-a-dire un inaigre, mais a une certaine dis-
tance en aval.
A une succession de courbures croissantes, correspond une succession
de profondeurs croissantes, c'est-a-dire un crcusement chenal.
Au maximum de la courbure correspond, mais a une certaine distance
en aval, un maximum de la profondeur, c'est-a-dire une mouille ou rade.
Cette correlation entre la courbure et la profondeur se comprend assez
facilement, el tous les ingenieurs en ont depuis longtemps la notion plus
ou moins precise. Mais ce qui, je crois, n'avait pas encore ete signale,
c'est que cette correspondance est, sur le diagramme, oblique et non
orlhogonale. L'influence de la courbure sur la profondeur du chenal est
comme reporlce ou eccnHee\ers Taval. C'est ce fait constant que j'ai appele
loi de Cecart.
Le chenal presente de la regularite dans son profil en long quand la
courbure de I'axe du lit varie d'une maniere graduelle et continue. Tout
changement brusque de courbure est accompagne d'un changement brusque
de profondeur. La continuile de la variation de la courbure semble done
etre une des caracteristiques des bons traces.
Ces relations existent seulement dans les portions de la riviere ou le
developpement des sinuosiles, c'est-a-dire la distance entre deux points
d'inflexion consecutifs, diflere pen d'une valeur moyenne. Le developpe-
ment modere des sinuosites caracterise done aussi les bons traces.
En 1875, I'occasion s'est pr6sentee a Bordeaux de discuter ces lois et
d'en verifier la realite au moyen d'experiences sur une petite riviere arti-
ficielle a fond mobile.
On a execute a cet effet deux traces. Dans Tun, les rives etaient a une
distance constante I'une de I'autre, et etaient etablies suivant des arcs de
cercle et des alignements droits. Dans I'autre, les courbures et les largeurs
etaient amenagees d'une maniere rationnelle, c'est-a-dire conformement
aux regies que j'avais deduites de mon etude sur la Garonne. A titre de
contre-epreuve, on avait dispose une partie incorrectement tracee.
La premiere riviere a trace circulaire et rectiligne a donne des resultats
qui sont resumes dans le diagramme comparatif que je mets sous vos
yeux.
L'axe des abscisses, au lieu d'etre, comme dans I'etude sur la Garonne,
I'axe geometrique du lit, est ici la rive concave et la la rive convexe. En
ordonnees, on a porte, ici les profondeurs maxima, et la les profondeurs
minima constatees dans chaque profil transversal.
On a trace aussi des lignes figurant la courbure des rives. Pour les arcs
4* SECTION. — 7' SEANCE. 589
de cercle, ce sont des droites paralleles a I'axe des abscisses. Pour les
alignements droits, ce sont des portions de I'axe meme des abscisses.
11 a ete fait qiiatre experiences principales, d'une duree de six heures
environ chacune. Dans le diagramme qui est sous vos yeux, elles sont
representees par des traits de couleurs differentes.
Un coup d'oeil suffit pour reconnaitre qu'il n'existe aucune harmonie,
aucune concordance entre ces quatre lignes. Chaque chenal ou thalweg a
pris une physionomie parliculiere ; aucun d'eux ne ressemble aux autres.
11 en est de meme pour le lieu de profondeurs minima, ou ligne de faite.
11 semble done que, avec un trace forme d'alignements droits et d'arcs
de cercle, le chenal n'a pas toujours la meme distribution de profondeurs;
son etat depend de causes diverses sur lesquellesla forme des rives n'exerce
pas une action dominante.
Les deux autres diagrammes que voici sont relatifs au (race rationnel.
Le premier represente des experiences qui ont dure six heures. Par con-
sequent, les differences des resultats qui frappent tout d'abord les yeux et
sur lesquelles je vais insister, tiennent a la difference des traces et non a
la difference des durees.
La succession des largeurs et celle des courbures sont representees par
ces lignes sinueuses. Dans la partie superieure du dessin, on a porte les
courbures des rives concaves et les profondeurs du chenal; dans la partie
inferieure, les courbures des rives convexes avec les profondeurs de la
ligne de faile.
On apergoil ici les memes lois que celles trouvees sur la Garonne :
lorsque la cavite s'accentue, le chenal se creuse; lorsqu'elle diminue, le
fond se releve; quand la courbure change de sens, il y a un haut fond;
quand il y a un sommet, il y a une mouille. Letout, avec la loi de I'ecart
bicn accentuee.
On voit aussi que les lignes correspondant aux quatre experiences, au
lieu de s'enchevetrer pele-mele les unes dans les autres, comme tout a
I'heure, presentent les memes periodes, la meme allure generale et forment
une sorte decheveau plus ou moins serre.
Dans la partie constituee, a litre de contre-epreuve, avec une ligne droite
et un arc de cercle, on retrouve au contraire le meme desordre que dans
les experiences de la premiere serie, le meme fouillis au milieu duquel
aucune loi ne pent etre demelee.
Dans une troisieme serie d'experiences, on a prolonge Taction du cou-
rant sur lefond de sable pendant 150 a 170 heures. Cette tongue duree a eu
pour resultat de serrer davantuge I'echeveau des lignes du diagramme. Ces
lignes sont si bien concordantes qu'elles semblent representer, sur certains
points surtout, une experience unique. Comme vous le voyez, la ligne du
chenal reproduit la ligne des courbures concaves, avec un ecart vers I'aval,
et la ligne de faite reproduit la ligne des courbures convexes, avec un
ecart vers I'aval egalement.
590 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
De ces faits constates sur une grande riviere etretrouves sur une riviere
en miniature, j'ai essaye de tirer quelques regies pratiques. Des notes ont
ete inserees a ce sujet dans les Annales des Fonts et Chaussees (Octobre 1882
et Avril 1884). J'ai ete nolamment conduit a penser qu'il faut proscrire
I'emploi des alignements droits et des arcs de cercle, du moins sur des
longueurs notables du trace.
II y aurail, je crois, un grand interet a savoir si des faits analogues exis-
tent sur d'autres grands fleuves, tels que la Meuse, I'Escaut, le VVeser et le
Volga. II est probable que les observations que j'ai faites correspondent a
quelque chose de general, mais il faut evidemment les verifier, les redres-
ser en ce qu'elles peuvent avoir d'inexact, les perfectionner et les com-
pleter. Si les ingenieurs qui me font I'honneur de m'ecouter estiment que
cetle etude presente de Tinteret, ils voudront bien entendre I'appel que je
leur adresse en vue d'une ceuvre commune.
Que cliacun recueille des faits et etablisse des comparaisons analogues
en cc qui concerne le cours d'eau dont il s'occupe, et qu'il apporle au pro-
chain Congres le resultat de son etude.
Jusqu'a present, dans la plupart des cas, le trace des rives artificielles,
s'il n'est pas absolument arbilraire, se fait sous I'empire de considerations
d'un interet minime, presque toujours etrangcr a la navigation propremcnt
dile. Pour arriver a mieux faire desormais. coinmen^ons par recueillir des
faits en grand nombre. On pourra ensuite, par des deductions logiques,
en tirer un ensemble de regies qui constitueront une veritable geomctrie
fluviale.
En consequence, j'ai I'honneur de soumettre a la Section la proposition
suivante :
« L'attention de tons les ingenieurs sera appelee sur I'ulilite qu'il y au-
« rait a generaliser Tetude comparative des formes et des profondeurs des
« cours d'eau a fond mobile. Les ingenieurs qui sont en situation de faire
« une etude de ce genre seront invites a I'entreprendre, et a en apporter
« les resultats au prochain Congres, en vue de la determination des regies a
« suivre dans le choix a faire entre plusieurs traces. » [Applaudissemenls.)
M. Vakuervin. — M. Fargue nous a fait I'expose des observations tres
interessantes qu'il a faites sur la Garonne.
Or, nous avons aussi, dans le service de I'Escaut, des rivieres qui cou-
lent dans un terrain tres meuble. II en est une specialement sur laquelle
j'ai pu faire des observations qui confirment de tons points les theories de
M. Fargue. D'apres le graphique de notre eminent collegue, les points ou
Ton trouve le plus de profondeur dans le lit de la riviere ne se trouvent
pas aux sommets des courbes, mais en aval. J'ai vu Taction qui en est cause
se produire sous mes yeux dans la riviere dont je parte. Par I'effet de la
force centrifuge, il y a de fortes pressions des eaux contre la rive concave,
si bien qu'une pente transversale s'etablit de la rive concave vers la rive
convexe. II est evident qu'au point ou ces pressions, cette accumulation
4' SECTION. — 7= SEANCE. 59i
seront les plus fortes, cetle pente transversale sera la plus forle aussi. Et
c'est ce que j'ai pu verifier. En effet, sur la riviere a laquelle je fais allu-
sion, la Senne, j'ai remarque qu'a des epoques de crue, raccumulalion dont
je parle elait si forte un pen en aval du sommet de courbure, que Ics eaux
ne pouvaient plus se lenir sous la pente transversale qu'elles avaient prise
et qu'elles deferlaient periodiquement en une pelite vague de la rive con-
cave vers la rive convexe.
C'est un fait qui vientappuyer la loi enoncee par M. Fargue, en mettant
sous les yeux les actions dont elle est la synthese.
Mais, au point de vue des rivieres a maree, il decoule de celte loi une
consequence importante. En effet, sans parler des estuaires ou les largeurs
sont tres grandes et on les phenomenes n'ont plus le menie caractere net
et distinct, mais seulement de la par tie des rivieres a maree ou Ton pent
considerer qu'on a en quelque sorte affaire a deux rivieres coulant dans le
meme lit, I'une descendant de I'amont vers I'aval et I'autre remontant les
pentes du lit de I'aval vers I'amont, il semble a priori que I'on doive avoir
ici les phenomenes des deux rivieres superposees. Or la loi de I'ecart enon-
cee par M. Fargue, en eloignant de part et d'autre du sommet d'une meme
rive concave les points de plus grande attaque, et partant de plus grande
profondeur, les fosses profondes de la premiere riviere, c'est-a-dire du ju-
sant, ne coincideront plus, en general, avec celles de la seconde, c'est-a-
dire du Hot. Deux chenaux distincts tendront done a s'etablir sous Taction
des courants les plus intenses de flot ou de jusant quittant ou abordant la
rive concave en des points diflerents.
Eh bien, dans toutes les rivieres de mon service, j'ai retrouve ces fails.
Sur le point de passage ou d'inflexion dans les rivieres a maree, nous
avons deux chenaux qui se dessinent precisement d'une fagon distincte en
vertu de la loi d'ecart enoncee par M. Fargue. Tons les efforts dans les
traces doivent tendre a reunir autant que possible le chenal de jusant et le
chenal de flot. A certains endroits des rivieres, le trace est tel que ces deux
chenaux distincts sont tres sensibles.
II semble que pour remedier a cette situation, on doive suivre le precede
deM. Fargue. Cependant, dans les rivieres a maree, une grande reduction
de section ne pent s'obtenir sans une diminution de force vive, car le re-
trecissement des rives cause un empechement a la propagation des eaux de
maree. Des lors que faudra-t-il faire?
L'ideal parait etre d'avoir pour le trace de la riviere une seule courbe
continue qui donne des courants se serrant toujours centre la rive concave,
tant au jusant qu'au flot.
Mais c'est la evidemment un ideal. Des lors je considere comme plus
profitable la solution adoptee par M. Franzius, c'est-a-dire la creation d'un
lit mineur qui fixe les passes, a la condition de tracer ce lit de maniere a
reunir les chenaux, et a en reduire la section entre les courbes.
On pourra ainsi obtenir le retrecissement des rives des chenaux, sans
592 PROCES-YERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
causer de prejudice a la propagation de la maree, parce qu'il s'agira d'un
lit mineiir silue au-dessous de la maree basse. On sera d'ailleurs plus libre
pour les traces. La correction de rives est generalement une affaire tres-
importante et tres-dispendieuse dans les rivieres a marees; on dispose
mieux des directions et des traces d'un lit mineur.
Je pense que nous pourrions etudier pour le prochain Congres cette
question de savoir si, dans le cas d'une riviere a maree, les traces a adopter
concordant avec les idees emises par M. Fargue ; quelles sont les ditferences
que commandent les traces quand il s'agit de rivieres a maree, pour obte-
nir les resuUats qu'on a en vue, c'est-a-dire notamment la concentration
des passes de flot et de jusant. {Applaudissements.)
M. Le President. — Lorsque j'ai arrete le programme des questions a
soumeltre a la Section, il m'a paru, comme vous venez de le faire ressor-
tir, qu'il y avait lieu de rapprocher les deux questions du lit mineur et
des lignes droites ou des courbes.
. Je vous prierai done de preparer des conclusions que je soumettrai a la
Section.
M. Vandervin. — Je crois qu'il me sera facile de me meltre d'accord avec
M. Fargue.
M. LE President. — Voici les conclusions proposees, apres entente, par
MM. Fargue et Vandervin, au sujet des traces et des lits mineurs : « appe-
« ler I'attention des Ingonieurs sur I'utilite qu'il pent y avoir a genera-
« User I'etude qui a ete faite sur la Garonne en ce qui concerne la corre-
« lation entre la courbure du lit et la profondeur du cbenal.
« Les resultats de ces etudes seraient, lors du procbain Congres, rap-
« proches les uns des autres, en vue des regies a adopter pour le choix
« des traces et la constitution, s'il y a lieu, d'un lit mineur, tant pour les
« rivieres sans maree que pour les rivieres a maree. »
On envisage la totalite des hypotheses. Je mets aux voix les conclusions
ainsi formulees.
(Ces conclusions sont adoptees.)
M. LE President. — Quelqu'un a-t-il des observations a presenter sur la
'2^ partic : lit majeur et lit mineur.
M. Vandervln. — Aucun rapporl special n'a ete presente; nous deman-
dons que ces questions soient etudiees pour le prochain Congres.
M. le President. — La question des lits majeurs se deduit du reste de la
question des lits mineurs.
M". Fargue. — H y a lit mineur quand il y a lit majeur.
M. LE President. — En resume, aucun rapport n'ayant ete presente sur ce
point et aucun rapporteur n'etant inscrit, la Section emet le voeu que quel-
ques etudes sur cette question lui soient soumises au prochain Congres.
Nous arrivons a la question des digues hautes el des digues basses. En
ce qui concerne la Meuse, M. Welcker nous a donne un certain nombre de
raisons en faveur des digues basses.
4' SECTION. — 7' SE\>XE. 505
M. MexglvLecreulx. — Les digues basses, c'estle litmineur; toiites ccs
questions empietent les unes sur les autres.
M. LE President. — Evidemment; mais s'il y avail une proposition ferme
a soumettre a la Section, je le ferais; sinon, je prierai la Section de s'en
referer a la premiere conclusion.
M. Laroche. — II est tel fleuve qui necessite des digues hautes, et lei autre
qui necessite des digues basses; aussi je ne crois pas qu'on puisse poser
dcs conclusions dans une forme generate.
M. le President. — La conclusion est qu'il ne pent y avoir de legle ge-
nerale en cette matiere.
M. Mexgin-Lecreulx. — C'est la conclusion qui a ete posee pour les em-
bouchures; on disait : « Les embouchures sont tellement differentes les
unes des autres qu'on ne saurait proposer aucune conclusion ». 11 y a
du vrai dans cette idee ; mais si on I'exagerait, ce ne serait plus la peine
dc faire des Congres.
M. LE President. — On pent soumettre au Congres des questions qui ne
comporlenl pas de solution immediate.
D'ailleurs je suis oblige de tenir compte des questions qui ont ete depo-
sees sur le bureau, et parmi lesquelles j'ai trouve celle-ci : « Lit majeur,
« lit mineur; digues hautes, digues basses ».
M. Vauthier, qui a propose la question des digues hautes et des digues
basses, a-t-il des conclusions a formuler?
M. Vauthier. — Non, monsieur le President, je n'ai qu'un mot a dire.
M. Fargue propose qu'on etudie la question des traces, mais il me semble
bon qu'on etablisse une distinction dans cette etude entre les deux natures
de digues. De plus, je considere que la question n'a pas ete suffisamment
debattue. Quand nous arriverons aux esluaires, les votes que nous aurons
emispourront nous gener.
M. Mengin-Lecreulx. — Nous ne sommes pas forces de trailer la totalite
des questions que le sujet souleve. Cette question des digues hautes et des
digues basses, du lit mineur et du lit majeur, pourrait etre traitee tres-lon-
guement ; il y a beaucoup a dire ; mais enfin, si aucun des membres du
Congres ne la souleve....
M. le President. — Elle est soumise a la Section.
M. MekglvLecreulx. — Alors demandez a la personne qui I'a soulevee si
elle a des conclusions a formuler.
M. Henri Bernard. — Chacun peut exposer le resultat de ses propres
observations ; mais on ne peut se prononcer entre les digues basses et les
digues hautes, le choix depend de la forme des esluaires et des matieres
employees.
M. Yakdervin. — 11 semble que nous soyons tons d'accord : nous deman
dons a etudier la question et a la soumettre au prochain Congres.
J'entends dire qu'il y a des cas ou les digues basses sont bonnes, d'au-
Ires cas oil elles sont nuisibles; cela veut dire qu'on doit examiner les cas
594 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
dans lesquels les digues basses doivent etre adoplees, et les cas dans les-
quels elles doivent etre rejetees.
Les conclusions telles que nous les avons formulees, M. Fargue et moi,
comportent I'etude ainsi entendue; la question reste entiere,nous somnies
lous d'avis qu'elle doit etre etudiee, nous etablirons dans le prochain Con-
gres les distinctions qui doivent etre faites.
M. Henri Bernard. — C'est la une extension notable de la question, car
les digues hautes et les digues basses s'appliquent deja aux estuaires, tan-
dis que ce qu'on a dit ne s'applique qu'aux fleuves.
M. Partiot. — Je voudrais qu'il fut bien defini dans la resolution pro-
posee par MM. Fargue et Vandervin, qu'il s'agit de I'etude a faire dans les
fleuves proprement dits et non dans les estuaires.
M. CoNsiDERE. — Je voulais faire la meme observation; on a fait mention
des digues basses a propos de la question des traces; il semble qu'il fau-
drait indiquer non pas la question des digues basses, mais simplement leur
utilite au point de vuedu raccordement dans la profondeur, dans les traces
sinusoidaux.
M. LE President. — II est certain que la question posee par xMM. Fargue
et Vandervin est complete; elle a son application en ce qui concerne les
fleuves, meme dans leurs parties soumises a la maree.
M. Fargue. — II est entendu que I'etude dont il s'agit n'est relative
qu'aux fleuves a un seul ou a deux courants, mais non aux estuaires.
M. le President. — Voici la redaction que m'a soumise M. Vauthier :
« Lit majeur et lit mineur, digues hautes et digues basses » ; je demande
de nouveau a M. Vauthier s'il veut prendre la parole sur cette question et
nous indiquer ses conclusions.
M- Vauthier. — Non, monsieur le President, je n'ai pas a poser de
conclusions proprement dites. II me semble parfaitement rationnel que
dans un cours d'eau dont le debit varie, il puisse y avoir unc diflerence
enlre le lit dans lequel content les hautes eaux et le lit dans lequel content
les basses eaux; ce point n'est conteste par personne.
Cela etant, on endigue les hautes eaux, on a un lit majeur.
II s'agit de savoir s'il pourrait etre convenable, dans certaines circons-
tances, d'arreter egalement un lit mineur qui, tout en obeissant a des lois
hydrauliques identiques, n'aura cependant pas le meme trace que le lit
majeur.
Dans ces conditions, il peut etre expedient, exlremement utile dans cer-
tains cas, d'avoir a la fois un lit majeur et un lit mineur completement
definis.
Tel est le point sur lequel j'ai pris I'initiative de poser une question;
mais je considere que la discussion n'a pas ete, sous ce rapport, assez com-
plete, surtout pour les parties maritimes des rivieres ou I'eau coule alter-
nativement dans deux sens differents, pour qu'on puisse conclure imme-
diatement qu'il est convenable d'avoir a la fois, sur un point determine,
I
4* SECTION. - 7' S£A.NCE. 595
des digues basses et des digues hautes. C'est un sujet d'etudes qu'il faut
recommander, je n'ai pas d'autres conclusions a presenter.
La grave question des estuaires va venir; cette meme question se posera
avec un plus haul degre d'intcret, ma conclusion a done un caractere sus-
pensif.
M. LE President. — C'est la conclusion que nous avons adoptee.
M. Henri Bernard. — 11 me semble que, dans la pensec de M. Vauthier,
I'inlerpretation donnee aux digues hautes et aux digues basses n'est que
celle du Congres.
M. LE President. — II reprendra cette question a I'occasion des
estuaires.
M. Laroche. — On a I'air de prctendre que, dans la parlie des fleuves
a maree, en dehors de I'estuaire, I'idee de rectification du lit se joint
necessairement a celle de I'etablissement de digues ou hautes ou basses.
J'avoue que cela me preoccupe beaucoup, et j'hesiterais fort, si on semblait
etablir une connexion, dans la pensee du Congres, entre Tamelioration du
lit d'un fleuve a maree et la necessite de construire des digues.
M. Henri Bernard. — C'est un moyen, mais on ne dit pas que ce soil le
seul; au contraire on compte, quand on dirige le lit, qu'on n'aura pas
bcsoin d'ouvrages artificiels si nombreux.
M. Laroche. — C'etait la conclusion des observations de M. de Mey. Pour
moi, je suis partisan des dragages ; ce qui me fait hesiter, quand on parte
des digues, c'est qu'on se trompe quelquefois, et alors il est terrible d'avoir
a se corriger.
Vous savez que, sur une riviere que tout le monde connait, sur la
Gironde, a la jonction des deux fleuves, il existe une certaine digue, qui
est consideree comme une chose regrettable. EUe exisle etpersonne n'ose y
toucher.
J'avoue que dans I'etat d'incertitude ou nous sommes sur les pheno-
menes si complexes des fleuves a maree, je regretterais que Ton pOt con-
siderer comme une consequence de votre decision, I'idee que, si Ton avail
a ameliorer un fleuve, il faudrait etablir des digues basses ou des digues
hautes.
J'ai I'impression qu'on pent obtenir des resultats tout aussi bons, avec
moins d'erreurs, au moyen de simples dragages.
M. Partiot. — Si Ton n'avait pas fait de^digues sur la Seine, on n'aurait
rien obtenu.
M. DE PuLLiGNY. — Plusicurs couclusions ont ete presentees a la Section,
et des etudes lui ont ete demandees pour le prochain Congres, avec la spe-
cification formelle que ces conclusions ou ces etudes s'appliquaient ou ne
s'appliquaientpas dans la partie maritime des fleuves qualifiee « esluaire ».
Je demande s'il ne serait pas, en consequence, opportun de definir ce que
c'fist que r « estuaire » d'un fleuve.
M. Mengin-Lecreulx. — Je demande a indiquer ce que nous entendons
596 PROCES-VERBAUX DES SfiANCES DES SECTIONS.
en France par estuaire, et ce qu'on entend quelquefois par ce mot dans les
travaux etrangers. On pent entendre par estuaire toule la partie d'un fleuve
soumise a la maree ; cette expression s'entend quelquefois; nous, nous
entendons par estuaire la partie du fleuve ou le quasi-parallelisme des
rives disparait, et oil commence un evasement plus ou moins pro-
nonce.
On enire la dans une region notablement difFerente du fleuve propre-
ment dit.
Autrefois I'estuaire de la Seine s'etendait jusqu'aupres de Villequier ; les
endiguements I'ont reduit.
Dans mon langage — je ne dis pas qu'il soit le bon — quand j'ai
affaire a TEscaut, j'appelle le fleuve a maree proprement dit, jusqu'ii
la frontiere hollandaise; je designerai sous le nom d'estuaire le grand
fleuve qui est en aval jusqu'a Flessingue; et a I'ext^rieur, pour moi, c'est
la mer.
Dans la communication si interessanle de M. de Mey, il m'a semble
qu'il appliquait I'expression « estuaire » a I'embouchure conique qui
est a I'exterieur de Flessingue, et que le reste, en amont, est pour lui le
fleuve.
Ces differences de langage peuvent entrainer des confusions ; aussi la
question a-t-elle ete posee : Qu'est-ce qu'un estuaire ? quedoit-on entendre
par un estuaire?
M. Yauthier. — M. Mengin vient de donner une definition extrememenl
ingenieuse des estuaires, mais je ne la crois pas suffisante. II est bien dif-
ficile de trouver une definition qui s'applique exactement a tous les cas, et
qui dise bien nettement tout ce qu'on veut dire.
Pour moi, je considere que, tout en cherchant une definition ou en
acceptant provisoirement celle de M. Mengin, il serait bon que les inge-
nieurs, lorsqu'ils parlent d' « estuaire », disent nettement ce qu'ils enten-
dcnt par ce mot.
Si Ton prenait la definition de M. Mengin au pied de la lettre, on trouve-
rait que la Seine, avanl qu'elle fiit endiguee, avait un estuaire immense en
amont de la Rille, et, d'un autre cote, on trouverait deux estuaires sur
I'Escaut, deux estuaires sur la Mersey. Tout cela est bien confus. Toutcs
les fois qu'on aura un elargissement d'un coursd'eau, on aura un estuaire.
De sorte qu'on pourra se trouver en presence d'une serie d'estuaires.
Je crois qu'il faudrait reserver le mot « estuaire » pour la partie infe-
rieure des fleuves au voisinage de la mer, la ou les rives prennent un ecar-
tement definilif tres-caracterise.
Mais ce qui importe par-dessus tout, c'est de se rendre bien compte que
le mot n'est pas assez exactement defini pour qu'en I'employant, on ne
dise pas exactement ce donl on entend parler.
Dans ce qu'a expose M. Franzius au sujet du Weser, nous avons un
exemple frappant des confusions dans lesquelles on pent lomber : M. Fran-
4- SECTION. — 7* STANCE. 597
zius avail presente au Congres de Francfort, au sujet dcs estuaires, des
conclusions qui, tout d'abord, m'avaient paru absolument fausses. Mais
nous avons su depuis que M. Franzius ne parlait pas des estuaires dans
I'acception que nous donnons presque lous ici a ce mot; il parlait de la
partie maritime du Weser. Des lors ses conclusions devenaient justes.
II importe done, dans I'elat actuel deschoses, de rechercher une defini-
tion de I'estuaire qui soil satisfaisante. J'en dirai autant de la definition
dos deltas et des bailees. On emploie par exemple le mot « barre » a tort et
a Ira vers pour designer des choses extremement difl'e rentes.
II serait bon de recommander au prochain Congres de definir, si c'est
possible, toutes ces expressions, mais surtout de prier les ingenieurs,
lorsqu'ils emploient le mot « estuaire », d'indiquer exactement ce qu'ils
veulent dire : voila ma conclusion.
M. Verno-Harcourt. — Je suis de I'avis de M. Mengin, on pent definir
les estuaires en disant que c'est I'endroit ou les rives commencent a 6trc
beaucoup plus larges.
La Mersey est une riviere particuliere ou il y a certainement deux es-
tuaires, mais on pourrait appeler I'estuaire de la Mersey I'espace compris
depuis la barre jusqu'a I'embouchure, I'estuaire du Weser commencerait
a peu pres a Bremerhaven.
Comme M. Yauthier, je ne comprenais pas les travaux de M. Franzius,
jusqu'au jour ou j'ai su a quoi il appliquait sa definition de lestuaire. Je
croyais qu'il avail construit des digues dans I'estuaire, cequi etait un tort
a mon avis. Depuis lors, j'ai reconnu qu'il avail sagemenl agi.
Je crois qu'il existe des fleuves sans estuaire; je ne pense pas, par
exemple, que I'embouchure de la Meuse soitun estuaire ; de m6me la Tyne
n'a pas d'estuaire, mais la Clyde que Ton confond avec la Tyne, a un grand
estuaire en aval des digues qu'on a construites.
II est facile de le trouver dans une riviere a maree un point ou les rives
commencent a diverger ; ce point est marque sur les carles.
Si on construisait des digues, il faudrait diminuer beaucoup dans I'es-
tuaire le ehenal majeur.
Si vous voulez endiguer un ehenal comme M. Franzius I'a fail dans la
partie maritime du Weser, endiguez pres des rives, mais plus pres du
ehenal principal. J'ajoute qu'a mon avis il n'esl pas necessaire de renvoyer
la question a un prochain Congres, nous sommes assez competenls pour la
resoudre definitivement, nous ne le serous pas dav'anlage dans deux ou
trois ans.
M. Mengin-Lecreulx. — Je suis absolument de I'avis de M. Yernon-llar-
courl, je pense qu'il est inutile de renvoyer a un autre Congres une question
de terminologie.
Je propose d'appeler « estuaire » non pas toute la partie d'un fleuve
soumise a la maree, partie qui pent varier en longueur a la suite des tra-
vaux; ainsi quand on creuse un fleuve, la maree remonte plus haul. On
598 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
en viendrait a dire que Gand est sur I'estuaire de I'Escaul; j'appelle done,
et je propose d'appeler « esluaire » la parlie la plus voisine de la mer, a
partir du point oil le fleuve s'elargit beaucoup, et perd ce que j'appelle le
quasi-parallelisme des rives.
M. Laroche. — Et les digues?
M. Mengik-Lecreulx. — ... Ou bien je propose de dire qu'on appelle
« estuaire » la partie la plus voisine de la mer, a partir d'un point qui
est a determiner dans chaque fleuve. J'ajoute que dans certains fleuves,
ceux precisement qui satisfont le plus au principe de continuite, en vertu
de ce principe m6me, le point ou commence I'estuaire est difficile a deter-
miner.
En efllet, d'apres ce que nous venons de dire, I'estuaire commence a un
retour de continuite ; la ou il n'y a pas retour de continuite, on ne sail pas
ou commence I'estuaire.
Dans la Tamise, par exemple, je me demande oil commence et oil fmit
I'estuaire, car la Tamise est un fleuve a trace continu ; c'est, a mon avis, ce
qui lui donne sa valeur.
Mais quand on fait une definition, une terminologie, il faut bien com-
prendre qu'il est des cas auxquels elle ne s'applique pas.
M. DE Mey. — II me semble que pour I'Escaut, on doit considerer I'es-
tuaire comme commengant a Flessingue.Jusqu'aFlessingue, I'estuaire inte-
rieur tient beaucoup du fleuve, car I'influence des rives s'y fait sentir dans
la marche des alluvions.
Jusqu'a Flessingue, il se produit des phenomenes tres-irreguliers, mais
qui se ratlachent aux phenomenes dont a parle M. Fargue; tandis que, en
dehors de Flessingue, les berges n'ont plus d'influence sur la marche des
alluvions. C'est pour cela que j'appcllerai « estuaire exl6rieur » celui qui
commence a Flessingue.
M. LE President. — Vous voyez qu'il est difficile de donner une definition
exacte.
M. Partiot. — II est cependant essentiel qu'on soit fixe des a present,
car des confusions se sont produites dans des conditions tr^s-regrel-
tables.
Ces confusions peuvent se renouveler au prochain Congres. Si nous adop-
tions une definition nette, telle que celle de M. Mengin, on saurait au moins
a quoi s'en tenir.
II est certain qu'a la partie amont, la limite entre I'estuaire et le fleuve
n'est pas facile a definir ; cela tient a la continuite. Je propose done a la
Section d'adopter, d'une maniere definitive et pour I'avenir, la definition
de M. Mengin, a savoir que I'estuaire s'etend depuis le point oil le fleuve
perd son parallelisme jusqu'a la mer.
M.DE PuLLiGNY. — Nous avons ici les ingenieurs d'un grand nombre de
fleuves de I'Europe, nous pourrions continuer ce qu'a fait M. de Mey et pro-
ceder a la definition par appel nominal. {On rit.)
A' SECTION. — V SEANCE. 509
M. Partiot. — Ma definition est celle de M. Mengin.
M. Mengix-Lecreulx. — L'interSt d'une definition est tres positif ; I'exemple
de M. Franzius en est une preuve.
M. LE President. — On a pu voir sur la carte ce dont M. Franzius voulait
parler,
M. Vernon-Harcourt, — On a cite encore le cas du Mississipi pour declarer
qu'on ne pouvait pas definir I'estuaire.
Pour moi, j'ai declare qu'a mon avis les deltas n'etaient pas des estuaires,
ce sont des rivieres avec des chenaux bien indiques ; il y en a plusieurs
raalheureusement. Ces rivieres ont peut-etre une partie maritime ou le ilot
monte, mais c'est une partie maritime; ce n'est pas un estuaire.
General Comstock. — On the Mississippi the tide is felt to a distance
of 500 kilometres from the sea, and for 400 kilometres of that distance
the river is of nearly the same width. It does not therefore seem to me
possible to define an estuary as the part y a river which is affected by
the tide.
Mr. Vernon-Harcourt. — In many rivers, in the Mersey, for instance,
there is a certain point where a great enlargement takes place and where
the river does not run between parallel banks. I have not had the good
fortune to see the Mississippi but I do not call the Mississippi a river with
any estuary at all — not an estuary, but a tidal portion; there is a defi-
nition in that way : the portion where the tide is felt, and which rivers
with deltas do not have.
General Comstock. — The last definition of an estuary does not seem to
me entirely satisfactory. The River Delawar in America increases in width
near its mouth, and we call that portion near the mouth a bay; by this
definition you may call it an estuary. A bay has a width of 10 or 15 miles,
and in America we do not call it an estuary but a bay. The great River
M. le general Comstock. — Sur le Mississipi, la maree se fait sentir jusqu'a une
distance de 500 kilometres de la mer, et le fleuve conserve k peu pres la meme
largeur sur une longueur de 400 kilometres encore. II ne me semble done pas
possible d'appeler a estuaire » la partie d'un fleuve qui est soumise au regime
des marees.
M. Vernon-Harcocrt. — Sur beaucoup de rivieres, sur la Mersey par exemple,
il V a un certain point ou se produit un grand elargissement, et ou la riviere ne
coule pas entre des rives paralleles. Je n'ai pas eu la bonne fortune de voir le
Mississipi, mais je ne le considere pas du tout commeune riviere a estuaire, il
a seulement une partie maritime ; voici une definition dans ce sens : la partie ou
la maree se fait sentir et que les rivieres a delta ne possedent pas.
M. le general Comstock. — Cette derniere definition d'un estuaire ne me pa-
rait pas entierement satisfaisante. La riviere Delaware, en Amerique, augmente
de largeur pres de son embouchure, et nous appelons cette partie pres de I'em-
bouchure « bale », c'est ce que vous voulez appeler « estuaire ». Une baie a
une largeur de 16 a 20 kilometres, et en Amerique nous n'appelons pas cela
« un estuaire ». La grande riviere Susquehanna debouche egalement dans une
600 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
Susquehanna also flows into a bay which has a length of 200 miles and a
width of from 10 to 15 miles; it has equally a great depth of water. We
do not call that an estuary but a bay. It seems to me very difficult to
define exactly this word estuary, unless you add the statement that it is
where a river widens in water that has very litlle depth.
M. DE Raeve. — Nous voyons qu'il y a une grande difficulte a donner
une definition de I'estuaire ; pour moi, j'estimo qu'on devrait se borner
aujourd'hui a recommander aux ingenieurs d'une maniere formelle de
definir ce qu'ils entendent par estuaire, quand ils traitent cette question.
M. Mengin-Lecreulx. — Alors on pourrait dire : on appelle d'une ma-
niere generate « estuaire » la partie interieure des fleuves a maree, a partir
du point ou la forme change notablement, et ou disparait le quasi-paralle-
lisme des rives.
Cela dit, comme a raison des diversites de formes, une definition rigou-
reuse est impossible, il doit etre entendu que, pour indiquer I'estuaire, il
sera fixe conventionnellement des limites que les ingenieurs auront soin
de notcr dans leurs travaux.
M. LE President. — Nous pourrions clore la discussion sur la definition
dont il s'agit ; ce debat n'est intervenu que d'une fagon tout a fait acces-
soire. Nous en etions a la question des dragages, et il a ete pose la question
de savoir s'il ne conviendrait pas de faire une distinction entre I'estuaire et
le fleuve ; cette distinction ne m'apparait pas tres-claire.
Si M. de Raeve voulait s'entendre avec M. Mengin, il pourrait formuler
une definition ou une conclusion par ecrit, et je la mettrais aux voix.
Nous en etions, je le repete, a la question des dragages, et M. Laroche
fuisait observer que, dans un certain norabre de cas, pour obtenir des pro-
fondeurs plus grandes, il etait preferable de recourir a des dragages, au
lieu d'etablir des digues. Je prierai M. Laroche, s'il a des observations a
presenter, de vouloir bien les formuler a nouveau.
M. Laroche. — Mon observation ne portait que sur un point; comme,
immediatement apres la question des traces du lit des fleuves, on a parle
des digues, je craignais qu'on ne voulut etablir une sorte de connexion
enlre ces fails, que quand on veut ameliorer le lit d'un fleuve, il faut
construire des digues.
On a semble dire que je me trompais, que le vote qui a et6 emis n'a
pas cette interpretation, qu'il n'implique pas la necessite des digues; des
lors jen'ai rien a ajouter, sinon, qu'en ce qui me concerne, j'ai toujours
peur des digues, a cause des erreurs possibles. Je crois, au contraire,
qu'on pent obtenir la rectification du lit par de simples dragages, ou du
baie qui a une longueur de 520 kilometres, une largeur de 16 a 20 kilometres
et ou Ton trouve une grande profondeur d'eau. Nous n'appelons pas cela « un
estuaire », mais « une baie ». II me semble tres-difficile de definir exactement
ce mot « estuaire », a moins que vous n'ajoutiez que e'est la partie ou la riviere
s'elargit dans des eaux tr6s-peu profondes.
4* SECTION. — '• SEANCE. 601
moins par des travaux ou les dragages joueront le plus grand role. Je me
borne done a justifier la reserve que je formule, parce que dans ma pensee,
je crois que la rectification du lit par des digues est souvent un danger.
M. Me>gi>-Lecreulx. — Sans doute, c'est un danger; mais enfm, quand
on ne fait rien, on ne se trompe jamais. Dans bien des. cas les digues ne
sont que la defense des rives, la substitution d'un etat de choses regulier
a une situation irreguliere dont les effets ne peuvent etre abandonnes ; en
sorte que la proscription des digues, telle qu'elle resullerait de I'opinion
de M. Laroche, me semble bien generale. Sa pensee porte surlout sur les
modifications profondes apportees aux conditions naturelles par I'execu-
tion des digues. Cependant je suis persuade que M. Laroche n'a pas d'ob-
jections a faire aux digues construites par M. Franzius.
M. Laroche. — Je n'ai pas d'objections a faire pour un cas determine.
Nous savons trop que chaque fleuve, chaque pays, chaque interet riverain
a une trop grande influence sur la determination des traces pour que nous
puissions arr^ter une formule generale.
Dans un pays comme la HoUande, I'utilite de conquerir des terrains
pour I'agriculture pent forcer a elablir des digues, parce que I'interet
public I'exige.
J'estime que les dragages presentent des avantages nombreux pour I'ame-
lioration des fleuves; je precise ma pensee; je prendsun fleuve quelconque
actuellement livre a une navigation insuffisante, pourquoi? parce qu'il y a
des barres qui sont relativement peu profondes.
Si Ton choisissait la barre la moins profonde et qu"on commengat a
I'ameliorer par des dragages, en obtiendrait des resultals considerables
pour les fleuves.
Voyez la Loire par exemple : il est certain que si Ton avait commence par
ameliorer une de ses barres, on aurait notablement ameliore la situation
de Nantes.
Apres avoir ameliore celte barre par des dragages, operes la ou Ton
passe habituellement, on aurait obtenu un resultat ; on pouvait passer a
une seconde, a une troisieme ; en un mot, faire une serie de sillons suc-
cessifs de plus en plus profonds.
Peut-etre la riviere n'aurait-elle pas ete assez complaisante pour laisser
tons les sillons se maintenir ; ou serait le mal? On en aurait ete quitte
pour choisir le point ou la riviere semblait demander qu'on passat, mais
on aurait debarrasse le lit des bancs qui I'encombrent.
Le seul fait d'enlever d'un fleuve les alluvions seculaires qui vien-
nent soit d'en haut, soit d'en bas, eut constitue une premiere amelio-
ralion.
En resume, je crains que nous ne laissions dans I'esprit des personnes
qui liront le compte rendu, cette impression que, lorsque nous parlons
d'ameliorer le lit d'un fleuve, I'id^e de conslruire des digues est implici-
tement renfermee dans la question d'am^lioration.
602 PROCES-VERBAUX DES SfiANCES DES SECTIONS.
Cette idee me fait peur, elle nest pas conforme a ma maniere de voir,
je ne puis pas la voter.
M. Yauthier. — Sur la Seine maritime, a I'aval de Rouen, au moyen des
digues seules, sans aucun dragage, on a fait, de 1847 a 1867, disparaitre du
lit 60 millions de metres cubes de sable, par le seul effetde Taction des eaux.
II est difficile, dans un pareil cas, de contester I'ulilit^ des digues.
J'ajoute qu'etant donn6 un cours d'eau quelconque, si Ton se contente d'y
faire des dragages, sans aucun autre changement, on arrive le plussouvent
a ce resultat, que le lit se retablit suivant la forme qu'il avait ant6rieurement,
Le dragage n'a fait que creuser une fosse dans laquelle se sont d^posees
de nouvelles alluvions ou matieres transportees.
En consequence, il me semble qu'on ne doit conclure ni pour les dra-
gages sans les digues, ni pour les digues sans les dragages.
II faut conclure pour I'emploi rationnel, etla combinaison au besoin des
uns et des autres.
Sur la Clyde, on avait construit des digues et fait des dragages, niais
ces derniers predominaient, et, a cette epoque, on se prit a accorder aux
dragages beaucoup plus d'importance qu'aux digues pour I'am^lioration
des fleuves a maree. Les grands travaux de la Seine n'ont pas obei a cette
impulsion ; on a opere au moyen de digues, et les resultals ont ete fort
importants.
A mon avis, les dragages qui, d'abord, sont necessaires dans certains
cas, lorsque le fond n'est pas affouillable, peuvent 6lre egalement utiles
pour amorcer une situation nouvelle, et determiner des ameliorations
permanentes.
Mais je crois qu'on commettrail une faute grave si Ton considerait les
digues et les modifications donn^es aux courbes du lit comme inutiles. II
faut 6tre a la fois partisan des digues et partisan des dragages. Le lout est
d'en faire un emploi rationnel.
M. QuiNETTE DE RocHEMONT. — Jc suis dc I'avis de M. Yauthier ; je pense
qu'il faut allier les dragages avec les constructions de digues dans bien
des circonstances.
II est souvent bien difficile de prendre parti d'une fagon absolue pour
I'un ou I'autre de ces moyens.
II est certain que les courants ont un effet considerable sur I'entraine-
ment des matieres, et diminuent dans des proportions notables les depenses
a effectuer. Pour prendre un exemple que vous connaissez tons, M. Fran-
zius, sur les 55 millions de metres cubes qu'il devait enlever pour creuser
le Weser, exprimait cette opinion que les 2/5 seraient enleves par le cou-
rant. Cette proportion a ete plus considerable encore qu'il ne le supposait.
En consequence, j'estime qu'il serait excessif de poser en principe,
comme semble le faire M. Laroche, qu'il faut commencer par des dragages,
et s'en tenir la.
Puisqu'on a parle de la Loire, on estime que, dans ce fleuve, les apports
4' SECTION. - V SCANCE. 603
arinuels seront a peu pres dans la proportion des 2/5 des dragages primili-
venient a faire. Des lors, \ ouloir ameliorer la Loire jusqu'a Nantes par des
dragages, reviendrait a priori a faire des cubes tellement importants
qu'on serait entraine ires-loin.
Je crois done qu'on ne pent pas poser en principe que les dragages suffi-
sent pour ameliorer un fleuve.
M. Vernon-Harcourt. — Sur la Clyde, dont M. Vauthier a parle, on a
commence par faire des dragages, mais des dragages de hauts-fonds bien
entendu, car il faut toujours draguer les hauls-fonds.
Mais apres avoir termine ces dragages, on a construit moins de digues
en aval. On a ainsi ameliore une tres-petite riviere au point de permettre
I'entree du port au commerce du monde. Dans certains cas on a simple-
ment besoin, a men avis, de draguer et de regulariser les berges, c'esl ce
que j'ai propose pour la riviere I'Usk, au sujet de laquelle je vous ai
donne quelques details dans mon rapport.
Cependant il est des cas oii il faut diriger le courant, et en meme temps
draguer dans le lit les mafieres que le courant est impuissant a enlever.
Dans un cas particulier, celui des travaux fails a Tembouchure de la
Meuse, il eut ele preferable des le debut, quand on a etabli le nouveau
chenal, de draguer davantage, et de ne pas laisser au courant le soin
d'envoyer des alluvions a la mer, car la mer n'elait pas tres-profonde.
On y envoyait sans doute assez facilement par le courant toutes les ma-
tieres qu'on enlevait, mais ces matieres s'arretaient entre les digues qui
avaient ete construiles a I'embouchure.
Je crois done qu'il est des cas oii il est preferable de faire des dragages,
m^mes'il en coiite plus, quedelaisser lecourantentrainerles matieres solides.
M. Laroche. — Je suis heureux que M. Vernon-Harcourt ait fait cette
observation, parce que M. Quinette de Rochemont a dit que les quantites
de matieres enlevees par le courant avaient depasse les previsions, mais
en verite je ne sais pas si Ton pent appliquer le mot « enlevement » au
travail qu'on a fail ainsi.
On a amene les matieres du haul de la riviere en bas dans I'estuaire, et
je ne sais pas s'il n'en est pas reste la plus grande partie, sinon la totalite
dans I'estuaire.
M. Mengin-Lecreulx. — Quand on drague, on prend les matieres dans un
endroit pour les amener dans un autre.
M. Laroche. — Mais on peul les amener tres-loin et dans des conditions
favorables.
Ainsi, dans la Meuse, on nous citait ce fait qu'il a sufil de deposer un
million de metres cubes de matieres draguees par des profondeurs de
16 metres pour que le courant qui regno la les ait enlevees.
Alors c'est un travail utile a mon point de vue, c'est le degagement du
lit du fleuve.
M. Partiot. — Sur la Seine, les 60 millions de metres cubes dont par-
604 PROCES-VERBAUX DES STANCES DES SECTIONS.
lailtoul a I'heure M. Vauthier, ont ele non seulement enleves du lit, mais
deposes dcrriere les digues, de sorte que le courant a fait 60 millions de
metres cubes de dragages sans qu'il en ait coiite un centime.
M. QuiNETTE DE RocHEMONT. — Lc mcmc fait s'est passe dans le Weser.
Une partie des sables qui ont ete entraines, se sont deposes dans les espaces
qui se trouvaient en Iravers des digues et dans les fosses.
II est regretlable que dans certaines conditions les eaux entrainent les
sables a la partie aval et comblent I'estuaire. Mais, la encore, c'est
un fait d'espece. Malheureusement dans tons ces cas, je ne crois pas
qu'on puisse poser un principe general. 11 est Evident que si vous avez un
estuaire sans profondeur et sans courant littoral, vous le comblerez. C'est
ce qui fait que M. Welcker ne drague plus aujourd'hui; il ne depose plus
de matieres dans I'embouchure de la Meuse, alors qu'on y deposait autre-
fois un assez fort cube.
Aujourd'hui il a reconnu que ces matieres ne s'enlevaient pas, et qu'on
perdait meme de la profondeur.
Il est telle autre circonstance oil Ton a devant soi un estuaire profond,
avec un courant littoral suffisant ; il est alors avantageux de permettre aux
eaux, en mouvement alternatif, d'enlever de grosses quaniites de matieres.
M. DE Mey. — Je suis de I'avis de M. Quinette de Rochemont; il est im-
possible de formuler des conclusions generales.
Ainsi j'ai cite I'exemple de I'Escaut, en m'attachant a faire ressortir la
stabilite des bancs sablonneux.
Jo pourrais citer la Mersey dont I'estuaire, d'apres M. Vernon-Harcourt,
auraitune tres grande stabilite: mais ce ne sont la que des cas particuliers.
11 est evident que dans la Mersey on pourra, par des dragages, — c'est
du moins ma conviction, — ameliorer, dans des conditions sensibles, les
passes dures du fleuve. L'entretien de ces passes coiitera moins qu'on ne
le croit. Mais ce principe ne pourrait s'appliquer a I'estuaire de la Seine,
qui est constitu6 par des fonds d'une mobilite excessive, et ou, d'apres les
memoires de M. Mengin et de M. Vauthier, le chenal se deplace a des
intervalles relativement courts.
Comme vient de le dire M. Laroche, il sera toujours prudent d'eviter
I'endiguement d'un estuaire, parce que c'est un probleme tres-difficile.
En ce qui concerne les dragages que j'ai pr6conises dans la partie large
de I'Escaut, c'est un fait particulier.
L'Escaut a tres-peu de pente et n'opere pas ces charriages de sable dont
j'entends parler. II s'y produit des deplacements de sable la ou vous ne
pouvez pas appliquer les principes de M. Fargue.
Lorsqu'une mouille n'est pas reliee a une autre, il n'y a qu'un moyen,
c'est de draguer.
Tons ces cas sont tellement dissemblables, qu'il n'est pas possible d'en
tirer une conclusion quelconque soil en faveur des dragages, soit en faveur
des endiguemenls.
4- SECTION. — 8- SEANCE. fiOo
M. LE President. — Jc donne lecture d'unc resolution qui vient de
m'etre remise par M. de Raeve, d'accord avec M. Mengin :
« Le Congres pense qu'il n'est pas expedient de definir d'une maniere
generale ce qu'on doit entendre par « estuaire »; toutefois, pour eviter
des confusions qui se sont deja produites, il recommande vivement aux
ingenieurs qui traitent de questions relatives a I'embouchure des fleuves,
d'indiquer exactement ce qu'ils entendent par « estuaire » dans les cas
speciaux dont ils s'occupent ».
— Cette resolution, mise aux voix, est adoptee.
M. LE President. — Messieurs, aux termes du Reglement, nous devons
designer un ou plusieurs rapporteurs charges de presenter aux seances
plenieres les conclusions que la Section a adoptees.
Je vous propose de designer des maintenant un rapporteur general.
S'il se presentait des questions particulieres, ct qu'on fiit conduit a
clioisir des rapporteurs particuliers, on procederait a ces choix au cours
de la discussion.
M. QuiNETTE DE RocHEMONT. — Jc proposc dc clioisir M. Mengin-Lecreulx
comme rapporteur general. (Applaudissements.)
— Cette proposition est adoptee a Tunaniniite.
M. Vauthier. — Je ne voudrais pas qu'on laissat la question des dra-
gages sans conclusions; a rouverture de la prochaine seance, je proposerai
les miennes.
M. LE President. — C'est entendu : la prochaine seance aura lieu ce soir
a 2 heures 1/2 avec I'ordre du jour suivant : action des reservoirs lateraux;
de I'influence des grands estuaires inlerieurs sur les barres des fleuves.
La seance est levee a 11 h. 45.
HUITIEME SEANCE
Mardi 26 Juillet (apres-midi).
Presidence de M. CUVINOT
La seance est ouverle a 5 heures.
M. le President. — La discussion est ouverte sur les reservoirs lateraux
qui font I'objet des conclusions finales du rapport de MM. Troost et Van-
dervin, dans les termes suivants :
« Dans les fleuves a maree, les reservoirs lateraux doivent etre proscrits
dans toule la region qui n'est pas frequentee par les eaux de la mer.
« Dans la region meme qui est, au contraire, frequentee par ces eaux,
<f. ils ne peuvent exercer une influence favorable sur le regime que s'iis
k
606 PROCES-VERBAUX DES STANCES DES SECTIONS.
« sont situes assez pres de I'embouchure, et si celle-ci est assez large
« pour que :
<f 1" Le volume des eaux de la mer se rendant, en amont du reservoir,
« dans le lit du fleuve, ne soit pas diminue par le reniplissage du reservoir ;
« 2" La vidange du reservoir dans la mer ne cree aucun empechement
« a la descente des eaux du fleuve venant de I'amont. »
M. Mengin a des observations a presenter. Je lui donne la parole.
M. Mengin. — Les observations que je desire presenter portent sur Ics
reservoirs laleraux. Non pas que je veuille les recommander, au conlraire.
Mais il me semble que le libelle des conclusions de MM. Troost et Van-
dervin pourrait donner lieu a des malentendus, sinon pour nous, car je
crois etre d'accord avec les auteurs du memoire, mais pour les ingenieurs
qui liront ces conclusions.
Mon observation porte surtout sur cette phrase : dans la region ou les
eaux de maree ne penetrent pas.
Or, a proprement parler, cette region est souvent rapprochee de I'embou-
chure. Ainsi pour la Seine, a Quillebeuf, loin de Rouen et pres de la mer,
il n'y a pour ainsi dire plus d'eau salee, et a Aizier, a 80 kilometres de
Rouen, il n'y en a plus du tout. En amont de ce point il n'y a plus que des
eaux de refoulement. Or il me semble que des ingenieurs pourraient con-
clure du texte ecrit que, dans cette partie, il n'y a plus que des eaux de
refoulement, et que la capacite des bassins de rcmplissage n'importe pas :
au conlraire, elle importe beaucoup.
Voyez ce qui se passe a Rouen : a Rouen, il est certain que la circulation
de I'eau a laquelle donne lieu le remplissage et la vidange ne profile pas
directement a I'embouchure. Ce sont des eaux qui montent et desccndent
et profitent a la partie inteimediaire; ce sont ces eaux qui permettenl de
donner aux parties intermedicires une largeur plus grande, et ainsi de
suite, par une repercussion progressive. Des bassins de remplissage sont
utiles, quel que soit Templacement ou ils se trouvent dans le fleuve, et
meme un bon amenagement consiste a creer des bassins de remplissage
le plus haul possible vers I'amont.
Maintenant comment les creer? 11 est certain que ce que ces messieurs
ont entendu par reservoirs lateraux formera en general un mauvais bassin
de remplissage pour plusieurs raisons : souvent ces bassins, etant entiere-
ment soustraits au courant, se colmateront, et disparaitront en peu de
temps; il y a cinquante ans, on avail fait un projet d'amelioralion de la
Seine base sur une serie de reservoirs; si on les avail fails, ce seraient
aujourd'hui, et depuis longlemps, des prairies; en second lieu, quand on
fait un reservoir lateral avec une petite bouche perpendiculaire ou a peu
pres au fleuve, il se produit des remous, des contre-ondes et autrcs,
troubles locaux qu'il faut eviter.
La question cependanl se pose pour les ingenieurs du Havre et de Rouen,
car il a la des bassins laleraux provenant d'anciens bras barres partielle-
4' SECTION. — 8* SE.\NCE. 607
ment; comme les eaux sont peu chargees dans cette partie, les bassins ne
se remplissent pas ; le remous cree a I'entree par la discontinuite de I'ou-
verture n'a pas d'inconvenient grave, et il est certain que le remplissage
de ces espaces ne sera pas d'un bon effet ; il n'agira pas directement sur
I'estuaire, mais il pourra agir sur les parties inlermediaires, et s'il obli-
geait a les retrecir, il aurait nui indirectement mais puissamment a I'ame-
lioration de rembouchure.
II y a encore une autre objection : si le bassin de remplissage est im-
portant, et si la section du fleuve est la meme en aval et en amont, il se
produira un trouble local ; si au contraire il y a comme a I'aval des con-
fluents des fleuves une augmentation de section correspondante au bassin
qu'on a a remplir, le m6me phenomene ne se reproduira pas.
Je pense done que la pensee des rapporteurs pourrait etre rendue d'une
i'a^on plus exacte par le libelle suivant :
« Le bassin de remplissage destine a donner a un fleuve a maree la
puissance hydraulique necessaire a I'entretien des profondeurs sur tons les
points, et notamment a I'embouchure, doit elre constitue en general par le
lit du fleuve lui-meme au moyen d'un amenagement des largeurs et des
sections transversales.
« Les reservoirs lateraux qui ont, le plus souvent, I'inconvenient de pro-
duire, a leur debouche, des troubles locaux par les remous et retours
d'ondes qui en resultent, el qui sont d'ailleurs sujets a se colmater, ne rem-
plissent que tres-imparfaitement le mSme but, et ne sont pas a recom-
mander. »
J'elimine done la question de savoir si c'est en aval ou on amont que les
eaux penetrent. Je crois que cette distinction n'est pas a faire, et je le dis
dans les conclusions memes. Comme on ne lit souvent que les conclusions
sans les commentaires, il est bon de signaler les inconvenients des reser-
voirs lateraux. Mais je ne pense pas que je sois reellement en disaccord
avec ces messieurs.
M. LE President. — En ce qui concerne le § 1 , il est certain que Taccord
est complet. Mais en ce qui concerne le §2, la redaction de M. Mengin ne
repond pas a I'objet que M. Troost avail en vue.
M. Troost. — Nous avons voulu dire que, si Ton pent faire entrer plus
d'eau sans faire tort a ce qui se produit a I'amont, et sans que I'eau pro-
duise d'envasement, ce ne pent etre qu'une bonne chose. J'ai montre a ce
sujet ce qui s'est passe a Ostende : le port s'etait envase parce qu'on avail
supprime les chasses, et il s'est ouvert de nouveau quand on a cree des
bassins de chasse. C'est a de veritables bassins de chasse que je fais allu-
sion dans le § '2 de mes conclusions.
M. LE President. — 11 vaudrait peut-etre mieux ne pas employer la
meme expression de « reservoirs » qui produit la confusion.
M. Mengin. — Ce qui nous divise, c'est que je ne dis rien du bassin de
chasse, tandis que M. Troost dit qu'il pent etre en aval. Moi, je dis qu'il
008 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
est utile en amont aussi, a la condition, bien entendu, que les sections
intermediaires, qui sont des sections en aval des bassins de chasse, soient
en correlation avec le bassin que vous avez cree.
Je suppose qu'on cree un bassin de chasse et qu'on elargisse la Seine en
amont deCaudebec : dans I'etat de choses actuel, on n'en lirera pas profit,
parce qu'il y a en un point, aux Flacques, un passage relreci dont le fond
est dur, el qui dans I'etat actuel ne peut pas debiter le cube de remplissage
d'amont; d'ou il resulte que le bassin ne se vide pas, qu'il se produit des
vitesses excessives, que la maree nc se transmet pas bien, etc. Si done je
ne louche pas a ce que j'appelle la section d'aval, si elle reste insuffisante,
je n'ai pas de benefice, ou peu, a creer, en amont, un bassin de rem-
plissage plus grand. Mais il en sera tout aulrement si j'augmente la sec-
tion d'aval. Je ne crois done pas que pour les bassins de maree, il y ait
lieu de distinguer enlre les points du fleuve ; ils sont utiles partout, a
la condition qu'ils s'entretiennenl, qu'ils ne produisent pas de troubles
locaux, — et pour cela le reservoir lateral dont on a parte sera en general
mauvais — a la condition, enfin, que toutes les sections du tleuve soient
en correlation avec le cube d'eau necessaire pour alimenter les bassins de
maree successifs.
M. Troost. — Je suis d'accord avec M. Mengin. Si j'ai bien compris, il
veut etablir le reservoir dans le lit meme de la riviere en lui donnant les
sections necessaires a cette fin. C'est egalement ma conclusion : je veux
supprimer les reservoirs lateraux de fa^on a reserver pour I'amont le cube
d'eau necessaire pour entretenir des sections plus grandes qui constitue-
ront les reservoirs.
II est certain que le reservoir lateral diminue I'amplilude de la maree,
et diminue la puissance maritime du fleuve en amont de son emplacement.
Au lieu d'avoir une section qui irait brusquement en diminuant de pro-
fondeur, a I'amont du reservoir, on poura continuer la section d'aval en
amont de fa^on a savoir un fleuve de puissance croissante, continue, pour
le plus grand bien de la navigation.
M. Mengin. — Ces messieurs acceptent certainement le § 1" du texte que
je propose. Voici le 2" ;
« Les reservoirs lateraux qui ont le plus souvent I'inconvenient de pro-
duii'e a leur debouche des troubles locaux par les remous et retours
d'ondes qui en resultent, et qui sont d'ailleurs sujets a se colmater, ne
remplissent que tres-imparfaitement le meme but, et ne sont pas a recom-
mander ».
M. Vandervin. — Dans la partie ou ces reservoirs sont alimentes direc-
tement, nous admettons qu'ils puissent produire parfois des effets utiles ;
il ne s'agit pas de les creer, mais de savoir s'ils sont utiles. Etant donne
qu'il existe de ces bassins, nous disons qu'il n'est pas utile dans tous les
cas de les combler ou de les barrer ; il y a la une introduction d'eau de mer
qui ne se fait pas aux depens du fleuve. Si, d'un autre cote, la vidange
4' SECTION. - 8* SEANCE. 609
de ce reservoir peut se faire dans des conditions telles que le jusant ne
subisse aucun retard, nous ne voyons pas les inconvenients que ce reservoir
peut produire, et meme, dans certains cas, cette vidange peut entretenir
les passes du fleuve vers le goulet. Voila le seul point sur lequel I'accord
n'est pas complet. Mais il s'agit seulement des reservoirs voisins de la mer,
se remplissant d'eau de mer et se vidant facilement.
M. LE President. — II s'agit moins de bassins destines a entretenir une
embouchure que de bassin de chasse, ou de bassins assimiiables.
M. Mengln.— Justement, je voudrais qu'il n'y eut pas de fausse interpre-
tation des conclusions de ces messieurs.
M. Troost. — Je vais me placer dans le cas qu'a examine M. Mengin : il
a parte de Rouen; mais Rouen est situe apres un barrage, au bout de la
region maritime. Si par exemple c'etaient les memes navires qui devaient
frequenter la section du fleuve situee en amont de Rouen, il y aurait
avantage a supprimer le reservoir de Rouen, parce que si, comme c'est
possible, on cree un avantage pour la partie situee en aval de Rouen, par
contre, on cree un grand inconvenient pour la section d'amont qui cer-
tainement deviendra moins profonde. Ce reservoir, je ne le considere pas
comme lateral, mais comme au bout de la section maritime, et celui-la
peut agir lavorablement sur la region maritime de I'aval. Quand je parle
de reservoir lateral, je veux dire sur le parcours de la partie maritime
du fleuve et non pas a Textremite : la, il presentera probablement des
avantages.
M. Mengi>-. — Ainsi I'objection de MM. Troost et Yandervin est celle-ci :
s'il s'agit de reservoirs lateraux, en tant qu'ils ont une petite bouche et
fonctionnent comme des reservoirs de chasse qui creent a leur debouche
dans le fleuve un trouble local grave, nous sommes parfaitement d'accord.
Mais, si Ton entendpar reservoir lateral une capacite laterale au fleuve qui
peut se remplir, I'objection de ces messieurs consiste a dire que le rem-
plissage de cette capacite par le flot nuira au remplissage de la capacite du
fleuve lui-meme en amont du debouche du bassin.
II suffit, ce me semble, que les sections du fleuve en aval du point con-
sidere soient suffisantes pour alimenter les deux bouches. Si les sec-
tions en aval sent suffisantes pour que la maree montante puisse alimenter
les deux bassins de remplissnge qui lui sont offerls, il n'est pas neces-
saire que I'un nuise a I'autre, et il sera au contraire avantageux pour
tout I'entretien d'aval de conserver les deux; ceci me parait incontes-
tnble.
Si, quittant les bassins de chasse, nous nous transportons au cas d'un
affluent egalement soumis a la maree et que la maree remplit en meme
temps que le cours principal, cet affluent constitue un bassin de remplis-
sage special; il faut evidemment qu'en aval du confluent le fleuve s'elaroisse
de maniere a debitor les deux cours d'eau, et s'il est suffisammeiU elargi, le
fleuve principal ne pourra pas en souftVir, sauf les diflicultes locales
39
610 PROCES-VERBAUX DES STANCES DES SECTIONS
resultant de la maniere dont les eaux s'aborderont au point de confluent.
Aussi je ne vols pas tres bien qu'il y ait lieu de faire cette distinction entre
les reservoirs et les bassins voisins ou non de la mer, et je n'en parle pas
dans ma redaction.
M. Vauthier. — Je ne m'ecarte pas beaucoup des idees de M. Mengin;
toutefois, selon moi, il faudrait donner phis de nettete a ses conclusions,
et suitout exprimer que I'existence d'un bassin lateral ou d'un elargis-
sement anormal du lit, qui pent etre quelquefois utile pour I'aval, est
toujours defavorable pour I'amont; ceci entendu en un sens general,
tout restant egal par ailleurs, car, dans bien des cas, la suppression d'un
elargissement anormal du lit peut avoir des consequences locales qui,
par repercussion, la rendent favorable pour I'aval aussi bien que pour
I'amont.
Un bassin lateral, ou elargissement anormal du lit, constitue une sorte
d'excroissance dans le regime general d'un fleuve methodiquement regie en
largeur et profondeur, ce qui est toujours mauvais. Cela peut sembler
utile comrae capacite a remplir par le flot, ou par I'eau douce refoulee, ce
qui est exactcment la mi^me chose. Mais il est evident qu'on obtiendra un
meilleur resultat en remplagant les capacites supprimees par des capacites
equivalentes dans le lit meme du fleuve, ce qui est I'ideal vers lequel on
doit tendre. En fait de bassins de remplissage, il faut les porter lout a fait
a I'amont, ce qui correspond a etendie le plus possible en ce sens le jeu
des marees.
Le cas d'Ostende, dont nous a parle M. Troost, rentre tout a fait dans ma
formule, puisque, la, on ayait supprime des bassins de chasse utiles pour
I'aval, sans les remplacer par quoi que ce soit; mais, quant a I'enorme
goitre de I'Escaut, pres de la fronliere liollandaise, il faut le supprimer
a tout prix. L'amont y gagnera beaucoup, et, par repercussion, I'aval en
beneficiera aussi.
Je propose done de substituer la formule suivante a celle de MM. Troost
et Vandervin :
« Dans la partie des fleuves a marees fonctionnant sous Taction de
celles-ci, les reservoirs lateraux doivent etre proscrits d'une fagon absolue.
« C'est dans le lit meme du fleuve, methodiquement regularise en lar-
geur et profondeur, qu'il faut creer les capacites et appeler le plus grand
volume possible d'eau du dehors, en assurant la facile evacuation de celle-
ci additionnee des eaux douces.
« Si Ton avail, mais cela s'est rarement pratique, des reservoirs a creer
ou a maintenir, ce serait a I'amont de la limite ou se fait sentir le jeu des
marees, a condition de ne pas nuire a la navigation fluviale au dela. »
M. LE President. — Le desaccord devient complet entre les trois propo-
sitions.
M. QuLNETTE DE RocHEMONT. — J'estimc, comme M. Vauthier, que si Ton
peut supprimer les bassins lateraux, et les remplacer par une augmenta-
4' SECTION. — 8- SEANCE. 611
tion de volume d'eau entrant dans le fleuve, il n'y a pas a hesiter. Mais
cette circonstance se presente rarement, on ne trouve qii'exceptionnelle-
ment la possibilite d'augmentcr d'line quantite considerable, surtout dans
la partie d'amont, le volume des eaux qu'introduil la maree. Si done il
existe a une certaine distance des reservoirs lateraux, dans bien des cir-
constances il y aura avantage a les conserver; ils jouent dans une certaine
limite le role d'affluents. II y en a un exemple dans le rapport de M. Fran-
ziussur le Weser. M. Franzius aetabli le fleuve en ayant soin de conserver
une grande partie des bras supprimes, de fagon a s'en servir comme de
reservoirs de chasse, et il a appele Fatlention du Congres sur cette dispo-
sition que, quant a moi, je trouve tres-bonne. D'autre part, je suis
d'accord avec M. Mengin pour ne pas faire de distinction entre la partie
du fleuve qui recoit directement les eaux salees et celle qui ne regoit que
les eaux douces refoulees par les eaux salees. Pour moi, il est tres-difficile
de proposer une conclusion ferme, et je prefere rester dans le vague.
M. CoNsiDERE. — Je suis d'accord avec MM. Mengin et Quinette de Ro-
chemont : supposez une riviere, ayant une partie aval large et une partie
amont retreciea partir d'un certain point; a Taval vous pourrez avoir une
profondeur insutfisante ; si, a la jonction de la partie large d'aval et de la
section etroite d'amont, il y a un reservoir lateral augmentant le debit de
la partie aval, il ameliore cette partie aval en y augmentant la profondeur,
et il ne nuira en rien a la partie amont, parce que la section d'aval
donnera un debit suffisant pour remplir a la fois la section etroite
d'amont et le reservoir lateral. En somme, il faut que le debit soit pro-
portionnel aux sections on les sections proportionnelles aux debits. Dans
chaque cas le parli a prendre est done subordonne aux circonstances.
M. Mengin. — On pourrait ajouter : II est d'ailleurs bien entendu que
les sections doivent etre etablies de facon a alimenter la tolalite des bassins
de remplissage qu'elles interessent.
M. LE President. — Vous donneriez ainsi satisfaction au voeu de
MM. Troost et Yandervin ; le disaccord entre eux et vous est plut6t de
forme; vous voulez specifier d'une fagon plus complete I'avantage des
reservoirs tout pres des embouchures.
M. Troost. — En ce qui nous concerne, c'est un cote accessoire : il
s'agit de savoir s'il faut les condamner ou non, lorsqu'ils existent.
M. LE President. — « Pourvu que la section ouverte a I'ecoulement des
eaux soit suffisante, il n'y a pas d'inconvenient a avoir des reservoirs late-
raux » ; voila ce que dit M. Mengin; et vous, vous ajoulez : « Ouandils sont
pres des embouchures, il n'y a pas d'inconvenient a les maintenir ».
M. Troost. — S'ils sont plus a I'amont, je ne pense pas que M. Mengin
reste d'accord avec moi : je crois etre dans le vrai en disant que les reser-
voirs lateraux, s'ils se trouvent en amont d'une partie frequentee par les
eaux de la mer, sont toujours de nature a nuire a d'autres parties amont
de la riviere, a diniinuer I'amplilude des marees dans I'endroit ou ils se
612 PROCES-YERBAOX DES SEANCES DES SECTIONS.
trouvent. Si la riviere doit eire frequenteepar les memes navires que dans
la partie aval, il y a avantage a avoir dans cette parlie nne profondeur
aussi grande qu'en aval ; pour cela il faut que le fleuve soil frequente par
les eaux venant de I'aval pour qu'il y ait une relation de continuite entre
I'aval et I'amont. Siipposez qu'on cree un grand reservoir entre Anvers
et la HoUande ; entre Anvers et la IloUandc on pourrait avoir une section
ineilleiire que celle actuelle ; mais entre le reservoir et Anvers on aurait
une profondeur moins grande, et les bateaux arrivant maintenant a Anvers
ne pourraient plus y arriver.
M. Vandervin. — M. Mengin a compare les reservoirs lateraux a des
affluents. Or, supposez un fleuve se divisant en un point; esl-ce que nous
aurons a I'amont de ce point une situation aussi favorable dans la branche
principale et dans I'affluent que si Ton avait une branche unique se conti-
nuant? Je ne le pense pas. Au contraire, lorsque le fleuve se bifurque, la
situation a I'amont est moins favorable; la profondeur est moins grande
dans les deux branches qui remplacent la bninche unique. Comme nous
disposons d'un certain cube d'eau de maree a ce point, la question est
celle-ci : Vaut-il mieux ameliorer le fleuve en tachant de pousser ce cube
entierement dans la branche unique, ou faut-il en distraire une partie pour
la refouler dans la branche laterale? — ce qui est encore moins bon qu'un
affluent, car il ne s'agit pas la d'un courant continu. La diflerence est
notable, et je crois que, lorsque des reservoirs lateraux ne peuvent paseire
remplis par I'eau de mer, mais par de I'eau venant d'amont, ils doivenl etre
proscrits. Cependant il y a un cas dont M. Mengin et.M. Troost se sont
preoccupes, le cas d'un bras situe a la hauteur de Rouen. La Seine est
arretee par un barrage et la maree ne pent se propager au dela : il est evident
que dans un cas parcil on ne pent pas maintenir le barrage et poursuivre
ramclioralion de la branche unique ; alors est-il bon de prendre une solu-
tion moins radicate mais parfois avantageuse : prendre un reservoir lateral
et faire penetrcr tout le cube d'eau de maree qu'il aurait fallu faire
remonter a I'amont de I'endroit oii est le barrage, si le barrage n'existait
pas.
M. JoLY. — Certainement, ce n'est que dans des cas exceptionnels qu'il
faut conserver des reservoirs a I'amont : presque toujours les reservoirs
s'envasent et le regime prevu se modifie. II vaut mieux chercher a ame-
liorer un fleuve par des digues que par des reservoirs qui se deteriorent.
Une experience decisive a ete faite sur la Loire : le projet primitif qui date
de 50 ans avait ete concu sur ce principc ; on conservait de distance en
distance des reservoirs en bordure laterale qui devaient debiter un volume
d'eau considerable; cequi a ete considerable, ce sont les alluvions qui ont
promptement modifie le regime du fleuve. L'eau ne se propageait pas
comme dans le lit principal, et il se produisait des deversements de CO cen-
limelres et plus. A la descente, c'ctait la meme chose : la maree baissait
plus vile dans le bras principal que dans les secondaires. Aujourd'hui les
4' SECTION. — 8' SEANCE. 615
vases ont diminue ces courants. II \aut bien mieux ameliorer les rives
par des moyens rationnels, et faire remonter la maree le plus loin possible.
M. QuixETTE DE RocHEMoisT. — La difference entre MM. Troost et Vandervin
etnous s'explique parle pointde viie auquel nous nousplacons : M. Vandervin
semble admetlre que, la ou il y a un bras lateral, il y a une quantite d'eau
qui ne pent pas elre augmentee, qu'une partie de cette eau est detournee
de la riviere, et que par consequent la maree doit s'affaiblir dans le bras
principal. Nous ne le contestons pas; mais c'est justemcnt pour cela que
M. Mengin dit avec raison qu'il faut que les parlies aval soient disposees
d'une fagon convenable. II est certain que si Ton conserve lebras lateral, il
est necessaire, pour que la maree ne diminue pas dans le bras principal,
qu'on ait la possibilile d'introduire assez d'eau pour remplir les deux. Si
la section aval ne permel pas de doimer de I'eau dans le bras principal et
dans le bras lateral, il faut supprimer ce dernier. C'est pour cela que
M. Mengin a insiste sur les sections aval ; au fond, nous ne sommes pa$
loin de nous entendre.
M.Vandervix. — En toutcas,ilfautavoir en avalune section telle qu'elleper-
mette I'ecoulement el de I'eau du fleuve et de celle du reservoir, cela va
sans dire; mais je pense aussi qu'apres avoir amene ce cube d'eau au point
ou est le reservoir, on n'en disposera pas aussi favorablement pour Tamont
du fleuve si, au lieu de laisser cette eau dans le fleuve, on la laisse en partie
dans le reservoir. II faut excepter le cas ou il y a un barrage sur le fleuve,
et alors il peut elre avantageux d'employer un reservoir qui remplisse le
role du bassin du fleuve proprement dit.
M. Qi'iNETTE DE RocnEMOT. — Certainemcnt il vaudia mieux, quand ce sera
possible, envoyer toute I'eau dans le fleuve ; mais il faut faire la compen-
salion entre le bras lateral et le fleuve, ce qui n'est pas toujours possible.
M. Vaxdeuvin. — Evidemment il y a des cas speciaux, et Rouen en est
un. Mais, pour la tlieorie, il vaut mieux conserver I'eau dans le fleuve que
de la garder dans des reservoirs lateraux.
M. QuiNETTE DE RocHEMOM. — Nous sommcs d'accord! Ce qui nous louche,
c'est la nettete avec laquelle vous refusez les reservoirs lateraux des qu'ils
sont dans une partie non alteinte par I'eau de mer. Nous trouvons cela
exccssif; nous sommes d'accord sur ce point qu'il est preferable de sup-
primer les bassins lateraux, si on peut les remplacer; mais nous disons :
CO lime ce n'est pas toujours possible, encore vaut-il mieux parfois con-
server le bassin lateral que de le supprimer.
M. deMey. — Sij'aibien compris,on considere les bassins commelaleraux
quand on peut les alimenter directement et facilement par la mer. C'est
d'autant plus avantageux que ce bassin seremplit sans diminution apparente
de la Vitesse du flot, et que la vidange se fait a la grande faveur des passes
(In fleuve, puisqu'elle s'effectue a la maree basse. C'est I'eau qui arrive le
plus lard qui produit le plus d'effet ; mais il me semble que tout bassin
qui se remplit au detriment de I'eau du fleuve diminue la profondeur.
614 PROCfiS-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
M. Mengin. — II n'y a la qu'iine question de nuances, et tout ingenieur
qui voudra s'eclairer le sera par la discussion qui vient d'avoir lieu. Nous
sommes d'accord pour dire qu'il faut de preference chercher le bassin de
remplissage dans le lit meme du fleuve.
M. Behnard. — II est inexact de dire que, du monienl qu'il entredel'eau
dans le reservoir, elle est prise sur le fleuve; il ne faut pas regarder le
reservoir comme prelevant sur la partie amont ce qu'il rcQoit d'eau.
M. Meagln. — Si Ton pent elargir le lit, on le fera, mais ce n'est pas
toujours possible : il pent y avoir des digues, des maisons; alors il n'est
pas exact de dire qu'on pourra impunement supprimer les reservoirs late-
raux existants.
M. Troost. — Nous nous etions surtout places au point de vue theo-
rique; nous avions en vue I'amelioration de toutes les parties maritimes
des fleuves, aussi bien celles qui seront en amont du reservoir, s'il y en a
un, que celles en aval, et c'est justement par la suppression du reservoir
lateral qu'on pourra augmenter les sections amont, et les mainlenir parce
qu'on aura une plus grande puissance de maree qui pourra servir a entre-
tenir les sections de cette partie du fleuve : il ne s'agit pas seulement de
I'amelioration de la partie en aval du reservoir, mais de toutes les parties
marilimes ; or le reservoir a toujours pour resultat de diminuer I'ampli-
tude du courant ; c'est I'amplitude de la maree qui est la caracteristique
de ce qu'on pent faire, au moins dans la partie maritime.
M. Bernard. — C'est une erreur : en draguant beaucoup dans la partie
en amont du reservoir, on y introduira un bien plus grand cube d'eau de
maree; cependant on aura un abaissement de niveau.
M. Troost. — II s'agit de faire des sections rationnelles, c'est-a-dire
donner des profondeurs en harmonie avec la largeur du lit.
M. LE President. — Toutes les opinions ont ete formulees. Je suis quelque
peu embarrasse pour mettre aux voix des conclusions.
M. CoNsiDERE. — S'il s'agit d'elever le niveau des hautes mers en un
point determine, et si Ton ne craint pas les alluvions, je suis de I'avis de
M. Troost; si, au contraire, on veut conserver les profondeurs, il faut
conserver les reservoirs existants en amont.
M. Troost. — 11 s'agit de I'amelioration d'une partie maritime, et non
d'un trongon.
M. CoNsiDERE, — II ne faut pas generaliser; une chose pent ^tre bonne
dans un cas, mauvaise dans I'autre.
M. Mengin. — Je vais donner lecture d'une nouvelle redaction que je
viens d'arreter d'accord avec MM. Troost et Vandervin.
« II convient de demander la capacite de remplissage necessaire au bon
fonctionnement des fleuves a maree au lit meme de ces .fleuves, par un
amenagement rationnel et methodique de leurs largeurs et de leurs sec-
tions et non a des reservoirs lateraux qui ont souvent de graves inconve-
nients, et ne sont a creer que dans des cas speciaux.
4' SECTION. — 8' SEANCE. 615
M. Stcecivlin. — Je demande qu'on ajoute les mots : « en general ». II
ne faut pas etre trop absolu.
M. CoNsiDERE. — Ce serait d'un deplorable eflet pour les jeunes inge-
nieurs que de leiir donner a croire qu'on doit, en general, supprimer les
reservoirs lateraux.
M. QuiNETTE DE RocHEMoxT. — C'est une formule generale; les Congres ne
peuvent en adopter d'autres. Dans la pratique, chacun reste libre d'en
tenir le compte qu'il lui plait.
M. LE President. — On me fait observer que dans ce texte il n'est pas
parle des affluents.
M. Me.ngin. — II n'est pas dit qu'il faille les ecarter.
M. Valthfer. — Quant aux affluents, il pent 6tre bon pour eux d'y
maintenir le jeu des marees, mais c'est le plus souvent mauvais pour le
lit principal.
M. Laroche. — Notre decision aura-t-elle une sanction pratique? Quelles
en seront les consequences ?
M. Troost. — Je repondrai a M. Laroche que la question a ete soulevee
par des fails qui se sont passes dans mon service ou des proprietaires ont
demande la concession d'endiguement de scores; il s'agit de savoir si cet
cndiguement doit etre autorise ou non. La question est toute d'actualite.
M. LE President. — Je vous propose de declarer close la discussion.
{Adopte.)
Voici le texte de la proposition qui vous est soumise :
« II convient en general de demander la capacite de remplissage neces-
saire au bon fonctionnement des fleuves a maree au lit meme de ces fleuves,
par un amenagement rationnel et methodique de leurs largeurs et de leurs
sections, et non a des reservoirs lateraux qui ont souvent de graves incon-
venients, et ne sont a creer que dans des cas speciaux. »
Cette proposition est mise aux voix et adoptee.
M. le Presidem. — Nous abordons maintenant la grosse question des
estuaires.
J'avais eu I'intention de mettre un pen d'ordre dans la discussion en
classant les questions; mais on aurait ete gene par cette classification et le
mieux, jecrois,esl que je donne la parole a tous ceuxquila demanderont.
M. Partiot. — Je demande la parole sur les embouchures retrecies.
M. le PresideiM. — Vous avez la parole.
M. Partiot. — La question des embouchures retrecies fait partie de celle,
plus generale, des estuaires, et celle-ci est des plus complexes. Ine des
fa(;ons d'amenagerun estuaire ou se jetteun fleuve, est de donner a celui-ci
une embouchure en entonnoir afin d'yfaciliter I'entree deseaux de maree;
une autre maniere consiste a faire une embouchure retrecie, qui concentre
les eaux qui sortent de I'estuairc en un meme point pour y former un chenal
profond. Le choix a faire entre ces solutions depend des cas particuliers
dans lesquels on se trouve. C'est ce que je me propose de vous demonfrer.
616 PROCES-VERBAUX DES STANCES DES SECTIONS.
Supposons d'abord qu'il s'agisse d'une riviere a maree que Ton veuille
amenager en descendant suivant le profil en long; les sections, calculees
selon des methodes connues, vont aller en augmentant dc I'amont vers
I'aval. Et, comme on I'a fait remarquer tres-justement, la quantite d'eau
introduite croissant avec la largeur, on aura interel a ne pas tacher d'ob-
tenir une profondeur phis grande que celle dont on aura besoin. Les lar-
geurs vont des lors en augmentant vers I'aval, suivant une forme en en-
tonnoir, et si la riviere etait comprise entre deux digues continues jusqu'a
la mer profonde, on aurait une solution qui, le plus souvent, satisferait
tout le monde. Malheureusement ce n'est pas toujours possible. Faut-il
neanmoins toujours faireTemboiichure en entonnoir? Je nele crois pas.
Cette solution exige, en elTet,"deux conditions. L'une est que les espaces
laisses dans Testuaire en dehors des digues et qui doivent s'envaser, ne
comprennent I'entree d'aucun port important. L'autre consiste en ce que
les digues soient continuees jusqu'a la mer profonde. Or, cette derniere
condition ne pent pas toujours elre satisfaite.
Prenons le cas ou la riviere arrive devant une barre de sable, entre deux
digues divergentes. L'eau s'eparpillera au moment du jusant. La forme en
entonnoir, tres-propice a I'entree de la maree, se trouve beaucoup moins
bonne quand il s'agit de deblayer I'embouchure.
Souvent il arrive qu'il reste entre les digues et les rives des espaces
considerables, et ces parties laterales ouvertes a I'aval et privees de cou-
rants utiles, se combleraient bientot. Plutot que de perdre l'eau x}u'elles
regoivent, il vaut mieux conserver au jeu des marees ces espaces lateraux
et joindre leurs eaux a celles du fleuve pour degager son embouchure.
II faut relier pour cela I'extremite des digues aux rives voisines. La
quantite d'eau qui penetre alors entre les extremites des digues remplit,
pour ainsi dire, un double lit : d'abord un lit mineur, c'est-a-dire la parlie
endiguee, puis un lit majeur allant a droite et a gauche jusqu'au rivage.
On a la le type de I'embouchure retrecie ; dans les estuaires, le chenal
forme le lit mineur et les espaces lateraux le lit majeur. Pour savoir ce
que produisent les embouchures retrecies, il faut etudier la nature, qui
en a fait plusieurs. La nature est un livre admirable, mais il faut savoir
le lire.
La Gironde est I'exemple le plus connu d'une embouchure retrecie ; a
25 kilometres en amont de lapointe de Grave, aupres de Richard, la Gironde
offre une largeur de 10 700 metres et une profondeur de pres de 4 metres ;
en face de la pointe de Grave, la largeur n'est plus que de 4 km. 800 et la
profondeur atteint 25 et 30 metres. On prouve que les debits dans une
section rectangulaire sont proportionnels a la racine carroe de la profon-
deur, ou a peu pres; le goulet qui a, en moyenne, 16 m. 25 de fond au-
dessous des plus basses mers, debite beaucoup plus que la section de
10 700 metres de largeur.
La vitesse de propagation de la maree est egalement proportionnelle a la
4* SECTION. — 8* SEANCE. 617
racine carree de la profondeur. Quand on compare la facilite de propaga-
tion de la maree ou la facilite qu'a I'eau de maree d'entrer en Gironde, soil
a Richard, soit a la poiiite de Grave, on trouve que la quantite d'eau en-
trant a la pointe de Grave est tres-notablement superieure.
On constate aussi que la profondeur produite par la pointe de Grave sc
propage en amont et en aval a une grande distance. La profondeur de
25 metres se maintient jusque aupres de Talmont: en aval de la pointe,
elle est encore, a mer basse, de plus de 10 metres snr pres de 20 kilo-
metres; c'est toujours au goulet que sont dues ces belles profondeurs.
Un autre exemple connu est celui de Liverpool : on Irouve 10 metres de
fond pendant une quinzaine de kilometres en aval de celte ville.
Chose singuliere, ce n'est pas la quantite d'eau qui sort du fleuve qui
produil la profondeur que Ton trouve a I'aval du retrecissement; c'cst
celle qui vient de I'aval meme qui en est la cause. L'eau qui doit alter
remplir le fleuve en amont creuse le fond dans I'endroit retreci; lorsque
le flot arrive, il precipite dans cette excavation les sables qui sont en
amont par rapport au flot, c'est-a-dire en avalde I'entree; ce sable ne peut
s'arreter dans le goulet et se repand a droite et a gauche dans I'esluaire.
Mais les eaux du fleuve produisent le meme efl'et pendant le jusant et
creent aussi un chenal; chacun de ces chenaux est d'autant moins long
que la quantite d'eau qui le produil est plus faible.
Un autre exemple est celui du Rio-Grande-do-Sul au Bresil; la maree
est de 60 centimetres, et la quantite d'eau entrant dans Testuaire estasscz
faible; aussi la profondeur ne s'etend qu'a 5 kilometres en aval du goulet.
Mais le fleuve est enorme et son debit est considerable; la profondeur en
amont se prolonge tres-loin.
A Liverpool, la mer monte en vive eau de 6 m. 80, et il entre beaucoup
d'eau, tandis que le debit de la riviere est tres-petil, et que la longueur
du chenal est faible dans I'esluaire interieur.
Certes, on ne peut pas toujours faire des embouchures retrecies, mais
cette solution est a rechercher quand on est en presence d'une riviere
dont les digues ne peuvent pas alter jusqu'a la mer profonde, quand on
veut faire en aval un chenal a travers les sables, et deblayer I'embouchure.
Les eaux qui entrent dans I'interieur de I'esluaire en amont du goulet
cooperent avec celles du fleuve pour faire un bon chenal navigable.
Quelques personnes ont dit qu'on avail eu tort d'empecher la mer de
couper la pointe de Grave, et qu'il valait mieux fairs a I'entree de la
Gironde une embouchure elargie : si on le faisait, le goulet disparaitrait,
se remplirait; la barre se rapprocherait et il n'y aurait plus de passage
de ce cote; I'embouchure serait perdue; aussi I'administration a-t-elle
attache une grande importance a la defense de la pointe de Grave, et a la
protection de la plage des Huttes ou la ligne des dunes n'a que 500 metres
de largeur a opposer a Taction de la mer.
Toutes les fois qu'on pourra prolonger les digues jusqu'en mer pro
618 PROCeS-VERBAUX DES SfiANCES DES SECTIONS.
fonde, il faut le faire; je suis d'accord avec beaucoup de mes collegues
sur ce point. Mais si on ne le pent pas, si on est oblige de faire une trouee,
de creer un chenal a travers les sables de la mer, c'est alors que I'embou-
chure retrecie, comme a la pointe de Grave, s'impose d'elle-meme; c'est
une solution excellente, indiquee par la nature. J'ai sous les yeux des
cartes qui le prouvent. Si nous n'elions presses par le temps, je pourrais
Yous niontrer qu'ontre les embouchures elargies et retrecies, la nature
precede par gradations, mais que la loi est invariable. Cette loi se com-
plique de celles qui regisscnt les embouchures elargies, c'est-a-dire des
ensablements. Ainsi. c'est la mer qui a forme le banc de Seine a I'ouest
du meridien du Havre, et qui a pousse dans I'interieur de I'estuaire les
sables du Calvados et ceux de ce banc.
M. ringenieur Estignard, dans la reconnaissance hydrographique qu'il
a faite, a reconnu que la quantite de sable qui remontait ne venait pas
seulement du lit endigue, ni meme des cotes du Calvados, mais direcle-
ment du banc de Seine : I'estuaire de la Seine s'est forme par le rele-
vement des sables de la cole dans I'embouchure du fleuve. Ce ne serai t
pas arrive si la nature avait dispose les choses comme a la pointe de
Grave.
Je vais terminer par une conclusion aussi modeste que possible, car je
combats un prejuge qui s'est malheureusement etabli contre les embou-
chures retrecies; je soumcts a voire approbation la proposition suivante :
« II pent etre parfois utile de donner a un fleuve une embouchure
retrecie ».
M. Qloette de Rochemoxt, — J'avais intention de demander la parole
pour repondre a M. Parliot, pensant qu'il allait de nouveau chercher a
etablir que les embouchures retrecies sont toujours bonnes, mais je n'ai
jien a dire contre le texte qu'il vient de proposer. Certainement- dans cer-
tains cas il pent etre avantageux d'avoir une embouchure retrecie, aussi
je voterai cette proposition. Mais j'ai de grandes reserves a faire sur ce
que dit M. Partiot dans la brochure qui nous a ete distribuee, et dans les
observations qu'il vient de presenter. Assurement, a I'endroit ou I'embou-
chure est retrecie, il se produit. une passe profonde, s'etendant sur une
longueur plus ou moins grande; mais M. Partiot n'a pas parle des profon-
deurs qu'on trouve au dela. Au Rio-Grande-do-Sul, cette profondeur n'est
que de 60 centimetres, et a la Mersey, de 2 m. 70. Aussi ces fleuves ne
sauraient-ils etre cites comme les modeles a imiter; la preuve, c'est que
les ingenieurs de Liverpool se preoccupent d'augmenter la profondeur
d'eau sur la barre; de meme pour le Rio-Grande, ainsi que I'a dit
M. Welcker.
Je voterai volontiers la proposition telle qu'elle est formulee; mais
j'estime que les exemples qu'a cites M. Partiot ne prouvent pas que
I'elablissement d'une passe retrecie soit le meilleur moyen d'ameliorer
une embouchure. Ici, comme souvent il faut etre eclectique, et dire que
4' SECTION — 8- SEANCE. 619
si la nature a fait quelques bonnes embouchures retrecies, il peut etre
egalement possible d'en faire avec avantages d'artificielles, mais seulc-
ment dans quelques cas.
M. Partiot. — Je repondrai qu'assurement I'effet de rembouchure
retrecie ne peut pas etre indetini; si le goulet est profond de 10 metres
sur 15 kilometres, et si les sables forment un immense banc s'etendant
a 50 kilometres de distance, ce goulet n'aura evidemment pas d'action
sur toute la largeur de ce banc : la partie comprise entre I'extremite du
chenal produit par le goulet e( la mer profonde formera une barre; c'est
ce qui s'est passe a Liverpool : au dela du chenal cree par le goulet de la
Mersey, a 15 kilometres de celui-ci, il y a du sable, et on drague.
Quant au Rio-Grande, comme il n'y a que 60 centimetres de maree, on
doit considerer comme remarquable que le goulet produise 10 metres de
profondeur sur 5 kilometres en aval. M. Caland elait autrefois grand
partisan des embouchures evasees; aujourd'hui, apres examen, il est
arrive a penser, comme moi, que c'est souvent une bonne chose que d'en
faire une retrecie. 11 en a projete une, avec M. Welcker, pour le Rio-Grande
do-Sul; mais I'ouverture du chenal a I'interieur devait s'obtenir par des
dragages; sices questions eussent ete mieux connues, on aurait vu que
la nature se serait chargee de les faire elle-meme. Ces Messieurs out
renonce a leur projeh je crois cependant que c'est la la veritable solution.
Si Ton dit qu'au dela de la zone d'action du goulet du Rio-Grande il peut
y avoir encore du sable, et qu'il faudra peut-etre faire la des travaux, je
ne le contesterai pas, faute de documents.
M. QuiNETTE DE RocHEMOM. — C'cst ici quc nous ne sommes pas d'accord.
La consequence de I'etablissemeiit d'une passe retrecie est souvent la
formation d'une barre exlerieure, et le colmatage de I'interieur. Supposez,
en effet, que vous fassiez une embouchure retrecie sur une plage
sableuse : il se produira une acceleration de vitesse qui entrainera les
sables a une cerlaine distance en amont et en aval; ces sables se deposc-
ront dans un endroit ou la vitesse sera moindre. Dans la partie interieure,
les deux parties du lit majeur se colmateront, le lit mineur restera seul
plus ou moins indemne. Dans la partie exlerieure, que les sables y
arrivent du fleuve entraines par le jusant ou du dehors comme pour la
Seine, ils se deposeront a I'ouvert de la passe retrecie la oil la vitesse
diminue. La distance a laquelle s'eflectueront ces depots variera d'ailleurs
suivant le volume des eaux debilees; ce banc sera Men determine par la
creation de I'embouchure retrecie. Qu'importe d'ailleurs la profondeur
exislant dans le goulet, s'il n'y a pas assez d'eau sur la barre exterieure
pour y acceder?
M. Partiot. — II est incontestable que le sable entraine par les courants
se repand, en amont ou en aval du goulet. Mais les bales qui se sont for-
mees dans ces conditions prouvent qu'il s'y forme des chenaux qui
s'etendent a de longues distances avec de grandes profondeurs, et qu'elles
620 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
arrivent peu a pen a un etat d'equilibre slable. Je cilcrai la rade do
Lorient : il y a un retrecissement considerable, a la passe de Port-Louis.
C'esl un estuaire sur lequel on a des renseigncments dalant de plus de
200 ans : eh bien, la rade n'a pas varie. Si on y fait des dragages, c'est
parce que I'equilibre naturel de I'estuaire ne donne pas asscz de profon-
deur pour les gros vaisseaux; dans le port de commerce, on a drague
aussi, mais parce que ce port est etabli dans un endroit ou il se forme
naturellement un banc; mais, en general, la rade de Lorient pent etre con-
sideree comme arrivee a cet etat d'equilibre dont je parlais. Pour que la
solution donnee par une embouchure retrecie soil complete, il faut que Ic
chenal d'aval arrive a la mcr profonde. ou qu'un courant littoral enleve
les matieres apportees par Ic fleuve en laissaiit a cc chenal asscz de pro-
fondeur. Mais ces conditions se Irouvent souvent grace aux grandes lon-
gueurs des chenaux de ce genre. Je puis vous ciler I'exemple de la Foylc,
qui est une petite riviere; voici une carte de son estuaire.
(Les membres de la Section consultent cctte carte.)
M. Partiot. — Messieurs, mes conclusions sont des plus modestes et je
crois que vous n'hesiterez pas a les adopter.
M. Vauthier. — Je les voterai, mais seulement pour les fleuves sans
maree.
M. Partiot. — C'est inadmissible.
M. DE Mey. — Je ne sais pas s'il est des cas ou le systeme de M. Partiot
est bon, mais je suis convaincu qu'il y en a beaucoup ou il serait mauvais.
M. Partiot ne s'occupe que de I'entree des goulets; or il est rare, a ma
connaissance, que le fleuve charrie des sables ou que la mer en apporte
assez pour que des dragages soient insuffisants; mais ce que le flot
apporte souvent et abondamment, quelque etroit que soit le goulet, c'est
de la vase, en sorte que, si vous n'avez pas amenage une chasse suffisante,
vous aurez produit le colmatage. Dans aucun cas je n'ai trouve le retre-
cissement recomraandable, et, pour la Seine specialement, ce serait inad-
missible.
M. Partiot. — Je repondrai que la Gironde charrie beaucoup de sable et
en revolt beaucoup de la mer; or elle ne se comble pas de plus de 58 cen-
timetres par siecle, d'apres certains ingenieurs hydrographes : c'est la len-
teur geologique. M. Leferme, qui a etudie la Loire, a constate qu'il sortait
plus de sable qu'il n'en entrait devant Saint- Nazaire, que les sables allaient
a I'cxlerieur, et que, par consequent, elle ne se comblait pas. Pour qu'un
fleuve se comblat, il faudrait que la vitesse du fond ne fiit pas en etat
d'entrainer le sable ou la vase. Or vous pourrez voir, dans un tableau
relalif a la Gironde, que, de Pauillac a la pointe de Grave, sur 50 kilome-
tres, la vitesse est la meme tant au moment du flot que pendant la duree
du jusant.
M. CoNsiDERE. — II pourrait arriver qu'on trouvat le rocher avant que le
chenal eut obtenu la profondeur necessaire a la conservation des sections.
4* SECTION. — 8' SEANCE. 621
Supposons qu'on applique le projet a la Seine, et qu'on prevoie comme
nccessaire un chcnal de 20 metres : qui sait si Ton ne trouvera pas avaiit
cetle profondeur soil le rocher, soil un terrain agglutine assez dur pour
resister au courant?
M. Partiot. — 11 y avail en 1834 et dans la zone voulue, des fosses et
des profondeurs variant entrc '25 et 44 pieds ; les sables deposes dans cette
zone s'en iront par I'effet des courants: quant au banc argileux d'Amfard
qui emerge, j'admets qu'on le drague, et j'avais prcvu dans I'estimation
de mon projet une depense a faire dans ce but. En desagregeant les fonds
solides, on a Irouve qu'on n'atleignait que le 1/10 du prix des dragages
fails en transporlant ailleurs les matieres qui les composent.
Je ne puis donner maintenant de longs details, mais je serai a la dispo-
sition de mes collegues a Tissue de la seance.
M. Verno-Harcouut. — Je suis surpris que M. Partiot prenne la Mersey
pour une bonne riviere : ce n'est pas notre avis en Angleterre : c'est un
des plus mauvais estuaires qui soient; il y a bien de la profondeur, mais il
y a une barre qui a diminue de 1 m. 50 depuis le commencement du
siecle. Cela tient peut-6tre a ce que I'estuairc interieur se comblo. 11 y a
une autre riviere en Angleterre qu'ileut cte bien plus nalurel pour M. Par-
tiot de citer comme exemple : c'est la Humber. II y a la une pointe faile
par des galets routes par la mer, du nord au sud ; il entre des vases en
grande quantile; mais elles sont legeres et s'en vont facilcment. L'esluaiie
est Ires-grand, et si on relevait la profondeur, il est probable que cetestuaire
se comble par degres en amont. et peut-etre en aval pres de la pointe.
11 y a d'autres rivieres qu'on pourrait croire munies d'cmbouchurcs
retrecies. II s'agit seulement de digues allant se retrecissani ; ce sont de
simples bassins de chasse : c'est le cas de la Mersey et de la Tyne. Pour
moi, tot ou tard, s'il entrait des sables, I'estuairc s'cnvaserait. J'ai fait des
experiences, ct j'ai etudie le projet de M. deCoene pour la Seine, projet qui
ne s'eloigne pas beaucoup des idees de M. Partiot.
M. Partiot. — Mon projet differe de celui de M. de Coenc.
M. Yer^on-Harcourt. — M. Partiot n'a pas tenu assez comple de ce que,
si Ton relrecissait I'enlree de la Seine, I'endigucment serait diminue en
amont. ct pour moi, Pestuaire se comblerait. De plus, il n'est pas si desi-
rable que cela pour les gros navires de rencontrer de forts courants; enfm
le chenal ne serait pas direct de Berville au Havre, ce serait un cherial
sinueux et peu profond malgre tout, et on ne serait pas absolument sur de
choisir son emplacement.
Mais il y a plus : si le bassin de chasse, car ce n'est pas autre chose, se
comble, la barre qui se sera formee face au goulet, a une certaine distance
au large, s'exhaussera, etie chenal en fera autant, parce qn'il n'y aura pas
tant de circulation dans Pestuaire.
Je ne crois pas que la Section puisse dire avec M. Partiot qu'il est desi-
rable que, meme en quelques cas, des goulets soient retrecis. Je ne dis pas
G22 PROCES-VERBAUX DES SfiANCES DES SECTIONS.
que ce ne soil pas possible, mais en parler semblerait dire que c'est par-
fois une bonne chose, et il n'est pas bon de s'avancer autant.
M. Partiot. — Je repondrai d'un mot a M. Vernon-Harcourt que le chenal
exterieur de la Mersey peut 6tre mauvais a I'extremite, mais cela n'infirme
pas la loi d'apres laquelle il s'est forme un chenal qui se prolonge a 15 kilo-
metres de Liverpool avec 10 metres de profondeur. Le chenal s'est rempli
du cote de Liverpool par des apports de la Mersey, nous dit M. Vernon-
Harcourt; c'est possible, mais je n'en constate pas moins que les autres
estuaires et celui-la meme existent depuis des siecles.
M. Mengin. — Sans vouloir elerniser la discussion, je ferai remarquer
que le degre de certitude qu'on aura dans ces conceptions depend de I'im-
porlance des travaux et des interets en jeu. Nos discussions ne peuvent
aboutir qu'a des probabilites, et nous pouvons toujours laisser aux inge-
nieurs leur initiative individuelle en face d'aleas qu'il est difficile d'envi-
sager. Quand M. Vernon-Harcourt, au Congres de Manchester, combattait
celte meme theorie des embouchures retrecies, il disait que certainement
personne n'entreprcndrait les immenses Iravaux que son application entrai-
nerait, sans avoir, non pas la croyance, mais Tabsolue certitude du succes.
Bcaucoup d'ingenieurs nient absolument la possibilile de la reussite. Pour
moi, je n'irai pas si loin, la nature ayantmonlre, comme Pa dit M. Partiot,
le contraire ; mais ce seraient des risques enormes qu'aucun gouvernement
n'acceptera de courir.
M. Partiot. — En ce qui concerne la Seine, j'ai fait une estimation, en
exagerant meme les chiffres de ce que couterait I'application de mon sys-
teme, et en prenant pour base ce qui s'est fait a Boulogne; j'ai trouve que
le mole entier se ferait pour 5 000 francs le metre courant, tandis que les
jctoes qu'on propose pour la petite rade sont evaluees a i 600 francs.
M. LE President. — M. Mengin n'est pas entre dans les details d'execu-
tion, et je crois qu'il est preferable que vous I'imitiez dans votre
reponse.
M. Partiot. — Je voulais montrer que les depenses ne seraient pas exage-
recs : 00 ou 100 millions. Quant a la certitude, je I'ai a la suite d'etudes
faites sans parti pris; si I'on me montrait d'une fagon bien nette que mes
idees sont fausses, je serais le premier a les abandonner. J'ai etudie la
question pendant quarante ans, dont neuf aux embouchures memes de la
Seine et des grands fleuves frangais, et je n'ai jamais renconlr6 une preuve
nette de ceque j'etais dans mon tort. Je poursuis la des convictions fermes,
sans autre but que le bien de mon pays.
M. le President. — En resume, M. Partiot a depose la proposition sui-
vante : « H peut elre parfois utile de donner a un fleuve une embouchure
retrecie ».
M. Vauthier propose d'ajoutcr : « dans les mers sans maree »; ce qui a
fait protester M. Partiot.
M. de Mey a fait une observation que je crois traduire exactement en
4^ SECTION. 8' SEANCE. 625
disant: « II peut etre dangereux ou inopportun dedonner a un fleuve une
embouchure retrecie. »
M. Vernon-Harcourt propose de rejeter simplement toute proposition a
ce sujet.
M. de Mey volera avec M. Vernon-Harcourt, sauf, s'il est battu, a pre-
senter des amendements.
M. LE President. — Je vais mettre aux voix la proposition de M. Vernon-
Harcourt tendant au rejet de toute proposition.
M. Partiot. — Pourquoi ne pas mettre anx voix ma proposition?
M. LE President. — En realite, la proposition de M. Vernon-Harcourt
constitue ce que nous appelons au Parlement la question prealable, autre-
ment dit : il n'y a pas lieu de conclure.
M. Bernard. — Je voterai dans ce sens d'autant mieux que la question
des estuaires n'appartient que d'assez loin a un Congres de navigation inte-
rieure. La separation devrait etre faile a la limite des estuaires, mais nous
n'avons pas pu arriver a definir ce que c'etait. {Hires.)
M. LE President. — Ce qui n'empecheque toutle monde saitce que c'cst.
[Nouveanx rires.)
Je mets aux voix la proposition de M. Vernon-Harcourt, tendant a passer
a I'ordre du jour sans conclusions sur la question.
(La proposition est adoplce a I'unanimite moins une voix.)
M. QuiNETTE DE RocHEMONT. — J'aj declare au cours de la discussion que
je ne voyais pas d'inconvenient a adopter le texte de M. Partiot ; je tiens a
ne pas me dedire.
M. Partiot. — Je ferai une proposition subsequente.
Je propose que la question soil etudice d'ici au Congres de 1900, car elle
demande a I'elre longtemps, de fagon que les propositions comme celle que
je viens de faire ne soient pas rejetees a priori avec une apparence de
parti pris.
M. LE President. — Vous nous presenterez un rapport que nous etudierons
avec beaucoup d'interet, certainemcnt, si nous sommes presents.
M. Partiot. — Volontiers, si je suis encore de ce monde.
M. LE President. — Ce que nous souhaitons tons vivement.
Messieurs, nous avons a peu pres termine nos travaux.
M. Vernon-Harcourt a demande a parler de ses experiences. Nous I'en-
tendrons demain, ainsi que M. Mengin sur les experiences qu'il a faites a
Rouen.
M. Vauthier. — Et si le temps me le permet, je deposerai quelques
conclusions tres-modestes, naturellement, sur les estuaires.
La prochaine seance est fixee au lendemain matin, 9 heures.
La seance est levee a 5 h. 30.
624 PROGES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
NEUVIEME SEANCE
Mercredi 27 Juillet (matin).
Presidence de M. CUVINOT
La seance est ouveiie a 9 heures 50.
M. LE President. — M. Mendes Guerreiro a depose surle bureau une note
ainsi congue : « De I'influence des grands esluaires interieurs surlabarrc
des fleuves. — Application an Tage. »
La parole est a M. Guerreiro.
M. Guerreiro. — Messieurs, la discussion qui a eu lieu a propos de la
definition des estuaires me confirme dans I'opinion qu'il faut de plus en
plus separer les Congres des ports maritimes du Congres de la navigation
interieure.
II ine senible qu'on donne un pen trop d'importance aux eaux d'amont.
Si nous commencions par envisager les fleuves du cote d'aval, du cote de
la mcr, je crois qu'on arriverait peut-etre a s'entendre.
Tons les fleuves qui debouchent a la mer ont une barre, et cette barre,
quelles que soient ses proportions, est produite plutot par Faction du flot
et du jusant que par le courant d'amont et ses apports.
C'est a la barre que commence la mer. L'espace compris entre la partic
oil s'arrete la barre et Tendroit ou le courant d'amont se fait sentir con-
slamment d'une fa(;'on plus complete, c'est ce quej'appellerai I'estuaire. Je
pcnsais que tout le monde acceptait cetle definition. C'est, dis-je, la partie
oil les eaux d'amont n'ont pas une influence comparable a celle du mouve-
mcnt des marces.
On pourrait meme dire que I'estuaire est Templacement ou le fond se
trouve au-dessous du zero hydrographique. Cette definition est essentielle
pour qu'on puisse profitablement discuter la. troisieme question formulec
ainsi par noire honorable president : « De I'influence des grands esluaires
inierieurs sur les barres des fleuves; embouchures evasees ou retrecies. »
Apres I'estuaire qui se termine par un delta interieur, vicnt le fleuve a
maree, ou le courant d'amont a une tres-grande importance, tant par le
volume d'eau que par les matieres en suspension. Le depot de ces ma-
tieros au-dessus du zero hydrographique constitue le delta inlerieur tou-
jours emergeant.
Je crois que le Tage est le plus completdes fleuves a estuaire maritime.
II a une barre bien prononcee et un grand estuaire, qui se termine en haul
par un delta interieur, comme vous voyez par les dessins exposes.
A mon sens, on ne doit jamais faire, dans les estuaires interieurs des
4= SECTION. — 9-= SEANCE. 625
fleuves, des travaiix susceptibles de diminiier le volame d'eau de mcr
qui s'y emmagasine. Si par hasard il etait necessaire de corriger et de
supprimer line parlie de I'estuaire, il serait indispensable d'augmenter
le courant pour que la vitcsse de sortie devienne plus considerable, et
pour que Taction d erosion des eaux de jusant soit toujours constante sur
la bane.
Dans une des discussions precedentes il m'a semble que quelques-uns
de nos coUegues hcsitaient a admettre I'existence d'estuaires interieurs dans
quelqucs fleuves, comme par exemple la Gironde.
Je crois cependant que la Gironde a un grand estuaire bien marque, de
Royan a Pauillac.
De Pauillac jusqu'au Bec-d'Ambes le fleuve forme une espcce de delta.
Les lies qu'on y rencontre sont de meme origine que le delta ; je crois
memeque les ingenieurs francais ont beaucoup a faire avec lis depots qui
se produisent dans cette parlie.
Dans la Loire elle-meme, il exisle un estuaire depuis Belle-Isle jusqu'a
Saint-Na Zaire.
Ainsi, a mon avis, les fleuves a estuaire sont assez nombreux ; ceux qui
manquent d'estuaire sont certainement les fleuves a delta exterieur, ou
emergeant a la mer, qui. dans ce cas, est a fiiibles marees ; mais alors il exisfe
une barre dans chacune des bouches du fleuve.
M. Guerard nous donne dans son memoire le dessin de la bouche de
Sulina dans le Danube, et de quelques autres rivieres qui ?e jettent direc-
tement a la mer. Meme quand la mer n'a qu'une tres-petite marec, la barre
existe. Voilales deux extremes : le cas ou le ileuve n'a pas d'estuaire, mais
un delta exterieur traverse par des bras ayant chacun sa barre, et le cas ou
I'estuaire interieur existe avec delta et une barre interieure qui depend
de la quantite des apports des eaux d'amont.
11 y a encore un cas intermediaire, celui des lleuves dans lesquelsla barre
est lout pres du delta, ou se confond quelquefois avec le delta. I'estuaire
est alors pour ainsi dire sur la barre ; c'est le cas, ce me semble, de la
Seine et du Weser.
Alors I'estuaire disparait, mais on rencontre toujours une barre, et on
trouve toujours quelque chose qui ressemble au delta, dans ce cas sous-
marin.
Un fait que je ne crois pas assez demontre, c'est que la Meuse, corrigee
comme elle Test aujourd'hui, soit une riviere. !l ne faudrait pas confondre
ce qu'on a fait sur ce fleuve avec les travaux d'amelioration d'une riviere
qui a son cours propre, et qui a par consequent ses habitudes prises. Dans
la Meuse, on a force les eaux a prendre de nouvelles habitudes, et c'est au
milieu de ces larges digues que la riviere se formera.
M. Welcker a demontre d'ailleurs qu'elle se formait, et qu'elle tendait a
prendre des courbes sinusoidales.La theorie avait prevu cette consequence,
bien que M. Welcker soit un peu I'adversaire des theories.
40
626 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
M. Franzius, dans son memoire, a tente de poser la theorie generale des
fleuves. Avec son grand esprit de generalisation, il a envisage tons les
genres de fleuves ; cependant il me semble qu'il a commis quelque confu-
sion.
II est evident que les fleuves a delta exterieurse produisent surtout la ou
les marees ne sontpas tres-fortes.
On pretend que les bouches dans les deltas n'ont pas de barres; a mon
avis, c'est alter trop loin et a I'encontre des fails, du moins dans les fleuves
que je connais.
S'il existe un fleuve a grand delta, c'est assurement leZambese. M. Fran-
zius ne s'est pas souvenu de ce fleuve, qui a un delta gigantesque et dont
toutes les bouches ont une barre.
Dans le Volga lui-meme, les bouches ont une barre; les cartes de
M. de Timonoff le demontrent.
Je crois qu'il serait bon de mettre a I'etude la question de formation des
barres et de leur mouvement dans le sens du flot et du jusant. Je ne vois
pas, dans les differents memoires qui nous sont soumis, qu'on soil bien
d'accord sur ce point; je crois meme qu'on a neglige des elements tres-
imporlants pour la solution de celte question.
II n'y a pas seulement des courants qui resultent duflot et du jusant par
simple mouvement d'aller et retour; sur I'ocean il y a des courants longi-
tudinaux, et dans le cas particulier du Portugal, je citerai le Gulf-Stream
qui longe la cote avec une tres-grande vitesse.
Ce courant produit des eff'ets remarquables sur la barre du Tage, comme
je I'indique dans la notice sur ce fleuve.
M. Guerard, voulant expliqucr la formation des barres et Taction des
courants marilimes sur les barres, a admis (je crois, comme hypothese,
car il serait facile de demonlrer le conlraire) que les eaux de la mer, le
courant de flot, rentrent toujours au-dessous des eaux d'amont.
Eh bien, il me semble que ce n'est pas exact ; s'il en etait ainsi, com-
ment le mascaret se formerait-il sur la Seine?
II est evident que le mascaret est dii a un courant maritime qui passe
par-dessus I'eau de la riviere dont le courant se continue en dessous ; le
mascaret ne pent pas passer par-dessous.
M. Guerard, malgre I'autorite qu'il a dans cette question, me semble un
peu confondre quand il cite a I'appui de sa these ce qui se passe sur le
Tage. Aussi je crois qu'il serait convenable de remettre a I'etude un point
si delicat.
La mareede flot ne fait pas barrage aux eaux douces du fleuve, maisselon
que la vitesse de I'une ou des autres predomine, le flot passe par-dessus
en plus grande quantite, ou par-dessous contre le fond du fleuve.
Voici encore un autre exemple que je tire de mon pays. Le Douro est
navigable jusqu'a son embouchure, sur 100 kilometres, mais le courant
est tres-fort ; on voit les eaux troubles du fleuve passer par-dessus les eaux
4' SECTION. — r SEANCE. 627
claires de la mer d'une fagon tres-nelte; c'est une observation facile a faire
• surtout en hiver.
M. Mengin voudrait definir I'estuaire d'un fleuve par le defaul de pa-
ralielisine des berges. Je ne puis pas m'associer a cette definition, et je
cilerai a notre colleguc I'exemple du Tage.
Dans I'estuaire de ce grand fleuve, les berges sont a peu pres paralleles
pendant 20 kilometres, mais avee une embouchure evasee.
M. Me.nglvLecrellx. — C'est un goulet; mais le nom importe tres-peu,
paurvu qu'on s'entende.
M. GuERREiRO . — On comprend que c'est un espace en amont de la barre dans
lequel on esttres heureux de voir emmagasinees d'enormes quanlites d'eau.
Si je voulais arriver a une conclusion sur ce point, je dirais que dans les
fleuves a estuaire, — mettons estuaire intcrieur, si vous voulcz, — on
doit employer tous les moyens pour que le flot soit le plus considerable,
pour que I'eau rentre en plus grande quantite, et pour que la vitesse de
sortie se conserve a peu pres constante.
On a concu le projet desastreux de diminuer la surface de I'estuaire en
ace de Lisbonne; vous pouvez consulter la carte, oil la ligne est tracee en
pointille. On voudrait prendre tous les terrains pour une grande gare ma-
ritime. Ce serait une idee bien triste....
M. Menges-Lecreulx. — Dangereuse.
M. Guerreiro. — ....que de faire de tels travaux qui diminueraient la
quantite d'eau de I'estuaire.
A ce point de vue, je crois qu'on peuts'en rapporter aux resolutions d'un
Congres comme celui-ci, et le mieux serait de soumeltre ces questions a
I'etude du prochain Congres des travaux maritimes.
Un des points sur lequel je me permets d'appeler I'attention de la Sec-
tion, c'est I'importance pour tous ces travaux, de Tetude comparative des
cartes bydrograpliiques et marines levees a des epoques successives.
Si nous avions les cartes maritimes de I'Escaut, du Rliin etde la Meuse,
nous verrions qu'ils forment a peu pres tous ensemble, un seul systeme
hydrographique et qu'ils se confondent meme tres-souvent. On ne sait
memc pas tres-bien dans les Pays-Bas ou commence le Rhin et ou fmit la
Meuse. La vieille Meuse est par-dessus le Rhin.
Vous voyez que tout cela est un peu vague, et que I'hydrographie mari-
time pourra nous rendre de grands services.
M. Franzius I'a reconnu lui-meme quand il a parle de I'influence de la
mer sur I'Elbe et le Weser ; il a reconnu que cette influence venait de I'ile
d'Helgoland.
Quand on consulte les cartes marines allemandes qui sont extremement
bien faites, — ce qui ne veut pas dire que les autres ne le soient pas ega-
lement, — on voit que Taction de la mer sur ces trois fleuves vient de la
hauteur de la petite ile d'Helgoland, dont le nom a fait quelque bruit tout
recemment.
628 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
C'est la que doivent comniencer les eludes relatives a ces trois flciivcs.
C'est la qu'on rencontre encore une petite derivation du Gulf-Stream qui
se fait sentir j usque dans le Zuyderzee.
Avanl de terminer, je voudrais donner mon opinion sur les niodeles si
interessants de M. Vernon-IIarcourt, qui va traiter ce sujet dans un
instant.
Je ne crois pas que les modeles soient tout a fait comparables a ce qui
sc produit dans les rivieres.
Pour la Seine en particulier, dont le modele m'a si vivement impres-
sionne, je crois qu'il faudrait commencer par rcproduire dans le modele
les effets des marees sur les sables dans les conditions semblables a celles
qui existaienl avanl la construction des digues.
Apres de tres-nombreuses experiences, on pourrait commencer a eludier
les consequences des digues. On n'aurait pas ce qui se passe dans la na-
ture, mais on pourrait etablir des comparaisons, et prendre le rapport des
deux choses; ce serait tres-interessant et tres-avantageux, mais je ne crois
pas qu'on puisse tirer beaucoup de profit de ces experiences sans celtc
condition essentielle.
M. Mekgin-Lecreulx. — Voudriez-vous repeter la reserve que vous pre-
sentez? Vous dites que, sans une certaine condition essentielle, voire opi-
nion est que les experiences ne peuvent donner de profit.
Nous vous demanderions alors de vouloir bien redirecelte condition que
nous n'avons pas bien saisie.
M. GuERREino. — Je ne pense pas qu'il soil possible de comparer les
modeles avec la nature; les conditions des mouvements des eaux et les
conditions des fonds sont tout a fait diilerentes. Si je desire faire des expe-
riences comparatives,- c'est pour I'interet particulier qu'elles presentent.
Si Ton commence par faire manmuvrer linstrument pendant de longues
journees dans les conditions ou etait la Seine avant les travaux, on arri-
vera a avoir un certain etat d'equilibre, passez-moi le mot, un certain etat
de clioscs; les fails se produirontd'une certaine fagon. Ensuile, si Ton desire
savoir quelle est rimporlance d'un ouvrage qu'on se proposerait de con-
struire ou qu'on a construilsur la Seine, il faudrait reproduire cet ouvrage
dans le meme modele, faire des experiences nombreuses, pour recbercher
quel serait le nouvel etat d'equilibre. Ce serait comparable avec I'etat pre-
cedent, mais non avec la nature.
M. Mengin-Lecreulx. — C'est ce que nous faisons. Quant a la prudence
des conclusions, vous pouvez vous en rapporter a moi, je ne les donnerai
pas avant terme. [On rit.)
M. Guerreiro. — Je sais que vous etes Ires-prudent, monsieur Mengin ;
mais on n'a pas bien explique le modele, on m'a dit en effet qu'on I'avait
elabli avec les digues deja projetees, sans avoir fait de nombreuses expe-
riences pour savoir quel etait I'etat qui se produisait auparavant dans ce
modele.
4' SECTION. — 9' SEANCE. 629
M. MK.NGiiv-I.ECRELLx. — NoLis avons fail dos experiences pendant trois
niois avanl de mellre aucune digue, el nous recommencerons.
M. GuERKEiRO. — Alorsvous pourrez changer les condilions primitives,
si vous recommencez.
M. Mengin-Lecreulx. — Je demande a dire un mot an sujet de cette
question de Fintroduclion du flot et des eaux de mer, c'est-a-dire au sujet
de la maniere dont I'eau de mer se presenle.
Je ne suis pas en inesure de donner sur ce point des indications pre-
cises. Cependant cc qu'a dit M. Guerreiro relativemcnt au mascaret ne me
parait pas tout a fait exact. Voici ce que je crois savoir sur la fa^on dont
les Glioses se passent. Nous croyons constater que I'introduclion du flol
est douce aux iners liaules.
Dans I'esluaire et meme en amonl, au flot, nous avons des eaux douces
a la surface et des eaux salees dans le fond. Je crois que ce doit etre un
fait general. II faut remarquer cependant que le mascaret et generalement
tons les remous produisent dans la vitesse des eaux ce que j'appcllerai des
Iransporls verlicaux; c'est-a-dire que les eaux ne se raeuvent pas parallele-
ment, il y a une circulation entie la superficie et le fond; il resulte de la
un melange; d'ailleurs sur le point oil le mascaret seproduit avec le plus
de force, I'eau salee est plus abondante.
Vers TancarviUe, en tout temps, Teau salee commence a disparaitre.
M. DE Plllig^y. — M. Guerard, qui a developpe une theorie au sujet de
la maiche de I'eau douce sur I'eau salee, n'a presenle ses observations que
pour une mer sans maree ou avecdes marees exlraordinairement faibles.
La, comme la dit M. Mengin, le flot entre toujours doucement. Les con-
statatiousqu'il a faites au sujet de rinlroduction douce du flot, se repetent
toujours aux embouchures du Rhone.
M. Meingin-Lecreulx. — Au sujet des observations, il existe enlre les unes
et les autres cette diflerence que, dans les fleuves sans maree, le melange
se fait sur un point qui est toujours le meme, tandis que dans un fleuve a
maree, el en particulier dans un fleuve comme la Seine, oii les cijcon-
slance's sont favorables, les points de rencontre s'etagenl sur de tongues
distances.
M. le President. — 11 n'y a pas d'autres observations?...
La parole est a M. Vernon-Uarcourt.
M. VERKO-vHARCoiiRT. — Jc uc voudrais pas donner de longs details sur
mes experiences, pai ce que j'en ai deja parte au moment de la lecture de
mon rapport.
Vous trouverez mon opinion dans les conclusions que j'ai donnees sur
les modeles a petite echelle.
M. LE President. — Voici les conclusions deposees par M. Vernon-Har-
court : « Avant de faire le projet d'endiguement d un estuaire large a fond
mobile ou les vases s'introduisent avec le flot, il serail d'une grande ulilite
d'etudier avec un modele a petite echelle, avec autant de precision que
650 PROCfiS-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
possible, les resultats que les differents systemes de digues produisent dans
le modele, non pour determiner exactement la nature du chenal et la pro-
fondeur definitive qu'on obliendrait dans Testuaire, mais pour comparer
les differents projets entre eux, au point de vue de la fixite du chenal dont
on parte et de la distribution des bancs. »
M. Yernon-Hahcourt. — A ce sujet je lirai un extrait de mon rapport :
c( Les incertitudes qui ont accompagne les Iravaux d'endiguement dans
a I'estuaire de la Ribble et les differentes opinions formulees quant aux
« directions dans lesquelles il fallait prolonger ces travaux, et relative-
» ment aux resultats d'un tel moyen prouvent combien scrail precieuse,
a dans un pareil cas, toute lumiere pouvant etre apportee a un problepie
« aussi complique au moyen d'un modele de I'estuaire a petite echelle.
« La methode experimentale est absolument inutile pour determinei' si le
« floL de marce doit etre amene aussi loin que possible en amont de I'em-
« bouchure, si les marees de vives-eaux ont une plus grande influence que
« les marees de mortes-eaux sur le maintien du chenal, el si un fort debit
« d'eau douce est avantageux pour un fleuve a maree : toutes ces questions
« ont deja ele resolues par I'affirmative en consultant la nature elle-meme,
« sur une large echelle, dans de nombreux fleuves a maree. Mais la
c( ou il s'agit d'executer des travaux d'endiguement au travers de larges
« esluaires sablonneux, I'experience semble etre quelque peu en defaut;
« les conditions sont complexes et tres-dissemblables d'un estuaire a
c( I'autre; et des erreurs dans la largeur donnee au chenal cndigue, a la
« direction des eiidiguements et a leur hauteur, peuvent conduire a des
« resultats tout a fait inattendus et irremediables, de nature a nuire
« notablement a la navigabilite d'un estuaire. Aussi des recherches pra-
« tiquees a I'aide de modeles a petite echelle sur les influences de pareils
« travaux avant leur commencement, auraient-elles une valeur inap-
« preciable, si elles permetlaient de dissiper les incertitudes quant aux
« effets a altendre, en prevenant des erreurs desastreuses. »
Comme M. Guerreiro a parte de la maniere de conduire les experiences,
jc crois devoir insister sur la faron dont j'ai procedS moi-meme.
Au debut, je me suis servi d'un modele sans digue, dans I'etat nalurel
de I'estuaire. Puis j'ai essaye de reproduire I'etat des chenaux de I'estuaire.
Apres un certain temps, j'ai reussi a reproduire sur le modele de la
Basse-Seine les conditions des chenaux que nous montrent les cartes
de 1854.
J'ai agi de meme pour la Mersey. Je vous ai liiontre dans ces dia-
grammes, a peu pres, la difference entre I'etat actuel de la Mersey, et I'etat
que j'ai pu obtenir avec mon modele.
Je crois que, dans les cartes de la Seine, I'approximation est plus grande,
el qu'on se rapprochait beaucoup de fetal de choses de 1854.
Si j'ai choisi la Seine, ce n'est pas seulement a cause des discussions
auxquelles elle a donne lieu, ou parce que c'est une riviere de grande im-
i' SECTION. — 9' SEANCE. 651
portance, mais parce qu'on peut essayer de reproduire I'etat de I'estuaire
tel qu'il etait avant, et tel qu'il est apres la construction des digues.
Ces experiences n'etaient pas possibles avec la Mersey.
Apres bien des tatonnements, j'ai reproduit les atterrissements derriere
les digues de la Seine, et j'ai constate les conditions qui existaient quand
les digues ont ete terminees.
J'ai reussi dans les deux cas, et comme dans la science il faut toujours
tirer de certaines conditions certaines conclusions, je me suis dit : Puis-
que j'ai reussi a faire les chenaux de la Seine, comme ils existaient autre-
fois, puisque j'ai reussi a faire I'estuaire de la Seine tel qu'il etait apres
la construction des digues, il me semble juste de penser que je pourrai,
avec le meme modele, obtenir les resultats qui produiraient les digues des
differents projets s'ils etaient executes.
Voila la methode que j'ai suivie ef, si je ne me trompe, c'est celle qui a
les preferences de M. Guerreiro.
Le grand avantage que presente la Seine, c'est qu'on peut faire deux expe-
riences au lieu d'une, la premiere sans digues et la seconde avec digues.
Evidemment bien des circonstances peuvent nuire a I'exactitude des ex-
periences. On se heurte d'abord a bien des difficultes pour faire entrer la
maree, exactement comme elle entre dans la Seine. Vous savez que sur la
Seine il y a deux marees entrantes, la maree au iSord et la maree au Sud.
J'aiessaye de reproduire ce phenomene aussi bien que possible en arran-
geant le modele de telle facon que la maree entre plus vite vers le Havre
ef, apres un certain temps, a Villerville.
L'operation etait plus facile pour la Mersey, oil je n'avais qu'a faire en-
trer la maree a pen pres en face de I'estuaire, mais je dois dire que je n'ai
pas reproduit la maree sur la Seine absolument comme j'auraisdil le faire
d'abord.
J'ai change ce que j'avais fait d'abord, ef j'ai reconstruit le modele a I'em-
bouchure pour introduire la maree avec une meilleure onde. Pour le sable, je
me suis livre a une serie de tatonnements jusqu'a ce que j'aie obtenu un sable
assez leger et assez fin pour permettre I'envasement derriere les digues.
Bien des objections peuvent etre faites contre les modeles a petite eclielle ;
il faut y prendre garde, et je les ai faites moi-meme, quand j'ai parte de la.
difficulte de reproduire les vagues, mais je crois qu'on peut reproduire
leur effet au moyen de la charniere dont j'ai parte dans une autre seance.
Un autre point avantageux de la Seine, c'est que I'entree des marees,
comme je I'ai fait dans mon modele, a lieu a pen pres dans la meme direc-
tion que les vents predominants. II en est de meme dans la Mersey.
A mon avis, il importe de ne pas penser qu'on peut obtenir, dans un
modele, exactement les conditions qui existent dans la nature, parce que le
sable, si fin qu'il soit, represente encore, a rechelle,d'enormes galets, com-
pare au sable de I'estiiaire.
De plus, les courants sonl beaucoup plus forts qu'au naturel. Mais quand
652 PROCES-VERBAUX DES STANCES DES SECTIONS.
on compare deux situations, si Ton reproduit dans les deux cas des resul-
tats qui concordent avec la nature, je ne vois pas pouiquoi on ne pour-
rait pas comparer les diflerents projets enlre eux. J'eslime done que je puis
poser deux conclusions que j'lii donnees dans mon rapporl, la deuxieme ct
la neuvieme.
« 2. La determiualion prealable de I'cffet, sur un estuaire, de tons tra-
ce vaux d'endiguemenl, aurait cerlainement la plus haute valeur, en pcr-
« mettant d'cviter des erreurs irrcparables, ct de choisir le projet le plus
« pratique. »
Je crois que c'est important, parce que j'ai clioisi deux estuaires qui r.c
se ressemblent pas, mais ou j'ai reproduit les faits de la nature. Ces resul-
tats donnent tout lieu de conclure que Ton peut s'en rapporter au systeme
experimental pjur prevoir les effets d'un projet quelconque de travaux
d'amelioration dans un estuaire, pourvu que les conditions existantes de
ce dernier se Irouvent approximativement reproduites dans le modele. Le
syste ne experimental fournit done aux ingenieurs un point de repere tres
precieux dans la solution de ces problemes complexes, ainsi que dans Tela-
boration des plans de travaux qui ont jusqu'ici provoque les plus grandes
divergences d'opinions quant aux resullats qu'ils devaient donner.
J'y ajouterai la derniere conclusion de mon rapport,
« 9. Les experiences faites avec des modeles fournissent un secours inap-
« preciable pour elaborer les plans de travaux d'endiguement dans un
« estuaire donne ; elles servent en outre a etablir les principes particu
« liers d'apres lesquels on doit se guider en etablissant un chenal endigue
« a travers des estuaires a maree. »
Maintenant je laissc a la Section le soin de conclure.
M. i\lEl^Gl^-Lt;cREULx. — .Messieurs, quelques-uns d'entre vous ont pu voir
a Rouen un modele de la Seine que nous avons construit d'apres Texi'mple
de M. Yernon-llarcourt.
J'etais Ingenieur en chef a Rouen quand j'ai entendu parler des expe-
riences de notre colleguc.
A premiere vue, j'avais peine a croire qu'on put dans ces modeles obtenir
des resultats utiles. Cependant comme M. Vernon-IIarcourt a public ses
observations et les resullats obtenus en essayant divers prolongements, il
m'a paru, d'apres la connaissance que j'ai des faits, que ces resultats
etaient assez concordants avec ccux auxquels on aurait pu penser a jwiori
pour donner une meilleure idee de I'emploi de ces moyens.
iSous nous sommes dit : « Puisqu'en Angleterre, dans I'interet de la
science, un ingenieur s'est donne la peine de faire ce travail fort difficile^
nous pouvons bien, nous Fran^ais, qui sommes directement interesscs,
prendre la question elle-meme et essayer de voir ce qu'on en peut tirer ».
Dans cet ordrc d'idees,rAdministration m'a autorise a construireun mo-
dele pour lequel je me suis inspire de la melhode de M. Vernon-Harcourt;
mais nous avons voulu faire plus grand.
4' SECTION. — 9' SfiANCE. 655
A certains egards,un modele a plus grande echelle est preferable, parce
qu'on voit mieiix ce qu'on fait, les resullats sont plus lisibles; d'nn autre
cole, on observe mieux les defecluosites et les dissemblances qui peuvent se
presenter, mais les experiences sont beaucoup plus longues et beaucoup
plus coiiteiises. S'ily a quelque chose a modifier au modele, celte modifi-
cation est plus difficile.
Quoi qu'il en soil, ce modele fonctionne depuis plus d'un an.
Le mecanisme devait etre beaucoup plus complique et plus grand a raison
de I'echelle.
Nous avons emprunte a M. Vernon-Harcourl Theureuse idee qu'il avail
eue de placer la caisse des marees dans unc direction donnee, de maniere
a rcproduire a Tentree de I'estuaire les courants qui se produisent dans
la realile. De plus nous avons dii prendre des dispositions pour rcproduire
I'etale du Havre et avoir enfin dans lout le cours de la Seine la maree telle
qu'elle exisle aujourd'hui.
A ce point de vue nous avons a pcu pres completemenl reussi, I'echelle
du modele permet de constater les marees sur toute la longueur de la Seine,
ce qu'on ne pouvait pas faire dans le modele tres-reduit de I'Angleterre.
Nous oblenons des marees qui rcssemblent beaucoup aux marees actuel-
les ; sur ce point le modele est en quelque sorte un oulil de physique fort
interessant qui pourrait nieme donner des instructions sur le probleme de
la circulation du flot dans un fleuve a maree.
Tel est le resultat, mais tel n'est pas le but des experiences ; ce but est
d'etudier le mouvement des sables ; la nous sommes aussi avances. Nous
avons commence par imiterM. Vernon-Harcourt,c'est-a-direpar rcproduire
Telat acluel. Nous avons cherche quelle serait la disposition du sable. Nous
avons fait d'assez noinbreuses experiences ; les premieres nous ont revele
un fait important, que je ne soupconnais pas au meme degre : c'est unc
extreme sensibilite. C'est la un point interessant.
J'avais cru qu'il n'etait pas necessaire, a une si petite echelle, de rcpro-
duire minulieusement tout le cours de la Seine, avec la largeur reelle et le
fond. Je supposais a tort que c'etaient la des quantites negiigeables. J'ai
commence avec une Seine qui etait un pen plus profonde que dans la
realile, etalorsj'oblenaisdes chenauxmagnifiques; c'elaitinvraisemblable.
Nous avons du reprendre le lit dans tous ses details au millimetre, rc-
prendre le fond meme, et nous avons vu un changement profond dans le
regime des sables de I'estuaire.
Le fait, je le repete, pouvait se prevoir, mais il est interessant; c'est une
manifestation en faveur de ce mode d'investigation.
Apres ces changements,nous avons obtenuune disposition analogue aux
dispositions d'aujourd'hui, mais j'ai une observation a faire; si vous en-
voyez de I'eau dans des sables, vous aurez des endroits ou I'eau passera et
d'autres ou elje ne passera pas. II y aura toujours analogic, mais la simili-
tude sera-t-elle complete? pas toujours.
634 PROCES-YERBAUX DES STANCES DES SECTlOiNS.
En ce qui concerne les resiiltats oblenus par M. Vernon-Harcourt, je n'ai
rien a dire. Mais aii siijet des experiences de Manchester sur les estuaires
interieurs, on pretendait que c'etait la meme chose. C'etait la meme cliose, si
Ton veut, mais cela ne se superposait pas ; il y avail des chenaux et des bancs
des deux cotes, mais les dispositions etaient-elles reellement identiques?
M. Laroche. — C'etait la propagation de la tele de flot qui elait speciale.
M. MeiNgln-Lecheulx. — Quoi qu'il en soit, apres ces experiences, nous
avons trouve une certaine analogie, sauf une nuance qui s'est reproduite
un pen dans toutes nos experiences. C'est que, malgre la reduction de la
Seine, notre esluaire et nos chenaux semblent plus profonds proportionnel-
lement que dans la realite.
C'est un fait qui pent tenir a quelques defectuosites du modele, je n'ose
dire simplement : c'est un fait.
Nous avons constate egalement, dans les experiences, dans les premieres
comme dans les dernieres, une tendance du sable a descendre un peu plus
que dans la realite.
Pourquoi? C'est peut-etre encore, comme je le disais tout a rheure,quel-
que partie du modele qui demande a elre corrigee.
Cela tient aussi peut-etre a la question des pentes. Nous avons dans ces
chenaux des pentes laterales ; dans la realite, ces pentes sont tres douces ;
avec la deformation des dimensions, elles deviennent tres-raides, elles
sont tres larges, a talus coulant. II y a par consequent une tendance des
sables a couler du talus et a descendre dans les chenaux quand le jusant
passe. Mais ce ne sont la que des considerations, et non des certitudes.
Je pense qu'il faut continuer, mais je ne suis pas en mesure de vous
donner a ce sujet des conclusions fermes.
Nous avons ensuite essaye de tracer des digues. Sur ce point je ne vous
donnerai pas meme des conclusions sous reserve, mais des indications sur
ce qui se passe dans mon esprit. La comme ailleurs, et dans un modele
peul-etre plus que dans la realite, la continuite, la regularite estun facteur
tres-important.
Les digues regulieres vont bien, et les autres vont aussi bien. Ainsi le
procede de M. Lavoinne, qui a donne de bons resultats aM. Vernon-Harcourt,
nous en donne egalement; le trace de I'Administration ne donne pas de
mauvais resultats.
Sauf quelques petits changements sur la digue du Nord, il resuUe du
trace des inodeles que, si cela etait jamais possible, il serait avantageux
de prolonger les digues un peu plus loin.
Yoila tout ce que je puis vous dire quant a present, et encore je ne suis
pas sur qu'il soit permis de tirer des conclusions positives de ces 6tudes.
Elles sont extremement interessantes a tons egards, et j'estime qu'en pre-
sence d'un probleme aussi redoutable, on pent prendre un peu de peine, et
consentir aux faibles depenses que comportent I'installation et la conti-
nuation des experiences. {Applaudissements.)
4' SECTION. — 9' SEANCE. 635
M. DE Mey. — Messieurs, j'ai ecoute attentivement les observations de
M. Yernon-Harcourt et celles de M. Mengin, il en ressort line tres-grande
incertitude sur les resultats qu'on pent obtenir avec les modeles a petite
echelle. II est tres-difficile de reproduire dans des conditions determinees,
les oscillations de la maree quand elles sont compliquees comme a I'em-
bouchure de la Seine.
Les experiences faites en Angleterre pour se rendre compte des eft'ets de
la resistance de I'eau aux navires ont donne des resultats remarquables
qui ont ete contirmes par la pratique ; mais ici la question est plus ardue,
comme I'a dit M. Mengin-Lecreulx. La difliculte consiste a representer le
fond dans sa configuration si complexe et de le representer de fa^on a repon-
dreplus ou moins a I'intensite du courant, reproduit artificiellement sur
une petite echelle. Je n'insistepas sur ce point, mais il est une autre diffi-
cuite quel'onperd de vue, c'est qu'on doit distingugr, dans un estuaire,
les atterrissements de formation tres-ancienne, les deformations de cotes
tres-tranchees, et les deformations plus ou moins compliquees. Pour
I'estuaire de la Seine par exemple, je crois que les petits modeles pour-
raient donner certaines indications, si Ton reproduisait la forme de I'es-
tuaire, si les bancs d'Ainfard et du Ratier, plus ou moins durs et resistants,
etaient representesavecla plusgrande precision. Pour le reste de I'estuaire,
on reussirait avec du sable fin melange avec un peu de tourbe afin de
rendre le fond mobile. En reproduisant ensuite la maree, je crois que vous
vous rapprocherez de I'etat actuel des chenaux.
Si vous introduisez des digues, vous obtiendrez des variations ; dans ces
conditions, il est possible d'avoir quelques indications, mais elles seront
bien vagues.
M. Vernon-Harcourt a cite un autre exemple, celui de la Mersey; la il
me semble qu'il n'est pas possible de reproduire artificiellement avec les
petits modeles ce que la nature a forme. En effet, ces grands bancs de sable
qui sont a I'estuaire de la Mersey sont des effets millenaires. Ces bancs de
sable se sont formes a une epoque ou I'estuaire ne ressemblait pas a ce qu'il
est aujourd'hui. De meme, lorsque I'Escaut, la Meuse et le Rhin circulaient
dans des terres plus ou moins incertaines, ils formaient peu a peu leur lit.
Je ne crois pas aux actions extraordinairement violentes. Je pense qu'il
s'est produit a I'entree de I'estuaire de I'Escaut des phenomenes analogues
a ceux qui se produisent aujourd'hui en aval de Flessingue.
Nous avons aux estuaires de la Meuse, du Rhin et de TEscaut, des iles
entourees de rives ; la il s'est produit des deplacements de sable tres-actifs
qui ont forme ces bancs a une epoque tres-reculee. Or ces bancs sont
encore stables, ils influent Paction de la maree ; ce n'est pas la maree qui
les produit. Aussi, en supposant que vous represenliez I'estuaire de I'Escaut
dans sa forme actuelle, que vous reproduisiez exactement la maree et les
bancs, avec plus ou moins d'exactilude, vous ne prouverez rien, car les
bancs du fleuve se sont formes dans d'autres conditions.
636 PROCES-VtRBAUX DES STANCES DES SECTIONS.
Je veux dire que lorsqu'on se troiive en face d'un estuaire comme celui
dont parlait M. Vernon-llarcoui t, pouroblenir des rcsullals, il faudrail com-
mencer par produire des aiijourd'hui des plages plus ou moins fixes, et y
representer les bancs les plus fixes et les plus stables.
On pourrait alors essayer d'etudier Taction de la maree sur les chenaux
dans I'etat actuel, et Taction de cette maree a la suite des modifications
qu'on apporterait a Testuaire.
M. Vandeuvin. — J'ai demande la parole pour presenter des reserves du
nieme ordre que cellos de M. de Mey.; j'ajouterai deux observations : dans
les inodeles, la question d'echelle n'intervient pas seulement pour la confi-
guration du lit, mais pour les materiaux qui y sont transportes.
Nous avonsdans certains fleuves des transports de materiaux tres divers;
nous avons notamment des graviers, du sable et de la vase; or les forma-
tions vaseuses ne se distingueront pas des formations sablonneuses, puis-
qu'on n'emploie en realite qu'une seule et meine matiere pour produire
tous les depots.
II y a done une reserve a faire a ce sujet.
En second lieu, an point de vuc meme de la production de la maree,
j'aperQois une difficulte. Dans la realite, Ic grand reservoir generateur des
marces est la mer, et quand il s'introduit plus ou moins d'eau dans un
fleuve qui debouclie dans la mer, cette maree ne s'en trouve pas modifiee;
mais il pent en etre autrement dans les reservoirs gen^rateurs des marees
dans les inodeles, dans lesquels on doit produire une onde qui se propage. Si
un empechement existe a Tintroduction de Teau dans le fleuve, que doit-il ^
se produire? Un changement dans la maree de cette mer, de ce reservoir.
Ce qu'on fait en realite, ce n'est pas de produire un simple mouvement
vertical, mais un vrai deversement, on verse de Teau dans le fleuve, avec
le modele qu'on emploie ; si Ton a un reservoir a charniere et si on le releve,
il faudra que Teau s'ecoule dans le fleuve ou bien que Ton ait une hauteur
plus grande dans le reservoir.
11 n'en est pas de meme dans le reservoir de la mer. C'est ainsi qu'avec
des embouchures relrecies comme des goulels, qui opposent des obstacles
a Tintroduction de la maree dans le fleuve, on pourra obtenir des resul-
tats diflerents de ceux que Ton obtiendrait si Ton avail la mer elle-meme
comme reservoir generateur. Avec un goulet,puisqu'on deverse en quelque
sorte de Teau dans le fleuve, on obtiendra, au point de vue de la propaga-
tion de la maree dans le fleuve, des resultats beaucoup plus favorables que
dans la realite.
Je ne sais si le modele de M. Vernon-llarcourt etait manoeuvre a la main
ou s'il marchait mecaniquement —
M. Vernon-Harcourt. — II manoeuvrait au moyen d'une vis et d'un
engrenage.
M. Vandervin. — II doit y avoir la bien des difficultes; c'est un point qui
exige beaucoup de prudence.
4^ SECTION. — 9' SEANCE. 657
M. Ver>on-Harcourt. — Le sable que j'ai choisi avail line double consti-
tution, c'est pour cela qu'a mon avis j'ai pu faire les atterrissements der-
riere les digues,
J'avais choisi de la tourbe et du sable plus fins que ceux dont je m'etais
servi primitivement ; de la est venue la reussite des atterrissements que
je n'avais pu reproduire avec du sable tres-pur.
Au sujet de Tintroduclion de la maree, une des parties les plus difficiles
de I'experience residait dans la maniere de se servir de cette charniere.
II fallait reproduire la hauteur de la maree a I'embouchure du fleuve.c'etait
la condition necessaire du succes De plus, il fallait reproduire les periodes
de la maree en amont. On avail a se rendre comple que la maree monlait
d'une certaine quanlite, el en meme temps que les periodes par lesquelles
elle passait de I'embouchure jusqu'en amont, elaient les memes que celles
de la riviere.
M. Mengis-Lecreulx. — .M. Yandervin a signale des difficultes qui sont
Ires-reelles, mais les constructeurs des modeles doivent les connailre.
Le reservoir exterieur de la mer est Ires-grand relalivement aux reser-
voir du fleuve, et je puis declarer que toules les modifications qui peuvent
eire failes dans le fleuve sont extremement faibles relalivement a la mer du
modele.
En somme, les objections qui viennent d'etre presentees sont sensible-
ment, a mon sens, des indications de difficultes a vaincre.
On pent les vaincre, et on les a vaincues.
M. Yauthier. — J'admets pleinement les reserves qui onl ete presentees;
je les crois tres-legilimes ; cepcndanl on ne pent conlesler qu'il y a la un
procede d'invesligations qui a donne certains resullals.
Dans ces conditions, et sans qu'il soil necessaire de prolonger la discus-
sion, la Section pourrait voter la conclusion de M. Yernon-IIarcourt, a une
seule condition, qui meparait essentielle : c'est de substiluer a I'indication
« il y a une grande ulilite », ces mots : « il pent y avoir ulilile ».
Cette redaction est modesle, maisje la crois plus en rapport avec la realile.
Je ne voudrais pas affirmer des a present qu'il y a une grande ulilite,
mais cerlainement nous sommes en j)resence d'un mode d'invesligalion
qui ne saurail elre trop recommande. Sans doute, il y a des difficultes
pour assimiler les modeles aux cas naturels; de plus, nous savons lous que
dans I'ecoulement de I'eau, il y a des quantiles absolues et des quanliles
relatives, de sorle qu'un modele a petite echelle nedoil permetlre que des
appreciations ; mais au point de vue comparalif, il peul y avoir une grande
ulilite a user de ce procede.
Je demande done le vote de la conclusion de M. Yernon-llarcourl avec la
modification que je presente.
M. Me:sgln-Lecreulx. — Je partage I'avis de M. Yauthier, mais les conclu-
sions doivent elre limitees, puisqu'elles expriment la pensee de tons les
membres.
658 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
Or, dire : « il y a une grande utilite », est line affirmation a laquelle
I'ensemble des mcmbres de la Section ne voudrait peut-etre pas s'asso-
cier. D'autre part, I'expression « il pent y avoir utilite », implique peut-
elre un doiile qui infirme cette resolution; il me semble qu'on pourrait
s'exprimer ainsi : « d'apres les experiences anterieures et notamment cellos
de M. "Vernon-Harcourt, il peut y avoir utilite ».
M. LE President. — Apres entente entre les membres interesses, voici la
redaction qui est proposee a la Section :
« Avant de faire le projet d'endiguement d'un estuaire large a fond
« mobile, et oii les vases s'introduisent avec le flot, il parait, d'apres les
« experiences faites par M. Vernon-Harcourt, y avoir utilite a etudier avec
« un modele a petite echelle, et avec autant de precision que possible, les
« resultats que les differents systemes de digues produisent dans le modele,
« non pour determiner exactement la nature du chenal et la profondeur
« definitive qu'on obtiendrait dans I'estuaire, mais pour comparer les dif-
« ferents projets entre eux, au point de vue de la fixite du chenal dont on
« parle, et de la distribution des bancs. »
M. Mengin-Lecreulx. — 11 serait peut-etre preferable de remplacer le mot
« vases » par celui de « sable ».
M. DE Mey. — L'expression « matieres alluvionnaires » serait encore plus
generate.
M. LE President. — Je mets aux voix la modification demandee par
M. de Mey. — (Cette modification, mise aux voix, est adoptee.)
M. LE President. — En consequence, le mot « vases » est remplace par
Texpressiou « matieres alluvionnaires ».
M. Guerreiro. — Si nous avons hesite un pen dans la redaction de la
conclusion, je pense que tons les membres seront unanimes pour adopter
la proposition que j'ai I'honneur de presenter. Je demande qu'il soil porte
au proces-verbal que la Section adresse ses felicitations a M. Vernon-
Harcourt, au sujet des travaux si interessants qu'il a commences, et a
M. Mengin qui les a continues. {Applaudissements.)
M. LE President. — 11 sera mis au proces-verbal que la Section remercie
M. Vernon-Harcourt et M. Mengin des efforts qu'ils ont fails pour I'applica-
tioii et I'extension d'une methode qui peut donner d'excellents resultats.
{Applavdisseinents .)
M. Mengin-Lecreulx. — Messieurs, vous avezbien voulu me confier I'hon-
neur de faire le rapport general'; des lors je devais me preoccuper de ce
que j'avais a dire. Mais je remarque que les conclusions votees jusqu'ici
sont peu nombreuses ; plusieurs sont negatives on portent sur des points
relativement secondaires. Les conclusions qui sont noyees dans une discus-
sion n'ont pas d'importance; il ne peut en eire ainsi, si nous devons les
extraire, les meltreenvedetteet les presenter a I'assemblee pleniere, comme
il est de regie. EUes ne donneraient pas a nos travaux la valeur qu'ils
devraient avoir et qu'ils ont.
t SECTION. — 9' SEANCE 659
II me parait qu'il y a deux partis a prendre : ou bien agir selon les prefe-
rences de M. Giierreiro, et comme on I'a fait deja dans quelques Congres,
c'est-a-dire supprimer toute conclusion, — non pas les conclusions dans
le cours de la discussion, — mais toute conclusion mise en lumiere. Je ne
serais pas embarrasse pour expliquer et justifier cettc maniere d'agir.
Cependant, comme nous avons vote quelques conclusions qui presentent
un certain interet. que, d'aulre part, les auttes Sections ont vole des resolu-
tions, pour obeir a I'usage, je prefererais, ce n'est pas impossible en pro-
cedant autrcment que nous I'avons fait, arriver a former un ensemble de
conclusions suffisant.
II existe des points tres-delicats sur lesquels on ne peut etre d'accord et
ou abondent les nuances et les exceptions.
II en existe peut-etre d'autres qui sonl plus simples, sur lesquels Tac-
cord est fait et que nous pourrons voter. En les joignant a ce que nous
avons deja fait, nous arriverons a un ensemble presentable.
Du reste, si la moindre discussion paraissait s'elever sur ces derniers
poinls, je suis pret a les abandonner, parce que nous ne pouvons pas insti-
tuer un debat.
Ces conclusions, sur lesquelles nous sommes tons d'accord, je les trouve
dans la communication de M. Yernon-Harcourt.
Cette communication est d'une prudence toute particuliere, a raison de
la haute competence et de la haute notoriete de son auteur, non seulement
dans son pays, mais dans I'Europe entiere. [Applaudissemeiits.)
Elle a pour nous ce caractere special, c'est qu'au lieu de se rapporter a
I'expose d'un seul fleuve avec les consequences qui en decoulent, elle alfecte
I'allure generate que nous pouvons seule adopter, si nous adoptons quelque
chose.
Dans cet ordre d'idees, je prends done les conclusions de M. Yernon-
Harcourt en ce qui concerne les fleuves a maree; je ne prends que celles-la.
Sur ce point, je trouve des conclusions que nous pouvons adopter, et
joindre a celles que nous avons deja prises.
Si nous sommes arretes par une discussion, nous pourrons y renoncer,
maisjevous demande la permission de faire cette tentative, jela crois utile.
Jelaisserai d'abord de cote la premiere conclusion, ou M. Yernon-Harcourt
dit que « la barre a I'embouchure est formee, dans ce cas, par les apports
de la mer » .
II y aurait des nuances dans certains cas ; M. Yernon-Harcourt nous a dit
qu'il y avail des fleuves mixtes; M. AYelcker a declare que la barre dans la
Meuse n'etait pas formee par les matieres venues de la mer.
II faudrait done, pour discuter ce point, entrer dans une foule de dis-
tinctions.
Pour ce motif, j'elimine cette premiere conclusion.
La seconde conclusion est ainsi congue :
« Les conditions relatives a I'amelioralion des fleuves a maree different
640 PROCES-VERBAUX DES SEAP^CES DES SECTIONS.
« entierement de cellcs des fleuves sans maree; car, non seulement le
« volume de la marec (iin facteur qui n'cxiste pas dans la derniere cate-
« gorie des couis d'eau examines) contribue essentiellement a entretenir
« les larges estuaires et les embouchures des fleuves a mar6e, mais les
« atlerrissemenls qui obstruent frequemment les estuaires a maree dans
« certains cas, ainsi que la formation de la barre a Tembouchure, sont dus
« respectivement au flot charge de vase et a I'aclion des vagucs, et non aux
« matieres alluviales apportees par le fleuve. »
C'est le meme cas que tout a I'hcure, et pour le meme motif, je I'elimine.
La troisieme conclusion presentee par M. Vernon-IIarcourt indique la
necessite des profils et des observations; cette necessite est absolue, je re
crois pas qu'il soil utile d'en faire I'objet d'une conclusion.
J'arrive a celle que nous pourrions admettre d'abord, mais je crois qu'il
faudrait commencer par introduire au debut la resolution qui a ete for-
mulee par M. de Raeve sur la necessite pour les ingenieurs de definir dans
leurs ecrits ce qn'ils entendent par leurs estuaires. C'est foit important,
car tout a I'heure.enentendant M. Guerreiro, nous avons conslate une fois
de plus qu'il elait difficile de savoir de quoi il s'agissait.
Je trouve done la quatrieme conclusion de M. Vernon-Harcourt, qui me
semble pouvoir entrer dans I'esprit de toutlemonde. EUe est ainsi concjue,
avcc un mot que j'y ajonte :
« Les dimensions et la profondeur d'un fleuve a maree etant en general
« surtout la consequence de Taction de la maree, toustravaux augmentant
« le volume et etendant I'influence de celle-ci, tels que la suppression
« d'obstacles, le dragage de hauts-fonds compacts, Tabaissement du niveau
« d'eau de la maree basse obtenu par I'approfondissement du chenal,
« assurent une amelioration dans le regime de la navigation, tandis que
« tons les travaux restreignant I'entree de la maree, meme si I'energie
c( donnee au courant produit un approfondissement local, peuvent porter
« atteinte aux ressources generates qu'un fleuve a maree oflre a la naviga-
« tion. »
11 ne me semble pas que cette conclusion ne puisse pas etre adoptee par
tout le monde. M. Partiot pent I'adopter, car lout en etant partisan des
goulets, il entend ne pas porter obstacle a I'introduclion de la maree. Par
consequent, cette conclusion ne combat I'opinion de personne.
M. Welcker. — 11 me semble que c'est a peu pres la meme chose que la
conclusion adoptee bier.
M. Me.\gin-Lecreulx. — Attendez, nous allons voir, j'y arrive; dans des
conclusions, il est difficile de tout rediger a la fois.
II se pent que vous trouviez les memes principes rediges a des endroits
differents, mais cela n'a pas d'inconvenients inajeurs.
M. LE President. — On retrancherait au besoin pour qu'il ii'y ail pas de
repetition.
M. Mengin-Legreulx. — Je donne lecture de la cinquieme conclusion.
4' SECTION. — 9* SEANCE. 641
« La regularisation des rives des fleuves a maree, de maniere a sup-
« primer les variations subites en largeur, egaiise le courant, rediiit les
« atterrissements et facilite le flux de la maree : elle constitue done un
« important moyen d'amelioration, meme quand une legere reduction de
« capacite d'admission de la maree en certains endroits I'accompagne, par
« suite de la disparition des anfractuosites de la rive, car ce dernier incon-
« venient est d'ordinaireplus que compense par I'amelioration du courant,
« et I'abaissement du niveau d'eau de la maree basse qui en est la conse-
« quence, surtout lorsque Ton fait en meme temps disparaitre les hauls-
« fonds. »
Ici alors s'introduirait le paragraphe qui a ete discute hier trop longue-
ment a mon sens; cnfm nous avons adopte une resolution qui est prudente
mais vraie, nous pouvons I'inserer ici ; je vous lis le texte : « U convient
« en general de demander la capacite de remplissage necessaire au bon
« fonctionnement des fleuves a maree, au lit meme de ces fleuves, par un
« amenagement rationnel et methodique de leurs largeurs et de leurs sec-
« tions, et non a des reservoirs laleraux qui ont souvent de graves incon-
« venients, et ne sont a creer que dars des cas speciaux. »
M. Laroche. — Je ne sais pas pourquoi on a adopte le mot « creer ». Y a-
t-il un exemple de riviere a ameliorer par des bassins lateraux crees ?
M. Me.ngin-Lecreulx. — II n'y en a que dans la Seine; je n'en connais pas
d'autres.
Toutela question qui se pose, mais cellc-la esttres frequente, ce n'esl pas
de creer des reservoirs laleraux, mais de supprimer ceux qui existent.
M. DE PuLLiGNY. — Lcs mots « uc sout a creer » ont ete substitues sur
la demande de M. Welcker, a la redaction primitive : « ne sont admis-
sibles ».
M. Welcker a voulu que Ton remarquat que les reservoirs lateraux ne
devaient etre pris artificiellement que dans des cas speciaux, mais que
quand ils existent, la regie normale pouvait etre de les conserver.
M. "Welcker. — Je n'ai pas d'objection a presenter au mot « creer ».
M. Largche. — Je demande quelle sera la consequence pratique de ce vole?
M. Troost a dit qu'elle serait tres-grande.
Justement en ce qui me concerne, je suis consulte sur la question que
voici : des particuliers demandent a endiguer une parlie des rives basses-.
La consequence est qu'on etablira le long de la riviere une digue parfaite-
ment reguliere dessinant bien les rives, et en arriere on conquerra d'excel-
lents terrains.
Dans cette question M. Troost est d'avis qu'on peut autoriser, mais, pa-
rait-il, ce n'est pas I'avis de tout le monde et certaines personnes ont dit :
« Mais vous retirez une certaine surface de terrain querecouvre la maree ».
A quoi on a repondu : « Mais c'est un bassin lateral que nous suppri-
mons; cela n'a pas d'interet. »
Je ne crois pas vraiment que la question ait ete envisagee a un point de
41
642 PROCES-\ERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
vue tel que Ton puisse en conclure que, si le Congres permettait d'etablir
ces digues, on se baserait sur ce principe qu'il n'y a pas lieu de creer des
reservoirs lateraux.
Je crois que la conclusion depasse la portee que je donnerais a ce vote.
M. Mengin-Lecreulx. — 11 y a un vote acquis.
M. LE President. — L'expression vous semble impropre, mais vous ne la
considerez pas comme dangereuse.
M. Laroche. — Cela a cause une telle impression sur certains membres
qu'on a dit : Si nous ne trouvons pas le moyen d'introduire un mot special
lorsqu'unjeune ingenieur inexperimente viendra dire : Je vais vous fermer
ces fausses passes, parce que ce sont des reservoirs lateraux, je crois qu'on
ne],trouvera plus d'ingenieur qui se preoccupe de cette idee.
Alors on s'est dit : Tachons de irouver un mot qui ne fasse pas declarer
plus tard : nous sommes autorises par une deliberation du Congres a consi-
derer comme une bonne chose de couper les bras lateraux.
M. Mengin-Lecreulx. — Cette question des particuliers, des terrains et
des dio^ues est vivante dans beaucoup d'endroits, et surtout dans la Seine,
oil la tendance est toujours de gagner sur le fleuve.
Voila pourquoi je me suis dit : Partout les memes causes produisent les
memes effets.
M. Yandervin. — Ce qui frappe M. Laroche, c'est qu'au moment ou il a
demande si la resolution qui nous a ete soumise trouvait une application
immediate, M. Troost a repondu qu'il s'en trouvait dans son service de
I'Escaut.
Mais nous n'avions pas a examiner s'il pouvait y avoir des applications ;
nous avions simplement a considerer si le principe que nous avons soumis
a la discussion du Congres est exact ou non.
M. Mengin-Lecreulx. — II me semble que le mot « creer )),en admettant
qu'il soil critique, reserve la pensee de M. Laroche comme la mienne. La
redaction est prudente, on I'a discutee bien longlemps.
M. de Pulligny. — Elle repond a I'ordre d'idees cree par M. Laroche, qui
est de ne pas voter la mort des reservoirs dans tous les cas.
On ne parte pas de ceux qui existent. Mais je ne crois pas qu'il se soil
produit en fait des cas ou les ingenieurs aient eu I'idee de creer des reser-
voirs lateraux.
M. Mengin-Lecreulx. — On a eu cette idee dans la Seine; a rorigine,on a
voulu amenager le fleuve avec une serie de reservoirs lateraux.
M. Quinette de Rochemont. — Cela a ete fait dans le Weser.
M. Laroche. — On a conserve dans le Weser la plus grande etendue d'eau
possible.
M. le President. — Ce n'etait pas dans le lit. On a amenage des reser-
voirs d'eau lateraux.
M. La-soche. — Je n'insiste pas plus longtemps ; men opinion sera consi-
gnee au prcces- verbal.
4* SECTION. — 9* SEANCE. 645
M. CoNsiDERE. — J'etais retenu a la ^^ Section au moment ou est venue
en discussion cette question des reservoirs Iateraux;je demande si Ton ne
pourrait pas m'accorder quelques minutes, pour parler d'un fait qui se
trouve dans mon service.
M. LE Presidekt, — Nous ne pouvons pas recommencer la discussion,
nous ne reviendrons pas sur la resolution qui a ete votee hier ; il ne nous
est pas possible en ce moment, si nous voulons aboutir, de discuter autre
chose que la substitution d'un motau mot « creer ».
M. DE Met. — On donne a la discussion plus d'importance qu'elle ne
comporte ; M. Troost n'a eu en vue que I'utilite des bassins se remplissant
au moyen de I'eau de la mer.
M. Fakgue. — Nous ne voudrions pas qu'on en concliit que quand on a de
faux bras, on doit se hater de les fermer. C'est le contraire qu'il faut dire.
M. Le President. — La redaction est celle-ci : « 11 convient en general de
demander la capacite de remplissage necessaire au bon fonctionnement
des fleuves a maree, au lit meme de ces fleuves, par un amenagement ra-
tionnel et methodique de leurs largeurs et de leurs sections, et non a des
reservoirs lateraux qui ont souvent de graves inconvenients, et ne sont a
creer que dans des cas speciaux ».
M. MENG^^'-LECREULX. — Pour donner satisfaction a des scrupules que je
partage, on pourrait dire : « et ne sont a recommander que dans des cas
speciaux », etant bien entendu qu'on nefermera ceuxqui existent qu'apres
miire deliberation sur les consequences qui en peuvent resulter.
M. LE President. — Je propose de maintenir le texte tel qu'il a ete adopte,
parce que, si nous le changeons, nous rentrons dans une discussion qui
pourrait bien ne pas se terminer.
(La conclusion mise aux voix est adoptee.)
M. Mengin-Lecreulx. — J'arrive aux dragages, c'est la sixieme conclu-
sion de M. Vernon-Harcourt.
« 6. — Le dragage oftre un moyen tres precieux d'approfondir un
fleuve a maree. On pent prolonger les operations bien au dela des limites
du pouvoir erosif naturel du fleuve, si le mouvement commercial d'un port
justifie une grosse depense, et Ton arrive ainsi a transformer un petit
fleuve en une voie accessible aux gros navires a tons les etats de la maree.
La Tyne nous fournit, sur ce point, un remarquable exemple. »
Icije propose une adjonction que, d'ailleurs, je suis j)ret a abandonner
immediatement si vous n'etes pas d'avis d'accentuer un pen cette question
des dragages, a laquellej'attacheunegrande importance. Voici cette addition:
(c De plus par ces dragages on arrive a faciliter la transmission des ma-
rees et a en augmenter le debit, ainsi qu'a approfondir Tembouchure.
Grace aux perfectionnements successifs que I'art du dragage a re^us pen-
dant ces dernieres annees, le champ de ce moyen d'action s'est beaucoup
etendu, el les cas ou Ton doit y avoir recours deviennent de plus en plus
nombreux. »
644 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
— Adopte.
L'approfondissement de la Mersey, dont parle ensuite M. Vernon-Har-
court, est un point de fait qui n'a pas a figurer dans des conclusions.
Je n'ose vous proposer quoi que ce soit sur ce qu'il dit des estuaires.
Nous avons vote tiier una resolution relative aux traces a adopter pour
le lit ; il y aurait lieu de la placer ici en la faisant preceder de la mention
suivante :
« Etude de 1' influence des traces des rives sur la fixite et la profondeur
du thahveg ».
Puis viendrait la conclusion qui a ete votee en ce qui concerne les expe-
riences.
Nous avons ainsi un ensemble presentable.
M. GuERREiuo. — Sur la question des reservoirs laleraux,il a et6 convenu
qu'on mettrait quelques observations dans le texte du rapport.
M. Mekgin-Lecreulx. — 11 faudra expliquer que le vote n'a pas ete una-
nime. J'ai fait cette observation et je ne sais pas si je dois la regretler, car
I'afTaire a une grande importance, non pas a cause de la difference reelle
qui existe entre mon opinion et celle de ces messieurs, mais parce que
nous craignons que la conclusion presentee par eux, si clle avait ele votee,
— et on le proposait, — fut inierpretee d'une maniere facheuse.
M. GuERREiRo. — C'est pour cela que je reserve mon opinion.
M. LE President. — Nous sommes arrives a peu pres a la fin de nos tra-
vaux; cepentlanl deux de nos collegues, M. de Timonoff et M. Considere,
ont encore chacun une communication a faire; M. Mengin,en reflechissant
a son rapport general d'ici a demain, pent avoir egalement des observations
a nous presenter ; alors, s'ii n'y a pas d'opposition, nous remeltrons a de-
main 9 heures la seance de cloture.
— Adopte.
La seance est levee a 11 heures et demie.
DIXIEME SEANCE
Jeudi 28 Juillet (matin).
Presidence de M. CUVINOT.
La seance est ouverte a 9 heures 15.
M. LE President. — La parole est a M. Fargue.
M. Fargue. — Messieurs, je suis au nombre des membres de la Section
qui n'assistaient pas a la seance de lundi dernier, seance au cours de
4* SECTION. — 9" SEANCE. fila
laquelle notre collegue M. Pasqueau a donne communication d'un travail
tres-interessant sur la Gironde. J'ai lu le resume de ce travail dans le
compte rendu officiel; il m'a paru avoir un grand interet, et je propose a
la Section d'exprimer le voeu que ce travail soil imprime aux frais du
Congres. {Applaudissements .)
M. Pasqueau. — Je remercie M. Fargue de sa bienveillante attention, et
je me mets a la disposition de la Section pour reviser le travail et fournir
des planches qui permetlront de le mieux comprendre.
M. LE President. — 11 n'y a pas d'objection?... toule la Section s'associe
aux paroles deM. Fargue.
M. QuiNETTE DE Rochemom. — II serait peut-etre egalement interessant de
faire imprimer les renseignements que M. de Mey a donnes sur I'Escaut,
en le priant de les redigcr sous forme de rapport, avec planches a I'appui.
M. LE President. — II est evident que, dans notre Section, nous avons
surtout a reunir des documents, parce que nous n'avons pas de regies
bien precises, et nous dcvons nous inspirer des experiences qui ont ete
faites, et dont il a ele rendu compte ici. Tons ces documents presentent
un grand interet, et nous ne pouvons qu'emetlre le voeu que les deve-
loppements dans lesquels leurs auteurs sont entres restent sous forme de
rapports imprimes.
La parole est a M. Cunsidere pour une communication, •
M. Co.nsidere. — MM. Troost et Vandervin ont fait une communication
dont la principale conclusion est qu'il faut supprimer tous les reservoirs
lateraux qui ne sont pas alimentes directement par les eaux des marees.
La section a vole, a ce sujet, un projet de resolution qui ne vise que la
creation de nouveaux reservoirs.
EUe ne presente peut-etre pas une grande utilite, attendu qu'il est
excessivement rare qu'on puisse creer des reservoirs. Le cas en face duquei
on se trouve souvent est la suppression de reservoirs existants, et non la
creation de reservoirs nouveaux qu'il faudrail 6tablir dans des conditions
generalement impossibles. .
II me semble done que I'avis emis par la Section, et les deliberations
meme qui I'ont precede, ne repondent pas suffisamment a la communica-
tion de MM. Troost, et comine, en somme, ce qui est surtout utile dans
un Concrres, ce sont les deliberations et les travaux, il me semble opportun
de repondre, si on ne la trouve pas exacte, a I'opinion avancee par ces
messieurs.
Je vais pour cela invoquer des exemples que je prendrai dans mon
service.
11 V a dans le departement du Finistere dont je suis charge, 12 rivieres
a maree plus ou moins imporlante, dont I'une presente des conditions
de navigabilite assez speciales : c'est la riviere de Quimper.
Elle a a pen pres 19 kilometres de longueur, et elle re^oit le debit de
deux rivieres qui donnent de 40 a 70 metres cubes d'eau par secondc m
646 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
crue, et de 4 a 10 metres cubes en etiage. Leurs apports solides sont tres-
faibles.
EUe debouche sur una cote granitique qui ne donne pas une propor-
tion d'alluvions aussi considerable, a beaucoup pres, que les falaises
crayeuses de la mer du Nord, mais qui en fournit encore en quantite
tres-appreciable, puisque d'un cote de la bale de Benodet, ou debouche la
riviere de Quimper, existe une greve de sable d'a peu pres 4 kilometres, et
que de I'autre cote commence, a 2 ou 3 kilometres, une greve qui a elle-
meme 4 kilometres de longueur.
II y a done la un depot de sable considerable qui prouve I'existence de
sources d'alluvions, bien que les coles soient formees, en general, de
roches assez dures.
D'autre part, la bale de Benodet se trouve au fond d'une sorte de ren-
foncement qui est precisement oppose a la direction des vents regnants,
et ou, par consequent. Taction des vagues tend a accumuler les allu-
vions.
Or, cette riviere a des profondeurs tres-remarquables. J'ai fait gros-
sierement ce matin le plan et le profit en long de cette riviere, en consul-
tant la carte de TEtat-major et la carte hydrographique, et je la soumets
a la Section.
Voici, en regard du profit, la difference de niveau des hautes mers et
des basses mers : elle est environ de 7 metres.
Les profondeurs sont, au minimum, de 5 m. 20 au-dessous des basses
mers. II y a des endroits ou elles atteignent 12 et 15 metres.
A partir de Tendroit qui correspond a relargissement (appele Ledanou),
la profondeur diminue, et a Quimper elle n'est plus que de 4 metres en
hautes mers de vives eaux.
En dehors de cette riviere, nous en avons, dans le Finistere, un assez
grand nombre d'autres qui debouchent sur des greves granitiques. II y a
entre autres la Leita, qui aboutit a Quimperle; elle a presque exactement
la meme longueur que la precedente, elle regoit un debit d'eau douce
analogue et un debit de matieres solides egalemenl faibles ; elle debouche
sur une plage presentant a peu pres la meme constitution et la meme
forme. Ges deux rivieres sont done dans des conditions sensiblement
identiques, tant a I'amont qu'a I'aval.
Seulement la Leita presente une particularite remarquable ; c'est une
riviere en quelque sorte endiguee par la nature ; il faut toutefois remar-
quer qu'il y a un relrecissement assez fort a partir du tiers de sa lon-
gueur comptee en partant de I'embouchure.
Or cette riviere a des profondeurs qui sont tres-faibles.
Voici le niveau des basses mers d'equinoxe ; il y a une barre qui ne
presente que 30 a 60 centimetres de profondeur d'eau au-dessous des
basses mers.
M, de Miniac pense qu'il y a peut-elre dans cette partje-la des fonds
4« SECTION. — 10' SE.\NCE. 647
durs; je ne les ai jamais constates, et je crois etre certain que la base
n'est forniee que de sables mobiles.
En tout cas, nous avons une autre riviere voisine, celle d'Audierne,
dont je n'ai pas ici le profil; mais il est constant qu'elle presente une
barre formee uniquement de sable et n'ayant que 1 metre de profondeur.
Yoila done des rivieres debouchant sur la meme cote, dans des condi-
tions a peu pres idenliques, et qui presentent des profondeurs absolument
differentes, puisque la premiere recevrait tres-facilement le Great-Easlern
sur une grande partie de sa longueur, tandis que les autres n'ont que
quelques decimetres de profondeur a basse mer.
Je suis tres porte a croire que I'excellence relative de la riviere de
Quimper ne tient pas a ce qu'il y a moins d'alluvions sur la cote, puis-
qu'elle debouche au milieu de deux greves de sable ayant ensemble une
longueur de 8 kilometres, mais qu'elle tient a I'existence des vastes reser-
voirs lateraux que Ton voit sur la carle et qui y produisent des courants
tres-puissants.
Au point de vue des niveaux des hautes et basses mers, je ne suis pas
en mesure de donner de cbiffres exacts, parce qu'en venant au Congres, je
ne pensais pas prendre la parole. Je puis dire neanmoins que, dans la
riviere de Quimper, les hautes mers s'elevent a un niveau a peu pres
horizontal dans toutes les parlies profondes, c'est-a-dire jusqu'a I'elargis-
sement appele Ledanou. A parlir de ce point le niveau des hautes mers
baisse dans une certaine proportion, mais pas enormement, parce que la
limite de la partie maritime n'est pas tres-eloignee.
Le niveau des basses mers est egalement presque horizontal dans toute
la partie profonde, parce que la pente y est excesisvement faible : il se
releve a partir de Ledanou.
La riviere de Quimper I'emporte donc,de beaucoup, sur les rivieres voi-
sines, aussi bien au point de vue de la propagation des hautes et basses
mers qu'a celui des profondeurs sous basses mers, et il semble qu'on ne
pent attribuer sa grande superioritequ'aux vastes reservoirs lateraux qu'elle
presente, puisque, par ailleurs, elle est dans les memes conditions, a
I'amont et a I'aval, que les rivieres voisines.
II est, du reste, facile d'expliquer TefTet de ces reservoirs, et d'indiquer
les resultats que produirait leur suppression.
Comme M. Troost I'a dit tres justement, si Ton supprimait un de ces re-
servoirs, les sections de riviere situees en aval de son embouchure auraient
moins d'eau a ecouler vers I'amont, quand la mer monterait et vers I'aval
quand elle descendrait. La surface des eaux y prendrait done moins de
pente, de I'amont vers I'aval, pendant le flot et moins de pente aussi, de
I'aval vers I'amont, pendant le jiisant. Par suite, dans la partie superieure
de la riviere, le niveau des hautes mers serait releve et celui des basses
mers serait abaisse, ce qui est le desideratum poursuivi par M. Troost.
Le tirant d'eau dans le port de Quimper serait done augmente au len-
648 PROCfiS-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
demain des travaux. Mais les ingenieurs doivent travailler non pour obte-
nir un resiiltat momentane, mais pour realiserune amelioration definitive,
et on pent se rendre compte qu'on n'obtiendrait pas ce resultat.
On vient de voir que le relevement du niveau des hautes mers produit
par la suppression d'un reservoir lateral, est la consequence de la reduction
de la pente superficielle pendant le flot, qui, elle-m6me, a pour cause la
reduction du debit et, par suite, de la vitcsse des courants de maree. Or
ce sont ces courants qui entretiennent les chenaux, et leur diminution doit
forcement produirela reduction des profondeurs dans toute la partie de la
riviere situee en aval du reservoir supprime, notamment sur la barre, s'il
y en a une.
Cette diminution des profondeurs d'aval aurait, le plus souvent, de
graves inconvenients directs; mais je vais plus loin, et je dis qu'a la
tongue, elle reagirait meme sur les profondeurs d'amont.
En cffet, on pent admettre que dans une riviere qui reQoit des alluvions
d'une nature delerminee, il fautune certainc vitcsse egalement determinee
pour les charrier et entretenir les profondeurs.
Or la vitese d'un cours d'eau est, toutes choses egales d'ailleurs, propor-
tionnelle au produit de la racine carree de la pente par la meme racine du
rayon moyen, lequel est lui-meme sensiblement proporlionnel a la pro-
fondeur.
Par suite, les profondeurs diminuant,comme on vient de le voir, dans la
section aval, apres la suppression d'un reservoir lateral, il faut que les
penles superficielles de flot et de jusant augmentent dans une proportion
inverse pour conserver aux vitesses les valeurs necessaires au charriage
des alluvions.
Cette augmentation des pentes superficielles de flot et de jusant a pour
efl'et direct de diminuer la hauteur a laquelle s'elevent les hautes mers
dans la partie amont de la riviere, et s'y oppose, de meme, a I'abaissement
des basses mers.
En somme done, la suppression d'un reservoir lateral n'apas seulemenl
pour effet de diminuer les profondeurs en aval de son embouchure; a la
longue, elle produirait, sur la propagation vers I'amont de la denivellation
des marees, un effet nuisible qui pourrait detruire, et au dela, Taction in-
verse qu'elle aurait cue au lendemain des travaux, alors que les profon-
deurs d'aval n'avaient pas encore eu le temps de diminuer.
La superiorite de la riviere de Quimper, qui a de nombreux reservoirs
lateraux, sur les rivieres voisines qui n'en ont pas, semble confirmer ces
deductions.
J'en conclus que, s'il ne faut pas creer, en general, de reservoirs late-
raux — d'abord parce que c'est presque toujours impossible, ensuite parce
que, si on les etablissait, ils se combleraient — il faut maintenir avec soin
ceux qui existent, et qui s'entretiennenl naturellementpar des moyens im-
perceptibles.
4' SECTIOiN. — 10= SEANCE. 649
Dans le fond des criques qui servent de reservoirs a la riviere de Quim-
per, il y a des ruisseaux dont plusieurs sont assez petits pour qu'on les
saute facilement, mais qui suffisent a creer des thalwegs d'oii partent les
pentes transversales, et il y a des siecles que ces criques conservent leurs
profondeurs sans variations sensibles. Ce sont des circonstances qu'il se-
rait impossible de produire artificiellement, mais que la nature a su creer.
Cela repond a I'objection qu'a faite M. Joly, el qui a fait impression sur le
Congrcs.
II a parte de parties elargies de la Loire qu'on aurait laissees en I'etat
nalufel oii elles se trouvaient, et qui s'etaient comblees peu a pou.
Si elles se sont comblees apres avoir conserve leurs profondeurs pendant
des siecles, c'est parce qu'on y a change quelque chose, et ce sont precise-
mcnt les deversoirs qu'on avait crees, qui avaient modifie les conditions
naturelles. Mais si on laisse subsister tons les bras qui existent depuis des
siecles, ils subsisteront encore assez longlemps pour que notre generation
ne veuille pas endosser la responsabilite de les supprimer.
Je reviens avec timidite sur la question du vote, parce qu'elle est trop
engagee; mais, quant a moi, si j'avais a emellre un avis, je le formulerais
ainsi :
« Dans la partie maritime des fleuves, on doit respecter les reservoirs
lateraux dont la profondeur s'entretient naturellement,ou ne diminue que
tres-lentement, et ne les supprimer que lorsqu'ils presentent des inconve-
nients locaux qu'on ne pent pas faire disparaitre autrement ».
II pent y avoir des cas de force majeure qui imposent cette suppression ;
mais, en general, ils sont aussi necessaires a la conservation des profon-
deurs des cours d'eau qui en ont, que nos bras nous le sont a nous-memes,
et, comme tendance generate, bien loin de vouloir couper d'une fugon
absolue tons les bras qui ne s'alimentent pas directement a la mer, comme
le veulent MM, Troost et Vandcrvin, je suis d'avis de les conserver, a
moins d'inconvenients impossibles a faire disparaitre par d'autres moyens.
M. Mengi:^. — Ces explications sont d'un haut interet et nous devons
remercier M. Considere de ses exemples, qui sont tout a fait suggestifs et
profondement interessants. Mais il est probable que, comme il I'a dit, ces
cours d'eau ne regoivent pas un debit solide tres-considerable, sans quoi
il est certain que ces trous ne se conserveraient pas.
M. LE PiiEsiDEM. — Je crois qu'au fond, pour la plupart d'entre nous, il
n'y a pas de difference d'idee : ce sont des questions d'especes, et les solu-
tions sont aussi differentes que les cas qui peuvent se presenter. La redac-
tion que nous avons votee ne correspond pas tout a fait, a mon avis, a ce
qu'il y aurait lieu de dire; cependant, en y joignant I'interpretation neces-
saire, je crois qu'elle ne pent pas induire les ingenieurs en erreur.
Et comme nous nous trouvons dans I'impossibilite pratique de revenir
sur cette question, il me semble que nous pourrions nous en tenir a la
conclusion que nous avons votee.
650 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
M. Troost. — Je ne veux pas rentrer dans la discussion, mais, en ce qui
me concerne, je Irouve regrettable que les arguments qui viennent d'etre
enonces ne se soient pas produits au moment de la discussion, et quand il
eut ete loisible de leur repondre.
M. LE President. — La Section s'est prononcee a la suite d'une discussion
tres-complete. M. Considere, n'etant pas la, n'a pas pu presenter ses obser-
vations en temps utile; il a demande a les produire a la Section comme
renseignements, et c'est a ce litre seul que je lui ai donne la parole.
La Section a entendu ses explications, elle en tirera certainement
profit, mais je crois qu'il n'y a pas lieu de prolonger cette discussion qui
pourra revenir devant les Coiigres ulterieurs.
La parole est a M. de Timonoff.
M. DE TiMo.NOFF. — Jc voudrais simplement demander a la Section s'il ne
serait pas utile de prendre une decision quelconque relativement aux
embouchures des fleuves sans maree.
Je crois, comme I'a dit M. Mengin, que cette question a ete profonde-
ment etudiee dans le rapport de M. Vernon-Harcourt, et que la Section
pourrait tout simplement s'associer aux conclusions posees dans son
rapport.
Si vous voulez bien accepter cette proposition, je ne ferai qu'une seule
observation concernant les fleuves a grand debit d'eau comme le Volga,
que M. Vernon-Harcourt n'a pas eu en vue lorsqu'il a redige son rapport.
11 serait peut-etre utile d'emettre une conclusion concernant speciale-
ment ces fleuves, et on pourrait la rediger de la manicre suivante :
« Dans le cas de fleuves a grand debit d'eau, semblables au Volga, se
jetant dans une partie de la mer sans maree, ou les profondeurs sont tres-
faibles sur une grande etendue, si la construction d'un canal lateral n'est
pas possible pour ameliorer I'etat des passes devant Tembouchure d'un
des bras du fleuve, on doit essayer le dragage direct sur place, qui peul
donner de bons resultats. »
Un Membre. — Je crois que c'est la I'a vis de tons les ingenieurs, que
quand on peut, sans que cela coute trop cher, remplacer des travaux qui,
comme la construction d'un canal, laissent toujours un certain alea, par
des dragages, il faut toujours employer ce moyen.
M. DE TnioNOFF. — Je suis intervenu sur ce point parce que M. Vernon-
Harcourt n'a pas parte, dans son rapport, de fleuves dans le genre de ceux
que je signale, et que je crois qu'il est bon de formuler une conclusion a
leur egard.
M. Vernon-Harcourt. — II est tres-possible qu'il existe en Russie quel-
ques rivieres diff"erant de celles dont j'ai parte dans mon rapport. Si Ton ne
peut pas construire de digues paralleles permettant d'atteindre lesgrandes
profondeurs, si, comme dans le cas du Volga, on ne peut pas faire decanal
lateral, il est evident qu'il faut, si c'est possible, avoir recours au dragage.
S'il y a beaucoup de matieres charriees par le fleuve dans le bras qu'on
4" SECTION. — 10' SEANCE. 651
desire amellorer, il est possible que le dragage revienne trop cher ; mais si
on peut le pratiquer sans trop de frais, c'est la meilleure solution.
C'est un moyen qu'il faudrait toujours essayer, sans quoi il fautrenoncer
lout a fait a I'amelioration des fleuves.
Dans ces conditions, je suis d'avis d'introduire la conclusion proposee
par M. de Timonoff enlre la quatrieme et la cinquienie conclusion de mon
rapport, en donnant a celle de mes conclusions qui porte le numero 5, le
numero 6 et ainsi de suite.
M. DE Timonoff. — Seulement il me semble que, dans ces conditions, il
y aurail lieu de ne pas dire : « la seule methode d'approfondir ».
M. Vernon-Harcourt. — Nous dirons : « la meilleure methode ».
II serait en effct excessif de recommander ce systeme d'une faQon abso-
lue. Sur le Mississipi etle Danube, par exemple, il serait impraticable. On
I'a bien essaye sur ces fleuves, mais il n'a donne aucun resultat, car Ics
conduits se comblaient au fur et a mesure qu'on les draguait.
II faudrait le signaler en adoptant la conclusion de M. de Timonoff, car il
ne faut pas admettre deux principes contraires.
M. Faugue. — Je prierai M. de Timonoff de vouloir bien completer son
interessante communication en nousdisant si des dragages ontete essayes
sur le Volga, et en nous indiquant les resultats techniques oblenus et le
prix de revient du metre cube.
M. DE Timonoff. — Si la wSection veut bien me le permettre, je vais lui don-
ner quelques renseignements relatifs a la Neva, au Dnieper, au Don et au
Volga. Le dragage a ete essaye dans les quatre cas, et il a donne des resultats
plus ou moins satisfaisants. Dans le bas dela Neva on a cree un canal mari-
time de 18 kilometres, endigue sur les 10 premiers kilometres et libre sur
les 8 kilometres suivants. L'entretien de la profondeur de 22 pieds exige
I'extraction de 60000 a 100 000 metres cubes par an, et la depense
annuelle ne depasse pas 100 000 francs.
Dans la barre du Dnieper, qui est a peine couverte, comme celle du Don,
on avail creuse un canal de 14 pieds de profondeur, long de plus de 5 kilo-
metres el large de 75 metres. Ce canal s'est maintenu sans entretien pen-
dant plusieurs annees.
Dans la barre du Don, on a etabli un chenal de 8 pieds de profondeur sur
une longueur de 7 kilometres et demi.
La largeur du chenal est de 65 a 100 metres, et on n'emploie, pour main-
tenir la profondeur de ce canal, qu'une seule drague de 40 chevaux-vapeur.
Une seule drague de meme force suffit egalenient a maintenirla profon-
deur de 8 pieds sur les 10 kilometres de canaux qu'on a creuses dans la
barre du Volga, canaux qui out une largeur de 130 metres environ, et qui
sont creuses a 1 metre au-dessous des seuils.
Je crois que ce chiffre demontre qu'il serait facile, en creusant dans la
barre du Volga, un canal de 9,10 ou 14 pieds, de I'entretenir sans grande
difficulte ni depense.
632 PROGES-VERBA.UX DES SEANCES DES SECTIONS.
M. LE GENERAL CoMSTOCR. — Sui' le Mississipi Oil a, pendant plusieiirs
annees, drague continuellement avec des dragues puissantes, el on a
oitenii des profondeurs de 14, 18, et meme peut-etre 19 pieds, mais pas
plus. Avec les jetecs on a eu tout de suite une profondeur de 26 pieds.
M. Pasqueau. — J'ai ete attache huit ans au service du Rhone; par con-
sequent j'ai pu etudier un pen le regime des fleuves sans maree. D'autre
part, depuis douze ans M. le general Comstock veut bien m'envoyer tous
les renseignements relatifs au Mississipi. Je dois dire que, dans les fleuves
sans maree, le dragage produit generalementd'assezmediocresresultats,et
les digues longitudinales sont preferables, lorsqu'il est possible de les pro-
longer jusqu'a de grandes profondeurs.
Sur le Rhone notamment, on n'a pas obtenu de resultats parce qu'on a
renonce au sysleme des digues longitudinales. Si on les avail continuees
avec une rapidile suffisante, el jusqu'a une profondeur assez grande, on
aurait parfaitement ameliore rembouchure du Rhone, et on aurait pu se
dispenser de construire le canal lateral.
Jc me rallie done a I'opinion de M. Vernon-Harcourl, mais en disant que
les digues constituent le sysleme preferable dans la pluparldes cas.
M. LE President. — Alors vous eles en desaccord avec M. de Timonoff,
M. Pasqueau. — J'aurais a faire face aux eventualites qu'il signale que
j'emploierais les moyens qu'il preconise.il a raisond'employer les dragages
sur le Volga. Ce fleuve debouche en effet sur une plage indefiniment large
oil les digues ne pourraient pas donner de bons resultats, parce qu'on ne
pourrait leur donner une grande profondeur.
Je ne dis pas que les digues soient toujours le meilleur moyen, mais il
serait preferable de dire que, d'une maniere generale, elles donnent de
meilleurs resultats, et qu'on ne doit recourir au dragage que comme acces-
soire, et quand les digues sont insuffisantes.
M. Mengin. — N'a-t-on jamais pense au dragage pour le Rhone, etqu'est-ce
qui a empeche d'y avoir recours?
M. Pasqueau. — Les digues du Rhone sont deja Ires-anciennes, et il y a
plus de trente ans qu'on a renonce a executer des dragages.
En effet, si Ton se rend compte de la quantite elfrayante des apports du
Rhone, apports qui avec le temps ont suffi a constituer la Camargue, on
comprend que le dragage n'aurait qu'une action tres-minime sur ces
apports, et que le cube qu'on pourrait exlraire serait infime par rapport
au cube des apports. De plus, il faudrait metlre ces apports dragues quel-
que part, et I'on constituerait artificiellement ce qu'avait fait la nature,
une nouvelle Camargue.
Je suis absolument contraire aux endiguements dans les rivieres a
maree, meme dans la partie haute de la riviere. J'ai combattu I'endigue-
mcnt dans la partie haute du fleuve, mais je reconnais malgre cela que
I'endiguemenl a produit de bons resultats.
M. Mengin. — 11 y a une chose dont je ne me rends pas tres-bien compte,
4* SECTION. — 10" SEANCE. 653
c'est de la difference qu'on etablit entre les avantages des digues et ceux
des dragages.
En somme, une digue n'est qu'un moyen de dragage : c'est le fleuve
lui-meme qui chasse Ics matieres devant lui. Mais je ne comprends pas
bien comment Texecution d'une digue, d'un chenal dans un petit bras
d'un delta, pent empecher I'envasement du delta.
M. Verno>-IIarcourt. — Je crois qu'il y a cependant une difference
entre les digues paralleles et le dragage. Dans de grandes rivieres comme
le Mississipi, la barre se trouve a une grande dislance de Tembouchure,
et il faudrait faire des dragages au large, ce qui serait tres-difficile, commo
I'a indique M. le general Comstock. II nous a dit qu'on avait essaye de
draguer dans le Mississipi, mais que les matieres elaient en si grande abon-
dance qu'on ne pouvait pas les enlever aussi vile qu'elles arrivaient. On a
obtenu le resultat desire avec des digues longitudinales ; la meme chose
a eu lieu sur le Danube, et je crois que pour obtenir une profondeur im-
portante les digues constituent la meilleure methode.
Je maintiens done les conclusions que j'ai enoncees a la fin de mon
rapport en ce qui concerne les fleuves sans maree, et pour mettre ces
conclusions d'accord avec les observations de M. de Timonoff, je suis d'avis
de dire :
« La meilleure methode d'approfondir tres notablement I'embouchure
de fleuves charriant de grandes quantites de matieres, et se jetant dans
les mers sans maree, consiste a prolonger un des bras, a I'aide de digiics,
jusqu'a la plus grande profondeur possible. »
Mais je crois que ce n'est pas possible dans les rivieres de peu de pro-
fondeur, et ou I'on ne pent pas creuser des chenaux bien profonds. Dans
ce cas-la, si I'on chassait les matieres au moyen de digues, on ne pourrait
pas les emmener bien loin au large. Je crois que dans ce cas-la il est pre-
ferable d'essayer des dragages qui, si les matieres ne sont pas trop abon-
dantes, peuvent donner de bons resultats.
M. Mengin. — Personne ne pretend qu'il faille draguer toujours,et quelle
que soil la quantite de matiere a draguer, mais avant de faire des tra-
vaux fixes il est toujours bon d'essayer si les dragages n'ont pas chance de
reussir.
lis n'offrent pas de chances de reussite dans deux cas : d'abord, si I'on a
affaire a des quantites trop considerables, etensuite si, apres avoir essaye,
on a echoue.
Je desirerais, dans la redaction qu'on nous propose, voir mentionner
les dragages, tout en n'affirmant pas qu'ils soient applicables en tout etat
de cause, mais en indiquant qu'on pent toujours commencer par la.
D'autre part, je trouve que le Congres ne doit peut-^re passeprononcer
d'une fa^on absolue et emetlre une conclusion formelle sur cette question
sur le simple examen rapide de details aussi importants.
Mais je ne suis pas specialement competent sur ce point, et si les
054 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
membres de la Section qui ont etudie cette question se croient en mesure
dc se prononcer, je ne souleverai pas d'objeclion.
M. LE President. — Voyez-vous un inconvenient a adopter les conclusions
de M. Yernon-Harcourt?
M. Mengin. — Non, mais il y en a six, et il faudrait les lire succes-
sivement, en intercalant a sa place la conclusion proposee par M. de
Timonoff.
M. LE President. — Voici les conclusions presentees par M. Vernon-
Harcourt en ce qui concerne les fleuves sans maree :
« 1" La meilleure methode d'approfondir I'embouchure de fleuves char-
riant des depots, et se jetant dans des mers sans maree, consisle a pro-
longer un des chenaux de leur delta, au moyen de jetees paralleles, jus-
qu'en dehors de la barre, de sorte que le couranf prolonge, concentre au
travers de la barre, puisse creuser un chenal plus profond et transporter
les depots plus avant dans I'eau profonde.
« 2° II faut choisir Tun des plus petits bras, si son chenal dans le delta
se prete ou pent facilement se preter aux exigences de la navigation, et
il faut se garder d'entraver le debit du fleuve par les autres bras.
L'avancement du delta a I'un des petits bras est plus lent, et la distance
jusqu'a la barre esl moindre, d'ou moins de frais pour la construction des
jetees; d'autre part, si I'on augmcntait le debit en enlravant la marche du
courant par les autres bras, on a iigm enteral t en meme temps le volume
des matieres charriees, on accelererait l'avancement du delta, et Ton ren-
drait plus tot necessaire le prolongement des jetees. »
Yiendrait ensuite la proposition de M. de Timonoff dont voici le texte :
« Dans le cas de fleuves a grand debit d'eau semblables au Yolga, se jetant
dans une partie de mer sans maree ou les profondeurs sont tres faibles
SLir une grande distance, si la construction d'un canal lateral n'est pas
possible pour ameliorer I'etat des passes devant I'embouchure d'un bras
du fleuve, les dragages directs sur les passes peuvent donner de bons
result ats. »
M. Meingin. — Je ne suis pas convaincu qu'ils ne peuvent jamais en
donner dans d'autres cas.
M. LE President. — M. de Timonoff s'est place dans une hypolhese tres-
limitee.
M. Mengin. — Jc ne propose pas de draguer le Mississipi, mais je ne
voudrais pas qu'on indique les cas dans lesquels on doit essayer le dra-
gage, puisque je suis d'avis qu'on doit toujours commencer par la.
Si nous adoptons la conclusion de M. de Timonoff, nous affirmons
implicitement qu'on ne pent draguer que dans ce cas-la; c'est peut-etre
vrai, mais je n'en suis pas sur.
En somme, on a toujours le temps de recourir aux digues si le dragage
ne reussit pas.
M. DE Raeve. — Je me rallie a la proposition de M. Mengin.
4* SECTION. — 10* SEANCE. 655
M. Fargue. — Pour ma part, je Tappuie tres-fortement.
M. LE President. — M. Vernon-Harcourt preconise les digues, et M. Men-
gin, au contraire, dit qu'il faut toujours commencer par avoir recours au
dragage.
M. Fargue. — II faut se rendre compte du cout de I'un et de I'autre
systeme, et choisir le plus economique : on ne pent pas se prononcer a
priori.
M. Mengiiv. — II est d'ailleurs bien entendu qu'on aura toujours a
examiner si le dragage semble en etat de donner des resultats satisfai-
sants a moins de frais.
M. LE Presidem. — Nous avons eu deja une discussion de cette nature
a roccasion des fleuves a maree, et je m'etais permis de presenter une
observation qui est consignee dans le journal et qui resumait la discus-
sion.
Voici ce que je disais :
« Je crois pouvoir resumer la discussion en constatant qu'il n'est pas
possible d'arreter en principe la mesure dans laquelle il y a lieu de
recourir aux dragages et aux endiguements. Cette proportion varie essen-
tifillement suivant les especes. »
II me semble que nous nous trouvons un peu dans le meme cas pour
les fleuves sans maree.
En somme, M. Mengin desire qu'on commence par se rendre compte si
les dragages peuvent donner un bon resultat, et M. Yernon-Harcourt preco-
nise I'etnde preliminaire des endiguements.
M. Considere. — Je crois que la Section partage en general I'avis de
M. Mengin.
Je desirerais emettre quelques observations sur les differents resultats
obtenus par MM. de Timonoff et Mengin.
Les quantites de matieres solides qui se deposent dans un chenal de
petite largeur par rapport au delta sont naturellement une faible fraction
des alluvions totales. Ces matieres solides sont surtout des vases qui
voyagent en suspension, et qui se deposent proportionnellement aux sur-
faces et en petite quantite sur un chenal etroit.
M. DE Timonoff. — D'une faQon generate, les matieres qui se deposent
dans un delta sont des matieres legeres parce que les matieres lourdes se
deposent en chemiri. De sorte que la matiere que nous avons a draguer,
au Yolga par exemple, est du sable tres-fin melange .a la vase qui voyage
en suspension pendant les hautes eaux. Les depots se forment done pen-
dant les hautes eaux, et les chenaux sont au contraire approfondis par
Faction du courant.
M. CoNsiDERE. — C'est peut-etre la un des elements qu'il importe de
signaler, car il est de nature a donner une idee plus juste de ce qu'est le
travail du dragage.
M. Vernon-Harcourt. — Dans le Danube la proportion des matieres char-
656 PROCES-VERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
riees au fond de la riviere est tres-faible, il n'y a guere que des vases
legeres. On a I'econnu que, dans ce cas, il etait impossible d'approfondir
suffisamment le chenal sans avoir recours a I'emploi de deux jetees paral-
leles. On avail essaye des dragages sans aucun succes.
On ne se Irouvait pas en face de la meme situation qu'au Volga, ou
sans doute la proportion de matieres legeres est beaucoup plus grande
que sur le Rhone ou le Mississipi.
M. Fargue. — Notre pensee a tons ici, c'est qu'il faut en general faire
ce qu'on a fait sur le Danube : essayer le dragage.
M. Vernon-Harcouut. — Mais on n'a pas reussi.
M. Fargue. — On reussira ailleurs.
M. Mengin. — Je traduis ainsi notre pensee pour la conclusion n° i.
« Si, apres etudes, ou mieux apres essais prealables, il est reconnu que
I'einploi des dragages doit 6tre ecarle, la seule methode d'approfon-
dir »
M. Fargue. — Ceci nous donne complete satisfaction. J'ajouterai a titre
de renseignement qu'il y a longtemps que je drague, et qu'il y a environ
vingt-cinq ans on avail declare, apres essais, que le dragage dans la
Gironde, au Bee d'Ambez, etait impossible, et ne donnait aucun resultat.
Pourquoi? Parce qu'on ne mettait pas en oeuvre des moyens suffisants.
Je suis revenu a la charge, j'ai employe des dragues plus puissantes, et
j'ai obtenu des resultats considerables en pleine Gironde.
M. Vernon-Harcourt. — Je crois en effet que M. Fargue a raison. Les
essais ont etc fails sur le Danube il y a trente-cinq ans; on n'avait pas
alors a sa disposition des moyens aussi puissants que les moyens actuels,
et si Ton faisait maintenant des dragages avec des dragues nouvelles, on
obtiendrait necessairement plus de succes.
M. Mengin. — Dans le texte que nous proposons il y a une nuance ;
en le mettant en vedette, nous attirons I'attention sur le dragage; on le
desire plus ou moins; quant a nous, nous le desirons.
J'ajoute qu'il y a la non seulement des conclusions, mais, sous une
forme rapide, une espece de cours sur la question.
M. LE Presideint. — Je crois que maintenant tout le monde a satisfac-
tion : nous completerons la premiere conclusion comme il vient d'etre dit.
Nous passons aux conclusions suivantes de M. Vernon-Harcourt :
« 3° Le succes du systeme de jetees depend d'un rapide approfondisse-
ment de la mer en face de I'embouchure, de la tenuite et de la legerete
des matieres charriees, ainsi que de I'existence d'un courant littoral, de sa
vitesse, et de la profondeur a laquelle s'etend son action. Toute action
erosive des vents et des vagues le long des bords du delta est favorable a
ce sysleme, de meme que toute reduction de la densite de I'eau salee,
telle qu'on la rencontre dans une mer interieure.
« 4° Si le sol sous-marin est plat, si une forte proportion des matieres
charriees presente une grande densite, au point d'etre roulees sur le fond
4' SECTION. — 10* S£A^XE. 657
du fleuve ou a une faible distance de ce fond, si I'embouchure fait face
aux vents dominants dans la region, et enfin s'il n'existe aucun courant
littoral, I'amelioration de Tembouchure pent etre impraticable, et alors il
faut avoir recours a un canal lateral qui doit se separer du fleuve a
quelque distance en amont de son embouchure, et penetrer dans la mer
au dela de la zone d'influence des alluvions debitees par la riviere. »
« 5° Les barres en face des embouchures des fleuves sans maree sont
formees des matieres charriees par le courant : elles varient done, quant
a la forme, suivanl leur composition. Si les matieres charriees se compo-
sent d'elemenls de densites Ires-differentes, elles se trouvent progressive-
ment tamisees, au fur et a mesure que la vitesse du courant decroit, et
elles donnent a la barre une pente douce du cote de la mer, aussi bien que
du c6te du fleuve. Si, au contraire, la plupart des matieres charriees sont
lourdes, la barre accuse, comme dans le premier cas, une pente douce du
cote du fleuve, formee par I'arret progressif des matieres roulees au fond
dulit du fleuve; en outre, comme une petite partie seulement des apports
passent au-dela de la crele de la barre, la pente du cole de la mer est
escarpee. »
« 6° Le systeme des jetees ne constitue pas une amelioration perma-
nente ; car, tut ou tard, suivant la mesure dans laquelle les conditions
physiques sont dcfavorablcs ou favorables, une barre se forme plus au
loin et un prolongement des jetees devient necessaire. »
M. Fargue. — C'est moins une conclusion qu'une constatation, mais
cela pent etre utile a dire.
M. LE Preside-nt. — Nous sommes un pcu rcduils a cette necessite dans
toutes nos conclusions, llestdifticiled'exprimersous forme d'axiomes bien
precis les sentiments que nous pouvons avoir; nous consignons des fails
et des observations, mais nous re pouvons emellre de verites doctrinales.
M. Mengin. — A la rigueur, on pourrait s'arreler a la conclusion 4, qui
ne contient pas seulement des considerations sur les phenomenes, mais
une declaration relative au canal lateral qui pcut etre une solution.
Les conclusions 5 et 6 sont tres-interessanles, mais elles ne contien-
nent aucun conseil.
M. LE President. — La conclusion 5 surtout n'est qu'une simple con-
statation.
M. de Timonoff. — II me semble que la conclusion 5 esttrop affirmative,
parce qu'elle parait donner comme unique cause de la formation des
barres des fleuves I'apport de ces fleuves, tandis que I'apport de la mer
est quelquefois aussi important que celui du fleuve.
M. le President. — M. Vernon-Harcourt admet la suppression de la con-
clusion 5, mais demande le maintien de la conclusion 6, qui prendrait
alors le n" 5.
Je mets aux voix les conclusions 1, '2, 5, 4 et 6 de M. Vernon-Harcourt,
avec la modification introduite par M. Mengin en tele de la i'",
42
658 PROCES-YERBAUX DES SEANCES DES SECTIONS.
(Ces conclusions et la modification, mises aux voix, sont adoptees.)
M. LE President. — M. le general Comstock vient de deposer sur le bureau
une note en anglais relative au Mississipi ; M. de Pulligny a bien voulu se
charger de nous en traduire les parties principales : je lui donne la
parole.
M. DE Pulligny. — M. le general Comstock vient de remettreau bureau, un
peutardivement, un travail exlremement interessant; je vais m'efforcerde
vous en faire saisir les lignes principales, et je vous proposerai d'en
demander I'impression a la reunion pleniere du Congres, ou tout au moins
la traduction.
La note de M. le'general Comstock comprend 5 parties; la premiere est
la description du Mississipi, dont il examine le regime, la longueur, la
largeur, les berges, la profondeur, avec beaucoup de renseignements
precis, condenses dans un faible espace. M. Comstock s'occupe spc-
cialement du Mississipi a partir de son confluent avec I'Ohio a Cairo.
La longueur de cette partie est de 1750 kilometres, la largeur moyenne
depassesouvent 1 500 metres. II y a sur plusieurs points un grand nombre
de bras, mais la largeur se reduit en descendant vers I'aval, et, a la
Nouvelle-Orleans, elle n'est plus que de 660 metres.
La navigation est tres-importanle dans cette section, et Ic commerce
atteint 3 millions^de tonnes par an.
II y a des crues enormes dont les oscillations varient de 10 metres a
15 metres.
Les berges sont tres-attaquables, et elles subissent souvent des corro-
sions qui atteignent la largeur considerable de 90 ou 120 metres en une
seule anneeTil est meme arrive exceptionnellement a des berges de reen-
ter de 240 metres dans le meme temps.
Dans les grandes crues, la riviere surmonte ses berges pendant 80 jours
par an a Cairo, et pendant 120 jours a Wicksbourg, a 960 kilometres au-
dessous de Cairo.
En 1879, le Gouvernement federal a cree une Commission, comme il en
existe souvent^en Angleterre pour Tadministralion des fleuves et des rivie-
res, Commission chargee d'administrer la riviere du Mississipi dans cette
partie, et de faire les travaux d'amelioration necessairesaux frais du gou-
vernement.
Cette Commission, jusqu'au olfmars 1892, c'est-a-dire en treize ens
environ, a depense la somme de 180 millions.
Sur cette somme, 50 millions ont ete affectes a I'amelioration de la
navigation proprement dite et du lit du fleuve, et 20 millions ont ete con-
sacres a faire des endiguements et a subventionner des travaux d'interet
local, nolammentdes ameliorations de ports.
C'est ici que M. le general Comstock aborde la description de I'interessant
precede qui a ete employe dans les parties de la riviere ou le fond etait
tres-mobile et la pierre rare. On a retreci leffleuve, dont les largeurs sont
A' SECTION. — 10' SEANCE. 659
extremement variables, au moyen d'epis transversaux constitues avec
des clayonnages et des fascinages. Ces ouvrages ont, dans certains cas,
200 metres de long. Les fascinages qui sont destines a les former sont
construits sur un et meme sur deux pontons places bout a bout, de sorte
que la longueur totale des pontons est plus grande que la largeur qu'on
se propose de donner au fascinage.
La largeur de ce fascinage atteint souvent 90 metres ; les pontons ser-
vant a la fabrication sont amarres perpendiculairement au rivage, et le
fascinage est construit parallelement a la rive, en depla^ant successive-
ment les bateaux de I'amont vers Taval, le fascinage etant amarre en
amont. Quand il est acheve, on Ic charge de pierres et on I'immerge. De
cette fa^on, des fascinages de 90 metres de large et d'environ 500 metres
de long ont ete mis en place d'une fa^on continue.
On trouve dans la note du general Com stock une description trcs-com-
plete de la maniere dont on construit ces fascinages sur les bateaux. lis
sont fails suivant la forme des epis, et on les superpose jusqu'a ce qu'on
ait obtenu la hauteur voulue.
On a aussi essaye de les employer en defenses de berges au-dessus de
I'eau, mais lapourriture les detruit tres-rapidement.
Bien que la pierre soit tres-chere dans le pays, M. le general Comstock
est parlisan de I'employer pour ce dernier usage, et c'est en eft'et ce qu'on
a resolu de faire.
Sur la partie superieure du Mississipi, au-dessus de son confluent avec
le Missouri, la riviere charrie peu de limon, et les variations de niveau par
I'eflet des crues sont sans importance par comparaison avec le Mississipi
inferieur. En meme temps, dans celte region, la pierre est abondante.
Aussi a-t-on employe dans cette partie du fleuve a peu pres les memes
methodes d'amelioration que celles en usage en Europe.
Au-dessous de Cairo, au contraire, la riviere charrie beaucoup d'allu-
vions ; la proportion en poids dans I'eau est d'environ -—j, et pent meme
s'elever jusqu'a ^ ou ^.
Les diff'erences des denivellations dues aux crues a Cairo et a la Riviere
Rouge sont de 5 metres.
La pierre doit 6tre apportee de tres loin et elle coiite fort cher. Dans les
parties ou Ton a voulu faire des retrecissements, on a construit des epis en
charpente a claire-voie, qu'on entre-croise et relie solidement sans les
garnir. On ne met qu'exceptionnellemont un remplissage en magonnerie
sur le cote oppose au courant.
Ces epis agissent en ralentissant suffisamment la vitesse du courant, et
en favorisant le colmatage; cependant, dans certains cas, il pent etre utile
de boucher la face d'amont avec des fascinages, et c'est ce qui a ete fait
sur plusieurs points.
On est arrive par ce precede a des colmatages tres-remarquables de
2 m. 50 a 3 metres de hauteur sur plusieurs hectares dans une seule crue.
660 PROCES-VERBAUX DES STANCES DES SECTIONS.
C'estun beau resultat pour I'agriculture. Des qu'un terrain a ele obtenu
de celle fatjon, le plant de cotonnier s'y seme naturellement, s'y developpe
avec unc grande vigueur et contribue beaucoup a la consolidation de ce
sol artificiel.
A Baleshed, a 800 kilometres au-dessous de Cairo, en peu d'annees, une
surface d'environ 560 hectares s'est colmatee sur une profondeur de 6 me-
tres. Les meilleurs resultats au point de vue du colmatage ont ete obtenus
entre Cairo et Saint-Louis, car une large proportion des matieres allu-
vionnaires qui se trouvent dans le Mississipi y sont apportees par le Mis-
souri, et avant qu'elles soient delayees par les eaux beaucoup plus claires
de rOhio, ellcs se deposent avec une grande facilite.
On a quelquefois employe des jetees ou barrages a claire-voie, tels qu'on
vient de les decrire pour ameliorer la navigation dans des bras lateraux
du fleuve. L'effet obtenu a ete salisfaisant, mais les digues pleines sont pre-
ferables dans ce cas.
M. le general Comstock d^critegalementen detail les sections de rivieres
sur lesquelles ces travaux ont ete entrepris, et il donne les resultats obte-
nus : sur plusieurs points les profondeurs ont ete notablement accrues et
le lit du Mississipi a ete fixe.
La note se termine par une description des endiguements qui ont ete
etablis dans certaines parties du fleuve. II y a sur la rive droite, de Cairo
a Helena, une digue en terre qui a 2 m. 50 de largeur au couronnement,
et qui s'eleve a 90 centimetres au-dessus des hautes eaux.
Ces digues ont une influence prononcee sur les crues du Mississipi.
Depuis leur construction, on a fait des jaugeages et des observations qui
ont montre que le relevement du niveau des crues , par rapport a ce
qu'elles etaient precedemment, atteignait environ 1 metre au droit des
digues en question.
C'est par cette constatation entouree de details tres-int^ressants que se
termine le beau memoire de M. le general Comstock, memoire dont je vous
propose de demander I'impression. {Applaiidissements.)
M. Yernon-Harcourt. — Je demanderai a M. le general Comstock de nous
donner des planches pour completer son memoire.
M. LE GENERAL CoMSTocK. — Jc uc puis pas VOUS douncr de planches, je
n'en ai pas. 11 est Ires-difficile de representer ce qui se passe sur le Mis-
sissipi a une echelle transportable, mais j'enverrai aux membres de la
Section qui me le demanderont le rapport tres-interessant et tres-docu-
mente de la Commission du Mississipi.
M. LE President. — Je mets aux voix I'impression de la communication de
M. le general Comstok. (La Section decide que le rapport sera imprime; il
en sera de menie de ceux de MM. de Mey, Pasqueau et Guerreiro).
M. Vernon-IIarcourt. — Maintenant que nous voici arrives au terme de
notre tache, j'ai a remplir un devoir bien agreable.
Je vous prie d'adresser vos plus chauds remerciements a notre President
A' SECTION. — 10' SEANCE. 661
pour le tact et la sagesse avec lesquels il a preside nos deliberations : il
est peut-etre, en effet, plus facile de discuter que de garder le silence pen-
dant que les autres discutent et, sous ce rapport, il a merite, je crois,
notre plus vive approbation. {Vifs applaudissements.)
M. LE President. — Je suis trfes-sensible aux gracieuses paroles de M. Yer-
non-Harcourt. 11 m'a ete tres-facile de garder le silence. Je me trouvais au
milieu d'Ingenieurs experimentes en matiere de navigation et d'etude des
rivieres dans Ics parties maritimes : je n'avais qu'a profiler de leur expe-
rience et de leur enseignement.
J'espere, Messieurs les Ingenieurs etrangers, que vous conserverez de
notre collaboration un bon souvenir; quant a moi, je serai toujours tres-
fier d'avoir preside la 4* Section, et je garderai avec une profondc recon-
naissance la memoire des sympathies que tous ont bien voulu me
temoigner. [Applaudissements.)
M. deRaeve. — Apres avoir donne a M. le President le temoignage d'cs-
time et de respect qu'il merite, il nous reste un devoir a accomplir, c'est
de reconnaitre les services rendus par MM. les Rapporteurs . lis ont fait
un travail considerable dont I'effet persistera longtemps encore apres le
Congres : c'est une lourde tache qu'ils avaient cntreprise la, et ils I'ont
accomplie avec beaucoup de devouement.
Nous devons leur enexprimer notre reconnaissance. {Applaudissements.)
M. LE President. — Toute la Section s'associe de grand cceur aux paroles
que vient de prononcer M. de Raeve. Nul mieux que lui ne pouvait rendre
hommage au merite de >D1. les Rapporteurs.
M. Mengin. — Je vous propose d'inscrire et de mettre en lumiere, dans
le rapport que je prepare, la motion de M. de Raeve. (Applaudissements.)
M. GuERREiRo. — Je propose de voter egalement un remerciement au
Rureau et a ses jeunes Secretaires. {As sentiment.)
La seance est levee all heures 30.
ANNEXE AU PROCES-YERBAL DE LA 7^ SEANCE DE LA 3^ SECTION
Mercredi 27 Juillet (mafin).
SCRUTIN
SUR IS.
PROPOSITION DE M. PAUL DELOMBRE
Pour I'adoption - . . 70
Contre 42
La Section a adopte.
ONT VOTE POUR ;
MM. Alard, Alby, Babinet, Baralte, Bazin, Beaurin-Gressier, de Borsenko,
Boule, Bouquet de la Grye, Brevans (de), Cadart, Camer6, Carlier, Chargueraud,
Chateau, Clarard, Clerc, Clery, Coignet, Considere, Crahay de Franchimont,
Deking-Dura, Delombre, Denys, Descharaps, Donnat (Leon), Douau, Dreyfuss,
Flaissiere, Flamant, Fontaine, Gensel, Girardon, Godard, Guiard, Guillemain,
Guillon, Guyot (Yves), Henry, Hirsch, Holtz, Javary, Jozan, Le Chatelier, Lestelle,
Lethier, Levy (Maurice), Limousin, Malenfant, Mange, Mas (de), Monmerque,
Moraillon, Moreau-Yarenne, Ocagne (d'), Pavie, Pontzen, Preaudeau (de), Puppel,
Quinette de Rochemont, Rabel, Raffalowich, Renaut, Rumpler (de), Russ, Simeon,
Suzanne, Tavernier, Yaltat, Yolontat (de).
ONT VOTE CONTRE :
MM. Arnodin, Artois de Bournonville (d'), Baudin, Bertrand, Bichoffe, Boileau,
de Bovet, Captier, Carimantrand, Cochot, Couste, Couvreur, Debarle, Doremieux,
Fernez (Armand), Fresneau, Girouard, Guaita (de), Jacquelin, Josle, Jossier (Lu-
cien), Jossier (pere), Laederich, Lainey, Lasmolles, Lefebvre (Ulysse), Lefebvre
(Paul), Leneru, Mallet, Molinos, Panchevre, Petit, Poupinel, Ravaut, Robert
Mitchell, Relet, Toulot, Yaury (Auguste), Yaury (Henry), Verlay, Volant, Wil-
liams (Frederic).
OBSERVATIONS
MM. Clements, Ely, Fuertes, North et de Rautlin de la Roy ont declare, post6-
rieurement au scrutin, que, s'ils avaient ete presents, ils auraient vote pour la
proposition de M. Delombre.
MM. Auberger, Benjamin, Blanchon, Dibos, Finance, Fleuret, Frasey, F. Fre-
tigny, Guinet (pere), Guinet (fds), Jossier (Albert), Jossier (Auguste), Laurent,
Lerouge (pere), Lerouge (fds), Leroy (pere), Leroy (fils) et Massalski ont declare,
posterieurement au scrutin, que, s'ils avaient ete presents, ils auraient vote contre
la proposition de M. Delombre.
ANNEXE AU PROCES-VERBAL DE LA 2^ SEANCE PLENIERE
Vendredi 29 Juillet.)
INVITATION AU CONGRES DES VOIES NAVIGABLES
DB
1;EXP0SITI0N COLOMBIENNE UNIVERSELLE DE 1893
A CHICAGO
De la part de M. John C. DORE, Delegue de Chicago au Congres de Paris.
Monsieur le President, Messieurs,
J'ai I'honnour de representer au Congres international de navigation
interieure les Congres annexes de I'Exposition Colombienne Universelle
des Etats-Unis, qui se tiendra a Chicago en 1893.
Tandis que I'Exposition Universelle sera une exposition de produits, les
Congres annexes ont pour but de montrer les progres accomplis dans
toutes les branches de la civilisation : agriculture, arts, commerce et
finances, education, genie civil, gouvernement, litterature, travail, mede-
cine, reformes sociales, musique, presse, religion, science et philosophie,
temperance.
Je suis autorise et invite a vous informer que la cooperation de vos
membres distingues au Congres du Commerce des voles navigables qui
se tiendra a I'occasion de I'Exposition Universelle de 1893 est tres-vive-
ment dcsirec. C'est ce desir de s'assurer votre collaboration qui a fait que
j'ai ete charge d'assister a vos seances, et de vous inviter tous, personnel-
lement et collectivemenl, de la fagon la plus cordiale et la plus empressee,
a assister et a prendre part aux deliberations de notre Congres. J'espere
que vous voudrez bien accepter cette invitation.
Vous savez tous que les Etats-Unis poss^dent une chaine de grands lacs
relies entre eux par de courtes rivieres, et a I'ocean Altantique par le
fleuve Saint-Laurent; vous savez aussi que le pays est sillonne de nom-
breuses rivieres, pour la plupart navigables naturellement, dont la lon-
gueur varie depuis 100 jusqu'a plus de 3 000 milles (160 kilometres a
4 800 kilometres), et qui ecoulent leurs eaux dans le golfe du Mexique,
dans I'ocean Atlantique et dans le Pacifique.
Q64 ANNEXE AU PROCfiS-VERBAL DE LA 2' SEANCE PLENIERE.
. Tous les ports des grands lacs out ete approfondis et agrandis, toutes
les rivieres maintenant navigables ont etc ameliorees, aux frais dii gou-
vernement. Le montant des sommes consacrees jusqu'ici par le gouverne-
ment a ces travaux d'amelioration des cours d'eau et des ports s'eleve a
environ 250 000 000 de dollars (1 250 000 000 francs).
La passe de Lime Kiln dans la riviere Detroit a etc approfondie de
9 pieds 6 ponces (2 m. 89) a 20 pieds (6 m. 10). Les hauts-fonds de
Saint-Clair laissent une profondeur d'eau de 10 pieds (3 m. 05); un canal
est actuellement en cours de construction a travers ces fonds; il aura
7 500 pieds (2 225 metres) de longueur, 300 pieds (91 m. 44 j de largeur
et offrira une profondeur de 20 pieds (6 m. 10).
La riviere Sainte-Marie relie le lac Superieur au lac Huron. Une propo-
sition faite en 1840 devant le Congres pour la construction d'un canal
maritime a travers les rapides de cette riviere rencontra une vive opposi-
tion. Un homme d'Etat eminent crut meme devoir declarer que le canal
propose allait bien au dela des limites des Etats-Unis.
Pourtant les travaux commencerent en 1852. On construisit des ecluses
de 250 pieds de long (76 m. 20), 60 pieds de large (18 m. 29) et 12 pieds
de profondeur (3 m. 66). Ces ecluses furent ouvertes a la navigation
en 1855.
En 1882, une nouvelle ecluse fut construite, de 515 pieds de long
(156 m. 97), 80 pieds de large (24 m. 38) et 17 pieds d'eau (5 m. 18) sur
les buses. Cette ecluse s'est trouvee trop petite, et Ton construit a present
une nouvelle ecluse de 800 pieds de long (240 metres) entre les portes,
et 100 pieds (34 m. 4) de largeur.
La tendance aujourd'hui est d'agrandir progressivement les bateaux;
beaucoup de ceux-ci ont des maintenant un tonnage de 1 000 tonnes,
c'est-a-dire un tonnage sup6rieur a celui que permet la profondeur
actuelle dans les ports des lacs et dans les chenaux qui relient ceux-ci,
de sorle que ces bateaux appellent un nouvel approfondissement de ces
ports et chenaux.
Les benefices tires de ces ameliorations des voies navigables de la region
des grands lacs se traduisent par une diminution des prix de transport.
C'est ainsi que le prix du transport du ble de Chicago a Buffalo qui, en
1861, etait de 11 cents par bushel (1 fr. 56 par hectolitre), est tombe en
1890-1891 a 2 1/2 cents par bushel (0 fr. 36 par hectolitre), ce qui fait
ressortir une economic de 8 1/2 cents par bushel (1 fr. 20 par hectolitre).
Deux cent trente-quatre millions de bushels (82 1/2 millions d'hecto-
litres) de grains de toutes sortcs sont parvenus a Chicago durant I'annee
1891. Sur cette quantite, 104 millions de bushels (36,6 millions d'hecto-
lilres) formes surtout de bles et cereales ont ete expedies de Chicago par
bateau pendant cette memo anncc. A raison de 8 cents par bushel d'eco-
nomie sur les prix de transport, I'economie lotale realisee est done de
plus de 8 millions de dollars (40 millions de francs).
INVITATION AU CONGRES DE CHICAGO. 665
La diminution des frais de transport n'est pas moins marquee pour
toutes les autres marcliandises amenees a Chicago ou expediees de ce
port.
Dans une note presentee le 5 decembre 1890 au Congres des Elats-Unis,
le secretaire de I'Association des transporteurs des Lacs estime que
I'ensemble des marcliandises transportees sur ces lacs represente, pour
1890, une valeur de 505 millions de dollars (1525 millions de francs).
La distance moyenne de transport etant evaluee a 566 milles (906 kilo-
metres), et le tarif moyen des chemins de fer etant, d'apres les statistiques
de rinterslate Commission, de 9 22/100 de mill par tonne et par milie
(0 fr. 028 par tonne metrique et kilometrique) pour Tensemble des mar-
chandises transportees en 1889, le transport par chemin de fer de la
totalite des marchandises transportees sur les Lacs celte annee-la eut
done cout6 145 millions de dollars (715 millions de francs).
Si Ton admet com me prix moyen du transport sur les Lacs le chitTre
de i 1/2 mill par tonne et par mille (0 fr. 0046 par tonne metrique et
par kilometre), le prix total des transports pour la saison de 1890 n'aurait
ete que de 25 millions de dollars (115 millions de francs).
C'est done, en chiffres ronds, une economie de 120 millions de dollars
(600 millions de francs) realisee en une annee, grace aiix transports par
eau sur les grands lacs. Le chiffrc repr6sentant le trafic des marchandises
sur ces lacs est d'ailleurs estime 22,6 0/0 de celui representant le trafic
total de marchandises sur I'ensemble des chemins de fer des Etats-Unis.
Comme indication de I'augmentation rapide du trafic sur les Grands
Lacs, permettez-moi de vous signaler que, alors qu'en 1870, 690 826 tonnes
enregistrees traversaient le canal de Sainte-Marie-Falls, en 1890 ce meme
canal recevait 8 454 455 tonnes enregistrees, soit plus de 9 000 000 de
tonnes nettes.
Le rapport de Bradstreet etablit que le tonnage qui a circule sur la
riviere Detroit Tan dernier, pendant les 254 jours de navigation, repre-
sente 10 millions de tonnes de plus que le total des entrees et des sorties
pour I'ensemble detous les ports maritimes des Etats-Unis, et 5 millions de
tonnes de plus que les trafics reunis du long cours et du cabotage pour
Liverpool et Londres.
Toute amelioration des voies navigables entraine une diminution des
prix de transport, aussi bien par terre que par eau, car le fret des mar-
chandises transportees par eau reagit sur celui des marchandises trans-
portees par voie ferree.
Le commerce entre les Etats-Unis et I'Europe a augmente rapidement,
et n'a jamais ete aussi important que Tan dernier. La valeur de Tensemble
des exportations et importations des Etats-Unis pour 1891 atteint la
somme de 1 874 millions de dollars (9 570 millions de francs), et la plus
grande partie de ce trafic enorme resulte des echanges avec I'Europe.
Toute amelioration des voies de navigation entre I'Europe et I'interieur
666 ANNEXE AU PROGBS- VERBAL DE LA 2^ SEANCE PLENIERE.
des Etats-Unis, reduisant le prix des transports, interesse au m6me titre
le producteur et le consommateur.
De grandes ameliorations sont projetees aux Etats-Unis et au Canada. '
Creation de canaux maritimes et d'un chemin de fer a navires de Geor-
gian Bay au lac Ontario, ainsi que d'un canal maritime et d'un chemin
de fer a navires du lac Erie au lac Ontario, a Test du Niagara; agrandisse-
ment des canaux du Welland et du Saint-Laurent; canal maritime a tra-
vers la partie septentrionale de la peninsule de la Floride; canal et riviere
canalisee entre Chicago et le Mississipi au sud; tous ces projets ont 6te
eludies et reconnus realisables. La construction du canal de I'lllinois au
Mississipi, de 77 milles de longueur (123 kilometres), 80 pieds de large
(24 m. 38) au plan d'eau et 7 pieds de profondeur (2 m. 13), avec canal
d'alimentation des memes dimensions et de 38 milles (61 kilometres) de
long, est assuree, car le Gouvernement a accorde les sommes n6cessaires.
Ce canal rejoindra le Mississipi pres de Rock-Island, a peu pres a I'ouest
de Chicago, et beneficiera surtout a la contree qui s'etend ci I'ouest du
Mississipi, entre les villes de Quincy et de Saint-Paul, et dont le territoire
a une etendue tres considerable.
La distance qui separe Rock-Island de Chicago est, par cette voie flu-
viale, de 194 1/4 milles (312 kilometres). Si les chemins de fer conti-
nuent a transporter, comme ils le font mainlenant, les produits de cette
region a Chicago apres que ce canal sera termine, ils ne pourront le fairo
qu'en ramcnant leurs tarifs a peu pres a la valeur de ceux des transports
par eau.
Nous Savons aux Etats-Unis que les nations europeennes nous d6passent
de beaucoup en ce qui concerne les canaux et la canalisation des rivieres,
ainsi que pour I'etablissement des docks et des agencements pour la
manutention des marchandises. S'il est une branche ou les Etats-Unis
excellent, ce serait plutot dans leur systeme de chemins de fer et d'el6va-
teurs pour les grains. Le grain pris dans les wagons est enleve et port6
dans les magasins avec I'aide de la vapeur et charge a bord des bateaux
par la gravite seule.
Je vous demanderai la permission d'ajouter quelques mots encore pour
dissiper une impression erronee a I'egard du voyage a Chicago.
Le prix d'un billet de 1'* classe, de Paris a New- York et retour, est de
770 francs, et celui d'un billet de 2" classe, de 550 francs. En admettant
que la regie ordinaire en pareille circonstance soit suivie, un billet, alter
et retour, de New>^York a Chicago couterait 135 francs ou peut'6tre moins.
Le prix total du voyage de Paris a Chicago et retour n'excederait done pas
905 francs en 1'* classe, et 685 francs en 2* classe. Le prix du sejour k
Chicago, dans les hotels de premier rang, serait de 15 a 25 francs par
jour, et dans les boarding-houses confortables, les depenses se reduiraient'
INVITATION AU CONGRfiS DE CHICAGO. 667
de moiti6. En fait, le s6jour de Chicago, table et logement, n'est pas plus
cher qu'a Paris dans les memes conditions.
Je vous remercie, Messieurs, de I'attention que vous avez bien voulu
m'accorder. Je ne veux pas terminer sans renouveler mon invitation aux
Membres du Congres d'assister (vous ou tels repr6sentants que les corps
que vous representez en Europe voudront bien designer) ou Congres du
Commerce des voies de navigation qui se tiendra en 1893 a I'occasion de
I'Exposition Universelle. L'epoque definitive du Congres vous sera du reste
communiqu^e par I'intermediaire des consuls de chaque nationalite ou par
toute autre voie.
PROJET DE PROGRAMME DE RAPPORTS
A presenter an Congres du Commerce des voies navigables.
1" Influence du commerce des voies navigables sur les explorations et
les decouvertes.
2" Les grandes voies de navigation de I'antiquite, et leur influence sur
le deveioppement national.
3° Les voies de navigation modernes a Torigine des transports par voie
ferree.
4" Influence reciproque des transports par eau et par voie ferree, spe-
cialement au point de vue de la securite, de la celerity, de I'economie
et de la concurrence.
5° Influence des voies de navigation actuelles sur les int^rMs des pro-
ducteurs et des consommateurs.
6° Influence des voies de navigation actuelles sur la defense nationale.
7'^ Les nouvelles voies de navigation reclam^es par les besoins de la
civilisation moderne.
8" Les lois de la nature qui influent sur le commerce par voies navi-
gables.
9° Lois politiques regissant le commerce des voies navigables.
10" Reglementation municipale du commerce des voies navigables.
11** Ports et acces des ports.
12" L'economie des perfectionnements recents des navires transatlan-
tiques.
13° Ameliorations et changements necessaires dans les ports de I'Ocean
pour repondre a Taugmentation des dimensions des navires.
14° Les meilleures methodes d'amelioration des ports a maree.
15° L'outillage le plus economique et le plus avantageux pour les ports,
c'est-a-dire remorqueurs, bateaux, elevateurs, grues, docks, murs de
quai, etc., etc.
668 ANNEXE AU PROCES-VERBAL DE LA 2' SEANCE PLENIERE.
16° Meilleure methode pour 1 echange du trafic entre les voies navi-
gables et les voies ferrees.
17" Projets de canal interoceanique. Etat actual, necessite de ce canal,
resultats a atteindre.
18° Methodes les plus economiques de navigation sur les grandes sur-
faces d'eau interieures navigables.
19° Consequences economiques des changements recemment apportes,
ou proposes, a la construction et a I'exploitation des navires de lac.
20° Systemes de navigation canalisee; leur construction et leur exploi-
tation.
21° Les meilleures methodes d'amelioration des rivieres navigables;
leurs resultats en ce qui concerne la diminution des prix de transport.
22° Influence respective des voies navigables et des chemins de fer les
uns sur les autres; consequences pour le public.
25° Canaux interieurs. Leur situation actuelle, leur utilite; economic
qu'ils procurent.
24° Moyens de reduire les prix de transport sur les canaux. Bateaux
automoteurs, divers systemes de remorquage, etc., etc.
25° Ameliorations necessaires des transports par eau en Europe, dans
les deux Ameriques et dans les autres parties du monde.
26° Elargissement projete du canal Wetland, et amelioration des che-
naux du Saint-Laurent.
27° Quelle est la dimension la plus avantageuse au point de vue econo-
miquc a donner aux bateaux dans les diflerents systemes de navigation?
28° Quelle source nouvelle d'energie pourrait etre substituee, s'il y a
lieu, a la vapcur pour la navigation?
29° Chemins de fer a navires.
Les del6gues sont pries de rediger des communications sur I'un de ces
sujets, ou sur tel sujet relatif au commerce des voies navigables qu'ils
jugeront convenable de traiter.
VISITE
M. LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE
VISITE
A
M. LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE
AU PALAIS DE FONTAINEBLEAU
Jeudi 28 Jnillet.
M. LE Pbesidem DE LA Republique, qui aime a se souvenir qu'il est inge-
nieur, ne pomait oublier qu'il avail accorde son haul patronage au Y^'Con-
gres international de navigation interieure. Aussi avail-il tenu a recevoir
les Membres du Bureau du Congres et des Bureaux des Sections' compre-
nant les Delegues des Gouvernements etrangers, afin de s'entretenir avec
eux de leurs Iravaux auxquels il portait un \if interet.
Cette tres-gracieuse attention a ete vivement appreciee de tons.
La reception a eu lieu le 28 juillel. Les invites avaientpris place dans un
train special mis a leur disposition par la Compagnie de Lyon ; en moins
d'une heure ils arrivaient en gare de Fontainebleau ou les attendaient des
voitures qui les onl conduits rapidement au chateau.
Regus par le Colonel CHAMoiNet le Commandant Pistor, ils onl ete imme-
dialemenl conduits dans les salons du rez-de-chaussee ouM. le President de
la Republique, entoure du General Borius et des Officiers de sa maison
militaire, leur a donne audience.
M. CousTE, President du Congres, a prononce les paroles suivanles :
Monsieur le President,
Vous avez bien voulii faire aux membres du Bureau du V Congres international
de navigation interieure le grand honneur de les recevoir au Palais de Fontainebleau.
Nous 8ommes tous tres-touches de ce nouveau temoignage de I'interet que vous
daignez porter ainsi a notre oeuvre, interet que vous avez eu d'ailleurs la bien-
veillance d'affirmer des le principe en nous accordant voire haul patronage.
Nous vous prions done, Monsieur le President, d'agreer, en cette occasion, nos
respectueux hommages et nos vifs remerciements.
Les Congressistes eprouvent d'autant plus de joie a vous rendre compte suc-
cinctement de leurs travaux que tous, Fran^ais et Etrangers, se souviennent que
le premier magistral de la Republique fut un des brillants eleves de I'Ecole
1. Voir laliste des membres du Bureau du Congres et des Bureaux des Sections dans le Compte
rendu sommaire des Travaxu du Congres.
672 VISITS A M. IE PRESIDENT DE LA RfiPUBLIQUE.
Polylechnique, pepiniere incomparable de ces ingenieurs distingues qui soutien-
nent, partout el toujours, le bon renom de la science fran^aise.
Yous avez devant vous, Monsieur le President, les representants des dix-huit
nations qui, a I'appel de la France, ont bien voulu deleguer a notre assemblee
leurs plus savants ingenieurs, leurs economistes les plus erudits :
Allemagne, Autriche, Belgique, Bresil, Espagne, Etats-Unis, Grande-Bretagne,
Hollande, Hongrie, Italic, Norvege, Perse, Portugal, Roumanie, Russie, Siam,
Suede, Suisse.
Dix questions interessant toutes les branches de la navigation interieure ont ele
proposees par le Comite d'organisation ; elles ont fait I'objet de plus de cinquante
rapports rediges, avantl'ouverturedu Congres, avec un soin etune science remar-
quables par les delegues officiels, fran^ais et etrangers; ces rapports, traduits en
trois langues, imprimes, distribues a tous les menibres, font presenteraent I'objet
de nos discussions.
Divise, pour ce travail, en quatre Sections, notre Congres comprend mille
adherents qui tous, au meme titre, peuvent prendre part a nos debats, exposer
leurs doctrines, discuter les theories adverses, et qui ont voix deliberative. C'est
vous dire, Monsieur le President, que la liberie de parole, si feconde en resul-
tats heureux, ne cesse pas d'etre notre guide, et que nous nous felicitons haute-
ment des preuves de savoir, de devouement et de courtoisie qu'elle provoque au
sein de nos reunions.
Aussi avons-nous le fernie espoir de voir le Congres de Paris contribuer pour
une large part a I'edifice commence par les Congres anterieurs.
Je me fais, en consequence, un devoir et un plaisir. Monsieur le President, de
vous presenter les hommes eminents et desinteresses qui ont bien voulu elre les
artisans de cette oeuvre de science, d'humanite et de paix.
M. LE Presidem de la Republtque a rcmerci6 en quelqucs paroles les
Bureaux du Congres et des differenles Sections de la visile qu'il elait
heureux de recevoir.
11 a felicite le Congres de I'oeuvre qu'il poursuit avec tanl de devouement
el de competence. La France, qui est, cetle annee, le theatre desestravaux,
accueille avec joie les savants ingenieurs qui sont ses holes.
Une seule pensee les dirige, et c'est unbut essentiellement humain qu'ils
poursuivent : ameliorer les conditions de transport par eau, abaisser les
prix, et faire profiler le monde des consommaleurs des progres realises par
la science.
En face d'un tel but, les nationaliles disparaissent, et toutes les intelli-
gences font converger leurs efforts vers Famelioration du sort de tous.
Le President de la Repubiique frangaise, qui s'honore d'eire ingenieur,
s'est estime heureux, en terminant, de remercier, au nora de son pays, les
collaborateurs de cette oeuvre de bien public.
M. ringenieur en chef de Mas, Secretaire General du Congres, a ensuile
presente individucllement a M. le President de la Republique les Membres du
Bureau du Congres; les Membres des Bureaux des Sections ont ete pre-
VISITE A M. LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQLE. 675
sen(es parleurs Presidents respeclifs. M. Carnot a eu un mot aimablepour
chacun, rappelant aux uns les circonstaiices on il les avait autrefois con-
nus, parlant aux autres de leur pays ou d'amis conimuns,raontrant a tous
qu'iiconnaissait leurs tiavaux, et s'y inleressait.
Ala suite de ces presentations un luncli a ete servi : puis on estdescendu
dans le pare ou M. le Preside.nt de la Rei'lbliqle a continue de s'entretenir
avec les Delegues etrangers et les Membres francais du Congres.
Pendant ce temps, I'excellente musique du i& Regiment de ligne faisail
entendre les meilleurs morceaux de son repertoire, ce qui n'a pas empc-
che certains Congressistes de braver les ardeursdu soleil pour visiter le jar-
din anglais et la Fontaine Belle Eau.
Apres avoir pris conge deM. le President de la Republiquc. les Membres
du Congres ont rapidcment visile le chateau; its ont admire notamment la
sailed u Conscil, la sallcdu Tronc, la galeriede Diane, la salle des Fetes, la
Chapelle de la Trinite et la galerie FranQois F'qui rappcllent les souvenirs
deFrangois F% Henri IV, Louis XUl, Louis XIV et Napoleon I".
Au pied de I'escalier du Fer a Cheval, les voilures attcndaient les Con-
gressistes dans la Cour des Adieux, et les ont conduits en forct sur les
delicicuses hauteurs de la SoUe, d'oii il sont revenus a la gare enchanles
de leur promenade: le retour a Paris a eu lieu a 6 heurcs du soir.
Les Membres du Congres qui assistaient a cetle reception se sont plu a
exprimer tres-vivement toute la satisfaction qu'ils enavaient eprouvee; ils
en conserveront, a n'en pas doutcr, un precieux souvenir.
COMPTE RENDU
DES EXCURSIONS
EXCURSION DANS LE NORD
(18, 19 et 20 Juiliet.)
EXCURSION SUR LA BASSE-SEINE ET LA SEINE MARITIME
(!25 et 24 Juiliet.)
EXCURSIONS AUX ENVIRONS DE PARIS
CANAUX DE LA VILLE DE PARIS (25 ct 27 Juiliet.)
SURESNES, BOUGIVAL ET SAINT-GERMAIN (28 Juillel.;
HAUTE-SEINE (25 Juiliet.)
JOINVILLE-LE-PONT (27 Juillel.)
NOISIEL (26 Juiliet.)
EXCURSION DANS LE CENTRE ET LE MIDI
(31 Juiliet, 1, 2, 3, 4 ct 5 Aout.)
COMPTE RENDU
DES EXCURSIONS
EXCURSION DANS LE NORD
Journee du 18 Juillet.
L'excrsion du Nord a debute, le 18 juillet au soir, par une reception
qutnVait la Commission d'organisation du Congres a tons es men*^s
nresenls a Lille, eu fhotel de la SocMe indnslru'Ue du .\or< dela F,nvco.
rtcet. av'ait gracieusement mis a la ;J.-P-''-" ^'':, \,":Te
d'organisation sa supe.be salle des files, etd.versessalles del hotel qn die
vient de se faire construire a Lille. -M.,l.ii:t,milloises
Une foule de membres etrangers et fran?ais et de uotabilitcs btlo.ses
s elait rendue a rinvitation de la Commission.
A neuf heures et demie, les deu. Presidents du ^-"S'-^'-^'l^l^^
President de la Chambre de Commerce de Pans, et Golle^ in, Inspeeteur
! n al des Ponts et Chaussees, refoivent les invites. Dans Tassistanee on
m r ue MM. VB.-Dr«..N», prefet du Nord, Grn.,,.,.. directeur de la na, -
S:Minist.edesTr^.a.pub.ic.^^^^^^^
la rinmbre de commerce de Lille; Ag.^che, presmeiii ue la
i t N»d., P.nu.r.. directeur de '•h-l.->>7"-X^rc mm
de l-Acriculture; M^htial Bern.bd, secretaire de la Chambie de commc cc
de Parget p dent du Comite des excursions ; Bocle, inspeeteur geneijl
spelts et'aLss^es-.oe M... ing.nienr en f^f, secr«.re genera u
Congres, etG„„so., ingenieur en ebef du <l«P-l<'"™i " f;';'^ l",:'
cesse de se prodiguer au corns de cette >-""'»";• J"; ";;,^^;;d,,..
Kori,, vice-presidents, et Hoc„srHrrE„, ^^^'^f^^l^ZtJIm dc
trielle du Nord; Po.xt7.en, ingenieur civil; Cbepi. piesulcni (le
^T:^:™?au "ri^'irLi.. indus,rie.. -^^;;'» t"/:
conore-^sistes. 11 so felicite dc Plionneur qu.ls ont fait a la i'o™^ ■;"
e" Lit son hospitalite, et ,1 e.prime le regret ^^ n^-. ^ ^^ t,
plus longtemps. 11 espere que beaucoup d entre eux, une toi. le Con,
G78 COMPTE RENDU DES EXCURSIONS.
termine, auront la bonne inspiration de repasser par Lille, ou la Soci6t6
industriellc se fera un honncur et un plaisir de leur faire visiter les usines
et les elablissenients induslriels de la region qui presenteront pour eux un
veritable interet.
M. Ag.vche ticnt i\ rappeler que, parmi toules les industries, celle des
Iransporls tient la premiere place. Aussi est-ce avec unc grande joie et un
legitime orgueil qu'il se trouve designe pour soubaiter la bienvenue a ces
eminents repi esentants de la navigation inlerieure en Europe.
Apres colle allocution fort applaudie, M. CousTfiprend la parole, d'abord
pour remercier de leur empressement tons les membres qui ont deja re-
pondu a lappel de la Commission, et ensuite la Societe industrielle du
Nord qui s'est associee si genereusement a I'ceuvre du Congres, sans souci
de la gene qui en resulte pour elle, en mettant a sa disposition ses locaux
encore en cours d'acbevement.
M. le President de la Cliambre de Commerce de Paris se defend de vou-
loir faire un discours : il tient seulement a rendre bommage au devoue-
ment et a raclivile des organisaleurs du Congres, grace auxquels le succes
de cctle grande reunion inlernationale est d'ores et deja assure.
11 tient surlout a saluer les Membres elrangers au moment on ils met-
tent le pied sur la leri-e frangaise et a leur rappeler, au nom de la vieille
bospitalile nationale, qu'ils sont ici chez eux, et que la France aura a coeur
de les rccevoir dignement el noblement.
Des applaudissements unanimes ont couvei't les paroles de M. le
President.
Un excellent bullet avait ele dresse au fond de la salle; il a largement
conti'ibue a enlrelenir la gaite et la cordialite de la reunion.
A onze beures la reception elait terminee.
Journ6e du 19 Juillet.
La journee du 19 juillet a ete des mieux remplies, en depit du temps
qui, menacant le matin, s'est lout a fait gate dans la soiree.
Partis de Lille en train special a 8 beures du matin, les Congressisles
arrivaient trois quarts d'beure apres a Pont-a-Vendin, et a 9 beures pre-
cises, une macbine de la Societe des mines de Lens amenait le train sur la
voie particuliere de la mine, a Vendin-le-Vieil, en fare du quai d'embar-
quement des cbarbons.
La gare d'eau des mines de Lens comprend un bassin de 500 metres de
long sur 52 de large, parallele au canal de la llaute-Deule et communi-
quant avec lui par une de ses exlremites : 47 tremies y sont installees,
qui permettent d'embarquer plus de 1 000 tonnes par jour. Les membres
du Congres assislent au chargement de 105 tonnes de bouille : I'operalion
dure dix minutes.
Mais le temps est mesure; les excursionnistes sont entraines rapidement
EXCURSION DANS IE NORD. 679
SOUS la conduite de M. Bollaert, Agent goncrol, a la fosse n° 7 dont ils
admirent les installations. De la ils se rendent a la fosse W 10, en cours
d'execulion. et dont le fongage est poursuivi a travers une nappe d eau
courante par le procede si ingenieux de la congelation.
Enfin le train special les amene au groupe d'habitations conslitue aulour
de la fos'^e n" 8. La Sociele des mines de Lens a cree la une veritable vi le
ouvriere comprenanl 5^20 maisons, ecolcs de gargons et de filles, asile,
hopital; tout cct ensemble respire un air de bien-etre et de gaite qu,
frappe au premier abord.
ic Conseil d'Administration est au complet : on y remarque MM. Da>el,
President: Descamps-Crespe.. Theodore Barrois, Tillov-Delaine, Ca7.ene.ve,
Dfstombes, Descamps-Scrive, membresdu Conseil: Bollaert Agent general
REl»,Directeur. etc.: M. AL.PEX.TE.Prefet du Pas-de-Calais, estegalement
^TarLption est organi.ee dans les salles de I'ecole de gareons : a I'ar-
nvee du Lm, la fanfare des employes de la Compagnie enUmne la 3/a -
scillaise avec un maestria qui ne se demenl.ra plus pendant le repas
I elle a charme par plusieurs morceaux. Le dejeuner est adm.rablement
servi dans la salle d'ecole, decoree avec infimment de goul .
Au champagne, M. Da^ee, au [nom du Conseil d'admmistratmn et du
haul personnel des mines de Lens, souhaite la bienvenue a ses botes :
« Yous etos, Messieurs, a-t-il dit, dans une contree ou regne une grande
ac tv rindust ielle et commerciale, necessitant des moyens pmssanls de trans-
^c^^ I es i d iXies du fer et de la houille conlribuent pour la majeure parlie
''Ttous „os ironsons de canaux aboulisse,,. a u,, seal point, au canal de Saint-
■"";' tTfairet'Bdtenx p.onos.ics, on pen. songe. k la possibili.e dn,. grave
aciiden" Z Luiemen.'au .nnnel de Sain.^nen.in: _ que dev.endn,. alo,s
'"r'n ratT"r"''responsabili.e a ,a eha.-ge des ponvoirs publics, ,ui
f„:de".M, e;:ir%ur les'chambres de navigation don, nous a.endons ,a
creation avec une vive impatience.
680 COMI'TE RENDU DES EXCURSIONS.
« Dans ces dernieres annees, la Compagnie du chemin de ler du Nord nous a
donne dos preuves de bienveillance. En compensation de ses faveurs a I'egard
des houilles etrangeres, a qui elle accorde un parcours gratuit sur cent kilo-
metres de son roseau, elle nous a donne le tarif de deux centimes pour les
contrees de I'Esl ct de I'Ouest; de plus, elle admet de larges reductions pour les
expeditions par rames de wagons. Nous savons d'ailleurs qu'en ce moment elle
etudie une refonte de ces tarifs.
(( Toutes ces reductions ne sont pas au detriment de la batellerie, car, pen-
dant que le tonnage par rail augmente, Ic nombre des bateaux s'accroit dans
la meme proportion; le mouvement ascensionnel se continuera. »
M. le President Codste se leve alors et repond en ces termes a rallocii-
tion de M. Dancl :
« Je suis vraiment confus des bienveillants compliments dont M. Danel, notre
tres aimable amphitryon, veut bien gratifier le Comite du Y'" Congres interna-
tional de Navigation interieure. Je Ten remercie chaleureusement au nom de
I'eminent M. Guillemain, Inspecteur general et Directeur de I'Ecole des Fonts et
Chaussees, avec qui j'ai eu I'bonneur de presider a Torganisalion de ce Congres;
au nom de mes honorables collegues qui, tons, ont apporte a notre oeuvre
I'inestimable concours de leur temps et de leur science.
Notre Congres, vous le savez, Mesdames et Messieurs, appartient au domaine
utilitaire; il rentre dans la serie de ces grandes et pacifiques assises ou tous les
peuples, sans distinction de races, sans arriere-pensee d'ambition, discutent en
commun les belles et genereuses questions qui interessent leur avenir, leur
prosperite, leur richesse et qui servent si merveilleusement la cause du vrai
progres.
(( Aussi est-ce avec une legitime lierte et une joie sans melange que nous
avons vu dix-huit nations etrangeres repondre a notre appel. A I'exemple de la
France, qui a reuni un grand nombre dadberents, ces diverses nations ont
delegue des personnalites considerables qui ont accepte gracieusement de faire
partie du Comite d'bonneur; des commercants, des industriels renommes se
sont groupes autour d'elles; les plus babiles ingenieurs du monde ont tendu la
main aux ingenieurs francais; de nonibreuscs questions ont ete proposees, trai-
tees et ont fait I'objet de cinquante-deux rapports qui vont etre a leur tour
etudies et discutes; tous nos vaillanls collaborateurs, en un mot, se sont mis au
travail avec celte ardeur que donne aux ames devouees le desir de faire grand
et de faire bien.
« Notre oeuvre sera-t-elle parfaite et les felicitations que vous avez cru devoir
nous adresser ne sont-elles pas prematurees? Helas! rien n'est parfait en ce
monde ; mais si de I'examen de nos rapports il ressort que nous avons aide a
Tamelioration generate du regime des canaux, des rivieres, des transports
fiuviaux, et par cela meme a Textension des relations internationales, nous
aurons alors la satisfaction d'avoir bien servi nos semblables, et cette satisfac-
tion sera pour nous la plus douce des recompenses.
« Apres vous avoir fait connaitre sommairement le but de nos travaux, je
crois de mon devoir d'adresser a M. Danel, le distingue president du Comite
d'administration de la Societe des Mines de Lens, I'expression de notre gratitude
EXCURSION DANS LE >'ORD. 681
en meme lemps que nos plus chaudes felicitations. II a droit, en effet, a noire
gratitude pour le spectacle grandiose et insti-uctif qu'il nous a donne en nous
faisant visiter les ports d'embarqueraent des charbonnages de Lens et la merveil-
leuse installation de toute I'exploitation; il a droit surtout a nos felicitations pour
les preuves de haute intelligence qu'il deploie sans cesse dans la direction de
ces mines si prosperes et si riches.
« C'est grace a son energie. a son habile administration, que I'exploitation de
ces mines a pris, en peu do temps, une impulsion aussi considerable; c'est grace
a sa connaissance parfaite de I'industrie houiUere qu'il est parvenu a donner
a vos charbonnages un developpement que les plus anciennes exploitations
ne parviennent a atteindre qu'au bout de longues annees de recherches et de
labeur. .Si de tels efforts honorent I'homme, leurs resultats sont bien fails —
et c'est justice — pour encourager le travailleur.
« Au nom de la Chambre de commerce de Paris, que j'ai Ihonneur de repre-
senter ici, je vous propose, Mesdames et Messieurs, de lever nos verres a la sante
de M. Danel, le grand industriel de la laborieuse cite de Lens, a la sante egale-
ment des savants ingenieurs, ses collaborateurs devoiies, qui concourent avec
lui a la gloire de I'industrie francaise. »
Ce discours est couvert d'applaudissements.
Un membre etranger, M. le professeur Schlichting, de Charloltenbourg,
remercie, au nom de tous les etrangers presents, le Congres et la Societe
de Lens de la munificence et de la cordialile avcc lesquelles ils ont etc
tous accueillis en France.
Mais il est I'heure de parlir. M. I'Ingenieur en chef de Mas, secretaire
general du Congres, abandonne alors rexcursion dont la direction effec-
tive est remise a M. Peslin, ingenieur en chef, a Douai.
A midi un quart les excursionnistes remontent en Avagon et une demi-
heure apres ils entrent sur le territoirc des Compagnics de Bruay et de
Maries, qui se sont associees pour recevoir le Congres.
A la descente du train, a Fouquereuil, les Conseils d'administration des
deux Compagnies ayant a leur tele MM. Marmotta.n, President du Conseil
d'Administralion; Dincq, Administrateur delegue, Le Geistil, d'Halloy, Sou-
BEiRAX, WiLLOT, Delecaux. elc., Yienueut au-dcvant du Congres et lui sou-
haitent la bienvenue.
La visite des rivages de Bruay et de Maries commence aussitot, et chacun
admire les ingenieux systemes d'embarquement pratiques par ks deux
Compagnies. Apres un lunch servi aux usines de Bruay et dont les hon-
neurs sont fails par les representants des deux Societes, le signal du
depart est donne et le train special part pour Dunkerque, ou il arrive a
quatre heures un quart.
Les Congressistes descendent devant le bel hotel de la Chambre de Com-
merce, pavoise aux couleurs nationales et autour duquel se presse une
foule enorme. Sur le perron M>L le Maire de Dunkerque, le President de la
Ciiambre de Commerce, le Sous-Prefet et plusieurs membres de la Munici-
682 COMPTE RENDU DES EXCURSIONS.
palite et de la Chamhre de Commerce les recoivent ct leiir souhailcnt la
bienvenuc.
Malheiireuscment, la pliiie et les boiirrasqucs se mettent de la paitie et
elles nc cesseront plus jusqu'au soir. Neanmoiiis les plus iutrepides
paiient sous la conduite de MM. Joly, Ingenieur en chef; DARDE^^'E, Yieille
etLe Rod, lugenieurs du port, et visitent rapidementle canal de navigation
fluvialc de I'ile Jeanty et son raccordement avec les bassins maritimes,
les quais des darses 1,2 ct 5. les hangars de la Charabre de Commerce,
les qualre grandes formes de radoub et leur importante machinerie, enfin
la grande ecluse Noi'd actucUement en construction : ces magnifiques Ira-
vaux excilent I'admiration generate, et Ton niandit le mauvais temps qui
ne permet pas de les voir avec plus de details.
Apres avoir quille leurs velements do voyage pour en endosser de plus
sees, les membres du Congres se rendent a huit heures du soir an casino
de Malo-les-Bains, ou un banquet leur est offert par la Yille el la Chambre
de Commerce de Dunkerque.
La table d'honneur est dressee en fer a cheval dans le grand salon carre.
M. GusTAVE Lkmaii;k, Maire de Duidverque, y prend place, ayant a ses coles
M. Gl'ii.lemain et M. Yel-Duhand, Prefel du Nord; en face de lui, M. Couste.
On remarque ensuite MM. TnvsiRAM et Claeys, Senatcurs; Lalou, Depute;
Petyt, President, el Collet, Tresorier de la Chambre de Commerce; Guillain,
Directeur des routes, de la navigation et des mines au Minislere des
Travaux publics; Martial Beilnahd, Secretaire de la Chambre de Commerce
de Paris; Joly et Peslln, lugenieurs en chef des Ponts et Chaussees; Maillot,
Sous-prefet de Dunkerque; Dumo.nt, Adjoint au maire, etc., elc.
L'excellenle musique du 110" de ligne, placee dans la veranda du
casino, s'est fait entendre pendant toute la duree du repas.
Au dessert, M. le Maire de Dunkei-que a porte le pi'emier toast en ces
lermcs :
« Messieurs, au noni do la ville de Dunkerque, je vous romercie de vous etro
rcMidus en aussi grand noinl)re a noire invilation et jo vous souhailo one cordiale
bienvenue. Si les divers ports que nous renconlrons on parcourant notro littoral
sont tous, a juste titre, consideres conime dignes do notro oxamon, 11 nous est
cependant bien porinis d'esperer que la visile de nos installations niarilinies
vous laissora one impression des plus favorables.
(( Cerles, Messieurs, ce n'ost pas devanl des homines speciaux lols que ceux
dont je suis cnlouro qu"il serail nocessaire d'en fairo ressorlir limporlance.
« Je puis done me bornor a conslalor ici, uon sans une legitime fierle, les
resultals olilenus. Dunkerque, classo it y a Irente ans au septieme rang parmi les
ports francais, en est aujourd'hui a disputer le troisieme rang a Bordeaux, en
attendant que la mise en service de la grande ecluse du Nord et I'elargissemenl du
ehenal viennent realiser un nouveau progres et conlribuer au developpement de
notre trafic.
« Je m'empresse (fajouler, Messioui's, que cetlo prosperite est duo, en grande
EXCURSION DANS LE NORD. fi83
partie, a une situatiou vraiment privilegiee sous le rapport de la navigation inte-
rieure; mais 11 appartiont a M. lo President de notre Chambre de Commerce d'at-
tirer votre attention sur ce point, qui interesse plus particulierement le Congres.
« Avant de lui ceder la parole, je revendique I'honneur-de vous proposer un toast
au chef de I'Etat qui se reporto si volontiers, messieurs les Ingenieurs, au temps
ou il partageait vos eludes et vos travaux.
« Je bois a M. Carnot, President de la Republique frangaise! »
Apres les applaudisscments qui onl salue le nom de M. Carkot, M. Alfred
Petvt, Prrsident de la Cliauihre de Commerce, a prononce le discours
suivant :
« Messieurs, en designant Dunkerque comme I'un des p'remiers points de ses
excursions, le V'' Congres international de navigation interieure a fait a notre
port un grand honneur.
(( Au nom de notre Compagnie, je prie Messieurs les Congressistes d'agreer
I'expression de notre vive gratitude et en meme temps le temoignage de notre
profonde sympathie pour la mission si elevee et si pratique qui, en vue do
I'interet general, reunit de si hautes personnalites.
(1 Le developppement des voies navigables, I'amelioration de celles existantes,
les progres a apporter dans leur exploitation, tels sont les problemes qui, pour
la cinquieme fois, Messieurs, vont faire. en des assises Internationales, I'objet de
vos etudes et de vos discussions.
« Si, a Tepoque de la creation des voies ferrees, on a pu emettre I'avis quo
les lignes d'eau n"avaient plus leur raison d'etre, un revirement d'opinion Ires
accuse s'est fait jour bientot apres et, depuis, leur perfectionnement na cesse
de preaccuper les gouvernements de tous les pays.
« Le vif interet avec loquel les debats des precedents Congres de navigation
ont ete suivis est la sanction de leur importance; nulle part leur utilite n'a (Me
mieux reconnue que dans les centres maritimes.
« Ne iaut-il pas qu'un port de mer, a moins de se trouver dans des conditions
d'inferiorite marquee, puisse utiliser, en meme temps que des voies ferrees. de
profondes voies navigables le reliant aux centres manufacturiers et commer-
ciaux ou son action pent s'exercer?
(( L'exploilalion de quais aussi etendus qu'ils soient n'est-elle pas, au moment
oil les circonstances economiques feront affluer la marchandise, singulierement
facilitee par le bateau de riviere qui, devenu depuis quelques jours entrepot
flottant, attend dans les garages la destination a donner a son chargement?
« Au point de vue du double avantage que procurent les lignes de fer et les
lignes d'eau, Dunkerque se trouve admirablement outille.
(( Grace a I'esprit de progres et d'initiative des Administrateurs et des Inge-
nieurs eminents places a la tete d'une de nos plus puissantes Compagnies, les
voies ferrees qui desservent nos quais et qui y aboutissent ont ete elablies dans
de remarquables conditions.
« L'Administration des Travaux publics a devance le mouvement de notre
port en donnant aux canaux qui le complelent les conditions de profondeur et
de largeur necessaires et en supprimant, par les travaux les plus modernes, tous
les obstacles qui s'opposaient a la facile circnlalion des bateaux.
684 COMPTE RENDU DES EXCURSIONS.
« Cette action commune H sans rivalite dii wagon et de la belandre a permis
a notre port d'atteindre en qiielques annees un chiffre de trafic de plus de deux
millions et demi de tonnes de marchandises, et a rendu de veritables services
aux interels generaux de la region.
« C'est vous dire, Messieurs, a quel point la Chambre de Commerce de Dun-
kerque apprecie I'utilite des Congres de navigation interieure oil I'ecbange de
vues, la vulgarisation des progres accomplis apportent cbaque fois des elements
nouveaux au perfectionnement general des voies navigables et la vive attention
avec laquelle elle suivra I'etude des questions d'un interet aussi absolu et aussi
immediat.
« Je leve ce verre, Messieurs, a votre honneur. »
M. I'inspecteur general Giillemain se leve a son tour et boit a la prospe-
ritc de Dunkerqiie :
(( Permettez a vos modestes tributaires de la Navigation Interieure, a ceux
qui, dans une certaine mesure, concourent a votre magnifique trafic, de vous
exprimer leurs remerciements pour I'accueil que vous voulez bien leur faire.
(( En voyant ces immenses bassins a peine acheves et qui, avant peu, parai-
tront insuffisanls; en voyant ce chenal qui s'approfondit, ces voies ferrees qui,
de tous cotes, sillonnent vos quais, ces appareils dont I'emploi supprime en
quelque sorte le temps des manoeuvres, et double I'utilisation de vos navires, on
se sent penetre d'une legitime admiration pour le pays oil se produisent de sem-
blables efforts.
« Que de cbangements, en effet, depuis un siecle ! car il n'y a guere plus
d'un siecle que la vieille cite qu'appreciaient taut Louis XIV, Colbert et Vauban est
de venue maitresse de ses destinees, libre et francaise de fait, comme elle I'etait
restee de coeur au milieu des vicissitudes sans nombre qui attestaient son impor-
tance. Pendant ce siecle, elle a prospere avec une rapidite telle que le tonnage
des navires qu'elle abrite, double depuis 20 ans, decuple depuis 40, en a fait
un de plus beaux fleurons de notre couronne maritime.
(( Honneur done a ceux qui ont realise ces conquetes pacifiques, aussi profi-
tables que brillantes! Honneur a tous ceux qui ont prepare cet avenirl C'est
sous I'empire de ce senliment d'admiration, ainsi que de reconnaissance pour
votre gracieuse bospitalite, que je bois a la prosperite de Dunkerque. »
Des applaudissements unanimes accueillent la peroraison de ce dis-
cours. A minuit la reception etait lerminee.
Journ6e du 20 Juillet.
La troisieme journee de I'excursion du Nord (20 juillet) comportait la
visite de I'ascenseur hydraulique des Fontinettes et celle du port de
Calais.
A 7 h. 35 du matin le train special quittait Dunkerque, et a 8 h. 50 il
s'arretait a quelques centaines de metres de la station d'Arques, pres de
laquelle se trouve le magnifique ouvrage des Fontinettes.
EXCURSION DANS LE NORD. 685
M. I'Ingeiiieur en chef Gruson sousk haute direction duquel I'ascenseur
a ete execute et M. Peslin, higenieur en chef a Douai. successeur de M. Gru-
son dans le service des vo-es navigables du Nord et du Pas-de-Calais,
prennent immediatement la direction de la visite, qui dure environ deux
heures. lis sont secondes par M. Cetre, Ingenieur de la navigation a Saint-
Omer, et par MM. Choquet, Ingenieur en chef, et Bruart, Ingenieur de la
maison Gail qui a construit I'ascenseur.
Les excursionnistes ne se lassent pas de voir nianoeuvrer cette gigan-
tesque balance hydraulique qui depuis sa mise en service, c'est-a-dire en
deux ans, a deja fait franchir a 45000 bateaux la chule de 13 metres des
Fontinettes. Pendant que les amateurs d'impressions nouvelles se font
monterou descendre dans Pun ou Pautre sas, les autres visitent en detail
les divcrses parties de I'ouvrage, chambre des machines, accumula-
teurs, elc; d'autres enfin braquent Pobjectif de leur appareil de voyage.
Mais tout le monde est egalement frappe du progres realise par I'ascen-
seur, en vovant a cote les cinq ecluses qu'il remplace, et qui autrefois
rachetaient ^longuement et peniblement la difference de niveau des deux
biefs.
M. PIngenieur en chef Gruson, la visite une fois terminee, explique aux
membres^du Congres, dans une petite conference familiere, les difticultes
de tons genres qu'il a fallu vaincre pour faire passer la conception theo-
rique da^ns le domaine de la rcalite. Cette interessante conference se
termine par la distribution d'une photographic de I'ascenseur, speciale-
ment tiree pour les membres du Congres, et portant au verso la date de
la visite. . ., . ,
A 11 heures precises le train special repart pour Calais, ou il arrive a
midi et demi. Sur le quai de la gare, les Congressistes sont regus par M. Bou-
lenger-Bernet, Depute, entoure des delegues de la Municipalite, de la
Chambre de Commerce et des Ingenieurs du port.
Vpres les compliments d'usage, on se dirige vers le jardin Richelieu, oil
ont lieu la reception et le lunch olferts par la Yille et la Cliambre de
Commerce de Calais. Le jardin Richelieu est magnifiquement decore de
petils arcs de triomphe : des trophees et des mats a banderoles marquent
le chemin.
Le banquet est servi sous une tente colossalc tendue au-dessus du
kiosque de la musique. La table d'honneur est dressee dans ce kiosque, et
tout autour sont groupees de petites tables de neuf a douze converts.
Malgre le mauvais temps, Peftet est absolument imprevu et charmant.^
.\ la table d'honneur prennent place les membres de la Municipalite et
de la Chambre de Commerce, les presidents du Congres et les diverses no-
tabilites francaises ou etrangeres deja citees : MM. Darquer, President de la
Chambre de Commerce, et Dewavrln, Maire de Calais: M. Boule.xger-Ber.nei .
Depute, MM. IcsPrefets du Nord et du Pas-de-Calais ; Thax.neur, Ingenieur
en chef du port ; Vetillart, Ingenieur en chef au Havre, autrefois Ingenieur
686 COMPTE RENDU DEvS EXCURSIONS.
a Calais; Schlichtjng, President de I'Unioii centrale pour le developpeinenl
de la navigation fluviale en Alleniagne; Vernon-Harcouut, Ingenieur civil a
Londres; Hknri-Beh.nard, Carlier et Boule, Inspecteurs generaux des Pouts
et Chaussees ; Goldschmidt, represenlant de la ville de Vienne; de Hoerschel-
MA.NN cl HE TiMONOFF, Ingenicurs rnsses; II.vgen, Conseiller superieur des tra-
vaux du royaume de Prusse; Rump, Ingenieur hydranlique du gouverne-
ment danois; Paclot, President du tribunal de commerce de Calais, etc.
Le soleil consent enfin a reparaitre, et le lunch, admirablement servi,
se termine tres agreablemenl. Au dessert, M. Dewavrin, Maire de Calais, se
leve le premier et j)orte un toast en ces termes :
(( Mesdarnes, Messieui's, au nom de la ville de Calais, je souliaite la bieiiveiiuc a
la phalange de savants et d'ingenieurs etrangers et frangais du Congres de Navi-
gation interieure qui out bien voulu se rendre au milieu de nous.
(( Jc souhaite egalement une cordiale bienvenue aux personnes et surlout aux
dauies qui les accompagnent, regrettant que les elements ne se soient pas
joints a nous pour leur rendre plus agreable leur sejour a (Calais.
(( Jc vous remercie de uous faire I'honneur de visiter notre beau purl (rop
houvent meconnu, et dont M. le President de la Chambre de Commerce va vous
pai'ler avec plus de competence que je ue pourrais le f'aii'e.
(( Je leve mon verre en Thonneur de nos visiteurs, en riionneur des Membres
(lu Congres de navigation. »
M. Darquer se leve a son tour, et prononce un disconrs important donl
imus extrayons les parties essenlielles. M. Darquer s'est surtout attache a
laire ressortir les avantages exceptionnels que le port de Calais doit a sa
situation et a son outillage.
II Vous allez trouver ici, a-t-il di(, un vasle champ d'observations.
It Ce port dc Calais a de tout temps attii'e I'atteution du nionde connnerci;il.
Ktaiit geographiquement le plus rapproche de la cote anglaisc, il a permis par
ses profondeurs d'eau d'etablir un service de voyageurs qui esl devenu la grandc
route internationale du continent avec TAngleterre.
(( 11 volt maintenant passer annuellement plus de 260 OUO voyageurs, les trois
cuKjuiemes du trafic general entre la France et la Grande-Bretagne, et cetle
importance s'accoulue chaque jour.
. « Au point de vue commercial, noire port permet I'atterrissage des plus
grands navires, nieme par les marees les plus basses; il est relie avec toute la
region industrielle du Nord et de I'Est do la France par la lignc du cliemin de
for du Nord et du canal de Calais.
« II met a la disposition de la batellerie les ressources d'un puissant outil-
lage. Nos engins hydrauliques servent journellemeut au Iransbordement des
grains, des bois, des sucres, des charbons, des minerals, et vous reconnaitrez,
Messieurs, que, dans un espace relalivement restreint, nos ingenieurs out su
etablir un systeme aussi perfectionne qu'il etait possible de le concevoir, de
quoi, nous avons la pretention de le dire en un mot, faire de noire port un port
modele. »
EXCURSION DAMS LE NORD. G87
C'est M. rinspecteur general Guillemain qui repond au iiom du Congres :
« Yotre ville, Messieurs, a-t-il dit, est une de celles oil la navigation intc-
rieure vient se souder a la navigation maritime et prendre ainsi une modeslo
part dans le grand mouvement commercial que vous etes appeles a desservir.
Nos interets sont done lies aux volres et votre prosperite nous enrichira.
(( Oulilles comme vous I'etos, Messieurs, avec vos bassins a ilot, votre forme
dc radoub, vos hangars et vos grues, vous pouvez attendre avec confiance
Tavenir brillant qui vous est reserve, et qu'atteste le developpement d'un com-
jiierce qui vous classe deja parmi les premiers ports de France.
(( N'est-ce pas pour vous, d'ailleurs, que se nouent depuis lougtemps nos
prineipales relations avec nos riches et puissants voisins d'outre-Manche ? C'est
la un trafic special qu'a pu faire naiire le voisinage des cotes d'Angleterre, mais
dont vous devez I'activite a ces dispositions si bien concues, si bien realisees
sous la direction d'hommes eminents; ce chenal profond qu'entretieudront des
chasses puissantes, a cette belle gare maritime, a ces appontements a etages,
a ces rapides paqucbots qui assurent aux Iraversees du detroit une fixite, une
regularite qu'a une epoque encore pen lointaine on n'aurait pas ose espercr.
« En presence de ces elements de succes et des succes obtenus, en presence
d'efforts locaux aussi intelligents quedevoues, pi'ofondement touches, d'ailleurs,
de votre accueil hospitalier, nous buvons, avec une legitime confiance, a la
prosperite toujours croissante de Calais. »
Ce discours vigoureiisement applaiuli cloture la serie des toasts.
Au moment ou Ton se leve de table, la musique municipale, qui s'etail
fait entendre pendant tout le temps du lunch, joue la Marseillaise que
rassislance ecoute debout. Un grand nombre dc convives entonnent le re-
frain et poussent des liourrahs a la France.
A deux heures, la visite du port commence. Les Congressistes, sous la
direction des Ingenieurs du port, visitent tout d'abord la forme de radoub.
dans laquelle se trouve le magnifique paquebot petrolier la Ville de Douai.
Le bateau-poste est Tobjet d'un examen atlcntif: puis les hangars de la
Chainbre dc Commerce, les grues et enlin la machinerie hydraulique du
port, qui a ete visilee en detail.
A 5 h. 20, on arrive au quai de debarquement, en face de la gare mari-
time, oil le nouveau remorqueur Calaisien est sous pression. Cent vingt
excursionnistes y prennent place; ceux que n'a [)as seduits la perspective
d'une promenade en mer par un temps mediocre se rangent sur la jetee
pour assister au depart.
Le debut de la promenade est charmant; les passagers se felicitent de
n'etre pas sur une mer d'huile et ne regrettent pas d'etre quelque pen
secoues. Mais on se fatigue des plus agreables sensations : le roulis et les
paquets de mer tinissent par causer une certaine melancolie, et le retour
est accompagne de vagues malaises.
Tout le monde est, en somme, heureux de se retrouver sur la terre
ferme, et Ton court se secher.
688 COMPTE RENDU DES EXCURSIONS.
A 6 hemes et demie, les Congressistes etaient de iiouveau reunis pour
diner a I'hotel Meurice, et a 8 h. 25, leur fidele train special les ernpoilait
a Paris, oil ils arrivaient a miniiit, un pen fatigues, mais en somme eii-
chanles de leur voyage el de la cordialite qu'ils avaient partout rcn-
contree.
EXCURSION SUR LA BASSE-SEINE ET LA SEINE MARITIME
Journ6e du 23 Juillet.
L'excursion de la Basse-Seine, favorisee par un temps splendide et un
soleil radieux a ete aussi brillante et aussi reussie que celle du Nord.
La premiere journee, celle du 23 juillet, elait consacree a la visite des
Guvrages de Poses : elle s'est termince par la tres aiinable reception offerte
a I'Hotel de Ville du Havre par la Chambre de Commerce et la Muni-
cipalite.
A midi, on nionte en train special a la gare Saint-Lazare; parmi les
excursionnistes, au nombre de cent quatre-vingt-dix, il s'en trouve, bien
entendu, un assez grand nombre qui ont fait l'excursion du Nord, mais on
remarque aussi beaucoup de visages nouveaux.
Le train suit la jolie ligne de Mantes, et s'arrete, a deux heures, a Saint-
Pierre-du-Vauvray, premiere elape du voyage. Les Congressistes quiltent le
chemin de fcr et se dirigent en hate vers la Seine oil les attendent deux
petits vapeurs appartenant au service de la navigation de la Seine : le
Uenri-Chanoine , reserve auxPresidents et aux invites de marque, eiV Abeille,
sur lequel s'embarque le reste de la caravane.
Les deux bateaux descendent rapidement la Seine, Irop vite meme au
gre des admirateurs du panorama ; a trois heures on debarque a Poses, et
aussitot commence la visite du barrage, sous la direction de M. ringenieur
en chef Camere, son construcleur, et de M. Clerc, ingenieur ordinaire.
Ce remarquable ouvrage etait deja connu dans ses details de la plupart
des Congressistes : on avail d'ailleui's pu en dtudier a loisir le mecanisme,
grace au modele en relief appartenant a la galerie de I'Ecole des Ponts et
Chaussees, et qui figurait a I'exposition du Congres. Plusieurs ingenieurs
etrangers qui avaient eu deja I'occasion de visiter le barrage, avaient
tenu a I'etudier de nouveau. Tons ont suivi avec le plus vif intcret les di-
verses manoeuvres executees, expliquees etcommentees par I'habile auteur
de I'ouvrage. La manoeuvre d'un store Cameic, executee en quelques
minutes, a ete particulierement admiree.
La visite etait terminee a quatre heures, et, tiois quarts d'heure apies, les
excursionnistes debarquaient a Pont-de-l'Arche, a 0 kilometres en aval de
Poses, ou les altendait le train special qui devait les emmener au Havre.
EXCURSION SUR LA BASSE-SELNE ET LA SEINE MARITIME. 689
Apres iin court arret a Rouen, ou M. Hendle, Prefetde la Seine-Inferieure,
se joint aux membres du Congres, le train arrive au Havre a sept heures
et demie ; a la gare setrouvaientMM. Lvrdinde Musset, Sous-Prefet ; Latham,
President de la Chambre de Gomnierce, et Desprez, Ingenieur des Ponls et
Chaussees.
Les Congressistes se rendent imrnediatement dans les hotels ou des
logemenls leur avaient ete retenus, et a neuf heures et demie ils arrivaienl
a I'Hotel de Yille, pour assister a la reception offerte par la Municipalite et
la Chambre de Commerce.
Dans le salon central du premier etage, M. Louis Brindeau, Maire du
Havre, et M. Latham, President de la Chambre de Commerce, entoures de
MM. Joannes Couvep.t, Vice-President de la Chambre de Commerce ; Rident,
Marical, Hen, Gardye, de GoNiNCKet Flamrart, Adjoints, recevaient les invites.
Parmi la foule des notabilites on remarquait : MM. Hendle, Prefet de la
Seine-Inferieure; Felix Faure, depute; Lardin de Musset, Sous-Prefet du
Havre; Mallet, President honoraire de la Chambre de Commerce; Genestal,
RispAL, RffiDERER, Couseillcrs generaux ; Odinet, Pais.vnt, Dourt, Conseillers
d'arrondissement ; MM. Qulnette de Rochemont, Inspecleur general des
Ponts et Chaussees ; Vetillart, Ingenieur en chef; Desprez et Ducrocq, Inge-
nicurs du port du Havre ; le Grix, Commissaire, chef du service de la
Marine; Lesage, Directeur des tabacs ; Bricard, Directeur des forges et
chantiers de la Mediterranee; Marmien, Ingenieur en chef, et Roger, Direc-
teur des ateliers d'artillerie aux memes Chantiers; Boitier, Secretaire de
la Chambre de Commerce; Frere, Chef de gare principal ; enfin une foule
de notabilites du commerce et de Tindustrie.
M. le maire du Havre souhaitele premier la bieuvenueauxCongressistes :
« La ville du Havre se felicite, dit-il, d'avoir ete choisie par voire Congres
comme I'une des etapes de votre excursion dans la Basse-Seine; elle regrelte que
le peu de temps dont vous disposez ne puisse lui permettre de vous offrir une
plus longue hospitalite.
« Yous venez, Messieurs, dans une cite maritime, dont les regards et les
efforts sont plus particulieremeut tournes vers la navigation exterieure a laquelle
elle doit sa naissance, son developpement et sa prosperite, mais que I'importance
de son trafic conduit egalement a se preoccuper ti-es vivement du developpement
de ses voies de communication avec I'interieur du pays.
« Ce sont la deux points de vue qu'elle considere comme inseparables, et si
elle desire ardemment voir bientot s'executer les grands travaux que le deve-
loppement de la grande navigation rend absolument indispeusables, elle na
cesse de lutler, depuis de longues annees, pour obtenir, soit par terre, soil par
eau, des movens moins dispendieux de communication vers I'interieur, afin de
conserver et d'accroilre la part a laquelle elle pcut legilimement pretendre dans
le commerce du monde.
(c Sans doute, la Seine, dont vous etudiez plus particulierement en ce moment
la navigation et le cours, n'etait point sans olTrir au port du Havre, vers I'mte-
rieur, une large voie d'acces, mais la violence des marees, dont le puissant
44
690 COMPTE RENDU DES EXCURSIONS.
effort refoule jusqirau-dessus de Rouen les eaux du fleiive, et I'agitation fre-
quente des eaux de I'estuaire en rendaient I'acces impossible a la batellerie
fluviale.
« Deja, a la fin du xvn« siecle, Colbert songea a faciliter aux legers batiments
fluviaux I'acces du port du Havre, en agrandissant et en ouvrant a la navigation
un canal de cliasses precedemment creuse entre Harfleur et le Havre; mais ce
n'est qu'en 1878 que cette idee fut reprise, et ce n'est qu'en 1881, qu'apres bien
des efforts tentes par tous les representants du Havre, la creation d'un canal de
25 kilometres, reliant lebassin de I'Eurea Tancarville, fut defniitivementdecidee.
« Nos etablissements maritimes peuvent done offrir, aujourd'liui, a votre
examen, un port fluvial oil vient aboutir un large canal, et qui constitue, en
quelque sorte, le point de jonction de la navigation interieure avec la grande
navigation.
« Bien que celle-ci ne rentre pas, a proprement parler, dans votre programme,
nous attacbons le plus grand prix a la visite que vous voudrez bien faire a nos
bassins, que nous sommes toujours fiers de montrer a nos botes etrangers,
comme I'attestation la plus evidente de la science de nos ingenieurs et de
I'importance de notre commerce.
« Vous pourrez aussi, au cours de cette visite, jeter un coup d'oeil d'ensemble
sur notre ville, qui offre aux regards un panorama pittoresque et le spectacle
d'une cite dont la population a presque triple depuis cinquante ans et qui a
brise ses vieilles murailles pour s'etendre dans une plaine autrefois recouverte
par les eaux.
« Aussi, Messieurs, en vous adressant ce soir, au nom du Conseil municipal,
I'expression de nos sentiments les plus cordiaux de bienvenue, puis-je former le
soubait qu'en nous quittant demain, vous emporterez un interessant et agreable
souvenir d'une ville amie de tous les progres et de toutes les initiatives. [Applau-
dissenienis prolonge's.)
M. Latham, president de la Cliambre de Commerce, prononce le discours
suivant :
« Messieurs, je tiens, au nom de la Chambre de Commerce, a m'associer aux
paroles que vient de vous adresser Monsieur le Maire de la ville du Havre pour
vous souhaiter la bienvenue.
« Nous vous sommes reconnaissants d'avoir choisi le Havre pour but de vos
excursions, et nous serous heureuxde vous faire visiter nos installations. Le canal
de Tancarville, I'un des principaux ouvrages recemment executes, appellera sans
doute particulierement votre attention.
« 11 y a quelques annees, le Havre, bien que situe a I'emboucbure de la Seine,
ne pouvait que tres imparfaitement profiter des transports fluviaux. Grace au
canal de Tancarville, nous sommes aujourd'liui en communication constante,
par la voie d'eau, avec I'interieur, et vous pourrez constater la presence dans nos
bassins de peniches et de chalands qui n'y venaient jamais autrefois.
(( Nous rappellerons ici que cette amelioration est en partie I'oeuvre de Tun
d'entre vous, M. Quinette de Rocbemont, maintenant Inspecteur general des
Ponts et Cbaussees, et naguerc encore Ingenieur en chef au Havre, ou il a laisse
— nous nous plaisons a le dire devant vous — les meilleurs souvenirs.
EXCURSION SUR LA BASSE SEI>E ET LA SEINE MARITIME. 691
« Nous n'avons pas besoin d'insister aupres de voiis sur le role important des
moyens de transport. II fut un temps on, faiite de moyens de communication,
les pays voisins, et meme les provinces limitrophes, subissaient, selon Les
influences exercees par la temperature sur les productions agricoles, un sort
tout different : ici c'etait la disetle, la regnait Fabondance. Avec les progres
realises dans les moyens de transport, le retour de pareilles anomalies n'est plus
a craindre, du moins dans nos contrees.
« L'annee 1891 nous en a donne un exemple; malgre une recolte notablement
insuffisante, nos populations n'en ont pas souffert; de larges appro\isionnements
leur ont ete assures.
« La part de la navigation fluviale dans ces heureux resultats est considerable.
Si jusqu'a present elle a conserve beaucoup de son organisation primitive, si
moins que les chemins de fer, moins que la navigation maritime, elle s'est
pretee a I'utilisation des forces mecaniques, elle a pour elle un grand avantage :
elle reste la plus economique.
« Ce n'est pas qu'elle ne soit susceptible d'importantes ameliorations, bien au
contraire. II y a meme de ce cote beaucoup a faire, et c'est la precisemcnt
I'objet de vos etudes.
« Pour une place maritime et commerciale comme celle du Havre, les ques-
tions que vous vous proposez ainsi d'examiner presentent un haut interet, et
c'est avec la plus grande attention que nous suivrons vos debats el vos travaux.
« C'est, du reste, un spectacle bien fait pour frapper les esprits que celui de
vos reunions composees d'bommes eminents, venus de tons les pays, dans le
seul but de mettre en commun leur savoir et leur experience au service d'idees
qui doivent etre profitables a tons.
« Yotre tache ne se borne pas ainsi a vous faire les organes d'interets simple-
ment materiels; elle a une portee plus haute : travailler a I'amelioration des
voies de communication, ce n'est pas seulement faciliter le developpement de la
production et des echanges; c'est aussi travailler a I'amelioration du bien-etre
des populations, a I'extension des rapports entre les nations, a la solidarisation
de leurs interets et par cela meme fortifier en elles les tendances a la concorde
et a la paix.
« Ce n'est pas la la partie la moins meritoire de votre oeuvre, et c'est a ce
titre surtout que nous saluons votre presence parmi nous. » (Applaitdissements
chaleureiix .)
iM. CousTE, President de la Chambre de commerce de Paris et President
du Congres, s'est fait I'interprete de tous les congressistes pour remercier
la ville du Havre et la Chambre de Commerce de leur accueil empresse.
« ... II y a deux ans, a-t-il dit, le Congres de la Navigation interieure se
tenait a Manchester. 11 se trouve reuni presentement a Paris, grace a I'aide
precieuse de M. le Ministre des travaux publics.
« D'autre part, la Ville de Paris et la Chambre de commerce ont fait tout le
possible afm d'accueillir nos holes, et la Ville du Havre a bien voulu s'associer
a notre initiative en nous reservant une aussi sympathique bienvenue. Je Ten
remercie.
(( Les delegues de dix-huit nations elrangeres sont reunis ici. loule I'Europe
692 COMPTE RENDU DES EXCURSIONS.
sc trouve representee; c'est done devanl I'Europe que vous venez de parler,
Monsieur le maire du Havre, et c'est a elle que vous avez menage cette belle
reception....
« Les fruits de nos travaux seront utiles, dans I'avenir, a I'humanite tout
entiere, et, pour qu'ils soient plus profitables encore, nous avons resolu de
visiter votre superbe etablissement maritime, oil nous trouverons, j'en suis siir,
les enseignements les plus precieux.
« Merci done a la Municipalite et a la Chambre de Commerce du Havre de
nous avoir facilite nos travaux avec une si cordiale bienveillance. » [Vifs applau-
dissements.)
M. Felix Faure,- Depute du Havre, s'est ensuite exprime h peu pres en ces
termes :
« C'est en ma double qualite de depute et de president de la Commission
parlementaire de la Navigation interieure que je vous demande, Messieurs, la
permission de vous souhaiter la bienvenue.
« Ainsi que vous font dit M. le maire du Havre et M. le president de notre
Cbambre de Commerce, bien que notre grand port soit ouvert sur I'Ocean, c'est'
a-dire vers la navigation exterieure, nous n'avons garde de negliger cependant
I'etude de toutes les questions qui se rattacbent a la navigation fluviale. Notre
interet lui-meme nous incite a nous inleresser a la navigation interieure.
« Aussi ne manquerons-nous pas de tirer un grand enseignement de votre
visite parmi nous.
« Nous n'ignorons pas combien ilest important de donner un outillage per-
fectionne a cette navigation interieure, et nous savons qu'en depit de I'opinion
de quelques-uns, il ne saurait y avoir de rivalite entre les voies fluviales et les
voies ferrees.
{( Ces deux systemes de communication collaborent par des moyens differents
a une oeuvre commune : la prosperite du pays. C'est d'ailleurs ce qu'exprimait
tout a I'heure si eloquemment M. Latbani, president de la Chambre de Commerce.
« Aussi la ville du Havre, qui a la legitime ambition de comprendre tous les
progres, applaudit-clle aux travaux des hommes eminents qui ont bien voulu
I'honorer de leur visite.
« En vous priant. Messieurs, de bien vouloir reporter a vos nationaux I'impres-
sion favorable que vous laissera, sans doute, votre visite en notre cite, en vous
temoignant toute notre sympathie, je bois a la science contemporaine, si bril-
lamment representee par le V*^ Congres international de Navigation interieure. »
[Applaudissements re'pete's.)
M. Hendle, prefet, a enfin souhaile la bienvenue aux Congressisles, au nom
du departement de la Seine-Inferieure :
« ... C'est votre V*" Congres international qui se tient en ce moment, a dit
M. Hendle, et nos ingenieurs fran^ais, qui ont quelque renom dans le monde, se
sont rendus aux divers Congres et s'ils y ont apporte une part de collaboration
active et hautement appreciee, je suis siir de n'etre pas dementi en affirmant,
d'autre part, qu'ils y ont beaucoup appris.
EXCURSION SUR LA BASSE SEINE ET LA SEINE MARITIME. 695
« C'est qu'en effet nous ne sommes plus au temps oii une nation pouvait avoir
la pretention de regir le monde; chacune aujourd'hui a sa part dans le progres
de I'humanite, et, si nous avons boaucoup appris dans les Congres tenus a
I'etranger, perinettez-nioi, Messieurs, de eroire et de penser que vous constaterez
chez nous la force, I'energie, la puissance et Tactivite dune nation qui a realise
tant de progres depuis vingt ans.... [Longue salve (V applaiuUssements.)
« D'ailleurs, cette excursion que vous venez d'entreprendre ne manquera pas
de vous offrir un tres-vif interet. Apres avoir visite notre beau port du Havre
dont nous avons le droit d'etre fiers, vous remonterez le cours de la Seine, vous
visiterez la vieille ville de Rouen, et vous verrez les progres accomplis dans la
Basse-Seine, tant pour la grande navigation que pour la navigation interieure.
Vous visiterez aujourd'hui un grand port maritime; demaiu ce sera un grand
port interieur.
« Nous vous expliquerons ce que nous avons fait dans le passe, nous ne vous
celerons pas nos projets d'avenir, et je souhaite que vous emporfiez de nous un
bon souvenir, que vous reveniez un jour parmi nous et que vous puissiez con-
stater I'achevement de ces grands travaux, que nous esperons bientot realiser dans
I'interet general de I'humanite.
« Je leve done mon verre, Messieurs, en I'honneur de toutes les nations ici
representees; je salue nos botes en leur disant des aujourd'hui: Au revoir! »
{Applau(lissement».)
Ces paroles sont accueillies par d'linanimes applaudissements. Apres
quelques mots de M. I'lngenieuren chefYETiLLART concernantle programme
de la journee du lendemain, les invites out fait honneur a un excellent
buffet tres-joliment decore et admirablement servi, el la soiree s'est con-
tinueej usque pres de miniiit, landis que la musique du 119^ de ligne se
faisait entendre dans la cour dc I'llotel de ville.
Les Congressistes ont alors pris conge de leurs botes, enchantes dc I'ac-
ciieil qu'ils avaient regu, et se promettant une excursion des plus interes-
santes sur les quais du Havre, avant leur depart pour Rouen.
Journ6e du 24 Juillet.
La journee du 24 juillet a commence par la visite du port. Cette visite
avail ete tres habilomcnl organisee par M. yETiLLART,qui avail institue deux
excursions simultanees, I'une sous sa propre direction, I'autre sous la con-
duile de MM. Desprez et Duchocq, ingenieurs ordinaires. Les membres du
Congres ont uinsi pu voir successivement toute la machinerie hydraulique
et electrique qui distribuela force et la lumiere dans (out leport; les cales
de radoub et leurs appareils d'epuisement ; les grandes ecluses munies de
leurs nouveaux tampons de choc ; le bassin Bellot et I'ecluse de 50 metres
de largeur qui y donne acces; la digue Saint-Jean; les grandes formes de
radoub; les docks des cafes, enfm les docks dela Compagnietransatlantique
oil Ton peut admirer le paquebot la Bourgogne.
A dix heures on s'embarque sur la Gazelle, et alors commence ce deli-
694 COMPTE RENDU DES EXCURSIONS.
cieux voyage de la Seine maritime. Le bateau file rapidement pendant que
se deroule le nierveilleux panorama des deux rives, aux aspects si pitto-
resqucs et sans cesse renouveles.
Un copieux dejeuner, servi a bord, a conlribue a cnlretenir la gaiete et la
bonne humeur des Congressistes, et le voyage avait paru trop court lors-
qu'on est arrive a Rouen, vers qiiatre heures do I'apres-midi.
Sur le quai dedebarquement, en face la Bourse, setiennentMM. Leteurtre,
Maire de Rouen, et Manchon, Vice-president de la Cbambre de Commerce;
CoRDiER et Waddington, Senateurs ; MM. Gastcin Boulet, Faroult, Emile Ferry,
GouELLAiN, Heduit, ctc. ; MM. Herlofsen, Coiisul de Suede et Norwege; O'Neil,
Consul de la Grande-Bretagne ; Blouet, commandant du port; Chemin, chef
de la station de pilotage, etc.
M. Hendle descend d'abord, ayant a son bras Madame Couste; puis
MM. Couste et Guillai>-; MM. Partiot, Fargue, Mexgem-Lecreulx, inspecteurs
generaux des Fonts et Ghaussees;'GuiARD, ingenieur en chef, Belleville et
Cadart, ingenieurs du port de Rouen, etc.
iTu quai, le cortege se rend au Palais des Consuls, pavoise et orne d'ar-
bustes depuis le perron de la rue Nationale jusqu'au bout du grand escalier.
Quand tout le monde est reuni, M. Ernest MaiNchon, en I'absence du pre-
sident, M. Emile Duchemin, dont la sante est momentanement eprouvee a la
suite d'un deuil cruel, souhaite, au nom de la Chambre de Commerce de
Rouen, la bienvenue aux membres du V^Congres international de/iavigation :
« Nous apprecions, dit-il, a une haute valeur, le merite des services rendus
par ces Congres aux interets marilimes du monde entier. »
II salue particulierement les delegues etrangers, et les assure des plus
vives sympathies.
M. Couste, president du Congres, remercie au nom de ses collegues et au
nom des dix-huil nations etrangeres representees; tons ont admire le beau
fleuve de la Seine; il ont deja, au passage, pu se rendre compte des
grands travaux qui font du port de Rouen un centre du trafic maritime si
important, et ils ont ete tres touches de voir, des leur entree, le port
pavoise, ce qui lenr indiquait qu'on regardait a Rouen la visite du Congres
comme une veritable fete.
- Apres ce petit discours, qui a etc tres applaudi, on passe dans la salle
des seances, ou la Chambre de Commerce offre un lunch aux Congressistes.
^ie maire de Rouen, M. Leteurtre, porte un toast, au nom de la Ville, aux
Membres du Congres.
« Nous sommes d'autant plus heureux de vous recevoir, dit-il, que vous rendez
deja justice aux resultats que nousavons atteints ; Messieurs les delegues etrangers,
vous irez porter partout la bonne reputation de notre fleuve, de la securite de la
Seine, et,' en meiue tenips, de la loyaute de nos transactions commerciales. »
Tout le monde applaudit, et, a sontoUr, M. le Prefet prend la parole; il
tient a saluer,commc il I'a fait la veille au Havre, les representants des
CANAUX DE LA VILLE DE PARIS. 693
puissances etrangeres et a les remercier de I'honneur qu'ils ont fait aux
deux grandes villes du departement de Seine-Inferieure.
Au milieu des applaudissementsqui serenouvellent, les delegues remer-
cient. Et bientul Ton part pour s'embarquer sur la Gazelle, afin de visiter
plus en detail les installations du port. Le petit steamer file jusqu'au bassin
au bois, ou il debarque ses passagers au deuxieme appontement, d'ou Ton
SB rend a pied jusqu'au slip. C'est precisement le moment ou Ton hissait a
sec sur cet appareil de radoub le trois-mats Suzanne Boulet; cette lente
mais curieuse operation a vivement interesse les Congressites.
Les ingenieurs du port raontrent ensuite auxCongressistes, dans un local
appartenant au service des Fonts et Chaussees, un modele reduit de la
Seine maritime, muni d'un ingenieux appareil hydraulique qui permet d'y
figurer avec beaucoup de precision les curieux phenomenes des marees en
Seine.
M. ringenieur Belleville et M. Vernon-Harcourt fournissent au sujet de
cette « petite Seine » et des experiences qu'elle permet de realiser, les
explications les plus completes et les plus interessantes.
A sept heures, on etait de retour a Rouen, et a dix heures le train special
partait pour Paris, ou il arrivait vers une heure du matin.
EXCURSIONS AUX ENVIRONS DE PARIS
CANAUX DE LA VILLE DE PARIS
(25 et 27 Juillet.)
Les canaux de la ville de Paris ont fait I'objet de deux visiles, les 25 et
27 juillet. Cent Congressistes environ ont pris part a la premiere visile, et
vingt a la seconde.
Le depart s'efTectue en break, du Palais de I'lndustrie, a 3 heures : les
voitures, apres avoir suivi les grands boulevards, la rue Auber, la rue
Lafayette, la rue de I'Aqueduc et la rue de Flandre, deposent les visiteurs
pres des abattoirs de la Villette, sur le canal Saint-Denis.
La premiere etape de la visite est la grande ecluse du pont de Flandre,
qui a 9 m. 92 de chute : Fun des sas est deja construit et I'autre est en
construction.
La visite de cette ecluse se fait sous la direction de jVBI. Humblot, inspec-
teur general des Ponts et Chaussees, charge de la direction du service
des eaux de la ville, et Renaut, ingenieur ordinaire, charge du service des
canaux.
Les membres du Congres assistent au sassement d'un bateau montant et
d'un bateau descendant dans le grand sas : le fonctionnement du reser-
696 COMPTE RENDU DES EXCURSIONS.
voir d'epargne et des appareils de manceiivre des portes a surtout excite
leur interet.
lis examinent ensuile le mode special de construction du bajoyer de
rive; puis ils descendent dans les galeries de remplissage et de vidange du
bajoyer central en construction, sur les dispositions desquels les explica-
tions les plus completes leur sont donnees par leurs guides.
Les visiteurs ont ensuite longe a pied les bassins de la Villette, et gagne
le pont-levant de la rue de Crimee.
Sous leurs yeux on fait manoeuvrer cepont, et on leur montre les details
de la robinetlerie.
Du pont-levant ils jettent un coup d'oeil sur le grand bassin de la Yil-
letle, les magasins construits sur les deux rives par la ville de Paris et la
passerelle de 87 metres de portee qui franchit ce bassin.
Les voitures les reprennent a cinq heures et les ramenent au centre de
Paris.
SURESNES, BOUGIVAL ET SAINT-GERMAIN
(28 Juillet.)
Cetle jolie excursion a eu lieu le 28 juillet.
A midi et demi, les Congressistes s'embarquaient au pont de la Con-
corde dans un bateau-express gracieusement mis a leur disposition. On
descend rapidement la Seine, et a une heure on debarque au barrage de
Suresnes. Get important ouvrage, qui commande le bief de Paris, est un
des plus remarquables barrages a fermettes qui existent : les fermettes de
la passe navigable ont en effet 6 metres de hauteur. Les barragistes font
manoeuvrer sous les yeux des membres du Gongres les stores Gamere et les
vannes Boule, alternativement employes pour la fermeture des differentes
passes : ils executent ensuite diverses manoeuvres d'ecluses, puis les Gon-
gressistes regagnent leur bateau, qui part a deux heures et les debarque au
pont de Courbevoie, a 2 kilometres en aval de Suresnes.
Un train special de la Gompagnie du tramway a vapeurde Paris a Saint-
Germain attend a Courbevoie les membres du Gongres. Ceux-ci montent en
voiture, le train part immediatement, et, sans s'arreter aux stations inter-
mediaires, les amene en une demi-heure a Bougival.
En descendant du train, les Congressistes commencent par visiter les
installations de la machine de Marly.
On leur montre, dans le pavilion situe a gauche de la route, une pein-
lure murale ropresentant une vue a vol d'oiseau du coteau qui s'etend
depuis la Seine jusqu'a I'aqueduc de Marly; on y voit les roues hydrauli-
ques, les pompes a triple relai et la canalisation etablics sous le regne de
Louis XIV, vers 1682, pour alimenter la ville de Versailles et le chateau
de Marly; puis, au centre de ce pavilion, la machine a vapeur installee en
SURES>'ES, BOUGIYAL ET SADfT-GEILMAm. G97
1826 pour remplacer les roues, et qui a cesse de fonctionner depuis 1856.
Apres avoir jete un coup d'oeil sur les couduites de 0,60 de diamelre
placees a ciel ouvert sur le fianc du coteau, et qui serveul a monter les eaux
jusqu'au reservoir de Louveciennes, d'oii parlent les conduites de distri-
bution de Versailles, les Congressistes penetrcnt dans le vaste batiment
renfermant les six roues hydraaliques qui servent actuellement de
moteur.
Ces roues ont 12 metres de diametre; elles actionnent 24 pompes aspi-
rantes et foulantes a pistons plongeurs, et peuvenl d'un seul jet elever a
156 metres de hauteur 15 000 a 16 000 metres cubes d'eau par 24 beures.
La chute dont elles disposenl atteint en ete 5 m. 20 environ, el ne descend
jamais au dessous de 2 metres, sauf en temps de crue marquee.
Apres avoir traverse ce batiment dans toute sa longueur, les Congres-
sistes s'engagent sur le deversoir de la machine de Marly, qui prolonge
vers I'amont, sur 60 metres, le mur du large du coursier de la derfiiere roue.
Ce barrage est constitue par des fermettes fixes sur lesquelles sont
appuyees des vannes semblables a celles de Suresnes. Toutefois, pour I'exe-
cutioa d'experiences que I'Administralion a charge M. I'ingenieur en chef
Camere de poursuivre en vue de la construction d'un barrage mobile sur la
Garonne a Toulouse, cinq rideaux articules ont ete places a I'extremite aval
du barrage.
Des manoeuvres sont executees avec la chute totale, et comme le radier
est completement dccouvert a I'aval, on a pu se rendre compte de la faci-
liteavec laquelle on demasque ou Ton arrete une veine liquide de 1 m. 15
de largeur sur 3 metres de hauteur, de I'extreme simplicite et de la facilite
de I'operation.
Plusieurs Congressistes remarquent avec interet que des enrochements
de faible echantillon, places a I'aval du radier, resistent parfaitement a la
chasse produite par Tenroulement du rideau.
On traverse ensuite le barrage a aiguilles de Marly, et Ton penetre dans
I'usine hydraulique destinee a fournir I'eaii sous pression pour la ma-
noeuvre des nouvelles ecluses de Bougival.
Cette usine comporte deux turbines fonctionnant sous la chute du bar-
rage de Marly, etactionnant des pompes quirefoulent del'eau, a la pression
de 60 kilogrammes par centimetre carre, dans un accumulateur qui dessert,
par une canalisation de plus de 700 metres de longueur, les divers appa-
reils de manoeuvre des ecluses.
Apres avoir suivi avec interet le fonctionnement de ces engins, et exa-
mine les ecluses dans tons leurs details, les Congressistes s'arretent devant
un appareil d'essai imagine par M. Camere pour determiner quel degre
d'etancheite on pent obtenir, moyennant quelques modifications de detail,
dans un barrage du genre de celui de Poses.
L'appareil comprend un reservoir demi-cylindrique, de 4 m. 90 de hau-
teur, dont I'ouverture est fermee par un cadre comprenant quatre montants
4SS COMPTE RENDU DES EXCURSIONS.
verticaux : I'entretoise inferieure porte siir un seuil, a la faQon des portes
d'ecluses sur leiirs faux-buscs. Sur ce cadre s'appuie un rideau articule
dont I'about des lames repose sur les monlants extremes; quant aux mon-
tants intermediaires, ils sont reunisa I'aval par une cloison en tule for-
mant puits etanche pour le brin aval de la chaine de manoeuvre du rideau.
Grace a ces dispositions, les eaux d'amont ne trouvent aucun passage
dans Tetendue d'un cadre, et ne sauraient davantage en trouver entre deux
cadres, par suite de I'interposition d'un madrier vertical.
L'appareil est en service depuis le 25 mars 1892; d'apres les derniers
jaugeages, il ne perd, avec une chute eflective de 4 m. 80, que 0 lit. 40
par seconde et par metre courant de barrage, ce qui est tout a fait insi-
gnifiant.
Cette visite minutieuse une fois terminee, les membres du Congres ont
regagn6 leur train special, qui les a amenes a 6 heures et demie a Saint-
Germain, lis se sont alors divises en deux fractions, qui se sont renducs
dans les deux hotels ou le diner avait ete commande.
Le retour a Paris s'est effectue sans incidents par les trains du soir.
HAUTE-SEINE
(25 juillet.)
Le train special parti de la gare de Lyon a une heure et demie arrivait
a Corbeil a deux heures un quart : parmi les excursionnistes se trouvaient
MM. DE Mas, Ingenieur en chef, et Debray, Ingenieur ordinaire de la Haute
Seine.
A la gare de Corbeil, les Congressistes, regus par M. le Sous-Prefet, mon-
tent dans un petit train mis gracieusement a leur disposition parM. Decau-
ville pour les conduire jusqu'a la Seine, ou ils s'embarquent sur un des
steamers de la Societe des Bateaux parisiens.
La premiere etape de I'excursion etait le port des Bas-Vignons, cree il y
a trois ans par MM. Darblay, proprietaires de Timportante papeterie d'Es-
sonnes.
M. Darblay, accompagne de MM. Pierredon et Voland, ses ingenieurs, at-
tendait les Congressistes a leur debai'quement. Apres quelques paroles de
bienvenue, on parcourt le port, qui est remarquablement installe au point
de vue des quais, des voies et des engins de chargement et de decharge-
ment. C'est par eau en effet que MM. Darblay repoivent les enormes quan-
tites de houille, de bois et de pate a papier consommees dans leur usine.
On admire surtout la prise d'eau et la galerie filtrante qui fournit a I'usine
une eau claire et pure que les Parisiens contemplent avec une envie non
deguisee.
J0I^11LLE-LE-P0^T. ^^^
On aura une idee de I'importance du port en songeant que mi Darblay
n'ont pas hesite a ouvrir un souterrain de 700 metres de longueur pour le
relier a leur usine situee sur I'autre versant du coteau qui borde la beine.
1 a visite achevee, les Congressistes ont trouve un lunch excellent, pre-
nai^ a leur intention dans le nouveau refectoirc des ouvners du port.
Atrois heures et demie ils se rembarquaient, non sans avoir vivemcnt
remercie MM. Darblay de leur cliarmant accueil.
Le bateau descend alors la Seine, et les deux interessants barrages
d'Evry et d'Ablon ne font aucun tort a Tadmiration que ne cesse d exciter
Chez les excursionnistes le ravissaut paysage qui se deroule sous eurs yeux.
L innombrables chateaux et maisons de plaisance etages sur les coteaux
prouvent d'aiUeurs combien ce cote des environs de Pans est apprecie par
Ips amateurs de villegiature.
ApX un nouveau lunch a I'ecluse d'Ablon, on remonte en bateau ; au
moment ou I'on quitte I'ecluse, M. FK.v.zirs prend la parole pour rern^
cier les orc^anisateurs de I'excursion et les membres fran^ais du Congics,
et il invite^es etrangers a pousser trois hourras en leur honneur_
Mais I'heure s'avance et il faut songer au relour. Aussi franchi -on ans
s'arreter I'ecluse de Port-a-rAnglais, et quelques instants apres le ba eau
rentrait dans Paris, et egrenait les Congressistes aux divers pontons de la
Seine, au gre de leurs convenances personnelles
JOINVILLE-LE-PONT
[27 Juillet.)
le depart a lieu le 27 juillet, a une heure un quart, du Palais de 1 In-
dustrie, dans cinq grandes voitures. Cent vingt Congressistes a pen pres
soni nresents, parmi lesquels un certain nombre de dames.
La ca.""n. apres avoir suivi les quais, le boulevard Richard^eno.r et
ra nue Daum;snil,a gagne Joinville-le-Ponta travers le bo,s de Vmcenne
et le plateau de Gravelle. A 2 houres 40 mmutes on etait arrive au pent
deJoinville, prtedu barrage dumemenom. , • ..„ „.i „w,i
Le d^versoir de ce barrage, du systeme Lou.chc-Desfonlames, est auss -
t6t manoeuvre sous les yen. des Congressistes, qui vo cut, non sans mte.^l,
les hansses s'abattre, se relever ou s'inciiner, grace a une snnple manceu-
vre de clefs, faite de la culte.
On franehit ensuite a pied le souterrain de Saint-Maur, sous la conduite
de MM. Ma.bice Levy, Ingenieur en chef, et Pavie, Ingen.eur ordmau-e, et
Ton arrive a I'ecluse de Gravelle.
Cest la que sont installees les machines motnces et les apparels de
transmission el de reglage du cMe de halage inslalle par M. Maurice Levy
700 COMPTE RENDU DES EXCURSIONS.
eiiire Gravelle ct Charenton d'une part, Gravelle et le soutcrrain de Saint-
Maur d'auire part.
Les Congressistes ont ete vivemcnt interesses par les manoeuvres de ha-
lage funiculaire et par les explications de M. Maurice Levy. Tons ont etc
frappes de Tingeniosite des moyens mis en oeuvre, et de I'elegance avec
laquclle ont ete resolues les difficultes de toutes sortes du probleme de la
traction funiculaire.
Les voitures, qui attendaient a Charenton, ont ramene les Congressisles
au centre de Paris vers 7 lieures du soir.
NOISIEL
(26 Juillet.
Celte excursion a eu lieu le 26 juillet; la grande attraction ctait la
visite de la celebre faltrique de cliocolat de MM. Menier freres.
Le train special parti de la gare de I'Est a une heure apres midi arrivait
a Noisiel a deux hcures et quclques minutes, apres avoir emprunte, d'Eme-
rainville a Noisiel, la voie particuliere de MM. Menier.
MM. Memer souhaitent la bienvenuc aux Congressistcs, et Ton se dirigc
tout d'abord vers le barrage de Noisiel, recemment construit a frais com-
muns entre I'Etat et MM. Menier.
Ce barrage comporte un pertuis a fermettes et aiguilles et un deversoir
Desfontaines que MM. Maurice Levy et Pavie font manoeuvrer sous les yeux
des excursionnistes. La visite de I'usine commence ensuite : on assistc a
I'arrivee des cacaos et des sucres, puis on traverse les ateliers de triage ct
de neltoyage des cacaos, puis les salles de torrefaction. Aux etages supe-
rieurs, relies entre eux par des monte-charges hydrauliques, on admire
tour a tour les broyeurs, les malaxeurs, les eluves, les melangeurs, les
tables de moulage des lablettes, les toiles sans fin qui conduisent les monies
dans les refroidisseurs, ou Ton voit ressortir en tablettes brillantes et
solides ce melange de cacao et de sucre dont on a suivi toutes les transfor-
mations successives.
Les Congressistcs, etonnes et ravis de la luxueuse proprele qui regne dans
lous ces ateliers, arrivent enfin a la salle de pliage et d'emballage ou
six cents femmes sont occupees fievreusement a mettre sous etain, a empa-
queter dans le celebre papier jaune et a grouper en colis de cinq kilos les
innombrables demi-livres que leur fournissent sans interruption les etages
inferieurs.
Apres les ateliers de fabrication, les Congressistcs ont etc invites a visiter
I'atelier accessoire, mais fort interessant, ou sont sciees, assemblees,
rabotees et clouees, le tout mecaniquement, les caisses destinees a I'embal-
lage et a I'expedition du chocolat.
NOISIEL. "^Ol
La visile des ateliers est termince, mais il resle a voir unc des parties
les plus curieuses de I'etablissement de MM. Menier, cclle donl ils peuvei.t,
ct a juste titre, etre le plus f-ers, et qui a cause a tout le monde, ct sur-
tout aux etrangers, une impression considerable. Nous voulons parler de
la cite ouvriere de I'usine, qui constitue d'aiUeurs a elle toute seule le vil-
lage de Noisiel. C'est avec un reel sentiment d'admiration qu'on parcourt
ces rues spacieuses et ombragees, bordees de jardinets et de chalets ouvriers
qui respirent Taisance et la proprete.
Au centre de la cite, et autour d'une grande place plantce d'arbres qu en-
vicrait plus d'une sous-prefecture, sont groupes les magasms d'approvi-
sionnement, les deux restaurants, les refectoires, les ecoles pour enfants
et adultes, I'asile, etc.
A 5 heures, cette charmante promenade elait achevee, etM. Gaston Memer
ramenait ses botes dans Tile de la Marneouune tres-agreable surprise les
attendait. • . '.
Sous une tente spacieuse, pavoisee de drapeaux fran^ais et etrangers,
deux grandes tables etaient dressces, et un lunch exquis y etait prepare.
Les Concrressistesy font largement honneur, et lorsque chacun s'est rafraichi,
M St.ui!, Ingenieur a Altona, se leve, ct bravantles difficultes d'une langue
avec laquelle il n'est pas entierement familiarise, prononce un speech plein
de saveur.
Voici a peu pres comment s'est exprime M. Stahl :
« Mesdames et Messieurs,
« 11 n'v a rien de plus naturel, de plus agreable, de plus charmant que de garder
les souvenirs des bienfaits qu'on a rectus et do ceux de qui on les a re^us Mais
le bienfait s'oublie souvent trop facilement et Ton regrette quolquefois d avon;
laisse passer le moment de serrer les mains et d'expriraer sa gratitude a ceux qui
nous ont combles de cordiale bienveillance. Je suis d'avis que ce moment est
arrive, et avec votre permission, je me donne I'honneur d'exprinicr en voire nom
a tons, Mesdames et Messieurs, et de la profondeur de nos coeurs, les remercie-
ments les plus sinceres a la maison Menier, dont nous ne saunons pas plus
oublier I'exceliente hospilalite que nous ne pourrions perdre la memoire de la
grandeur et de la beaule des choses qu'elle nous a fait voir.
« Merci a eux et aussi a tous ces Messieurs qui nous ont prepare ce beau jour,
que le beau soleil de la belle France a voulu lui-meme honorer de la presence de
ses plus rianls rayons, ct qui a embelli jusqu'ici noire sejour a Pans et dans ses
environs. . .
- « N'etant pas accoutume a m'exprimer dans une langue olrangere, je mc
borne a lever mon verre en signe de sincere reconnaissance el de haute admira-
tion, el je prie tons mes compagnons etrangers de se joindre a moi pour crier a
haute voix : « Vive la maison Menier, vivent les organisateurs de celle charmante
excursion ! » ,
M Stuil lermine par trois hourras qui sont repetes par toule la salle.
A son tour, M. Martial Bernard, president du Gomite des excursions, se
leve et piononce ralloculion suivante :
702 COMPTE RENDU DES EXCURSIONS.
(I Permettez-moi , Messieurs, de prendre la parole comme membre de la Com-
mission d'organisalion et du Gomite des excursions, pour remercier en votre
nom MM. Menier de raccueil qu'ils nous out reserve et de la grande courtoisie
avec laquelle ils nous ont fait les honneurs de ce superbe domaine de Noisiel qui
attire toutes les curiosites et qu'aucun Congres, avant le notre, n'a neglige de
visiter. G'est, en effet, si je puis ainsi parler, une veritable principaute, une
sorte de petit Etat prospere et admirablementadministre, dans lequel chacun d'eux
avait a puiser d'efficaces enseignements.
« Les uns venaient etudier la merveilleuse organisation des forces mecaniques;
d'autres, passionnes pour les questions d'economiesociale, les questions ouvrieres,
sont venus y admirer non plus des essais, plus ou moins theoriques, mais une
experience parfaite, la vaste realisation d'une organisation complete au point de
vue materiel, comme au point de vue moral, comportant des maisons ouvrieres,
des ecoles, un hopital, des refectoires, des societes cooperatives d'alimentation
et de vetements et meme une caisse d'epargne et de prevoyance.
« II m'a ete donne, il y a dix ans, et c'est un honneur dont j'aime a me sou-
venir, de visiter tous ces etablissements avec M. Menier pere, qui les avait fondes
et qui les entourait de son incessante sollicitude. Les fils de cet homme de bien
ont dignemcnt continue son oeuvre qui, je le repete, n'est plus un essai, mais
une experience faite et parfaite.
« Pour nous, Congres de navigation, nous avons continue nos etudes par la
visite de ce barrage elabli dans Tun des meilleurs systemes connus et par I'etude
de cette utilisation des forces hydrauliques si complete et si bien comprise.
« Mais nous n'avons pu resister a I'attrait d'une visite des plus instructives et
des plus interessantes de I'usine elle-meme et de ce magnifique village industriel.
« Permettez-moi, Messieurs Menier, de vous remercier cbaleureusement, au
nom de tous nos nationaux qui ont parcouru le domaine avec un plaisir dont
vous ne pouvez douter, au nom meme des membres etrangers, bien que M. Stabl
m'ait devance dans cette besogno, en des lermes plus cbarmants que ceux que
je puis exprimer. Je suis sur d'etre I'interprete de tous les representants des
pays qui ont des delegues au Congres de navigation interieure, endisant combien
ils ont ete sensibles a I'accueil qui leur est fait par MM. Menier etde I'inleret avec
lequel ils ont visite I'usine de Noisiel.
« Je lermine en disant combien nous tous, sans en excepter les dames qui ont
bien voulu nous accompagner, nous sommes touches de votre reception, d'une
hospilalite toute frangaise, combien nous apprecions le repas qui nous est offert
dans cette lie verdoyante.
(( Merci, encore une fois, a nos aimables botes; je leve mon verre a la pros-
perite de I'usine de Noisiel. »
Ce toast a ele chaleureusement applaudi, puis le train special, qui les
altendait aux porles de I'usine, a repris les Congressistes a 6 h. 1/4 et les
a debarqiies, a Paris, a 7 h. 10, ravis de leur voyage et des superbes instal-
lations qu'ils avaient admirees.
EXCURSION DANS LE CENTRE ET LE MIDI. 705
EXCURSION DANS LE CENTRE ET LE NIIDI
Journ6e du 31 Juillet.
Les Congressistes, au nombre de cent-cinquante-six, sont partis de la
gare de Lvon a 9 heures du matin, en train special.
\pres avoir dejeune au buffet deMontargis, ils sont a.nves vers 1 beure
de I'apres-midi a Briare, ou ils devaient visiter les Iravaux du pontcanal
en construction sur la Loire. ... ,
Leur arrivee est saluee par les accents de la Marseillaise, jouee par la
fanfare de Briare, et M. le M.vire de Briare, enloure d une delegation du
Conseil municipal, leur souhaite la bienvenue.
On se rend directement chez M. Loreau, depute, et du haut de la terrassc
des Roches, les excursionnistes ont une tres-belle vue d'ensembledu chan-
tier
MM. Mazoyer, Ingenieur en chef, Sigault, Ingenieur ordinaire, et Dayde,
entrepreneur, leur donnent pendant ce temps des explications fort intcres-
santes sur le but des travaux, et les difficultes rencontrees dans leur execu-
^' M. GuiLLEMALN ct CousTE remcrcient alors M. Loreau de son excellent
accueil, et les visiteurs, apres avoir fait honneur a un lunch p.^pare a leur
intention, traversent la ville de Briare, lout egayee de mats et de drapeaux,
et se rendent sur le chantier meme du pont-canal. , , ,
Ce vaste chantier ne pouvait manquer d'inleresser vivement tons es
lnoenieurs,qui ont successivement examine en detail les projets e mode es
croupes par les soins du service dans une maison de garde en Loire, es
piles elegantes deja terminees, et sur la rive, la bache metallique qu elles
doivent supporter et dont la construction est tres avancee.
Les membres du Congres, apres avoir sincerement fehcile les autcurs du
projet. ont alors regagne la gare, ties fetes par les habitants de cette u le
de Briare, dont le nom et les traditions sont si intimement hes a 1 histoiie
de la navigation en France. , ^
Le train special se mettait en marche vers 5 heures, et a / heures du
soir deposait a ISevers la plupart des Congressistes, pendant que quelques-
uns d'entre eux etaient obliges d'aller chercher un -gite jusqu a Moulins.
Journee du 1" Aout.
Parti a 7 h. i/2 du matin de Nevers, le train special arrivait a 10 heures
au Creusot, et, prenant immediatement I'embranchement special de
MM. Schneider, amenait les Congressistes au centre meme des ateliers.
704 COMPTE RENDU DES EXCURSIONS.
La visile do eel immense etablisscment, I'lm dcs premiers du monde,
elait line veritable bonne fortune pour les membres du Congres. Apres
avoir parcouru et admire les ateliers, les excursionnistes etaient ramencs
a travers les rues de la ville, au siege de I'Administration ou les altendait
un excellent dejeuner, somptueusement servi et egaye par les meilleurs
inorceaux de I'barmonie et de la cliorale des ouvriers du Creusot.
Le premier, M. Schneider a porle un toast aux savants frangais et aux
etrangers venus en France pour admirer I'activite industrielle de noire
pays; il espere qu'ils remporteront de ces visites I'impression la plus
favorable.
Apres quelques paroles chaleureuses de MM. Couste et Guillemain remcr-
ciant Tadministralion du Creusot de sa princiere bospitalite, le banquet
s'est termine aux accents de la Marseillaise qui a ete ecoutee debout par
lout le monde.
A une heure et demie, les congressistes remontaient en wagon et quel-
ques minutes apres en descendaient en face du reservoir de Torcy-Neuf.
Le reste de la journee a ete consacre, sous la direction de MM. Boxneau du
Mautray, Ingenieur en chef, et MoRAiLLOiN, Sous-Ingenieur, a la visite des
principaux ouvrages du canal du Centre. Les deux reservoirs de Torcy-
Neuf et de Montaubry, ainsi que lesnouvelles ecluses a grande chute, avec
leurs ingenieux dispositifs de remplissage et de vidange ontvivement inte-
resse tous les connaisseurs.
Les excursionnistes n'ont quitte le reservoir de Montaubry qu'a 6 heurcs
et demie du soir et sont arrives a Chagny, a 7 heures, legerement fatigues
par une journee aussi bien remplie.
Apres une heure de repos au bnffet de Chagny, le train special les
rcprcnait et les amenait a Lyon-Perrache a 10 heures et demie du soir.
Journee du 2 Aoiit.
La journee du 2 aout a ete tout entiere occupee par une (res agreable
et tres pittoresque promenade sur la Saone et sur le Rhone.
Les congressistes amenes par tiain special a Saint-Germain-au-Mont-
d'Or, petite villc riveraine de la Saone, a 15 kilometres en amont de Lyon,
se sont embarques sur un bateau des « Gladiateurs » mis obligeamment a
la disposition du Congres par la Compagnie lyonnaise de Navigation, pour
descendre de Saint-Germain-au-Mont-d'Or a Lyon d'abord, puis de Lyon a
Vieune. Les barrages de la Saone, et surlout le grand barrage de la Mula-
tierc, au confluent du Rhone, avec I'ingenieuse disposition d'abatage des
hausses due a M. I'lngenieur en chef Pasqueau, out beaucoup intcresse les
Ingenieurs frjngais et etrangers.
De Lyon a Yienne, aucun ouvrage d'art grandiose ne pouvait attirer
leur attention; mais les remarquables resultats acquis par des moyens en
apparence beaucoup plus modestes, par d'invisibles epis en enrochements,
EXCURSION DANS LE CENTRE ET LE MIDI. 705
des digues, en un mot par tous les travaux de regularisation continues
avec perseverance surtout depuis quinze ans, ne pouvaient manquer de
frapper vivement les specialistes.
Les Congressistes, arrives a Vienne trop tard pour visiter la vieille capi-
tale de I'Allobrogie, si curieuse pour I'archeologue et I'artiste, ont du
reparlir immediatement pour Lyon, ou les attendait un banquet offert par
la Chambre de Commerce.
Plus de deux cents convives assislaient a ce banquet, qui etait servi
dans la grande salle du Casino des Fleurs.
Parmi les personnaliles lyonnaises on remarquait : MM. Riv.vud, Prefet
du Rhone; Marius Due, Vice-President de la Chambre de Commerce de
Lyon; Rossioeux, Premier Adjoint representant le Maire empeche; Guichard
et Prenat, Deputes du Rhone; Rostalng, Secretaire general de la Prefecture;
Camcefort, Administrateur de la Compagnie P.-L.-M.; Morand, Ulysse Pilat,
Isaac, Gullet, Couturier, Liliemh.\l, Garret, Membresde la Chambre de Com-
merce; GoBi>-, Petit, Girardo.n, Tavermer, Ingenieurs en chef; Clarard et
FoNTANEiLLEs, Ingenicurs ordinaires, etc., etc.
M. Due se leve le premier et prononce le discours suivant, qui est vigou-
reusement applaudi :
« Le (( Rhone a fait son temps )>, ecrivait, il y a quelques annees, un homme
spiritual sans doute mais paradoxal, que le merveilleux epanouissement des voies
ferrees avait ebloui au point de lui faire admettre que I'avenir des transports
appartenait exclusivenient aiix raihvays.
« A Ten croire, la seule faculte qui put desoi-mais etre attribuee aiix cours
d'eau serait d'irrigiier le sol pour en accroitre la fecondite.
« Get ecrivain fit ecole, et I'influence de ses idees a plus d'une fois, dans nos
contrees, paralyse les efforts des corps elus et des Chambres de Commerce.
« Nous en souffrons meme encore aujourd'hui, car des symptomes de retours
oifensifs centre lanavigabilitede laSaoneet du Rhone se manifestent au grand jour.
« Je ne m'attarderai pas a refuter cette theorie de rinutilite des voies navi-
gables interieures, car vos actes en ont fait justice.
« Dans tous les Etals de I'Europe que vous representez au Congres de navi-
gation, de meme qu'au dela de TAtlantique, dans les pays oil les voies ferrees
ont acquis le plus large essor, la navigation tluviale continue d'etre I'objet d'une
sollicitude particuliere.
« Partout vous avez rivalise d'efforts pour peifectionner les tleuves et les
rivieres, pour les discipliner.les relier entre eux et les doter del'outillage appro-
prie a leur nature. Et le succes justifiant voire initiative, vous avez organise un
immense trafic.
« Des entreprises considerables ont ete faites egalement dans les contrees que
nous habitons. Notre principal objectif etait d'etablir une voie continue a I'in-
terieur, de la Mediterranee aux mers septentrionales.
« Le canal de Bourgogne, avec sesecluses agrandies et ses nouvelles ressources
d'alimentation, est apte desormais a servir de trait d'union entre les bassins de
la Seine et du Rhone.
706 COMPTE RENDU DES EXCURSIONS.
« La Saone oflre a la batellerie iin mouillage permanent de deux metres,
dont le maintien est assure par des barrages du systeme de ceux que vous avez
visites.
« La traversee de Lyon, obstruee il y a peu d'annees encore par des hauts-
fonds rocbeux et par la frequence des basses eaux, est libre maintenant de tout
obstacle, ainsi que vous avez pu le constater. Un tirant d'eau minimum de
deux metres en toute saison est garanti par le barrage de la Mulatiere.
« Le llbone, malgre son renom d'indomptable, s'est assoupli et devient pro-
pice a une navigation reguliere.
« Ce resultat si considerable est du a un systeme de travaux d'apparence
modeste, mais donl refficacite persiste et qui fait le plus grand honneur aux
trois ingenieurs dont les noms resteront attaches a cetle oeuvre difficile : M. Hip-
polyte Tavernier, qui en eut I'intention premiere; M. Jacquet, qui en arreta les
grandes lignes et commen^a I'execution; M.Girardon, qui I'a conduite au succes
final avec une rare sagacite.
(( Le probleme d'une voie navigable a I'interieur, entre la Mediterranee et les
mers du Nord, est ainsi definilivement resolu. Un oulillage perfectionne lui fait
encore defaut sur certains points, mais cetle lacune disparaitra bientot sur le
Rhone par I'etablissement du touage, et, sur les autres seclions de la ligne, d'im-
portants progres seront certainement realises par I'efTort de I'initiative privee.
Les capilaux ne lui seront pas refuses, a cette condition cependant que la securitc
du lendemain sera assuree a la batellerie.
(( Yous vous etes unis. Messieurs, pour une oeuvre feconde entre toutes, celle
d'accroitre la puissance des reseaux navigables afin de rendre leur action plus
economique ; et en facilitant ainsi la circulation a bon marche des choses neces-
saires a la vie, vous travaillez a adoucir certaines conditions de I'exislencc.
« Et encore, en contribuant a developper les relations commerciales entre les
hommes, vous frayez les voies a des rapports chaque jour plus empreints de
cordialite entre les nations.
« La Chambre de Commerce de Lyon salue done en vous, nobles etrangers et
chers compatriotes, les vaillants initiateurs d'un meilleur avenir, et je suis fier
d'etre, en cette circonstance, I'interprele de mes collegues pour porter un toast
en I'honneur de vos personnes et au succes de vos aspirations genereuses. »
M. CousTE prend ensuite la parole au nom de la Chambre de Commerce
de Paris ; il remercie de leur accueil la Chambre de Commerce de Lyon,
la villeetM. le Prefet du Rhone.
M. LE Prefet se leve a son tour et salue au nom du Gouvernement les
Membres du Congres que leurs travaux devaient conduire dans le depar-
tement du Rhone, arrose par les deux plus grandes arteres fluviales de
France, par deux de ces chemins qui marchent, dont les Congressistes
poursuivent le perfectionnement ; par le Rhone, ce fleuve aux violences
tragiques, dont parlait un poete, qui est le trait d'union entre I'Est et Ic
Midi, qui arrose des vallees habitees par do laborieuses, independantes et
fieres populations ; par la Saone, qui baigne une admirable vallee, dont
les grands crus, chauftes par le soleil, ont ete apprecies par les Membres
etrangers du Congres.
EXCURSION DANS LE CENTRE ET LE MIDI. 707
M. RivAUD remcrcie M. le President d'avoir bien voulu porter sa santc
persoiinelle ; il love son verre a la sante de tous les Congressistes, con-
vaincu qu'ils gaideront Ic souvenir du sympathique accueil dout iis ont
ete I'objet ; il les felicile de la fecondite de leurs travaux, cl boit au Pre-
sident d'honneur du Congres, M. Carnot, President de la Republique, qui
non settlement porte aux travaux du Congres I'interet que doit avoir pour
eux le chef d'un grand Etat, mais les suit encore avec la competence d'un
ingenieur eminent.
Un Delegue etranger, M. Schuurmanx, Directeur des travaux publics a
Amsterdam, se fait I'interprete des etrangers pour remercier la Chambre
de Commerce dc sa cordiale reception :
« En passant la fronliere de votre belle France, nous elions d'avance certains
d'etre chaleureusement re^us. iNous emporterons un agreable souvenir de noire
passage dans voire patrie. Je bois a la prosperite de la France. »
Puis M. Anxecke, Delegue allemand, Membre de FUnion Centrale pour le
developpemenl de la navigation fluviale en AUemagne, se leve et prononce
rallocution suivante :
« Si je prends la parole, moi qui ne suis ni represenlant de mon gouver-
nement, ni autorise par aucun vote de mes collegues, c'est que j'ai la ferme con-
viction de me faire I'interprete fidele des sentiments de tous les etrangers qui
ont pris part au Congres et aux excursions qui en ont ete le complement.
« Je me crois Icur interprete en exprimant mes remerciements les plus cha-
leureux et les plus sinceres a cette ancienne et celebre cite de Lyon pour I'hos-
pitalite qu'elle nous a si gracieusement offerte, et en temoignant ma reconnais-
sance au Comite d'organisation pour ses soins bienveillants pendant que nous
avons parcouru ce beau pays de France.
« Lorsque nous nous assemblions, il y a une quinzaine de jours, a Lille, pour
commencer notre tournee dans le Nord de la France, il m'a paru que I'on pou-
vait comparer le Congres a un grand bateau a bord duquel un grand nombre de
passagers appartenant a toutes les parties du monde civilise venaient s'cm'oar-
quer : je me demandais si ce bateau elait assez solidement construit, et s'il etait
assez prudemment gouverne pour nous ramener tous sains et saufs a noire desti-
nation.
« II est vrai que je ne connaissais pas par avance un phare dont la lumiere
devait nous guider et assurer la reussite de I'entreprise : ce phare, c'est la cour-
toisie franc,aise el la parfaite amabilite des Fran?ais, qui, loin d'etre chez nos
voisins une qualite individuelle, est passee chez eux en vertu nalionale. »
M. Annecke termine en rendant hommage aux ingenieurs frangais et en
poussant un Hourra en I'honneur de ses botes.
Enfm M. Cambefort, dans un toast tres-spirituel et tres-goiite, boil a
I'union et a la bonne harmonic des voies navigables et des voies ferrees.
L'excellente musiquedu 12^ deligne s'elait fait entendre pendant tout le
temps du banquet.
A 1 1 heures la fete etait terminee.
708 COMPTE RENDU DES EXCURSIONS.
Journee du 3 Aout.
Les Congressistes sont arrives a Saint-Etienne en train special a
10 heures et demie du matin. lis ont ete regus dans une des salles d'attente,
transformee en salon de reception, par M. Tardy, Maire de Saint-Etienne,
entoure des adjoints et d'un grand nombre de conseillers municipaux et
par M. DE MoNTGOLFiER, Prcsidcnt de laChambrede Commerce, assiste de ses
collegues, MM.Gaufhier, RivoLiER,M.\Rcouxet Lucien Thiollier. Un grand nom-
bre de nolabilites stephanoises et de fonctionnaires se trouvaient aussi a la
gare : MM. Deloche, Ingenieur en chef des Fonts et Chaussees; Castelnau,
Ingenieur en chef des Mines ; Chamrord, Directeur du Laboratoire muni-
cipal, etc.
En quelques phrases tres aimables, M. Tardy a souhaite la bien venue aux
visiteurs. II afelicite et remercie cesrepresentantsde la science d'etre venus
concourir a une oeuvre de paix et de concorde. 11 s'est excuse, a cause de
son grand age, de ne pouvoir faire aux Congressistes les honneurs de la
ville et du barrage de Rochetaillee, laissant^ce soin a M. Barrallon, son pre-
mier adjoint.
(( Vous serez du reste, a-t-il ajoute, accompagnes par M. de Montgolfier, et
vous ne sauriez avoir de meilleur guide que I'eminent ingenieur auquel nous
devons le barrage. »
M. rinspecteur general Guillemain a repondu et remercie au nom detous
les Congressistes pour le gracieux accueil qui leur etait fait.
Dans la cour de la gare attendaient de nombreux breaks et omnibus
dans lesquels ont pris place les membres du Congres, de la Municipalite,
de la Chambre de commerce, les chefs de service et les autres invites. Les
voitures ont file rapidement par la rue de la Republique, la place de ITlotel-
de-Villeet la vallee du Furan, et sontarrivees un pen avant midi a I'auberge
de la Cascade, tout pres du barrage du Gouffre-d'Enfer : M. Lepime, Prefet
de la Loire, accompagne de son Chef de cabinet, les y avait precedees.
Apres un nouvel echange de salutations, on se met en marche et Ton
gravit le grand chemin en zigzags qui conduit au sommet de la digue. Ce
splendide ouvrage,ainsi que le site grandiose au milieu duquel il est situe,
ont absolument emerveille Frangaiset Elrangers. On est ensuite revenuvers
la delicieuse partie boisee ou se trouve la maison de garde, et ou, sur une
terrasse ombragee de grands arbres, une table immense avait ele dressee
pour '250 convives, par les soins de la Ville et de la Chambre de Commerce
de Saint-Etienne. Les invites, mis en appetit par Fair vif et pur de la mon-
tagne qui les reposait des chaleurs etouffantes des jours precedents, ont
largement fait honneur au banquet, qui etait excellent et fort bien servi.
Le decor etait d'ailleurs d'une rare beaute et bien fait pour laisser a chacun
des souvenirs ineffagables.
M. Lepine presidait, ayant en face de lui M. Barallon, adjoint au maire
EXCURSION DANS LE CENTRE ET LE MIDI. 709
de Saint-Etienne. M. le Prefet s'est leve le premier pour porter le premier
toast. Avec un reelbonhciir d'expression, il a rendu hommage aux travaux
des Ingenieurs et proclame Tutilite des Congres, ces reunions pacifiques si
fecondes en resultats.
« La France, a-t-il ajoute, tend une main amie a ses botes; les savants ne
sont point des etrangers, mais les citoyens du monde. »
M. Barallon, dans un beau discours tres goiite, a dit que le xixe siecle
n'aurait rien a envier a ses aines. Si le xvii<= siecle est le siecle de la litte-
rature, le xviii« siecle, celui de la philosphie, le xix« siecle pourra etre
appele' le siecle de la science. Aux grandes, aux nobles, aux genereuses
idees de ses aines, il a ajoute un cote positif qui a eu la plus heureuse
influence au point de vue moral et au point de vue materiel.
« Honneur done a la science, a dit M. Barallon en terminant ; honneur aux
hommes qui s'y consacrent : s'ils vivent de leur noble profession, par leurs
decouvertes ils enrichissent le monde. »
Le President de la Chambre de Commerce, M. deMoxtgolfier, s'est ensuite
leve et s'est exprime en ces termes :
« Messieurs, apres les discours eloquents que vous venez d'entendre, j'ai peu
de choses a vous dire sur lutilite de la mission que vous remplissez avec tant de
science et d'abnegalion. Je tiens cependant a vous souhaiter a mon tour la bien-
venue et a vous remercier de votre visile.
(( Je le fais avec un double plaisir.
« Comme president de la Chambre da commerce, j'ai suivi avec un vif interet,
sans malheureusement avoir pu y participer, les etudes et les travaux auxquels
vous vous etes livres. lis ont eu pour objet la facilite des transports, ils aurorit
pour resultat le developpement de nos industries. A ce titre la Chambre de Com-
merce de Saint-Etienne adresse a tous les membres eminents du V Congres de
la navigation ses sinceres et chaudes felicitations.
« Comme ingenieur,j'eprouve une grande satisfaction et,permettez-moi lemot,
un certain orgueil a montrer aujourd'hui a des hommes aussi competents que vous
I'etes une des oeuvres principales de ma carriere.
« Le barrage du Gouffre-d'Enfer, que j'ai construit de 1862 a 1866, etant mge-
nieur ordinaire sous les ordres de M. GraeCf,alorsIngenieur chef dudepartement,
avait ete projete dans le double but de preserver la ville de Saint-Etienne des
inondations et de lui assurer le complement d'eau necessaire a son alimentation
que le captage des sources de la vallee ne pouvait lui fournir dans les periodes
seches de I'annee. - .
« Sa hauteur de retenue, qui depasse tout ce qui avait ete realise jusqu alors,
en fait un ouvrage un peu exceptionnel et je suis heureux qu'il ait ete trouve
digne de votre attention. , ,,. i
« Son profd, sauf quelques modifications, a ete deduit du profil theorique d egale
pression calcule avec un grand talent par M. Delocre, alors Ingenieur ordinaire
charge du service des inondations dans la Loire, aujourd'hui Inspecteur general
des Fonts et Chaussees de 1- classe. II assisle a ce banquet, et je salue en lui le
pere des barrages a grande hauteur et a grande pression.
710 COMPTE RENDU DES EXCURSIONS.
« La ma^onnerie, quel que soil le point qu'on prenne dans le mur, ne travaille
qu'a 6 kilos par centimetre carre.
(( Plustard, M. GraefYet moi nous nous sommes enhardis, et dans le barrage du
Ban, pres de Saint-Chamond, qui, il est vrai, a une nioindre elevation, nous avons
poi'te cetle pression a 8 kilos.
« Dans les conditions de stabilite que je viens d'indiquer, le barrage du Gouffre-
d'Enfer, au sujet duquel s'etaient elevees au moment de son execulion bien des
controverses, n'a donne lieu a aucun mecompte. II est vrai que ses ma^onneries
ont ele faites avec un soin infini, sous la surveillance active de M. Odin, I'un des
conducteurs les plus distingues de notre corps, a qui j'adresse aujourd'hui, ainsi
qu'a mes devoues collaborateurs Odinjeune, Schnaebele, Caillat, Duplay, Louinet
(qui sont restes mes amis), mes remerciements et mes felicitations.
<( Je felicite aussi I'entrepreneur, M. Lemaire, qui est assis avec nous a cette
table.
« A lui seul le barrage du Gouffre-d'Enfer, dont la capacite est un peu infe-
rieurc a 2 millions de metres cubes, ne resolvait pas la question d'alimentalion
des eaux de Saint-Etienne. On leconnut au bout de quelques annees la necessite
d'en construire un deuxieme au Pas-du-Riot, dans le baut de la vallee. Mais aujour-
d'bui qu'en raison de la consommation industrielle qui a pris un grand develop-
pement le deficit se fait encore sentir, il n'est plus possible de recourir a la val-
lee du Kurens, dont toutes les eaux sont amenagees. II fautjeter ses regards a cote
et profiler de la riviere de Cotatey pour y creer une reserve nouvelle. C'est la le
travail que I'ancienne municipalite^avaitetudie, et qui s'imposera a breve echeance
a la nouvelle.
« Vous me pardonnerez, Messieurs, cet expose un peu long. J'ai cependant
encore un mot a ajouter. Jevous demande, devant cette oeuvre que vous avez bien
voulu venir visiter, de rappeler les nomsdes hommesquiy ont le plus contribue.
Je citerai M. Faurc-Belon, ancien maire de Saint-Etienne, dont I'energic et la
ferme volonte n'ont pu etre vaincues paraucune difficulte. Je citerai aussi le nom
de M. Conte-Gi'andcliamp, mon predecesseur dans le service du 1" arrondisse-
ment de Saint-Etienne, et qui, sous les ordres de I'eminent Ingenieur en chef,
M. Graeff, avail etudie le projet de captage des sources et prepare I'avant-projet
des reservoirs.
« Et maintenant. Messieurs, en terminant je m'adresse a vos aimables et sympa-
thiques Presidents, qui ont dirige vos travaux et vos excursions.
« lis savent, comme moi, qu'ils sont aujourd'hui dans I'une des regions les
plus industrielles de France ; que Saint-Etienne, lUve-de-Gier et Saint-Chamond
ont une extraction de 4 millions de tonnes de charl)on par an; que la metallurgie
expedie en dehors du departement plus de 50 000 tonnes el que I'ensemble de la
production du 1" arrondissement de Saint-Etienne, en rubans, lacels, houilles,
fer, acier et armes depasse en francs plus de 250 millions par an.
« Mais ils savent aussi qu'aucune voie navigable ne traverse ni ne dessert notre
pays.
« Je leur demande s'ils ne constatent pas la une anomalie etrange et s'il n'y a
pas une lacune a combler.
« Je leur soumets cette simple observation et je los prie, s'ils sont convaincus,
comme nous le sommes tons, que la Loire ajusqu'ici etemal traitee dans la repar-
tition des voies de communication, de prendre en mains aupres des pouvoirs
EXCURSION DANS LE CENTRE ET IE MIDI. 711
publics la question si souvent agitee et toujours ajournee du canal du Rhone a la
Loire par Saint-Etienne et Hoanne.
« Messieurs, je vous rcmercie encore, je remercie M. le Prefet des paroles trop
bienveillantes qu"il m'a adressees et je bois a votre sante et au succes de vos tra-
vaux. »
Les souvenirs interessants rappeles par M. de Monlgolfier et les voeux
prescntes par lui ont provoque de chaleureux echos dans I'assistance.
M. GuiLLEMAiN, Presiilent du Congres, a ensuite repondu en ces termes
aux trois toasts precedents :
« Permettez-moi de rernercier au nom du Congres la ville de Saint-Etienne,
la Chambre de Commeice et M. le Prefet de la Loire. Dans les hommes eminents
qui nous font un accueil si flalteur, nous saluons les dignes representants de
cette vaillante population du departeraent de la Loire, qui nous donne la houille,
le far, I'acier, les armes, instruments de travail et de force, et en meme temps,
— privilege rare — la soie, les rubans, le velours que font tant valoir les graces
de nos femmes.
« Leurs voeux serontlesnotres. Puissent-ils voir s'ouvrir les nouveaux debou-
ches qu'ils souhaitent; puissent-ils y trouver de nouveaux elements d'une pros-
perite qui est notre honneur ! La tache est difficile, elle n'est pas impossible. Si
sur les hauteurs on nous nous trouvons, les cours d'eau n'offrent pas les memes
ressources que dans los rt^gions que nous venons de parcourir, les flancs du
mont Pilat peuvent emmagasiner de puissants approvisionnemcnts d'eau, et nous
en avons sous les yeux un magnifique exemple. Nousy voyons domptees et empri-
sonnees les eaux sauvages qui, la ou elles causaient des desastres, mettent leur
energie au service des usines et vont porter la sante et la vie au sein de la
grande cite qui la premiere a su comprendre la valeur et I'utilite des magni-
fiques creations que nous admirons.
« Je leve mon verre en I'honneur de la Ville, de la Chambre de Commerce de
Saint-Etienne et de son eminent President. »
M. DE TiMONOFF, ProfesseuF a I'lnslitut des Voies de communication de
Saint-Petersbourg, et ancien eleve de I'Ecole des Ponts et Chaussees de
Paris, a clos la serie des discours par le toast suivant, qui a vivement lou-
che les Francais :
« Messieurs, la derniere excursion du V* Congres international de navigation
interieure touche a sa fin. Encore quelques instants, et les membres de cette
grande assemblee se separeront pour reprendre le chemin de leur pays.
(( Mais, avant que cette heure supreme sonne, nous avons un devoir a rem-
plir. Ce devoir, profondement agreable, d'ailleurs, est une dette de reconnais-
sance a regard de ceux qui, par un travail seculaire, avaient prepare le spec-
tacle si remarquable dont il nous a ete donne de jouir. Je parle. Messieurs,
vous le devinez bien, des ingenieurs de France, ^'ous avons deja exprime, a
plusieurs reprises, nos sentiments pour ceux qui nous dirigerent pendant notre
voyage, el ceux qui nous recevaient avec cette charmnntc et traditionnelle hospi-
talite gauloise. Et nous avons bien fait. 11 est done de toute justice d'evoquer
712 COMPTE RENDU DES EXCURSIONS.
devant vous le souvenir des auteurs des choses si interessantes et instructives
que nous n'avons pas cesse d'adrnirer.
« Vous savez tons, Messieurs, quelle place d'honneur occupant les ingenieurs
frangais paraii les ingenieurs de tous les pays du raonde. Vous savez tons qu'ils
out toujours su non seulement faire des ouvrages remarquables, mais qu'ils
avaient trouve des methodes scienlifiques merveilleuses pour etudier a fond
les conditions de resistance de ces ouvrages. Ce sont les Frangais qui, les pre-
miers, avaient eleve I'art de I'ingenieur a la hauteur d'une vraie science, et
qu'ils I'ont genereusement ouverte a tout le monde.
« De grands progres out ete realises, depuis, dans cette science, et bien des
pavs y out contribue pour leur part; mais la France a constamment marche a la
tete de ce mouvement. Et cela est vrai surtout quant a la navigation inferieure.
Ici, la plus large part revient incontestablement aux ingenieurs frangais. Une
serie d'hommes eminents ont apporte a cette branche de la science de I'inge-
nieur leurs remarquables qualites. Vous connaissez tous leurs noms, et non
seulement vous les connaissez, mais vous etes remplis pour eux d'une juste
admiration.
« Poiree, Chanoine, Desfontaines, Tavernier, Belgrand, Malezieux, de Lagrene,
sont illustres partout. Leurs eminents successeurs, MM. Guillemain, Fargue,
Camere, Pasqueau, Fontaine, Boule, Delocre, de Montgolfier, Deloche, et d'autres
que je ne puis vous citer, tellement ils sont nombreux dans cette remarquable
famille d'ingenieurs frangais, jouissent de la plus haute estime parmi les inge-
nieurs s'occupant de la navigation dans les cinq parties du monde.
« Messieurs, c'est au nom des services que les ingenieurs frangais ont rendus
a I'humanite en general et a nous en particulier, que je vous prie de lever vos
verres et de boire a la prosperity des ingenieurs frangais et de leur grande et
noble patrie.
Vive la France ! ))
Ces paroles, prononcees avec une grande chaleur de conviction, ont ete
couvertes d'applaudissements, ot tous les etrangers ont repete le cri de
« Vive la France ! »
Apres le banquet les visiteurs se sont parlages en deux groupes. Les
uns sont revenus immediatement a Saint-Etienne par la route qu'ils avaient
suivie le matin; les autres sont monies jusqu'au barrage du Pas-de-Riot.
Ces derniers sont revenus par Planfoy, ou des Yoitures les atiendaient.
A six heures tous les Congressistes etaient reunis a la gare, et le train
special les emmenait a Lyon.
Journ6e du 4 Aout.
L'excursion du Centre s'est terminee par un ravissant voyage sur le
Rhone, qui n'avait pas ete prevu dans le programme primitif des excur-
sions, et auquel une soixantaine seulement de Congressistes ont pu
prendre part.
Le rassemblement a eu lieu le 4 aoiit a six heures du matin, sur le quai
1
EXCURSION DANS LE CENTRE ET LE MIDI. "Jir.
Rambaut, et les voyageurs ont pris place sur un des plus confortables
marcheursdes « Gladiateurs >>, mis a leur disposition par la Compagme
Ivonnaise de navigation. . r ^
■ Parmi les passagers qui accompagnent les membres du Congres on
remarque MM. Yves Guyot, ancien Ministre des Travaux publics, auteur du
proiet de loi sur la navigation interieure; Larue, Directeur, el Ancel, Vce-
President de la Compagnie de navigation; Girardon, Ingemeur en diet;
CLVR.RD, \nMAND, Bardot et AR>-Am), Ingenieurs ordinaires de la navigation
du Rhone; Jossier, pere et fils, de la Compagnie Havre-Paris-Lyon; ^Auuv,
fondateurdesanciens « Rapides .; Morand, Secretaire, et Jacquand, Membre
de laChambre de Commerce de Lyon ; Lombard-Gerln, Construcleur a Lyon;
enfin plusieurs femmes d'Ingenieurs ou de Membres du Congres, parmi
lesquelles Mile Juliette Larue, tiUe du Directeur de la Compagnie.
La descente ressemble a une vraie fete du Rhone ; tous les pontons, les
sapines et grappins sont ornes de drapeaux et d'oriflammes. Sur le par-
cours les populations sont massees ; les habitants de Condrieu, SamtAal-
Her, Tournon, le Teil, Viviers poussent des acclamations, temoignant ainsi
du vif interet que leur inspire I'oeuvre des Congressistes.
Un pen avant Valence, on stoppe pour visiter le bateau-cloche des Ponts
et Chaussees. M. I'lngenieur en chef Girardon, apres avoir explique le tone
tionnement de ce bateau, presse un bouton electrique; une detonation
retentit, landis que dans I'air s'eleveun veritable geyser : c est un quartier
de roc qui vient de sauter avec 5 kilogrammes de dynamite.
Apres cet intermede, le « Gladiateur » reprend sa marche : a midi, on
sereunit a I'arriere du bateau pour dejeuner. Trois toasts sont portes au
dessert : par M. Yves Guyot, a la Compagnie generate; par M. Ancei • au
nom de cette Compagnie, aux Membres du Congres, et par M. fcoES
GuERREiRO, Ingenieur portugais, aux Ingenieurs francais et a M. Y ves Guyo .
Cependantle bateau continue sarapide descente; il passe devantlont-
St-Esprit, Caderousse, Roquemaure, et a 5 heures du soir il arrive a Am-
.non, ou les membres du Congres debarquent au milieu d une gra.id.
affluence de population. . , ,
Une visite au Chateau des Papes et un banquet terminent cette agieable
journee.
Journ6e du 5 Aout.
Le depart d'Avignon a eulieu a 7 heures etdemie du matin, etle voyage,
favorise par une brise qui temperait Tardeur du soleil, n'a pas ete moms
charmant que la veille. Les principaux points du cours du fleuve sont
pavoises, et les populations meridionales, enthousiastes et bruyantes,
saluent de leurs vivats le passage du « Gladiateur ». On voit successive-
ment Aramon, Yallabregues, Tarascon etBeaucaire : a 9 heures et demie
on accoste a Aries pour embarquer quelques membres du Congres qm y
714 COMPTE RENDU DES EXCURSIONS
6taient arrives en chemin de fer afin d'avoir le temps de visiter les monu-
ments de cette vieille et interessante ville.
Le vapour repart a JO heures : le fleuve s'etale dans toute la beaute de
son large lit et de ses rives si pittorcsques. On apergoit des oiscaux de
proie planant au-dessus du bateau, des vols de canards, des troupeaux de
chevaux sauvages et de boeufs dans les plaines de la Crau.
A 11 heures, on se met a table; le dejeuner est exquis, et fait honneur a
la Compagnie de navigation qui a tenu a ne laisser que de charmants sou-
venirs a ses botes. Au dessert, M. Yves Guyot sc leve, etboitaux Ingenieurs
et aux bateaux du Rhone, si utiles au commerce lyonnais et si hospi-
tallers pour leurs passagers; il est heureux d'annoncer, aux applaudisse-
ments de tons, la promotion a la 1"'* classe de M. Girardon, promotion que
M. le Prefet de Vaucluse vient de lui signaler sur le bateau memo, au cours
du voyage.
M. Larue repond a I'ancien ministre des Travaux publics au nom de la
Chambre de Commerce deLyon etde la Compagnie lyonnaisede navigation.
Enfin M. de Pulligny, Ingenieur au port de Marseille, fait part aux mem-
bres du Congres de I'invitation a une reunion intime pour le soir, dans la
salle de la Bourse, qu'il est charge de Icur transmeltre au nom de la
Chambre de Commerce de Marseille.
11 ajoute que la Chambre, qui a tenu a les recevoir au terme de leur
voyage, s'excuse a I'avance de la simplicite d'une reception improvisee a
la hate, et a laquelle bon nombre de ses membres, absents ou en villegia-
ture, auront le regret de ne pas assister. 11 termine en disant que la reine
de la Medilerranee, si elle ne pent faire a ses holes distingues une recep-
tion digne d'elle, a vouludumoins leur envoyer, a leur entree en Provence,
une accolade fraternelle. Ce petit discours, dit avec esprit et bonne
humeur, a ete vivement applaudi par tout le monde.
Le « Gladiateur » arrive enfm a Saint-Louis-du-Rhone, ou la population a
dresse un arc de triomphe en feuillagc, et accueille les Congressisles d'une
manicre enthousiaste.
Ceux-ci s'embarquent aussitotsur deux vapeurs. La plupart d'entre eux,
apres une visile a Port-Bouc, aux secheries de morue de MM. Cabissol freres,
reprennent la mer et debarquent a Marseille, au quai de la Fralernite,
a 6 h. 1/2.
En meme temps arrivaient ceux de leurs compagnons de route qui,
partis de Saint-Louis sur le « Moko », claicnt alles visiter le beau pharc du
Planier.
Apres une heure de repos, lous les voyageurs se retrouvaient a I'hulel
de Noailles, ou un diner de soixante couverts etait servi dans le jardin,
tres-joliment decore et illumine.
M. Galtier, Prefet des Bouches-du-Rhone, et M. Feraud, President de la
Chambre de Commerce de Marseille assistaient a ce banquet, auqucl pre-
naient egalement part plusieurs dames.
EXCURSION DANS LE CENTRE ET LE MIDI. 715
Au dessert, M, Galtier a le premier pris la parole pour porter la sante
du President de la Republique :
« Je vous remercie, a-t-il ajoute, d'avoir choisi Marseille comme terme de
voire vovage; sous son ciel radieux, la separation vous paraitra moms pemble,
et il vous aura ete donne d'apprecier le plaisir que nous resscntons de vous y
recevoir. »
M. Fleury a repondu au nom de tous les Congressistes, et en fermes
charmants a exprime leur reconnaissance pour la cordialite qu'ils rencon-
traient de toutes parts. . ,
M. GHERCEV.O.0FF, Dircctcur de I'lnstitut des voies de communication de
Saint-Petersbourg, a porte un toast au nom des etrangers.
M Yves Guyot a prononce a son tour quelques paroles, et a donne rendez-
vous aux Congressistes pour 1894, a la Have, ou se iiendra le procham
Congres. Enfm M. Rude, d'Allanla, a bu a la liberie, a I'egalile et a la fra-
ternite dans les sciences. Ce toast, tres-goute, a ete traduit immedialement
par M. DE PULLIGNY.
A 10 heures, les convives se rendaient a la Bourse, oil ils etaient regus
par M. Feraud. President de la Chambre de Commerce, MM. Paquet, Vice-
President. BouDE, Secretaire, et un grand nombre de membres. On remar-
quait egalement la presence de MM. de Rossi, President du Tribunal civil,
Flvch President de la Societe pour la defense du Commerce, Cappeter.
Commandant des Ports, Berry, Directeur de la Compagnie transallantique,
GuERXRD, Ingenieur en chef du service maritime, etc.
A pies quelques instants de conversation autour d'un buffet elegamment
servi, M. Feraud a pris la parole en ces termes :
« Yous voici, Messieurs, au terme de vos tongues et nombreuses excursions!
Vous eles alles parlout, portant la bonne parole, encourageant a ramel.oration de
ces voies que la nature semble avoir creees, comme premier facteur de la civili-
sation, pour faciliter les relations entre les peuples, et que vous avez demontrees
indispensables a la diffusion des richesses du monde enlier. . ^ . ,
« Yous avez accepte, et vous avez dignement accompli une mission de paix, de
Concorde el de progres!
« Laissez-nous le grand honneur de vous en feliciter.
« Permettez-moi aussi de vous remeicier d'avoir fixe votre dermere reunion
dans celte ville oil vous venez, par une favour toute speciale dont nous vous
sommes profondement reconnaissants, car elle ne possede, helas! aucune de ces
voies de navigation interieure dont vous recherchez le perfectionnement avec un
si juste sentiment des besoins du commerce et de I'humanite. ^
« Nous voyons, dans votre presence parmi nous, en memo temps quun grand
honneur, un heureux augure ; elle semble nous annoncer que les temps sont pro-
ches oil seront exauces les vceux que nous formons depuis si longtemps pour la
ionction a Marseille de ce beau fleuve que vous venez de parcourir, et que dans
peu d'annees, nous verrons, avec I'aide de Dieu, debouchcr dans notre port pour
716 COMPTE RENDU DES EXCURSIONS.
le plus grand bien de cetle region, de notre chere patrie et du continent europeen
tout entier.
« Messieurs, je bois aux botes de la ville de Marseille ; a MM. les membres du
Congres international de navigation interieure ! »
M. Feraud a ajoiite qiielques mots aimables a I'adresse des dames pre-
sentes.
M. Yves Guyot iui a r6pondu en faisant observer que I'lionneur d'avoir
inspire le Congres revenait aux Chambres de commerce.
« Ce n'est pas la premiere fois que, pour mon compte, je me trouve au milieu
de vous, et c'est toujours avec un extreme plaisir que je viens a Marseille. Mon
cher President, vous venez de faire allusion a un grand projet qui tient au coeur
de tous : le canal de Marseille au Rbone, au sujet duqueBI. de Freycinet prit des
engagements. J'etais ministre a I'epoque; je ne le suis plus aujourd'hui. Mais si
les ministres peuvent changer, il y a une tradition qui fait leur force, et c'est pour
y rester iidele que le Gouvernement n'oubliera point ses promesses. »
M. LE Prefet a clos la serie des toasts en portant la sante de M. Yves Guyot,
President de la S*" Section du Congres. La seance a ete levee ensuite au
milieu d'un grand enlhousiasme.
Les Congrcssistes se sont separes le lendemain, apres avoir visile les
belles et grandioses installations du port, en emportant le plus agreable
souvenir des charmantes excursions auxquelles ils avaient pris part, et de
Faccueil chaleureux qu'ils avaient recu dans loutes les villes.
INDEX ALPHABETlQUli
Agache, 077, (578.
Alard, 662.
Alby, 662.
Alimentation cles canaux, 54, 62.
Alimentation du canal de I'Est. 56.
— de la Marne a la
Saone, 57, 70,
85.
— derOiscal'Aisne,
58, 61.
— — de Roubaix, 60.
— de rembranchement de
Nancy, 59.
Amelioration des fleuves dans letir partie
maritime, y compris rembouchure,
494, 496, 498, 502, 520, 538, 555,
563, 568, 584, 624, 643, 644, 654,
656, 657, 658.
Amelioration du rio Brazos, 565.
de I'Escaut, 498, 584.
— de la Garonne et de la Gi-
ronde, 568.
— de la Meuse (Rotterdam a
la mer), 502.
— du Mississipi, 563.
— du rio Panuco, 563.
— du Rhone, 548.
— de la Ribble, 558.
— de la Seine, 519.
du Tage, 624.
— dela Tyne, 538.
— de rUsk, 538.
— du Volga, 555.
— du Bas-Weser, 496.
Amelioration des voies nariyahles, 265,
283, 308, 324, 358, 564, 376, 397,
399, 405, 407, 412, 415.
Ancel, 713.
Annecke, 707.
Arnodin, 662.
Artois de Bolr^onville (d'), 504, 309,
324, 325, 526, 377, 378, 379, 383,
384, 405, 413, 416, 662.
Auberger, 662. ^
Audierne (riviere d'), 647.
Augmentation de longueur d'une voie
navigable (Valeur future d'une), 416.
Babinet, 662.
Baensch, 40.
Barrages a profil triangulaire, 98.
Barrages de chasse, 502, 573.
Barallo.v, 708, 709.
Baratte, 662.
Barbet, 74.
Bas-Weser (Voir Weser).
Baudin, 662.
Bazin, 662.
Beaurin-Gressier, 260, 293, 306, 309,
431, 475,662.
Belier hydraulique Decceur, 114.
Bellevili.t, 695.
Bekjamin, 662.
Bernard (Henri), 595, 594, 595, 614,
623.
Bernard (Martial), 701.
Bertraad, 662.
BiCHOFFE, 662.
718
I.NDEX ALPHABETIQUE.
Blanchon, 662.
BoiLEAu, 662.
BOLLAERT, 679.
BoNNEAU Du Martray, 704.
BoasENKo (de), 6G2.
BouLE, 522, 556, 58i, 588, 590, 412,
455, 455, 456, 475, 485, 484, 486,
662.
Booi.exger-Bern'et, 685.
BofQDET DE LA Grve, 500, 662.
BODRGUIN, 61, 70.
BouviER, 75, 105, 104, 106, 107, 110,
m, 112, 115.
BovET (de), 160, iSS, 195, 196, 197, 200,
201, 202, 209, 210, 257, 258,240,
241,662.
Brazos (rio), 565, 566.
Brevans (de), 662,
Brindeau (Louis), 689.
Bruart, 685.
Bdqdet, 118, 119, 142, 160, 188, 215,
247, 256.
Gadart, 84, 85, 87, 104, 105, 112, 115,
602.
Cambefort, 707.
Camere, 120, 122, 125, 130, 154, 156,
157, 172, 179, 185, 186, 187, 188,
224, 594, 662, 688.
Canaux (Alimentation des), 54, 62.
— (Ghomages), 118, 255, 256,
— (Consolidation des berges), 5,
31,52.
— (Construction par I'Etat), 265,
290,508,527,550,576,597,
414.
— (Etanchement), 65, 74.
— (Inclinaison des berges), 5, 22,
25, 32, 52, 55.
— (Navigation a grande vitesse)
(Voir Experiences).
— (Section mouillee), 8, 22, 51.
— (Traction sur les), 180, 188,
225. 225, 254.
Gavtier, 249, 250, 272, 292, 295, 507,
509, 526, 595, 662.
Garimantrand, 662.
Carlier, 26, 47, 55, 79, 106, 107, 108,
109, 110, 111, 112, 115, 116, 507,
440, 445, 444, 450, 482, 488, 662.
Carpentier, 359.
Cetre, 685.
Chambres de navigation, 263, 285, 508,
519,524,565,579,597,407,412,415.
Chargueraud, 662.
Chateau, 662.
Chenal de flot el chenal de jusant, 526,
552, 575, 591.
Chdmages des canaux et des rivieres ca-
nalise'es, 119, 255, 256.
Chdmages (Duree des), 158, 255, 256.
— (Epoque des), 157, 158.
— (iMoyens de reduire leur fre-
quence etleur duree), 114,
255.
— (Simultaneite ou echelonne-
ment des), 142.
— (Utilitedes), 119.
Chdmages sur la Saone, 159.
— sur la Basse-Seine, 120, 125,
152, 154.
— sur I'Yonne, 158.
— surle canal deBourgogne, 122,
155, 159.
— — deBriare, 151,159.
— — du Centre, 159.
— — de Fiuow, 129.
— — lateral a la Loire,
155.
— — ■ de la Marne au
Bbin, 128.
— — du Nivernais, 152,
156.
— — deSt-Quentin, 125,
— les canaux de Belgique, 145,
148.
— — de la lignede la Bel-
gique sur Paris,
125, 126, 159,
145.
— — du Nord et de lEst
de la France,
127, 152, 155.
Chomages cause's par les glaces, \o\ , 157.
Choquet, 685.
Clarard, 662.
LNDEX ALPHABfiTIQUE.
719
Clemems, 265, 457, 471, 484, 662.
Clerc, iol, 132, 156, 186, 187, 188,
251, 252, 255, 256, 662, 688.
Clery, 662.
Clyde, 602, 605.
CocHOT, 662.
CoENE (de), 501, 502, 504, 308, 496,
545.
COIGNET. 662.
CoLso.x, 440, 441, 442, 451, 489.
CoMSTOcK (General), 599, 652, 660.
Co.NsiDERF, 515, 555, 594, 611, 614,
615, 620, 643, 645, 655, 662.
Consolidation des berges des canaux, 5,
51, 52.
Consolidation des berges sur :
le canal de la Baltique a la mcr du
Nord, 9,11,12,40, 45,46.
— Landwehr (a Berlin), 47
les canaux de Hollande, 46.
— du lac Ladoga, 51.
— du INord et du Pas-de-Ca-
lais (France), 27, 51.
Construction des canaux par I'Etal, 265,
290, 308, 327, 350. 376, 397. 414.
CouRTENAY-BovLE, 265, 291, 308, 559.
CousTE, 584, 662, 671, 677, 678, 680,
691, 694, 703,704,706.
CouvREUR, 278, 351, 556, 416, 451,
490, 662.
Crahay de Franchimont, 662.
CuviNOT, 494, 502, 519, 533, 583, 605.
624, 644, 661.
Daxel, 679.
Danube, 528, 534, 552. 555, 563, 625,
653, 655, 656.
Darblay, 698.
Darden.ne, 682.
Darquer, 686.
Dayde, 703.
Dedarle, 662.
Debray, 698.
Decceur, 108, 114.
Deki.ng-Ddra, 275, 292, 299, 548, 662.
Delocre, 105,106, 107, 108, 109, 110.
Ill, 112, 114, 125, 125, 129, 157,
138, 143, 145, 151.
Delombre, 407, 415, 662.
Denys, 56, 72, 74, 132, 133, 136. 137,
438, 662.
Derome, 119, 121, 123, 125, 126, 127,
129, 131, 153, 135, 137, 138, 140,
141, 143, 147, 148, 149, 151, 186,
225,225,241,247,256.
Oeschamps, 662.
Desprez, 695.
Dewavrin, 686.
[)iBos, 662.
Digues etdragages, 497, 506, 522, 529,
554, 559, 546, 550, 557, 570, 581,
582, 583, 584, 585, 592, 595, 600.
645, 650, 652.
Dnieper, 651.
DcEMMi.NG (Von), 444.
Don, 651.
DoNNAT (Leon), 530, 599, 415, 662.
DoRE (John), 665.
Doremiecx, 662.
DouAU, 302, 305, 375, 383, 440, 441,
443, 475, 487, 662.
Douro, 626.
Dreyfuss, 662.
Due (Marius), 705.
DucRocQ, 693.
i:ibe, 511, 627.
Ely (George), 349, 550, 367, 456, 476,
662.
Embouchures retre'cies, 506, 507, 516,
615, 622, 625, 624, 636, 640.
E>GELS, 36.
Escaut, 497, 498, 511, 517, 518, 590,
604, 610, 627, 655, 645.
Estuaires (Definition des), 527, 595, 605,
623, 624, 625, 640.
Elanchement des canaux, 63, 74.
Etanchement des canaux du centre de la
France. 74.
— — de I'Est de la
France, 72,74
— — de la Haute-
Marne, 69, 85.
— — ilaliens, 65.
— — du No id de la
France, 73.
720
INDEX ALPHABETIQLE.
Etanchement du canal de la Marne au
Rhin, 71, 73.
Experiences avec des modeles a petite
echelle, 526, 554, 542, 544,546, 568,
588, 628, 650, 658, 644.
Experiences de navigation a grande
Vitesse :
sur le canal de Gand a Terneuzen, 16.
sur le canal Erie, 8, 16, 22, 245.
Exploitation des voies navigables, 295,
501, 511, 525, 561, 597, 407, 426,
427, 453, 457, 445, 444.
Fargue, 517, 525, 527, 528, 529, 551,
552, 587, 592, 594, 645, 644, 651,
655, 657.
Faure (Felix), 692.
Feraud, 715, 716.
Fernez (Armand), 662.
Finance, 662.
Flaissiere, 662.
Flamant, 662.
Fleuret, 662.
Fleury, 505, 458, 440, 441, 444, 449,
457, 472, 475, 480, 481, 482, 485,
485, 488, 490, 715.
Fleuves (Amelioration des) dans leur
partie maritime y compris I'embou-
chure (Voir Amelioration des fleuves).
Fleuves a maree, 495, 498, 502, 508,
512, 519, 526, 558, 541, 568, 584,
591, 595, 605. 624,659.
Fleuves sans maree, 495, 526, 554, 548,
554, 555, 565, 581, 650, 655, 65i,
657.
Fontaine, 80, 85, 108, 122, 125, 124,
126, 129, 150, 151, 152, 155, 156,
157, 141, 209, 214, 215, 459, 441,
662.
Foyle, 620.
Franzils, 495, 496, 497, 498, 512, 528,
529, 699.
Frasey, 662.
Fresnau, 662.
Fretigny (F.), 662.
Fuertes, 456, 662.
Galliot, 204.
Galtier, 715, 716.
Gange, 515, 558, 541.
Garonne, 526,527, 568, 587.
Gele'es (Execution des travaux pendant
les), 129, 142, 256.
Gensel, 465, 662.
Geomelrie fluviale, 525, 587, 590, 592.
Germelmann, 150.
Ghercevanoff, 715.
GiRARDON, 442, 445, 662, 715.
Gironde, 516. 527, 550, 568, 616, 620,
625, 645, 656.
GiRouARD, 662.
Glaces (Cassage des) sur les canaux et
les rivieres, 151, 136,255.
Glaces (Sciage des) sur les canaux etles
rivieres, 156, 255.
GoDARi), 662.
Grande do Sul (rio), 498, 617, 618, 619.
Grdson, 677, 685.
GuAiTA (de), 662.
GuDE (Albert), 349, 550.
GuERiiEiRo, 624, 627, 628, 629, 658,
644, 661, 715.
GuiARD, 662.
Guillemain, 662, 677, 684, 687, 705,
704, 708, 711.
Guillon, 662.
GuiNET (pere), 662.
GuiNET (fils), 662.
GuYOT (Yves), 260, 275, 505, 522, 541,
567, 594, 416, 450, 457, 490, 715,
714, 715, 716.
Halage a bras dliovimes, 225.
Ualage fimiculaire, 189, 210, 215, 234,
255, 251, 254.
Halage par chevaux, 210, 225.
Hatscheck, 391, 413.
Hendle, 692, 694.
Henry, 662.
IIiRscH, 225, 241, 247, 252, 662.
Hcerschelmann (de), 51, 52, 95.
Holtz, 71, 75, 107, 275, 549, 429, 455,
455, 456, 457, 441, 472, 485, 490,
662.
Humber, 62 1 .
HUMBLOT, 695.
LNDEX ALPHABETIQIE.
721
Imroth, 417.
Inclinaison des berges des canaux, 5, 22,
25, 52, 52, 55.
Invitation au Congres dii Commerca des
voies navigables a Chicago, en 1895,
663, 667.
Invitation au Congres des Travaux ma-
ritimes a Londres, en 1895, 545.
Irawaddy, 515.
Jacquelin, 305, 450, 459, 489, 662.
Javary, 662.
Jetees, 505, 509, 554, 555, 558, 559,
553, 565, 652, 654, 656, 657.
JoLY, 612, 682.
JosLE, 265, 272, 405, 407, 662.
JossiER (Albert), 662.
JossiER (Auguste),^662.
JossiER (Lucien), 662.
JossiER (pere), 662.
JozAN, 662.
Laederich, 662.
Lalxey, 295, 299, 502, 509, 590, 412,
458, 462, 485, 662.
Laroche, 528, 529, 550, 551, 532, 552,
553, 554, 557, 560, 561, 564, 566,
568, 570, 571, 574, 578, 579, 595,
595, 598, 600, 601, 603, 615, 654,
641, 642.
Large, 714.
Lasmolles, 254, 255, 662.
Latham, 689, 690.
Laurem, 662.
Le Brdn, 554.
Le Chatelier, 142, 224, 662.
Lefebvre (Ulysse), 662.
Lefebvre (Paul), 662.
Leila, 646.
Lemaire (Gustave), 682.
LeiN'eru, 662.
Lepi>e, 709.
Le RojiD, 682.
Lerouge (pere), 662.
Lerocge (fils), 662.
Leroy (pere), 662.
Leroy (fils), 662.
Lestelle, 69, 70, 662.
Leteurtre, 694.
Lethier, 662.
Levy (Maurice), 145, 146, 147, 149, 150,
151, 194, 195, 196, 197, 201, 202,
210, 214, 215, 224, 241, 251, 252,
255, 254, 662, 699, 700,
LiM0L-si>, 297, 410, 4M, 662.
Loire, 601, 605, 612, 620, 647.
LOREAU, 705.
LuiGGi (Luigi), 65, 67, 68, 69.
Lys, 501.
Mailliet, 142, 144, 145, 146, 147, 148,
149, 150, 151, 152, 256.
Maire de Briare (Le), 705.
Malenfam, 662.
Mallet, 662.
Manchester (Canal de), 543, 545.
Ma>"cho.> [Ernest], 694.
Mange, 440, 442, 443, 486, 488, 662.
Marinier (Le), monographie, 249, 255.
Marmottak, 681.
^Las (de), 215,224, 662, 672, 677, 681,
698.
Massalski, 662.
Mazoyer, 152, 703.
Mesgi.n-Lecreclx, 519, 525, 526, 527,
530, 555, 544, 545, 555, 560, 561,
587, 595, 595, 597, 598, 599, 600,
601, 605, 606, 607, 608, 609, 611,
614, 615, 622, 627, 628, 629, 652,
654, 657, 658, 659, 640, 641, 642,
645, 644, 649, 652, 655, 654, 655,
656, 657, 661.
Me.mer (freres), 700, 701.
Mersey, 541, 542, 545, 544, 546, 584,
604^,617,618, 621,622,050,635,644.
Meuse, 497, 502, 508, 512, 515, 514,
515, 516, 517, 518, 551, 558, 559,
605, 604, 625, 627, 635.
Mey (de), 498,. 516, 517, 544, 584,
586, 587, 598, 604, 613, 620, 655,
658, 645.
Mississipi, 495, 554, 554, 565, 564,
567, 652, 654, 658.
Uodeles a petite e'chelle {Experiences avec
des), 526, 554, 542, 544, 546, 568,
588, 628, 650, 658, 644.
46
722
INDEX ALPHABETIQUE,
MoLiNos, 125, -140, 141, 202, 224, 225,
241, 662.
Monet, 287, 290.
monmerqde, 662.
MoNTGOLFiER (de), 708, 709.
MoRAiLLON, 74, 662, 704.
Moreau-Varenne, 662.
Navigation a grande vitesse sur les ca-
naux (Voir Experiences).
Navigation interieure en France (projet
de loi sur la) (Voir Projet de loi).
Neva, 552, 651.
Nil, 495.
N0B1.EMAIRE, 331, 332, 356, 341, 348.
North, 527, 350, 417, 456, 464, 478,
662.
OCAGNE (d'), 662.
Oder, 563.
Organisation economique de la traction
sur les voies navigables, 238, 241,
254.
Ontillage des ports, 264, 288, 302, 311,
585, 397, 399, 412, 415, 423, 425,
426, 427, 433, 435, 457, 438, 445.
Panchevre, 662.
Panuco (rio), 563, 567.
Partiot, 498, 516, 544, 553, 594, 595,
598, 599, 603, 615, 619, 620, 623.
Pasqueau, 568, 570, 571,573, 574,575,
576, 578, 579, 580, 581, 582, 645,
652.
Pavie, 662, 699, 700.
Pelletreau, 97, 102, 105, 104, 105,
106, 110, 111, 112, 115.
Perier de Feral, 456, 440, 444, 488,
489.
Pescheck, 448, 451, 457, 464.
Peslin, 15, 22, 26, 55, 54, 60, 70, 72,
73, 74, 102, 103, 104, 105, 681,
685.
Petit, 662.
Petyt (Alfred), 685.
Pierredon, 698.
PONTZEN, 662.
Partes d'e'cluses en bois ou en fer, 145.
Ports d'hivernage, 417, 424, 454, 457,
459, 445.
Ports de navigation interieure (Regime
des), 287,417,435, 437, 443, 444.
Ports de navigation interieure :
dans les bassins de I'Elbe et de I'Oder,
426.
en France, 287, 427.
dans le bassin du Rhin, 417.
Ports de raccordement entre les voies
navigables et les voies ferrees, 287,
289, 425, 427. 433, 457, 459, 445,
444.
POUPINEL, 662.
Preaudeau (de), 428, 662.
President de la Republique, 672, 675.
Projet de loi sur la navigation interieure
en France, 265, 285, 508, 565, 579,
597, 407, 412, 415.
PuLLiGNY, 548, 552, 553, 554, 595, 598,
629,641.642,658,714.
PcppEL, 662.
Quimper (riviere de), 645, 647.
Quinette DE RocHEMONT, 518, 545, 546,
568,602, 604,605. 610, 615, 615,
618, 619, 625, 642, 645, 662.
Rabel, 662.
Raccordements entre les voies naviga-
bles et les voies-4"errees, 287, 289,
425, 427, 455, 457, 459, 443,
444.
Raeve (de), 22, 26, 52, 55, 54, 600,
654, 661 .
Raffalowich, 265, 272, 275, 298, 509.
522, 549, 412, 416, 426, 429, 451,
458, 439, 442, 458, 459, 483, 486,
662.
Ral'tlin de la Roy (de), 662.
Ravaut, 662.
Regime des ports de navigation inte-
rieure, 287, 417, 455,437,443, 444.
Re.naut, 662, 695.
Reservoirs, 75, 80, 109, 110, 112, 115.
Reservoir du Ban ou dela Rive, 76, 77.
— de Bouzey, 92, 113.
— de Cercey, 88.
L\DEX ALPHABETIQUE.
723
Reservoir de Chartrain, 76, 78, 79,
110, 111, 112.
— de Couzon, 75.
— de Djidiounia, 102.
— de Furens ou du Gouffre d'En-
fer, 76, J 11.
— de Grosbois, 82, 92.
— de I'Habra, 101.
— de Lampy, 75.
— de la Liez, 86, 87, 88.
— dela Mouche, 90, 107, 111,
112,'_H5.
— du lac d'Oredon, 77.
— d'Orleansville, 102.
— de I'Oued-Athmenia, 97.
— du Pas-du-Riot, 76.
— de Relizane, 101.
— de St-Ferreol, 75.
— de Ternay, 76, 77.
— de Torcy-Neuf, 80, 8o, 88,
93.
— Verkhnevoljsky, 95.
— de Vassy, 86, 88.
— Zavodsky, 96.
Reservoirs late'raux dans les parties ma-
riti.mes des fleuves, 499, 584, 605,
641, 645, 645.
Resistance des bateaux a la traction,
215, 223, 225, 254.
Resistance des sections de rivieres a la
traction, 175, 188, 251.
Reverdy, 23.
Rhin, 513, 558, 627, 635.
Rhone, 495, 554, 548, 554, 570, 581,
582, 629, 652, 656.
Ribble, 538.
RivAUD, 706, 707.
Rivieres a fond mobile (Trace des), 525,
576,584, 587, 590, 592, 601, 644.
Rivieres (Traction sur les), 160, 180,
188.
Robert-Mitchell, 299, 364, 412, 415,
414, 415, 662.
Roles respectifs des voies navigables et
des chemins de fer dans I'industrie
des transports, 527, 567, 427, 455,
457, 443, 444, 479, 484, 485, 487,
489.
Roles respectifs des voies navigables et
des chemins de fer :
en Allemagne, 446, 447, 448, 453.
en Angleterre, 471, 477.
en Autriche, 459.
aux Etats-Unis, 527, 567, 431, 464,
476, 477.
en France, 428, 447, 450, 453, 457,
458, 475, 475, 484.
RoLET, 662.
Rotterdam a la mer (Meuse), 502.
Rousseau (Armand), 4, 5, 32, 105, 115.
Rude, 715.
RujiPLER (de), 463, 662.
Rupel, 501.
Russ (D--), 662.
Sable artificiel, 102.
St-Louis du Rhone (Canal), 538, 551.
Sankey (Harry), 477.
ScHLicHTiNG, 5, 15, 24, 32, 52, 53, 10.6,
469, 681.
Schneider, 704.
SCHfE.NDCERFFER, 16.
ScHROMM, 156, 459.
ScHLRMANiN, 707.
Section mouillee des canaux, 8, 22, 31.
Seine, 519, 520, 526, 527, 539, 542,
545, 585, 602, 605, 606, 612, 618,
620, 621, 622, 625, 628, 650, 632,
655, 641.
Senne, 501, 591.
SiGAULT, 703.
Simeon, 662.
Sous-Prefet de Corbeil, 698.
Stahl, 701.
Statistique de la Navigation interieure,
429, 489.
Stcecklin, 615.
Suzanne, 662.
Tage, 573, 624.
Tardy, 708.
Tavernier, 662.
Taxes ou peages sur les voies navigables,
260, 522, 412, 415.
Taxes ou peages sur les voies naviga-
bles :
724
INDEX ALPHABETIQUE.
en Allemagne, 275, 558, 545, 555,
591.
en Angleterre, 265, 291, 555, 545,
555, 559.
en Autriche, 427.
aux Etats-Unis, 527, 556, 542, 549,
567, 451.
en France, 260, 278, 509, 551, 551,
577, 594.
en Hollande, 275, 292, 556, 545,
555, 555.
en Hongrie, 427.
en Russie, 544, 545, 584.
TiMOiWF (de), 555, 557, 558, 559, 560,
561, 562, 650, 651, 655, 657, 711.
Touage sur les canaux, 12, 246.
Touage sur cable, 165, 246.
— sur chaine, 161.
Touage electrique sur les canaux :
Systeme de Bo vet, 190, 194, 214, 215.
. — Biisser, 185, 190, 256.
— Galliot, 190, 204.
Touage electrique sur les rivieres :
Systeme de Bovet, 167, 215, 258, 254.
TouLOT, 662.
Trace cles embouchures, 521, 526, 528,
591, 594.
Trace des rivieres a fond mobile, 525,
576, 584, 587, 590, 592, 601, 644.
Traction des bateaux :
sur les canaux, 188, 225, 241, 254.
sur les rivieres canalisees, 160, 188,
225, 254.
sur les rivieres a courant libre, 180,
225, 254.
sur la Basse-Seine, 172, 186.
dans les bassins del'Elbe etde I'Oder,
179.
dans le bassin du Rhin, 180.
sur le bief de partage du canal de
St-Quentin, 252.
sur le canal Erie, 242, 247.
sur les canaux etles rivieres canalisees
du Nord et de I'Est de la France, 225.
sur la ligne de Hohensaaten a Span-
dau, 184.
sur la riviere Hudson, 245, 247.
surl'Ohio, 246, 247.
Traction des bateaux :
Experiences de MM. Camere et Clerc,
175, 188,251.
— de M. de Mas, 215, 225,
225, 254.
Traction mecanique sur les canaux, 15,
167, 185, 189, 190, 255.
Traction par locomobiles, systeme Bou-
quie, 188, 189, 254.
— par locomotives, 188, 254, 241 .
Traction sur les voies navigables (orga-
nisation economique dela), 258, 241,
254.
Tranchajnt, 299.
Travaux pendant les gele'es, 129, 142,
256.
Troost, 498, 517, 550, 552, 607, 609,
611, 614, 615, 650.
Tyne, 558, 585, 621.
Usk, 558, 605.
Valeur future d'une augmentation de
longueur d'une voie navigable, 416.
V ALT AT, 662.
Vanderlinden, 16, 21, 50, 55, 116.
Vandervi.n, 498, 590, 592, 595, 608,
612, 615, 656, 642.
Vannes cylindriques pour prises d'eau
de reservoirs, 81.
— roulantes pour prises d'eau de
reservoirs, 80.
Vaury (Auguste), 662.
Vaury (Henry), 662.
Vauthier, 515, 552, 554, 558, 559, 562,
578, 579, 593, 594, 596, 602, 605,
610, 615, 620, 625, 657.
Verlay, 662.
Vernon-Harcourt, 497, 515, 552, 533,
544, 545, 546, 555, 554, 558, 559,
561, 580, 581, 582, 586, 597, 599,
605, 621, 629, 650, 656, 657, 650,
651, 655, 655, 656, 660, 695.
Vetillart, 695.
ViEiUE, 682.
Voies navigables (Voir canaux, fleuves,
rivieres, amelioration, exploitation,
traction, etc.).
INDEX ALPHABETIQUE.
725
Voies navigables aux Etats-Unis (Rap-
port de mission de M. Vetillart), 451.
Voisin-Bey,504, 529,575, 575, 576, 578.
Volant, 440, 441, 662, 698.
Volga, 96, 555, 626,650, 651.
VoLOMAT (de), 565, 564, 566, 581,582,
662.
W^arne, 563.
Welcker, 497, 502, 504, 514, 515, 516,
517, 518, 551, 561, 562, 640,641.
Wernekikck, 46.
Weser (Bas), 496, 505, 505, 508, 511,
512, 514, 515, 528, 550, 602, 604,
611, 625, 627.
Williams (Frederic), 662.
Wipper, 565.
Yare, 547.
Zambeze, 626.
TABLE DES MATIERES
Proces-verbaux des S6ances des Sections ^
1" Section. — Construction et Entretien des voies kavigables .... 3
l'« Seance. — Jeudi 21 Juillet (apresmidi) 4
2" — — Vendredi 22 Juillet (matin) 5
3« — — Samedi 25 Juillet (matin) 52
4« — — Lundi 25 Juillet (matin) 55
5e _. _ Mardi 26 Juillet (matin) 79
6" — — Mercredi 27 Juillet (matin) 105
2* Section. — Exploitation technique 117
1" Seance. — Jeudi 21 Juillet (apres midi) 118
2« — — Vendredi 22 Juillet (matin) 119
5« — — Samedi 25 Juillet (matin) 142
4« — — Lundi 25 Juillet (matin) 160
5e _ — Mardi 26 Juillet (matin) 188
6^ — — Mercredi 27 (matin) 215
7« — — Jeudi 28 Juillet (matin) 247
3^ Section. — Exploitation commerciale et Questions economiques . . . 259
1"^ Seance. — Jeudi 21 Juillet (apres midi) 260
2« — — Vendredi 22 Juillet (matin) 275
5<^ — — Vendredi 22 Juillet (apres midi) 505
4^ — — Samedi 25 Juillet (matin) 522
5« — — Lundi 25 Juillet (matin) 541
6« — — Mardi 26 Juillet (matin) 567
7^ — — Mercredi 27 Juillet (matin) 594
8<= — — Mercredi 27 Juillet (apres midi) 416
9c — _ Jeudi 28 Juillet (matin) ^*30
lO-^ — — Vendredi 29 Juillet (apres midi) •'i'>7
728 TABLE DES MATIERES.
4*^ Section. — Amelioration des fleuves dans leur partie maritime. . . 495
l""^ Seance. — Jeudi 21 Juillet (apres midi) 494
2*^ — — Vendredi 22 Juillet (matin) 502
3* — — Vendredi 22 Juillet (apres midi 519
4<= — — Samedi 23 Juillet (matin) 533
5« — — Lundi 25 Juillet (matin) 546
6« — — Lundi 25 Juillet (apres midi) 568
1- — ^ Mardi 26 Juillet (matin) 583
8e — _ Mardi 26 Juillet (apres midi) 605
9« — — Mercredi 27 Juillet (matin) 624
10« — — Jeudi 28 Juillet (matin) 644
Annexe au proces-verbal de la T'^ Seance de la 3*^ Section.
Scrutin sur la proposition de M. Paul Delombre 662
Annexe au proces-verbal de la 2" S6ance pleniere.
Invitation au Congres des Voies navigables de I'Exposition Universelle
Colombienne de 1893, a Chicago 663
Visite a M. le President de la Republique 669
Compte rendu des Excursions 675
Excursion dans le iNord (18, 19 et 20 Juillet) 677
Excursion sur la Basse-Seine et la Seine Maritime (25 et 24 Juillet) . . . 688
Canaux de la Ville de Paris (25 et 27 Juillet) . . . 695
Suresnes, Bougival et Saint-Germain (28 Juillet). . . 696
Excursions aux , „ . e • /o- i n a aqq
- ^ . < Haute-Seine (2o Juillet) 698
environs de Pans, j , . .,, , ,. , ,r.^ , .„ ,n con
Joinville-le-Pont (2/ Juillet) 699
Noisiel (26 Juillet) 700
Excursion dans le Centre et le Midi (51 Juillet, 1«'", 2, 5, 4, 5 et 6 Aout). 703
Index alphab6tique 717
Table des matieres 727
2b 968. — Iniprimorie Laiiure, rue de Fleurus, 9, a Paris.
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